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Full text of "Revue homoeopathique Belge 19.1892-93"

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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


19 e Année AVRIL 1892 N° 1 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOMIEOPATHBS BELGES 

Président , Secrétaire; 

D r SCHEPENS Cyr. PLANQUART 

Séance du 5 avril 1892 

. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. 

MM. les D rs Martiny, Gaudy, De Cooman, Van Blaeren et 
Planquart, père, s'excusent de ne pas pouvoir assister à la 
réunion de ce jour. 

La parole est donnée au D 1 Lambreghts, fils, d’Anvers, qui 
communique à la Société les renseignements suivants sur le : 

Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance 

d'Anvers 

Au point de vue des secours médicaux, la ville d’Anvers est 
divisée en différentes sections desservies chacune par un ou 
plusieurs médecins allopathes. Ces limites n’existent pas pour 
le dispensaire homœopathique qui est accessible aux indigents 
de la ville tout entière. 

/Intérieurement les malades étaient forcés de recourir aux 
médecins de leurs sections ; dorénavant, grâce au nouveau 
règlement, entré en vigueur depuis le 1 er janvier, ils ont le 
droit, moyennant certaines formalités, de s’adresser au méde¬ 
cin dans lequel ils ont le plus de confiance. 

Le dispensaire homœopathique s’est ouvert le 4 janvier 
dernier; les consultations se donnent les lundi, mercredi et 
vendredi de chaque semaine, de 3 à 4 h., dans le local central 
du Bureau de bienfaisance, rue des Aveugles. 


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— 2 — 


En attendant l'installation d’une pharmacie homœopathique 
dans ce local,l’administration du Bureau de bienfaisance s’est 
entendue avec un pharmacien du voisinage qui délivre les 
médicaments homoeopathiques prescrits. 

Yoici les résultats officiels pendant les 3 premiers mois de 
cette année : 


NOMBRE DE 

Janvier j 

Février 

Mars 

Consultations au dispensaire.! 

53 

103 

141 

Visites à domicile. 

• 7 

14 

18 

Décès. 

0 

0 

1 

Malades envoyés à l’hôpital. 

3 

2 

2 

i 


Les affections aiguës qui se sont présentées avec le plus de 
fréquence sont les affections des voies respiratoires et diges¬ 
tives, particulièrement les bronchites et les entérites chez les 
enfants ; puis des cas assez nombreux d’angine catarrhale, 
de névralgie, de migraine, de congestion cérébrale, d’apo¬ 
plexie, etc., et enfin quelques affections chirurgicales, telles 
que contusions, brûlures, entorses. 

Les maladies chroniques ont*été de loin les plus nom¬ 
breuses; je citerai notamment la bronchite, la laryngite, 
l’emphysème, l’asthme, la tuberculose pulmonaire, les pleu¬ 
résies anciennes, le rhumatisme articulaire et musculaire, le 
catarrhe de l’utérus avec déplacement de cet organe et sym¬ 
ptômes réflexes,l’épilepsie, les adénites, les varices et ulcères 
variqueux, les otites, les conjonctivites, les affections cuta¬ 
nées : eczéma, impétigo, urticaire, les vers intestinaux, les 
dyspepsies, la chlorose, etc., etc. 

On voit par les chiffres mentionnés ci-dessus que le nombre 
des malades ayant recours au traitement homœopathique 


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— 3 — 


augmente dans une proportion fort remarquable, ce qui fait 
présager pour le dispensaire un avenir prospère et brillant. 
Ces résultats sont d’autant plus satisfaisants que le dispen¬ 
saire homœopathique est une institution nouvelle et encore 
inconnue d’un grand nombre de malades, ceux-ci ayant été 
habitués jusqu’ici à s’adresser exclusivement aux médecins 
de leurs sections respectives. 

D 1 ' Lambregiits, fils, d’Anvers 

Ces renseignements sont accueillis par les applaudisse¬ 
ments de l’Assemblée, qui félicite le D r Lambreghts des succès 
obtenus et l’engage à la tenir au courant des progrès du dis¬ 
pensaire homœopathique. 

Le D r Mersch présente aux membres un malade atteint d’une 
affection cardiaque et chez lequel il a obtenu de beaux résul¬ 
tats au moyen des remèdes homœopathiques (1). 

Le D r Criquelion donne ensuite lecture d’un travail sur la 
dilatation de l’estomac (2), 

Enfin le D r G. Malapert du Peux, de Lille, demande l’avis de 
l’Assemblée sur un cas de pneumatose intestinale se présen¬ 
tant sous forme d’accès aigus chez une de ses clientes. Il s’agit 
d’une dame arrivée à l’âge de retour. Cette personne a jadis 
souffert de crises hépatiques pour lesquelles elle est allée à 
Vichy malgré l’avis de ses médecins ; à son retour, son état 
s’était sensiblement aggravé. Actuellement, elle présente 
d’une façon paroxystique des troubles dans la région iléo- 
coecale : distension considérable, sensibilité excessive de cette 
région, avec vomissements plus ou moins répétés et avec 
oppression. Une selle naturelle survient, tous les malaises se 
dissipent et la guérison paraît établie, quand, à la moindre 


(1) La relation de ce cas sera publiée ultérieurement, 

(2) Voir volume précédent page 324, 


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— 4 — 

émotion, l’accès reparaît avec les mêmes symptômes. Le trai¬ 
tement institué jusqu’ici est resté sans résultat. 

Ce cas intéressant fait l’objet d’une discussion générale. Le 
D r Criquelion préconise bell., le D r De Ridder, d’Alost, ignat ., 
et le D r De Wée insiste sur taraxac ., spécialement indiqué 
dans le cas de distension hystérique. 

Vu l’heure avancée, on remet à la prochaine séance la 
lecture d’autres travaux manuscrits et l’on passe au dernier 
objet à l’ordre du jour : Maladies épidémiques . 

Le D l * Schepens signale une épidémie sérieuse de variole à 
Gand. Les médicaments dont il se déclare le plus satisfait 
sont : mère., sulph. et ant. tart. Il signale en outre ce 
fait intéressant et peu fréquent d’un malade qui a subi deux 
fois les atteintes de la variole à quatre ans de distance. 

Le D 1 De Ridder, d’Alost, a également à signaler quelques 
cas de variole. Un de ses malades a été atteint de variole à 
deux reprises, et cola à quelques mois d’intervalle. La pre¬ 
mière fois il s’agissait d’une variole discrète; actuellement il 
s’agit d’une variole confluente. Il trouve que l’évolution de la 
maladie est plus bénigne chez les sujets vaccinés. 

La question de la vaccine et la relation des deux cas précé¬ 
dents, où des sujets ont subi deux fois les atteintes de la va¬ 
riole,amènent le D r Criquelion à dire quelques mots de l’isopa- 
thie ; en général, il trouve que si une première atteinte d’une 
maladie infectueuse ne peut suffire à préserver d’une deu¬ 
xième, a fortiori une inoculation préventive, naturellement 
plus faible que la maladie elle-même, n’atteindra pas ce but. 
Toutefois, il ne se déclare pas adversaire delà vaccine. 

Les D rs De Wée et Planquart signalent la présence àBruxelles 
de cas assez nombreux de fièvre typhoïde et de scarlatine. 

La séance est levée à six heures. 


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— 5 — 


REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHIQUES DE FRANCE 

par le D 1 ' Schepens, de Gand 


De l’asthme 

par le D r P. Joussêt 

L’asthme tient à la fois de la névrose et du catarrhe ; il se 
caractérise par une dyspnée dans laquelle l’expiration est 
plus longue que l’inspiration. Cette dyspnée revient par accès 
souvent nocturnes ; elle disparaît parfois complètement entre 
les accès; d’autres fois, au contraire, elle devient habituelle. 
L’asthme a pour lésion l’emphysème pulmonaire. Cette lésion 
peut être permanente ou passagère. 

Le D r Jousset divise son étude en deux parties : le traite¬ 
ment de l’accès et le traitement de la maladie. 

I. — Traitement de l’accès 

Les principaux médicaments sont : ipéca , sambucusnigra , 
cuprum , lobelia inflata et bryonia. 

1° Ipéca est indiqué par une dyspnée considérable accom¬ 
pagnée de sifflements et des premiers signes de l’asphyxie, 
par une toux quinteuse provenant d’un chatouillement dans 
le fond des bronches, accompagnée d’étranglements au larynx 
et de suffocation. 

Doses et mode d’administration. — La première trituration 
décimale, à la dose de 25 centigrammes dans 125 grammes 
d’eau, par cuillerée toutes les demi-heures. 

2° Sambucus est indiqué par la prédominance de la dyspnée 
sur la toux, la face est violette et les signes d’asphyxie sont 
plus prononcés que pour Yipeca. Il est moins fidèle que 
Y ipéca. 

Doses et mode d’administration.— Dix gouttes de teinture- 


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- 6 — 


mère dans une potion de 125 grammes, une cuillerée toutes 
les demi-heures. 

3° Cuprum est indiqué par une dyspnée spasmodique avec 
resserrement de la poitrine jusqu’à la suffocation et toux 
suffocante. Des vomissements qui soulagent le malade sont 
une indication de plus pour cuprum; il en est de même des 
crampes et des spasmes musculaires qui peuvent survenir 
dans d’autres parties du corps. 

Doses et mode d’administration. — Deux gouttes de la 
6 e dilution dans 125 grammes d’eau, une cuillerée toutes les 
demi-heures. 

4° Lobelia inflata paraît produire une dyspnée avec con¬ 
traction du larynx et du thorax, ralentissement et irrégula¬ 
rité du pouls. D’après R. Hughes les souffrances de l’estomac 
seraient une indication de la lobêlie . 

Doses et mode d’administration. — Gomme le sambucus. 

5° Bryonia est utile quand il existe un certain degré de 
bronchite et une douleur de côté qui augmente par les mou¬ 
vements respiratoires. 

Doses et mode d’emploi. — Gomme le cuprum. 

6° Aconit est conseillé par R. Hughes quand l’accès 
d’asthme a été déterminé par un air sec et froid. 

Doses et mode d’administration.— Gomme pour sambucus. 

7° Moschus est indiqué surtout chez les enfants quand il 
existe un spasme très marqué des muscles du thorax et du 
larynx. 

Doses et mode d’administration. — l re tritur. décimale en 
olfaction ou administrée à l’intérieur à la dose de dix centigr. 
par cachet. 

Inhalations de différentes vapeurs. — Le papier nitré et 
certaines préparations de belladone , de stramonium ou 
d 'arsenic soulagent parfois très rapidement les accès d’asthme 
les plus intenses. 


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— 7 — 


La première de ces préparations est tout à fait inoffensive 
et n’empêche pas l’action des autres médicaments. 

II. — Traitement de l’asthme habituel 

Les quatre médicaments principaux sont : la noix vomi¬ 
que, Y arsenic, le soufre et Yiodure de potassium . 

1° Nux vomica est, d’après R. Hughes, le premier des 
médicaments curatifs de l’asthme. La dyspnée produite par la 
noix vomique ressemble à celle de l’asthme et est accom¬ 
pagnée d’une sensation de resserrement dans la poitrine. La 
noix vomique est particulièrement indiquée quand les accès 
d’asthme commencent par des éternuements et un coryza 
fluent; l’affection hémorrhoïdaire est une condition de succès 
pour la noix vomique . 

Doses et mode d’administration. — La 3 e trit., cinq centig. 
matin et soir. 

2° Arsenicum est le plus souvent indiqué quand l’asthme 
est chronique et qu’une dyspnée habituelle avec sifflements, 
toux quinteuse, expectoration d’un liquide visqueux, transpa¬ 
rent et spumeux existe dans l’intervalle des accès. L’agitation, 
l’anxiété cardiaque, l’angoisse et les redoublements nocturnes 
complètent les indications de ce médicament. 

Doses et mode d’administration. — Les premières tritu¬ 
rations. 

M. Roux, de Cette, alterne nux vomica et arsenic; il 
prescrit nux le soir et arsenic le matin, dix à vingt centi¬ 
grammes de la 3 e trituration. On continue ce traitement pen¬ 
dant des mois en laissant de temps en temps un intervalle de 
quatre à huit jours. 

3° Sulfur. — L’indication principale de sulfur est la con¬ 
comitance d’une affection cutanée, surtout si les recrudes¬ 
cences de Vasthme augmentent avec la diminution ou la 
disparition de la dartre . 


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— 8 — 


Chargé ajoute encore aux symptômes précédents: vieillesse, 
concomitance d’un catarrhe; accès survenant pendant le 
sommeil et difficulté à supporter la plus petite quantité de 
fumée. 

Doses et mode d’administration. — Toutes les dilutions. 

4° Kali hydriodicum. — Les principales indications de 
Yiodure de potassium sont de longs accès de dyspnée com¬ 
parables à l’asthme, accompagnés d’un afflux de sang consi¬ 
dérable à la poitrine et vers les parties supérieures du corps. 
Les rapports de l’asthme avec l’artério-sclérose donnent une 
grande valeur à l’existence d’emphysème habituel pour le 
choix de Yiodure de potassium. 

Doses et mode d’administration. — Deux grammes ééiodure 
de potassium dans 125 grammes d’eau; le malade prend 
deux cuillerées à café par jour de cette préparation. 

Eaux minérales . — Les eaux du Mont-Dore et celles de 
Cauterets constituent une médication très efficace. (Art mé¬ 
dical.) D r Schepens, de Gand 

DE LA GUÉRISON DU TÉTANOS, DU TRISMUS ET DE L’ÉCLAMPSIE 
DES FEMMES ENCEINTES OU EN COUCHES 

parle D r HEYBERGER,de Protiwin,—Traduction du Chevalier, de Charleroi 

La littérature homœopathique contient un grand nombre de 
cas de guérison de tétanos et de trismus par les remèdes 
homœopathiques et il n’existe pas, je crois, de médecin qui, 
dans sa pratique, n’ait eu à enregistrer un de ces succès. Que 
serait en effet l’homœopathie, s’il en était autrement : avec 
ses doses infinitésimales elle obtient des succès, alors que 
l’allopathie, avec son arsenal de poisons, non seulement n’ap¬ 
porte pas le soulagement qu’on serait en droit d’attendre 
d’elle, mais conduit, hélas, traîtreusement bien souvent, les 
malades à une mort certaine. 


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— 9 - 


Il pourrait paraître superflu de rechercher des remèdes 
contre ces affections convulsives ; mais on n’en a jamais trop 
et tous les médecins s’ingénient parleurs études à trouver des 
spécifiques, afin de pouvoir avec sûreté porter secours aux 
malheureux patients. 

Tétanos. — Trismus 

Maria K..., forte fille de la campagne, âgée de 21 ans, 
blonde,s’était, de ces derniers jours, beaucoup fatiguée,avait 
cuit du pain, récuré la maison, etc.,elle s’était mise en trans¬ 
piration, avait marché pieds nus et avait gagné un froid.Elle 
ne se plaignit cependant de rien et, le 2 février, elle se rendit 
à l’église,distante d’une demi-lieue, et fut de retour à 11 heu¬ 
res. Quand elle voulut se déshabiller, elle devint tout d’un 
coup raide comme une statue et tomba à terre. Elle était 
tout à fait insensible, les membres contractés et durs comme 
dubois. Onia mit au lit et je vins la voir l’après-midi. On 
me fit part des circonstances rapportées plus haut, et on me 
dit qu’elle avait été réglée il y a quinze jours. A l’examen je 
la trouvai sans connaissance, la température de la tête était 
un peu plus élevée; la face pâle, les yeux fermés, les pupilles 
immobiles; les lèvres sont serrées, quand on les sépare il 
s’écoule un peu de salive et de mucosités sanguinolentes ; les 
muscles masticateurs contracturés, les mâchoires serrées 
l’une contre l’autre. Les mouvements du thorax impercepti¬ 
bles, la respiration est douce et lente. Le corps est froid. Les 
membres sont raides, les articulations se plient très difficile¬ 
ment, tous les moyens employés par les parents, lavages à 
l’eau vinaigrée, frictions, etc., restent sans résultat. Ils sup¬ 
posent qu’elle est encore en vie, mais ils attendent avec 
résignation la fin. 

La grande difficulté était de lui faire avaler un médica¬ 
ment. Les gouttes d’Hoffmann qu’une amie lui avait glissées 
entre les dents avaient été rendues avec la salive. 


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— 10 — 


Je prescrivis des compresses d'eau froide sur la.tête, des 
sinapismes aux mollets, aux pieds et entre les deux omo¬ 
plates. À l’intérieur j’alternai aconit 2° et atropine 2\ 
toutes les heures une poudre introduite à l’intérieur des 
joues. 

Le lendemain, la chaleur du corps a un peu augmenté ; le 
pouls, qui hier marquait 50, s’est élevé à 65. Les extrémités 
plus souples, les muscles ne présentent plus la dureté dubois; 
mais il y a toujours perte de connaissance et trismus. Afin 
de constater si la sensibilité était encore aussi émoussée, on 
lui fît sentir différents liquides mais en vain : de la moutarde 
nouvellement pulvérisée placée sous le nez, lui fît faire quel¬ 
ques mouvements avec les paupières et la tête. 

Quelque désagréable que fut cette expérience pour la 
jeune fille, elle produisit un bien immense aux parents qui 
eurent l’espoir de la voir sauvée.Restait à savoir si, à la suite 
de sa chute, elle ne s’était pas donné une commotion céré¬ 
brale ? Il lui fut prescrit arnica 3 e alterné avec cantharis 
3°, ce dernier médicament pour agir sur la miction. A pren¬ 
dre une poudre toutes les 2 heures par le procédé plus haut 
indiqué. 

Le 4, la perte de connaissance s’était de beaucoup amé¬ 
liorée, la malade ouvrait les yeux et par les mouvements de 
ses paupières, faisait comprendre ce qu’elle voulait. L’ouïe 
également était revenue. Cependant le trismus et la con¬ 
tracture des membres persistaient toujours. L’émission des 
urines était involontaire. Pouls 70. Le soir, je prescrivis 
bellad. 2 e et zincum met. 2° que je donnai en friction dans 
l’intérieur des joues toutes les 2 heures. Après la prise 
de la seconde poudre de zincum, le trismus et la con¬ 
traction des membres cessa complètement, la malade put se 
remuer, ouvrir la bouche, boire un peu de lait, que j’avais 
du reste réservé comme unique aliment dans ce cas. 


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— 11 — 


Le 5, on répéta les mêmes l’emèdes. La langue est bonne ; 
la conscience meilleure ; la bouche s’ouvre mieux. Cepen¬ 
dant les résultats de ces crampes se font jour/ sous forme de 
douleurs lourdes, comprimantes dans le front, le sommet de 
la tête, la nuque. 

Du 8 au 11, un délire et des symptômes fébriles purent 
faire croire à l’existence d’un typhus; je donnai par la bouche 
cette fois rhus 3 6 alternativement avec zincum 4 e . Tout 
s’améliora et le 15 la jeune fille entra en pleine convales¬ 
cence; depuis lors elle a toujours joui d’une parfaite santé. 

Eclampsie post partum et gravidarum 

O. Wielobieky a consigné dans les annotations tirées des 
cliniques de Rückert deux guérisons de cette terrible mala¬ 
die, l’une par nuœ vom ., l’autre par cicut. vir. — Il indi¬ 
que également d’après les symptômes prédominants les prin¬ 
cipaux spécifiques : Nuœ dans le cas d’embarras intestinal ; 
aconit quand la peau est sèche et chaude ; chamomille quand 
il y a flatuosités, diarrhée, ténesme ; bellad. quand la cou¬ 
leur de la face est terne et violacée ; opium, quand il y a 
stupeur et respiration bruyante ; hyosciamus, dans le cas de 
suractivité de la circulation ; secale et puisât il le, lorsque 
les fonctions utérines sont lentes ; compresses d’eau froide 
sur les mains et la tête pendant l’accès. La malade doit 
être placée dans une chambre obscure et loin de tout bruit. 
Et en terminant Wielobieky exhorte ses confrères à recher¬ 
cher et à expérimenter les spécifiques. 

Jahr préconise cyclamen , ignatia , platina et stramon . 
Dans d’autres ouvrages, on trouve l’énumération des remèdes 
ordinaires prescrits dans les cas de crampes et de convul¬ 
sions, sans indication spéciale, de sorte qu’ils semblent être 
tout simplement de bons conseils. Trop de remèdes rendent 
le choix difficile. En allopathie c’est plus facile. Bromure de 


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— 12 — 


kalium, chloral à l'intérieur et en injection, chloroformisation 
ou inhalation de nitrite d’amyle, saignée dans le cas de 
pléthore, voilà tout. 

Cette maladie est une des plus désastreuses, attendu qu’elle 
fait deux victimes à la fois ; les trois-quarts des femmes 
meurent de suite, l’autre quart succombe aux suites de la 
maladie : quelle belle perspective pour le médecin ! Boer n’a 
confiance dans aucune médication. En tous cas le pronostic 
est des plus réservé. 

Quelle est la définition de cette affection ? Sous le nom 
(Y éclampsie gravidarum qï puer per alis on entend une affec¬ 
tion qui apparaît après la première moitié de la grossesse(1), 
avant, pendant ou peu après l’accouchement et caractérisée 
par des convulsions générales des muscles volontaires, accom¬ 
pagnées d’une anesthésie complète, suivies de coma se répé¬ 
tant à court intervalle et dont les causes sont inconnues, ne 
se rencontrant que pendant l’état de grossesse ou de puerpé- 
r alité. 

Cette affection est rare ; je connais un médecin très occupé 
qui, pendant une carrière de 30 ans, ne l’a jamais rencon¬ 
trée ; cela dépend probablement d’une constitution épidé¬ 
mique, car il y a à peine un an, il s’en déclara un cas chez 
une femme âgée de 20 ans, enceinte de 6 mois, et deux cas 
chez des multipares, un avant l'autre après l’accouchement ; 
ces trois cas traités par des confrères allopathes se terminè¬ 
rent par la mort. Au mois d’août de cette année, j’ai ren¬ 
contré un cas chez une multipare peu après l'accouchement 
et,en novembre, un second cas chez une femme enceinte de 6 
mois, toutes deux furent guéries. L’année précédente, je fus 
simplement consulté pour un cas sans avoir puvoir la malade, 
la distance était tellement grande que le remède fût arrivé 
trop tard. Le mari, un fermier d’un village voisin, après 

(1) On la vue apparaître également après 6 semaines de grossesse. 


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- 13 — 


avoir d’abord consulté une sage-femme, puis un médecin, 
vint me trouver un matin me disant que sa jeune femme, en¬ 
ceinte de 6 mois, s’était éveillée la nuit atteinte d’un accès 
d’épilepsie. Après m’être fait renseigner sur les symptômes 
de cette soi-disant épilepsie, j’expliquai à cet homme que nous 
avions affaire à un éclampsie et je lui remis 10 poudres 
d 'atropine, dont il devait en frictionner une toutes les demi- 
heures à l’intérieur des joues de la malade. Le soir il m’en¬ 
voya dire par un domestique que cela allait mieux, que les 
accès ne revenaient plus si souvent et me fit demander de 
nouvelles poudres. Je les lui remis avec joie. Mais la femme 
mourut pendant la nuit, la médication avait été employée trop 
tard. 

On ne connaît pas encore l'étiologie ni la pathogénésie 
de l’éclampsie, les autopsies n’ont rien fait voir, sinon quel¬ 
ques lésions pathologiques qui sont plutôt les suites des 
convulsions, telles que la congestion cérébrale, les exsudats 
séreux , les apoplexies, l’oedème pulmonaire, la péritonite, la 
métrite, et la maladie de Bright. D’un côté on incrimine le 
sang par suite des changements provoqués par la grossesse; 
d’un autre côté ce sont les reins, qui, n’expulsant pas tous les 
éléments nuisibles du sang, retiennent dans la circulation un 
poison (rénal) qui est la cause de l’éclampsie (1). 

C’est sur ces données qu’est basé le traitement de Wielo- 
bieky et d’autres, ainsi que les bains prescrits par les allo¬ 
pathes, et tout une médication pour augmenter la sécrétion 
urinaire. 

A. —< Eclampsiepost partum . —: Le 2 août, pendant la 
nuit, une accoucheuse vint m’annoncer l’heureuse délivrance 

(1) Cette théorie de Frerich n’explique pas tous les cas d’éclampsie, pas plus 
que celle de Traube-Rosenstein ; cependant, d’après les recherches de Lôhlein, 
on trouve dans tous les ca* une diminution dans les urines, de sorte que dans la 
majorité des cas on peut considérer comme cause de l’éclampsie l’existence e 
ptomaïnes dans le sang. 


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— 14 - 


d’une de nos voisines, et me demander un remède pour de 
fortes douleurs de ventre. Je lui donnai pulsatille et nuoo, si 
toutefois le premier médicament ne soulageait pas. Une heure 
après, le mari vint lui-même me dire que les douleurs avaient 
augmenté. 

Je me rendis de suite chez la malade, et constatai l’exis¬ 
tence de crampes d’estomac très fortes avec la sensation de 
brûlure ; les douleurs augmentaient par la plus légère pres¬ 
sion sur l’épigastre. L’examen de l’enfant, de l’utérus, de 
l’arrière-faix, ne fit rien reconnaître. La cause probable de 
ce dérangement fut une omelette prise tard le soir, un peu 
avant la délivrance. Je lui prescrivis dix poudres à'atro¬ 
pine 5 e , à prendre une toutes les deux heures, et comme elle 
désirait ardemment être frictionnée sur la région stomachale, 
je lui donnai de l’huile de jusquiame. 

Elle avait pris, comme je l’ai dit plus haut, pulsatille 
mais pas nux. La nuit ne présenta rien d’anormal. 

Cette femme avait déjà eu 6 enfants, toutes filles ; elle 
était très grande, élancée, blonde avec des yeux bleus ; elle 
eut un avortement et une fois une métrorragie après ses 
couches ; de plus souvent des douleurs rhumatismales ; ses 
parents sont bien portants et vieux ; sa sœur est morte 
d’éclampsie pendant son accouchement. Elle est âgée de 
30 ans. Elle s’était tenue l’après-midi et le soir dans son jar¬ 
din,qui est situé le long d’une rivière, et elle se sera probable¬ 
ment refroidie. 

Le 3, de grand matin, je revis ma malade ; les douleurs 
s’étaient calmées déjà après la seconde poudre et elle s’était 
endormie jusqu’au moment de ma visite. L’épigastre n’est 
plus sensible. L’utérus revenu sur lui-même avait sa position 
normale, les lochies était abondantes, le pouls à 80, tendance 
à la transpiration, les seins s’engorgent. Après mon examen, 
comme je devais aller voir une patiente qui demeurait au 


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— 15 - 


moins à 5 lieues de distance, je laissai des poudres & atro¬ 
pine à prendre à des intervalles plus ou moins éloignés. 

Je revins vers 1 heure de relevée, et j’appris que, vers 
9 heures du matin, il s’était déclaré subitement des convul¬ 
sions chez ma malade, qu’on avait dû recourir à un médecin 
allopathe, que l’état de la malade n’avait pas changé depuis 
et qu’on m’attendait avec impatience. J’y eus une consulta¬ 
tion avec mon collègue qui avait prescrit du kali hromatum, 
mais sans résultat. La malade était plongée dans le coma, les 
mâchoires serrées l’une contre l’autre. Gomme elle avait 
perdu plusieurs dents déjà, je pensai qu’on pouvait par là 
introduire un médicament. J’examinai le bas-ventre ; l’utérus 
était dilaté comme par une métrorragie, ce qui pouvait bien 
être la cause de ses convulsions. Par le massage et les fric¬ 
tions, l’utérus se raffermit et revint à sa place normale. Je 
donnai platina 3 G , mais je ne parvins pas à l’introduire par 
les dents ébréchées, car au lieu d’avaler, par suite de convul¬ 
sions internes, tout fut rejeté. La malade se réveilla, poussa 
quelques gémissements, se jeta sur le côté gauche,, la face de 
pâle devint vultueuse, les traits se contractèrent, les pau¬ 
pières se relevaient et s’abaissaient convulsivement, les yeux 
étaient agités et convulsés vers le haut, les pupilles dilatées, 
insensibles, la bouche tiraillée, les mâchoires serrées et la 
tête tournée tétaniquement à gauche. Les bras et les jambes 
étaient agités, puis raidis, la face engorgée, le pouls petit et 
fréquent. 

La respiration ralentie, des glaires accumulées dans le 
gosier, occasionnaient des râles bruyants ; anesthésie com¬ 
plète. L’utérus, que je voulais maintenir dans sa position, était 
le siège de mouvements, de soubresauts contre la paroi du 
ventre, tellement véhéments, que je pouvais à peine les mo¬ 
dérer avec la main. Il était animé, comme tout le corps, de 
secousses vraiment électriques. Ces symptômes durèrent 


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— 16 - 


quelques minutes, puis tout se calma, les convulsions cessè¬ 
rent, les membres se relâchèrent, la bouche expulsa quelques 
glaires sanguinolentes, la respiration devint plus régulière, 
le pouls se releva, la peau fut couverte de transpiration et la 
malade s’endormit. 

Pour maintenir la matrice en place, je recouvris le ventre 
d’une serviette pliée et par dessus un plat d’étàin fut assujetti 
par un bandage de corps; j’appliquai des sinapismes aux mol¬ 
lets et aux pieds, des compresses d’eau froide sur la tête.Mon 
collègue se retira, se mettant à ma disposition. Il s’agissait 
maintenant d’instituer la thérapeutique de cette éclampsie, 
affection qui presque toujours se termine par la mort ! U atro¬ 
pine n’avait pu conjurer l’affection, platina n’avait rien pro¬ 
duit; j’essayai gelseminum, zincum oxydâthyosciam., 
bellad . 2 e , canthar ., en frictions dans l’intérieur des joues. 
Chaque fois qu’un accès se répétait, j’étais en droit de con¬ 
clure que le médicament donné n’avait pas produit son effet; 
c’est ce qui m’était déjà arrivé pour cicuta virosa et nux 
vomica. 

Les accès se répétaient toutes les 1/2 heures. Les spéci¬ 
fiques, oui Wielobieky avait raison de dire, cherchez les 
spécifiques! Vers le soir, elle eut un accès très fort, et je 
crus bien que c’était le dernier. Par bonheur je me rappelai 
le cas que j’avais guéri quelques mois auparavant par zincum 
metallicum . Je le donnai comme dernière planche de salut 
conjointement avec bellad . en cause des organes utérins, 
alternativement toutes les 1/2 heures. Pendant une heure et 
demie, il n’y eut pas d’accès. Enfin, vers 10 h. du soir, il en 
arriva un léger et court. Bellad. et zinc . met . 2° furent 
donnés par la bouche toutes les 2 heures. 

Le 4 au matin j’enlevai le bandage, l’utérus était dans sa 
position normale, les lochies avaient leur cours naturel, mais 
la malade est effarée, ne se rappelle de rien, regarde tout 


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— 17 — 


autour d’elle, comme si elle se trouvait dans un endroit étran¬ 
ger ; elle a mal à la langue, qu’elle a mordue. Collutoire à 
Y arnica, à l’intérieur bellad . 3 Ô et zinc. mêtall. 4 e . 

Le 5, subitement se déclarent de grandes douleurs de ven¬ 
tre, dont chamomille 2 e eut vite raison. On continue bel¬ 
lad. et zinc, comme la veille. 

Le 6, hémicranie très forte. 

Le 7, diminution de la céphalalgie ; forte transpiration. 

Le 8, la transpiration continue. 

Le 9, la tête est libre, la malade se trouve bien, prend part 
à la conversation, elle est‘contente, mais ne se rappelle nul¬ 
lement de ce qui s’est passé. 

Quelques jours après la malade était en pleine convales¬ 
cence et jusqu’à ce jour s’est bien portée. 

B. — Eclampsie gravidarum. — Le 24 novembre 
Joseph B. vint me trouver très tôt, m’invitant à aller voir 
sa femme, enceinte de 6 mois, primipare, qui était tombée 
dans les convulsions une première fois vers minuit et qui 
depuis lors avait eu déjà deux'accès. 

Je m’y rendis de suite, heureux d’avoir un remède efficace, 
pourvu que comme tant d’autres, il ne faillît pas. 

A mon arrivée, un accès venait de se déclarer avec tous 
les symptômes cités plus haut. Face rouge et vultueuse, les 
yeux convulsés et immobiles, le tronc contourné à droite, 
avec des soubresauts de tendons, les mâchoires serrées, 
mouvements cloniques et toniques des extrémités, insensi¬ 
bilité complète, respiration stertoreuse et mouvements d’ex¬ 
pulsion du bassin. De la bouche sortait une écume sanguino¬ 
lente, la figure devint pâle et comme harassée par une 
grande fatigue, la malade tomba de sommeil. 

C’est une jeune femme aux cheveux châtains, bien forte et 
bien bâtie, assez grande, âgée de 24 ans, mariée depuis un 


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— 18 — 


an; n’a jamais été malade. Gomme cause occasionnelle, on 
pourrait citer le froid : elle avait en effet beaucoup travaillé 
dans l’eau. 

Je lui fis appliquer des sinapismes aux mollets, aux pieds et 
à la nuque, des compresses d’eau froide sur la tête. Gomme 
médicament on lui frotta à l’intérieur des joues zinc, métall. 
2° et bellad. alternativement. D’abord toutes les demi-beures, 
puis toutes les heures et enfin toutes les deux heures. Après 
un accès aussi fort que celui que j’ai décrit plus haut, il y 
eut une longue pause, puis, mais de moins en moins fortes, 
encore quelques secousses à intervalles assez longs. La 
malade dormit toute la nuit, s’éveilla parfois, mais fut 
très tranquille vers le malin. 

Le 25, tout se passa bien ; la malade seulement ressent le 
contre-coup de ses convulsions: la face est rouge et souriante, 
pas le moindre souvenir de ce qui s’est passé, elle est comme 
une personne ivre, elle reconnaît ses proches parents, mais se 
plaint de grandes douleurs de tête, ne se croit pas chez elle, 
et par moments rit tout haut. 

Continuation en tous points du traitement. 

La nuit du 26 a été bonne, plus tranquille que les précé¬ 
dentes ; la peau est moite, elle reconnaît mieux, mais voit les 
objets les plus rapprochés en double et en triple, et ceux plus 
éloignés, les portes, armoire, étuve, comme s’ils allaient 
choir. Mêmes prescriptions. 

Le 27, la nuit fut bonne, état général satisfaisant, selles et 
urines normales. Les symptômes du côté de la vue persistent, 
elle s’effraie vite, elle voit encore le plafond qui balance, 
ainsi que l’étuve, la porte, l’armoire, mais elle comprend que 
cela n’existe pas, que c’est sa maladie qui est cause de ces 
troubles optiques. 

Le 28, le sommeil est meilleur, elle a chaud et demande à 


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— 19 — 

pouvoir se lever, ce qui ne lui est pas accordé. Elle voit 
mieux. Mêmes prescriptions. 

Le 29, nuit bonne, transpiration abondante, les membres 
sont comme brisés, elle s’oriente dans sa chambre. 

Le 30, mieux général, elle se retrouve chez elle, reconnaît 
tout et voit tout en place. 

Elle se lève, marche bien. Dernières prescriptions. 

Dès lors, tout va vers une prompte guérison. 

A dater du 1 er décembre, la guérison fut établie et la gros¬ 
sesse se poursuivit régulièrement ; seulement les mouvements 
de l’enfant étaient affaiblis, et se ralentirent encore davan¬ 
tage le 7 e mois ; état général satisfaisant. Le 21 décembre, 
elle ressentit les premiers maux, mais tout se calma assez 
vite. Le 24, ils revinrent, persistèrent et le 25, à 5 heures du 
matin, elle mit au monde une enfant morte, âgée de 7 mois. 

A l’examen, il fut facile de constater que l’enfant était 
morte depuis plusieurs jours. 

Cet accouchement avait fortement affaibli lafemmé, et pen¬ 
dant les 7 jours suivants, elle se plaignit beaucoup de fai¬ 
blesse ; mais elle se remit insensiblement et maintenant elle est 
très bien portante. 

Gomme conclusion, nous pouvons dire que le spécifique de 
l’éclampsie est trouvé, et qu’il appartient en entier à l’ho- 
mœopathie. 

Ce spécifique c’est le zincum metallicum 2 e et 4°. 

D’après son action physiologique et son action pratique, il 
est en tête des médicaments du cerveau et des nerfs, et il agit 
également sur les reins. Hirschelle recommande dans le trai¬ 
tement des crampes, des convulsions, de l’éclampsie chez les 
enfants, en alternance avec moschus\ comme dans la médi¬ 
cation de la danse de St-Guy. Quoique bellad. et son alcaloïde 
n’aient produit aucun effet, on peut néanmoins l’alterner avec 
zinc, métall. car, dans ce cas, j’estime que bellad . relève 


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— 20 — 

l'action de zinc, en ce sens qu’elle diminue les congestions et 
les hyperémies, et qu’elle facilite par là l’action de ce médi¬ 
cament. 

Je le recommande tout spécialement pour les affections de 
nature convulsive, suite de puerpéralité si graves et qui si 
souvent se terminent par la mort. (Allgemeine Homôopa- 
thische Zeitung, février 1892.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


REVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D’AMÉRIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

Hypertrophie de la prostate 

Le D r Bessey, de Toronto (Canada), publie dans YHahne- 
mannian Monthly un mémoire très intéressant sur l’hyper¬ 
trophie de la prostate. Il passe d’abord en revue les causes 
diverses de cette affection. Le plus souvent elle est due à une 
irritation locale, à une congestion, à des troubles circula¬ 
toires produits par la masturbation, les excès vénériens, les 
injections irritantes dans l’urèthre, une ancienne gonorrhée, 
etc.; parfois la cause est inconnue. Les constitutions gout¬ 
teuses et hémorrhoïdaires y sont particulièrement prédispo¬ 
sées. 

L’hypertrophie de la prostate se manifeste ordinairement 
vers l’âge de 50 ans. D’après le D r Messers, elle existerait 
chez 20 p. c. des vieillards âgés de plus de 60 ans. Le diagno¬ 
stic est assez aisé. Par le toucher rectal on constate la pré¬ 
sence d’une tumeur plus ou moins considérable et occupant 
un siège variable d’après que l’hypertrophie a envahi le lobe 
droit, gauche ou médian de la prostate. 

En pratiquant le cathétérisme dans les cas surtout où le 
lobe médian est engorgé, la sonde rencontrera un obstacle 


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— 21 — 


au col de la vessie ; en outre, si le malade a uriné avant 
l’opération, la sonde ramènera encore une certaine quantité 
d’urine. 

Les malades atteints d’hypertrophie de la prostate s’ima¬ 
ginent qu’ils souffrent d’hémorrhoïdes internes parce qu’ils 
éprouvent une sensation de pesanteur dans le périnée, du 
ténesme et une certaine gêne en urinant. La vessie devient 
ensuite très irritable ; les envies d’uriner augmentent, mais 
la vessie ne peut se vider complètement et l’urine devient 
ammoniacale. Alors sous l’influence d’un refroidissement, 
d’excès vénériens ou de tout autre cause capable de conges¬ 
tionner la prostate, il peut se produire une rétention com¬ 
plète d’urine.Si un traitement approprié ne vient pas enrayer 
la marche de cette affection, la terminaison sera nécessai¬ 
rement fatale. L’hypertrophie de la prostate faisant des pro¬ 
grès, l’obstacle à la miction devient nécessairement plus 
considérable, et la vessie est continuellement distendue par 
de l’urine ammoniacale. Il se produit alors une cystite chro¬ 
nique ; les urétères se dilatent et les reins s’entament à leur 
tour. En un mot tout l’appareil urinaire devient le siège d’une 
inflammation chronique et le malade meurt par pyémie ou 
empoisonnement urémique. 

Le traitement de l’hypertrophie de la prostate proposé par 
le D r Bessey n’est qu’une modification du procédé de Was¬ 
hington Atlee qui injectait dans le rectum l’extrait d’ergot de 
seigle. 

Le D r Bessey résume ses vues thérapeutique» dans les six 
propositions suivantes : 

1° La prostate et ses vaisseaux sont pourvus de fibres mus¬ 
culaires lisses ou involontaires. 

2° La vessie contient à la fois des fibres musculaires lisses 
et des fibres striées. 

3° Vergot de seigle possède la faculté de contracter les 


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— 22 — 


muscles lisses ou involontaires ; il agit donc spécialement sur 
les parois des vaisseaux et diminue leur calibre. 

4° Cette action de Y ergot de seigle sur les fibres lisses est 
très prononcée ; mais la réaction se produit rapidement et la 
contraction fait place à un certain degré d’épuisement et de 
relâchement. 

5 * Cimicifuga racemosa jouit de la propriété de provo¬ 
quer dans les muscles involontaires des contractions toniques 
et persistantes par son action spéciale sur le nerf grand sym¬ 
pathique. 

6° L’emploi de cimicifuga ou de son principe actif, la 
cimicifugine, dans les cas de faiblesse et de relâchement des 
muscles involontaires comme les congestions chroniques avec 
douleurs, l’engorgement de la prostate, la débilité avec 
irritabilité des parois de la vessie, de l’utérus, du cœur, de 
l’urèthre, etc., ne saurait être trop recommandé surtout en 
combinaison avec Yergot de seigle (1 partie de cimicifuga 
pour 2 parties (Yergot) lorsqu’on veut obtenir une action 
énergique et continue. 

Beaucoup de remèdes ont été essayés dans l’hypertrophie 
de la prostate, notamment l’iodure de potassium, les astrin¬ 
gents, etc., mais aucun n’a donné de résultats aussi satisfai¬ 
sants que secale associé à cimicifuga . 

Lorsqu’on se trouve en présence d’un cas de rétention 
d’urine due au gonflement de la prostate à la suite d’une 
congestion aiguë ou d’une inflammation, on prescrira quel¬ 
ques remèdes généraux tels que aconit, ferrum phospho- 
ricum , des bains chauds, cataplasmes, etc.; ensuite on 
videra la vessie au moyen d’une fine sonde en caoutchouc, 
après avoir fait préalablement dans le canal de l’urèthre une 
injection d’huile chaude. Si le cathétérisme est impossible, 
il faut recourir à la ponction de la vessie par le rectum au 
moyen d’un trocart courbé. 


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— 23 — 

Après avoir vidé la vessie, on procédera au traitement de 
l’affection prostatique. Pour cela, on lavera l’uréthre et la 
vessie, si c’est possible, av"ec une solution très chaude de 
sublimé, 1 pour 10,000, puis on injectera dans le rectum 
10 gouttes d’extrait d "ergot de seigle avec 5 gouttes de 
cimicifuga racemosa . 

On répétera ces injections toutes les 2 heures jusqu’à ce 
que le gonflement de la prostate ait diminué et qu’on puisse 
introduire aisément dans la vessie une sonde métallique. 
Le traitement sera continué pendant un certain temps en 
ayant soin d’employer des sondes de plus en plus volumi¬ 
neuses et de diminuer le nombre d’injections et la dose des 
médicaments. 

Cimicifuga a une action tonique surprenante sur l’appa¬ 
reil urinaire; administré par voie rectale, il rétablira la 
puissance musculaire de la vessie et réduira de volume les 
prostates qui, depuis de longues années, sont le siège d’une 
hypertrophie ou d’une inflammation chronique. 

Le D r Bessey cite ensuite un exemple à l’appui de ces 
faits : 

Un homme était atteint depuis 9 ans d’hypertrophie de la 
prostate compliquée de cystite chronique. Il avait passé par 
les mains de plus de 20 chirurgiens sans trouver le moindre 
soulagement. Il était obligé de se lever 10 à 12 fois par nuit 
pour uriner et la miction était très douloureuse. Je procédai 
immédiatement au lavage de la vessie avec une solution de 
sublimé, puis j’injectai toutes les 2 heures dans le rectum 
l’extrait d ’ergot mêlé à la teinture de cimicifuga . 

Dès le 3° jour, le malade éprouva un soulagement notable. 
Je prescrivis les mêmes injections plusieurs fois par jour et 
je pratiquai chaque matin le cathétérisme avec une sonde 
métallique d’un calibre de plus en plus fort. Au bout de 
3 semaines, le malade put dormir toute la nuit sans être 


* 


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— 24 — 


obligé de se lever, et au bout de 3 mois il fut complètement 
guéri. 

Le D r Bessey ajoute qu’il a expérimenté ce traitement 
chez un grand nombre de malades, et que presque tous 
éprouvaient une amélioration notable dès les premiers jours. 

Traitement de la syphilis 

par le D r G-ràmm, de Philadelphie 

Pour la plupart des médecins, le traitement de la syphilis 
ne consiste que dans l’administration du mercure au début 
de l’affection et de Yiodure de potassium à une période 
ultérieure. Le mercure , il est vrai, constitue un remède 
souverain dans la majorité des cas de syphilis ; cependant 
lorsque les indications se présentent pour d’autres médica¬ 
ments, il est utile et même nécessaire d’y avoir recours. 

La question de savoir si la syphilis est susceptible de guérir 
radicalement par des remèdes autres que le mercure et 
Yiodure de potassium , doit être, selon mon avis, résolue 
par l’affirmative. La syphilis, en effet, est une maladie infec¬ 
tieuse analogue aux affections de même nature ; ses proces¬ 
sus de destruction et de réparation suivent les mêmes règles, 
et si la loi des semblables est un guide sûr dans le traitement 
des diverses entités morbides, pourquoi ne le serait-il plus 
dans la syphilis ? 

Il est nécessaire de commencer le traitement de Paffection 
syphilitique dès que les symptômes caractéristiques apparais¬ 
sent, même avant les premières manifestations cutanées ; le 
chancre dur existant, ce serait commettre une grave impru¬ 
dence d’attendre jusqu’à ce que l’économie fût complètement 
infectée, sous prétexte de se convaincre si l’on se trouve 
bien en présence d’un cas de syphilis. 

Je passerai sous silence les moyens locaux à employer 


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— 25 — 


contre le chancre, pour en venir de suite aux indications 
symptômatiques de la maladie. 

D’après moi, la préparation mercurielle qui couvre la plu¬ 
part des phénomènes au début de l’affection, est, sans contre¬ 
dit, Viodure jaune de mercure,mercurius iodat. flavus . 

En effet, les symptômes de Viodure jaune de mercure 
sont plus superficiels que ceux de Viodure rouge; ils se dis¬ 
tinguent aussi par la régularité de leur apparition comme 
ceux de la syphilis. Les symptômes de Viodure rouge sont 
plus irréguliers et sont la conséquence de lésions plus pro¬ 
fondes ; c’est ce dont il est facile de se convaincre en étudiant 
parallèlement les pathogénésies de ces deux sels. 

Passons maintenant en revue les divers phénomènes qui 
peuvent se présenter dans le cours de la syphilis. 

Il y a d’abord l’adénopathie ou l’engorgement des ganglions 
au voisinage du point infecté. Ici les préparations mercu¬ 
rielles ne sont pas très indiquées. Viodure d'arsenic est 
préférable surtout lorsque l’engorgement ganglionnaire est 
très prononcé et que le malade est très faible. 

Arsenicum et baptisia ont souvent réussi à faire dispa¬ 
raître la fièvre qui se produit ordinairement avant l’apparition 
de l’éruption. 

Je n’attache pas trop d’importance à la forme de l’éruption, 
qu’elle soit rubéolique, papuleuse ou pustuleuse ; cependant 
les syphilides pustuleuses réclament plutôt kali bichrom . 
que le mercure . Le mélange de ces differentes formes de 
syphilides fera songer à mercurius corrosivus . Dans un 
cas de syphilide papulo-squameuse chez une jeune fille de 
19 ans, je me suis bien trouvé de carbo animalis qui cor¬ 
respondait parfaitement à l’ensemble des symptômes. 

Stillingia est un excellent remède dans les éruptions 
squameuses surtout lorsqu’il y a en même temps des douleurs 
localisées au foie et à l’estomac. Enfin arsenicum m’a rendu 


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— 26 — 


de grands services dans les syphilides squameuses de la 
plante des pieds et de la paume des mains. 

Les douleurs rhumatoïdes dont les malades se plaignent 
au débat de la syphilis seront combattues avantageusement 
par Yiodure de potassium à doses massives, 5 grains par 
jour. 

Ce médicament ne peut être continué pendant longtemps, 
et doit être remplacé par d'autres dès que les symptômes 
ont disparu. 

Quant à la céphalalgie syphilitique ; mercur. iodat.flavus 
est indiqué lorsque la douleur est sourde, lorsqu’elle siège 
surtout au front et qu’elle est plus prononcée le matin. La 
céphalalgie de merc. iodat. ruber a un caractère de tension 
plus marqué et s’aggrave ordinairement vers le déclin du 
jour. 

Belladon . réussit dans quelques cas lorsque les autres 
symptômes correspondent à ce médicament. 

Plumbum est très utile dans l’alopécie ; on le prescrira 
lorsqu’il n’existe aucun autre phénomène important récla¬ 
mant des remèdes spéciaux. 

La plupart des médecins ont l’habitude de combattre l’iritis 
syphilitique survenant dans la période secondaire à l’aide de 
Yiodure rouge de mercure . Pour ma part, j’ai obtenu des 
résultats beaucoup plus satisfaisants avec Yiodure jaune. 

Viodure rouge est plutôt indiqué quand l’iritis apparaît 
tardivement à la fin de la période secondaire ou au début de 
la période tertiaire, si, bien entendu, cette affection n’est pas 
la conséquence du ramollissement d’une petite gomme ; dans 
ce dernier cas on aura recours à Yiodure de potasse à doses 
massives. 

Pour la leucorrhée fétide caractéristique dont se plaignent 
beaucoup de femmes syphilitiques, on prescrira les douches 
vaginales au bichlorure de mercure , 1 pour 4000. 


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— 27 — 


Les symptômes de la gorge qui font leur apparition dans la 
période secondaire sont justiciables de Viodure de mercure ; 
Viodure rouge affecte plutôt le côté droit et Viodure jaune 
le côté gauche. D’autres remèdes tels que belladon ., phytol ,, 
lachesiSy etc. peuvent encore être employés utilement dans 
ces cas. 

Les syphilides tuberculeuses et ulcéreuses tardives récla¬ 
ment Viodure de potasse , Viodure rouge de mercure et 
d’autres médicaments. Ainsi j‘ai fait disparaître rapidement 
une éruption tuberculeuse de la face à l’aide de lachesis . 

Lorsque les gommes déposées dans la peau commencent à 
se ramollir, il est souvent utile d’administrer en même temps 
Viodure de potasse et Viodure rouge de mercure , soit en 
les mélangeant directement, soit en les alternant ; dans ce 
dernier cas il est préférable de donner Viodure de potasse 
immédiatement après les repas, et Viodure de mercure pen¬ 
dant les intervalles. Les ulcères seront pansés à l’acide phé- 
nique. (Hahnemannian Monthly.) 

üyoscyamine et hyoscine dans les maladies nerveuses 
et mentales 

par le D r Hale, de Chicago 

Les différentes observations que je rapporte dans ce mé¬ 
moire tendent à démontrer que, si Vhyoscyamine est un 
excellent remède dans les affections nerveuses et mentales, 
Y hyoscine, qui constitue sans aucun doute le principe actif 
d ’hyoscyamus niger , lui est bien supérieur et doit être admi¬ 
nistré de préférence lorsqu’on ne fait pas usage du suc de la 
plante elle-même. 

IVhyoscine est en effet plus douce dans son action et n’ex¬ 
pose pas tant que Vhyoscyamine à la production de sym¬ 
ptômes patbogénétiques. 

En abordant l’histoire de ces remèdes, je ne puis m’empê- 


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— 28 — 

cher d’attirer l’attention sur la singulière tactique de nos 
confrères allopathes. Aucun d’eux n’ignore que la loi des 
semblables est une loi thérapeutique, et cependant ils éprou¬ 
vent une répugnance instinctive à en convenir, et se mettent 
en frais d’imagination pour trouver une explication plausible. 

Ainsi, un médecin distingué, à la tête d’un de nos plus im¬ 
portants établissements d’aliénés, s’exprime de cette manière, 
en rapportant les expériences qu’il a faites avec Yhyoscya - 
mine : 

« Ge remède semble posséder la singulière propriété de 
substituer ses symptômes propres à ceux qui existent chez 
l’aliéné ». 

C’est ainsi, dit-il, qu’il fait disparaître les hallucinations et 
les illusions chez les malades soumis à son influence ; or, ces 
symptômes,qu il décrit minutieusement et qu’il prétend guérir 
à l’aide de Yhyoscyamine , se trouvent relatés tout au long 
dans nos pathogénésies fthyoscyamus. 

Un autre aliéniste anglais parle en ces termes de Yhyos¬ 
cyamine : 

« Ge remède possède indubitablement une action marquée 
sur les affections cérébrales et guérit certaines illusions ou 
hallucinations, surtout lorsque les malades sont jaloux, mé¬ 
fiants et ont des idées de suicide ». 

Hahnemann lui-même n’a pas mieux décrit les indications 
d 'hyoscyamus. 

Pourquoi ne pas reconnaître franchement que, dans ces 
cas, le médicament agit suivant la loi des semblables,même si, 
en principe, ils n’admettent pas l’application générale de 
cette loi? 

Il y a quelques années, lorsque Yhyoscyamine fut introduit 
dans la matière mé licale, on m’amena de très loin un malade 
dans l’espoir qu’un traitement médical approprié pourrait 
encore le guérir. Les parents étaient résignés à le placer dans 


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— 29 — 


une maison d’aliénés si je jugeais l’affection incurable. C’était 
une dame d’un âge moyen, robuste de constitution, et ayant 
toutes les apparences d une santé physique excellente. Il y a 
un an, elle commença à avoir des soupçons sur la fidélité de 
son mari et sur l’affection de ses proches. Elle perdit alors 
tout intérêt à son ménage ; elle devint morose et toulut à 
plusieurs reprises attenter à ses jours. 

Je prescrivis hyoscyamine , 3x trituration, un grain trois 
fois par jour. Quelques semaines après, j’appris que la malade 
allait beaucoup mieux et qu’elle avait abandonné ses soup¬ 
çons injustes. 

Pendant l’hiver de 1872, un médecin,qui ne pratiquait pas, 
me demanda en consultation pour sa dame. Ils étaient mariés 
depuis un an à peine et avaient été très heureux en ménage. 
Depuis quelques semaines, la malade commença à soupçonner 
que ses amis conspiraient pour lui aliéner l’affection de son 
époux. Elle n’avait aucun doute sur la fidélité de celui-ci, mais 
elle était persuadée que certaines personnes s’efforçaient de 
la noircir auprès de lui. Aussi, dès qu’elle surprenait une de 
ces personnes en compagnie de son mari, elle entrait dans 
une fureur indescriptible à tel point qu’elle injuriait son mari, 
le mordait et l’égratignait. Ces attaques se terminaient géné¬ 
ralement par une crise hystérique suivie de prostration et de 
stupeur ; la crise passée, la malade regrettait vivement ce 
qu’elle avait fait. 

D’après les renseignements que j’obtins, un de ses oncles 
avait été interné jadis dans une maison d’aliénés, et deux de 
ses sœurs présentaient les mêmes symptômes. 

Il n’existait aucune trace de maladie physique, sauf une 
menstruation peu abondante; mais les symptômes ne s’aggra¬ 
vaient nullement aux époques menstruelles. 

Je prescrivis hyoscine, 1/500 de grain,3 fois par jour. Après 
avoir pris ce remède pendant une semaine, les accès dispa- 


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— 30 — 


rurent et la malade redevint heureuse et gaie. Deux mois se 
sont passés depuis lors, sans que la moindre récidive se soit 
produite. 

Je dois ajouter que, dans ces deux cas, le premier signe 
d’amélioration s’est manifesté par la disparition de l’insomnie, 
symptôme qui était très prononcé chez les deux malades. 

Aussi, comme remède de l'insomnie, Yhyoscine jouit d’une 
grande vogue chez nos confrères de l’ancienne école ; mais 
ils ont soin de le prescrire suivant la loi des semblables. 

A ce propos, le D r Kuy,de Strasbourg,rapporte les résultats 
qu’il a obtenus par l’administration du muriate d’hyoscine 
dans 88 cas de sa clinique des maladies nerveuses. 

Dans 82 p. c. de ces cas, les résultats furent satisfaisants ; 
le sommeil durait de 6 à 8 h. et se produisait généralement 
une heure après l’ingestion du remède. La plupart des insuc¬ 
cès survenaient chez les malades dont l’insomnie frétait 
accompagnée d’aucun trouble moteur; au contraire,, chez ceux 
qui présentaient une grande excitation avec mouvements et 
gestes violents, Yhyoscine agissait d’une manière certaine et 
rapide. 

Or, ce fait est absolument en concordance avec nos indi¬ 
cations d 'hyoscyamus. Nous trouvons, en eflet, dans la 
pathogénésie de ce médicament les symptômes suivants : 
Insomnie avec violente excitation physique et mentale ; hal¬ 
lucinations, illusions avec mouvements brusques, contrac¬ 
tions, etc. 

Si Yhyoscine était donc antipathique à l’insomnie,il devrait 
produire chez l’homme sain des symptômes tout à fait oppo¬ 
sés, ce qui n’a pas lieu, à moins qu’on n’administre le médi¬ 
cament à doses toxiques. 

Voici quelques preuves à l’appui : 

Dans un cas rapporté par le D r Gibb, 1/50 de grain d 'hyos- 
cine a produit un délire actif, loquace; le malade saisissait des 


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— 31 — 


objets imaginaires, parlait constamment et ne restait que 
difficilement au lit. 

Dans un autre cas rapporté par le D r Morton, 1/15 de grain 
provoqua des contractions cloniques des bras et des jambes. 

Enfin, chez une femme qui avait pris 1/100 de grain, le 
D r Prentiss observa les symptômes suivants : Au bout de 3 
minutes, grande sécheresse de la bouche et de la gorge, rou¬ 
geur de la face, sensation de nervosité et d’agacement dans 
tout le corps, pleurs, délire. 

Il est admis par la plupart des médecins de l’ancienne 
école que Yhyoscine est un des remèdes les plus efficaces 
dans l'insomnie, la folie, la paralysie agitante, le délire, etc. 

Or, ce remède produit des symptômes analogues, lorsqu’il 
est administré à hautes doses chez l’homme sain. 

Nous savons, en outre, qu’une des indications les plus im¬ 
portantes d 'hyosciamus, c’est l’aggravation des phénomènes 
morbides pendant la nuit : Scheussner, un allopathe, rapporte 
dans ses cliniques qu’il a essayé en vain de calmer par Yhyos¬ 
cine l’excitation qui survenait chez les malades pendant le 
jour. 

De plus, nous lisons dans le Manuel thérapeuthique , de 
Wood : « L’insomnie qui est spécialement améliorée par 
Yhyoscine dépend d’une excitation cérébrale; le sommeil est 
banni par une foule d’idées et d’images qui se présentent 
continuellement à l’esprit du malade ». 

Hahnemann a dit la même chose il y a près d’un siècle. 

Depuis deux ans, je me sers surtout de Yhydrohromate 
(Yhyoscine dans les maladies nerveuses et mentales; les 
résultats me paraissent meilleurs. 

La teinture (Yhyoscyamus présente souvent un degré de 
concentration très variable. Quant au mode d’administration 
de Yhyoscine , les médecins l’ont prescrit d’abord en injec¬ 
tions hypodermiques, mais ils ont trouvé plus tard qu’il était 


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— 32 : — 


préférable de l’administrer par la voie gastrique ; les effets 
persistent plus longtemps, et on évite ainsi la production de 
symptômes médicamenteux. 

La dose maxima employée par l’Ecole allopathique est 
1/60 de grain ; cette dose est trop élevée ; la plupart emploient 
Yhyoscine à la dose de 1/100 de grain; mais il a parfois pro¬ 
voqué à cette dose, et même à la dose de 1/250 de grain, 
des effets toxiques chez les malades sensibles. 

Je crois que,dans aucun cas,il n’est nécessaire de produire 
des symptômes pathogénétiques. Je considère 1/500 de 
grain comme dose maxima. La dose minima ne peut être 
établie que par des observations rigoureuses. J’ai l’habitude 
de commencer par 1/1000 de grain, c’est-à-dire un grain ou 
une goutte de la 2/100 atténuation, et j’augmente la dose 
jusqu’à ce que j’obtienne des effets curatifs. Pour l’insomnie, 
une seule dose suffit; pour les cas de folie, une dose toutes 
les 4 ou 6 heures. (Hahnemannian Monthly .) 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers 


SOMMAIRE 

Association centrale des homœopathes belges.— Séance 

du 5 avril 1892 .1 

Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfai¬ 
sance d’Anvers.1 

Revue des journaux homœopathiques de France, par le 
D r Schepens, de Gand. 5 

De la guérison du tétanos, du trismus et de l’éclampsie 
des femmes enceintes ou en couches. — Traduction 
du D r Chevalier, de Gharleroi ....... 8 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D 1 ' Lambreghts, fils, d’Anvers.20 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

_ . _ ^ __ _ 

\ 9 e Année MAI 1892 N° 2 


UN CAS DE MÉNINGITE 


par le D r Palumbo, de Naples. —- Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


Le 8 décembre de Tannée dernière je fus appelé à visiter 
un jeune enfant de 18 mois, Sposato di Gennaro, demeurant 
à Naples, pont de la Madeleine, n° 8. Il était très gravement 
malade. Couché dans le décubitus dorsal, il avait les yeux à 
demi entrouverts, d'un aspect vitreux, les joues étaient pâles 
comme la mort, les lèvres sèches et cyanosées, la respiration 
haletante. Il était dans le délire et la température au toucher 
était un peu au-dessous de la normale. Cet état durait déjà 
depuis la veille au soir. Si ce n’était pas l’agonie, c’était 
sans aucun doute le stade prémonitoire : la situation n’avait 
du reste pas échappé aux parents, qui étaient en pleurs et 
qui avaient non loin de la berce préparé une lampe et des 
chandelles. 

La maladie avait commencé dix jours avant par de la fièvre, 
des vomissements et des convulsions éclamptiques. J’avais vu 
une fois le malade à ce moment et j’avais prévenu la famille 
qu’elle aurait probablement à lutter contre un sérieux ennemi, 
la méningite. Mais,sur le conseil de quelques amis, qui avaient 
insinué que l’homœopathie était bonne pour le traitement de 
maladies légères ou chroniques, mais non dans le cas d’affec¬ 
tions aiguës et graves, les parents avaient cru bien faire de 
confier leur enfant à deux médecins de l’Ecole officielle, les 
docteurs C. et Y., qui ne purent ne pas confirmer le dia- 


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— 34 - 


gnostic par moi posé. Cependant, à la honte des remèdes 
énergiques et officiels, l’enfant alla de mal en pis, et quand 
les allopathes eurent avoué leur impuissance à le sauver, on 
ne trouva rien de mieux à faire que de me confier le petit 
moribond ! J’hésitai un instant à le reprendre. Quel espoir 
de succès pouvais-je promettre dans ces conditions, et quel 
affront pour l’homoeopathie si le succès promis ne se réalisait 
pas ? J’étais donc sur le point de me retirer ; mais je me 
laissai vaincre par le désespoir des parents à qui mon refus 
aurait porté un coup fatal. 

A l’état comateux et à la gêne de respiration déjà men¬ 
tionnés, s’étaient joints quelques soubresauts de tendons du 
membre supérieur. Les pupilles étaient dilatées Broncho¬ 
pneumonie hypostatique double, pouls 120. Température du 
creux axillaire 37,5. Les réflexes tendineux et cutanés exa¬ 
gérés. Anurie depuis 12 heures. Une vessie remplie de glace 
comprimait la tête du pauvre petit malade, et sur la table se 
trouvaient deux potions dont alternativement toutes les heures 
on lui introduisait une cuillerée entre les lèvres. Mon premier 
soin fut de le débarrasser de tout cet attirail, et je lui pres¬ 
crivis une dose de sulphur 30 ü et une de belladone 6 e /à 
prendre à une distance de 2 heures l’une de l’autre. 

Le lendemain le père vint me dire qu’il lui semblait que son 
enfant allait un peu mieux. C’est ce que je pus constater moi- 
même à ma visite, car si le coma persistait toujours, la respi¬ 
ration était certainement plus libre, la pâleur des joues et la 
cyanose des lèvres avaient diminué.La température était 38°, 
le pouls à 110. Prescription : belladone 12 e et arsenic 12°. 
Pendant que j’étais en train d’examiner le petit malade, sur¬ 
vint le D r Y. (allopathe) un des deux médecins traitants qui 
n’avait pas encore été remercié par la famille, et qui avait 
signalé l’état désespéré de l’enfant. Il fut étonné de ne plus 
yoir la vessie remplie de glace qu’il avait recommandée et 


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— 35 — 

vantée, ni les potions a base de bromure de potassium, mais 
je lui répondis que, si je respectais ses opinions, je ne pouvais 
les partager en ma qualité d’homœopathe. Je n’eus pas plustôt 
achevé ma phrase, que, tout interloqué, il s’éclipsa bruque- 
ment. 

Le lendemain, je constatai une amélioration certaine chez 
l’enfant. Il ouvrait les yeux, sans cependant rien reconnaître 
et promenait le regard par toute la chambre. La respiration 
était normale. Les mouvements convulsifs musculaires et ten¬ 
dineux avaient cessé, la température était 37°,5, le pouls 
à 100. Je continuai la même médication et, pour abréger, je 
dirai que le petit malade se remit complètement en quelques 
jours au grand ébahissement du collègue allopathe. 

Et maintenant une petite considération. 

J’ai rapporté ce cas de méningite, parce que je pouvais en 
donner tous les détails: le nom, la demeure du malade et 
(pour qu’on ne crie pas à l’incrédulité) parce que deux méde¬ 
cins de l’école officielle, dont au besoin je pourrais citer les 
noms, ont été témoins du cas et ne pourraient que confirmer 
ce que j’ai écrit. 

Certes, mon intention n’est pas de faire crier au miracle et 
par l’exagération compromettre un système qui s’impose au 
respect de tous. Il est certain que toutes les maladies, arri¬ 
vées surtout à ce degré de gravité, ne sont pas susceptibles 
d’une guérison même par l’homoeopathie. J’ai voulu unique¬ 
ment constater un fait, c’est que le petit malade en question 
aurait parfaitement bien pu ne pas sourire aujourd’hui h ses 
parents, si un homœopathe ne fût intervenu. (Il secolo omio- 
patico.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


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- 36 — 


Un cas de maladie chronique du cœur 

présenté à VAssociation centrale des homœopathes belges (1) 

par le D r Mersch, de Bruxelles 

Messieurs, je vous ai amené un petit malade auquel vous 
vous intéresserez tous, jepense, car son cas, ainsi que lerésul- 
tat thérapeutique que j’ai obtenu, ne se voient pas souvent. 

Cet enfant se nomme Jules G.; il est âgé de onze ans et, à 
part 1’affection du cœur quasi congénitale dont nous allons 
nous occuper, il n’a jamais fait de maladies sérieuses aux¬ 
quelles nous puissions rattacher son affection chronique. 

J’ai eu beau questionner les parents sur les origines proba- 
oles du mal, ils m’ont constamment répondu que, dès sa plus 
tendre enfance, leur petit Jules avait été plus délicat que ses 
frères et sœurs et que le médecin qui m’a précédé l’avait tou - 
jours déclaré atteint d’une maladie du cœur incurable. 

Pas de début brusque donc, pas d’état aigu ayant provoqué 
un séjour au lit. Rien d’accidentel enfin qui pût être invoqué 
pour expliquer l’origine du mal, ce qui écarte bien, me sem- . 
ble-t-il, l’hypothèse d’une endocardite ou d’une péricardite 
aiguës antérieures. 

D'après moi, la maladie a dû s’établir insidieusement sous 
forme d'affection valvulaire chronique compensée. 

Gomme ce dessin vous le montre, la compensation a 
notablement dépassé le but qu’elle devait atteindre, comme 
cela arrive souvent, du reste, la vis medicatrix naturœ ne 
mesurant pas toujours proportionnellement ses forces. Elle 
est aveugle comme on l’a dit ; c’est pourquoi nous voyons cet 
enfant, qui ne se plaint d’aucun symptôme subjectif, chargé 
inutilement d’un cœur aussi volumineux. 

Get organe mesurait, la première fois que je vis mon ma¬ 
lade, 12 centimètres de hauteur, 4 centimètres à droite de la 

(1) Séance du 5 avril 1892, 


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— 37 — 


ligne médio-sternale et 10 centimètres environ à gauche 
(cette dernière mesure était naturellement peu précise). 

Vous voyez que j’ai dessiné deux limites sur la poitrine du 
malade. C’est pour vous montrer le résultat étonnant que 
j’ai obtenu. La ligne enveloppante montre la matité car¬ 
diaque observée le 6 mai 1891, et la ligne inférieure la matité 
actuelle que je vais du reste percuter devant vous. Vous 
voyez que la différence est notable. N’explique-t-elle point 
que cette affection doit avoir une origine dyscrasique? Pour 
ma part je n’en doute pas, car il me paraît impossible d’ob¬ 
tenir un tel effet thérapeutique sur les suites d’une affection 
aiguë mal soignée. Aussi,ce résultat corrobore,me semble-t-il, 
l’idée qui m’est venue à la première inspection et qui m’a dé¬ 
terminé à prescrire sulphur . 

Du reste, je suis aussi le médecin des parents du ma¬ 
lade et je sais que tous deux pêchent plus ou moins au 
point de vue de la crase sanguine. La mère souffrait d’une 
bronchite chronique depuis nombre d’années. Et ce sont des 
médicaments tels que lycopode et sulphur qui ont le plus 
contribué à la remettre sur pied. Le père jouit d’une parfaite 
santé, ou,pour mieux dire, il ne se plaint jamais de sa santé, 
mais son teint brouillé, sa peau sèche et ses conjonctives 
irritées n’en réflètent pas moins une forte tendance à la 
chronicité. Du reste, lui aussi se trouve fort bien de sulphur 
pour combattre la moindre de ses indispositions. 

Tout cela, pour vous dire que c’est bien à l’état du sang, 
Hahnemann eût dit à la psore, qu’il faut attribuer la maladie 
du petit Jules. Et que c’est grâce à cela que je dois d’avoir 
obtenu un aussi beau résultat, car si nous ne connaissons que 
peu de médicaments qui puissent agir mécaniquement sur un 
cœur hypertrophié, il ne nous en manque pas qui ont de l’ac¬ 
tion sur l’état dyscrasique qui, une fois modifié, permet à la 
nature de se corriger. 


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— 38 — 

Cette hypertrophie colossale était, ce qui est bien naturel, 
accompagnée d’autres symptômes, tels que : voussure pré¬ 
cordiale très marquée, souffle intense au premier temps, dans 
toute la région cardiaque, et surtout à l’origine des gros 
vaisseaux et à la valvule mitrale, et frémissement cataire 
des plus prononcés. Au niveau du point maximum de la pro¬ 
duction de ce frémissement, se manifestait un bruit de roule¬ 
ment qui couvrait tous les bruits ducœur. Ce bruit cardiaque 
existe encore, du reste, quoique beaucoup moins intense que 
dans le principe. Le seul symptôme extra-cardiaque que j’aie 
pu récolter, consistedans ce que lemalade a été sujet,pendant 
assez longtemps, à une éruption papuleuse qui a disparu 
maintenant. 

Cela, plus que toute autre chose, m’a déterminé à prescrire 
sulphur 30°, une goutte à prendre en trois fois, matin, 
midi et soir. 

Le 1 er juin je revis l’enfant qui m’accusa avoir eu une 
poussée de petits boutons aux deux genoux. Les bruits du 
cœur me parurent un peu moins intenses et je constatai un 
volume car liaque à peu près analogue à celui que j’observai 
la première fois ; car il ne faut pas tenir compte de la dimi¬ 
nution de 2 centimètres à gauche, cette mesure étant, comme 
vous le savez, difficile à déterminer exactement. 

Prescription: sulphur 30 e , 24°et 18° aa, pulvisn° V numé¬ 
rotées successivement, une poudre par jour à prendre en 
trois fois, matin, midi et soir. 

Le 18 juin, je constatai une diminution plus manifeste dans 
les dimensions du cœur. Les boutons des genoux n’existent 
plus, le frémissement cataire a diminué d 'étendue, il se 
localise davantage vers les gros vaisseaux. Le maximum du 
souffle systolique s’entend maintenant à la pointe du cœur. 

Prescription : sulphur 15°, 12°, 9°, magis., aa pulv. n° Y, 
numérotées successivement. 


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— 39 — 


Le 31 juillet, les dimensions du cœur ont beaucoup dimi¬ 
nué cette fois, au lieu de 4 centimètres à droite, 12 en 
hauteur et 10 à gauche, nous sommes arrivés maintenant à 
2, 6 et 6 centimètres. Le tracé sphygmographique est beau¬ 
coup meilleur que le précédent, comme vous pouvez le con¬ 
stater. 

Le maximum du bruit de roulement s’entend à3 centimètres 
au-dessus de la base et à 2 centimètres du sternum. 

Prescription : sulphur 6°, puis 3 e , magis., aa pulvis n° Y, 
numérotées successivement. 

15 septembre. — Le malade est resté un mois sans prendre 
de médicament. C’est, sans doute, à cause de sa négligence, 
que j’ai constaté cette fois 3 centimètres à droite. Je n’ai pu 
déterminer nettement la hauteur, ce jour-là, c’est pourquoi je 
ne vous en parle pas. 

Croyant que sulphur devait avoir épuisé son action, je 
songeai à prescrire des médicaments à action plus directe et, 
à cause du frémissement cataire, je pensai à spigelia . 

Prescription : Spigelia 6°, pulv. n° XV. 

Spigelia 12°, pulv. n° VIII. 

Sulphur 30 e , pulv. n° VIII. 
numérotées successivement. 

Toujours une poudre par jour à prendre en 3 fois. 

21 octobre. —Le frémissement cataire a beaucoup diminué 
en force et en étendue, à tel point que cette diminution a 
attiré l’attention des parents qui, depuis nombre d’années, 
avaient constaté eux-mêmes ce symptôme qui leur paraît 
très bizarre. La voussure précordiale est aussi moins appa¬ 
rente. Les dimensions n’ont pas changé cette fois-ci. 

Prescription : Spigelia 3 e , pulv. n° XXX. 

21 novembre. — Le frémissement cataire continue à être 
moins intense. L’enfant me signale qu’il court plus facilement 
depuis 3 semaines. Il m’avoue qu’avant cela il avait mal au 


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— 40 — 


niveau du cœur quand il courait vite, symptôme que l’insou¬ 
ciance de mon petit malade m'avait laissé ignorer jusqu’ici. 

La pointe bat toujours violemment, mais je ne constate plus 
de souffle à ce niveau. Aux orifices vasculaires, le souffle 
s'entend aux deux temps maintenant, sans doute à cause de 
la diminution du bruit de roulement qui cachait le souffle dias¬ 
tolique moins fort que le souffle systolique. 

Mais les dimensions n’ont pas continué à diminuer ; au con¬ 
traire, elles semblent avoir augmenté en hauteur. L’inégalité 
de la ligne supérieure de la matité me fait penser à une 
dilatation anévrysmale probable. La nécessité de changer 
de médicament et le fait que lycopodium avait agi presque 
magiquement sur la mère de mon malade, me déterminent à 
chu ir ce dernier médicament. 

Prescription : Lycopodium 6 e , 30 e , 200 e , aa pulv. n° X, 
numérotées successivement. 

21 décembre 1891. — Pas de changement appréciable 

Lycopodium , 3° trit. cent 15 ctgr., pulv. n° XXX. 

4 février 1892. —L’inégalité de la ligne de matité supé¬ 
rieure a disparu, les autres dimensions restent les mêmes. 

Prescription : Arsen. iod. 3 x. 

Spigelia 6 e . 

Lycopod . 6°, aa pulv. n° X. 
numérotées alternativement. 

5 mars 1892. — La voussure n’existe plus. Le frémisse¬ 
ment cataire est devenu beaucoup moins sensible, le souffle 
mitral n’a plus reparu. Il n’existe plus de souffle non plus aux 
orifices vasculaires, le seul bruit insolite est le bruit de roule¬ 
ment qui a lui-même diminué d’intensité. 

La dilatation du cœur droit a disparu. Les autres mesures 
sont celles d’un cœur d’adulte. 

Cette amélioration si soudaine serait-elle due à arsen . iod. ? 
Gomme je n’ai pas prescrit ce remède isolément, je ne pourrais 


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— 41 — 


l’affirmer, car l'amélioration pourrait être due à l’alternance 
des 3 médicaments. 

Prescription : Arsen . iod ., 3 x. 

Spigelia, 3 e . 

Lycop 3° trit., aa pulv. n° XXX. 
numérotées alternativement. 

Aujourd’hui, 5 avril, vous pouvez constater vous-mêmes 
que cette amélioration se maintient. Je ne regrette qu’une 
chose, c’est de ne pas vous avoir montré le petit Jules tout 
au début de mon traitement. Car il me semble que ce résultat 
thérapeutique est si merveilleux qu’il doit faire naître des 
doutes dans votre esprit. Moi-même j’ai cru plusieurs fois 
m’être trompé. Mais cependant la minutie avec laquelle j’ai 
examiné chaque fois mon malade, que j’ai percuté à 3 re¬ 
prises différentes à chacun de mes examens, a dissipé tous 
mes doutes à cet égard. 

J’espère que vous trouverez suffisante la garantie que je 
vous donne, car le résultat que je vous annonce servira à 
fortifier encore, si c’est possible, votre conviction dans la 
thérapeutique qui nous est chère, et que nous défendons tous 
avec tant de sûreté contre la négation officielle que les pro¬ 
grès des sciences médicales affaiblissent de plus en plus, quoi 
qu’en disent certains. D r Mersch 


BEVUE DES JOURNAUX linWEflPATIIIO® D’AMERIQUE 

parle D r Lambreghts, fils, d-* An vers 


Magnesia phosphorica 

par les D rs Boericke et Dewey 

Le phosphate de magnésie s’obtient en mélangeant le 
phosphate de soude au sulfate de magnésie. Il se présente 
sous la forme de petits cristaux allongés, d’un goût douceâtre 


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et rafraîchissant. Il est très peu soluble flans l’eau et se 
décompose facilement par l’ébullition. Il entre dans la com¬ 
position des muscles, des nerfs, des os, du cerveau et des dents. 

Un trouble dans ses mouvements moléculaires donne lieu 
à des douleurs et à des crampes. D’après Schüssler magnes. 
phos . aurait une action tout à fait opposée à celle du fer . 
Lorsqu’un trouble moléculaire survient dans ce dernier 
élément, il se produit un relâchement dans les fibres muscu¬ 
laires, tandis que le même trouble survenant dans les molé¬ 
cules de magnes, phos . provoque, au contraire, une 
contraction très caractéristique ; aussi le < phosphate de 
magnésie constitue-t-il un excellent remède contre les 
crampes, les convulsions et les autres phénomènes nerveux. 

Les affections ayant leur siège dans le tissu musculaire et 
dans les cellules des fibres nerveuses sont justiciables de ce 
médicament. 

Les douleurs ont un caractère spasmodique; elles sont 
lancinantes, aiguës, fulgurantes et s’accompagnent d’un 
sentiment de constnction. Elles changent souvent de siège et 
s’améliorent par la pression et la chaleur. Magnes. phos. 
constitue un véritable antispasmodique ; aussi est-il employé 
avec succès dans les crampes, le spasme de la glotte, le 
tétanos, l’épilepsie, la rétention d’urine d’origine spasmo¬ 
dique, la paralysie agitante. 

Symptômes et indications caractéristiques : 

Moral. — Illusions des sens. Disposition aux pleurs. 

Tête et cuir chevelu. — Douleurs atroces avec tendance 
aux symptômes spasmodiques. Les douleurs sont lancinantes, 
intermit lentes avec exacerbations aiguës et changent de 
place. Douleurs névralgiques et rhumatismales toujours 
calmées par la chaleur. Douleurs très aiguës dans la tête, 
surtout chez les personnes jeunes et fortes. Céphalalgie ner¬ 
veuse avec étincelles devant les yeux et diplopie. 


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Yeux. —Vision altérée. Le malade voit les objets colorés 
(chromatopsie) et des étincelles; les yeux sont sensibles à la 
lumière ; photophobie, diplopie, contraction des pupilles ; 
vision diminuée par faiblesse du nerf optique. Contraction 
des paupières ; névralgie orbitaire et sus-orbitaire, plus pro¬ 
noncée du côté droit et soulagée par l’application de la 
chaleur. 

Oreilles . — Faiblesse du nerf acoustique produisant de la 
surdité. Otalgie d’origine nerveuse. 

Nez. — Perte ou perversion de l’odorat, même sans 
catarrhe nasal. 

Face. — Prosopalgie, surtout lorsque les nerfs sus- et 
sous-orbitaires sont le siège de douleurs. Douleurs fulgu¬ 
rantes le long de ces nerfs, plus prononcées du côté droit, 
améliorées par la chaleur et s’aggravant notablement lorsque 
le corps se refroidit. Sensibilité des dents. Névralgie de 
caractère spasmodique. Névralgie faciale droite avec dou¬ 
leurs lancinantes plus prononcées au sortir du lit. 

Bouche. — Mouvements convulsifs des commissures de la 
bouche. 

Langue généralement normale. 

Dents. — Odontalgie névralgique. Sensibilité des dents ; 
les liquides chauds calment les douleurs. Convulsions et 
crampes pendant la dentition, sans fièvre. Très efficace dans 
les convulsions après hellad si ce dernier médicament 
échoue. 

Gorge. — Spasme de la glotte avec sensation de suffo¬ 
cation. Laryngite striduleuse. Contraction spasmodique de la 
gorge lorsqu’on veut avaler des liquides. 

Estomac. — Gastralgie calmée par la chaleur et la posi¬ 
tion courbée; distension flatulente de l’estomac avec douleurs 
constrictives. Hoquet spasmodique et convulsif. Régurgi¬ 
tation d’aliments. 


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Abdomen et selles . — Entéralgie calmée par la chaleur 
et la position courbée, coliques flatulentes forçant le malade 
à se plier en deux, soulagées par les frictions, la chaleur, et 
accompagnées de l’évacuation de gaz. Coliques flatulentes 
chez les enfants et les nouveaux-nés, avec contractions des 
jambes et acidité. Indigestion avec douleurs crampoïdes et 
langue propre. 

Diarrhée aqueuse avec vomissements et crampes dans les 
mollets. Crampes cholériformes. Dysenterie avec rétention 
d’urine et douleurs aiguës dans les hémorrhoïdes. 

Organes urinaires et sexuels. — Incontinence nocturne 
d’urines produite par une irritation nerveuse. Rétention 
d’urine de nature spasmodique. Défaut ou excès de phos¬ 
phates dans les urines; gravelle; névralgie vésicale après le 
cathétérisme. Coliques menstruelles, vaginisme. Névralgie 
de l’ovaire plus prononcée du côté droit. 

Grossesse. — Douleurs d’enfantement avec crampes dans 
les jambes. Efforts d’expulsion exagérés. Convulsions puer¬ 
pérales. 

Appareil respiratoire . — Asthme avec flatulence. Con¬ 
traction spasmodique des bronches et sensation de constriction 
dans la poitrine. Toux chronique persistante d’origine ner¬ 
veuse. Toux spasmodique avec exacerbations sans expecto¬ 
ration; accès de toux nerveuse avec inspiration sifflante 
comme dans la coqueluche; toux spasmodique la nuit qui 
empêche le malade de dormir. 

Appareil circulatoire. — Angine de poitrine,palpitations 
nerveuses du cœur. 

Tronc et extrémités . — Douleurs névralgiques aiguës 
et lancinantes pouvant se produire dans tous les endroits du 
corps; névralgie intercostale de siège variable. Tremblement 
des mains même lorsqu’il reconnaît pour cause les excès 
alcooliques. Paralysie agitante. Douleurs névralgiques dans 


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la nuque et l'occiput. Douleurs névralgiques dans les mem¬ 
bres ; sciatique. Faiblesse de la marche. 

Système nerveux. — Convulsions avec raideur des mem¬ 
bres et du corps. Les doigts sont fléchis sur le métacarpe et 
le pouce est en adduction. 

Chorée : mouvements involontaires et désordonnés des 
membres. Epilepsie, paralysie agitante, tremblement de la 
tête. Crampe des écrivains, des pianistes et des violonistes ; 
tétanos, trismus. 

Sommeil . — Bâillements nerveux. Insomnie par épuise¬ 
ment nerveux. 

Fièvre. — Fièvre intermittente avec crampes dans les 
mollets. 

Symptômes caractéristiques. —Les douleurs de magnes . 
p/ios. sont en général plus prononcées du côté droit et sont 
toujours soulagées par l'application de la chaleur. Les 
coliques sont calmées par les frictions et la position courbée. 

Doses. — Schüssler recommande la 6 x atténuation ; il 
agit mieux dans l'eau chaude. Si le médicament ne produit 
pas l'effet attendu, beaucoup de praticiens conseillent d’em¬ 
ployer des atténuations plus basses, notamment la 2 x et 
3 x. Dans les coliques, le D r Morgan conseille la 30 e dilu¬ 
tion à doses fréquemment répétées. 

Iodium dans 18s affections de l’oreille moyenne 

par le D r Jordan, d’Indianapolis 

La plupart des cas de surdité proviennent d’une affection 
chronique de l’oreille moyenne qu’on désigne sous le nom de 
catarrhe sec, inflammation chronique non suppurative, 
catarrhe adhésif, etc. Les médecins spécialistes n’entre¬ 
prennent qu’avec une certaine défiance le traitement du 
catarrhe sec de l’oreille moyenne, car cette forme est très 


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rebelle et beaucoup la considèrent comme incurable. Elle 
reconnaît presque toujours pour cause l’occlusion des trompes 
d’Eustache. Cette occlusion survient d’ordinaire à la suite 
d’une affection nasale ou pharyngienne qui empêche le re¬ 
nouvellement de l’air atmosphérique dans l’oreille moyenne. 

La caisse du tympan tapissée par un épithélium à cils 
vibratils très délicat a besoin de son stimulant naturel, c’est- 
à-dire de l’air pur pour maintenir ses sécrétions à leur état 
normal et mettre en jeu l’action des cils vibratils qui ont 
pour fonction spéciale de transporter les détritus le long des 
trompes d’Eustache. 

On comprend donc que, si le passage de l’air est entravé, 
les phénomènes suivants ne tarderont pas à se produire : 

Accumulation de produits de sécrétion dans la cavité tym- 
panique, inflammation hypertrophique, périostite, rigidité et 
solidification des articulations des osselets qui transmettent 
le son à travers la caisse, relâchement ou contraction des 
muscles qui ont pour mission de maintenir les membranes du 
tympan à un degré de tension normal nécessaire pour 
recueillir les ondes sonores, et enfin envahissement de toute 
la caisse par un tissu adénoïde végétant. 

L’affection peut s’étendre par la fenêtre ovale à l’oreille 
interne et provoquer des altérations dans les filets terminaux 
du nerf acoustique; alors tout espoir de guérison est perdu. 

Traitement .—Il est reconnu depuis quelques années qu’un 
traitement approprié des affections primitives du nez ou de 
la gorge peut, dans beaucoup de cas, prévenir le catarrhe de 
l'oreille et même parfois le modérer et l’enrayer. L’insuf¬ 
flation de l’air atmosphérique par la méthode de Politzer a 
donné également quelques bons résultats. 

Il y a plusieurs mois, en assistant à une clinique de ma¬ 
ladies d’oreille, je vis faire, dans un cas de catharre chro¬ 
nique proliférant, des insufflations d’air imprégné de vapeurs 


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d 'iode. L’emploi de Y iode dans le traitement du catarrhe 
chronique de l’oreille me frappa, car ce remède est parfai¬ 
tement liomœopathique à la lésion. L'iode détermine en effet 
un catarrhe nasal avec hypertrophie des muqueuses de la 
surdité, des bruits dans l'oreille, des vertiges, etc. Je résolus 
d’expérimenter ce médicament en l’administrant à l’intérieur 
et localement, c’est-à-dire en insufflant dans la caisse du 
tympan des vapeurs d'iode diluées dans l’air atmosphérique. 
Je dois faire observer que l'injection de liquide dans l’oreille 
moyenne donne généralement de mauvais résultats ; il n’en 
est pas de même des vapeurs médicamenteuses ; la raison en 
est que la caisse du tympan ne reçoit aucun liquide norma¬ 
lement ; l’air atmosphérique constitue son bain naturel. 

Voici l'histoire du premier cas que je soignai par cette 
méthode : 

Une dame, d’un âge moyen, était sourde des deux oreilles. 
Elle n’entendait ni la voix, ni la montre ; il est probable que 
l’oreille interne était également affectée, car les vibrations 
d’un diapason placé sur les os du crâne n’étaient aucunement 
perçues. Les membranes du lympan présentaient un aspect 
opaque et étaient affaissées. 

La malade avait le nez obstrué ; le catarrhe nasal pour 
lequel elle avait déjà suivi un traitement prolongé, existait 
depuis de longues années. Les trompes d’Eustache étaient 
imperméables par la méthode de Politzer, et le cathétérisme 
en était très difficile. 

Gomme traitement, j’administrai Y iode à l’intérieur et je 
fis des insufflations d’air légèrement imprégné de vapeurs 
d'iode. 

Pendant les deux premiers mois, l’amélioration fut très 
peu sensible, et cela parce que les vapeurs d'iode pénétraient 
difficilement à l’intérieur de la cavité tympanique. Au bout 
de six mois, je pus constater un mieux sensible; la malade 


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entendait mieux, et les bourdonnements d’oreille avaient 
complètement disparu. Le même traitement fut continué 
pendant un an: 3 séances d’insufflation par semaine. La voix 
était entendue alors à 33 pieds et la montre à 10 et 15 pouces 
(mesures anglaises), l’oreille normale percevant la voix à 
40 pieds et la montre à 36 pouces. La malade pouvait, sans 
difficultés, entendre une conversation ordinaire. 

J’ai traité 21 cas de catarrhe sec de l’oreille moyenne par 
la même méthode, et j’ai obtenu les résultats suivants : 

Dans 2 cas, aucune amélioration. 

Dans 5 cas guérison. 

Dans 9 cas, grande amélioration. 

Dans 5 cas, légère amélioration. (Hahnemannian Mon - 
thly .) D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

REVUE DES JOURNAUX HO1KEOPATHI0UES ANGLAIS 

par le D r Mersch, de Bruxelles 

Cas cliniques 

Madame D. G. G., enceinte de huit mois et demi, souffrait 
depuis le début de sa grossesse, d’une constipation très opi¬ 
niâtre. 

Après un essai d’une heure, elle ne parvenait à se débar¬ 
rasser que de quelques scyballes. Je lui donnai plumbum 
12°. Le jour suivant, elle eut une selle normale et ne dut 
plus recourir à l’emploi du médicament jusqu’au moment de 
l’accouchement. Trois jours après la délivrance, le même 
médicament produisit le même effet : constipation guérie le 
lendemain. Je n’ai rien prescrit d’autre que ce traitement 
médicinal, sans rien changer au régime. J’ai fait usage de la 
12° dilution, me basant sur l’avis fortement motivé du 
D r Ussher, qui n’emploie jamais une dilution plus basse. 

G. G., âgé de neuf ans, souffrait d’une névralgie se mani- 


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festant avec une régularité mathématique à six heures du 
soir et durant jusqu’au moment de s’endormir. Il s’éveillait 
sans douleur et ne ressentait rien de toute la journée jusqu’au 
moment même où l’horloge marquait six heures. Me basant 
sur cette grande régularité dans la périodicité de i’afiec- 
tion, je donnai cedron 2 e , deux gouttes toutes les deux 
heures. Le malade fut guéri d'emblée et d’une façon perma¬ 
nente. J’estime que l’affection était d’origine paludéenne, 
l’enfant ayant séjourné dans une partie marécageuse de 
l’Inde. 

M. R. W. G. vint me trouver un soir, vers six heures, 
souffrant d’une conjonctivite catarrhale intense caractérisée 
surtout par un écoulement de larmes très abondant. Je pres¬ 
crivis euphrasia, une goutte toutes les deux heures, ainsi 
qu’une lotion d ’euphrasia au dixième. Le jour suivant, le 
malade vint me trouver vers une heure de l’après-dîner. Son 
ophtalmie avait entièrement disparu. 

Depuis qu’elle était enceinte, Mme P., une jeune femme 
blonde, souffrait de pyrosis, de telle façon que la vie lui était 
devenue à charge. Je lui donnai pulsatilla 3 x, deux gouttes 
par dose. 

Lorsque je fus appelé pour l’accouchement, la malade 
m’apprit que les cuillerées d’eau que je lui avais administrées 
avaient fait disparaître complètement son pyrosis. Comme 
cette personne était déjà ma cliente lorsque je ne connaissais 
encore que l’allopathie, elle fut si surprise du succès quasi 
magique obtenu cette fois-ci, qu’elle devint une adepte des 
plus enthousiastes de la thérapeutique hahnemannienne. 

Mme G. était aphone depuis six semaines et s’était fait soi¬ 
gner par des médecins allopathes sans avoir obtenu le moin¬ 
dre résultat. Son aphonie étant due à un catarrhe, je lui 


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donnai causticum 3 x, deux gouttes toutes les deux heures ; 
deux jours après, la malade put parler comme tout le monde. 

Je fus mandé chez Mme L., âgée de plus de soixante ans, 
pour la soulager de douleurs atroces qu’elle ressentait au 
niveau de l’estomac ; cette personne, qui souffrait depuis plu¬ 
sieurs années avait, outre ses accès de douleur aiguë, des 
vomissements de « marc de café ». Elle avait consulté trois 
médecins allopathes de bonne réputation et tous les trois 
croyaient à un cancer de l’estomac.Ces médecins avaient jus¬ 
qu’ici calmé les douleurs par des injections de morphine, mais 
ils avaient épuisé tous les moyens de thérapeutique ordinaires 
sans parvenir à débarrasser la malade de ses vomissements. 

Contre ces vomissements je donnai ipéca I e , deux gouttes 
tous les quarts d’heure d’abord, à de plus longs intervalles 
ensuite. 

Les médecins furent très étonnés du résultat merveilleux 
obtenu, produit par les quelques « gouttes » que j’avais admi¬ 
nistrées à la malade. 

Contre les douleurs, je prescrivis atrop . sulph. de la I e à 
la 3° trit. cent., 5 à 10 centigrammes toutes les heures. Plus 
jamais l’on ne dut avoir recours aux injections de morphine 
et la malade devint si bien portante qu’elle pût affirmer ne 
jamais s’être si bien trouvée depuis un grand nombre d’an¬ 
nées. Diagnostic probable : ulcère de l’estomac. 

Le camphre dans les maladies des voies urinaires 

Les notes qui suivent sont relatives à quelques cas de 
maladies des voies urinaires traitées par le camphre ; je les 
donne car elles peuvent .intéresser les praticiens qui sont 
toujours heureux de connaître une action médicamenteuse 
sûre et puissante. Dans deux cas, la douleur éprouvée par le 
malade était atroce et pourtant il n’a fallu que quelques 
heures pour obtenir du soulagement. 


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Dans le premier cas, il s’agit d’un homme, âgé de 40 ans. 
qui fut pris soudainement, lors d’un long voyage en chemin 
de fer, d’une douleur violente se manifestant à la région 
lombaire gauche; des vomissements suivirent l’accès de dou¬ 
leur; outre cela, le malade ne sut plus uriner. Diagnostic: 
Colique néphrétique. 

Le traitement consista en fomentations chaudes appliquées 
sur la région rénale et jusqu’à l’aine. La douleur s’étendait à 
l’urèthre et au testicule gauche qui était retraité jusqu’au 
ligament de Poupart. 

Les douleurs testiculaires agaçaient surtout le malade qui 
leur attribuait une grande partie de ses souffrances. 

Je donnai calcar carb . 30°, toutes les heures, et un peu 
de glace pour apaiser la soif du malade. 

Les fomentations diminuèrent assez rapidement la grande 
violence des douleurs et leur action fut telle que le malade 
souffrait davantage aussitôt que l’on interrompait leur action, 
même pendant les courts intervalles pendant lesquels on 
renouvelait les linges chauds. 

Ce traitement fut continué jusqu'à disparition des paroxys¬ 
mes douloureux, pendant 24 heures environ. 

L’urine, claire maintenant, était fortement colorée et con¬ 
tenait assez bien d’acide urique. 

Le malade fut assez tranquille le jour suivant, mais le len¬ 
demain il fut repris d’un nouvel accès qui, cette fois, dura 
3 jours. Pendant ce nouvel accès, l’urine contint de plus 
grandes quantités d’acide urique que lors de l’accès précé¬ 
dent. 

Après cela, il eut des accès de strangurie, la douleur 
durant quelque temps après chaque émission d’urine. Pour le 
soulager, je lui donnai camphora , 3 gouttes sur du sucre, 
toutes les 3 heures. Une heure après la stangurie disparut 
et le jour suivant le malade fut complètement guéri. 


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Je fus appelé chez une femme d’une trentaine d’années, qui 
se plaignait de ressentir des douleurs extrêmement violentes 
après chaque émission d’urine. Le besoin d’uriner continuait 
à se manifester et la sensation éprouvée était telle que la 
vessie semblait contenir encore de l’urine qui ne pouvait être 
expulsée. 

La douleur faisait penser à des coups de couteau et était si 
intense que la malade appréhendait avec épouvante la mic¬ 
tion prochaine. 

Je prescrivis des fomentations chaudes loco dolenti et 
3 gouttes de camphora sur un morceau de sucre toutes les 
3 heures. 

Le jour suivant, je trouvai la malade fort soulagée. Les 
douleurs avaient cessé dès la deuxième dose de camphora ; 
la guérison n’étant pas encore parfaite, je fis continuer le 
médicament. Le lendemain, il ne fut plus question de la 
moindre douleur. Je conseillai de continuer à prendre le 
camphora , 3 fois par jour pendant quelques jours. 

La douleur ne revint plus. 

Mandé par Mme E. A..., âgée de 40 ans, qui souffrait éga¬ 
lement des voies urinaires, je lui donnai camphora, 3 gouttes 
sur un morceau de sucre, à prendre toutes les quatre heures. 

Les douleurs qui partaient de la région rénale gauche et 
s’étendaient le long des uretères jusqu’à l’extrémité termi¬ 
nale de l’urèthre, diminuèrent très rapidement d’intensité. 

Le lendemain la strangurie avait complètement disparu et 
il ne restait plus qu’une sensation de gêne au niveau des 
reins. 

En peu de jours, la malade fut complètement guérie. 

Depuis les succès que je rapporte, je me suis constamment 
servi du camphre dans les maladies de ce genre et jamais je 
n’ai eu à me plaindre de mon traitement. (Monthly homœo - 
patic Review .) D r Mersch 


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Rhumatisme, Étiologie 

Leçon clinique de M. le professeur Potain 

Depuis quelque temps, nous voyons entrer dans nos salles 
un nombre tel de rhumatisants, que nous pourrions supposer 
qu’il y a actuellement une véritable épidémie de rhumatisme; 
cette maladie n’est pourtant pas épidémique, car on l’observe 
partout, en tout temps et en toute saison. Nous aurons pour¬ 
tant à rechercher si certaines saisons n’y prédisposeraient 
pas d’une façon particulière. De toutes les maladies que nous 
observons, le rhumatisme est une des plus fréquentes : il n’y 
a guère, au point de vue de la fréquence, que la bronchite, 
l’embarras gastrique et la phtisie qui l’emportent sur lui ; 
la fièvre typhoïde et la pneumonie sont peut-être plus meur¬ 
trières, mais atteignent un moins grand nombre d’individus. 

Certaines saisons paraissent prédisposer au rhumatisme, 
et cependant il ne semble guère être influencé ni par les cli¬ 
mats ni par la température. Quand on consulte les statistiques 
de l’armée anglaise, qui, à ce point de vue, sont très instruc¬ 
tives, les soldats anglais étant disséminés dans toutes les 
parties du monde, on voit que le rhumatisme est également 
fréquent au cap de Bonne-Espérance, dans les Indes-Orien¬ 
tales et en Australie; fait remarquable, c’est dans l’Amérique 
du Nord qu'on l’observe le moins. 

L’influence des saisons, dont je vous parlais tout à l’heure, 
ne me paraît pas d’abord très nette; si nous consultons, d’un 
côté, les statistiques dressées par M. Besnier, et portant sur 
les malades qui sont entrés dans les hôpitaux de Paris, de 
1868 à 1873, nous voyons que, pendant ces quatre années, 
le nombre des rhumatismes a varié entre 600 et 850, et que 
les entrées les moins nombreuses correspondaient aux mois 
de janvier, février, mars, septembre, octobre, novembre et 
décembre; les plus nombreuses avaient lieu en avril, mai, 


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juin, juillet et août. D'après les statistiques de l’hôpital 
Saint-Georges de Londres, ce serait en juin, juillet, août et 
septembre que l’on observerait le moins de rhumatisants ; les 
résultats constatés en France et ceux constatés en Angleterre 
sont presque opposés ; ils ne sont d’accord qu’en ce qui con¬ 
cerne le mois de mai ; il ne faut donc pas que nous soyons 
surpris d’en voir actuellement entrer en si grand nombre 
dans nos salles. 

Abstraction faite de l’influence saisonnière, trois conditions 
étiologiques me paraissent surtout jouer un rôle dans le 
développement du rhumatisme ; je veux parler du froid, de 
l’humidité et du traumatisme, en comprenant sous le nom de 
traumatisme tout ébranlement de l’économie. 

Le froid crée le rhumatisme, personne ne met la chose en 
doute, et le froid détermine cette affection, indépendamment 
de toute sensation ; le froid non perçu agit sui'tout dans la 
production du rhumatisme subaigu ; vous rencontrerez surtout 
cette forme de rhumatisme chez les individus qui prétendent 
ne pas être sensibles au froid et, par conséquent, s’y exposent 
souvent. 

Le froid peut agir de différentes façons dans la production 
du rhumatisme; il peut agir à titre de cause déterminante, 
comme cause prédisposante, enfin comme cause occasionnelle 
déterminant la localisation du rhumatisme. 

Le froid engendre le rhumatisme quand il agit soudaine¬ 
ment et sur une grande surface et, dans ces cas, c’est le 
rhumatisme articulaire aigu que l’on voit se développer ; il en 
est ainsi à la suite de l’immersion dans l’eau froide ou quand 
les vêtements sont mouillés par une averse ; dans ces cas, il 
y a une soustraction rapide et considérable de calorique, 
surtout quand, pour une raison ou pour une autre, le corps 
est échauffé et en transpiration. Je ne m’arrêterais pas à ces 
considérations, qui sont de notion vulgaire, si ce que je viens 


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de dire ne semblait en opposition avec les pratiques hydro¬ 
thérapiques ordinaires. Tous savez que les hvdropathes 
recommandent toujours, avant d’administrer une douche, de 
se préparer à la recevoir en faisant, au préalable, un exer¬ 
cice plus ou moins violent. Cette préparation est non seule¬ 
ment utile, mais indispensable. Comment, dès lors, expliquer 
cette espèce de contradiction? C’est qu’il y a deux façons 
d’avoir chaud. Il y a la chaleur déterminée par un exercice 
actif sans fatigue et la chaleur due à une fatigue extrême, 
avec excitation vaso-motrice allant jusqu'à l’épuisement. 
Quand on a épuisé l’action des vaso-moteurs, le froid est 
dangereux, même pour les hydrothérapeutes. Vous connais¬ 
sez tous cette habitude des escrimeurs, qui consiste, après 
un assaut plus ou moins prolongé, à se mettre sous une 
douche froide. Si l’exercice n’a pas été trop violent et trop 
long, la douche délasse; c’est le cas le plus fréquent; mais 
s’il y a eu fatigue trop considérable, il peut en résulter des 
accidents. Monneret qui fut, avec Fleury, un des pères de 
l’hydrothérapie, était un passionné de l’escrime, et après une 
séance d’armes, il avait l’habitude de prendre une douche. 
Gomme il était d’une certaine force à l’épée, en général les 
séances ne le fatiguaient pas ; un jour, il eut en face de lui 
un adversaire plus sérieux; la lutte fut vive; il fut obligé de 
faire de grands eTorts ; après la douche, au lieu du soulage¬ 
ment habituel, il éprouva une courbature plus grande dans 
le bras droit, et le lendemain, il se réveilla avec une para¬ 
lysie du deltoïde. Vous voyez, somme toute, que la contra¬ 
diction est plus apparente que réelle. 

Le froid, même intense, n’est pas nuisible quand il n’est 
pas prolongé et quand il frappe un organisme non épuisé sur 
lequel la réaction peut se faire. 

Les individus soumis au froid habituel sont souvent atteints 
de rhumatisme subaigu, ou même de rhumatisme chronique, 


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qui se manifeste sous forme de douleurs musculaires ou de 
rhumatisme tendineux ; le froid peu intense et prolongé agit 
surtout comme cause prédisposante. 

Il peut aussi, dans les conditions précédentes, agir comme 
cause occasionnelle et déterminer la localisation du rhuma¬ 
tisme sur les parties plus spécialement exposées à son action. 

Il m’est arrivé parfois, en lisant dans ma voiture, de me 
sentir les poignets rafraîchis par un courant d’air; le lende¬ 
main, je me réveillais avec les articulations radio-carpiennes 
tuméfiées et douloureuses. Les lavandières, qui ont les 
genoux fréquemment mouillés, sont exposées à avoir du 
rhumatisme à ce niveau ; les cuisiniers sont plus volontiers 
atteints du côté des pieds qui reposent sur un sol frais parfois 
humide ; il n’est pas jusqu’au rhumatisme secondaire qui ne 
paraisse subir cette influence du froid, au point de vue de la 
localisation de ses premières manifestations. Le rhumatisme 
scarlatineux débute presque toujours par les poignets, et cela 
parce que ce sont les articulations qui sont le plus exposées 
au refroidissement. 

A côté de l’influence du froid, il convient d’étudier le rôle 
que joue l’humidité dans la production du rhumatisme. 

L’humidité agit de plusieurs façons, d’abord comme agent 
puissant de soustraction calorique. Nos vêtements à l’état 
sec sont très mauvais conducteurs de la chaleur ; c’est surtout 
de cette façon qu’ils sont utiles; viennent-ils à être mouillés, 
ils sont alors bons conducteurs et enlèvent à l'économie une 
somme considérable de calorique. Le froid humide, comme 
l’avait déjà remarqué Bouillaud, peut être considéré comme 
une des causes les plus actives du rhumatisme subaigu. 
Actuellement, nous avons dans nos salles un jeune garçon 
atteint de céphalée rhumatismale dont l’origine peut être 
attribuée à l’influence du froid humide. Cet individu a une 
céphalée tenace ; il est vrai qu’il est syphilitique, mais sa 


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- 57 - 


céphalée n’est pas spécifique, car, à l’inverse des céphalées 
syphilitiques, elle tourmente surtout le malade dans la jour¬ 
née, et les douleurs syphilitiques sont toujours prédominantes 
la nuit, excepté chez les boulangers. Il se plaint surtout de 
douleurs frontales, accusées également des deux côtés, sans 
points douloureux spéciaux à l'émergence des nerfs sus-orbi¬ 
taires ; ce sont les mouvements de son muscle frontal qui 
exagèrent surtout ses douleurs et, dans ces mouvements, la 
douleur s’étend à toute la surface du crâne. Il y a là un 
véritable rhumatisme des muscles du crâne qui s’est déve¬ 
loppé à la suite d’une période de manœuvres ; le malade, 
pendant cette période, avait été obligé de se coucher sur le 
sol humide. 

Dans nômbre de circonstances, l’action de l’humidité se 
combine à celle du froid; mais ce n’est pas là sa seule fa;on 
d’agir. Laissez-moi, à ce propos, vous raconter l’histoire 
d’une dame que je fus appelé à voir avec un confrère, et qui 
m’a tout particulièrement frappé. Cette dame habitait un 
hôtel neuf des plus confortables, dans un des quartiers les 
mieux aérés de Paris. Elle fut prise d’une attaque de rhuma¬ 
tisme aigu qui, sous l’influence d’un traitement assez éner¬ 
gique, céda rapidement. A peine entrait-elle en convalescence 
qu’une récidive survint; elle guérit de nouveau, puis il se 
produisit successivement une suite de récidives ; et pourtant 
sa chambre d’habitation, toute tapissée de tentures et conve¬ 
nablement chauffée, paraissait être dans les meilleures 
conditions. Pensant qu’antérieurement cette chambre, récem¬ 
ment construite et disposée au Nord, avait dû être humide, 
je fis transporter la malade, tout déplacement dans le Midi 
étant impossible, dans une chambre exposée en plein Sud, et 
le rhumatisme céda cette fois sans rechute. La chambre 
qu’elle habitait primitivement était-elle humide véritablement? 
En apparence, non ; mais, étant donnée son exposition au 


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Nord, et la date récente de la construction de l’hôtel, elle 
avait dû l’être. L’humidité antérieure laisserait donc après 
elle quelque chose capable de donner le rhumatisme ? 

Voici une autre observation du même genre. Celle-ci m’est 
personnelle. Il y a quelques années, pendant la saison d’été, 
j’habitais Saint-James, à côté de la Seine. Au moment où je 
m’installai là avec ma famille, je sentis ce je ne sais quoi qui 
m’avertit qu’il y avait du rhumatisme dans l’air. Pensant que 
la miison était humide, j’apportais un hygromètre de Paris, 
et je trouvai le même degré hygrométrique que dans mon 
appartement. Cependant, un des miens fut pris de rhuma¬ 
tisme, et moi-même j’en fus atteint; la maison, à n’en pas 
douter, était rhumatifère; elle avait dû être humide, mais 
ne l’était plus. Il est donc Irès vraisemblable que, dans les 
milieux humides, il se développe quelque chose, du salpêtre, 
des moisissures dont la nature n’est pas encore déterminée, 
mais qui, pour moi, sont capables d’engendrer le rhumatisme. 

Guéneau de Mussy raconte que, chez les Hébreux, on 
redoutait beaucoup la lèpre des maisons: quand cette lèpre 
apparaissait, on grattait les murs et on emportait les débris 
dans un lieu impur; on fermait la maison pendant huit jours ; 
puis, si les moisissures avaient reparu, cette fois on enlevait 
les pi irres; si, après un second délai de huit jours, on retrou¬ 
vait de nouvelles traces de lèpre, la maison était complète¬ 
ment rasée jusqu’au niveau du sol. Les anciens avaient donc 
déjà remarqué l’influence néfaste des moisissures développées 
dans les habitations. 

Quel est l’agent à incriminer dans ces circonstances? Je 
n’en sais rien ; mais, pour moi, je suis fermement convaincu 
que l’humidité peut laisser après elle un agent rhumatifère.. 
Nous connaissons certaines formes de rhumatisme : les 
rhumatismes infectieux qui sont produits par des micro-orga¬ 
nismes déterminés; en réalité, entre le rhumatisme aigu et 


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ces rhumatismes infectieux, il y a des différences de degré 
plutôt que des différences de nature; l’idée d’une infection 
à l’origine du rhumatisme articulaire aigu est donc très 
plausible. 

Nous avons admis un troisième élément pathogénique, le 
traumatisme. Celui-ci agit tantôt comme cause occasionnelle, 
tantôt comme cause prédisposante. 

Parfois, il s’agit d’un traumatisme portant directement sur 
une articulation. Je me rappelle une malade qui avait reçu 
un coup au niveau d’une articulation de l’index. L’articula¬ 
tion devint douloureuse et s’enflamma ; les jours suivants, le 
poignet fut pris, et successivement toutes les autres articu¬ 
lations furent atteintes. Cette malade fut examinée dans un 
concours de bureau central; le candidat vit nettement le 
rapport qui existait entre le traumatisme et le 'développement 
des arthrites ; mais, au lieu d’en faire du rhumatisme, il 
conclut à une infection purulente; c’était une erreur complète. 

Souvent aussi, on voit des attaques de rhumatisme et même 
des attaques de goutte survenir à la suite d'une entorse. 

Dans d'autres cas, le traumatisme ne porte pas directement 
sur l’articulation. Charcot rapporte l’observation d’un 
malade chez lequel on vit apparaître une attaque de rhuma¬ 
tisme consécutivement à un phlegmon de la main. Ce phleg¬ 
mon avait eu pour origine une piqûre faite au doigt. J’ai vu 
moi-même, à l’hôpital Necker, une femme chez laquelle un 
panaris avait déterminé les mêmes accidents. 

Ce que fait le traumatisme externe, le traumatisme interne 
peut le produire; la fatigue des articulations, le surmenage 
peuvent être nne cause prédisposante du rhumatisme. Chez 
les gens surmenés physiquement, la synovie s’épaissit, les 
matières extractives s’y accumulent, la synoviale est plus 
ou moins irritée et si, dans ces conditions, comme l’a si bien 
montré M. Peter, un coup de froid survient, le rhumatisme 


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apparaît. L’épuisement nerveux, les fatigues morales agissent 
de la même manière. C’est ainsi que s’explique ce que j’ai 
appelé le rhumatisme du train des maris. Des hommes 
fatigués par le travail d’une semaine arrivent dans leur 
famille, installée au bord de la mer, après avoir fait un trajet 
de trois ou quatre heures en chemin de fer. L’absence plus 
ou moins longue occasionne des épanchements plus actifs que 
de coutume, et le lendemain, pour faire disparaître la fatigue, 
on prend un bain de mer ; le surmenage, aidé de l’action du 
froid, amène, au retour, une attaque de rhumatisme. 

Cette affection rhumatismale, qui naît d’influences si 
diverses, peut apparaître à tous les âges; jusqu’à 30 ou 
40 ans, c’est plutôt le rhumatisme articulaire aigu que l’on 
voit; plus tard, c’est le rhumatisme chronique, plus fâcheux 
parce qu’il est plus persistant. 

A tout ce que je viens de dire, il faut ajouter un élément 
personnel, souvent héréditaire, difficile à préciser, surtout 
dans nos hôpitaux. Le terme rhumatisme est si vague, on 
l’emploie si communément pour désigner des affections si 
diverses qu’il nous est souvent bien difficile de reconnaître, 
en interrogeant les malades, s’il a existé chez leurs parents 
une forme de rhumatisme analogue à celle qu’ils présentent 
eux-mêmes. 

Si nous nous en rapportons aux observations de la ville, 
où les renseignements sont plus précis, nous devons dire 
que ce qui se transmet, ce n’est pas telle ou telle forme de 
rhumatisme, mais une prédisposition générale, exposant à 
un groupe commun d’affections, dans lequel il faut même 
ranger la goutte. 

J’ai vu, à l’hôpital Necker, un bel exemple de transmis¬ 
sion de goutte par un père rhumatisant, issu lui-même d’un 
goutteux. Les conditions de milieu, d’hygiène suffisent pour 
amener ces transformations. 


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Il nous resterait à étudier maintenant l'influence des 
maladies accidentelles sur le développement du rhumatisme : 
cette variété de rhumatisme, que Ton désigne plus spéciale¬ 
ment sous le nom de rhumatisme secondaire, doit faire l’objet 
d’une étude spéciale. (L'Union Médicale). 

De la fonction des capsules surrénales 

Il résulte d’une série d’expériences faites par le D r Man- ' 
fredi Albanese sur des grenouilles et des lapins que, quand 
les capsules surrénales n’avaient pas été enlevées, ces ani¬ 
maux, un moment paralysés par une décharge électrique, 
reprenaient insensiblement leurs forces, tandis que, quand 
elles avaient été enlevées,ces animaux, soumis à la décharge, 
tombaient dans le coma et mouraient. 

D’où le D 1 ' Albenese conclut que « les capsules surrénales 
« sont destinées à élaborer une substance capable de détruire 
« ou de neutraliser les poisons qui se produisent dans l’or- 
« ganisme au cours de la contraction musculaire et ner- 
« veuse. » (Il secolo omiopatico, juin 1892.) 


VARIÉTÉS 


Progrès de l’homœopathie à Philadelphie. — La ville de Philadelphie 
a décidé récemment de nommer médecins des pauvres 25 homœopathes. 

En outre, des quatre places d’inspecteurs médicaux de la même ville, 
deux ont été conférées à des médecins homœopathes. (Hahnemannian 
Monthly.) 

* 

* * 

L’influenza. — Le XIXe siècle, siècle de progrès et de lumière ! De pro¬ 
grès, oui ! Mais, de lumière ? Que de ténèbres encore partout et en tout ! 
Préjugés, préventions, théories hasardées, fausses doctrines, systèmes 
préconçus, à travers des éclaircies de vérité, voilà ce qui plane toujours 
sur notre monde social et scientifique. La lumière dans notre fin-de- 
siècle — de ce XIX e siècle merveilleux qui aura fait plus, à lui seul, 
pour Pémancipation des peuples et le développement de la civilisation 


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— 62 — 


que les vingt mille siècles qui l'ont précédé, réunis, — c'est notre vieux 
soleil luttant contre les brouillards opaques pour les transpercer, et finis¬ 
sant par dissiper les buées écumeuses de l’atmosphère pour vivifier tour à 
tour nos divers horizons de ses salutaires etfluves de chaleur et de vie. 

La science, un jour aussi, après avoir triomphé de l’erreur, planera, 
sereine et radieuse, sur l’humanité pour la diriger dans ses voies nou¬ 
velles. Mais nous n’en sommes pas encore là. 

A son origine, l’homme contempla la nature sans y rien comprendre. 
Ce fut l’ère des idylles, des géorgiques et des épopées. Quelques esprits 
d’élite seulement, les Démocrite et les Lucrèce, eurent comme la pres¬ 
cience de la cosmogonie réelle. Mais il a fallu arriver au XIX e siècle pour 
voir les sciences positives entrer dans le domaine du vrai ; et avec quel 
élan, quel entrain, quels succès ! Nous avons eu pour précurseurs trois 
génies, Pascal, Newton et Lavoisier. Et depuis lors, que de progrès ! 
Mais, répétons-le, la lumière n’est pas faite encore, rayonnante et pure. 
Elle apparaît et disparaît alternativement, comme un phare, derrière de 
noirs nuages brisés et chassés par la tempête. 

Ainsi, par exemple, nous savons tous maintenant ce que c'est que le 
son, la chaleur, la lumière, qu'on considérait, naguère encore, comme 
des entités, des essences, des fluides particuliers distincts les uns des 
autres. Mais nos savants pataugent encore autour de l’électricité. Bien 
peu la voient telle qu’elle est : un simple effet mécanique, comme la 
lumière, comme la chaleur, comme le son. La plupart prétendent toujours 
qu’elle est un élément spécial , comprenant deux espèces de fluides, un 
fluide positif, un fluide négatif, courant l’un après l'autre à travers tous 
les corps de la nature ! 

Cependant rendons hommage à notre grand siècle et à nos admirables 
savants. Que de progrès en cent ans! Les sciences marchent à pas de 
géant. La lumière se propage dans tous les recoins du domaine humain. 

La physique et la chimie ont dévoilé presque tous les mystères de la 
vie des êtres et les secrets du mécanisme des mondes. Toutes les branches 
des connaissances humaines se perfectionnent... Seule, celle qui les 
résume toutes parce qu’elle doit leur emprunter leurs principes essentiels 
pour les appliquer à l’objet de ses études, la médecine, est tombée, dans 
notre période de transition entre les nébulosités du passé et le rayonne¬ 
ment lumineux de l’avenir, dans un gâchis, un désarroi, un désordre 
inouïs même aux époques les plus reculées de notre histoire. 

A l’appui de cette assertion, qui paraît un peu téméraire, je pourrais 
citer n’importe quelle méthode médicale en vogue : homœopathie, allo- 


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— 63 — 


pathie, hydrothérapie, métallorapie, éleetrothérapie ; n’importe quelle 
autorité ou quelle société médicale régnante: MM. Pasteur, Koch, Fer¬ 
rand ; et démontrer que de contradictions, de non- sens et de fausses inter¬ 
prétations se sont glissées dans ce fouillis de doctrines surfaites un jour, 
dépréciées le lendemain, tentées par les uns — ceux qui les exploitent — 
et décriées par les autres — ceux qui ont imaginé autre chose ! 

Bornons-nous à une maladie du jour : l'inftuenza. 

Qu’est-ce que l’influenza? Est-ce une maladie contagieuse d’homme à 
homme? Est-ce une épidémie à microbes? A-t-on vu le microbe? Et 
si on l’avait trouvé, que lui dirait-on? Enfin, quel est le remède, et quel 
est le préservatif, ô Dieu du ciel? L'iodine du D r Brown, dit-on. Nous le 
souhaitons. 

On sait parfaitement ce qui constitue l’atmosphère au sein de laquelle 
nous vivons : un amas de gaz et de vapeurs divers. 

On sait dans quel état permanent de vibrations variables le rayonne¬ 
ment de l’astre qui nous fait vivre l’entretient, à quelque distance de notre 
horizon qu’il se trouve. 

Le passage, lent ou brusque, d’une saison à une autre, du chaud au 
froid ou vice-versa occasionne toujours de grandes perturbations ou de 
grandes modifications dans cet état vibratoire de l’air, d’où résultent la 
chaleur, la lumière et l’électricité vitales pour tous les êtres du globe. 
On appelle cet ensemble de circonstances : les conditions climatériques du 
pays ou du temps. 

Comment ces conditions influent-elles sur les fonctions des animaux et 
des végétaux? La science nous le dira. 

En attendant, les médecins, plus malins que les savants, et la méde¬ 
cine qui, dans leur imagination, devance la science, vont littéralement 
chercher midi à quatorze heures. 

Qu’éprouve l’influenzé? 

Un sentiment de froid, de la courbature, des douleurs erratiques. La 
peau et le sang semblent se congeler. C’est le début général, universel, 
chez les pauvres comme chez les riches. 

Or, les pauvres diables, avec leur esprit natif de la brute, de l’instinct, 
du bon sens, de la nature, se sentant grelotter et refroidir à l’entrée de 
l’hiver, se réchauffent simplement par tous les moyens à leur portée, et 
guérissent. 

Les riches, se sentant aussi grelotter et refroidir, appellent et attendent 
leur médecin. 

Vous figurez-vous maintenant qu’un médecin, célèbre ou non, va tout 


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bêtement dire à ses riches clients, aux rois, aux khédives, aux ambassa¬ 
deurs, aux nobles, aux bourgeois cossus : « Réchauffez-vous au dedans et 
au dehors du corps: au dedans, par des boissons chaudes; au dehors, 
par des couvertures chaudes » ? Allons donc ! On le prendrait pour un 
imbécile. 

Il dira : « Ah! Sire, vous souffrez dans les jambes,dans les bras, dans 
la poitrine? Un instant! » Pzittt... un petit coup de seringue morphinée, 
et le malade ne souffre plus. 

Mais comme on a paralysé en partie le système nerveux et le cœur, la 
réaction salutaire qui doit ramener la chaleur au sang, aux viscères et à 
la peau, ne se produit point ou se produit incomplètement. Des congestions 
sanguines envahissent les bronches, les poumons, le cerveau. 

Et voilà comment tant d’influenzés riches sont morts, tandis que 
les pauvres diables se moquent de l'influenza. 

Sérieusement, ceci a l'air d’un paradoxe et c’est pourtant la plus pure 
vérité. 

Dans Tinfluenza, ce qui tue, ce n’est pas le froid, ce n’est pas un 
microbe hypothétique, c’est le médecin. (Le Soir.) 


SOMMAIRE 

Un cas de méningite. — Traduction du D r Chevalier, 

de Charleroi.33 

Un cas de maladie chronique du cœur, parle D r Mersch, 

de Bruxelles.36 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 

le D r Lambreghts, fils, d’Anvers ..41 

Revue des journaux homœopathiques anglais, par le 

D r Mersch, de Bruxelles.48 

Rhumatisme. — Etiologie.53 

De la fonction des capsules surrénales.61 

Variétés.61 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


i 9 e Année JUIN 1892 N° 3 


OBSERVATION CLINIQUE 

par le D r Criquelion, de Mons 

Odile D..., d’Hyon, a 35ans. Son père est mort des suites 
d’un refroidissement, sa mère est vivante et bien portante. 
D’autres enfants sont morts de la poitrine. Les survivants 
sont blonds, pâles, mous, lymphatiques, d’une mauvaise 
apparence constitutionnelle. 

Cette fille prit froid un jour de décembre 1885; elle eut 
des .rissons, des pleurodynies persistantes; elle se mit à 
tor.sser, à cracher et depuis lors elle ne cessa plus de le faire; 
elle eut des oppressions. Les crachats étaient abondants, 
jaunes, verts, quelquefois gris et purulents. Elle eut long¬ 
temps des frissons, se mit à maigrir, devint fort oppressée 
en même temps que les sueurs apparurent. Au bout de huit 
mois de souffrances, elle m’échut en traitement et mon con¬ 
frère allopathe, qui l’avait conlamnée comme phtisique, 
ne m’en voulut guère ; elle était dans un état pitoyable. 

Elle gardait le lit, pâle, oppressée, amaigrie, toussant, 
crachant et transpirant. 

Il y avait une matité absolue de tout le poumon gauche, 
sauf dans le tiers supérieur où elle était moins complète ; il 
n’y avait plus de murmure vésiculaire, mais une égophonie 
évidente avec absence de résonnance. Dans le tiers supérieur 
la respiration était incomplète, difficile, soufflante, entre¬ 
coupée, avec de gros râles ; il y avait de la pectoriloquie ; à 
la toux, le souffle caverneux était manifeste et l’on percevait 
du gargouillement : il y avait une caverne d’au moins la 
grosseur d’un œuf de poule. 


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Du côté droit, les plèvres étaient saines et les bronches ne 
présentaient que quelques râles muqueux et sibilants. Il y 
avait aménorrhée. 

4 juillet 1886. Aconit 6 e , bryonia 6°, pulsatille 6°, can- 
tharis 6 Ô , alternés de jour en jour. 

6 août 1886. Elle a éprouvé beaucoup de malaises pendant 
cette période et elles les attribue aux médicaments ; elle les 
continue néanmoins. Les frissons disparaissent et la respira¬ 
tion est un peu plus facile : Sulph. 6 e , bryonia 6°, cantha- 
ris 6 e . 

17 août 1886. Diminution de la toux, de la matité pleu¬ 
rale ; les crachats sont moins verts, la respiration est un peu 
plus facile ; pas de résonnances ni de vibrations : Sulph , 6 e , 
bryone 6°, ars. iod . 6 e , cantharis 6°. 

11 septembre 1886. Amélioration, les râles sont moins 
nombreux et les crachats plus clairs. — Même traitement. 

12 octobre 1886. Matité moindre, un peu de sang vif dans 
les crachats : Ars. iod . 6°, sulph . 6 e , phosph. 6°, cantha¬ 
ris 6°. 

1 er décembre 1886. La respiration est plus profonde, les 
mouvements d’expansion du poumon se font mieux. Les bruits 
sont moins éloignés, les côtes se dessinent mieux ; la malade 
est plus forte, elle transpire moins ; la matité pei’siste quoi¬ 
que à un moindre degré ; l’égophonie disparaît et il y a de la 
résonnance de la voix. 

21 décembre 1886. La malade va assez bien, mais les cra¬ 
chats restent abondants, muco-purulents : Ars. iod. 6°, can¬ 
tharis 6°, phosph. 6°, dulcam. 6 e , silicea 6°. 

20 février 1887. La toux et les crachats diminuent ; la 
sonorité et la perméabilité augmentent. 

5 mars 1887. La malade continue à gagner : Même 
traitement. 

1 eT juin 1887. La toux et les crachats diminuent ; la tran- 


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spiration a cessé, la respiration devient plus facile ; l’appétit 
est bon, les forces reviennent, la malade engraisse : Même 
traitement. 

15 juillet 1887. L’amélioration s’accentue, les bronches 
sont perméables, la matité diminue, la pectoriloquie disparait, 
le souffle caverneux devient obscur, les exsudats pleurétiques 
se résorbent lentement; l’égophonie cesse, bien que la respi¬ 
ration soit encore éloignée ; bruit de frottement. 

20 avril 1887. Les bruits de frottement sont plus mous, 
le murmure vésiculaire reparaît, bien que la respiration reste 
rude. Celle-ci est plus facile, l’essoufflement moindre ; la 
malade gagne visiblement en poids : Elle reste jusque la 
complète guérison sous l'influence du même traitement ; elle 
ne crache plus que le matin quelques crachats blancs, ou gris, 
qui finissent par disparaître à leur tour. Vous ne sauriezplus 
retrouver la caverne. 

Cette fille s’est mariée depuis, elle a des enfants et continue 
à être bien portante. 

Je publie cette observation, car depuis j’ai eu plusieurs cas 
semblables, et ce sont toujours de jeunes femmes grasses, 
replètes, blondes, lymphatiques,qui m’ont donné les plus belles* 
guérisons. D r Criquelion, de Mons 


REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHÏQUES DE FRANCE 

par le D r Schepens, de Gand 


La toux quinteuse 

Résumé de la discussion sur la toux quinteuse à la Société 
française d'homœopathie. 

D r iousset, père. — Les principaux médicaments qui produi¬ 
sent la toux spasmodique avec vomissements ou efforts de 
vomissement et qui déterminent un chatouillement plus ou 


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- 68 — 


moins marqué dans la gorge sont: drosera, corallium , hyos - 
ciamus, rumeoc crispus , puisât ilia, conium maculatum, 
cina et cuprum. 

1° Drosera produit la toux convulsive, coqueluchoïde 
avec vomissements d’eau ou d’aliments, excitée par un cha¬ 
touillement dans le larynx, la gorge et quelquefois le voile 
du palais. Cette toux, parfois suffocante, peut être accompa¬ 
gnée de douleurs dans les parois de la poitrine, d'épistaxis ou 
d'expectorations purulentes ou sanguinolentes. Drosera con¬ 
vient dans la coqueluche, dans la seconde période du rhume 
et dans la phtisie. 

Doses : la 3 e et la 6 e dilution conviennent dans la coqueluche 
et dans le rhume, tandis que la phtisie demande 20 à 30 
gouttes de teinture-mère. 

2° Corallium. — Les caractères de ce médicament 
ne diffèrent guère de ceux de drosera\ on l’emploie à la 6 e ou 
la 30° dilution quand drosera est indiqué mais reste sans 
effet. 

3° Hyosciamus est indiqué dans le traitement des toux 
quinteuses quand il y a: 

a) Aggravation nocturne ; 

b) Aggravation par le décubitus horizontal et obligation 
de s’asseoir ou de se lever de son lit ; 

c) Expectoration d’un mucus aqueux très abondant. 

Doses : Les six premières dilutions. 

4° Rumeoc crispus est surtout utile dans la grippe épidé¬ 
mique; les principaux caractères de sa toux sont: toux 
laryngo-trachéale, violente, incessante, principalement noc¬ 
turne, causée par un chatouillement au larynx, aggravée 
dans la position horizontale, par la pression du larynx, par 
la parole et surtout en aspirant l’air froid; expectoration dif¬ 
ficile et rare. 

Doses : Les premières dilutions. 


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5° Pulsatilla a pour caractéristiques : l'aggravation dans 
la position horizontale, l’amélioration par l’air extérieur, la 
perte des urines par la toux et la toux grasse. La concomi¬ 
tance d’un corjza avec perte de l’odorat constitue une bonne 
indication de ce médicament. 

6° Conium maculatum est indiqué contre la toux coque- 
luchoïde plus forte le soir et la nuit dans la position couchée; 
il existe de la douleur laryngée; la titillation qui provoque 
la toux peut siéger dans la gorge ou être sous-sternale. 

Doses : la 3° ou la 6 e dilution ou même la teinture-mère. 

7° et 8° Cuprum et cina sont indiqués contre les toux 
convulsives avec vomissement des aliments et titillation dans 
le larynx moins prononcée que dans les médicaments précé¬ 
dents ; leur toux s’accompagne de raideur convulsive du corps 
entier. La toux de cuprum est suffocante, les lèvres et la 
face bleuissent ; c’est là une indication capitale. La toux de 
cina est souvent suivie d’éternuement et d’un mouvement de 
déglutition. 

Doses: 3° et 6 Ô dilution. 

Le D r Simon,fils, préconise,outre les médicaments précédents, 
le veratru?n qui présente une grande analogie avec cuprum ; 
il l’a vu agir très rapidement dans un cas de coqueluche avec 
cyanose et le recommande également dans la tuberculose 
intestinale. Il appelle aussi l’attention sur aralia racemosa 
dans la toux quinteuse qui survient après un court sommeil. 
{Revue homœopathique française.) 

D r Schepens, de Gand 


REMÈDES CARDIAQUES 

par le D r Hale 

A. Glonoïn et digitalis. — Le professeur W. H. Thomp¬ 
son, de New-York, a expérimenté et indiqué l’usage nouveau 


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— 70 — 


et intéressant de glonoïn . Dans un récent mémoire il dit de 
digitalis : nous savons tous que Tune des causes les plus 
ordinaires de dilatation du cœur ne se rencontre pas seule¬ 
ment dans cet organe lui-même, mais aussi dans la circula¬ 
tion artérielle obstruée. Il est très probable que trois fois 
sur quatre Thypertrophie du cœur est due au rétrécissement 
du calibre des artères plutôt quà des lésions valvulaires. 
C’est ici surtout que l’emploi delà digitale trompe notre 
attente, car si elle augmente la force contractile du cœur 
elle rétrécit le champ artériel et crée un obstacle de plus à la 
circulation : ce fait est souvent démontré dans la maladie de 
Bright où la gêne de la circulation artérielle est la cause 
principale del’anasarque. 

C’est principalement dans ces cas que la nitro-glycérine, 
par le relâchement prompt et général de tout le système arté¬ 
riel, rend chaque contraction des ventricules à la fois plus 
puissante et plus efficace. En même temps, en paralysant 
l’action inhibitive du nerf vague, elle assure une diastole plus 
rapide et, dans plusieurs circonstances, on voit que l’inter¬ 
mittence occasionnée par la digitale disparaît sous son 
influence. 

Dans l’hydropisie le glonoïn donne des résultats plus com¬ 
plets et plus satisfaisants qu’aucun des autres remèdes connus, 
quand on l’alterne avec digitalis . Donné seul, ses effets sont 
presque nuis dans l’hydropisie, bien qu’il semble augmenter 
la quantité et la densité de burine. 

B. Glonoïn et strophantus. — Le nouveau remède car¬ 
diaque, strophantus , ne rétrécit pas les artères dans la 
même mesure que digitalis , mais le D r Thompson trouve 
qu’en alternant glonoïn avec strophantus on augmente 
beaucoup la valeur de ce dernier dans le cœur débile associé 
au rétrécissement artériel. Il fournit des exemples intéres¬ 
sants démontrant les résultats très satisfaisants des actions 


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combinées de glonoïn et digitalis , glonoïn et strophantus. 
Les doses usuelles sont 3 à 5 gouttes de la teinture-mère de 
digitale ou d'inée combinée avecl à 2 gouttes de la première 
centésimale de nitro-glycérine. Le D r Haie eut l’occasion de 
vérifier l’opportunité de c itte pratique dans un cas récent : 
il s’agissait d’un vieillard atteint de dilatation du cœur avec 
anasarque extrême et artères athéromateuses ; la dyspnée 
était marquée, le pouls vite et intermittent. 

Le médecin qui l’assista le premier administra la digitale 
seule, à la dose de dix à quinze gouttes trois fois par jour, ce 
qui aggrava tous les symptômes. Le D r Haie prescrivit trois 
gouttes de digitale, teinture-mère, alternée toutes les quatre 
heures avec glonoïn *3 x, une goutte. En moins de douze 
heures on put observer les effets bienfaisants de cette mé¬ 
thode. La dyspnée fut soulagée, les extrémités, qui étaient 
froides, se réchauffèrent, l’urine augmenta beaucoup et le 
pouls se régularisa. L’hydropisie disparut en une semaine. 

Pendant plusieurs années, cet auteur fit usage d'aurum 
dans ces cas, car l’or jouit, sur le système artériel, d’une 
action analogue à celle de glonoïn , mais moins prompte. 

Awum muriaticum ou sodicum, à la dose d’un cinquan¬ 
tième ou d’un centième de grain, sont les meilleures prépara¬ 
tions. (El consultor homeopatico .) 

Traduction du D r Wuillot 


CATARRHE CHRONIQUE DE L’OREILLE MOYENNE 

par le D r E. Rounds 

Le D r E. Rounds rapporte comme suit la série des princi¬ 
paux médicaments à employer dans cette affection et en 
précise les indications : 

Argentum nitricum .—Troubles de l’ouïe par suite de bruits 
clairs et sonores dans l’oreille ; toutes sortes de tintements 


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auxquels succède subitement une sensation sourde d’engor¬ 
gement. Pharyngite chronique avec aspérités d’un rouge 
foncé dans la muqueuse. Douleurs pulsatives, parfois très 
fortes dans le cou. Amas de glaires dans l’arrière-gorge, 
avec la sensation d'un corps étranger collé au palais. Muco¬ 
sités abondantes qui, des narines postérieures, descendent 
dans la gorge et occasionnent des envies de vomir. Coryza 
chronique avec abondante sécrétion. 

Aurum rrmriaticum . — Très utile dans l’otite moyenne 
compliquée d’ozène et de carie des os du nez ; obstruction et 
ulcération des narines. 

Baryta muriatica .—Surtout chez les enfants, qui enten¬ 
dent dur chaque fois qu’ils se refroidissent ou que le temps 
devient humide.Douleurs intermittentes dans les oreilles ; air 
hébété des enfants, qui sont dans l’impossibilité de respirer 
par le nez ; douleurs d’oreilles chaque fois qu’ils se mouchent, 
avec sensation de vésicules qui éclatent, comme si l’oreille 
était remplie de glaires ; même sensation en avalant ; pha¬ 
ryngite granuleuse ; la gorge est rouge et douloureuse. 

Belladona. — N’est pas souvent employée, cependant l’au¬ 
teur en a obtenu de bons résultats dans les cas d’inflammation 
chronique de la gorge, surtout avec Jes symptômes suivants : 
sécheresse et rougeur de l’arrière-gorge avec gêne pour 
avaler, faiblesse et difficulté pour avaler les mucosités ; 
aggravation de l’otite après s etre mouillé les cheveux, ou les 
avoir fait couper. 

Calcarea carbonica. — Très employé dans le cas d’otite 
moyenne chronique, mais également dans l’inflammation 
subaiguë provoquée par les pieds mouillés ou un courant 
d’air. Douleurs de l’oreille en se mouchant, qui disparaissent 
en avalant ; le patient est très sensible à l’air et au moindre 
froid. Enfants délicats, chétifs, transpirant facilement. 

Causticum. — Est utile dans les inflammations subaiguës 


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des trompes d’Eustache, avec sensation de surdité d’un côté, 
comme si la voix traversait l’oreille, avec un son tout parti- 
lier semblable à ce qui arrive quand on pousse la tête dans 
un tonneau ; la gorge irritée, sensible, ainsi que l’isthme du 
gosier. 

Conium maculatum. — Indiqué dans les affections subai¬ 
guës, avec augmentation de sécrétion cérumineuse, et de 
bourdonnements. 

Kali muriaticum. — Très employé à l’hôpital ophtalmique 
de New-York, plus que tout autre remède, dans tous les cas 
où il n’y a pas d’indication spéciale. L’auteur le prescrit 
quand la surdité va en augmentant, et que la gorge n’indique 
aucun autre médicament ; on le donne avec succès dans le cas 
de catarrhe nasal et il favorise le traitement de cette affec¬ 
tion. Dans beaucoup de cas, il arrête les progrès de la mala¬ 
die. On le prescrit habituellement à la 3 e décimale. Il n’a pas 
d’action nuisible sur les reins, comme le kali chloricum. 
S’il y a grande faiblesse du malade, on combine le kali 
muriaticum avec le calcarea carbonica . 

Kali iodatum.— Surdité avec douleurs per for antes, déchi¬ 
rantes de l’oreille moyenne ou du labyrinthe; douleurs à 
travers la tête semblables à des décharges électriques ; sen¬ 
sation d’obstruction dans l’oreille, et de brûlure dans la 
gorge ; sécrétion jaune et salée du gosier et du nez. 

Mercurius dulcis . — Est le plus employé des préparations 
mercurielles. Il a une action spécifique sur la sécrétion du 
gosier et de la gorge. Il est indiqué quand le conduit auditif 
est sec, avec un peu de rougeur à l’oreille externe et le tym¬ 
pan plus ou moins congestionné aux environs du marteau. La 
surdité est augmentée par le rhume de cerveau; grand bruit 
dans l’oreille avec sensation d’un bouchon dans le conduit 
externe. Menace de douleurs dans l’oreille ; le pharynx est 
ordinairement rouge, et plus ou moins boursouflé. La luette 


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est allongée; douleurs dans la gorge qui parfois paraît con¬ 
gestionnée et sèche, comme du cuivre poli. 

Mercurius iodatus. — La gorge est plus rouge, plus en¬ 
flammée, plus épaissie. Pharyngite aiguë avec engorgement 
de tous les ganglions du cou. 

Nux vomica . — Rend de grands services dans certains 
symptômes du catarrhe de l'oreille. Les principaux sont les 
tintements d’oreille et la sensation désagréable d’obstruction, 
plus accentués le matin. Douleur et rougeur du pharynx, 
comme si un acide corrosif avait été avalé ou si un instrument 
aigu avait gratté cette partie. Bourdonnements et dureté de 
l’ouïe avec obstruction du nez et céphalagie frontale. Princi¬ 
pal remède pour le catarrhe des trompes d’Eustache chez les 
buveurs et les fumeurs. A une action également sur les nerfs 
acoustiques; a guéri dans bien des cas les surdités nerveuses 
qui étaient dépendantes d’un catarrhe de l’oreille moyenne. 

(Zeitschrift des berliner Vereines homôopaihischer 
Aerzte , 1892.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


TRAITEMENT DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE 

par le D r Formas, de Philadelphie 

Bryonia. — Ce remède est indiqué dans le premier stade 
de la maladie, avant toute perversion des sens, principale¬ 
ment quand il existe du catarrhe gastrique sans diarrhée. 
Le malade accuse de la sensibilité à l’épigastre, une lassitude 
particulière et une pesanteur dans les membres, en même 
temps qu’il se plaint de céphalalgie contusive. Il se produit 
des vomissements alimentaires et bilieux ; la langue est 
blanche et sèche ; l’appétit est perdu et le sommeil est agité. 
Comme indications de bryonia , on peut encore ajouter les 
symptômes suivants : vertige et nausées en se levant, con- 


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stipation, éructations, épistaxis ; un délire nocturne ayant 
trait aux occupations de la journée, un vif désir de regagner 
sa demeure en cas de voyage, enfin l’aggravation par le mou¬ 
vement. 

Baptisia prend la place de bryonia s’il y a prédominance 
des désordres nerveux, diarrhée jaune-claire caractéristique 
(purée de pois), avec sensibilité abdominale et gargouillement 
iléo-cœcal ; plus tard encore il est indiqué si les évacuations 
alvines sont foncées en couleur et fétides, si la bouche est 
sèche et la langue recouverte au centre d’un enduit jaune 
brun avec goût amer ; si la face est congestionnée et les 
yeux injectés ; le patient présente un air hébété ; il est faible, 
assoupi, brisé et trouve son lit trop dur. La fétidité des 
garde-robes, la pùtridité des sécrétions, la prostration 
excessive et enfin cet état de perversion intellectuelle qui 
fait que le malade s’imagine être divisé en plusieurs pièces 
qu’il cherche en vain à rassembler, sont les principaux traits 
caractéristiques de ce médicament. 

Rhus tox . —Suit d’ordinaire l’administration des remèdes 
précédents. Il entre en ligne quand la température a atteint 
son maximum et que la postration progressive et la diarrhée 
caractéristique annoncent la période d’infiltration. Les sym¬ 
ptômes suivants semblent l’indiquer tout particulièrement : 
persistance des selles purée de pois avec tendance à l’aggra¬ 
vation, langue rouge à la pointe ou couverte d’un mucus 
brun, épistaxis suivie de soulagement, toux sèche agaçante, 
vif désir de changer constamment de position afin de soulager 
les douleurs rhumatoïdes des extrémités. A une période plus 
avancée encore, rhus se trouve indiqué par une prostration 
excessive, un assoupissement profond ; la parole, d’abord 
intelligible,n’est plus qu’un murmure inarticulé, ce qui indique 
une dépression telle de l’intelligence que celle-ci n’est plus 
capable de suivre une pensée quelconque ; en même temps, 


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il existe un délire tranquille ; le ventre est sensible et météo- 
risé; la langue est sèche, rouge, fendillée, brune, ligneuse ; 
les lèvres sont fuligineuses ; les selles deviennent plus liquides, 
plus abondantes, fétides, sanguinolentes même, involontaires 
surtout la nuit ; les urines sont foncées et troubles, quelque¬ 
fois albumineuses et involontaires. Ce mélange d’éréthisme 
et de dépression accorde une grande valeur à ce médicament 
dans la forme ataxo-adynamique de la maladie. Mais quand 
l’état typhique a atteint son apogée, que l’ulcération a com¬ 
mencé son œuvre destructive et que rhus n’est pas parvenu 
à modifier la toxémie progressive, nous devons alors recou¬ 
rir à des remèdes à action plus profonde. 

Et ici nous rencontrons tout d’abord arsenicum, qui, à 
l’instar de rhus , présente également un mélange d’éréthisme 
et de dépression, mais à un degré plus prononcé; il convient 
donc aussi à la forme ataxo-adynamique. Il est indiqué 
quand l’état général du malade témoigne d’un éréthisme plus 
grand, à caractère malin, surtout encore quand il existe 
une prostration excessive annonçant une issue funeste. A ce 
stade, il mérite les honneurs avec carbo veget.\ mais avec 
ars.y malgré toute l’intensité de la prostration, b malade 
reste toujours irritable et anxieux, tandis qu’aA >c carbo 
veget . la torpeur est complète et le collapsus imr. inent ou 
réel,sans le moindre signe d’éréthisme.Les symptômes gastri- 
ques’et abdominaux d 'ars. sont également de la plus haute 
importance. Il existe une soif intense avec tendance à boire 
peu et souvent; les gencives et les dents sont recouvertes de 
fuliginosités ; la langue présente un enduit brun ; la bouche 
est le siège de pustules et d’ulcérations aphteuses saignant 
facilement ; il peut exister de la dysphagie, les déjections 
sont dysentériques, fétides et plus fréquentes la nuit ; il n’y 
a pas de tympanite bien marquée (parésie intestinale) ; le 
sang provenant d’une hémorrhagie intestinale est foncé et 


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aqueux ; il existe de la douleur à la pression dans la région 
iléo-cœcale, la rate est engorgée et sensible. L’épistaxis, 
les selles sanguinolentes, les pétéchies, symptômes de décom¬ 
position du sang, sont tous signes indicateurs de Y arsenic. 
Mais cette substance exerce aussi un action paralysante très 
marquée sur le tissu musculaire du cœur, et, par là, elle se 
trouve indiquée quand un pouls faible, mou, irrégulier, joint 
à l’action tumultueuse du cœur et à l’absence du second 
bruit, témoigne de l’invasion du myocarde par la maladie. 
Enfin l’hyperthermie, la rémission typique bien connue de la 
fièvre, la rareté et la rétention de l’urine, les accès de col- 
lapsus subit vers le milieu de la nuit réclament impérieuse¬ 
ment ce médicament. 

Muriat. acid . aussi est un remède éréthique ; mais son 
éréthisme, comme celui de phosph ., est transitoire; son 
excitabilité est bientôt suivie de dépression. Il offre quelques 
points de ressemblance avec ars.et tous deux, quand ils sont 
indiqués, semblent avoir la puissance de vaincre l’hyperé- 
mie intestinale et la diarrhée qui en est la conséquence. 

Selon Trinks, il convient surtout à ces états d’éréthisme 
trop graves pour bryon ., trop intenses pour rhus et non 
justiciables de beltad . Il modifie les évacuations quantita¬ 
tivement et qualitativement ; il corrige la putridité et 
entraîne en même temps une amélioration de tout l’ensemble. 
Aussi ne faut-il pas le négliger lorsque la décomposition 
putride des liquides de l’organisme a atteint son maximum 
d’intensité et qu'il existe une sorte de parésie générale : les 
forces sont complètement perdues, les muscles refusent leur 
action, le malade glisse au pied du lit, gémit et se lamente ; 
ou bien, tout à fait inconscient, il présente cette forme de 
délire qui constitue la mussitation ; la langue, sèche et 
rétrécie, se raccornit au point que le malade ne sait plus la 
mouvoir ; les gencives et les dents sont fuligineuses. A cette 


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période, le pouls est irrégulier, intermittent ; le cœur, 
quoique rapide et excitable, perd de son énergie ; il existe 
une diarrhée aqueuse, fétide, grise ou sanguinolente ; l’urine 
ou les selles sont involontaires; et bientôt la fixité du regard, 
l’abaissement de la mâchoire inférieure et le refroidissement 
des extrémités annoncent l’imminence de la paralysie céré¬ 
brale. Signalons encore comme étant du ressort de ce 
remède les ulcérations putrides de la bouche. 

Phosph . acid . est un médicament de la forme adyna- 
mique avec sa débilité et sa prostration extrêmes, sa stupeur 
profonde, sa surdité et son délire tranquille. On ne peut lui 
substituer aucun remède quand le malade est tombé dans 
l’indifférence et refuse de parler, surtout si la face est 
pâle, les selles jaunes et aqueuses. On observe aussi de 
la tympanite générale avec gargouillement et il existe une 
céphalalgie frontale qui plonge le patient dans une obtusion 
intellectuelle prononcée. Phosph. acid, suit souvent l’ad¬ 
ministration àerhus après que l’agitation a cessé et que le 
sujet est tombé dans un état d’apathie stupide et quil est 
devenu insensible à toute impression extérieure. Gomme 
caractéristique de ce médicament, on notera que, malgré 
une dépression sensorielle évidente, le patient peut être 
facilement tiré de sa torpeur et qu’il redevient pleinement 
conscient, mais pour un instant seulement, tandis qu’avec 
helleb. il n’est pas possible de tirer le malade de sa stupeur. 

Kelleborus est cependant un remède puissant de l’a¬ 
dynamie. Il est surtout indiqué quand la maladie atteint 
plus profondément le cerveau, que l’intelligence est abolie, 
que les muscles ne répondent à aucune excitation, que le 
sujet ne peut être tiré de son état de stupeur. Le malade 
justiciable de helleb. constitue un tableau complet de 
l’idiotie avec inconscience absolue ; il se trouve dans une 
prostration extrême, glisse au pied du lit et ne fait pas le 


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moindre effort pour changer de position ou pour garder 
celle qu’il occupe. Il a un regard vide, une expression 
stupide ; les jeux sont ouverts, les papilles dilatées, les 
narines pulvérulentes ; les muscles sont le siège de spasmes 
convul>ifs. L’urine peut être rare ou retenue, albumineuse ; 
les selles sont involontaires ; la langue est sèche et jaune, 
rouge sur les bords, elle oscille hors de la cavité buc¬ 
cale ; l’haleine est fétide ; les boissons pénètrent dans 
l’estomac avec bruit ; une sueur froide et visqueuse couvre 
le corps ; le pouls est faible, mou, presque imperceptible ; 
l’action du cœur est lente ;il existe un délire tranquille avec 
mussitation. 

Phosphorus. — L’éréthisme de cette substance est si pas¬ 
sager, que je ne la crois point indiquée dans le premier stade 
de la maladie. Son action profondément altérante sur le 
sang en fait un médicament de la période ultime. La pro¬ 
stration qu’il détermine se rapproche beaucoup de celle de 
muriat . ac ., comme la stupeur qu’il provoque ressemble à 
celle de carh . veget. ; le pouls est petit, filiforme, le faciès 
est hippocratique ; les pupilles sont contractées ; les narines 
sont sèches et pulvérulentes ; les lèvres sont cyanosées ; la 
bouche est ouverte et laisse voir une langue noire, dessé¬ 
chée, immobile. Gomme symptômes qui réclament phosph. y 
nous avons encore des vomissements bilieux ; du météo¬ 
risme avec gargouillements bruyants ; des selles sanguino¬ 
lentes ou noires, involontaires, suivies d’une grande faiblesse; 
des urines rares et albumineuses ; une peau sèche et froide ; 
une sueur profuse qui ne soulage pas ; un corps brûlant avec 
une perspiration froide aux mains et aux pieds ; des taches 
de roséole, des éruptions miliaires, des ecchymoses ; un foie 
et une rate d’un volume assez considérable. Dans la forme 
adynamique, phosph . occupe la première quand il y a immi¬ 
nence de paralysie pulmonaire. Le malade est plongé dans 


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le coma, l’haleine est chaude, la respiration est bruyante 
(accumulation de mucosités), les membres sont froids et 
recouverts d'une sueur froide, le pouls est à peine percep¬ 
tible. C’est un agent de première valeur dans les complica¬ 
tions cardiaques et pulmonaires. Selon Jahr, il a le pouvoir 
d’écarter les dangers de la période inflammatoire, surtout 
lorsque rhus tox . a failli à son œuvre. 

Si, malgré l'application bien ordonnée des remèdes précé¬ 
dents, l’affection morbide continuait son œuvre de destruc¬ 
tion et si le malade se trouvait dans un état de collapsus 
algide, sans le moindre signe de réaction, nous devrions alors 
avoir recours en dernier ressort à carb. veget. C’est un 
remède qui a souvent amené des résultats merveilleux. Sous 
son emploi, j’ai vu des patients inanimés, sans pouls, recou¬ 
vrer la chaleur vitale et un pouls presque normal, tandis que 
le cœur reprenait son action rythmique. Comme indications 
principales, nous trouvons une faiblesse simulant la mort ; 
des yeux ternes avec pupilles immobiles ; un faciès hippo¬ 
cratique et une voix éteinte ; une peau froide sur toute son 
étendue ; des lèvres cyanosées ; une langue sèche et noire ; 
un pouls petit, filiforme, presque imperceptible ; un cœur en 
défaillance ; du tympanisme abdominal ; des gardes-robes 
d’un noir brun, repoussantes, involontaires ; enfin une odeur 
fétide se dégage du corps ; l’urine est supprimée ; la para¬ 
lysie des poumons est imminente ; l’hypostase pulmonaire 
fait des progrès ; des hémorrhagies se produisent et des 
pétéchies recouvrent le corps en quanlité considérable. 

Pour finir, voyons encore quelques médicaments qui, sTs 
n'occupent pas une place aussi importante, peuvent cependant 
trouver leur indication. 

Gelseminum est un remède du début, qui peut précéder 
l’administration de baptis. avant une obtusion bien marquée 
du sensorium, alors que le malade accuse du malaise, une 


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fatigue musculaire, de la céphalalgie, du tintement et du 
bourdonnement d’oreilles, en même temps qu’ils se plaint de 
frissons et de fourmillement le long de l’épine dorsale, de 
douleur dans le dos et les membres, de faiblesse musculaire. 
La face est rouge et le sujet est assoupi. Les exaspérations 
vespérales de la fièvre avec des rémissions le matin sont des 
indications de plus pour gelsem. 

Hyoscyamus et belladone peuvent être utiles dans le 
délire violent. La stupeur, l’inconscience, la lascivité relèvent 
du premier, tandis que la congestion cérébrale avec rougeur 
de la face et dilatation des pupilles, la photophobie, la chaleur 
mordicante de la peau,et l’embarras de la parole sont du res¬ 
sort de bellad. 

Stramonium a un délire plus furieux avec des hallucina¬ 
tions de toutes sortes et des tentatives de s’échapper du lit ; 
mais, comme caractéristiques, on note la loquacité et la 
manie de se trouver dans la lumière et en société. 

Opium , outre qu’il est un de nos meilleurs remèdes pour 
la rétention d’urine, est spécialement indiqué dans les cas de 
coma profond laissant craindre la paralysie cérébrale. Une 
respiration stertoreuse avec la bouche ouverte et la mâchoire 
inférieure abaissée annonceraient cette terminaison funeste. 

Lachesis est indiqué quand les symptômes de dépression 
sont précédés de loquacité. Son délire est calme avec mussi¬ 
tation, la langue est tremblottante et dépasse avec peine 
les dents. Ce sont bien là aussi les effets du poison typhique 
sur le cerveau, et pour combattre cette paralysie lâches . 
lutte honorablement avec opium. On peut trouver en outre 
de l’hyperesthésie, de la faiblesse, du tremblement et des éva¬ 
cuations fétides. 

Arnica est indiqué dans un état fébrile accompagné de stu¬ 
peur complète, avec miction et défécation involontaires. 
Dans les cas où le malade aurait conservé sa raison, il se 


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plaint de la trop grande dureté de sa couche, de brisement, 
de meurtrissure, etc. 

Mercurius, qui est un médicament de si grande valeur 
dans les désordres gastriques, hépatiques et intestinaux, ne 
doit pas être négligé dans la fièvre typhoïde. Le stade pro¬ 
dromique s’annonce souvent par un catarrhe gastro-entérique. 
En pareil cas, si la constipation fait place à des selles mu¬ 
queuses, bilieuses, vertes, avec ténesme et une teinte ictérique 
de la face, nous devons donner à merc . la préférence sur 
bryon surtout s’il y a une tendance à des sueurs sans sou¬ 
lagement et si les selles sont précédées de frissons. La néces¬ 
sité de songer à ce remède s’imposera dans le cas de compli¬ 
cation de péritonite suppurative. 

Veratr. alb. peut être utile dans le cas d’affaissement 
extrême et subit, avec sueurs froides, pouls filant et syncopes 
répétées. 

Cocculus ne sera pas oublié dans le cas où le moindre 
exercice entraîne une grande prostration, avec une tendance 
invincible au sommeil, suivie bientôt d’apathie et de coma. 
On trouve parmi ses symptômes le vertige, les nausées, 
l’affaissement ; mais la confusion des idées avec l’embarras 
de la parole est une de ses principales indications. 

Nitr. acid . peut trouver son emploi dans une période 
avancée, alors qu’on trouve une sensibilité abdominale mar¬ 
quée, une douleur iléo-cœcale, du gargouillement, et surtout 
une diarrhée sanguinolente persistante annonçant un travail 
ulcératif. Dans les complications laryngées, il constitue un 
groupe utile avec merc., kali iod ., iod etc. 

Digitalis peut rendre quelque service quand le cœur faiblit 
et que le pouls est intermittent, etc. 

Enfin,il sera quelquefois utile de recourir à l’un des remè¬ 
des suivants: apis , cale . carb ., cinchona , colchic ., lyco- 
pod nuœ vom., petrolsulph.,taraæac., terebinth . 


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Enfin, on portera toute son attention sur les points sui¬ 
vants : diète, alimentation, désinfection et éloignement des 
excreta et des linges souillés, et Ton surveillera la convales¬ 
cence. (Hahnemannian Monthly .) 

Traduction du D r Cyr. Planquart 


PÉRICARDITE AIGUË AVEC ÉPANCHEMENT 

par le D r Jean De Wee, de Bruxelles 

L’année dernière je fus appelé à donner mes soins à un 
jeune homme de 24 ans qui était au quatrième jour d’une 
maladie que son médecin avait déclarée fatale. L'état était 
en effet des plus graves: pouls filiforme, rapide, sueur vis¬ 
queuse et froide au front ; mains et pieds froids, respiration 
haletante et anxieuse, prostration excessive. Depuis quatre 
jours, ce jeune homme avait eu huit hémoptysies artérielles 
les unes plus abondantes que les autres. Un examen som¬ 
maire me permit de constater une affection cardiaque. Temp. 
39°7. Prescription : China l rô , arsenic 3°, veratruw, 3 e . 

Le soir, la prostration avait complètement disparu, le 
pouls était très rapide mais plus fort. Temp. 40°1. Respiration 
comme le matin. Souffle de congestion aux deux bases du 
poumon avec respiration rude et légèrement sifflante aux 
sommets. L’examen du cœur révéla une augmentation consi¬ 
dérable de la matité consistant en un élargissement, une sorte 
d’arrondissement de la région de la pointe du cœur ; la matité 
absolue avait augmenté d’une façon sensiblement parallèle. 
En même temps il y avait déplacement du choc du cœur vers 
le 3° espace intercostal ; il était diminué en même temps en 
intensité, mais offrait plus de surface (probablement à cause 
de l’étroitesse plus grande du thorax à ce niveau); les bruits 
du cœur étaient affaiblis. Le malade se plaignait d’une douleur 


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atroce siégeant entre l’ombilic et l’appendice xyphoïde un peu 
à gauche de la ligne médiane, sur le prolongement horizontal 
du rebord inférieur du thorax (point costo-xyphoïdien ou bou¬ 
ton diaphragmatique) ; cette douleur était exagérée par l’in¬ 
gestion des aliments ou des boissons. Enfin par moments il y 
avait de véritables crises d’angine de poitrine avec engour¬ 
dissement du bras gauche. 

C’était tout l’ensemble d’une péricardite aiguë avec épan¬ 
chement abondant, de nature rhumatismale, car notre 
malade avait subi antérieurement plusieurs atteintes de rhu¬ 
matisme articulaire. Prescription : Régime. Yeratrum 
viride 3 e , aconit 3 e , bryone 3 e . 

Le lendemain la congestion pulmonaire avait disparu, plus 
d’hémoptysies. Symptômes subjectifs diminués en intensité 
sauf la dyspnée qui avait plutôt augmenté et était en rapport 
avec le degré de l’épanchement. En effet, ce jour-là, au matin, 
la matité cardiaque avait pris une déformation particulière, 
décrite par le professeur Potain, et consistant en une sorte 
d’incurvation, une sorte d’encoche obtuse vers le tiers supé¬ 
rieur du bord gauche de la matité précordiale. Cette encoche 
donnait à la zone de matité, considérée dans son ensemble, 
une forme spéciale qui rappelle assez bien celle d’une brioche. 
Elle indique toujours, encore d’après Potain, un épanchement 
considérable. La matité absolue participait à cette augmen¬ 
tation et prenait une forme analogue indiquant nettement 
combien le péricarde distendu avait refoulé les bords anté¬ 
rieurs des deux poumons et surtout celui du côté gauche. Enfin 
il y avait élévation progressive de la limite supérieure de la 
matité vers la poignée sternale et extension de la matité au- 
dessous des limites où les battements de la pointe demeurent 
perceptibles. Traces d’albumine: Aconit I e , bryone I e . 

Le lendemain (7 e jour de la maladie) le malade ressentit les 
premières atteintes d’un rhumatisme articulaire aux genoux 


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— 85 — 


et aux coudes. Temp. 38°5 matin, 40°3 le soir. Sueurs abon¬ 
dantes d’odeur aigre. Prescription : Aconit 1°, bryone I e , 
mercure 3 e . 

Le soir rhumatisme généralisé mais localisé surtout à la 
nuque et au tronc. Hémoptysie artérielle considérable. 

Le 8 e jour (quatrième du traitement). L’épanchement avait 
diminué de beaucoup, les bruits du cœur étaient plus audibles, 
les douleurs articulaires moindres. Le dyspnée avait diminué 
de beaucoup. Prescription: Aconit, 3 e , bryone, 3 e . 

Le 9 e jour : un peu de dilatation du cœur droit ainsi qu’un 
choc diastolique dans le troisième espace intercostal gauche, 
immédiatement après le claquement des sigmoïdes, simulant 
ainsi un dédoublement du second bruit. Il y avait en plus un 
souffle à l’appendice xyphoïde. 

L’épanchement avait encore diminué. Douleurs articu¬ 
laires presque milles. Temp. 37° au matin, 39°2 le soir. 
Prescription : Chinin. sulfur . 3°, hepar suif. 3 e . 

Dizièmejour: Frottement péricardique. Souffle systolique 
à la pointe et à l’appendice xyphoïde. Battements tumultueux 
du cœur. Frémissement cataire. Plus de fièvre ni de douleurs: 
Spigelia 3°, arsenic, iodat. 6 e . 

Même état et prescription pendant cinq jours. 

Puis pendant les huit jours suivants : Arsenic, iodat. 6 e 
et sulfur 12 e alternés. 

Le malade, qui était d’une faiblesse excessive, part pour 
la campagne. 

Je ne l’ai plus revu pendant quatre mois, cependant sa 
mère venait de temps en temps me dire qu’il avait des cépha¬ 
lalgies continues avec oppression, toux et hémoptysies. 

Il se plaignait surtout d’une sensation de plénitude thora¬ 
cique telle qu’il lui semblait que sa poitrine allait éclater. 
Cette sensation existait surtout au moment de monter un 
escalier ou une pente élevée. Je me rappelais avoir trouvé 


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ce symptôme dans la pathogénésied’Æwrwm telle que la donne 
Farrington. Voici comment s’exprime cet auteur : 

« Aururn étant un médicament congestif, il affecte le cœur 
en augmentant l’activité de cet organe, comme l’indique 
l’augmentation d’intensité du choc analogue à celle qu’on 
trouve dans l’hypertrophie pure sans dilatation. Gomme résul¬ 
tat de cette augmentation d’énergie le cœur finit par s’hyper- 
trophier et produit une série de symptômes des plus caracté¬ 
ristiques. Les poumons sont trop remplis de sang, c’est-à-dire 
hyperémiés et cet état se manifeste comme suit: le malade en 
essayant de gravir une pente ou de faire un petit effort sent 
comme s’il avait un poids écrasant sous le sternum : il lui sem¬ 
ble que s’il ne s’arrêtait pas, le sang ferait éclater sa poitrine». 

Le malade reçut aurum mur . 30 e , 12°, 6 e . 

Quand il est revenu me voir au bout du premier mois de ce 
nouveau traitement il n’avait plus eu de céphalalgies, ni 
d’hémoptysies, l’oppression avait diminué graduellement. A 
l’auscultation on distinguait encore nettement le frottement 
péricardique et les deux souffles de l’appendice et de la pointe. 

Le malade a continué cette médication tout en interposant, 
de temps en temps,une dose de sulphur 12°, et voilà quatre 
mois qu’il va bien au point qu’il peut se livrer à ses travaux 
antérieurs et même qu’il songe à se marier. 

L’avenir nous dira ce que deviendront les symptômes 
objectifs,, mais il me semble qu’une thérapeutique qui peut 
relever à ce point un malade, quasi abandonné, mérite qu’on 
s’en occupe un peu davantage dans les sphères officielles. 

Cette observation nous prouve combien nous devons avoir 
en vue la physiologie du médicament. Malheureusement sous 
ce rapport les schémas hahnemanniens sont peu faits pour nous 
aider. 11 serait temps de renoncer à ces vieilleries et d’avoir 
en main une matière médicale plus moderne. 

D r Jean Dewée 


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— 87 - 

VARIÉTÉS 

JLiSu méthode dix professeur Brown-Sequard.— Un rédacteur 
du Petit Journal tourne et retourne son porte-plume sept fois, et 
même davantage, avant d’écrire un article sur M. Brown-Sequard 
et sa méthode d’injections d’extraits organiques. Il sait son lecteur 
prévenu sur la question et prévenu probablement au sens pou favo¬ 
rable du mot. Il le voit d’ici, souriant narquoisement ou faisant la 
moue... 

Que le lecteur se rassure ! Il ne sera pas question dans les lignes qui 
vont suivre de ce qui peut spécialement intéresser les messieurs de la 
catégorie « des invalides du sentiment », comme les qualifiait Gavarni, 
mais de quelque chose d’un intérêt beaucoup plus sérieux et général. Il 
s’agit d’une méthode thérapeutique basée sur l’injection des extraits de 
divers tissus organiques vivants, méthode entièrement neuve dans la 
science et qu’a créée de toutes pièces M. le professeur Brown-Sequard, 
assisté de M. le docteur d’Arsonval, membre de l’Académie de méde¬ 
cine. 

Mais, avant toute chose, je tiens à reproduire ce passage d’un des 
derniers comptes rendus de l’Académie de médecine (séance du 
21 juin): 

« M. d’Arsonval rappelle qu’il a indiqué à plusieurs reprises les 
« moyens de préparation de ces extraits. Quelques industriels se sont 
« empressés de mettre ces indications à profit. Il tient à dire que ces pré- 
« parations indusrielles n’engagent que leurs auteurs. M. Brown-Sequard 
« et lui entendent rester étrangers à toute livraison qui ne sortirait pas 
« de leur laboratoire, et ce, à titre entièrement gratuit. » 

Il est certain que l’industrialisme et le charlatanisme se sont jetés sur 
l’invention de nos deux savants pour en faire une exploitation abusive 
éhontée, à l’étranger surtout. Les Allemands semblent avoir déployé en 
ceci un zèle particulièrement ardent. Toutefois, et en raison de leur 
désintéressement bien connu, on peut supposer que, à tripatouiller et 
galvauder la découverte française, iis n’ont cherché qu’à prendre leur 
revanche du fiasco effroyable, mais national, de la tuberculine du pro¬ 
fesseur Koch... 

Quelques mots maintenant sur M. Brown-Sequard et son principal 
collaborateur, M. d’Arsonval. 

M. le professeur Brown-Sequard, qui a succédé à l’illustre Claude 


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Bernard dans la chaire de physiologie du Collège de France, est l’une 
des grandes personnalités scientifiques contemporaines et probablement 
la plus originale. Né à l’île Maurice, — l’ancienne île de France, le pays 
légendaire de Paul et Virginie, — fils d’un américain de Philadelphie et 
d’une mère française, il semble participer, comme savant, aux qualités 
caractéristiques des deux races ; audacieux, intuitif, go-a-head comme 
un Yankée; — déductif, méthodique et lucide comme un Latin. Par 
dessus tout indépendant, adversaire des dogmes routiniers ét possédé, 
semble-t-il, de la passion de remettre en question les lois scientifiques 
existantes. 

Avec lui il faut toujours s’attendre à de l’imprévu, et à un imprévu 
venant bousculer quelque chose ou quelqu’un de consacré. C’est un gêneur 
des « autorités établies », un contradicteur toujours menaçant pour ceux 
dont « le siège est fait ». Le monde savant, — côté de la science officielle, 
— reconnaît sa supériorité mais surtout la redoute. On le regarde faire, 
on l’écoute avec attention, mais avec une attention volontiers muette et 
qui a pu ressembler parfois à la conspiration du silence. M. Brown- 
Sequard est âgé de soixante-quinze ans. 

Quant à M. d’Arsonval, le collaborateur de M. Brown-Sequard et son 
suppléant à la chaire du Collège de France, c’est un jeune savant origi¬ 
naire d’un de nos départements du Centre. M. d’Arsonval, physicien de 
premier ordre, a découvert, en même temps que l’Américain N. Tesla, 
cette propriété singulière que possèdent les plus hautes énergies électri¬ 
ques d’être sans action sur les systèmes nerveux et musculaire quand on 
fait alterner les courants avec une très grande rapidité. Dans son labo¬ 
ratoire, il m’a fait passer impunément par le corps des courants d’une 
force égale à ceux qui servent à exécuter, en Amérique, les condamnés à 
mort. J’ai pu allumer une lampe électrique au contact de mon doigt et 
illuminer à distance un tube de Geissler en étendant la main, sans res¬ 
sentir la moindre commotion ou vibration dans Tintérieur de ma per¬ 
sonne... 

Elle apparut singulièrement marquée au coin de l'imprévu, la commu¬ 
nication que fit il y a trois ans, à la Société de biologie, M. Brown- 
Sequard, annonçant le résultat de ses injections de sucs organiques, 
expérimentées sur lui-même. C’était une augmentation de force nerveuse, 
et comme un renouveau de vigueur générale s’affirmant non seulement 
par le témoignage de l’expérimenté, mais par celui de l’impartial et 
l’impassible dynamomètre. Avant l’expérience, sa vigueur musculaire 


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enregistrait à l'appareil une trentaine de kil. Après l'opération ce chiffre 
s'élevait à 40, 41 et même à 45 kil. et se maintenait à la moyenne dyna¬ 
mométrique d'un homme robuste et jeune. La résistance à la fatigue et 
l’aptitude soutenue aux travaux de l'esprit s'étaient accrues dans des pro¬ 
portions correspondantes. Et cela sans réaction dépressive ultérieure. Il 
y avait eu apport franc et non pas escompte usuraire de forces. Ceci est 
très important. 

Renouvelées à mainte et mainte reprise, dans des conditions sincères 
et correctes d’expérimentation par nombre de médecins français et étran¬ 
gers,ces expériences ont presque constamment fourni des résultats positifs. 

Mais, dès ses premières communications au monde savant, M. le profes¬ 
seur Brown-Sequard avait annoncé que les faits révélés par lui n’étaient 
que la préface en quelque sorte d’une méthode générale encore à l'étude. 

Cette méthode, appelée à munir la thérapeutique d’un nouvel et puissant 
instrument, est sortie de la phase des essais de laboratoire et a débuté 
sur le théâtre de la clinique humaine. On utilise en grand pour notre noble 
espèce les expériences longuement poursuivies in anima vili. Et ces appli¬ 
cations médicales s’effectuent par l’initiative et sous la responsabilité de 
nos praticiens les plus qualifiés. 

L'épuisement nerveux, la neurasthénie , cette maladie si rebelle, — 
résultant du surmenage des centres nerveux, qui est l’une des fâcheuses 
caractéristiques de notre lutte à haute pression pour la vie, — cède aux 
injections d’extrait cérébral. 

Les extraits organiques expérimentés en premier lieu par M. Brown- 
Sequard sur lui-même sont efficaces plus qu'aucun autre genre de traite¬ 
ment contre l’ataxie locomotrice, — la terrible « maladie de la moelle 
épinière », comme on la désigne populairement. Ces mêmes injections 
améliorent étrangement le diabète et amendent d’une heureuse façon les 
plus pénibles symptômes de la consomption pulmonaire ; — sans qu'on 
soit toutefois dès à présent autorisé à admettre qu’elles aient une action 
curative ou limitatrice des lésions organiques. 

L’injection du suc extrait de la glande thyroïde du mouton (un organe 
situé au-dessous du larynx et dont les fonctions ne sont pas définies), 
donne des résultats surprenants pour combattre une affreuse maladie 
de dégénérescence qu’on appelle le myxœdème. Jusqu’ici, la thérapeu¬ 
tique semblait désarmée contre cette redoutable affection. 

Il existe.une autre maladie de pronostic très grave et rebelle aux 
remèdes: la maladie bronzée ou maladie d’Addison. Ces noms lui vien- 


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- 90 — 


nent et du médecin anglais qui le premier en fit une étude approfondie 
et de l’étrange coloration de bronze florentin qu’elle donne à la peau du 
malade. Dans cette affection, il existe presque toujours une altération 
profonde des capsules surrénales , organes glandulaires situés à la partie 
supérieure du rein et dont le rôle est encore une énigme. 

Ce qu’on sait très bien, par exemple, c’est que l’animal à qui l’on a 
fait l’ablation de ces glandes ne tarde pas à succomber. Mais si on lui 
injecte du suc surrénal extrait d’un autre sujet il revient à la vie, fût-il 
agonisant déjà... Il était donc tout indiqué d’essayer cette injection sur 
l’homme atteint de la maladie d’Addison. C’est une tentative qui a été 
instituée dans le service hospitalier d’un de nos savants professeurs, et 
dont on a lieu d’espérer, à cette heure, les meilleurs résultats. Il y a, 
dès à présent, tout lieu de croire que la mort, dans les maladies des 
capsules surrénales, peut être retardée, sinon absolument empêchée, 
par des injections de l’extrait liquide de ces glandes pris sur des ani¬ 
maux en bonne santé. 

Le suc de rein, de rate, de muscle, de moelle osseuse, etc., font pré¬ 
sentement l’objet d’expérimentations cliniques qui se poursuivent en 
France, en Europe, en Amérique. 

Comme de juste, les expérimentateurs se tiennent en garde contre les 
phénomènes d’imagination et de suggestion qui jouent constamment un 
rôle dans les essais de médications nouvelles. Un rôle « humain » s’en¬ 
tend, car les animaux sont des réactifs biologiques que nulle perturba¬ 
tion d’ordre psychique ne saurait influencer. Chez eux, les résultats des 
injonctions sont constants. Avec les sujets-hommes on a substitué 
secrètement des injections d’eau pure aseptisée aux injections de sub¬ 
stances actives, et l’effet de ces dernières a cessé de se manifester. Preuve 
évidente de non-suggestion. 

Mais enfin, qu’est-ce que c’est qu’on injecte? Tout simplement un 
liquide limpide, où le microscope ne trouve aucun corpuscule solide, où 
l’analyse chimique n’a jusqu’ici révélé aucun principe particulier inédit. 
Ce liquide résulte du passage à travers une bougie-filtre et sous une pres¬ 
sion très considérable, du suc des tissus organiques broyés ou plutôt 
finement morcelés avec une petite quantité de glycérine et d’eau distillée* 

En quoi consiste le principe actif de ces extraits et quel est le fin mot 
de leur façon d’agir ? On ne le sait pas davantage qu’on ne sait pourquoi 
l’opium fait dormir ou la quinine guérit de la fièvre. Mais on se trouve 
logiquement conduit à admettre que tous les tissus de l’organisme animal, 


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indépendamment du rôle fonctionnel que la physiologie a pu jusqu'à 
présent leur assigner ou leur attribuer, fabriquent quelque chose de spé¬ 
cial, élaborent une sécrétion interne qu’ils donnent au sang et qui est plus 
ou moins indispensable au maintien delà santé normale et à la conserva¬ 
tion de la vie. Ce je ne sais quoi vital, les injections le restituent à l’orga¬ 
nisme lorsqu’il en est privé. 

Telle est du moins l’explication à laquelle s'arrêtent les deux savants 
auteurs de la méthode des injections brown-sequariennes.Je dis « brown- 
sequariennes » parce que l'initiateur de ces intéressantes expériences 
est incontestablement le professeur de physiologie du Collège de France. 
Mais c’est grâce à son collaborateur, M. d’Arsonval, que la méthode a pu 
être généralisée. Voici, en effet, ce qui s’est passé: 

Les premières et spéciales injections dont M. Brown-Sequard fit l’expé¬ 
rience sur lui-même et dont il entretint le monde scientifique, on sait avec 
quel retentissement, n’avaient nécessité aucune précaution antiseptique 
spéciale. Mais quand il fut procédé à la répétition de cesépreuves sur les 
animaux avec des extraits de la rate, du rein, du foie, des capsules surré- 
rales,du poumon, etc., les sujets crevèrent tous avec un parfait ensemble, 
dans un délai variant de un à dix jours. Un suc extrait du poumon de 
cobaye (le cobaye est l’animal naturellement le plus exempt de maladies 
parasitaires) se montra constamment vénéneux au suprême degré. 

On essaya bien de mêler aux extraits des agents antiseptiques. Mais en 
désinfectant les liquides, ils leur enlevaient toutes leurs propriétés. Ce fut 
alors que M. d’Aisonval eut l’idée de stériliser ces extraits en les soumet¬ 
tant à une pression de 50 à 60 et même 90 atmosphères, obtenue dans un 
appareil autoclave de son invention, au moyen de l’acide carbonique 
liquéfié. Cette stérilisation est complète, radicale, tout en respectant 
l’intégrité des principes actifs spéciaux à chaque extrait filtré sous ces 
pressions énormes. Les injections préparées de la sorte ne présentent 
aucun danger. 

J’ai insisté un peu longuement sur ces détails pour que l’on comprenne 
bien la légitimité des motifs qui ont poussé MM. Brown-Sequard et d’Ar¬ 
sonval à décliner si expressément toute responsabilité vis-à-vis des exploi¬ 
teurs de leur découverte. 

Je la crois appelée à doter de précieuses ressources l’art de guérir les 
maladies et celui de prolonger la santé. Elle ouvre certainement de nou¬ 
veaux et bien curieux horizons dans le domaine de la science biologique* 
(Thomas Grimm. Petit Journal .) 


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Mors ©t Vita. — Chose promise est due. 

J’ai pris, l'autre jour, l'engagement solennel d'exposer en détail les 
miraculeux résultats obtenus par l'application au traitement du cancer, 
ou plutôt à la galvanisation des cancéreux, du fameux élixir de longue 
vie, auquel il est convenu de donner le nom d’élixir de M.Brown-Séquard. 
L’heure est venue de tenir ma parole. 

Au demeurant, je n’ai plus désormais aucune crainte d'aller plus vite 
que les violons, puisque les expériences qui avaient servi à documenter 
mon enthousiasme, soumises par l'éminent praticien qui les avait insti¬ 
tuées au jugement éplucheur d’un sanhédrin de spécialistes, ont été 
passées au crible de la controverse de rigueur et sont à la veille de 
devenir classiques. 

Et comme, en pareille matière, les théories ne sont bonnes qu’à cou¬ 
ronner l’édifice, je laisse la parole aux faits. 

Je n aurais, apparemment, dans le tas des observations recueillies, que 
l'embarras du choix. On me pardonnera cependant de n'en retenir que 
deux, triées sur le volet, non seulement parce qu'elles sont exceptionnel¬ 
lement suggestives, mais encore et surtout parce que, pour avoir été à 
meme de les suivre personnellement de près,je crois pouvoir leur prêter, 
comme à des choses vécues, une importance supérieure. 

Tout d'abord, un cancer de l'estomac. Dévoré par l’inanition autopha- 
gique et par la consomption consécutive, le malade touchait à cette 
période ultime du dépérissement après laquelle il n'y a plus place que 
pour l’agonie sans phrase et sans merci. Survient le docteur Filleau, qui 
s’avise, en desespoir de cause, d’essayer de l'inoculation à doses massives, 
entre cuir et chair, de la paradoxale « essence ». Dès la douzième piqûre, 
le moribond s’était ragaillardi au point de faire naître dans son propre 
esprit et dans l'esprit de son entourage l’illusion plausible d’une guérison 
définitive. En tous cas, ce grabataire qui, pendant de longues semaines, 
n avait pas quitté la chambre, vaque aujourd’hui à ses affaires, et c’est 
avec une véritable impatience qu’il attend l’heure des repas, considérée 
naguère comme l’atroce échéance d’un supplice inutile. 

Après le cancer de l’estomac, le cancer du rein. Imaginez une tumeur 
grosse comme une tête d’enfant, au point de former hernie sous la peau 
hideusement soulevée, de l’abdomen.Aucun malentendu n’était recevable : 
c’est bien d’un cancer nettement caractérisé qu’il retournait. L’analyse 
microscopique du liquide provenant d’une ponction exploratrice avait, au 
surplus, confirmé, de ce chef, les aperceptions de l’examen clinique. 


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Envahi par l’enflure œdémateuse jusqu’au-dessus du nombril, épuisé par 
d’épouvantables hémorragies, qui avaient détendu tous les rouages et 
perturbé toutes les fonctions de la vie, le patient n’était plus qu’une ruine. 
Son délabrement était tel que les plus audacieux virtuoses du scalpel 
reculaient devant l’horreur d’une opération nécessairement vaine.... 

C’est alors que, un peu par acquit de conscience, mais rassuré, 
d’ailleurs, ou plutôt séduit par les multiples triomphes déjà conquis par 
lui de cette façon dans des cas non moins affligeants de cachexie tuber¬ 
culeuse, Filleau résolut de tenter l’originale aventure. La première 
inoculation — six centimètres cubes — fut faite d’emblée à la région 
dorsale immédiatement au-dessus de la zone de l’œdème. Depuis, les 
injections ont été régulièrement continuées, de deux jours en deux jours, 
avec un succès étourdissant. 

Dès la quatrième piqûre, le malade avait conscience d’un mieux-être 
formel dont il mettait une sorte de coquetterie à faire part à tous venants. 
C’était peut-être — je le veux bien, mais je n’en ai cure — l’effet d’une 
sorte de suggestion tacite. Mais comment attribuer à la simple suggestion 
la disparition de l’enflure, qui, dès la septième injection, s'effaçait gra¬ 
duellement jusqu’à ne plus laisser de traces appréciables? Comment 
expliquer par la suggestion la cessation des hémorragies, la correction 
de la température (autrefois tombée à 36 degrés et peu à peu revenue au 
taux normal), le rétablissement des fonctions cutanées, le retour de 
l'appétit et du sommeil, la recoloration, perceptible à l’œil nu, du sang 
pâli, la restauration des forces, désormais assez accentuée pour per¬ 
mettre à celui qui ressemblait, il y a quelques mois à peine, à un cadavre 
anticipé, de quotidiennes promenades en voiture? 

... Je ne commente ni n’explique. Je raconte, tout bêtement, ce que 
je sais : « J’étais là, telle chose advint »... Aux spécialistes de conclure ! 

Mais de grâce, qu’on n’aille pas au delà de ma pensée 1 

Le docteur Filleau ne prétend pas le moins du monde avoir découvert 
l’omnipotente panacée, et je me garderai bien de le prétendre envers ou 
contre lui. Je suis de ceux qui pensent que le cancer, aujourd’hui comme 
hier, est et demeure incurable. Le virus cancéreux — si virus il y a — 
est en même temps si corrosif, si subtil et si tenace que, quand une fois 
il a commencé d’imprégner un organisme, il faut en faire — ou en prendre 
— son deuil, et, jusqu’à nouvel ordre, la tare est indélébile. 

Les deux malades précités ne sont pas débarrassés de leur ennemi, 
mais ils font, avec lui, à peu près tolérable ménage. Puis, ils vivent , et, 


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vraiment, ils seraient mal venus à réclamer davantage. Veuillez noter, 
cependant, pour mémoire, que le cancer du rein se rétracte visiblement 
et semble tendre à s 1 atrophier... 

C’est que, à regarder les choses de haut, au point de vue philosophique, 
si je puis m’exprimer ainsi, il y a deux façons de combattre la maladie, 
quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. 

La première consiste à s’attaquer directement à la cause pathogène, 
pour la neutraliser ou la détruire, au risque de détériorer le creuset de 
chair vive où s’accomplit l'opération. L’antiseptie microbicide, les inter¬ 
ventions généralement quelconques — « tomies » ou curettages — de la 
chirurgie sanglante, toute la pharmacologie ancienne et moderne n'ont 
pas d’autres intentions. 

La seconde méthode — parfaitement conciliable, au surplus, avec la 
première — se borne à mettre le malade en mesure de lutter plus ou 
moins avantageusement contre l’agent irritant ou infectieux, épine, 
microbe ou poison. Elle est le principe et le fondement de la suralimen¬ 
tation, de l'asepsie, de l’hydrothérapie, de l’électrothérapie, de l’aérothé- 
rapie, d'une foule d’autres médications où les apothicaires n’ont pas 
grand'chose à voir, et qui, pour relever plutôt de l’hygiène que de la 
thérapeutique, n’en ont pas moins leur opportunisme et leur efficacité. 

De par une loi mystérieuse, qui est peut-être la loi même de la vie, 
tout organisme possède en soi une force occulte de self-conservation qui 
lui permet de se défendre tout seul contre les influences morbides, et 
même, jusqu’à un ceitain point, de réparer sponte suâ les pertes subies 
au cours de l'éternelle bataille. 

C'est ainsi que les tissus réussissent si souvent, à la faveur de leur 
propre élasticité, à éliminer ou à enkyster les échardes, les esquilles, les 
balles et les autres corps étrangers qui les ont pénétrés. C’est ainsi qu’on 
voit éclore au fond des plaies pantelantes une floraison de bourgeons 
charnus qui finissent par en déterminer la fermeture et la cicatrisation. 
C’est ainsi que lorsque l'un ou l’autre de deux organes doubles — les 
poumons, par exemple, ou les reins — vient, à la suite d’un traumatisme 
ou d'une contamination, à être mis hors de service, un afflux d’énergie se 
fait proprio motu vers l’organe survivant qui peut se charger ainsi de 
pourvoir solidairement à toute la besogne. C'est ainsi que nos cellules et, 
en particulier, les globules blancs, ou leucocytes , du sang, sont, sans 
métaphore, en état de guerre permanente avec les microbes du deda'ns et 
du dehors. Je dis « sans métaphore », et c’est à bon droit comme à bon 


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escient, puisque, dans ce match sans trêve, les vaincus servent littérale¬ 
ment de pâture aux vainqueurs, et j’ai justement là sous les yeux des 
micro-photographies représentant des cellules pulmonaires en train de 
digérer de malheureux bacilles de Koch pêchés en lymphe trouble. 

Le médecin n’intervient donc, à ce compte-là, que pour aider la 
Nature, non pour la suppléer, et c’est ainsi que se doit traduire le mot s^ 
profond d’Ambroise Paré, qui est plus et mieux qu’une boutade de désa¬ 
busé : « Je le pansay, Dieu le guarit » ! 

Or, il se trouve que les philtres « dont s’agit » — il en est autant que 
d’organes distillables, et je sais telle usine, fondée tout exprès en vue 
de cette fabrication fin de siècle, qui ne suffit plus aux commandes — il 
se trouve que les philtres magiques possèdent à un degré infiniment 
supérieur l’inestimable vertu d’hyperesthésier, en quelque sorte, l’orga¬ 
nisme, sans fatigue ni dépense de forces, mais en réveillant, au contraire, 
les puissances latentes ou assoupies, et d’en exalter toutes les fonctions 
jusqu’au paroxysme. Peut-être parce qu’elles procèdent de substances 
prises sur le vif, qui ont elles-mêmes vécu, et qui gardent encore dans 
leur composition moléculaire la sourde vibration delà vie, ces précieuses 
liqueurs sont comme de contagieuses semences de vie, comme les sels 
excitateurs par excellence de la pile cérébro-spinale, souverain régulateur 
de la machine humaine. 

Rien donc ne saurait être d’un plus grand secours pour la milice 
cellulaire dans le struggle for life contre les innombrables influences 
délétères éparses, quœrentes quem dévorent , dans l’espace et dans le 
temps. Elles ne suppriment ni la cancérose, ni la tuberculose, contre 
lesquelles l’acide phénique conserve tous ses droits, mais elles retardent 
et limitent leurs manifestations dévastatrices ; elles mettent l’organisme, 
rendu relativement invulnérable, en état de braver leur foisonnement 
pernicieux et sournois. Elles ne détruisent pas l’ennemi, mais elles le 
gênent et le paralysent en fortifiant la résistance. 

Comment? Pourquoi? En vertu de quel mécanisme et de quelle loi? 
Personne n’en sait rien — pas même, peut-être, M. Brown-Séquard. 
S’agit-il, comme le pense Filleau, d’une simple restitution des éléments 
organiques flambés par le fonctionnement de la vie — auquel cas s'expli¬ 
queraient aisément les effets spécifiques de chaque suc particulier dans 
les affections de l'organe d’où il est extrait, du suc d'os dans la phtisie 
(dont souffre surtout le tissu conjonctif), du suc de rein dans les affections 
néphrétiques, de la cérébrine dans la neurasthénie, etc. ? S’agit-il d’un 


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accroissement des combustions interstitielles, aboutissant à un nettoyage 
plus rapide et plus complet du for intérieur? N’y aurait-il pas sous roche 
quelque autre phénomène dynamique indéterminé? 

That is ihe question! Mais il n'importe guère, pourvu que, finalement, 
le but soit atteint. Et il semble bien que c’est chose faite. Il semble bien 
que la cachexie, c’est-à-dire la détresse physiologique à l’état aigu, 
l'aboutissant fatal et suprême de toutes les misères, déchéances et 
douleurs animales, a trouvé, dans la scabreuse eau de Jouvence dont 
notre gauloiserie frivole avait commencé par faire des gorges chaudes, son 
sulfate de quinine et sa Revalescière. (Emile Gautier. Figaro) 


SOMMAIRE 


Observation clinique, parle D r Criquelion, de Mons. 65 
Revue des journaux homæopathiques de France, par 

par le D r Schefens, de Gand. 67 

Remèdes cardiaques. — Traduction du D r Wuillot, 

de Bruxelles. 69 

Catarrhe chronique de l'oreille moyenne. — Tra¬ 
duction du D 1 ’ Chevalier, de Charleroi .... 71 

Traitement de la fièvre typhoïde. — Traduction du 

D r Cyr. Planquart, de Bruxelles. 74 

Péricardite aiguë avec épanchement, par le D r Jean 

Dewée, de Bruxelles. 83 

Variétés. 87 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


d9 e Année JUILLET 1892 N° 4 


LA MÉDECINE PALLIATIVE 

Les diurétiques et les sudorifiques 

par le D r Martiny 

Dans nos précédentes séances nous avons parlé des médi¬ 
caments calmants, des purgatifs, des astringents, etc. ; en 
dernier lieu nous avons traité de l’indication des évacuations 
sanguines ; nous nous occuperons aujourd’hui d’une série de 
moyens qui ont pour but de soustraire plus ou moins rapide¬ 
ment et pour ainsi dire mécaniquement de l’organisme malade 
les collections séreuses qui gênent les fonctions générales ou 
celles de certains organes en particulier. 

Gomme nous l’avons déjà dit à propos des purgatifs et 
même à propos des évacuations sanguines, il existe certains 
états pathologiques où la résistance vasculaire est complète¬ 
ment dépassée, les vaisseaux étant distendus outre mesure ; 
une action mécanique proprement dite doit alors intervenir 
pour que le peu de tonicité vasculaire qui persiste puisse ren¬ 
trer en jeu : dans de pareilles circonstances les moyens 
mécaniques, massage, compression, évacuations sanguines 
ou séreuses, les purgatifs,etc., peuvent utilement être employés 
pendant un temps relativement restreint, car il ne faut jamais 
perdre de vue que ces moyens affaiblissent toujours les 
malades et causent facilement des désordres graves. Dans 
la cirrhose du foie, par exemple, lorsqu’il existe déjà de 
l’ascite, une ponction abdominale, bien qu'elle affaiblisse le 
sujet, peut être utile pour permettre à nos remèdes hépati¬ 
ques d’agir plus facilement sur les fonctions du foie avant que 
le retour du liquide ait eu le temps de comprimer derechef 


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— 98 — 


les organes du ventre et en gêner la circulation. Il en est de 
même de certains œdèmes des membres inférieurs où des 
scarifications peuvent être faites avantageusement dans quel¬ 
ques circonstances ; les remèdes sudorifiques peuvent aussi 
avoir leurs indications pour activer les fonctions si impor¬ 
tantes de la peau ; dans certaines affections avec œdème et 
hydropisie il peut devenir urgent d’agir sur les fonctions des 
reins au moyen des diurétiques. Dans quelques maladies du 
cœur, par exemple, lorsque les œdèmes plus ou moins considé¬ 
rables se sont déjà formés, il peut être utile d’exciter momen¬ 
tanément et avec la plus grande circonspection l’organe 
central de la circulation au moyen de substances médica¬ 
menteuses que l’expérience a démontré avoir une action pri¬ 
mitive sur son énergie, telles que l’alcool, la digitale, la 
caféine, le convallaria maïalis, etc., etc. Il ne faut pourtant 
pas perdre de vue que ce n’est là qu’une action passagère, 
primitive, qu’il s’agit alors non pas d’une guérison réelle et 
durable, mais d’un simple coup de fouet qu’on donne à l’orga¬ 
nisme pour le tirer d’un mauvais pas; il ne faudrait pas répé¬ 
ter les doses trop souvent pour ne pas épuiser la vitalité de 
l’organe. 

Ce n’est donc qu’exceptionnellement, et dans des circon¬ 
stances fort rares, que le médecin homœopathe doit s’adresser 
aux évacuants mécaniques proprement dits ; nous ne devons 
pas perdre de vue qu’après leur emploi il survient toujours 
de la faiblesse et de la prostration. 

Ce ne sont en définitive que des palliatifs n’arrêtant 
que pour un temps relativement très court les progrès du 
mal et affaiblissant les malades. 

Souvent les diurétiques ont produit de bons résultats.Mais, 
hâtons-nous de le dire, dès que la déplétion mécanique est 
faite, il faut s’empresser de choisir des remèdes homœopa- 
thiques appropriés à l'ensemble des symptômes présentés par 


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le malade. Aussi nous n'avons pas pour règle fixe de mettre 
d’abord les diurétiques en œuvre chaque fois que nous nous 
trouvons en présence d’œdèmes plus ou moins marqués. Il 
nous est arrivé bien des fois de voir ces œdèmes diminuer et 
disparaître sous l’influence de médicaments infinitésimaux 
bien choisis : iodure d'arsenic, sulfur, apis mellifera , 
colocynthis , bryonia , apocinum canabinum , etc. Ce n’est 
donc qu’exceptionnellement que nous avons recours à cer¬ 
tains procédés usités dans l'ancienne école. Le choix des 
remèdes homœopathiques est parfois fort difficile, si pas 
impossible dans certaines circonstances, et parfois ils n’au¬ 
raient plus le temps de déployer leur action avant l'arrivée 
de symptômes menaçants. 

Dans de pareilles circonstances, les moyens mécaniques, 
le massage, la compression, les évacuations séreuses, les 
purgatifs, et même les évacuations sanguines, peuvent être 
utilement employées pendant un temps relativement restreint. 

Les diurétiques et les sudorifiques peuvent donc, à un 
moment donné, avoir leur indication momentanée lorsque 
nous ne trouvons pas immédiatement le remède ou les remè¬ 
des homœopathiquement indiqués : les évacuations qu’ils 
déterminent plus ou moins rapidement écartent des dangers 
immédiats, produisent une déplétion, fugitive souvent, mais 
suffisante pour permettre à nos médicaments d’agir plus 
facilement. 

Ce serait donc une erreur de rejeter dès maintenant les 
remèdes sudorifiques et diurétiques avant que les progrès 
de l’homœopathie nous aient suffisamment armés de manière 
à pouvoir être complètement assurés d’un heureux résultat. 
Dans l’immense majorité des cas nos remèdes bien appliqués 
suffiront, et au fur et à mesure que j’ai mieux connu notre 
matière médicale, j’ai dû avoir moins fréquemment recours 
aux moyens mécaniques et j’ai souvent réussi par nos remè- 


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- 100 — 


des là où les procédés évacuants de l’ancienne école avaient 
complètement échoué. 

Mais quels diurétiques et quels sudorifiques, dans ces rares 
circonstances, devons-nous choisir? 

Avant de répondre à cette question, permettez-moi de 
faire une petite digression : les médecins du xvni 6 et ceux 
du commencement du xix° siècle avaient fréquemment re¬ 
cours aux infusions et aux décoctions de plantes médicinales 
et surtout déplantés médicinales indigènes ; toutes les plantes, 
même parmi celles qui sont oubliées aujourd’hui,étaient scru¬ 
puleusement étudiées par eux et fréquemment employées 
avec de bons résultats, depuis l’avoine, le lierre ordinaire, 
le frêne, le lierre terrestre, la camomille, etc., etc. Aujour¬ 
d’hui, la plupart de ces plantes sont tombées dans l’oubli, en 
« désuétude », comme disent les professeurs de matière médi¬ 
cale ; elles ne sont plus guère usitées que par les bonnes 
femmes qui opèrent parfois avec leur aide de fort belles gué¬ 
risons ; nos médecins savants ont fait table rase de l’obser¬ 
vation et de la tradition médicale, et de toutes les plantes 
médicinales ils n’ont guère conservé que les plantes à action 
toxique : la belladone, l’aconit, la ciguë, la digitale, le col¬ 
chique, etc., et, allant plus loin, ils ont trouvé que telles 
quelles existent dans la nature, ces plantes n’étaient pas 
dignes d’être employées ; ils se sont adressés à la chimie 
qui, après avoir fait subir aux plantes des opérations plus ou 
moins compliquées à l’aide d’agents chimiques variés, en a 
extrait des alcaloïdes dont quelques-uns ont une action diffé¬ 
rente de celle de la plante elle-même et dont d’autres sont 
si toxiques qu’une erreur d’un centigramme, que dis-je, d’un 
milligramme,'peut être fatale pour les malheureux malades : 
il y a de tristes exemples de méprises à cet égard d’autant 
plus que souvent ces alcaloïdes sont donnés sous la forme 
apparemment inoflfensive de globules. 


a 


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— 101 — 


N’oublions pas que les alcaloïdes ne s’obstiennent guère 
qu’à la suite de manipulations avec des substances chimiques 
plus ou moins actives ; ils doivent en conserver des traces ; 
souvent même ces alcaloïdes sont combinés avec des acides 
chimiques qui jouent aussi un rôle; celles-ci peuvent subir, 
sous l’influence des acides de l’estomac, des décomposi¬ 
tions qui doivent modifier leur action : le sulfate de quinine, 
par exemple, ne peut-il pas se décomposer dans l’organisme 
et l’acide sulfurique puis le soufre être mis en liberté, à l’état 
naissant? Cet acide sulfurique ne pourrait-il expliquer cer¬ 
taines actions que l’on attribue habituellement à la quinine? 
Carie soufre est un grand polychreste à action puissante et 
profonde et certainement il doit ici jouer un rôle. 

Nos plantes médicinales indigènes, dont un grand nombre 
ont rendu tant de services, ont à peu près disparu de la 
matière médicale et elles ne se trouvent même plus dans 
les pharmacies : Teuphraise, le cassis,l’aigremoine, etc. etc., 
et quand on les trouve encore par hasard chez certains 
droguistes, elles sont avariées et mal conservées au point 
qu’elles ont perdu presque toute leur action, et pourtant toutes 
ou presque toutes ces plantes ont une histoire médicale fort 
curieuse à.connaître et à étudier et toutes ou presque toutes 
ont produit des cures remarquables sous forme d’infusion ou 
de décoction (1), mais la thérapeutique officielle ne les met 
plus en usage, c’est à peine si certains médecins prescrivent 
encore des tisanes, quand les malades en réclament, et quand 
ils le font, c’est en souriant et pour satisfaire, comme ils le 
disent, à un caprice innocent des malades. 

L’homœopathie en a conservé quelques-unes heureusement 
de ces plantes inusitées : la camomille, la pulsatille, la 
bryone, la douce-amère, le drosera,etc., et il est regrettable 

(X) Consulter l’ouvrage du D r Caziu à propos des Plantes médicales indi¬ 
gènes. 


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— 102 — 


qu’un grand nombre d’autoes encore ne soient pas plus sou¬ 
vent employées dans notre école, même sous la forme de 
tisane. Qu’est-ce en dernière analyse qu’une tisane, sinon 
une vraie préparation homœopathique à la 1 1G , 2 e ou 3°dilu- 
tion ? 

Les médecins du siècle dernier attribuaient une grande 
importances aux diurétiques, aux sudorifiques, tirés du règne 
végétal : la tradition médicale était sous ce rapport pleine de 
précieux renseignements et certaines tisanes sudorifiques ont 
sauvé bien des malades dans les mains de praticiens observa¬ 
teurs et instruits. 

Mais il n’est plus de mode aujourd’hui de rappeler les 
mérites des anciens cliniciens : les médecins savants de 
notre époque font fi de l’observation de leurs prédécesseurs : 
les progrès des sciences, la chimie, la physique, l’histoire 
naturelle de la physiologie viennent prêter leur aide à la 
médecine, c’est vrai, mais on oublie trop de notre temps que 
c’est l’observation qui fait le maître : ars medica tota in 
observationibus . Malheureusement, il faut bien le dire, la 
thérapeutique, qui devrait pouvoir utiliser ces découvertes, 
n’en profite guère : elle s’engoue avec une facilité regret¬ 
table pour telle ou telle théorie et base son action sur cette 
théorie, l’histoire de la médecine microbicide, par exem¬ 
ple, sera curieuse à lire dans quelques années. Les faits bien 
observés sont des faits, peu importe leur date : ils restent, 
tandis que les théories passent. C’est ce que rappelait der¬ 
nièrement à.ses élèves le professeur Charcot : quand on lit, 
disait-il en substance, la théorie des humeurs peccantes de 
Sydenham, on ne peut que sourire, mais quand on parcourt 
les histoires de ses malades on est saisi d’un sentiment d’ad¬ 
miration pour le grand clinicien. 

Il semble que depuis quelque temps on en revient un peu 
aux remèdes des anciens, aux remèdes simples préparés par 


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— 103 — 


la nature dans la trame des plantes. Notons en passant ce 
petit article que nous trouvons dans la France médicale : 

Dans le numéro du 24 septembre dernier du journal, vous passez en 
revue quelques nouveaux diurétiques végétaux et vous terminez l’article 
en citant le D r Mascarel qui s’est bien trouvé dans certaines hydropisies 
cardiaques de l’emploi de la verge d’or (solidago virga aurea). 

Je viens seulement vous prier de rectifier le mode d’emploi de ce 
remède dont vous parlez, mode d’emploi qui n’est pas celui que j’ai pré. 
conisé. En effet, vous dites : M. Mascarel avait employé la poudre mêlée 
à un jaune d’œuf. Ce n’est pas tout à fait cela. Je prends la tige, les 
feuilles et les fleurs à l’état sec, je fais broyer le tout comme on broie du 
café torréfié et je fais mélanger une grande cuillerée de cette poudre avec 
un œuf frais entier, le blanc et le jaune à la fois. Je commence par une 
cuillerée et tous les jours j’augmente d’une cuillerée, une de deux en deux 
heures jusqu’à sept et huit cuillerées dans les vingt-quatre heures, et 
toujours en mixture avec un œuf entier frais et cru, les malades prennent 
cela facilement et souvent ils boivent ensuite une tasse à thé de lait pur 
et frais. 

Dans une de mes observations, le malade, anasarquê au point qu’il ne 
pouvait se coucher que sur les genoux et sur les coudes, a pris ce remède 
tous les jours pendant six semaines et la diurèse à continué tous les 
jours jusqu’à disparition complète de l’enflure. Le malade est absolument 
guéri et cela depuis cinq mois sans aucun retour de l’œdème. 

Je pense que cette simple rectification suffira à ceux de nos confrères 
qui voudraient faire usage de cette plante qu’on trouve partout dans les 
jardins et dans les bois. (France médicale, 8 octobre 1889.) 

C’est surtout parmi les remèdes végétaux que nous trou¬ 
vons nos meilleures ressources quand nous cherchons un 
diurétique ou un sudorifique. — Mais ayons recours a la plante 
elle-même, à la plante telle que la nature nous la fournit et ne 
cherchons pas à trop employer son extrait ni son alcaloïde : 
Voyez, par exemple, la digitale ; a-t-on assez cherché à isoler 
et à préparer son alcaloïde? Il y a eu des digitalines de toutes 
les marques et de toutes provenances : la clinique n’a pas 
confirmé le succès de toutes ces préparations, et presque 


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— 104 

tous les praticiens aujourd’hui au prescrivent comme jadis 
l’infusion ou la macération des feuilles. 

Je voudrais vous citer un certain nombre de tisanes, d’in¬ 
fusions, de macérations, de vins diurétiques que j'emploie 
assez habituellement, il y en a beaucoup dont vous retrou¬ 
verez les formules dans les traités de thérapeutique du 
commencement de ce siècle; je vous conseille d’accorder la 
préférence à ces vieilles recettes qui ont fait leurs preuves, 
plutôt que de vous adresser aux digitalines plus ou moins 
recommandées et, notamment, à la diurétine que la chimie 
vient de fabriquer et dont l’histoire médicale et thérapeu¬ 
tique n’est pas encore faite. 

D r Martiny 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOBfflOPATHES DEMIES 

Président , Secrétaire , 

SCHEPENS Dr Cyr. PLANQUART 

Séance du h juillet 1892 

Le procès-verbal de la séance précédente donne lieu, de la 
part duD r Criquelion, de Mons, à la rectification suivante : 

D r Criquelion. —Le compte-rendu de la dernière séance me 
fait dire que je ne suis pas l’adversaire de la vaccine. Loin de 
là, je l'accepte complètement dans ses conséquences théori¬ 
ques et pratiques. L’isopathie n’a pas pour moi la même 
valeur et je ne lui accorde pas les mêmes sympathies. 

Dans les maladies virulentes et infectieuses, je distingue 
deux catégories : 1° celles que l’on ne contracte habituelle¬ 
ment qu’une fois; 2° celles que l'on peut contracter un nombre 
de fois indéterminé. Dans le premier cas, l’inoculation du 
virus ne vous prémunira contre une seconde atteinte que 
d'une manière très relative, car souvent vous n’aurez qu’une 
forme atténuée du mal et votre prédisposition définie ne sera 


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— 105 — 


qu incomplètement couverte. Daus le second cas, vous 
n’aurez obtenu aucune immunité, puisque vous pouvez con¬ 
tracter la maladie un nombre de fois in îéterminé. 

Quant aux vertus curatives de l'inoculation, je me refuse 
jusqu’à présent à les admettre. 

Le D r De Ridder, de Meirelbeke, fait en outre remarquer 
qu’il y a eu un intervalle de dix-sept ans entre les deux 
atteintes de variole subies par le malade dont il a parlé dans 
la réunion précédente. 

Ensuite, le procès-verbal de la dernière séance est adopté. 

M. le D r Gaudy s’excuse de ne pouvoir assister à la réunion. 

La parole est donnée au D 1 Lambreghts, fils, d’Anvers, qui 
fournit les renseignements suivants sur le : 


Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance 

d’Anvers 

J’ai le plaisir de vous annoncer que le succès du dispensaire 
homœopathique du bureau de bienfaisance d’Anvers s’accen¬ 
tue de jour en jour. Le nombre des malades pauvres qui ont 
recours au traitement homœopathique s’est accru considéra¬ 
blement pendant le 2° trimestre de cette année, comme vous 
pouvez en juger par le tableau suivant : 

Avril Mai Juin 


Nombre de consultations au dispensaire. . . 220 250 233 

Nombre de visites à domicile. 26 27 52 

Nombre de décès. 0 1 3 

Nombre de malades envoyés h l'hôpital . 2 3 1 


Les affections aiguës ont été beaucoup plus nombreuses que 
pendant le l or trimestre. J’ai eu à soigner, en effet, plusieurs 
cas de rougeole avec complications thoraciques, de scarla¬ 
tine, de fièvre typhoïde, de dysenterie, de pneumonie, de 
pleurésie, d’érysipèle, de rhumatisme articulaire, de bron- 


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— 106 — 

chite, de coqueluche, d’hémoptisie, d’entérite, de convulsion, 
d’adénite, de métrorrhagie, etc. 

Quant aux affections chroniques, celles des voies respira¬ 
toires ont été un peu moins fréquentes que pendant les trois 
premiers mois ; par contre il s'est présenté de nombreux cas 
de rhumatisme, de sciatique, de névralgie, d’entérite, de mé- 
trite, de dyspepsie, d’anémie, de chlorose, de varices, d’ul¬ 
cères variqueux, d’hystérie, d’endocardite, etc., etc. 

On voit par ce qui précède que le dispensaire homæopathique 
a déjà rendu de grands services à la classe pauvre d’Anvers, 
car pendant le premier semestre il y a eu 1000 consultations 
au dispensaire et 144 visites à domicile. 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

Le D r Çyr. Planquant, de Bruxelles, donne lecture d’un tra¬ 
vail sur le Traitement de la fièvre typhoïde (1). 

Ce trav.il soulève parmi l’Assemblée une discussion 
intéressante : divers membres préconisent encore certains 
autres médicaments, comme conium , chelidonium , etc., en 
insistant spécialement sur l’administration de phosph . acid., 
et, au début, de gelseminum, baptisia T. M., etc. On 
s’accorde à reconnaître que la fièvre typhoïde est une 
affection difficile à traiter et qu’elle exige de la part du prati¬ 
cien une grande sagacité qui doit être constamment maintenue 
en éveil. L’on soulève enfin la question de la valeur de carb. 
veget . dans la période ultime de cette maladie; la plupart des 
membres dénient à ce médicament toute l’importance que les 
traités semblent lui accorder. 

On passe ensuite au quatrième objet à l’ordre du jour : De 
Vemploi des remèdes externes et des palliatifs dans la 
thérapeutique homæopathique . 

Le D r Martiny, qui a déjà traité en partie cette question 

(1) Voir vol. courant p. 74. 


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— 107 — 


dans les séances précédentes, continue ce sujet en traitant 
des diurétiques et des sudorifiques (1). 

Cette lecture rencontre l’approbation unanime de l’Assem¬ 
blée, qui regrette l’abandon dans lequel sont plongées diffé¬ 
rentes tisanes si vantées autrefois et réellement utiles, comme 
la douce-amère contre l’hjdropisie et la toux, la violette 
contre la coqueluche, le genêt, l’aigremoine, le cassis, etc. 

Pour terminer, le D r Lambreghts, fils, signale quelques cas 
de cholérine à Anvers ; il retire de bons effets de veratr . alb . 
et de cupr . 

Enfin les D rs Martiny et Mersch présentent la candidature de 
M. le D r Huyvenaar, de Bruxelles, qui est admis au nombre des. 
membres de l’Association. 

La séance est levée à six heures. 


BEVUE DES JOURNAUX VOMPATHIQUES D'ABBBIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, cTAnvers 


Expérimentation de quelques médicaments 
homceopatiques sur Tlxomme sain 

Le D r Woodward,de Chicago,publie dans YRahnemannian 
Monthly , le rapport du Comité chargé d’expérimenter les 
médicaments homœopathiques sur l’homme sain. Ces expé¬ 
riences n’ont point pour but de composer la pathogénésie de 
ces remèdes, mais bien d’obtenir quelques renseignements sur 
la localisation de leur action primitive, sur l’ordre chronolo¬ 
gique dans lequel se développent les divers symptômes et 
enfin sur les effets différents que pourraient produire les 
remèdes lorsqu’on les administre chez des personnes de 
tempéraments opposés. 

(1) Voir ci-dessus p. 97. 


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— 108 — 


Le premier médicament soumis à l’expérimentation est 
Y ipéca. 

Les symptômes sont relatés d’après leur ordre d’appari¬ 
tion. 

Le D r Howard, tempérament sanguin, bonne santé, pouls 
72, prend 20 gouttes de teinture d 'ipéca dans de l’eau. 

Il ressent bientôt une douleur aiguë vers l'appendice 
xiphoïde du sternum avec sensation d'affaiblissement dans 
l’estomac, suivie d’une douleur vive à travers la poitrine, 
soulagée à l'inspiration et aggravée à l’expiration. 

Légère douleur de tête dans la région temporale. 

Envie d’uriner, nausée et céphalalgie croissante ; il se sent 
inquiet, frileux et agité ; il craint d’avoir pris une dose trop 
forte du médicament. 

Ces symptômes sont accompagnés de douleurs dans la 
région épigastrique et la poitrine, de nausées, d’éructations 
et de céphalalgie. La miction est plus fréquente pendant le 
jour. 

2° expérience . — Une semaine plus tard le D r Howard 
prend 10 gouttes du même remède. 

Aussitôt après : sécheresse dans le pharynx et douleurs 
légères dans l’estomac suivie d’éternuement. 

Transpiration des mains et de la face. 

Violente envie d’uriner, douleur dans la région sus-orbi- 
taire droite, picotement dans le rectum et sensation dans 
le nez comme s’il avait inhalé des vapeurs sulfureuses. 

Ensuite point de côté dans la région mammaire avec toux. 
Il urine plus souvent que d’habitude vers le soir. 

. Le lendemain, langue chargée et inappétence. 

Le D r Fritts, tempérament lymphatique, prend 10 gouttes 
de teinture à'ipéca. 

Salivation augmentée avec légères nausées et beaucoup de 
mucosités dans la gorge. 


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— 109 — 


Les nausées augmentent et s’accompagnent d’éternuements 
et d’un écoulement aqueux du nez. 

Une heure après, l’idée de manger lui donne des nausées; 
frissons en se promenant en plein air. 

2 e expérience. — Un peu plus tard, étant en bonne santé, il 
prend 20 gouttes du même remède : augmentation de la sali¬ 
vation et de la sécrétion muqueuse dans les narines, goût 
amer et nausées persistantes, puis selle liquide abon¬ 
dante. 

3 e expérience. — Deux semaines après, il prit de nouveau 
10 gouttes de teinture d 'ipéca: goût désagréable dans la 
bouche et salivation augmentée ; hoquet et nausées avec dou¬ 
leurs pressives dans les tempes. Eructations fréquentes, nau¬ 
sées et frissons. Les nausées sont plus prononcées par le fait 
de se courber ; elles reviennent par intervalles et semblent 
alterner avec les symptômes d’un refroidissement prononcé, 
accompagné d’éternuements et d’une sensation de plénitude 
dans la poitrine. Pendant la nuit violent besoin d’aller à la 
garde-robe avec ténesme ; vers le matin excitation sexuelle 
anormale. Le second jour miction plus fréquente avec sensa¬ 
tion de fatigue vers le soir. Il ne peut appliquer son esprit à 
l’étude; engourdissement et douleurs dans le bras gauche 
depuis l’épaule jusqu’aux doigts, oppression dans la poitrine. 
Pendant 3 jours il n’a pas pu manger. 

Le D 1 ’ Mansrifée, mulâtre, d’un tempérament nerveux, 
après avoir pris 10 gouttes de teinture &ipéca, eut des nau¬ 
sées et une sécheresse dans les narines, comme s’il avait 
pris froid. Plus tard il ressentit des douleurs à l’estomac et 
fut atteint d’une toux irritante avec sécheresse dans la gorge. 
Puis il éprouva une fatigue inexplicable, et un besoin plus 
fréquent d’uriner, avec augmentation de la quantité d’urine. 

W. Martin, d’un tempérament bilieux, pouls 65, santé 
excellente, prit 5 gouttes de teinture d Hpeca : sécheresse 


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- IIP — 


dans la bouche et la gorge avec légères nausées. Ralentis¬ 
sement du pouls jusqu’à 54 par minute. Céphalalgie dans la 
région frontale avec coliques dans le ventre. 

Pouls normal, douleurs dans les intestins augmentant, 
comme s’il allait se produire une dysenterie, avec frissons 
et douleurs dans les poignets. Envie d’uriner à des heures 
anormales. Ce dernier symptôme a été plus marqué dans 
l’après-midi et a paru causer un certain soulagement. 

Le D r Stearns, tempérament nerveux, pouls 80, bonne 
santé, prend 30 gouttes du même médicament : 

Nausées croissantes, avec gargouillements et pincements 
dans le ventre. Pouls 96, plein et dur avec face colorée et 
peau chaude et humide. Selle copieuse, précédée de coliques, 
suivies de douleurs erratiques dans le dos et les membres. 
Dans l’après-midi, il est tourmenté par de fréquents besoins 
d’uriner. 

Les nausées reviennent par intervalles, la langue est char¬ 
gée, le pouls normal, il se produit des symptômes de catarrhe 
du nez et de la gorge. 

Le D r Buskirk, tempérament bilieux, pouls 65, prend 5 
gouttes de teinture d ’ipéca : Aussitôt violentes nausées qu 
l'empêchent de manger, sensation de plénitude dans la région 
frontale comme s’il avait pris froid, céphalalgie sourde. Eruc¬ 
tations avec plénitude et distension de l’abdomen accompa¬ 
gnées de démangeaisons à la face. Dans l’après-midi, séche¬ 
resse du nez et photophobie. Bâillements fréquents avec 
accès de nausées et frissons comme dans la fièvre intermit¬ 
tente; immédiatement après, douleurs dans le dos et les 
épaules qui l’empêchent d’étudier. Yers 4 heures du soir, 
diurèse abondante qui soulage les douleurs. Plus tard il se 
sent très impatient et éprouve une répugnance pour la 
société. 

2° expérience. A la fin de la semaine, les symptômes 


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ayant disparu, il prend de nouveau 15 gouttes du médi¬ 
cament : nausées excessives et vomissements suivis de 
coliques flatulentes et d’éructations ; hoquet très violent. 
Céphalalgie frontale augmentant graduellement ; l’exercice 
physique produit des douleurs insupportables dans la tête ; 
les symptômes gastriques et abdominaux ne cessent que par 
une selle abondante. Avant la selle, dyspnée considérable 
surtout lorsqu’il se met en mouvement. Aucun symptôme du 
côté des reins. 

En passant en revue ces diverses expériences on observera 
qu’à chaque période les symptômes se sont déclarés dans un 
groupe d’organes ayant les mêmes fonctions physiologiques. 

Ainsi le premier symptôme éprouvé par les expérimen¬ 
tateurs a été : sensation de faiblesse à l’estomac, bouche 
sèche, salive augmentée,salive augmentée, salive augmentée, 
goût désagréable, nausée, bouche sèche, nausée, nausée, 
extrême nausée. 

Ce sont là des troubles des voies digestives. 

Le second symptôme a été: Douleurs dans la poitrine, 
éternuements, éternuements, écoulement aqueux du nez, 
éternuement, hoquet, sécheresse des narines, pouls lent, 
pouls accéléré, catarrhe dans la tête, hoquet. 

Ce sont des symptômes des organes de la respiration et de 
la circulation. 

Le 3° symptôme a été : céphalalgie, transpiration, frissons, 
prostration, céphalalgie, céphalalgie, céphalalgie, face colo¬ 
rée, céphalalgie sourde, céphalalgie ; symptômes de la peau 
et du sensorium. 

Le 4 e symptôme a été : envies d’uriner, envies d’uriner, 
urine chaude, aggravation par le mouvement, sensation de 
fatigue, douleurs dans les poignets, douleurs erratiques dans 
les membres, aggravation par l’exercice. 

La plupart de ces symptômes sont d’origine spinale. 


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Le 5 e symptôme a été : agitation, aggravation par l’exer¬ 
cice, urine chaude, aggravation par le fait de se courber, 
envie d’uriner, envie d’uriner, urine fréquente, urine profuse. 

A cette période, presque tous les symptômes proviennent 
des organes génitaux urinaires. 

Il y a donc, comme on le voit, une suite uniforme d’effets 
physiologiques très remarquable, les symptômes se produi¬ 
sant successivement dans le système digestif, respiratoire et 
circulatoire, cutané, spinal et génito-urinaire. 

Cet ordre chronologique est confirmé par les cas d’intoxi¬ 
cation dus à ce médicament, comme on en trouve des 
exemples dans l’Encyclopédie des pathogénésies médicamen¬ 
teuses. 

En pratique, on peut s’en servir comme guide dans le choix 
du médicament. Un autre point à considérer, c’est le degré 
de gravité des symptômes observés dans les divers organes 
sous l’influence du médicament. Dans les expériences qui 
précèdent, les symptômes de l’appareil digestif ont été plus 
prononcés que ceux des poumons et de la peau, et ceux-ci 
plus prononcés à leur tour que ceux du système spinal. Il en 
résulte que les indications d 'ipéca ne résident pas seulement 
dans les symptômes présentés parles divers appareils ni dans 
l’ordre suivant lesquels ils se développent, mais encore dans 
la prédominance et la gravité des effets que le médicament 
produit dans les divers organes. Les symptômes de l’appareil 
digestif sont les plus accentués ; puis viennent ceux de l’appa¬ 
reil respiratoire et circulatoire; en 3° lieu ceux de la peau, 
en 4° lieu ceux du système spinal, et enfin ceux de l’appareil 
urinaire. 

Yoici quelques cas à l’appui de ces propositions. 

Catarrhe gastrique . — Une vieille dame est atteinte 
subitement de nausées avec vomissement d’une grande quan¬ 
tité de mucosités. 


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Pendant les vomissements, elle soutirait beaucoup d’oppres¬ 
sion à la poitrine et de palpitations de cœur. 

Elle devint bientôt pâle et froide. 

Ges paroxysmes revinrent par intervalles pendant 5 jours, 
en augmentant de violence. Je prescrivis une dose d 'ipéca, 
200 e , après quoi elle s’endormit et fut entièrement débarras¬ 
sée de son indisposition. 

Choléra morbus .— Un monsieur fut pris de nausées après 
avoir mangé copieusement ; puis survinrent des vomissements 
abondants et des selles fréquentes accompagnés d’un pouls 
accéléré, de dyspnée et de refroidissement à la surface du 
corps. Ipéca 30° mit promptement fin à ces symptômes 
alarmants. 

Trachéite. — Un enfant qui avait été sujet antérieurement 
à de fréquentes attaques de diarrhée, fut atteint de catarrhe 
pendant la dentition; il présentait une toux sèche avec inspi¬ 
ration difficile ; l’expiration était plus facile et plus bruyante; 
de temps en temps il y avait un arrêt complet de la respira¬ 
tion et menace de suffocation. En même temps que ces sym¬ 
ptômes,il existait une tympanite excessive avec borborygmes, 
sueur froide et pâleur, agitation et besoins fréquents d’uriner 
avec urine peu abondante. Le pouls était rapide et faible. 
L "ipéca produisit un soulagement notable au bout d’une demi- 
heure. La guérison se fit promptement. 

Bronchite pendant la grossesse. — M me L. a toujours joui 
d’une excellente santé jusqu’au moment de sa grossesse. 
Mais depuis lors, elle a perdu l’appétit et se plaint de nausées 
et de vomissements qui surviennent tous les matins. 

Ges symptômes continuèrent pendant 4 semaines, lors¬ 
qu’elle fut prise d’un violent froid avec dyspnée et expecto¬ 
ration abondante. 

Les paroxysmes de toux se terminaient habituellement 
par des vomissements. Elle maigrissait à vue d’œil ; les urines 


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étaient peu abondantes et chargées d’acide urique. L 'ipéca, 
amena rapidement la guérison. 

Convulsions épileptiformes. — Un enfant de 4 ans avait 
des convulsions fréquentes avec perte de connaissance. 

La bouche était remplie d’un mucus grisâtre qui provo¬ 
quait des efforts de vomissement. La respiration était irrégu¬ 
lière, la toux violente avec râle trachéal. L’inspiration était 
courte et suivie d’une expiration prolongée. La peau, chaude 
et rouge. Incontinence d’urine. Sous l'influence d 'ipéca, 
l’état de l’enfant s’améliora aussitôt. 

Eémorrhagie après Vaccouchement. — Après l’accouche¬ 
ment, une femme se plaignait de nausées et de faiblesse à 
l’estomac; bientôt les yeux devinrent vitreux et la face pâlit. 
Le pouls faiblissait ; l’abdomen était distendu, et un jet de 
sang vermeil s’échappa de la vulve. Vipeca produisit l’arrêt 
instantané de l’hémorrhagie et la rétraction complète de 
l’utérus au bout de quelques minutes. 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers 


LE CROUP 

par le D r Martiny 

Nous lisons dans le Soir, du 28 juillet : 

Deux enfants venaient de mourir du croup, une petite fille était atteinte 
de la veille et la suffocation marchait à grands pas. 

Je me fis apporter aussitôt de la fleur de soufre ; j’en pris une cuillerée 
à bouche que je délayai dans un verre d’eau, en recommandant d’en faire 
prendre une cuillerée à bouche d’heure en heure après avoir agité le 
mélange. 

Le lendemain, l’enfant allait mieux. Nouvelle potion pour la journée. 
Le lendemain, l’enfant était guérie et n’avait plus qu une toux grasse. Je 
l’attribuai aux fausses membranes qui flottent dans la tranchée artère et 
que je recommandai aux parents de me garder si l’enfant les expectorait. 

Deux jours après, une forte quinte de toux les expulsa, et on m’en 
apporta trois morceaux déjà desséchés de la grosseur d’un haricot. 


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115 — 


Une cure ne suffisait pas pour avoir une opinion sur le nouveau 
remède. 

Six autres cas de croup bien caractérisés sont traités par la fleur de 
soufre; six guérisons. 

Une petite fille était mourante : aucun cri, pas le moindre son ne pou¬ 
vait sortir de son larynx ; les boutons de la diphtérie existaient sur ses 
oreilles, son cou, ses joues, sa tête ; sa respiration sifflante pouvait être 
entendue à vingt mètres. 

On fait prendre à la malade la potion soufrée, et, le lendemain,l’enfant, 
que j’avais regardée comme perdue,était res suscitée, la voix était revenue. 
La potion était continuée pendant ce jour, et le lendemain l’enfant était 
guérie. 

Nous pourrions nous-même ajouter un exemple d'une gué¬ 
rison pareille faite par la fleur de soufre , que nous avons 
constatée à notre grand étonnement, il y a environ 25 ans, 
lorsque nous ne pratiquions pas encore rhomœopathie. Nous 
ne nous expliquions pas alors cette action du soufre qui est 
insoluble dans l’eau; il n’en est plus de même aujourd’hui, 
depuis que nous connaissons toutes les guérisons du croup 
que l’on obtient avec notre foie de soufre : hepar sulfuris 
calcareum . 

Il va sans dire que tous les cas de croup ne sont pas justi¬ 
ciables du soufre ; un certain nombre de cas guériront avec 
spongia , bromum , cyanure de mercure , etc., etc., mais, 
dans presque tous les cas, hepar devra faire partie du trai¬ 
tement et être alterné avec un ou deux autres de ces médica¬ 
ments. D r Martiny 


» LE THERMOMÈTRE 

Indications utiles pour son emploi 

par le D r Nogué y Roc a 

L’aisselle est l’endroit de prédilection pour apprécier la 
température. Si l’on manque de pratique, il est bon de con- 


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trôler le résultat obtenu en prenant la température de la 
bouche. 

Si Ton place l’instrument dans l’aisselle, on Y applique au 
centre contre la peau, le bras étant ramené ensuite contre 
le corps ou croisé sur la poitrine. Une à deux minutes suffi¬ 
sent pour vous renseigner, mais il n’y a aucun inconvénient 
à maintenir plus longtemps le thermomètre en place. 

Quand la température dépasse 37° on peut supposer que le 
sujet est malade. 

Si la température se tient entre 38° 5 et 40° 5, c’est l’in¬ 
dice que la fièvre est plus ou moins grave suivant les cir¬ 
constances suivantes : 

Une température supérieure à 40° 5 indique du danger, au 
delà de 42° la mort prochaine. Il y a quelques exceptions, 
mais elles sont rares. 

Maintenant, voyons quelques faits : 

Une personne bien portante hier accuse le matin suivant 
une température de 40° : il est presque certain qu’elle est 
atteinte d’une fièvre éphémère, et que ce n’est pas la fièvre 
typhoïde. 

Un patient présente les symptômes de pneumonie et la 
température n’arrive jamais à 38° 8 : nous pouvons affirmer 
qu’il n’y a pas infiltration des poumons. 

Une haute température dans la rougeole ou la scarlatine, 
après disparition de l’éruption, doit faire craindre quelque 
complication. 

Lorsque, dans la fièvre typhoïde, la température du soir 
n’excède pas 39°8, il s’agit vraisemblablement d’une forme 
bénigne. 

D’autre part, si, vers la troisième semaine de cette affec¬ 
tionna température est à 40° le matin et à 41° dans la soirée, 
il y a péril. 

Une température de 40° et plus marque de la gravité. 


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Dans le rhumatisme aigu, la température de 40° est toujours 
alarmante et annonce quelque complication, comme une 
péricardite. 

L’ictère d’apparence bénin peut devenir pernicieux si la 
température augmente. 

Chez une femme en couches, l’augmentation de la chaleur 
annonce l’imminence d’une inflammation pelvienne. 

Dans la phtisie, l’augmentation de la température est 
l’indice d’une complication prochaine. 

Une température de 40° à 41° dans n’importe quelle mala¬ 
die, montre qu’elle suit sa marche en avant et que des 
complications peuvent éclater. 

Dans les fièvres continues, la chaleur est moindre le matin 
qu’au soir. 

La stabilité de la température depuis la matinée jusqu’à 
la soirée, est de bon augure; au contraire, la fixité de celle-ci 
du soir jusqu’au matin suivant signifie que le malade empire. 

La chute du thermomètre de la soirée au jour suivant 
indique un soulagement certain ; mais l'augmentation de la 
chaleur de la soirée jusqu’au matin est un symptôme d’aggra¬ 
vation. 

La convalescence ne commence pas tant que la tempéra¬ 
ture du corps ne revient pas à la normale et ne la conserve 
invariable durant vingt-quatre heures. 

Les mères feraient bien de se familiariser au maniement 
du thermomètre dont l’emploi les mettra à l’abri de fâcheuses 
surprises. (Revista homœopatica , de Barcelone.) 

Traduction du D r Wuillot, de Bruxelles 


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— 118 — 


LE CHOLÉRA 

C^mme complément à ce que nous avons publié en 1884 (1) 
à propos des mesures à prendre en cas d’épidémie cholé¬ 
rique, nous croyons bon de reproduire ci-après les instruc¬ 
tions que le Gouvernement vient de publier sur le choléra. 

Instructions sur le choléra 

Les instructions publiées en 1884 et relatives aux mesures à premlre 
en cas d’épidémie cholérique viennent d’être revisées, à la demande du 
Gouvernement, par le Conseil supérieur d’hygiène publique. 

Des modifications y ont été introduites, spécialement dans la partie 
qui se rapporte au choix des désinfectants et à leur mode d’emploi, de 
manière à la mettre au niveau des découvertes scientifiques. 

Ces instructions peuvent se classer en deux catégories. 

I 

Les premières, destinées, d’une part, à faire ressortir l’importance des 
devoirs qui incombent aux administrations en matière d’hygiène et, 
d’autre part, à éclairer le public sur les meilleurs moyens de se préserver 
des atteintes de l’épidémie, embrassent l’ensemble des mesures générales 
de salubrité publique à prendre ou à prescrire par l’autorité et des règles 
d’hygiène privée que chacun doit s’attacher à observer en temps de cho¬ 
léra. Elles recommandent ce qui suit : 

A. —Aux ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 

1° Faire entretenir la voie publique (et surtout les impasses et enclos 
y aboutissant), les marchés et les halles dans un état constant de pro¬ 
preté et de salubrité, en évitant avec le plus grand soin d’y laisser séjour¬ 
ner des matières organiques en décomposition et surtout des déjections 
humaines ou des eaux qui ont servi au lavage des appartements et des 
linges de malades. 

2° Curer, aux approches de l’épidémie, les ruisseaux des rues, ainsi 
que les petits cours d’eau et les fossés des chemins dans le voisinage des 
habitations ; y assurer un libre écoulement ; défendre d’y jeter les déjec¬ 
tions et les eaux de lavage dont il a été question ci-dessus. 

(1) Voir Revue homoeopathique belge , 1884, et Le Choléra et son traite¬ 
ment homoeopathique % parle D r Martin)’. 


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3° Veiller d’avance au curage et au bon état des égouts publics et de 
leurs coupe-air, entretenir dans les égouts un courant d’eau continu 
quand les circonstances le permettent ; enjoindre aux propriétaires et 
aux principaux occupants des habitations où existent des égouts particu¬ 
liers de prendre les mêmes précautions et, s’il s’y trouve des fosses d’ai¬ 
sance ou des puisards, de les curer soigneusement. 

4° Obliger les propriétaires de maisons à y établir des coupe-air hydrau¬ 
liques, à immersion de six centimètres au moins,pour empêcher les éma¬ 
nations des égouts publics et des fosses d’aisance de pénétrer dans les ha¬ 
bitations ; prendre les mesures nécessaires pour pouvoir s’assurer que ces 
coupe-air restent constamment pourvus d’eau dans les maisons inoccupées* 

5° Veiller au bon entretien des sources, des fontaines, des puits, des 
ruisseaux et des rivières qui fournissent de l’eau pour les usages domes¬ 
tiques ; empêcher surtout d’y laver du linge ou d’y verser des immon¬ 
dices et spécialement des déjections humaines ou des eaux de lavage. 

6° Veiller avec le plus grand soin à ce que les denrées alimentaires et 
les boissons exposées en vente soient de bonne qualité. 

7° Faire entretenir dans un état de propreté convenable les étables, les 
écuries et leurs abords, ainsi que les établissements industriels de toute 
nature qui peuvent nuire à la salubrité publique. 

8° Faire entretenir une aération large et constante dans les locaux où 
se tiennent des réunions nombreuses, tels que les églises, les écoles, les 
théâtres, les casernes, etc., etc., et, au besoin, les assainir, par des 
moyens efficaces. 

9°,Veiller à la salubrité des quartiers occupés par la classe ouvrière et 
h celle des maisons et des locaux où les ouvriers et les pauvres logent en 
chambrée ; prendre des mesures pour éviter l’encombrement, assainir les 
rues, ruelles, impasses, bataillons carrés, etc., et les habitations des 
quartiers où des épidémies ont sévi antérieurement ( 1 ). 

10° Veiller à l’assainissement des bateaux, voitures publiques, etc.; 
prescrire l’usage de voitures spèciales pour le transport des malades. 

11<> Faire entretenir dans un grand état de propreté et désinfecter fré¬ 
quemment, sous la surveillance des agents de l’autorité, les latrines des 
stations de chemins de fer, des écoles, des hôtels, cafés, estaminets et 
autres établissements publics. 

12° S’abstenir, pendant l’épidémie, de faire exécuter des travaux qui 

(l)Les meilleurs moyens d’assainissement sont la propreté, le renouvellement 
de l’air et la désinfection des locaux où la maladie s’est manifestée. 


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peuvent exercer une influence nuisible sur la salubrité publique, tels que 
le curage des canaux, la construction, la réparation ou le curage des 
égouts et généralement toutes les opérations qui nécessitent le remuement 
des terres. 

13° Interdire, pendant l’épidémie, les foires, kermesses, etc., qui don¬ 
nent lieu à des excès, — ainsi que les pèlerinages et les processions, qui 
peuvent alarmer la population. 

14° Exercer une surveillance attentive sur les personnes qui arrivent 
d’une localité infectée ou suspecte. 

B . — AU PUBLIC EN GÉNÉRAL 

1° Entretenir son logement et surtout les chambres de malades dans le 
plus grand état de propreté. 

2° Aérer les appartements ; éviter de coucher en trop grand nombre 
dans la même chambre (1). 

Maintenir les chambres à coucher exemptes d’humidité, aussi complète¬ 
ment que 1e- permettent les soins de propreté et de désinfection. 

Enlever des chambres destinées aux malades les objets inutiles, sur¬ 
tout les rideaux, tentures et tapis. 

3° Curer les fosses d'aisance et les puisards avant l'apparition du cho¬ 
léra, de façon que cette opération puisse être évitée durant l’épidémie. 

4° Veiller soigneusement à la propreté de sa personne et de ses vête¬ 
ments ; se garantir le corps, principalement le ventre et les pieds, contre 
le froid et l’humidité. 

5° Les personnes qui vivent d’une manière saine et régulière ne doivent 
rien changer à leurs habitudes : le régime doit être modéré ; il faut en 
exclure les aliments indigestes, irritants ou relâchants, les fruits non 
mûrs et les crudités en générai. 

L’eau alimentaire doit être attentivement surveillée. Toutes les eaux de 
puits dans les agglomérations où règne la maladie peuvent être considé¬ 
rées comme suspectes ; on ne les consommera donc qu’après les avoir 
soumises à l’ébullition. 

Se méfier des eaux gazeuses artificielles (siphons), qui peuvent avoir 
été préparées avec des eaux contaminées, — et aussi des eaux seulement 
filtrées, l’action des filtres étant de très courte durée et exigeant de grands 
soins d’entretien. 

(I) Il est désirable que chaque personne dispose de 14 mètres cubes d’air au 
moins. 


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Pour remplacer l’eau, on peut employer avantageusement l’infusion de 
thé, de houblon, de café. 

6° S’abstenir de boissons froides quand on est en transpiration ; 
s’abstenir également de prendre de la glace ; ne pas boire des bières ou 
des vins altérés ni trop jeunes ; éviter soigneusement les excès alcooli¬ 
ques. 

7° Faire subir une cuisson complète à tous les aliments, avant d’en faire 
usage ; exiger tout particulièrement que le lait ne soit pas consommé sans 
avoir été bouilli. 

8° Mettre les matières alimentaires, lait, pain, soupe, etc., à l’abri du 
contact des mouches et avoir soin, avant d’en faire usage, de réchauffer 
les aliments qui peuvent subir cette opération. 

9° Eviter toutes les causes d’épuisement, les émotions morales, les 
fatigues trop grandes du corps et de l’esprit et les veilles trop prolongées. 

10° Ne négliger aucune indisposition, même légère ; soigner notamment 
tous troubles digestifs ; se mettre immédiatement au lit, en attendant 
l’arrivée du médecin. 

S’abstenir de tous les spécifiques vantés et annoncés comme anticholé¬ 
riques, le moindre inconvénient de ces soi-disant remèdes étant d’inspirer 
une fausse sécurité et d’empêcher de recourir à des soins réellement utiles. 

11° 11 importe de ne pas s’effrayer du choléra, quand on a pris les soins 
qui viennent d’être indiqués, la peur étant une cause prédisposant à la 
maladie. Le déplacement vers des localités non infectées est à déconseil¬ 
ler. Il est imprudent, d’autre part, de recevoir chez soi des personnes 
venant d’endroits contaminés. 

12° Les personnes préposées au service des malades doivent observer les 
recommandations suivantes : ne pas manger ni boire dans la chambre du 
malade ; — ne pas se servir des vases et ustensiles à l’usage du malade, 
avant que ces objets aient été lavés à l’eau bouillante ; — se vêtir d’une 
longue blouse ou d’un vêtement semblable ; — se laver fréquemment les 
mains avec du savon et de l’eau phéniquée ; — recevoir les matières 
vomies et les déjections dans des vases contenant une substance désin¬ 
fectante, les transporter immédiatement hors de l’appartement et les faire 
disparaître par les moyens qui sont indiqués dans l’Instruction pratique 
sur les procédés de désinfection ; — transporter de même, sans délai, en 
les enveloppant dans un linge imbibé d’une solution désinfectante,les vête¬ 
ments et les linges qui ont servi aux malades,surtout quand ils sont souil- 


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lés; les brûler ou tout au moins les désinfecter et les laver soigneuse¬ 
ment. 

Les matières vomies et les déjections provenant des personnes atteintes 
de diarrhée pouvant être des moyens de propagation du choléra, il im¬ 
porte de les traiter comme les matières provenant de cholériques, 

II 

Les instructions de la seconde catégorie ont plus spécialement pour 
objet d’assurer partout la bonne organisation de l’assistance publique et 
du service médical. Elles signalent aux autorités les mesures suivantes : 

A. — A Vapproche de Vépidémie 

1° Faire dresser un état nominatif des personnes qui seraient obligées 
de réclamer les secours publics pour cause de maladie. 

2° S’entendre avec les bureaux de bienfaisance pour augmenter le 
nombre des médecins des pauvres et pour améliorer le plus possible les 
conditions hygiéniques des familles indigentes, en faisant blanchir leurs 
habitations à la chaux et en leur procurant des vêtements, des objets de 
couchage et une nourriture convenable. 

3° Prier Jes comités de patronage, les collèges médicaux locaux et les 
membres correspondants delà commission médicale provinciale pour le 
ressort, de signaler immédiatement les causes d’insalubrité qu’ils auraient 
constatées au cours de leurs visites,.spécialement dans les maisons habi¬ 
tées par lès ouvriers et par les indigents. 

4° Créer dans toutes les communes et dans chaque section ou quartier 
des villes populeuses, des comités chargés de rechercher les causes d’in¬ 
salubrité publique ou privée, de les signaler aux habitants, d’indiquer à 
ceux-ci les moyens propres à y remédier et de les engager à seconder 
l’administration dans les mesures préventives qu’elle recommande ou 
prescrit. 

5° Prendre les dispositions nécessaires pour la création et la bonne 
organisation de locaux destinés à isoler les personnes atteintes de l’épidé¬ 
mie. 

6° Organiser un personnel de désinfecteurs, au courant de tous les 
détails de la pratique de la désinfection. — Installer, dans les conditions 
requises, des stations de désinfection, munies de l’outillage nécessaire 
pour opérer sur place ou à domicile. 


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— 123 — 

B. — Fendant Vépidémie 

7° Etablir, dans les quartiers habités par la population ouvrière, des 
bureaux de secours fonctionnant la nuit comme le jour et destinés à pro¬ 
curer des soins immédiats à toutes les personnes qui viendraient les 
réclamer; composer ces postes médicaux d’un nombre de médecins, d’infir¬ 
miers et de porteurs suffisant pour que le service ne soit jamais en 
souffrance, les munir de tous les objets nécessaires pour donner les 
premiers secours aux malades et pour faire transporter ceux-ci à l’hôpital. 

8° Obliger les propriétaires et principaux occupants à déclarer sans 
retard, à l’autorité communale, les cas d’épidémie qui se manifesteraient 
dans leurs habitations; inviter les médecins (1) à donner le même avis à 
cette autorité, ainsi qu’à la Commission médicale et au Comité de salu¬ 
brité en ce qui concerne les malades auprès desquels ils ont été appelés (2). 

9° Procéder immédiatement à la désinfection et à l’assainissement des 
locaux qui auraient été occupés par des cholériques. 

Quand des logements sont infectés au point que ces mesures ne puissent 
être appliquées d’une manière complète, les faire évacuer d’autorité; pré¬ 
parer pour ce cas et les cas analogues des maisons d’attente où des 
familles nécessiteuses puissent être logées et nourries pendant quelque 
temps. 

10° Tenir à la disposition du public et surtout des classes ouvrières les 
désinfectants dont il est question à l’Instruction pratique ci-après. 

11° Choisir des locaux isolés et autant que possible en dehors de 
l’agglomération, où les corps des personnes qui auront succombé à la 
maladie puissent être transportés immédiatement, avec les mêmes pré¬ 
cautions que s’il s’agissait de malades. Les cadavres seront traités de la 
manière indiquée au n° IV, 2, de l’Instruction pratique sur les procédés 
de désinfection. Le transport au cimetière n’aura généralement lieu que 

O Les médecins, qu’ils soient ou non correspondants de la Commission 
médicale provinciale, sont instamment priés, dès qu’ils croiront avoir constaté 
un cas de choléra dans une localité, d’en donner connaissance directement et 
par télégramme à M. le Ministre de l’Agriculture, de l’Industrie et des Tra¬ 
vaux publics et au président de la Commission médicale provinciale. Ces télé¬ 
grammes sont acceptés pas les bureaux télégraphiques sans payement préalable 
de la taxe et comme dépêches d’Etat. 

La même recommandation est faite aux administrations communales, qui 
devront, en outre, prévenir le Gouverneur de la province. 

( 2 ) Il sera utile de tenir un état des malades, relatant les noms et prénoms, 
le sexe, l’âge, la profession, la demeure de chacun d’eux et, autant que passi¬ 
ble, leur genre de vie habituel et l’état de leur santé au moment où la 
maladie s’est déclarée. 


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— 124’ — 


de grand matin ou tard dans la soirée; on évitera toutes cérémonies funè¬ 
bres, le corps présent. 

12° Prescrire aux fonctionnaires de la police de tenir un régistre de 
toutes les circonstances qui peuvent intéresser la santé et la salubrité 
publiques et d’en communiquer journellement un extrait à l’autorité com¬ 
munale. 

Instruction pratique sur les procédés 
de désinfection 


NOTE PRELIMINAIRE 

Aux approches de l’épidémie de choléra, il est recommandé au x 
administrations de faire un premier approvisionnement des matières 
suivantes : 

I. — Acide phénique cristallisé ; — Sulfate de cuivre (vulgaire¬ 
ment couperose bleue) ; — Chaux vive — et Soufre en fleurs. 

II. — Le sublimé, en solution au millième, additionnée de 5 grammes 
d’acide chlorhydrique par litre et colorée avec de l'éosine ou toute autre 
matière colorante hxe, constitue un désinfectant de la plus grande effica¬ 
cité, mais dont l’emploi doit être surveillé, à raison du danger d’empoi¬ 
sonnement auquel il expose. 

Il importe de remarquer, toutefois, que son action toxique est plus 
faible que celle de la solution phéniquée forte B. 

III. — La créoline anglaise ( crêsyl ou crèsylol) peut remplacer les 
solutions phèniquées aux mêmes doses, sans présenter les mêmes incon¬ 
vénients. 

Les substances désinfectantes indiquées au n° I ci-dessus, servent à 
préparer : 

1. A. Eau phéniquée faible; verser 20 grammes d’acide pur dans un 
litre d’eau, ou une dizaine de cuillerées à soupe dans un seau d’eau 
ordinaire de 10 litres. Solution à 2 p. c. 

B. Eau phéniquée forte; verser 50 grammes d’acide dans un litre 
d’eau, ou une trentaine de cuillerées à soupe dans un seau d’eau. Solution 
à 5 p. c. 

2. Solution de sulfate de cuivre également à 5 p. c.; dissoudre 
50 grammes de sulfate dans un litre d'eau. Eviter de conserver la solu¬ 
tion dans des seaux ou des récipients métalliques. 

3. Lait de chaux ; se prépare avec de la chaux vive, grasse, concassée, 


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— 125 — 


qu'on arrose lentement d'environ la moitié de son poids d'eau (pour 
1 kilogramme de chaux, environ un demi-litre d'eau). Quand la chaux 
est tombée en poussière, on y mêlera de nouveau son poids d'eau. 

On recueille la chaux délitée, on pulvérise et on conserve dans des 
bouteilles soigneusement bouchées. Le lait se prépare à mesure des 
besoins en délayant la poudre dans de l'eau, à la dose d’un demi-kilogr. 
de poudre pour un litre d’eau. Solution à 20 p. c. 

PROCEDES DE DÉSINFECTION 


I. — Désinfection des déjections 
(Matières vomies, selles.) 

1. Les déjections seront reçues dans des vases où l'on aura mis d’avance 
un à deux grands verres de lait de chaux fraîchement préparée. 

L'acide phènique, le sulfate de cuivre (1), conviennent également pour 
cette désinfection. 

2. Les mélanges ainsi obtenus seront bien agités, les matières étant 
maintenues en contact un certain temps avec la substance désinfectante, 
avant d’être jetés dans les latrines. 

3. Pour désinfecter les matières contenues dans les fosses d'aisances où 
des déjections de cholériques non traitées au lait de chaux, etc., auraient 
été jetées, on peut recourir au procédé suivant ; verser dans la fosse du 
lait de chaux à 20 p. c. et brasser le mélange avec une perche de bois. 
La quantité de lait de chaux à employer équivaut à environ 4 kilogrammes 
de chaux vive par mètre cube, soit 20 à 25 litres de lait de chaux. 

On peut recommander aussi, pour cette désinfection, la solution de 
sublimé. 

4. La désodorisation du contenu des latrines est utile et sera obtenue 
facilement en y projetant quelques seaux de solution créolinée. Le sulfate 
de fer, en solution (1 kilogramme par seau d’eau) peut être employé dans 
le même but. 

5. On doit veiller sévèrement à ce qu'on ne jette pas des déjections non 
désinfectées sur la voie publique, dans les rigoles, les égouts ou les 
latrines. 

6. En l’absence d’égouts ou de fosses, les déjections, préalablement 

(1) Les solutions de sublimé et de créoline sont à recommander dans le 
même cas. 


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— 126 — 


désinfectées, seront enfouies à la plus grande distance possible des 
citernes et des puits. 

II. — Désinfection des literies et du linge de corps 

AYANT SERVI AUX MALADES 

1. Les chemises, draps de lit, essuie-mains, mouchoirs, etc., souillés 
par des matières vomies ou des selles, — de même que tous les linges, 
vêtements, etc., qui pourraient avoir été en contact avec le malade — 
devront être immédiatement plongés soit dans la solution phéniquée 
forte i?, soit dans la solution de sulfate de cuivre (1), où ils resteront au 
moins 12 heures. Ils pourront ensuite être lessivés comme d'habitude (2). 

2. On peut se contenter, au besoin, de faire bouillir ces objets, au moins 
pendant une demi-heure, dans une lessive de soude ou de potasse ou 
encore dans une forte savonnée. 

3. Tous les objets sans valeur, literies, paillasses, vêtements usés, etc., 
seront de préférence détruits par le feu. 

III. — Désinfection des matelas, oreillers, couvertures, etc., 

EN LAINE, CRIN, ETC., ET DES EFFETS D'HABILLEMENT 

1. Les objets ci-dessus seront désinfectés jiar la vapeur d’eau dans une 
étuve bien conditionnée. 

2. A défaut de cet appareil, on devra se contenter d'une fumigation 
au soufre, dnnt les effets sont bien moins certains. 

Mode d'emploi . — Toutes les issues seront fermées et obturées hermé¬ 
tiquement. Le soufre est déposé, à la dose de 40 grammes par mètre cube 
d’espace à désinfecter, dans une casserole en fer placée sur un tas de sable 
ou sur des briques, ou au-dessus d'un seau ou d’une cuvette contenant 
de l’eau. 

La chambre restera close pendant au moins 24 heures. 

Préalablement à la fumigation, on évaporera de l’eau dans la place, 
de manière à saturer l’atmosphère. 

(1) Voir la note, page 125. 

(2) Il y a lieu d’appeler tout spécialement l’attention sur le danger de laver 
des hardes ou des linges souillés par des déjections cholériques, sans s’assurer 
au préalable que ces objets ont été désinfectés. 

Cet avis s’adresse aux ménagères, aux marchands de chiffons et aux blanchis¬ 
seuses de linge. 

En aucun cas, ces objets ne pourront être donnés ni vendus, avant d’avoir 
été désinfectés. 


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— 127 - 


3. Les vêtements souillés par des matières cholériques seront plongés 
pendant une heure, soit dans la solution phéniquée forte i?, soit dans la 
solution de sulfate de cuivre (1). 

IV. — Désinfection des personnes. 

1. Des lavages répétés avec la solution phéniquée faible A ou la solution 
de sulfate de cuivre (l) sont nécessaires dans le but de désinfecter les 
malades. 

Les linges, éponges, etc., employés à cet usage seront ensuite plongés 
pendant deux heures dans la solution phéniquée forte B ou dans une des 
autres solutions indiquées ci-dessus (1). 

On préviendra la souillure du lit en plaçant sous le malade un tissu ou 
un papier imperméable. 

2. Les corps, après la mort, n’ont pas besoin d’être désinfectés. On 
s’abstiendra prudemment de faire la toilette du mort et on se contentera 
de l’ensevelir dans un drap imprégné d’une des solutions désinfectantes 
fortes. Les cercueils seront bien joints, bien clos et garnis d’une poudre 
absorbante (sciure de bois, poussière de charbon, tourbe, etc.). 

3. Les personnes qui soignent les malades et toutes celles qui auraient 
pu s’infecter à leur contact, doivent se désinfecter souvent les mains, la 
figure, la barbe, etc., avec la solution phéniquée faible A , ou avec une 
des autres solutions indiquées (1). 

Cette précaution est de rigueur après chaque contact avec des déjec¬ 
tions, après la toilette des malades, avant les repas, etc. 

V. — Désinfection de la chambre du malade 

1. Outre l’aération de la chambre, qui doit être faite plusieurs fois par 
jour et des soins de propreté constante qui doivent être prodigués au 
malade — il convient d’éloigner les matières contagionnantes et les 
objets souillés — et aussi de laver fréquemment les planchers, les 
murailles, le bois de lit, etc., avec une des solutions désinfectantes 
indiquées ci-dessus. 

Les souillures sur le plancher, le pavement, le tapis de lit seront 
immédiatement désinfectées avec les mêmes solutions. 

2. Quand une chambre où a séjourné un malade aura été évacuée, on 

(1) Voir la note, page 125. 


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— 128 — 

évitera le danger de contagion qui résulterait de la présence de matières 
infectantes adhérentes aux murailles, perdues dans les interstices du 
plancher, etc., par l’emploi des moyens suivants : 

a) Fumigations sulfureuses, comme il est dit au § III, no 2 ; 

b) Badigeonnage, si possible, au lait de chaux des plafonds et des 
parois ; 

c) Lavage des planchers et, s’il se peut, des parois avec les solutions 
désinfectantes. 


NÉCROLOGIE 

Le docteur Julien GONZALEZ, le doyen des homœopathes de Mexico, 
l'introducteur et le propagateur de la doctrine de Hahnemann au Mexique, 
vient de mourir dans la capitale. C’était un savant et un philantrope 
qui laisse un vide difficile à combler. Il fonda l’institut homœopathique 
de Mexico et le journal la Réforme médicale qui en est l’organe ; comme 
œuvre de propagande il fit paraître un livre justement apprécié qui eut 
l’honneur de trois éditions : Traité pratique de Vhomœopathie et Guide 
des familles. 

Nous déplorons la perte de cet homme de bien et nous adressons à nos 
collègues de la grande république, l’expression de nos vifs regrets. 

Le docteur J. Gonzalez naquit à Estraniana (Vieille-Castille) et s’étei¬ 
gnit le 15 juin dernier. 


SOMMAIRE 


La médecine palliative, par le D r Martiny .... 
Association centrale des homœopathes belges .—Séance 

du 5 juillet 1892 . 

Dispensaire homœopathique du bureau de bienfaisance 
d'Anvers, par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers . 
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 

le D r Lambreghts, fils, d'Anvers. 

Le croup, par le D r Martiny. 

Le thermomètre. — Traduction du D r Wuillot, de 

Bruxelles. 

Le choléra. 

Nécrologie. 


97 

104 

105 

107 

114 

115 
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REVUE HONIŒOPATHIQUE BELGE 


19 e Année AOUT 1892 N° 5 


SUR L’INCONTINENCE NOCTURNE DES URINES 

par le D r H. Goullon 

Quelques réflexions 

par le D r Martiny 

La Deutsche Médicinal Zeitung , n° 83, donne une 
théorie particulière au sujet du développement et de la 
cause de cette infirmité, parfois si rebelle ; nous allons 
en rapporter deux exemples en les faisant suivre de quel¬ 
ques réflexions. 

Déjà, en 1884, Major avait attiré l’attention des méde¬ 
cins sur la fréquence de l’incontinence nocturne des 
urines chez les enfants, dont les voies nasales n’étant 
pas libres, étaient forcés de respirer par la bouche; peu 
de temps après, le fait fut confirmé par les observations 
de Ziem et de Blach ; Major et Ziem pensaient qu’il y 
avait dans cette occurrence un certain degré d’intoxica¬ 
tion du sang par l’acide carbonique : l’air étant inspiré 
directement par la bouche pénètre froid encore dans les 
poumons et causerait ainsi à la longue une respiration 
incomplète et superficielle. 

Voici l’historique des deux cas traités par le D 1 ' Goullon : 

Une jeune fille de 19 ans était atteinte d’incontinence 
d’urine depuis son enfance et elle souffrait en même 
temps d’une obstruction des fosses nasales et de coryza 
chronique. 

Outre la faiblesse générale et un peu de lymphatisme, 
il y avait obstruction complète des voies nasales par une 
végétation adénoïde très développée. Comme l’auteur 


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- 130 — 


était au courant des idées de Major au sujet de la ques¬ 
tion, il n’hésita pas à débarrasser les voies nasales de 
l’obstacle qui les encombrait, et la jeune fille put respirer 
librement par le nez, la bouche restant fermée. L’incon¬ 
tinence d’urine cessa immédiatement; elle ne reparut 
plus que la 23 e et la 77 e nuit après l’opération et cela à 
la suite d’un léger écart de régime. Trois ans après, le 
D 1 ' Goullon revit la jeune fille; elle était complètement 
guérie. 

Le 2® cas concerne une petite fille de 3 ans, chez qui se 
développèrent très rapidement des végétations adénoïdes 
des narines : le sommeil devint agité avec respiration 
buccale et ronflements, un certain degré de catarrhe de 
l’oreille moyenne : en même temps survint une inconti¬ 
nence d’urine chaque nuit; or précédemment l’enfant ne 
mouillait pas sa couchette. Dès que les végétations 
nasales eurent été enlevées, l’incontinence d’urine cessa ; 
elle reparut pourtant six semaines après,pendant un fort 
rhume de cerveau ; l’enfant a maintenant 7 ans et la mère 
a parfaitement observé que l’incontinence ne se présente 
plus que lorsque l’enfant s’enrhume et est obligée de 
respirer par la bouche. 

De tout ce qui précède il résulte que, dans certains 
cas, l’incontinence d’urine nocturne peut être la consé¬ 
quence de l’obstruction du nez ; pourtant un grand 
nombre d’enfants ayant les voies nasales encombrées, 
n’urinent pas au lit ; un autre facteur doit donc interve¬ 
nir, peut-être un certain degré de faiblesse du sphincter 
de la vessie, et, pour expliquer ceci, pas n’est besoin, à 
notre avis, de l’attribuer à une intoxication par l’acide 
carbonique, les enfants qui sont forcés de dormir la 
bouche ouverte ayant en général un sommeil agité, du 
malaise et des rêves pénibles et angoissants. 

Quoi qu’il en soit, il est prudent chez tous les enfants 


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— 131 — 


qui se mouillent la nuit d’examiner si les voies nasales 
sont ou resserrées ou obstruées et obvier d’abord à cet 
inconvénient. 

A cet égard, il y a pourtant bien des restrictions à 
faire : la faiblesse du sphincter de la vessie joue évidem¬ 
ment un rôle primordial ; tout au plus pourrait-on dire 
que, lorsque ce sphincter est la pars minoris resistanciœ, 
la gêne de la respiration nasale peut produire l’inconti¬ 
nence d'urine d’après la théorie formulée précédem¬ 
ment; pourtant où est la preuve que l’intoxication par 
l’acide carbonique aurait une influence si exclusive sur le 
sphincter vésical sans atteindre les autres organes du 
corps ? 

Et comment une pareille explication concorderait-elle 
avec nos succès dans cette infirmité : cina, pulsatilla, 
plantago major, ferrum phosphoricum, magnesia et 
kali phosph. lutteraient-ils si avantageusement contre 
cette faiblesse du sphincter, si la cause première en est 
si distante, et pourtant ces remèdes n’ont que peu, sinon 
pas du tout d’action sur les végétations de la muqueuse 
nasale. L’influence toute particulière de cina contre l’in¬ 
continence d’urine ne plaide-t-elle pas en faveur du rôle 
que les vers jouent dans ce processus pathologique, avec 
beaucoup plus d’apparence de réalité que la théorie de 
Major, qui pourtant, personne ne le contredit, ne manque 
pas d’un certain intérêt. 

Aussi nous, homœopathes, nous devons dorénavant, 
lorsque les cas d’incontinence d’urine seront plus ou 
moins rebelles, nous assurer minutieusement de l’état du 
nez et de la cavité buccale; mais il y a probablement 
des causes très différentes les unes des autres qui amè¬ 
nent l’infirmité qui nous occupe : cela résulte, du reste, 
de la variété des médicaments que nous venons de citer 
et de la différence de leur sphère d’action ; pourtant 


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nous pourrions encore en augmenter la liste : Equisetum , 
par exemple, est très recommandé par de bons prati¬ 
ciens; d’un autre côté, ne perdons pas de vue que ces 
petits enfants sont souvent atteints de catarrhes rebel¬ 
les des premières voies et que d’autres ont des tares stru- 
meuses. 

Pour finir, le D r Goullon cite deux cas guéris, le 
premier par calcarea carb., et le deuxième par cina, 
et il pense que les cas justiciables de cina forment 
majorité. 

Certainement on guérit au moyen de cina un grand 
nombre de petits malades, mais nous avons eu de nom¬ 
breux succès au moyen de bellad. et surtout de nux 
vomica; ce dernier remède, on ne doit pas le perdre de 
vue, a une action toute spéciale sur la région du bas- 
ventre : il paraît tout spécialement indiqué chez les 
enfants dont les selles ne sont pas faciles ou chez ceux 
qui ont été affectés de chute plus ou moins prononcée de 
la muqueuse rectale. 

Nous sommes donc de l’avis de notre savant confrère 
Goullon : s’il existe des exemples où l’incontinence de 
l’urine semble pouvoir être la conséquence d’un certain 
embarras des voies respiratoires nasales, l’immense ma- 
jorté des cas doit être attribuée à d’autres motifs. 

Un mot maintenant au sujet des obstructions nasales 
par les corps adénoïdes, les excroissances, le boursoufle¬ 
ment de la muqueuse naso-pharyngée et le rétrécissement 
congénital ou accidentel des voies nasales : il est aujour¬ 
d’hui de mode, dès qu’un enfant est un peu enchifrené, 
de le soumettre immédiatement à l’examen du spécia¬ 
liste, et fort rarement celui-ci ne trouve pas quelque 
chose à enlever, à cautériser ou à élargir dans cette 
région ; rarement il trouve que le petit amas adénoïde 


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qui existe chez l’homme, surtout dans l’enfance, n’est 
pas développé à l’excès et il s’empresse, trop facilement 
à notre avis, de le faire disparaître ; ces amas de tissu 
adénoïde doivent avoir leur raison d’être, et qui sait s’ils 
n’ont pas une fonction à remplir dans l’organisme ? En 
tout cas, est-il toujours prudent, pour remédier à une 
petite gêne, de lacérer, cautériser et couvrir de cicatrices 
plus ou moins profondes et durables la muqueuse des 
arrière fosses nasales ? 

D r Martiny 


SURDITÉ VERBALE OU LARCIN 

par le D r Palumbo, de Naples 

L’action de Varsenic dans les affections cutanées n’est pas 
toujours la même. Il y en a comme le pemphigus , contre 
lesquelles ce médicament se montre infailliblement spéci¬ 
fique; d’autres, tel que le psoriasis, sur lesquelles il agit 
mais moins efficacement, et enfin il s’en présente dans 
lesquelles son action n’est pas toujours égale, comme dans 
le lichen planus, ou presque nulle, comme dans certains 
eczémas . 

On le prescrit également dans Y acné commun , le sicosis 
parasitaire , et dans d’autres affections chroniques, pour son 
action tonique générale , action qu’on ne peut obtenir que 
par de petites doses, attendu qu’il est prouvé que les fortes 
doses débilitent l’organisme en entier. 

Quand Y arsenic est donné dans le traitement des affections 
cutanées, il est souvent difficile de distinguer si les résultats 
sur la peau sont la conséquence de son action ou bien 
Veffet de la maladie première. 

Mais un pareil doute ne saurait persister longtemps,lorsque 
on se rappelle le fait très important que, quand on prescrit 


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— 134 - 


ce médicament à des individus à peau saine, en vue d’une 
autre affection, pour retarder le développement d’un cancer, 
par exemple, ou pour guérir une affection chronique des 
ongles, c’est précisément sur la peau que se manifestent les 
effets dus évidemment dans ces cas au médicament. Ces effets 
varient du reste selon la dose ingérée, la durée de l’adminis¬ 
tration du remède et le tempérament de l’individu, de façon 
que les altérations de nutrition les plus simples peuvent s’ag¬ 
graver insensiblement, d’un érythème a peine visible, d’une 
tache plus ou moins brunâtre, jusqu’à l’atrophie complète du 
tissu ou la pigmentation générale comme dans la maladie 
d'Addison : les squames peuvent devenir des croûtes 
comme sur les genoux des psoriasiques, ou des callosités sur 
la plante des pieds et se transformer enfin en de véritables 
cancers épithéliaux. 

De là résulte la démonstration d’un fait très important de 
l’action de Xarsenic : c'est que ce médicament exerce une 
action favorable et même curative dans les maladies 
cutanées qui sont semblables à celles quil produit. 

Les lignes qui précèdent, je me hâte de le dire, ne vien¬ 
nent pas de moi, ni d’un médecin homœopathe, ni même de 
rhomœopathie L’homœopathie, cette pauvre petite cendrillon, 
viendrait proclamer comme nouveauté des vieilleries si décré¬ 
pites? Non, c’est la médecine. officielle, la seule.... scien¬ 
tifique et rationnelle qui. à la suite de ses grands et 

incessants progrès, vient enfin de parler. 

L’articulet que je rapporte plus haut sur l’action de Xarse¬ 
nic, n’est que le résumé d’un travail que le D r Hutchinson a 
publié dans le British Medical Journal , un des organes les 
plus importants de l’allopathie en Angleterre et qu’une feuille 
médicale d’Italie, très répandue également « Morgagni » 
a reproduit ingénument et sans malice. Quoi qu’il en soit, 
nous acceptons la découverte avec toute l’importance d’une 


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— 135 — 


confession : Y arsenic reproduit les affections cutanées 
qu'il guérit si bien que, dans certains cas , ou ne peut être 
assuré si les lésions sont l'effet de son action ou de la 
maladie primitive . 

Si ceci n’est pas une affirmation officielle en faveur de 
l’homœopathie, je n’y comprends plus rien. 

Il faudrait être atteint de cécité absolue pour ne pas 
admettre la chose.Et cependant, à la fin de son article, l’au¬ 
teur confesse candidement qu'on n'est pas encore parvenu 
à démontrer comment agit l'arsenic ! Il veut dire sans 
doute que la surdité verbale , ce trouble nerveux qui fait 
que les paroles ne produisent pas les mêmes idées dans le 
cerveau de celui qui les écoute, que chez celui qui les pro¬ 
nonce, est une maladie plus diffuse, plus épidémique, plus 
internationale que jamais on ait pu supposer. 

Il n’y a pas très longtemps, le D r Martiny a publié un 
article sur Yarsenic. Le savant rédacteur de la Revue 
homœopathique belge y disait que peu à peu nos confrères 
allopathes (quelle antithèse) finiraient par nous piller toute 
notre matière médicale et que malgré tout ils n’étaient pas 
encore satisfaits, alors qu’on leur permettait cependant de 
reproduire des découvertes que les homœopathes avaient 
faites depuis nombre d’années. Ainsi ils ont enfin trouvé que 
Yarsenic guérissait les verrues comme l’affirme la Presse 
Médicale Belge et YAllg . Méd. Centr . Zeitg. (allopathes). 
Et le D r Martiny, sans détours, appelle cette manière de 
faire, bel et bien, un larcin. 

Il me vient tout d’un coup un doute, je crains de m’être 
trompé et d’avoir, pour vaincre mes sentiments, mal défini ce 
différend entre la médecine officielle et l’homœopathie. Mais 
cependant s’il est permis de pardonner et même de plaindre les 
malades atteints de surdité verbale , il est du devoir de tout 
homœopathe, quand il ne peut empêcher le larcin de ses 



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136 


découvertes, de dénoncer la chose à l’impartialité de tous. 
{Il secolo omiopatico.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 

Du traitement du cancer par la silice 

par le D r Nogué y Roc a 

Il y a quelque temps que le docteur Formica se chargea 
d’une malade atteinte d’un cancer du sein. Le cas était déjà 
très avancé et n’offrait aucune chance de guérison. Le docteur 
Formica, bien que reconnaissant la gravité de la situation, 
entreprit pourtant la malade. Après l’essai de quelques 
remèdes répondant aux symptômes dominants, il s’arrêta à 
silicea comme médicament de fond. Le traitement adopté 
donna des résultats si favorables jusque dans ces derniers 
temps, que la famille peut espérer la guérison. 

Voici une transcription de ï Ilomœopathic Recorder qui 
justifie ce traitement : 

« Il y a déjà des années je traitai une patiente porlant 
deux squirrhes très douloureux au sein gauche qui présentait 
mauvais aspect. Les progrès de la maladie rendirent bientôt 
l’opération indispensable et, suivant mon avis, on manda le 
D 1 * Schuts. Celui-ci, sans recourir au chloroforme, ce que 
j’approuvai, enleva les tumeurs en treize minutes. 

« Nous sortîmes ensemble, et, pendant la route, il me 
conta ce qui suit : « Il y a trois ans je fus demandé auprès du 
prince S., qui portait un cancer. Je fis ce que je pus comm® 
chirurgien pendant deux mois, mais sans résultat satisfaisant. 
Un jour le prince me dit qu’il désirait essayer l’homœopathie 
et suspendre provisoirement le traitement. Je m’inclinai 
devant sa détermination et le docteur Fleischmann fut appelé. 
Quelques semaines plus tard j’entendis par hasard le prince 
parler avec grands éloges de l’homœopathie,etcommejerencon- 


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— 137 - 


trai le D r Fleischmann dans la rue je lui demandai s’il traitait 
encore le malade. Je ne fus pas peu surpris quand je l’enten¬ 
dis dire qu’après l’avoir soigné pendant trois semaines il 
était entré en convalescence. J’appris aussi que le remède 
employé était silicea . » 

«Je résolus fermement d’employer ce remède à la première 
occasion et ne pouvant, contrairement à mes opinions,adopter 
les doses infinitésimales, je triturai moi-même un grain de 
silicea avec cinq grammes de sucre de lait. 

« Le premier cas qui s’ofîrit à moi fut la femme d’un haut 
dignitaire qui avait été opérée pour la seconde fois depuis 
plusieurs semaines, et tous les signes tendaient à prouver 
que le caractère malin de la maladie persistait. Après deux 
semaines de mon traitement, consistant en une dose du 
remède matin et soir, l’aspect de l’ulcère s’était beaucoup 
amélioré; trois semaines plus tard il se cicatrisa complète¬ 
ment et la malade guérit. 

« Depuis lors, je recours toujours à silicea pour les squir- 
rhes, opérés et non opérés, et le succès est toujours satis¬ 
faisant. Je vous conseille d’user chez votre malade de ce 
remède préparé à la même puissance chez le pharmacien de 
votre patiente. 

« Ainsi fut fait: après six semaines de l’emploi de la silicea , 
cet ulcère, si considérable, était entièrement guéri, et aujour¬ 
d’hui, après plus de vingt ans, il n’a plus reparu. B r Irsch. » 

Nous pouvons donc recommander l’usage de silicea dans 
les ulcères cancéreux comme un médicament d’espérance, 
d’autant plus qu’à ses caractères pathogénétiques se joignent 
les faits cliniques que nous venons d’exposer. (Revista ho - 
meopatica, de Barcelone.) 

Traduction du D r Wuillot, de Bruxelles 


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— 138 — 


REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATBIQUES .«CUIS 

par le D r Mersch, de Bruxelles 


Action de la quinine et du sublimé corrosif sur la peau 

La Lancet signale le cas d’une dame qui prit 1 grain 1/2 
de quinine en mélange avec 3 grains, de caféine pendant 
plusieurs jours, contre des accès de migraine. Un jour, ayant 
oublié de prendre son médicament avant le déjeuner, elle le 
prit après. Dix minutes plus tar i, elle dut vomir et eut un 
accès de fièvre avec élévation de la température. La peau 
fut couverte d’une éruption semblable à celle de la scarla¬ 
tine. La gorge était très rouge et la muqueuse, gonflée. Les 
articulations étaient douloureuses au toucher, comme c’est le 
cas dans le rhumatisme. 

Cependant la personne dont il est question avait déjà pris 
plusieurs fois de la caféine sans rien éprouver de semblable 
aux symptômes ci-dessus. C’est donc bien à la quinine qu’il 
faut attribuer les symptômes dont il s’agit. 

Dans deux cas d’amputation du sein, signalés dans le 
British medical journal of Dermatology et où l’on avait 
fait usage du sublimé corrosif pour l’antisepsie opératoire 
et le pansement, les symptômes qui suivent furent observés : 

1. Irritation intense de la peau avec rougeur diffuse. 

2. Dermite s’étendant très loin du champ opératoire et 
empêchant la réunion des bords de la plaie, malgré que le 
pansement au sublimé fût renouvelé le deuxième jour. 

3. Les jours suivants, tout le corps fut atteint d’un 
érythème diffus. 

Dans un des cas l’érythème n’intéressa que la moitié du 
corps. 

Dans l’autre cas, où l’érythème s’étendit à tout le corps, il 


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continua à se manifester pendant trois à quatre semaines. 

4. Dans ce dernier cas, l’érythème se transforma en urti¬ 
caire. 

5. Il y eut un peu de fièvre, un malaise général,des nausées 
et de l’agitation. 

Cancer et tuberculose 

Dans un article du British medical journal qui a trait au 
rapport qui existe entre ces deux maladies, il est question 
d’une famille dont le père et la mère sont morts respective¬ 
ment d’un cancer de l’estomac et d’un cancer de la matrice. 
Des 5 enfants, 3 sont morts de tuberculose pulmonaire et 
deux sont délicats de la poitrine. (The homœopathic World.) 

Du traitement de la pleurésie 

par Edwin Neatby M. D., médecin adjoint à l’hôpital homœopathique 

de Londres 

A. Traitement médicinal . — Dans la pleurésie séreuse, 
l'action de bryonia , renforcée éventuellement par celle de 
sulphur , est trop connue pour insister. Quand le liquide 
devient séro-purulent, les basses triturations de hepar suif . 
sont à recommander ; mais si la prostration est grande, il est 
bon de recourir plutôt à arsenicum . 

Ces remèdes ont tous fait leurs preuves et leur emploi 
manque rarement de produire l'effet que l'on attend de leur 
action. 

Farrington signale apis comme étant l’un des meilleurs 
médicaments pouvant amener la résorption d’un épanchement 
pleurétique. 

Outre la toux sèche et la dyspnée, il indique comme sym¬ 
ptôme pharmaco-dynamique, une grande anxiété, et puis une 
respiration si pénible que le malade en est à se demander s’il 
pourra accomplir une fois de plus ses fonctions thoraciques. 


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Le même docteur recommande aussi ranonc . bulb . dans 
l’épanchement séreux avec point de côté et anxiété. 

Et, tandis qu’en Allemagne on se sert souvent de kali iod. 
aux 2 e et 4 G atténuations, cantharis a les suffrages des méde¬ 
cins de l’hôpital Saint-Jacques, de Paris. 

N’oublions pas non plus le résultat brillant qu’obtint le 
D r Mac Kechnie avec ars. iod. dans un cas cité par ce 
médecin, où le côté gauche de la poitrine était totalement 
envahi par le liquide et où il n’a fallu qu’une semaine pour 
amener une guérison complète. (Disparition de l’épanchement, 
retour du murmure vésiculaire et retour du cœur, qui avait 
été fort déplacé, à sa position normale.) . 

Le médicament avait été employé sous forme de solution 
au centième, une dose toutes les deux heures. 

Dans rempyéme, les médicaments ne peuvent exercer une 
action favorable que dans deux cas : 

1° Après l’évacuation du liquide, pour éviter la récidive, 
et dans ce cas, silicea , ars . iod . et iodium ont le plus de 
succès. 

2° Lorsque, en même temps que de la pneumonie, il n’y a 
qu’un peu d’empyème. Alors cest kphosphor , à sulphur et 
à hepar sulph. qu’il faudra recourir. 

Mais aucun médicament ne peut faciliter la résorp¬ 
tion d'un épanchement purulent datant de quelque temps. 

B. Traitement chirurgical. — Si le liquide tend à dimi¬ 
nuer, le traitement médical peut suffire mais je trouve mau¬ 
vais de ne pas agir localement dans le cas où l’amélioration 
tarde à s’établir. Et du reste, l’aspiration antiseptique faite 
habilement est si dépourvue de dangers, que je trouve utile 
d’en faire usage, même lorsque je doute de la nature du 
liquide. Je partage même l’avis de Goodhart (1) qui déclare 

(1) Bnt. Med. Jnl. Jan., 1887, p. 1203. 


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qu’il ne faut pas attendre pour évacuer le liquide, d’avoir 
constaté l’absence de murmure vésiculaire au niveau de la 
matité. 

Après la première aspiration, je conseille de recourir à 
l’incision et au drainage. Quant au lavage de la cavité, je ne 
le trouve pas absolument nécessaire : il peut rendre service, 
pourtant, en provoquant des mouvements respiratoires éner¬ 
giques, souvent même des cris, qui aident à la sortie du pus. 

. La majorité des médecins qui ont participé au dernier congrès 
de Berlin, trouvent aussi qu’il faut recourir le plus tôt possible 
aux moyens chirurgicaux et condamnent l’emploi routinier 
du lavage de la plèvre. Après l’opération il est bon d’insister 
sur la gymnastique pulmonaire. Je recommande de faire 
faire au moins 100 inspirations forcées par jour; et plus tard, 
lorsque les malades ont repris leurs forces, on ne saurait 
trop leur recommander l’exercice en plein air et dans un 
pays montagneux, pour favoriser le plus possible l’expansion 
pulmonaire. (. Monthly . Hom . Review ) D r MERSCH 


LA DIÈTE DANS LES MALADIES AIGUËS 

L’importance de la diète proprement dite, ou privation 
plus ou moins complète d’aliments, a frappé les médecins de 
tous les temps, et dans l’oubli qui a pu être fait, à certaines 
époques, de l’hygiène thérapeutique, la diète a toujours con¬ 
servé un rôle capital. Son usage est né de cette observation, 
que les fébricitants refusent instinctivement la nourriture. 
Plus tard,on lui chercha des explications physiologiques ; sous 
l’empire de sa doctrine, Broussais prescrivait la diète abso¬ 
lue; par esprit de reaction, ses adversaires ordonnaient des 
viandes et du vin. 

Pour éviter toute exagération dans l’application de la diète, 
il faut prendre en considération diverses circonstances : 


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1° l'état du tube digestif au point de vue de la facilité de la 
digestion et de l'absorption ; 2° l’état de la nutrition au point 
de vue de la désintégration organique ; 3° les avantages et 
les inconvénients de la diète ; 4° les avantages et les inconvé¬ 
nients de l’alimentation. 

État du tube digestif dans la fièvre. - Pendant la fièvre 
l’appétit est ordinairement nul ; la sécrétion de la salive fait 
défaut et la bouche est sèche; on observe souvent des nausées 
et des vomissements. En outre, la fièvre diminue, dans de 
notables proportions, la quantité du suc gastrique et sa qua¬ 
lité. La sécrétion de l’acide chlorhydrique est abolie ou con¬ 
sidérablement diminuée (Manassein, Schelhaas, Uffelmann, 
Gluzinski, etc.). Chez deux malades, on rechercha le ferment 
lab sans le trouver (Wolfram). Dan^ les affections chroniques 
fébriles, au contraire, on trouverait constamment un suc 
gastrique normal, ce qui expliquerait la conservation de l’ap¬ 
pétit, si fréquente chez les tuberculeux fébricitants. Quant à 
la pepsine, elle doit être peu modifiée, car le suc gastrique 
conserve son pouvoir peptique, à condition d’être additionné 
d’acide chlorhydrique (Manassein, Gluzinski). 

La sécrétion des sucs intestinaux paraît plus compromise 
encore; le suc pancréatique et souvent la bile sont diminués 
ou même font défaut, ce qui indique déjà que la digestion des 
graisses sera difficile ou impossible. 

Le pouvoir d’absorption des organes digestifs est considé¬ 
rablement diminué,et cela même pour les substances qui n’ont 
pas besoin d’élaboration digestive, comme certains médica¬ 
ments (digitale, iodure de potassium), ainsi que Stricker l’a 
constaté pour ce dernier. Les villosités intestinales, plus ou 
moins altérées dans leur fonction ou leur texture, se prêtent 
d’autant moins à l’absorption que l’élaboration digestive est 
elle-même moins parfaite. Dans la fièvre typhoïde, par exem¬ 
ple, tout le réseau des lymphatiques est affecté ; les ganglions 


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mésentériques sont enflammés ; l’absorption par les chylifères 
. est troublée dans la plus grande partie du tube intestinal ; les 
boissons pénétrent dans l’économie, mais par le réseau vei¬ 
neux de la veine porte (Dujardin-Beaumetz). 

État de la nutrition. — Abstraction faite de la cause et 
du mécanisme de l’hj'perthermie, il est constant que, dans 
l’état de fièvre, il y a production exagérée de déchets orga¬ 
niques, en particulier de l’urée et de produits moins oxydés 
qui s'éliminent par l’urine. Quant à l’acide carbonique, on 
admet généralement qu’il est produit en excès, et non simple¬ 
ment exhalé en plus grande quantité grâce à la fréquence des 
mouvements respiratoires. Quoi qu’il en soit, une certaine 
quantité de produits de désintégration s’accumulent dans l’éco¬ 
nomie et doivent être éliminés par les urines, la sueur et les 
matières fécales (1). 

Il faut ajouter que la fièvre étant déterminée par un agent 
infectieux, il se produit par ce fait dans l’organisme des sub¬ 
stances toxiques extrinsèques qui s’ajoutent aux produits de 
désintégration organique. Ainsi, par exemple, dans la fièvre 
typhoïde, les matières organiques entrent dans la toxicité 
des urines pour 45 p. 100, au lieu de 15 p. 100, chiffre nor¬ 
mal (Lépine). 

Il résulte de là, au point de vue de la nutrition, deux faits : 
1° il y a usure des albuminates et probablement de la graisse ; 
2° il y a accumulation dans l’économie des produits de désin¬ 
tégration organique et des produits d’origine infectieuse. 

Action physiologique. — Avantages et inconvénients 
de la diète. — I. Les effets de la diète sont de deux ordres : 
les uns utiles, les autres désavantageux. 

a) Effets utiles . — 1° La diète épargne les voies digestives 

(1) Dans la fièvre typhoïde, par exemple, le sang contient de 7 à 9 
grammes p. 100 de matériaux extractifs, tandis que, à l’état normal, il 
n’en renferme que 4 grammes à 4 gr. 05 p. 100. (Albert Robin.) 


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impropres à la digestion et à l’absorption, et encombrées de 
sécrétions morbides ; 2° elle est un moyen puissant d’abaisser 
la température ; 3° elle favorise la résorption des liquides 
épanchés dans les tissus, et par conséquent diminue Ja con¬ 
gestion des organes ; 4° en diminuant la masse liquide, elle 
diminue le travail du cœur, toujours plus ou moins impres¬ 
sionné par la fièvre; 5° elle s’oppose à l’entrée d’un certain 
nombre de produits toxiques contenus dans la plupart des 
aliments et qui s’ajouteraient à ceux créés par la maladie; 
6° la diète évite les modifications vasculaires qui accompa¬ 
gnent la digestion et l’absorption, et qui favorisent la conges¬ 
tion de certains organes, en particulier du foie, des poumons 
et du cerveau. 

b) Effets désavantageux . — Il résulte des expériences de 
Chossat que, dans la diète absolue, le corps se détruit d’une 
quantité de matière proportionnée au déficit de l’aliment, 
parce qu’il fournit de sa propre substance, pour la dépense 
journalière, tout ce que l’aliment ne donne pas (Bouchardat). 
Il en résulte une diminution du poids du corps. Les enfants et 
les vieillards supportent moins bien la diète que les adultes. 
C’est pendant les premiers et derniers jours de la diète que la 
perte maximum de poids a lieu (Chossat). 

La diète est donc une cause d’affaiblissement, alors que 
l’organisme a besoin de toutes ses forces pour lutter contre 
la maladie. 

Tous les observateurs ont noté en outre que, chez les fébri¬ 
citants soumis aune diète trop rigoureuse, la convalescence 
est plus longue et plus difficile, et le retour à l’alimentation 
normale plus difficile et plus périlleux que chez ceux qui ont 
été nourris. 

II. Avantages et inconvénients de Valimentation .—Les 
aliments bien digérés, et qui introduisent sans effort dans 
l'organisme des éléments assimilables, empêchent l’usure or- 


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ganique, donnent au malade la force de subir l’assaut de la 
maladie et de résister jusqu’au moment où celle-ci sera épui¬ 
sée. Dans ces conditions, l’alimentation abrège la convales¬ 
cence et favorise le retour définitif à la santé. Mais ces avan¬ 
tages ne doivent pas faire perdre de vue les inconvénients 
d’une alimentation intempestive ; Hippocrate avait déjà re¬ 
marqué quï/ est aussi nuisible de nourrir trop peu que de 
nourrir trop. Nourrir trop est passible des reproches sui¬ 
vants : 

1° Les aliments irritent les voies digestives à l’égard des¬ 
quelles ils jouent le rôle de corps étrangers ; ne pouvant être 
ni absorbés ni digérés, ils provoquent souvent des vomisse¬ 
ments et de la diarrhée ; 

2° L’alimentation est suivie d’une élévation de température 
d’autant plus marquée que les substances ingérées sont plus 
abondantes, d’une élaboration plus difficile, ou dans un plus 
grand état de condensation. L’élévation thermique est à son 
maximum au moment de la digestion ; elle peut être évitée par 
un choix judicieux des aliments, par l’ingestion fractionnée de 
petites quantités à la fois ; 

3° La digestion et l’absorption des aliments s’accompagnent 
d’une accélération de la circulation ; 

4° S’il existe une tendance aux exsudations, la réplétion 
de la circulation qui suit l’absorption la favorise (fait facile à 
vérifier dans la pleurésie) ; 

5° Certains aliments,en particulier les viandes,introduisent 
dans l’économie des substances toxiques et rendent la dépura¬ 
tion de l’organisme plus laborieuse. 

Conclusions. — La diète, à condition de n’être pas 
absolue, ce qui conduirait à l’inanition, est un procédé thé¬ 
rapeutique dont on peut tirer grand parti; elle ne comporte 
pas de règle absolue ; elle varie nécessairement suivant 
l’état des voies digestives, la durée de la maladie, l’intensité 


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de la désassimilation dans chaque maladie et l’état individuel 
(âge, santé antérieure du malade). Son importance est 
capitale ; on ne fait pas de bonne médecine sans une 
sage direction de la diète. L’alimentation est utile, à condi¬ 
tion d’être soumise à des précautions minutieuses; « la vie 
du malade en dépend. Nous discuterons le bouillon ou le 
potage; le café au lait ou l’œuf; la tisane commune ou la 
boisson vineuse avec le même soin, le même scrupule, la 
même solennité que s’il s’agissait d’une formule médicamen¬ 
teuse. » (G. Sée.) 

Digestibilité des aliments dans la fièvre, — Viande .— 
La viande, sous forme solide ou même consistante, doit être 
proscrite chez les fiévreux parce que le suc gastrique néces¬ 
saire à la digestion est rare, et que, la tonicité de l’estomac 
étant amoindrie, les fragments volumineux des aliments sé¬ 
journent dans sa cavité et s’y décomposent. Dans les maladies 
très longues (fièvre typhoïde),si l’on veut prescrire la viande, 
il faut que celle-ci soit réduite on pulpe, privée de toutes ses 
parties fibreuses et passée au tamis. On en donnera seulement 
28 ou 30 grammes dans une tasse de bouillon (G. Sée). Dans 
la fièvre, tous les aliments, sans exception, doivent être 
prescrits en petite quantité. 

Lait. — On n’est pas édifié rigoureusement sur la valeur 
du lait dans la fièvre. Suivant G. Sée, il se digère mal ; Dujar- 
din-Beaumetz croit qu’il n’agit, que par l’eau et les substances 
salines qu’il renferme. N’est-ce pas être un peu sévère pour 
un aliment qui nous rend de si grands services chez les ma¬ 
lades, et peut-on affirmer sans réserves que les albuminoïdes 
et les graisses qu’il renferme, d’une, digestion in vitro sous 
l’influence du suc gastrique, ne subissent aucune élaboration 
dans les voies digestives ? 

Le lait est utile sans contestation par son action diurétique 
qui lui permet d’éliminer les substances toxiques de l’orga- 


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nisme sans en ajouter. C’ést un aliment indispensable dans la 
convalescence. 

Œufs. — L’albumine de l’œuf exige, pour se digérer, l’in¬ 
tervention d’un suc gastrique assez chargé en HCI, acide qui 
manque précisément dans la fièvre ; aussi faut-il administrer 
les œufs délayés dans du bouillon qui excitera la sécrétion 
gastrique, et à peine cuits, de façon à ce que le contact avec 
le suc gastrique soit plus intime. 

Bouillon . — Le bouillon plaît aux malades ; s’il est vrai 
qu’il ait peu de valeur nutritive, du moins celle-ci est-elle 
entièrement utilisée en raison du faible travail digestif que 
nécessite cet aliment. On augmente la valeur nutritive du 
bouillon en mettant la viande dans l’eau froide, et en évitant 
que celle-ci ne s’élève au-dessus de 60° à 70° ; dans ces con¬ 
ditions, l’albumine n’est pas coagulée à la surface de la viande 
que l’eau pénètre facilement, ce qui lui permet de retenir 
une bonne quantité d’albumine ; le bouillon contient, en outre, 
des sels minéraux (chlorures et sulfates). Cette richesse en 
sels minéraux réalise une indication précieuse, puisque le 
fébricitant subit une déperdition minérale importante ; c’est, 
du moins, ce qui existe dans la fièvre typhoïde où les malades 
perdent en vingt-quatre heures 3 à 4 grammes de chlorure 
de sodium, 1 gr. 50 à 2 grammes d’acide phosphorique, 2 gr. 
967 d’acide sulfurique et 1 gr. 736 de potasse (A. Robin). 
C’est, suivant l’expression d’A. Robin, une véritable inani¬ 
tion minérale , réparable par le bouillon qui renferme 10 gr. 
724 de sels solubles par litre (Chevreul). 

Gélatine. —Si la gélatine n’a pas par elle-même la valeur 
nutritive des albuminates, elle a, par contre, les avantages 
d’une digestion facile et d’enrayer la désintégration molécu¬ 
laire des éléments organiques ; elle est, à ce point de vue, 
très recommandable sous toutes ses formes (bouillon gélati¬ 
neux de jarret de veau, beeftea). (G. Sée). 


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Fécules. — Les malades supportent et digèrent bien les 
féculents qu’on peut leur prescrire sous forme de pâtes ou 
dans du bouillon. 

Sucres. — Le sucre pénètre dans le sang sans élaboration 
digestive ; aussi est-il volontiers donné aux fiévreux, surtout 
en tisanes. Toutefois le sucre de canne n'est pas directement 
assimilable ; il le devient quand il a été transformé en glu¬ 
cose, soit dans les voies digestives, soit dans le foie. 

Graisses. — Elles doivent être exclues de l'alimentation 
des fiévreux, qui n’ont que très peu de suc pancréatique, et 
dont les villosités intestinales absorbent fort mal ; l’indication 
est assez nette pour qu'on doive même dégraisser le bouillon. 

Boissons. — L’eau pure, les limonades simples ou vi¬ 
neuses, les eaux gazeuses, les tisanes aromatiques, le lait 
étendu d’eau, les décoctions de riz ou d’orge, constituent les 
boissons habituelles dans la fièvre. L’addition de sucre aug¬ 
mente encore leur valeur nutritive. 

L’alcool dilué et ingéré en petites quantités est absorbé 
sans élaboration digestive et sans laisser de résidus ; il joue 
le rôle d’un aliment. Il peut donc être souvent prescrit sous 
forme d’eau vineuse ou d’eau alcoolisée, mais nous verrons 
ultérieurement que l’alcool « est un agent de stimulation 
plutôt qu’un aliment recommandable » (Hayem). A doses éle¬ 
vées, il attaque vivement le protoplasma et le prive de la 
vitalité nécessaire à la résistance : « Tout est dans la dilu¬ 
tion, dans la dose et son fractionnement. » (Bouchardat). 

Dans les maladies aiguës, les boissons abondantes sont in¬ 
dispensables à l’élimination des produits de désintégration 
organique. Leur température doit varier avec le but qu’on se 
propose; chaudes ou froides, leur ingestion est le point de 
départ de réflexes, utiles ou nuisibles suivant le cas, et que 
le médecin doit rechercher ou éviter. 

Direction de la diète. — Les données précédentes suffi- 


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ront pour prescrire ralimentation dans tel ou tel cas particu¬ 
lier. Ajoutons seulement que la diète absolue ne doit être 
prescrite qu’exceptionnellement, dans des maladies très 
courtes, ou pendant un temps très court ; on doit revenir, dés 
que cela est possible, à une alimentation spéciale, bien diffé¬ 
rente d’ailleurs de celle de l’homme sain. 

Il est donc admis que tous les malades seront nourris plus 
ou moins ; mais il y a un double écueil à éviter dans la direc¬ 
tion de la diète, écueil mentionné depuis Hippocrate par tous 
les cliniciens : nourrir trop ou nourrir trop peu. L’instinct 
des malades, qui résulte généralement de l’état des organes, 
est un indice important, mais non d’une rigueur absolue. Il 
est des cas où il faut solliciter le malade à prendre quelque 
nourriture ; plus souvent il est nécessaire de modérer ses 
tendances. Il arrive, en effet, que, à la suite d’un raisonne¬ 
ment naïf, il redoute la diète dans la crainte de perdre ses 
forces : il croit lutter contre la maladie en surmontant sa 
répugnance à absorber beaucoup d’aliments ou une quantité 
immodérée de boissons alcooliques. 

Les médecins eux-mêmes ont parfois de la peine à faire 
abstraction de leurs goûts personnels, qu’ils prennent pour 
des règles d’hj^giène. Les uns, peu portés à une nourriture 
abondante, persuadés que la plupart du temps nous ingérons 
plus d’aliments qu’il ne nous est nécessaire, voient surtout 
les avantages de la diète, et sont enclins à en exagérer les 
indications ; les autres, gros mangeurs eux-mêmes, estiment 
qu’il est nécessaire de prendre une nourriture abondante et 
substantielle, accompagnée de boissons alcooliques corsées. 
Pour ceux-ci,la diète est pleine de dangers ; aussi poussent-ils 
leurs malades à manger et prescrivent-ils volontiers les bois¬ 
sons alcooliques. 

Ces deux pratiques opposées ne sont pas sans dangers. La 
diète a des avantages et des inconvénients ; obtenir les uns 


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en évitant les autres est un but qu’on réalisera en proportion¬ 
nant toujours la quantité et la qualité des aliments à la capa¬ 
cité digestive des malades, en tenant compte de la nature plus 
ou moins consomptive de la maladie et du procédé naturel de 
la guérison. Si la fièvre typhoïde réclame une alimentation 
relativement large, un peu d’alcool ou mieux de vin, la pneu¬ 
monie, qui n'est pas une maladie anémiante, mais qui est su¬ 
jette aux congestions, se trouve bien d’une diète un peu sé¬ 
vère, du rationnement parcimonieux du vin, et, dans la 
généralité des cas, de l’abstinence d’alcool. 

L’épancliement pleurétique augmente sous l’influence des 
modifications circulatoires et des variations de pression san¬ 
guine que déterminent la digestion et l’absorption; on prescrira 
donc des aliments très légers, et en petite quantité à la fois. 
Le lait est, dans ce cas, l’aliment de choix ; la capacité di¬ 
gestive à son égard n’est pas abolie, il est bien supporté, et 
son usage exclusif est, sans contredit, un des moyens les 
plus rapides d’obtenir la résorption de l’épanchement. 
D r A. Manquât. (Union Médicale.) 


Des troubles de Pappareil génital de la femme consécutifs 
au rein mobile (1) 

Parmi les causes de l’ectopie rénale, presque tous les 
auteurs citent les affections de l’appareil génital de la femme; 
mais aucun, je pense, n’a renversé cette poposition et les 
ouvrages classiques ne font pas intervenir le rein mobile 
comme facteur des diverses maladies des organes utéro-ova- 
riques. Quelques rares auteurs, il est vrai, comme Keene, 
par exemple, ont attiré l’attention sur les accidents produits 
du côté des organes génitaux par le déplacement du rein, 

(1) Communication au Congrès de Gynécologie et d’Obstétrique, par le 
professeur Thiriar, de Bruxelles. 


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mais on a toujours attribué ces accirlents à la neurasthénie con¬ 
comitante et l’influence de cette luxation comme cause directe 
de certaines métrites, salpingites ou o va rites n’a pas encore 
été mise en évidence; elle a été méconnue ou négligée jus¬ 
qu’ici. 

Mes recherches, entreprises depuis longtemps déjà, prou¬ 
vent cependant que c’est là un facteur étiologique important 
qui intervient assez souvent ; s’il est méconnu la guérison 
est presque toujours empêchée malgré le*s traitements les 
plus méthodiques et les mieux appliqués. 

C’est en 1888, que pour la première fois j’ai été amené à 
rechercher les relations qui existaient entre le rein mobile 
et les affections de l’appareil génital de la femme. C’était 
chez une malade souffrant depuis longtemps de divers trou¬ 
bles utérins qui avaient produit une véritable cachexie. Je 
lui découvris un rein mobile et, avant de procéder au curet¬ 
tage utérin, je pratiquai la néphropexie. Cette opération suffit 
pour amener en peu de temps la disparition de tous les trou¬ 
bles dont elle se plaignait du côté de la matrice (pertes muco- 
purulentes,menstruation irrégulière et douloureuse,etc.,etc.). 

Depuis lors, j’ai toujours soin d’explorer les régions rénales 
des malades qui sont atteintes d’affections utéro-ovariques 
et souvent cette exploration me fait découvrir l’origine de ces 
altérations sous la forme d’un rein déplacé. 

De mes observations, il résulte que l’ectropie rénale existe 
au moins dans 20 p. c. d s cas d’affections du système génital 
de la femme. Ainsi, depuis le l or octobre 1801 jusqu’à ce jour, 
j’ai eu en traitement tant en ville qu’à l’hôpital, 11 cas de 
reins mobiles chez la femme; toutes présentaient quelques 
troubles utérins ; sept de ces malades m’étaient du reste 
adressées avec le diagnostic d’affections utéro-ovariques ; 
cinq avaient déjà subi à diverses reprises différentes traite¬ 
ments, surtout le curettage ; une qui avait un déplacement 


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bilatéral avait eu la matrice et les annexes enlevées; une 
autre enfin était sur le point de subir une laparotomie lors¬ 
qu’elle est venue me consulter. 

Chez toutes ces malades,l’attention avait été exclusivement 
attirée du côté des organes génitaux, le rein mobile avait été 
méconnu. 

J’ai pratiqué à dix de ces malades la néphropexie ; six fois 
la guérison était obtenue sans autre intervention, trois fois 
j’ai complété mon opération en curettant la matrice. Quant 
à la malade qui présentait un déplacement bilatéral et qui 
avait subi l'ablation des annexes d’abord, l’hystérectomie 
vaginale ensuite, sans constater de diminution dans ses souf¬ 
frances, elle a été tellement soulagée par la fixation du rein 
droit quelle est sortie de mon service, se réservant d’y reve¬ 
nir si le soulagement n’est pas définitif. 

La coexistence d’une affection génitale et d’une ectopie 
rénale est donc très fréquente. Cette fréquence a déjà été 
signalée par Lancereaux (article rein du Dictionnaire ency¬ 
clopédique ‘)qui rapporte que la plupart des malades qu’il a 
trouvées atteintes de déplacement du rein présentaient des 
signes d’une ovarite plus ou moins ancienne. Et si on ne con¬ 
state pas plus souvent l’ectopie rénale, c’est que la possibilité 
de ce déplacement est encore ignorée et que l’idée du rein 
flottant ne se présente pas toujours à l’esprit d’un grand nom¬ 
bre de médecins lorsqu’ils ont à traiter une affection utérine 
ou des annexes. 

Cette ectopie est du reste parfois très difficile à constater; 
même lorsqu’on la soupçonne il est quel quefois impossible de 
la découvrir. Bien plus, il m’est arrivé de ne plus retrouver le 
rein migrateur que j’avais palpé nettement la veille. Le rein 
peut en effet regagner sa loge, la palpation peut dès lors 
donner des résultats variables si on n’a pas soin d’examiner la 
malade dans diverses positions. 


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— 153 — 


Etant donnée la fréquence des deux affections— utérine et 
rénale — existant en même temps, il y a lieu de se demander 
quels rapports elles ont entre elles, quelle influence elles 
exercent rune sur l’autre. 

On a cru jusqu’ici que c’était l’affection génitale qui pro¬ 
duisait le déplacement du rein. Les faits que j’ai observés sont 
en contradiction formelle avec cette interprétation ; tout 
démontre, au contraire, que la mobilité du rein est la cause 
initiale du développement de beaucoup d’affections de l’appa¬ 
reil génital chez la femme, surtout de beaucoup de métrites 
et de salpingites. 

En effet, il suffit souvent de fixer le rein par la néphropexie 
ou par un moyen orthopédique quelconque pour faire dispa¬ 
raître certaines de ces affections. Celles-ci ne peuvent, dans 
tous les cas, guérir si le rein mobile est méconnu. 

En outre, dans les cas où j’ai spécialement interrogé les 
malades sur ce point, il est resté, certain pour moi que, tou¬ 
jours, la mobilité du rein avait précédé les manifestations 
utéro-ovariennes Chez ces malades, le cortège symptoma¬ 
tique de l’ectopie rénale ouvre ordinairement la marche et ce 
n’est que plus tard que la série des symptômes dénotant une 
altération génitale commence. 

Il est facile, du reste, de donner une explication suffisante 
de cette marche dans les symptômes et les complications.Lors¬ 
qu’il existe un rein mobile, l’appareil génital de la femme est 
et doit être particulièrement vulnérable. 

C’est dans les plexus nerveux et la circulation qu’il faut 
chercher la raison de cette vulnérabilité. 

Avec Chroback, il est rationnel d’attribuer les désordres 
nerveux utérins à une irritation du plexus ovarique anasto¬ 
mosé, comme on sait, avec le plexus rénal dont le tiraille¬ 
ment résulte presque forcément du déplacement du rein, 

Le rein déplacé, cette tumeur physiologique produit, en 


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— 154 — 


outre la plupart du temps,une congestion intense dans l’appa¬ 
reil génital de la femme de même que les tumeurs du rein 
chez l’homme produisent la varicocèle symptomatique du côté 
malade. Cette congestion est le résultat de la compression 
du plexus veineux spermatique à son arrivée dans la veine 
cave à droite, dans la veine rénale à gauche. 

Dans quelques cas exceptionnels le rein mobile peut même 
exercer sur la veine cave une compression suffisante pour 
amener une thrombose. 

Cette congestion, unie aux troubles nerveux, est une con¬ 
dition qui favorise singulièrement l’infection de l’utérus et de 
ses annexes. Elle amène une exaltation des propriétés nui¬ 
sibles des germes pathogènes qui sommeillent dans les parties 
génitales saines de la femme; elle lève la barrière qui éloigne 
les germes de la cavité utérine ou qui. ies empêche de s’y 
développer. Grâce donc à l’influence congestive et nerveuse 
qui entre en jeu la première, l’élément microbien qui vivait 
auparavant inoffensif dans les organes génitaux, se réveille, 
devient virulent et exerce sa nocuité sur tel ou tel organe 
génital : utérus, annexes, ovaires, suivant les prédispositions 
plus ou moins accentuées du sujet. 

L’infection survient donc par suite de la stase sanguine et 
des troubles nerveux existant dans l’appareil génital, stase 
et troubles nerveux ont pour point de départ le rein mobile. 

Pour conclure. Messieurs, je dirai que il faut dorénavant 
ranger l’ectopie rénale parmi les causes fréquentes des 
diverses affections utéro-ovariques : déviations, prolapsus, 
métrites, ovarites, salpingites. 

Les erreurs de diagnostic sont fréquentes et peuvent causer 
aux malades un préjudice d’autant plus regrettable qu’une 
thérapeutique rationnelle peut donner les résultats les plus 
heureux. (Prof. Thiriar.) 


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— 155 — 


LA CHIRURGIE MODERNE 

M. le D r Doléris, dans un article intitulé : Trop de muti¬ 
lations inutiles... pas assez de gynécologie conserva¬ 
trice , écrit les lignes suivantes : 

L’antisepsie a mis aux mains des chirurgiens, une action 
puissante de sauvegarde et de sécurité, dans l’exécution des 
opérations. Mais les conséquences sont devenues telles, qu’on 
en est à se demander, si le danger disparu d’un côté, ne va 
pas reparaître d’un autre, tant est singulier l’abus engendré 
par cette précieuse découverte. 

Pour rester sur le terrain de la gynécologie, il n’est pas 
niable que le grand objectif de tout débutant dans la chirur¬ 
gie est de multiplier le nombre de ses laparotomies, et d’ar¬ 
river de suite à de grosses statistiques. 

De jeunes praticiens frais débarqués de Paris, où ils ont 
tenu certes avec assiduité le rôle d’assistants près des maîtres 
plus habiles peut-être que judicieux, semblent ne viser à autre 
chose, que de triompher des difficultés du début, par des opé¬ 
rations à sensation. La laparotomie paraît être devenue le 
véritable tremplin de succès. Je lis les statistiques; c’est 
toujours de salpingites, d’ovarites folliculaires, d’hématosal- 
pinx qu’il s’agit. 

Je ne sais si l’on trouverait quelque chose de bien solide 
sous ces étiquettes. Mais de kystes vrais de l’ovaire, de myo- 
mes utérins, il en est rarement question. C’est que les cas 
sont drainés depuis longtemps, ou bien c’est qu’on y regarde 
à deux fois, quand il s’agit de myomotomie. 

Mais une bonne petite douzaine de castrations pour com¬ 
mencer ; et puis, on verra. Dès lors, tout est prétexte à cas¬ 
tration. Je me trompe, tout est prétexte à laparotomie, car 
voici qu’on entame un nouvel hymne en faveur de la laparo¬ 
tomie exploratrice. 


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— 156 — 

Donc, la douleur, une tuméfaction vague, des métrorrha- 
gie inexpliquées, sont le mobile invoqué... et on laparotomise. 

Or, une fois le ventre ouvert, il est bien rare qu’on le 
referme sans en retirer quelque chose. Certes, ceux qui agis¬ 
sent de la sorte ne pensent pas être plus coupables que leurs 
anciens chefs de file, qu’ils imitent à leur tour. Le succès 
excuse d’ailleurs puissamment leur conduite. 

Eh bien, il faut dire que tout cela cache l’ignorance gros¬ 
sière de la profession. 

Cette manière de faire n’est plus qu’un déchaînement de 
licence chirurgicale. 

De gynécologie, il n’y a pas un soupçon dans tout ceci. 

Les moyens conservateurs, non seulement ils ne les appli¬ 
quent pas, mais je gagerais qu’ils en ignorent la pratique 
correcte. 

Or, un enseignement officiel de la gynécologie est tout à 
créer. Ni chaire, ni clinique? Pas même, à leur défaut, de 
services hospitaliers, organisés pour la pratique... 

C’est un dur et périlleux rôle que celui de la critique. Le 
métier de redresseur de torts ne fait d’ordinaire que créer à 
celui qui adopte, embarras et rancunes. Mais j’estime qu’il 
ne faut redouter ni les uns ni les autres car le péril vaut 
d’être signalé. 

Pour moi, je le répète, il ne me plaît pas d’être complice 
par mon silence, dans une question où quelques gens croient 
à ma compétence. Ce serait une lâcheté que de me taire. {La 
Presse médicale belge .) 

NÉCROLOGIE 

Le corps médical homoeopathique anglais vient de subir une grande 
perte par la mort du D r Drysdale, décédé le 20 août à Waterloo, près 
de Liverpool, à l’âge de 75 ans. 

Reçu docteur à l’université d’Edimbourg en 1838, il y fut initié à 


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— 157 — 


l’homœopathie par son professeur de physiologie, le D r Flechter, en 
même temps d’ailleurs que les D rs Black et Rutherford Russell. Leurs 
études terminées à Edimbourg, ils se rendirent tous les trois à Vienne 
pour y compléter leurs connaissances en homœopathie. Ils en revinrent 
en 1841 et fondèrent à Edimbourg un dispensaire homœopathique." Le 
D r Drysdale quitta bientôt cette ville pour se fixer à Liverpool, où il 
exerça pendant quarante-cinq années. 

Pendant cette longue carrière, il put suffire à une clientèle nombreuse 
et choisie, et trouva encore le temps de produire des écrits justement 
appréciés.La Théorie protoplasmique de la vie , la Vie et Véquivalent des 
forces , VHistoire des nomades , la Nature miasmatique des maladies infec¬ 
tieuses, témoignent dune haute culture intellectuelle et d’une intelli¬ 
gence supérieure. 

Il fut membre fondateur du British journal of Homœopathy et de¬ 
meura l’un de ses collaborateurs assidus ; il y publia plusieurs travaux 
originaux, entre lesquels il faut citer tout particulièrement la pathogé- 
nésie de / ali bichromicum. 

Il convient de mêler nos regrets à ceux de nos confrères anglais. Le 
deuil qui les frappe atteint toute une famille homceopathique. Ceux qui 
ont pu approcher le Dr Drysdale, lorsqu’il vint assister au Congrès 
homceopathique de Paris, en 1887, ressentiront encore plus vivement 
cette perte, car dans cette courte entrevue il leur a été permis d’apprécier 
l’homme et le savant. — D. S» ( Art médical) 


VARIÉTÉS 

Le monde savant. — Histoire américaine d'un mal de tête traite 
par divers spécialistes . — Je prie mes confrères spécialistes de Paris, 
gynécologistes, laryngologistes, auristes, oculistes, etc., de ne pas se 
formaliser de la plaisanterie qui suit. Elle nous vient des Etats-Unis, 
où les spécialistes pullulent avec beaucoup plus d’énergie encore qu’à 
Paris. N 5 est-ce pas à Chicago qu’un spécialiste s’est voué au seul trai¬ 
tement des divers orifices de notre corps et s’est bravement baptisé 
spécialiste des orifices ? $’est-ce pas le comble de la spécialisation ? 

Il est donc bien entendu que la fable suivante ne s’applique qu’aux 
spécialistes américains. Cependant, les malades de tous les pays peuvent 
on faire à leur profit. 


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— 158 — 


L'auteur américain suppose un cercle de spécialistes devant lequel se 
présente une femme d’une trentaine d’années. Cette femme, mère de trois 
enfants en parfaite santé, est forte, bien portante, d’apparence saine 
aussi bien d’esprit que de corps ! Mais elle a de temps à autre des maux 
de tête violents qui la prennent par accès, et c’est pour ces maux de tête 
qu’elle vient demander conseil. 

Sans plus ample examen, mais d’une commune voix, tous ces messieurs 
déclarent que la douleur est d’origine réflexe ; mais il n'en est pas deux 
qui puissent s’accorder sur le point de départ de cette irritation. Chacun 
le place dans la région du corps dont les maladies lui sont le plus fami¬ 
lières. 

La discussion tournant à l’aigre, le président décide que la malade sera 
traitée successivement par chaque spécialiste jusqu’à suppression du mal 
de tête ou de la malade. 

Le premier spécialiste auquel la patiente échoit est le célèbre docteur 
Secator. Ce gynécologiste distingué, sans rival dans le traitement des 
maladies des femmes, fait entrer la malade dans son dispensaire privé, 
où elle se trouvera dans les meilleures conditions hygiéniques. Là, une 
soigneuse exploration bi-manuelle lui montre que l'utérus et les ovaires 
sont dans leur position normale et ne présentent aucune lésion appré¬ 
ciable par ce procédé d’examen. 

Il maintient néanmoins que le mal de tête ne peut être dû qu’à une 
irritation réflexe partie de l’utérus ou des ovaires, et qu'il a déjà guéri 
nombre de cas semblables par un traitement approprié des organes 
irrités. 

11 se décide donc à faire une incision exploratrice du ventre, pensant 
bien trouver là la cause qui lui échappe. Un autre motif l’incite vivement 
à opérer, c’est le désir de compléter promptement sa série de 200sections 
abdominales. 

L’incision faite, le docteur Secator est obligé de reconnaître que l’ou¬ 
verture du ventre ne lui montre aucune lésion, et que les ovaires et les 
trompes sont parfaitement sains. 

Cependant, puisqu'il est allé si loin, il conclut que le mieux est d’en¬ 
lever ces organes pendant qu’on y est ; la femme se trouvera désormais 
pour le reste de la vie à l’abri de toute chance de kyste de l’ovaire ou de 
pyosalpinx. Les ovaires sont donc enlevés ; mais le mal de tête persiste. 

La malade passe alors entre les mains du docteur Strabismus, qui avait 
énergiquement soutenu que le mal de tête était dû à une irritation réflexe 


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- 159 — 


de la cinquième paire, et que le seul remède était la section des muscles 
de l’œil. 

Après un examen attentif de la réfraction, qui lui montre que la malade 
est emmétrope, c'est-à-dire qu’elle a une vue moyenne, le docteur pro¬ 
cède à cette section des muscles. Les deux yeux sont traités de même. Le 
résultat fut une déviation des axes optiques, mais le mal de tête ne guérit 
pas. Et bien que l'éminent oculiste soutînt que cette déviation des yeux 
donnait simplement à la malade un regard éveillé et un air piquant, les 
autres confrères, qui n'admettaient ni son diagnostic ni son traitement, 
déclarèrent que la patiente était purement et simplement défigurée par un 
double strabisme en haut et en dehors. 

Elle est alors confiée aux bons soins du docteur Caustique, qui s'était 
trouvé d’accord avec le précédent consultant pour placer l’origine du mal 
dans les branches de la cinquième paire; mais en sa qualité de spécialiste 
pour le nez et la gorge, il plaçait plutôt celte origine dans les branches 
nerveuses qui se distribuent à ces régions. 

Il procède donc d'abord à l'ablation, à l’aide de l’anse galvanique, de 
plusieurs petits polypes delà narine gauche, cautérise, au moyen du même 
nstrument, une légère hypertrophie du cornet moyen droit. Puisla cloison 
du nez lui ayant paru quelque peu déviée vers la gauche, il la perfore au 
moyen de trois espèces différentes de trocarts, puis la redresse au moyen 
de bougies graduées. Il enlève aussi un petit morceau de la luette. Cette 
dernière opération déclare-t-il, ne lui paraissait pas absolument néces¬ 
saire. Mais le nouvel instrument qu’il avait fait construire dans ce but et 
qu’il avait le plaisir de montrer à ses confrères rend l'opération si facile 
et si rapide, qu’il n’avait pu résister au désir de la pratiquer. 

La malade, souffrant toujours de la tête, commence à en avoir assez. 
Le docteur Pedibus, le chirurgien orthopédiste bien connu, réussit cepen¬ 
dant à la convaincre de se soumettre à son traitement. 

Il lui trouve la jambe droite plus courte d’un millimètre que la gauche, 
remédie à cette asymétrie avec une semelle appropriée; découvre une 
affection de la hanche qu’il traite par les pointes de feu et discute la ques¬ 
tion de faire la section d’un tendon ou deux, — ce à quoi la malade s’op¬ 
pose énergiquement. 

Elle cède encore cependant à l'éloquence du docteur Rectiés, qui a pour 
Spécialité les maladies de la fin de l’intestin. Celui-ci attribue le mal à 
une lésion de certains replis delà muqueuse rectale. Aussi à peine entrée 
dans son dispensaire, il chloroformise la patiente, lui dilate le sphincter 


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anal, introduit une sonde dans les susdits replis et enresèque une quin¬ 
zaine — tout ce qu’il peut trouver. 

Malheureusement, la dilatation du sphincter a été si complète que le 
muscle reste paralysé et que la femme est désormais condamnée à une 
incontinence des matières. 

Cette fois la mesure est comble, et la malheureuse refuse de se prêter 
aux tentatives des autres spécialistes du cercle. Elle retourne chez elle, 
où un médecin de campagne reconnaît que le mal de tête est dû à une 
simple névralgie rhumatismale, et la guérit avec quelques grammes d’an¬ 
tipyrine. 

Je ne sais ce que dirait Molière des médecins s’il revenait parmi nous- 
A coup sûr il ne pourrait leur reprocher de ne savoir que purgare et 
clysterium donare. Mais peut-être regretterait-il M. Purgon. {Petit 
Journal.) 


SOMMAIRE 

Sur l’incontmence nocturne des urines, par le D 1 ' Mar- 


TINY.129 

Surdité verbale ou larcin. — Traduction du D r Cheva¬ 
lier, de Charleroi.133 

Du traitement du cancer par la silice.— Traduction du 

D r Wuillot, de Bruxelles.136 

Revue des journaux homœopathiques anglais, par le 

D r Mersch, de Bruxelles.138 

La diète dans les maladies aiguës.141 

Des troubles de l’appareil génital de la femme consé¬ 
cutifs au rein mobile.. . 150 

La chirurgie moderne.155 

Nécrologie.156 

Variétés.:.157 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


i '9 e Année SEPTEMBRE 1892 N° 6 


LA PHTISIE AIGUE 

par le D r Martiny 

Nous reproduisons ci-dessous le résumé d’un étude très 
intéressante sur la phtisie aiguë, ses différentes formes et 
surtout ses formes anormales où le diagnostic est souvent 
fort difficile à établir : 

Notre maître, M. le D r Dreyfus-Brisac, vient de publier, en collabo¬ 
ration avec M. le D r Brühl, une remarquable étude sur la phtisie aigue, 
qui met en évidence les différentes formes cliniques de la maladie et mon¬ 
tre à quel point ses allures insidieuses peuvent parfois mettre les clini¬ 
ciens en défaut. 

1. — La tuberculose pulmonaire aigue comprend, disent les auteurs, 
toutes les modalités de tuberculose dont la marche est assez rapide pour 
entraîner la mort par infection générale ou par asphyxie bien plus que par 
hecticité secondaire à la fonte du parenchyme pulmonaire. Au point de 
vue anatomo-pathologique, tantôt la lésion fondamentale de la maladie 
est la granulation grise, tantôt on trouve dans le poumon des tubercules 
massifs. Entre ces deux grands types, la ligne de démarcation est bien 
tranchée. Mais la tuberculose mili.iire aigue elle-même se traduit par des 
expressions cliniques variées, et il y a lieu d’admettre un certain nombre 
de formes dont l’individualisation ressortira dans l’exposé rapide que nous 
allons en faire, et que l’on peut présenter, sous forme de tableau: 

Tuberculose aiguë miliaire (_ granulie ) à forme de pyrexie : 

1° à forme de fièvre typhoïde ; 

2° à forme de pyrexie atténuée; 

Tuberculose aiguë miliaire ( ; granulie) à forme cTaffectio?i thoracique : 

3° à forme suffocante ; 

4° à forme de bronchite ou de broncho-pneumonie ; 

5° à forme pleurale. 


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— 162 — 


Toutes ces formes ont un certain nombre de traits communs qu’il 
importe tout d’abord de résumer. 

Au début, le caractère des manifestations cliniques est éminemment 
insidieux, que la granulie soit consécutive à une phtisie chronique ou 
qu’elle apparaisse chez un individu non porteur de lésions tuberculeuses. 

Il y a du malaise général, de l’inaptitude au travail, de l’irrégularité du 
sommeil. Les fonctions digestives languissent, le malade a des épistaxis, 
une céphalée vague, et il présente des accès fébriles légers et irréguliers. 
Cette période d’invasion est lente et peut se prolonger deux ou trois 
semaines ; parfois même, le malaise général s’atténue temporairement pour 
reparaître ensuite. L’amaigrissement est rapide et les auteurs insistent 
sur sa valeur diagnostique. Il constitue un des meilleurs signes de l’inva¬ 
sion tuberculeuse, et l’on peut dire qu’il n’y a aucun état morbide, fut-il 
accompagné d’une fièvre intense, où il soit si précoce et si accusé. 

Bientôt apparaissent deux phénomènes qui permettent de songer à une 
affection des voies respiratoires : c’est un état dyspnéique continu, avec 
paroxysmes survenant sans cause appréciable et une petite toux sèche et 
assez pénible. 

Parfois, la période prodromique est courte ou nulle, et il y a des 
lésions phlegmasiques à caractères très tranchés du côté des bronches, du 
parenchyme pulmonaire ou de la plèvre. Enfin, le début de la forme suffo¬ 
cante peut être foudroyant lorsque les granulations envahissent tout à 
coup une grande étendue du parenchyme pulmonaire en y déterminant 
un raptus congestif intense et généralisé. 

A la période d’état, tantôt les phénomènes généraux dominent la scène 
et l’on se trouve en présence de la granulie à forme de pyrexie; tantôt, au 
contraire, ce sont les troubles réactionnels dépendant de l’imprégnation 
tuberculeuse de tel ou tel organe, de tel ou tel appareil qui figurent au 
premier plan. Dans la granulie, du reste, malgré la diffusion des lésions, 
les symptômes pulmonaires dominent, surtout chez les adultes. 

Les signes locaux fournis par l’appareil respiratoire ne sont guère 
caractéristiques et leur étude ne conduit que rarement au diagnostic ; ce 
qui tient, d’une part, à ce que les granulations sont à peu près muettes, 
d’autre part, à ce que les lésions secondaires qui se développent autour 
d’elles ne peuvent se différencier des lésions du même genre non spéci- 
fiques. On peut cependant noter que les signes physiques sont mobiles et 
fugaces, et que leur siège de prédilection est le sommet des poumons. Le 
seul phénomène lié directement à la présence des granulations dans les 


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163 


poumons est {'oppression, qui est disproportionnée avec les signes phy¬ 
siques et existe dans toutes les formes. Il y a peu de toux et les crachats 
sont rares, de même que l'hémoptysie. 

La tuberculose miliaire aiguë n’a rien de régulier dans sa marche et 
évolue par bonds, par poussées, séparées souvent par des phases de 
rémissions plus ou moins complètes. La dyspnée et le dépérissement 
s’accentuent sans cesse et l’affection évolue rapidement vers la terminai¬ 
son fatale. Le médecin est désarmé et contre la maladie et contre ses 
manifestations morbides les plus pénibles : dyspnée et évolution de la 
température. Cette impuissance de la thérapeutique a même une valeur 
diagnostique dans les cas douteux. 

II . — Dans la tuberculose miliaire aiguë à forme typhoïde ou typho - 
bacillose , les éruptions granuliques se font de toutes parts et les phéno¬ 
mènes pulmonaires restent au second plan, l’ensemble symptomatique 
rappelant celui des maladies infectieuses totius substa>-tiœ. Il y a long¬ 
temps que l’on a rapproché la physionomie clinique de la maladie de 
celle de la fièvre typhoïde. 

La période d’invasion se prolonge généralement plus longtemps dans la 
typho-bacillose que dans la fièvre typhoïde ; il y a moins de troubles 
digestifs, de vertiges, et la dyspnée apparaît de bonne heure. Mais, au 
bout de quelque temps, l’état typhoïde se prononce chez le tuberculeux, 
et son cortège symptomatique, à la fin du premier septénaire, est le 
même que celui delà dothiènentérie. 

Les phénomènes ataxiques, l’adynamie, la céphalée sont généralement 
moins intenses dans la granulie que dans la dothiènentérie ; les bourdon¬ 
nements d’oreille et la surdité manquent souvent, mais la photophobie 
est plus prononcée et il peut y avoir des dépôts de granulations tubercu¬ 
leuses au fond de l’œil. Malheureusement, ces lésions oculaires pathogno¬ 
moniques sont assez rares. 

Les mouvements respiratoires sont très accélérés, et tous les auteurs 
ont insisté sur ce fait que les signes stéthoscopiques font souvent à peu 
près défaut, tandis que l’oppression est très prononcée. 

La tuberculose miliaire aiguë peut évoluer sans fièvre appréciable. Ces 
cas mis à part, la température est moins élevée d’ordinaire dans la gra¬ 
nulie que dans les variétés de dothiènentérie similaire au point de vue de 
l’intensité des phénomènes généraux. La courbe ne présente jamais les 
trois stades classiques de la fièvre typhoïde, et à la période d’état les 
oscillations sont considérables. Dans quelques cas, les périodes de rémis- 


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— 164 — 

sion se prolongent plusieurs jours. Pour MM. Dreyfus-Brisac et Brühl, 
l’action de l’antipyrine est toujours passagère. 

La tuberculose miliaire peut se transformer en phtisie subaiguë ou 
chronique (Sticker) ; il est même probable qu’elle peut guérir complète¬ 
ment, car, dans un fait d’Ulacacis, on avait trouvé, pendant la maladie, 
des bacilles de Koch dans le sang et dans l’urine. 

La tuberculose miliaire aiguë à forme de pyrexie atténuée évolue à 
l’instar d’une pyrexie, mais d’une pyrexie à note moins infectieuse que la 
fièvre typhoïde, comme l'embarras* gastrique fébrile, la synoque. Dans 
certains cas, on n’a affaire qu’à une forme atténuée de typho-bacillose ; 
mais, dans d’autres, la maladie revêt le masque d’une grippe et même 
d’une fièvre intermittente, au moins au début. Quelquefois même les 
phénomènes fébriles sont si peu accusés, que l’on pense avoir affaire à 
une affection cachectisante ou marastique. La forme la plus fréquente 
de cette variété simule l’embarras gastrique et le diagnostic en est sou¬ 
vent fort difficile ; elle peut être méconnue quelquefois pendant plusieurs 
semaines, d’où le précepte clinique de toujours songer à la tuberculose, 
lorsqu’on se trouve en présence d’un état infectieux mal défini, surtout 
lorsqu’il s’accompagne d’un dépérissement rapide. 

La tuberculose aiguë à forme suffocantes été décrite depuis longtemps, 
car sa physionomie clinique est fort nette; cependant elle constitue la 
modalité la plus rare de la maladie. Le seul caractère qui lui appartienne 
en propre est une dyspnée suraiguë qui ne peut être expliquée par les 
phénomènes stéthoscopiques. La terminaison fatale peut être extrêmement 
rapide, et, dans un cas de Dieulafoy, elle est survenue le premier jour. 

Dans la tuberculose aiguë à forme broncho-pulmonaire, les altérations 
secondaires du poumon jouent un grand rôle et la symptomatologie 
locale est bien nette. Elle varie seulement selon la nature de la lésion 
pérituberculeuse qui peut être une bronchite capillaire, une phlegmasie 
des grosses bronches, des foyers de broncho-pneumonie, etc. Mais, 
comme ces différentes lésions se combinent souvent entre elles, il en 
résulte que la physionomie générale du processus reste la même, quelle 
que soit la lésion pulmonaire. Cette forme se montre fréquemment à titre 
secondaire et a souvent une période initiale mal dessinée qui se confond 
avec les signes d’une déchéance organique ou de la maladie primitive. 
Les principaux signes fonctionnels sont toujours la dyspnée, l’amaigris¬ 
sement et l’adynamie ; mais, de plus, il y a des signes physiques impor¬ 
tants du côté du thorax, signes qui dépendent de la lésion dominante. Il 


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— 165 — 


peut y avoir de la pleurésie sèche ou avec épanchement. Le plus généra¬ 
lement, il y a une fièvre d’allure irrégulière ; mais, quelquefois, toute 
élévation thermique manque, principalement chez les malades affaiblis 
antérieurement. 

La tuberculose aiguë à forme pleurale comprend toutes les modalités 
cliniques de granulie où la note pleurale domine. Tantôt la tuberculose 
pulmonaire se localise sur la plèvre en épargnant à peu près le poumon, 
tantôt plèvre et poumon sont envahis simultanément. L’allure peut être 
celle d’une pleurésie, même quand la séreuse est respectée ou à peine 
touchée, et l’épanchement succède alors à une poussée congestive. La 
tuberculose aigue isolée de la plèvre est, du reste, fort rare, et bien plus 
fréquemment il s’agit d’une tuberculose pulmonaire à allures de pleurésie. 
En clinique, du reste, il est impossible de séparer les deux formes. Il est 
très probable qu’il existe des former atténuées de granulie pleurale aux¬ 
quelles appartiendraient bien des pleurésies de cause indéterminée et sus¬ 
ceptibles de guérir. 

Mais il en est de la granulie pleurale comme de la granulie à forme 
pyrètique atténuée, et on peut dire qu’il n’y a pas de critérium clinique 
qui permette de reconnaître la phtisie aiguë dans ses modalités les moins 
bruyantes. 

Les symptômes locaux de la tuberculose aiguë à forme pleurale n’ont 
rien de particulier, et ce ne sont que les manifestations générales accom¬ 
pagnant ou précédant l’épanchement qui permettent d’en reconnaître la 
nature. 

Le début delà maladie peut être net et franc et elle se manifeste par¬ 
fois en pleine santé apparente, par les phénomènes habituels d'un épan¬ 
chement pleural aigu. D’ordinaire, cependant, l'évolution est lente et il 
n’y a d’abord que du malaise général et une élévation modérée de la tem¬ 
pérature. A un moment donné, il se produit de la toux, de la dyspnée et 
on découvre l’existence d’une pleurésie sèche ou avec épanchement. Très 
fréquemment cette pleurésie d’abord unilatérale, est ensuite bilatérale et 
cette marche a une grande importance diagnostique. Il en est de même 
de la mobilité de l’épanchement qui fait varier les phénomènes stéthos¬ 
copiques d’un jour à l’autre. Dans le cours de la maladie, la plèvre peut 
finir par se vider. 

La triade symptomatique de Granoher n’indique qu’une chose, le 
refoulement du poumon vers la région supérieure du thorax, qu’il y ait 
ou non des lésions tuberculeuses à ce niveau. Parfois, les lésions pul- 


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- 166 - 


monaires deviennent prédominantes et la phtisie pleurale est alors une 
phtisie à type bronchitique ou broncho-pulmonaire ou même revêt le 
caractère suffocant. Cette éventualité se réalise surtout lorsque l'épan¬ 
chement se résorbe rapidement. 

En même temps que l'affection thoracique évolue, les phénomènes 
généraux s'accentuent, le malade maigrit, la fièvre devient irrégulière, et, 
d’ordinaire, c’est une granulie généralisée ou une poussée pulmonaire qui 
entraîne la mort. 

La granulie pleurale est la moins grave de toutes, et il faut noter que 
les pleurésies les plus bruyantes sont souvent les moins sévères, car elles 
dépendent plutôt d’une congestion intense que d’une bacillose pulmonaire 
étendue. 

La place nous manque malheureusement pour exposer le mode d'évo¬ 
lution des tuberculoses aiguës à lésions pulmonaires massives, et nous 
ne pouvons que renvoyer nos lecteurs à l’ouvrage de MM. Dreyfus-Bri sa 
et Brühl. Nous regrettons surtout de ne pouvoir analyser longuement la 
partie pathogénique dans laquelle les auteurs, séparant nettement les 
deux grandes espèces de phtisie aiguë, démontrent que la tuberculose 
militaire aiguë est une infection générale dans laquelle le poison morbide 
se propage par la voie sanguine ou lymphatique, tandis que les formes 
massives correspondent à une infection locale directe du poumon, le mi¬ 
crobe ayant pénétré parles voies aériennes. (Union Médicale.) 

Un plus grand nombre de malades qu’on ne le croit géné¬ 
ralement meurent d’une granulie tandis que le médecin 
les croit victimes d’une fièvre typhoïde suraiguë, d’une in¬ 
flammation franche de l’un ou l’autre viscère: nous en avons 
pour notre part rencontré un certain nombre de cas ; l’évo¬ 
lution tuberculeuse a été d’une rapidité telle qu’au début 
nous ne nous doutions pas de la nature profonde de l’affec¬ 
tion; nous pourrions citer entre autres le cas d’une jeune 
fille, convalescente d’une rougeole,qui fut prise subitement 
d’une fièvre de 41° avec une oppression énorme, sans toux, 
ni phénomènes stéthoscopiques ; ce ne fut qu’au bout de 5 ou 
G jours que nous pûmes établir le diagnostic réel de la 
maladie qui emporta la malade le 12° jour ; dans un autre 


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— 167 - 


cas nous crûmes d’abord être en présence d*une fièvre 
typhoïde aiguë et vers le 7° jour seulement les symptômes 
concomitants prirent une telle tournure que nous pûmes 
nous rendre compte de la nature du mal. 

Gomme on l’a vu dans le résumé présenté ci-dessus, le 
médecin est désarmé devant cette maladie et ses évolutions 
les plus pénibles : nous avons pourtant eu l’occasion un grand 
nombre de fois de voir, sous l’influence de médicaments 
homœopathiques, le mouvement fébrile décroître, la maladie 
prendre une tournure moins aiguë et évoluer assez lente¬ 
ment pour permettre l’emploi de nos remèdes habituels de 
la tuberculose. D 1 * Martiny 


BEVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHIQUES D’AMERIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, d'Anvers 


Thuya occidéntalis 

Cette étude a été faite d’après les résultats fournis par la 
Société autrichienne pour V expêrimention des médica¬ 
ments homœopathiques . 

Thuya a une action spéciale sur le système nerveux et 
musculaire et sur les organes génito-urinaires. Il laisse 
presque intactes les voies digestives, et n’affecte que légère¬ 
ment la circulation en y produisant un mouvement fébrile 
particulier. 

Les expériences ont été instituées sur 20 hommes et 
6 femmes. 

Symptômes généraux. — Faiblesse générale. Engorge¬ 
ments glandulaires. Douleurs dans tout le corps, de caractère 
variable. Périodicité des symptômes. 

Moral. — Anxiété, morosité, alternatives de gaieté et de 


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mélancolie. Inclination à la colère. Mauvaise humeur. Affai¬ 
blissement de l’intelligence. 

Tête. — Lourdeur de tête, confusion, vertige. Douleurs 
pressives, lancinantes, spasmodiques. Douleurs localisées au 
front,aux tempes,à la région mastoïde,au vertex,à l’occiput. 

Yeux. — Sensation de brûlure au bord des paupières. 
Contraction des paupières. Sensation comme d’un corps 
étranger dans l'œil. Injection de la conjonctive. Douleurs 
dans les globes oculaires. Vision indistincte. 

Oreilles . — Douleurs dans le pavillon de l’oreille. Dou¬ 
leurs passagères dans l’oreille interne. Bruits anormaux. 
Sifflements. 

Nez. — Obstruction du nez. Sécheresse de la muqueuse. 
Sensation de brûlure dans le nez. Eternuements. Coryza 
avec sécrétion abondante. Epistaxis. 

Face. — Douleurs passagères dans la face. Douleurs dans 
la mâchoire inférieure, allant de l’angle au menton. Pâleur 
de la face. 

Bouche . —Douleurs dentaires. Vésicules sur la muqueuse 
buccale. Sensation de sécheresse au palais. Abondante sécré¬ 
tion de salive. Goûts divers. 

Gorge . — Expulsion fréquente de mucosités visqueuses. 
La gorge est sèche, douloureuse, contractée. Grattement 
dans la gorge ; déglutition douloureuse. 

Estomac . — Diminution et perte d’appétit. Faim canine. 
Soif augmentée. Eructations fréquentes. Nausées. Douleurs 
et pression à l'estomac. 

Abdomen. — Douleurs dans l’hypochondre. Sensation 
douloureuse dans l’abdomen. Crampes autour de l’ombilic. 
Distension de l’abdomen. 

Rectum et anus. — Démangeaisons à l’anus. Douleurs 
brûlantes et lancinantes autour de l’anus. Distension des 
vaisseaux du rectum. 


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Selles. — Diarrhée. Selles dures, rares. Ecoulement de 
mucosités de l’anus. 

Organes urinaires. — Sensation de plénitude dans la 
vessie. Douleurs dans l’urètre. Brûlant pendant et après 
la miction vers le col de la vessie. Ecoulement de mucus 
de l’urètre. Démangeaisons dans l’urètre. Miction fré¬ 
quente. Envies fréquentes d’uriner. Urine abondante, 
foncée et trouble. 

Organes sexuels . — Chez l’homme : Douleurs, picote¬ 
ments. Démangeaisons du gland. Le gland devient humide 
et sécrète des mucosités. Brûlant à la face interne du pré¬ 
puce. Douleurs et picotements dans les testicules. Augmen¬ 
tation ou diminution du désir sexuel. 

Chez la femme : Menstruation régulière, mais règles peu 
abondantes. 

Organes respiratoires .— Enrouement. Picotements dans 
la poitrine. Toux sèche et brève avec sécrétion de mucus. 
Oppression dans la poitrine. Dyspnée. 

Poitrine . — Douleurs pressives vers le sternum. Points 
douloureux à gauche et à droite du sternum. 

Cœur et pouls. — Pouls accéléré. Palpitations de cœur. 

Cou et tronc . — Tiraillements et déchirements dans le 
cou. Raideur et douleurs dans le côté gauche du cou. Sen¬ 
sation douloureuse et tension dans la région lombaire et 
sacrée. Froid dans le dos. Douleurs aggravées par le mou¬ 
vement. 

Membres supérieurs .— Douleurs de caractère variable 
à l’épaule, au bras, au coude, à l’avant-bras, aux mains, aux 
doigts et surtout aux pouces. 

Membres inférieurs .—Douleurs dans la cuisse, le genou, 
les chevilles et les pieds. Sensation de faiblesse dans les pieds. 
Paralysie. Froid aux pieds. Tiraillements dans le gros orteil. 

Peau .—Excroissances en forme de verrues. Taches ronges 


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arrondies. Papules douloureuses et enflammées surtout sur 
la face. Démangeaisons et cuisson à la peau. 

Sommeil. — Somnolence pendant le jour et agitation pen¬ 
dant la nuit. Rêves voluptueux. 

Fièvre. — Frissons dans tout le corps. Paroxysmes de 
fièvre. Sueurs surtout à la face interne des cuisses. Un stade 
de la fièvre manque. Périodicité des symptômes fébriles. 

Aggravations. — Les douleurs se produisent et s’aggra¬ 
vent par le mouvement. 

Applications thérapeutiques. — La céphalalgie de thuya 
peut siéger dans toutes les parties de la tête, mais elle se loca¬ 
lise de préférence dans la région frontale et s’étend de là 
vers les tempes et la région mastoïdienne. Les douleurs sont 
pressives ou plutôt lancinantes, comme si on enfonçait brus¬ 
quement des aiguilles dans la tête. Elles sont purement 
névralgiques et ne semblent avoir aucune connexion avec 
l’état de l’estomac. La céphalalgie de thuya est généralement 
accompagnée d’une sensation de brûlure et de picotements 
au bord des paupières qui se meuvent comme s’il y avait un 
corps étranger dans l’œil. La conjonctive est injectée, les 
globes oculaires sont douloureux et la vision est obscurcie. 
Ces symptômes indiquent suffisamment que thuya pourrait 
être d’une grande utilité dans les kératites et les autres affec¬ 
tions des enveloppes externes de l’œil. 

Thuya est très efficace dans les hémorrhoïdes et les 
fissures à l’anus, car il exerce une action spéciale sur la ter¬ 
minaison de l’intedin. Le^ malades ressentent des déman¬ 
geaisons à l’anus et aussi des douleurs brûlantes et spasmo¬ 
diques. Les vaisseaux du rectum sont élargis, et l’anus est le 
siège d’un écoulement de mucus. 

A en juger par l’expérimentation sur l’homme sain, les 
affections les plus justiciables de thuya sont celles des voies 
génito-urinaires. La quantité d’urine est augmentée, la mic- 


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tion est plus fréquente, le malade éprouve de violentes envies 
d’uriner; lurine est trouble et foncée. De plus il existe des 
démangeaisons et même des douleurs dans l’urètre, un sen¬ 
timent de brûlure après la miction, et une certaine disten¬ 
sion de la vessie ; enfin un écoulement, muqueux de l’urètre 
et une sensibilité du gland. Ce sont là les symptômes de la 
gonorrhée dans laquelle thuya jouit d’une réputation juste¬ 
ment méritée. 

Il est très efficace aussi dans la balanite ; dans la pathogé- 
nésie du médicament nous trouvons en effet : cuisson et 
démangeaisons à la face interne du prépuce ; sécrétion de 
mucus sous le prépuce, recouvrant le gland. 

Il est indiqué en outre dans les condylomes lorsqu’ils exis¬ 
tent seuls ou qu’ils accompagnent la gonorrhée. Les excrois¬ 
sances sont dures, irrégulières et peuvent laisser suinter une 
certaine humidité. La teinture-mère de thuya est employée 
dans plusieurs formes de verrues en applications locales. 

Thuya est un des rares médicaments qui possèdent une 
action spéciale sur la prostate. Il est très utile dans l’hyper¬ 
trophie de cette glande accompagnée d’une sensation de brû¬ 
lure au col de la vessie et de fréquentes envies d’uriner. 

L’action de thuya sur les voies respiratoires est digne de 
remarque. Les points douloureux dans la poitrine, la toux, 
l’enrouement, la sécrétion muqueuse, l’oppression considé¬ 
rable qu’il provoque semblent démontrer qu’il peut rendre de 
grands services dans la pneumonie. Il est surtout indiqué au 
début d’un refroidissement général qui peut engendrer un 
rhumatisme, une pneumonie ou une bronchite, lorsqu’il existe 
des douleurs dans tout le corps, plus prononcées à la poitrine 
avec de la fièvre et de l’oppression. 

Le rhumatisme, surtout lorsqu’il est localisé dans les mus¬ 
cles des membres et du dos, cède rapidement à thuya ; la 
violence de la douleur est une indication ; la douleur est 


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brûlante, déchirante ou lancinante ; les parties malades sont 
froides. 

Dans la pathogénésie de thuya nous trouvons enfin tous les 
symptômes du torticolis : tiraillements, douleurs déchirantes 
dans les muscles du cou, aggravation par le mouvement. 

La périodicité des symptômes est un des phénomènes 
caractéristiques de thuya ; elle est très marquée également 
dans la fièvre. Le frisson peut être immédiatement suivi de 
sueurs ; ou bien la fièvre se déclare sans frisson par le stade 
de chaleur et de sueur ; ordinairement il y a un stade qui 
manque ou qui est très peu développé. A en juger par l’expé¬ 
rimentation, thuya serait indiqué surtout dans les fièvres où 
les sueurs viendraient immédiatement après les frissons. 
(Hahnemannian Monthly .) 

L’homœopathie dans les asiles d’aliénés des Etats-Unis 

par le D r Paine, de West-Wewton 

Le D r Paine publie dans le New England Medical Ga¬ 
zette une notice intéressante sur les divers asiles des Etats- 
Unis où les aliénés sont soignés par la méthode homœo- 
pathique. 

Dans trois Etats : New-York, Massachussets et Minnesota, 
il existe des établissements officiels d’aliénés, où la méthode 
homœopathique est pratiquée et autorisée par charte spé¬ 
ciale. 

Ces établissements sont : 1° Dans l’Etat de New-York, 
l'asile de Middletown qui fut ouvert en 1874. Il contient 800 
à 900 malades. Les brillants résultats obtenus à l’aide de la 
médecine homœopathique lui ont acquis une réputation uni¬ 
verselle. C’est sur ces résultats qu’on s’est basé pour récla¬ 
mer du gouvernement des asiles homoeopathiques semblables 
dans les autres Etats. Les statistiques comparatives sont très 
intéressantes : 


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A Middletown, de 1883 à 1890, la proportion des guérisons 
a été 49.89 p. c. et celle des décès 4,06 p. c. 

Dans les établissements allopathiques du même Etat, la pro¬ 
portion des guérisons a été 29.48 p. c. et la mortalité 6.13 p.c. 

2 ° Dans l’Etat de Massachussets, à Westborough, il a été 
fondé en 1886 un asile homœopathique officiel pouvant con¬ 
tenir 400 à 500 aliénés. 

En 1891, la proportion des guérisons a été 34.4 p. c. et la 
mortalité 6.2 p. c. 

Dans les 4 autres établissements allopathiques officiels du 
même Etat : Northampton, Worcest’er, Taunton et Danversj 
la proportion des guérisons a été respectivement 24.4 p. c., 
18.6 p. c., 21.7 p. c. et 19.6 p. c. 

La mortalité : 4.9 p. c , 6.3 p. c., 5.8 p. c. et 7.4 p. c. 

3° Dans l’Etat de Minnesota, à Fergus-Falls, il existe 
depuis 1890 un établissement officiel homœopathique,contenant 
150 aliénés. Get établissement est très prospère; il va êti*e 
aggrandi sous peu de manière à pouvoir héberger 300 
malades. 

La proportion des guérisons obtenues en 1891 à Fergus- 
Falls a été 70 p. c. et la mortalité 2.81 p. c. 

A l’établissement allopathique de St-Peter (Minnesota) la 
proportion des guérisons a été pendant la même année 32.71 
p. c., la mortalité 4.88 p. c. 

Dans l’Etat de Michigan, à Ionia, il a été créé en 1885 un 
asile pour les aliénés criminels et dangereux. Cet établisse¬ 
ment se trouve sous le contrôle de l’Etat ; il n’est pas reconnu 
officiellement comme établissement homœopathique, mais il 
est dirigé depuis sa fondation par un médecin homœopathe, le 
D r Long, de sorte que tous les malades sont traités homœo- 
pathiquement. 

La mortalité a été en 1887 de 4.4 p. c. 

Dans le même Etat à Traverse-City, il a été créé en 1883 


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— 174 — 

un autre asile où la pratique de rhomœopathie était autori¬ 
sée ; malheureusement le médecin homœopathe à qui la place 
a été offerte ayant refusé del’accepter, l’établissement a passé 
dans les mains d’un allopathe. 

Il existe en outre de nombreux établissements privés diri¬ 
gés par des médecins homæopathes, notamment à : Marga- 
rettsville (New-York), Stamford (Connecticut), Hill-Yiew 
(New-York), Oswego (New-York) , Sandwich (Massa¬ 
chussets), West-Newton (Massachussetts), etc., etc. 

Enfin, dans neuf États : Pennsylvanie, Maine, Orégon, 
Kansas, Californie, Kentucky, Wyoming, Texas et Illinois, 
des démarches sont faites auprès du gouvernement en vue 
d’obtenir la création d’asiles homœopathiques pour les aliénés. 
Ces négociations sont sur le point d’aboutir dans plusieurs 
de ces Etats. D l ‘ Lambreghts, fils, d’Anvers 

L’homœopathie dans la médecine officielle 

par le D r Palumbo, de Naples 

Les aeides qui sont le résultat des aeeès de goutte guérissent la 
goutte . — La douleur calmée par la douleur . — Un peu d'isopathie. 
— Les corps gras empêchent la formation des calculs biliaires. — 
Conclusions. 

Il est généralement admis, surtout depuis les savantes 
recherches de Cantani, que la goutte, qui, comme on le dit 
vulgairement, a pour père le vin et pour mère la table, pro¬ 
vient de la combustion incomplète des substances albumi¬ 
neuses, qui,aulieude se réduire en urée, s’arrêtent facilement 
à l’état d’acide urique. Cette anomalie proviendrait plutôt de 
l’altération des tissus (cartilages, tissus périarticulaires, 
moelle des os) que de la crase sanguine. 

La tâche du médecin consiste donc à diminuer la produc¬ 
tion de cet acide urique dans l’organisme et à en favoriser 
l’élimination, en limitant d’une part la quantité d’aliments 


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albumineux et en excluant d’autre part ceux qui sont hydro¬ 
carbonés, gras et alcooliques. De cette manière on favorise 
l’oxydation complète des substances albumineuses et, afin de 
mieux neutraliser la quantité d’acide urique, qui aurait pu se 
former dans le sang et les humeurs, ou augmente leur alcali¬ 
nité par l’administration d’alcalins et d’eaux minérales. 

Ce raisonnement tout à fait rationnel va droit au but, cela 
ne fait pas un pli. 

Mais il y en a un autre ! 

Le D r Pfeiffer a observé (et personne ne mettra en doute 
un expérimentateur aussi savant que c nsciencieux) que, pour 
le traitement de la goutte (petite différence) les acides que l’on 
proscrit sont plus utiles que les alcalins que l’on prescrit. 
Comment cela ! Ce savant aurait dit que les acides accusés 
de développer la goutte, en favorisent au contraire la guéri¬ 
son ? Mais alors ce serait une espèce de similia similibus ? 

Voici l’explication du fait. Vous vous êtes tous trompés, en 
croyant que la cause des accès de goutte est l’augmentation 
de l’acide urique! C’est l’acide urique altéré qualitativement 
dans sa fonction ! Alors que chez l’homme sain, celui-ci se 
produit sous une forme facilement soluble, chez les goutteux 
il est insoluble et se dépose dans les tissus au lieu d’être éli¬ 
miné C’est pour ce motif que les urines des goutteux sont 
plus chargées de cet acide. Quand le sang et les humeurs 
deviennent alcalins, l’acide urique se dépose et sature l’or¬ 
ganisme, produisant par sa réaction organique des douleurs 
et l'inflammation goutteuse. 

Les acides, par là même qu’ils empêchent l’alcalinité du 
sang, deviennent curatifs des accès de goutte. 

Et voilà deux raisonnements qui expliquent à merveille 
la nécessité, l’un de prescrire des acides, l'autre des alcalins. 

Et quelqu’un oserait suspecter la justesse de la médecine 
officielle ! 


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Comme preuves à l’appui de la théorie du D r Pfeiffer, le 
D r Berenger Géraud rapporte une série de cas, dans les¬ 
quels l’usage de l’acide lactique fut d’un grand bien pour 
combattre les accès de goutte. Et contrairement aux défen¬ 
seurs de la théorie alcaline, qui pris de peur pour Vacide 
lactique défendent même le lait à leurs malades , celui-ci 
recommande Vacide lactique comme prophylactique des 
accès de goutte. 

Si le professeur Potain n’était connu de tous comme un 
grand savant, il pourrait passer pour un parfait type 
d’indien. En parlant du traitement du rhumatisme muscu¬ 
laire, qu’il trouve assez semblable à celui du rkumatisme 
articulaire, il s’exprime ainsi : On peut encore faire dimi¬ 
nuer la douleur en injectant sous la peau un liquide irri¬ 
tant, l’eau pure, par exemple, et le professeur Dieulafoy, 
pendant qu’il était mon interne, a beaucoup préconisé ces 
injections d’eau. ~ Elles font cesser la douleur en occa¬ 
sionnant une douleur très vive , mais momentanée . 

Bravo ! M, Potain. 

L’antidote du tétanos a été préparé par le prof. Tizzoni 
dePadoue et la doctoresse Cattani, qui, les premiers en 
Italie, die—ou, ont isolé le bacille du tétanos et en ont étudié 
tous les caractères morphologiques et biologiques. Un chien 
et deux pigeons, qui depuis quelque temps se trouvaient 
dans le laboratoire d’expériences, et qui avaient montré peu 
de réceptivité pour l’infection tétanique, servirent de sujets 
aux deux savants, qui réussirent à leur conférer une immu¬ 
nité complète avec des doses toujours croissantes de virus 
tétanique. Avec le sérum dusangdu chien ils étudièrent le pou¬ 
voir antitoxique, préservatif et curatif de cette substance, qui 
est l’antidote du tétanos. Pour les expériences sur l’homme, 
l’antidote obtenu au moyen du sérum du lapin vaut mieux : 


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celui-ci non dialysé est précipité par l’alcool absolu et con¬ 
serve mieux ses propriétés. C’est pourquoi les auteurs 
l’ont précipité par 10 volumes d’alcool absolu, et après un 
jour ou deux l’ont recueilli et séché. La substance obtenue 
est blanchâtre, amorphe ; onia triture dans un mortier, puis 
elle est reprise par l’eau distillée et injectée au moyen de la 
seringue de Pravaz dans le tissu conjonctif sous cutané. 

Deux malades atteints de tétanos, sur le point de mourir et 
à qui tous les remèdes avaient été administrés sans résultat 
aucun, guérirent rapidement au moyen de cet antidote. 

Si ceci n’est pas de l’homœopathie, c’est certainement de 
l’isopathie. 

Qui montre beaucoup de hardiesse et qui appelle (du moins 
une fois) les choses par leur vrai nom, c’est sans aucun 
doute M. Dujardin-Beaumetz. Dans une de ses leçons sur la 
la lithiase biliaire, il indique le traitement des phénomènes 
douloureux qui constituent; la colique hépatique. Après avoir 
cité l’injection de morphine, il s'exprime ainsi : 

« Mais je veux vous entretenir d’une nouvelle médication, 
« celle par l’huile d’olives. 

« Ce sont les médecins homœopathes(il faut le reconnaître) 
« qui les premiers ont conseillé, il y a à peu près vingt ans, 
« l’emploi de l’huile à hautes doses, dans le traitement de la 
« colique hépatique. Et en ceci ils étaient en partie fidèles 
« à leur doctrine, puisqu'ils combattaient les calculs Impa¬ 
ct tiques formés essentiellement de cholestérine, par un corps 
« gras : similia similibus. > 

Et ces observations ne sont pas les seules (1). Celui qui 
veut considérer les choses de sang-froid, pourra se convaincre 

(1) Celui qui douterait de leur authenticité n’à qu’à consulter le Journal 
international des Sciences médicales , fasc. I et V t. XIV — et le Bulletin des 
cliniques t. IX, nos 2, 3, 4. 


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que la médecine officielle, surtout dans ses plus récentes 
innovations,est à base d’homœopathie et d’isopathie.Personne, 
quelque génie qu’il ait, ne pourra jamais réfuter cette vérité. 
Et le triomphe d’Hahnemann auquel nous assistons, est 
dû non tant à nos écrits, qu’à ceux de ses détracteurs les 
plus tenaces. Et pourquoi dans ce cas ne se crée-t-il pas en 
Italie une chaire pour prouver publiquement que tout ceci 
n’est pas illusion mais vérité? 

Il y a à Naples, entre autres un homœopathe (j’écris ces 
lignes à son insu), qui a employé toute sa jeunesse à promul¬ 
guer la doctine de Hahnemann. Il n’est parvenu qu’à acqué¬ 
rir la réputation d’un savant et à illustrer le nom italien dans 
les différents congrès d’homœopathie à l’étranger, mais son 
rêve est toujours resté un rêve par la fatalité des choses et 
des circonstances locales. Il est jeune encore et travaille 
toujours, parce que son esprit a besoin d’études, mais devenu 
sceptique par nécessité, il a renoncé à son idéal. On réu¬ 
nirait l’homœopathie à la médecine officielle que cela ne pour¬ 
rait ni l’émouvoir ni le surprendre. Et comment pourrait-il 
d’une manière efficace convertir cette foule de savants qui 
s’affolent à rechercher et à publier de vieilles nouveautés; 
mais ne voyez-vous pas que tout cela n’est plus de notre 
époque et que nous ne sommes pas des archéologues ? 

Gomment sa parole pourrait-elle convaicre, s’il n’a pas de 
local convenable, un public consciencieux et si toute sphère 
d’action lui est fatalement fermée? 

Fatalement soit, mais ce ne sera pas définitivement. Si 
lui ne réclame pas, nous réclamerons pour lui, jusqu’à ce 
qu’enfin nos justes sollicitations soient écoutées et que la 
liberté tant vantée ne soit pas un vain mot pour l’homœo- 
pathie. Nous demanderons pour lui (et nous espérons avoir 
autant de partisans que l’Italie compte d’homœopathes) que 
les portes de l’Université, qui sont ouvertes à toutes les 


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sciences, le soient également pour lui, qui ne recherche ni 
l’argent ni les honneurs, ni les diplômes, mais qui simplement 
demanderautorisation.de pouvoir dans une salle quelconque 
et à une heure quelconque, expliquer les principes d’une doc¬ 
trine qu’on cherche ici à obscurcir et à envelopper de mys¬ 
tère, pour pouvoir mieux la taxer d’imposture, mais qui a fait 
d’immenses progrès dans toute l’Europe et qui compte en 
Amérique comme prosélytes plus de la moitié de la popula¬ 
tion. (.nSecolo omiopcitico , de Naples, juillet 1892.) 

Traduction du D r Chevalier, de Gharleroi 


Des métastases du psoriasis 

par le D r Martiny 

Nous lisons ce qui suit dans le compte-rendu du 2 e Congrès 
de dermatologie, tenu à Vienne, en septembre : 

M. Gaucher. Depuis longtemps, on sait que les psoriasiques sont sujets 
à des manifestations multiples partant, soit sur l’appareil respiratoire 
soit sur l’appareil digestif. 

Aujourd’hui, ces faits sont considérés comme des coïncidences. 
M. Gaucher, au contraire, pense que ce sont là des manifestations de la 
même diathèse. Les lésions cutanées se montrent les premières, puis les 
lésions viscérales et vasculaires viennent ensuite. M. Gaucher cite trois 
observations à l’appui de sa thèse. • 

Il résulte de tout ceci qu’il faut soigner le psoriasis avec prudence et 
qu’il faut surveiller en même temps la santé du sujet. 

Tous les homœopathes seront de l’avis de M. Gaucher. Le 
psoriasis est une manifestation diathésique bien évidente et 
nous avons fréquemment vu des malades atteints,l’un d’asthme 
invétéré, l’autre de dyspepsie, se guérir quand des plaques 
de psoriasis se manifestaient à la peau. 

. C’est, du reste, la grande loi de la répercussion des mala¬ 
dies eu tances qui a été admise par tous les cliniciens d’autre¬ 
fois, et que Hahnemann avait parfaitement en vue lorsqu’il 
a publié son Traité des maladies chroniques , dans lequel 
il a développé ses idées au sujet de la psore. 


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Du reste, depuis longtemps déjà Guénan de Mussy avait 
observé le fait un certain nombre de fois, mais l'avait affu¬ 
blé d’un nouveau nom plus moderne : il appelait ces maladies 
par répercussion d’un exanthème, des endermatoses. 

D r Martiny 

Séméiologie de la pleurésie, adhérences pleurales et 
thoracenthèse 

Chez tout malade présentant des symptômes thoraciques et 
en particulier quand ces symptômes peuvent vous faire crain¬ 
dre une pleurésie, vous devez adopter une règle invariable et 
toujours commencer l’examen par la partie antérieure du tho¬ 
rax. Get examen de la partie antérieure est de la plus haute 
importance. C’est lui qui, quel que soit le côté de la pleurésie, 
côté droit ou côté gauche, vous renseigne sur l’abondance de 
l’épanchement, la matité antérieure ne se produisant évidem¬ 
ment que dans les épanchements fort abondants. Dans les 
pleurésies gauches en particulier, je tiens à vous montrer l’in¬ 
térêt pratique que présente une zone spéciale du thorax, 
l’espace semilunaire de Traube. 

Traube signalait, en 1868, la présence de cette zone spé¬ 
ciale et la décrivait dans les termes suivants : « A la partie 
inférieure du thorax gauche est une région dans laquelle le 
son de percussion est tympanique. Cette région a un figure 
semilunaire. Elle est limitée en haut par une ligne courbe 
dont la concavité regarde en bas. L’espace ainsi formé com¬ 
mence au dessus du cinquième ou sixième cartilage costal 
gauche. En arrière il s’étend le long du thorax jusqu’à l’ex¬ 
trémité antérieure de la neuvième ou dixième côte; sa plus 
grande largeur est de neuf à onze centimètres. » Les recher¬ 
ches personnelles que j’ai faites sur cet espace, en particulier 
en 1879, m’ont permis de confirmer, en tout, la description 
de Traube. J’ai de plus déterminé la hauteur moyenne de 


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l’espace qui, au niveau de la verticale mamelonnaire, atteint 
dix centimètres. 

Le tympanisme de cet espace est particulier; c’est un son 
vide, abdominal, aigu, différent de la sonorité plus grave, plus 
pleine du poumon. C’est qu’en effet, sur ce point, le sillon 
costo-diaphragmatique n’est pas rempli par le poumon. La pa¬ 
roi costale, la plèvre costale et diaphragmatique, lediaphragme 
seul sont interposés entre le doigt et l’abdomen. La percussion 
retrouve sur ce point la sonorité de l’estomac et du côlon. 

A côté du tympanisme, j’ai signalé à l’état sain deux autres 
particularités : 1° l’absence des vibrations vocales; 2° l’ab¬ 
sence de murmure vésiculaire, qui s’expliquent par l’absence 
même du poumon. Les vibrations vocales doivent être 
recherchées avec le bout des doigts, car la main appliquée à 
plat déborderait les limites de l’espace et serait trompée par 
la vibration des parties voisines. De même pour le murmure 
vésiculaire, l’oreille ne doit pas s’en laisser imposer par le 
murmure éloigné de propagation. 

La matité, remplaçant ce tympanisme normal, offre un 
intérêt clinique de premier ordre. Cette matité se trouve 
dans trois grandes conditions pathologiques. 

La première de ces conditions rétrécit parfois de moitié, 
mais sans jamais amener une suppression complète, le champ 
sonore de l’espace de Traube. C’est la pneumonie de la par¬ 
tie antérieure du lobe inférieur du poumon gauche. Il y a 
dans la région mate du souffle, de la bronchophonie. Bien 
que l’affection soit rare, le diagnostic est donc facile. 

Les épanchements pleurétiques peuvent aboutir à une sup¬ 
pression totale. Tantôt c’est le fait d’un épanchement pleural 
gauche abondant, condition qui, comme la précédente, avait 
été bien signalée par Traube ; tantôt c’est le fait d’une pleu¬ 
résie partielle. La pleurésie partielle sous-mammaire, avec 
épanchement limité antérieurement empiétant sur la région 


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axillaire, n’est pas rare, comme je l’ai montré, surtout à 
gauche. Il y a naturellement absence de vibrations vocales, 
silence complet dans les deux cas. 

Le troisième condition, que Traube avait méconnue et que je 
crois avoir le premier signalée, est l’accumulation d’une cou¬ 
che épaisse et continue de fausses membranes dans le sillon 
costodiaphragmatique. Ces adhérences fennes, clôturantes, 
cette symphyse phréno-costale sont très fréquentes. Mécon¬ 
nues, elles peuvent conduire à une thoracentèse faite en un 
point dangereux et parfois, comme je vous le montrerai, suivie 
d’accidents mortels. Le matité, l’absencede vibrations vocale s 
de murmure vésiculaire, existent comme dans la pleurésie. 

Comment donc distinguerez-vous les adhérences et l'épan¬ 
chement? Vous n’avez qu’un seul signe différentiel, l’alté¬ 
ration de la mobilité respiratoire du côté gauche ; mais bien 
cherché il est excellent. A l’état normal, l'inspiration s’ac¬ 
compagne d’une projection en avant de l’épigastre, avec 
projection latérale excentrique des dernières côtes. Des mou¬ 
vements inverses accompagnent l'expiration. 

Le renversement de ce type normal se rencontre dans de 
nombreuses affections et en particulier dans les adhérences. 
Mais dans les adhérences, il présente un aspect particulier, 
seul caractéristique. Placez-vou; au pied du lit du malade. 
Regardez comparativement le côté droit et le côté gauche.Du 
côté atteint, au point atteint, et ce point est très souvent 
l’espace semilunaire, vous constalez pendant l’inspiration 
une dépression, un retrait actif des espaces intercostaux et 
des côtes. Il semble qu’une main intérieure vienne tirer sur 
un côté du thorax. Au moment de l’expiration, les côtes se 
soulèvent au contraire, reviennent en place passivement par 
élasticité. Du côté sain, vous avez au contraire l’expansion 
inspiratoire et le retrait expiratoire. D’où une sorte d’alter¬ 
nance dans les mouvements des deux côtés. 


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Un épanchement liquide peut bien être au moment de l’in¬ 
spiration cause d’une dépression passive. Mais ce qu’il ne 
donne jamais, c’est cette dépression active, ce retrait brusque, 
cette sorte de traction vers la ligne médiane. 

Une variété d’adhérences peut, au contraire, produire un 
fait séméiologique curieux et rare, l’agrandissement du tym¬ 
panisme semilunaire. Ce sont les adhérences en couche mince 
qui ont fixé le diaphragme trop haut. On a vu parfois le 
diaphragme remonter ainsi jusqu’à la quatrième côte. Le 
refoulement du diaphragme par le météorisme abdominal 
augmenterait également la zone sonore. Mais ces faits sont 
moins importants. 

Les faits du premier gr upo ont, eu contraire, pour le dia¬ 
gnostic des adhérences et de la symphyse phréno-costale, 
une importance extrême. Ces adhérences sont fréquentes. 
Leur possibilité doit toujours vous préoccuper dans les pleu¬ 
résies au moment où il faut pratiquer la thoracenthèse. Si 
vous méconnaissez ces adhérences, vous risquez de ponc¬ 
tionner trop bas, là où le liquide, si abondant qu’il soit, ne 
peut descendre, la cavité pleurale étant supprimée par l’acco- 
lement des feuillets. 

Il n’y a pas, quoi qu’on ait pu dire, de point d’élection pour 
la thoracentèse. Si vous soupçonnez a fortiori si vous avez 
reconnu la présence d’adhérences, il faut ponctionner très 
haut. Sinon vous risquez, comme on en a rapporté deux 
observations, de traverser avec le trocart la couche unique 
formée par la paroi, la plèvre costale et diaphragmatique 
fusionnée, le diaphragme, sans trouver le liquide et de péné¬ 
trer dans l’abdomen. Vous concevez donc l’importance de 
l’examen de la partie antérieure du thorax, partie où les 
symptômes dus aux adhérences se rencontrent avec le plus 
de netteté. D r Jaccoud. — (Gazette des Hôpitaux ). 


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VARIÉTÉS 


Le choléra. — C’est la grosse préoccupation du jour, il faut bien en 
subir 1 obsession. Le sinistre vocable court de bouche en bouche, on 
chuchote à voix basse ce nom quasi fatidique : Choléra . Et à propos de 
nom, savez-vous la remarque aussi juste qu’ingénieuse faite jadis par 
un de nos aimables chroniqueurs, qui regrette tous les jours de ne plus 
tenir la plume de journaliste ? 

« A tout prendre, a écrit quelque part J Claretie, ce qu’il y a de plus 
effrayant dans le choléra, c’est le nom que porte la maladie. Ces sept 
lettres réunies, choiera , ont une terrible harmonie imitative... On devrait 
toujours donner aux maladies un nom aimable, Anémie est un mot char¬ 
mant, par exemple. « Il aune anémie, il se meurt d’anémie ! » Cela vous 
a un petit air doux, et poétique et attirant... Anévrisme est fort poétique 
aussi. Je ne fais point ici de paradoxe, mais il est certain que ce mot tra¬ 
gique et retentissant choléra , est pour beaucoup dans la frayeur que le 
mal inspire. 

« Et puis les adjectifs le compliquent encore ! Sporadique qui voudrait 
rassurer, ne rassure guère ; et asiatique prend tout aussitôt des aspects et 
des proportions fantastiques... Le nom, je le répète, c’est le nom qui est 
cause de tout ! Vite qu'on débaptise le choléra, et il perdra de sa puis¬ 
sance. » 

Il n’y a pas à nier que l'effet moral produit par le seul mot de choléra 
est considérable. A ce point de vue, l'épithète de diarrhée cholériforme 
ou de choléra nostras , imaginée par nos modernes hygiénistes, a plus 
fait pour enrayer le fléau que les spécifiques les plus vantés. 

On a dit souvent, et avec raison, que le mal de la peur est plus ter¬ 
rible que le mal lui-même. Quand le choléra envahit pour la première 
fois Paris, en 1832, le romantisme agita le spectre noir du monstre (1). 

Il n’en fallut pas davantage pour qu’il étendît rapidement ses ravages. 

Léon Gozlan avait accueilli ce visiteur de marque avec toute la défé- 
renee due à un aussi puissant personnage. On se répétait les alexandrins 
du poète avec un frisson, comme on se raconte tout bas, aux veillées de 
câmpagne, les exploits de Croquemitaine, ou de Barbe-Bleu : 

(1) Piorry avait proposé de désigner le choléra par le mot indiose (poison indien). 

Du mot indiose, il faisait indiosémie (altération du sang dans le choléra). 

Les lésions gastriques et intestinales devenaient l’indiosigastrie et l’indiosentérie. 

Ou nommerait la diarrhée séreuse du choléra, liydrentérorrhée indiosique, et le défaut 
de sérum qui en résulte, anhydrémie indiosique. 


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Place h ce roi des rois i Car nul ne sait encore 
Sur quel étrange autel il prétend qu’on l’adore j 
Dans l’univers, un jour, il doit régner tout seul ; 

Pour sceptre, il n’a qu’un os ; sa pourpre est un linceul. 


Il assassine en grand. De son bras meurtrier, 

Comme on tue un seul homme, il tue un peuple entier. 

Heureusement en France la gaieté reprend vite ses droits. On organisa 
dans Paris la grande cavalcade du choléra, comme plus tard, en 1848, 
on chansonna et on caricatura le bacille. Jules Janin, dont les feuilletons 
étaient lus avec avidité , traita le choléra comme un mauvais mélo¬ 
drame de l’Ambigu, et il n’en fallut pas plus pour ramener le calme dans 
les esprits. 

La peur du choléra s’explique en partie par le souvenir des récits dra¬ 
matiques qu’ont faits de la première épidémie, qui fut si meurtrière, 
ceux qui en furent les témoins On n’a pas oublié le tableau qu'en a tracé 
Eugène Süe dans le Juif Errant , et Victor Hugo dans les Châtiments. 

Dans l’ouvrage, si populaire à son époque, d’Eugène Süe, le Juif 
errant, condamné par Jésus-Christ à marcher sans cesse, sème le mal sur 
son passage. Il en est atteint à son tour, mais il guérit, parce qu’il faut 
qu'il vive jusqu’au dénouement. 

De même on voit Hugo évoquer les microbes... 

Que l’œil du microscope avec effroi regarde, 
et faire une description imaginée de cette armée d’animalcules : 

L’obscure légion des hydres invisibles 
L’inflniment petit rempli d’ailes horribles, 

L’insecte, l’âpre essaim de moucherons tenant 
Dans un souffle et qui fait trembler un continent... 

La période est d’un réalisme frissonnant. 

L’influence pyschologique est tellement reconnue en ce qui concerne 
le choléra, qu’elle a été officiellement constatée parles corps savants. Le 
13 mars, M. Martin Solon, rapporteur de la commission du choléra à 
l’Académie de médecine, lisait son travail, qui consistait en une instruc¬ 
tion populaire sur les précautions à prendre contre l’invasion du mal, sur 
ses premiers symptômes et sur les premiers soins à donner à ceux qui 
en étaient atteints. 

Ceci nous amène à dire un mot de l’histoire du choléra, qui est restée 
obscure dans la plupart des ouvrages classiques. 

Et d’abord le mot lui-même de choléra, d'où dérive-t-il ? Selon les uns* 


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du mot grecycXy], bile ; selon d’autres, de yoktpv. qui signifie, dans cette 
même langue, gouttière. Le grec yoXspa, d’après des philologues plus re¬ 
tors, serait d’importation étrangère, probablement phénicienne. En effet, 
si l’étymologie était grecque, le mot ne pourrait venir que de yoXvî. 
la bile, et de ozm, couler ; d’où flux de labile. Oui, mais les grecs au¬ 
raient dit yoX'ppotff et non y^cXsoa (1), comme ils disent hémorrboïs, qui 
signifie flux de sang.La formule ?a n’a jamais désigné en grec écoulement. 

L’hébreu, dialecte très voisin du phénicien, fournit au contraire le 
mot composé choli-ra. 

Ce qui semblerait confirmer cette hypothèse, c’est que le choléra est¬ 
ime maladie biblique. 

La plus ancienne mention du choléra se trouve en deux endroits de 
YEcclèsiaste (2). 

On retrouve le nom de choléra chez quelques-uns des plus célèbres 
médecins de l’antiquité, soit dans la langue des Grecs à laquelle il ap¬ 
partient originairement, soit dans celle des Romains qui l’empruntèrent 
aux Grecs. Il désigne une maladie biliaire, dont l’estomac et les intestins 
sont le siège, qui est caractérisée principalement par des tranchées, des 
vomissements, des déjections alvines, et souvent par des contractions 
involontaires des membres. 

Hippocrate fait mention d’un cas qu’il a observé et qu’il décrit avec 
tout son cortège de symptômes (3). 

Le mot choléra, se trouve pareillement dans Celse (4) avec sa significa¬ 
tion actuelle. L’auteur latin n’oublie ni les vomissements,ni les déjections 
blanches , ainsi que la soif ardente, la diminution de la sécrétion uri¬ 
naire, les crampes des membres. 

Arétée de Cappadoce insiste de préférence sur les tiraillements épigas 
triques, le spasme vésical, la voix éteinte, la petitesse et la fréquence du 
pouls (5). 

D'après Coelius Àurelianus, le choléra .se déclare par un vomissement 
d’aliments à moitié digérés et de bile jaune, verdâtre, parfois noire. Par- 
foi» le malade évacue une matière semblable à de la lavure de chair «Lî> 

(1) On appelle le choléra dans l’Inde mordechi , d’où on a fait mort, de chien. Les Ara¬ 
bes le nomment El ïlaoua, le vent, prétendant désigner par là sa propagation atmos¬ 
phérique, dont on ne peut pas plus se défendre que d’une balle dans une bataille. (Littré 
Du choléra oriental. 1832.) 

(2) Cap. XXXX1I, 32-33 ; Cap. XXXI, 22-23. 

(3) Cinquième livre des Epidémies. De morbù popul ., lib, 28. 

(4) Livre IV, cltap. XI. 

(5) Cité par Littré : Du. choléra indien , 118. 


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chaleur épigastrique et la soif sont intolérables ; la respiration est courte 
et fréquente; les membres sont livrés à des contractions involontaires (1).» 

Diogène le Cynique mourut du choléra à Corinthe pour avoir mangé 
du pied de bœuf cru, au dire de Diogène de Laërte. 

Au xvi e siècle seulement on commence à observer le choléra épidémi¬ 
que. L’historien Mèzerai* (2) rapporte que la colique appelée trousse- 
galant parut en France en 1528, et y régna jusqu'en 1531, précédant de 
quelques mois une peste effroyable qui décima la France. 

Lazare Rivière nous a laissé le récit de l’épidémie de choléra qui sévit 
à Nîmes en 1645. Son « Observation » est d’une précision qui ne laisse 
aucun doute sur la nature de l’affection. 

«L’an, si je ne me trompe, 1645, écrit-il, avant que la peste fût à 
Nîmes, courut cette maladie appelée choléra, tuant beaucoup de malades 
dans quatre jours ; toutefois ceux qui demandaient du secours dès le dé¬ 
but échappaient presque tous par cctto méthode. Les malades buvaient 
peu, on leur donnait de la gelée de coings, on frictionnait les membres 
avec des aromates. On faisait des embrocations d’huile de camomille 
chaude. On appliquait des épithèmes aromatiques sur l’épigastre. On ad. 
ministrait des cordiaux, des opiats astringents, la rhubarbe et des clys- 
tères fortifiants (3). » 

Il est vraisemblable que le choléra régna au moins à l’état endémique 
pendant toute la durée du grand siècle. Ainsi l’attestent certain passage 
des Dialogues de la sa?ité (4), de Frèmont d’Ablancourt et aussi telle pièce 
du théâtre italien, Y Arlequin Phaéton, qui nous donne, sous une forme 
comique, les symptômes du cruel fléau. 

Gui Patin, qu’il faut toujours consulter, comme le chroniqueur le mieux 
informé de son temps, en touche un mot dans une de ses Lettres (5) : 
« Nous avons ici, écrit-il, un médecin fort malade, âgé de 72 ans : c'est 
M. Jacques Thévart, dit le Camus. 

Il est un des médecins qui servent à l’Hôtel-Dieu, il a un cholèra- 
morbus , autrement trousse galant , dont il faillit bien mourir, et quoi 

(1) Lib. III, cap. XVIII. De Acutis morbii. 

(2) Ozanam. Muladi s épidémiques , t. II. 239. 

(3) Ozanam, loc f oit. 

(4) Voici le passage auquel nous faisons allusion : « Si les médecins, qui fouillent 
partout, s'aperçoivent qu’il soit mêlé dans 110 s affaires, ils me tiendront atteint d’un 
choléra-niorbus (aie), et il n’en faudra pas davantage pour les forcer à faire de moi en 
un moment une boutique d’apothicaire. » (Dialogue I, p. 15 des Dialogues do la santé, 
Paris, 1683. in-8 f >.) 

(5) 1X1 septembre 1670, édit, de la Haye, 1715. 


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qu’il en arrive, il est fort censé de croire qu’il n’ira pas loin. De notre 
Licence, il n’y a plus que lui, Morisset et moi. » 

Comme on le voit, la maladie s’attaquait indistinctement à tout le 
monde. Les dames du plus haut lignage n’étaient pas plus épargnées que 
les plus sortides loqueteux (1). 

Madame la duchesse d’Arpajon, nous conte le marquis de Sourches 
dans ses mémoires, fut assez malade d’un choléra morbus , elle eut la 
chance d’en réchapper, mais il n’en allait pas toujours ainsi. Dans le 
même temps, toutefois, un directeur des Carmélites, du nom de Coquerel, 
bien que très gravement atteint, s’en sortit aussi heureusement. 

Ce fut sans doute un gros événement que cette guérison, puisque la 
Muse historique du gazetier Loret, alla jusqu’à interrompre la description 
des grandes fêtes données en octobre 1656, pour en instruire le public. 

Et quoique le mal fût mortel 
Son bonheur cependant fut tel... 

Qu’il en eut, pour cette fois, la vie sauve. Les cures devaient être rares, 
pour qu’on crût devoir les annoncer à si grand fracas ! 

Si ces preuves, du domaine littéraire, n’arrivaient pas à convaincre 
que le choléra a existé en tout temps, nous pourrions vous renvoyer à 
l’excellente description qu’a laissée Sydenham de l’épidémie du choléra, 
qui régna en Angleterrede 1669 à 1672. Legrand clinicien en fut attaqué 
lui-même au moment où il était affligé de la goutte, et il y succomba. 

« L’épidémie arrive, dit-il, presque aussi constamment sur la fin de 
Tété et aux approches de l’automne que les hirondelles au commencement 
du printemps et le coucou vers le milieu de l’été. 

« Ce mal se connaît aisément par des vomissements énormes et p-ir 
une déjection d’humeurs corrompues, qui se fait par les selles avec beau¬ 
coup de peines et de difficulté. Il est accompagné de violentes douleurs 
d’entrailles, d’un gonflement et d’une tension de ventre, de cardialgie, de 
soif, d’un pouls fréquent, avec chaleur et anxiété, et assez souvent d’un 

(1) Bien que le choléra sévisse surtout dans la classe des miséreux, aucune catégorie 
sociale n’est à l’abri de la maladie. 

Eu 1819, succombe aux atteintes du mal indien le nabab de Carnatie ; en 1822, le 
prince royal de Perse ; en 1827, sir Thomas Munro, gouverneur de Madras. 

Lors de l’épidémie de 1830-1831, on voit successivement mourir le gouverneur d’As- 
trakan, le grand-duc Constantin, le général Lamarque et Casimir Périer. 

En 1849, le maréchal Bugeaud, que les balles avaient tant de fois épargné, est à son 
tour mortellement frappé. 

L’amiral Bruat,. en 1855, la reine-mère de Bavière, l’année d’auparavant, payent 
leur tribut au minotaure asiatique. 


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pouls petit et inégal, de cruelles nausées et quelquefois de sueurs colli- 
quatives, de contractions dans les bras et dans les jambes, de défail¬ 
lance, de froideur des extrémités, et d’autres semblables symptômes qui 
épouvantent extrêmement les assistants, et tuent souvent le malade en 
vingt-quatre heures ». 

Durant tout le cours des années suivantes 1670, 71 et 72, la même 
épidémie régna à Londres, mais elle présentait plutôt les symptômes de 
l’entérite chronique. Outre le laudanum dont on faisait un fréquent usage, 
on conseillait la saignée, et une saignée généreuse, ou des cathartiques. 

Le régime était réfrigérant et se composait de crème d’orge, de panade 
ensuite un peu de poulet ou de poisson. La boisson ordinaire était de la 
bière légère ou du lait coupé avec de l'eau. On ordonnait aux gens riches 
l’équitation pour rappeler les forces (1). 

En Allemagne, en Suisse, on a pareillement observé des coliques épi¬ 
démiques, vers la fin du xvn 0 siècle. 

Un choléra morbus débuta brusquement à Paris en juillet 1750 et 
devint bientôt épidémique. La malade, qui avait quelque analogie avec 
la colique hépatique, ressemblait plutôt à la colique du Poitou par la 
crampe et l’engourdissement des extrémités inférieures (2). 

A signaler encore une épidémie locale qui se déclara à Fougères, en 
Bretagne, en 1779, attaquant de préférence les paysans et les prisonniers 
anglais détenus dans le château. 

On peut dire toutefois, que le choléra est généralementrestéen Europe 
à l’état sporadique. Dans les contrées asiatiques, au contraire, il a existé 
de toute antiquité. 

Les ouvrages sanscrits, notamment un livre traduit et résumé en 1845 
par le D r Wise, directeur du service médical au Bengale, contiennent 
une description des plus nettes du choléra. 

Le document le plus curieux, d’après le D r Papillon (3), est une 
inscription relevée à Vizzianuggur par M. Sanderson sur un monolithe 
qui fait partie des ruines d’un ancien temple. 

Cette inscription, attribuée à un disciple de Bouddha et qui paraît 


(1) Ozanam, toc. cü.. 242. On sait que les Kalmouks, dès la première atteinte de 
choléra, montent à cüeval et galopent jusqu'à ce que leurs montures ne puissent plus les 
porter. Un journaliste de Moscou ayant entendu parler de cette singulière médication, 
en aurait fait récemment l’essai personnel, et s’en serait très bien trouvé. An dire des 
journaux russes, M. Guilarowsky ayant ressenti les premiers symptômes du choléra 
aurait fait à cheval une course à fond de train u’euviron dix vers tes soit 111 kilomètres 
sur l’iiippodrome de Moscou. Descendu de sa monture, il se serait trouvé guéri. 

(2) Ozanam, loc. cit., 245. 

(3) Revue des Deux Mondes , 1873. 


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dater d’une époque antérieure à la conquête d’Alexandre, dit ce qui suit : 
« Les lèvres bleues, la face amaigrie, les yeux caves, le ventre noueux, 
les membres contractés et crispés, comme par l’effet du feu caractérisent 
le choléra , qui descend, par la maligne conjuration des prêtres, pour 
détruire les braves. La,respiration épaisse adhère à la face du guerrier, 
ses doigts sont tordus en différents sens et contractés, il meurt dans les 
contorsions, victime de la colère de Siva. » D'autres livres hindous ou 
persans de date plus récente renferment des documents analogues 

Jacob Bontius est le premier médecin européen qui ait parlé, il y a 
près de trois cents ans, du choléra de l’Inde dans son ouvrage Medicina 
Indorum (cap. VI). On employait, dit-il, des boissons astringentes, et 
surtout le suc du fruit du billigbing, sorte de myrobolan que l’auteur 
décrit avec soin, ainsi que du sirop de cresson (1). 

Les Chinois l’avaient observé dans le Céleste Empire, au temps où 
vivait Hippocrate. Ils l’appelaient Hô-louân. 

Ce fut en juin 1817 que le choléra épidémique fondit sur la presqu’île 
du Gange. Il débuta dans undistrict.de l’Inde à Zilla Jessore, ville située 
à cent milles au nord-ouest de Calcutta, le 9 août de la même année. Le 
docteur anglais qui vit le premier malade atteint de choléra, le crut 
empoisonné. On attribua généralement la nouvelle affection à l’intempérie 
des saisons et à la mauvaise qualité du riz. 

Vers la fin d’août 1821, la maladie éclate à Bagdad. « On vit des 
voyageurs en marche tomber tout à coup et expirer sur-le-champ, comme 
frappés de la foudre sans avoir le temps de proférer une seule plainte. 

« On vit des ouvriers périr les outils à la main, des laboureurs à la 
charrue et des brainines assis, récitant leur chapelet (2). » 

On sait, ceci est de l’histoire moderne, comment le choléra pénétra en 
Europe par Astrakan le 31 juillet 1830, puis, l'année suivante, franchit 
le Rhin pour se porter en Angleterre et brusquement débarqua en France 
par Calais. 

. il se manifesta à Paris le 27 mars, et dura jusqu’en août, aprèi avoir 
fait près de 27,000 victimes ! 30 médecins en turent atteints, 18 y succom ¬ 
bèrent (3). 

Calais et Lille servent encore de portes d’entrée au choléra en 1848. 
Les premiers mois de 1849, on le signale à Dieppe, Fécamp, Rouen et 
Paris. 

(1) Ozanara, loc. cit., 255. 

(2) Ozanam, loc . cit., 261. 

(3 1 Ozanam, loc. cit ., 261. 


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191 


Nouvelle épidémie en 1853. Nos troupes expéditionnaires qui campent 
en Crimée sont très éprouvées par le tléau. 

Le choléra nous fait une nouvelle visite en 1865. Il débute cette an- 
née-là à Marseille, ravage la Provence, tout le Midi, et est observé à 
Paris au mois de septembre. 

En juillet 1866, on annonce sa soudaine apparition à Amiens, et bien¬ 
tôt on le voit regagner Paris, où il élit domicile jusqu’en janvier 1867. 

Plus près de nous, nous nous contenterons de noter les épidémies de 
1873, de 1884-1885, et enfin l’épidémie actuelle. D r Quercy. — {France 
médicale.) 

* 

* * 

La consultation des hôpitaux. — Voici, d’après M. Juhel-Renoy, 
comment se fait la consultation dans les hôpitaux de Pans et nous ajou¬ 
tons,comment elle se fait dans plusieurs services des hôpitaux de Bruxelles 
(il y a d’heureuses exceptions, surtout dans les services spéciaux) avec 
cette différence aggravante en plus qu’ici les internes sont des étudiants 
de première ou de deuxième année de doctorat, tandis qu’à Paris ce sont 
des médecins ou au moins des praticiens qui ont accompli leurs trois 
années de doctorat. 

« Ce que sont la plupart des consultations de nos grands hôpitaux, 
chacun le sait. Le jour où le titulaire du service est de « consultation » 
on voit passer par les salles une série plus ou moins longue de tabliers 
blancs qui s’arrête hâtive devant quelques lits, ceux occupés par les 
malades « intéressants », ou moribonds; puis le flot dévale par les esca¬ 
liers, corridors, s’engouffre dans l’étroite salle de consultation, tandis 
que piétinent depuis une heure ou deux, 50 ou 60 malades, quelquefois 
100, de l’autre côté de la porte. Le chef de service, — quand quelques 
clients urgents de la ville ou de la province ne l’attendent pas, — s’as¬ 
seoit. En vingt minutes, la sélection des malades qu’il veut recevoir dans 
son service est chose faite, il se lève, serre la main de son interne et lui 
confie... la consultation. A son tour, Pinterne occupe le fauteuil du con¬ 
sultant, tâte le pouls, fait tirer la langue des divers malades qui défilent 
devant lui, dévêt incomplètement ceux qui lui semblent fébriles, les aus¬ 
culte de sa meilleure oreille, — mais combien hâtive et quelquefois insuf¬ 
fisamment expérimentée! — puis dicte une prescription appropriée au 
sujet. Quand, durant une heure, il a fait ce simulacre de consultation, 25 
ou 30 malades lui sont passés sous les yeux, — 2 minutes par tête, — 
puis, comme les forces humaines sont limitées, il va déjeuner et confie le 


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— 192 — 


« reste » aux externes, stagiaires, bénévoles de bonne volonté. Ce qu’est 
cette « fin de consultation » je le laisse à penser. Ce sont les ordonnances 
« faites d’avance», distribuées « au petit bonheur» pat* des jeunes gens 
que leurs études n’ont pu rompre encore aux difficultés de la thérapeu¬ 
tique, ignorant le plus souvent même la posologie la plus élémentaire. 
Ils s’en tirent avec un « bon de bains ou de douches», cela dépend de la 
saison, une pilule narcotique, un purgatif léger, et après une demi-heure 
de cet exercice, ils se sauvent à leurs pensions manger un déjeuner frojd, • 
convaincus qu’ils ont fait un service effectif. Je ne sais si l'on me taxera 
d’exagération, mais je répète que je ne crois pas calomnier unegranie 
partie du corps des hôpitaux en disant tout haut ce qui se fait beaucoup 
et depuis longtemps. C’est une question que j’ai assez souvent agitée avec 
tels ou tels de mes collègues ou maîtres. Or entre soi on avoue que le 
service est peu ou mal fait, mais, — et c’est là qu’est la beauté de l’en¬ 
quête, — qu’on nous assemble pour faire en commun notre meâ culpâ , 
pour essayer de remédier à un tel état de choses, aussitôt tout le monde 
de protester de son zèle, de dire tout haut que le service de la consultation 
est suffisant, bref, qu’il n’y a qu’à laisser en l’état la question. 

« Au résumé, le service de la consultation est mal fait ; — il n’en sau¬ 
rait être autrement — l’administration ne l’ignore pas; malgré tout, 
beaucoup de médicins des hôpitaux s’opposent à ce qu’on touche à leur 
consultation. » (Presse medicale belge.) 


SOMMAIRE 

La phtisie aiguë, par le D r Martiny .161 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 

le LFLambreghts, fils, d’Anvers.167 

L’homœopathie dans la médecine officielle. — Tra¬ 
duction du D r Chevalier, de Charleroi. . . . 172 
Des métastases du psoriasis, par le D r Martiny. . . 174 
Séméiologie de la pleurésie, adhérences pleurales et 

thoracenthèse.180 

Variétés.'.184 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


19 e Année OCTOBRE 1892 N° 7 


LA MÉDECINE PALLIATIVE 

Les rubéfiants, les vêsicants, les émollients, etc. 

par le D r Martin y 

Nous nous proposons de vous entretenir aujourd’hui des 
applications externes ‘.rubéfiants, vêsicants, émollients, pom¬ 
mades, liquides médicamenteux, frictions, etc. 

Les premiers homœopathes avaient complètement renoncé 
à l’emploi de ces moyens ; ils prétendaient même qu’un grand 
nombre étaient nuisibles, que tous étaient inutiles ; cet exclu¬ 
sivisme ne fut pas de longue durée; certains moyens exter¬ 
nes rendent réellement des services, et s’ils n’agissent pas 
souvent comme moyens curatifs directs, ils soulagent très 
fréquemment. Depuis longtemps déjà les médecins homœopa¬ 
thes ont parfois recours aux moyens externes ; plus per¬ 
sonne, croyons-nous, ne les rejette d’une façon absolue. 
Nous pouvons diviser les moyens externes en deux grandes 
catégories : ceux qui produisent une action médicamenteuse 
proprement dite et ceux qui jouent un rôle moins profond' et 
en quelque sorte mécanique; dans les premiers il y a absorp¬ 
tion plus ou moins prononcée du médicament qu’ils renfer¬ 
ment ; dans les autres l’effet est purement local et externe ; 
pour choisir des exemples, à la première catégorie se ratta¬ 
chent les applications de teinture d’iode, à la seconde les 
lotions, les cataplasmes et même les bains de pieds. 

Rien ne s’oppose, cela va sans dire, à l’emploi des moyens 
de la deuxième catégorie ; les cataplasmes, les applications 
d’eau froide et d'eau chaude, les pédiluves, les maniluves, 
etc., etc., qui sont d'un usage vulgaire, soulagent souvent et 
n’ont jamais été nuisibles à personne. 

Les frictions sèches, les frictions humides avec des liquides 


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— 194 ^ 


simplement stimulants ou très peu irritants, à l'alcool, etc., 
peuvent rendre des services. Il en est de même des topiques 
chauds, sables chauds, flanelles chaudes, etc. 

Le massage peut également être d’une grande utilité; mais 
il a des indications spéciales. 

Enfin, l’hydrothérapie simple, sous forme de lotions et de 
compresses, rentre un peu dans cette catégorie, mais les 
grandes manœuvres hydrothérapiques remuent profondément 
l’organisme : leur emploi doit être surveillé de près et leurs 
indications bien définies. 

Nous employons donc sans arrière pensée aucune tous ces 
moyens externes n’introduisant pas dans l’organisme des 
principes médicamenteux qui peuvent jouer un rôle plus ou 
moins fâcheux dont on ne se doute pas toujours : il y a 
quelques années, M. le docteur Jules Simon constatait qu’un 
certain nombre d’enfants de son service présentaient de 
l'albumine dans les urines; après quelques recherches il ne 
fut pas peu étonné de découvrir que ce symptôme survenait 
chez les enfantsauxquels on faisait des applications externes de 
teinture d’iode ; le fait a été contrôléun grand nombre de fois. 

Au sujet de l’absorption des médicaments par la peau, 
nous avons lu avec le plus vif intérêt la relation d’expériences 
qui ont été faites et publiées l’année dernière par deux vété¬ 
rinaires d’Altfort. Après avoir soigneusement rasé le sommet 
de la tête chez des chiens et s’être assuré qu’il n’y avait 
aucune solution de continuité dans l’épiderme, ils ont fait des 
applications de pommades avec de la strychnine et de l’atro¬ 
pine, deux substances capables de produire des symptômes 
non équivoques de leur action et de leur absorption. Ces mes¬ 
sieurs ont constaté : 1° que la dose employée extérieurement 
devait être environ 200 fois plus forte pour produire le même 
effet que la dose administrée à l’intérieur ; 2° à leur grand 
étonnement ils ont découvert que, lorsque les médicaments 


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— 195 — 


étaient incorporés dans de la vaseline, il n’y avait aucune 
absorption médicamenteuse, tandis que cette absorption avait 
toujours lieu quand la pommade était à base d’axonge. Ceci 
est bon à retenjr, car depuis quelques années on a pris 
l’habitude de remplacer les corps gras par de la vaseline. 

Il y a donc une absorption réelle des remèdes par la 
peau, et l’emploi des pommades médicamenteuses en usage 
depuis si longtemps dans la pratique médicale est bien justi¬ 
fié ; tous les médecins ont constaté leurs bons effets dans 
un grand nombre d’affections ; pourtant ils étaient loin 
de se douter de l’exiguïté de la dose administrée ainsi à 
leurs malades : ils faisaient de l’homœopathie inconsciente; 
la dose est très minime et le médicament contenu dans la 
pommade est réellement tamisé en passant par les pores de 
la peau,et divisé à la façon de nos préparations et triturations 
homœopathiques. Au fond, c’est l’emploi déguisé de nos doses 
infinitésimales. 

Il va sans dire qu’une si minime absorption exige un état 
intact de la surface cutanée ; si celle-ci est irritée préalable¬ 
ment ou si le topique est lui-même très irritant, l’absorption 
médicamenteuse sera plus prononcée ; quand il y a ulcéra¬ 
tion maladive ou artificielle de la peau, le médicament doit 
pénétrer plus complètement dans l’économie. 

Vous voyez déjà les conséquences que nous, médecins 
homœopathes, devons tirer de ce qui précède ; quand nous 
emploierons des pommades nous ne devrons, règle générale, 
les composer qu’avec des médicaments plus ou moins indi¬ 
qués par la loi des semblables ; si nous prescrivons, par 
exemple, une pommade belladonée dans la péritonite, nous 
faisons en réalité une prescription homœopathique ; l’onguent 
mercuriel simplement enduit sur le ventre pourrait même, 
jusqu’à un certain point, être autorisé dans la même affec¬ 
tion. Mais pourtant il ne doit pas être accompagné de 


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— 196 — 


frictions, sans quoi la dose absorbée serait trop forte. Il en 
serait de même si la peau était irritée antérieurement ; vous 
savez probablement que les frictions à l’onguent napolitain 
ont regagné beaucoup de faveur chez nos confrères allo¬ 
pathes dans le traitement des accidents primitifs de la 
syphilis, et pourtant ces messieurs savent parfaitement que 
ces frictions produisent, avec la plus grande fréquence, la 
gingivite et la salivation hydrargyrique ; mais cette façon 
d’administrer le mercure est considérée parla plupart d’entre 
eux comme la plus efficace pour guérir la vérole. Ici encore 
nous pouvons faire deux observations : d’abord la dose 
absorbée doit être.minime, et ensuite, grâce à son passage 
au travers de la peau et à la longue trituration qu’exige la 
préparation de l’onguent gris,le mercure pénètre excessive¬ 
ment divisé dans la trame des tissus. 

Nous pourrions ainsi multiplier les exemples pour faire tou¬ 
cher du doigt les rapports de'la médication topique externe 
avec l’homoeopathie et les petites doses, mais chacun pourra 
facilement s’en rendre compte à Toccasion, et tirer les con¬ 
clusions que les faits comportent. 

Quand nous emploierons un remède externe, nous devrons 
nous demander d’abord si la substance qu’il contient est indi¬ 
quée par notre grande loi thérapeutique ; ensuite, si la dose 
pouvant être absorbée n’est pas trop forte, ce qui doit être le 
cas lorsque la peau s’irrite sous l’influence du topique ou 
lorsqu’elle est déjà irritée préalablement. 

Un grand nombre de topiques fréquemment usités dans l’an¬ 
cienne école sont des irritants, des rubéfiants et des vésicants 
de l’enveloppe externe. Si on prolonge ou si on renouvelle 
trop leur emploi, si on les applique sur une trop large surface, 
il est indubitable que leur absorption et leur action seront 
d’autant plus fortes. Il faut toujours en tenir note. 

Les révulsifs irritants jouent un grand rôle dans le traite- 


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— 197 — 

ment habituel des affections douloureuses externes ; l’emploi 
des sinapismes, par exemple, est d’un usage vulgaire dans 
les douleurs , névralgiques et rhumatoïdes ; dans beaucoup 
de circonstances, ils produisent du soulagement. On a expli¬ 
qué ce fait en déclarant que c’est la douleur artificielle qui 
annihile la douleur maladive. C’est au fond la médication 
substitutive appelée franchement médication homœopathi - 
que par Trousseau et Pidoux dans la première édition de leur 
Traité de thérapeutique . Ce titre subversif a été remplacé 
par médication substitutive dans les éditions suivantes. 

Il y a quelques années encore on faisait facilement alors 
intervenir l’action des vaso-moteurs ; c’était à l’époque où la 
théorie des vaso-moteurs battait son plein. Aujourd’hui il 
n’est plus de mode de les mettre en cause ; au fond, le sou¬ 
lagement que produisent parfois les irritants externes est le 
corollaire de notre grande loi : guérir le mal par un mal 
semblable. 

Nous ne devons donc pas négliger ces moyens souvent 
utiles, bien entendu lorsque le remède employé n’est pas un 
médicament à action profonde ni prolongée ; rien ne nous 
empêche, par exemple, d’employer la moutarde, les frictions 
alcoolisées, les frictions ammoniaquées, voire même les fric¬ 
tions chloroformées, le chloroforme dilué étant peu irritant 
et n’ayant en même temps qu’une action interne très fugace. 

Mais soyons plus prudents lorsqu’il s’agit, par exemple, 
d’une friction avec un liniment cocaïné, car la cocaïne a une 
action très profonde, de plus longue durée qu’on ne pense, 
et certains sujets y sont fort susceptibles. 

Enfin, il nous arrive quelquefois d’employer, un peu empi¬ 
riquement, c’est vrai, des pommades, des liniments contenant 
des médicaments calmants proprement dits parmi lesquels 
se distinguent surtout les opiacés, le laudanum, l’extrait 
thébaïque, le chlorhydrate de morphine. 

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— 198 — 


Ces moyens soulagent fréquemment, comme soulagent les 
mêmes substances prises à l’intérieur. Ici ce n’est plus de 
la médecine curative, c'est de la médecine palliative propre¬ 
ment dite, et nous renvoyons à ce propos à ce que nous avons 
dit au sujet de la médecine calmante dans nos précédentes 
séances. C’est toujours un pis-aller qu’il ne faut mettre en 
usage que lorsqu’on ne peut pas agir autrement. 

Un goutteux, par exemple,’ qui a des douleurs atroces 
dans une articulation, sentira son mal engourdi sous l’in¬ 
fluence d’application d’une pommade opiacée et belladonée. 
Nous y incorporons même fréquemment quelques gouttes de 
teinture de colchique ; la belladone , du reste, et le colchi¬ 
que sont indiqués dans les accès arthritiques. 

Disons maintenant un mot de la médication vésicante en 
tête de laquelle se trouve l’emplâtre de cantharides. On a 
déjà beaucoup écrit et discuté sur la valeur et l’action des 
vésicatoires ; dernièrement encore, à propos d’une sorte 
d’enquête chez les médecins les plus en renom de Paris sur 
le traitement de la pleurésie et de la pneumonie, le vésica¬ 
toire a été fortement battu en brèche par un grand nombre 
et assez mollement défendu par ceux qui remploient habituel¬ 
lement. 

Ce n’est pas ici le moment de revenir sur tout ce qui a 
été dit au sujet du vésicatoire. Il est un fait absolument 
hors de doute, c’est que la cantharide est absorbée en plus 
ou moins grande quantité pendant l’action vésicante, qu’elle 
agit fréquemment sur les organes génito-urinaires ; on a 
même pris pour habitude de saupoudrer de camphre les 
vésicatoires pour essayer de mitiger cet efiet.La cantharide 
est un médicament à action profonde, n’agissant pas seule¬ 
ment sur les organes génito-urinaires, mais aussi sur l’en¬ 
semble de l’économie et notamment sur la poitrine et les 
bronches. 


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— 199 — 


Notre confrère Criquelion et moi, avons très bien connu à 
Ath le pharmacien L qui n’osait plus manipuler les can¬ 
tharides ni préparer un vésicatoire sans être atteint, peu de 
temps après, d’un catarrhe général des voies respiratoires 
avec fièvre, abattement et anorexie. 

Pendant quelque temps il se bornait à découper le vésica¬ 
toire préparé d’avance, mais bientôt il s’aperçut qu’il lui 
suffisait d'ouvrir l’étui pour sentir, peu d’heures après, les 
premières atteintes de son catarrhe pharyngo-bronchique, 
de sorte que chaque fois qu’un vésicatoire était prescrit 
c’était son aide qui le délivrait. 

Du reste, Messieurs, lisez la pathogénésie de la cantharide 
et vous verrez combien sont nombreux et variés les symptô¬ 
mes thoraciques de ce médicament. Ce qui précède fait com¬ 
prendre comment il arrive qu’un vésicatoire produit parfois, 
plus rarement qu’on ne le croit, de bons résultats dans cer¬ 
taines affections de poitrine. La cantharide agit alors en 
vertu de la grande loi des semblables. 

Il y a pourtant certaines circonstances où le vésicatoire 
produit de bons effets dans les affections douloureuses, dans 
certaines douleurs rhumatismales, dans certaines névralgies. 
C’est probablement par suite de l’irritation substitutive . 
Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il y a presque toujours 
une absorption et, dans ces conditions, mieux vaut avoir 
recours à des vésicants dont la substance active a des effets 
moins profonds ; du reste, si vous parcourez les traités de 
thérapeutique classiques, vous y verrez que l’emploi du vési¬ 
catoire doit être accompagné de précautions; la plupart de 
ceux qui en sont partisans ne l’ordonnent guère dans la pé¬ 
riode aiguë de la maladie, d’autres ne le laissent séjourner 
que fort peu de temps, etc., etc. 

Mais le vésicatoire est malheureusement fort fréquemment 
mis en usage parce que c’est un moyen qui frappe les assis- 


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— 200 - 

tants ; ils voient son action locale et s’imaginent que l’arri¬ 
vée de la sérosité dans l’ampoule vésicatoriale doit produire 
un puissant effet sur les organes internes. Je pourrais vous 
citer à ce sujet de nombreux et singuliers aveux de médecins 
allopathes ayant fini par abandonner les vésicatoires après 
en avoir été de chauds partisans. 

Terminons ce que nous avons à dire au sujet de la mé¬ 
thode révulsive externe par quelques considérations sur les 
révulsifs à action profonde et surtout de longue durée : les 
sétons, les moxas et les cautères. 

Disons d’abord que nous ne les répudions pas complète¬ 
ment ; nous avons déjà vu de bons effets obtenus par ces 
moyens : un certain nombre de personnes dont la santé était 
troublée, voient leur état s’améliorer sous l’influence d’une 
suppuration artificielle peu étendue du côté de la peau ; tout 
au début de notre carrière médicale, alors que nous étions 
interne, nous avons eu l’occasion d’observer le cas suivant : 
Un jeune milicien, à l’hôpital militaire de Liège, était 
atteint d’une hypertrophie du cœur avec battements violents 
et précipités ; après avoir essayé sans succès de différents 
moyens internes, le médecin principal me fit appliquer un 
séton a la région précordiale ; le lendemain déjà les batte¬ 
ments avaient diminué ; il en était ainsi aussi longtemps que 
le séton était maintenu ; à plusieurs reprises nous l’avons 
enlevé, et du moment que la suppuration tarissait, les bat¬ 
tements reprenaient de plus belle. Finalement, le malade dut 
être réformé, et il partit avec son séton en pleine activité. 

Nous n’avons jamais perdu ce fait de vue et depuis lors, 
chaque fois que certains malades nous ont demandé notre avis 
au sujet de l’opportunité d’un cautère, nous n’avons pas irré¬ 
vocablement condamné ce moyen : parmi nos clients âgés 
nous en connaissons quelques-uns qui sont porteurs de cau¬ 
tères et chaque fois qu’ils ont voulu les supprimer ils ont 


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— 201 — 


derechef éprouvé les incommodités de jadis ; tel voyait 
revenir ses accès d’asthme d’antan, tel reprenait ses névral¬ 
gies, un troisième regagnait des troubles digestifs quand son 
cautère était moins actif, etc. N’allez pas croire que nous 
sommes d’avis que les affections chroniques en général sont 
améliorées par des suppurations artificiellement entretenues; 
la plupart résisteront aux révulsifs les plus variés, et l’on ne 
doit pas perdre de vue que toute suppuration est une cause 
d’affaiblissement, mais il y a des cas ou les suppurations de¬ 
viennent des « exutoires naturels » qui soulagent et amènent 
une réelle amélioration ; en qualifiant de naturels ces sortes 
d’exutoires je ne fais qu’employer un terme passé dans le 
langage des cliniciens : des suppurations habituelles, des 
écoulements considérés justement comme pathologiques ces¬ 
sent chez certains sujets, lorsque la santé générale se trouble; 
tel qui mouchait abondamment avait vu la sécrétion nasale 
se tarir ; tel autre qui transpirait habituellement des pieds 
avait constaté que cette sécrétion était arrêtée ; une troisième 
atteinte de leucorrhée n’en constatait plus depuis que diffé¬ 
rents malaises étaient survenus, etc. Enfin tous les cliniciens 
savent que, lorsque certaines affections cutanées, un petit 
eczéma, quelques plaques de psoriasis, un acné habituel, 
viennent à disparaître, il survient fréquemment des affections 
internes variées : asthmes, bronchites chroniques, affections 
du foie avec induration, entérites, catarrhes, etc., et paiffois 
même des affections ayant un caractère malin. Lorsque, 
sous l’influence d’un traitement approprié et d’une amélio¬ 
ration générale des forces, l’affection cutanée reparaît, on 
est tout étonné de voir revenir très souvent la santé chez 
ces malades. Eh bien, il n’est pas impossible d’admettre qu’un 
révulsif appliqué et entretenu dans certaines conditions 
puisse, dans l’occurence, hâter et entretenir ce travail vers 
la peau : nous nous rappelons parfaitement avoir vu de$ 


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— 202 — 


cautères anciens entourés d’une auréole eczémateuse ou pso- 
riasi(jue. Nous avons aussi constaté des cautères qu’on avait 
cessé d’entretenir, et qui étaient remplacés par une dartre 
sèche ou humide persistant malgré la cessation de tout 
moyen irritant. Il est donc possible, probable même, que cer¬ 
tains révulsifs, appliqués à un moment favorable, viennent 
en aide à un traitement général bien dirigé. 

Ces révulsifs chroniques font du reste partie de la tradition 
médicale ; depuis longtemps les auteurs en ont vanté les bons 
effets ; les vétérinaires font encore fréquemment usage de 
sétons et obtiennent des résultats favorables. 

Comme je le disais dernièrement, il ne faut pas faire fi de 
la tradition médicale. Un grand nombre de moyens mis en 
usage par les anciens cliniciens, les tisanes, par exemple, 
jouaient un rôle dans leur traitement : on a trop dédaigné ces 
enseignëments de la clinique, surtout depuis que l’on s’est 
habitué à employer des doses fortes ; les tisanes, les élec- 
tuaires, les robs, les oxymels d’autrefois n’étaient, en réalité, 
que des médicaments comparables, à tous les points de vue, 
à nos dilutions basses. 

Loin de nous pourtant l’idée de rejeter tous les médica¬ 
ments nouveaux introduits récemment en médecine (1), mais 
il faut avouer que ceux qui ont suivi de près le mouvement 
thérapeutique de ces dix dernières, années ont vu s’effondrer 
dans l’oubli un grand nombre de substances médicamenteuses 
ayant eu une vogue incroyable, pendant un an ou deux ! 
C’est le cas de répéter avec je ne sais plus quel médecin : 
«Hâtons-nous d’administrer ce remède,pendant qu’il guérit ». 

D r Martiny 


(1) L'antipyrine, par exemple, dans l’érysipèle; on sait que l'emploi 
de l'antipyrine est parfois suivi d’érysipèle ; toujours la loi des semblables. 


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— 203 — 

ASSOCIATION CENTRALE DES HOXŒOPATBES BELGES 

Président , Secrétaire , 

D* SGHEPENS D r Gyr. PLANQUART 

Séance du 11 Octobre 1892 

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. 

Sur leur demande régulièrement présentée, l’Assemblée 
admet au nombre de ses membres MM. les D rs Ern. Goumont, 
de Bruxelles, et Mathieu, de Jodoigne. 

La parole est ensuite donnée au D r Van Blaeren, de Bru¬ 
xelles,, qui lit le travail suivant : 

Chancre infectant, guérison 

par le D r Van Blaeren 

Dans le courant de l’été de 1891, je fus amené à donner 
des soins à un M. N... atteint de syphilis, et la marche de la 
maladie fut assez remarquable pour être notée. 

Notre malade est âgé de 30 ans. Il est bien découplé, vi¬ 
goureux, d’un tempérament sanguin-lymphatique et exerce 
la profession de marchand de vins. 

Etant en tournée d’achat dans la Gironde, il fut contaminé 
d’un chancre à la base du prépuce, à gauche du frein, 
auquel il ne donna pas, surtout au point de vue du régime, 
tous les soins nécessaires. Il rentra en Belgique vers la fin 
du printemps 1891, et le mal, tout local jusque-là, et qui avait 
semblé vouloir disparaître, reprit un surcroît d’intensité. 
M. N... se trouvant précisément en visite chez un de ses pa¬ 
rents, médecin en West-Flandre, il se confessa à lui. Celui-ci 
l’examina et comme c’était un ami commun, il demanda mon 
conseil, ne voulant pas à lui seul assumer la responsabilité 
d’un état de choses qu’il jugeait très grave et que voici, 


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— 204 — 


La maladie datait de quatre mois environ. Le médecin 
français consulté d’abord avait prescrit les lotions locales 
ordinaires avec cautérisation journalière au nitrate d’argent. 
Il avait prescrit, en outre, des pilules, probablement anti¬ 
syphilitiques, dont je n’ai pu connaître la composition et que 
le malade ne prenait plus que très irrégulièrement et avec 
la plus grande répugnance, leur ingérence troublant les fonc¬ 
tions digestives. 

Localement, le chancre en pleine suppuration avait envahi 
tout le côté gauche de la base du gland et du prépuce, et le 
volume du membre était plus que doublé. A première vue la 
plaie semblait phagédénique, mais on découvrit bientôt des 
traînées d’induration tout autour, et en passant à l’examen 
général, on aperçut çà et là, surtout sur les cuisses, des 
petites élevures roséolées de couleur et de forme caractéris¬ 
tiques et, entre les doigts, une nuance cutanée qui n’avait 
plus rien d’équivoque ; en même temps les ganglions de l’aîne 
étaient grossis et douloureux. Rien à noter du côté des mu¬ 
queuses. J’avais demandé, pour intervenir dans le traitement, 
que la forme homœopathique fût adoptée et, du reste, l’état 
de l’estomac, rien qu’à lui seul, la réclamait positivement. 

On défendit toute cautérisation locale; on n’employa que 
de simples lotions de teinture d’aloës étendue d’eau et char¬ 
gées d’une dose très minime de chlorhydrate de cocaïne. La 
teinture d’arnica prescrite d’abord n’avait pas été supportée ; 
un suspensoir fut ordonné. 

Les médicaments furent tod. de mercure 6 e et nuœ vo- 
mica 6 e . Le régime doux et léger ; comme boisson des tisanes 
aiguisées d’acide hydrochlorique et deux verres de vin de 
Bordeaux par jour ; pas d’alcool ni de champagne. 

Un mois se passa. Le chancre s’améliorait fort ; quant aux 
syphilides, leur développement et leur envahissement étaient 
arrêtés ; les ragades étaient pâlies. 


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— àoS — 


Au bout d’un autre mois, la verge était tout à fait mieux, 
la plaie pour ainsi dire guérie, les bords à pic de l’ulcère 
arrondis et se confondant insensiblement avec la peau. L’in¬ 
duration persistait, mais était beaucoup plus limitée. 

Les accidents cutanés s’étaient considérablement amendés, 
les ganglions de Faîne étaient à peu près normaux. 

Les troubles gastriques, qui n’étaient en somme que l’effet 
du médicament donné en France, avaient tout à fait disparu ; 
on supprima nux. 

Je perdis mon malade de vue pendant plusieurs mois, ses 
occupations l’appelant à l’étranger. 

A son retour en hiver, la verge était bien cicatrisée ; il 
ne restait plus sous la peau du prépuce encore faiblement 
tuméfiée qu’un cordon très mince d’induration. Les ganglions 
étaient normaux, mais il n’en était pas de même ailleurs. 
Les syphilides avaient reparu avec des caractères très mar¬ 
qués sur les cuisses et les bras et, de plus, le patient se 
plaignait depuis quelque temps d’un picotement progressive¬ 
ment désagréable à l’anus, où, après examen, je constatai, à 
ma très désolée surprise, des condylomes en crête de coq 
des plus réussis. Le malade interrogé avoua n’avoir pas tou¬ 
jours été très exemplaire quant au régime ; mais il avait 
pris régulièrement son remède* 

Il y avait une disjonction manifeste des deux actions. Si 
le traitement externe avait fait merveille, il ne paraissait pas 
qu’on pût en dire autant de l’interne et c’était fort embarras¬ 
sant, surtout en présence d’un confrère allopathe. Nous per¬ 
sistâmes cependant dans la même voie. Aucun caustique ni 
moyen externe ne fut employé pour le traitement des pla¬ 
ques de l’anus et le médicament interne fut prescrit à une 
atténuation plus élevée : la 12°. 

Moins de trois mois après, tout avait disparu et aujour¬ 
d’hui, après huit mois écoulés depuis la suspension complète 


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des remèdes, la santé du malade est parfaite et mon confrère 
est converti à l’homœopathie, ou du moins il le dit, mais il 
n’ose en parler chez lui. 

Deux choses frappent dans cette observation : 

1° L'absence de tout procédé d’intervention externe éner¬ 
gique ; 

2° La guérison obtenue si rapidement par les atténuations 
élevées. Ceci n’a rien qui puisse surprendre dans une réunion 
d’homœopathes. 

Quant au traitement externe,je crois que les cautérisations 
au début auront été beaucoup trop intenses et trop fré¬ 
quentes. Un chancre de nature syphilitique grave se guérit 
assez vite et n’a guère d’étendue. Le phagédénisme apparent 
de la plaie quand je l’ai vue d’abord — elle avait le diamètre 
d’une pièce de deux francs — était d’origine mécanique et 
les chancres qui présentent de semblables développements 
déterminent bien rarement des accidents secondaires. Si le 
chancre en question — lequel était bien syphilitique — s’est 
guéri alors que les accidents secondaires reprenaient, c’est 
que son rôle était terminé dans le processus et qu’on l’avait 
soigné tout simplement sans plus l’irriter. Nous n’avons pas 
davantage cautérisé les crêtes de coq. Si nous avions em¬ 
ployé classiquement le nitrate acide de mercure, cautérisa¬ 
tion fort douloureuse d’ailleurs, la gêne éprouvée déjà par le 
patient eût été certainement augmentée et la guérison locale 
retardée par les complications des plaies résultant de l’emploi 
d’un topique aussi énergique. Ces symptômes, du reste, ne 
pouvant disparaître que par le fait d’une médication interne, 
l’intervention extérieure devenait superflue. 

En somme, la plaie du chancre a guéri sous l’influence de 
merc. iod. 6°, alors que les autres accidents ne se sont que 
momentanément améliorés pour reprendre plus tard en se 
compliquant d’accidents nouveaux, et si le tout a cédéfinale- 


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ment et très vite à la 12 e solution, ce nous est une preuve 
de plus que dans les maux où le traitement doit être de 
longue haleine, il faut se confier aux atténuations de titre 
élevé, 

Un enseignement subsidiaire c’est qu’on ne peut pas se 
laisser décourager par un insuccès apparent et que,lorsqu’un 
diagnostic a été consciencieusement établi, il ne faut point 
abandonner si facilement le remède que j’appellerai de la 
grand-route pour se rejeter dans le chemin de traverse des 
succédanés ou des palliatifs de rencontre. 

D r Van Blaeren 

Ce travail soulève une discussion très intéressante au sujet 
du traitement homœopathique de la syphilis. Plusieurs mem¬ 
bres rapportent avoir observé des cas de salivation après 
l’administration de merc. solub . 6 e . 

Le D r Gaudy, de Bruxelles, cite ce curieux fait d'observa¬ 
tion que merc . solub. 12 e est l'antidote des accidents mercu¬ 
riels ; il a pu s’en convaincre à différentes reprises, ainsi 
quun de ses confrères. Le D r Gaudy signale encore le goût 
métallique dont se plaignent parfois les malades après l’usage 
du mercure à doses infinitésimales, et fait remarquer le rôle 
antidotique de chaque dose de remède vis-à-vis de la dose 
administrée précédemment. 

Le D r Lambreghts, fils, d’Anvers, fournit les renseigne¬ 
ments suivants sur le : 

Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance 

d’Anvers 

Voici les résultats du 3 e trimestre : 

Juillet Août Septembre 

Nombre de consultations au dispensaire. 258 255 143 


Nombre de visites à domicile. 80 85 20 

Nombre de décès . . .. 2 4 0 

Nombre de malades envoyés èt l’hôpital .34 1 


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J*ai eu à soigner pendant ces trois mois une trentaine de 
cas de cholérine ; chez plusieurs malades les selles ont pré¬ 
senté le caractère dysentérique. Tous ces cas se sont ter¬ 
minés rapidement par la guérison,sous l’influence de veratr., 
cupr., ars., ipéca et merc. corros. 

Voici l’histoire du cas le plus grave que j’ai eu en traite¬ 
ment : 

Le 22 septembre dernier, vers 7 heures du soir, je fus 
appelé en toute hâte chez un pauvre ouvrier qui, au dire de 
sa femme, avait une atteinte de choléra et était sur le point 
de mourir. En rentrant de son travail, il avait été pris subi¬ 
tement de crampes suivies bientôt de diarrhée et de vomisse 
ment s. 

L’état du malade présentait en effet une certaine gravité. 
La face était contractée, la langue sèche, les extrémités 
froides, le pouls petit. Il existait des crampes atroces dans 
le ventre, les mollets et jusque dans les orteils. La soif était 
vive ; les selles continues et involontaires avaient une couleur 
blanchâtre ; les vomissements présentaient le même carac¬ 
tère. 

Je fis immédiatement prendre les mesures de désinfection 
d’usage, puis je tâchai de réchauffer le malade en lui admi¬ 
nistrant du thé chaud qu’il gardait assez bien, et en plaçant 
du sable chaud sous les pieds. Gomme remèdes, je prescrivis 
ars ., cupr . et veratr., une dose toutes les 10 minutes en 
alternant ; je priai la femme de venir me chercher avant 
minuit si le mal s’aggravait. 

N’ayant reçu aucune nouvelle pondant la nuit, j’allai voir 
mon malade le lendemain matin et j’appris non sans étonne¬ 
ment qu’il était parti pour se rendre à sa besogne. Sa femme 
me raconta que,quelque temps après mon départ, il avait com¬ 
mencé à avoir chaud; les vomissements et les crampes 
avaient diminué puis cessé complètement,de sorte que vers le 


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- 200 ~ 


matin il n’existait plus qu’un peu de diarrhée. Malgré son état 
de faiblesse, il avait voulu reprendre son travail de peur de 
perdre sa place. 

En prévision de l’épidémie de choléra qui pourrait nous 
arriver l’année prochaine, je dois signaler une lacune regret¬ 
table, c’est l’absence d’un service homœopathique dans les 
hôpitaux d’Anvers. Il en résulte qu’un malade traité homœo- 
pathiquement à mon dispensaire, lorsqu’il arrive à l’hôpital, 
est soumis brusquement à un traitement allopathique qui, dans 
beaucoup de cas, est l’inverse du précédent. On comprend 
dès lors quelle influence nuisible un pareil tripotage médical 
peut exercer sur l’état d’un malade, surtout lorsqu’il est 
atteint d’une affection à marche rapide comme le choléra. Le 
système actuellement en vigueur à Anvers est donc absurde et 
illogique. Il importe que les autorités prennent les mesures 
nécessaires, afin que le pauvre puisse continuer à rhôpital 
la médication qu’il a choisie librement lorsqu’il s’est adressé 
au dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance. 

La création d’un dispensaire homœopathique constitue déjà 
pour l’indigent un grand pas vers la liberté du traitement ; 
mais elle n’est encore jusqu’ici qu’une demi-mesure qui, il 
faut l’espérer, sera bientôt complétée par l’établissement d’un 
service homœopathique dans l’un des hôpitaux d’Anvers. 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

Le D r Lambreghts communique les détails suivants sur le 
traitement des cholériques à Hambourg et sur ses résultats 
appréciés par les allopathes eux-mêmes : 

Le D r Rieder décrit dans le n° 37 du Deutschen Medizù 
nischen Wochenschrift le traitement qu’il a institué sur les 
cholériques dans les hôpitaux d’Hambourg. Je traduis littéra¬ 
lement : 

Au début, notre traitement a été tout à fait symptomati* 


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cftie, et nous devions nous borner à soulager les douleurs 
des malades. Nous avons administré l'huile de ricin, le 
calomel et l’opium, mais nous avons dû renoncer bientôt à. 
ces remèdes car nous n’en obtenions aucun résultat. Les 
lavements au tannin étaient complètement inefficaces. Le 
salolen poudre était immédiatement rejeté par les vomisse¬ 
ments. Dissous dans l’éther et injecté par la voie hypoder¬ 
mique, il agissait plutôt par l’éther qui y était mélangé. 
D’ailleurs les injections sous-cutanées de camphre, d’éther et 
de musc n’avaient aucune influence sur l’action du cœur. Le 
lavage de l’estomac a échoué également. Les injections sous- 
cutanées et plus tard intra-veineuses d’eau salée nous ont 
donné pour un moment une lueur d’espoir, car, sous leur 
influence, le pouls revenait, la cyanose du visage et des extré¬ 
mités disparaissait ; le malade se ranimait ; il ouvrait les 
yeux comme s’il sortait d’un profond sommeil et déclarait 
d’une voix renaissante qu’il se trouvait beaucoup mieux. 
Nous ne nous demandions pas alors si ces effets allaient per¬ 
sister, tellement nous étions heureux d’avoir trouvé un pro¬ 
cédé qui avait une action si rapide et si énergique. Nous 
avons fait par centaines de ces injections, jour et nuit ; dès 
que le pouls faiblissait de nouveau, nous en faisions une se¬ 
conde, puis une troisième. Et maintenant si vous me deman¬ 
diez combien de malades nous avons sauvé ainsi, je vous 
répondrais, en hésitant, peut-être quelques-uns; et si vous 
me demandiez combien de cholériques nous avons sauvé 
ainsi, je vous répondrais résolument : pas un seul. Il se dé¬ 
clarait bientôt une espèce de choléra-typhus qui emportait 
fatalement le malade vers le 5 e ou 6° jour. 

On aborde ensuite le quatrième objet à l’ordre du jour : 
De Vemploi des remèdes externes et des palliatifs dans la 
thérapeutique homçeopathique . 


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— 211 


Le D r Martiny qui, à différentes reprises déjà,sest occupé 
de cette question, donne lecture d’un travail sur les rubé¬ 
fiants, les vésicants, etc. (1). 

Cette lecture, accueillie avec faveur par tous les membres 
de l’assemblée, provoque une discussion pleine d’intérêt. 
Plusieurs membres font ressortir l’importance qu’il y a à 
recourir à divers modes de révulsion chez les sujets atteints 
d'herpétisme, et citent des laits à l’appui de leurs assertions. 

LeD r Gaudy entr’autres rapporte qu'une dame fut atteinte, 
àun âge avancé déjà, d’une éruption cutanée, tout en jouis¬ 
sant d’une excellente santé. Quand elle atteignit l’âge de 
92 ans, elle vit coïncider l’apparition d'une bronchite grave 
avec la disparition de sa dartre. 

La bronchite allait s’aggravant; des étouffements et de 
l’oppression se produisaient sous forme d’accès ; en un mot*, 
tout faisait prévoir une issue fatale à échéance plus ou moins 
rapprochée. On provoqua le retour de la dartre par des 
révulsifs et la guérison se produisit bientôt. Cette dame 
porte actuellement un cautère, dont on ne peut contester 
l'efficacité. En efiet, à différentes reprises, on laissa celui-ci 
se fermer et aussitôt les accidents d’oppression et d’étouffe¬ 
ment se reproduisirent, pour disparaître bientôt après l’appli¬ 
cation du révulsif. 

Le frère de cette dame, très âgé également, n’avait jamais 
présenté la moindre affection cutanée. Il fut atteint de bron¬ 
chite avec symptômes pulmonaire? graves. Se basant sur la 
diathèse dartreuse de ce malade, le D r Gaudy conseilla l'ap¬ 
plication de révulsifs et la guérison survint sans tarder. 

Quelque temps plus tard, les mêmes accidents se reprodui¬ 
sirent et le D r Gaudy recommanda au médecin traitant d’avoir 
recours au même moyen. Ce conseil ne fut pas suivi et le 
malade fut emporté. 

(1) Yoir ci-dessus, page 193. 


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On fait enfin remarquer que bs anciens médecins, dans le 
cas de disparition d’un exanthème, appliquaient le révulsif 
à l’endroit qui était le siège de cet exanthème. 

Le Dr Martiny donne lecture d’une relation du professeur 
Peter à l’Académie de médecine de Paris, sur le caractère 
autochtone du choléra : 

Du choléra (1) 

* 

A propos du choléra, je voudrais vous faire voir l’évolution 
que subit la bactériologie et le rôle que tend de plus en plus 
à jouer la spontanéité morbide dans cette évolution. 

D’abord, M. Brouardel me demande comment je puis croire 
que les accidents cholériformes que j'ai observés sont iden¬ 
tiques, alors que les germes sont différents. Je lui réponds 
que je n’admets rien, que je me borne à constater les faits. 

J’ai vu que des germes differents produisaient des accidents 
identiques, je l’ai dit ; je puis aujourd’hui aller plus loin et lui 
dire que des germes identiques ont pu produire des maladies 
différentes. D’ailleurs, ce que j’ai dit à ce propos, d’autres 
observateurs l’ont vu. 

J’ai vu le bacterium coli, le bacille virgule, le bacille de 
Finkler produire le choléra; mais j’avais vu également le 
bacillus coli produire le choléra, la dysenterie et la fièvre 
typhoïde, constatation qui, pour le dire en passant, bat singu¬ 
lièrement en brèche la doctrine de la spécificité des germes et 
des bacilles. 

De ces faits, je tirerai cette conclusion que le bacille n’est 
pas malfaisant par lui-même, mais qu’il peut le devenir en 
acquérant des propriétés nouvelles dans le milieu où il végète 
et par le fait des modifications intrinsèques de son milieu. 
D’où cette conclusion que c’est nous qui faisons en nous le 

(1) Communication faite parle D r Peter, à l’Académie de médecine 
de Paris. 


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— 213 — 

t 

choléra, la dysenterie, etc., parle fait de modifications de 
notre milieu interne; c’est nous,modifiés, qui dotons un bacille 
inoffensif de propriétés morbifiques qu’il possède désormais et 
peut transmettre à autrui. Le bacille inoffensif sort choléri- 
sant d’un cholérique, dysentérisant d’un dysentérique, etc. 

Voici quelques exemples : 

Gilbert et Girode ont trouvé, dans une épidémie de choléra 
dit nostras, que le bacille coli, extrait de selles de malades 
qui avaient succombé, provoquait expérimentalement un cho¬ 
léra type. Le même bacile a pu être observé en 1891 dans mon 
service sur quelques dysentériques venus de Nanterre. Dans 
tous ces cas, comme vous le voyez, le bacillus coli était 
devenu cholérigène pour avoir séjourné dans l’intestin d’un 
cholérique; dysentérigène pour s’être cultivé dans le tube 
digestif d’un dysentérique. 

M. Peter cite, dans le même ordre d’idées, les travaux de 
Roux et Rodet, de Lyon, relativement aux transformations 
du bacillus coli en bacille d’Eberth, ce qui permet au bacillus 
coli, bacille banal, de provoquer la fièvre typhoïde. 

Il est vrai, ajoute M. Peter, que les auteurs lyonnais 
sachant (ainsi qu’on le leur a reproché), que cela les conduit 
à admettre la spontanité morbide, s’en défendent en disant 
que c’est par « un mécanisme inconnu que l’organisme thy- 
phique donne au bactérium coli les caractères du bacille 
d’Eberth », remplaçant ainsi les mots de spontanéité morbide 
par une périphrase. 

Je dis maintenant que* le choléra est spontané,autochtone 
aussi bien à Paris que dans l’Inde ; d’ailleurs en voici les 
preuves : 

A Paris, c’est à Nanterre qu’il apparaît, en dehors de 
tout apport du dehors, mais chez des individus vivant dans 
l’encombrement, mal nourris, séniles, buvant une eau cor¬ 
rompue. 


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— 214 


C’est absolument de cette manière que s’est montrée l’épi¬ 
démie espagnole de 1890, épidémie dont l’origine étrangère 
n’a pu être constatée, mais qui s’est développée chez des indi¬ 
vidus placés dans des conditions hygiéniques identiques à 
celles que nous avons observées à Nanterre. 

La même chose se produit parmi les pèlerins du Hedjaz, 
qui arrivent à La Mecque par une température torride, fati¬ 
gués d’un long voyage, qui se nourrissent de viande corrom¬ 
pue, etc. La même chose également sur les bords du Gange, 
où les Indiens, riches ou pauvres, fanatisés, soumis à un 
jeûne rigoureux d’abord, se livrant ensuite à de véritables 
saturnales, mal nourris, encombrés, contractent le choléra 
dans ces conditions. 

Une autre preuve de la spontanéité du choléra, c’est son 
apparition simultanée sur les points du globe les plus divers, 
les plus distants. 

Exemples: en 1892, apparition simultanée du choléra au 
Havre et à Samarcande ; à Nanterre et à Pétersbourg ; à 
Bokara et à Paris. 

J’arrive maintenant à un point capital de ma communi¬ 
cation, au résultat des études bactériologiques d’un médecin 
anglais, de Cunningham, sur le bacille virgule de Koch. 

Or, ces études, faites à Calcutta, ne tendent à rien moins 
qu’à renier la doctrine du médecin allemand, quant à la spé¬ 
cificité de ce bacille et à sa valeur pathognomonique. 

Déjà des recherches de Hueppe, Zaslein et de quelques 
autres, il résulte qu’il existe des bacilles-virgules cholériques 
de plusieurs genres. 

Mais Cunningham l’a surtout démontré. 

Ainsi, s’il y a une échelle graduée de formes et de pro¬ 
priétés dans les bacilles-virgules, comment ne pas comprendre 
que le «bacille-virgule» ne soit lui-même qu'une transfor¬ 
mation d’nn autre bacille? Surtout lorsqu’on voit Cunnin- 


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— 215 — 


. gham faire des autopsies négatives, c’est-à-dire où il n’a pas 
trouvé le bacille-virgule. 

Ne peut-on en conclure que, dans ces cas, le bacille-vir¬ 
gule n’avait pas eu le temps d’apparaître, c’est-à-dire que le 
bacterium coli n’avait pas eu le temps de se transformer. Car, 
enfin, la malade avait eu le choléra et en était mort, et il 
n’avait pas de bacille virgule soi-disant producteur du choléra. 

Les recherches de Cunningham sont grosses de consé¬ 
quences inattendues, et militent singulièrement en faveur de 
la doctrine que je soutiens, à savoir que c’est l’organisme du 
cholérique qui donne au microbe sa malfaisance, et qu’il faut 
abandonner la théorie de Koch d’après laquelle le choléra 
serait dû, en première ligne, à l’introduction du bacille spéci¬ 
fique dans l’organisme. On peut se demander également silq. 
présence du bacille-virgule est la cause ou la conséquence 
des manifestations cholériques. 

Comment donc naît le choléra ? 

Tout se tient dans la nature (Natura non faoit saltus ), et 
depuis le choléra infantile jusqu’au choléra dit indien, il y a 
une série continue de cas, dont le dernier terme est le cho¬ 
léra indien même : or, le choléra infantile est bien manifes¬ 
tement spontané. 

Le choléra infantile est évidemment le résultat de deux 
facteurs au moins, que la synonymie anglaise de la maladie a 
nettement précisée en l’appelant « la maladie de l’été » ou la 
« maladie du biberon », c’est-à-dire que cette maladie est 
due à la fois à l’élévation de température atmosphérique et à 
l’alimentation de mauvaise qualité. C’est l’étiologie du choléra 
dit indien, en y ajoutant la dépravation du milieu interne et 
l’encombrement (deux conditions parfois réalisées par le 
choléra infantile). 

Le choléra est un empoisonnement par des alcaloïd' 
toxiques fabriqués ou non par nous. 


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— 216 — 


Ces alcaloïdes sont fabriqués dans notre appareil digestif, 
et infectent le plexus solaire dont l’irritation a pour première 
expression la douleur épigastrique. 

Ce sont les réactions réflexes de ce plexus irrité qui consti¬ 
tuent la symptomatologie du choléra. Réflexes sur place, 
diarrhée et vomissements ; réflexes à distance : 1° sur les 
muscles de la vie de relation : crampes ; 2° sur les muscles 
vaso-moteurs : crampes vasculaires, algidité et cyanose. 

Le choléra est un empoisonnement, il présente tous les 
symptômes classiques de l’empoisonnement par le tartre 
stibié ou l’arsenic qui donnent à l’ensemble de tous leurs 
symptômes le nom de choléra stibié ou de choléra arsenical. 

A côté de cet empoisonnement cholériforme par des 
substances minérales, il y a l’empoisonnement cholériforme 
par des alcaloïdes toxiques d’origine animale, soit qu’il 
s’agisse de saucisses pourries, comme en Allemagne, où l’on 
a donné le nom de botulisme à cet empoisonnement ; soit 
qu’il s’agisse d’une oie pourrie, ainsi que l’a démontré 
M. Brouardel. 

Or, cet empoisonnement adventice, extrinsèque par l’in¬ 
troduction dans notre appareil digestif d’alcaloïdes animaux 
formés en dehors de nous, peut avoir lieu par l’altération 
spontanée de nos aliments ou des matières intestinales ; nous 
nous empoisonnons et nous empoisonnons nos microbes, com¬ 
mensaux habituels qui deviennent ainsi empoisonneurs à leur 
tour. 

D’où la transmissibilité possible à autrui d’une maladie née 
en nous d’une maladie spontanée ; il faudrait bien un agent 
matériel pour transporter une affection matérielle. 

C’est par le fait de l’empoisonnement alcaloïdique intesti¬ 
nal du cholérique que le bacterium coli change de forme et 
de propriétés, devient bacille courbe et toxique. 

Quand l’empoisonnement a été foudroyant, on ne trouve 


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— 217 — 


pas de bacille virgule dans les déjections, la mort est arrivée 
trop vite, la transformation du bacterium n’a pas eu lieu. 

Je ne nie pas la contagiosité, mais je dis qu’elle est très 
relative ; pour qu’elle s’exerce, il faut la prédisposition aussi 
bien que le contact le plus direct. La preuve c’est qu’à Paris 
n’ont été frappés que ceux qui pouvaient l’être (malheureux, 
alcooliques, vieillards), les riches du centre de la ville ont 
été épargnés. La même chose s’est produite au Havre, où 
la maladie a cependant sévi avec la plus grande inten¬ 
sité. A Rouen, ce sont des prisonniers qui sont surtout 
atteints ; à Bonne val, des aliénés. Ainsi pour toutes les loca¬ 
lités envahies. 

Je ferai remarquer, en outre, que ces conditions indivi¬ 
duelles sont moins nécessaires lorsqu’il s’agit d’épidémie de 
variole, de scarlatine, ce qui m’a permis de dire que ces der¬ 
nières maladies étaient plus contagieuses que le choléra. 

Il va sans dire que les agents de transmission les plus 
actifs sont les déjections des cholériques, et c’est pour cela 
que les blanchisseuses peuvent être contaminées plus facile¬ 
ment que leurs clients. D’ailleurs, les blanchisseuses d’habi¬ 
tude sont loin d’appartenir à la classe riche. 

C’est donc nous qui faisons le choléra en nous ; nous le 
faisons dans nos entrailles, et c’est là que se forme le poison 
de cette maladie, poison déjà décrit dans les selles et les 
urines des cholériques en 1884, par Bouchard. Ce poison 
peut se propager d’un individu à un autre par contagion, 
mais cette propagation ne se fait pas facilement, et elle 
exige une prédisposition toute spéciale de l’individu conta¬ 
gionné. 

Deux mots seulement sur la question épidémicité et pour 
dire qu’il 7 a la même différence entre le choléra sporadique 
et le choléra épidémique qu’entre la dysenterie sporadique 
et l’épidémique. 


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— 218 - 

L’épidémicité, due vraisemblablement aux modifications 
du milieu ambiant, et surtout celles de Fatmosphère, donne à 
toute maladie, naguère endémique, une intensité et une gra¬ 
vité qui nous frappent d’étonnemènt et confondent notre 
raison. Ainsi, tout récemment l’influenza épidémique, par 
opposition à la grippe sporadique. 

C’est alors que la maladie non contagieuse le devient, et 
celle qui l’était à peine le devient davantage. 

En résumé : 

l°Le cholérique est un empoisonné ; 

2° Il est empoisonné par des ptomaïnes ou autres toxines ; 

3° Ces ptomaïnes sont formées dans le tube digestif et 
empoisonnent à la fois l’individu et son bactérium coli ; 

4° Le bactérium coli, soit resté tel, soit transformé, mais 
empoisonné, peut être le vecteur du poison cholérique et 
devenir ainsi cholérique. 

C’est la spontanéité individuelle ou idiosyncrasie qui indi¬ 
vidualise la maladie cholérique et qui fait qu’il y a identité 
de cause : tel fait la cholérine, tel autre le choléra dit 
« nostras », tel autre enfin le choléra, dit « indien ». 

Quant aux formes bactériologiques, les faits me semblent 
démontrer que, dans le choléra, le bacille-virgule peut être 
l’évolution du bactérium coli, comme dans la diphtérie le 
bacille de Klebs est une évolution du bacille de Lœffler, 
comme dans la dothiénentérie le bacille d’Eberth est une 
évolution du bactérium coli ; évolution ou transformation 
effectuée par le fait de l’intervention de l’organisme malade. 

C’est là une hérésie, mais l’hérésie d’aujourd’hui pourrait 
bien être la vérité de demain, et comme conclusion je dirai : 
l’étude de l’étiologie du choléra nous révèle (étant données 
des conditions atmosphériques spéciales) le rôle prépondérant 
de la misère et des infractions à l’hygiène, dans la genèse de 


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— 219 — 


cette affection, d’où cette conclusion sociale et individuelle 
« moins de misère et plus d’hygiène ». D r Peter. 

A propos de cette lecture le D r Van Blaeren émet l’opi¬ 
nion que les différents microbes peuvent parfaitement n avoir 
qu’un même initium et que leur spécificité si marquée au 
moment actuel n’est que le résultat d’un ensemble de cir¬ 
constances qui constituent ce qu’on appelle l’«habitat» ,et qu’elle 
caractérise tout simplement une certaine période de leur évo¬ 
lution. Evidemment les investigations faites jusqu’à ce jour 
n’ont pas mis cette manière de voir en lumière et elles sem¬ 
blent même la contredire, puisqu’elles ajoutent à tout instant 
des espèces nouvelles à celles déjà connues. Mais nos moyens 
d’analyse, suffisants pour découvrir de nouveaux êtres, 
ne le sont pas pour établir leur filiation et,si la loi du transfor¬ 
misme n’est pas un vain mot, il lui semble qu’elle doit surtout 
dégager ses effets dans le domaine de la microbiose. Si on 
remonte l’échelle de la vie en passant du grand au petit, on 
voit que les caractères de chaque série se fondent et s’effa¬ 
cent progressivement, que les contours deviennent de moins 
en moins variés, que le nombre et la composition des tissus 
deviennent de moins en moins complexes, tellement, qu’au 
point où en sont arrivées nos recherches, les différences de 
forme n’existent déjà plus que pour mémoire. N’en pourra-t- 
on pas dire un jour autant des différences de composition ? 
En somme, l’ensemble des êtres animés ne peut-il pas être 
comparé à un immense éventail dont les rayons se resser¬ 
rent et s’unifient de plus en plus pour se fondre dans un 
centre unique d’où ils émergent tous? Dès lors, que de¬ 
viennent ces nomenclatures de plus en plus nombreuses et si 
bien étiquetées de bacilles, de virgules, etc? Une analyse 
plus approfondie leur fera trouver bien certainement des 
ascendants et, dans ces conditions, ne peut-on pas dire que 


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— 220 — 


les soi-disant causes d’aujourd’hui ne seront plus que les 
effets de demain ? 

Les actions d’un remède ne varient-elles pas avec ses 
degrés de dynamisation et cela suffit-il pour qu’on puisse 
les détacher de « l’initium », qui leur est commun ? 

Parlant ensuite des inoculations préventives, le D r Van 
Blaeren ajoute que si leur efficacité individuelle n’est pas tou¬ 
jours probante, par contre elle est d’une valeur atavique 
considérable. Nos descendants jouiront d’une immunité de 
plus et plus grande vis-à-vis des maladies infectieuses, au¬ 
tant par les perfectionnements de l’hygiène que par les effets 
de l’hérédité.Les générations antérieures auront été en quel¬ 
que sorte vaccinées contre ces maladies. Car les individus 
qui les composent, ou bien en seront morts, ou bien en seront 
réchappés après avoir été atteints, ou bien n’auront pas pré¬ 
senté de prise au contagium ; et les deux dernières catégories, 
de bien loin les plus nombreuses, légueront à leurs produits 
un organisme sélectionné à l'épreuvè du développement micro - 
bien. Il cite,à l’appui de cette thèse, la résistance qu’opposent 
à l’invasion de la malaria, les indigènes des pays maréca¬ 
geux. 

L’exemple tiré du journaliste américain Stanhope n’est 
rien moins que concluant en faveur de l’inoculation préven¬ 
tive, car le personnel hospitalier a depuis longtemps démon¬ 
tré qu’il ne fallait pas précisément être si inoculé que cela, 
pour triompher des atteintes d’une épidémie quelconque. 

En somme on peut dire du microbe comme on le dit de cer¬ 
tain peuple : « ubi bene, ibi patria » ; c’est-à-dire, qu’il ne 
prospère que là où il est bien et, de ce chef, on a le droit dès 
aujourd’hui de trouver douteuse sa puissance de causalité, 
si bien établie qu’elle paraisse d’ailleurs. 

Ces différents points soulèvent une discussion générale, 
après laquelle la séance est levée à six heures et demie. 


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Causes de l’artério-sclérose et des cardiopathies artérielles ; leur 
origine alimentaire et leur traitement préventif 


M. Hüchard (de Paris), dit que la multiplicité des causes 
de T artériosclérose et des cardiopathies artérielles rend 
compte de l’extrême fréquence de ces maladies. En dehors 
des causes infectieuses (variole, scarlatine, fièvre typhoïde, 
etc.), des causes diathésiques (goutte, rhumatispie chronique, 
syphilis, etc., aortisme héréditaire), il faut faire jouer un 
grand rôle aux causes toxiques (tabagisme, saturnisme, impa¬ 
ludisme, etc.), et surtout à une cause qui n’a jamais été 
signalée, aux erreurs et aux vices de Y alimentation. En 
effet, l’alimentation carnée excessive ou l’alimentation avec 
des viandes faisandées peu cuites et de mauvaise qualité, 
jette dans l’organisme un grand nombre de ptomaïnes qui, 
incomplètement éliminées, produisent des effets toxiques 
jusqu’ici faussement attribués au cœur (certains vertiges, 
certains délires, dyspnées toxiques). Ces accidents toxiques 
sont favorisés par un état d’insuffisance rénale, laquelle 
peut, en retenant dans l’organisme un grand nombre de 
principes toxiques, devenir une cause d’artério-sclérose et 
de cardiopathies artérielles. Si ces dernières maladies sont 
devenues très nombreuses, c’est en raison des modifications 
profondes survenues dans le régime alimentaire. Le riche et 
le citadin mangent trop de viande ; ils mangent de la viande 
faisandée et peu cuite ; le pauvre et le paysan en mangent 
moins ; mais le résultat est le même, parce que les viandes 
dont il fait usage ne sont pas fraîchement tuées, et qu’elles 
renferment beaucoup de ptomaïnes. Contrairement à l’opi¬ 
nion de Gluber, qui pensait que l’athérome artériel était le 
résultat de l'abus de l'alimentation végétarienne, je crois, au 
contraire, que c’est l’usage de cette alimentation qui est le 
meilleur préservatif des dégénérences vasculaires et des 


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— 222 — 


cardiopathies artérielles. Donc, chez les prédisposés, il faut 
prescrire une alimentation carnée modérée (une fois de la 
viande par jour et toujours de la viande bien cuite et non 
faisandée, beaucoup de légumes et de laitage, etc.). 

M. Verneuil fait remarquer qu’il a constaté aussi que le 
cancer était plus rare chez les peuples qui ont une alimenta¬ 
tion végétarienne. (Art médical .) 


CAISSE DE PENSIONS 

du Corps médical Belge 

MÉDECINS, PHARMACIENS ET MEDECINS-VETERINAIRES 

Nous nous empressons de publier le compte-rendu de 
l’assemblée générale de la caisse de pensions, du 20 de ce 
mois. Nous ne saurions trop recommander à nos confrères 
cette excellente institution qui fonctionne régulièrement 
depuis un certain nombre d’années déjà et qui a déjà rendu 
de très grands services : 

Le jeudi 20 octobre, à midi, les membres de la Caisse de 
Pensions du corps Médical belge étaient convoqués à leur 
réunion annuelle dans l’une des salles de l’Université de 
Bruxelles. 

L’assemblée était extraordinairement nombreuse, car 
l’ordre du jour portait certaines propositions de modifications 
aux statuts. 

M. leD r De Windt, d’Âlost, président du Conseil d’admi¬ 
nistration, ouvrit la séance par un magistral discours, dans 
lequel il démontra surabondamment la nécessité des institu¬ 
tions de prévoyance dans un siècle où la lutte pour l’exis¬ 
tence est poussée à outrance et où la concurrence insensée 
entraîne l’avilissement de l’honoraire. Ce discours terminé 
aux applaudissements de l’assemblée, ce fut le tour de M. le 
D r Emile Martin, présiden';. du Comité directeur, de présenter 


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le rapport de ce collège. Nous relevons, dans ce rapport, 
quelques chiffres qui sont de nature à intéresser nos lecteurs. 

L’avoir social, au 31 juillet dernier, s’élevait à 
733,895 fr. 73 c., supérieur de 14,491 fr. 55 c. à celui de 
l’année précédente. Ce surcroît provient, on le sait, du 
6 e des revenus généraux qui chaque année va grossir le 
capital. La somme affectée au service des pensions pour 
l’exercice s’élève à 57,842 fr. 70 c. Le nombre des pensions 
s’élève en ce moment à 173, dont 75 à des affiliés et 98 à des 
veuves et orphelins. 

L’assemblée éclate en applaudissements unanimes, quand 
M. le président du Comité directeur lui fait connaître le 
chiffre total des sommes payées parla Caisseàses pensionnés, 
depuis l’entrée en fonctions de l’institution (12 ans). Ce chiffre 
s’élève à 620,682 fr. 69 c. et se passe de commentaires. 

Le rapport s’élève, avec énergie, contre l’abstention trop 
générale du corps médical ; il considère cette abstention 
comme humiliante pour l’esprit de prévoyance et de confra¬ 
ternité de la corporation. 

C’est avec une joie sans mélange qu’il signale les bienfai¬ 
teurs de cette année : M. leD r Nélis, un récidiviste, qui a 
fait un nouveau don de 1000 fr. et M. le D r Henriette, dont 
la tombe est à peine fermée, qui s’est honoré par un don de 
4000 fr. L’assemblée salue ces deux noms honorés de ses 
bravos reconnaissants. 

Arrive enfin la discussion des propositions de modifications 
aux statuts. M. le D r Barginon développe les raisons qui lui 
ont fait proposer ces modifications et s’efforce de démontrer 
qu’elles s’imposent pour la clarté des textes et l’équité dans 
l’application ; qu’il y a certaine confusion, en plusieurs arti¬ 
cles entre les mots participation et affiliation. Après une 
longue discussion, l’assemblée décide la nomination d’une 
commission chargée d’étudier, dans le courant de l’année, les 


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modifications qu’il serait utile d’introduire et de présenter 
son travail à la prochaine assemblée générale. 

La séance est levée à 2 1/2 heures. 


NÉCROLOGIE 

M. le professeur Henriette est mort il y a quelques jours, 
laissant à tous ceux qui l'ont connu le meilleur souvenir de 
ses solides connaissances pratiques et de son affabilité. Il a 
légué aux hospices de Bruxelles une somme de 100,000 
francs, et à l’hospice des enfants rachitiques, de Middelkerke, 
50,000 francs. 

On reconnaît bien là le digne homme, qui a tant aimé les 
pauvres, surtout les enfants malheureux. Bel exemple de 
dévouement et de charité. (.Presse Médicale Belge.) 


SOMMAIRE 

La médecine palliative, par le D r Martiny .... 193 

Association centrale des hômœopathes belges. — 
Séance du 11 octobre 1892. ....... 203 

Chancre infectant, guérison, par le D r VanBlaeren, 

de Bruxelles.-.203 

Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfai- 

faisance d’Anvers.207 

Du choléra.212 

Causes de l’artério-sclérose et des cardiopathies arté¬ 
rielles ; leur origine alimentaire et leur traitement 

préventif. 221 

Caisse de pensions du corps médical belge .... 222 
Nécrologie ..224 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


J 9 e Année NOVEMBRE 1892 N° 8 


LA GRANDE LOI DES SEMBLABLES 

par le D r Martiny 

Nous lisons dans la France medicale : 

Traitement de la néphrite parenchymateuse par la 
teinture de cantharides . — À propos du procès-verbal (1) 
M. G. Sée lit un passage du traité des maladies des reins de 
Rayer montrant que Rayer considérait la cantharide 
comme un médicament dangereux. Depuis, on n’a pas publié 
d'observation de guérison de Falbuminuriepar la cantharide. 

M. Laboulbène. Les extrêmes se touchent et il est naturel 
qu’on donne la cantharide pour faire marcher une lésion qui 
sans cela passerait à l'état chronique. 

M. Lancereaux. J’ai rendu compte ici d’une observation 
personnelle : chez une jeune femme ayant une néphrite paren¬ 
chymateuse, traitée dans la plupart des hôpitaux sans aucun 
changement, n’urinant pas, ayant un anasarque considérable, 
j’ai pensé que la cantharide qui a de l’action sur l’épithélium 
du rein devait ici donner des résultats ; j’ai obtenu une amé¬ 
lioration au bout de vingt-quatre heures ; dès le surlen¬ 
demain, les urines sont devenues plus abondantes et huit 
jours après il n’y avait plus d’anasarque. 

J’ai une autre malade dans les mêmes conditions et qui a 
guéri avec 6 gouttes de teinture de cantharides par jour. 

Quant à la digitale et à la scilie, ce sont d’excellents moyens 
de combattre l’urémie, de faire uriner le malade; dans ces 
cas il faut donner la digitale à forte dose. J’ai donné 60 cen- 

(1) A la séance précédente la teinture de cantharides avait été recommandée 
dans ralbuminurie. 


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— 226 — 


tigrammes de digitale en macération et jen’ai jamais observé 
aucun phénomène toxique. 

M. Dujardin-Beaumetz. La cantharide est un médicament 
excessivement dangereux ; elle détermine une congestion du 
rein excessive et une desquamation épithéliale. On peut 
tirer des résultats dé ce moyen, mais ce n’est qu’un moyen 
in extremis. Il ne faudrait pas que les médecins traitassent 
l’albuminurie parla cantharide, il y aurait certainement des 
accidents. 

M. Bouchard voudrait que pour l’honneur de l’Académie 
on ne parlât pas du traitement de l’albuminurie ; on ne peut 
parler du traitement d’un symptôme, mais du traitement des 
maladies qui doivent amener le symptôme. 

M. Lancereaux. Il ne s’agit pas du traitement de l’albumi¬ 
nurie, mais du traitement de la. néphrite épithéliale avec 
anasarque et albuminurie. 

Nous voyons donc un académicien recommander, avec 
preu. os à l’appui, la teinture de cantharides dans l’albu¬ 
minurie ; nous ne sommes nullement étonné d’apprendre 
que la cantharide à dose relativement petite ait pu guérir 
quelques cas d’albuminurie ; en effet il est reconnu depuis 
de longues années que la cantharide donne lieu à de 
l’albuminurie avec desquamation épithéliale du rein. 

Lorsqu’elle est utile chez un albuminurique, ne l’ou¬ 
blions pas,c’est en vertu de la grande loi des semblables ; 
et que nos confrères ne perdent pas de vue que ce médi¬ 
cament ne peut réussir dans toutes les circonstances. Il 
ne sera réellement efficace que lorsque, suivant les règles 
posées par Hahnemann,il sera indiqué par l’ensemble des 
autres symptômes présentés par le malade, et alors il est 
inutile de donner six gouttes de la teinture-mère de can¬ 
tharides comme on le recommande : une goutte ou deux 
de la.3 e ou de la 6 e dilution par jour suffiront parfaite- 


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— 227 — 


ment pour produire l’effet demandé; donner six gouttes 
de teinture-mère c’est exposer le malade, si le remède 
n’est pas indiqué par la loi des semblables, à des aggra¬ 
vations sérieuses, tandis qu’une petite dose, la 3 e ou la 
6 e dilution, si le cas ne convient pas à la cantharide , 
n’aura pas d’influences aggravatives sur le malade. 

Que nos confrères ne l’ignorent pas : on ne trouvera 
jamais un seul et unique remède pour guérir toutes les 
néphrites parenchymateuses, par la même raison qu’on 
ne trouvera jamais un seul remède pour guérir toutes les 
bronchites. 

Beaucoup d’autres substances médicamenteuses^ en 
effet, amènent expérimentalement de l’albumine dans les 
urines; ainsi, par exemple, Yiode \ chez les enfants sou¬ 
mis à des badigeonnages de teinture d’iode on trouve sou¬ 
vent de l’albumine dans les urines ; c’est pourquoi Yiodure 
de potassium recommandé dans la néphrite parenchy¬ 
mateuse, produit un certain nombre de guérisons ; pour la 
raison que nous invoquons plus haut, Y iode ne peut guérir 
que certains cas, probablement fort rares, ceux où Y iode 
est indiqué par la grande loi des semblables.' 

On a constaté aussi que la fuschine, administrée à 
l’intérieur, produit de l’albuminurie chez les lapins. Or., 
la fuschine a été conseillée également dans la néphrite et 
il existe des exemples de guérison. 

Nous pourrions citer un certain nombre d’autres 
remèdes, indiqués par la loi des semblables, qui ont été 
employés par nos confrères allopathes avec quelque succès 
dans la néphrite, mais chaque fois, lorsqu’il se produit 
une guérison réelle, c’est toujours en vertu de la loi des 
semblables. 

Il va sans dire que lorsque le rein est déjà arrivé à une 
transformation telle qu’une restauration complète soit 
impossible, il ne peut plus être question d’une guérison 


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réelle du mal ; mais nous avons pourtant vu des cas que 
nous considérions comme absolument incurables, s’amé¬ 
liorer et presque guérir sous l’influence d’une médica 
tion homœopatbique bien appropriée. 

On conçoit, en effet, que si une partie seulement de l’un 
ou de l’autre rognon est atteinte, les régions restant 
intactes peuvent remplir plus ou moins intégralement la 
fonction rénale. Et nous avons parmi nos clients des 
malades qui jouissent d’une santé relativement bonne 
tout en présentant de l’albumine et des tubuli dans 
leurs urines ; de même que certains bronchiteux ont une 
hématose plus ou moins suffisante, quoique des parties 
plus ou moins étendues de leurs poumons soient atteintes 
de modifications profondes dans leur structure. 

Nous nous résumons : la néphrite, comme la plupart 
des maladies, est justiciable de la loi des semblables; 
lorsque le remède est homoeopathiquement indiqué, il 
peut, sans grand danger pour le malade, être administré 
à dose plus ou moins massive, mais il est toujours préfé¬ 
rable d’employer des doses infinitésimales afin d’éviter les 
aggravations médicamenteuses ; se figure-t-on, pour citer 
un exemple, quels désordres doit produire une dose 
massive et altérante d ’iodure de potassium sur un sujet 
chez qui l’iode n’est pas indiqué lorsqu’il est déjà atteint 
de la cachexie brightique ! D r Martiny 


NOUVELLES DÉCOUVERTES EN THÉRAPEUTIQUE 

Cactus grandiflorus et anemone pulsatille 

par le D r Paltjmbo, de Naples 

Un de mes amis m’adressa,il y a quelques jours le n° 15, 
de décembre 1891, du journal YIncurabüi , rédigé par le 
D r G. Ria, professeur de clinique et de thérapeutique à l’hô¬ 
pital du même nom. Dans ce numéro se trouve un article 


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— 229 - 


signé G. qui est la reproduction et la traduction de celui de 
la Semaine médicale du 3 juin 1891, sur l’usage thérapeu¬ 
tique du Cactus grandiflorus, préconisé tout récemment 
par plusieurs médecins d'Amérique et expérimenté à Phi¬ 
ladelphie par le B x John Aulde . 

« D’après les essais cliniques de ce confrère, dit M. G., 
« le cactus grandiflorus mérite incontestablement l’atten- 
« tion des praticiens, car c’est un tonique efficace du cœur, 
« et qui présente sur la digitale l’avantage de ne pas pro- 
« duire d’action cumulative, etc. 

« Les observations de M. Aulde lui ont montré que le 
« cactus grandiflorus a pour effet de régulariser et de sti- 
« muler l’action du cœur, et que ces propriétés thérapeu- 
« tiques du médicament pouvaient être utilisées avec avantage 
« dans les affections cardiaques les plus variées ; dans les 
« lésions organiques (del’appareil valvulaire ou du myocarde), 
« dans les cardiopathies nerveuses, dans les troubles cardio- 
« vasculaires, etc. » 

Je n’ai pas l’honneur de connaître M. G. sans quoi je me 
permettrais de lui suggérer de faire déguster par la Semaine 
médicale , à propos du cactus , ces deux notes historiques, 
qu’il ne connaît certainement pas : 

1° La Semaine médicale rapporte avec beaucoup d’em¬ 
phase des faits signalés deux ans auparavant déjà par le 
Morgagni (n° 13, mars 1890) qui parle de ce remède et des 
expériences faites par Grégory, lequel arrive aux mêmes 
conclusions qu’Aulde ; ces expériences rapportées maintenant 
dans la Semaine médicale et de là dans YIncurabili et 
encore dans d’autres journaux médicaux ont déjà été traitées 
d’une façon spéciale dans le n° 27 (juin 1891) du Morgagni . 

2° Dans le même journal périodique (n os 1 et 2 del891)celui 
qui a rapporté les expériences d’Aulde et de Grégory fait 
modestement comprendre au Morgagni , qu’il y avait lieu de 


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— 230 — 

faire savoir au sieiir G. de YIncurabili que l’introduction du 
cactus dans la thérapeutique date d’une trentaine d’années. 

Cactus grandiflorus. — Pathogénie . — Observations 
faites sur • l'homme sain et confirmées sur Vhomme ma¬ 
lade, par le D r Rocco Rubini, méde’cin en chef de l’hôpital 
homœopathique,membre correspondant de l’académie homœo ■ 
pathique de Païenne, de la Société hannemannienne de 
Paris. — Naples, février 1864. 

Tel est le titre de la savante monographie du D r Rubini, 
dont je me plais à rapporter quelques passages, pour le plus 
grand bien de MM. Aulde et Gregory : 

La caractéristique de ce médicament est qu’il développe 
toute son action spécialement sur le cœur et les vaisseaux 
sanguins en décongestionnant et en diminuant les inflamma¬ 
tions, etc. Dans les maladies organiques du cœur on prescrit 
10 gouttes de teinture-mère dans un peu d’eau à prendre 
dans la journée ; par lui les douleurs sont calmées, si elle est 
incurable, et l’amélioration persiste. Dans les cardiopathies 
nerveuses, les globules à la 6°, 30 e , 100° dilution sont promp¬ 
tement efficaces; on peut le prescrire avec confiance dans 
les congestions sanguines, les épistaxis, le rhumatisme du 
cœur, la sténocardie, l’hypertrophie, l’anévrisme du cœur et 
des gros troncs artériels, la cardite aiguë et chronique, les 
palpitations organiques et nerveuses, les pneumorragies, les 
hémorrhoïdes fluentes et l’hématurie. 

Je pourrais encore décrire tous les symptômes du cactus 
sur l’homme sain, exposés avec le plus grand soin par Rubini 
et toutes les caractéristiques spéciales qui déterminent son 
emploi en thérapeutique. Mais à quoi bon? 

Gregory et Aulde ont découvert ce nouveau remède, 
vieux de 30 ans, et les journaux ont proclamé de tous côtés, 
avec l’importance du nouveau médicament,le nom des inven¬ 
teurs. Mais le véritable inventeur est laissé dans l’oubli, 


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— 231 — 


parce qu’il a un tort impardonnable, celui d’être homœo- 
pathe. 

Ges messieurs croient-ils, par hasard, que Thomœopathie, 
dédaignée et tournée en dérision, se laissera spolier et berner ? 
Et qu’après ces railleries, impuissante à se défendre, elle se 
taira et adressera des remercîments à ceux qui l’ont désho¬ 
norée? Non, ce temps est passé. Si elle s’abstient déqualifier 
de semblables actes, elle les dévoilera de toutes les manières 
possibles et d’une façon digne elle protestera énergiquement. 

Elle protestera tant que justice ne lui soit rendue. 

Et à ce propos, chers lecteurs et amis, qui venez de juger 
l’article de YIncurabili , jugez également cet autre que j’ai 
cueilli dans un journal de médecine officielle, publié par un 
professeur officiel de matière médicale, à propos de la puisa - 
tille . Il est le pendant de celui du cactus et de tant d’autres 
remèdes employés en médecine homœopathique : 

Huchard. Anémone pulsatilla et son application dans 
le traitement de Vorchite blennorrhagique. 

« Les premiers essais de ce médicament ont été faits par 
« Chambers, Borcheim, en Angleterre et en Amérique, par 
« Martel, Saint-Malo, Cordier et Bosy, en France. Récem- 
« ment, Domand a obtenu 35 guérisons rapides sur 48 cas. 

« Sous son influence, la douleur disparaît après 1 ou 3 jours. » 

Gomme vous le voyez, par l’attestation de ces illustres 
expérimentateurs, il n’y a plus à douter de la vertu de la 
pulsatille . Ou bien les médecins homœopathes, qui ont em¬ 
ployé ce médicament dans le cas précité bien longtemps 
avant ces illustres confrères, ont été éclairés par le Saint- 
Esprit, ou bien ces illustres expérimentateurs n’ont fait que 
copier ce qu’avaient écrit les homœopathes. Mais certaine¬ 
ment, la médecine officielle dans ce cas, doit faire une piteuse 
mine. 


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— 232 — 

Et encore à propos de la pulsatille , je trouve dans le 
même journal ce qui suit : 

« Il y a deux ans, le pharmacien Vigier a publié un travail 
« très intéressant sur les préparations de Y anémone puisa- 
« tille. Il rapporte que pendant qu’il pilait l’anémone, il se 
« dégageait un principe âcre, qui incommodait l’opérateur au 
« point qu'il fut pris subitement de coryza , d'où l'usage 
« homœopathique de Talcoolature de cette plante en aspi- 
« ration contre les rhumes de cerveau. U a expérimenté 
« sur lui-même qu'ci la dose de deux grammes trois fois 
« par jour, pris dans un peu d’eau, ce médicament avait 
« calmé la fièvre catarrhale et avait supprimé complète - 
« ment la sécrétion nasale. 

Et le journal qui contient cette notice sur \& pulsatille est 
la Terapia moderna , du professeur Chivon. 

Dans ce cas-ci, si on ne prononce pas le mot dTiomœopathie, 
on reconnaît du moins une application homœopathique. (H 
Secolo omiopatico , mars 1892.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


NOTES DE LECTURE 

par le D r Cyr. Planquart, de Bruxelles 

Tarantula cuhensis dans la diphtérie 

par le D r Martin, de Pittsburgh. 

Le D r Martin recommande tout particulièrement l’admi¬ 
nistration de tarantula cubensis dans le traitement de la 
diphtérie. Se basant sur l’expérimentation clinique, il s’at¬ 
tache à bien définir les indications de ce remède. Il ne prétend 
pas guérir tous les cas indistinctement; certains cas, d’après 
lui, se manifestent dès le début avec une intensité telle que la 
mort semble inévitable : c’est ainsi qu’un enfant,d’une consti¬ 
tution physique faible, s’il vient à être infecté par le poison 


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— 233 - 


diphtéri tique,pourra très bien succomber endéans vingt-quatre 
à quarante-huit heures. 

L’auteur a été amené à recourir à tarantula cub durant 
l’hiver de l’année 1883, par la lecture des lignes suivantes 
dues à la plume du D r S. Freedley, de Philadelphie : « Tous 
les médecins homœopathes savent bien que Y aconit guérira 
une fièvre inflammatoire aiguë en un temps très court, huit 
ou dix heures ; mais ils savent aussi que ce remède n’est d’au¬ 
cune utilité dans la diphtérie. J’ai trouvé que tarantula 
cubensis guérit la fièvre diphtéritique dans ses formes les % 
plus intenses avec délire, dans le même espace de temps que 
Y aconit guérit la fièvre aiguë, et que, si ce médicament est 
administré en temps utile, il faut'rarement recourir à d’autres 
pour achever la guérison. » 

En 1884, au Congrès de la Société Médicale Homœopa- 
thique de Pensylvanie , l’auteur rapporta une série de cas de 
diphtérie traités par tarantula et il relate de nouveau celles 
de ces observations qui remplissent d’une façon typique les 
indications de ce médicament. 

Voici le résumé de quelques-uns de ces cas : 

Enfant de 5 ans, présentant tous les symptômes inflamma¬ 
toires habituels au début d’une attaque de diphtérie : rougeur 
de la face, chaleur cuisante de tout le corps, tuméfaction et 
inflammation de la gorge, présence de membranes sur les 
deux amygdales ; de la bouche se dégage distinctement l’odeur 
de diphtérie. Tarantula cub . 12 °, dans de l’eau, une cuillerée 
toutes les deux heures. Le matin suivant, amélioration de 
tous les symptômes, et le troisième jour, guérison complète. 

Le deuxième cas concerne également un enfant de cinq 
ans, d’une complexion délicate et d’un tempérament nerveux. 

Il s’était couché la veille en bonne santé, quand, durant la 
nuit, il fut pris de fièvre, de vomissements et se plaignit de 
mal de gorge. Le lendemain matin, les deux amygdales 


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- 234 - 


étaient recouvertes de fausses membranes. L’etat de la gorge, 
la violence des symptômes initiaux, la température élevée et 
les vomissements dénotaient un cas sérieux. Prescription : 
tarantula 12°, une dose toutes les deux heures. Le matin 
suivant, une amélioration notable s’était produite dans l’état 
du malade qui avait bien reposé toute la nuit. La guérison 
était complète après quatre visites, et tarantula fut le seul 
médicament employé. 

Une jeune fille de seize ans fournit le troisième cas. Tumé¬ 
faction des deux amygdales qui se touchent sur la ligne mé¬ 
diane et qui sont recouvertes de fausses membranes jaunâtres. 
Déglutition difficile, gonflement du cou, fièvre, rougeur de la 
face: Tarantula 12°. Le lendemain, même état de la gorge, 
mais diminution de la fièvre et de la céphalalgie. Tarantula 
est continué. Le troisième jour, même état de la gorge, 
ptyalisme, enduit jaune de la base de la langue. Tarantula 
cède la place à merc , iod. flav. 3°. Sous l'influence de ce 
dernier remède, la gorge se débarrasse promptement et la 
guérison s’établit sans délai. 

En même temps que la malade précédente, trois enfants 
plus jeunes étaient atteints de la même maladie. Le premier 
fut traité comme ci-dessus, par tarantula suivi de mercure 
iod . flav . Les deux autres guérirent sous l’influence de 
tarantula seul. 

L’auteur a traité par tarantula seize cas qui tous abouti¬ 
rent à le guérison, et depuis 1884 c’est là son remède favori 
quand il est appelé dès le début, ou peu après, et que la 
maladie présente le type sthénique. 

Les symptômes fébriles initiaux correspondent exactement 
à bellad ., et sont couverts entièrement par ce médicament : 
rougeur de la face, chaleur mordicante, battement des caro¬ 
tides, agitation, spasmes, etc. Mais dès qu’on a reconnu la 
présence des fausses membranes et l’odeur caractéristique de 


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la diphtérie, ce serait perdre son temps que de recourir à ce 
médicament. 

Le regretté Farrington, qui possédait si bien la matière 
médicale, dit ceci : « Il n’y a, à proprement parler, aucune 
ressemblance entre l’inflammation de belladona et l’inflam¬ 
mation diphtéritique.Le caractère général de la diphtérie est 
celui d’un empoisonnement du sang, tandis que bellad . ne 
présente rien de semblable. Si vous donnez bellad. dans la 
diphtérie, assurez-yous qu’il est bien le remède indiqué, sinon 
vous perdez un temps précieux. » 

D’après l’auteur, garant, cub . est un remède de grande 
valeur comme ses congénères tirés du règne animal : apis, 
laehesis, crotalus , etc. Ces poisons, on le sait, conviennent 
spécialement dans les maladies qui altèrent les sources 
mêmes de la vie, en affectant profondément les centres ner¬ 
veux ou en produisant des modifications nuisibles dans la 
composition du sang. Dans la diphtérie ces différents remèdes 
n’ont pas les mêmes indications. Apis et laehesis conviennent 
aux cas où l’asthénie prédomine, tandis que tarantula 
réclame un.type sthénique évident. Apis présente dans ses 
indications une grande débilité,une grande prostration, l’ab¬ 
sence de chaleur et de soif, une fièvre peu intense, etc. Avec 
laehesis , on trouve de l’asthénie et une douleur intense en 
même temps qu’une inflammation en apparence peu marquée. 
Ses symptômes généraux sont hors de proportion avec les 
manifestations locales. La fausse membrane apparaît du côté 
gauche. Avec tarantula, le début de la maladie est brusque 
et violent ; le mouvement fébrile est intense ; la soif est de 
règle et le patient boit souvent et peu ou beaucoup à la fois; 
il existe de l’anorexie, des vomissements, le malade se plaint 
d’une grande sensibilité à la gorge et la déglutition est pénible, 
du moins dans la plupart des cas. Enfin les deux côtés du 
pharynx sont affectés de la même façon. 


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L’auteur cite l'observation suivante qui se fait remarquer 
par la soudaineté de l’attaque et la violence du début : 

Il s’agit d’un enfant de trois ans qui s’est couché la veille 
en bonne santé. Durant la nuit réveil brusque, vomissements, 
chaleur, céphalalgie, mal de gorge, alternatives d’agitation 
et de prostration. L’auteur voit le malade six heures plus 
tard et constate la présence de membranes sur les deux 
amygdales qui sont le siège d’une tuméfaction considérable. 
Prescription : tarant. 12 e , une dose toutes les heures. Qua¬ 
torze heures plus tard, les symptômes fébriles avaient de 
beaucoup diminué, mais l’état de la gorge avait peu changé. 
Meme remède toutes les deux heures. L’amélioration s’ac¬ 
centua pendant deux jours encore. Merc. iod. flav. 6° fut 
ensuite administré contre l’état de la gorge et le septième 
iourla guérison fut complète. 

Il régnait en ce moment une épidémie de diphtérie à type 
malin, qui amenait la mort en quarante-huit heures. L’au¬ 
teur donna encore ses soins à trois autres malades avec le 
plus grand succès tandis que les malades traités par ses con¬ 
frères mouraient ou ne se remettaient que très lentement. 

L’auteur a eu recours à ce traitement durant ccs huit 
dernières années et cela avec le plus grand succès. Après les 
deux ou trois premiers jours, ou lorsque l’amélioration ne 
faisait plus de progrès, il avait recours à quelques autres 
médicaments parmi lesquels Yiodure de mercure occupe la 
première place. 

Les cas où la guérison survient rapidement sont ceux où 
la maladie a été combattue dès le début par tarantula ; 
plus tard le succès est moins certain. 

L’auteur termine en exprimant encore toute sa confiance 
dans ce remède, pour le traitement de la variété de diphtérie 
dont il donne la description, et il recommande les 6 e , 12° ou 
30 e dilutions. ( The Hahnemannian Monthly.) 


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Phlegmasia alba dolens 

La pathogénésie de hamamelis nous fournit une pein¬ 
ture parfaite de cette affection telle qu’elle se présente 
généralement. Ce médicament peut s’administrer à l’inté¬ 
rieur ou à l’extérieur ou de ces deux manières en même 
temps. L’un ou l’autre des remèdes suivants peut trouver ses 
indications. Ainsi on aura recours à belladona lorsque les 
douleurs sont aiguës, lancinantes, et que la patiente est très 
sensible au bruit, à la lumière, que son sommeil est agité 
par la congestion du sang vers la tête. Dans ce dernier cas, 
pulsatilla est le remède principal, de même lorsqu’il y a 
absence de soif, besoin d’air frais et grande émotivité. On 
donnera aconit s’il existe de la fièvre, si la peau est chaude 
et si les'lèvres sont sèches, surtout si la patiente « a pris 
froid ». 

Bryonia trouvera son utilité dans les complications de 
nature rhumatismale, lorsque le moindre contact ou le 
moindre mouvement aggrave les douleurs, ou encore lorsque 
celles-ci s’irradient du milieu du corps vers les extrémités. 
Le désir de boire de grandes quantités d’eau et l’aggrava¬ 
tion survenant le soir et la nuit doivent encore être pris en 
considération. Arsenicum se trouve tout indiqué quand il y 
a lieu de soupçonner l’intervention d’un élément infectieux; 
il existe une douleur brûlante et la patiente désire être cou¬ 
verte chaudement et se plaint d’une sensation de froid con¬ 
tinu. Un grand désir de boissons froides et une agitation 
incessante confirment l’emploi de ce remède. Rhus toxico - 
dendron se rapportera à l’existence d’une dermite, surtout 
si celle-ci s’accompagne du développement de vésicules éten¬ 
dues et nombreuses. Le changement de position amène un 
soulagement momentané, tandis que les enveloppements 
humides augmentent les malaises. La dernière partie de la 


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nuit est également plus pénible. Apis et arnica peuvent 
encore trouver leurs indications. 

Ces remèdes couvrent au moins les deux tiers des cas et 
ont été énumérés suivant l’ordre de leur importance. On 
n’oubliera pas d’avoir recours à hepar dans le cas de suppu¬ 
ration. Enfin on peut encore employer à l’extérieur hama- 
melis , puisât ilia , rhus et belladona y comme aussi on peut 
recourir aux enveloppements de flanelle,, etc. On exigera un 
repos complet. (Southern Journal of Homœopathy .) 

D r Cyr. Planquart 

MATIÈRE MÉDICALE 

CtLionanthus 

par le D r Y. Z. Lawshé. — Traduction du D r J. De "Web, de Bruxelles 

1. — Le D r Scudder, d’une santé excellente, sauf un peu 
d’aphasie, prit à 1 heure de l’après-diner 30 drach. d’une 
teinture très forte. A 2 h. 30 sensation de contraction dans 
l’estomac comme si un corps vivant s’y déplaçait, malaise 
dans les régions hépatique et splénique, douleur rhumatis¬ 
male à la cheville gauche et dans les os du tarse. A 3 heures, 
les sensations désagréables de l’estomac et des hypochondres 
avaient augmenté de beaucoup ; spasmes et pulsations dans 
l’estomac, malaise dans la région iliaque gauche comme si 
elle était remplie de flatuosités; langue jaune au centre, 
pouls plus petit et plus faible, douleur rhumatismale à l’ar¬ 
ticulation carpo-métacarpienne du pouce gauche. Aumoment 
de se mettre au lit, selles noires comme du goudron ; sommeil 
bon. Au réveil, pendant quelque temps, douleur dans la co¬ 
lonne vertébrale depuis la 7° jusqu’à la 10 e vertèbre dorsale. 

2. — J’ai donné le médicament avec les mêmes résultats à 
M. G.... Chez M me N... une seule dose de 10 drach. a produit 
tous les symptômes susindiqués d’une façon si désagréable 


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qu'on ne pût la déterminer à continuer l’expérimentation. Il lui 
semblait que ses intestins allaient agir violemment comme 
après la prise d’un purgatif, en même temps qu’elle éprou¬ 
vait la nausée qui accompagne souvent ce dernier. 

.J’ai fait ma teinture avec l’écorce de la racine fraîche 
immédiatement après la floraison de la plante et je l’ai 
laissé macérer pendant six semaines. Après avoir pris 
pendant un jour de la 12 e et de la 6 e dil.décimale sans aucun 
résultat, j’ai pris le 10 juillet à 9 h. 30 du matin 1 drach. de 
la teinture et puis d’heure en heure j’ai augmenté la dose de 
un drach. Arrivé à 5 drach. j’ai augmenté la dose de 5 drach. 
pour arriver à 25 drach., mais jusqu’ici sans aucun résultat. 
Le 11 je commençai d’emblée avec 30 drach. à 9 heures du 
matin et d’heure en heure j’ai augmenté la dose de 5 drach. 
jusqu’à ce que je fusse arrivé à une once. Après avoir pris 
successivement 3 doses d’une once, je me suis couché en par¬ 
faite santé. A 4 h. 10 du matin je me suis réveillé avec une 
céphalalgie très intense, frontale et surtout sus-orbitaire, 
située spécialement au-dessus de l’œil gauche. Les globes 
oculaires étaient très douloureux, comme fatigués et brisés; 
lançures et douleurs de torsion dans l’abdomen qui se cal¬ 
maient un peu en me couchant sur le ventre. Nouveau som¬ 
meil. A 8 h. 30 je me suis réveillé de nouveau me sentant 
très malade, j’avais mal par tout le corps; la tête particuliè¬ 
rement était douloureuse et donnait une sensation de pesan¬ 
teur au front, avec pression à la racine du nez. Ma faiblesse 
était telle qu’il m’a fallu m’asseoir pendant que je m’occupais 
de ma toilette. Eructations amères, beaucoup de nausées et 
d’efforts de vomissement, désir d’aller à selle. Langue forte¬ 
ment chargée d’un enduit vert jaunâtre très sale. Dès que 
j’étais descendu, j’ai été pris d’un violent accès de nausée 
avec beaucoup d’efforts pour vomir ; il me semblait qu’il y 
eût dans mon ventre deux tractions en sens inverse: l’une 


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essayant d’en faire sortir le contenu, l’autre de le retenir; 
mais bientôt,grâce aux efforts inouis, je suis parvenu à vomir 
la valeur d’une tasse à thé d’une bile verte très foncée, filante 
et excessivement amère; toute cette bile venait d’un jet. 
Immédiatement après il s’est développé une transpiration 
froide au front et je me suis senti excessivement faible ; le 
désir d’aller à selle avait passé avec le vomissement ; je me 
sentais brisé et atteint de douleur dans le bas du dos, avec 
grande faiblesse en me tenant debout ou en me promenant, 
améliorée en m’asseyant ou en me couchant. Au déjeuner 
inappétence absolue, avec cela mon estomac me semblait si 
faible et si vide que je bus une tasse de café et que je mangeai 
la moitié d’un biscuit; par là j’obtins un certain soulagement. 
A 9 heures du matin nervosité telle que je ne savais me tenir 
tranquille, j’avais beaucoup de peine à annoter mes symptô¬ 
mes. A 9 h. 30 les régions lombaire et sacrée sont si doulou- 
x^euses et semblent si faibles que c’était avec peine que je 
pus aller de la voiture à l’office ; chaque pas semblait 
ébranler ma tête et bouleverser tout mon corps. A 10 heures, 
l’ai été tranquille pendant une demi heure et je me sentais 
un tant soit peu mieux. Pression au dos du nez, constriction 
douloureuse dans les tempes avec battement des artères tem- 
poi^ales. A 10 h. 30 je venais d’avoir une selle : la première 
moitié était liquide, la dernière était plus solide. La selle était 
horriblement fétide et avait une odeur de charogne ; la cou¬ 
leur était d’un brun foncé et elle contenait des matières non 
digérées. En même temps sensation de pesanteur dans le bas 
de l’hypogastre. A 11 h. 30 en rentrant à la maison, je me 
sentais très malade et excessivement faible ; ma tête et mon 
dos me faisaient très mal. A midi le front et les joues sont 
très chauds et secs ; pouls 114; frissons dans tout le coi*ps 
allant d’avant en arrière et produisant une espèce de tressail¬ 
lement involontaire ; mon front est comme un chaînon ar- 


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dent; céphalalgie frontale et sus-orbitaire soulagée par la pres¬ 
sion de la main,mais celle-ci ne put être supportée longtemps 
car à la longue ma tête me faisait encore plus mal; nervosisme 
excessif; je ne pouvais rester en place; tressaillements 
involontaires dans différentes parties du corps, sécheresse de 
la langue et de la bouche, cependant la quantité de la salive 
était normale. Pas de soif. Je me suis endormi à 12 h. 20 et 
on m’a réveillé à 2 heures pour dîner. Impossibilité de manger 
quoi que ce soit, nausées continuelles. J’ai bu une tasse de 
café; céphalalgie aggravée depuis mon réveil. Pouls 88. La 
tête n’était plus tout à fait aussi chaude; froid dans tout le 
corps; nouveau sommeil vers 3 h. 30; à 4 h. 15 la tête et la 
figure, au dire de mon entourage, étaient couvertes d'une 
sueur profuse, mes carotides battaient violemment. Je me 
suis levé à 5 heures et baigné la figure à l’eau froide, ce qui 
m’a donné un peu de bien-être, cependant ma tête et mon 
dos me faisaient beaucoup souffrir, et mes globules oculaires 
semblaient fatigués. 6 h. 30, faiblesse et sensation de vide à 
l’estomac soulagées en mangeant quelques biscuits et en 
buvant une tasse de thé. Pouls 88. A 8 h. 15 selles aqueuses 
d’un brun noirâtre, très fétides ; coliques pendant la selle. 
Couché à 9h. 30; j’ai du me couvrir fortement, quoique la 
température fût très douce ; tête brisée, fatiguée, faiblesse 
dans le bas du dos, en y touchant sensation comme si la 
peau était enlevée. 

Le 13. — Nerveux et agité la nuit derrière; je ne me suis 
endormi qu’à minuit et malgré cela je me suis encore reveilié 
bien souvent avec des douleurs dans la tête, le dos et l’ab¬ 
domen. Levé à 8 heures, ma tête était brisée et douloureuse 
et cette sensation de brisure semblait s’étendre au cerveau ; 
sensation comme si le crâne allait éclater par la marche, le 
rire, etc. 

Le dos n’était pas aussi sensible que les autres jours. Peu 


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d’appétit au déjeuner, selle très abondante, aqueuse d’un brun 
foncé, mais pas aussi fétide que hier. A 9 h. 30, amélioration 
de la céphalalgie; ce matin, à plusieurs reprises, accès de 
douleurs incisives et de constriction dans les intestins, à la ré¬ 
gion ombilicale; langue chargée d’un enduit très épais au cen¬ 
tre, de couleur jaune, la pointe est légèrement rouge et de 
chaque côté elle présente plusieurs petites places où le sang 
semble vouloir sortir ; sensation de ratatinement au centre 
de l’organe. 4 h. 30 de l’après-dîner, le seul symptôme à ce 
moment était une douleur sourde dans les régions ombilicale 
et iliaque, se transformant par moments en colique intense, 
un peu soulagée par l’émission de vents. Teint jaunâtre de la 
face; d’un angle à l’autre de chaque œil il y avait une bande 
jaune étroite tranchant nettement sur le blanc d’alentour; 
les vaisseaux de la sclérotique étaient fortement injectés. 

Le 14. — Depuis hier 5 heures de l’après-dîner et toute la 
nuit précédente, j’ai beaucoup souffert de maux de ventre; ils 
étaient plus intenses que hier ; on aurait dit qu’à la région 
ombilicale mes intestins étaient placés dans un nœud coulant 
qu’à chaque instant on serrait pendant un moment pour le 
relâcher aussitôt graduellement. 

Selle très liquide, aqueuse avec matières d’un jaune foncé, 
la partie liquide était plutôt d’un vert foncé avec une légère 
couche de mousse verte à la surface striée d’une substance 
blanche à l’aspect muqueux. 

Les selles étaient accompagnées de beaucoup de vents, 
d’un peu de douleur intestinale, de sueur froide au front et 
aux mains; il fallait un certain temps pour les provoquer et il 
n’arrivait qu’une petite quantité de matières à la fois ; elles 
étaient suivies, d’une sensation de brûlure à l’anus qui durait 
de 15 à 20 minutes. Globes oculaires brisés et fatigués, tout 
le blanc des yeux a une teinte jaunâtre. Peau très jaune. 
Fatigue générale. 


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Le 15. — Selles presque normales, mêmes sensations dans 
l'abdomen que la veille, quoique moins intenses ; aucun nou¬ 
veau symptôme. 

Le 16. — Beaucoup de vents très fétides, surtout la nuit. 
Plus aucun autre symptôme. (. North American Journal of 
homœopathy.) Traduction du D r J. De Wée 

La scrofule et l’air marin 

par le D r Martin y 

Le D r Variot, après une enquête sur place dans les îles 
de la côte bretonne,a fait connaître à la Société médicale des 
hôpitaux (séance du 7 octobre 1892) qu’il a constaté, à son 
grand étonnement, que l’air marin, si favorable à la guérison 
de la scrofulose, n’empêche pas les enfants de ces îles d’y 
devenir scrofuleux. Il attribue ce fait à la mauvaise alimenta¬ 
tion, au mauvais logement et autres raisons ejusdem farinœ. 

Ceux qui ont lu ce que nous avons écrit jadis au sujet de 
l’air marin n’en seront pas surpris : nous avons fait observer 
que les personnes exposées à respirer continuellement de l’air 
réellement marin sont facilement atteintes de scrofulose. 
Nous avons même rappelé que différents praticiens ont constaté 
que la scrofulose est très fréquente dans les ports de mer 
où la mer pénètre réellement jusque contre les habitations. (1) 

Dans les petites îles, de quelque côté que souffle le vent, il 
y apporte les effluves marines, et la scrofulose doit y être plus 
fréquente, en vertu de la grande loi des semblables. 

Nous voyons avec plaisir que M. Yariot, qui a fait des 
recherches sur placera constaté le fait pour les îles de la côte 
bretonne. 

C’est également en vertu de notre grande loi que, dans les 
pays où les eaux sont ferrugineuses, on trouve beaucoup de 
chlorotiques et d’anémiques. D r Martin y 

(1) Voir le Bord de la Mer , par le D r Martiny. 


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Doctrine microbienne 

par le D r Jousset 

A propos de la communication faite par le D r Peter à 
l’Académie de médecine de Paris au sujet du choléra (l),nous 
croyons utile de mettre sous les yeux de nos lecteurs un 
article publié déjà en novembre 1891 dans Y Art médical par 
notre éminent confrère, le D r Jousset : 

ÉTAT DE LA QUESTION 

A ses débuts, l’Ecole microbienne affichait la prétention 
de révolutionner la pathologie tout, entière. Aujourd’hui, la 
connaissance plus exacte et plus complète de son sujet lui- 
même la rend hésitante et la ramène vers les doctrines tra¬ 
ditionnelles de la médecine. 

Il y a quelques années, le microbe était tout en étiologie ; 
« on croyait que les bactéries une fois introduites, le mal 
« éclatait fatalement et suivait son cours ». (Traité de méde¬ 
cine. Charcot et Bouchard, page 21.) 

A ce moment, on considérait le microbe comme un être 
immuable et comme la cause absolue d’une maladie déter¬ 
minée. 

Nous avons toujours pensé que ces exagérations tombe¬ 
raient d’elles-mêmes ; confiant dans la force de la vérité, 
nous avons attendu des travaux mêmes de l’Ecole microbienne 
une mise au point plus juste et plus conforme à la tradition. 
Il était impossible qu’un effort aussi puissant que celui auquel 
nous assistons depuis plus de vingt ans, que tant de labeurs, 
tant d’expérimentations, accomplis à l’aide d’une instrumen- 
mentation aussi perfectionnée que celle de la technique mo¬ 
derne, aboutissent à cette insanité : toutes les maladies sont 
de causes externes et produites par un microbe spécial comme 


(1) Voir vol. cour 1 p. 212. 


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la gale est produite par l'accarus et la teigne par le tricho- 
phyton. 

Quels sont les faits qui ont ainsi modifié l'esprit de l’Ecole 
microbienne ? 

C’est d’abord ce fait incontestable de plusieurs maladies 
d’espèces distinctes produites par le même microbe, l'ostéo¬ 
myélite et le furoncle (Pasteur). 

C’est la pleurésie développée tantôt par le pneumocoque, 
tantôt par le streptocoque, tantôt par le bacille d’Eberth, sans 
que l’espèce du microbe détermine toujours la même forme 
de la pleurésie, le streptocoque pouvant produire une pleu¬ 
résie séro-fibrineuse aussi bien qu’une pleurésie purulente, et 
le bacille d’Eberth, déterminant, tantôt un épanchement san¬ 
guinolent et tantôt un épanchement fibrineux (Société médi¬ 
cale des Hôpitaux, 24 avril 1891 et compte-rendu de cette 
séance, Art médical , juillet 1891) ; ce sont ces observations 
de granulies sans bacilles de Koch ; ces maladies produites 
par des micro-organismes non pathogènes, le proteus vul- 
garis , par exemple, pourvu que l’injection atteigne une cer¬ 
taine quantité. 

Mais, ce qui a surtout ébranlé la doctrine microbienne pri¬ 
mitive, c'est la présence habituelle, dans les cavités natu¬ 
relles, des microbes pathogènes les plus dangereux sans 
aucun trouble de la santé; le pneumocoque habite la cavité 
buccale sans qu’on voie se développer ni pneumonie, ni otite, 
ni angine infectieuse. Le microbe de l’érysipèle et de la diph- 
thérie reste de même à l’état latent et le bacillus coli attend 
dans l’intestin les modifications chimiques produites par la 
fièvre typhoïde, pour se transformer en bacille d’Eberth (1). 

(1) On peut lire dans la séance de l’Académie de médecine du 
20 octobre dernier, une communication de M. Chauveau, au nom de 
MM. Rodet et Roux, de Lyon, qui établit que le bacille d’Eberth n’est 
autre que le bacillus coli : « c*est l’organisme typhique qui, disent ces 


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Le rôle étiologique du microbe se trouve ainsi reporté au 
second plan, puisqu’il lui est impossible d’attaquer un orga¬ 
nisme sain et qu’il reste à l’état latent jusqu’au moment où 
l'organisme malade lui permet d’entrer en scène et de déve¬ 
lopper les symptômes qui lui sont propres. 

Les faits d’immunités suivant les espèces, les races et les 
individus mis en lumière depuis plus de quarante ans par notre 
Ecole,ont été vérifiés et mis hors de doute par les expérimen¬ 
tateurs contemporains et, en particulier, par le professeur 
Bouchard. D’un autre côté, les causes banales : le froid, 
le chaud, le sec, l’humide, le surmenage, l’abstinence, etc., 
si en honneur dans la tradition, sont acceptées aujourd’hui 
par l’Ecole microbienne comme ayant une grande influence 
sur le développement des maladies. En sorte que, d’une part, 
cette immunité assez puissante pour annuler l’action des mi¬ 
crobes qui vivent habituellement en nous et, de l’autre, la 
nécessité habituelle des causes banales pour le développement 
de l’action pathogène des microbes ramènent l’Ecole bacté¬ 
riologique à l’ancienne étiologie, et nous avons été heureux 
de lire, dans le traité le plus récent, le plus autorisé des doc¬ 
trines microbiennes, le passage suivant : 

« En étudiant ces données, — action des causes banales, 

auteurs, par un mécanisme encore inconnu, donne au bacillus coli les 
caractères du bacille d’Ebertli ». 

Dans la séance de la Société de Biologie du 17 octobre, M. Dubief 
établit, contrairement aux assertions de MM. Chantemesse et Widal, que 
le bacille d’Eberth fait fermenter la glucose comme le bacillus coli. 
M. Dubief reconnaît que la quantité d’acide lactique produite par la fer¬ 
mentation de la glucose sous l’influence du bacillus coli, est sensible¬ 
ment le double de celle que donne, dans les mêmes circonstances, le 
bacille d’Eberth; c’est à cette quantité moindre d’acide lactique produite 
par le bacille d’Eberth qu’il faut attribuer l’absence de coagulation du 
lait produit par ce bacille, tandis que le bacillus coli le coagule rapide¬ 
ment ; mais, ajoute M. Dubief, ces différences ne suffisent pas à établir 
une distinction absolue contre les deux bacilles. 


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« — on pourra voir combien il est aisé de mettre d’accord 
« l’ancienne et la nouvelle étiologie ; combien l’une et l’autre, 
« loin de se contredire, se prêtent un mutuel appui. L’éclo- 
« sion de nombre d’affections, provoquées par les germes qui 
« vivent habituellement en nous ne devenant dangereux que 
« grâce aux influences des causes banales, nous paraîtra une 
« sorte de retour à la spontanéité morbide, mais à une spon- 
« tanéité tout autrement comprise. » (Loc. cit., page 54.) 

La spontanéité morbide ! ce mot produit autant d’effet sur 
les microbiens que Y ontologie en produisait dans l’Ecole de 
Broussais. La préoccupation à l’Académie de médecine, 
comme celle de M. Dubief dans sa communication à la Société 
de Biologie, à propos du bacille d’Eberth, est de se défendre 
de l’accusation d’un retour vers la spontanéité morbide; 
accusation que MM. Chantemesse et Widal leur jettent à la 
face comme une injure et une menace. 

Les auteurs du Traité de médecine parlent, nous venons 
de le voir, d’un retour à la spontanéité morbide, mais à une 
spontanéité autrement comprise qu’avant leur réforme; que 
signifie cette phrase ? Et à qui les maîtres de l’Ecole micro¬ 
bienne feront-ils croire que dans la tradition on enseignait 
que la syphilis et les fièvres éruptives, par exemple, pou¬ 
vaient se développer spontanément et sans l’action d’un con¬ 
tage. Où est, dans ce cas, la différence entre la spontanéité 
morbide comme nous la comprenons et comme la compren¬ 
nent nos adversaires? 

La spontanéité morbide n’a qu’un sens que nous formulons 
ainsi : c’est l’organisme vivant qui fait sa maladie, tantôt 
sous l’influence des causes banales seules, tantôt à la suite 
d’un contage nécessaire. 

Est-ce que les auteurs du Traité de médecine ne sont pas 
bien près de s’entendre avec nous quand ils écrivent : 
« Aujourd’hui tout le monde est d’accord sur ce point; tout 


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le monde admet le rôle considérable réservé au changement 
qui se passe dans l’organisme pour la réussite ou l’échec des 
infections les plus banales et les plus communes ». ( Loc . cit. 7 
page 6.) 

Ainsi, il faut revenir à cette tradition qu’on a tant dédai¬ 
gnée, mais on y reviendra avec toutes les vérités acquises 
par la nouvelle Ecole. 

L’étude approfondie des microbes qui caractérisent les 
lésions, leur rôle dans le mécanisme des symptômes et dans 
la reproduction des maladies sont des connaissances qui éclai¬ 
rent d’une lumière toute nouvelle les problèmes de la patho¬ 
logie et qui, lorsque les exagérations seront tombées, con¬ 
stitueront une ressource précieuse pour l’hygiène publique. 

Mais le point de vue de beaucoup le plus important, est le 
rôle des microbes, ou plutôt de leurs toxines, dans la théra¬ 
peutique. 

Rendons justice à la Clinique; depuis longtemps elle nous 
avait enseigné que quand un père syphilitique engendrait un 
enfant syphilitique, sans que la mère soit contagionnée, 
cette mère acquérait l’immunité, en sorte qu’elle pouvait 
nourrir son fils sans prendre la maladie (loi de Colle) et inver¬ 
sement, quand la mère prenait la syphilis et donnait nais¬ 
sance à un enfant sain, cet enfant acquérait l'immunité et ne 
pouvait plus prendre la syphilis de sa mère. 

Pasteur nous a appris que la bactérie du charbon consti¬ 
tuait un vaccin et conférait l’immunité au mouton, de même 
que c’était le virus de la rage qui empêchait le développement 
de cette maladie. Chauveau a démontré que les bactéries du 
charbon symptomatique injectées dans les vaisseaux des 
bovidés leur conféraient l’immunité contre cette maladie, etc. 

De l’ensemble de ces faits, nous pouvons formuler la loi 
suivante : l’agent qui transmet la maladie est le même qui, 
atténué, confère l’immunité contre cette maladie. 


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Les toxines produites par les microbes n’ont pas seulement 
le merveilleux pouvoir de conférer l’immunité, nous croyons 
qu’ils renferment les propriétés thérapeutiques les plus pré¬ 
cieuses. Si la lymphe de Koch n’a pas donné tout ce que son 
inventeur avait promis, c’est, d’abord, que les doses conseil¬ 
lées étaient dangereuses; c’est, ensuite, que la tuberculose 
est une maladie peu curable. 

Nous rappelons qu’au commencement du siècle, Dufresne, 
de Genève, a guéri la pustule maligne avec le virus de cette 
pustule. Le professeur Bouchard vient d’appliquer, avec 
succès, au traitement des hémorrhagies, les propriétés vaso- 
constrictives des toxines produites par les microbes du pus. 

Nous ne saurions trop insister : c’est dans la voie de la 
prophylaxie et de la thérapeutique que l’école microbienne 
doit diriger tous ses efforts; c’est sur ce terrain quelle trou¬ 
vera la juste récompense de tous ses travaux et non dans la 
recherche d’une antisepsie médicale renouvelée de Raspail. 
— D r Jousset. 

ALBUMINURIES 

Discours prononcé par le -professeur Bouchard à l'Académie 
de médecine de Paris 

Le savant maître a tenu tout d’abord à constater que l’idée 
de l’auto-intoxication et de la multiplicité des poisons qui 
s’accumulent quand le rein est malade,—idée émise par lui,— 
s’affirment de plus en plus. Chaque jour, la clinique nous offre 
et nous donne la preuve de la vérité de cette doctrine. 

Le traitement pathogénique doit donc avoir pour but d’ar¬ 
rêter dans sa course chacune des catégories de ces poisons ; 
il faut chercher à leur trouver d’autres voies d’élimination, 
et s’efforcer de leur opposer des antidotes. 

Au nombre des moyens usités, le lait est surtout précieux 
parce qu’il constitue un aliment insuffisant ; il importe de ne 


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pas croire que si un litre de lait est utile, deux litres le seront 
deux fois plus. 

Le lait donné en quantité modérée comme aliment exclusif, 
comme boisson exclusive, diminue la surcharge d’un orga¬ 
nisme où l’émonctoire se fait mal, et le malade bénéficie de 
la moindre quantité des liquides ou des solides, surtout des 
aliments azotés. 

On obtient également de bons effets avec les œufs, qui, 
dit-on, modifient moins avantageusement l’albuminurie ; mais 
qu’importe, l’albuminurie n’est pas une maladie ; elle est sim¬ 
plement un élément de diagnostic et de pronostic et non une 
cause d’aggravation de la maladie. 

Si l’albuminurie est un symptôme mal famé, c’est parce 
qu’il est souvent l’avant-coureur d’accidents graves ou le 
signe d’une maladie de longue durée, urémie et chronicité. 
Mais il n’y a que les albuminuries rénales capables de provo¬ 
quer des accidents toxiques. Il existe, en effet, des albumi¬ 
nuries étrangères à une maladie du rein. 

Ainsi il est permis d’admettre une albuminurie cutanée que 
détermine, par action réflexe, l’irritation des nerfs cutanés. 
Ainsi, elle peut être provoquée expérimentalement chez l’ani¬ 
mal, par l’application de compresses de chloroforme ; on 
l’observe fréquemment chez l’homme à la suite d’une friction 
térébenthinée ou à la suite de la friction classique dans le trai¬ 
tement de la gale. Le même phénomène se produit après la 
faradisation cutanée et la faradisation du sciatique. Ce sont 
des albuminuries par excitation nerveuse; elles se montrent et 
disparaissent soudainement. 

D’autres albuminuries s’observent au cours des maladies 
chroniques, telles que la goutte, le diabète, l’obésité. 

Quand chez un goutteux ou un diabétique on voit apparaître 
l’albuminurie, on croit généralement que c’est le début de la 
néphrite fatale. Il n’en est rien, le plus souvent, et il y a chez 


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les goutteux, chez les diabétiques, chez les obèses, des albu¬ 
minuries qui ne s’affranchissent pas de la maladie protopa- 
thique, qui s’associent, au contraire, à ses variations, qui 
diminuent ou disparaissent quand l’affection primitive s’amé¬ 
liore, qui sont fréquentes dans les périodes initiales de ces 
maladies ou dans les périodes d’exaspération, puisqu’ils dis¬ 
paraissent pendant des années quand l’état morbide principal 
s’est affirmé dans sa période d’état ; qui n’ont pas la constance 
de l’albuminurie des reins, et qui ne s’accompagnent pas des 
accidents cardiaques, hémorragiques, dyspnéiques, etc., qui 
forment le cortège symptomatique de l’albuminurie perma¬ 
nente, signe de la néphrite qui vient compliquer tardivement 
ces maladies. 

L’albuminurie qui dépend soit de la goutte, soit du diabète 
ou de l’obésité se guérit tous les jours. Quanta sa fréquence, 
il suffira de dire qu’on la rencontre 26 fois sur 100 dans 
l’obésité, 58 fois sur 100 dans la goutte et 33 fois sur 100 
dans le diabète. 

Dans la dyspepsie, dans celle surtout qui accompagne la 
dilatation de l’estomac, l’albuminurie est fréquente, 21 fois 
sur 100. Nulle au réveil, elle reparaît avec les repas et avec 
l’exercice ; elle se guérit facilement. 

Il y a enfin une autre albuminurie que M. Bouchard appelle 
albuminurie hépatique , qui ne dépend nullement d’une affec¬ 
tion des reins. Les expériences chez les animaux démontrent 
en effet, que le foie peut élaborer certaines substances albu¬ 
minoïdes, de telle sorte que l’albuminurie en résulte. 

Chez les dilatés à foie congestionné, l’albuminurie est bien 
plus fréquente que chez ceux dont le foie est normal. lien est 
de même dans l’obésité, dans le diabète et dans la goutte ; 
ainsi, pour ne parler que de cette dernière maladie, sur 100 
goutteux avec foie normal, 43 albuminuriques, avec gros 
foie, 100 albuminuriques. Les albuminuries intermittentes 


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n’existent pas en tant que maladie ; toutes le sont, excepté 
celles dues à une lésion rénale. On les observe aussi fréquem¬ 
ment chez les enfants et les adultes quand la croissance s’ef¬ 
fectue mal. 

En présence de ces nombreuses variétés d’albuminuries, il 
est évident que le traitement doit varier selon le cas ; il faut 
combattre non le symptôme, mais la condition pathogénique 
de ce symptôme. {Scalpel.) 


Résultats thérapeutiques des injections de liquide testiculaire 

de Brown-Séquard et d’Arsonval 

Plus de douze cents médecins ont expérimenté le liquide 
testiculaire et voici les conclusions des notes qu’ils ont bien 
voulu nous communiquer : 

En premier lieu, les injections de liquide testiculaire, 
lorsqu’elles sont pratiquées avec toutes les précautions anti¬ 
septiques nécessaires, ne présentent aucun danger, aucun 
inconvénient grave. Je puis être d’autant plus affirmatif à ce 
sujet que nos douze cents correspondants ont pratiqué plus 
de deux cent mille injections sans aucun accident. La douleur 
a été, dans certains cas, assez vive, mais toujours passagère; 
au plus, dans quelques cas, a-t-elle persisté un jour ou deux. 
Plusieurs médecins russes ont noté un léger mouvement 
fébrile après les injections ; en France, cette légère élévation 
de température n a été observée que chez deux malades. En 
résumé, innocuité absolue des injections de liquide testiculaire. 

Voyons maintenant, d’après les notes de nos correspon¬ 
dants, quelle a été leur utilité : 

Je ne veux pas m’étendre sur l’ataxie locomotrice, dont je 
ferai l’objet d’une communication spéciale; je dirai seulement 
que le liquide testiculaire a échoué dans trois ou quatre cas 
au plus, sur plus de cent vingt cas d’ataxie. 


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Vingt et un cas de cancers, la plupart utérins, ont été 
traités par les injections de liquide testiculaire et toujours il 
y a eu amélioration : cessation de la suppuration, des dou¬ 
leurs, des hémorragies; diminution, au moins apparente, du 
volume de la tumeur, disparition des œdèmes. Est-ce à dire 
que les injections de liquide testiculaire peuvent guérir le 
cancer? Je nen sais rien, ou, pour mieux dire, je ne l’espère 
pas. Mais n’est-ce pas déjà quelque chose que de produire une 
amélioration très appréciable et de prolonger la vie chez des 
malades qui n’avaient plus aucun espoir? En effet, 19 des 21 
cancers traités avaient été déclarés inopérables. 

Dans les cas de fibromes utérins, il y a toujours eu diminu¬ 
tion très appréciable du volume de la tumeur. Je ne pus 
expliquer ce résultat que par l’intervention du système ner¬ 
veux tonifié sur la nutrition du néoplasme. 

Je laisserai de côté plusieurs affections dans lesquelles les 
injections me paraissent n’avoir eu qu’un effet suggestif.Mais 
il est une maladie toujours incurable dans laquelle cette hypo¬ 
thèse ne peut être invoquée : c’est la paralysie agitante.Dans 
cette affection, nos résultats n’ont pas été brillants ; cepen¬ 
dant, sur sept malades traités, deux ont été très améliorés, 
l’un surtout qui est presque guéri. J’ajouterai que dans la 
sclérose latérale de la moelle épinière, dont les lésions sont 
comparables à celles de l’ataxie, il y a eu amélioration dans 
tous les cas. 

La tuberculose nous a fourni de beaux succès; sans rappe¬ 
ler les améliorations constatées par MM. Dumontpallier, 
Gornil, Hénocque, etc., les malades observés en dehors des 
hôpitaux sont actuellement très nombreux ; tous ont été amé¬ 
liorés, beaucoup d’une manière très remarquable, et chez cer¬ 
tains l'amélioration générale et locale se maintient depuis 
longtemps déjà. Peut-on obtenir une guérison complète? Tout 
permet de l’espérer. Mais pour cela il faut soigner longue- 


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ment les malades et les garder longtemps en observation. 

Le diabète est également avantageusement modifié par le 
liquide testiculaire; un de nos correspondants nous a même 
signalé un cas de guérison complète. 

Une remarque pour finir : M. d’Arsonval est parvenu à 
préparer un liquide testiculaire beaucoup plus actif que celui 
qu’il préparait jusqu’ici et qui était au cinquième; sa nouvelle 
préparation est à deux et demi. Ce liquide est donc d’une 
puissance double. Il présente l’avantage de nécessiter des 
injections moins abondantes, et si, ce qui arrive parfois, il est 
plus douloureux que le liquide au cinquième, on remédie faci¬ 
lement à cet inconvénient en l’étendant d’un peu d’eau stéri¬ 
lisée, ce qui est préférable à la glycérine contenue seule dans 
le liquide ancien. Avec le liquide actuel, une injection de 
trois grammes répond à toutes les nécessités. 

Enfin,un dernier conseil: il faut injecter à certains sujets 
des quantités assez considérables de liquide testiculaire et ne 
pas craindre d'augmenter les doses quand les premières injec¬ 
tions ne produisent pas d’amélioration. (Soc. biolog.de Paris). 
— [Presse médicale belge .) 

VARIÉTÉS 

Congrès homœopathique international de Chicago. — Nous 
avons reçu diverses informations au sujet du Congrès international 
d’homœopathie qui aura lieu en 1893 à Chicago, à l’occasion de l’Expo¬ 
sition universelle. 

11 y aura à cette occasion, et installés par l’administration de cette 
exposition, un nombre considérable de congrès embrassant toutes les 
questions d’art, de science, de socialisme, etc. 

Les congrès de médecine auront lieu au mois de mai, ils présentent 
six divisions générales qui sont par ordre : 

1° Médecine générale et chirurgie ; 

2° Homœopathie ; 

3° Hygiène ; 

4° Art dentaire; 


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5° Pharmacie; 

6° Médecine légale. 

Pour chacune de ces divisions est institué un comité d’organisation. Le 
comité homœopathique a pour président le D r J. S. Mitchell et pour vice- 
président le D r R. Ludlam ; il a désigné un certain nombre de médecins 
étrangers, de médecins américains et de doctoresses pour l’aider dans sa 
tâche. 

Voici un certain nombre de questions proposées : 

L’histoire des progrès de l’homœopathie au moment de l’ouverture du 
congrès de 1893. 

Une appréciation soigneuse de la valeur des statistiques sur les résul¬ 
tats de l’homœopathie soit publiques, soit privées. 

Plans pour la révision, la simplification ou l’application pratique de la 
matière médicale. 

Bactériologie, ses relations avec la pratique homœopathique. 

Méthodes pour l’établissement des expérimentations des médicaments 
sur des bases plus uniformes et plus scientifiques. 

L’influence exercée par l’homœopathie sur l’éducation médicale et la 
pratique en général. 

La part que peut réclamer l’homœopathie dans la prophylaxie et le 
contrôle des épidémies. 

L’importance de l’uniformité des préparations pharmaceutiques. 

Etude critique de la valeur des efforts faits pour instruire le public sur 
les vrais principes de l’homœopathie. 

Exposition des moyens adjuvants à notre méthode thérapeutique, 
y compris les effets de la morale, de la culture et de la musique dans la 
prophylaxie et la cure des maladies. 

Les spécialités, y compris l’étude de leur nécessité et de leurs avan¬ 
tages et la part qu’elles peuvent avoir dans le développement de l’homœo- 
pathie. 

* 

* • 

Voici un nouveau traitement (?) de la surdité par catarrhe de la 
trompe d’Eustache : 

Bâillement ; sa signification physiologique et son utilisation thérapeu¬ 
tique . — Lorsque l’acte du bâillement est arrivé à son apogée, l’acuité 
auditive diminue d’une façon très manifeste pendant une demi-seconde 
environ. Si pendant l’expiration qui suit, le sujet se met à avaler, un 
son rapide et court parvient à l’oreille, et si à ce moment on inspecte le 
pharynx du sujet, on aperçoit souvent, sur la paroi postérieure de son 
pharynx, un bouchon de mucus. 

D’après l’auteur, la diminution de l’acuité auditive, mentionnée plus 


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— 256 - 


haut, est produite par une occlusion mécanique momentanée de l’ouver¬ 
ture pharyngée de la trompe d’Eustache, due à une contraction du 
muscle pétro-salpingo-staphylin. Qand il existe une rigidité, une infiltra¬ 
tion, un catarrhe de la portion cartilagineuse de la trompe, la diminution 
de l’acuité auditive ne se produit plus au moment du bâillement. 

Comme l’acte du bâillement s’accompagne d’une tension de tous les 
mucles qui servent à la respiration et que, par suite, le thorax est distendu 
au maximum,bâiller constitue la gymnastique pulmonaire la plus natu¬ 
relle et il n’y a pas à craindre d’en user largement le matin et le soir. 
D’autre part, pendant le bâillement prolongé, les muscles du pharynx 
se contractent, la portion cartilagineuse de la trompe est en quelque 
sorte exprimée. C’est pourquoi, dans les catarrhes aigus du pharynx, 
dans les inflammations du voile du palais et au début d’un catarrhe des 
trompes, une cure de bâillement est indiquée. {Rev. Gén. de Mèd ., de 
Chir. et d'Obstétrique.) 


SOMMAIRE 

LA GRANDE LOI DES SEMBLABLES, par le 

D r Martiny ., . . . 225 

Nouvelles découvertes en thérapeutique. — Traduction 

du D r Chevalier, de Charleroi.228 

Notes de lecture, par le B 1 ' Cyr. Planqoart, de Bru¬ 
xelles .232 

Matière médicale. — Traduction du D r J. Dewée, de 

Bruxelles.238 

La scrofule et l’air marin, par le D r Martiny . . . 243 

Doctrine microbienne.244 

Albuminuries.249 

Résultats thérapeutiques des injections de liquide testi¬ 
culaire de Brown-Sequard et d’Arsonval .... 252 

Variétés.254 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

19 e Année DÉCEMBRE 1892 N® 9 


LES AMYGDALES 

par le D r Martiny 

A' la suite de différentes observations que nous avons 
faites dans le cours de notre pratique médicale, nous 
avons à peu près complètement renoncé à conseiller l’abla¬ 
tion chirurgicale et même les cautérisations plus ou moins 
profondes des amygdales. 

Lorsque parut, en 1874, le livre intitulé : Etudes géné¬ 
rales et pratiqués sur la phtisie , par le D r Pidoux, un 
ouvrage remarquable auquel la Faculté de médecine a 
décerné le prix de dix mille francs fondé par le 
D r Lacaze, nous ne fûmes guère surpris d’y lire que 
Pidoux, qui était un grand observateur et un clinicien, 
redoutait l’ablation des amygdales chez les sujets plus ou 
moins prédisposés à la tuberculose pulmonaire. 

Pidoux, par suite de sa position de médecin aux Eaux- 
Bonnes, avait vu passer devant lui un grand nombre de 
poitrinaires et les avait bien observés. 

Voici ce qu’il écrivait alors : 

Je me comporte avec elle (angine folliculeuse des phti¬ 
siques) comme avec l’hypertrophie des amygdales que je 
n’excise jamais, pas plus que la luette chez les phtisiques ou 
chez ceux qui me paraissent menacés de le devenir, comme 
aussi la fistule anale, les dermatoses, les douleurs, la leucor¬ 
rhée, etc., etc., (p. 295). 

Et plus loin: 

Lorsqu’on a des raisons de craindre qu’un enfant ou un ado¬ 
lescent soient prédestinés, il faut mettre tous ses soins à ne 


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pas combattre ou à ne pas guérir brutalement et sans précau¬ 
tion les affections externes de nature strumeuse ou herpé¬ 
tique dont ils pourraient être atteints. 

Il convient même quelquefois de protéger ces servitudes 
organiques lorsque la santé n’en est point altérée et qu’elles 
ne constituent que des exutoires naturels inoffensifs. Ainsi, 
les éruptions du cuir chevelu, les scrofulides du nez, des 
yeux, des oreilles, des lèvres, les adénites concomitantes, les 
engelures, etc., ne doivent être réprimées qu’avec beaucoup 
de'ménagements. 

L’hypertrophie des amygdales, si elle n’est, pas excessive 
et ne nuit ni à la respiration et à l’hématose, ni à l’audition et 
aux rapports "de la colonne cervicale avec la tête et le tronc, 
devra n’être traitée que par des moyens de l’ordre médical 
généraux et topiques. On s’abstiendra donc de l’excision 
autant que possible. J’ai été témoin de deux faits, et les chi¬ 
rurgiens en ont rapporté beaucoup d’autres, qui me portent 
à croire que dans les cas que j’ai exceptés, cette opération 
n’est pas sans danger. Les médecins qui ne partagent pas cet 
avis, peuvent toujours dire que, l’individu étant prédisposé, 
il n’y a eu que coïncidence entre l’excision des amygdales et 
le développement ultérieur delà phtisie. 11 peut en être ainsi 
quelquefois, sans doute; mais il n’en est pas moins vrai que, 
par cela même qu’il y a de certains rapports de communauté 
et d’origine entre les affections strumeuses et la tuberculose, 
il n’y a rien d’étonnant à ce que la suppression d’un centre 
strumeux soit suivie de la formation d’un travail tuberculeux 
dans un autre point, chez un sujet en puissance de diathèse. 
Or, pourquoi ce nouveau centre d’affection congénère, mais 
régressive, ne serait-il pas le poumon, puisque cet organe est 
le plus tuberculisable de l’économie? 


Je crois avoir montré, au chapitre des maladies qui sont 


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antagonistes de la phtisie, que la scrofule est du nombre de 
ces maladies, quand elle est encore franche, primitive, jeune, 
si je peux ainsi dire, et avec ses caractères natifs; et qu’elle 
ne rend l’organisme propre à la tuberculose que lorsqu’elle 
est usée et dégénérée. Or, bien certainement, l’hypertrophie 
des amygdales est une des expressions les plus bénignes et les 
plus naturelles des strumes non dégénérées. On la rencontre 
souvent avec tous les autres caractères de la scrofule simple 
et naissante, chez des enfants et des adolescents forts, bien 
constitués, au teint coloré, à la face un peu humide et pleine 
de sucs. Il faut craindre alors, que la suppression brusque de 
cette affection primitive ne soit suivie, chez un sujet pré¬ 
destiné, de manifestations pulmonaires catarrhales d’abord, 
et plus régressives encore ultérieurement. (Page 524.) 

La lecture de ces considérations fixa d’une manière 
complète notre opinion à ce sujet. Depuis lors, nous 
n’avons plus conseillé l’excision ni même la cautérisation 
chez les enfants et chez les adolescents, et, en recher¬ 
chant les antécédents des poitrinaires, nous en avons 
trouvé un assez grand nombre qui avaient subi antérieu¬ 
rement l’excision des amygdales. Nous avons toujours vu 
l’hypertrophie des amygdales et les inconvénients quelle 
entraîne disparaître progressivement sous l’influence d’un 
traitement bien approprié. Et, depuis de longues années, 
nous n’avons pas rencontré de cas où un traitement con¬ 
venable ne produisait pas une telle amélioration que l’opé¬ 
ration devenait inutile. 

Aussi quel rôle les amygdales jouent-elles? La physio¬ 
logie actuelle n’en sait trop rien, mais est-ce une raison 
pour croire que ces organes, qui existent chez tout le 
monde et qui sont plus ou moins développés chez les diffé¬ 
rents sujets, sont inutiles! Poser la question c’est la 
résoudre. 


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- 260 — 

Nous ne voulons pas nous étendre sur les diverses 
suppositions qui ont été émises au sujet des amygdales ; 
toujours est-il qu'il ne nous paraît pas prudent d’exciser, 
de lacérer, de cautériser profondément un organe qui 
existe normalement chez l’espèce humaine et chez un 
grand nombre d animaux. 

Aussi, nous abondons pleinement dans les idées émises 
par l’auteur dun article qui vient de paraître dans le 
Courrier médical et dont le Scalpel du 27 novembre 
donne le résumé suivant : 

Inconvénients de Vablation des amygdales. — Récemment, le 
docteur Lancry conseillait l’ablation des amygdales chez les 
enfants atteints d’hypertrophie de ces organes, lorsqu’il exis¬ 
tait dans la famille un autre enfant atteint de diphtérie; le 
docteur Geschwind, médecin principal de l’armée, s’est élevé 
contre cette pratique qu’il considère comme dangereuse et 
s’appuie dans cette proscription sur les fonctions qui parais¬ 
sent dévolues aux amygdales. Ges organes, de concert avec 
la luette, obstruent partiellement le passage et empêchent la 
pénétration des poussières en général et, parmi elles, celles 
qui peuvent nous nuire. Les amygdales constituent une bar¬ 
rière de défense contre les germes offensifs qui peuvent s’in¬ 
troduire dans l’organisme par les voies digestives. On voit 
ainsi une foule d’infections commencer par une amygdalite. 
C’est l’amygdale qui a servi de porte d’entrée, et lorsqu’elle 
est impuissante à arrêter le germe infectieux, celui-ci va por¬ 
ter des désordres plus loin. 

La conclusion à tirer, c’est qu’il faut se garder d'enlever 
les amygdales , même hypertrophiées, même plus ou moins 
dégénérées. 

On en trouve souvent qui, à la suite d’une série d’inflam¬ 
mations, d’abcès de leurs cryptes, ne sont plus pour ainsi dire 
qu’un morceau de tissu fibreux, cicatriciel, presque sans 


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sécrétion. Eh bien, même ces amygdales dégénérées, nous 
croyons qu’il y a encore inconvénient à les enlever. On 
pourra traiter celles qui ont encore quelques portions suscep¬ 
tibles de fonctionner. C’est dans ce cas que la galvano- 
puncture et le massage produisent parfois de bons résultats. 
Quant à celles qui sont complètement lardacées, elles conti¬ 
nuent, malgré cela, à remplir, imparfaitement il est vrai, 
leur rôle de barrière collectrice de corps étrangers pouvant 
être rejetés ensuite par l’expulsion. Laissons-les donc tran¬ 
quilles. 

Ce n’est qu’au cas où, par leur volume, elles devien¬ 
draient une gêne sérieuse pour la déglutition et la respiration 
qu’on serait autorisé, non pas à les extirper complètement, 
ce qui, heureusement d’ailleurs, est peu faisable, mais à enle¬ 
ver ce qu’elles ont de trop avec les précautions de rigueur. 

L’opinion exprimée dans cet article est un peu accom¬ 
modée aux idées du jour. Nous ne voudrions pas discuter 
la question de savoir si l’amygdale sert simplement de 
barrière, ce qui serait fort étonnant, puisque sa structure 
est fort compliquée au point qu’elle n’est pas encore bien 
connue aujourd’hui, mais nous croyons bien faire de met¬ 
tre sous les yeux de nos lecteurs, au sujet d’une opéra¬ 
tion si fréquente aujourd’hui, les opinions d’autres méde¬ 
cins qui concordent parfaitement avec notre manière de 
voir et notre manière de faire. 

Nous avons, déjà émis quelques doutes dans un article 
précédent (l)au sujet de l’innocuité d’une opération qui 
se pratique aujourd’hui très fréquemment ; nous voulons 
parler de l’enlèvement du tissu adénoïte des arrière-fosses 
nasales. 

Cet amas glandulaire, qui existe à l’état normal chez 
tous les sujets, est plus ou moins développé chez certains 

(1) Voir vol. court, p. 132. 


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— 262 — 

enfants ; il est de mode aujourd’hui de l’arracher, de l’en¬ 
lever, et de le cautériser. 

Ne s’apercevra-t-on pas plus tard que ces opérations 
ne sont pas sans inconvénients pour la suite ! Nous le 
craignons fort. 

D r Martiny 

DU TRAITEMENT DES MALADIES OCULAIRES 

par le D r Palumbo, de Naples.— Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 

Il est possible que les lecteurs du Secolo Omiopatico soient 
étonnés de ne jamais y avoir trouvé un article quelconque 
sur la thérapeutique oculaire et peut-être même y en a-t-il 
qui s’imaginent, à cause de cela, que l’homœopathie n’est pas 
encore très pratique pour ce genre d’affections et n’a rien de 
spécial à prescrire. De là même à croire qu’elle est ineffi¬ 
cace dans ces maladies, il n’y a qu’un pas. Il est donc urgent 
de démontrer l’erreur profonde de pareille croyance. 

L’homœopathie traite les maladies des yeux, comme toutes 
les autres maladies, et avec des résultats qui parfois sont 
merveilleux. Et c’est précisément pour ce motif qu’on n’en 
a pas parlé jusqu’ici, parce que le merveilleux engendre 
souvent l’incrédulité. Il faudrait qu’il n’y eût jamais que la 
modération indispensable dans toute lutte pour la propa¬ 
gande. Et afin que certaines vérités puissent être admises 
par les sceptiques et les incrédules, il faudrait les dégarnir 
de tout ce qui peut paraître exagéré. Car dire qu’au moyen 
de l’homoeopathie, nous simples médecins, nullement spé¬ 
cialistes, nous guérissons sans l’intervention indispensable 
de la chirurgie, les maladies d’un des organes les plus déli¬ 
cats du corps humain et cela mieux que les oculistes les plus 
expérimentés, et proclamer que nous obtenons ces beaux 
résultats sans le secours d’aucun remède local, me semblerait 
franchement nous exposer à un grand péril, celui de voir nos 


« 


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— 263 — 


rapports être comparés aux déclamations desMentistes de la 
foire, aux certificats, aux médailles et aux diplômes dont 
ces messieurs ornent leurs chars ambulants. 

Pour conjurer ce péril, il vient de paraître juste à point 
un travail du D r Landolt (1) sur Y Abus du mercure dans le 
traitement des maladies oculaires. 

Rien n’est plus difficile que d’établir l’effet produit par un 
médicament sur un processus pathologique, et cela parce 
qu’il n’y a pas deux cas de maladie identiques, et que les 
symptômes des affections varient suivant les individus. 

L’organe de la vue, bien qu’accessible à-un diagnostic sûr 
et à l’application de mesures curatives, est néanmoins le 
siège parfois d’affections peu communes, dont le traitement 
laisse à désirer. Et souvent on croit bien faire en opposant à 
la gravité de l’affection, la violence des remèdes. Le mercure 
est un de ces remèdes, qui d’autant plus utile qu’il est bien 
indiqué, par exemple, dans les cas de syphilis, peut être 
parfois on ne peut plus nocif. Et l’abus qu’on en fait sous 
forme d’onguent, de pilules, d’injections, dans les cas d’atro¬ 
phie du nerf optique, dans les affections anciennes de la 
rétine et de la choroïde, dans la rétinite, la choroïdo-rétinite, 
la choroïdite disséminée, etc., est réellement regrettable. En 
thérapeutique les déductions a priori , bien que logiques et 
droites, doivent avoir le contrôle de l’expérience et l’expé¬ 
rience a prouvé que dans ces cas, le mercure est tout à fait 
inutile, ne pouvant en aucune façon régénérer les cellules 
nerveuses détruites ni rétablir les fonctions délicates du plus 
délicat des organes. Il en est de même dans d’autres affec¬ 
tions, où on l’administre comme altérant pour faire résorber 
les différents exsudats. Il est certain que l’hygiène, combinée 


(1) Clinical observations in the abuse of Mercury in the treatment of 
diseases of the Eyes, by E. Landolt M. D. Paris. British Medical Journal 
(26 mardi 1892). 


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— 264 — 


avec un traitement local et une médication générale dirigée 
rationnellement contre les lésions spéciales, est presque tou¬ 
jours suffisante. Pour le prouver, il né manque pas d’exem¬ 
ples, nous n’en citerons cependant que deux : 

I. Une dame anglaise de 60 ans, était atteinte d’iritis de 
l’œil gauche. Malgré le traitement institué, l’affection gagna 
l’autre œil, au point que l’humeur aqueuse et le corps vitré 
devinrent opaques, l’iris nébuleux nullement sensible aux 
mydriatiques, et que la vue fut réduite à une perception 
vague de la lumière. Les collègues avaient prescrit un traite¬ 
ment énergiquement antisyphilitique, mais la malade s’y était 
opposée. Je recommandai l’hygiène et localement les cata¬ 
plasmes et les mydriatiques. Au bout d’un certain temps, 
elle fut complètement guérie sans l’emploi d’un grain de 
mercure . 

II. Un de mes amis me conduisit sa jeune femme qui, 
dans l'espace de quelques semaines, avait perdu la vue à 
l’œil droit. A l’examen ophtalmoscopique, je découvris une 
névrite optique, avec gonflement de la papille, et exsudation 
séreuse, vaisseaux tortueux et engorgés. Je ne pus pas 
m’empêcher de faire connaître au mari la gravité de l’affec¬ 
tion, lui ajoutant que, selon moi, la cause de la maladie devait 
se trouver dans l’organisme, que le traitement local ne pou¬ 
vait suffire et qu’il était urgent d’en faire part au médecin 
traitant. Celui-ci était un homœopathe ; aussi l’administration 
de ses médicaments à dose infinitésimale et une hygiène bien 
comprise, amenèrent une guérison complète, qui ne s’est 
jamais démentie. 

Tel est le résumé de l’article publié par le journal anglais. 
Le D r E. Landolt, qui n’est pas homœopathe, à propos de 
l’abus du mercure , a, comme on le voit, reconnu et proclamé, 
peut-être sans le vouloir, la supériorité du traitement 


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— 265 - 


homœopathique dans les maladies'oculaires. Nous ne sommes 
pas les seuls à défendre notre cause. 

Voilà donc une nouvelle brèche faite à l’édifice majestueux 
de la médecine officielle : et si les médecins étaient aussi 
sincères et avaient le courage du D r Landolt et de quelques 
autres, cet édifice majestueux mais décrépit croulerait de ses 
fondements. En tout cas ce n'est pas nous qui le minerons. 
Mais si, malgré nous, il se détruit et croule de sa base, nous 
en élèverons sur les ruines un autre bien plus solide qui aura 
comme soutiens deux grandes vérités : la loi de similitude 
et l'efficacité des doses infinitésimales . (Il Secolo Omiopa- 
tico , mars 1892.) 

Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 

REVUE DES JOURNAUX HOKEOPATIIQUES D'AMERIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

Traitement du choléra asiatique 

par le D r Fornias, de Philadelphie 

Traitement prophylactique. —Dès l’année 1831, Hahne- 
mann s’exprimait ainsi au sujet du traitement prophylactique 
du choléra : « Le cuivre , en même temps qu’un régime forti¬ 
fiant et modéré, constitue le meilleur préservatif du choléra ; 
les personnes en bonne santé feront bien de prendre un glo¬ 
bule de cupy'um dans la matinée à jeùn et de s’abstenir de 
toute boisson immédiatement après avoir pris le remède. Le 
camphre ne peut préserver les personnes saines du choléra ; 
lorsqu’elles font usage du cuivre , elles doivent éviter les va¬ 
peurs dû camphre qui neutralisent son action ». 

Il a été constaté en Hongrie que tous ceux qui portaient une 
plaque de cuivre à nu sur la poitrine ont été préservés du 
choléra. 

Dans le premier volume de la Bibliothèque homœopathi - 


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— 266 — 


que, nous trouvons l’extrait suivant de la lettre adressée par 
Hahnemann à l’éditeur : « Cuprum est un excellent prophy¬ 
lactique du choléra ; il se montre surtout efficace lorsque son 
action n’est pas troublée par des écarts de régime ou par le 
camphre qui en est l’antidote.Les meilleurs praticiens homœo- 
pathes le considèrent comme indispensable dans la seconde 
période de la maladie. J’ai conseillé aussi l'alternance de cu¬ 
prum et de veratr. alb. comme moyen préventif ». 

D’autre part, Hering recommande sulphur administré à 
l’intérieur,ou la fleur de soufre dont il conseille de saupoudrer 
la semelle des bottines. 

La fleur de soufre brûlée dans les appartements constitue 
d’ailleurs un de nos meilleurs désinfectants. 

Jahr considère comme une simple routine l’administration 
des 3 médicaments : veratr ., cupr ., ars . ; à l’exemple d’Hé- 
ring, il préconise le soufre et affirme que c’est le seul remède 
dont l’efficacité ait été dûment contrôlée par l’expérience. Il 
accorde la première place à veratr. alb. dans la diarrhée 
prémonitoire du choléra et ajoute que les personnes qui ont 
fait usage de ce médicament dès le début de la diarrhée ont 
été exemptes du choléra. 

Enfin, le D r Rubini préconise le camphre non seulement 
comme remède spécifique de la première période du choléra 
asiatique, mais comme un des meilleurs préventifs. Hl’admi- 
nistre toujours sans eau, soit sur un morceau de sucre, soit 
en tablettes ou en petits disques. Pendant l’épidémie du cho¬ 
léra de 1866, des médecins homœopathes italiens ont obtenu 
de brillants succès à l’aide de ce médicament. Ainsi le D r Ru¬ 
bini a traité 532 cas, le D r Salustine 27, le D r Salantanaci 56, 
le D r Spitelli 80 et le D r Ricort 1, donc en tout 696 cas sans 
un seul décès. 

La médication prophylactique es.t encore utile à un autre 
point de vue, c’est quelle rassure les personnes timorées et 


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— 267 — 


les rend par conséquent moins sensibles à la contagion. 

Thérapeutique. — Je suis un de ceux qui croient qu’il est 
possible d’enrayer la marche du choléra à la période diarrhéi¬ 
que. Aussi, en temps d’épidémie, il importe de soigner le plus 
promptement possible le moindre dérangement gastro-intes¬ 
tinal. Il faut mettre le malade au lit, lui interdire toute boisson 
et toute nourriture et ne lui permettre qu’un peu de glace, et 
cela pour deux raisons: d’abord parce qu’en temps d’épidémie 
les évacuations nombreuses et indolores constituent presque 
toujours les signes précurseurs du choléra, et qu’ensuite si le 
malade, conservant son appétit et ses forces, continue à 
vaquer à ses occupations, il risque de répandre la contagion 
en divers endroits par ses selles qui renferment des germes 
pathogènes. Pour combattre la diarrhée indolore de la période 
prodromique, on aura recours aux médicaments suivants : 

China. — Matières fécales mousseuses, selles indolores 
avec fermentation vive, selles blanches ressemblant à de la 
bouillie de riz et survenant pendant la nuit. China est sur¬ 
tout indiqué lorsque la diarrhée survient progressivement 
et devient plus aqueuse à chaque évacuation et lorsqu’elle 
s’accompagne d’une grande faiblesse. 

Ferrum. — Les selles produites par ce médicament sont 
aqueuses et surviennent subitement sans douleur, sans odeur, 
surtout la nuit et après avoir bu de l’eau. 

Les selles peuvent ressembler à de l’eau de riz et contenir 
des débris d’épithelium; elles s’accompagnent de borborygmes, 
de sueurs froides, d’une teinte livide autour des yeux, d’une 
faiblesse de la voix et du pouls. 

Podophyllum . — C’est un de nos meilleurs remèdes pour 
combattre la diarrhée indolore avec selles abondantes et 
bilieuses survenant très tôt le matin; le malade éprouve des 
envies fréquentes d’aller à la garde-robe, et une sensation 
de faiblesse à l’estomac ; il lui semble que tout va sortir par 


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— 268 — 


le rectum ; les selles peuvent être aussi fécaloïdes, très abon¬ 
dantes et s’échapper en jet; elles s’accompagnent de beaucoup 
de gargouillements et de très peu de douleurs. Le malade est 
chassé de son ht le matin parle besoin d’aller à la garde-robe. 

Phosph. acid . possède également des selles indolores, 
aqueuses avec soif ardente et nombreux borborygmes. 11 est 
indiqué, surtout si la diarrhée est produite par la peur du 
choléra, chez les personnes nerveuses et timorées ou chez les 
sujets apathiques et indifférents. Il est très utile aussi lorsque, 
dans le cours de la maladie, il survient un état typhoïde avec 
stupeur, difficulté de la parole, prostration, regard vague et 
indifférence pour tout ce qui se passe dans le voisinage. 

Phosphorus . — Ce médicament contient également dans 
sa pathogénésie des selles indolores et s’échappant en jet, de 
couleur jaunâtre ou blanchâtre comme de l’eau de riz, et 
renfermant des débris d’épithelium, de plus une soif ardente 
et des vomissements immédiats après la moindre gorgée de 
liquide. Il peut rendre aussi des services dans une période 
plus avancée lorsque l’anus est béant et laisse échapper con¬ 
tinuellement le contenu de l’intestin, ou dans la forme asphy¬ 
xique avec dyspnée, lividité de la face, hoquet, complications 
* 

pulmonaires, hématose incomplète, etc. 

Sulphur . — Le soufre provoque des atteintes subites de 
diarrhée aqueuse indolore survenant principalement après 
minuit ou chassant le malade de son lit très tôt le matin ; les 
selles sont fécaloïdes, bilieuses, séreuses, éeumeuses, s'ac¬ 
compagnent ou non de vomissements ; il existe des gargouil¬ 
lements nombreux et une sensation particulière comme si 
les intestins étaient trop faibles pour retenir leur contenu. 
Sulphur couvre beaucoup de symptômes de la première et 
seconde périodes du choléra. 

Arsenic, et puisât . doivent être tenus en vue dans la 
diarrhée indolore. 


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— 269 — 


Dans le 1 er médicament, la diarrhée est produite par les 
fruits et les légumes ; dans le 2 e elle est produite par la pâtis¬ 
serie. 

Quand la diarrhée est accompagnée de quelques douleurs, 
il faut songer à ipéca, jatropha, croton tigliris, coloc ., 
colch ., elater. et gamboge. 

Ipéca . — Prédominance des nausées avec ou sans vomis¬ 
sements. 

Jatropha et croton tigl. — Selles en jet avec beaucoup 
de borborygmes et de gargouillements. 

Iris. — Diarrhée bilieuse suivie de brûlant à l’anus et 
accompagnée de violentes nausées et de borborygmes. 

Colocynthis. — Coliques intenses. 

Colchicum . — Selles aqueuses abondantes contenant de 
petites membranes et accompagnées de coliques et d’une 
grande faiblesse. 

Elaterium. — Selles vertes olivâtres, fréquentes et abon¬ 
dantes sans nausées ni vomissements. 

Gamboge. — Evacuation en jet de matières fécales, liqui¬ 
des, jaunâtres, s’accompagnant de beaucoup de gargouille¬ 
ments et d’une sensation de soulagement après les selles. 

Mais aussitôt que les selles cessent d’être fécales ou teintes 
de bile et que les crampes font leur apparition, il est nécessaire 
de recourir aux vieux remèdes : camphor., veratr. alb., 
cuprum , secale , arsen. et carb. veget. 

Camphor a. — Chute soudaine des forces avec anxiété, 
apathie, algidité, collapsus et même crampes, mais sans soif, 
ni vomissements, ni diarrhée ; en un mot choléra sec. 

Veratrum album. — Evacuations violentes par le haut et 
par le bas, chute des forces, rétraction des tissus, crampes, 
algidité, collapsus, suppression d’urine avec peu de dépression 
mentale et d’anxiété. 

Cuprum. — Prédominance des phénomènes spasmodiques 


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— 270 - 

(choléra spasmodique) avec algidité, cyanose, suffocation, 
collapsus et convulsions. 

Secale. — Evacuations abondantes accompagnées de pros¬ 
tration, crampes douloureuses dans les pieds, les orteils, les 
mains et les doigts, peau livide, froide, sèche et rétractée. 

Arsenicum album . — Phénomènes ataxo-adynamiques 
avec douleur brûlante et chaleur intense à l’épigastre, 
symptômes d’irritabilité persistant jusqu’à la mort. Soif 
insatiable ; les boissons augmentent les vomissements et la 
diarrhée. Algidité. 

Carbo vegetabilis. — Asthénie mortelle avec peu ou point 
de réaction, voix sépulcrale, pouls imperceptible, visage con¬ 
tracté, refroidissement intense, lividité de la peau, dyspnée 
extrême. 

Acidum hydrocyan. — A été recommandé également 
dans le choléra asphyxique alors que la vie semble éteinte, 
que le sang est dépouillé de ses éléments aqueux, la voix 
perdue, le pouls imperceptible, la peau froide et livide; et 
lorsqu’il existe enfin du hoquet, des convulsions, et une para¬ 
lysie menaçante du cœur et des poumons. 

Tartar . emet. est un remède négligé qui peut rendre des 
services lorsque les vomissements s’apaisent et qu’il existe 
encore beaucoup de nausées. 

Lorsque dans le choléra sec la constipation est due, comme 
le prétendent certains auteurs, à la paralysie des intestins, 
opium peut être d’un grand secours. 

Dans l’état typhoïde, après que les vomissements ont cessé 
ainsi que la diarrhée et l’algidité, hyoscyamus sera indiqué, 
surtout si le malade est étourdi, s’il a les yeux égarés, la 
face rouge et chaude et s’il est atteint de hoquet et d’un rel⬠
chement des sphincters de la vessie et de l’anus. 

Tabacum convient lorsque les sueurs persistent après que 
veratrum a enrayé la diarrhée,et lorsque le malade se plaint 


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— 271 — 


d’une chaleur brûlante dans l’abdomen tandis que le reste du 
corps est froid. 

Dans la période de réaction, contre la congestion de la 
tête: aconit et bellad. Contre la congestion pulmonaire' 
aconit ., bellad,,phosph ., sang .. sulph. Dans l’état typhoïde : 
hyoscbryon., rhus, baptisphos ., acid. phos. Dans le 
coma: opium. Dans la convalescence s’il y a grande fai¬ 
blesse : china. 

Dans la paralysie des extrémités : rhus; des intestins: 
phosph. 

Si la sécrétion urinaire continue à être très peu abondante: 
hyoscyam, Si les selles restent incolores, par défaut de bile : 
secale, (.Hahnemannian Monthly.) 

Helonias dioica 

par le D r Griffith, de Philadelphie 

Cette plante est connue des botanistes sous le nom de cha~ 
mœlirium luteum. Elle jouit chez les Indiens d’une grande 
réputation comme remède dans certaines maladies. C’est au 
D r Ibale, de Chicago, que nous devons son introduction dans 
la matière médicale homœopathique. 

Helonias est le médicament des constitutions débiles ; il 
convient surtout aux femmes dont le système nerveux est très 
ébranlé et qui se fatiguent aisément; il est aussi efficace chez 
les jeunes filles que chez les mères de famille. Ses effets sont 
remarquables et persistants : il favorise la nutrition et facilite 
les sécrétions naturelles ; à ce point de vue il peut rivaliser 
avec nos meilleurs toniques. 

Helonias m’a rendu de grands services dans les troubles 
gastriques qui accompagnent si fréquemment les affections 
utérines et rénales. Il est souverain dans les cas d’aménor¬ 
rhée ou deménorrhagie, lorsque ces désordres sont dus à la 
même cause, l’atonie de l’utérus. C’est en outre un excellent 


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ê 


— 272 — 

remède lorsqu’il y a tendance aux déplacements de la 
matrice, et lorsqu’il y a menace d’avortement par suite d’une 
faiblesse locale, la moindre fatigue provoquant les sym¬ 
ptômes précurseurs de la fausse-couche. Sous ce rapport il 
ressemble à aletris , tandis que caulophyllum et viburnum 
ont des symptômes tout à fait opposés, et correspondent à 
un utérus très irritable et très sensible. L’expérience a 
prouvé que helonias est un des meilleurs médicaments de 
l’atonie utérine. 

Voici quelques observations : 

I. Je fus appelé à soigner une dame, âgée de 43 ans, et mère 
de deux enfants. Elle avait la face pâle et bouffie et les yeux 
cerclés; elle était très anémique et devait garder le lit par 
suite d’une anasarque généralisée. Elle avait suivi pendant 
dix ans un traitement allopathique ; pendant tout ce temps elle 
avait eu des pertes sanguines considérables à chaque époque 
menstruelle ; aussi son médecin lui avait enlevé tout espoir 
de guérison. Lorsque je vis la malade pour la première 
fois, elle était si faihle qu’elle pouvait à peine se mouvoir ; 
le sang qu’elle perdait était pâle, aqueux et présentait une 
certaine odeur ; l’abdomen était distendu par de l’ascite; il y 
avait un peu d’abaissement de la matrice mais aucun signe de 
tumeur à l’ovaire, ni de polype ni de cancer. Je lui administrai 
helonias comme médicament fondamental ; après trois mois 
de ce traitement elle fut radicalement guérie et jouit encore 
à présent d’une excellente santé. 

II. Une dame, âgée de 25 ans, souffrait avant et pendant 
chaque période menstnielle de douleurs dans le dos s’étendant 
jusque dans les reins ; souvent même les règles étaient sup¬ 
primées. Elle fut promptement soulagée par l’emploi A 1 helo¬ 
nias. 

III. Une dame, âgée de 33 ans, mariée, jouissait en appa¬ 
rence d’une santé robuste ; mais elle se plaignait vivement 


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- 273 - 

d’une faiblesse de matrice et de tiraillements dans la région 
pelvienne accompagnés de leucorrhée chronique. Sous Tin- 
fluence d ’helonias et d’injections d’eau chaude,elle se rétablit 
complètement. 

IY. Une dame, âgée de 30 ans, restait dans un grand état 
de faiblesse après ses couches, et souffrait d’une atonie de 
l’utérus et d’anasarque généralisée. Quelques doses de helo - 
nias suffirent pour amener une amélioration remarquable 
suivie d’une guérison radicale. (Hahnemannian monthly.) 

Acidum phosphoricum dans la diarrhée 

par le D r Bobricke 

Dernièrement, une mère vint me consulter pour son petit 
garçon, âgé de 3 ans, qui, depuis une quinzaine de jours, 
était atteint d’une maladie rebelle à tous les traitements. 
L’enfant avait de 10 à 20 selles par jour ; ces selles étaient 
liquides comme de Te au et n’étaient accompagnées d’aucune 
douleur. Un fait qui me frappa, c’est que, malgré la longue 
durée de l'affection, l’enfant n’était pas très affaibli ; il sem¬ 
blait très gai et jouait toute la journée ; il n’interrompait ses 
jeux que pour aller à la garde-robe. 

Je prescrivis acid.phosph. 30 e , quelques globules à prendre 
toutes les deux heures. Une grande amélioration se produisit 
immédiatement et, au bout de deux jours, l’enfant était com¬ 
plètement guéri. 

Quelques jours plus tard, j’eus à soigner un cas à peu près 
analogue. Un enfant de 10 ans souffrait depuis un certain 
temps de diarrhée; les selles étaient souvent involontaires, 
mais ne provoquaient aucune douleur. La mère avait ad¬ 
ministré quelques médicaments sans résultat. Malgré la 
persistance de la diarrhée, l’enfant avait peu perdu de ses 
forces. J’eus de nouveau recours à T acidephosphorique 30 e . 


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—^274 - 


Après deux jours de traitement, j’eus la satisfaction d’ap¬ 
prendre que le mal avait tout à fait disparu. 

Ces deux cas mettent clairement en relief les deux indica¬ 
tions caractéristiques de Y acide phosphorique dans la diar¬ 
rhée des enfants ; ce sont : 1° l’absence d’épuisement malgré 
la fréquence des selles et la longue durée de l’affection ; 
2° l’absence de douleurs et le caractère des selles, qui sont 
aqueuses et souvent involontaires. 

Nous savons par l’expérience clinique que Vacide phos¬ 
phorique donne également d’excellents résultats dans la 
diarrhée des malades atteints de fièvre hectique. Il est fré¬ 
quemment inliqué, en outre, dans les affections intestinales 
chez les enfants rachitiques et scrofuleux ; dans ces cas, 
cependant, il a pour rival calcar. phosph . Celui-ci est 
indiqué lorsque les selles sont grisâtres ou blanchâtres, 
aqueuses et lorsqu’elles contiennent des aliments non digérés. 
California Homœopath.) D r Lambreghts, fils, d’Anvers. 

OBSERVATIONS CLINIQUES 

par le D r Kroner, de Potsdam. — Traduction du D r Chevalier, de Charlero 

J’ai choisi dans mon livre de clinique, quelques observa¬ 
tions de maladies, dans lesquelles il n’a été prescrit qu’un 
seul médicament, auquel par conséquent revient sans aucun 
doute le droit de la guérison. J’estime que ces cas simples 
sont plus instructifs que ceux plus compliqués qui ont néces¬ 
sité l’emploi simultané ou alternatif d’un grand nombre de 
remèdes. 

I. — La femme Fr., âgée de 40 ans, souffre depuis des 
années d’une affection du foie. Les symptômes actuels sont : 
douleur dans l’hypochondre droit, augmentée par la pression, 
et même par chaque mouvement. Elle ne peut pas serrer ses 


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— 275 — 


vêtements. Une demi-heure après le repas, elle éprouve la 
sensation d’un poids à l’épigastre, qui remonte presque dans 
la poitrine. Parfois elle se figure avoir le corps comprimé 
dans un cerceau. 

Gomme caractéristique de son affection, elle signale une 
aggravation le matin de tous ses maux , grande lassitude 
au lever en même temps que vertiges et céphalalgie . 

L’aggravation matinale indiquait nux vomica y aussi ce 
médicament lui fut-il prescrit à la 4 e dilution et lui fit le plus 
grand bien. 

Le foie qui dépassait de quatre doigts le rebord des fausses 
côtes, reprit en quinze jours ses dimensions normales ; le 
teint bilieux disparut également. 

Une cure à Carlsbad acheva la guérison qui ne s’est pas 
démentie depuis 9 mois. Ce qui mérite surtout d’être noté 
dans ce cas, c’est non seulement l’emploi de nux qui était 
parfaitement indiqué, mais surtout la célérité avec laquelle 
la guérison fut obtenue, ce qui‘n’est pas toujours l’habitude, 
même quand le remède a été bien choisi. 

IL — M mô L., âgée de 64 ans, se plaint depuis plusieurs 
années de maux de tête. La douleur se localise surtout dans 
le front et s’accompagne d’un bourdonnement dans la tête. 
La langue est chargée et le goût est amer. Nausées, sans 
vomissement, selles normales. Elle certifie qu 'au matin, elle 
se trouve le plus mal . Au sortir du lit , elle est très fati¬ 
guée et elle éprouve alors des vertiges . Cette indication 
spéciale me fit lui prescrire nux vomica qui la débarrassa de 
toutes ses douleurs en quelques jours de temps, comme je pus 
m’en convaincre à plusieurs reprises. 

III. — La femme B., âgée de 45 ans, se plaint de cépha¬ 
lalgie continuelle. Celle-ci se montre tantôt dans la tempe 
droite, tantôt dans la gauche, elle débute le matin, dure toute 
la journée sans accalmie jusque la nuit, où elle s’apaise par- 


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— 276 - 

fois. La douleur est pulsative. La malade se plaint souvent 
d’un peu de fièvre et de chaleur à la tête. La céphalalgie 
s'est aggravée depuis la ménopause . Ces deux derniers 
symptômes sont, comme on le sait, caractéristiques pour 
sepia; je lui prescrivis donc ce remède à la 12 e dilution, 
à prendre 3 fois par jour. 

Quoique habitué aux beaux résultats obtenus par ce médi¬ 
cament (qui est un de mes favoris),Je dois cependant avouer 
que je fus surpris de la rapidité de son action dans ce cas. 
Après 14 jours, la malade vint me revoir, elle était rayon¬ 
nante de joie, et m'assura que les maux de tête et les verti¬ 
ges avaient disparu. Je lui continuai cependant encore sepia, 
mais à de plus longs intervalles. 15 jours après, rien n’était 
revenu. La patiente resta guérie pendant une année, quand 
il y a quelques semaines elle ressentit de nouveau quelques 
symptômes de son ancien mal, qui céda de nouveau à sepia . 
Elle me raconta que l’origine de son affection remontait à 
15 ans, quelle s’était montrée pendant une période men¬ 
struelle et.s’était toujours aggravée, surtout depuis son âge 
critique. Cette femme, qui est très intelligente, et nullement 
névropathe, avait consulté tous les médecins de la ville, sans 
jamais avoir ressenti le moindre soulagement. 

IV. — Fritz H., 4 mois, malgré tous les soins qu’on apporte 
dans sa nutrition, dépérit de jour en jour. Il ne pèse plus que 
7 1/21ivres. 

Appétit passable, selles un peu diarrhéiques. Je prescris 
contre l’atrophie des enfants (et toujours avec succès) arse¬ 
nic. alb. 6°, 8°, 3 fois par jour. Je fais bouillir le lait avec du 
gruau de froment (mais- seulement pour les enfants de plus de 
deux mois, car chez les plus jeunes le ferment de la salive 
manque complètement) et je conserve cet aliment dans l'appa¬ 
reil Soxhlet. Je ne suis pas grand partisan de bains journa¬ 
liers donnés aux petits enfants ; je ne donne que deux bains 


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par semaine et non pas à l’eau pure, mais additionné d’un 
tiers ou d’une demi-livre de thym. On lavera l’enfant, les 
jours ou il ne prend pas de bain, avec de l’eau tiède d’abord, 
puis plus tard avec de l’eau froide. Dans le cas actuel, j’eus 
le plaisir de constater après six semaines de traitement une 
augmentation de poids de 5 livres ; depuis.lors il se développe 
à la plus grande joie de ses parents. 

Si arsen. n’a pas produit de bon effet sur notre petit pa¬ 
tient, je crois qu’aucun autre remède n’eût pu être mieux 
donné. 

Y. — Lejeune Z., âgé de 3 ans, m’est amené atteint 
depuis quatre jours d’un catarrhe avec fièvre. La toux était 
rauque, sèche ; l’auscultation faisait découvrir des sibile- 
ments et un fort ronchus. 

Sa peau était sèche, l’enfant impatient et anxieux. Je pres¬ 
crivis aconit et bryon. 3°, toutes les heures alternativement 
une cuillerée. Après trois jours de ce traitement, l’enfant me 
fut représenté, mais avec d’autres symptômes. La toux avait 
disparu, à la grande joie de la mère, mais le petit se plaint 
du yentre, il y a inappétence et affaiblissement. Chaque fois 
qu’on remuait un peu l’enfant, il se mettait à tousser. A 
l’examen je découvris de la matité à la base des deux pou¬ 
mons avec quantité de râles muqueux. Il s’était déposé dans 
les bronches des glaires qui avaient amené un commencement 
d’asphyxie carbonique. La température était à 39,8°. Le 
patient né savait pas expectorer et Tétât était critique. Le 
meilleur remède dans ces cas est phosphor. ( tart . émét . 
peut à peine lui être comparé); je prescrivis donc ce médica¬ 
ment 7 e dilution, une cuillerée chaque heure. Dans les cas 
semblables, on ne peut cependant pas se baser sur l’action 
exclusive du médicament, l’enfant aurait dû tousser et il eût 
été même nécessaire de provoquer la toux. Mais j’avais un 
moyen bien simple à ma disposition, je n’avais qu’à faire 


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— 278 — 

remuer l’enfant, le lever, le coucher. C’est ce que je fis faire. 

Puis je prescrivis des bains à 28° R, avec aspersions 
sur le corps d’eau d’abord chaude, puis moins chaude jusque 
15° R. L’effet de la médication fut tel que le lendemain la 
fièvre tomba, et que l’enfant demanda à manger, et que les 
râles avaient diminué. On renouvela le bain ainsi que le 
phosphore , mais ce dernier à intervalles plus éloignés. Après 
le quatrième jour l’enfant fut en pleine convalescence. 

Cette observation prouve deux choses : d’abord que la 
cessation de la toux n’est pas toujours un bon signe et puis 
que, dans certains cas déterminés, il faut employer avec le 
médicament bien choisi et bien adapté à l’affection, d’autres 
moyens mécaniques et hydropathiques comme auxiliaires. Je 
ne crois pas que,sous l’influence seule de phosphore, la mala¬ 
die, dans ce cas, eût évolué d’une façon si éclatante. 
(Zeitschrift des herliner Vereines homôopathischer Aerzte. 
1892.) Traduction du D r Chevalier, de Charleroi 


Contribution à l’étude de l’empoisonnement par le 
venin de serpent 

Traduction du D r J. De Wée, de Bruxelles 

Il ne s’agit pas ici du serpent des tropiques, mais de 
Y Aspic vulgaire (Kreuzotter), si répandu dans certaines par¬ 
ties boisées de l’Europe centrale. L’auteur fut appelé près 
d’une dame, qu’on disait en grand danger, à la suite d’une 
morsure d’aspic; d’habitude les symptômes restaient pure¬ 
ment locaux et consistaient en douleur, gonflement, nausées 
et vomissements, sueurs froides, parfois accès de syncope : 
tous symptômes ne nécessitant pas l’intervention d’un homme 
de l’art. Ici cependant le cas était plus grave : 

La dame était de taille moyenne, âgée de 35 ans, forte¬ 
ment bâtie, mère de plusieurs enfants et enceinte de cinq 


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— 279 


mois. Après la morsure, elle avait perdu connaissance et ce 
n’est qu’après 4 heures de séjour au lit,, qu’elle est revenue 
à elle, La morsure avait eu lieu dans un nœud de varice. La 
malade était d’un froid glacial, la peau de tout le corps avait 
une teinte bleuâtre. Pouls à peine sensible; en même temps 
efforts de vomissement continus. Les déjections étaient san¬ 
glantes. Réflexes cornéens à peine sensibles; le calme et la 
force du cœur étaient en opposition avec un état si grave. 
Six heures après abortus. 

L’action du venin sur le sang est ici manifeste, du reste le 
microscope a démontré une altération profonde des globules 
rouges. Le phénomène paradoxal du cœur en bon état et du 
pouls à peine sensible s’explique par ce fait, que le venin a 
une action paralysante sur les vaisseaux périphériques. 
D r Eisner. ( Therapeut . Monatshefte. Juin 1892.) 

Traduction du D r J. De Wée, de Bruxelles 


Sur l'intoxication expérimentale par l’oxyde de zinc 

MM. L. d’Amore (de Naples), au nom de MM. G. Falcone 
et L. Maramaldi et au sien, fait une communication sur 
l’action toxique de l’oxyde de zinc. Leurs expériences ont 
porté sur des chiens, auxquels on administrait ce sel à la 
dose d’un demi-gramme à un gramme par jour. La mort est 
survenue de dix à quinze jours après le commencement de 
l’expérience. 

Sous l’influence du sel de zinc, les animaux présentaient 
les symptômes suivants : vomissements répétés se produisant 
sans effort, faiblesse extrême des mouvements, perte incom¬ 
plète de la sensibilité, maigreur très accusée, diminution des 
urines, hémoglobinurie, albuminurie et glycosurie, hypoglo- 
bulie et leucocy those, diminution de l’hémoglobine. On pouvait 
dans tous les cas décéler avec la plus grande facilité la pré¬ 
sence du zinc dans le sang et les urines. 


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Les altérations histologiques constatées à l'autopsie sont 
de deux ordres : on observe tantôt des lésions d'origine vas¬ 
culaire, tantôt des altérations dues à divers processus de 
dégénérescence.Ces lésions peuvent coexister dans les orga¬ 
nes avec une prédominance plus ou moins marquée des unes 
sur les autres, fait qui peut dépendre ou de la durée de 
l'intoxication, ou de la différence de résistance que les élé¬ 
ments parenchymateux opposent à l’action de l’oxyde de zinc. 

En résumé, l’intoxication par l’oxyde de zinc peut être 
rangée à côté de l’empoisonnement par le phosphore, l’arse¬ 
nic, etc. Les lésions les plus importantes portent sur le sang, 
les urines et la nutrition générale, ainsi que sur le foie, les 
reinset le pancréas, organes où Ton rencontre surtout la 
dégénérescence graisseuse ; peut-être existe-t-il un certain 
rapport entre les lésions anatomo-pathologiques du pancréas 
et la présence du sucre dans les urines .{Semaine médicale .) 

Quoique ces expérimentations aient été faites à la mode 
du jour, c’est-à-dire à dose forte et en n’observant que les 
symptômes graves et négligeant les autres, les homœopa- 
thes peuvent y trouver des indications toutes particulières 
pour l’emploi de zincum , qui est un médicament très puissant 
et produisant parfois des cures remarquables. 

D r Martiny 


Les doses élevées de quinine peuvent-elles produire les 
maladies de la moelle épinière? 

Le Journal of nervous and mental Diseases, d’octobre 
1889, a publié un article du D r Morton Prince, sur la fré¬ 
quence relative des maladies du système nerveux (tabes 
dorsalis et sclérose en plaques) chez les malades atteints de 
fièvre intermittente. 

L'auteur concluait en disant que ces affections étaient la 


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conséquence de*la malaria. Le D r Butler se demande, au 
contraire, si ces accidents ne doivent pas plutôt être 
imputés aux énormes doses de quinine administrées aux 
malades. 

La propriété qu’a la quinine de donner naissance à des 
symptômes analogues à ceux du tabes et de la sclérose en 
plaques est admise par des auteurs éminents de l’école offi¬ 
cielle. 

Noaks signale « la sensibilité et la douleur au niveau des 
vertèbres, particulièrement dans la région dorsale, — le 
tremblement musculaire et la difficulté d’exécuter les mouve¬ 
ments volontaires. » 

H. G. Wold s’exprime ainsi : « Administrée aux chiens en 
quantité suffisante, la quinine leur enlève le sommeil, bientôt 
après paraît du tremblëment musculaire comparable à celui 
de la paralysie agitante, de la faiblesse qui se termine par 
une paralysie plus ou moins complète. » 

D’après Stillé : « Si pendant plusieurs jours on administre 
la quinine, h la dose de trente grains, en plusieurs fois, on 
observe une démarche-mal assurée ; la sensibilité s’émousse, 
les mouvements musculaires sont affaiblis, les lombes trem¬ 
blants. Si la dose a même été excessive, l’intelligence, 
l’ouïe et la vue font défaut, la sensibilité est abolie, les mem¬ 
bres sont paralysés. » 

Lauder Brunton affirme que « les expériences sur les ani¬ 
maux ont démontré la diminution des réflexes médullaires, de 
la sensibilité, et finalement la paralysie des extrémités. » 
Dans les autopsies on a trouvé de la congestion de la moelle, 
des reins, de l’estomac et de l’intestin. 

A la réunion de l’Association américaine de neurologie, en 
•juin 1884, le D r Hammond a cité plusieurs cas d’ataxie loco¬ 
motrice suivis de guérison, et a émis l’opinion que dans ces 
observations il ne devait pas exister de sclérose véritable des 


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cordons médullaires ; mais qu’il existe des cas de congestion 
do la moelle, présentant la majorité, sinon la totalité, des 
symptômes du tabes dorsalis. Ce sont eux qui seraient sus¬ 
ceptibles de guérir sous l’influence d’un traitement conve¬ 
nable. D’après Corning, toutes les scléroses débuteraient par 
la congestion. 

Nos pathogénésies ne nous apprennent pas beaucoup plus 
sur cette question. Cependant l’opinion du D r Butler mérite 
une sérieuse attention, et il est à présumer que des expéri¬ 
mentations plus complètes nous feront trouver dans la quinine 
un bon médicament des scléroses à leur début. (The North 
American Journal of Homœopathy. January 1891.) 

Des différentes formes de syphilis infantile 

La plupart des cas de syphilis infantile se montrent le 
septième jour après la naissance, et deviennent plus nom¬ 
breux entre un et cinq mois. Sauf de rares exceptions, 
pour ne pas dire toujours, la première manifestation de 
la syphilis héréditaire est un coryza. Les plaques muqueuses 
sont au nombre des accidents les plus fréquents chez les 
enfants ; elle récidivent souvent. 

La forme ulcéreuse n’est pas rare. Quant aux rhagades 
syphilitiques, elles sont fréquentes au niveau des commis¬ 
sures labiales et à l’entrée des narines ; on en trouve aussi 
entre les orteils et les doigts. L’eczéma syphilitique est rare 
et coexiste toujours avec d’autres accidents chez l’enfant. 
La tourniole syphilitique, quoiqu’on la considère comme fré¬ 
quente chez les enfants, n’a été observée par moi que rare¬ 
ment, grâce à l’institution hâtive du traitement. Les abcès 
se produisent surtout chez les enfants cachectiques ; ils sont 
souvent mortels. Ces abcès ne sont pas, à vrai dire, spéci¬ 
fiques, mais ils sont d’origine infectueuse. La blépharite syphi¬ 
litique n’est pas rare, et elle s’accompagne souvent de 


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— 283 — 


plaques muqueuses au niveau de l’angle des paupières. 

J’ai observé 27 cas de syphilis tardive. Dans la syphilis 
héréditaire, j’ai vu surtout des accidents secondaires ; les 
accidents tertiaires ont été fort rares. Les cas qu’il m’a 
été donné d’observer n’ont pas présenté dans leur évolu¬ 
tion des périodes bien distinctes, et souvent des manifes¬ 
tations d’âge différent ont éclaté simultanément. Les gommes 
et les légions osseuses ont été assez rares chez les enfants. 
Dans certains cas j’ai observé, en même temps que la 
roséole, des arthrites syphilitiques (surtout au coude, à la 
hanche et à l’épaule). Ges arthrites étaient caractérisées 
par une tuméfaction énorme et par la rapidité et l’abon¬ 
dance de leur suppuration, sans que cependant les os fussent 
atteints. Ges arthrites sont probablement infectieuses. 
— M. Romniciano, de Bucharest. {La Clinique .) 


Le traitement du myxœdème par l’ingestion de pulpe 
ou d’extrait de corps thyroïde 

On sait que les injections sous-cutanées d’extrait de corps 
thyroïde pratiquées dans ces derniers temps avec plus ou 
moins de succès dans les cas de myxœdème ne sont pas 
exemptes d’inconvénients et même de certains dangers. En 
eflet, elles provoquent parfois des symptômes alarmants im¬ 
médiats, tels que perte de connaissance et spasmes toniques, 
et amènent aussi la production d’abcès au niveau de la 
piqûre.Dans ces conditions il est intéressant de noter quedeux 
confrères anglais, MM. les docteurs H. Mackenzie, assistant 
du Brompton Hospital, à Londres, et E. Fox (de Plymouth), 
ont traité chacun avec succès un cas de myxœdème par 
l’usage interne du corps thyroïde, de mouton. On adminis¬ 
trait au malade soit le corps thyroïde lui-même coupé en 
petits morceaux ou réduit en pulpe, soit un extrait glycériné 
de cet organe. La dose rationnelle serait d’un demi-corps 


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thyroïde tous les jours. Ce traitement, qui provoque parfois 
de la nausée, a produit chez les malades de nos confrères 
une accélération marquée du pouls, une élévation de la tem¬ 
pérature proportionnelle à la quantité de corps thyroïde in¬ 
géré, une diminution et même la disparition des infiltrations 
myxœdémateuses, ainsi que l'amélioration de tous les autres 
symptômes morbides. (Semaine médicale .) 


NÉCROLOGIE 

Notre confrère, le D r Van Campenhout, est mort derniè¬ 
rement à Anvers. Ses funérailles ont eu lieu en présence 
d'un immense concours de monde. Le D r Van Campenhout, 
qui habitait Anvers depuis 30 ans, s'y était créé une clientèle 
considérable et des relations très étendues. 

Les nombreuses couronnes déposées à la chapelle ardente 
témoignaient des sympathies qu’il avait acquises. 

Le D r Schepens, président de l’Association centrale des 
homœopathes belges, etleD r Lambreghts, fils, ont prononcé 
deux discours que nous reproduisons et qui feront comprendre 
quel vide la mort de notre confrère laisse parmi les homœo¬ 
pathes et ses malades. 

Discours du D r Schepens 

Au nom de l’Association centrale des homœopathes belges, 
je viens dire un suprême adieu au confrère distingué que la 
mort nous a ravi. 

Albert Van Campenhout naquit à Bruxelles, fit des études 
brillantes à l’Université de cette ville et y obtint, en 1858, le 
diplôme de docteur en médecine, en chirurgie et en accou¬ 
chements. 

Sur les conseils de feu le D r Van Vreckom, médecinhomœo- 
pathe à Bruxelles, il étudia l’homœopathie, il en reconnut la 


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— 285 — 


vérité et compta depuis lors parmi ses plus fervents adeptes. 

En 1862 il vint s’établir à Anvers, où l’homœopathie 
n’était représentée alors que par notre vénérable confrère 
M. le D r Gits. 

Bientôt ses aptitudes spéciales pour la pratique de notre 
art, les soins dévoués dont il entourait ses malades, lui 
acquirent la confiance du public et cette confiance, il la 
conserva jusqu’à la fin de sa vie. 

Le D r Yan Campenhout était membre de l’Association 
centrale des homœopathes belges, et, quand ses nombreuses 
occupations le lui permettaient, il ne manquait jamais d’assis¬ 
ter à nos réunions trimestrielles. Les judicieuses observations 
cliniques qu’il nous exposait simplement et clairement le 
faisaient hautement apprécier de ses confrères et très sou¬ 
vent ses conseils étaient, pour beaucoup d’entre nous, d’une 
grande utilité pratique. 

Notre excellent confrère n’ambitionna pas d’autre titre que 
celui de médecin praticien et il ne voulut même jamais accep¬ 
ter la présidence annuelle de l’Association centrale des 
homœopathes belges que nous aurions été tous heureux de lui 
confier. 

Pendant 34 années il fut toujours sur la brèche, ne se 
donnant aucun repos, négligeant le soin de sa propre santé 
pour se sacrifier à ses semblables. Il semblait avoir pris pour 
devise : Repos ailleurs ! 

Sa robuste constitution résista longtemps à ce surcroît de 
travail ininterrompu; mais, il y a quelques mois, il reçut un 
premier avertissement du mal qui devait le terrasser : mal¬ 
heureusement, son activité innée ne pouvait se résoudre à 
un repos qu’il avait pourtant bien mérité. 

A peine le danger disparu, grâce aux soins intelligents de ses 
amis dévoués, il se remet à la besogne avec toute l’ardeur de 
sa nature généreuse, mais ses forces trahirent son courage 


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et il succomba dans toute la plénitude de son intelligence et 
de son talent. 

Son souvenir vivra longtemps parmi nous comme celui du 
plus modeste mais d’un de nos meilleurs praticiens. 

Adieu, Van Campenhout, au nom de l’Association centrale 
des homœopathes belges, adieu ! 

Discours du D T Lambreghts, fils 

Ce n’est pas sans une poignante émotion que je viens, au 
nom des homoeopathes d’Anvers, vous adresser ici un dernier 
et solennel adieu. 

L’inexorable mort qui vous a ravi trop tôt, hélas ! à notre 
affection, à la tendresse de votre famille éplorée, à la véné¬ 
ration de vos nombreux malades, a creusé au milieu de nous 
un vile immense qu’il sera bien difficile de combler. Nous 
perdons en vous un ami dévoué et sincère, un collègue estimé 
dont nous avons apprécié souvent le talent et la science ; un 
travailleur infatigable qui a contribué puissamment à l’exten¬ 
sion de notre doctrine et qui nous a donné, jusqu’au dernier 
moment, l’exemple le plus parfait du dévouement et du 
sacrifice. 

Peu d’hommes ont eu une existence aussi active et aussi 
bien remplie que la vôtre. Après avoir fait de brillantes 
études à l’Université de Bruxelles, vous avez débuté dans la 
carrière médicale à Wemmel près de Bruxelles. 

A cette époque vous n’aviez pas encore foi dans les immor¬ 
tels principes d’Hahnemann ; mais les cures merveilleuses 
opérées par votre oncle le docteur Van Vreckom, un de nos 
homœopathes les plus distingués, dissipèrent bientôt vos 
doutes et dés lors vous avez consacré tous vos loisirs à 
l’étude de l’homœopathie. En 1862, sur les instances du doc¬ 
teur Gits, le fondateur du premier dispensaire homœopathique 
d’Anvers, vous êtes venu vous fixer en cette ville et vous 


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avez apporté à votre éminent collègue votre précieux 
concours à l’œuvre de charité qu’il avait créée. 

Mais, après quelque temps, vous avez du renoncer à ce 
pénible travail, car l’affluence des malades au dispensaire 
était telle qu’elle vous empêchait de satisfaire aux exigences 
d’une clientèle sans cesse grandissante. Vous n’avez toute¬ 
fois pas oublié les malheureux ; vous avez fondé pour eux un 
nouveau dispensaire, rue du Roi, que vous avez dirigé jus¬ 
qu’au dernier jour avec une rare sollicitude et un zèle 
admirable. 

Les brillantes qualités qui vous distinguaient, les succès 
nombreux que vous obteniez dans la pratique de votre art, 
vous ont acquis une réputation immense et justement méritée. 
Qui ne se rappelle avec quel dévouement vous avez soigné 
notre regretté bourgmestre Léopold de Wael, qui avait en 
vous une confiance sans bornes ; on peut affirmer que c’est 
grâce à vos conseils judicieux et éclairés qu’il a pu présider 
pendant de si longues années aux destinées de notre ville. 

Etrange coïncidence des choses d’ici bas! Au moment 
même ou Léopold de Wael était terrassé par la nouvelle 
crise qui devait l’emporter quelques jours après, vous étiez 
vous même atteint d’un mal subit qui vous réduisait à l’im¬ 
puissance ! 

Les soins affectueux dont vous étiez entouré ont pu un 
instant triompher de ce mal et nous donner l’espoir de vous 
conserver encore longtemps à la science et à votre chère 
famille si éprouvée depuis quelque temps. Mais, présumant 
trop de vos forces et dévoré par une activité fiévreuse qui 
faisait le fond de votre caractère, vous avez voulu reprendre 
une tâche trop lourde et vous êtes tombé victime de votre 
dévouement à vos malades. 

Les pauvres surtout vous regretteront et vous pleureront, 
car vous étiez pour eux un père plus encore qu’un médecin ; 


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lorsque la maladie vous retenait chez vous, ce que vous 
regrettiez le plus amèrement c’était de ne plus pouvoir les 
aider et les soulager. Aussi avaient-ils pour vous un véritable 
culte ; lorsque j’eus l’honneur de vous remplacer quelquefois 
à votre dispensaire, j’ai pu voir combien ils vous étaient 
attachés, avec quel intérêt ils s’informaient de votre santé, 
avec quelle impatience ils espéraient votre guérison et votre 
retour ! f 

Est-il besoin de rappeler les services immenses que vous 
avez rendus à la cause de l’homœopathie ? Si notre méthode 
a pris une si grande extension à Anvers, si elle a conquis si 
rapidement la confiance des familles, c’est en grande partie 
à vous que nous le devons; vous avez eu la joie, avant de 
mourir, de voir l’homœopathie triomphante pénétrer dans le 
service médical du bureau de bienfaisance. 

En ce jour de larmes et de deuil, une pensée consolatrice 
nous reste: c’est la certitude que vos concitoyens n’oublieront 
pas que votre vie tout entière fut consacrée au bien-être et 
au soulagement de vos semblables ! 

Adieu, cher et vénéré confrère, adieu! 

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SOMMAIRE 

LES AMYGDALES, par le D r Martiny. 

Du traitement des maladies oculaires. — Traduction du 

D r Chevalier, de Charleroi. 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers ...... 

Observations cliniques. — Traduction du D r Che¬ 
valier, de Charleroi. 

Contribution à l’étude de l’empoisonnement par le venin 
de serpent.—Traduction du D r J. DEWÉE,de Bruxelles 
Sur l’intoxication expérimentale par l’oxyde de zinc . 
Les doses élevées de quinine peuvent-elles produire les 

maladies de la moelle épinière?. 

Des différentes formes de syphilis infantile .... 
Le traitement du myxœdème par l’ingestion de pulpe 

ou d’extrait de corps thyroïde. 

Nécrologie. 


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REVUE HOMEOPATHIQUE BELGE 


19 e Anisé* JANVIER 1893 N ü 10 


AU TOUR DU SALOL 

par le D r Martiny 

Après avoir prôné avec furia certains remèdes comme désin¬ 
fectants et antiseptiques internes, nos confrères allopathes en 
ont successivement, grâce à de nombreux mécomptes, reconnu 
la nocivité. 

Dans les derniers temps on a préconisé avec un entrain remar¬ 
quable le scdol qui fut même fortement recommandé pendant 
l’influenza de cette année, mais voici le tour du scdol arrivé. Il 
ne vaudra bientôt plus rien. Nous lisons en effet dans le Scalpel : 

Accidents produits par le salol. — Chez certains malades, 
M. Morel Lavallée et M. Cartaz avaient déjà noté des éruptions salo- 
liques consécutives à des pansements externes. Dans deux cas que 
signale M. Derignae, des symptômes d’empoisonnement graves ont 
apparu à la suite d’administration à l’intérieur de doses de salol 
pourtant assez faibles. 

L’auteur avait ordonné dans un cas, chez un adulte, 0.20 centi¬ 
grammes de salol à prendre toutes les deux heures ; après la troi¬ 
sième dose les phénomènes toxiques apparurent. 

Dans le second cas, celui d’un enfant atteint de fièvre typhoïde 
légère, les accidents survinrent après l’ingestion de la troisième dose 
de salol à 0,10 centigrammes, les doses étant éloignées de quatre 
heures les unes des autres. 

Les urines étaient noires comme après l’ingestion d’acide phénique 
et contenaient une assez forte quantité d’acide salicylique que décela 
le perehlorure de fer. 

Le salol est donc toxique dans certains cas à faible dose et même 
chez des sujets dont l’appareil rénal et le cœur sont intacts. 

Plus cela change, plus c’est la même chose, plus cela rappelle 


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le propos ironique de je ne sais quel médecin : «Hâtons-nous 
d’administrer ce remède pendant qu'il guérit ». 

D r Martiny 


REVUE DES JOURKAUX HOMOPATHIQCES DE FRANCE 

par le D r Schepens, de Gaud 

Notes de matière médicale 

par le D r Lebouchkr / 

Iridium . — Courbature des membres inférieurs, faiblesse des 
reins, mais réaction favorable. Donne de l’aplomb et de la 
confiance en soi et facilite le travail. 

Névralgies dans la tête et les tempes, moins dans la face; 
névralgie des membres. Le grand air et le bruit brisent la tête. 
Elancements comme des coups de p>oignard, douleurs rongeantes 
aux seins. Crampes d’estomac. Agit surtout sur le système 
nerveux et sur la moelle épinière qu’il paralyse d’abord pour lui 
rendre après beaucoup de force. Douleur fourmillante, grat¬ 
tante, agaçante aux articulations des hanches, sciatique à ne 
pouvoir rester couché. Douleur au pouce qui est rouge, luisant, 
presque violet et gonflé. Bronchite chronique , même avec 
ulcération de la muqueuse. Paralysie à droite quand la peau 
conserve sa température. Engourdissement, fourmillement des 
membres ; douleur des poignets et même dans les doigts 
(paralysie rhumatismale^. Abcès à l’aisselle et arrête la suppu¬ 
ration. Douleurs d’arracliement dans les seins ; douleurs cram- 
poïdes dans l’estomac. 

Gonflement non hydropique des ovaires ; ulcères suppurants, 
rongeants et plaques bleuâtres et tumeurs de la matrice. Convient 
chez les vieillards, les personnes épuisées par les maladies, 
chez les enfants chétifs ou qui grandissent trop ; il convient 
admirablement dans les anémies. 

Palladium a presque les mêmes symptômes qu'iridium : il est 
surtout utile chez les personnes affaiblies par les maladies ou 


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— 291 — 


les abus des médicaments ainsi que chez les enfants et les 
vieillards. Douleur sur le devant de la tête, chez les fous 
exaltés et méchants. Lourdeur de la tête, élancements dans le 
cerveau, douleur céphalique non névralgique. Vertiges, hallu¬ 
cinations, vide dans la tête ; sursauts violents comme si on 
tombait de très haut en s’endormant. Fièvre avec délire, fièvre 
cérébrale ; préférable à belladone dans la fièvre typhoïde. 
Insomnie avec agitation; rhumatisme au cœur avec nausées, 
hydropéricarde ; produit dans la bouche une affluence d’eau 
qui vient de l’estomac. 

Indiqué dans les crampes d’estomac, le choléra épidémique ; 
surtout contre les nausées, les vomissements, la diarrhée et 
la cyanose. Alterné avec cujprum dans le choléra il fait cesser 
très vite les crampes et les vomissements. 

Il est indiqué dans le rhumatisme comme iridium , mais 
quand il n’y a pas de paralysie. Ballonnement du ventre chez la 
femme à l’époque de la ménopause; chez les jeunes filles, règles 
irrégulières, douleurs avant, pendant et après; nausées, coli¬ 
ques, malaises et règles trop fortes, hémorrhagies très fortes. 
Tiraillements, élancements, gonflement de la matrice. 

Tumeurs dures et fistules au siège (alterner avec sulfur); 
alterner avec osmium et plat. g. dans les tumeurs des genoux 
et celles qui suppurent. 

Alterner palladium avec plat. g. dans les dartres syphilitiques. 

Dans les rhumatismes aigus, la goutte, le gonflement des 
orteils; dans les tumeurs, les cancers, les polypes et les 
paralysies on alternera avec fruit : 1° osmium , 2° iridium , 
3° plat. , 4° pallad. , parfois avec et parfois sans sulfur . 

Platine. —Agit surtout sur le ventre (tumeurs, excroissances, 
polypes du tube digestif et de la matrice), sur les ganglions 
abdominaux. Gonflement du testicule (sarcocèle, hydrocèle). 
Chancres syphilitiques, phimosis et paraphimosis ; aggrave le 
phimosis pendant quatre jours puis le guérit. Supérieur au 
mercure , il agit plutôt chez les hommes que chez les femmes, 
mieux sur le chancre mou qu’il gùérit en cinq jours que sur 


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l’induré où il faut l’alterner avec hepar ; excroissances, tuber¬ 
cules plats, écoulements blennorrhagiques. Agit dans l’alopécie 
syphilitique, moins bien chez les femmes où il faut l’alterner 
avec sulfur. 

Erection chéz les hommes. Excitation vénérienne, impatience 
chez les femmes, les rend même méchantes ; agit surtout chez 
les blondes à peau blanche, un peu évaporées; agit moins bien 
chez les brunes. Crampes d’estomac, fatigue d’estomac, manque 
de respiration comme pour un évanouissement, un peu de 
bourdonnements dans les oreilles. Hallucinations. L 'irid. est 
l’antidote des fatigues causées par 1 e platine. 

Fél anguillce donne de la répulsion pour tout ce qui est 
liquide alcoolique; le donner pendant huit jours. Le sang 
d’anguille vaut mieux encore. Donne de la force, le besoin de 
marcher et de remuer. On le donnera aux malades qui sont trop 
sédentaires et chez ceux qui sont agités, mais là il n’est qu’un 
palliatif. Utile chez ceux qui ne peuvent digérer des aliments 
gras, chez ceux qui ont des pituites dans l’estomac, chez les 
enfants qui vomissent des glaires; chez les personnes très pâles, 
mélancoliques, portées à la tristesse, chez celles qui pleurent 
pour un rien, chez celles qui sont paresseuses à se mettre en 
colère. Met l’équilibre dans le système nerveux de la tête et de 
l’estomac ; pression aux joues. Donne beaucoup de souplesse 
aux membres. 

Chenojpodium vulvaria. — Coliques violentes, élancements 
dans le ventre, inflammation, nausées, choléra. Agit d’une 
manière remarquable, s’alterne - bien avec robinia pour le 
choléra. Peste jaune; le sang se décompose. 

Ornus floribuncta. — Violent vertige envahissant le sommet 
de la tête, presque comme un frémissement parcourant le 
cerveau pendant une seconde. Le sommet de la tête semble 
ensuite un peu lourd et étonné. 

Ce médicament avait été pris pour un mal de tête provenant 
d’une digestion difficile. (Revue homœojmthique française.) 


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* Du lupus et de son traitement 

par le D r V. Léon Simon 

Le lupus est une affection chronique de la peau caractérisée' 
par des taches d’un rouge brun sur lesquelles se développent 
d’abord des squames plus ou moins épaisses, puis des nodosités 
ou tubercules qui finissent par se ramollir, s’ulcérer et laisser 
des cicatrices difformes entourées d’une ceinture de lésions plus 
récentes. Abandonné à lui-même,-le lupus .suit une marché 
envahissante du centre vers la périphérie, et une de ses formes, 
le lupus vorax , tend à gagner plus encore en profondeur qu’en 
surface* et entraîne de véritables mutilations. L’évolution du 
lupus est toujours lente. 

Le D r V. Léon Simon ne reconnaît que deux formes de lupus : 
la forme bénigne dans laquelle la maladie reste maculeuse, 
exfoliative ou tuberculeuse et la forme maligne ou destructive 
dans laquelle‘le processus ulcératif aboutit à des pertes de 
substances plus ou moins étendues; cette forme s’appelle aussi 
dartre rongeante , scrofulide maligne , lupus vorax ou exedens. * 

Neumann décrit deux espèces de lupus : le lupus vulgaire et 
le lupus érythémateux. Le lupus vulgaire atteint surtout les 
enfants et les jeunes gens tandis que le lupus érythémateux est 
une maladie do l’adulte ; tous les deux sont plus fréquents chez 
la femme que chez l’homme et atteignent de préférence la face 
et les extrémités. Le lupus^ vulgaire affecte spécialement les 
scrofuleux , il n’est pas contagieux mais il est transmissible 
par hérédité. 

Thérapeutique 

1° Traitement liomœopatliiqiie . — C’est dans cette maladie, 
plus que dans toute autre, qu’il est bon de suivre dans toute 
ldur rigueur les préceptes d’Hahnemann : de ne répéter une 
dose que lorsqu’il est évident que son-action * est épuisée et de 
ne changer de médicament que lorsque son impuissance est 
bien démontrée. 

Nous indiquerons d’abord les remèdes qui répondent à toutes 


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les périodes de la maladie, ensuite ceux qui répondent spécia¬ 
lement à certaines phases ou formes et enfin nous dirons 
quelques mots des moyens auxiliaires. 

Les médicaments qui répondent à toutes les phases sont : 
Thuya, sepia, graphites, hydrocotyle et lycopodium. Ce sont les 
seuls qui produisent des taches, des tubercules cutanés et des 
ulcérations ; en même temps ils exercent sur l’organisme une 
action plus profonde que rapide et conviennent bien aux 
affections essentiellement chroniques et rebelles; enfin les 
allures des accidents qu’ils produisent sont en complète harmo¬ 
nie avec celles du lupus. 

Thuya présente dans sa pathogénésie toutes les lésions 
élémentaires des formes peu graves du lupus. Il fournit les 
taches : « Sur le cou, taches hépatiques avec boutons rouges, 
petites dartres et beaucoup de petites verrues ; une dartre d’un 
rouge brunâtre apparaît sur la nuque et sur la poitrine. « Les 
éruptions de thuya sont .entourées d’une aréole rouge plus ou 
moins foncée. Son pouvoir de produire des nodules, des tuber¬ 
cules et des végétations en fait le véritable spécifique de la 
forme végétante ou hypertrophique. Allen donne les symptômes 
suivants qui se rapportent à la forme ulcéreuse : « Enflure et 
induration de l’aile gauche du nez avec douleur tensive. Ulcé¬ 
ration dans le nez à un demi pouce de profondeur; il s’y trouve 
une croûte. Il y a continuellement du mal dans le nez avec 
enflure de l’organe et de la lèvre supérieure. » 

La clinique est plus explicite que la matière médicale quant 
à la vertu curative du thuya. M. le D r Clarke, de Londres, disait, 
en 1888, que depuis trois ans il avait guéri avec lui tous ses 
malades. Il le donne intus et extra : intus il prescrit de la 15° 
à la 30 e dilution; extra il emploie la 3°. M. le D 1 Malapert 
du Peux, de Lille, lui doit aussi de nombreux succès. Nous 
plaçons le thuya en première ligne d’autant plus qu’il convient 
très bien aux scrofuleux. Il est surtout indiqué si les lésions 
occupent le côté gauche, si l’état du malade est aggravé par la 
menstruation, par le froid, par l’excès de chaleur et la chaleur 


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du lit, par l’usage de viande grasse, .d’oignons, d’acides, de 
sucreries, par le vin, la bière et le thé; si on a fait abus de 
tabac, de soufre ou de mercure; enfin la présence de verrues 
sur le corps et la déformation hippocratique des ongles si , 
commune chez les phtisiques et qu’on rencontre assez souvent 
chez les créoles de l’Amérique du Sud constituent des signes 
importants en faveur du thuya. 

Sepia répond peut-être mieux que thuya à la période initiale, 
celle où les macules prédominent, car on sait combien il 
exagère et trouble la pigmentation de la peau; il a une sorte de 
prédilection pour la face et particulièrement pour le nez. Les 
taches^ les squames, les tubercules, les végétations et les ulcères 
entrent surtout dans sa sphère d’action ; 'mais on peut aussi 
l’employer contre la forme la plus destructive, le lupus exedens 
quoiqu’on pareil cas nous possédions des substances plus 
efficaces. 

Sepia est surtout indiqué quant le mal s*aggrave par l’air 
froid et sec, la neige, les excès sexuels, la grossesse et l’allaite¬ 
ment, ou encore chez les jeunes filles ou les femmes à peau 
fine ayant des taches de rousseur , des alternatives de froid 
et de chaleur, des accidents soit du côté de l’utérus, du côté des 
voies respiratoires ou du côté des intestins. Sepia et thuya sont 
les spécifiques de l’esthiomène vulvaire ou lupus de la vulve. 

Ce qui précède est confirmé non seulement par la pathogé- 
nésie où on lit, entre autres symptômes : Petit ulcère de longue 
durée dans une narine ; petite induration à la racine du nez ; 
mais aussi par la clinique, car Rückert cite des ulcères d’appa¬ 
rence cancéreuse , des ulcérations rongeantes du nez guéris 
rapidement par sepia suivi de calcarea carbonica ou alterné 
avec caustieum. 

Graphites a beaucoup d’analogie avec sepia et il mérite la. 
préférence quand les lésions occupent une autre région que la 
face. Sa valeur est établie à la fois par la matière médicale et 
la clinique. En effet, il produit les symptômes suivants : 

« Taches lépreuses annulaires, cuivrées, sur la face, les oreilles, 


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les fesses, les jambes et les pieds. Taches amiulaires saillantes 
sur la face*. Nodules douloureux sur la joue gauche , Indu - * 
ration du nez , croûtes dans les narines . Ulcères sur les 

. orteils. Ulcères calleux aux pieds, provenant de bulles corro¬ 
sives. Ulcères croûteux, à pus sanguinolent, aqueux, corrosif, 
sentant la saumure de hareng. Ulcères spongieux, sensibles, 
à sécrétion salée. Vieuxmlcères lancinants, à pus fétide. Vieilles 
cicatrices dures. Amélioration d’un lupus rebelle . » 

L’indication du graphites sera encore plus nette si le sujet 
est dyspeptique, enclin-à la constipation, si sa jieau suppure 
facilement, si les lésions occupent le côté gauche de la face et 
que celle-ci soit pointillée de pores noirs , sh les ganglions 
s’engorgent facilement; enfin il convient surtout aux femmes 
leucorrhéiques et sujettes aux retards dans la 'menstruation ou 
quand le mal succède à la suppression des règles. Graphites 
est encore hidiqué s’il y a en même temps une affection des 
voies respiratoires ou que celle-ci alterne en quelque sorte avec 
le lupus. 

Hydrocotyle asiatica a des affinités avec le lupus mais paraît 
inférieur aux médicaments précédents. 

Voici’ les principaux symptômes de ce médicament : « Erup¬ 
tion de couleur cuivrée^ sur là face. Sur l’aile droite du nez, 
tLibèreide large comme une pièce de 50 centimes, couvert d’une 
croûte épaisse sous laquelle il y a une matière jaunâtre, mêlée 
de sang; bords de l’ulcère livides et irréguliers, cinq autres 
tubercules indolents, gros comme des lentilles, près de la racine 
du nez des deux côtés. »* 

Lycopodium produit aussi des taches, des excroissances et 
des ulcérations : « Eruption de couleur cuivrée sur le front. 
Taches rouges, pruriteuses ou brûlantes. Verrues larges, 

- exudant une humeur peu abondante. Eruption couvrant. toute 
la joue droite, épaisse, sèche et croûteuse, pruriteuse; propen¬ 
sion constante à avoir une éruption sur la joue gauche. Lupus 
recent , ulcère superficiel chez les sujets pâles et blafards. » 
Lycopode est encore mieux indiqué chez les hépatiques ou après 


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des troubles circulatoires de la veine-porte. L’irritabilité du 
caractère, la surdité avec otorrhée purulente , les troubles 
dyspeptiques de toute sorte sont les signes de lycopode. 

Voici maintenant les médicaments spéciaux des diverses 
périodes ou formes : 

1° Période maculeuse : Natrum carbonicum. 

Halmemann recommande le carbonate de soude quand il y a 
des taches jaunes sur le front et la lèvre supérieure, la peau 
sèche, des verrues, des tubercules érysipélateux et des tuber¬ 
cules sur les cuisses. L’indication sera plus nette si on observe 
simultanément sur la face des taches et des excroissances, 
surtout si le sujet est dyspeptique et de constitution délicate. 

2° Période hypertrophique, tuberculeuse : Silicea et arsenic . 
iodatum. 

Le premier de ces médicaments est recommandé par le 
D l ‘ Franklin, professeur à l’université de Michigan, et l’autre 
par Goullon, qui employait la 3 3 trituration centésimale. Les 
deux conviennent^ la diathèse scrofuleuse; le premier aux 
enfants au ventre gros, aux jambes faibles et transpirant ^beau¬ 
coup de la tête ; le second répond davantage aux périodes 
avancées et aux états cachectiques, mais aucun des deux ne 
vaut le thuya. 

3° Période exfoliative : Mezereimv , arsenicum , phosphorus. 

Mezermm a dans sa pathogénésie : « Squames épaisses , 
lamellées comme dans le rupia. Ulcère scrofuleux sur la 
jambe avec enflure du périoste. ' Sur la lèvre supérieure , 
ulcère s'étendant au nez. » Cë médicament est- surtout indiqué 
chez les malades entachés de syphilis ou ayant fait abus de 
mercure. 

Arsenicum , beaucoup recommandé par les I> 8 Jousset et 
Huart convient surtout dans la forme squameuse. Il convient, 
dit Hering , aux personnes portant des taches hépatiques et 
dont la peau, a une teinte brune, terreuse et sale ou encore 
aux malades qui ont de la fièvre hectique et. des signes de 
tuberculose. Il paraît répondre davantage aux lésions cancé- 


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reuses et gangréneuses de la peau qu’au lupus proprement dit. 

Phosphorus prescrit par Kafka à doses croissantes, a guéri un 
lupus exfoliant de la face. Cependant il paraît agir plutôt sur la 
nécrose et sur les ulcères cancéreux que sur le lupus. Il peut 
être utile dans le lupus chez les tuberculeux ou les rachitiques 
lorsqu’il y a aggravation par le sel et le camphre, les aliments 
chauds, les fortes odeurs et les changements de temps et quand 
il y a amélioration par le frottement et les boissons et les ali¬ 
ments froids. 

4° Période rongeante, lupus exedens : Causticum, calcarea 
carbonica , cistus , Jcali bichromicum , hydrastis , ciurum muria- 
ticum. 

Causticum produit des verrues et des dermatoses chroniques ; 
des ulcères avec sécrétion corrosive sur les mains, les doigts et 
les orteils et encore « portion du côté gauche et du bout du nez 
rongée par un ulcère couvert d'une croûte épaisse. » 

On le donnera de préférence aux hémorrhoïdaires et aux 
hypochondriaques sujets aux accès d’orthopiée avec frissons, 
chaleur et sueur et miction involontaire pendant les efforts de 
toux et d’éternuement. La clinique a confirmé sa valeur. 

Calcarea carbonica donne des verrues et des ulcères malins 
sur la tête, les yeux, le nez, la bouche, le cou, la vulve et les 
cuisses; ces ulcères sont indolents et suppurent peu. Les 
excroissances en forme de verrues derrière les oreilles s’enflam¬ 
ment et s’ulcèrent. Il convient aux personnes dont la peau est 
malsaine et tend à s’ulcérer, les chairs bouffies, une tendance 
aux affections osseuses, le ventre volumineux, de l’anorexie., les 
règles trop fréquentes et trop abondantes et la leucorrhée. 
Faits cliniques à l’appui : Rückert cite une fille de 8 ans affligée 
depuis quatre ans d’une excroissance informe et suppurante du 
nez avec rougeur inflammatoire des yeux et qui a été guérie en 
peu de temps par suif tir 60 e et calcarea 60 e à huit jours d’in¬ 
tervalle. 

Gross et Speer citent chacun un cas de lupus de la face 
guéri assez rapidement par calcarea carbonica à haute dilution. 


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Cistus est le médicament le plus important du lupus scro¬ 
fuleux , il produit entre autres symptômes : « Douleur pressive 
à la racine du nez avec mal de tête. Ophtalmie scrofuleuse 
de longue durée. Inflammation et enflure du côté gauche du 
nez ; sensation de brûlure dans la narine gauche. Endoloris¬ 
sement du bout du nez. Lupus de la face. Lupus exedens 
à la bouche et au nez. Ulcères scrofuleux sur le dos. 
Enflure et ulcération de la jambe gauche avec couleur cuivrée 
de la peau. » Cistus a une grande affinité pour le système 
glandulaire surtout celui des glandes à vésicules closes : il 
enflamme les seins, engorge et hypertrophie le corps thyroïde, 
les ganglions cervicaux, les glandes du pharynx et les glandes 
intestinales. Il refroidit le sujet dont l’état s’aggrave encore 
par le froid. Cette sensation de froid général, même dans une 
chambre chaude, et une grande sensibilité au froid dominent 
la patliogénésie de cistus. 

Kali bichromicum convient surtout au lupus érythémateux 
fixe, de forme séborrhéique et au lupus vulgaire qui occupe les 
muqueuses. 

Voici ses principaux symptômes : « Lupus déforme chronique 
avec douleur brûlante et prurit. Ulcères profonds , jaunes , 
secs , ovales , à bords décollés entourés d’une aréole rouge, 
reposant sur une base indurée qui le détruit ; ils gagnent en 
* profondeur et ont au centre une tache noirâtre, ils laissent une 
cicatrice .déprimée, profonde, comme taillée à l’emporte-pièce. 
Petit ulcère perforant sur la cloison du nez. La muqueuse 
de la cloison est pointillée de petites ulcérations. Le cartilage 
de la cloison* est entièrement détruit et toute la muqueuse du 
nez est le siège d’une inflammation purulente. Ulcération 
des sinus frontaux avec vive douleur à la racine du nez et dans 
les bosses frontales. Lupus nasal. Apparition d'un petit 
tubercule sur le côté droit du nez; il dégénéra en ulcéré qui , 
pendant vingt ans , se déplaça lentement en se cicatrisant à une 
extrémité pendant qu’il s’étendait à Vautre , laissant un sillon 
irrégulier d’un pouce et demi; croûtes et cicatrides sur le nez 


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avec prurit désagréable. » Ses localisations sont celles du lupus 
érythémateux et il exerce une action élective sur les glandes 
sébacées et sur les muqueuses dont il rend les sécrétions purulen¬ 
tes ou visqueuses et filantes. L’ophtalmie et l’otite scrofuleuses, 
la diarrhée aqueuse suivie de ténesme rentrent aussi dans sa 
sphère d’action. 

Hydrastis convient aux scrofuleux et aux cachectiques. Il 
donne une teinte jaune à la face, produit des ulcères granuleux 
et indolents avec pus peu abondant et malsain ; il fait naître sur . 
le nez et la paupière un ulcère à base jaune rougeâtre, sombre, 
sec, non granuleux et sécrétant peu. Les membres inférieurs se 
couvrent d’ulcères superficiels de forme circulaire, secs, fétides, 
avec croûte jaime, douleur brûlante et lancinante, aréole enflam¬ 
mée et couverte de boutons qui dégénèrent facilement en ulcères. 

Il produit encore : « Cuir chevelu couvert d y une croûte épaisse de 
matière sébacée; cheveux secs et ternes. Lacération longue de 
plusieurs pouces au-dessus de la tempe gauche ; elle a la forme 
d’un croissant, suppure et devient un mal de mauvaise nature. » 

Hering recommande Vhydrastis dans le lupus érythémateux t 
et la lèpre ulcérée mais nous croyons qu’on doit le réserver aux 
personnes faibles ou délicates. 

Aurum muriaticum répond mieux aux lésions syphilitiques 
et à l’intoxication mercurielle. Il exerce une action élective sur 
le nez dont il carie les os; nous le conseillons dans les cas dou-* 
teux et.chez les malades entachés de vérole. Cependant Bahr 
le recommande et les médecins allopathes paraissent avoir 
employé avec succès des injections sous cutanées de chlorure 
d’or et de cyanure de potassium à des doses de 0 gr. 00005 à- 
0 gr. 00020. 

5° Lupus érythémateux. Voici les médicaments les plus 
appropriés : • 

Variété érythémateuse pure : bellcidona. 

Variété érythémateuse couperosique : lycopodium. 

Variété pityriasiforme ou psoriasiforme : arsemcum , cicuta. 

Ce dernier, recommandé par Raue, convient plutôt à Fimpetigo* ■ 


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— aoi — 


Eytheme centrifuge de forme commune et vespertiUo : Sépia , 
thuya. 

Lupus érythémateux fixe : Kali bichromicum, graphites, 
baryta carbonica. 

Le dernier n’est utile que lorsque les lésions occupent l’oreille 
ou le cuir chevelu. 

Les médicaments suivants ont donné quelques succès : 

Iodium. Cramoisy a guéri en trois mois un lupus datant de 
dix-neuf ans avec la première trituration d "iode à la dose de 
quinze centigrammes par potion. 

Créosotum ; Les lotions d’eau créosotée ont guéri un lupus de 
l’aile droite du nez, de la lèvre supérieure et du palais, ayant 
débuté'par une pustule. 

Corrosivus a été employé comme topique ou en injections * 
interstitielles par Doutrelepont , Payne , White. Nous ne le 
prescrivons qu’à des sujets manifestement syphilitiques. 

Apis a été employé dans un cas cité dans le 2 e volume des 
Annales de la Société homœopathique britannique. 

Nux juglans recommandé par Ruthill Massy et staphysagria 
conseillé par Raue ne contiennent dans leur pathogénésie rien 
qui se rapporte au lupus. 

Bignonia catalpa est usité en Amérique contre les ulcères 
phagédéniques. 

Ozénine est recommandée par Hering. 

Il est évident qu’on ne donnera pas un même médicament 
dans tout le cours de la maladie mais que les médicaments 
doivent se suivre selon la marche et la forme de la maladie. 

Il faudra aussi souvent recourir à ralternance de deux médi¬ 
caments, par exemple quand on rencontre sur le même sujet 
deux maladies constitutionnelles ou deux diathèses différentes. 

Il faudra aussi, tenir compte de l’hérédité et donner de pré¬ 
férence arsenic, iodatiod., cistus et kali bichrom. aux 
descendants de scrofuleux; arsenicphosphorcalcarcréosot, 
caustic. aux descendants de diabétiques ou de tuberculeux; 
mezereum , aurum aux descendants de syphilitiques , hydrastis 


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- 302 — 


aux descendants de cancéreux; causticum , graphites et lycopo¬ 
dium aux descendants d’arthritiques ou d’herpétiques. 

Les doses doivent varier suivant les médicaments et suivant 
l’âge et l’idiosyncrasie des sujets; en général il faut préférer 
les dilutions élevées dans les formes lentes et pour les corps 
inertes à l’état naturel et préférer les triturations; les basses 
dilutions et même les médicaments en substance quand on 
soupçonnera la syphilis parce que les vérolés sont souvent 
réfractaires aux actions médicamenteuses. 

2° Traitement thermal. — Parmi les eaux minérales les plus 
efficaces dans le traitement du lupus il y a surtout l’eau de 
S. Christau à cause du sulfate de cuivre qu’elle renferme. Chez 
les strumeux on conseillera Clialles, Salins, Kissingen, Kreuz- 
nach, etc. Chez les dyspeptiques : Fougues, Bourbonne-les- 
Bains sera utile si la dermatose est consécutive à un trauma- . 
tisme. Les syphilitiques se trouveront bien d’Aulus. Dans la 
période maculeuse on peut conseiller Ems, Pougues, Ro} r at, 
Forges-sous-Brüs. Si Varsenic est indiqué, on peut conseiller 
la Bourboule et la Dominique de Vais. 

Certains auteurs recommandent les eaux sulfureuses mais le 
D r V. Léon Simon s’en méfie à cause des perturbations préju¬ 
diciables qu’elles peuvent causer. 

3° Traitement de Vabbé Kneipp. — H consiste en deux 
badigeonnages par jour avec un mélange d’argile, d’eau de pluie 
et d’un dixième de vinaigre ; ces badigeonnages sont précédés 
de lotions avec une décoction de prèle. L’auteur ne connaît pas 
les vertus de la prèle mais l’argile, qui n’est autre chose que 
notre alumina, a une action évidemment homœopathique. 

Alumina produit une sensation de formication, des rhagades, 
des excroissances bulbeuses, des ulcérations sécrétant un pus 
jaune brunâtre et fétide. Elle rougit et ulcère le nez, enflamme 
la cloison et crevasse le bout de l’organe; elle donne aux joues 
une teinte cuivrée, fait enfler la face qui se couvre de tubéro¬ 
sité , d’excroissances , de nodosités. Alumina est surtout à 
recommander chez les'femmes sujettes à la constipation et aux 


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flueurs blanches. Lilienthal le recommande quand les lésions 
cutanées sont accompagnées d’hémorrhagies par la bouche et 
les gencives — quand il y a eu abus de mercure. 

4° Traitement de Koch. — Les essais faits avec des injections 
de tuberculine de Koch ont produit une action puissante sur 
certains lupus, mais jusqu’ici leur action curative n’est pas 
démontrée. Dans tous les cas, son action est si’non liomœopa- 
thique du moins isopathique. Ce médicament mérite d’être 
essayé à dose infinitésimale. 

5° Electrothérapie. — C’est un adjuvant précieux dans le 
traitement du lupus. On se sert : 1° de l’électricité magnétique ; 
2° de l’électricité statique; 3° de l’électricité galvanique. 

L’électricité magnétique et l’électricité statique sont des 
modificateurs vitaux par excellence. Suivant qu’on utilise le 
fluide électrique , il constitue lui-même un médicament ; il 
transporte dans l’organisme les médicaments prescrits ; il ren¬ 
force leur action ou il agit localement sur les tissus malades en 
les irritant et en les cautérisant. 

6° Moyens adjuvants. — Le traitement chirurgical et les 
topiques ont pour seule indication d’empêcher la formation de 
kéloïdes et de cicatrices vicieuses ou de réparer, dans la mesure 
du possible , les mutilations déjà produites. 

Indépendamment de l’électrolyse, le seul moyen chirurgical 
qui mérite d’être conservé est la scarification quadrillée. 

Les médecins homœopathes appliquent souvent à l’extérieur 
les médicaments indiqués pour l’usage interne ; ainsi dans les 
cas où Yarseniç est indiqué, le D r Jousset applique une poudre 
composée de huit parties d’amidon et une partie d’acide arsé¬ 
nieux et le mélange d’amidon et d’arsenic au 1000 e ajoute 
à- l’action dynamique du remède pris à l’intérieur Faction 
caustique ou irritante qu’il exerce directement sur les tissus 
malades. 

On peut appliquer la glycérine iodée en même temps qu’on 
prescrit iodium, la teinture diluée de thuya en même temps 
que les potions de thuya, une solution étendue - de bichromate 




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— 304 


de potasse en même temps que hali bichrom. 

Un seul caustique a donné de bons résultats : c’est l’acide 
lactique dont les effets sur le lupus ulcéré valent ceux de la 
scarification; il agit surtout bien s’il exista des solutions de 
continuité à la peau parce qu’alors il y a absorption et action 
dynamique selon la loi des semblables. 

- Les badigeonnages d’argile agissent en isolant les parties 
atteintes et les préservant de l’air et de la poussière et aussi 
par action dynamiquo par l’absorption de l’alumine. 

Les injections interstitielles de sublimé , d’or ou [d’autres 
substances ne peuvent passer pour un traitement externe; le 
médicament absorbé passe dans le torrent circulatoire et a 
une action générale. 

En résumé, le traitement du lupus se réduit à deux indica¬ 
tions : 

1° Enrayer le processus morbide : Le seul et unique moyen 
d’obtenir cet arrêt consiste à faire prendre au malade des 
médicaments choisis conformément à la loi homœopathique. 

2° Transformer , dans la mesure du possible , les cicatrices 
vicieuses en tissus d'apparence normale : Pour cela il faut agir 
mécaniquement, soit par des scarifications, soit par l’emploi 
de l’électricité, soit par l’usage externe du médicament prescrit 
à l’intérieur. 

Le traitement interne peut à lui seul procurer la guérison du 
lupus, mais généralement les moyens adjuvants dont nous venons 
de parler sont indispensables. 

D’Schepens, de Grand 

(Revue homœopathique française .) 


De l’entéroptose 

D’après M. Glénard, entéroptose et neurasthénie seraient 
deux termes à peu près synonymes. L’entéroptose s’observe 
surtout chez les femmes, après un effort, un accouchement, un 
traumatisme, ou apparaît secondairement à la suite d’une 


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maladie des intestins, la fièvre typhoïde, la lithiase biliaire, 
l’amaigrissement. 

La lésion pathognomonique est la chute du coude droit du 
colon. Ce premier déplacement en entraîne d’autres avec leurs 
conséquences. 

En se déplaçant, l’estomac (gastroptose) favorise le rétrécis¬ 
sement de l’orifice gastro-duodénal et, par suite, la dilatation 
de l’organe. Les autres organes intra-abdominaux peuvent 
suivre ces déplacements : hépatopfcose, néphroptose, splénoptose. 

A. Symptômes subjectifs . Les symptômes de l’entéroptose, 
comme M. Glénard a voulu la faire voir, sont ceux de la neuras¬ 
thénie et voici comment il les classe selon leur importance et 
leur ordre d’apparition. 

1° Symptômes : asthéniques : sensation de faiblesse , de 
lassitude au niveau de l’estomac et des reins. — 2° Mésogas¬ 
triques : tiraillements, pesanteurs, fausses-faims. — 3° Gastri¬ 
ques ou chomêlèens : flatulence, étouffements, bouffées, bâil¬ 
lements, crampes, brûlures, vomissements. — 4° Névrosiformes 
d’apparence cérébrale ou spinale : insomnie, frissons, sueurs, 
irritabilité , mélancolie , céphalalgie , vertiges , palpitations , 
polyurie, névralgies, crises nerveuses, douleurs dans la région 
de l’angle droit du colon, simulant les coliques hépatiques. 

Les symptômes asthéniques ou mésogastriques coïncident 
toujours avec les signes suivants : 1° Eéveil à 2 heures du 
matin avec fausse-faim, puis malaise et insomnie. 2° Exaspé¬ 
ration ou apparition des malaises au lever ou à 3 heures du 
soir. 3° Ces malaises sont surtout marqués après l’ingestion des 
graisses, féculents, acides, vin et lait. 4° Alternance de la 
constipation et de la diarrhée. Les symptômes les plus impor¬ 
tants d’après Féréol, sont l’intolérance pour le lait et l’insomnie. 
Bouche amère, langue sale, flatulence. 

B. Symptômes objectifs. L’abdomen est flasque, étalé en 
besace : hypostase abdominale . Hypochondres déprimés. A la 
palpation profonde on perçoit la corde colique , le boudin cœcal 
et le cordon sigmoïdal. 


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— 306 — 


La première, due à l’étroitesse de l’organe, se reconnaît en 
appuyant contre la face antérieure de la colonne vertébrale le 
bord radial de l’index placé transversalement et en le faisant 
glisser de haut en bas, en maintenant la pression. Cette corde 
siège à environ 2 centimètres au-dessous de l’ombilic. 

Pour trouver le boudin cœcal, on dirige l’extrémité des 
quatre derniers doigts sur une ligne répondant à l’angle formé 
par le racliis et la fosse iliaque droite, en appuyant profondé¬ 
ment et en glissant dans le même sens. 

Le même procédé d’exploration fait percevoir du côté gauche 
Pexistence du cordon sigmoïdal à 3 ou 4 centimètres au-dessus 
du pli de l’aine. 

Dans l’épigastre clapotage et gargouillements gastriques et, 
par suite de l’abaissement du colon, on sent les battements 
artériels. 

Voici la méthode que M. Glénard recommande pour recon¬ 
naître le rein mobile . L’examen, qui se fait pendant une pro¬ 
fonde inspiration, comporte trois temps. Soit pour le côté 
gauche: 1° Affût : on doit étreindre de la main gauche, le pouce 
étant dirigé en avant, les parties molles sous-jacentes au rebord 
des côtes; la main droite déprime la paroi antérieure dans la 
direction du pouce gauche. On fait faire une profonde inspira¬ 
tion; si l’on ne sent rien, c’est qu’il n’y a pas de déplacement 
d’organe, ou sinon on passe au 2 e temps. 2° Capture : on saisit 
entre le médius et le pouce gauches l’organe déplacé. On porte 
le'pouce le plus haut possible, puis quand la ptose semble avoir 
atteint sa limite inférieure d’excursion, à la fin de l’inspiration, 
on la serre brusquement entre le pouce et le médius gauche, et 
la main droite le maintient en dedans. 3° Echappement : On 
écarte alors les extrémités du pouce et du médius gauches, on 
abaisse légèrement la ligne de compression et l’organe déplacé 
remonte brusquement. Par ce moyen on peut apprécier les 
différents degrés de mobilité. M. Glénard en décrit quatre : 

1° pointe ; on ne sent que le pôle inférieur du rein ; 

2° on saisit l’organe sans pouvoir comprimer les tissus au- 


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dessus de lui ; 

3° on peut comprimer ces tissus ; 

4° le rein est flottant et senti complètement à travers la paroi 
abdominale antérieure. 

— La mobilité de la rate est très rare et se reconnaît par la 
même méthode. 

Pour l’exploration du foie MMîlénard indique le procédé du 
pouce , destiné à faire déborder le plus possible l’organe sous le 
rebord costal. Il comporte aussi trois temps. 1° Le médecin étant 
placé à gauche du malade rapproche le bord du foie de la paroi 
antérieure de l’abdomen en appliquant solidement sous la région 
lombaire droite les 4 derniers doigts juxtaposés de la main 
gauche, le médius longeant le bord costal inférieur : il soulève 
la région au moyen de ces doigts. La main droite est appliquée 
transversalement sur le flanc droit à partir du pli inguinal, les 
extrémités tournées en dehors, et déprime le flanc en remontant 
de bas en haut. 2° On place la pulpe du pouce gauche sous le 
foie. Pour cela, le pouce palpe les divers points de l’hypochon- 
dre en remontant le flanc droit de bas en haut et de dedans en 
dehors, jusqu’au rebord costal : il renseigne ainsi sur le degré 
de résistance des parties. Arrivé à la fin de la région rénitente, 
le pouce s’arrête, déprime profondément la peau, tourne la 
pulpe en haut, vers la face inférieure du foie et explore, de bas 
en haut, la région profonde. Il rencontre une partie dure, ou 
rien. 3° Pendant une inspiration profonde, on fait sauter au 
pouce le bord du foie, d’arrière en avant; il passe sur la face 
antérieure de l’organe et on peut ainsi se renseigner sur la 
nature de la masse abaissée, sur l’épaisseur du bord antérieur 
du foie et sur sa mobilité. 

Dans tous ces cas de ptose, l’épreuve de la sangle est 
fort importante. 

Elle consiste à se placer derrière le malade, à passer les bras 
sous les siens et à lui relever l’abdomen des mains appliquées 
sur ses flancs. Il se sent aussitôt soulagé ; les malaises reviennent 
aussitôt qu’on cesse l’épreuve. 


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— 808 — - 


La marche de l’entéroptose est lente et progressive et les 
symptômes d’abord peu marqués vont eu s’aggravant. L’ensem¬ 
ble des phénomènes morbides est celui de la neurasthénie. Le 
malade maigrit, son mal est méconnu et il est successivement 
traité pour un grand nombre de maladies, selon les souffrances 
du moment. Il reste toujours souffreteux, souvent jusqu’à un 
âge avancé où son état semble s’améliorer. 

Traitement . On comprend l’utilité d’un bandage de ventre, 
relevant la masse intestinale, renforçant les parois, et mainte¬ 
nant dans une.certaine mesure les organes en place. L’hydro¬ 
thérapie et le massage peuvent rendre de précieux services. 
Enfin, on veillera à la régularité des selles par les laxatifs 
alcalins ; on proscrira les aliments difficilement digérés, le vin, 
le lait, les graisses, les féculents et l’on recommandera la 
viande et les œufs. (Revue médicale.) 


Dilatation de l’estomac et clapotage gastrique 

M. Debove démontre, ce qu’il a affirmé dans une précédente 
séance, que le clapotement, pouvant être simulé par des variétés 
de borborygme, n’a pas une valeur pathognomonique. 

“ En résumé, pour moi, nombre de clapotements dits stoma¬ 
caux ne sont dus qu'à des gargouillements intestinaux, ils se 
produisent au-dessous de la grande courbure et non plus bas, 
parce que plus bas, les anses intestinales fuient dans le petit 
bassin et qu’il est alors plus difficile par la pression de déplacer 
les gaz qu’elles contiennent. 

« La facilité avec laquelle on admet maintenant la dilatation 
de l’estomac est prodigieux, le moindre clapotement suffit, il y a 
là une véritable manie. Dans nos concours, il n’y a pas un can¬ 
didat qui ne parle de la dilatation stomacale des sujets qu’il a à 
examiner pour ses épreuves. Dans le monde, un nombre consi¬ 
dérable de malades qui souffrent dë l’estomac, vous consultent 
ayant déjà été vus par plusieurs médecins qui Ont diagnostiqué 
une dilatation. Notez que la manie dont je parle a été jusqu’à 


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présent limitée à la France et que nos confrères étrangers sem¬ 
blent y avoir échappé. 

« Il ne s’agit pas seulement ici d’un point de doctrine , mais 
aussi d’un point de pratique médicale. Après avoir posé le 
diagnostic dilatation, on se croit autorisé à prescrire le régime 
sec, et le régime sec chez les dilatés imaginaires produit de 
bien fâcheux effets. » (Art médical.) 


Le traitement de la colique de plomb par l’huile d’olive 
à haute dose 

M. le D r E. Weil, professeur agrégé à la Faculté de méde¬ 
cine de hyon, a traité avec succès cinq cas de colique saturnine 
par l’huile d’olive, que les malades prenaient à la dose d’un 
verre par jour. Dans tous ces cas la guérison est survenue au 
bout de trois à cinq jours de traitement; elle a coïncidé avec 
l’apparition de selles copieuses provoquées par l’ingestion 
d’huile. Mais même avant cette débâcle, dès le premier verre 
d’huile , les douleuis diminuaient considérablement, ce qui 
prouve que dans la colique saturnine l’huile d’olive exerce, 
en dehors de son action purgative, un effet analgésique sur le 
tube digestif. Chez un des cinq malades de notre confrère, 
les deux premiers verres d’huile furent rejetés et ne produi¬ 
sirent par conséquent aucune amélioration, tandis que le troi¬ 
sième verre, ayant été gardé, amena une débâcle et la disparition 
complète des phénomènes douloureux. Un autre malade chez 
lequel un traitement par la belladone et les purgatifs avait été 
employé sans résultat fut amélioré dès le premier vorre d’huile 
et guérit définitivement après le cinquième verre. 

Dans tous ces cas l’huile a fait disparaître non seulement la 
colique de plomb proprement dite, mais aussi les autres phéno¬ 
mènes de saturnisme qui l’accompagnaient tels que les myalgies, 
les arthra'lgies, les anesthésies cutanées, les céphalées et les 
vertiges. (Semaine médicale.) 


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VARIÉTÉS 


Le choléra. — Audacieuses expériences. — C’est invraisem¬ 
blable, mais cela est. C’était en 1884, pendant la dernière épidémie 
du choléra. Un physiologiste de grande valeur et très regretté, 
Bochefontaine, ne partageait pas les idées régnanïes sur la contagio¬ 
sité du choléra : « Je ferai tout ce que vous voudrez pour contracter 
le choléra, et je n’en viendrai pas à bout »>, disait-il, convaincu. Et 
comme on souriait autour de lui : « Eh bien, ajouta-t-il, je vais 
avaler dans une capsule le liquide intestinal d’un cholérique.,., 
et vous verrez bien si j’ai tort ou raisou. n Et Bochefontaine 
fit ce qu’il avait annoncé. Il avala la capsule à la stupéfaction de ses 
préparateurs. Il fut malade pendant quarante-huit heures... mais 
n’eut pas le choléra. Cette expérience, au moins audacieuse, vient 
d’être recommencée sous une forme un peu différente par deux 
savants éminents, M. le professeur von Pettenkoferf de Munich , et 
M. le professeur Emmerich. 

La plupart des médecins s’accordent à voir dans le bacille virgule 
la cause unique du choléra. M. von Pettenkofer pense que la ques¬ 
tion est plus complexe qu’on ne le croit. Le choléra, dit-il, est le 
résultat de trois facteurs distincts représentés par x 9 y, z. Il admet 
que x est un germe spécifique, y une influence tenant aux localités, 
z la prédisposition .individuelle. Pour faire du choléra, il ne suffit pus 
que l’on ait absorbé le germe morbide, il faut encore un terrain 
approprié , il faut que l’équation x , y , z soit satisfaite. Pour 
étudier l’influence d’?/, c’est-à-dire Faction spéciale du lieu, il a 
choisi Munich, ville indemne, bien qu’en relations quotidiennes avec 
Hambourg, foyer cholérique intense. Il aurait pu expérimenter sur 
des animaux. Mais, selon lui, les expériences sur l’homme seules 
peuvent être concluantes. En conséquence, il s’est décidé à opérer 
sur lui-même. — Munich n’a pas de choléra. Le milieu est bon, 
j’aurai beau avaler les bacilles en virgule, je ne contracterai pas le 
choléra. — Telle fut sa pensée. Et il passa hardiment à l’exécution. 

Il fit venir des bacilles cholériques de Hambourg, il les cultiva. 
Un centimètre cube de culture contient au moins 1 milliard de mi¬ 
crobes. M. von Pettenkofer avala 1 centimètre cube de culture cholé¬ 
rique fraîche, c’est-à-dire infiniment plus qu’on n’en peut introduire 
dans l’organisme en touchant les lèvres avec ses doigts souillés ou 


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en mangeant un mels parsemé de bacilles. Et comme le suc gastrique 
de son estomac aurait pu détruire les bacilles, il prit en même temps 
1 gramme de bicarbonate de soude dissous dans 100 grammes d’eau 
de Munich. Cette expérience remonte au 7 octobre et fut faite devant 
témoins. 

M. von Pettenkofer ne changea rien à sa manière de vivre, il fit 
usage de fruits, de concombres et d’autres aliments défendus en temps 
de choléra. Pendant les jours qui suivirent l’absorption des bacilles, 
il nota son régime, ses fonctions physiologiques, son pouls, sa tempé¬ 
rature. Du 7 au 15, il n’éprouva d’autre trouble que des gargouil¬ 
lements intestinaux et un peu de diarrhée. MM. Pfeiffer et Emmerich 
b’ étaient chargés d’examiner les sécrétions et résidus... bactériologi- 
quement. Or* les bacilles virgules avaient prospéré dans l’intestin de 
% M. Pettenkofer et y avaient trouvé,paraît-il, un excellent terrain de 
culture. Ils s’y rencontraient par milliards. Le 14, on ne découvrit 
plus que quelques bacilles isolés ; le 16, au matin, tout bacille avait 
disparu. M. von Pettenkofer dit à ce propos et c’est bien son droit : 

« Presque tous les bactériologistes admettent que le bacille virgule 
détermine le choléra asiatique, non pas en pénétrant dans l’orga¬ 
nisme à travers la paroi intestinale, mais qu’il demeure dans 
l’intestin et y fabrique des produits qui sont résorbés et provoquent 
l’intoxication. Quelle quantité de poison ont dû sécréter en huit 
jours les milliards de bactéries de mon intestin! Et je n’ai pas 
ressenti le moindre symptôme d’intoxication, je me suis porté 
parfaitement ; j’ai eu un excellent appétit ; j’ai été à mes affaires, 
etc... J’en conclus que le bacille virgule peut bien causer de la 
diarrhée, mais non le choléra, pas plus asiatique qu’européen. » 
• M. Pettenkofer ajoute : «A Hambourg, mon expérience eût peut-être 
été mortelle, parce que, là-bas, à côté du bacille asiatique, à côté de 
Yx, il y avait suffisamment d’î/ hambourgeois pour déterminer un 
choléra grave, même avec une moindre quantité de Yx en question. » 
Bref, à Munich, le bacille ne donne pas le choléra. A Hambourg, 
autre milieu, il le donne. Ainsi pense évidemment M. Pettenkofer. 
Ce dernier point resterait à démontrer. Il est possible, au contraire, 
que le résultat eût été identique à Hambourg aussi bien qu’à Munich. 

M. Emmerich renouvela l’expérience le 17 octobre. Il but devant 
témoins 100 grammes d’eau contenant 1 gramme de bicarbonate de 
soude et 10 centigrammes d’une culture de bacilles bien développée. 


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Il ne suivit aucun régime, s’exposa aux refroidissements et n’éprouva 
d’autre accident qu’un peu de diarrhée. On trouva pour lui, comme 
pour M. Pettenkofer, que l’intestin avait été un milieu de culture 
excellent du 18 au 28 octobre. 

Une expérience, soit, le hasard peut s’en mêler. Mais en voici trois, 
celles de Bochefontaine, de Pettenkofer et d’Emmericli qui condui¬ 
sent au même résultat : Le bacille cholérique, en se développant 
dans l’intestin, n’a pas produit le poison spécifique du choléra. M. le 
professeur Bouchard, de son côté, avait déduit de ses recherches sur 
les animaux que les cultures pures ne provoquaient aucun des 
symptômes du choléra. Pour lui, le bacille virgule n’est pas l’agent 
producteur du poison cholérique. Il y a autre chose. M. Pettenkofer 
croit qu’au microbe, il faut joindre des circonstances spéciales de, 
temps et de milieu. Pour le microbe du choléra, il en serait comme 
pour les levures qui ne fabriquent l’alcool qu’en présence de certains 
sucres. Il faudrait certaines perversions dans la nutrition permettant 
au bacille de fabriquer le poison. Conclusion : N’a pas le choléra 
qui veut. C’est ce qui résulte le plus clairement des expériences un 
peu beaucoup osées de MM. Bochefoutaine, Pettenkofer et Emme- 
rich. Elles resteront mémorables et il était bon de les faire connaître. 

{Indépendance.) 

* 

* * 

L’extériorisation et l’envoûtement. — M. A, De Rochas, 
colonel-administrateur de l’Ecole polytechnique, a fait récemment 
une série d’expériences des plus intéressantes, au cours desquelles il 
a été amené à reproduire quelques-unes des pratiques usitées au 
moyen-âge sous le nom d 'envoûtement. Il en a donné dans le 
Cosmos , du 22 octobre , un compte-rendu très détaillé , que nous 
tâcherons d’analyser aussi clairement que possible. 

I. L’auteur — qui est bien connu par ses recherches dans le 
domaine des sciences qu’on appelle occultes — a placé en tête de son 
travail quelques réflexions de Pascal et de l’abbé de Vallemont, 
pour nous rappeler fort à propos que nous sommes loin de connaître 
toutes les lois du monde physique, et qu’il est aussi téméraire 
qu’antiscientifique de rejeter comme impossibles et contraires à la 
raison des faits dont l’explication nous échappe, ou qui paraissent 
en désaccord avec les idées généralement reçues. 

II. La première question qui se présente est celle de la sensibilité 


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chez les sujets hypnotisés. On sait que pendant le sommeil magnéti¬ 
que les sujets dont la sensibilité est normale à l’état de veille présen¬ 
tent des phénomènes d’anesthésie, tandis que certains autres 
acquièrent une sensibilité qu’ils ne possèdent pas à l’état ordinaire. 

Ainsi “ les choses se passent comme si la sensibilité, qui paraît 
» s’étendre ordinairement du cerveau à la peau, pouvait s’étendre 
» plus loin ou s’arrêter en deçà ». Gela est d'autant plus probable 
que « le sens du tact, dont le goût est un cas particulier, est le seul 
» qui paraisse s’exercer au contact. Aussi les anciens philosophes.... 
» avaient admis que l’un des éléments des sensations était la projec- 
» tion d’effluves matériels lancés par la volonté sur la surface de 
>* notre corps, à la rencontre du rayonnement des objets extérieurs ». 

Cette hypothèse paraît avoir été confirmée, il y a une cinquan¬ 
taine d’années, par la découverte de Yocl , due au chevalier de 
Reichenbach, qui l’a fait connaître dans ses Lettres oâigues . L’od 
est un fluide particulier, produisant des manifestations curieuses et 
très marquées chez certaines personnes que Reichenbach appelait des 
sensitifs. Si, par exemple, un sensitif approche la main gauchê du 
pôle nord d’un aimant, il sent un souffle frais et pénétrant ; s’il 
approche la même main du pôle opposé, il éprouve l’impression 
désagréable d’un souffle tiède. Les cristaux possèdent des propriétés 
et une polarité analogues; le sensitif qui contemple dans l’obscurité 
un prisme de cristal voit s’élever du sommet du prisme une sorte de 
flamme bleuâtre, phosphorescente; la base du cristal émet une lueur 
moins longue, mais plus brillante et de couleur rouge. 

Enfin, les sensitifs éprouvent une impression particulière lorsqu’ils 
approchent d’une nappe d’eau ou d’une masse métallique, et c’est 
très probablement à l’od qu’il faut rapporter le pouvoir que possèdent 
certains individus de découvrir des sources ou des trésors cachés. 

Le fluide s’échappe également, sous forme de lueurs, des végétaux 
et 'des animaux. Chez l’homme, ces effluves sortent des yeux, des 
oreilles, des narines, du bout des doigts ; le reste du corps paraît 
recouvert d’un « duvet lumineux ». Or, chez un sujet extériorisé, le 
sensitif voit cette couche lumineuse s’éloigner de la peau et se porter 
dans l’espace. Partant de ce fait, M. De Rochas a entrepris des 
expériences qui lui ont montré qu’autour du sujet extériorisé, il 
existe une série de couehes sensibles très minces, concentriques, 
séparées par des zones insensibles, et dont l’ensemble s’étend jusqu’à 


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plusieurs mètres du sujet. Ces couches sensibles sont espacées de 
5 à 6 centimètres et la première est séparée de la peau de la moitié 
de cette distance. Si donc on touche la peau elle-même , le sujet 
n’éprouvera absolument rien , mais il sentira les attouchements 
ou pincements qu’on exécutera dans les zones sensibles en question. 
D’après la théorie des ondulations, ces couches sensibles et ces 
zones insensibles seraient dues à des interférences d’ondes, produi¬ 
sant des maxima et des minima. Ici quelques mots d’explication sont 
nécessaires. On admet aujourd’hui que les phénomènes lumineux, 
calorifiques, probablement aussi électriques, sont dus aux mouve¬ 
ments vibratoires d’un fluide impondérable, l’éther, c’est-à-dire à 
des ondulations analogues aux ondes sonores, mais qui sont (du 
moins les ondes calorifiques et lumineuses) extrêmement rapides et 
extrêmement courtes; leur longueur se chiffre par millionièmes de 
millimètre. Voici maintenant, d’une façon sommaire, en quoi 
consistent les interférences. Supposons deux rayons lumineux 
marchant dans le même sens de façon à se rencontrer sous un angle 
très petit. Si ces rayons, en arrivant au point de rencontre, ont 
parcouru des trajets égaux, ou différant d’une ou plusieurs longueurs 
d’onde entières, leurs effets lumineux s’ajoutent, et l’éclairage en ce 
point est maximum. Si, au contraire, la différence entre les trajets est 
d’une demi-longueur d’onde ou d’un nombre impair de demi-longueurs 
d’onde, les mouvements vibratoires s’annihilent mutuellement au 
point de rencontre, et il y a extinction de la lumière, (C’est ce qu’on 
exprime souvent en disant que la lumière ajoutée à la lumière peut 
produire l’obscurité). Certaines expériences permettent de constater 
ce fait; en recevant sur un écran convenablement placé des rayons 
soumis aux conditions énoncées plus haut, on aperçoit sur l’écran des 
zones lumineuses séparées par des bandes obscures, des maxima et 
des minima . On saisit immédiatement l’analogie qui existe entre ces 
zones et les couches sensibles et insensibles que M. De Rochas.croit 
avoir observées. 

Il était naturel de rechercher si ces radiations étaient soumises aux 
lois ordinaires de la réflexion et de la réfraction. Des expériences 
furent faites avec un prisme en plâtre, mais elles ne donnèrent que 
des résultats incertains, bien qu’on ait reconnu que le plâtre laisse 
passer les ondes en les déviant. Par contre, il est bien établi que les 
liquides interceptent les vibrations odiques. Un verre d’eau placé 


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près du sujet et recevant les premières ondes, arrête celles-ci de la 
même manière qu’un corps non diathermane arrête les rayons calori¬ 
fiques; et de même que ce corps s’échauffe par l’absorption des 
radiations qu’il intercepte, de même le liquide absorbe les effluves 
odiques et se charge de sensibilité. Celle-ci s’échappe lorsque le 
liquide est saturé, de sorte que les vapeurs qu’il émet finissent par 
devenir sensibles également. Le sujet ressent donc tout attouchement 
qu’on fait subir à cette eau, et cela jusqu’à une assez grande distance. 

III. Nous arrivons maintenant aux phénomènes d 'envoûtement 
proprement dit. Le savant expérimentateur ayant fait des essais sur 
des substances autres que l’eau, reconnut que les corps onctueux en 
général (cold-cream, cire, et même velours) peuvent également se 
charger de sensibilité. Delà à confectionner une statuette de,cire 
pareille à celles dont se servaient les envoûteurs du moyen-âge , il 
n’y avait qu’un pas. C’est ce qui fut fait. Le sujet ressentit exactement 
les piqûres qu’on faisait subir à la statuette, à la tê|e ou aux pieds. 

Bien plus : unje mèche de cheveux lui fut enlevée pendant l’hyp¬ 
nose, et fixée à la tête de la statuette. Le sujet était réveillé depuis 
plusieurs minutes, lorsque, à l’insu de tous, une personne étrangère 
s’avisa, par curiosité, de tirer les cheveux de là statuette. Immédia¬ 
tement le sujet se retourna, demandant qui lui tirait les cheveux. 
Remarquons dès à présent qu’il ne s’attendait nullement à l’expé¬ 
rience, pas plus que l’opérateur ne s’y attendait; nous aurons 
d’ailleurs à revenir sur ce fait. 

Des expériences du même genre furent exécutées sur une plaque 
photographique, que l’on avait, avant de l’impressionner, sensibilisée 
en la plaçant au voisinage du sujet endormi. Comme on pouvait le 
prévoir, les résultats turent analogues à ceux que l’on avait obtenus 
avec la statuette. 

Le cliché obtenu et fixé, le sujet sentait les piqûres à l’endroit du 
corps correspondant au point de l’image que l 7 on avait touché. Il 
arriva ‘même que deux fortes piqûres faites aux mains de l’image 
déterminèrent des douleurs violentes, et Y apparition de deux raies 
rouges'sous-cutanées (stigmates) exactement semblables aux déchi¬ 
rures de la couche de collodion. Il est à noter cependant que le sujet 
n’avait rien éprouvé lors des opérations du fixage. 

Quant à l’épreuve positive, elle n’a présenté qu’une sensibilité 
confuse. 


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IV. M'. De Rochas tenta ensuite d’extérioriser les autres sens, mais 
il n’obtint pour la vue et l’ouïe que des résultats incertains ; la 
perception avait lieu, mais d’une manière faible et confuse. Pour le 
goût et l’odorat, il fut plus heureux ; il parvint, en effet, à faire 
distinguer au sujet diverses liqueurs et des substances odorantes 
contenues" dans des flacons* hermétiquement bouchés, bien entendu, 
et plongés dans un verre d’eau sensibilisée. 

Eu somme, il est nrrivé à la conclusion suivante : « On commu- 
» nique facilement les sensations, difficilement, les sentiments, pas du 
a tout les pensées ». Cette formule paraît un peu-exclusive ; bien que 
des savants émiqents se refusent à admettre la suggestion à distance 
et la transmission de la pensée, nous ‘savons qu’il existe des faits de 
ce genre et qu’on a observé des cas nombreux et indiscutables de 
télépathie. Aussi croyons-nous que l’auteur n’entend pas généraliser 
sa formule; il ne l’applique qu’au cas spécial qui était l’objet de s s 
recherches. 

Voici maintenant les conditions nécessaires à l’extériorisation de 
la sensibilité : 

11 faut d’abord trouver un sujet convenable, puis rendormir, et 
alors il doit arriver à un état où sa sensibilité transpire naturelle¬ 
ment, sans aucun effort d,e volonté. Le corps à sensibiliser doit être 
une substance appropriée (liquide ou pâteuse) et maintenu pendant 
un temps suffisant à une certaine distance du sujet. Cela étant, trois 
conditions encore sont indispensables à la réussite de l’expérience : 
1° l’opérateur doit se mettre en rapport avec le sujet; 2° le c'orps 
sensibilisé ne doit pas être placé trop loin de celui-ci; 3° il faut agir 
dans un délai déterminé, passé lequel la substance employée rede¬ 
vient inerte. îîous avons déjà parlé de la distance qui peut atteindre 
plusieurs mètres (le D r Luys dit avoir été jusque 35 mètres); il nous 
.reste à nous occuper du rapport et du temps. 

V. Le rapport est le lien qui unit le magnétiseur au magnétisé ; 
celui-ci perçoit alors l’opérateur à l’exclusion de tout autre p'ersonne, 
sauf quand celle-ci est mise à son tour en rapport avec lui par 
le contact ou simplement le régard de l’opérateur. Ceci arrive 
souvent dans les séances expérimentales d’hypnotisme ; les assistants 
finissent à leur insu par entrer en rapport avec le sujet, par le regard 
ou le contact du magnétiseur , ou directement par l’influence des 
effluves émanant du sujet, peut-être enfin par ^intermédiaire de 


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— 317 — 


l’électricité atmosphérique. 

La question du temps est; importante. Lu sensibilité ne se conserve 
pas indéfiniment dans le corps influencé ; ainsi l’od s’échappe peu à 
peu d’un verre d’eau sensibilisée ; il est probablement entraîné par 
l’évaporation du liquide ; un courant d’air active en efPet la déper¬ 
dition. Dans certains cas, l’emmagasinement de la sensibilité persiste 
pendant un temps relativement long, quelquefois plusieurs jours.. 
Voici à ce propos une observation remarquable : Une solution sursa¬ 
turée d’hyposulfite de soude est sensibilisée par le voisinage du bras , 
de M me -L., puis on détermine la cristallisation qui occasionne une 
contracture du bras, accompagnée de violentes douleurs. Le ballon 
renfermant les cristaux est serré dans une armoire et on ne s’en 
occupe plus quand, après une douzaine de jours, iLvient à M. De 
Rochas l’idée d’y enfoncer la pointe d’un poignard. Au même in¬ 
stant, M me L... qui se trouvait dans une pièce voisine, éprouve une 
douleur telle qu’elle s’évanquit. 

Ce fait est doublement intéressant ; d’abord par la longueur du 
temps pendant lequel les cristaux sont restés sensibles ; ensuite parce 
qu’ici encore le sujet ne s’attendait pas à l’expérience. 

VI. En terminant, l’auteur mentionne, à titre de curiosité, d’ancien¬ 
nes théories dont on se moquerait aujourd’hui, mais qui ne paraissent 
plus aussi extraordinaires lorsqu’on les rapproche des résultats, 
auxquels il est arrivé. Fludd, Van Helmont, Maxwell croyaient 
que les humeurs de l’organisme étaient imprégnées de ce qu’ils 
appelaient les esprits vitaux; que, par conséquent, les déjections 
étaient chargées de ces effluves, et ils attribuaient la transmission 
des affections contagieuses à la dissolution dans l’eau et à la dissémi¬ 
nation d’effluves viciés provenant d’organismes malades. Aujourd’hui 
on admet également que l’eau sert de véhicule à plusieurs maladies 
infectieuses, seulement les microbes ont remplacé les esprits vitaux. 
Mais a-t-on gagné au change ? L’auteur se déclare incompétent à 
résoudre la question ; nous ne nous permettrons pas de la trancher 
non plus, mais nous pensons que cette hypothèse, si saugrenue 
qu’elle paraisse, mérite mieux qu’un savant dédain. Certes, la théorie 
microbienne est fort en honneur actuellement; et ne semble pas 
devoir être détrônée de si tôt, malgré les objections qui se sont 
élevées contre elle en ces derniers temps. Elle repose sans doute sur 
de solides arguments, et elle a éta l’inspiratrice d’une découverte 


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— 318 — 


des plus heureuses et des plus fécondes en applications pratiques", 
l’antisepsie. Mais il ne s'ensuit pas nécessairement qu’elle ait toute 
autorité pour expliquer la genèse et la transmission des maladies, et 
il est possible que dans un siècle elle soit à son tour complètement 
démodée; peut-être même en reviendra-1-on aux idées anciennes; 
cela s’est vu de temps en temps, dans l’histoire de la médecine.... 

Encore une fois, M. De Koehas rapporte des faits qui montrent 
que les esprits vitaux ne sont pas aussi ridicules qu’on pourrait le 
croire; il parle de plusieurs personnes qui s’apercevaient parfaite¬ 
ment, à distance/ qu’on remuait l’eau dans laquelle elles s’étaient 
lavées. 11 cite enfin les observations du D r Luys, qui a réalisé le 
transfert de maladies d’un individu à un autre, au moyen de couron¬ 
nes aimantées posées successivement sur la tête du malade et sur 
celle du sujet: ces couronnes conservaient leurs propriétés pendant 
plusieurs jours. De la même manière, Luys est arrivé à transférer 
des états psychiques divers , d’une personne ordinaire à un sujet 
hypnotisé ! 

Comme on pouvait s’y attendre, les observations que nous venons 
de relater ont eu du retentissement, et les journaux quotidiens n’ont 
pas manqué de s’en occuper. Leur lecture n’a, évidemment, pas 
inspiré les mêmes réflexions à tout le monde. 

Les uns se sont dit qu’il devait y avoir là quelque chose de vrai ; 
après tout, on voit tant de choses étonnantes en notre fin de siècle. 

D’autres — il y a des gens qui expliquent tout — ont trouvé que 
c’était tout simple : « Suggestion, évidemment, autosuggestion. Il n’y 
jj a que cela au fond de tous les phénomènes hypnotiques. C’est 
» comme l’homceopathie ; les malades se guérissent parla force de 
» leur imagination. » Vous voyez comme c’est facile. Il est vrai que 
l’homœopathie guérit des enfants au berceau et des animaux, mais 
cette petite difficulté n’est pas pour arrêter les esprits bien pénétrés 
des saines doctrines. 

D’autres enfin seront récriés : « Quelle mauvaise plaisanterie ! 
» Est-il possible que des gens sérieux s’occupent de pareilles bêtises! » 
Ces esprits forts ne voient que duperie et charlatanisme dans tout 
ce qu’ils ne comprennent pas : magnétisme, spiritisme, tables tour¬ 
nantes...., toutes choses qu’ils confondent d’ailleurs dans une 
ignorance qui est leur seule excuse. Pour eux, un hypnotiseur est 


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319 — 


une espèce de prestidigitateur, ayant pour compère le sujet, et usant 
des trucs les plus grossiers pour tromper les spectateurs. Quant aux 
spirites, les uns sont de vulgaires charlatans ; les autres, ceux qui 
s’occupent de la chose en amateurs, des hallucinés qui finissent 
toujours par devenir fous. 

Yoilà où en sont encore nombre de gens instruits , ou en état de 
s’instruire. Il est vrai que la bonne foi du public a été souvent mise 
à l’épreuve par de véritables mystificateurs, et sa méfiance paraît 
assez justifiée si l’on songe que d’adroits personnages sont parvenus 
à simuler les phénomènes de l’hypnose avec une perfection telle que 
des hommes du métier s’y sont laissé prendre. Mais est-ce une raison 
pour ne pas accorder aux observations sérieuses d’hommes dont le 
nom seul est une garantie de sincérité, la valeur qu’on refuse — à 
bon droit — à ces contrefaçons plus ou moins ingénieuses? ■ 

N’insistons pas. Les faits dont nous nous occupons sont rapportés 
par un observateur consciencieux qui n’affirme rien dont il ne soit 
parfaitement sûr, et qui, avec la sincérité du vrai savant, fait remar¬ 
quer lui-même les points faibles ou douteux, l’impossibilité de rien 
conclure encore de certaines observations incomplètes. 

Mais si la réalité de ces faits est indéniable, leur interprétation 
peut donner lieu à controverse. Sans prétendre les expliquer'd’une 
façon complète, sans nous hasarder dans des théories prématurées, 
nous dirons qu’à notre avis il y a ici autre chose que la suggestion 
pure et simple. La suggestion existe, rien n’est mieux prouvé ; mais 
elle ne paraît pas agir dans le cas présent, ou, si elle le fait, ce n’est 
que d’une manière très accessoire. L’article paru dans le Côsmos 
contenait déjà une note à ce sujet. Un rédacteur du Paris-Bruxelles 
ayant attribué à la suggestion tous les phénomènes de l’envoûtement 
parce que, disait-il, l’opérateur seul avait de l’influence, M. De 
Eochas fait observer qu’il a toujours piqué la photographie sans 
regarder, et que le sujet ignorait l’endroit où la piqûre allait être 
faite. 

Nous ajouterons que la suggestion ne peut aucunement s’appliquer 
au cas de la statuette dont on a tiré les cheveux. En effet, 1° les 
cheveux ont été enlevés au sujet pendant son sommeil ; or, au 
moment de l’expérience il était éveillé et ignorait par conséquent 
tout ce qui s’était passé pendant l’hypnose ; 2° les cheveux ont été 
tirés par une personne étrangère , à l’insu de tous, même de Popéra- 


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— 820 


teur ! Même remarque à propos des cristaux d’hyposulfite de 
soude, oubliés plusieurs jours dans une armoire et auxquels, bien 
certainement , personne ne songeait lorsque le poignard y fut 
enfoncé. 

' Enfin (mais ceci n’est pas aussi décisif), le savant expérimentateur 
croit avoir reconnu l’existence d’un système d'ondulations se com¬ 
portant comme les radiations calorifiques et lumineuses. De nou¬ 
velles expériences nous apprendront s’il s’agit réellement des vibra¬ 
tions d’un fluide spécial, mais il nous semble prouvé dès maintenant 
qu’il existe un lien matériel entre le sujet et l’opérateur, ou toute 
autre personne mise en rapport avec le sujet, ainsi qu’entre celui-ci 
et certains corps inertes pouvant concentrer sa sensibilité. 

La découverte de Mesmer a eu le sort de toutes les grandes décou¬ 
vertes; pendant un siècle on l’a bafouée comme étant l’œuvre d’un 
rêveur ou d’un méprisable charlatan ; aujourd’hui il faut reconnaître 
que l'on s’est trompé et que l’existence d’un fluide magnétique ne 
peut plus être mise en doute. M. P. 


SOMMAIRE 


Au tour du salol, par le D 1 ’ Maktiny .289 

Revue des journaux homœopathiques de France, par le 

D 1 Schepens, de Gand.290 

De l’entéroptose.304 

Dilatation de l’estomac et clapotage gastrique .... 308 

Le traitement de la colique de plomb par l’huile d’olive 

à haute dose.309 

Variétés.310 


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REVUE HONIŒOPATHIQUE BELGE 

19'Aknéb février 1893 n° n 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BELGES 

FF ors de Président , * Secrétaire , 

D r Martiny D r Cyr. Planquart 

Séance du 17 Janvier 1893 

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. 

MM. les D rs Schepens, président, Gaudy et Planquart, père ? 
qui se trouvent dans l’impossibilité d’assister à la réunion, se 
font excuser. 

Sur sa demande présentée par MM. les D rs De Wée et 
Mersch , Monsieur le pharmacien Demaegbt , docteur en 
sciences naturelles, à Bruxelles, est admis au nombre des 
membres de l’Association. 

Le D r Martiny rappelle en quelques mots la carrière médi¬ 
cale si bien remplie du regretté Van Campenhout, décédé 
récemment à Anvers, et exprime tous les regrets que cette 
mort a suscités particulièrement parmi les médecins homœo- 
pathes. On a pu lke dans le n° de Décembre de la Revue les 
discours prononcés sur la tombe de ce savant praticien par 
MM. les D ra Schepens, président de l’Association, et Lam- 
breghts, fils. 

Le D r Martiny donne ensuite communication de deux 
articles de la France Médicale qu’il lui a semblé intéressant 
de relever au point de vue de l’homœopathie. 

Dans l’un de ces articles, il s’agit d’une gangrène survenue 
à la suite de l’emploi d’une solution phéniquée à dose théra¬ 
peutique. Une personne s’était fait une blessure au petit doigt; 
on y appliqua un pansement phéniqué ordinaire et la gangrène 
s’ensuivit. Voici l’article en question : 


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Gangrène du petit doigt par application d’un 
pansement phéniqué 

A côté des nombreuses propriétés bienfaisantes qu’ont les antisep¬ 
tiques en général et les solutions phéniquées en particulier, il y a 
lieu de signaler, quand ils se produisent, les méfaits que celles-ci 
peuvent aider à commettre. 

Les hasards de la clinique nous ont permis d’observer un cas fort 
intéressant, qui, pour n’être pas unique dans la science, n’en est 
pas moins assez rare, fort heureusement d’ailleurs; le voici : 

Le 13 août 1892 entrait dans notre service une jeune fille de 
17 ans dont l’auriculaire droit présentait les caractères suivants : les 
deux dernières phalanges étaient noires, un peu diminuées de volu¬ 
me , dures à la pression , et résonnantes en quelque sorte au choc , 
une épingle profondément enfoncée n’était nullement perçue; à 
2 millimètres au-dessus de l’articulation phalango-phalanginienne, 
les téguments étaient un peu boursouflés et là se voyait un sillon 
d’élimination oblique de bas en haut et d’arrière en avant, c’est-à- 
dire empiétant plus sur la face palmaire que sur la face dorsale. 

A tous ces caractères il était aisé de reconnaître une gangrène 
sèche, une momification des deux dernières phalanges de l’auri¬ 
culaire. 

En interrogeant la malade, nous apprîmes, non sans peine, car il 
est toujours difficile de faire avouer ces sortes de méfaits, que, le 
5 août, elle s'était écorchée la pulpe de ce doigt sur une surface de 
quelques millimètres carrés ainsi qu’on put s’en rendre compte en 
examinant la pièce que nous vous présentons : un pharmacien 
consulté prescrivit un pansement avec des compresses trempées 
dans une solution d’acide phéniqué au vingtième; du moins c’est ce 
que nous dit la malade. Cette application détermina une vive dou¬ 
leur qui se calma peu à peu : le lendemain, le doigt était blanc, 
froid et insensible, le troisième jour L devenait noir et se parche- 
minait. 

En présence de ces lésions, deux modes de traitement se posaient: 
ou bien laisser la nature parachever son sillon d’élimination, et, 
quand la phalange serait elle-même partiellement nécrosée, terminer 
la section d’un coup de pince de Liston et régulariser le moignon, si 
besoin était. C’était là une pratique fréquemment employée et que, 


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pour notre compte, nous suivons lors de plaies par écrasement, 
mais aussi c’était condamner cette jeune fille à un mois ou six 
semaines au moins d’impotence fonctionnelle de la main. 

Nous préférâmes suivre l’autre voie, l’amputation de la phalange, 
aussi parcimonieuse que possible; au reste le sillon d’élimination 
traçait le chemin que devait suivre le bistouri. 

Le 16 août, après les précautions antiseptiques habituelles et 
l'anesthésie chloroformique, l’amputation fut pratiquée. La direc¬ 
tion du sillon, mentionnée ci-dessus, nous obligea à faire un lambeau 
dorsal plus grand que le lambeau palmaire; le bistouri sectionna les 
téguments à 1 ou 2 millimètres au-dessus de ce sillon, sur une zone, 
sensible à la vérité, mais dont l’épiderme était un peu altéré. La 
phalaüge fut nettement sectionnée avec une cisaille, et la suture fut 
faite avec des crins de Florence ; pas de drainage, pansement anti¬ 
septique, compression. 

Les résultats furent extrêmement satisfaisants : il n’y eut aucune 
réaction générale; localement la malade souffrit un peu et ce fut 
tout. Le 22 août, le pansement enlevé pour la première fois fit voir 
un moignon parfait, obtenu sans une goutte de pus : il avait 15 à 18 
millimètres de long et présentait quelques mouvements qui ont dû 
augmenter dans la suite. Huit jours après la malade éprouva des 
douleurs spontanées passagères dans le moignon qui cependant 
n’était pas sensible à la pression. Depuis lors nous ne l’avons pas 
revue et tout fait supposer qu’elle a repris sa profession d’ouvrière, 
sans gêne aucune. 

Ainsi que nous le disions au début, la gangrène des doigts par 
pansement phéniqué est rare, cependant M. Monod, à propos d’une 
jeune fille atteinte d’une gangrène de même ordre du pouce droit, 
qu’il présenta à la Société de chirurgie le 8 mai 1889, put réunir des 
faits analogues publiés par MM. Ollier, Tillaux, L. Uhampionnière, 
Routier, Kirmisson, Quéuu, Le Dentu, Chauvel, Nicaise, Terrier et 
Terrillon : ce dernier chirurgien avait vu à l’Institut Pasteur plus de 
dix morsures de doigt traitées de cette façon avec gangrène consé¬ 
cutive. Malgré ces exemples vieux déjà de quatre ou cinq ans, les 
mêmes fuutes sont commises de temps à autre; on ne saurait donc 
trop les signaler quand on les observe; c’est pourquoi nous vous 
avons communiqué ce fait. D r L. Monnier. ( France médicale .) 

Ce fait d’une gangrène due à l’emploi d’un antiseptique doit 


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— 324 — 


paraître étrange aux yeux des médecins allopathes; mais les 
homœopathes n’ignorent pas que Vacide phênique renferme le 
symptôme « gangrène » dans sa pathogénésie. 

A ce sujet, le D r Lambreghts, fils, d’Anvers, rapporte un 
cas de gangrène consécutif à l’emploi d’un pansement pliéniqué 
au 1/20 pour engelures. 

Le deuxième article que le D r Martiny relève dans le journal 
cité plus haut a trait à une leçon du professeur Peter sur les 
injections hypodermiques de gaïacol iodoformé dans le traite¬ 
ment de la tuberculose pulmonaire. Sous l’influence de ce 
traitement, on voit souvent survenir de l’albuminurie. Ici 
encore, c’est une confirmation de la grande loi des semblables. 
On sait en effet que Y iode exerce en partie son action sur les 
reins et provoque l’apparition de l’albumine dans les urines. 
Et c’est à cette action homœopathique de l 'iode, qu’il faut 
rapporter les cas de guérison d’albuminurie consécutifs à 
l’administration de l'iodure de potassium. 

Ces faits sont bien connus des médecins homœopathes; mais 
il est bon de les relever dans la littérature médicale allopa¬ 
thique , afin de montrer une fois de plus la vérité de la 
doctrine hahnemannienne. Yoici l’observation : 

Valeur des injections hypodermiques de gaïacol 
et d’iodoforme 

dans le traitement de la tuberculose pulmonaire 

Nous avons publié récemment, dans ce journal, une clinique du 
professeur Peter sur le même sujet. Il nous paraît intéressant d’en 
rapprocher les résultats obtenus par le professeur Bozzolo (de Turin) 
et rapportés dans cet article. Yoici le résumé de ce travail ; 

Les malades furent au nombre de 18, parmi lesquels 7 se pré¬ 
sentaient dans des conditions graves de tuberculose avancée. Dans 
les 11 autres cas, il s’agissait de tuberculose au début ou au moins 
peu avancée. 

Des 7 cas graves, 3 eurent une issue mortelle; 2 restèrent 
stationnaires ; 1 continua à s’aggraver rapidement, et le dernier se 
trouva, au bout d’un mois de traitemen', notablement amélioré 
quant à l’état général. Il faut noter toutefois que ce même malade se 


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représenta à la clinique peu de temps après, présentant de nouveau 
les mêmes phénomènes pathologiques. 

Pour ce qui est des 11 autres cas moins graves, il y eut une réelle 
amélioration dans 3 cas; toutefois l’un de ces malades, qui était sorti 
dans d’excellentes conditions, succomba au bout de deux mois à une 
tuberculose à marche extrêmement rapide. 

Dans un autre cas, l’apparition à?hémoptysies graves fit suspendre 
le traitement au bout de quinze jours. 

Dans les cas restants, le traitement n’exerça sur la marche du 
processus aucune influence appréciable , comme on put conclure de 
l’examen de la poitrine, qui se trouva dans des conditions parfai¬ 
tement invariables. 

Chez tous ou presque tous les malades qui avaient de la toux avec 
excrétion, on a noté au bout de peu de jours une augmentation dans 
la quantité des crachats , sans modification appréciable quant au 
nombre des bacilles. Quant à leur qualité, on a noté la prééminence 
de la salive sur le muco-pus, ce qui provient peut-être de ce que 
l’injection provoque une forte sialorrhée. 

Les urines minutieusement examinées ont dénoté presque toujours 
des traces légères d’albumine qui augmentaient peu à peu lorsqu’on 
administrait des doses croissantes d’iodoforme. 

Pour l’iodoforme, on ne peut, sans inconvénient, dépasser 0,20 
centigr. par jour ; sinon on peut observer une augmentation notable 
de l’albumine dans les urines, et l’apparition de graves hémoptysies. 
La tolérance pour le gaïacol est beaucoup plus grande : on peut 
donner sans inconvénient 15 cc. de solution médicamenteuse con¬ 
tenant 3 gr. de gaïacol. A doses plus élevées ou a des accidents : 
accès de toux, vomissements, sueurs profusefc, eollapsus. Ces 
phénomènes d’ailleurs se dissipent dans l’espace de vingt minutes. 

L’auteur conclut que les résultats obtenus par lui sont moins 
favorables à la méthode que ceux obtenus par d’autres expérimen¬ 
tateurs. 

« Nous avons amélioré, dit-il, les cas légers seulement, qui d’ha¬ 
bitude s’améliorent par l’usage gastrique ou rectal des médicaments 
ordinairement employés... Tout au plus pourrait-on conseiller cette 
méthode dans les cas où l’état de l’estomac ne permet pas l’emploi 
de la voie gastrique. On peut appliquer à cette méthode les con¬ 
clusions que formulait Limbert au sujet des injections hypodermi- 


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— 326 —-, 


ques de créosote, à savoir qu’elle peut réaliser peut-être l’antisepsie 
pulmonaire au début de la maladie dans des cas heureux : qu’il 
est douteux qu’elle la réalise dans les cas plus graves, et qu’elle est 
tout à fait illusoire une fois la cachexie produite. » 

(France médicale). 

Le D r Martiny attire, par la même occasion, l’attention des 
membres de l’Assemblée sur la prudence qu’il faut apporter 
dans l’emploi de l’iodoforme en chirurgie : on a en effet pu 
voir des affections rénales sérieuses succéder à l’emploi de ce 
topique dans le pansement des plaies. 

Le D 1 Mersch, de Bruxelles, signale des cas de dégénéres¬ 
cence graisseuse provoqués par l’emploi de l’iodoforme. 

Le D r De Wée, de Bruxelles, rapporte qu’à l’hospice de 
Middelkerke, où l’on faisait grand usage d’iodoforme, on a pu 
constater chez un enfant une augmentation considérable du 
foie qui ne guérit que lorsque l'enfant fut soustrait à l’influence 
de ce médicament. 

Tous ces faits confirment hautement l’enseignement de 
l’homœopathie sur l’action et les indications thérapeutiques de 
ce puissant modificateur de notre organisme. 

A propos des maladies épidémiques, le D r Lambreghts, fils, 
signale, à Anvers, des cas de croup et de rougeole avec com¬ 
plications pulmonaires graves. Dans un cas de croup, où 
l’accumulation des fausses membranes dans le larynx mettait 
la vie du malade en grand danger, il administra la fleur de 
soufre délayée dans de l’eau , par cuillerée toutes les cinq 
minutes : au bout de 3 à 4 heures, il y eut une expulsion 
abondante de fausses membranes et le malade vécut encore 
deux jours, après lesquels il succomba aux suites d’une com¬ 
plication pulmonaire. Ce traitement essayé en temps utile, 
avant toute complication pulmonaire , pourrait peut-être 
rendre de grands services. 

Le D r Martiny fait remarquer avec raison qu’il s’agit ici 
d’une préparation sulfureuse analogue aux triturations homœo- 
pathiques. 


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— 327 — 


Le D T Mersch signale un fait intéressant, c’est-à-dire la 
création, à Bruxelles, rue de la Comète, d’un Nouveau dispen¬ 
saire homœopathiqae desservi par les D rs Seutin , De Wée , 
Merscli et Planquart, sous le patronage et avec le bienveillant 
concours d’un comité de dames charitables. Les consultations 
s’y donnent trois fois par semaine et les remèdes y sont 
distribués gratuitement. Le service homœopatbique y est à 
peine installé et déjà ce dispensaire promet d’être bien suivi. 
Nous aurons soin de tenir l’Association au courant de ses 
progrès et de ses succès. 

Enfin, on procède au lenouvellement du bureau. Le scrutin 
désigne comme président le D v Criquelion , de Mons, et comme 
secrétaire le D 1 ' De Wée , de Bruxelles. Les nouveaux élus 
remercient l’Assemblée de la confiance qui leur est témoignée 
et l’assurent de leur entier dévouement. 

La séance est levée à six heures. 


REVUE DES JOURNAUX HOIKEOPATHIQBES D’AMÉRIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers 

Traitement de l’apoplexie 

par le D r Bartlett, de Philadelphie 

On croit généralement qu’il y a peu de chose à faire dans un 
cas d’apoplexie ; cependant je suis persuadé qu’il est possible 
d’en rendre les suites moins graves par l’institution rapide des 
mesures appropriées. Le traitement préventif a ici une impor¬ 
tance considérable; malheureusement les lésions qui prédis¬ 
posent à l’hémorrhagie cérébrale échappent souvent à l’examen, 
de sorte que dans beaucoup de cas ce traitement est négligé. 

Il est reconnu aujourd’hui que l’attaque d’apoplexie ne peut 
survenir que lorsqu’il existe une dégénérescence vasculaire. 
Les malades chez lesquels cette dégénérescence paraît exister, 
doivent éviter avec le plus grand soin toutes les causes qui 
augmentent la tension intra-artérielle. 


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— 328 


Les lésions le plus fréquemment observées chez les apoplec¬ 
tiques sont les anévrismes miliaires. A notre connaissance, il 
n’existe aucun moyen d’enrayer leur progrès, à part les pré¬ 
cautions qu’il est nécessaire de prendre pour maintenir la 
tension sanguine à son état normal. La rupture de ces anévris¬ 
mes est fatale et leur diagnostic impossible. 

Une autre cause de l’hémorrhagie cérébrale, c’est la dégé¬ 
nérescence athéromateuse des vaisseaux. Pour en faire le 
diagnostic il suffit d’interroger l’artère radial et de tenir compte 
de l’âge du malade. La dégénérescence athéromateuse est 
impossible à prévenir, car elle constitue une condition inhérente 
à la vieillesse. Chez les adultes, l’apoplexie survient quelquefois 
à la suite de la dégénérescence syphilitique des vaisseaux ; dans 
ce cas on peut prévenir l’attaque en instituant le traitement 
spécifique de la diathèse. 

Certaines affections des reins peuvent provoquer également 
l’apoplexie, soit en déterminant des lésions vasculaires, soit en 
provoquant une augmentation de la tension artérielle. Le 
traitement spécial de ces affections peut diminuer la tendance 
aux hémorrhagies cérébrales.. 

Comme moyens préventifs de l’apoplexie, je citerai : l’absten¬ 
tion de viande et de boissons alcooliques , une alimentation 
modérée, une vie calme, exempte d’émotions, l’exercice en 
plein air, et l’emploi de certains remèdes, tels que (jlonoïn , 
arsenic ., ars. iodat ., phos ., bellad. et nux. 

Le traitement de l’attaque ne donne pas toujours de brillants 
résultats ; cependant, dans beaucoup de cas , il est possible 
d’obtenir une amélioration des symptômes, et d’en rendre les 
suites moins graves. Tout d'abord il importe de prescrire le 
repos absolu. Certains auteurs ont prétendu que, l’attaque sur¬ 
venant brusquement, tous les dégâts se produisaient d’emblée. 
C’est là une erreur, car parfois les symptômes mettent une ou 
deux heures à se développer d’une manière complète. Il est 
donc pernicieux d’engager le malade à se promener afin de 
dissiper le malaise qu’il ressent au début d’une attaque ; il faut 


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— 32Ô — 


au contraire lui conseiller la plus grande immobilité et s’opposer, 
meme pendant l’attaque, aux mouvements involontaires et 
passifs. 

La position du malade a aussi son importance. Ainsi lorsque 
le stertor est le symptôme prédominant, on doit coucher le 
malade sur le côté. L’effet de ce changement de position est 
parfois merveilleux. La respiration stertoreuse cesse, la conges¬ 
tion de la face diminue et la tension artérielle se relâche 
immédiatement. En outre, il faut avoir soin de desserrer les 
vêtements et de placer la tête de manière qu’il n’y ait aucune 
flexion du cou, afin de faciliter le retour du sang vers le cœur. 

Lorsqu’il n’existe pas de collapsus, il est parfois utile d’appli¬ 
quer de la glace sur la tête, afin d’exciter la contraction des 
vaisseaux cérébraux. Dans les cas de collapsus, on a recom¬ 
mandé les synapismes au cou, dans le but d’amener la contrac¬ 
tion réflexe des artères. 

La saignée était un des moyens le plus fréquemment 
employés jadis pour diminuer la tension artérielle; elle est 
aujourd’hui presque universellement délaissée par les médecins. 

Pour arriver au même but, le D r Dawbarn , de New-York, a 
eu l’ingénieuse idée d’enrayer la circulation de retour dans les 
extrémités inférieures. Pour cela il applique la bande d’Esmarch 
le plus près possible du tronc. L’appareil doit exercer une 
compression assez forte pour arrêter presque complètement la 
circulation veineuse, tout en laissant libre la circulation 
artérielle. L’expérience a démontré clairement que ce procédé 
diminue la tension artérielle et favorise l’arrêt des hémorrhagies 
internes. L’appareil doit être maintenu en place pendant quel¬ 
ques heures, après quoi on le relâche avec prudence de manière 
à rétablir insensiblement la circulation veineuse. Le seul 
inconvénient de ce procédé, c’est qu’il peut devenir dangereux 
entre les mains de personnes maladroites et incompétentes, le 
médecin n’étant pas toujours présent au moment de l’attaque. 

Cependant il existe des cas où tous les efforts restent vains et 
où le coma se produit immédiatement. 


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Lorsque les extrémités sont froides, on peut recourir aux 
cruchons d’eau chaude, mais avec prudence, afin d’éviter les 
brûlures qui surviennent très facilement chez ces malades. Les 
brûlures constituent en effet une complication très sérieuse 
chez les hémiplégiques, car la nutrition locale est faible et les 
parties atteintes s’ulcèrent rapidement. On veillera également à 
ce que la couche soit souple et moelleuse afin d’éviter les 
escharres. Dans tous les cas, on s’abstiendra de frictions stimu¬ 
lantes à l’alcool. 

Si la température est très élevée, on peut avoir recours aux 
vessies de glace. 

Traitement médical. — Au début de l’attaque, lorsque le pouls 
est accéléré, aconit rendra certainement de grands services. 

Si la congestion cérébrale est le symptôme prédominant, on 
songera à béllad ., surtout lorsque le malade présente les troubles 
circulatoires caractéristiques de ce médicament. 

Glonoïn est indiqué quand la tension artérielle est considé¬ 
rable et aussi quand il existe une affection concomitante des 
reins : une goutte de la première dilution au dixième, 3 fois 
par jour. 

Opium conviendra dans les cas où la congestion veineuse est 
très prononcée. Cependant l’intensité de la stupeur n’est pas 
une indication de ce remède, car ce symptôme s’observe dans 
les cas graves et est le résultat de causes mécaniques ; alors 
Vopium est inefficace comme d’ailleurs tous les autres médi¬ 
caments. 

Arnica doit être administré après la disparition des symptô¬ 
mes aigus. Il favorise la résorption du sang épanché. 

Pour la paralysie consécutive, caustic . est le meilleur remède. 

Sulfur et baryta carb., ce dernier surtout chez les vieillards, 
ont été recommandés également pour obtenir la résorption du 
caillot. Dans des cas semblables, il est toujours utile d’examiner 
les urines. Si elles renferment de l’albumine ou un excès d’acide 
urique, je conseille les eaux de Londonderry et de Buffalo 
(eaux minérales améiicaines). 


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Plusieurs auteurs ont préconisé la trépanation clans les cas 
d’hémorrhagie cérébrale ; mais l’intervention chirurgicale serait 
plus souvent nuisible cpi’utile. Lorsque les symptômes indiquent 
un épanchement extra-méningé, on pourrait à la rigueur 
essayer ce moyen, et encore faudrait-il que la dégénérescence 
des vaisseaux cérébraux ne soit pas trop avancée. Mais si 
l’hémorrhagie s’est produite dans les corps striés, il est impos¬ 
sible d’enlever le caillot sans causer de sérieux dommages aux 
fibres nerveuses. 

L’électricité a été également préconisée dans la paralysie 
consécutive à l’apoplexie , et il arrive très souvent que les 
familles forcent pour ainsi dire le médecin à 1’employer trop 
tôt et dans des cas où elle ne peut rendre aucun service. Quant 
à moi , je conseille aux malades le repos absolu pendant un 
mois. Après ce temps, j’essaie parfois l’application de l’électricité 
sur la tête afin de favoriser la résorption du caillot. L’électri¬ 
sation des muscles contracturés ne m’a pas donné des résultats 
très encourageants; aussi je ne conseille pas aux malades d’y 
avoir recours. 

Horsley a recommandé la ligature de l’artère carotide du côté 
de l’épanchement dans le but d’arrêter l’hémorrhagie. Au point 
de vue théorique , ce procédé doit être très efficace ; mais 
l’opération est si grave et réclame de si grandes précautions 
que, pendant le temps qu’on met à la faire, l’hémorrhagie peut 
cesser spontanément. La compression de la carotide serait un 
moyen plus pratique. 

Enfin, lorsque la paralysie a duré pendaut quelque temps, on 
peut obtenir de très beaux résultats à l’aide de la gymnastique 
des parties affectées. 

Il faut que la partie saine du cerveau vienne en aide à la 
partie malade. Pour cela, il est absolument nécessaire que des 
mouvements similaires soient exécutés en même temps dans les 
deux moitiés du corps. On sera étonné de voir combien ce 
procédé facilitera les mouvements des membres paralysés. 

Le malade qui a eu une atteinte d’apoplexie doit être l’objet 


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d’une surveillance continuelle. Même lorsqu’il a été assez 
heureux pour se rétablir complètement, il sera toujours inca¬ 
pable de reprendre ses occupations antérieures. Aussi devra-t-il. 
dans la suite mener une vie calme et suivre un régime sévère. 
(Hahneniannian Monthly.) 

Traitement du vertige 

par le D r Boericke, de San Francisco 

Le vertige peut survenir à la suite de causes très diverses. 
Voici les principales variétés : 

Vertige oculaire. — II est dû à la faiblesse ou à un état 
parétique des muscles oculaires, survenant chez les personnes 
affectées d’un vice de réfraction. Ce vertige disparaît généra¬ 
lement en fermant les yeux. L’insuffisance des muscles oculaires 
peut être congénitale ; mais le plus souvent elle est acquise et 
se produit à la suite de maladies graves telles que fièvres, 
diphtérie, anémie, etc. Les remèdes indiqués sont : caustic., 
gelsem., euphras., paris quad ., pliysost. et senega. 

Vertige auditif , connu également sous le nom de maladie de 
Menière. Il est ordinairement accompagné de surdité progres¬ 
sive et de bruits dans une oreille ; parfois il est si prononcé qu’il 
rend la marche impossible. Lorsque la surdité est complète, 
il disparaît. Le vertige auditif est dû à une affection ou à une 
lésion des canaux semi-circulaires de l’oreille; il s’accompagne 
d’une sensation d’étourdissement, d’une tendance aux chutes, 
de pâleur, de céphalalgie, de nausées et de vomissements. 

Les médicaments les plus efficaces sont : china , hahnia , rosa , 
natr. salicyl. 

Vertige gastrique. — C’est la variété la plus commune. Les 
plus légers dérangements de l’estomac et du foie peuvent le 
provoquer. Il a été décrit par Trousseau sous le nom de vertigo 
a stomacho laeso. Cette forme de vertige présente ordinairement 
une grande intensité et rend la marche impossible. Le vertige 
gastrique ne disparaît pas en fermant les yeux, et récidive très 
facilement. Il résulte probablement de l’excitation réflexe des 


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vaisseaux cérébraux, produite par une irritation localisée dans 
un viscère. 

Le vertige a stomcicho s’observe plutôt chez l’adulte et le 
vieillard que chez les jeunes gens; on le rencontre parfois chez 
les jeunes femmes. Dans certains cas il a été provoqué par la 
présence d’un taenia dans les intestins. 

Médicaments : apomorph., nux, ars., cocculus, tabac., nat. 
muriat., phos., puisât., sep. et sulph. 

Vertige bilieux. — Dans les cas de constipation avec paresse 
du foie, des substances irritantes peuvent passer dans la circu¬ 
lation et produire une forme de vertige qui s’aggrave le matin 
et s’accompagne de nausées. De légers purgatifs provoquent 
alors une amélioration rapide. Comme remèdes, on aura recours 
à nux, bryonia, sulfur, podophyl. 

Le vertige peut être symptomatique d’une affection du cœur, 
du cerveau, du foie, des reins, d’une perte de sang ou d’une 
diarrhée profuse. Un léger affaiblissement de l’action du cœur 
peut déterminer des accès de vertiges qui reviennent par inter¬ 
valles. Dans ces cas, les stimulants rendent de grands services. 

Le vertige de la congestion cérébrale ou de l’apoplexie 
s’accompagne de céphalalgie, de nausées et d’autres symptômes 
cérébraux. Il s’aggrave par une alimentation trop substantielle 
ou des troubles dyspeptiques, et cependant la cause ne réside 
pas dans l’estomac. 

Chez les personnes âgées de plus de 50 ans, un vertige per¬ 
sistant est souvent le signe avant-coureur d’une attaque d’apo¬ 
plexie, surtout s’il existe en même temps un engourdissement 
dans la moitié du corps. 

L "iode 3 x, suivi de sulfur, constitue un remède admirable 
dans ces formes de vertige chronique chez les vieillards. 

Le vertige qui se produit lorsqu’on se lève après un long 
decubitus, sera combattu, s’il est persistant, par cale, plios 
china, ferrum. 

Vertige épileptique. — Il peut survenir au début d’une 
attaque, comme symptôme précurseur, ou suivre l’attaque, ou 


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encore la remplacer. Les remèdes indiqués sont : amyl. nit ., 
bellad., coçcul., glonoïn , tarent ., lachesis, hydrocy. acid . 

Le vertige de la migraine se produit ordinairement après 
les troubles de la vue et accompagne ou suit la céphalalgie. 
Il ne coïncide pas, comme le vertige auditif, avec de la surdité 
ou des bruits dans l’oreille. Il disparaît rapidement sous 
l’influence d 'argent, nit., gélsemzinc. 

Vertige nerveux. — Il constitue un des symptômes les plus 
rebelles de l’épuisement nerveux. Il est fréquent chez les 
personnes dont les facultés intellectuelles ont été surmenées, 
chez celles qui font un usage immodéré d’alcool, de tabac, 
de thé, chez celles enfin qui sont sujettes à la colère ou à la 
frayeur. 

Le traitement variera d’après la cause. (California homœop.) 

Petroleum dans la blépharite 

par le D r Payne, de Boston 

Mademoiselle N., âgée de 18 ans, vint me consulter pour 
une blépharite ciliaire dont elle était atteinte depuis son 
enfance. Les paupières étaient totalement, dépourvues de cils; 
à la loupe on pouvait distinguer quelques poils blancs, très 
minces. Les bords des paupières étaient hypertrophiés et d’un 
rouge luisant. La cornée droite présentait encore la cicatrice 
d’une ancienne ulcération. D’après les renseignements qu’elle 
me donna, elle avait été atteinte quelques années auparavant 
d’un eczéma du pavillon de l’oreille ; cet eczéma était accom¬ 
pagné d’une sécrétion, tantôt épaisse et purulente, tantôt aqueuse 
et irritant les parties voisines. Elle souffrait en ce moment 
encore d’un catarrhe nasal chronique , caractérisé par une 
sensation d’obstruction dans les narines et un écoulement épais 
et jaunâtre. Les bords des paupières étaient le siège de vives 
démangeaisons qui s’amélioraient par le frottement. Le matin, 
après s’être lavée le visage à l’eau froide, elle ressentait une 
sensation de sécheresse particulière, comme si la peau était 
recouverte d’une croûte mince et sèche ; pour rendre à la 


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peau toute sa souplesse, elle avait l’habitude de l’enduire d’un 
peu de vaseline. 

L’existence antérieure d’un eczéma au pavillon de l’oreille, 
et la sensation de raideur à la peau du visage, m’engagèrent 
à prescrire petroleum , 1 dose 3 fois par jour. Le 29 décembre, 
les démangeaisons des paupières avaient complètement cessé. 
Le 24 janvier 1889 , je constatai la présence de petits cils 
sur les bords des paupières ; le catarrhe nasal avait disparu. 

A partir de cette époque, l’amélioration fit de grands progrès; 
la peau du visage et les bords des paupières revinrent à leur 
état normal. (Neiu-England medical Gazette.) 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers 


L’ACTION DES MÉDICAMENTS A DISTANCE 
est-elle une mystification ? 

par le D r Palumbo , de Naples. — Traduction du D r Chevalier, 

de Charleroi 

D’aucuns l’ont prétendu, et quand il s’est agi d’un fait indé¬ 
niable, ils se sont retranchés derrière la théorie si commode 
aujourd’hui de la suggestion, d’après laquelle la personne sur 
laquelle on expérimente, ressent, non pas la vertu médicamen¬ 
teuse d’une drogue tenue à une certaine distance, mais bien 
l’influence suggestive de l’expérimentateur. Théorie facile qui 
nous explique les problèmes les plus obscurs, par les plus gros 
non-sens, au moyen de quelques phrases, empreintes d’un vernis 
scientifique et qui sont devenues d’autant plus usuelles qu’elles 
sont moins comprises. 

Tout est donc à la suggestion. Suggestion la réussite des 
cures médicamenteuses ; suggestion la guérison des maladies 
réputées très graves ; suggestion l’homœopathie, qui guérit les 
affections qui ont résisté à tous les autres remèdes ( les petits 
enfants sont-ils aussi suggestionnables?) ; suggestion l’action 
des médicaments à distance ; suggestion enfin tout ce que l’on 
ne connaît pas ou qu’on cherche à ne pas expliquer. 


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Quel dommage que, dans la vie pratique, cette théorie n’ait 
pas cours, combien volontiers nous suggestionnerions le chef de 
la maison, le receveur des contributions et tant d’autres! Et 
quel dommage aussi que dans la médecine pratique on ne 
puisse s’en servir pour l’explication de certains faits , qui 
malheureusement prouvent, d’une façon trop claire, la fragilité 
de cette brave théorie qu’on cherche à invoquer dans plus de la 
moitié des cas. 

Un de ces faits est sans aucun doute celui que j’ai trouvé 
inséré dans le Bulletin de la Clinique , novembre 1892, qui 
rapporte les expérimentations faites sur un homme hystérique 
du nom de Burrattino Henri, âgé de 19 ans , sergent au 
22° d’artillerie, par le D r Brancaleone Ribaudo, médecin militaire. 

De ces expérimentations, qui traitent de plusieurs points, je 
ne rapporterai que celles qui concernent notre sujet. 

Yoici du reste comment s’exprime le D 1 ' Brancaleone : « J’ai 
expérimenté l’action des médicaments à distance et les résultats 
obtenus chez Burrattino sont vraiment merveilleux. Les phéno¬ 
mènes émotionnels de la série tranquille, à laquelle appartien¬ 
nent la morphine, la valériane et la strychnine, se sont 
développés d’une façon parfaitement progressive, au point de 
faire voir la graduation dans l’intensité psychique des phéno¬ 
mènes s’élevant à mesure que l’organisme se saturait des 
principes médicamenteux. 

Comme impression dominante, commune à quasi tous les 
médicaments de cette série , j’ai noté la crainte et l’épouvante, 
augmentant graduellement à mesure que se prolongeait l’action 
du médicament, tenu à 3 centimètres de distance de l’occiput de 
Burrattino. 

J’ai également noté chez ce malade le phénomène du dédou¬ 
blement; ainsi la même substance appliquée à droite de l’occiput 
produisait la terreur, la colère , les spasmes musculaires , 
et mise à gauche elle éveillait le calme, la gaieté, l’expansion. 

Un morceau de papier contenant 10 centigrammes de chlo¬ 
rhydrate de morphine, placé à 3 centimètres du côté droit de 


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l’occiput du malade, provoquait constamment la plus vive 
terreur, la colère et des spasmes toniques qu’on interrompait 
en éloignant le médicament. 

Le sulfate de strychnine, dans les mêmes proportions, donnait 
lieu à des contractures bilatérales, des secousses convulsives, 
la turgescence de la face, la rigidité du tronc et des muscles 
respirateurs qui forçait de suspendre l’expérience. 

Le sulfate d’atropine à la dose de 5 centigrammes, tenu à 
4 centimètres de la tête, occasionnait toujours son action 
stupéfiante avec mydriase, état d’accablement, épuisement 
général très prononcé, qui cessait par l’éloignement subit du 
tube renfermant le médicament qui, à la fin, aurait pu avoir 
une action par trop nocive. 

Un paquet de 10 centigrammes d’émétique, appliqué sur la 
tête du patient, détermine au bout de 20 secondes : la pâleur 
du visage, des nausées, l’altération des traits, des vomituritions, 
des vomissements, tout à fait comme s’il avait pris le médica¬ 
ment à l’intérieur. 

Un paquet contenant 2 grammes de sous-nitrate de bismuth 
et d’opium, qui est l’antidote du tartre émétiqué, produit la 
cessation graduelle et progressive de tous les phénomènes 
précités. 

Dix centigrammes d’hydrochlorate de pilocarpine, à 3 centi¬ 
mètres de la tête, produisent la contraction du masseter et du 
buccinateur, stimulent la glande salivaire et donnent lieu au 
ptyalisme. 

Un flacon renfermant 20 grammes de chloroforme pur, mis à 
trois centimètres de la tête, détermine d’abord une excitation 
musculaire, puis la résolution et enfin la narcose avec complète 
insensibilité. 

L’ammoniaque, 10 grammes dans une bouteille hermétique¬ 
ment fermée, maintenue pendant 20 secondes en contact avec la 
tête, manifeste son excitation sur la membrane de Schneider 
par des contractions des ailes du nez, des éternuements, etc. 

En expérimentant les médicaments de la série loquace (café, 


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haschisch, cognac, champagne) on arrive insensiblement à l’état 
de somnambulisme lucide, dans lequel le patient se met en 
communication avec le monde extérieur, s’agite et raconte les 
scènes d’une vie imaginaire avec un naturel merveilleux, etc. 

J’ai voulu répéter ces expériences , sous condition que le 
malade ignore absolument la nature de la substance employée , 
pour répondre à une observation ingénieuse , qui cherchait à 
expliquer l ’action du médicament par une espece de suggestion 
mentale de V action physiologique du remède au malade hypnotisé. 

J’ai, à cet effet, prié l’excellent directeur-médecin de diriger 
la séance. Celui-ci , après avoir changé les numéros des 
différents médicaments et caché les étiquettes des substances 
liquides, a consigné avec cette scrupuleuse exactitude qui lui 
est habituelle , les phénomènes au fur et à mesure de leur 
apparition et a du convenir de la réalité des résultats obtenus . * 

Qu’on me permette encore de dire que dans la période 
léthargique de l’hypnotisme provoquée par l’action des médica¬ 
ments à distance, on ne peut pas se rapporter à la suggestion, 
attendu que, dans cet état, il est noté que le cerveau participe à 
l’affaissement général de l’organisme durant la léthargie ; il faut 
donc admettre une action réelle électro-magnétique de ces 
substances sur la région sensitive du cerveau, en état d’éré¬ 
thisme, comme du reste cela se montre dans la vie émotive, à 
l’état de veille. » 

Que reste-t-il à répondre aux détracteurs systématiques? Je 
l’ignore, car, ou bien les faits rapportés ne sont pas réels, ce 
qui n’est pas admissible, attendu qu’il ont été étudiés dans 
leurs moindres détails par deux officiers de santé de l’armée, 
dont l’un directeur d’hôpital, ou bien il a dû s’établir une. 
suggestion du directeur à son collègue, qui, à son tour, ignorant 
même le nom des médicaments employés, a dû suggestionner le 
patient, ce qui est tout simplement ridicule. 

Il reste donc à constater avec le D r Kibaudo, que l’action des 
médicaments à distance sur certains individus et dans des 
conditions déterminées n’est pas une mystification mais un 


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fait réel. 

Eli Lien alors (et c’est là le but du présent article) si on admet 
l’action électro-magnétique à distance de substances médica¬ 
menteuses sur la région sensitive du cerveau dans l’état 
d’affaissement et d’éréthisme, pourquoi rejeter le précepte de 
Hahnemann, qui, pour expliquer les effets de la médecine 
homœopathique, a eu recours à l’hypothèse du dynamisme 
médicamenteux ? 

Et puis, en liomœopathie, les remèdes ne doivent pas agir à 
distance, puisque dilués au degré nécessaire, ils sont réellement 
introduits dans l’organisme, qui, lui, se trouve dans certaines 
conditions de maladie aptes à en ressentir les effets. (Il Secolo 
Omiopatieo. Janvier 1893.) 

Traduction du D r Chevalier, de Cliarleroi. 


Observations sur l’épidémie de choléra d’Hambourg 

par le D r Hesse, do Hambourg.— Traduction du D p Lambreghts, fils, 

d’Anvers 

Comme mon adjoint l’a fait remarquer, vers la seconde moitié 
du mois d’août, il se produisit déjà à Hambourg une augmenta¬ 
tion des cas de diarrhée correspondant à sulfur : les malades 
étaient obligés de se lever vers trois ou quatre heures du matin 
pour aller à la garde-robe. Puis apparurent des cas de choléra 
légers, graves et de moyenne gravité, qui devinrent de plus en 
plus nombreux. Les cas de moyenne gravité se distinguaient 
des cas graves par la violence moins grande des symptômes et la 
lenteur de leur évolution ; les formes graves, en effet, lorsqu’elles 
n’étaient pas influencées favorablement par une médication 
appropriée, se terminaient par la mort au bout de 9 à 12 heures. 
J’ai lu souvent la description de cas foudroyants évoluant en 
quelques heures ; mais je ne les ai jamais rencontrés à Hambourg. 
Dans le choléra de moyenne gravité, les selles et les vomisse¬ 
ments ne se suivaient pas de si près, les crampes dans les mollets 
n’étaient pas si vives, les phénomènes de collapsus ne survenaient 


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pas avec une rapidité aussi effrayante que dans les formes graves, 
où de minute en minute on pouvait voir les traits du malade 
s’altérer, le pouls faiblir et disparaître et le refroidissement 
envahir tout le corps. 

Les cas légers se caractérisaient par des selles fréquentes, avec 
ou sans nausées, des vertiges, des borborygmes dans le ventre 
(ce symptôme ne faisait jamais défaut), une pression à l’esto¬ 
mac, de l’inappétance, de la soif, un sommeil agité avec sueurs 
nocturnes ; les malades ainsi atteints n’en continuaient pas moins 
à vaquer à leurs occupations. Je crois qu’il faut rattacher ces cas 
au choléra, quoiqu’on n’en ait pas tenu compte dans les statisti¬ 
ques officielles. En effet, dans une même famille, les membres 
étaient souvent atteints par le fléau à des degrés différents. Ainsi, 
dans une famille que je connaissais, l’homme n’avait qu’une 
légère atteinte, tandis que sa mère mourait au bout de douze 
heures (lorsque je la vis, elle était déjà froide et sans pouls) ; 
quelques jours après, sa femme fut prise également de symptô¬ 
mes cholériformes de moyenne gravité. De pareils faits ont 
été observés fréquemment. 

A l’inverse des autres épidémies où les formes graves de 
choléra étaient précédées de prodromes variables et surtout de 
diarrhée, ici la maladie attaquait brusquement la nuit, comme 
un assassin, des personnes qui la veille encore jouissaient d’une 
santé florissante. 

Si je puis juger par ma clientèle, l’épidémie a envahi une 
grande partie de la population hambourgeoise ; peu de personnes 
en effet ont été exemptes complètement de symptômes morbides. 
Un grand nombre ont été tourmentées par la peur du choléra, 
et par là ont été sujettes à la diarrhée et à quelques symptômes 
cholériformes. Ce qui est à peine croyable, c’est que cette crainte 
du fléau allait parfois jusqu’à la folie. Ces malades, car il faut 
les appeler ainsi, ne pouvaient être tenus au lit ; ils couraient 
dans leur chambre, affolés et baignés de sueurs, puis se recou¬ 
chaient, fatigués, pendant quelques minutes; la peur les chassait 
de nouveau de leur lit, et dans leur agitation, ils éprouvaient 


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des nausées, des borborygmes et croyaient à chaque instant 
que la maladie allait les terrasser. Ils passaient ainsi de longues 
et effroyables nuits et voulaient à toute force garder le médecin 
à côté d’eux. Ars. alb. m’a rendu de grands services pour com¬ 
battre cet état de surexcitation morbide. 

J’ai réussi également à tranquilliser un grand nombre de per¬ 
sonnes, en leur indiquant les mesures de précautions à prendre 
et en leur administrant des remèdes prophylactiques. Je ne sais si 
le soufre a une action prophylactique dans toutes les épidémies 
de choléra ; je crois qu’un remède ne peut être considéré comme 
préventif, que s’il a en même temps un effet curatif sur la 
maladie elle-même. Si' donc le soufre s’est montré efficace 
comme médicament prophylactique dans l’épidémie de Ham¬ 
bourg, c’est qu’il était parfaitement indiqué dans les diarrhées 
matinales et les autres symptômes qui annonçaient le début de 
la maladie. J’ai administré sulfur avec succès dans un grand 
nombre de cas légers ; il ne produisait aucun effet dans les cas 
graves, où il existait des vomissements fréquents et une diarrhée 
abondante. A ma connaissance , il ne s’est produit aucun cas 
grave de choléra chez les personnes qui avaient eu recours au 
soufre; ce fait ne constitue pas une preuve bien grande, mais 
j’ai tenu à le mentionner. 

Lorsqu’une épidémie éclate dans une ville, il est nécessaire 
que le médecin délivre à ses clients des indications imprimées, 
très brèves, afin que, le cas échéant, des soins intelligents 
puissent être donnés aux malades dès le début ; de cette façon, 
la visite tardive du médecin n’aura pas une si funeste influence 
sur la vie des malades. 

Voici mes recommandations : 

1° Moyens préventifs. — Tous les trois jours, saupoudrer l’in¬ 
térieur des bas avec une pincée de fleur de soufre. Maintenir le 
régime habituel autant que possible ; éviter les fruits crus, les 
concombres et les salades. Préférer le vin rouge à la bière. 
Pour la toilette, le lavage de la bouche, la boisson, ne se seivir 
que d’eau bouillie. 


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— 342 — 


2° Au début de la maladie, tâcher de produire une transpi¬ 
ration forte par du tlié chaud, des couvertures épaisses, des 
cruchons d’eau chaude aux membres inférieurs. Le malade doit 
être tenu au moins 6 à 12 heures dans un état de sueurs ; il faut 
éviter de le découvrir même lors des évacuations ou pour le 
frictionner. Les frictions avec des compresses imbibées d’esprit 
de camphre favorisent la transpiration et ont une action 
calmante sur les crampes des mollets ; elles sont surtout néces¬ 
saires s’il y a tendance au refroidissement. 

3° Comme médicament, le malade prendra toutes les dix 
minutes une goutte de verat. ail). T. M.; si, après une heure, il 
ne se produit pas d’amélioration, on aura recours au camphre, 
de Rubini ; ce médicament doit se prendre sur un morceau de 
sucre , ou dans une cuillerée d’eau chaude sucrée , d’abord 
fréquemment, jouis moins souvent si les symptômes diminuent. 

J’ai insisté à dessein sur la diaphorèse, car je la considère 
comme une chose de première importance dans le choléra, et je 
suis persuadé qu’en la provoquant à temps, c’est-à-dire immédia¬ 
tement au début de l’affection, on aurait sauvé un grand nombre 
de malades. Un médecin, attaché aux hôpitaux, m’a objecté que 
la mort avait frappé également des cholériques arrivés à l’hôpital 
baignés de sueurs. Mais il n’est pas seulement nécessaire de 
provoquer la transpiration, il faut encore la maintenir pendant 
quelque temps, en prenant toutes les précautions pour empêcher 
le refroidissement. Or ces précautions laissent à désirer pendant 
le transfert des malades à l’hôpital. Comme exemple de l’in¬ 
fluence de la transpiration, j e citerai le fait suivant : Un homme fut 
atteint pendant la nuit de vomissements, de diarrhée, de crampes 
dans les mollets, de raucité. D’après les conseils d’une personne 
étrangère à la médecine, on j>rovoqua la transpiration, et on lui 
administra ars. alb. et cnpr. Au bout de quelques heures les 
vomissements , la diarrhée , les crampes et même la raucité 
disparurent. Le malade allant mieux, on le laissa se refroidir 
sous une couverture trop légère. Avec le refroidissement sur¬ 
vinrent les mêmes symptômes que précédemment mais avec 


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— 343 — 


plus de violence. C’est alors que je vis le malade; je le fis 
transpirer de nouveau et je recommandai de le tenir dans cet 
état pendant 12 heures. Je lui prescrivis en même temps ime 
goutte de la teinture de camphre de Rubini tous les quarts 
d’heure. L’amélioration se produisit bientôt, et le lendemain il 
ne restait plus de la maladie que quelques selles liquides et 
une grande faiblesse. 

Mon collègue, le D r Schlegel, déclare dans sa brochure inti¬ 
tulée Uhomœopathie et le choléra , qu’il préfère l’hydrothérapie 
à la sudation. 

Mon procédé a un avantage, c’est la simplicité : Tout le 
monde sait comment on provoque la transpiration, tandis que 
l’hydrothérapie est plus compliquée et peut devenir un danger 
entre les mains de personnes inexpérimentées. Il est utile de 
recommander aux clients d’avoir chez eux les remèdes anti- 
cholériques les plus employés, tels que : ipéca, ars. alh., capr. 
nicot., cupr. arsenicos., veratr. alb., camphora, etc., afin qu’ils 
puissent être administrés immédiatement lorsque le médecin 
les prescrit. 

Dans les quinze premiers jours de l’épidémie, je n’employai 
pour ainsi dire que le caimphre de Rubini; c’était le temps 
des cas graves et très aigus. J’ai trouvé plus tard que 
plusieurs malades avaient de la répugnance pour ce médica¬ 
ment, qu’à d’autres le camphre ne convenait pas beaucoup, et 
qu’enfin les remèdes employés après lui n’agissaient plus très 
bien. J’eus recours alors à veratr. alb., lorsqu’il existait une 
soif insatiable avec désir de boissons froides en grande quan¬ 
tité, des selles très aqueuses et vertes, un état plutôt apathique, 
inverse de l’agitation et de la crainte de la mort, qui sont les 
symptômes d "arsen. et de cupr. — Ars. alb. m’a rendu de 
grands services dans l’angoisse cholérique ; cupr., dans les cas 
où les crampes envahissaient les orteils et les doigts; secale., 
dans un cas de fourmillement dans les mains et les pieds. 
Cuprmn arsenicosum mérite aussi une attention spéciale ; dans 
un cas grave où veratr. alb. n’agissait pas, il a produit une 


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— 344 — 


amélioration instantanée. Il est indiqué dans les cas où les 
symptômes üüars. et de cupr. sont présents. 

A trois reprises, j’ai été consulté pour des états rappelant le 
choléra sec; je ne les ai pas vus moi-même; ils m’ont été 
décrits. Plusieurs fois, le jour et la nuit, le malade était en 
proie à des accès, pendant lesquels il présentait l’aspect d’un 
cadavre; il était glacé, couvert de sueurs froides; l’intelligence 
était conservée ; il n’y avait ni vomissements ni diarrhée. Ces 
accès duraient de quelques minutes à une demi-heure. Le 
camphre les fit disparaître complètement. 

J’ai eu en traitement deux cas de choléra-typhus ; l’un d’eux 
eut des hémorrhagies intestinales considérables. 

Mes décès se sont élevés à environ 20 °/ 0 . J’aurais eu proba¬ 
blement une mortalité moindre, si au début j’avais insisté un 
peu plus sur la diaphorèse. Une vieille femme était déjà froide, 
sans pouls et sans parole lorsque je commençai le traitement; 
chez plusieurs j’arrivai une ou deux heures avant la mort; un 
grand nombre avait pris de l’oinum avant ma visite ; dans la 
plupart des cas enfin, je ne pus donner mes soins que longtemps 
après le début de la maladie. Ce sont là des circonstances dont 
il faut tenir compte dans mes statistiques comme dans toutes les 
autres. C’est pour ce motif que des instructions imprimées, 
distribuées dès l’apparition de l’épidémie, auraient produit des 
résultats plus favorables et facilité grandement la tâche du 
médecin. La mortalité générale a été de 40 à 45 °/ 0 . 

Mon collègue, le D 1 Schlegel, a démontré suffisamment dans 
sa brochure les effets nuisibles des transports à l’hôpital. La 
mortalité, en effet, a été plus forte dans les hôpitaux. Au début 
de l’épidémie, le transfert durait en moyenne 25 minutes; mais 
lorsque le nombre des cholériques devint plie nombreux, le 
même char allait les recueillir dans différentes rues et parfois 
même dans différents quartiers de la ville, de sorte que la durée 
du transport était doublée et même quadruplée. De plus, il 
arrivait souvent qu’un hôpital étant bondé de malades, le char 
était dirigé sur un autre hôpital. Le traitement d ms les liôpi- 


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taux consistait le plus souvent dans l’administration du calomel 
et de l’acide lactique à l’intérieur et en injections d’huile 
camphrée et d’eau salée. L’opium n’était pas employé; dans la 
pratique civile, au contraire, il était très en vogue. 

Statistique des transports aux hôpitaux du 20 août au 2 octobre : 
Transports : 8439 Décès : 3665 

Statistique générale des cas et des décès dans la ville d'Hambourg 
pendant la même période : 

Cas : 17673 Décès : 7522 

(Allgcmeine Jiomœopatische Zeitung.) 
Traduction du D r Lambregts, fils, d’Anvers 


Sur l’action des extraits des glandes d’animaux 
injectées hypodermiquement 

Le manque de données physiologiques sur l’action des extraits 
des glandes d’animaux injectées hypodermiquement explique 
la réserve avec laquelle cette nouvelle méthode thérapeutique 
a été accueillie au début des expériences de M. Brown-Sequard 
et la singularité des résultats annoncés avait fait oublier la 
grande valeur de l’observateur. 

Mais aujourd’hui que des travaux de laboratoire sont venus 
confirmer et expliquer dans une certaine mesure l’effet de ces 
substances, il faudrait, en présence des résultats annoncés de 
toutes parts, faire preuve d’un misonéisme peu explicable pour 
se refuser à expérimenter les injections de sucs animaux. 
L’innocuité de ces injections faites avec les règles de l’antisepsie 
est bien démontrée, et pour ne citer qu’un exemple, le dernier 
compte-rendu de la Société de biologie nous apporte une com¬ 
munication de M. Brown-Sequard qui relate 200.000 opéra¬ 
tions faites sans le moindre accident local ou général, et nous 
en avons exécuté plus de 5.000 avec la même innocuité. 

La plupart des glandes ont donné lieu à des expériences que 
nous rappellerons brièvement. 


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Le suc thyroïdien a été injecté avec succès complet dans 
le myxœdème par MM. Bouchard, à la Charité ; Siosse, à 
Bruxelles ; Murray, en Angleterre. 

Tout récemment (octobre 92, Lyon médical) le D r Robin a 
publié la curieuse observation d’un enfant myxœdémateux par 
absence du corps thyroïdien guéri par les injections sous-cuta- 
nées et la greffe d’un fragment de la glande. Le suc des capsules 
surrénales a été essayé dans la maladie d’Âddison. 

Il y a quelques semaines, une communication à l’Académie des 
sciences relatait des injections de néphrine dans Talbuminurie. 

Quant au suc testiculaire qui a servi de point de départ à 
cette série de recherches si intéressantes et qui promettent de 
nouvelles acquisitions à la thérapeutique et à la physiologie, 
les observations sont aujourd’hui à peu près universelles, mais 
nous ne citerons que les principales : 

Babès (Weiner med . Wochen) réclame la priorité de la 
découverte des effets du suc testiculaire ; Depoux (Soc. de biolo¬ 
gie), divers ataxiques guéris par les injections; Brown-Sequard 
(Soc. de biologie et Acad, des sciences) 1200 observations de 
maladies traitées par l’extrait des glandes séminales ; Pochl 
(Académie des sciences, juillet 92) ; Pampoukis, chef de 
laboratoire d’Athènes; Labrousse (Soc. de biologie, septem¬ 
bre 92), cas de cancer utérin amélioré. 

Rappelons enfin les relations de Constantin Paul sur les 
résultats obtenus dans l’anémie par la cérébrine tirée du cerveau 
de mouton. 

Aux observations cliniques sont venues s’ajouter maintenant 
les expériences sur le mode d’action de ces substances dans 
l’organisme. 

Grigorescu (Soc. de biologie, juin 92) démontre l’augmenta¬ 
tion de vitesse de transmission des impressions sensitives par les 
injections de suc testiculaire. 

Babès (Pesth) constate, par l’analyse quantitative et qualita¬ 
tive des excreta, l’augmentation des phénomènes d’oxydation 
organique. 


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Poclil (Acad, des sciences, juillet 92) fait voir que le principe 
actif est la spermine qui se comporterait comme un ferment 
véritable, déterminant, par sa présence, une augmentation des 
oxydations tant minérales que physiologiques et la déclare un 
tonique nervin énergique. 

Tous les observateurs sont d’accord aujourd’hui pour recon¬ 
naître à ce suc testiculaire et à la cérébrine cette propriété d’être 
un tonique nervin, et dans la pénurie actuelle de modificateurs 
neuriques, cette médication doit être accueillie dans la classe 
nombreuse des maladies dont l’aboutissant fatal est la déchéance 
de l’organisme , avec autant d’espoir qu’en neuropathie. 
C’est ainsi que dans le résumé présenté le 29 octobre dernier 
par M. Brown-Sequard à la Société de biologie de Paris, les 
principales maladies contre lesquelles les injections de suc 
testiculaire ont été employées sont : le cancer, la tuberculose, 
l’ataxie locomotrice, la paralysie agitante, le diabète, etc. 

Dans 21 cas de cancer inopérable, il y a eu, suivant l’auteur, 
amélioration manifeste ; on a noté la disparition des douleurs, 
la cessation des hémorragies, la diminution de la suppuration, 
de l’oedème des membres, etc. 

Dans plusieurs cas de fibromes utérins, on a constaté, avec 
la disparition des accidents, une diminution de volume de la 
tumeur. 

Je n’ai pas encore eu l’occasion de traiter un cancer utérin 
ou autre par les injections, mais je puis confirmer l’action du 
suc testiculaire dans un cas de fibrome utérin que j’observe en 
ce moment. La malade, qui était très anémiée par des hémorra¬ 
gies successives, a repris des forces remarquables ajorès huit 
injections, et j’espère améliorer encore son état. Le volume de 
la tumeur n’est certes pas changé, mais le traitement est com¬ 
mencé depuis trop peu de temps. 

Brown-Sequard relate ensuite 120 cas d’ataxie locomotrice 
dans lesquels on a obtenu la guérison ou une amélioration con¬ 
sidérable de l’état des malades. 

Dans deux ou trois cas seulement, la méthode a échoué. Cinq 


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- 348 — 


cas de paralysie agitante ont été traités par les injections : il y 
a eu deux succès et trois insuccès. 

J’ai obtenu une amélioration très manifeste dans un cas 
de maladie de Parkinson au début du tremblement qui était 
surtout marqué à la main et la jambe droite, moindre à gaucbe. 

Dans un deuxième cas plus avancé et où la rigidité dorsale et 
les douleurs rhumatoïdes étaient déjà marquées, la maladie 
accuse nettement une diminution des symptômes les deux ou 
trois jours qui suivent l’injection, mais ceux-ci reparaissent au 
bout de ce temps. 

Enfin, dans un troisième cas arrivé à la période de cachexie, 
le résultat a été nul. 

J'ai eu, tant en ville qu’à la clinique gratuite, des cas nom¬ 
breux et variés de neurasthénie cérébrale ou cérébro-spinale. Ici 
les bons effets des injections de suc testiculaire ou cérébral sont 
presque constants contre la sensation de faiblesse musculaire ; 
l’insomnie cède le plus souvent ainsique les douleurs céphaliques 
et rachidiennes. 

Dans ce trouble dynamique du système nerveux on peut 
vouloir attribuer les bons résultats presque constants des injec¬ 
tions à la suggestion objectivée en quelque sorte par l’opération. 
Moins que tout autre, je ne nierai l'efficacité de l’agent psychi¬ 
que : la suggestion. Cependant, il est bien difficile d’expliquer 
pourquoi l’ordre de disparition des symptômes est à peu près 
toujours le même: d’abord les douleurs rachidiennes diminuent, 
puis le sentiment de constriction céphalique et l’insomnie; 
enfin, fait qui montre bien l’action excitante du suc injecté, très 
souvent les premières injections s’accompagnent de pollutions 
nocturnes pendant les premiers jours ; cette observation se 
trouve déjà consignée dans les relations de M. Constantin Paul, 
et je l’ai vérifiée maintes fois. 

Je crois que si la suggestion joue un rôle, c’est parce que 
l’injection produit dès le début un sentiment de mieux être et 
de vigueur musculaire chez le neurasthénique ; or c’est préci¬ 
sément cette lassitude, cette presque parésie qui domine les 


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symptômes chez presque tous les sujets. 

Il ne faut pas s’étonner si ce changement rapide frappe l’ima¬ 
gination du malade et le rend confiant ; mais il en est ainsi 
pour toute médication efficace sans que l’on puisse tout rappor¬ 
ter à la suggestion tant décriée ou niée jadis et qu'on veut 
aujourd’hui retrouver partout. 

Il me reste à relater les applications que j’ai faites depuis six 
mois à ma clinique des maladies nerveuses et en ville aux affec¬ 
tions qui ressortent de la neuropathologie et contre lesquelles 
ont été employées les injections de suc testiculaire etdecéré- 
brine. 

Beaucoup de praticiens, à ma connaissance, ont essayé la 
méthode, les uns, avec grand succès, les autres sans résultat, 
dans l’ataxie locomotrice. La cause des différences dans les 
résultats obtenus ne peut être nettement déterminée, mais je 
pense que le choix du liquide employé y est pour beaucoup. Il 
faut être certain de la qualité et de la récente préparation. 
Jamais je n’emploie un liquide ayant plus de dix jours de pré¬ 
paration, et pour la cérébrine je ne prends que les ganglions 
centraux : couche optique et les deux noyaux du corps strié : 
caudé et lenticulaire. 

J’ai cru constater qu’au point de vue de l’action dans les 
maladies organiques ou dynamiques des centres nerveux l’action 
du suc testiculaire et de l’extrait du cerveau est la même et j’ai 
eu recours à ces deux préparations dans mes expériences. 

Une autre remarque c’est qu’il ne faut pas s’attendre à des 
guérisons au bout de quelques jours, ni surtout les promettre 
aux malades. Il faut un traitement durant un, deux et trois 
mois. A ce défaut de persévérance il faut certainement attri¬ 
buer beaucoup des échecs éprouvés ; il est vraiment étonnant 
que dans cette classe de maladies où, alors que les résultats 
thérapeutiques étaient nuis ou à peu près, les malades se sou¬ 
mettaient docilement à des cures durant des mois et se répétant 
pendant des années, on se refusât à un traitement de quelque 
durée, et on s’attendît à une guérison instantanée. 


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J’ai traité douze cas d’ataxie locomotrice : dix malades ont 
été très améliorés, deux n’ont pas continué le traitement suffi¬ 
samment parce qu’ils trouvaient l’amélioration lente à venir. 

Il s’agissait dans les deux cas d’ataxiques chez lesquels les 
douleurs fulgurantes et lancinantes excessives se présentaient 
sous forme d’accès à quelques jours d’intervalle. L’incoordi¬ 
nation motrice était très peu marquée, et chez l’un d’eux elle 
n’apparaissait que dans l’obscurité ou en leur faisant faire 
l’exercice à la Fournier. 

Du reste, abolition du réflexe rotulien et impuissance 
génésique. 

Le phénomène le plus marquant consistant dans des crises de 
douleurs survenant par accès et écla/tant, au dire des malades, 
comme des salves de mousqueteries, fait présumer, suivant Erb, 
qu’il s’agissait d’une sclérose atteignant surtout la zone radicu¬ 
laire postérieure avec participation des méninges. 

Il y eut éloignement des crises, mais pas disparition complète, 
et les sujets nerveux et irritables cessèrent le traitement très tôt. 

Parmi les ataxiques améliorés je citerai un malade ataxique 
depuis 18 ans, sans antécédents syphilitiques. Il ne pouvait plus 
faire que quelques pas, soutenu sous les deux bras. Les douleurs 
se présentaient sous forme de crises de courbature et de 
lancements. Il est en traitement depuis trois mois et actuellement 
son état s’est amélioré au point qu’il fait à pied pour venir me 
voir une demi-lieue, en donnant le bras à un aide. Quant aux 
douleurs, elles ont diminué au point que le malade ne fait plus 
usage des piqûres de morphine, alors qu’auparavant il s’injec¬ 
tait 8 à 10 centigrammes par jour. 

Je citerai encore un tabétique atteint en même temps d’atro¬ 
phie des nerfs optiques, qui me fut adressé par un oculiste en 
renom. 

La vision n’a pas été améliorée, mais la coordination motrice 
s’est régularisée au point que le malade fait des marches très 
longues, n ? a plus rien de la démarche ataxique et 3e tient debout 
sur un pied, quoique n’ayant pas le contrôle de la vue. 


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Un des résultats les plus intéressants, c’est l’embonpoint que 
gagnent généralement les opérés après un certain nombre 
d’injections. 

En ce moment, j’observe un ataxique qui a augmenté en 
poids de sept kilogrammes en deux mois. 

Brown-Séquard, dans le rapport cité plus haut, prétend avoir 
obtenu de bons résultats dans la sclérose systématisée des cor¬ 
dons latéraux ; j’ai eu, pour ma part, trois cas de sclérose latérale 
avec exagération des réflexes, clonus du pied et démarche 
parétiscospastique, sans amyotrophie chez deux d’entre eux, 
et dans ces deux cas je doit déclarer n’avoir pas observé de 
changement. Chez le troisième, où il y avait propagation aux 
cellules de la corne antérieure médullaire, à la région dorsale 
supérieure, avec amyotrophie des membres supérieurs, il y a 
amélioration dans la marche et dans les mouvements des bras 
bien marquée. 

Divers observateurs ont tenté la méthode des injections dans 
l’épilepsie idiopathique. J’ai traité un jeune homme de vingt 
ans, épileptique depuis l’âge de douze ans, sans cause connue, 
avec accès tous les jours, ou tous les deux jours. Jusqu’ici le 
résultat paraît bon, les crises sont diminuées d’intensité et le 
malade n’en a plus qu’une tous les huit ou dix jours. 

Il ne faut certes pas se hâter de conclure, mais la méthode 
mérite d’être expérimentée dans l’épilepsie essentielle, et j’es¬ 
père que les quelques observations qui précèdent engageront mes 
confrères à essayer cette thérapeutique à ses débuts, mais, qui 
cependant promet des résultats dans beaucoup d’affections contre 
lesquelles nous étions à peu près désarmés, D r Maréchal 


variétés 


Les microbes. — Dans le Journal Amusant , Henri Second s’est 
livré à une spirituelle blague à propos de l'hypnotisme et des micro¬ 
bes, mis à la mode en médecine et chez les mondains par l’Ecole 


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— 352 — 


mercantile de Paris. Car tout se vend et s’achète dans cette capitale 
de panamistes. 

Qu’est-ce que l’hypnotisme, si bien exploité par Charcot, se demande 
Henri Second ? Vous souvenez-vous du magnétisme et des magnéti¬ 
seurs qui furent jadis si ardemment combattus par la Faculté de 
Paris ? Magnétisme, hypnotisme, c’est blanc bonnet, et bonnet blanc. 
L’un vaut l’autre. La Faculté adore ce qu’elle avait brûlé. Elle a 
ressuscité Mesmer en l’appelant Charcot. 

Qu’est-ce que le microbe? C’est la doctrine de Raspail rajeunie et 
exploitée par l’Ecole médicale de Paris sous les auspices de Pasteur. 
Or, la même Ecole n’a-t-elle pas poursuivi, traqué Raspail pour le 
faire condamner à l’amende et à la prison en raison de sa doctrine? 
Pasteur a continué Raspail et la Faculté adore le successèur après 
avoir brûlé l’inventeur. 

Henri Second termine son amusant article par ces deux vers : 

Hérite-t-on, Messieurs, des gens qu’on assassine ? 

Parfaitement. Voyez plutôt la médecine. 


SOMMAIRE 

Association centrale des homœopatlies belges. — Séance 

du 17 Janvier 1893 . 321 

Gangrène du petit doigt par application d’un pan¬ 
sement plxéniqué. 322 

Valeur des injections hypodermiques de gaïacol 
et d’iodoforme dans le traitement de la tuberculose 

pulmonaire.324 

Revue des journaux liomœopathiques d’Amérique, parle 

D r Lambreghts, fils, d’Anvers.327 

L’action des médicaments à distance est-elle une mystifi¬ 
cation? — Traduction du D l Chevalier, de Charleroi . 335 

Observations sur l’épidémie du choléra d’Hambourg. — 
Traduction du D r Lambreghts, fils, d’Anvers .... 339 

Sur l’action des extraits des glandes d’animaux injectées 

hypodermiquement.345 

Variétés . 351 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


19 e Année MARS 1893 N° 12 


PLACE AU CHLORALOSE 


par le D r Martiny 


Il s’agit d’un nouvel hypnotique et analgésique. C’est une 
combinaison du chloral et du glucose. 

Tous les journaux de médecine, voire même les journaux 
politiques, en parlent ; soyez persuadé que dans peu de temps ce 
médicament nouveau sera prôné à outrance comme l’ont été 
jadis ses prédécesseurs; à l’apparition du chloral on a pendant 
un certain temps abandonné les préparations opiacées : le 
chloral c’était le « sommeil en bouteille ». Peu à peu, pourtant, 
on s’est aperçu que ce médicament était fort irritant d’abord 
et qu’il avait de nombreux inconvénients. On en est revenu 
aux anciens narcotiques : morphine, codéine, eau de laurier- 
cerise. Enfin est arrivé le sulfonal ; celui-ci avait au début tous 
les avantages, mais bientôt on découvrit qu’il ne donnait pas 
tous les résultats qu’on avait espérés de prime abord : il pou¬ 
vait même présenter dans certaines circonstances et à certaines 
doses des dangers plus ou moins graves. 

Place donc au chloralose, c’est le lion du jour; il vient d’être 
expérimenté (?). On en a imprégné un certain nombre de 
chiens, de lapins et de cobayes ; puis on a expérimenté sur 
l’homme,; cette expérimentation (?) a-t-elle été suffisante? S’est- 
elle faite dans de bonnes conditions? Nous n’oserions l’affirmer. 
Voici du reste un petit article de la Presse médicale belge 
du 19 février : 

MM. Richet et Hanriot ( Soc . biolog ., Paris, 24 janvier 93) ont fait 
une communication sur les propriétés physiologiques du chloralose. 

La dose mortelle de ce médicament est d’environ 60 centigr. par 
kilo d’animal. 


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A la dose faible de 20 centigr. par kilo d’animal on observe les 
symptômes suivants, au bout d’une heure : 

1° Une dissociation de la sensibilité tactile et douloureuse : l’ani¬ 
mal sent très bien et même d’une façon exagérée le moindre contact 
qui provoque des réflexes exagérés, mais il ne ressent plus la 
douleur et supporte, sans remuer, les traumatismes les plus dou¬ 
loureux ; 

2° L’odorat et l’ouïe sont conservés, mais il y a de la cécité 
psychique : en effet, l’animal, tout en continuant à voir les objets 
placés devant lui, tout en les évitant comme obstacle, ne se rend 
cependant plus compte de leur nature : ainsi un chien aux instincts 
chasseurs ne se jettera plus sur une poule ou un lapin, mais se 
bornera à les éviter en passant à côté d’eux; c’est de la cécité intel¬ 
lectuelle. Cette expérience tendrait à prouver que le chloralose dimi¬ 
nue les propriétés de la substance grise corticale; l’auteur a trouvé 
aussi directement que chez un chien soumis à l’action de cette sub¬ 
stance l’excitabilité de cette substance grise est diminuée et moindre 
que celle de la substance blanche sous-jacente, ce qui est le con¬ 
traire à l’état normal. 

Il serait intéressant d’étudier à ces divers points de vue l’action du 
chloralose chez l’homme. 

Rappelons à ce sujet : 

1. Que le chloralose (anhydrogluco-chloral) est une combinaison 
du chloral et du glucose. 

2. Ce corps possède des propriétés hypnotiques énergiques; au 
réveil on ne constate ni symptômes d’intoxication, ni céphalalgie, ni 
trouble digestif. 

3. La dose à employer chez l’homme (Landouzy et Moutard- 
Martin) varie de 0 gr. 20 à 0 gr. 50 et même 0 gr. 75. Ordinairement 
50 centigrammes suffisent pour provoquer un sommeil profond et 
calme, même chez les individus qui ont eu vraiment recours à 
d’autres agents hypnotiques. 

4. Il agit aussi comme analgésique et paraît appelé à rendre de 
grands services dans les affections douloureuses. 

5. En tout cas, à la dose de 25 à 50 centigrammes et rarement 75 
centig., ce médicament est sans danger aucun. 

Il importe, toutefois, qu’il soit bien préparé et très pur, Bans 
quoi il est remplacé par un corps mal défini qui n’agit pas, ou bien 
qui est très toxique. 


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— 355 — 


Ce dernier alinéa nous donne à réfléchir; nous croyons qu’il 
faut être très prudent lorsqu’il s’agit d’un remède qui doit être 
« bien préparé et très-pur , sans quoi il est remplacé par un 
« corps mal défini qui n’agit pas ou bien qui est très toxique . » 
Bigre! jusqu’à nouvel ordre il faut se méfier. 

Depuis que nous avons écrit les lignes qui précèdent, un nou¬ 
veau somnifère a fait son apparition, c’est le trional. 

Un nouveau somnifère : le trional 

Dans le Berliner Klinische Wochenchrift , le docteur Boettiger 
s’est livré à une étude approfondie de ce remède nouveau. 

De ses observations, M. Boettiger a conclu : que le trional est doué 
d’une action somnifère très marquée ; qu’il ne produit qu’exception¬ 
nellement des effets secondaires fâcheux, quand on se maintient dans 
certaines limites de dosage ; que l’action somnifère est très prompte 
à se manifester. C’est pourquoi le médicament doit être administré 
peu de temps avant de se coucher ; que dans les cas d’agrypine 
simple, une dose unique de un gramme suffit toujours pour produire 
l’effet voulu ; que le trional en tant qu’hypnotique peut également 
être employé avec avantage dans les cas de troubles psychiques 
primitifs ou secondaires avec excitation ; que daus les psychoses avec 
excitation violente, le trional à doses fractionnées, par prise de un 
gramme, est susceptible de donner des résultats très remarquables ; 
que, seules, les insomnies en rapport avec des douleurs physiques, 
avec la folie alcoolique aiguë avec une extrême agitation psychique 
et motrice sont réfractaires à l’action somnifère du trional. (Le mou¬ 
vement thérapeutique et médical .) 

Nous verrons bien celui qui tiendra la corde. D r Martiny 


CONFÉRENCES PUBLIQUES SUR L’HOMŒOPATHIE 

Nos confrères de Paris ont entrepris de donner une série de 
conférences publiques sur l’iiomœopatliie. Voici quelques extraits 
de la première de ces conférences, laquelle a été faite par le 
TF Gonnard : 


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— 356 — 


J’ai l’honneur d’inaugurer une série de conférences destinées 
à la propagation de l’homœopathie. Pendant douze semaines 
consécutives, les divers chapitres de notre programme seront 
exposés par d’autres de mes confrères. Ceux de vous qui seraient 
tentés de suivre cette exposition méthodique pourront, avec la 
variété des conférenciers, constater un fait intéressant par sa 
nouveauté, par sa rareté : une dizaine de médecins professant 
sans variante la même doctrine, s’inspirant des mêmes principes 
dans la pratique de Part de guérir, capables, au lit du malade, de 
tomber d’accord sur le traitement à suivre, en dépit de l’adage, 
malheureusement vrai, que, là où Hippocrate dit oui, Galien 
dit non. 

Au début de cette exposition de Phomoeopathie, il nous faut 
déblayer le terrain de deux objections. La première, élevée par 
le pharisaïsme, pu, si vous aimez mieux, par le puritanisme, nous 
reprocherait de soulever devant des profanes (les profanes, c’est 
vous), les voiles qui doivent couvrir les mystères de la science 
médicale. Pour nous interdire, avec quelque semblant de justice, 
de parler hors du temple, il eût fallu ne pas commencer par 
nous exclure du temple. Au fond, cette interdiction est le fait 
d’une pruderie bien surannée. Il y a longtemps que les sanc¬ 
tuaires de la politique et de la science ont vu percer à jour les 
murailles derrière lesquelles s’abritait l’infatuation des pontifes. 
Et cette effraction était bien légitime de la part de contribuables 
qui paient, non seulement de leurs deniers, mais de leur santé 
et de leur vie. 

Une seconde objection plus spécieuse, taxerait d’outrecui¬ 
dance la prétention de reviser un procès clos pour la science : 
l’homœopathie, dit-on, est jugée sans appel, elle n’est plus 
justiciable que du ridicule, elle est enterrée définitivement. 
Condamnés, nous le fûmes en effet, sans discussion, sans être 
entendus. Enterrée l’homœopathie ; est-ce bien sûr? et d’où 
vient que le besoin se fasse sentir de la foudroyer encore? Le 
fait est que ces gens que l’on dit morts se portent assez bien. Il 
ne saurait y avoir prescription contre le droit. La vérité a le 


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privilège de faire toujours appel des arrêts qui l’ont frappée. Et 
peu importe pour cette revendication, le choix stratégique de 
l’heure, peu importe la vigueur ou l’infirmité des avocats. Il 
suffit à la vérité, pour triompher, de sa vitalité propre, puis¬ 
qu’elle est impérissable, et du moyen le plus simple et le plus 
puissant de la rhétorique, qui est la répétition. C’est ce moyen 
que nous employons. 

C’est sous le bénéfice de cette introduction que nous venons 
vous entretenir de Hahnemann (un homme de génie, auquel la 
justice de l’avenir réserve une place dans le panthéon médical, 
à côté d’Hippocrate), et de l’homœopathie, une méthode de 
traitement pour laquelle nous revendiquons la primauté en 
thérapeutique; sans préjudice, cela va sans dire, de la part 
réservée à l’outillage chirurgical devenant de plus en plus 
bienfaisant , grâce aux progrès accomplis et espérés par la 
science contemporaine. 

Hahnemann avait débuté dans la profession médicale avec 
des aptitudes, des études, des relations scientifiques qui lui 
assuraient une carrière brillante, lorsqu’il fut arrêté court par 
une maladie spéciale, réservée à l’élite, cette cruelle maladie du 
doute, du scepticisme, dont, il y a peu d’instants, je vous 
retraçais le tableau. Vous avez pu et vous pouvez connaître tel 
médecin qui affiche son scepticisme avec certains airs de supé¬ 
riorité, qui continue néanmoins à pratiquer un art. auquel il ne 
croit plus : en sorte qu’on ne saurait trop s’étonner et du 
cynisme du praticien et de la stupidité de ses clients. Hahne¬ 
mann était d’une trempe morale particulière, et nettement, 
rompant avec ses espérances, bravant les duretés de la misère, 
il abandonna l’exercice de son art. Mais l’esprit du médecin 
était hanté, obsédé sans relâche par les problèmes de la science 
avec laquelle il avait cru divorcer, si bien que, après quelques 
années d’absence, il rentra dans le champ du travail médical, 
et se remit à creuser son sillon. Par suite de circonstances dont 
le détail importe peu, le quinquina, médicament d’importation 


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— 358 — 


relativement récente, et déjà appelé le roi des médicaments, 
devint l’objet de son étude par un procédé nouveau, insolite, 
par l’essai fait sur lui-même, sujet bien portant, de doses variées 
de la substance : les effets ainsi obtenus étaient dans sa pensée, 
devaient être des notions positives, des effets purs, par oppo¬ 
sition aux notions hypothétiques en cours, par opposition aux 
effets produits par des maladies, qui sont comparables à des 
réactifs impurs. De cette expérimentation sur le quinquina 
jaillit, pour Hahnemann, un trait de lumière : c’est que le 
médicament produisait chez l’homme sain des phénomènes 
semblables à ceux que chaque jour il guérissait chez le malade. 
Si la même démonstration se répétait pour d’autres médica¬ 
ments, la loi des semblables , formulée par Hippocrate à côté de 
la loi des contraires , répétée comme simple aphorisme à plu¬ 
sieurs époques de la tradition, se présentait comme une loi 
scientifique , et la thérapeutique était pourvue d’une règle 
pratique. La tâche était immense; c’était un travail d’Alcide à 
entreprendre que le nettoyage de ce que Stahl avait appelé 
l’ étable d’Augias. Cette besogne herculéenne fut abordée par 
Hahnemann et des disciples enthousiastes, et sur cette vaste 
échelle, la loi des semblables se manifestait avec constance. 

Cette démonstration théorique faite, Hahnemann se voyait 
obligé à la contrôler, à la compléter par la preuve historique ; 
expliquons-nous. Newton n’avait pas créé la gravitation en la 
démontrant, et la loi de la chute des graves avait régi les corps 
de tout temps. De même, si la loi des semblables était une 
vérité, c’est de cette loi que devaient relever les guérisons dans 
le passé. Pareille vérification réclamait une érudition immense. 
Dans un chapitre qui suffit à porter la conviction dans les 
esprits libres de préjugés, Hahnemann, sous le titre de Guérisons 
homœopathiques dues au hasard , démontre que les médicaments 
qui, dans la tradition, se montrèrent curateurs, sont tous aptes 
à produire chez l’homme sain les accidents morbides contre 
lesquels ils furent employés. 

Au cours de ses recherches et de la pratique, Hahnemann et 


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les médecins ses disciples furent amenés à diminuer graduelle¬ 
ment les doses administrées aux malades, jusqu’à la limite où 
ces doses restaient efficaces, et ils atteignirent ce qu’on a appelé, 
par hyperbole , les doses infinitésimales, objet de tant de 
scandales pour la physique et la chimie encore grossières de ce 
temps. 

L’œuvre immense de Hahnemann, soumise pendant un siècle 
au contrôle de milliers de médecins ses disciples, a laissé au 
fonds du creuset trois vérités admises par tous : 

1° La constitution obligatoire d’une matière médicale pure 
par l’épreuve sur l’homme sain. 

2° Le traitement des maladies d’après la loi des semblables. 

3° L’activité des doses atténuées, dites infinitésimales. 

Quelle a été la marche de l’homœopatliie dans le monde? Elle 
a eu le sort que devaient lui valoir, d’une part, sa nature bien¬ 
faisante, d’autre part son caractère d’étrange nouveauté. 

Certain philosophe de l’antiquité prouvait le mouvement en 
marchant. L’homœopathie a justifié ses prétentions curatives en 
guérissant. Ce sont des guérisons éclatantes qui lui valurent sa 
réputation première dans son pays d’origine, et sa transplan¬ 
tation rapide dans les contrées voisines. C’est la guérison, par 
l’Allemand Stapf, de la reine mère d’Angleterre, déclarée incu¬ 
rable par les médecins du pays, qui introduisit l’homœopathie 
en Angleterre. En France, elle fut importée par le comte 
des Guidi, ancien inspecteur général de l’Université, qui avait 
dû aller demander à Naples, à un homœopathe, la guérison de 
sa femme, condamnée par les autorités médicales de notre pays. 
En Autriche, la tolérance impériale fut acquise à l’homœopathie 
à la suite de la guérison du feld-maréchal Radetzki, et l’histoire 
vaut d’être racontée. Radetzki, dont le nom était aussi exécré 
en Italie qu’il était populaire en Autriche , commandait la 
Lombardo-Vénétie, quand il fut atteint d’une tumeur inquiétante 
dans la région oculaire. L’empereur, alarmé pour son général 
favori, envoya à Milan auprès du malade son premier chirur¬ 
gien et l’oculiste de la Cour, qui tous deux se prononcèrent 


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— 360 — 


pour un cancer incurable à brève échéance. Le maréchal, qui 
était vieux, mais tenait à la vie, fit appeler un jeune chirurgien 
militaire, Hartung, qui passait pour opérer, mais clandestine¬ 
ment , des cures merveilleuses. Hartung traita son éminent 
malade par la méthode homœopathique, et j’ajoute, par des 
doses infinitésimales, et le malade guérit. Le post-scriptum de 
l’histoire, c’est que les deux chirurgiens de la Cour, qui avaient 
condamné le malade, aimant mieux se déjuger que d’admettre 
l’hérésie, déclarèrent que leur diagnostic était erroné, et que le 
feld-maréchal avait guéri par les efforts de la nature. Ni 
Radetzki le guéri, ni Hartung le guérisseur ne protestèrent. 

Il en alla tout autrement quand l’homœoj)atkic, cette nou¬ 
veauté révolutionnaire, se trouva en face des corps savants, 
académies et facultés, qui couvrent le sol de la vieille Europe. 
Il était impossible que l’évidence des faits n’entraînât pas 
quelques conversions, et nous pouvons rappeler entre autres, 
celle de Risueno d’Amador, professeur à la Faculté de Mont¬ 
pellier, de Jourdan, de l’Académie de médecine de Paris, le 
premier traducteur en français des œuvres de Hahnemann, de 
Zlatarovich , professeur de matière médicale à l’Université 
Joséphine de Vienne, qui a raconté lui-même les circonstances 
de sa conversion publique et définitive : 

« Je traitais, dit-il, du mercure et des effets physiologiques 
de cette substance, lorsque tout à coup je m’aperçois que je fais 
la description de la maladie vénérienne. Cette idée me traverse 
l’esprit comme un éclair, me frappe et m’interdit au point que 
je suis forcé de plier mes notes et de terminer brusquement la 
leçon, à la grande stupéfaction de mon auditoire. 

« Rentré chez moi, je fais renvoyer tout visiteur pour ne pas 
être distrait, et, dans un état de vive agitation, je me mets à 
réfléchir à la découverte importante que je venais de faire. Je 
ne connaissais l’homœopathie que d’une manière très imparfaite, 
et j’avais contre elle les préventions communément partagées 
par ses adversaires. Cependant, son principe des semblables me 
vint naturellement à l’esprit, et je cherchai avidement dans cette 


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doctrine Implication et la vérification générale de la particu¬ 
larité qui m’avait frappé dans les effets du mercure. Je vérifiai 
pour toutes les substances médicamenteuses la réalité de cette 
merveilleuse loi des semblables, loi thérapeutique générale et 
fondement de l’art guérir; j’ai adopté, depuis lors, sans restric¬ 
tion, la méthode homœopatliique. » 

Mais ces quelques conversions ne pouvaient être que des faits 
isolés, et il n’est pas besoin d’une grande perspicacité psycholo¬ 
gique pour comprendre que les corps savants ne pouvaient être 
entamés par une nouveauté de provenance exotique. Les acadé¬ 
mies ne méritent pas, à coup sûr, les critiques amères que leur 
ont décernées des candidats dépités , comme celui qui les 
appelait avec mépris des murailles, ou comme Piron, lançant sa 
célèbre boutade à l’Académie française : « Iis sont la quarante 
qui ont de l’esprit comme quatre », les académies ne peuvent se 
composer que d’une élite. Mais on n’y entre pas dans l’âge de 
l’opposition et des vaillances ; on n’y est admis qu’en donnant 
des gages d’orthodoxie ; et ainsi passé maître à bon droit, il est 
naturel qu’on n’aime pas à se remettre sur les bancs. Les acadé¬ 
mies sont, non pas des laboratoires, mais des conservatoires, 
la méchanceté les appellerait des nécropoles ; elles sont certai¬ 
nement des éléments de conservatisme, des éléments de résis¬ 
tance. Les corps savants, en médecine particulièrement, ont fait 
obstacle à toute nouveauté : ils ont combattu le quinquina, 
l’antimoine, comme l’homœopathie, comme le magnétisme, 
comme tout ce qui se produira hors de leur sein. Rappelons 
quel fut, en France, le sort de la démonstration si simple et si 
féconde d’Harvey, de la circulation du sang. Quoi de plus facile 
que de vérifier l’assertion d’Harvey, que les artères charriaient 
du sang? Il eût sufii d’ouvrir l’artère d’un chien; il eût suffi 
d’ouvrir les yeux au jaillissement sanguin des artères sur le 
champ de bataille, sur l’échafaud où la hache prodiguait les 
têtes nobles, sur la table d’opérations du chirurgien. 

Mais Galien avait enseigné que les artères étaient réservées à 
la circulation des esprits animaux que personne n’avait vus, ne 


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voyait et ne pouvait voir, et la Faculté de Paris, fidèle à Galien, 
maintenait opiniâtrement aux esprits animaux la possession des 
artères. Iiiolan, un célèbre anatomiste, un anatomiste, tenait 
pour Galien, et Guy Patin, l’homme d’esprit de la corporation, 
lança intrépidement un mot d’ordre partout acclamé : « Màlo 
cum Galeno errare quam cum Harvey circulare . » Il faut être 
•barbouillé de latin et doublé de cuistrerie, pour apprécier la 
saveur de ce calembour à double détente, que, par suite, je me 
dispenserai de traduire. Mais la cour, libre d’engagement envers 
Galien, avait accepté la doctrine d’Harvey, et le Koi Soleil, 
Louis XIV, autorisa l’enseignement officiel de la circulation du 
sang. Par décret de la Faculté, les artères devaient charrier les 
esprits animaux; par décret de la nature, elles charriaient du 
sang; j)ar ordre du roi, la nature triompha de Galien et de la 
Faculté. 

En revanche, là où l’ombre des corps savants ne peut étouffer 
une nouveauté scientifique, sur le sol du Nouveau Monde, la 
liberté, plus puissante et plus compétente que l’absolutisme 
royal, a fait à l’homœopathie l’accueil qui est dû à la vérité. 
Les États-Unis sont couverts d’hôpitaux homœopathiques, qui 
se multiplient chaque jour, d’écoles homœopathiques qui for¬ 
ment de nombreux élèves ; plus de huit mille médecins homœo- 
pathes proclament la doctrine de Hahnemann : des travaux 
importants condensent, contrôlent, étendent, perfectionnent les 
travaux rudimentaires de la première période. 

Dans ce monde médical d’Europe, auquel nous appartenons, 
nous aimons, tout proscrits que nous sommes, à reconnaître une 
passion pour la vérité, qui peut expliquer, si elle ne l’excuse, 
l’intolérance actuelle, et un dévouement à l’humanité souffrante, 
avec lequel se rachètent bien des travers ; et il nous plaît de 
recueillir, de la bouche des adversaires les plus passionnés de 
l’homœopathie, les quelques accents de justice que l’évidence 
leur arrache. L’influence de l’homœopathie est profonde : deux 
faits la proclament. Le premier, c’est le changement prodigieux 
accompli dans la pharmacopée, qui a rejeté dans un dédain bien 


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légitime les préparations dégoûtantes de l’ancienne médecine, 
qui a édulcoré ses formules, qui les a simplifiées, en faisant 
oublier les mélanges insensés, tels que la thériaque, etc., etc., 
qui approxime et dans nombre de cas atteint l’imité tellement 
préconisée par Hahnemann. La seconde est l’activité avec 
laquelle de nombreux démarqueurs empruntent chaque jour à 
notre arsenal médical, les médicaments les plus maniables. Que 
ces larcins bénéficient aux malades, nous en sommes heureux ; 
mais il nous est bien permis de déclarer que le flair des cher¬ 
cheurs et l’avidité des forbans attestent la richesse de la cargaison 
mise au pillage. 


Reste la question des doses infinitésimales. Ce fut longtemps 
une mine inépuisable de plaisanteries faciles ; le placement n’en 
est plus aussi aisé aujourd’hui que, de par les progrès récents de 
la science , l’infiniment petit a pris possession du monde. La 
divisibilité indéfinie de la matière ne faisait pas doute pour ceux 
qui raisonnent ; pour ceux qui ne savent que voir , à quelle 
division est porté le gaz atmosphérique dans les expériences de 
Crookes ? à quel degré de dilatation se trouve le sodium dans le 
pinceau de lumière solaire ou stellaire que décompose le prisme 
du spectroscope ? Dans le domaine de la vie, quelle est la division 
du virus charbonneux qui tue l’animal, dans la célèbre expé¬ 
rience de Davaine? A quel degré d’atténuation se trouve le virus 
rabique , qui, dans les mains de Pasteur , est un agent curatif ? 

Quel est l’avenir de l’homœopathie ? 


Il n’est pas à présumer, il n’est pas à espérer que les portes qui 
lui ont été fermées s’ouvrent d’elles-mêmes : les corps savants ne 
se déjugent pas. Rappelez-vous un fait contemporain. L’Académie 
de médecine de Paris , en des circonstances et pour des motifs 
que je néglige , avait prononcé la condamnation du magnétisme. 
Elle n’a jamais abrogé cette condamnation ; mais , comme il est 
toujours bon de prendre le bien d’autrui, elle a accueilli à bras 
ouverts le même magnétisme lorsqu’il lui a été présenté pa<r un 


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des siens sous le nom d’hypnotisme. Il y a peu de jours, dans le 
grand amphithéâtre de la Sorbonne, tous les corps savants célé¬ 
braient le septentenaire d’un homme qui honore la science et la 
France, tous les orateurs à l’envi, passant en revue les merveilles 
d’ordre médical dues au génie de Pasteur , exaltaient le traite¬ 
ment de la rage par le virus atténué de la rage , la prophylaxie 
du charbon, par le virus atténué du charbon, la prophylaxie du 
rouget par le virus atténué du rouget, le combat contre un virus 
quelconque par le même virus atténué et baptisé vaccin ; nul n’a 
prononcé un mot qui devait brûler toutes les lèvres : homœopa- 
thie. Ce mot ne sera pas prononcé à l’Académie. Elle attendra 
impassible et accueillera avec sénérité comme un produit légi¬ 
time l’homœopathie débaptisée et dotée d’un nom orthodoxe. 
Mais la vitalité de l’homœopathie nous est un sûr garant que 
pareille injustice ne s’accomplira pas. Depuis le temps de Hah- 
nemann et, après lui, de nombreuses écoles médicales ont surgi, 
ont vécu d’une vie éphémère, et leurs débris couvrent le sol. 
Qu’est devenue la plus brillante , l’école de Broussais, qui fit 
verser plus de flots de sang qu’un Tamerlan ou un Napoléon ? 
L’étudiant n’apprend plus à manier la lancette, le commerce des 
sangsues est dans le marasme. On ne trouverait pas un médecin 
qui se réclame d’un de ces maîtres du passé, tandis que Hahne- 
mann, seul chef d’école resté debout, compte dix mille disciples 
qui ne laisseront effacer ni son nom, ni son œuvre. Si l’homœo- 
pathie languit en Europe, elle prospère sur le sol neuf de 
l’Amérique. Le vignoble français épuisé par le phylloxéra a 
trouvé une nouvelle vigueur avec les cépages du Nouveau Monde. 
S’il le faut, les plants américains viendront .combattre le phyl¬ 
loxéra académique . Ce ne sera pas à l’honneur des savants 
officiels : ce sera un triomphe pour la vérité et un bienfait pour 
l’humanité. G. Gonnard. (Art médical,) 


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Dolichos pruriens 

par le Docteur Jean De Wée, de Bruxelles 

J’ai eu à soigner récemment quelques cas d’ictère dont deux 
notamment présentaient un prurit des plus intenses. Après avoir 
parcouru, en vain, tous les livres que j’avais sous la main, force 
m’était de recourir à la matière médicale et c’est en parcourant 
la Condenced materia medica , de Hering, que j’ai trouvé le 
dolichos pruriens . C’est un médicament assez peu connu 
puisque Allen en parle à peine dans son Encyclopédie . Il se 
contente de citer le D r Jæcob Jeanes qui prit une quantité 
indéterminée de la 2 e dil. cent, et constata une sensation 
pénible dans la gorge sous l’angle de la mâchoire inférieure à 
droite, comme si l’on eût enfoncé verticalement à cet endroit 
une esquille longue des 3/4 d’un pouce. La douleur était 
augmentée en avalant. Comme autre symptôme il y avait encore 
une douleur gingivale telle qu’il ne put dormir pendant la 
moitié de la nuit, et enfin quelques tressaillements musculaires. 

La Cyclopœdia of Brug Pathogenesy ne contient aucune 
relation pathogénétique de ce médicament. C’est une omission 
regrettable qui, malheureusement, n’est pas unique dans ce 
vaste recueil. 

J’en arrive à la pathogénésie de Hering; elle contient proba¬ 
blement pas mal de symptômes cliniques. Comme elle n’est pas 
bien longue je me permettrai de la traduire pour les lecteurs 
de la Revue : 

“ Yeux : Yeux jaunes. Jaunisse. 

Denis : Douleur et sensibilité des gencives chez les enfants 
qui font leurs dents. Les gencives sont gonflées avec douleurs 
névralgiques, surtout la nuit. 

Gorge : Douleur d’esquille près de l’amygdale droite, surtout 
en avalant. 

Selles : Constipation pendant la dentition ou pendant la 
grossesse. Selles blanches (jaunisse). 

Toux : En se couchant la nuit. 


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Sensations : Douleurs névralgiques suite de zona. 

Peau : Prurit violent sur tout le corps sans éruption visible 
(constipation de la grossesse, jaunisse). — Eruption sèche, 
herpétique sur les bras et les membres, ressemblant au zona. 

Relations : Dans les troubles de dentition, s’il existe des 
symptômes fébriles, donnez toujours une dose d 'aconit avant 
de donner dolichos pruriens, Là où cette précaution a été 
négligée on a vu survenir des convulsions même en employant 
les dilutions élevées. » 

Farrington n’en parle que dans la dentition des enfants. 
Hughes, dans son Manual of Therapeutics , le préconise contre 
les douleurs névralgiques qui suivent le zona. 

Comme je l’ai dit plus haut, c’est contre le prurit qui 
accompagne l’ictère que je l’ai expérimenté. On me dira bien 
que ce symptôme disparaît avec le retour à la santé, mais cela 
n’empêche que dans certaines affections organiques du foie, par 
exemple, il prive, parfois pendant des semaines, les malades 
de tout repos et souvent même il constitue le seul symptôme 
dont ils se plaignent. Je ne sais si d’autres confrères ont été 
plus heureux que moi, mais j’ai trouvé cette affection très 
rebelle aux médicaments homœopathiques. Mercurius semble 
devoir réussir d’autant plus que neuf fois sur dix ce prurit 
augmente à la chaleur du lit ; cependant il a échoué dans tous 
les cas que j’ai traités, alors que dolichos pruriens m’a réussi 
complètement en très peu de temps. Je ne l’ai, malheureu¬ 
sement , expérimenté que dans deux cas : le premier était 
celui d’une vieille dame atteinte de tumeur du foie. Ce prurit 
datait déjà de huit semaines et constituait une réelle torture 
pour la malade : dolichos pruriens en a eu raison en moins 
de deux heures de temps. Le second cas est celui d’un ictère 
symptomatique de congestion du foie sous l’influence de la 
lithiase biliaire; à chaque poussée congestive se manifestait un 
prurit intolérable qui, chaque fois, depuis l’emploi de dolichos 
%vuriens , cessait comme par enchantement alors qu’autrefois 
il durait aussi longtemps que la congestion elle-même, c’est-à- 


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— 367 — 

dire de cinq jours à deux semaines. Les indications précises 
de ce médicament, comme du reste d'une foule de nouveaux 
remèdes non suffisamment expérimentés, sont encore vagues, 
pour ne pas dire nulles jusqu’ici. 

La dose employée a été de cinq gouttes de la T. M. dans le 
premier cas et cinq gouttes de la 3 e dil. décim. dans le second, 
à prendre dans le courant de la journée. 

Depuis que cet article a été écrit, j’ai traité une jaunisse 
catarrhale avec ce médicament ; il a échoué complètement, 
alors que cardans marianus l’a fait disparaître en trois jours. 
Il est vrai de dire qu’il n’y avait pas de prurit concomittant. 

D r Jean De Wée, de Bruxelles 


La serum-thérapie 

Dans le bouillon de culture de divers microbes, on retrouve 
et on peut arriver à isoler des poisons. Ces substances toxiques 
se produisent également quand l’agent pathogène évolue dans 
un organisme, et c’est à leur diffusion dans les tissus que doit 
être attribuée la maladie dont il est le facteur. Ces poisons 
s’accumulent dans l’organisme ; suivant l’intensité de leur pro¬ 
duction, ils s’y détruisent ou sont éliminés, en particulier par 
les urines. M. Bouchard a démontré pour les maladies infec¬ 
tieuses ce dernier fait. En même temps que ces produits mor¬ 
bides, les microbes produisent d’autres substances destinées à 
vacciner l’organisme, à le rendre plus résistant en lui conférant 
l’immunité. Ce fait est démontré pour quelques-uns d’entre 
eux; et, théoriquement, on peut admettre que la guérison de 
certaines maladies infectieuses se produit lorsque la formation 
de la matière vaccinante est plus intense que celle de la sub¬ 
stance toxique, ou que, par le fait d’une élimination moins 
rapide, elle s’est accumulée dans l’organisme. Cette théorie 
d’une substance vaccinante distincte, produite par le microbe, 
a été entrevue par M. Pasteur, à l’occasion de ses inoculations 
antirabiques. 


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Il émit l’hypothèse que les moelles des lapins inoculés con¬ 
tiennent à la fois les deux substances ; mais que, par la dessi¬ 
cation j)rolongée, les vaccins se détruisent moins rapidement. 
Depuis, les travaux de Charrin, de Salmon, de Roux et Cham- 
berland ont démontré, sinon pour le virus rabique, dont l’agent 
figuré n’est pas encore isolé, mais pour d’autres microbes, la 
réalité de cette ingénieuse conception. 

En modifiant les conditions de la vie d’un microbe, on modifie 
sa forme, on change certaines de ses fonctions, on le rend moins 
virulent. La fonction chromogène, si caractéristique de certains 
d’entre eux, peut même disparaître dans des conditions que 
Charrin nous a appris à réaliser facilement pour le bacille 
pyocyanique. 

Des cultures appropriées ne permettraient-elles pas de 
déposséder certains microbes de leur faculté de fabriquer une 
substance pathogène, tout en leur laissant la sécrétion vacci¬ 
nante? On voit de quel secours seraient de pareils agents. La 
substance chimique vaccinante pourrait être donnée pour créer 
l’immunité préventive, mais plus souvent encore pour guérir la 
maladie en cours. Dans ses leçons sur la thérapeutique des 
maladies infectieuses, publiées en 1889, Bouchard entrevoit la 
possibilité de ce progrès. 

« Qui nous défend de penser, dit-il, qu’on pourra récolter un 
jour le poison soluble sécrété par les microbes pathogènes de la 
fièvre typhoïde en quantité suffisante pour l’administrer à 
l’homme atteint de la fièvre typhoïde ! Ne pourra-t-on pas 
cultiver industriellement en quelque sorte les agents infectieux ? 
Nous avons bien réussi à éduquer, à domestiquer d’autres 
microbes pour nos besoins : ne sont-ce pas des microbes qui 
fabriquent les quelques cent millions d’hectolitres d’alcool que 
nous consommons? Pourquoi n’obligerions-nous pas un jour les 
microbes pathogènes à fabriquer pour nos besoins thérapeuti¬ 
ques leurs poison s, destinés à devenir des médicaments? C’est 
là une espérance que je ne crois pas déraisonnable; la chimie 
saura peut-être aussi fabriquer par synthèse les mêmes poisons 


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— 369 — 


que les microbes pathogènes, mais je ne serais pas surpris que 
la thérapeutique de l’avenir tirât parti des microbes eux-mêmes 
pour la fabrication de ces médicaments. » 

Jusqu’à ce jour, ajoutait Fauteur, nous n’avons pas encore à 
notre disposition les substances chimiques morbifiques et vacci¬ 
nantes, sinon dans les laboratoires pour quelques maladies. 

Ce côté de la question n’a pas fait depuis de grands progrès ; 
cependant, des essais, dont il a été rendu compte dans ces 
colonnes, ont été tentés sur l’homme pour la guérison du tétanos 
avec une antitoxine tétanique d’origine microbienne. 

Un mémoire récent, de Behring, semble indiquer qu’on est 
sur la voie de la découverte d’une méthode de même ordre 
pour la guérison de la diphtérie. 

On sait que la diphtérie est produite par un microbe qui se 
développe de préférence à l’origine de voies aériennes, amyg¬ 
dales, larynx, mais peut aussi envahir d’autres muqueuses et la 
peau privée de son épiderme. 

Les fausses membranes sont produites par les modifications 
apportées dans la vitalité des muqueuses par la prolifération du 
bacille. Les fausses membranes peuvent tuer par acte méca¬ 
nique lorsqu’elles obstruent le larynx. Mais le microbe sécrète 
une substance toxique, très active, dont Roux et Yersin ont 
découvert les propriétés. C’est cette toxine diphtéritique qui 
fait la gravité de la maladie, locale par son point de départ, 
généralisée par l’absorption du poison localement sécrété. D’où 
la nécessité d’un traitement local par destruction de l’agent 
pathogène, source du poison, et général pour remonter l’orga¬ 
nisme et contrebalancer les effets du toxique. 

A la suite de recherches sur l’action bactéricide du sérum 
d’animaux doués d’immunité à l’égard d’une maladie déterminée, 
Behring a établi le fait suivant : Lorsqu’on a rendu des cobayes 
réfractaires à la diphtérie , leur sérum reste favorable à la 
prolifération du bacille de Loeffler, mais détruit les toxines. 

Cette propriété antitoxique n’appartient d’ailleurs qu’au sérum 
des animaux immunisés, et non au sérum des animaux possé- 


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— 370 — 


dant l’immunité naturelle. On voit la conséquence pratique qui 
découle de ces faits intéressants pour le traitement de la 
diphtérie. C’est en 1890 que Behring et Kitisato en ont fait 
connaître l’application, que nous allons exposer dans ses 
grandes lignes, d’après un mémoire de Ledoux et Lebard Q. 

La méthode consiste à conférer l’immunité à des animaux et 
à se servir de leur sérum soit comme vaccin préservatif, soit 
comme agent de traitement dans une diphtérie eu voie d’évo¬ 
lution. 

L’immunité est produite par l’inoculation de virus diphtéri- 
tique chauffé, ou filtré, ou additionné de trichlorure d’iode. 
Le mémoire de Ledoux-Lebard donne d’intéressants détails au 
sujet de cette technique longue, délicate. Pour évaluer le degré 
d’immunité acquis, on cherche par tâtonnements la dose maxima 
de culture capable de tuer un cobaye neuf. 

L’immunité sera égale à 1, 2, 3, etc., suivant que l’animal 
pourra supporter 1, 2, 3 doses égales à cette dose maxima. Le 
sérum est d’autant plus actif que l’immunité acquise est plus 
grande. 

Ce sérum, inoculé en môme temps que le virus actif, empêche 
ses effets; si on l’inocule plus ou moins longtemps après le 
virus actif, il en atténue la nocivité et amène la guérison. Ces 
expériences n’ont encore été faites que sur les animaux ; elles 
ont donné des résultats précis ; mais on n’a pas cru devoir les 
essayer sur l’homme. Ce sérum étant sans danger, l’essai pourra 
en être fait sans que, cependant, on puisse encore prévoir son 
efficacité, car il y a une différence assez grande entre la 
diphtérie expérimentale et par inoculation sous la peau et la 
diphtérie humaine. Il n’est pas prouvé, en outre, que Faction 
antitoxique du sérum actif s’accompagne du pouvoir d’entraver 
la formation des fausses membranes. En tous cas, il pourrait 
jouer le rôle d’une médication symptomatique dans les formes 
toxiques. 

D’autres expériences du même genre ont été faites au sujet 

(i) Revue générale des Sciences , novembre 1892. 


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— 371 — 


de la fièvre typhoïde et on peut entrevoir le moment où la 
sérum-thérapie entrera dans la pratique de la médecine 
humaine. L. Ménard. (Cosmos.) 


Nouveaux aveux des médecins officiels en Allemagne, 
en France et en Italie 

Nos lecteurs connaîtront avec intérêt une série d’aveux édi¬ 
fiants, formulés par un certain nombre de maîtres de l’école 
médicale officielle en Allemagne, en France, et en Italie. 

Niemayer écrit dans son livre classique, vol. I, p. 542 et vol. 
II, p. 403 : « Nous ignorons complètement pourquoi il faut, 
)5 dans telle ou telle circonstance, préférer un médicament à un 
» autre, et l’on ne sait rien de positif ni d’exact sur le mode 
J? d’action des remèdes, k tout instant on en voit la preuve dans 
33 l’incertitude dindication précises, comme, par exemple, dans 
33 le traitement du catarrhe gastrique aigu, maladie banale s’il 
33 en existe. 31 

Dernièrement, un journal qui fait autorité (le Deutsche medie . 
Wochenschrift ) disait : « Nous travaillons sans trêve à construire 
33 la tour de Babel ; ce que l’un préconise, l’autre le défend ; l’un 
33 prescrit le médicament à haute dose, l’autre en faible quantité ; 
33 c’est une confusion, une contradiction, un chaos sans égal. 33 

Au congrès pour la médecine interne en 1888 , le professeur 
Leube, au sujet de la thérapeutique médicale, exprimait le regret 
que les progrès de cette science n’aient pas suivi ceux de la chi¬ 
rurgie et du diagnostic, et le professeur Heitler, de Vienne, 
écrivait naguère : « La thérapeutique doit venir au secours de 
33 l’empirisme, car c’est lui qui, appuyé sur l’expérience, forme 
33 en grande partie la base de notre pratique. 35 

Le professeur Liebermeister écrit dans ses Maladies infec¬ 
tieuses : 3) Le danger réside dans l’élévation du thermomètre, qui 
33 doit être combattue toujours par les antipyrétiques. 33 A quoi 
les professeurs Paulinoff et Dochmann répondent : « La fièvre 


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- 372 — 


» est une réaction naturelle et les antipyrétiques aggravent le 
» mal. » 

Dans une réunion de médecins et naturalistes allemands à 
Halle, le professeur Nothnagel, de Vienne, disait : « Il ne faut 
» pas s’illusionner sur l’action des antipyrétiques ; ils agissent 
» d’une manière encore discutable sur un symptôme, mais non 
» sur la marche fondamentale des maladies », et le D 1 ’ Cavallero, 
de Turin, écrivait à ce sujet : « A l’intoxication par la bactérie, 
» qui existe déjà, s’ajoute celle que produit en outre l’antipyrine. 
» D’ailleurs, dans le traitement des affections aiguës, nous som- 
» mes impuissants contre le microbe qui en est la cause. 
» Quand le microbe siège dans l’intestin, nos antiseptiques intes- 
» tinaux ont peine à l’atteindre. » 

Conclusion : les antiseptiques sont plus nuisibles qu’utiles, et 
la pathogénie ne fournit à la thérapeutique qu’une base illusoire. 

En 1878, le professeur Volkmann écrivait : » Toutes les tenta- 
» tives pour asseoir une thérapeutique rationnelle sur une base 
» physiologique et anatomo-pathologique, s’exposent à un inévi- 
» table échec. » 

En novembre 1891, le professeur Myo, de Florence, a eu la 
franchise de dire dans sa leçon d’ouverture : « La pathologie 
» spéciale poursuit un but difficile à atteindre pour plusieurs 
» raisons. La principale est qu’il n’existe pas de base unique, 
» constante et rationnelle de classification nosologique ; dans le 
» champ de la pathologie humaine, les notions positives et les 
» conquêtes font presque complètement défaut. » 

La base de classification actuelle des maladies s’appuie sur 
trois points : 

L’étiologie, en grande partie indéterminée ; 

L’anatomie pathologique, qui ne fournit pas des éléments d'une 
application générale ; 

La symptomatologie donne encore une base plus incertaine. 

L’étude des causes coefficientes variées de l’infection morbide 
est pleine de difficultés, et reste encore à ses débuts. 

La pleurite, un état morbide rien moins que rare, divise des 


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— 373 — 


maîtres. Le professeur G. Sée veut qu’elle ait un cours défini ; son 
collègue, Dieulafoy, le conteste. (Acad, de Médecine de Paris, 
mai 1892 .) 

Le professeur Bouchard, de son côté, s’exprime ainsi : « La 
« thérapeutique , croyant connaître les causes des maladies , 
„ dirige ses attaques contre ces causes, mais elle ne connaît les 
„ causes prochaines que par exception, et dans les maladies 
» infectives. Ne connaissant pas ces causes, on s’en fait une idée 
„ plus ou moins vraisemblable, et l’on part de ce point pour en 
„ déduire avec facilité les indications thérapeutiques. A la suite 
» d’expériences de laboratoire, la thérapeutique fondée sur la 
» pathogénie, entre dans le domaine de l’hypothèse. 

(Art médical.) 


De l’influence des antiseptiques sur la digestion 
salivaire 

M r H. A. Weber attire, dans le Journal of amer, client, soc., 
l’attention sur ce fait que l’addition de plus en plus générale 
d’antiseptiques aux matières alimentaires, sujettes à se gâter, 
peut être souvent préjudiciable à la santé des consommateurs. 
C’est ainsi qu’on vend dans le commerce , sous le nom de blan¬ 
chisseurs du lard et conservateurs de fruits , vins et cidre, 
nombre de préparations où dominent surtout l’acide salicylique 
et l’acide borique. 

MM. H. Leffmanet W. Beam ayant démontré antérieurement 
que certains agents de conservation arrêtent complètement 
l’action saccharifiante de la diastase et du suc pancréatique sur 
l’amidon, l’auteur s’est proposé de rechercher si ces corps 
avaient la même action sur la conversion en diastase de la pâte 
d’amidon par la salive (à 40 °c). Il paraît ressortir des résultats 
obtenus dans ces expériences , consignés dans une série de 
tableaux, que l’addition d’une partie d’agent de conservation à 
210 parties d’un mélange nutritif, acide salicylique et saccha¬ 
rine, arrête complètement l’action diastasique; le borax et le 


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— 374 - 


sulfite de chaux ne l’arrêtent qu’au début; le dernier n’exerce 
plus ensuite d’action déprimante, tandis que le borax conserve 
jusqu’à la fin son action retardatrice. Dans la proportion de 
1 pour 420, l’acide salicylique et la saccharine arrêtent complè¬ 
tement la transformation de l’amidon ; le borax la retarde 
nettement et le sulfate de calcium est sans action. En solutions 
plus diluées (1 pour 840) le borax et l’acide salicylique exercent 
seuls un effet atténuant marqué, surtout au début, mais moins 
accentué ensuite. Dans la proportion de 1 pour 1050 à 2100, 
le borax seul retarde la transformation diastasique. (Cosmos.) 


VARIÉTÉS 


Simple causerie. — Lorsqu 7 une épidémie de fièvre typhoïde 
ou de choléra éclate, l’on incrimine l’eau consommée par les indi¬ 
vidus frappés. 

Mais, comme Fa si bien dit M. Peter * à propos du choléra, pour 
qu’une mauvaise eau donne naissance au choléra, il faut encore 
l’intervention d’une autre cause, sinon, à Paris, par exemple, le 
choléra serait pendant les 365 jours de l’année, puisqu’il y a des 
gens qui ne boivent, toute l’année, que de l’eau de Seine. 

Si, dans le choléra, on doit tenir compte du microbe, il faut songer 
aussi à cette spontanéité morbide découlant de mauvaises conditions 
de santé antérieures, et ce n’est pas tout encore. En effet, il est bon 
de se rappeler qu’il existe, dans l’organisme, des microbes inoffensifs 
que des conditions déterminées de milieu vivant et de milieu ambiant 
transforment et dans la forme et dans le fond pour les rendre offen¬ 
sifs et toxiques. 

On a vu que M. Charrin , en modifiant le milieu de culture du 
bacille pyocyanique par l’addition d’une substance chimique, avait 
non seulement fait perdre à ce bacille ses propriétés colorantes, 
mais que celui-ci s’était transformé en spirules. Pour cela il avait 
fallu 6 pour mille d’acide borique dans le bouillon de culture. Avec 
un pour mille en plus, il devenait bacille en virgule. 

Eh bien ! pourquoi une modification, un transformisme qui 
s’effectue dans un bouillon de culture, par un changement artificiel 


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375 — 


de ce milieu, ne pourrait-elle pas s’opérer dans le milieu intestinal 
vivant par une modification spontanée de celui-ci et opérer, sur un 
bacille ordinairement inoffensif — comme l’est le bacterium coli 
commun, — une modification de forme et de propriétés, de droit 
qu’il est le rendre courbe et de nature à sécréter des toxines?... ün 
ne peut douter de ce fait. 

Il paraît indéniable que les influences atmosphériques — une 
température prématurément et exceptionnellement élevée, notam¬ 
ment— aient joué un rôle prépondérant dans l’épidémie de l’an 
dernier. 

Les influences atmosphériques varient évidemment selon les con¬ 
ditions de température. Mais si à ces causes s’ajoutent: la misère 
sociale, la famine , l’encombrement, une nourriture insuffisante, 
comme cela s’est vu en Russie et dans l’Inde, on a le choléra asia¬ 
tique sous sa forme la plus épidémique, la plus contagieuse, la plus 
terrible. Là où les conditions générales sont bonnes, le choléra se 
limite à quelques cas isolés. Là où, comme dans l’Inde, les mauvaises 
conditions générales sont portées à leur maximum, il revêt un carac¬ 
tère des plus redoutables. 

Ce qui démontre la production spontanée du choléra, c’est son 
apparition simultanée dans des foyers absolument distincts et séparés 
les uns des autres par des milliers de kilomètres. 

M, Peter en a donné la preuve à son auditoire en citant des 
extraits de divers bulletins relatifs à l’éclosion du fléau. 

Lorsque, malgré les mêmes influences atmosphériques, les condi¬ 
tions sociales sont bonnes, l’épidémie prend moins d’intensité. 
Cependant, s’il y a lieu de tenir compte de la misère sociale, il y a 
plus à tenir compte encore de la misère physiologiquè des individus. 
C’est ainsi que ceux dont le foie ou les reins sont en souffrance, sont 
exposés à être plus gravement frappés. 

Le distingué clinicien a rapporté un exemple propre à démontrer 
que sous l’influence d’un mauvais organisme, de conditions hygié¬ 
niques défectueuses et de certaines conditions atmosphériques, le 
bacillum coli a paru se transformer en bacille de Koch. 

C’est l’individu lui-même qui donne au bacille ses propriétés noci¬ 
ves, en d’autres termes c’est le milieu vivant qui fait la virulence . 
Et comment cette virulence est-elle créée ? Par la formation spon¬ 
tanée de leucomaïnes et de ptomaïnes résultant de l’activité propre, 


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— 376 — 


normale ou morbide des cellules de l’organisme. Les bacilles sortant 
modifiés d’un organisme malade deviennent sécréteurs des toxines 
dont ils sont imprégnés. 

Il y a en cela quelque chose qui nous paraît susceptible de 
comparaison avec les moules qui se trouvent dans certaines eaux 
corrompues, — comme on l’a vu à Willemshaven, — portent en elles 
un poison (méthylotoxine) excessivement dangereux qui réside dans 
le foie de ces mollusques. 

Ainsi les bacilles transformés par un organisme malade sont 
doués par celui-ci de propriétés morbifiques créées par et dans cet 
organisme même. 

Certains savants admettent, à propos du retour des épidémies, la 
revivescence des germes sous des influences atmosphériques, mais 
cela ne peut quand même exclure la spontanéité morbide, sinon 
pourquoi les uns seraient-ils atteints et d’autres point ? 

Si, en temps d’épidémie, il y a lieu de rechercher bonne eau et 
bon air, il faut éviter tout ce qui peut amoindrir la résistance de 
l’organisme, tout ce qui peut être préjudiciable au milieu vivant. 
Le système nerveux est le grand régulateur de ce dernier; c’est à 
lui qu’il faut assurer le maintien de la prépondérance qui lui est 
nécessaire. (Le médecin .) 


SOMMAIRE 

Place au cliloralosc, par le D 1 ' Martiny.353 

Conférences publiques sur riiomœopathie.355 

Doliclios pruriens, par le D r Jean De Wée, de Bruxelles. . 365 

La semm-thérapie.367 

Nouveaux aveux des médecins officiels en Allemagne, en 

France et en Italie.371 

De l’influence des antiseptiques sur la digestion salivaire . 373 

Variétés..374 


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3 ü d’artillerie. 1878., 1 vol. in-8°. 3 fr. 

* De l’état actuel de l’homoeopathie et de ses rapports avec les autres 
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1877. — Réponse au défi de M. le professeur CROCQ. 

» L’homœopathie à l’Académie de Médecine en 1878. — Réponse 
au rapport de M. le docteur COUSOT. 

» De la'polyphénoménie médicamenteuse. 1 .Bruxelles, 1879. 

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régime homœopathique. Harlebeke, 1879. 

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(Traduction du D r guékin-méneville), J.-B. BAILLIÈRE, Paris, 
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