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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
19 e Année AVRIL 1892 N° 1
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMIEOPATHBS BELGES
Président , Secrétaire;
D r SCHEPENS Cyr. PLANQUART
Séance du 5 avril 1892
. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté.
MM. les D rs Martiny, Gaudy, De Cooman, Van Blaeren et
Planquart, père, s'excusent de ne pas pouvoir assister à la
réunion de ce jour.
La parole est donnée au D 1 Lambreghts, fils, d’Anvers, qui
communique à la Société les renseignements suivants sur le :
Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance
d'Anvers
Au point de vue des secours médicaux, la ville d’Anvers est
divisée en différentes sections desservies chacune par un ou
plusieurs médecins allopathes. Ces limites n’existent pas pour
le dispensaire homœopathique qui est accessible aux indigents
de la ville tout entière.
/Intérieurement les malades étaient forcés de recourir aux
médecins de leurs sections ; dorénavant, grâce au nouveau
règlement, entré en vigueur depuis le 1 er janvier, ils ont le
droit, moyennant certaines formalités, de s’adresser au méde¬
cin dans lequel ils ont le plus de confiance.
Le dispensaire homœopathique s’est ouvert le 4 janvier
dernier; les consultations se donnent les lundi, mercredi et
vendredi de chaque semaine, de 3 à 4 h., dans le local central
du Bureau de bienfaisance, rue des Aveugles.
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En attendant l'installation d’une pharmacie homœopathique
dans ce local,l’administration du Bureau de bienfaisance s’est
entendue avec un pharmacien du voisinage qui délivre les
médicaments homoeopathiques prescrits.
Yoici les résultats officiels pendant les 3 premiers mois de
cette année :
NOMBRE DE
Janvier j
Février
Mars
Consultations au dispensaire.!
53
103
141
Visites à domicile.
• 7
14
18
Décès.
0
0
1
Malades envoyés à l’hôpital.
3
2
2
i
Les affections aiguës qui se sont présentées avec le plus de
fréquence sont les affections des voies respiratoires et diges¬
tives, particulièrement les bronchites et les entérites chez les
enfants ; puis des cas assez nombreux d’angine catarrhale,
de névralgie, de migraine, de congestion cérébrale, d’apo¬
plexie, etc., et enfin quelques affections chirurgicales, telles
que contusions, brûlures, entorses.
Les maladies chroniques ont*été de loin les plus nom¬
breuses; je citerai notamment la bronchite, la laryngite,
l’emphysème, l’asthme, la tuberculose pulmonaire, les pleu¬
résies anciennes, le rhumatisme articulaire et musculaire, le
catarrhe de l’utérus avec déplacement de cet organe et sym¬
ptômes réflexes,l’épilepsie, les adénites, les varices et ulcères
variqueux, les otites, les conjonctivites, les affections cuta¬
nées : eczéma, impétigo, urticaire, les vers intestinaux, les
dyspepsies, la chlorose, etc., etc.
On voit par les chiffres mentionnés ci-dessus que le nombre
des malades ayant recours au traitement homœopathique
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augmente dans une proportion fort remarquable, ce qui fait
présager pour le dispensaire un avenir prospère et brillant.
Ces résultats sont d’autant plus satisfaisants que le dispen¬
saire homœopathique est une institution nouvelle et encore
inconnue d’un grand nombre de malades, ceux-ci ayant été
habitués jusqu’ici à s’adresser exclusivement aux médecins
de leurs sections respectives.
D 1 ' Lambregiits, fils, d’Anvers
Ces renseignements sont accueillis par les applaudisse¬
ments de l’Assemblée, qui félicite le D r Lambreghts des succès
obtenus et l’engage à la tenir au courant des progrès du dis¬
pensaire homœopathique.
Le D r Mersch présente aux membres un malade atteint d’une
affection cardiaque et chez lequel il a obtenu de beaux résul¬
tats au moyen des remèdes homœopathiques (1).
Le D r Criquelion donne ensuite lecture d’un travail sur la
dilatation de l’estomac (2),
Enfin le D r G. Malapert du Peux, de Lille, demande l’avis de
l’Assemblée sur un cas de pneumatose intestinale se présen¬
tant sous forme d’accès aigus chez une de ses clientes. Il s’agit
d’une dame arrivée à l’âge de retour. Cette personne a jadis
souffert de crises hépatiques pour lesquelles elle est allée à
Vichy malgré l’avis de ses médecins ; à son retour, son état
s’était sensiblement aggravé. Actuellement, elle présente
d’une façon paroxystique des troubles dans la région iléo-
coecale : distension considérable, sensibilité excessive de cette
région, avec vomissements plus ou moins répétés et avec
oppression. Une selle naturelle survient, tous les malaises se
dissipent et la guérison paraît établie, quand, à la moindre
(1) La relation de ce cas sera publiée ultérieurement,
(2) Voir volume précédent page 324,
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émotion, l’accès reparaît avec les mêmes symptômes. Le trai¬
tement institué jusqu’ici est resté sans résultat.
Ce cas intéressant fait l’objet d’une discussion générale. Le
D r Criquelion préconise bell., le D r De Ridder, d’Alost, ignat .,
et le D r De Wée insiste sur taraxac ., spécialement indiqué
dans le cas de distension hystérique.
Vu l’heure avancée, on remet à la prochaine séance la
lecture d’autres travaux manuscrits et l’on passe au dernier
objet à l’ordre du jour : Maladies épidémiques .
Le D l * Schepens signale une épidémie sérieuse de variole à
Gand. Les médicaments dont il se déclare le plus satisfait
sont : mère., sulph. et ant. tart. Il signale en outre ce
fait intéressant et peu fréquent d’un malade qui a subi deux
fois les atteintes de la variole à quatre ans de distance.
Le D 1 De Ridder, d’Alost, a également à signaler quelques
cas de variole. Un de ses malades a été atteint de variole à
deux reprises, et cola à quelques mois d’intervalle. La pre¬
mière fois il s’agissait d’une variole discrète; actuellement il
s’agit d’une variole confluente. Il trouve que l’évolution de la
maladie est plus bénigne chez les sujets vaccinés.
La question de la vaccine et la relation des deux cas précé¬
dents, où des sujets ont subi deux fois les atteintes de la va¬
riole,amènent le D r Criquelion à dire quelques mots de l’isopa-
thie ; en général, il trouve que si une première atteinte d’une
maladie infectueuse ne peut suffire à préserver d’une deu¬
xième, a fortiori une inoculation préventive, naturellement
plus faible que la maladie elle-même, n’atteindra pas ce but.
Toutefois, il ne se déclare pas adversaire delà vaccine.
Les D rs De Wée et Planquart signalent la présence àBruxelles
de cas assez nombreux de fièvre typhoïde et de scarlatine.
La séance est levée à six heures.
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REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHIQUES DE FRANCE
par le D 1 ' Schepens, de Gand
De l’asthme
par le D r P. Joussêt
L’asthme tient à la fois de la névrose et du catarrhe ; il se
caractérise par une dyspnée dans laquelle l’expiration est
plus longue que l’inspiration. Cette dyspnée revient par accès
souvent nocturnes ; elle disparaît parfois complètement entre
les accès; d’autres fois, au contraire, elle devient habituelle.
L’asthme a pour lésion l’emphysème pulmonaire. Cette lésion
peut être permanente ou passagère.
Le D r Jousset divise son étude en deux parties : le traite¬
ment de l’accès et le traitement de la maladie.
I. — Traitement de l’accès
Les principaux médicaments sont : ipéca , sambucusnigra ,
cuprum , lobelia inflata et bryonia.
1° Ipéca est indiqué par une dyspnée considérable accom¬
pagnée de sifflements et des premiers signes de l’asphyxie,
par une toux quinteuse provenant d’un chatouillement dans
le fond des bronches, accompagnée d’étranglements au larynx
et de suffocation.
Doses et mode d’administration. — La première trituration
décimale, à la dose de 25 centigrammes dans 125 grammes
d’eau, par cuillerée toutes les demi-heures.
2° Sambucus est indiqué par la prédominance de la dyspnée
sur la toux, la face est violette et les signes d’asphyxie sont
plus prononcés que pour Yipeca. Il est moins fidèle que
Y ipéca.
Doses et mode d’administration.— Dix gouttes de teinture-
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mère dans une potion de 125 grammes, une cuillerée toutes
les demi-heures.
3° Cuprum est indiqué par une dyspnée spasmodique avec
resserrement de la poitrine jusqu’à la suffocation et toux
suffocante. Des vomissements qui soulagent le malade sont
une indication de plus pour cuprum; il en est de même des
crampes et des spasmes musculaires qui peuvent survenir
dans d’autres parties du corps.
Doses et mode d’administration. — Deux gouttes de la
6 e dilution dans 125 grammes d’eau, une cuillerée toutes les
demi-heures.
4° Lobelia inflata paraît produire une dyspnée avec con¬
traction du larynx et du thorax, ralentissement et irrégula¬
rité du pouls. D’après R. Hughes les souffrances de l’estomac
seraient une indication de la lobêlie .
Doses et mode d’administration. — Gomme le sambucus.
5° Bryonia est utile quand il existe un certain degré de
bronchite et une douleur de côté qui augmente par les mou¬
vements respiratoires.
Doses et mode d’emploi. — Gomme le cuprum.
6° Aconit est conseillé par R. Hughes quand l’accès
d’asthme a été déterminé par un air sec et froid.
Doses et mode d’administration.— Gomme pour sambucus.
7° Moschus est indiqué surtout chez les enfants quand il
existe un spasme très marqué des muscles du thorax et du
larynx.
Doses et mode d’administration. — l re tritur. décimale en
olfaction ou administrée à l’intérieur à la dose de dix centigr.
par cachet.
Inhalations de différentes vapeurs. — Le papier nitré et
certaines préparations de belladone , de stramonium ou
d 'arsenic soulagent parfois très rapidement les accès d’asthme
les plus intenses.
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La première de ces préparations est tout à fait inoffensive
et n’empêche pas l’action des autres médicaments.
II. — Traitement de l’asthme habituel
Les quatre médicaments principaux sont : la noix vomi¬
que, Y arsenic, le soufre et Yiodure de potassium .
1° Nux vomica est, d’après R. Hughes, le premier des
médicaments curatifs de l’asthme. La dyspnée produite par la
noix vomique ressemble à celle de l’asthme et est accom¬
pagnée d’une sensation de resserrement dans la poitrine. La
noix vomique est particulièrement indiquée quand les accès
d’asthme commencent par des éternuements et un coryza
fluent; l’affection hémorrhoïdaire est une condition de succès
pour la noix vomique .
Doses et mode d’administration. — La 3 e trit., cinq centig.
matin et soir.
2° Arsenicum est le plus souvent indiqué quand l’asthme
est chronique et qu’une dyspnée habituelle avec sifflements,
toux quinteuse, expectoration d’un liquide visqueux, transpa¬
rent et spumeux existe dans l’intervalle des accès. L’agitation,
l’anxiété cardiaque, l’angoisse et les redoublements nocturnes
complètent les indications de ce médicament.
Doses et mode d’administration. — Les premières tritu¬
rations.
M. Roux, de Cette, alterne nux vomica et arsenic; il
prescrit nux le soir et arsenic le matin, dix à vingt centi¬
grammes de la 3 e trituration. On continue ce traitement pen¬
dant des mois en laissant de temps en temps un intervalle de
quatre à huit jours.
3° Sulfur. — L’indication principale de sulfur est la con¬
comitance d’une affection cutanée, surtout si les recrudes¬
cences de Vasthme augmentent avec la diminution ou la
disparition de la dartre .
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Chargé ajoute encore aux symptômes précédents: vieillesse,
concomitance d’un catarrhe; accès survenant pendant le
sommeil et difficulté à supporter la plus petite quantité de
fumée.
Doses et mode d’administration. — Toutes les dilutions.
4° Kali hydriodicum. — Les principales indications de
Yiodure de potassium sont de longs accès de dyspnée com¬
parables à l’asthme, accompagnés d’un afflux de sang consi¬
dérable à la poitrine et vers les parties supérieures du corps.
Les rapports de l’asthme avec l’artério-sclérose donnent une
grande valeur à l’existence d’emphysème habituel pour le
choix de Yiodure de potassium.
Doses et mode d’administration. — Deux grammes ééiodure
de potassium dans 125 grammes d’eau; le malade prend
deux cuillerées à café par jour de cette préparation.
Eaux minérales . — Les eaux du Mont-Dore et celles de
Cauterets constituent une médication très efficace. (Art mé¬
dical.) D r Schepens, de Gand
DE LA GUÉRISON DU TÉTANOS, DU TRISMUS ET DE L’ÉCLAMPSIE
DES FEMMES ENCEINTES OU EN COUCHES
parle D r HEYBERGER,de Protiwin,—Traduction du Chevalier, de Charleroi
La littérature homœopathique contient un grand nombre de
cas de guérison de tétanos et de trismus par les remèdes
homœopathiques et il n’existe pas, je crois, de médecin qui,
dans sa pratique, n’ait eu à enregistrer un de ces succès. Que
serait en effet l’homœopathie, s’il en était autrement : avec
ses doses infinitésimales elle obtient des succès, alors que
l’allopathie, avec son arsenal de poisons, non seulement n’ap¬
porte pas le soulagement qu’on serait en droit d’attendre
d’elle, mais conduit, hélas, traîtreusement bien souvent, les
malades à une mort certaine.
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Il pourrait paraître superflu de rechercher des remèdes
contre ces affections convulsives ; mais on n’en a jamais trop
et tous les médecins s’ingénient parleurs études à trouver des
spécifiques, afin de pouvoir avec sûreté porter secours aux
malheureux patients.
Tétanos. — Trismus
Maria K..., forte fille de la campagne, âgée de 21 ans,
blonde,s’était, de ces derniers jours, beaucoup fatiguée,avait
cuit du pain, récuré la maison, etc.,elle s’était mise en trans¬
piration, avait marché pieds nus et avait gagné un froid.Elle
ne se plaignit cependant de rien et, le 2 février, elle se rendit
à l’église,distante d’une demi-lieue, et fut de retour à 11 heu¬
res. Quand elle voulut se déshabiller, elle devint tout d’un
coup raide comme une statue et tomba à terre. Elle était
tout à fait insensible, les membres contractés et durs comme
dubois. Onia mit au lit et je vins la voir l’après-midi. On
me fit part des circonstances rapportées plus haut, et on me
dit qu’elle avait été réglée il y a quinze jours. A l’examen je
la trouvai sans connaissance, la température de la tête était
un peu plus élevée; la face pâle, les yeux fermés, les pupilles
immobiles; les lèvres sont serrées, quand on les sépare il
s’écoule un peu de salive et de mucosités sanguinolentes ; les
muscles masticateurs contracturés, les mâchoires serrées
l’une contre l’autre. Les mouvements du thorax impercepti¬
bles, la respiration est douce et lente. Le corps est froid. Les
membres sont raides, les articulations se plient très difficile¬
ment, tous les moyens employés par les parents, lavages à
l’eau vinaigrée, frictions, etc., restent sans résultat. Ils sup¬
posent qu’elle est encore en vie, mais ils attendent avec
résignation la fin.
La grande difficulté était de lui faire avaler un médica¬
ment. Les gouttes d’Hoffmann qu’une amie lui avait glissées
entre les dents avaient été rendues avec la salive.
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Je prescrivis des compresses d'eau froide sur la.tête, des
sinapismes aux mollets, aux pieds et entre les deux omo¬
plates. À l’intérieur j’alternai aconit 2° et atropine 2\
toutes les heures une poudre introduite à l’intérieur des
joues.
Le lendemain, la chaleur du corps a un peu augmenté ; le
pouls, qui hier marquait 50, s’est élevé à 65. Les extrémités
plus souples, les muscles ne présentent plus la dureté dubois;
mais il y a toujours perte de connaissance et trismus. Afin
de constater si la sensibilité était encore aussi émoussée, on
lui fît sentir différents liquides mais en vain : de la moutarde
nouvellement pulvérisée placée sous le nez, lui fît faire quel¬
ques mouvements avec les paupières et la tête.
Quelque désagréable que fut cette expérience pour la
jeune fille, elle produisit un bien immense aux parents qui
eurent l’espoir de la voir sauvée.Restait à savoir si, à la suite
de sa chute, elle ne s’était pas donné une commotion céré¬
brale ? Il lui fut prescrit arnica 3 e alterné avec cantharis
3°, ce dernier médicament pour agir sur la miction. A pren¬
dre une poudre toutes les 2 heures par le procédé plus haut
indiqué.
Le 4, la perte de connaissance s’était de beaucoup amé¬
liorée, la malade ouvrait les yeux et par les mouvements de
ses paupières, faisait comprendre ce qu’elle voulait. L’ouïe
également était revenue. Cependant le trismus et la con¬
tracture des membres persistaient toujours. L’émission des
urines était involontaire. Pouls 70. Le soir, je prescrivis
bellad. 2 e et zincum met. 2° que je donnai en friction dans
l’intérieur des joues toutes les 2 heures. Après la prise
de la seconde poudre de zincum, le trismus et la con¬
traction des membres cessa complètement, la malade put se
remuer, ouvrir la bouche, boire un peu de lait, que j’avais
du reste réservé comme unique aliment dans ce cas.
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Le 5, on répéta les mêmes l’emèdes. La langue est bonne ;
la conscience meilleure ; la bouche s’ouvre mieux. Cepen¬
dant les résultats de ces crampes se font jour/ sous forme de
douleurs lourdes, comprimantes dans le front, le sommet de
la tête, la nuque.
Du 8 au 11, un délire et des symptômes fébriles purent
faire croire à l’existence d’un typhus; je donnai par la bouche
cette fois rhus 3 6 alternativement avec zincum 4 e . Tout
s’améliora et le 15 la jeune fille entra en pleine convales¬
cence; depuis lors elle a toujours joui d’une parfaite santé.
Eclampsie post partum et gravidarum
O. Wielobieky a consigné dans les annotations tirées des
cliniques de Rückert deux guérisons de cette terrible mala¬
die, l’une par nuœ vom ., l’autre par cicut. vir. — Il indi¬
que également d’après les symptômes prédominants les prin¬
cipaux spécifiques : Nuœ dans le cas d’embarras intestinal ;
aconit quand la peau est sèche et chaude ; chamomille quand
il y a flatuosités, diarrhée, ténesme ; bellad. quand la cou¬
leur de la face est terne et violacée ; opium, quand il y a
stupeur et respiration bruyante ; hyosciamus, dans le cas de
suractivité de la circulation ; secale et puisât il le, lorsque
les fonctions utérines sont lentes ; compresses d’eau froide
sur les mains et la tête pendant l’accès. La malade doit
être placée dans une chambre obscure et loin de tout bruit.
Et en terminant Wielobieky exhorte ses confrères à recher¬
cher et à expérimenter les spécifiques.
Jahr préconise cyclamen , ignatia , platina et stramon .
Dans d’autres ouvrages, on trouve l’énumération des remèdes
ordinaires prescrits dans les cas de crampes et de convul¬
sions, sans indication spéciale, de sorte qu’ils semblent être
tout simplement de bons conseils. Trop de remèdes rendent
le choix difficile. En allopathie c’est plus facile. Bromure de
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kalium, chloral à l'intérieur et en injection, chloroformisation
ou inhalation de nitrite d’amyle, saignée dans le cas de
pléthore, voilà tout.
Cette maladie est une des plus désastreuses, attendu qu’elle
fait deux victimes à la fois ; les trois-quarts des femmes
meurent de suite, l’autre quart succombe aux suites de la
maladie : quelle belle perspective pour le médecin ! Boer n’a
confiance dans aucune médication. En tous cas le pronostic
est des plus réservé.
Quelle est la définition de cette affection ? Sous le nom
(Y éclampsie gravidarum qï puer per alis on entend une affec¬
tion qui apparaît après la première moitié de la grossesse(1),
avant, pendant ou peu après l’accouchement et caractérisée
par des convulsions générales des muscles volontaires, accom¬
pagnées d’une anesthésie complète, suivies de coma se répé¬
tant à court intervalle et dont les causes sont inconnues, ne
se rencontrant que pendant l’état de grossesse ou de puerpé-
r alité.
Cette affection est rare ; je connais un médecin très occupé
qui, pendant une carrière de 30 ans, ne l’a jamais rencon¬
trée ; cela dépend probablement d’une constitution épidé¬
mique, car il y a à peine un an, il s’en déclara un cas chez
une femme âgée de 20 ans, enceinte de 6 mois, et deux cas
chez des multipares, un avant l'autre après l’accouchement ;
ces trois cas traités par des confrères allopathes se terminè¬
rent par la mort. Au mois d’août de cette année, j’ai ren¬
contré un cas chez une multipare peu après l'accouchement
et,en novembre, un second cas chez une femme enceinte de 6
mois, toutes deux furent guéries. L’année précédente, je fus
simplement consulté pour un cas sans avoir puvoir la malade,
la distance était tellement grande que le remède fût arrivé
trop tard. Le mari, un fermier d’un village voisin, après
(1) On la vue apparaître également après 6 semaines de grossesse.
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- 13 —
avoir d’abord consulté une sage-femme, puis un médecin,
vint me trouver un matin me disant que sa jeune femme, en¬
ceinte de 6 mois, s’était éveillée la nuit atteinte d’un accès
d’épilepsie. Après m’être fait renseigner sur les symptômes
de cette soi-disant épilepsie, j’expliquai à cet homme que nous
avions affaire à un éclampsie et je lui remis 10 poudres
d 'atropine, dont il devait en frictionner une toutes les demi-
heures à l’intérieur des joues de la malade. Le soir il m’en¬
voya dire par un domestique que cela allait mieux, que les
accès ne revenaient plus si souvent et me fit demander de
nouvelles poudres. Je les lui remis avec joie. Mais la femme
mourut pendant la nuit, la médication avait été employée trop
tard.
On ne connaît pas encore l'étiologie ni la pathogénésie
de l’éclampsie, les autopsies n’ont rien fait voir, sinon quel¬
ques lésions pathologiques qui sont plutôt les suites des
convulsions, telles que la congestion cérébrale, les exsudats
séreux , les apoplexies, l’oedème pulmonaire, la péritonite, la
métrite, et la maladie de Bright. D’un côté on incrimine le
sang par suite des changements provoqués par la grossesse;
d’un autre côté ce sont les reins, qui, n’expulsant pas tous les
éléments nuisibles du sang, retiennent dans la circulation un
poison (rénal) qui est la cause de l’éclampsie (1).
C’est sur ces données qu’est basé le traitement de Wielo-
bieky et d’autres, ainsi que les bains prescrits par les allo¬
pathes, et tout une médication pour augmenter la sécrétion
urinaire.
A. —< Eclampsiepost partum . —: Le 2 août, pendant la
nuit, une accoucheuse vint m’annoncer l’heureuse délivrance
(1) Cette théorie de Frerich n’explique pas tous les cas d’éclampsie, pas plus
que celle de Traube-Rosenstein ; cependant, d’après les recherches de Lôhlein,
on trouve dans tous les ca* une diminution dans les urines, de sorte que dans la
majorité des cas on peut considérer comme cause de l’éclampsie l’existence e
ptomaïnes dans le sang.
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d’une de nos voisines, et me demander un remède pour de
fortes douleurs de ventre. Je lui donnai pulsatille et nuoo, si
toutefois le premier médicament ne soulageait pas. Une heure
après, le mari vint lui-même me dire que les douleurs avaient
augmenté.
Je me rendis de suite chez la malade, et constatai l’exis¬
tence de crampes d’estomac très fortes avec la sensation de
brûlure ; les douleurs augmentaient par la plus légère pres¬
sion sur l’épigastre. L’examen de l’enfant, de l’utérus, de
l’arrière-faix, ne fit rien reconnaître. La cause probable de
ce dérangement fut une omelette prise tard le soir, un peu
avant la délivrance. Je lui prescrivis dix poudres à'atro¬
pine 5 e , à prendre une toutes les deux heures, et comme elle
désirait ardemment être frictionnée sur la région stomachale,
je lui donnai de l’huile de jusquiame.
Elle avait pris, comme je l’ai dit plus haut, pulsatille
mais pas nux. La nuit ne présenta rien d’anormal.
Cette femme avait déjà eu 6 enfants, toutes filles ; elle
était très grande, élancée, blonde avec des yeux bleus ; elle
eut un avortement et une fois une métrorragie après ses
couches ; de plus souvent des douleurs rhumatismales ; ses
parents sont bien portants et vieux ; sa sœur est morte
d’éclampsie pendant son accouchement. Elle est âgée de
30 ans. Elle s’était tenue l’après-midi et le soir dans son jar¬
din,qui est situé le long d’une rivière, et elle se sera probable¬
ment refroidie.
Le 3, de grand matin, je revis ma malade ; les douleurs
s’étaient calmées déjà après la seconde poudre et elle s’était
endormie jusqu’au moment de ma visite. L’épigastre n’est
plus sensible. L’utérus revenu sur lui-même avait sa position
normale, les lochies était abondantes, le pouls à 80, tendance
à la transpiration, les seins s’engorgent. Après mon examen,
comme je devais aller voir une patiente qui demeurait au
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moins à 5 lieues de distance, je laissai des poudres & atro¬
pine à prendre à des intervalles plus ou moins éloignés.
Je revins vers 1 heure de relevée, et j’appris que, vers
9 heures du matin, il s’était déclaré subitement des convul¬
sions chez ma malade, qu’on avait dû recourir à un médecin
allopathe, que l’état de la malade n’avait pas changé depuis
et qu’on m’attendait avec impatience. J’y eus une consulta¬
tion avec mon collègue qui avait prescrit du kali hromatum,
mais sans résultat. La malade était plongée dans le coma, les
mâchoires serrées l’une contre l’autre. Gomme elle avait
perdu plusieurs dents déjà, je pensai qu’on pouvait par là
introduire un médicament. J’examinai le bas-ventre ; l’utérus
était dilaté comme par une métrorragie, ce qui pouvait bien
être la cause de ses convulsions. Par le massage et les fric¬
tions, l’utérus se raffermit et revint à sa place normale. Je
donnai platina 3 G , mais je ne parvins pas à l’introduire par
les dents ébréchées, car au lieu d’avaler, par suite de convul¬
sions internes, tout fut rejeté. La malade se réveilla, poussa
quelques gémissements, se jeta sur le côté gauche,, la face de
pâle devint vultueuse, les traits se contractèrent, les pau¬
pières se relevaient et s’abaissaient convulsivement, les yeux
étaient agités et convulsés vers le haut, les pupilles dilatées,
insensibles, la bouche tiraillée, les mâchoires serrées et la
tête tournée tétaniquement à gauche. Les bras et les jambes
étaient agités, puis raidis, la face engorgée, le pouls petit et
fréquent.
La respiration ralentie, des glaires accumulées dans le
gosier, occasionnaient des râles bruyants ; anesthésie com¬
plète. L’utérus, que je voulais maintenir dans sa position, était
le siège de mouvements, de soubresauts contre la paroi du
ventre, tellement véhéments, que je pouvais à peine les mo¬
dérer avec la main. Il était animé, comme tout le corps, de
secousses vraiment électriques. Ces symptômes durèrent
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quelques minutes, puis tout se calma, les convulsions cessè¬
rent, les membres se relâchèrent, la bouche expulsa quelques
glaires sanguinolentes, la respiration devint plus régulière,
le pouls se releva, la peau fut couverte de transpiration et la
malade s’endormit.
Pour maintenir la matrice en place, je recouvris le ventre
d’une serviette pliée et par dessus un plat d’étàin fut assujetti
par un bandage de corps; j’appliquai des sinapismes aux mol¬
lets et aux pieds, des compresses d’eau froide sur la tête.Mon
collègue se retira, se mettant à ma disposition. Il s’agissait
maintenant d’instituer la thérapeutique de cette éclampsie,
affection qui presque toujours se termine par la mort ! U atro¬
pine n’avait pu conjurer l’affection, platina n’avait rien pro¬
duit; j’essayai gelseminum, zincum oxydâthyosciam.,
bellad . 2 e , canthar ., en frictions dans l’intérieur des joues.
Chaque fois qu’un accès se répétait, j’étais en droit de con¬
clure que le médicament donné n’avait pas produit son effet;
c’est ce qui m’était déjà arrivé pour cicuta virosa et nux
vomica.
Les accès se répétaient toutes les 1/2 heures. Les spéci¬
fiques, oui Wielobieky avait raison de dire, cherchez les
spécifiques! Vers le soir, elle eut un accès très fort, et je
crus bien que c’était le dernier. Par bonheur je me rappelai
le cas que j’avais guéri quelques mois auparavant par zincum
metallicum . Je le donnai comme dernière planche de salut
conjointement avec bellad . en cause des organes utérins,
alternativement toutes les 1/2 heures. Pendant une heure et
demie, il n’y eut pas d’accès. Enfin, vers 10 h. du soir, il en
arriva un léger et court. Bellad. et zinc . met . 2° furent
donnés par la bouche toutes les 2 heures.
Le 4 au matin j’enlevai le bandage, l’utérus était dans sa
position normale, les lochies avaient leur cours naturel, mais
la malade est effarée, ne se rappelle de rien, regarde tout
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autour d’elle, comme si elle se trouvait dans un endroit étran¬
ger ; elle a mal à la langue, qu’elle a mordue. Collutoire à
Y arnica, à l’intérieur bellad . 3 Ô et zinc. mêtall. 4 e .
Le 5, subitement se déclarent de grandes douleurs de ven¬
tre, dont chamomille 2 e eut vite raison. On continue bel¬
lad. et zinc, comme la veille.
Le 6, hémicranie très forte.
Le 7, diminution de la céphalalgie ; forte transpiration.
Le 8, la transpiration continue.
Le 9, la tête est libre, la malade se trouve bien, prend part
à la conversation, elle est‘contente, mais ne se rappelle nul¬
lement de ce qui s’est passé.
Quelques jours après la malade était en pleine convales¬
cence et jusqu’à ce jour s’est bien portée.
B. — Eclampsie gravidarum. — Le 24 novembre
Joseph B. vint me trouver très tôt, m’invitant à aller voir
sa femme, enceinte de 6 mois, primipare, qui était tombée
dans les convulsions une première fois vers minuit et qui
depuis lors avait eu déjà deux'accès.
Je m’y rendis de suite, heureux d’avoir un remède efficace,
pourvu que comme tant d’autres, il ne faillît pas.
A mon arrivée, un accès venait de se déclarer avec tous
les symptômes cités plus haut. Face rouge et vultueuse, les
yeux convulsés et immobiles, le tronc contourné à droite,
avec des soubresauts de tendons, les mâchoires serrées,
mouvements cloniques et toniques des extrémités, insensi¬
bilité complète, respiration stertoreuse et mouvements d’ex¬
pulsion du bassin. De la bouche sortait une écume sanguino¬
lente, la figure devint pâle et comme harassée par une
grande fatigue, la malade tomba de sommeil.
C’est une jeune femme aux cheveux châtains, bien forte et
bien bâtie, assez grande, âgée de 24 ans, mariée depuis un
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an; n’a jamais été malade. Gomme cause occasionnelle, on
pourrait citer le froid : elle avait en effet beaucoup travaillé
dans l’eau.
Je lui fis appliquer des sinapismes aux mollets, aux pieds et
à la nuque, des compresses d’eau froide sur la tête. Gomme
médicament on lui frotta à l’intérieur des joues zinc, métall.
2° et bellad. alternativement. D’abord toutes les demi-beures,
puis toutes les heures et enfin toutes les deux heures. Après
un accès aussi fort que celui que j’ai décrit plus haut, il y
eut une longue pause, puis, mais de moins en moins fortes,
encore quelques secousses à intervalles assez longs. La
malade dormit toute la nuit, s’éveilla parfois, mais fut
très tranquille vers le malin.
Le 25, tout se passa bien ; la malade seulement ressent le
contre-coup de ses convulsions: la face est rouge et souriante,
pas le moindre souvenir de ce qui s’est passé, elle est comme
une personne ivre, elle reconnaît ses proches parents, mais se
plaint de grandes douleurs de tête, ne se croit pas chez elle,
et par moments rit tout haut.
Continuation en tous points du traitement.
La nuit du 26 a été bonne, plus tranquille que les précé¬
dentes ; la peau est moite, elle reconnaît mieux, mais voit les
objets les plus rapprochés en double et en triple, et ceux plus
éloignés, les portes, armoire, étuve, comme s’ils allaient
choir. Mêmes prescriptions.
Le 27, la nuit fut bonne, état général satisfaisant, selles et
urines normales. Les symptômes du côté de la vue persistent,
elle s’effraie vite, elle voit encore le plafond qui balance,
ainsi que l’étuve, la porte, l’armoire, mais elle comprend que
cela n’existe pas, que c’est sa maladie qui est cause de ces
troubles optiques.
Le 28, le sommeil est meilleur, elle a chaud et demande à
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pouvoir se lever, ce qui ne lui est pas accordé. Elle voit
mieux. Mêmes prescriptions.
Le 29, nuit bonne, transpiration abondante, les membres
sont comme brisés, elle s’oriente dans sa chambre.
Le 30, mieux général, elle se retrouve chez elle, reconnaît
tout et voit tout en place.
Elle se lève, marche bien. Dernières prescriptions.
Dès lors, tout va vers une prompte guérison.
A dater du 1 er décembre, la guérison fut établie et la gros¬
sesse se poursuivit régulièrement ; seulement les mouvements
de l’enfant étaient affaiblis, et se ralentirent encore davan¬
tage le 7 e mois ; état général satisfaisant. Le 21 décembre,
elle ressentit les premiers maux, mais tout se calma assez
vite. Le 24, ils revinrent, persistèrent et le 25, à 5 heures du
matin, elle mit au monde une enfant morte, âgée de 7 mois.
A l’examen, il fut facile de constater que l’enfant était
morte depuis plusieurs jours.
Cet accouchement avait fortement affaibli lafemmé, et pen¬
dant les 7 jours suivants, elle se plaignit beaucoup de fai¬
blesse ; mais elle se remit insensiblement et maintenant elle est
très bien portante.
Gomme conclusion, nous pouvons dire que le spécifique de
l’éclampsie est trouvé, et qu’il appartient en entier à l’ho-
mœopathie.
Ce spécifique c’est le zincum metallicum 2 e et 4°.
D’après son action physiologique et son action pratique, il
est en tête des médicaments du cerveau et des nerfs, et il agit
également sur les reins. Hirschelle recommande dans le trai¬
tement des crampes, des convulsions, de l’éclampsie chez les
enfants, en alternance avec moschus\ comme dans la médi¬
cation de la danse de St-Guy. Quoique bellad. et son alcaloïde
n’aient produit aucun effet, on peut néanmoins l’alterner avec
zinc, métall. car, dans ce cas, j’estime que bellad . relève
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l'action de zinc, en ce sens qu’elle diminue les congestions et
les hyperémies, et qu’elle facilite par là l’action de ce médi¬
cament.
Je le recommande tout spécialement pour les affections de
nature convulsive, suite de puerpéralité si graves et qui si
souvent se terminent par la mort. (Allgemeine Homôopa-
thische Zeitung, février 1892.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
REVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D’AMÉRIQUE
par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers
Hypertrophie de la prostate
Le D r Bessey, de Toronto (Canada), publie dans YHahne-
mannian Monthly un mémoire très intéressant sur l’hyper¬
trophie de la prostate. Il passe d’abord en revue les causes
diverses de cette affection. Le plus souvent elle est due à une
irritation locale, à une congestion, à des troubles circula¬
toires produits par la masturbation, les excès vénériens, les
injections irritantes dans l’urèthre, une ancienne gonorrhée,
etc.; parfois la cause est inconnue. Les constitutions gout¬
teuses et hémorrhoïdaires y sont particulièrement prédispo¬
sées.
L’hypertrophie de la prostate se manifeste ordinairement
vers l’âge de 50 ans. D’après le D r Messers, elle existerait
chez 20 p. c. des vieillards âgés de plus de 60 ans. Le diagno¬
stic est assez aisé. Par le toucher rectal on constate la pré¬
sence d’une tumeur plus ou moins considérable et occupant
un siège variable d’après que l’hypertrophie a envahi le lobe
droit, gauche ou médian de la prostate.
En pratiquant le cathétérisme dans les cas surtout où le
lobe médian est engorgé, la sonde rencontrera un obstacle
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au col de la vessie ; en outre, si le malade a uriné avant
l’opération, la sonde ramènera encore une certaine quantité
d’urine.
Les malades atteints d’hypertrophie de la prostate s’ima¬
ginent qu’ils souffrent d’hémorrhoïdes internes parce qu’ils
éprouvent une sensation de pesanteur dans le périnée, du
ténesme et une certaine gêne en urinant. La vessie devient
ensuite très irritable ; les envies d’uriner augmentent, mais
la vessie ne peut se vider complètement et l’urine devient
ammoniacale. Alors sous l’influence d’un refroidissement,
d’excès vénériens ou de tout autre cause capable de conges¬
tionner la prostate, il peut se produire une rétention com¬
plète d’urine.Si un traitement approprié ne vient pas enrayer
la marche de cette affection, la terminaison sera nécessai¬
rement fatale. L’hypertrophie de la prostate faisant des pro¬
grès, l’obstacle à la miction devient nécessairement plus
considérable, et la vessie est continuellement distendue par
de l’urine ammoniacale. Il se produit alors une cystite chro¬
nique ; les urétères se dilatent et les reins s’entament à leur
tour. En un mot tout l’appareil urinaire devient le siège d’une
inflammation chronique et le malade meurt par pyémie ou
empoisonnement urémique.
Le traitement de l’hypertrophie de la prostate proposé par
le D r Bessey n’est qu’une modification du procédé de Was¬
hington Atlee qui injectait dans le rectum l’extrait d’ergot de
seigle.
Le D r Bessey résume ses vues thérapeutique» dans les six
propositions suivantes :
1° La prostate et ses vaisseaux sont pourvus de fibres mus¬
culaires lisses ou involontaires.
2° La vessie contient à la fois des fibres musculaires lisses
et des fibres striées.
3° Vergot de seigle possède la faculté de contracter les
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muscles lisses ou involontaires ; il agit donc spécialement sur
les parois des vaisseaux et diminue leur calibre.
4° Cette action de Y ergot de seigle sur les fibres lisses est
très prononcée ; mais la réaction se produit rapidement et la
contraction fait place à un certain degré d’épuisement et de
relâchement.
5 * Cimicifuga racemosa jouit de la propriété de provo¬
quer dans les muscles involontaires des contractions toniques
et persistantes par son action spéciale sur le nerf grand sym¬
pathique.
6° L’emploi de cimicifuga ou de son principe actif, la
cimicifugine, dans les cas de faiblesse et de relâchement des
muscles involontaires comme les congestions chroniques avec
douleurs, l’engorgement de la prostate, la débilité avec
irritabilité des parois de la vessie, de l’utérus, du cœur, de
l’urèthre, etc., ne saurait être trop recommandé surtout en
combinaison avec Yergot de seigle (1 partie de cimicifuga
pour 2 parties (Yergot) lorsqu’on veut obtenir une action
énergique et continue.
Beaucoup de remèdes ont été essayés dans l’hypertrophie
de la prostate, notamment l’iodure de potassium, les astrin¬
gents, etc., mais aucun n’a donné de résultats aussi satisfai¬
sants que secale associé à cimicifuga .
Lorsqu’on se trouve en présence d’un cas de rétention
d’urine due au gonflement de la prostate à la suite d’une
congestion aiguë ou d’une inflammation, on prescrira quel¬
ques remèdes généraux tels que aconit, ferrum phospho-
ricum , des bains chauds, cataplasmes, etc.; ensuite on
videra la vessie au moyen d’une fine sonde en caoutchouc,
après avoir fait préalablement dans le canal de l’urèthre une
injection d’huile chaude. Si le cathétérisme est impossible,
il faut recourir à la ponction de la vessie par le rectum au
moyen d’un trocart courbé.
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Après avoir vidé la vessie, on procédera au traitement de
l’affection prostatique. Pour cela, on lavera l’uréthre et la
vessie, si c’est possible, av"ec une solution très chaude de
sublimé, 1 pour 10,000, puis on injectera dans le rectum
10 gouttes d’extrait d "ergot de seigle avec 5 gouttes de
cimicifuga racemosa .
On répétera ces injections toutes les 2 heures jusqu’à ce
que le gonflement de la prostate ait diminué et qu’on puisse
introduire aisément dans la vessie une sonde métallique.
Le traitement sera continué pendant un certain temps en
ayant soin d’employer des sondes de plus en plus volumi¬
neuses et de diminuer le nombre d’injections et la dose des
médicaments.
Cimicifuga a une action tonique surprenante sur l’appa¬
reil urinaire; administré par voie rectale, il rétablira la
puissance musculaire de la vessie et réduira de volume les
prostates qui, depuis de longues années, sont le siège d’une
hypertrophie ou d’une inflammation chronique.
Le D r Bessey cite ensuite un exemple à l’appui de ces
faits :
Un homme était atteint depuis 9 ans d’hypertrophie de la
prostate compliquée de cystite chronique. Il avait passé par
les mains de plus de 20 chirurgiens sans trouver le moindre
soulagement. Il était obligé de se lever 10 à 12 fois par nuit
pour uriner et la miction était très douloureuse. Je procédai
immédiatement au lavage de la vessie avec une solution de
sublimé, puis j’injectai toutes les 2 heures dans le rectum
l’extrait d ’ergot mêlé à la teinture de cimicifuga .
Dès le 3° jour, le malade éprouva un soulagement notable.
Je prescrivis les mêmes injections plusieurs fois par jour et
je pratiquai chaque matin le cathétérisme avec une sonde
métallique d’un calibre de plus en plus fort. Au bout de
3 semaines, le malade put dormir toute la nuit sans être
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obligé de se lever, et au bout de 3 mois il fut complètement
guéri.
Le D r Bessey ajoute qu’il a expérimenté ce traitement
chez un grand nombre de malades, et que presque tous
éprouvaient une amélioration notable dès les premiers jours.
Traitement de la syphilis
par le D r G-ràmm, de Philadelphie
Pour la plupart des médecins, le traitement de la syphilis
ne consiste que dans l’administration du mercure au début
de l’affection et de Yiodure de potassium à une période
ultérieure. Le mercure , il est vrai, constitue un remède
souverain dans la majorité des cas de syphilis ; cependant
lorsque les indications se présentent pour d’autres médica¬
ments, il est utile et même nécessaire d’y avoir recours.
La question de savoir si la syphilis est susceptible de guérir
radicalement par des remèdes autres que le mercure et
Yiodure de potassium , doit être, selon mon avis, résolue
par l’affirmative. La syphilis, en effet, est une maladie infec¬
tieuse analogue aux affections de même nature ; ses proces¬
sus de destruction et de réparation suivent les mêmes règles,
et si la loi des semblables est un guide sûr dans le traitement
des diverses entités morbides, pourquoi ne le serait-il plus
dans la syphilis ?
Il est nécessaire de commencer le traitement de Paffection
syphilitique dès que les symptômes caractéristiques apparais¬
sent, même avant les premières manifestations cutanées ; le
chancre dur existant, ce serait commettre une grave impru¬
dence d’attendre jusqu’à ce que l’économie fût complètement
infectée, sous prétexte de se convaincre si l’on se trouve
bien en présence d’un cas de syphilis.
Je passerai sous silence les moyens locaux à employer
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contre le chancre, pour en venir de suite aux indications
symptômatiques de la maladie.
D’après moi, la préparation mercurielle qui couvre la plu¬
part des phénomènes au début de l’affection, est, sans contre¬
dit, Viodure jaune de mercure,mercurius iodat. flavus .
En effet, les symptômes de Viodure jaune de mercure
sont plus superficiels que ceux de Viodure rouge; ils se dis¬
tinguent aussi par la régularité de leur apparition comme
ceux de la syphilis. Les symptômes de Viodure rouge sont
plus irréguliers et sont la conséquence de lésions plus pro¬
fondes ; c’est ce dont il est facile de se convaincre en étudiant
parallèlement les pathogénésies de ces deux sels.
Passons maintenant en revue les divers phénomènes qui
peuvent se présenter dans le cours de la syphilis.
Il y a d’abord l’adénopathie ou l’engorgement des ganglions
au voisinage du point infecté. Ici les préparations mercu¬
rielles ne sont pas très indiquées. Viodure d'arsenic est
préférable surtout lorsque l’engorgement ganglionnaire est
très prononcé et que le malade est très faible.
Arsenicum et baptisia ont souvent réussi à faire dispa¬
raître la fièvre qui se produit ordinairement avant l’apparition
de l’éruption.
Je n’attache pas trop d’importance à la forme de l’éruption,
qu’elle soit rubéolique, papuleuse ou pustuleuse ; cependant
les syphilides pustuleuses réclament plutôt kali bichrom .
que le mercure . Le mélange de ces differentes formes de
syphilides fera songer à mercurius corrosivus . Dans un
cas de syphilide papulo-squameuse chez une jeune fille de
19 ans, je me suis bien trouvé de carbo animalis qui cor¬
respondait parfaitement à l’ensemble des symptômes.
Stillingia est un excellent remède dans les éruptions
squameuses surtout lorsqu’il y a en même temps des douleurs
localisées au foie et à l’estomac. Enfin arsenicum m’a rendu
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de grands services dans les syphilides squameuses de la
plante des pieds et de la paume des mains.
Les douleurs rhumatoïdes dont les malades se plaignent
au débat de la syphilis seront combattues avantageusement
par Yiodure de potassium à doses massives, 5 grains par
jour.
Ce médicament ne peut être continué pendant longtemps,
et doit être remplacé par d'autres dès que les symptômes
ont disparu.
Quant à la céphalalgie syphilitique ; mercur. iodat.flavus
est indiqué lorsque la douleur est sourde, lorsqu’elle siège
surtout au front et qu’elle est plus prononcée le matin. La
céphalalgie de merc. iodat. ruber a un caractère de tension
plus marqué et s’aggrave ordinairement vers le déclin du
jour.
Belladon . réussit dans quelques cas lorsque les autres
symptômes correspondent à ce médicament.
Plumbum est très utile dans l’alopécie ; on le prescrira
lorsqu’il n’existe aucun autre phénomène important récla¬
mant des remèdes spéciaux.
La plupart des médecins ont l’habitude de combattre l’iritis
syphilitique survenant dans la période secondaire à l’aide de
Yiodure rouge de mercure . Pour ma part, j’ai obtenu des
résultats beaucoup plus satisfaisants avec Yiodure jaune.
Viodure rouge est plutôt indiqué quand l’iritis apparaît
tardivement à la fin de la période secondaire ou au début de
la période tertiaire, si, bien entendu, cette affection n’est pas
la conséquence du ramollissement d’une petite gomme ; dans
ce dernier cas on aura recours à Yiodure de potasse à doses
massives.
Pour la leucorrhée fétide caractéristique dont se plaignent
beaucoup de femmes syphilitiques, on prescrira les douches
vaginales au bichlorure de mercure , 1 pour 4000.
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Les symptômes de la gorge qui font leur apparition dans la
période secondaire sont justiciables de Viodure de mercure ;
Viodure rouge affecte plutôt le côté droit et Viodure jaune
le côté gauche. D’autres remèdes tels que belladon ., phytol ,,
lachesiSy etc. peuvent encore être employés utilement dans
ces cas.
Les syphilides tuberculeuses et ulcéreuses tardives récla¬
ment Viodure de potasse , Viodure rouge de mercure et
d’autres médicaments. Ainsi j‘ai fait disparaître rapidement
une éruption tuberculeuse de la face à l’aide de lachesis .
Lorsque les gommes déposées dans la peau commencent à
se ramollir, il est souvent utile d’administrer en même temps
Viodure de potasse et Viodure rouge de mercure , soit en
les mélangeant directement, soit en les alternant ; dans ce
dernier cas il est préférable de donner Viodure de potasse
immédiatement après les repas, et Viodure de mercure pen¬
dant les intervalles. Les ulcères seront pansés à l’acide phé-
nique. (Hahnemannian Monthly.)
üyoscyamine et hyoscine dans les maladies nerveuses
et mentales
par le D r Hale, de Chicago
Les différentes observations que je rapporte dans ce mé¬
moire tendent à démontrer que, si Vhyoscyamine est un
excellent remède dans les affections nerveuses et mentales,
Y hyoscine, qui constitue sans aucun doute le principe actif
d ’hyoscyamus niger , lui est bien supérieur et doit être admi¬
nistré de préférence lorsqu’on ne fait pas usage du suc de la
plante elle-même.
IVhyoscine est en effet plus douce dans son action et n’ex¬
pose pas tant que Vhyoscyamine à la production de sym¬
ptômes patbogénétiques.
En abordant l’histoire de ces remèdes, je ne puis m’empê-
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cher d’attirer l’attention sur la singulière tactique de nos
confrères allopathes. Aucun d’eux n’ignore que la loi des
semblables est une loi thérapeutique, et cependant ils éprou¬
vent une répugnance instinctive à en convenir, et se mettent
en frais d’imagination pour trouver une explication plausible.
Ainsi, un médecin distingué, à la tête d’un de nos plus im¬
portants établissements d’aliénés, s’exprime de cette manière,
en rapportant les expériences qu’il a faites avec Yhyoscya -
mine :
« Ge remède semble posséder la singulière propriété de
substituer ses symptômes propres à ceux qui existent chez
l’aliéné ».
C’est ainsi, dit-il, qu’il fait disparaître les hallucinations et
les illusions chez les malades soumis à son influence ; or, ces
symptômes,qu il décrit minutieusement et qu’il prétend guérir
à l’aide de Yhyoscyamine , se trouvent relatés tout au long
dans nos pathogénésies fthyoscyamus.
Un autre aliéniste anglais parle en ces termes de Yhyos¬
cyamine :
« Ge remède possède indubitablement une action marquée
sur les affections cérébrales et guérit certaines illusions ou
hallucinations, surtout lorsque les malades sont jaloux, mé¬
fiants et ont des idées de suicide ».
Hahnemann lui-même n’a pas mieux décrit les indications
d 'hyoscyamus.
Pourquoi ne pas reconnaître franchement que, dans ces
cas, le médicament agit suivant la loi des semblables,même si,
en principe, ils n’admettent pas l’application générale de
cette loi?
Il y a quelques années, lorsque Yhyoscyamine fut introduit
dans la matière mé licale, on m’amena de très loin un malade
dans l’espoir qu’un traitement médical approprié pourrait
encore le guérir. Les parents étaient résignés à le placer dans
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— 29 —
une maison d’aliénés si je jugeais l’affection incurable. C’était
une dame d’un âge moyen, robuste de constitution, et ayant
toutes les apparences d une santé physique excellente. Il y a
un an, elle commença à avoir des soupçons sur la fidélité de
son mari et sur l’affection de ses proches. Elle perdit alors
tout intérêt à son ménage ; elle devint morose et toulut à
plusieurs reprises attenter à ses jours.
Je prescrivis hyoscyamine , 3x trituration, un grain trois
fois par jour. Quelques semaines après, j’appris que la malade
allait beaucoup mieux et qu’elle avait abandonné ses soup¬
çons injustes.
Pendant l’hiver de 1872, un médecin,qui ne pratiquait pas,
me demanda en consultation pour sa dame. Ils étaient mariés
depuis un an à peine et avaient été très heureux en ménage.
Depuis quelques semaines, la malade commença à soupçonner
que ses amis conspiraient pour lui aliéner l’affection de son
époux. Elle n’avait aucun doute sur la fidélité de celui-ci, mais
elle était persuadée que certaines personnes s’efforçaient de
la noircir auprès de lui. Aussi, dès qu’elle surprenait une de
ces personnes en compagnie de son mari, elle entrait dans
une fureur indescriptible à tel point qu’elle injuriait son mari,
le mordait et l’égratignait. Ces attaques se terminaient géné¬
ralement par une crise hystérique suivie de prostration et de
stupeur ; la crise passée, la malade regrettait vivement ce
qu’elle avait fait.
D’après les renseignements que j’obtins, un de ses oncles
avait été interné jadis dans une maison d’aliénés, et deux de
ses sœurs présentaient les mêmes symptômes.
Il n’existait aucune trace de maladie physique, sauf une
menstruation peu abondante; mais les symptômes ne s’aggra¬
vaient nullement aux époques menstruelles.
Je prescrivis hyoscine, 1/500 de grain,3 fois par jour. Après
avoir pris ce remède pendant une semaine, les accès dispa-
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— 30 —
rurent et la malade redevint heureuse et gaie. Deux mois se
sont passés depuis lors, sans que la moindre récidive se soit
produite.
Je dois ajouter que, dans ces deux cas, le premier signe
d’amélioration s’est manifesté par la disparition de l’insomnie,
symptôme qui était très prononcé chez les deux malades.
Aussi, comme remède de l'insomnie, Yhyoscine jouit d’une
grande vogue chez nos confrères de l’ancienne école ; mais
ils ont soin de le prescrire suivant la loi des semblables.
A ce propos, le D r Kuy,de Strasbourg,rapporte les résultats
qu’il a obtenus par l’administration du muriate d’hyoscine
dans 88 cas de sa clinique des maladies nerveuses.
Dans 82 p. c. de ces cas, les résultats furent satisfaisants ;
le sommeil durait de 6 à 8 h. et se produisait généralement
une heure après l’ingestion du remède. La plupart des insuc¬
cès survenaient chez les malades dont l’insomnie frétait
accompagnée d’aucun trouble moteur; au contraire,, chez ceux
qui présentaient une grande excitation avec mouvements et
gestes violents, Yhyoscine agissait d’une manière certaine et
rapide.
Or, ce fait est absolument en concordance avec nos indi¬
cations d 'hyoscyamus. Nous trouvons, en eflet, dans la
pathogénésie de ce médicament les symptômes suivants :
Insomnie avec violente excitation physique et mentale ; hal¬
lucinations, illusions avec mouvements brusques, contrac¬
tions, etc.
Si Yhyoscine était donc antipathique à l’insomnie,il devrait
produire chez l’homme sain des symptômes tout à fait oppo¬
sés, ce qui n’a pas lieu, à moins qu’on n’administre le médi¬
cament à doses toxiques.
Voici quelques preuves à l’appui :
Dans un cas rapporté par le D r Gibb, 1/50 de grain d 'hyos-
cine a produit un délire actif, loquace; le malade saisissait des
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— 31 —
objets imaginaires, parlait constamment et ne restait que
difficilement au lit.
Dans un autre cas rapporté par le D r Morton, 1/15 de grain
provoqua des contractions cloniques des bras et des jambes.
Enfin, chez une femme qui avait pris 1/100 de grain, le
D r Prentiss observa les symptômes suivants : Au bout de 3
minutes, grande sécheresse de la bouche et de la gorge, rou¬
geur de la face, sensation de nervosité et d’agacement dans
tout le corps, pleurs, délire.
Il est admis par la plupart des médecins de l’ancienne
école que Yhyoscine est un des remèdes les plus efficaces
dans l'insomnie, la folie, la paralysie agitante, le délire, etc.
Or, ce remède produit des symptômes analogues, lorsqu’il
est administré à hautes doses chez l’homme sain.
Nous savons, en outre, qu’une des indications les plus im¬
portantes d 'hyosciamus, c’est l’aggravation des phénomènes
morbides pendant la nuit : Scheussner, un allopathe, rapporte
dans ses cliniques qu’il a essayé en vain de calmer par Yhyos¬
cine l’excitation qui survenait chez les malades pendant le
jour.
De plus, nous lisons dans le Manuel thérapeuthique , de
Wood : « L’insomnie qui est spécialement améliorée par
Yhyoscine dépend d’une excitation cérébrale; le sommeil est
banni par une foule d’idées et d’images qui se présentent
continuellement à l’esprit du malade ».
Hahnemann a dit la même chose il y a près d’un siècle.
Depuis deux ans, je me sers surtout de Yhydrohromate
(Yhyoscine dans les maladies nerveuses et mentales; les
résultats me paraissent meilleurs.
La teinture (Yhyoscyamus présente souvent un degré de
concentration très variable. Quant au mode d’administration
de Yhyoscine , les médecins l’ont prescrit d’abord en injec¬
tions hypodermiques, mais ils ont trouvé plus tard qu’il était
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— 32 : —
préférable de l’administrer par la voie gastrique ; les effets
persistent plus longtemps, et on évite ainsi la production de
symptômes médicamenteux.
La dose maxima employée par l’Ecole allopathique est
1/60 de grain ; cette dose est trop élevée ; la plupart emploient
Yhyoscine à la dose de 1/100 de grain; mais il a parfois pro¬
voqué à cette dose, et même à la dose de 1/250 de grain,
des effets toxiques chez les malades sensibles.
Je crois que,dans aucun cas,il n’est nécessaire de produire
des symptômes pathogénétiques. Je considère 1/500 de
grain comme dose maxima. La dose minima ne peut être
établie que par des observations rigoureuses. J’ai l’habitude
de commencer par 1/1000 de grain, c’est-à-dire un grain ou
une goutte de la 2/100 atténuation, et j’augmente la dose
jusqu’à ce que j’obtienne des effets curatifs. Pour l’insomnie,
une seule dose suffit; pour les cas de folie, une dose toutes
les 4 ou 6 heures. (Hahnemannian Monthly .)
D r Lambreghts, fils, d’Anvers
SOMMAIRE
Association centrale des homœopathes belges.— Séance
du 5 avril 1892 .1
Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfai¬
sance d’Anvers.1
Revue des journaux homœopathiques de France, par le
D r Schepens, de Gand. 5
De la guérison du tétanos, du trismus et de l’éclampsie
des femmes enceintes ou en couches. — Traduction
du D r Chevalier, de Gharleroi ....... 8
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D 1 ' Lambreghts, fils, d’Anvers.20
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
_ . _ ^ __ _
\ 9 e Année MAI 1892 N° 2
UN CAS DE MÉNINGITE
par le D r Palumbo, de Naples. —- Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
Le 8 décembre de Tannée dernière je fus appelé à visiter
un jeune enfant de 18 mois, Sposato di Gennaro, demeurant
à Naples, pont de la Madeleine, n° 8. Il était très gravement
malade. Couché dans le décubitus dorsal, il avait les yeux à
demi entrouverts, d'un aspect vitreux, les joues étaient pâles
comme la mort, les lèvres sèches et cyanosées, la respiration
haletante. Il était dans le délire et la température au toucher
était un peu au-dessous de la normale. Cet état durait déjà
depuis la veille au soir. Si ce n’était pas l’agonie, c’était
sans aucun doute le stade prémonitoire : la situation n’avait
du reste pas échappé aux parents, qui étaient en pleurs et
qui avaient non loin de la berce préparé une lampe et des
chandelles.
La maladie avait commencé dix jours avant par de la fièvre,
des vomissements et des convulsions éclamptiques. J’avais vu
une fois le malade à ce moment et j’avais prévenu la famille
qu’elle aurait probablement à lutter contre un sérieux ennemi,
la méningite. Mais,sur le conseil de quelques amis, qui avaient
insinué que l’homœopathie était bonne pour le traitement de
maladies légères ou chroniques, mais non dans le cas d’affec¬
tions aiguës et graves, les parents avaient cru bien faire de
confier leur enfant à deux médecins de l’Ecole officielle, les
docteurs C. et Y., qui ne purent ne pas confirmer le dia-
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— 34 -
gnostic par moi posé. Cependant, à la honte des remèdes
énergiques et officiels, l’enfant alla de mal en pis, et quand
les allopathes eurent avoué leur impuissance à le sauver, on
ne trouva rien de mieux à faire que de me confier le petit
moribond ! J’hésitai un instant à le reprendre. Quel espoir
de succès pouvais-je promettre dans ces conditions, et quel
affront pour l’homoeopathie si le succès promis ne se réalisait
pas ? J’étais donc sur le point de me retirer ; mais je me
laissai vaincre par le désespoir des parents à qui mon refus
aurait porté un coup fatal.
A l’état comateux et à la gêne de respiration déjà men¬
tionnés, s’étaient joints quelques soubresauts de tendons du
membre supérieur. Les pupilles étaient dilatées Broncho¬
pneumonie hypostatique double, pouls 120. Température du
creux axillaire 37,5. Les réflexes tendineux et cutanés exa¬
gérés. Anurie depuis 12 heures. Une vessie remplie de glace
comprimait la tête du pauvre petit malade, et sur la table se
trouvaient deux potions dont alternativement toutes les heures
on lui introduisait une cuillerée entre les lèvres. Mon premier
soin fut de le débarrasser de tout cet attirail, et je lui pres¬
crivis une dose de sulphur 30 ü et une de belladone 6 e /à
prendre à une distance de 2 heures l’une de l’autre.
Le lendemain le père vint me dire qu’il lui semblait que son
enfant allait un peu mieux. C’est ce que je pus constater moi-
même à ma visite, car si le coma persistait toujours, la respi¬
ration était certainement plus libre, la pâleur des joues et la
cyanose des lèvres avaient diminué.La température était 38°,
le pouls à 110. Prescription : belladone 12 e et arsenic 12°.
Pendant que j’étais en train d’examiner le petit malade, sur¬
vint le D r Y. (allopathe) un des deux médecins traitants qui
n’avait pas encore été remercié par la famille, et qui avait
signalé l’état désespéré de l’enfant. Il fut étonné de ne plus
yoir la vessie remplie de glace qu’il avait recommandée et
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— 35 —
vantée, ni les potions a base de bromure de potassium, mais
je lui répondis que, si je respectais ses opinions, je ne pouvais
les partager en ma qualité d’homœopathe. Je n’eus pas plustôt
achevé ma phrase, que, tout interloqué, il s’éclipsa bruque-
ment.
Le lendemain, je constatai une amélioration certaine chez
l’enfant. Il ouvrait les yeux, sans cependant rien reconnaître
et promenait le regard par toute la chambre. La respiration
était normale. Les mouvements convulsifs musculaires et ten¬
dineux avaient cessé, la température était 37°,5, le pouls
à 100. Je continuai la même médication et, pour abréger, je
dirai que le petit malade se remit complètement en quelques
jours au grand ébahissement du collègue allopathe.
Et maintenant une petite considération.
J’ai rapporté ce cas de méningite, parce que je pouvais en
donner tous les détails: le nom, la demeure du malade et
(pour qu’on ne crie pas à l’incrédulité) parce que deux méde¬
cins de l’école officielle, dont au besoin je pourrais citer les
noms, ont été témoins du cas et ne pourraient que confirmer
ce que j’ai écrit.
Certes, mon intention n’est pas de faire crier au miracle et
par l’exagération compromettre un système qui s’impose au
respect de tous. Il est certain que toutes les maladies, arri¬
vées surtout à ce degré de gravité, ne sont pas susceptibles
d’une guérison même par l’homoeopathie. J’ai voulu unique¬
ment constater un fait, c’est que le petit malade en question
aurait parfaitement bien pu ne pas sourire aujourd’hui h ses
parents, si un homœopathe ne fût intervenu. (Il secolo omio-
patico.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
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- 36 —
Un cas de maladie chronique du cœur
présenté à VAssociation centrale des homœopathes belges (1)
par le D r Mersch, de Bruxelles
Messieurs, je vous ai amené un petit malade auquel vous
vous intéresserez tous, jepense, car son cas, ainsi que lerésul-
tat thérapeutique que j’ai obtenu, ne se voient pas souvent.
Cet enfant se nomme Jules G.; il est âgé de onze ans et, à
part 1’affection du cœur quasi congénitale dont nous allons
nous occuper, il n’a jamais fait de maladies sérieuses aux¬
quelles nous puissions rattacher son affection chronique.
J’ai eu beau questionner les parents sur les origines proba-
oles du mal, ils m’ont constamment répondu que, dès sa plus
tendre enfance, leur petit Jules avait été plus délicat que ses
frères et sœurs et que le médecin qui m’a précédé l’avait tou -
jours déclaré atteint d’une maladie du cœur incurable.
Pas de début brusque donc, pas d’état aigu ayant provoqué
un séjour au lit. Rien d’accidentel enfin qui pût être invoqué
pour expliquer l’origine du mal, ce qui écarte bien, me sem- .
ble-t-il, l’hypothèse d’une endocardite ou d’une péricardite
aiguës antérieures.
D'après moi, la maladie a dû s’établir insidieusement sous
forme d'affection valvulaire chronique compensée.
Gomme ce dessin vous le montre, la compensation a
notablement dépassé le but qu’elle devait atteindre, comme
cela arrive souvent, du reste, la vis medicatrix naturœ ne
mesurant pas toujours proportionnellement ses forces. Elle
est aveugle comme on l’a dit ; c’est pourquoi nous voyons cet
enfant, qui ne se plaint d’aucun symptôme subjectif, chargé
inutilement d’un cœur aussi volumineux.
Get organe mesurait, la première fois que je vis mon ma¬
lade, 12 centimètres de hauteur, 4 centimètres à droite de la
(1) Séance du 5 avril 1892,
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— 37 —
ligne médio-sternale et 10 centimètres environ à gauche
(cette dernière mesure était naturellement peu précise).
Vous voyez que j’ai dessiné deux limites sur la poitrine du
malade. C’est pour vous montrer le résultat étonnant que
j’ai obtenu. La ligne enveloppante montre la matité car¬
diaque observée le 6 mai 1891, et la ligne inférieure la matité
actuelle que je vais du reste percuter devant vous. Vous
voyez que la différence est notable. N’explique-t-elle point
que cette affection doit avoir une origine dyscrasique? Pour
ma part je n’en doute pas, car il me paraît impossible d’ob¬
tenir un tel effet thérapeutique sur les suites d’une affection
aiguë mal soignée. Aussi,ce résultat corrobore,me semble-t-il,
l’idée qui m’est venue à la première inspection et qui m’a dé¬
terminé à prescrire sulphur .
Du reste, je suis aussi le médecin des parents du ma¬
lade et je sais que tous deux pêchent plus ou moins au
point de vue de la crase sanguine. La mère souffrait d’une
bronchite chronique depuis nombre d’années. Et ce sont des
médicaments tels que lycopode et sulphur qui ont le plus
contribué à la remettre sur pied. Le père jouit d’une parfaite
santé, ou,pour mieux dire, il ne se plaint jamais de sa santé,
mais son teint brouillé, sa peau sèche et ses conjonctives
irritées n’en réflètent pas moins une forte tendance à la
chronicité. Du reste, lui aussi se trouve fort bien de sulphur
pour combattre la moindre de ses indispositions.
Tout cela, pour vous dire que c’est bien à l’état du sang,
Hahnemann eût dit à la psore, qu’il faut attribuer la maladie
du petit Jules. Et que c’est grâce à cela que je dois d’avoir
obtenu un aussi beau résultat, car si nous ne connaissons que
peu de médicaments qui puissent agir mécaniquement sur un
cœur hypertrophié, il ne nous en manque pas qui ont de l’ac¬
tion sur l’état dyscrasique qui, une fois modifié, permet à la
nature de se corriger.
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— 38 —
Cette hypertrophie colossale était, ce qui est bien naturel,
accompagnée d’autres symptômes, tels que : voussure pré¬
cordiale très marquée, souffle intense au premier temps, dans
toute la région cardiaque, et surtout à l’origine des gros
vaisseaux et à la valvule mitrale, et frémissement cataire
des plus prononcés. Au niveau du point maximum de la pro¬
duction de ce frémissement, se manifestait un bruit de roule¬
ment qui couvrait tous les bruits ducœur. Ce bruit cardiaque
existe encore, du reste, quoique beaucoup moins intense que
dans le principe. Le seul symptôme extra-cardiaque que j’aie
pu récolter, consistedans ce que lemalade a été sujet,pendant
assez longtemps, à une éruption papuleuse qui a disparu
maintenant.
Cela, plus que toute autre chose, m’a déterminé à prescrire
sulphur 30°, une goutte à prendre en trois fois, matin,
midi et soir.
Le 1 er juin je revis l’enfant qui m’accusa avoir eu une
poussée de petits boutons aux deux genoux. Les bruits du
cœur me parurent un peu moins intenses et je constatai un
volume car liaque à peu près analogue à celui que j’observai
la première fois ; car il ne faut pas tenir compte de la dimi¬
nution de 2 centimètres à gauche, cette mesure étant, comme
vous le savez, difficile à déterminer exactement.
Prescription: sulphur 30 e , 24°et 18° aa, pulvisn° V numé¬
rotées successivement, une poudre par jour à prendre en
trois fois, matin, midi et soir.
Le 18 juin, je constatai une diminution plus manifeste dans
les dimensions du cœur. Les boutons des genoux n’existent
plus, le frémissement cataire a diminué d 'étendue, il se
localise davantage vers les gros vaisseaux. Le maximum du
souffle systolique s’entend maintenant à la pointe du cœur.
Prescription : sulphur 15°, 12°, 9°, magis., aa pulv. n° Y,
numérotées successivement.
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Le 31 juillet, les dimensions du cœur ont beaucoup dimi¬
nué cette fois, au lieu de 4 centimètres à droite, 12 en
hauteur et 10 à gauche, nous sommes arrivés maintenant à
2, 6 et 6 centimètres. Le tracé sphygmographique est beau¬
coup meilleur que le précédent, comme vous pouvez le con¬
stater.
Le maximum du bruit de roulement s’entend à3 centimètres
au-dessus de la base et à 2 centimètres du sternum.
Prescription : sulphur 6°, puis 3 e , magis., aa pulvis n° Y,
numérotées successivement.
15 septembre. — Le malade est resté un mois sans prendre
de médicament. C’est, sans doute, à cause de sa négligence,
que j’ai constaté cette fois 3 centimètres à droite. Je n’ai pu
déterminer nettement la hauteur, ce jour-là, c’est pourquoi je
ne vous en parle pas.
Croyant que sulphur devait avoir épuisé son action, je
songeai à prescrire des médicaments à action plus directe et,
à cause du frémissement cataire, je pensai à spigelia .
Prescription : Spigelia 6°, pulv. n° XV.
Spigelia 12°, pulv. n° VIII.
Sulphur 30 e , pulv. n° VIII.
numérotées successivement.
Toujours une poudre par jour à prendre en 3 fois.
21 octobre. —Le frémissement cataire a beaucoup diminué
en force et en étendue, à tel point que cette diminution a
attiré l’attention des parents qui, depuis nombre d’années,
avaient constaté eux-mêmes ce symptôme qui leur paraît
très bizarre. La voussure précordiale est aussi moins appa¬
rente. Les dimensions n’ont pas changé cette fois-ci.
Prescription : Spigelia 3 e , pulv. n° XXX.
21 novembre. — Le frémissement cataire continue à être
moins intense. L’enfant me signale qu’il court plus facilement
depuis 3 semaines. Il m’avoue qu’avant cela il avait mal au
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niveau du cœur quand il courait vite, symptôme que l’insou¬
ciance de mon petit malade m'avait laissé ignorer jusqu’ici.
La pointe bat toujours violemment, mais je ne constate plus
de souffle à ce niveau. Aux orifices vasculaires, le souffle
s'entend aux deux temps maintenant, sans doute à cause de
la diminution du bruit de roulement qui cachait le souffle dias¬
tolique moins fort que le souffle systolique.
Mais les dimensions n’ont pas continué à diminuer ; au con¬
traire, elles semblent avoir augmenté en hauteur. L’inégalité
de la ligne supérieure de la matité me fait penser à une
dilatation anévrysmale probable. La nécessité de changer
de médicament et le fait que lycopodium avait agi presque
magiquement sur la mère de mon malade, me déterminent à
chu ir ce dernier médicament.
Prescription : Lycopodium 6 e , 30 e , 200 e , aa pulv. n° X,
numérotées successivement.
21 décembre 1891. — Pas de changement appréciable
Lycopodium , 3° trit. cent 15 ctgr., pulv. n° XXX.
4 février 1892. —L’inégalité de la ligne de matité supé¬
rieure a disparu, les autres dimensions restent les mêmes.
Prescription : Arsen. iod. 3 x.
Spigelia 6 e .
Lycopod . 6°, aa pulv. n° X.
numérotées alternativement.
5 mars 1892. — La voussure n’existe plus. Le frémisse¬
ment cataire est devenu beaucoup moins sensible, le souffle
mitral n’a plus reparu. Il n’existe plus de souffle non plus aux
orifices vasculaires, le seul bruit insolite est le bruit de roule¬
ment qui a lui-même diminué d’intensité.
La dilatation du cœur droit a disparu. Les autres mesures
sont celles d’un cœur d’adulte.
Cette amélioration si soudaine serait-elle due à arsen . iod. ?
Gomme je n’ai pas prescrit ce remède isolément, je ne pourrais
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l’affirmer, car l'amélioration pourrait être due à l’alternance
des 3 médicaments.
Prescription : Arsen . iod ., 3 x.
Spigelia, 3 e .
Lycop 3° trit., aa pulv. n° XXX.
numérotées alternativement.
Aujourd’hui, 5 avril, vous pouvez constater vous-mêmes
que cette amélioration se maintient. Je ne regrette qu’une
chose, c’est de ne pas vous avoir montré le petit Jules tout
au début de mon traitement. Car il me semble que ce résultat
thérapeutique est si merveilleux qu’il doit faire naître des
doutes dans votre esprit. Moi-même j’ai cru plusieurs fois
m’être trompé. Mais cependant la minutie avec laquelle j’ai
examiné chaque fois mon malade, que j’ai percuté à 3 re¬
prises différentes à chacun de mes examens, a dissipé tous
mes doutes à cet égard.
J’espère que vous trouverez suffisante la garantie que je
vous donne, car le résultat que je vous annonce servira à
fortifier encore, si c’est possible, votre conviction dans la
thérapeutique qui nous est chère, et que nous défendons tous
avec tant de sûreté contre la négation officielle que les pro¬
grès des sciences médicales affaiblissent de plus en plus, quoi
qu’en disent certains. D r Mersch
BEVUE DES JOURNAUX linWEflPATIIIO® D’AMERIQUE
parle D r Lambreghts, fils, d-* An vers
Magnesia phosphorica
par les D rs Boericke et Dewey
Le phosphate de magnésie s’obtient en mélangeant le
phosphate de soude au sulfate de magnésie. Il se présente
sous la forme de petits cristaux allongés, d’un goût douceâtre
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- 42 —
et rafraîchissant. Il est très peu soluble flans l’eau et se
décompose facilement par l’ébullition. Il entre dans la com¬
position des muscles, des nerfs, des os, du cerveau et des dents.
Un trouble dans ses mouvements moléculaires donne lieu
à des douleurs et à des crampes. D’après Schüssler magnes.
phos . aurait une action tout à fait opposée à celle du fer .
Lorsqu’un trouble moléculaire survient dans ce dernier
élément, il se produit un relâchement dans les fibres muscu¬
laires, tandis que le même trouble survenant dans les molé¬
cules de magnes, phos . provoque, au contraire, une
contraction très caractéristique ; aussi le < phosphate de
magnésie constitue-t-il un excellent remède contre les
crampes, les convulsions et les autres phénomènes nerveux.
Les affections ayant leur siège dans le tissu musculaire et
dans les cellules des fibres nerveuses sont justiciables de ce
médicament.
Les douleurs ont un caractère spasmodique; elles sont
lancinantes, aiguës, fulgurantes et s’accompagnent d’un
sentiment de constnction. Elles changent souvent de siège et
s’améliorent par la pression et la chaleur. Magnes. phos.
constitue un véritable antispasmodique ; aussi est-il employé
avec succès dans les crampes, le spasme de la glotte, le
tétanos, l’épilepsie, la rétention d’urine d’origine spasmo¬
dique, la paralysie agitante.
Symptômes et indications caractéristiques :
Moral. — Illusions des sens. Disposition aux pleurs.
Tête et cuir chevelu. — Douleurs atroces avec tendance
aux symptômes spasmodiques. Les douleurs sont lancinantes,
intermit lentes avec exacerbations aiguës et changent de
place. Douleurs névralgiques et rhumatismales toujours
calmées par la chaleur. Douleurs très aiguës dans la tête,
surtout chez les personnes jeunes et fortes. Céphalalgie ner¬
veuse avec étincelles devant les yeux et diplopie.
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— 43 —
Yeux. —Vision altérée. Le malade voit les objets colorés
(chromatopsie) et des étincelles; les yeux sont sensibles à la
lumière ; photophobie, diplopie, contraction des pupilles ;
vision diminuée par faiblesse du nerf optique. Contraction
des paupières ; névralgie orbitaire et sus-orbitaire, plus pro¬
noncée du côté droit et soulagée par l’application de la
chaleur.
Oreilles . — Faiblesse du nerf acoustique produisant de la
surdité. Otalgie d’origine nerveuse.
Nez. — Perte ou perversion de l’odorat, même sans
catarrhe nasal.
Face. — Prosopalgie, surtout lorsque les nerfs sus- et
sous-orbitaires sont le siège de douleurs. Douleurs fulgu¬
rantes le long de ces nerfs, plus prononcées du côté droit,
améliorées par la chaleur et s’aggravant notablement lorsque
le corps se refroidit. Sensibilité des dents. Névralgie de
caractère spasmodique. Névralgie faciale droite avec dou¬
leurs lancinantes plus prononcées au sortir du lit.
Bouche. — Mouvements convulsifs des commissures de la
bouche.
Langue généralement normale.
Dents. — Odontalgie névralgique. Sensibilité des dents ;
les liquides chauds calment les douleurs. Convulsions et
crampes pendant la dentition, sans fièvre. Très efficace dans
les convulsions après hellad si ce dernier médicament
échoue.
Gorge. — Spasme de la glotte avec sensation de suffo¬
cation. Laryngite striduleuse. Contraction spasmodique de la
gorge lorsqu’on veut avaler des liquides.
Estomac. — Gastralgie calmée par la chaleur et la posi¬
tion courbée; distension flatulente de l’estomac avec douleurs
constrictives. Hoquet spasmodique et convulsif. Régurgi¬
tation d’aliments.
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— 44
Abdomen et selles . — Entéralgie calmée par la chaleur
et la position courbée, coliques flatulentes forçant le malade
à se plier en deux, soulagées par les frictions, la chaleur, et
accompagnées de l’évacuation de gaz. Coliques flatulentes
chez les enfants et les nouveaux-nés, avec contractions des
jambes et acidité. Indigestion avec douleurs crampoïdes et
langue propre.
Diarrhée aqueuse avec vomissements et crampes dans les
mollets. Crampes cholériformes. Dysenterie avec rétention
d’urine et douleurs aiguës dans les hémorrhoïdes.
Organes urinaires et sexuels. — Incontinence nocturne
d’urines produite par une irritation nerveuse. Rétention
d’urine de nature spasmodique. Défaut ou excès de phos¬
phates dans les urines; gravelle; névralgie vésicale après le
cathétérisme. Coliques menstruelles, vaginisme. Névralgie
de l’ovaire plus prononcée du côté droit.
Grossesse. — Douleurs d’enfantement avec crampes dans
les jambes. Efforts d’expulsion exagérés. Convulsions puer¬
pérales.
Appareil respiratoire . — Asthme avec flatulence. Con¬
traction spasmodique des bronches et sensation de constriction
dans la poitrine. Toux chronique persistante d’origine ner¬
veuse. Toux spasmodique avec exacerbations sans expecto¬
ration; accès de toux nerveuse avec inspiration sifflante
comme dans la coqueluche; toux spasmodique la nuit qui
empêche le malade de dormir.
Appareil circulatoire. — Angine de poitrine,palpitations
nerveuses du cœur.
Tronc et extrémités . — Douleurs névralgiques aiguës
et lancinantes pouvant se produire dans tous les endroits du
corps; névralgie intercostale de siège variable. Tremblement
des mains même lorsqu’il reconnaît pour cause les excès
alcooliques. Paralysie agitante. Douleurs névralgiques dans
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la nuque et l'occiput. Douleurs névralgiques dans les mem¬
bres ; sciatique. Faiblesse de la marche.
Système nerveux. — Convulsions avec raideur des mem¬
bres et du corps. Les doigts sont fléchis sur le métacarpe et
le pouce est en adduction.
Chorée : mouvements involontaires et désordonnés des
membres. Epilepsie, paralysie agitante, tremblement de la
tête. Crampe des écrivains, des pianistes et des violonistes ;
tétanos, trismus.
Sommeil . — Bâillements nerveux. Insomnie par épuise¬
ment nerveux.
Fièvre. — Fièvre intermittente avec crampes dans les
mollets.
Symptômes caractéristiques. —Les douleurs de magnes .
p/ios. sont en général plus prononcées du côté droit et sont
toujours soulagées par l'application de la chaleur. Les
coliques sont calmées par les frictions et la position courbée.
Doses. — Schüssler recommande la 6 x atténuation ; il
agit mieux dans l'eau chaude. Si le médicament ne produit
pas l'effet attendu, beaucoup de praticiens conseillent d’em¬
ployer des atténuations plus basses, notamment la 2 x et
3 x. Dans les coliques, le D r Morgan conseille la 30 e dilu¬
tion à doses fréquemment répétées.
Iodium dans 18s affections de l’oreille moyenne
par le D r Jordan, d’Indianapolis
La plupart des cas de surdité proviennent d’une affection
chronique de l’oreille moyenne qu’on désigne sous le nom de
catarrhe sec, inflammation chronique non suppurative,
catarrhe adhésif, etc. Les médecins spécialistes n’entre¬
prennent qu’avec une certaine défiance le traitement du
catarrhe sec de l’oreille moyenne, car cette forme est très
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rebelle et beaucoup la considèrent comme incurable. Elle
reconnaît presque toujours pour cause l’occlusion des trompes
d’Eustache. Cette occlusion survient d’ordinaire à la suite
d’une affection nasale ou pharyngienne qui empêche le re¬
nouvellement de l’air atmosphérique dans l’oreille moyenne.
La caisse du tympan tapissée par un épithélium à cils
vibratils très délicat a besoin de son stimulant naturel, c’est-
à-dire de l’air pur pour maintenir ses sécrétions à leur état
normal et mettre en jeu l’action des cils vibratils qui ont
pour fonction spéciale de transporter les détritus le long des
trompes d’Eustache.
On comprend donc que, si le passage de l’air est entravé,
les phénomènes suivants ne tarderont pas à se produire :
Accumulation de produits de sécrétion dans la cavité tym-
panique, inflammation hypertrophique, périostite, rigidité et
solidification des articulations des osselets qui transmettent
le son à travers la caisse, relâchement ou contraction des
muscles qui ont pour mission de maintenir les membranes du
tympan à un degré de tension normal nécessaire pour
recueillir les ondes sonores, et enfin envahissement de toute
la caisse par un tissu adénoïde végétant.
L’affection peut s’étendre par la fenêtre ovale à l’oreille
interne et provoquer des altérations dans les filets terminaux
du nerf acoustique; alors tout espoir de guérison est perdu.
Traitement .—Il est reconnu depuis quelques années qu’un
traitement approprié des affections primitives du nez ou de
la gorge peut, dans beaucoup de cas, prévenir le catarrhe de
l'oreille et même parfois le modérer et l’enrayer. L’insuf¬
flation de l’air atmosphérique par la méthode de Politzer a
donné également quelques bons résultats.
Il y a plusieurs mois, en assistant à une clinique de ma¬
ladies d’oreille, je vis faire, dans un cas de catharre chro¬
nique proliférant, des insufflations d’air imprégné de vapeurs
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d 'iode. L’emploi de Y iode dans le traitement du catarrhe
chronique de l’oreille me frappa, car ce remède est parfai¬
tement liomœopathique à la lésion. L'iode détermine en effet
un catarrhe nasal avec hypertrophie des muqueuses de la
surdité, des bruits dans l'oreille, des vertiges, etc. Je résolus
d’expérimenter ce médicament en l’administrant à l’intérieur
et localement, c’est-à-dire en insufflant dans la caisse du
tympan des vapeurs d'iode diluées dans l’air atmosphérique.
Je dois faire observer que l'injection de liquide dans l’oreille
moyenne donne généralement de mauvais résultats ; il n’en
est pas de même des vapeurs médicamenteuses ; la raison en
est que la caisse du tympan ne reçoit aucun liquide norma¬
lement ; l’air atmosphérique constitue son bain naturel.
Voici l'histoire du premier cas que je soignai par cette
méthode :
Une dame, d’un âge moyen, était sourde des deux oreilles.
Elle n’entendait ni la voix, ni la montre ; il est probable que
l’oreille interne était également affectée, car les vibrations
d’un diapason placé sur les os du crâne n’étaient aucunement
perçues. Les membranes du lympan présentaient un aspect
opaque et étaient affaissées.
La malade avait le nez obstrué ; le catarrhe nasal pour
lequel elle avait déjà suivi un traitement prolongé, existait
depuis de longues années. Les trompes d’Eustache étaient
imperméables par la méthode de Politzer, et le cathétérisme
en était très difficile.
Gomme traitement, j’administrai Y iode à l’intérieur et je
fis des insufflations d’air légèrement imprégné de vapeurs
d'iode.
Pendant les deux premiers mois, l’amélioration fut très
peu sensible, et cela parce que les vapeurs d'iode pénétraient
difficilement à l’intérieur de la cavité tympanique. Au bout
de six mois, je pus constater un mieux sensible; la malade
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entendait mieux, et les bourdonnements d’oreille avaient
complètement disparu. Le même traitement fut continué
pendant un an: 3 séances d’insufflation par semaine. La voix
était entendue alors à 33 pieds et la montre à 10 et 15 pouces
(mesures anglaises), l’oreille normale percevant la voix à
40 pieds et la montre à 36 pouces. La malade pouvait, sans
difficultés, entendre une conversation ordinaire.
J’ai traité 21 cas de catarrhe sec de l’oreille moyenne par
la même méthode, et j’ai obtenu les résultats suivants :
Dans 2 cas, aucune amélioration.
Dans 5 cas guérison.
Dans 9 cas, grande amélioration.
Dans 5 cas, légère amélioration. (Hahnemannian Mon -
thly .) D r Lambreghts, fils, d’Anvers
REVUE DES JOURNAUX HO1KEOPATHI0UES ANGLAIS
par le D r Mersch, de Bruxelles
Cas cliniques
Madame D. G. G., enceinte de huit mois et demi, souffrait
depuis le début de sa grossesse, d’une constipation très opi¬
niâtre.
Après un essai d’une heure, elle ne parvenait à se débar¬
rasser que de quelques scyballes. Je lui donnai plumbum
12°. Le jour suivant, elle eut une selle normale et ne dut
plus recourir à l’emploi du médicament jusqu’au moment de
l’accouchement. Trois jours après la délivrance, le même
médicament produisit le même effet : constipation guérie le
lendemain. Je n’ai rien prescrit d’autre que ce traitement
médicinal, sans rien changer au régime. J’ai fait usage de la
12° dilution, me basant sur l’avis fortement motivé du
D r Ussher, qui n’emploie jamais une dilution plus basse.
G. G., âgé de neuf ans, souffrait d’une névralgie se mani-
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festant avec une régularité mathématique à six heures du
soir et durant jusqu’au moment de s’endormir. Il s’éveillait
sans douleur et ne ressentait rien de toute la journée jusqu’au
moment même où l’horloge marquait six heures. Me basant
sur cette grande régularité dans la périodicité de i’afiec-
tion, je donnai cedron 2 e , deux gouttes toutes les deux
heures. Le malade fut guéri d'emblée et d’une façon perma¬
nente. J’estime que l’affection était d’origine paludéenne,
l’enfant ayant séjourné dans une partie marécageuse de
l’Inde.
M. R. W. G. vint me trouver un soir, vers six heures,
souffrant d’une conjonctivite catarrhale intense caractérisée
surtout par un écoulement de larmes très abondant. Je pres¬
crivis euphrasia, une goutte toutes les deux heures, ainsi
qu’une lotion d ’euphrasia au dixième. Le jour suivant, le
malade vint me trouver vers une heure de l’après-dîner. Son
ophtalmie avait entièrement disparu.
Depuis qu’elle était enceinte, Mme P., une jeune femme
blonde, souffrait de pyrosis, de telle façon que la vie lui était
devenue à charge. Je lui donnai pulsatilla 3 x, deux gouttes
par dose.
Lorsque je fus appelé pour l’accouchement, la malade
m’apprit que les cuillerées d’eau que je lui avais administrées
avaient fait disparaître complètement son pyrosis. Comme
cette personne était déjà ma cliente lorsque je ne connaissais
encore que l’allopathie, elle fut si surprise du succès quasi
magique obtenu cette fois-ci, qu’elle devint une adepte des
plus enthousiastes de la thérapeutique hahnemannienne.
Mme G. était aphone depuis six semaines et s’était fait soi¬
gner par des médecins allopathes sans avoir obtenu le moin¬
dre résultat. Son aphonie étant due à un catarrhe, je lui
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donnai causticum 3 x, deux gouttes toutes les deux heures ;
deux jours après, la malade put parler comme tout le monde.
Je fus mandé chez Mme L., âgée de plus de soixante ans,
pour la soulager de douleurs atroces qu’elle ressentait au
niveau de l’estomac ; cette personne, qui souffrait depuis plu¬
sieurs années avait, outre ses accès de douleur aiguë, des
vomissements de « marc de café ». Elle avait consulté trois
médecins allopathes de bonne réputation et tous les trois
croyaient à un cancer de l’estomac.Ces médecins avaient jus¬
qu’ici calmé les douleurs par des injections de morphine, mais
ils avaient épuisé tous les moyens de thérapeutique ordinaires
sans parvenir à débarrasser la malade de ses vomissements.
Contre ces vomissements je donnai ipéca I e , deux gouttes
tous les quarts d’heure d’abord, à de plus longs intervalles
ensuite.
Les médecins furent très étonnés du résultat merveilleux
obtenu, produit par les quelques « gouttes » que j’avais admi¬
nistrées à la malade.
Contre les douleurs, je prescrivis atrop . sulph. de la I e à
la 3° trit. cent., 5 à 10 centigrammes toutes les heures. Plus
jamais l’on ne dut avoir recours aux injections de morphine
et la malade devint si bien portante qu’elle pût affirmer ne
jamais s’être si bien trouvée depuis un grand nombre d’an¬
nées. Diagnostic probable : ulcère de l’estomac.
Le camphre dans les maladies des voies urinaires
Les notes qui suivent sont relatives à quelques cas de
maladies des voies urinaires traitées par le camphre ; je les
donne car elles peuvent .intéresser les praticiens qui sont
toujours heureux de connaître une action médicamenteuse
sûre et puissante. Dans deux cas, la douleur éprouvée par le
malade était atroce et pourtant il n’a fallu que quelques
heures pour obtenir du soulagement.
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Dans le premier cas, il s’agit d’un homme, âgé de 40 ans.
qui fut pris soudainement, lors d’un long voyage en chemin
de fer, d’une douleur violente se manifestant à la région
lombaire gauche; des vomissements suivirent l’accès de dou¬
leur; outre cela, le malade ne sut plus uriner. Diagnostic:
Colique néphrétique.
Le traitement consista en fomentations chaudes appliquées
sur la région rénale et jusqu’à l’aine. La douleur s’étendait à
l’urèthre et au testicule gauche qui était retraité jusqu’au
ligament de Poupart.
Les douleurs testiculaires agaçaient surtout le malade qui
leur attribuait une grande partie de ses souffrances.
Je donnai calcar carb . 30°, toutes les heures, et un peu
de glace pour apaiser la soif du malade.
Les fomentations diminuèrent assez rapidement la grande
violence des douleurs et leur action fut telle que le malade
souffrait davantage aussitôt que l’on interrompait leur action,
même pendant les courts intervalles pendant lesquels on
renouvelait les linges chauds.
Ce traitement fut continué jusqu'à disparition des paroxys¬
mes douloureux, pendant 24 heures environ.
L’urine, claire maintenant, était fortement colorée et con¬
tenait assez bien d’acide urique.
Le malade fut assez tranquille le jour suivant, mais le len¬
demain il fut repris d’un nouvel accès qui, cette fois, dura
3 jours. Pendant ce nouvel accès, l’urine contint de plus
grandes quantités d’acide urique que lors de l’accès précé¬
dent.
Après cela, il eut des accès de strangurie, la douleur
durant quelque temps après chaque émission d’urine. Pour le
soulager, je lui donnai camphora , 3 gouttes sur du sucre,
toutes les 3 heures. Une heure après la stangurie disparut
et le jour suivant le malade fut complètement guéri.
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Je fus appelé chez une femme d’une trentaine d’années, qui
se plaignait de ressentir des douleurs extrêmement violentes
après chaque émission d’urine. Le besoin d’uriner continuait
à se manifester et la sensation éprouvée était telle que la
vessie semblait contenir encore de l’urine qui ne pouvait être
expulsée.
La douleur faisait penser à des coups de couteau et était si
intense que la malade appréhendait avec épouvante la mic¬
tion prochaine.
Je prescrivis des fomentations chaudes loco dolenti et
3 gouttes de camphora sur un morceau de sucre toutes les
3 heures.
Le jour suivant, je trouvai la malade fort soulagée. Les
douleurs avaient cessé dès la deuxième dose de camphora ;
la guérison n’étant pas encore parfaite, je fis continuer le
médicament. Le lendemain, il ne fut plus question de la
moindre douleur. Je conseillai de continuer à prendre le
camphora , 3 fois par jour pendant quelques jours.
La douleur ne revint plus.
Mandé par Mme E. A..., âgée de 40 ans, qui souffrait éga¬
lement des voies urinaires, je lui donnai camphora, 3 gouttes
sur un morceau de sucre, à prendre toutes les quatre heures.
Les douleurs qui partaient de la région rénale gauche et
s’étendaient le long des uretères jusqu’à l’extrémité termi¬
nale de l’urèthre, diminuèrent très rapidement d’intensité.
Le lendemain la strangurie avait complètement disparu et
il ne restait plus qu’une sensation de gêne au niveau des
reins.
En peu de jours, la malade fut complètement guérie.
Depuis les succès que je rapporte, je me suis constamment
servi du camphre dans les maladies de ce genre et jamais je
n’ai eu à me plaindre de mon traitement. (Monthly homœo -
patic Review .) D r Mersch
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Rhumatisme, Étiologie
Leçon clinique de M. le professeur Potain
Depuis quelque temps, nous voyons entrer dans nos salles
un nombre tel de rhumatisants, que nous pourrions supposer
qu’il y a actuellement une véritable épidémie de rhumatisme;
cette maladie n’est pourtant pas épidémique, car on l’observe
partout, en tout temps et en toute saison. Nous aurons pour¬
tant à rechercher si certaines saisons n’y prédisposeraient
pas d’une façon particulière. De toutes les maladies que nous
observons, le rhumatisme est une des plus fréquentes : il n’y
a guère, au point de vue de la fréquence, que la bronchite,
l’embarras gastrique et la phtisie qui l’emportent sur lui ;
la fièvre typhoïde et la pneumonie sont peut-être plus meur¬
trières, mais atteignent un moins grand nombre d’individus.
Certaines saisons paraissent prédisposer au rhumatisme,
et cependant il ne semble guère être influencé ni par les cli¬
mats ni par la température. Quand on consulte les statistiques
de l’armée anglaise, qui, à ce point de vue, sont très instruc¬
tives, les soldats anglais étant disséminés dans toutes les
parties du monde, on voit que le rhumatisme est également
fréquent au cap de Bonne-Espérance, dans les Indes-Orien¬
tales et en Australie; fait remarquable, c’est dans l’Amérique
du Nord qu'on l’observe le moins.
L’influence des saisons, dont je vous parlais tout à l’heure,
ne me paraît pas d’abord très nette; si nous consultons, d’un
côté, les statistiques dressées par M. Besnier, et portant sur
les malades qui sont entrés dans les hôpitaux de Paris, de
1868 à 1873, nous voyons que, pendant ces quatre années,
le nombre des rhumatismes a varié entre 600 et 850, et que
les entrées les moins nombreuses correspondaient aux mois
de janvier, février, mars, septembre, octobre, novembre et
décembre; les plus nombreuses avaient lieu en avril, mai,
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— 54 —
juin, juillet et août. D'après les statistiques de l’hôpital
Saint-Georges de Londres, ce serait en juin, juillet, août et
septembre que l’on observerait le moins de rhumatisants ; les
résultats constatés en France et ceux constatés en Angleterre
sont presque opposés ; ils ne sont d’accord qu’en ce qui con¬
cerne le mois de mai ; il ne faut donc pas que nous soyons
surpris d’en voir actuellement entrer en si grand nombre
dans nos salles.
Abstraction faite de l’influence saisonnière, trois conditions
étiologiques me paraissent surtout jouer un rôle dans le
développement du rhumatisme ; je veux parler du froid, de
l’humidité et du traumatisme, en comprenant sous le nom de
traumatisme tout ébranlement de l’économie.
Le froid crée le rhumatisme, personne ne met la chose en
doute, et le froid détermine cette affection, indépendamment
de toute sensation ; le froid non perçu agit sui'tout dans la
production du rhumatisme subaigu ; vous rencontrerez surtout
cette forme de rhumatisme chez les individus qui prétendent
ne pas être sensibles au froid et, par conséquent, s’y exposent
souvent.
Le froid peut agir de différentes façons dans la production
du rhumatisme; il peut agir à titre de cause déterminante,
comme cause prédisposante, enfin comme cause occasionnelle
déterminant la localisation du rhumatisme.
Le froid engendre le rhumatisme quand il agit soudaine¬
ment et sur une grande surface et, dans ces cas, c’est le
rhumatisme articulaire aigu que l’on voit se développer ; il en
est ainsi à la suite de l’immersion dans l’eau froide ou quand
les vêtements sont mouillés par une averse ; dans ces cas, il
y a une soustraction rapide et considérable de calorique,
surtout quand, pour une raison ou pour une autre, le corps
est échauffé et en transpiration. Je ne m’arrêterais pas à ces
considérations, qui sont de notion vulgaire, si ce que je viens
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de dire ne semblait en opposition avec les pratiques hydro¬
thérapiques ordinaires. Tous savez que les hvdropathes
recommandent toujours, avant d’administrer une douche, de
se préparer à la recevoir en faisant, au préalable, un exer¬
cice plus ou moins violent. Cette préparation est non seule¬
ment utile, mais indispensable. Comment, dès lors, expliquer
cette espèce de contradiction? C’est qu’il y a deux façons
d’avoir chaud. Il y a la chaleur déterminée par un exercice
actif sans fatigue et la chaleur due à une fatigue extrême,
avec excitation vaso-motrice allant jusqu'à l’épuisement.
Quand on a épuisé l’action des vaso-moteurs, le froid est
dangereux, même pour les hydrothérapeutes. Vous connais¬
sez tous cette habitude des escrimeurs, qui consiste, après
un assaut plus ou moins prolongé, à se mettre sous une
douche froide. Si l’exercice n’a pas été trop violent et trop
long, la douche délasse; c’est le cas le plus fréquent; mais
s’il y a eu fatigue trop considérable, il peut en résulter des
accidents. Monneret qui fut, avec Fleury, un des pères de
l’hydrothérapie, était un passionné de l’escrime, et après une
séance d’armes, il avait l’habitude de prendre une douche.
Gomme il était d’une certaine force à l’épée, en général les
séances ne le fatiguaient pas ; un jour, il eut en face de lui
un adversaire plus sérieux; la lutte fut vive; il fut obligé de
faire de grands eTorts ; après la douche, au lieu du soulage¬
ment habituel, il éprouva une courbature plus grande dans
le bras droit, et le lendemain, il se réveilla avec une para¬
lysie du deltoïde. Vous voyez, somme toute, que la contra¬
diction est plus apparente que réelle.
Le froid, même intense, n’est pas nuisible quand il n’est
pas prolongé et quand il frappe un organisme non épuisé sur
lequel la réaction peut se faire.
Les individus soumis au froid habituel sont souvent atteints
de rhumatisme subaigu, ou même de rhumatisme chronique,
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qui se manifeste sous forme de douleurs musculaires ou de
rhumatisme tendineux ; le froid peu intense et prolongé agit
surtout comme cause prédisposante.
Il peut aussi, dans les conditions précédentes, agir comme
cause occasionnelle et déterminer la localisation du rhuma¬
tisme sur les parties plus spécialement exposées à son action.
Il m’est arrivé parfois, en lisant dans ma voiture, de me
sentir les poignets rafraîchis par un courant d’air; le lende¬
main, je me réveillais avec les articulations radio-carpiennes
tuméfiées et douloureuses. Les lavandières, qui ont les
genoux fréquemment mouillés, sont exposées à avoir du
rhumatisme à ce niveau ; les cuisiniers sont plus volontiers
atteints du côté des pieds qui reposent sur un sol frais parfois
humide ; il n’est pas jusqu’au rhumatisme secondaire qui ne
paraisse subir cette influence du froid, au point de vue de la
localisation de ses premières manifestations. Le rhumatisme
scarlatineux débute presque toujours par les poignets, et cela
parce que ce sont les articulations qui sont le plus exposées
au refroidissement.
A côté de l’influence du froid, il convient d’étudier le rôle
que joue l’humidité dans la production du rhumatisme.
L’humidité agit de plusieurs façons, d’abord comme agent
puissant de soustraction calorique. Nos vêtements à l’état
sec sont très mauvais conducteurs de la chaleur ; c’est surtout
de cette façon qu’ils sont utiles; viennent-ils à être mouillés,
ils sont alors bons conducteurs et enlèvent à l'économie une
somme considérable de calorique. Le froid humide, comme
l’avait déjà remarqué Bouillaud, peut être considéré comme
une des causes les plus actives du rhumatisme subaigu.
Actuellement, nous avons dans nos salles un jeune garçon
atteint de céphalée rhumatismale dont l’origine peut être
attribuée à l’influence du froid humide. Cet individu a une
céphalée tenace ; il est vrai qu’il est syphilitique, mais sa
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céphalée n’est pas spécifique, car, à l’inverse des céphalées
syphilitiques, elle tourmente surtout le malade dans la jour¬
née, et les douleurs syphilitiques sont toujours prédominantes
la nuit, excepté chez les boulangers. Il se plaint surtout de
douleurs frontales, accusées également des deux côtés, sans
points douloureux spéciaux à l'émergence des nerfs sus-orbi¬
taires ; ce sont les mouvements de son muscle frontal qui
exagèrent surtout ses douleurs et, dans ces mouvements, la
douleur s’étend à toute la surface du crâne. Il y a là un
véritable rhumatisme des muscles du crâne qui s’est déve¬
loppé à la suite d’une période de manœuvres ; le malade,
pendant cette période, avait été obligé de se coucher sur le
sol humide.
Dans nômbre de circonstances, l’action de l’humidité se
combine à celle du froid; mais ce n’est pas là sa seule fa;on
d’agir. Laissez-moi, à ce propos, vous raconter l’histoire
d’une dame que je fus appelé à voir avec un confrère, et qui
m’a tout particulièrement frappé. Cette dame habitait un
hôtel neuf des plus confortables, dans un des quartiers les
mieux aérés de Paris. Elle fut prise d’une attaque de rhuma¬
tisme aigu qui, sous l’influence d’un traitement assez éner¬
gique, céda rapidement. A peine entrait-elle en convalescence
qu’une récidive survint; elle guérit de nouveau, puis il se
produisit successivement une suite de récidives ; et pourtant
sa chambre d’habitation, toute tapissée de tentures et conve¬
nablement chauffée, paraissait être dans les meilleures
conditions. Pensant qu’antérieurement cette chambre, récem¬
ment construite et disposée au Nord, avait dû être humide,
je fis transporter la malade, tout déplacement dans le Midi
étant impossible, dans une chambre exposée en plein Sud, et
le rhumatisme céda cette fois sans rechute. La chambre
qu’elle habitait primitivement était-elle humide véritablement?
En apparence, non ; mais, étant donnée son exposition au
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Nord, et la date récente de la construction de l’hôtel, elle
avait dû l’être. L’humidité antérieure laisserait donc après
elle quelque chose capable de donner le rhumatisme ?
Voici une autre observation du même genre. Celle-ci m’est
personnelle. Il y a quelques années, pendant la saison d’été,
j’habitais Saint-James, à côté de la Seine. Au moment où je
m’installai là avec ma famille, je sentis ce je ne sais quoi qui
m’avertit qu’il y avait du rhumatisme dans l’air. Pensant que
la miison était humide, j’apportais un hygromètre de Paris,
et je trouvai le même degré hygrométrique que dans mon
appartement. Cependant, un des miens fut pris de rhuma¬
tisme, et moi-même j’en fus atteint; la maison, à n’en pas
douter, était rhumatifère; elle avait dû être humide, mais
ne l’était plus. Il est donc Irès vraisemblable que, dans les
milieux humides, il se développe quelque chose, du salpêtre,
des moisissures dont la nature n’est pas encore déterminée,
mais qui, pour moi, sont capables d’engendrer le rhumatisme.
Guéneau de Mussy raconte que, chez les Hébreux, on
redoutait beaucoup la lèpre des maisons: quand cette lèpre
apparaissait, on grattait les murs et on emportait les débris
dans un lieu impur; on fermait la maison pendant huit jours ;
puis, si les moisissures avaient reparu, cette fois on enlevait
les pi irres; si, après un second délai de huit jours, on retrou¬
vait de nouvelles traces de lèpre, la maison était complète¬
ment rasée jusqu’au niveau du sol. Les anciens avaient donc
déjà remarqué l’influence néfaste des moisissures développées
dans les habitations.
Quel est l’agent à incriminer dans ces circonstances? Je
n’en sais rien ; mais, pour moi, je suis fermement convaincu
que l’humidité peut laisser après elle un agent rhumatifère..
Nous connaissons certaines formes de rhumatisme : les
rhumatismes infectieux qui sont produits par des micro-orga¬
nismes déterminés; en réalité, entre le rhumatisme aigu et
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ces rhumatismes infectieux, il y a des différences de degré
plutôt que des différences de nature; l’idée d’une infection
à l’origine du rhumatisme articulaire aigu est donc très
plausible.
Nous avons admis un troisième élément pathogénique, le
traumatisme. Celui-ci agit tantôt comme cause occasionnelle,
tantôt comme cause prédisposante.
Parfois, il s’agit d’un traumatisme portant directement sur
une articulation. Je me rappelle une malade qui avait reçu
un coup au niveau d’une articulation de l’index. L’articula¬
tion devint douloureuse et s’enflamma ; les jours suivants, le
poignet fut pris, et successivement toutes les autres articu¬
lations furent atteintes. Cette malade fut examinée dans un
concours de bureau central; le candidat vit nettement le
rapport qui existait entre le traumatisme et le 'développement
des arthrites ; mais, au lieu d’en faire du rhumatisme, il
conclut à une infection purulente; c’était une erreur complète.
Souvent aussi, on voit des attaques de rhumatisme et même
des attaques de goutte survenir à la suite d'une entorse.
Dans d'autres cas, le traumatisme ne porte pas directement
sur l’articulation. Charcot rapporte l’observation d’un
malade chez lequel on vit apparaître une attaque de rhuma¬
tisme consécutivement à un phlegmon de la main. Ce phleg¬
mon avait eu pour origine une piqûre faite au doigt. J’ai vu
moi-même, à l’hôpital Necker, une femme chez laquelle un
panaris avait déterminé les mêmes accidents.
Ce que fait le traumatisme externe, le traumatisme interne
peut le produire; la fatigue des articulations, le surmenage
peuvent être nne cause prédisposante du rhumatisme. Chez
les gens surmenés physiquement, la synovie s’épaissit, les
matières extractives s’y accumulent, la synoviale est plus
ou moins irritée et si, dans ces conditions, comme l’a si bien
montré M. Peter, un coup de froid survient, le rhumatisme
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apparaît. L’épuisement nerveux, les fatigues morales agissent
de la même manière. C’est ainsi que s’explique ce que j’ai
appelé le rhumatisme du train des maris. Des hommes
fatigués par le travail d’une semaine arrivent dans leur
famille, installée au bord de la mer, après avoir fait un trajet
de trois ou quatre heures en chemin de fer. L’absence plus
ou moins longue occasionne des épanchements plus actifs que
de coutume, et le lendemain, pour faire disparaître la fatigue,
on prend un bain de mer ; le surmenage, aidé de l’action du
froid, amène, au retour, une attaque de rhumatisme.
Cette affection rhumatismale, qui naît d’influences si
diverses, peut apparaître à tous les âges; jusqu’à 30 ou
40 ans, c’est plutôt le rhumatisme articulaire aigu que l’on
voit; plus tard, c’est le rhumatisme chronique, plus fâcheux
parce qu’il est plus persistant.
A tout ce que je viens de dire, il faut ajouter un élément
personnel, souvent héréditaire, difficile à préciser, surtout
dans nos hôpitaux. Le terme rhumatisme est si vague, on
l’emploie si communément pour désigner des affections si
diverses qu’il nous est souvent bien difficile de reconnaître,
en interrogeant les malades, s’il a existé chez leurs parents
une forme de rhumatisme analogue à celle qu’ils présentent
eux-mêmes.
Si nous nous en rapportons aux observations de la ville,
où les renseignements sont plus précis, nous devons dire
que ce qui se transmet, ce n’est pas telle ou telle forme de
rhumatisme, mais une prédisposition générale, exposant à
un groupe commun d’affections, dans lequel il faut même
ranger la goutte.
J’ai vu, à l’hôpital Necker, un bel exemple de transmis¬
sion de goutte par un père rhumatisant, issu lui-même d’un
goutteux. Les conditions de milieu, d’hygiène suffisent pour
amener ces transformations.
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— 61 —
Il nous resterait à étudier maintenant l'influence des
maladies accidentelles sur le développement du rhumatisme :
cette variété de rhumatisme, que Ton désigne plus spéciale¬
ment sous le nom de rhumatisme secondaire, doit faire l’objet
d’une étude spéciale. (L'Union Médicale).
De la fonction des capsules surrénales
Il résulte d’une série d’expériences faites par le D r Man- '
fredi Albanese sur des grenouilles et des lapins que, quand
les capsules surrénales n’avaient pas été enlevées, ces ani¬
maux, un moment paralysés par une décharge électrique,
reprenaient insensiblement leurs forces, tandis que, quand
elles avaient été enlevées,ces animaux, soumis à la décharge,
tombaient dans le coma et mouraient.
D’où le D 1 ' Albenese conclut que « les capsules surrénales
« sont destinées à élaborer une substance capable de détruire
« ou de neutraliser les poisons qui se produisent dans l’or-
« ganisme au cours de la contraction musculaire et ner-
« veuse. » (Il secolo omiopatico, juin 1892.)
VARIÉTÉS
Progrès de l’homœopathie à Philadelphie. — La ville de Philadelphie
a décidé récemment de nommer médecins des pauvres 25 homœopathes.
En outre, des quatre places d’inspecteurs médicaux de la même ville,
deux ont été conférées à des médecins homœopathes. (Hahnemannian
Monthly.)
*
* *
L’influenza. — Le XIXe siècle, siècle de progrès et de lumière ! De pro¬
grès, oui ! Mais, de lumière ? Que de ténèbres encore partout et en tout !
Préjugés, préventions, théories hasardées, fausses doctrines, systèmes
préconçus, à travers des éclaircies de vérité, voilà ce qui plane toujours
sur notre monde social et scientifique. La lumière dans notre fin-de-
siècle — de ce XIX e siècle merveilleux qui aura fait plus, à lui seul,
pour Pémancipation des peuples et le développement de la civilisation
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— 62 —
que les vingt mille siècles qui l'ont précédé, réunis, — c'est notre vieux
soleil luttant contre les brouillards opaques pour les transpercer, et finis¬
sant par dissiper les buées écumeuses de l’atmosphère pour vivifier tour à
tour nos divers horizons de ses salutaires etfluves de chaleur et de vie.
La science, un jour aussi, après avoir triomphé de l’erreur, planera,
sereine et radieuse, sur l’humanité pour la diriger dans ses voies nou¬
velles. Mais nous n’en sommes pas encore là.
A son origine, l’homme contempla la nature sans y rien comprendre.
Ce fut l’ère des idylles, des géorgiques et des épopées. Quelques esprits
d’élite seulement, les Démocrite et les Lucrèce, eurent comme la pres¬
cience de la cosmogonie réelle. Mais il a fallu arriver au XIX e siècle pour
voir les sciences positives entrer dans le domaine du vrai ; et avec quel
élan, quel entrain, quels succès ! Nous avons eu pour précurseurs trois
génies, Pascal, Newton et Lavoisier. Et depuis lors, que de progrès !
Mais, répétons-le, la lumière n’est pas faite encore, rayonnante et pure.
Elle apparaît et disparaît alternativement, comme un phare, derrière de
noirs nuages brisés et chassés par la tempête.
Ainsi, par exemple, nous savons tous maintenant ce que c'est que le
son, la chaleur, la lumière, qu'on considérait, naguère encore, comme
des entités, des essences, des fluides particuliers distincts les uns des
autres. Mais nos savants pataugent encore autour de l’électricité. Bien
peu la voient telle qu’elle est : un simple effet mécanique, comme la
lumière, comme la chaleur, comme le son. La plupart prétendent toujours
qu’elle est un élément spécial , comprenant deux espèces de fluides, un
fluide positif, un fluide négatif, courant l’un après l'autre à travers tous
les corps de la nature !
Cependant rendons hommage à notre grand siècle et à nos admirables
savants. Que de progrès en cent ans! Les sciences marchent à pas de
géant. La lumière se propage dans tous les recoins du domaine humain.
La physique et la chimie ont dévoilé presque tous les mystères de la
vie des êtres et les secrets du mécanisme des mondes. Toutes les branches
des connaissances humaines se perfectionnent... Seule, celle qui les
résume toutes parce qu’elle doit leur emprunter leurs principes essentiels
pour les appliquer à l’objet de ses études, la médecine, est tombée, dans
notre période de transition entre les nébulosités du passé et le rayonne¬
ment lumineux de l’avenir, dans un gâchis, un désarroi, un désordre
inouïs même aux époques les plus reculées de notre histoire.
A l’appui de cette assertion, qui paraît un peu téméraire, je pourrais
citer n’importe quelle méthode médicale en vogue : homœopathie, allo-
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pathie, hydrothérapie, métallorapie, éleetrothérapie ; n’importe quelle
autorité ou quelle société médicale régnante: MM. Pasteur, Koch, Fer¬
rand ; et démontrer que de contradictions, de non- sens et de fausses inter¬
prétations se sont glissées dans ce fouillis de doctrines surfaites un jour,
dépréciées le lendemain, tentées par les uns — ceux qui les exploitent —
et décriées par les autres — ceux qui ont imaginé autre chose !
Bornons-nous à une maladie du jour : l'inftuenza.
Qu’est-ce que l’influenza? Est-ce une maladie contagieuse d’homme à
homme? Est-ce une épidémie à microbes? A-t-on vu le microbe? Et
si on l’avait trouvé, que lui dirait-on? Enfin, quel est le remède, et quel
est le préservatif, ô Dieu du ciel? L'iodine du D r Brown, dit-on. Nous le
souhaitons.
On sait parfaitement ce qui constitue l’atmosphère au sein de laquelle
nous vivons : un amas de gaz et de vapeurs divers.
On sait dans quel état permanent de vibrations variables le rayonne¬
ment de l’astre qui nous fait vivre l’entretient, à quelque distance de notre
horizon qu’il se trouve.
Le passage, lent ou brusque, d’une saison à une autre, du chaud au
froid ou vice-versa occasionne toujours de grandes perturbations ou de
grandes modifications dans cet état vibratoire de l’air, d’où résultent la
chaleur, la lumière et l’électricité vitales pour tous les êtres du globe.
On appelle cet ensemble de circonstances : les conditions climatériques du
pays ou du temps.
Comment ces conditions influent-elles sur les fonctions des animaux et
des végétaux? La science nous le dira.
En attendant, les médecins, plus malins que les savants, et la méde¬
cine qui, dans leur imagination, devance la science, vont littéralement
chercher midi à quatorze heures.
Qu’éprouve l’influenzé?
Un sentiment de froid, de la courbature, des douleurs erratiques. La
peau et le sang semblent se congeler. C’est le début général, universel,
chez les pauvres comme chez les riches.
Or, les pauvres diables, avec leur esprit natif de la brute, de l’instinct,
du bon sens, de la nature, se sentant grelotter et refroidir à l’entrée de
l’hiver, se réchauffent simplement par tous les moyens à leur portée, et
guérissent.
Les riches, se sentant aussi grelotter et refroidir, appellent et attendent
leur médecin.
Vous figurez-vous maintenant qu’un médecin, célèbre ou non, va tout
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bêtement dire à ses riches clients, aux rois, aux khédives, aux ambassa¬
deurs, aux nobles, aux bourgeois cossus : « Réchauffez-vous au dedans et
au dehors du corps: au dedans, par des boissons chaudes; au dehors,
par des couvertures chaudes » ? Allons donc ! On le prendrait pour un
imbécile.
Il dira : « Ah! Sire, vous souffrez dans les jambes,dans les bras, dans
la poitrine? Un instant! » Pzittt... un petit coup de seringue morphinée,
et le malade ne souffre plus.
Mais comme on a paralysé en partie le système nerveux et le cœur, la
réaction salutaire qui doit ramener la chaleur au sang, aux viscères et à
la peau, ne se produit point ou se produit incomplètement. Des congestions
sanguines envahissent les bronches, les poumons, le cerveau.
Et voilà comment tant d’influenzés riches sont morts, tandis que
les pauvres diables se moquent de l'influenza.
Sérieusement, ceci a l'air d’un paradoxe et c’est pourtant la plus pure
vérité.
Dans Tinfluenza, ce qui tue, ce n’est pas le froid, ce n’est pas un
microbe hypothétique, c’est le médecin. (Le Soir.)
SOMMAIRE
Un cas de méningite. — Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi.33
Un cas de maladie chronique du cœur, parle D r Mersch,
de Bruxelles.36
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers ..41
Revue des journaux homœopathiques anglais, par le
D r Mersch, de Bruxelles.48
Rhumatisme. — Etiologie.53
De la fonction des capsules surrénales.61
Variétés.61
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
i 9 e Année JUIN 1892 N° 3
OBSERVATION CLINIQUE
par le D r Criquelion, de Mons
Odile D..., d’Hyon, a 35ans. Son père est mort des suites
d’un refroidissement, sa mère est vivante et bien portante.
D’autres enfants sont morts de la poitrine. Les survivants
sont blonds, pâles, mous, lymphatiques, d’une mauvaise
apparence constitutionnelle.
Cette fille prit froid un jour de décembre 1885; elle eut
des .rissons, des pleurodynies persistantes; elle se mit à
tor.sser, à cracher et depuis lors elle ne cessa plus de le faire;
elle eut des oppressions. Les crachats étaient abondants,
jaunes, verts, quelquefois gris et purulents. Elle eut long¬
temps des frissons, se mit à maigrir, devint fort oppressée
en même temps que les sueurs apparurent. Au bout de huit
mois de souffrances, elle m’échut en traitement et mon con¬
frère allopathe, qui l’avait conlamnée comme phtisique,
ne m’en voulut guère ; elle était dans un état pitoyable.
Elle gardait le lit, pâle, oppressée, amaigrie, toussant,
crachant et transpirant.
Il y avait une matité absolue de tout le poumon gauche,
sauf dans le tiers supérieur où elle était moins complète ; il
n’y avait plus de murmure vésiculaire, mais une égophonie
évidente avec absence de résonnance. Dans le tiers supérieur
la respiration était incomplète, difficile, soufflante, entre¬
coupée, avec de gros râles ; il y avait de la pectoriloquie ; à
la toux, le souffle caverneux était manifeste et l’on percevait
du gargouillement : il y avait une caverne d’au moins la
grosseur d’un œuf de poule.
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Du côté droit, les plèvres étaient saines et les bronches ne
présentaient que quelques râles muqueux et sibilants. Il y
avait aménorrhée.
4 juillet 1886. Aconit 6 e , bryonia 6°, pulsatille 6°, can-
tharis 6 Ô , alternés de jour en jour.
6 août 1886. Elle a éprouvé beaucoup de malaises pendant
cette période et elles les attribue aux médicaments ; elle les
continue néanmoins. Les frissons disparaissent et la respira¬
tion est un peu plus facile : Sulph. 6 e , bryonia 6°, cantha-
ris 6 e .
17 août 1886. Diminution de la toux, de la matité pleu¬
rale ; les crachats sont moins verts, la respiration est un peu
plus facile ; pas de résonnances ni de vibrations : Sulph , 6 e ,
bryone 6°, ars. iod . 6 e , cantharis 6°.
11 septembre 1886. Amélioration, les râles sont moins
nombreux et les crachats plus clairs. — Même traitement.
12 octobre 1886. Matité moindre, un peu de sang vif dans
les crachats : Ars. iod . 6°, sulph . 6 e , phosph. 6°, cantha¬
ris 6°.
1 er décembre 1886. La respiration est plus profonde, les
mouvements d’expansion du poumon se font mieux. Les bruits
sont moins éloignés, les côtes se dessinent mieux ; la malade
est plus forte, elle transpire moins ; la matité pei’siste quoi¬
que à un moindre degré ; l’égophonie disparaît et il y a de la
résonnance de la voix.
21 décembre 1886. La malade va assez bien, mais les cra¬
chats restent abondants, muco-purulents : Ars. iod. 6°, can¬
tharis 6°, phosph. 6°, dulcam. 6 e , silicea 6°.
20 février 1887. La toux et les crachats diminuent ; la
sonorité et la perméabilité augmentent.
5 mars 1887. La malade continue à gagner : Même
traitement.
1 eT juin 1887. La toux et les crachats diminuent ; la tran-
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— 67 -
spiration a cessé, la respiration devient plus facile ; l’appétit
est bon, les forces reviennent, la malade engraisse : Même
traitement.
15 juillet 1887. L’amélioration s’accentue, les bronches
sont perméables, la matité diminue, la pectoriloquie disparait,
le souffle caverneux devient obscur, les exsudats pleurétiques
se résorbent lentement; l’égophonie cesse, bien que la respi¬
ration soit encore éloignée ; bruit de frottement.
20 avril 1887. Les bruits de frottement sont plus mous,
le murmure vésiculaire reparaît, bien que la respiration reste
rude. Celle-ci est plus facile, l’essoufflement moindre ; la
malade gagne visiblement en poids : Elle reste jusque la
complète guérison sous l'influence du même traitement ; elle
ne crache plus que le matin quelques crachats blancs, ou gris,
qui finissent par disparaître à leur tour. Vous ne sauriezplus
retrouver la caverne.
Cette fille s’est mariée depuis, elle a des enfants et continue
à être bien portante.
Je publie cette observation, car depuis j’ai eu plusieurs cas
semblables, et ce sont toujours de jeunes femmes grasses,
replètes, blondes, lymphatiques,qui m’ont donné les plus belles*
guérisons. D r Criquelion, de Mons
REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHÏQUES DE FRANCE
par le D r Schepens, de Gand
La toux quinteuse
Résumé de la discussion sur la toux quinteuse à la Société
française d'homœopathie.
D r iousset, père. — Les principaux médicaments qui produi¬
sent la toux spasmodique avec vomissements ou efforts de
vomissement et qui déterminent un chatouillement plus ou
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moins marqué dans la gorge sont: drosera, corallium , hyos -
ciamus, rumeoc crispus , puisât ilia, conium maculatum,
cina et cuprum.
1° Drosera produit la toux convulsive, coqueluchoïde
avec vomissements d’eau ou d’aliments, excitée par un cha¬
touillement dans le larynx, la gorge et quelquefois le voile
du palais. Cette toux, parfois suffocante, peut être accompa¬
gnée de douleurs dans les parois de la poitrine, d'épistaxis ou
d'expectorations purulentes ou sanguinolentes. Drosera con¬
vient dans la coqueluche, dans la seconde période du rhume
et dans la phtisie.
Doses : la 3 e et la 6 e dilution conviennent dans la coqueluche
et dans le rhume, tandis que la phtisie demande 20 à 30
gouttes de teinture-mère.
2° Corallium. — Les caractères de ce médicament
ne diffèrent guère de ceux de drosera\ on l’emploie à la 6 e ou
la 30° dilution quand drosera est indiqué mais reste sans
effet.
3° Hyosciamus est indiqué dans le traitement des toux
quinteuses quand il y a:
a) Aggravation nocturne ;
b) Aggravation par le décubitus horizontal et obligation
de s’asseoir ou de se lever de son lit ;
c) Expectoration d’un mucus aqueux très abondant.
Doses : Les six premières dilutions.
4° Rumeoc crispus est surtout utile dans la grippe épidé¬
mique; les principaux caractères de sa toux sont: toux
laryngo-trachéale, violente, incessante, principalement noc¬
turne, causée par un chatouillement au larynx, aggravée
dans la position horizontale, par la pression du larynx, par
la parole et surtout en aspirant l’air froid; expectoration dif¬
ficile et rare.
Doses : Les premières dilutions.
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5° Pulsatilla a pour caractéristiques : l'aggravation dans
la position horizontale, l’amélioration par l’air extérieur, la
perte des urines par la toux et la toux grasse. La concomi¬
tance d’un corjza avec perte de l’odorat constitue une bonne
indication de ce médicament.
6° Conium maculatum est indiqué contre la toux coque-
luchoïde plus forte le soir et la nuit dans la position couchée;
il existe de la douleur laryngée; la titillation qui provoque
la toux peut siéger dans la gorge ou être sous-sternale.
Doses : la 3° ou la 6 e dilution ou même la teinture-mère.
7° et 8° Cuprum et cina sont indiqués contre les toux
convulsives avec vomissement des aliments et titillation dans
le larynx moins prononcée que dans les médicaments précé¬
dents ; leur toux s’accompagne de raideur convulsive du corps
entier. La toux de cuprum est suffocante, les lèvres et la
face bleuissent ; c’est là une indication capitale. La toux de
cina est souvent suivie d’éternuement et d’un mouvement de
déglutition.
Doses: 3° et 6 Ô dilution.
Le D r Simon,fils, préconise,outre les médicaments précédents,
le veratru?n qui présente une grande analogie avec cuprum ;
il l’a vu agir très rapidement dans un cas de coqueluche avec
cyanose et le recommande également dans la tuberculose
intestinale. Il appelle aussi l’attention sur aralia racemosa
dans la toux quinteuse qui survient après un court sommeil.
{Revue homœopathique française.)
D r Schepens, de Gand
REMÈDES CARDIAQUES
par le D r Hale
A. Glonoïn et digitalis. — Le professeur W. H. Thomp¬
son, de New-York, a expérimenté et indiqué l’usage nouveau
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— 70 —
et intéressant de glonoïn . Dans un récent mémoire il dit de
digitalis : nous savons tous que Tune des causes les plus
ordinaires de dilatation du cœur ne se rencontre pas seule¬
ment dans cet organe lui-même, mais aussi dans la circula¬
tion artérielle obstruée. Il est très probable que trois fois
sur quatre Thypertrophie du cœur est due au rétrécissement
du calibre des artères plutôt quà des lésions valvulaires.
C’est ici surtout que l’emploi delà digitale trompe notre
attente, car si elle augmente la force contractile du cœur
elle rétrécit le champ artériel et crée un obstacle de plus à la
circulation : ce fait est souvent démontré dans la maladie de
Bright où la gêne de la circulation artérielle est la cause
principale del’anasarque.
C’est principalement dans ces cas que la nitro-glycérine,
par le relâchement prompt et général de tout le système arté¬
riel, rend chaque contraction des ventricules à la fois plus
puissante et plus efficace. En même temps, en paralysant
l’action inhibitive du nerf vague, elle assure une diastole plus
rapide et, dans plusieurs circonstances, on voit que l’inter¬
mittence occasionnée par la digitale disparaît sous son
influence.
Dans l’hydropisie le glonoïn donne des résultats plus com¬
plets et plus satisfaisants qu’aucun des autres remèdes connus,
quand on l’alterne avec digitalis . Donné seul, ses effets sont
presque nuis dans l’hydropisie, bien qu’il semble augmenter
la quantité et la densité de burine.
B. Glonoïn et strophantus. — Le nouveau remède car¬
diaque, strophantus , ne rétrécit pas les artères dans la
même mesure que digitalis , mais le D r Thompson trouve
qu’en alternant glonoïn avec strophantus on augmente
beaucoup la valeur de ce dernier dans le cœur débile associé
au rétrécissement artériel. Il fournit des exemples intéres¬
sants démontrant les résultats très satisfaisants des actions
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— 71 —
combinées de glonoïn et digitalis , glonoïn et strophantus.
Les doses usuelles sont 3 à 5 gouttes de la teinture-mère de
digitale ou d'inée combinée avecl à 2 gouttes de la première
centésimale de nitro-glycérine. Le D r Haie eut l’occasion de
vérifier l’opportunité de c itte pratique dans un cas récent :
il s’agissait d’un vieillard atteint de dilatation du cœur avec
anasarque extrême et artères athéromateuses ; la dyspnée
était marquée, le pouls vite et intermittent.
Le médecin qui l’assista le premier administra la digitale
seule, à la dose de dix à quinze gouttes trois fois par jour, ce
qui aggrava tous les symptômes. Le D r Haie prescrivit trois
gouttes de digitale, teinture-mère, alternée toutes les quatre
heures avec glonoïn *3 x, une goutte. En moins de douze
heures on put observer les effets bienfaisants de cette mé¬
thode. La dyspnée fut soulagée, les extrémités, qui étaient
froides, se réchauffèrent, l’urine augmenta beaucoup et le
pouls se régularisa. L’hydropisie disparut en une semaine.
Pendant plusieurs années, cet auteur fit usage d'aurum
dans ces cas, car l’or jouit, sur le système artériel, d’une
action analogue à celle de glonoïn , mais moins prompte.
Awum muriaticum ou sodicum, à la dose d’un cinquan¬
tième ou d’un centième de grain, sont les meilleures prépara¬
tions. (El consultor homeopatico .)
Traduction du D r Wuillot
CATARRHE CHRONIQUE DE L’OREILLE MOYENNE
par le D r E. Rounds
Le D r E. Rounds rapporte comme suit la série des princi¬
paux médicaments à employer dans cette affection et en
précise les indications :
Argentum nitricum .—Troubles de l’ouïe par suite de bruits
clairs et sonores dans l’oreille ; toutes sortes de tintements
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— 72 -
auxquels succède subitement une sensation sourde d’engor¬
gement. Pharyngite chronique avec aspérités d’un rouge
foncé dans la muqueuse. Douleurs pulsatives, parfois très
fortes dans le cou. Amas de glaires dans l’arrière-gorge,
avec la sensation d'un corps étranger collé au palais. Muco¬
sités abondantes qui, des narines postérieures, descendent
dans la gorge et occasionnent des envies de vomir. Coryza
chronique avec abondante sécrétion.
Aurum rrmriaticum . — Très utile dans l’otite moyenne
compliquée d’ozène et de carie des os du nez ; obstruction et
ulcération des narines.
Baryta muriatica .—Surtout chez les enfants, qui enten¬
dent dur chaque fois qu’ils se refroidissent ou que le temps
devient humide.Douleurs intermittentes dans les oreilles ; air
hébété des enfants, qui sont dans l’impossibilité de respirer
par le nez ; douleurs d’oreilles chaque fois qu’ils se mouchent,
avec sensation de vésicules qui éclatent, comme si l’oreille
était remplie de glaires ; même sensation en avalant ; pha¬
ryngite granuleuse ; la gorge est rouge et douloureuse.
Belladona. — N’est pas souvent employée, cependant l’au¬
teur en a obtenu de bons résultats dans les cas d’inflammation
chronique de la gorge, surtout avec Jes symptômes suivants :
sécheresse et rougeur de l’arrière-gorge avec gêne pour
avaler, faiblesse et difficulté pour avaler les mucosités ;
aggravation de l’otite après s etre mouillé les cheveux, ou les
avoir fait couper.
Calcarea carbonica. — Très employé dans le cas d’otite
moyenne chronique, mais également dans l’inflammation
subaiguë provoquée par les pieds mouillés ou un courant
d’air. Douleurs de l’oreille en se mouchant, qui disparaissent
en avalant ; le patient est très sensible à l’air et au moindre
froid. Enfants délicats, chétifs, transpirant facilement.
Causticum. — Est utile dans les inflammations subaiguës
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des trompes d’Eustache, avec sensation de surdité d’un côté,
comme si la voix traversait l’oreille, avec un son tout parti-
lier semblable à ce qui arrive quand on pousse la tête dans
un tonneau ; la gorge irritée, sensible, ainsi que l’isthme du
gosier.
Conium maculatum. — Indiqué dans les affections subai¬
guës, avec augmentation de sécrétion cérumineuse, et de
bourdonnements.
Kali muriaticum. — Très employé à l’hôpital ophtalmique
de New-York, plus que tout autre remède, dans tous les cas
où il n’y a pas d’indication spéciale. L’auteur le prescrit
quand la surdité va en augmentant, et que la gorge n’indique
aucun autre médicament ; on le donne avec succès dans le cas
de catarrhe nasal et il favorise le traitement de cette affec¬
tion. Dans beaucoup de cas, il arrête les progrès de la mala¬
die. On le prescrit habituellement à la 3 e décimale. Il n’a pas
d’action nuisible sur les reins, comme le kali chloricum.
S’il y a grande faiblesse du malade, on combine le kali
muriaticum avec le calcarea carbonica .
Kali iodatum.— Surdité avec douleurs per for antes, déchi¬
rantes de l’oreille moyenne ou du labyrinthe; douleurs à
travers la tête semblables à des décharges électriques ; sen¬
sation d’obstruction dans l’oreille, et de brûlure dans la
gorge ; sécrétion jaune et salée du gosier et du nez.
Mercurius dulcis . — Est le plus employé des préparations
mercurielles. Il a une action spécifique sur la sécrétion du
gosier et de la gorge. Il est indiqué quand le conduit auditif
est sec, avec un peu de rougeur à l’oreille externe et le tym¬
pan plus ou moins congestionné aux environs du marteau. La
surdité est augmentée par le rhume de cerveau; grand bruit
dans l’oreille avec sensation d’un bouchon dans le conduit
externe. Menace de douleurs dans l’oreille ; le pharynx est
ordinairement rouge, et plus ou moins boursouflé. La luette
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— 74 —
est allongée; douleurs dans la gorge qui parfois paraît con¬
gestionnée et sèche, comme du cuivre poli.
Mercurius iodatus. — La gorge est plus rouge, plus en¬
flammée, plus épaissie. Pharyngite aiguë avec engorgement
de tous les ganglions du cou.
Nux vomica . — Rend de grands services dans certains
symptômes du catarrhe de l'oreille. Les principaux sont les
tintements d’oreille et la sensation désagréable d’obstruction,
plus accentués le matin. Douleur et rougeur du pharynx,
comme si un acide corrosif avait été avalé ou si un instrument
aigu avait gratté cette partie. Bourdonnements et dureté de
l’ouïe avec obstruction du nez et céphalagie frontale. Princi¬
pal remède pour le catarrhe des trompes d’Eustache chez les
buveurs et les fumeurs. A une action également sur les nerfs
acoustiques; a guéri dans bien des cas les surdités nerveuses
qui étaient dépendantes d’un catarrhe de l’oreille moyenne.
(Zeitschrift des berliner Vereines homôopaihischer
Aerzte , 1892.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
TRAITEMENT DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE
par le D r Formas, de Philadelphie
Bryonia. — Ce remède est indiqué dans le premier stade
de la maladie, avant toute perversion des sens, principale¬
ment quand il existe du catarrhe gastrique sans diarrhée.
Le malade accuse de la sensibilité à l’épigastre, une lassitude
particulière et une pesanteur dans les membres, en même
temps qu’il se plaint de céphalalgie contusive. Il se produit
des vomissements alimentaires et bilieux ; la langue est
blanche et sèche ; l’appétit est perdu et le sommeil est agité.
Comme indications de bryonia , on peut encore ajouter les
symptômes suivants : vertige et nausées en se levant, con-
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stipation, éructations, épistaxis ; un délire nocturne ayant
trait aux occupations de la journée, un vif désir de regagner
sa demeure en cas de voyage, enfin l’aggravation par le mou¬
vement.
Baptisia prend la place de bryonia s’il y a prédominance
des désordres nerveux, diarrhée jaune-claire caractéristique
(purée de pois), avec sensibilité abdominale et gargouillement
iléo-cœcal ; plus tard encore il est indiqué si les évacuations
alvines sont foncées en couleur et fétides, si la bouche est
sèche et la langue recouverte au centre d’un enduit jaune
brun avec goût amer ; si la face est congestionnée et les
yeux injectés ; le patient présente un air hébété ; il est faible,
assoupi, brisé et trouve son lit trop dur. La fétidité des
garde-robes, la pùtridité des sécrétions, la prostration
excessive et enfin cet état de perversion intellectuelle qui
fait que le malade s’imagine être divisé en plusieurs pièces
qu’il cherche en vain à rassembler, sont les principaux traits
caractéristiques de ce médicament.
Rhus tox . —Suit d’ordinaire l’administration des remèdes
précédents. Il entre en ligne quand la température a atteint
son maximum et que la postration progressive et la diarrhée
caractéristique annoncent la période d’infiltration. Les sym¬
ptômes suivants semblent l’indiquer tout particulièrement :
persistance des selles purée de pois avec tendance à l’aggra¬
vation, langue rouge à la pointe ou couverte d’un mucus
brun, épistaxis suivie de soulagement, toux sèche agaçante,
vif désir de changer constamment de position afin de soulager
les douleurs rhumatoïdes des extrémités. A une période plus
avancée encore, rhus se trouve indiqué par une prostration
excessive, un assoupissement profond ; la parole, d’abord
intelligible,n’est plus qu’un murmure inarticulé, ce qui indique
une dépression telle de l’intelligence que celle-ci n’est plus
capable de suivre une pensée quelconque ; en même temps,
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il existe un délire tranquille ; le ventre est sensible et météo-
risé; la langue est sèche, rouge, fendillée, brune, ligneuse ;
les lèvres sont fuligineuses ; les selles deviennent plus liquides,
plus abondantes, fétides, sanguinolentes même, involontaires
surtout la nuit ; les urines sont foncées et troubles, quelque¬
fois albumineuses et involontaires. Ce mélange d’éréthisme
et de dépression accorde une grande valeur à ce médicament
dans la forme ataxo-adynamique de la maladie. Mais quand
l’état typhique a atteint son apogée, que l’ulcération a com¬
mencé son œuvre destructive et que rhus n’est pas parvenu
à modifier la toxémie progressive, nous devons alors recou¬
rir à des remèdes à action plus profonde.
Et ici nous rencontrons tout d’abord arsenicum, qui, à
l’instar de rhus , présente également un mélange d’éréthisme
et de dépression, mais à un degré plus prononcé; il convient
donc aussi à la forme ataxo-adynamique. Il est indiqué
quand l’état général du malade témoigne d’un éréthisme plus
grand, à caractère malin, surtout encore quand il existe
une prostration excessive annonçant une issue funeste. A ce
stade, il mérite les honneurs avec carbo veget.\ mais avec
ars.y malgré toute l’intensité de la prostration, b malade
reste toujours irritable et anxieux, tandis qu’aA >c carbo
veget . la torpeur est complète et le collapsus imr. inent ou
réel,sans le moindre signe d’éréthisme.Les symptômes gastri-
ques’et abdominaux d 'ars. sont également de la plus haute
importance. Il existe une soif intense avec tendance à boire
peu et souvent; les gencives et les dents sont recouvertes de
fuliginosités ; la langue présente un enduit brun ; la bouche
est le siège de pustules et d’ulcérations aphteuses saignant
facilement ; il peut exister de la dysphagie, les déjections
sont dysentériques, fétides et plus fréquentes la nuit ; il n’y
a pas de tympanite bien marquée (parésie intestinale) ; le
sang provenant d’une hémorrhagie intestinale est foncé et
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aqueux ; il existe de la douleur à la pression dans la région
iléo-cœcale, la rate est engorgée et sensible. L’épistaxis,
les selles sanguinolentes, les pétéchies, symptômes de décom¬
position du sang, sont tous signes indicateurs de Y arsenic.
Mais cette substance exerce aussi un action paralysante très
marquée sur le tissu musculaire du cœur, et, par là, elle se
trouve indiquée quand un pouls faible, mou, irrégulier, joint
à l’action tumultueuse du cœur et à l’absence du second
bruit, témoigne de l’invasion du myocarde par la maladie.
Enfin l’hyperthermie, la rémission typique bien connue de la
fièvre, la rareté et la rétention de l’urine, les accès de col-
lapsus subit vers le milieu de la nuit réclament impérieuse¬
ment ce médicament.
Muriat. acid . aussi est un remède éréthique ; mais son
éréthisme, comme celui de phosph ., est transitoire; son
excitabilité est bientôt suivie de dépression. Il offre quelques
points de ressemblance avec ars.et tous deux, quand ils sont
indiqués, semblent avoir la puissance de vaincre l’hyperé-
mie intestinale et la diarrhée qui en est la conséquence.
Selon Trinks, il convient surtout à ces états d’éréthisme
trop graves pour bryon ., trop intenses pour rhus et non
justiciables de beltad . Il modifie les évacuations quantita¬
tivement et qualitativement ; il corrige la putridité et
entraîne en même temps une amélioration de tout l’ensemble.
Aussi ne faut-il pas le négliger lorsque la décomposition
putride des liquides de l’organisme a atteint son maximum
d’intensité et qu'il existe une sorte de parésie générale : les
forces sont complètement perdues, les muscles refusent leur
action, le malade glisse au pied du lit, gémit et se lamente ;
ou bien, tout à fait inconscient, il présente cette forme de
délire qui constitue la mussitation ; la langue, sèche et
rétrécie, se raccornit au point que le malade ne sait plus la
mouvoir ; les gencives et les dents sont fuligineuses. A cette
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période, le pouls est irrégulier, intermittent ; le cœur,
quoique rapide et excitable, perd de son énergie ; il existe
une diarrhée aqueuse, fétide, grise ou sanguinolente ; l’urine
ou les selles sont involontaires; et bientôt la fixité du regard,
l’abaissement de la mâchoire inférieure et le refroidissement
des extrémités annoncent l’imminence de la paralysie céré¬
brale. Signalons encore comme étant du ressort de ce
remède les ulcérations putrides de la bouche.
Phosph . acid . est un médicament de la forme adyna-
mique avec sa débilité et sa prostration extrêmes, sa stupeur
profonde, sa surdité et son délire tranquille. On ne peut lui
substituer aucun remède quand le malade est tombé dans
l’indifférence et refuse de parler, surtout si la face est
pâle, les selles jaunes et aqueuses. On observe aussi de
la tympanite générale avec gargouillement et il existe une
céphalalgie frontale qui plonge le patient dans une obtusion
intellectuelle prononcée. Phosph. acid, suit souvent l’ad¬
ministration àerhus après que l’agitation a cessé et que le
sujet est tombé dans un état d’apathie stupide et quil est
devenu insensible à toute impression extérieure. Gomme
caractéristique de ce médicament, on notera que, malgré
une dépression sensorielle évidente, le patient peut être
facilement tiré de sa torpeur et qu’il redevient pleinement
conscient, mais pour un instant seulement, tandis qu’avec
helleb. il n’est pas possible de tirer le malade de sa stupeur.
Kelleborus est cependant un remède puissant de l’a¬
dynamie. Il est surtout indiqué quand la maladie atteint
plus profondément le cerveau, que l’intelligence est abolie,
que les muscles ne répondent à aucune excitation, que le
sujet ne peut être tiré de son état de stupeur. Le malade
justiciable de helleb. constitue un tableau complet de
l’idiotie avec inconscience absolue ; il se trouve dans une
prostration extrême, glisse au pied du lit et ne fait pas le
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moindre effort pour changer de position ou pour garder
celle qu’il occupe. Il a un regard vide, une expression
stupide ; les jeux sont ouverts, les papilles dilatées, les
narines pulvérulentes ; les muscles sont le siège de spasmes
convul>ifs. L’urine peut être rare ou retenue, albumineuse ;
les selles sont involontaires ; la langue est sèche et jaune,
rouge sur les bords, elle oscille hors de la cavité buc¬
cale ; l’haleine est fétide ; les boissons pénètrent dans
l’estomac avec bruit ; une sueur froide et visqueuse couvre
le corps ; le pouls est faible, mou, presque imperceptible ;
l’action du cœur est lente ;il existe un délire tranquille avec
mussitation.
Phosphorus. — L’éréthisme de cette substance est si pas¬
sager, que je ne la crois point indiquée dans le premier stade
de la maladie. Son action profondément altérante sur le
sang en fait un médicament de la période ultime. La pro¬
stration qu’il détermine se rapproche beaucoup de celle de
muriat . ac ., comme la stupeur qu’il provoque ressemble à
celle de carh . veget. ; le pouls est petit, filiforme, le faciès
est hippocratique ; les pupilles sont contractées ; les narines
sont sèches et pulvérulentes ; les lèvres sont cyanosées ; la
bouche est ouverte et laisse voir une langue noire, dessé¬
chée, immobile. Gomme symptômes qui réclament phosph. y
nous avons encore des vomissements bilieux ; du météo¬
risme avec gargouillements bruyants ; des selles sanguino¬
lentes ou noires, involontaires, suivies d’une grande faiblesse;
des urines rares et albumineuses ; une peau sèche et froide ;
une sueur profuse qui ne soulage pas ; un corps brûlant avec
une perspiration froide aux mains et aux pieds ; des taches
de roséole, des éruptions miliaires, des ecchymoses ; un foie
et une rate d’un volume assez considérable. Dans la forme
adynamique, phosph . occupe la première quand il y a immi¬
nence de paralysie pulmonaire. Le malade est plongé dans
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le coma, l’haleine est chaude, la respiration est bruyante
(accumulation de mucosités), les membres sont froids et
recouverts d'une sueur froide, le pouls est à peine percep¬
tible. C’est un agent de première valeur dans les complica¬
tions cardiaques et pulmonaires. Selon Jahr, il a le pouvoir
d’écarter les dangers de la période inflammatoire, surtout
lorsque rhus tox . a failli à son œuvre.
Si, malgré l'application bien ordonnée des remèdes précé¬
dents, l’affection morbide continuait son œuvre de destruc¬
tion et si le malade se trouvait dans un état de collapsus
algide, sans le moindre signe de réaction, nous devrions alors
avoir recours en dernier ressort à carb. veget. C’est un
remède qui a souvent amené des résultats merveilleux. Sous
son emploi, j’ai vu des patients inanimés, sans pouls, recou¬
vrer la chaleur vitale et un pouls presque normal, tandis que
le cœur reprenait son action rythmique. Comme indications
principales, nous trouvons une faiblesse simulant la mort ;
des yeux ternes avec pupilles immobiles ; un faciès hippo¬
cratique et une voix éteinte ; une peau froide sur toute son
étendue ; des lèvres cyanosées ; une langue sèche et noire ;
un pouls petit, filiforme, presque imperceptible ; un cœur en
défaillance ; du tympanisme abdominal ; des gardes-robes
d’un noir brun, repoussantes, involontaires ; enfin une odeur
fétide se dégage du corps ; l’urine est supprimée ; la para¬
lysie des poumons est imminente ; l’hypostase pulmonaire
fait des progrès ; des hémorrhagies se produisent et des
pétéchies recouvrent le corps en quanlité considérable.
Pour finir, voyons encore quelques médicaments qui, sTs
n'occupent pas une place aussi importante, peuvent cependant
trouver leur indication.
Gelseminum est un remède du début, qui peut précéder
l’administration de baptis. avant une obtusion bien marquée
du sensorium, alors que le malade accuse du malaise, une
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fatigue musculaire, de la céphalalgie, du tintement et du
bourdonnement d’oreilles, en même temps qu’ils se plaint de
frissons et de fourmillement le long de l’épine dorsale, de
douleur dans le dos et les membres, de faiblesse musculaire.
La face est rouge et le sujet est assoupi. Les exaspérations
vespérales de la fièvre avec des rémissions le matin sont des
indications de plus pour gelsem.
Hyoscyamus et belladone peuvent être utiles dans le
délire violent. La stupeur, l’inconscience, la lascivité relèvent
du premier, tandis que la congestion cérébrale avec rougeur
de la face et dilatation des pupilles, la photophobie, la chaleur
mordicante de la peau,et l’embarras de la parole sont du res¬
sort de bellad.
Stramonium a un délire plus furieux avec des hallucina¬
tions de toutes sortes et des tentatives de s’échapper du lit ;
mais, comme caractéristiques, on note la loquacité et la
manie de se trouver dans la lumière et en société.
Opium , outre qu’il est un de nos meilleurs remèdes pour
la rétention d’urine, est spécialement indiqué dans les cas de
coma profond laissant craindre la paralysie cérébrale. Une
respiration stertoreuse avec la bouche ouverte et la mâchoire
inférieure abaissée annonceraient cette terminaison funeste.
Lachesis est indiqué quand les symptômes de dépression
sont précédés de loquacité. Son délire est calme avec mussi¬
tation, la langue est tremblottante et dépasse avec peine
les dents. Ce sont bien là aussi les effets du poison typhique
sur le cerveau, et pour combattre cette paralysie lâches .
lutte honorablement avec opium. On peut trouver en outre
de l’hyperesthésie, de la faiblesse, du tremblement et des éva¬
cuations fétides.
Arnica est indiqué dans un état fébrile accompagné de stu¬
peur complète, avec miction et défécation involontaires.
Dans les cas où le malade aurait conservé sa raison, il se
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plaint de la trop grande dureté de sa couche, de brisement,
de meurtrissure, etc.
Mercurius, qui est un médicament de si grande valeur
dans les désordres gastriques, hépatiques et intestinaux, ne
doit pas être négligé dans la fièvre typhoïde. Le stade pro¬
dromique s’annonce souvent par un catarrhe gastro-entérique.
En pareil cas, si la constipation fait place à des selles mu¬
queuses, bilieuses, vertes, avec ténesme et une teinte ictérique
de la face, nous devons donner à merc . la préférence sur
bryon surtout s’il y a une tendance à des sueurs sans sou¬
lagement et si les selles sont précédées de frissons. La néces¬
sité de songer à ce remède s’imposera dans le cas de compli¬
cation de péritonite suppurative.
Veratr. alb. peut être utile dans le cas d’affaissement
extrême et subit, avec sueurs froides, pouls filant et syncopes
répétées.
Cocculus ne sera pas oublié dans le cas où le moindre
exercice entraîne une grande prostration, avec une tendance
invincible au sommeil, suivie bientôt d’apathie et de coma.
On trouve parmi ses symptômes le vertige, les nausées,
l’affaissement ; mais la confusion des idées avec l’embarras
de la parole est une de ses principales indications.
Nitr. acid . peut trouver son emploi dans une période
avancée, alors qu’on trouve une sensibilité abdominale mar¬
quée, une douleur iléo-cœcale, du gargouillement, et surtout
une diarrhée sanguinolente persistante annonçant un travail
ulcératif. Dans les complications laryngées, il constitue un
groupe utile avec merc., kali iod ., iod etc.
Digitalis peut rendre quelque service quand le cœur faiblit
et que le pouls est intermittent, etc.
Enfin,il sera quelquefois utile de recourir à l’un des remè¬
des suivants: apis , cale . carb ., cinchona , colchic ., lyco-
pod nuœ vom., petrolsulph.,taraæac., terebinth .
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Enfin, on portera toute son attention sur les points sui¬
vants : diète, alimentation, désinfection et éloignement des
excreta et des linges souillés, et Ton surveillera la convales¬
cence. (Hahnemannian Monthly .)
Traduction du D r Cyr. Planquart
PÉRICARDITE AIGUË AVEC ÉPANCHEMENT
par le D r Jean De Wee, de Bruxelles
L’année dernière je fus appelé à donner mes soins à un
jeune homme de 24 ans qui était au quatrième jour d’une
maladie que son médecin avait déclarée fatale. L'état était
en effet des plus graves: pouls filiforme, rapide, sueur vis¬
queuse et froide au front ; mains et pieds froids, respiration
haletante et anxieuse, prostration excessive. Depuis quatre
jours, ce jeune homme avait eu huit hémoptysies artérielles
les unes plus abondantes que les autres. Un examen som¬
maire me permit de constater une affection cardiaque. Temp.
39°7. Prescription : China l rô , arsenic 3°, veratruw, 3 e .
Le soir, la prostration avait complètement disparu, le
pouls était très rapide mais plus fort. Temp. 40°1. Respiration
comme le matin. Souffle de congestion aux deux bases du
poumon avec respiration rude et légèrement sifflante aux
sommets. L’examen du cœur révéla une augmentation consi¬
dérable de la matité consistant en un élargissement, une sorte
d’arrondissement de la région de la pointe du cœur ; la matité
absolue avait augmenté d’une façon sensiblement parallèle.
En même temps il y avait déplacement du choc du cœur vers
le 3° espace intercostal ; il était diminué en même temps en
intensité, mais offrait plus de surface (probablement à cause
de l’étroitesse plus grande du thorax à ce niveau); les bruits
du cœur étaient affaiblis. Le malade se plaignait d’une douleur
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atroce siégeant entre l’ombilic et l’appendice xyphoïde un peu
à gauche de la ligne médiane, sur le prolongement horizontal
du rebord inférieur du thorax (point costo-xyphoïdien ou bou¬
ton diaphragmatique) ; cette douleur était exagérée par l’in¬
gestion des aliments ou des boissons. Enfin par moments il y
avait de véritables crises d’angine de poitrine avec engour¬
dissement du bras gauche.
C’était tout l’ensemble d’une péricardite aiguë avec épan¬
chement abondant, de nature rhumatismale, car notre
malade avait subi antérieurement plusieurs atteintes de rhu¬
matisme articulaire. Prescription : Régime. Yeratrum
viride 3 e , aconit 3 e , bryone 3 e .
Le lendemain la congestion pulmonaire avait disparu, plus
d’hémoptysies. Symptômes subjectifs diminués en intensité
sauf la dyspnée qui avait plutôt augmenté et était en rapport
avec le degré de l’épanchement. En effet, ce jour-là, au matin,
la matité cardiaque avait pris une déformation particulière,
décrite par le professeur Potain, et consistant en une sorte
d’incurvation, une sorte d’encoche obtuse vers le tiers supé¬
rieur du bord gauche de la matité précordiale. Cette encoche
donnait à la zone de matité, considérée dans son ensemble,
une forme spéciale qui rappelle assez bien celle d’une brioche.
Elle indique toujours, encore d’après Potain, un épanchement
considérable. La matité absolue participait à cette augmen¬
tation et prenait une forme analogue indiquant nettement
combien le péricarde distendu avait refoulé les bords anté¬
rieurs des deux poumons et surtout celui du côté gauche. Enfin
il y avait élévation progressive de la limite supérieure de la
matité vers la poignée sternale et extension de la matité au-
dessous des limites où les battements de la pointe demeurent
perceptibles. Traces d’albumine: Aconit I e , bryone I e .
Le lendemain (7 e jour de la maladie) le malade ressentit les
premières atteintes d’un rhumatisme articulaire aux genoux
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et aux coudes. Temp. 38°5 matin, 40°3 le soir. Sueurs abon¬
dantes d’odeur aigre. Prescription : Aconit 1°, bryone I e ,
mercure 3 e .
Le soir rhumatisme généralisé mais localisé surtout à la
nuque et au tronc. Hémoptysie artérielle considérable.
Le 8 e jour (quatrième du traitement). L’épanchement avait
diminué de beaucoup, les bruits du cœur étaient plus audibles,
les douleurs articulaires moindres. Le dyspnée avait diminué
de beaucoup. Prescription: Aconit, 3 e , bryone, 3 e .
Le 9 e jour : un peu de dilatation du cœur droit ainsi qu’un
choc diastolique dans le troisième espace intercostal gauche,
immédiatement après le claquement des sigmoïdes, simulant
ainsi un dédoublement du second bruit. Il y avait en plus un
souffle à l’appendice xyphoïde.
L’épanchement avait encore diminué. Douleurs articu¬
laires presque milles. Temp. 37° au matin, 39°2 le soir.
Prescription : Chinin. sulfur . 3°, hepar suif. 3 e .
Dizièmejour: Frottement péricardique. Souffle systolique
à la pointe et à l’appendice xyphoïde. Battements tumultueux
du cœur. Frémissement cataire. Plus de fièvre ni de douleurs:
Spigelia 3°, arsenic, iodat. 6 e .
Même état et prescription pendant cinq jours.
Puis pendant les huit jours suivants : Arsenic, iodat. 6 e
et sulfur 12 e alternés.
Le malade, qui était d’une faiblesse excessive, part pour
la campagne.
Je ne l’ai plus revu pendant quatre mois, cependant sa
mère venait de temps en temps me dire qu’il avait des cépha¬
lalgies continues avec oppression, toux et hémoptysies.
Il se plaignait surtout d’une sensation de plénitude thora¬
cique telle qu’il lui semblait que sa poitrine allait éclater.
Cette sensation existait surtout au moment de monter un
escalier ou une pente élevée. Je me rappelais avoir trouvé
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ce symptôme dans la pathogénésied’Æwrwm telle que la donne
Farrington. Voici comment s’exprime cet auteur :
« Aururn étant un médicament congestif, il affecte le cœur
en augmentant l’activité de cet organe, comme l’indique
l’augmentation d’intensité du choc analogue à celle qu’on
trouve dans l’hypertrophie pure sans dilatation. Gomme résul¬
tat de cette augmentation d’énergie le cœur finit par s’hyper-
trophier et produit une série de symptômes des plus caracté¬
ristiques. Les poumons sont trop remplis de sang, c’est-à-dire
hyperémiés et cet état se manifeste comme suit: le malade en
essayant de gravir une pente ou de faire un petit effort sent
comme s’il avait un poids écrasant sous le sternum : il lui sem¬
ble que s’il ne s’arrêtait pas, le sang ferait éclater sa poitrine».
Le malade reçut aurum mur . 30 e , 12°, 6 e .
Quand il est revenu me voir au bout du premier mois de ce
nouveau traitement il n’avait plus eu de céphalalgies, ni
d’hémoptysies, l’oppression avait diminué graduellement. A
l’auscultation on distinguait encore nettement le frottement
péricardique et les deux souffles de l’appendice et de la pointe.
Le malade a continué cette médication tout en interposant,
de temps en temps,une dose de sulphur 12°, et voilà quatre
mois qu’il va bien au point qu’il peut se livrer à ses travaux
antérieurs et même qu’il songe à se marier.
L’avenir nous dira ce que deviendront les symptômes
objectifs,, mais il me semble qu’une thérapeutique qui peut
relever à ce point un malade, quasi abandonné, mérite qu’on
s’en occupe un peu davantage dans les sphères officielles.
Cette observation nous prouve combien nous devons avoir
en vue la physiologie du médicament. Malheureusement sous
ce rapport les schémas hahnemanniens sont peu faits pour nous
aider. 11 serait temps de renoncer à ces vieilleries et d’avoir
en main une matière médicale plus moderne.
D r Jean Dewée
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VARIÉTÉS
JLiSu méthode dix professeur Brown-Sequard.— Un rédacteur
du Petit Journal tourne et retourne son porte-plume sept fois, et
même davantage, avant d’écrire un article sur M. Brown-Sequard
et sa méthode d’injections d’extraits organiques. Il sait son lecteur
prévenu sur la question et prévenu probablement au sens pou favo¬
rable du mot. Il le voit d’ici, souriant narquoisement ou faisant la
moue...
Que le lecteur se rassure ! Il ne sera pas question dans les lignes qui
vont suivre de ce qui peut spécialement intéresser les messieurs de la
catégorie « des invalides du sentiment », comme les qualifiait Gavarni,
mais de quelque chose d’un intérêt beaucoup plus sérieux et général. Il
s’agit d’une méthode thérapeutique basée sur l’injection des extraits de
divers tissus organiques vivants, méthode entièrement neuve dans la
science et qu’a créée de toutes pièces M. le professeur Brown-Sequard,
assisté de M. le docteur d’Arsonval, membre de l’Académie de méde¬
cine.
Mais, avant toute chose, je tiens à reproduire ce passage d’un des
derniers comptes rendus de l’Académie de médecine (séance du
21 juin):
« M. d’Arsonval rappelle qu’il a indiqué à plusieurs reprises les
« moyens de préparation de ces extraits. Quelques industriels se sont
« empressés de mettre ces indications à profit. Il tient à dire que ces pré-
« parations indusrielles n’engagent que leurs auteurs. M. Brown-Sequard
« et lui entendent rester étrangers à toute livraison qui ne sortirait pas
« de leur laboratoire, et ce, à titre entièrement gratuit. »
Il est certain que l’industrialisme et le charlatanisme se sont jetés sur
l’invention de nos deux savants pour en faire une exploitation abusive
éhontée, à l’étranger surtout. Les Allemands semblent avoir déployé en
ceci un zèle particulièrement ardent. Toutefois, et en raison de leur
désintéressement bien connu, on peut supposer que, à tripatouiller et
galvauder la découverte française, iis n’ont cherché qu’à prendre leur
revanche du fiasco effroyable, mais national, de la tuberculine du pro¬
fesseur Koch...
Quelques mots maintenant sur M. Brown-Sequard et son principal
collaborateur, M. d’Arsonval.
M. le professeur Brown-Sequard, qui a succédé à l’illustre Claude
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Bernard dans la chaire de physiologie du Collège de France, est l’une
des grandes personnalités scientifiques contemporaines et probablement
la plus originale. Né à l’île Maurice, — l’ancienne île de France, le pays
légendaire de Paul et Virginie, — fils d’un américain de Philadelphie et
d’une mère française, il semble participer, comme savant, aux qualités
caractéristiques des deux races ; audacieux, intuitif, go-a-head comme
un Yankée; — déductif, méthodique et lucide comme un Latin. Par
dessus tout indépendant, adversaire des dogmes routiniers ét possédé,
semble-t-il, de la passion de remettre en question les lois scientifiques
existantes.
Avec lui il faut toujours s’attendre à de l’imprévu, et à un imprévu
venant bousculer quelque chose ou quelqu’un de consacré. C’est un gêneur
des « autorités établies », un contradicteur toujours menaçant pour ceux
dont « le siège est fait ». Le monde savant, — côté de la science officielle,
— reconnaît sa supériorité mais surtout la redoute. On le regarde faire,
on l’écoute avec attention, mais avec une attention volontiers muette et
qui a pu ressembler parfois à la conspiration du silence. M. Brown-
Sequard est âgé de soixante-quinze ans.
Quant à M. d’Arsonval, le collaborateur de M. Brown-Sequard et son
suppléant à la chaire du Collège de France, c’est un jeune savant origi¬
naire d’un de nos départements du Centre. M. d’Arsonval, physicien de
premier ordre, a découvert, en même temps que l’Américain N. Tesla,
cette propriété singulière que possèdent les plus hautes énergies électri¬
ques d’être sans action sur les systèmes nerveux et musculaire quand on
fait alterner les courants avec une très grande rapidité. Dans son labo¬
ratoire, il m’a fait passer impunément par le corps des courants d’une
force égale à ceux qui servent à exécuter, en Amérique, les condamnés à
mort. J’ai pu allumer une lampe électrique au contact de mon doigt et
illuminer à distance un tube de Geissler en étendant la main, sans res¬
sentir la moindre commotion ou vibration dans Tintérieur de ma per¬
sonne...
Elle apparut singulièrement marquée au coin de l'imprévu, la commu¬
nication que fit il y a trois ans, à la Société de biologie, M. Brown-
Sequard, annonçant le résultat de ses injections de sucs organiques,
expérimentées sur lui-même. C’était une augmentation de force nerveuse,
et comme un renouveau de vigueur générale s’affirmant non seulement
par le témoignage de l’expérimenté, mais par celui de l’impartial et
l’impassible dynamomètre. Avant l’expérience, sa vigueur musculaire
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enregistrait à l'appareil une trentaine de kil. Après l'opération ce chiffre
s'élevait à 40, 41 et même à 45 kil. et se maintenait à la moyenne dyna¬
mométrique d'un homme robuste et jeune. La résistance à la fatigue et
l’aptitude soutenue aux travaux de l'esprit s'étaient accrues dans des pro¬
portions correspondantes. Et cela sans réaction dépressive ultérieure. Il
y avait eu apport franc et non pas escompte usuraire de forces. Ceci est
très important.
Renouvelées à mainte et mainte reprise, dans des conditions sincères
et correctes d’expérimentation par nombre de médecins français et étran¬
gers,ces expériences ont presque constamment fourni des résultats positifs.
Mais, dès ses premières communications au monde savant, M. le profes¬
seur Brown-Sequard avait annoncé que les faits révélés par lui n’étaient
que la préface en quelque sorte d’une méthode générale encore à l'étude.
Cette méthode, appelée à munir la thérapeutique d’un nouvel et puissant
instrument, est sortie de la phase des essais de laboratoire et a débuté
sur le théâtre de la clinique humaine. On utilise en grand pour notre noble
espèce les expériences longuement poursuivies in anima vili. Et ces appli¬
cations médicales s’effectuent par l’initiative et sous la responsabilité de
nos praticiens les plus qualifiés.
L'épuisement nerveux, la neurasthénie , cette maladie si rebelle, —
résultant du surmenage des centres nerveux, qui est l’une des fâcheuses
caractéristiques de notre lutte à haute pression pour la vie, — cède aux
injections d’extrait cérébral.
Les extraits organiques expérimentés en premier lieu par M. Brown-
Sequard sur lui-même sont efficaces plus qu'aucun autre genre de traite¬
ment contre l’ataxie locomotrice, — la terrible « maladie de la moelle
épinière », comme on la désigne populairement. Ces mêmes injections
améliorent étrangement le diabète et amendent d’une heureuse façon les
plus pénibles symptômes de la consomption pulmonaire ; — sans qu'on
soit toutefois dès à présent autorisé à admettre qu’elles aient une action
curative ou limitatrice des lésions organiques.
L’injection du suc extrait de la glande thyroïde du mouton (un organe
situé au-dessous du larynx et dont les fonctions ne sont pas définies),
donne des résultats surprenants pour combattre une affreuse maladie
de dégénérescence qu’on appelle le myxœdème. Jusqu’ici, la thérapeu¬
tique semblait désarmée contre cette redoutable affection.
Il existe.une autre maladie de pronostic très grave et rebelle aux
remèdes: la maladie bronzée ou maladie d’Addison. Ces noms lui vien-
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nent et du médecin anglais qui le premier en fit une étude approfondie
et de l’étrange coloration de bronze florentin qu’elle donne à la peau du
malade. Dans cette affection, il existe presque toujours une altération
profonde des capsules surrénales , organes glandulaires situés à la partie
supérieure du rein et dont le rôle est encore une énigme.
Ce qu’on sait très bien, par exemple, c’est que l’animal à qui l’on a
fait l’ablation de ces glandes ne tarde pas à succomber. Mais si on lui
injecte du suc surrénal extrait d’un autre sujet il revient à la vie, fût-il
agonisant déjà... Il était donc tout indiqué d’essayer cette injection sur
l’homme atteint de la maladie d’Addison. C’est une tentative qui a été
instituée dans le service hospitalier d’un de nos savants professeurs, et
dont on a lieu d’espérer, à cette heure, les meilleurs résultats. Il y a,
dès à présent, tout lieu de croire que la mort, dans les maladies des
capsules surrénales, peut être retardée, sinon absolument empêchée,
par des injections de l’extrait liquide de ces glandes pris sur des ani¬
maux en bonne santé.
Le suc de rein, de rate, de muscle, de moelle osseuse, etc., font pré¬
sentement l’objet d’expérimentations cliniques qui se poursuivent en
France, en Europe, en Amérique.
Comme de juste, les expérimentateurs se tiennent en garde contre les
phénomènes d’imagination et de suggestion qui jouent constamment un
rôle dans les essais de médications nouvelles. Un rôle « humain » s’en¬
tend, car les animaux sont des réactifs biologiques que nulle perturba¬
tion d’ordre psychique ne saurait influencer. Chez eux, les résultats des
injonctions sont constants. Avec les sujets-hommes on a substitué
secrètement des injections d’eau pure aseptisée aux injections de sub¬
stances actives, et l’effet de ces dernières a cessé de se manifester. Preuve
évidente de non-suggestion.
Mais enfin, qu’est-ce que c’est qu’on injecte? Tout simplement un
liquide limpide, où le microscope ne trouve aucun corpuscule solide, où
l’analyse chimique n’a jusqu’ici révélé aucun principe particulier inédit.
Ce liquide résulte du passage à travers une bougie-filtre et sous une pres¬
sion très considérable, du suc des tissus organiques broyés ou plutôt
finement morcelés avec une petite quantité de glycérine et d’eau distillée*
En quoi consiste le principe actif de ces extraits et quel est le fin mot
de leur façon d’agir ? On ne le sait pas davantage qu’on ne sait pourquoi
l’opium fait dormir ou la quinine guérit de la fièvre. Mais on se trouve
logiquement conduit à admettre que tous les tissus de l’organisme animal,
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indépendamment du rôle fonctionnel que la physiologie a pu jusqu'à
présent leur assigner ou leur attribuer, fabriquent quelque chose de spé¬
cial, élaborent une sécrétion interne qu’ils donnent au sang et qui est plus
ou moins indispensable au maintien delà santé normale et à la conserva¬
tion de la vie. Ce je ne sais quoi vital, les injections le restituent à l’orga¬
nisme lorsqu’il en est privé.
Telle est du moins l’explication à laquelle s'arrêtent les deux savants
auteurs de la méthode des injections brown-sequariennes.Je dis « brown-
sequariennes » parce que l'initiateur de ces intéressantes expériences
est incontestablement le professeur de physiologie du Collège de France.
Mais c’est grâce à son collaborateur, M. d’Arsonval, que la méthode a pu
être généralisée. Voici, en effet, ce qui s’est passé:
Les premières et spéciales injections dont M. Brown-Sequard fit l’expé¬
rience sur lui-même et dont il entretint le monde scientifique, on sait avec
quel retentissement, n’avaient nécessité aucune précaution antiseptique
spéciale. Mais quand il fut procédé à la répétition de cesépreuves sur les
animaux avec des extraits de la rate, du rein, du foie, des capsules surré-
rales,du poumon, etc., les sujets crevèrent tous avec un parfait ensemble,
dans un délai variant de un à dix jours. Un suc extrait du poumon de
cobaye (le cobaye est l’animal naturellement le plus exempt de maladies
parasitaires) se montra constamment vénéneux au suprême degré.
On essaya bien de mêler aux extraits des agents antiseptiques. Mais en
désinfectant les liquides, ils leur enlevaient toutes leurs propriétés. Ce fut
alors que M. d’Aisonval eut l’idée de stériliser ces extraits en les soumet¬
tant à une pression de 50 à 60 et même 90 atmosphères, obtenue dans un
appareil autoclave de son invention, au moyen de l’acide carbonique
liquéfié. Cette stérilisation est complète, radicale, tout en respectant
l’intégrité des principes actifs spéciaux à chaque extrait filtré sous ces
pressions énormes. Les injections préparées de la sorte ne présentent
aucun danger.
J’ai insisté un peu longuement sur ces détails pour que l’on comprenne
bien la légitimité des motifs qui ont poussé MM. Brown-Sequard et d’Ar¬
sonval à décliner si expressément toute responsabilité vis-à-vis des exploi¬
teurs de leur découverte.
Je la crois appelée à doter de précieuses ressources l’art de guérir les
maladies et celui de prolonger la santé. Elle ouvre certainement de nou¬
veaux et bien curieux horizons dans le domaine de la science biologique*
(Thomas Grimm. Petit Journal .)
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Mors ©t Vita. — Chose promise est due.
J’ai pris, l'autre jour, l'engagement solennel d'exposer en détail les
miraculeux résultats obtenus par l'application au traitement du cancer,
ou plutôt à la galvanisation des cancéreux, du fameux élixir de longue
vie, auquel il est convenu de donner le nom d’élixir de M.Brown-Séquard.
L’heure est venue de tenir ma parole.
Au demeurant, je n’ai plus désormais aucune crainte d'aller plus vite
que les violons, puisque les expériences qui avaient servi à documenter
mon enthousiasme, soumises par l'éminent praticien qui les avait insti¬
tuées au jugement éplucheur d’un sanhédrin de spécialistes, ont été
passées au crible de la controverse de rigueur et sont à la veille de
devenir classiques.
Et comme, en pareille matière, les théories ne sont bonnes qu’à cou¬
ronner l’édifice, je laisse la parole aux faits.
Je n aurais, apparemment, dans le tas des observations recueillies, que
l'embarras du choix. On me pardonnera cependant de n'en retenir que
deux, triées sur le volet, non seulement parce qu'elles sont exceptionnel¬
lement suggestives, mais encore et surtout parce que, pour avoir été à
meme de les suivre personnellement de près,je crois pouvoir leur prêter,
comme à des choses vécues, une importance supérieure.
Tout d'abord, un cancer de l'estomac. Dévoré par l’inanition autopha-
gique et par la consomption consécutive, le malade touchait à cette
période ultime du dépérissement après laquelle il n'y a plus place que
pour l’agonie sans phrase et sans merci. Survient le docteur Filleau, qui
s’avise, en desespoir de cause, d’essayer de l'inoculation à doses massives,
entre cuir et chair, de la paradoxale « essence ». Dès la douzième piqûre,
le moribond s’était ragaillardi au point de faire naître dans son propre
esprit et dans l'esprit de son entourage l’illusion plausible d’une guérison
définitive. En tous cas, ce grabataire qui, pendant de longues semaines,
n avait pas quitté la chambre, vaque aujourd’hui à ses affaires, et c’est
avec une véritable impatience qu’il attend l’heure des repas, considérée
naguère comme l’atroce échéance d’un supplice inutile.
Après le cancer de l’estomac, le cancer du rein. Imaginez une tumeur
grosse comme une tête d’enfant, au point de former hernie sous la peau
hideusement soulevée, de l’abdomen.Aucun malentendu n’était recevable :
c’est bien d’un cancer nettement caractérisé qu’il retournait. L’analyse
microscopique du liquide provenant d’une ponction exploratrice avait, au
surplus, confirmé, de ce chef, les aperceptions de l’examen clinique.
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Envahi par l’enflure œdémateuse jusqu’au-dessus du nombril, épuisé par
d’épouvantables hémorragies, qui avaient détendu tous les rouages et
perturbé toutes les fonctions de la vie, le patient n’était plus qu’une ruine.
Son délabrement était tel que les plus audacieux virtuoses du scalpel
reculaient devant l’horreur d’une opération nécessairement vaine....
C’est alors que, un peu par acquit de conscience, mais rassuré,
d’ailleurs, ou plutôt séduit par les multiples triomphes déjà conquis par
lui de cette façon dans des cas non moins affligeants de cachexie tuber¬
culeuse, Filleau résolut de tenter l’originale aventure. La première
inoculation — six centimètres cubes — fut faite d’emblée à la région
dorsale immédiatement au-dessus de la zone de l’œdème. Depuis, les
injections ont été régulièrement continuées, de deux jours en deux jours,
avec un succès étourdissant.
Dès la quatrième piqûre, le malade avait conscience d’un mieux-être
formel dont il mettait une sorte de coquetterie à faire part à tous venants.
C’était peut-être — je le veux bien, mais je n’en ai cure — l’effet d’une
sorte de suggestion tacite. Mais comment attribuer à la simple suggestion
la disparition de l’enflure, qui, dès la septième injection, s'effaçait gra¬
duellement jusqu’à ne plus laisser de traces appréciables? Comment
expliquer par la suggestion la cessation des hémorragies, la correction
de la température (autrefois tombée à 36 degrés et peu à peu revenue au
taux normal), le rétablissement des fonctions cutanées, le retour de
l'appétit et du sommeil, la recoloration, perceptible à l’œil nu, du sang
pâli, la restauration des forces, désormais assez accentuée pour per¬
mettre à celui qui ressemblait, il y a quelques mois à peine, à un cadavre
anticipé, de quotidiennes promenades en voiture?
... Je ne commente ni n’explique. Je raconte, tout bêtement, ce que
je sais : « J’étais là, telle chose advint »... Aux spécialistes de conclure !
Mais de grâce, qu’on n’aille pas au delà de ma pensée 1
Le docteur Filleau ne prétend pas le moins du monde avoir découvert
l’omnipotente panacée, et je me garderai bien de le prétendre envers ou
contre lui. Je suis de ceux qui pensent que le cancer, aujourd’hui comme
hier, est et demeure incurable. Le virus cancéreux — si virus il y a —
est en même temps si corrosif, si subtil et si tenace que, quand une fois
il a commencé d’imprégner un organisme, il faut en faire — ou en prendre
— son deuil, et, jusqu’à nouvel ordre, la tare est indélébile.
Les deux malades précités ne sont pas débarrassés de leur ennemi,
mais ils font, avec lui, à peu près tolérable ménage. Puis, ils vivent , et,
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vraiment, ils seraient mal venus à réclamer davantage. Veuillez noter,
cependant, pour mémoire, que le cancer du rein se rétracte visiblement
et semble tendre à s 1 atrophier...
C’est que, à regarder les choses de haut, au point de vue philosophique,
si je puis m’exprimer ainsi, il y a deux façons de combattre la maladie,
quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.
La première consiste à s’attaquer directement à la cause pathogène,
pour la neutraliser ou la détruire, au risque de détériorer le creuset de
chair vive où s’accomplit l'opération. L’antiseptie microbicide, les inter¬
ventions généralement quelconques — « tomies » ou curettages — de la
chirurgie sanglante, toute la pharmacologie ancienne et moderne n'ont
pas d’autres intentions.
La seconde méthode — parfaitement conciliable, au surplus, avec la
première — se borne à mettre le malade en mesure de lutter plus ou
moins avantageusement contre l’agent irritant ou infectieux, épine,
microbe ou poison. Elle est le principe et le fondement de la suralimen¬
tation, de l'asepsie, de l’hydrothérapie, de l’électrothérapie, de l’aérothé-
rapie, d'une foule d’autres médications où les apothicaires n’ont pas
grand'chose à voir, et qui, pour relever plutôt de l’hygiène que de la
thérapeutique, n’en ont pas moins leur opportunisme et leur efficacité.
De par une loi mystérieuse, qui est peut-être la loi même de la vie,
tout organisme possède en soi une force occulte de self-conservation qui
lui permet de se défendre tout seul contre les influences morbides, et
même, jusqu’à un ceitain point, de réparer sponte suâ les pertes subies
au cours de l'éternelle bataille.
C'est ainsi que les tissus réussissent si souvent, à la faveur de leur
propre élasticité, à éliminer ou à enkyster les échardes, les esquilles, les
balles et les autres corps étrangers qui les ont pénétrés. C’est ainsi qu’on
voit éclore au fond des plaies pantelantes une floraison de bourgeons
charnus qui finissent par en déterminer la fermeture et la cicatrisation.
C’est ainsi que lorsque l'un ou l’autre de deux organes doubles — les
poumons, par exemple, ou les reins — vient, à la suite d’un traumatisme
ou d'une contamination, à être mis hors de service, un afflux d’énergie se
fait proprio motu vers l’organe survivant qui peut se charger ainsi de
pourvoir solidairement à toute la besogne. C'est ainsi que nos cellules et,
en particulier, les globules blancs, ou leucocytes , du sang, sont, sans
métaphore, en état de guerre permanente avec les microbes du deda'ns et
du dehors. Je dis « sans métaphore », et c’est à bon droit comme à bon
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escient, puisque, dans ce match sans trêve, les vaincus servent littérale¬
ment de pâture aux vainqueurs, et j’ai justement là sous les yeux des
micro-photographies représentant des cellules pulmonaires en train de
digérer de malheureux bacilles de Koch pêchés en lymphe trouble.
Le médecin n’intervient donc, à ce compte-là, que pour aider la
Nature, non pour la suppléer, et c’est ainsi que se doit traduire le mot s^
profond d’Ambroise Paré, qui est plus et mieux qu’une boutade de désa¬
busé : « Je le pansay, Dieu le guarit » !
Or, il se trouve que les philtres « dont s’agit » — il en est autant que
d’organes distillables, et je sais telle usine, fondée tout exprès en vue
de cette fabrication fin de siècle, qui ne suffit plus aux commandes — il
se trouve que les philtres magiques possèdent à un degré infiniment
supérieur l’inestimable vertu d’hyperesthésier, en quelque sorte, l’orga¬
nisme, sans fatigue ni dépense de forces, mais en réveillant, au contraire,
les puissances latentes ou assoupies, et d’en exalter toutes les fonctions
jusqu’au paroxysme. Peut-être parce qu’elles procèdent de substances
prises sur le vif, qui ont elles-mêmes vécu, et qui gardent encore dans
leur composition moléculaire la sourde vibration delà vie, ces précieuses
liqueurs sont comme de contagieuses semences de vie, comme les sels
excitateurs par excellence de la pile cérébro-spinale, souverain régulateur
de la machine humaine.
Rien donc ne saurait être d’un plus grand secours pour la milice
cellulaire dans le struggle for life contre les innombrables influences
délétères éparses, quœrentes quem dévorent , dans l’espace et dans le
temps. Elles ne suppriment ni la cancérose, ni la tuberculose, contre
lesquelles l’acide phénique conserve tous ses droits, mais elles retardent
et limitent leurs manifestations dévastatrices ; elles mettent l’organisme,
rendu relativement invulnérable, en état de braver leur foisonnement
pernicieux et sournois. Elles ne détruisent pas l’ennemi, mais elles le
gênent et le paralysent en fortifiant la résistance.
Comment? Pourquoi? En vertu de quel mécanisme et de quelle loi?
Personne n’en sait rien — pas même, peut-être, M. Brown-Séquard.
S’agit-il, comme le pense Filleau, d’une simple restitution des éléments
organiques flambés par le fonctionnement de la vie — auquel cas s'expli¬
queraient aisément les effets spécifiques de chaque suc particulier dans
les affections de l'organe d’où il est extrait, du suc d'os dans la phtisie
(dont souffre surtout le tissu conjonctif), du suc de rein dans les affections
néphrétiques, de la cérébrine dans la neurasthénie, etc. ? S’agit-il d’un
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accroissement des combustions interstitielles, aboutissant à un nettoyage
plus rapide et plus complet du for intérieur? N’y aurait-il pas sous roche
quelque autre phénomène dynamique indéterminé?
That is ihe question! Mais il n'importe guère, pourvu que, finalement,
le but soit atteint. Et il semble bien que c’est chose faite. Il semble bien
que la cachexie, c’est-à-dire la détresse physiologique à l’état aigu,
l'aboutissant fatal et suprême de toutes les misères, déchéances et
douleurs animales, a trouvé, dans la scabreuse eau de Jouvence dont
notre gauloiserie frivole avait commencé par faire des gorges chaudes, son
sulfate de quinine et sa Revalescière. (Emile Gautier. Figaro)
SOMMAIRE
Observation clinique, parle D r Criquelion, de Mons. 65
Revue des journaux homæopathiques de France, par
par le D r Schefens, de Gand. 67
Remèdes cardiaques. — Traduction du D r Wuillot,
de Bruxelles. 69
Catarrhe chronique de l'oreille moyenne. — Tra¬
duction du D 1 ’ Chevalier, de Charleroi .... 71
Traitement de la fièvre typhoïde. — Traduction du
D r Cyr. Planquart, de Bruxelles. 74
Péricardite aiguë avec épanchement, par le D r Jean
Dewée, de Bruxelles. 83
Variétés. 87
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
d9 e Année JUILLET 1892 N° 4
LA MÉDECINE PALLIATIVE
Les diurétiques et les sudorifiques
par le D r Martiny
Dans nos précédentes séances nous avons parlé des médi¬
caments calmants, des purgatifs, des astringents, etc. ; en
dernier lieu nous avons traité de l’indication des évacuations
sanguines ; nous nous occuperons aujourd’hui d’une série de
moyens qui ont pour but de soustraire plus ou moins rapide¬
ment et pour ainsi dire mécaniquement de l’organisme malade
les collections séreuses qui gênent les fonctions générales ou
celles de certains organes en particulier.
Gomme nous l’avons déjà dit à propos des purgatifs et
même à propos des évacuations sanguines, il existe certains
états pathologiques où la résistance vasculaire est complète¬
ment dépassée, les vaisseaux étant distendus outre mesure ;
une action mécanique proprement dite doit alors intervenir
pour que le peu de tonicité vasculaire qui persiste puisse ren¬
trer en jeu : dans de pareilles circonstances les moyens
mécaniques, massage, compression, évacuations sanguines
ou séreuses, les purgatifs,etc., peuvent utilement être employés
pendant un temps relativement restreint, car il ne faut jamais
perdre de vue que ces moyens affaiblissent toujours les
malades et causent facilement des désordres graves. Dans
la cirrhose du foie, par exemple, lorsqu’il existe déjà de
l’ascite, une ponction abdominale, bien qu'elle affaiblisse le
sujet, peut être utile pour permettre à nos remèdes hépati¬
ques d’agir plus facilement sur les fonctions du foie avant que
le retour du liquide ait eu le temps de comprimer derechef
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les organes du ventre et en gêner la circulation. Il en est de
même de certains œdèmes des membres inférieurs où des
scarifications peuvent être faites avantageusement dans quel¬
ques circonstances ; les remèdes sudorifiques peuvent aussi
avoir leurs indications pour activer les fonctions si impor¬
tantes de la peau ; dans certaines affections avec œdème et
hydropisie il peut devenir urgent d’agir sur les fonctions des
reins au moyen des diurétiques. Dans quelques maladies du
cœur, par exemple, lorsque les œdèmes plus ou moins considé¬
rables se sont déjà formés, il peut être utile d’exciter momen¬
tanément et avec la plus grande circonspection l’organe
central de la circulation au moyen de substances médica¬
menteuses que l’expérience a démontré avoir une action pri¬
mitive sur son énergie, telles que l’alcool, la digitale, la
caféine, le convallaria maïalis, etc., etc. Il ne faut pourtant
pas perdre de vue que ce n’est là qu’une action passagère,
primitive, qu’il s’agit alors non pas d’une guérison réelle et
durable, mais d’un simple coup de fouet qu’on donne à l’orga¬
nisme pour le tirer d’un mauvais pas; il ne faudrait pas répé¬
ter les doses trop souvent pour ne pas épuiser la vitalité de
l’organe.
Ce n’est donc qu’exceptionnellement, et dans des circon¬
stances fort rares, que le médecin homœopathe doit s’adresser
aux évacuants mécaniques proprement dits ; nous ne devons
pas perdre de vue qu’après leur emploi il survient toujours
de la faiblesse et de la prostration.
Ce ne sont en définitive que des palliatifs n’arrêtant
que pour un temps relativement très court les progrès du
mal et affaiblissant les malades.
Souvent les diurétiques ont produit de bons résultats.Mais,
hâtons-nous de le dire, dès que la déplétion mécanique est
faite, il faut s’empresser de choisir des remèdes homœopa-
thiques appropriés à l'ensemble des symptômes présentés par
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le malade. Aussi nous n'avons pas pour règle fixe de mettre
d’abord les diurétiques en œuvre chaque fois que nous nous
trouvons en présence d’œdèmes plus ou moins marqués. Il
nous est arrivé bien des fois de voir ces œdèmes diminuer et
disparaître sous l’influence de médicaments infinitésimaux
bien choisis : iodure d'arsenic, sulfur, apis mellifera ,
colocynthis , bryonia , apocinum canabinum , etc. Ce n’est
donc qu’exceptionnellement que nous avons recours à cer¬
tains procédés usités dans l'ancienne école. Le choix des
remèdes homœopathiques est parfois fort difficile, si pas
impossible dans certaines circonstances, et parfois ils n’au¬
raient plus le temps de déployer leur action avant l'arrivée
de symptômes menaçants.
Dans de pareilles circonstances, les moyens mécaniques,
le massage, la compression, les évacuations séreuses, les
purgatifs, et même les évacuations sanguines, peuvent être
utilement employées pendant un temps relativement restreint.
Les diurétiques et les sudorifiques peuvent donc, à un
moment donné, avoir leur indication momentanée lorsque
nous ne trouvons pas immédiatement le remède ou les remè¬
des homœopathiquement indiqués : les évacuations qu’ils
déterminent plus ou moins rapidement écartent des dangers
immédiats, produisent une déplétion, fugitive souvent, mais
suffisante pour permettre à nos médicaments d’agir plus
facilement.
Ce serait donc une erreur de rejeter dès maintenant les
remèdes sudorifiques et diurétiques avant que les progrès
de l’homœopathie nous aient suffisamment armés de manière
à pouvoir être complètement assurés d’un heureux résultat.
Dans l’immense majorité des cas nos remèdes bien appliqués
suffiront, et au fur et à mesure que j’ai mieux connu notre
matière médicale, j’ai dû avoir moins fréquemment recours
aux moyens mécaniques et j’ai souvent réussi par nos remè-
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des là où les procédés évacuants de l’ancienne école avaient
complètement échoué.
Mais quels diurétiques et quels sudorifiques, dans ces rares
circonstances, devons-nous choisir?
Avant de répondre à cette question, permettez-moi de
faire une petite digression : les médecins du xvni 6 et ceux
du commencement du xix° siècle avaient fréquemment re¬
cours aux infusions et aux décoctions de plantes médicinales
et surtout déplantés médicinales indigènes ; toutes les plantes,
même parmi celles qui sont oubliées aujourd’hui,étaient scru¬
puleusement étudiées par eux et fréquemment employées
avec de bons résultats, depuis l’avoine, le lierre ordinaire,
le frêne, le lierre terrestre, la camomille, etc., etc. Aujour¬
d’hui, la plupart de ces plantes sont tombées dans l’oubli, en
« désuétude », comme disent les professeurs de matière médi¬
cale ; elles ne sont plus guère usitées que par les bonnes
femmes qui opèrent parfois avec leur aide de fort belles gué¬
risons ; nos médecins savants ont fait table rase de l’obser¬
vation et de la tradition médicale, et de toutes les plantes
médicinales ils n’ont guère conservé que les plantes à action
toxique : la belladone, l’aconit, la ciguë, la digitale, le col¬
chique, etc., et, allant plus loin, ils ont trouvé que telles
quelles existent dans la nature, ces plantes n’étaient pas
dignes d’être employées ; ils se sont adressés à la chimie
qui, après avoir fait subir aux plantes des opérations plus ou
moins compliquées à l’aide d’agents chimiques variés, en a
extrait des alcaloïdes dont quelques-uns ont une action diffé¬
rente de celle de la plante elle-même et dont d’autres sont
si toxiques qu’une erreur d’un centigramme, que dis-je, d’un
milligramme,'peut être fatale pour les malheureux malades :
il y a de tristes exemples de méprises à cet égard d’autant
plus que souvent ces alcaloïdes sont donnés sous la forme
apparemment inoflfensive de globules.
a
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N’oublions pas que les alcaloïdes ne s’obstiennent guère
qu’à la suite de manipulations avec des substances chimiques
plus ou moins actives ; ils doivent en conserver des traces ;
souvent même ces alcaloïdes sont combinés avec des acides
chimiques qui jouent aussi un rôle; celles-ci peuvent subir,
sous l’influence des acides de l’estomac, des décomposi¬
tions qui doivent modifier leur action : le sulfate de quinine,
par exemple, ne peut-il pas se décomposer dans l’organisme
et l’acide sulfurique puis le soufre être mis en liberté, à l’état
naissant? Cet acide sulfurique ne pourrait-il expliquer cer¬
taines actions que l’on attribue habituellement à la quinine?
Carie soufre est un grand polychreste à action puissante et
profonde et certainement il doit ici jouer un rôle.
Nos plantes médicinales indigènes, dont un grand nombre
ont rendu tant de services, ont à peu près disparu de la
matière médicale et elles ne se trouvent même plus dans
les pharmacies : Teuphraise, le cassis,l’aigremoine, etc. etc.,
et quand on les trouve encore par hasard chez certains
droguistes, elles sont avariées et mal conservées au point
qu’elles ont perdu presque toute leur action, et pourtant toutes
ou presque toutes ces plantes ont une histoire médicale fort
curieuse à.connaître et à étudier et toutes ou presque toutes
ont produit des cures remarquables sous forme d’infusion ou
de décoction (1), mais la thérapeutique officielle ne les met
plus en usage, c’est à peine si certains médecins prescrivent
encore des tisanes, quand les malades en réclament, et quand
ils le font, c’est en souriant et pour satisfaire, comme ils le
disent, à un caprice innocent des malades.
L’homœopathie en a conservé quelques-unes heureusement
de ces plantes inusitées : la camomille, la pulsatille, la
bryone, la douce-amère, le drosera,etc., et il est regrettable
(X) Consulter l’ouvrage du D r Caziu à propos des Plantes médicales indi¬
gènes.
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qu’un grand nombre d’autoes encore ne soient pas plus sou¬
vent employées dans notre école, même sous la forme de
tisane. Qu’est-ce en dernière analyse qu’une tisane, sinon
une vraie préparation homœopathique à la 1 1G , 2 e ou 3°dilu-
tion ?
Les médecins du siècle dernier attribuaient une grande
importances aux diurétiques, aux sudorifiques, tirés du règne
végétal : la tradition médicale était sous ce rapport pleine de
précieux renseignements et certaines tisanes sudorifiques ont
sauvé bien des malades dans les mains de praticiens observa¬
teurs et instruits.
Mais il n’est plus de mode aujourd’hui de rappeler les
mérites des anciens cliniciens : les médecins savants de
notre époque font fi de l’observation de leurs prédécesseurs :
les progrès des sciences, la chimie, la physique, l’histoire
naturelle de la physiologie viennent prêter leur aide à la
médecine, c’est vrai, mais on oublie trop de notre temps que
c’est l’observation qui fait le maître : ars medica tota in
observationibus . Malheureusement, il faut bien le dire, la
thérapeutique, qui devrait pouvoir utiliser ces découvertes,
n’en profite guère : elle s’engoue avec une facilité regret¬
table pour telle ou telle théorie et base son action sur cette
théorie, l’histoire de la médecine microbicide, par exem¬
ple, sera curieuse à lire dans quelques années. Les faits bien
observés sont des faits, peu importe leur date : ils restent,
tandis que les théories passent. C’est ce que rappelait der¬
nièrement à.ses élèves le professeur Charcot : quand on lit,
disait-il en substance, la théorie des humeurs peccantes de
Sydenham, on ne peut que sourire, mais quand on parcourt
les histoires de ses malades on est saisi d’un sentiment d’ad¬
miration pour le grand clinicien.
Il semble que depuis quelque temps on en revient un peu
aux remèdes des anciens, aux remèdes simples préparés par
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— 103 —
la nature dans la trame des plantes. Notons en passant ce
petit article que nous trouvons dans la France médicale :
Dans le numéro du 24 septembre dernier du journal, vous passez en
revue quelques nouveaux diurétiques végétaux et vous terminez l’article
en citant le D r Mascarel qui s’est bien trouvé dans certaines hydropisies
cardiaques de l’emploi de la verge d’or (solidago virga aurea).
Je viens seulement vous prier de rectifier le mode d’emploi de ce
remède dont vous parlez, mode d’emploi qui n’est pas celui que j’ai pré.
conisé. En effet, vous dites : M. Mascarel avait employé la poudre mêlée
à un jaune d’œuf. Ce n’est pas tout à fait cela. Je prends la tige, les
feuilles et les fleurs à l’état sec, je fais broyer le tout comme on broie du
café torréfié et je fais mélanger une grande cuillerée de cette poudre avec
un œuf frais entier, le blanc et le jaune à la fois. Je commence par une
cuillerée et tous les jours j’augmente d’une cuillerée, une de deux en deux
heures jusqu’à sept et huit cuillerées dans les vingt-quatre heures, et
toujours en mixture avec un œuf entier frais et cru, les malades prennent
cela facilement et souvent ils boivent ensuite une tasse à thé de lait pur
et frais.
Dans une de mes observations, le malade, anasarquê au point qu’il ne
pouvait se coucher que sur les genoux et sur les coudes, a pris ce remède
tous les jours pendant six semaines et la diurèse à continué tous les
jours jusqu’à disparition complète de l’enflure. Le malade est absolument
guéri et cela depuis cinq mois sans aucun retour de l’œdème.
Je pense que cette simple rectification suffira à ceux de nos confrères
qui voudraient faire usage de cette plante qu’on trouve partout dans les
jardins et dans les bois. (France médicale, 8 octobre 1889.)
C’est surtout parmi les remèdes végétaux que nous trou¬
vons nos meilleures ressources quand nous cherchons un
diurétique ou un sudorifique. — Mais ayons recours a la plante
elle-même, à la plante telle que la nature nous la fournit et ne
cherchons pas à trop employer son extrait ni son alcaloïde :
Voyez, par exemple, la digitale ; a-t-on assez cherché à isoler
et à préparer son alcaloïde? Il y a eu des digitalines de toutes
les marques et de toutes provenances : la clinique n’a pas
confirmé le succès de toutes ces préparations, et presque
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— 104
tous les praticiens aujourd’hui au prescrivent comme jadis
l’infusion ou la macération des feuilles.
Je voudrais vous citer un certain nombre de tisanes, d’in¬
fusions, de macérations, de vins diurétiques que j'emploie
assez habituellement, il y en a beaucoup dont vous retrou¬
verez les formules dans les traités de thérapeutique du
commencement de ce siècle; je vous conseille d’accorder la
préférence à ces vieilles recettes qui ont fait leurs preuves,
plutôt que de vous adresser aux digitalines plus ou moins
recommandées et, notamment, à la diurétine que la chimie
vient de fabriquer et dont l’histoire médicale et thérapeu¬
tique n’est pas encore faite.
D r Martiny
ASSOCIATION CENTRALE DES HOBfflOPATHES DEMIES
Président , Secrétaire ,
SCHEPENS Dr Cyr. PLANQUART
Séance du h juillet 1892
Le procès-verbal de la séance précédente donne lieu, de la
part duD r Criquelion, de Mons, à la rectification suivante :
D r Criquelion. —Le compte-rendu de la dernière séance me
fait dire que je ne suis pas l’adversaire de la vaccine. Loin de
là, je l'accepte complètement dans ses conséquences théori¬
ques et pratiques. L’isopathie n’a pas pour moi la même
valeur et je ne lui accorde pas les mêmes sympathies.
Dans les maladies virulentes et infectieuses, je distingue
deux catégories : 1° celles que l’on ne contracte habituelle¬
ment qu’une fois; 2° celles que l'on peut contracter un nombre
de fois indéterminé. Dans le premier cas, l’inoculation du
virus ne vous prémunira contre une seconde atteinte que
d'une manière très relative, car souvent vous n’aurez qu’une
forme atténuée du mal et votre prédisposition définie ne sera
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— 105 —
qu incomplètement couverte. Daus le second cas, vous
n’aurez obtenu aucune immunité, puisque vous pouvez con¬
tracter la maladie un nombre de fois in îéterminé.
Quant aux vertus curatives de l'inoculation, je me refuse
jusqu’à présent à les admettre.
Le D r De Ridder, de Meirelbeke, fait en outre remarquer
qu’il y a eu un intervalle de dix-sept ans entre les deux
atteintes de variole subies par le malade dont il a parlé dans
la réunion précédente.
Ensuite, le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
M. le D r Gaudy s’excuse de ne pouvoir assister à la réunion.
La parole est donnée au D 1 Lambreghts, fils, d’Anvers, qui
fournit les renseignements suivants sur le :
Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance
d’Anvers
J’ai le plaisir de vous annoncer que le succès du dispensaire
homœopathique du bureau de bienfaisance d’Anvers s’accen¬
tue de jour en jour. Le nombre des malades pauvres qui ont
recours au traitement homœopathique s’est accru considéra¬
blement pendant le 2° trimestre de cette année, comme vous
pouvez en juger par le tableau suivant :
Avril Mai Juin
Nombre de consultations au dispensaire. . . 220 250 233
Nombre de visites à domicile. 26 27 52
Nombre de décès. 0 1 3
Nombre de malades envoyés h l'hôpital . 2 3 1
Les affections aiguës ont été beaucoup plus nombreuses que
pendant le l or trimestre. J’ai eu à soigner, en effet, plusieurs
cas de rougeole avec complications thoraciques, de scarla¬
tine, de fièvre typhoïde, de dysenterie, de pneumonie, de
pleurésie, d’érysipèle, de rhumatisme articulaire, de bron-
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— 106 —
chite, de coqueluche, d’hémoptisie, d’entérite, de convulsion,
d’adénite, de métrorrhagie, etc.
Quant aux affections chroniques, celles des voies respira¬
toires ont été un peu moins fréquentes que pendant les trois
premiers mois ; par contre il s'est présenté de nombreux cas
de rhumatisme, de sciatique, de névralgie, d’entérite, de mé-
trite, de dyspepsie, d’anémie, de chlorose, de varices, d’ul¬
cères variqueux, d’hystérie, d’endocardite, etc., etc.
On voit par ce qui précède que le dispensaire homæopathique
a déjà rendu de grands services à la classe pauvre d’Anvers,
car pendant le premier semestre il y a eu 1000 consultations
au dispensaire et 144 visites à domicile.
D r Lambreghts, fils, d’Anvers
Le D r Çyr. Planquant, de Bruxelles, donne lecture d’un tra¬
vail sur le Traitement de la fièvre typhoïde (1).
Ce trav.il soulève parmi l’Assemblée une discussion
intéressante : divers membres préconisent encore certains
autres médicaments, comme conium , chelidonium , etc., en
insistant spécialement sur l’administration de phosph . acid.,
et, au début, de gelseminum, baptisia T. M., etc. On
s’accorde à reconnaître que la fièvre typhoïde est une
affection difficile à traiter et qu’elle exige de la part du prati¬
cien une grande sagacité qui doit être constamment maintenue
en éveil. L’on soulève enfin la question de la valeur de carb.
veget . dans la période ultime de cette maladie; la plupart des
membres dénient à ce médicament toute l’importance que les
traités semblent lui accorder.
On passe ensuite au quatrième objet à l’ordre du jour : De
Vemploi des remèdes externes et des palliatifs dans la
thérapeutique homæopathique .
Le D r Martiny, qui a déjà traité en partie cette question
(1) Voir vol. courant p. 74.
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— 107 —
dans les séances précédentes, continue ce sujet en traitant
des diurétiques et des sudorifiques (1).
Cette lecture rencontre l’approbation unanime de l’Assem¬
blée, qui regrette l’abandon dans lequel sont plongées diffé¬
rentes tisanes si vantées autrefois et réellement utiles, comme
la douce-amère contre l’hjdropisie et la toux, la violette
contre la coqueluche, le genêt, l’aigremoine, le cassis, etc.
Pour terminer, le D r Lambreghts, fils, signale quelques cas
de cholérine à Anvers ; il retire de bons effets de veratr . alb .
et de cupr .
Enfin les D rs Martiny et Mersch présentent la candidature de
M. le D r Huyvenaar, de Bruxelles, qui est admis au nombre des.
membres de l’Association.
La séance est levée à six heures.
BEVUE DES JOURNAUX VOMPATHIQUES D'ABBBIQUE
par le D r Lambreghts, fils, cTAnvers
Expérimentation de quelques médicaments
homceopatiques sur Tlxomme sain
Le D r Woodward,de Chicago,publie dans YRahnemannian
Monthly , le rapport du Comité chargé d’expérimenter les
médicaments homœopathiques sur l’homme sain. Ces expé¬
riences n’ont point pour but de composer la pathogénésie de
ces remèdes, mais bien d’obtenir quelques renseignements sur
la localisation de leur action primitive, sur l’ordre chronolo¬
gique dans lequel se développent les divers symptômes et
enfin sur les effets différents que pourraient produire les
remèdes lorsqu’on les administre chez des personnes de
tempéraments opposés.
(1) Voir ci-dessus p. 97.
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Le premier médicament soumis à l’expérimentation est
Y ipéca.
Les symptômes sont relatés d’après leur ordre d’appari¬
tion.
Le D r Howard, tempérament sanguin, bonne santé, pouls
72, prend 20 gouttes de teinture d 'ipéca dans de l’eau.
Il ressent bientôt une douleur aiguë vers l'appendice
xiphoïde du sternum avec sensation d'affaiblissement dans
l’estomac, suivie d’une douleur vive à travers la poitrine,
soulagée à l'inspiration et aggravée à l’expiration.
Légère douleur de tête dans la région temporale.
Envie d’uriner, nausée et céphalalgie croissante ; il se sent
inquiet, frileux et agité ; il craint d’avoir pris une dose trop
forte du médicament.
Ces symptômes sont accompagnés de douleurs dans la
région épigastrique et la poitrine, de nausées, d’éructations
et de céphalalgie. La miction est plus fréquente pendant le
jour.
2° expérience . — Une semaine plus tard le D r Howard
prend 10 gouttes du même remède.
Aussitôt après : sécheresse dans le pharynx et douleurs
légères dans l’estomac suivie d’éternuement.
Transpiration des mains et de la face.
Violente envie d’uriner, douleur dans la région sus-orbi-
taire droite, picotement dans le rectum et sensation dans
le nez comme s’il avait inhalé des vapeurs sulfureuses.
Ensuite point de côté dans la région mammaire avec toux.
Il urine plus souvent que d’habitude vers le soir.
. Le lendemain, langue chargée et inappétence.
Le D r Fritts, tempérament lymphatique, prend 10 gouttes
de teinture à'ipéca.
Salivation augmentée avec légères nausées et beaucoup de
mucosités dans la gorge.
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Les nausées augmentent et s’accompagnent d’éternuements
et d’un écoulement aqueux du nez.
Une heure après, l’idée de manger lui donne des nausées;
frissons en se promenant en plein air.
2 e expérience. — Un peu plus tard, étant en bonne santé, il
prend 20 gouttes du même remède : augmentation de la sali¬
vation et de la sécrétion muqueuse dans les narines, goût
amer et nausées persistantes, puis selle liquide abon¬
dante.
3 e expérience. — Deux semaines après, il prit de nouveau
10 gouttes de teinture d 'ipéca: goût désagréable dans la
bouche et salivation augmentée ; hoquet et nausées avec dou¬
leurs pressives dans les tempes. Eructations fréquentes, nau¬
sées et frissons. Les nausées sont plus prononcées par le fait
de se courber ; elles reviennent par intervalles et semblent
alterner avec les symptômes d’un refroidissement prononcé,
accompagné d’éternuements et d’une sensation de plénitude
dans la poitrine. Pendant la nuit violent besoin d’aller à la
garde-robe avec ténesme ; vers le matin excitation sexuelle
anormale. Le second jour miction plus fréquente avec sensa¬
tion de fatigue vers le soir. Il ne peut appliquer son esprit à
l’étude; engourdissement et douleurs dans le bras gauche
depuis l’épaule jusqu’aux doigts, oppression dans la poitrine.
Pendant 3 jours il n’a pas pu manger.
Le D 1 ’ Mansrifée, mulâtre, d’un tempérament nerveux,
après avoir pris 10 gouttes de teinture &ipéca, eut des nau¬
sées et une sécheresse dans les narines, comme s’il avait
pris froid. Plus tard il ressentit des douleurs à l’estomac et
fut atteint d’une toux irritante avec sécheresse dans la gorge.
Puis il éprouva une fatigue inexplicable, et un besoin plus
fréquent d’uriner, avec augmentation de la quantité d’urine.
W. Martin, d’un tempérament bilieux, pouls 65, santé
excellente, prit 5 gouttes de teinture d Hpeca : sécheresse
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- IIP —
dans la bouche et la gorge avec légères nausées. Ralentis¬
sement du pouls jusqu’à 54 par minute. Céphalalgie dans la
région frontale avec coliques dans le ventre.
Pouls normal, douleurs dans les intestins augmentant,
comme s’il allait se produire une dysenterie, avec frissons
et douleurs dans les poignets. Envie d’uriner à des heures
anormales. Ce dernier symptôme a été plus marqué dans
l’après-midi et a paru causer un certain soulagement.
Le D r Stearns, tempérament nerveux, pouls 80, bonne
santé, prend 30 gouttes du même médicament :
Nausées croissantes, avec gargouillements et pincements
dans le ventre. Pouls 96, plein et dur avec face colorée et
peau chaude et humide. Selle copieuse, précédée de coliques,
suivies de douleurs erratiques dans le dos et les membres.
Dans l’après-midi, il est tourmenté par de fréquents besoins
d’uriner.
Les nausées reviennent par intervalles, la langue est char¬
gée, le pouls normal, il se produit des symptômes de catarrhe
du nez et de la gorge.
Le D r Buskirk, tempérament bilieux, pouls 65, prend 5
gouttes de teinture d ’ipéca : Aussitôt violentes nausées qu
l'empêchent de manger, sensation de plénitude dans la région
frontale comme s’il avait pris froid, céphalalgie sourde. Eruc¬
tations avec plénitude et distension de l’abdomen accompa¬
gnées de démangeaisons à la face. Dans l’après-midi, séche¬
resse du nez et photophobie. Bâillements fréquents avec
accès de nausées et frissons comme dans la fièvre intermit¬
tente; immédiatement après, douleurs dans le dos et les
épaules qui l’empêchent d’étudier. Yers 4 heures du soir,
diurèse abondante qui soulage les douleurs. Plus tard il se
sent très impatient et éprouve une répugnance pour la
société.
2° expérience. A la fin de la semaine, les symptômes
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ayant disparu, il prend de nouveau 15 gouttes du médi¬
cament : nausées excessives et vomissements suivis de
coliques flatulentes et d’éructations ; hoquet très violent.
Céphalalgie frontale augmentant graduellement ; l’exercice
physique produit des douleurs insupportables dans la tête ;
les symptômes gastriques et abdominaux ne cessent que par
une selle abondante. Avant la selle, dyspnée considérable
surtout lorsqu’il se met en mouvement. Aucun symptôme du
côté des reins.
En passant en revue ces diverses expériences on observera
qu’à chaque période les symptômes se sont déclarés dans un
groupe d’organes ayant les mêmes fonctions physiologiques.
Ainsi le premier symptôme éprouvé par les expérimen¬
tateurs a été : sensation de faiblesse à l’estomac, bouche
sèche, salive augmentée,salive augmentée, salive augmentée,
goût désagréable, nausée, bouche sèche, nausée, nausée,
extrême nausée.
Ce sont là des troubles des voies digestives.
Le second symptôme a été: Douleurs dans la poitrine,
éternuements, éternuements, écoulement aqueux du nez,
éternuement, hoquet, sécheresse des narines, pouls lent,
pouls accéléré, catarrhe dans la tête, hoquet.
Ce sont des symptômes des organes de la respiration et de
la circulation.
Le 3° symptôme a été : céphalalgie, transpiration, frissons,
prostration, céphalalgie, céphalalgie, céphalalgie, face colo¬
rée, céphalalgie sourde, céphalalgie ; symptômes de la peau
et du sensorium.
Le 4 e symptôme a été : envies d’uriner, envies d’uriner,
urine chaude, aggravation par le mouvement, sensation de
fatigue, douleurs dans les poignets, douleurs erratiques dans
les membres, aggravation par l’exercice.
La plupart de ces symptômes sont d’origine spinale.
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Le 5 e symptôme a été : agitation, aggravation par l’exer¬
cice, urine chaude, aggravation par le fait de se courber,
envie d’uriner, envie d’uriner, urine fréquente, urine profuse.
A cette période, presque tous les symptômes proviennent
des organes génitaux urinaires.
Il y a donc, comme on le voit, une suite uniforme d’effets
physiologiques très remarquable, les symptômes se produi¬
sant successivement dans le système digestif, respiratoire et
circulatoire, cutané, spinal et génito-urinaire.
Cet ordre chronologique est confirmé par les cas d’intoxi¬
cation dus à ce médicament, comme on en trouve des
exemples dans l’Encyclopédie des pathogénésies médicamen¬
teuses.
En pratique, on peut s’en servir comme guide dans le choix
du médicament. Un autre point à considérer, c’est le degré
de gravité des symptômes observés dans les divers organes
sous l’influence du médicament. Dans les expériences qui
précèdent, les symptômes de l’appareil digestif ont été plus
prononcés que ceux des poumons et de la peau, et ceux-ci
plus prononcés à leur tour que ceux du système spinal. Il en
résulte que les indications d 'ipéca ne résident pas seulement
dans les symptômes présentés parles divers appareils ni dans
l’ordre suivant lesquels ils se développent, mais encore dans
la prédominance et la gravité des effets que le médicament
produit dans les divers organes. Les symptômes de l’appareil
digestif sont les plus accentués ; puis viennent ceux de l’appa¬
reil respiratoire et circulatoire; en 3° lieu ceux de la peau,
en 4° lieu ceux du système spinal, et enfin ceux de l’appareil
urinaire.
Yoici quelques cas à l’appui de ces propositions.
Catarrhe gastrique . — Une vieille dame est atteinte
subitement de nausées avec vomissement d’une grande quan¬
tité de mucosités.
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Pendant les vomissements, elle soutirait beaucoup d’oppres¬
sion à la poitrine et de palpitations de cœur.
Elle devint bientôt pâle et froide.
Ges paroxysmes revinrent par intervalles pendant 5 jours,
en augmentant de violence. Je prescrivis une dose d 'ipéca,
200 e , après quoi elle s’endormit et fut entièrement débarras¬
sée de son indisposition.
Choléra morbus .— Un monsieur fut pris de nausées après
avoir mangé copieusement ; puis survinrent des vomissements
abondants et des selles fréquentes accompagnés d’un pouls
accéléré, de dyspnée et de refroidissement à la surface du
corps. Ipéca 30° mit promptement fin à ces symptômes
alarmants.
Trachéite. — Un enfant qui avait été sujet antérieurement
à de fréquentes attaques de diarrhée, fut atteint de catarrhe
pendant la dentition; il présentait une toux sèche avec inspi¬
ration difficile ; l’expiration était plus facile et plus bruyante;
de temps en temps il y avait un arrêt complet de la respira¬
tion et menace de suffocation. En même temps que ces sym¬
ptômes,il existait une tympanite excessive avec borborygmes,
sueur froide et pâleur, agitation et besoins fréquents d’uriner
avec urine peu abondante. Le pouls était rapide et faible.
L "ipéca produisit un soulagement notable au bout d’une demi-
heure. La guérison se fit promptement.
Bronchite pendant la grossesse. — M me L. a toujours joui
d’une excellente santé jusqu’au moment de sa grossesse.
Mais depuis lors, elle a perdu l’appétit et se plaint de nausées
et de vomissements qui surviennent tous les matins.
Ges symptômes continuèrent pendant 4 semaines, lors¬
qu’elle fut prise d’un violent froid avec dyspnée et expecto¬
ration abondante.
Les paroxysmes de toux se terminaient habituellement
par des vomissements. Elle maigrissait à vue d’œil ; les urines
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étaient peu abondantes et chargées d’acide urique. L 'ipéca,
amena rapidement la guérison.
Convulsions épileptiformes. — Un enfant de 4 ans avait
des convulsions fréquentes avec perte de connaissance.
La bouche était remplie d’un mucus grisâtre qui provo¬
quait des efforts de vomissement. La respiration était irrégu¬
lière, la toux violente avec râle trachéal. L’inspiration était
courte et suivie d’une expiration prolongée. La peau, chaude
et rouge. Incontinence d’urine. Sous l'influence d 'ipéca,
l’état de l’enfant s’améliora aussitôt.
Eémorrhagie après Vaccouchement. — Après l’accouche¬
ment, une femme se plaignait de nausées et de faiblesse à
l’estomac; bientôt les yeux devinrent vitreux et la face pâlit.
Le pouls faiblissait ; l’abdomen était distendu, et un jet de
sang vermeil s’échappa de la vulve. Vipeca produisit l’arrêt
instantané de l’hémorrhagie et la rétraction complète de
l’utérus au bout de quelques minutes.
D r Lambreghts, fils, d’Anvers
LE CROUP
par le D r Martiny
Nous lisons dans le Soir, du 28 juillet :
Deux enfants venaient de mourir du croup, une petite fille était atteinte
de la veille et la suffocation marchait à grands pas.
Je me fis apporter aussitôt de la fleur de soufre ; j’en pris une cuillerée
à bouche que je délayai dans un verre d’eau, en recommandant d’en faire
prendre une cuillerée à bouche d’heure en heure après avoir agité le
mélange.
Le lendemain, l’enfant allait mieux. Nouvelle potion pour la journée.
Le lendemain, l’enfant était guérie et n’avait plus qu une toux grasse. Je
l’attribuai aux fausses membranes qui flottent dans la tranchée artère et
que je recommandai aux parents de me garder si l’enfant les expectorait.
Deux jours après, une forte quinte de toux les expulsa, et on m’en
apporta trois morceaux déjà desséchés de la grosseur d’un haricot.
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115 —
Une cure ne suffisait pas pour avoir une opinion sur le nouveau
remède.
Six autres cas de croup bien caractérisés sont traités par la fleur de
soufre; six guérisons.
Une petite fille était mourante : aucun cri, pas le moindre son ne pou¬
vait sortir de son larynx ; les boutons de la diphtérie existaient sur ses
oreilles, son cou, ses joues, sa tête ; sa respiration sifflante pouvait être
entendue à vingt mètres.
On fait prendre à la malade la potion soufrée, et, le lendemain,l’enfant,
que j’avais regardée comme perdue,était res suscitée, la voix était revenue.
La potion était continuée pendant ce jour, et le lendemain l’enfant était
guérie.
Nous pourrions nous-même ajouter un exemple d'une gué¬
rison pareille faite par la fleur de soufre , que nous avons
constatée à notre grand étonnement, il y a environ 25 ans,
lorsque nous ne pratiquions pas encore rhomœopathie. Nous
ne nous expliquions pas alors cette action du soufre qui est
insoluble dans l’eau; il n’en est plus de même aujourd’hui,
depuis que nous connaissons toutes les guérisons du croup
que l’on obtient avec notre foie de soufre : hepar sulfuris
calcareum .
Il va sans dire que tous les cas de croup ne sont pas justi¬
ciables du soufre ; un certain nombre de cas guériront avec
spongia , bromum , cyanure de mercure , etc., etc., mais,
dans presque tous les cas, hepar devra faire partie du trai¬
tement et être alterné avec un ou deux autres de ces médica¬
ments. D r Martiny
» LE THERMOMÈTRE
Indications utiles pour son emploi
par le D r Nogué y Roc a
L’aisselle est l’endroit de prédilection pour apprécier la
température. Si l’on manque de pratique, il est bon de con-
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trôler le résultat obtenu en prenant la température de la
bouche.
Si Ton place l’instrument dans l’aisselle, on Y applique au
centre contre la peau, le bras étant ramené ensuite contre
le corps ou croisé sur la poitrine. Une à deux minutes suffi¬
sent pour vous renseigner, mais il n’y a aucun inconvénient
à maintenir plus longtemps le thermomètre en place.
Quand la température dépasse 37° on peut supposer que le
sujet est malade.
Si la température se tient entre 38° 5 et 40° 5, c’est l’in¬
dice que la fièvre est plus ou moins grave suivant les cir¬
constances suivantes :
Une température supérieure à 40° 5 indique du danger, au
delà de 42° la mort prochaine. Il y a quelques exceptions,
mais elles sont rares.
Maintenant, voyons quelques faits :
Une personne bien portante hier accuse le matin suivant
une température de 40° : il est presque certain qu’elle est
atteinte d’une fièvre éphémère, et que ce n’est pas la fièvre
typhoïde.
Un patient présente les symptômes de pneumonie et la
température n’arrive jamais à 38° 8 : nous pouvons affirmer
qu’il n’y a pas infiltration des poumons.
Une haute température dans la rougeole ou la scarlatine,
après disparition de l’éruption, doit faire craindre quelque
complication.
Lorsque, dans la fièvre typhoïde, la température du soir
n’excède pas 39°8, il s’agit vraisemblablement d’une forme
bénigne.
D’autre part, si, vers la troisième semaine de cette affec¬
tionna température est à 40° le matin et à 41° dans la soirée,
il y a péril.
Une température de 40° et plus marque de la gravité.
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— 117 —
Dans le rhumatisme aigu, la température de 40° est toujours
alarmante et annonce quelque complication, comme une
péricardite.
L’ictère d’apparence bénin peut devenir pernicieux si la
température augmente.
Chez une femme en couches, l’augmentation de la chaleur
annonce l’imminence d’une inflammation pelvienne.
Dans la phtisie, l’augmentation de la température est
l’indice d’une complication prochaine.
Une température de 40° à 41° dans n’importe quelle mala¬
die, montre qu’elle suit sa marche en avant et que des
complications peuvent éclater.
Dans les fièvres continues, la chaleur est moindre le matin
qu’au soir.
La stabilité de la température depuis la matinée jusqu’à
la soirée, est de bon augure; au contraire, la fixité de celle-ci
du soir jusqu’au matin suivant signifie que le malade empire.
La chute du thermomètre de la soirée au jour suivant
indique un soulagement certain ; mais l'augmentation de la
chaleur de la soirée jusqu’au matin est un symptôme d’aggra¬
vation.
La convalescence ne commence pas tant que la tempéra¬
ture du corps ne revient pas à la normale et ne la conserve
invariable durant vingt-quatre heures.
Les mères feraient bien de se familiariser au maniement
du thermomètre dont l’emploi les mettra à l’abri de fâcheuses
surprises. (Revista homœopatica , de Barcelone.)
Traduction du D r Wuillot, de Bruxelles
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LE CHOLÉRA
C^mme complément à ce que nous avons publié en 1884 (1)
à propos des mesures à prendre en cas d’épidémie cholé¬
rique, nous croyons bon de reproduire ci-après les instruc¬
tions que le Gouvernement vient de publier sur le choléra.
Instructions sur le choléra
Les instructions publiées en 1884 et relatives aux mesures à premlre
en cas d’épidémie cholérique viennent d’être revisées, à la demande du
Gouvernement, par le Conseil supérieur d’hygiène publique.
Des modifications y ont été introduites, spécialement dans la partie
qui se rapporte au choix des désinfectants et à leur mode d’emploi, de
manière à la mettre au niveau des découvertes scientifiques.
Ces instructions peuvent se classer en deux catégories.
I
Les premières, destinées, d’une part, à faire ressortir l’importance des
devoirs qui incombent aux administrations en matière d’hygiène et,
d’autre part, à éclairer le public sur les meilleurs moyens de se préserver
des atteintes de l’épidémie, embrassent l’ensemble des mesures générales
de salubrité publique à prendre ou à prescrire par l’autorité et des règles
d’hygiène privée que chacun doit s’attacher à observer en temps de cho¬
léra. Elles recommandent ce qui suit :
A. —Aux ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
1° Faire entretenir la voie publique (et surtout les impasses et enclos
y aboutissant), les marchés et les halles dans un état constant de pro¬
preté et de salubrité, en évitant avec le plus grand soin d’y laisser séjour¬
ner des matières organiques en décomposition et surtout des déjections
humaines ou des eaux qui ont servi au lavage des appartements et des
linges de malades.
2° Curer, aux approches de l’épidémie, les ruisseaux des rues, ainsi
que les petits cours d’eau et les fossés des chemins dans le voisinage des
habitations ; y assurer un libre écoulement ; défendre d’y jeter les déjec¬
tions et les eaux de lavage dont il a été question ci-dessus.
(1) Voir Revue homoeopathique belge , 1884, et Le Choléra et son traite¬
ment homoeopathique % parle D r Martin)’.
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— 119
3° Veiller d’avance au curage et au bon état des égouts publics et de
leurs coupe-air, entretenir dans les égouts un courant d’eau continu
quand les circonstances le permettent ; enjoindre aux propriétaires et
aux principaux occupants des habitations où existent des égouts particu¬
liers de prendre les mêmes précautions et, s’il s’y trouve des fosses d’ai¬
sance ou des puisards, de les curer soigneusement.
4° Obliger les propriétaires de maisons à y établir des coupe-air hydrau¬
liques, à immersion de six centimètres au moins,pour empêcher les éma¬
nations des égouts publics et des fosses d’aisance de pénétrer dans les ha¬
bitations ; prendre les mesures nécessaires pour pouvoir s’assurer que ces
coupe-air restent constamment pourvus d’eau dans les maisons inoccupées*
5° Veiller au bon entretien des sources, des fontaines, des puits, des
ruisseaux et des rivières qui fournissent de l’eau pour les usages domes¬
tiques ; empêcher surtout d’y laver du linge ou d’y verser des immon¬
dices et spécialement des déjections humaines ou des eaux de lavage.
6° Veiller avec le plus grand soin à ce que les denrées alimentaires et
les boissons exposées en vente soient de bonne qualité.
7° Faire entretenir dans un état de propreté convenable les étables, les
écuries et leurs abords, ainsi que les établissements industriels de toute
nature qui peuvent nuire à la salubrité publique.
8° Faire entretenir une aération large et constante dans les locaux où
se tiennent des réunions nombreuses, tels que les églises, les écoles, les
théâtres, les casernes, etc., etc., et, au besoin, les assainir, par des
moyens efficaces.
9°,Veiller à la salubrité des quartiers occupés par la classe ouvrière et
h celle des maisons et des locaux où les ouvriers et les pauvres logent en
chambrée ; prendre des mesures pour éviter l’encombrement, assainir les
rues, ruelles, impasses, bataillons carrés, etc., et les habitations des
quartiers où des épidémies ont sévi antérieurement ( 1 ).
10° Veiller à l’assainissement des bateaux, voitures publiques, etc.;
prescrire l’usage de voitures spèciales pour le transport des malades.
11<> Faire entretenir dans un grand état de propreté et désinfecter fré¬
quemment, sous la surveillance des agents de l’autorité, les latrines des
stations de chemins de fer, des écoles, des hôtels, cafés, estaminets et
autres établissements publics.
12° S’abstenir, pendant l’épidémie, de faire exécuter des travaux qui
(l)Les meilleurs moyens d’assainissement sont la propreté, le renouvellement
de l’air et la désinfection des locaux où la maladie s’est manifestée.
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— 120 —
peuvent exercer une influence nuisible sur la salubrité publique, tels que
le curage des canaux, la construction, la réparation ou le curage des
égouts et généralement toutes les opérations qui nécessitent le remuement
des terres.
13° Interdire, pendant l’épidémie, les foires, kermesses, etc., qui don¬
nent lieu à des excès, — ainsi que les pèlerinages et les processions, qui
peuvent alarmer la population.
14° Exercer une surveillance attentive sur les personnes qui arrivent
d’une localité infectée ou suspecte.
B . — AU PUBLIC EN GÉNÉRAL
1° Entretenir son logement et surtout les chambres de malades dans le
plus grand état de propreté.
2° Aérer les appartements ; éviter de coucher en trop grand nombre
dans la même chambre (1).
Maintenir les chambres à coucher exemptes d’humidité, aussi complète¬
ment que 1e- permettent les soins de propreté et de désinfection.
Enlever des chambres destinées aux malades les objets inutiles, sur¬
tout les rideaux, tentures et tapis.
3° Curer les fosses d'aisance et les puisards avant l'apparition du cho¬
léra, de façon que cette opération puisse être évitée durant l’épidémie.
4° Veiller soigneusement à la propreté de sa personne et de ses vête¬
ments ; se garantir le corps, principalement le ventre et les pieds, contre
le froid et l’humidité.
5° Les personnes qui vivent d’une manière saine et régulière ne doivent
rien changer à leurs habitudes : le régime doit être modéré ; il faut en
exclure les aliments indigestes, irritants ou relâchants, les fruits non
mûrs et les crudités en générai.
L’eau alimentaire doit être attentivement surveillée. Toutes les eaux de
puits dans les agglomérations où règne la maladie peuvent être considé¬
rées comme suspectes ; on ne les consommera donc qu’après les avoir
soumises à l’ébullition.
Se méfier des eaux gazeuses artificielles (siphons), qui peuvent avoir
été préparées avec des eaux contaminées, — et aussi des eaux seulement
filtrées, l’action des filtres étant de très courte durée et exigeant de grands
soins d’entretien.
(I) Il est désirable que chaque personne dispose de 14 mètres cubes d’air au
moins.
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— 121 —
Pour remplacer l’eau, on peut employer avantageusement l’infusion de
thé, de houblon, de café.
6° S’abstenir de boissons froides quand on est en transpiration ;
s’abstenir également de prendre de la glace ; ne pas boire des bières ou
des vins altérés ni trop jeunes ; éviter soigneusement les excès alcooli¬
ques.
7° Faire subir une cuisson complète à tous les aliments, avant d’en faire
usage ; exiger tout particulièrement que le lait ne soit pas consommé sans
avoir été bouilli.
8° Mettre les matières alimentaires, lait, pain, soupe, etc., à l’abri du
contact des mouches et avoir soin, avant d’en faire usage, de réchauffer
les aliments qui peuvent subir cette opération.
9° Eviter toutes les causes d’épuisement, les émotions morales, les
fatigues trop grandes du corps et de l’esprit et les veilles trop prolongées.
10° Ne négliger aucune indisposition, même légère ; soigner notamment
tous troubles digestifs ; se mettre immédiatement au lit, en attendant
l’arrivée du médecin.
S’abstenir de tous les spécifiques vantés et annoncés comme anticholé¬
riques, le moindre inconvénient de ces soi-disant remèdes étant d’inspirer
une fausse sécurité et d’empêcher de recourir à des soins réellement utiles.
11° 11 importe de ne pas s’effrayer du choléra, quand on a pris les soins
qui viennent d’être indiqués, la peur étant une cause prédisposant à la
maladie. Le déplacement vers des localités non infectées est à déconseil¬
ler. Il est imprudent, d’autre part, de recevoir chez soi des personnes
venant d’endroits contaminés.
12° Les personnes préposées au service des malades doivent observer les
recommandations suivantes : ne pas manger ni boire dans la chambre du
malade ; — ne pas se servir des vases et ustensiles à l’usage du malade,
avant que ces objets aient été lavés à l’eau bouillante ; — se vêtir d’une
longue blouse ou d’un vêtement semblable ; — se laver fréquemment les
mains avec du savon et de l’eau phéniquée ; — recevoir les matières
vomies et les déjections dans des vases contenant une substance désin¬
fectante, les transporter immédiatement hors de l’appartement et les faire
disparaître par les moyens qui sont indiqués dans l’Instruction pratique
sur les procédés de désinfection ; — transporter de même, sans délai, en
les enveloppant dans un linge imbibé d’une solution désinfectante,les vête¬
ments et les linges qui ont servi aux malades,surtout quand ils sont souil-
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lés; les brûler ou tout au moins les désinfecter et les laver soigneuse¬
ment.
Les matières vomies et les déjections provenant des personnes atteintes
de diarrhée pouvant être des moyens de propagation du choléra, il im¬
porte de les traiter comme les matières provenant de cholériques,
II
Les instructions de la seconde catégorie ont plus spécialement pour
objet d’assurer partout la bonne organisation de l’assistance publique et
du service médical. Elles signalent aux autorités les mesures suivantes :
A. — A Vapproche de Vépidémie
1° Faire dresser un état nominatif des personnes qui seraient obligées
de réclamer les secours publics pour cause de maladie.
2° S’entendre avec les bureaux de bienfaisance pour augmenter le
nombre des médecins des pauvres et pour améliorer le plus possible les
conditions hygiéniques des familles indigentes, en faisant blanchir leurs
habitations à la chaux et en leur procurant des vêtements, des objets de
couchage et une nourriture convenable.
3° Prier Jes comités de patronage, les collèges médicaux locaux et les
membres correspondants delà commission médicale provinciale pour le
ressort, de signaler immédiatement les causes d’insalubrité qu’ils auraient
constatées au cours de leurs visites,.spécialement dans les maisons habi¬
tées par lès ouvriers et par les indigents.
4° Créer dans toutes les communes et dans chaque section ou quartier
des villes populeuses, des comités chargés de rechercher les causes d’in¬
salubrité publique ou privée, de les signaler aux habitants, d’indiquer à
ceux-ci les moyens propres à y remédier et de les engager à seconder
l’administration dans les mesures préventives qu’elle recommande ou
prescrit.
5° Prendre les dispositions nécessaires pour la création et la bonne
organisation de locaux destinés à isoler les personnes atteintes de l’épidé¬
mie.
6° Organiser un personnel de désinfecteurs, au courant de tous les
détails de la pratique de la désinfection. — Installer, dans les conditions
requises, des stations de désinfection, munies de l’outillage nécessaire
pour opérer sur place ou à domicile.
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B. — Fendant Vépidémie
7° Etablir, dans les quartiers habités par la population ouvrière, des
bureaux de secours fonctionnant la nuit comme le jour et destinés à pro¬
curer des soins immédiats à toutes les personnes qui viendraient les
réclamer; composer ces postes médicaux d’un nombre de médecins, d’infir¬
miers et de porteurs suffisant pour que le service ne soit jamais en
souffrance, les munir de tous les objets nécessaires pour donner les
premiers secours aux malades et pour faire transporter ceux-ci à l’hôpital.
8° Obliger les propriétaires et principaux occupants à déclarer sans
retard, à l’autorité communale, les cas d’épidémie qui se manifesteraient
dans leurs habitations; inviter les médecins (1) à donner le même avis à
cette autorité, ainsi qu’à la Commission médicale et au Comité de salu¬
brité en ce qui concerne les malades auprès desquels ils ont été appelés (2).
9° Procéder immédiatement à la désinfection et à l’assainissement des
locaux qui auraient été occupés par des cholériques.
Quand des logements sont infectés au point que ces mesures ne puissent
être appliquées d’une manière complète, les faire évacuer d’autorité; pré¬
parer pour ce cas et les cas analogues des maisons d’attente où des
familles nécessiteuses puissent être logées et nourries pendant quelque
temps.
10° Tenir à la disposition du public et surtout des classes ouvrières les
désinfectants dont il est question à l’Instruction pratique ci-après.
11° Choisir des locaux isolés et autant que possible en dehors de
l’agglomération, où les corps des personnes qui auront succombé à la
maladie puissent être transportés immédiatement, avec les mêmes pré¬
cautions que s’il s’agissait de malades. Les cadavres seront traités de la
manière indiquée au n° IV, 2, de l’Instruction pratique sur les procédés
de désinfection. Le transport au cimetière n’aura généralement lieu que
O Les médecins, qu’ils soient ou non correspondants de la Commission
médicale provinciale, sont instamment priés, dès qu’ils croiront avoir constaté
un cas de choléra dans une localité, d’en donner connaissance directement et
par télégramme à M. le Ministre de l’Agriculture, de l’Industrie et des Tra¬
vaux publics et au président de la Commission médicale provinciale. Ces télé¬
grammes sont acceptés pas les bureaux télégraphiques sans payement préalable
de la taxe et comme dépêches d’Etat.
La même recommandation est faite aux administrations communales, qui
devront, en outre, prévenir le Gouverneur de la province.
( 2 ) Il sera utile de tenir un état des malades, relatant les noms et prénoms,
le sexe, l’âge, la profession, la demeure de chacun d’eux et, autant que passi¬
ble, leur genre de vie habituel et l’état de leur santé au moment où la
maladie s’est déclarée.
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de grand matin ou tard dans la soirée; on évitera toutes cérémonies funè¬
bres, le corps présent.
12° Prescrire aux fonctionnaires de la police de tenir un régistre de
toutes les circonstances qui peuvent intéresser la santé et la salubrité
publiques et d’en communiquer journellement un extrait à l’autorité com¬
munale.
Instruction pratique sur les procédés
de désinfection
NOTE PRELIMINAIRE
Aux approches de l’épidémie de choléra, il est recommandé au x
administrations de faire un premier approvisionnement des matières
suivantes :
I. — Acide phénique cristallisé ; — Sulfate de cuivre (vulgaire¬
ment couperose bleue) ; — Chaux vive — et Soufre en fleurs.
II. — Le sublimé, en solution au millième, additionnée de 5 grammes
d’acide chlorhydrique par litre et colorée avec de l'éosine ou toute autre
matière colorante hxe, constitue un désinfectant de la plus grande effica¬
cité, mais dont l’emploi doit être surveillé, à raison du danger d’empoi¬
sonnement auquel il expose.
Il importe de remarquer, toutefois, que son action toxique est plus
faible que celle de la solution phéniquée forte B.
III. — La créoline anglaise ( crêsyl ou crèsylol) peut remplacer les
solutions phèniquées aux mêmes doses, sans présenter les mêmes incon¬
vénients.
Les substances désinfectantes indiquées au n° I ci-dessus, servent à
préparer :
1. A. Eau phéniquée faible; verser 20 grammes d’acide pur dans un
litre d’eau, ou une dizaine de cuillerées à soupe dans un seau d’eau
ordinaire de 10 litres. Solution à 2 p. c.
B. Eau phéniquée forte; verser 50 grammes d’acide dans un litre
d’eau, ou une trentaine de cuillerées à soupe dans un seau d’eau. Solution
à 5 p. c.
2. Solution de sulfate de cuivre également à 5 p. c.; dissoudre
50 grammes de sulfate dans un litre d'eau. Eviter de conserver la solu¬
tion dans des seaux ou des récipients métalliques.
3. Lait de chaux ; se prépare avec de la chaux vive, grasse, concassée,
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qu'on arrose lentement d'environ la moitié de son poids d'eau (pour
1 kilogramme de chaux, environ un demi-litre d'eau). Quand la chaux
est tombée en poussière, on y mêlera de nouveau son poids d'eau.
On recueille la chaux délitée, on pulvérise et on conserve dans des
bouteilles soigneusement bouchées. Le lait se prépare à mesure des
besoins en délayant la poudre dans de l'eau, à la dose d’un demi-kilogr.
de poudre pour un litre d’eau. Solution à 20 p. c.
PROCEDES DE DÉSINFECTION
I. — Désinfection des déjections
(Matières vomies, selles.)
1. Les déjections seront reçues dans des vases où l'on aura mis d’avance
un à deux grands verres de lait de chaux fraîchement préparée.
L'acide phènique, le sulfate de cuivre (1), conviennent également pour
cette désinfection.
2. Les mélanges ainsi obtenus seront bien agités, les matières étant
maintenues en contact un certain temps avec la substance désinfectante,
avant d’être jetés dans les latrines.
3. Pour désinfecter les matières contenues dans les fosses d'aisances où
des déjections de cholériques non traitées au lait de chaux, etc., auraient
été jetées, on peut recourir au procédé suivant ; verser dans la fosse du
lait de chaux à 20 p. c. et brasser le mélange avec une perche de bois.
La quantité de lait de chaux à employer équivaut à environ 4 kilogrammes
de chaux vive par mètre cube, soit 20 à 25 litres de lait de chaux.
On peut recommander aussi, pour cette désinfection, la solution de
sublimé.
4. La désodorisation du contenu des latrines est utile et sera obtenue
facilement en y projetant quelques seaux de solution créolinée. Le sulfate
de fer, en solution (1 kilogramme par seau d’eau) peut être employé dans
le même but.
5. On doit veiller sévèrement à ce qu'on ne jette pas des déjections non
désinfectées sur la voie publique, dans les rigoles, les égouts ou les
latrines.
6. En l’absence d’égouts ou de fosses, les déjections, préalablement
(1) Les solutions de sublimé et de créoline sont à recommander dans le
même cas.
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désinfectées, seront enfouies à la plus grande distance possible des
citernes et des puits.
II. — Désinfection des literies et du linge de corps
AYANT SERVI AUX MALADES
1. Les chemises, draps de lit, essuie-mains, mouchoirs, etc., souillés
par des matières vomies ou des selles, — de même que tous les linges,
vêtements, etc., qui pourraient avoir été en contact avec le malade —
devront être immédiatement plongés soit dans la solution phéniquée
forte i?, soit dans la solution de sulfate de cuivre (1), où ils resteront au
moins 12 heures. Ils pourront ensuite être lessivés comme d'habitude (2).
2. On peut se contenter, au besoin, de faire bouillir ces objets, au moins
pendant une demi-heure, dans une lessive de soude ou de potasse ou
encore dans une forte savonnée.
3. Tous les objets sans valeur, literies, paillasses, vêtements usés, etc.,
seront de préférence détruits par le feu.
III. — Désinfection des matelas, oreillers, couvertures, etc.,
EN LAINE, CRIN, ETC., ET DES EFFETS D'HABILLEMENT
1. Les objets ci-dessus seront désinfectés jiar la vapeur d’eau dans une
étuve bien conditionnée.
2. A défaut de cet appareil, on devra se contenter d'une fumigation
au soufre, dnnt les effets sont bien moins certains.
Mode d'emploi . — Toutes les issues seront fermées et obturées hermé¬
tiquement. Le soufre est déposé, à la dose de 40 grammes par mètre cube
d’espace à désinfecter, dans une casserole en fer placée sur un tas de sable
ou sur des briques, ou au-dessus d'un seau ou d’une cuvette contenant
de l’eau.
La chambre restera close pendant au moins 24 heures.
Préalablement à la fumigation, on évaporera de l’eau dans la place,
de manière à saturer l’atmosphère.
(1) Voir la note, page 125.
(2) Il y a lieu d’appeler tout spécialement l’attention sur le danger de laver
des hardes ou des linges souillés par des déjections cholériques, sans s’assurer
au préalable que ces objets ont été désinfectés.
Cet avis s’adresse aux ménagères, aux marchands de chiffons et aux blanchis¬
seuses de linge.
En aucun cas, ces objets ne pourront être donnés ni vendus, avant d’avoir
été désinfectés.
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3. Les vêtements souillés par des matières cholériques seront plongés
pendant une heure, soit dans la solution phéniquée forte i?, soit dans la
solution de sulfate de cuivre (1).
IV. — Désinfection des personnes.
1. Des lavages répétés avec la solution phéniquée faible A ou la solution
de sulfate de cuivre (l) sont nécessaires dans le but de désinfecter les
malades.
Les linges, éponges, etc., employés à cet usage seront ensuite plongés
pendant deux heures dans la solution phéniquée forte B ou dans une des
autres solutions indiquées ci-dessus (1).
On préviendra la souillure du lit en plaçant sous le malade un tissu ou
un papier imperméable.
2. Les corps, après la mort, n’ont pas besoin d’être désinfectés. On
s’abstiendra prudemment de faire la toilette du mort et on se contentera
de l’ensevelir dans un drap imprégné d’une des solutions désinfectantes
fortes. Les cercueils seront bien joints, bien clos et garnis d’une poudre
absorbante (sciure de bois, poussière de charbon, tourbe, etc.).
3. Les personnes qui soignent les malades et toutes celles qui auraient
pu s’infecter à leur contact, doivent se désinfecter souvent les mains, la
figure, la barbe, etc., avec la solution phéniquée faible A , ou avec une
des autres solutions indiquées (1).
Cette précaution est de rigueur après chaque contact avec des déjec¬
tions, après la toilette des malades, avant les repas, etc.
V. — Désinfection de la chambre du malade
1. Outre l’aération de la chambre, qui doit être faite plusieurs fois par
jour et des soins de propreté constante qui doivent être prodigués au
malade — il convient d’éloigner les matières contagionnantes et les
objets souillés — et aussi de laver fréquemment les planchers, les
murailles, le bois de lit, etc., avec une des solutions désinfectantes
indiquées ci-dessus.
Les souillures sur le plancher, le pavement, le tapis de lit seront
immédiatement désinfectées avec les mêmes solutions.
2. Quand une chambre où a séjourné un malade aura été évacuée, on
(1) Voir la note, page 125.
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évitera le danger de contagion qui résulterait de la présence de matières
infectantes adhérentes aux murailles, perdues dans les interstices du
plancher, etc., par l’emploi des moyens suivants :
a) Fumigations sulfureuses, comme il est dit au § III, no 2 ;
b) Badigeonnage, si possible, au lait de chaux des plafonds et des
parois ;
c) Lavage des planchers et, s’il se peut, des parois avec les solutions
désinfectantes.
NÉCROLOGIE
Le docteur Julien GONZALEZ, le doyen des homœopathes de Mexico,
l'introducteur et le propagateur de la doctrine de Hahnemann au Mexique,
vient de mourir dans la capitale. C’était un savant et un philantrope
qui laisse un vide difficile à combler. Il fonda l’institut homœopathique
de Mexico et le journal la Réforme médicale qui en est l’organe ; comme
œuvre de propagande il fit paraître un livre justement apprécié qui eut
l’honneur de trois éditions : Traité pratique de Vhomœopathie et Guide
des familles.
Nous déplorons la perte de cet homme de bien et nous adressons à nos
collègues de la grande république, l’expression de nos vifs regrets.
Le docteur J. Gonzalez naquit à Estraniana (Vieille-Castille) et s’étei¬
gnit le 15 juin dernier.
SOMMAIRE
La médecine palliative, par le D r Martiny ....
Association centrale des homœopathes belges .—Séance
du 5 juillet 1892 .
Dispensaire homœopathique du bureau de bienfaisance
d'Anvers, par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers .
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d'Anvers.
Le croup, par le D r Martiny.
Le thermomètre. — Traduction du D r Wuillot, de
Bruxelles.
Le choléra.
Nécrologie.
97
104
105
107
114
115
118
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REVUE HONIŒOPATHIQUE BELGE
19 e Année AOUT 1892 N° 5
SUR L’INCONTINENCE NOCTURNE DES URINES
par le D r H. Goullon
Quelques réflexions
par le D r Martiny
La Deutsche Médicinal Zeitung , n° 83, donne une
théorie particulière au sujet du développement et de la
cause de cette infirmité, parfois si rebelle ; nous allons
en rapporter deux exemples en les faisant suivre de quel¬
ques réflexions.
Déjà, en 1884, Major avait attiré l’attention des méde¬
cins sur la fréquence de l’incontinence nocturne des
urines chez les enfants, dont les voies nasales n’étant
pas libres, étaient forcés de respirer par la bouche; peu
de temps après, le fait fut confirmé par les observations
de Ziem et de Blach ; Major et Ziem pensaient qu’il y
avait dans cette occurrence un certain degré d’intoxica¬
tion du sang par l’acide carbonique : l’air étant inspiré
directement par la bouche pénètre froid encore dans les
poumons et causerait ainsi à la longue une respiration
incomplète et superficielle.
Voici l’historique des deux cas traités par le D 1 ' Goullon :
Une jeune fille de 19 ans était atteinte d’incontinence
d’urine depuis son enfance et elle souffrait en même
temps d’une obstruction des fosses nasales et de coryza
chronique.
Outre la faiblesse générale et un peu de lymphatisme,
il y avait obstruction complète des voies nasales par une
végétation adénoïde très développée. Comme l’auteur
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était au courant des idées de Major au sujet de la ques¬
tion, il n’hésita pas à débarrasser les voies nasales de
l’obstacle qui les encombrait, et la jeune fille put respirer
librement par le nez, la bouche restant fermée. L’incon¬
tinence d’urine cessa immédiatement; elle ne reparut
plus que la 23 e et la 77 e nuit après l’opération et cela à
la suite d’un léger écart de régime. Trois ans après, le
D 1 ' Goullon revit la jeune fille; elle était complètement
guérie.
Le 2® cas concerne une petite fille de 3 ans, chez qui se
développèrent très rapidement des végétations adénoïdes
des narines : le sommeil devint agité avec respiration
buccale et ronflements, un certain degré de catarrhe de
l’oreille moyenne : en même temps survint une inconti¬
nence d’urine chaque nuit; or précédemment l’enfant ne
mouillait pas sa couchette. Dès que les végétations
nasales eurent été enlevées, l’incontinence d’urine cessa ;
elle reparut pourtant six semaines après,pendant un fort
rhume de cerveau ; l’enfant a maintenant 7 ans et la mère
a parfaitement observé que l’incontinence ne se présente
plus que lorsque l’enfant s’enrhume et est obligée de
respirer par la bouche.
De tout ce qui précède il résulte que, dans certains
cas, l’incontinence d’urine nocturne peut être la consé¬
quence de l’obstruction du nez ; pourtant un grand
nombre d’enfants ayant les voies nasales encombrées,
n’urinent pas au lit ; un autre facteur doit donc interve¬
nir, peut-être un certain degré de faiblesse du sphincter
de la vessie, et, pour expliquer ceci, pas n’est besoin, à
notre avis, de l’attribuer à une intoxication par l’acide
carbonique, les enfants qui sont forcés de dormir la
bouche ouverte ayant en général un sommeil agité, du
malaise et des rêves pénibles et angoissants.
Quoi qu’il en soit, il est prudent chez tous les enfants
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qui se mouillent la nuit d’examiner si les voies nasales
sont ou resserrées ou obstruées et obvier d’abord à cet
inconvénient.
A cet égard, il y a pourtant bien des restrictions à
faire : la faiblesse du sphincter de la vessie joue évidem¬
ment un rôle primordial ; tout au plus pourrait-on dire
que, lorsque ce sphincter est la pars minoris resistanciœ,
la gêne de la respiration nasale peut produire l’inconti¬
nence d'urine d’après la théorie formulée précédem¬
ment; pourtant où est la preuve que l’intoxication par
l’acide carbonique aurait une influence si exclusive sur le
sphincter vésical sans atteindre les autres organes du
corps ?
Et comment une pareille explication concorderait-elle
avec nos succès dans cette infirmité : cina, pulsatilla,
plantago major, ferrum phosphoricum, magnesia et
kali phosph. lutteraient-ils si avantageusement contre
cette faiblesse du sphincter, si la cause première en est
si distante, et pourtant ces remèdes n’ont que peu, sinon
pas du tout d’action sur les végétations de la muqueuse
nasale. L’influence toute particulière de cina contre l’in¬
continence d’urine ne plaide-t-elle pas en faveur du rôle
que les vers jouent dans ce processus pathologique, avec
beaucoup plus d’apparence de réalité que la théorie de
Major, qui pourtant, personne ne le contredit, ne manque
pas d’un certain intérêt.
Aussi nous, homœopathes, nous devons dorénavant,
lorsque les cas d’incontinence d’urine seront plus ou
moins rebelles, nous assurer minutieusement de l’état du
nez et de la cavité buccale; mais il y a probablement
des causes très différentes les unes des autres qui amè¬
nent l’infirmité qui nous occupe : cela résulte, du reste,
de la variété des médicaments que nous venons de citer
et de la différence de leur sphère d’action ; pourtant
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nous pourrions encore en augmenter la liste : Equisetum ,
par exemple, est très recommandé par de bons prati¬
ciens; d’un autre côté, ne perdons pas de vue que ces
petits enfants sont souvent atteints de catarrhes rebel¬
les des premières voies et que d’autres ont des tares stru-
meuses.
Pour finir, le D r Goullon cite deux cas guéris, le
premier par calcarea carb., et le deuxième par cina,
et il pense que les cas justiciables de cina forment
majorité.
Certainement on guérit au moyen de cina un grand
nombre de petits malades, mais nous avons eu de nom¬
breux succès au moyen de bellad. et surtout de nux
vomica; ce dernier remède, on ne doit pas le perdre de
vue, a une action toute spéciale sur la région du bas-
ventre : il paraît tout spécialement indiqué chez les
enfants dont les selles ne sont pas faciles ou chez ceux
qui ont été affectés de chute plus ou moins prononcée de
la muqueuse rectale.
Nous sommes donc de l’avis de notre savant confrère
Goullon : s’il existe des exemples où l’incontinence de
l’urine semble pouvoir être la conséquence d’un certain
embarras des voies respiratoires nasales, l’immense ma-
jorté des cas doit être attribuée à d’autres motifs.
Un mot maintenant au sujet des obstructions nasales
par les corps adénoïdes, les excroissances, le boursoufle¬
ment de la muqueuse naso-pharyngée et le rétrécissement
congénital ou accidentel des voies nasales : il est aujour¬
d’hui de mode, dès qu’un enfant est un peu enchifrené,
de le soumettre immédiatement à l’examen du spécia¬
liste, et fort rarement celui-ci ne trouve pas quelque
chose à enlever, à cautériser ou à élargir dans cette
région ; rarement il trouve que le petit amas adénoïde
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qui existe chez l’homme, surtout dans l’enfance, n’est
pas développé à l’excès et il s’empresse, trop facilement
à notre avis, de le faire disparaître ; ces amas de tissu
adénoïde doivent avoir leur raison d’être, et qui sait s’ils
n’ont pas une fonction à remplir dans l’organisme ? En
tout cas, est-il toujours prudent, pour remédier à une
petite gêne, de lacérer, cautériser et couvrir de cicatrices
plus ou moins profondes et durables la muqueuse des
arrière fosses nasales ?
D r Martiny
SURDITÉ VERBALE OU LARCIN
par le D r Palumbo, de Naples
L’action de Varsenic dans les affections cutanées n’est pas
toujours la même. Il y en a comme le pemphigus , contre
lesquelles ce médicament se montre infailliblement spéci¬
fique; d’autres, tel que le psoriasis, sur lesquelles il agit
mais moins efficacement, et enfin il s’en présente dans
lesquelles son action n’est pas toujours égale, comme dans
le lichen planus, ou presque nulle, comme dans certains
eczémas .
On le prescrit également dans Y acné commun , le sicosis
parasitaire , et dans d’autres affections chroniques, pour son
action tonique générale , action qu’on ne peut obtenir que
par de petites doses, attendu qu’il est prouvé que les fortes
doses débilitent l’organisme en entier.
Quand Y arsenic est donné dans le traitement des affections
cutanées, il est souvent difficile de distinguer si les résultats
sur la peau sont la conséquence de son action ou bien
Veffet de la maladie première.
Mais un pareil doute ne saurait persister longtemps,lorsque
on se rappelle le fait très important que, quand on prescrit
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ce médicament à des individus à peau saine, en vue d’une
autre affection, pour retarder le développement d’un cancer,
par exemple, ou pour guérir une affection chronique des
ongles, c’est précisément sur la peau que se manifestent les
effets dus évidemment dans ces cas au médicament. Ces effets
varient du reste selon la dose ingérée, la durée de l’adminis¬
tration du remède et le tempérament de l’individu, de façon
que les altérations de nutrition les plus simples peuvent s’ag¬
graver insensiblement, d’un érythème a peine visible, d’une
tache plus ou moins brunâtre, jusqu’à l’atrophie complète du
tissu ou la pigmentation générale comme dans la maladie
d'Addison : les squames peuvent devenir des croûtes
comme sur les genoux des psoriasiques, ou des callosités sur
la plante des pieds et se transformer enfin en de véritables
cancers épithéliaux.
De là résulte la démonstration d’un fait très important de
l’action de Xarsenic : c'est que ce médicament exerce une
action favorable et même curative dans les maladies
cutanées qui sont semblables à celles quil produit.
Les lignes qui précèdent, je me hâte de le dire, ne vien¬
nent pas de moi, ni d’un médecin homœopathe, ni même de
rhomœopathie L’homœopathie, cette pauvre petite cendrillon,
viendrait proclamer comme nouveauté des vieilleries si décré¬
pites? Non, c’est la médecine. officielle, la seule.... scien¬
tifique et rationnelle qui. à la suite de ses grands et
incessants progrès, vient enfin de parler.
L’articulet que je rapporte plus haut sur l’action de Xarse¬
nic, n’est que le résumé d’un travail que le D r Hutchinson a
publié dans le British Medical Journal , un des organes les
plus importants de l’allopathie en Angleterre et qu’une feuille
médicale d’Italie, très répandue également « Morgagni »
a reproduit ingénument et sans malice. Quoi qu’il en soit,
nous acceptons la découverte avec toute l’importance d’une
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confession : Y arsenic reproduit les affections cutanées
qu'il guérit si bien que, dans certains cas , ou ne peut être
assuré si les lésions sont l'effet de son action ou de la
maladie primitive .
Si ceci n’est pas une affirmation officielle en faveur de
l’homœopathie, je n’y comprends plus rien.
Il faudrait être atteint de cécité absolue pour ne pas
admettre la chose.Et cependant, à la fin de son article, l’au¬
teur confesse candidement qu'on n'est pas encore parvenu
à démontrer comment agit l'arsenic ! Il veut dire sans
doute que la surdité verbale , ce trouble nerveux qui fait
que les paroles ne produisent pas les mêmes idées dans le
cerveau de celui qui les écoute, que chez celui qui les pro¬
nonce, est une maladie plus diffuse, plus épidémique, plus
internationale que jamais on ait pu supposer.
Il n’y a pas très longtemps, le D r Martiny a publié un
article sur Yarsenic. Le savant rédacteur de la Revue
homœopathique belge y disait que peu à peu nos confrères
allopathes (quelle antithèse) finiraient par nous piller toute
notre matière médicale et que malgré tout ils n’étaient pas
encore satisfaits, alors qu’on leur permettait cependant de
reproduire des découvertes que les homœopathes avaient
faites depuis nombre d’années. Ainsi ils ont enfin trouvé que
Yarsenic guérissait les verrues comme l’affirme la Presse
Médicale Belge et YAllg . Méd. Centr . Zeitg. (allopathes).
Et le D r Martiny, sans détours, appelle cette manière de
faire, bel et bien, un larcin.
Il me vient tout d’un coup un doute, je crains de m’être
trompé et d’avoir, pour vaincre mes sentiments, mal défini ce
différend entre la médecine officielle et l’homœopathie. Mais
cependant s’il est permis de pardonner et même de plaindre les
malades atteints de surdité verbale , il est du devoir de tout
homœopathe, quand il ne peut empêcher le larcin de ses
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découvertes, de dénoncer la chose à l’impartialité de tous.
{Il secolo omiopatico.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
Du traitement du cancer par la silice
par le D r Nogué y Roc a
Il y a quelque temps que le docteur Formica se chargea
d’une malade atteinte d’un cancer du sein. Le cas était déjà
très avancé et n’offrait aucune chance de guérison. Le docteur
Formica, bien que reconnaissant la gravité de la situation,
entreprit pourtant la malade. Après l’essai de quelques
remèdes répondant aux symptômes dominants, il s’arrêta à
silicea comme médicament de fond. Le traitement adopté
donna des résultats si favorables jusque dans ces derniers
temps, que la famille peut espérer la guérison.
Voici une transcription de ï Ilomœopathic Recorder qui
justifie ce traitement :
« Il y a déjà des années je traitai une patiente porlant
deux squirrhes très douloureux au sein gauche qui présentait
mauvais aspect. Les progrès de la maladie rendirent bientôt
l’opération indispensable et, suivant mon avis, on manda le
D 1 * Schuts. Celui-ci, sans recourir au chloroforme, ce que
j’approuvai, enleva les tumeurs en treize minutes.
« Nous sortîmes ensemble, et, pendant la route, il me
conta ce qui suit : « Il y a trois ans je fus demandé auprès du
prince S., qui portait un cancer. Je fis ce que je pus comm®
chirurgien pendant deux mois, mais sans résultat satisfaisant.
Un jour le prince me dit qu’il désirait essayer l’homœopathie
et suspendre provisoirement le traitement. Je m’inclinai
devant sa détermination et le docteur Fleischmann fut appelé.
Quelques semaines plus tard j’entendis par hasard le prince
parler avec grands éloges de l’homœopathie,etcommejerencon-
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trai le D r Fleischmann dans la rue je lui demandai s’il traitait
encore le malade. Je ne fus pas peu surpris quand je l’enten¬
dis dire qu’après l’avoir soigné pendant trois semaines il
était entré en convalescence. J’appris aussi que le remède
employé était silicea . »
«Je résolus fermement d’employer ce remède à la première
occasion et ne pouvant, contrairement à mes opinions,adopter
les doses infinitésimales, je triturai moi-même un grain de
silicea avec cinq grammes de sucre de lait.
« Le premier cas qui s’ofîrit à moi fut la femme d’un haut
dignitaire qui avait été opérée pour la seconde fois depuis
plusieurs semaines, et tous les signes tendaient à prouver
que le caractère malin de la maladie persistait. Après deux
semaines de mon traitement, consistant en une dose du
remède matin et soir, l’aspect de l’ulcère s’était beaucoup
amélioré; trois semaines plus tard il se cicatrisa complète¬
ment et la malade guérit.
« Depuis lors, je recours toujours à silicea pour les squir-
rhes, opérés et non opérés, et le succès est toujours satis¬
faisant. Je vous conseille d’user chez votre malade de ce
remède préparé à la même puissance chez le pharmacien de
votre patiente.
« Ainsi fut fait: après six semaines de l’emploi de la silicea ,
cet ulcère, si considérable, était entièrement guéri, et aujour¬
d’hui, après plus de vingt ans, il n’a plus reparu. B r Irsch. »
Nous pouvons donc recommander l’usage de silicea dans
les ulcères cancéreux comme un médicament d’espérance,
d’autant plus qu’à ses caractères pathogénétiques se joignent
les faits cliniques que nous venons d’exposer. (Revista ho -
meopatica, de Barcelone.)
Traduction du D r Wuillot, de Bruxelles
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REVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATBIQUES .«CUIS
par le D r Mersch, de Bruxelles
Action de la quinine et du sublimé corrosif sur la peau
La Lancet signale le cas d’une dame qui prit 1 grain 1/2
de quinine en mélange avec 3 grains, de caféine pendant
plusieurs jours, contre des accès de migraine. Un jour, ayant
oublié de prendre son médicament avant le déjeuner, elle le
prit après. Dix minutes plus tar i, elle dut vomir et eut un
accès de fièvre avec élévation de la température. La peau
fut couverte d’une éruption semblable à celle de la scarla¬
tine. La gorge était très rouge et la muqueuse, gonflée. Les
articulations étaient douloureuses au toucher, comme c’est le
cas dans le rhumatisme.
Cependant la personne dont il est question avait déjà pris
plusieurs fois de la caféine sans rien éprouver de semblable
aux symptômes ci-dessus. C’est donc bien à la quinine qu’il
faut attribuer les symptômes dont il s’agit.
Dans deux cas d’amputation du sein, signalés dans le
British medical journal of Dermatology et où l’on avait
fait usage du sublimé corrosif pour l’antisepsie opératoire
et le pansement, les symptômes qui suivent furent observés :
1. Irritation intense de la peau avec rougeur diffuse.
2. Dermite s’étendant très loin du champ opératoire et
empêchant la réunion des bords de la plaie, malgré que le
pansement au sublimé fût renouvelé le deuxième jour.
3. Les jours suivants, tout le corps fut atteint d’un
érythème diffus.
Dans un des cas l’érythème n’intéressa que la moitié du
corps.
Dans l’autre cas, où l’érythème s’étendit à tout le corps, il
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continua à se manifester pendant trois à quatre semaines.
4. Dans ce dernier cas, l’érythème se transforma en urti¬
caire.
5. Il y eut un peu de fièvre, un malaise général,des nausées
et de l’agitation.
Cancer et tuberculose
Dans un article du British medical journal qui a trait au
rapport qui existe entre ces deux maladies, il est question
d’une famille dont le père et la mère sont morts respective¬
ment d’un cancer de l’estomac et d’un cancer de la matrice.
Des 5 enfants, 3 sont morts de tuberculose pulmonaire et
deux sont délicats de la poitrine. (The homœopathic World.)
Du traitement de la pleurésie
par Edwin Neatby M. D., médecin adjoint à l’hôpital homœopathique
de Londres
A. Traitement médicinal . — Dans la pleurésie séreuse,
l'action de bryonia , renforcée éventuellement par celle de
sulphur , est trop connue pour insister. Quand le liquide
devient séro-purulent, les basses triturations de hepar suif .
sont à recommander ; mais si la prostration est grande, il est
bon de recourir plutôt à arsenicum .
Ces remèdes ont tous fait leurs preuves et leur emploi
manque rarement de produire l'effet que l'on attend de leur
action.
Farrington signale apis comme étant l’un des meilleurs
médicaments pouvant amener la résorption d’un épanchement
pleurétique.
Outre la toux sèche et la dyspnée, il indique comme sym¬
ptôme pharmaco-dynamique, une grande anxiété, et puis une
respiration si pénible que le malade en est à se demander s’il
pourra accomplir une fois de plus ses fonctions thoraciques.
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— 140 -
Le même docteur recommande aussi ranonc . bulb . dans
l’épanchement séreux avec point de côté et anxiété.
Et, tandis qu’en Allemagne on se sert souvent de kali iod.
aux 2 e et 4 G atténuations, cantharis a les suffrages des méde¬
cins de l’hôpital Saint-Jacques, de Paris.
N’oublions pas non plus le résultat brillant qu’obtint le
D r Mac Kechnie avec ars. iod. dans un cas cité par ce
médecin, où le côté gauche de la poitrine était totalement
envahi par le liquide et où il n’a fallu qu’une semaine pour
amener une guérison complète. (Disparition de l’épanchement,
retour du murmure vésiculaire et retour du cœur, qui avait
été fort déplacé, à sa position normale.) .
Le médicament avait été employé sous forme de solution
au centième, une dose toutes les deux heures.
Dans rempyéme, les médicaments ne peuvent exercer une
action favorable que dans deux cas :
1° Après l’évacuation du liquide, pour éviter la récidive,
et dans ce cas, silicea , ars . iod . et iodium ont le plus de
succès.
2° Lorsque, en même temps que de la pneumonie, il n’y a
qu’un peu d’empyème. Alors cest kphosphor , à sulphur et
à hepar sulph. qu’il faudra recourir.
Mais aucun médicament ne peut faciliter la résorp¬
tion d'un épanchement purulent datant de quelque temps.
B. Traitement chirurgical. — Si le liquide tend à dimi¬
nuer, le traitement médical peut suffire mais je trouve mau¬
vais de ne pas agir localement dans le cas où l’amélioration
tarde à s’établir. Et du reste, l’aspiration antiseptique faite
habilement est si dépourvue de dangers, que je trouve utile
d’en faire usage, même lorsque je doute de la nature du
liquide. Je partage même l’avis de Goodhart (1) qui déclare
(1) Bnt. Med. Jnl. Jan., 1887, p. 1203.
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qu’il ne faut pas attendre pour évacuer le liquide, d’avoir
constaté l’absence de murmure vésiculaire au niveau de la
matité.
Après la première aspiration, je conseille de recourir à
l’incision et au drainage. Quant au lavage de la cavité, je ne
le trouve pas absolument nécessaire : il peut rendre service,
pourtant, en provoquant des mouvements respiratoires éner¬
giques, souvent même des cris, qui aident à la sortie du pus.
. La majorité des médecins qui ont participé au dernier congrès
de Berlin, trouvent aussi qu’il faut recourir le plus tôt possible
aux moyens chirurgicaux et condamnent l’emploi routinier
du lavage de la plèvre. Après l’opération il est bon d’insister
sur la gymnastique pulmonaire. Je recommande de faire
faire au moins 100 inspirations forcées par jour; et plus tard,
lorsque les malades ont repris leurs forces, on ne saurait
trop leur recommander l’exercice en plein air et dans un
pays montagneux, pour favoriser le plus possible l’expansion
pulmonaire. (. Monthly . Hom . Review ) D r MERSCH
LA DIÈTE DANS LES MALADIES AIGUËS
L’importance de la diète proprement dite, ou privation
plus ou moins complète d’aliments, a frappé les médecins de
tous les temps, et dans l’oubli qui a pu être fait, à certaines
époques, de l’hygiène thérapeutique, la diète a toujours con¬
servé un rôle capital. Son usage est né de cette observation,
que les fébricitants refusent instinctivement la nourriture.
Plus tard,on lui chercha des explications physiologiques ; sous
l’empire de sa doctrine, Broussais prescrivait la diète abso¬
lue; par esprit de reaction, ses adversaires ordonnaient des
viandes et du vin.
Pour éviter toute exagération dans l’application de la diète,
il faut prendre en considération diverses circonstances :
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1° l'état du tube digestif au point de vue de la facilité de la
digestion et de l'absorption ; 2° l’état de la nutrition au point
de vue de la désintégration organique ; 3° les avantages et
les inconvénients de la diète ; 4° les avantages et les inconvé¬
nients de l’alimentation.
État du tube digestif dans la fièvre. - Pendant la fièvre
l’appétit est ordinairement nul ; la sécrétion de la salive fait
défaut et la bouche est sèche; on observe souvent des nausées
et des vomissements. En outre, la fièvre diminue, dans de
notables proportions, la quantité du suc gastrique et sa qua¬
lité. La sécrétion de l’acide chlorhydrique est abolie ou con¬
sidérablement diminuée (Manassein, Schelhaas, Uffelmann,
Gluzinski, etc.). Chez deux malades, on rechercha le ferment
lab sans le trouver (Wolfram). Dan^ les affections chroniques
fébriles, au contraire, on trouverait constamment un suc
gastrique normal, ce qui expliquerait la conservation de l’ap¬
pétit, si fréquente chez les tuberculeux fébricitants. Quant à
la pepsine, elle doit être peu modifiée, car le suc gastrique
conserve son pouvoir peptique, à condition d’être additionné
d’acide chlorhydrique (Manassein, Gluzinski).
La sécrétion des sucs intestinaux paraît plus compromise
encore; le suc pancréatique et souvent la bile sont diminués
ou même font défaut, ce qui indique déjà que la digestion des
graisses sera difficile ou impossible.
Le pouvoir d’absorption des organes digestifs est considé¬
rablement diminué,et cela même pour les substances qui n’ont
pas besoin d’élaboration digestive, comme certains médica¬
ments (digitale, iodure de potassium), ainsi que Stricker l’a
constaté pour ce dernier. Les villosités intestinales, plus ou
moins altérées dans leur fonction ou leur texture, se prêtent
d’autant moins à l’absorption que l’élaboration digestive est
elle-même moins parfaite. Dans la fièvre typhoïde, par exem¬
ple, tout le réseau des lymphatiques est affecté ; les ganglions
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mésentériques sont enflammés ; l’absorption par les chylifères
. est troublée dans la plus grande partie du tube intestinal ; les
boissons pénétrent dans l’économie, mais par le réseau vei¬
neux de la veine porte (Dujardin-Beaumetz).
État de la nutrition. — Abstraction faite de la cause et
du mécanisme de l’hj'perthermie, il est constant que, dans
l’état de fièvre, il y a production exagérée de déchets orga¬
niques, en particulier de l’urée et de produits moins oxydés
qui s'éliminent par l’urine. Quant à l’acide carbonique, on
admet généralement qu’il est produit en excès, et non simple¬
ment exhalé en plus grande quantité grâce à la fréquence des
mouvements respiratoires. Quoi qu’il en soit, une certaine
quantité de produits de désintégration s’accumulent dans l’éco¬
nomie et doivent être éliminés par les urines, la sueur et les
matières fécales (1).
Il faut ajouter que la fièvre étant déterminée par un agent
infectieux, il se produit par ce fait dans l’organisme des sub¬
stances toxiques extrinsèques qui s’ajoutent aux produits de
désintégration organique. Ainsi, par exemple, dans la fièvre
typhoïde, les matières organiques entrent dans la toxicité
des urines pour 45 p. 100, au lieu de 15 p. 100, chiffre nor¬
mal (Lépine).
Il résulte de là, au point de vue de la nutrition, deux faits :
1° il y a usure des albuminates et probablement de la graisse ;
2° il y a accumulation dans l’économie des produits de désin¬
tégration organique et des produits d’origine infectieuse.
Action physiologique. — Avantages et inconvénients
de la diète. — I. Les effets de la diète sont de deux ordres :
les uns utiles, les autres désavantageux.
a) Effets utiles . — 1° La diète épargne les voies digestives
(1) Dans la fièvre typhoïde, par exemple, le sang contient de 7 à 9
grammes p. 100 de matériaux extractifs, tandis que, à l’état normal, il
n’en renferme que 4 grammes à 4 gr. 05 p. 100. (Albert Robin.)
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impropres à la digestion et à l’absorption, et encombrées de
sécrétions morbides ; 2° elle est un moyen puissant d’abaisser
la température ; 3° elle favorise la résorption des liquides
épanchés dans les tissus, et par conséquent diminue Ja con¬
gestion des organes ; 4° en diminuant la masse liquide, elle
diminue le travail du cœur, toujours plus ou moins impres¬
sionné par la fièvre; 5° elle s’oppose à l’entrée d’un certain
nombre de produits toxiques contenus dans la plupart des
aliments et qui s’ajouteraient à ceux créés par la maladie;
6° la diète évite les modifications vasculaires qui accompa¬
gnent la digestion et l’absorption, et qui favorisent la conges¬
tion de certains organes, en particulier du foie, des poumons
et du cerveau.
b) Effets désavantageux . — Il résulte des expériences de
Chossat que, dans la diète absolue, le corps se détruit d’une
quantité de matière proportionnée au déficit de l’aliment,
parce qu’il fournit de sa propre substance, pour la dépense
journalière, tout ce que l’aliment ne donne pas (Bouchardat).
Il en résulte une diminution du poids du corps. Les enfants et
les vieillards supportent moins bien la diète que les adultes.
C’est pendant les premiers et derniers jours de la diète que la
perte maximum de poids a lieu (Chossat).
La diète est donc une cause d’affaiblissement, alors que
l’organisme a besoin de toutes ses forces pour lutter contre
la maladie.
Tous les observateurs ont noté en outre que, chez les fébri¬
citants soumis aune diète trop rigoureuse, la convalescence
est plus longue et plus difficile, et le retour à l’alimentation
normale plus difficile et plus périlleux que chez ceux qui ont
été nourris.
II. Avantages et inconvénients de Valimentation .—Les
aliments bien digérés, et qui introduisent sans effort dans
l'organisme des éléments assimilables, empêchent l’usure or-
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— 145 —
ganique, donnent au malade la force de subir l’assaut de la
maladie et de résister jusqu’au moment où celle-ci sera épui¬
sée. Dans ces conditions, l’alimentation abrège la convales¬
cence et favorise le retour définitif à la santé. Mais ces avan¬
tages ne doivent pas faire perdre de vue les inconvénients
d’une alimentation intempestive ; Hippocrate avait déjà re¬
marqué quï/ est aussi nuisible de nourrir trop peu que de
nourrir trop. Nourrir trop est passible des reproches sui¬
vants :
1° Les aliments irritent les voies digestives à l’égard des¬
quelles ils jouent le rôle de corps étrangers ; ne pouvant être
ni absorbés ni digérés, ils provoquent souvent des vomisse¬
ments et de la diarrhée ;
2° L’alimentation est suivie d’une élévation de température
d’autant plus marquée que les substances ingérées sont plus
abondantes, d’une élaboration plus difficile, ou dans un plus
grand état de condensation. L’élévation thermique est à son
maximum au moment de la digestion ; elle peut être évitée par
un choix judicieux des aliments, par l’ingestion fractionnée de
petites quantités à la fois ;
3° La digestion et l’absorption des aliments s’accompagnent
d’une accélération de la circulation ;
4° S’il existe une tendance aux exsudations, la réplétion
de la circulation qui suit l’absorption la favorise (fait facile à
vérifier dans la pleurésie) ;
5° Certains aliments,en particulier les viandes,introduisent
dans l’économie des substances toxiques et rendent la dépura¬
tion de l’organisme plus laborieuse.
Conclusions. — La diète, à condition de n’être pas
absolue, ce qui conduirait à l’inanition, est un procédé thé¬
rapeutique dont on peut tirer grand parti; elle ne comporte
pas de règle absolue ; elle varie nécessairement suivant
l’état des voies digestives, la durée de la maladie, l’intensité
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de la désassimilation dans chaque maladie et l’état individuel
(âge, santé antérieure du malade). Son importance est
capitale ; on ne fait pas de bonne médecine sans une
sage direction de la diète. L’alimentation est utile, à condi¬
tion d’être soumise à des précautions minutieuses; « la vie
du malade en dépend. Nous discuterons le bouillon ou le
potage; le café au lait ou l’œuf; la tisane commune ou la
boisson vineuse avec le même soin, le même scrupule, la
même solennité que s’il s’agissait d’une formule médicamen¬
teuse. » (G. Sée.)
Digestibilité des aliments dans la fièvre, — Viande .—
La viande, sous forme solide ou même consistante, doit être
proscrite chez les fiévreux parce que le suc gastrique néces¬
saire à la digestion est rare, et que, la tonicité de l’estomac
étant amoindrie, les fragments volumineux des aliments sé¬
journent dans sa cavité et s’y décomposent. Dans les maladies
très longues (fièvre typhoïde),si l’on veut prescrire la viande,
il faut que celle-ci soit réduite on pulpe, privée de toutes ses
parties fibreuses et passée au tamis. On en donnera seulement
28 ou 30 grammes dans une tasse de bouillon (G. Sée). Dans
la fièvre, tous les aliments, sans exception, doivent être
prescrits en petite quantité.
Lait. — On n’est pas édifié rigoureusement sur la valeur
du lait dans la fièvre. Suivant G. Sée, il se digère mal ; Dujar-
din-Beaumetz croit qu’il n’agit, que par l’eau et les substances
salines qu’il renferme. N’est-ce pas être un peu sévère pour
un aliment qui nous rend de si grands services chez les ma¬
lades, et peut-on affirmer sans réserves que les albuminoïdes
et les graisses qu’il renferme, d’une, digestion in vitro sous
l’influence du suc gastrique, ne subissent aucune élaboration
dans les voies digestives ?
Le lait est utile sans contestation par son action diurétique
qui lui permet d’éliminer les substances toxiques de l’orga-
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nisme sans en ajouter. C’ést un aliment indispensable dans la
convalescence.
Œufs. — L’albumine de l’œuf exige, pour se digérer, l’in¬
tervention d’un suc gastrique assez chargé en HCI, acide qui
manque précisément dans la fièvre ; aussi faut-il administrer
les œufs délayés dans du bouillon qui excitera la sécrétion
gastrique, et à peine cuits, de façon à ce que le contact avec
le suc gastrique soit plus intime.
Bouillon . — Le bouillon plaît aux malades ; s’il est vrai
qu’il ait peu de valeur nutritive, du moins celle-ci est-elle
entièrement utilisée en raison du faible travail digestif que
nécessite cet aliment. On augmente la valeur nutritive du
bouillon en mettant la viande dans l’eau froide, et en évitant
que celle-ci ne s’élève au-dessus de 60° à 70° ; dans ces con¬
ditions, l’albumine n’est pas coagulée à la surface de la viande
que l’eau pénètre facilement, ce qui lui permet de retenir
une bonne quantité d’albumine ; le bouillon contient, en outre,
des sels minéraux (chlorures et sulfates). Cette richesse en
sels minéraux réalise une indication précieuse, puisque le
fébricitant subit une déperdition minérale importante ; c’est,
du moins, ce qui existe dans la fièvre typhoïde où les malades
perdent en vingt-quatre heures 3 à 4 grammes de chlorure
de sodium, 1 gr. 50 à 2 grammes d’acide phosphorique, 2 gr.
967 d’acide sulfurique et 1 gr. 736 de potasse (A. Robin).
C’est, suivant l’expression d’A. Robin, une véritable inani¬
tion minérale , réparable par le bouillon qui renferme 10 gr.
724 de sels solubles par litre (Chevreul).
Gélatine. —Si la gélatine n’a pas par elle-même la valeur
nutritive des albuminates, elle a, par contre, les avantages
d’une digestion facile et d’enrayer la désintégration molécu¬
laire des éléments organiques ; elle est, à ce point de vue,
très recommandable sous toutes ses formes (bouillon gélati¬
neux de jarret de veau, beeftea). (G. Sée).
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- 148 —
Fécules. — Les malades supportent et digèrent bien les
féculents qu’on peut leur prescrire sous forme de pâtes ou
dans du bouillon.
Sucres. — Le sucre pénètre dans le sang sans élaboration
digestive ; aussi est-il volontiers donné aux fiévreux, surtout
en tisanes. Toutefois le sucre de canne n'est pas directement
assimilable ; il le devient quand il a été transformé en glu¬
cose, soit dans les voies digestives, soit dans le foie.
Graisses. — Elles doivent être exclues de l'alimentation
des fiévreux, qui n’ont que très peu de suc pancréatique, et
dont les villosités intestinales absorbent fort mal ; l’indication
est assez nette pour qu'on doive même dégraisser le bouillon.
Boissons. — L’eau pure, les limonades simples ou vi¬
neuses, les eaux gazeuses, les tisanes aromatiques, le lait
étendu d’eau, les décoctions de riz ou d’orge, constituent les
boissons habituelles dans la fièvre. L’addition de sucre aug¬
mente encore leur valeur nutritive.
L’alcool dilué et ingéré en petites quantités est absorbé
sans élaboration digestive et sans laisser de résidus ; il joue
le rôle d’un aliment. Il peut donc être souvent prescrit sous
forme d’eau vineuse ou d’eau alcoolisée, mais nous verrons
ultérieurement que l’alcool « est un agent de stimulation
plutôt qu’un aliment recommandable » (Hayem). A doses éle¬
vées, il attaque vivement le protoplasma et le prive de la
vitalité nécessaire à la résistance : « Tout est dans la dilu¬
tion, dans la dose et son fractionnement. » (Bouchardat).
Dans les maladies aiguës, les boissons abondantes sont in¬
dispensables à l’élimination des produits de désintégration
organique. Leur température doit varier avec le but qu’on se
propose; chaudes ou froides, leur ingestion est le point de
départ de réflexes, utiles ou nuisibles suivant le cas, et que
le médecin doit rechercher ou éviter.
Direction de la diète. — Les données précédentes suffi-
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— 149 —
ront pour prescrire ralimentation dans tel ou tel cas particu¬
lier. Ajoutons seulement que la diète absolue ne doit être
prescrite qu’exceptionnellement, dans des maladies très
courtes, ou pendant un temps très court ; on doit revenir, dés
que cela est possible, à une alimentation spéciale, bien diffé¬
rente d’ailleurs de celle de l’homme sain.
Il est donc admis que tous les malades seront nourris plus
ou moins ; mais il y a un double écueil à éviter dans la direc¬
tion de la diète, écueil mentionné depuis Hippocrate par tous
les cliniciens : nourrir trop ou nourrir trop peu. L’instinct
des malades, qui résulte généralement de l’état des organes,
est un indice important, mais non d’une rigueur absolue. Il
est des cas où il faut solliciter le malade à prendre quelque
nourriture ; plus souvent il est nécessaire de modérer ses
tendances. Il arrive, en effet, que, à la suite d’un raisonne¬
ment naïf, il redoute la diète dans la crainte de perdre ses
forces : il croit lutter contre la maladie en surmontant sa
répugnance à absorber beaucoup d’aliments ou une quantité
immodérée de boissons alcooliques.
Les médecins eux-mêmes ont parfois de la peine à faire
abstraction de leurs goûts personnels, qu’ils prennent pour
des règles d’hj^giène. Les uns, peu portés à une nourriture
abondante, persuadés que la plupart du temps nous ingérons
plus d’aliments qu’il ne nous est nécessaire, voient surtout
les avantages de la diète, et sont enclins à en exagérer les
indications ; les autres, gros mangeurs eux-mêmes, estiment
qu’il est nécessaire de prendre une nourriture abondante et
substantielle, accompagnée de boissons alcooliques corsées.
Pour ceux-ci,la diète est pleine de dangers ; aussi poussent-ils
leurs malades à manger et prescrivent-ils volontiers les bois¬
sons alcooliques.
Ces deux pratiques opposées ne sont pas sans dangers. La
diète a des avantages et des inconvénients ; obtenir les uns
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— 150 —
en évitant les autres est un but qu’on réalisera en proportion¬
nant toujours la quantité et la qualité des aliments à la capa¬
cité digestive des malades, en tenant compte de la nature plus
ou moins consomptive de la maladie et du procédé naturel de
la guérison. Si la fièvre typhoïde réclame une alimentation
relativement large, un peu d’alcool ou mieux de vin, la pneu¬
monie, qui n'est pas une maladie anémiante, mais qui est su¬
jette aux congestions, se trouve bien d’une diète un peu sé¬
vère, du rationnement parcimonieux du vin, et, dans la
généralité des cas, de l’abstinence d’alcool.
L’épancliement pleurétique augmente sous l’influence des
modifications circulatoires et des variations de pression san¬
guine que déterminent la digestion et l’absorption; on prescrira
donc des aliments très légers, et en petite quantité à la fois.
Le lait est, dans ce cas, l’aliment de choix ; la capacité di¬
gestive à son égard n’est pas abolie, il est bien supporté, et
son usage exclusif est, sans contredit, un des moyens les
plus rapides d’obtenir la résorption de l’épanchement.
D r A. Manquât. (Union Médicale.)
Des troubles de Pappareil génital de la femme consécutifs
au rein mobile (1)
Parmi les causes de l’ectopie rénale, presque tous les
auteurs citent les affections de l’appareil génital de la femme;
mais aucun, je pense, n’a renversé cette poposition et les
ouvrages classiques ne font pas intervenir le rein mobile
comme facteur des diverses maladies des organes utéro-ova-
riques. Quelques rares auteurs, il est vrai, comme Keene,
par exemple, ont attiré l’attention sur les accidents produits
du côté des organes génitaux par le déplacement du rein,
(1) Communication au Congrès de Gynécologie et d’Obstétrique, par le
professeur Thiriar, de Bruxelles.
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— 151
mais on a toujours attribué ces accirlents à la neurasthénie con¬
comitante et l’influence de cette luxation comme cause directe
de certaines métrites, salpingites ou o va rites n’a pas encore
été mise en évidence; elle a été méconnue ou négligée jus¬
qu’ici.
Mes recherches, entreprises depuis longtemps déjà, prou¬
vent cependant que c’est là un facteur étiologique important
qui intervient assez souvent ; s’il est méconnu la guérison
est presque toujours empêchée malgré le*s traitements les
plus méthodiques et les mieux appliqués.
C’est en 1888, que pour la première fois j’ai été amené à
rechercher les relations qui existaient entre le rein mobile
et les affections de l’appareil génital de la femme. C’était
chez une malade souffrant depuis longtemps de divers trou¬
bles utérins qui avaient produit une véritable cachexie. Je
lui découvris un rein mobile et, avant de procéder au curet¬
tage utérin, je pratiquai la néphropexie. Cette opération suffit
pour amener en peu de temps la disparition de tous les trou¬
bles dont elle se plaignait du côté de la matrice (pertes muco-
purulentes,menstruation irrégulière et douloureuse,etc.,etc.).
Depuis lors, j’ai toujours soin d’explorer les régions rénales
des malades qui sont atteintes d’affections utéro-ovariques
et souvent cette exploration me fait découvrir l’origine de ces
altérations sous la forme d’un rein déplacé.
De mes observations, il résulte que l’ectropie rénale existe
au moins dans 20 p. c. d s cas d’affections du système génital
de la femme. Ainsi, depuis le l or octobre 1801 jusqu’à ce jour,
j’ai eu en traitement tant en ville qu’à l’hôpital, 11 cas de
reins mobiles chez la femme; toutes présentaient quelques
troubles utérins ; sept de ces malades m’étaient du reste
adressées avec le diagnostic d’affections utéro-ovariques ;
cinq avaient déjà subi à diverses reprises différentes traite¬
ments, surtout le curettage ; une qui avait un déplacement
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— 152 —
bilatéral avait eu la matrice et les annexes enlevées; une
autre enfin était sur le point de subir une laparotomie lors¬
qu’elle est venue me consulter.
Chez toutes ces malades,l’attention avait été exclusivement
attirée du côté des organes génitaux, le rein mobile avait été
méconnu.
J’ai pratiqué à dix de ces malades la néphropexie ; six fois
la guérison était obtenue sans autre intervention, trois fois
j’ai complété mon opération en curettant la matrice. Quant
à la malade qui présentait un déplacement bilatéral et qui
avait subi l'ablation des annexes d’abord, l’hystérectomie
vaginale ensuite, sans constater de diminution dans ses souf¬
frances, elle a été tellement soulagée par la fixation du rein
droit quelle est sortie de mon service, se réservant d’y reve¬
nir si le soulagement n’est pas définitif.
La coexistence d’une affection génitale et d’une ectopie
rénale est donc très fréquente. Cette fréquence a déjà été
signalée par Lancereaux (article rein du Dictionnaire ency¬
clopédique ‘)qui rapporte que la plupart des malades qu’il a
trouvées atteintes de déplacement du rein présentaient des
signes d’une ovarite plus ou moins ancienne. Et si on ne con¬
state pas plus souvent l’ectopie rénale, c’est que la possibilité
de ce déplacement est encore ignorée et que l’idée du rein
flottant ne se présente pas toujours à l’esprit d’un grand nom¬
bre de médecins lorsqu’ils ont à traiter une affection utérine
ou des annexes.
Cette ectopie est du reste parfois très difficile à constater;
même lorsqu’on la soupçonne il est quel quefois impossible de
la découvrir. Bien plus, il m’est arrivé de ne plus retrouver le
rein migrateur que j’avais palpé nettement la veille. Le rein
peut en effet regagner sa loge, la palpation peut dès lors
donner des résultats variables si on n’a pas soin d’examiner la
malade dans diverses positions.
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— 153 —
Etant donnée la fréquence des deux affections— utérine et
rénale — existant en même temps, il y a lieu de se demander
quels rapports elles ont entre elles, quelle influence elles
exercent rune sur l’autre.
On a cru jusqu’ici que c’était l’affection génitale qui pro¬
duisait le déplacement du rein. Les faits que j’ai observés sont
en contradiction formelle avec cette interprétation ; tout
démontre, au contraire, que la mobilité du rein est la cause
initiale du développement de beaucoup d’affections de l’appa¬
reil génital chez la femme, surtout de beaucoup de métrites
et de salpingites.
En effet, il suffit souvent de fixer le rein par la néphropexie
ou par un moyen orthopédique quelconque pour faire dispa¬
raître certaines de ces affections. Celles-ci ne peuvent, dans
tous les cas, guérir si le rein mobile est méconnu.
En outre, dans les cas où j’ai spécialement interrogé les
malades sur ce point, il est resté, certain pour moi que, tou¬
jours, la mobilité du rein avait précédé les manifestations
utéro-ovariennes Chez ces malades, le cortège symptoma¬
tique de l’ectopie rénale ouvre ordinairement la marche et ce
n’est que plus tard que la série des symptômes dénotant une
altération génitale commence.
Il est facile, du reste, de donner une explication suffisante
de cette marche dans les symptômes et les complications.Lors¬
qu’il existe un rein mobile, l’appareil génital de la femme est
et doit être particulièrement vulnérable.
C’est dans les plexus nerveux et la circulation qu’il faut
chercher la raison de cette vulnérabilité.
Avec Chroback, il est rationnel d’attribuer les désordres
nerveux utérins à une irritation du plexus ovarique anasto¬
mosé, comme on sait, avec le plexus rénal dont le tiraille¬
ment résulte presque forcément du déplacement du rein,
Le rein déplacé, cette tumeur physiologique produit, en
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— 154 —
outre la plupart du temps,une congestion intense dans l’appa¬
reil génital de la femme de même que les tumeurs du rein
chez l’homme produisent la varicocèle symptomatique du côté
malade. Cette congestion est le résultat de la compression
du plexus veineux spermatique à son arrivée dans la veine
cave à droite, dans la veine rénale à gauche.
Dans quelques cas exceptionnels le rein mobile peut même
exercer sur la veine cave une compression suffisante pour
amener une thrombose.
Cette congestion, unie aux troubles nerveux, est une con¬
dition qui favorise singulièrement l’infection de l’utérus et de
ses annexes. Elle amène une exaltation des propriétés nui¬
sibles des germes pathogènes qui sommeillent dans les parties
génitales saines de la femme; elle lève la barrière qui éloigne
les germes de la cavité utérine ou qui. ies empêche de s’y
développer. Grâce donc à l’influence congestive et nerveuse
qui entre en jeu la première, l’élément microbien qui vivait
auparavant inoffensif dans les organes génitaux, se réveille,
devient virulent et exerce sa nocuité sur tel ou tel organe
génital : utérus, annexes, ovaires, suivant les prédispositions
plus ou moins accentuées du sujet.
L’infection survient donc par suite de la stase sanguine et
des troubles nerveux existant dans l’appareil génital, stase
et troubles nerveux ont pour point de départ le rein mobile.
Pour conclure. Messieurs, je dirai que il faut dorénavant
ranger l’ectopie rénale parmi les causes fréquentes des
diverses affections utéro-ovariques : déviations, prolapsus,
métrites, ovarites, salpingites.
Les erreurs de diagnostic sont fréquentes et peuvent causer
aux malades un préjudice d’autant plus regrettable qu’une
thérapeutique rationnelle peut donner les résultats les plus
heureux. (Prof. Thiriar.)
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— 155 —
LA CHIRURGIE MODERNE
M. le D r Doléris, dans un article intitulé : Trop de muti¬
lations inutiles... pas assez de gynécologie conserva¬
trice , écrit les lignes suivantes :
L’antisepsie a mis aux mains des chirurgiens, une action
puissante de sauvegarde et de sécurité, dans l’exécution des
opérations. Mais les conséquences sont devenues telles, qu’on
en est à se demander, si le danger disparu d’un côté, ne va
pas reparaître d’un autre, tant est singulier l’abus engendré
par cette précieuse découverte.
Pour rester sur le terrain de la gynécologie, il n’est pas
niable que le grand objectif de tout débutant dans la chirur¬
gie est de multiplier le nombre de ses laparotomies, et d’ar¬
river de suite à de grosses statistiques.
De jeunes praticiens frais débarqués de Paris, où ils ont
tenu certes avec assiduité le rôle d’assistants près des maîtres
plus habiles peut-être que judicieux, semblent ne viser à autre
chose, que de triompher des difficultés du début, par des opé¬
rations à sensation. La laparotomie paraît être devenue le
véritable tremplin de succès. Je lis les statistiques; c’est
toujours de salpingites, d’ovarites folliculaires, d’hématosal-
pinx qu’il s’agit.
Je ne sais si l’on trouverait quelque chose de bien solide
sous ces étiquettes. Mais de kystes vrais de l’ovaire, de myo-
mes utérins, il en est rarement question. C’est que les cas
sont drainés depuis longtemps, ou bien c’est qu’on y regarde
à deux fois, quand il s’agit de myomotomie.
Mais une bonne petite douzaine de castrations pour com¬
mencer ; et puis, on verra. Dès lors, tout est prétexte à cas¬
tration. Je me trompe, tout est prétexte à laparotomie, car
voici qu’on entame un nouvel hymne en faveur de la laparo¬
tomie exploratrice.
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Donc, la douleur, une tuméfaction vague, des métrorrha-
gie inexpliquées, sont le mobile invoqué... et on laparotomise.
Or, une fois le ventre ouvert, il est bien rare qu’on le
referme sans en retirer quelque chose. Certes, ceux qui agis¬
sent de la sorte ne pensent pas être plus coupables que leurs
anciens chefs de file, qu’ils imitent à leur tour. Le succès
excuse d’ailleurs puissamment leur conduite.
Eh bien, il faut dire que tout cela cache l’ignorance gros¬
sière de la profession.
Cette manière de faire n’est plus qu’un déchaînement de
licence chirurgicale.
De gynécologie, il n’y a pas un soupçon dans tout ceci.
Les moyens conservateurs, non seulement ils ne les appli¬
quent pas, mais je gagerais qu’ils en ignorent la pratique
correcte.
Or, un enseignement officiel de la gynécologie est tout à
créer. Ni chaire, ni clinique? Pas même, à leur défaut, de
services hospitaliers, organisés pour la pratique...
C’est un dur et périlleux rôle que celui de la critique. Le
métier de redresseur de torts ne fait d’ordinaire que créer à
celui qui adopte, embarras et rancunes. Mais j’estime qu’il
ne faut redouter ni les uns ni les autres car le péril vaut
d’être signalé.
Pour moi, je le répète, il ne me plaît pas d’être complice
par mon silence, dans une question où quelques gens croient
à ma compétence. Ce serait une lâcheté que de me taire. {La
Presse médicale belge .)
NÉCROLOGIE
Le corps médical homoeopathique anglais vient de subir une grande
perte par la mort du D r Drysdale, décédé le 20 août à Waterloo, près
de Liverpool, à l’âge de 75 ans.
Reçu docteur à l’université d’Edimbourg en 1838, il y fut initié à
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l’homœopathie par son professeur de physiologie, le D r Flechter, en
même temps d’ailleurs que les D rs Black et Rutherford Russell. Leurs
études terminées à Edimbourg, ils se rendirent tous les trois à Vienne
pour y compléter leurs connaissances en homœopathie. Ils en revinrent
en 1841 et fondèrent à Edimbourg un dispensaire homœopathique." Le
D r Drysdale quitta bientôt cette ville pour se fixer à Liverpool, où il
exerça pendant quarante-cinq années.
Pendant cette longue carrière, il put suffire à une clientèle nombreuse
et choisie, et trouva encore le temps de produire des écrits justement
appréciés.La Théorie protoplasmique de la vie , la Vie et Véquivalent des
forces , VHistoire des nomades , la Nature miasmatique des maladies infec¬
tieuses, témoignent dune haute culture intellectuelle et d’une intelli¬
gence supérieure.
Il fut membre fondateur du British journal of Homœopathy et de¬
meura l’un de ses collaborateurs assidus ; il y publia plusieurs travaux
originaux, entre lesquels il faut citer tout particulièrement la pathogé-
nésie de / ali bichromicum.
Il convient de mêler nos regrets à ceux de nos confrères anglais. Le
deuil qui les frappe atteint toute une famille homceopathique. Ceux qui
ont pu approcher le Dr Drysdale, lorsqu’il vint assister au Congrès
homceopathique de Paris, en 1887, ressentiront encore plus vivement
cette perte, car dans cette courte entrevue il leur a été permis d’apprécier
l’homme et le savant. — D. S» ( Art médical)
VARIÉTÉS
Le monde savant. — Histoire américaine d'un mal de tête traite
par divers spécialistes . — Je prie mes confrères spécialistes de Paris,
gynécologistes, laryngologistes, auristes, oculistes, etc., de ne pas se
formaliser de la plaisanterie qui suit. Elle nous vient des Etats-Unis,
où les spécialistes pullulent avec beaucoup plus d’énergie encore qu’à
Paris. N 5 est-ce pas à Chicago qu’un spécialiste s’est voué au seul trai¬
tement des divers orifices de notre corps et s’est bravement baptisé
spécialiste des orifices ? $’est-ce pas le comble de la spécialisation ?
Il est donc bien entendu que la fable suivante ne s’applique qu’aux
spécialistes américains. Cependant, les malades de tous les pays peuvent
on faire à leur profit.
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L'auteur américain suppose un cercle de spécialistes devant lequel se
présente une femme d’une trentaine d’années. Cette femme, mère de trois
enfants en parfaite santé, est forte, bien portante, d’apparence saine
aussi bien d’esprit que de corps ! Mais elle a de temps à autre des maux
de tête violents qui la prennent par accès, et c’est pour ces maux de tête
qu’elle vient demander conseil.
Sans plus ample examen, mais d’une commune voix, tous ces messieurs
déclarent que la douleur est d’origine réflexe ; mais il n'en est pas deux
qui puissent s’accorder sur le point de départ de cette irritation. Chacun
le place dans la région du corps dont les maladies lui sont le plus fami¬
lières.
La discussion tournant à l’aigre, le président décide que la malade sera
traitée successivement par chaque spécialiste jusqu’à suppression du mal
de tête ou de la malade.
Le premier spécialiste auquel la patiente échoit est le célèbre docteur
Secator. Ce gynécologiste distingué, sans rival dans le traitement des
maladies des femmes, fait entrer la malade dans son dispensaire privé,
où elle se trouvera dans les meilleures conditions hygiéniques. Là, une
soigneuse exploration bi-manuelle lui montre que l'utérus et les ovaires
sont dans leur position normale et ne présentent aucune lésion appré¬
ciable par ce procédé d’examen.
Il maintient néanmoins que le mal de tête ne peut être dû qu’à une
irritation réflexe partie de l’utérus ou des ovaires, et qu'il a déjà guéri
nombre de cas semblables par un traitement approprié des organes
irrités.
11 se décide donc à faire une incision exploratrice du ventre, pensant
bien trouver là la cause qui lui échappe. Un autre motif l’incite vivement
à opérer, c’est le désir de compléter promptement sa série de 200sections
abdominales.
L’incision faite, le docteur Secator est obligé de reconnaître que l’ou¬
verture du ventre ne lui montre aucune lésion, et que les ovaires et les
trompes sont parfaitement sains.
Cependant, puisqu'il est allé si loin, il conclut que le mieux est d’en¬
lever ces organes pendant qu’on y est ; la femme se trouvera désormais
pour le reste de la vie à l’abri de toute chance de kyste de l’ovaire ou de
pyosalpinx. Les ovaires sont donc enlevés ; mais le mal de tête persiste.
La malade passe alors entre les mains du docteur Strabismus, qui avait
énergiquement soutenu que le mal de tête était dû à une irritation réflexe
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de la cinquième paire, et que le seul remède était la section des muscles
de l’œil.
Après un examen attentif de la réfraction, qui lui montre que la malade
est emmétrope, c'est-à-dire qu’elle a une vue moyenne, le docteur pro¬
cède à cette section des muscles. Les deux yeux sont traités de même. Le
résultat fut une déviation des axes optiques, mais le mal de tête ne guérit
pas. Et bien que l'éminent oculiste soutînt que cette déviation des yeux
donnait simplement à la malade un regard éveillé et un air piquant, les
autres confrères, qui n'admettaient ni son diagnostic ni son traitement,
déclarèrent que la patiente était purement et simplement défigurée par un
double strabisme en haut et en dehors.
Elle est alors confiée aux bons soins du docteur Caustique, qui s'était
trouvé d’accord avec le précédent consultant pour placer l’origine du mal
dans les branches de la cinquième paire; mais en sa qualité de spécialiste
pour le nez et la gorge, il plaçait plutôt celte origine dans les branches
nerveuses qui se distribuent à ces régions.
Il procède donc d'abord à l'ablation, à l’aide de l’anse galvanique, de
plusieurs petits polypes delà narine gauche, cautérise, au moyen du même
nstrument, une légère hypertrophie du cornet moyen droit. Puisla cloison
du nez lui ayant paru quelque peu déviée vers la gauche, il la perfore au
moyen de trois espèces différentes de trocarts, puis la redresse au moyen
de bougies graduées. Il enlève aussi un petit morceau de la luette. Cette
dernière opération déclare-t-il, ne lui paraissait pas absolument néces¬
saire. Mais le nouvel instrument qu’il avait fait construire dans ce but et
qu’il avait le plaisir de montrer à ses confrères rend l'opération si facile
et si rapide, qu’il n’avait pu résister au désir de la pratiquer.
La malade, souffrant toujours de la tête, commence à en avoir assez.
Le docteur Pedibus, le chirurgien orthopédiste bien connu, réussit cepen¬
dant à la convaincre de se soumettre à son traitement.
Il lui trouve la jambe droite plus courte d’un millimètre que la gauche,
remédie à cette asymétrie avec une semelle appropriée; découvre une
affection de la hanche qu’il traite par les pointes de feu et discute la ques¬
tion de faire la section d’un tendon ou deux, — ce à quoi la malade s’op¬
pose énergiquement.
Elle cède encore cependant à l'éloquence du docteur Rectiés, qui a pour
Spécialité les maladies de la fin de l’intestin. Celui-ci attribue le mal à
une lésion de certains replis delà muqueuse rectale. Aussi à peine entrée
dans son dispensaire, il chloroformise la patiente, lui dilate le sphincter
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anal, introduit une sonde dans les susdits replis et enresèque une quin¬
zaine — tout ce qu’il peut trouver.
Malheureusement, la dilatation du sphincter a été si complète que le
muscle reste paralysé et que la femme est désormais condamnée à une
incontinence des matières.
Cette fois la mesure est comble, et la malheureuse refuse de se prêter
aux tentatives des autres spécialistes du cercle. Elle retourne chez elle,
où un médecin de campagne reconnaît que le mal de tête est dû à une
simple névralgie rhumatismale, et la guérit avec quelques grammes d’an¬
tipyrine.
Je ne sais ce que dirait Molière des médecins s’il revenait parmi nous-
A coup sûr il ne pourrait leur reprocher de ne savoir que purgare et
clysterium donare. Mais peut-être regretterait-il M. Purgon. {Petit
Journal.)
SOMMAIRE
Sur l’incontmence nocturne des urines, par le D 1 ' Mar-
TINY.129
Surdité verbale ou larcin. — Traduction du D r Cheva¬
lier, de Charleroi.133
Du traitement du cancer par la silice.— Traduction du
D r Wuillot, de Bruxelles.136
Revue des journaux homœopathiques anglais, par le
D r Mersch, de Bruxelles.138
La diète dans les maladies aiguës.141
Des troubles de l’appareil génital de la femme consé¬
cutifs au rein mobile.. . 150
La chirurgie moderne.155
Nécrologie.156
Variétés.:.157
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
i '9 e Année SEPTEMBRE 1892 N° 6
LA PHTISIE AIGUE
par le D r Martiny
Nous reproduisons ci-dessous le résumé d’un étude très
intéressante sur la phtisie aiguë, ses différentes formes et
surtout ses formes anormales où le diagnostic est souvent
fort difficile à établir :
Notre maître, M. le D r Dreyfus-Brisac, vient de publier, en collabo¬
ration avec M. le D r Brühl, une remarquable étude sur la phtisie aigue,
qui met en évidence les différentes formes cliniques de la maladie et mon¬
tre à quel point ses allures insidieuses peuvent parfois mettre les clini¬
ciens en défaut.
1. — La tuberculose pulmonaire aigue comprend, disent les auteurs,
toutes les modalités de tuberculose dont la marche est assez rapide pour
entraîner la mort par infection générale ou par asphyxie bien plus que par
hecticité secondaire à la fonte du parenchyme pulmonaire. Au point de
vue anatomo-pathologique, tantôt la lésion fondamentale de la maladie
est la granulation grise, tantôt on trouve dans le poumon des tubercules
massifs. Entre ces deux grands types, la ligne de démarcation est bien
tranchée. Mais la tuberculose mili.iire aigue elle-même se traduit par des
expressions cliniques variées, et il y a lieu d’admettre un certain nombre
de formes dont l’individualisation ressortira dans l’exposé rapide que nous
allons en faire, et que l’on peut présenter, sous forme de tableau:
Tuberculose aiguë miliaire (_ granulie ) à forme de pyrexie :
1° à forme de fièvre typhoïde ;
2° à forme de pyrexie atténuée;
Tuberculose aiguë miliaire ( ; granulie) à forme cTaffectio?i thoracique :
3° à forme suffocante ;
4° à forme de bronchite ou de broncho-pneumonie ;
5° à forme pleurale.
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Toutes ces formes ont un certain nombre de traits communs qu’il
importe tout d’abord de résumer.
Au début, le caractère des manifestations cliniques est éminemment
insidieux, que la granulie soit consécutive à une phtisie chronique ou
qu’elle apparaisse chez un individu non porteur de lésions tuberculeuses.
Il y a du malaise général, de l’inaptitude au travail, de l’irrégularité du
sommeil. Les fonctions digestives languissent, le malade a des épistaxis,
une céphalée vague, et il présente des accès fébriles légers et irréguliers.
Cette période d’invasion est lente et peut se prolonger deux ou trois
semaines ; parfois même, le malaise général s’atténue temporairement pour
reparaître ensuite. L’amaigrissement est rapide et les auteurs insistent
sur sa valeur diagnostique. Il constitue un des meilleurs signes de l’inva¬
sion tuberculeuse, et l’on peut dire qu’il n’y a aucun état morbide, fut-il
accompagné d’une fièvre intense, où il soit si précoce et si accusé.
Bientôt apparaissent deux phénomènes qui permettent de songer à une
affection des voies respiratoires : c’est un état dyspnéique continu, avec
paroxysmes survenant sans cause appréciable et une petite toux sèche et
assez pénible.
Parfois, la période prodromique est courte ou nulle, et il y a des
lésions phlegmasiques à caractères très tranchés du côté des bronches, du
parenchyme pulmonaire ou de la plèvre. Enfin, le début de la forme suffo¬
cante peut être foudroyant lorsque les granulations envahissent tout à
coup une grande étendue du parenchyme pulmonaire en y déterminant
un raptus congestif intense et généralisé.
A la période d’état, tantôt les phénomènes généraux dominent la scène
et l’on se trouve en présence de la granulie à forme de pyrexie; tantôt, au
contraire, ce sont les troubles réactionnels dépendant de l’imprégnation
tuberculeuse de tel ou tel organe, de tel ou tel appareil qui figurent au
premier plan. Dans la granulie, du reste, malgré la diffusion des lésions,
les symptômes pulmonaires dominent, surtout chez les adultes.
Les signes locaux fournis par l’appareil respiratoire ne sont guère
caractéristiques et leur étude ne conduit que rarement au diagnostic ; ce
qui tient, d’une part, à ce que les granulations sont à peu près muettes,
d’autre part, à ce que les lésions secondaires qui se développent autour
d’elles ne peuvent se différencier des lésions du même genre non spéci-
fiques. On peut cependant noter que les signes physiques sont mobiles et
fugaces, et que leur siège de prédilection est le sommet des poumons. Le
seul phénomène lié directement à la présence des granulations dans les
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163
poumons est {'oppression, qui est disproportionnée avec les signes phy¬
siques et existe dans toutes les formes. Il y a peu de toux et les crachats
sont rares, de même que l'hémoptysie.
La tuberculose miliaire aiguë n’a rien de régulier dans sa marche et
évolue par bonds, par poussées, séparées souvent par des phases de
rémissions plus ou moins complètes. La dyspnée et le dépérissement
s’accentuent sans cesse et l’affection évolue rapidement vers la terminai¬
son fatale. Le médecin est désarmé et contre la maladie et contre ses
manifestations morbides les plus pénibles : dyspnée et évolution de la
température. Cette impuissance de la thérapeutique a même une valeur
diagnostique dans les cas douteux.
II . — Dans la tuberculose miliaire aiguë à forme typhoïde ou typho -
bacillose , les éruptions granuliques se font de toutes parts et les phéno¬
mènes pulmonaires restent au second plan, l’ensemble symptomatique
rappelant celui des maladies infectieuses totius substa>-tiœ. Il y a long¬
temps que l’on a rapproché la physionomie clinique de la maladie de
celle de la fièvre typhoïde.
La période d’invasion se prolonge généralement plus longtemps dans la
typho-bacillose que dans la fièvre typhoïde ; il y a moins de troubles
digestifs, de vertiges, et la dyspnée apparaît de bonne heure. Mais, au
bout de quelque temps, l’état typhoïde se prononce chez le tuberculeux,
et son cortège symptomatique, à la fin du premier septénaire, est le
même que celui delà dothiènentérie.
Les phénomènes ataxiques, l’adynamie, la céphalée sont généralement
moins intenses dans la granulie que dans la dothiènentérie ; les bourdon¬
nements d’oreille et la surdité manquent souvent, mais la photophobie
est plus prononcée et il peut y avoir des dépôts de granulations tubercu¬
leuses au fond de l’œil. Malheureusement, ces lésions oculaires pathogno¬
moniques sont assez rares.
Les mouvements respiratoires sont très accélérés, et tous les auteurs
ont insisté sur ce fait que les signes stéthoscopiques font souvent à peu
près défaut, tandis que l’oppression est très prononcée.
La tuberculose miliaire aiguë peut évoluer sans fièvre appréciable. Ces
cas mis à part, la température est moins élevée d’ordinaire dans la gra¬
nulie que dans les variétés de dothiènentérie similaire au point de vue de
l’intensité des phénomènes généraux. La courbe ne présente jamais les
trois stades classiques de la fièvre typhoïde, et à la période d’état les
oscillations sont considérables. Dans quelques cas, les périodes de rémis-
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— 164 —
sion se prolongent plusieurs jours. Pour MM. Dreyfus-Brisac et Brühl,
l’action de l’antipyrine est toujours passagère.
La tuberculose miliaire peut se transformer en phtisie subaiguë ou
chronique (Sticker) ; il est même probable qu’elle peut guérir complète¬
ment, car, dans un fait d’Ulacacis, on avait trouvé, pendant la maladie,
des bacilles de Koch dans le sang et dans l’urine.
La tuberculose miliaire aiguë à forme de pyrexie atténuée évolue à
l’instar d’une pyrexie, mais d’une pyrexie à note moins infectieuse que la
fièvre typhoïde, comme l'embarras* gastrique fébrile, la synoque. Dans
certains cas, on n’a affaire qu’à une forme atténuée de typho-bacillose ;
mais, dans d’autres, la maladie revêt le masque d’une grippe et même
d’une fièvre intermittente, au moins au début. Quelquefois même les
phénomènes fébriles sont si peu accusés, que l’on pense avoir affaire à
une affection cachectisante ou marastique. La forme la plus fréquente
de cette variété simule l’embarras gastrique et le diagnostic en est sou¬
vent fort difficile ; elle peut être méconnue quelquefois pendant plusieurs
semaines, d’où le précepte clinique de toujours songer à la tuberculose,
lorsqu’on se trouve en présence d’un état infectieux mal défini, surtout
lorsqu’il s’accompagne d’un dépérissement rapide.
La tuberculose aiguë à forme suffocantes été décrite depuis longtemps,
car sa physionomie clinique est fort nette; cependant elle constitue la
modalité la plus rare de la maladie. Le seul caractère qui lui appartienne
en propre est une dyspnée suraiguë qui ne peut être expliquée par les
phénomènes stéthoscopiques. La terminaison fatale peut être extrêmement
rapide, et, dans un cas de Dieulafoy, elle est survenue le premier jour.
Dans la tuberculose aiguë à forme broncho-pulmonaire, les altérations
secondaires du poumon jouent un grand rôle et la symptomatologie
locale est bien nette. Elle varie seulement selon la nature de la lésion
pérituberculeuse qui peut être une bronchite capillaire, une phlegmasie
des grosses bronches, des foyers de broncho-pneumonie, etc. Mais,
comme ces différentes lésions se combinent souvent entre elles, il en
résulte que la physionomie générale du processus reste la même, quelle
que soit la lésion pulmonaire. Cette forme se montre fréquemment à titre
secondaire et a souvent une période initiale mal dessinée qui se confond
avec les signes d’une déchéance organique ou de la maladie primitive.
Les principaux signes fonctionnels sont toujours la dyspnée, l’amaigris¬
sement et l’adynamie ; mais, de plus, il y a des signes physiques impor¬
tants du côté du thorax, signes qui dépendent de la lésion dominante. Il
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peut y avoir de la pleurésie sèche ou avec épanchement. Le plus généra¬
lement, il y a une fièvre d’allure irrégulière ; mais, quelquefois, toute
élévation thermique manque, principalement chez les malades affaiblis
antérieurement.
La tuberculose aiguë à forme pleurale comprend toutes les modalités
cliniques de granulie où la note pleurale domine. Tantôt la tuberculose
pulmonaire se localise sur la plèvre en épargnant à peu près le poumon,
tantôt plèvre et poumon sont envahis simultanément. L’allure peut être
celle d’une pleurésie, même quand la séreuse est respectée ou à peine
touchée, et l’épanchement succède alors à une poussée congestive. La
tuberculose aigue isolée de la plèvre est, du reste, fort rare, et bien plus
fréquemment il s’agit d’une tuberculose pulmonaire à allures de pleurésie.
En clinique, du reste, il est impossible de séparer les deux formes. Il est
très probable qu’il existe des former atténuées de granulie pleurale aux¬
quelles appartiendraient bien des pleurésies de cause indéterminée et sus¬
ceptibles de guérir.
Mais il en est de la granulie pleurale comme de la granulie à forme
pyrètique atténuée, et on peut dire qu’il n’y a pas de critérium clinique
qui permette de reconnaître la phtisie aiguë dans ses modalités les moins
bruyantes.
Les symptômes locaux de la tuberculose aiguë à forme pleurale n’ont
rien de particulier, et ce ne sont que les manifestations générales accom¬
pagnant ou précédant l’épanchement qui permettent d’en reconnaître la
nature.
Le début delà maladie peut être net et franc et elle se manifeste par¬
fois en pleine santé apparente, par les phénomènes habituels d'un épan¬
chement pleural aigu. D’ordinaire, cependant, l'évolution est lente et il
n’y a d’abord que du malaise général et une élévation modérée de la tem¬
pérature. A un moment donné, il se produit de la toux, de la dyspnée et
on découvre l’existence d’une pleurésie sèche ou avec épanchement. Très
fréquemment cette pleurésie d’abord unilatérale, est ensuite bilatérale et
cette marche a une grande importance diagnostique. Il en est de même
de la mobilité de l’épanchement qui fait varier les phénomènes stéthos¬
copiques d’un jour à l’autre. Dans le cours de la maladie, la plèvre peut
finir par se vider.
La triade symptomatique de Granoher n’indique qu’une chose, le
refoulement du poumon vers la région supérieure du thorax, qu’il y ait
ou non des lésions tuberculeuses à ce niveau. Parfois, les lésions pul-
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monaires deviennent prédominantes et la phtisie pleurale est alors une
phtisie à type bronchitique ou broncho-pulmonaire ou même revêt le
caractère suffocant. Cette éventualité se réalise surtout lorsque l'épan¬
chement se résorbe rapidement.
En même temps que l'affection thoracique évolue, les phénomènes
généraux s'accentuent, le malade maigrit, la fièvre devient irrégulière, et,
d’ordinaire, c’est une granulie généralisée ou une poussée pulmonaire qui
entraîne la mort.
La granulie pleurale est la moins grave de toutes, et il faut noter que
les pleurésies les plus bruyantes sont souvent les moins sévères, car elles
dépendent plutôt d’une congestion intense que d’une bacillose pulmonaire
étendue.
La place nous manque malheureusement pour exposer le mode d'évo¬
lution des tuberculoses aiguës à lésions pulmonaires massives, et nous
ne pouvons que renvoyer nos lecteurs à l’ouvrage de MM. Dreyfus-Bri sa
et Brühl. Nous regrettons surtout de ne pouvoir analyser longuement la
partie pathogénique dans laquelle les auteurs, séparant nettement les
deux grandes espèces de phtisie aiguë, démontrent que la tuberculose
militaire aiguë est une infection générale dans laquelle le poison morbide
se propage par la voie sanguine ou lymphatique, tandis que les formes
massives correspondent à une infection locale directe du poumon, le mi¬
crobe ayant pénétré parles voies aériennes. (Union Médicale.)
Un plus grand nombre de malades qu’on ne le croit géné¬
ralement meurent d’une granulie tandis que le médecin
les croit victimes d’une fièvre typhoïde suraiguë, d’une in¬
flammation franche de l’un ou l’autre viscère: nous en avons
pour notre part rencontré un certain nombre de cas ; l’évo¬
lution tuberculeuse a été d’une rapidité telle qu’au début
nous ne nous doutions pas de la nature profonde de l’affec¬
tion; nous pourrions citer entre autres le cas d’une jeune
fille, convalescente d’une rougeole,qui fut prise subitement
d’une fièvre de 41° avec une oppression énorme, sans toux,
ni phénomènes stéthoscopiques ; ce ne fut qu’au bout de 5 ou
G jours que nous pûmes établir le diagnostic réel de la
maladie qui emporta la malade le 12° jour ; dans un autre
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cas nous crûmes d’abord être en présence d*une fièvre
typhoïde aiguë et vers le 7° jour seulement les symptômes
concomitants prirent une telle tournure que nous pûmes
nous rendre compte de la nature du mal.
Gomme on l’a vu dans le résumé présenté ci-dessus, le
médecin est désarmé devant cette maladie et ses évolutions
les plus pénibles : nous avons pourtant eu l’occasion un grand
nombre de fois de voir, sous l’influence de médicaments
homœopathiques, le mouvement fébrile décroître, la maladie
prendre une tournure moins aiguë et évoluer assez lente¬
ment pour permettre l’emploi de nos remèdes habituels de
la tuberculose. D 1 * Martiny
BEVUE DES JOURNAUX HOMŒOPATHIQUES D’AMERIQUE
par le D r Lambreghts, fils, d'Anvers
Thuya occidéntalis
Cette étude a été faite d’après les résultats fournis par la
Société autrichienne pour V expêrimention des médica¬
ments homœopathiques .
Thuya a une action spéciale sur le système nerveux et
musculaire et sur les organes génito-urinaires. Il laisse
presque intactes les voies digestives, et n’affecte que légère¬
ment la circulation en y produisant un mouvement fébrile
particulier.
Les expériences ont été instituées sur 20 hommes et
6 femmes.
Symptômes généraux. — Faiblesse générale. Engorge¬
ments glandulaires. Douleurs dans tout le corps, de caractère
variable. Périodicité des symptômes.
Moral. — Anxiété, morosité, alternatives de gaieté et de
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mélancolie. Inclination à la colère. Mauvaise humeur. Affai¬
blissement de l’intelligence.
Tête. — Lourdeur de tête, confusion, vertige. Douleurs
pressives, lancinantes, spasmodiques. Douleurs localisées au
front,aux tempes,à la région mastoïde,au vertex,à l’occiput.
Yeux. — Sensation de brûlure au bord des paupières.
Contraction des paupières. Sensation comme d’un corps
étranger dans l'œil. Injection de la conjonctive. Douleurs
dans les globes oculaires. Vision indistincte.
Oreilles . — Douleurs dans le pavillon de l’oreille. Dou¬
leurs passagères dans l’oreille interne. Bruits anormaux.
Sifflements.
Nez. — Obstruction du nez. Sécheresse de la muqueuse.
Sensation de brûlure dans le nez. Eternuements. Coryza
avec sécrétion abondante. Epistaxis.
Face. — Douleurs passagères dans la face. Douleurs dans
la mâchoire inférieure, allant de l’angle au menton. Pâleur
de la face.
Bouche . —Douleurs dentaires. Vésicules sur la muqueuse
buccale. Sensation de sécheresse au palais. Abondante sécré¬
tion de salive. Goûts divers.
Gorge . — Expulsion fréquente de mucosités visqueuses.
La gorge est sèche, douloureuse, contractée. Grattement
dans la gorge ; déglutition douloureuse.
Estomac . — Diminution et perte d’appétit. Faim canine.
Soif augmentée. Eructations fréquentes. Nausées. Douleurs
et pression à l'estomac.
Abdomen. — Douleurs dans l’hypochondre. Sensation
douloureuse dans l’abdomen. Crampes autour de l’ombilic.
Distension de l’abdomen.
Rectum et anus. — Démangeaisons à l’anus. Douleurs
brûlantes et lancinantes autour de l’anus. Distension des
vaisseaux du rectum.
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Selles. — Diarrhée. Selles dures, rares. Ecoulement de
mucosités de l’anus.
Organes urinaires. — Sensation de plénitude dans la
vessie. Douleurs dans l’urètre. Brûlant pendant et après
la miction vers le col de la vessie. Ecoulement de mucus
de l’urètre. Démangeaisons dans l’urètre. Miction fré¬
quente. Envies fréquentes d’uriner. Urine abondante,
foncée et trouble.
Organes sexuels . — Chez l’homme : Douleurs, picote¬
ments. Démangeaisons du gland. Le gland devient humide
et sécrète des mucosités. Brûlant à la face interne du pré¬
puce. Douleurs et picotements dans les testicules. Augmen¬
tation ou diminution du désir sexuel.
Chez la femme : Menstruation régulière, mais règles peu
abondantes.
Organes respiratoires .— Enrouement. Picotements dans
la poitrine. Toux sèche et brève avec sécrétion de mucus.
Oppression dans la poitrine. Dyspnée.
Poitrine . — Douleurs pressives vers le sternum. Points
douloureux à gauche et à droite du sternum.
Cœur et pouls. — Pouls accéléré. Palpitations de cœur.
Cou et tronc . — Tiraillements et déchirements dans le
cou. Raideur et douleurs dans le côté gauche du cou. Sen¬
sation douloureuse et tension dans la région lombaire et
sacrée. Froid dans le dos. Douleurs aggravées par le mou¬
vement.
Membres supérieurs .— Douleurs de caractère variable
à l’épaule, au bras, au coude, à l’avant-bras, aux mains, aux
doigts et surtout aux pouces.
Membres inférieurs .—Douleurs dans la cuisse, le genou,
les chevilles et les pieds. Sensation de faiblesse dans les pieds.
Paralysie. Froid aux pieds. Tiraillements dans le gros orteil.
Peau .—Excroissances en forme de verrues. Taches ronges
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arrondies. Papules douloureuses et enflammées surtout sur
la face. Démangeaisons et cuisson à la peau.
Sommeil. — Somnolence pendant le jour et agitation pen¬
dant la nuit. Rêves voluptueux.
Fièvre. — Frissons dans tout le corps. Paroxysmes de
fièvre. Sueurs surtout à la face interne des cuisses. Un stade
de la fièvre manque. Périodicité des symptômes fébriles.
Aggravations. — Les douleurs se produisent et s’aggra¬
vent par le mouvement.
Applications thérapeutiques. — La céphalalgie de thuya
peut siéger dans toutes les parties de la tête, mais elle se loca¬
lise de préférence dans la région frontale et s’étend de là
vers les tempes et la région mastoïdienne. Les douleurs sont
pressives ou plutôt lancinantes, comme si on enfonçait brus¬
quement des aiguilles dans la tête. Elles sont purement
névralgiques et ne semblent avoir aucune connexion avec
l’état de l’estomac. La céphalalgie de thuya est généralement
accompagnée d’une sensation de brûlure et de picotements
au bord des paupières qui se meuvent comme s’il y avait un
corps étranger dans l’œil. La conjonctive est injectée, les
globes oculaires sont douloureux et la vision est obscurcie.
Ces symptômes indiquent suffisamment que thuya pourrait
être d’une grande utilité dans les kératites et les autres affec¬
tions des enveloppes externes de l’œil.
Thuya est très efficace dans les hémorrhoïdes et les
fissures à l’anus, car il exerce une action spéciale sur la ter¬
minaison de l’intedin. Le^ malades ressentent des déman¬
geaisons à l’anus et aussi des douleurs brûlantes et spasmo¬
diques. Les vaisseaux du rectum sont élargis, et l’anus est le
siège d’un écoulement de mucus.
A en juger par l’expérimentation sur l’homme sain, les
affections les plus justiciables de thuya sont celles des voies
génito-urinaires. La quantité d’urine est augmentée, la mic-
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tion est plus fréquente, le malade éprouve de violentes envies
d’uriner; lurine est trouble et foncée. De plus il existe des
démangeaisons et même des douleurs dans l’urètre, un sen¬
timent de brûlure après la miction, et une certaine disten¬
sion de la vessie ; enfin un écoulement, muqueux de l’urètre
et une sensibilité du gland. Ce sont là les symptômes de la
gonorrhée dans laquelle thuya jouit d’une réputation juste¬
ment méritée.
Il est très efficace aussi dans la balanite ; dans la pathogé-
nésie du médicament nous trouvons en effet : cuisson et
démangeaisons à la face interne du prépuce ; sécrétion de
mucus sous le prépuce, recouvrant le gland.
Il est indiqué en outre dans les condylomes lorsqu’ils exis¬
tent seuls ou qu’ils accompagnent la gonorrhée. Les excrois¬
sances sont dures, irrégulières et peuvent laisser suinter une
certaine humidité. La teinture-mère de thuya est employée
dans plusieurs formes de verrues en applications locales.
Thuya est un des rares médicaments qui possèdent une
action spéciale sur la prostate. Il est très utile dans l’hyper¬
trophie de cette glande accompagnée d’une sensation de brû¬
lure au col de la vessie et de fréquentes envies d’uriner.
L’action de thuya sur les voies respiratoires est digne de
remarque. Les points douloureux dans la poitrine, la toux,
l’enrouement, la sécrétion muqueuse, l’oppression considé¬
rable qu’il provoque semblent démontrer qu’il peut rendre de
grands services dans la pneumonie. Il est surtout indiqué au
début d’un refroidissement général qui peut engendrer un
rhumatisme, une pneumonie ou une bronchite, lorsqu’il existe
des douleurs dans tout le corps, plus prononcées à la poitrine
avec de la fièvre et de l’oppression.
Le rhumatisme, surtout lorsqu’il est localisé dans les mus¬
cles des membres et du dos, cède rapidement à thuya ; la
violence de la douleur est une indication ; la douleur est
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brûlante, déchirante ou lancinante ; les parties malades sont
froides.
Dans la pathogénésie de thuya nous trouvons enfin tous les
symptômes du torticolis : tiraillements, douleurs déchirantes
dans les muscles du cou, aggravation par le mouvement.
La périodicité des symptômes est un des phénomènes
caractéristiques de thuya ; elle est très marquée également
dans la fièvre. Le frisson peut être immédiatement suivi de
sueurs ; ou bien la fièvre se déclare sans frisson par le stade
de chaleur et de sueur ; ordinairement il y a un stade qui
manque ou qui est très peu développé. A en juger par l’expé¬
rimentation, thuya serait indiqué surtout dans les fièvres où
les sueurs viendraient immédiatement après les frissons.
(Hahnemannian Monthly .)
L’homœopathie dans les asiles d’aliénés des Etats-Unis
par le D r Paine, de West-Wewton
Le D r Paine publie dans le New England Medical Ga¬
zette une notice intéressante sur les divers asiles des Etats-
Unis où les aliénés sont soignés par la méthode homœo-
pathique.
Dans trois Etats : New-York, Massachussets et Minnesota,
il existe des établissements officiels d’aliénés, où la méthode
homœopathique est pratiquée et autorisée par charte spé¬
ciale.
Ces établissements sont : 1° Dans l’Etat de New-York,
l'asile de Middletown qui fut ouvert en 1874. Il contient 800
à 900 malades. Les brillants résultats obtenus à l’aide de la
médecine homœopathique lui ont acquis une réputation uni¬
verselle. C’est sur ces résultats qu’on s’est basé pour récla¬
mer du gouvernement des asiles homoeopathiques semblables
dans les autres Etats. Les statistiques comparatives sont très
intéressantes :
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A Middletown, de 1883 à 1890, la proportion des guérisons
a été 49.89 p. c. et celle des décès 4,06 p. c.
Dans les établissements allopathiques du même Etat, la pro¬
portion des guérisons a été 29.48 p. c. et la mortalité 6.13 p.c.
2 ° Dans l’Etat de Massachussets, à Westborough, il a été
fondé en 1886 un asile homœopathique officiel pouvant con¬
tenir 400 à 500 aliénés.
En 1891, la proportion des guérisons a été 34.4 p. c. et la
mortalité 6.2 p. c.
Dans les 4 autres établissements allopathiques officiels du
même Etat : Northampton, Worcest’er, Taunton et Danversj
la proportion des guérisons a été respectivement 24.4 p. c.,
18.6 p. c., 21.7 p. c. et 19.6 p. c.
La mortalité : 4.9 p. c , 6.3 p. c., 5.8 p. c. et 7.4 p. c.
3° Dans l’Etat de Minnesota, à Fergus-Falls, il existe
depuis 1890 un établissement officiel homœopathique,contenant
150 aliénés. Get établissement est très prospère; il va êti*e
aggrandi sous peu de manière à pouvoir héberger 300
malades.
La proportion des guérisons obtenues en 1891 à Fergus-
Falls a été 70 p. c. et la mortalité 2.81 p. c.
A l’établissement allopathique de St-Peter (Minnesota) la
proportion des guérisons a été pendant la même année 32.71
p. c., la mortalité 4.88 p. c.
Dans l’Etat de Michigan, à Ionia, il a été créé en 1885 un
asile pour les aliénés criminels et dangereux. Cet établisse¬
ment se trouve sous le contrôle de l’Etat ; il n’est pas reconnu
officiellement comme établissement homœopathique, mais il
est dirigé depuis sa fondation par un médecin homœopathe, le
D r Long, de sorte que tous les malades sont traités homœo-
pathiquement.
La mortalité a été en 1887 de 4.4 p. c.
Dans le même Etat à Traverse-City, il a été créé en 1883
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un autre asile où la pratique de rhomœopathie était autori¬
sée ; malheureusement le médecin homœopathe à qui la place
a été offerte ayant refusé del’accepter, l’établissement a passé
dans les mains d’un allopathe.
Il existe en outre de nombreux établissements privés diri¬
gés par des médecins homæopathes, notamment à : Marga-
rettsville (New-York), Stamford (Connecticut), Hill-Yiew
(New-York), Oswego (New-York) , Sandwich (Massa¬
chussets), West-Newton (Massachussetts), etc., etc.
Enfin, dans neuf États : Pennsylvanie, Maine, Orégon,
Kansas, Californie, Kentucky, Wyoming, Texas et Illinois,
des démarches sont faites auprès du gouvernement en vue
d’obtenir la création d’asiles homœopathiques pour les aliénés.
Ces négociations sont sur le point d’aboutir dans plusieurs
de ces Etats. D l ‘ Lambreghts, fils, d’Anvers
L’homœopathie dans la médecine officielle
par le D r Palumbo, de Naples
Les aeides qui sont le résultat des aeeès de goutte guérissent la
goutte . — La douleur calmée par la douleur . — Un peu d'isopathie.
— Les corps gras empêchent la formation des calculs biliaires. —
Conclusions.
Il est généralement admis, surtout depuis les savantes
recherches de Cantani, que la goutte, qui, comme on le dit
vulgairement, a pour père le vin et pour mère la table, pro¬
vient de la combustion incomplète des substances albumi¬
neuses, qui,aulieude se réduire en urée, s’arrêtent facilement
à l’état d’acide urique. Cette anomalie proviendrait plutôt de
l’altération des tissus (cartilages, tissus périarticulaires,
moelle des os) que de la crase sanguine.
La tâche du médecin consiste donc à diminuer la produc¬
tion de cet acide urique dans l’organisme et à en favoriser
l’élimination, en limitant d’une part la quantité d’aliments
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175 —
albumineux et en excluant d’autre part ceux qui sont hydro¬
carbonés, gras et alcooliques. De cette manière on favorise
l’oxydation complète des substances albumineuses et, afin de
mieux neutraliser la quantité d’acide urique, qui aurait pu se
former dans le sang et les humeurs, ou augmente leur alcali¬
nité par l’administration d’alcalins et d’eaux minérales.
Ce raisonnement tout à fait rationnel va droit au but, cela
ne fait pas un pli.
Mais il y en a un autre !
Le D r Pfeiffer a observé (et personne ne mettra en doute
un expérimentateur aussi savant que c nsciencieux) que, pour
le traitement de la goutte (petite différence) les acides que l’on
proscrit sont plus utiles que les alcalins que l’on prescrit.
Comment cela ! Ce savant aurait dit que les acides accusés
de développer la goutte, en favorisent au contraire la guéri¬
son ? Mais alors ce serait une espèce de similia similibus ?
Voici l’explication du fait. Vous vous êtes tous trompés, en
croyant que la cause des accès de goutte est l’augmentation
de l’acide urique! C’est l’acide urique altéré qualitativement
dans sa fonction ! Alors que chez l’homme sain, celui-ci se
produit sous une forme facilement soluble, chez les goutteux
il est insoluble et se dépose dans les tissus au lieu d’être éli¬
miné C’est pour ce motif que les urines des goutteux sont
plus chargées de cet acide. Quand le sang et les humeurs
deviennent alcalins, l’acide urique se dépose et sature l’or¬
ganisme, produisant par sa réaction organique des douleurs
et l'inflammation goutteuse.
Les acides, par là même qu’ils empêchent l’alcalinité du
sang, deviennent curatifs des accès de goutte.
Et voilà deux raisonnements qui expliquent à merveille
la nécessité, l’un de prescrire des acides, l'autre des alcalins.
Et quelqu’un oserait suspecter la justesse de la médecine
officielle !
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Comme preuves à l’appui de la théorie du D r Pfeiffer, le
D r Berenger Géraud rapporte une série de cas, dans les¬
quels l’usage de l’acide lactique fut d’un grand bien pour
combattre les accès de goutte. Et contrairement aux défen¬
seurs de la théorie alcaline, qui pris de peur pour Vacide
lactique défendent même le lait à leurs malades , celui-ci
recommande Vacide lactique comme prophylactique des
accès de goutte.
Si le professeur Potain n’était connu de tous comme un
grand savant, il pourrait passer pour un parfait type
d’indien. En parlant du traitement du rhumatisme muscu¬
laire, qu’il trouve assez semblable à celui du rkumatisme
articulaire, il s’exprime ainsi : On peut encore faire dimi¬
nuer la douleur en injectant sous la peau un liquide irri¬
tant, l’eau pure, par exemple, et le professeur Dieulafoy,
pendant qu’il était mon interne, a beaucoup préconisé ces
injections d’eau. ~ Elles font cesser la douleur en occa¬
sionnant une douleur très vive , mais momentanée .
Bravo ! M, Potain.
L’antidote du tétanos a été préparé par le prof. Tizzoni
dePadoue et la doctoresse Cattani, qui, les premiers en
Italie, die—ou, ont isolé le bacille du tétanos et en ont étudié
tous les caractères morphologiques et biologiques. Un chien
et deux pigeons, qui depuis quelque temps se trouvaient
dans le laboratoire d’expériences, et qui avaient montré peu
de réceptivité pour l’infection tétanique, servirent de sujets
aux deux savants, qui réussirent à leur conférer une immu¬
nité complète avec des doses toujours croissantes de virus
tétanique. Avec le sérum dusangdu chien ils étudièrent le pou¬
voir antitoxique, préservatif et curatif de cette substance, qui
est l’antidote du tétanos. Pour les expériences sur l’homme,
l’antidote obtenu au moyen du sérum du lapin vaut mieux :
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celui-ci non dialysé est précipité par l’alcool absolu et con¬
serve mieux ses propriétés. C’est pourquoi les auteurs
l’ont précipité par 10 volumes d’alcool absolu, et après un
jour ou deux l’ont recueilli et séché. La substance obtenue
est blanchâtre, amorphe ; onia triture dans un mortier, puis
elle est reprise par l’eau distillée et injectée au moyen de la
seringue de Pravaz dans le tissu conjonctif sous cutané.
Deux malades atteints de tétanos, sur le point de mourir et
à qui tous les remèdes avaient été administrés sans résultat
aucun, guérirent rapidement au moyen de cet antidote.
Si ceci n’est pas de l’homœopathie, c’est certainement de
l’isopathie.
Qui montre beaucoup de hardiesse et qui appelle (du moins
une fois) les choses par leur vrai nom, c’est sans aucun
doute M. Dujardin-Beaumetz. Dans une de ses leçons sur la
la lithiase biliaire, il indique le traitement des phénomènes
douloureux qui constituent; la colique hépatique. Après avoir
cité l’injection de morphine, il s'exprime ainsi :
« Mais je veux vous entretenir d’une nouvelle médication,
« celle par l’huile d’olives.
« Ce sont les médecins homœopathes(il faut le reconnaître)
« qui les premiers ont conseillé, il y a à peu près vingt ans,
« l’emploi de l’huile à hautes doses, dans le traitement de la
« colique hépatique. Et en ceci ils étaient en partie fidèles
« à leur doctrine, puisqu'ils combattaient les calculs Impa¬
ct tiques formés essentiellement de cholestérine, par un corps
« gras : similia similibus. >
Et ces observations ne sont pas les seules (1). Celui qui
veut considérer les choses de sang-froid, pourra se convaincre
(1) Celui qui douterait de leur authenticité n’à qu’à consulter le Journal
international des Sciences médicales , fasc. I et V t. XIV — et le Bulletin des
cliniques t. IX, nos 2, 3, 4.
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que la médecine officielle, surtout dans ses plus récentes
innovations,est à base d’homœopathie et d’isopathie.Personne,
quelque génie qu’il ait, ne pourra jamais réfuter cette vérité.
Et le triomphe d’Hahnemann auquel nous assistons, est
dû non tant à nos écrits, qu’à ceux de ses détracteurs les
plus tenaces. Et pourquoi dans ce cas ne se crée-t-il pas en
Italie une chaire pour prouver publiquement que tout ceci
n’est pas illusion mais vérité?
Il y a à Naples, entre autres un homœopathe (j’écris ces
lignes à son insu), qui a employé toute sa jeunesse à promul¬
guer la doctine de Hahnemann. Il n’est parvenu qu’à acqué¬
rir la réputation d’un savant et à illustrer le nom italien dans
les différents congrès d’homœopathie à l’étranger, mais son
rêve est toujours resté un rêve par la fatalité des choses et
des circonstances locales. Il est jeune encore et travaille
toujours, parce que son esprit a besoin d’études, mais devenu
sceptique par nécessité, il a renoncé à son idéal. On réu¬
nirait l’homœopathie à la médecine officielle que cela ne pour¬
rait ni l’émouvoir ni le surprendre. Et comment pourrait-il
d’une manière efficace convertir cette foule de savants qui
s’affolent à rechercher et à publier de vieilles nouveautés;
mais ne voyez-vous pas que tout cela n’est plus de notre
époque et que nous ne sommes pas des archéologues ?
Gomment sa parole pourrait-elle convaicre, s’il n’a pas de
local convenable, un public consciencieux et si toute sphère
d’action lui est fatalement fermée?
Fatalement soit, mais ce ne sera pas définitivement. Si
lui ne réclame pas, nous réclamerons pour lui, jusqu’à ce
qu’enfin nos justes sollicitations soient écoutées et que la
liberté tant vantée ne soit pas un vain mot pour l’homœo-
pathie. Nous demanderons pour lui (et nous espérons avoir
autant de partisans que l’Italie compte d’homœopathes) que
les portes de l’Université, qui sont ouvertes à toutes les
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sciences, le soient également pour lui, qui ne recherche ni
l’argent ni les honneurs, ni les diplômes, mais qui simplement
demanderautorisation.de pouvoir dans une salle quelconque
et à une heure quelconque, expliquer les principes d’une doc¬
trine qu’on cherche ici à obscurcir et à envelopper de mys¬
tère, pour pouvoir mieux la taxer d’imposture, mais qui a fait
d’immenses progrès dans toute l’Europe et qui compte en
Amérique comme prosélytes plus de la moitié de la popula¬
tion. (.nSecolo omiopcitico , de Naples, juillet 1892.)
Traduction du D r Chevalier, de Gharleroi
Des métastases du psoriasis
par le D r Martiny
Nous lisons ce qui suit dans le compte-rendu du 2 e Congrès
de dermatologie, tenu à Vienne, en septembre :
M. Gaucher. Depuis longtemps, on sait que les psoriasiques sont sujets
à des manifestations multiples partant, soit sur l’appareil respiratoire
soit sur l’appareil digestif.
Aujourd’hui, ces faits sont considérés comme des coïncidences.
M. Gaucher, au contraire, pense que ce sont là des manifestations de la
même diathèse. Les lésions cutanées se montrent les premières, puis les
lésions viscérales et vasculaires viennent ensuite. M. Gaucher cite trois
observations à l’appui de sa thèse. •
Il résulte de tout ceci qu’il faut soigner le psoriasis avec prudence et
qu’il faut surveiller en même temps la santé du sujet.
Tous les homœopathes seront de l’avis de M. Gaucher. Le
psoriasis est une manifestation diathésique bien évidente et
nous avons fréquemment vu des malades atteints,l’un d’asthme
invétéré, l’autre de dyspepsie, se guérir quand des plaques
de psoriasis se manifestaient à la peau.
. C’est, du reste, la grande loi de la répercussion des mala¬
dies eu tances qui a été admise par tous les cliniciens d’autre¬
fois, et que Hahnemann avait parfaitement en vue lorsqu’il
a publié son Traité des maladies chroniques , dans lequel
il a développé ses idées au sujet de la psore.
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Du reste, depuis longtemps déjà Guénan de Mussy avait
observé le fait un certain nombre de fois, mais l'avait affu¬
blé d’un nouveau nom plus moderne : il appelait ces maladies
par répercussion d’un exanthème, des endermatoses.
D r Martiny
Séméiologie de la pleurésie, adhérences pleurales et
thoracenthèse
Chez tout malade présentant des symptômes thoraciques et
en particulier quand ces symptômes peuvent vous faire crain¬
dre une pleurésie, vous devez adopter une règle invariable et
toujours commencer l’examen par la partie antérieure du tho¬
rax. Get examen de la partie antérieure est de la plus haute
importance. C’est lui qui, quel que soit le côté de la pleurésie,
côté droit ou côté gauche, vous renseigne sur l’abondance de
l’épanchement, la matité antérieure ne se produisant évidem¬
ment que dans les épanchements fort abondants. Dans les
pleurésies gauches en particulier, je tiens à vous montrer l’in¬
térêt pratique que présente une zone spéciale du thorax,
l’espace semilunaire de Traube.
Traube signalait, en 1868, la présence de cette zone spé¬
ciale et la décrivait dans les termes suivants : « A la partie
inférieure du thorax gauche est une région dans laquelle le
son de percussion est tympanique. Cette région a un figure
semilunaire. Elle est limitée en haut par une ligne courbe
dont la concavité regarde en bas. L’espace ainsi formé com¬
mence au dessus du cinquième ou sixième cartilage costal
gauche. En arrière il s’étend le long du thorax jusqu’à l’ex¬
trémité antérieure de la neuvième ou dixième côte; sa plus
grande largeur est de neuf à onze centimètres. » Les recher¬
ches personnelles que j’ai faites sur cet espace, en particulier
en 1879, m’ont permis de confirmer, en tout, la description
de Traube. J’ai de plus déterminé la hauteur moyenne de
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l’espace qui, au niveau de la verticale mamelonnaire, atteint
dix centimètres.
Le tympanisme de cet espace est particulier; c’est un son
vide, abdominal, aigu, différent de la sonorité plus grave, plus
pleine du poumon. C’est qu’en effet, sur ce point, le sillon
costo-diaphragmatique n’est pas rempli par le poumon. La pa¬
roi costale, la plèvre costale et diaphragmatique, lediaphragme
seul sont interposés entre le doigt et l’abdomen. La percussion
retrouve sur ce point la sonorité de l’estomac et du côlon.
A côté du tympanisme, j’ai signalé à l’état sain deux autres
particularités : 1° l’absence des vibrations vocales; 2° l’ab¬
sence de murmure vésiculaire, qui s’expliquent par l’absence
même du poumon. Les vibrations vocales doivent être
recherchées avec le bout des doigts, car la main appliquée à
plat déborderait les limites de l’espace et serait trompée par
la vibration des parties voisines. De même pour le murmure
vésiculaire, l’oreille ne doit pas s’en laisser imposer par le
murmure éloigné de propagation.
La matité, remplaçant ce tympanisme normal, offre un
intérêt clinique de premier ordre. Cette matité se trouve
dans trois grandes conditions pathologiques.
La première de ces conditions rétrécit parfois de moitié,
mais sans jamais amener une suppression complète, le champ
sonore de l’espace de Traube. C’est la pneumonie de la par¬
tie antérieure du lobe inférieur du poumon gauche. Il y a
dans la région mate du souffle, de la bronchophonie. Bien
que l’affection soit rare, le diagnostic est donc facile.
Les épanchements pleurétiques peuvent aboutir à une sup¬
pression totale. Tantôt c’est le fait d’un épanchement pleural
gauche abondant, condition qui, comme la précédente, avait
été bien signalée par Traube ; tantôt c’est le fait d’une pleu¬
résie partielle. La pleurésie partielle sous-mammaire, avec
épanchement limité antérieurement empiétant sur la région
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axillaire, n’est pas rare, comme je l’ai montré, surtout à
gauche. Il y a naturellement absence de vibrations vocales,
silence complet dans les deux cas.
Le troisième condition, que Traube avait méconnue et que je
crois avoir le premier signalée, est l’accumulation d’une cou¬
che épaisse et continue de fausses membranes dans le sillon
costodiaphragmatique. Ces adhérences fennes, clôturantes,
cette symphyse phréno-costale sont très fréquentes. Mécon¬
nues, elles peuvent conduire à une thoracentèse faite en un
point dangereux et parfois, comme je vous le montrerai, suivie
d’accidents mortels. Le matité, l’absencede vibrations vocale s
de murmure vésiculaire, existent comme dans la pleurésie.
Comment donc distinguerez-vous les adhérences et l'épan¬
chement? Vous n’avez qu’un seul signe différentiel, l’alté¬
ration de la mobilité respiratoire du côté gauche ; mais bien
cherché il est excellent. A l’état normal, l'inspiration s’ac¬
compagne d’une projection en avant de l’épigastre, avec
projection latérale excentrique des dernières côtes. Des mou¬
vements inverses accompagnent l'expiration.
Le renversement de ce type normal se rencontre dans de
nombreuses affections et en particulier dans les adhérences.
Mais dans les adhérences, il présente un aspect particulier,
seul caractéristique. Placez-vou; au pied du lit du malade.
Regardez comparativement le côté droit et le côté gauche.Du
côté atteint, au point atteint, et ce point est très souvent
l’espace semilunaire, vous constalez pendant l’inspiration
une dépression, un retrait actif des espaces intercostaux et
des côtes. Il semble qu’une main intérieure vienne tirer sur
un côté du thorax. Au moment de l’expiration, les côtes se
soulèvent au contraire, reviennent en place passivement par
élasticité. Du côté sain, vous avez au contraire l’expansion
inspiratoire et le retrait expiratoire. D’où une sorte d’alter¬
nance dans les mouvements des deux côtés.
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Un épanchement liquide peut bien être au moment de l’in¬
spiration cause d’une dépression passive. Mais ce qu’il ne
donne jamais, c’est cette dépression active, ce retrait brusque,
cette sorte de traction vers la ligne médiane.
Une variété d’adhérences peut, au contraire, produire un
fait séméiologique curieux et rare, l’agrandissement du tym¬
panisme semilunaire. Ce sont les adhérences en couche mince
qui ont fixé le diaphragme trop haut. On a vu parfois le
diaphragme remonter ainsi jusqu’à la quatrième côte. Le
refoulement du diaphragme par le météorisme abdominal
augmenterait également la zone sonore. Mais ces faits sont
moins importants.
Les faits du premier gr upo ont, eu contraire, pour le dia¬
gnostic des adhérences et de la symphyse phréno-costale,
une importance extrême. Ces adhérences sont fréquentes.
Leur possibilité doit toujours vous préoccuper dans les pleu¬
résies au moment où il faut pratiquer la thoracenthèse. Si
vous méconnaissez ces adhérences, vous risquez de ponc¬
tionner trop bas, là où le liquide, si abondant qu’il soit, ne
peut descendre, la cavité pleurale étant supprimée par l’acco-
lement des feuillets.
Il n’y a pas, quoi qu’on ait pu dire, de point d’élection pour
la thoracentèse. Si vous soupçonnez a fortiori si vous avez
reconnu la présence d’adhérences, il faut ponctionner très
haut. Sinon vous risquez, comme on en a rapporté deux
observations, de traverser avec le trocart la couche unique
formée par la paroi, la plèvre costale et diaphragmatique
fusionnée, le diaphragme, sans trouver le liquide et de péné¬
trer dans l’abdomen. Vous concevez donc l’importance de
l’examen de la partie antérieure du thorax, partie où les
symptômes dus aux adhérences se rencontrent avec le plus
de netteté. D r Jaccoud. — (Gazette des Hôpitaux ).
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VARIÉTÉS
Le choléra. — C’est la grosse préoccupation du jour, il faut bien en
subir 1 obsession. Le sinistre vocable court de bouche en bouche, on
chuchote à voix basse ce nom quasi fatidique : Choléra . Et à propos de
nom, savez-vous la remarque aussi juste qu’ingénieuse faite jadis par
un de nos aimables chroniqueurs, qui regrette tous les jours de ne plus
tenir la plume de journaliste ?
« A tout prendre, a écrit quelque part J Claretie, ce qu’il y a de plus
effrayant dans le choléra, c’est le nom que porte la maladie. Ces sept
lettres réunies, choiera , ont une terrible harmonie imitative... On devrait
toujours donner aux maladies un nom aimable, Anémie est un mot char¬
mant, par exemple. « Il aune anémie, il se meurt d’anémie ! » Cela vous
a un petit air doux, et poétique et attirant... Anévrisme est fort poétique
aussi. Je ne fais point ici de paradoxe, mais il est certain que ce mot tra¬
gique et retentissant choléra , est pour beaucoup dans la frayeur que le
mal inspire.
« Et puis les adjectifs le compliquent encore ! Sporadique qui voudrait
rassurer, ne rassure guère ; et asiatique prend tout aussitôt des aspects et
des proportions fantastiques... Le nom, je le répète, c’est le nom qui est
cause de tout ! Vite qu'on débaptise le choléra, et il perdra de sa puis¬
sance. »
Il n’y a pas à nier que l'effet moral produit par le seul mot de choléra
est considérable. A ce point de vue, l'épithète de diarrhée cholériforme
ou de choléra nostras , imaginée par nos modernes hygiénistes, a plus
fait pour enrayer le fléau que les spécifiques les plus vantés.
On a dit souvent, et avec raison, que le mal de la peur est plus ter¬
rible que le mal lui-même. Quand le choléra envahit pour la première
fois Paris, en 1832, le romantisme agita le spectre noir du monstre (1).
Il n’en fallut pas davantage pour qu’il étendît rapidement ses ravages.
Léon Gozlan avait accueilli ce visiteur de marque avec toute la défé-
renee due à un aussi puissant personnage. On se répétait les alexandrins
du poète avec un frisson, comme on se raconte tout bas, aux veillées de
câmpagne, les exploits de Croquemitaine, ou de Barbe-Bleu :
(1) Piorry avait proposé de désigner le choléra par le mot indiose (poison indien).
Du mot indiose, il faisait indiosémie (altération du sang dans le choléra).
Les lésions gastriques et intestinales devenaient l’indiosigastrie et l’indiosentérie.
Ou nommerait la diarrhée séreuse du choléra, liydrentérorrhée indiosique, et le défaut
de sérum qui en résulte, anhydrémie indiosique.
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Place h ce roi des rois i Car nul ne sait encore
Sur quel étrange autel il prétend qu’on l’adore j
Dans l’univers, un jour, il doit régner tout seul ;
Pour sceptre, il n’a qu’un os ; sa pourpre est un linceul.
Il assassine en grand. De son bras meurtrier,
Comme on tue un seul homme, il tue un peuple entier.
Heureusement en France la gaieté reprend vite ses droits. On organisa
dans Paris la grande cavalcade du choléra, comme plus tard, en 1848,
on chansonna et on caricatura le bacille. Jules Janin, dont les feuilletons
étaient lus avec avidité , traita le choléra comme un mauvais mélo¬
drame de l’Ambigu, et il n’en fallut pas plus pour ramener le calme dans
les esprits.
La peur du choléra s’explique en partie par le souvenir des récits dra¬
matiques qu’ont faits de la première épidémie, qui fut si meurtrière,
ceux qui en furent les témoins On n’a pas oublié le tableau qu'en a tracé
Eugène Süe dans le Juif Errant , et Victor Hugo dans les Châtiments.
Dans l’ouvrage, si populaire à son époque, d’Eugène Süe, le Juif
errant, condamné par Jésus-Christ à marcher sans cesse, sème le mal sur
son passage. Il en est atteint à son tour, mais il guérit, parce qu’il faut
qu'il vive jusqu’au dénouement.
De même on voit Hugo évoquer les microbes...
Que l’œil du microscope avec effroi regarde,
et faire une description imaginée de cette armée d’animalcules :
L’obscure légion des hydres invisibles
L’inflniment petit rempli d’ailes horribles,
L’insecte, l’âpre essaim de moucherons tenant
Dans un souffle et qui fait trembler un continent...
La période est d’un réalisme frissonnant.
L’influence pyschologique est tellement reconnue en ce qui concerne
le choléra, qu’elle a été officiellement constatée parles corps savants. Le
13 mars, M. Martin Solon, rapporteur de la commission du choléra à
l’Académie de médecine, lisait son travail, qui consistait en une instruc¬
tion populaire sur les précautions à prendre contre l’invasion du mal, sur
ses premiers symptômes et sur les premiers soins à donner à ceux qui
en étaient atteints.
Ceci nous amène à dire un mot de l’histoire du choléra, qui est restée
obscure dans la plupart des ouvrages classiques.
Et d’abord le mot lui-même de choléra, d'où dérive-t-il ? Selon les uns*
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du mot grecycXy], bile ; selon d’autres, de yoktpv. qui signifie, dans cette
même langue, gouttière. Le grec yoXspa, d’après des philologues plus re¬
tors, serait d’importation étrangère, probablement phénicienne. En effet,
si l’étymologie était grecque, le mot ne pourrait venir que de yoXvî.
la bile, et de ozm, couler ; d’où flux de labile. Oui, mais les grecs au¬
raient dit yoX'ppotff et non y^cXsoa (1), comme ils disent hémorrboïs, qui
signifie flux de sang.La formule ?a n’a jamais désigné en grec écoulement.
L’hébreu, dialecte très voisin du phénicien, fournit au contraire le
mot composé choli-ra.
Ce qui semblerait confirmer cette hypothèse, c’est que le choléra est¬
ime maladie biblique.
La plus ancienne mention du choléra se trouve en deux endroits de
YEcclèsiaste (2).
On retrouve le nom de choléra chez quelques-uns des plus célèbres
médecins de l’antiquité, soit dans la langue des Grecs à laquelle il ap¬
partient originairement, soit dans celle des Romains qui l’empruntèrent
aux Grecs. Il désigne une maladie biliaire, dont l’estomac et les intestins
sont le siège, qui est caractérisée principalement par des tranchées, des
vomissements, des déjections alvines, et souvent par des contractions
involontaires des membres.
Hippocrate fait mention d’un cas qu’il a observé et qu’il décrit avec
tout son cortège de symptômes (3).
Le mot choléra, se trouve pareillement dans Celse (4) avec sa significa¬
tion actuelle. L’auteur latin n’oublie ni les vomissements,ni les déjections
blanches , ainsi que la soif ardente, la diminution de la sécrétion uri¬
naire, les crampes des membres.
Arétée de Cappadoce insiste de préférence sur les tiraillements épigas
triques, le spasme vésical, la voix éteinte, la petitesse et la fréquence du
pouls (5).
D'après Coelius Àurelianus, le choléra .se déclare par un vomissement
d’aliments à moitié digérés et de bile jaune, verdâtre, parfois noire. Par-
foi» le malade évacue une matière semblable à de la lavure de chair «Lî>
(1) On appelle le choléra dans l’Inde mordechi , d’où on a fait mort, de chien. Les Ara¬
bes le nomment El ïlaoua, le vent, prétendant désigner par là sa propagation atmos¬
phérique, dont on ne peut pas plus se défendre que d’une balle dans une bataille. (Littré
Du choléra oriental. 1832.)
(2) Cap. XXXX1I, 32-33 ; Cap. XXXI, 22-23.
(3) Cinquième livre des Epidémies. De morbù popul ., lib, 28.
(4) Livre IV, cltap. XI.
(5) Cité par Littré : Du. choléra indien , 118.
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chaleur épigastrique et la soif sont intolérables ; la respiration est courte
et fréquente; les membres sont livrés à des contractions involontaires (1).»
Diogène le Cynique mourut du choléra à Corinthe pour avoir mangé
du pied de bœuf cru, au dire de Diogène de Laërte.
Au xvi e siècle seulement on commence à observer le choléra épidémi¬
que. L’historien Mèzerai* (2) rapporte que la colique appelée trousse-
galant parut en France en 1528, et y régna jusqu'en 1531, précédant de
quelques mois une peste effroyable qui décima la France.
Lazare Rivière nous a laissé le récit de l’épidémie de choléra qui sévit
à Nîmes en 1645. Son « Observation » est d’une précision qui ne laisse
aucun doute sur la nature de l’affection.
«L’an, si je ne me trompe, 1645, écrit-il, avant que la peste fût à
Nîmes, courut cette maladie appelée choléra, tuant beaucoup de malades
dans quatre jours ; toutefois ceux qui demandaient du secours dès le dé¬
but échappaient presque tous par cctto méthode. Les malades buvaient
peu, on leur donnait de la gelée de coings, on frictionnait les membres
avec des aromates. On faisait des embrocations d’huile de camomille
chaude. On appliquait des épithèmes aromatiques sur l’épigastre. On ad.
ministrait des cordiaux, des opiats astringents, la rhubarbe et des clys-
tères fortifiants (3). »
Il est vraisemblable que le choléra régna au moins à l’état endémique
pendant toute la durée du grand siècle. Ainsi l’attestent certain passage
des Dialogues de la sa?ité (4), de Frèmont d’Ablancourt et aussi telle pièce
du théâtre italien, Y Arlequin Phaéton, qui nous donne, sous une forme
comique, les symptômes du cruel fléau.
Gui Patin, qu’il faut toujours consulter, comme le chroniqueur le mieux
informé de son temps, en touche un mot dans une de ses Lettres (5) :
« Nous avons ici, écrit-il, un médecin fort malade, âgé de 72 ans : c'est
M. Jacques Thévart, dit le Camus.
Il est un des médecins qui servent à l’Hôtel-Dieu, il a un cholèra-
morbus , autrement trousse galant , dont il faillit bien mourir, et quoi
(1) Lib. III, cap. XVIII. De Acutis morbii.
(2) Ozanam. Muladi s épidémiques , t. II. 239.
(3) Ozanam, loc f oit.
(4) Voici le passage auquel nous faisons allusion : « Si les médecins, qui fouillent
partout, s'aperçoivent qu’il soit mêlé dans 110 s affaires, ils me tiendront atteint d’un
choléra-niorbus (aie), et il n’en faudra pas davantage pour les forcer à faire de moi en
un moment une boutique d’apothicaire. » (Dialogue I, p. 15 des Dialogues do la santé,
Paris, 1683. in-8 f >.)
(5) 1X1 septembre 1670, édit, de la Haye, 1715.
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qu’il en arrive, il est fort censé de croire qu’il n’ira pas loin. De notre
Licence, il n’y a plus que lui, Morisset et moi. »
Comme on le voit, la maladie s’attaquait indistinctement à tout le
monde. Les dames du plus haut lignage n’étaient pas plus épargnées que
les plus sortides loqueteux (1).
Madame la duchesse d’Arpajon, nous conte le marquis de Sourches
dans ses mémoires, fut assez malade d’un choléra morbus , elle eut la
chance d’en réchapper, mais il n’en allait pas toujours ainsi. Dans le
même temps, toutefois, un directeur des Carmélites, du nom de Coquerel,
bien que très gravement atteint, s’en sortit aussi heureusement.
Ce fut sans doute un gros événement que cette guérison, puisque la
Muse historique du gazetier Loret, alla jusqu’à interrompre la description
des grandes fêtes données en octobre 1656, pour en instruire le public.
Et quoique le mal fût mortel
Son bonheur cependant fut tel...
Qu’il en eut, pour cette fois, la vie sauve. Les cures devaient être rares,
pour qu’on crût devoir les annoncer à si grand fracas !
Si ces preuves, du domaine littéraire, n’arrivaient pas à convaincre
que le choléra a existé en tout temps, nous pourrions vous renvoyer à
l’excellente description qu’a laissée Sydenham de l’épidémie du choléra,
qui régna en Angleterrede 1669 à 1672. Legrand clinicien en fut attaqué
lui-même au moment où il était affligé de la goutte, et il y succomba.
« L’épidémie arrive, dit-il, presque aussi constamment sur la fin de
Tété et aux approches de l’automne que les hirondelles au commencement
du printemps et le coucou vers le milieu de l’été.
« Ce mal se connaît aisément par des vomissements énormes et p-ir
une déjection d’humeurs corrompues, qui se fait par les selles avec beau¬
coup de peines et de difficulté. Il est accompagné de violentes douleurs
d’entrailles, d’un gonflement et d’une tension de ventre, de cardialgie, de
soif, d’un pouls fréquent, avec chaleur et anxiété, et assez souvent d’un
(1) Bien que le choléra sévisse surtout dans la classe des miséreux, aucune catégorie
sociale n’est à l’abri de la maladie.
Eu 1819, succombe aux atteintes du mal indien le nabab de Carnatie ; en 1822, le
prince royal de Perse ; en 1827, sir Thomas Munro, gouverneur de Madras.
Lors de l’épidémie de 1830-1831, on voit successivement mourir le gouverneur d’As-
trakan, le grand-duc Constantin, le général Lamarque et Casimir Périer.
En 1849, le maréchal Bugeaud, que les balles avaient tant de fois épargné, est à son
tour mortellement frappé.
L’amiral Bruat,. en 1855, la reine-mère de Bavière, l’année d’auparavant, payent
leur tribut au minotaure asiatique.
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189 —
pouls petit et inégal, de cruelles nausées et quelquefois de sueurs colli-
quatives, de contractions dans les bras et dans les jambes, de défail¬
lance, de froideur des extrémités, et d’autres semblables symptômes qui
épouvantent extrêmement les assistants, et tuent souvent le malade en
vingt-quatre heures ».
Durant tout le cours des années suivantes 1670, 71 et 72, la même
épidémie régna à Londres, mais elle présentait plutôt les symptômes de
l’entérite chronique. Outre le laudanum dont on faisait un fréquent usage,
on conseillait la saignée, et une saignée généreuse, ou des cathartiques.
Le régime était réfrigérant et se composait de crème d’orge, de panade
ensuite un peu de poulet ou de poisson. La boisson ordinaire était de la
bière légère ou du lait coupé avec de l'eau. On ordonnait aux gens riches
l’équitation pour rappeler les forces (1).
En Allemagne, en Suisse, on a pareillement observé des coliques épi¬
démiques, vers la fin du xvn 0 siècle.
Un choléra morbus débuta brusquement à Paris en juillet 1750 et
devint bientôt épidémique. La malade, qui avait quelque analogie avec
la colique hépatique, ressemblait plutôt à la colique du Poitou par la
crampe et l’engourdissement des extrémités inférieures (2).
A signaler encore une épidémie locale qui se déclara à Fougères, en
Bretagne, en 1779, attaquant de préférence les paysans et les prisonniers
anglais détenus dans le château.
On peut dire toutefois, que le choléra est généralementrestéen Europe
à l’état sporadique. Dans les contrées asiatiques, au contraire, il a existé
de toute antiquité.
Les ouvrages sanscrits, notamment un livre traduit et résumé en 1845
par le D r Wise, directeur du service médical au Bengale, contiennent
une description des plus nettes du choléra.
Le document le plus curieux, d’après le D r Papillon (3), est une
inscription relevée à Vizzianuggur par M. Sanderson sur un monolithe
qui fait partie des ruines d’un ancien temple.
Cette inscription, attribuée à un disciple de Bouddha et qui paraît
(1) Ozanam, toc. cü.. 242. On sait que les Kalmouks, dès la première atteinte de
choléra, montent à cüeval et galopent jusqu'à ce que leurs montures ne puissent plus les
porter. Un journaliste de Moscou ayant entendu parler de cette singulière médication,
en aurait fait récemment l’essai personnel, et s’en serait très bien trouvé. An dire des
journaux russes, M. Guilarowsky ayant ressenti les premiers symptômes du choléra
aurait fait à cheval une course à fond de train u’euviron dix vers tes soit 111 kilomètres
sur l’iiippodrome de Moscou. Descendu de sa monture, il se serait trouvé guéri.
(2) Ozanam, loc. cit., 245.
(3) Revue des Deux Mondes , 1873.
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— 190 —
dater d’une époque antérieure à la conquête d’Alexandre, dit ce qui suit :
« Les lèvres bleues, la face amaigrie, les yeux caves, le ventre noueux,
les membres contractés et crispés, comme par l’effet du feu caractérisent
le choléra , qui descend, par la maligne conjuration des prêtres, pour
détruire les braves. La,respiration épaisse adhère à la face du guerrier,
ses doigts sont tordus en différents sens et contractés, il meurt dans les
contorsions, victime de la colère de Siva. » D'autres livres hindous ou
persans de date plus récente renferment des documents analogues
Jacob Bontius est le premier médecin européen qui ait parlé, il y a
près de trois cents ans, du choléra de l’Inde dans son ouvrage Medicina
Indorum (cap. VI). On employait, dit-il, des boissons astringentes, et
surtout le suc du fruit du billigbing, sorte de myrobolan que l’auteur
décrit avec soin, ainsi que du sirop de cresson (1).
Les Chinois l’avaient observé dans le Céleste Empire, au temps où
vivait Hippocrate. Ils l’appelaient Hô-louân.
Ce fut en juin 1817 que le choléra épidémique fondit sur la presqu’île
du Gange. Il débuta dans undistrict.de l’Inde à Zilla Jessore, ville située
à cent milles au nord-ouest de Calcutta, le 9 août de la même année. Le
docteur anglais qui vit le premier malade atteint de choléra, le crut
empoisonné. On attribua généralement la nouvelle affection à l’intempérie
des saisons et à la mauvaise qualité du riz.
Vers la fin d’août 1821, la maladie éclate à Bagdad. « On vit des
voyageurs en marche tomber tout à coup et expirer sur-le-champ, comme
frappés de la foudre sans avoir le temps de proférer une seule plainte.
« On vit des ouvriers périr les outils à la main, des laboureurs à la
charrue et des brainines assis, récitant leur chapelet (2). »
On sait, ceci est de l’histoire moderne, comment le choléra pénétra en
Europe par Astrakan le 31 juillet 1830, puis, l'année suivante, franchit
le Rhin pour se porter en Angleterre et brusquement débarqua en France
par Calais.
. il se manifesta à Paris le 27 mars, et dura jusqu’en août, aprèi avoir
fait près de 27,000 victimes ! 30 médecins en turent atteints, 18 y succom ¬
bèrent (3).
Calais et Lille servent encore de portes d’entrée au choléra en 1848.
Les premiers mois de 1849, on le signale à Dieppe, Fécamp, Rouen et
Paris.
(1) Ozanara, loc. cit., 255.
(2) Ozanam, loc . cit., 261.
(3 1 Ozanam, loc. cit ., 261.
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191
Nouvelle épidémie en 1853. Nos troupes expéditionnaires qui campent
en Crimée sont très éprouvées par le tléau.
Le choléra nous fait une nouvelle visite en 1865. Il débute cette an-
née-là à Marseille, ravage la Provence, tout le Midi, et est observé à
Paris au mois de septembre.
En juillet 1866, on annonce sa soudaine apparition à Amiens, et bien¬
tôt on le voit regagner Paris, où il élit domicile jusqu’en janvier 1867.
Plus près de nous, nous nous contenterons de noter les épidémies de
1873, de 1884-1885, et enfin l’épidémie actuelle. D r Quercy. — {France
médicale.)
*
* *
La consultation des hôpitaux. — Voici, d’après M. Juhel-Renoy,
comment se fait la consultation dans les hôpitaux de Pans et nous ajou¬
tons,comment elle se fait dans plusieurs services des hôpitaux de Bruxelles
(il y a d’heureuses exceptions, surtout dans les services spéciaux) avec
cette différence aggravante en plus qu’ici les internes sont des étudiants
de première ou de deuxième année de doctorat, tandis qu’à Paris ce sont
des médecins ou au moins des praticiens qui ont accompli leurs trois
années de doctorat.
« Ce que sont la plupart des consultations de nos grands hôpitaux,
chacun le sait. Le jour où le titulaire du service est de « consultation »
on voit passer par les salles une série plus ou moins longue de tabliers
blancs qui s’arrête hâtive devant quelques lits, ceux occupés par les
malades « intéressants », ou moribonds; puis le flot dévale par les esca¬
liers, corridors, s’engouffre dans l’étroite salle de consultation, tandis
que piétinent depuis une heure ou deux, 50 ou 60 malades, quelquefois
100, de l’autre côté de la porte. Le chef de service, — quand quelques
clients urgents de la ville ou de la province ne l’attendent pas, — s’as¬
seoit. En vingt minutes, la sélection des malades qu’il veut recevoir dans
son service est chose faite, il se lève, serre la main de son interne et lui
confie... la consultation. A son tour, Pinterne occupe le fauteuil du con¬
sultant, tâte le pouls, fait tirer la langue des divers malades qui défilent
devant lui, dévêt incomplètement ceux qui lui semblent fébriles, les aus¬
culte de sa meilleure oreille, — mais combien hâtive et quelquefois insuf¬
fisamment expérimentée! — puis dicte une prescription appropriée au
sujet. Quand, durant une heure, il a fait ce simulacre de consultation, 25
ou 30 malades lui sont passés sous les yeux, — 2 minutes par tête, —
puis, comme les forces humaines sont limitées, il va déjeuner et confie le
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— 192 —
« reste » aux externes, stagiaires, bénévoles de bonne volonté. Ce qu’est
cette « fin de consultation » je le laisse à penser. Ce sont les ordonnances
« faites d’avance», distribuées « au petit bonheur» pat* des jeunes gens
que leurs études n’ont pu rompre encore aux difficultés de la thérapeu¬
tique, ignorant le plus souvent même la posologie la plus élémentaire.
Ils s’en tirent avec un « bon de bains ou de douches», cela dépend de la
saison, une pilule narcotique, un purgatif léger, et après une demi-heure
de cet exercice, ils se sauvent à leurs pensions manger un déjeuner frojd, •
convaincus qu’ils ont fait un service effectif. Je ne sais si l'on me taxera
d’exagération, mais je répète que je ne crois pas calomnier unegranie
partie du corps des hôpitaux en disant tout haut ce qui se fait beaucoup
et depuis longtemps. C’est une question que j’ai assez souvent agitée avec
tels ou tels de mes collègues ou maîtres. Or entre soi on avoue que le
service est peu ou mal fait, mais, — et c’est là qu’est la beauté de l’en¬
quête, — qu’on nous assemble pour faire en commun notre meâ culpâ ,
pour essayer de remédier à un tel état de choses, aussitôt tout le monde
de protester de son zèle, de dire tout haut que le service de la consultation
est suffisant, bref, qu’il n’y a qu’à laisser en l’état la question.
« Au résumé, le service de la consultation est mal fait ; — il n’en sau¬
rait être autrement — l’administration ne l’ignore pas; malgré tout,
beaucoup de médicins des hôpitaux s’opposent à ce qu’on touche à leur
consultation. » (Presse medicale belge.)
SOMMAIRE
La phtisie aiguë, par le D r Martiny .161
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le LFLambreghts, fils, d’Anvers.167
L’homœopathie dans la médecine officielle. — Tra¬
duction du D r Chevalier, de Charleroi. . . . 172
Des métastases du psoriasis, par le D r Martiny. . . 174
Séméiologie de la pleurésie, adhérences pleurales et
thoracenthèse.180
Variétés.'.184
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
19 e Année OCTOBRE 1892 N° 7
LA MÉDECINE PALLIATIVE
Les rubéfiants, les vêsicants, les émollients, etc.
par le D r Martin y
Nous nous proposons de vous entretenir aujourd’hui des
applications externes ‘.rubéfiants, vêsicants, émollients, pom¬
mades, liquides médicamenteux, frictions, etc.
Les premiers homœopathes avaient complètement renoncé
à l’emploi de ces moyens ; ils prétendaient même qu’un grand
nombre étaient nuisibles, que tous étaient inutiles ; cet exclu¬
sivisme ne fut pas de longue durée; certains moyens exter¬
nes rendent réellement des services, et s’ils n’agissent pas
souvent comme moyens curatifs directs, ils soulagent très
fréquemment. Depuis longtemps déjà les médecins homœopa¬
thes ont parfois recours aux moyens externes ; plus per¬
sonne, croyons-nous, ne les rejette d’une façon absolue.
Nous pouvons diviser les moyens externes en deux grandes
catégories : ceux qui produisent une action médicamenteuse
proprement dite et ceux qui jouent un rôle moins profond' et
en quelque sorte mécanique; dans les premiers il y a absorp¬
tion plus ou moins prononcée du médicament qu’ils renfer¬
ment ; dans les autres l’effet est purement local et externe ;
pour choisir des exemples, à la première catégorie se ratta¬
chent les applications de teinture d’iode, à la seconde les
lotions, les cataplasmes et même les bains de pieds.
Rien ne s’oppose, cela va sans dire, à l’emploi des moyens
de la deuxième catégorie ; les cataplasmes, les applications
d’eau froide et d'eau chaude, les pédiluves, les maniluves,
etc., etc., qui sont d'un usage vulgaire, soulagent souvent et
n’ont jamais été nuisibles à personne.
Les frictions sèches, les frictions humides avec des liquides
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— 194 ^
simplement stimulants ou très peu irritants, à l'alcool, etc.,
peuvent rendre des services. Il en est de même des topiques
chauds, sables chauds, flanelles chaudes, etc.
Le massage peut également être d’une grande utilité; mais
il a des indications spéciales.
Enfin, l’hydrothérapie simple, sous forme de lotions et de
compresses, rentre un peu dans cette catégorie, mais les
grandes manœuvres hydrothérapiques remuent profondément
l’organisme : leur emploi doit être surveillé de près et leurs
indications bien définies.
Nous employons donc sans arrière pensée aucune tous ces
moyens externes n’introduisant pas dans l’organisme des
principes médicamenteux qui peuvent jouer un rôle plus ou
moins fâcheux dont on ne se doute pas toujours : il y a
quelques années, M. le docteur Jules Simon constatait qu’un
certain nombre d’enfants de son service présentaient de
l'albumine dans les urines; après quelques recherches il ne
fut pas peu étonné de découvrir que ce symptôme survenait
chez les enfantsauxquels on faisait des applications externes de
teinture d’iode ; le fait a été contrôléun grand nombre de fois.
Au sujet de l’absorption des médicaments par la peau,
nous avons lu avec le plus vif intérêt la relation d’expériences
qui ont été faites et publiées l’année dernière par deux vété¬
rinaires d’Altfort. Après avoir soigneusement rasé le sommet
de la tête chez des chiens et s’être assuré qu’il n’y avait
aucune solution de continuité dans l’épiderme, ils ont fait des
applications de pommades avec de la strychnine et de l’atro¬
pine, deux substances capables de produire des symptômes
non équivoques de leur action et de leur absorption. Ces mes¬
sieurs ont constaté : 1° que la dose employée extérieurement
devait être environ 200 fois plus forte pour produire le même
effet que la dose administrée à l’intérieur ; 2° à leur grand
étonnement ils ont découvert que, lorsque les médicaments
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étaient incorporés dans de la vaseline, il n’y avait aucune
absorption médicamenteuse, tandis que cette absorption avait
toujours lieu quand la pommade était à base d’axonge. Ceci
est bon à retenjr, car depuis quelques années on a pris
l’habitude de remplacer les corps gras par de la vaseline.
Il y a donc une absorption réelle des remèdes par la
peau, et l’emploi des pommades médicamenteuses en usage
depuis si longtemps dans la pratique médicale est bien justi¬
fié ; tous les médecins ont constaté leurs bons effets dans
un grand nombre d’affections ; pourtant ils étaient loin
de se douter de l’exiguïté de la dose administrée ainsi à
leurs malades : ils faisaient de l’homœopathie inconsciente;
la dose est très minime et le médicament contenu dans la
pommade est réellement tamisé en passant par les pores de
la peau,et divisé à la façon de nos préparations et triturations
homœopathiques. Au fond, c’est l’emploi déguisé de nos doses
infinitésimales.
Il va sans dire qu’une si minime absorption exige un état
intact de la surface cutanée ; si celle-ci est irritée préalable¬
ment ou si le topique est lui-même très irritant, l’absorption
médicamenteuse sera plus prononcée ; quand il y a ulcéra¬
tion maladive ou artificielle de la peau, le médicament doit
pénétrer plus complètement dans l’économie.
Vous voyez déjà les conséquences que nous, médecins
homœopathes, devons tirer de ce qui précède ; quand nous
emploierons des pommades nous ne devrons, règle générale,
les composer qu’avec des médicaments plus ou moins indi¬
qués par la loi des semblables ; si nous prescrivons, par
exemple, une pommade belladonée dans la péritonite, nous
faisons en réalité une prescription homœopathique ; l’onguent
mercuriel simplement enduit sur le ventre pourrait même,
jusqu’à un certain point, être autorisé dans la même affec¬
tion. Mais pourtant il ne doit pas être accompagné de
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— 196 —
frictions, sans quoi la dose absorbée serait trop forte. Il en
serait de même si la peau était irritée antérieurement ; vous
savez probablement que les frictions à l’onguent napolitain
ont regagné beaucoup de faveur chez nos confrères allo¬
pathes dans le traitement des accidents primitifs de la
syphilis, et pourtant ces messieurs savent parfaitement que
ces frictions produisent, avec la plus grande fréquence, la
gingivite et la salivation hydrargyrique ; mais cette façon
d’administrer le mercure est considérée parla plupart d’entre
eux comme la plus efficace pour guérir la vérole. Ici encore
nous pouvons faire deux observations : d’abord la dose
absorbée doit être.minime, et ensuite, grâce à son passage
au travers de la peau et à la longue trituration qu’exige la
préparation de l’onguent gris,le mercure pénètre excessive¬
ment divisé dans la trame des tissus.
Nous pourrions ainsi multiplier les exemples pour faire tou¬
cher du doigt les rapports de'la médication topique externe
avec l’homoeopathie et les petites doses, mais chacun pourra
facilement s’en rendre compte à Toccasion, et tirer les con¬
clusions que les faits comportent.
Quand nous emploierons un remède externe, nous devrons
nous demander d’abord si la substance qu’il contient est indi¬
quée par notre grande loi thérapeutique ; ensuite, si la dose
pouvant être absorbée n’est pas trop forte, ce qui doit être le
cas lorsque la peau s’irrite sous l’influence du topique ou
lorsqu’elle est déjà irritée préalablement.
Un grand nombre de topiques fréquemment usités dans l’an¬
cienne école sont des irritants, des rubéfiants et des vésicants
de l’enveloppe externe. Si on prolonge ou si on renouvelle
trop leur emploi, si on les applique sur une trop large surface,
il est indubitable que leur absorption et leur action seront
d’autant plus fortes. Il faut toujours en tenir note.
Les révulsifs irritants jouent un grand rôle dans le traite-
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— 197 —
ment habituel des affections douloureuses externes ; l’emploi
des sinapismes, par exemple, est d’un usage vulgaire dans
les douleurs , névralgiques et rhumatoïdes ; dans beaucoup
de circonstances, ils produisent du soulagement. On a expli¬
qué ce fait en déclarant que c’est la douleur artificielle qui
annihile la douleur maladive. C’est au fond la médication
substitutive appelée franchement médication homœopathi -
que par Trousseau et Pidoux dans la première édition de leur
Traité de thérapeutique . Ce titre subversif a été remplacé
par médication substitutive dans les éditions suivantes.
Il y a quelques années encore on faisait facilement alors
intervenir l’action des vaso-moteurs ; c’était à l’époque où la
théorie des vaso-moteurs battait son plein. Aujourd’hui il
n’est plus de mode de les mettre en cause ; au fond, le sou¬
lagement que produisent parfois les irritants externes est le
corollaire de notre grande loi : guérir le mal par un mal
semblable.
Nous ne devons donc pas négliger ces moyens souvent
utiles, bien entendu lorsque le remède employé n’est pas un
médicament à action profonde ni prolongée ; rien ne nous
empêche, par exemple, d’employer la moutarde, les frictions
alcoolisées, les frictions ammoniaquées, voire même les fric¬
tions chloroformées, le chloroforme dilué étant peu irritant
et n’ayant en même temps qu’une action interne très fugace.
Mais soyons plus prudents lorsqu’il s’agit, par exemple,
d’une friction avec un liniment cocaïné, car la cocaïne a une
action très profonde, de plus longue durée qu’on ne pense,
et certains sujets y sont fort susceptibles.
Enfin, il nous arrive quelquefois d’employer, un peu empi¬
riquement, c’est vrai, des pommades, des liniments contenant
des médicaments calmants proprement dits parmi lesquels
se distinguent surtout les opiacés, le laudanum, l’extrait
thébaïque, le chlorhydrate de morphine.
9
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— 198 —
Ces moyens soulagent fréquemment, comme soulagent les
mêmes substances prises à l’intérieur. Ici ce n’est plus de
la médecine curative, c'est de la médecine palliative propre¬
ment dite, et nous renvoyons à ce propos à ce que nous avons
dit au sujet de la médecine calmante dans nos précédentes
séances. C’est toujours un pis-aller qu’il ne faut mettre en
usage que lorsqu’on ne peut pas agir autrement.
Un goutteux, par exemple,’ qui a des douleurs atroces
dans une articulation, sentira son mal engourdi sous l’in¬
fluence d’application d’une pommade opiacée et belladonée.
Nous y incorporons même fréquemment quelques gouttes de
teinture de colchique ; la belladone , du reste, et le colchi¬
que sont indiqués dans les accès arthritiques.
Disons maintenant un mot de la médication vésicante en
tête de laquelle se trouve l’emplâtre de cantharides. On a
déjà beaucoup écrit et discuté sur la valeur et l’action des
vésicatoires ; dernièrement encore, à propos d’une sorte
d’enquête chez les médecins les plus en renom de Paris sur
le traitement de la pleurésie et de la pneumonie, le vésica¬
toire a été fortement battu en brèche par un grand nombre
et assez mollement défendu par ceux qui remploient habituel¬
lement.
Ce n’est pas ici le moment de revenir sur tout ce qui a
été dit au sujet du vésicatoire. Il est un fait absolument
hors de doute, c’est que la cantharide est absorbée en plus
ou moins grande quantité pendant l’action vésicante, qu’elle
agit fréquemment sur les organes génito-urinaires ; on a
même pris pour habitude de saupoudrer de camphre les
vésicatoires pour essayer de mitiger cet efiet.La cantharide
est un médicament à action profonde, n’agissant pas seule¬
ment sur les organes génito-urinaires, mais aussi sur l’en¬
semble de l’économie et notamment sur la poitrine et les
bronches.
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Notre confrère Criquelion et moi, avons très bien connu à
Ath le pharmacien L qui n’osait plus manipuler les can¬
tharides ni préparer un vésicatoire sans être atteint, peu de
temps après, d’un catarrhe général des voies respiratoires
avec fièvre, abattement et anorexie.
Pendant quelque temps il se bornait à découper le vésica¬
toire préparé d’avance, mais bientôt il s’aperçut qu’il lui
suffisait d'ouvrir l’étui pour sentir, peu d’heures après, les
premières atteintes de son catarrhe pharyngo-bronchique,
de sorte que chaque fois qu’un vésicatoire était prescrit
c’était son aide qui le délivrait.
Du reste, Messieurs, lisez la pathogénésie de la cantharide
et vous verrez combien sont nombreux et variés les symptô¬
mes thoraciques de ce médicament. Ce qui précède fait com¬
prendre comment il arrive qu’un vésicatoire produit parfois,
plus rarement qu’on ne le croit, de bons résultats dans cer¬
taines affections de poitrine. La cantharide agit alors en
vertu de la grande loi des semblables.
Il y a pourtant certaines circonstances où le vésicatoire
produit de bons effets dans les affections douloureuses, dans
certaines douleurs rhumatismales, dans certaines névralgies.
C’est probablement par suite de l’irritation substitutive .
Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il y a presque toujours
une absorption et, dans ces conditions, mieux vaut avoir
recours à des vésicants dont la substance active a des effets
moins profonds ; du reste, si vous parcourez les traités de
thérapeutique classiques, vous y verrez que l’emploi du vési¬
catoire doit être accompagné de précautions; la plupart de
ceux qui en sont partisans ne l’ordonnent guère dans la pé¬
riode aiguë de la maladie, d’autres ne le laissent séjourner
que fort peu de temps, etc., etc.
Mais le vésicatoire est malheureusement fort fréquemment
mis en usage parce que c’est un moyen qui frappe les assis-
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— 200 -
tants ; ils voient son action locale et s’imaginent que l’arri¬
vée de la sérosité dans l’ampoule vésicatoriale doit produire
un puissant effet sur les organes internes. Je pourrais vous
citer à ce sujet de nombreux et singuliers aveux de médecins
allopathes ayant fini par abandonner les vésicatoires après
en avoir été de chauds partisans.
Terminons ce que nous avons à dire au sujet de la mé¬
thode révulsive externe par quelques considérations sur les
révulsifs à action profonde et surtout de longue durée : les
sétons, les moxas et les cautères.
Disons d’abord que nous ne les répudions pas complète¬
ment ; nous avons déjà vu de bons effets obtenus par ces
moyens : un certain nombre de personnes dont la santé était
troublée, voient leur état s’améliorer sous l’influence d’une
suppuration artificielle peu étendue du côté de la peau ; tout
au début de notre carrière médicale, alors que nous étions
interne, nous avons eu l’occasion d’observer le cas suivant :
Un jeune milicien, à l’hôpital militaire de Liège, était
atteint d’une hypertrophie du cœur avec battements violents
et précipités ; après avoir essayé sans succès de différents
moyens internes, le médecin principal me fit appliquer un
séton a la région précordiale ; le lendemain déjà les batte¬
ments avaient diminué ; il en était ainsi aussi longtemps que
le séton était maintenu ; à plusieurs reprises nous l’avons
enlevé, et du moment que la suppuration tarissait, les bat¬
tements reprenaient de plus belle. Finalement, le malade dut
être réformé, et il partit avec son séton en pleine activité.
Nous n’avons jamais perdu ce fait de vue et depuis lors,
chaque fois que certains malades nous ont demandé notre avis
au sujet de l’opportunité d’un cautère, nous n’avons pas irré¬
vocablement condamné ce moyen : parmi nos clients âgés
nous en connaissons quelques-uns qui sont porteurs de cau¬
tères et chaque fois qu’ils ont voulu les supprimer ils ont
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— 201 —
derechef éprouvé les incommodités de jadis ; tel voyait
revenir ses accès d’asthme d’antan, tel reprenait ses névral¬
gies, un troisième regagnait des troubles digestifs quand son
cautère était moins actif, etc. N’allez pas croire que nous
sommes d’avis que les affections chroniques en général sont
améliorées par des suppurations artificiellement entretenues;
la plupart résisteront aux révulsifs les plus variés, et l’on ne
doit pas perdre de vue que toute suppuration est une cause
d’affaiblissement, mais il y a des cas ou les suppurations de¬
viennent des « exutoires naturels » qui soulagent et amènent
une réelle amélioration ; en qualifiant de naturels ces sortes
d’exutoires je ne fais qu’employer un terme passé dans le
langage des cliniciens : des suppurations habituelles, des
écoulements considérés justement comme pathologiques ces¬
sent chez certains sujets, lorsque la santé générale se trouble;
tel qui mouchait abondamment avait vu la sécrétion nasale
se tarir ; tel autre qui transpirait habituellement des pieds
avait constaté que cette sécrétion était arrêtée ; une troisième
atteinte de leucorrhée n’en constatait plus depuis que diffé¬
rents malaises étaient survenus, etc. Enfin tous les cliniciens
savent que, lorsque certaines affections cutanées, un petit
eczéma, quelques plaques de psoriasis, un acné habituel,
viennent à disparaître, il survient fréquemment des affections
internes variées : asthmes, bronchites chroniques, affections
du foie avec induration, entérites, catarrhes, etc., et paiffois
même des affections ayant un caractère malin. Lorsque,
sous l’influence d’un traitement approprié et d’une amélio¬
ration générale des forces, l’affection cutanée reparaît, on
est tout étonné de voir revenir très souvent la santé chez
ces malades. Eh bien, il n’est pas impossible d’admettre qu’un
révulsif appliqué et entretenu dans certaines conditions
puisse, dans l’occurence, hâter et entretenir ce travail vers
la peau : nous nous rappelons parfaitement avoir vu de$
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— 202 —
cautères anciens entourés d’une auréole eczémateuse ou pso-
riasi(jue. Nous avons aussi constaté des cautères qu’on avait
cessé d’entretenir, et qui étaient remplacés par une dartre
sèche ou humide persistant malgré la cessation de tout
moyen irritant. Il est donc possible, probable même, que cer¬
tains révulsifs, appliqués à un moment favorable, viennent
en aide à un traitement général bien dirigé.
Ces révulsifs chroniques font du reste partie de la tradition
médicale ; depuis longtemps les auteurs en ont vanté les bons
effets ; les vétérinaires font encore fréquemment usage de
sétons et obtiennent des résultats favorables.
Comme je le disais dernièrement, il ne faut pas faire fi de
la tradition médicale. Un grand nombre de moyens mis en
usage par les anciens cliniciens, les tisanes, par exemple,
jouaient un rôle dans leur traitement : on a trop dédaigné ces
enseignëments de la clinique, surtout depuis que l’on s’est
habitué à employer des doses fortes ; les tisanes, les élec-
tuaires, les robs, les oxymels d’autrefois n’étaient, en réalité,
que des médicaments comparables, à tous les points de vue,
à nos dilutions basses.
Loin de nous pourtant l’idée de rejeter tous les médica¬
ments nouveaux introduits récemment en médecine (1), mais
il faut avouer que ceux qui ont suivi de près le mouvement
thérapeutique de ces dix dernières, années ont vu s’effondrer
dans l’oubli un grand nombre de substances médicamenteuses
ayant eu une vogue incroyable, pendant un an ou deux !
C’est le cas de répéter avec je ne sais plus quel médecin :
«Hâtons-nous d’administrer ce remède,pendant qu’il guérit ».
D r Martiny
(1) L'antipyrine, par exemple, dans l’érysipèle; on sait que l'emploi
de l'antipyrine est parfois suivi d’érysipèle ; toujours la loi des semblables.
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— 203 —
ASSOCIATION CENTRALE DES HOXŒOPATBES BELGES
Président , Secrétaire ,
D* SGHEPENS D r Gyr. PLANQUART
Séance du 11 Octobre 1892
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
Sur leur demande régulièrement présentée, l’Assemblée
admet au nombre de ses membres MM. les D rs Ern. Goumont,
de Bruxelles, et Mathieu, de Jodoigne.
La parole est ensuite donnée au D r Van Blaeren, de Bru¬
xelles,, qui lit le travail suivant :
Chancre infectant, guérison
par le D r Van Blaeren
Dans le courant de l’été de 1891, je fus amené à donner
des soins à un M. N... atteint de syphilis, et la marche de la
maladie fut assez remarquable pour être notée.
Notre malade est âgé de 30 ans. Il est bien découplé, vi¬
goureux, d’un tempérament sanguin-lymphatique et exerce
la profession de marchand de vins.
Etant en tournée d’achat dans la Gironde, il fut contaminé
d’un chancre à la base du prépuce, à gauche du frein,
auquel il ne donna pas, surtout au point de vue du régime,
tous les soins nécessaires. Il rentra en Belgique vers la fin
du printemps 1891, et le mal, tout local jusque-là, et qui avait
semblé vouloir disparaître, reprit un surcroît d’intensité.
M. N... se trouvant précisément en visite chez un de ses pa¬
rents, médecin en West-Flandre, il se confessa à lui. Celui-ci
l’examina et comme c’était un ami commun, il demanda mon
conseil, ne voulant pas à lui seul assumer la responsabilité
d’un état de choses qu’il jugeait très grave et que voici,
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— 204 —
La maladie datait de quatre mois environ. Le médecin
français consulté d’abord avait prescrit les lotions locales
ordinaires avec cautérisation journalière au nitrate d’argent.
Il avait prescrit, en outre, des pilules, probablement anti¬
syphilitiques, dont je n’ai pu connaître la composition et que
le malade ne prenait plus que très irrégulièrement et avec
la plus grande répugnance, leur ingérence troublant les fonc¬
tions digestives.
Localement, le chancre en pleine suppuration avait envahi
tout le côté gauche de la base du gland et du prépuce, et le
volume du membre était plus que doublé. A première vue la
plaie semblait phagédénique, mais on découvrit bientôt des
traînées d’induration tout autour, et en passant à l’examen
général, on aperçut çà et là, surtout sur les cuisses, des
petites élevures roséolées de couleur et de forme caractéris¬
tiques et, entre les doigts, une nuance cutanée qui n’avait
plus rien d’équivoque ; en même temps les ganglions de l’aîne
étaient grossis et douloureux. Rien à noter du côté des mu¬
queuses. J’avais demandé, pour intervenir dans le traitement,
que la forme homœopathique fût adoptée et, du reste, l’état
de l’estomac, rien qu’à lui seul, la réclamait positivement.
On défendit toute cautérisation locale; on n’employa que
de simples lotions de teinture d’aloës étendue d’eau et char¬
gées d’une dose très minime de chlorhydrate de cocaïne. La
teinture d’arnica prescrite d’abord n’avait pas été supportée ;
un suspensoir fut ordonné.
Les médicaments furent tod. de mercure 6 e et nuœ vo-
mica 6 e . Le régime doux et léger ; comme boisson des tisanes
aiguisées d’acide hydrochlorique et deux verres de vin de
Bordeaux par jour ; pas d’alcool ni de champagne.
Un mois se passa. Le chancre s’améliorait fort ; quant aux
syphilides, leur développement et leur envahissement étaient
arrêtés ; les ragades étaient pâlies.
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— àoS —
Au bout d’un autre mois, la verge était tout à fait mieux,
la plaie pour ainsi dire guérie, les bords à pic de l’ulcère
arrondis et se confondant insensiblement avec la peau. L’in¬
duration persistait, mais était beaucoup plus limitée.
Les accidents cutanés s’étaient considérablement amendés,
les ganglions de Faîne étaient à peu près normaux.
Les troubles gastriques, qui n’étaient en somme que l’effet
du médicament donné en France, avaient tout à fait disparu ;
on supprima nux.
Je perdis mon malade de vue pendant plusieurs mois, ses
occupations l’appelant à l’étranger.
A son retour en hiver, la verge était bien cicatrisée ; il
ne restait plus sous la peau du prépuce encore faiblement
tuméfiée qu’un cordon très mince d’induration. Les ganglions
étaient normaux, mais il n’en était pas de même ailleurs.
Les syphilides avaient reparu avec des caractères très mar¬
qués sur les cuisses et les bras et, de plus, le patient se
plaignait depuis quelque temps d’un picotement progressive¬
ment désagréable à l’anus, où, après examen, je constatai, à
ma très désolée surprise, des condylomes en crête de coq
des plus réussis. Le malade interrogé avoua n’avoir pas tou¬
jours été très exemplaire quant au régime ; mais il avait
pris régulièrement son remède*
Il y avait une disjonction manifeste des deux actions. Si
le traitement externe avait fait merveille, il ne paraissait pas
qu’on pût en dire autant de l’interne et c’était fort embarras¬
sant, surtout en présence d’un confrère allopathe. Nous per¬
sistâmes cependant dans la même voie. Aucun caustique ni
moyen externe ne fut employé pour le traitement des pla¬
ques de l’anus et le médicament interne fut prescrit à une
atténuation plus élevée : la 12°.
Moins de trois mois après, tout avait disparu et aujour¬
d’hui, après huit mois écoulés depuis la suspension complète
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des remèdes, la santé du malade est parfaite et mon confrère
est converti à l’homœopathie, ou du moins il le dit, mais il
n’ose en parler chez lui.
Deux choses frappent dans cette observation :
1° L'absence de tout procédé d’intervention externe éner¬
gique ;
2° La guérison obtenue si rapidement par les atténuations
élevées. Ceci n’a rien qui puisse surprendre dans une réunion
d’homœopathes.
Quant au traitement externe,je crois que les cautérisations
au début auront été beaucoup trop intenses et trop fré¬
quentes. Un chancre de nature syphilitique grave se guérit
assez vite et n’a guère d’étendue. Le phagédénisme apparent
de la plaie quand je l’ai vue d’abord — elle avait le diamètre
d’une pièce de deux francs — était d’origine mécanique et
les chancres qui présentent de semblables développements
déterminent bien rarement des accidents secondaires. Si le
chancre en question — lequel était bien syphilitique — s’est
guéri alors que les accidents secondaires reprenaient, c’est
que son rôle était terminé dans le processus et qu’on l’avait
soigné tout simplement sans plus l’irriter. Nous n’avons pas
davantage cautérisé les crêtes de coq. Si nous avions em¬
ployé classiquement le nitrate acide de mercure, cautérisa¬
tion fort douloureuse d’ailleurs, la gêne éprouvée déjà par le
patient eût été certainement augmentée et la guérison locale
retardée par les complications des plaies résultant de l’emploi
d’un topique aussi énergique. Ces symptômes, du reste, ne
pouvant disparaître que par le fait d’une médication interne,
l’intervention extérieure devenait superflue.
En somme, la plaie du chancre a guéri sous l’influence de
merc. iod. 6°, alors que les autres accidents ne se sont que
momentanément améliorés pour reprendre plus tard en se
compliquant d’accidents nouveaux, et si le tout a cédéfinale-
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ment et très vite à la 12 e solution, ce nous est une preuve
de plus que dans les maux où le traitement doit être de
longue haleine, il faut se confier aux atténuations de titre
élevé,
Un enseignement subsidiaire c’est qu’on ne peut pas se
laisser décourager par un insuccès apparent et que,lorsqu’un
diagnostic a été consciencieusement établi, il ne faut point
abandonner si facilement le remède que j’appellerai de la
grand-route pour se rejeter dans le chemin de traverse des
succédanés ou des palliatifs de rencontre.
D r Van Blaeren
Ce travail soulève une discussion très intéressante au sujet
du traitement homœopathique de la syphilis. Plusieurs mem¬
bres rapportent avoir observé des cas de salivation après
l’administration de merc. solub . 6 e .
Le D r Gaudy, de Bruxelles, cite ce curieux fait d'observa¬
tion que merc . solub. 12 e est l'antidote des accidents mercu¬
riels ; il a pu s’en convaincre à différentes reprises, ainsi
quun de ses confrères. Le D r Gaudy signale encore le goût
métallique dont se plaignent parfois les malades après l’usage
du mercure à doses infinitésimales, et fait remarquer le rôle
antidotique de chaque dose de remède vis-à-vis de la dose
administrée précédemment.
Le D r Lambreghts, fils, d’Anvers, fournit les renseigne¬
ments suivants sur le :
Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance
d’Anvers
Voici les résultats du 3 e trimestre :
Juillet Août Septembre
Nombre de consultations au dispensaire. 258 255 143
Nombre de visites à domicile. 80 85 20
Nombre de décès . . .. 2 4 0
Nombre de malades envoyés èt l’hôpital .34 1
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J*ai eu à soigner pendant ces trois mois une trentaine de
cas de cholérine ; chez plusieurs malades les selles ont pré¬
senté le caractère dysentérique. Tous ces cas se sont ter¬
minés rapidement par la guérison,sous l’influence de veratr.,
cupr., ars., ipéca et merc. corros.
Voici l’histoire du cas le plus grave que j’ai eu en traite¬
ment :
Le 22 septembre dernier, vers 7 heures du soir, je fus
appelé en toute hâte chez un pauvre ouvrier qui, au dire de
sa femme, avait une atteinte de choléra et était sur le point
de mourir. En rentrant de son travail, il avait été pris subi¬
tement de crampes suivies bientôt de diarrhée et de vomisse
ment s.
L’état du malade présentait en effet une certaine gravité.
La face était contractée, la langue sèche, les extrémités
froides, le pouls petit. Il existait des crampes atroces dans
le ventre, les mollets et jusque dans les orteils. La soif était
vive ; les selles continues et involontaires avaient une couleur
blanchâtre ; les vomissements présentaient le même carac¬
tère.
Je fis immédiatement prendre les mesures de désinfection
d’usage, puis je tâchai de réchauffer le malade en lui admi¬
nistrant du thé chaud qu’il gardait assez bien, et en plaçant
du sable chaud sous les pieds. Gomme remèdes, je prescrivis
ars ., cupr . et veratr., une dose toutes les 10 minutes en
alternant ; je priai la femme de venir me chercher avant
minuit si le mal s’aggravait.
N’ayant reçu aucune nouvelle pondant la nuit, j’allai voir
mon malade le lendemain matin et j’appris non sans étonne¬
ment qu’il était parti pour se rendre à sa besogne. Sa femme
me raconta que,quelque temps après mon départ, il avait com¬
mencé à avoir chaud; les vomissements et les crampes
avaient diminué puis cessé complètement,de sorte que vers le
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matin il n’existait plus qu’un peu de diarrhée. Malgré son état
de faiblesse, il avait voulu reprendre son travail de peur de
perdre sa place.
En prévision de l’épidémie de choléra qui pourrait nous
arriver l’année prochaine, je dois signaler une lacune regret¬
table, c’est l’absence d’un service homœopathique dans les
hôpitaux d’Anvers. Il en résulte qu’un malade traité homœo-
pathiquement à mon dispensaire, lorsqu’il arrive à l’hôpital,
est soumis brusquement à un traitement allopathique qui, dans
beaucoup de cas, est l’inverse du précédent. On comprend
dès lors quelle influence nuisible un pareil tripotage médical
peut exercer sur l’état d’un malade, surtout lorsqu’il est
atteint d’une affection à marche rapide comme le choléra. Le
système actuellement en vigueur à Anvers est donc absurde et
illogique. Il importe que les autorités prennent les mesures
nécessaires, afin que le pauvre puisse continuer à rhôpital
la médication qu’il a choisie librement lorsqu’il s’est adressé
au dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfaisance.
La création d’un dispensaire homœopathique constitue déjà
pour l’indigent un grand pas vers la liberté du traitement ;
mais elle n’est encore jusqu’ici qu’une demi-mesure qui, il
faut l’espérer, sera bientôt complétée par l’établissement d’un
service homœopathique dans l’un des hôpitaux d’Anvers.
D r Lambreghts, fils, d’Anvers
Le D r Lambreghts communique les détails suivants sur le
traitement des cholériques à Hambourg et sur ses résultats
appréciés par les allopathes eux-mêmes :
Le D r Rieder décrit dans le n° 37 du Deutschen Medizù
nischen Wochenschrift le traitement qu’il a institué sur les
cholériques dans les hôpitaux d’Hambourg. Je traduis littéra¬
lement :
Au début, notre traitement a été tout à fait symptomati*
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cftie, et nous devions nous borner à soulager les douleurs
des malades. Nous avons administré l'huile de ricin, le
calomel et l’opium, mais nous avons dû renoncer bientôt à.
ces remèdes car nous n’en obtenions aucun résultat. Les
lavements au tannin étaient complètement inefficaces. Le
salolen poudre était immédiatement rejeté par les vomisse¬
ments. Dissous dans l’éther et injecté par la voie hypoder¬
mique, il agissait plutôt par l’éther qui y était mélangé.
D’ailleurs les injections sous-cutanées de camphre, d’éther et
de musc n’avaient aucune influence sur l’action du cœur. Le
lavage de l’estomac a échoué également. Les injections sous-
cutanées et plus tard intra-veineuses d’eau salée nous ont
donné pour un moment une lueur d’espoir, car, sous leur
influence, le pouls revenait, la cyanose du visage et des extré¬
mités disparaissait ; le malade se ranimait ; il ouvrait les
yeux comme s’il sortait d’un profond sommeil et déclarait
d’une voix renaissante qu’il se trouvait beaucoup mieux.
Nous ne nous demandions pas alors si ces effets allaient per¬
sister, tellement nous étions heureux d’avoir trouvé un pro¬
cédé qui avait une action si rapide et si énergique. Nous
avons fait par centaines de ces injections, jour et nuit ; dès
que le pouls faiblissait de nouveau, nous en faisions une se¬
conde, puis une troisième. Et maintenant si vous me deman¬
diez combien de malades nous avons sauvé ainsi, je vous
répondrais, en hésitant, peut-être quelques-uns; et si vous
me demandiez combien de cholériques nous avons sauvé
ainsi, je vous répondrais résolument : pas un seul. Il se dé¬
clarait bientôt une espèce de choléra-typhus qui emportait
fatalement le malade vers le 5 e ou 6° jour.
On aborde ensuite le quatrième objet à l’ordre du jour :
De Vemploi des remèdes externes et des palliatifs dans la
thérapeutique homçeopathique .
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— 211
Le D r Martiny qui, à différentes reprises déjà,sest occupé
de cette question, donne lecture d’un travail sur les rubé¬
fiants, les vésicants, etc. (1).
Cette lecture, accueillie avec faveur par tous les membres
de l’assemblée, provoque une discussion pleine d’intérêt.
Plusieurs membres font ressortir l’importance qu’il y a à
recourir à divers modes de révulsion chez les sujets atteints
d'herpétisme, et citent des laits à l’appui de leurs assertions.
LeD r Gaudy entr’autres rapporte qu'une dame fut atteinte,
àun âge avancé déjà, d’une éruption cutanée, tout en jouis¬
sant d’une excellente santé. Quand elle atteignit l’âge de
92 ans, elle vit coïncider l’apparition d'une bronchite grave
avec la disparition de sa dartre.
La bronchite allait s’aggravant; des étouffements et de
l’oppression se produisaient sous forme d’accès ; en un mot*,
tout faisait prévoir une issue fatale à échéance plus ou moins
rapprochée. On provoqua le retour de la dartre par des
révulsifs et la guérison se produisit bientôt. Cette dame
porte actuellement un cautère, dont on ne peut contester
l'efficacité. En efiet, à différentes reprises, on laissa celui-ci
se fermer et aussitôt les accidents d’oppression et d’étouffe¬
ment se reproduisirent, pour disparaître bientôt après l’appli¬
cation du révulsif.
Le frère de cette dame, très âgé également, n’avait jamais
présenté la moindre affection cutanée. Il fut atteint de bron¬
chite avec symptômes pulmonaire? graves. Se basant sur la
diathèse dartreuse de ce malade, le D r Gaudy conseilla l'ap¬
plication de révulsifs et la guérison survint sans tarder.
Quelque temps plus tard, les mêmes accidents se reprodui¬
sirent et le D r Gaudy recommanda au médecin traitant d’avoir
recours au même moyen. Ce conseil ne fut pas suivi et le
malade fut emporté.
(1) Yoir ci-dessus, page 193.
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On fait enfin remarquer que bs anciens médecins, dans le
cas de disparition d’un exanthème, appliquaient le révulsif
à l’endroit qui était le siège de cet exanthème.
Le Dr Martiny donne lecture d’une relation du professeur
Peter à l’Académie de médecine de Paris, sur le caractère
autochtone du choléra :
Du choléra (1)
*
A propos du choléra, je voudrais vous faire voir l’évolution
que subit la bactériologie et le rôle que tend de plus en plus
à jouer la spontanéité morbide dans cette évolution.
D’abord, M. Brouardel me demande comment je puis croire
que les accidents cholériformes que j'ai observés sont iden¬
tiques, alors que les germes sont différents. Je lui réponds
que je n’admets rien, que je me borne à constater les faits.
J’ai vu que des germes differents produisaient des accidents
identiques, je l’ai dit ; je puis aujourd’hui aller plus loin et lui
dire que des germes identiques ont pu produire des maladies
différentes. D’ailleurs, ce que j’ai dit à ce propos, d’autres
observateurs l’ont vu.
J’ai vu le bacterium coli, le bacille virgule, le bacille de
Finkler produire le choléra; mais j’avais vu également le
bacillus coli produire le choléra, la dysenterie et la fièvre
typhoïde, constatation qui, pour le dire en passant, bat singu¬
lièrement en brèche la doctrine de la spécificité des germes et
des bacilles.
De ces faits, je tirerai cette conclusion que le bacille n’est
pas malfaisant par lui-même, mais qu’il peut le devenir en
acquérant des propriétés nouvelles dans le milieu où il végète
et par le fait des modifications intrinsèques de son milieu.
D’où cette conclusion que c’est nous qui faisons en nous le
(1) Communication faite parle D r Peter, à l’Académie de médecine
de Paris.
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— 213 —
t
choléra, la dysenterie, etc., parle fait de modifications de
notre milieu interne; c’est nous,modifiés, qui dotons un bacille
inoffensif de propriétés morbifiques qu’il possède désormais et
peut transmettre à autrui. Le bacille inoffensif sort choléri-
sant d’un cholérique, dysentérisant d’un dysentérique, etc.
Voici quelques exemples :
Gilbert et Girode ont trouvé, dans une épidémie de choléra
dit nostras, que le bacille coli, extrait de selles de malades
qui avaient succombé, provoquait expérimentalement un cho¬
léra type. Le même bacile a pu être observé en 1891 dans mon
service sur quelques dysentériques venus de Nanterre. Dans
tous ces cas, comme vous le voyez, le bacillus coli était
devenu cholérigène pour avoir séjourné dans l’intestin d’un
cholérique; dysentérigène pour s’être cultivé dans le tube
digestif d’un dysentérique.
M. Peter cite, dans le même ordre d’idées, les travaux de
Roux et Rodet, de Lyon, relativement aux transformations
du bacillus coli en bacille d’Eberth, ce qui permet au bacillus
coli, bacille banal, de provoquer la fièvre typhoïde.
Il est vrai, ajoute M. Peter, que les auteurs lyonnais
sachant (ainsi qu’on le leur a reproché), que cela les conduit
à admettre la spontanité morbide, s’en défendent en disant
que c’est par « un mécanisme inconnu que l’organisme thy-
phique donne au bactérium coli les caractères du bacille
d’Eberth », remplaçant ainsi les mots de spontanéité morbide
par une périphrase.
Je dis maintenant que* le choléra est spontané,autochtone
aussi bien à Paris que dans l’Inde ; d’ailleurs en voici les
preuves :
A Paris, c’est à Nanterre qu’il apparaît, en dehors de
tout apport du dehors, mais chez des individus vivant dans
l’encombrement, mal nourris, séniles, buvant une eau cor¬
rompue.
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— 214
C’est absolument de cette manière que s’est montrée l’épi¬
démie espagnole de 1890, épidémie dont l’origine étrangère
n’a pu être constatée, mais qui s’est développée chez des indi¬
vidus placés dans des conditions hygiéniques identiques à
celles que nous avons observées à Nanterre.
La même chose se produit parmi les pèlerins du Hedjaz,
qui arrivent à La Mecque par une température torride, fati¬
gués d’un long voyage, qui se nourrissent de viande corrom¬
pue, etc. La même chose également sur les bords du Gange,
où les Indiens, riches ou pauvres, fanatisés, soumis à un
jeûne rigoureux d’abord, se livrant ensuite à de véritables
saturnales, mal nourris, encombrés, contractent le choléra
dans ces conditions.
Une autre preuve de la spontanéité du choléra, c’est son
apparition simultanée sur les points du globe les plus divers,
les plus distants.
Exemples: en 1892, apparition simultanée du choléra au
Havre et à Samarcande ; à Nanterre et à Pétersbourg ; à
Bokara et à Paris.
J’arrive maintenant à un point capital de ma communi¬
cation, au résultat des études bactériologiques d’un médecin
anglais, de Cunningham, sur le bacille virgule de Koch.
Or, ces études, faites à Calcutta, ne tendent à rien moins
qu’à renier la doctrine du médecin allemand, quant à la spé¬
cificité de ce bacille et à sa valeur pathognomonique.
Déjà des recherches de Hueppe, Zaslein et de quelques
autres, il résulte qu’il existe des bacilles-virgules cholériques
de plusieurs genres.
Mais Cunningham l’a surtout démontré.
Ainsi, s’il y a une échelle graduée de formes et de pro¬
priétés dans les bacilles-virgules, comment ne pas comprendre
que le «bacille-virgule» ne soit lui-même qu'une transfor¬
mation d’nn autre bacille? Surtout lorsqu’on voit Cunnin-
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— 215 —
. gham faire des autopsies négatives, c’est-à-dire où il n’a pas
trouvé le bacille-virgule.
Ne peut-on en conclure que, dans ces cas, le bacille-vir¬
gule n’avait pas eu le temps d’apparaître, c’est-à-dire que le
bacterium coli n’avait pas eu le temps de se transformer. Car,
enfin, la malade avait eu le choléra et en était mort, et il
n’avait pas de bacille virgule soi-disant producteur du choléra.
Les recherches de Cunningham sont grosses de consé¬
quences inattendues, et militent singulièrement en faveur de
la doctrine que je soutiens, à savoir que c’est l’organisme du
cholérique qui donne au microbe sa malfaisance, et qu’il faut
abandonner la théorie de Koch d’après laquelle le choléra
serait dû, en première ligne, à l’introduction du bacille spéci¬
fique dans l’organisme. On peut se demander également silq.
présence du bacille-virgule est la cause ou la conséquence
des manifestations cholériques.
Comment donc naît le choléra ?
Tout se tient dans la nature (Natura non faoit saltus ), et
depuis le choléra infantile jusqu’au choléra dit indien, il y a
une série continue de cas, dont le dernier terme est le cho¬
léra indien même : or, le choléra infantile est bien manifes¬
tement spontané.
Le choléra infantile est évidemment le résultat de deux
facteurs au moins, que la synonymie anglaise de la maladie a
nettement précisée en l’appelant « la maladie de l’été » ou la
« maladie du biberon », c’est-à-dire que cette maladie est
due à la fois à l’élévation de température atmosphérique et à
l’alimentation de mauvaise qualité. C’est l’étiologie du choléra
dit indien, en y ajoutant la dépravation du milieu interne et
l’encombrement (deux conditions parfois réalisées par le
choléra infantile).
Le choléra est un empoisonnement par des alcaloïd'
toxiques fabriqués ou non par nous.
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Ces alcaloïdes sont fabriqués dans notre appareil digestif,
et infectent le plexus solaire dont l’irritation a pour première
expression la douleur épigastrique.
Ce sont les réactions réflexes de ce plexus irrité qui consti¬
tuent la symptomatologie du choléra. Réflexes sur place,
diarrhée et vomissements ; réflexes à distance : 1° sur les
muscles de la vie de relation : crampes ; 2° sur les muscles
vaso-moteurs : crampes vasculaires, algidité et cyanose.
Le choléra est un empoisonnement, il présente tous les
symptômes classiques de l’empoisonnement par le tartre
stibié ou l’arsenic qui donnent à l’ensemble de tous leurs
symptômes le nom de choléra stibié ou de choléra arsenical.
A côté de cet empoisonnement cholériforme par des
substances minérales, il y a l’empoisonnement cholériforme
par des alcaloïdes toxiques d’origine animale, soit qu’il
s’agisse de saucisses pourries, comme en Allemagne, où l’on
a donné le nom de botulisme à cet empoisonnement ; soit
qu’il s’agisse d’une oie pourrie, ainsi que l’a démontré
M. Brouardel.
Or, cet empoisonnement adventice, extrinsèque par l’in¬
troduction dans notre appareil digestif d’alcaloïdes animaux
formés en dehors de nous, peut avoir lieu par l’altération
spontanée de nos aliments ou des matières intestinales ; nous
nous empoisonnons et nous empoisonnons nos microbes, com¬
mensaux habituels qui deviennent ainsi empoisonneurs à leur
tour.
D’où la transmissibilité possible à autrui d’une maladie née
en nous d’une maladie spontanée ; il faudrait bien un agent
matériel pour transporter une affection matérielle.
C’est par le fait de l’empoisonnement alcaloïdique intesti¬
nal du cholérique que le bacterium coli change de forme et
de propriétés, devient bacille courbe et toxique.
Quand l’empoisonnement a été foudroyant, on ne trouve
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— 217 —
pas de bacille virgule dans les déjections, la mort est arrivée
trop vite, la transformation du bacterium n’a pas eu lieu.
Je ne nie pas la contagiosité, mais je dis qu’elle est très
relative ; pour qu’elle s’exerce, il faut la prédisposition aussi
bien que le contact le plus direct. La preuve c’est qu’à Paris
n’ont été frappés que ceux qui pouvaient l’être (malheureux,
alcooliques, vieillards), les riches du centre de la ville ont
été épargnés. La même chose s’est produite au Havre, où
la maladie a cependant sévi avec la plus grande inten¬
sité. A Rouen, ce sont des prisonniers qui sont surtout
atteints ; à Bonne val, des aliénés. Ainsi pour toutes les loca¬
lités envahies.
Je ferai remarquer, en outre, que ces conditions indivi¬
duelles sont moins nécessaires lorsqu’il s’agit d’épidémie de
variole, de scarlatine, ce qui m’a permis de dire que ces der¬
nières maladies étaient plus contagieuses que le choléra.
Il va sans dire que les agents de transmission les plus
actifs sont les déjections des cholériques, et c’est pour cela
que les blanchisseuses peuvent être contaminées plus facile¬
ment que leurs clients. D’ailleurs, les blanchisseuses d’habi¬
tude sont loin d’appartenir à la classe riche.
C’est donc nous qui faisons le choléra en nous ; nous le
faisons dans nos entrailles, et c’est là que se forme le poison
de cette maladie, poison déjà décrit dans les selles et les
urines des cholériques en 1884, par Bouchard. Ce poison
peut se propager d’un individu à un autre par contagion,
mais cette propagation ne se fait pas facilement, et elle
exige une prédisposition toute spéciale de l’individu conta¬
gionné.
Deux mots seulement sur la question épidémicité et pour
dire qu’il 7 a la même différence entre le choléra sporadique
et le choléra épidémique qu’entre la dysenterie sporadique
et l’épidémique.
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L’épidémicité, due vraisemblablement aux modifications
du milieu ambiant, et surtout celles de Fatmosphère, donne à
toute maladie, naguère endémique, une intensité et une gra¬
vité qui nous frappent d’étonnemènt et confondent notre
raison. Ainsi, tout récemment l’influenza épidémique, par
opposition à la grippe sporadique.
C’est alors que la maladie non contagieuse le devient, et
celle qui l’était à peine le devient davantage.
En résumé :
l°Le cholérique est un empoisonné ;
2° Il est empoisonné par des ptomaïnes ou autres toxines ;
3° Ces ptomaïnes sont formées dans le tube digestif et
empoisonnent à la fois l’individu et son bactérium coli ;
4° Le bactérium coli, soit resté tel, soit transformé, mais
empoisonné, peut être le vecteur du poison cholérique et
devenir ainsi cholérique.
C’est la spontanéité individuelle ou idiosyncrasie qui indi¬
vidualise la maladie cholérique et qui fait qu’il y a identité
de cause : tel fait la cholérine, tel autre le choléra dit
« nostras », tel autre enfin le choléra, dit « indien ».
Quant aux formes bactériologiques, les faits me semblent
démontrer que, dans le choléra, le bacille-virgule peut être
l’évolution du bactérium coli, comme dans la diphtérie le
bacille de Klebs est une évolution du bacille de Lœffler,
comme dans la dothiénentérie le bacille d’Eberth est une
évolution du bactérium coli ; évolution ou transformation
effectuée par le fait de l’intervention de l’organisme malade.
C’est là une hérésie, mais l’hérésie d’aujourd’hui pourrait
bien être la vérité de demain, et comme conclusion je dirai :
l’étude de l’étiologie du choléra nous révèle (étant données
des conditions atmosphériques spéciales) le rôle prépondérant
de la misère et des infractions à l’hygiène, dans la genèse de
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cette affection, d’où cette conclusion sociale et individuelle
« moins de misère et plus d’hygiène ». D r Peter.
A propos de cette lecture le D r Van Blaeren émet l’opi¬
nion que les différents microbes peuvent parfaitement n avoir
qu’un même initium et que leur spécificité si marquée au
moment actuel n’est que le résultat d’un ensemble de cir¬
constances qui constituent ce qu’on appelle l’«habitat» ,et qu’elle
caractérise tout simplement une certaine période de leur évo¬
lution. Evidemment les investigations faites jusqu’à ce jour
n’ont pas mis cette manière de voir en lumière et elles sem¬
blent même la contredire, puisqu’elles ajoutent à tout instant
des espèces nouvelles à celles déjà connues. Mais nos moyens
d’analyse, suffisants pour découvrir de nouveaux êtres,
ne le sont pas pour établir leur filiation et,si la loi du transfor¬
misme n’est pas un vain mot, il lui semble qu’elle doit surtout
dégager ses effets dans le domaine de la microbiose. Si on
remonte l’échelle de la vie en passant du grand au petit, on
voit que les caractères de chaque série se fondent et s’effa¬
cent progressivement, que les contours deviennent de moins
en moins variés, que le nombre et la composition des tissus
deviennent de moins en moins complexes, tellement, qu’au
point où en sont arrivées nos recherches, les différences de
forme n’existent déjà plus que pour mémoire. N’en pourra-t-
on pas dire un jour autant des différences de composition ?
En somme, l’ensemble des êtres animés ne peut-il pas être
comparé à un immense éventail dont les rayons se resser¬
rent et s’unifient de plus en plus pour se fondre dans un
centre unique d’où ils émergent tous? Dès lors, que de¬
viennent ces nomenclatures de plus en plus nombreuses et si
bien étiquetées de bacilles, de virgules, etc? Une analyse
plus approfondie leur fera trouver bien certainement des
ascendants et, dans ces conditions, ne peut-on pas dire que
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les soi-disant causes d’aujourd’hui ne seront plus que les
effets de demain ?
Les actions d’un remède ne varient-elles pas avec ses
degrés de dynamisation et cela suffit-il pour qu’on puisse
les détacher de « l’initium », qui leur est commun ?
Parlant ensuite des inoculations préventives, le D r Van
Blaeren ajoute que si leur efficacité individuelle n’est pas tou¬
jours probante, par contre elle est d’une valeur atavique
considérable. Nos descendants jouiront d’une immunité de
plus et plus grande vis-à-vis des maladies infectieuses, au¬
tant par les perfectionnements de l’hygiène que par les effets
de l’hérédité.Les générations antérieures auront été en quel¬
que sorte vaccinées contre ces maladies. Car les individus
qui les composent, ou bien en seront morts, ou bien en seront
réchappés après avoir été atteints, ou bien n’auront pas pré¬
senté de prise au contagium ; et les deux dernières catégories,
de bien loin les plus nombreuses, légueront à leurs produits
un organisme sélectionné à l'épreuvè du développement micro -
bien. Il cite,à l’appui de cette thèse, la résistance qu’opposent
à l’invasion de la malaria, les indigènes des pays maréca¬
geux.
L’exemple tiré du journaliste américain Stanhope n’est
rien moins que concluant en faveur de l’inoculation préven¬
tive, car le personnel hospitalier a depuis longtemps démon¬
tré qu’il ne fallait pas précisément être si inoculé que cela,
pour triompher des atteintes d’une épidémie quelconque.
En somme on peut dire du microbe comme on le dit de cer¬
tain peuple : « ubi bene, ibi patria » ; c’est-à-dire, qu’il ne
prospère que là où il est bien et, de ce chef, on a le droit dès
aujourd’hui de trouver douteuse sa puissance de causalité,
si bien établie qu’elle paraisse d’ailleurs.
Ces différents points soulèvent une discussion générale,
après laquelle la séance est levée à six heures et demie.
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Causes de l’artério-sclérose et des cardiopathies artérielles ; leur
origine alimentaire et leur traitement préventif
M. Hüchard (de Paris), dit que la multiplicité des causes
de T artériosclérose et des cardiopathies artérielles rend
compte de l’extrême fréquence de ces maladies. En dehors
des causes infectieuses (variole, scarlatine, fièvre typhoïde,
etc.), des causes diathésiques (goutte, rhumatispie chronique,
syphilis, etc., aortisme héréditaire), il faut faire jouer un
grand rôle aux causes toxiques (tabagisme, saturnisme, impa¬
ludisme, etc.), et surtout à une cause qui n’a jamais été
signalée, aux erreurs et aux vices de Y alimentation. En
effet, l’alimentation carnée excessive ou l’alimentation avec
des viandes faisandées peu cuites et de mauvaise qualité,
jette dans l’organisme un grand nombre de ptomaïnes qui,
incomplètement éliminées, produisent des effets toxiques
jusqu’ici faussement attribués au cœur (certains vertiges,
certains délires, dyspnées toxiques). Ces accidents toxiques
sont favorisés par un état d’insuffisance rénale, laquelle
peut, en retenant dans l’organisme un grand nombre de
principes toxiques, devenir une cause d’artério-sclérose et
de cardiopathies artérielles. Si ces dernières maladies sont
devenues très nombreuses, c’est en raison des modifications
profondes survenues dans le régime alimentaire. Le riche et
le citadin mangent trop de viande ; ils mangent de la viande
faisandée et peu cuite ; le pauvre et le paysan en mangent
moins ; mais le résultat est le même, parce que les viandes
dont il fait usage ne sont pas fraîchement tuées, et qu’elles
renferment beaucoup de ptomaïnes. Contrairement à l’opi¬
nion de Gluber, qui pensait que l’athérome artériel était le
résultat de l'abus de l'alimentation végétarienne, je crois, au
contraire, que c’est l’usage de cette alimentation qui est le
meilleur préservatif des dégénérences vasculaires et des
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cardiopathies artérielles. Donc, chez les prédisposés, il faut
prescrire une alimentation carnée modérée (une fois de la
viande par jour et toujours de la viande bien cuite et non
faisandée, beaucoup de légumes et de laitage, etc.).
M. Verneuil fait remarquer qu’il a constaté aussi que le
cancer était plus rare chez les peuples qui ont une alimenta¬
tion végétarienne. (Art médical .)
CAISSE DE PENSIONS
du Corps médical Belge
MÉDECINS, PHARMACIENS ET MEDECINS-VETERINAIRES
Nous nous empressons de publier le compte-rendu de
l’assemblée générale de la caisse de pensions, du 20 de ce
mois. Nous ne saurions trop recommander à nos confrères
cette excellente institution qui fonctionne régulièrement
depuis un certain nombre d’années déjà et qui a déjà rendu
de très grands services :
Le jeudi 20 octobre, à midi, les membres de la Caisse de
Pensions du corps Médical belge étaient convoqués à leur
réunion annuelle dans l’une des salles de l’Université de
Bruxelles.
L’assemblée était extraordinairement nombreuse, car
l’ordre du jour portait certaines propositions de modifications
aux statuts.
M. leD r De Windt, d’Âlost, président du Conseil d’admi¬
nistration, ouvrit la séance par un magistral discours, dans
lequel il démontra surabondamment la nécessité des institu¬
tions de prévoyance dans un siècle où la lutte pour l’exis¬
tence est poussée à outrance et où la concurrence insensée
entraîne l’avilissement de l’honoraire. Ce discours terminé
aux applaudissements de l’assemblée, ce fut le tour de M. le
D r Emile Martin, présiden';. du Comité directeur, de présenter
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le rapport de ce collège. Nous relevons, dans ce rapport,
quelques chiffres qui sont de nature à intéresser nos lecteurs.
L’avoir social, au 31 juillet dernier, s’élevait à
733,895 fr. 73 c., supérieur de 14,491 fr. 55 c. à celui de
l’année précédente. Ce surcroît provient, on le sait, du
6 e des revenus généraux qui chaque année va grossir le
capital. La somme affectée au service des pensions pour
l’exercice s’élève à 57,842 fr. 70 c. Le nombre des pensions
s’élève en ce moment à 173, dont 75 à des affiliés et 98 à des
veuves et orphelins.
L’assemblée éclate en applaudissements unanimes, quand
M. le président du Comité directeur lui fait connaître le
chiffre total des sommes payées parla Caisseàses pensionnés,
depuis l’entrée en fonctions de l’institution (12 ans). Ce chiffre
s’élève à 620,682 fr. 69 c. et se passe de commentaires.
Le rapport s’élève, avec énergie, contre l’abstention trop
générale du corps médical ; il considère cette abstention
comme humiliante pour l’esprit de prévoyance et de confra¬
ternité de la corporation.
C’est avec une joie sans mélange qu’il signale les bienfai¬
teurs de cette année : M. leD r Nélis, un récidiviste, qui a
fait un nouveau don de 1000 fr. et M. le D r Henriette, dont
la tombe est à peine fermée, qui s’est honoré par un don de
4000 fr. L’assemblée salue ces deux noms honorés de ses
bravos reconnaissants.
Arrive enfin la discussion des propositions de modifications
aux statuts. M. le D r Barginon développe les raisons qui lui
ont fait proposer ces modifications et s’efforce de démontrer
qu’elles s’imposent pour la clarté des textes et l’équité dans
l’application ; qu’il y a certaine confusion, en plusieurs arti¬
cles entre les mots participation et affiliation. Après une
longue discussion, l’assemblée décide la nomination d’une
commission chargée d’étudier, dans le courant de l’année, les
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modifications qu’il serait utile d’introduire et de présenter
son travail à la prochaine assemblée générale.
La séance est levée à 2 1/2 heures.
NÉCROLOGIE
M. le professeur Henriette est mort il y a quelques jours,
laissant à tous ceux qui l'ont connu le meilleur souvenir de
ses solides connaissances pratiques et de son affabilité. Il a
légué aux hospices de Bruxelles une somme de 100,000
francs, et à l’hospice des enfants rachitiques, de Middelkerke,
50,000 francs.
On reconnaît bien là le digne homme, qui a tant aimé les
pauvres, surtout les enfants malheureux. Bel exemple de
dévouement et de charité. (.Presse Médicale Belge.)
SOMMAIRE
La médecine palliative, par le D r Martiny .... 193
Association centrale des hômœopathes belges. —
Séance du 11 octobre 1892. ....... 203
Chancre infectant, guérison, par le D r VanBlaeren,
de Bruxelles.-.203
Dispensaire homœopathique du Bureau de Bienfai-
faisance d’Anvers.207
Du choléra.212
Causes de l’artério-sclérose et des cardiopathies arté¬
rielles ; leur origine alimentaire et leur traitement
préventif. 221
Caisse de pensions du corps médical belge .... 222
Nécrologie ..224
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
J 9 e Année NOVEMBRE 1892 N° 8
LA GRANDE LOI DES SEMBLABLES
par le D r Martiny
Nous lisons dans la France medicale :
Traitement de la néphrite parenchymateuse par la
teinture de cantharides . — À propos du procès-verbal (1)
M. G. Sée lit un passage du traité des maladies des reins de
Rayer montrant que Rayer considérait la cantharide
comme un médicament dangereux. Depuis, on n’a pas publié
d'observation de guérison de Falbuminuriepar la cantharide.
M. Laboulbène. Les extrêmes se touchent et il est naturel
qu’on donne la cantharide pour faire marcher une lésion qui
sans cela passerait à l'état chronique.
M. Lancereaux. J’ai rendu compte ici d’une observation
personnelle : chez une jeune femme ayant une néphrite paren¬
chymateuse, traitée dans la plupart des hôpitaux sans aucun
changement, n’urinant pas, ayant un anasarque considérable,
j’ai pensé que la cantharide qui a de l’action sur l’épithélium
du rein devait ici donner des résultats ; j’ai obtenu une amé¬
lioration au bout de vingt-quatre heures ; dès le surlen¬
demain, les urines sont devenues plus abondantes et huit
jours après il n’y avait plus d’anasarque.
J’ai une autre malade dans les mêmes conditions et qui a
guéri avec 6 gouttes de teinture de cantharides par jour.
Quant à la digitale et à la scilie, ce sont d’excellents moyens
de combattre l’urémie, de faire uriner le malade; dans ces
cas il faut donner la digitale à forte dose. J’ai donné 60 cen-
(1) A la séance précédente la teinture de cantharides avait été recommandée
dans ralbuminurie.
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tigrammes de digitale en macération et jen’ai jamais observé
aucun phénomène toxique.
M. Dujardin-Beaumetz. La cantharide est un médicament
excessivement dangereux ; elle détermine une congestion du
rein excessive et une desquamation épithéliale. On peut
tirer des résultats dé ce moyen, mais ce n’est qu’un moyen
in extremis. Il ne faudrait pas que les médecins traitassent
l’albuminurie parla cantharide, il y aurait certainement des
accidents.
M. Bouchard voudrait que pour l’honneur de l’Académie
on ne parlât pas du traitement de l’albuminurie ; on ne peut
parler du traitement d’un symptôme, mais du traitement des
maladies qui doivent amener le symptôme.
M. Lancereaux. Il ne s’agit pas du traitement de l’albumi¬
nurie, mais du traitement de la. néphrite épithéliale avec
anasarque et albuminurie.
Nous voyons donc un académicien recommander, avec
preu. os à l’appui, la teinture de cantharides dans l’albu¬
minurie ; nous ne sommes nullement étonné d’apprendre
que la cantharide à dose relativement petite ait pu guérir
quelques cas d’albuminurie ; en effet il est reconnu depuis
de longues années que la cantharide donne lieu à de
l’albuminurie avec desquamation épithéliale du rein.
Lorsqu’elle est utile chez un albuminurique, ne l’ou¬
blions pas,c’est en vertu de la grande loi des semblables ;
et que nos confrères ne perdent pas de vue que ce médi¬
cament ne peut réussir dans toutes les circonstances. Il
ne sera réellement efficace que lorsque, suivant les règles
posées par Hahnemann,il sera indiqué par l’ensemble des
autres symptômes présentés par le malade, et alors il est
inutile de donner six gouttes de la teinture-mère de can¬
tharides comme on le recommande : une goutte ou deux
de la.3 e ou de la 6 e dilution par jour suffiront parfaite-
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ment pour produire l’effet demandé; donner six gouttes
de teinture-mère c’est exposer le malade, si le remède
n’est pas indiqué par la loi des semblables, à des aggra¬
vations sérieuses, tandis qu’une petite dose, la 3 e ou la
6 e dilution, si le cas ne convient pas à la cantharide ,
n’aura pas d’influences aggravatives sur le malade.
Que nos confrères ne l’ignorent pas : on ne trouvera
jamais un seul et unique remède pour guérir toutes les
néphrites parenchymateuses, par la même raison qu’on
ne trouvera jamais un seul remède pour guérir toutes les
bronchites.
Beaucoup d’autres substances médicamenteuses^ en
effet, amènent expérimentalement de l’albumine dans les
urines; ainsi, par exemple, Yiode \ chez les enfants sou¬
mis à des badigeonnages de teinture d’iode on trouve sou¬
vent de l’albumine dans les urines ; c’est pourquoi Yiodure
de potassium recommandé dans la néphrite parenchy¬
mateuse, produit un certain nombre de guérisons ; pour la
raison que nous invoquons plus haut, Y iode ne peut guérir
que certains cas, probablement fort rares, ceux où Y iode
est indiqué par la grande loi des semblables.'
On a constaté aussi que la fuschine, administrée à
l’intérieur, produit de l’albuminurie chez les lapins. Or.,
la fuschine a été conseillée également dans la néphrite et
il existe des exemples de guérison.
Nous pourrions citer un certain nombre d’autres
remèdes, indiqués par la loi des semblables, qui ont été
employés par nos confrères allopathes avec quelque succès
dans la néphrite, mais chaque fois, lorsqu’il se produit
une guérison réelle, c’est toujours en vertu de la loi des
semblables.
Il va sans dire que lorsque le rein est déjà arrivé à une
transformation telle qu’une restauration complète soit
impossible, il ne peut plus être question d’une guérison
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réelle du mal ; mais nous avons pourtant vu des cas que
nous considérions comme absolument incurables, s’amé¬
liorer et presque guérir sous l’influence d’une médica
tion homœopatbique bien appropriée.
On conçoit, en effet, que si une partie seulement de l’un
ou de l’autre rognon est atteinte, les régions restant
intactes peuvent remplir plus ou moins intégralement la
fonction rénale. Et nous avons parmi nos clients des
malades qui jouissent d’une santé relativement bonne
tout en présentant de l’albumine et des tubuli dans
leurs urines ; de même que certains bronchiteux ont une
hématose plus ou moins suffisante, quoique des parties
plus ou moins étendues de leurs poumons soient atteintes
de modifications profondes dans leur structure.
Nous nous résumons : la néphrite, comme la plupart
des maladies, est justiciable de la loi des semblables;
lorsque le remède est homoeopathiquement indiqué, il
peut, sans grand danger pour le malade, être administré
à dose plus ou moins massive, mais il est toujours préfé¬
rable d’employer des doses infinitésimales afin d’éviter les
aggravations médicamenteuses ; se figure-t-on, pour citer
un exemple, quels désordres doit produire une dose
massive et altérante d ’iodure de potassium sur un sujet
chez qui l’iode n’est pas indiqué lorsqu’il est déjà atteint
de la cachexie brightique ! D r Martiny
NOUVELLES DÉCOUVERTES EN THÉRAPEUTIQUE
Cactus grandiflorus et anemone pulsatille
par le D r Paltjmbo, de Naples
Un de mes amis m’adressa,il y a quelques jours le n° 15,
de décembre 1891, du journal YIncurabüi , rédigé par le
D r G. Ria, professeur de clinique et de thérapeutique à l’hô¬
pital du même nom. Dans ce numéro se trouve un article
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signé G. qui est la reproduction et la traduction de celui de
la Semaine médicale du 3 juin 1891, sur l’usage thérapeu¬
tique du Cactus grandiflorus, préconisé tout récemment
par plusieurs médecins d'Amérique et expérimenté à Phi¬
ladelphie par le B x John Aulde .
« D’après les essais cliniques de ce confrère, dit M. G.,
« le cactus grandiflorus mérite incontestablement l’atten-
« tion des praticiens, car c’est un tonique efficace du cœur,
« et qui présente sur la digitale l’avantage de ne pas pro-
« duire d’action cumulative, etc.
« Les observations de M. Aulde lui ont montré que le
« cactus grandiflorus a pour effet de régulariser et de sti-
« muler l’action du cœur, et que ces propriétés thérapeu-
« tiques du médicament pouvaient être utilisées avec avantage
« dans les affections cardiaques les plus variées ; dans les
« lésions organiques (del’appareil valvulaire ou du myocarde),
« dans les cardiopathies nerveuses, dans les troubles cardio-
« vasculaires, etc. »
Je n’ai pas l’honneur de connaître M. G. sans quoi je me
permettrais de lui suggérer de faire déguster par la Semaine
médicale , à propos du cactus , ces deux notes historiques,
qu’il ne connaît certainement pas :
1° La Semaine médicale rapporte avec beaucoup d’em¬
phase des faits signalés deux ans auparavant déjà par le
Morgagni (n° 13, mars 1890) qui parle de ce remède et des
expériences faites par Grégory, lequel arrive aux mêmes
conclusions qu’Aulde ; ces expériences rapportées maintenant
dans la Semaine médicale et de là dans YIncurabili et
encore dans d’autres journaux médicaux ont déjà été traitées
d’une façon spéciale dans le n° 27 (juin 1891) du Morgagni .
2° Dans le même journal périodique (n os 1 et 2 del891)celui
qui a rapporté les expériences d’Aulde et de Grégory fait
modestement comprendre au Morgagni , qu’il y avait lieu de
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faire savoir au sieiir G. de YIncurabili que l’introduction du
cactus dans la thérapeutique date d’une trentaine d’années.
Cactus grandiflorus. — Pathogénie . — Observations
faites sur • l'homme sain et confirmées sur Vhomme ma¬
lade, par le D r Rocco Rubini, méde’cin en chef de l’hôpital
homœopathique,membre correspondant de l’académie homœo ■
pathique de Païenne, de la Société hannemannienne de
Paris. — Naples, février 1864.
Tel est le titre de la savante monographie du D r Rubini,
dont je me plais à rapporter quelques passages, pour le plus
grand bien de MM. Aulde et Gregory :
La caractéristique de ce médicament est qu’il développe
toute son action spécialement sur le cœur et les vaisseaux
sanguins en décongestionnant et en diminuant les inflamma¬
tions, etc. Dans les maladies organiques du cœur on prescrit
10 gouttes de teinture-mère dans un peu d’eau à prendre
dans la journée ; par lui les douleurs sont calmées, si elle est
incurable, et l’amélioration persiste. Dans les cardiopathies
nerveuses, les globules à la 6°, 30 e , 100° dilution sont promp¬
tement efficaces; on peut le prescrire avec confiance dans
les congestions sanguines, les épistaxis, le rhumatisme du
cœur, la sténocardie, l’hypertrophie, l’anévrisme du cœur et
des gros troncs artériels, la cardite aiguë et chronique, les
palpitations organiques et nerveuses, les pneumorragies, les
hémorrhoïdes fluentes et l’hématurie.
Je pourrais encore décrire tous les symptômes du cactus
sur l’homme sain, exposés avec le plus grand soin par Rubini
et toutes les caractéristiques spéciales qui déterminent son
emploi en thérapeutique. Mais à quoi bon?
Gregory et Aulde ont découvert ce nouveau remède,
vieux de 30 ans, et les journaux ont proclamé de tous côtés,
avec l’importance du nouveau médicament,le nom des inven¬
teurs. Mais le véritable inventeur est laissé dans l’oubli,
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parce qu’il a un tort impardonnable, celui d’être homœo-
pathe.
Ges messieurs croient-ils, par hasard, que Thomœopathie,
dédaignée et tournée en dérision, se laissera spolier et berner ?
Et qu’après ces railleries, impuissante à se défendre, elle se
taira et adressera des remercîments à ceux qui l’ont désho¬
norée? Non, ce temps est passé. Si elle s’abstient déqualifier
de semblables actes, elle les dévoilera de toutes les manières
possibles et d’une façon digne elle protestera énergiquement.
Elle protestera tant que justice ne lui soit rendue.
Et à ce propos, chers lecteurs et amis, qui venez de juger
l’article de YIncurabili , jugez également cet autre que j’ai
cueilli dans un journal de médecine officielle, publié par un
professeur officiel de matière médicale, à propos de la puisa -
tille . Il est le pendant de celui du cactus et de tant d’autres
remèdes employés en médecine homœopathique :
Huchard. Anémone pulsatilla et son application dans
le traitement de Vorchite blennorrhagique.
« Les premiers essais de ce médicament ont été faits par
« Chambers, Borcheim, en Angleterre et en Amérique, par
« Martel, Saint-Malo, Cordier et Bosy, en France. Récem-
« ment, Domand a obtenu 35 guérisons rapides sur 48 cas.
« Sous son influence, la douleur disparaît après 1 ou 3 jours. »
Gomme vous le voyez, par l’attestation de ces illustres
expérimentateurs, il n’y a plus à douter de la vertu de la
pulsatille . Ou bien les médecins homœopathes, qui ont em¬
ployé ce médicament dans le cas précité bien longtemps
avant ces illustres confrères, ont été éclairés par le Saint-
Esprit, ou bien ces illustres expérimentateurs n’ont fait que
copier ce qu’avaient écrit les homœopathes. Mais certaine¬
ment, la médecine officielle dans ce cas, doit faire une piteuse
mine.
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Et encore à propos de la pulsatille , je trouve dans le
même journal ce qui suit :
« Il y a deux ans, le pharmacien Vigier a publié un travail
« très intéressant sur les préparations de Y anémone puisa-
« tille. Il rapporte que pendant qu’il pilait l’anémone, il se
« dégageait un principe âcre, qui incommodait l’opérateur au
« point qu'il fut pris subitement de coryza , d'où l'usage
« homœopathique de Talcoolature de cette plante en aspi-
« ration contre les rhumes de cerveau. U a expérimenté
« sur lui-même qu'ci la dose de deux grammes trois fois
« par jour, pris dans un peu d’eau, ce médicament avait
« calmé la fièvre catarrhale et avait supprimé complète -
« ment la sécrétion nasale.
Et le journal qui contient cette notice sur \& pulsatille est
la Terapia moderna , du professeur Chivon.
Dans ce cas-ci, si on ne prononce pas le mot dTiomœopathie,
on reconnaît du moins une application homœopathique. (H
Secolo omiopatico , mars 1892.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
NOTES DE LECTURE
par le D r Cyr. Planquart, de Bruxelles
Tarantula cuhensis dans la diphtérie
par le D r Martin, de Pittsburgh.
Le D r Martin recommande tout particulièrement l’admi¬
nistration de tarantula cubensis dans le traitement de la
diphtérie. Se basant sur l’expérimentation clinique, il s’at¬
tache à bien définir les indications de ce remède. Il ne prétend
pas guérir tous les cas indistinctement; certains cas, d’après
lui, se manifestent dès le début avec une intensité telle que la
mort semble inévitable : c’est ainsi qu’un enfant,d’une consti¬
tution physique faible, s’il vient à être infecté par le poison
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diphtéri tique,pourra très bien succomber endéans vingt-quatre
à quarante-huit heures.
L’auteur a été amené à recourir à tarantula cub durant
l’hiver de l’année 1883, par la lecture des lignes suivantes
dues à la plume du D r S. Freedley, de Philadelphie : « Tous
les médecins homœopathes savent bien que Y aconit guérira
une fièvre inflammatoire aiguë en un temps très court, huit
ou dix heures ; mais ils savent aussi que ce remède n’est d’au¬
cune utilité dans la diphtérie. J’ai trouvé que tarantula
cubensis guérit la fièvre diphtéritique dans ses formes les %
plus intenses avec délire, dans le même espace de temps que
Y aconit guérit la fièvre aiguë, et que, si ce médicament est
administré en temps utile, il faut'rarement recourir à d’autres
pour achever la guérison. »
En 1884, au Congrès de la Société Médicale Homœopa-
thique de Pensylvanie , l’auteur rapporta une série de cas de
diphtérie traités par tarantula et il relate de nouveau celles
de ces observations qui remplissent d’une façon typique les
indications de ce médicament.
Voici le résumé de quelques-uns de ces cas :
Enfant de 5 ans, présentant tous les symptômes inflamma¬
toires habituels au début d’une attaque de diphtérie : rougeur
de la face, chaleur cuisante de tout le corps, tuméfaction et
inflammation de la gorge, présence de membranes sur les
deux amygdales ; de la bouche se dégage distinctement l’odeur
de diphtérie. Tarantula cub . 12 °, dans de l’eau, une cuillerée
toutes les deux heures. Le matin suivant, amélioration de
tous les symptômes, et le troisième jour, guérison complète.
Le deuxième cas concerne également un enfant de cinq
ans, d’une complexion délicate et d’un tempérament nerveux.
Il s’était couché la veille en bonne santé, quand, durant la
nuit, il fut pris de fièvre, de vomissements et se plaignit de
mal de gorge. Le lendemain matin, les deux amygdales
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étaient recouvertes de fausses membranes. L’etat de la gorge,
la violence des symptômes initiaux, la température élevée et
les vomissements dénotaient un cas sérieux. Prescription :
tarantula 12°, une dose toutes les deux heures. Le matin
suivant, une amélioration notable s’était produite dans l’état
du malade qui avait bien reposé toute la nuit. La guérison
était complète après quatre visites, et tarantula fut le seul
médicament employé.
Une jeune fille de seize ans fournit le troisième cas. Tumé¬
faction des deux amygdales qui se touchent sur la ligne mé¬
diane et qui sont recouvertes de fausses membranes jaunâtres.
Déglutition difficile, gonflement du cou, fièvre, rougeur de la
face: Tarantula 12°. Le lendemain, même état de la gorge,
mais diminution de la fièvre et de la céphalalgie. Tarantula
est continué. Le troisième jour, même état de la gorge,
ptyalisme, enduit jaune de la base de la langue. Tarantula
cède la place à merc , iod. flav. 3°. Sous l'influence de ce
dernier remède, la gorge se débarrasse promptement et la
guérison s’établit sans délai.
En même temps que la malade précédente, trois enfants
plus jeunes étaient atteints de la même maladie. Le premier
fut traité comme ci-dessus, par tarantula suivi de mercure
iod . flav . Les deux autres guérirent sous l’influence de
tarantula seul.
L’auteur a traité par tarantula seize cas qui tous abouti¬
rent à le guérison, et depuis 1884 c’est là son remède favori
quand il est appelé dès le début, ou peu après, et que la
maladie présente le type sthénique.
Les symptômes fébriles initiaux correspondent exactement
à bellad ., et sont couverts entièrement par ce médicament :
rougeur de la face, chaleur mordicante, battement des caro¬
tides, agitation, spasmes, etc. Mais dès qu’on a reconnu la
présence des fausses membranes et l’odeur caractéristique de
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la diphtérie, ce serait perdre son temps que de recourir à ce
médicament.
Le regretté Farrington, qui possédait si bien la matière
médicale, dit ceci : « Il n’y a, à proprement parler, aucune
ressemblance entre l’inflammation de belladona et l’inflam¬
mation diphtéritique.Le caractère général de la diphtérie est
celui d’un empoisonnement du sang, tandis que bellad . ne
présente rien de semblable. Si vous donnez bellad. dans la
diphtérie, assurez-yous qu’il est bien le remède indiqué, sinon
vous perdez un temps précieux. »
D’après l’auteur, garant, cub . est un remède de grande
valeur comme ses congénères tirés du règne animal : apis,
laehesis, crotalus , etc. Ces poisons, on le sait, conviennent
spécialement dans les maladies qui altèrent les sources
mêmes de la vie, en affectant profondément les centres ner¬
veux ou en produisant des modifications nuisibles dans la
composition du sang. Dans la diphtérie ces différents remèdes
n’ont pas les mêmes indications. Apis et laehesis conviennent
aux cas où l’asthénie prédomine, tandis que tarantula
réclame un.type sthénique évident. Apis présente dans ses
indications une grande débilité,une grande prostration, l’ab¬
sence de chaleur et de soif, une fièvre peu intense, etc. Avec
laehesis , on trouve de l’asthénie et une douleur intense en
même temps qu’une inflammation en apparence peu marquée.
Ses symptômes généraux sont hors de proportion avec les
manifestations locales. La fausse membrane apparaît du côté
gauche. Avec tarantula, le début de la maladie est brusque
et violent ; le mouvement fébrile est intense ; la soif est de
règle et le patient boit souvent et peu ou beaucoup à la fois;
il existe de l’anorexie, des vomissements, le malade se plaint
d’une grande sensibilité à la gorge et la déglutition est pénible,
du moins dans la plupart des cas. Enfin les deux côtés du
pharynx sont affectés de la même façon.
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L’auteur cite l'observation suivante qui se fait remarquer
par la soudaineté de l’attaque et la violence du début :
Il s’agit d’un enfant de trois ans qui s’est couché la veille
en bonne santé. Durant la nuit réveil brusque, vomissements,
chaleur, céphalalgie, mal de gorge, alternatives d’agitation
et de prostration. L’auteur voit le malade six heures plus
tard et constate la présence de membranes sur les deux
amygdales qui sont le siège d’une tuméfaction considérable.
Prescription : tarant. 12 e , une dose toutes les heures. Qua¬
torze heures plus tard, les symptômes fébriles avaient de
beaucoup diminué, mais l’état de la gorge avait peu changé.
Meme remède toutes les deux heures. L’amélioration s’ac¬
centua pendant deux jours encore. Merc. iod. flav. 6° fut
ensuite administré contre l’état de la gorge et le septième
iourla guérison fut complète.
Il régnait en ce moment une épidémie de diphtérie à type
malin, qui amenait la mort en quarante-huit heures. L’au¬
teur donna encore ses soins à trois autres malades avec le
plus grand succès tandis que les malades traités par ses con¬
frères mouraient ou ne se remettaient que très lentement.
L’auteur a eu recours à ce traitement durant ccs huit
dernières années et cela avec le plus grand succès. Après les
deux ou trois premiers jours, ou lorsque l’amélioration ne
faisait plus de progrès, il avait recours à quelques autres
médicaments parmi lesquels Yiodure de mercure occupe la
première place.
Les cas où la guérison survient rapidement sont ceux où
la maladie a été combattue dès le début par tarantula ;
plus tard le succès est moins certain.
L’auteur termine en exprimant encore toute sa confiance
dans ce remède, pour le traitement de la variété de diphtérie
dont il donne la description, et il recommande les 6 e , 12° ou
30 e dilutions. ( The Hahnemannian Monthly.)
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Phlegmasia alba dolens
La pathogénésie de hamamelis nous fournit une pein¬
ture parfaite de cette affection telle qu’elle se présente
généralement. Ce médicament peut s’administrer à l’inté¬
rieur ou à l’extérieur ou de ces deux manières en même
temps. L’un ou l’autre des remèdes suivants peut trouver ses
indications. Ainsi on aura recours à belladona lorsque les
douleurs sont aiguës, lancinantes, et que la patiente est très
sensible au bruit, à la lumière, que son sommeil est agité
par la congestion du sang vers la tête. Dans ce dernier cas,
pulsatilla est le remède principal, de même lorsqu’il y a
absence de soif, besoin d’air frais et grande émotivité. On
donnera aconit s’il existe de la fièvre, si la peau est chaude
et si les'lèvres sont sèches, surtout si la patiente « a pris
froid ».
Bryonia trouvera son utilité dans les complications de
nature rhumatismale, lorsque le moindre contact ou le
moindre mouvement aggrave les douleurs, ou encore lorsque
celles-ci s’irradient du milieu du corps vers les extrémités.
Le désir de boire de grandes quantités d’eau et l’aggrava¬
tion survenant le soir et la nuit doivent encore être pris en
considération. Arsenicum se trouve tout indiqué quand il y
a lieu de soupçonner l’intervention d’un élément infectieux;
il existe une douleur brûlante et la patiente désire être cou¬
verte chaudement et se plaint d’une sensation de froid con¬
tinu. Un grand désir de boissons froides et une agitation
incessante confirment l’emploi de ce remède. Rhus toxico -
dendron se rapportera à l’existence d’une dermite, surtout
si celle-ci s’accompagne du développement de vésicules éten¬
dues et nombreuses. Le changement de position amène un
soulagement momentané, tandis que les enveloppements
humides augmentent les malaises. La dernière partie de la
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nuit est également plus pénible. Apis et arnica peuvent
encore trouver leurs indications.
Ces remèdes couvrent au moins les deux tiers des cas et
ont été énumérés suivant l’ordre de leur importance. On
n’oubliera pas d’avoir recours à hepar dans le cas de suppu¬
ration. Enfin on peut encore employer à l’extérieur hama-
melis , puisât ilia , rhus et belladona y comme aussi on peut
recourir aux enveloppements de flanelle,, etc. On exigera un
repos complet. (Southern Journal of Homœopathy .)
D r Cyr. Planquart
MATIÈRE MÉDICALE
CtLionanthus
par le D r Y. Z. Lawshé. — Traduction du D r J. De "Web, de Bruxelles
1. — Le D r Scudder, d’une santé excellente, sauf un peu
d’aphasie, prit à 1 heure de l’après-diner 30 drach. d’une
teinture très forte. A 2 h. 30 sensation de contraction dans
l’estomac comme si un corps vivant s’y déplaçait, malaise
dans les régions hépatique et splénique, douleur rhumatis¬
male à la cheville gauche et dans les os du tarse. A 3 heures,
les sensations désagréables de l’estomac et des hypochondres
avaient augmenté de beaucoup ; spasmes et pulsations dans
l’estomac, malaise dans la région iliaque gauche comme si
elle était remplie de flatuosités; langue jaune au centre,
pouls plus petit et plus faible, douleur rhumatismale à l’ar¬
ticulation carpo-métacarpienne du pouce gauche. Aumoment
de se mettre au lit, selles noires comme du goudron ; sommeil
bon. Au réveil, pendant quelque temps, douleur dans la co¬
lonne vertébrale depuis la 7° jusqu’à la 10 e vertèbre dorsale.
2. — J’ai donné le médicament avec les mêmes résultats à
M. G.... Chez M me N... une seule dose de 10 drach. a produit
tous les symptômes susindiqués d’une façon si désagréable
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qu'on ne pût la déterminer à continuer l’expérimentation. Il lui
semblait que ses intestins allaient agir violemment comme
après la prise d’un purgatif, en même temps qu’elle éprou¬
vait la nausée qui accompagne souvent ce dernier.
.J’ai fait ma teinture avec l’écorce de la racine fraîche
immédiatement après la floraison de la plante et je l’ai
laissé macérer pendant six semaines. Après avoir pris
pendant un jour de la 12 e et de la 6 e dil.décimale sans aucun
résultat, j’ai pris le 10 juillet à 9 h. 30 du matin 1 drach. de
la teinture et puis d’heure en heure j’ai augmenté la dose de
un drach. Arrivé à 5 drach. j’ai augmenté la dose de 5 drach.
pour arriver à 25 drach., mais jusqu’ici sans aucun résultat.
Le 11 je commençai d’emblée avec 30 drach. à 9 heures du
matin et d’heure en heure j’ai augmenté la dose de 5 drach.
jusqu’à ce que je fusse arrivé à une once. Après avoir pris
successivement 3 doses d’une once, je me suis couché en par¬
faite santé. A 4 h. 10 du matin je me suis réveillé avec une
céphalalgie très intense, frontale et surtout sus-orbitaire,
située spécialement au-dessus de l’œil gauche. Les globes
oculaires étaient très douloureux, comme fatigués et brisés;
lançures et douleurs de torsion dans l’abdomen qui se cal¬
maient un peu en me couchant sur le ventre. Nouveau som¬
meil. A 8 h. 30 je me suis réveillé de nouveau me sentant
très malade, j’avais mal par tout le corps; la tête particuliè¬
rement était douloureuse et donnait une sensation de pesan¬
teur au front, avec pression à la racine du nez. Ma faiblesse
était telle qu’il m’a fallu m’asseoir pendant que je m’occupais
de ma toilette. Eructations amères, beaucoup de nausées et
d’efforts de vomissement, désir d’aller à selle. Langue forte¬
ment chargée d’un enduit vert jaunâtre très sale. Dès que
j’étais descendu, j’ai été pris d’un violent accès de nausée
avec beaucoup d’efforts pour vomir ; il me semblait qu’il y
eût dans mon ventre deux tractions en sens inverse: l’une
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essayant d’en faire sortir le contenu, l’autre de le retenir;
mais bientôt,grâce aux efforts inouis, je suis parvenu à vomir
la valeur d’une tasse à thé d’une bile verte très foncée, filante
et excessivement amère; toute cette bile venait d’un jet.
Immédiatement après il s’est développé une transpiration
froide au front et je me suis senti excessivement faible ; le
désir d’aller à selle avait passé avec le vomissement ; je me
sentais brisé et atteint de douleur dans le bas du dos, avec
grande faiblesse en me tenant debout ou en me promenant,
améliorée en m’asseyant ou en me couchant. Au déjeuner
inappétence absolue, avec cela mon estomac me semblait si
faible et si vide que je bus une tasse de café et que je mangeai
la moitié d’un biscuit; par là j’obtins un certain soulagement.
A 9 heures du matin nervosité telle que je ne savais me tenir
tranquille, j’avais beaucoup de peine à annoter mes symptô¬
mes. A 9 h. 30 les régions lombaire et sacrée sont si doulou-
x^euses et semblent si faibles que c’était avec peine que je
pus aller de la voiture à l’office ; chaque pas semblait
ébranler ma tête et bouleverser tout mon corps. A 10 heures,
l’ai été tranquille pendant une demi heure et je me sentais
un tant soit peu mieux. Pression au dos du nez, constriction
douloureuse dans les tempes avec battement des artères tem-
poi^ales. A 10 h. 30 je venais d’avoir une selle : la première
moitié était liquide, la dernière était plus solide. La selle était
horriblement fétide et avait une odeur de charogne ; la cou¬
leur était d’un brun foncé et elle contenait des matières non
digérées. En même temps sensation de pesanteur dans le bas
de l’hypogastre. A 11 h. 30 en rentrant à la maison, je me
sentais très malade et excessivement faible ; ma tête et mon
dos me faisaient très mal. A midi le front et les joues sont
très chauds et secs ; pouls 114; frissons dans tout le coi*ps
allant d’avant en arrière et produisant une espèce de tressail¬
lement involontaire ; mon front est comme un chaînon ar-
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— 241 —
dent; céphalalgie frontale et sus-orbitaire soulagée par la pres¬
sion de la main,mais celle-ci ne put être supportée longtemps
car à la longue ma tête me faisait encore plus mal; nervosisme
excessif; je ne pouvais rester en place; tressaillements
involontaires dans différentes parties du corps, sécheresse de
la langue et de la bouche, cependant la quantité de la salive
était normale. Pas de soif. Je me suis endormi à 12 h. 20 et
on m’a réveillé à 2 heures pour dîner. Impossibilité de manger
quoi que ce soit, nausées continuelles. J’ai bu une tasse de
café; céphalalgie aggravée depuis mon réveil. Pouls 88. La
tête n’était plus tout à fait aussi chaude; froid dans tout le
corps; nouveau sommeil vers 3 h. 30; à 4 h. 15 la tête et la
figure, au dire de mon entourage, étaient couvertes d'une
sueur profuse, mes carotides battaient violemment. Je me
suis levé à 5 heures et baigné la figure à l’eau froide, ce qui
m’a donné un peu de bien-être, cependant ma tête et mon
dos me faisaient beaucoup souffrir, et mes globules oculaires
semblaient fatigués. 6 h. 30, faiblesse et sensation de vide à
l’estomac soulagées en mangeant quelques biscuits et en
buvant une tasse de thé. Pouls 88. A 8 h. 15 selles aqueuses
d’un brun noirâtre, très fétides ; coliques pendant la selle.
Couché à 9h. 30; j’ai du me couvrir fortement, quoique la
température fût très douce ; tête brisée, fatiguée, faiblesse
dans le bas du dos, en y touchant sensation comme si la
peau était enlevée.
Le 13. — Nerveux et agité la nuit derrière; je ne me suis
endormi qu’à minuit et malgré cela je me suis encore reveilié
bien souvent avec des douleurs dans la tête, le dos et l’ab¬
domen. Levé à 8 heures, ma tête était brisée et douloureuse
et cette sensation de brisure semblait s’étendre au cerveau ;
sensation comme si le crâne allait éclater par la marche, le
rire, etc.
Le dos n’était pas aussi sensible que les autres jours. Peu
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d’appétit au déjeuner, selle très abondante, aqueuse d’un brun
foncé, mais pas aussi fétide que hier. A 9 h. 30, amélioration
de la céphalalgie; ce matin, à plusieurs reprises, accès de
douleurs incisives et de constriction dans les intestins, à la ré¬
gion ombilicale; langue chargée d’un enduit très épais au cen¬
tre, de couleur jaune, la pointe est légèrement rouge et de
chaque côté elle présente plusieurs petites places où le sang
semble vouloir sortir ; sensation de ratatinement au centre
de l’organe. 4 h. 30 de l’après-dîner, le seul symptôme à ce
moment était une douleur sourde dans les régions ombilicale
et iliaque, se transformant par moments en colique intense,
un peu soulagée par l’émission de vents. Teint jaunâtre de la
face; d’un angle à l’autre de chaque œil il y avait une bande
jaune étroite tranchant nettement sur le blanc d’alentour;
les vaisseaux de la sclérotique étaient fortement injectés.
Le 14. — Depuis hier 5 heures de l’après-dîner et toute la
nuit précédente, j’ai beaucoup souffert de maux de ventre; ils
étaient plus intenses que hier ; on aurait dit qu’à la région
ombilicale mes intestins étaient placés dans un nœud coulant
qu’à chaque instant on serrait pendant un moment pour le
relâcher aussitôt graduellement.
Selle très liquide, aqueuse avec matières d’un jaune foncé,
la partie liquide était plutôt d’un vert foncé avec une légère
couche de mousse verte à la surface striée d’une substance
blanche à l’aspect muqueux.
Les selles étaient accompagnées de beaucoup de vents,
d’un peu de douleur intestinale, de sueur froide au front et
aux mains; il fallait un certain temps pour les provoquer et il
n’arrivait qu’une petite quantité de matières à la fois ; elles
étaient suivies, d’une sensation de brûlure à l’anus qui durait
de 15 à 20 minutes. Globes oculaires brisés et fatigués, tout
le blanc des yeux a une teinte jaunâtre. Peau très jaune.
Fatigue générale.
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Le 15. — Selles presque normales, mêmes sensations dans
l'abdomen que la veille, quoique moins intenses ; aucun nou¬
veau symptôme.
Le 16. — Beaucoup de vents très fétides, surtout la nuit.
Plus aucun autre symptôme. (. North American Journal of
homœopathy.) Traduction du D r J. De Wée
La scrofule et l’air marin
par le D r Martin y
Le D r Variot, après une enquête sur place dans les îles
de la côte bretonne,a fait connaître à la Société médicale des
hôpitaux (séance du 7 octobre 1892) qu’il a constaté, à son
grand étonnement, que l’air marin, si favorable à la guérison
de la scrofulose, n’empêche pas les enfants de ces îles d’y
devenir scrofuleux. Il attribue ce fait à la mauvaise alimenta¬
tion, au mauvais logement et autres raisons ejusdem farinœ.
Ceux qui ont lu ce que nous avons écrit jadis au sujet de
l’air marin n’en seront pas surpris : nous avons fait observer
que les personnes exposées à respirer continuellement de l’air
réellement marin sont facilement atteintes de scrofulose.
Nous avons même rappelé que différents praticiens ont constaté
que la scrofulose est très fréquente dans les ports de mer
où la mer pénètre réellement jusque contre les habitations. (1)
Dans les petites îles, de quelque côté que souffle le vent, il
y apporte les effluves marines, et la scrofulose doit y être plus
fréquente, en vertu de la grande loi des semblables.
Nous voyons avec plaisir que M. Yariot, qui a fait des
recherches sur placera constaté le fait pour les îles de la côte
bretonne.
C’est également en vertu de notre grande loi que, dans les
pays où les eaux sont ferrugineuses, on trouve beaucoup de
chlorotiques et d’anémiques. D r Martin y
(1) Voir le Bord de la Mer , par le D r Martiny.
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Doctrine microbienne
par le D r Jousset
A propos de la communication faite par le D r Peter à
l’Académie de médecine de Paris au sujet du choléra (l),nous
croyons utile de mettre sous les yeux de nos lecteurs un
article publié déjà en novembre 1891 dans Y Art médical par
notre éminent confrère, le D r Jousset :
ÉTAT DE LA QUESTION
A ses débuts, l’Ecole microbienne affichait la prétention
de révolutionner la pathologie tout, entière. Aujourd’hui, la
connaissance plus exacte et plus complète de son sujet lui-
même la rend hésitante et la ramène vers les doctrines tra¬
ditionnelles de la médecine.
Il y a quelques années, le microbe était tout en étiologie ;
« on croyait que les bactéries une fois introduites, le mal
« éclatait fatalement et suivait son cours ». (Traité de méde¬
cine. Charcot et Bouchard, page 21.)
A ce moment, on considérait le microbe comme un être
immuable et comme la cause absolue d’une maladie déter¬
minée.
Nous avons toujours pensé que ces exagérations tombe¬
raient d’elles-mêmes ; confiant dans la force de la vérité,
nous avons attendu des travaux mêmes de l’Ecole microbienne
une mise au point plus juste et plus conforme à la tradition.
Il était impossible qu’un effort aussi puissant que celui auquel
nous assistons depuis plus de vingt ans, que tant de labeurs,
tant d’expérimentations, accomplis à l’aide d’une instrumen-
mentation aussi perfectionnée que celle de la technique mo¬
derne, aboutissent à cette insanité : toutes les maladies sont
de causes externes et produites par un microbe spécial comme
(1) Voir vol. cour 1 p. 212.
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la gale est produite par l'accarus et la teigne par le tricho-
phyton.
Quels sont les faits qui ont ainsi modifié l'esprit de l’Ecole
microbienne ?
C’est d’abord ce fait incontestable de plusieurs maladies
d’espèces distinctes produites par le même microbe, l'ostéo¬
myélite et le furoncle (Pasteur).
C’est la pleurésie développée tantôt par le pneumocoque,
tantôt par le streptocoque, tantôt par le bacille d’Eberth, sans
que l’espèce du microbe détermine toujours la même forme
de la pleurésie, le streptocoque pouvant produire une pleu¬
résie séro-fibrineuse aussi bien qu’une pleurésie purulente, et
le bacille d’Eberth, déterminant, tantôt un épanchement san¬
guinolent et tantôt un épanchement fibrineux (Société médi¬
cale des Hôpitaux, 24 avril 1891 et compte-rendu de cette
séance, Art médical , juillet 1891) ; ce sont ces observations
de granulies sans bacilles de Koch ; ces maladies produites
par des micro-organismes non pathogènes, le proteus vul-
garis , par exemple, pourvu que l’injection atteigne une cer¬
taine quantité.
Mais, ce qui a surtout ébranlé la doctrine microbienne pri¬
mitive, c'est la présence habituelle, dans les cavités natu¬
relles, des microbes pathogènes les plus dangereux sans
aucun trouble de la santé; le pneumocoque habite la cavité
buccale sans qu’on voie se développer ni pneumonie, ni otite,
ni angine infectieuse. Le microbe de l’érysipèle et de la diph-
thérie reste de même à l’état latent et le bacillus coli attend
dans l’intestin les modifications chimiques produites par la
fièvre typhoïde, pour se transformer en bacille d’Eberth (1).
(1) On peut lire dans la séance de l’Académie de médecine du
20 octobre dernier, une communication de M. Chauveau, au nom de
MM. Rodet et Roux, de Lyon, qui établit que le bacille d’Eberth n’est
autre que le bacillus coli : « c*est l’organisme typhique qui, disent ces
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Le rôle étiologique du microbe se trouve ainsi reporté au
second plan, puisqu’il lui est impossible d’attaquer un orga¬
nisme sain et qu’il reste à l’état latent jusqu’au moment où
l'organisme malade lui permet d’entrer en scène et de déve¬
lopper les symptômes qui lui sont propres.
Les faits d’immunités suivant les espèces, les races et les
individus mis en lumière depuis plus de quarante ans par notre
Ecole,ont été vérifiés et mis hors de doute par les expérimen¬
tateurs contemporains et, en particulier, par le professeur
Bouchard. D’un autre côté, les causes banales : le froid,
le chaud, le sec, l’humide, le surmenage, l’abstinence, etc.,
si en honneur dans la tradition, sont acceptées aujourd’hui
par l’Ecole microbienne comme ayant une grande influence
sur le développement des maladies. En sorte que, d’une part,
cette immunité assez puissante pour annuler l’action des mi¬
crobes qui vivent habituellement en nous et, de l’autre, la
nécessité habituelle des causes banales pour le développement
de l’action pathogène des microbes ramènent l’Ecole bacté¬
riologique à l’ancienne étiologie, et nous avons été heureux
de lire, dans le traité le plus récent, le plus autorisé des doc¬
trines microbiennes, le passage suivant :
« En étudiant ces données, — action des causes banales,
auteurs, par un mécanisme encore inconnu, donne au bacillus coli les
caractères du bacille d’Ebertli ».
Dans la séance de la Société de Biologie du 17 octobre, M. Dubief
établit, contrairement aux assertions de MM. Chantemesse et Widal, que
le bacille d’Eberth fait fermenter la glucose comme le bacillus coli.
M. Dubief reconnaît que la quantité d’acide lactique produite par la fer¬
mentation de la glucose sous l’influence du bacillus coli, est sensible¬
ment le double de celle que donne, dans les mêmes circonstances, le
bacille d’Eberth; c’est à cette quantité moindre d’acide lactique produite
par le bacille d’Eberth qu’il faut attribuer l’absence de coagulation du
lait produit par ce bacille, tandis que le bacillus coli le coagule rapide¬
ment ; mais, ajoute M. Dubief, ces différences ne suffisent pas à établir
une distinction absolue contre les deux bacilles.
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« — on pourra voir combien il est aisé de mettre d’accord
« l’ancienne et la nouvelle étiologie ; combien l’une et l’autre,
« loin de se contredire, se prêtent un mutuel appui. L’éclo-
« sion de nombre d’affections, provoquées par les germes qui
« vivent habituellement en nous ne devenant dangereux que
« grâce aux influences des causes banales, nous paraîtra une
« sorte de retour à la spontanéité morbide, mais à une spon-
« tanéité tout autrement comprise. » (Loc. cit., page 54.)
La spontanéité morbide ! ce mot produit autant d’effet sur
les microbiens que Y ontologie en produisait dans l’Ecole de
Broussais. La préoccupation à l’Académie de médecine,
comme celle de M. Dubief dans sa communication à la Société
de Biologie, à propos du bacille d’Eberth, est de se défendre
de l’accusation d’un retour vers la spontanéité morbide;
accusation que MM. Chantemesse et Widal leur jettent à la
face comme une injure et une menace.
Les auteurs du Traité de médecine parlent, nous venons
de le voir, d’un retour à la spontanéité morbide, mais à une
spontanéité autrement comprise qu’avant leur réforme; que
signifie cette phrase ? Et à qui les maîtres de l’Ecole micro¬
bienne feront-ils croire que dans la tradition on enseignait
que la syphilis et les fièvres éruptives, par exemple, pou¬
vaient se développer spontanément et sans l’action d’un con¬
tage. Où est, dans ce cas, la différence entre la spontanéité
morbide comme nous la comprenons et comme la compren¬
nent nos adversaires?
La spontanéité morbide n’a qu’un sens que nous formulons
ainsi : c’est l’organisme vivant qui fait sa maladie, tantôt
sous l’influence des causes banales seules, tantôt à la suite
d’un contage nécessaire.
Est-ce que les auteurs du Traité de médecine ne sont pas
bien près de s’entendre avec nous quand ils écrivent :
« Aujourd’hui tout le monde est d’accord sur ce point; tout
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le monde admet le rôle considérable réservé au changement
qui se passe dans l’organisme pour la réussite ou l’échec des
infections les plus banales et les plus communes ». ( Loc . cit. 7
page 6.)
Ainsi, il faut revenir à cette tradition qu’on a tant dédai¬
gnée, mais on y reviendra avec toutes les vérités acquises
par la nouvelle Ecole.
L’étude approfondie des microbes qui caractérisent les
lésions, leur rôle dans le mécanisme des symptômes et dans
la reproduction des maladies sont des connaissances qui éclai¬
rent d’une lumière toute nouvelle les problèmes de la patho¬
logie et qui, lorsque les exagérations seront tombées, con¬
stitueront une ressource précieuse pour l’hygiène publique.
Mais le point de vue de beaucoup le plus important, est le
rôle des microbes, ou plutôt de leurs toxines, dans la théra¬
peutique.
Rendons justice à la Clinique; depuis longtemps elle nous
avait enseigné que quand un père syphilitique engendrait un
enfant syphilitique, sans que la mère soit contagionnée,
cette mère acquérait l’immunité, en sorte qu’elle pouvait
nourrir son fils sans prendre la maladie (loi de Colle) et inver¬
sement, quand la mère prenait la syphilis et donnait nais¬
sance à un enfant sain, cet enfant acquérait l'immunité et ne
pouvait plus prendre la syphilis de sa mère.
Pasteur nous a appris que la bactérie du charbon consti¬
tuait un vaccin et conférait l’immunité au mouton, de même
que c’était le virus de la rage qui empêchait le développement
de cette maladie. Chauveau a démontré que les bactéries du
charbon symptomatique injectées dans les vaisseaux des
bovidés leur conféraient l’immunité contre cette maladie, etc.
De l’ensemble de ces faits, nous pouvons formuler la loi
suivante : l’agent qui transmet la maladie est le même qui,
atténué, confère l’immunité contre cette maladie.
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— 249 —
Les toxines produites par les microbes n’ont pas seulement
le merveilleux pouvoir de conférer l’immunité, nous croyons
qu’ils renferment les propriétés thérapeutiques les plus pré¬
cieuses. Si la lymphe de Koch n’a pas donné tout ce que son
inventeur avait promis, c’est, d’abord, que les doses conseil¬
lées étaient dangereuses; c’est, ensuite, que la tuberculose
est une maladie peu curable.
Nous rappelons qu’au commencement du siècle, Dufresne,
de Genève, a guéri la pustule maligne avec le virus de cette
pustule. Le professeur Bouchard vient d’appliquer, avec
succès, au traitement des hémorrhagies, les propriétés vaso-
constrictives des toxines produites par les microbes du pus.
Nous ne saurions trop insister : c’est dans la voie de la
prophylaxie et de la thérapeutique que l’école microbienne
doit diriger tous ses efforts; c’est sur ce terrain quelle trou¬
vera la juste récompense de tous ses travaux et non dans la
recherche d’une antisepsie médicale renouvelée de Raspail.
— D r Jousset.
ALBUMINURIES
Discours prononcé par le -professeur Bouchard à l'Académie
de médecine de Paris
Le savant maître a tenu tout d’abord à constater que l’idée
de l’auto-intoxication et de la multiplicité des poisons qui
s’accumulent quand le rein est malade,—idée émise par lui,—
s’affirment de plus en plus. Chaque jour, la clinique nous offre
et nous donne la preuve de la vérité de cette doctrine.
Le traitement pathogénique doit donc avoir pour but d’ar¬
rêter dans sa course chacune des catégories de ces poisons ;
il faut chercher à leur trouver d’autres voies d’élimination,
et s’efforcer de leur opposer des antidotes.
Au nombre des moyens usités, le lait est surtout précieux
parce qu’il constitue un aliment insuffisant ; il importe de ne
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— 250 —
pas croire que si un litre de lait est utile, deux litres le seront
deux fois plus.
Le lait donné en quantité modérée comme aliment exclusif,
comme boisson exclusive, diminue la surcharge d’un orga¬
nisme où l’émonctoire se fait mal, et le malade bénéficie de
la moindre quantité des liquides ou des solides, surtout des
aliments azotés.
On obtient également de bons effets avec les œufs, qui,
dit-on, modifient moins avantageusement l’albuminurie ; mais
qu’importe, l’albuminurie n’est pas une maladie ; elle est sim¬
plement un élément de diagnostic et de pronostic et non une
cause d’aggravation de la maladie.
Si l’albuminurie est un symptôme mal famé, c’est parce
qu’il est souvent l’avant-coureur d’accidents graves ou le
signe d’une maladie de longue durée, urémie et chronicité.
Mais il n’y a que les albuminuries rénales capables de provo¬
quer des accidents toxiques. Il existe, en effet, des albumi¬
nuries étrangères à une maladie du rein.
Ainsi il est permis d’admettre une albuminurie cutanée que
détermine, par action réflexe, l’irritation des nerfs cutanés.
Ainsi, elle peut être provoquée expérimentalement chez l’ani¬
mal, par l’application de compresses de chloroforme ; on
l’observe fréquemment chez l’homme à la suite d’une friction
térébenthinée ou à la suite de la friction classique dans le trai¬
tement de la gale. Le même phénomène se produit après la
faradisation cutanée et la faradisation du sciatique. Ce sont
des albuminuries par excitation nerveuse; elles se montrent et
disparaissent soudainement.
D’autres albuminuries s’observent au cours des maladies
chroniques, telles que la goutte, le diabète, l’obésité.
Quand chez un goutteux ou un diabétique on voit apparaître
l’albuminurie, on croit généralement que c’est le début de la
néphrite fatale. Il n’en est rien, le plus souvent, et il y a chez
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- 251 —
les goutteux, chez les diabétiques, chez les obèses, des albu¬
minuries qui ne s’affranchissent pas de la maladie protopa-
thique, qui s’associent, au contraire, à ses variations, qui
diminuent ou disparaissent quand l’affection primitive s’amé¬
liore, qui sont fréquentes dans les périodes initiales de ces
maladies ou dans les périodes d’exaspération, puisqu’ils dis¬
paraissent pendant des années quand l’état morbide principal
s’est affirmé dans sa période d’état ; qui n’ont pas la constance
de l’albuminurie des reins, et qui ne s’accompagnent pas des
accidents cardiaques, hémorragiques, dyspnéiques, etc., qui
forment le cortège symptomatique de l’albuminurie perma¬
nente, signe de la néphrite qui vient compliquer tardivement
ces maladies.
L’albuminurie qui dépend soit de la goutte, soit du diabète
ou de l’obésité se guérit tous les jours. Quanta sa fréquence,
il suffira de dire qu’on la rencontre 26 fois sur 100 dans
l’obésité, 58 fois sur 100 dans la goutte et 33 fois sur 100
dans le diabète.
Dans la dyspepsie, dans celle surtout qui accompagne la
dilatation de l’estomac, l’albuminurie est fréquente, 21 fois
sur 100. Nulle au réveil, elle reparaît avec les repas et avec
l’exercice ; elle se guérit facilement.
Il y a enfin une autre albuminurie que M. Bouchard appelle
albuminurie hépatique , qui ne dépend nullement d’une affec¬
tion des reins. Les expériences chez les animaux démontrent
en effet, que le foie peut élaborer certaines substances albu¬
minoïdes, de telle sorte que l’albuminurie en résulte.
Chez les dilatés à foie congestionné, l’albuminurie est bien
plus fréquente que chez ceux dont le foie est normal. lien est
de même dans l’obésité, dans le diabète et dans la goutte ;
ainsi, pour ne parler que de cette dernière maladie, sur 100
goutteux avec foie normal, 43 albuminuriques, avec gros
foie, 100 albuminuriques. Les albuminuries intermittentes
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— 252
n’existent pas en tant que maladie ; toutes le sont, excepté
celles dues à une lésion rénale. On les observe aussi fréquem¬
ment chez les enfants et les adultes quand la croissance s’ef¬
fectue mal.
En présence de ces nombreuses variétés d’albuminuries, il
est évident que le traitement doit varier selon le cas ; il faut
combattre non le symptôme, mais la condition pathogénique
de ce symptôme. {Scalpel.)
Résultats thérapeutiques des injections de liquide testiculaire
de Brown-Séquard et d’Arsonval
Plus de douze cents médecins ont expérimenté le liquide
testiculaire et voici les conclusions des notes qu’ils ont bien
voulu nous communiquer :
En premier lieu, les injections de liquide testiculaire,
lorsqu’elles sont pratiquées avec toutes les précautions anti¬
septiques nécessaires, ne présentent aucun danger, aucun
inconvénient grave. Je puis être d’autant plus affirmatif à ce
sujet que nos douze cents correspondants ont pratiqué plus
de deux cent mille injections sans aucun accident. La douleur
a été, dans certains cas, assez vive, mais toujours passagère;
au plus, dans quelques cas, a-t-elle persisté un jour ou deux.
Plusieurs médecins russes ont noté un léger mouvement
fébrile après les injections ; en France, cette légère élévation
de température n a été observée que chez deux malades. En
résumé, innocuité absolue des injections de liquide testiculaire.
Voyons maintenant, d’après les notes de nos correspon¬
dants, quelle a été leur utilité :
Je ne veux pas m’étendre sur l’ataxie locomotrice, dont je
ferai l’objet d’une communication spéciale; je dirai seulement
que le liquide testiculaire a échoué dans trois ou quatre cas
au plus, sur plus de cent vingt cas d’ataxie.
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— 253 —
Vingt et un cas de cancers, la plupart utérins, ont été
traités par les injections de liquide testiculaire et toujours il
y a eu amélioration : cessation de la suppuration, des dou¬
leurs, des hémorragies; diminution, au moins apparente, du
volume de la tumeur, disparition des œdèmes. Est-ce à dire
que les injections de liquide testiculaire peuvent guérir le
cancer? Je nen sais rien, ou, pour mieux dire, je ne l’espère
pas. Mais n’est-ce pas déjà quelque chose que de produire une
amélioration très appréciable et de prolonger la vie chez des
malades qui n’avaient plus aucun espoir? En effet, 19 des 21
cancers traités avaient été déclarés inopérables.
Dans les cas de fibromes utérins, il y a toujours eu diminu¬
tion très appréciable du volume de la tumeur. Je ne pus
expliquer ce résultat que par l’intervention du système ner¬
veux tonifié sur la nutrition du néoplasme.
Je laisserai de côté plusieurs affections dans lesquelles les
injections me paraissent n’avoir eu qu’un effet suggestif.Mais
il est une maladie toujours incurable dans laquelle cette hypo¬
thèse ne peut être invoquée : c’est la paralysie agitante.Dans
cette affection, nos résultats n’ont pas été brillants ; cepen¬
dant, sur sept malades traités, deux ont été très améliorés,
l’un surtout qui est presque guéri. J’ajouterai que dans la
sclérose latérale de la moelle épinière, dont les lésions sont
comparables à celles de l’ataxie, il y a eu amélioration dans
tous les cas.
La tuberculose nous a fourni de beaux succès; sans rappe¬
ler les améliorations constatées par MM. Dumontpallier,
Gornil, Hénocque, etc., les malades observés en dehors des
hôpitaux sont actuellement très nombreux ; tous ont été amé¬
liorés, beaucoup d’une manière très remarquable, et chez cer¬
tains l'amélioration générale et locale se maintient depuis
longtemps déjà. Peut-on obtenir une guérison complète? Tout
permet de l’espérer. Mais pour cela il faut soigner longue-
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— 254 —
ment les malades et les garder longtemps en observation.
Le diabète est également avantageusement modifié par le
liquide testiculaire; un de nos correspondants nous a même
signalé un cas de guérison complète.
Une remarque pour finir : M. d’Arsonval est parvenu à
préparer un liquide testiculaire beaucoup plus actif que celui
qu’il préparait jusqu’ici et qui était au cinquième; sa nouvelle
préparation est à deux et demi. Ce liquide est donc d’une
puissance double. Il présente l’avantage de nécessiter des
injections moins abondantes, et si, ce qui arrive parfois, il est
plus douloureux que le liquide au cinquième, on remédie faci¬
lement à cet inconvénient en l’étendant d’un peu d’eau stéri¬
lisée, ce qui est préférable à la glycérine contenue seule dans
le liquide ancien. Avec le liquide actuel, une injection de
trois grammes répond à toutes les nécessités.
Enfin,un dernier conseil: il faut injecter à certains sujets
des quantités assez considérables de liquide testiculaire et ne
pas craindre d'augmenter les doses quand les premières injec¬
tions ne produisent pas d’amélioration. (Soc. biolog.de Paris).
— [Presse médicale belge .)
VARIÉTÉS
Congrès homœopathique international de Chicago. — Nous
avons reçu diverses informations au sujet du Congrès international
d’homœopathie qui aura lieu en 1893 à Chicago, à l’occasion de l’Expo¬
sition universelle.
11 y aura à cette occasion, et installés par l’administration de cette
exposition, un nombre considérable de congrès embrassant toutes les
questions d’art, de science, de socialisme, etc.
Les congrès de médecine auront lieu au mois de mai, ils présentent
six divisions générales qui sont par ordre :
1° Médecine générale et chirurgie ;
2° Homœopathie ;
3° Hygiène ;
4° Art dentaire;
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255 —
5° Pharmacie;
6° Médecine légale.
Pour chacune de ces divisions est institué un comité d’organisation. Le
comité homœopathique a pour président le D r J. S. Mitchell et pour vice-
président le D r R. Ludlam ; il a désigné un certain nombre de médecins
étrangers, de médecins américains et de doctoresses pour l’aider dans sa
tâche.
Voici un certain nombre de questions proposées :
L’histoire des progrès de l’homœopathie au moment de l’ouverture du
congrès de 1893.
Une appréciation soigneuse de la valeur des statistiques sur les résul¬
tats de l’homœopathie soit publiques, soit privées.
Plans pour la révision, la simplification ou l’application pratique de la
matière médicale.
Bactériologie, ses relations avec la pratique homœopathique.
Méthodes pour l’établissement des expérimentations des médicaments
sur des bases plus uniformes et plus scientifiques.
L’influence exercée par l’homœopathie sur l’éducation médicale et la
pratique en général.
La part que peut réclamer l’homœopathie dans la prophylaxie et le
contrôle des épidémies.
L’importance de l’uniformité des préparations pharmaceutiques.
Etude critique de la valeur des efforts faits pour instruire le public sur
les vrais principes de l’homœopathie.
Exposition des moyens adjuvants à notre méthode thérapeutique,
y compris les effets de la morale, de la culture et de la musique dans la
prophylaxie et la cure des maladies.
Les spécialités, y compris l’étude de leur nécessité et de leurs avan¬
tages et la part qu’elles peuvent avoir dans le développement de l’homœo-
pathie.
*
* •
Voici un nouveau traitement (?) de la surdité par catarrhe de la
trompe d’Eustache :
Bâillement ; sa signification physiologique et son utilisation thérapeu¬
tique . — Lorsque l’acte du bâillement est arrivé à son apogée, l’acuité
auditive diminue d’une façon très manifeste pendant une demi-seconde
environ. Si pendant l’expiration qui suit, le sujet se met à avaler, un
son rapide et court parvient à l’oreille, et si à ce moment on inspecte le
pharynx du sujet, on aperçoit souvent, sur la paroi postérieure de son
pharynx, un bouchon de mucus.
D’après l’auteur, la diminution de l’acuité auditive, mentionnée plus
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— 256 -
haut, est produite par une occlusion mécanique momentanée de l’ouver¬
ture pharyngée de la trompe d’Eustache, due à une contraction du
muscle pétro-salpingo-staphylin. Qand il existe une rigidité, une infiltra¬
tion, un catarrhe de la portion cartilagineuse de la trompe, la diminution
de l’acuité auditive ne se produit plus au moment du bâillement.
Comme l’acte du bâillement s’accompagne d’une tension de tous les
mucles qui servent à la respiration et que, par suite, le thorax est distendu
au maximum,bâiller constitue la gymnastique pulmonaire la plus natu¬
relle et il n’y a pas à craindre d’en user largement le matin et le soir.
D’autre part, pendant le bâillement prolongé, les muscles du pharynx
se contractent, la portion cartilagineuse de la trompe est en quelque
sorte exprimée. C’est pourquoi, dans les catarrhes aigus du pharynx,
dans les inflammations du voile du palais et au début d’un catarrhe des
trompes, une cure de bâillement est indiquée. {Rev. Gén. de Mèd ., de
Chir. et d'Obstétrique.)
SOMMAIRE
LA GRANDE LOI DES SEMBLABLES, par le
D r Martiny ., . . . 225
Nouvelles découvertes en thérapeutique. — Traduction
du D r Chevalier, de Charleroi.228
Notes de lecture, par le B 1 ' Cyr. Planqoart, de Bru¬
xelles .232
Matière médicale. — Traduction du D r J. Dewée, de
Bruxelles.238
La scrofule et l’air marin, par le D r Martiny . . . 243
Doctrine microbienne.244
Albuminuries.249
Résultats thérapeutiques des injections de liquide testi¬
culaire de Brown-Sequard et d’Arsonval .... 252
Variétés.254
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
19 e Année DÉCEMBRE 1892 N® 9
LES AMYGDALES
par le D r Martiny
A' la suite de différentes observations que nous avons
faites dans le cours de notre pratique médicale, nous
avons à peu près complètement renoncé à conseiller l’abla¬
tion chirurgicale et même les cautérisations plus ou moins
profondes des amygdales.
Lorsque parut, en 1874, le livre intitulé : Etudes géné¬
rales et pratiqués sur la phtisie , par le D r Pidoux, un
ouvrage remarquable auquel la Faculté de médecine a
décerné le prix de dix mille francs fondé par le
D r Lacaze, nous ne fûmes guère surpris d’y lire que
Pidoux, qui était un grand observateur et un clinicien,
redoutait l’ablation des amygdales chez les sujets plus ou
moins prédisposés à la tuberculose pulmonaire.
Pidoux, par suite de sa position de médecin aux Eaux-
Bonnes, avait vu passer devant lui un grand nombre de
poitrinaires et les avait bien observés.
Voici ce qu’il écrivait alors :
Je me comporte avec elle (angine folliculeuse des phti¬
siques) comme avec l’hypertrophie des amygdales que je
n’excise jamais, pas plus que la luette chez les phtisiques ou
chez ceux qui me paraissent menacés de le devenir, comme
aussi la fistule anale, les dermatoses, les douleurs, la leucor¬
rhée, etc., etc., (p. 295).
Et plus loin:
Lorsqu’on a des raisons de craindre qu’un enfant ou un ado¬
lescent soient prédestinés, il faut mettre tous ses soins à ne
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— 258 -
pas combattre ou à ne pas guérir brutalement et sans précau¬
tion les affections externes de nature strumeuse ou herpé¬
tique dont ils pourraient être atteints.
Il convient même quelquefois de protéger ces servitudes
organiques lorsque la santé n’en est point altérée et qu’elles
ne constituent que des exutoires naturels inoffensifs. Ainsi,
les éruptions du cuir chevelu, les scrofulides du nez, des
yeux, des oreilles, des lèvres, les adénites concomitantes, les
engelures, etc., ne doivent être réprimées qu’avec beaucoup
de'ménagements.
L’hypertrophie des amygdales, si elle n’est, pas excessive
et ne nuit ni à la respiration et à l’hématose, ni à l’audition et
aux rapports "de la colonne cervicale avec la tête et le tronc,
devra n’être traitée que par des moyens de l’ordre médical
généraux et topiques. On s’abstiendra donc de l’excision
autant que possible. J’ai été témoin de deux faits, et les chi¬
rurgiens en ont rapporté beaucoup d’autres, qui me portent
à croire que dans les cas que j’ai exceptés, cette opération
n’est pas sans danger. Les médecins qui ne partagent pas cet
avis, peuvent toujours dire que, l’individu étant prédisposé,
il n’y a eu que coïncidence entre l’excision des amygdales et
le développement ultérieur delà phtisie. 11 peut en être ainsi
quelquefois, sans doute; mais il n’en est pas moins vrai que,
par cela même qu’il y a de certains rapports de communauté
et d’origine entre les affections strumeuses et la tuberculose,
il n’y a rien d’étonnant à ce que la suppression d’un centre
strumeux soit suivie de la formation d’un travail tuberculeux
dans un autre point, chez un sujet en puissance de diathèse.
Or, pourquoi ce nouveau centre d’affection congénère, mais
régressive, ne serait-il pas le poumon, puisque cet organe est
le plus tuberculisable de l’économie?
Je crois avoir montré, au chapitre des maladies qui sont
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— 259 —
antagonistes de la phtisie, que la scrofule est du nombre de
ces maladies, quand elle est encore franche, primitive, jeune,
si je peux ainsi dire, et avec ses caractères natifs; et qu’elle
ne rend l’organisme propre à la tuberculose que lorsqu’elle
est usée et dégénérée. Or, bien certainement, l’hypertrophie
des amygdales est une des expressions les plus bénignes et les
plus naturelles des strumes non dégénérées. On la rencontre
souvent avec tous les autres caractères de la scrofule simple
et naissante, chez des enfants et des adolescents forts, bien
constitués, au teint coloré, à la face un peu humide et pleine
de sucs. Il faut craindre alors, que la suppression brusque de
cette affection primitive ne soit suivie, chez un sujet pré¬
destiné, de manifestations pulmonaires catarrhales d’abord,
et plus régressives encore ultérieurement. (Page 524.)
La lecture de ces considérations fixa d’une manière
complète notre opinion à ce sujet. Depuis lors, nous
n’avons plus conseillé l’excision ni même la cautérisation
chez les enfants et chez les adolescents, et, en recher¬
chant les antécédents des poitrinaires, nous en avons
trouvé un assez grand nombre qui avaient subi antérieu¬
rement l’excision des amygdales. Nous avons toujours vu
l’hypertrophie des amygdales et les inconvénients quelle
entraîne disparaître progressivement sous l’influence d’un
traitement bien approprié. Et, depuis de longues années,
nous n’avons pas rencontré de cas où un traitement con¬
venable ne produisait pas une telle amélioration que l’opé¬
ration devenait inutile.
Aussi quel rôle les amygdales jouent-elles? La physio¬
logie actuelle n’en sait trop rien, mais est-ce une raison
pour croire que ces organes, qui existent chez tout le
monde et qui sont plus ou moins développés chez les diffé¬
rents sujets, sont inutiles! Poser la question c’est la
résoudre.
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- 260 —
Nous ne voulons pas nous étendre sur les diverses
suppositions qui ont été émises au sujet des amygdales ;
toujours est-il qu'il ne nous paraît pas prudent d’exciser,
de lacérer, de cautériser profondément un organe qui
existe normalement chez l’espèce humaine et chez un
grand nombre d animaux.
Aussi, nous abondons pleinement dans les idées émises
par l’auteur dun article qui vient de paraître dans le
Courrier médical et dont le Scalpel du 27 novembre
donne le résumé suivant :
Inconvénients de Vablation des amygdales. — Récemment, le
docteur Lancry conseillait l’ablation des amygdales chez les
enfants atteints d’hypertrophie de ces organes, lorsqu’il exis¬
tait dans la famille un autre enfant atteint de diphtérie; le
docteur Geschwind, médecin principal de l’armée, s’est élevé
contre cette pratique qu’il considère comme dangereuse et
s’appuie dans cette proscription sur les fonctions qui parais¬
sent dévolues aux amygdales. Ges organes, de concert avec
la luette, obstruent partiellement le passage et empêchent la
pénétration des poussières en général et, parmi elles, celles
qui peuvent nous nuire. Les amygdales constituent une bar¬
rière de défense contre les germes offensifs qui peuvent s’in¬
troduire dans l’organisme par les voies digestives. On voit
ainsi une foule d’infections commencer par une amygdalite.
C’est l’amygdale qui a servi de porte d’entrée, et lorsqu’elle
est impuissante à arrêter le germe infectieux, celui-ci va por¬
ter des désordres plus loin.
La conclusion à tirer, c’est qu’il faut se garder d'enlever
les amygdales , même hypertrophiées, même plus ou moins
dégénérées.
On en trouve souvent qui, à la suite d’une série d’inflam¬
mations, d’abcès de leurs cryptes, ne sont plus pour ainsi dire
qu’un morceau de tissu fibreux, cicatriciel, presque sans
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— 261 -
sécrétion. Eh bien, même ces amygdales dégénérées, nous
croyons qu’il y a encore inconvénient à les enlever. On
pourra traiter celles qui ont encore quelques portions suscep¬
tibles de fonctionner. C’est dans ce cas que la galvano-
puncture et le massage produisent parfois de bons résultats.
Quant à celles qui sont complètement lardacées, elles conti¬
nuent, malgré cela, à remplir, imparfaitement il est vrai,
leur rôle de barrière collectrice de corps étrangers pouvant
être rejetés ensuite par l’expulsion. Laissons-les donc tran¬
quilles.
Ce n’est qu’au cas où, par leur volume, elles devien¬
draient une gêne sérieuse pour la déglutition et la respiration
qu’on serait autorisé, non pas à les extirper complètement,
ce qui, heureusement d’ailleurs, est peu faisable, mais à enle¬
ver ce qu’elles ont de trop avec les précautions de rigueur.
L’opinion exprimée dans cet article est un peu accom¬
modée aux idées du jour. Nous ne voudrions pas discuter
la question de savoir si l’amygdale sert simplement de
barrière, ce qui serait fort étonnant, puisque sa structure
est fort compliquée au point qu’elle n’est pas encore bien
connue aujourd’hui, mais nous croyons bien faire de met¬
tre sous les yeux de nos lecteurs, au sujet d’une opéra¬
tion si fréquente aujourd’hui, les opinions d’autres méde¬
cins qui concordent parfaitement avec notre manière de
voir et notre manière de faire.
Nous avons, déjà émis quelques doutes dans un article
précédent (l)au sujet de l’innocuité d’une opération qui
se pratique aujourd’hui très fréquemment ; nous voulons
parler de l’enlèvement du tissu adénoïte des arrière-fosses
nasales.
Cet amas glandulaire, qui existe à l’état normal chez
tous les sujets, est plus ou moins développé chez certains
(1) Voir vol. court, p. 132.
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enfants ; il est de mode aujourd’hui de l’arracher, de l’en¬
lever, et de le cautériser.
Ne s’apercevra-t-on pas plus tard que ces opérations
ne sont pas sans inconvénients pour la suite ! Nous le
craignons fort.
D r Martiny
DU TRAITEMENT DES MALADIES OCULAIRES
par le D r Palumbo, de Naples.— Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
Il est possible que les lecteurs du Secolo Omiopatico soient
étonnés de ne jamais y avoir trouvé un article quelconque
sur la thérapeutique oculaire et peut-être même y en a-t-il
qui s’imaginent, à cause de cela, que l’homœopathie n’est pas
encore très pratique pour ce genre d’affections et n’a rien de
spécial à prescrire. De là même à croire qu’elle est ineffi¬
cace dans ces maladies, il n’y a qu’un pas. Il est donc urgent
de démontrer l’erreur profonde de pareille croyance.
L’homœopathie traite les maladies des yeux, comme toutes
les autres maladies, et avec des résultats qui parfois sont
merveilleux. Et c’est précisément pour ce motif qu’on n’en
a pas parlé jusqu’ici, parce que le merveilleux engendre
souvent l’incrédulité. Il faudrait qu’il n’y eût jamais que la
modération indispensable dans toute lutte pour la propa¬
gande. Et afin que certaines vérités puissent être admises
par les sceptiques et les incrédules, il faudrait les dégarnir
de tout ce qui peut paraître exagéré. Car dire qu’au moyen
de l’homoeopathie, nous simples médecins, nullement spé¬
cialistes, nous guérissons sans l’intervention indispensable
de la chirurgie, les maladies d’un des organes les plus déli¬
cats du corps humain et cela mieux que les oculistes les plus
expérimentés, et proclamer que nous obtenons ces beaux
résultats sans le secours d’aucun remède local, me semblerait
franchement nous exposer à un grand péril, celui de voir nos
«
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— 263 —
rapports être comparés aux déclamations desMentistes de la
foire, aux certificats, aux médailles et aux diplômes dont
ces messieurs ornent leurs chars ambulants.
Pour conjurer ce péril, il vient de paraître juste à point
un travail du D r Landolt (1) sur Y Abus du mercure dans le
traitement des maladies oculaires.
Rien n’est plus difficile que d’établir l’effet produit par un
médicament sur un processus pathologique, et cela parce
qu’il n’y a pas deux cas de maladie identiques, et que les
symptômes des affections varient suivant les individus.
L’organe de la vue, bien qu’accessible à-un diagnostic sûr
et à l’application de mesures curatives, est néanmoins le
siège parfois d’affections peu communes, dont le traitement
laisse à désirer. Et souvent on croit bien faire en opposant à
la gravité de l’affection, la violence des remèdes. Le mercure
est un de ces remèdes, qui d’autant plus utile qu’il est bien
indiqué, par exemple, dans les cas de syphilis, peut être
parfois on ne peut plus nocif. Et l’abus qu’on en fait sous
forme d’onguent, de pilules, d’injections, dans les cas d’atro¬
phie du nerf optique, dans les affections anciennes de la
rétine et de la choroïde, dans la rétinite, la choroïdo-rétinite,
la choroïdite disséminée, etc., est réellement regrettable. En
thérapeutique les déductions a priori , bien que logiques et
droites, doivent avoir le contrôle de l’expérience et l’expé¬
rience a prouvé que dans ces cas, le mercure est tout à fait
inutile, ne pouvant en aucune façon régénérer les cellules
nerveuses détruites ni rétablir les fonctions délicates du plus
délicat des organes. Il en est de même dans d’autres affec¬
tions, où on l’administre comme altérant pour faire résorber
les différents exsudats. Il est certain que l’hygiène, combinée
(1) Clinical observations in the abuse of Mercury in the treatment of
diseases of the Eyes, by E. Landolt M. D. Paris. British Medical Journal
(26 mardi 1892).
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— 264 —
avec un traitement local et une médication générale dirigée
rationnellement contre les lésions spéciales, est presque tou¬
jours suffisante. Pour le prouver, il né manque pas d’exem¬
ples, nous n’en citerons cependant que deux :
I. Une dame anglaise de 60 ans, était atteinte d’iritis de
l’œil gauche. Malgré le traitement institué, l’affection gagna
l’autre œil, au point que l’humeur aqueuse et le corps vitré
devinrent opaques, l’iris nébuleux nullement sensible aux
mydriatiques, et que la vue fut réduite à une perception
vague de la lumière. Les collègues avaient prescrit un traite¬
ment énergiquement antisyphilitique, mais la malade s’y était
opposée. Je recommandai l’hygiène et localement les cata¬
plasmes et les mydriatiques. Au bout d’un certain temps,
elle fut complètement guérie sans l’emploi d’un grain de
mercure .
II. Un de mes amis me conduisit sa jeune femme qui,
dans l'espace de quelques semaines, avait perdu la vue à
l’œil droit. A l’examen ophtalmoscopique, je découvris une
névrite optique, avec gonflement de la papille, et exsudation
séreuse, vaisseaux tortueux et engorgés. Je ne pus pas
m’empêcher de faire connaître au mari la gravité de l’affec¬
tion, lui ajoutant que, selon moi, la cause de la maladie devait
se trouver dans l’organisme, que le traitement local ne pou¬
vait suffire et qu’il était urgent d’en faire part au médecin
traitant. Celui-ci était un homœopathe ; aussi l’administration
de ses médicaments à dose infinitésimale et une hygiène bien
comprise, amenèrent une guérison complète, qui ne s’est
jamais démentie.
Tel est le résumé de l’article publié par le journal anglais.
Le D r E. Landolt, qui n’est pas homœopathe, à propos de
l’abus du mercure , a, comme on le voit, reconnu et proclamé,
peut-être sans le vouloir, la supériorité du traitement
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— 265 -
homœopathique dans les maladies'oculaires. Nous ne sommes
pas les seuls à défendre notre cause.
Voilà donc une nouvelle brèche faite à l’édifice majestueux
de la médecine officielle : et si les médecins étaient aussi
sincères et avaient le courage du D r Landolt et de quelques
autres, cet édifice majestueux mais décrépit croulerait de ses
fondements. En tout cas ce n'est pas nous qui le minerons.
Mais si, malgré nous, il se détruit et croule de sa base, nous
en élèverons sur les ruines un autre bien plus solide qui aura
comme soutiens deux grandes vérités : la loi de similitude
et l'efficacité des doses infinitésimales . (Il Secolo Omiopa-
tico , mars 1892.)
Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
REVUE DES JOURNAUX HOKEOPATIIQUES D'AMERIQUE
par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers
Traitement du choléra asiatique
par le D r Fornias, de Philadelphie
Traitement prophylactique. —Dès l’année 1831, Hahne-
mann s’exprimait ainsi au sujet du traitement prophylactique
du choléra : « Le cuivre , en même temps qu’un régime forti¬
fiant et modéré, constitue le meilleur préservatif du choléra ;
les personnes en bonne santé feront bien de prendre un glo¬
bule de cupy'um dans la matinée à jeùn et de s’abstenir de
toute boisson immédiatement après avoir pris le remède. Le
camphre ne peut préserver les personnes saines du choléra ;
lorsqu’elles font usage du cuivre , elles doivent éviter les va¬
peurs dû camphre qui neutralisent son action ».
Il a été constaté en Hongrie que tous ceux qui portaient une
plaque de cuivre à nu sur la poitrine ont été préservés du
choléra.
Dans le premier volume de la Bibliothèque homœopathi -
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— 266 —
que, nous trouvons l’extrait suivant de la lettre adressée par
Hahnemann à l’éditeur : « Cuprum est un excellent prophy¬
lactique du choléra ; il se montre surtout efficace lorsque son
action n’est pas troublée par des écarts de régime ou par le
camphre qui en est l’antidote.Les meilleurs praticiens homœo-
pathes le considèrent comme indispensable dans la seconde
période de la maladie. J’ai conseillé aussi l'alternance de cu¬
prum et de veratr. alb. comme moyen préventif ».
D’autre part, Hering recommande sulphur administré à
l’intérieur,ou la fleur de soufre dont il conseille de saupoudrer
la semelle des bottines.
La fleur de soufre brûlée dans les appartements constitue
d’ailleurs un de nos meilleurs désinfectants.
Jahr considère comme une simple routine l’administration
des 3 médicaments : veratr ., cupr ., ars . ; à l’exemple d’Hé-
ring, il préconise le soufre et affirme que c’est le seul remède
dont l’efficacité ait été dûment contrôlée par l’expérience. Il
accorde la première place à veratr. alb. dans la diarrhée
prémonitoire du choléra et ajoute que les personnes qui ont
fait usage de ce médicament dès le début de la diarrhée ont
été exemptes du choléra.
Enfin, le D r Rubini préconise le camphre non seulement
comme remède spécifique de la première période du choléra
asiatique, mais comme un des meilleurs préventifs. Hl’admi-
nistre toujours sans eau, soit sur un morceau de sucre, soit
en tablettes ou en petits disques. Pendant l’épidémie du cho¬
léra de 1866, des médecins homœopathes italiens ont obtenu
de brillants succès à l’aide de ce médicament. Ainsi le D r Ru¬
bini a traité 532 cas, le D r Salustine 27, le D r Salantanaci 56,
le D r Spitelli 80 et le D r Ricort 1, donc en tout 696 cas sans
un seul décès.
La médication prophylactique es.t encore utile à un autre
point de vue, c’est quelle rassure les personnes timorées et
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— 267 —
les rend par conséquent moins sensibles à la contagion.
Thérapeutique. — Je suis un de ceux qui croient qu’il est
possible d’enrayer la marche du choléra à la période diarrhéi¬
que. Aussi, en temps d’épidémie, il importe de soigner le plus
promptement possible le moindre dérangement gastro-intes¬
tinal. Il faut mettre le malade au lit, lui interdire toute boisson
et toute nourriture et ne lui permettre qu’un peu de glace, et
cela pour deux raisons: d’abord parce qu’en temps d’épidémie
les évacuations nombreuses et indolores constituent presque
toujours les signes précurseurs du choléra, et qu’ensuite si le
malade, conservant son appétit et ses forces, continue à
vaquer à ses occupations, il risque de répandre la contagion
en divers endroits par ses selles qui renferment des germes
pathogènes. Pour combattre la diarrhée indolore de la période
prodromique, on aura recours aux médicaments suivants :
China. — Matières fécales mousseuses, selles indolores
avec fermentation vive, selles blanches ressemblant à de la
bouillie de riz et survenant pendant la nuit. China est sur¬
tout indiqué lorsque la diarrhée survient progressivement
et devient plus aqueuse à chaque évacuation et lorsqu’elle
s’accompagne d’une grande faiblesse.
Ferrum. — Les selles produites par ce médicament sont
aqueuses et surviennent subitement sans douleur, sans odeur,
surtout la nuit et après avoir bu de l’eau.
Les selles peuvent ressembler à de l’eau de riz et contenir
des débris d’épithelium; elles s’accompagnent de borborygmes,
de sueurs froides, d’une teinte livide autour des yeux, d’une
faiblesse de la voix et du pouls.
Podophyllum . — C’est un de nos meilleurs remèdes pour
combattre la diarrhée indolore avec selles abondantes et
bilieuses survenant très tôt le matin; le malade éprouve des
envies fréquentes d’aller à la garde-robe, et une sensation
de faiblesse à l’estomac ; il lui semble que tout va sortir par
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— 268 —
le rectum ; les selles peuvent être aussi fécaloïdes, très abon¬
dantes et s’échapper en jet; elles s’accompagnent de beaucoup
de gargouillements et de très peu de douleurs. Le malade est
chassé de son ht le matin parle besoin d’aller à la garde-robe.
Phosph. acid . possède également des selles indolores,
aqueuses avec soif ardente et nombreux borborygmes. 11 est
indiqué, surtout si la diarrhée est produite par la peur du
choléra, chez les personnes nerveuses et timorées ou chez les
sujets apathiques et indifférents. Il est très utile aussi lorsque,
dans le cours de la maladie, il survient un état typhoïde avec
stupeur, difficulté de la parole, prostration, regard vague et
indifférence pour tout ce qui se passe dans le voisinage.
Phosphorus . — Ce médicament contient également dans
sa pathogénésie des selles indolores et s’échappant en jet, de
couleur jaunâtre ou blanchâtre comme de l’eau de riz, et
renfermant des débris d’épithelium, de plus une soif ardente
et des vomissements immédiats après la moindre gorgée de
liquide. Il peut rendre aussi des services dans une période
plus avancée lorsque l’anus est béant et laisse échapper con¬
tinuellement le contenu de l’intestin, ou dans la forme asphy¬
xique avec dyspnée, lividité de la face, hoquet, complications
*
pulmonaires, hématose incomplète, etc.
Sulphur . — Le soufre provoque des atteintes subites de
diarrhée aqueuse indolore survenant principalement après
minuit ou chassant le malade de son lit très tôt le matin ; les
selles sont fécaloïdes, bilieuses, séreuses, éeumeuses, s'ac¬
compagnent ou non de vomissements ; il existe des gargouil¬
lements nombreux et une sensation particulière comme si
les intestins étaient trop faibles pour retenir leur contenu.
Sulphur couvre beaucoup de symptômes de la première et
seconde périodes du choléra.
Arsenic, et puisât . doivent être tenus en vue dans la
diarrhée indolore.
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— 269 —
Dans le 1 er médicament, la diarrhée est produite par les
fruits et les légumes ; dans le 2 e elle est produite par la pâtis¬
serie.
Quand la diarrhée est accompagnée de quelques douleurs,
il faut songer à ipéca, jatropha, croton tigliris, coloc .,
colch ., elater. et gamboge.
Ipéca . — Prédominance des nausées avec ou sans vomis¬
sements.
Jatropha et croton tigl. — Selles en jet avec beaucoup
de borborygmes et de gargouillements.
Iris. — Diarrhée bilieuse suivie de brûlant à l’anus et
accompagnée de violentes nausées et de borborygmes.
Colocynthis. — Coliques intenses.
Colchicum . — Selles aqueuses abondantes contenant de
petites membranes et accompagnées de coliques et d’une
grande faiblesse.
Elaterium. — Selles vertes olivâtres, fréquentes et abon¬
dantes sans nausées ni vomissements.
Gamboge. — Evacuation en jet de matières fécales, liqui¬
des, jaunâtres, s’accompagnant de beaucoup de gargouille¬
ments et d’une sensation de soulagement après les selles.
Mais aussitôt que les selles cessent d’être fécales ou teintes
de bile et que les crampes font leur apparition, il est nécessaire
de recourir aux vieux remèdes : camphor., veratr. alb.,
cuprum , secale , arsen. et carb. veget.
Camphor a. — Chute soudaine des forces avec anxiété,
apathie, algidité, collapsus et même crampes, mais sans soif,
ni vomissements, ni diarrhée ; en un mot choléra sec.
Veratrum album. — Evacuations violentes par le haut et
par le bas, chute des forces, rétraction des tissus, crampes,
algidité, collapsus, suppression d’urine avec peu de dépression
mentale et d’anxiété.
Cuprum. — Prédominance des phénomènes spasmodiques
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(choléra spasmodique) avec algidité, cyanose, suffocation,
collapsus et convulsions.
Secale. — Evacuations abondantes accompagnées de pros¬
tration, crampes douloureuses dans les pieds, les orteils, les
mains et les doigts, peau livide, froide, sèche et rétractée.
Arsenicum album . — Phénomènes ataxo-adynamiques
avec douleur brûlante et chaleur intense à l’épigastre,
symptômes d’irritabilité persistant jusqu’à la mort. Soif
insatiable ; les boissons augmentent les vomissements et la
diarrhée. Algidité.
Carbo vegetabilis. — Asthénie mortelle avec peu ou point
de réaction, voix sépulcrale, pouls imperceptible, visage con¬
tracté, refroidissement intense, lividité de la peau, dyspnée
extrême.
Acidum hydrocyan. — A été recommandé également
dans le choléra asphyxique alors que la vie semble éteinte,
que le sang est dépouillé de ses éléments aqueux, la voix
perdue, le pouls imperceptible, la peau froide et livide; et
lorsqu’il existe enfin du hoquet, des convulsions, et une para¬
lysie menaçante du cœur et des poumons.
Tartar . emet. est un remède négligé qui peut rendre des
services lorsque les vomissements s’apaisent et qu’il existe
encore beaucoup de nausées.
Lorsque dans le choléra sec la constipation est due, comme
le prétendent certains auteurs, à la paralysie des intestins,
opium peut être d’un grand secours.
Dans l’état typhoïde, après que les vomissements ont cessé
ainsi que la diarrhée et l’algidité, hyoscyamus sera indiqué,
surtout si le malade est étourdi, s’il a les yeux égarés, la
face rouge et chaude et s’il est atteint de hoquet et d’un relâ¬
chement des sphincters de la vessie et de l’anus.
Tabacum convient lorsque les sueurs persistent après que
veratrum a enrayé la diarrhée,et lorsque le malade se plaint
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— 271 —
d’une chaleur brûlante dans l’abdomen tandis que le reste du
corps est froid.
Dans la période de réaction, contre la congestion de la
tête: aconit et bellad. Contre la congestion pulmonaire'
aconit ., bellad,,phosph ., sang .. sulph. Dans l’état typhoïde :
hyoscbryon., rhus, baptisphos ., acid. phos. Dans le
coma: opium. Dans la convalescence s’il y a grande fai¬
blesse : china.
Dans la paralysie des extrémités : rhus; des intestins:
phosph.
Si la sécrétion urinaire continue à être très peu abondante:
hyoscyam, Si les selles restent incolores, par défaut de bile :
secale, (.Hahnemannian Monthly.)
Helonias dioica
par le D r Griffith, de Philadelphie
Cette plante est connue des botanistes sous le nom de cha~
mœlirium luteum. Elle jouit chez les Indiens d’une grande
réputation comme remède dans certaines maladies. C’est au
D r Ibale, de Chicago, que nous devons son introduction dans
la matière médicale homœopathique.
Helonias est le médicament des constitutions débiles ; il
convient surtout aux femmes dont le système nerveux est très
ébranlé et qui se fatiguent aisément; il est aussi efficace chez
les jeunes filles que chez les mères de famille. Ses effets sont
remarquables et persistants : il favorise la nutrition et facilite
les sécrétions naturelles ; à ce point de vue il peut rivaliser
avec nos meilleurs toniques.
Helonias m’a rendu de grands services dans les troubles
gastriques qui accompagnent si fréquemment les affections
utérines et rénales. Il est souverain dans les cas d’aménor¬
rhée ou deménorrhagie, lorsque ces désordres sont dus à la
même cause, l’atonie de l’utérus. C’est en outre un excellent
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ê
— 272 —
remède lorsqu’il y a tendance aux déplacements de la
matrice, et lorsqu’il y a menace d’avortement par suite d’une
faiblesse locale, la moindre fatigue provoquant les sym¬
ptômes précurseurs de la fausse-couche. Sous ce rapport il
ressemble à aletris , tandis que caulophyllum et viburnum
ont des symptômes tout à fait opposés, et correspondent à
un utérus très irritable et très sensible. L’expérience a
prouvé que helonias est un des meilleurs médicaments de
l’atonie utérine.
Voici quelques observations :
I. Je fus appelé à soigner une dame, âgée de 43 ans, et mère
de deux enfants. Elle avait la face pâle et bouffie et les yeux
cerclés; elle était très anémique et devait garder le lit par
suite d’une anasarque généralisée. Elle avait suivi pendant
dix ans un traitement allopathique ; pendant tout ce temps elle
avait eu des pertes sanguines considérables à chaque époque
menstruelle ; aussi son médecin lui avait enlevé tout espoir
de guérison. Lorsque je vis la malade pour la première
fois, elle était si faihle qu’elle pouvait à peine se mouvoir ;
le sang qu’elle perdait était pâle, aqueux et présentait une
certaine odeur ; l’abdomen était distendu par de l’ascite; il y
avait un peu d’abaissement de la matrice mais aucun signe de
tumeur à l’ovaire, ni de polype ni de cancer. Je lui administrai
helonias comme médicament fondamental ; après trois mois
de ce traitement elle fut radicalement guérie et jouit encore
à présent d’une excellente santé.
II. Une dame, âgée de 25 ans, souffrait avant et pendant
chaque période menstnielle de douleurs dans le dos s’étendant
jusque dans les reins ; souvent même les règles étaient sup¬
primées. Elle fut promptement soulagée par l’emploi A 1 helo¬
nias.
III. Une dame, âgée de 33 ans, mariée, jouissait en appa¬
rence d’une santé robuste ; mais elle se plaignait vivement
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- 273 -
d’une faiblesse de matrice et de tiraillements dans la région
pelvienne accompagnés de leucorrhée chronique. Sous Tin-
fluence d ’helonias et d’injections d’eau chaude,elle se rétablit
complètement.
IY. Une dame, âgée de 30 ans, restait dans un grand état
de faiblesse après ses couches, et souffrait d’une atonie de
l’utérus et d’anasarque généralisée. Quelques doses de helo -
nias suffirent pour amener une amélioration remarquable
suivie d’une guérison radicale. (Hahnemannian monthly.)
Acidum phosphoricum dans la diarrhée
par le D r Bobricke
Dernièrement, une mère vint me consulter pour son petit
garçon, âgé de 3 ans, qui, depuis une quinzaine de jours,
était atteint d’une maladie rebelle à tous les traitements.
L’enfant avait de 10 à 20 selles par jour ; ces selles étaient
liquides comme de Te au et n’étaient accompagnées d’aucune
douleur. Un fait qui me frappa, c’est que, malgré la longue
durée de l'affection, l’enfant n’était pas très affaibli ; il sem¬
blait très gai et jouait toute la journée ; il n’interrompait ses
jeux que pour aller à la garde-robe.
Je prescrivis acid.phosph. 30 e , quelques globules à prendre
toutes les deux heures. Une grande amélioration se produisit
immédiatement et, au bout de deux jours, l’enfant était com¬
plètement guéri.
Quelques jours plus tard, j’eus à soigner un cas à peu près
analogue. Un enfant de 10 ans souffrait depuis un certain
temps de diarrhée; les selles étaient souvent involontaires,
mais ne provoquaient aucune douleur. La mère avait ad¬
ministré quelques médicaments sans résultat. Malgré la
persistance de la diarrhée, l’enfant avait peu perdu de ses
forces. J’eus de nouveau recours à T acidephosphorique 30 e .
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—^274 -
Après deux jours de traitement, j’eus la satisfaction d’ap¬
prendre que le mal avait tout à fait disparu.
Ces deux cas mettent clairement en relief les deux indica¬
tions caractéristiques de Y acide phosphorique dans la diar¬
rhée des enfants ; ce sont : 1° l’absence d’épuisement malgré
la fréquence des selles et la longue durée de l’affection ;
2° l’absence de douleurs et le caractère des selles, qui sont
aqueuses et souvent involontaires.
Nous savons par l’expérience clinique que Vacide phos¬
phorique donne également d’excellents résultats dans la
diarrhée des malades atteints de fièvre hectique. Il est fré¬
quemment inliqué, en outre, dans les affections intestinales
chez les enfants rachitiques et scrofuleux ; dans ces cas,
cependant, il a pour rival calcar. phosph . Celui-ci est
indiqué lorsque les selles sont grisâtres ou blanchâtres,
aqueuses et lorsqu’elles contiennent des aliments non digérés.
California Homœopath.) D r Lambreghts, fils, d’Anvers.
OBSERVATIONS CLINIQUES
par le D r Kroner, de Potsdam. — Traduction du D r Chevalier, de Charlero
J’ai choisi dans mon livre de clinique, quelques observa¬
tions de maladies, dans lesquelles il n’a été prescrit qu’un
seul médicament, auquel par conséquent revient sans aucun
doute le droit de la guérison. J’estime que ces cas simples
sont plus instructifs que ceux plus compliqués qui ont néces¬
sité l’emploi simultané ou alternatif d’un grand nombre de
remèdes.
I. — La femme Fr., âgée de 40 ans, souffre depuis des
années d’une affection du foie. Les symptômes actuels sont :
douleur dans l’hypochondre droit, augmentée par la pression,
et même par chaque mouvement. Elle ne peut pas serrer ses
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vêtements. Une demi-heure après le repas, elle éprouve la
sensation d’un poids à l’épigastre, qui remonte presque dans
la poitrine. Parfois elle se figure avoir le corps comprimé
dans un cerceau.
Gomme caractéristique de son affection, elle signale une
aggravation le matin de tous ses maux , grande lassitude
au lever en même temps que vertiges et céphalalgie .
L’aggravation matinale indiquait nux vomica y aussi ce
médicament lui fut-il prescrit à la 4 e dilution et lui fit le plus
grand bien.
Le foie qui dépassait de quatre doigts le rebord des fausses
côtes, reprit en quinze jours ses dimensions normales ; le
teint bilieux disparut également.
Une cure à Carlsbad acheva la guérison qui ne s’est pas
démentie depuis 9 mois. Ce qui mérite surtout d’être noté
dans ce cas, c’est non seulement l’emploi de nux qui était
parfaitement indiqué, mais surtout la célérité avec laquelle
la guérison fut obtenue, ce qui‘n’est pas toujours l’habitude,
même quand le remède a été bien choisi.
IL — M mô L., âgée de 64 ans, se plaint depuis plusieurs
années de maux de tête. La douleur se localise surtout dans
le front et s’accompagne d’un bourdonnement dans la tête.
La langue est chargée et le goût est amer. Nausées, sans
vomissement, selles normales. Elle certifie qu 'au matin, elle
se trouve le plus mal . Au sortir du lit , elle est très fati¬
guée et elle éprouve alors des vertiges . Cette indication
spéciale me fit lui prescrire nux vomica qui la débarrassa de
toutes ses douleurs en quelques jours de temps, comme je pus
m’en convaincre à plusieurs reprises.
III. — La femme B., âgée de 45 ans, se plaint de cépha¬
lalgie continuelle. Celle-ci se montre tantôt dans la tempe
droite, tantôt dans la gauche, elle débute le matin, dure toute
la journée sans accalmie jusque la nuit, où elle s’apaise par-
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— 276 -
fois. La douleur est pulsative. La malade se plaint souvent
d’un peu de fièvre et de chaleur à la tête. La céphalalgie
s'est aggravée depuis la ménopause . Ces deux derniers
symptômes sont, comme on le sait, caractéristiques pour
sepia; je lui prescrivis donc ce remède à la 12 e dilution,
à prendre 3 fois par jour.
Quoique habitué aux beaux résultats obtenus par ce médi¬
cament (qui est un de mes favoris),Je dois cependant avouer
que je fus surpris de la rapidité de son action dans ce cas.
Après 14 jours, la malade vint me revoir, elle était rayon¬
nante de joie, et m'assura que les maux de tête et les verti¬
ges avaient disparu. Je lui continuai cependant encore sepia,
mais à de plus longs intervalles. 15 jours après, rien n’était
revenu. La patiente resta guérie pendant une année, quand
il y a quelques semaines elle ressentit de nouveau quelques
symptômes de son ancien mal, qui céda de nouveau à sepia .
Elle me raconta que l’origine de son affection remontait à
15 ans, quelle s’était montrée pendant une période men¬
struelle et.s’était toujours aggravée, surtout depuis son âge
critique. Cette femme, qui est très intelligente, et nullement
névropathe, avait consulté tous les médecins de la ville, sans
jamais avoir ressenti le moindre soulagement.
IV. — Fritz H., 4 mois, malgré tous les soins qu’on apporte
dans sa nutrition, dépérit de jour en jour. Il ne pèse plus que
7 1/21ivres.
Appétit passable, selles un peu diarrhéiques. Je prescris
contre l’atrophie des enfants (et toujours avec succès) arse¬
nic. alb. 6°, 8°, 3 fois par jour. Je fais bouillir le lait avec du
gruau de froment (mais- seulement pour les enfants de plus de
deux mois, car chez les plus jeunes le ferment de la salive
manque complètement) et je conserve cet aliment dans l'appa¬
reil Soxhlet. Je ne suis pas grand partisan de bains journa¬
liers donnés aux petits enfants ; je ne donne que deux bains
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— 277 —
par semaine et non pas à l’eau pure, mais additionné d’un
tiers ou d’une demi-livre de thym. On lavera l’enfant, les
jours ou il ne prend pas de bain, avec de l’eau tiède d’abord,
puis plus tard avec de l’eau froide. Dans le cas actuel, j’eus
le plaisir de constater après six semaines de traitement une
augmentation de poids de 5 livres ; depuis.lors il se développe
à la plus grande joie de ses parents.
Si arsen. n’a pas produit de bon effet sur notre petit pa¬
tient, je crois qu’aucun autre remède n’eût pu être mieux
donné.
Y. — Lejeune Z., âgé de 3 ans, m’est amené atteint
depuis quatre jours d’un catarrhe avec fièvre. La toux était
rauque, sèche ; l’auscultation faisait découvrir des sibile-
ments et un fort ronchus.
Sa peau était sèche, l’enfant impatient et anxieux. Je pres¬
crivis aconit et bryon. 3°, toutes les heures alternativement
une cuillerée. Après trois jours de ce traitement, l’enfant me
fut représenté, mais avec d’autres symptômes. La toux avait
disparu, à la grande joie de la mère, mais le petit se plaint
du yentre, il y a inappétence et affaiblissement. Chaque fois
qu’on remuait un peu l’enfant, il se mettait à tousser. A
l’examen je découvris de la matité à la base des deux pou¬
mons avec quantité de râles muqueux. Il s’était déposé dans
les bronches des glaires qui avaient amené un commencement
d’asphyxie carbonique. La température était à 39,8°. Le
patient né savait pas expectorer et Tétât était critique. Le
meilleur remède dans ces cas est phosphor. ( tart . émét .
peut à peine lui être comparé); je prescrivis donc ce médica¬
ment 7 e dilution, une cuillerée chaque heure. Dans les cas
semblables, on ne peut cependant pas se baser sur l’action
exclusive du médicament, l’enfant aurait dû tousser et il eût
été même nécessaire de provoquer la toux. Mais j’avais un
moyen bien simple à ma disposition, je n’avais qu’à faire
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— 278 —
remuer l’enfant, le lever, le coucher. C’est ce que je fis faire.
Puis je prescrivis des bains à 28° R, avec aspersions
sur le corps d’eau d’abord chaude, puis moins chaude jusque
15° R. L’effet de la médication fut tel que le lendemain la
fièvre tomba, et que l’enfant demanda à manger, et que les
râles avaient diminué. On renouvela le bain ainsi que le
phosphore , mais ce dernier à intervalles plus éloignés. Après
le quatrième jour l’enfant fut en pleine convalescence.
Cette observation prouve deux choses : d’abord que la
cessation de la toux n’est pas toujours un bon signe et puis
que, dans certains cas déterminés, il faut employer avec le
médicament bien choisi et bien adapté à l’affection, d’autres
moyens mécaniques et hydropathiques comme auxiliaires. Je
ne crois pas que,sous l’influence seule de phosphore, la mala¬
die, dans ce cas, eût évolué d’une façon si éclatante.
(Zeitschrift des herliner Vereines homôopathischer Aerzte.
1892.) Traduction du D r Chevalier, de Charleroi
Contribution à l’étude de l’empoisonnement par le
venin de serpent
Traduction du D r J. De Wée, de Bruxelles
Il ne s’agit pas ici du serpent des tropiques, mais de
Y Aspic vulgaire (Kreuzotter), si répandu dans certaines par¬
ties boisées de l’Europe centrale. L’auteur fut appelé près
d’une dame, qu’on disait en grand danger, à la suite d’une
morsure d’aspic; d’habitude les symptômes restaient pure¬
ment locaux et consistaient en douleur, gonflement, nausées
et vomissements, sueurs froides, parfois accès de syncope :
tous symptômes ne nécessitant pas l’intervention d’un homme
de l’art. Ici cependant le cas était plus grave :
La dame était de taille moyenne, âgée de 35 ans, forte¬
ment bâtie, mère de plusieurs enfants et enceinte de cinq
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— 279
mois. Après la morsure, elle avait perdu connaissance et ce
n’est qu’après 4 heures de séjour au lit,, qu’elle est revenue
à elle, La morsure avait eu lieu dans un nœud de varice. La
malade était d’un froid glacial, la peau de tout le corps avait
une teinte bleuâtre. Pouls à peine sensible; en même temps
efforts de vomissement continus. Les déjections étaient san¬
glantes. Réflexes cornéens à peine sensibles; le calme et la
force du cœur étaient en opposition avec un état si grave.
Six heures après abortus.
L’action du venin sur le sang est ici manifeste, du reste le
microscope a démontré une altération profonde des globules
rouges. Le phénomène paradoxal du cœur en bon état et du
pouls à peine sensible s’explique par ce fait, que le venin a
une action paralysante sur les vaisseaux périphériques.
D r Eisner. ( Therapeut . Monatshefte. Juin 1892.)
Traduction du D r J. De Wée, de Bruxelles
Sur l'intoxication expérimentale par l’oxyde de zinc
MM. L. d’Amore (de Naples), au nom de MM. G. Falcone
et L. Maramaldi et au sien, fait une communication sur
l’action toxique de l’oxyde de zinc. Leurs expériences ont
porté sur des chiens, auxquels on administrait ce sel à la
dose d’un demi-gramme à un gramme par jour. La mort est
survenue de dix à quinze jours après le commencement de
l’expérience.
Sous l’influence du sel de zinc, les animaux présentaient
les symptômes suivants : vomissements répétés se produisant
sans effort, faiblesse extrême des mouvements, perte incom¬
plète de la sensibilité, maigreur très accusée, diminution des
urines, hémoglobinurie, albuminurie et glycosurie, hypoglo-
bulie et leucocy those, diminution de l’hémoglobine. On pouvait
dans tous les cas décéler avec la plus grande facilité la pré¬
sence du zinc dans le sang et les urines.
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Les altérations histologiques constatées à l'autopsie sont
de deux ordres : on observe tantôt des lésions d'origine vas¬
culaire, tantôt des altérations dues à divers processus de
dégénérescence.Ces lésions peuvent coexister dans les orga¬
nes avec une prédominance plus ou moins marquée des unes
sur les autres, fait qui peut dépendre ou de la durée de
l'intoxication, ou de la différence de résistance que les élé¬
ments parenchymateux opposent à l’action de l’oxyde de zinc.
En résumé, l’intoxication par l’oxyde de zinc peut être
rangée à côté de l’empoisonnement par le phosphore, l’arse¬
nic, etc. Les lésions les plus importantes portent sur le sang,
les urines et la nutrition générale, ainsi que sur le foie, les
reinset le pancréas, organes où Ton rencontre surtout la
dégénérescence graisseuse ; peut-être existe-t-il un certain
rapport entre les lésions anatomo-pathologiques du pancréas
et la présence du sucre dans les urines .{Semaine médicale .)
Quoique ces expérimentations aient été faites à la mode
du jour, c’est-à-dire à dose forte et en n’observant que les
symptômes graves et négligeant les autres, les homœopa-
thes peuvent y trouver des indications toutes particulières
pour l’emploi de zincum , qui est un médicament très puissant
et produisant parfois des cures remarquables.
D r Martiny
Les doses élevées de quinine peuvent-elles produire les
maladies de la moelle épinière?
Le Journal of nervous and mental Diseases, d’octobre
1889, a publié un article du D r Morton Prince, sur la fré¬
quence relative des maladies du système nerveux (tabes
dorsalis et sclérose en plaques) chez les malades atteints de
fièvre intermittente.
L'auteur concluait en disant que ces affections étaient la
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— 281 -
conséquence de*la malaria. Le D r Butler se demande, au
contraire, si ces accidents ne doivent pas plutôt être
imputés aux énormes doses de quinine administrées aux
malades.
La propriété qu’a la quinine de donner naissance à des
symptômes analogues à ceux du tabes et de la sclérose en
plaques est admise par des auteurs éminents de l’école offi¬
cielle.
Noaks signale « la sensibilité et la douleur au niveau des
vertèbres, particulièrement dans la région dorsale, — le
tremblement musculaire et la difficulté d’exécuter les mouve¬
ments volontaires. »
H. G. Wold s’exprime ainsi : « Administrée aux chiens en
quantité suffisante, la quinine leur enlève le sommeil, bientôt
après paraît du tremblëment musculaire comparable à celui
de la paralysie agitante, de la faiblesse qui se termine par
une paralysie plus ou moins complète. »
D’après Stillé : « Si pendant plusieurs jours on administre
la quinine, h la dose de trente grains, en plusieurs fois, on
observe une démarche-mal assurée ; la sensibilité s’émousse,
les mouvements musculaires sont affaiblis, les lombes trem¬
blants. Si la dose a même été excessive, l’intelligence,
l’ouïe et la vue font défaut, la sensibilité est abolie, les mem¬
bres sont paralysés. »
Lauder Brunton affirme que « les expériences sur les ani¬
maux ont démontré la diminution des réflexes médullaires, de
la sensibilité, et finalement la paralysie des extrémités. »
Dans les autopsies on a trouvé de la congestion de la moelle,
des reins, de l’estomac et de l’intestin.
A la réunion de l’Association américaine de neurologie, en
•juin 1884, le D r Hammond a cité plusieurs cas d’ataxie loco¬
motrice suivis de guérison, et a émis l’opinion que dans ces
observations il ne devait pas exister de sclérose véritable des
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cordons médullaires ; mais qu’il existe des cas de congestion
do la moelle, présentant la majorité, sinon la totalité, des
symptômes du tabes dorsalis. Ce sont eux qui seraient sus¬
ceptibles de guérir sous l’influence d’un traitement conve¬
nable. D’après Corning, toutes les scléroses débuteraient par
la congestion.
Nos pathogénésies ne nous apprennent pas beaucoup plus
sur cette question. Cependant l’opinion du D r Butler mérite
une sérieuse attention, et il est à présumer que des expéri¬
mentations plus complètes nous feront trouver dans la quinine
un bon médicament des scléroses à leur début. (The North
American Journal of Homœopathy. January 1891.)
Des différentes formes de syphilis infantile
La plupart des cas de syphilis infantile se montrent le
septième jour après la naissance, et deviennent plus nom¬
breux entre un et cinq mois. Sauf de rares exceptions,
pour ne pas dire toujours, la première manifestation de
la syphilis héréditaire est un coryza. Les plaques muqueuses
sont au nombre des accidents les plus fréquents chez les
enfants ; elle récidivent souvent.
La forme ulcéreuse n’est pas rare. Quant aux rhagades
syphilitiques, elles sont fréquentes au niveau des commis¬
sures labiales et à l’entrée des narines ; on en trouve aussi
entre les orteils et les doigts. L’eczéma syphilitique est rare
et coexiste toujours avec d’autres accidents chez l’enfant.
La tourniole syphilitique, quoiqu’on la considère comme fré¬
quente chez les enfants, n’a été observée par moi que rare¬
ment, grâce à l’institution hâtive du traitement. Les abcès
se produisent surtout chez les enfants cachectiques ; ils sont
souvent mortels. Ces abcès ne sont pas, à vrai dire, spéci¬
fiques, mais ils sont d’origine infectueuse. La blépharite syphi¬
litique n’est pas rare, et elle s’accompagne souvent de
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plaques muqueuses au niveau de l’angle des paupières.
J’ai observé 27 cas de syphilis tardive. Dans la syphilis
héréditaire, j’ai vu surtout des accidents secondaires ; les
accidents tertiaires ont été fort rares. Les cas qu’il m’a
été donné d’observer n’ont pas présenté dans leur évolu¬
tion des périodes bien distinctes, et souvent des manifes¬
tations d’âge différent ont éclaté simultanément. Les gommes
et les légions osseuses ont été assez rares chez les enfants.
Dans certains cas j’ai observé, en même temps que la
roséole, des arthrites syphilitiques (surtout au coude, à la
hanche et à l’épaule). Ges arthrites étaient caractérisées
par une tuméfaction énorme et par la rapidité et l’abon¬
dance de leur suppuration, sans que cependant les os fussent
atteints. Ges arthrites sont probablement infectieuses.
— M. Romniciano, de Bucharest. {La Clinique .)
Le traitement du myxœdème par l’ingestion de pulpe
ou d’extrait de corps thyroïde
On sait que les injections sous-cutanées d’extrait de corps
thyroïde pratiquées dans ces derniers temps avec plus ou
moins de succès dans les cas de myxœdème ne sont pas
exemptes d’inconvénients et même de certains dangers. En
eflet, elles provoquent parfois des symptômes alarmants im¬
médiats, tels que perte de connaissance et spasmes toniques,
et amènent aussi la production d’abcès au niveau de la
piqûre.Dans ces conditions il est intéressant de noter quedeux
confrères anglais, MM. les docteurs H. Mackenzie, assistant
du Brompton Hospital, à Londres, et E. Fox (de Plymouth),
ont traité chacun avec succès un cas de myxœdème par
l’usage interne du corps thyroïde, de mouton. On adminis¬
trait au malade soit le corps thyroïde lui-même coupé en
petits morceaux ou réduit en pulpe, soit un extrait glycériné
de cet organe. La dose rationnelle serait d’un demi-corps
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thyroïde tous les jours. Ce traitement, qui provoque parfois
de la nausée, a produit chez les malades de nos confrères
une accélération marquée du pouls, une élévation de la tem¬
pérature proportionnelle à la quantité de corps thyroïde in¬
géré, une diminution et même la disparition des infiltrations
myxœdémateuses, ainsi que l'amélioration de tous les autres
symptômes morbides. (Semaine médicale .)
NÉCROLOGIE
Notre confrère, le D r Van Campenhout, est mort derniè¬
rement à Anvers. Ses funérailles ont eu lieu en présence
d'un immense concours de monde. Le D r Van Campenhout,
qui habitait Anvers depuis 30 ans, s'y était créé une clientèle
considérable et des relations très étendues.
Les nombreuses couronnes déposées à la chapelle ardente
témoignaient des sympathies qu’il avait acquises.
Le D r Schepens, président de l’Association centrale des
homœopathes belges, etleD r Lambreghts, fils, ont prononcé
deux discours que nous reproduisons et qui feront comprendre
quel vide la mort de notre confrère laisse parmi les homœo¬
pathes et ses malades.
Discours du D r Schepens
Au nom de l’Association centrale des homœopathes belges,
je viens dire un suprême adieu au confrère distingué que la
mort nous a ravi.
Albert Van Campenhout naquit à Bruxelles, fit des études
brillantes à l’Université de cette ville et y obtint, en 1858, le
diplôme de docteur en médecine, en chirurgie et en accou¬
chements.
Sur les conseils de feu le D r Van Vreckom, médecinhomœo-
pathe à Bruxelles, il étudia l’homœopathie, il en reconnut la
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vérité et compta depuis lors parmi ses plus fervents adeptes.
En 1862 il vint s’établir à Anvers, où l’homœopathie
n’était représentée alors que par notre vénérable confrère
M. le D r Gits.
Bientôt ses aptitudes spéciales pour la pratique de notre
art, les soins dévoués dont il entourait ses malades, lui
acquirent la confiance du public et cette confiance, il la
conserva jusqu’à la fin de sa vie.
Le D r Yan Campenhout était membre de l’Association
centrale des homœopathes belges, et, quand ses nombreuses
occupations le lui permettaient, il ne manquait jamais d’assis¬
ter à nos réunions trimestrielles. Les judicieuses observations
cliniques qu’il nous exposait simplement et clairement le
faisaient hautement apprécier de ses confrères et très sou¬
vent ses conseils étaient, pour beaucoup d’entre nous, d’une
grande utilité pratique.
Notre excellent confrère n’ambitionna pas d’autre titre que
celui de médecin praticien et il ne voulut même jamais accep¬
ter la présidence annuelle de l’Association centrale des
homœopathes belges que nous aurions été tous heureux de lui
confier.
Pendant 34 années il fut toujours sur la brèche, ne se
donnant aucun repos, négligeant le soin de sa propre santé
pour se sacrifier à ses semblables. Il semblait avoir pris pour
devise : Repos ailleurs !
Sa robuste constitution résista longtemps à ce surcroît de
travail ininterrompu; mais, il y a quelques mois, il reçut un
premier avertissement du mal qui devait le terrasser : mal¬
heureusement, son activité innée ne pouvait se résoudre à
un repos qu’il avait pourtant bien mérité.
A peine le danger disparu, grâce aux soins intelligents de ses
amis dévoués, il se remet à la besogne avec toute l’ardeur de
sa nature généreuse, mais ses forces trahirent son courage
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et il succomba dans toute la plénitude de son intelligence et
de son talent.
Son souvenir vivra longtemps parmi nous comme celui du
plus modeste mais d’un de nos meilleurs praticiens.
Adieu, Van Campenhout, au nom de l’Association centrale
des homœopathes belges, adieu !
Discours du D T Lambreghts, fils
Ce n’est pas sans une poignante émotion que je viens, au
nom des homoeopathes d’Anvers, vous adresser ici un dernier
et solennel adieu.
L’inexorable mort qui vous a ravi trop tôt, hélas ! à notre
affection, à la tendresse de votre famille éplorée, à la véné¬
ration de vos nombreux malades, a creusé au milieu de nous
un vile immense qu’il sera bien difficile de combler. Nous
perdons en vous un ami dévoué et sincère, un collègue estimé
dont nous avons apprécié souvent le talent et la science ; un
travailleur infatigable qui a contribué puissamment à l’exten¬
sion de notre doctrine et qui nous a donné, jusqu’au dernier
moment, l’exemple le plus parfait du dévouement et du
sacrifice.
Peu d’hommes ont eu une existence aussi active et aussi
bien remplie que la vôtre. Après avoir fait de brillantes
études à l’Université de Bruxelles, vous avez débuté dans la
carrière médicale à Wemmel près de Bruxelles.
A cette époque vous n’aviez pas encore foi dans les immor¬
tels principes d’Hahnemann ; mais les cures merveilleuses
opérées par votre oncle le docteur Van Vreckom, un de nos
homœopathes les plus distingués, dissipèrent bientôt vos
doutes et dés lors vous avez consacré tous vos loisirs à
l’étude de l’homœopathie. En 1862, sur les instances du doc¬
teur Gits, le fondateur du premier dispensaire homœopathique
d’Anvers, vous êtes venu vous fixer en cette ville et vous
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avez apporté à votre éminent collègue votre précieux
concours à l’œuvre de charité qu’il avait créée.
Mais, après quelque temps, vous avez du renoncer à ce
pénible travail, car l’affluence des malades au dispensaire
était telle qu’elle vous empêchait de satisfaire aux exigences
d’une clientèle sans cesse grandissante. Vous n’avez toute¬
fois pas oublié les malheureux ; vous avez fondé pour eux un
nouveau dispensaire, rue du Roi, que vous avez dirigé jus¬
qu’au dernier jour avec une rare sollicitude et un zèle
admirable.
Les brillantes qualités qui vous distinguaient, les succès
nombreux que vous obteniez dans la pratique de votre art,
vous ont acquis une réputation immense et justement méritée.
Qui ne se rappelle avec quel dévouement vous avez soigné
notre regretté bourgmestre Léopold de Wael, qui avait en
vous une confiance sans bornes ; on peut affirmer que c’est
grâce à vos conseils judicieux et éclairés qu’il a pu présider
pendant de si longues années aux destinées de notre ville.
Etrange coïncidence des choses d’ici bas! Au moment
même ou Léopold de Wael était terrassé par la nouvelle
crise qui devait l’emporter quelques jours après, vous étiez
vous même atteint d’un mal subit qui vous réduisait à l’im¬
puissance !
Les soins affectueux dont vous étiez entouré ont pu un
instant triompher de ce mal et nous donner l’espoir de vous
conserver encore longtemps à la science et à votre chère
famille si éprouvée depuis quelque temps. Mais, présumant
trop de vos forces et dévoré par une activité fiévreuse qui
faisait le fond de votre caractère, vous avez voulu reprendre
une tâche trop lourde et vous êtes tombé victime de votre
dévouement à vos malades.
Les pauvres surtout vous regretteront et vous pleureront,
car vous étiez pour eux un père plus encore qu’un médecin ;
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lorsque la maladie vous retenait chez vous, ce que vous
regrettiez le plus amèrement c’était de ne plus pouvoir les
aider et les soulager. Aussi avaient-ils pour vous un véritable
culte ; lorsque j’eus l’honneur de vous remplacer quelquefois
à votre dispensaire, j’ai pu voir combien ils vous étaient
attachés, avec quel intérêt ils s’informaient de votre santé,
avec quelle impatience ils espéraient votre guérison et votre
retour ! f
Est-il besoin de rappeler les services immenses que vous
avez rendus à la cause de l’homœopathie ? Si notre méthode
a pris une si grande extension à Anvers, si elle a conquis si
rapidement la confiance des familles, c’est en grande partie
à vous que nous le devons; vous avez eu la joie, avant de
mourir, de voir l’homœopathie triomphante pénétrer dans le
service médical du bureau de bienfaisance.
En ce jour de larmes et de deuil, une pensée consolatrice
nous reste: c’est la certitude que vos concitoyens n’oublieront
pas que votre vie tout entière fut consacrée au bien-être et
au soulagement de vos semblables !
Adieu, cher et vénéré confrère, adieu!
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SOMMAIRE
LES AMYGDALES, par le D r Martiny.
Du traitement des maladies oculaires. — Traduction du
D r Chevalier, de Charleroi.
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers ......
Observations cliniques. — Traduction du D r Che¬
valier, de Charleroi.
Contribution à l’étude de l’empoisonnement par le venin
de serpent.—Traduction du D r J. DEWÉE,de Bruxelles
Sur l’intoxication expérimentale par l’oxyde de zinc .
Les doses élevées de quinine peuvent-elles produire les
maladies de la moelle épinière?.
Des différentes formes de syphilis infantile ....
Le traitement du myxœdème par l’ingestion de pulpe
ou d’extrait de corps thyroïde.
Nécrologie.
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REVUE HOMEOPATHIQUE BELGE
19 e Anisé* JANVIER 1893 N ü 10
AU TOUR DU SALOL
par le D r Martiny
Après avoir prôné avec furia certains remèdes comme désin¬
fectants et antiseptiques internes, nos confrères allopathes en
ont successivement, grâce à de nombreux mécomptes, reconnu
la nocivité.
Dans les derniers temps on a préconisé avec un entrain remar¬
quable le scdol qui fut même fortement recommandé pendant
l’influenza de cette année, mais voici le tour du scdol arrivé. Il
ne vaudra bientôt plus rien. Nous lisons en effet dans le Scalpel :
Accidents produits par le salol. — Chez certains malades,
M. Morel Lavallée et M. Cartaz avaient déjà noté des éruptions salo-
liques consécutives à des pansements externes. Dans deux cas que
signale M. Derignae, des symptômes d’empoisonnement graves ont
apparu à la suite d’administration à l’intérieur de doses de salol
pourtant assez faibles.
L’auteur avait ordonné dans un cas, chez un adulte, 0.20 centi¬
grammes de salol à prendre toutes les deux heures ; après la troi¬
sième dose les phénomènes toxiques apparurent.
Dans le second cas, celui d’un enfant atteint de fièvre typhoïde
légère, les accidents survinrent après l’ingestion de la troisième dose
de salol à 0,10 centigrammes, les doses étant éloignées de quatre
heures les unes des autres.
Les urines étaient noires comme après l’ingestion d’acide phénique
et contenaient une assez forte quantité d’acide salicylique que décela
le perehlorure de fer.
Le salol est donc toxique dans certains cas à faible dose et même
chez des sujets dont l’appareil rénal et le cœur sont intacts.
Plus cela change, plus c’est la même chose, plus cela rappelle
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le propos ironique de je ne sais quel médecin : «Hâtons-nous
d’administrer ce remède pendant qu'il guérit ».
D r Martiny
REVUE DES JOURKAUX HOMOPATHIQCES DE FRANCE
par le D r Schepens, de Gaud
Notes de matière médicale
par le D r Lebouchkr /
Iridium . — Courbature des membres inférieurs, faiblesse des
reins, mais réaction favorable. Donne de l’aplomb et de la
confiance en soi et facilite le travail.
Névralgies dans la tête et les tempes, moins dans la face;
névralgie des membres. Le grand air et le bruit brisent la tête.
Elancements comme des coups de p>oignard, douleurs rongeantes
aux seins. Crampes d’estomac. Agit surtout sur le système
nerveux et sur la moelle épinière qu’il paralyse d’abord pour lui
rendre après beaucoup de force. Douleur fourmillante, grat¬
tante, agaçante aux articulations des hanches, sciatique à ne
pouvoir rester couché. Douleur au pouce qui est rouge, luisant,
presque violet et gonflé. Bronchite chronique , même avec
ulcération de la muqueuse. Paralysie à droite quand la peau
conserve sa température. Engourdissement, fourmillement des
membres ; douleur des poignets et même dans les doigts
(paralysie rhumatismale^. Abcès à l’aisselle et arrête la suppu¬
ration. Douleurs d’arracliement dans les seins ; douleurs cram-
poïdes dans l’estomac.
Gonflement non hydropique des ovaires ; ulcères suppurants,
rongeants et plaques bleuâtres et tumeurs de la matrice. Convient
chez les vieillards, les personnes épuisées par les maladies,
chez les enfants chétifs ou qui grandissent trop ; il convient
admirablement dans les anémies.
Palladium a presque les mêmes symptômes qu'iridium : il est
surtout utile chez les personnes affaiblies par les maladies ou
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les abus des médicaments ainsi que chez les enfants et les
vieillards. Douleur sur le devant de la tête, chez les fous
exaltés et méchants. Lourdeur de la tête, élancements dans le
cerveau, douleur céphalique non névralgique. Vertiges, hallu¬
cinations, vide dans la tête ; sursauts violents comme si on
tombait de très haut en s’endormant. Fièvre avec délire, fièvre
cérébrale ; préférable à belladone dans la fièvre typhoïde.
Insomnie avec agitation; rhumatisme au cœur avec nausées,
hydropéricarde ; produit dans la bouche une affluence d’eau
qui vient de l’estomac.
Indiqué dans les crampes d’estomac, le choléra épidémique ;
surtout contre les nausées, les vomissements, la diarrhée et
la cyanose. Alterné avec cujprum dans le choléra il fait cesser
très vite les crampes et les vomissements.
Il est indiqué dans le rhumatisme comme iridium , mais
quand il n’y a pas de paralysie. Ballonnement du ventre chez la
femme à l’époque de la ménopause; chez les jeunes filles, règles
irrégulières, douleurs avant, pendant et après; nausées, coli¬
ques, malaises et règles trop fortes, hémorrhagies très fortes.
Tiraillements, élancements, gonflement de la matrice.
Tumeurs dures et fistules au siège (alterner avec sulfur);
alterner avec osmium et plat. g. dans les tumeurs des genoux
et celles qui suppurent.
Alterner palladium avec plat. g. dans les dartres syphilitiques.
Dans les rhumatismes aigus, la goutte, le gonflement des
orteils; dans les tumeurs, les cancers, les polypes et les
paralysies on alternera avec fruit : 1° osmium , 2° iridium ,
3° plat. , 4° pallad. , parfois avec et parfois sans sulfur .
Platine. —Agit surtout sur le ventre (tumeurs, excroissances,
polypes du tube digestif et de la matrice), sur les ganglions
abdominaux. Gonflement du testicule (sarcocèle, hydrocèle).
Chancres syphilitiques, phimosis et paraphimosis ; aggrave le
phimosis pendant quatre jours puis le guérit. Supérieur au
mercure , il agit plutôt chez les hommes que chez les femmes,
mieux sur le chancre mou qu’il gùérit en cinq jours que sur
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l’induré où il faut l’alterner avec hepar ; excroissances, tuber¬
cules plats, écoulements blennorrhagiques. Agit dans l’alopécie
syphilitique, moins bien chez les femmes où il faut l’alterner
avec sulfur.
Erection chéz les hommes. Excitation vénérienne, impatience
chez les femmes, les rend même méchantes ; agit surtout chez
les blondes à peau blanche, un peu évaporées; agit moins bien
chez les brunes. Crampes d’estomac, fatigue d’estomac, manque
de respiration comme pour un évanouissement, un peu de
bourdonnements dans les oreilles. Hallucinations. L 'irid. est
l’antidote des fatigues causées par 1 e platine.
Fél anguillce donne de la répulsion pour tout ce qui est
liquide alcoolique; le donner pendant huit jours. Le sang
d’anguille vaut mieux encore. Donne de la force, le besoin de
marcher et de remuer. On le donnera aux malades qui sont trop
sédentaires et chez ceux qui sont agités, mais là il n’est qu’un
palliatif. Utile chez ceux qui ne peuvent digérer des aliments
gras, chez ceux qui ont des pituites dans l’estomac, chez les
enfants qui vomissent des glaires; chez les personnes très pâles,
mélancoliques, portées à la tristesse, chez celles qui pleurent
pour un rien, chez celles qui sont paresseuses à se mettre en
colère. Met l’équilibre dans le système nerveux de la tête et de
l’estomac ; pression aux joues. Donne beaucoup de souplesse
aux membres.
Chenojpodium vulvaria. — Coliques violentes, élancements
dans le ventre, inflammation, nausées, choléra. Agit d’une
manière remarquable, s’alterne - bien avec robinia pour le
choléra. Peste jaune; le sang se décompose.
Ornus floribuncta. — Violent vertige envahissant le sommet
de la tête, presque comme un frémissement parcourant le
cerveau pendant une seconde. Le sommet de la tête semble
ensuite un peu lourd et étonné.
Ce médicament avait été pris pour un mal de tête provenant
d’une digestion difficile. (Revue homœojmthique française.)
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* Du lupus et de son traitement
par le D r V. Léon Simon
Le lupus est une affection chronique de la peau caractérisée'
par des taches d’un rouge brun sur lesquelles se développent
d’abord des squames plus ou moins épaisses, puis des nodosités
ou tubercules qui finissent par se ramollir, s’ulcérer et laisser
des cicatrices difformes entourées d’une ceinture de lésions plus
récentes. Abandonné à lui-même,-le lupus .suit une marché
envahissante du centre vers la périphérie, et une de ses formes,
le lupus vorax , tend à gagner plus encore en profondeur qu’en
surface* et entraîne de véritables mutilations. L’évolution du
lupus est toujours lente.
Le D r V. Léon Simon ne reconnaît que deux formes de lupus :
la forme bénigne dans laquelle la maladie reste maculeuse,
exfoliative ou tuberculeuse et la forme maligne ou destructive
dans laquelle‘le processus ulcératif aboutit à des pertes de
substances plus ou moins étendues; cette forme s’appelle aussi
dartre rongeante , scrofulide maligne , lupus vorax ou exedens. *
Neumann décrit deux espèces de lupus : le lupus vulgaire et
le lupus érythémateux. Le lupus vulgaire atteint surtout les
enfants et les jeunes gens tandis que le lupus érythémateux est
une maladie do l’adulte ; tous les deux sont plus fréquents chez
la femme que chez l’homme et atteignent de préférence la face
et les extrémités. Le lupus^ vulgaire affecte spécialement les
scrofuleux , il n’est pas contagieux mais il est transmissible
par hérédité.
Thérapeutique
1° Traitement liomœopatliiqiie . — C’est dans cette maladie,
plus que dans toute autre, qu’il est bon de suivre dans toute
ldur rigueur les préceptes d’Hahnemann : de ne répéter une
dose que lorsqu’il est évident que son-action * est épuisée et de
ne changer de médicament que lorsque son impuissance est
bien démontrée.
Nous indiquerons d’abord les remèdes qui répondent à toutes
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— 294 —
les périodes de la maladie, ensuite ceux qui répondent spécia¬
lement à certaines phases ou formes et enfin nous dirons
quelques mots des moyens auxiliaires.
Les médicaments qui répondent à toutes les phases sont :
Thuya, sepia, graphites, hydrocotyle et lycopodium. Ce sont les
seuls qui produisent des taches, des tubercules cutanés et des
ulcérations ; en même temps ils exercent sur l’organisme une
action plus profonde que rapide et conviennent bien aux
affections essentiellement chroniques et rebelles; enfin les
allures des accidents qu’ils produisent sont en complète harmo¬
nie avec celles du lupus.
Thuya présente dans sa pathogénésie toutes les lésions
élémentaires des formes peu graves du lupus. Il fournit les
taches : « Sur le cou, taches hépatiques avec boutons rouges,
petites dartres et beaucoup de petites verrues ; une dartre d’un
rouge brunâtre apparaît sur la nuque et sur la poitrine. « Les
éruptions de thuya sont .entourées d’une aréole rouge plus ou
moins foncée. Son pouvoir de produire des nodules, des tuber¬
cules et des végétations en fait le véritable spécifique de la
forme végétante ou hypertrophique. Allen donne les symptômes
suivants qui se rapportent à la forme ulcéreuse : « Enflure et
induration de l’aile gauche du nez avec douleur tensive. Ulcé¬
ration dans le nez à un demi pouce de profondeur; il s’y trouve
une croûte. Il y a continuellement du mal dans le nez avec
enflure de l’organe et de la lèvre supérieure. »
La clinique est plus explicite que la matière médicale quant
à la vertu curative du thuya. M. le D r Clarke, de Londres, disait,
en 1888, que depuis trois ans il avait guéri avec lui tous ses
malades. Il le donne intus et extra : intus il prescrit de la 15°
à la 30 e dilution; extra il emploie la 3°. M. le D 1 Malapert
du Peux, de Lille, lui doit aussi de nombreux succès. Nous
plaçons le thuya en première ligne d’autant plus qu’il convient
très bien aux scrofuleux. Il est surtout indiqué si les lésions
occupent le côté gauche, si l’état du malade est aggravé par la
menstruation, par le froid, par l’excès de chaleur et la chaleur
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du lit, par l’usage de viande grasse, .d’oignons, d’acides, de
sucreries, par le vin, la bière et le thé; si on a fait abus de
tabac, de soufre ou de mercure; enfin la présence de verrues
sur le corps et la déformation hippocratique des ongles si ,
commune chez les phtisiques et qu’on rencontre assez souvent
chez les créoles de l’Amérique du Sud constituent des signes
importants en faveur du thuya.
Sepia répond peut-être mieux que thuya à la période initiale,
celle où les macules prédominent, car on sait combien il
exagère et trouble la pigmentation de la peau; il a une sorte de
prédilection pour la face et particulièrement pour le nez. Les
taches^ les squames, les tubercules, les végétations et les ulcères
entrent surtout dans sa sphère d’action ; 'mais on peut aussi
l’employer contre la forme la plus destructive, le lupus exedens
quoiqu’on pareil cas nous possédions des substances plus
efficaces.
Sepia est surtout indiqué quant le mal s*aggrave par l’air
froid et sec, la neige, les excès sexuels, la grossesse et l’allaite¬
ment, ou encore chez les jeunes filles ou les femmes à peau
fine ayant des taches de rousseur , des alternatives de froid
et de chaleur, des accidents soit du côté de l’utérus, du côté des
voies respiratoires ou du côté des intestins. Sepia et thuya sont
les spécifiques de l’esthiomène vulvaire ou lupus de la vulve.
Ce qui précède est confirmé non seulement par la pathogé-
nésie où on lit, entre autres symptômes : Petit ulcère de longue
durée dans une narine ; petite induration à la racine du nez ;
mais aussi par la clinique, car Rückert cite des ulcères d’appa¬
rence cancéreuse , des ulcérations rongeantes du nez guéris
rapidement par sepia suivi de calcarea carbonica ou alterné
avec caustieum.
Graphites a beaucoup d’analogie avec sepia et il mérite la.
préférence quand les lésions occupent une autre région que la
face. Sa valeur est établie à la fois par la matière médicale et
la clinique. En effet, il produit les symptômes suivants :
« Taches lépreuses annulaires, cuivrées, sur la face, les oreilles,
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les fesses, les jambes et les pieds. Taches amiulaires saillantes
sur la face*. Nodules douloureux sur la joue gauche , Indu - *
ration du nez , croûtes dans les narines . Ulcères sur les
. orteils. Ulcères calleux aux pieds, provenant de bulles corro¬
sives. Ulcères croûteux, à pus sanguinolent, aqueux, corrosif,
sentant la saumure de hareng. Ulcères spongieux, sensibles,
à sécrétion salée. Vieuxmlcères lancinants, à pus fétide. Vieilles
cicatrices dures. Amélioration d’un lupus rebelle . »
L’indication du graphites sera encore plus nette si le sujet
est dyspeptique, enclin-à la constipation, si sa jieau suppure
facilement, si les lésions occupent le côté gauche de la face et
que celle-ci soit pointillée de pores noirs , sh les ganglions
s’engorgent facilement; enfin il convient surtout aux femmes
leucorrhéiques et sujettes aux retards dans la 'menstruation ou
quand le mal succède à la suppression des règles. Graphites
est encore hidiqué s’il y a en même temps une affection des
voies respiratoires ou que celle-ci alterne en quelque sorte avec
le lupus.
Hydrocotyle asiatica a des affinités avec le lupus mais paraît
inférieur aux médicaments précédents.
Voici’ les principaux symptômes de ce médicament : « Erup¬
tion de couleur cuivrée^ sur là face. Sur l’aile droite du nez,
tLibèreide large comme une pièce de 50 centimes, couvert d’une
croûte épaisse sous laquelle il y a une matière jaunâtre, mêlée
de sang; bords de l’ulcère livides et irréguliers, cinq autres
tubercules indolents, gros comme des lentilles, près de la racine
du nez des deux côtés. »*
Lycopodium produit aussi des taches, des excroissances et
des ulcérations : « Eruption de couleur cuivrée sur le front.
Taches rouges, pruriteuses ou brûlantes. Verrues larges,
- exudant une humeur peu abondante. Eruption couvrant. toute
la joue droite, épaisse, sèche et croûteuse, pruriteuse; propen¬
sion constante à avoir une éruption sur la joue gauche. Lupus
recent , ulcère superficiel chez les sujets pâles et blafards. »
Lycopode est encore mieux indiqué chez les hépatiques ou après
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des troubles circulatoires de la veine-porte. L’irritabilité du
caractère, la surdité avec otorrhée purulente , les troubles
dyspeptiques de toute sorte sont les signes de lycopode.
Voici maintenant les médicaments spéciaux des diverses
périodes ou formes :
1° Période maculeuse : Natrum carbonicum.
Halmemann recommande le carbonate de soude quand il y a
des taches jaunes sur le front et la lèvre supérieure, la peau
sèche, des verrues, des tubercules érysipélateux et des tuber¬
cules sur les cuisses. L’indication sera plus nette si on observe
simultanément sur la face des taches et des excroissances,
surtout si le sujet est dyspeptique et de constitution délicate.
2° Période hypertrophique, tuberculeuse : Silicea et arsenic .
iodatum.
Le premier de ces médicaments est recommandé par le
D l ‘ Franklin, professeur à l’université de Michigan, et l’autre
par Goullon, qui employait la 3 3 trituration centésimale. Les
deux conviennent^ la diathèse scrofuleuse; le premier aux
enfants au ventre gros, aux jambes faibles et transpirant ^beau¬
coup de la tête ; le second répond davantage aux périodes
avancées et aux états cachectiques, mais aucun des deux ne
vaut le thuya.
3° Période exfoliative : Mezereimv , arsenicum , phosphorus.
Mezermm a dans sa pathogénésie : « Squames épaisses ,
lamellées comme dans le rupia. Ulcère scrofuleux sur la
jambe avec enflure du périoste. ' Sur la lèvre supérieure ,
ulcère s'étendant au nez. » Cë médicament est- surtout indiqué
chez les malades entachés de syphilis ou ayant fait abus de
mercure.
Arsenicum , beaucoup recommandé par les I> 8 Jousset et
Huart convient surtout dans la forme squameuse. Il convient,
dit Hering , aux personnes portant des taches hépatiques et
dont la peau, a une teinte brune, terreuse et sale ou encore
aux malades qui ont de la fièvre hectique et. des signes de
tuberculose. Il paraît répondre davantage aux lésions cancé-
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reuses et gangréneuses de la peau qu’au lupus proprement dit.
Phosphorus prescrit par Kafka à doses croissantes, a guéri un
lupus exfoliant de la face. Cependant il paraît agir plutôt sur la
nécrose et sur les ulcères cancéreux que sur le lupus. Il peut
être utile dans le lupus chez les tuberculeux ou les rachitiques
lorsqu’il y a aggravation par le sel et le camphre, les aliments
chauds, les fortes odeurs et les changements de temps et quand
il y a amélioration par le frottement et les boissons et les ali¬
ments froids.
4° Période rongeante, lupus exedens : Causticum, calcarea
carbonica , cistus , Jcali bichromicum , hydrastis , ciurum muria-
ticum.
Causticum produit des verrues et des dermatoses chroniques ;
des ulcères avec sécrétion corrosive sur les mains, les doigts et
les orteils et encore « portion du côté gauche et du bout du nez
rongée par un ulcère couvert d'une croûte épaisse. »
On le donnera de préférence aux hémorrhoïdaires et aux
hypochondriaques sujets aux accès d’orthopiée avec frissons,
chaleur et sueur et miction involontaire pendant les efforts de
toux et d’éternuement. La clinique a confirmé sa valeur.
Calcarea carbonica donne des verrues et des ulcères malins
sur la tête, les yeux, le nez, la bouche, le cou, la vulve et les
cuisses; ces ulcères sont indolents et suppurent peu. Les
excroissances en forme de verrues derrière les oreilles s’enflam¬
ment et s’ulcèrent. Il convient aux personnes dont la peau est
malsaine et tend à s’ulcérer, les chairs bouffies, une tendance
aux affections osseuses, le ventre volumineux, de l’anorexie., les
règles trop fréquentes et trop abondantes et la leucorrhée.
Faits cliniques à l’appui : Rückert cite une fille de 8 ans affligée
depuis quatre ans d’une excroissance informe et suppurante du
nez avec rougeur inflammatoire des yeux et qui a été guérie en
peu de temps par suif tir 60 e et calcarea 60 e à huit jours d’in¬
tervalle.
Gross et Speer citent chacun un cas de lupus de la face
guéri assez rapidement par calcarea carbonica à haute dilution.
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Cistus est le médicament le plus important du lupus scro¬
fuleux , il produit entre autres symptômes : « Douleur pressive
à la racine du nez avec mal de tête. Ophtalmie scrofuleuse
de longue durée. Inflammation et enflure du côté gauche du
nez ; sensation de brûlure dans la narine gauche. Endoloris¬
sement du bout du nez. Lupus de la face. Lupus exedens
à la bouche et au nez. Ulcères scrofuleux sur le dos.
Enflure et ulcération de la jambe gauche avec couleur cuivrée
de la peau. » Cistus a une grande affinité pour le système
glandulaire surtout celui des glandes à vésicules closes : il
enflamme les seins, engorge et hypertrophie le corps thyroïde,
les ganglions cervicaux, les glandes du pharynx et les glandes
intestinales. Il refroidit le sujet dont l’état s’aggrave encore
par le froid. Cette sensation de froid général, même dans une
chambre chaude, et une grande sensibilité au froid dominent
la patliogénésie de cistus.
Kali bichromicum convient surtout au lupus érythémateux
fixe, de forme séborrhéique et au lupus vulgaire qui occupe les
muqueuses.
Voici ses principaux symptômes : « Lupus déforme chronique
avec douleur brûlante et prurit. Ulcères profonds , jaunes ,
secs , ovales , à bords décollés entourés d’une aréole rouge,
reposant sur une base indurée qui le détruit ; ils gagnent en
* profondeur et ont au centre une tache noirâtre, ils laissent une
cicatrice .déprimée, profonde, comme taillée à l’emporte-pièce.
Petit ulcère perforant sur la cloison du nez. La muqueuse
de la cloison est pointillée de petites ulcérations. Le cartilage
de la cloison* est entièrement détruit et toute la muqueuse du
nez est le siège d’une inflammation purulente. Ulcération
des sinus frontaux avec vive douleur à la racine du nez et dans
les bosses frontales. Lupus nasal. Apparition d'un petit
tubercule sur le côté droit du nez; il dégénéra en ulcéré qui ,
pendant vingt ans , se déplaça lentement en se cicatrisant à une
extrémité pendant qu’il s’étendait à Vautre , laissant un sillon
irrégulier d’un pouce et demi; croûtes et cicatrides sur le nez
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avec prurit désagréable. » Ses localisations sont celles du lupus
érythémateux et il exerce une action élective sur les glandes
sébacées et sur les muqueuses dont il rend les sécrétions purulen¬
tes ou visqueuses et filantes. L’ophtalmie et l’otite scrofuleuses,
la diarrhée aqueuse suivie de ténesme rentrent aussi dans sa
sphère d’action.
Hydrastis convient aux scrofuleux et aux cachectiques. Il
donne une teinte jaune à la face, produit des ulcères granuleux
et indolents avec pus peu abondant et malsain ; il fait naître sur .
le nez et la paupière un ulcère à base jaune rougeâtre, sombre,
sec, non granuleux et sécrétant peu. Les membres inférieurs se
couvrent d’ulcères superficiels de forme circulaire, secs, fétides,
avec croûte jaime, douleur brûlante et lancinante, aréole enflam¬
mée et couverte de boutons qui dégénèrent facilement en ulcères.
Il produit encore : « Cuir chevelu couvert d y une croûte épaisse de
matière sébacée; cheveux secs et ternes. Lacération longue de
plusieurs pouces au-dessus de la tempe gauche ; elle a la forme
d’un croissant, suppure et devient un mal de mauvaise nature. »
Hering recommande Vhydrastis dans le lupus érythémateux t
et la lèpre ulcérée mais nous croyons qu’on doit le réserver aux
personnes faibles ou délicates.
Aurum muriaticum répond mieux aux lésions syphilitiques
et à l’intoxication mercurielle. Il exerce une action élective sur
le nez dont il carie les os; nous le conseillons dans les cas dou-*
teux et.chez les malades entachés de vérole. Cependant Bahr
le recommande et les médecins allopathes paraissent avoir
employé avec succès des injections sous cutanées de chlorure
d’or et de cyanure de potassium à des doses de 0 gr. 00005 à-
0 gr. 00020.
5° Lupus érythémateux. Voici les médicaments les plus
appropriés : •
Variété érythémateuse pure : bellcidona.
Variété érythémateuse couperosique : lycopodium.
Variété pityriasiforme ou psoriasiforme : arsemcum , cicuta.
Ce dernier, recommandé par Raue, convient plutôt à Fimpetigo* ■
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— aoi —
Eytheme centrifuge de forme commune et vespertiUo : Sépia ,
thuya.
Lupus érythémateux fixe : Kali bichromicum, graphites,
baryta carbonica.
Le dernier n’est utile que lorsque les lésions occupent l’oreille
ou le cuir chevelu.
Les médicaments suivants ont donné quelques succès :
Iodium. Cramoisy a guéri en trois mois un lupus datant de
dix-neuf ans avec la première trituration d "iode à la dose de
quinze centigrammes par potion.
Créosotum ; Les lotions d’eau créosotée ont guéri un lupus de
l’aile droite du nez, de la lèvre supérieure et du palais, ayant
débuté'par une pustule.
Corrosivus a été employé comme topique ou en injections *
interstitielles par Doutrelepont , Payne , White. Nous ne le
prescrivons qu’à des sujets manifestement syphilitiques.
Apis a été employé dans un cas cité dans le 2 e volume des
Annales de la Société homœopathique britannique.
Nux juglans recommandé par Ruthill Massy et staphysagria
conseillé par Raue ne contiennent dans leur pathogénésie rien
qui se rapporte au lupus.
Bignonia catalpa est usité en Amérique contre les ulcères
phagédéniques.
Ozénine est recommandée par Hering.
Il est évident qu’on ne donnera pas un même médicament
dans tout le cours de la maladie mais que les médicaments
doivent se suivre selon la marche et la forme de la maladie.
Il faudra aussi souvent recourir à ralternance de deux médi¬
caments, par exemple quand on rencontre sur le même sujet
deux maladies constitutionnelles ou deux diathèses différentes.
Il faudra aussi, tenir compte de l’hérédité et donner de pré¬
férence arsenic, iodatiod., cistus et kali bichrom. aux
descendants de scrofuleux; arsenicphosphorcalcarcréosot,
caustic. aux descendants de diabétiques ou de tuberculeux;
mezereum , aurum aux descendants de syphilitiques , hydrastis
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aux descendants de cancéreux; causticum , graphites et lycopo¬
dium aux descendants d’arthritiques ou d’herpétiques.
Les doses doivent varier suivant les médicaments et suivant
l’âge et l’idiosyncrasie des sujets; en général il faut préférer
les dilutions élevées dans les formes lentes et pour les corps
inertes à l’état naturel et préférer les triturations; les basses
dilutions et même les médicaments en substance quand on
soupçonnera la syphilis parce que les vérolés sont souvent
réfractaires aux actions médicamenteuses.
2° Traitement thermal. — Parmi les eaux minérales les plus
efficaces dans le traitement du lupus il y a surtout l’eau de
S. Christau à cause du sulfate de cuivre qu’elle renferme. Chez
les strumeux on conseillera Clialles, Salins, Kissingen, Kreuz-
nach, etc. Chez les dyspeptiques : Fougues, Bourbonne-les-
Bains sera utile si la dermatose est consécutive à un trauma- .
tisme. Les syphilitiques se trouveront bien d’Aulus. Dans la
période maculeuse on peut conseiller Ems, Pougues, Ro} r at,
Forges-sous-Brüs. Si Varsenic est indiqué, on peut conseiller
la Bourboule et la Dominique de Vais.
Certains auteurs recommandent les eaux sulfureuses mais le
D r V. Léon Simon s’en méfie à cause des perturbations préju¬
diciables qu’elles peuvent causer.
3° Traitement de Vabbé Kneipp. — H consiste en deux
badigeonnages par jour avec un mélange d’argile, d’eau de pluie
et d’un dixième de vinaigre ; ces badigeonnages sont précédés
de lotions avec une décoction de prèle. L’auteur ne connaît pas
les vertus de la prèle mais l’argile, qui n’est autre chose que
notre alumina, a une action évidemment homœopathique.
Alumina produit une sensation de formication, des rhagades,
des excroissances bulbeuses, des ulcérations sécrétant un pus
jaune brunâtre et fétide. Elle rougit et ulcère le nez, enflamme
la cloison et crevasse le bout de l’organe; elle donne aux joues
une teinte cuivrée, fait enfler la face qui se couvre de tubéro¬
sité , d’excroissances , de nodosités. Alumina est surtout à
recommander chez les'femmes sujettes à la constipation et aux
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— 303 —
flueurs blanches. Lilienthal le recommande quand les lésions
cutanées sont accompagnées d’hémorrhagies par la bouche et
les gencives — quand il y a eu abus de mercure.
4° Traitement de Koch. — Les essais faits avec des injections
de tuberculine de Koch ont produit une action puissante sur
certains lupus, mais jusqu’ici leur action curative n’est pas
démontrée. Dans tous les cas, son action est si’non liomœopa-
thique du moins isopathique. Ce médicament mérite d’être
essayé à dose infinitésimale.
5° Electrothérapie. — C’est un adjuvant précieux dans le
traitement du lupus. On se sert : 1° de l’électricité magnétique ;
2° de l’électricité statique; 3° de l’électricité galvanique.
L’électricité magnétique et l’électricité statique sont des
modificateurs vitaux par excellence. Suivant qu’on utilise le
fluide électrique , il constitue lui-même un médicament ; il
transporte dans l’organisme les médicaments prescrits ; il ren¬
force leur action ou il agit localement sur les tissus malades en
les irritant et en les cautérisant.
6° Moyens adjuvants. — Le traitement chirurgical et les
topiques ont pour seule indication d’empêcher la formation de
kéloïdes et de cicatrices vicieuses ou de réparer, dans la mesure
du possible , les mutilations déjà produites.
Indépendamment de l’électrolyse, le seul moyen chirurgical
qui mérite d’être conservé est la scarification quadrillée.
Les médecins homœopathes appliquent souvent à l’extérieur
les médicaments indiqués pour l’usage interne ; ainsi dans les
cas où Yarseniç est indiqué, le D r Jousset applique une poudre
composée de huit parties d’amidon et une partie d’acide arsé¬
nieux et le mélange d’amidon et d’arsenic au 1000 e ajoute
à- l’action dynamique du remède pris à l’intérieur Faction
caustique ou irritante qu’il exerce directement sur les tissus
malades.
On peut appliquer la glycérine iodée en même temps qu’on
prescrit iodium, la teinture diluée de thuya en même temps
que les potions de thuya, une solution étendue - de bichromate
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de potasse en même temps que hali bichrom.
Un seul caustique a donné de bons résultats : c’est l’acide
lactique dont les effets sur le lupus ulcéré valent ceux de la
scarification; il agit surtout bien s’il exista des solutions de
continuité à la peau parce qu’alors il y a absorption et action
dynamique selon la loi des semblables.
- Les badigeonnages d’argile agissent en isolant les parties
atteintes et les préservant de l’air et de la poussière et aussi
par action dynamiquo par l’absorption de l’alumine.
Les injections interstitielles de sublimé , d’or ou [d’autres
substances ne peuvent passer pour un traitement externe; le
médicament absorbé passe dans le torrent circulatoire et a
une action générale.
En résumé, le traitement du lupus se réduit à deux indica¬
tions :
1° Enrayer le processus morbide : Le seul et unique moyen
d’obtenir cet arrêt consiste à faire prendre au malade des
médicaments choisis conformément à la loi homœopathique.
2° Transformer , dans la mesure du possible , les cicatrices
vicieuses en tissus d'apparence normale : Pour cela il faut agir
mécaniquement, soit par des scarifications, soit par l’emploi
de l’électricité, soit par l’usage externe du médicament prescrit
à l’intérieur.
Le traitement interne peut à lui seul procurer la guérison du
lupus, mais généralement les moyens adjuvants dont nous venons
de parler sont indispensables.
D’Schepens, de Grand
(Revue homœopathique française .)
De l’entéroptose
D’après M. Glénard, entéroptose et neurasthénie seraient
deux termes à peu près synonymes. L’entéroptose s’observe
surtout chez les femmes, après un effort, un accouchement, un
traumatisme, ou apparaît secondairement à la suite d’une
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maladie des intestins, la fièvre typhoïde, la lithiase biliaire,
l’amaigrissement.
La lésion pathognomonique est la chute du coude droit du
colon. Ce premier déplacement en entraîne d’autres avec leurs
conséquences.
En se déplaçant, l’estomac (gastroptose) favorise le rétrécis¬
sement de l’orifice gastro-duodénal et, par suite, la dilatation
de l’organe. Les autres organes intra-abdominaux peuvent
suivre ces déplacements : hépatopfcose, néphroptose, splénoptose.
A. Symptômes subjectifs . Les symptômes de l’entéroptose,
comme M. Glénard a voulu la faire voir, sont ceux de la neuras¬
thénie et voici comment il les classe selon leur importance et
leur ordre d’apparition.
1° Symptômes : asthéniques : sensation de faiblesse , de
lassitude au niveau de l’estomac et des reins. — 2° Mésogas¬
triques : tiraillements, pesanteurs, fausses-faims. — 3° Gastri¬
ques ou chomêlèens : flatulence, étouffements, bouffées, bâil¬
lements, crampes, brûlures, vomissements. — 4° Névrosiformes
d’apparence cérébrale ou spinale : insomnie, frissons, sueurs,
irritabilité , mélancolie , céphalalgie , vertiges , palpitations ,
polyurie, névralgies, crises nerveuses, douleurs dans la région
de l’angle droit du colon, simulant les coliques hépatiques.
Les symptômes asthéniques ou mésogastriques coïncident
toujours avec les signes suivants : 1° Eéveil à 2 heures du
matin avec fausse-faim, puis malaise et insomnie. 2° Exaspé¬
ration ou apparition des malaises au lever ou à 3 heures du
soir. 3° Ces malaises sont surtout marqués après l’ingestion des
graisses, féculents, acides, vin et lait. 4° Alternance de la
constipation et de la diarrhée. Les symptômes les plus impor¬
tants d’après Féréol, sont l’intolérance pour le lait et l’insomnie.
Bouche amère, langue sale, flatulence.
B. Symptômes objectifs. L’abdomen est flasque, étalé en
besace : hypostase abdominale . Hypochondres déprimés. A la
palpation profonde on perçoit la corde colique , le boudin cœcal
et le cordon sigmoïdal.
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La première, due à l’étroitesse de l’organe, se reconnaît en
appuyant contre la face antérieure de la colonne vertébrale le
bord radial de l’index placé transversalement et en le faisant
glisser de haut en bas, en maintenant la pression. Cette corde
siège à environ 2 centimètres au-dessous de l’ombilic.
Pour trouver le boudin cœcal, on dirige l’extrémité des
quatre derniers doigts sur une ligne répondant à l’angle formé
par le racliis et la fosse iliaque droite, en appuyant profondé¬
ment et en glissant dans le même sens.
Le même procédé d’exploration fait percevoir du côté gauche
Pexistence du cordon sigmoïdal à 3 ou 4 centimètres au-dessus
du pli de l’aine.
Dans l’épigastre clapotage et gargouillements gastriques et,
par suite de l’abaissement du colon, on sent les battements
artériels.
Voici la méthode que M. Glénard recommande pour recon¬
naître le rein mobile . L’examen, qui se fait pendant une pro¬
fonde inspiration, comporte trois temps. Soit pour le côté
gauche: 1° Affût : on doit étreindre de la main gauche, le pouce
étant dirigé en avant, les parties molles sous-jacentes au rebord
des côtes; la main droite déprime la paroi antérieure dans la
direction du pouce gauche. On fait faire une profonde inspira¬
tion; si l’on ne sent rien, c’est qu’il n’y a pas de déplacement
d’organe, ou sinon on passe au 2 e temps. 2° Capture : on saisit
entre le médius et le pouce gauches l’organe déplacé. On porte
le'pouce le plus haut possible, puis quand la ptose semble avoir
atteint sa limite inférieure d’excursion, à la fin de l’inspiration,
on la serre brusquement entre le pouce et le médius gauche, et
la main droite le maintient en dedans. 3° Echappement : On
écarte alors les extrémités du pouce et du médius gauches, on
abaisse légèrement la ligne de compression et l’organe déplacé
remonte brusquement. Par ce moyen on peut apprécier les
différents degrés de mobilité. M. Glénard en décrit quatre :
1° pointe ; on ne sent que le pôle inférieur du rein ;
2° on saisit l’organe sans pouvoir comprimer les tissus au-
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dessus de lui ;
3° on peut comprimer ces tissus ;
4° le rein est flottant et senti complètement à travers la paroi
abdominale antérieure.
— La mobilité de la rate est très rare et se reconnaît par la
même méthode.
Pour l’exploration du foie MMîlénard indique le procédé du
pouce , destiné à faire déborder le plus possible l’organe sous le
rebord costal. Il comporte aussi trois temps. 1° Le médecin étant
placé à gauche du malade rapproche le bord du foie de la paroi
antérieure de l’abdomen en appliquant solidement sous la région
lombaire droite les 4 derniers doigts juxtaposés de la main
gauche, le médius longeant le bord costal inférieur : il soulève
la région au moyen de ces doigts. La main droite est appliquée
transversalement sur le flanc droit à partir du pli inguinal, les
extrémités tournées en dehors, et déprime le flanc en remontant
de bas en haut. 2° On place la pulpe du pouce gauche sous le
foie. Pour cela, le pouce palpe les divers points de l’hypochon-
dre en remontant le flanc droit de bas en haut et de dedans en
dehors, jusqu’au rebord costal : il renseigne ainsi sur le degré
de résistance des parties. Arrivé à la fin de la région rénitente,
le pouce s’arrête, déprime profondément la peau, tourne la
pulpe en haut, vers la face inférieure du foie et explore, de bas
en haut, la région profonde. Il rencontre une partie dure, ou
rien. 3° Pendant une inspiration profonde, on fait sauter au
pouce le bord du foie, d’arrière en avant; il passe sur la face
antérieure de l’organe et on peut ainsi se renseigner sur la
nature de la masse abaissée, sur l’épaisseur du bord antérieur
du foie et sur sa mobilité.
Dans tous ces cas de ptose, l’épreuve de la sangle est
fort importante.
Elle consiste à se placer derrière le malade, à passer les bras
sous les siens et à lui relever l’abdomen des mains appliquées
sur ses flancs. Il se sent aussitôt soulagé ; les malaises reviennent
aussitôt qu’on cesse l’épreuve.
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La marche de l’entéroptose est lente et progressive et les
symptômes d’abord peu marqués vont eu s’aggravant. L’ensem¬
ble des phénomènes morbides est celui de la neurasthénie. Le
malade maigrit, son mal est méconnu et il est successivement
traité pour un grand nombre de maladies, selon les souffrances
du moment. Il reste toujours souffreteux, souvent jusqu’à un
âge avancé où son état semble s’améliorer.
Traitement . On comprend l’utilité d’un bandage de ventre,
relevant la masse intestinale, renforçant les parois, et mainte¬
nant dans une.certaine mesure les organes en place. L’hydro¬
thérapie et le massage peuvent rendre de précieux services.
Enfin, on veillera à la régularité des selles par les laxatifs
alcalins ; on proscrira les aliments difficilement digérés, le vin,
le lait, les graisses, les féculents et l’on recommandera la
viande et les œufs. (Revue médicale.)
Dilatation de l’estomac et clapotage gastrique
M. Debove démontre, ce qu’il a affirmé dans une précédente
séance, que le clapotement, pouvant être simulé par des variétés
de borborygme, n’a pas une valeur pathognomonique.
“ En résumé, pour moi, nombre de clapotements dits stoma¬
caux ne sont dus qu'à des gargouillements intestinaux, ils se
produisent au-dessous de la grande courbure et non plus bas,
parce que plus bas, les anses intestinales fuient dans le petit
bassin et qu’il est alors plus difficile par la pression de déplacer
les gaz qu’elles contiennent.
« La facilité avec laquelle on admet maintenant la dilatation
de l’estomac est prodigieux, le moindre clapotement suffit, il y a
là une véritable manie. Dans nos concours, il n’y a pas un can¬
didat qui ne parle de la dilatation stomacale des sujets qu’il a à
examiner pour ses épreuves. Dans le monde, un nombre consi¬
dérable de malades qui souffrent dë l’estomac, vous consultent
ayant déjà été vus par plusieurs médecins qui Ont diagnostiqué
une dilatation. Notez que la manie dont je parle a été jusqu’à
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présent limitée à la France et que nos confrères étrangers sem¬
blent y avoir échappé.
« Il ne s’agit pas seulement ici d’un point de doctrine , mais
aussi d’un point de pratique médicale. Après avoir posé le
diagnostic dilatation, on se croit autorisé à prescrire le régime
sec, et le régime sec chez les dilatés imaginaires produit de
bien fâcheux effets. » (Art médical.)
Le traitement de la colique de plomb par l’huile d’olive
à haute dose
M. le D r E. Weil, professeur agrégé à la Faculté de méde¬
cine de hyon, a traité avec succès cinq cas de colique saturnine
par l’huile d’olive, que les malades prenaient à la dose d’un
verre par jour. Dans tous ces cas la guérison est survenue au
bout de trois à cinq jours de traitement; elle a coïncidé avec
l’apparition de selles copieuses provoquées par l’ingestion
d’huile. Mais même avant cette débâcle, dès le premier verre
d’huile , les douleuis diminuaient considérablement, ce qui
prouve que dans la colique saturnine l’huile d’olive exerce,
en dehors de son action purgative, un effet analgésique sur le
tube digestif. Chez un des cinq malades de notre confrère,
les deux premiers verres d’huile furent rejetés et ne produi¬
sirent par conséquent aucune amélioration, tandis que le troi¬
sième verre, ayant été gardé, amena une débâcle et la disparition
complète des phénomènes douloureux. Un autre malade chez
lequel un traitement par la belladone et les purgatifs avait été
employé sans résultat fut amélioré dès le premier vorre d’huile
et guérit définitivement après le cinquième verre.
Dans tous ces cas l’huile a fait disparaître non seulement la
colique de plomb proprement dite, mais aussi les autres phéno¬
mènes de saturnisme qui l’accompagnaient tels que les myalgies,
les arthra'lgies, les anesthésies cutanées, les céphalées et les
vertiges. (Semaine médicale.)
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VARIÉTÉS
Le choléra. — Audacieuses expériences. — C’est invraisem¬
blable, mais cela est. C’était en 1884, pendant la dernière épidémie
du choléra. Un physiologiste de grande valeur et très regretté,
Bochefontaine, ne partageait pas les idées régnanïes sur la contagio¬
sité du choléra : « Je ferai tout ce que vous voudrez pour contracter
le choléra, et je n’en viendrai pas à bout »>, disait-il, convaincu. Et
comme on souriait autour de lui : « Eh bien, ajouta-t-il, je vais
avaler dans une capsule le liquide intestinal d’un cholérique.,.,
et vous verrez bien si j’ai tort ou raisou. n Et Bochefontaine
fit ce qu’il avait annoncé. Il avala la capsule à la stupéfaction de ses
préparateurs. Il fut malade pendant quarante-huit heures... mais
n’eut pas le choléra. Cette expérience, au moins audacieuse, vient
d’être recommencée sous une forme un peu différente par deux
savants éminents, M. le professeur von Pettenkoferf de Munich , et
M. le professeur Emmerich.
La plupart des médecins s’accordent à voir dans le bacille virgule
la cause unique du choléra. M. von Pettenkofer pense que la ques¬
tion est plus complexe qu’on ne le croit. Le choléra, dit-il, est le
résultat de trois facteurs distincts représentés par x 9 y, z. Il admet
que x est un germe spécifique, y une influence tenant aux localités,
z la prédisposition .individuelle. Pour faire du choléra, il ne suffit pus
que l’on ait absorbé le germe morbide, il faut encore un terrain
approprié , il faut que l’équation x , y , z soit satisfaite. Pour
étudier l’influence d’?/, c’est-à-dire Faction spéciale du lieu, il a
choisi Munich, ville indemne, bien qu’en relations quotidiennes avec
Hambourg, foyer cholérique intense. Il aurait pu expérimenter sur
des animaux. Mais, selon lui, les expériences sur l’homme seules
peuvent être concluantes. En conséquence, il s’est décidé à opérer
sur lui-même. — Munich n’a pas de choléra. Le milieu est bon,
j’aurai beau avaler les bacilles en virgule, je ne contracterai pas le
choléra. — Telle fut sa pensée. Et il passa hardiment à l’exécution.
Il fit venir des bacilles cholériques de Hambourg, il les cultiva.
Un centimètre cube de culture contient au moins 1 milliard de mi¬
crobes. M. von Pettenkofer avala 1 centimètre cube de culture cholé¬
rique fraîche, c’est-à-dire infiniment plus qu’on n’en peut introduire
dans l’organisme en touchant les lèvres avec ses doigts souillés ou
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en mangeant un mels parsemé de bacilles. Et comme le suc gastrique
de son estomac aurait pu détruire les bacilles, il prit en même temps
1 gramme de bicarbonate de soude dissous dans 100 grammes d’eau
de Munich. Cette expérience remonte au 7 octobre et fut faite devant
témoins.
M. von Pettenkofer ne changea rien à sa manière de vivre, il fit
usage de fruits, de concombres et d’autres aliments défendus en temps
de choléra. Pendant les jours qui suivirent l’absorption des bacilles,
il nota son régime, ses fonctions physiologiques, son pouls, sa tempé¬
rature. Du 7 au 15, il n’éprouva d’autre trouble que des gargouil¬
lements intestinaux et un peu de diarrhée. MM. Pfeiffer et Emmerich
b’ étaient chargés d’examiner les sécrétions et résidus... bactériologi-
quement. Or* les bacilles virgules avaient prospéré dans l’intestin de
% M. Pettenkofer et y avaient trouvé,paraît-il, un excellent terrain de
culture. Ils s’y rencontraient par milliards. Le 14, on ne découvrit
plus que quelques bacilles isolés ; le 16, au matin, tout bacille avait
disparu. M. von Pettenkofer dit à ce propos et c’est bien son droit :
« Presque tous les bactériologistes admettent que le bacille virgule
détermine le choléra asiatique, non pas en pénétrant dans l’orga¬
nisme à travers la paroi intestinale, mais qu’il demeure dans
l’intestin et y fabrique des produits qui sont résorbés et provoquent
l’intoxication. Quelle quantité de poison ont dû sécréter en huit
jours les milliards de bactéries de mon intestin! Et je n’ai pas
ressenti le moindre symptôme d’intoxication, je me suis porté
parfaitement ; j’ai eu un excellent appétit ; j’ai été à mes affaires,
etc... J’en conclus que le bacille virgule peut bien causer de la
diarrhée, mais non le choléra, pas plus asiatique qu’européen. »
• M. Pettenkofer ajoute : «A Hambourg, mon expérience eût peut-être
été mortelle, parce que, là-bas, à côté du bacille asiatique, à côté de
Yx, il y avait suffisamment d’î/ hambourgeois pour déterminer un
choléra grave, même avec une moindre quantité de Yx en question. »
Bref, à Munich, le bacille ne donne pas le choléra. A Hambourg,
autre milieu, il le donne. Ainsi pense évidemment M. Pettenkofer.
Ce dernier point resterait à démontrer. Il est possible, au contraire,
que le résultat eût été identique à Hambourg aussi bien qu’à Munich.
M. Emmerich renouvela l’expérience le 17 octobre. Il but devant
témoins 100 grammes d’eau contenant 1 gramme de bicarbonate de
soude et 10 centigrammes d’une culture de bacilles bien développée.
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Il ne suivit aucun régime, s’exposa aux refroidissements et n’éprouva
d’autre accident qu’un peu de diarrhée. On trouva pour lui, comme
pour M. Pettenkofer, que l’intestin avait été un milieu de culture
excellent du 18 au 28 octobre.
Une expérience, soit, le hasard peut s’en mêler. Mais en voici trois,
celles de Bochefontaine, de Pettenkofer et d’Emmericli qui condui¬
sent au même résultat : Le bacille cholérique, en se développant
dans l’intestin, n’a pas produit le poison spécifique du choléra. M. le
professeur Bouchard, de son côté, avait déduit de ses recherches sur
les animaux que les cultures pures ne provoquaient aucun des
symptômes du choléra. Pour lui, le bacille virgule n’est pas l’agent
producteur du poison cholérique. Il y a autre chose. M. Pettenkofer
croit qu’au microbe, il faut joindre des circonstances spéciales de,
temps et de milieu. Pour le microbe du choléra, il en serait comme
pour les levures qui ne fabriquent l’alcool qu’en présence de certains
sucres. Il faudrait certaines perversions dans la nutrition permettant
au bacille de fabriquer le poison. Conclusion : N’a pas le choléra
qui veut. C’est ce qui résulte le plus clairement des expériences un
peu beaucoup osées de MM. Bochefoutaine, Pettenkofer et Emme-
rich. Elles resteront mémorables et il était bon de les faire connaître.
{Indépendance.)
*
* *
L’extériorisation et l’envoûtement. — M. A, De Rochas,
colonel-administrateur de l’Ecole polytechnique, a fait récemment
une série d’expériences des plus intéressantes, au cours desquelles il
a été amené à reproduire quelques-unes des pratiques usitées au
moyen-âge sous le nom d 'envoûtement. Il en a donné dans le
Cosmos , du 22 octobre , un compte-rendu très détaillé , que nous
tâcherons d’analyser aussi clairement que possible.
I. L’auteur — qui est bien connu par ses recherches dans le
domaine des sciences qu’on appelle occultes — a placé en tête de son
travail quelques réflexions de Pascal et de l’abbé de Vallemont,
pour nous rappeler fort à propos que nous sommes loin de connaître
toutes les lois du monde physique, et qu’il est aussi téméraire
qu’antiscientifique de rejeter comme impossibles et contraires à la
raison des faits dont l’explication nous échappe, ou qui paraissent
en désaccord avec les idées généralement reçues.
II. La première question qui se présente est celle de la sensibilité
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chez les sujets hypnotisés. On sait que pendant le sommeil magnéti¬
que les sujets dont la sensibilité est normale à l’état de veille présen¬
tent des phénomènes d’anesthésie, tandis que certains autres
acquièrent une sensibilité qu’ils ne possèdent pas à l’état ordinaire.
Ainsi “ les choses se passent comme si la sensibilité, qui paraît
» s’étendre ordinairement du cerveau à la peau, pouvait s’étendre
» plus loin ou s’arrêter en deçà ». Gela est d'autant plus probable
que « le sens du tact, dont le goût est un cas particulier, est le seul
» qui paraisse s’exercer au contact. Aussi les anciens philosophes....
» avaient admis que l’un des éléments des sensations était la projec-
» tion d’effluves matériels lancés par la volonté sur la surface de
>* notre corps, à la rencontre du rayonnement des objets extérieurs ».
Cette hypothèse paraît avoir été confirmée, il y a une cinquan¬
taine d’années, par la découverte de Yocl , due au chevalier de
Reichenbach, qui l’a fait connaître dans ses Lettres oâigues . L’od
est un fluide particulier, produisant des manifestations curieuses et
très marquées chez certaines personnes que Reichenbach appelait des
sensitifs. Si, par exemple, un sensitif approche la main gauchê du
pôle nord d’un aimant, il sent un souffle frais et pénétrant ; s’il
approche la même main du pôle opposé, il éprouve l’impression
désagréable d’un souffle tiède. Les cristaux possèdent des propriétés
et une polarité analogues; le sensitif qui contemple dans l’obscurité
un prisme de cristal voit s’élever du sommet du prisme une sorte de
flamme bleuâtre, phosphorescente; la base du cristal émet une lueur
moins longue, mais plus brillante et de couleur rouge.
Enfin, les sensitifs éprouvent une impression particulière lorsqu’ils
approchent d’une nappe d’eau ou d’une masse métallique, et c’est
très probablement à l’od qu’il faut rapporter le pouvoir que possèdent
certains individus de découvrir des sources ou des trésors cachés.
Le fluide s’échappe également, sous forme de lueurs, des végétaux
et 'des animaux. Chez l’homme, ces effluves sortent des yeux, des
oreilles, des narines, du bout des doigts ; le reste du corps paraît
recouvert d’un « duvet lumineux ». Or, chez un sujet extériorisé, le
sensitif voit cette couche lumineuse s’éloigner de la peau et se porter
dans l’espace. Partant de ce fait, M. De Rochas a entrepris des
expériences qui lui ont montré qu’autour du sujet extériorisé, il
existe une série de couehes sensibles très minces, concentriques,
séparées par des zones insensibles, et dont l’ensemble s’étend jusqu’à
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plusieurs mètres du sujet. Ces couches sensibles sont espacées de
5 à 6 centimètres et la première est séparée de la peau de la moitié
de cette distance. Si donc on touche la peau elle-même , le sujet
n’éprouvera absolument rien , mais il sentira les attouchements
ou pincements qu’on exécutera dans les zones sensibles en question.
D’après la théorie des ondulations, ces couches sensibles et ces
zones insensibles seraient dues à des interférences d’ondes, produi¬
sant des maxima et des minima. Ici quelques mots d’explication sont
nécessaires. On admet aujourd’hui que les phénomènes lumineux,
calorifiques, probablement aussi électriques, sont dus aux mouve¬
ments vibratoires d’un fluide impondérable, l’éther, c’est-à-dire à
des ondulations analogues aux ondes sonores, mais qui sont (du
moins les ondes calorifiques et lumineuses) extrêmement rapides et
extrêmement courtes; leur longueur se chiffre par millionièmes de
millimètre. Voici maintenant, d’une façon sommaire, en quoi
consistent les interférences. Supposons deux rayons lumineux
marchant dans le même sens de façon à se rencontrer sous un angle
très petit. Si ces rayons, en arrivant au point de rencontre, ont
parcouru des trajets égaux, ou différant d’une ou plusieurs longueurs
d’onde entières, leurs effets lumineux s’ajoutent, et l’éclairage en ce
point est maximum. Si, au contraire, la différence entre les trajets est
d’une demi-longueur d’onde ou d’un nombre impair de demi-longueurs
d’onde, les mouvements vibratoires s’annihilent mutuellement au
point de rencontre, et il y a extinction de la lumière, (C’est ce qu’on
exprime souvent en disant que la lumière ajoutée à la lumière peut
produire l’obscurité). Certaines expériences permettent de constater
ce fait; en recevant sur un écran convenablement placé des rayons
soumis aux conditions énoncées plus haut, on aperçoit sur l’écran des
zones lumineuses séparées par des bandes obscures, des maxima et
des minima . On saisit immédiatement l’analogie qui existe entre ces
zones et les couches sensibles et insensibles que M. De Rochas.croit
avoir observées.
Il était naturel de rechercher si ces radiations étaient soumises aux
lois ordinaires de la réflexion et de la réfraction. Des expériences
furent faites avec un prisme en plâtre, mais elles ne donnèrent que
des résultats incertains, bien qu’on ait reconnu que le plâtre laisse
passer les ondes en les déviant. Par contre, il est bien établi que les
liquides interceptent les vibrations odiques. Un verre d’eau placé
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près du sujet et recevant les premières ondes, arrête celles-ci de la
même manière qu’un corps non diathermane arrête les rayons calori¬
fiques; et de même que ce corps s’échauffe par l’absorption des
radiations qu’il intercepte, de même le liquide absorbe les effluves
odiques et se charge de sensibilité. Celle-ci s’échappe lorsque le
liquide est saturé, de sorte que les vapeurs qu’il émet finissent par
devenir sensibles également. Le sujet ressent donc tout attouchement
qu’on fait subir à cette eau, et cela jusqu’à une assez grande distance.
III. Nous arrivons maintenant aux phénomènes d 'envoûtement
proprement dit. Le savant expérimentateur ayant fait des essais sur
des substances autres que l’eau, reconnut que les corps onctueux en
général (cold-cream, cire, et même velours) peuvent également se
charger de sensibilité. Delà à confectionner une statuette de,cire
pareille à celles dont se servaient les envoûteurs du moyen-âge , il
n’y avait qu’un pas. C’est ce qui fut fait. Le sujet ressentit exactement
les piqûres qu’on faisait subir à la statuette, à la tê|e ou aux pieds.
Bien plus : unje mèche de cheveux lui fut enlevée pendant l’hyp¬
nose, et fixée à la tête de la statuette. Le sujet était réveillé depuis
plusieurs minutes, lorsque, à l’insu de tous, une personne étrangère
s’avisa, par curiosité, de tirer les cheveux de là statuette. Immédia¬
tement le sujet se retourna, demandant qui lui tirait les cheveux.
Remarquons dès à présent qu’il ne s’attendait nullement à l’expé¬
rience, pas plus que l’opérateur ne s’y attendait; nous aurons
d’ailleurs à revenir sur ce fait.
Des expériences du même genre furent exécutées sur une plaque
photographique, que l’on avait, avant de l’impressionner, sensibilisée
en la plaçant au voisinage du sujet endormi. Comme on pouvait le
prévoir, les résultats turent analogues à ceux que l’on avait obtenus
avec la statuette.
Le cliché obtenu et fixé, le sujet sentait les piqûres à l’endroit du
corps correspondant au point de l’image que l 7 on avait touché. Il
arriva ‘même que deux fortes piqûres faites aux mains de l’image
déterminèrent des douleurs violentes, et Y apparition de deux raies
rouges'sous-cutanées (stigmates) exactement semblables aux déchi¬
rures de la couche de collodion. Il est à noter cependant que le sujet
n’avait rien éprouvé lors des opérations du fixage.
Quant à l’épreuve positive, elle n’a présenté qu’une sensibilité
confuse.
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IV. M'. De Rochas tenta ensuite d’extérioriser les autres sens, mais
il n’obtint pour la vue et l’ouïe que des résultats incertains ; la
perception avait lieu, mais d’une manière faible et confuse. Pour le
goût et l’odorat, il fut plus heureux ; il parvint, en effet, à faire
distinguer au sujet diverses liqueurs et des substances odorantes
contenues" dans des flacons* hermétiquement bouchés, bien entendu,
et plongés dans un verre d’eau sensibilisée.
Eu somme, il est nrrivé à la conclusion suivante : « On commu-
» nique facilement les sensations, difficilement, les sentiments, pas du
a tout les pensées ». Cette formule paraît un peu-exclusive ; bien que
des savants émiqents se refusent à admettre la suggestion à distance
et la transmission de la pensée, nous ‘savons qu’il existe des faits de
ce genre et qu’on a observé des cas nombreux et indiscutables de
télépathie. Aussi croyons-nous que l’auteur n’entend pas généraliser
sa formule; il ne l’applique qu’au cas spécial qui était l’objet de s s
recherches.
Voici maintenant les conditions nécessaires à l’extériorisation de
la sensibilité :
11 faut d’abord trouver un sujet convenable, puis rendormir, et
alors il doit arriver à un état où sa sensibilité transpire naturelle¬
ment, sans aucun effort d,e volonté. Le corps à sensibiliser doit être
une substance appropriée (liquide ou pâteuse) et maintenu pendant
un temps suffisant à une certaine distance du sujet. Cela étant, trois
conditions encore sont indispensables à la réussite de l’expérience :
1° l’opérateur doit se mettre en rapport avec le sujet; 2° le c'orps
sensibilisé ne doit pas être placé trop loin de celui-ci; 3° il faut agir
dans un délai déterminé, passé lequel la substance employée rede¬
vient inerte. îîous avons déjà parlé de la distance qui peut atteindre
plusieurs mètres (le D r Luys dit avoir été jusque 35 mètres); il nous
.reste à nous occuper du rapport et du temps.
V. Le rapport est le lien qui unit le magnétiseur au magnétisé ;
celui-ci perçoit alors l’opérateur à l’exclusion de tout autre p'ersonne,
sauf quand celle-ci est mise à son tour en rapport avec lui par
le contact ou simplement le régard de l’opérateur. Ceci arrive
souvent dans les séances expérimentales d’hypnotisme ; les assistants
finissent à leur insu par entrer en rapport avec le sujet, par le regard
ou le contact du magnétiseur , ou directement par l’influence des
effluves émanant du sujet, peut-être enfin par ^intermédiaire de
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l’électricité atmosphérique.
La question du temps est; importante. Lu sensibilité ne se conserve
pas indéfiniment dans le corps influencé ; ainsi l’od s’échappe peu à
peu d’un verre d’eau sensibilisée ; il est probablement entraîné par
l’évaporation du liquide ; un courant d’air active en efPet la déper¬
dition. Dans certains cas, l’emmagasinement de la sensibilité persiste
pendant un temps relativement long, quelquefois plusieurs jours..
Voici à ce propos une observation remarquable : Une solution sursa¬
turée d’hyposulfite de soude est sensibilisée par le voisinage du bras ,
de M me -L., puis on détermine la cristallisation qui occasionne une
contracture du bras, accompagnée de violentes douleurs. Le ballon
renfermant les cristaux est serré dans une armoire et on ne s’en
occupe plus quand, après une douzaine de jours, iLvient à M. De
Rochas l’idée d’y enfoncer la pointe d’un poignard. Au même in¬
stant, M me L... qui se trouvait dans une pièce voisine, éprouve une
douleur telle qu’elle s’évanquit.
Ce fait est doublement intéressant ; d’abord par la longueur du
temps pendant lequel les cristaux sont restés sensibles ; ensuite parce
qu’ici encore le sujet ne s’attendait pas à l’expérience.
VI. En terminant, l’auteur mentionne, à titre de curiosité, d’ancien¬
nes théories dont on se moquerait aujourd’hui, mais qui ne paraissent
plus aussi extraordinaires lorsqu’on les rapproche des résultats,
auxquels il est arrivé. Fludd, Van Helmont, Maxwell croyaient
que les humeurs de l’organisme étaient imprégnées de ce qu’ils
appelaient les esprits vitaux; que, par conséquent, les déjections
étaient chargées de ces effluves, et ils attribuaient la transmission
des affections contagieuses à la dissolution dans l’eau et à la dissémi¬
nation d’effluves viciés provenant d’organismes malades. Aujourd’hui
on admet également que l’eau sert de véhicule à plusieurs maladies
infectieuses, seulement les microbes ont remplacé les esprits vitaux.
Mais a-t-on gagné au change ? L’auteur se déclare incompétent à
résoudre la question ; nous ne nous permettrons pas de la trancher
non plus, mais nous pensons que cette hypothèse, si saugrenue
qu’elle paraisse, mérite mieux qu’un savant dédain. Certes, la théorie
microbienne est fort en honneur actuellement; et ne semble pas
devoir être détrônée de si tôt, malgré les objections qui se sont
élevées contre elle en ces derniers temps. Elle repose sans doute sur
de solides arguments, et elle a éta l’inspiratrice d’une découverte
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des plus heureuses et des plus fécondes en applications pratiques",
l’antisepsie. Mais il ne s'ensuit pas nécessairement qu’elle ait toute
autorité pour expliquer la genèse et la transmission des maladies, et
il est possible que dans un siècle elle soit à son tour complètement
démodée; peut-être même en reviendra-1-on aux idées anciennes;
cela s’est vu de temps en temps, dans l’histoire de la médecine....
Encore une fois, M. De Koehas rapporte des faits qui montrent
que les esprits vitaux ne sont pas aussi ridicules qu’on pourrait le
croire; il parle de plusieurs personnes qui s’apercevaient parfaite¬
ment, à distance/ qu’on remuait l’eau dans laquelle elles s’étaient
lavées. 11 cite enfin les observations du D r Luys, qui a réalisé le
transfert de maladies d’un individu à un autre, au moyen de couron¬
nes aimantées posées successivement sur la tête du malade et sur
celle du sujet: ces couronnes conservaient leurs propriétés pendant
plusieurs jours. De la même manière, Luys est arrivé à transférer
des états psychiques divers , d’une personne ordinaire à un sujet
hypnotisé !
Comme on pouvait s’y attendre, les observations que nous venons
de relater ont eu du retentissement, et les journaux quotidiens n’ont
pas manqué de s’en occuper. Leur lecture n’a, évidemment, pas
inspiré les mêmes réflexions à tout le monde.
Les uns se sont dit qu’il devait y avoir là quelque chose de vrai ;
après tout, on voit tant de choses étonnantes en notre fin de siècle.
D’autres — il y a des gens qui expliquent tout — ont trouvé que
c’était tout simple : « Suggestion, évidemment, autosuggestion. Il n’y
jj a que cela au fond de tous les phénomènes hypnotiques. C’est
» comme l’homceopathie ; les malades se guérissent parla force de
» leur imagination. » Vous voyez comme c’est facile. Il est vrai que
l’homœopathie guérit des enfants au berceau et des animaux, mais
cette petite difficulté n’est pas pour arrêter les esprits bien pénétrés
des saines doctrines.
D’autres enfin seront récriés : « Quelle mauvaise plaisanterie !
» Est-il possible que des gens sérieux s’occupent de pareilles bêtises! »
Ces esprits forts ne voient que duperie et charlatanisme dans tout
ce qu’ils ne comprennent pas : magnétisme, spiritisme, tables tour¬
nantes...., toutes choses qu’ils confondent d’ailleurs dans une
ignorance qui est leur seule excuse. Pour eux, un hypnotiseur est
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une espèce de prestidigitateur, ayant pour compère le sujet, et usant
des trucs les plus grossiers pour tromper les spectateurs. Quant aux
spirites, les uns sont de vulgaires charlatans ; les autres, ceux qui
s’occupent de la chose en amateurs, des hallucinés qui finissent
toujours par devenir fous.
Yoilà où en sont encore nombre de gens instruits , ou en état de
s’instruire. Il est vrai que la bonne foi du public a été souvent mise
à l’épreuve par de véritables mystificateurs, et sa méfiance paraît
assez justifiée si l’on songe que d’adroits personnages sont parvenus
à simuler les phénomènes de l’hypnose avec une perfection telle que
des hommes du métier s’y sont laissé prendre. Mais est-ce une raison
pour ne pas accorder aux observations sérieuses d’hommes dont le
nom seul est une garantie de sincérité, la valeur qu’on refuse — à
bon droit — à ces contrefaçons plus ou moins ingénieuses? ■
N’insistons pas. Les faits dont nous nous occupons sont rapportés
par un observateur consciencieux qui n’affirme rien dont il ne soit
parfaitement sûr, et qui, avec la sincérité du vrai savant, fait remar¬
quer lui-même les points faibles ou douteux, l’impossibilité de rien
conclure encore de certaines observations incomplètes.
Mais si la réalité de ces faits est indéniable, leur interprétation
peut donner lieu à controverse. Sans prétendre les expliquer'd’une
façon complète, sans nous hasarder dans des théories prématurées,
nous dirons qu’à notre avis il y a ici autre chose que la suggestion
pure et simple. La suggestion existe, rien n’est mieux prouvé ; mais
elle ne paraît pas agir dans le cas présent, ou, si elle le fait, ce n’est
que d’une manière très accessoire. L’article paru dans le Côsmos
contenait déjà une note à ce sujet. Un rédacteur du Paris-Bruxelles
ayant attribué à la suggestion tous les phénomènes de l’envoûtement
parce que, disait-il, l’opérateur seul avait de l’influence, M. De
Eochas fait observer qu’il a toujours piqué la photographie sans
regarder, et que le sujet ignorait l’endroit où la piqûre allait être
faite.
Nous ajouterons que la suggestion ne peut aucunement s’appliquer
au cas de la statuette dont on a tiré les cheveux. En effet, 1° les
cheveux ont été enlevés au sujet pendant son sommeil ; or, au
moment de l’expérience il était éveillé et ignorait par conséquent
tout ce qui s’était passé pendant l’hypnose ; 2° les cheveux ont été
tirés par une personne étrangère , à l’insu de tous, même de Popéra-
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teur ! Même remarque à propos des cristaux d’hyposulfite de
soude, oubliés plusieurs jours dans une armoire et auxquels, bien
certainement , personne ne songeait lorsque le poignard y fut
enfoncé.
' Enfin (mais ceci n’est pas aussi décisif), le savant expérimentateur
croit avoir reconnu l’existence d’un système d'ondulations se com¬
portant comme les radiations calorifiques et lumineuses. De nou¬
velles expériences nous apprendront s’il s’agit réellement des vibra¬
tions d’un fluide spécial, mais il nous semble prouvé dès maintenant
qu’il existe un lien matériel entre le sujet et l’opérateur, ou toute
autre personne mise en rapport avec le sujet, ainsi qu’entre celui-ci
et certains corps inertes pouvant concentrer sa sensibilité.
La découverte de Mesmer a eu le sort de toutes les grandes décou¬
vertes; pendant un siècle on l’a bafouée comme étant l’œuvre d’un
rêveur ou d’un méprisable charlatan ; aujourd’hui il faut reconnaître
que l'on s’est trompé et que l’existence d’un fluide magnétique ne
peut plus être mise en doute. M. P.
SOMMAIRE
Au tour du salol, par le D 1 ’ Maktiny .289
Revue des journaux homœopathiques de France, par le
D 1 Schepens, de Gand.290
De l’entéroptose.304
Dilatation de l’estomac et clapotage gastrique .... 308
Le traitement de la colique de plomb par l’huile d’olive
à haute dose.309
Variétés.310
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REVUE HONIŒOPATHIQUE BELGE
19'Aknéb février 1893 n° n
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BELGES
FF ors de Président , * Secrétaire ,
D r Martiny D r Cyr. Planquart
Séance du 17 Janvier 1893
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
MM. les D rs Schepens, président, Gaudy et Planquart, père ?
qui se trouvent dans l’impossibilité d’assister à la réunion, se
font excuser.
Sur sa demande présentée par MM. les D rs De Wée et
Mersch , Monsieur le pharmacien Demaegbt , docteur en
sciences naturelles, à Bruxelles, est admis au nombre des
membres de l’Association.
Le D r Martiny rappelle en quelques mots la carrière médi¬
cale si bien remplie du regretté Van Campenhout, décédé
récemment à Anvers, et exprime tous les regrets que cette
mort a suscités particulièrement parmi les médecins homœo-
pathes. On a pu lke dans le n° de Décembre de la Revue les
discours prononcés sur la tombe de ce savant praticien par
MM. les D ra Schepens, président de l’Association, et Lam-
breghts, fils.
Le D r Martiny donne ensuite communication de deux
articles de la France Médicale qu’il lui a semblé intéressant
de relever au point de vue de l’homœopathie.
Dans l’un de ces articles, il s’agit d’une gangrène survenue
à la suite de l’emploi d’une solution phéniquée à dose théra¬
peutique. Une personne s’était fait une blessure au petit doigt;
on y appliqua un pansement phéniqué ordinaire et la gangrène
s’ensuivit. Voici l’article en question :
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— 322 —
Gangrène du petit doigt par application d’un
pansement phéniqué
A côté des nombreuses propriétés bienfaisantes qu’ont les antisep¬
tiques en général et les solutions phéniquées en particulier, il y a
lieu de signaler, quand ils se produisent, les méfaits que celles-ci
peuvent aider à commettre.
Les hasards de la clinique nous ont permis d’observer un cas fort
intéressant, qui, pour n’être pas unique dans la science, n’en est
pas moins assez rare, fort heureusement d’ailleurs; le voici :
Le 13 août 1892 entrait dans notre service une jeune fille de
17 ans dont l’auriculaire droit présentait les caractères suivants : les
deux dernières phalanges étaient noires, un peu diminuées de volu¬
me , dures à la pression , et résonnantes en quelque sorte au choc ,
une épingle profondément enfoncée n’était nullement perçue; à
2 millimètres au-dessus de l’articulation phalango-phalanginienne,
les téguments étaient un peu boursouflés et là se voyait un sillon
d’élimination oblique de bas en haut et d’arrière en avant, c’est-à-
dire empiétant plus sur la face palmaire que sur la face dorsale.
A tous ces caractères il était aisé de reconnaître une gangrène
sèche, une momification des deux dernières phalanges de l’auri¬
culaire.
En interrogeant la malade, nous apprîmes, non sans peine, car il
est toujours difficile de faire avouer ces sortes de méfaits, que, le
5 août, elle s'était écorchée la pulpe de ce doigt sur une surface de
quelques millimètres carrés ainsi qu’on put s’en rendre compte en
examinant la pièce que nous vous présentons : un pharmacien
consulté prescrivit un pansement avec des compresses trempées
dans une solution d’acide phéniqué au vingtième; du moins c’est ce
que nous dit la malade. Cette application détermina une vive dou¬
leur qui se calma peu à peu : le lendemain, le doigt était blanc,
froid et insensible, le troisième jour L devenait noir et se parche-
minait.
En présence de ces lésions, deux modes de traitement se posaient:
ou bien laisser la nature parachever son sillon d’élimination, et,
quand la phalange serait elle-même partiellement nécrosée, terminer
la section d’un coup de pince de Liston et régulariser le moignon, si
besoin était. C’était là une pratique fréquemment employée et que,
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— 323 —
pour notre compte, nous suivons lors de plaies par écrasement,
mais aussi c’était condamner cette jeune fille à un mois ou six
semaines au moins d’impotence fonctionnelle de la main.
Nous préférâmes suivre l’autre voie, l’amputation de la phalange,
aussi parcimonieuse que possible; au reste le sillon d’élimination
traçait le chemin que devait suivre le bistouri.
Le 16 août, après les précautions antiseptiques habituelles et
l'anesthésie chloroformique, l’amputation fut pratiquée. La direc¬
tion du sillon, mentionnée ci-dessus, nous obligea à faire un lambeau
dorsal plus grand que le lambeau palmaire; le bistouri sectionna les
téguments à 1 ou 2 millimètres au-dessus de ce sillon, sur une zone,
sensible à la vérité, mais dont l’épiderme était un peu altéré. La
phalaüge fut nettement sectionnée avec une cisaille, et la suture fut
faite avec des crins de Florence ; pas de drainage, pansement anti¬
septique, compression.
Les résultats furent extrêmement satisfaisants : il n’y eut aucune
réaction générale; localement la malade souffrit un peu et ce fut
tout. Le 22 août, le pansement enlevé pour la première fois fit voir
un moignon parfait, obtenu sans une goutte de pus : il avait 15 à 18
millimètres de long et présentait quelques mouvements qui ont dû
augmenter dans la suite. Huit jours après la malade éprouva des
douleurs spontanées passagères dans le moignon qui cependant
n’était pas sensible à la pression. Depuis lors nous ne l’avons pas
revue et tout fait supposer qu’elle a repris sa profession d’ouvrière,
sans gêne aucune.
Ainsi que nous le disions au début, la gangrène des doigts par
pansement phéniqué est rare, cependant M. Monod, à propos d’une
jeune fille atteinte d’une gangrène de même ordre du pouce droit,
qu’il présenta à la Société de chirurgie le 8 mai 1889, put réunir des
faits analogues publiés par MM. Ollier, Tillaux, L. Uhampionnière,
Routier, Kirmisson, Quéuu, Le Dentu, Chauvel, Nicaise, Terrier et
Terrillon : ce dernier chirurgien avait vu à l’Institut Pasteur plus de
dix morsures de doigt traitées de cette façon avec gangrène consé¬
cutive. Malgré ces exemples vieux déjà de quatre ou cinq ans, les
mêmes fuutes sont commises de temps à autre; on ne saurait donc
trop les signaler quand on les observe; c’est pourquoi nous vous
avons communiqué ce fait. D r L. Monnier. ( France médicale .)
Ce fait d’une gangrène due à l’emploi d’un antiseptique doit
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— 324 —
paraître étrange aux yeux des médecins allopathes; mais les
homœopathes n’ignorent pas que Vacide phênique renferme le
symptôme « gangrène » dans sa pathogénésie.
A ce sujet, le D r Lambreghts, fils, d’Anvers, rapporte un
cas de gangrène consécutif à l’emploi d’un pansement pliéniqué
au 1/20 pour engelures.
Le deuxième article que le D r Martiny relève dans le journal
cité plus haut a trait à une leçon du professeur Peter sur les
injections hypodermiques de gaïacol iodoformé dans le traite¬
ment de la tuberculose pulmonaire. Sous l’influence de ce
traitement, on voit souvent survenir de l’albuminurie. Ici
encore, c’est une confirmation de la grande loi des semblables.
On sait en effet que Y iode exerce en partie son action sur les
reins et provoque l’apparition de l’albumine dans les urines.
Et c’est à cette action homœopathique de l 'iode, qu’il faut
rapporter les cas de guérison d’albuminurie consécutifs à
l’administration de l'iodure de potassium.
Ces faits sont bien connus des médecins homœopathes; mais
il est bon de les relever dans la littérature médicale allopa¬
thique , afin de montrer une fois de plus la vérité de la
doctrine hahnemannienne. Yoici l’observation :
Valeur des injections hypodermiques de gaïacol
et d’iodoforme
dans le traitement de la tuberculose pulmonaire
Nous avons publié récemment, dans ce journal, une clinique du
professeur Peter sur le même sujet. Il nous paraît intéressant d’en
rapprocher les résultats obtenus par le professeur Bozzolo (de Turin)
et rapportés dans cet article. Yoici le résumé de ce travail ;
Les malades furent au nombre de 18, parmi lesquels 7 se pré¬
sentaient dans des conditions graves de tuberculose avancée. Dans
les 11 autres cas, il s’agissait de tuberculose au début ou au moins
peu avancée.
Des 7 cas graves, 3 eurent une issue mortelle; 2 restèrent
stationnaires ; 1 continua à s’aggraver rapidement, et le dernier se
trouva, au bout d’un mois de traitemen', notablement amélioré
quant à l’état général. Il faut noter toutefois que ce même malade se
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— 325 —
représenta à la clinique peu de temps après, présentant de nouveau
les mêmes phénomènes pathologiques.
Pour ce qui est des 11 autres cas moins graves, il y eut une réelle
amélioration dans 3 cas; toutefois l’un de ces malades, qui était sorti
dans d’excellentes conditions, succomba au bout de deux mois à une
tuberculose à marche extrêmement rapide.
Dans un autre cas, l’apparition à?hémoptysies graves fit suspendre
le traitement au bout de quinze jours.
Dans les cas restants, le traitement n’exerça sur la marche du
processus aucune influence appréciable , comme on put conclure de
l’examen de la poitrine, qui se trouva dans des conditions parfai¬
tement invariables.
Chez tous ou presque tous les malades qui avaient de la toux avec
excrétion, on a noté au bout de peu de jours une augmentation dans
la quantité des crachats , sans modification appréciable quant au
nombre des bacilles. Quant à leur qualité, on a noté la prééminence
de la salive sur le muco-pus, ce qui provient peut-être de ce que
l’injection provoque une forte sialorrhée.
Les urines minutieusement examinées ont dénoté presque toujours
des traces légères d’albumine qui augmentaient peu à peu lorsqu’on
administrait des doses croissantes d’iodoforme.
Pour l’iodoforme, on ne peut, sans inconvénient, dépasser 0,20
centigr. par jour ; sinon on peut observer une augmentation notable
de l’albumine dans les urines, et l’apparition de graves hémoptysies.
La tolérance pour le gaïacol est beaucoup plus grande : on peut
donner sans inconvénient 15 cc. de solution médicamenteuse con¬
tenant 3 gr. de gaïacol. A doses plus élevées ou a des accidents :
accès de toux, vomissements, sueurs profusefc, eollapsus. Ces
phénomènes d’ailleurs se dissipent dans l’espace de vingt minutes.
L’auteur conclut que les résultats obtenus par lui sont moins
favorables à la méthode que ceux obtenus par d’autres expérimen¬
tateurs.
« Nous avons amélioré, dit-il, les cas légers seulement, qui d’ha¬
bitude s’améliorent par l’usage gastrique ou rectal des médicaments
ordinairement employés... Tout au plus pourrait-on conseiller cette
méthode dans les cas où l’état de l’estomac ne permet pas l’emploi
de la voie gastrique. On peut appliquer à cette méthode les con¬
clusions que formulait Limbert au sujet des injections hypodermi-
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— 326 —-,
ques de créosote, à savoir qu’elle peut réaliser peut-être l’antisepsie
pulmonaire au début de la maladie dans des cas heureux : qu’il
est douteux qu’elle la réalise dans les cas plus graves, et qu’elle est
tout à fait illusoire une fois la cachexie produite. »
(France médicale).
Le D r Martiny attire, par la même occasion, l’attention des
membres de l’Assemblée sur la prudence qu’il faut apporter
dans l’emploi de l’iodoforme en chirurgie : on a en effet pu
voir des affections rénales sérieuses succéder à l’emploi de ce
topique dans le pansement des plaies.
Le D 1 Mersch, de Bruxelles, signale des cas de dégénéres¬
cence graisseuse provoqués par l’emploi de l’iodoforme.
Le D r De Wée, de Bruxelles, rapporte qu’à l’hospice de
Middelkerke, où l’on faisait grand usage d’iodoforme, on a pu
constater chez un enfant une augmentation considérable du
foie qui ne guérit que lorsque l'enfant fut soustrait à l’influence
de ce médicament.
Tous ces faits confirment hautement l’enseignement de
l’homœopathie sur l’action et les indications thérapeutiques de
ce puissant modificateur de notre organisme.
A propos des maladies épidémiques, le D r Lambreghts, fils,
signale, à Anvers, des cas de croup et de rougeole avec com¬
plications pulmonaires graves. Dans un cas de croup, où
l’accumulation des fausses membranes dans le larynx mettait
la vie du malade en grand danger, il administra la fleur de
soufre délayée dans de l’eau , par cuillerée toutes les cinq
minutes : au bout de 3 à 4 heures, il y eut une expulsion
abondante de fausses membranes et le malade vécut encore
deux jours, après lesquels il succomba aux suites d’une com¬
plication pulmonaire. Ce traitement essayé en temps utile,
avant toute complication pulmonaire , pourrait peut-être
rendre de grands services.
Le D r Martiny fait remarquer avec raison qu’il s’agit ici
d’une préparation sulfureuse analogue aux triturations homœo-
pathiques.
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— 327 —
Le D T Mersch signale un fait intéressant, c’est-à-dire la
création, à Bruxelles, rue de la Comète, d’un Nouveau dispen¬
saire homœopathiqae desservi par les D rs Seutin , De Wée ,
Merscli et Planquart, sous le patronage et avec le bienveillant
concours d’un comité de dames charitables. Les consultations
s’y donnent trois fois par semaine et les remèdes y sont
distribués gratuitement. Le service homœopatbique y est à
peine installé et déjà ce dispensaire promet d’être bien suivi.
Nous aurons soin de tenir l’Association au courant de ses
progrès et de ses succès.
Enfin, on procède au lenouvellement du bureau. Le scrutin
désigne comme président le D v Criquelion , de Mons, et comme
secrétaire le D 1 ' De Wée , de Bruxelles. Les nouveaux élus
remercient l’Assemblée de la confiance qui leur est témoignée
et l’assurent de leur entier dévouement.
La séance est levée à six heures.
REVUE DES JOURNAUX HOIKEOPATHIQBES D’AMÉRIQUE
par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers
Traitement de l’apoplexie
par le D r Bartlett, de Philadelphie
On croit généralement qu’il y a peu de chose à faire dans un
cas d’apoplexie ; cependant je suis persuadé qu’il est possible
d’en rendre les suites moins graves par l’institution rapide des
mesures appropriées. Le traitement préventif a ici une impor¬
tance considérable; malheureusement les lésions qui prédis¬
posent à l’hémorrhagie cérébrale échappent souvent à l’examen,
de sorte que dans beaucoup de cas ce traitement est négligé.
Il est reconnu aujourd’hui que l’attaque d’apoplexie ne peut
survenir que lorsqu’il existe une dégénérescence vasculaire.
Les malades chez lesquels cette dégénérescence paraît exister,
doivent éviter avec le plus grand soin toutes les causes qui
augmentent la tension intra-artérielle.
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— 328
Les lésions le plus fréquemment observées chez les apoplec¬
tiques sont les anévrismes miliaires. A notre connaissance, il
n’existe aucun moyen d’enrayer leur progrès, à part les pré¬
cautions qu’il est nécessaire de prendre pour maintenir la
tension sanguine à son état normal. La rupture de ces anévris¬
mes est fatale et leur diagnostic impossible.
Une autre cause de l’hémorrhagie cérébrale, c’est la dégé¬
nérescence athéromateuse des vaisseaux. Pour en faire le
diagnostic il suffit d’interroger l’artère radial et de tenir compte
de l’âge du malade. La dégénérescence athéromateuse est
impossible à prévenir, car elle constitue une condition inhérente
à la vieillesse. Chez les adultes, l’apoplexie survient quelquefois
à la suite de la dégénérescence syphilitique des vaisseaux ; dans
ce cas on peut prévenir l’attaque en instituant le traitement
spécifique de la diathèse.
Certaines affections des reins peuvent provoquer également
l’apoplexie, soit en déterminant des lésions vasculaires, soit en
provoquant une augmentation de la tension artérielle. Le
traitement spécial de ces affections peut diminuer la tendance
aux hémorrhagies cérébrales..
Comme moyens préventifs de l’apoplexie, je citerai : l’absten¬
tion de viande et de boissons alcooliques , une alimentation
modérée, une vie calme, exempte d’émotions, l’exercice en
plein air, et l’emploi de certains remèdes, tels que (jlonoïn ,
arsenic ., ars. iodat ., phos ., bellad. et nux.
Le traitement de l’attaque ne donne pas toujours de brillants
résultats ; cependant, dans beaucoup de cas , il est possible
d’obtenir une amélioration des symptômes, et d’en rendre les
suites moins graves. Tout d'abord il importe de prescrire le
repos absolu. Certains auteurs ont prétendu que, l’attaque sur¬
venant brusquement, tous les dégâts se produisaient d’emblée.
C’est là une erreur, car parfois les symptômes mettent une ou
deux heures à se développer d’une manière complète. Il est
donc pernicieux d’engager le malade à se promener afin de
dissiper le malaise qu’il ressent au début d’une attaque ; il faut
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— 32Ô —
au contraire lui conseiller la plus grande immobilité et s’opposer,
meme pendant l’attaque, aux mouvements involontaires et
passifs.
La position du malade a aussi son importance. Ainsi lorsque
le stertor est le symptôme prédominant, on doit coucher le
malade sur le côté. L’effet de ce changement de position est
parfois merveilleux. La respiration stertoreuse cesse, la conges¬
tion de la face diminue et la tension artérielle se relâche
immédiatement. En outre, il faut avoir soin de desserrer les
vêtements et de placer la tête de manière qu’il n’y ait aucune
flexion du cou, afin de faciliter le retour du sang vers le cœur.
Lorsqu’il n’existe pas de collapsus, il est parfois utile d’appli¬
quer de la glace sur la tête, afin d’exciter la contraction des
vaisseaux cérébraux. Dans les cas de collapsus, on a recom¬
mandé les synapismes au cou, dans le but d’amener la contrac¬
tion réflexe des artères.
La saignée était un des moyens le plus fréquemment
employés jadis pour diminuer la tension artérielle; elle est
aujourd’hui presque universellement délaissée par les médecins.
Pour arriver au même but, le D r Dawbarn , de New-York, a
eu l’ingénieuse idée d’enrayer la circulation de retour dans les
extrémités inférieures. Pour cela il applique la bande d’Esmarch
le plus près possible du tronc. L’appareil doit exercer une
compression assez forte pour arrêter presque complètement la
circulation veineuse, tout en laissant libre la circulation
artérielle. L’expérience a démontré clairement que ce procédé
diminue la tension artérielle et favorise l’arrêt des hémorrhagies
internes. L’appareil doit être maintenu en place pendant quel¬
ques heures, après quoi on le relâche avec prudence de manière
à rétablir insensiblement la circulation veineuse. Le seul
inconvénient de ce procédé, c’est qu’il peut devenir dangereux
entre les mains de personnes maladroites et incompétentes, le
médecin n’étant pas toujours présent au moment de l’attaque.
Cependant il existe des cas où tous les efforts restent vains et
où le coma se produit immédiatement.
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Lorsque les extrémités sont froides, on peut recourir aux
cruchons d’eau chaude, mais avec prudence, afin d’éviter les
brûlures qui surviennent très facilement chez ces malades. Les
brûlures constituent en effet une complication très sérieuse
chez les hémiplégiques, car la nutrition locale est faible et les
parties atteintes s’ulcèrent rapidement. On veillera également à
ce que la couche soit souple et moelleuse afin d’éviter les
escharres. Dans tous les cas, on s’abstiendra de frictions stimu¬
lantes à l’alcool.
Si la température est très élevée, on peut avoir recours aux
vessies de glace.
Traitement médical. — Au début de l’attaque, lorsque le pouls
est accéléré, aconit rendra certainement de grands services.
Si la congestion cérébrale est le symptôme prédominant, on
songera à béllad ., surtout lorsque le malade présente les troubles
circulatoires caractéristiques de ce médicament.
Glonoïn est indiqué quand la tension artérielle est considé¬
rable et aussi quand il existe une affection concomitante des
reins : une goutte de la première dilution au dixième, 3 fois
par jour.
Opium conviendra dans les cas où la congestion veineuse est
très prononcée. Cependant l’intensité de la stupeur n’est pas
une indication de ce remède, car ce symptôme s’observe dans
les cas graves et est le résultat de causes mécaniques ; alors
Vopium est inefficace comme d’ailleurs tous les autres médi¬
caments.
Arnica doit être administré après la disparition des symptô¬
mes aigus. Il favorise la résorption du sang épanché.
Pour la paralysie consécutive, caustic . est le meilleur remède.
Sulfur et baryta carb., ce dernier surtout chez les vieillards,
ont été recommandés également pour obtenir la résorption du
caillot. Dans des cas semblables, il est toujours utile d’examiner
les urines. Si elles renferment de l’albumine ou un excès d’acide
urique, je conseille les eaux de Londonderry et de Buffalo
(eaux minérales améiicaines).
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Plusieurs auteurs ont préconisé la trépanation clans les cas
d’hémorrhagie cérébrale ; mais l’intervention chirurgicale serait
plus souvent nuisible cpi’utile. Lorsque les symptômes indiquent
un épanchement extra-méningé, on pourrait à la rigueur
essayer ce moyen, et encore faudrait-il que la dégénérescence
des vaisseaux cérébraux ne soit pas trop avancée. Mais si
l’hémorrhagie s’est produite dans les corps striés, il est impos¬
sible d’enlever le caillot sans causer de sérieux dommages aux
fibres nerveuses.
L’électricité a été également préconisée dans la paralysie
consécutive à l’apoplexie , et il arrive très souvent que les
familles forcent pour ainsi dire le médecin à 1’employer trop
tôt et dans des cas où elle ne peut rendre aucun service. Quant
à moi , je conseille aux malades le repos absolu pendant un
mois. Après ce temps, j’essaie parfois l’application de l’électricité
sur la tête afin de favoriser la résorption du caillot. L’électri¬
sation des muscles contracturés ne m’a pas donné des résultats
très encourageants; aussi je ne conseille pas aux malades d’y
avoir recours.
Horsley a recommandé la ligature de l’artère carotide du côté
de l’épanchement dans le but d’arrêter l’hémorrhagie. Au point
de vue théorique , ce procédé doit être très efficace ; mais
l’opération est si grave et réclame de si grandes précautions
que, pendant le temps qu’on met à la faire, l’hémorrhagie peut
cesser spontanément. La compression de la carotide serait un
moyen plus pratique.
Enfin, lorsque la paralysie a duré pendaut quelque temps, on
peut obtenir de très beaux résultats à l’aide de la gymnastique
des parties affectées.
Il faut que la partie saine du cerveau vienne en aide à la
partie malade. Pour cela, il est absolument nécessaire que des
mouvements similaires soient exécutés en même temps dans les
deux moitiés du corps. On sera étonné de voir combien ce
procédé facilitera les mouvements des membres paralysés.
Le malade qui a eu une atteinte d’apoplexie doit être l’objet
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d’une surveillance continuelle. Même lorsqu’il a été assez
heureux pour se rétablir complètement, il sera toujours inca¬
pable de reprendre ses occupations antérieures. Aussi devra-t-il.
dans la suite mener une vie calme et suivre un régime sévère.
(Hahneniannian Monthly.)
Traitement du vertige
par le D r Boericke, de San Francisco
Le vertige peut survenir à la suite de causes très diverses.
Voici les principales variétés :
Vertige oculaire. — II est dû à la faiblesse ou à un état
parétique des muscles oculaires, survenant chez les personnes
affectées d’un vice de réfraction. Ce vertige disparaît généra¬
lement en fermant les yeux. L’insuffisance des muscles oculaires
peut être congénitale ; mais le plus souvent elle est acquise et
se produit à la suite de maladies graves telles que fièvres,
diphtérie, anémie, etc. Les remèdes indiqués sont : caustic.,
gelsem., euphras., paris quad ., pliysost. et senega.
Vertige auditif , connu également sous le nom de maladie de
Menière. Il est ordinairement accompagné de surdité progres¬
sive et de bruits dans une oreille ; parfois il est si prononcé qu’il
rend la marche impossible. Lorsque la surdité est complète,
il disparaît. Le vertige auditif est dû à une affection ou à une
lésion des canaux semi-circulaires de l’oreille; il s’accompagne
d’une sensation d’étourdissement, d’une tendance aux chutes,
de pâleur, de céphalalgie, de nausées et de vomissements.
Les médicaments les plus efficaces sont : china , hahnia , rosa ,
natr. salicyl.
Vertige gastrique. — C’est la variété la plus commune. Les
plus légers dérangements de l’estomac et du foie peuvent le
provoquer. Il a été décrit par Trousseau sous le nom de vertigo
a stomacho laeso. Cette forme de vertige présente ordinairement
une grande intensité et rend la marche impossible. Le vertige
gastrique ne disparaît pas en fermant les yeux, et récidive très
facilement. Il résulte probablement de l’excitation réflexe des
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- 333 —
vaisseaux cérébraux, produite par une irritation localisée dans
un viscère.
Le vertige a stomcicho s’observe plutôt chez l’adulte et le
vieillard que chez les jeunes gens; on le rencontre parfois chez
les jeunes femmes. Dans certains cas il a été provoqué par la
présence d’un taenia dans les intestins.
Médicaments : apomorph., nux, ars., cocculus, tabac., nat.
muriat., phos., puisât., sep. et sulph.
Vertige bilieux. — Dans les cas de constipation avec paresse
du foie, des substances irritantes peuvent passer dans la circu¬
lation et produire une forme de vertige qui s’aggrave le matin
et s’accompagne de nausées. De légers purgatifs provoquent
alors une amélioration rapide. Comme remèdes, on aura recours
à nux, bryonia, sulfur, podophyl.
Le vertige peut être symptomatique d’une affection du cœur,
du cerveau, du foie, des reins, d’une perte de sang ou d’une
diarrhée profuse. Un léger affaiblissement de l’action du cœur
peut déterminer des accès de vertiges qui reviennent par inter¬
valles. Dans ces cas, les stimulants rendent de grands services.
Le vertige de la congestion cérébrale ou de l’apoplexie
s’accompagne de céphalalgie, de nausées et d’autres symptômes
cérébraux. Il s’aggrave par une alimentation trop substantielle
ou des troubles dyspeptiques, et cependant la cause ne réside
pas dans l’estomac.
Chez les personnes âgées de plus de 50 ans, un vertige per¬
sistant est souvent le signe avant-coureur d’une attaque d’apo¬
plexie, surtout s’il existe en même temps un engourdissement
dans la moitié du corps.
L "iode 3 x, suivi de sulfur, constitue un remède admirable
dans ces formes de vertige chronique chez les vieillards.
Le vertige qui se produit lorsqu’on se lève après un long
decubitus, sera combattu, s’il est persistant, par cale, plios
china, ferrum.
Vertige épileptique. — Il peut survenir au début d’une
attaque, comme symptôme précurseur, ou suivre l’attaque, ou
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— 334 -
encore la remplacer. Les remèdes indiqués sont : amyl. nit .,
bellad., coçcul., glonoïn , tarent ., lachesis, hydrocy. acid .
Le vertige de la migraine se produit ordinairement après
les troubles de la vue et accompagne ou suit la céphalalgie.
Il ne coïncide pas, comme le vertige auditif, avec de la surdité
ou des bruits dans l’oreille. Il disparaît rapidement sous
l’influence d 'argent, nit., gélsemzinc.
Vertige nerveux. — Il constitue un des symptômes les plus
rebelles de l’épuisement nerveux. Il est fréquent chez les
personnes dont les facultés intellectuelles ont été surmenées,
chez celles qui font un usage immodéré d’alcool, de tabac,
de thé, chez celles enfin qui sont sujettes à la colère ou à la
frayeur.
Le traitement variera d’après la cause. (California homœop.)
Petroleum dans la blépharite
par le D r Payne, de Boston
Mademoiselle N., âgée de 18 ans, vint me consulter pour
une blépharite ciliaire dont elle était atteinte depuis son
enfance. Les paupières étaient totalement, dépourvues de cils;
à la loupe on pouvait distinguer quelques poils blancs, très
minces. Les bords des paupières étaient hypertrophiés et d’un
rouge luisant. La cornée droite présentait encore la cicatrice
d’une ancienne ulcération. D’après les renseignements qu’elle
me donna, elle avait été atteinte quelques années auparavant
d’un eczéma du pavillon de l’oreille ; cet eczéma était accom¬
pagné d’une sécrétion, tantôt épaisse et purulente, tantôt aqueuse
et irritant les parties voisines. Elle souffrait en ce moment
encore d’un catarrhe nasal chronique , caractérisé par une
sensation d’obstruction dans les narines et un écoulement épais
et jaunâtre. Les bords des paupières étaient le siège de vives
démangeaisons qui s’amélioraient par le frottement. Le matin,
après s’être lavée le visage à l’eau froide, elle ressentait une
sensation de sécheresse particulière, comme si la peau était
recouverte d’une croûte mince et sèche ; pour rendre à la
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peau toute sa souplesse, elle avait l’habitude de l’enduire d’un
peu de vaseline.
L’existence antérieure d’un eczéma au pavillon de l’oreille,
et la sensation de raideur à la peau du visage, m’engagèrent
à prescrire petroleum , 1 dose 3 fois par jour. Le 29 décembre,
les démangeaisons des paupières avaient complètement cessé.
Le 24 janvier 1889 , je constatai la présence de petits cils
sur les bords des paupières ; le catarrhe nasal avait disparu.
A partir de cette époque, l’amélioration fit de grands progrès;
la peau du visage et les bords des paupières revinrent à leur
état normal. (Neiu-England medical Gazette.)
D r Lambreghts, fils, d’Anvers
L’ACTION DES MÉDICAMENTS A DISTANCE
est-elle une mystification ?
par le D r Palumbo , de Naples. — Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi
D’aucuns l’ont prétendu, et quand il s’est agi d’un fait indé¬
niable, ils se sont retranchés derrière la théorie si commode
aujourd’hui de la suggestion, d’après laquelle la personne sur
laquelle on expérimente, ressent, non pas la vertu médicamen¬
teuse d’une drogue tenue à une certaine distance, mais bien
l’influence suggestive de l’expérimentateur. Théorie facile qui
nous explique les problèmes les plus obscurs, par les plus gros
non-sens, au moyen de quelques phrases, empreintes d’un vernis
scientifique et qui sont devenues d’autant plus usuelles qu’elles
sont moins comprises.
Tout est donc à la suggestion. Suggestion la réussite des
cures médicamenteuses ; suggestion la guérison des maladies
réputées très graves ; suggestion l’homœopathie, qui guérit les
affections qui ont résisté à tous les autres remèdes ( les petits
enfants sont-ils aussi suggestionnables?) ; suggestion l’action
des médicaments à distance ; suggestion enfin tout ce que l’on
ne connaît pas ou qu’on cherche à ne pas expliquer.
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Quel dommage que, dans la vie pratique, cette théorie n’ait
pas cours, combien volontiers nous suggestionnerions le chef de
la maison, le receveur des contributions et tant d’autres! Et
quel dommage aussi que dans la médecine pratique on ne
puisse s’en servir pour l’explication de certains faits , qui
malheureusement prouvent, d’une façon trop claire, la fragilité
de cette brave théorie qu’on cherche à invoquer dans plus de la
moitié des cas.
Un de ces faits est sans aucun doute celui que j’ai trouvé
inséré dans le Bulletin de la Clinique , novembre 1892, qui
rapporte les expérimentations faites sur un homme hystérique
du nom de Burrattino Henri, âgé de 19 ans , sergent au
22° d’artillerie, par le D r Brancaleone Ribaudo, médecin militaire.
De ces expérimentations, qui traitent de plusieurs points, je
ne rapporterai que celles qui concernent notre sujet.
Yoici du reste comment s’exprime le D 1 ' Brancaleone : « J’ai
expérimenté l’action des médicaments à distance et les résultats
obtenus chez Burrattino sont vraiment merveilleux. Les phéno¬
mènes émotionnels de la série tranquille, à laquelle appartien¬
nent la morphine, la valériane et la strychnine, se sont
développés d’une façon parfaitement progressive, au point de
faire voir la graduation dans l’intensité psychique des phéno¬
mènes s’élevant à mesure que l’organisme se saturait des
principes médicamenteux.
Comme impression dominante, commune à quasi tous les
médicaments de cette série , j’ai noté la crainte et l’épouvante,
augmentant graduellement à mesure que se prolongeait l’action
du médicament, tenu à 3 centimètres de distance de l’occiput de
Burrattino.
J’ai également noté chez ce malade le phénomène du dédou¬
blement; ainsi la même substance appliquée à droite de l’occiput
produisait la terreur, la colère , les spasmes musculaires ,
et mise à gauche elle éveillait le calme, la gaieté, l’expansion.
Un morceau de papier contenant 10 centigrammes de chlo¬
rhydrate de morphine, placé à 3 centimètres du côté droit de
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l’occiput du malade, provoquait constamment la plus vive
terreur, la colère et des spasmes toniques qu’on interrompait
en éloignant le médicament.
Le sulfate de strychnine, dans les mêmes proportions, donnait
lieu à des contractures bilatérales, des secousses convulsives,
la turgescence de la face, la rigidité du tronc et des muscles
respirateurs qui forçait de suspendre l’expérience.
Le sulfate d’atropine à la dose de 5 centigrammes, tenu à
4 centimètres de la tête, occasionnait toujours son action
stupéfiante avec mydriase, état d’accablement, épuisement
général très prononcé, qui cessait par l’éloignement subit du
tube renfermant le médicament qui, à la fin, aurait pu avoir
une action par trop nocive.
Un paquet de 10 centigrammes d’émétique, appliqué sur la
tête du patient, détermine au bout de 20 secondes : la pâleur
du visage, des nausées, l’altération des traits, des vomituritions,
des vomissements, tout à fait comme s’il avait pris le médica¬
ment à l’intérieur.
Un paquet contenant 2 grammes de sous-nitrate de bismuth
et d’opium, qui est l’antidote du tartre émétiqué, produit la
cessation graduelle et progressive de tous les phénomènes
précités.
Dix centigrammes d’hydrochlorate de pilocarpine, à 3 centi¬
mètres de la tête, produisent la contraction du masseter et du
buccinateur, stimulent la glande salivaire et donnent lieu au
ptyalisme.
Un flacon renfermant 20 grammes de chloroforme pur, mis à
trois centimètres de la tête, détermine d’abord une excitation
musculaire, puis la résolution et enfin la narcose avec complète
insensibilité.
L’ammoniaque, 10 grammes dans une bouteille hermétique¬
ment fermée, maintenue pendant 20 secondes en contact avec la
tête, manifeste son excitation sur la membrane de Schneider
par des contractions des ailes du nez, des éternuements, etc.
En expérimentant les médicaments de la série loquace (café,
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haschisch, cognac, champagne) on arrive insensiblement à l’état
de somnambulisme lucide, dans lequel le patient se met en
communication avec le monde extérieur, s’agite et raconte les
scènes d’une vie imaginaire avec un naturel merveilleux, etc.
J’ai voulu répéter ces expériences , sous condition que le
malade ignore absolument la nature de la substance employée ,
pour répondre à une observation ingénieuse , qui cherchait à
expliquer l ’action du médicament par une espece de suggestion
mentale de V action physiologique du remède au malade hypnotisé.
J’ai, à cet effet, prié l’excellent directeur-médecin de diriger
la séance. Celui-ci , après avoir changé les numéros des
différents médicaments et caché les étiquettes des substances
liquides, a consigné avec cette scrupuleuse exactitude qui lui
est habituelle , les phénomènes au fur et à mesure de leur
apparition et a du convenir de la réalité des résultats obtenus . *
Qu’on me permette encore de dire que dans la période
léthargique de l’hypnotisme provoquée par l’action des médica¬
ments à distance, on ne peut pas se rapporter à la suggestion,
attendu que, dans cet état, il est noté que le cerveau participe à
l’affaissement général de l’organisme durant la léthargie ; il faut
donc admettre une action réelle électro-magnétique de ces
substances sur la région sensitive du cerveau, en état d’éré¬
thisme, comme du reste cela se montre dans la vie émotive, à
l’état de veille. »
Que reste-t-il à répondre aux détracteurs systématiques? Je
l’ignore, car, ou bien les faits rapportés ne sont pas réels, ce
qui n’est pas admissible, attendu qu’il ont été étudiés dans
leurs moindres détails par deux officiers de santé de l’armée,
dont l’un directeur d’hôpital, ou bien il a dû s’établir une.
suggestion du directeur à son collègue, qui, à son tour, ignorant
même le nom des médicaments employés, a dû suggestionner le
patient, ce qui est tout simplement ridicule.
Il reste donc à constater avec le D r Kibaudo, que l’action des
médicaments à distance sur certains individus et dans des
conditions déterminées n’est pas une mystification mais un
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fait réel.
Eli Lien alors (et c’est là le but du présent article) si on admet
l’action électro-magnétique à distance de substances médica¬
menteuses sur la région sensitive du cerveau dans l’état
d’affaissement et d’éréthisme, pourquoi rejeter le précepte de
Hahnemann, qui, pour expliquer les effets de la médecine
homœopathique, a eu recours à l’hypothèse du dynamisme
médicamenteux ?
Et puis, en liomœopathie, les remèdes ne doivent pas agir à
distance, puisque dilués au degré nécessaire, ils sont réellement
introduits dans l’organisme, qui, lui, se trouve dans certaines
conditions de maladie aptes à en ressentir les effets. (Il Secolo
Omiopatieo. Janvier 1893.)
Traduction du D r Chevalier, de Cliarleroi.
Observations sur l’épidémie de choléra d’Hambourg
par le D r Hesse, do Hambourg.— Traduction du D p Lambreghts, fils,
d’Anvers
Comme mon adjoint l’a fait remarquer, vers la seconde moitié
du mois d’août, il se produisit déjà à Hambourg une augmenta¬
tion des cas de diarrhée correspondant à sulfur : les malades
étaient obligés de se lever vers trois ou quatre heures du matin
pour aller à la garde-robe. Puis apparurent des cas de choléra
légers, graves et de moyenne gravité, qui devinrent de plus en
plus nombreux. Les cas de moyenne gravité se distinguaient
des cas graves par la violence moins grande des symptômes et la
lenteur de leur évolution ; les formes graves, en effet, lorsqu’elles
n’étaient pas influencées favorablement par une médication
appropriée, se terminaient par la mort au bout de 9 à 12 heures.
J’ai lu souvent la description de cas foudroyants évoluant en
quelques heures ; mais je ne les ai jamais rencontrés à Hambourg.
Dans le choléra de moyenne gravité, les selles et les vomisse¬
ments ne se suivaient pas de si près, les crampes dans les mollets
n’étaient pas si vives, les phénomènes de collapsus ne survenaient
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pas avec une rapidité aussi effrayante que dans les formes graves,
où de minute en minute on pouvait voir les traits du malade
s’altérer, le pouls faiblir et disparaître et le refroidissement
envahir tout le corps.
Les cas légers se caractérisaient par des selles fréquentes, avec
ou sans nausées, des vertiges, des borborygmes dans le ventre
(ce symptôme ne faisait jamais défaut), une pression à l’esto¬
mac, de l’inappétance, de la soif, un sommeil agité avec sueurs
nocturnes ; les malades ainsi atteints n’en continuaient pas moins
à vaquer à leurs occupations. Je crois qu’il faut rattacher ces cas
au choléra, quoiqu’on n’en ait pas tenu compte dans les statisti¬
ques officielles. En effet, dans une même famille, les membres
étaient souvent atteints par le fléau à des degrés différents. Ainsi,
dans une famille que je connaissais, l’homme n’avait qu’une
légère atteinte, tandis que sa mère mourait au bout de douze
heures (lorsque je la vis, elle était déjà froide et sans pouls) ;
quelques jours après, sa femme fut prise également de symptô¬
mes cholériformes de moyenne gravité. De pareils faits ont
été observés fréquemment.
A l’inverse des autres épidémies où les formes graves de
choléra étaient précédées de prodromes variables et surtout de
diarrhée, ici la maladie attaquait brusquement la nuit, comme
un assassin, des personnes qui la veille encore jouissaient d’une
santé florissante.
Si je puis juger par ma clientèle, l’épidémie a envahi une
grande partie de la population hambourgeoise ; peu de personnes
en effet ont été exemptes complètement de symptômes morbides.
Un grand nombre ont été tourmentées par la peur du choléra,
et par là ont été sujettes à la diarrhée et à quelques symptômes
cholériformes. Ce qui est à peine croyable, c’est que cette crainte
du fléau allait parfois jusqu’à la folie. Ces malades, car il faut
les appeler ainsi, ne pouvaient être tenus au lit ; ils couraient
dans leur chambre, affolés et baignés de sueurs, puis se recou¬
chaient, fatigués, pendant quelques minutes; la peur les chassait
de nouveau de leur lit, et dans leur agitation, ils éprouvaient
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des nausées, des borborygmes et croyaient à chaque instant
que la maladie allait les terrasser. Ils passaient ainsi de longues
et effroyables nuits et voulaient à toute force garder le médecin
à côté d’eux. Ars. alb. m’a rendu de grands services pour com¬
battre cet état de surexcitation morbide.
J’ai réussi également à tranquilliser un grand nombre de per¬
sonnes, en leur indiquant les mesures de précautions à prendre
et en leur administrant des remèdes prophylactiques. Je ne sais si
le soufre a une action prophylactique dans toutes les épidémies
de choléra ; je crois qu’un remède ne peut être considéré comme
préventif, que s’il a en même temps un effet curatif sur la
maladie elle-même. Si' donc le soufre s’est montré efficace
comme médicament prophylactique dans l’épidémie de Ham¬
bourg, c’est qu’il était parfaitement indiqué dans les diarrhées
matinales et les autres symptômes qui annonçaient le début de
la maladie. J’ai administré sulfur avec succès dans un grand
nombre de cas légers ; il ne produisait aucun effet dans les cas
graves, où il existait des vomissements fréquents et une diarrhée
abondante. A ma connaissance , il ne s’est produit aucun cas
grave de choléra chez les personnes qui avaient eu recours au
soufre; ce fait ne constitue pas une preuve bien grande, mais
j’ai tenu à le mentionner.
Lorsqu’une épidémie éclate dans une ville, il est nécessaire
que le médecin délivre à ses clients des indications imprimées,
très brèves, afin que, le cas échéant, des soins intelligents
puissent être donnés aux malades dès le début ; de cette façon,
la visite tardive du médecin n’aura pas une si funeste influence
sur la vie des malades.
Voici mes recommandations :
1° Moyens préventifs. — Tous les trois jours, saupoudrer l’in¬
térieur des bas avec une pincée de fleur de soufre. Maintenir le
régime habituel autant que possible ; éviter les fruits crus, les
concombres et les salades. Préférer le vin rouge à la bière.
Pour la toilette, le lavage de la bouche, la boisson, ne se seivir
que d’eau bouillie.
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2° Au début de la maladie, tâcher de produire une transpi¬
ration forte par du tlié chaud, des couvertures épaisses, des
cruchons d’eau chaude aux membres inférieurs. Le malade doit
être tenu au moins 6 à 12 heures dans un état de sueurs ; il faut
éviter de le découvrir même lors des évacuations ou pour le
frictionner. Les frictions avec des compresses imbibées d’esprit
de camphre favorisent la transpiration et ont une action
calmante sur les crampes des mollets ; elles sont surtout néces¬
saires s’il y a tendance au refroidissement.
3° Comme médicament, le malade prendra toutes les dix
minutes une goutte de verat. ail). T. M.; si, après une heure, il
ne se produit pas d’amélioration, on aura recours au camphre,
de Rubini ; ce médicament doit se prendre sur un morceau de
sucre , ou dans une cuillerée d’eau chaude sucrée , d’abord
fréquemment, jouis moins souvent si les symptômes diminuent.
J’ai insisté à dessein sur la diaphorèse, car je la considère
comme une chose de première importance dans le choléra, et je
suis persuadé qu’en la provoquant à temps, c’est-à-dire immédia¬
tement au début de l’affection, on aurait sauvé un grand nombre
de malades. Un médecin, attaché aux hôpitaux, m’a objecté que
la mort avait frappé également des cholériques arrivés à l’hôpital
baignés de sueurs. Mais il n’est pas seulement nécessaire de
provoquer la transpiration, il faut encore la maintenir pendant
quelque temps, en prenant toutes les précautions pour empêcher
le refroidissement. Or ces précautions laissent à désirer pendant
le transfert des malades à l’hôpital. Comme exemple de l’in¬
fluence de la transpiration, j e citerai le fait suivant : Un homme fut
atteint pendant la nuit de vomissements, de diarrhée, de crampes
dans les mollets, de raucité. D’après les conseils d’une personne
étrangère à la médecine, on j>rovoqua la transpiration, et on lui
administra ars. alb. et cnpr. Au bout de quelques heures les
vomissements , la diarrhée , les crampes et même la raucité
disparurent. Le malade allant mieux, on le laissa se refroidir
sous une couverture trop légère. Avec le refroidissement sur¬
vinrent les mêmes symptômes que précédemment mais avec
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plus de violence. C’est alors que je vis le malade; je le fis
transpirer de nouveau et je recommandai de le tenir dans cet
état pendant 12 heures. Je lui prescrivis en même temps ime
goutte de la teinture de camphre de Rubini tous les quarts
d’heure. L’amélioration se produisit bientôt, et le lendemain il
ne restait plus de la maladie que quelques selles liquides et
une grande faiblesse.
Mon collègue, le D r Schlegel, déclare dans sa brochure inti¬
tulée Uhomœopathie et le choléra , qu’il préfère l’hydrothérapie
à la sudation.
Mon procédé a un avantage, c’est la simplicité : Tout le
monde sait comment on provoque la transpiration, tandis que
l’hydrothérapie est plus compliquée et peut devenir un danger
entre les mains de personnes inexpérimentées. Il est utile de
recommander aux clients d’avoir chez eux les remèdes anti-
cholériques les plus employés, tels que : ipéca, ars. alh., capr.
nicot., cupr. arsenicos., veratr. alb., camphora, etc., afin qu’ils
puissent être administrés immédiatement lorsque le médecin
les prescrit.
Dans les quinze premiers jours de l’épidémie, je n’employai
pour ainsi dire que le caimphre de Rubini; c’était le temps
des cas graves et très aigus. J’ai trouvé plus tard que
plusieurs malades avaient de la répugnance pour ce médica¬
ment, qu’à d’autres le camphre ne convenait pas beaucoup, et
qu’enfin les remèdes employés après lui n’agissaient plus très
bien. J’eus recours alors à veratr. alb., lorsqu’il existait une
soif insatiable avec désir de boissons froides en grande quan¬
tité, des selles très aqueuses et vertes, un état plutôt apathique,
inverse de l’agitation et de la crainte de la mort, qui sont les
symptômes d "arsen. et de cupr. — Ars. alb. m’a rendu de
grands services dans l’angoisse cholérique ; cupr., dans les cas
où les crampes envahissaient les orteils et les doigts; secale.,
dans un cas de fourmillement dans les mains et les pieds.
Cuprmn arsenicosum mérite aussi une attention spéciale ; dans
un cas grave où veratr. alb. n’agissait pas, il a produit une
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amélioration instantanée. Il est indiqué dans les cas où les
symptômes üüars. et de cupr. sont présents.
A trois reprises, j’ai été consulté pour des états rappelant le
choléra sec; je ne les ai pas vus moi-même; ils m’ont été
décrits. Plusieurs fois, le jour et la nuit, le malade était en
proie à des accès, pendant lesquels il présentait l’aspect d’un
cadavre; il était glacé, couvert de sueurs froides; l’intelligence
était conservée ; il n’y avait ni vomissements ni diarrhée. Ces
accès duraient de quelques minutes à une demi-heure. Le
camphre les fit disparaître complètement.
J’ai eu en traitement deux cas de choléra-typhus ; l’un d’eux
eut des hémorrhagies intestinales considérables.
Mes décès se sont élevés à environ 20 °/ 0 . J’aurais eu proba¬
blement une mortalité moindre, si au début j’avais insisté un
peu plus sur la diaphorèse. Une vieille femme était déjà froide,
sans pouls et sans parole lorsque je commençai le traitement;
chez plusieurs j’arrivai une ou deux heures avant la mort; un
grand nombre avait pris de l’oinum avant ma visite ; dans la
plupart des cas enfin, je ne pus donner mes soins que longtemps
après le début de la maladie. Ce sont là des circonstances dont
il faut tenir compte dans mes statistiques comme dans toutes les
autres. C’est pour ce motif que des instructions imprimées,
distribuées dès l’apparition de l’épidémie, auraient produit des
résultats plus favorables et facilité grandement la tâche du
médecin. La mortalité générale a été de 40 à 45 °/ 0 .
Mon collègue, le D 1 Schlegel, a démontré suffisamment dans
sa brochure les effets nuisibles des transports à l’hôpital. La
mortalité, en effet, a été plus forte dans les hôpitaux. Au début
de l’épidémie, le transfert durait en moyenne 25 minutes; mais
lorsque le nombre des cholériques devint plie nombreux, le
même char allait les recueillir dans différentes rues et parfois
même dans différents quartiers de la ville, de sorte que la durée
du transport était doublée et même quadruplée. De plus, il
arrivait souvent qu’un hôpital étant bondé de malades, le char
était dirigé sur un autre hôpital. Le traitement d ms les liôpi-
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taux consistait le plus souvent dans l’administration du calomel
et de l’acide lactique à l’intérieur et en injections d’huile
camphrée et d’eau salée. L’opium n’était pas employé; dans la
pratique civile, au contraire, il était très en vogue.
Statistique des transports aux hôpitaux du 20 août au 2 octobre :
Transports : 8439 Décès : 3665
Statistique générale des cas et des décès dans la ville d'Hambourg
pendant la même période :
Cas : 17673 Décès : 7522
(Allgcmeine Jiomœopatische Zeitung.)
Traduction du D r Lambregts, fils, d’Anvers
Sur l’action des extraits des glandes d’animaux
injectées hypodermiquement
Le manque de données physiologiques sur l’action des extraits
des glandes d’animaux injectées hypodermiquement explique
la réserve avec laquelle cette nouvelle méthode thérapeutique
a été accueillie au début des expériences de M. Brown-Sequard
et la singularité des résultats annoncés avait fait oublier la
grande valeur de l’observateur.
Mais aujourd’hui que des travaux de laboratoire sont venus
confirmer et expliquer dans une certaine mesure l’effet de ces
substances, il faudrait, en présence des résultats annoncés de
toutes parts, faire preuve d’un misonéisme peu explicable pour
se refuser à expérimenter les injections de sucs animaux.
L’innocuité de ces injections faites avec les règles de l’antisepsie
est bien démontrée, et pour ne citer qu’un exemple, le dernier
compte-rendu de la Société de biologie nous apporte une com¬
munication de M. Brown-Sequard qui relate 200.000 opéra¬
tions faites sans le moindre accident local ou général, et nous
en avons exécuté plus de 5.000 avec la même innocuité.
La plupart des glandes ont donné lieu à des expériences que
nous rappellerons brièvement.
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Le suc thyroïdien a été injecté avec succès complet dans
le myxœdème par MM. Bouchard, à la Charité ; Siosse, à
Bruxelles ; Murray, en Angleterre.
Tout récemment (octobre 92, Lyon médical) le D r Robin a
publié la curieuse observation d’un enfant myxœdémateux par
absence du corps thyroïdien guéri par les injections sous-cuta-
nées et la greffe d’un fragment de la glande. Le suc des capsules
surrénales a été essayé dans la maladie d’Âddison.
Il y a quelques semaines, une communication à l’Académie des
sciences relatait des injections de néphrine dans Talbuminurie.
Quant au suc testiculaire qui a servi de point de départ à
cette série de recherches si intéressantes et qui promettent de
nouvelles acquisitions à la thérapeutique et à la physiologie,
les observations sont aujourd’hui à peu près universelles, mais
nous ne citerons que les principales :
Babès (Weiner med . Wochen) réclame la priorité de la
découverte des effets du suc testiculaire ; Depoux (Soc. de biolo¬
gie), divers ataxiques guéris par les injections; Brown-Sequard
(Soc. de biologie et Acad, des sciences) 1200 observations de
maladies traitées par l’extrait des glandes séminales ; Pochl
(Académie des sciences, juillet 92) ; Pampoukis, chef de
laboratoire d’Athènes; Labrousse (Soc. de biologie, septem¬
bre 92), cas de cancer utérin amélioré.
Rappelons enfin les relations de Constantin Paul sur les
résultats obtenus dans l’anémie par la cérébrine tirée du cerveau
de mouton.
Aux observations cliniques sont venues s’ajouter maintenant
les expériences sur le mode d’action de ces substances dans
l’organisme.
Grigorescu (Soc. de biologie, juin 92) démontre l’augmenta¬
tion de vitesse de transmission des impressions sensitives par les
injections de suc testiculaire.
Babès (Pesth) constate, par l’analyse quantitative et qualita¬
tive des excreta, l’augmentation des phénomènes d’oxydation
organique.
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Poclil (Acad, des sciences, juillet 92) fait voir que le principe
actif est la spermine qui se comporterait comme un ferment
véritable, déterminant, par sa présence, une augmentation des
oxydations tant minérales que physiologiques et la déclare un
tonique nervin énergique.
Tous les observateurs sont d’accord aujourd’hui pour recon¬
naître à ce suc testiculaire et à la cérébrine cette propriété d’être
un tonique nervin, et dans la pénurie actuelle de modificateurs
neuriques, cette médication doit être accueillie dans la classe
nombreuse des maladies dont l’aboutissant fatal est la déchéance
de l’organisme , avec autant d’espoir qu’en neuropathie.
C’est ainsi que dans le résumé présenté le 29 octobre dernier
par M. Brown-Sequard à la Société de biologie de Paris, les
principales maladies contre lesquelles les injections de suc
testiculaire ont été employées sont : le cancer, la tuberculose,
l’ataxie locomotrice, la paralysie agitante, le diabète, etc.
Dans 21 cas de cancer inopérable, il y a eu, suivant l’auteur,
amélioration manifeste ; on a noté la disparition des douleurs,
la cessation des hémorragies, la diminution de la suppuration,
de l’oedème des membres, etc.
Dans plusieurs cas de fibromes utérins, on a constaté, avec
la disparition des accidents, une diminution de volume de la
tumeur.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de traiter un cancer utérin
ou autre par les injections, mais je puis confirmer l’action du
suc testiculaire dans un cas de fibrome utérin que j’observe en
ce moment. La malade, qui était très anémiée par des hémorra¬
gies successives, a repris des forces remarquables ajorès huit
injections, et j’espère améliorer encore son état. Le volume de
la tumeur n’est certes pas changé, mais le traitement est com¬
mencé depuis trop peu de temps.
Brown-Sequard relate ensuite 120 cas d’ataxie locomotrice
dans lesquels on a obtenu la guérison ou une amélioration con¬
sidérable de l’état des malades.
Dans deux ou trois cas seulement, la méthode a échoué. Cinq
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cas de paralysie agitante ont été traités par les injections : il y
a eu deux succès et trois insuccès.
J’ai obtenu une amélioration très manifeste dans un cas
de maladie de Parkinson au début du tremblement qui était
surtout marqué à la main et la jambe droite, moindre à gaucbe.
Dans un deuxième cas plus avancé et où la rigidité dorsale et
les douleurs rhumatoïdes étaient déjà marquées, la maladie
accuse nettement une diminution des symptômes les deux ou
trois jours qui suivent l’injection, mais ceux-ci reparaissent au
bout de ce temps.
Enfin, dans un troisième cas arrivé à la période de cachexie,
le résultat a été nul.
J'ai eu, tant en ville qu’à la clinique gratuite, des cas nom¬
breux et variés de neurasthénie cérébrale ou cérébro-spinale. Ici
les bons effets des injections de suc testiculaire ou cérébral sont
presque constants contre la sensation de faiblesse musculaire ;
l’insomnie cède le plus souvent ainsique les douleurs céphaliques
et rachidiennes.
Dans ce trouble dynamique du système nerveux on peut
vouloir attribuer les bons résultats presque constants des injec¬
tions à la suggestion objectivée en quelque sorte par l’opération.
Moins que tout autre, je ne nierai l'efficacité de l’agent psychi¬
que : la suggestion. Cependant, il est bien difficile d’expliquer
pourquoi l’ordre de disparition des symptômes est à peu près
toujours le même: d’abord les douleurs rachidiennes diminuent,
puis le sentiment de constriction céphalique et l’insomnie;
enfin, fait qui montre bien l’action excitante du suc injecté, très
souvent les premières injections s’accompagnent de pollutions
nocturnes pendant les premiers jours ; cette observation se
trouve déjà consignée dans les relations de M. Constantin Paul,
et je l’ai vérifiée maintes fois.
Je crois que si la suggestion joue un rôle, c’est parce que
l’injection produit dès le début un sentiment de mieux être et
de vigueur musculaire chez le neurasthénique ; or c’est préci¬
sément cette lassitude, cette presque parésie qui domine les
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— 349 —
symptômes chez presque tous les sujets.
Il ne faut pas s’étonner si ce changement rapide frappe l’ima¬
gination du malade et le rend confiant ; mais il en est ainsi
pour toute médication efficace sans que l’on puisse tout rappor¬
ter à la suggestion tant décriée ou niée jadis et qu'on veut
aujourd’hui retrouver partout.
Il me reste à relater les applications que j’ai faites depuis six
mois à ma clinique des maladies nerveuses et en ville aux affec¬
tions qui ressortent de la neuropathologie et contre lesquelles
ont été employées les injections de suc testiculaire etdecéré-
brine.
Beaucoup de praticiens, à ma connaissance, ont essayé la
méthode, les uns, avec grand succès, les autres sans résultat,
dans l’ataxie locomotrice. La cause des différences dans les
résultats obtenus ne peut être nettement déterminée, mais je
pense que le choix du liquide employé y est pour beaucoup. Il
faut être certain de la qualité et de la récente préparation.
Jamais je n’emploie un liquide ayant plus de dix jours de pré¬
paration, et pour la cérébrine je ne prends que les ganglions
centraux : couche optique et les deux noyaux du corps strié :
caudé et lenticulaire.
J’ai cru constater qu’au point de vue de l’action dans les
maladies organiques ou dynamiques des centres nerveux l’action
du suc testiculaire et de l’extrait du cerveau est la même et j’ai
eu recours à ces deux préparations dans mes expériences.
Une autre remarque c’est qu’il ne faut pas s’attendre à des
guérisons au bout de quelques jours, ni surtout les promettre
aux malades. Il faut un traitement durant un, deux et trois
mois. A ce défaut de persévérance il faut certainement attri¬
buer beaucoup des échecs éprouvés ; il est vraiment étonnant
que dans cette classe de maladies où, alors que les résultats
thérapeutiques étaient nuis ou à peu près, les malades se sou¬
mettaient docilement à des cures durant des mois et se répétant
pendant des années, on se refusât à un traitement de quelque
durée, et on s’attendît à une guérison instantanée.
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— 350 —
J’ai traité douze cas d’ataxie locomotrice : dix malades ont
été très améliorés, deux n’ont pas continué le traitement suffi¬
samment parce qu’ils trouvaient l’amélioration lente à venir.
Il s’agissait dans les deux cas d’ataxiques chez lesquels les
douleurs fulgurantes et lancinantes excessives se présentaient
sous forme d’accès à quelques jours d’intervalle. L’incoordi¬
nation motrice était très peu marquée, et chez l’un d’eux elle
n’apparaissait que dans l’obscurité ou en leur faisant faire
l’exercice à la Fournier.
Du reste, abolition du réflexe rotulien et impuissance
génésique.
Le phénomène le plus marquant consistant dans des crises de
douleurs survenant par accès et écla/tant, au dire des malades,
comme des salves de mousqueteries, fait présumer, suivant Erb,
qu’il s’agissait d’une sclérose atteignant surtout la zone radicu¬
laire postérieure avec participation des méninges.
Il y eut éloignement des crises, mais pas disparition complète,
et les sujets nerveux et irritables cessèrent le traitement très tôt.
Parmi les ataxiques améliorés je citerai un malade ataxique
depuis 18 ans, sans antécédents syphilitiques. Il ne pouvait plus
faire que quelques pas, soutenu sous les deux bras. Les douleurs
se présentaient sous forme de crises de courbature et de
lancements. Il est en traitement depuis trois mois et actuellement
son état s’est amélioré au point qu’il fait à pied pour venir me
voir une demi-lieue, en donnant le bras à un aide. Quant aux
douleurs, elles ont diminué au point que le malade ne fait plus
usage des piqûres de morphine, alors qu’auparavant il s’injec¬
tait 8 à 10 centigrammes par jour.
Je citerai encore un tabétique atteint en même temps d’atro¬
phie des nerfs optiques, qui me fut adressé par un oculiste en
renom.
La vision n’a pas été améliorée, mais la coordination motrice
s’est régularisée au point que le malade fait des marches très
longues, n ? a plus rien de la démarche ataxique et 3e tient debout
sur un pied, quoique n’ayant pas le contrôle de la vue.
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Un des résultats les plus intéressants, c’est l’embonpoint que
gagnent généralement les opérés après un certain nombre
d’injections.
En ce moment, j’observe un ataxique qui a augmenté en
poids de sept kilogrammes en deux mois.
Brown-Séquard, dans le rapport cité plus haut, prétend avoir
obtenu de bons résultats dans la sclérose systématisée des cor¬
dons latéraux ; j’ai eu, pour ma part, trois cas de sclérose latérale
avec exagération des réflexes, clonus du pied et démarche
parétiscospastique, sans amyotrophie chez deux d’entre eux,
et dans ces deux cas je doit déclarer n’avoir pas observé de
changement. Chez le troisième, où il y avait propagation aux
cellules de la corne antérieure médullaire, à la région dorsale
supérieure, avec amyotrophie des membres supérieurs, il y a
amélioration dans la marche et dans les mouvements des bras
bien marquée.
Divers observateurs ont tenté la méthode des injections dans
l’épilepsie idiopathique. J’ai traité un jeune homme de vingt
ans, épileptique depuis l’âge de douze ans, sans cause connue,
avec accès tous les jours, ou tous les deux jours. Jusqu’ici le
résultat paraît bon, les crises sont diminuées d’intensité et le
malade n’en a plus qu’une tous les huit ou dix jours.
Il ne faut certes pas se hâter de conclure, mais la méthode
mérite d’être expérimentée dans l’épilepsie essentielle, et j’es¬
père que les quelques observations qui précèdent engageront mes
confrères à essayer cette thérapeutique à ses débuts, mais, qui
cependant promet des résultats dans beaucoup d’affections contre
lesquelles nous étions à peu près désarmés, D r Maréchal
variétés
Les microbes. — Dans le Journal Amusant , Henri Second s’est
livré à une spirituelle blague à propos de l'hypnotisme et des micro¬
bes, mis à la mode en médecine et chez les mondains par l’Ecole
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— 352 —
mercantile de Paris. Car tout se vend et s’achète dans cette capitale
de panamistes.
Qu’est-ce que l’hypnotisme, si bien exploité par Charcot, se demande
Henri Second ? Vous souvenez-vous du magnétisme et des magnéti¬
seurs qui furent jadis si ardemment combattus par la Faculté de
Paris ? Magnétisme, hypnotisme, c’est blanc bonnet, et bonnet blanc.
L’un vaut l’autre. La Faculté adore ce qu’elle avait brûlé. Elle a
ressuscité Mesmer en l’appelant Charcot.
Qu’est-ce que le microbe? C’est la doctrine de Raspail rajeunie et
exploitée par l’Ecole médicale de Paris sous les auspices de Pasteur.
Or, la même Ecole n’a-t-elle pas poursuivi, traqué Raspail pour le
faire condamner à l’amende et à la prison en raison de sa doctrine?
Pasteur a continué Raspail et la Faculté adore le successèur après
avoir brûlé l’inventeur.
Henri Second termine son amusant article par ces deux vers :
Hérite-t-on, Messieurs, des gens qu’on assassine ?
Parfaitement. Voyez plutôt la médecine.
SOMMAIRE
Association centrale des homœopatlies belges. — Séance
du 17 Janvier 1893 . 321
Gangrène du petit doigt par application d’un pan¬
sement plxéniqué. 322
Valeur des injections hypodermiques de gaïacol
et d’iodoforme dans le traitement de la tuberculose
pulmonaire.324
Revue des journaux liomœopathiques d’Amérique, parle
D r Lambreghts, fils, d’Anvers.327
L’action des médicaments à distance est-elle une mystifi¬
cation? — Traduction du D l Chevalier, de Charleroi . 335
Observations sur l’épidémie du choléra d’Hambourg. —
Traduction du D r Lambreghts, fils, d’Anvers .... 339
Sur l’action des extraits des glandes d’animaux injectées
hypodermiquement.345
Variétés . 351
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
19 e Année MARS 1893 N° 12
PLACE AU CHLORALOSE
par le D r Martiny
Il s’agit d’un nouvel hypnotique et analgésique. C’est une
combinaison du chloral et du glucose.
Tous les journaux de médecine, voire même les journaux
politiques, en parlent ; soyez persuadé que dans peu de temps ce
médicament nouveau sera prôné à outrance comme l’ont été
jadis ses prédécesseurs; à l’apparition du chloral on a pendant
un certain temps abandonné les préparations opiacées : le
chloral c’était le « sommeil en bouteille ». Peu à peu, pourtant,
on s’est aperçu que ce médicament était fort irritant d’abord
et qu’il avait de nombreux inconvénients. On en est revenu
aux anciens narcotiques : morphine, codéine, eau de laurier-
cerise. Enfin est arrivé le sulfonal ; celui-ci avait au début tous
les avantages, mais bientôt on découvrit qu’il ne donnait pas
tous les résultats qu’on avait espérés de prime abord : il pou¬
vait même présenter dans certaines circonstances et à certaines
doses des dangers plus ou moins graves.
Place donc au chloralose, c’est le lion du jour; il vient d’être
expérimenté (?). On en a imprégné un certain nombre de
chiens, de lapins et de cobayes ; puis on a expérimenté sur
l’homme,; cette expérimentation (?) a-t-elle été suffisante? S’est-
elle faite dans de bonnes conditions? Nous n’oserions l’affirmer.
Voici du reste un petit article de la Presse médicale belge
du 19 février :
MM. Richet et Hanriot ( Soc . biolog ., Paris, 24 janvier 93) ont fait
une communication sur les propriétés physiologiques du chloralose.
La dose mortelle de ce médicament est d’environ 60 centigr. par
kilo d’animal.
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A la dose faible de 20 centigr. par kilo d’animal on observe les
symptômes suivants, au bout d’une heure :
1° Une dissociation de la sensibilité tactile et douloureuse : l’ani¬
mal sent très bien et même d’une façon exagérée le moindre contact
qui provoque des réflexes exagérés, mais il ne ressent plus la
douleur et supporte, sans remuer, les traumatismes les plus dou¬
loureux ;
2° L’odorat et l’ouïe sont conservés, mais il y a de la cécité
psychique : en effet, l’animal, tout en continuant à voir les objets
placés devant lui, tout en les évitant comme obstacle, ne se rend
cependant plus compte de leur nature : ainsi un chien aux instincts
chasseurs ne se jettera plus sur une poule ou un lapin, mais se
bornera à les éviter en passant à côté d’eux; c’est de la cécité intel¬
lectuelle. Cette expérience tendrait à prouver que le chloralose dimi¬
nue les propriétés de la substance grise corticale; l’auteur a trouvé
aussi directement que chez un chien soumis à l’action de cette sub¬
stance l’excitabilité de cette substance grise est diminuée et moindre
que celle de la substance blanche sous-jacente, ce qui est le con¬
traire à l’état normal.
Il serait intéressant d’étudier à ces divers points de vue l’action du
chloralose chez l’homme.
Rappelons à ce sujet :
1. Que le chloralose (anhydrogluco-chloral) est une combinaison
du chloral et du glucose.
2. Ce corps possède des propriétés hypnotiques énergiques; au
réveil on ne constate ni symptômes d’intoxication, ni céphalalgie, ni
trouble digestif.
3. La dose à employer chez l’homme (Landouzy et Moutard-
Martin) varie de 0 gr. 20 à 0 gr. 50 et même 0 gr. 75. Ordinairement
50 centigrammes suffisent pour provoquer un sommeil profond et
calme, même chez les individus qui ont eu vraiment recours à
d’autres agents hypnotiques.
4. Il agit aussi comme analgésique et paraît appelé à rendre de
grands services dans les affections douloureuses.
5. En tout cas, à la dose de 25 à 50 centigrammes et rarement 75
centig., ce médicament est sans danger aucun.
Il importe, toutefois, qu’il soit bien préparé et très pur, Bans
quoi il est remplacé par un corps mal défini qui n’agit pas, ou bien
qui est très toxique.
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Ce dernier alinéa nous donne à réfléchir; nous croyons qu’il
faut être très prudent lorsqu’il s’agit d’un remède qui doit être
« bien préparé et très-pur , sans quoi il est remplacé par un
« corps mal défini qui n’agit pas ou bien qui est très toxique . »
Bigre! jusqu’à nouvel ordre il faut se méfier.
Depuis que nous avons écrit les lignes qui précèdent, un nou¬
veau somnifère a fait son apparition, c’est le trional.
Un nouveau somnifère : le trional
Dans le Berliner Klinische Wochenchrift , le docteur Boettiger
s’est livré à une étude approfondie de ce remède nouveau.
De ses observations, M. Boettiger a conclu : que le trional est doué
d’une action somnifère très marquée ; qu’il ne produit qu’exception¬
nellement des effets secondaires fâcheux, quand on se maintient dans
certaines limites de dosage ; que l’action somnifère est très prompte
à se manifester. C’est pourquoi le médicament doit être administré
peu de temps avant de se coucher ; que dans les cas d’agrypine
simple, une dose unique de un gramme suffit toujours pour produire
l’effet voulu ; que le trional en tant qu’hypnotique peut également
être employé avec avantage dans les cas de troubles psychiques
primitifs ou secondaires avec excitation ; que daus les psychoses avec
excitation violente, le trional à doses fractionnées, par prise de un
gramme, est susceptible de donner des résultats très remarquables ;
que, seules, les insomnies en rapport avec des douleurs physiques,
avec la folie alcoolique aiguë avec une extrême agitation psychique
et motrice sont réfractaires à l’action somnifère du trional. (Le mou¬
vement thérapeutique et médical .)
Nous verrons bien celui qui tiendra la corde. D r Martiny
CONFÉRENCES PUBLIQUES SUR L’HOMŒOPATHIE
Nos confrères de Paris ont entrepris de donner une série de
conférences publiques sur l’iiomœopatliie. Voici quelques extraits
de la première de ces conférences, laquelle a été faite par le
TF Gonnard :
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— 356 —
J’ai l’honneur d’inaugurer une série de conférences destinées
à la propagation de l’homœopathie. Pendant douze semaines
consécutives, les divers chapitres de notre programme seront
exposés par d’autres de mes confrères. Ceux de vous qui seraient
tentés de suivre cette exposition méthodique pourront, avec la
variété des conférenciers, constater un fait intéressant par sa
nouveauté, par sa rareté : une dizaine de médecins professant
sans variante la même doctrine, s’inspirant des mêmes principes
dans la pratique de Part de guérir, capables, au lit du malade, de
tomber d’accord sur le traitement à suivre, en dépit de l’adage,
malheureusement vrai, que, là où Hippocrate dit oui, Galien
dit non.
Au début de cette exposition de Phomoeopathie, il nous faut
déblayer le terrain de deux objections. La première, élevée par
le pharisaïsme, pu, si vous aimez mieux, par le puritanisme, nous
reprocherait de soulever devant des profanes (les profanes, c’est
vous), les voiles qui doivent couvrir les mystères de la science
médicale. Pour nous interdire, avec quelque semblant de justice,
de parler hors du temple, il eût fallu ne pas commencer par
nous exclure du temple. Au fond, cette interdiction est le fait
d’une pruderie bien surannée. Il y a longtemps que les sanc¬
tuaires de la politique et de la science ont vu percer à jour les
murailles derrière lesquelles s’abritait l’infatuation des pontifes.
Et cette effraction était bien légitime de la part de contribuables
qui paient, non seulement de leurs deniers, mais de leur santé
et de leur vie.
Une seconde objection plus spécieuse, taxerait d’outrecui¬
dance la prétention de reviser un procès clos pour la science :
l’homœopathie, dit-on, est jugée sans appel, elle n’est plus
justiciable que du ridicule, elle est enterrée définitivement.
Condamnés, nous le fûmes en effet, sans discussion, sans être
entendus. Enterrée l’homœopathie ; est-ce bien sûr? et d’où
vient que le besoin se fasse sentir de la foudroyer encore? Le
fait est que ces gens que l’on dit morts se portent assez bien. Il
ne saurait y avoir prescription contre le droit. La vérité a le
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— 357 —
privilège de faire toujours appel des arrêts qui l’ont frappée. Et
peu importe pour cette revendication, le choix stratégique de
l’heure, peu importe la vigueur ou l’infirmité des avocats. Il
suffit à la vérité, pour triompher, de sa vitalité propre, puis¬
qu’elle est impérissable, et du moyen le plus simple et le plus
puissant de la rhétorique, qui est la répétition. C’est ce moyen
que nous employons.
C’est sous le bénéfice de cette introduction que nous venons
vous entretenir de Hahnemann (un homme de génie, auquel la
justice de l’avenir réserve une place dans le panthéon médical,
à côté d’Hippocrate), et de l’homœopathie, une méthode de
traitement pour laquelle nous revendiquons la primauté en
thérapeutique; sans préjudice, cela va sans dire, de la part
réservée à l’outillage chirurgical devenant de plus en plus
bienfaisant , grâce aux progrès accomplis et espérés par la
science contemporaine.
Hahnemann avait débuté dans la profession médicale avec
des aptitudes, des études, des relations scientifiques qui lui
assuraient une carrière brillante, lorsqu’il fut arrêté court par
une maladie spéciale, réservée à l’élite, cette cruelle maladie du
doute, du scepticisme, dont, il y a peu d’instants, je vous
retraçais le tableau. Vous avez pu et vous pouvez connaître tel
médecin qui affiche son scepticisme avec certains airs de supé¬
riorité, qui continue néanmoins à pratiquer un art. auquel il ne
croit plus : en sorte qu’on ne saurait trop s’étonner et du
cynisme du praticien et de la stupidité de ses clients. Hahne¬
mann était d’une trempe morale particulière, et nettement,
rompant avec ses espérances, bravant les duretés de la misère,
il abandonna l’exercice de son art. Mais l’esprit du médecin
était hanté, obsédé sans relâche par les problèmes de la science
avec laquelle il avait cru divorcer, si bien que, après quelques
années d’absence, il rentra dans le champ du travail médical,
et se remit à creuser son sillon. Par suite de circonstances dont
le détail importe peu, le quinquina, médicament d’importation
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— 358 —
relativement récente, et déjà appelé le roi des médicaments,
devint l’objet de son étude par un procédé nouveau, insolite,
par l’essai fait sur lui-même, sujet bien portant, de doses variées
de la substance : les effets ainsi obtenus étaient dans sa pensée,
devaient être des notions positives, des effets purs, par oppo¬
sition aux notions hypothétiques en cours, par opposition aux
effets produits par des maladies, qui sont comparables à des
réactifs impurs. De cette expérimentation sur le quinquina
jaillit, pour Hahnemann, un trait de lumière : c’est que le
médicament produisait chez l’homme sain des phénomènes
semblables à ceux que chaque jour il guérissait chez le malade.
Si la même démonstration se répétait pour d’autres médica¬
ments, la loi des semblables , formulée par Hippocrate à côté de
la loi des contraires , répétée comme simple aphorisme à plu¬
sieurs époques de la tradition, se présentait comme une loi
scientifique , et la thérapeutique était pourvue d’une règle
pratique. La tâche était immense; c’était un travail d’Alcide à
entreprendre que le nettoyage de ce que Stahl avait appelé
l’ étable d’Augias. Cette besogne herculéenne fut abordée par
Hahnemann et des disciples enthousiastes, et sur cette vaste
échelle, la loi des semblables se manifestait avec constance.
Cette démonstration théorique faite, Hahnemann se voyait
obligé à la contrôler, à la compléter par la preuve historique ;
expliquons-nous. Newton n’avait pas créé la gravitation en la
démontrant, et la loi de la chute des graves avait régi les corps
de tout temps. De même, si la loi des semblables était une
vérité, c’est de cette loi que devaient relever les guérisons dans
le passé. Pareille vérification réclamait une érudition immense.
Dans un chapitre qui suffit à porter la conviction dans les
esprits libres de préjugés, Hahnemann, sous le titre de Guérisons
homœopathiques dues au hasard , démontre que les médicaments
qui, dans la tradition, se montrèrent curateurs, sont tous aptes
à produire chez l’homme sain les accidents morbides contre
lesquels ils furent employés.
Au cours de ses recherches et de la pratique, Hahnemann et
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les médecins ses disciples furent amenés à diminuer graduelle¬
ment les doses administrées aux malades, jusqu’à la limite où
ces doses restaient efficaces, et ils atteignirent ce qu’on a appelé,
par hyperbole , les doses infinitésimales, objet de tant de
scandales pour la physique et la chimie encore grossières de ce
temps.
L’œuvre immense de Hahnemann, soumise pendant un siècle
au contrôle de milliers de médecins ses disciples, a laissé au
fonds du creuset trois vérités admises par tous :
1° La constitution obligatoire d’une matière médicale pure
par l’épreuve sur l’homme sain.
2° Le traitement des maladies d’après la loi des semblables.
3° L’activité des doses atténuées, dites infinitésimales.
Quelle a été la marche de l’homœopatliie dans le monde? Elle
a eu le sort que devaient lui valoir, d’une part, sa nature bien¬
faisante, d’autre part son caractère d’étrange nouveauté.
Certain philosophe de l’antiquité prouvait le mouvement en
marchant. L’homœopathie a justifié ses prétentions curatives en
guérissant. Ce sont des guérisons éclatantes qui lui valurent sa
réputation première dans son pays d’origine, et sa transplan¬
tation rapide dans les contrées voisines. C’est la guérison, par
l’Allemand Stapf, de la reine mère d’Angleterre, déclarée incu¬
rable par les médecins du pays, qui introduisit l’homœopathie
en Angleterre. En France, elle fut importée par le comte
des Guidi, ancien inspecteur général de l’Université, qui avait
dû aller demander à Naples, à un homœopathe, la guérison de
sa femme, condamnée par les autorités médicales de notre pays.
En Autriche, la tolérance impériale fut acquise à l’homœopathie
à la suite de la guérison du feld-maréchal Radetzki, et l’histoire
vaut d’être racontée. Radetzki, dont le nom était aussi exécré
en Italie qu’il était populaire en Autriche , commandait la
Lombardo-Vénétie, quand il fut atteint d’une tumeur inquiétante
dans la région oculaire. L’empereur, alarmé pour son général
favori, envoya à Milan auprès du malade son premier chirur¬
gien et l’oculiste de la Cour, qui tous deux se prononcèrent
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pour un cancer incurable à brève échéance. Le maréchal, qui
était vieux, mais tenait à la vie, fit appeler un jeune chirurgien
militaire, Hartung, qui passait pour opérer, mais clandestine¬
ment , des cures merveilleuses. Hartung traita son éminent
malade par la méthode homœopathique, et j’ajoute, par des
doses infinitésimales, et le malade guérit. Le post-scriptum de
l’histoire, c’est que les deux chirurgiens de la Cour, qui avaient
condamné le malade, aimant mieux se déjuger que d’admettre
l’hérésie, déclarèrent que leur diagnostic était erroné, et que le
feld-maréchal avait guéri par les efforts de la nature. Ni
Radetzki le guéri, ni Hartung le guérisseur ne protestèrent.
Il en alla tout autrement quand l’homœoj)atkic, cette nou¬
veauté révolutionnaire, se trouva en face des corps savants,
académies et facultés, qui couvrent le sol de la vieille Europe.
Il était impossible que l’évidence des faits n’entraînât pas
quelques conversions, et nous pouvons rappeler entre autres,
celle de Risueno d’Amador, professeur à la Faculté de Mont¬
pellier, de Jourdan, de l’Académie de médecine de Paris, le
premier traducteur en français des œuvres de Hahnemann, de
Zlatarovich , professeur de matière médicale à l’Université
Joséphine de Vienne, qui a raconté lui-même les circonstances
de sa conversion publique et définitive :
« Je traitais, dit-il, du mercure et des effets physiologiques
de cette substance, lorsque tout à coup je m’aperçois que je fais
la description de la maladie vénérienne. Cette idée me traverse
l’esprit comme un éclair, me frappe et m’interdit au point que
je suis forcé de plier mes notes et de terminer brusquement la
leçon, à la grande stupéfaction de mon auditoire.
« Rentré chez moi, je fais renvoyer tout visiteur pour ne pas
être distrait, et, dans un état de vive agitation, je me mets à
réfléchir à la découverte importante que je venais de faire. Je
ne connaissais l’homœopathie que d’une manière très imparfaite,
et j’avais contre elle les préventions communément partagées
par ses adversaires. Cependant, son principe des semblables me
vint naturellement à l’esprit, et je cherchai avidement dans cette
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doctrine Implication et la vérification générale de la particu¬
larité qui m’avait frappé dans les effets du mercure. Je vérifiai
pour toutes les substances médicamenteuses la réalité de cette
merveilleuse loi des semblables, loi thérapeutique générale et
fondement de l’art guérir; j’ai adopté, depuis lors, sans restric¬
tion, la méthode homœopatliique. »
Mais ces quelques conversions ne pouvaient être que des faits
isolés, et il n’est pas besoin d’une grande perspicacité psycholo¬
gique pour comprendre que les corps savants ne pouvaient être
entamés par une nouveauté de provenance exotique. Les acadé¬
mies ne méritent pas, à coup sûr, les critiques amères que leur
ont décernées des candidats dépités , comme celui qui les
appelait avec mépris des murailles, ou comme Piron, lançant sa
célèbre boutade à l’Académie française : « Iis sont la quarante
qui ont de l’esprit comme quatre », les académies ne peuvent se
composer que d’une élite. Mais on n’y entre pas dans l’âge de
l’opposition et des vaillances ; on n’y est admis qu’en donnant
des gages d’orthodoxie ; et ainsi passé maître à bon droit, il est
naturel qu’on n’aime pas à se remettre sur les bancs. Les acadé¬
mies sont, non pas des laboratoires, mais des conservatoires,
la méchanceté les appellerait des nécropoles ; elles sont certai¬
nement des éléments de conservatisme, des éléments de résis¬
tance. Les corps savants, en médecine particulièrement, ont fait
obstacle à toute nouveauté : ils ont combattu le quinquina,
l’antimoine, comme l’homœopathie, comme le magnétisme,
comme tout ce qui se produira hors de leur sein. Rappelons
quel fut, en France, le sort de la démonstration si simple et si
féconde d’Harvey, de la circulation du sang. Quoi de plus facile
que de vérifier l’assertion d’Harvey, que les artères charriaient
du sang? Il eût sufii d’ouvrir l’artère d’un chien; il eût suffi
d’ouvrir les yeux au jaillissement sanguin des artères sur le
champ de bataille, sur l’échafaud où la hache prodiguait les
têtes nobles, sur la table d’opérations du chirurgien.
Mais Galien avait enseigné que les artères étaient réservées à
la circulation des esprits animaux que personne n’avait vus, ne
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voyait et ne pouvait voir, et la Faculté de Paris, fidèle à Galien,
maintenait opiniâtrement aux esprits animaux la possession des
artères. Iiiolan, un célèbre anatomiste, un anatomiste, tenait
pour Galien, et Guy Patin, l’homme d’esprit de la corporation,
lança intrépidement un mot d’ordre partout acclamé : « Màlo
cum Galeno errare quam cum Harvey circulare . » Il faut être
•barbouillé de latin et doublé de cuistrerie, pour apprécier la
saveur de ce calembour à double détente, que, par suite, je me
dispenserai de traduire. Mais la cour, libre d’engagement envers
Galien, avait accepté la doctrine d’Harvey, et le Koi Soleil,
Louis XIV, autorisa l’enseignement officiel de la circulation du
sang. Par décret de la Faculté, les artères devaient charrier les
esprits animaux; par décret de la nature, elles charriaient du
sang; j)ar ordre du roi, la nature triompha de Galien et de la
Faculté.
En revanche, là où l’ombre des corps savants ne peut étouffer
une nouveauté scientifique, sur le sol du Nouveau Monde, la
liberté, plus puissante et plus compétente que l’absolutisme
royal, a fait à l’homœopathie l’accueil qui est dû à la vérité.
Les États-Unis sont couverts d’hôpitaux homœopathiques, qui
se multiplient chaque jour, d’écoles homœopathiques qui for¬
ment de nombreux élèves ; plus de huit mille médecins homœo-
pathes proclament la doctrine de Hahnemann : des travaux
importants condensent, contrôlent, étendent, perfectionnent les
travaux rudimentaires de la première période.
Dans ce monde médical d’Europe, auquel nous appartenons,
nous aimons, tout proscrits que nous sommes, à reconnaître une
passion pour la vérité, qui peut expliquer, si elle ne l’excuse,
l’intolérance actuelle, et un dévouement à l’humanité souffrante,
avec lequel se rachètent bien des travers ; et il nous plaît de
recueillir, de la bouche des adversaires les plus passionnés de
l’homœopathie, les quelques accents de justice que l’évidence
leur arrache. L’influence de l’homœopathie est profonde : deux
faits la proclament. Le premier, c’est le changement prodigieux
accompli dans la pharmacopée, qui a rejeté dans un dédain bien
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légitime les préparations dégoûtantes de l’ancienne médecine,
qui a édulcoré ses formules, qui les a simplifiées, en faisant
oublier les mélanges insensés, tels que la thériaque, etc., etc.,
qui approxime et dans nombre de cas atteint l’imité tellement
préconisée par Hahnemann. La seconde est l’activité avec
laquelle de nombreux démarqueurs empruntent chaque jour à
notre arsenal médical, les médicaments les plus maniables. Que
ces larcins bénéficient aux malades, nous en sommes heureux ;
mais il nous est bien permis de déclarer que le flair des cher¬
cheurs et l’avidité des forbans attestent la richesse de la cargaison
mise au pillage.
Reste la question des doses infinitésimales. Ce fut longtemps
une mine inépuisable de plaisanteries faciles ; le placement n’en
est plus aussi aisé aujourd’hui que, de par les progrès récents de
la science , l’infiniment petit a pris possession du monde. La
divisibilité indéfinie de la matière ne faisait pas doute pour ceux
qui raisonnent ; pour ceux qui ne savent que voir , à quelle
division est porté le gaz atmosphérique dans les expériences de
Crookes ? à quel degré de dilatation se trouve le sodium dans le
pinceau de lumière solaire ou stellaire que décompose le prisme
du spectroscope ? Dans le domaine de la vie, quelle est la division
du virus charbonneux qui tue l’animal, dans la célèbre expé¬
rience de Davaine? A quel degré d’atténuation se trouve le virus
rabique , qui, dans les mains de Pasteur , est un agent curatif ?
Quel est l’avenir de l’homœopathie ?
Il n’est pas à présumer, il n’est pas à espérer que les portes qui
lui ont été fermées s’ouvrent d’elles-mêmes : les corps savants ne
se déjugent pas. Rappelez-vous un fait contemporain. L’Académie
de médecine de Paris , en des circonstances et pour des motifs
que je néglige , avait prononcé la condamnation du magnétisme.
Elle n’a jamais abrogé cette condamnation ; mais , comme il est
toujours bon de prendre le bien d’autrui, elle a accueilli à bras
ouverts le même magnétisme lorsqu’il lui a été présenté pa<r un
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des siens sous le nom d’hypnotisme. Il y a peu de jours, dans le
grand amphithéâtre de la Sorbonne, tous les corps savants célé¬
braient le septentenaire d’un homme qui honore la science et la
France, tous les orateurs à l’envi, passant en revue les merveilles
d’ordre médical dues au génie de Pasteur , exaltaient le traite¬
ment de la rage par le virus atténué de la rage , la prophylaxie
du charbon, par le virus atténué du charbon, la prophylaxie du
rouget par le virus atténué du rouget, le combat contre un virus
quelconque par le même virus atténué et baptisé vaccin ; nul n’a
prononcé un mot qui devait brûler toutes les lèvres : homœopa-
thie. Ce mot ne sera pas prononcé à l’Académie. Elle attendra
impassible et accueillera avec sénérité comme un produit légi¬
time l’homœopathie débaptisée et dotée d’un nom orthodoxe.
Mais la vitalité de l’homœopathie nous est un sûr garant que
pareille injustice ne s’accomplira pas. Depuis le temps de Hah-
nemann et, après lui, de nombreuses écoles médicales ont surgi,
ont vécu d’une vie éphémère, et leurs débris couvrent le sol.
Qu’est devenue la plus brillante , l’école de Broussais, qui fit
verser plus de flots de sang qu’un Tamerlan ou un Napoléon ?
L’étudiant n’apprend plus à manier la lancette, le commerce des
sangsues est dans le marasme. On ne trouverait pas un médecin
qui se réclame d’un de ces maîtres du passé, tandis que Hahne-
mann, seul chef d’école resté debout, compte dix mille disciples
qui ne laisseront effacer ni son nom, ni son œuvre. Si l’homœo-
pathie languit en Europe, elle prospère sur le sol neuf de
l’Amérique. Le vignoble français épuisé par le phylloxéra a
trouvé une nouvelle vigueur avec les cépages du Nouveau Monde.
S’il le faut, les plants américains viendront .combattre le phyl¬
loxéra académique . Ce ne sera pas à l’honneur des savants
officiels : ce sera un triomphe pour la vérité et un bienfait pour
l’humanité. G. Gonnard. (Art médical,)
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— 365 —
Dolichos pruriens
par le Docteur Jean De Wée, de Bruxelles
J’ai eu à soigner récemment quelques cas d’ictère dont deux
notamment présentaient un prurit des plus intenses. Après avoir
parcouru, en vain, tous les livres que j’avais sous la main, force
m’était de recourir à la matière médicale et c’est en parcourant
la Condenced materia medica , de Hering, que j’ai trouvé le
dolichos pruriens . C’est un médicament assez peu connu
puisque Allen en parle à peine dans son Encyclopédie . Il se
contente de citer le D r Jæcob Jeanes qui prit une quantité
indéterminée de la 2 e dil. cent, et constata une sensation
pénible dans la gorge sous l’angle de la mâchoire inférieure à
droite, comme si l’on eût enfoncé verticalement à cet endroit
une esquille longue des 3/4 d’un pouce. La douleur était
augmentée en avalant. Comme autre symptôme il y avait encore
une douleur gingivale telle qu’il ne put dormir pendant la
moitié de la nuit, et enfin quelques tressaillements musculaires.
La Cyclopœdia of Brug Pathogenesy ne contient aucune
relation pathogénétique de ce médicament. C’est une omission
regrettable qui, malheureusement, n’est pas unique dans ce
vaste recueil.
J’en arrive à la pathogénésie de Hering; elle contient proba¬
blement pas mal de symptômes cliniques. Comme elle n’est pas
bien longue je me permettrai de la traduire pour les lecteurs
de la Revue :
“ Yeux : Yeux jaunes. Jaunisse.
Denis : Douleur et sensibilité des gencives chez les enfants
qui font leurs dents. Les gencives sont gonflées avec douleurs
névralgiques, surtout la nuit.
Gorge : Douleur d’esquille près de l’amygdale droite, surtout
en avalant.
Selles : Constipation pendant la dentition ou pendant la
grossesse. Selles blanches (jaunisse).
Toux : En se couchant la nuit.
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Sensations : Douleurs névralgiques suite de zona.
Peau : Prurit violent sur tout le corps sans éruption visible
(constipation de la grossesse, jaunisse). — Eruption sèche,
herpétique sur les bras et les membres, ressemblant au zona.
Relations : Dans les troubles de dentition, s’il existe des
symptômes fébriles, donnez toujours une dose d 'aconit avant
de donner dolichos pruriens, Là où cette précaution a été
négligée on a vu survenir des convulsions même en employant
les dilutions élevées. »
Farrington n’en parle que dans la dentition des enfants.
Hughes, dans son Manual of Therapeutics , le préconise contre
les douleurs névralgiques qui suivent le zona.
Comme je l’ai dit plus haut, c’est contre le prurit qui
accompagne l’ictère que je l’ai expérimenté. On me dira bien
que ce symptôme disparaît avec le retour à la santé, mais cela
n’empêche que dans certaines affections organiques du foie, par
exemple, il prive, parfois pendant des semaines, les malades
de tout repos et souvent même il constitue le seul symptôme
dont ils se plaignent. Je ne sais si d’autres confrères ont été
plus heureux que moi, mais j’ai trouvé cette affection très
rebelle aux médicaments homœopathiques. Mercurius semble
devoir réussir d’autant plus que neuf fois sur dix ce prurit
augmente à la chaleur du lit ; cependant il a échoué dans tous
les cas que j’ai traités, alors que dolichos pruriens m’a réussi
complètement en très peu de temps. Je ne l’ai, malheureu¬
sement , expérimenté que dans deux cas : le premier était
celui d’une vieille dame atteinte de tumeur du foie. Ce prurit
datait déjà de huit semaines et constituait une réelle torture
pour la malade : dolichos pruriens en a eu raison en moins
de deux heures de temps. Le second cas est celui d’un ictère
symptomatique de congestion du foie sous l’influence de la
lithiase biliaire; à chaque poussée congestive se manifestait un
prurit intolérable qui, chaque fois, depuis l’emploi de dolichos
%vuriens , cessait comme par enchantement alors qu’autrefois
il durait aussi longtemps que la congestion elle-même, c’est-à-
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dire de cinq jours à deux semaines. Les indications précises
de ce médicament, comme du reste d'une foule de nouveaux
remèdes non suffisamment expérimentés, sont encore vagues,
pour ne pas dire nulles jusqu’ici.
La dose employée a été de cinq gouttes de la T. M. dans le
premier cas et cinq gouttes de la 3 e dil. décim. dans le second,
à prendre dans le courant de la journée.
Depuis que cet article a été écrit, j’ai traité une jaunisse
catarrhale avec ce médicament ; il a échoué complètement,
alors que cardans marianus l’a fait disparaître en trois jours.
Il est vrai de dire qu’il n’y avait pas de prurit concomittant.
D r Jean De Wée, de Bruxelles
La serum-thérapie
Dans le bouillon de culture de divers microbes, on retrouve
et on peut arriver à isoler des poisons. Ces substances toxiques
se produisent également quand l’agent pathogène évolue dans
un organisme, et c’est à leur diffusion dans les tissus que doit
être attribuée la maladie dont il est le facteur. Ces poisons
s’accumulent dans l’organisme ; suivant l’intensité de leur pro¬
duction, ils s’y détruisent ou sont éliminés, en particulier par
les urines. M. Bouchard a démontré pour les maladies infec¬
tieuses ce dernier fait. En même temps que ces produits mor¬
bides, les microbes produisent d’autres substances destinées à
vacciner l’organisme, à le rendre plus résistant en lui conférant
l’immunité. Ce fait est démontré pour quelques-uns d’entre
eux; et, théoriquement, on peut admettre que la guérison de
certaines maladies infectieuses se produit lorsque la formation
de la matière vaccinante est plus intense que celle de la sub¬
stance toxique, ou que, par le fait d’une élimination moins
rapide, elle s’est accumulée dans l’organisme. Cette théorie
d’une substance vaccinante distincte, produite par le microbe,
a été entrevue par M. Pasteur, à l’occasion de ses inoculations
antirabiques.
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Il émit l’hypothèse que les moelles des lapins inoculés con¬
tiennent à la fois les deux substances ; mais que, par la dessi¬
cation j)rolongée, les vaccins se détruisent moins rapidement.
Depuis, les travaux de Charrin, de Salmon, de Roux et Cham-
berland ont démontré, sinon pour le virus rabique, dont l’agent
figuré n’est pas encore isolé, mais pour d’autres microbes, la
réalité de cette ingénieuse conception.
En modifiant les conditions de la vie d’un microbe, on modifie
sa forme, on change certaines de ses fonctions, on le rend moins
virulent. La fonction chromogène, si caractéristique de certains
d’entre eux, peut même disparaître dans des conditions que
Charrin nous a appris à réaliser facilement pour le bacille
pyocyanique.
Des cultures appropriées ne permettraient-elles pas de
déposséder certains microbes de leur faculté de fabriquer une
substance pathogène, tout en leur laissant la sécrétion vacci¬
nante? On voit de quel secours seraient de pareils agents. La
substance chimique vaccinante pourrait être donnée pour créer
l’immunité préventive, mais plus souvent encore pour guérir la
maladie en cours. Dans ses leçons sur la thérapeutique des
maladies infectieuses, publiées en 1889, Bouchard entrevoit la
possibilité de ce progrès.
« Qui nous défend de penser, dit-il, qu’on pourra récolter un
jour le poison soluble sécrété par les microbes pathogènes de la
fièvre typhoïde en quantité suffisante pour l’administrer à
l’homme atteint de la fièvre typhoïde ! Ne pourra-t-on pas
cultiver industriellement en quelque sorte les agents infectieux ?
Nous avons bien réussi à éduquer, à domestiquer d’autres
microbes pour nos besoins : ne sont-ce pas des microbes qui
fabriquent les quelques cent millions d’hectolitres d’alcool que
nous consommons? Pourquoi n’obligerions-nous pas un jour les
microbes pathogènes à fabriquer pour nos besoins thérapeuti¬
ques leurs poison s, destinés à devenir des médicaments? C’est
là une espérance que je ne crois pas déraisonnable; la chimie
saura peut-être aussi fabriquer par synthèse les mêmes poisons
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que les microbes pathogènes, mais je ne serais pas surpris que
la thérapeutique de l’avenir tirât parti des microbes eux-mêmes
pour la fabrication de ces médicaments. »
Jusqu’à ce jour, ajoutait Fauteur, nous n’avons pas encore à
notre disposition les substances chimiques morbifiques et vacci¬
nantes, sinon dans les laboratoires pour quelques maladies.
Ce côté de la question n’a pas fait depuis de grands progrès ;
cependant, des essais, dont il a été rendu compte dans ces
colonnes, ont été tentés sur l’homme pour la guérison du tétanos
avec une antitoxine tétanique d’origine microbienne.
Un mémoire récent, de Behring, semble indiquer qu’on est
sur la voie de la découverte d’une méthode de même ordre
pour la guérison de la diphtérie.
On sait que la diphtérie est produite par un microbe qui se
développe de préférence à l’origine de voies aériennes, amyg¬
dales, larynx, mais peut aussi envahir d’autres muqueuses et la
peau privée de son épiderme.
Les fausses membranes sont produites par les modifications
apportées dans la vitalité des muqueuses par la prolifération du
bacille. Les fausses membranes peuvent tuer par acte méca¬
nique lorsqu’elles obstruent le larynx. Mais le microbe sécrète
une substance toxique, très active, dont Roux et Yersin ont
découvert les propriétés. C’est cette toxine diphtéritique qui
fait la gravité de la maladie, locale par son point de départ,
généralisée par l’absorption du poison localement sécrété. D’où
la nécessité d’un traitement local par destruction de l’agent
pathogène, source du poison, et général pour remonter l’orga¬
nisme et contrebalancer les effets du toxique.
A la suite de recherches sur l’action bactéricide du sérum
d’animaux doués d’immunité à l’égard d’une maladie déterminée,
Behring a établi le fait suivant : Lorsqu’on a rendu des cobayes
réfractaires à la diphtérie , leur sérum reste favorable à la
prolifération du bacille de Loeffler, mais détruit les toxines.
Cette propriété antitoxique n’appartient d’ailleurs qu’au sérum
des animaux immunisés, et non au sérum des animaux possé-
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dant l’immunité naturelle. On voit la conséquence pratique qui
découle de ces faits intéressants pour le traitement de la
diphtérie. C’est en 1890 que Behring et Kitisato en ont fait
connaître l’application, que nous allons exposer dans ses
grandes lignes, d’après un mémoire de Ledoux et Lebard Q.
La méthode consiste à conférer l’immunité à des animaux et
à se servir de leur sérum soit comme vaccin préservatif, soit
comme agent de traitement dans une diphtérie eu voie d’évo¬
lution.
L’immunité est produite par l’inoculation de virus diphtéri-
tique chauffé, ou filtré, ou additionné de trichlorure d’iode.
Le mémoire de Ledoux-Lebard donne d’intéressants détails au
sujet de cette technique longue, délicate. Pour évaluer le degré
d’immunité acquis, on cherche par tâtonnements la dose maxima
de culture capable de tuer un cobaye neuf.
L’immunité sera égale à 1, 2, 3, etc., suivant que l’animal
pourra supporter 1, 2, 3 doses égales à cette dose maxima. Le
sérum est d’autant plus actif que l’immunité acquise est plus
grande.
Ce sérum, inoculé en môme temps que le virus actif, empêche
ses effets; si on l’inocule plus ou moins longtemps après le
virus actif, il en atténue la nocivité et amène la guérison. Ces
expériences n’ont encore été faites que sur les animaux ; elles
ont donné des résultats précis ; mais on n’a pas cru devoir les
essayer sur l’homme. Ce sérum étant sans danger, l’essai pourra
en être fait sans que, cependant, on puisse encore prévoir son
efficacité, car il y a une différence assez grande entre la
diphtérie expérimentale et par inoculation sous la peau et la
diphtérie humaine. Il n’est pas prouvé, en outre, que Faction
antitoxique du sérum actif s’accompagne du pouvoir d’entraver
la formation des fausses membranes. En tous cas, il pourrait
jouer le rôle d’une médication symptomatique dans les formes
toxiques.
D’autres expériences du même genre ont été faites au sujet
(i) Revue générale des Sciences , novembre 1892.
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de la fièvre typhoïde et on peut entrevoir le moment où la
sérum-thérapie entrera dans la pratique de la médecine
humaine. L. Ménard. (Cosmos.)
Nouveaux aveux des médecins officiels en Allemagne,
en France et en Italie
Nos lecteurs connaîtront avec intérêt une série d’aveux édi¬
fiants, formulés par un certain nombre de maîtres de l’école
médicale officielle en Allemagne, en France, et en Italie.
Niemayer écrit dans son livre classique, vol. I, p. 542 et vol.
II, p. 403 : « Nous ignorons complètement pourquoi il faut,
)5 dans telle ou telle circonstance, préférer un médicament à un
» autre, et l’on ne sait rien de positif ni d’exact sur le mode
J? d’action des remèdes, k tout instant on en voit la preuve dans
33 l’incertitude dindication précises, comme, par exemple, dans
33 le traitement du catarrhe gastrique aigu, maladie banale s’il
33 en existe. 31
Dernièrement, un journal qui fait autorité (le Deutsche medie .
Wochenschrift ) disait : « Nous travaillons sans trêve à construire
33 la tour de Babel ; ce que l’un préconise, l’autre le défend ; l’un
33 prescrit le médicament à haute dose, l’autre en faible quantité ;
33 c’est une confusion, une contradiction, un chaos sans égal. 33
Au congrès pour la médecine interne en 1888 , le professeur
Leube, au sujet de la thérapeutique médicale, exprimait le regret
que les progrès de cette science n’aient pas suivi ceux de la chi¬
rurgie et du diagnostic, et le professeur Heitler, de Vienne,
écrivait naguère : « La thérapeutique doit venir au secours de
33 l’empirisme, car c’est lui qui, appuyé sur l’expérience, forme
33 en grande partie la base de notre pratique. 35
Le professeur Liebermeister écrit dans ses Maladies infec¬
tieuses : 3) Le danger réside dans l’élévation du thermomètre, qui
33 doit être combattue toujours par les antipyrétiques. 33 A quoi
les professeurs Paulinoff et Dochmann répondent : « La fièvre
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» est une réaction naturelle et les antipyrétiques aggravent le
» mal. »
Dans une réunion de médecins et naturalistes allemands à
Halle, le professeur Nothnagel, de Vienne, disait : « Il ne faut
» pas s’illusionner sur l’action des antipyrétiques ; ils agissent
» d’une manière encore discutable sur un symptôme, mais non
» sur la marche fondamentale des maladies », et le D 1 ’ Cavallero,
de Turin, écrivait à ce sujet : « A l’intoxication par la bactérie,
» qui existe déjà, s’ajoute celle que produit en outre l’antipyrine.
» D’ailleurs, dans le traitement des affections aiguës, nous som-
» mes impuissants contre le microbe qui en est la cause.
» Quand le microbe siège dans l’intestin, nos antiseptiques intes-
» tinaux ont peine à l’atteindre. »
Conclusion : les antiseptiques sont plus nuisibles qu’utiles, et
la pathogénie ne fournit à la thérapeutique qu’une base illusoire.
En 1878, le professeur Volkmann écrivait : » Toutes les tenta-
» tives pour asseoir une thérapeutique rationnelle sur une base
» physiologique et anatomo-pathologique, s’exposent à un inévi-
» table échec. »
En novembre 1891, le professeur Myo, de Florence, a eu la
franchise de dire dans sa leçon d’ouverture : « La pathologie
» spéciale poursuit un but difficile à atteindre pour plusieurs
» raisons. La principale est qu’il n’existe pas de base unique,
» constante et rationnelle de classification nosologique ; dans le
» champ de la pathologie humaine, les notions positives et les
» conquêtes font presque complètement défaut. »
La base de classification actuelle des maladies s’appuie sur
trois points :
L’étiologie, en grande partie indéterminée ;
L’anatomie pathologique, qui ne fournit pas des éléments d'une
application générale ;
La symptomatologie donne encore une base plus incertaine.
L’étude des causes coefficientes variées de l’infection morbide
est pleine de difficultés, et reste encore à ses débuts.
La pleurite, un état morbide rien moins que rare, divise des
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maîtres. Le professeur G. Sée veut qu’elle ait un cours défini ; son
collègue, Dieulafoy, le conteste. (Acad, de Médecine de Paris,
mai 1892 .)
Le professeur Bouchard, de son côté, s’exprime ainsi : « La
« thérapeutique , croyant connaître les causes des maladies ,
„ dirige ses attaques contre ces causes, mais elle ne connaît les
„ causes prochaines que par exception, et dans les maladies
» infectives. Ne connaissant pas ces causes, on s’en fait une idée
„ plus ou moins vraisemblable, et l’on part de ce point pour en
„ déduire avec facilité les indications thérapeutiques. A la suite
» d’expériences de laboratoire, la thérapeutique fondée sur la
» pathogénie, entre dans le domaine de l’hypothèse.
(Art médical.)
De l’influence des antiseptiques sur la digestion
salivaire
M r H. A. Weber attire, dans le Journal of amer, client, soc.,
l’attention sur ce fait que l’addition de plus en plus générale
d’antiseptiques aux matières alimentaires, sujettes à se gâter,
peut être souvent préjudiciable à la santé des consommateurs.
C’est ainsi qu’on vend dans le commerce , sous le nom de blan¬
chisseurs du lard et conservateurs de fruits , vins et cidre,
nombre de préparations où dominent surtout l’acide salicylique
et l’acide borique.
MM. H. Leffmanet W. Beam ayant démontré antérieurement
que certains agents de conservation arrêtent complètement
l’action saccharifiante de la diastase et du suc pancréatique sur
l’amidon, l’auteur s’est proposé de rechercher si ces corps
avaient la même action sur la conversion en diastase de la pâte
d’amidon par la salive (à 40 °c). Il paraît ressortir des résultats
obtenus dans ces expériences , consignés dans une série de
tableaux, que l’addition d’une partie d’agent de conservation à
210 parties d’un mélange nutritif, acide salicylique et saccha¬
rine, arrête complètement l’action diastasique; le borax et le
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sulfite de chaux ne l’arrêtent qu’au début; le dernier n’exerce
plus ensuite d’action déprimante, tandis que le borax conserve
jusqu’à la fin son action retardatrice. Dans la proportion de
1 pour 420, l’acide salicylique et la saccharine arrêtent complè¬
tement la transformation de l’amidon ; le borax la retarde
nettement et le sulfate de calcium est sans action. En solutions
plus diluées (1 pour 840) le borax et l’acide salicylique exercent
seuls un effet atténuant marqué, surtout au début, mais moins
accentué ensuite. Dans la proportion de 1 pour 1050 à 2100,
le borax seul retarde la transformation diastasique. (Cosmos.)
VARIÉTÉS
Simple causerie. — Lorsqu 7 une épidémie de fièvre typhoïde
ou de choléra éclate, l’on incrimine l’eau consommée par les indi¬
vidus frappés.
Mais, comme Fa si bien dit M. Peter * à propos du choléra, pour
qu’une mauvaise eau donne naissance au choléra, il faut encore
l’intervention d’une autre cause, sinon, à Paris, par exemple, le
choléra serait pendant les 365 jours de l’année, puisqu’il y a des
gens qui ne boivent, toute l’année, que de l’eau de Seine.
Si, dans le choléra, on doit tenir compte du microbe, il faut songer
aussi à cette spontanéité morbide découlant de mauvaises conditions
de santé antérieures, et ce n’est pas tout encore. En effet, il est bon
de se rappeler qu’il existe, dans l’organisme, des microbes inoffensifs
que des conditions déterminées de milieu vivant et de milieu ambiant
transforment et dans la forme et dans le fond pour les rendre offen¬
sifs et toxiques.
On a vu que M. Charrin , en modifiant le milieu de culture du
bacille pyocyanique par l’addition d’une substance chimique, avait
non seulement fait perdre à ce bacille ses propriétés colorantes,
mais que celui-ci s’était transformé en spirules. Pour cela il avait
fallu 6 pour mille d’acide borique dans le bouillon de culture. Avec
un pour mille en plus, il devenait bacille en virgule.
Eh bien ! pourquoi une modification, un transformisme qui
s’effectue dans un bouillon de culture, par un changement artificiel
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de ce milieu, ne pourrait-elle pas s’opérer dans le milieu intestinal
vivant par une modification spontanée de celui-ci et opérer, sur un
bacille ordinairement inoffensif — comme l’est le bacterium coli
commun, — une modification de forme et de propriétés, de droit
qu’il est le rendre courbe et de nature à sécréter des toxines?... ün
ne peut douter de ce fait.
Il paraît indéniable que les influences atmosphériques — une
température prématurément et exceptionnellement élevée, notam¬
ment— aient joué un rôle prépondérant dans l’épidémie de l’an
dernier.
Les influences atmosphériques varient évidemment selon les con¬
ditions de température. Mais si à ces causes s’ajoutent: la misère
sociale, la famine , l’encombrement, une nourriture insuffisante,
comme cela s’est vu en Russie et dans l’Inde, on a le choléra asia¬
tique sous sa forme la plus épidémique, la plus contagieuse, la plus
terrible. Là où les conditions générales sont bonnes, le choléra se
limite à quelques cas isolés. Là où, comme dans l’Inde, les mauvaises
conditions générales sont portées à leur maximum, il revêt un carac¬
tère des plus redoutables.
Ce qui démontre la production spontanée du choléra, c’est son
apparition simultanée dans des foyers absolument distincts et séparés
les uns des autres par des milliers de kilomètres.
M, Peter en a donné la preuve à son auditoire en citant des
extraits de divers bulletins relatifs à l’éclosion du fléau.
Lorsque, malgré les mêmes influences atmosphériques, les condi¬
tions sociales sont bonnes, l’épidémie prend moins d’intensité.
Cependant, s’il y a lieu de tenir compte de la misère sociale, il y a
plus à tenir compte encore de la misère physiologiquè des individus.
C’est ainsi que ceux dont le foie ou les reins sont en souffrance, sont
exposés à être plus gravement frappés.
Le distingué clinicien a rapporté un exemple propre à démontrer
que sous l’influence d’un mauvais organisme, de conditions hygié¬
niques défectueuses et de certaines conditions atmosphériques, le
bacillum coli a paru se transformer en bacille de Koch.
C’est l’individu lui-même qui donne au bacille ses propriétés noci¬
ves, en d’autres termes c’est le milieu vivant qui fait la virulence .
Et comment cette virulence est-elle créée ? Par la formation spon¬
tanée de leucomaïnes et de ptomaïnes résultant de l’activité propre,
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normale ou morbide des cellules de l’organisme. Les bacilles sortant
modifiés d’un organisme malade deviennent sécréteurs des toxines
dont ils sont imprégnés.
Il y a en cela quelque chose qui nous paraît susceptible de
comparaison avec les moules qui se trouvent dans certaines eaux
corrompues, — comme on l’a vu à Willemshaven, — portent en elles
un poison (méthylotoxine) excessivement dangereux qui réside dans
le foie de ces mollusques.
Ainsi les bacilles transformés par un organisme malade sont
doués par celui-ci de propriétés morbifiques créées par et dans cet
organisme même.
Certains savants admettent, à propos du retour des épidémies, la
revivescence des germes sous des influences atmosphériques, mais
cela ne peut quand même exclure la spontanéité morbide, sinon
pourquoi les uns seraient-ils atteints et d’autres point ?
Si, en temps d’épidémie, il y a lieu de rechercher bonne eau et
bon air, il faut éviter tout ce qui peut amoindrir la résistance de
l’organisme, tout ce qui peut être préjudiciable au milieu vivant.
Le système nerveux est le grand régulateur de ce dernier; c’est à
lui qu’il faut assurer le maintien de la prépondérance qui lui est
nécessaire. (Le médecin .)
SOMMAIRE
Place au cliloralosc, par le D 1 ' Martiny.353
Conférences publiques sur riiomœopathie.355
Doliclios pruriens, par le D r Jean De Wée, de Bruxelles. . 365
La semm-thérapie.367
Nouveaux aveux des médecins officiels en Allemagne, en
France et en Italie.371
De l’influence des antiseptiques sur la digestion salivaire . 373
Variétés..374
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LIBRAIRIE MEDICALE
de G Te MAYOLEZ
RUE DE L’IMPÉRATRICE, 13, A BRUXELLES.
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D r BERNARD, de Mons. — Recherches et considérations sur le traitement
homœopathique du traumatisme. 2 fr.
» Justification de l’homœopathie dans ses principes essentiels.
Gand, 1868, in-8° 1 fr.
» Etude sur le traitement homœopathique de la constipation.
2 e édition. 2 fr., 50
» Essai sur l’angine de poitrine et sur son traitement homœopathique.
MARTINY. La question de l’bomœopathie en Belgique. 1879. ' 1 fr.
« L’homœopathie. Conférences données à MM. les officiers du
3 ü d’artillerie. 1878., 1 vol. in-8°. 3 fr.
* De l’état actuel de l’homoeopathie et de ses rapports avec les autres
branches des sciences médicales. Bruxelles, 1875, 1 vol. in-8». 1 fr.
* Le choléra et son traitement homœopathique. 2 fr.
» LE BiOilD DE LA iVIEU, le traitement marin et ses rapports
avec l'homœopathie. vient de pauaituk. 3 fr.
MARTINY et BERNARD. De l’alternance des médicaments. 2 fr.
GAILLIARD. L’homœopathie à l’Académie de Médecine de Belgique en
1877. — Réponse au défi de M. le professeur CROCQ.
» L’homœopathie à l’Académie de Médecine en 1878. — Réponse
au rapport de M. le docteur COUSOT.
» De la'polyphénoménie médicamenteuse. 1 .Bruxelles, 1879.
VAN DEN NEUCKER. Ce qu‘est l’homœopathie et ce qu’elle n’est pas ; du
régime homœopathique. Harlebeke, 1879.
HàHNEMANN et LEON SIMON. Traité de matière médicale homœopathique
comprenant les pathogénésies du traité de matière médicale pure
et du traité des maladies chroniques. Tomes l« r et 2«, 2 vol.
in-8°. lfr fr.
HUGHES. Actions des médicaments homœopathiques ou éléments de
pharmacodynamique, traduit de l’anglais par guérin-méneville.
Paris, 1 vol. in-8°. 6 fr.
» Manuel de thérapeutique selon la méthode de HAHNEMANN,
(Traduction du D r guékin-méneville), J.-B. BAILLIÈRE, Paris,
1881. 6 fr.
SCI1WABE. Pharmacopœa homœopathica polyglottica. Leipzig, 1873,1 vol.
gr. in-8°. 10 fr.
» Lehrbuch der liomoopathissehen Thérapie. Leipzig, 1876, 2 vol.
CHARGE. Traitement homœopathique des maladies des voies respiratoires
Paris, 1 vol. in-8°. 10 fr.
JOUSSET. • Eléments de médecine pratique. Paris, 1877, 2 vol. in-8°,
2 édition. 15 fr.
» Clinique de l’hôpital St-Jacques.
~ LUDLAM et CLAUDE. Leçons cliniques et didactiques sur les' maladies
des femmes. Paris, 1879. *
BOENNINGHAUSEN et MOUREMANS. Les aphorismes d’Hippocrate
accompagnés des gloses d’un homœopathe. 2 vol. in-8°.
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