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^vA^^w . 0\> d . 9
V
REVUE
NUMISMATIQUE
COLLABORATEURS
Dont les artldct ont para ilanii la Remu numiâmmUque
(noaTCllC série , ISM, 1857, 1858, 1859, 1880 et 1881).
MM.
ACY (Ernest d'), àVillers aux Éra-
bles i Somme).
BARTHÉLÉMY lAnat. de), à Cha-
lon»-8ur-Marnc.
BEULÉ ( Ernest U à Paris.
BIGOT (A.)i à Rennes.
BOILLEAU (L.), à Tours.
BOUDARD , à Beziers.
BRETAGNE, à Nancy.
BRUGIÊRE DE LAMOTTE, àMont-
Inçon.
CARPENTIN (A.), à Marseille.
CAVEDONI (TabWC), à Modène.
CHARVET(J.).àParis.
COCHET (L'abbé), à Dîeppp.
COHEN (Henry), à Paris.
COLSON I Le docteur A. ), à Noyon.
CRAZANNES ( Le baron Chaudmc
de 1 , à Castel-Sarrazin.
DAUBAN ( Alfred ), à Paris.
DELOCHE (Maximin), à Paris.
DENIS LAG ARDE , à Brest.
DESCHAMPS DE PAS (Louis), à
Saint-Omer.
DEVILLE (Achille), à Paris.
DUPRÉ ^Prospor) , à Montjay (Seine-
et-Marne ).
EVANS (J.), à Londres.
FEUARDENT, à Montmartre.
GAYRAUD DE SAINT-BENOIT, à
Saint-Bcnon(Aude).
GÉRY ( R. ) , à Voiron ( Isère ).
HUCHER ( Eugène^, au Mans.
HUILLARD-BllÉHOLLES ( A. ) , à
Poris. '
HURON ( E.) , iiT Montoîre-sur-Lfiir.
JUDAS ( Le docteur A. ) , à Passy.
LAGOY (Le marquis de), à Aix
( Bonohes-du -Rliône ) .
i;AttB£RT ( Edouard) , à Baveux.
LA SAUSSAtYE (I^uis de), h Lyon.
LAÙkÉîQ^^Jules), À Épinal.
LELEWEL ( Joachim ) , à Bruxelles.
MM.
LENORMANT ( Charies ) , à Paris.
LENORMANT ( François), à Paris.
LONGPÉRIER ( Adrien de), à Pari»
LONGPERIER-GRIMOARD (Alfred^
de), à Longpérier (Oise).
LUVNES ( Le duc de) , à Dampierre.
MANTELLIER,à Orléans.
MASSAGLÏ ( D. ), à Lucques.
MAXE (Léon), à Reims.
MILLER ( Emmanuel ) , a Paris.
MORBIO (Carlo), à Milan.
MULLER (Louis), à Copenhague.
NAMUR, à Luxembourg.
PÉTIGNY (Jules de , à Clénor (Loir-
et-Cher).
POEY D'AVANT ( F. ) . à Malllezais
(Vendée).
PONTHIEUX (N.). h BeauYais.
PORRO (Comte Jules), à Milan.
PROMIS (Qiev. Dom. ), à Turin.
PROKESCH-OSTEN (Baron de), à
(>)nstantinople.
RAUCH ( Adolphe de), ji Beriin.
RETHAAN MACARK (J. C. A. ) , à
Utrecht.
ROBERT (C. ), à Metz.
RONDIER, àMelle (Deux-Sèvrep).
ROUYER (J.), à Paris.
SABATIER (Jean ), à Montmartre.
SALIS(Comte J. F. G. de), à Londres.
SAULCY ( F. de ) , à Paris.
SAUVADET, à Montpellier.
SAUVAGEOT ( F. ), à Paris.
SORET (F.), à Genève.
TOULMOUCHE (D' ), à Rennes.
VALLIER (Gustave), à Grenoble.
VASQUEZ-QUEIPO (V.), à Madrid.
VOGltÉ ( Le comte Melohior do ), au
Pezoau (Cher).
WADDINGTON (W. H.), à Bourne-
ville ( Aisne ).
WirrE lJ.de), H Paris.
Psris. — Imprimé par £. Thcnot et C", i6, me lUciiif, pxi& de ruJcLui.
REVUE
NUMISMATIOUE
PUBLIÉE
J. DE WITTE
y«3ibr« de l'Académie roTale d«s Sciences, des Lettres et des Bcaax Arts de Belgique.
Corrospoodant de l'Institut
«t de la Société impériale des Antiquaires de France ,
ADRIEN DE LONGPËRIER
Membre de riostitnt et de la Société impériale des Antiqaaired de France,
Associé étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique.
Ostendi(« mihi namisma cennus... Ca)a«
est imago hsc, et snperscriptio ?
MaTTR., XIII. 4»— «0.
NOUVELLE SÉRIE. TOME SIXIÈME.
V\ R 1 S
AU BLîREAr DE LA REVUE
It, ans Y1T1ENNC.
1861
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
ÉTUDES DE NUMISMATIQUE ASIATIQUE,
(PI. I et II.)
Deuxième article. — Voir les cinq premifrii chapitrefl^
Heruf^ 1860, p. 432-455.
VI. Paphlagonie et Cappaâoce.
Tête de femme à gauche, les cheveux enveloppés dans
ropistosphendoné.
^. Aigle pêcheur sur un dauphin ; au-dessous la légende
AATAM, les deux dernières lettres liées. — A. 4. Poids,
5»%85.
(Cabinet des médailles, pi. I, n* 1.)
Cette pièce, inexactement publiée par Mionnet {Paphlag. ,
n* 73) , a passé inaperçue et a toujours été confondue avec
les autonomes de Sinope au même type ; mais ces der-
nières portent toujours un nom de magistrat inscrit en pe-
tites lettres dans le champ, entre l'aigle et le dauphin,
tandis que le nom de la ville iINfl est écrit en grosses
lettres à l'exergue. (Voy. pi. I, n' 2). Sur celle-ci, au
contrah-e, il n'y a point de nom de magistrat, et le nom de
1861.— 1. 1
2 MKSIOIRES
la ville est remplacé par la légende AATAM. dont les deu\
dernières lettres sont liées, apparemment pour ne pas dé-
passer le nombre de quatre dont se composait la légende
habituelle. Les entreprises de Datame contre Sinope sont
connues par un passage de Polya^nus (VII, 21, 2, 4, 5);
il n'en résulte pas clairement qu'il s'empara de la ville,
mais, dans tous les cas, il était maître de la Paphlagonie.
qui lui avait été donnée par Artaxerce, lorsqu'il vainquit et
fit prisonnier le roi Tbys ou Thyus, qui s'était révolté.
(Nepos, VUa Dalam. — Justin., Prolog, lib. X.) Datame
mourut vers 362.
2. Tète de femme à gauche-, devant, Tacrostolium.
i}\ niV!K en caractères araméens. Aigle p^^cheur sur
un dauphin — J^. A. Poids, if',97.
(De ma Collection, pi. I, n** 3.)
3. Même tête ; devant, l'acrostolium ; derrière, les lettres
phéniciennes nv pointillées.
I}'. Mêmes type et légende. — JR. 4- Poids, 5'',02.
(Musée Britannique, pi. 1, n^ â.)
A. Même tête; devant, l'acrostolium ; derrière, la lettre
phénicienne v pointillée.
ijj. Mêmes légende et type. JR. A. Poids, 5«',25. Trouée.
(Mus. Hunter, à Glasgow) .
Il n'existe, à ma connaissance, que ces trois exemplaires^
tous variés, de cette importante médaille ; celui du Musée
Britannique est le même qui a été publié par Mr le duc de
Luynes {Num. salrap,,, pi. V, n* A), d'après la gravure de
Sestinî. Nous en donnons ici le dessin d'après l'originaL
Ces pièces ont le poids des dariques d'argent faibles ; elles
pèsent exactement la moitié des pièces frappées à l'atelier de
Tarse sous les derniers Achéménides; elles sont plus lé-
gères que la pièce de Datame et que les autonomes de Si-
ET DISSERTATIONS. S
Dope^ qui sont également des dariques d'argent, mais dont
le poids varie de 5«%70 à*5«',85. Leur style aussi bien que
leur poids indique qu elles sont postérieures à la grande
émission des autonomes de Sinope et à la pièce de Datame,
et je n'hésite pas à les attribuer à Ariarathe I, satrape ou
dynasie d'une partie de la Cappadoce, pendant les vingt
dernières années environ de la monarchie persane, ainsi que
pendant le règne d'Alexandre, et vaincu et mis à mort par
Perdiccasen 322. (Diod., XVIII, 16. — Frag., lib. XXXI.—
Lucian., Macrob,, 13.)
La légende de ces pièces avait été lue ms3i«, Arcapa-
date, par M. le duc de Luynes, et bien que cette lecture
s'éloigne en apparence beaucoup de celle que je propose ,
ceux qui sont vei*sés dans la lecture des textes araméens
reconnaîtront facilement que la seule différence essentielle
porte sur le troisième caractère. En effet, les deux lectures
sont d'accord pour les deux premières et la dernière lettre ;
la quatrième peut être un *i aussi bien qu'un jd , ces lettres
se confondant souvent dans les textes araméens et sur les
médailles, celles de Phamabaze par exemple; et la cin-
quième peut être i om au gré des lecteurs, ces deux let-
tres étant absolument pareilles sur la presque totalité des
monuments phéniciens et araméens. Reste donc la troi-
sième lettre qui est un ^ selon nous ; la médaille de Téri-
baze que nous avons publiée plus haut, les mots n et
nîQ sur la médaille d'Abdsohar, l'inscription du Sera-
péum, et d'autres inscriptions araméennes, nous en four-
nissent la preuve ; et nous n'avons rien à ajouter à ceque
nous avons dit à ce sujet. Tous ces exemples s'appuyent et
se confirment mutuellement. M. Blau, qui avait parfaite-
ment reconnu la valeur de ce caractère, a passé à côté de la
vérité en lisant Àriodat au lieu de Àriorai.
5. Même tête de femine ; devant, racrostoliuni.
». Aigle pêcheur sur un dauphin : dessous, la légende
araméeune jCTir? — -IV. 4. Poids, 5^.20.
(Colleclion de M. le duc de Luynes, pi. I, n' 5.)
Cette pièce a été gravée dans la Mumismaléçue dr$ satra-
p'u$j pi. XII, n* 1 ; mais je l'ai fait dessiner de nouveau
pour donner plus exactement la forme des quatrième et cin-
quième lettres. La légende avait été lue par M. le duc de
Luynes zzxriz^j c'est-à-dire Abfl-Sinop, ou les ser\ileur5
de Sinope^ mais cette lecture reposait sur rideniité sup-
posée du c et du ^2 phénicien, identité qui n'est plus ad-
mise aujourd'hui. Sauf cette lettre, la légende avait été
bien lue ; je dirai seulement que la sixième lettre, dont on
ne voit que la partie supérieure, peut être un •» ou un t ,
ou peut être même un r ou un : aussi bien qu un z ; c'est ce
qui ne pourra être décidé que par un autre exemplaire de
cette médaille, unique jusqu'à présent, La quatrième lettre
est certainement un a, bien que sa forme diffère un peu de
la forme usuelle ; elle ne peut être un c, car la forme ara-
méenne de cette lettre est bien déterminée par l'inscription
du Sérapéum et le lion d'Abydos.
Il faut donc lire, selon toute probabilité, pin::, avec la
cinquième lettre douteuse ; le nom peut être Abdémon ou
quelque nom semblable. Dans tous les cas, ce personnage
ne peut avoir été qu'un dynaste papblagonien , qui a
régné dans les environs de Sinope ou qui a peut-être été
maître de la ville vers la même époque qu'Ariarallie , et la
médaille ne peut être séparée de celles d'Ariarathe, avec
lesquelles elle a la plus grande ressemblance.
J'arrive maintenant aux pièces portant le même nom de
satrape que celle de Sinope, mais offrant un type étranger
à la numismatique de cette ville.
ET DISSERTATIONS. 5
6. Baal assis sur un siège, la main gauche appuyée sur
un sceptre, et tenant de la droite un aigle, un épi et uHe
grappe de raisin; derrière, la légende araméenne iTraSw
{Baal'Gazor) ; dans le champ, un monogramme grec com-
posé des lettres MY.
r.\ Un griffon ailé dé\orant un cerf; dessous, la lé-
gende n-nn« {Àriorai). — ^R. 5. Poids, 5«',03.
(Musée Britannique, pi. I, n'6.)
7. Même pièce, du même coin, mais la légende du droit
mal frappée. (Collection de M. le duc de Luynes.)
8. Même type, sans Tépi, et la légende en caractères
carrés.
if. Mêmes type et légende, cette dernière incomplète, en
caractères araméens. — J^. 5. Poids, 5«%31.
(Mus. Brit., pi. l, n»7.)
0. Même type ; légende en caractères carrés, incomplète
au commencement, et altérée par une cassure du coin.
ij* Même type et légende complète en caractères ara-
méens. — M. 5.
(Cabinet des médailles, pi. 1, n' 8.)
Sur ces quatre pièces, le nom d'Ariorate est écrit tou-
jours de la même manière, et en caractères absolument pa-
reils à ceux des médailles au type sinopéen; mais il n'en
est pas ainsi de la seconde légende ; sur les deux premiers
exemplaires, les deux légendes sont écrites avec les mômes
caractères , tandis que sur les deux jmtres , la seconde lé-
gende est écrite en caractères de forme carrée, d'une exé-
cution fort négligée, et de plus, défigurés par les cassures
du coin. Toutes ces pièces portant le nom d'Ariorate, tant
celles qui nous occupent que celles au type de Sinope, ap-
partiennent évidemment au même prince; elles sont toutes
du même poids, et ont d'ailleurs toute Tapparence de
G IfÈUOIRLS
pièces cootemporaioes. Les unes out été frappées soit à
Sinope, soit eo imitatioD des monnaies sinopéennes ; mais
où ont été frappées les autres, et que signiGe cette légende
BaaI-Gazor?
Commençons par établir la justesse de la lecture que
nous proposons. C'est grâce au premier exemplaire du
Musée Britannique, pièce inédite jusqu'à ce jour, que nous
avons pu lire cette cuiîeuse légende ; elle y est conçue en
caractères araméens ordinaires comme les mots Ariorate,
Téribaze et les monnaies de l'atelier de Tarse ; les lettres
sont très-nettes , et la pièce est parfaitement bien frappée.
Tout le monde est d'accord sur les trois premières
lettres hvi; mais dans la quatrième, M. le duc de Luynes,
et après lui M. Blau, ont vu un s. Cependant, en se réfé-
rant aux médailles de Phamabaze, les seules où cette lettre
ait été reconnue avec certitude , il est facile de s'assurer
qu'elle a ime forme complètement différente; elle y est tou-
jours figurée ainsi 7, et cette forme se rapproche beaucoup
de celle usitée dans l'inscription d'Eschmunasar, ? . I^
lettre qui nous occupe a une toute autre forme. A; les
deux jambages sont égaux, également inclinés, et sans
aucune courbure ; c'est évidemment un ghimel ; cette lettre
ne s'était pas encore rencontrée sur les monnaies de l'Asie
Mineure; mais on la voit sur celles de Gébal en Phénicie,
et sur le sarcophage d'Eschmunasar, et sur ces deux mo-
numents elle a exactement la même forme que sur notre
• médaille, forme qui a été conservée dans l'alphabet grec
d'Athènes jusqu'à l'archontat d'Euclide.
La cinquième lettre de notre légende est un zaln, exacte-
tement semblable à celui des médailles de Tarse. La sixième
est un vav^ comme dans la légende du revers, et dans celle
de Téribaze, et enfin la dernière est un daleth ou un rrscA,
ET DISSERTATIONS. 7
exactement semblable aux deux resch du revers. On peut
donc lire "iiîaSyi, en se conformant rigoureusement aux
exigences de la critique paléographique.
Gazor est le nom indigène de la ville appelée Gazkira
par les Grecs ; ville située sur l'Iris et ancienne résidclnc^
des souverains du pays, mais abandonnée au temps de
Strabon. (FaÇeoupa, TraXaiov Paot7eto», vCv d' eprifiov.
Strab., XII, 3, 15). C'est près de Gaziura que Mithridate
mit en déroute le général romain Triarius (Dion., XXXV,
12). On ne sait rien d'autre de cette ville, qui conserva
son atelier monétaire sous les derniers rois An Pont, ûnsi
que l'attestent les médailles frappées à cette époque avec la
légende rAZIOTPiîN et les types ordinaires de la province.
J'ajouterai qu'il existait sur la côte, entre Sinope et Tem*
bouchure de l'Halys, un endroit appelé TaÇoupov, eu
Zsr/opa , dans les périples du Pont Euxin , et raXopov dans
le texte de Ptolémée. (Voy. Arrian., Periph 21, et la note
de MuUer, dans les petits géographes. )
Le mot Gazor est purement sémitîque.^ Il y avart en
Palestine , sur le territoire de la tribu d'Éphraïm , une ville
autrefois capitale des Cananéens, et appelée en hébreu l'ra ,
nom que les Septante écrivent Ta^ep^ et qui dans les livres
des Maccabées a revêtu une forme plus hellénique , TaÇorpa
( Josuf , X, 38 ; XII, 12^ etc I Macab., XIV, 34). Une peu-
plade vivant parmi les Philistins et sans doute originaire de
Gazor se nommait nîa (I Sam , XXVII, 8).
Quoi qu'il en soit de ce rapprochement» qui semble éta-
blir un rapport entre les populations de la Cappadoce et de
la Palestine , le Baal-Gazor doit être assimilé au Baal-
Tars des monnaies ciliciennes ; c'est la même divinité su-
prême, analogue au Zeus des Grecs, et adorée par toutes les
populations sémitiques qui s'étendaient depuis l'embou-
8 MÉMOIRES
chure de FHalys jusqu'à celle du Cydnus. Nous verrons
plus loin un autre exemple de l'usage de mettre le nom
d'une divinité à côté de son image sur les monnaies.
La légende dont nous venons de proposer une nouvelle
lecture a été lue fort différemment par nos devanciers ^ M. le
duc de Luynes {Num. satr., p. 37) lisait iids Svi, Baal-
Phégory et M. Blau -^lais hvi^ Boal-Phartiouk {ZeUschrift
der Morgenl. Gesellschaft, 1855, p. 87) ; mais ces deux savants
ne connaissment pas la belle pièce du Musée Britannique que
nous avons publiée, et sans laquelle il eût été impossible
d'arriver à une lecture certaine. Il est difficile d'expliquer
la présence sur la même médaille des lettres araméennes
ordinaires et des lettres carrées ; c'est une de ces singularités
qui se rencontrent quelquefois dans la numismatique, et
celle de Tarse en offre une analogue en réunissant sur la
même pièce une légende en caractères ordinaires , et une
en caractères cursifs.
Il me reste à dire quelques mots d'une médaille de la
même catégorie que les dernières, mais dont la légende
est différente.
10. Baal assis , une main appuyée sur un sceptre , et
tenant de l'autre un aigle et une grappe de raisin ; à côté,
la légende nnt..?
^. Griffon dévorant un cerf; légende nulle ou effacée.
iîV. 5»
( Blau, De Num. Achœmen. , tab. I , n" â. )
Je ne connais cette pièce, qui fait partie de la collec-
tion de M. Blau , que par le dessin qu'il en a donné lui-
même , et d'après lequel la pièce serait en mauvais état.
De l'aveu du savant philologue, la légende du droit est
incomplète, et il a dû y en avoir une seconde sous le
griffon. 11 vaut mieux attendre un nouvel exemplaire de
ET DISSERTATIONS. 9
cette importante médaille, et s'abstenir de toute conjec-
ture îvu sujet de la légende; je me bornerai à dire que Tin-
terprétation qu'en propose M. Blau est trop contraire aux
règles de la numismatique de cette époque , pour pouvoir
être acceptée par les nimiismatistes.
VII. Abd'Hadad^ dynaste d'HiérapoUs en Sp'ie.
1. Tête de la déesse Atergatis de face , avec deux longues
tresses de cheveux et coiffée d'un diadème élevé; d'un
côté la légende invinv , et de l'autre le chiffre phénicien
qui indique le nombre vingt.
H. Personnage barbu , vêtu d'une longue robe , coiffé
d'un bonnet conique, debout sous un portique soutenu
par deux colonnes; il a la main droite élevée, et devant
lui est un thymiatérion ; derrière lui la légende "nn-Tiv. —
Médaille fourrée.
(Collection de M. le duc de Luynes, pi. II, n* 1.)
2. Même tête , tournée à gauche ; derrière, les chiffres
phéniciens 20 et 10; devant, les restes d'une légende,
probablement la même que sur la pièce précédente.
^. Personnage coiffé de la tiare, debout avec un écuyer
qui tient les rênes, dans un char attelé de deux chevaux.
Au-dessus, la légende TTmiv. Le coin du revers a glissé,
de sorte qu'il y a quatre têtes de chevaux au lieu de deux,
et que les trois dernières lettres de la légende sont dou-
blées et confuses. — M. Poids, 86%60.
(Cabinet de M. le duc de Luynes, pi. II, n* 2. )
La première de ces deux médailles a déjà été publiée
par son savant possesseur [Num. satr.^ p. 39, pi. V),
qui l'a attribuée à un satrape incertain de Syrie , nommé
Abd-Hadad. Dans la légende qui accompagne la tète de la
10 MÉMOIRES
divinité, M. de Longpérier a reconnu le nom de la fameuse
déesse syrienne Atergatis {Journal Asiatique, b* sérient. VI,
p. 428; Blau, Zeitschrift der }torgen(. Ge»lhch., 1852,
p. 478). M. de Longpérier a fait remarquer que dans ce
mot comme dans plusieurs autres mots hébreux et ara-
méens , Vain a la force d'une gutturale, et il cite à ce pro-
pos le nom du dieu -ïivs Syi , dont on a fait Baal-Péor, ou
Baal-Phégor. Gesenius , dans son lexique ( in voce v) , a
réuni d'autres exemples de la même particularité , enti*e
autres, le nom de ville ntr. écrit par les Grecs Vâ^lioi. Le
nom de la déesse syrienne s'écrivait «nvin, ou KD^nny, et
Ton comprend maintenant la diversité des formes sous
lesquelles le nom est écrit par les auteurs grecs et latins,
Thirgatao, Derketo, Atergatis, Athara. (Voy. Movers,
Phœnizier, 1 , p. 594. )
La seconde médaille a été publiée par M. de Lnynes dans
cette Revue (1860, pi. XI, nM, p. 310), et attribuée à Ab-
démon, roi de Citium ; dans un article sur les monnaies de
Marium en Cypre {Rev. fium.,1860, p»2), j'avais adopté
cette attribution ; mais depuis lors ayant eu occasion d'exa-
miner la médaille elle-même, je fus frappé de l'identité de
la tête de divinité avec celle de la médaille d'Abd-Hadad, et
je ne tardai pas à m'assurer qu'elle portait la même lé-
gende ; le coin a glissé sur la partie gauche du flan , et a
doublé les têtes des chevaux ainsi que les trois dernières
lettres de la légende , ce qui leur donne effectivement l'ap-
parence de y\i2 plutôt que de tth. Cette rectification , que
j'ai soumise à M. le duc de Luynes, et dont il a reconnu la
justesse, montre que les deux pièces appartiennent au
même personnage ; il a existé sur la seconde une légende
devant la tête d' Atergatis, dont on ne voit que le bas des
lettres , mais qui parait être la même que sur la première
ET DISSERTATIONS. H
médaille. De plus, elle porte la date 30; la première pièce
porte la date 20 ; mais on ne peut être sûr que cette date
soit complète , car la pièce est fourrée , et une portion de
la lame d'argent a précisément été enlevée au-dessus du
chiffre 20. Comme l'a très-bien remarqué M. de Luynes,
ces dates ne peuvent se rapporter qu'au règne du roi de
Perse, ou à celui d'Abd-Hadad lui-même; il est diflScile de
choisir entre ces deux hypothèses , car il y a des exemples
dans les deux sens. Les décrets de Mylasa en Carie , sous le
satrape Mausole, sont datés des années de règne d'Ar-
taxerce Mnémon et Artaxerce Ochus; d'un autre côté, les
inscriptions des rois de Sidon , Eschmunasar et Bodaschto-
reth , sont datées des années de leur propre règne. Toute-
fois, j'incline à croire que l'année exprimée sur les mé-
dailles d'Abd-Hadad est celle du règne du roi de Perse, son
suzerain. Dans ce cas, il ne peut être question que d'Ar-
taxerce 1 ou II, les seuls rois dont le règne ait dépassé
trente ans ; mais le style des médailles et surtout l'absence
du carré creux ne comportent pas l'époque d' Artaxerce I,
mort en A25 ; tandis que les indications monétaires s'ac-
cordent parfaitement avec le règne d' Artaxerce Mnémon,
dont la trentième année tombe en 375.
L'existence d'un prince nommé Abd-Hadad , ou Ebed-
Hadad , en Syrie au iv* siècle , est un fait intéressant , en ce
qu il se rattache en quelque sorte à l'histoire biblique.
M. de Luynes a déjà fait remarquer combien le radical
Badad entre fréquemment dans la composition des noms
propres royaux de la Syrie et des provinces voisines ( Num.
satr.^ p. 105). Au x* siècle, le roi David soumit un prince
nommé Hadadhézer, qualifié de roi de Tsoba , et dont les
domaines étaient voisins de TEuphrate; il vainquit égale-
ment les Syriens de Damas , venus au secours de Hadad-
12 MÉMOIRES
liézer. Le roi de Damas n'est pas nommé dans la Bihie;
mais Nicolas de Damas^ racontant les mêmes faits d'après
les chroniques de sa patrie, lui donne le nom de Hadad *.
Selon cet historien , Hadad avait étendu sa domiiiation
sur toute la Syrie , mais non sur la Phénicie, avant d'être
vaincu et rendu tributaire par David. Ses descendants con-
tinuèrent à régner à Damas pendant dix générations, tous
portant le nom d'Hadad ; le troisième d'entre eux , le plus
puissant de tous, vengea la défaite de son ancêtre; il
envahit le royaume d'Israël et le ravagea. C'est le prince
nommé Ben-Hadad dans la Bible {\ Reg,^ XV^ 18) , et qui
combattit contre Bahasça , roi d'israëh
Un autre Ben-Hadad, son (ils, alla mettre le siège devant
Samarie , vers la fin du règne d'Achab, mais fut mis en dé-
route parce prince (I Reg.^ XX), et il y eut encore après
lui d autres rois de Syrie du même nom.
Bien que plusieurs d'entre eux aient évidemment été
connus sous d'autres noms, il est très-probable qu'Hadad
était en Syrie leur nom officiel, comme Ptolémée celui
des rois d'Egypte. Quand le dernier roi de Syrie, Retsin,
fut vaincu et mis à mort par Tiglath-Pilézer, il est très-
possible que sa famille ait continué à gouverner une
portion de la Syrie, comme tributaire du roi d'Assyrie,
et rien n'empêche de voir dans TAbd-Hadad de la mé-
daille un rejeton de cette famille. Les caractères ara-
méens de la légende ne laissent aucun doute sur son
origine syrienne, car sa fabrique est trop particulière pour
qu'on puisse l'attribuer à aucune des villes importantes da
* II Samuel, B\ I Chron., 18. Cf. I Beg,, XI, 23. — Dans Samuel, il est ap-
pelé Hiidadhëzer; dans les Chroniques, Hadarhëzev : la confusion entre 1 et
T <^taît déjà ancienne. — Kic. Dam., fr. 31, cd. Mullcr.
ET DISSERTATIONS. 13
littoral, qui ont presque toutes laissé des médailles contem-
poraines. Quant au district gouverné par Abd-lladad , on
peut hésiter entre Damas et Hiérapolis : cette dernière ville,
appelée as^a en syrien, mot dont les Grecs ont fait Bambyce,
était le siège principal du culte d'Atergatis. (Cf. Lucian.,
DcaSyria.)
J'incline donc à croîi^e que ces pièces sont sorties de Tate-
lier de Bambyce, et je regarde Abd-Hadad non comme un
satrape, mais comme un dynaste héréditaire du district;
sur Tune des médailles il est représenté en costume royal,
avec la tiare, et monté sur un char ; sur l'autre , il est vêtu
d'un costume qui ressemble à celui des prêtres juifs , et il
sacrifie.
Jusqu'à présent on n'avait eu que des médailles frappées
dans des villes du littoral , et il y a peut-être quelque ténîé-
rité à aller chercher dans l'intérieur des ateliers monétaires,
autres que ceux des rois de Perse. Cependant la monnaie
d' Abd-Hadad ne peut guère avoir été frappée dans une
ville du littoral , et la pièce de Gaziura, en Cappadoce, est
un autre exemple du même genre.
Du reste , je ne suis pas le premier qui ait proposé d'at-
tribuer des médailles à des ateliers de l'intérieur de l'em-
pire. M. Blau, dans un travail remarquable d'ailleurs à plus
d'un titre , et qui nous a été fort utile, attribue à un satrape,
Tabalus, et aux villes de Nisibi et de Ninive , en Mésopo-
tamie, les médailles où M. de Luynes a cru reconnaître les
noms de Dernès et de Syennésîs ; je ne crois pas que per-
sonne ait encore trouvé le secret de ces singulières légendes ;
elles demeurent une énigme qui exercera encore la saga-
cité des savants ; mais dès à présent je veux protester contre
l'exil que M. Blau fait subir à ces pauvres pièces , et je suis
sûr que j'aurai les numismatistes avec moi ; elles appar-
ià MÉMOIRES
tiennent certainement à Sidé, en Pamphylie, et n* ont jamais
pu être frappées en Mésopotamie.
VIIl. Satrapes de la Lyrie.
i. Tête de Pallas à droite.
i)\ APTOAriAPA (en caractères lyciens) ; tête barbue du
satrape; le tout dans un cercle perlé creux. — ^. 6.
Poids, 7^^,95.
(Musée Britannique. — Voyez Fellows, Li^cian Coin»y
pi. XVll, 7.)
Cette médaille est sans contredit une des plus intéres-
santes qui aient été découvertes dans ces dernières années*
Elle nous donne le nom et sans doute le portrait d'un
satrape persan qui a gouverné la Lycie; et ce qui en
augmente encore l'intérêt , c'est qu'on a découvert dans
les ruines de Limyra le tombeau même d'Artoapara et
de son fils Apara (Fellows, Lycia, p. 207. — Spratt,
Lycta, II, p. 266, n° 22). Ce magnifique tombeau est orné
de bas-reliefs d'un très-beau style, appartenant à la belle
époque de l'art, et ceci coïncide avec la date fournie par la
médaille, dont la fabrique annonce les premières années
du IV* siècle. Autant qu'on peut en juger par les inscrip-
tions qu'il porte, et qu'on ne comprend que fort imparfai-
tement, il fut élevé par un Lycien nommé Téborssélé, et la
ville de Limyra à Artoapara et à Apara, qui doit être son
fils, bien que la parenté ne soit pas indiquée ; on connaît
la coutume souvent adoptée par les anciens, les Grecs aussi
bien que les Persans, de conserver dans les noms propres
d'une famille un radical tout en changeant l'autre; ainsi
Pbamabaze, fils de Pfaarpace, Artabaze, fils de Pharnabaze.
Le nom d'Artoapara se trouve également mentionné sur un
ET DISSERTATIONS. 16
tombeau à Pinara, élevé par un Lycien nommé Ddapsama
pour un de ses parents. (Fellows, Lycia, pi. XXXVI, 11.)
2. AAENEFEAE (en caractères lyciens). Tête de Pallas
dans un cercle perlé creux.
Rj Même tête de satrape ; de chaque côté , un symbole
inconnu.
(Cabinet de France, etc. — Voy. Luynes, Num.satr,,
pi. VII. —Fellows, Ij/cian Cotiw, pi. XVII.)
Cette pièce, dont il existe plusieurs exemplaires variés,
est exactement semblable pour la fabrique, le poids et les
tj-pes à celle d'Artoapara; seulement la légende est inscrite
autour de la tête de Pallas, et non autour de celle du sa-
trape. Le nom de Ddénéfélé est certainement lycien, et l'on
trouve sur les monuments funéraires de ce pays de nom-
breux exemples de noms propres ayant la même désinence,
ou commençant de la même manière ; il suffira de citer
Téborssélé à Limyra et Ddépinéfé à Myra. Il y a donc tout
lieu de croire que Ddénéfélé est le nom d'un dynaste ou
prince lycien qui a gouverné la Lycie, ou une partie de la
Lycie» vers la même époque qu'Artoapara. Les Lyciens ont
certainement eu au commencement du iv* siècle un prince
indigène; car c'est alors que vivait ce Périclès qualifié
par Théopompe de roi des Lyciens.
IX. Mimnaies à Teffigie d\irtaxerce Mnémon.
1. Tête barbue du roi, à droite, enveloppée de la mitre,
les cheveux frisés sur le front.
ij. BA2iA. Lyre ; traces légères de carré creux. — J^. 6.
Poids, 15»',27.
(Musée Britannique, pl. II, n"" A.)
2. Même tête à droite.
16 MEMOIRES
R). BAilAEiiS. Guerrier persan agenouillé, coiffé de la
tiare, tenant un arc de la main gauche et un javelot de la
droite; derrière lui, une galère avec ses rameui's. Le tout
dans un carré creux. — /^. 6. Poids, ili^,90.
(Collection de M. le général Fox, pi. II, n** 5.)
3. Même tête, tournée à gauche.
rJ. Partie antérieure d'un pégase. — Statère d'or.
(Musée Hunter. Voy. notre pi. II, n** 3 )
Ces trois médailles, surtout la première et la troisième,
sont d'un travail admirable qui soutient la comparaison
avec les plus belles œuvres des artistes de la Sicile et de la
Grande Grèce; les têtes surtout sont traitées avec une lar-
geur et une facilité qui dénote la main d'un artiste de pre-
mier ordre. La première pièce est connue depuis longtemps
et a été souvent publiée; les deux autres sont nouvelles;
et la seconde d'entre elles prouve d'une manière irrécusable
que la légende est complète et qu'il s'agit ici du roi de
Perse , du roi par excellence.
Il est aisé de déterminer l'époque où ces monnaies ont
été fabriquées; c'est celle où on commençait à abandonner
l'usage du carré creux sur les monnaies, c'est-à-dire le
commencement du iv* siècle. L'une d'elles a un carré
creux assez prononcé, la première n'en a que de faibles
traces, la troisième n'en a plus du tout; et cependant le
portrait sur les trois est absolument le même, et elles re-
présentent le même personnage. De plus, ces pièces n'ont
pu être frappées que dans la partie occidentale de l'Asie
Mineure, et probablement dans une des villes grecques du
littoral; car le statère d'or sort ceriainement de l'atelier de
Lampsaque, et les deux pièces d'argent sont d'un poids
qui n'a été usité que dans la portion hellénique ou hellé-
nisée de la Péninsule. Dans ce système, les tétradrachmes
ET DISSERTATIONS. 17
bien conservés pèsent 15s%25, et il a été en usage général
depuis la fin du t* siècle jusqu'à la conquête d'Alexandre,
dans la plupart des villes grecques depuis Cyzique jusqu'à
Rhodes, entre autres à Chics, à Samos, à Erytbrœ, à Éphèse,
à Cnide, à Cos, et c'est le seul employé par les rois de
Carie. Mais il ne s'étend pas plus loin que Rhodes, et les
monnaies lyciennes et ciliciennes appartiennent à des sys-
tèmes complètement différents. Ces considérations res*
treignent dans des limites assez étroites l'époque et la lo-
calité qui ont vu paraît^ ces médailles. Elles ne peuvent
avoir été frappées au plus tôt avant la révolte des Grecs
asiatiques contre Athènes en A12 ; car jusqu'alors les villes
grecques étaient tributaires d'Athènes et, à très-peu d'ex-
ceptions près, étaient entièrement affranchies de l'autorité
du Grand Roi. Ce n'est que pendant les dernières années
de la guerre du Péloponnèse que cette autorité commença un
peu à se rétablir, grâce aux discordes de Sparte et d'Athènes
et à l'influence que le jeune Gyrus sut acquérir parmi les
Grecs; plus tard, pendant la suprématie lacédémonieone,
lorsqu'Agésilas pénétrait avec son armée en Phrygie et en
Bitbynie, la domination persane n'existait plus dans l6s
provinces helléniques ; mais la victoire de Cnide (395) la
releva, et elle fut définitivement rétablie et reconnue par
tous les Grecs de l'Europe, à la paix d'Antalcidas (387).
C'est à ce moment que je place la fabrication de nos mé-
dailles. La seconde paraît un peu plus ancienne que les
deux autres, et peut avoir été frappée un peu plus t6t;
mais il n'en a pas été nécessairement ainsi; car l'usage
du carré creux a duré jusqu'aux premières années du
IV* siècle, et l'année précise où on l'a abandonné a dû
varier un peu suivant les ateliers et les usages locaux;
de plus , la fabrique de cette pièce est moins soignée que
18 MtMOIBES
celle des autres, ce qui indique un atelier de second
ordre. A en juger par le portrait qui est le même sur les
trois pièces, elles doivent avoir été frappées à des époques
peu éloignées, bien que dans des ateliers différents.
Nous avons donc ici un portrait authentique et admira-
blement exécuté d'Artaxerce Mnémon, qui régna quarante-
six ans sur la Perse, depuis 405 jusqu'à 359. A la paix
d'Antalcidas il était âgé d'environ quarante ans, et ceci
s accorde avec la tête des médailles, qui donne bien l'idée
d*un homme de cet âge.
Un savant, enlevé trop tôt à la science, et dont la mort
a été un deuil pour tous les amis de Tantiquitë classique,
a attribué la première des trois médailles à Cyrus le Jeune,
frère cadet d'Artaxerce Mnémon, et qui périt dans sa ré-
volte contre lui. (M. Ch. Lenormant, dans les Annales
de l'Inslilul archéologique^ t. XIX, p. 380 et suiv.) Mais ce
qui était une opinion très-plausible, lorsqu'on ne connais-
sait que cette seule pièce, n'est guère admissible en face
des documents nouveaux que nous avons publiés. Il y a
d'abord une difficulté historique, qui n'avait pas échappé
au savant auteur de cette attribution ; c'est que Cyrus en
partant pour son expédition tenait son projet profondément
secret ; il ne fut généralement connu qu'après que l'armée
eût pénétré en Syrie, et peu de temps après eut lieu la ba-
taille do Gunaxa où Cyrus perdit la vie. 11 ne s'écoula donc
qu'un intervalle de temps très-court , deux ou trois mois
au plus, pendant lesquels on put à la fois connaître eu
lonie les projets du prince et croire à leur réussite ; et
bkn que Cyrus fut certainement très-populaire parmi les
Orecs du littoral, il n'eût été guère en harmonie avec leursv
traditions d'autonomie de battre monnaie en son nom sans
y être contraints. Cependant à la rigueur^ et comme fait
ET DISSERTATIONS. 19
isolé, cela aurait peut-être pu avoir lieu ; mais nous con-
nsûssons mainteoaDt trois médailles frappées dans des villes
différentes, et probablement à quelques années d'intervalle,
et rhypothèse de Cyrus le jeune devient par là même inad-
missible. D'ailleurs, comme me Ta fait observer mon savant
ami, M. de Witte, les traits du visage gravé sur ces pièces
ne peuvent convenir à un prince mort à vingt-deux ou
vingt-trois ans, et j'ajouterai que Lampsaque dépendant
de la satrapie de Pbamabaze, et se trouvant en dehors de
l'influence de Cyrus, ne pouvait avoir aucun motif pour
frapper une médaille à son effigie.
11 est difficile de déterminer dans quellevillelesdeuz pièces
d'argent ont été frappées : la première sort probablement de
l'atelier de Colophon , ville dont les Perses avaient occupé
l'acropole dès 430 ( Thucyd., III, 34) ; la lyre est le type
habituel des monnaies de Colophon , et je ne vois aucune
autre ville située dans le rayon que j'ai déterminé plus haut,
qui puisse revendiquer cette médaille à meilleur titre ; car
Mytilène n'était pas soumise au roi de Perse, et les villes
considérables du littoral avaient toutes des emblèmes par-
ticuliers, auxquels elles restèrent fidèles pendant des siè-
cles. Quant à la seconde médaille, on ne peut rien en direw
sinon qu'elle a été frappée dans une ville maritime; son
travail est inférieur à celui des autres pièces, et je crois
qu'on ne se trompera pas de beaucoup en lui donnant pour
patrie quelque ville de la Carie, peut-être lasus, l'une des
principales forteresses de la côte.
Avant de terminer ce long article, nous allons tirer quel-
ques conclusions générales qui nous semblent résulter de
l'étude que nous venons de faire.
i" L'émission de monnaies des satrapes et des dynastes
20 MÉMOIRES
héréditaires, ainsi que celle des monnaies du roi de Perse
à légende grecque, semble commencer à la paix d*Ântal-
cidas, époque où, d*un côté, les Hellènes de TAsie farent
définitivement abandonnés par leurs frères d*£urope, et
de l'autre, l'empire persan fut déchiré par une suite con-
tinuelle de révoltes. On remarque à la même époque, un
affaiblissement de l'influence hellénique dans les provinces
araméennes de l'Asie Mineure, notamment en Cilicie; à
Tarse, les monnaies grecques et bilingues font place à de
nombreuses monnaies purement araméennes qui continuent
jusque sous les Séleucides.
S"" La langue dans laquelle est conçue la légende d'une
médaille est toujours celle de la province ou de la ville où
elle a été frappée, et où eUe est destinée à circuler.
Cette règle, si banale en apparence, a été cependant
souvent méconnue. L'on sait maintenant que les mon*
naies du roi de Perse sont grecques en lonie; celles de
Pharnabaze, grecques à Gyzique, araméennes à Tarse;
celles de Datame, grecques à Sinope, araméennes en Ci<
licie; celles des satrapes de la Lycie et de la Cappadoce,
lycieunes et araméennes.
3* Le droit monétaire n'était pas dans l'empire persan,
ni même dans l'antiquité généralement, l'apanage exclusif
du pouvoir politique suprême, comme il l'est de nos jours;
c'était un droit inhérent à chaque communauté, petite ou
grande, qu elle fût cité, principauté héréditaire ou satra-
pie. Eu fait, ce droit a été exercé pendant tout le cours de
la domination persane, concurremment et simultanément
avec la monnaie royale, par des villes, par des despotes lo-
caux, par des satrapes héréditaires ou revêtus de fonctions
extraordinaires.
Nous avons développé dans cette RevU'* (1856, p. 49, 50)
ET DISSEBTITIONS. 21
les preuves de cette assertion, qui ne peut plus être révo-
quée en doute, en présence du nombre toujours croissant
de médailles qui en démontrent l'exactitude.
&*" La langue en usage parmi les populations sémiti*
ques de l'Asie Mineure, notamment celles de la Cilicie et
de la Cappadoce, était la langue araméenne, c'est-à-dire
une langue très-voisine du phénicien et de l'hébreu, mais
qui s en sépare par certaines particularités grammaticales,
et dont l'alphabet présente des différences notables avec
celui qui était usité à la même époque en Phénicie.
C'est surtout dans le but d'établir ce point important que
j'avais entrepris les recherches dont je viens de soumettre
le résultat au lecteur; et j'espère avoir réussi à jeter un
peu de lumière sur la question, en rectifiant des attribu-
tions erronées et en appuyant de preuves nouvelles celles
qui m'ont paru être justes. En rendant à Ariarathe et à la
Cappadoce des médailles qu'on avait cru frappées en Pa-
lestine, en restituant au syrien Abd-Hadad la médaille qui
avait été revendiquée pour Abdémon de Cypre, on obtient
pour toutes ces contrées qui s'étendent depuis l'Euphrate
jusqu'à l'Halys un alphabet homogène, pareil à celui des
papyrus araméeos recueillis en Egypte ; et de plus, la ter-
minaison des noms propres en i et la présence de la par-
ticule n sur une médaille de Tarse, prouvent que la langue^
employée était la langue araméenne; et ce n'est pas sans
raison que les habitants de la Cappadoce étaient appelés
Leuco-Syri par les Grecs.
En comparant les médailles araméennes à celles de la
Phénicie proprement dite , on s'apercevra facilement
qu'elles forment deux classes bien distinctes ; elles diffè-
rent par les types, l'alphabet et le travail. L'alphabet uâté
sur les médailles phéniciennes est à peu près identique
22 MÉMOIRES
avec celui de rinscriptioii d'EschmuDazar, et paraît avoir
peu varié jusqu'à l'époque où les légendes phéniciennes
disparaissent des médailles ; mais comparé à l'alphabet de
Tarse, il présente des différences que nous avons signalées
dans le cours de cet article. Plus tard, on pourra avec plus
d'exactitude préciser l'étendue de ces différences à mesure
que les monuments se multiplieront, et j'ose espérer que
les observations que je viens de faire en rendront le clas-
sement plus sûr et plus facile.
W. H. Waddington.
ET DISSERTATIONS.
2i
BULLE BYZANTINE INÉDITE
DU MUSEE DU LOUVRE.
On sait combien sont rares les monuments qui appar-
tiennent à la sigillographie byzantine. A part un petk
nombre de sceaux ou cachets publiés dans quelques recueils
du siècle dernier, par M. Sabatier, dans son Iconographie
et dans la Revtie archéologique de Tannée 1859, et réunis
récemment, mais incomplètement, par les continuateurs de
MM. Bœckh et Fi*anz, dans le dernier fascicule du Corpus^
on en est encore à désirer un recueil critique qui contienne
tous les monuments de ce genre conservés dans les diffé-
rents musées de TEurope et dans les collections particu-
lières.
En attendant qu'un savant versé dans la connaissance de
rhistoire et des antiquités byzantines veuille bien entre-
prendre ce travail neuf et intéressant, nous sommes heu-
2& MÉMOIRES
reux de pouvoir mettre sous les yeux du lecteur un plomb
ou cachet inédit qui fait partie de la collection du Louvre,
et que M. de Longpérier a bien voulu mettre à notre dispo-
sition.
L'action de l'air est extrêmement corrosive sur ce genre
de monuments, qui se délitent sans cesse et se réduisent
insensiblement en poussière. Cette disposition à la granu-
lation ne contribue pas peu à modifier et même à dénaturer
la forme des caractères , et rendent souvent les légendes
très-difficiles à lire. C'est donc rendre un véritable service
à la science archéologique que de publier ces monuments
avant qu'ils soient complètement détruits.
Tel n'est pas toutefois le plomb que nous publions au-
jourd'hui. Rapporté d'Asie Mineure et donné au Louvre par
M. Waddington , il est dans un état de conservation par-
faite , et ne présente aucune difficulté pour la lecture. D'un
côté on trouve la formule , disposée en forme de croix :
XPICTG BOH0ei Tlî Cil AOTAlî (Christ, protège ton
serviteur) , et sur le revers la suite de l'invocation en
quatre lignes : ANA — P6AM— AAAâ — TOPI , c'est-à-
dire ANAPGA MAAAATOPI. Avant de nous occuper de cet
André et de la fonction désignée ici par le mot Maddaropi ,
disons quelques mots sur la formule qui précède. Cette
formule a cela d'extraordinaire , c'est que le mot XPICTG
remplace ici le mot KTPI6 , qui figure constamment dans
le monogramme répondant à cette invocation. Il n'y a ce-
pendant pas moyen de lire autrement. Le X est parfaite-
ment formé, le P se trouve sur la haste supérieure, le E (C)
est à l'extrémité droite de la croix , où on ne voit ordinai-
rement qu'un H. C'est la première fois , et peut-être cela
tient-il à quelque idée religieuse particulière , c'est la pre-
mière fois , à notre connaissance du moins , que le mot
ET DISSERTATIONS. 25
XPlCTe figure sur un plomb à la place de KYPIG * dans la
formule si connue et si multipliée sur les monuments du
même genre. Lo exemple analogue se présente cependant,
mais sur an marbre trouvé par feu Le Bas * dans Tile de
Délos. On y lit : XEBOH01 , Xpwri SoyM* N'ayant pas
sous les yeux le fac-similé de Tinscription , il nous est im-
possible d'apprécier et de fixer l'époque des caractères ,
mais nous avons tout lieu de croire que cette inscription est
antérieure aux Andronic, et qu'elle pourrait bien être à peu
près de la même époque que la bulle d'André. Citons encore
un autre monument, qui, bien que postérieur, mérite d'être
rapproché de cette bulle. 11 s'agit dune médaille • des
empereurs Andronic Paléologue et Andronic le Jeune avec
les lettres IC XC , Iraov; Xûwtô;, et la légende KTPI6
BOH0GI.
Occupons-nous maintenant du personnage mentionné
sur notre plomb , et de la dignité dont il était revêtu. La
légende complète, ainsi que nous l'avons dit plus haut,
est XPICÏ6 BOHeei ANAPGA MAAAAÏOPl. Quel est
ce mot Maoèxzopij qu'on ne rencontre nulle part, et à
quelle fonction répond-il ? Avant de l'expliquer, une obser-
vation me parait nécessaire. On sait qu'un grand nombre
des dignités de la cour de Constantinople étaient d'origine
latine , et que les désignations appartenaient à cette der-
nière langue. D'un autre côté, certaines lettres dans les
deux langues ne correspondaient pas exactement pour la
* Voyez tous les «xeiupleti fournis duos la collection du Corpui , n*** 9,027 et
suivants. — Un seul plomb donne IC , c'est-à-dire IHCOrC.
* Voyage archéoL, n« 8913, Dans le Corpus , sons le n* 9013 , on lit aussi
* Cette médaille a été publiée par M. de Sanlcj, Enai de clatiific . dei tnonn,
ftyzMi., pi. XXXII, D*6.
26 MÉMOIRES
proDODciation. De là des différeDces assez sensibles dans
l'orthographe d'un mot transporté d'une langue dans l'autre.
Le ÙL grec, par exemple, ne correspondait pas au D romain :
le premier était semi-aspiré, et les Grecs se trouvaient
très-embarrassés quand il s'agissait de reproduire le D des
Latins. De là au moyen âge l'usage de placer un point au-
dessus de cette lettre, ou de la remplacer par NT. C'est ce
qui explique pourquoi la particule De , qui précède le nom
des familles nobles de l'Occident était rendue par les
<yrecs NT G ; c'est aussi pourquoi le célèbre calligrapbe
du xvr siècle, André Darmarius, écrit quelquefois son
nom TUTapuLoipioq ^
Cette semi-aspiration du A grec en rendait la pronon-
ciation inc^taine et le faisait ressembler au T, surtout
<iuand il était précédé d'une consonne, du N par exemple.
L'orthographe était considérée comme peu de chose, pourvu
que la prononciation fût reproduite; d'où le AIA IIANAi2N
d'une ancienne inscription au lieu de AIA ITANTÛN.
Quanta la confusion du T et du D, soit chez les Grecs, soit
chez les Latins, elle est perpétuelle; aussi dans les monu-
ments épigraphiques trouve-t-on fréquemment aput et haut^
au lieu de apud et haud ^ Quintilien ' même fait observer
que dans les anciens manuscrits on lit Alexanter et Cassan-
ira. M. de Witte veut bien me communiquer une confusion
du même genre. Sur une coupe peinte qui porte la signature
d'Hiéron et qui est conservée au Musée royal de Berlin , on
lit A4>P0TIAE pour AcppoatTrj, et TVTAPEOI pour Twvôa-
^ Voyez entr« autres la sonBoription qu'il a mise à la fin du mannsorit grec,
DibL Coitlin , n* 163. Montfaucon écrit à tort TapfLdpto;.
* Voy. Heoael , Barmon, ling.^ p. 314.
» Orat., 1. I, c. IT, 16.
ET OlSSERTATIOIfS. 27
(>ett^^ Cette confusion se contioua pendant tout le moyen
âge; on en voit de nombreuses preuves dans l'orthogra-
phe des mots qui ont été transportés d'une langue dans
l'autre. Ainsi les Grecs écrivaient tantôt oec^evoeveiv et tantôt
it^&nvjuj. D'autre part on lit dans un vieux texte français,
TE$Urire de Erocles empereur (Hist. des Croisades, t. III,
p, 292) : «De ses riches homes que il apelent en greseis
arcondeê^ » qui n'est autre que le mot op/ovrc;. L'ortho-
graphe des mots grecs eux-mêmes d'origine ancienne subis-
sût les lois de la prononciation , et c'est ainsi qu'on était
arrivé dans le moyen âge à écrire d&rpoy pour âevâpov.
Nous pourrions multiplier ces exemples à l'inCni; il nous
suflSt d'avoir constaté par quelques-uns que les lettres D et
T (A et T) étaient perpétuellement confondues dans les
deux langues. Ajoutons que le A grec exerçait une certaine
influence sur la lettre qui précédait, lorsque cette lettre
était une consonne « au point d'en modifier singulièrement
la prononciation. De toutes ces explications ressort évidem-
ment la conjecture que je crois pouvoir proposer en toute
assurance sur la lecture du mot MAAAATOPI, qui n'est
autre que MANAATOPI , ancienne dignité de la cour de
Gonstantinople , dignité sur laquelle nous reviendrons plus
loin. Ce mot, d'origine latine, devenait |Liavdara>p ou fiav-
tarop chez les Grecs , qui écrivaient également fxavdxtw et
ftayroTov. Si d'un autre côté on se rappelle que chez ces
derniers la double consonne disparaissait dans la pronon-
ciation, le mot jutffvdatcdp ou fj^vraTcop devenait pour l'oreille
d'un Grec iiaicczo^p ou juacdaraip, ces deux mots étant pro-
1 Voyez J. de Witte, Cat. de vaut peints de Cantno, n* 129.Pari8, 1837, iD-8*.
— Revue de philolonie ,UU, p. 477. — Gerhard , TUnkechale wnd Gefàeee de*
K. Mfteemm* m Berlin, pi. XI et XII. ^ H. Brunn, Oeeehiehte der gr, £iimf<er,
t. Uf p. 696. Stattg., 1869, in-8*.
28 MÉMOIRES
ooncés de même. C'est ainsi que dans les acclamations
faites à T occasion des fêtes impériales, Constantin Por-
phyrogénète * écrit (fiW.c^îctfxe pour felicissime^ doublant et
dédoublant la consonne d'une manière irréguliëre. L'in-
fluence du A sur la consonne précédente se retrouve égale-
ment dans le mot irpav^coy, le brandeum des Latins, que
Ton écrivait quelquefois Trpaôiov. Citons encore le mot car-
dinal des langues occidentales , qui , cbez les Grecs, reçoit
les trois formes Kap3u/aXto;, KaWtva/.co; et Faddu/oXco;.
Nous n'insisterons pas davantage sur ces mutations nom-
breuses dans l'orthographe des deux langues provenant de
la prononciation; ces observations et ces exemples nous
paraissent de nature à justifier suffisamment la conjecture
que nous proposons.
Nous voici donc, du moins nous le pensons, en légi-
time possession du mot MANAATOPI. Voyons maintenant
quelle était cette dignité, et à quelle époque vivait le fonc-
tionnaire André qui en était revêtu. Déjà du temps de Godin
cette dignité avait disparu avec beaucoup d'autres, telles
que celle de Patrice, etc., qui ne sont point mentionnées
dans son ouvrage De olJiciis^ non plus que dans l'anonyme "
en vers sur le même sujet. Il nous faut remonter à l'époque
de Constantin Porphyrogénète , qui nous fournira tous les
renseignements nécessaires à cet égard , et qui nous aidera
à compléter l'article consacré par Du Gange au mot Mav-
^atcDp '. Les Mavoatopeç ( mandalores ) • comme leur nom
l'indique , étaient des porteurs d'ordres , fxavôatocpopoi.
11 y en avait d'attachés aux principaux dignitaires de l'em-
pire, dont ils prenaient la désignation, avec un chef ap-
> De administr, tmp., p. 21 et 136^ éd. Bonn.
* Voy. Man. Pbilœ Carmina, t. II, p. 407.
* Voy. son Usic, mtd, et inf, grxc,^ sub h, v.
ET DISSERTATIONS. 29
pelé TrpwTo/jtsvôaTwp. Ainsi le irpanoyo; tûv Avato/ixwv
av^t des jULoviarope; avec un rpwTOfxûcvâaTwp. Il en était de
même du Aoucarixo; Tôày a^oÀûv, du AopLeoTaoç twv e^oxov-
ccTwv, du Aoyn^érfA toO cTpaTiûi)Tiy.o5 * et des autres dont
on peut voir la liste dans Constantin Porpbyrogénète \
Mais les MovJaTopeç par excellence, appelés aussi Baai>^itoc,
étaient les porteurs des ordres impériaux , oî xof.h fiaoïî.i-
YM^ iixzxizGf, -ixyyzxrx Sioxovou/xevoi, et c'est probablement
dans cette dernière catégorie que doit être placé noire
André, qui a mis simplement sur son cachet MAAAATOPI*
comme relevant directement de Tempereur et ne dépendant
d*aucun des dignitaires cités plus baut. Nous pensons
aussi , d'après Texamen du sceau lui-même et des carac-
tères de l'inscription, que ce personnage a dû être à peu
près contemporain de Constantin Porpbyrogénète.
En résumé, nous avons là un monument très-curieux, en
ce qu'il est le seul connu jusqu'à présept qui mentionne la
dignité de MayOarwp.
E. Miller.
^ D* admin. fmp,, p. 737, éd. Bonit.
30 uLmoires
DESCRIPTION
DES
MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN.
(PI. XII, XIII, XIV ot XV. 1857.— PI. II. m et XVIU, 1858.)
Septième article. — Voir le n* 6 de 1857, p. 415; le n* l de 1858, p. 68;
le n* 4 , p. 319; le n» 5, p. 393; le n« 3 de 1859, p. 158, et le n* 4 de
1860 , p. 295.
1V« GROUPE.
SAUVIAC.
26. [- SALVIACO F. Tête à droite, ceinte d'un ban-
deau perlé se divisant en deux branches sur le front et se
prolongeant sur le col.
ij\ MADELINO MO +. Croix égale dans le champ, ac-
costée sous les bras des initiales L.E. de Lemovicas, et en-
tourée d*un grénetis.
Tiers de sou d'or. Troisième quart du vu* siècle. — Ca-
binet de M. B. FiUon.
C'est à l'obligeance de notre savant confrère, M. Fillon,
que nous devons le dessin de cette pièce inédite. Les deux
lettres qui sont dans le champ du revers nous donnent tout
n DISSERTATIONS. 31
(Uabord la preuve (l*une émissioD limousine. Nous ne pou-
vons avoir non plus de doute sur la place de Tatelier ; c'est
une localité appelée Salciacum dan» les anciens pouillés,
d'après lesquels elle était cbef-lieu d'une paroisse dépen-
dante de Varchiprêtré de Bénévent. Un titre de Tan 1250 '
nous fait connaître que Satriactim , aujourd'hui Sauviac (et
par une orthographe vicieuse des modernes Sauviat), était
alors le chef-lieu d*un bailliage confié à TadministratioB d'un
chanoine de Téglise de Limoges *.
NAILLAC.
27. ^- ANALIAGO- Tête à droite, ceinte d'un bandeau
perlé, terminé aux deux extrémités par deux bandelettes ;
buste habillé.
r\ -f AVDOBODO M. Croix égale ^ une couronne de perles
autour de la légende.
Tiers de sou d'or pur. Poids : l5»,25. Troisième quart du
vu* siècle. — Musée monétaire (hôtel de la Monnaie à
Paris).
Ce trions avait été mal reproduit jusqu'ici ; on avait vu
dans les deux bandelettes supérieures de la couronne la
lettre V, et on avait lu ÀnauKacum. Nous ne nous arrête-
rons pas à exposer les motifs qui, au point de vue du st}de
de fabrication et du type, commandent d'attribuer cette
pièce au Limousin ; il suflit de la comparer à celles qui
l'entourent'.
1 M Gregoritu concaDonicas... baiiivus pro tempore bnilic de SaWiaeo. «r
Mu. Bibliotb. impér., collect. Gaignière», t. 183^-184.
* M. l'abbé Arbellot doub fait connaître que, tout auprès du bourg de Sau»
viac, sur le cbemia de Saiut-Martin-Sainte Catherine , il existe un dolmen
remarquable. Rnuê archéologique dt la Bautê- Vienne , p. 12&.
* M. Fillon a bien reconnu l'analogie que présente cette monnaie avec celle»
32 MÉMOIRES
Quant au lieu d^émissioû, nous n'hésitons pas à le fixer
à Naillac '. Ce village reçoit dans un acte de 1185 le nom
d'Analiacum ', et dans la chronique de Vigeois celui d' J-
naliac '. Nous trouvons, au xiii* siècle, de nombreuses men-
tions du même lieu sous cette forme *•
Dès le XIV* siècle, le nom se présente privé de la syllabe
prostesthétique, sous la forme de Nailacum, Nailhacum^
Nalhacum % de même que Acuius mous a produit en der-
nier lieu Gumont, AgiracuSy Girac , Afriacum^ Friac *.
Enfin , au xv* siècle , nous le voyons dans la forme actuelle
NaiUacum\ Naillac.
BRILLIAU-FA (appelé depuis , par comiption, BREUIL-AU-FA).
28. — + BARACILLO FI. Tête à droite, avec un long dia-
dème perlé, recourbé en arrière et sur le front ; collier de
perles.
Pi. + MOPERATVS I {mderatvs). Croix latine potencée.
d'autres lieux du Limousin , tels que Carovicus et Brira , qu'il a seulement le
tort de mettre en Berry, sans toutefois, du reste, d«^terminer ni même proposer
une attribution précise ( LetlreiàM, Dugatt-Matifeux^ p. 65 et 66). D est plu
rationnel de laisser Briva à Brive, Carovicus k Cherviz et Ànaiiacum à Naillac.
M. Conbrouse , dans son Catalogue , propose un lieu appelé Nailly ; mais c^est
cne pore conjecture « basée uniquement sur une ressemblance de noms.
^ Dans le canton de Dun-le-Pallctean , arrondissement de Guéret (Crense).
* M Teste Bemnrdo de Ànaliaco^ arcliipresbytero , anno ab incamatione
Domini MCLXXXV. " Mss. Biblioth. impér., collect. Gaignières, t. 183-184,
p. 122.
s Dans Pb. Labbe, Non, Biblioth, ms$., t. II, p. 282. Cette cbroniqne a été
écrite à la fin du xii< siècle.
^ M Guido de Analiac ( ann. 1240 ) ou de Analbaco ( ann. 1254 ) ; Petms de
Analac ou de Analiaco. » /bt<i., t. 183-184, p. 69 à 72 , et t. 186 , p. 110.
» Ann. 1340 . 1364 et 1366. Loc. ciL, t. 185, p. 25 et 26.
« Cartulaire de Beaulieu, ch. XXXVII . CXCVI et CXXIV.
^ Ann. 1425, Mss. Biblioth. impér., ubi supra, t. 186, p. 607.
ET DISSERTATIONS. 3S
Tiers de sou d'or. Poids, 1»%16. Troisième quart du
>!!• siècle. — Musée mouétaire (hôtel delà Monnaie à Paris).
2Ô. h BARACILL (roreille de TefiDgie parait former
rO final). Tête ceinte d'un long diadème.
i^. + AEGVLFOS MO-* Croix ancrée et fichée.
Tiers de sou d'or. Fin du vir siècle ou premier quart
du VIII*.
(Conbrouse, Monét. mèrov.y pi. XII , n" 8, — Catalogtie^
loc. cit).
108. h BRICILLOO. Tête à droite; bandeau perlé
terminé au sommet par une grosse perle ; le buste et le col
ornés de perles qui se relient au bandeau sur la nuque.
ij\ + MODERATVS. Croix latine dans le champ.
Tiers de sou d'or. Poids, 1»%26. Troisième quart du
vn' siècle. -^Médaillier de feu M. de Mourcin, à Périgueux ^
109. h BRIEILLOO. Tète barbare, ceinte d'un long
diadème ; buste habillé.
ij. + MOPERi\T\S (iloderalus). Croix latine dans le
cl)amp.
Tiers de sou d'or. Poids^ 08%90. Fin du vir siècle ou pre-
mier quart du viii*. — Médaillier de feu M. de Mourcin, à
Périgueux.
HO. h BRICILLOO. Tète à droite, avec un double
bandeau perlé ; cordon de perles autour du buste.
R. -|- ... VOALPO 1. Croix latine, potencée, accostée de
globules aux premier, troisième et quatrième cantons.
Tiers de sou d'or. Troisième quart du vu* siècle.
{Conbrouse, Monèl. mérov , Supplément. )
* Ccst à Tobligeance de M. Lapeyre , bibliothécaire de la ville de Péri-
gueux , que D0U8 sommes redevable d« Tenvoi des empreintes de ce triens et
do suivant, ainsi que du Rufiactim {n* 117) qui est décrit plus bas : nous
nous faisons un devoir d'adresser à cet érudit nos vifs remerclments.
1861.— 1. 3
3A 3kil.M01RES
1 11 . — BARACILLO. Tête à droite, avec un double ban-
deau.
i^\ MObtRVVO V. (Légende corrompue de MODERATVS
MO ?) Croix aûcréet haussée sur deux degrés.
Tiers de sou â*or. Fin du nv siècle.
(Gonbrouse , Monéi, wiérov., pi. XII, n' 10. — Catalogue
rais, y ubi suprà.)
U origine des six triens que nous venons de décrire, ne
nous parait pas pouvoir faire Tobjet d*un doute. Il suffit,
pour la reconnaître, de comparer l'effigie et la couronne du
n"" 28 à celle de Sauviac (n* 26, qui a les initiales LE), les
ornements perlés, la couronne et la croisette du droit du
n** 108, à ceux de Limoges (n" 5 et 6) , de Ghervix et de Magnac
(n^* 18 et 19) , le double bandeau perlé du n* 110 à celui de
Juniillac et de Marsac (n^OO et 20) ; la croix du revers, dans
un champ largement espacé , et superposée à une croisette
engagée dans la légende, suivant un usage général dans le
monnayage limousin (u°'5, 11, 13, 18,19, 30, SI, 34, 40,
5A, 66, 57, 61, 63, 64, 70, 100, 114, 118).
La localité de xMaine-et-Loire appelée Baracé *, qui a été
proposée jusqu'ici par les numismatistes *, n'est donc pas ad-
missible : elle doit être, en outre, écartée par un motif aussi
péremptoire, tiré de la forme du nom d'atelier fourni par nos
légendes. En effet, des trois pièces n*** 28, 29 et 111 qui
l)orlent BaractOo,ilen est une (n^ 28) peut-être même deux,
qui sont signées du même monétaiFe que les triens qui por-
tent Bricilloo {ir' 108 et 109) . Ces pièces sortent évidemment
du même atelier, et comme, d'après la fabrique du n" 28,
[Baraciïlo) , il a précédé tous les autres, qu'il est d'ailleurs
1 Arrouàissement de Beaugé, canton de Durtal.
« Coubr., Cataloy, rais., u**]43 et 992. — Cartier et Guillemot dans leur*
listes.
ET DISSERTATIONS. 35
de principe que les Doms, en se coifh>mpant» se sont inces-
sammeut contractés, nous devons tenir pour certain que
Briddoo est la forme mérovingienne la plus récente du nom
de Baracillo, Or, sous aucun rapport, Bricilloo n'a pu pro-
duire Baracé.
Revenons au Limousin , qui est le pays d'origine de ces
triens. La forme de Bricilloo annonce visiblement la ten-
dance du mot à se restreindre encore pour donner Brilloo,
comme Paiigaso a formé Pageas, Limoyicas Limoges, Se-
roTEnnum Sarrou, etc. Près du canton où se trouvent Am-
bazac et Sauviac ( n**' 30 et 26 ) , les analogues du n" 28, il
est un lieu nommé, aux xvii* et xviir siècles, sur toutes les
cartes et dans toutes les listes, Brilliau^Fa ^ par Expilly,
Bréiillauffa ', et de nos jours, par suite de la tendance des
modernes à donner aux vocables géographiques la forme de
mots significatifs, Breuil-au-Fa '. Brilliau (Fa qui signifie fée
ou bien Iiélre^ a été évidemment ajouté au nom primitif de
Brilliau) , est une forme bizarre, qui ne s'explique qye par le
redoublement de Yo final de Bricilloo. Le c de Bricilloo^ avant
de disparaître, dut s'adoucir et se transformer en un g. Or,
nous trouvons en 1060 la signature d'un personnage de ce
même canton, appelé P. de BrigilL ^ (les dernières lettres du
nom ont été omises) ; et cette signature est placée entre celles
des seigneurs de Rochechouart et de Cbabanais, et sur une
charte de l'église de Limoges relative à l'église de Nieul,
voisine de Brilli^u-Fa. Après s'être ainsi affaiblie, la consonne
* Cartes da diocèse et de la proviuoe^ par Nolin ( 1742), par Jaillot At
Denis ( 1783 ) , par Dezanche ( 1788 ) .
* Dictionnaire de» Gaule» el de la France, t. I"^, p. 845.
' Alloa, De»crij)t. de» monum, de la Haute-'fienne ^ p. 304. — Arbellot, Rev,
archéol, du Litrunuin, p. 253. — Dictionnaire de la France^ par Duc'.os.
* Sot, CuMia. rUrist., t. II, p. 587.
SÔ MÉMOIRES
médiane du mot disparut et laissa la forme Briilloo ou Bril-
loo , qui est proprement le même que le Brillau ou BriUiau
du XTii* siècle.
Ce Ueu, situé sur la voie romaine qui de Limoges con-
duisait à PoitierSf est d'ailleurs fort ancien. On y connaît
un monument de la période gauloise : une pierre-levée ^ po-
sant sur le sol par une de ses extrémités , et environnée
d'autres monolithes, qui sans doute la supportaient autre-
fob \ Son église parait dater du xii* siècle.
AMBAZAO ».
30. h AMBAEIAEO. Tête à droite, ceinte d'une cou-
ronne perlée prolongée sur la nuque; le col et le buste
ornés de perles; le tout dans un grénetis.
ij\ + PASSENEI+MI. Croix latine, potencée dans le
champ. La lettre 0 de la légende est formée par une croix
grecque fortement pâtée.
Tiers de sou d*or. Poids , 1^,20 un peu fort. Troisième
quart du vu* siècle. — Cabinet de M. Cartier père.
31. h AMBACIACO FI. Tête à droite, d'un travail bar-
bare, avec le bandeau perlé, et le col ainsi que le buste
ornés de perles.
r\ + PASSINGIO MONETA. Croix latine dans le champ.
Tiers de sou d*or. Poids, 1^,16. Fin du vu* siècle. —
Cabinet de M. Cartier père,
M. Cartier père a attribué ces deux triens % de même que
* Allou et Arbellot, u6i suprà* Ces pierres ne peuvent provenir que de»
montngncs de Blon , qui était situé k une cert&ine distance au nord-ouest , '
et dont nous décrirons plus bas les monnaies.
* Chef>Iieu de canton , arrondissement de Limoges ( Haute- Vienne ).
5 RivuiHum., 1839, p. 436, pi. XVTn,ii»5.
ET DISSERTATIONS. 37
ceux d'Ambucea et à!Àmbaciavico\ à la ville d'Amboise..
Autant son opÎDion nous parait fondée à l'égard de ces
derniëi-es monnaies, autant elle nous semble inadmissible
relativement à celles di Àmbadacum. On peut juger en effet,
au simple aspect, qu'elles ne sont pas sorties du même ate-
lier que les précédentes, et qu'elles doivent être restituées
à Ambazac, en Limousin. Si on les examine en détail, on
remarque que notre n*" 30 présente :
1*" au droit, une effigie semblable aux n*" 5 et 6 (Limo-
ges), 18 (Gbervix) et 26 (Sauviac), qui sont incontesta-
blement du Limousin ; une couronne identique à celle des
numéros précités, et, en outre, à celles de Naillac, Brilliau-
Fa, Espagnac, Yssandon et Rouffiac (n** 27, 28, 70, 71,
106, 108, 115 et 117); les ornements de perles du buste
et du col , qui vont se rattacher à la couronne derrière le
col , et la croisette placée entre le prolongement de la cou-
ronne et le buste , semblables à ceux qui distinguent un
grand nombre de pièces limousines (n** 5, 6, 14, 18, 19,
20, 43, 63, 69, 76, 108, 116 et 117).
2^ Au revers, dans un champ dégagé d'ornements, une
forme de croix caractéristique du tjfpe limousin (Chervix,
Magnac-Bourç , Cursac, Brive , Espagnac, Fursac, Jumillac.
Brilliau-Fa, etc., n** 18, 19, 57, 63, 71, 84, 99, 109,
110, etc.).
Le n" 31 , quoique d'une émission plus récente et Jun
travail plus grossier que le n*» 30, nous offre encore, dans
les ornements du col et du buste, et dans la croix du re-
vers, des signes particuliers du monnayage limousin. D'ail-
' Voir les pièces d*AiiiboiM, Ambaeta et ilm6cirta , dans Conbroute , Monet,
miTO»., pi. III , n*« l à 4 , 7 et 8.
38 MÉMOIUKS
leurs, signé du môme monétaire que le précédent, il reçoit
nécessairement la même attribution.
L'analogie qui rapproche ces deux pièces des monnaies
limousines ne pouvait échapper à la sagacité de M. Fillon \
Aussi, tout en acceptant l'attribution que M. Cartier en
avait faite à la Touraine, cherchait-il à expliquer cette ana-
logie par Yinfluence de Vérole Umotisine. L'explication eût
été encore plus satisfaisante et plus complète , si le savant
antiquaire avait reconnu que nos triens sortaient d'un ate-
lier limousin.
Au point de vue philologique, notre opinion n'est pas
plus contestable. Les deux pièces portent distinctement le
nom d^Ambadacum; or Ambazac a porté, au moyen âge et
jusque dans le xii' siècle , le nom même de nos légendes,
dont il est d'ailleurs la traduction exacte *. Un ancien titre
des archives de l'abbaye de Saint-Augustin de Limoges,
contient en effet, à cette date, la mention du petit monastère
de Saint-Antoine d' Ambazac : a Sancti Antonii de Amba-
ciaco *. » Depuis, le mot a pris successivement les formes
suivantes : à la fin du xii* siècle, Ambaissac^ et, dès le
xni* siècle, Anibazacuin ou Ambazac *, conmie dans le noofï
actuel.
* M La trace ^ ses reflets ( de l'école limoasine) s* aperçoit sur les produits
de Tatelier d'Amboise. » Lettres à M. Dugast-Matifeux, p. 64.
* Àmbaciacum a produit Ambazac , comme Saraciacum a produit Sarazac ,
Ihraeiacvm, Darazac* etc.
> Mss. Biblioth. impér. — D. Cl. Stephanot., Ant, Bened. Lem.» t. I*%
p. 181 et 553.
^ Mss. Biblioth. impér., coUect. Gaignièret», t. 185, p. 48.
■ a Mansus de ia Chicza in parrocbia de Ambazaco, » ann. 1229. Loc. cit.,
p. 335. — Apud Amibazae^ prioratum de abbatia S. Augustini Lemovicensis.»
Acta visitatloDis Simonls archiep. Bitaric, anu. 1285, dans Baluze, Mitcel-
lanea , édit. de Mansi , t- 1", p. 289.
KT DISSERTATIONS. 3V^
Quant à Amboise , on n'a cité jusqu'ici et nous croyons
I)ouvoir assurer qu'il n'existe aucun titre où cette localité
soit désignée par le nom i' Àmbaciacum; elLe n'est donc
aucunement autorisée à en revendiquer les monndes. Ajou-
tons que les règles de la philologie s'opposent à ce que
jamais Amboise ait porté ce nom. Le suiBxe acut ou ac des
noms géographiques de l'antiquité et du moyen âge a pra-
duit des terminaisons diverses dans les différentes régions
de la Gaule. Tandis qu'il s'est maintenu sans modification
dans les pays du centre , du midi et du sud-ouest, il a passé
à la terminaison ec dans la Bretagne, f , ei ou ai dans le
Poitou , la Touraine , l'Anjou et le Maine , y, ey ou ay dans
le nord de l'Aquitaine, dans la haute Normandie, le Char-
train, le Parisis, etc., etc. *. D'après cela, le mot Amba-
ciacum aurait formé, en Tourame, AmJba^^ Ambasei ou
Aml^$ai, et non pas Amboise avec une désinence muette;
cette désinence se rapporte d'ailleurs très-bien à la termi-
naison féminine à'Ambacea ou Awbacia des trions touran-
geaux, à V Ambaliefisis {vicus) de Sulpice Sévère* et à
Y Ambaciêfisis ou mieux encore Ambiacensis {vicus) de Gré-
goire de Tours '. La finale d'AmbaciacHm se retrouve au.
contraire, comme toutes les maires hclionutriy dans l'Am-
bazac limousin.
Une autre circonstance vient confirmer notre attribution.
D'après les renseignements que M. Ardant nous a transmis,
le n* 31 , à la légende Ambaviaco^ a été par lui acquis d'un»
• Voir à ce sujet un excellent et remarquable mémoire de M. Alfred Maury ,
intitulé : Questionâ relatives à Vethnologie ancienne de la France , -dans Y Annuaire
de (a Société de$ antiquaire» de France ^ année 1853, p. 225.
• IHalog, de mirarul. S. Martini , dialog. 3, apnd Biblioth, majim. Patrum,
• Histor. ecclesiastic. Francor,, lîb. II, cap. xxxv, et lib. X, cap. xxxi.
- Miracul. S, Martini , IV, 40.
àO MÉMOIRES
marchand d'Àmbazac^ comme ayant été trouvé dans celle
bourgade. On ne saurait méconnaître que cette identité du
nom du lieu de la découverte avec celui de la légende, rend
la démonstration encore plus décisive.
Enfin Ambazac nous offre plusieurs témoignages d'une
haute antiquité : un tumulus à côté du bourg , les traces
de la voie romaine d'Auymtonemeium (Clermont) à Aiigus-
torUum (Limoges) par Acitodunum (Ahun), et un bassin
en granit, que Ton suppose avoir pu servir au baptême par
immersion \ A la fin du vi* siècle il existait sur ce point
un petit monastère mentionné par Grégoire de Tours ; cet
historien lui donne le nom d' Ambiacinum ', mais c'est là
évidemment une orthographe vicieuse, employée au lieu
d'Ambaciacum : nous en avons pour preuves directes, et la
dénomination actuelle et celle qui était encore usitée au
XII* siècle. Cette erreur de Grégoire de Tours s'explique
d'ailleurs naturellement par son éleignement du lieu dont
il parlait, et par l'habitude qu'il avait d'écrire le nom d'Am-
boise, Ambiacensis vicus.
M. Cartier a objecté que les deux pièces qui nous occu-
pent ne contenaient pas dans le champ les initiales LE ou
LEKIOt qui, dit41, se trouvent sur les monnaies mérovin-
giennes du Limousin '. La réponse est facile : un certain
* ÂUou, Description dea rnonmn, dé la Hûute-Vienne , p. 274» 276, 299, 308»
— Arbellot» Bev. archéoL de la Haute-Vienne, p. 133,
* a Itaqne quidam ex moDachis ,. nornine Gaadomeres , du monasterio Am*
biacini, qnod non longe ab urbe sHnm est. h Vit S, Aridii abbat, (Saint Yricix),
cap. XXXVin, édit. Roinart^ col. 1307. C'est Limoges qui est désigné dans
ce passage par le mot urbe : Ambazac est en effet à peu de distance au nord
de Limoges. Saint Yrieix était , comme on sait, abbé d^Attanumen Limonsin,
qui a pris an vu* siècle le nom de son fondateur, et a le titre de cbef-lie«
d'arrondissement dans le département de la Haute-Vienne.
» Rtv, num,p année 1855 , p. 404-405.
ET DISSERTATIONS. AI
nombre de triens de notre série ont en eflet, au revers, la
croix accostée des sigles précitées ; mais il en est aussi et
en grand nombre , qui ne portent pas ces marques , et qui
n'en sont pas oioins notoirement et sans contestation du pays
Limousin. Nous citerons ceux de Limoges même (n"*' A, 5,
6, 8, 9 et 10) , d'Dzercbe (n** 47, 49, 50, 52), de Ghabrignac
(n'35), de Saint-Yrieix (n* 42), de Chabanais (n" 46), de
Brive (n** 62, 63), d'Espagnac (n*71), etc., etc. Puisque
M. Cartier lui-même, malgré l'absence de Tinscription dont
il s'agit, a reconnu la provenance limousine de plusieurs de
ces pièces, il est évidemment non recevable à en arguer
contre Tattribution des monnaies d*Ambaciacum à la même
province.
En résumé, les deux pièces d' Ambaciacum procèdent évi-
demment du type limousin, et n'ont aucune analogie avec
celles à!Àmbacea ou Ambacia.
Ambada ou Ambacea est bien le nom latin d'Amboise;
nulle part, en aucun temps, Amboise n'a été et n'a pu être
appelé Ambaciacum.
Ambaciacum est le vocable d'Ambazac au moyen âge ,
et trouve d'ailleurs sa traduction exacte dans le nom
moderne, pour le corps du mot comme pour sa termi-
naison.
Ambazac est un lieu de haute antiquité, situé sur une
ancienne voie romaine, en possession d'un monastère
dès le VI* siècle. C'est là même qne l'un de nos triens a été
trouvé.
Concluons donc que ces monnaies ont été manifeste-
ment frappées à Ambazac, et qu'il est peu d'attributions
géographiques de monnaies mérovingiennes, qui présentent
un caractère aussi prononcé de certitude.
h"! MÉMOIRES
BRIONNE.
32. aRIO.N,.A, Tête à droite; couronne perlée, terminée
sur le front par deux bandelettes; buste habillé.
H. CHARVARICVS. Croix égale^ sur un petit globe, dans
un grénetis.
Tiers de sou d'or. Fin du vu* siècle.
(B. Fillon , Lettres à M. Dugast-Matifeux , p. 66, pi. Il,
n» 4.)'
M. Fillon , dans l'ouvrage précité, a cru pouvoir attri-
buer ce trions au pays Chalonnais et à la ville de Brienne \
Mais, d'une part, nous observons que la croix du revers est
semblable à celle de deux pièces de Limoges (n** 5 et 6) et
de beaucoup d'autres monnaies limousines; d'autre part,
te simple rapprochement de son efligie et de celle d^Amba-
ciocum (n* 32) nous prouve que c'est dans le voisinage
d'Ambazac qu'il faut chercher cet atelier. Or, près d'Am-
bazac, et dans le même archiprètré (qui était celui de Béné-
vent) , il existait, d'après les pouillés du diocèse, un chef-
lieu de paroisse appelé Briona. Ce lieu est aujourd'hui
nommé Brionne, et situé sur un petit affluent de la Gartempe,
canton de Saint- Vaulry, arrondissement de Guérét (Creuse).
Nous pensons qu'il convient d'y reconnaître l'atelier d'où
est sortie notre monnaie mérovingienne.
PINEAU (LE).
106. PINO FITVR. Tête à droite ; couronne de perles, pro-
^ M. Guillemot et M. Conbrouse, dans loors catalogues des inonuaies mé-
rovingiennest indiquent comme lieu d'émission de cette monnaie, nne localité
du nom de Brion; mais ce mot ne pourrait en aucun cas convenir au féminin
Briona,
ET DISSERTATIONS. 45
kmgée aux deux extrémités; buste habillé; daiis ud cercle
de peiies.
K. ILDLBOPV...MI (lldebodus. mi). Croix haussée sur
deux degrés, dans on cercle de perles.
Tiers de sou d'oi*. Poids , l^ylb. Troisième quart ou fin
da TU* mècle. — Cabinet de H. Pooton d'Améeourt.
107. — PIXO FITAR. Tète à droite, couronnée de perles;
buste habillé.
i{\ ILDERO....MH. Croix égale, surmontée d*un point,
haussée sur un degré au-dessous duquel est gravé un point
plus petit, accostée sous les bras de la lettre L de manière
que les deux lettres soient en sens inverse , séparée de la
légende par un grénetis.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«%20. Fin du vu* siècle.
— Cabinet de M. Ponton d'Améeourt.
L'initiale de Lemovicas , qui est aux côtés de la croix du
»• 107, désigne clairement le pays d'origine de nos deux piè-
ces. Quant à la place de l'atelier d'où elles sont sorties, nous
ferons remarquer, quant au n* 106, la forme identique de
la couronne et de celles de Sauviat (n"* 26) ou de Brilliau-Fa
(n* 28) * ; le dispositif du buste, semblable à celui de Locus-
sanctm (n* 105) ; la croix posée sur deux degrés comme celle
de notre n* 111. L'effigie et la couronne du n" 107 ressem-
blent à celles de notre n* 102. Enfin, les caractères des
légendes sont visiblement approchants de ceux des Brilliau-
Fa. Il résulte de ces observations que le lieu de fabrique de
nos deux trions est voisin du groupe n* 3, et plus encore
peut-être du quatrième groupe. Or, une charte du x* siècle
contient la donation d'une viUa appelée Ptno, et située en
* Lft gravnrc du n* 106 ne donne pas nne idée exacte de Teffigie, qni a
sar le front nne houppe caractéristique dn type limonsin et on particnlicr
dt Limoges n** 2 , 5 « 6.
hà MÉMOIRES
Limousin, dans la vicairie de Peyrilhac, qui est près et au sud
de Brilliau-Fa et au nord-ouest de Limoges : « De alodo meo^
qui est in urbe Lemovicino, in vicaria Padriliaco, manso uno,
cum curte et prato , et in ipso loco, villa quae vocatur
PINO, boc sunt mansos v etbordaria i '.Ce lieu est sans
doute le village nommé actuellement Pineau (reproduc-
tion vicieuse du vocable Pino)^ et placé au sud-ouest de
Peyrilhac , sur la rive gauche de la Vienne , près de
Sainte-Marie de Vaux '. La terminaison latine en o s'est ici
transformée en au , comme cela est arrivé pour le nom de
Bricilloo^ qui a produit le vocable français Brilliau,
{La suite à un autre numéro.) Max. Deloghe.
I Mss. Biblioth. impér., Dépôt des chartes.
* Une charte du cartulaire de Tulle , datée de 945 , nous fait connaître on
lieu appelé PintM, situé près de Rosiers : << Dono S. Martino et suis monachis
y mansos in loco qui dicitur PifHM... •• ( Baluz., Hist. Tutel.f col. 370. ) Mais
le type particulier de nos deux pièces ne se rapporte pas à celui du sixième
groupe , dans lequel sont contenus Rosiers et son territoire.
KT DISSERTATIONS. ^5
QUELQUES MONNAIES RARES OU INÉDITES
DE LA BIBLIOTHÈQUE DE MARSEILLE.
( PI- "I. )
Troisième article. ^ Yoi? len* 1 ie 1860, p. 43, et le n«» 3, p. 214.
Daos le chapitre consacré à la ProveQce, le second
volume des Monnaies féodales de France de M. Poey
d'Avant cite rarement le Cabinet numismatique de Mar-
seille. Je le regrette d'autant plus que, outre les rares
pièces que J'ai publiées dans la Revue y et qui ne figurent
pas dans cet ouvrage, nous eussions pu donner à son au-
teur les dessins de quelques monnaies qui, même aujour-
d'hui, sont encore inédites. Mais, pour être vrai, disons
que lors du passage de ce numismatiste dans notre ville ,
il y a quatre ou cinq ans, je crois , je n'avais pas encore
pris sérieusement la direction oITicieuse du Cabinet des
médailles , et je n'avais pas fondé une galerie spéciale des
monnaies de la Provence depuis l'origine de Marseille jus-
qu'à nos jours. J'ai obtenu pour résultat la réunion d'en*
viron quinze cents pièces de cette série appartenant aux
époques grecque, romaine, mérovingienne et carlovin-
gienne, ainsi qu'au royaume et au comté de Provence.
Enfin, lorsque M. Poey d'Avant nous a visités, je n'avais
ÂO MÉMOIRES
pas encore été assez heureux pour faire attacher à la bi-
bliothèque, en qualité d'employé, le très-habile dessina-
teur avec le concours duquel je travaille à établir la
monographie des monnaies provençales. Nous sommes
heureux de mettre aujourd'hui à la disposition des numis-
matistes une agglomération monétaire que tous nos efforts
tendent, sinon à compléter, du moins à enrichir, et de leur
offrir, grâce au talent et au bon vouloir de M. Laugier, notre
employé dessinateur, des dessins qu'ils peuvent nous deman-
der sans crainte de refus , et dont nous leur garantirons tou-
jours la scrupuleuse exactitude. C'est une nouvelle voie dans
laquelle nous avons fait entrer la bibliothèque de Mar-
seille. Puissent d'autres villes, et surtout la Bibliothèque
impériale , imiter cet exemple ! Si M. Poey d'Avant publie
un supplément, je me mets à sa disposition.
En dehors de la partie purement monétaire , Marseille
possède deux monuments du moyen âge de la plus grande
rareté : ce sont deux bulles d'or encore attachées à leurs
chartes. Ces deux sceaux d'or ont été récemment décou-
verts dans les archives de l'ancien chapitre de Saint-Sau-
veur d'Aix ; ils se composent chacun de deux feuilles d'or
minccis, frappées d'abord séparément comme des brac-
téates, soudées ensuite sur les bords , et entre lesquelles
passait le lac de soie.
N" 1. K:SCD'S.D.GRA.REX.IRL'M.SICIL'.DVCAT.APVL'.
Z.PNCIPAT.CAP. {Karolus secundus^ dei gracia rex Jérusa-
lem , Siciliœ , ducatus Apuliœ et principatus Capuœ.) Le
prince assis, couronné, tenant de la main droite un sceptre
fleurdelisé, et de la gauche un globe crucigère.
i}\ PROVinCIEiETiFORCALQVERIIiCOMES. Écu de Pro-
vence aux fleurs de lis sans nombre , avec lambel à quatre
pendants (pL III, n'» 1).
Et DISSERTATIONS. 47
Ce sceau est fixé à une charte du 24 novembre 1292,
par laquelle sont réglés les droits de justice, d'affouage et
'le redevances sur le bourg de Saiut-Sauveur d'Aix. Ces
divers droits étaient revendiqués à la fois par le comte de
Provence et par le pouvoir ecclésiastique du chapitre. Une
transacUon intervint , qui est longuement détaillée dans
cet acte.
Charles II , ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer
sur plusieurs monnaies, ajoute à son nom le mot chrono-
logique secundus.
^ % PROVICIE FORCALqVERIl AC PEDimonTIS
COmES. Robert assis sur un siège à fuseaux dans la même
attitude que Charles 11 sur la pièce précédente.
k\ + ROBERT.DEI.GRA.REX.IRL SIClL DVCAT APVL
PnCIPAT CAPVE. {Robertus, dei gracia rex Jermakm,
5tctli>, ducatus Apuliœ ^ prindpatus Capnœ.) (PL III,
M- 2.)
Écude Provence aux fleurs de lis sans nombre. La finesse
du travail et la netteté des ornements qui encadrent Técus-
sori sur ses trois côtés sont remarquables. Contrairement
à Tusage , le nom du prince ne se trouve pas placé sur la
face qui porte son image.
A tous les titres pris par son père , Robert ajoute ici
celui de comte de Piémont, qui ne pouvait effectivement
pas figurer sur une charte de 1292 , puisque ce n'est qu'en
130(5 que ce comté fut réuni à la Provence par Charles IL
Robert, monté sur le trône en 1309, prit ce titre sur un
rare demi-lis que possède, la bibliothèque de Marseille,
pièce qui se trouve dessinée irrégulièrement sur la pi. V,
n" 5, de Saint-Vmcens, et que nous donnons plus loin sous
le n* 6.
Revenant au sceau qui nous occupe , nous dirons que
A8 MÉMOIRES
l'abbaye de Sylvacane fut fondée au xii* siècle par la maison
des Baux, selon les uns, et par le chapitre de Saint-Sauveur
d'Aix , selon les autres. Elle devint très-promptement une
des grandes abbayes de la Provence. Le voisinage de
Montmajour et l'extension de ce monastère de bénédictins
lui furent plus tard nuisibles, et au xV siècle Sylvacane fut
réunie au chapitre de Saint-Sauveur d'Aix , et devint un
simple prieuré de sa dépendance. Les ruines de cette
abbaye témoignent de sa splendeur passée. L'église , le
cloître, la salle capitulaire et le réfectoire sont encore
debout , et sont classés au nombre des monuments histo-
riques. L'acte, auquel est suspendu la bulle d'or de Robert
par une tresse de soie jaune et rouge, confirme à cette
abbaye les privilèges qui lui étaient accordés en 1166 par
Alfonse , roi d'Aragon, comte de Provence et de Barcelone;
en 1234, par Raymond Bérenger, en enfin par Charles II
de Provence.
Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale
possède une bulle d'or de Charles I, dont voici la des-
cription :
+KAR0LVS.DEI.GRACIA.SICIL1E REX. Charles assis sur
une chaire sculptée , tenant de la main droite un sceptre
fleurdelisé , et de la gauche un globe crucigère.
if, +DVCATVS. APVLIE.PRTCIPAT CAPVE. Écu aux fleurs
de lis sans nombre, chargé d'un lambel à trois pendants.
Cette bulle a été publiée dans le Trésor de Numismatique
( sceaux des Grands feudataires, pi. XXXII , n** 9, décrite
p. 38) . et improprement attribuée à Charles II. Buchon, en
1840, a publié aussi un dessin de la même bulle d'or, mais
il a reconnu qu'elle appartient à Charles I. [Rech. et mater,
pour serv, à une hist, de la domin, franc, en Orient , pi. V,
n-4et p. 478.)
ET DISSERTATIONS. 49
K« a. + K....ROL'DEI GRA. Trois fleurs de lis surmon-
tées d*un pendant de lambel.
r\ +REX SICILIE. Croix latine à long pied, pointée à
chaque extrémité. — Billon noir. Poids, 0«',50 (pL III,
n*â).
Saint-Vincens , pi. III, n** 17, donne une pièce à peu
près semblable du côté du droit Cette monnaie n'avait pas
été reproduite faute d'avoir été retrouvée en nature. On
remarquera que 4a nôtre porte la croix latine , rarement
en usage à cette époque^ et qui semble être un souvenir
du monnayage des tari dont nous avons parlé précédem-
ment {Revue numismalique^ 1860, p. 215),
Vergara , dans ses Monete di Napoli { Roma, 1716, p. 21,
B* 7) , a fait graver une pièce qui porte les mêmes légendes
et certsdnement aussi le même type, mais fort altéré
surtout, du côté de la croix , dont il serait impossible de
saisir le rapport avec celle des tari-
N* h. +KAROL (D GRA) REX. Dans le champ, quatre lis
dont le premier surmonte le lambei.
^\ +IERL..SICIL'. Croix pâtée. — 5i7Jon. Poids, 0«',65
(pi. III, n» 4).
Cette pièce, dont le type est connu pour les monnaies
de Robert, sauf la différence d'inscription des légendes, ne
peut appartenir qu'à Charles II , son prédécesseur immé-
diat La pièce de Robert décrite dans le deuxième volume
des Monnaies féodales de France sous le n* 4008 , et des-
sinée pi. XC, n" 8, n'a dû être qu'une imitation de celle
que nous donnons aujourd'hui.
N* 5. + ROBERT:IERL:ET:SICIL:REX: Le prince assis
sur un trône décoré de figures de lions.
^\ +:C0MES:PEDEM0NT1S. Croix feuillue : type ordi-
naire du carlin. Argeul pur. Poids, 1 gr. (pi. III, n* 5).
1861. — 1. 4
60 IIÉMOIRKS
Cette pièce, frappée dans l'atelier de Guneo, est dessinée
d'une manière irrégulière pi. VI, n* 5, de Saint- Vincens.
Duby,qui ne l'avait pas vue. la reproduit avec la même ir-
régularité pi. VIII, n"" 6, de son Supplément; et tous deux,
par leur dessin, se bornent à indiquer le diamètre, sans
aucune autre justification.
De son côté, après avoir cité, sous le n" 8985, un quart
de lis de Robert frappé pour la Provence, qu'il prend pour
un demt-caWtn, et en avoir, d'après Duby, reproduit le
dessin (pi. LXXXIX, n"" 16), M. Poey d'Avant exprime^ au
n^" 3986, des doutes sur la réalité du demi-lis de la collec-
tion Hoffmann qui pèse i^.W. 11 a raison, car non^eule-
ment nous rétablissons avec une scrupuleuse exactitude le
dessin de la monnaie frappée en Piémont, mais encore
nous produisons l'indication d'un poids qui offre une règle
certaine. Cette pièce, par son bel état de conservation,
exclut toute hésitation sur sa valeur monétaire. Elle me
fournit l'occasion d'un témoignage de regret pour le bon et
affable marquis de Lagoy, qui me l'avait donnée.
J'ajouterai que la bibliothèque de Marseille possède en
outre un second quart de lis de Robert, d'un module égal
à celui de la pièce frappée en Piémont, et présentant la
légende du revers COMES PROVINCIE; cette seconde pièce
pèse encore 1 gramme.
Comme on trouve des lis de Robert pesant 3»%90, 3^,95,
As',12, il est évident que les deux monnaies dont il est
question sont des quarts de lis, et que la pièce de M. Hoff-
mann , pour être acceptée comme un demi-lis, ne devrait
pas excéder 2 grammes. Son poids de 3^.20 s'accorde avec
son signalement (elle est légèrement rognée) pour nous la
faire considérer comme un lis en mauvais état.
Duby indi(iue le poids de 20 grains, c'est-à-dire 1»',06,
ET DISSERTATIONS. 61
pour les deux petites monnaies de Robert (t. II, p. 101 et
211), et cependant il leur donne le nom de demùlis^ et
IL Poey d'Avant a copié Duby sans avoir fait le rapproche-
ment que fournissent les pesées mêmes qu'il avait relevées*
N» ô. +RO.IhRSICILREX. Grand lis surmonté d'un
lambeL
i). + GOHE&PVICn. Croix pâtée, cantonnée d'une
couronne au deuxième. -*- BiUon. Poids , O^^bb ( pi. III ,
n*6)-.
Sous le n* 4037 du teitc , et sous les n^* 1 et 7, pi. XCI,
du deuxième volume des Monnaies féodales de France ^
N. Poey d'Avant donne la description d'une pièce très-
fruste dont le côté droit est analogue à la monnaie que je
publie id, et dont le revers, offrant une croix potencée
cantonnée de quatre croisettes, appartient indubitablement,
soit à Jeanne, soit à Louis I**, soit à leur domination simul-
tanée. La bonne conservation de notre pièce et le nom de
Robert qu'elle porte, en l'assignant avec certitude à ce
{H^lnce , constituent une preuve de plus qu'à cette époque
chercheuse de types monétaires , on commençait par copier
ses prédécesseurs avant de se livrer à de nouveaux caprices
de monnayage.
Au reste, la bibliothèque de Marseille possède, en excel-
lent état de conservation , la pièce dont M. Poey d'Avant
n'a pu donner que des dessins informes ; je suis heureux
de pouvoir établir cette monnaie avec ses légendes , qui
se trouvaient illisibles sur les exemplaires consultés par
l'auteur des Monnaies féodales de France.
-f L.E.I:IhR.E.SIC.REX {Ludovicus etJohanna, Byeru-
salem et Sicilie rex). Grand lis dans le champ, surmonté
d'un lambeL
li. + C0(me5) E.COMTS:PVIG ( Cornes et comiUssa Pio-
62 MÉMOIRES
vineisr). Croix potencée de Jérusalem, cantonnée de quatre
croisettes. —Billon. Poids, (ffiO (pi. III, n' 7).
N» 8. +REiNATVS:D:G:IhRL:E:SICIL:R. Écu couronné
aux trois lis , surmontés d*un lambel, dans un entourage à
trois lobes.
ij). +COMES:-PVICE:ET:FORCALQV: Croix cantonnée au
premier d'une couronne et d'un lis au quatrième, dans un
entourage à quatre lobes. — Haut billon. Poids, 1»',10
(pi. III, n<» 8).
Les demi-blancs de René sont très-rares, dit M. Poey
d'Avant, après avoir mentionné celui qu'il décrit au
n* 4060. Aussi nous nous empressons de faire connaître
celui-ci, variété essentielle en ce que l'écusson est aux
trois lis, que le nom du prince est écrit en toutes lettres et
non représenté par les initiales , et qu'enfin , sous le rap-
port du type et de la finesse du travail , il diffère essen-
tiellement de l'exemplaire dessiné sous le n* 2 de la pi. XCII
des Monnaies féodales de France.
Ad. Carpentin.
rr DISSERTATIONS. HZ
ATTWBUTION
A UKMPEREDR HENRI VI D'UNE ALGUSTALE INÉDITE.
Tête laurée imberbe toarnëe à gauche.
Hecers, Aigle debout aux ailes éployées, tournée à
Igauche.
La pièce d'or dont on voit ici le dessin m'avait «été si-
gnalée par feu M. Charles Lenormant, qui l'avait mise en
réserve pour être acquise par le Cabinet des médailles de la
Bibliothèque impériale, où elle se trouve aujourd'hui.
Frappé du rapport qu'elle présente avec les augustales de
l'empereur Frédéric II, et sachant que je m'occupe depuis
fort longtemps de l'histoire de la maison de Souabe, ce re-
grettable savant m'avait fait l'honneur de me demander
iDon opinion sur cette pièce si curieuse et probablement
unique. M. Lenormant croyait tenir enfin une augustale de
Manfred, roi de Sicile, lequel aurait fait inscrire sur ses
monnaies ce titre d'auguste qu'il s'attribuait quelquefois
bà MÉMOIRES
dans ses actes \ et il pepsdt pouvoir lire la légende de la
manière suivante, en prenant la lettre initiale H pour un
M mal formé :
MANSICDVMII\^^VI
AGVSTVS CESAR IVSTIGIO ANN XX.
Après quelques tentatives d'explication dans la voie qui
m'était indiquée, je dus renoncer à une conjecture d'abord
séduisante. En eflet, la forme M AN au lieu de la forme
constant^ MAYNFR' InsufTisante pour exprimer à elle seule
le nom de Manfred, Tétrangeté de l'expression SIG(»7te)
DVMINVS appliquée à un prince qui était roi couronné et
l'impossibilité de faire concorder les deux chiffres écrits
dans la légende avec les circonstances bien établies de la
vie de Manfred » étaient, selon moi, autant de raisons pour
abandonner l'attribution proposée.
Depuis lors, la gracieuse insistance de SL de Longpérier,
mon excellent confrère de la Société des antiquaires de
France, m'a décidé à reprendre cette étude malgré mon
incompétence dans les questions de numismatique ; et puis-
qu'on veut bien faire de nouveau appel à mon zèle, je vais
essayer de présenter à mon tour une explication que je
> On lit dans un înitrament inédit rédigé à Eitonto» le 13 fémer 1S65 :
M Régnant* domino nofttro Manfredo Dei gratia Scilrâ rege, semper at*-
M guito, n
* MAYNFRIDYS REX SiaUE rar onze yariétét de deniers fignrét dan»
FouTrage da prince San Giorgio Spinelli, Mon, cuf, bail, da prine. Long. Norm,
iSitevi, Naples 1844, p. 137.— Quelques-unes de ces pièces inexactement des-
sinées se voient dans Vergara , Monete del regno ai Napoli^ p. 17. — Muratori,
Di mon, Ttal,, dans le recueil d*Argelati, 1. 1, tab. XXYII.— Bellini, Ih mon,
Itaf, alt$r, diuen,^ p. 103 et 104.— Cf. Madtr, Kritùchê Beytr,, t. V, p. 49.—
Il faut dire cependant que dans le catalogue de la collection Reichel (t. IX,
p. 26) on trouve, outre six deniers portant Maynfridus, la description d*une pièce
au type àe Taigle avec la légende MANFREIDYS.
ET DISSERTATIONS. • 65
fM>umets d'avance très-humblement i toutes les observa-
tions de là critique.
Et d'abord à quelle époque peutr<m raf^orter la fabrica-
tion de la pièce que nous publions? Si, d'une part, elle est
une imitation assez habile des médailles romaines, d'autre
part l'emploi du type byiantin à l'aigle et la forme des ca-
ractères de la légende ne permettent pas de la faire remon-
ter plus haut que le moyen âge, et dans le moyen âge, il
faut s'arrêter à la période où une première renaissance
se manifeste dans les arts, c'est-à-dire vers la fm du
XII* siècle. L'exécution de cette pièce est telle qu'elle ne
peut guère avoir été fabriquée ailleurs qu'en Italie. Comme
elle a été cisaillée, elle a lin peu perdu de sa beauté pre-
mière; cette beauté, toutefois, n'est pas comparable
à celle des angustates de Frédéric II, frappées, comme
chacun le sait , en 1 231 dans les ateliers de Messine ou de
Brindes. La pièce qui nous occupe nous paraH donc être
antérieure et non postérieure au règne de Frédéric, et avoir
servi de type à i'augustale que nous connaissons. Sur
celle-ci le prince et l'aigle regardent à droite, tandis que
sur notre pièce, ils regardent à gauche^ ; mais sauf cette
légère modification, les deux pièces sont conçues dans le
même esprit, et traitées avec le même sentiment du dessin
et du modelé. Ajoutons qu'elles ont le même titre et le
même poids.
Ceci posé, nous sommes amené à circonscrire nos re-
cherches dans la période historique qui répond au règne
de Henri VI, père et prédécesseur de Frédéric II. Or, en
1 M. de Raumer ( GmcH. dtr Bokênst., t. lU , p. 396) parle d'augnstales de
Frédéric II où ce prince anraît la couronne an lien de la guirlande de len*
rier, et où Toigle du revers serait tournée k gauche; mais nous ne connaissons!
aucun dessin de cette Tariété, dont rauthenticité nous paraK suspecte.
66 . HÉUOIBES
étudiant le petit nombre de monnaies qoi nous restent de
ce prince, nous trouvons une pièce où TefSgie du souve-
rain avec le type de Taigle offre certains rapports avec le
dessin de celle que nous étudions. Cette monnaie est
gravée dans Paruta (tab. CXGI), lequel , aussi bien que son
commentateur Havercamp, n'hésite pas à l'attribuer à
l'empereur Henri VI *.
Paruta dit qu'il tenait cette monnaie de l'ingénieur Ora-
zio Nobili, et qu'elle était en bronze. Il ne donne aucune
légende, sent que la légende fût trop fruste pour être lue, soit
qu'on eût reculé devant la difiiculté de l'interpréter. Autant
que nous en pouvons juger par la gravure de Paruta, cette
pièce, qui est à peu près du même module que la nôtre, était
encadrée dans un cercle orné. On dirait même plutôt qu'il
s'agit là d'un jeton, et l'aigle y a une tournure héraldique
> Parata, Sicil, numismat.^ dans Graevios, Thés, antiq. Sict<., t. VU, p. 1230
et 1264, t. VIII , tab CXCI. La principale dififérence consiste en ceci, que
sur la pièce de Paruta la tête est barbae. Mais, en supposant son dessin exact,
on pent trè^bien admettre que Toriginal a été frappé à une époqne où
Henri YI portait la barbe. En 1781, quand on ouvrit le tombeau de ce prince
à Païenne, on retrouva sou corps dans un état parfait de conservation avec
une partie de la barbe et des cheveux de couleur rousse. Henri YI mourut
en 1197. L'absence de barbe sur notre pièce s'expliquerait donc par la grande
jeunesse de ce prince à l'époque que nous attribuons à son augnstale.
ET DISSERTATIONS. 57
bien ëtraDge sur une monnaie. 11 y a donc lieu de supposer
que Paruta n*en a eu sous les yeux qu'un dessin exécuté
avec cette inexactitude si ordinaire de son temps, et dont
son propre recueil n'offre que trop d'exemples. Quoi qu il
en soit, son attribution est digne de remarque, et le rappro-
chement que nous faisons ici est au moins une présomption
en faveur de l'opinion qu'il nous reste à exposer.
Voici d'abord notre système de lecture qui diffère tout
à fait de celui de M. Lenormant , en ce qui concerne la
légende de la face :
HANUCIV^ HMN^ XVI
AGVSTVS CISAX IVSTICIO fNN XX.
Les caractères de cette légende, gravés avec peu de soin
et par une main encore inexpérimentée, ne présentent à
l'œil d'une manière incontestable que le mot aguêlus^ forme
italienne, pour auguslus^ et les deux chiffres XVI et X^.
Quant au nom Hanricim^ j'y vois la forme allemande si.
commune alors du nom de Henri, HAINRICVSS que l'ar-
tiste italien aura altéré par la transposition du premier I '.
Quelle est donc la date dans la vie d'Henri qualifié d'au-
guste, à laquelle les cliiffres XVI et XX rappelés ensemble
puissent donner une importance particulière? Ici il est im-
portant de bien préciser les faits. Le fils de l'empereur Fré-
déric Barberousse, Henri, né en 1166, fut élu roi des Ro-
> Cette foime est presque générale daus les documents de rÂllemagnc mé-
ridionale au xii* siècle. Le bavarois Albert de Behain, qui vivait de 1200 à
1268, écrivait encore avec un a le nom de Henri VI. Un sceau de Henri,
évêqne de Constance, qui est de la fin du xiii' siècle, publié par Scbeucbzer
d;ins son Alphabet dipiomatique, porte la légende S. HAIlV*
• Nous devons faire observer que sur la pièce le C figure aussi un pli de la
draperie avec laqueUe il se eonfond. Mais ce qui noas semble un accident peut
être un caprioe volontaire da graveur.
58 MÉMOIRES
mains le 2i juin 1169, ce qui lui conférait nécessairement
le titre d auguste; il fut sacré à Aix-la-Chapelle le 15 août
de la même année. Il avait par conséquent en 1185 seize
ans de règne et vingt ans d*âge. Or précisément cette année-
là il arriva un événement extraordinaire qui put amener
ce prince à faire consigner cette double date sur un monu-
ment numismatique, contrairement à tous les usages suivis
de son temps. Nous voulons parler de son mariage avec
Constance de Sicile , fille du roi Roger, seule héritière lé-
gitime de Guillaume le Bon , et qui apportait en dot la
magnifique expectative du royaume de Naples. La première
moitié de cette année 1185 fut employée à des négociations
préliminaires entre les deux cours. A la diète d'Augsbourg,
Henri publia solennellement ses fiançailles avec Constance *,
qui, de son côté quittant la Sicile, se rendit à Rieti, où elle
fut remise aux procureurs impériaux le 28 août*. Retenu
en Allemagne, le jeune prince ne revint en Italie que vers
la fin de Tannée pour consommer son mariage, qui eut lieu
à Pavie le 8 janvier 1180 •. A l'occasion du couronnement
des deux époux, des fêtes splendides furent célébrées à
Milan quinze jours après, et elles frappèrent très vivement
rimagination des contemporains qui en parlent en ces
termes : a Anno ab incarnatione Domini millésime centesi-
mo octuagesimo sexto, indictione sexta {corr. quarta),
sexto kalendas februarii, rex Henricus sextus cum regina
Constantia filia Rogerii régis Siciliae nuptias gloriosas cele-
bravit Mediolani apud Sanctum Ambrosium, anno aetatis
< Annal, Argentin,^ ap. Boehmer, Fon/ej, t. lU, p. 81.
* Voir l'inscription de Rieti rapportée par U^elli, /toi. loer., 1. 1, p. 1301,
et par Baronius, Annal, ecclet.^ t. XIX, p. 573, note du P. Pagi.
* Cf. Godefr. Colon., ad ann., ap. Boehmer, Fontti, t. III, p. 4ô3.— CArome.
Placent, et Chrome» de reb, in Ital. gesti»^ p. 12 et 138 de notre édition.
ET DISSERTATIONS. &0
tuai vtgestmo prtmo» annoauiem regni^uidecimoieplimo.yt
Godefr.Viterb. ap. iiura,ior.^ Script., WllhhM. — ttEodem in
die (le jour du mariage) Aquilegensis patriarcba (M)ronavit
Henncum regem Tbeutonicorum, et ab ea die voratui est
Céiar. A Radulpb. de Diceto, Imagin. hUtor., p. 629. Enfin
Othon de SiÛDt-Blaise raconte qu'en ce grand jour une am-
nistie politique générale fut proclamée, et dans son enthou-
siasme il ajoute que Frédéric Barberousse était alors ar-
rivé par ses alliances et sa puissance personnelle à cette su-
prématie qu'avait jadis obtenue Tbéodoric , roi des Goths \
On remarquera que dans son récit Godefroi de Viterbe a
bien soin d'enregistrer la double date de l'année du règne
et de l'année de l'âge, absoliunent cooune on le voit sur
notre médaille. H n'est pas moins important de faire res-
sortir cette expression de Raoul de Diceto : a De ce jour-là
Henri fut appelé César. » Dans les idées du moyen âge le
titre de César correspondait à la dignité suprême àUmpera"
tor, et le souverain de l'Allemagne et de l'Italie n*était im-
perator qu'après avoir été couronné à Rome par le pape. Or
l'article 22 de la trêve de Venise conclue entre Alexandre 111
et l'empereur Frédéric Barberousse portait expressément
que le pape, soit de sa propre main, soit par celle d'un lé-
gat, couronnerait le roi des Romains, et Frédéric pressait
depuis longtemps le pape Lucius III, réfugié à Vérone, dç
remplir cet engagement. Mais celui-ci s'y refusait toujours,
alliant qu'il n'était pas convenable que l'empire romain
eût deux empereurs *. Le mariage projeté entre Henri et
> Ap. Boehmer, FoniiM, t. ni^ p. 608, 609.
' « Cnm impermtor Tellet nt (filins) împeriali benedictioDe siiblîmaretiir,
fertor papa respondisse ex consilio qaommdam priDcipnm et cardinalinm : dod
C8M ooBToniens dnos impenitores praeesse imperio Romano. » Godefr. Ck>IoD.,
ap. Bo«kmer, FonUê, t. 111, p. 452.
t50 MÉMOIRES
Constance, en augmentant aux yeux du pontife la prépon-
dérance de son antagoniste, n'était point fait pour triom-
pher de sa résistance. Aussi voyons-nous sur la pièce que
nous étudions paraître la qualification de César suivie de
la formule ju5((cto , destinée, suivant nous, à affirmer le
droit de Henri à la dignité d'empereur et à protester contre
un refus qu'il considérait conmie aussi injurieux pour son
honneur que contraire à ses droits \
Par ces diverses considérations nous pensons qu'on
pourrait traduire ainsi qu'il suit la légende jusqu'ici indé-
chiffrable de cette pièce singulière :
^Tenrt depuis seize ans auguste^ légitimement césar ^
vingtième ann^e [de son âge);
Et nous croyons par conséquent que cette augustale doit
être attribuée à Henri VI, roi des Romains, et qu'elle fut
frappée en Italie vers le milieu de l'année 1185, lorsque
le mariage de Henri avec Constance était officiellement dé-
cidé, et que les rapports de l'Empire avec le Saint Siège al-
laient reprendre leur ancien caractère d'aigreur et d'ani*
mosité *.
L'authenticité de cette pièce est à l'abri de tout soupçon ;
mais doit-on y voir une monnaie réelle qui soit entrée dans
la circulation '? C'est ce que nous n'oserions affirmer. En dé-
' Il est bon de rappeler ici que Henri avait déjà été associé au pouvoir sn-
piêmc par son père dans la cour plénière de Mayeuce nu mois de mai 1184. .
* En effet, Urbain III, successeur de Lucius, s'étant ouvertement déclaré
Tennemi de Henri VI, celui-ci conduisit, dans Tété de 1186, une armée qui ra-
vagea les États de l'Eglise.
* Sur des deniers qui ont eu cours, on lit : Clnricus) IMPCRATOR , et au
revers : C|onstancia| IMPCRÂTRIX. Vergara, Mon. del regno di iVap., p. 10.
— Muratori, De mon, ItaL, dans le recueil d'Argelati , t. I , tab. XX VU. —
Snn Giorgio Spinelli, Mon. cu/'.,p. 112. — Catal. de Rcicbel, t. IX, p. 24. —
Catal. de Wellenheim, t. II, p. 266, etc.
ET orsSERTATIONS. 61
falquant le poids de la béliëre qui y a été soudée, on trouve,
comme nous l'avons dit, que la pièce reproduit exactement le
poidsdel'augustalede Frédéric II, laquelle eut cours comme
monnaie pendant un demi-siècle. Cependant le silence ab-
solu des chartes et des chroniques en ce qui touche l'émis-
sion d'une semblable monnaie au temps de Henri VI, donne
lieu de penser que si elle circula, ce fut pour peu de
temps. L'arrangement de la légende , si complètement en
dehors du style monétaire de l'époque, donnerait plutôt
l'idée d'une médaille commémorative , s'il était possible
de supposer l'existence de médaillons à pareille date.
L'existence de la béliëre semble du moins indiquer qu'on
a voulu conserver cette pièce et la porter en souvenir de
quelque grand événement. L*addition après coup des bé-
lières aux monnaies minces dites bracièaies^ est un fait très-
commun. Mais si, comme nous le pensons, la bélière de
l'augustale de Henri VI est contemporaine de sa fabrica-
tion, il faudrait remarquer la singularité d*un pareQ usage
en Italie dès la fin du xii* siècle.
Huillâbd-Bréholles.
CHRONIQUE.
LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPÉRÏER.
Nash Miiift , 7 norembre 1860.
Mon cher monsieur, ce n*est que tout dernièrement que
j'ai reçu deux numéros de la Bévue numismatique des mois
d'août et d'octobre; autrement, vous auriez plus tM entendu
parler de moi de nouveau au sujet des médailles sur lesquelles
mon attention a été appelée d'une manière si flatteuse par M. de
Saulcy dans le numéro précédente
J'ai, comme vous le savez, répondu à son appel aussitôt qu'il
m*a été ⁢ mais vous avez eu parfaitement raison de suppri-
mer ma première lettre, qui vous est arrivée après que la recti-
fication de M. de Saulcy sur Tattribution d'une des médailles
en question était déjà entre les mains de l'imprimeur. Il était
donc inutile d'insérer ma protestation contre l'attribution à la
Grande-Bretagne d^une médaille que M. de Saulcy avait lui-
même reconnu devoir être classée à un autre pays. Qu'il me soit
cependant permis d'exprimer la satisfaction que j'éprouve en
trouvant que si j'avais raison de refuser une place parmi les
médailles des anciens Bretons à celle sur laquelle on lit ARTVE
GOMIN VIR, notre excellent ami était également fondé à la
rejeter des séries gauloises. Les duumviri de Psestum ont ré-
clamé ce que chacun de nous était si désireux de donner à
l'autre.
Mais la question relative à la monnaie sur laquelle on lit
BIRAGOS reste encore sans réponse; et je dois avouer que je
ne consens pas encore à l'accepter pour bretonne. Il est vrai
» Voyez Wetjw* num., 1860, p. 169.
que celle médaille a été gravée par Stukeley ' et autres comme
étant d'origine bretonne et par eux aussi attribuée à Arviragus;
la légende est Faite pour nous causer une grande tentation.
Mais lorsqu'on considère que la première et unique mention du
Dom d'Arviragus se trouve dans les satires de Juvénal , qui ont
été probablement écrites sous le règne de Domitîen^ tandis qu'il
j a de bonnes raisons pour supposer que le monnayage breton
a cessé sous Claude , il paraîtra évident que nous devons réflé^
cbir avant d'accepter cette attribution, alors que le caractère de
la médaille serait tel qu'il pût la faire croire d'origine incontes-
tablement bretonne.
Mais le style, la fabrique et le type sont tels, que je ne me rap-
pelle pas de monnaie de notre série qui en offre d'analogues.
La tête un peu rude quoique parfaitement formée^ tournée à
gaucbei le sangUer, rarrangement et le flan carré de cette mé-
daille, tout me semble indiquer un monnayage gaulois plutôt que
breton. Mais M. de Saulcy^ dont la connaissance du monnayage
gaulois surpasse la mienne de beaucoup^ ne veut pas recon-
naître cette pièce comme appartenant à la Gaule. Nous devons
donc nous borner à la laisser sur un terrain neutre^ entre les
deux pays^ en attendant que quelque nouvelle découverte
vienne jeter de la lumière sur son origine réelle. Il est possible
que nous n'attendions pas longtemps avant que celte énigme^
comme tant d'autres dont le monnayage gaulois était entouré^
soit résolue par l'mgéniense érudition de M. de Saulcy, par
vous-même, ou par quelqu'un de ceux qui s'occupent d( s mo-
numents de cette espèce.
En terminant , je dois appeler votre attention sur une erreur
du graveur^ qui a indiqué la monnaie à la légende B1RA60S
comme étant de bronze, tandis qu'elle est d'argent (pi. VHl,
n** 11). Je dois dire aussi que M. de Saulcy se trompe lorsquM
suppose que le spécimen qu'il possède se trouvait autrefois
dans la collection Pembroke. La médaille du comte de Pcm-
» PI. XI. n* 6.
64 CHRONIQUE.
broke est actuellement dans la collection du Musée Britannique^
et il est assez singulier qu'elle coïncide exactement avec celle de
M. de Saulcy, même pour la forme cairée du flan et la marque
qui se voit sur le corps du sanglier.
Recevez , etc. John Evars.
LETTRE DE VAILLANT.
— Notre savant confrère M. Emmanuel Miller a bien voulu
copier pour la Bévue numismatique une lettre du célèbre Vaillant
qu'il a trouvée dans la collection d'autographes de la Biblio-
thèque impériale de Saint-Pétersbourg (volume 139^ n"" 114).
Cette curieuse pièce nous a paru de nature à intéresser nos
lecteurs.
A Messieurs Huguetan^ marchans libraires. A Amsterdam.
- A Paris, ce 2* octobre 1699.
a Messieurs
a Selon vostre lettre du 22 septembre Jay remis entre les
mains de M. Foissin le manuscrit de la vie et Histoire des
Ptolemécs Rois d'Egipte, de qui je vous cède tous les droits,
Jy ay adiouté le petit appendix des médailles de ce royaume
frappées sous les Empereurs que iay nommé ^EGYPTVS
NVMISMATICA, ou il se trouve dès choses très curieuses. Je
luy ay aussi remis entre les mains une boëte a vostre adresse
ou sont tous les cuivres en Médaillons et médailles marques
tous avec des numéro ou sont les pages a qui ils appartiennent
qui ont relation avec leurs impressions qui sont au mesme en-
droit dans le livre. Dans la mesme boëte vous trouvères 140 au-
tres médailles en cuivre que vous m'aves dit dy ioindre pour
embellir le livre des médailles Grecques qui ioints avec celles
que vous a choisy M. Tabbé Du Bos, feront un très bel effect,
et vous avez trouvez le secret par ce moyen de faire un ouvrage
qui devient très utile et très nécessaire aux curieux.
tf Quand Je vous ay mandé que iavois 80 ou environ de me-
CURONIQUIB. 65
AaAles c^cstoit autant de M. De la Boissiere, qui a gravé celles
du Hoy, que du Signor Pietro Santi qui a gravé la Colonne
Travane qui t\\o les a fait a Rome, Il scroit a souhaiter que toutes
\os autres fussent de cette force. Il vous plaira donc me faire
tenir par M. Foissin 10*^ pour lesd enivre. Cependant Jay a
vous dire quil me semblrroit a propos, de faire graver comme
aux St^leiicidcs une vignete qui marqua l'Egypte et ce qui hii
appartient. Vous avez a Amsterdam des gens savans qui en
pourront bien donner le dessein et Texecuter, sinon, Jy pense-
ray et pourray bien le faire faire icy, si vous iordonnez ainsi. —
Jay encore a vous dire si les médaillons de chaque Roy voua
les placerez comme a mes Seleucides, on les pourroit mettre
seuls en une feuille au devant de leur vie cela dépendra de votre
volonté, comme aussi de mettre a chaque page leurs médailles
vt mettre une vignete a la fin pour remplir le livre , ce qui le
grossiroit. Ce que iay encore a vous prier comme Je ne suis pas
a mon ouvrage, de faire revoir soigneusement par quelque
personne scavante les épreuves , parceque étant toujours appli-
qué il sechappo toujours quelques fautes. Car cest un des plus
1)caux ouvrages qu'on puisse faire de nos jours en ces matières.
«11 est présentement question de parler sainement de l'ou-
vrage qui est a faire touchant les Familles Romaines, vous aviez
pensée de riniprimer celles d'Ursin et Patin, et Je mestois en-
gagé a vous expliquer toutes celles de Goltzius qui ne sont pas
dans Ursin, qui se montent a 457 et environ 400 des miennes
nouvelles, pow lesquelles nous étions convenus de 500^ en
vous donnant avec cela trois livres in-i" ou sont rangées toutes
\cs médailles de Goltzius qui a imprimé en 4573 devant Ursin
qui n'a donné son livi'e qu'en 1577, en Suitte les siennes, après
celles de Patin séparées et les miennes a la fin. Comme Je ne
devois rien toucher a ce quont escrit Ursin et Patin, Jay donc
voulu travailler a louvrage, Je ny ay put trouver a y mettw
un ordre, et il est impossible de le faire. Je me suis mis ou
Suitte a lire le livre d'Ursin, que iay trouvé la pluspart defiec-
(ueux, Je i>e parle pas de Patin qui n'a rien fait qui vaille. Jay
1861.— 1. 5
66 CHROI^lQUE.
consulté la plupart des gens très savans sur a^s matières qui scf
sont mocques de moy sur ce suiet disant que Ion abandonne les
médailles des Familles Romaines parce que Fulvius Ursinus n'en
enseigne presque lien, quil nexplique presque point les testes
qui elles sont^ et ne dit aucune chose des revers , pour quoi ils
ont esté faits , n'alléguant que plusieurs beaux passages qui ne
sont que pour les familles et rien pour linstruction des médailles,
< t passe le plus souvent ce quil y a de difiicile. Tellement que
tous ont dit que sil y a quelque chose de beau a faire ce seroit
de faire l'Histoire des familles tirées de Goltzius, d'Ursin, Patin
et des nouvelles , les ranger par ordre des temps ^ les expliquer
tant par les testes que revers^ et ny rien obmettre, marquer par
im G. celles de Goltzius. F. celles de Fulvius Ursiuus. P. celles
de Patin et Y. les miennes. Or comme Je n'en devois expliquer
que 550 II en faut présentement^ adiouter 757 ou environ
d'Ursin et 1[>0 ou environ de Patin , qui sont presque les deux
tiers davantage. Si le livre que je vous propose vous aggrée, cest
un ouvrage de plus d'une année , et comme Je la trouve dfgne
de vous autres Messieurs , Je veux bien y travailler, et Je vous
demande seulement iOOO'^, mais sans y avoir esté embarqué îen
voudrois 1500^ il ny a que de Ihonneur et pas du pain a manger
comme on dit communément, sinon faites rimprimer louvrage
d'Ursin et Patin comme elle est, si elle vous plaît et vous me
fairez plus de plaisir a ne me pas emploier dans celle la.
L'Histoire des Rois et Reine est icy fort souhaitée, elle sera Je
vous asseure d'un grand débit, Je Tauray achevée pour la tin
de Tanuée. Je suis Messieurs très certainement
a Yostre très humble et très obéissant serviteur. Vaillant. »
En 1701, le livre de Vaillant sur la numismatique égyptienne
parut à Amsterdam , en format i>etit in-folio, a\ec ce
titre : Historia Ptolemaeorum JEgypti regum , ad fidem numis-
matum accommodnta per J, V ail Unit Beliov. D. M. et S, (huis
Cenom, Anliqtiarium, Amstelœdami^ apud G. Gallet , prwftccum
typographix Huguetanorum. Les Huguetan ont été au-delà des
vœux de l'auteur ; ik ont fuit graver par G. Van derGouwen deux
CHRONIQUE. 67
grandes vignettes dessinées par J. Gof rce y invenior, qui les a
remplies de toutes sortes de figures allégoriques aussi éloignées
du style égyptien que rignorance de ce temps- là le permettait.
L'une de ces vignettes est imprimée sur le titre, l'autre en tète
dn premier feuillet liminaire.
Vaillant avait eu l'intention de publier cet ouvrage en Tran-
çHÎs, et les raisons qu'il en donne dans sa préface produisent un
singulier effet , alors qu'elles sont transportées dans le latin
d'un ponctuel et naïf traducteur.
Quant au livre sur les monnaies des familles romaines, il parut
à Amsterdam en 1703 (deux volumes in-folio), et, comme l'His-
toire des Ftolémées, n'eut qu'une seule édition.
Ce furentlà les derniers écrits de Vaillant publiés de son
vivant; il mourut le ^3 octobre 1706, dans sa soixante-quin-
zième année , laissant à l'état de manuscrit son Arsacidarum
mperium et son Ackvmenidarum imperivm, qui furent imprimés
plusieurs' fois. A. L.
M. l'abbé Cavedoni ( BulL arrà. Nap., nuova série, anno VI,
1858, p. 141 seg. ) a émis des doutes sur l'authenticité des noé-
dailles romaines choisies dans la belle collection de M. Gustave
Herpin et publiées par moi dans cette Bévue (1857, pi. VI, et
p. 305 et suîv.). Presque toutes ces pièces, dit l'illustre numis-
matiste de Modène , offrent des particularités qui donnent lieu
dedouter de leur authenticité; une de ces médailles ne peut pas
être considérée comme ihédite.
M. l'abbé Cavedoni connaît si bien la numismatique en géné-
ral que le moindre détail, la suppression ou l'addition d'une
lettre dans la k^gende ordinaire , la présence d'un attribut ou
d'un symbole insolite éveillent à juste titre sa défiance. La
grande autorité attachée au nom de M. l'abbé Cavedoni m'im*
pose le devoir d'examiner avec la plus scrupuleuse attention les
observations du savant numismatiste.
Le médaillon de bronze à l'effigie d'Auguste (pi. VI, 1857,
6S CHROiMQUE.
n" i), que j'étais poilé à considérer comme une pièce coloniale,
frappée en Espague^ serait plutôt de fabrique romaine , à cause
de la pierre précieuse enchâssée dans la couronne de chêne. Cet
ornement ne paraît pas sur les pièces frappées en Espagne.
N* 2. Le sestrrce, restitution d'Auguste par Nerva (pi. VI,
n** 5), a été publié avant moi par Capranes», dans les Annales
de r Institut archéologique de Rome ( t. XIV, pi. 0, i842 , nM6
et p. 434). Donc ce n'est pas une pièce inédite. Ce sesterce
semble offrir des particularités qui devraient le faire considérer
comme une pièce faussa". Voici ce que dit M. l'abbé Cavedoni :
a Beaucoup de monnaies d'Auguste de bronze ont été restituées
a par Titus, par Domitien et par Nerva , toutes sous la môme
a forme; quelques-unes n'onl été restituées que par Titus et par
a Domitien ( cf. Eckhel,i). TV., V, p. 103-104). Je pense donc
a que la pièce restituée par Norva a été imaginée par quelque
(f faussaire peu habile, pour compléter cette série de restitutions-
« Dans les restitutions de Titus et de Domitien , on lit autour de
« l'image d'Auguste : DFVVS AVGVSTVS PATEK, et comme
« il convient, le nom de l'empereur, auteur de la restitution, est
« écrit au revers de la pièce autour des sigles S. C Au coi>-
« traire, sur la pièce restituée par Nerva, le nom de l'empereur
a est écrit autour de Timage d'Auguste divinisé , là où l'on de-
« vrait lire DIVVS AVGVSTVS (sans oublier le beau titre de
a PATER ),et cette légende est transposée d^une manière incon-
0 venante au revers , et écrite autour des sigles S. C. Auguste
« divinisé est assis sur un trône , garni d'un dossier, la maia
a gauche appuyée sur une haste, la pointe en bas^ tandis que
« sur les médailles restituées par Titus et par Domitien , l'em-
0 pereur déifié , assis sur un trône beaucoup plus simple, s'ap-
« puie sur une haste pure, comme il convient dans l'occasion. »
N"* 3. M. Cavedoni avertit que la légende doit se lire :
C CAESAR AVG. GERMANICVS IMP. PONT. MAXIM.
TRIBVN. POTEST. En effet, c'est par inadvertance que j'ai
indiqué comme commencement de la légende le mot IMP.
M. Cohen (Description des monnaies frappées sous V empire
CIJKOMQUE* 09
romain, t. l , p^ 150) a donné ia lecture exacte de la légende.
N» 4. La légende doit se lire au droit : C CAESAR
GERMANICI F. M. A6RIPPAE N., et continuer au revers :
DIVI AYGYSTl PRON. AVGVST. GERMANICVS PONT. MAX.
TR.POTEST. COS.
Ici se présente une difficulté des plus graves. M. l'abbé Cave-
doni s'exprime ainsi : a Cette médaille a été fabriquée -par un
tf faussaire maladroit , qui regardait Caîus Caligula comme fils
«de Germanicus et d'Agrippine, filie de M. Agrippa et de
• Julie, fille d'Auguste, ce qui résulte évidemment des mots :
«M. AGRIPPAE Nepos, légende qui n'est pas admissible. Les
« médailles et les inscriptions donnent à Caïus Galigula les
«tilres de Tiberii AWGusti Nepos, DIVI XyGusti PRONe/^5.
a DIVI IVLiï AhNepos, et beaucoup plus souvent le seul titre
« de DIVI AVG. PRON. Ainsi sur les médailles de coin romain,
a il n'est jamais désigné par le titre de Tiberii Neto9, qualifica-
« tîon qui lui est donnée sur une médaille frappée à Carthagènc
«en Espagne (Eckhel, D. iV., Vï, p. 218), et dans deux in-
« scriptions ( Orellî, Inscrip, lot. seleci,, n** 5501 et 5396). A
« partir de Tan 765 de Varron^ date de sa naissance, Galigula
« ne pouvait avoir d'autres titres que ceux de Germanici Cxsaris
« filius^ Tiberii Cxsaris nepos^ et Augusti pronepos , puisqu'en
c 757 son père 9 Germanicus, avait été adopté par Tibère, de-
« venu lui-même fils adoptif d'Auguste. La légende de la mon-
«naie en question : G. CAËSAR GERMANIGI Yilius M.
« AGRIPPAE Ne/x» n'est pas du tout admissible, parce qu'elle
a est contraire non-seulement à ce que les monuments et
a l'histoire nous apprennent au sujet des titres officiels du fils
«deGernnumicus, mais encore parce que Galigula était on ne
fl peut plus opposé à tout ce qui aurait pu rappeler sa descen-
fl dence de la famille de M. Agrippa, o
Ensuite M. Cavedoni cite le passage de Suétone (tn Calig,^
c. ^ ) : Agrippœ se nepotem neque crediy neque dici ob ignobili-
totem ejus volebat : succensebatque, si qui vel oratione vel carminé
imagimbuê eum Csesarum insérèrent; prasdicabat autem matrem
70 CHRONIQUE.
suam ex incesto , quod Augustus cum Julia fiiia a^misisset pro-
creatam.
ff Maintenant, ajoute M. Cavedoni , il ne me reste plus qu'à
« rapporter la description des deux antres pièces publiées dans la
« Retue numismatique, pièces qui, si elles n'offrent pas par elles-
« mêmes des traces évidentes de fausseté, paraîtront du moins
d très suspectes à bien des personnes , par suite de la mau-
« vaisc impression que produisent celles qui les accompa-
«[ gnent. o
N« 5. Le titre CENS.PERPE. attribué à Domitien excite la
défiance de M. Cavedoni. La légende serait régulière s'il y
avait Ch'NS. PEBP. P P [censor perpetuus, pater patrix ).
N" 6. Les deux têtes de l'empereur et de Jupiter sur la mon-
naie de petit bronze de Dioclétien inspirent des doutes au savant
numisniatiste : «Los traits et la barbe de IVmpereur, dit-il,
a n'ont pas la forme ni le caractère habituels, ce qui donne lieu
« de soupçonner que le droit de cette monnaie a pu être retou-
a ché et façonné à l'imitation des monnaies de Postume à deux
a tètes par quelque faussaire moderne, qui aura ainsi transformé
« en médaille rare une monnaie des plus communes. »
Ce n'est que guidé par l'amour de la science que M. Tabbé Ca-
vedoni a cru devoir présenter ces observations, afin que les ama-
teurs peu expérimentés se tinssent pour avertis. Je remercie
l'illustre savant de me fournir l'occasion de parler de nouveau
des six médailles choisies dans la collection de M. G. Herpin.
Mais si ces pièces n'avaient pas offert des particularités neuves
et intéressantes, et si j'avais eu le moindre soupçon sur leur
authenticité , je me serais gardé de les publier dans la Revue.
Or ces pièces ont été vues et examinées par les numismatistes
les plus habiles de Paris et de Londres, et toutes ont été recon-
nues excellentes. M. Cohen {Description des monnaies frappées
som r empire romain^ t. I, p. 70, n'267) a décrit la médaille
d'Auguste parmi les grands bronzes de coin romain , et aussi
la pièce de restitution de Nerva ( ibid.^ p. 100, n* 499).
Les deux médailles de Caligula ont également été décrites par
CUftONlQtt. 71
M. Cohen {ibid., p. i50, n<»* 28 ei%), qui fait précéd(T leur
description de la note suivante :
t Les deux lAédailles suivantes , qui ont fait partie du cabine t
fl de M. Herpin , quoique paraissant coloniales par l'absence des
fl lettres 8. G., méritent, d'après leur fabrique, d'être rangée»
0 à la suite des médailles romaines de Galigula. »
U est certain que l'objection la plus grave contre Tauthentî -
cité d'une des pièces à l'eflSgie de Galigula ( n* 4 ) est la formule
M, Agrippx Nepot qu'on ne trouve mille pari ailleurs et qui
semble tout à fait contraire aux témoignages de Thistoire. Il est
Irès-diflBcile de combattre des objections qui paraissent aussi
décisives, et de donner une explicaiion satisfaisante de cette
singularité. Mais d'abord il existe un grand nombre de médailles
soit coloniales, soit grecques, qui indiquant des noms et des titre»
inconnus sur les médailles impériales frappées à Bome. M. l'abbé
Cavedoni lui-même fait observer que le tîlre de Tibern IVepoe,
attribué à Gains Galigula, ne parait que sur une monnaie do
coin colonial frappée à Garthagène. Ne pourrait- on pas sup-
poser que dans un endroit éloigné de la capitale de l'empire,
à Antioche de Syrie, par exemple, ou ailleurs, on eût donné à
Galigula un titre qui se trouvait en contradiction avec les titres
oflBciels? Il existe tant de choses singulières dans la numisma-
tique! Suétone dit, à la vérité, que Galigula ne voulait pas
passer pour le petit-HIs d'Agrippa; mais cette remarque de
l'historien donne à penser qu'il y avait des gens qui, à l'époque
du règne du petit- fils adoptif de Tibère, rappelaient celte ori-
gine. Il se pourrait même qu'une ville, comblée de bienfait»
par Agrippa, eût tenu à rappeler le nom de ce personnage. (>
qui est certain , c'est que la colonie de Ga^saraugusta dans h
Tarragonaise a fait frapper des monnaies avec l'effigie et le nom
d'Agrippa, sous le règne même de Galigula. Geci résulte de la
présence des noms des duumviri Scipion et Montanus , ou IV
tullus et Montanus, inscrits aussi bien sur les pièces à l'effigie
d'Agrippa que sur celles de Galigula. (Eckhel, D. N.y 1, p. 37^
etYI,p. 166.)
72 CHROxMQtE.
Vaillant ( Num. Colon, sub Agrippa) a même dit que Call-
giila irrité avait enlevé à toute l'Espagne le droit de battre mon-
naie, à cause de ce fait; mais Eckhel ( D. N., I, p. 3) a réfuté
cette assertion de Vaillant^ en faisant voir qu'avant le règne de
Caligula plusieurs villes coloniales avaient déjà perdu le droit
de monnayage.
Quant à l'abréviation CENS.PERPE. sur la médaille de Do-
mitien , je ferai observer qu'il existe des abréviations de toute
nature, et que, comme on trouve quelquefois AVGV. pour
AVG. , il se peut très-bien qu'on ait écrit PERPE pour P., PERP.,
PERPET., etc.
Quant à la pièce à deux têtes à 1 effigie de Diocléticn, elle n'a
rien d'insolite pour l'époque; souvent sur les monnaies impé-
riales du m' siècle^ le buste de l'empereur est accolé à celui d'une
divinité protectrice. Dans mes recherches sur la numismatique
des Emitereurs gallo-romains du ///' siècle^ ouvrage auquel je
travaille depuis plusieurs années , je publierai quelques pièces
inédites de ce genre. Le buste de Probus est quelquefois accolé
à celui d'une divinité qui n'est autre que le Soleil» à tête ra-
diée. Les rayons sont très^istincts> et très-visibles et cependant
plusieurs numismatisles ont voulu voir sur le grand médaillon
de bronze de Probus la tète de sa fennne accolée à celle de Tem-
pereur. Un quinaire de billon du Cabinet impérial et royal de
Vienne montre fes bustes laurés et accolés de Probus et d'Her-
cule. IMP. C. PROBVS AVG. ^. VICTORIA AVG. Victoire
debout, tenant une palme et une couronne; de chaque côté un
captif accroupi. ( Arneth» Synopsis, p. 180, n** 86.)
Si maintenant la gravure ne donne pas les traits exacts de
Dioclétien , ceci doit bien plutôt être attribué au dessinateur de
la Revue qu'au monétaire ancien. La pièce originale est gravée
avec le plus grand soin^ et le coin est aussi beau que ceux que
Ton fabriquait pour les pièces d'or de ce règne.
Pour terminer cette note, j'ajoute ici les prix des six mé-
dailles romaines publiées pL Vl^ i857, vendues à Londi*es avec
la collection de M. G. Herpin. Crs prix montrent que les ama-
CHRONIQUE. 73
leurs anglais ont accepté comme parfaitement authentiques les
six médailies examinées dans cette note.
fr. c.
Catalogue, n* 13. Auguste 18 75
— n* 14. Auguste restitué par Nerva. . . 52 50
— n** 408. Caligula. 32 50
— n* 409. Idem 23 65
— n" 756. Domitien 6 25
— n* 883. Dioctétien 131 25
J. DE WiTTE,
MONNAIES DES INOES ORIENTALES NÉERLANDAISES.
Il manquait jusqu'ici un ouvrage sur les monnaies des Indes
Orientales Néerlandaises, contenant non-seulement les gravures
des monnaies que les Européens ont fait frapper pour ces pays
tant en Europe que dans les Indes mêmes ^ mais aussi celles
cauléei ou frappées par les princes indigènes.
Ces dernières monnaies , qui ont principalement été émises
avant la conquête des différentes parties des Indes Néerlandaises,
sont très-rares ; plusieurs d'entre elles ne se trouvent que dans
le Cabinet de numismatique de la Société des sciences et des
arts de Batavia et dans celui de FUniversité de Leyde.
C'est après un travail assidu de plus de deux ans que M. E.
Netscher, maintenant secrétaire du gouvernement à Batavia,
1861.-1. 0
7A CHRONIQUE.
conjointement avec M. J. A. Yan der Chijs^ premier employé
au secrétariat général des Indes Néerlandaises, ont presque
terminé un ouvrage qui contiendra 250 monnaies; le texte sera
d'environ 160 pages in-4'.
Comme la Société des arts et des sciences est chargée pour la
majeure partie des frais de la publication, les exemplaires ne
reviendront qu'à quinze francs pour ceux qui s'adresseront di-
rectement par lettres affranchies à MM. Kemink et fils, libraires,
à Utrecht, correspondants de ladite Société.
On a joint à ce prospectus le dessin d'une monnaie indienne.
Cette pièce n'est pas belle, mais elle est très-intéressante , comme
ayant été frappée ou plutôt coulée à l'ile de Java dans la période
de transition de Thindouisme à l'islamisme.
Aussitôt que les exemplaires seront arrivés de Batavia, ils
seront envoyés aux souscripteurs.
P. 0. Van dbr Chus,
Professeur à l'Université
et directeur du Cabinet numismatique.
Leyde, le 20 novembre 1860.
NÉCROLOGIE.
Alexis Bigot, né à Dinan, département des Côtes- du-Nord,
avait été nommé simple commis dans l'administration des con-
tributions indirectes, à Rennes. Ce fut durant ces fonctions si
désagréables^ qui le forçaient à aller péniblement chaque jour
exercer dans les cabarets , et qui étaient si peu en rapport avec
l'éducation qu'il avait reçue, et surtout avec la délicatesse
extrême de ses sentiments, que Bigot vit sa santé s'altérer, et
commença surtout à éprouver les symptômes de la phthisie
pulmonaire à laquelle il vient de succomber, âgé seulement
de trente- trois ans.
Malgré les fatigues et les ennuis de son métier, il s'était
aionné à l'étude de la numismatique, vers laquelle ses goûts
CHRONIQUE. 76
rentralnaîenl, et il commença, bien qu'il n'eût que peu de res-
sources pécuniaires ( car il n'avait pour vivre que les émolu-
ments si minimes de son emploi], à recueillir toutes les mon-
naies bretonnes qu'il put se procurer. Ce fut alors qu'il conçut
le projet de combler une des lacunes de la science en publiant
son Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne^
ouvrage qui parut en 1857, et auquel TAcadémie des inscrip-
tions a décerné une mention très-honorable dans le concours
des antiquités nationales.
Cet ouvrage, auquel il tn^vailla avec persévérance et amour,
et pour lequel il exécuta lui-même tous les dessins avec un talent
remarquable , il l'acheva; mais il fut obligé de vendre sa collec-
tion de pièces bretonnes pour solder le prix de l'impression de
son livre et de la gravure des nombreuses planches qui en font
partie.
Confident de ses inquiétudes à ce sujet, j'ai été à même d'ap-
précier ce que peut la passion de la science. Bigot, en effet, ne
s'était laissé rebuter par aucune difiiculté pour accomplir la
résolution qu'il avait prise d'en agrandir le domaine. Une amé-
lioration dans sa position d'employé vint trop tard ; sa santé
avait décliné rapidement sous les efforts du travail et de l'étude.
Cependant il luttait avec énergie et avait commencé à réunir
de nouveau tout ce qu'il pouvait se procurer de monnaies de
l'ancien duché de Bretagne pour en former une nouvelle
collection qu'il se proposait de rendre aussi complète que la
première, dont il avait fallu se séparer.
Dans ce dessein, dès qu'une trouvaille était annoncée ou lui
était connue, il bravait la fatigue et la dépense pour en aller
acquérir le produit, et revenait à Rennes en étudier la valeur et
compléter sa chère collection par des échanges ou la vente des
doubles.
Lié avec Bigot par une communauté de goûts et d'études,
j'avais souvent reçu la confidence de ses projets; et je sais qu'il
allait commencer à travailler à une nouvelle édition, augmentée,
du livre de Mionnet sur les médailles impériales romaines,
76 CHRONIQUE.
lorsque l'annonce de la réalisation de ce projet par M. Cohen
vint le lui faire abandonner.
Bigot ne connaissait pas moins bien les monnaies baronales
ou royales de toute la France^ et les médailles romaines que
les pièces bretonnes. Il appréciait judicieusement l'importance
scientifique , la rareté comme la valeur commerciale de tous
ces monuments.
Peu de t<împs avant la mort d'Alexis Bigot, M. Feuardent,
numismatiste distingué^ avait été chargé de lui proposer la
place de sous-conservateur au Cabinet des médailles de Saint-
Pétersbourg, et lui écrivit à ce sujet. Mais la santé de notre
jeune ami, qui était tout à fait ruinée, ne lui permit pas d'ac-
cepter ce poste honorable, et il le refusa. Il ne tarda pas, en
effet , à succomber à la maladie contre laquelle il luttait depuis
longtemps.
Bigot avait une riche organisation intellectuelle , le sentiment
(les arts ; ses goûts le portaient vers tout ce qui tenait à Tar-
chéologie; son jugement était prompt et sur; son ftme impres-
sionnable se révoltait contre tout ce qui était injuste ou même
indélicat. Nul plus que lui n'éprouvait pour ceux qu'il croyait
ses véritables amis un attachement plus vrai, plus profond, et
n'était plus disposé à leur donner des preuves de sa reconnais-
sance pour les services qu'ils avaient pu lui rendre.
Tel était le jeune et modeste savant que la mort a frappé trop
tôt pour la science, et à la mémoire duquel tous les amis de la
numismatique payeront, sans nul doute, un juste tribut d'éloges
et de regrets.
D' ToULMOtCHE.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
LETTRES A M. A. DE LONGPÉRIER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
Hnitième article. — Voir le n« 6 de 1858, p. 437; le n» 5 de 1859, p, 313;
le n* 6 de la même année , p. 401 ; le n« 3 de 1860 , p. 164 ; le n" 4 ,
p. 249 ; le n* 5, p. 345 et le n* 6 de la même année, p. 409.
XIL
Monnaies des Êdutns*
Mon cher ami, peu à peu la lumière se fait, à mon
grand contentement , et je serai charmé d'avoir ton avis
sur le classement que je propose d'appliquer à toute une
série de monnaies de nos vieux Gaulois. Ce n'est pas à la
légère, maïs après un long et mûr examen que je suis ar-
rivé aux résultats que je vais te proposer, avec Tespoir
d'avoir reconstitué, à l'aide des monuments numisroatiques
seuls, une assez grande période de l'histoire des Éduens ;
je ne te ferai pas perdre de temps à lire des considérations
générales qui trouveront leur place ailleurs; j'ai mieux à
1861.— 2. 7
78 VlliMOlKES
faire, et je me bornerai à te signaler Tordre relatif et la
signification que j'assigne avec confiance à une ample
série de pièces déjà connues, mais restées pêle-mêle jus-
qu ici diàns nos collections.
Comme cela se présente invariablement pour toutes les
séries de monnaies gauloises, les plus anciennes pièces
qu'il soit convenable d'attribuer aux Éduens, sont des sta-
tères et des quarts de siatère, aiix types des Philippes d'or,
et se rapprochant assez pour le style et la fabrique, des
belles monnaies grecques qui ont servi de modèle. La lé-
gende du revers $IAinnOï se lit encore fort correcte-
ment sur le statère » bien que le dessin révèle réellement
la main d'un artiste étranger à la Grèce.
Sur le quart de statère, la légende^! AI niIOY ne se re-
trouve plus, faute de place sans doute, et le char est traîné
par un seul cheval. Sur )e statère, on voit dans le champ
au-dessous du ventre des chevaux , une lyre retournée. Sur
le quart de statère, la lyre est redressée. Mais le style et
le dessin dénotent pour cette pièce un âge plus rappro-
ché de nous, bien que ne s' éloignant pas trop de l'origiDe
du monnayage gaulois.
La série des monnaies à la lyre s'est prolongée fort tard,
puisque nous en retrouvons la trace à l'époque même où
César a fait sa première apparition daifs les Gaules. Voki
en gros l'énumératioii des monnaies qui rentrent dans celle
série. Ce sont d'abord les belles pièces d'or que j'ai atlri-
buées aux Mandobiens (statère et quart de statère) , et qui
sont indubitablement phis modernes que les pièces décrites
en premier lieu ^ Je ne parle pas des potins des Mandubîens ;
ce sont certainement des produits du dernier monnayage
i Vo7«B Rnuinumiim.^ 1860, p. 165 et siiir.
ET DISSEITATIONS. 79
des Gaulois. Viennent ensnite^ toujours dans l'ordre d^an-
cieDoeté relative, des statëres et quarts de statëre d'or pâle,
4 la tète coiffée de grandes boucles, et qui, en outre de la
lyre placée entre les jambes des chevaux, offrent devant le
poitrail une sorte de tête de timon ornée de perles^ Devant
la bouche d'Apollon, on voit au droit un double fleuron qui
rappelle singulièrement les pièces de fabrication biturige
telles que les statères aux légendes ABYDOS, ABYCATO^
SOLIHA, etc. Nous tirerons un peu plus loin quelques
conséquences de cette remarque qui n'est pas sans impor-
tance.
Des monnaies d'argent sont étroitement liées à cette der*
niëre série monétaire, ainsi que l'a démontré, lepi^mier^
notre ami La Saussaye* ; ce sont les pièces k la tète coiffée
des mêmes grandes boucles, portant an revers le cheval
nu galoppant à droite, accompagné de la lyre et dû timon
orné placé devant son poitndK
De ces dernières pièces d'argent, on passe par une tran-
aitiôti toute naturelle et immédiate i aux heaivai et rares
deniers d'ai^gént ofirant au droit la même tète accompagnée
de la légende EDYIS, et an revers un ours accompagné à
l'exergue du nom de l'Hehètet ORGITIRIX. Tu te rappelles
à merveille le magnifique prototype de ces rares monnaies,
décrit par La Sailssaye, et offrant au droit la tête de Diane
des drachmes de Marseille, et, au revers, un ours^ du plus
charmant dessin** Évidemment, cette monnaie a été gravée
par un des plus habiles artistes grecs de Mars^tte, et
imitée faât bien que mal par les monétaires édnend. Noud
reviendrons plus tard sur les monnaies d'Orcitim ; oc-
> Revue mimtjfn., 1860 , p 103 , et déjà en 1846 dai8 ]e tome Wll dei
ÀnnaUM de Tinsi, àrch, de HtnM.
• yayet JbeiM nMttim,, 1860, pi. IV, n^.
60 MÉMOIRES
cupons-nous donc de celles qui sont purement éduennes.
Parallèlement à la série des statères et quarts de statère
au symbole de la lyre, le pays éduen en vit fiapper une
autre, dans un second centre d'émission apparemment, et
avec un emblème tout différent; nous allons la passer en
revue.
Ce qui caractérise ces jolies monnaies, c'est la présence
d'un nouvel emblème placé sous les chevaux du bigç, et
qui n'est autre chose qu'un épi accompagné d'une longue
bractée ou feuille. Ce sont des armes parlantes-, car dans
la langue gauloise, comme dans les idiomes modernes qui
en sont dérivés , un épi se dit édh. Les terres éduennes
étaient-elles des terres à blé, dans l'antiquité plus encore
qu'aujourd'hui? il n'y a rien là que de très-possible; car la
culture de la vigne ne remonte certainement pas au berceau
même de la puissance politique des Éduens.
Les pièces d'or de cette nouvelle série me paraissent un
peu plus modernes que celles à la lyre et la légende
*IAinnOY, soit à cause de la fabrique qui est sensible-
ment moins bonne , soit à cause de la détérioration de la
légende qui ne présente plus que des traits parallèles, sans
formes de lettre. Sur les quarts de statère de l'émission
primitive, le char est, comme sur les statères, attelé de
deux chevaux. Nous ne connaissons pas de monnaies d'ar-
gent avec le type de l'épi.
Une dernière série de pièces d'or des deux modules ap-
partient à la fabrication éduenne. Ce sont encore des sta-
tères et quarts de statère dont une trouvaille a été faite sur
les bords du Rhône , du côté de Crémieux, et que je ne
saurais néanmoins attribuer aux Âllobroges. Ces pièces,
d'un style assez barbare, offrent (statères) une tête devant
laquelle il semble qu'on ait voulu graver un A. Sur la joue
ET DISSERTATIONS. 81
d* Apollon , on aperçoit trois gros points placés en triangle
m avant de T oreille. Au revei*s, le bige chemine à gauche,
et Ton aperçoit Tépi éduen, entre la roue du char et les
pieds de derrière des chevaux. A l'exergue, on retrouve les
éléments lllini du nom 4>t)a7nroi» des statères de Philippe.
Le quart de statère ne porte plus qu'un seul point sur
la joue d'Apollon ; mais au revers on lit A M, au-dessous
des pieds des chevaux. Ces monnaies, je les donne, avec
une certaine confiance, aux Ambarres, clients des Éduens.
A ce système monétaire se rattachent des petites pièces
d'argent d'un style très-barbare, offrant au droit une tête
casquée, derrière laquelle parait une croix formée de quatre
gros points, et que je suppose n'être qu'une dégénérescence
de la sigle du denier delà République romaine, c'est-à dire
de rx. Au revers parait un cheval galoppant à gauche avec
le timon orné se rattachant aii poitrail. Le cheval est libre,
autrement dit, il n'est ni sanglé ni bridé. Au-dessus et au-
dessous du cheval, on voit le plus ordinairement une
rouelle à quatre rayons , ou un cercle simple , quelquefois
accompagné (au-dessus) de deux G tournés en sens inverse
(au-dessous d'un G renversé, sic cj).
Je place encore ici, chronologiquement parlant, de larges
pièces de potin , offrant au droit une tête réduite à quel-
ques simples linéaments terminés par de gros globules, ac-
compagnés en ouue de globules représentant le nez et le
menton. Les linéaments semblent former au bas du visage
un large triangle dont nous retrouverons plus tard une dé-
générescence très-reconnaissable. Au revers, paraît un
anunal informe , représenté avec deux pieds seulement,
dont celui de derrière est prolongé outre mesure, comme
s il se fût agi de représenter un kangarou. Au-dessus de
l'animal paraît un (orques qui devint plus tard le signe
82 «ÊMOIRES
suivant J/. Comme j'ai rencontré partout ces monnaies sur
le territoire éduen, et comme je ne les ai, pour ainsi fire,
rencontrées que là, il ne me reste pas de doute sur leur ori-
gine réelle.
Nous voici arrivés à un point où Tépigraphie va joner ud
rôle important. L'or disparaît , mais l'argent abonde. Les
pièces qui s'offrent avec tous les caractères de la priorité
sont des deniers d'argent que la tète casquée rattache aux
aoépigraphes décrites ci-dessus.
Au droit , paraît une tête casquée tournée à droite , et
dont le casque est orné de festons et de globules. Devant la
tète on lit NORBO. sur un bel exemplaire de la collection
numismatique de la ville de Metz. Au revers, le cheval
libre galoppe à droite ; au-dessus paraît un annelet, et au-
dessous la légende PVBN. La même pièce, quant aux types^
existe sans légende , mais avec un annelet au-dessus et au-
dessous du cheval qui , cette fois , est sanglé et bridé.
Enfin, une troisième variété offrant exactement les même»
types que la seconde, porte au-dessus du cheval la légende
DVBNO.
Impossible de donner à Dubnorix ces trois deniers qui
diffèrent essentiellement, comme types et comme fabrique
de ceux qui reviennent de plein droit à ce chef des Éduens*
11 devient certain lorsque l'on compare attentivement les de^
niers des DYBNO-NORBO avec les deniers de DYBNOREX *
qu'un long espace de temps a dû s'écouler entre les émis*
sions ordonnées par ces deux personnages.
Mais si nous nous rappelons que Dubnorix a frappé de^
monnaies, avec le nom DVBNOCOV, du côté de la tète".
* Bwue nwmûin., 1860, pi. V, n" 3.
« /û»tf., pi. V,n"4, 5,6.
ET DISSERTATIONS. SS
Qous serons conduits à voir dans le DVBMOdes deniers que
je viens de décrire, le Dubnocos, père de Divitiac et de
Dubnorîx, dont la numismatique seule nous a conservé le
nom. Remontant de la mêo^e manière et par induction aux
légendes. des deniers de ce. Dubnocos, nous serons amenés
à conclure que le père de celui-ci avait un nom commen-
çant par les syllabes NORBO.
Nous savons que Divitiac fut assez fidèle ami des Ro-
mains pour condamner les manœuvres usurpatrices de son
frère Dubnorix ; nous devons donc croire qu'il ne fut émis
chez les Éduens que des monnaies républicaines, pendant
toute la durée de son autorité et de celle de son ami Liscus ,
lorsque celui-ci était vergobret. Dubnorix essaya de se
iaire concéder la puissance royale (César nous le dit expiées-
sèment^), et si son père avait usurpé, comme je le crois, la
souveraine puissance, il conspira avec Orcitirix et Gasticus
pour recouvrer ce qu'il se croyait légitimement dû, puisque
son frère Divitiac y avait renoncé.
Conmient se fait-il que pendant la ligue contre Arioviste,
nous ne voyons paraître aucune pièce éduenne? Ce fait
s*explique par l'abondance des jolis petits deniers dont on
trouve une énorme quantité dans l'est de la France, et qui
présentent quatre types distincts au revers de la t^te cas-
quée des quinaires de la République romaine.
1* Le cheval bridé et sanglé, galoppant à gauche, avec
l'indice X du denier au-dessus de la croupe, et. une rouelle
à quatre rayons sous le ventre.
2* Même cheval, au dessus KAA, légende générale des
Celtes, et au-dessous ,^ la rouelle à quatre rayons.
3* Même cheval, double grènetis au droit, un pied
• ^ommtnt., lib. I, cap. XVIIl.
8A MÉMomKS
de devant posé à terre et l'autre levé. Légendes KAA-
EAOV.
4* Double grènetis au droit; derrière la tète X.
if. Même cheval levant un pied. Légende KAAET-EAOV.
A cette longue émission de pièces d'argent correspond,
peut-être , celle des pièces de potin , essentiellement
éduennes, aux deux profils opposés, et offrant au revers le
sanglier avec le monogramme A (EA) ou les légendes
^\a* ®^ AS* ^ dernière de ces légendes, f ai déjà pro-
posé de la lire AVSS * (Aussioderi pour Autessioderi). La
première OVINAIA dont on n'a rien su faire de bon
jusqu'ici, ne pourrait-elle pas aussi se déchiffrer en com-
mençant par la ligne inférieure , ce qui nous donnerait le
mot AIAOYIN, dans lequel, cette lecture une fois ad-
mise, il serait difficile de ne pas reconnaître l'ethnique des
Éduens.
Revenons aux petites pièces d'argent au type éduen. J'ai
déjà appelé ton attention sur les quinaires que f attribue au
vergobret Convictolitanis', intronisé par César au détriment
deCotus, frère de Valetiac. Que fait Convictolitanis? Il re-
prend exactement les types des quinaires républicains et
semi-romains de Divitiac et de Liscus , c'est à-dire la tête
casquée entourée du double grènetis, et au revers le cheval
sanglé et bridé galoppant à gauche, avec un enroulement de-
vant le poitrail, et sous le ventre un symbole qui ressemble
parfois à un pied, parfois à une main fermée ; au-dessus
de l'animal se voit une légende qui offre les deux formes
suivantes C OHE et C 0^7 F, que je lis CONYIC.
Je viens de te rappeler que Valetiac , frère de Gotus,
i Betutnumistn.y 1858, p. 287.
• Bttuê numism,j 1858, p. 286.
ET DfSSERTATiONS. 85
élaille vergobret en exercice l'année qui précéda la nomi-
natioo de Conyictolitanis par César. Je suis heureux de
l'annoncer que j'ai retrouvé un denier de ce personnage
qui se montra peu soucieux de conserver les monnaies
anonymes de ses prédécesseurs. Je possède une très-cu-
rieuse pièce , globuleuse comme les quinaires à la légende
KAA-EAOV, ofirant exactement la même tête casqnée au
droit, avec la légende malheureusement incomplète LEIHACO,
dans laquelle il serait difficile de ne pas voir le nom Yale-
tiacos, et au revers le cheval sanglé et bridé , avec un pied
posé à terre , et les restes manifestes de la légende € AO.
Tu vois que tous ces curieux petits monuments se lient et
s'expliquent les uns par les autres.
C'est maintenant le moment de revenir aux monnaies
d'Orcitirix. Nous avons déjà vu lapièxre à l'ours, pièce qui est
évidemment née de la conspiration d'Orcitirix avec Casticus
et Dubnorix. 11 n'y aurait rien d'étonnant à ce que le chef
belvétien eût fait fabriquer des monnaies analogues pour
son allié de Séquanie ; jusqu'ici on ne les connaît pas.
Le nom d'Orcitirix se présente sur des deniers frappés
avec plusieurs types différents; mais ayant un flan nota-
blement plus large que celui des monnaies éduennes. Voici
l'énumération de ces types.
Tête à gauche avec la chevelure formée de traits paral-
lèles et un diadème perlé ; devant ATPILI.F.
ij'. Cheval galoppant à gauche. Au-dessus ORCITIRIX.
Au-dessous une étoile, ou un poisson , semblable à celui
des deniers d'argent à la légende SOLIMA.
Tête à gauche avec collier ou lorqvès; devant, GOIOS.
H. Cheval galoppant à gauche ; au-dessus ORCITIRIX ; à
l'exergue séparée par un trait, un cercle rayonnant.
Je ne doute pas qu'il ne faille conclure delà teneur de ces
S6 MÉMOIRES
légendes que Tiielvète Orcitirix avait pour père un persoa-
oage noxonsée Atpilus. Tu te rappelles que ce nom a été
porté par ud chef peut-être carnute, et fils d'un autre
cbef nommé Toutobocius. Que signifie le mot COIOS? On
Tignore. J'aurais été bien tenté d*y voir le commencement
du nom de Casticus, qui se serait appelé en réalité Coiosticm;
mais cela est par trop invraisemblable.
Quoi qu'il en soit, la tête de nos deniers d' Orcitirix est
identique pour la fabrique et la tournure avec celle de l'un
des deniers de Dubnorix : c'est celui où ce cbef parait
debout au revers , marchant à gauche et présentant l'éten-
dard gaulois surmonté du sanglier. Pour moi , cette variété
est contemporaine des deniers d'Orcitirix avec les légendes
ATPILl.F, et COIOS. Nous avons déjà constaté que la tête
du droit est accompagnée de la légende DVBXOCOV, qui
nous fait connaître le nom du père de Dubnorix. Celui-ci
a fait frapper d'autres deniers, postérieurement, sans aucun
doute, et probablement vers l'époque où il fut mis à mort
près du PortusItiusS avant la seconde expédition de César
en Grande-Bretagne. La tête est toute différente de celle
des premières pièces , et au revers Dubnorix debout et de
face tient de la main droite un carnyx et un étendard au
sanglier, et de la main gauche une tête coupée '. Quant aux
légendes , elles sont les mêmes que sur les monnaies de la
première espèce.
Viennent enfin les jolis deniers de Lita viens , deniers bien
connus et qui ont une analogie frappante, quant au type du
droit, avec les deniers de Verotal et de Lucterius.
J'insiste encore sur ce point que les monnaies d' Orcitirix
* Ca'sar, Comment., lib. V, cap. VII.
• hcvue numism.,, 186), pi. V, n"» et 0.
ET DJSSERTATIONS. S7
et de DubDorix ont une identité palpable de fabrique;
({oe ceuic de Lîtavicus ne s'en rapprochent que trës^peu,
et qu*à priori il est tout naturel d'affirmer que ces rares
monnaies a* ont pas été frappées au centre même du pays
des Éduens. Ce sont en quelque sorte des mmeU caêlrenses.
Je puis maintenant revenir aux différents groupes de
monnûes émis parallèlement dans divers centres de la
population éduenne. Les pièces & la lyre me semblent
appartenir à la région la plus voisine du pays des Bituriges,
prédsément à cause du double fleuron placé vis-àrvis la
bouche d'Apollon. J'admettrais assez volontiers que ces
pièces ont été frappées du côté de Decetia (Decize) ; les
monnaies des Handubiens s'y rattachent assez étroitement,
et effectivement les deux points sont assez proches voisins.
Les pièces à Fépi , bien voisines des Ambarres, auraient été
alors fabriquées à Bibracte même , et quelques-unes peut-
être soit à Matiscon, so{t à Cabillonum ; c*est ce que Tobser-
tion attentive des provenances nous apprendra quelque jour*
Nous ne sommes point encore arrivés au bout du cata-
logue des monnsûes éduennes. Nous avons vu quelles furent
les espèces républicaines émises pendant la présence de
César dans les Gaules, et les espèces nominales frappées au
nom des chefs éduens rebelles à la conquête. Lorsque cette
conquête fut un fait accompli , d'autres personnages se
virent investis de l'autorité suprême, sous le patronage de
Rome, et nous en connaissons dès à présent deux, trois
peut-être, qui se succédèrent de père en fils, jusqu'à la
suppression de l'autonomie nsonétaire des Gaulois.
Tu connais parf^dtement et tout le monde connaît \e^
jolis quinaires d'argent du chef désigné par la lé*
gende Q, DOCI SAM. F. Je complète ainsi cette légende :
Quinltis Docirix SamilU fiUt^, Le type de ces quinaires j
88 i^ÈMomEs
qu*OD a bien fait de refuser d'une inai)iëre définitive aux
Santons, portent des types tellement identiques avec ceux
des quinaires éduens , qu'il n'est pas possible de classer
ces monnaies à une autre peuplade. Elles sont extrême-
ment communes dans tout l'est de la France , en Franche-
Comté surtout. Je serais donc bien tenté de croire qu'un
chef des Séquanes a été placé par les Romains à la tête des
nations celtiques, ne fût-ce que pour punir les Éduens de
leur défection pendant la campagne de Gergoviaet d'Alesia.
Docirix prend le prénom Quintus , qui était celui de
Cicéron, qui occupa la Séquanie avec ses légions, et put
fort bien se créer dans ce pays des amis puissants et des
clients. Le père de Docirix fut probablement un de ces clients
auquel la protection romaine valut un nom et l'autorité.
Mous connaissons en effet de beaux potins que Ton trouve
presque exclusivement aux environs de Besançon , et qui
portent au-dessus de la couroime de l'effigie , les lettres
Q.SAM. Ce sont des monnaies de Quintus Samillus, père
de Docirix. Celui-ci succéda à soo père, et continua le
même système monétaire, en fabriquant en outre une im-
mense quantité d'espèces d'argent. Nous trouvons eu effet
des potins presque identiques avec ceux de Samillus, et
portant au-dessus de la couronne la légende DOCI. ou DOC,
au lieu de Q.SAM. Ce sont des monnaies de Docirix frap-
pées en Séquanie, par le fils et successeur de Samillus.
D'autres potins offrant au bas de la tête le large triangle
que je t'ai fait remarquer sur les premiers potins des
Éduens, portent au revers, autour du cheval sanglé et bridé,
la légende plus ou moins complète : DO. ou Q.DO. ou
DOC, ou enfin Q.DOC et Q.DOCl. Ce sont des monnaies
émises chez les Éduens, en même temps que les quinaires
' d'argent du même Quintus Docirix.
KT DISSERTATIONS. 89
Les potins anépîgrapbes , niais au inëine type que ceux
aux légendes Q.SAM et DOCI écrites au-dessus de la cou-
ronne, sont les premières espèces émises par Samillus,
avant qu'il lui fût permis de signer ses monnaies.
Reste enfin un personnage, Togirîx, dont les types moné-
tsûres sont les suivantes :
Quinaires d'argent. Tète casquée avec la légende TOGIRIX.
^\ Cheval libre galopant à gauche, au-dessus TOGIRI
ou TOGIRIX. Sous le cheval une branche garnie de baies.
Pièce très- commune partout.
Potin. Tête à gauche , sans le triangle caractéristique.
^\ Cheval libre galopant à gauche, au-dessus TOG. Très-
commun en Franche-Comté.
Potin de bonne fabrication. Tête casquée, à droite TOG.
i(. Lion courant à droite, au-dessous TOG. et sur deux
exemplaires connus jusqu'ici, TOGIR.
Tu as déjà fait remarquer* que la forme TOGIRI , quand
l'espace ne manquait pas au graveur, pourrait indiquer
l'abréviation de géniiU Togirigis ; cela est fort juste. Nous
pourrions donc voir deux Togirix , fils l'un de l'autre , et
qui auraient été successivement revêtus du même pouvoir
souverain.
Restent enfin de rares quinaires d'une fabrication bien
plus barbare, offrant au droit, devant la tête casquée, le
nom IVLIVS, et au revers, au-dessus du cheval sanglé et
bridé, la légende TOGIRI.
Pour toi comme pour moi, j'en suis sûr, il s'agit d'un
Julius, fils de Togirix.
Où ont été frappées les pièces de Togirix , et de son fils
ou de ses fils Togirix et Julius? Ce Togirix serait-il par hasard
* Rnue numism , 1860, p. 179, note 1.
90 MÉMOIRES
le même personnage que le Docirix de fabrique ëduentie?
Voilà deux questions bien difficiles à résoudre, et sur les-
quelles j'appelle toute ton attention. Ce qui est certain, c'est
que les types du potin n'appartenaient pas à la même con*
trée, et que toutes les pièces présentant le nom de Togirix
semblent postérieures à celles de Quintus Docirix. Ne pour-
rions-nous pas supposer que le Séquane Samillus , après
avoir pris le prénom Quintus , a laissé la couronne à son
fils Quintus Docirix ; que celui^i à frappé simultanément
chez les Séquanes et chez les Éduens, qu'il est le même
personnage qye le Togirix des monnaies, et qu'il a eu pour
fils un Togirix et un Julius qui se sont partagé ses États
et le pouvoir après sa mort? Voilà bien des hypothèses
sBfis doute ; maïs c'est en n'en faisant jamais qu'on n'arrive
à rien.
Tout à toi de cœur. F. de Sât^tcr.
ET DiSSKRTATIONS. U\
MONNAIES INÉDITES
IMPÉRIALES ROMAINES, GRECQUES ET COLONIALES.
(PI. IV «t V.)
Airromiv le Pieux. (Médaillon frappé à Épbëse?)
1. ANTONJNVS.AVG.PIVS.P.M.TR P. Buste d'AttUmin,
tète nue, tourné adroite et vêtu du paludamentum ; le tout
dans un cercle de grènetis.
K. A Texergue, COS.III. Diane debout à gauche, la tête
surmontée d'un croissant et les cheveux tombant sur le
COQ. De sa main gauche elle tient un arc, et de l'autre, par
le bois, un daim dont la tête est tournée vers la déesse ; le
tout dans un cercle de grènetis. — M. ( PI. IV, n* 1. )
Grand médaillon de la collection de M. H. Hoffmann.
Quoique les légendes soient inscrites en cai*actères la*
tins , ce médaillon , dont le revers est publié pour la pre-
nrière fois , nous parait , d'après son style et sa fabrique ,
avoir été frappé en Asie, et probablement à Éphèse. L'ii^^
scription du revers, COS.III , nous indique aussi qu'il a été
frappé de HO à ihà de J. C, parce que, sur les monnaies
d'AotoDÎn , le titre de COS.III a été maintenu pendant cinq
années consécutives concurremment avec les dates III, IV,
V et VI de la puissance iribunilienne; le chiffre du quatrième
92 MÉMOIRES
consulat (COS.IIll) ne commence à paraître qu'en 144
de J. C, et il est joint au titre de TR.P.VII.
Slptime-Sêtère.
2. L.SEPT.SEV.AVG.1MP.XI.PART.MAX. Buste lauré de
Septime-Sévère, à droite, vêtu du paludamentum.
ij. CONCORDIAE.MILITVM. La Concorde militaire , de-
bout à gauche et tenant une enseigne dans chaque main.
— M. (PI. IV, n°2.)
Collection de M. H. Hoffmann.
Superbe exemplaire, à fleur de coin. M. Cohen, t. III»
p. 239, n* 51, décrit un denier d'argent du même empe-
reur, dont le revers est semblable , mais la légende qui
entoure la tête de Septime-Sévère est différente.
SuLPicius Uranius Antoninus (frappé à Antioche).
3. ...K.COVAII.ANTOJNI... Buste lauré de Sulpicius
Uranius Antonin , tourné à droite et vêtu du paluda-
mentum.
j{. AHMAPX.GSOrCIAC...,età l'exergue, S.C. Aigle
éployé posé d,e face, la tête tournée à droite, et tenant une
couronne au bec. — Potin. ( PI. IV, n» 3. )
Collection de M. H. Hoffmann.
On ne connaissait jusqu'ici que quatre monnaies d'Ura-
nius Antoninus, savoir : deux aureus de revers différents,
appartenant l'un au Musée Britannique, l'autre à M. Wigan,
à Londres ; un potin de moyen module , frappé à Émèse ,
actuellement au Cabinet impérial de France, et un mé-
daillon de bronze , frappé aussi à Émèse , et dépendant de
la belle collection réunie par M. Prosper Dupré , de Paris.
ET DISSERTATIONS. 9S
Ce dernier bronze a été du reste cité et décrit depuis long-
temps par Tanîni, pi. II, ainsi que par Haym, The$. Brii.^
t I, p. 278.
Ces divers exemplaires, déjà signalés aussi par Scipion
MaiTei, Bimard de la Bastie, Eckhel et Mionnet, ont fourni
à Lenormant la matière d'un article fort intéressant inséré
dans cette même Revue ^ année 1843, p. 2ô5, pi. XI, que
nos lecteurs peuvent consulter pour tout ce qui concerne la
partie historique. Enfin M. Cohen , dans sa Description des
monnaies romaines^ t. IV, p. 87, pi. III, 1 et 2, a fait éga-
lement mention des monnaies connues d'Uranius.
Sur le nouvel exemplaire que je publie, l'usurpateur
porte, comme sur les quatre précédents , la couronne de
laurier et le paludamentum ; la légende incomplète, à cause
de rirrégularité du flan, offrait aussi très-probablement le
titre d* auguste; mais cette monnaie se distingue de toutes
les autres par la position du buste, qui est tourné à droite,
et surtout par le revers, qui indique clairement qu'elle a
été frappée à Antiocbe. Cet exemplaire a longtemps figuré
dans la collection de Tôchon d'Annecy.
Impériales gncques tl coloniales dePhénicie.
BERvrus.
Les premières monnaies impériales de Bérytus remon-
tent à Jules-César, et les dernières nous offrent les noms
de Gallien et de Salonine.
En discutant l'époque à laquelle les Romains établirent
une colonie militaire dans cette ville, Eckhel, t. III, p. 355,
rapporte diverses opinions émises à ce sujet par ses pré-
décesseurs. Patin , à cause de l'épi thète IVLIA, inscrite sur
1861.— 2. 8
Oi MÉMOIRES
quelques médailles \ a voulu faire remonter la date de
cet événement à la dictature de Jules -César; mais cette
raison paraît insuffisante, puisque Ulpien {De censib.)
donne également à cette colonie le nom d'Augustana. En
outre, Eusèbe {In Chronico) dit positivement que Béry tus
et Patrœ furent converties en colonies romaines la troi-
sième année de la 19P olympiade , qui correspond à Tan
de Rome 740, précisément Tannée même où , d'après un
marbre d'Ancyre, Auguste établit plusieurs colonies mili-
taires dans différentes provinces de Tempire. Enfin Strabon
(XVI , p. 756) affirme également que , par ordre d'Auguste,
Agrippa installa à Bérytus la cinquième et la huitième lé-
gion , opinion corroborée d'ailleurs et confirmée par plu-
sieurs monnaies d'Auguste ou de Claude frappées dans
cette ville, et dont le revers porte deux aigles légionnaires ,
avec ces mots : COL.BER. V et VIII '.
Marc-Aurèle et Vérus.
â. IMP.CAES.M.AVREL.ANTONINVS.AVG Tète laurée
de Marc-Aurèle, à droite ; sous le cou, COL.
ç\ IMP.CAES.L.AVRE.VERVS.AVG. Tête laurée de Vérus,
à droite ; sous le cou, BER. — JE. (PL IV, n» A. )
Cabinet impérial de France.
Petit bronze. Eckbel, d'après Vaillant, et, plus tard,
^ Je trouve , aa reste , dans Vaillant un exemplaire ayant le même revers,
avec la légende COL.l VL.BER, et dont la face oppoeée porte la tête lauréf de
J ules-César.
' On sait que plusieurs de ces monnaies ont été attribuées par divers anti-
quaires à Ruseino dans la Gaule ; mais elles ont été restituées à Bérytus (Rttw
uiMn., 1841, p. 278) , et il suffît de comparer leur style de fabrique avec celui
d'autres monnaies de la ville asiatique pour reconnaître qu'elles ne peuvent
pns être réclamées pour la Gaule.
ET DISSERTATIONS. 95
Hionnei citent une moonaie offrant, comme celle-ci « les
deux effigies de Marc-Aurële et de Vérus ; mais le module
est différent , et , de . plus , on y voit un aigle placé sous
chaque tète.
JUUA DOMNA.
5. 1VLI.AVG.PIA.FELIG (fto). Buste de Julia Domna ,
à droite.
i)\ COL.ANT.BER. Neptune debout , à gauche . le pied
droit sur un rocber, tenant sur la main droite un dau-
phin, la gauche appuyée sur ifn trident. — M. (PL IV,
n*5. )
Collection de H. Hoffmann.
Le graveur a donné une forme insolite et barbare à la
lettre F du mot FELIC.
Caracalla.
6. 1MP.M.AVREL.ANT.AVG. Buste laaré de Caracalla,
à droite , avec le paludamentum.
Même revers. JE. (PL IV, n« 6. )
Collection de M. Hoffmann.
D'après les initiales ANT. que nous voyons sur les
deux bronzes précédents, ainsi que sur quelques autres
monnsûes de Caracalla , la colonie de Bérytus dut prendre
le surnom d'Antoniniana sous cet empereur.
Une monn^e à peu près semblable à celle-ci a été dé-
crite par Sestini {Mwie Foniana^ t. II, p. 57) ; mais elle
est d'un module différent, et, au lieu du buste de Caracalla ,
on n'y voit que sa tête.
7. IMP.CAES.M.AVR.ANTONINVS.AVG. Buste lauré de
Caracalla, à droite, avec le paludamentum.
96 MÉMOIRES
ly. GOL.IVL.AVG.FE.BER. Neptune, un dauphin dans
la main droite ; la gauche appuyée sur son trident, et de-
bout, à droite, sur une galère conduite par un pilote assis
près de Taplustrum; le tout dans un cercle de grënetis.
— M. (PI. IV, n" 7.)
Cabinet impérial des médailles.
Moyen bronze inédit; jusqu'ici ce type de revers n'était
connu que sur des bronzes d'Élagabale. Au reste, Neptune,
Astarté ou la Lune, Vénus mariue, les Dioscures, le navire
ou la proue de vaisseau , types que nous voyons figurer si
souvent sur les revers des monnaies de la Phénicie, sont
des symboles de la navigation , à laquelle les peuples de
ces contrées attachaient une grande importance.
BYBLUS.
Caracalla.
8. AV.KAI.M.AV.ANTONINOC. Buste cuirassé de Gara-
calla, à droite, avec la tête radiée.
R). lePAC.BrBAOr. Astarté tourrelée et de face, la
main droite appuyée sur un mât avec antenne , debout
dans un temple tétrastyle, dont le fronton se termine py-
ramidalement ; le tout dans un cercle de grènetis. — iE.
( PL IV, n* 8. )
Cabinet impérial de France.
Moyen bronze inédit; Mionnet n'a connu qu'on seul
exemplaire avec ce même revers , mais frappé par Élaga-
baie (Supplément, VllI, p. 25A, n* 82).
9. AV.KALM.ANTnNINOG.CeB. Buste lauré de Gara-
calla, à droite , avec le paludamentum ; le tout dans un
cercle de grènetis.
ET DISSERTATIONS. 07
i{. lePAC.BYBAOr, en deux lignes, dans un cercle
formé par un serpent qui se mord la queue ; le tout dans
un cercle de grènetis. — &. (PI. IV, n° 9. )
Moyen bronze inédit; ce type de revers a été également
employé par Élagabak (Mionnet, V, p. 355, n* 133).
DiADUMÉNIEN.
10. M.On.AlAA0YM6NIAN0C.KAI. Buste cuirassé de
Diaduménien, à droite, avec la tète nue.
i. IGPAC.BrBAOr. Proue de vaisseau. — iE. (PI. IV,
uMO.)
Cabinet impérial de France. '
Petit bronze. Vaillant {Numif^maia grxca) fait mention
d'un bronze de Commode frappé aussi à Byblus, et dont
le revers porte également une proue de vaisseau.
Elagabale.
11, M.AVPHA.ANTWNINOCCGB. Buste lauré d'Éla-
gabale, à droite, avec le paludamentum ; le tout dans un
cercle de grènetis.
Bjl. IGPACBTBAOr. Isis Pbaria, le lotus sur la tête,
marchant à droite , et tenant de ses deux mains une voile
enflée par le vent ; le tout dans un cercle de grènetis. —
£. (PI. IV, nMl. )
Collection de M. H. Hoffmann.
Moyen bronee inédit; ce même revers est commun sur
des monnaies impériales de Byblus frappées par Marc-
Aurèle, SeptLme-Sévère, Caracalla et Diaduménien. Voir
Sestini, Musée Iledermr^ 111, p. 22, n" 2, et Mionnêt,t. V,
et Supplément , t. Vlll.
98 MÉMOIRES
D'après une ancienne tradition , c*est sur le rivs^e de
Byblus qu'Isis retrouva le coffre où était renfermé le ca-
davre d'Osiris, son mari, tué par Typhon. Cette déesse,
adorée surtout en Egypte et en Pbénicie, avait des autels
en Grèce , notamment à Âbydos , à Pblionte, à Ompbale, à
Corintbe, etc. Des fêtes solennelles étaient aussi célébrées
en son bonneur à Coptos, à Sais, à Bubaste et à Busiris.
Joua SoiCMiAS.
12. IOrAlA.CO€MIAC.C€BAG. Buste de J. Soaemias,
à droite ; le tout dans un cercle de grènetis.
j{. iGPAC.BTBAOr. Temple bexastyle, dans l'intérieur
duquel on voit Astarté debout, s'appuyant de la main droite
sur un mât de navire, et couronnée par une Victoire placée
sur une colonne; le tout dans une couronne de grènetis.
— £. (PL IV,nM2.)
Collection de M. H. Hoffmann.
13. Même légende et même buste de Soœmias, à droite.
fj. lePAC.BTBAOT. Astarté représentée de la même
maniée que sur l'exemplaire précédent; mais dans un
temple bexastyle, dont le fronton est en forme de coquille ;
le tout dans un cercle de grènetis. — £. ( PI. IV, n' 18.)
Collection de M. H. Hoffmann.
Mionnet décrit un moyen bronze d'Elagabale avec un
revers semblable.
On ne connaissait encore aucune monnaie de J. Soaemias
frappée à Byblus; ces deux grands bronzes sont donc
uniques et de plus, d'une conservation remarquable : ils
ont été trouvés ensemble.
ET DISSERTATIONS. 90
SIDON.
Caracalla.
1. l»P.M.AV,ANTONINVS-AVG, Buste lauré de Caracalla,
adroite.
if. Dans un cercle de grènetis et en légende circulaire :
C0L.AVR,P1A.METR. SIDON., et dans une couronne de lau-
rier : CER— SAC. E— HOC YM— ISELA, écrit en quatre lignes.
-E. (Pl.V,n* 1.)
Cabinet impérial de France.
Ce grand bronze est intéressant, en ce qu'il sert à
prouver que ce fut peodant le règne de Caracalla que
Sidon prit le titre de colonie. D* après Eckhel, t. III,
p. 171 , et Mionnet^ passim^ on avait pensé jusqu'ici que
ce fait avait eu lieu sous Élagabale , puisqu'on n'avait en-
core trouvé œ titre de COLONI A inscrit que sur des monnaies
d'Élagabale, de Paula, dAnnia Faustine, de Soœmias, de
L Ibesa, de Sévère-Alexandre et d'Étruscille. C'est donc
par ordre de Caracalla que Sidon prit le titre de colonie , et
c est aussi pendant son règne que la métropole de Phénicie
fut transférée dans cette ville, honneur dont elle jouit jus-
qu'à Sévère-Alexandre , qui rendit à Tyr les privilèges que
lui avait enlevés Caracalla.
Élagabale.
2. IMP.CM.AVR.ANTONINVS.AVG. Buste lauré d'Élaga-
baie à droite, avec le paludamentum.
^\ Légende circulaire semblable à celle de l'exemplaire
précédent^ mais dans la couronne de laurier on lit, écrit
100 MÉMOIRES
en quatre lignes : CERT— SAC. PER— OECVME— ISELA,
— M. (PI. V, n°2.)
Moyen bronze de la collection de M. H. HofTmann.
La légende CEKTamina SACra PEReodica OECVMEnfca
ISELksliea se rapporte à de certains jeux, comme les urnes
et les palmes que nous voyons sur les revers de quelques
bronzes d*£lagabale, frappés également dans des villes de
Pbénicie. Au reste Mionnet, t. V, p. 388, n* 347, décrit
un exemplaire qui ne diffère de celui de M. H. Hoffmann
que par une légère variante dans la légende qui entoure la
tête d'Élagabale.
On donnait généralement, chez les Grecs, le suniom
àUsélastiques à certains vainqueurs de grands jeux , tels
que les jeux olympiques , pythiens , istbmiques , né-
méens, etc. * Nous trouvons aussi cette épithète îq)pliqué€
aux jeux mêmes {certamina) sur plusieurs monnaies impé-
riales de Pbénicie , comme aussi sur des bronzes de Cara-
calla et de Valérien frappés à Héliopolis, en Cœlé-Syrie,
ainsi que sur des marbres, par exemple, sur une inscrip-
tion citée par Gruter, p. 25A, et rappelée par Eclchel, t. IV,
p. 443, où on lit r CONSTITVTORI SACRI GERTAMINIS.
SELASTICl [sic) pour Isetaftici. D'après Vitruve {Praef.,
lib. IX) et Plutarque (Sympos., lib. II, probl. VI), ainsi
que par deux lettres de Pline le jeune, nous sommes fon-
dés à croire que chez les Grecs comme chez les Romains^
l'expression d'isélastique ne se rapportait ni au genre ni à
la nature des jeux , mais qu'elle s'appliquait à des jeux ou
à des luttes de toutes sortes ; elle emportait avec soi l'idée
d'un privilège honorifique, accordé chez les Romains par
> Les couronnes données aux vainqueurs de ces quatre jeux étaient diffé-
rentes : d'o/irier, pour les jeux olympiques; de laurier , pour les Pythiens y
ée persil y pour les Némécns ^ et de pin, pour lesjtux isthmiques.
tr DISSERTAI IONS. 101
Vempereur, et en vertu duquel celui qui avait remporté le
prix à des jeux déclarés isélasliqueê' jouisssàt de certains
honneurs, comme , par exemple, de rentrer triomphale-
ment dans sa ville natale , et souvent par une brèche prati-
quée exprès à cette occasion dans les murs d'enceinte ^
Quelquefois aussi le vainqueur isélaslique recevait, sa vie
durant, aux frais de TÉtat ou de sa patrie, une certaine
quantité de vivres. Comme l'empereur seul , selon son bon
plaisir, déclarait que tels jeux seraient isélastiques ^ ce pri-
vilège n'était que temporaire ; c'est pourquoi certains jeux
n'ont conservé que momentanément ce titre ou surnom
i'iièlastiques , ainsi que les privilèges et les bénéfices qui y
étaient attachés.
JuuA Paula.
8. 1VL1A.PAVLA.AVG. Buste de Julia Paula à droite; le
tout dans un cercle de grènetis.
^1. COL.AVR.PIA.METR.SIDON. Astarté tenant un mât et
couronnée par la Victoire posée sur une colonne , debout
dans un temple tétrastyle dont le faîte se termine pyrami-
dalement; on voit un acrostolium aux deux extrémités du
fronton, un autel allumé, et Silène, chargé d'une outre,
debout aux pieds d' Astarté; le tout dans un cercle de
grènetis. — M. ( PL V, n» 3. )
Collection de M. H. Hoffmann.
Mionnet» t. Y, p. 288, n"" 318, donne la description
d'une monnaie à peu près semblable , mais d'un module
pins petit, et qui diffère du grand bronze de M. H. Hoffmann
* Ausai le mot itéUitlique tire-t-il son ctymologie du verbe elTeXaOvoi,
mttttor.
102 MÉMOIRES
par les ornemeots qui décorent le fronton du temple, et où
ne se trouve point Tautel allumé.
A. Même buste, même légende.
i). Même légende. Dans un cercle de grènetis, Astarté
de face, coiffée du modius et tenant un mât ; à sa gauche
la Victoire, placée sur une colonne, lui présente une cou-
ronne. De chaque côté de la déesse un palmier, et devant,
Silène debout et portant une outre sur Tépaule. — £.
(PI. V,noâ.)'
Collection de M. H. Hoffmann.
Grand bronze inédiu
5. IVLIA.PAVLA.AVG. Buste de Julia Paula à droite; le
tout dans un cercle de grènetis.
ij\ AV.Pl.SID.C.MET. Char d' Astarté à quatre roues,
dans lequel on voit le simulacre du Soleil sous la forme
d'un globe sur un croissant ; le tout dans un cercle de
grènetis. — E. ( PL V, n*» 5. )
Collection de M. H. Hoffmann.
Bronze de petit module parfaitement conservé, et remar-
quable par Tarrangement inusité de la légende du revers.
Hérodote (lib. II, c. 63 ) nous apprend que chez les Égyp-
tiens, dans certaines solennités, on promenait sur un char
à quatre roues le simulacre d'une divinité renfermée dans
un sac; et nous voyons aussi dans Macrobe {Sal.^ L I,
c. 23) qu'à Héliopolis on portait de la même manière les
images des dieux.
Alexan DBE- Sévère.
6. IMP.M. AV.SEV. ALEXANDER. Buste lauré d'Alexandre-
Sévère à droite, avec le paludamentum ; le tout dans un
cercle de grènetis.
ET DISSERTATIONS. 103
i)\ Dans une couronne de laurier et en quatre lignes :
COLA— VR.PIA-METR— SID; le tout dans un cercle de
grènetis. — M. (PL Y, n» 6.)
Collection de M. H. Hoffmann.
Moyen bronze , dont le revers est inédit.
TRIPOLIS.
JULIA DOMNA.
7. lOTAlA.AOHNA.C. Buste de Julia Domna à droite ;
le tout dans un cercle de grènetis.
f^. TPinOAITouN et à l'exergue, la date Al^ (514).
Les deux Dioscures debout , appuyés sur la haste et se
fsdsant face; leur tête est surmontée d'une étoile, et cha-
cun d'eux tient une grappe de raisin ; entre les deux têtes
le croissant de la Lune; le tout dans un cercle de grènetis.
— ^. (PLV, n*7.)
Collection de M. H. Hoffmann.
Petit bronze, dont la date correspond à l'an 203 de J.-C.
Sur les impériales de Phénicie, les dates sont indiquées
d'après trois ères ou systèmes différents :
1"* Ère des Séleucides, partant de l'an de Rome AA2 ou
312 avant J.-C. ;
2* Autre ère des Séleucides, ayant pour point de départ
l'année 613 de Rome ou 111 avant J.-C. ;
3"* Ère de Pompée, datant , d'après Vaillant et le cardi-
nal Henri Noris, de l'an de Rome 090 ou 691 , 6A ou
63 avant J.^C.
Caragalla.
8. AVT.K.M.AVP.ANT(i)NINOC.C. Tête laurée de Cara-
calla à droite.
lOA MÉMOIRES
ij\ TP1110AlTa)N, et en bas la date AK4> (5-24). Dans
un cercle de grènetis, tenaple bexastyle à trois portiques;
on voit dans celui du milieu Astarté debout , tenant un mât
et couronnée par une Victoire placée sur une colonne. -—
M. (PL V,n°8. )
Collection de M. H. HoiTmann.
L'année 524 de l'ère première des Séleucîdes inscrite
sur ce grand bronze correspond à l'an 213 de J.-G.
9. AT.K.M.AV.ANTC0N1NOC Ce. Buste lauré de Ca-
racalla à droite , avec le paludamentum.
ij. TPinOAlTcoN. Revers à peu près semblable à celui
de l'exemplaire précédent , mais sans date ; module plus
grand. Temple octostyle.— M, (PL V, n°9. )
10. Ar.K.M.AV.ANTC0lSIN0N (sic) ce. Buste lauré de
Caracalla à droite , avec le paludamentum ; le tout dans un
cercle de grènetis.
Rj. AIOC. Ar.TPinOAlTojN ; en haut dans le champ, F,
et à l'exergue la date rK<I> (523) . Deux temples tétrastyles
de forme différente ; celui de gauche a des degrés et est
orné de deux statues placées entre les colonnes. Le fronton
du second temple est triangulaire et on y voit deux figures
penchées l'une vers l'autre et se donnant la main. — M.
(PLV, nMO.)
Collection de M. H. Hoffmann.
La date rK4> correspond à Tan 111 de L-C, l'année
même de l'avènement de Caracalla. Sestini (t. IV, p. 72,
pi. XI, fig. 10) décrit un exemplaire à peu près semblable,
mais avec la date ÇK^ (526) , et dont le mauvais état de
conservation l'a probablement empêché de voir tous les
détails du revers.
et disskrtations. i05
Magrin.
11. ATT.KAIC.MAKPINOC.CeB. Buste lauré et forte-
ment barbu de Macrîn à droite, avec le paludamentum.
1^. TPinOAlTiîN, et à l'exergue la date 0K* (529)-
Trois temples n'en formant qu'un octostyle ; le faîte de celui
du milieu se termine pyramidalement. Dans l'intérieur
Astarté, debout et tenant un mât, est couronnée par la
Victoire, placée sur une colonne. — JE. (PI. V, n* 11. )
Collection de M. H. Hoffmann.
Grand bronze d'une conservation irréprochable et la
seule monnaie connue de Macrin, frappée à Tripolis; la
date OK^ correspond à l'an 217 de J.-C.
TYR.
DlADUMÉNlËIf.
12. M.OP.DIADVMENIANVS. Tête nue de Diaduménien
à droite.
^\ SEP.TYRVS.METROP.GOLOiN. Palmier, et à gauche
la massue d'Hercule. — JE. (PI. V, n' 12.)
Cabinet impérial de France.
Petit bronze inédit , oiais d'une médiocre conservation;
en général les monnaies de Diaduménien frappées à Tyr
sont fort rares ; Mionnet n'en cite que deux ( t. V, p. A32,
n*" 638 et 630), exemplaires dont les revers diffèrent de
celui-ci.
J. Sabatxer.
106 MEVOIftES
ESSAI
L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE
DE U MAISON DE HOIRGOGNE,
F.T DRiCRimOX DE LECR5 MONNAIES m)R ET D'ARGENT.
(PI. VI. VU et Vin.)
Dans une suite d'articles da plus haut intérêt, insérés
dans la première série de la Retue numismatique^ années
1847, 1848 et 18A9, M. J. Rouyer a publié une savante mo-
nographie des monnaies noires frappées par les comtes de
Flandre, sous la souveraineté française. Cet auteur avait
fait espérer aux amateurs de numismatique qne, complé-
tant son œuvre, il entreprendrait ultérieurement la publi-
cation des monnaies d'or et d'argent relatives au comté de
Flandre durant cette période. La manière remarquable dont
avaient été traitées les monnaies noires, fait regretter qu'il
n'ait pas donné suite à cette idée. Depuis , la publication
d'une monographie des monnaies des comtes de Flandre a
été entreprise par Victor Gaillard : les deux parties parues de
cet ouvrage font doublement déplorer la mort prématurée
de ce savant qui eût certainement doté la science d'un tra-
ET DISSERTATIONS. 107
vail complet et intéressant. La riche série des monnaies des
comtes, qui s* étend depuis le xi* siècle jusqu'à la fin du
vf\\i\ est, pour ainsi dire, à connaître presque entièrement ;
car OD ne peut admettre comme en donnant une idée suffi-
sante les recueils des Van Alkemade, des de Boze et autres,
non plus que les dessins informes publiés à la suite des
placards sur les monnaies, édités par les souverains espa-
gnols. L'ouvrage de Gaillard, accompagné de nombreuses»
pièces justificative?, s'arrête à la mort de Louis de Mâle. Il
reste donc une lacune considérable à combler. C'est poiir
arriver en partie à ce résultat que j'ai entrepris de donner,
dans l'article qui va suivre, une histoire monétaire des
comtes de Flandre de la maison de Bourgogne, en me bor-
nant toutefois aux monnaies d'or et d'argent, jugeant inutile
de reprendre les monnaies noires si bien traitées par M. J.
Rouyer. Je ne prétends pas avoir donné la série de toutes
les monnaies émises par ces princes. Dans le cours de mon
travail j'aurai au contraire à en mentionner beaucoup qui
sont rappelées dans les documents écrits, et que je n'ai pu
retrouver en nature. Aussi ne serait-il point étonnant que
les découvertes postérieures missent au jour des types jus-
qu'ici inconnus. Tai voulu toutefois en prévenir mes lecteurs
afin qu'on ne m'attribue pas une prétention que je suis loin
d'avoir.
Dans le travail qui va suivre, je me suis borné aux mon-
naies frappées pour la Flandre proprement dite, écartant
celles relatives aux autres provinces qui finirent par com-
poser les États des ducs de Bourgogne. Je ne parlerai de
ces monnaies qu'incidemment, et en tant seulement qu'elles
pourront avoir rapport au sujet que j'ai entrepris de
traiter.
Les dessins que je reproduis dans ce mémoire sont pris
108 MÉMOIRES
siir des pièces originales \ existant presque toutes dans
la riche collection de M. Dewismes, amateur zélé de numis-
matique à Saint-Omer '. Je signalerai en note les pièces
provenant d'autres cabinets. Quant aux documents écrits
qui m'ont servi, ils se trouvent ponr la plupart renfermés
dans le riche dépôt d'archives de la chambre des comptes
de Lille, et je dois de bien vifs remercîments au savant con-
servateur des archives départementales du Nord, M. Leglay,
pour l'obligeance qu'il a mise à faciliter mes recherches
dans ce vastç dépôt.
Phiuppe le Hardi (1384-1404).
Philippe le Hardi avait épousé , en 1369, Marguerite ,
fille de Louis de Mâle. A la mort de ce comte, contrairement
' Je n*fd point reproduit les monnaies qui figurent sur les planches de
Duby, et qui offrent pourtant quelques différences avec celles que j*aî eues
sous les yeux. Duby a eu souvent recours aux recueils de Van Alkemade et
de C. de Boze, et la comparaison que j'ai pu faire de ces dessins avec les pièces
en nature m*a démontré Tincorrection des premiers» qui sont d*ailleurs presque
toi\jours plus grands qu^en réalité. Quant à Tordonnance de Charles-Quint
en 1548, tout le monde sait quelle confiance on peut attribuer aux dessins des
monnaies figurées à la suite des placards.
' La collection de M. Dewismes est excessivement remarquable, surtout pour
les monnaies concernant la Flandre et l'Artois. Beaucoup de musées sont loin
d'avoir une semblable suite; je n'en excepterai même pas la Bibliothèque im-
périale. M. Dewismes possède dans son médalllier bon nombre de pièces iné-
dites, et toute sa suite est généralement remarquable par la beauté des exem-
plaires. Aussi rien ne lui a coûté pour compléter sa collection, voyages, peines,
dépenses ; il n*a été arrêté par rien. Je lui dois de bien vifs remerdments pour
avoir bi«n voulu me permettre de faire mes dessins d'après les belles pièces
qu'il a en M possession , et surtout de m'avoir autorisé à publier les pièces
inédites de sa suite de Flandre. Je lui dois au&si l'indication des cabinets où se
tnmvent le peu de pièces qu'il n'a pas encore, et où j'ai pu me procurer les em-
preinte! on les cHchéa qui m'ont permis de compléter un peu plus mon travail.
ET DISSERTATIONS. 109
aux usages du pays, Philippe qui, comme fils du roi de
France et oncle du roi régnant, et de plus déjà duc de
Bourgogne, occupait une très-haute position parmi les sei-
gneurs souverains, se fit inaugurer comme comte de Flandre
le 25 avril 138A, et prit le gouvernement du comté. Les
actes furent donnés en son nom ; il prit sur son scel le
titre de comte de Flandre, et fit inscrire son nom sur les
monnaies du pays *.
Les premières ordonnances monétaires de Philippe le
Hardi ne me sont pas connues. Il y a pourtant toute pro-
babiUté qu'il s'empressa de battre monnaie à son nom :
c'est ordinairement un des premiers actes de souveraineté.
Trouvant à Malines, où il avait été transporté par Louis de
Mâle, depuis le commencement des troubles de Flandre,
Tatelier monétaire en activité, il put y faire travailler.
Quelles furent alors les monnaies émises, en admettant
qu'il y en eût, ce qui n'est pas certain, c'est ce qu'il n'est
pas possible de savoir. Mais notice incertitude va bientôt
cesser par l'apparition de pièces nettement déterminées.
Malgré les embarras que le duc de l^urgogne éprouvait
dès son avènement au comté de Flandre par suite de la ré-
volte des Gantois, il ne négligeait pourtant rien de ce qui
pouvait contribuer par la suite à grandir son influence
et augmenter sa domination. Peu de temps après la mot
de Louis de Mâle, il tenta de s'immiscer dans les aflaires
du Brabant, en concluant avec la duchesse Jeanne une
convention monétaire ', et durant la vie de cette princesse
il fit tous ses efforts pour s'emparer de cette paitie im- .
* Art de térifier leê dates et Vrediu", Stgilla comitum Flandrix.
* Voy. Réciter ckeê «tir les monnaies frappées dans les provinces des Pays-Bas
aux nom et armes des dw:s de Bourgogne , comtes de Flandre , par Gérard , dans le
Messager des scitnces et arts de Belgique, t. VI, p. 271 et suiviates.
1860.^ 2. 9
110 MÉMOIRES
portante de son administration. D'après la convention, en
date du 16 juillet 1384, on devait faire forger :
l"" Des deniers d' argent nommés doulles gros , qui au-
raient cours pour deux gros la pièce, à six deniers, argent
le roi, et de quatre sols deux deniers de taille au marc de
Troyes, qui faisaient deux marcs et demi par marc d'ar-
gent, valant huit sols quatre -deniers de double gros. Les
marchands avaient par marc d'argent sept sols deux de-
niers desdits doubles gros ; le seigneur, pour son droit, six
deniers doubles gros, et le maître monnayeur, huit de-
niers ;
2"* Des doubles gros de mêmes aloi et poids en propor-
tion;
3* Des denùrs d'or de 23 1/2 carats d'or fin en aloi et de
60 1/2 de taille au marc de Troyes, lesquels auront cours
pour 40 des gros susdits, valant les 50 1/2 pièces d'or huit
livres quatre deniers gros. Les marchands avaient sept sols
deux deniers desdits doubles gros par marc d'or, et le droit
seigneurial était fixé à deux sols gros, le maître monnayeur
en retirait deux sojs quatre deniers gros, et ils étaient fa-
briqués à un quart de carat de remède et un demi-esterling
en poids.
Ces monnaies , qui devaient être aux noms et armes du
duc et de la duchesse , devaient être fabriquées à Malines
pour la Flandre , et à Louvain pour le Brabant. La conven-
tion devait durer cinq ans, et les parties contmctantes
avaient le droit de faire vérifier les boîtes, et de placer
dans chaque atelier un garde chargé d'y surveiller leurs
intérêts ^
« Voy. le mémoire Je Gérard, loc. cil, , ot celui de M. Piot , dans la Revue
fmmitmaUquê belge, t. II, première série, p. 116 et suiv.
ET DISSERTATIONS. 411
Bien qu il fût stipulé dans l'acte que la fabrication com-
mencerait le 1*' juin 1384, on ne commença à travailler à
Malines que vers le 9 septembre suivant, et à Lonvain qu'un
peu plus tard.
Par suite de cette convention , le billon dor et d'argent
devait être apporté également aux deux hôtels de monnaie.
Cependant nous savons, par un mémoire de représentations
adressées au duc de Bourgogne, que ceux de Louvain
avaient défendu aux changeurs de Brabant d'apporter des
matières à la monnaie de Malines, ce qui faisait que l'on y
avait fort peu d'ouvrage. On conseillait donc à Philippe de
battre des monnaies spéciales, comme le faisait son prédé-
cesseur Louis de Mâle, aux mêmes aloi et taille. Le duc se
rendit sans doute à cet avis, car peu de temps après la
pacification de Gand, le 18 avril 1385 (vieux style), il
ordonnait la fabrication dans cette ville de dctiiers d*or
valant 40 gros , de douhles gros et de simples gros \
Mais bientôt Philippe le Hardi, renonçant à l'imitation
des monnaies de son prédécesseur, voulut en avoir qui lui
fussent propres de types comme de légendes. Le 29 octobre
1386 , il adressait à la chambre des comptes de Lille ' une
instruction pour faire fabriquer monnaies d'or et d'argent
à Gand, où l'hôtel de monnaies avait été rétabli, par Jehan
Thomas , maître particulier de la monnaie de Flandre. Cette
1 n est probable que ce sent ces monnaies dont il est question dans an
oumpte rendu le G* de mai 1386, par Âldrio Interminelli, maître de lamon>
naie de Malines; il y est fait mention d*écus d'or de Liiii et demi au marc de
Troyes. de 21 carats et demi de fin ayant court» pour 40 gros la pièce. Les dou-
bles gros étaient à 5 deniers 18 grains d'aloi. Le nom fous lequel le denier d'or
doit être désigné est resté en blanc dans la pièce que j'ai eue sous luê yeux ,
qui a tous les caraclères d'une simple minute.
« La chambre des comptes avilit été instituée à LîUe le 5 février 13B5, sur
le nodèle de celle de France. ( Art de rérifier Un iaten. )
112 MÉMOIRES
instruction devait avoir son effet un au durant. Elle contient
les passages suivants :
u Premiers , par mondit seigneur et son conseil , est or-
« donné estre faiz deniers blans d* argent appeliez doubles
« groz , qui auront cours pour ii groz la pièce, à vi deniers
(( d'aloy argent le roy , de un s. ix d. de pois au marc de
« Troiz, qui font ii mars d'euvre, valent pour njarc d'ar-
ec gent jx s. VI d. de doubles groz qui font xix s. de
« petis gros ; en donnant à tous changeurs ei marchans,
u xvii s. VIII d. gros*, à monseigneur pour son seignourage
c( 11 groz demi, le maistre particulier pour Touvrage faire
((faire xiii groz demi, et soient ouvrez iceulx deniers à
(( III grains de loi de remède au général recours , à m fors
« et à m foibles ; cest ordonné que le garde de la monnoie
a passera toutes délivrances à demi deniers desdiz doubles
u groz , pour marc d'euvre , pour faute de poiz ; s'il escbéoit
(( que la délivrance venit de tant escbarsse , laquelle faute
u tournera au prouffit de monseigneur. » ,
(( Item est ordonne estre fait deniers blans appelez gros,
« à V deniers viii grains de loy argent le roy, de vin s. vi d.
(( de poiz au marc de Troiz, qui font ii mars u onces d*eu-
(( vre , valent pour marc d'argent xix s. i d. de groz et
<( demi groz , en donnant à tous changeurs et marcbans,
« xvii s. VIII d. de groz : monseigneur pour son seignourage
(( un gros, le maistre particulier pour l'ouvrage faire faire
a XIII groz et demi ; et seront ouvrez à trois grains de loi de
(( remède pour marc d'euvre et i gios en poiz , ou cas que
(( la délivrance revenroit tant escharsse , laquelle tournera
« au prouffit de monseigneur, et au général recours à vi fors
(( et à VI foibles, »
« Item est ordonné estre fait deniers blans appeliez demi
•c groz , à V deniers vin grains de loy argent le roy, de
ET DISSERTATIONS. 113
a XVII S de pois au luarc de Troiz , qui font pour marc d'ar-
• gent, deux mars ii onces d'euvre, valent xix s. i d. et
« demi de groz , en donnant à tous marchans xvii s. viii d. ,
a monseigneur iiii groz pour son seignourage , le maistre
« particulier pour l'ouvrage faire faire xiii groz et demi ;
« et seront ouvrez à m grains de loy de remède pour marc
« d'envre et mi d. au pois; ou cas que la délivrance reven-
0 roit de tant escbarsse , laquelle faute tournera au prouffit
« de monseigneur. »
On devait faire aussi des deniers noirs, appelés u doublée
miles , n dont il fallait douze pour un gros : ils étaient à
16 grains de loi argent le roi« et de xvii s. vi d. de poids
au marc de Troyes. On devait donner au marchand le même
prix que dans le cas précédent pour marc d'argent, mais
le duc devait avoir pour son droit xin gros, et le malu-e
particulier vu s. vi d. gros.
Les mites qui devaient être également fabriquées, et
dont vingt-quatre valaient un gros , étaient à dix grains de
loi argent le roi , et de xvi s. de taille au marc de Troyes.
Le prix du marc d'argent donné au marchand restait le
même; le duc avait 18 gros et. le maître particulier, tant
pour l'ouvrage que pour la fourniture de cuivre, xii s. gros
et dix mites.
Enfin les monnaies d'or sont désignées dans l'article
suivant :
« llem est ordonné d'estre fait deniersd'or appeliez doubles
« heaumez d'or à xxiii carras et demi de loy de lx de pois
et au marc de Troiz , qui auront cours pour xl groz la pièce
« des groz dessusdiz, qui font x livres de groz ; en donnant
« à tous marchans ix livres xv s. groz , monseigneur pour
ttson seignourage III s. v d. groz, le maistre particulier
« pour l'ouvrage faire faire xix groz; et seront ouvrez à
11& UÉMOIRES
«c VU VIII* de carrât de remède au général recours à m fors
(I et à m febles , et passera la garde toutes délivrances à
0 demi estelUn pour marc pour faute de poiz quant il
K escberra, laquelle faute tournera au prouflit de monsei-
« gneur. »
Pour la fabrication des doubles heaumes on devait prendre
tout or de Flandre pour fin, savoir : lions rampanls^
mantelels^ vieux écus faits à Gand , piètres y doubles moutons
de Brabant, florins de Hongrie et de Bohême , etc., et tout
or de France, tels que moutons^ chaires^ Georges^ etc.
Nonobstant l'ordonnance précédente établissant que le»
monnaies dont il y est question seraient frappées pendant
un an, peu de temps après, le 3 avril 1386, avant Pâque»
(c'est-à-dire 1387), le duc de Bourgogne adressait au
même maître particuner une nouvelle instruction pour
l'émission d'autres pièces \ Voici les détails qu'elle noua
fournit :
« Premiers est ordonné d'oestre faiz deniers blans d'ar-
a gent appeliez doubles groz qui auront cours pour deux
« groz la pièce à v deniers et iiii grains d'aloy, argent le
c( roy, de un s. xi d. de pois au marc de Troies^ qui font
n deux mars ii onches , xu esterlins d'euvre ou environ,
« valent pour marc d'argent xxni s. de groz et dix mites,
(c Et donra-on à tous changeurs et marchans xx solz et
u IX deniers de groz ; à monseigneur, pour son seignourage^
(( vni groz et x mites; au maistre particulier pour l'ou-
u vrage faire, xix groz. Et seront ouvrez iceulx deniers
((an grains d'aloy de remède au devant recours, à troiz
(( fors et troiz foebles. Et est ordonné que la garde de la
> Le duo y dans sa lettre accompagnant l'inslrnction , dit que ** poar cer-
taines causes à ce le mouvant » il a décidé de faire fabriquer de nouvelles
monnaies , mais sane dire quels sont ces motif».
ET DISSEHTATlOiNS. 115
ti monnoie passera toutes délivrances à demi denier desdiz
« doubles groz pour marc d'argent pour faulte de pois ,
« s'il escbéoit que la délivrance venist de tant escbarse,
« laquelle tournera au proufQt de monseigneur. »
tt Item est ordonné d'estre faiz deniers blans appeliez
«groz, qui auront cours pour un groz la pièce, dont les
a deux d'iceuk groz vauldront un des doubles gros des-
« susdiz, et seront faiz du mesme aloy et poiz à lenr ave-
II nant desdiz doubles grozt »
On devait faire également des deniers noirs appelés dou-
bles mites , dont vingt-quatre vaudraient un double gros^
à 13 grains d'aloi argent le roi et de 17 s. 6 d. de poids
au marc de Troyes , qui font par marc d'argent 22 marcs
une once et 5 esterlins d' œuvre , et valant 32 s. 3 d. et
trois quarts de gros. Le marcband devait avoir 20 s. 9 d.
de gros, le duc, pour son droit, 8 gros , et le maître parti-
culier, 9 s. 10 d- 3/à de gros.
Vient ensuite la désignation des monnaies d'or.
« Item est ordonné d'estre faiz deniers d'or appeliez
« angèles à xxiii caras et demi d'aloy de xlvii et troiz
« quars de poix au marc de Troies qui auront cours pour
û cinq solz de groz qui valent xxx des doubles groz et
8 soixante des groz dessusdiz. Et fera on du marc d'or
«XI 1. XTiii s. IX d. de groz; et donra on aux mar-
« chans xi livi*es xi s. de groz ; à monseigneur pour son
a seignourage v s. et ix d. de groz; au maistre particulier
« pour l'ouvrage deux solz de groz. Et seront ouvrez à
« demi grain de remède an devant recours à troiz fors et
a à troiz fœbles, et passera la garde toutes délivrances, et
« demi esterlin pour marc pour faulte de poix quant il
a escfaerra , laquelle faulte tournera au proufTit de mon-
« seigneur. »
116 «ÉMOJBES
tf Item est ordonné d'estre faiz deniers d'or appeliez
0 demi angelez qui auront cours pour ii s. vi d. de groz,
tt valent xv des doubles groz et xxx des groz dessusdiz, dont
(c les deux desdiz demi-angelez vauldront un des angëles
« dessusdiz , et seront faiz du nieisme aloy et poix à leur
« avenant desdiz angèles. »
La fabrication de cette nouvelle monnaie fit vraisembla*
blement cesser celle forgée en vertu de l'instruction précé-
dente, car tandis que nous voyons « par un compte rendu à
Lille « l'an mil m c mi xx vu, par Jehan Thomas, maistre de
« la monnoie de Gand, des doubles heaumes d'or et des dou
« blés gros d^argent à xx gros doubles pour le heaume et
(( xviTipourl franc, les heaumes à lx deniers de taille au
(A marc de Troyes à xxiii caras et demi , n nous trouvons,
au contraire, « par un aultre compte rendu par ledit JehaD
• Thomas , fimi le premier de janvier m c un xx vu , des
(( angèles d'or de xlvu et ni quars de taille au marc de
0 Troyes à xxui karas et demi. »
Pour fournir à l'émission du numéraire nouveau, il fallait
se procurer des métaux ; aussi le duc Philippe , jugeant à
propos de renouveler les défenses relatives au transport
des métaux précieux hors du pays, ordonne, le 8 mai 1387,
à Godin de Nyelle, Simon: le Prévost et Jean Keurewenel,
d'arrêter et de faire porter dans ses hôtels de monnaie,
tout le billon d'or et d'argent qu'on voudrait exporter.
Depuis la paix faite par la ville de Gand avec Philippe
le Hardi, les forges monétaires y avaient été rétablies,
ainsi qu'il a été dit ci-dessus, Miûs les exigences des orfè-
vres et changeurs de cette ville nuisaient grandement aux
intérêts du prince, en ce sens que, voulant avoir un plus
haut prix que celui fixé par les ordonnances des monnaies
nouvelles, ils favorisaient par là même le cours des mon*
ET DiSSERTAtlONS. 117
Daies étrangères. Cet état de choses fut signalé dans un
mémoire en date du 8 mars 1387 (vieux style), qui conte-
nait en outre le conseil de fabriquer des nobles semblables
à celui d'Angleterre, en poids et en aloi. Un peu plus tard,
le 7 avril 1388, une lettre adressée au chancelier du duc
de Boui^ogne signalait nominativement des orfèvres de
Gand , Ypres et Gourtrai, qui avaient vendu l'argent au*
dessus du prix fixé par les ordonnances.
Frappé de la justesse de ces observations , Philippe le
Hardi rend une ordonnance, le 1"" octobre 1388 S qui
ordonne la fabrication ((••... en nostre cbastel à Gand ou
ailleurs ou mielx nous plaira » de nobles de Flandre
de bon or, de demi-nobles et quarts de noble. « Ilem autres
deniers d'or appelez angres tielx et de tielx poix que
derrenièrement ont esté fais. » Voici du reste les détails
que nous fournit l'instruction donnée en suite de ladite
ordonnance :
o Premièrement est ordonné d'estre fais deniers d'or
a appeliez nobles de Flandres de xxxi et deux tiers de pois
• au marc de Troies à xxm caras et m quars d'aloy, en
o donnant à tous marchans zxix nobles et demi ; au nmistre
< Voie! les oonaidérants de estte ordonnance : « Philippe, etc... Con me pour
• ce qn^il est venu à nostre cognoissance par le relation de plusieurs nos
• genz et officiers et antres personnes dignes de foy, que en nostre pays de
« Flandres, plnsienrs et diverses monncyes estranges ont en, an temps passé «t
• eneore ont coim contre raison et nostre deffense, on grand préjudice de
• nos drois et noblesces^ en fraude et déception de nostre pueple et de noz
«• snbjîez , et en grand destourbier et diminution du fait de la marchandise ;
m nous , ponr faire cesser le eonrs desdites monnoyes estranges et obvier aux
• dommages , déceptions et préjudices dessnsditz et à autres inconvéniens ,
m qui de ce se ponrroient ensuivre i pour le pronffit commun et avanchement
• dndit fait de la marchandise et ponr le bien de nous et de nostredit pays ,
« ayons ordonné et voln que un bon senr et ferme pié de monnoîe
« sdt mis tua et tenn sans empirier, ete *>
lis MÉMOIRES
u particulier pour l'ouvrage faire, demi noble; et à mou-
« seigneur pour son seigneuraige, un noble et ji tiers pour
M marc d'or. Et seront ouvrez iceulz deniers à un huitiesme
(( de carat de remède et un ferlin en pois ou cas que la
«c délivrance revenroit de tant escbarse, laquele escbarsëte
« et remède tant de pois comme d'aloy, s' elle y eschiet,
H tournera au proufTit de monseigneur. Et semblablcment
« sera tenu le maistre particulier de faire faire et ouvrer
« demis nobles et quars de nobles à l'avenant des deniers
0 dessus diz toutesfois que mestier sera et qu'il en sera
u sommé par la garde desdictes monnoies; et seront iceulz
a deniers taillez au général recours à trois fors et à trois
a febles. M
Les anges d'or seront fabriqués en taille et aloi comme
dans l'instruction du 3 avril 1386. On devait seulement
donner aux marchands deux sols de gros de plus, laquelle
somme était retranchée du droit de seigneurage, qui n'était
plus que de u s. ix d.
M Item seront fais deniers d'argent sur la fourme de
« ceulx qui à présent ont cours pour ii gros la pièce , et
«aussi gros et demis gros à l'avenant, à nii deniers et
u XX grains d'aloy, argent le Roy, de lx et demi de pois au
« marc de Troyes, qui font ii mars et m onces xvii esterlins
« et obole d'euvre, valent pour marc d'argent xxv s. i d.
« xiiii mittes ; et donra on à tous marchans xxii s., à mon-
« seigneur pour son seigneurage viii gros pour marc d'ar-
ec gent , et au maistre particulier pour l'ouvrage xxix gros
« xmi mittes -, et seront ouvrez iceulz deniers à ii grains
« de remède , au général recours à m fors et à m febles, et
n à demi denier en pois ou cas que la délivrance revenroit
d de tant escharse , laquele escharsète de pois et remède,
(( s'elle y eschiet , tournera au prouffit de monseigneur. »
ET DISSES tATlONS. ili>
L'instruction précédente était délivrée au nommé Jacques
La9igherarUane\ de Bruges, à qui la ferme desdites mon-
naies de Flandre avait été donnée pour trois ans, à dater
dudit jour. La valeur du noble n'y est pas indiquée, mais
nous savons par le mémoire de Gérard qu'il aurait cours
pour huit sols six deniers de gros *.
L'ordonnance du l""' octobre 1388 et l'instruction qui en
est la suite, spécifiaient que, bien que le bail de monnaies fût
concédé pour trois ans au maître particulier de la monnaie
de Gand, le duc se réservait le droit de faire forger les
mêmes monnaies ou d'autres « en d'antres villes où il lui
plairait Aussi n'est -on pas étonné de voir, le 11 décembre
de la même année , mentionnée dans une lettre écrite par le
chancelier du duc de Bourgogne aux gens des comptes de
Lille, où il leur demande leur avis à ce propos , une ordon-
nance de Philippe le Hardi, prescrivant la fabrication à
llalines de monnaies semblables à celles qu'on faisait à
Gand, parce que Malines était plus à portée de se fournir
de matières d'or et d'argent venant d'Allemagne que la
ville de Gand. Les raisons exposées dans le mémoire du
8 mars 1387 (vieux style) avaient donc fini par prévaloir.
Hais, comme il résultait implicitement des termes de cette
nouvelle ordonnance qu'on continuerait à battre monnaie à
Gand, il était nécessaire de se pourvoir d'une plus grande
quantité de métaux précieux. Aussi, à la date du i 0 janvier
* Le nom eit ainsi écrit dans les registres de la chambre des comptes de
Lille ; mais il est éTident qu'on doit lire Jacquiê Long fU« dé Gérard, Je suppose
que le copiste employé par la chambre des comptes de Lille , ne sachant pas
le flamand , aura cru que c*était un seul mut.
* Cela résulte aussi du compte rendu par le maître particulier le ** der-
raxn jour de janvier iiio iiiixz ix , •» où Ton compte les nobles de yiii s.
nd.
120 MÉMOIRES
1388 (vieux style), le duc de Bourgogne mande aux gens
des comptes de Lille de prendre l'avis du garde de la mon-
naie de Gand et du receveur de Flandre, sur la proposition
qui lui avait été faite d'accorder une crue à ceux qui ap-
porteraient de l'or et de l'argent; puis, sans attendre la
réponse *, deux jours après, il décide qu'on accordera une
augmentation d'un demi-noble par marc d'or fin à tous les
marchands qui voudrsdent s'obliger d'en fournir cinq cents
marcs dans une année ; et craignant sans doute que cette
obligation ne fût trouvée trop considérable, par un autre
mandement il accorde une augmentation d'un quart de noble
par chaque marc d'or fin, et de deux gros par chaque marc
d'argent qu'on apporterait dans ses monnaies, sans spéci-
fier la quantité à fournir. Plus tard encore, le 21 juin 1389,
il accorde trente nobles et demi par marc d'or fin.
Cependant le terme de la convention monétaire entre
Philippe le Hardi et Jeanne de Brabant allait expirer. Mais
les avantages qu'elle lui avait procurés ne suflisaient déjà
plus au duc ; il voulait s'emparer entièrement de la mon-
naie .de Brabant. Pour arriver à son but , il se plaignît à
la duchesse de ce qu'elle avait imité les monnaies qu'il
avait fait fabriquer, notamment des anges d'or et autres de-
niers d'argent. La duchesse répondit qu'elle n'avait agi
ainsi qu'aux termes de la convention passée entre eux, qui
indiquait que les deux parties feraient forger, chacun dans
ses États, des deniers d'or et d'argent de mêmes valeur, aloî
et taille, mais portant leur nom et armes respectifs, et que
ces deniers devaient se ressembler en tout point, n Elle
avait observé cette convention , ajoutait-elle , en mettant*
dans la main droite de l'ange un écusson à quatre lions,
( Le due éuit alors à Montbard en Bourgogne, d*où ses lettres sont datées.
ET DlSSERTATiONS. 121
qui sont le lion de Bohême, le lion de Luxembourg , le lion
de Brabant et le lion de Limbourg , et dans la main gauche
un écussou avec le lion de Brabant. Elle n'avait pas d'ail-
leurs d'intérêt à empêcher le cours des monnaies du duc,
puisqu'elle devait retirer la moitié du profit qu'il en avait,
comme le duc agissait de même pour les monnaies de Bra-
bant. Quant au tort causé audit duc, il était nul ; au con-
traire, il est notoire que l'on transporte plus de billon d'or
et d'argent de Brabant en Flandre que de Flandre en Bra-
bant. Elle avait bien plutôt sujet de se plaindre, puisqu'elle
n'avait jamais mis obstacle au cours des monnaies du comte,
tandis que les gens de celui-ci avaient ouvertement défendu
les siennes, et même mis opposilion au transport du billon
d'or et d'argent en Brabant. » La duchesse terminait en di-
sant que si le duc voulait lui accorder d'avoir un gardien
dans sa monnaie et de lever la moitié des profits , elle ces-
sendt de faire battre monnaie à Louvain et ailleurs, et
qu'elle ordonnerait de faire porter tout le billon d'or et
d'argent à la monnaie de Gand*. Profitant de la faiblesse
de Jeanne, Philippe le Hardi s'empresse, le 12 juin 1389,
de lui donner une lettre déclarant que moyennant la pro-
messe qu elle a faite de ne plus battre monnaie à Louvain,
ni dans Je pays de Gueldres, ladite duchesse aurait la
moitié des profits provenant de la monnaie de Flandre. La
promesse précitée était contenue dans une lettre datée du
même jour, et scellée du sceau de la duchesse. Au reste,
celle-ci s'exécuta loyalement ; elle fit part à ses sujets de
la nouvelle convention , leur annonçant qu'il ne devait y
avoir de cours légal dans ses États que pour les monnaies
< Je n*ai fxût qa'analyaer trèft-sommairement cette réponse, reproduite plus
eo détail par M Piot dans la Bêvue fmmiâmatiquê belge, t. II, V t«« rie.
12â MÉMOIRES
de Tempereur et de la France, ainsi que ponr les anciennes
monnaies frappées en Brabanl, et celles fabriquées actuel-
lement en Flandre pour les deux pays. Elle prescrivait en
même temps de transporter tout le billon d'or et d* argent
à la monnaie de Malines \
Presque en même temps qu'il faisait cette nouvelle con-
vention, Philippe le Hardi ordonnait pour son propre
compte la fabrication de doubles gros de la valeur de six
sous de gros le noble , de gros et demi-gros à l'avenant.
Puis au mois de janvier suivant, il fait publier une ordon-
nance sur le cours de ses monnaies et un règlement sur
leur prix '. 11 établit d'abord que le noble aura cours pour
six sous de gros et qnHl fera fabriquer dans ses monnaies
des doubles gros^ gros et d^mi-^/rosàTavenant, ainsi que des
doubles et simples mites. Mais comme la diminution consi-
* Il est probable que les monnaies faites à Malines en vertu de cotte nouvelle
convention étaient les mêmes qu'on fabriquait on vertu de celle de 1384 aux
monnaies de Gaud et de Lonvain.
* Les monnaies de France sont reconnues avoir cours l<^gal dans le pajs. Le
roi de France conservait en effet ses droits de suzerain sur la Flandre , et ,
comme tel , la monnaie y était admise. Il y avait même une portion des États
du duc, l'Artois, où elle était censée avoir seule cours, et le roi déléguait son-
vent des officiers de la monnaie de Paris pour s^ assurer de Texécution des rè*
glements sur le fait des monnaies. C'est ainsi que le 21 août 1395, les com«
missaires nommés par le roi pour examiner et réformer les monnaies étrangères
défendent le cours des niat72<;«<ror de Hollande de Gueldresjes nobles d'Angle-
terre, les pietrequins de Brabant, les couronnes et doubles du ^ainaut, ordonnant
de les porter aux changeurs pour être coupées et portées à la plus prochune
monnaie du roi. La ville de Saint-Omer ayant fait opposition à l'exécution de
ladite commission , Philippe le Hardi écrit pour réprimander vertement le
magistrat, lui disant que cette commission a été donnée de son consentement,
et que les commissaires étaient ses gens. (Archives de la ville de Saint-Omer.)
Les archives de Saint-Omer contiennent encore plusieurs autres pièces sem-
blables relatives aux offices de changeurs, etc. Celle que je viens d'indiqner
snffit pour prouver le droit du roi , en fait de monnaie , dans l'étendue de
TArtois,
tT DISStUTAIIONS. 123
dérable de la valeur du noble aurait ruiné quantité de par-
ticuliers, le duc a soin d'ajouter o que toute manière de
« debtes desquels jouis sont passés ou à venir , on les
a payera au pris d'un noble de buit sols sii deniers de gros
« et cbacun joira de son jour de terme, par ainsi que se
« aucun est pressé à aultre ou deubt deniers d'or, soient par
a obligation ou par promesse , on les payera à quelque
« heure que ce soit, par pareils deniers d'or ou la value
fi selon la manière de l'obligation ou promesse nonobstant
a l'ordonnance dessus dicte, n Outre cette précaution , le
duc, par lettres du 5 décembre 1300, permet aux lois des
villes de Gand, Bruges» Ypres et terroir du Franc, formant
les quatre membres de Flandre, d'ordonner de la manière
du payement des rentes à héritage et à vie dues avant la
première publication des ordonnances rendues au sujet de
la monnaie, et aussi des fermes ou cens et loyers de mai-
sons, en tout ce qui touche les bourgeois et habitants des-
dites ville et terroir du Franc, sans toucher au domaine
du duc , ni aux rentes des églises , et des nobles qui ne sont
pas bourgeois et sous-manants desdites villes et terroir; et
pourvu que dans le payement desdites rentes, cens ou Ioyei*s,
le noble soit compté pour six sols de gros, ils pourront ra-
battre aux débiteurs telle portion et pour tel temps qu'il
sera réglé par les lois desdits pays. C'était laisser une cer-
taine liberté nécessaire pour les transactions qui devaient
survenir dans de pareils cas, sans que l'autorité du duc en
fût le moins du monde amoindrie.
Cependant les habitants de Flandre, depuis que la mon-
naie avait été transportée à Malines, trouvaient fort onéreux
d'y porter le billon d'or et d'argent ; ils avaient fait re-
quérir le duc de Bourgogne qu'il veuille bien « icelles ses
« monnaies faire mettre en aucun lieu dedens ledit pays de
12& MÉMOIRES
(c Flandres qu'il lui plaira ou ilz puissent venir seuremeot
« et à mains de fraiz à icelle. » Philippe accueillant favora-
blement cette demande, décide le 22 janvier 1390 (v. st.)
que, sans abandonner la monnaie de Malines, on fabriquera
à r avenir à Bruges des monnaies semblables et conformé-
ment aux ordonnances rendues. En conformité de cette dé-
cision, il écrit à messire Colart de la Clite, et à Guilbert, sei-
gneur de Louzengbem, souverain bailli de Flandre, de
délivrer au maître particulier la maison où Ton a autrefois
fabriqué monnaies à Bruges. Deux jours après, le 24 jan-
vier, le duc ordonne que Ton frappera, tant en Flandre qu'à
Malines, des doubles grosnàe l'un des lez à une longue croix
« et de l'autre lez à un aigle tenant deux écus l'un de nos
« armes l'autre des armes de Flandre. » Ces doubles gros
devaient être de six sols de gros le noble à sir deniers d'aloi
argent le roi, et de quatre sous neuf deniers obole de poids
au marc de Troyes. On donnerait aux marchands par marc
d'argent 17 s. 2 d, de gros ; le droit de seigneurage serait
de quatre gros , et le maître particulier aurait pour son
ouvrage vingt gros. Ces monnaies devaient être faites en
même temps que les autres qu'on fabriquait en Frandre.
Le même jour, le duc ordonnait également l'émission de
monnaies noires appelées doubles.
Nous avon? vu précédemment que Philippe le Hardi
avait, à force d'insistance, obtenu de la duchesse de Bra-
bant de forger seul de la monnaie pour les deux pays.
Les États de Brabant, qui voyaient fourmiller chez eux les
monnaies étrangères , dont la duchesse ne retirait aucun
profit, et le pays se trouvant inondé de numéraire de mau-
vaise qualité , firent des remontrances. Forcée de céder,
Jeanne s'adressa au duc de Bourgogne. Celui-ci, qui de
son côté avait intérêt à ménager les Ktats à cause de la
ET DISSERTATIONS. 125
succession éventuelle du Brabaut, se désista du droit que
lui accordait la convention de 1389, et consentit, par lettre
en date dn 28 avril 1392, à ce que la duchesse de Brabant
fit fabriquer monnaie d*or et d'argent dans ses États, pourvu
que la monnaie ne fût pas semblable à la sienne, ni de la
même valeur ni du même poids, et à la condition qu'il au-
ndt la moitié du profit comme la duchesse aurait la
moitié du profit de la monnaie de Flandre. Ces condi-
tions furent acceptées par Jeanne le 0 mal suivant. Il
n'entre pas dans le plan de mon ti*avail d'examiner si la
duchesse fut fidèle à ces conventions ; cependant je dois
dire que des letti*es du mois d'août de la même année, de
la chambre des comptes de Lille, et du duc lui-même, re-
prochaient à ladite duchesse de fabriquer, nonobstant sa
promesse, des monnaies semblables à celles qui avaient été
frappées sous l'empire des premières conventions , pour
l'usage des deux pays \ Enfin, pour terminer ce qui est re-
latif à ces accords monétaires, j'ajouterai que le 7 octobre
1392, le duc faisait connaître à la cour des comptes qu'il
avait offert d'envoyer vers les maîtres et garde de la mon-
naie de Brabant pour recevoir leur serment et prendre copie
des ordonnances et du pied des monnaies , ce à quoi la
duchesse consentit par lettre en date du 13 octobre de la
même année.
L'espèce d'échec que venait d'éprouver dans cette circon-
stance le duc de Bourgogne, lui faisait un devoir de veiller
plus que jamais au maintien de ses propres monnaies ,
* Voir, pour plus amples détails, Tartiole de M. Piot dans la Revue numiê~
matiqvê btlge et les Monnaieê de Brabant de M. Van der Cliijs. Je regrette que
ce dernier ouvrage soit écrit en hollandais, langue que j'ignore, ce qui fait que
je D*ai pu profiter des dissertations de ce savant'auteur sur les monnaies do
convention de Philippe le Hardi et Jeanne de Brabant.
1860.— 2. 10
126 MÉMOIRES
auxquelles les monnaies étrangères faisaient une rude con-
currence. Aussi le voyons-nous, le 8 août 1392, ordonner
aux baillis de Gand, Ypres, Bruges, et à ses autres oflici^^,
de faire crier et publier de nouveau les ordonnances qui
défendent le cours des monnaies étrangères. Puis le 16 dé-
cembre suivant, il rend une ordonnance qui fixe la valeur
des espèces ayant cours en Flandre , avec indication de
celles prohibées. Presque en même temps, par lettres du
23 novembre , il avait augmenté le prix du marc d'or et
d'argent dans les monnaies de Bruges et de Malines. Mais
avant d'accorder ce prix qu'une autre lettre du 24 nov^n-
bre nous apprend être de 31 nobles par marc d'or, il veut
s'assurer si l'on donne ce même prix dans les monnaies du
roi d'Angleterre; ce qui lui est certifié par le garde de la
monnaie de Flandre, le 7 décembre suivante Cependant,
comme cette crue dans le prix diminuait le profit du maître
particulier et du seigneur, on en retarda un peu la publi-
cation; elle ne parut que Je 11 février 1392 (v. st).
Malgré ces précautions, la fabrication des monnaies du
duc n'en prospérait pas davantage. Nous savons par une
lettre émanée de lui, le 23 novembre 1392, que depuis le
commencement du mois il avait été obligé de reprendre en
sa main la monnaie de Bruges , qu'on lui conseillait de
fermer celle de Malines; enfin que les habitants de Flandre
ne paraissaient pas contents de la monnaie à la longue
croix fabriquée dans cette dernière ville. Cette cause dé-
termina-t-^lle le duc de Bourgogne à fermer provisoirement
cet atelier? cela est possible : toutefois une lettre du garde
de la monnaie de Flandre , du 26 décembre de la même
année, nous apprend qu'(il) ne fonctionnait plus; le garde
* Le garde do lu monnaie nTnit pris ses renseignoments à CalaU.
ET DISSERTATIONS. 127
ajoute, en outre, que les maîtres' particuliers ne voulaient
pas se dessaisir des ustensiles servant à la fabrication \ £n
même temps le duc cherchait un maître particulier pour la
monnaie de Bruges. II en avait choisi un à cet effet, mais
celui-ci fut obligé de se récuser parce qu'il ne savait pas la
langue du pays. Il écrit alors le même jour, 29 décembre,
aux gens de ses comptes de lui trouver un maître particulier.
Enfin, après bien des délais, le 13 juin 1393, il peut écrire
à la chambre des comptes de délivrer ses monnaies de
Flandre à Bernard Bounot comme maître particulier. Il de*
vait fabriquer des nobles , des demi-nobles , des quarts de
noble et les monnaies d'argent correspondantes. Peu de
temps après, le 10 mars 139& (v. st.), le duc écrit de faire
rendre compte de la monnaie de Bruges audit Bernard
Bounot, et le 16 juin 1395, Barthélémy Thomas reçoit la
commission de cette charge.
Ce fut dans ces conjonctures et pour augmenter le profit
qu'il retirait de la fabrication de ses monnaies que Philippe
le Hardi prend le parti d'établir un atelier à Fauquemont,
au pays de Limbourg, et le 20 septembre 1396, il délivre
à Jean Gobelet la commission de maître particulier de ladite
monnaie. On devait y fabriquer le noble d'or et ses divisions,
et de plus des doubles gros , des gros et des demi-gros *.
* Noat savons par ct^tte lettre que les maîtres particuliers , lorsqu'ils q\iit*
nient la monnaie , avaient Tusage de briser les ustensiles sans profit pour
personne. Le garde propose an duc de les reprendre pour son compte.
* Nous savons, par Finstruction en date du même jour «t par les comptes
publiés par M. Piot dans le premier volume de la Revue numismatique belge ,
que les monnaies d'argent étaient nu type du lion , et que le différent qui
existait avec la monnaie de Flandre était un mceud ou mai dans la queue du
lion. Quant aux nobles^ il devait y avoir dans les angles de la croix de ceux
frappés à Fauquemont dos fleurs <li^ lis, au lieu de trèfles qui se trouvaient !»ur
ceux t'rapiNf:* en Flandre.
128 MÉMOIRES
Mais le duc ne paraît pas avoir été plus heureux dans ce
nouvel essai de son droit seigneurial que dans sa monnaie de
Flandre. En 1398, c'est le maître particulier de la monnaie
de Bruges qui demande la suppression de celle de Fau-
quemont, sous prétexte qu'elle cause un grand préjudice
à la monnaie de Flandre en arrêtant le billon qui venait
d'Allemagne. Le 20 avril de la même année, on lui fait
savoir que le maître de la monnaie de Fauquemont voulait
abandonner cette monnaie, bien que sa fenne ne fût pas
encore finie. Enfin cet atelier monétaire éprouva une série
de péripéties, qu'il n'entre pas dans n)on sujet, borné aux
monnaies de Flandre, de rappeler. Je dirai seulement qu'il
résulte des titres que j'ai eus sous lesyeux, qu'après avoir
éprouvé une interruption dans le cours de l'année 1399,
il reprit de l'activitéen 1401, sur le conseil qui en futdonné
au duc.
Malgré les défenses maintes fois répétées, relatives à la
circulation des monnaies étrangères, elles continuaient à
inonder le pays, au préjudice du souverain. Aussi le duc
de Bourgogne est-il obligé de prendre des mesures éner-
giques pour la faire cesser. Déjà le 11 mars 1396 (v. st.)
le cours desdites monnaies avait été interdit à Anvers sous
peine de confiscation. Une nouvelle commission du 8 mare
1398 (v. st.), donnée à Godefroi le Sauvage, clerc du bail-
liage de l'eau à l'Éclnse, ordonnait d'arrêter et de saisir
toutes les espèces monnayées défendues en Flandre, et de
les porter aux monnaies du duc; et cela ne suffisant pas,
Philippe, le 1" sei»tembre 1399, voulant, dit-il, empêcher
dans son pays le cours des monnaies étrangères qui se
multiplient outre mesure, au grand détriment du commerce,
et cet abus faisant augmenter au delà de leur valc^ur les
deniers d'or et le noble qu'il fait fabriquer, ordonne à tous
ET l)JSS£RTAT10^S. 129
ses officiers de s'en emparer, de les confisquer à son profit,
et leur accorde la cinquième partie du billon qu'ils porte-
ront ainsi aux maîtres des monnaies. Une autre lettre, du
H novembre suivant, accorde aux dénonciateurs le quart
du billon dénoncé, et la cinquième {lartie des trots autres
quarts à celui qui fera la saisie. Le duc de Bourgogne avait
été obligé de faire encore plus : le 6 octobre 1397, il avait
défendu le cours en Flandre des nobles (T Angleterre; il est
vrai d'ajouter, que c'était en partie par représailles, de ce
que les nobles de Flandre étaient prohibés à Calais et en
Angleterre. Il est probable que cette prohibition ne dura
pas longtemps \ les intérêts commerciaux des deux pays
s'y opposaient : toujours est-il que Philippe avait grand
soin de ne pas metti'e les torts de son côté, car on le voit,
le 13 novembre de la même année, ordonner la restitution
à un marchand r.nglais de Calais, d'une somme qu'il avait
reçue en Flandre . et qu'on voulait Tempècher d'emporter
à cause des ordonnances qui défendaient la soriie du billon
des États du duc.
Les dernières années du gouvernement de Philippe le
Hardi ne nous font pas connaître de documents bien in-
téressants. Il est impossible de savoir exactement si l'atelier
monétaire de Malines fut remis en activité concurremment
avec celui de Bruges. Toujours est-il qu'on éprouvait con-
stamment des difficultés pour trouver un maître particu-
lier qui voulût bien se charger de la fabrication , car le
22 mai lAOO, le duc accordait à Barthélémy Thomas,
" Je n*08eraÎ8 affirmer ce fait , la prohibition paraissant avoir dnré plus
longtemps, car on trouve un acte du dernier jour de juillet 1400 par lequel
le dac consent à ce que les nobles cTAngJeterre aient cours pour 6 sons do gros.
Pou de temps après , il permet le transport desdits nobles hors de P'inndns
ce qui était iudii>pcnsubie aux relations des deux pu^'s.
130 :UÉMO>BES
maître particulier de la monnaie de Bruges, deux cents
nobles pour chacune des deux aimées qu'il consentait à re-
prendre cette monnaie, à cause, est-il dit, des pertes qu'il
pourrait éprouver. Déjà le 2 novembre précédent, il avait
prescrit d'accorder on délai audit maître pour rendre ses
comptes \
Pour terminer ce qui me reste à dire sur les monnaies
de Philippe le Hardi, je citerai l'ordonnance du 27 avril
1&02, par laquelle, pour remédier aux embarras qu'occa-
sionnent les différentes monnaies qui avaient cours dans
ses États, et dont la valeur avait été changée plusieurs fois,
il prescrit à tous ses receveurs de Flandre et de Bourgogne,
au maître de la chambre, aux deniers et autres officiers, de
metti*e dans leurs comptes et leurs lettres de recette la va-
leur de chaque pièce de monnaie d'or ou d'argent. Cette
précaution était sage, et paraît prise tout à fait dans l'in-
térêt du peuple.
Je V2ÛS maintenant examiner les monnaies d'^or et d'ar-
gent de Philippe le Hardi qui nous sont parvenues. Les pre-
mières en daie sont les monnaies de convention', frappées
en vertu de l'accord avec la duchesse de Brabant. Celles de
ces monnaies qui concernent la Flandre, et dont la fabri-
cation continua à Gand , lorsque après la pacification de
cette ville, l'atelier monétaire y fut réintégré, sont les sui-
vantes :
1. PHS DVX:BORG:Z:COM^FLAND I0H:DVC1S:BRABA.
* Il résulte des comptes rendus par les maîtres particuliers de la monnaie de
Flandre, que Philippe le Hardi continua à faire forger des nobles et des groê^
au lion pendant tout le reste de sa vie. Il ne chercha pas à inventer d'autre»
types, et ne mit plus en usage ceux dont il s'était servi avant l'ordonnance
do 1388, sauf Texception citée plus haut des doublet gros à Vaigle tenant les
4eux écussons.
ET DISSERTATIONS. 131
Édicule golliîque sous lequel sout abrités, séparés par uoe
colonnette, deux écus, celui de droite, de Bourgogne mo-
derne \ et celui de gauche de Brabant; ce dernier se com-
pose de quatre lions, qui sont le lion de Bohême , le lion
(le Luxembourg, le lion de Brabant et le lion de Limbourg.
i). Un lion dans un écuau milieu d'une croix très-omée,
dans un entourage de quatre arcs de cercle, avec la lé-
gende+MONETA.NOVA.FLANDRIE.ET.BRABANTIE \ (Les
mots séparés par cinq rosettes.) — Or. (PI. VI, n° 1. )
2. + PHS :DVX:BORG : Z : COM : FLAND' : lOH : DVG: BRAB.
Écus de Bourgogne et de Brabant juxtaposés, dans le même
ordre que sur le précédent. Au-dessus, entre deux fleura
de nèfle , est une couronne ou chapeau de roses ; au bas,
une troisième fleur de nèfle.
4. Écu au lion sur une croix ornée et composée de huit
têtes de dragon, entourées de la légende +MONETA:NOVA:
FLANÛRIE:ET:BRABANTIE. —J^. Double gros de conven-
tion ' (pL VI, n«2).
3. Mêmes types et mêmes légendes. — JR. Gros de con-
vention (pL VI, n'» 3).
4. Mêmes types et mêmes légendes. — yK. Demi-gros
de convention (pL VI, n" 4).
* L'écQBSon de Bourgogne nodeme eat écarttlé aux 1*' et 4* cantont, de
France à la bordure componée, et aux 2* e:^S*, de Bourgogne ancien.
* De«sin(^e diaprés l'ext^mplaire existant au Cabinet des médailles de la
bibliotbèque impériale Elle ebt reproduite dans Duby, pi. LV, n* 10, d'après
le recueil de de Boze, mois d'une manière inexacte ; de plu» elle est indiquée
comme étant en argent.
Cette monnaie est désignée dans Fordonnonco de 1389 sous le nom de doulde
écu fait à Malines.
* Ce double gros est iworrrctement dessiné dans Duby, pi. LV, n» 9, qui
rttiribue par erreur à Philippe le Bon, en disant, d'après Van Alkemade, qu'il
ne sait que faire d« lOH. D'après lui , Philippe le Bon l'aurait frappé lors-
qu'il devint duo do Brabant, en 1430.
1S2 MÉMOIRES
Cette division n'est pas mentionnée dans Tordonnance
citée plus haut , mais elle rentre trop dans le système mo-
nétaire de la Flandre pour que sa fabrication ne s*y soit
pas trouvée implicitement ordonnée \
La monnaie que nous venons de décrire portait le nom
de Roosebekers '. Celles en argent sont désignées ainsi qu'il
suH dans Fordonnance de 1389, qui fixe leur valeur cou-
rante :
a Item^ les doubles gros où il y a chapiaulx et roses, Tescu
« de Brabant et tescu de Bourgogne, auront cours pour
« II gros la pièche. »
ce Item^ les gros à icelles enseignes auront cours pour
« un gros. »
Après ces pièces, viennent celles frappées à Malines, à
l'imitation des monnaies de Louis de Mâle.
5, +PHILIPPVS:iDEL.GBA.COM':Z;DNS:FLAND'. Le
comte assis sur un trône gothique ; il a un glaive nu dans
la main drcûte; la gauche est posée sur un écu au lion
debout. Le tout dans un entourage de demi-cercles.
ij. Croix très-ornée dans un entourage de quatre arcs de
cercles , ornés à l'intérieur, à leur point de rencontre , de
quatre fleurons, et à l'extérieur, de quatre rosettes. Lé-
gende : -f XRC: VINCIT:XPG : REGNAT : XPC : INPERAT '. —
Or. Poids, 82 grains * ( pi. VI, n° 5 ).
1 Ces quatre monnaies sont dessinées dans Tonvrage de M. Van der Cbijt,
for les monnaies de Brabant. pi. X et XL Le double gros est aussi décrit
par M. Serrure dans le Cabinet monétaire du prince de Ligne,
* y. de Meyer, Annales de Flandre et Y ancienne chronique de Flandre (eff
flamand), cités par Gérard {hc. cit,).
* Représentée sous le n* 5, pi. LXXXI, de Duby, qui décrit cette pièor
sous le nom de réal d*or. Décrite aussi par M. Serrure {loc, cil.), p. 233.
^ J'ai adopté pour les poids la détermination en grains pour faciliter la coO'
£T DISSERTATIONS. 133
6. Mêmes légendes et mêmes types , sauf que la main
droite de Philippe le Hardi ne tient plus d*épée. — Or.
Poids, 82 grains (pi. VI, n* 6).
L'inspection attentive de cette monnaie démontre que.
c'est bien un coin différent du précédent. Mais à quoi
attribuer l'absence de l'épée? L'histoire nous apprend qu*à
la mort de Louis de Mâle, la ville de Gand n'était pas encore
rentrée sous l'obéissance du comte de Flandre , que la ré-
bellion continua encore quelque temps, et qu'elle ne fut
éteinte que vers la fin de 1385 par Philippe le Hardi , qui,
touché de compassion pour cette malheureuse cité, chercha
à la ramener par les voies de la douceur \ Ceci ne nous
donnerait-il pas la clef de l'énigme que nous cherchons ?
L'épée dans la main des personnages sur les monnaies et
les sceaux marque souvent leur droit de haute justice, ou
de vie et de mort sur leurs sujets. Le duc de Bourgogne, en
faisant supprimer l'épée sur sa monnaie , voulut peut^re
faire connaître aux Gantois les bons sentiments dont il était
animé à leur égard , et leur montrer qu'il ne voulait pas
venir vers eux comme justicier, mais comme un souverain
juste et clément. Cette monnaie qui circulait parmi eux,
malgré les défenses de l'Angleterre ', parvint peut-être à
les amener au but si désiré par les deux parties.
7. PHlLIPPVS;DEI:GRA:COMES.Z:DNS:FLANbRIE. Lion
heaume dans un entourage d'arcs de cercles.
panûon avee ceux résultant des instrnctioDS. Ici la taille des pièces étant
de 54 1/2 aa marc de Troyes, le poids réel devrait être de près de 85 grains.
• Art de nérifkar Uê daiêt.
* En 1384, Richard U défend an rewart établi par lui dans la ville de
Qaad, de laisser avoir cours aux nouvelles monnaies émises par le duc de
Bourgogne, qui se dit comte de Flandre ; cette monnaie, dit-il, qui est à l'imi-
tation de l'ancienne et inférieure aux autres, pourrait détourner les marchands
d'Angleterre de fréquenter la Flandre. (Rymer, t. III, pars III, p. 176.)
13 A HÉMOIRES
ti. Croix fleiironDée entourée d'uoe double légende : celle
intérieure est +MONETA. DE. FLANDRIA. (Les mots sépa^
rés par deux feuilles de trèfle ) La légende extérieure dit :
+BENEDIGTVS: QVI : VENIT : IN : NOMINE DOMINL— A.
Bwble gro$ *• Poids, 69 grains (pi. VI, n* 7 ).
Pièce cooiuie sous le noco de Kon boidrager*. Très-usée.
Ces deux premières séries n'out off^t aucune difficulté
pour le classement ; il n'en est pas de même des suivantes,
du moins en ce qui concerne les monnaies d'argent , dont
les types ne sont pas désignés par les instructi(ms ; les
monnaies d'or sont au contraire parfaitement déterminées.
Je me suis laissé conduire, dans les attributions qui root
suivre , surtout par l'analogie des poids.
Pièces émises en vertu de l'instruction du 29 octobre
1386 :
8. PH1LIPF:DE1;G:DVX:BVRG':Z:C0M':FLAND'. Deux
écus inclinés; celui de droite est de Bourgogne moderQe>
surmonté d'un heaume, ayant pour cimier une fleur de lis;
celui de gauche, de Flandre, surmonté d'un heaume, ayant
un lion pour cimier.
t(. Croix fleuronnée dans un entourage quadrilobé , la
légende : +SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM. (Lesmots
séparés par trois rosettes.) — Double hecmme d'or. Poids,
78grains' (pi. VII, n«8).
D'après l'instruction précitée, le double gros de cette série
* Il manqne lo gro» de cette série. Les trèfles sont rindice de l'atelier mcK
nétaire de Flandre, ainsi quMl résnlte de Tinstruction pour la monnaie de
Fauquemont.
* Ainsi appelée par le peuple à cause du beaumet qui ressemble à une
mesure de capacité appelée bot,
> Le poids calculé, d'après les indications de Tiustruction, devait être de
77 grain» 15/100*'.
ET mSSEKTATIONS. 135
devait peser SO grains un dijiiëuie , et le gros , A5 grains
deux dixièmes. Aucune des monnaies que j'ai eues sous les
yeux ne correspond à ce poids. Néanmcnns, les pièces que
nous décrivons ci-^près ont une telle analogie , du moins
du côté de la croix, avec celui du double gros botdrager pré-
cédent, que nous n'hésitons pas à les attribuer à la série
actuelle.
9. +PHIL1PP.DELGRA.DVÎLBVR6.Z.C0M.FLAND. Deux
écus juxtaposés , l'un de Bourgogne et l'autre de Flandre,
surmontés du n[K>t FLÀDRES.
Bi. Croix entourée d'une double légende*, celle d'inté-
rieur est +MONET A DE PLANDRIA (les mots séparés par
deux feuilles de boux), et celle d'extérieur, SIT NOMEN
DOMLNl BENEDICTVM. (Les mots séparés par trois ro-
settes.) — A. Double gros. Poids, de 70 à 72 grains*
(pL Vn,n«9).
10. Même type et même légende.
^. Comme au précédent, sauf que la légende intérieure
est MONETA FLANDRIE. (Entre les deux mots une feuille
de houx.j — iR. Gros. Poids, 42 grains (pi. \11, n» 10 ).
Monnaies se rapportant à l'instruction du 3 avril 1386
(vieux style).
11. Un ange tenant dans la main droite Técu de Bour-
gogne, et dans la main gaucbe celui de Flandre. Légende :
+PH1LIPPVS:DE1:GRA:DVX;BVRG'.Z:C0M':FLAND'.
1^. Croix ornée cantonnée de quatre lions, dans un en-
> Voir Dnby, pi. LI, n« 11, Den Duyt», pi. Vil, n» 44, et Serrure, Loc,
cit.f p. 935. — Peut être cette éDorme différence de poids, 8 grains au moins,
avec celai fixé par Tinstruction, motiva-t-elie la cessation de la fabrication de
cette roonnaîe et la modification des espèces indiquées par l'instruction sui-
vante. Au reate, ces monnaies d'argent sont les plus rares de Philippe le
Hardi. II mauque à la série le demi-gros.
136 MÉMOIRES
tourage de quatre demi-cercles, à la rencontre desquels
sont trois angles. Légende : +BENEDIGTVS QVI VENIT
IN NOMINE DOMINI. (Les mots séparés par cinq espèces
de fleurons en forme de croix.) — Ange d*or. Poids,
96 grains (pi. VU , n» 11 * ).
12. Même type que le précédent. Légende : +PHIL1PF:
DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:COM':FLAND.
p,'. Même type et même légende qu'au n" 11. — Demi"
ange d'or '. Poids, 48 grains ( pi. VII, n* 12 ).
13. Aigle de face , tenant dans ses serres deux écus
inclinés , celui de Bourgogne et celui de Flandre. Légende :
PH1L1PP.DEI.GRA.DVX.BVRG.Z.C0M.FLAND.
p). Une longue croix partageant tout le champ de la
pièce en quatre cantons. Double légende : celle d'intérieur
est MONETA:DE.FLANDRIA. Légende extérieure : +SIT.
NOMEN.DOMINl.BENEDIGTVM '. — iR. Double gros. Poids,
77 grains (pL VU, n*13).
14. Mêmes type et légende qu'au précédent.
^\ Croix partageant tout le champ de la pièce en quatre
parties, cantonnée des lettres FLÂD'. Légende : +S1T.
NOME.DNI.BENEDICTVM. — JSi. Gros. Poids, 39 gi-ains
(pi. VII, nM4).
J*ai réuni ces monnaies d'argent aux monnaies d'or frap-
pées en suite de l'instruction du 3 avril 1386 (vieux style),
parce que je pense que ce sont celles-ci qui y sont désignées.
En effet , le poids du double gros fixé par ladite instruction
devait être de 78 grains quarante-cinq centièmes, ce qu ,
* V. Duby, pi. LI, no 5. Le poids fixé par rinstruction est 97 grains.
* Cette jolie monnaie, unique jusqu'à ce jour, se troute dans le cabinet do
M. Deyrismes.
» Duby, pi. LI, n- 9. - Den Puyts, pi. VII, n» 44. — Serrure, Op. cit.,
p. 234.
ET DISSERTATIONS. IS?
si l'on veut faire la part de l'usure provenant de la circu-
lation , se rapproche beaucoup de celui du n"* 13. Nous
avons vu d'ailleurs que ces monnaies sont spécialement
désignées dans les lettres du 24 janvier 1890 (vieux style) ;
maison en avait fait auparavant, car l'ordonnance de 1389,
qui mentionne les pièces ayant cours en Flandre, les dé-
signe spécialement comme il suit * :
Cl Item , les doubles gros à l'aigle qui ont l'escu de Bour-
« gogne et de Flandres aront cours pour vi d. esterlins la
« pièce. »
« Item , les groz à icelle enseigne aront cours pour
0 XX mites la pièce. »
Restent maintenant à examiner les monnaies émises en
vertu de l'instruction du !•' octobre 1388.
15. Le duc couronné, debout sur un navire; il tient de
la main droite une épée nue, et au bras gauche l'écu
de Bourgogne. Légende : +PHSDEI:GRA:DVX :BVRG:
œMES:Z:DNS:FLAND.
15;. Croix très-omementée ayant en cœur la lettre P et
cantonnée de quatre lions passant , surmontés d'une cou-
ronne; le tout dans un entourage de demi-cercles. Légende :
+IHC : AYTEM : TRANSIEiNS : FER : MEDIVM : ILLORVM :
IBAT •. —Noble d'or. Poids, 147 grains (pi. VIII, n» 15).
C'est l'imitation parfaite du noble d* Angleterre d'É-
I Pentp^tre, aa reste, les monnaies qui nous sont parvenues sont-elles de
oeUes dont parle le duc dans sa lettre du 23 novembre 1392, quand il dit quMl
n*est pas content de la monnaie à la longne croix faite à Malines. Il est
d'ailleurs évident que plus les monnaies étaient fortes de poids, plus vite
elles devaient disparaître; ceux qui exportaient les matières d'or et d'argent
avaient intérêt à les fondre et à laisser dans la circulation celles d'un poids
inférieur.
• Duby, pi. UII , n« 8.— Den DnyU , pi. VU, n« 43. — Serrure , Op.
ctl., p. 233.
•138 MÉMOIRES
douard III. Le comte de Flandre, qui portait des lions dans
ses armoiries, pouvait pousser cette imitation très-loin^ ainâ
que cela a eu lieu.
16. Même type que le précédent. Légende : PHS DEI:
G:DVX:BVRG:CbM:Z:DNS:FLAND.
ï{. Type semblable à celui du noble. Légende : +D0M1NE:
NE:1N:FVR0RE;TV0:ARGVAS:ME. ^Demi-nobU d'or. Poids,
73 grains (pL VIII. n* 16).
17. Écu aux armes de Bourgogne, dans un entourage
de cintres. Légende : 4-PHS:DEl:G:DVX:BVRG:Z:C0M:
FLAN.
ij). Croix analogue à celle des deux pièces précédentes,
mais cantonnée seulement de quatre lions. Légende :
+EXALTABITVR:1N:GL0RIA. — Quart de noble d'or *
(pL Vni, nM7).
Le noble et ses divisions continuèrent à être frappés ,
ainsi que nous l'avons dit précédemment , jusqu'à la mort
de Philippe le Hardi. Quant aux monnaies d'argent émises
«n vertu de la même ordonnance , les documents que ^ ai
analysés ci-dessus ne laissent aucune incertitude sur leurs
types : ce sont certainement les suivantes :
18. Lion assis la queue recourbée, portant au col une
mante* ou volet aux armes de Bourgogne. Légende :
+PHIL1PP.DEI.G.DX.BVRG.Z.G0M.FLAND'.
^\ Écu de Bourgogne partagé par une longue croix tra-
versant également la légende : +SIT. NOME. DOMINI.
BENEDICTVM. — J^. Double gros. Poids, 76 grains
(pL VIII, nM8«).
* Cette pièce, dont on m'a communiqué un cliché, existe dans le cabinet
du prince de Ligne. Voir Serrure, Op. cit., p. 234.
« Dell Duyts, pi. VÎI, n* 46. — Serrure, p. 235.
ET DISSERTATIONS. 139
19. Même type : +PHIL1FP.DEI. G.D.BVRG.Z. COM.
FLAND.
ij\ Comme au u^ 18 : +SIT.NOME.DNI BENEDICTVM —
;ÎV. Gros. Poids, 38 grains (pi. VIII, n« 19 ' ).
20. Mêmes types et mêmes légendes. — yîV. Demi-gros.
Poids, 19 grains* (pi. YIII, n° 20).
Enfin , je terminerai réoumération des monnaies d*or et
d'argent de Philippe le Hardi par la suivante , qui est en
billon , et paraît plutôt devoir être rangée parmi les mon-
naies noires , sans quoi je ne saurais à quelle série la rap-
porter.
21. ECU de Bourgogne. Légende: +PHILIPP,DVX.BVRG.
ijL Croix entourée des mots MONETA,FLA\DRES. —
Billon (pi. VIII, n*>21).
L. Deschâmps de Pas.
ï Den Duyts, pi. Vm, ii« 47. - Serrure, p. 235.
Dobj donne, pi. LI, n** 5, nne représentation de cette pîëoe qu'il dit peser
39 grains, ce qm se rapproche dn poids de la nôtre .-Qaant au n* 7 de la même
planehe, où le lion est accompagné d'nn étendard emmanché dans une hampe,
il est copié dans d^anciens placarda ; j'ai tout lieu de croire que c*est un
mauTais des&in des graveurs de Tépoque.
• Don DuyU, pi. VIU, n» 48.— M. Serrure cite cette pièce, p. 236, Op. c«.,
oomme un quart de gros. Je crois qa*il y a erreur, Tinatruction ne comprenant
pas cette division
iAO MEMOIRES
DENIERS DE BALSGHA III,
PRINCE DE MONTÉNÉGRO ET DE ZENTA.
La principauté actuelle du Monténégro est le dernier
débris de ce royaume de Servie, si florissant du ix* au
XIV* siècle, et qui atteignit son apogée pendant le règne
d'Etienne Douschan , surnommé Silni ou le puissant Ce
prince fit la guerre avec succès aux Grecs, aux Turcs, aux
Hongrois, aux Bulgares, conquit TÉpire, la Macédoine, la
Thessalie, une partie de l'Archipel, toute la Bulgarie, Le
titre de roi de Servie ne convenant plus à d'aussi vastes
États, il se proclama empereur de Roumélie, Slavonie et
Albanie, et créa dans sa cour les mêmes charges et les
mêmes distinctions qu'à celle des empereurs de Constantl-
Dople. La mort le surprit en 1356, au moment où il se pré-
parait à marcher contre cette dernière ville et à substituer
définitivement en Orient un empire slave à l'empire grec.
Pour gouverner plus facilement ses immenses États,
Douschan y avait créé des grands feudataires, à l'exemple
des empereurs latins et des empereurs grecs restaurés à
Byzance. La Rascie, l'Étolie, la Macédoine, l'Albanie, la
Bulgarie formaient autant de principautés vassales de sa
couronne. Quant à la Montagne-Noire \ elle était comprise
* Jo mo sers de cette expression , qui est la traduction du nom sUyo d«>
ET DISSERTATIONS. 141
dans un de ces grands fiefs, appelé Zenta ou Zêta, dont la
capitale était Scutari d'Albanie, et qui comprenait les villes
(le Dougla, Drivasto, Dagno, Dioclée ou Podgoritsa, An-
tivari. Dulcigno, Alessio, c'est-à-dire outre le Tscrnogore
et les Berdas, le midi de l'Herzégovine jusqu'à Trébinié,
la partie du pachalik actuel de Scutari qui comprend les
districts de Podgoritsa, de Scutari, de Zappa et de Zadrima,
d'Antivari et d' Alessio, ainsi que les montagnes habitées
par les tribus semi-indépendantes des Malisors jusqu*au
Drin^
Les premiers princes indépendants de la Zenta étaient
d'origine française. Les auteurs slaves les appellent Balscha,
et les chroniqueurs latins et italiens Balsa et Balza. « Il est
• très-probable, dit Du Gange *, dont l'opinion fait autoriié
n en semblablematière, qu'ils étaient originairos delamai-
« son de Baux, qui s'habitua dans l'Albanie au temps que
« Charles, premier du nom, roi de Sicile, le roi Charles son
« fils, et Philippe, prince de Tarente , fils du dernier, pos-
« sédèrent la ville de Duras (Durazzo) et une bonne partie
0 de l'Albanie, d'où ils prirent le titre de seigneurs de cette
t province, ainsi que j'ai observé ailleurs, parlant de Phi-
«Uppe. Le nom de B<alsa ou Balza confirme ceci, étant
« celui dont les Italiens se servent pour exprimer l'illustre
a famille des Baux , qui s'habitua au royaume de Naples,
ra. Le mot de Monténégro, plus usité en Europe, est la version véui-
tienne. On dit auMi en grec Mavrovouni, en turc Kara-dagb, en albanais Mal-
Etiia, nomB qni ont tous la même signification.
» Constant Porphyrogen., De adm. impef. c. 30.— Laccari, Annali di Rausa,
Ut. I. — Lucius, De rrgn, Dalmat., c 13.
* Hittoire de VEmftire laiin de Conêtantinople^ t. Il, p. 285, dans la collection
Bochon.
1861. — 2. 11
1A2 MEMOIRES
« d'où les Sclavons ont formé celui de Baoscia (lisez
a Balscha) ; joint que Tétoile à plusieurs raies qu Orbioi
« donne aux Balsa pour armes, lève toute la difficulté qu'on
« pourrait former sur cette origine, étant celle que porte
« la maison des Baux. C'est peut-être pour cette raison, et
(( en suite de ce que la maison d'Anjou possède l'Albanie,
f( que les grands seigneurs de ces contrées se vantaient
« d'être issus des nobles familles de France; à cause de
« quoi il y a eu, depuis ce temps-là, une correspondance et
(( une alliance mutuelles entre ces deux nations. De même;
(( les Topia se disaient issus de Charlemagne, et pour mar-
(i que de leur origine, ils montraient la figure de ce grand
« prince gravée sur une pierre vive au cbâteau de Croia,
«qui leur appartenait. Les Ducagini (Doukadjins) se
(( disaient issus du fabuleux Grifibn de Ilautefeuille. Ce qui
(( montre évidemment qu'ils tiraient leur extraction des
(( Français *. »
La première mention que l'histoire fasse des descendants
de la maison des Baux au milieu des Schkypétars ne re-
monte qu'à l'année 1356. Us possédaient alors simplement
quelques châteaux dans la Guégarie on Albanie septentrio-
nale, et ils avaient même donné à un de ces châteaux le
nom de la ville provençale d'où ils tiraient leur origine,
nom qui s'est conservé dans le village de Balsch près
de Scutari. La dissolution rapide de la monarchie serbe
* Les laiftODS alléguées par M. Hahn {Albanesi*cfu Studiên^ p. 345) pour con-
tester ropinioa de Da Cange sur Torigiae frauçaise de la maison des
Balscha^ ne me paraissent pas sufBsantes. De ce que BaUcha est un mot alba*
nais, il ne s* ensuit pas que, comme nom propre, ce ne puisse pas être lue
traduction de Baux. Au contraire, il est probable que les Albanais ayant à
faire passer ce nom dans leur langue, lui auront donné une forme qui offrait
un sens à leur esprit.
ET DISSERTATIONS. 113
après la mort d'Etienne Douscban et les troubles sanglants
qui furent la conséquence de cette mort, permirent à Tun
d'eux, qui s'appelait Balscba par son prénom comme par
son nom propre, d'acquérir une puissance considérable en
faisant la guerre successivement aux diverses familles
seigneuriales de l'Albanie, et en leur prenant des villes
et des cbâteaux II combattit même son suzerain , Etienne
Ourosch V, empereur de Servie et fils d'Etienne Douscban,
qui voulait s'opposer à ses empiétements dans l'Albanie \
En 1365 il s'unit aux Ragusains, et fit avec eux, pendant
deux ans, une guerre beureuse au seigneur d'Ouscbitsa,
dans la Dalmatie , Nicolas Altoman , vassal comme lui de
la couronne de Servie *.
Balscba mourut en 1367. laissant trois fils, Siraschimir,
Georges et un dernier que les cbroniques et les diplômes
contemporains désignent sous le nom de Balscba IL Tous
les auteurs qui ont parlé jusqu'ici de 1 bistoire du Monté-
négro placent dans l'année 1368 la mort de Balscba I*';
cependant nous voyons, par des lettres patentes conservées
aux arcbives de Vienne', que dès le 17 janvier de cetu^.
même année ses trois fils étaient en possession du pouvoir
et faisaient acte de souveraineté. C'est donc certainement à
la fin de 1367 ou, au plus tard, dans les premiers jours de
1308 que le premier des Balschides connus dans Tbistoire
descendit au tombeau.
Les trois fils de Balscba 1"" partagèrent la couronne et
exercèrent en .commun la souveraineté paternelle. Un de
1 Da CaDge, Empire de Constaniinople^ t. II , p. 286.
> Medakovitj, PobiettmUa Terniogorié^ p. 22.
• Paul Karano-Tvartkotitj, Srbskii'spomitnetiei ^Belgrade, 1840), n» 63. —
Miklodcb, Monumenta urbU», n* 161. Acte pour la luppression du péage l'e
Dani.
ihà Mf:\IOIRES
leurs premiers actes fut de revenir au giron de TÉglise
catholique que leurs ancêtres, bien qu'étant d'origine
latine, avaient abandonnée depuis plusieurs générîiiions
pour le schisme oriental. Il existe une lettre du pape Ur-
bain V, datée de Montefiascone le 25 mai 1368, et portant
la suscriptîon : Nobilihvs viris Slraznniro et Georgio ac
Bahe fratribus Zopmiis Zcnle\ Le souverain pontife y fé-
licite ces princes de leur conversion , les engage h. persé-
vérer, et leur recommande très-vivcmcnt de respecter les
catholiques de leurs environs, particulièrement les gens de
Cattaro, avec lesquels, d'après la lettre pontificale, les trois
jeunes princes faisaient une guerre dont la conduite était
laissée à Georges.
Bientôt leur activité belliqueuse trouva une occasion fa-
vorable de se déployer. Le roi litienne Ourosch V avait été
tué en 1367, l'année même où Balscha I" mourait, par un
de sesprincipaux vassaux nommé Voukaschin; Straschimir,
Georges et BaLscha II se déclarant contre l'usurpateur en
faveur de l'héritier légitime Lazare, petit-fils de Douschan,
enlevèrent Scutari, occupée depuis la mort d'Etienne Ou-
rosch par Tvariko, lequel venait d'usurper le titre de roi
de Bosnie au lieu du simple titre de ban qu'il portait jus-
qu'alors, et conquirent toute la Zenta, dont le voïvode,
Georges lUiitj, était un des plus ardents parmi les partisans
de Voukaschin *. Des succès aussi rapides effrayèrent ce
dernier, et il sollicita instamment la paix des jeunes sou-
veiains de la Zenta; une des garanties en fut le mariage de
Georges avec Militsa, fille de Voukaschin '. Mais cette union
ne fut pas de longue durée. L'usurpateur du trône de
' Raynaldu?, Annal, eccles., t XXVI, p. 169.
• Orbini, // Hegno deylt Slavi (Pcsaro, 1601). p. 287.
» Orliiiî, p. 287,
ET DISSERTATIONS. 145
Servie étant mort en 1371, Georges répudia sa lille pour
épouser Théodora, fille de JarkoMeressitj, sœur de Dragas
et de Constantin, beau-père de Manuel Paléologue \
Continuant le cours de leurs exploits, les trois frères at-
taquèrent Charles Topia, seigneur napolitain, petit-fils na-
turel, par sa mère, du roi Louis de Tarente , lequel avait
passé en Albanie après la mort de ce roi, et y avait rapi-
dement acquis de vastes domaines '. Les Balschides lui en-
levèrent la cité de Crola , qui , dans le siècle suivant ,
devint, sous Skanderbeg, la capitale de la principauté
d'Albanie.
Un accommodement entre les deux familles termina la
lutte, et Cbarles Topia épousa Catherine, fille de Bals-
cba I"*. Après cela, les princes de la Zenta entreprirent
une guerre acharnée contre la puissante famille des Dou-
kadjins, venue comme eux avec les princes angevins, la-
quelle était alors maîtresse de toute la Mirdita et des vallées
des Dibres. Mais cette guerre fut funeste à l'Albanie, car
les Doukadjins, vaincus par les Balschas, commirent la
faute immense, dont ils se repentirent eux-mêmes amère-
ment plus tard, d*implorer le secours des Turc^ et de les
ioviter à entrer dans le pays.
Toutefois ceux-ci attendirent encore quelques années
avant d'apparaître d*une manière prépondérante en Al-
banie.
Straschiniir, fils de Balscha l"', mourut en 1373 ; il lais-
sait un fils, Georges 11 « qui fut immédiatement associé à ses
» Phranti»?», 1. 19.
* Orbini, p. 288. — Sur Forigine et la puitMinco do.-» Topia , voir Iv.a irifeciip-
tiou» publiées par M. Habn, Àlbanesi^hi' Stiirlien, p. 135, cote 72, et p. 119,
ir 15.
3 Oibjni, p. 2«0.
ih6 HÉMOIKES
deux oncles. Cest ce qui ressort d'un acte donné à Ragose
ie 30 novembre 1373 par Georges Balscbitj, c'est-i-dire;
Georges l*', acte dans lequel il se déclare ami et allié de
la république de Raguse, ainsi que son frère Balacha et son
neveu Georges; les conditions de l'alliance y sont exposées
et le prince de Zenta y promet l'extradition de tous ceux
qui, dans ses États, se rendraient coupables de quelque
crime envers les négociants ragusains; enfin il confirme
l'exemption d'impôts qui leur avait été accordée par Etienne
Douscban '.
Vers le même temps, Louis, prince de Navarre, ayant
épousé une des filles de la reine Jeanne de Naples, se fit
donner la ville de Durazzo comme dot de sa femme , et
prépara une grande expédition pour conquérir FAlbanie et
la Zenta. Déjà son avant-garde était passée de l'autre côté
de l'Adriatique lorsqu'il mourut subitement au moment de
s enribarquer. Les chevaliers et les soldats descendus à Du-
razzo, demeurant sans chef, se mirent à guerroyer pour
leur propre compte avec les seigneurs albanais du voisi-
nage, et particulièrement avec Charles Topia.. Georges
Balscha se hâta de venir au secours de son beau-frère; mais
au lien de recourir à la force, il entra en négociations avec
les envahisseurs et leur oflrit une forte somme d'argent
pour évacuer Durazzo. La proposition fut acceptée aussitôt
que faite, et les aventuriers quittèrent Durazzo, laissant
TAlbanie en paix *.
Ce danger une fois écarté, les Balscfaides, qui semblaient
ne penser qu'à chercher des occasions de guerre , tour-
nèrent leurs armes contre la famille Moussachia, l'une des
* Srbsk-spomien, n" 64. — Monum. serb.^ n* 173.
* Orbini, p. 289.
ET DISSERTATIONS. 1A7
plus aocienoes et des plus puissantes de l'Albanie, et s'em-
parèrent de tous leurs domaines dans la Toskbarie ou Al-
banie moyenne , c'est-à-dire de la région appelée encore
aujourd'hui de leur nom Mou$sachè ^ ; ils enlevèrent, en
outre, à divers seigneurs un certain nombre de forteresses,
dont les deux plus importantes étaient Âvlona et Belgrad,
aujourd'hui Bérat.
Une iiipture avec Charles Topia fut la conséquence de
cet accroissement de territoire. Dans la nouvelle lutte où
ils s'engagèrent, la fortune des combats ne fut pas si fa-
vorable aux Balschides. Georges, fait prisonnier, n'obtint
sa liberté qu'en promettant de demeurer désormais Tallié
de Charles Topia. Restaient son frère et son neveu qui n'a-
vaient rien promis. La paix entre eux et les Topia fut né-
gociée et conclue en 1376 par l'entremise de la république
de Raguse et de son délégué Matteo di Bodaza *.
Cette guerre était à peine terminée qu'une autre éclatait
du côté de la Bosnie, au sujet des domaines de Nicolas Al-
toman, prince d'Ouschitsa et beau-frère de l'empereur La-
xare de Servie, qui, dépouillé de ses États par une confé-
dération composée de son beau-frère Lazare, de Louis, roi
de Hongrie et de Tvartko, roi de Bosnie, s'était réfugié dans
la Zeota auprès des Balschides auxquels il avait cédé, en
échange de cet asile, les districts qui lui étaient demeurés
fidèles, c'est-à-dire les territoires de Trébinié, Canali et
Drascfaevitsa '.
Tvartko parvînt à soulever ces districts contre les Bals-
chides. Mais Georges , pour se venger , accourut avec son
beau-frère Charles Topia, à la tète d'une armée de dix
» Chalcondyl. IV. p. Il, éd. de Pari». — Orbini, p. 289.
» Orbini. p. 290.
^ Orbini. p. 281.
1Â8 MLMOiH£S
mille hommes, enleva la forteresse d'Onogoschto, pénétra
dans la Bosnie jusqu'à Névésinié, y mit tout à feu et à sang^
et revint chargé de dépouilles à Scutari, où il mourut trois
mois après ^ Orbini place sa nK)rt au 13 janvier 1379; ce-
pendant nous croyons que Ton doit la fixer quelques mois
plus tard. En effet, la guerre avec Tvarlko appartient cer-
tainement à Tannée 1379, comme on peut s'en assurer par
sa relation avec les autres événements de l'histoire de
Bosnie à la même époque, et c'est, d'ailleurs, seule-
ment le 20 novembre de cette année que nous voyons,
dans un diplôme conservé aux archives de Vienne,
Baldcha II , devenu le chef de la famille , confirmer à
1 occasion de son avènement les privilèges accordés aux
Ragusains dans la principauté de Zenta par soa frère
Georges '.
Balscha , qui se trouvait ainsi maître du souverain poo-
voir, était , dit Orbini , très-inférieur comme habileté à
ses deux aînés, mais il était brave, et d'ailleurs dans les
premiers temps de son règne il profita des conséquences
de la politique de ses frères. Dès la première année qui
suivit la mort de Georges, la ville de Castoria, forteresse
d'une haute importance sur la frontière de l'Albanie et de
la Macédoine, fut livrée à Balscha II par Hélène, veuve du
roi Marko Kralievitj,lefils de Voukascbin, à condition qu'il
l'épouserait et répudierait sa première femme, qui était
fille du despote de Belgrad d'Albanie ou Bérat*. Mais cette
Hélène était une femme sans mœurs ; ses désordres devin-
rent, au bout de quelques mois de mariage, tellement scan^
daleux que Balscha la fit d'abord enfermer dans une prison,
1 Orbini, p. 291-292.
* Srbsk spomien^ n" 67, — Monwn. seib.y u* 183.
» Orbiui, p. 290.
ET I>fôS£RTATR)^S. 149
puis la répudia, tout eu gardant la vile qu'elle lui avait
apportée en dot.
Vers le même temps la république de Ragnse, recon-
Dadssaute des services que lui avaient constamment rendus
les princes de la Zenta, inscrivit Baiscba II sur le livre d'or
de sa noblesse, et chargea un de ses magistrats d'aller an*
Doncer cet honneur au prince à qui elle Tavait accordé \
En 1385, Baiscba trouva moyen d'ajouter une nouvelle
conquête à ses États. Profitant des désordres du royaume
de Naples et de la mort du roi Charles en Hongrie, il em-
porta d'assaut la ville de Durazzo '. La date de cet événe-
ment est fixée avec certitude, d'abord par celle de la mort
du roi Charles de Durazzo, puis par un diplôme en date du
2Â avril 1385, dans lequel Baiscba, prenant le titre de duc
de Durazzo, confirme à l'occasion de sa prise de possession
les privilèges accordés aux Ragusains dans ce duché par
l'empereur Etienne Douschan, et les rend semblables à
ceux que son frère Georges leur avait octroyés dans la
ZenU'.
Ce fut l'apogée de la puissance des Balschides.
Quelques mois après le fameux Khaïr-ed-din , beyler-
bey de Roumélie pour le sultan Mourad I", envoya une
année de quarante mille Turcs envahir l'Albanie. Baiscba
réunit les troupes qu'il avait sous la main , et se joignant
à Ivanisch , second fils de Voukaschin , marcha contre les
Ottomans. Les deux armées se rencontrèrent près de Bérat
dans la plaine de Saura, sur les bords de la Voîoussa (l'Àoûs
des anciens). Les conseillers de Baiscba voulaient différer
la bataille et attendre des renforts , considérant le petit
* Orbini, p. 293.
» Orbini, p. 292.
* SffejÎMpofmw, n* 70. — Monum, sirb., n? 192.
150 MÉMOIRES
nombre des chrétiens par rapport aux Turcs; mais le prince
impatient n'écouta pas leurs avis et engagea le combat
L'armée chrétienne, écrasée par les masses musulmanes,
fut taillée en pièces. Balscha lui-même périt dans le plus
fort de la mêlée avec Ivaniscfa , et sa tête fut rapportée
comme un trophée à Kbaïr-ed-dio ^ .
Orbini place en 1383 la bataille de Saura, mais on ne
saurait la mettre que dans Tété de 1385. Par le diplôme
cité plus haut, nous savons que le prince de Zenta était
encore en vie au mois d*avnl de cette même année, et d'un
autre côté, la mort de Rhaîr-ed-din au commencement de
1386 * nous reporte forcément en 1385 pour le combat où
Balscha II perdit la vie.
Georges, fils de Straschimir, sortit alors du château de
Durazzo dans lequel son oncle le tenait enfermé depuis
quelque temps, craignant de trouver en lui un compétiteur,
et saisit les rênes du pouvoir. Nous pouvons fixer la date
de son avènement, grâce à un acte du 27 janvier 1386 dans
lequel, prenant le titre de seigneur de Zenta et de IVimoiie,
c* est à-dire de la côte d'Albanie, il confirme à cette occa-
sion les privilèges accordés antérieurement aux Ragusains
par Straschimir, Georges et Balscha II ^
En arrivant à la puissance souveraine, le jeune prince se
trouva en pi^sence des plus graves complications à l'inté-
rieur comme à l'extérieur.
Ce fut d'aboixl contre les ennemis intérieurs quil se
loiu-na.
La plupait des seigneurs de la Zenta supérieure, profi-
» Orbini, p. 292-293.
* Iladji KLalfa, Tables chronologiques, p. 174. — C[\ de ITjimmcr, Hùftoire
^c rtlmpire ottoman^ 1. 1, p. 260 de la tra^clion française.
* Srb$kêynmien j n" 71. — Monum. «rfr., n* 1V4.
ET DISSERTATIONS, 151
taDtdc la mort de son oncle, s'étaient soulevés contre les
Balschldes et appelaient dans le pays Tvartko, roi de Bos-
me. Les chefs de cette rébellion étaient d'abord deux gen-
tilshommes appelés Nicolas et André Zacbet, puis un pa-
ient de la famille des Balscba» nommé Etienne de Maramont,
d'une maison française établie dans la Fouille, que les trois
fils de Balscha I" avaient appelé dans la Zenta en lui don-
nant la seigneurie du Tsemogore, et qui, se fixant parmi
les populations slaves, y avait pris le nom d'Etienne Tser-
noîevitj , ou fils du Noir ^ Outre l'alliance de Tvartko,
les révoltésavaient recherché celle des Doukadjins, toujours
prêts à se venger sur les Balschides de leurs défaites anté-
rieures. Georges marcha contre eux, les vainquit, accorda
la paix à Etienne Tsemoïevitj ; mais, s'étant emparé de la
personne d'André et de Nicolas Zachet, leur fit crever les
yeux. Puis, aCn de s'assurer un appui contre les Doukad-
jins , il fit alliance avec le tsar de Servie, Lazare, dont il
épousa la fille louvelitsa, veuve de Schischman, prince de
Valachie '.
Il se porta ensuite contre les Turcs, mais de ce côté ses
armes ne furent pas heureuses.
A Khaïr-ed-din avait succédé , dans le conounandement
des troupes ottomanes d'Europe, Timour-Tasch. Poursui-
* Du Cange, Empire latin de CnntUmtinople, t. II p. 291.— Famil. Dalmat.f
^347.
« OrbiDÎ, p. 293.
L'annaliste ragasain appelle cette femme Desptna , prenant son titre de
iféoTOiva ponr son nom propre. Celai de louvelitsa est foarni par un curienx
piêtmt sur la batûlle de Kossovo, extrait par M. Mérimée d*nn manascrit de
la bibliothèque de TArsenal de Paris et inséré par lai dans an recueil de pas-
tiches habilement faits des poésies serbes, intitulé la Gusla. Dans ce piesme,
par une confusion de temps qui ne doit pas arrCter, le prince de Zenta, gendre
de Lazare de Servie , est appelé Georges Tscrnolcvitj , an lieu do George»
Balscha ou Straschimirovitj.
15â SlÈMOfRES
vaut les avantages remportés par son prédéccssenr, le
nouveau beyler bey de Roumélie envoya encore une armée
en Albanie. Cette armée ravagea tout le pays, pénétra
dans les districts de Boudva , d*Antivari et de Dnrazzo,
parvint même dans la Zenta supérieure jusqu'à Ostrog,
mettant partout sur son passage les campagnes à feu
et à sang, et enlevant des milliers d'esclaves dans les po-
pulations albanaise et slave. Georges obtint enfin la paix,
mais ce ne fut qu'aux plus dures conditions '. 11 dut céder
au sultan Castoria, Cérat, Durazzo et Scutari. Mais ces deux
villes lui fuient presque aussitôt rendues par Mourad !•',
grâce à l'habileté d'une jeune fille de la maison des Bals-
chîdes que le prince de Zenta avait envoyée pour le harem
du sultan et qui avait pris une haute influence sur l'esprit
de Mourad.
Ce fut à la suite de ces événements que Georges, cher-
chant à se procurer l'appui tout-puissant de Venise , ac-
corda, le 28 février 1388, aux marchands vénitiens de
trafiquer librement dans ses domaines, sans être soumis à
payer aucun droit *.
L'année 1389 marque une date aussi décisive et aussi
funeste dans Thistoire des Slaves méridionaux que l'année
1453 dans celle des Grecs. C'est en cette année que le
royaume de Servie, trôs-aflaibli déjà par les divisions in-
testines depuis la mort d'Etienne Douschan, succomba dé-
finitivement sous le cimeterre des Osmanlis.
La bataille de Kossovo finit toute résistance de la part
des Slaves méridionaux. Bayezid, devenu sultan par suite
(le la mort de son père Mourad, réduisit la Servie à l'état
• Orbini, p. 2t»3.
' Milakoviij, l^lorié Tsrnio goric (Zara, 1856), p, 86.— ifonum «r6., n*490.
Kl DISSKIiTAIIONS. 153
de vasselage et le fils du roi qui avait péri dans Ut combat,
Etienne Lazarevitj, en reçut de lui Tinvestiture, mais «avec
le simple litre de despote au lieu de celui de roi. Tous les
pays qui avaient envoyé leur contingent à Tarniée de La-
zare suivirent l'exemple de la Servie et reconnurent la su-
zeraineté du sultan.
Seul, le souverain de la Zenta, qui s était distingué par
sa valeur dans la fatale bataille , ne voulut pas se sou-
mettre à cette humiliante condition, et, malgré la faiblesse
de ses Étals, prétendit se maintenir entièrement indépen-
dant. Aussi la Zenta devint-elle le refuge de tous les hommes
généreux qui ne voulurent pas accepter la situation de vas-
saux du musulman.
Cette conduite hardie devait naturellement attirer sin*
Georges II la colère de Bayezid. Son pays fut envahi par
des armées très supérieures en nombre à celles qu'il pou-
vait y opposer, et, malgré le courage de ses soldats, il fut
bientôt serré de si près qu'il se vit obligé en 1394 d'im-
plorer le secours des Vénitiens, secours qu'il dut payer par
la cession des villes de Durazzo et de Scutari \
La défaite et la prise de Bayezid par Tiinour, à la suite
delà bataille d'Angorah en 1402, ainsi que l'ébranlement
que la puissance ottomane reçut de cet événement permirent
aux chrétiens orientaux de se reposer pendant quelques
années. Dans cet intervalle , Georges de Zenta mourut et
son fils Balscha III lui succéda.
Ce dernier était déjà sur le trône lorsqu'en 1410, à Tavé-
nemenl du sultan MousaGhélébi,le fameux Evrenos-Pacha,
dernier survivant des compagnons d'Orkhan, déjà presque
« Orbiiii, p. 294.
151 MÉMOIRES
ceDlenaire, envahit la Zenla à la tête d'une puissante armée.
11 fut repoussé \
Orbini* prétend que Balscha était le troisième fils de
Georges, et qu'il ne monta sur le trône que parce que ses
deux aînés Joitj et Ivanisch étaient morts du vivant de son
père. Cependant nous voyous par un acte du 3 mai 1416 '
qu'lvanisch était vivant et portait le titre de knêze ou comte
de Tsettinié dans le Tsernogore, tandis que Balscha était
prince de Zenta. Nous devons en conclure à une erreur dans
le livre du chanoine de Raguse et faire de Balscha le second,
et non le troisième fils de Georges II.
Nous ne savons pas si c'était ce Balscha ou son père qui
occupait le trône lorsqu'en 1406 la seigneurie vénitienne
céda les villes de Brondva et d'Antivari à la principauté de
Zenta*. Ce qui est seulement certain, c'est que vers 1411
ou 1412, le fils de Georges II, enorgueilli par son succès
sur Evrenos -Pacha, déclara la guerre à Venise, et enleva
aux généraux de la république la ville de Scutari ; mais il
échoua devant la citadelle *.
Les Vénitiens apprenant cette nouvelle envoyèrent aus-
sitôt sur la côte d'Albanie Marino Caravelo avec des navires
et des troupes. Malgré les ressources militaires mises à sa
disposition , le général vénitien n'agit pas par les armes;
mais il sut si bien faire par ses intrigues et par l'or qu'il
répandit, quo tous les seigneurs de la Zenta se déclarèrent
* Vatslik, la Soucerninelé du Monténégro et le droit des jfiu moderne de ffu-
rope, p. 13.
» P. 294.
' Monum. serh.^ n" 2()3.
* Andritj, Geschùhte de.* Fiirstenthums Monténégro, p. 7.
» Orbini, p. 294
KT DISSERTATIONS. 155
pour lui et qiïe BaUclia n'eut qiie le temps de s'enfuir avec
sa mère '•
Mais Benedetto Contarini , qui avait succédé à Marîno
Caravelo dans le commandement de l'armée d'Albanie,
perdit bientôt la situation des Vénitiens dans le pays par
les exécutions arbitaires qu'il fit faire de plusieurs seigneurs
de la Zenta. Balscha fut rappelé par toute la population,
et en 1413, un an seulement après avoir été chassé, rentra
dans ses États héréditaires d*où il expulsa les troupes de
Venise *.
En lAlO, sur l'instigation de son parent Etienne de Ma-
ramont ou Etienne Tsernoievitj, fils du seigneur de ce nom
que nous avons vu se révolter contre Georges II, il rompit
Falliance traditionnelle qui avait régné depuis 1386 entre
sa famille et la république de Raguse, alliance que Stras-
cbimir, Georges I'', Balscha II et Georges II avaient toujours
religieusement observée. Les négociants ragusains qui se
trouYÛent sur le territoire de la Zenta furent dépouillés et
expulsés '.
Deux ans après, en 1421 , Balscha se trouva en face d'une
redoutable invasion turque conduite par le sultan Moham-
med I" en personne. Devant ce danger, le prince de la
Zenta fit implorer le secours de Venise. On lit dans la chro-
nique de Jean Bembo, à la date de 1421 : « La mère de
• Balscha, qui avait été le seigneur de beaucoup de lieux
« en Albanie, arriva le 21 juillet à Venise, et recommanda
« les États et les peuples de son fiis au doge et au sénat,
a qui la comblèrent d'honneur. »
Cependant les secours demandés n'arrivant pas, Balscha
1 Jtfid,
« Orbinî, p. 294.
» IbiU.
156 MfiMOIRES
se décida à marcher contre Mohammed avec ses seules
troupes. Le succès ju >tifia son audace, et Tarmée du sultan
fut vaincue et dispersée \
Après cet exploit éclatant, Balscha se rendit dans la
Rascie pour voir son oncle le despote Etienne Lazarevitj,
laissant pour le temps de son absence le gouvernement à
Etienne Tsemoïevitj. Mais, parti déjà malade de Scutari,
il mourut dans la route, sans laisser d'enfants '.
Avec lui finit le pouvoir de la dynastie des Balschides
auxquels succédèrent les Maramont-Tsernoïevitj , qui s é-
leignirent à leur tour en 1516, et furent remplacés par les
vladikaa ou souverains ecclésiastiques, lesquels ont duré
jusqu'à Tavénement du prince Daniel tout récemment as-
sassiné à Zara.
J'ai donné un grand développement à ces préliminaires
historiques, puisqu'il s'agit dans mon travail d'une seule
espèce de monnaie. Mais j'avais à faire à une histoire absolu-
ment ignorée dans nos pays d'Occident, et sur laquelle les
écrivains slaves eux-mêmes sont extrêmement incomplets ;
il me fallait donc absolument reconstituer les annales des
Balschides, princes de Zenta, avant de chercher à déter-
miner auquel de ces princes peut être attribuée la monnaie
que je publie.
J'aborde maintenani le point de vue purement numisma-
tique.
Le volume des Mémoires de la Société d'archéologie de
Saint'Pétersbouri;, publié en 1848, contient une curieuse
« Vatslik. p. 13.
« Orbini, p. 294.
ET DISSERTATIONS. 157
dissertation de M. de Reichel sur les monnaies des rois de
Servie. Nous y trouvons publié, sous le n* 20 de la pi. XIV,
un denier d' aident portant au droit un écu chargé d'une
tête de loup, la gueule ouverte, surmonté d'un haume,
ayant pour cimier une tête de loup semblable à celle de
Técu. Dans le champ, à droite, on voit la moitié d'une
étoile rayonnante. La légende qui règne autour serait,
d'après le dessin et la lecture de M. de Reichel, SGORGl-
XBLAD. Au revers est la figure de saint Laurent nimbé,
dans une gloire en forme de vesica pwct.s avec l'inscription
M.SV-f NERVAL. S {Sanclus Laurentius martyr) qui doit se
lire de droite à gauche quoique les caractères soient gravés
chacun dans le sens contraire.
M. de Reichel attribuait cette pièce au despote de Servie,
Georges Brankovitj , qui gouverna de 1A27 à 1A57. Mais
avant même qu'on ne connût une seconde variété du denier
que cet érudit publiait, il y avait de grands doutes à élever
sur son attribution.
La numismatique slave connaît, en effet, des monnaies
qui appartiennent indubitablement à Georges Rrankovitj, et
ses monnaies sont tout à fait différentes. Les légendes sont
slaves, en caractères cyrilliens, et non latines*; les types
* II faut pourtant rsmarquer que parmi les monnaies incontestables dtts
Toii Serbes, celles de Stephan I*' ont des légendes slaves; celles de Stephan II
des légendes latines ; celles de Wadislaw des légendes slaves ; celles de Stc-
pban III — Ourosch II aussi; celles de Stephan IV des légendes latines; celles
1860. — 2. 12
158 5IÉM01RES
n*ont pa& de rapport, et le style ainsi que la fabrique dé-
notent une autre région. •
Voici du reste , pour que le lecteur en juge mieux par lui-
même, la description de ces monnaies de Georges Brankovitj,
dont , à ma connaissance, il existe seulement deux variétés.
!• rtOPbrb. AGCnOTb {Georges despote). Le souve-
rain debout, coiffé d'une couronne ducale, portant un
manteau , tenant de la main droite une épée sue et de la
gauche le globe crucigère.
îf. GMAPBO {Semendria). Liou^ debout à gauche;, devant
lui deux étoiles. — JR. Demi-denier.
{Mémoires de la SocUté d* archéologie de Saint-Péters-
bourg, t. 11, pi. XIV, n- 19.)
2* Lion debout à gauche, la lôte flanquée de deux
étoiles.
ï{. FNb— AeenO— TbP {Knèze et despote de Rasde)
en trois lignes séparées par des traits horizontaux. — iî\.
Demi-denier.
{Loc. cit., n" 21. )
Bien que la légende de ces monnaies soit slave , le titre
de despote y est toujours exprimé par le mot emprunté
au grec AGCIIOTb, et non par son équivalent slave
BAAAMKlx Or sur la pièce publiée par M. de Beichel, cet
érudit prétendait expliquer par ce dernier mot de vladika
les lettres BLAD, qu'il croyait reconnaître dans la légende
de Stephan V et celles d'Oarosch IV aussi ; celles de Stephan VII et celle*
d'Oorosch V aussi, comme on peut le voir dans le livre de Luczenbacher
{A'Szerb zupàfwki Kiràlyok^ es czàrok* Pénzec^ Bude^ 1843) et dans le mémoire
de M. de Reichel.
Mais à dater de Lazare, le prince tué à Kossovo, les légendes latines ces-
sent pour faire place aux légendes slaves. Kn cela la numismatique est d*ac-
cord avec Thistoire, qui montre alors la cessation absolue de Tiniliieiice
latine, venue en grande partie par la Hongrie sous les règues précédents.
ET DISSERTATIONS. 159
du droit. 11 aurait été étrange de trouver un titre grec sur
les médailles à inscription slave et en même temps le titre
slave sur une pièce à inscription latine, tandis que les
mots de despotes ou de dominus y auraient si bien convenu.
De plus , on doit faire une autre observation. Bien que
vladika dans les idiomes slaves soit l'équivalent exact du
grec ôîcTroTriÇ, c'est un titre qui, dans l'usage, a toujours
été, pour ainsi dire, exclusivement ecclésiastique. Si l'on
examine les actes des rois de Servie et des autres princes
des Slaves du Midi rassemblés dans les Srbshii Spomienitsei
de M. Karano-Tvartkovitj et dans les Monumenta Serbica
de M. Mikiosich., on y verra que dans les diplômes du
moyen âge les despotes souverains civils portent toujours
le titre grec de AGCUOTb, et les évêques seuls celui
de BAAAMKb. C'est une règle à laquelle je ne pourrais
citer qu'une seule exception, numismatique il est vrai, si
l'on devait considérer comme certaine l'attribution que
M. de Reichel fait au despote Jean, fils d'Etienne Georgievitj
(1485-1502), de la pièce suivante :
I. BAAKb. Saint Jean debout.
ij. rc XC. Le Christ bénissant et teuant le livre des
Évangiles, assis sur un trône. — /R. Demi-denier.
{Mémoires de la Société d'archéologie de Saint-Péters-
bourg, i. II , pi. XV, n'» 22. )
Mais l'attribution proposée par M. de Reichel ne saurait
être admise. Le style de la pièce est notablement plus
ancien que le commencement du xvi° siècle; il se rap-
proche de celui des monnaies d'Ourosch V S de Voukaschin '
' Mémoires de la Société d'archéologie de Saint-Pétersbmirg, t. II, pi XIV,
* /WJ., pi. XV, n- 20.
lôO MÉMOIRES
et de Lazare ^ Aussi, dans le cas ou Ton établirait que
cette médaille ne peut pas être attribuée à quelque vladika
ecclésiastique ou évèque ayant usurpé le droit de battre
monnaie pendant l'agonie de Fenipire des Serbes, j'aime-
rais mieux la donner au despote Ivanisch , fds de Vou-
kaschin, tué, ainsi que nous Tavons vu plus haut, avec
Balscha II, dans la bataille de Saura.
En tous cas, la légende de la monnaie que je viens de
citer est purement slave et n'oiïre pas la bizarrerie peu
vraisemblable du titre de vladika ou bladika, introduit dans
une épigraphe latine.
De très-fortes présomptions se réunissaient donc pour
faire croire que le denier latin donné par M. de Reichel à
Georges Brankovilj était une pièce mal lue.
J'ai eu la bonne fortune de découvrir une nouvelle va-
riété de ce denier, sur lequel les légendes ne peuvent
donner lieu à aucune hésitation. Il appartient à un amateur
serbe résidant à Serrés de Macédoine, et pendant quelque
temps il a été entre les mains de M. Paul Lambros,
l'habile amateur et négociant de médailles d'Athènes *.
Par cet exemplaire , nous avons enfin la leçon véritable
des inscriptions , au droit M. BALS. D. GORGI , au re-
vers S. LAVRGnClVS. On peut lire la légende du droit
Moneta Baise domini Georgi^ sous-entendu filii^ c'est-à-
dire monnaie de Balscha Georgievitj, et il est dès lors
certain que l'on ne peut plus penser à voir ici un despote
d(3 Servie, mais un des Balsclïas souverains de laZenta.
* Mém. de la Soc, d'archéologie de Saint-Pétersbourg, t. II, pi. XV, n"*30 et 31.
* La monnaie eu question a été découverte dans l'Albanie septentrionale.
Depuis que ce mémoire est écrit, la même pièce, ou une autre absolument
semblable , est venue ù Paris chez M. lîoUin. C'est là que nous Tavons fait
tJcssiner.
ET DISSERTATIONS.
161
La variété publiée par M. de Reichel porte les mêmes
légendes, mais rétrogrades, sans que le sens ordinaire de
chaque caractère ait été modifia. Ceci étant certain pour
le nom de saint Laurent, nous donne lieu de croire que
G SLA 3. III, qu'on voit dans le dessin, doit être lu
M. BALSE. En définitive, les deux deniers diffèrent par la
position des lettres seulement.
L'armoirie de la tête de loup doit être considérée comme
allusive «au nom et presque parlante, car en albanais ou
schkype, dans la langue du plus grand nombre des sujets
des Balschides, un loup se dit Oulk ou Voulk. En même
temps on voit dans le champ, mais réduit seulement à la
moitié, je ne sais pour quelle raison, Tastre rayonnant
qu Orbini dit avoir été le blason originaire et constant des
Balschas , et qui établit si clairement leur parenté avec la
maison des Baux de Provence.
Maintenant auquel des princes du sang de Balscha doit-
on donner la pièce dont j'ai restitué les véritables légendes?
La réponse à cette question, après les préliminaires histo-
riques placés en tète de mon travail , ne me paraît pas
difficile à faire. Trois princes dans la dynastie ont porté le
nom de Balscha, mais un seul , le troisième, était fils d'un
Georges. De plus, comme on l'a vu , celui-là était un très-
glorieux et très-puissant prince qui certainement a dû
battre monnaie.
L'attribution à Balscha 111 est encore confirmée par le
162 Mi:MoiRKS
rapport qu'oilVe celte monnaie, comme style et comme
types, avec les deniers et doubles deniers de l'antagoniste
de son père, qui fut encore son contemporain, Tvartko, roi
de Bosnie , publiés par M. Schweitzer ^ Ces dernières mon-
naies oiïrent au droit, avec le nom du prince, un écu sur-
monté d'un cimier d'une disposition tout à fait analogue à
celle de Técu qui se voit sur le denier de Georges Balscba;
seulement Técusson porte un grand T couronné et le cimier
est surmonté d'une pomme de pin , attributs choisis par
Tvartko, de même que le prince de Zenta avait choisi une
t^te de loup.
Le saint Laurent qui se voit au revers rappelle d'une
manière frappante le saint Tryphon des monnaies frappées
à Catlaro V Saint Laurent est le patron de Durazzo , c'est
donc dans cette ville que le denier de Balscha III a été
certainement frappé. Nous devons en conclure que le der-
nier des Balschides avait, en 1413, repris sur les Vénitiens
en même temps que Scutari Durazzo , cédé dix-neuf ans
auparavant à la Sérénissime République par son père
Georges II.
La reconnaissance d'une pièce frappée par un des
l)rinces de Zenta et de Monténégro de la maison des
Balschides a cela d'intéressant qu'elle ouvre une nouvelle
série numismatique. Certainement Balscha III n'est pas le
seul prince de cette maison qui ait battu monnaie; on en
trouvera avec le temps de ceux qui l'ont précédé sur le
t rAne.
» Sotizie peregrine di numismatica e (Varcheohgia (Trieste, in-8* tiré à 50
exemplaires , decad. 2, pi, I, n"» 8 et 9. — Decad. 5, pi. I, n* 1.
• Schweitzer, Sotisie peregrine, decad. 5, pi. I, n" 2-12. — Ménurir»» de
la Société d'Archéologie de Saint-Pétersbourg^ t. TI, pi. XIV, n» 16, et pi. XV,
11» 28.
ET DISSERTATIONS^ 16S
C'est une chose curieuse que de voir les progrès qu'a
faits depuis peu d* années Tétude des séries monétaires
deVorient de l'Europe au moyen âge. Il n'y a pas encore
bien longtemps que Ton connaissait à peine tout au
plus quelques rares pièces de Servie et un petit nombre
de monnaies des ducs d'Athènes et des princes d'Achaïe.
Msdntenant presque toutes les grandes baronnies de la prin-
cipauté de Morée, de Négrepont et des îles de l'Archipel
ont leur numismatique, et s'il y reste encore quelques
lacunes, on a désormais la certitude qu'elles seront bientôt
comblées par des découvertes ultérieures. La série des rois,
empereurs et despotes de Servie et Rascie est complète ;
M. Lambros, dernièrement dans la Pandore, a ouvert celle
des despotes d'Épîre, comme M. Schweitzer avait ouvert
celle des rois de Bosnie,
Seule, l'Albanie demeurait jusqu'ici sans monuments nu-
mismatiques. En faisant connaître le denier de Balscba III
Georgievitj, nous avons fourni le premier élément pour
combler cette lacune. Je ne doute pas que de nombreuses
monnaies ne viennent un jour se classer autour de celle que
j'ai publiée aujourd'hui. J'ai déjà dit que l'on en trouverait
des autres Balschides. On en découvrira aussi, je n'en doute
pas, de leurs successeurs, les Tscrnoïevhj. Peut-être les
deux grandes familles albanaises rivales et contemporaines
des Balschas, les Topias et les Doukadjins , n'ont-elles pas
eu assez de pouvoir pour émettre des monnaies. Mais sûre-
ment les Castriotes ont dû en frapper, et l'on retrouvera
du moins des pièces portant le nom du plus illustre d'entre
eux, de Skanderbeg, le Machabée de l'Albanie.
Il est seulement probable que ces nouvelles conquêtes
de la science se feront encore attendre quelque temps. La
situation de l'Albanie sous la tvrannie barbare des Otlo-
16A MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
inans est telle que bien peu de voyageurs se hasardent à
parcourir ce pays. Quant aux habitants , ils vendent bien
quelques médailles antiques aux juifs des villes de la côte
qui les font passer à Corfou et ailleurs où elles entrent dans
la circulation du commerce dé^ antiquités, mais ils igno-
rent encore la valeur et l'intérêt des monnaies du moyen
âge. C'est seulement lorsque les provinces albanaises de-
viendront libres qu'elles pourront être livrées aux investi-
gations de la science. Cependant même aujourd'hui un
voyageur érudit parcourant ces contrées et y recueillant
des monuments numismatiques avec quelque attentic»,
serait appelé à faire les plus précieuses découvertes.
François Lenormant.
Athèiieu , septembre 18(iO.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
LETTRES A M. A. DE LONGPliRlER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
XiQvièine «rtîch». — Voir U- n" 6 dt» 1858, p. 437: \v n» 5 de 1859, p. 313; lo
n* 6 do la m^ino uniK-e, p. 401 ; le n" 3 do 1860, p. 164; le u* 4, p. 249;
Itf II- 5, p. »45 ; 1« II" 6 df la menu» annt'-e, p. 409. vt le n» 2 de 1861, p. 77.
XUI.
Monnaies des Lexoviem.
Mon cher Adrien , je te disais dans une de nies précé-
dentes lettres, que peu à peu la lumière se faisait, et que
j'avais bon espoir d'arriver à voir clair dans le chaos na-
guère encore inextricable de la numismatique de nos aïeux.
Je viens cette fois t'apporter, je le crois , une preuve de
plus que je n'ai pas trop présumé de l'avenir d'une science
qui nait à peine. Je vais donc te présenter quelques consi-
dérations à tout le moins nouvelles sur la suite des nion-
Daies que nous pouvons , sans aucune espèce d'hésitation,
attribuer aux Lcxoviens.
1861. —3. 13
166 MÉMOIRES
Avant tout, permets-moi de te rappeler en quelques mots
quelles sont les espèces connues jusqu'à ce jour de cette
curieuse série.
En 18S7 {Revue de la numismatique française ^ p. 12 et
suivantes), j'ai lait connaître la véritable attribution de la
charmante médaille publiée par le baron Marchant, dans
sa vingt-cinquième dissertation , et sur laquelle on lit les
deux légendes SIMISSOS PVBLICOS LIXOVIO et CISIAMBOS
CATTOS VERGOBRÏITO. Dans le même travail, j'ai publié
la magnifique pièce passée de la collection de M. RoHin
père dans celle de La Saussaye, et qui offre le nom et
l'effigie du chef CISIAMBOS avec la légende locale un peu
plus correcte SEMISSOS LEX0V1O...LI ..A.
En 18A1, La Saussaye a publié dans la Revue ( p. 3A5
et 346) une très-curieuse pièce de plus petit module, avec
la légende LIXOVIO, et au revers les restes d'un nom de
chef terminé par les lettres ...OVIX, et dans lequel l'au-
teur propose de reconnaître le fameux Viridovix , chef des
Unelles , cité par César, à l'occasion du soulèvement gé-
néral de l'Armorique, l'an 56 avant notre ère.
Enfin, en 1857, j'ai encore eu le plaisir de faire connaître
aux lecteurs de la Revue ( p. /i03 à h06 ) une belle pièce
entièrement inédite d'un chef des Lexovi<ei)!s nommé Hau-
fennius , et offrant , aux légendes près , les types ée la
monnaie lexovienne qui présente la légende CISIAMBOS
CATTOS VERGOBRETO.
Aujourd'hui, je m'estime heureux d'enrichir cette curieiUBe
série de trois pièces bien dignes d'y prendre place.
La première présente exactement les mêmes types eft là
même fabrique que le Viridovix de La Saussaye ; mais M
droit la tète d'Apollon est accompagnée du nom CISIAMBOS.
J'ignore la provenance de cette rare monnaie que f ai
ET biSSËRTATlONS. 1G7
trouvée dans le commerce, et dont un second exemplaire,
malheureusement incomplet, se voit, je crois, à Orléans ,
dans la collection de M. Tabbé Desnoyers.
La seconde, tout à fait analogue à celle qu'avait pos-
sédée M. RoUin , et que je dois à Tamitié de M. Penon , de
Marseille, est évidemment surfrappée sur la monnaie sans
effigie à la légende CISIAMBOS CATTOS VËRGOBRETO.
KUe lui est donc nécessairemeut postérieure, d'aussi peu de
temps que Ton voudra.
La troisième est plus épaisse , d'un style plus barbare ,
et porte encore au droit l'effigie de Cisiambos, et au revers
l'aigle éployé, avec la légende tronquée ARGANTOD
Cette rare monnaie , trouvée dans le val d'Aoste , m'a été
giteéreusement sacrifiée par M. l'abbé Gai, prieur de
Saint-Oors , auquel j'adresse ici publiquement la sincère
expression de ma vive gratitude.
Ceci posé , essayons de mettre tout d'al)ord de l'ordre
dans l'appréciation de l'âge respectif de ces curieux monu-
ments, indépendamment de toute considération histo-
rique.
1* La piè( e qui ouvre évidemment la série est celle que
La Saussaye a attribuée à Viridovix , probablement avec
raison.
2* Celle qui vient immédiatement après est la pièce aux
mêmes types, mais avec le nom OlSIAMBOS.
3* La troisième est la monnaie à la légende CISIAMBOS
CATTOS VEBGOBRETO.
i* La quatrième place revient de droit au Cisiambos
avec effigie , surfrappé sur la pièce précédente.
5* J'attribue le cinquième rang au Cisiambos avec ef-
figie, portant le nom d'Arcantodan.
6* Enfin le sixième rang appartient à la monnaie de
168 MÉMOIRES
Maiifennius, qui est d'une fabrique plus défectueuse qne
celle avec le nom d'Arcantodan.
Maintenant appliquons à la classification que je viens
de proposer l'étude des légendes et des textes historiques,
et nous serons surpris de voir l'accord le plus frappant se
manifester entre les textes et les légendes, qui se contrô-
lent d'une manière que je regarde comme vraiment satis-
faisante.
Il est un fait auquel notre ami Anatole de Barthélémy
avait pensé sérieusement, et qui lui a inspiré les paroles
suivantes {Revue de 18i7, page 86) : «Dans un pays comme
« la Gaule , divisé en une multitude de peuples qui suivant
« leur importance exerçaient une influence plus ou moins
« étendue, on en voit plusieurs réunis en confédération,
« être, à différentes époques, à la tête de la nation tout
«entière et, prinii inter pares ^ tenir successivement et
« suivant le cours des événements , un rang analogue à
« celui que, bien des siècles après, le roi de France avait
«au milieu de ses grands feudataii*es.' Dans l'histoire,
« nous voyons les Arvernes, les Bituriges, les Éduens, oc-
« cuper ce rang chacun à son tour. »
Et en note :
« Celtarum quae pars Galliœ tertia est, pênes Bituriges
« summa împerii fuit; ii regemceltico dabant. » (Tît., liv. V,
c. 34.) En parlant des Helvetii , des Edui et des Sequanr,
César (1. 1, c. 3) dit : « Très potentissimos ac firmissîmos
« populos totius Galliae. » Le même auteur, en parlant de
Vercingétorix (1. VII, c. 4), dit : « Vercingetorix , Celtîlli
a filius, Arvemus, summœ potentiae adolescens, cujus pater
<r priticipatum Galliœ totius obtinuerat. »
Tu liî vois, chor Adrien, Barthélémy avait pressenti que
itique gauloise devait offrir des reflets de ces
ET DISSEUTATIONS. 109
principals exercés tour à tour par les nations puissantes
des Gaules, selon que les événements les faisaient naître.
Les Commentaires de César nous foumiraientau besoin bon
nombre d'indications analogues à celles contenues dans la
note que je viens de transcrire, et je me bornerai à en citer
quelques-unes qui ont une importance réelle pour la so-
lution de la question que j'aborde aujourd'hui. Ainsi nous
lisons au livre III, chapitre 17 :
Dum haec in Venetis geruntur, Q. Titurius Sabinus cum
lis copiis quas à Ca3sare cacceperat, in fines Unellorum
pervenit. Hisprseerat Viridovix, ac summam imperii tenebat
earum omnium civitatum quœ defecerant, ex quibus exer-
citum magnasque copias coegerat Atque his paucis diebus
Aulerci Eburovices, Lexoviique, senatu suo interfecto, quod
auctores belli esse nolebant, portas clauserunt seque cum
Viridovice conjunxerunt.
Voilà qui est bien explicite, et Viridovix n'exerçait pas
seulement le pouvoir suprême dans la cité des Unelles.
Plus loin , au chapitre 22 . où il est question de la dé-
faite des Sotiates, ou mieux des Aquitains, César s'exprime
ainsi : « Atque in ea re omnium nostrorum intentis animis,
alia ex parte oppidi Adcantuanus (c'est Adietuanus qu'il
faut lire) qui summam imperii tenebat, etc., etc.
Les Aquitains sont battus par Crassus, et au chapitre 27
nous lisons : Hac audita pugna, magna pars Aquitaniae sese
Crasso dedidit, obsidcsque ultro misit : quo in numéro
fuerunt Tarbelli, Bigerriones, Precîanii, Vocates, Taru-
sates, Elusates, Garites, Ausci, Garumni, Sibuzates, Coco-
sates. Pauœ ultimas nationes, anni tempore confjsœ, quod
biems suberat, hoc facere neglexerunt.
A coup sûr, Adietuanus, le seul chef cité à propos de
cette guerre, exerçait le pouvoir suprême dans l'Aquitaine
170 MÉMOIRES
entière, stimmamimperii lenebai, Bappelons-nous les belles
et rares monnaies à la légende ADIETVANVS REX, et nous
serons convaincus dB la réalité de ce fait.
Si Adietuanus a frappé des monnaies en Aquitaine avec
le titre de Rex, nous sommes tout naturellement amenés à
conclure que Viridovix , dont Tautorité dans TArmorique
est caractérisée par les mêmes expressions de César, et
cela dans le récit des campagnes de la même année, a pu
et dû émettre des monnaies à son nom, et portant peut-
être aussi le titre de Rex. Qui sait si l'avenir ne nous ré-
serve pas la découverte de ces précieuses monnaies? Celle
que La Sausaye a publiée le premier, et qui lui semblait
porter le nom de Viridovix, ouvre, ainsi que je te l'ai dit
plus haut, la série des monnaies lexoviennes. Son attribu-
tion à Viridovix est-elle indubitable 7 Je n'oserais Tatlirmer,
en présence d'une légende incomplète , bien que je sois
tout porté à l'admettre. Cette monnaie a, du reste, un in-
térêt très-réel , à un autre point de vue. Le cneval du revers
a, suivant l'expression de l'illustre Lelewel, la gorge four-
chue, et au-dessous de lui se voit une roue, ce qui con-
stitue un type exactement semblable à celui des statëres
d'or des peuplades de la Belgique, et entre autres des Ner*
viens. Or il n'est pas à présumer que ce type a été copié
par toutes les peuplades belges, sur une monnaie locale
des Lexoviens ; ce sont bien plutôt ceux-ci qui ont copié le
type généralement adopté pnr les Belles, et dans l'année
précédente se place précisément la lutte gigantesque de
César contre la Gaule Belgique tout entière, lutte commencée
sur les bords de l'Aisne, continuée sur les bords de la Sam-
bre, et terminée devant l'oppide des Aduatuques ; ceci soit
diten passant pour fixer à cette année mémorable la date de
tous ces statères d'or belges, si abondants partout et dans
ET D[>$^RTAT10NS. 171
toutes les collections. C'est donc en 57 avaptTère chrétienne
que les statères belges au type du cheval ^ la gorge four-
chue ont été frappés, sauf à reparaître dans les années
subséquentes lors des levées de boucliers des cités de la
Gaule Belgique.
C'est à Vannée Ô6 qu'il faut classer la pièce lexovienne
de Yiridovix.
Les typeset la taille delà première piëcedeCisiambossont
absolument semblablesàceux delà monnaie de Yiridovix-, ces
deux monuments ont donc paru à des époques extrêmement
rapprochées. Après la défaite de Yiridovix, ci vitates omnes
se statîm Tituriordediderunt, nam, ut ad bella suscipienda
Gallorum alacer ac promptus est animus, sic mollis ac
minime resistens ad calamitates perferendas mens eorum
est (lib. III, c. 19), il n'est guère possible de croire que
le vainqueur permit aux vaincus de se choisir des chefs,
et très -probablement Cisiambos, que nous allons voir af-
fecter des aspirations à la civilisation romaine, fut placé à
la tête des Lexoviens, et agréé par Sabinus. Cisiambos
adopta d'abord les types monétaires que ses compatriotes
avaient choisis en se donnant à Yiridovix, après le meurtre
de leur sénat, et en le faisant, il ménagea fort habilement
les susceptibilités de la cité. £n d'autres termes, Cisiambos
restait parfaitement Gaulois en apparence , et il semblait
vouloir protester par les types monétaires qu'il choisissait,
contre le reproche qu'on serait en droit de lui faire, d'être
une créature des Romains. Pendant un peu plus de trois
ans, nous ne voyons plus apparaître de types nouveaux
de Cisiambos. La suprême magistrature était-elle, chez les
Lexoviens, annuelle comme chez les Éduens? Nous n'en
savons absolument rien. Impossible donc de dire si les
trois années écoulées de 65 à 62 avant l'ère chrétienne ont
172 MÉMOIRES
VU émettre de nouvelles espèces frappées par Cisiambos,
ou si un autre chef lexovien a gouverné la peuplade pen-
dant cet intervalle. Quoi qu'il en soit, la surfrappe si inté-
ressante, que je t'ai signalée plus haut, démontre que les
monnaies lexoviennes qui se présentent les premières
après celles dont je viens de parler, sont les beaux semis
portant la légende CISIAMBOS CATTOS VERGOBRETO.
J'ai trop longtemps pensé que les deux noms essentiel-
lement gaulois, CISIAMBOS et CATTOS, désignent un seul
et même individu. Cela ne me paraît plus possible aujour-
d'hui, et je ne connais pas un seul exemple d'une double
dénomination gauloise appliquée à un seul et même per-
sonnage. Cisiambos et Cattos sont donc très-certainement
deux hommes distincts, et Cattos reçoit le titre de ver-
gobret.
Ce titre de vergobret était- il porté dans toutes les cités
par le magistrat suprême? Assurément non, puisque Adie-
tuanus se fait appeler Rex. Mais il était en usage chez les
Êduens, ainsi que César nous l'apprend (lib. I, cap. 16),
dans les termes suivants : «Convocatis in bis Divitiaco
et Lisco qui summo raagistratu praeerat (quem vergobre-
tum appellant ^Edui), qui creatur annuus, et vitœ necisque
in suos habet potestatem. » Ce passage ne te semb!e-t-il
pas, comme à moi, impliquer assez nettement que ce sont les
Éduens, et non toutes les peuplades gauloises, qui donnent
le nom de vergobret à leur magistrat suprême? et de plus,
ou trouvons-nous ailleurs qu'à Autun l'antique Bibracte ,
le nom vierg, appliqué à travers la longue suite des siècles
au premier magistrat de la ville ?
Reporte -toi maintenant au discours de César à Ario-
viste (lib. 1 , c. 43), ne lui rappelle-t-il pas en parlant
des Éduens : « Ut omni temporo totius Gallix principatum.
ET DISSERTA riO\S. 173
iËduî teoùissent, prius etiam^quam nostraro amicitiam
appetissent. » Puisque ce fait d*uDe suprérnatie exercée
dans toute la Gaule est constant, que peut- il y avoir d'é-
trange à en trouver des traces sur les monnaies de la Gaule
celtique? Et voilà qu'à point nommé un semis romanisé,
comme dit Lelewel, frappé chez les Lexovieos par un chef
local nommé Gisiambos, nous offre le complément de lé-
gende GATTOS VERGOBRETO, qui nous désigne un magis-
trat suprême éduen du nom de Gattus.
Qui peut être ce Gattus? Je te propose d'y voir le Gotus
de Gésar, vergobret des Éduens ; mais ici il faut nécessaire-
ment quelques développements.
Pendant l'hiver de l'an 52 avant l'ère chrétienne, un
grand soulëveoient de la Gaule se prépare dans l'ombre, et
les Gamutes s'offrent à commencer la guerre de la déli-
vrance. Leurs chefs sont Gotuat et Gonetodun, qui les mènent
tout d'abord au sac de Genabum et au massacre des citoyens
romains qui habitaient cette ville ; en même temps , à Ger-
govia, Vercingétorit, dont le père, nommé Geltillus, prin-
cipatum Galliae totius obtinuerat et ob eam causam quod re-
gniun appetebat, ab civitate erat interfectus (lib. VII, c. A),
TArveme Vercingétorix soulève son pays , reçoit le titre de
Rex^ et réussit en peu de temps à rallier à son parti quantité de
peuplades gauloises, comme les Senons, les Parisiens, les
Pictons, les Gadurques, les Turons, les Aulerques (c'est sans
doute des Génomans que Gésar entend parler), les Lémovices,
les Andes et toutes les autres nations qui touchent à l'Océan.
D'un accord unanime l'empire lui est déféré , et la guerre
civile commence ^lib. VII, c. A). Le cadurque Lucierius
est lancé contre les Rutbènes, Vercingétorix en personne
marche contre les Bituriges. Geux-ci demandent du secours
aux Éduens, quorum erant in fine (lib. VII, c. 5), .... quo
17Â Ml^MOIRES
facilius hostium copias sustinere possint. Eu ce moment,
ceux qui dépendaient des Ëduens considéraient donc
comme ennemis les peuples entrés dans la ligue de Vercin-
gétorix. Les Éduens étaient donc encore à la tète d*une
partie des peuplades gauloises, et la numismatique va nous
démontrer que les Lexoviens étaient du nombre.
César accourt en bâte , passe les Cévennes , et menace
le pays des AiTemes. Vercingétorix marche au secours des
siens, pendant que César faisant, en personne, une pointe
rapide sur le pays des Lingons, rejoint les deux légions qui
séjournaient en ce pays, et rallie les huit autres cantonnées
chez les Senons et les Turons, avant même que les Gaulois
aient eu vent de son voyage.
Il semble que César se méfie déjà des Éduens en ce
moment, sans doute à cause de leur conduite à l'égard
des Bituriges auxquels ils n'avaient pas voulu porter se-
cours. Voici ce qu il dit en effet de sa course à travers les
terres éduennes : Neque diurno, neque noctumo iti-
ncre intermisso, per fines ^Eduorum in Lingones contendit,
ubi duœ legiones hiemabant, ut, si quid etiam de sua sa-
lute ab Mdms ioiretur consilii, celeritate prœcurreret
(lib. VII, c. 9).
Nous avons vu tout à l'heure qu'à la tête des Cai*nutes
était placé Conétodun et Cotuat. César venge le massacre
de Genabum par la ruine de Vellaunodunum, de Genabom
et de Noviodunum , puis il vient njettre le siège devant
Avaricum. Les Commeuiaires ne disent plus un seul mot
des deux chefs carnutes; concluons de ce silence quîls
n'ont pas été faits prisonniers el traités comme le Senon
Acco, dont le récent supplice venait de servir de prétexte
au soulèvement général de la Gaule.
Au chapitre 17, César se plaint amèrement, par deux
ET DISSERTATIONS. 1/6
Tois,âes Kduens : ...Quod nullo studio agebant, non niultum
adjuvabanu Puis : Summadifficoltate rei fnimentariœ a0écto
eiercitu, tenuitate Boiorum, indiligeotia iEduorum, etc. Il
Q*eD poursuit pas moins avec énergie le siège d'Avaricum
qiû succombe.
Vercingétorix console de son mieux ses soldats , et leur
promet une prompte entente avec toutes les nations gau-
loises, nam quœ ab reliquis Gallis civitates dissentirent,
bas sua diligentia adjunctunim, atque unum consilium to-
tius Galliœ effecturum , cujus consensu ne orbis quidem
terrarum possit obsistere : idque se prope jam effectum
babere(Ub. Vll.c. 29),
Une levée générale est ordonnée par Vercingétorix pour
combler les vides que vient de faire dans son armée la
chute d'Avaricum. Les recrues aiOnent au camp gaulois, et
Teutomatus, fils d'OUovicon, et roi des Nitiobriges, dont
le père avait reçu du sénat le titre d'ami, vient rejoindre
Vercingétorix, avec un grand corps de cavalerie de sa nation
et du reste de FAquitaine (lib. VII, c. 31 ).
Pendant le séjour que César fait dans Avaricum* en at-
tendant le retour du printemps, il reçoit les principaux
personnages de la nation éduenne qui viennent le supplier
de secourir la cité qui est dans le plus grand péril. Ils lui
disent que de toute antiquité il n'y a eu chez les Éduens
qn'un seul magistrat suprême élu chaque année, et revêtu
du pouvoir royal; que cette fois il y en a deux en présence,
se prétendant tous les deux légitimement élus. L'un est
Convictolîtaui:j , jeune bomme illustre et puissant, l'autre
est Cotus, issu d'une très-ancienne famille, homme lui-
même d'une très-grande autorité et d'une énorme influence
par ses relations de famille. Valetiac, son frère, était,
l'année précédente, investi de la même magistrature. Toute
I7C MÉMOIRES
la nation est en armes, le sénat et le peuple sont divisés;
chacun des deux compétiteurs a sa clientèle et son parti.
Un conflit est imminent, si cette situation se prolonge, et
César est supplié d*y mettre fin au plus tôt par sou autorité
(lib. VII, c. 32).
César, pour les raisons qu'il déduit avec soin au cha-
pitre suivant, se décide à convoquer le sénat des Éduens et
les deux rivaux à Decetia, où il se rend. Presque toute la
nation y accourt, et César, après avoir recueilli en secret
et de plusieurs côtés des avis sur la législation qui r^t
l'élection du vergobret, force Cotus à renoncer au pou-
voir, et à le laisser à Convictolitanis qui, suivant la coutume
de la cité, avait été élu par les prêtres, sans le concours
des magistrats (lib. VII, c. 33).
Cette décision n'était pas de nature à faire de Cotus un
grand ami de César. Aussi voyons-nous ce personnage à
la tête de la cavalerie de Vercingétorix, dans la bataille qui
précéda le siège d'Alesia. Omnibus locis fit cœdes; très no-
bilissimi JEdui capti ad Cîjesareni perducuntur : Cotus
praefectus equitum , qui controversiam cura Convictolitane
proximis comitiis habuerat (lib. VU, c. 67). Il est vrai que
Convictolitanis ne fut pas plus reconnaissant envers César,
et qu'il prit une part très-active à la défection des Éduens
(lib. Vil, c. 42).
Pour moi le CATTOS VERGOBRETO, c'est le Cotus qui
fut vergobret des Éduens, avant le jugement de César, et
que les Lexoviens reconnurent pour chef suprême. Les
pièces qui portent ce nom furent bientôt démonétisées
puisqu'elles furent surfrappées, comme le constate la belle
médaille avec efligie de Cisiambos, offrant les traces du
type précédent à la légende CATTOS VERGOBRETO-
Je ne perdrai pas de temps en te signalant dans cette
ET DISSERTATIONS. 177
lettre déjà bien longue , les iudices de roûianisme dont le
tjpe de ces monnaies est empreint. Certes, mon cher
Adrien, tu n'as pas besoin que Ton te fasse remarquer
chose pareille, et tu Tas certainement mieux et plus vite
MÛsie que i>ersonne.
Voilà donc Gisiambos, le chef lexovien , iinpatronisé par
les Romains, adoptant pour ses monnaies les types et les
noms romains, reconnaissant pour vergobret Cotusque César
dépose ; renonçant aussitôt à la suprématie du vergobret
des Éduens, et frappant immédiatement des monnaies à
son nom seul et à son effigie. Pourquoi n'inscrivit-il pas le
nom de Convictolitanis à la place de celui de Cotus? Proba-
blement parce qu'il ne se soucia plus d'autre chose que de
sa propre suprématie, dès qu'il fit placer son portrait sur
les espèces courantes de sa peuplade, frappées par son au-
torité.
Quant à l'emploi de la langue latine sur les monnaies
de Gisiambos , il a l'avantage de nous montrer combien à
cette époque les Gaulois étaient peu familiarisés encore
avec l'idiome de leurs dominateurs. Ainsi nous lisons
SIMISSOS PVBLIGOS, puis SEMISSOS PVBLICOS, puis
SEMISSOS PVBLICA. Évidemment les Lexoviens n'étaient
pas de bien habiles latinistes.
Au moment où se forme l'armée de secours chargée d'at-
taquer César assiégeant Yercingétorix dans Alesia, les Lexo-
viens fournirent un contingent de 3,000 hommes (lib. VII,
c. 75) . Ils avaient donc secoué ouvertement le joug romain.
C'est alors, je crois, que fut frappé la pièce de Gisiambos
avec mêmes types et le nom ARCANTODaN au revers.
Ici se présente de nouveau la question déjà rencontrée
par moi, et que je ne suis pas en état de résoudre encore.
Cet Arcantodan, qui parait sur quatre monnaies con tempo-
17S MÉMOIRES
raiues différentes, frappées certainement hors dn pays dey
Camutes, est-il le même que le Conetodnnns de César, de*
ce premier chef de la grande révolte? Je le crois, sans oser
l'affirmer, et je me contenterai de te rappeler que les pièces
frappées à son nom chez les Camutes mêmes , portant la
légende CONAT.
Cisiambos périt-il dans Texpédition si msJheureuse de
l'armée gauloise? Nous ne le saurons jamais; ce qui est
certain, c'est que Cisiambos, en admettant toutefois que la
souveraineté n'était pas annuelle, eut pour successeur un*
certain Maufennius qui reprit les types des monnaies ëmises^
par son prédécesseur, lorsqu'il reconnaissait encore la suze-
raineté desÉduens en inscrivant sur ses monnaies le nom dv
vergobret Cattos ou Cotus. Ce qui n'est pas moins évident,
c'est que Maufennius eut la prudence de ne pas placer son
effigie sur la monnaie lexovienne, en s' empressant de con-
server pour les espèces à son nom des types et une déno-
mination qui étaient des indices parlant de sa soumission
aux Romains.
Tout à toi de cœur, F. de Saulct.
P. S. Je m'aperçois, cher Adrien, en relisant ma lettre,
que j'ai négligé d'examiner le cas où la magistrature su-
prême aurait été annuelle chez les Lexoviens, comme
chez les Éduens. J'y reviens donc en peu de mots.
S'il en est ainsi, après le premier principat de GisiambaSt
celui-ci aurait eu pour successeur le Maufennius qui aurût
inauguré le type de l'aigle et de la croix formé de quatie
olives, conservé par Cisiambos à son retour au pouvoir. Les
tâtonnements du graveur chargé de compléter ce ijpe tout
nouveau, rendraient parfaitement compte de la défectaoftlé
de la fabrique; en ce cas, le nom de Maufennius qui n*ac-
£T IIISSI-BTATIOKS. 179
cupe qu*une petite place daos la légende, aurait été suivi
de celui du vergobret en exercice chez les Éduens , et ce
nom que le flan de la pièce n'a pas pu recevoir, serait très-
probablement celui de Valetiac. Je crois distinguer en
effet avant les lettres MAUFENN les trois lettres RGO,
qui sont la fin du mot VERGO pour VERGOBRETO. Avec
cette hypothèse assez naturelle, nous aurions une suc-
ccession de types bien plus satisfaisante à mon avis. A toi
de décider cette question.
F. S.
180 ItlKMOlUES
LE NUMMLS TULLIANUS.
.4 M. Adrien de Longpérier, membre de nnslitui.
Mon cher ami, quand vous avez eu Tobligeance de revoir
les épreuves de mon Essai sur les sys'èmes métriques et
monétaires des anciens peuples^ vous m'avez conseillé de ne
point émettre une opinion fort tranchée sur le nummus de
Servius Tullius, parce que M. le duc Luynes croyait
avoir trouvé une monnaie d'argent appartenant à cet ancien
roi. J'ai suivi votre avis et j'ai écrit à ce propos. « Mais ce
qui semble prouver que Tullius n'émit pas cette monnaie
(le nummus d'argent), et qu'il ne fit, tout au plus, qu'en
autoriser le cours eu usage dans les villes voisines , c'est
l'absence complète jusquà présent de monuments qui en
puissent justifier l'existence. » J'attendais avec une vive
impatience le travail de M. le duc de Luynes. Vous savez
bien tout le respect que je porte à ce savant distingué, et
j'espérais que ses recherches viendraient éclaircir non-sea-
lement la numismatique des Romains, mais aussi leur mé-
trologie, et par conséquent nous dévoiler leur véritable
origine encore incertaine.
En recevant le cahier de la Revue numismatique dea
mois de septembre et d'octobre 1859, j'ai lu avec le plua
grand plaisir la savante dissertation de M. le duc de Loyoes
ET DISSERTATIONS. 181
sur les deux médailles trës-archaîques, qu'il attribue à
Tarquîn T Ancien et àServius TuUius. On ne peut qu'ad-
mirer la profonde érudition de l'illustre antiquaire, et sur-
tout l'habileté avec laquelle il expose son opinion. Je ne
sais pas si tous les savants numismatistes dont la France
s'honore à juste titre seront tout à fait d'accord avec M. le
duc de Luynes. Quant à moi, je ne saurais faire autrement
que d'admettre sa respectable opinion. Peu versé dans ces
belles études, je n'ai fait dans mon ouvrage, vous le savez,
qu'enregistrer les faits numismatiques admis d'un commun
accord par les savants, et m'en servir après pour déter-
miner les anciens systèmes monétaires. C'est sous ce point
de vue aussi que je me permettrais de faire quelques ob-
servations sur le remarquable travail de M. le duc de
Luynes.
« Dans toute recherche archéologique, il y a deux phases
bien distinctes (disais-jedansla préface de mon ouvrage) :
la première, la plus difficile, parce qu'elle exige des études
laborieuses et assidues, consiste à rassembler les matériaux,
c'est-à-dire dans la question présente à explorer tous les
textes, toutes les autorités qui se rapportent à la métro-
logie ancienne, à examiner et à déterminer la valeur de
tous les monuments qui sont parvenus jusqu'à nous
La seconde phase, la plus facile, p.arce qu'elle ne demande
qu'une attention ordinaire, a pour objet l'examen critique
de toutes ces données, ou en d'autres termes, la construc-
tion de l'édifice avec les matériaux rassemblés. » Pour faire
l'application de ce passage, je dirais aussi qu'il y a dans
la cpiestion présente deux choses à considérer : 1"* le type
et l'époque de l'émission de deux monnaies archaïques ro-
maines du poids à peu près de 1 1 gram. cliacune ; 2*" Texpli-
cation de ce poids, c'est-à-dire l'examen critique de son
1860. — 3. • 14
182 MÉMOIRES
rapport avec les anciens poids romains ou avec ceux des
peuples d'où sont sortis les premiers habitants de Rome.
Quant au premier point, j'admets, sans hésiter, sur l'im-
posante autorité de M de Luynes, que ces monnaies appar-
tiennent Tune à Tarquin TAncien et l'autre à Servius TuUius.
J'aurais, il est vrai, quelques doutes à exposer si je ne
m'étais interdit toute discussion sur ces matières. La pièce
attribuée à l'ancienne Valeniia étant la première médaille
frappée par les Romains, de l'aveu de M. le duc de Luynes,
il m'en coûte de croire, en effet, qu'elle soit plutôt une
médaille commémorative qu'une véritable monnaie. Je sais
bien que dans ce dernier cas il serait fort difficile d'expli-
quer le nom, déjà bien douteux, de Valentia \ que ne por-
tait plus la ville de Rome du temps de Tarquin ; mais ausai
il est hors de doute que l'idée de frapper des médailles
commémoratives n'est venue que fort longtemps après l'in-
troduction du monnayage. Les peuples n'ont songé d'abord
qu'à frapper des véritables monnaies; c'est-à-dire qu'à
contre-marquer d'un signe quelconque des morceaux d'ar-
gent d'un poids et d'un degré de pureté déterminés pour
en garantir la valeur sur le marché. Ce n'est que plus tard
qu'ils ont choisi des types en rapport avec des faits histo-
riques ou géographiques. Mais il est possible néanmoins que
* Festus, qui rapporte la version de l'auteur nnonyme de V Histoire de Cumen^
sur Vorigine du nom Valentia^ donné par quelques-uns à la ville primitive d«
Ilome, lUit aussi meution do huit autre» écrivains, pour la plupart bien connu»,
qui soutiennent une opinion tout a fait contraire. Solin, cit<i encore par M, le
duo de Luyuos , après avoir raconté , sous l'expression banale sunt qui tidtri
t>fUinl^ la même histoire de l'écrivain anonyme de Cumes , dit daus le même
chapitre I : Beraclidi placet , Troja capta , quidam ex Achivis in ea loca uM nme
Roma e<(, devenisse per Tiberim : deinde suadeiite Rorne^ nobilissima rap#JranMia
quae his cornes erat , incensia navibus, posuisse sedes, struxisse nupnia^ et ojrpiétim
ab ea Romen vocavisse. D -nys d'Haiicarnassc cite encore ce pacage d'Iléra-
clides, dont parle aussi Fcstns.
ET DISSERTATIONS. 183
Tarqma tout en frappant la première monnaie eût voulu,
comme le croit le savant académicien, « consacrer le sou-
venir de la ville antique ainsi accrue, et la faire subsister
encore après (|ue son nom même aurait disparu, en rap-
pelant à la fois Valentia, les traditions d*Énée et des Latins,
et les caractères de prédestination du célèbre augure Attius
Navius. » Quoi quil en soit, j'admets que cette monnaie
appartienne à Tarquin, et que la seconde fut frappée par
Servius Tullius. Tout ceci est du domaine exclusif de la nu-
mismatique , et je l'accepte sans discussion. Mais il reste
maintenant à déterminer : 1" Quel est le véritable poids de
ces monnaies? 2'* D'où les Romains l'ont emprunté? 3" Ce
poids était-il en rapport avec Vax libralisde Servius Tullius?
A*' Enfin le poids de cet as était-il égal à la livre romaine
conservée sans variation sous la République et sous les em-
pereurs, jusqu'à la fin de l'empire d'Orient? Voilà des
questions sur lesquelles l'opinion du savant numismatiste ne
me parait pas si bien fondée que les conclusions précédem-
ment établies.
Et d'abord il me semble, quant au poids, que la critique
demande à s*ea tenir aux faits plutôt qu'aux bypotbèses,
toutes plausibles qu'elles soient. Or, d'après M. le duc de
Luynes, la monnaie portant l'inscription boustropbédon
Valentiay et appartenant à la collection de M. le duc de
Blacas, est d*une telle conservation et pèse ll8%05. La se-
conde portant l'inscription POMA de sa propre collection
est en bon état de comerra^'or) et pèse 10«',A5. La moyenne
de ces deux pièces donne 10s%70. Pourquoi donc suppo-
serons-nous à ces monnaies un poids théorique de Hf%925
que leur donne le savant auteur du mémoire? Les monnaies
primitives n'étaient presque jamais faibles de poids au delà
du moins d'une tolérance qui ne dépasse guère 0«%25
ISA HÉMOfRES
quand elles sont, comme celles-ci, d'une belle conserva*
tion. D'après l'hypothèse de M. le duc de Luynes, la tolé-
rance en dedans irait à 0«',875 pour la première et à l^'^hlb
pour la seconde. On ne voit de semblables tolérances que
dans des temps fort postérieurs à Tinvention du monnayage,
lorsque les gouvernements faisaient un gain illégitime en
fraudant le public. Je ne saurais donc admettre , pour mon
compte, le poids de ces monnaies comme appartenant à
une valeur théorique beaucoup au-dessus de la moyenne
10«',70.
Mais , demandera-t-on , d'où les Romains ont ils em-
prunté ce poids? Je n'hésite pas à répondre que les Pé-
lasges l'ont apporté d'Asie. Qui ne voit pas là le didracbme
perse, soit la double darique d'argent, soit le sicle de Xé-
nophon? Consultez, mon cher ami, la table VIll ( p. 35 de
mon troisième volume\ vous y trouverez cent cinquante-
sept pièces, du n° 28 au n" 177, qui donnent la darique de
5«%4/i4 terme moyen ; et du n» 204 ou n** 214 la double
darique de 10«%888. Mais c'est surtout à la table XII qui
contient les monnaies de la Pamphylie, de la Pisidie et de
la Cilicie que vous trouverez par centawesy c'est bien le
mot, les didrachmes de 108%88; de même que dansl'ap-
pendice où j'ai réuni toutes les monnaies des satrapies delà
Phénicie, données par M. le duc de Luynes lui-même dans
son bel Essai sur la numismatique des satrapies. Letronne
dit, dans son ouvrage posthume sur Héron (p. 80), qu'il ne
suffit pas que les textes et les monuments s'accordent,
mais qu'il faut aussi que les probabilités historiques n'y
soient pas contraires, hh bien I nous avons ici non-seule-
ment le texte de Xénophon, qui fait le sicle perse de 7 1/2
oboles attiques ou bien près de 5^^,44 et les monuments nu-
mismatiques de la Perse et du Latium , qui reproduisent
ET DISSERTATIONS. iSo
BDCore ce même poids et son double, mais aussi les proba-
bilités historiques sur Torigine asiatique des Romaius ou
de leurs ancêtres, les Pélasges. Je ne crois point, qu en fait
d'archéologie , on puisse atteindre à une évidence plus
grande que celle qui résulterait de Taccord parfait des textes,
des moDumeuts et des probabilités histoiîques. Il me semble,
d'après ces considérations, qu'on ne saurait émettre un
doute raisonnable sur l'origine asiatique du système auquel
appartiennent les deux monnaies publiées par M. le duc de
Luynes.
Il est vrai que ce savant leur donne aussi une origine
asiatique ou à peu près, puisqu'il les considère comme ap-
partenant au systémede l'île d'Eubée, qu'il regarde comme
le véritable système euboiq%ie des anciens. Mais il y a là
des difficultés presque insurmontables à mon avis. D'abord
je vous ferai observer que notre savant auteur part d'une
hypothèse .en désaccord avec les faits que je viens de re-
lever. Il suppose le poids de ces monnaies de H«',925 au
lieu de 10«»,70en moyenne. Ensuite il admet une drachme
de 38%975 qu'on chercherait en vain dans la table XXXVII.
où j'ai rassemblé toutes lesmonnaiesdeTEubéedesmusées
publics de Paris, de Londres et de Madrid ; puis il admet
le sesquiârachme ou une taille d'un et demi drachme, taille
dont ne fait mention aucun auteur ancien à ma connais^
sance; enfin il suppose une monnaie double de celle-ci ou un
tridrachme : taille que Letronne , Bœckh et Hussey croient
n'avoir pas existé, malgré le témoignage de Pollux qui en
parle seulement par rapport à la Cyrénaïque.
Si vous vouliez fixer un moment votre attention sur ma
table XXXVII , vous y trouveriez que dans l'île d'Eubée il y
avait différents systèmes bien marqués; mais vous n'y
verrez point la drachme de Ss'^QTô, C'était le système car-
186 MÉMOIRES
thaginois ou phénicien d'Aradus, dont la drachme est de
S*',?!, qui prédominait généralement. C'est à Chalcis
d'Eubée surtout que ce système est évident. Vous y trou-
verez quatre tétrobolesde 28^,^5 à 2«', 48, vingt-une drach-
mes de 3«',30 à 3«',75 et quatre tétradrachmes de là^jOb
à 14^', 50. On y voit aussi une autre drachme de 5«',66 ;
mais c'est à Érétria que Ton trouve trois drachmes de
5»»,62, 5«',70 et 58%71 ; enfin on voit sous les n** 8 et 9
deux autres drachmes de b^'.ôô et 5«',7C. Mais je soutiens
que celles-ci étaient des véritables drachmes. En voulcr-
vous la preuve ? Voyez la dernière monnaie de la table.
Elle appartient à Histiaea, et existe au Musée Britannique.
Son poids de 238^,21 = 4 x &^,S0 représente un tétra-
drachme exact de la mine commerciale d'Athènes, à laquelle
se rapportaient aussi les monnaies d'Égine, puisque vous
avez trouvé pour trente monnaies d'Égine du cabinet im-
périal en bon état de conservation un poids moyen de
ll^,92h pour les didrachmes, et de 58»,962 pour les
drachmes {Ann. de flnsL archèol., vol. XVIU p. 337).
C'est en Crète que ce système est parfaitement caractérisé.
On y voit en effet plusieurs monnaies de 5^,10 à 65',66 et
un nombre beaucoup plus considérable de 11«',26 à
12 gram.; mais on n'y trouve pas non plus la drachme de
36',975. Pourquoi donc regarderons - nous la valeur de
5*%66 ou de 55',975, d'après M. le duc de Luynes, comme
un sesquidrachme? D'abord le sesquidrachme n'a probable-
ment jamais existé ; ensuite n'^est-il pas plus simple de con-
sidérer la valeur 5*',96 comme l'unité, et celle de ll6',92'
si répétée comme le double ou le didrachme? J'ai, en outre,
une raison toute spéciale dans ce cas-ci, c'est qu'on connaît
parfaitement aujourd'hui la mine commerciale d'Athènes;
elle pesait 138 drachmes monétaires de Solon (Inscrip. 12S
£T DISSERTATIONS. 187
du Corp. Inscrip. grxc, de M. BcEckh), ou 586«',50. Vous-
même vous avez donné [Ann. de ÏInsL arch. , vol. XVII,
p. 383 et suiv.) un poids provenant tfÉgine de 69«*,70 que
vousregai*dez, avec raison, comme nndécadrachme, et deux
autres Tun à la marque MA4> de 292s%30 et te ^cond de
Lampsaque de 292s%20 , qui étaient des demi-mines, et
donnent par conséquent une mine de 585 gram. en nom-
bre rond. Il existait donc une drachme de 5«%85 ; c'est-à-
dire le sesquidrcu^hme de M. le duc de Luyncs. Il me semble
plus conforme à la critique ou à la déduction logique des
faits, d'admettre que le système prédominant en Crète
était le système commercial d'Athènes dont l'existence
est prouvée, et qui était aussi suivi dans les monnaies
d'Égine , que de supposer un nouveau système avec des
tailles tout à fait anonnales de une et demi et de trois
drachmes.
Je dirai encore quelques mots sur le nom euboiqVe que
M. le duc de Luynes donne au système suivi dans plusieurs
villes de l'Ile de Crète, et dans quelques-unes de celles de
l'Eubée et qui, ainsi que vous venez de le voir, n'est autre
que le système commercial d'Athènes. Mais n'en fût-il pas
ainsi . et en accordant à votre savant confrère la valeur
qu'il croit devoir établir pour ce système, nous ne serions
pas plus avancés quant à la connaissance du véritable sys-
tème euboïque des^ anciens ; car la question n'est pas de
savoir quel est le système suivi dans File d'Eubée, mais
bien de nous assurer si le système appelé euboïque par Hé-
rodote, Polybe, Tite-Live, Appien et Festus était celui qu'on
avait adopté pour les monnaies de l'Eubée, ou bien si c'en
était un tout différent. Voilà la véritable question , et la
seule que nous ayons à débattre pour arriver à la déter-
mination exacte de la valeur du système euboïque des an-
188 MÉMOIRES
ciefls. Or, malheureusement pour Topinion que soutient
M. le duc de Luynes, la synonymie des mots euholque et
atlique paraît complètement démontrée par un texte au-
thentique et irrécusable ; c'est Tacte du Sénat romain con-
servé par Tite-Live, et relatif au traité de paix conclu entre
Antiochus III et la République. Cet acte reproduit presque
mot à mot le traité soumis par le consul L. Scipion à l'ap-
probation du Sénat; seulement, partout où on lisaît eubotque
on a substitué le mot aliique. Si ces mots ne se rapportaient
pas au même poids, pourquoi le Sénat se serait-il montré si
scrupuleux au sujet des sommes stipulées, au point de con-
server des fractions de huit drachmes, tandis qu'il en al-
térait notablement la valeur intrinsèque? Et ce n'est pas
seulement en Asie , mais encore en Europe et en Afrique
que les contributions de guerre imposées par les Romains
étaient estimées en talents euboiques , rapportés toujours à
la monnaie attique. Dans la conCrmation du traité fait par
le consul M, Fulvius avec les Étoliens on avait stipulé que
ceux-ci payeraient, en argent aussi bon que celui de fàtlique^
200 talents euboiques. C'est exactement la même péri-
phrase employée par le Sénat, selon Polybe, dans le ti^aité
de paix avec Antiochus, d'après lequel celui-ci devait payer
aux Romains 12^000 talents de la meilleure monnaie d'ar-
gent attique y 1,000 talents chaque année, et le talent ne
devait pas peser moins de quatre-vingts livres. Ainsi vous
voyez que le Sénat non-seulement exigeait d' Antiochus et
des Étoliens, que le payement se fît en monnaie attîqae
ou d'un aloi aussi bon que celui d'Athènes, mais encore il
fixait le poids du talent euboïque , auquel se rapportait le
traité du consul , à 80 livres ou exactement à 60 mines at-
tiques.
Maintenant si vous venez aux textes d'Hérodote» vous
ET DISSERTATIONS. 189
verrez aussi qu*il donne pour la mine euboïque la valeur de
la mine attique. En effet, les deux textes d'Hérodote, qu'on
croyait en contradiction, sont tellement d'accord, aujour-
d'hui que nous connaissons les deux talents qui existaient
simultanéinent à Babylone, qu'ils nous donnent une démon-
stration presque évidente de la valeur du talent ou , pour
mieux dire, de la mine euboïque. C'est à vous, mon cher
ami, que je dois la connaissance des monuments apportés
de Ninive et de Nemrod par M. Layard, et dont il nous a
donné le poids ; d'où j'ai déduit pour le talent 29^750.
Hérodote dit (liv. III, 89) que le talent babylonien valait
70 mines euboîques. Or en divisant 29^750 par 70, on
trouve au quoUent 0^,A25, ou exactement la mine attique.
Mais ailleurs (liv. III, 95) il dit en calculant les revenus de
Darius que 7,7A0 talents babyloniens d'argent plus &,680,
valeur de 360 talents euboîques d'or payés par la satrapie
de l'Inde, montaient à 1A,5Ô0 talents euboîques; d'où l'on
conclut que les 7,7A0 talents babyloniens valaient 9,880 ta-
lents euboîques, ou que chaque talent babylonien conte-
nait 76,59 mines euboîques. Les savants qui niaient, il n'y
a pas longtemps (M. Bceckh^ Melroïog. Unlersuch.j^. 50),
que la darique d'argent ou le sicle de Xénopbon était T unité
ou drachme de la mine babylonienne , comme j'avais eu
l'honneur de vous l'annoncer dès mes premières recherches
au cabinet impérial en 1837, sont obligés maintenant de
reconnaître l'existence d'une mine asiatique de 0S5AA, ou
de 100 dariques d'ai^nt, telle qu'elle résulte aussi de vos
recherches publiées dans le volume XVII des Annales de
tlnstiiut. archéologique. Le talent de cette mine pesait
donc 32^,666, et en le divisant par 76,59, nombre des mines
euboîques qu'Hérodote donne dans ce passage au talent ba-
bylonien d'argent^ c'est-à-dire au talent de monnaie d'ar-
190 MÉMOIRES
gent ou de sicles de Xénophon, nous aurons encore pour la
mine euboïque 0^,426. Hérodote s'est mépris» sans doute,
en basant ses calculs tantôt sur Tun, tantôt sur Tautre, des
deux talents existant à Babylone, d'où est résulté la dif-
férence des rapports 70 et 76,59 mines euboïques qu'il
donne au talent babylonien dans les deux passages cités;
mais quant à la valeur absolue de la mine euboïque, il ré-
sulte de ces deux passages qu elle était exactement égale à
la mine attique. Si Hérodote ou ses copistes s'étaient trompés
sur les nombres, comme l'ont soutenu jusqu'ici tous les
savants, il faudrait que le hasard eût produit quatre coïn-
cidences corrélatives presque impossibles ou fort difficiles à
obtenir d'après le calcul des probabilités ; savoir : 1" le rap-
port exact entre les nombres, soi-disant erronés, 70 et
76,59, et les poids réels 29^750 et 32S666 des deux talents
existant à Babylone ; 2* l'identité de la mine euboïque dé-
duite de ces nombres faux avec la mine attique telle qu'elle
résulte des monuments numismatiques ; 3*" l'accord de cette
identité avec les clauses du traité de paix conclu entre
L. Scipion et Antiocbus comparées avec la ratification donnée
à ce traité par le Sénat romain ; 4* enfin l'accord aussi de
cette valeur du talent euboïque avec le texte de PoUux (qui
fait le talent babylonien de 70 mines attiques) et les éva-
luations d'Appien et de Festus, comme je crois l'avoir dé-
montré dans mon ouvrage (n° 310). 11 y a encore une autre
raison qui vient confirmer cette évaluation, c'est qu'Hé-
rodote dit positivement que l'or se réglait sur le poids eu-
boïque; mais la darique ou l'unité monétaire d'or se con-
fondait sensiblement avec le didrachme attique; donc le
I)oids euboïque, d'après l'opinion d'Hérodote, devenait
égal au poids attique. Voilà assez de raisons, ce me semble,
pour soutenir que le mot euboïque ne se rapportait pas
ET DISSERTATIONS. I9i
au système monétaire de Tlle d'Eubée, mais bien au sys-
tème attique^.
Mais n'en fût-il pas ainsi, je viens de démontrer !• que
les deux monnaies archaïques romaines publiées par M. le
duc de Luynes pèsent en moyenne 10^,70 ou un ancien
didrachme perse ; 2* que le système monétaire suivi dans
plusieurs villes de TEubée et de l'île de Crète n'était autre
que le système commercial d'Athènes, suivi aussi dans les
monnaies d'Égine ; 3" que le système basé sur le sesqui-
drachme.etle tridrachme semble contraire à tous les textes
et à tous les monuments de l'antiquité. Je sais bien que le
savant académicien complète ce système en ajoutant le té-
tradracbme de IS^'.QO fondé sur deux médailles de fabri-
que archaïque, attribuées à Populonia d'Étrurie Mais ce
n*est pas sur deux médailles qu*on peut établir un système;
il faut employer la méthode des moyennes recommandée
par Letronne, comme la plus conforme à la saine critique.
Si nous examinons toutes les monnaies d'argent de Popu-
lonia existant dans le Cabinet impérial, dans le Musée Bri-
tannique et dans celui de Hunter, à Glasgow, nous verrons
éridemmént que le système suivi à' Populonia était tout
simplement le système attique un peu faible ; et dès lors
on explique parfaitement les monnaies de lô^,ôA3 et
1 On m'm cité, en opposition an raisonnement que je viens de goumettre à
Tot lectenn, nn poids dn cabinet de M. le duc de Luynet, qui pè«e
€78 grammes et porte le monogramme ErB, accompagné dei mots ETOrS AA
AmOXIA AIMNA. Ou voudrait voir dans ce monument une donble mine eu-
btiqae; mais j*ai déjà fait observer, en le décrivant dans mou Essai ( t. T',
p. 693), que le monogramme doit représenter , comme sur les poids
4*Aiitioche, nii nom d'Agoranome tel que E'j6io< , E06ouXo<, EùCaT^Sriç,
I0€mi8k, etc.
11)2 MÉMOIRES
Voici ces médailles par ordre de poids.
H'*'. llQSéfS. Poids effectif. Poids ibèoriqoe. DéMBlMlim.
24 Paris Mionnet, Suppl l«^,00. . . . lr^06. . , . Trihémiobok.
51 Id, id lr,32. . . . 1«',42. . . . Diobole.
49 Id. id lr,99. . . . 2«',12. . . . Tnobole.
47 [d. id 3ï%92. . . . i»',25. . . . Drachme.
60 Id. id 4«',ll. . . , 4*',25. ... M.
31 Id. id., Suppl 7b',64. . . . 8r.50. . . . Didracbme
16 Id, id. id 8s%3B. . . . 86^,50. ... Id.
48 Id. id 8«f',38. . . . 8r,50. ... Id.
1 llunter, Combe (Charles). . . Si' ,46. . . . 8r,50. ... Id,
1 M. Bnt. Taylor Combe,p. 16. 8«',47. . . . 8*',50. ... Id,
3 Hunter, Combe (Charles). . . 8f',60. . . . 8^,50. ... Id,
17 Paris. MîonTiet, Suppl. . . . 16*', 17. . . . 17r,00. . . . Tétradrachme.
11 rae semble que la simple inspection de ce tableau ne
peut pas laisser Iç moindre doute sur le système monétaire
suivi à Populonia. Pourquoi donc admettrons-nous une
drachme de 36',975 et un tétradrachme de 15^,90 fondés
sur deux monnaies faibles de poids? Pour établir un sys-
tème monétaire, il faut tout examiner, peser, considérer.
Je répéterai avec Letronne qu'il ne suffit pas de consulter
les faits, pas même de les accorder avec les textes, s'ils ne
satisfont pas en outre aux probabilités historiques. Or le
système donné par M. le duc de Luynes, comme le véri-
table système euboïque, n'est pas, ce me semble, dans
ce cas.
Il me reste maintenant à débattre une question fort im-
portante, la plus importante peut être sous le point de vue
métrologique. Quel rapport y a-t-il entie le nummus Tul-
lianus de M. le duc de Luynes et la livre romaine ou Ya$
libralis de Servius Tullîus? D'abord ce nummus de 10«',45
est tout à faitdifférent de celui que lui attribue Varrond' après
le grammairien Charisius. Ce nummus pesait à scrupules
de plus que le denier de la République , c'est-à-dire 7 scru-
ET DISSERTATIONS. tl>5
jmles, soit 8*^,37. M. le duc de Luynes combat cette in-
terprétation et en donne une autre, savoir que Varron a
voulu parler du scrupule de la livre de Servius Tullius et
non de la livre du temps de la République. Laissant de côté
h question de savoir si la livre de Servius était différente
de la livre employée sous la République, question sur la-
quelle je reviendrai tout à l'heure, voyons quelle devait
être la livre de Servius d'après Thypothèse de M. de Luynes.
La monnaie de Servius, de bonne conser\ation, pesait
10«',45, et puisqu'elle représentait 7 scrupules de la livre
de Servius, le scrupule serait de t»',â9 et la livre de
2S8x l6',â9= 4298',12. Ce serait presque exactement la
mine attique ; valeur tout à fait contraire à la vraisem-
blance historique, puisque l'origine asiatique des Romains
semble aujourd'hui bien constatée.
Quant à Y as libralis de Servius, on n'est pas certain
si nous en possédons qui puissent lui être attribués;
mais dans tous les cas leur poids est tellement discordant
qu'on ne saurait en tirer la moindre conclusion. Néanmoins
nous pouvons arriver à la connaissance de la livre de Ser-
vius par d'autres considérations tout aussi sûres. L'histoire
nous a conservé la mémoire de toutes les institutions et de
tous les changements importants introduits par Servius
Tullius, et à plus forte raison les événements accomplis
sous son successeur, et plus tard sous la République. Or
nous ne trouvons nulle part que sous Tarquin le Superbe,
ni sous la République, on ait changé ou réformé les poids.
Nous connaissons d'ailleurs la valeur de la livre sous la Ré-
publique et sous les empereurs jusqu'à la fin de l'empire,
soit par les monnaies dont le rapport avec la livre était
parfaitement connu, soit par des poids étalons parfaite-
ment conser\'és. C'est ainsi que tous les métrologues mo-
19A MÉMOIRES
dernes Lelronne, Cagnazzi et vous-même, ont trouvé pour
la livre romaine pendant la République et 1* Empire
325 grammes en nombre rond. C'est déjà une présomp-
tion assez fondée que cette livre existait du temps de Ser-
vius. Mais la valeur nous donne encore une nouvelle
preuve de son origine asiatique , et par conséquent il de-
vient plus probable que cette livre fat apportée par les
Pélasges et adoptée par les Romains dès le commencement
On avait cherché, quoique en vain , l'origine de cette
livre dans les rapports des Romains et même des Étrusques
avec les républiques de la Grande-Grèce. Je crois l'avoir
mise en toute évidence dans mon ouvrage sans d'autres
efforts de ma part que d'avoir consulté les faits. J'ai trouvé
parmi les nionnaies d'argent perses (voy. tabl. VIII, vol. III)
une série fort remarquable (du n** 242 jusqu'au n* 258)
donnant, terme moyen, un poids de 25»',90 ou bien près
de 26 grammes. On y voit encore (du n° 18 au n° 24) sept
monnaies du poids de 36',25 ou le huitième des précé-
dentes. Enfin on trouve encore sous les n°' 178 à 180 trois
autres monnaies en bon état de conservation de C^jlO à
ôs'jSS, ou le quart des premières. On doit d'autant moins
douter que ces monnaies montrent l'existence d'un sys-
tème bien défini, dont le tétradrachme pèse de 25»',90 à
26 grammes, que les numismatistes connaissent d'autres
monnaies fort renommées dans l'antiquité appartenant au
même système. Les cistophores pèsent en moyenne 12«',80
ou, en tenant compte du fiai et de la tolérance, IS gram.,
ou la moitié des plus fortes monnaies perses, c'est-à-dire
un didrachme. On trouve ce même didrachme et la moitié,
ou la drachme, en très-grand nombre parmi les monnaies
de Rhodes (tabl. XXXIX) et dans quelques-unes de Cyzique
(tabl. X). Enfin nous trouvons ce système parfaitement
ET DISSERTATIONS. 195
marqué dans les sicles hébreux (tabl. 1) , où vous en
verrez six de 3^,12 à 38%25, un de 68',23 et trois autres
de 12«',55 à 12«',70, On ne peut donc révoquer en doute,
en ne consultant que les monnaies, l'existence d'une mine
de 660 grammes à peu près. Si des monnaies, nous passons
aux textes, nous trouvons d'après l'inscription 123 (Corp,
imeripl. grsec. de M. Bceckb) qu'il y avait à Athènes une
mine de 150 drachmes monétaires de Selon, soit une mine
de QiT^. 50. M. Pinder {Beilràge zur alUren Mûnzkundé) a
déduit la même valeur de deux poids de plomb appartenant
à Athènes. Ainsi je me crois parfaitement fondé à admettre
une mine de 650 grammes à peu près, dont l'origine asia-
tique me semble également évidente. En eflet, non-seule-
ment nous la voyons employée de préférence dans les mon-
naies de l'Asie-Mineure et des anciens rois perses, mais
encore elle a un rapport fort simple avec le talent babylo-
nien des dariques d'argent. J'ai dit plus haut que ce talent
était composé de 6,000 sicles de Xénophon de sept et demi
oboles attiques chacun. Il valait donc 7,500 drachmes at-
tiques, et comme la mine dont il s'agit représentait
160 drachmes attiques, il s'ensuit qu'elle était exactement
1/60 du talent babylonien, tout comme la mine de Moïse
était aussi 1/50 du kikkar hébreu ou du talent pharao-
nique, dit postérieurement d'Alexandrie. Je ne erois pas,
mon cher ami, qu'on puisse taxer d'arbitraire ces déduc-
tions fondées sur des faits parfaitement constatés.
Je reviens maintenant à la livre romaine. II est bien avéré
aujourd'hui que les Sicules et les Étrusques employaient
ordinairement la litra comme unité de poids. M. Bœckh
a démontré {Meirolog. Untersuch., p. 295 et 296) par des
anciennes inscriptions contenant le registre des comptes
publics de Tauromenium que 120 litra formaient un talent.
196 MÉMOIRES
d'où Ton conclut forcément que la litra était égale à une
demi-mine. Ainsi la litra sicilienne et la litra étrusque ap-
pelée livre par les Romains, n'était autre chose qu'une
expression numérique équivalant à une demi-mine. Il y
avait donc autant de litra qu'il y avait de mines différentes
employées en Sicile et en Étrurie. Maintenant si nous
admettons que les Pélasges, ce qui semble fort naturel,
aient apporté avec eux la mine asiatique de 650 grammes,
nous trouverons que la litra, ou la livre romaine, devait
peser 325 grammes, telle en effet qu'elle a existé sous la
République et sous les empereurs. Vous admettrez, je l'es-
père, que ces déductions n'ont rien que de fort naturel,
puisqu'elles sont de tout point conformes aux faits, et ce
qui vaut bien mieux aux probabilités historiques de l'ori-
gine des Romains, comme l'exigeait 1 illustre Letronne.
En admettant que la livre romaine eût été toujours la
mèoje depuis la fondation de la ville, ou tout au moins,
depuis les règlements de Numa, il s'agirait de savoir quel
rapport il y avait entre cette livre et le nummus Tullianus
de 108%45. Ce rapport est à peu près comme 31 à 1. Il
faut avouer que ce rapport semble assez anormal, car il ne
se rapportait pas à l'once ni à aucune autre division légale
de la livre, comme les anciennes monnaies portant l'in-
scription ROMANO qui représentaient un quart d'once. Il
n'exprimait pas non plus une partie aliquote simple de la
livre, comme le cinquantième donné par les monnaies ar-
chaïques portant l'inscription ROMA. On conçoit fort bien
qu'une fois un système monétaire établi, les réformes suc-
cessives aient fait disparaître le rapport simple constam-
ment suivi par tous les peuples anciens, au commencement
du monnayage, entre l'unité de poids et l'unité monétaire;
mais ce qu'on ne conçoit pas, d'après la marche de l'esprit
ET DISSERTATIONS. 107
humain et d'après l'analogie, c'est que les Romains aient
frappé leur première monnaie d'argent sans l'assujettir à
la condition 9 observée par tous les autres peuples, de lui
donner le poids d'une division légale quelconque de l'unité
pondéi'ale, ou tout au moins d'une partie aliqnote fort
simple de cette même unité. Ce n'est pas ainsi qu'ils ont
procédé par rapport à la monnaie de cuivre, qu'ils ont fait,
suivant le témoignage unanime de l'histoire, égale en poids
à une livre, c'est Ya$ libralis. Dès lors il me semble que si
Servias avait frappé la monnaie publiée par M. le duc de
Loyoes, il eût été fort naturel qu'il l'eût mise en rapport
simple avec la livre ou l'once, tout comme il l'a fait avec
Yas libralis. Nierons-nous par cela l'authenticité de cette
médaille? Non certainement. A Dieu ne plaise que je prenne
la fausse route suivie par tant d'autres métrologues, alors
qu'ils nient des faits bien constatés! Mais s'il n'est pas
permis de nier les faits bien constatés, il n'est pas défendu
de les expliquer et de les mettre d'accord avec l'histoire.
En admettant donc, sous la respectable autorité de votre
savant confrère, que les deux médailles en question aient
été frappées du temps de Tarquin et de Servins Tullius,
j'ose croire qu elles n'ont pas été frappées à Rome même.
Et voici pourquoi.
On sait que les Romains étaient, sous les rois et encore
longtemps après l'établissement de la République, fort ar-
riérés dans les arts, et surtout dans le monnayage dont
l'invention est presque contemporaine de Tarquin, puisque
c'est dans les lois de Selon qu'on fait pour la première fois
mention des véritables monnaies. C'est apparemment à
cause de leur état arriéré que les Romains ont eu recours,
300 ans après Servius Tullius, aux ateliers monétaires de la
Campanie pour frapper leurs premières monnaies d'argent.
1861.— ». 15
198 MÉMOIRES
Celles môme qui ont été fabriquées à Rome pendant les pre-
mières années de l'introduction de la monnaie d'argent,
sont dues à des graveurs siciliens, suivant l'opinion fort
respectable de M. Bœckh {Metrolog. Untersueh.^ p. &61).
Il ne semble donc guère probable qu'au temps de Tarquia
et de Senrius les Romains aient été plus habiles graveurs
de coins, qu'ils ne l'étaient 300 ans plus tard. D'un autre
côté, nous avons le texte de Festus qui, quoique mutilé,
peut nous servir d'indice faute d'autorité plus décisive. Il
dit au mot patres senalares que, du temps de Romulus, les
Romains se servaient des monnsdes d'argent fabriquées à
l'étranger. Il s'est évidenmient trompé sur l'époque» car
l'invention de la monnaie, proprement dite, est postérieure
à la fondation de Rome; mais du moins on ne peut ni^
que l'opinion de Festus ne soit que les premières monnaies
employées par les Romains venaient de l'étranger. Nous
voyons d'autre part qu'à Gamarina, à Panorme, à Syracuse
et môme sous Hiéron II , on fabriquait des monnaies de
10»',3S, 11^12, 10«',16, 10»',80,10«',04, 10^,11, 10«',H,
lOi'^lO, 10«',27 et 10«',35 (tabl. XVIII, vol. 111) qui ap-
partendent évidemment au système perse. Nous savons
encore que Pyrrhus frappa monnaie en Sicile. Quelques-
unes des monnaies de ce prince appartiennent au système
attique, suivi constanunent dans ses monnaies d'or et dans
^les de son oncle Alexandre I ; mais il y en a aussi un
grand nombre qui pèsent de 5*',30 à 5«',56 (tabl. XXI).
C'est exactement le poids de la dariqae d'argent ou la
moitié des précédentes. Je crois, d'après cela, que ce sont
ces monnaies qui ont été frappées en Sicile où les Cartha-
ginois avaient probablement introduit le système perse.
C'est donc de Sicile, je le soupçonne , que sont venues les
monnaies données par M. le duc Luynes, quoique frappées
ET DISSERTATIONS. 199
peut-être par l'ordre des Komaios, ou loulau moius des-
tinées à leur usage, comme il est arrivé SOO ans plus tard
pour les monnaies frappées en Campanie portant Tinscrip-
tion ROMANO.
Je sais bien qu'on m'objectera l'élégance du style des
CKÀns siciliens comparée avec le style archaïque des mon-
naies en question ; mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit
d'une époque fort reculée « tout près de la naissance de
l'art, et que d'ailleurs le style des premières monnaies
grecques n'était pas à beaucoup près ce qu'il est devenu
plus tard.
Quaot aux petites monnaies archaïques d'Alba et de Si-
gnia, dont M. Mommsen fait de prétendues libella et $em-
bdla^ elles ne sont tout simplement que l'obole et l'hémi-
obole de la mine asiatique de 650 grammes introduite par
lesPélasges, et dont les Siciliens et les Étrusques ont pris la
moitié pour faire leur /»7ra devenue plus tard la livre des Ro-
mains. Ces monnaies ne sont donc autre chose que la Ulra
et la double liira d'argent« dont le poids était de 0<',59 et
Is'ylS, comme je crois l'avoir démontré dans mon Essai
sur les systèmes métriques et monétaires des anciens peu-
ples (vol. II, p. 31 A au mot damaretion). A quoi bon
admettre des hypothèses, plus ou moins arbitraires,
mais toujours douteuses, pour expliquer ces monnaies de
(K',584, i^'.liô, 1^283 (Alba) et de 08%667 et 06',532
(Signia) lorsque nous avons des faits parfaitement constatés
auxquels on peut les rattacher? £st>il vrai ou n'est-il pas
vrai qu'il existait en Asie une mine de 650 grammes ou de
150 drachmes attiques? £st-il vrai ou n'est-il pas vrai que
b litra^ moitié de cette mine , était exactement égale à la
livre romaine? Est-il vrai ou n' est-il pas vrai que le centu-
poftdiiim romain est exactement égal au talent babylonien
200 MÉMOIRES
de 6,000 dariques ou sicles d* argent de Xénoplion? Est-il
vrai ou n*est-il pas vrai que Rome doit sa fondation aux Pé-
lasges venus de T Asie 7 Si tout cela est vrai, ne devient-il
pas fort probable, je dirai presque certain, que ce sont les
Pélasges qui ont apporté en Italie la mine asiatique de
650 grammes et par conséquent la Ulra ou demi-mine de
3?ô grammes adoptée par les Romains sous le nom de
livre? C'est du moins ma ferme et inébranlable conviction.
Je vous la soumets néanmoins volontiers , mon cher ami,
comn>e à un des juges les plus compétents en toutes ces ma-
tières ; je la soumets aussi à M. le duc de Luynes lui-même
dont le jugement droit et éclairé saura relever les méprises
où je serai peut-être tombé ; mais quelles qu elles soient,
je n'aurai pas moins contribué à appeler Tatteniion des sa-
vants sur des points encore bien obscurs de la métrologie
des anciens Romains.
Veuillez, mon cher ami, agréer l'assurance de mes sen-
timents les plus dévoués,
ViCENTE V. QUEIPO.
ET DISSERTATIONS. 201
DE QUELQUES MÉDAILLES SUPPOSÉES.
l. VICTORINA. — 2. LOLLIANDS. — 3. L. iELlANUS.
( PK IX. )
Le recueil de Goitzius l'enferme un certain nombre de
pièces qu'on n'a pas retrouvées jusqu'à ce jour dans les
collections ; plusieurs de ces pièces sont ou des médailles
dont les légendes ont été mal lues, ou des médailles d'une
mauvaise conservation ; il y a aussi dans le nombre des
pièces supposées et évidemment fausses. Cependant on
aurait tort d'accuser Goitzius d'avoir inventé à plaisir des
types monétaires et d'avoir supposé des effigies impériales
dans l'intention de combler des lacunes ^
On trouve la description d'un nombre considérable de
médailles supposées dans les anciens recueils, tels que ceux
de Jacques Strada [Epitome Thés. Antiq,^ Ludg., 1553),
d'Occo (Tmpp. rom. «timwmafa, Antuerp., 1579, et Augustœ
Vindelicorum, 1601 et 1625, in-4*), de Mezzabarba (Impp.
rom. numismata, Medîolanî, 1683 et 1730, in-foL), etc. Le
Catalogue des médailles de la coUlection de la comtesse de
Bentinck , publié à Amsterdam en 1787, et la collection de
Baltbasar Mflnter, souvent citée par Tanini dans son Sup-
* Voir Bevut numitm,^ 1844, p. 330.
202 MÉMOIBES
plément au recueil de Banduri (Rom. , 1791 , in-fol. ) , fournis-
sent également un nombreux contingent de pièces fausses.
Presque tous les Césars éphémères , les tyrans « les usurpa-
teurs qui sont nommés dans l'histoire au m* siècle de notre
ère, figurent dans ces deux collections ; de plus, dans le Cata-
logue de la comtesse de Bentinck , la plupart du temps leurs
prétendues effigies sont jointes à la description des médailles
qu'on a cherché à leur attribuer. Ces médailles supposées
jettent du trouble dans les études numismatiques; une
médaille douteuse ou fausse introduite dans une série, loin
de contribuer à l'avancement de la science, ne fait que
répandre ou entretenir des notions fausses. Il est utile*
quand on peut déterminer de quelles pièces on s'est servi
pour fabriquer des médailles supposées, de les signaler à
l'attention des amateurs, afin de les mettre en garde contre
des fraudes de ce genre. C'est dans le but d'élaguer des
séries numismatiques des pièces qai ne peuvent avoir la
moindre autorité, que j'ai rassemblé sur la pi. IX quelques
médailles attribuées à des princes ou qui n'ont jamsds fait
battre monnaie à leur effigie , ou dont même l'existence
est une supposition gratuite.
!• ViCTORINA.
Trebellius PoUion , dans le chapitre qu'il a consacré à la
mèrede Victorin(Jrtgtri/a Tyrannie 30), dit qu'on avait
frappé en l'honneur de Victorina des monnaies d'airain,
d'or et d'argent, dont le coin existait encore de son temps
à Trêves. Cusi sunt «jtK nummi œrti^ aurti et argeniei^ quo*
rum hodieque forma exiat apud Treviros.
Ce passage a naturellement donné à penser qu'on devait
retrouver des monnaies à l'effigie de Victorina , nommée
ET D1SS£BTAT10MS. 203
aussi Victoria, princesse d'un rare mérite , et qui , vivant
toujours au milieu des soldats, se faisait donner le titre de
mère des camps , mater casirorum.
On a attribué à Victorine une médaille de bronze, gravée
dans le Musée Pembroke {Numùmata anliqua in tre$parti$
dtttsa. Colkgii olim et in are incidi vivent curavit Thomas
Pembrocbiœ et Mentis Gomerici cornes. A. D. HDCCXLVI,
in-A% pars III, tab. 28 }• En voici la description :
IMP. VICTORIA AVG. Buste de femme casquée à droite.
i^ Aigle les ailes éployées, la tête tournée à droite ; dans
le champ JL ^ — M.( Voyez pL IX, n* 1. )
Jacques Strada' est le premier, si je ne me trompe, qui
décrit cette médaille de bronze et l'attribue à Victorine.
Ifaûs il ne s'en Uent pas 1& et donne la description d'une
pièce d'or portant la légende : VICTORIA MATRIS (iic)
CASTRORVM '. Le titre de MATER ou MATRI CASTRORVM
est inscrit sur des pièces d'or, d'argent et de bronze frap-
pées en l'honneur de Julia Domna ^ et de Faustine la
leune ', et sur des monnaies de bronze à l'effigie de Julia
Hamsea *. Les monnaies sorties de l'atelier d'Alexandrie
donnent également le titre de MHTHP nPkxoniiw à quel-
ques impératrices.
Goltâus décrit des médailles de Victorine, accompa-
gnées des légendes AVRELl A VICTORIN A AVG. et PIA FELIX
AVG.
* La pîèee est mal grarée dans le Musée Pembroke, et la légende est indi-
quée IMP.VICrORINA ATG. tandis qne Vempreiiite qiie nous en «wùu sons
les ye«L porte IMP.YICrrOBlA AVG.
* EfiUmê Theê, Antiq., p^ 151 et 152. Lugd., 1553.
» /W«f., p. 142.
•Eckhel, I).N.,VII.p. 1%.
<ldem., tbul., p.79.
* lUd., p. 26».
204 MÉMOIRES
Mezzabarba, BaDduri, Eckbel, Mionnet, daos son ouvrage
sur la Rareté des médaUles romaines ^ M. Akeiman^ dans
ses Roman coins^ M. Ainédée Thierry, dans son Histoire
de la Gaule sous tadminislration romaine (tom. II,cb« 8,
p. Âll et Â12), ont tous décrit ou cité la médaille île
la collection Pembroke. Mais déjà Banduri*, qui soup-
çonnait une fraude et supposait que la pièce pouvait
être de fabrique alexandrine , ajoute en note : Proferi hoc
nummum Mediobarbus ex Strada , sed ab imperito quodam
supposilum nemo non videt , cum nec f abrita hujus œtatis
sit, et inscriplio latina in jUgypUacis nummis alias nusquam
occurrat.
Ce que Banduri supposait est parfaitement exact. Cette
pièce, par son style ainsi que par son module, ne peut pas
appartenir au règne de Victorin. Sa fabrique trahit un tout
autre temps. Mais ce n'est pas une pièce impériale frappée
en Egypte , c'est une de ces monnaies frappées en Italie
par les rois goths, au v et au vr siècle, et qui sont com-
munes dans toutes les collections. La légende a été retou-
chée : d'LNVIGTA ROMA, on a fait IMP. VICTORIA AVG.;
on n'a qu'à jeter un coup d'œil sur les n** 1 , 2 et 3 de la
pi. IX. Cette observation avait déjà été faite par M. Joseph
Curt, dans le Catalogue de vente de la collection Pembroke*
publié en 1848*.
Voici la description des pièces gravées pL IX , n** 2
et 3 :
INVICTA ROMA. Buste de Rome casquée à droite.
^. Aigle les ailes éployées, la tête tournée à droite. Dans
le champ, XL. A l'exergue, A. — JE.
* Num, impp. rtwi., 1. 1, p. 32'!.
* Catalogut of th entire P$mbrQk9 collection ofcoin$ and mtdaUt p. 906.
ET DIS8EBTAT10^S. 205
INVICTA ROMA. Même buste à droite.
.^. La louve, touniée à gauche, allaitant les deux ju-
meaux. Au-dessus XL. A l'exergue L. — M.
Outre la médaille de la collection Pembroke attribuée à
Victorine, on a souvent cité une pièce de petit bronze
de la collection d'Eonery , décrite dans le Caialogut de cette
collection, p. 610, n* A371 :
IMP. VICTORIA AVG. {sic) . Tête d'homme casquée.
.^. CONSEGRATIO. Aigle éployé tenant un foudre dans
ses serres. Dans l'exergue JL.
Beauvais ^ parle de cette médaille dans les termes sui-
vants : a II 7 en a une véritablement antique dans le cabinet
ff de H. d'Ennery, avec la tête casquée et la légende : IMP.
« VICTORIA AVG. Au revers CONSECRATIO. L'aigle les ailes
ff éployées sur le foudre, et dans l'exergue JL '. »
Il est difficile de savoir quel peut être ce petit bronze.
11 est bien probable que c'est une pièce antique usée et mal
conservée. Est-ce un Victorin ou un Claude le Gothique?
Hais on ne connaît pas de monnaies de consécration de ces
princes, portant une tête casquée. Est-ce une pièce frappée
au nom de quelque roi gotb? Je ne saurais le décider. On
m'a montré quelquefois sous le nom de Victorine des pièces
de bronze à l'effigie de Flavius Victor, fils de Magnus
Haximus.
L'existence de médailles portant la tète de Victorine ne
doit pourtant pas être entièrement révoquée en doute. On
possède de belles pièces d'or qui au revers de la lête de l'em-
pereur Victorin ont un buste de femme casquée comme une
Amazone, accompagné de la légende ROMAE AETERNAE.
* Histoire abrégée des emptnun romains^ t. II, p. 65,
* Tanini ( p. 186 ) dit : m tstrgo S.C.
20ô MÉMOIRES
D* autres ODt pour type le buste de la Victoire laurée,
tenant une couronne et une palme, VICTORIA ÂVG. Le
caractère d'individualité qui se révèle dans les traits de
la femme, accompagnée des légendes VICTORIA, ROHA,
me porte à croire que Ton a voulu représenter la mère de
l'empereur sous les traits d'une divinité. La Victoire, Fte-
toria^ faisait directement allusion à la mère de Victorin,
Victorina^ Victoria. C'était l'opinion de mon savant et
regretté ami Gb. LenormantS c'est aussi Topinion de
M. Henry Cohen. Marcia, la concubine de Commode, figure
sur les médaillons de bronze de ce prince, accolée à sa tète
et avec le costume d'une Amazone *• Si donc on considère
les types de la Victoire et de Rome comme offrant une
allusion à la mère de l'empereur, le passage de Trebellius
Pollion dans lequel il est question de monnaies frappées en
rbonneur de Victorine se trouve justifié et confirmé par les
médailles.
On possède des médailles portant le nom d'un César
nommé Lœlianus. Les historiens parlent d'un lieutenant
de Postume qui, àMayence, fit soulever les soldats contre
ce prince, et le fit assassiner. Trebellius Pollion lui donne
le nom de Lollianus^ Aurelius Victor et Eutrope celui de L.
jElianuSy tandis que dans Orose (VII, 22) ce nom est écrit
jEmilianus. On a voulu faire trois personnages distincts
* Dam V Iconographie dê$ tmpêrtmê romaine ( p. 129 ) , Lenormant dit I«
contraire et prétend que le caractère individuel de la tête tient à U maia de
l'artiste et an style qui régnait alors dans les Gaules, plutôt qu*à une intentîott
de portrait. Mais plus tard, ce savant a admis que Victorine a pu être figurée
sous la forme d'une divinité sur les mëdaillefl de son fils.
» ffcrue ««m., 1857, p. 21î et suiv.
ET DISSEBTATIONS. 207
de Laelianus, deLoUianus et de L. iEliaDus, et par suite de
cette idée on a dû chercher des médailles aux noms de ces
trois empereurs.
2. LOLUANOS.
Voici les passages de Trebellius Pollion daus lesquels on
lit le nom de LoUianus :
SaUmin, 3. — Pugnatum contra Poslhumiumt contra
LoUianum.
Triginta tyrannù 2. — Quo Galli novarum rerum semper
iuni cupidî, Lolliano agente^ (Postumus) interemptui est.
Ibid.^ 3. — Quum LoUianus in loco Posthumii stUtroga-
luSf delatum iibi a Gallis tumpsisiet imperiunu
Ihid. , A. — Et LoUianus quidem nonnihilum ReipubUcœ
profuit Jta GaUieno perdente Rempublicam^ in Gallia
primum Poithumius^ deinde LoUianus^ Victorinus deineeps^
postremo Tetricus assertores Romani nominis extite-
runt LoUiani autem vita in muUis obscura est.
lbid*9 5. — Tune interfecto etiam LoUiano^ solus Victo^
rinui in imperio remansiu
Ibid. , 7. — Yictorino , Lolliano et Posthumio în(e-
remptis.
Ibid. 9 30. — Posthumium, deinde LoUianum ^ Uarium
etiam iuteremptos.
Lollianus est encore nommé par Trebellius Pollion au
chs^tre VII de la vie de Claude le Gothique, dans une lettre
adressée par ce prince au sénat et au peuple romain, lettre
dans laquelle sont énumérées les guerres soutenues contre
les nombreux usurpateurs et tyrans qui surgirent de tous
côtés , sous le règne de Gallien.
208 MÉMOIRES
Oo a attribué à LoUianus les pièces suivantes i
IMP. G. LOLLIANVS P. F. AVG. Buste barbu et radié à
droite» avec le paludamentum.
A AVG. Femme tenant deux enseignes militaires. —
M. (pLIX,n«4).
Cette pièce, qui faisait partie de la collection de
M. Gouaux^ a été fabriquée au moyen d'un denier de bronze
saucé de Gallîen. De GALLIENVS on a fait LOLLIANVS, ce
,qui n'offrait pas beaucoup de difficulté, et Ton a retouché
un peu la barbe pour lui donner une forme particulière. Le
revers portait FIDES AVG.
M. Amand Buvignier, de Verdun , a eu Tobligeance de
me communiquer une pièce de bronze de sa collection,
dont je joins ici le dessin.
OAAIENVS P. F. AVG. Buste barbu et radié à droite, avec
le paludamentum.
Sj. OMDEJVflAG. Femme debout tenant un caducée et une
corne d'abondance (type de la Félicité) . — M. (pi. IX, n* 6).
C'est une pièce barbare à l'effigie de Gallien.
Eckhel * décrit une monnaie à l'effigie de LoUianus qui fai-
sait partie de la collection du prince de Waldeck. Un exem-
plaire tout à fait semblable nous a été communiqué par
M . Babut de Chambéry .
IMP. C. LOLLIANVS P. F. AVG. Buste imberbe et radié à
droite , avec le paludamentum.
1^. ABA PACIS. Temple de Janus fermé, et devant auteL
— Billon (pi. IX, n*» 6).
Cette pièce avait été achetée à Grenoble il y a quelques
années ; on n'en connaissait pas la provenance.
Il est très-facile de reconnaître dans la tête les traits de
» D. N„ vu, p. 440. - Cf. TaDiui, p. 123,
ET DISSERTATIONS. 209
Gordien III , dont les médailles seul des plus communes. Le
type du revers est dû à une main moderne. Au temple de
Jaous, accompagné de la légende ARA PACIS, qui se voit au
revers de la tète de Néron, on a ajouté un autel.
3. L. iËLIANUS.
Aurelius Victor» de Cseiar%bu$^ XXXIII, 8. — Explosaque
Germanorum muUiludine ^ L. jEliani bello excipUur (var.
Lolliant)^ qiu) non minm féliciter fuso^ suorum tumullu periit
( Postumus ) y quod flagiîantibus Moguntiacorum direptiones^
quiaL. jElianKm juter ant^ abnuissei.
Idem, Epit.^ XXXII. — Pari modo jEUanusapud Mogun-
tiacum dominaium invasit.
Eutrop., Hist. , IX, 9. — Qui seditione mililum interfectus
est (Postumus), quod Moguntiacum^ qux adversus eum re-
bellaveral , L. jEliano res novas molienle , diripiendam mi-
Klibus tradere noluisset.
Le traducteur grec d'Eutrope, Paeanius fournit la leçon
Aovxco) AO.tavcô.
La pièce attribuée à L. iElianus est la suivante :
IMP.C.Q.VALENS AELIANVS P.AVG. Busie barbu et
radié, à droite.
fi. lOVI CONSER. AVGG. Jupiter debout, tenant le foudre
et le sceptre, tourné à gauche. Dans le champ. A; àTexer-
gue, SML\ — iE. (pL IX, n' 7).
Cette pièce, autrefois du Musée Tiepolo, aujourd'hui au
Cabinet impérial et royal de \ienne , a été décrite dans
plusieurs ouvrages *.
Cette médaille a aussi été attribuée à un certain iElianus,
' Cett par une erretiT du graveur que le dcB«m n» 7 porte à Texergue SLM. ;
lempreinte porte SML.
« M%Hum Theup. , 1. 1 , p. 278. — Eckhel ,D.N., VII , p. 450. — Arneth ,
210 MEMOIRES
qui se révolta eu Gaule sous le i ëgue de Dioclélien , au dire
d*EutropeS et fut défait par Maximien Hercule. Goltzius a
attribué à ce chef des Bagaudes une pièce sur laquelle il a
cm lire les noms d'A. Pomponius iElianus '.
La simple vue de la pièce indique l'époque de Dioclé-
lien. On peut hésiter entre Maxîmien Hercule et Galère
Maximien , ou même Dioclétien *. La légende primitive,
retouchée par un faussaire , a dû être IMP. G. M. VAL-
MAXIMIANVS P. AVG. ou IMP G. G. VAL. MAXIMIANVSP.
AVG., ou bien encore IMP.G.C.VAL. DIOGLETIANVS P. AVG.
Les historiens ont singulièrement altéré les noms des
généraux qui s'emparèrent du pouvoir et prirent le titre
d'empereur à l'époque deGallien.
Les noms véritables du lieutenant de Postume qui se
révolta à Mayence et fit assassiner Femperear gaulois, sont
Cornélius Ulpius Lœlianus, tels qu'ils se lisent sur une
médaille de petit bronze du Cabinet impérial des médailles;
cette pièce est très-rare; il s'en trouve cependant des
exemplaires dans quelques collections. Les autres mé-
dailles de ce prince ne portent que le nom de Laelianus.
mais il ne peut exister aucun doute sur l'identité du Lœlia-
nus connu par la numismatique et le prétendu Lollianus
ou L. iElianus des historiens \ J. de Witte.
#
Synopiiê Num, atU, qui in Musêo Cxtareo Vindebonemi (uUenpanliir, pars U,
p. 172. Vindob., 1842.
« Hiêt., IX, 20,
* Voyez Eckhel , D. JV., VII, p. 450.
* Lenonnant (iconographie des empereur i romains , p. 102] pensait qoe cette
pièce pouvait être de Galère Maximien.
^ La note de Tillemant (Hi$i. des empereurs romains, t. II , p. 708 ), loin de
fonmir des éclaîrcissements sar LaclianuSf ne fait qu'augmenter la conroaion.
^ CL dans la Revue de la num. belge, 1'* série , tcme^I, p. 104 et suit., on
intéressant article sur Lcclianus.
ET DISSERTATIONS. 21 1
ESSAI
L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE
DE LA MAISON DE BOURGOGNE.
ET DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D*OR ET D'ARGENT.
(PL Xct XL)
Deoxi^e artiele. — Voir p. 106.
j£AN Sans-peur (1A05-1410).
Après la mort de Philippe le Hardi arrivée le 27 avril
lioi, le gouvernement du comté de Flandre resta à sa
veuve, Marguerite de Mâle. Il ne parait pas que cette prin-
cesse ait fait usage de ses droits monétaires dans Tinter-
valle qui sépara la mort de son mari de la sienne , arrivée
le 20 mars lAOS. Du moins on ne connaît jusqu'à présent
aucunes monnaies à son nom , ni aucun document qui eu
constate Vexistence.
Par la mort de sa mère , Jean Sans-peur, qui était déjà
titulaire du duché de Bourgogne, put en&n se considérer
comme possesseur des comtés de Flandre et d'ArtcMs. A
peine eut-il pris possession de ses nouveaux domaines >
212 MÉMOIRES
qu'éclatèrent les querelles qui devaient ensanglanter la
France d'une manière si funeste, et la conduire à deux
doigts de sa perte. Faut-il attribuer à cette circonstance
l'absence de documents monétaires émanés de lui dans la
première année de son gouvernement, et conclure qu'il
n'a pas fait battre monnaie immédiatement, à l'exemple de
son prédécesseur? La conclusion serait un peu rigoureuse;
aussi, sans rien affirmer, je me borne à constater que ces
documents n'ont pas été retrouvés.
La première ordonnance monétaire que je connaisse de
Jean Sans-peur est de l'année 1A07 ; le duc, en même temps
qu'il règle le cours des monnaies pouvant circuler en
Flandre, ordonne la fabrication de doubles écus d'or qui au-
ront cours pour quatre sous de gros , ainsi que des demi-
écus et des quarts d*écus : les monnaies d'argent étaient
des doubles gros^ des gros^ des demi^gros et des quarts de
gros. Il devait être fabriqué également des doubles mites et
des mites.
L'instruction donnée aux maîtres particuliers ensuite de
cette ordonnance n'a pas été retrouvée, à moins qu'on ne
vemlle reconnaître pour celle-ci une pièce sans date existant
aux archives de l'ancienne chambre des comptes de Lille,
ce que je serais d'ailleurs assez porté à croire *. Voici ce
que dit cette pièce , qui me paraît du reste présenter tous
les caractères d'une simple minute.
« Monseigneur le duc de Bourgogne, comte de Flandres,
(( veult et ordonne de nouvel à la délibération de son noble
<f conseil estre fais en son pais et comté de Flandres de-
« niers d'or appelles escus de Flandres à xxiii quaras et
* La Talear indiqnét par cette instruction pour les écus d*or qui dcTaient
coarir ponr 4 sous de gros, étant précisément celle portée dans Tordon-
nance , m*a fait attribaer k cette époque l'instruction en question.
ET D1SSEKTATI0\S. 218
«trois quars d'aloy de xui de pois au marc de Trois qui
0 aront cours pour iiii sols de gros la piesse qui font pour
«marc d'or viu livres et viii sols de gros en .donnant à
^ toulz marcbans pour marc d'or fin viii livres m sols de
« gros -, monseigneur pour son seigneurage ii s. viii d. de
« gros ; et le maistre particulier pour l'ouvrage faire, ii s.
« lui d. gros ; et seront ouvrez iseulz deniers au général
« recours à m fors et à m feibles. »
0 Item^ monseigneur veult et ordonne estre fais deniers
« blans d'argent en son dit pais et comté de Flandres qui
« aront cours pour ii gros la piesse à vu deniers d'aloy
« argent le roy, de v s. i d. de pois au marc de Trois qui
u font I m. V onces xim esterlings, i ferlin d'euvre; valeur
« pour marc d'argent vm sols viii d. de doubles gros et
« XIII doubles mites qui font xvii s. v d. de gros et i dou-
o blés mites en donnant à toulz marcbans pour marc d'argent
«XVI s. de gros, monseigneur vi gros pour son seigneu-
« rage, et le maistre pour l'ouvrage faire xi gros et ii doubles
« mites, et seront iseulz deniers ouvrés à ii grains d'aloy
« de remedde au général recours à m fors et à m fei-
«bles.
« Ou sy pleist mix à monseigneur à la délibération de
«son noble conseil, il pourra faire faire deniers blans
«d'argent qui aront cours pour ii gros de Flandres la
« piesse à vi d. d'aloy argent le roy de iiii s. un d. de
« pois au marc de Trois qui font ii marcs d'euvre , valeur
«pour marc d'argent viii s. viii d. de doubles gros qui
« font xvu s. iiii d. de gros, en donnant à toulz marcbans
«pour marc d'argent xvi s. de gros; monseigneur pour
« son seigneurage vi gros pour marc d'argent, et le maistre
« pour l'ouvrage faire, x gros, et seront ouvrés îseulx de*
1861,- s. 16
21& MÉMOIRES
<c niers à ii grains d*aloy de remedde au général recours
tt à m fors et à m feibles. »
Il n'est pas parlé dans cette instruction du gros et de ses
divisions , mais il ne faut pas perdre de vue que ceci n'est
probablement qu'une minute, et un projet soumis au duc de
Bourgogne , et que les divisions inférieures au double gros
pouvaient se déduire implicitement de celui-ci. C'est pré-
cisément cette incertitude laissée pour la fabrication de la
monnaie d'argent qui porte à penser que l'hypotbèse indi-
quée est la vraie, et que Tinstruction définitive ne nous est
pas parvenue '•
Cependant , Jean Sans-peur n'échappait pas aux préoc-
cupations résultant de la nécessité d'approvisionner ses
hôtels de monnaies de matières propres à la fabrication.
L'or et l'argent disparaissaient de plus belle , et les nou-
velles espèces, d'un excellent aloi, passaient promptement
dans l'escarcelle des billonneurs. La présence presque
continue du duc à la cour de France semblait favoriser
encore ces manœuvres. Pour porter remède à cet état de
choses, Jean Sans-peur rend, le 10 octobre 1A07, une
ordonnance par laquelle il donne commission pour sabir,
arrêter et porter en ses monnaies tout le billon d'or et
d'argent qu'on pourrait tenter de vouloir exporter hors de
Flandre. Une autre lettre du même jour accorde & ceux
({ui feront la saisie le cinquième de la valeur des matières
ainsi recouvrées. En même temps, ne pouvant mettre
obstacle à la circulation des monnaies du roi dans les pays
placés plus directement sous sa suzeraineté , l'Artois et la
^ Les instructions portent le nom du maître particulier à qui ellet étftieot
(UliTrées, ce qui n*a pas lieu ici , et par conséquent ce fait vient à Tappii d«
liiou appréciation sur cette instnietion.
ET DISSERTATIONS. 215
Flandre française, il 8'applique à en régler le cours; ainsi
le 15 octobre de la même année, il décide que les doubles
hlana auront cours dans la ville et châtellenie de Lille
pour 16 deniers, monnaie de Flandre, et vingt-sept de ces
doubles blancs pour une couronne.
Les monn^es frappées en vertu de Tordonnance de 1A06
eurent une certaine durée; du moins on ne retrouve pas
de nouvelle ordonnance ni instruction monétaire avant
1A09. Celle qui fut donnée le 17 août de cette année à
Jean Gobelet, maître particulier de la monnaie de Flandre *,
contient les dispositions suivantes :
« Premièrement* mondit seigneur veult et ordonne estre
«fais deniers d'or appelez nobles à vint trois karas et
« III quars d'aloy et de uxi et ii tiers de taille ou marc
• de Troyes, qui valent pour marc d'or vn 1. xviii s. un d.
« gros qui auront cours pour v s. de gros ; et aussi autres
it deniers d'or à xxiii karas et m quars d'aloy et de iiiii de-
« nièrs de taille au marc de Troyes, qui auront cours pour
« lit s. de gros, qui sont pour marc d'or viii 1. ii s. gros,
« et est pour cbacun marc d'or l'un portant l'autre vin 1.
«n 8. gros, en donnant à tous changeurs et marcfaans
« pour cbacun marc d'or fin vn 1. xvn s. Mondit seigneur
« pour son seigneurage xii d. gros et le maistre pour l'ou-
« vrage faire faire n s* ii d. gros; et seront ouvrez yceulx
« deniei^ à ung huitiesme de karat de remède au général
Q recours; à m fors et à m faibles , et à un frelin en poix,
« sur cbacun marc d'euvre ou cas que la délivrance reven-
tf droit dé tant escarsse , laquelle escarssète tant en poix
« comme en aloy, tournera au pruflit de mondit seigneur
* Cette dénominatloD de maître de la monnaie de Flandre Rans désignation
de Heu d*ate11er, fait Toir que le duc se réservait la faculté de battre mon-
naie pnimit où bon Ini semblerait dans retendue du comté.
21ô MÉMOIRES
u OU quelle y escherra; et semblablement sera tenu ledit
« maistre particulier de faire faire ouvrer demi nobles
« à l'avenant des deniers dessus dits , et aussi demis de-
(( niers de xviii gros la pièce toutes les fois que besoing et
« sommé en sera. »
« Itenij deniers d'argent appelez doubles gros de Flandres
« qui auront cours pour n gros la pièce à vi d. d'aloy argent
« le roy, et de un s. et i d. de taille ou marc de Troyes»
(1 qui font deux mars d'euvre, valleur pour marc d'argent
<i VIII s. II d. de doubles gros qui font xvi s. iiii d. gros;
(( en donnant à tous changeurs et marchans de chacun
c( marc d'argent aloyé à vi d., xv s. ii d. gros; mondit
<( seigneur pour son seignouraige ii d. gros, et le maistre
«pour l'ouvraige faire faire xn gros; et seront ouvrez
(( yceulx deniers à ii grains d'aloy de remède au général
(( recours à m fors et à m faibles, à demi denier en poix
« sur chacun marc d'euvre, au cas que la délivrance reven-
« dra de tant escharsse , laquelle escharssële tant en poix
« comme en aloy, tournera au pruffit de mondit seigneur
« ou cas qu elle y escherra. »
« Item , deniers d'argent, appeliez gros de Flandres, qui
<( auront cours pour ung gros de Flandres la pièce, à cinq
« deniers d'aloy, argent le roy et de vi s. x d. deux tiers de
« taille ou marc de Troyes qui font deux mars m onces
« iin esterlins d'euvre valeur pour marc d'argent xvi s. vi d.
(( IX mites et demie, en donnant à tous marchans et cban-
« geurs pour chacun marc d'argent aloyé à cinq deniers
t( XV s. 11 d. gros, mondit seigneur pour son seignouraige,
« Il gros, et le maistre pour l'ouvraige faire faire xiui gros
n IX mites et demie ; et seront ouvrez yceulx deniers, à
f( deux grains d'aloy de remède au général recours à vi fors
(t et VI faibles ; et à ung denier en poix sur chacun marc
ET DISSERTATIONS. 217
«d^euYrè ou cas que la délivrance revendroit de tant
« escbarse , laquelle escharsète tant en poix comme en
« aloy tournera au pruffit de mondit seigneur, ou cas
« qu'elle y escherra. »
<c Iiem^ autres deniers d'argent, appeliez demis gros de
<i Flandres des gros dessusdits , desdits aloy et poix , en
« donnant à tous changeurs et marchans comme dessus,
«mondit seigneur pour son seignouraige, ii gros et le
Cl maistre pour Touvraige faire faire xiui gros ix mites et
« demie. Et seront ouvrez yceulx deniers à deux grains
« d'aloy de remède au général recours à viii fors et viii foi-
« blés , et à II d. en poix, ou cas que la délivrance reven-
(1 drait de tant escharsse, laquelle escharsète tant en poix
« comme en aloy, tournera au prouffit de mondit seigneur
« ou cas qu'elle y escherra. »
« Item^ autres deniers d'argent, appeliez quars de gros
« qui auront cours les un pour ung des gros dessusdits,
H à im deniers d'aloy argent le roy , et de taille de xxiii sous
w ou marc de Troyes qui font m mars d'euvre , valleur pour
f marc d'argent xvii s. m d. gros, en donnant à tous chan>
«geurs et marchans, pour chacun mare d'argent aloyé à
M nu d., XV s. 11 d. gros, mondit seigneur pour son sei-
«gnouraige, n gros, et le maistre pour l'ouvrage faire
« faire xxiii gros et seront ouvrez yceulx deniers à deux
« grams d'aloy de remède au général recours à xii fors et
(I à xii foibles et à mi d. en poix sur chacun marc d'euvre,
(t ou cas que la délivrance revendra de tant escharse, la-
« quelle escharsète tant en poix comme en aloy tournera au
« prouffit de mondit seigneur ou cas qu'elle y escherra. »
On devait faire aussi des doubles mUes et des miles \
* Les urticlef de celte initmction relatif» aux doubla mats et aux mita ont
21S MÉMOIRES
C'est la première fois qu'il est question sous Jean Sans*
peur de la monnaie d*or appelée noble et de ses divisions.
Les conditions prescrites pour la fabrication , la font res-
sembler en poids et en aloi au noble émis par Philippe le
Hardi , en 138S ; seulement si Ton se reporte à Tinstruc*
tion donnée par ce prince, on voit que le noble était compté
pour ô s. de gros, tandis qu ici il n'est estimé que cinq
sous : de plus , le droit de seigneurage de Jean Sans-peur
est beaucoup moindre que celui de Philippe le Hardi, et ce
prince accorde également moins au maître particulier pour
la fabrication. Il avait été probablement obligé à cela pour
obtenir des marchands l'apport des matières d'or et d'argent
dans ses hôtels de monnaies.
Un peu plus d'une année s'était écoulée depuis la rédac-
tion de l'instruction précédente, lorsque parut une nouvelle
ordonnance, en date du 23 décembre I&IO, prescrivant
la fabrication de «..., deniers d'or appeliez esctis de Jehan
« et demi deniers d'or à l'avenant, et avec ce deniers d'ar*
« gent appelez doubles gros de Flandres dont les xviii vaul*
u dront un desdits escus d'or et gros, demi gros et quars de
a gros à l'avenant, ensemble noirs deniers appelez doubles
u milles et milles, respondant aud. denier d'argent dont
(c les xxiiii doubles mitt^s vauldront ung des doubles gros,
H et les xxiiii petites mittes un des petits groz devant diz« »
U est aussi ordonné, lorsqu'on apportera du billon à Ma-
tines, d'y fabriquer des nobles, demi-nobles et quarts de
nobles. Les nobles vaudront trente des doubles gros nou-
veaux : ils auront cours en Flandre et à Malines *.
été donnés textuellement par M. J. Ronyer dans son travail snr lesmonaaies
noires de Flandre. Voir Revue numism., année 1848, p. 406.
1 Jean Sans-peur constate ici son droit de faire battre monnaie à Malinos ,
bien que Tatelier fût momeatanément feimé.
ET DISSERTATIONS. . 219
Qu ëtaîent-ce que ces monnaies d'or, appelées icus de
Jehan? C'est ce qu'il n'est guère possible de savoir exacte-
ment, l'instruction qui devait suivre cette ordonnance fai-
sant défaut. Ce ne peuvent être les mêmes que celles que
l'on devait fabriquer en même temps que les nobles^ et dont
il est question dans l'instruction de 1A09, bien que la
valeur en gros et en doubles gros soit identique dans les
deux ordonnances. Si ceux-ci étaient des icus de Jehan ,
on les aurait désignés dans l'instruction qui indique gé-
néralement les noms des monnaies d'or; et il n'est pas
probable, d'un autre côté, que le duc de Bourgogne ait
attendu plus d'un an pour consacrer, par une nouvelle
ordonnance, l'émission de pièces ayant déjà cours. La solu-
tion de cette question n'est donc pas facile. Remarquons
toutefois que la date de l'ordonnance dont nous nous occu-
pons coïncide avec le retour de Jean Sans^peur en Flandre
2^rès le traité de Bicètre, qui eut lieu le 2 novembre lAlO,
à la suite duquel les historiens nous représentent le duc de
Bourgc^e revenant dans ses États ruiné et sans argent, et
devant user de tous les moyens possibles pour s'en procurer
lorsque la guerre se ralluma entre les princes au commen-
cement de l'année suivante '« On pourrait peut-être en
inférer que le duc, pour augmenter ses ressources, se laissa
aller à imiter la monnsde royale, contrairement aux habi-
tudes de ses prédécesseurs, ce qui augmentait énormément
la circulation de ses espèces, et par suite, le profit qu'il en
retirait. Un fait semblerait donner raison à notre hypothèse.
Le 21 décembre 1 A12, peu de temps par conséquent après
le retour en faveur de Jean Sans-peur auprès du roi
Charles VI, celui-ci accorde au duc de Bourgogne le droit
I M. de BArante, BisMrt det dwt de Bourgogm,
220 Ml.AlOJUKS
,de faire fabriquer, sa vie durant, dans son pays de Flandre,
à son nom et à ses armes , des monnaies d'or et d'argent
de même poids et de même aloi que celles que Ton forgeait
au nom du roi dans Tétendue de son royaume. Ces mon-
naies étaient les suivantes : 1*" des écus ou couronnes de
(5â de taille au marc de Paris, ayant cours pour 22 s. 6 d.
tournois ; 2* des doubles blancs de vi s. viii d. de poids
audit marc, ayant cours pour 10 d. tournois, des petits
blancs de xiii s. un d. de poids audit marc ayant cours
pour 5 d. tournois \ Les termes de cet acte ne laissent
* Cette charte me parait très-intéressante pour Tbistoire monétaire de
Flandre , en ce qu'elle constate de nouveau rimmixtion du suzerain das«
l'exercice de droits seigneuriaux qu'un de ses prédécesseurs, Philippe le Long,
avait déjà tenté de réglementer, lorsqu'on 1321 il voulait s'efforcer d*aniener
lef seigneurs jouissant des droits monétaires à adopter le même système
de monnaies; aussi ai-je pensé qu'il était bon de la donner textoeUe-
ment.
•• Charles , par la grâce de Dieu roy de France , à tous ceulx qui ces pré-
M sentes lettres verront, salut : savoir faisons, que nous considérans et ayant
«< en mémoires les bons, grans, notables^ prouffîtables et agréables services et
« plaisirs, que nostre très chier et très amé couoin le duc de Bourgongne, conte
M de Flandres, d'Artoys et de Bourgongne, nous a faiz le temps passé en pln-
t sieurs et maintes manières, fait chacun jour et espérons que face on tempe
•• à venir et pour lui aidier à supporter les grans frais , missions et despens
" qu'il lui a convenu et convient de jour en jour, faire et soustenir pour les be-
•« songnes et affaires de nous et de nostre royaume et pour certaines antres
•• causes et considéracions qui à ce nous ont men et meuvent ; nous à yeellni
•< nostre cousin , avons donné et octroyé , donnons et octroyons de nostre cer-
•• taine science, graoe espécial et plaine puissance par ces présentes, congié
H et licence, que sa vie durant il puist et lui loist faire forgicr, ouvrer etmon-
** noyer en sondit pays de Flandres , monnoyo d'or et d'argent en son nom et
•• à ses armes, de autel poiz et aloy et pareillement comme est notre monnoye
• que à présent faisons folie ouvrer et lorgier eu nostre royaume , et que non»
<i ferons aussi ou\Ter et forgîer ou temps avenir durant ledit temps seule-
<• ment. C'est assavoir pour le présent , deniers d'or appeliez escuz on cou-
•• ronnes , qui seront faiz d*or fin , à demi carat de remède seulement et de
'* soixante quatre deniers de poix au marc de Paris ; lesquelz auront cours
ET DlSSERTATJOiVS. 221
aucune aoibiguïlé sur ce qui est concédé au duc ; sa mou-
Daie peut être fabriquée à l'imitation de celle du roi , et
en nofttre rojamne pour zzii s. ti d. tourn. la pièce ; et blans deniers
appeliez doubles blaDS, h cinq deniers d'aloy argetit le roj-, à deux grains de
nmëde et de ti a. Tiii d. de poix audit marc , qui auront cours en nostre
dit royaume pour dix deniers touin. la pièce ; et petits blans deniers de sem«
blable aloy et remède et de xiii s. un d. do poix au marc dessus dit , qui
auront cours en nostre royaume pour cinq deniers tournoys la pièce. Parmi
ee que en ladite monnoye de Flandres ilz ne donront point plus grant prix du
marc d*or ne d*argent, que l'on fait ou fera es monnoyes de nostre royaume ;
desquelles monnoyes dessusdites tant d'or comme d'argent, ainsi faites et
iorgiées oudit pays de Flandres , nostre dit cousin aura et prandra tous les
pnmffiz et émolumens , pareillement et par la manière qu'il et ses prédé-
cesseurs contes de Flandres de tout temps ont accoustumé de faire oudit
pays. Et afin que les choses dessusdites soyent mieulx observées et gardées
sans enfraîndre, nous youlons et ordonnons par ces présentes, que nostre
dit cousin puist praudre et eslire , aucune bonne et notable personne de-
morant en nostre royaume qui soit expert sonfiisant et bien congnoissant
ou fait desdites monnoyes, lequel aux despens de nostredit cousin, une foiz
Tan du moins durant ledit temps, yra oudit pays de Flandres, pour faire
lever, vèoîr, visiter, essayer et touchier lesdîtes monnoyes, tant d'or comm«
d'argent, lequel rapportera par escript devers notre cbancellicr ou les gens
de noz comptes ou de noz monnoyes , au vray Testât d'icelles monnoyes et
de tout ce qu'il aura trouvé. Si donnons en mandement par ces présentes à
tous noz senescbaulx, baiUiz, prévostz, juges, maires, gardes de pors, pons,
passaiges et destroiz, et à tous noz autres justiciers et officiers présens et
avenir, ou à leurs lieutenans et à chacun d*eulx si comme à lui appartiendra,
que toutes manières de marchans et autres gens quclxconques, alans et ve-
nans, chargiez et saisiz desdites monnoyes, ils laissent aller et venir, passer
et repasser, marchander, vendre et acheter, en donnant cours ausdites mon-
noyes, allouant et despendant ycclles, sanz pour occasion d'icelles monnoyes
par mises par nous leur donner faire ou souffrir estre fait ou donné empesche-
ment , destourbier ou moleste , mais s'aucun leur estoit fait tantost et sanz
délay, le remectent ou facent remectre au premier estât et deu ; et adfin que
aucuns ne puissent prétendre ignourer de nostre dit octroy, le facent chacun
en droit qui requiz en sera crier et publier à son de trompe se mestier est par
toutes noz bonnes villos et lieux notables et accoustumés à faire coix dont
ils seront requiz , car ainsi nous plaist-il et voulons estre fait nonobst&ui
quelxccnqncs ordonnances, mandemens on deffenses faites ou à faire à ce
centraires: en tesinoing de ce, nous avons fait mettre nostre secl & ces pré-
222 .MÉMOIRES
elle doit avoir cours dans tout le royaume. Consacraient-
ils seulement une imitation antérieure, comme je l'ai sup-
posé, ou bien donnaient-ils une autorisation nouvelle?
c'est ce qu'il n'est pas possible de dire. Toujours est-il que
nous ne connaissons pas de nouvelle ordonnance immé-
diatement postérieure à cet acte, pour la fabrication des-
dites monnaies de Flandre \
Jean Sans-peur profita-t-il longtemps de la concession
qui lui était faite? cela n'est pas probable. Les altérations
successives de la monnaie sous le règne de Charles Vi , de-
vaient le dégoûter promptement des modifications inces-
santes qu'il aurait dû faire, lui surtout qui ne chercha
jamais à augmenter ses profits par de tels moyens. Il est
vraisemblable que maintenant le titre de ses monnaies
frappées en vertu de l'octroi de 1 Al 2, tandis que celui des
monnaies royales baissait , les siennes auraient vite disparu
de la circulation , à son grand détriment. D'ailleurs , les
circonstances politiques qui suivirent à peu de distance cet
octroi , en mettant le duc de Bourgogne en hostilité avec
- sentes. Donne à Paris , le xxi* jour de décembre, Tan de grftce mil oooe et
M donze et de nostre rëgno le zxxiii*. »
Original sur parchemin^ scellé du grand sceau de Charles VI en cire Uascbe,
un peu endommagé.
Sur le pli était écrit :
« Par le roy en son conseil , ouquel les comtes de Nevers et de Vertvz,
M réresque de Saint Brieuc, le maréchal de Lovagny, le chancellîer de
« Guienne , Tamiral de France , le maîstre des arbalestriers , le seigneur de
« Helly, le prcvost de Paris , le gouverneur d*Arras et autres, etc. (Signé) G.
» Barrau. >*
> Aucunes des monnaies dont il e&t ici question ne nous sont parrenues, EDes
devaient être identiques aux monnaies françaises, sauf peut-dtre que VéeuMoa
de France était remplacé par celui de Bourgogne. Dans Tordonnance du
12 novembre 1424, les écus de Jehan sont estimés iiii s. vu d. gros. Ces pièces
disparurent d*ailleurs bientôt de la circulation , car peu après on ne les Toit
plus figurer dans les ordonnances fixant te cours des monnaies.
ET DISSERTATIONS. 22S
le roi retombé sous le pouvoir du parti d* Orléans, devait lui
ôter toute idée de continuer rémission desdites monnaies.
Aussi dut-il prendre promptement la résolution de recom-
mencer la fabrication d'espèces qui lui fussent propres; et
nous voyons, en effet, dans un compte rendu par M* Jean
Gobelet, maître de la monnaie de Gand pour Tan 1A12,
que l'on fabriqua cette année «or néant, doubles gros
«d'argent à vi d. d'aloy argent le roy de lui s. i d. gros
«de taille au marc de Troyes, » c'est-à-dire les monnaies
prescrites par l'instruction de 1409. Au reste, cette dernière
fot bientôt modifiée par une autre du 6 décembre 1A16,
dans laquelle le duc donne commission à Jean Buridan,
maître particulier de la monnaie de Flandre, de forger des
nobles , des demi-nobles et des quarts de noble , ainsi que
des doubles gros^ des gros^ demi-gros^ quarts et huitièmes
de gros. Le préambule de cet acte est intéressant à con-
naître, parce qu'il explique la rareté des monnaies de Jean
. Sans-peur, et l'absence complète, du moins jusqu'à présent,
de celles faites en vertu des premières ordonnances. Voici
ce préambule :
0 Jehan, duc de Bourgongne, etc., à tous ceulx qui ces
«présentes lettres verront, salut : comme à cause de la
« noblesse et seigneurie de nostre conté de Flandres, à la-
a quelle nous avons dès le trespas de feue nostre redoubtée
« dame et mère , dont Dieu ait l'âme , succédé et nous
« appartiegne de faire forgier, toutes les fois qu'il nous
«plaist en nostre dit pays de Flandres, monnoye d'or et
« d'argent; nous pour garder notre noblesse et seigneurie,
« et pour le bien de nous et de nostre dit pays , eussions
« ordonné certain pié de monnoie estre mis sus; et que en
« nostre dit pays de Flandres fussent fais et forgié;? certains
« deniers d'or et d'argent à nostre nom et à noz anues , de^
Ma MÉMOIRES
n poix etaloy déclairiéz es instnictioDS, lois, sur ce faictes;
u l'ouvrage desquelles inonnoyes tant d'or et d'argent par
M nous ainsi ordonné comme dessus est dit , ait convenu
a cesser et n'y ait ou peu ouvrer ne forgier ja longtemps, à
« tant parce que en nostre dit pays de Flandres n'ont pas
*i esté gardées les ordonnances des monnoies par nous sur
a ce faites, comme pour les diminutions et empîremens des
<( monnoyes de monseigneur le roy faites despuis nos dite»
n ordonnances, et aussi pour les diminutions des monnoyes
« de plusieurs seigneurs voisins de nos dit pays, lesquelles
u estranges monnoyes d'iceulx seigneurs voisins, ont eu et
c( encore ont cours en nostre dit pays, et par ce la plus grand
<( partie de nostre dite monnoye , qui estoit de plus fort
(c aloy a esté vuidée et portée fondre esdites monnoyes voi-
<( sines, ou grand préjudice et dommage de noz drois sei-
« gneuriaulx et noblesses , et au grand destourbier et ài^
il minulion du fait de la marchandise de nostre dit pays et
M du commun peuple, qui ne se congnoit esdites monnoyes
« estranges , jusquelles len donne tel cours que l'on veuille,
(( qui est en grand décépans de la chose publique et de
n nostre dit pays ; savoir faisons, etc., etc. »
L'instruction en date du même jour, fait connaître en
détail les monnaies que l'on devait fabriquer. Voici les pa-
ragraphes relatifs à cette fabrication :
« Premièrement, mondit seigneur veult et ordonne estre
« faiz deniers d'or appelez nobles à xxiii karaz et demi
« d'aloy et de xxxvi de taille ou marc de Troyes, qui valent
ï( pour marc d'or neuf livres de groz, qui auront cours
« pour V s. de groz. Et aussi autres deniers d'or à xxiii ka-
« raz et demi d'aloy, appeliez demi nobles et quars de
<t nobles à l'avenant desdis nobles; en donnant à tous cban*
c( geurs et marchans pour chacun marc d'or fin vui 1. x s.;
ET DISSERTATIONS. 225
I mondit seigneur pour son seignourage, sept solz de groz ;
t et le maistre pour l'ouvrage faire faire m s. de groz. Et
t seront ouvrez iceuk deniers à ung viii* de karat de re-
« mède au général recours à trois fors et à trois foibles et
« i ung demi estellin en poix sur chacun marc d'euvre ou
«cas que la délivrance revendroit de tant escharsse, la-
« quelle escharsseté, tant en poix comme en aloy tournera
« au proffit de mondit seigneur, ou cas quelle y escberra. »
« Item , deniers d'argent appeliez doubles groz de Flân-
er dres, qui auront cours pour deux groz la pièce, à v. d.
« d'aloy, argent le roy et de un s. ii d. de taille au marc
« de Troyes, qui font pour le marc d'argent ii mars m onces
« et lui estellins d*euvre qui valent xx s. de groz, en don-
« Dant à tous marchans et changeurs , pour marc d'argent
«aloyé à cinq deniers, xvu s. m d. de groz; mondit sei-
« gneur pour son seigneurage pour chacun marc d'argent
« XVI groz ; et le maistre particulier pour l'ouvrage faire
«faire, pour chacun marc d'argent xvii groz; et seront
« ouvrez iceulx deniers à deux grains d'aloy de remède au
« général recours à m fors et à m foibles, à demi denier en
« poix sur chacun marc d'euvre, ou cas que la délivrance
«revendroit de tant escharsse, laquelle escharsseté, tant
« en poix comme en aloy, tournera au proffit de mondit
« seigneur, ou cas qu'elle y escheira. »
« Item 9 deniers d'argent, appeliez groz de Flandres, qui
« auront cours pour ung groz de Flandres la pièce, à nu de-
n niers nu grains d'aloy argent le roy, et de vu s. i d. de
« taille au marc de Troyes , qui font pour marc d'argent
« n mars vu onces i estrelin et i quart d'euvre, qui valent
« XX s. V d. de gros ; en donnant à tous marchans et chan-
« geors , pour chacun marc d'argent aloyé , à mi deniers
tt un grains, xvu s. ni d. groz, mondit seigneur pour son
226 MÉMOIRES
f{ seigneurage xvi groz; et le raaistre pour l'ouvrage faire
« faire , pour chacun marc d'argent xxu groz ; et seront
« ouvrez iceulx deniers à deux grains d'aloy de remède au
« général recours à six fors et à six foibles, et à img denier
« en poix sur chacun marc d' ouvre, ou cas que la délivrance
tt revendroit de tant escbarsse, laquelle escharsette, tant en
a poix comme en aloy, tournera au profiit de mondit sei-
(( gneur ou cas qu'elle y escheira. »
« Ilem^ autres deniers d'argent, appeliez demi groz dont
(( les II pèseront et auront cours pour ung groz de Flandres;
« lesquels demi groz seront en l'avenant et de tel aloy que
<( les groz dessusdits. »
« Item^ autres deniers d'argent , appeliez quarts de groz,
« qui auront cours les quatre poiu* ung des groz dessosdits
<( à iiii deniers xii grains d'aloy, argent le roy, et xxni s.
<c VI d. de taille au marc de Troyes qui font pour le marc
(( d'argent m mars m onces ix esterlins d'euvre qui valent
<! XXI s. de groz , en donnant à tous marchans et chai^eurs
<( pour marc d'argent aloyé à m deniers xii grains , zvn s.
u m d. de groz ; à mondit seigneur pour son seigneurage pour
« chacun marc d'argent xvi groz ; et le maistre pour l'ou-
« vrage faire faire, pour chacun marc d'argent, ii s. v d.
(( de groz ; et seront ouvrez iceulx deniers à ii grains d'aloy
<( de remède au général recours à dix fors et à dix foibles,
(( et à six deniers en poix sur chacun marc d'euvre, en cas
(( que la délivrance revendroit de tant escharsse, laquelle
(( escharssete , tant en poix comme en aloy, tournera au
i( proffit de mondit seigneur, ou cas qu'elle y escheira, »
«Et autres deniers d'argent, appeliez demi qnars de
c( groz , qui auront cours les viii pour ung des groz dessus
<( diz , à m d. d'aloy argent le roy et de xuiii s. de taille
« au marc de Troyes , qui font pour chacun marc d'argent
ET DISSERTATIONS. 227
oiui marcs d*euvre, qui valent xxii s. de groz; en donnant
« à tous marchans pour chacun marc d'argent aloyé à un d. ,
a XVII s. III d. de groz ; à monseigneur pour son seignou-
« rage, pour chacun marc d'argent xvi groz , et au niaistre
« pour l'ouvrage faire faire, pour chacun marc d'argent
c m s, V d, de groz et seront tailliez à xii d. en poix et
« u groz d'aloy de remède sur chacun marc d'emTe. »
En comparant cette instruction à celle du 17 août 1409,
on voit que les monnaies dont le duc ordonnait la fabrica-
tion devaient être les mêmes à sept ans d'intervalle. Les
poids de la monnaie d'or étaient assez différents entre eux
pour qu'on ne pût confondre les pièces des deux émissions^
puisqu'au lieu d'en tailler seulement trente et un et deux
tiers au marc, comme en 1A09 , il est ordonné d'en tailler
trente^ix K Mais il n'en était pas de même de la monnaie
d'argent ; la difiérence de poids était trop peu sensible ,
pour que l'on ne risquât pas de se tromper. Aussi pour
prévenir toute erreur, a-t-on eu soin d'écrire en marge de
l'instruction cette mention : o La différence de cest mon-
IL Boye d' aident est avisée que en toutes les A qui estoient
tt sur le premier denier d'un costé et d'autre sans barre et
«de ceste facbon A* sur ce denier à barre et de ceste
« fachon 2C* *>
n résulte encore de cette instruction que Jean Sans-peur,
sans aOSûblir le litre de la monnaie d'or, en augmente le
prix, puisque tout étant estimée à la même valeur, cinq sous
> u n'est d'ailleurs pas certain qu^on ait frappé des nobles à la suite de
riastmetioB de 1409. Cette instruction contenait la mention de deux mon-
naies d'or à émettre, et les extraits de comptes que j'ai sons les yeux ne men-
tionnent ponr les années 1410 et 141 1 que des deniers d'or de uni de taille au
marc. H en est de m6me du compte rendu en juillet 1417, qui avait par
eoméquent rapport à Tannée 1416^
228 MÉMOIRES
de gros, la quantité de pièces taillées au marc était plus
grande. C'était un moyen d'empêcher leur retrait de la cir-
culation et leur exportation comme billon à Téiranger.
Bien que le terme fixé au maître particulier pour l'émis-
sion des monnaies frappées en vertu de Tordonnance de
1416 fût de trois ans, il est vraisemblable qu'il ne dura pas
cet espace de temps; car le 28 juillet lâl7, avant son
départ pour la France, d'où il ne devait plus revenir, Jean
Sans-peur, qui confie le gouvernement du pays à son fils
Philippe, comte de Charolais, ordonne, entre autres, que
les quatre membres de Flandre examineront s'il est utile,
dans l'intérêt public, de maintenir le cours de la nouvelle
monnaie qu'il se propose d'émettre, savoir, des deniers dCor
de 70 au marc , à 23 carats et demi de fin , dont la pièce
aurait cours pour 40 gros; des demi-deniers. d'or et des
quarts à l'avenant. Il devait être frappé en même temps
des doubles gros, des gros , des demi-gros et quarts de gros,
ainsi que des doubles miles et des mites. Le duc ajoute
qu'en cas d'avis favorable, ces monnaies nouvelles aiu-sdent
immédiatement cours ^ Il est probable que ce fut par suite
de l'avis donné par les quatre membres de Flandre, que le
comte de Charolais prescrivit, le 10 avril 1418, la fabrica-
tion d'une nouvelle monnaie d'or appelée heaume de Flan-
dre , et de monnaies d'argent complétant le système. Peu
après, le 5 juin, il déclare que, dans l'intérêt du com-
merce, la nouvelle monnaie d'or et d'argent aura cours au
tarif fixé, pendant quinze ans consécutifs, sans qu'il en
fasse forger d'autres. 11 promet de faire délivrer à ce sujet
aux quatre membres de Flandre des lettres confîrmatives
scellées du grand sceau de son père. Par une ordonnance
* Archives muniripales d^Yfres^ t. III, p. 80,
ET DISSERTATIONS. 229
en date du même jour, il défend d'allouer les heaumes de
Flandre à plus haut prix que celui fixé ; les dettes contrac-
tées antérieurement seront payées à raison de 21 gros pour
Yéeu '. Les précautions du fils de Jean Sans-peur font voir
assez avec quels ménagements ces princes traitaient leurs
sujets du comté de Flandre.
L'instruction concernant les monnaies dont il vient d'être
question , est du 12 juin de la même année ; elle est donnée
à Jehan Buridan , maître particulier de la monnaie de Flan-
dre, et contient les dispositions suivantes :
tt Premièrement , mondit seigneur veult et ordonne, estre
« faiz deniers d'or, appeliez heaumes de Flandres , à vint
« trois karas et demi d'aloy, de soixante huit de poix au
« marc de Troyes, qui auront cours pour trois solz quatre
« deniers de gros la pièce de nouvelle monnoye , qui font
« pour marc d'or, onze livres six solz huit deniers de groi^ ;
« en donnant à tous changeurs et marchans , pour marc
M d'or, unze livres vint deniers de gros ; mondit seigneur le
a duc pour son seigneurage deux solz quatre deniers de
tt gros^ et le maistre pour l'ouvrage faire faire , deux solz
« huit deniers gros ; et seront ouvrez yceulx deniers à ung
«douziesme de karat c'e remède au général recours à
« trois fors et à trois foibles et ung fellin en poix ; ou cas
«que la délivrance devenroit de tant escharse, laquelle
a escharsete tant en poix comme en aloy , tournera au
aprouflit de mondit seigneur le duc, ou cas qu'elle y
a escheira ; et semblablement sera tenu ledit maistre de
tt faire forger et ouvrer demi heaumes à l'avenant des de-
« niers dessusdiz , toutesfoiz que mestier sera et il en sera
u sommé par la garde desdites monnoyes ; et seront iceulx
« Archires municipal f$ d'Ypres, t. III, p. 85.
1861.— 3. 17
230 MÊMOIilES
H deniers taillées au général recours à trois fors et à trois
(t foibles. »
« Ilem , Fen fera deniers appeliez doubles gros de Flan-
a dres, qui auront cours pour deux gros la pièce à six de-
« niers d'aloy, argent le roy, de cinq solz huit deniers gros
« de taille au marc de Troies qui font deux mars d*euvre,
«valent pour marc d'argent vint deux solz, huit deniers
tf gros ; en donnant à tous marchans et changeurs , poiu*
Cl marc d'argent aloyé à six deniers, vingt et un solz deux
f( deniers gros ; mondit seigneur le duc. pour son seigneu-
a rage, quatre deniers gros; et le msdstre pour rouvrage
« faire faire , un soit deux deniers gros ; et seront ouvrez
tt iceulx deniers à ung grain d'aloy de remède au général
« recours à trois fors et à trois foibles et demi denier en
« poix pour marc , ou cas que la délivrance revenroit de
u tant escharse , laquelle echarsete tant en poix comme en
« aloy, tournera au proufiit de mondit seigneur le duc, se
n elle y eschiet. )>
« Item^ deniers d'argent, appeliez gros de Flandres, qui
«auront cours pour ung gros la pièce, à cinq deniers
0 d'aloy argent le roy, de neuf solz sept deniers de taille
c( au marc de Troyes, qui font deux mars, trois onces, quatre
« esterlins d'euvre ; valent pour marc d'argent vint trois
« solz gros-, .en donnant à tous marchans et changeurs,
« pour marc d'argent aloyé à cmq deniers, vint ung solz
« deux deniers gros ; à mondit seigneur pour son seigoeu-
« rage, quatre deniers gros; et au maistre pour l'ouvrage
« faire faire , un soit six deniers gros ; et seront ouvrez
u iceulx deniers, à ung grain d'aloy de remède, au général
« recours à six fors et six foibles , et un denier en poix , ou
V cas que la délivrance revenroit tant escharse , laquelle
£T DISSERTATIONS. 231
« escbarsete tant de poix comme d*aloy, tournera au proufTit
« de mondit seigneur, se elle y escbiet. »
a lum^ deniers d'argent, appeliez demi gros de Flandies,
« à cinq deniers d*aloy argent le roy, de dix neuf solz deux
« deniers de taille au marc de Troyes, qui font deux mars
c trois onces quatre estrelins d'euvre ; valent pour marc
« d'argent vint trois solz gros; en donnant à tous marchans
a et changeurs, pour marc d'argent aloyé à cinq deniers^
« viot ung solz deux deniers gros; à mondit seigneur pour
Il son seigneurage quatre deniers gros , et au maistre pour
«f l'ouvrage faire faire, ung soit six deniers gros; et seront
«iceulx deniers ouvrez à img grain d'aloy de remède au
«général recours à huit fors et à huit f cibles et deux de-
« niers en poix ou cas que la délivrance revenroit de tant
«escbarse laquelle escbarsete, tant de poix comme d'aloy,
« se elle y escbiet, tournera au prouffit de mondit seigneur. »
« lient ^ deniers d'argent appeliez quars de gros de Flan-
adres, à trois deniers d'aloy argent le roy, de vint cinq
0 solz de taille au marc de Troyes , qui font pour marc
« d'euvre, nu mars; valent pour marc d'argent xxv s. gros;
t en donnant à tous marcbans et cbangeurs , pour marc
0 d'argent aloyé à III deniers , XXI s. ii d. gros, à mondit
a seigneur pour son seigneurage nu d. gros, et au maistre
f pour l'ouvrage faire faire m s. vi d. gros; et serout iceulx
a deniers ouvrez à nng grain d'aloy de remède au général
a recours à vint quatre fors et à vint quatre foibles, et x d.
«en poix ou cas que la délivrance revendroit de tant
«escbarse, laquelle escbarsette tant en poix comme en
«aioy se elle y escbiet « tournera au prouffit de mondit
R seigneur. »
Eofin on devait émettre aussi des deniers noirs , savoir :
1* des doubles mites , dont vingt-quatre vaudront un double
232 MÉMOIRES
gros et douze un simple gros. Elles seront à neuf grains
d'aloi argent le roi , et de quinze sous de taille au marc de
Troyes, faisant trente-deux marcs d' œuvre; la valeur pour
marc d'argent sera de 40 s. gros. Les marchands auront
21 s. 2 d. gros par marc d'argent; le duc pour son seigneu-
rage quatre gros, et le maître particulier 18 s. 6. d. gros.
Ils seront ouvrés à un grain de remède en aloi , et à 7 de-
niers en poids sur chaque marc d' œuvre.
2* Des simples mites, dont vingt-quatre auront cours pour
un gros. Elles seront à 6 grains d'aloi argent le roi et de
22 s. G d. de taille au marc de Troyes, faisant 48 marcs
d'œuvre, valant par marc d'argent 45 sous gros. Les mar-
chands auront du marc d'argent le même prix que dans le
cas précédent, le droit de seigneurage sera le même , mais
le maître aura 23 s. 6 d. gros pour la fabrication. lisseront
faits à un grain de remède en aloi , et à 12 deniers en poids
par marc d'œuvre.
Ces monnaies furent les dernières émises durant le gou-
vernement de Jean Sans-peur. Ainsi que je le disais en com-
mençant, son règne est extrêmement pauvre en documents
monétaires, et nous ne trouvons plus jusqu'à sa mort, à
part une commission donnée par le comte de Charolais pour
arrêter et porter dans les monnaies du duc tout le billon
d'or et d'argent que l'on transporterait hors de Flandre,
qu'un seul renseignement qu'il m'a paru bon de consigner.
Le 10 juin 1419, le duc, étant à Paris, veut que Yécu d'or^
monnaie du roi, ait cours en Flandre pour 42 gros, nou-
velle monnaie, et le franc seulement pour 37 gros 4 de-
niers de la même monnaie. L'ordonnance de 1410 avait fixé
que Yécu (for vaudrait 30 gros et le franc 26 gros 8 deniers,
les huit écus valant 9 francs. Or, en évaluant à proportion
pour la nouvelle monnaie , on trouvait 42 gros pour l'^cu et
ET DISSERTATIONS. 23C^
hO gros pour le franc , ce qui faisait deux gros huit deniers^
de trop pour arriver au compte de huit écus valant neuf
francs , d'où résultait la nécessité de la réduction prescrite.
Cette ordonnance avait un but louable , celui de mettre de
la régularité dans les payements..
Les monnaies qui nous sont parvenues de Jean Sans-peur
sont très-peu nombreuses. Les motifs énoncés dans le
préambule de l'ordonnance de 1416 en donnent une expli-
cation suffisante. Mais c*est surtout sur les monnaies d*or
que rindustrie des billonneurs s'est exercée. Ces dernières
sont de la plus grande rareté.
11 n'existe pas, à ma connaissance, de monnaies d'^or pou-
vant s'appliquer à l'ordonnance de 1406. Vécu et ses divi-
sions dont il est parlé , devaient être probablement au ty|)e
du réal ou chaise^ que nous connaissons déjà pour Louis de
Mâle et Philippe le Hardi ; c'est en effet sous ce nom que
les pièces de ce genre sont désignées sous ces comtes.
Quant aux pièces d'argent, si mes appréciations sur le projet
d'instruction sans date dont j'ai parlé sont exactes , il est
une série de monnaies qui pourraient être attribuées à cette
époque. Remarquons en effet qu'on propose au duc de faire
choix parmi deux pieds de monnaies, basés sur Tévalua-
tioa du double gros. Dans le second cas, le double gros de-
vait peser 89 grains. Or il est une série de pièces frappées à
l'imitation des gros de Flandre de Louis de Màle, dont le
gras parvenu jusqu'à nous pèse précisément 44 grains, et
qui peut, par conséquent , avoir été émise en vertu de l'or-
donnance précitée. C'est la suivante :
22. Lion debout , surmonté de Técu de Bourgogne mo-
derne , portant en surtout le lion de Flandre * , et entouré
*- D«"a ?on avéncmc'ut au comté de Fhindro, Jenn bang-pmir adoj>ia c«s nr-
23& . MÉMOIRES
d'une bordure de fleurs de lis. Légende : MONETA.
PLANDRIE. (Les deux mois séparés par une feuille de
trèfle. )
1^. Écu semblable au précédent, posé sur une croix par*
tageant la légende intérieure, IOHS:D:B:COM:FLAND'. Lé-
gende extérieure : +BENEDICTVS.QVLVENIT.IN.NOJDNE
CNI *.— /R. Gros. Poids, 44 grains (pL X, n* 22).
23. Lion debout, surmonté de Técu de Bourgogne-Flan-
dre. Légende : IOHS:D:B:COM:FLANDRIE.
^. Ecu comme ci-dessus , sur une croix partageant la
légende MONETA:FLANDRIE. — JB,. Demi- gros. Poids ^
22 grains (pL X, n*23).
24. Lion debout, entouré de la légende -|-IOHS:DVX:
BVRG:COM:FUND'-
^. Ecu de Bourgogne-Flandre , sur une croix partageant
la légende MONETA:FLANDRIE.— ^. Quart de gros. Poids^
12 grains (pL X, n» 24*).
J'ai dit précédemment que les monnaies frappées en
vertu de 1 instruction de 1409 et de celle de 1416 devaient
être semblables , les poids seuls étaient diflérents. Le noblt
dont il est question dans ces pièces est facile à reconnaître ,
c'est celui dont suit la description :
25. Le duc couronné , portant l'épée dé la main droite^
et le bras gauche protégé par un écu à ses armes , debout
sur un navire, le tout entouré de la légende : lOHSrDEI:
GRA : DVX : BVRG iGOMES : Z : DNS : FLAND.
moi ries, ajoutant en surtout Téciisson de Flandre à celles de son prédéoes-
seur.
^ Reproduite par Duby, pi. LII, n* 6, d*après on plaçait.
* Ces trois monnaies sont de la plus grande rareté. Elles existent dmns le
cabinet de M. Dowismes, comme la presqae totalité de celles décrites <
travail.
ET DISSEBTATIONS. 235
Le revers est exactement semblable à celui du noble de
Philippe le Hardi , sauf qu'il y a un I dans le centre d%
la croix. — Or. Poids, 129 grains (pi. X, n* 25).
Le poids indique que cette monnaie a été faite en vertu^
de rinstmction de 1416 qui prescrivait de tailler trente-
six pièces au marc , ce qui leur donnait par conséquent pour
poids légal 128 grains et demi. Je n'ai point retrouvé le
demi-noble et le quart de noble qui devaient faire partie du
même système. Quant aux pièces semblables d'un poids
plus fort, émises à la suite de l'ordonnance de 1&09, en
admettant que cette émission ait eu lieu , il est probable
qu'elles auront été fondues, ainsi que le fait présumer ce
que dit lui-même le duc de Bourgogne en 1&16.
Les monnaies d'argent fabriquées en même temps que
les nobles ne sont pas aussi faciles à déterminer. Je ne vois
que les suivantes qui puissent convenir par leurs poids,
craime se rapprochant le plus de ceux des instructions.
26. Deux écus, celui de gauche aux armes de Bourgogne-
Flandre , celui de droite portant le lion de Flandre , sur-
montés d'un heaume ayant pour cimier une fleur de lis.
Légende : I0HS:DVX:BVRG:Z:G0MES:FLANDB1|; >.
^. Croix cantonnée de deux fleurs de lis et de deux,
lions, entourée de l'inscription +MONETA:NOVA:COMETIS:
FLANDRIE. — JR. Double gros. Poids, 90 grains (pi. X,
B*26*).
27. Mêmes types et mêmes légendes tant au droit qu'au
revers. — yR. Gros. Poids, 54 grains (pi. X, n^ 27 ').
( Il 7 a une variété de eette pièce qui n*a pa» le lambrequin à gauche du
heaume, lequel est semblable à celui représenté sur les autres divisions.
* Dubj, pi. LII, n» 9. — Serrure, Cabinet monétaire du prince de Ligne j
p. 238. ^ Peu Duyts, pi. IX, n» 64»
^Duby, pi. LU, n» la.— Serrure, of . ciL, p. 238.— D^n Duyts, pi. IX ^.n- 55»
S36 MÉMOIRES
28. Même type. Légende : lOHS : DVX : BVRG : Z : COM :
FLAND'.
i^. Même type. MONETA. NOVA. COMETIS. FLAND. —A.
Demi-gro$. Poids, 28 grains (pL X , n* 28 *).
29. Écu de Bourgogne-Flandre incliné , surmonté d'un
heaume semblable aux précédents. Légende comme pour
le demi-gros.
Sj. Croix cantonnée de deux fleurs de lis et de deux lions,
partageant la légende MONETA NOVA FLANDRIE. — A.
Quart de gros. Poids, 16 grains (pi. X, n* 29*).
Restent maintenant les monnaies que Ton peut attribuer
à la dernière instruction du 12 juin 1A18, mais dont les
pièces d'or, clairement désignées, sont faciles à déterminer.
Cette série est la suivante :
30. Écu incliné à cinq quarts ', surmonté d'un heaume
orné de lambrequins et dont le cimier est une fleur de lis :
le tout dans un entourage d'arcs de cercle. Légende : lOHS:
DEI:G:DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND.
f Serrure, op. cil., p. 239. — Den Duyt», pi. IX, n" 56.
• Id., id.
Voici les poids de ces diverses pièces fixés par les iDStmctions précité«ê :
1^09. IMf.
frtint. ffraiDt.
Double gros 94,46 92,51
Gros 56,00 54,45
Demi gros 28,00 27,23
Quart de gros 16,76 15.76
Les pièces représentées sur les planches sont relatives à la première d« cet
ÎBstructions, puisqu'on vertu de la seconde tous les A devaient être barrés. Je
dois d'ailleurs ajouter que je connais les doubles gros de cette série, où les A
sont en effet tous barrés.
s J'ai suivi cette désignation, que M. Serrure a adoptée dans son ouvrage sur
le Cabinet monétaire du prince de Ligne ^ comme la plus commode et la plin
abrégée.
ET DISSERTATIONS. 237
â. Croix ornée dont les bras sont terminés par deux
feuilles d*acanthe ayant dans l'intervalle une fleur de lis,
dans un entourage quadrilobé , cantonné dans les angles
des lobes par des lions. Légende : +BENEDICTVS:QVI:
VENIT:IN:NOMINE DI. — Heaume d'or. Poids, 67 grains
(pi. XI, n»30').
31. Lion debout, caché en partie par un écu à cinq
quarts placé à la hauteur de Tépaule. Légende : IOHS:DVX:
BVRG:Z:COMES:FLANDRIE.
^. Croix partageant la légende cantonnée des lettres
FLÂD\ Légende : + MONETA.COMITIS.FLANDRIE.— M.
Double gros kromstaeri. Poids , 68 grains ( pi. XI , n« 31 • ) .
32. Mêmes types et légendes, sauf qu'au revers le der-
nier mot est en abrégé FLAND'. — ^. Gros kromslaert.
Poids, 36 grains ( pi. XI , n*» 32 ) .
33. Écu à cinq quarts entouré de la légende +10HS.D.
B.Z.COM.FLAND.
^. Croix cantonnée des quatre lettres FLAD'. Légende :
MONETA.COM.FLAND. — Billon. Quart de gros. Poids,
12 grains fort (pL XI, n« 33').
Louis Deschamps de Pas.
' Cabinet des médailles. Le poids légal déterminé par TioBtruction est
de 68 grains 6/68; Dnby a représenté cette pièce pi. LU, n» 7, mais il l'a in-
diquée comme étant en argent, ce qui n'est pas possible.
• Dnby, pi. LIT , n« 8. — Serrure, op. cit., p. 239. — Den Duyts , pi. IX ,
n»57.
* Les poids résultant de cette instruction sont les suivants :
Double gros ôSs'.S/eS
Gros 40»',25
Demi-gros 20r,10
Quart de gros 15«%43
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Description générale des médaillons contomiates, par
J. Sâbatxer. Un vol. in-&% accompagné de 19 planches
gravées. Paris, Pillet fils aîné, 1860.
Nombre de recueils ont été publiés sur la numismatique
romaine, mais jusqu'à ce jour personne ne s'était occupé de
réunir les pièces connues sous le nom de médaillons contor-
niâtes. Je ne rappellerai pas ici les anciens recueils dans lesquels
on trouve quelques indications sommaires sur cette matière ;
Eckhel en a donné les titres dans sa Doctrine. Sigebert Havercamp
a publié 60 à 70 médaillons contomiates dans un volume petit
in-4«, imprimé à Leide en 172^2. Une pièce à TefTigie d'Alexandre
le Grand fournit au savant hollandais l'occasion d'étudier les
types de quelques autres monuments de la même espèce. MaLs
le commentaire d'IIavercamp est un travail indigeste, fastidieux
et rempli d'observations complètement étrangères au sujet. Du-
cange, en 1678, dans sa dissertation intitulée : De inférions xvi
numismatibus y § 44, imprimée à la suite de son Glossaire^ n'a-
vait pas dédaigné d'examiner ces sortes de pièces; il cherche à
constater leur âge, mais il admet deux classes de contomiates,
les uns remontant au règne d'Auguste et aux temps de ses suc-
cesseurs immédiats, les autres fabriqués après Constantin et vers
l'époque d'Honorius. Qu'on ajoute quelques bonnes observa-
tions de Mahudel, dans Y Histoire de V Académie des inscriptions
et belles-lettres (t. V, p. 284), reproduites par Mangeart dans
son Introduction à la science des médailles^ Paris, 1763, in-fol.,
et Ton aura à peu près tout ce qui avait été écrit sur les mé-
BULLETin BIBUOGRAPHIQUC. 239
daillons contomiates à Tépoque où Eckbel terminait son grand
ouvrage. Le chapitre que l'illustre numismatiste viennois a
consacré aux nnédaillons contomiates résume les travaux de ses
devanciers. Eckhel examine successivement avec cette méthode,
cette science, cette autorité qui font la juste admiration des sa-
vants, la nature, les types, Tépoque, Tusage , le mérite de ces
pièces. Mais si le chapitre écrit par Eckhel sur les médaillons
contomiates donne un résumé exact et substantiel de la ma-
tière, il restait à faire un travail spécial sur ces monuments^ à
les soumettre à un nouvel examen, à étudier leurs types, à es-
sayer un ordre de classification.
M. Sabatier a entrepris ce travail , et, dans 49 planches gra-
vées par M. Léon Dardel , il a réuni une collection aussi com-
plète que possible de tous les médaillons contomiates connus*
Plus de 900 pièces, ont été publiées dans ce nouveau recueil.
Qu'on juge de la richesse de cette collection par la première
série, celle des jeux du cirque et de l'amphithéâtre, qui dépasse
à elle seule le nombre total des contomiates recueillis par Ha-
vercamp.
Void les divisions adoptées par Tauteur :
1. Les jeux du cirque et les combats de l'amphithéâtre.
2. La mythologie.
3.^ L'histoire et les monuments.
4. Les types monétaires.
5. Les sujets dont Texplication est di£Bcile.
< Sous le nom de midnillons contomiates, dit M. Sabatier, on*
« désigne des médailles planes, d'un cuivre de couleur et d'aï-
i liages divers , d'une fabrique particulière et d'un travail ou
« d'un style souvent imparfoit, dont les types ont en général
i peu de relief, et d'un module à peu près égal à celui des mé-
c daillons impériaux , mais d'un poids inférieur, parce que leur
« flan a moins d'épaisseur. Ces médaillons portent presque
a tous sur leurs deux faces un cercle parfaitement régulier,
• tracé en creux à l'aide du tour; quelquefois aussi les bord»
2/iO BULLETiiN bibliographique/
ce de la tranche sont un peu relevés, sans doute afin d'empêcber
a le frottement des types en relief. »
Une des faces est occupée ordinairement par une tête ou un
buste, et la majeure partie des sujets figurés sur les revers se
rapporte aux jeux du cirque et de l'amphithéâtre ; quelques-uns
sont empruntés aux traditions mythologiques, et on en trouve
de très-curieux; d'autres reproduisent avec plus ou moins de
fidélité et assez souvent d'une manière servile des types copiés
sur ceux des monnaies impériales.
On ne sait quel motif a présidé au choix des tètes : on en
voit des premiers empereurs aussi bien que des princes du Bas-
Empire, d'Alexandre le Grand, des hommes célèbres, philoso-
phes, poètes, orateurs, historiens, rhéteurs, etc. Ainsi nous
voyons figurer sur les contorniates Apollonius de Tyanes, Ho-
mère, Horace, Démoslhène, Salhistc, Anaxarque, Apulée, etc.
Quelquefois les bustes des auriges vainqueurs tenant leur che-
val par la bride ou des masques scéniques sont figurés au droit
de ces pièces, et occupent la place des cfligies impériales ou
des portraits de personnages célèbres.
En parlant des tètes représentées sur une des faces des con-
torniates, Eckhel fait observer que jamais il n'a eu occasion d'y
rencontrer une divinité, si ce n'est la déesse Roma. M. Sabatier
publie dans son recueil (pi. Xll, n*5) la tète de Mercure et au
revers le caducée , le tout gravé en creux. L'image de Mercure,
dieu de la palestre, Èp!^^<*^ ÉvaYwvio;, comme le fait obser\er
M. Sabatier (p. 77 ), était convenablement choisie pour figurer
sur des pièces frappées à l'occasion des jeux et des exercices
gymnastiques. Le buste casqué de Minerve , avec le bouclier,
l'égide et la lance, figure sur un autre médaillon ( pi. Xlll, n"* 5)
conservé, comme le précédent, au Cabinet des médailles de la
Bibliothèque impériale.
On a longuement discuté sur lépoque à laquelle les médail-
lons contorniates ont pu être frappés. Plusieurs numisinatistcs
ont pensé que ces médaillons, en tout ou en partie, sont con^
temporains des empereurs dont ils portent l'effigie, d'autres
BLLIi-TIN BIBUOGRAPHIQLE. 541
sont d*avis qu'ils ont été Tabriqués au xv* ou au xvi* siècle ;
mais cette dernière opinion ne repose sur aucune preuve.
M. Sabatier, après avoir rappelé ce qui a été dit h ce sujet, se
range à Tavis d'Eckhel , qui a décidé souverainement la ques-
tion. En numismatique^ dit Tillustre savant viennois^ In première
règle et le guide le plus sûr, c'est d'avoir égard à la fabrique (t
au style, a En effet, ajoute M. Sabatier, n*y a-t-il pas une diffé-
c rence bien marquée entre les monnaies d'Auguste et celles de
t Trajan , et cette différence n'est-elle pas encore plus sensible
• entre ces dernières et les monnaies de l'époque des Valenti-
a niens? Dès lors, comnoc le style et la fabrique des médaillons
a contorniates offrent tous les caractères artistiques de l'époque
« de Valentinien III^ les exemplaires aux effigies de Jules César,
a d'Auguste ou d'autres empereurs des premiers temps ne peuvent
i pas avoir été frappés sous leur règne. Mais ce qui prouve sans
« réplique quç ces monuments appartiennent bien à l'époque
f qui leur est assignée par Eckhel , c'est que dans les légendes
f qu'ils portent, on donne aux empereurs des attributs et des
c titres qails' n'ont jamais pris, et inconnus d'ailleurs de leur
f temps, o Ensuite l'auteur cite quelques attributs insolites,
quelques titres qui appartiennent aux bas temps, quelques noms
barbares, des fautes d'orthographe, très- fréquentes à l'époque
du Bas-Empire, et enfin il arrive à cette conclusion, c'est que
l'émission des contorniates doit être fixée entre le règne de
Gratien et celui d'Anthémius (375 à 47!2); Anthémius est le
dernier empereur dont J'effigie parait sur les contorniates
(pi. Xn,nMi).
A la suite de ces appréciations sur l'âge des contorniates,
vient une liste intéressante de sujets du cirque et de l'amphi-
théâtre, représentés sur des pierres gravées antiques. Et comme
ces sujets sont traités de la même manière sur les contorniates
et sur certaines pierres gravées, M. Sabatier conclut de ce rap-
prochement que ces monuments, quoique de genres divers, ap-
IMirtiennent, les uns aussi bien que les autres, à la même époque,
f*'i>st-à-dire à celle du Bas-Empire. Un camée du Cabinet des
242 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
médailles ; publié par Caylus (Recueil d'antiquités, U I,
pi. LXXXVI, 2.— Cf. Chabouillel, Catalogue des camées, pierre»
gravées et antiques de la Bibliothèque impériale ^ v^ 238), rend
<iQ rapprochement évident. On y voit Néron, la télé radiée, de-
bout dans un quadrige et tenant le sceptre et la mappa circenm.
En haut on lit : NCPON ArorCTC.
Nous avons déjà dit que le plus grand nombre des sujets re-
présentés sur les médaillons contorniates se rapportent aux jeu&
du cirque et de Tamphithéàtre. Néron et Trajan déployèrent une
grande magnificence dans les jeux publics , et a voilà pourquoi
a sans doute , dit M. Sabatier, les médaillons aux effigies de
4 Néron et de Trajan scmt beaucoup plus nombreux que les
a autres Le peuple romain n'oublia jamais que Néron avait
a institué les jeux quinquennaux, que Trajan avait considéra-
a blement agrandi le cirque, et que les jeux parthiquesoxx triom-
a phaux avaient été célébrés de son vivant ou après sa mort. •
Afm d'éviter des répétitions fastidieuses , l'auteur n'a pas jugé
à propos de faire graver, à côté de chaque revers, Teffigie re-
présentée au droit , surtout pour les têtes d'Alexandre, de Néron
et de Trajan. Les pi. I et II donnent les diverses manières de
figurer ces têtes.
Passons aux divisions de Touvrage.
Jeux publics du cirque et de V amphithéâtre.
Les pi. III à X reproduisent les sujets des jeux, les combats
des gladiateurs, les représentations sccniques.
On sait que les jeux publics faisaient partie du culte religieux
chez les anciens. Si, sous les premiers empereurs, les jeux, les
combats de l'amphithéâtre avaient une importance bien grande,
à Constantinople le peuple n'y attachait pas moins de prix.
M. Sabatier a réuni quelques faits intéressants, rangés par
ordre chronologique, et qui donnent une idée de la passion
désordonnée des habitants de Byzance pour les jeux et les corn-
bats du cirque, depuis répoqi:e de la translation du siège de
l'empire jusqu'à la prise de la ville par les Croisés. Les jeux
publics étaient devenus pour la multitude un vrai besoin* Ce fut
BULLETirV BIBLIOGRAPHIQUE. 2A3
an cirque et à rhippodrome que s'accomplirent un grand nombre
d'événements politiques de cette époque de troubles incessants.
Plus loin (p.U)j Panteur donne des détails sur Tinstitution
des jeux, sur les diverses espèces de jeux, sur les cirques, les
hippodromes , enfin sur tout ce qui se rattache aux jeux et aux
spectacles. Si Ton y joint ce qu'il dit sur les combats des gla-
diateurs (p. 53 ) et sur les représentations scéniques ( p. 68 ) , on
aura une idée exacte de tout ce qui se rapporte aux jeux publics
cbes les Romains et les Grecs du Bas-Empire.
On lit aussi avec intérêt un travail sur les noms des chevaux
et des auriges. Un marbre célèbre, publié par Onofrio Panvini
(^Lmdi cireenses, l, c. 13, Padov.^ 1647, in-folio), nous a trans-
mis les noms de cent vingt-six chevaux , les noms des auriges et
le nombre des palmes qu'ils ont obtenues. Les Grecs aussi bien
que les Romains étaient dans l'habitude de donner des noms
à leurs chevaux.
Les légendes gravées sur les contomiates peuvent être lues,du
moins la plupart; cepeodant il reste un certain nombre de mots
qui jusqu'ici résistent à toute interprétation , par exemple NVS
MACœN, MONIMVS, pi. XVI, n» S.
PI. III, n^" 8. Les mots MVS, ALLIGER, gravés à l'exergue,
doivent être séparés ; ce sont les noms de deux chevaux.
Les mots IN PRASINO et AN VENETO à l'exergue (pi. Ill>
n** 9 et 10, et pL IV, n*" 2 ), indiquent, comme Ta fait observer
M. Sabatier, les factions auxquelles appartiennent les auriges
vainqueurs. Les concurrents^ dans les jeux du cirque, étaient
divisés en quatre factions, distioguées par la couleur de leurs
habits 9 alba, la blanche, russata, la rouge, veneta, la bleue,
//ranna^ la verte. Les auriges Eustorgius et Domninus appar-
tenaient aux factions verte et bleue. Une belle mosaïque décou-
\erte à Lyon et consen^ée au Musée de cette ville montre les
concurrents divisés en quatre factions, chacune distinguée par
sa couleur particulière. Voir Artaud, Description d*uiu mosaïque
représeniant des jeux du cirque ^ découverte à Lyon. Lyon, 4806,
in-folio.
'2hà BULLETIN* lUULlOGRAPHIQUE.
PI. m, n« 15. EVTVMI VINICAS [sic), au revers du buste
d'Honoriiis. M. le duc de Blacas possède un médaillon contor-
niate, également à reflSgie d'Honorius, portant le nom d'un
autre vainqueur : ARTEMI VINCAS, et à Texergue le nom de
deux chevaux.. . NDATOR,PENNA. Eckhel (D. iV., VIII, p. 293),
d'après la description du Musée Tiepolo{t. II, p. 824), lisait :
IMPERATOR, PLENA.
PI. IV, no 6. Le médaillon à l'effigie de Valentinien III porte
au revers le nom de Taurige vainqueur BONIFATIVS, et à
Texergue les noms des quatre chevaux, écrits eu monogrammes.
M. Sabatier interprète ces monogrammes par ASTVR, VSTOR,
GARVS, CASTOR. Cette pièce se trouve au Cabinet des médailles
de la Bibliothèque impériale. Après un nouvel examen et après
plusieurs tentatives infructueuses, qui m'avaient donné la leçon
TARANVS pour le premier monogramme et celle de CARVS
pour l*i troisième , je crois devoir adopter, sans hésitation , la
lecture proposée par mon savant ami, M. Adrien de Lôngpé-
rirr, et je lis les quatre monogrammes AMATOR , TYRIVS,
CERVVS, CASTOR. Les noms des quatre chevaux de Taurige
Eugenius se lisent en toutes lettres sur un autre médaillon
(pi. IV, n' 5) : SPESIOSVS, DIGNVS, ACHILLES, SIDEREVS.
Quant au nom de Boni face , plusieurs numismatistes avaient
voulu reconnaître dans le personnage placé sur le char le comte
Boniface, préfet d'Afrique sous Honorius. Cette explication
inadmissible a été rejetée par M. Sabatier (p. 39), d'accord avec
Eckhel (/>. yV., VIII, p. 293).
Le mot TVRIFICATORAS, pi. V, n" 12, est le nom d'un
cheval. Eckhel (D. N., VIII, p. 290) n'avait pu le déchiffrer
complètement; l'exemplaire ou le dessin qu'il avait eu sous les
yeux ne donnant que TVRIE..CAT.
Le monogranune placé dans le champ derrière le buste de
Taiirige (pi. VI, n* i\) ne doit pas se lire THRAX,mais
TAVRISCVS, d'après M. de Longpérier. En vïïei, Tabsence
des lettres H et X no permet pas d'y retrouver le mot Thrar.
BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE. 2i5
Tauritcus est le nom de Taurige, tiré de son pays ; les Taurisques
passaient pour d*habiles écuyers.
Je lis la légende peu correcte du médaillon de la collection
de M. Gonzaiès, pi. X, n' 2, EVG. VCAS, pour EVGENl VINCAS,
L'athlète Filinus figuré sur le médaillon, pi. X, n"" 3, ne peut
pas être Tathlète Philinus de Cos dont parle Pausanias (VI,
17, 1 ), mais un athlète qui portait le même nom et qui vivait
à l'époque du Bas-Empire.
Avec la pi. XI commencent les sujets mythologiques. Il y en
a quelques-uns de fort curieux, comme je l'ai déjà dit plus
haut Un des plus intéressants et qui se rattache aux traditions
religieuses sur Toriginc de la ville de Rome est le sujet d'un
médaillon du Cabinet des médailles (pi. XIII, n"* 5). Au revers
de la tête casquée de Minenc ou de Rome , on voit BercuU
assis sur le mont Avcntin , ayant à côté de lui sa femme, Borna,
fille d'Évandre (Serv. ad Virg. ^n.^ I, 273). nommée Di/na
par Denys d'Haï icarnasse (i4n^/?om., I, 32). Aux pieds des
deux personnages on voit un petit cochon, animal particulière-
ment consacré à Hercule (Raoul Rochette, Mon. inédits, i>, 45)
et qui servait dans les expiations , et de chaque côté du rocher
sur lequel sont assis Hercule et Roma , un bœuf accroupi. Ces
deux bœufs rappellent le troupeau volé par Cacus, dont la
caverne était au pied du mont Aventin. On peut voir sur ces
traditions un ai*ticle que j'ai publié dans la Bévue numismatique,
année 1849, p. 325 et suiv., te Géant Valens.
PI. XII ^ n" 4. Vulcain assis devant le bouclier d'Achille, qu'il
vient d'achever. Cette excellente explication appartient à Ch.
Lenormanl. Voir Bévue numism., 1840, p. 309 et suiv.
PI. XII, n* 8. Les neuf enfants qui accompagnent le Nil font
allusion aux coudées de sa croissance^ nécessaires h la fertilisa-
tion de rÉgyple. Voir Visconti, Mus. Pio Clem,^ tom. I,
Uv. XXXVII.
PL XII, n* 11. Eckhel (D. N.. VllI, p. 283) n'ayant eu
connaissance que de l'exemplaire du médaillon h l'efiigie d'An-
théniius décrit par Tanini (p. 373], où Ton ne lisait que ....ILOS
1861.— 3. IB
246 DL'LLrriN ninuocRAPHiQUE.
HERACLFXS, avait cru reconnaître le jcnne Télèphr, dans Ten-
fanl porté sur le bras d'ILTcule. Le sujet offre beaucoup plus
d'intén^t et montre la persistance des croyances païennes et dos
traditions religieuses jusqu'à la dernière moitié du v* siècle,
Anthémius prit le titre d'Auguste en 467, et fut assassiné à Rome,
par l'ordre de Uicimer, l'an 472, IPODROMOS HERACLEOS,
Hippodromus , fils d'Hercule , était désigné comme le protecteur
naturel de ceux qui disputaient le prix dans les jeux bippiques,
dans les luttes de Tbippodrome. Mais quel est cet Hippodromus?
Apollodore (11, 7, 8) est le seul auteur qui nomme ce fils
d'Hercule et d'Antbippé, une des cinquante filles de Tbestius.
A la page 88 commence la troisième division de l'ouvrage :
Sujets ef personnages héroïques et historiques. Plusieurs des types
rangés dans ce cbapitre auraient pu être placés au nombre des
sujets mylbologiques.
Sur la pi. XUI, u** 17, on voit Ulysse attacbé sous le bélier et
sortant de la caverne de Polypbème. Le nom d'OLEXlVS est une
forme du nom Ulysses, Oouaacu;, que l'on trouve écrit Ulyxes et
liixes, et Uihuze sur un miroir étrusque (Gerbard, Etruskische
S piegel yTaL CGXL). C'est aussi l'explication que donne M. Tabbé
Greppo, dans un remarquable article publié dans la Itevue nu-
mismatique ^ année 1840, p. 91. Sur un autre exemplaire, pro-
bablement mal conservé , de la collection de M. le niarquis de
Pina, M. l'abbé Grrppo (/. cit. y p. 90) avait cru lire SALVS
AVG. Quant à Eckliel [D. A\, Vlll, p. 300), qui n'avait eu à
sa disposition qu'un exemplaire fruste ou un mauvais dessin, il
avait simplement aperçu un bélier placé devant un autel, et il
n'ajoute aucune remarque au sujet du nom qui est écrit autour.
PI. XV, n'»8 et 9. ANTiNOû llANl. Buste d'Antinous, le pedum
sur l'épaule. Le favori d'Hadrien est figuré ici avec les attributs
du dieu Pan, avec lequel il est identifié.
Près du buste d'un personnage imberbe, à cheveux abondants
et bouclés, on lit le nom de BETOVRIOC (pi. XVI, n** 5). L. ou
T. Veturius est nommé par Lampride ( 5>i^. yl/cx.,3) comme
un des précepteurs de l'empereur Sévère Alexandre. Il serait
BULLETIN BlBLIOCnAPHlQUE. 2A7
{X)ssible que ce personnage , comme tant d'autres , rùt été re-
présenté sur les conlorniates.
La quatrième di\i$ion, Types monétaires on sujets analogues
aux revers de quelques monnaies romaines, est destinée, comme
l'indique le titre, aux sujets repiésentcs sur des monnaies qui
avaient eu cours à l'époque du Haut-Empire. Plusieurs de ces
types monétaires auraient pu trouver plare, les uns parmi les
jeux, les autres parmi les sujets historiques.
PI. XVlll, n'^S. EDICTPATHror KA.AlCIMOr PE 11 faut lire
sans doute nE[pYa[X£va>v] , comme sur le médaillon à Tf ftit'ie
d'iEHus César frappé à Pergame et décrit par Mionnet,V,
Suppl., p. 437, n* 984.
La cinquième division de Touvragc (p. 1*2*2; e.>t intitulée:
Sujets inconnus ou d*une explication difficile.
Dans toutes les séries numismatiques il reste uiuî cortaiiie
quantité de pièces indéterminées et qui résistent à tout ost^ai
d'interprétation. Heureusement M. Subatier n'a relégué dans
celte classe qu'un très-petit nombre de types, vi parmi ces
types il y en ai plusieurs pour lesquels il propose des ex|)lica-
tions satisfaisantes; par exemple, pi. XIX , n" 7, c'est évidem-
ment l'intérieur d'un atelier monétaire que Ton a sous les yeux,
et cette explication ne peut laisser rien à désirer. Quant au ty|)o,
pL XIX, n* 9, où M. Sabatier croit voir les apprêts du supplice
de Marsyas , l'interprétation est ingénieuse , mais on pourrait y
(kire des objections. La femme éplorée assise devrait être la
personnification de lu Phrygie; il lui manque pourtant l'at-
tribut le plus caractéristique, le bonnet phrygien. On pourrait
penser à la nymphe locale, celle de YAulocréné ( Piin., //. iV.,
V,29, 29. — XVI, 44, 89), figurée sur quelques vases peints
qui montrent la lutte musicale d'Apollon et de Marsyas ( voir
Élite des monuments céramograph.^ t. H, pi. LXVII et LXX), et
alors rien n'empêcherait d'adopter l'explication de M. Sabatier.
218 BULLETIN BIDLIOGBAPHIQUE.
Recherches sur les moDoaies des comtes de Namur, par
Renier Ghalon , membre de l'Académie royale de Bel-
gique. Un vol. in-4**. Bruxelles, Hayez, 1800, 22 pi.
Les monnaies du moyen âge abondent en Belgique, où la
centralisation gouvernementale n'a pas, comme en France,
restreint les ateliers féodaux dès le xii« siècle. Nulle part
non plus la collection n'a été poussée avec pkis d'ardeur,
ni la publication organisée avec plus d'ensemble. A peine
créée en 1842, la Société numismatique belge demandait à ses
membres une série de monographies et publiait elle même
d'utiles catalogues. Cette initiative a porté ses fruits, et le temps
n'est pas éloigné où nos voisins posséderont Thisloire moné-
taire détaillée de chacune de leurs provinces en beaux volumes
de même format, avec planches également bien faites» Un te)
concert eût été précieux en France ; mais nos province^ étaient
trop nombrci4ses et trop éloignées pour qu'il pût s'établir.
M. Renier Chalon est le président de la Société numismar
tique belge; il devait l'exemple et a su le donner. Tout le monde
connaît les travaux qu'il a consacrés au Hainaut; aujourd'hui
c'est le comté de Namur qu'il aborde.
Ce nouvel ouvrage, imprimé dans le trente-deuxième volume
des Mémoires de l'Acadétnie royale de Belgique^ contient
li8 pages in- 4» et 22 planches gravées sur pierre ^ 11 est à re-
gretter qu'un motif d'économie ait empêché d'y joindre les^
nombreuses pièces justificatives réunies par l'auteur.
Le comté de Nannir correspond au Pagus lomacensis. Deux
châteaux d'origine romaine, Namur et Dinant sur Meuse, qû
ont eu des forges monétaires au temps des Mérovingiens et
des Garlovingiens ', ont dû jouir du même privilège sous les
princes de la maison de Saxe et, lors du morcellement de
* Soixante-quinze exemplaires seulement sont en Tente chez Angnsta Deeq,
a Bruxelles, et chez Ilollin et Feuardent» à Paris.
' Je profite de cette occasion pour mettre tons les jeux dm lecteurs de U
lULLETUf BIBUOCBAPHIQOE. 2à9
Tempire^ sous les premiers comtes de Lomme. Les bénéfices
de la monnaie formaient en effet à cette époque une des prin-
cipales branches du revenu, et chaque administration, dès
qu'elle devenait autonome^ s'empressait d'y avoir recours.
Néanmoins on n'a retrouvé jusqu'à ce jour aucune monnaie au
nom des Otton et des Henri, et ce n*est qu'à Albert lU ( 1037-
1105] que commence la série baronale donnée par M. Chalon^
Viennent ensuite, comme localités monétaires, la ville de
Boavî^es, sous Guillaume I*' ( 1337-1391 ); la forteresse de
Viesville, vers la même époque, puis Poil vache ou Méraude^
en i342« Après avoir nettement esquissé l'histoire de ces
divers ateliers et expliqué comment les pièces qui portent Fi7-
lensii, de nova villa ou de neuve ville ^ ont été fabriquées dans
un faubourg de Namur, incorporé au xiv* siècle dans l'enceinte
de la ville ^ l'auteur aborde un côté technique trop souvent né-
gligé^ le système monétaire suivi aux diverses époques. Les
premières espèces baronales du comté de Namur furent des
deniers d'argent du poids des deniers impériaux, avec l'obole
pour seule fraction. Puis ces deniers allèrent en diminuant ,
on croquis, fait malheureiisenieDt fort à la hftte, d'un denier inédit de
Ghirlefflflgne , trou?é en 1860 aux enTirens de Tours.
Cette beUe pièce, que M. Porcher a bien voulu me céder, a été égarée avant
%ue je TenBM dessinée moi-même. On y Ut HAMV ou plutôt NAMV.
* Toutes les pièces du temps d'Albert III ont été exhumées , non en
Belgique, mais en Danemark , en Suède et en Russie. Ce n'est pas la première
fois que Ton a occasion de signaler ce phénomène de la présence dans le
Nord des monnaies frappées au x* siècle et au commencement du xi* dan»
Tancien royaume de Lorraine. Une partie des plus anciens deniers de Verdun
st de Metz n'ont jamais été rencontrés qu'en Pologne et en Danemark. Le»
Danois et les Scandinaves , après avoir pendant près d'un siècle enlevé de
^Te force et transporté, chez eux le numéraire de la Belgique, avaient , par
^es tributs et peut-dtre par le commerce , maintenu assez longtemps encore le
; étftbtt.
250 BULLETIIH BIBLIOGRAPHIQUE.
et se réduisirent , sous les derniers princes des maisons de
Hainaut et de Courtenay, au module de la menue monnaie
usitée alors dans les pays voisins. On revint à la forte monnaie
sous Gui de Dampierre, par l'émission de doubles tiers du
gros tournois de France. Au xv* siècle, Namur, comme les au-
tres provinces, se confondit dans Tunité de système et de type
inaugurés par le duc Philippe le Bon.
La série monétaire namuroisc ne s'arrête qu'au xviu« siècle,
lors de la cession que Maximilien- Emmanuel lit du comté à
l'empereur, le l** décembre 1714.
M. Chalon indique Torigine des noms vulgaires donnés à la
monnaie de Namur dans les anciennes criées y tels que wihoiSy
blaffarts ou tarelares , jolijs^ timbez^ heaumeZy borghes- mûtes ^
délivretésy kamahus et hardis. Les poissons j qwQ les amateurs
namurois ont longtemps placés en tête de leurs desiderata, n'ont
jamais existé ; le Père de Marne, qui avait répandu cette erreur,
avait lu dans un ancien contrat monétaire visches au lieu de vies
gros. Quant à l'assertion des chroniqueurs au sujet d'un navire
qu'aurait représenté la monnaie des comtes, l'auteur ne se donne
pas la peine de la réfuter. Je pense qu'on avait retrouvé à Namur
et considéré comme monnaies locales des deniers carlovingiens
au type de Duerstède , ou même des quarts de slatère gaulois,
assez communs dans l'ancienne Belgique , sur lesquels on voit
une image ressemblant à une embarcation matée et gréée.
Enfin on doit à l'auteur des transformations de la monnaie
de compte en monnaies réelles ; ce sont d'excellents exemples
d'une sorte de calcul qui n'est pas sans difficulté et des points
de repère précieux pour tous ceux qui s'occupent des stipula*
tions du moyen âge.
Les médailles portent dans le texte le même numéro d'ordre
que dans les planches , ce qui facilite les recherches; leur des-
cription, sobnî et concise, marche rapidement, sans aucune
digression. J'aurais aimé, pour ma part que le savant médaiJ-
BL-LLETIX BIDUOGRAPnrQUE. 251
liste se fût quelquefois éloigné des formes d'une description
didactique pour s'arrêter avec plus de complaisance sur le
type, le faire, l'aspect et le cachet arlistiques des spécimen
les plus importants et les plus rares. Ces développements ,
s'ils ralentissent la marche de Touvrage, s'ils donnent à
rimagination une part trop grande peut-être, ont l'avantage
de reposer le lecteur et de Tinstruire tout en flattant sa
passio». H y a, dans la riche série des monnaies de fiamur,
des pièces uniques ou très-rares qui sont justement de la nature
de celles que les gens du métier aiment à contempler à loisir et
à étudier sous tous les points de vue; je citerai, outre les va-
riétés d'Albert lll , les numéros 20, de Godefroy ; 23, 25 et 26 ,
de Henri l'Aveugle-, 52, oi, 58, 66 et 67, de Gui de Dam pierre y
68, 75, 7a, 81, 82, 84, 87 et 88, de Jean l'' ; 91, de Jean II ;
96 et 97, de Philippe III ; 98, de Marie d'Artois ; 1 H , 1 14, i 15,
117, 118, 119, 148, 149, 151, 153, 154, i56, 157, 159, 161, 162,
170 et 171, de Guillaume I*'-, 192 et i93, de Jean lll; 205, de
Philippe le Bon , et enfin 206, 209 et 2i0, de Philippe le Beau.
Je n'ai à parler des attributions proposées par M. Chalon que
pour en constater la solidité. Je lui demande cependant la per-
mission d'élever quelques doutes au sujet du denier de Godefroy,
n* 21, qui ne porte point de légende, et dont le type, bien
que tout guerrier, n'est pas sans exemple dans les évéchés de
l'empire. Ce denier ne doit être rangé , à mon avis, dans la série
namuroise que sous bénéfice d'inventaire, ainsi que le fait lui-
même l'auteur pour les monnaies classées à Beaudoin V. Je
crois aussi qu'il est contestable que la monnaie noire , n* 201 ,
aux initiales FL, soit de Jean lll ( 1418-1429), et porte à la fin
de sa légende le numéro d'ordre de ce prince, iertius, écrit par
trois unités.
En résumé, la monographie des comtes de Nanuir est un ou-
vrage qui datera dans la science , et que nous ne saurions
trop recommander aux amis de la numismatique et de l'histoire.
Cu. RORERI.
CHRONIOUE.
NÉCROLOGIE
La science vient de faire une grande perte : Joachim Lelewel
est mort à Paris le 29 mai dernier, à Tâge de soixante-seize ans.
Ancien professeur d'histoire à l'Université deWilna, membre
de plusieurs sociétés savantes en Europe et en Amérique, au-
teur de nombreux ouvrages d'histoire, de géographie et de nu-
mismatique, son nom était connu dans le monde entier.
Nous ne rappellerons ici que deux de ses plus importants ou-
vrages numismatiques :
1* Numismatique du moyen âge. Paris et Bruxelles, 1835,
2 vol. m-8" et atlas in-4^
2*" Études numismatiques et archéologiques. Type gaulois au
celtique, Bruxelles, 1840, 1 vol. in-8° et atlas in-4'.
C'est à Joachim Lelewel qu'est due l'impulsion donnée ft
l'étude de la numismatique gauloise; c'est grâce à ses travaux
que cette étude a fait d immenses progrès, surtout depuis b
fondation de la Bcvue numismatique. MM. de La Saussaye,
de Saulcy, de Longpérier, Duchalais et tous les numismatistes
qui se sont occupés de cette branche de la science , rendent
hommage au savoir, à la pénétration et à la profondeur de vues
de l'illustre savant polonais. Le recueil de planches qui accom-
pagne son étude au type gaulois est un modèle de fidélité et
d'exactitude ; les monnaies gauloises y sont reproduites avec le
caractère et le style qui leur sont propres; l'illustre savant lui-
môme a gravé ces belles planches.
Le dernier travail numismatique de Lelewel a été publié dans
\dL Bévue de 1860.
Depuis nombre d'années Joachim Lelewel vivait d'une manière
très-retirée à Bruxelles^ où il était venu se fixer. Il entretenait ce-
pendant encore une nombreuse correspondance, et quoique ac-
cablé d'une infirmité grave (il était atteint de surditéL il recevaîfl
avec une grande bienveillance et une grande cordialité la visité
de ceux qui s'intéressent aux éludes historiques. Sa mort a vi-
vement impressionné tous ceux qui l'ont connu.
J. W.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
MONNAIE DE PLOMB D^ALISE.
Notre savant confrère M. de Saulcy a bien voulu me charger
de présenter à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 19 avril) , un monument extrêmement intéressant
qui venait d'être découvert à Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or),
au point le plus élevé du mont Auxois, appelé la Porte; c'est
une pièce de plomb trouvée dans les fouilles faites par
M. Philibert Beaune, maire de Yesvre, antiquaire dont le
lèle n'a d'égal que cette vive intelligence qu'il consacre de-
puis si longtemps à l'avancement de notre archéologie na-
tionale. La pièce que j'ai eu l'honneur de mettre sous les
yeux de mes confrères est un plomb de moyen module au-
quel le temps a donné une inimitable patine cornée^ garantie
d'authenticité, et de conserA'ation pour l'avenir. Elle pré-
sente, d'un côté, Mercure aptère, nu, debout, tourné à
gauche, placé sous un édicule à deux colonnes, portant sur
le bras gauche un caducée , tenant une bourse de la main
1861. — 4. 19
25i MÉMOIRES
droite, accompagné d'un coq, et au revers un raaieau en-
touré de la légende circulaire ALISIENS {Alisiensium) .
I^es caractères de la légende se rapportent à une époque
avancée du haut empire. La médaille forme donc une sorte
de chaînon qui relie la belle inscription de Martial fils de
Dannotal, en langue gauloise,
MARTIALIS,DANN0TAL1
lEVRV.VGVETE.SOSIN
GELIGNON ETIG
GOBEDBI.DVGiIoNTiIo
VGVETIN
IN ALISiIA'
aux tiers de sou mérovingiens sur lesquels on lit ALISIA.
Elle montre l'importance de la cité mandubienne plu-
sieurs siècles après Jules-César; elle appelle aussi notre
attention sur le monnayage des Gaules entre le règne du
premier Glaude et celui de Postume. L'apparition de ce
monument numismatique d^une nature si nouvelle m'a tout
naturellement porté à rechercher s'il n'existait pas d'autres
plombs qui pussent être rangés dans la série récemment
ouverte, et je me suis rappelé que Ficoroni, dans l'ouvrage
intitulé Ipiombi antichi (Rome, 1740, part. 2, pi. 6, n*» 6
et 10), a publié deux pièces au type de Mercure dont il n'a
donné aucune explication.
* Voy. Rossignol, Ét%tde sur unt campagne deJules César, I856^p 113, etp.lll,
nne antre inscription gauloise : DOIROS.SEGOMARI.IEVRV.ALISANV.
II ne faut pas confondre le double I d'ALISiïA avec TE à deux jambages. J'si
dî\ià fait une remarque au sujet de ce double il, Revue num., 18.56, p. 79, note.
ET DISSERTATIONS. 255
Sur Tune de ces pièces on remarque les caractères ALS,
maires lectionis^ du nom des AlisiensS sur Tautre un A
seul; on voit en outre que leur module est différent et plus
petit que celui du plomb recueilli à Alise-Sainte Reine. Les
trois pièces pourraient donc former une série dans laquelle,
comme sur les monnaies de beaucoup de villes grecques, le
degré d'abréviation de la légende se rapporte aux divisions,
au poids des flans métalliques.
Si nous n'étions pas en possession d'une pièce à légende
aussi explicite, je n'oserais pas chercher une origine gau-
loise pour les plombs de Ficoroni, car outre la ville
d'AIsium en Étrurie, il existait un certain nombre de noms
d'hommes commençant par ALS. C'est ainsi qu'une inscrip-
tion de Milan nous donne le nom de Quintus Alsutius %
que nous trouvons une Alsia Postuma ' dans une inscrip-
tion du Frioul , et qu'une monnaie de Césaraugusta porte
le nom du duumvir Gains Alsanm *. Je ne parle pas de
YAlsan des médaillons contorniates , parce que notre colla-
borateur M. Sabatier a corrigé la lecture des anciens auteurs
et montré que le nom est écrit BALSA N *.
Hais si un très-grand nombre de plombs antiques portent
des noms d'hommes plus ou moins abrégés, quelquefois
complets, il en est d'autres sur lesquels on lit ROM. , CVM. ,
YEST., HIM., CORINT., ATH., LVC, NAR. . CARN V. , et qui
peuvent être attribués à des villes ou à des peuples. C'est
une question à examiner, à discuter, et qu'une découverte
* (Test ajDsi qne Bar ]«s monnaies impériales le nom ^e Londiniam est in-
diqué par LN, et celai de Lugdnnam par LG, Arelatum par ARL, Mcdio-
lannm par MD, Ravenna par RV, Carthago par KRTG, Sicilia [ar SCL.
« Grater,CCCU.7.
» Grnter, DLI, 3; MXXXH, 3.— Moratori, DCCCXXXII, 3.
* Fierez, Medallas de Espaha, t. I, p 208, et tabl. VI, n* B.
» Description générale des méd. contorniates, p. 45.
256 MÉMOIRES
inattendue comme celle du plomb d'Alise pourrait tout à
coup éclaircir. L'éveil donné, les antiquaires chercheront
sans doute dans les médailliers qu'ils ont à leur disposition
des plombs à légendes géographiques.
l'ai donné le nom de monnaie à celui que M. Beaune vient
de nous procurer si heureusement. Ceci repose sur l'étude
d'autres plombs découverts dans le Sérapeum de Memphis et
que je ferai bientôt connaître. On pensera sans doute aussi que
si les trois pièces au type de Mercure debout sur lesquelles
on voit ALISIEiNS, ALS et A forment une seule série présen-
tant des poids et des modules différents, on n'aurait pas lien
de les considérer comme des tessèreSy puisque l'emploi, la
valeur représentative de ces dernières était indiqué par
^es marques numérales, par divers signes, et non par les
dimensions du métal.
Adrien de Longférieb»
tT DISSERIATIONS. 257
ESSAr
SUR
LES MÉDAILLES DE LA FAMILLE DE GALLIEÎV.
( P). Xll. )
Valeriani fiHutn, tôt principum patrem e1 fratrem,
(TUBBBLUUS POLLIO.)
Si la numismatique romaine du Haut-Empire, malgré
les travaux de tant de savants distingués , malgré Tabon-
dance des monuments en tout genre , malgré le secours si
puissant des historiens , présente encore quelques obscu-
rités , la numismatique du Bas-Empire et des temps qui en
approchent , qui est loin de réunir les mêmes avantages,
laisse plus d'un point à éclaircir, plus d'une lacune à
combler.
Au nombre des questions qui, dans l'étude de cette
période , ne nous paraissent pas avoir reçu une solution
satisfaisante» nous placerons celle qui se rapporte à la
famille de Gallien.
Cette famille était nombreuse. Gallien lui-même nous
l'apprend. Ce prince écrivait à Celer Yerianus : « Il faut
tuer quiconque a mal parlé de moi, du fils de Valérien^
du père et frère de tant de princes \ »
1 Occidendus est quiciuiquo maie dizit contra mo, oontra Valcriaui Gliuia,
«ontra tôt prinripum fnfrfm tt fratrem. (Trebellîus Pollio. )
258 MÉMOIRES
Toute cette famille , d'après la plupart des historiens,
et à en croire les numismatîstes modernes, se concentrerait,
pour la descendance directe masculine, dans un fils, du
nom de Salonin , auquel on adjoint , sans s*en rendre bien
compte , un frère , sous le nom de Q. Julius Gallienus.
Pour la descendance féminine, on cite, en passant, d'après
une inscription donnée pour antique , une Julia , et si Ton
en croit les Actes des Martyrs, une seconde fille du nom
de Galla.
Quant aux frères de Gallien , le nom de Valérien Jeune
est arrivé seul jusqu'à nous.
Tout le reste est inconnu.
Quels sont les membres de cette famille pour lesquels on
ait frappé des médailles ; qui aient eu droit à y prétendre?
questions longtemps débattues , encore incertaines » selon
nous.
Dans l'état actuel des connaissances numismatiques » de
toute cette famille de Gallien, un fils, le Salonin des histo-
riens et des numismatistes , aurait eu seul des médailles à
son nom et à son effigie *• Il a fini même, sur l'autorité
d'Eckhel, par absorber toutes celles qu'on avait attribuées
jusqu'^à lui au frère de Gallien , connu sous le nom de
Valérien Jeune.
Tel est le dernier mot des numismatistes.
Quelque téméraire qu'il puisse paraître d'aborder des ques-
tions longtemps débattues par les hommes les plus habiles r
et jugées définitivement, en quelque sorte, par un des plus
illustres d'entre eux, Eckhel, dans son bel ouvrage , intitulé
Docirina nwnmorum^ nous avons pensé que, dans l'intérêt
* Nous laissons de côté, cela est bien entendu, la femme de Gallien, Saloniner
ilont les médailles sont bien connues , pour ne nous attacher qu'à la familU
Bii^me de cet empereur.
ET DISSERTATIONS. 25i>
de la science , il pouvait être permis de les soumettre à un
DOTxvel examen; car, hâtons-nous de le dire, elles ont
encore laissé quelques bons esprits en suspens, tant elles
sont enveloppées d'obscurité.
Ce n*est qu'après une étude longue et approfondie, que
ces questions » qui avaient toujours laissé du doute dans
notre esprit» nous sont apparues sous un jour nouveau,
et que nous nous sommes décidé à les traiter à notre
tour.
Si Ton demandait aux médailles seules , à leur étude
même la plus sérieuse » la solution des difficultés qu'elles
soulèvent» ainsi que cela s'est souvent pratiqué , on cour-
rait le risque de s'égarer dans ce labyrinthe. Faire un
appel aux seuls historiens pour en trouver la clé , ce serait
s'exposer aux mêmes mécomptes. Ce n'est qu'en s' ap-
puyant tout à la fois sur les monuments en tout genre^
médailles, inscriptions et autres, et sur les historiens, en
les combinant, en les rapprochant, en les expliquant les
uns par les autres , qu'on peut espérer apporter quelque
lumière dans un sujet si obscur, si difficile. Telle est la
marche que nous nous proposons de suivre.
Tout le monde sait que Gallien eut pour père Valérien.
Talérien, en mentant sur le trône impérial, assoôia à l'em-
pire Gallien et le fils aîné de celui-ci, le premier, sous le
titre d'Auguste, le second , sous celui de César : «Hic (Va-
lerianus) filium suum Gallienum Augustum fecit , Gallieni-
que filium Cornetium YaUrianum Cassarem ^ » A ces titres
était attaché le droit de monnayage ; peisonne ne le con-
teste. Nous n'avons pas à nous occuper de Gallien, venons
à son fils,
* Auri'lius Victor-.
260 MÉMOIRES
Là commence* chez les numismatistes « une confusion,
dans laquelle les historiens eux-mêmes n'ont pas peu con-
tribué à les jeter.
Au lieu de s'assurer si Gallien n'avait pas eu deux fils;
sur la foi des historiens , qui convenaient eux-mêmes de
l'incertitude où ils étaient plongés « ils ne lui en ont donné
qu'un seul, sous le nom de Salonin , rapportant à lui les
faits, les titres, tes médailles, dont un examen sérieux, dont
une saine critique leur eût fait faire deux parts.
En effet Gallien , ainsi que nous le démontrerons , avait
eu deux fils, associés successivement à lui ; tous les deux,
il est vrai, ce qui peut expliquer jusqu'à un certain point
l'erreur dans laquelle sont tombés les historiens, ayant
porté les mêmes noms , empruntés à leur grand-père Valé-
rien, à leur père Gallien et à leur mère Salonine, bien que
dominés toutefois par un surnom spécial.
Pour rétablir les faits et éclaircir tout d'abord l'histoire
monétaire du fils, nommé César par son grand-père Valé-
rien , nous devrons forcément faire marcher de front celle
du second fils ; elles sont liées l'une à l'autre.
Faisons d'abord un appel aux historiens.
Valérien avait porté la guerre en Perse, sous le consulat
de Tuscus et de Bassus ^ Après une campagne malheu-
reuse, il tombe dans les mains des Perses (258-250).
A la nouvelle de cet événement, sous le même consulat*,
comperla Vakriani clode, dit Aurelius Victor, Ingenuus, qui
commandait en Pannonie , se déclare empereur.
Son exemple ne devait pas tarder à être suivi par une
foule d'autres généraux, Postume, Macrien, Valons, Aureo-
* Ca«siodore.
« Idem,
ET DISSERTATIONS. 261
las, etc. Mais Postume devait les devancer tous: Primus
omnium imperiutn ieral ^ .
Tandis que Gallien était occupé à la poursuite d*Inge-
nuus, Postume, profitant de son éloignement, fait ou laisse
égorger le fils aîné de Gallien , qui lui avait été confié , et
se fait déclarer empereur dans la Gaule. Cet événement se
passsdt en 260 *.
C'est alors que Gallien, d'après le témoignage si précieux
d*Aurelius Victor, un des seuls historiens qui ait démêlé la
vérité, substitua son second fils à celui qu'il venait de per-
dre : « Gallienus quidem, in locum Cornelii filii sui,
SaUmianum alterum filium subrogavit. »
Gallien obéissait ainsi tout à la fois à un sentiment pa-
ternel et à une haute pensée politique. Assailli de préten-
dants à l'empire, aurait-il, après le meurtre de son fils
aine, laissé son second fils dans l'obscurité, proclamant
ainsi lui-même, en quelque sorte, la déchéance de sa race
aux yeux du peuple romain et de ses nombreux compéti-
teurs, lui qui leur résista avec tant d'énergie, quoi qu'on
en ût dit? Cela était impossible.
1 Aurelios Tietor.
* Poetome, qui mourut assasamé en 267, avait été mis dix ans auparavant,
en 257^ à la tête du gouvernement des Gaules , ce qui a fnit dire à quelques
bistoriens, Entrope en tSte, qu*il avait régné dix ans ; erreur que Postume lui-
même a pu accréditer, en faisant remonter, par exemple , à son entrée dans
les Ganles, dans Tintérêt de son pouvoir aux yeux des Gaulois, les années
au tribnniliat qn^il s*était arrogé. On connaît, en effet, de ses médailles à Tan-
notation de TR.POT.X.
Trebellina Pollion a très-bien expliqué que Postume n'a régné de fait comme
empereur qa*à partir du meurtre du fils aîné de Gallien : •• Gratanter acceptus,
talem se praebait per annos septem ut G allias instaura verit.->Per annos septem
imperavit, *• dit-il ailleurs. C'est donc bien à l'année 260, indépendamment des
autres témoignages historiques, que so reporte la mort du fils atné de Gallien
•t le règne de Postume.
262 MÉMOIRES
AÎDsi, voilà bien un second fils reconnu à Gallien. Cette
substitution entraînait avec elle le titre de César, et le droit
d'avoir monnaie à son nom : au fils aine avait succédé le
puîné, héritier du titre et des droits de son frère. Les
numismatistes doivent être forcés de le reconnaître.
Hâtons-nous de faire une remarque importante, celle du
nom distinctif, appliqué par l'historien aux deux fils ; celui
de Cornélius à l'aîné , au puîné celui de Salonianus , équi-
valent, sous sa plume, de celui de Saloninusy qu'il lui donne
plus loin.
Voilà donc le nom de Salonin , plus particulièrement
attribué au fils puîné de Gallien.
Âurelius Victor le confirme lui-même ailleurs, lorsqu'il
dit, en parlant de Gallien : «Cum Salonino filio, cui hono-
rem Caesaris contulerat. u En effet, en prononçant le nom
de Salonin, l'historien ne peut, n'entend parler que du fils
puîné, puisqu'il nous a appris lui-même que le fils aîné»
qu'il nomme Cornélius, tenait le titre de César, de son
grand- père Valérien.
Eckhel, qui veut qu'on lui prouve que le second fils de
Gallien a porté le nom de Salonin , n'eût-il pas été satis-
fait?
Mais suivons la marche des événements ; ils vont nous
apporter de nouvelles lumières.
Macrien, sous le consulat de Gallien et de Volusien *, au
commencement de l'année 261, se déclare empereur en
Orient. Il envoyé Pison, un de ses lieutenants, contre Valens,
lequel prend à son tour la pourpre, et met à mort Pison.
Cl Le 2ô juin , « die septimo Kalendas Julias » (261) , ra-
« conte Trebellius Pollion, lorsqu'on reçut la nouvelle que
* Trebellius Pollio.
ET DISSERTATIONS. 203
t PisoD avait été tué par Valens et Yalens lui-mèoie par ses
«soldats, Arellius Fuscus, personnage consulaire, qui,
« ayant succédé à Valérien comme prince du Sénat devait
fl opiner le premier, dit au consul : u Prenez les avis, » et
t lorsqu'on lui eut demandé le sien : « Pères conscrits, dit-
« il , je décerne à Pison les honneurs divins. Je ne doute
€ pas que les empereurs Gallien , Valérien et Salonin ne
« partagent notre avis : a Gallienum et \alerianum et Sa>
t loninum imperatores nostros esse confido ; » car il ne fut
■ jamais homme meilleur ni plus sûr. »
Ainsi, au mois de juin de l'année 261, on prononce, en
plein Sénat , le nom de Salonin comme étant celui d'un
associé à l'empire. Le fils aîné de Gallien n'existait plus ;
il avsdt été assassiné, l'année précédente, dans la Gaule.
C'est donc le nom de son frère, du second fils de Gallien,
qui est prononcé; nom sorti de la bouche d'un pei*sonnage
consulaire; nom compris, accepté par le Sénat de
Rome*
Nous nous croyons donc parfaitement autorisé à donner
au second fils de Gallien comme surnom propre et distinctif,
le nom de Salonin.
Que si, hésitant à nous donner raison contre Eckhel, il
pouvait rester encore quelque doute dans l'esprit des nu-
ffiismatistes touchant les denx fils de Gallien , hâtons-nous de
te lever en mettant sous leurs yeux le texte d'une inscrip-
tion découverte de nos jours à Sétif, en Algérie. Cette
msGription est ainsi conçue :
« Au divin César Publius Cornélius Licinias Valerianufr
« petit-fils de l'empereur César Publius Licinius Valerianus
«Auguste, fils de l'empereur César Publius Licinius Gai -
« lienus Auguste , frère de Publius Cornélius Licinius Salo-
« ninus , très-noble César Auguste , la colonie Nervienne
26A MÉMOIRES
« Auguste, Martienne des vétérans de Sétif. Par décret des
Cl décurions , des deniers publics. »
DIVO GAESARi
V CoRNELIO LICINIO VA
LERIANO NEPOTI
IMP CAES P LICiNii VALERiA
Ni AVG FILIO IMP CAES
P LICiNIi GALLiENi AVG FRA
TRI P CoRNELIi LICiNii SA
LoNiNi NOBILiSSIMi CAES
AVG
CoL NERViANA AVG MART
VETERANOR SITIFENS
DD PP '
Eckbel, à la lecture de cette inscription, n*eût-il pas
été le premier à reconnaître et à proclamer que Gallien
avait eu deux fils, ayant porté tous les deux les noms de
Publius Cornélius Licinius, avec le surnom distinctif,
l'aîné, de Valerianus^ le cadet, de Saloninus; que tous
deux avaient reçu successivement le titre de César» auquel
on avait ajouté celui d'Auguste pour le dernier?
Avant de passer en revue les médailles de ces jeunes
princes, afin de rendre cet examen plus sûr et plus facile,
il nous parait nécessaire de faire encore appel aux histo-
riens. Us vont nous fournir de précieuses indications.
Au moment où Valérien était entré en campagne contre
Sapor, expédition qui devait se terminer pour lui d'uni
façon si funeste, le Sénat, confiant dans la fortune de
aigles romaines et par flatterie pour son empereur, ^
* V(»y. Lctronno, Journal drs saiants. nnnOo 1R'47.~ L<5on Kcnier, /iwçt
lions de VAIgtrxt, p. 393.
ET DISSERTATIONS. 265
frapper des médailles à son eflQgie , au revers de la Victoire,
arec cette légende : VICTORIA PARTHICA. Des médailles
en argent , à la même légende , furent frappées en même
temps à Tefligie de Gallien et à celle du César, son fils aîné,
alors dans les Gaules sous la tutelle de Postume. Ces mé-
àûlles à Teffigie et au nom du fils de Gallien, n'ont pu être
frappées, en eflfet, que pour Faîne, puisque le puîné ne
fot substitué comme César à son frère qu'après la défaite
et la captivité de Yalérien. Il ne s'agissait plus alors de
victoire remportée sur les Parthes, ni de médailles à frap-
per pour en consacrer le souvenir ; les événements avaient
donné un cruel démenti à ce triomphe anticipé.
Ainsi , nous pouvons attribuer avec toute certitude les
médailles à tête juvénile portant le nom d'un fils de Gal-
Fien, au revers de la Victoire Parthique , au fils aîné de ce
prince; précieuse indication, qui va nous permettre de
recomialtre les traits et de constater les noms de ce jeune
César.
Nous trouverons le même secours dans une autre série de
médailles, que l'histoire nous met à même de lui attribuer ;
nous voulons parler des médailles au type de la Consécra-
tion.
Le Sénat, pour complaire à Gallien, avait fait rendre les
honneurs divins à son fils aîné, à la malheureuse victime de
Postume. Des médailles au revers de la Consécration furent
frappées en son honneur. Ces médailles, quoique rares en
grand et en moyen bronze , sont connues.
Le Sénat en fit-il autant pour le fils puîné, notre Salonin,
ce qui pourrait rendre douteuse l'attribution au seul fils
aine de ces mêmes médailles 7 On va en juger.
Gallien , huit ans après la mort tragique de son fils aîné,
meurt assassiné devant Milan, où il tenait assiégé Aureolus.
266 MÉMOIRES
Claude , alors auprès de Gallîeo , et qui prit la pourpi
à sa place, éciivit au Sénat pour réclamer en faveur <
son parent et bienfaiteur les honneurs divins. Le Sén
s'empressa d'acquiescer au désir de Claude : « Gallieno
subacti a Claudio patres divum dixere *. »
Les soldats de Gallien , en apprenant la mort de lei
empereur, avaient fait entendre des plaintes et des mu
mures. Les conjurés les apaisèrent avec de rargei
Presque aussitôt après, les soldats, des regrets passât
à Tinjure, et inscrivirent le nom de Gallien parmi cei
des tyrans : « Gallienum tyrannum militari judicio in fa
tos publicos retulerunt *. »
Le Sénat, à cette nouvelle inattendue, par mépris (
pouvoir tombé , et pour se faire pardonner sa premiè
flatterie , voua aux Dieux infernaux celui qu'il venait i
diviniser. Non content d'insulter à la mémoire de Gallie
le Sénat fit saisir ses gardes et ses proches, et les condanu
aux gémonies '.
Salonin, le second fils de Gallien, fut enveloppé d»
ce massacre : a Dès que le Sénat eut appris la nouvelle i
la mort de Gallien, raconte Zonare, il condam.na à mort
fils de Gallien \ occisus non sua sed patris ca%isa^ comn
* Aurelias Victor.
On cite nne ou deux médailles à la légende de DIVO GALLIENO, 1<
quelles, M elles portent bien Teffigie de Gallien et non pas celle de son fibali
ont dû Atro frappées dans ce premier moment.
» Trebellius Pollio.
' Senatus, comperto tali exitio, satellites propinqnosqne per scalas gôi
nias prœceps agendos decrevit. ( Anrelius Victor).
^ L^historieu ajoute : '« Le frère de Gallien. n II ne peut être ici qneatîoii
Vaterien Jeune^ qui périt, on le sait, devant Milan avec Gallien. L'bîstori
ferait-il allusion à un autre frère de cet empereur sur lequel Thistoire •
restée muette? Nous avons vu que Gallien avait en plusieurs frères : Tôt pr
rt/mtn fratrem. — Quum fratrum suor%»m filtos conjugaret , dit Trebellius Pollit
ET DISSERTATION^. 267
ledit Trebellius. On conçoit que le Sénat, à la suite de
cette exécution, ne dut pas être tenté de faire pour le fils
ce que, dans un premier moment de surprise, il avait fait
pour le père. Il est donc impossible d'admettre qu'il ait
rendu les honneurs divins, dont il était le dispensateur, au
second fils de GaUien, à Salonin, qu'il venait de livrer au
supplice.
n résulte de cette donnée historique, que les médailles
au nom et à l'image d'un fils de Gallien portant les sym-
boles et la légende de la Consécration , avec la désignation
de DIVO, et la mention du sénatus -consulte, S. C. ne
peuvent s'appliquer au second fils de Gallien, et qu'elles
appartiennent , comme celle à la légende de VICTORIA
PARTH1CA\ exclusivement à l'aîné.
Cherchons maintenant, passons en revue les médailles à
tête juvénile, au nom patronymique de Valerianus» aux
revers de la Victoire Parthique et de la Consécration ; nous
devons y retrouver les traits et les noms du fils aîné de
Gallien. Nous commençons à pouvoir marcher d'un pas sûr.
Légendes :
P. C. L. VALERIANVS NOB. CAESAR.
î^. VICTORIA PART.
P. Lie. COR. VALERIANVS CAES.
ê. VICTORIA PART.
C. P. L. VALERIANVS CAES.
È. CONSECRATIO.
C. P. Lie. VALERIANVS NOB. CAES.
H. CONSECRATIO.
DIVO VALERIANO CAES.
A. CONSECRATIO.
208 MÉMOIRES
DIVO CORN SAL VALERIANO.
lï. CONSEGRATIO.
C. P. Lie. COR. SAL. VALERIANO.
lï. CONSECRATIO.
Cette dernière médaille nous donne la série , à un nom
près peut-être , des prénoms, noms et surnoms du (ils aîné
de Gallien :
Caius, Publius, Licinius, Cornélius^ Saloninus, Vale-
rianus.
Le jeune prince tenait les trois premiers, Caius, Pu-
blius, Licinius, de son père, qui les portait; ceux de
Cornélius , Saloninus , de sa mère Comelia Salonina. Les
prénoms Caius , Publius et les trois noms sont dominés
par le surnom patronymique Valerianus, emprunté à son
grand-père \
* Nous retrouvons quelques-uns dt ces noms , mois toujours avee oeloî dt
Cornélius dans une inscription antique :
P.CORNELIVS SALONINVS
VALERIANVS NOBILISS.CAES.
( Muratori. )
Le nom de Saloninus vn disparaître dans une autre inscription, qui nons a ëté^9
conserTée par Gmter :
IMP. CAES
P.LICINIO CORNEL
VALERIANO NOBILISS
CAES. PRINaPI
IWENTVnS VLA
ET PONTES VETVSTA
CONLAPSA.RESTI
A N.D.M.P
U
Cc8 deux inscriptions appartiennent au fils aîné, à Conuhus Val»rianu$.
ET DISSERTATIONS. 269
Nous donnons le dessin de deux de ces médailles»
gui font partie de notre collection; Tune, au revers de
la Victoire Parthique; l'autre, au revers de la Consécra-
tion :
!• Au droit, tête juvénile radiée \ P. LIC. COR.
VALERIAXYS CAES.
Au revers , une Victoire ailée , tenant une longue palme
de la main gauche , présente de la main droite une cou-
ronne à l'empereur, qui tient une baste de la main gauche,
un globe dans la main droite. VICTORIA PART. —Billon.
(Voyez pi. XII, n-1.)
La tète figurée sur cette médaille est celle d'un enfant
de dix à douze ans. Le front est légèrement bombé , le nec
relevé et court, le menton tm peu prononcé. Cette tête a
un caractère bien accentué.
2» Au droit, tête juvénile nue. DIVO CAES. VALERIANO.
Au revers, bûcher funèbre. CONSECRATIO. A l'exergue
S. C. {senatûs consuUo). — £». (pi. Xll, n* 2).
Front saillant, nez fort, menton légèrement proémi-
i^ent ; cheveux tombant sur la nuque.
Les têtes de ces deux médailles ont entre elles la plus
grande analogie ; ce sont les mêmes traits , le même type
de figure. Elles appartiennent au fils atné de Gallien , ainsi
tfae nous l'avons démontré , au Cornélius Valerianus de
rtiistoire \
Mettons maintenant en regard, afin d'établir la compa-
raison , les médailles que nous attribuons au fils puîné , à
notre Salonin.
' Il est à remarquer que la tranche de cette pièce est en partie dentelée.
* Koa« les retrouvons exactement semblables Eur trois mtfdailles d'or du
C»binet impérial. Voy. pi. XII, n" 3.
1861.— 4. 20
279 MÉnoiREs
Au droit, tète radiée, accusant Tàge de quatorze à quinie
ans'. SALON. VALERIANVS CAES.
Revers. Instruments de sacrifice. PIETAS AVC — Billon
(pi. XII, »• 4).
Frcmt peu proéminen* , nex loBg, droit et pointu, lèvres
minces. La différence est marquée , caractéristique ; elle
saute aux yeux.
Nous avons choisi , entre plusieurs médailles , celles qui
présentaient un caractère net et tranché , afin de faire biea
saîsir, an premier coup d*œil , ta différence d'une tète k
Tautre. Il existe des pièces où cette différence esi moins
prononcée, soit inexpérience, soit négligence, soit mala-
dresse des monétaires de cette époque de décadence, maia
elle reste cependant sensible pour un œil exercée
Donnons les légendes de quelques autres médailles da
SaloBia ,, toujours au même type de figure :
SALON. VALERIANVS NOB. CAES.
ij. SPES PVBLICA.
SAL. VALERIANVS CAES.
*; PRING. IVVENT.
Ici le nom de Salonin brille seul à côté de la désignatioD
patronymique de Valerianus. C'est que nous avons là le
Salonin d'Aurelius Victor, le Salonin du consulaire Arelliu»
Fuseus^ le Salonin du Sénat de Rome, le second fils, enfin
de Gallien»
Il avait été frappé à Teffigie et au nom de ce jeune prince^
non^seulement des médailles d'argent et de billon , mais
* Salonin a sannéen huit aunées à son frère aSné , ce qui explique la diffe-
renee d*Age que piësentent les médaille.*.
ET DISSERTATIONS. 271
encore d'or. Gallien écrivant à Venustus » en lui faisant
passer les présents qu'il destinait à Claude, comprend, dans
leur énumération , des Valériens et des Salonins d'or :
« Aureos Valerianos centum quinquagînta , trîentes SaUh-
ninianos trecentos K »
Nous n'avons point vu jusqu'ici figurer sur les médailles
et sur les inscriptions relatives aux deux fils de Gallien le
nom de GALLIENVS, qu'ils paraissent cependant avoir
porté tous les deux, à la suite l'un de Tautre.
Les historiens n'ont point ignoré ce nom ; mais des deux
fils n* ayant fait qu'un seul , ils semblent hésiter, dans l'em-
barras où ils se trouvent , à le lui appliquer : « De hujus
Domine, dit Trebellius Pollion, magna est ambiguitas ; nam
multi eom GaUienum, multi Saloninum in historiis prodide-
runt. » Lui-même, tout en ne reconnaissant également qu'un
seul fils, n'hésite pas aie désigner sous le nom composé dé
SaloninuS'GaUienus. o Sahninus qui et GalUeniis diclus est,
dit-il ailleurs -, Sàloninus puer^ sive Gallienus. n
Nous croyons pouvoir démontrer que les deux fils de
Gallien ont porté le nom de Gallienus , indépendamment
des autres noms empruntés à leur père et de ceux qu'ils
tenaient de leur mère et de leur grand-père.
On conservait dans la bibliothèque Clpienne , à Rome,
une lettre en original de Valérien , dans laquelle il appelle
du nom de Gallien, son petit-fils, la victime de Postume.
11 existait dans Rome, d'un autre côté, une statue du frère
de celui-ci, de Salonin, sur laquelle était inscrit le même
Qom de GaUienm.
*■ TrebeUhis Pollio.» Alexandre Sévère, (i Ton en croit Lampride, aurait le
premier mis en circulation d^abord des demi et ensuite des tiers d'aureus :
« Tune primum semisses aureorum formati sunt , tune etiam tremisses. »
( Wiê ffÀUxandrê Sérèr*. }
272 MÉMOIRES
Voici la ti-aduction de la lettre :
u Valérien, Auguste^ à Antonin Gallus, consul. Vous me
grondez , dans une lettre confidentielle , d'avoir remis i
Postume mon fils Gallien {filium meum GalUmunt)^ plutôt
qu'à Aurélien, pensant que c'est au plus sévère des deux
qu'auraient dû être confiés cet enfant et l'armée : vous ne
persisterez pas dans cette manière de voir, lorsque vous
saurez ce que c'est que la sévérité d'Aurélien, sévérité
excessive, incessante, accablante, et peu faite pour le
temps où nous vivons. Or, j'en atteste tous les Dieux, j'ai
craint qu'Aurélien ne le punît trop rigoureusement pour
quelque légèreté qu'il aurait commise, connaissant sa fri-
volité naturelle \ »
Valérien, en disant mon fils Gallien^ n*a pu vouloir parler
de son fils direct, l'empereur Gallien, mais de son petit-fils.
Rn effet Valérien, dans cette lettre, prend le titre d'Auguite^
titre qu'il ne reçut qu'en montant sur le trône impérial,
l'an 253 ; la lettre ne peut donc être antérieure à cette date.
Or, le fils en première ligne de Valérien , Gallien , depuis
empereur, étant mort en 268, âgé de cinquante ans *, avait
par conséquent trente-cinq ans au moins lors de la lettre. Ce
n'est pas d'un homme de trente-cinq ans qu'on peut dire
puer, un enfant. 11 ne s'agit donc ici que du petit-fils de
Valérien. Ainsi, voilà le nom de Gallienus reconnu au fils
aine de Gallien. Passons au iils puîné, à Salonin.
' InvenI nujjer in Ulpia bibliotbec» inter linteos libres epistolam divi V»le-
riani, de Aiireliano j»rincipe scriptam , quam ad vcrbum, ut tlecebat, iu»eruî :
M Valmanus Auguf^tuH AntoniuoCîallo consul!. Guipas rao familiaribus littem»
quod Posthumio (ilium nicum Gallienuni,TnagU quam Anreliano.commiserim :
quum iitique et severion et puer crcdendus fueritet exercitu», »' etc. ( Vnpifevs,
Vie d'Aurélien. )
' - Vixit annos quinquagîntn. »• ( Aurelius Victor.)
KT DISSERTA riOiNS. 27J
Trebellius Pollion raconte qu'il existait encore de son
temps à Rome , au pied du mont Romulus , devant la voie
Sacrée, une statue sur laquelle était inscrit, à la suite du
nom de Saïonin, Gallien le Jeune : <(Qude baberet inscrip-
lum GALLIENO 5IIN0R1, SALOMNO additum \ »
Le second fils de Gallien avait donc hérité de son frère
aîné» du nom de Gallien ; s'il ne l'avait pas porté concur-
remment avec lui.
On cite deux médailles à la légende de DIVO CAES,
(jALLIENO; Tune, de la collection Pembroke; l'autre ,
qm serait conservée , d'après Tanini , au Cabinet du Va-
tican.
La médaille de la collection Pembroke a été reconnue
fausse. Il n'en faut plus parler. Quant à celle du Vatican,
il résulte des recherches les plus scrupuleuses, faites à
notre prière par M. Visconti, que nous prions d'agréer
ici de nouveau tous nos remercîments , que cette médaille
iwrtant la légende DIVO CAES GALLIENO n'existe dans
aucune des collections du Vatican.
Cette pièce, dans tous les cas, si Ton devait y croire^
reviendrait de droit au fils aîné de Gallien , le seul , nous-
l'avons dit, qui ait été divinisé.
Nous venons de rappeler que Salonin n'avait point par-
ticipé aux honneurs divins accordés à son frère, à la victime
de Postume. Nous ne devons donc pas être étonnés que Sa-
loiiine, sa mère, qui se trouvait à Milan auprès de son mari,
ainsi que noi>s l'apprend Zonare, et qui put échapper au
* On peut admettre que cette statue aura été érigée h Saloniu par Claude,
lp )»aoce88eur de Gallien, son parent et son ami. uClandium parenteniamicun-.-
que no«tmm, ** écrivait Gallien ;^Trebellia» Pollion, Vte de Clai^)^ par Claude
<iuisétait cmprcss-j de dresser un monument au frère de Gallien, à Valérieu
Jtunc, lors de ea nu»rt.
27A MÉMOIRES
massacre de ses enfaDts, à Rome, a'ait point qualifié son fîls
Salonin de Divus sur le marbre tumulaire qu'elle lui cou--
sacra. Elle y inscrivit :
P, LICINIO. SALONIN. VALE
RIANO. NOB. GAES. PRIN. IVVEN
VALERIANI. AVG. NEPOTl
GALLIENI ET SALOXINAE AVG
FILIO
MATER PIENTISSIMA ^
Cette mère Pientissima essaya d^aller plus loin et tenta
davantage. Car nous ne doutons pas que ce ne soit elle qui
ait fait frapper pour son fils Salonin, lors de sa mort, la mé-
daille à son effigie , où, n'osant pas inscrire le mot DIWS
à la suite ou en avant des noms de SALON. VALERIANES
CAES.t elle plaça au revers , afin de le rapprocher de son
aîné et pour lui témoigner sa pieuse tendresse, le mot
CONSECRATIO, bien qu'en le dissimulant peut-être, pour le
faire accepter, sous des caractères extrêmement grossiers
et presque illisibles, et en mettant au-dessous un aigfe,
regardant vers le ciel, il est vrai, mais restant attaché à
la terre '.
Nous ne devons pas laisser ignorer qne parmi les mé-
dailles des fils de Gallien , qui sont passées en si grand
nombre sous nos yeux , nous avons rencontré une autre -
médaille de consécration plus complète et plus explicite i
que celle que nous venons de décrire, avec renonciation de^
DIVVS, présentant une ressemblance assez marquée pour-3
* Gruter, p. cclxxv.
' Voir cette cnriense médaille au Cabinet impérial de Pari». iPl. XII, n*5.
— II est à remarquer que les médailles de consécration frappées en rhonneo^c
du Bis A\né de Gallien portent, sans exception, la mention de DIVO.
ET DISSERTATIONS. 57i
les traits avec ceux de Salonin ; mais hâtons-nous de dire
^e cette médaille ne porte point son nom ; celui de son
frère ataé y brille seul :
DfVO VALERIANO GAES.,
légende qui accompagne exclusivement les médailles d'à-
potbéose du fils aîné de Gallien.
Le monétaire , mis en demeure d'exécuter pour ce fils
aînét mort au loin dans la Gaule, et qu'il n'avait probable-
ment jamais vu, une médaille d'apothéose à son nom, se
sera-t-il inspiré, n'ayant pas sous la main de médaille an-
térieure à son effigie, de celles qu'on venait de frapper
pour Salonin, se reposant sur la ressemblance présumée
des deux frères, ou n'y attachant pas autrement d'im-
portance?
Cest la seule explication que nous puissions imaginer de
cette confusion , si on devait l'accepter.
C'est ici le cas de faire remarquer de nouveau dans
quelle décadence était tombé Tart monétaire à cette épo-
<pie, non-seulement sous le rapport du dessfn , mais de
l'exactitude matérielle et historique,, suite inévitable de
tant de troubles et de commotions politiques. Aussi l'étude
tles monuments nuniismatiques, tout comme celle des mo-
numents écrits de cette époque , est-elle devenue extrême-
ment difficile et incertaine.
Après avoir restitué à Gallien les deux fils, que les nu-
mismatistes , avec la plupart des historiens, avaient con-
fondus pour n'en faire qu'un seul; après avoir constaté les
noms qu'ils ont portés et fait le départ de leurs médailles
respectives , aurions nous à signaler un troisième flls dont
tes numisniatistes auraient entrevu l'existence, tout en fai-
sant une nouvelle confusion de noms? Nous serions loin,
276 MÉMOIRES
OÙ le voit, du fils unique donné à Gallien. Nous arriverioDS
à justifier le mot de cet empereur : Me lot principum pa-
trem*
L'existence de ce troisième fils nous serait révélée par
une inscription antique , qui donne en même temps le nom
d'une fille , Julia. La voici :
IMP. Q. IVLIO FILIO GALLIENI IVLIAE NOBILISS
AVG ET SALONIXAE AVG PVELLAE FIL. GAL
LIEMAVG ET SALON
AVG
ORDO. POPVLVS. QVE. SYESSAISVS PARENTIBVS
EORVM. PVBLICE. PRIVATIM. QVE, DEVOTl ^
Quelque extraordinaire que puisse paraître cette inscrip-
tion , monument unique qui n'est corroboré par aucune
autre inscription, par aucun autre monument connu, et
quels que soient les doutes qu'elle ait'pu soulever, nous ne
croyons pas pouvoir la passer sous silence , et ne pas la
soumettre à un examen sérieux.
On doit se demander :
!• A quelle époque elle aurait été dédiée?
2» Quel rang occuperait dans la filiation de Gallien, ce
Q. Julius?
3* Quand il serait né ? combien de temps il aurait vécu?
4* Comment il aurait reçu le titre d'imperator?
S"" Enfin, s'il existe des médailles à son nom?
!• L'inscription donnant à entendre que les père et mère
de Q. Julius étaient vivants lorsqu'elle leur a été dédiée»
* Grnter, p. CCLXXV. — Cette inscription, si elle est authentique, aurait étfi
dédî(^e à un fils de Gallien par les habitants da Suessa Pometia^ ville des Volf —
ques dans le Latinm, ou de Suessa Attrunra, ville de la Campanic.
ET DISSERTATIONS. 277
parenlibus eorum publiée privatimque devoli , Gallien ayaot
été tué devant Milan, le 18 mars 268, il s'ensuit quou
doit reporter rinscriptiou, au plus tard, vers la fin de 267.
2* Quel rang occuperait dans la filiation de GalIiên , Q.
Julius?
Anrelius Victor nous Ta dit, le marbre découvert à Sétif
Ta confirmé , nous lavons prouvé par les médailles , au
premier et au second rang des fils de Gallien , figurent :
Cornélius Valerianus d'abord, puis Salonin; le premier,
déclaré César par son grand-père Valérien; le second,
substitué à son frère aîné par Gallien comme César. Q.
Julius ne pourrait arriver qu'en troisième.
3* Quand serait né Q. Julius?
L'inscription commémorative de Sétif, consacrée au fils
aîné de Gallien, à sa mort, en 260 , ne donne à Gallien que
deux fils, ceux dont nous venons de relater les noms ; d'où
il résulte, ainsi que l'a fait judicieusement observer M. Le-
tronne S dans l'examen qu'il a fait de cette inscription, que
Q. Julius n'était point encore né à cette époque.
D'un autre côté , ce fils de Gallien , en supposant qu'il
ait réellement existé et que sa vie se soit prolongée jus-
que-là, n'a pu échapper au massacre de la famille de
Gallien, exécuté à sa mort, à Rome, par ordre du Sénat,
en 268.
La naissance et la vie de Q. Julius devraient donc être
enfermées entre les années 261-268 ; il n'a pu vivre, par
conséquent , que six ou sept années au plus.
4* Comment aurait-il reçu le titre àUmperator^
L'inscription ne qualifie pas Q. Julius de César, titre
278 MÉMOIRES
qu'il n'aurait pu porter en effet, n'ayant point survécu à
son frère Salonin, qui en était revêtu, encore moins celui
d'Auguste.
Comment se fait-il qu'elle lui attribue le titre â*tmpe-
rator?
Cette question soulève la plus grave objection qu^on
puisse faire contre l'antiquité de cette inscription; on ne
peut se le dissimuler.
Le titre d'imperalor appartenait au souverain lui-même,,
ou à son héritier direct et présomptif. Q. Julius ne pouvait
être ni l'un ni l'autre.
On objectera peut-être que le souverain, en vue d'une
délégation autant et plus encore militaire que dynastique,
a pu quelquefois conférer ce titre, ainsi que cela eut lieu
sous Gallien lui-même, pour le frère de cet empereur, pour
Valérien Jeune. Mais Valérien Jeune était un homme fait et
éprouvé qui pouvait prêter à Gallien Tautorité de son expé»
rience et l'appui de son bras. Q. Julius était un enfant de
six ou sept ans au plus, et peut-être moins. Gallien eût-il
pu lui conférer de semblables attributions, lui confler un
commandement quelconque? Cela ne tombe pas sous le
sens.
Eu désespoir de cause , qu'on s'en prenne si Ton veut à
l'ignorance ou à la flagornerie du peuple de Suessa, qui
aurait cru ne pouvoir mieux témoigner son affection et son
dévouement au (ils de Gallien qu>n lui donnant, à défaut
d'autres, le titre dUmperator, afin de l'assimiler à son
père, cela n'en reste pas moins fort extraordinaire et ne
donnerait pas, dans tous les cas, à Q. Julius le droit légal
et régulier d'avoir eu des monnaies à son nom.
.V L'hésitation que les numismatistes les plus éclairés,
que tous les numismatistes, disons mieux, ont mise à
ET DISSERTATIONS. 279
accepter des médailles qui puissent lui être attribuées,
% trouve donc pleioement justifiée.
Il y a plus : les trois seules médailles qu'on aurait pu
^re tenté de donner à Q. Julîus» comme portant ses noms,
^'existent dans aucun cabinet et n^ont jamais été vues par
personne.
Ajoutons que Goltzius et Mezzabarba, les seuls qui les
citent , en supposant que l'un d'eux , copié par l'autre, ne
les ait point imaginées, les attribuent tous les deux à Sa-
lonin. Que porte en effet leur légende :
Q. IVL. SAL. GALLIENVS NOB. CAES ,
Q. IVL. GALIIENVS.
Si ces pièces ont réellement existé et étaient antiques.
Goltzius et Mezzabarba seraient plus dans le vrai que ceux
qui voudraient les appliquer à ce Q. Julius donné pour
troisième fils à Gallien , auquel son inscription dénie les
noms, ici dominants, de Salonin et de Gallien et le titre de
César, que Salonin peut, doit revendiquer.
Pour nous résumer en ce qui concerne les fils de Gallien,
nous dirons qu^on lui en connaît deux d'une manière irré-
cusable* et qu'il est peut-être douteux qu'il en ait eu un
troisième ; que l'alné a reçu et porté le titre de César, de
l*aQ 263 à l'an 2(50, le second, comme substitué à sou
frère, de Tan 260 à l'an 268, et de plus celui d'Auguste,
et que tous les deux ont eu, en vertu du titre de César,
des médailles frappées à leur effigie ; le premier, sous la
âéDomination spéciale et dominante de Cornélius Valeria-
titts, plus ou moins accompagnée des prénoms et noms de
Caïus, de Publius, de Licinius, soit même de Saloninus;
le second, le puîné, sous la dénomination spéciale de
Saloninus, accompagnée du surnom patronymique de Va-
280 IIÉMOIKLS
ieriaDus; que le troisième fils, si Ton doit admeltre qu'il
ait existé, lequel aurait vécu de Tan 261 à Tan 268, D*a
pu recevoir aucun des titres donnant droit au monnayage.
Nous terminerons , en disant , qu'il existe des médailles
au nom et à Teffigie des deux fils aînés, dans les musées et
dans les collections particulières, bien quelles s'y trou-
vent confondues, et qu'il devient possible, si ce n'est facile,
de les reconnaître et de les classer à l'aide des indications
que nous avons énumérées.
S'il nous était permis d'émettre un avis touchant ce clas-
sement, nous proposerions de désigner les médailles du.
fils premier né, sous le nom de Cornélius Valerianus, celles,
du fils puîné, sous le nom de Saloninus, qui lui serait ainsL
justement restitué.
Médailles de VaUricn Jeune.
Il nous reste maintenant à aborder la question des mé-
dailles du frère de Gallien , de Valérien Jeune.
Longtemps on a attribué à Valérien Jeune un assez grand
nombre de médailles , avec plus ou moins de discernement^
il faut en convenir, trompé qu'on était par le nom de Va-
lerianus, porté par le père, le fils et les petits-fils. EckheU
frappé des erreurs grossières dans lesquelles ses devancier»
étaient tombés, s'inscrivit en faux contre ces attributions;
mais, dépassant le but, après avoir restitué bon nombre
de ces médailles à l'un des fils de Gallien , non-seulement
il ne voulut en laisser aucune au frère de cet empereur,
mais il chercha à prouver que jamais on n'avait pu frapper
de médailles à sou nom, \alérien Jeune n'ayant porté,
fl'après lui, aucun des titres qui donnaiejit droit à celle
faveur.
ET DISSERTATIONS. 281
Nous ne craignons pas de nous inscrire contre un arrêt
^i.iissi absolu.
Trebellius Pollion avait dit, en parlant du frère de Gai-
lien : « Yalerianus Junior, alia quam Gallienus matre geni-
^us... a paire absente C«sar est appellatus, a fratre, ut
Oelestinus dicit, Augustus. »
Plus loin , il s'exprime ainsi :
u Quem multi Augustuni , muiti Cssarem ; multi neu-
€rum fuisse dicunt , quod verisimile non est. »
Là-dessus Eckbel , dont le récit de Trebellius contrariait
l'opinion , car le titre d'Auguste ou de César emportait le
droit de monnayage, cherche à tourner Thistorien en ridi-
cule, comme ne se prononçant pas d'une manière plus
explicite, comme ne sachant pas, lui, éloigné seulement
€l*un demi-siècle des événements, ce qui en était au juste.
Il ne ménage pas davantage l'autorité invoquée par Trebel-
lius, se demandant quel est ce Celestinus dont on n'a
j^-mais entendu parler; critique au moins étrange, car s'il
fallait décliner l'autorité de tous les écrivains de l'antiquité
dont les ouvrages ne sont pas parvenus jusqu'à nous, la
liste en serait longue.
Si Trebellius n'a pas toujours apporté à la recherche de
la vérité toute la sagacité désirable, s'il a encouru le re-
pirocbe, non-seulement de la part des modernes, mais même
de l'antiquité , d'avoir avancé beaucoup de choses sans les
avoir suflisamment approfondies ^ son livre n'en est pas
moins précieux pour nous, et l'on ne trouverait pas ailleurs,
sur la famille de Gallien, autant de faits, autant de détails.
* MuUa incuriose , malta breviter prodidisset , paroles tombées de la bouche
^ *^ préfet de Rome sou» l'empereur Constauce , et entenda<»8 par rhUiorien
^'>pi*rus^ qui nous les a conservées.
282 MÉMOIRES
autant de témoignages contemporains, de toute authen-
ticité.
En ce qui touche le titre qu'a pu porter le frère de
Gallien, Trebellius, auquel Eckbel fait dire, comiDe
résumé de son opinion : Constat et non consial , ne joue
pas un rôle si ridicule. Cou>tat de ginere^ avait-il dit en
parlant de la filiation de Valérien jeune, non satis tamen
consial de digniiale , ajoule-t-il, ce qui est bien di£férent
Tout en rapportant l'opinion de ceux qui voulaient qu'il
n'eût été ni César ni Auguste , Trebellius n'hésite pas à la
repousser, laissant seulement indécise la question de savoir
s'il avait reçu le titre d'Auguste , ce qui peut être douteux,
ou bien celui de César.
Si Trebellius Pollion hésite, se trompe dans quelques cir*
constances, il faut lui rendre la justice qu'il a su démâler
quelquefois lu vérité, et renverser des erreurs accréditées.
En voici un exemple , qui se rattache à la question qui
nous occupe.
Il existait auprès de Milan un tombeau, sur lequel on
lisait ces mots :
VALERIANVS IMPERATOR.
C/ était l'empereur Valérien, le père de Gallien, qui y
reposait, disait-on. Trebellius démontra très-bien que
ce tombeau ne pouvait renfermer les restes de Tempe»*
reur Valérien, mort chez les Perses, d'où ils n'avaient
pas été rapportés, qu'il contenait ceux de son fils, Valérien
Jeune, qui avait été assassiné sous les murs de Milan avec
son frère Gallien , et que cette épitaphe avait été placée
par ordre de Claude, général et ami de Gallien : «Hune
Valerianum circa Mediolanum sepultum , addito titulo ,
Claudii jussu : Valerianus imperalor. «
ET DISSERTATIOnS. 28S
Ainsi ^ voilà le titre d'iiripera/orrecooDu, d'une manière
irrécusable » à Yalérien Jeune, et c'est à Trebellius PoUion
que Dous en devons la connaissance.
Eckbel , que ce titre embarrassait, ne pouvant le contes-
ter, prétend qu'il n a ici d'autre signification que celle de
cbef» de commandant d'armée, n'entraînant aucune idée
de pouvoir politique, rien d'impérial enfin. A l'appui de
800 opinion , il cite l'exemple de Drusus l'Ancien , qui re-
çut, sous Auguste, le titre d*imperalor. sans avoir parti-
cipé à la puissance impériale.
L'exemple cité par Eckbel est-il bien concluant? Nous
sommes loin de le penser; qu'on en juge.
n est bien vrai qu'avant l'établissement de l'empire, le
titre d'tinpera/or s'appliquadt, dans son acception gram-
maticale, aux généraux placés à la tète des armées. Si
Auguste, qui ménagea avec tant d'art le passage do
régime républicain au régime impérial, n'absorba pas
immédiatement en lui seul le titre d'tmpera/or , bien qu'il
se le fût fût décerner vingt et une fois', et, remar-
quoDS-le , sans se mettre & la tète des armées , cependant
il ne fit que de très-rares exceptions, en faveur d'A-
grippa, son gendre, puis, de ses deux beaux -fils,
Drusus et Tibère, pour les grandir, iwpt^ratoriis noxninibus
OÊLXiU
Le caractère du généralat, on le voit» commence à s'ef-
lacer. Auguste avait concédé, par exception , le titre d'tm-
peraîor à trois de ses proches, qui avaient été à la tète des
armées Après lui , Tibère ne l'accorda qu'à un seuL Ce
* Nomem imperatoris sencl et vicies partun. (Taeit., Annah» ^ lib. I,
e^p. 3.) — On connaSl deB néciailles d*Augiiste portont rindicarion
d'IMP. XXI.
28& MÉMOIRES
devait être le derDÎer; Tacite nous l'apprend : «Concessit
quibusdam et Augustus in vocabulum (imperatoris); ac
tune Tiberius lilseso postremum '. »
Désormais au chef de TÉtat, sans partage, le titre d'tm-
jftrator; il devient l'apanage et le signe distinctif de la
puissance suprême; aux généraux d'année, le titre de
dux.
Qu'on ouvre l'histoire romaine, les exemples vont s'offrir
en foule.
S'il était nécessaire de descendre à l'époque dont nous
nous occupons, comment l'empereur Valérien désigne-t-il,
dans une de ses lettres, en le nommant général, ce même
Claude, qui faisait inscrire sur le tombeau de Valérien Jeune
le titre dUmperalor? nDux factus est *. »
En veut-on un autre exemple? Douze ans à peine aupa-
ravant. Gordien 111, reconnu empereur, se voyant à la
merci de Philippe , lui proposa de partager l'empire avec
lui ; sur son refus , il lui demanda de lui laisser le titre de
César; enfin, il descendit jusqu'à solliciter celui de géné-
ral : « Pro duce haberet *. >: Se sert il du mot impcratore? U
s'en fût bien donné de garde. Nous croyons inutile d'insister
davantage. L'exemple de Drusus , cité par Eckhel , rest&
donc ici sans valeur.
Lorsque les empereurs , à partir de Tibère , soit pour
perpétuer le pouvoir dans leur descendance , soit pour pré-
venir des déchirements après eux , soit enfin pour affermir
leur puissance ébranlée , s'associèrent des membres de leur
famille , des hommes honorés on redoutobles , ils leur
* Annalrxy lil». 111, cap. 74.
« TreboUiua Pollio, Vie de Claude.
' Pctiil ut œqunle iiitcr cos ossct imperium , dohinc ut loco Cxiari»
rrtur... ut Thilippus pro duco liabcret. ( Juliii? Capitolinus. ,
ET DISSERTATIONS. 285
attribuèrent quelques-uns des titres inhérents à leur qualité
de chef de l'État, afin, soit de les faire reconnaître par là
pour leurs associés à Tempire , soit pour les investir, dans
rintérët de leur propre puissance , d'une autorité à la fois
Mditique et militaire.
(Test ainsi que Yalérien Jeune dut recevoir le titre d'im-
^eraioTj soit de son père Valérien , soit plus probablement
le son frère Gallien, qui, après avoir perdu son fils aîné,
le voyant assailli d'une foule de compétiteurs et d'ennemis,
tentait le besoin de se faire un appui.
Nous sera-t-îl permis de retrouver pour Valérien Jeune
e titre dUmperator. et cette fois , sans équivoque sur la
râleur du titre, dans la boucfae du consulaire Arellius
s'uacus , lorsqu'il faisait appel, en plein Sénat, aux empe-
leors Gallien, Valérien et Salonin? Gallicnum et Yaleria-
mm et Saloninum itnperatores \
Nous l'avons dit, Valérien, le père de Gallien , à ce mo-
nent était en captivité chez les Perses et dans l'impossibilité
kbsolue de répondre à I appel d' Arellius Fuscus. Si ce der-
lîer eût voulu, d'ailleurs, parler de l'empereur Valérien, ne
*eût^U pas nommé avant Gallien , son fils? U n'a pu, d'un
kutre côté , vouloir désigner Cornélius Valerianus, puisque
ze fik aîné de Gallien était mort depuis près d'une année.
Ll ne reste plus que Valérien Jeune qui puisse ici trouver
sa place.
Indépendamment de ce précieux témoignage, et en nous
bornant même au titre (ïmperalor inscrit sur le tombeau
de Milan , qu'on ne peut contester à Valérien Jeune, nous
dirons que d'après le caractère que nous sommes en droit
' S^pra, p. 263,
i8d0.^4. 21
^8Ô MÉMOIRES
d'attribuer, à celte époque de riiisloire romaiue, à la quali-
fication à!impera(or^ Valérien Jeune, bien qu'il n'ait point
exercé seul et en personne la puissance impériale propre-
ment dite, et en mettant même un instant de côté pour Ini,
soit le titre d'Auguste , soit celui de César que lui donnent
les historiens , a pu , a dû avoir des médailles frappées à
son nom.
Est-il parvenu de ces médailles jusqu'à nous? à quel»
signes les reconnaître ?
Valérien Jeune ayant partagé avec le père et le fils de
Gallien le nom de Yalerianus , et n'étant connu par les
bîstcnriens que sous ce nom , la constatation des noms et
prénoms qu'il a pu porter serait d'un puissant secours pour
la recherche de ses médailles : ces noms , essayons de les
retrouver. Disons d'abord qu'il n'a pu recevoir ceux de
Cornélius et de Sahninus , que les deux fils de Gallien te-
naient de leur mère Cornelia Salonina; cela est incon-
testable.
Trebellius PoUion , qu'il faut toujours interroger lors-
qu'il s'agit de la famille de Gallien , rapporte que le nom
de Valérien figurait dans les fastes consulaires au temps
de la captivité de l'empereur Valérien , et que ce nom, par
conséquent , ne pouvait être que celui de Valérien Jeune.
c( Siquidem , capto jam Valeriano , scriptum invenimus iD
<( fastis : Valeriano imperatore consule; quis igitur alius,
a ajoute-t-il avec raison , potuit esse Valerianus nisi Gallieni
« frater * ? »
* Eekhel, qui ne pent consentir à ce que Valérien Jeune ait reçu aucun titrt
qui puiise le rapprocher de la dignité impériale, demande où sont ces fastes
Muoqués par Trebellius PoUion. Eckhel , on le voit , tourne dans le même
cercle. Au risque de nous répéter à notre tour, nous répondrons que , s'il fal-
ET DISSERTATIONS. 287
Les auteurs de Y An de vérifier les dates placent ce con-
solai à Taouée 26à, alors, en effet» que Valérien était en
captivité, et que son petit-fils, Cornélius Valerianus, n*était
plus. Voici les noms des consuls qu'ils inscrivent :
P. LICINIVS VALERIANVS,
L. CAESONIVS LVCILIVS MAGER RVFINIANVS.
Ainsi , nous trouvons pour Valérien Jeune le prénom de
Publins et le nom de Licinius, qu'il tenait l'un et l'autre
de son père.
Cherchons, passons en revue les médailles au nom de
Poblius Lidnius Valerianus, sans indications spéciales
propres à Valérien père et à son petit-fils Cornélius Vale-
rianus ; leur examen va achever de nous mettre sur la voie.
L'empereur Valérien n'étant monté sur le trône impé-
rial qu'à l'âge de soixante-dix * ans pour en descendre à
l'âge de soixante-seize, les traits de son visage , sur ses
médailles , doivent accuser, malgré la dissimulation étu-
diée des monétaires, im âge avancé. Le contraire doit
lait récnser le témoignage des historiens, parce que nous ne possédons pas les
monumexit» snr lesquels ils s^nppnient, il n'en faadiait croire aucun.
Au surplus , le consulat de Valérien Jeune se trouve relaté sur un marbre
antique de U porte de Vérone, placé par ordre de Gallien :
VALERIANO II ET LVCIUO CONS.
IVBENTE SANCnSSIMO
GALLIENO AVG.
Le consul Lucile, qui figure ici, éuit probablement ce parent de Gallien que
cet empereur consultait en même temps que ton frère Valérien : consulte
ValeriMii fratris sui et Lucilli propinqui. (Trebellius Pollio) Les deux per-
sonnages se trouvent rapprochés de nouveau.
> Valerianus imperator per annos septuaginta vitss laudabilis in eam
cooscenderat gloriam ut, post omnes honores et magistratus insigniter gestos,
imperator 6eret. ( Trebellius Pollio. )
288 MÉMOIRES
éclater sur celles de son petît-fils, de Cornélius Valerianus,
mort si jeune. Aussi les médailles de Consécration, les der-
nières qu'on ait frappées en son honneur, nous le montrent-
elles sous les traits d'un enfant d* une douzaine d'années.
Valérien Jeune , fils de l'empereur Valérien , oncle du
jeune Cornélius Valerianus, devait donc différer d'âge, sur
ses médailles, avec le petit-fils et Taîeul. Des traits d'un
homme fait, bien que jeune encore, s' éloignant également
des traits marqués de Valérien père et des traits enfantins
de son petit-fils , doivent permettre de retrouver les mé-
dailles frappées à son effigie.
C'est fort de cette donnée que nous attribuons à Valé-
rien Jeune la médaille d'argent dont nous reproduisons
le dessin.
Au droit, tête radiée, tournée à droite. P LIC VALERIANVS
CAES.
Au revers , Jupiter enfant monté sur une chèvre. lOVl
CRESCENTP. — Billon (pi. XII, n» 6).
Nous retrouvons ici les noms connus de Valérien Jeune ^
Publius Licinius Valerianus , et la qualification de César «
que lui accordent les historiens.
Les traits du visage accusent une trentaine d'années *•
âge qui ne convient ni au fils de Gallien ni à Valé-
rien père.
1 Si l'oQ objectait 40e la légende de lUVI ClŒSOENTI ne peut s'appliqu
qu'à un enfant ou à un adolescent, nous citerons une médaille de Gallifia ^^n-
IMP GALLIENVS PIVS AVG , portant au revers la même légende de lO^^'^^
CRKSCENTI. Or Gallien avait trente-cinq ans, lonqu'U fut frappé pour ^
première fois des médailles à son effigie. II est vrai que^ sur la médaille ^ ^^
Gallien, la légende 10 VI CRESCENTI peut faire allusion an jeune fUs ^ àe
ce prince.
* Cest Tâge auquel ou a dû frapper dos médailles p<mr Valérien Jeune, ^t •
i
ET DISSERTATIONS. !!R9
Valérien Jeune peut donc, doit seul revendiquer cette
pièce.
A l'aide de la description et du dessin de cette médaille
et des inductions historiques que nous avons déve-
loppées , il deviendra possible aux conservateurs placés à
la tète des collections publiques et aux nuroismatistes pos-
sesseurs de collections particulières de rechercher et de
découvrir, au milieu des pièces égarées sous le nom de
Salonin% les médailles qui appartiennent à Valérien Jeune,
et qui doivent lui être définitivement restituées.
Il est temps que ces médailles reprennent dans les col-
lections, à côté, mais à part, de celles des fils de Gallien,
le rang d'où Eckhel les avait expulsées , et qu'elles y res-
tent inscrites sous le nom de Valérien Jeune.
A. De VILLE.
répoqiM où Gallien prit en main les rônes de Tempire , Ion de la captivité de
•OD père l'an 259, et dut associer son frère Valérien an gouvernement, Gallien,
à eelt0 époqne , était âgé de quarante et un ans, et Ton peut supposer que son
frère , né, assez longtemps après lui, d'un sceond mariage , avait une dizaine
d'années de moins que lui.
>- n ne faudrait pas , tombant d'un excès dans oa autre, se rejeter sur le
père de Salonin , et enlever à Gallien , pour lui substituer Valérien Jeune , des
pièoce qui appartiennent à cet empereur, telles, par exemple, que le beau mé-
daiUoin d'argent de la colleotion de M. Dupré , offrant , au droit , les têtes
afiontées de Gallien et de Salonine. CONCORDIA A VGVSTORVM , et, au
leverfl, la t6te du fils aîné, Cornélius Valerianus, en regard de celle de Gallien, .
«t non pas de Valérien Jeune, avec la légende PIETAS AVGVSTORVM.
290 MÉMOIRES
DESCRIPTION
MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN.
(PI. xn, xm, XIV et xv, les?.— n. ii . lu et xvm, isss.)
Huitième articlo. -— Vuir plus haut, p. 30.
V GROUPE.
salàgnac.
53. — SELANIAEO. Tête nue à droite, de très-petite di- -di-
mension ; la chevelure rejetée en arrière , et se terminan ^c^^
par un appendice recourbé en volute.
^. +BETTO mONE- Croix égale, surmontée d'un poin^^^^
et accostée , au sommet , de deux autres points.
Tiers de sou d'or fin. Poids, l^,li7 ou 29 grains etdemi^^
Troisième quart du vu* siècle. — Cabinet des médailles d- — ^
la Bibliothèque impériale.
Pièce inédite, trouvée àBrive (Corrèze) vers 185^, et (
a été acquise de M. Lascoux , habitant de cette ville ,
le Cabinet des médailles. Elle est remarquable par
petites dimensions, son épaisseur exceptionnelle et
ET DISSERTATIONS. 291
80D poids, qui excède d'un grain et demi le poids régle-
mentaire et ordinaire du tiers de sou à i*époque antérieure
à la réforme d'Anastase, c*est-à dire avant la fin du ti" siè-
cle. Elle présente enfin une très grande netteté dans la
gravure de refBgie et des légendes.
L'efTigie, la coiffure et l'appendice qui se relève sur
la nuque, rattachent évidemment ce triens au groupe qui
comprend Cabrianecum , Cbabrignac , Cociacum , Coussac-
Ronneval, Apriancutriy Abriac, Sanclus Aredius^ Saint-
Yrieix, et qui embrasse la partie nord de l'arrondissement
de Brive. Or, dans le voisinage immédiat de ces ateliers,
se trouve Salagnac % que les monuments du moyen âge
désignent sous le nom de Saianiacuai *, Saleniacum *, 5a-
lainacum ^ ou Salanac '. Ces Tonnes diffèrent peu du nom
ùdStlaulamm inscrit sur notre triens , et Ton comprend
fort aisément que la voyelle a de la première syllabe a pu
se transformer en e, ou se transposer comme dans SaU-
niacum.
II y a peut-être un deuxième triens de Selaniacum dans
1 SaUgDSc , cautoD d^Ezcideaii , arroodinemcnt de Ptrignenz ( Dor-
dogue).
I • Gaufridns de Salâmiaco.n Cb., aon. 1108; cartnl. d*Uzercbo. dans
Jattel, Hist, généaologiq, de la maUon de Tunrme^ pr.« p. 20. «« Manoaldas de
Sêhmiac, m Ch., ann. 1199; ibid. Mes. de la Bibliotb. imp., colleet. Gai-
gnières, t. 185, p. 30. Voir aussi à la page 40.
' « Dominiom castri de Salenhac, cam honore, di^trictu et dominiOf etc.»*
Sentence de partage de la snccessioo du Ticomte de Turenne, rendue par la
iWiie Blanche, ann. 1251 , dans Jnstel , loc, cit.^ pr., p. 53. <* Ricartz de Sa-
ienkMCy n titre de Tabbaje d'Aubazine. Mss. de la Bibliotli. impér., collcct.
Craignières, t. 186 , p. 539. — Cf. Cartul. 135 , t. !•% p. 5 , 47, 52, 88, 216 et
^ Acte de 1163 , tiré des archives de la maison de Turenne , dans Justd y
pr.,p.34.
* Titre de l'abbaye ù'Aubazine, de 1152. Collcct. Gaignièrcs, t. 186,
S92 MÉMOIRES
le D* &1 ci-dessous, dont la légende est incomplète, mais
qui peut aussi bien et même plus vraisemblablement appar-
tenir à Saviniacutn.
97. — -f ABVNDANTIVS MO. Tête à gauche, coiffée d'un
chaperon perlé ; ornée d'un collier de perles.
i^. SILANIAGO FIT. Croix latine.
Tiers de sou d'or. Dernier quart du vn* siècle. — Cabinet
de feu M. Cartier.
{Ancienne Revue numismatique ^ année 1830, pi. XVIII,
n*25.)
Cette pièce n'offre point d'analogie avec le type limou-
sin : elle nous parait devoû* plutôt, à raison de son chape-
ron perlé, appartenir à l'Orléanais; et nous ne l'avons
admise parmi nos incertaines qu'à cause de la presque
identité du nom de lieu avec notre n* 33 {Selaniaeo).
Seignelay, dans l'Auxerrois, et Senlis, qu'on a proposés
comme lieux d'origine de ce tiiensS ne nous semblent
pouvoir, à aucun titre, en recevoir l'attribution. Si Ton
s'en tenait aux ressemblances de noms, Silignac, dans le
département de l'Ain, conviendrait assez bien; mais nous
préférerions Séligny, dans le canton d'Atogny (Indre-et^
Loire); en définitive, il vaut mieux encore chercher l'ate-
lier de Silmiaco , dans l'ancien diocèse d'Orléans.
M. Cartier, dans sa liste des monétaires mérovingiens*
a donné les deux légendes suivantes d'un triens, qu'il d
être conservé au Cabinet des médailles de la Bibliothèq^
impériale : 1 SELANIACO. — î? COINO M. Mais i
inscriptions ont été mal reproduites, et il faut lire au d
SILANIACO I. — Le type de cette pièce nous paraît se
* Rev. num., ana. 1839, p. 439.
• Bec, num,f ana. 1840.
ET DISSERTATIONS. 293
tacher au nord est de la France ; Séligney , dans la commune
de Villers-Robert (Jura), pourrait peut-être en revendiquer
l'attribution avec assez de vraisemblance.
(;OUSSAC-BONNE\^AL.
54. — COCIACO FIT. Tête à droite, dont la chevelure,
rejetée en arrière , se termine sur la nuque en forme de
rouleau : portée sur une base à deux pieds recourbés à
Textérieur.
d. +BONOALDO rr.O. Croix égale.
Tiers de sou d'or pâle. Poids, 1»',20. Deuxième ou troi-
sième quart du vn* siècle. — Cabinet des médailles de la
Bibliothèque impériale.
Si l'on se reporte à la planche où ce triens est gravé, on
reconnaîtra bien vite son ai&nité avec les pièces de Saint-
Yrieix , Cbabrignac , Âbriac , etc. Or, tout auprès et à Test
de Ssûnt-Yrieix , au nord d' Abriac et de Cbabrignac, se
trouve Coussac \ qui correspond exactement au vocable
latin Cociacum^ et fut depuis appelé , au moyen âge , Cosa-
cum ou Cosêocum \
CHABRIGNAC.
55. — CABRIANECO. Tête tournée à droite, dont la che-
velure, hérissée ou rejetée en arrière, se termine par un
appendice légèrement enroulé ; buste effacé.
' Coussac-BonneTal est dans le canton ot urrondissement de Saint-Yrieix
( Htme-VieDoe ].
t M Parrochia de Coioc, » >* Capellaniu de Contuo do Brcno. •• Mds. Biblioth.
impér., cariai. 135. 1. 1, \k 567. - Cf. p. 291, 295. 298.
29& MÉMOIRES
Hi. AVTHARIVS Croix égale.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«%10. Troisième quart du
VII* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
36. CABRI AiNECO. Tête barbue à droite, ceiute d'un
bandeau ; buste babillé.
H'. AVTHARIVS M. Croix égale, posée sur un glo-
bule.
(Bouteroue, Recherches curieuses sur les monnoies de
France , pi. II , fig. 21, p. 342 et 347. — Le Blanc, TraiU
des monnoies de France ^ p. 58 / monétaires incertains,
n» 10. )
L'efBgie barbue reproduite par Bouteroue prouve que
la pièce par lui connue et décrite, est distincte de celle qui
est placée sous notre n* 35.
Adrien de Valois ayant présumé que la légende Ccitna-
necum s'appliquait à Capriacutn, appelé vulgairement
Chevry en Brie *, Lelewel a proposé cette attribution •; et
sa proposition semble avoir reçu généralement l'adhésion
des numismatistes '. Mais, d'une part, la pièce du n*" 35
n'a aucunement le style de fabrication des provinces du
Nord, et présente au contraire sur ses deux côtés une
grande analogie avec le monnayage limousin ; on aperçoit
même l'appendice, peu prononcé à la vérité, qui signale
notre cinquième groupe. D'autre part , elle est signée du
> Nota. Galliar,, p. 412.
* Sumvimatique du moyen Age^ 1. 1**, p. 76.
' Adriou de Longpérier, dans la liste des ntelitîrs monétaires méroviogieiu^
•jii'il a publiée on 1841, Annuaire de la i>oc. de Vhist, de France, ann. 1841,
p. 218. — Cariinr, listt- d«*5 monétaires insérée dans rancicnnc Herue nvm.^
unn. 1840. — Conbrouso, Atlas des monnaies tialion., cotalog. des méroving.^
n''232, p. 17.
ET DISSERTATIONS. f>96
âme nom de moDétaire que notre n* 37, où TappeDdice
t très-fortement marqué.
Enfin, nous pouvons oiïrir un vocable géographique
oins éloigné que Chevry et Capriacvm de la légende de
•s triens : c'est celui de Cbabrignac , nommé en ISil et
hh Chabrignncum \ et dans une charte du xr ou
r siècle, Scabrinac*. On voit par ces exemples que
ibrianeaim a dû faire d'abord, par la transposition du
cond a, Cabrinacufnj et puis Scabrinac^ qui prépare
ane manière digne de remarque la diphthongue ch du
m moderne. Cbabrignac a toujours eu une certaine im-
ftance, car il était chef-lieu de paroisse dans Tancien
ycèae de Limoges : c'est aujourd'hui un chef-lieu de
mmune dans le canton de Juillac. arrondissement de
ive (Gorrëze).
ABRIAC.
27. — APRIANCO+. Buste nu, tourné à droite, dans
le couronne de feuillage ; chevelure rejetée en arrière,
rminée par un appendice recourbé en volute.
i^ -fAYTHARIVco. Petite croix à branches égales, dans
te couronne de feuillage; la légende est également en-
Qrée d'une couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or pur. Poids, 1^,18. Troisième quart du
[* »ècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im-
riale.
" Siguinus de Chabtignaco, •> <• Ademanib , miles, 6Iius vi hère» Siguini do
x^iVioco. •• MsB. Bibliotbè(]ae impér. » collcct. Gaignières, t. 183-184,
145.
• " Stepbuia de Scabrinac, soror Bonij, dédit très cmiDas de siliginc , etc. ••
s. Bibliotb. iinp<^r., oollcct. Baluz.. arni. 3, ]>. 4, t. 3.
296 MÉMOIRES
Ducbalais avait été frappé du style limousin de cette
pièce : mais notre regrettable confrère et ami n'avait pu
découvrir aucun vocable ancien ou moderne qui se rappro-
chât à!Apriancum^ pas plus en Limousin qu'autre part
a Âprey (département de )a Haute-Marne, arrondissement
« de Langres) est, dit-il, le nom qui y ressemble le plus;
0 mais il est impossible de donner ce trions à la Bour-
«gogne *. »
J'ai été guidé dans mes recherches sur ce trions par
deux circonstances importantes : d'abord le type particu-
lier et fort caractérisé des monnaies de cette région , où
je connaissais déjà Salagnac, Chabrignac, Saint- Yrieix*,
puis l'identité de nom du monétaire avec celui de Chabri-
gnac.
A très-peu de distance au nord de Chabrigoac *, j'afc^
découvert un lieu nommé, dans plusieurs chartes du xr oix
xir siècle comme de nos jours, Abriac ', et, dans un pouill^
latin du xvi* siècle, Abriaco {cura de) *.
La lettre B de ce nom n'est qu'un adoucissement de \m^
lettre P du mérovingien APRIANCO; et quant à la lettre ^*
de ce dernier vocable, sa position en avant d'une autr^^
consonne en rendait la prononciation difficile, et l'on s'ex^
plique aisément qu'à la désinence anc^ les population ^^9
limousines aient substitué la désinence ac^ qui leur étaÂ. ^
familière.
* fierut num.y année 1847, p. 115, et pi. V, n» 17. C'e«t par erreur qU'^K^
daoB le texte de Tarticle de Ducbalais , le monétaire reçoit le nom d'init^r^^^^
' rius au lieu de celui d*Authariw,
* Chabrignac est dan» le canton de Juillac , arrondissement de Bc m^'^re
{ Corrèze ) .
* Mss. Biblioth. imper., cartal. 135, 1. 1", p. 315, et colleet, Baloz., aniM^ ^
p. 4, t. 3. — Dans les feuilles de Cassini, n* 34, f. 15.
* Mss. Bibliotb. impér., fonds Saint- Germain français^ n*878, t. FI.
ET DISSERTATIONS. 297
Abriac, qui, au moyen âge, avait été uoe dépendauce de
la graude seigneurie de Bocbiac, était, au xti* siècle, chef-
lîeu de paroisse; mais , au xvii* siècle , les pouillés ne le
mentioDoent déjà plus *, et il n*a pas même actuellement le
titre de cbeMieu de commune.
miGNAC.
58. htlNTIiNIACO. Tète nue à droite , dont la cbeve-
lure, rejetée en arrière , se termine par un appendice re-
courbé en volute; buste habillé.
â. -fAVUOALDO M. Croix égale, entourée d'un grè-
netis.
Tiers de sou d'or fin. Poids , 1«',?0. Deuxième quart du
vir siècle. — Médaillier de M. le docteur Voillemier, à
Senlis.
+CINT1NAC0. Tête à droite.
1^. 4- AVDOALD. Croix à branches égales.
Tiers de sou d'or. Poids, 1»',16. — Médaillier de
M. Conbrouse.
( Conbrouse , Atlas de monn. nation. ; catalog. des méro-
ving.,p, 22,n«336. )
Quoique nous n'ayons pu nous procurer Tempreinle de
^^tte deuxième pièce , nous avons dû en reproduire ici les
'^gendes, parce qu'elles nous donnent une variante du
^om de l'atelier.
Nous n'insisterons pas sur le style limousin du n* 38, il
^^Œt de le comparer aux pièces qui l'accompagnent sur nos
Pla^sches, et surtout à celles du groupe de Salagnac, Coussac,
^ Voir notamin«nt le P<mUU d« Varehevtché de Bourgei , publié par A il lot ,
298 MÉMOIRES
Chabrignac, Abriac et Sai'azac. A cinq kilomètres envi-
ron au N. N. 0. de Chabrignac \ se trouve un lieu appelé
Chignac, qui nous paraît s être formé par contraction du
Cinliniaco mérovingien. En effet , dans les pays du centre,
le C initial s'est fréquemment converti en la dipbtbongae
Chy comme dans Cabrianecum (Chabrignac), Cameirccutn
(Chameyrac), Cassmomo^us (Chassenon). La syllabe mé-
diane TI est tombée comme dans PaTlgasum ( Pageas) ',
ArTOnacum (Arnac), comme la syllabe VI dans LimoVIcw
( Limoges ) . Le mot est ainsi parvenu à la forme suivante
Chiniaco, qui est précisément la traduction , aux derniers
temps du moyen âge, de Cbignac, ancien chef-lieu de pa-
roisse dans le diocèse de Limoges *.
SARAZAC.
39. hSARACIACO. Tête à droite, ornée d'un long
diadème relevé en volute sur la nuque, le buste nu.
"^. +BODONE MONEI. Croix dans un grènetis.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«%15. Troisième ou quatrième
quart du vu* siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale.
40. — SAGRACIACO. Tôle à droite, à chevelure longue,
» Chabrignac est dans le canton de Juillac, arrondissement de Brive {Cor^
rèze).
• En dehors des It^gendes monétaires , nous avons de nombreux exemples
de la disparition de la syllabe médiane ; ainsi dans BarenTEnacum (Barennac),
CarenTEnacum (Carennac).
» M. Guillemot, dans son Catalogue, et M. Conbrouse , iîecuei/ des monétairu
mérovittffieM , pi. XXI, u* 19 , traduisent Cintiniacum par Quintignj. Mais la
syllabe initiale Cin n'a jamais, à ma connaissance, formé Quin dans le langage
moderne.
. ET DISSERTATIONS. 299
relevée en volute sur la nuque; le tout dans une ronronne
de feuillage.
R. +TEODOLENO. Croix égale, potencée; le tout dans
une couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or. Poids, 16%30. Troisième ou quatrième
quart du vu* siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale.
96. hSAGRACIACO. Tète barbare à droite, ornée
d'un bandeau ; visage vieux et barbu.
R. +EOSEVIO nOH {mon.) . Croix à pointes, légèrement
potencée.
Tiers de sou d*or. Poids, l8',20. Premier quart du
viii« siècle.
(B Fillon, Êivdes numutnaliqxies^j). 31, pi. I,n*22.
Le savant antiquaire ne désigne pas le propriétaire de ce
triens, qui probablement est dans son médaillier parti-
culier. )
H. Adrien de Longpérier, qui a décrit les n°* 39 et 40
ci-dessus, a attribué le premier à Sarrazac en Quercy \ et
le deuxième à Segrais dans TOrléanais % mais sans motiver
ni Tune ni Tautre de ces attributions, et vraisemblablement
à raison de Fidentité du nom latin de Saranacvm avec le
moderne Sarrazac , et de Sograciacum avec Segrais. Mais
comme il existe , indépendamment de Sarrazac , qui est
' Notice <ur la collection du monnaies de Jean Boutseau, p. 79, pi. II, n* 1B3.
Stmzac est dans le canton de Martel, arrondissement de Gourdon (Lot). —
^légende de cette pièce ne présentant aucnne incertitude, M. de Longpé-
Her fait observer très-jnstement qu'il convient de retrancher des catalogues
^« monDaies mérovingiennes un triens du cabinet de feu M. Dassy, quia
•?té fmblîé par M. Cartier sou» le nom de Bacaciaco — Bodone mo {Revue num.,
•^xs-n. 1840, p. 221, n» 180), et attribué & Bavay. Cest sans doute une mauvaise
^•"Çoii de Saraciaco,
« Ibid., p. 56, pi. II, n« 1.38.
SOO MÉMOIRES
doDsle département du Lot, un Sarazac situé dans celui
de la Dordogne, et que Segry en Berry a presque autant
de rapport que Segrais avec Sagraciacum^ il faut chercher
les éléments de la solution en dehors des ressemblances de
noms. Ici, comme dans tous les cas (si fréquents du reste)
où un certain nombre de localités du même nom réparties
dans l'ancienne Gaule, ont, en vertu de cette circonstance,
un droit égal à revendiquer l'attribution d'une monnaie, le
type seul peut faire cesser l'incertitude et conduire à une
décision rationnelle.
Si Ton rapproche le revers du n*» 39 du revers des
n»* 6 (Lemovecas)\ 73 et 74 {Blalomago) de notre
série, dont nul ne contestera l'origine limousine, on re-
connaît tout aussitôt, non-seulement le même style,
mais un type identique. La même analogie existe entre
le revers du n* 40 et celui des n*»* 18 {Carovico)^ 19
{Maugonaco)^ 34 {Cociaco), 57 ( Ctirtsiaco ) , 71 {Spa-
niaco] , etc.
Quant à l'efiigie, elle présente , dans les n"" 39 et 40,
cet appendice qui est le signe caractéristique et même
bizarre de presque tout le cinquième groupe, et que nous
avons décrit plus haut.
A petite distance à l'ouest de Saint-Yrieii , de Salagnac,
de Ghabrignac, etc., il existe un lieu appelé, dans une
charte du cartulaire d'Czerche du xi* siècle, villa de Sa-
razac*^ c'est-à-dire du nom même qu'il porte aujour-
* Il faut consulter la bonne gravare que nous donnons de ce numéro daos
la pi. XVIII de la Retuê, année IB58.
* « Guillabaldus de Sarasae dédit I mansum in TÎUa de Sarazac, in paroebia
Sancti Eparchii. » Mss. Biblioth. impér., coUcct. Gaignières, 1. 185, p. 50.
La charte précitée a été dressée roua Valhô d'Uzcrchc Géraud, tntre Ici
années 1040 et lOBO.
ET DISSERTATIONS. 301
d'hui K Et nous savons avec certittide, par l'exemple de
Sarrazac en Quercy, que son ancien vocable était bien Sa-
raciaeum *. Nous connaissons aussi une localité du Limousin
qui portait, aux ix* et x* siècles, la dénomination de Da-
raciaeum^ et porte actuellement celle de Darazac *. L'ana-
logie est parfaite.
L'effigie de Sagraciacum (n** 40) présentant, de même
que le n"* 39, le signe distinctif du cinquième groupe, son
attribution à cette partie du Limousin ne nous parait pas
doutense. Ajoutons que le nom du monnayer inscrit sur
le n* âO est celui dû monnayer qui a signé notre n* A5
(Rieodunin^ Rieu-près-Dun). Nous pouvons donc, avec
beaucoup de vraisemblance , considérer Sarazac comme
étant le lieu d'origine de la pièce de Sagraciacum , aussi
bien que de celle de Saraciacum.
Nous avons plus d'bésitation relativement au n"* 96, ci-
dessus décrit, et qui porte aussi en légende le nom de
Sagradaco; nous ne l'avons fait graver sur nos planches
qu'à raison de l'identité de ce vocable avec celui du n" AO,
que nous pensons être originaire du Limousin : le type
n'étant pas analoguç à celui de notre série , et spéciale-
ment à celui du cinquième groupe, nous avons classé cette
pièce parmi nos incertaines. M. B. Fillon l'a attribuée à
Segry en Berry *. Mais cette désignation ne nous a pas
* CsntoD de Lanonaille, arrondissement de Nontron (Dordogne).
« Cortiilairt de Bêaulieu , ch. XVI , XXIIT , XXXIV, CLXXXV et CXC III ,
IDD. 866, 8.59, 844 et 823.
* /Mf., ch. LXX, ann. 954-%7.
^ M Le nom ancien de Segry, dit le savant archéologue , a dû être Se-
grioem»; mai« il existe des exemples de modifications analogues. » Étudr»
mmitmatMgueê, p. 32, note 1. — Cf. Lettre» à M. Dugast Matifeux , p. 64
et 65.
lg61.-.4. 22
302 MIVOIRKS
semblé appuyée de jiisliflcatioiiîs suflisantes pour faire
cesser le doute à l'égard de ce triens.
SAVIGNAC ou SAT.A(fNA(\
41._4-S MACO. Tête adroite, ornée d'un dia-
dème relevé en volute sur la nuque ; buste habillé.
Sj. ITP..I10 cr,ON {Ilerio won?). Croix égale dans un
grènetis.
Tiers de sou d'or. Poids, l'SlO. troisième quart du
vir siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im-
périale;
C'est là une pièce inédite, dont le type est tellement
identique à celui des n** 38 et 39 , ci-dessus décrits , qu'il
serait superflu d'en justifier l'attribution au Limousin et
au cinquième groupe. Dans le voisinage immédiat de Sa-
razac et de Ghignac , nous connaissons deux localités dont
les noms conviendraient bien aux débris qui nous restent
de la légende du droit : Salagnac {Selaniaco)^ dont nous
nous sommes occupé plus haut, et Savignac-les- Églises
(Sarmiaruw), dans l'arrondissement de Pérfgueux (Dor-
dogne). Il existe en effet entre l'S initiale et NIACO l'es-
pace de trois lettres, qui feraient S[e/a]NIACO, ou
S[ari]NIACO. Nous préférerions ce dernier lieu, par le
motif qu'il est pins rapproché que Salagnac , du bourg de
Sarazac, dont il reproduit exactement le type. Savignac,
chef-lieu de paroisse et prieuré dans l'ancien diocèse de
Limoges, est mentionné dans plusieurs titres du moyen
âge, savoir : 1** un dénombrement des églises dépendantes
de r abbaye de Solignac , où il reçoit le nom de Ecchsia de
ET DISSERTATIONS. 3(VS
SfMt^nac * ; 2» un livre d'hommages de saint Martial de
l-îinogesde Fan 1451, où on lit : uVincentius Savignaci^
« Uominus sancti Pétri Arfori» ', >»
SAIXT-YRILIX.
42. — SCO AREDIOFIT. Tète à droite, ornée d'un dîa-
^lêine ; buste habillé.
fi. BAVDOLENO MT. Croix égale, fichée, dans un grè-
netis.
Tiers de sou en électriim. Poids, l8',lâ. Troisième quart
du vil* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
A3. — SCO ARCdl FIT. Tête à droite , avec couronne
perlée ; collier de perles ; buste habillé.
ïi. +BAVDOLEFIVS M (les deux lettres A et V liées) '.
Croix égale, potencée aux deux branches latérales, accostée,
^ux premier et deuxième cantons , des lettres LE ( initiales
de Lemovicas) , et d'un point au quatrième. La légende est
enfermée dans un double rang de grènetis.
Tiers de sou d'or. Poids, l^.ib. Dernier quart du
^'H' siècle. — Médaillier du docteur Voillemier.
44. — SCO VNOD+IO {Sanclo Arodio), Tête à droite,
ceinte d'un bandeau terminé sur la nuque par une double
bandelette-, buste habillé.
i. f..lIIIVDR10 ^. Croix égale dans un cercle, cantonnée
' Mm. Bibiioth. iiripër., collect. Gaignière«, t. 186, p. 414.
« /Wa., t. 185, p. 25.
* CVst par errenr que sur nos planches on a gravé CADOLKFIV?.
^M . Guilîeraot Ht Cartier, dans leur» liste? des monétaires niërovingicrs, ont
*^rît GantUlefiust
3(lA MÉMOIRES
des quatre lettres LEVIO, qui sont en parti(; renversées et
interverties.
Tiers de sou d'or pâle. Poids, l''%25. Premier quart du
Tiii* siècle. — Pièce inédite du Cabinet des médailles de la
Bibliothèque impériale *
Nous ajouterons aux descriptions ci-dessus la mention
d'une quatrième pièce en électrum, fiappée à Saint-Yrieîx
et publiée par Bouteroue * :
-|- c/^V^ AREDl. Tête casquée; le casque surmonté d'un
panache.
S. VADOLENO ^OF . Croix ancrée , accostée , sous les
bras , des lettres A et C.
Aredius^qui fut peu après sa mort honoré comme un
saint, et dont la vie a été célébrée par Grégoire de Tours,
fonda un monastère à Alanutn ', et le dota richement par
un testament daté de 578 *. Ce monastère, détruit pen-
dant les guerres du viii* siècle, fut rétabli par Pépin le
Bref vers 753. L'église collégiale actuellement existante,
date en partie du xi* siècle : la nef et le chœur sont
du xu*.
La ville qui se forma autour de la maison religieuse,
< Cette pièce a été étiquetée sa mot ISCOVMOC +1 > mais à tort; ce qu'on
& pris poar l'I initial n'est autre choee que l'une des bandelettes qui terminent
le bandeau.
* Recherches curieuses sur les monnaies de France , p. 200 et 201. Bouteroue
avait vu dans notre S initial un trèfle ou petite fleur, et lisait , en commençant
par la lettre A , AREDIVS. Il voyait aussi, sons le bras gauche, nne fleur an
lieu du C qu'il faut y reconnaître, et qui, avec TA du coté droit, donne les
aigles d*une formule pieuse très-usitée sur les monnaies mérovingiennes.—
Conbrouse [Catalogw des monnaies mérovingiennes, p. 75) a écrit Aredius'^
Leudoleno,
* Vit. B, Aridii, cap. VI. Gregor. Fnron., Histor. ecelesiastic, Francùr.^
id\U de Gnadet et Taranne, in-8*, t. II, p. 455.
^ Viylomat, et vhait.^ édit. Pardessus, t. I", ad ann. 573.
ET DISSERTATIONS. 305
P^i bientôt le vocable du saint fondateur. GeoiTroi de
^geois, qui écrivait vers la fin du xii* siècle , la mentionne
^0 maints endroits sous le nom de Sanclus Aredius \ C'est
^m qu elle est désignée dans les actes de la visite pasto-
nle de l'archevêque de Bourges de Tan 128â *, et dans une
roule dé monuments du moyen âge ; de nos jours, Saint-
Yrieix est un cher-Fieu d^àrrondissement dans le départe-
ment de la Haute-Vienne.
Nous ne terminerons pas cette notice sans parler d*un
triens qui présente au droit la légende rétrograde AREDI^
et au revers ....HL...0TAR10..
M. A. de Longpérier, en publiant cette pièce, a vu, sans
hésiter, dans le nom inscrit au revers, celui du roi Clotaire,
qui régna de 58A à 628. Mais il a exprimé des doutes sur le
point de savoir si la légende du droit désigne Tatelier, qui
^r^ol la ville de Saint-Yrieix, ou bien un pei-sonnage, qui
serait Te monnayer garant de la bonté du titre de la pièce,
<m tout autre officier muni d^une charge importante. 11 a fait
observer que la localfté dont il s'agit n'a été désignée dans
les monuments que sous le nom d*Alaiium^ et plus tard de
^dnavs Aredius , ou par abréviation SCS AREDIVS, jamais
par le seul motd'/iredtu«* Cette observation est parfaite^
'nent exacte , et il convient , ce nous semble , de voir dans
^rediu$ le vocable d'un monétaire ou d'un dignitaire de la
^ur de Clotaire II.
^ ^ Eeclesûim Saocti Aretliï. >• Bulle du pape Pascal II, de Tan 11 17; dans
"•'^lae, Biêt. Tutel., append. col. 465. " Vivente adhuc Henrico n»ire et Yterio
P'**tile, canonîcî Sancti Andii Ransolîie monasterinm ,cto '• Chronîc. Gaufred.
Pnor. Vottens., dan» Pliilippe Labbe, Noc. Biblioth, mj*., t. II, p 284. •• Apud"
^■T>«in (qniescunt) Gemma et Screna. Apud S. Aredinra S. Pelagia, mater
*'"*• - Ijoc. cit., p. 290. — Cf. iWd., p. 310.
*■ Veait Dominus apud Sanctum Aredium, nbi sunt canooici secularee. '•
'^s Balozc, MisceUan., ëdit. Mansi de Lucque», t. !•', p. 285;
306> MÉMOIRES
CIIABANAIS.
46. — CABANISIO. Tète à droite , coiffée d'un chaperc=^
rabaissé sur les yeux ; buste habillé,
îî. +LEODVLFO <^0. Croix égale, dans un grènetis.
Tiers de sou d*or. Poids , 1^%15. Troisième quart f3iM
tu* siècle.
{Ane. Rev. numism., année 1836, pL XI, n" 21 *. )
L'attribution de ce triens au Limousin ne peut faire
l'objet d'aucun doute ; le style en est suffisamment carac-
térisé. M. Cartier et M. de Longpérier' n'ont point hésité à
voir dans le Cabanisinm de la légende ci-dessus la petite
ville de Chabanais, paroisse de l'ancien diocèse de Li-
moges •.
Nous voyons déjà cette localité mentionnée, sous le nom
même qui est sur notre pièce , dans le passage suivant
d'une charte de l'an 1093 : o Quatuor procerum quorum
duo sint de Confolento, aliique duo de CABANISIO \ » On
retrouve ce môme vocable , avec la variante Cabanesium^
dans les actes des siècles suivants '; pourtant dès le milieu
* M. Conbroase a reproduit ce triens dan* son recueil de Moriélaire» dei roii
mérocing , pi. XVIII, n« 1 , où il a la Cabaivisio pour Cabani:tio ; et dans soft
Atlas des monn, nation., catalog. des méroving., pi. 158 B et 203, où il a
donné des légendes de deux pièces Cabairisio et Cabarisio, avec le même mo-
nétaire Leo'Julfo. C'est évidemment la même pièce, dont il a ainsi répété les
légendes avec de mauvaises leçons.
* M. Cartier, dans la Bec, num.^ loc. cit. — M. de Longpérier, dans TJ»-
nuaire de la Soc. de Vhist. de France^ année 1841, p. 218. — M. Maurice Ardant
a aussi indiqué la même attribution , Bulletin de la Société archéolog, du Limmt'
Min. t. IV. p. 177.
* Chef-;ieu de canton dans l'arronr.iàsemcnt de Confolens (Charente).
^ Cartulaire de TEsterp; dans le nouveau Gallia chrisUana, t. Il, in^trum*,
col. 195.
» Ch. 1211, 1227, 1277, 1296, 1308, 1363 et U02. >Us. de la Bibliolb,
ET DISSERTATIONS. 307
^U Aur siècle, le G ioitial se transforrue , suivant Tusage,
^'ï la diphthongue Ch\ En 1283, paraît le nom de Cha-
f^^nez ', et dix ans plus tard, le nom dans sa forme ac-
tuelle, Chabanois*. Cette bourgade eut de l'importance
^u moyen âge, car elle était, au commencement du
XI* siècle , le chef-lieu d'une vicairie , qui lui avait em-
prunté son nom \
( La êuHe à un autre numéro. ) Max. Deloche.
iinpér. . colîect. Gaignièrcs , t. 186, p. 615, 361 et 14X> ; et t. 183-184, p. 265 ,
296. — Ju»tel , IJUi. généalogiq. de la maison de Turenne, pr., p. 24.
Cb. 1243. Mss. Bibliolh. impér., collect. Gnîgn., t. 183-184, p. 262. —
Jostcl, loc, cit., p. 68.
« Ch. 1283 et 1284 ; dans Juste!, tb/rf., p. 67 et 7i.
» Titre de 1293 ; dans Jastel, ibid., p. 69.
* • Do roan&um situm lu pâgo Lemovicenâi , in vicariii Cabanengi. - ï.x
^;lijtj-tul. Stirpcnse, apud Soc, GalL christ., t. II, iii>truin., col. 195,
308 MÉMOIRES
DENIER INÉDIT DE GUILLAUME IV,
PRINCE D'ORANGE.
Capitale du pays des Cavares avant roccupation romain^^*
Orange fat une des quatre villes de ce peuple que les Rc^-
mains conservèrent le plus longtemps. On peut juger c^e
l'importance qu'elle avait acquise par les riches débris
qu'elle noua montre encore.
Cependant on oe connaît d'Orange aucun moDumes3t
numismatique de l'époque romaine. L'atelier monétai^"^
d'Arles suifisait , et il dut en être de même sous les Gotb^*-
les Bourguignons et les rois francs.
Ainsi donc les comtes amovibles, dépendant de l'empire -v
n'eurent pas le droit de battre monnaie.
On a fait remonter leur généalogie à Guillaume au Corru^^^
ou au court-nez y qui vivait du temps de Cbarlemagne, ^s^^
qui aurait été fait comte de cette ville après l'avoir coitJm -
quise, en 793, sur Tbèobard , chef sarrazin *, orné d'i»^"»
nom germanique.
Mais Y Art de vérifier le$ dates ne nous donne une sia i "^
» Dictionnaire de Moieri,
£T DISSERTATIONS. 309
ère des comtes propriétaires d'Orange qu'à partir
raud Adhéniar, au commencement du xi* siècle.
comté, ainsi que la principauté qui lui succéda, était,
e le Forcalquier et d'autres seigneuries du Midi, di-
» et subdivisible entre les héritiers qui le possédaient
-iage. Ainsi, Tiburge II, en 1180, et Raimbaud IV,
3veu, en 1190, firent donation aux hospitaliers de
lean , chacun de son quart.
1173, Tiburge 111 et Bertrand de Baux , son époux,
lèreot à la moitié du comté, qu'ils tenaient de Raim-
III.
Bertrand de Baux reçut, en 1178, de Frédéric V
rousse la donation du droit de monnayage , avec le
ie prince d'Orange. Ce n'est donc qu'à cette époque
'on peut faire remonter les premières monnaies
ige.
connaît des deniers anonymes de cette principauté
38 légendes Priwcfp« et Principes^qui portent l'L barré,
^meot copié du type de Lyon. M. Cartier les regarde
e les premiers essais de monnayage d'Orange ^ , et
:e cas ils peuvent être attribués à Bertrand de Baux
le à Guillaume IV, son successeur (1182), sous les-
la principauté était divisée.
Ducbalais * pense au contraire qu'il n'existe aucune
aie d'Orange avant les deniers au nom de Guillaume.
iitefois , les deux autorités que nous citons sont d'ac-
sur ce point que jusqu'à présent les deniers avec noms
lus anciens sont les pièces découvertes dans le célèbre
r de Rochegude ', et qui sont attribuées à Guillaume IV
ervf fuim., 1839, p. 109 et suif.
rc« nitm.,184i, p. 15.
'oy. Mém, de la Soc. dt€ ant, de France ^ 1819, l. XX, p. 3G.
310 MÉMOIRES
(1182 1219). Elles oflVeni le nom d'un empereur Frédéric.
«Ce sont ces deniers, dit M. DuclialaisS qui portent
(• pour empreinte d'un côté le nom de l'empereur, entre-^
«grènetis, autour d'une croix, IMP.FREDERI.CVS; de —
« l'autre , I PRICEPS A\ RASC autour d'un W, initiale de=-
(( Wilhelmus ; ou + IMP.FREDERICN S autour de la mêmF=
«croix, et WPRÏCEPS AVRASIG autour d'un cornet, sus
« pendu à des cordons. 11 faut de toute nécessité regarde^^
« les deniers marqués du nom de Guillaume IV comme les
ft premières monnaies des princes d'Orange ; ils ont en effe~ t
« un aspect beaucoup plus ancien que tous les autres. Pou t
(( le style et le travail, ils sont identiques aux pièces pro
tt vençales fabriquées à la fin du xir siècle et aux denier
« que les comtes de Toulouse, du jiom de Rairaond, fai —
« saient frapper au type du soleil et de la lune , pièces o ~^i
« ils inscrivaient leur titre de marquis de Provence, et qti^i
« très-probablement sont sorties des ateliers du Pont-d«^-
« Sorgue ou d'autres villes du marquisat. »
Si nous nous en rapportons à l'opinion de M. Cartier",
reproduite par M. Poey-d' Avant', ces pièces ont été frajp-
pées sous le règne de Frédéric II entre 1198 et 1219, €?t
môme seulement après l'entrevue de Metz en 1213.
On sait que cette année-là Guillaume IV alla trouver -»
Metz l'empereur Frédéric II, et qu'il se fit confirmer lc*^=>
privilèges octroyés à son père ; il obtint même le titre cî ^
roi d'Arles i)ar lettres datées du 2 janvier 1214 ', si toul
fois ce document est authentique.
L'opinion de M. Cartier, qui regarde les monnaies ai:i^
nymes et imitatives des princes d'Orange comme leL*^
* Rrvue ntirn., 1814, p. 15.
« Monn. féod,, t. II, p. 387.
* Art de vérifier les dates.
I
ET DISSERTATIONS. 31 i
premiers essais de fabrication, e^t fondée, à ce qu'il me
semble, sur cette pensée que Frédéric 1", en octroyant à
de petits princes le droit de frapper monnnie, dut leur im-
poser certaines réserves, témoignant de leur dépendance
de l'empire et de leur infériorité vis-à-vis des grands États,
au milieu desquels ils étaient quelquefois enclavés.
Le nom de l'empereur parut d'abord sur les monnaies
accompagné de la lettre initiale du nom du prince plus ou
moins dissimulée, jusqu'à ce qu'une plus grande indépen-
dance ait amené les seigneurs d'Orange à faire paraître
leurs noms en entier et plus tard encore à graver leurs
têtes , imitant toujours dans leur forme les monnaies ayant
le plus de cours.
Quant à l'opinion qui ne fait remonter qu'à Frédéric II
et même à l'entrevue de Metz les premières monnaies de
Guillaume IV, elle a pu être motivée par ce raisonnement
que le privilège accordé à Bertrand de Baux avait été per-
sonnel, et que son successeur ne pouvait continuer l'émission
des monnaies sans une nouvelle et solennelle confirmation.
La découverte inattendue d'une pièce qui fait aujour-
d'hui partie de ma collection, vient détruire cette opinion
et. faire remonter d'une manière incontestable l'émission
d^s monnaies de Guillaume IV à une époque antérieure au
rfegne de Frédéric IL
T^otre denier, du poids de 65 centigrammes , a pour lé-
gendes, d'un côté, -fENRIGVS IPT (imperalor) entre
grènetis autour d'une croix pattée avec fleuron au centre,
et de Fautre + PCEPS AVRASC (l'a et l'u liés) , autour d'un
W imitant un L; dans le champ, une étoile.
Ce denier est du même style que ceux qui portent le
nom de Frédéric , et n'en diffère que par le nom de l'empe-
reur. On ne peut y voir le nom d'Henri V (1100-1125), ni
312 MEMOIRES
celui d'Henri Vil (1308-1313). 11 a donc élé frappé durant
le règne d*Henri VI, c'est-à-dire entre 1190 et 1198.
11 présente dans le cbanip, outre un monogramme com-
I)osé des caractères V et L , un astre qui forme les armoiries^
de la maison de Baux, ec qui se voit sur les sceaux et bulles^
de ses membres.
Le W de Guillaume IV offre beaucoup d'analogie avec
celui qu'on remarque sur une bulle de Guillaume 111, évè-
que de Viviers, fixée à une charte de 1218 *.
L'L uni au V et l'astre de la maison de Baux donnent
tout à la fois à notre denier quelque ressemblance avec le*
type des monnaies de Lyon et le type au soleil des mon-
naies provençales des Raimond de Toulouse.
Si les deniers de Guillaume IV avec le nom de Frédéric
ont été frappés sous le règne de Frédéric 11, par conséquent
entre 1198 et 1219 , notre pièce est la plus ancienne mon-
naie connue portant le nom d'un prince d'Orange.
Mais comme Guillaume IV a été prince pendant huit ou-
neuf ans du règne de Frédéric 1"', c'est-à-dire de 1182 à
1190, il reste à examiner, maintenant qu'il est prouvé que
la confirmation des privilèges, donnée en 1213, n'est pas
le point de départ de la monnaie d'Orange , si les deniers
retrouvés à Rochegude ne sont pas antérieurs à celui qui
porte le nom de l'empereur Henri VI.
Quoi qu'il en soit, nous sommes à présent autorisés à
croire que Guillaume IV a pu émettre des monnaies avec
son nom sous les règnes de Frédéric I'% d'Henri VI et de
Frédéric II. Et la découverte de notre denier fait de plus
espérer l'apparition des monnaies de Bertrand de Baux»
premier prince d'Orange. R. Géry.
* Blancard, Scfaus et bulles des archives des liourhes-du'Hhone^ pi. 48, n* L
KT DISSKKTATIO.\5. SIS
NUMISMATIQUE LORRAINE.
(IM. XllI et XIV.)
Dora Calmet, Mory d'Elvange , Dopré de Geneste et
Lemoyne avaient répandu, dès le dernier siècle, le goût
des monDaies du moyen âge dans la Lorraine et les trois
évêchés. Aussi ces provinces, riches de collections et de
documents , étaient-elles merveilleusement préparées lors-
que M. de Saulcy se décida à doter Févèchê de Metz , la
Lorraine ducale et le Barrois des savantes descriptions
monétaires que tout le monde connaît. Nous avons nous-
même rencontré dans les médailliers de nos compatriotes
les principaux éléments de nos études sur les monnaies
romanes du nord-est et èe nos travaux sur la nun)isma-
tique des évoques de Toul et des roattres-échevins de Metz.
Quelques années ont passé sur ces diverses publication?;
les amateurs ont fait une nouvelle étape et recueilli , non-
seulement des variétés importantes, mais des types dont on
ne soupçonnait pas l'existence \ Le moment serait donc
venu de reprendre la plume et de publier de nouveaux tra-
* Ploiienn d« ces types ont dëjà été décriu, grâce à MM. de BarthélciDy*
Chabert, George Koulangé, L. Maze, etc.. etc., et surtout à M. Jules Laurent^
qui a fait imprimer le catalogue raisonné des nombreuses raretés dont son zèl'e-
t enrichi le Musée d'Épinal ; enfin M. Monnier promet de nous rnlre connaître
)et]Mnr«>ineacle sa collée ti mi.
^là MKMOini'IS
vaux : en attendant que nos loisirs nous permettent d'abor-
der cette tâche, nous allons emprunter à nos collections de
dessins et mettre sous les yeux du lecteur quelques pièces
nouvelles de la Lorraine et du tarrois*.
LORRAIM^: DllCALli.
Mathii:u 11 (1220-1251).
^
N" 1. Le duc armé, à cheval, courant à droite. Le bas
de la 4)ièce est fruste et ne laisse pas voir le signe qui
devait se trouver à l'exergue.
u. .PUIN6L Au centre, une aigle éployée regardant à
gauche. — Anjent, Poids, 0s%59ô.
Ma collection ( pi XIII , fig. 1 ) .
Ce petit denier ej>t semblable à ceux que M. de Saulcy a
déjà classés à d'autres ateliers et notamment à Thionville,
localité qui n*a appartenu aux descendants de Gérarc}
d'Alsace que pendant un an, de 1225 à 1226.
L'atelier de Preny n était pas connu lorsque parut l'ou-
vrage de M de Saulcy. M. Gabriel Rolin a , le premier,
publié une monnaie qui en était sortie; c'était une plaque
de Jean 1*^' (1346-1389 \ semblable à celle de Nancy *. Le
château de Preny, dont le nom servait de cri de guerre à la
maison de Lorraine et dont l'importance est attestée par
les belles ruines qui dominent encore aujourd'hui la vallée
* Nous donnerons prochainement une description générale des monnaies
des trois évêchés. Nous publierons cnsuiie, en collaboration avec M. GiUet ,
la nombreuse série des médaîilts et des jetons de Lorraine. M. Mocnier, qui
possède une magnifique collection, a entrepris un travail important sur Iw
monnaies des ducs bénéficiers.
î Description de monnaies du XIV* siècle découvertes à Buissoncourt {Meurtkt).
KT DISSERTATIONS. 815
lie Ja Moselle, a du abriter souvent l'atelier monétaire
ducal. On peut espérer que de nouvelles pièces de Preny
^e découvriront avec le temps.
N** 2. Les petits deniers de Mathieu II pèsent un peu
moins de 6 décigrammes; malgré cette exiguïté ils com-
portaient une subdivision par moitié, dont les spécimens
sont aujourd'hui des plus rares. Saulcy n'a décrit qu'une
obole sortie de la forge monétaire de Sierck Feu le comte
Gastaldi nous en a montré une portant la légende Liniville ;
en voici la description :
Cavalier armé, galopant à droite.
a- LIN1V..LE. Aigle à droite. — Argent, très petit mo-
dule. Poids, 0«%252.
Cette pièce ayant le type du denier du même atelier
poblié par M. de Saulcy \ nous ne l'avons pas fait graver.
M. Gillet possède une variété de cette obole avec un
crx>issant sous le cheval.
Ferri m (1251-.1303).
Ti** 1. Le duc armé, à cheval, courant à droite; à Texer-
K'Cac les lettres lA, dont M. de Saulcy a déjà signalé lexis-
t^"Kïce sur un autre petit denier du xni* siècle '.
lÉ. mVRICORT. Aigle éployée regardant à droite.
lEmpnmté à un manuscrit ayant appartenu à Lemoyne de
Hoyenvic * et passé de la bibliothèque de M. le comte
ïl«3nmery dans celle de M. Gillet (pi. XIII , fig. 2 ).
* htckerches sur Utt monnaieê des durs hércdiUires dt Lorraine^ pi. Il, fig. 6.
* toc. cit., p. 41, premier aliné».
* l«moyne de Moyenvie , qa*il ii»» faut pas confondre avec Pauteur de In
mplomatiçue pra/igiM, publiée à Metz en 1765, était oflicior des ftniinos à
^ovfnvic. Amateur inatruit, il a laissé qucljufs travaux numisniRtiqur*
i»a.niw«rit».
i
316 MKMOIRES
Ce denier présente le type des monnaies anonyme» de
Nancy. Sierck, Thionville et Lunéville, attribuées à Ma-
thieu III par Saulcy , et de celle de Preny, que nous laissons
au même prince; mais le témoignage de l'histoire nous
oblige à le donner à Ferri 111, attendu que ce ne fut qu'en
1284 que Mirecourt fut cédé à la Lorraine par Isabelle, fiUe
et héritière d'Eudes, comte de Toul. Le type du cavalier et
de Taigle s'est donc perpétué pendant une as^z longue
période.
N** 2. .F.iyLO....RGG'. Le duc de face, tenant dans ses
mains des objets en forme de palmes, que la conservation
de la pièce ne permet pas de bien définir.
r). C1RK6 s. Oiseau épioyé semblable à celui de la pièce
précédente. — Argent.
Empreinte communiquée par M. de Kœhne, l'un des
conservateurs du Musée impérial de l'Ermitage , à Ssûnt-
Pétersbourg (pl.XlII, fig. 3).
Cette charmante monnaie, entièrement nouvelle, ne peut
être classée ni à Ferri I" ni à Ferri II , attendu que Sierck,
cédé en 1173 à l'église de Metz, par donation du duc
Mathieu 1"% ne fit retour au duché qu'en 1247, sous
Mathieu II, père de Ferri III. Ajoutons que la représenta-
tion du personnage, vu de face, avec cheveux ondoyants
à la manière de Testerling anglais , s'était généralisée à
la fin même du xiii* siècle et au commencement du iiv*.
Fkrri IV (131-2-1328).
N« 1. +F. DVX LOTHO. Croix cantonnée de deux crois-
sants et deux étoiles.
ft. NANC 6 1. Épée en pal, accostée de deux alérions.
ET DISSERTATIONS. 317
Petit denier reproduit d'après Lemoyue de Moyenvic
(pi. Xin.fig. 4).
Cette jolie monnaie appartient au règne de Ferri IV par
Tépée et les alérions du revers. La croix cantonnée de crois-
sants et d'étoiles qu'elle porte au droit est la même que
celle d'un denier que Saulcy * classe à Ferri II , mais qui
DOQS parait devoir être donné à Ferri III.
N- 2. +F6RI. DVX LOThORe GIG. Dans le champ le
duc casqué et couvert d'un écu aux trois alérions, galope
à gauche; il tient de la main droite une lance ornée de
son fanon.
^. +MOn e TA. FACTA. APVD. NANC € Y Vm .
+SIGNVMCRVGIS. Croix pattée au centre.
Aident de bon titre ; communiqué il y a quelques années
par M. Belot, de Bar-le-Duc (pi. XIII , fig. 6).
Ce grand denier n'a pas été publié que je sache. C'est
\iDe des nombreuses imitations du cavalier de Jean d*A vesnes
(1280-130&) que l'on vît paraître de tous côtés au xiv» siècle
et particulièrement dans les comtés et duchés formés des
débris de l'ancien royaume de Lorraine \
Le spadin et le demi-spadin de Ferri IV, que tout le
xtioode connaît , présentent le même cavalier au droit, mais
ienr type est tout lorrain au revers.
N* 3. F€RRIC, dans les angles rentrants d'un contour
fiCoilé à six pointes. Au centre , Técu de Lorraine.
* t. ««., pi. I, fig. 11.
^ Parmi ks princes qui ont copié le c&Taller de Jean d'Avetnet on peut
^S^«er : Amonld, comte de Looz (1280-1323), Wallerand, comte de Lignj
( X2B8.1353], Gai, comte de Saint-Pol (1292-1317) , Jean, comte de Namnr
\l.t297-1330), Gnillanme 1", comte de Hainant (13041337 ), Robert, comte dé
F^madr» ( 1305-1322 ), Jean, sire de Wallinconrt ( 1306-1314) , Pierre de Mi-
Tvpoix, érêqne de Cambrai (1310-1324), Jean de Sierck, évdqne de To«)
(,1.297.1305)^ eie., etc. Ces ca?alier« valaient les deux tiers dn gros de France.
1861.-4. 23
\
318 IIÊMOIRES
^ DVX LOT OR G GI 6 . Dans le champ, uue croix à hran -
ches ileuronnées , dont le cœur est évidé en forme de rose ,
— Argent. Poids, 06%96.
Ma collection (pi. XIII, fig. 6).
Cette jolie monnaie n'était connue que par un desBÎn in-
suffisant de Mory d*Elvange.
N** A. F€RRIG, dans les angles rentrants d'un contour
étoHé à six pointes. Au centre , l'écu de Lorraine.
i). DVX, écrit dans trois des angles d'une croix pattée,
dont le cœur est évidé en forme de rose. Le quatrième angle
renferme un alérion. — Argent. Poids, 0«',54.
Ma collection (pi. XIII, fig. 7).
Dom Calmet a fait graver une pièce analogue; mais son
dessinateur avait mis un carré à la place du D et un lozange
à celle de l'V dans le mot DVX.
Raoul (1329-1346).
Une trouvaille, acquise en 1848] par M. Gillet , a gran-
dement enrichi la numismatique du duc Raoul. Au com-
mencement de cette année , un ouvrier qui déblayait le
terrain sur lequel s'élevait, avant 1791, l'ancienne église
de l'abbaye de Clairlieui, rencontra dans les fondations
du mur du chœur, cent vingt-sept monnaies de Raoïi), '
* La fondation de e« monaatëre est due , tuivant Topinion géDérala , an 4iie
Mathieu I*'; mais, d*aprës une charte de Tévèque de Toul , Pierre d« Brixej
( 1176), on doit en faire honneur à Gérard II , comte de Vandémont. On Mi-
rait choisi pour son emplacement une gorge perdue dans la Tasta forêt 4e
Hejs, M lieu lors d*horreur et de vaste solitude » que les moines de OMeaax ^
rendirent bientôt « idoine à Tusage humain et prêt à y habiter. » Af^lé dV ^
bord Amaleu ( Amarui locut), ce vallon reçut de Mathieu^ chart* de 1150, li^
nom de Clair lieu ( locum illnm qui quondam vocabatur Amelnm, bubc aitwiaH
Buncupator Clarus locn», me autem hoc nomen illi imponente).
ET DISSERTATIONS. il9
pour la plupart parfaitement consen'ées. Deux types bien
connus étaient largement représentés dans ce trésor ; ce
sont les n"" 3 et i de la cinquième planche de l'ouvrage
ée M. de Saulcy ; venaient ensuite trois pièces du'n*" 6 de
la même planche, sur Tune desquelles on lit au droit
IIRGHIO au lieu de MARCHIO; deux exemplaires du n<» 3 de
la pi. V, où les mots des légendes sont séparés par des
croisettcs « au lieu de points; puis enfin les deux pièces
suivantes , que Tamitié de leur heureux possesseur nous
permet de faire connaître aux lecteurs de la Revue,
W 1. +RADVLPhVS DVX MARChlO. Dans le champ, une
épée en pal, accostée de deux écus de Lorraine et deux
trèfles.
4. H-MONETADELOThORENGIA. Au centre, un contour
épicycloïdal , à quatre lobes , embrassant une croix fleurie
9,ncœuTév\dé.— Argent. Poids, 3«%82 (pL XIII, fig. 8).
Cette pièce doit être considérée comme le premier
exemple de la forte monnaie au type lorrain. Le prédé-
cesseur de Raoul avait introduit le gros dans ses États,
mais en lui conseivant le type français.
N- 2. RADVLPhVS:DVX:MARGhI. Épée en pal, coupant
en deux la légende; à droite et à gauche, un écu de Lor-
raine.
4. +MONETA DE LOThORlNGIA. Au centre, un contour
épicycloîdal à quatre lobes, dans lequel est inscrite une
croix pattée , à branches pleines. — Argent. Poids , 8»',23
(pLXIII,fig.9).
W 3. :RADVLPhVS:DVX: Épée en pal coupant en deux
tout le champ de la pièce; à droite et à gauche, F écu de
Lorraine.
B). +MONETA DE NANCEL Croix pattée à branches
pleines. — Argent. Poids, 1»',09 (pi XIV, fig. 10).
\
320 MÉMOIRES
Cette pièce était sans doute le tiers de Tunité principale;
elle présente à peu près le même type que la précédente.
N«â. -fRADVLP DVX MARChlO. Dans le champ, un
contour formé d* angles et de courbes , au centre duquel se
voit Técu de Lorraine.
]^. +MONETA NOVO CASTR. Épée en pal.
C'est encore au recueil de Lemoyne de Moyenvic que je
dois le dessin de cette jolie pièce de Keufchâteau (pi. XIV,
fig. 11).
N** 5. Raoul, à l'exemple de son père et d'un grand nom-
bre de petits princes des Pays Bas et des bords du Rhin, a
copié le gros tournois de France.
+ R. LOThORINGIE , et , en légende extérieure ;
+BNDICTV NOME. DNI. NRI. DEI. IHVXPI. Au centre,
une croix pattée.
^. +TVRONVS DVCIS. Type habituel du chatel; bordure
de lis. — Argent. Poids, Z^.Ol.
Trouvé aux environs de Metz. Collection GîUet (pi. XIV,
fig. 12).
Jean (1846-1389).
La série déjà si riche des monnaies du roi Jean s'est
notablement augmentée depuis quelques années.
M. G. Rolin a décrit les plaques de Preny et de Neufchà-
teau et la monnaie présentant d'un côté Técu de Lorraine
incliné , timbré d'un casque couronné avec une aigle pour
cimier ; de l'autre , Tépée en pal , accostée de deux étoi-
les, etc. Tout le monde possède le magnifique gros, in-
connu il y a quelques années dont le droit porte le type
qui vient d'être indiqué, tandis que Tépée, au revers,
est accostée de deux écus de Lorraine. Enfin on a re-
ET DISSERTATIONS. 821
trouvé la plupart des monnaies de ce prince que Saulcy
n'avait pu décrire que. d'après d'anciens dessins. M. Gas-
taldi m'avait communiqué les originaux des n** A , 9 et
10 de la pL VI de cet auteur, ainsi que les n** 7 et 9 de
la pi. YII. Le cadre de mon article ne me permet pas de
reproduire aujourd'hui ces belles pièces.
Les deux monnaies suivantes n'ont pas été publiées, du
moins à ma connaissance :
N* 1. +IOhÀNNES DV... LOThORI. Aigle éployée regar-
dant à gauche.
^. HONETA DE NANCEIO. Épée en pal, accostée de deux
écus de Lorraine et coupant en deux tout le champ de la
pièce. Type déjà connu avec une légende différente ^ —
Argent bas.
CoUection GiUet (pi. XIV, fig. 13).
N* 2. IOhANN€S DVX. Dans le champ MAR. Un alérion,
^»npiétant sur le filet intérieur, remplace la croisette au
^commencement de la légende.
^. MON € TA NANC € I. Croix pattée, dite croix de procès-
n^ion^ dont le pied arrive jusqu'au grènetis extérieur. Un
«^ftlérion, au lieu de croisette en tète de la légende. — Billon.
:t^oids, l8%10.
Communiqué par feu M. Motte de Sarrelouis (pi. XIV,
*5g. 14).
Le Musée d*ÉpinaI possède une monnaie analogue , où le
JEBot complet MARCHI est écrit en deux lignes , dans le
c^liamp.
N* 3. +LOTTRIEN DVX. Fleur de lis.
fi. +S. lOHANNESB. Saint Jean-Baptiste debout. — Or
(pi. XIV, fig. 15).
* Siulcy. toc. Cl/., pi. VI ^fig. 6.
tZZ HÉMOIRES
Cette pièce anonyme, dont Fempreinte me vient, je
crois, de M. Reicbel , rappelle les florins au nom de Jeaof
qui ont été décrits par M. G. Rolin ' ; elle peut appartenir
au règne de ce prince ou à un des règnes voisins, car le»
florins ont eu longtemps cours au xit* siècle.
François de Vaudemont, comte de Salm (1625-1632).
Parmi les curiosités de la série Lorraine, on doit citer
les monnaies de François II , qui , après avoir porté la
couronne ducale pendant cinq jour», l'avait transmise à
son fils Charles IV, mais s'était réservé le titre de duc
de Lorraine et le dcoit d'avoir une monnayerie à Badon-
villers, dans son comté de Salm. Mr de Saulcy a déjà dé*
crit un écu et deux testons de ce prince % où il s'est fait
représenter en buste avec le titre de due de Lorraine.
Voici un curieux tbaler frappé à Badonvillers, suivant la
loi de l'empire ' ; le nom de François n'y paraît pas, mais
sa date le rapporte à la dernière année de la vie de ce
prince. Cette pièce , grâce à sa légende et au type de son
revers, qui rappelle celui de quelque» thalers d'outre-
Rhin *, devait circuler facilement en Allemagne et seconder
la spéculation qu'avait faite le duc de Lorraine en se réser-
vant , après son abdication , les bénéfices d'un atelier mo*
Hétaire.
+ FLOREN VS. AD. LEGEM. ET. VALORE. IMPERII. BA. CV.
Écu plei^n de Lorraine , surmonté de la couronne ducale ^
dans le champ, la date 1662>
< Dtâcription rfe monnain du XIV* sièclt trouvées à Bvtitsonc^urt {Mmurthi),
• loc. cit„ pi. XXVl, fig. 1, 2 et 3.
» Cf. J. C. Hirscli, MunZ'Archiv. Nurnberg, 1761.
* Gf. Munttbuchy Franckfart am Mayn, anno 1631, foêêim^
ET DISSERTATIONS. 32S
jf. t HOiNSTRA. TE. ESSE. MATREH. Au centre, la
Vierge eolourée de rayons flamboyants, la tète couronnée
tl'étoiles et les pieds posés sur un croissant. — Argent.
Poids, 28 grammes.
Communiqué par M. Gastaldi (pi. XI\\ fig. 16).
Contrefaçon de la monnaie du duc Charles IV.
Les petites monnaies d'argent bas frappées par Char-
les IV (1625-1Ô75) au type introduit par le duc Henri
( 1608-1624 * ) , ont eu un cours très-répandu et ont donné
lieu à une curieuse contrefaçon que nous allons dé-
crire.
N* 1. CAROL.D.G.DVX.MANT.ÉGUssons accolés sous une
couroniie et chargés , le premier, d'un crancelin imitant
les alérions de Lorraine , le second , d'une copie fidèle des
a.rmes de Bar. Sous les écussons un C tenant lieu du G.
du prototype.
^. MONET.NOVXAROLOP.CVS. Dans le champ, l'alérion
^^ouronoé de Lorraine. — Billon. Poids, 0<%9ô.
CoUection de M. Gillet (pi. XIV, fig. 17).
N* 2. Variété de la même pièce, portant CVSA au lieu de
C5"^'S; même collection.
Cette pièce appartient à Charles III de Genzague , duc de
BC^toue; elle a été frappée dans la ville fondée par
Cliarles II de Gonzague et nommée Carolopolis ou Caro-
P^^s, Charlevilie, et fabriquée à bas titre pour le duché
^® Rethel, de 1657 à 1659, et avec l'arrière- pensée de la
^^^ir^ pénétrer et circuler en Lorraine.
' ^^nlcy, pi. XXV, fig. 9, «t pi. XXVI. fi«. ».
ttà MÉMOIRES
Charles III de Gonzâgue mourut le ià août 1665 , après
avoir vendu à Mazarin tous ses domaines de France.
Les barbeaux de Bar et le crancelin de Saxe ont été
choisis par le monnayeur parmi les nombreuses alliaDces
des Gonzâgue , pour donner à la monnaie de Charleville,
sans lui ôter son caractère individuel, une complète res-
semblance avec le prototype lorrain.
BAR.
Robert, duc de Bar (1355-1411).
N« 1. +BARReKSIS:DVX:ET:MiRChIO:Dei:GRACIA.
Écu de Bar, surmonté d'une couronne.
i^. +XPG.VINGIT.XPG.ReGNAT.XPC.IMP6RAT. Groix
fleurie , au cœur évidé , dans un contour épicycloîdal à
quatre lobes. Lis au sommet des angles rentrants ; étoile
au centre.
Gette magnifique pièce d*or est une imitation de Técu de
France à la couronne -, elle a été trouvée en Hollande il y a
quelques années. J'en dois le dessin à M. G. P. Serrure, de
Gand. Elle est passée depuis dans la collection Reichel
à Saint-Pétersbourg (pi. XIV, fig. 18).
La seigneurie de Pont-à-Mousson avait été érigée eu
marquisat en 135A , et le comte de Bar créé duc en 1355.
L'écu anonyme que nous venons de décrire doit appartenir
à la fin du règne de Robert , de 1355 à lâll , ou peut-être
même à celui d'Edouard III (1411-1415). On trouve ce
type d'imitation dans les Pays-Bas au commencement du
XV* siècle , par exemple en Hainaut sous Albert de Bavière
(1389-1404) et Guillaume IV (1414-1417), et en Brabant-
sous Jean IV (1410-1427).
ET DISSERTATIONS. S26
N* 2. +ROBeRTVS DEI GRA. Croix pattée, avec une
fleur de lis au deuxième et au troisième cantons-, en légende
extérieure NeDICTVM.SIT.NOMe.DNI.NRI....
^. BARRgSIS.DVX. Au centre, une couronne ileurdeli*
sée : bordure de lis. — Arg.
Cette copie servile du gros du roi Jean (1350-1 36A *) fait
aussi partie de la collection Reichel ; j'en dois la connais-
sance à M. de Kœhne ( pi. XIV, fig. 19) .
Cii. Robert.
* Leblanc, Groi blanci à la couronne, p. 258.
CHRONIQUE.
ORGITIRIX, FILS D'ATEPILLVS.
L'année dernière^ à propos de la précieuse monnaie gai
qui a pour légende OHCITIRIX ÂTriLI l\ je faisais obfl
que récriture phénicienne dont tous les peuples de TEi
font encore usage aujourd'hui , avait ^ à l'origine ^ conservé
les Grecs ^ les Latins^ les Gaulois, les Ibériens, la faculté
primer certaines voyelles et les consonnes redoublées
qu'elles fussent tracées. J'ai donc cru pouvoir écrire Ate^
et non Aipilus; le caractère employé pour former la lég
indiquant une époque très-ancienne pour laquelle le ^
mode d'orthographe paraît tout à fait naturel. H y a quel
semaines^ en passant à Nimes^ j'ai remarqué, parmi les ins
tions accumulées devant Tantique édifice connu sous le
de Temple de Diane ^ un texte malheureusement mutilé »
voici la copie :
G. ASVIO. ATEPILLAE. G. AS
MESSIO. ATESSATIS. FIL. PA
ASVIA. ASVL FIL. SIBI ET
EX TESTAMEI
Ce n'est pas dans la Revue numismatique que cette inscri|
doit être commentée; mais je la rapporte cependant ici coi
un document très-utile à l'appui de la lecture d'un nom 1
CUROPIIQCE. 327
«or one monnaie gauloise. L'inscription est postérieure à la
monnaie, et nous montre comment le nom du père d'Orgitirix
doit être prononcé. A. L.
^Dans sa séance du 9 août , TAcadémie des inscriptions et
belles-lettres a décerné le prix de numismatique fondé par
Allier de Hauterocbe à M. Tb. Mommsen, de Berlin » pour son
OQTrage intitulé : Gesc/dchte des Bômùchen Mûnzwesens (Histoire
dn système monétaire des Romains), et iine mention honorable
i notre collaborateur M. J. Sabatier pour sa Description générale
de$ médaillons contomiates.
MONNAIES DU Xll« SIÈCLE
ftioDUVIRTlS FRb DB YARIT^ DEPARTKlfENT DE LA niBVRS.
M* Grasset alné^ de la Cbarité-sur-Loire, a eu l'obligeance de
^Qs faire connaître la découverte d'un petit trésor composé de
*W deniers du xii» siècle. Ces pièces ont été trouvées par un
*«K!ant de Varzy.
V. Grasset a bien voulu confier à mon examen :
i5 deniers de Gui I, comte de lievers.
1 — d'Eudes III, duc de Bourgogne.
7î — anonymes d'Auxerre.
1 — anonyme de Tonnerre.
4 — anonyme de Bourbon.
6 — anonymes de Sancerre.
i -* des seigneurs d'Issoudun.
828 r.iiROiMQUE.
15 autres deniers, dont â au nom de Gui de Ncvers, avaient
été vendus par Tinvcnteur du trésor.
Les monnaies d'Auxerre portent, d'un côté^ la légende
ALTISIODOR autour d'une croix, et, de l'autre, une seconde
croix dans un grènetis, en dehors duquel sont places deux an-
nelets et deux groupes de trois points, sans légende. 40 de ces
pièces sont bien conservées ; le reste est plus ou moins usé.
Quoiqu'elles aient été frappées à l'aide d'un grand nombre de
coins, elles ne constituent qu'une seule variété.
AO de ces pièces, choisies non parmi les mieux frappées,
mais comme n'offrant pas de cassures , ont donné, pesées en-
semble, 39'',25, c'est-à-dire une moyenne de98i milligrammes
par denier. Les plus lourdes sont de l'",22, 1*',20, i"', 10, {",01;
les plus légères sont de 0'',85, 0*',89. Le marc de Troyes pe-
sant 26C,0ri0, on voit que les deniers frappés suivant l'ordon-
nance de 1188, à la taille de 200, devraient peser un peu plus
de 1*',30, et que ceux dont la taille à 222 était constatée par
l'arbitrage de 1231 seraient d'un peu moins de 1«',172. (Voy.
Revue numism. 1859, p. 245, 248, et i860, p, 377.)
Les pièces de Sancerre offrent, au droit, la tête de Jules César
posée de face, ornée d'une couronne sans fleurons, accostée do
deux étoiles; autour, la légende -f IVLVS CES.A.R; au rev«5,
+ SACRVM €SARI, avec croix patlée, cantonnée des lettres G
et S. Poids, 1 gramme, 0",87, 0^82, etc.
Le denier de Bourbon nous montre sur une de ses faces
LODVICVS REX autour du mot REX défiguré, et sur l'autre
+ BORBONENSIS, avec une croix accompagnée de deux ir&—
fles. Il y a vingt-deux ans, M. de la Saussaye restituait ce de^
nier à Archambaud VIII, sire de Bourbon (1171-1220). M. de
Soultrait semble disposé à l'attribuer à Archambaud VII (116l>-
1171). Cet exemplaire pèse 0"',90.
L'unique denier de Bourgogne a pour légende -j- ODO DVX
BVRGîDIE — DIVIONENSIS. La croix du revers est cantonnée
de deux petits fers de flèche ; c'est la pièce que M. Anatole de
CHRONIQUE. 329
Barthélémy aliribue à Eudes III (1193-1218). Elle est assez
bieQ conservée et pèse 0''^93.
Le denier du comte de Tonnerre présente les lettres IS deux
fois répétées ; il pèse 0'',90. Nous laissons à M. A. de Barthé-
lémy le soin de le commenter dans un travail spécial.
Des deux deniers dlssoudun^ l'un de Raoul 11^ et qui porte
les légendes RADVLFVS— XOLIDViN, est mieux conservé que
œloi qui avait été publié par M. Cartier en 1841^ et qui a été
reproduit par M. Poey d*Âvant. On voit distinctement au-dessus
du monogramme une barre et non un croissant. Poids, l'%20.
Le second^ malheureusement très-fragmenté , offre encore
GVIS C... ; au revers, XOL.....I. C'est une pièce que j'ai dé-
crite il y a vingt ans , d'après l'exemplaire conservé dans la
collection de feu M. C. J. Dassy» et j'en ai fourni une mauvaise
explication. En 1840, M. Cartier n'avait pans encore publié le de-
nier de Raoul qu'il possédait, et qui aurait pu me servir de
point de comparaison; d'ailleurs les pièces données à l'Eudes de
1164-1167, doivent être restituées à Eudes 111 (vers H80). La
remarque de M. de la Saussaye sur la ressemblance de ces mon-
oaies avec celles de Richard subsiste dans toute sa force.
[Ramenumism.y 1839, p. 133. )
M. Poey d'Avant a reproduit sans observations mon attribu-
tion erronée; il est vrai qu'il n'a pu voir la monnaie originale;
nuis je pense que la description même sufiit pour comprendre
hoorrectioD que je propose. Ne trouvant dans les listes des
seigneurs d'Issoudun aucun personnage du nom de Gui , j'a>
supposé que GVIS était un abrégé de Guillelmus, et j'ai classé le
dmier à Guillaume I*' ( 121 â ). Je ne connaissais pas alors le beau
denier à la légende GVILERMVS— EXOLDVNI que M. Poey
d'Avant a publié en 1853, et qui appartient bien à ce seigneur ;
mais depuis^ en lisant la savante Histoire du Derry de ^I. Rainai,
j'ai trouvé (t. Il, p. 48) le renseignement qui m'était nécessaire.
Eudes H , seigneur d'Issoudun, mourut en 1167, ne laissant
qn'un lils nommé Eudes comme lui. Mahaut de Bourgogne, sa
330 CHRONIQUE.
veuve, sfi remaria d'abord à Gui I, comte de Nevers et d'Atuu
puis, en li75, à Pierre de Flandre, qui mourut en II
en li78> pendant qu'Henri II, roi d'Angleterre^ était à Cbftt
roux, on vint lui proposer d'être tuteur du jeune Eudes. Cel
avait donc été mineur pendant tout le temps qui s'était éo
entre la mort de son père et celle de Gui de Nevers , sec
mari de sa mère (i 167-4 175), et nous savons assez mainte
que les tuteurs plaçaient leur nom sur la monnaie des en!
dont ils avaient la garde, pour ne pas hésiler à considén
légende GVIS COMES comme appartenant à Gui I de Ne^
De cette façon , le titre cornes , auquel les seigneurs d'Issoi
n'avaient aucun droit, s'explique parfaitement ; le denier p
sa véritable place dans la série des monnaies rangée d'apn
forme du nom de lieu, altérée pendant un siècle.
XOLIDVN (Geoffroi, 1092. — Raoul II, 1127. — Gui de
vers, 1168).
EXOLDVNI (Eudes III, vers 1180. — Richard, vers H9I
Guillaume P', 1212).
Quant à la forme Guis pour Gui, elle tient à ce qoe dai
grammaire de ces temps la seconde déclinaison était ]
pour type des noms masculins, et que, de même qu'on for
les nomitatifs Henris, Richars, Pierres, Phelippes, Ponces, ]
meris, de Eenncus, Ricarcft^, Pe/rM5, Rober/e/5, PhilîpjEWf , 1
dus, Amalricu5, on croyait devoir écrire Guis, Âlixand
Lions, etc., bien que ces noms dérivassent de Guido, Alexa
et Léo. Dans les historiens des Croisades, Guy de Lusignai
appelé /{ rois Guis {Recueil des hist, des Croisades. Bisi. oc
t. II, p. 128, 188, 189). Nous avons déjà abordé cette que
à propos de la monnaie frappée par un autre tuteur, Heoi
Sully, pendant la minorité d'Amicie de Courtenay {Revm
mism., 1859, p. 268 ).
Les 17 deniers de Nevers portent tous le même type.
droit, + COMES GVIDO NI ; un croisant, un R et une et
CHRONIQUE. 331
débris défigurés du mot REX. Au revers, +NIVERNIS Cl VIT
autour d'une croix simple. Poids, i",a2, i gr.,0"',95, O'^jOS.
Lorsque M. de Soultrait a publié son intéressant Essai
sur la numimatique nivematse la monnaie de Gui I lui man-
(juaît; il n'en a pas moins très-justement adopté Topinion de
M. de Barthélémy qui avait classé à Gui II de Forez le denier
qui offre les légendes GVIDO COiMES-NI VERNIS CIVIT (Bévue
manism.f i845, p. i46). Aujourd'hui nous avons sous les yeux
des monuments qui ne laisseront aucun doute dans l'esprit des
aotiquaires^ et la série des monnaies de Nevers se trouve ainsi
complétée.
A. L.
NÉCROLOGIE.
«- Nous avons encore à enregistrer la triste nouvelle de la
mort d'un de nos collaborateurs étrangers, Comeille-Antoine-
Rethaan Blacaré , membre de Tordre équestre de la province
d'Utrecht, ancien membre des États de Zélande, ancien échevin
do la ville de Middelbburg, décédé à Utrecht le 17 mars 1861,
^ l'âge de soixante-huit ans. La Bévue (1858, p. 457) a inséré
^o article de M. Macaré sur un denier de Pépin, frappé à
Mayence.
Ce savant, qui a longtemps résidé dans l'île de Walcheren,
^cheen monuments de Tépoque romaine, a publié en 4838 et
i^ deux rapports extrêmement intéressants et présentés à la
Sodété zélandaise des sciences sur des monnaies trouvées près
de Bomburg ( Verhandelingen over de bij Domburg gevondenen
i
332 CHRONIQUE.
rome inche, frankische, brittannische noordsche en anderen mun-
ten). Le premier de ces rapports est accompagné de cinq plan-
ches et le second de quatre. Quoique écrits dans une langue
peu répandue, ces rapports ont attiré l'attention des savants
les plus distingués ; on y trouve plusieurs pièces mérovingiennes
et carlovingiennes très-rares. ( Voir Bévue de la numismatique
belge y t. l, p. 151 et t. V, p. 217 de la troisième série.)
Macaré aimait avec passion la numismatique y et les travaux
qu'il a faits pouvaient fai/e espérer qu'il se Jivrerait à de nou-
velles recherches et enrichirait le domaine de la science de noo*
vellcs publications. J. W.
D'importantes découvertes numismatiques ont été faites ré«
cemment. Un grand nombre de monnaies celtiques a été re-
cueilli dans Tîle Tristan, près Douarnenez (Finistère). — Environ
4,000 pièces d'argent de Marseille, trouvées dans une pro-
priété de M. le duc de Sabran, ont été examinées par notre
collaborateur M. Carpenlin. — Un trésor de monnaies gauloises
d'argent, provenant de Chantenay ( Nièvre ) , a été acquis par
M. de Saulcy, qui va nous faire connaître en détail les précieux
monuments inédits qui en font partie. — A Deauville (Calvados],
on a trouvé toute une série de monnaies d'or de Philippe de
Valois , comprenant les pièces les plus rares frappées par ce
prince. — A Moirans ( Isère ) , la démolition d'une maison ft^
mis au jour un dépôt composé de quelques centaines de mon —
naies d'argent du xvi* siècle , frappées par François I , Henri 11^
Charles IX , Jeanne d'Albret, Emmanuel Philibert, duc de Sa—*
voie, et autres princes contemporains. — M. de Saulcy nou^9
annonce encore une notice sur une découverte de monnaies d^
Lorraine qui a été faite dans les Vosges.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
MONNAIES DES SALASSES.
(PI. XV.)
Tite-Live mentionne deux fois les Salasses ^ d'abord , à
propos du passage d'Ânnibal dans les Alpes, lorsqu'il in-
dique ropÎDÎOD de divers écrivains qui ont parlé de la route
suivie par l'armée carthaginoise, et quil ajoute : a Qui
ambo saltus eum non in Taurinos , sed per Salassos mon-
tanos ad Libuos Galles deduxissent. » Puis, nous trouvons
dans répitome du LUI* livre : « Ap. Claudius consul Sa-
lassos gentem alpinam domuit ^ » Appien nous donne , à
son tour, quelques détails intéressants : « Les Salasses,
dit-il, habitent les hauteurs des Alpes, montagnes d'un
accès difficile, offrant des passages resserrés et incom-
modes. Grâce à la disposition des lieux , non seulement ils
conservaient leur autonomie, mais ils imposaient un droit
à ceux qui traversaient leur contrée. Antistius Vêtus les
attaqua à l' improviste, après avoir occupé les portes des
défilés, et les tint bloqués pendant deux ans. Mais ceux-ci
1 Soétone dit en parlant d'Angnste ( Ort., c. 21 ) : c Domnit Salassoa
gentei înalpiuas. »
1W1.-6. 24
33A MÉMOIRES
manquant de se), dont ils font une grande consommation,
finirent par admettre une garnison. Cependant, aussitôt
que Vêtus se fut retiré, ils expulsèrent cette garnison et,
maîtres des défilés , ils se rirent'des fotces que César en-
voya contre eux, sachant Tinutilité de leiu-s entreprises.
Aussi César, qui alors faisait la guerre à Antoine, toléra
leur indépendance, et laissa impunis leurs actes contre
Vêtus. Mais eux, s' attendant à des représailles, firent une
grande provision de sel , et ne cessèrent d'attaquer les
))ossessions romaines que lorsque Messala Corvinus, en-
voyé contre eux , les eut réduits par la famine ; c'est ^àm
([ue les Salasses furent conquis '. »
L'expédition d'Appius Glaudius eut lieu en l'an 1A3 avant
notre ère ; celle de Terentius Varro, dont il va être question,
appartient à l'an 25 -, mais il est bon, avant d'aller plus loin,
de mettre sous les yeux du lecteur un extrait de Strabon^.
qui achèvera de lui faire connaître le peuple dont nou^
avons à lui présenter les monnaies.
«De l'autre côté des montagnes, vers l'Italie, on trouva
les Taurini , nation ligurienne Plus loin , et at=
delà du Pô, habitent les Salasses , au-dessus desquels , au — :
les sommets, on trouve les Cenlrones^ les Caiuriges^ tes^
Vei^agri^ les Nanluaies^ le lac Léman, que le Rhône tnu^
vëi'se, et les sources même de ce fleuve La vmM. -
leure partie du pays des Salasses est dans une profonA^
vallée, formée par une double chaîne de montagnes, doMMt
ils Habitent aussi quelques hauteurs. Ceux qui, venajDt
dltalie,* veulent passer ces montagnes, doivent traverser la
vallée, après laquelle le chemin se partage en deux roirtes;
l'une, impraticable aux voitures, passe par les hautes moii-
» P* rebiu i/Zj/rir., cap. 17
rr DISSERTATIONS, 335
lagnes qu*on Domme les Alpes Pennines ; l'autre , plus à
J'ouest , traverse le pays des Centrones *.
« Les Salasses ont chez eux des mines d'or, dont ils
étaieDt les maîtres , aussi bien que des passages , dans le
temps de leur puissance. L'exploitation de ces mines était
facilitée par le Durias, qui leur fournissait l'eau nécessaire
aux lavages : aussi, à force d'en détourner le cours par des
saignées multipliées, en tarissaient-ils souvent le lit prin-
cipal. Autant cette opération leur était avantageuse pour
séparer leur or^ autant elle était préjudiciable à ceux qui
cultivaient les terres situées au-dessous en les privant du
secours d'une rivière qui , par sa position , pouvait arroser
leurs champs. De là naissaient de fréquentes guerres entre
les deux peuples limitrophes, jusqu'à ce que les Salasses^
soumis par les Romains , furent dépossédés de leurs mines
et de leur pays. Mais, toujours maîtres des montagnes, ils
ont continué à vendre l'eau aux entrepreneurs des mines.
Cependant l'avarice de ces derniers entretenait toujours la
discorde ; ce qui faisait que ceux des Romains qui briguaient
le commandement de ces pays, quand ils l'avaient, ne man-
quaient jamais de prétextes pour faire la guerre aux Sa-
lopes. Ceux-ci , tantôt en guerre , tantôt en paix avec les
Romains, se sont soutenus jusqu'à ces derniers temps, en
faisant beaucoup de mal par leurs brigandages à ceux qui
traversaient leurs montagnes. Ils ont même poussé la chose
si loin, qu'ils taxèrent à une drachme par tête l'armée de
Decius Brutus qui fuyait de Modène. Messala, qui avait son
* «ColonJflB ab Alpiam radicîbus, Augusta TaurÎDofuin, astiqua Lignrum
•ûrpe, inde navigablli Pado; dein Salassorum Augusta prsetoria, juxtn
gwnints Alpiom fores Graïa* atqne Pceninas. * Plin., III ,17 (21 éd. Littré).
*»P€«(cu Ptol., Gtogr., HT, 1, 34.
836 MÉMOIRES
quartier d'hiver dans leur voisinage, fut aussi obligé de leur
payer, tant le bois de cbauflage que le bois d'orme dont il
fit faire des traits et des armes pour exercer ses soldats \
Ils pillèrent même une fois l'argent qui appartenait à
César (l'empereur); et sous prétexte de travailler aux
chemins et aux ponts des rivières , ils firent rouler sur des
armées entiores d'énormes masses de pierres. Enfin Auguste
les a entièrement détruits et les a fait tous vendre publi-
quement comme des esclaves, à Eporedia, colonie romaine,
où il les avait fait transporter. On n'avait fondé cette co-
lonie que pour contenir les Salasses; mais elle eut peine à
se défendre contre eux jusqu'à ce qu'ils furent entièrement
détruits. Le nombre de ceux que l'on vendit fut de trente
six mille , sans compter huit mille personnes en état dc^ ^^
porter les armes. Ce fut Tcrentius Varro, général de l'ar^
niée qui les avait défaits, et qui les vendit à l'encan. Troi^^-s
mille Romains envoyés par Auguste fondèrent la vill^ e
iYAuQUsta dans le lieu même où avait canïpé Varron , t -t
maintenant tous les environs jusqu'aux sommets des mon
tagnes sont en paix '. »
Au dire de Pline, Caton pensait que les Lépontiens et It
Salasses appartenaient à la nation taurisque '. Telle et wmii
* On lit dans Dion Cassius : » Messala soumit les Salasses et les
peuples complices de leur rébellion. *• Lib. XLIX , c. 38.
« Strabo, Geogr , lib. IV, p. 204 sq. - Cf. Dion. Cass., lib. XLIX, cap S4;
lib. un, cap. 25.
» Hist. fiai., lib. 111 , 24, 2. — JuiiuA Obsequens nous a conwrvé une rf-
pense des décemvirs qui semblerait indiquer que leH Salasses t'taient Gaul<Mr.
•• App Claudio, P. Mctello coss. quum a Salassis iliata clades Cbset Rommoh,
dpcemviri pronuncinverunt se invenisse sibylliuis quotles bellum GaUiêillMtm
e-sent, sacrificari in eorum finibus oportere. •» ( Produjior. libelt., cap. LXXX.j
Mais il faut tenir compte de la difficulté que les décemvirs avaient à trooT»
iÏAuê les livres sibyllins des réponses qui fussent de nature à satisfaire I«
peuple romain.
ET DISSERTATIONS. 337
]a terreur qu'ils avaient inspirée aux Romains, que, suivant
jDion Cassius, lorsque Terentius Varro vendit les prison-
Diers, il noit pour condition qu'aucun d'eux ne serait aflran-
chi avant vingt ans ^
Les Salasses , ou le voit par la comparaison des textes^
de divers historiens et géographes de l'antiquité, habitaient
cette longue et remarquable vallée qui s'étend du grand
Saint-Bernard à Ivrée (Eporedia), et qu'arrose la Dora-
Baltea (Durias). Aoste (Augnsta Praetoria), capitale du
pays, est célèbre par ses antiquités, bien souvent citées
par les voyageurs, relevées avec un grand i-oin pour l'Aca-
démie de Turin par le savant architecte Cailo Promis, et
qui, tout récennnent encore, ont été comprises dans la belles
publication de M. Edouard Aubert *.
La ville d' Aoste est épiscopale; aussi, sur les tiers de sou
d'or contemporains des Mérovingiens^ porie-t-elle le titre
de CiiHtas : AYSTA CIVITATE FIT \ Au xnr siècle (1-207),
on y faisait usage d'oboles d'or avant que cette sorte de
mounaie figurât dans les actes rédigés en d'autres loca-
lités dépendant des comtes de Savoie *. C'était un pa\s de
mines d'or ainsi que Strabon nous l'enseigne ', et il sem-
blera tout naturel d'attribuer aux Salasses d'anli((ues inon-
» Lîb. LUI , c. 25.
• La ValUt d'Aotlt^ histoire ^ siteê et monuments. Paris, Arayot , 1860.
ln-4-.
• Coiibrouâe, Mtmélaires me'roringiensy pi. XI, n" 3 et -4.
^ Dom. ProiniA, Monete dei reali di Saroia. t II , p. 260.
• Les mines s'étendaient jusqu'au territoire de Verceil. Piin., lib. XXXJll,
c. 21 ( éd. Littrë), 12. •< Kxjatat lex cen»oria Ictiinnloruin aurilbdii)8Pf Vercel-
lensiagro, qua cavebatur, ne ]>Iuji quinquo miilia bominum iu opère publicuni
kaberent. •» Ce nombre de cinq mille ouvriers démontre clairement la grande
importance de l'exploitaiion. Voir, an sujet de.-" miucb des Ictimuli , pnrandi.
il|>« (iraijT e Ptnninu^j p. 110.
338 MÉMOIRES
naies d'or qui se rencontrent de temps à autre, soît dans la
vallée même, soit sur les hauteurs des Alpes, soit enfin sur
l'autre versant de ces montagnes dans le Valais ; monnaies
qu'on ne trouve jamais dans la Gaule transalpine, qui por-
tent des types tout particulières, et qui, sous le rapport de
la fabrique, tiennent à la fois de la monnaie des Gaules et
de celles qu'on recueille en assez grand nombre dans les
provinces germaniques qui avoisinent l'une et l'autre rive
du Danube supérieur*.
Un éminent érudit, M. Théodore Mommsen, n'a pas
hésité à proposer cette attribution dans un savant mémoire
imprimé à Zurich ' ; mais ce travail paraît avoir échappé à
l'attention de nos compatriotes, et comme les monnaies qui
ont fait le sujet de ses observations sont extraordinaire-
ment rares, et qu'on n'en connaissait pas un seul exem-
plaire en France avant que M. de Saulcy eût été asser
heureux pour en rapporter un de Suisse , il en résulte que
le nom des Salasses est encore absent de nos listes numis-
matiques.
La faute en est un peu à Caronni, qui, au commencement
de ce siècle, avait vu et dessiné chez le P. Muriih, prieur
du couvent du mont Saint-Bernard, deux des monnaies
que nous allons décrire , et qui avait jugé à propos de les-
présenter au monde savant, dans un récit de ses voyages-
(d'ailleurs à peine connu chez nous), comme des monu-
ments du passage d'Annibal dans les Alpes. Caronni tensût:-
ces monnaies pour espagnoles , et pensait qu'elles avaient^
été aipportées par l'armée carthaginoise; il va même jus^ —
* Franz Streber, Veber die sogenafinten Regenbogen Schtisselchen, Maochen -^
1860.
« Mittheilungsn der antiquarischen Gessellschaft in Zurich, Vil" vol., 8* cahie^^<»
1853. Norditruêk'Alphabete auf Inschriften und Munien,
ET DISSERTATIONS. 339
qu*à les appeler, eu un certain endroit, des u)édailles pu-
niques*, ce qui montre bien l'épaisseur du nuage au
travers duquel il entrevoyait les questions paléogra-
phiques.
Le P. Murith (mort en 1819), avait adressé à la Société
des antiquaires de France un mémoire sur les antiquités
des Alpes Pennines, auquel étaient joints les dessins des
deux monnaies en question; mais M. Bottin, secrétaire de
la Société, qui s'est contenté de donner Tanalyse de cet
écrit, a supprimé les dessins des «deux médailles d'or
que l'auteur nomme celtibériennes, chargées d'un côté de
lettres et de Tauti-e de lignes carrées et triangulaires sans
figure, w Toutes les monnaies décrites dans le mémoire dit
P. Murith avaient été, suivant M,. Bottin, Tabréviateur, re-
cueillies, de 1760 à 176Â, parmi les ruines du temple de
Jupiter, au couchant du monastère *, par conséquent sur
le territoire d'Aoste.
Dolomieu, lors de son deniier voyage, avait vu ces nion--
naies à Martigny, chez le prieur Murith; «il possède
encore, dit Bruun-Neergaard , plusieurs monnaies car-
thaginoises trouvées aux lieux par où on dit quWnnibal
a passé '. »
Dans la Revue numismatique de 1839, notre savant aniti
J. C. de San Quintino,. parlant de l'examen qu'il avait fait:
ea 1837 du médaillier conservé chez le prieur du grand
Saint-Bernard,. cite «deux médailles d'or qu'on y a trou-
' Bagguaglio di aie. monum,M antichità ed arii raccolti vegli ult ria<jgi da tm
aUtUvite. Milaa, 1805 et ie06, part. 11, p. 22, 79, 157, tnv. Yl, ii"» 45
et 46.
' Mém. de la Soc, rojalr des antiquairt» de Frawe, t. 111 , 1821, p. î;03.
• T. C. Bruun-Neergaard , Journ. du dernier voyaye du citoyen Dolomieu
tfan# ItM Alpes. Paris, 1802, p. 9 et 6uiv.
SAO MÉMOIRES
vées il y a environ un siècle, et qui font encore partie de
la collection. »
« La singularité de leurs types et du style de leur fabri-
que, ajoute-t-il, ne permettent point de les ranger ni parmi
les monnaies celtiques ni parmi les gauloises, elles ont été
attribuées par quelques écrivains aux Carthaginois de
Tarmée d'Annibal. Félix Caronni les a publiées, il y aune
vingtaine d'années, dans la description de son voj^age *. »
D'un autre côté, l'auteur d'un mémoire manuscrit, dont
un feuillet nous a été communiqué par M. l'abbé A. Gai,
prieur de la collégiale de Saint-Ours à Aoste, nous donne
le dessin de deux monnaies d'or ( voy. pi. XV, n" 7 et 8)
accompagné de ces lignes :
« Ces deux médailles de très-bon or ont été trouvées,
la première à Vétroz, près de Sion, par M. Cocatrix, prieur
curé de Vétroz , chanoine régulier de l'abbaye de Saint
Maurice; la seconde au glacier de Sierre, et portée à M. 1<"- a
comte de Courten dudit lieu ; j'ai vu l'une et l'autre, et c'est— —t
sur les originaux que je les ai copiées. Ces médailles ,
présentées à Paris , aux connaisseurs sans doute , ont éti^ i
jugées des prix d'agriculture; elles n'en sont pas moinr -ibs
celtibériennes , ainsi que l'a décidé le Père Caronni, bar--^^-
nabite, savant antiquaire du collège de Saint-Thomas, à
Milan. »
Les dessins, moins mauvais que ceux de Caronni, sem^^-
blent avoir été faits d'après les mêmes pièces, mais ^H^
note que nous venons de transcrire indique une origii — ^e
différente. Les monnaies recueillies par le P. Murith, vu-^Ks
par Dolomieu, par Caronni, et par San-Quintino en 18$""^r
ont disparu du médaillier de l'hôpitaU Toutes les rech^^^r-
1 ilectM numi$maliqu9t 1839, t. IV^p% 65i
ET nrsSbRTAJJONS. Sàl
ches qu'a bien voulu faire à notre intention M. le prieur
Gai, dont nous ne saurions trop louer l'inépuisable obli-
geance , sont demeurées sans effet. Nous ne pouvons donc
pas nous livrer à l'examen comparatifqui nous eût conduit
à savoir si les monnaies trouvées au glacier de Sierre et à
Vétroz (pi. XV, n»» 7 et 8) sont identiques à celles que le
P. Muritb disait avoir recueillies lui même dans les ruines
du temple de Jupiter Pœnin (pi. XV, n*" 5 et 6). Il n'y
aurait, au reste, rien d'extraordinaire à ce que divers exem-
plaires au même type eussent été trouvés en des lieux
différents. C'est ainsi que, cet été de 1861, on vient de dé-
terrer dans le val d'Aoste, au couchant du bourg de Verrez
(le VUricium des itinéraires romains), entre Eporedia et
Augusta Praetoria, un statère d'or à la légende PRIKOV, en
tout semblable à celui qu'a publié M. Mommsen en 1853.
M. le prieur Gai a été assez heureux pour enrichir sa col-
lection de ce second exemplaire, qui est magnifique.
Ces monnaies , de même que celles que nous avons pla-
cées sur la pi. XV, ne sont pas celtibériennes ; cela est tel-
lement évident pour ceux qui se sont occupés de la nuuiis-
matique antique, que nous n'oserions pas discuter dans
cette Revue une pareille question , dans la crainte d'abuser
de la patience du lecteur.
On sait bien que tous les caractères des alphabets euro-
péens tirent de leur commune origine une certaine ressem-
blance. Le grec, le romain, l'osque, l'étrusque, l'ombrien,
le volsque, le messapique, le slave , le celtibérien , le runi-
que se rapprochent tous plus ou moins complètement du
type phénicien ; et cela est depuis si longtemps démontré
qu'il serait oiseux de revenir sur ce sujet ; mais néanmoins
chacune de ces écritures a sa physionomie propre , tout
comme les langues qu elles servent à transcrire. C'est ici le
3A2 MÉMOIRES
cas de rappeler ce principe de Letronne, qui disait avec
tant d'autorité que les rapprochements marquent un pre-
mier degré dans nos études ; c'est, ajoutait-il, le propre des
débutants intelligents ; mais les distinctions appartiennent
aux esprits mûris par la critique, et constituent la science.
Si les deux pièces d*or longtemps conservées dans le mé-
daillier du grand Saint-Bernard ne sont ni par leur style de
fabrique, ni par leur type, ni par les légendes qu'elles
portent, celtibériennes ou puniques, le petit roman de Ca-
ronni et de Murith s'évanouit. Les monnaies d'or qu'ils
aimaient à croire perdues par l'armée d'Annibal , monnaies
dont on n'a jamais trouvé un exemplaire en Espagne, de-
meurent des monuments de l'industrie inalpine , frappés
dans cette vallée où l'on recueillait en abondance le pré-
cieux métal.
C'est là un fait qui n'a pas échappé à la sagacité de
M. Mommsen , et qui sera bientôt généralement accepté,
quand on connaîtra mieux les mon naies de l'antique Germanie
et celles de l'Italie du Nord ou de la Gaule cisalpine ; car il y
a une évidente connexion entre les systèmes monétaires de
l'Europe occidentale *. C'est à l'écriture étrusque qu'il est
permis de comparer les légendes inscrites sur les monnaies
salasses; mais encore doit-on signaler des différences biep
* Eckhel n'a voulu admettre de monnaies ni pour la Grande Bretagiif,Bi
imur la Germanie ; Mîonnet Tavait scrupuleusement imité, et, si la Grandi*
Bretagne a enfin fuit accepter son monnayage antique, nous voyons dans le plu
rc^cent manuel de numismatique {Handbuchder Griechischen Numismatik ^ Wù
A. C. E. von Werlhof. Hannover, 1850) que la Germanie étaitencore déshéritée
il y a peu d'années. Eckhel aurait pu cependant étudier les monnaies pnUiéift
par Dœderlin [Dissert.epist.qua in patellarwn ut dûmntur /ridù, etc. Schwabsdi^
1739), par Sattler ( Gesch. des [lerzogth. Wurtenberg. Tubing., 1757,tab.25) ,
par Voigt a San Germano • Beschreib. der bisher bekannt. Bomiêrhin M(iM*tm^
Prag., I771.t. I,p. 47-r.3.
ET DISSERTATIONS. 3 A3
t>Uin]Qé^ dans les deux alphabets. Celui des Salasses tient
?9u^ quelques points au vieux latin ; ce système inalpia
Ferait être en usage dans une étendue de pays relativement
sdez considérable, car M. le baron de Bonstetten a remar-
Qéà San-Pietro, près Stabio, canton du Tessin, une in-
sriptioD qu'il a eu l'obligeance de copier à notre intention,
; qiû offre une analogie frappante avec les légendes des
tOiinsdes dont nous nous occupons *. On observera toute-
is qu'il s'agit jusqu'à présent d'une ressemblance d'alpha-
5ts et rien de plus , puisque nous ne pouvons pas appré-
er les idiomes antiques de ces contrées, et que récriture
iwàe n'établit pas un lieu suffisant. Qui ne sait, pour ne
ter qu'un exemple, que l'arabe et le turc, deux des langues
3 plus radicalement dissemblables qui se puissent ren-
^Btrer, s'écrivent depuis plusieurs siècles à l'aide des
L^mes caractères ?
Nous donnerons maintenant quelques indications rela-
ves aux pièces réunies sur la pi. XV. Elles sont fort
passes, et légèrement concaves du côté de la légende.
Ti* 1. Légende : PRIKOV. Or. Trouvée en 1852 au Roc
ielaBalme, près Colombey, Vallais. Mommsen. Voy. aussi
nod< Blanchet , Jf onnat>5 des pays voisins du Léman, Lau-
sanne, 1854, p. 8; pi. V, n* 5. L'auteur la décrit sous le
* Voy, Gassetta Ticinesê, n» 182 de 1857, Tanu^nce du D' Lavizzarî, rcpro-
«^diDt VIndicateur d'hist, et d'antiquités iniises^ mars 1858, p. 15. La copie
*^>i^ dans C9 recueil diffère nn peu de celle de M. de Bonstetten
^WresinscrJptioDS existent à Dayesco et à Aianno, & Sonvico, àLJDionc.
Zàà MtMOiUES
titre de Monnaie ceUibère^ toujours d'après ropiûioD de
Caronni. — Second exemplaire trouvé, en 1861 , près de
Verrez (vald'Aoste); collection de M. le prieur Gai.
N'» 2. Légende : RASILOT. Or. Trouvée vers 1825 à
Port Valais. Appartient à M. le colonel Odet, à Sioo.
Mommsen.
N*» 3. Légende : ANATIKOV? Or. Trouvée dans les mines
d'un camp près du bourg de Kulm, comté de Lenzburg.
Cabinet de la ville de Berne. Haller, Catal. num. veter.
musei civ. Bernensis.
N° â. Légende : RAT. Or. Trouvée en 1857 à Saint-
Martin de Carlian , à une demi-lieue à l'ouest d'Aoste. Col-
lection de M. le prieur Gai.
iN*° 5. Légende : ASES? Or. Trouvée au grand Saint-
Bernard, territoire d'Aoste. Caronni, RagguagliOy etc.,
tav. VI, h* 45. Nous réduisons le dessin de Caronni de
moitié. On voit que c'est un croquis grossier pris sur un
carnet de voyage.
N** 6. Légende ; VLROS (S renversé)? Or. Trouvée au
même lieu. Caronni , tav. VI, n° 46. Dessin non réduit.
N*» 7. Légende : AMEN? Or. Trouvée à Vétroz.
N« 8. Légende : VLROS? Or. Trouvée au glacier de
Sierre.
N** 9. Sans légende. Or. Trouvée dans un champ à Aoste
en 1858. Collection de M. le prieur Gai.
N*" 1 0. Sans légende. Or. Achetée à Genève par M. i^
Saulcy en 1860.
Nous avons recours, pour la transcription des légendes,
au système de lecture proposé par M. Mommsen, et adopté
par M. Ar. Fabretti ^ ; mais il est fort difficile d'arrêter dé-
» Gi04farium Ualicum, c .1. 102, 189, 791.
;i
ET DISSERTATIONS. SAS
(initivement celte transcription à l'aide d'un si petit nombre
de monumeots dont la moitié ne nous est connue que par
des dessins plus ou moins suspects d'inexactitude. Quand
la Dunoûsmatifine des Salasses sera devenue pins familière
aux archéolognes, et qu'un plus grand nombre de nos cu-
rieuses pièces d'or aura été sauvé du creuset des orfèvres»
on de\Ta revenir sur leurs légendes , les contrôler Tune
par l'autre, et faire faire à la question un pas que la pru-
dence interdit actuellement.
Certaines monnaies d'argent, évidemment imitées des
hémi-dracbmes marseillaises, se rattachent à la série Sa-
lasse. Mais nous ne pouvons pas constater qu'on en ren-
contre habituellement dans la vallée d'Aoste; leurs lé-
gendes PIRVKOI, RlKOVne sont pas sans rapport avec celle
qai se lit sur le statère d'or décrit plus haut sous le n' 1
(voy. pi. XV, n" 11 et 12). La légende dun» 13 peut être
transcrite OLTIRIO.
Tous ces mots représentent-îls des noms de lieux ? fau-
drait-il, par exemple, chercher dans la légende de notre n" 4
un nom analogue à celui des Caturîges? Ou bien ne devons-
nous pas plutôt, avec M. Mommsen S voir, soit sur les
espèces d'or, soit sur celles d'argent, des noms de chefs ou
de rois, ce qui est à peu près le seul moyen d'expliquer
la grande diversité des légendes ?
Quant au type singulier des monnaies d'or, il est, sur
certains exemplaires ( par exemple sur le n" à que nous
»vons eu entre les mains, grâce à l'obligeance de M. le prieur
Cal), si nettement tracé, qu*il serait difficile de n'y re-
connaître qu'une tête dégénérée. N'aurions-nous pas là la
' Mémoire cité, el Mit Iheil.der Ant. Getselsch, in Zurich, 1851, IX* toI.^
^ lin*., !•' cahier, p. 27.— GtschichU des Romisrhen Muttswesem y. p. 405
3A6 MÈ&K)lIiËS
représentation des instruments qui servaient au lavage de
l'or, cette opération si importante pour le pays , la cause
des guerres qu il eut à soutenir?
On voit combien de points restent à éclaircir ; mais à
ces interrogations légitimes que nous nous adressons vien-
nent, nous dit-on, se joindre des doutes d'une nature
moins archéologique, s'il nous est permis de nous exprimer
ainsi. M. le prieur Gai nous a fait part d'objections contre
le système de M. Mommsen, qui lui ont été présentées
avec insistance par des ennemis des Salasses assurément
Voici ces objections :
On ne peut admettre que les Salasses aient frappé des
monnaies d'or à une époque où les Romains n'en fabri-
quaient pas.
Si les monnaies d'or trouvées aux environs d'Aoste ap-
partenaient aux Salasses , elles devraient porter leur nom
de peuple.
Enfin on trouve des monnaies semblables à celles que
nous venons de décrire en Lusace, en Pologne , en Angle-
terre; elles ne sont pas antérieures au xi* siècle de notre
ère ; le côté convexe représente les armoiries de quelque
roi ou seigneur du moyen âge.
Voici ce que nous nous permettrons de répondre :
On ne trouve de monnaies d'or semblables à celles que
nous croyons salasses ni en Lusace, ni en Pologne; nous
regrettons que notre illustre Lelewel ne puisse plus nous
apporter son témoignage; mais ses ouvrages subsistent
On n'en trouve pas en Angleterre, MM. Akerman, Bircb,
Beale-Post, Evans, savent cela mieux que nous encore.
L'attribution de ces pièces au xi* siècle n'est pas de celles
qui puissent tenir devant le plus sommaire examen.
Parmi les monnaies frappées bien authentiquement dans
ET DISSERTATIONS. 847
les Gaules, dans la Grande-Bretagne, et qui offrent des lé-
gendes , il en est moitié qui portent des noms d'hommes,
à Texclusion du nom des peuples ; les monnaies des Gau-
lois de la Pannonie et de la Galatie ne portent que des
noms de chefs,
Il n*y a aucune parenté entre la monnaie des Salasses et
celle des Romains. Les pièces d*or dont nous nous sommes
occupé ici appartiennent , comme les monnaies d*or de la
Germanie, de la Grande-Bretagne et des Gaules, au système
grec. On ne pourrait faire de querelle qu'à celui qui pré-
tendnût que les médailles d'or des Salasses sont anté-
nenres aux statères de Philippe de Macédoine.
Adrien de Longpérier.
3A8 MEMOIRES
DESCRIPTION
MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN.
(PI. XII, XIII, XIV H XV. 1857. — PI. II, ni et XVIII, 1858.)
Ki-uvicinc article. — Voir plu» liant , p. 30 et 290.
VI" GROUPE.
UZERCHE.
47. — VvaERCA FI, 'Personnage marchant à droite. tjC-
nant de la main droite une crosse, et de l'autre une croî^»
la tête ornée d'un bandeau de perles.
^. AGO {Ugo) MONETARI. Dans le champ les lettres
ER ; le tout dans un cercle de perles.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l^'.SO. Deuxième quart ^*
¥!!• siècle.
{Revue mimismalique ^ année 1851, pi. XIV, n* 5.)
119. — V:/:ERCA LO.. Personnage marchant à droite»
tête nue, tenant de la main gauche une croix; sous le bf^^
gauche une croisette posée sur un point; à la hauteur ^^
front un globule dans le champ.
fi. +VRL NCTAE {monefai). Croix égale, canton oé«
ET DISSERTATIONS. S49
des lettres GE<^V renversées (pour LEMV), dans un cercle
de perles.
Tiers de sou d'or inédit. Poids, 16%35. Deuxième quart
du vu* siècle. — Cabinet de M, Ponton d'Amécourt.
48. — VSERGA. Petite effigie à droite ; tête nue; le tout
dans iine couronne de feuillage.
ij. HANDIIIXO. Monogramme de LEMV, dans une cou-
ronne de feuillage.
Tiers de sou d'or fin. Poids, l»',âO. Deuxième quart du
TU* siècle. — Cabinet de M. Ponton d'Amécourt.
49. h VSERGA FIT. Tête à droite, avec un bandeau
terminé sur la nuque par deux bandelettes ; buste orné, au
centre , d'une croiseite.
^ +BASILIANVS. Croix latine, fichée sur un globe.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l«%â5. Troisième quart du
Tii* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im-
périale.
50. h^SERCA f 0. Buste à droite; tête barbare sans
couronne.
if. BASELIAN. Croix latine, accostée de deux globules
sous les bras, posée sur un petit globe.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«',30. Premier quart du
Ym* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
51. — VSERGA EAco. Buste à droite; tête barbare sans
couronne ; trois points rangés le long de la face.
^. +MAVRVC/3 MONeTAR. Croix égale dans un grè-
netis, cantonnée des quatre lettres LEcoO.
Tiers de sou d'or. Poids , 1«%20. Premier quart du
vni* siècle.
{Rev. numism., ann. 1851, pi. XIV, n*7. — A. Con-
brouse, Rec. de monét. des rowmérori/îgf., pi. XLVII, n* 5. )
1861.— 6. 25
S50 MÉMOIRES
62. hVSERCA FIT. Buste à droite; tête oniée d'un _
bandeau perlé.
R». -f LEOQO ^0—. Croix ancrée dans un grènetis; Ic^
tout dans une couronne de perles.
Tiers de sou d'or. Quatrième quart du wi* siècle. — Ap-
partient au médaillier de M. Ardant, à Limoges, et provîen
du cabinet de M. de Lépine.
{Rev. titim/sm., loc. cit., n"6. — A. Conbrouse, loc. til.
n» â.)
L'origine limousine de ces pièces ne peut faire et !i'-=s
fait d'ailleurs l'objet d'aucun doute. Elles ont été, pourL ^
plupart, trouvées en Limousin : le n° 47 à Masséré, fe^î
n°* 51 et 52 à Artras. Les n" /|7 et 119 sont une imitatio'v
du sou d'or de Limoges (n° 1 de notre série). Enfin, Isi
lettres LEMO ou LEMV, initiales de Lemovices^ inscrites afc;*J
revers des n" 51, A8 et 119, sont, indépendamment tfu
style de fabrication, une preuve péremptoire que n<w
triens sont sortis de cette province et de la ville d'D-
zerche.
Uzerche est mentionnée sous le nom d'USERCA , dans
une lettre que l'évêque de Limoges, Rurice I", écrivît à
Rusticus vers l'année 480 : le saint prélat y intercède pour
un certain Baxon, qui s'était réfugié dans l'église d'Uzerchiî :
« Pro Baxone qui ad ecclesiam VSERCAE confugit *. » Aux
ix% X' et XI" siècles, cette ville , célèbre au moyen âge par
son assiette ei ses fortifications ', qui justifient le titre de
castrum que lui donne le n° 51 , devint le chef-lieu d'une
« Epistol, Ruricii; dans Caiiisius , Thésaurus monumentor, teclesinstic. '^
hiêtonc.i. I", p. 392.
• Il y avait, au xvii* siècle et bien auparavant sans doute, un adnge »»*»*•
conçu : " Qui a maison à Uzerclie, a chât«nu en Limousin. " A. Diicbe****'
Villes et châtsauj di France.
ÏT l)l$SEBTATTO!VS. S51
circonscription administrative , désignée sous le nom de
vimria Dsercensis *•
KYBURIE.
53. — EBARIO CAS {Eburio cas[tro]). Dans le champ,
les deux lettres ER, réunies par un demi-cercle dont les
extrémités portent sur la partie supérieure de chacune de
ces lettres ; un point entre les deux lettres.
^. RiDVLFO MO. Croix ancrée , accostée de deux glo-
bules ou gros points sous les bras , dans un grënetis.
Tiers de sou d'or. Poids, 1^',35. Troisième quart du
yir siècle, — Cabinet de M. Ponton d'AmécourL
H. Cartier a publié ce triens, mais sans indiquer aucune
attribution '. En le rapprochant des trois pièces d'Uzerche
(n*' 47, 50 et 52), nous voyons qu il reproduit au droit
les sîgles inscrites au revers du n* 47, et au revers la croix
ancrée du n** 52 , et les deux globules accostant la croix
du n* 50.
Le nom d'Eburium trouve sa traduction exacte dans
Eyburie, bourgade située dans le canton d'Uzerche, arron-
dissement de Tulle (Corrèze). C'est une très-ancienne
paroisse de l'ancien diocèse de Limoges : nous l'avons
trouvée mentionnée sous le nom d*Eburia , au singulier
féminin "^ mais cette différence ne saurait, ce nous semble,
faire obstacle à notre attribution.
< Cartulaire de Btaulieu, ch. VII, anr.. 848; LXIV, ann. 904; CVI, ann.
93ft, et pMum.
* Bev, num.^ ann. 1842, pi. XXII, n* 11. M. Cartier avait lu au droit
CALEBARIO, et au r«»ver8, MODVLFO MON. Cf. Liste des monét, tneror., loc. .
cit , p. 435.
* Ex chartalar. Tutel. ; dann Baluze, Hist. Tutel,, in appendic. actor. veter.
352 MÉMOIRES
CHABRAC.
5i. _ 4-BAIDENVS MO. Buste à droite; têle ornée d'un
bandeau perlé.
Si. +GABIRIACO VlC. Croix latine.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l6%10. Troisième quart du
VII* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im-
périale.
Cette pièce*, dont TelTigie se rapproche tant de celle
d'Uzerche (n* 52), et qui reproduit un des signes carac-
téristiques du monnayage limousin (la houppe sur le
front), nous paraît sortir de cette province. Deux localités
peuvent s'en disputer l'attribution : elles portent toutes
deux le vocable de Chabrac, qui contient toutes les mains
teciionum de Cabiriaciim ; l'une est située dans la région
0. N. 0. de l'ancien diocèse de Limoges, où elle possédait
une église paroissiale et un prieuré , canton de Chabanais,
arrondissement de Confolens (Charente) ; nous en connais-
sons une mention à la date de Van 1032, sous le nom de
Cabrac '. L'autre localité est au S. E. de Limoges , com-
mune et canton de Neuvic, arrondissement de Tulle (Cor-
rèze) : cette dernière, quoique inférieure en importance à
la première, et quoique nous n'en ayons point noté de
mention au moyen âge, nous paraît préférable, à cause
de l'analogie de son type avec celui d'IJzerche, qui indique
une dépendance du sixième groupe.
< Conbrouse a inséré dans son Catalogue raisonné des monn. mérov, { page 16,
m* 204 ), un triens portant au droit CABILIACO et au revers lËODV, et qui
appartenait au cabinet Dassy. Le nom de Tatelier se rapproche sensiblement
de Cabiriaco,
• Cartul. de l'Esti'rp ; dans le nouveau Gallia christiana^ t. II, instmm.,
col. 195.
- aXM\jM\^AM VJUJ^Itl\yll AVyCM»
le, Recherch. curieuses des monn. de France^
e Blanc, Traité des monnoiet de France^ pi. C,
incoDous, o* 7. )
da nom du monnayer avec celui du n"* 5A; la
l'atelier, qui reproduit exactement (sauf les
quatrième lettres) celle de Cabiriaco; ce fait
lentionnée comme ayant appartenu à Tancien
al, aujourd'hui Cabinet des médailles de la
) impériale, semblent désigner, soit la pièce
* SA, soit une autre monnaie de Chabrac, diflfé-
t-ètre de ]*autrc par les deux bandelettes des
lités du bandeau perlé.
CTJllSAC.
3AIDENVS NO. Buste à droite , habillé ; tête
landeau jierlé, terminé sur la nuque par deux
USUCO Vie {Curisiaco ric\ Croix latine dans
on d'or. — Ancien Cabinet royal.
S5A MÉMOIRES
p. 8A2. — Le Blanc, Traité des monnaies de France ^ p. 58,
pi. A^n'^lO. )
57. (-CVRISIACO. Buste à droite, bordé de i^erles;
tète ornée d'un bandeau terminé par une bandelette perlée.
fi. +FRAVARDO^. Croix égale potencée.
Tiers de sou en électrura. Poids, 1«',20. Troisième quart
du TU* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
68. — +EVRISIAGO. Buste à droite, bordé de perles -,
tète nue.
% -fFRAVAR..O MO. Croix ancrée, accostée sous les
bras des deux lettres DE ( pour LE ) dans un grënetis.
Tiers de sou d'or.
(Bouteroue, loc. cit^, p. 312, pL II, fig. 23. )
Si l'existence du tiers de sou n* 56 était bien prouTée,
le nom du monétaire Baidenus, inscrit au droit, pourrait
être le même que celui qui a signé les triens de Chabrac
( n** 54 et 66 ) . Il indique tout d'abord que notre n* 66 est
sorti du Limousin et d'un lieu voisin de l'atelier sus-men-
tienne. Les n" 57 et 58 portent bien le nom de CVRISIAGO
et prouvent qu'il faut lire également ce vocable dans le
numéro précédent , où la première voyelle est seulement
renversée, ainsi que cela a lieu dans un si grand nombre-
d'espèces. Le n"" 67 présente d'une manière bien accentuée
le type et le dispositif des monnaies limousines. Enfin , les
sigles qui sont au revers du n* 68 semblent bien être* les-
initiales EL mal reproduites ou corrompues de Lemovices.
Or Cursac , chef-lieu de la vicaria Cursiacensis aux ix*^
et X* siècles*, et situé au N. 0..de Saint-Vit, canton de
* Cartulaire de Tulle, ch., ann. 948 et 977. — Baluie, Hnt. TuUL, Ai>pend.r
col. 370.
ET DI68£MTATJONS. ibh
Saint-Geroiaii), arrondissement de Limoges (Haute-Vienne) ^
convient très-bien pour reœvoir Tattribution de nos trois
monnaies. Cursiacum^ qui était encore mentionné dans un
pouillé du xTi* siècle \ reproduit en effet exactement le Cu^
risiacum de nos trions du diocèse de Limoges, contracté^
suivant l'usage, par la disparition de la deuxième voyelle '.
USSKL.
59. i-G VSSALIA FI [Castro Vssalia fi). Busie
babillé à droite; tète couronnée.
If. +DAOGOLVM MON. Croix égale dans un grènetis,
cantonnée des lettres L.E.M.O.
Tiers de sou d'électrum. Poids, 1 gramme. Dernier quart
du VII* siècle. — Cabinet de M. Cartier.
Les lettres qui sont dans le champ du revers délerminenf
UMxmlestablement l'origine limousine de notre triens. Mais
^ auteurs qui Vont édité ont lu au droit Lub$aKa *, faisant
^ L initial du C sigle de caslrum. Le cdstrum Vssalta
^ assurément Dssel, chef-lieu d'arrondissement dans le
^^ Bfblîoth. impér., fonds français de Saint-Gennain* n» 878, t. II.
^oatenme {loc, ci*.).— Le Blanc (p. 61). — Leiewel, Nwniimat. du-
**i'*i* âgt, t, !•', p. 96. — Conbrouse, Recmil de monét, tnérùv.^ pi. XX , 11>, et
^^•^«»*09ii« dêt mumn, mérov,, p. 18, ii- 254, 255, p. 24, n» 358.— MM. Cartier et
'^^emol , daii# leurd listes, ont attribué ces pièces, soit à Kierai- sur-Oise ou
W«ny (^iape), soit k Ton des n<uiibreiix Crécy qui existent eu France, soit
^<> à un lien nommé Carisey on Carisieu (Isère). Mais ce sont là des attri-
^""^ioDs arbitraires , désignées abstractivement du type et des diverses circon-
*^ceft à l'aide desquelles nous avons démontré que nos trois monnaies sont
'^'^ea de Curtao en Limousin.
* L^lewel , Nmniimatiq, du moyen âge, pi. III. — Rêtuê nym., année 1840 ,
^. XIV. — Conbrouse, Rtc.. de numét, merov., pi. XXVIII , n« 1* ; Catafog.
^où. ie4 monn. nic'ror., p. 32 , n* 492. — Guillemot dans sa liste publiée
«n\845.
i
35G MÉMOIRES
département de la CoiTèze. Cette ville eut dans la période
romaine une importance considérable , attestée par les dé-
bris de monuments, de statues, et notamment un aigles
colossal qui ont été découverts, soit dans son enceinte,,
soit sur le plateau qui la domine *, et par les nombreus
médailles qu'on y déterre chaque jour. Les mentions le
plus anciennes d'Ussel qui nous soient connues, ne remon
tent qu à la fin du xr et au xii* siècle, et cette ville y re
çoit le nom àTs^el • qu'elle porte aujourd'hui.
TEILLOL.
60. — +TAULO C^STO. Buste à droite; tête ornée d'u «3
bandeau perlé, terminé sur la nuque par deux bandelettes- -
^ LIL4S MONE. Croix égale, cantonnée des lettr^rs
L.E.M.O., dans une couronne de perles.
Tiers de sou d'or pâle. Poids, 1«%10. Dernier quart dLv
VII* siècle '. — Cabinet des médailles de la BibliothèqiJi€
impériale.
Les lettres qui sont dans le champ du revers attester
l'origine limousine de cette pièce, de manière à dispenser de
toute démonstration à ce sujet. M. B. Fillon, qui l'a éditée \
i Procét verbal des fouilles faites à Ussel par les soins de M, Dslmas^ dermr
lieutenant général de la sénéchaussée. — Duronx , Essai sur la sénatoreris di
Limoges^ p. 268. — L'abbé Tcxier. Mém, de la Société des antiquaires de VOtiê^,
t. XVm, ann. 1850, p. 108. — Marvaud, Hist. du Bas-Limousin^ t. I", p.».
* « Guillelmus d' Ussel et Tetrus frater ejus. « Ch. ann. 1157 , dan» le
Nov, Gallia Christiana, t. II, instrnm. col. 203, — « Petrus et Ugo d'Utal, ^
eu. ann. 1170j mss. de la Bibl. impér., collect. Gaignières, t. 184-185, p. 79.
* M. B. Fillon fait remonter notre pièce à la fin de la première moitié A«
Tii* siècle [Études numismaliques , p. 31 ) ; mais il ne nous paraît pas twir
assez tenu compte du travail grossier de l'effigie et de rirrégularité des lé'—
gendes qui font descendre l'émission à la fin du Tii" siècle.
* Études numism.^ p. 31, pi. I, n° 21.
iton de Corrèze, arrondissement de Tulle (Corrèze);
s de Tune et de l'autre se sont formés de 7a{t7o par
sposition de la première consonne, ce qui a fait
Seulement il faudrait admettre, dans l'hypothèse
ribution à Teilhols , une forme intermédiaire, telle
iilus; cette circonstance, quoiqu'elle ne soit pas
alenr, ne suffirait pas pour fixer notre choix en
de Teillol. Nous somines déterminé par une con-
on bien plus décisive. Teilhols est enclavé au milieu
[uième groupe (Salagnac, Sarazac, Abriac, Chignac) ,
) monnaie n'a aucun rapport avec les pièces de ce
: elle appartient manifestement, par son type, au
groupe ( voir notamment les n" 59 et 61 ) . Or Teillol
ûsément placé à égale distance d'Uzerche et d'Dssel.
rès d'un village appelé l'Estrade (Strata Via) , dans
tion d'une voie qui tendait de l'ancienne ville romaine
ignac, vers le castrum Ussalia et la frontière d'Au-
Cest apparemment cette localité qui , au xr siècle ,
dans le cartulaire d'Uzerche le nom latin de Tellol '.
les conaervateuri» du Cabinet d(>8 médaille» du la Bibliothèque impé-
drngné Saint- Léonard près Limoge» ; mais le nom mérovingien de
35S MÉMOIRES
EVRA.
61. HEVIRA V1G0+. Buste à droite; tête barbare-^
couronnée.
ï^. 4-GRYELLO MON. Croix potencée surmonté d'une a).i»
au-dessus de laquelle sont posés trois points ou globules ^
le tout dans une couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or. Dernier quart du vir siècle. — Mé—
daillierdeM. B. Fillon.
M. Fillon , qui a publié ce triens dans ses Éludes numts-
matiques , a vu de Tanalogie entre ce triens et certaines
pièces qu'il attribue à la partie S. E. du diocèse de Tours et
au N. E. de celui de Bourges : il a pensé qu Etira est sans
doute quelque village des bords de la petite rivière d'Evre
ou d'Yère, qui passe à Bourges. De son côté M. Cartier a
objecté que cette rivière portait en latin le nom d'Avera,
qui s écarte beaucoup delà légende de notre monnaie, et
il a revendiqué cette pièce pour un bourg des environs de
la ville d'Amboise \ Ces deux propositions contradictoires
ne nous semblent guère admissibles. Si Ton rapproche le
triens d'Evira du n* 9 ( Limoges) et surtout des n*' 51 , 59
et 60 (Uzerche, Ussel et Teillol), on ne peut méconnaître
sa ressemblance avec ces derniers, et par suite son origine
limousine. Cet atelier est assez vraisemblablement un lieu
situé au sud dTzerche, et qui reçoit, dans une charte de
894, le nom d'EVRA *. Dans cette forme le vocable primitif
> Bévue mtmi*m,, année 1855, p. 403 et 404, pi. XIII, n* 9.
' M Cedimus ad locum qui vocatur Tatela villam Dostram que
dicitur Etra , qux est in pago Lcmoviceusi , in vicaria Navensi, in panochia
Sancto; Fortunutse « Cartulaire de Tulle, dans Bnluze, Hitt. Tutel.^ append.,
coll. 321-322.
ET DISSERTATIONS. 35P
d'ËVlRA n'a perdu qu une voyelle dans Tintervalle de deux
siècles écoulés depuis rémission de notre triens jusqu'à la
mention précitée. Nous n'avons pu découvrir encore la
position précise de cette localité, qui ne saurait toutefois
être éloignée du village de Naves, canton et arrondissement
de Toile (Corrèze).
VU» GKiJUPE.
BRIVE (LA GAILLAUDK J).
02. — VICO BRIVA (rétrograde). Buste à droite, vêtu;
tète oruée d*ùne couronne terminée par deux bandelettes
sur le front et sur la nuque ; une houppe sur le front.
i. VRSIO MONETA (rétrograde). Victoire ailée passant
sur une base.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l8%26. Premier quart du
?!!• siècle •• — Musée monétaire de l'hôtel de la Monnaie.
68. (- BRIVA VICO. Buste à droite, orné de perles;
tète ornée d'un long diadème , le col orné de perles ; le tout
dans un grènetls.
î^. +FALCO MONEll. Croix latine légèrement potencée;
le tout dans un grènetis.
Tiers de sou d'or. Troisième quart du vu* siècle. — Mé-
daillier de M. E. Cartier.
L'attribution de ces deux triens au Limousin ue peut
faire l'objet d'un doute : leurs deux efiigies présentent
d'une manière très-accentuée le style limousin : on re-
trouve au n' 62 la houppe sur le front , et au n*» 63 les
* Chef-lieu d*iurrondii»ttemeot daiis le départemeut de la Corrëze.
* L'effigie de cette pièce rappelle une monnaie d'IIérucliuk ( an 610 ). Voir
Aîns Grctzer, De Sancta Cruci opéra otnnia, coi. 1B59-1800.
360 liÉMOlRE^
dispositifs du diadème et du buste , qui sont des signes
caractéristiques du monnayage de notre cité *
L'existence de la bourgade de Brive sous la dynastie
mérovingienne et même antérieurement , est attestée, no-
tamment par les deux monuments suivants : 1** une lettre
écrite par saint Rurice I*% évêque de Limoges, vers Tan
480 (période visigothique ) : u Brivœ sis... mihi jejunus
occurras *; » 2** un passage célèbre de Grégoire de Tours,
d'après lequel nous savons que le prétendant GondevaM
y fut élevé sur le pavois en 584 : « Lemovicinuni accedens,
Brivam-Curretiam vicum. » Et plus bas : « Basilica B.
Martini apud Brivam vicum '. » Aux ix* et x* siècles, Brive
devint le chef-lieu d'une circonscription administrative qui
lui emprunta son nom ( vicaria Brivensis * ).
Nous devons mentionner, en terminant , une pièce que
Ton a fort à tort attribuée à Brive, et a été ainsi décrite
par M. Cartier * :
BRIYA. Buste à droite diadème, la main levée devant la
face; un astre au-dessus de la main.
h\ PRESERIVS m. Dans le champ sont inscrits les deux
^ Les numibinatistes ont du reste été nnanimes pour adopter ct»tte altribo-
tion de Brive en Bas- Limousin. Revue ftumism,, ann. 1839 , p. 437, pi, XVIII»
n» 12.— Conbrouse, Recueil de monéi, «neror., pi. XVI, n» 13. Toutefoi»
M. Conbrouse, dans son Atlas des monn , nation.^ catalog%u des monn. mérd^*'^
p. 54, n" 858 et 858 bis, hésite entre Brive et Briare. Le même auteur a Ioi8«"
notre n* 63 Brioveico , et l'a attribué dubitativement à Saint-Malo. ( ftc '•
enonét. mérot,, pi. XLIX, n* 2. )
* Epistol. flwrtcii, epist. XXIII , dans Canisius , Thésaurus monument, §ccl^^
êiastic. et historic.j t. !•% p. 394.
» Gregor. Turou., Hist. ecclesiastic. Francor,, lib. VII , c. 10, édit. Gi»<l««
«t Taranne, t. II, p. 15.
* Cartulaire de Beaulien, ch. LXXIX, ann. 887 ; cartulaire de Tttllt,*^**-
ann. 931 et 934 , dans Baluzc, /7i«/. Tutel., append., col. 343 et 354.
* Rêtue numism.t nnn. 1840, p. 105, pi. VI, n* 18.
ET mSSERTATÏO?îS. SSI
mots suivants : BRIVA FIT, séparés de la légende circu-
laire par un grënetis.
M. Cartier hésite pour l'attribution entre Brive et Brioude.
Cette hésitation ne serait pas permise s'il fallait lire avec
le savant numismatiste le vocable Briva. Mais il faut, sui-
vant nous, lire ici BRIVATE, les dernières lettres étant
ainsi liées T : le type de la main levée surmontée d*uB
astre est auvergnat, et son influence n'a pu s'étendre jus-
qu'à Brive en bas Limousin,
CORNIL.
64, I-EORNILIO EAS. Personnage marchant à droite,
tenant de chaque main un bâton ; celui qui est à la droite
du personnage est formé de perles; le tout dans une cou-
ronne.
^. BONYc/5 MÇ^Af. Croix égale, fichée, accostée de deux
points sous le bras droit et d'un globule sous le bras
Souche ; le tout dans une couronrie.
Tiers (le sou d'or fin. Poids , 1»',20. Deuxième quart du
ïi* siècle. — MédaillicrdeM. Maurice Ardant, à Limoges.
414. _ -f EORNIklO EAco. Buste à droite perlé ; tête
^née d'un bandeau de perles ; le tout dans un cercle de
^''ènetis.
m^. -f BONVS Mol. Croix latine; le tout dans un grënetis.
Tiers de sou d'or fin. Poids, 1»%24. Troisième quart
ca. vu* siècle. — Médaillier de M. Laprévote, à Mirecourt
Vosges).
le personnage qui est au droit du n"* Qà est évidemment
vmité du sou d'or de Limoges. Il se rapproche naturelle-
laenl du groupe où sont déjà la Victoire passant du n* 62
et le guerrier du n» 112, qui ont, de même que le person-
362 m(:moir£S
nage du n* 64 , l'un un bâton , l'autre une lance formés
d'une ligne de perles. Le revers du n" 64 et celui du n* 114
sont évidemment limousins. Enfin nous sommes informé
par M. Maurice Ardant, à qui nous devons la communica-
tion du n* 64, qu'il a été découvert dans un ancien cimetière
du haut Limousin. On ne peut donc hésiter sur l'attribution
de ces deux pièces inédites.
Cornil, situé dans les canton et arrondissement de Tulle
(Corrèze), près de la limite de l'arrondissement de Brive,
possède encore un curieux débris de l'ancien castrum. C'est
une haute tour carrée qui surmonte la colline abrupte aux
pieds de laquelle coule la Corrèze. Nous avons trouvé dans
les monuments de nombreuses mentions de ce lieu , soit
sous le nom même de CORNILIVM, inscrit sur nos deux
triens, soit sous le nom actuel de Cornil ou Cornills, dans
des actes des xii*, xiir et xiv* siècles, et notamment dans
deux chartes du cartulaire de Beaulieu de 1190 et de 1204,
où Hugues de Cornil figure comme témoin après plusieurs
moines de l'abbaye d'Aubazine*, laquelle était tout près et
au sud du château de Cornil '. Max. DeijOGHE.
* " De dono Gauzfrcidi est tcfitis Klias de Cornilio,» Cartulaire de Tulle, ch_
ann. 1060-1108, dan» Balnz., llist. Tutel., append., col. 478, — •« Testîboft...
Geraldo de Martenac, Guilhcrrao Amonio Cornil. » Cartulaire d^Anbazine, r^r
ann. 1143. — « Rjûmundus de Cornilio.f^ Cli. ann 1163, dans JuBtel, Bitt ^~-~
généalotiiq. de la maison de Turenne, preuves, p. 30 et 34. — •• W. de Comt'I. *
Ch. ann. il97 , iWd., p. 37. — ** Ecclesia parrochialis de Cornilio, in capellflB^B
domini de Cornilio. Ann. 1471, mss. Biblioth., impér. coll. Gaignières, 1. 183 —
184, p. 189.
« Cartul. de Beaulieu, ch. XXXVII et CXaV. Il ne faut pas confondr-^-«
avec ce caêtrum un Cornilium mentionné, dans un autre acte du même reciu^BO
daté de 971, comme situé dans la vicairie de Puy-d'Arnac (tWd., ch. CLXI^^ ^«
Ce dernier est un simple manse, qui n*a jamais eu Timportance du Corc^i^ii]
situé sur la Corrèze, et n'a jamais été, comme celui-ci, chef-lieu de p»J^B-
roisse.
ET DISSERTATIONS. 303
LE ROYAL D'OR DE SAINT LOUIS.
La Fortune qui, par exception , favorise quelquefois F in-
telligence et la droiture, vient d* accorder à MM. RoUin et
Feuardent, ces excellents associés à qui nous sommes heu-
reux de confier les intérêts de la Rev%ie^ une merveille nu-
mismatique.
La vignette que nous donnons ici a déjà fait comprendre
qu*il s'agit d'une pièce capitale jusqu'à présent introuvablCr
variété de celle qui n'a jamais été revue depuis Haultin^
et qui suffirait pour établir la réputation d'un médaillier.
Le royal d'or de saint Louis, compris, en 1619, dans l'ou-
vrage duconseiller au Chàtelet, a été reproduit à la vérité par
Le Blanc dans son Traité; mais il est facile de voir que c'était
là une de ces monnaies au sujet desquelles l'auteur déclare
«qu'il laisse à chacun la liberté d'en croire ce qu'il vou-
dra \ » Aussi M. Cartier, après avoir dit qu'on « peut com-
parer Haultin à Goltzius, dont on cherche encore beaucoup
de médailles , n ajoute-t-il plus loin , à propos des mon-
» Traité hi»t. des monn de France ^ éd. d*Am8tenlam , 1692, p. V, 159 vt
170.
3ô& MÉMOIRES
naiesde saint Louis : «Je ne connais de celte époque que
YagneU le florin et le franc d'or. Ces deux dernières pièces
appartiennent à Louis IX ou plutôt à Louis VIII '. » La
condamnation implicite prononcée par Le Blanc a porté
coup ; le royal d'or de saint Louis n'a été admis par per-
sonne. On le voit bien encore figurer dans la gravure pla-
cée en tête du cliapitre consacré à saint Louis dans YHiê-
foire de France du P. Daniel (édit. de 1755) ; mais dans la
notice , cette pièce est passée sous silence '.
En 176A , Aboi de Bazinghen , donnant un historique de-
la monnaie des rois de France, décrit Yagnel d'or de saint
Louis, et ne mentionne pas le royal. Plus loin, dans on
autre article de son Dictionnaire , il présente le royal d*o»
de Philippe le Bel comme la plus ancienne monnaie ûm
ce nom \
En 1767, Salzade ne compte au nonîbredes royaux d'i^i
que ceux de Charles le Bel, de Charles V et de Charles VII **
C. Chr. Schniieder, dans son Dictionnaire manuel, publw
en 1811, se conforme à Topinion d'Abot de Bazinghen '
Conbrouse , dans son Catalogue des monnaies naiionaleê^
range Yagnel d'or et le franc d'or au nombre des monnaies
de Louis IX. Le royal n'est pas rappelé , même à titre de
renseignement. Pareil silence dans les autres ouvrages de
ce numismatiste si ardent à la recherche des raretés.
Enfin M. de Wailly, tant dans le XXI* volume des Histo-
riens de France, que dans ses deux grands et savants mé-
' Bévue numism.^ 1838, Lettres sur Chistoire monétaire, p. 90 et 401. — On
'sait que le florin appartient à Louis, roi de Hongrie (1342-82).
« P. Daniel, Hist. de France, 1755, t. IV, p. 281 et 598.
• Traité des monn. en forme de dictionnaire^ t. ÎI, p. 107 et 580.
* Becueil des monn. ou dict. hist., p. 126.
» Handworterbvch der gesammten Mûnzkunde^ Halle, 18il, p. 383.
ET DISSERTATIONS. Sô5
moires publiés par rAcadémic des inscriptions et belles-
lettres, décrit ou cite le franc d'or^ Yagnel de saint-Louis,
mais ne mentionne pas de royal avant 1295, c'est-à-dire
avant le règne de Philippe le BeP.
Ainâ donC) on peut affirmer que jusqu'à présent le royal
(for de saint Louis n'a pas d'existence reconnue.
Celui que nous décrivons et qui est parfaitement bien
conservé, a pour légendes : +LVÎ)OVIC\S D€L GRA. REX.
FRAN. Au-dessus et au-dessous d'une couronne : R6GALIS
AVReVS; au revers : + XPC. VINCIT. XPC REGNA. XPC,
IMPeRAT. Son poids est de 4«',15.
Les légendes de celui qu'Haultin avait vu sont : -f LVDO-
VICVS : ReX. FRANCORVm — R€GALES AVREVS et
-h XPC. vinciT. xPGRecnAT. xpc impeRAT.
On remarque dans les deux variétés un mélange de ca-
ractères carrés et de caractères arrondis qui se retrouve
aussi surYafjnti et les deux francs d'or de la Bibliothèque
impériale , pièces qui pcsent, la première 4«',10 , et les
deux autres 4*',05. Je ferai observer que le poids de la
monnaie d'or d'Alphonse X de Castille (1252 1284), que je
crois avoir servi de modèle au franc d'or de saint Louis,
est de 4*',50, ce qui équivaut au dinar almohade contem-
porain, affaibli de 10 centigrammes.
Quoi qu'il en soit, la collection des monnaies royales de
la troisième race s'enrichit d'un monument qui excitera,
j*en suis certain, chez tous nos confrères une admiration
égale à l'étonnement que fait naître la résurrection si inat-
tendue d'une pî^ce généralement considérée comme apo-
cryphe. Adrien de Lomgpérier.
' Bec. de» hi$t. de Fmnre , 1865, t. XXI. — Mém, d« VAcad. de» inscript.,
t. XXÏ, 1857. — Recherches sur le syst. mon. de saint Louis et Mém, sur les
rsriutims de la livre foum., p. 179, 180, 234.
1860. — 5. 26
3(>6 MÉMOIRES
MONNAIES DES COMTES DE TONNERRE.
(PI. xvr.)
Dès la fin du >• siècle, la ville de Tonnerre était le centr^^
d'un pagus de la cité de Laugres ^ : il en est fait mentioL^^
en 497 dans un diplôme accordé par Clovis à Tabbaye d^^
Réomeen 497. Cette circonscription territoriale était ap- — -
pelée pagus TornoirinsiSt Ternodrinsis^ Tonwdrinsis^ Tor--^
nadrinsis ^ et le chef lieu, Casirum Tornodum , To»nodo —
rense et ternodorense '. Nous ti'ouvons en 634 la mentioi'B.
du territorium Tornodorense ^ en 814 et 037, du comiiaiu^
Ternolrensis et Tornorensis •. A la première de ces dales^^
le 9 septembre, Louis le Débonnaire confirmait à Betto^
évêque de Langres , entre autres biens , « castrum Toma.—
(( trense caput videlicet comitatus. »•
11 paraît que depuis la fin du vir siède jusqu'au com—
raencement du viii% le comté de Tonnerre fut la propriété
patrimoniale de seigneurs particuliers , parmi lesquels ou
compte saint Guerri et saint Ebbon , son neveu , tous deux
successivement archevêques de Sens* Il vint ensuite aux
mains du roi , puisque Louis le Débonnaire eu disposait en
* B. Gucrard, Estai sur le tystèrm dt$ die. terht, de la Gaule ^ p. 145.
« D. Bouquet, II , 235; III , 285; IV, 615. — Pcrard.-Qucutin, Catiul,
Jtpart. de V Yonne, I, p. 8, 19, 27 ; II , p. 2, 3, 6, 8.
* Cartulairede l'Yonne, II, 9.
(/»
ET DISSERTATIONS. 367
faveur de Tévêque de Langres. Il est permis de penser que
'^ premier des comtes héréditaires de Tonnerre fut inféodé
de ce territoire par le prélat. De nombreux actes établissent
^ vassalité des seigneurs de Tonnerre, je citerai comme
'temple la déclaration du temporel de Tévêché de Langres
?n 1463, dans laquelle Tévêque mentionne : « Item le
» comte de Tonnerre lient de nous ledit comté, chastel et
« ville de Tonnerre et les fiefs qui en dépendent. »
Un tiers du sol mérovingien qui semble appartenir au
commencement du viii* siècle, porte le nom de Tonnerre,
autour d'un buste de face, revêtu d'une cuirasse de
orme arrondie, sur laquelle est gravée une croix, on lit :
TEMODERO; au revers, la légende BERVLFO MONETA,
-nioure une croix latine, (PI. XVI, n* 1. )
C'est pendant la seconde moitié du x" siècle que paraît,
K>ur la première fois, le nom d'un comte héréditaire de
t'oficerre, fondateur, avec l'évêque de Langres, du monas-
ère de Saint-Michel : il se pourrait que plus tard , des do-
'Ucneots encore inédits nous révélassent les noms de quel-
loes-uns de ses prédécesseurs : ce qui est certain, c'est
lu*Aldrevald, moine de Fleury, contemporain de Charles le
t-bauve, parle, à propos des miracles de saint Benoit, de la
C^érison d'un personnage noble du nom de Raculfus , o ex
^ ofScio viccm comitis ageos, » à Tonnerre.
llilon I*' est dit «cornes pagi Tornodorensis,» ou en-
^re o pagum Tornodorensem tenens. » A la fin de sa vie,
4 devint moine de Saint-Michel de Tonnerre. A Milon suc-
tédèreot Guy son fils (987-992) , Milon II (992-1016) ;
ftaînard ou Renaud (1016-1039) ; Milon III, frère du pré-
cèdent, qui fut, par sa femme, comte de Bar-sur-Seine
I^l0%9-10/i6) ; Hugues Renaud , qui devint évëque de Lan-
gres en 1065, et mourut en 1085.
i
SMi HÉMOfRES
Suivant quelques liislorieDS Hugues Renaud se seraïC
démis de Tonnerre et de Bar-sur-Seine en faveur de soi?
oncle par alliance, Guillaume de Nevers : celui ci avait
épousé en effet Ermengarde de Tonnerre, sœur de Milon IIK
Vers Tan 1100, le comte de Tonnerre se nommait Guil-
laume, et il était fils de Guillaume I*% comte de Nevers.
Nous donnons le dessin d'un denier de l'époque carlo- —
vingicnne qui a été frappé à Tonnerre :- +GRATIA D""I R^^v
autour dun monogramme; au revers, TORNODOROASTEL
(PL XVI, n^ 2.)
Par son type, ce denier est postérieur à h date de Tédi^K:
de Pistes, donné en 86&; il a été par conséquent frapp^^
alors que Tonnerre relevait déjà de Tévêqnc de Langres, e tk
avait des comtes héréditaires. Si nous observons qu en 874 -.
le roi Charles le Chauve accordait aux évêques de Langre ^
le droit d'avoir une monnaie dans leur ville épiscopale, ainï=»i
qu'à Dijon , il tte semblera pas trop hardi d'en conclure qw^
les monnaies carlovingienues de Tonnerre furent forgées
sous l'influence et probablement par l'ordre de ces prélats.
Je remairque d'ailleurs une certaine analogie entre le denier
épiscopal frappé au monogramme de Charles le Chauve à
saint Etienne de Dijon et celui de Tonnerre , c'est que sur
tous deux, le nom du lieu est suivi du mot casteilum.
Dans un certain nombre des ateliers monétaires du ir siè-
cle, on remarque des concessions faites anx évêques etaur
abbés; puis , plus tard, le pouvoir séculier s'empare, soit
brusquement, soit graduellement, des privilèges accordésaw
clergé. Quelque chose d'analogue dut se pîisser à Tonnerre
lorsque ce fief tomba au pouvoir des comtes de Nevers, osot
ciqui, nousl'civons vu ailleurs, prétendaient avoir le droit <f
frapper monnaie dans toute leur terre^ supprimèrent imp^
citement le droit de l'évoque r le duc de Bourgogne à Dijf
tT DISSERTATIONS. *309
1« comte de INevers à Tonuerre, étaieut des vassaux trop
paissants et trop redoutables pour que Tévêque de Langres
X^ùt conserver le privilège qu'il devait à la muDiliceuce de
X^barles le Chauve.
Voici la liste chronologique des t^omtes de Tonnerre de
ia maison de Nevers : je crois devoir donner la suite de ces
seigneurs, parce que seit pour les dates, soit même pour
*quelques-uns d'entre eux, je diffère d'opinion avec pin-
ceurs auteurs qui ont traité cette question.
1065?-! 099. Guillaume 1", comte de Nevers et d'Auxerre,
puis d« Tonnerre, du chef de sa femme Ermengarde,
u uDum comitatum de tribus componens '. n
10991111. Guillaume 11, son Gis, mourut avant lui, ne
laissant qu'une fille, qui épousa le sire de Bourbon : le
Tkinnerrois revint à son neveu , sous la tutelle de Guil-
laume !•' de Nevers '.
1111-llAA. Guillaume III , neveu du précédent, fils de
Renaud de Nevers et petit-fils du comte Guillaume I*',
réunit à la mort de celui-ci les trois comtés, « monar-
«cbiam Nivernensis, et Altissiodorensis et Tornodo-
-« rensis *. »
llAi-1159. Renaud, deuxième fils du précédent; pen-
dant son absence en Palestine, où il mourut prisonnier des
* Ori^o il hùU bretig Nivern, comtf., manuscrit du xn' siècle publié
|Nir M. H. CroQzet , daos les Droits tt pritiléfjei de la commune de Nevers,
* Cartulaire de C Yonne, I, 204. CvHiermus cornes Torfiodorenfis oppidi.
'Cf. H. Crouzel, CirtuL de l'Yonne,!, 225 et 329. Le comte portait, «n
^111, le titre de cornes N4vernen$îs , lorsqu'il confirmoit à l'abbaye de Mol^mo
^sdooatiun do Kégli^ïC Suiiit-Aigiran de Tonnerre. Daus un acte de 113B, pat(»c
^^nnx ré\\\ue «l'Auxt-rre, entre deux liabilant*i de Cbâblis» il c»l dit • cornes
Tornodoreusis. *» Cftartes el titres anciens des habitants de Tonnerre. Auxsrre^
*«»J>riineriede Claude Dcvillicrs.
370 MÉMOIRES
infidèles, le Tonnerroîs fut administré par son fils aîné,
Guillaume 111, comte de Nevers et d'Auxerre *.
1159rll60. Guillaume IV (III* de Nevers).
1160-1168. Guillaume V (IV de Nevers).
1168-1175. Guy, frère du précédent.
1175-1181. Guillaume VI (V* de Nevers). Robert, frère
de Pierre de Courtenay, disputa à Guillaume VI l'héritage
de son père, et portait encore , en 1180 , le titre de comte
de Tonnerre : à cette date , il confirmait aux bourgeois
de cette ville les coutumes qui leur avaient été données
par le comte Guy, « comes nivernensis, predecessor noster
«in villa Tomodori. » Guillaume VI, en 1181, mourait
jeune à Tonnerre.
1181-1 193. Mahaut de Bourgogne, mère de Guillaume VI,
comtesse douairière de Tonnerre, et Mailly, après la mort
de son fils *.
1193-1216. Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre et de
Tonnerre.
1216-1224. Mahaut de Courtenay et Hervée de Donzy,
comtesse et comte de Nevers.
1224-12... Agnès de Donzy et Guy de Châtillon, sire de
Saint-Aignan, comtesse et comte de Nevers •.
12.. -1257. Mahaut de Courtenay, pour la seconde fois,
après la mort de sa fille *.
1257-1262. Mahaut de Bourbon, arrière-petite-fille de la
précédente, et Eudes de Bourgogne. De 1262 à 1278, il y
* Cartul. de 'l'Yonne^ I, 508. En 1144 , le comte de Nevers faisait une dooa-
liou à Saint-Micbel de Tonnerre, avec rassentiment de fon fils Renaud.
« Cartut. de VYùnne, t. II, p. 335, 33o, 361, 367, 385, 415.
' Guy de Châtillon , comme comte de Tonnerre, confirma les coutumes de
cette ville.
* Il me semble évident que Mahaut recouvr.! le comté de Tonnerre à la mort
de sa fille, puisqu'il est positif que sa petite-fille hérita directement d>ll«.
ÏT DISSERTATIONS. 371
eut discussion sur le pailage de la succession de Mahaut 11
entre ses trois filles. A cette dernière date, le parlement
attribua Nevers à Yolande , Auxerre à Alix , et Tonnerre à
Marguerite. Nous nous occuperons plus loin de la troisième
dynastie des comtes de Tonnerre , issue de Marguerite de
Bourgogne.
Les monnaies frappées à Tonnerre sous les comtes de
la maison de Nevers ne portent pas les noms des seigneurs :
voici la description des trois variétés que j'ai pu étudier :
Croix : la légende est remplacée par quatre étoiles dis-
posées de manière à ce que chacune soit devant l'un des
croisillons.
fi. +TORNODORI CASTI. Croix. Je considère ce denier
comme le plus ancien, parce que sa légende rappelle celle
des deniers carlovingîens frappés dans la même ville.
(PL XVI, n« 3.)
Croix : la légende est remplacée par deux croisettes et
deux S, disposées comme les étoiles du denier qui précède.
l +T01NER0 MONEIC. Croix. (PI. XVI, n» A.)
Croix : la légende se compose des lettres ISIS, disposées
comme les étoiles du premier denier.
i + COMES TONODOl. Croix. ( PI. XVI, n° 5. )
J'ai déjà constaté, ailleurs, que les mentions de la mon-
naie de Tonnerre, dans les actes, étaient très-rares; la plus
ancienne est de 1136 , le cartulaire de l'Yonne nous en
révèle deux autres en 113S et 11A7 : quand j'aurai noté
que sous la comtesse Mathilde, en 1179, les tran?actions
se faisaient en monnaies auxerroises^ et qu'en 1204, Pierre
de Courtenay constatait la cession des coins de la monnaie
d* Auxerre et de Tonnerre à Pierre de Chablis par Lambert
de Bar, qui les possédait h titre héréditaire, j'aurai épuisé
372 MÉMOIRES
tout ce que les texte» disent au sujet des monnaies qui font
le sujet de cet article *.
Puisque les anciens documents ne nous donnent pas ^
plus de détails, cherchons dans l'étude des monnaies elles- ^
mêmes à suppléer à ce silence.
Tout d'abord , un fait important me semble mériter -m
d'être signalé : si les deniers de Tonnerre que je viens de ^s
décrire sont, pour le type, copiés sur les anonymes de 55s
Sens et d'Auxerre, ils en diffèrent complètement pour le^^
style. Que l'on compare avec eux les monnaies des ducs di-
Bourgogne Hugues I*' et Eudes !•', et celles de Hugues^^
évêque de Langres, et on sera frappé du caractère bour
guignon des espèces tonnerroises. 11 n'y a rien que de très
naturel dans ce rapprochement, puisque le Tonnerrois, fie Jf
de l'évêché de Langres. confinait au duché de Bourgogne ' -
Une autre observation indispensable, c'est qu'à plusieun ^s
reprises , pendant le xiv siècle, le Tonnerrois appartint ^B
des personnages qui , tout en étant de la maison de NeversK- ,
n'avaient pas le comté de Nevers. Or je pense que les comte^-ss
de Nevers, qui prétendaient au droit exclusif de batti — ^
monnaie dans toute leur terre , ne déléguaient pas ce dro^^t
à ceux pour qui le Tonnerrois n'était en réalité qu'un apas^-
nage ou un douaire. J'écarte donc Guillaume II , Renaoc^St
Mahaud, veuve du comte Guy : il n'en est pas de mèin::^^
de Pierre de Gourtenay, ainsi que je le dirai plus tard.
J* attribue à Guillaume 111 (1111-llAA) le commenc^^
ment du monnayage de Tonnerre : son règne d'ailleu
* Rtvue numUm., 1860, p. 375. — CartuU de V Yonne, 1. 1, p. 329, 425.
' Il faut noter aussi qu'à Tonnerre comme à Dijon, dans la forme '
castri et DMoni eaetri , on avait constïrvé les anciennes légendes des den m.<r»
carlovingiens frappés dans ces villes sous rinfiucnce des évêqnes de LaPSJg.'^
très-probablement.
ET DISSERTATIONS. 375
coïncide avec les plus anciennes mentions des deniers de
€:ette ville dans les chartes ; les astres paraissent sur un
deoier contemporain qne j'ai attribué à Hugues II , duc de
Bourgogne.
Le second denier appartient à un des successeurs de
Guillaume III, et je le crois contemporain du troisième :
il me semble que ces pièces peuvent être considérées
comme le résultat de la lutte qui exista entre Guillaume VI
et Robert de Courtenay, tous deux se disputant l'héritage
du comte Guy : la forme incorrecte donnée au nom de la
TiUe, me semble indiquer une fabrication précipitée et
peut-être étrangère à l'atelier de Tonnerre. Quant à l'in-
terpréta tion des sigles +S+S et ISIS , j'avoue que je n'ose
proposer une conjecture : tout au plus pourrait-on y voir
les initiales de quelques monnoyers, Stcphanus et Johannes.
Je ne puis non plus voir dans moneie l'abréviation de mo-
meta ieta^ comme on Ta dit : ce mot barbare ne semble
cpi*an assemblage de lettres destinées à remplir la légende.
Quant à Pierre de Courtenay , je ne pense pas qu'il ait
frappé monnaie à Tonnerre : nous avons vu que sous son
règne, les ateliers de Tonnerre et d'Auxerre étaient réunis
dans la môme main; nous avons vu aussi qu'on ne se ser-
vait sous lui que de monnaies auxerroises à Tonnerre :
enfin j'ai constaté dans un autre travail que pendant le
temps qu'Auxerre appartint à Pierre, l'atelier de cette ville
avait été en chômage presque continuellement ^
Reprenons maintenant la suite des comtes de Tonnerre
de la troisième dynastie.
1273-1297. Marguerite de Bourgogne, comtesse de Ton-
nerre, épousa Charles I", roi de Sicile : devenue veuve , la
^ RtfiMfHNiiifin., 18G0, op. laud.
374 MÉMOIRES
reine Marguerite se retira à Tonnerre, et, en 1292, légua
ce fief à son neveu Guillaume de Châlon , déjà comte
d'Auxerre. Cependant elle ne se démit pas immédiatement
du comté, puisque, dans Tacte de fondation de Tbôpital,
elle figure toujours comme comtesse, et parle de son neveu ^
comme d*un héritier présomptif. Guillaume ayant fait ^
hommage à Tévêque de Langres eu 1297, c'est à cette date ^
qu'il semble naturel de faire conunencer son titre réel de^^
comte de Tonnerre.
1297-1304. Guillaume de Châlon, comted'Auxerre.
1304-1320. Jean 1" de Châlon (II* comte d'Auxerre).
1320-1357. Jeanne de Châlon et Robert de Bourgogne =
Jeanne tenait ce comté de son frère par donation, et ce der
nier, après la mort de cette dame, rentra en posse>sion dujiai
Tonnerrois jusqu'en 1357.
1357-1379. Jean II de Châlon, comte d'Auxcrre et d^^
Tonnerre : de 1361 à 1373 l'administration de ce fief fu ^
confiée à son fils Jean, qui n'en portait pas le titre, et après^s
la mort de celui-ci, à Louis, son frère puîné.
1379-1398. Louis de Châlon-, se qualifie comte de Ton^»-
nerre et d'Auxerre. sire de Saint- Aignan ; de 1374 à d376^B»
le Tonnerrois parait avoir été adjugé à Marguerite de ChâSB-
lon, sa sœur, par arrêt du parlement.
1398-1433. Louis II* de Châlon, comte de Tonnerr^=s,
sieur de Châtelbelin , vendit au roi Charles VII tous s^^
droits sur Auxerre. Partagé entre les deux filles de Louis I ^i
le Tonnerrois fut réuni, en 1453, par suite d'une acqui^^> ^
tion, entre les mains de Jean de Husson, fils de l'uned'elle ^s.
Charles d'Anjou frappa monnaie à Auxerre : je donne L^s
dessins du denier et de l'obole de ce prince. L'absence ^de
mention de monnaies de cette ville dans les textes, et l^iif
rareté, ainsi que la rareté des monnaies de ses successeiL vs.
ET DISSERTATIONS. 375
me porteDt à penser que ce monnayage était peu actif :
peut-être cbaciue seigneur, à son avènement, en faisait-il
frapper simplement pour empêcher la prescription du droit.
-f K REX SICILIE. Croix à pointes, cantonnée au second
d*aDe fleur de lis.
^ + COM TORNODOR. Croix ayant deux de ses bran-
ches à pointes et les deux autres fleurdelisées. (PI. XYI,
n" 6 et 7. )
Ces monnaies sont imitées à la fois de celles d*Auxerre
et de celles de Nevers : la croix à pointes commença à
être employée dans cette dernière ville sous Jean Tristan,
1265-1270, et se continua sous Robert et Louis de Flandre,
1271-1321 : Jean Tristan cantonnait la croix d'un annelet,
Robert et Louis d'une étoile : Charles d'Anjou adopta la
fleur de lis, qui était une des pièces de son blason. Geof-
froi et Marie de Brabant avaient pris la même croLx k Vier-
zon, de 1280 à 1330. Les branches fleurdelisées de la croix
semblent avoir pour origine le type de Jean Tiistan, com-
pcisé de deux fleurs de lis et de deux étoiles disposées eu
croix. J'ai déjà proposé d'attribuer à la fabrication qui
reprit à Auxerre vers le milieu du xiii« siècle les deniers
de cette ville sur lesquels la croix porte deux fleurs de lis
et deux groupes de trois points devant les cioisillons ^ :
une étude plus attentive me permet de rectifier mon erreur.
Il me semble que pendant que Jean Ti istan et Yolande
de Nevers adoptaient le type des fleurs de lis à Nevers, Alix
de Nevers, sœur de celle-ci , mariée à Jean de Châlon, de-
vait chercher à imiter ce type à Auxerre, et qu'il passa
ainsi à Tonnerre : c'était d'autant plus naturel qu'il pou-
vait se faire que ces deux deniiers ateliers fussent encore
» Rec, «un., 1860, p. 378.
3731) MÉMOIRES
administrés par les héritiers du inonDayer de Pierre de
Courtenay.
Après la mort de Charles d*Anjou, sa veuve frappa mon-
naie à son nom : je n'ai retrouvé que des oboles de cette
princesse , qui avait conservé exaclement les types de son
époux : la légende du droit avait seule changé; elle
porie : MO.N'.RtG'.SlCILIE. (PI. XVI, n» 8, )
Par une fatalité inexplicable, cette pièce, déjà publié^,
plusieurs fois, n'a pas été encore correcteuïent déchiffrée.
Duby lut M D REGINA SIGILIE, ce qui a fourni à un archéo-
logue l'explication 3Iana derdi ta retjina Sicilie^ peu con —
forme, je crois, à l'épigraphie numismatique du moyen âge •=•
MM. Poey-d'Avant et Fillon ont lu M.REG.SICILIE, ef-»
oubliant la fleur de lis qui cantonne la croix. La véritable:!^
lecture est celle que je donne plus haut, elle peut se tra —
duirc : Moneta régime Sicilie , et si quelques exemplaires^
portent véritablement MD, monela domine regine Sicilie^
Je n'ai pu encore retrouver les monnaies frappées ^^
Tonnerre par Guillaume de Chàlon : il est permis d'espéi-^ ^
que cette lacune sera comblée; mais on connaît le deni^ w
frappé par Aliéner de Savoie, veuve de ce prince , pendaai^C
la minorité du comte Jean, son fils :
+ALIENORD.DSABAD. Croix à pointes, cantonnée m^«i
second d'une rose.
fi. 4- MONETA TORNODORV. Croix à pointes. — Deni^-wr.
( PI. XVI, n» 9. )
Les princes de la maison de Chàlon renoncèrent à 1^
croix fleurdelisée, et adoptèrent la molette d*éperon : je ^^^
sais si ce signe ne figurait pas, comme brisure, sur le ïik^''
son de cette branche d'une famille si nombreuse.
Les deniers de Jean P' sont semblables pour les types au-^
ET MSSER TATIONS. 377
^^^naicsde sa mère : au droit on lit +IOnANESCOMKS;
^^ revers, MON TORNODORI *. ( PI. XVI, n» 10. )
Bien que l'ordonnance de 1315 ne mentionne pas le comte
^^ Tonnerre parmi les barons ayant encore le droit de mon-
^syer, je serais très-disposé à attnbuer à Jean II le denier
^H'obole suivants, qui portent les mêmes tvpes et le»
bernes légendes ;
+10HANES COMES. Croix ordinaire.
Si. + MON TORNODORI. Croix ancrée , avec un point
devant chaque croisillon : un trèfle au premier canton *,
(PL XVI, n- 11 et 12.)
A. DE Barthélémy,
' Bech, swr let morm. féod, émitet dans le» principaks Hlles du département de
i^Yomiêf par M. l*abbé Hanreaa, p. 34. — Poey-d'ATHnt, CataL de» mmn. wi-
^ii<«riale«, p. 316. — FilloD, Collect.dêJ, Rousteau, p. 102. J'ai eu entre lea
tnabs Tezemplaire décrit par M. Fillon.
* M. Fillon, dans ses Étude» numitmatique»^ p. 171, pi. Y, n* 11, a dcjà donné
l''Me de ce denier ; le maavai» état de Texeroplaire qu'il arait tous les yeux
01 loi a pas permit de le décrire exactement.
En terminant cette étude , je dois donner ici un témoignage de ma recon-
luûssance à MM. Tabbé Hanrean et L. Dormois, qui, par leurs étndes pcrM»n-
»«Ue» et par le» renseignements prédenx qu'ils m'ont fonmis , n*onl pns pe»
coatribné à m'aider dans la classification de» roonaaies do Tonnerre.
37S MÉMOIRKS
JRTONS
RAPPELANT LA PRISE D'ARRAS PAR LES FRANÇAIS
EN 16â0.
Le siège cVArras, en 1(340, fut une des conséquences dtt —
projet qu'avait conçu Louis Xlll , ou, si Ton aime mieux^
Richelieu, de faire rentrer l'Artois sous la domination fran«
çaise, en l'enlevant à l'Espagne.
Disons que la ville d'Arras était loin de tenir à cliangei '
de maître, que ses bourgeois, bien plus que la garnison^
la défendirent avec une ardeur héroïque ; que les corpg^
d'armée que le roi d'Espagne Philippe IV entretenait dan^
les Pays-Bas firent , sous la conduite du cardinal infaob-
Ferdinand d'Autriche , gouverneur général de ces pays ^
et avec l'aide des troupes impériales commandées par^
Lamboi , tous leurs efforts pour secourir cette place îm —
portante, et qu'il ne s'en est fallu plus d'une fois que de^
bien peu que les Français ne fussent contraints de lever 1^^-
siège , quelque considérables que fussent les forces qu'Ub-^
avaient réunies pour le faire.
Les forces des Français étaient sous le commandemen ^^
de trois maréchaux célèbres , qui prirent tous une pai "
active au siège : la Meilleraie, Châtillon et le duc d *
Chaulnes. « Ce siège, dit le président Hénaulc, fut célèbi ""
ET DISSERTATIONS. 379
par les combats qui se donnèrent pour y jeter dn se-
cours et pour l'empêcher; le duc d'Anguien se trouva
à ce siège, les ducs de Nemours, de Luines, iMVl. de
Gëvres, de Goaslin, de Guiche, de Grancei, de Bréauté,
de GassioD, etc. » Dans cet et cetera est compris Rantzau,
qui se retira du siège avec une jambe de moins et un bras
mutilé.
Les mémoires du temps sont remplis de détails concer-
naDt le siège d'Arras de 1640, qui a, en outre , été l'objet
de diverses relations spéciales énumérées dans un travail
d'ensemble de M. Achmet d'Hérîcourt \ Cet auteur, après
dom Devienne ' , a donné du même siège une savante
description , aussi complète qu*on la peut désirer. Pour
nous, il ne peut entrer dans notre cadre de faire une
ceuvre de stratégie , et nous ne rappellerons des événe-
ments que ce que notre sujet comporte strictement.
On ne peut pas douter que les desseins du cardinal de
Bicbelieu n'aient été pour beaucoup dans l'entreprise du
siège, ni que sa persévérance au milieu des difficultés de
l'entreprise n'ait pour beaucoup aussi été dans le succès.
Le premier ministre de Louis XIII ne commandait pas, mais
il surveillait de loin les opérations et faisait, au besoin ,
sentir son action. Dans la première quinzaine de juillet, le
wége durant déjà depuis le 13 juin , et les lignes étant
achevées, le cardinal infant, appuyé de ses troupes, parais-
sait sur les hauteurs de Saint-Éloi, cherchant une occasion
de tenter de délivrer la ville. Les trois maréchaux français
étaient, de leur côté, dans cette conjoncture, divisés d'opi-
* li» Sk'ge* tfArra*, hintoin df» exiiédilions mititaireê dont cetif ville et son
finitoire oftt été le théâtre. Arras, 1841.
* nutoire éTArtoiSy t. V, 1787.
380 MÉMOIRES
nion et presque en mésintelligence ouverte sur la question
de savoir si l'on sortirait des lignes pour aller livrer ba-
taille à r infant : ils dépêchèrent un exprès à Richelieu^
alors à Doullens , pour avoir ses ordres. Le cardinal, dit-
on, leur fit répondre qu'il ne pouvait leur donner d'avis
sur la question de leur différend , bien qu'il n'eût jamiÛ!
trouvé qu'on fût sorti de ses lignes pour combattre Fen-
nemi , après avoir été si longtemps à les faire ; que si le
roi leur avait confié à tous trois le commandement de soi
armée, c'est qu'il les en croyait capables ; que peu impor-
tait d'ailleurs qu'ils sortissent des lignes on qu'ils n'en sor
tissent pas, mais que, s ils ne prenaient pas Arras . ili m
répondraient sur leurs têtes. Les historiens ne sont pasbiet
d'accord sur les termes dans lesquels était au juste conçue
la réponse de Richelieu qu'on vient de lire ; mais que \i
ministre ait ou non ménagé ses expressions , on n'en doi
pas moins remarquer son influence jusque dans un déba
auquel il semblait avoir voulu demeurer étranger, et où î
avait, en définitive, émis des vues à la suite desquelles le
assiégeants ne crurent pas devoir s'exposer à sortir de leur
lignes. On voit plus tard Richelieu s'occuper lui même de
moyens d'alimenter le camp des Français , où la famine 9
faisait sentir et pouvait faire craindre en même temps qu'il
ne dussent lever le siège. Un convoi de vivres, qui ne 9
composait pas de moins de six mille charrettes, était réun
àDoullens; il s'agissait de lui faire traverser l'année espa-
gnole, et ce fut du Hallier, rappelé exprès de Lorraine, qu
fut chargé de l'escorter, avec seize mille hommes suivaa
certains auteurs, et vingt-cinq mille suivant d'autres. tL
« convoi éttant près, dit Leclerc(| \ le cardinal donna ordfl
* La tii du cardinal de Hicheiieu,
ET DISSERTATIONS. 381
B ^^ du Rallier de Tescorter ; mais en même temps le roi
r ] ui défendit de s'avancer, sans en rien dire au ministre.
I dïette défense étoit fondée sur une crainte qu*avoit le roi
i ^fue du Hallier et le maréchal de la Meilleraye, qui lui
I dtfvoit venir au-devant, étant défaits, les Espagnols n*en-
t 't.ii^assent dans le royaume et n*y causassent beaucoup de
I désordre. Mais il hasardoit ainsi à laisser périr l'armée qui
K 2i.ssiégeoit Arras , pour épargner le corps que du Hallier
K <roinmandoit. Quand Ghoupes apporta les ordres du car-
■ dinal, du Hallier commença à former mille diiScultés pour
« Kàc point marcher. Mais enfin Ghoupes lui ayant dit qu'il
« répondroit de sa conduite au cardinal, et qu'il se ressen-
« t^roit sur lui du mauvais succès du siège en cas qu'il ne
« réussit pas , du Hallier se détermina & obéir plutôt au
« oardinal qu'au roi , et le convoi arriva heureusement dans
« lo camp. Cette résistance de du Hallier, qui avoit osé
« mettre pendant quelque temps en balance les ordres
« <iu cardinal avec ceux du roi , fut cause qu'il ne put
« obtenir le bâton de maréchal que longtemps après , et
«le roi n'osa pas prendre son parti contre le premier
« uiinîstre. »
L'arrivée du convoi à bon port décida du sort de la place.
En vain les assiégés, bravant les assiégeants, avaient in-
^rit sur leurs murs que les Français prendraient Arras
R^and les souris mangeraient les cha/5, ils n'en durent pas
^oins capituler quelques jours après le ravitaillement
^u camp. Les articles de la capitulation furent signés
'e 9 août.
La joie de la France fut grande à la nouvelle de la prise
^ Arras, qui, tout à la fois, reculait ses frontières, et portait
**^ coup si rude à la puissance de la maison d'Autriche
^^ns les Pays-Bas. Cette joie se manifesta de toutes les
X861.- 5. 27
SS^ MÉMOIRES
manières , notamment par diverses gravures satiriques^
pour la plupart bien connues des curieux, et dont les ph
remarquables sont dues à Lagnet et à Guérigoian.
quolibets et jeux de mots à l'adresse des Espagnols affluenr
au bas et jusque dans le champ de ces gravures , don i
ridée-mère est tirée du raatencontreux défi des habitants.
d^Ari-as, dont il était question tout à l'heure ; c'est en effet
généralement, tant en dessin que par écrit, la mise ei
scène des rats et des souris de France , qui triomphent de-
chats d'Espagne,
Nous appelons dans cet article Tattention des amateur
sur des allusions d'un autre genre , se rapportant égal^s^ —
ment à la prise d'Arras. Ces dernières se remarquent daiM-^
les devises de deux des jetons fails à Paris pour TépoqTR*^
du 1" janvier 1641, suivant l'usage dans lequel on étaSt
alors, à chaque renouvellement d'année, et pour le servic^^
des ministres et de leurs bureaux, des grandes institutiotx^
de rÉtat, etc., de frapper de ces pièces à des types Doiï—
veaux, empruntés la plupart du temps aux événemcn'ts
les plus importants qui s'étaient produits dans Tannô^
écoulée'.
Les deux ijetons dont nous parlons sont loin d'être des
raretés du premier ordre , et nous ne les donnerons paf
comme tels. S'ils n'ont été publiés ni par Van Loon , tfO
n'a trouvé à rattacher à la prise d'Arras aucun monumeii
* Chaque année quelques bourses de jetons étaient frappées en €r;il<
était frappé un nombre assez considérable en argent , et bien ploi eùCt
en cuivre, suivant le rang des personnes à Tusago desquelles ces boar
étaient destinées. Quant aux deux jetons que nous publions, les ezcmpl*
sur lesquels ont été faits nos dessins sont en enivre et font pftitio
collections de M. d'Affry et do M. Quandalle. Un exemplaire en argeat
jeton de Richelieu est inscrit sous le n* 926 dans le Catalogne de la '^
£ur.')io.
ET DISSERTATIONS. . 383
numismatique dans son Histoire métallique des Pays-Bas^
ni par quelques autres auteurs dans les ouvrages desquels
ils auraient dû ou pu rentrer, nous osons moins croire
^jue ce soit parce que ces auteurs n'auraient pas eu Tocca-
sîon d'en voir quelque exemplaire , que parce que l'idée
des calembours macaroniques que renferment les légendes
ne les aura pas frappés. Mais une fois sur la voie, et la
date des jetons aidant, il ne parait y avoir aucune in-
certitude possible sur l'intention qu'ont eue les beaux
esprits de l'époque , chargés de la composition des de-
nses, d^y donner au mot latin ARAS un double sens qui
permit de le prendre tout à la fois, soit dans sa signifi-
cation propre , soit pour le nom français de la ville ar-
^ienne récemment conquise par nos armes. On tenait
^Jo reste assez peu en France , quand on y écrivait le
nain d'Arras , au redoublement de la lettre R; on suppri-
'Dait parfois ce redoublement sans nécessité * ; à plus forte
'^ison n'bési tait-on pas à le faire quand il s'agissait d'un
^*^robour.
L^ premier de nos jetons a été fait en l'honneur du car-
**Εal de Richelieu.
* 0*est ainsi qu'on lit Àroi pour Arras dans nn quatrain accompagnant Tune
^ gravures satiriques dont il est parlé pins haut. Le sujet de cette gravure ,
^t il existe une fort belle épreuve dans la collecUon d^estampes relatives à
rAxtois de M. le baron Dard , est nn espagnol équipé en marchand de mort
** roi», renversé à terre, et devenu la proie des animaux rongeurs que son
^^meree avait pour objet de détruire. Le quatrain est ainsi conçu :
Cest Espagnol , ainsy dévoré par les rats ,
Nous semble, en le voyant , une figure estrange ;
Mais oe qui plus le ronge et oe qui plua le mange ,
Cest le ressouvenir de la perte d'^ms.
38A MÉMOIRES
En voici la description :
MEDIIS SIC TVTA PROGELLIS. Un vaisseau, la fo;
de rÉtat, battu par les vents et les flots, résistant aux e
de la tempête, grâce à son ancre, arrêtée dans des ins
héraldiques et honorifiques personnifiant Richelieu.
insignes se conoposent d'un écu aux armes du minia
surmonté de la couronne de duc et du chapeau decarc
et entouré des colliers des ordres du roi, le tout se déta<
sur un manteau ducal.
i^. YINGET DVM PROTEGE! ARAS. Épée droite, si
autel orné de la croix de Tordre du Saint Esprit. A !'<
gue, 1641.
Le sens qui, eu égard au type, paraîtrait le plus na
dans la légende du revers, est que Tépée de la Fi
vaincra aussi longtemps qu'elle protégera les autels, 1
sans nous arrêter à rechercher ce que la devise ainsi
prise pourrait avoir d'applicable aux faits et à la poli)
de Richelieu, et sans contester non plus la pensée
l'auteur aura eue, même par ses allégories à ce poii
vue *, d*être agréable à son héros , ce n'est rien avance
' Les armes de Richelieu étaient d'argent , à troiê chêtmn» de (
* On sait tout ce qu'a fait Richelieu , sinon pour la protection de la rc
catholiquef du moins pour rabaissement du calvinisme. Le négt de la Roi
est connu de tout le monde.
ET DISSERTATIONS. 385
t.rop que de dire qu'il a particulièrement voulu équivoquer
sur le dernier mot de la phrase , et donner à entendre que
l'épée de la France continuera de vaincre , en même temps
<Iii*el]e protégera Arra$. Il revenait assurément à Richelieu,
comme on Ta vu ci-dessus , une part assez large dans le
succès de la prise d'Arras, pour que Ton pût faire allusion à
cet événement sur les jetons du puissant ministre; la prise
d^Arras est même explicitement attribuée presque en entier
i sa prévoyance par certains auteurs du temps *.
Le second des jetons dont nous nous occupons a été*
frappé pour le Grand Conseil :
N JL NISi CONSILIO L'écu de France , couronné , et
entouré des ordres du roi.
éî- PHOE(^ii«) NA (5ct/«r) ET TAVRVS ACCESSIT AD ARAS.
^leil éclairant un autel antique, sur lequel se consume un
bureau. A l'exergue, l6âl.
La dernière légende vise au style poétique , mais nous
^ supposons pas qu'on ait eu l'intention d'en faire un véri-
fie vers; il faudrait, pour cela, y admettre trop do
licences. Prise dans son sens littéral , elle semble dire assez
peu de chose , mais il est possible qu'elle renferme bien
des allégories, astrologiques ou autres, qui l'auront fait, à
« Peclumeft, Abrège de Chistoin des gutrree des Pays-Bas. Paris, 1W4 ,
deuxième partie, p. 181 et 1B2, et troisième page de la table.
caoste du taureau.
Les jeux de mots ue sont pas toujours des jeux de
coup d'esprit; ceux que nous venons d'examiner ei
niraient au besoin la preuve. Mais ces derniers ne
tront peut-être pas dépourvus de tout intérêt bistc
et nous nous sommes d'autant plus facilement dé<
les signaler qu'ils rattachent, en définitive, deux jet
plus à la numismatique de rAxtois.
J. Roir
CHRONIQUE.
Dl£C0UVERTE DE MONNAIES LORRAINES DU XII- SIÈCLE,
A CONTREXÉVILLE,
Letirt de M. de Saulct à M. Robert, intendant militaire^ à Metz.
Contpexérille (Vosges), 10 juillet 1861.
Mon cher Robert, un heureux hasard vient de mettre au jour
un petit trésor de monnaies du lu' siècle; quelques bribes de
ce trésor sont à grand'peine tombées entre mes mains^ et je
""^'ompresse de vous faire part d'une trouvaille qui intéresse à
"^ Irès-haut degré la numismatique épiscopale de Toul. Comme
^ous vous êtes occupé avec le plus grand soin de cette série
"Monétaire , c'était à vous que revenait de droit l'annonce de ma
*^ti ne fortune.
F^erroettez-moi d^abord de vous donner quelques détails sur
^xbumation des monnaies en question.
U y a quelques semaines des ouvriers ouvraient une tranchée
^^Hs une dépendance de rétablissement thermal de Contrexé-
^•'le, afin de préparer la construction d'une remise. Les terres
déblayées étaient enlevées à la brouette, et jetées en tas à quel-
^^^s pas seulement da la fosse. Comme on vidait une brouettée^
^^elques petites monnaies d'argent parurent au jour et attirèrent
attention du terrassier, qui se hâta de les ramasser. En peu
^^ temps il en eut recueilli 58; quelques heures après, le bai-
^*ïeiir de rétablissement venait chercher à son tour et trouvait
^ïioore 12 pièces , plus quelques débris trop friables pour lui
P^faailre dignes d'attention.
^^cs monnaies^ montrées à plusieurs personnes et rebutées
388 CHBONIQUE.
par elles, restèrent entre les mains de leurs possesseors jusqu'aïc:.
i'' juillet, je crois. Le A j'arrivais à Contrexéville ; mais^ bêlas r
il était trop tard. M. Laurent^ le savant conservateur du Mus
d'Épinal, avait été averti de la trouvaille^ et il avait fait immé-
diatement, avec un zèle digne d'éloge, le voyage de Contrexé —
ville ^ pour assurer au plus vite à la collection qu'il dirige !■
trésor en question. 11 commençait par acquérir du baigneur le
M pièces que celui-ci avait entre les mains; les 58 autres a;
été achetées par M. Mouton, conducteur des ponts et diaussé^ Ji
de Neufchâteau : M. Laurent, en quittant Contrexéville, ava ^^k*S
couru à Neufchâteau et obtenu du détenteur la cession de 38 (K ^b
ses deniers.
Jugez , mon cher Robert , de mon chagrin en pensant que ^ ^s
n'avais manqué cette bonne aubaine que de quelques jours. JW^::^
ne me décourageai pourtant pas, et je résolus de faire sur-l^^ —
champ tout ce qu'il me serait possible de faire pour obtenir £« «^
moins des renseignemenis précis, à défaut de quelque chose cJ^
mieux. Une heure après, 3 deniers, restés entre les mains d'u^^
maçon, me furent remis; j'étudiai bien alors le terrain , et je tfî^
commencer immédiatement le tamisage des terres qui avaieï»*
contenu le trésor; enfin j'écrivis à M. Mouton pour obtenir cS^
lui tous les renseignements que je désirais, et cet excelle **^
jeune homme, avec un zèle et une gracieuseté auxquels je sisi^
heureux de rendre hautement hommage, accourut lui-même ^
Contrexéville avec les 20 pièces qui lui restaient, en m'offrait *
généreusement de les partager avec lui. D'un autre côté, 1^
travail que j'avais fait commencor devint plus fruclueo^
que je n'aurais osé l'espérer, et je suis en mesure aujoa*""^
d'hui de vous donner un aperçu du petit trésor de ContreiK^^
ville. Comme vous êtes en relations avec M. Laurent, que je n'^^
pas l'honneur de connaître, il vous sera très-facile de savoir €^^
lui ce que sont les 50 pièces qu'il a acquises pour le Miis^^*
d'Épinal, et je ne doute pas que dans le nombre il ne se troo'^*^
des monuments du plus haut intérêt.
Quoi qu'il en soit, en offrant loyalement un prix assez él^ ^^
CHRONIQUE. 389
pour les pièces qui seraient retrouvées dans les déblais y j'ai fini
par en réunir un nombre assez respectable. M. Mouton m'en a
gracieusement abandonné 9 de plus, et je vais vous faire l'énu-
nnération de ces précieux petits monuments. N'ayant naturelle-
ment aucun de mes livres avec moi , j'ignore s'il y a quelque
pièce inédite dans celles que je vais décrire ici brièvement ;
niais ce que je sais parfaitement, c'est qu'elles sont toutes assez
■^res pour mériter un examen sérieux. Vous verrez tout d'abord
que la grande majorité se compose de deniers des évêques de
Toul ; cela suflSra pour en manifester toute l'importance.
Je passe maintenant à la description de mes glanes.
ÉVÊCHÉ DE TOUL.
^BREB DV BrIXET^ QnARAlITB-TROlSlàMB ÉVÊQUB ; ELU EN 1166,
MORT A JERUSALEM EN il9^
XyexiJL variétés tout à fait distinctes se font remarquer dans les
deniers fabriqués par ce prélat.
^^ PETRYS. Buste à droite, tenant le livre des Évangiles.
1^^. Entre deux grènetis TVLLI. La légende commence par un
•Qnelel, contenant une étoile. Dans le champ, une croix can-
^nnée, au premier et au quatrième cantons, d'une étoile; au
^Uxième et au troisième cantons, d'un annelet^ contenant une
^ile. — 11 exemplaires, dont 1 fragmenté. 5 sont restés entre
^ mains de M. Mouton.
Ces deniers, dont le flan est large et mince, sont d'une détes-
^ble fabrication.
*■ PET— R. Même buste ^ tenant deux clefs. (N est-ce pas
' ^fligie de saint Pierre plutôt que celle de l'évéque qui se trouve
**>>• cette pièce comme sur la précédente?)
15?. Entre deux grènetis NOVICASTRl. La légende commence
P*^ un annelet» contenant une étoile. Dans le champ, une croix
^ïitonnée au premier d'une étoile; au deuxième et au troisième^
^*Ui3 point; au quatrième^ d'un croissant.
4r exemplaires; 2 sont restés entre les mains de M. Mouton.
^« n'ai pas souvenance d'avoir vu ce joli denier mentionné
390 CRBONIQUE.
dans les publications nurnisniatiques , mais malhcuirusemer::^=
la mémoire peut me faire défaut.
ÉVÊCHÉ DE METZ.
Thierry IV db Lorraine; blu en 1173, mort m 1212.
TEODE— RIC9. Buste tenant le livre des Évangiles et u m^
palme à l'épaule. (C'est saint Etienne^ sans doute.)
ij. Entredeuxgrènetis, EP...€T(Eps. met.). Légende cock^
mençant par un annelet contenant un gros point rond. Dans l4
champ, une croix cantonnée au premier de ??; au deuxième «ii
au troisième, d'une étoile; au quatrième, de ??
Un seul exemplaire.
Cette rare monnaie me paraît nouvelle; sa fabrique est tout
à fait différente de celle des deniers connus de Thierry UI et de
Frédéric de Pluvoise ; en revanche , elle est identique de tout
point avec celle des deniei*s décrits ci -dessus de Pierre de Brixey -
Je considère donc ce denier comme ayant été frappé à Ëpioal
par Thierry IV de Lorraine, évéque de Metz, élu en 1173 après
Frédéric de Pluvoise, lorsque ce prélat eut recouvré la vouefîe
ou advocatie d'Ëpinal , aliénée par Tévéque Etienne. Si le tem-
porel d'Épinal appartenait à Tévêché de Metz, le spirituel appsr*
tenait à l'évêché de Toul, et Thierry IV put très-bien ordonnar
la fabrication de deniers du poids et de la taille des deniers de
Pierre de Brixey, ayant cours dans le pays.
DUCHÉ DE LORRAINE.
Mathieu P% de 1139 a 1176.
MA — IHVS. Buste du duc^ le casque à nasal en téte^ elvétu
d'une cotte de maille; il porte Tépée nue à Tépaule, et s^
couvre de son écu.
îf. NANCEl, entre deux grèuetis. La légende commence p
une étoile. Dans le champ, une croix cantonnée, au premier f
au quatrième, d'un globule; au deuxième, d'une étoile, et ï
troisième, d'un croissant.
Un exemplaire.
ÉPINAL.
Iirique d'une extrême grossièreté.
tre deux grènetis, SPINAL. Légende commençant par une
!• Dans le champ, une main étendue tenant une flpur entre
Dce et l'index.
Même légende. Dans le champ, une croix cantonnée d'un
. au premier et au quatrième cantons.
exemplaires; 4 sont restés entre les mains de M. Mouton.
st k graud'peine que j'ai pu^ par l'examen le plus attentif
is monnaies, deviner plutôt que lire leur double légende,
a teneur de laquelle je ne crois pas me tromper. A quelle
W ODi-elles été frappées? Très-probablement pendant la
de écoulée entre l'aliénation de la vouerie d'Ëpinal et son
Il par révéque de Metz, Thierry IV de Lorraine.
ate enfin un denier, malheureusement trop mal frappé
que j'en puisse démêler Torigine.
R1?T entre deux grènetis. Dans le champ, le buste de saint
e, tenant une clef?
....OMA.... entre deux grènetis. Dans le champ, une
idans l'un des cantons, soit le troisième est un globule.
ins le canton voisin, soit le quatrième, un croissant.
commence par déclarer que rien n'est plus douteux que
deur des lettres que je viens de transcrire. U n'y a donc pas
392 CÛRONIQUE.
i9 deniers de la trouvaille de Contrexéville , et que j'ai pu \
examiner ii de plus, soit en tout 40. Il en reste 50 à étndi
au Musée d'Épinal^ et c'est à vous que je recommande viveme
de prendre ce soin.
Tout à vous de cœur. F. db Saclc
Béponse de M. Robert à M. de Saulct.
Metz, leSOaoût 186K
Je reconnais bien là votre étoile^ heureux ami; vouaav
donc toujours cet aimant qui attirait à vous toutes les médaiU
sorties de terre et qui me rendait si jaloux, jadis, lorsque ua
étions en garnison à Metz , vous comme capitaine d'artiller
moi comme lieutenant du génie.
Cette fois, votre rôle n'était que celui du glaneur, et vo
sembliez distancé ; mais vous quittez ControKéville les mai
aussi pleines que celui qui était arrivé le premier.
Votre trésor a été découvert en 1860. M. Laurent, accoui
sur les lieux, n'a recueilli que 37 pièces (et non 50}; un a
après, vous en réunissez ^9, et, malgré cette légère infériorif
numérique, votre lot renferme les mêmes variétés et égalemen
un exemplaire des rarissimes deniers du duc Mathieu I*' et di
son tils, l'évéque Thierry IV. La part de M. Laurent ne l'em-
porte sur la vôtre que par la présence de quelques deniers
passables des abbesses de Remiremont.
Suivant votre conseil , j'ai attendu pour vous répondre que
mon inspection administrative m'ait conduit à Ëpinal, oùj'iii
aussitôt passée la revue des cuirassiers, couru au Musée et de-
mandé au conservareur, M. Laurent, la communication (k ses
richesses, que je croyais plus considérables et plus variées qœ
les vôtres.
M. Laurent, dont l'obligeance est parfaite, m'a appris qo'L
avait rendu compte au préfet des Vosges du résultat de soi
CHRONIQUE. 393
voyage à Contrexéville. Son rapport a même été imprimé il y a
quelques mois^ je Tai la avec grand intérêt; j'y reviendrai en
parcourant les divers paragraphes de votre lettre et vos propres
attributions.
ÉVÊCHÉ DE TOUL,
Quelle moissoD, et queyaursis été heureux d'avoir soiis les
yeux ces grands deniers lorsque je m'essayais, en 4844 , aux
dépens de la série touloise ! Je n'en connaissais alors qu'un ou
deux spécimens usés ^ ; aussi je ne résiste pas au plaisir de faire,
tu moyen de plusieurs de vos exemplaires, des dessins complets
du denier au nom de Toul et de celui qui porte NOVICASTRI.
^e n'ai rien à dire du denier de Toul. Personne n'a contesté
1 attribution que vous lui conservez.
Vous n'hésiter pas non plus à confirmer mon opinion au
'^jet des deniers au buste de saint Pierre tenant des clefs , sur
■^uels on lit PETRVS et NOVICASTRL Leur attribution à
"6véque Pierre de Brixey avait été vivement contestée, d'abord
^ Cause de l'absence du titre épiscopal, ensuite parce qu'on
^Gai demandé ce que pouvait être ce Château-neuf où se trou-
ait un des ateliers toulots. Mais les évéques Thierry III et Fré-
déric de Pluvoise ne faisaient également graver à Metz que
* fbefccfcAft jur U$ fn/tmnaiM dêt évéque» de TwU , pi. III , iîg. 2, et pi. IV.
39A GHROlfIQUE.
leurs noms : en outre , il était tout naturel que Pierre ck
prit pour type monétaire Timage de son patron. Ajout
les grands et petits deniers, portant PETRVS et NOVIC
se sont rencontrés à Charmes , comme à Contrexé?ilk
aux monnaies de Pierre de Brixey, sur lesquelles on lit ï
et le nom de Toul. La seule difficulté sérieuse consîs
dans la présence de la légende NOVICASTRI. Je pen
M. Gabriel liolin \ que ces mots désignaient quelqa
châteaux de Tévêque, par exemple celui de Liverdun, <
reconstruit depuis peu. L'emploi de ce nom banal t
outre, pour résultat de contrefaire la nnonnaie que les
Lorraine frappaient sans doute , dès cette époque, di
ville de NeufchAteau '. N'a-t-on pas vu les ducs de L
eux-mêmes , émettre des gros déguisés par la légende
TVRONUS CIVIS?
Ê\1ÈCHÉ DE METZ.
Li pièce capitale de la trouvaille est, sans contredit, k
tout nouveau de Thierry IV. L'exemplaire placé dans les
du Musée d'Épinal porte, au revers, un V pour troisièm
et pour deuxième lettre , un caractère que j'ai reprodi
soin dans le dessin qui précède. La cinquième et la
lettre semblent être un C et un I. M. Laurent, adoptai
i Mémoire «mt quelque» monnaieê inédites des XI* et XII* siècUê. NaiK
p. 26.
* M. Laurent a judicieusement remarqué dans son rapport que ces
n'auraient aucune signification si on voulait les faire sortir de TateUer
château, car aucun des ducs qui ont possédé cette vUle et taeiue et m
n*ont eu saint Pierre pour patron.
Feeture et supposant que la quatrième lettre est un ! , lit :
ELECTVS VlCl *.
Thien7 lY, je le sais, n'a été qn'éhi , mais je ne pense pas-
qu'il ait jamais frappé monnaie à Vie. D'ailleurs, cette forme
Vki^k la suite du titre religieux, serait tout à fait insolite.
J'aime mieux admettre comme vous que la quatrième lettre, qui
a disparu , était un M , et que les deux dernières lettres sont
on G lunaire et un T dont les barres sont efTacées. La légende
complétée serait alors ELECTVS METENSFS. Examinez ces^
arguments et jugez.
LORRAINE.
Votre Mathieu I*' est une excellente pièce ; vous y lisez MA
IHVS : c'est en effet ce qu'il porte. Mais en ouvrant vos Bêcher^
ches sur les monnaies des ducs de Lùrraine^ que vous n'aviez pas
entre les mains aux eaux de Contrexéville, je m'aperçois que la
légende primitive était MA HVS, et que Tl est produit par une
surfrappe.
Le Mathieu acquis par M. Laurent ne paraît pas être de Nancy ^
on y voit en effet, avec quelque netteté , un C , un V et un R ^
si le frai n*a pas altéré la forme des lettres , il faut supposer,
avec le savant conservateur du Musée, que le nom de Mirecourt
remplace celui de Nancy.
ËPINAL.
Les i i deniers sur lesquels vous avez su lire SPINAL de»
deux côtés, malgré la barbarie de leur frappe et leur mauvaise
conservation , rectifient ee que j'avais avancé a» sujet d'un,
exemplaire fruste de votre ancienne collection '.
L'état de ces deniers et de ceux que je viens de voir au Musée
me portent à les croire antérieurs aux monnaies de la trouvaille
portant les noms de Mathieu , de Thierry IV et de Pierre de
Brixoy;ils appartiendraient alors à la période que vous leiu^
* Rapport au prf'fet, p. 3.
' Beekerrfuê sur le» monnaie» d»» écéque» de Tout , pi. X, fîg. 2.
396 CHRONIQUE.
assignez, et il serait tout naturel qu'ils ne portassent pas le na
de l'évéque de Metz. J'avoue néanmoins que M. Laurent oc
ébranlé en les classant à la période qui suivit le rachat, p
Thierry IV, de la voucrie d'Ëpinah
Examinez et jugez, cher maître!
Tout à vous. G. Robert.
— MM. RoUin et Feuardent viennent d'imprimerie catalogi
d'une collection de Monnaies naliottales de France qu'ils mettej
en vente avec les prix marqués. Leur descripliou compren
2J08 numéros; pièces gauloises, mérovingiennes, carlovin
giennes, capétiennes; une riche série de monnaies moderne:
depuis la Révolution française jusqu'en 4864 ; un certain nombri
de pièces obsidionales, et des monnaies frappées dans les priiH
cipautés fondées en Orient à la suite des croisades.
La vente à prix marqués, devenue habituelle dans le com-
merce des anciens livres, avait déjà été heureusement appliquée
à la numismatique par M. Maximilian Borrell, qui, en 4849, i
publié à Londres un fort bon petit catalogue de 4,266 monnaies
antiques et modernes, with a fixed price to each coin. Nom
sommes étonné de ce que cette idée n'ait pas été plus t6t misi
à profit chez nous; elle a, en effet, un caractère éminemmenl
loyal fait pour plaire aux amateurs. Chacun demeure libre di
discuter publiquement les évaluations; petit à petit les priiao
querront, comme ceux des livres curieux, une certaine régulariti
et, la concurrence intervenant nécessairement, une certaim
modicité. Nous n'avons pas le loisir d'examiner ici le nouveai
catalogue; quelques attributions en petit nombre nous on
paru fort discutables , mais toutefois il faut tenir compte au
rédacteurs de la difficulté du sujet , et leur savoir gré du soin
très louable qu'ils ont apporté à la classification de toutes les
monnaies de la troisième race. A. L
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
PIÈGES GALLO-GRECQUES DE MARSEILLE.
(PI. XVII.)
Dans le dernier numéro de là Reçue pour 1860 \ M. de
la Saussaye donne un aperçu de la trouvaille de tétroboles
de Marseille, faite àCadenet (Vaucluse), sur un point rap-
proché du département des Boucbes-du-Rhône, dont il n'est
réparé que par la Durance. Ainsi que le dit l'auteur de la
^'umiswQlique de la Gaule Narbonnaise sur ce trésor, com-
posé de 1,800 pièces environ, 28 avaient été préalable-
ment résen^ées par moi pour le musée de Marseille. J'es-
père que mes honorables confrères en numismatique ne
seront pas jaloux de m'^voir vu ainsi écrémer à notre profit
une masse aussi importante pour nous de monnaies lo-
cales, et tout le monde comprendra l'espèce d'ardeur que
je mets à compléter une série qui doit nous conduire à la
publication d'une monographie.
Tels sont les sentiments que j'exprimais dernièrement à
M. le duc de Luynes, l'heureux acquéreur de la collection
1 Remit mH»., 1860, p. 4&5.
1851.-6.
398 MÉMOIRES
de M. le marquis de Lagoy. La bonne fortune qui lui <
survenue laisse bien des regrets chez les antiquaires
Marseille ; car nous espérions être informés de la vente,
nous étions disposés à faire de grands sacrifices pour e
richir notre collection publique de tous ces types primiti
souvent uniques, que possède aujourd*imi le savant acaij
micien. Si j'entre dans ces détails, c'est uniquement pc
que le reproche d'avoir laissé échapper une si belle oc<
sion n'incombe pas à la ville de Marseille.
Revenons à nos découvertes.
En dehors de celle de Cadenet et presque en même lem]
il en était fait une autre, numériquement plus importai
encore, et qui n'a sans doute pas été connue de M. de
Saussaye. Environ 4,000 pièces, toutes ap^tartenaot autre
sième type d'Apollon , avec la rouelle au revers, ont é
trouvées dans une propriét<^ de M. le duc de Sabran.
manque de renseignements sur les circonstances de la mi
au jour de ce trésor, que j'ai pu examiner en entier. H.
duc de Sabran. avec la plus grande générosité, a bien vou
mettre à la disposition de nos collections un nombre ass
considérable de ces pièces. C'est à l'aide des variétés q
j'y ai trouvées, ainsi que parmi nos tétroboles de Cadenc
(|ue je vais essayer de compléter l'article de M. de
Saussaye.
Pour procéder par ancienneté de types, je vais parler d
bord de la trouvaille de M. de Sabran. Une chose rema
quable, c'est que ce trésor ne contenait qu'une seule mo
naie portant une tête à droite ; cette pièce était en fi
mauvais état de conservation par suite d'une usure pn
que complète, tandis que la presque totalité des autres et
à fleur de coin et n'avait évidemment jamais circulé. Ce
circonstance vient à l'appui de la classification de H. de
ET DISSERTATIONS* 399
Saussaye, qui donne rantériorité aux effigies tournées à
4roite/n s'y trouvait aussi quelcpies exemplaires d'un type
excessivement barbare et d'un métal inférieur, se rappro-
chant beaucoup du n'' AS de la première planche dans la
Numismatique de la Gaule Narbonnaise. Cbs pièces sont,
érvidemmeut, pour moi, le produit d'une fabrication clan-
destine ou étrangère, et leur conservation laisse à désirer.
EnGn, j'y ai rencontré une pièce avec la lettre N devant le
cou (même planche, n"" 39) , puis des inversions dans les
lettres HA ; d'autres affectaient des formes différentes et
tranchées dass la lettre M, et surtout dans Valpha écrit
tantôt A, tantôt A « ou mêiiie A. Je laisse de côté toutes ces
variétés connues, que je devais seulement signaler, pour
m'occnper d'autres plus importantes, que je suis heureux
de pouvoir décrire. J'ajouterai cependant que deux ou
tn)is exemplaires laissaient voir les lettres MA sur la joue ;
<^inq ou six le mot ATPI, et quelques autres, moins rares,
les lettres IlAP ou IIAq (n** 31, 32 et 3.^ Numismatique
^ la Gaule Narbonnaise).
Enfin, il se trouvait dans cette masse une pièce fourrée
^'un travail identique à toutes les autres sous le rapport de
la netteté de la frappe et de la pureté du dessin. C'est la
Pi^mièi^ fois que je rencontre cette falsification dans les
Monnaies au type d'Apollon , et il y aurait lieu de s'en
*^onner, en raison de l'exiguïté du module, si l'on n'en
^taitpas réduit à penser que c'était une triste ressource à
laquelle la pénurie obligeait l'administration elle-même à
*^oir recours. On est étonné de la quantité hors de toute
P^'oportion de ces sortes de pièces qui se sont trouvées pour
les dernières époques, surtout au type de Diane. Mais là,
"^ nioins, l'ampleur du métal donne une idée du bénéfice
^lisé par cet acte de faussaire, tandis que le travail né-
ciuii^ a i %inx:i uu iict^diii. juma j cti iiuuvc, uctiis» itt
agglomération, deux autres exemplaires dont l'ui
exactement à la même place une espèce de croisse
r irrégularité du métal, trop commune à ces médaill
pèche de pouvoir définir d'une manière régulière, m
n'en existe pas moins avec certitude ; l'autre porte \
point parfaitement net et renflé, au milieu du cant
un revers à fleur de coin. Cette triple coïncidence a
la présence de sigles sur ces médailles, et semble l
procher des divers signes placés sur les pièces à !
de Diane, lors de la bonne époque, et leur assign
émission contemporaine, ou à peu près. Notre des
connaître le degré de conservation de Texemplaire. î
donne pas les deux autres pièces, c'est pour ne pas
plier les planches.
N" 2 et 3. Tête féminine, à gauche. — Sur le n*
cheveux sont relevés derrière la tête et retomb
boucles sur la joue. (PI. XVII, n*»* 2 et 3 )
Quand bien même les cheveux relevés et attac
chignon derrière la tête, sur le n* 2, ainsi que les ]
qui tombent sur la joue et remplacent les favoris d<
d'Apollon, ne viendraient pas à l'appui de l'exprea
ET DISSERTATIONS. AGI
00 sera frappé de l'analogie des traits sur ces deux pièces.
Le niême caractère, sauf le détail de la coiffure, se repro-
duit sur le n* 3 ; mais le visage est semblable.
J*ai vivement regretté, en trouvant ces deux pièces, de
n'avoir plus près de moi le bon marquis de Lagoy, si se-
courable quand il s'agissait d'attributions. J'aurais été heu-
reux, en les lui soumettant, de prendre son avis et de l'en-
tendre se ranger au mien. Je ne puis voir ici que la tête de
Diane; et si Ton veut bien rechercher sur les planches qui
ornent la Numismatique de la Gaule Narbonnaise, à défaut
de pièces en nature, on remarquera que cette maigreur de
cheveux noués derrière la tête est commune et pour ainsi
dire caractéristique sur bon nombre de variétés de la
planche IV, quoique l'époque soit toute différente. Et pour
^uc l'on sache bien quil n'y a ni erreur ni interpréta-
tion dans le dessin, je dois dire que nos deux exemplaires
®^Dt à fleur de coin. Au reste, je suis tout prêt à en envoyer
des empreintes, en papier frotté, à notre maître en numis-
"'^tique narbonnaise, M. de la Saussaye, dont l'opinion pè-
^''^ d'un si grand poidsdans cette courte dissertation. Quoi
M^ il en soit, j'ai tout lieu de croire que la pièce dessinée
^ous le n* 2 est unique jusqu'à présent.
J'arrive à la découverte de Cadenet. Au nombre des
P'èces qui n'ont pas pu être vues par M. de la Saussaye, il
^ ^Q trouvait une seule au type de Minerve, offrant, au re-
^^*'s, Taigle avec la lettre A dans le champ. Cependant je
dois dire que, quoique cette monnaie ait bien été trouvée
"^s le môme terrain que toutes les autres, je ne voudrais
P^"^ affirmer qu'elle ait fait partie du même dépôt. J'ai re-
cueilii deux ou trois variétés barbares et un exemplaire sui-
""^Ppé d'un K du côté de la tête. Enfin voici ce que j'ai trouvé
"®Plus important parmi les 28 tétroboles que j'ai acquis.
402 UÊMOfRES
N* 4. Tête de Diane du beau type, couronnée de ft
lages, dont le dessin diffère des branches d'olivier <
naires.
^\ Lion à droite. — MA2IA. — Poids, 88',80. (î
che XVII, n* 4.)
Cette tête, comme l'indique notre dessin, se distîi
par la longueur inusitée des pendants d'oreilles. Les jai
du lion, surtout celles de devant, affectent des formes
pâtées et écrasées, que je n'avais pas encore rencont
Enfin, quoique d'un module plus petit, cet exeinp
pèse exactement le même poids que la grande dracbnu
nous possédons déjà. C'est la seule pièce pesante app
nant à la première époque de M. de la Saussaye ^ qui s(
rencontrée dans ce trésor; et la circonstance du p<
jointe à la pureté du galbe et aux formes du lion, font
je n'hésite pas à classer cette médaille au nombre de c
que le savant numismatiste pensait n'avoir pas été ret
vées à Cadenet.
N* &. Type ordinaire.
^, Un soleil entre les pattes du lion. Ce signe n'^avail
encore été retrouvé sur les monnaies d'argent. (PL S
n*5.)
N** 6. Type ordinaire.
^. Un dauphin entre les pattes du lion. (PI. XVII, ir
Comme le numéro précédent, c'est une variété nouvell
Cette pièce, examinée avec une forte loupe et son
leusement dessinée, ne laisse aucun doute sur la natur
symbole qui y est représenté. Le rétrécissement qui f(
la tête du poisson, par opposition avec l'évasement d
corne d'abondance qu'on pourrait y chercher, et eni
< Btvui num», 1860, p. 489'.
ET DISSERTATIONS. 403
IsL présence d'une nageoire, ne permettent pas de se trom-
per au sujet de ce type accessoire. Au reste, la conserva-
t ion est aussi belle que possible pour écarter toute erreur.
«•• 7 et 8. Type ordinaire. (PL XVII, n*» 7 et 8.)
Si Ton en excepte les lettres de l'exergue, voilà deux
pièces entièrement privées de légende, et ne portant pas le
nom de Marseille, ville à laquelle elles appartiennent sans
conteste. La netteté du champ et son état brillant par suite
dô la belle conservation, ne laisse apercevoir aucune trace
d'inscription. En outre, ainsi qu'on peut le remarquer sur
le «lessin du n* 7, il existe au-dessus du lion une sorte de
cordon ou de branchage très-bien dessiné et très- nettement
fr^appé, et dont la présence exclut l'existence de caractères
^^itres que ceux qui ont été gravés dans les parties infé-
ï^^ures du champ.
C'est pour la première fois que je rencontre cette variété
lui, du reste, n'a pas encore été signalée. En outre des au-
^^''^s différences, on remarquera que, sur Tune de ces piè-
^^s, le buste est à droite, et qu'il est à gauche sur l'autre.
«• 9. Type ordinaire. (PI. XVII, n*9.)
Cette pièce diffère essentiellement de celle décrite par
W. de la Saussaye sous le n" 19t (pi. IV) de la Gaule
^arbofifiaûe, en ce que le nom est disposé en deux lignes :
WA22A, MlîTHlA, les cinq premiers caractères tracés de
K^nche à droite, les six autres de droite à gauche, ce qui
^^nslitue un exemple bien caractérisé d'écriture bouslro-
Pf^don^ tandis que les lignes sont toutes deux à rebours sur
* exeaiplîiire dç M. delà Saussaye, signalé comme unique \
^* est une variété nouvelle, et d'autant plus singulière qu'à
époque où cetie monnaie a été frappée, récriture bousiro-
-AVm. df fa GavU Xarbonnaist , p. 26, »• 194, R*.
hOà MÉMOIRES
phédon D* était plus en usage. On n'oserait pas décider i
faut voir ici une recherche d'archaïsme ou le résultat d'i
erreur peu explicable.
Nous n'hésitons pas à recommander l'étude de ce pré
cieux monument au zèle des épîgraphistes.
Voici maintenant un rare et curieux spécimen des moor
naies mérovingiennes frappées dans le Midi. Cette piëoet
dont nous venons de faire l'acquisition, a été trouvée dans
les environs de Marseille, et achetée d'abord par un bor*
loger de la petite ville d'Aubagne. Passée dans les mains
des frères Boscq, qui s'occupent de collections diverses,
elle est entrée dans notre cabinet grâce aux bons oflElces
d'un intermédiare obligeant.
N^ 10. Tête barbare couronnée^ à droite : en légends
MA-SILI.
Sj. Croix sur un pied surmontant un dauphin. AN
Grènetis des deux côtés. Argent. — Poids, i^^Ob. (Plan-
che XVII, n« 10.)
M. Conbrouse, dans son Catalogue raisonné des mwa-
naies nationales de France \ donne un denier d'argent de
Marseille, qu'il décrit ainsi : MASSILIA. Croix haussée.
î$. Buste à droite avec dauphin ou croise'tte. Cabinet
Cartier.
De son côté, M. Cartier, dans ses Lettres sur Chisêoin
monétaire de France^ cite aussi ', après M. le marquis de
Lagoy, comme trouvé à Saint-Rémy {Glanum) , un denier,
le même que celui donné par M. Conbrouse, sur lequel k
mot MASSILIA se trouve placé du côté de la croix et doni
le dessin révèle l'incertitude du symbole donné dubitati-
1 Monnaiei naUotiales ; mérovingitnne*^ n* 517 bis^ p. 34.
« Bnue num., 1839, p. 421, et pi. XVII, u= 16.
ET DJSSEBtATlONS. A0&
ve?inent pour un dauphin. Ce symbole, placé de cette
naajiière sur une monnaie mérovingienne, ajoute M. Car-
tiei', parait très-extraordinaire, et M. de Lagoy, qui d*a-
l>ord avait cru reconnaître un dauphin, s*est borné à y
cbercher les restes d'un S ou d'un D, qui eussent été Fini-
tia^Ie de Sigebert ou de Dagobert. Mais il fait remarquer que
d^ «ix médailles gallo-grecques de Marseille ont un dauphin
pc^'iir type, et que, sur deux tiers de sou d'or de Sigebert,
0K2 trouve le même emblème devant la tète royale.
^Knfin, M. de Lagoy avait donné le premier, dans sa des-
cr^îption de quelques monnaies mérovingiennes \ le dessin
d^ cette pièce, dans laquelle il ne voit plus un dauphin,
raa.is bien, comme je viens de le dire, un S ou un D. C'est
1^ second exemplaire qu'il avait donné à M. Cartier.
Il s'ensuit des citations qui précèdent que cette petite
SAOïiDaie a exercé la sagacité de trois numismatistes in-
s^'mits, et que les planches ont démontré avec quelle sûreté
i^ jugement M. de Lagoy avait cru devoir éloigner la pensée
qu« le signe placé devant la tête pût être un dauphin.
Hais, à propos du denier que je donne aujourd'hui, il n'y
^ plus d'hésitation possible ; c'est bien un dauphin, et il est
rationnellement placé au-dessous de la croix. Après avoir
fait connaître au n* 6 de cet article la présence de ce sym-
bole sur un tétrobole, au type de Diane, où l'on ne l'avait
pas encore rencontré, je suis heureux de le reproduire ici
d'une manière certaine et de l'avoir retrouvé en même
temps sur deux pièces d'argent d'époques bien différentes,
^t alors qu'il n'était réellement connu pour Marseille que
sur des monnaies gallo-grecques de bronze et sur des tiers
^^ sou d'or de Sigebert.
^iCTiptUmde qutlquia monnaies mérovmtjienneë , Aix, 1B39, p. Il; u° 5.
\
à06 MÉMOIRES
Notre pièce diffère en outre totalement de celle de M. de
Lagoy sous le rapport du dessin^ et surtout en ce que le
symbole est placé sous la croix, tandis que le mot MASILI
est disposé en légende autour de la tète. Restent à expliquer
les lettres AN, portion d'un mot ou d'un nom si malheu-
reusement tronqué par l'absence du métal du côté de la
croix.
Outre la filiation des types que nous venons de montrer
dans les monuments numismatiques de notre ville mari-
time, nous nous permettrons de faire observer que la pré-
sence d'un poisson sur une monnaie mérovingienne n'est
pas plus extraordinaire que celle d'une colombe; ces deux
symboles chrétiens se trouvant continuellement associés à
la croix. Je n'ai pas besoin d'insister sur ce point, que la
critique spéciale a parfaitement éclairci ; je me contenterai
de renvoyer le lecteur, que cette question intéresse, au sa-
vant Traité composé, il y a deux siècles et demi, par Jean
Lheureux, de Gravelines (Macarius), et publié récemment
par le R. P. Raphaôl Garrucci *, Ad. Carpentui.
* Hcigiogljfpta iive picturx et iculpturx antiquiora prmttriim qum Romm r^pt-
riuntur expUcaUe. Paris, 1856, iu-8*.
ET DISSERTAT10?iS. A07
MONNAIES DU SÉRÂPÉUM DE MEMPUIS.
TROUVAILLE DE MYT-RAHINEH.
( Fl. XVIII.)
II aarait manqué quelque chose à la brillante découverte
*^ Sérapeum de Memphis, cette nécropole des Osiris cachés
^^ Apis, longtemps cherchée par les antiquaires*, si la
^Hioismatique n'eût pas été représentée parmi les innom-
"ï^Ies monuments que les patients travaux de M. Auguste
■ï^ette ont restitués à la lumière.
Mais notre savant ami a recueilli dans ses heureuses
''^llcs, outre un certain nombre de médailles ptolémaïques
^^ impériales très-connues, deux pièces de plomb que nous
^lons décrire, et qui sont, à ce qu'il nous semble , de na-
tUTe à intéresser vivement tous ceux qui s'occupent de
* antiquité. La première, trouvée en 1863, offre les types
9^e voici :
Apis portant un disque entre ses cornes placé sur une
*^^rî, tourné à droite, entre deux hermès; devant lui, un
*^tel; au-dessus, une guirlande et un croissant; dans le
^hamp, un serpent uraeus.
devers. OBOAOI B. Isis debout, devant le Nil assis à
Consaltez Guigniaut, U dieu Sérapi» et son origine, 1828, in-8*, et les më-
'^^^îresdc A. Mariette, dans le Bulletin arcftéologique de VÀthenasum françaiir
^^5S et 1856.
ft08 MÉMOIRES
gauche, tenant un roseau et une corne d'abondance. -^^
Plom!\ Musée du Louvre. (PI. XVIII, n» 1.)
Lorsque cette pièce nous fut présentée, le caraclèr^"'"^
religieux de son type, l'abondance des symboles dontell^
est chargée , le sens si clair de la courte légende qui le3^ "^
accompagne captivèrent notre attention ; nous étions per-
suadé que c'était là une monnaie véritable, frappée pouc
Tusage de cette nombreuse population qui s'était fixé(£:=^
autour de la tombe des Apis, et qui comptait dans son sein^^
des artisans de toute sorte, pour ce marché aux herb
qui, suivant un papyrus grec du Louvre, se tenait à l'in
térieur môme du temple, ro 6pto7:ôXiov to vizxpx^v ev tw^*»
La présence d'une figure du Nil , de deux hermès qu^»-
remplacent probablement Phtah et Ammon, indiquen^C^
l'époque romaine , un temps de décadence ou du moins d^^*
transformation extérieure des symboles religieux. L'uraeu^^^
bien caractérisé donne raison à M. Birch, qui avait propoa^^
de reconnaître ce reptile sacré dans le petit serpent platiS^
sur la main de la figure d'isis , que représentent les mon- —
naies du nôme Memphite '.
Sur les monnaies de ce nôme frappées pour les empe^ —
reurs Trajan, Adrien et Antonin, on voit alternativemen *-
Apis accompagnant Isis, Apis seul, le buste de la déesse '—
D'autres médailles impériales sans nom de lieu , mais qu »^
paraissent frappées à Alexandrie, représentent Apis portan *^
* Brunct de Presle, Mémoire sur le Sérapéum de Memphisy 1852, în-4*.
« ^umismatic chronic, 1839, n» VI, t. II, p. 98.
» Tochon d'Annecy, Méd. des nômes d'Egypte, p. 134, 137, 138. — Zoëj
Sumi argypi., tab. XXI, n® 9. — O. di San Quintino , Detcriz. délie med.
Sdmi del H. Musen di ï'orino, p. 12. Sur 1r mcdaiile dn Turin, TApî* n le
décor»' d'une «jtuirlando.
ET DISSERTATIO^S. àOif
quelquefois sur le flanc la figure d'un croissant * ; un petit
autel est placé devant le bœuf sacré.
Quoique le diobole de plomb ait tous les caractères qui
peuvent faire croire à son origine memphitique, il manque-
rait cependant une preuve directe, irréfragable qui soit de
nature à convaincre les numismatistes, si nous le présent
lions isolément.
En 1858, M. Mariette découvrit une seconde pièce de
plomb ipi'il nous envoya et sur laquelle nous trouvâmes
le mot dont nous avions besoin , le nom de Memphis , dont
les éléments sont semés dans le champ d'une façon fort
singulière.
Mous plaçons ki la description de ce second monument,
que nous pouvons considérer comme une o6o/f , en raison
de son module :
— M€M4»IC. Déesse debout devant Apis, porté sur une
bari et tourné à gauche.
Revers. Isis debout devant le Nil , assis à gauche. —
Plomb. Musée du Louvre. (PI. XVIIl, n« 2.)
Ici, plus de doute ; nous avons, non pas le nom du nôme
Hemphite, mais celui de la cité même. Cette seconde pièce,
liée si étroitement par ses types à la première, précise le
lieu de leur commune origine.
La femme voilée, placée en regard du bœuf sacré, pour-
rait fort bien être, sous une forme romaine, la mère d'Apis,
que de nombreuses stèles représentent accompagnant son
divin fils, ainsi que l'a fort ingénieusement démontré
M. Mariette *.
* Zoi-ga, Numi ffyypL, Domiiicn , tab. IV, n* 3; Adrien , tab. VII, n" 21 ;
tab.Vni,n»8.
* Mémoire 9Ùr la représentation gravée en tête de quelques prosrynèmes du Sérct-
ff^m, 1856, in A'.
ftlO MÉMOIBES
Mais la série ne s'arrête pas là ; elle s'accroît de tro^
autres pièces de plomb qui ont fait partie de la riche co0
lection Fontana, de Trieste, et que Sestini a publiées à U
suite des monnaies du nôme Memphite ^
A — MEM^IG en ligne courbe. Apis portant un globe
entre les cornes, tourné vers la gauche; devant lui, Isis
debout, tenant un serpent de la main droite et une croix
ansée de la gauche; à ses pieds un autel.
Revers. Le Nil assis, tourné à gauche, tenant un roseau
de la main droite et une corne d'abondance de la gauche;
une femme debout lui présente une couronne. — Phmb 6.
B — Le Nil couché, tourné à gauche, vu à mi-corps,
tenant de la main droite une tige de lotus (7) et de li
gauche une corne d'abondance.
Revers. L.I (an 10). Les Dioscures debout, appuyés soi
leur haste ; la tête surmontée d'une étoile. — Plomb h.
G — Apis porté sur une ban, ainsi qu'une figure de di-
vinité debout ; dans le champ, un astre.
Revers. Sérapis assis sur un trône, tourné à gaucb
appuyé sur son sceptre; devant lui, Isis debout.
Plomh h.
La pièce A est une vai*iété de notre n"" 2; elle en diflf
par la disposition de la légende et par quelques au
détails au sujet desquels nous ne voudrions pas trop ii
ter, tant il est difficile de compter sur la fidélité des de
et des dénominations fournis par Sestini. C'est cepei
h Taide de ces seuls dessins que nous donnons la deî
tion qui précède.
Les pièces B et C sont, nous le pensons, des hémii
» Dexrriz, d*alc. me.1, greclie del ifuseo Fontana^ part. II , tkb. XI, u
24 f p. 93 et 94, n*» 26, 27, 28. Lo» description» de Sestini tont trfti
Miunnet, Suftpl.^ IX, p. 161.
ET DiSSERTATlONS. Alt
le Nil en buste indique une division monétaire ; et le mo-
dule convient à la valeur relative que nous adoptons.
Notre série sacerdotale comprend donc, jusqu'à présent,
le diobole^ Yobok et Yhémiobole.
L'indice de valeur OBOAOI B (dvca) se rapporte à une
monnaie effective et non à une tessère ; les exemples de
valeurs inscrites en toutes lettres sur des monnaies grec-
ques sont assez nombreux.
On peut citer :
A«(3p2XfAoy sur une monnaie d'argent de Néron attribuée
à Césarée de Cappadoce, et sur une monnaie de cuivre de
Rhodes ; àpct^ud sur un bronze de Byzance ; Àaad^iix rpca,
A(sadcfia dità f Aaaapiov yH^uioV) A^raapiovy Huiacaxçno^ sur des
bronzes de Chio; TpriSoXo à Samotbrace; OSoXo; à Méta-
ponte; ÔSoXoç et Haio6o[Xov] à Chio ; HuiogeXtv sur un moyen
bronze d'vEgium d'Acbaïe; àtyoLU^y à Gbio; XorXxoO; à Ah-
tioche de Syrie \
Quand on examine la série de pièces de cuivre frappées
à Gbio, on reconnaît facilement que les cinq indications de
valeur correspondent très-clairement au module relatif des
monnaies.
11 faut bien distinguer la monnaie du nOme frappée avec
la tête de l'empereur, et le nom de la division administra-
tive de nos plombs qui ne présentent aucun type politique,
quoique fabriqués bien évidemment pendant la période
impériale; ce qui ne peut s'expliquer si l'on n'admet pas
que ces monnaies de plomb au type exclusivement religieux
appartenaient en propre au sanctuaire d'Apis. D'ailleurs,
l'inscription Méa<yi; désigne le lieu , et , placée au-dessus
« Eckhel . Doctrina, t. 1. p. xxxviii. — .J. Kofod W bit te, De rébus Chiorum
fitàblie., Copcnhflgiic, 1838.
Al 2 MÉMOIRES
du bœuf sacré, équivaut, dans le laconique système de la
monnaie égyptienne, à ces mots : Sérapeum de Memphis. U
ville même n'aurait pu, sous le règne des empereurs , s*at
tribuer un droit autonomique en concurrence avec l'auto
rite du gouverneur romain.
Pausanias décrivant les rites observés par ceux qui con
sultaient THermès de Pharae en Achaïe, nous apprend qu'
fallait déposer sur Tautel placé à la droite du dieu , un
monnaie frappée dan$ la ville ^ vi^us^joi hnx'^oy; cctl
monnaie était un xa^^^ov; ou pièce de cuivre; et à la fin d
son récit il ajoute : La même manière d'interroger Ton
cle s observait chez les Égyptiens, au temple d'Apis'.
est possible que la comparaison ne s'applique pas exa<
tement à tous les détails de la cérémonie ; cependuil
il est assez probable que le dép&t de l'offrande ava
partout le même degré d'importance, si toutefois ce nN
tait pas la base de l'institution des oracles. Le viuwp
ÈTrixwptov exigé à Pharœ devait être également réclamé
Memphis, et cette circonstance nous paraît appuyer encoi
l'opinion que nous avons exposée au sujet de nos moi
naies de plomb.
A ces monnaies du Sérapeum de Memphis, une frappant
communauté de type rattache la pièce suivante, donnée a
Musée du Louvre par M. Louis Batissier, vice-consul d
France à Suez.
Buste d'isis tourné à droite ; la tète de la déesse est su
montée de cornes de vache et d'un globe ; de la main droit
elle tient un vase à libation.
Revers. Buste barbu du Nil tourné adroite; le dieuUei
un roseau; une corne d'abondance est placée près de so
y Lib.VIl, cap. XXn,3,4.
ÏT OISSERTATIOXS. &1S
tépaule. — Verre blanc. (PL XVIII, n* 3.) Le bord du coin
a touché le verre en avant de la tête d Isis, alors que le
flan était encore chaud et y a imprimé une double ligne
courbe, qu'il ne faut pas confondre avec le type.
On remarquera que sur des petits bronzes du nôme Mem-
pbite, le buste d'Isis figure au revers de la tête d'Adrien \
Le module de notre verre rend l'analogie frappante, et
nous pensons que sa fabrication ou , qu'on nous permette
de le dire« son émission remonte aussi au second siècle.
Nous espérons que les archéologues ne se refuseront
pas à voir avec nous dans cette pièce de verre, portant une
empreinte sur chacune de ses faces, une véritable monnaie.
Sans entrer ici dans les développements que cet article
ne comporte pas , il nous sufïira de rappeler que les Arabes
d'Egypte et de Sicile ont fait usage de monnaies de verre '.
11 existe un certain nombre de ces pièces au département
des médailles de la Bibliothèque impériale ; le Musée du
Louvre en possède une grande quantité. Les monnaies de
verre byzantines, sans être aussi communes, permettent
cependant de constater l'emploi de cette matière fragile, à
l'époque où l'Egypte obéissait encore aux empereurs.
Quelque singulier que cela puisse paraître au premier
abord, nous pensons qu'après examen, on reconnaîtra que
« Tochon, Némiêy p. 137, n«* 5 et 6.
• AM«inaiii,lfiM. cuf. Non., 2» part., p. 121,pl.VIII.— Adler, Mus. cuf, Borg.
ViUtr.f p. 77, pi. VI, n»» 67 et suiv. — Te>rreinozza, Ant, inscrix, di Paltrmo,
p. 410, note de Domeoioo Schiavo. — 01. Gerh. Tychsen, Introd. ad rtm
mm, Moham,, p. 149, tab. III, n<* 3S.— Pietraszewski, Numi Mohammed^ p. 97.
— Sawaazkiewîcz ^ le Génie de VOrient commenté par les mon. monét.f p. 96,
pi. I, n^'S à 10. — Frœhn, Becens. num, Mohamm, acad. Petrop., p. 621. —
Mue. Munterianum, Copenhague, 1B39, pars. III, p. ]60. — Ant. Delgado, Cat.
detmonn, de la collection Lorirhe , n" 4857. — Dubois, Catal, de la collection
Mimaut, n* 576.
1861.— 6. 89
Au mois d'août 1860, les ouvriers qui fouillaient s
direction de M. Auguste Mariette , découvrirent dans
de Memphis, entre Bédracbem et Saqqarah, près du t
de Phtah. au lieu nommé actuellement Myt-Rahinc
ensemble d'objets qui ne pouvait provenir que d'un i
d'orfèvre : soixante oques (73^320) de lingots d'j
aplatis au marteau, un simpulum d'argent dont le m
vertical, recourbé en crochet, avait reçu des cou
marteau qui eu ont altéré la forme et montrent que l'i
sile était destiné à être ouvré ; un vase d'argent de
sphérique, en voie de fabrication ^ ce vase , ainsi que
autres qui étaient terminés, sont de travail égyptien,
])euvent être confondus avec les objets condamnés
fonte. On recueillit encore un creuset de terre, une <
de cuivre , vingt*trois monnaies plus ou moins ent
par le ciseau, et un assez grand nombre de fragme;
monnaies coupées sur lesquels on n'a distingué
type. Toute la trouvaille est allée enrichir le Musée i
précieux fondé par Son Altesse Saïd Pacha, vice-ro
gypte, magnifique institution qui, grâce au talent
lequel M. Mariette en poursuit rétablissement, est aj
à rendre d'immenses senices aux sciences histor
ET DBSEITATIONS. hih
bien voulu nous apporter les viogt-trois monnaies recueil-
lies par ses soins à Myt-Rahineh, et, après les avoir débar-
rassées en partie de la croate de sulfure qui les recouvrait,
nous avons pu prendre une exacte description de ces mo-
numents , dont un premier examen nous avait déjà fait
reconnaître la provenance et Fâge. Le lecteur sera comme
nous frappé de l'intérêt qui s'attache à une série de mon-
naies contemporaines, présentant une grande variété de
types, et appartenant aux premiers temps du monnayage,
2tu siècle d'Âmasis, de Crésus, de Cyrus et de Pisistrate.
Hais la numismatique grecque a été si peu cultivée depuis
quelques années qu'elle demeure maintenant en arrière de
toutes les branches de notre science; de sorte que non-seu-
lement les pièces inédites soulèvent des questions difDciles
i résoudre , mais qu'on a souvent grand'peine à trouver
des secours efficaces parmi les médailles publiées, les
fuites antérieures à notre ère ayant presque toutes besoin
d'être revues et coordonnées.
Mabonea TnRACij:.
^' i. Cheval à droite. ( La têle seule subsiste. )
Reter*. Carré creux dans lequel paraissent quelques
^yoBs informes. Fragment; pièce très-globuleuse. —
A. 5, Poids, 5»',60.
Quoique nous n'ayons ici qu'un bien petit fragment sous
^ yeux, nous croyons devoir l'attribuer à Maronée. La tète
^^ cheval n'a pas le style corinthien, et le carré du revers
envient tout à fait à la Thrace. On peut voir une pièce du
^^m^ travail, mais d'un plus petit module, dans le recueil
P^lié par M. le général Gh. Fox : Etigravings of unedited
^^ rare grfek coins, 1'' part. , pi. V, n" 48.
a 16 mémoires
Mgm Magedoni^.
N** 2. Chèvie agenouillée, tournée à gauche.
Revers. Carré creux grossier. — M. à. Poids, 6»', 10.
Cette pièce est plus ancienne que celle dont Cousinéry a
publié la figure ( Voyage en MacM.,t. II, pi. V, n* 4); son
revers la rapproche d'une autre monnaie classée par le
même auteur sous le n° 2 , mais qui offre une chèvre tour-
née à droite.
LeTE MACEDONliE.
/\
N** 3. Sat^^re ithyphallique poursuivant une femme qui
marche vers la droite en détournant la tête du côté de son
agresseur. Dans le champ, quatre points.
Revers. Carré creux très-grossier. — J^. h. Poids, 10«',22.
Très-globuleuse. (PI. XVllI, n»4.)
Cette pièce, par son module restreint, par sa forme ra*
massée, par le nombre de gros points marqués dans le
champ, diffère de celles qui ont été publiées par Cousinéry ,
Voyage en Macédoine^ t. II, pi. VI ; Mionnet , planches,
prew. parL , pi. XL, n*** 7 et 8 ; M. le duc de Luyues, Choix
de méd. greeq.^ pi. IX, n*» 7; Frœlich, NoiU. etem. riutn.<»
tab. I, n*" 1. On sait que l'attribution de ces médailles est
fixée à l'aide de la variété un peu plus moderne sur laquelle
on lit en caractères de forme très-antique, procédant de
droite à gauche : AETAlNIOiN.
i^GINA InSLLA.
N"* 4. Tortue de mer
Revers. Carré creux divisé par des lignes en relief; ca-
vité profonde. — /R. 4. Fragment. Poids, 5»',50.
ET DISSERTATIONS. Al 7
La médaille a été tellement mutilée qu'on n*aperçoift
plus qu'une élévation informe avec une très-petite partie
du haut de la carapace ou collet , servant à faire recoa*^
saitre le testacée.
Sans ce petit détail, corroboré par la forme particulière
du carré creux, le classement de notre fragment aurait pu
rester douteux, car il est évident que la grande réputation
de la monnaie éginète avait de très-bonne beure donné
1 ieu à des imitations, et que le cboix de certains types de
liaut relief, tels que la grenade , la pomme, des vases de
diverses formes, le coléoptère, le bouclier, la grappe de
x^aisin, etc., avait été calculé pour produire une illusion
c]ue nous pourrions partager dans le cas qui se présente
a nous.
CORINTnCS.
N"* 5. Pégase volant, à droite.
Rtcerê. Carré creux. — ,1\. 5 1/2. Poids, 14«%28. Très-
globuleuse. (PL XVIII, n» 5.)
Cousinéry et Linckb , qui ont rapporté de Grèce tant de
monnaies corinthiennes, n*ont pas connu cette pièce, évi-
deaiment plus ancienne que celles qui ont été publiées
jusqu'ici» Le coup de ciseau qu'elle a reçu ne lui a rien
dté de son poids.
N* 6. Pégase , à droite ; dessous, coph.
Revers. Carré creux. — M. 5. Poids, 88%90. Flan
épais.
Cette pièce , avec le Pégase tourné à droite , est encore
une rareté. L'oxydation dont elle est chargée augmente
sans doute un peu son poids.
N* 7. Pégase volant à gauche.
Revers. Carré creux . divisé symétriquement* — >î\. 6^
1
1
iil8 MÉMOÎRES
Poids, 8«% 40. Flan mince. — Mionnet, pi. XXXVIII, n* 9.
— Cousinéry, Ligue achéenne. Gorintbe, n*» 2.
N' 8. Croupe et aile de Pégase, à gauche. (Le teste
manque. )
Revers. Carré creux. Fragment. — A. 5. Poids, 2«'.44.
Flan mincer
N" 9. Croupe de Pégase. ( Le reste manque. )
Revers. Carré creux. Petit fragment. — . JR.. 5. Poids,
2«',08. Flan mince.
Eretria Euboe£.
N"* 10. Deux grappes de raisin pendant à une même
branche.
Revers. Carré creux, divisé par des diagonales, qui se
coupent au centre. — JR. 5. Coupée. Poids , 10«',16. Flaa
très-épais. (PI. XVllI,n*6.)
Il est sans doute difficile de classer une monnaie si an-
tique à l'aide des types observés sur des monnaies d'uB
âge beaucoup plus récent Mais comme la pièce que nous
examinons offre, du reste, tous les caractères de fabrique
qui conviennent à TEubée, on admettra sans doute le rap-
prochement que nous établissons avec les pièces d'argent
et de bronze frappées à Eretria, et portant au revers d'une -
tète de Diane Âmarynthia ou d'un taureau couché, ieux^
grappes de raisin *. Ce type se trouve encore sur unca
petite monnaie de bronze publiée par M. le baron dŒ
Prokesch-Osten , qui la donne avec raison cooune fabri —
* Eckhel, Mu9. cxt, Vindob.,l, p. 132 , n« 2. — Beger, The*. Brand,,!
p. 429. — C. Comhe, Mus. Hunt , p. 139, n« 4, et tab. XXVI, n» 21.— Se»tm3i
Deicript. nxtm. vet., p. 228, n* 3. — Mionnet , II , p. 308, n» 63, et Svfpl. i>^
p. 364. n» 90. — Catat, Allier de Hauteroche, pi, VII, n* 12.
ET Dl:fSERTAT]ONS. A19
quée en Eubée * , mais qui ne parait pas avoir remarqué
qu'outre la légende EVBO, la pièce porte encore les carac-
tères nr« qui me paraissent devoir se rapporter à la ville
de PyiTba, citée par Pline '. Sestini a aussi décrit comme
appartenant à Issa, lie d*lllyrie, un petit bronze de la
collection Tocbon, présentant au droit deux tètes accolées,
et au revers deux grappes de raisin avec la légende 12 *.
Cette pièce peut appartenir à llistiœa d*Eubée, dont on
connaît de belles monnaies qui offrent d un côté une tète
d'Ariadne et de l'autre un bœuf passant devant un cep de
vigne, auquel pendent deux grappes de rainn placées
symétriquement \ *
Ceos Insula.
K* 11. Abeille, marchant à droite.
Revers. Carré creux, divisé par deux diagonales qui se
coupent. — iR. 2. Poids, 36^,42. (PL XVIll, n» 7.)
Le nombre des monnaies qui ont pour type une abeille
est considérable ; ordinairement cet insecte est vu de dos,
et ses ailes sont plus ou moins éployées. Ici nous le trou-
vons marchant et offrant la plus grande analogie de forme
avec le signe qui , dans les hiéroglyphes égyptiens , repré-
sente le mot peuple ( obéissant à son roi) *. Toutefois, nous
^ Inedita nuiner Sammlung ant, altgr. Munzen^ Wien, 1854, pi. III, n» 105.
* HUUnat,y Ub. IV, cap XII, 21.
> DtseHxione di molU medagliê gr., 1828, tab. YIII, n« 14.
* Pellerin, Peuples et tille*, t. III, pi- XCII, n» 8. — Catal. Allkr, pi. VU,
n*13.
* Horapoll., BierogL, lib. I, cap. 62. — Champollion, Précis du syst. tUér ,
p. 340, atlas, p. 35. — Gratnm. égypt., p. 24 — Voir, au sujet du signe de
l'tbeillc , la dissertation insérée dans le Mémoire eur Vimcription du tombeau
d'Ahmès { 1851 ), par M. do Rongé, qui pense que ce caractère représente spé-
A20 MÉMOIRES
n^entendons pas établir de rapprochement pour le sensc
le caractère égyptien et le type de notre monnaie. L*al]
avait, dans les religions grecques , une valeur que met
nettement en lumière une série de monnaies de Melita
Tbessalic, publiée par M. le baron de Prokesch*, qi
Ta pas expliquée. Mais il est évident que Tabeille pi
sur ces cinq monnaies, au revers d'une tête de Jupîte
accompagnée de la légende MEAlTAIEfîN, entier
abrégée, se rapporte à la fable Cretoise, suivant laqne
dieu avait été nourri par les Mélisses* (ijùdra dor.
fjtéXtdaa). On retrouve encore Tabeille sur la moi
d*Éphèse, ville où nous savons que les prêtresses port
le titre de Mélisses , de même que la grande prètresa
Delphes ; et nous sommes autorisés à considérer la fi
de cet insecte comme un symbole religieux, toutes les
que nous la rencontrons sur des monnaies. Pour Ttl
Cens, c'est un type fréquent ; on le connaît sur des p
de nie m génère^ et des villes dlulis, de Carthœa i
Coressus. Brondsted, qui a visité Cens, y a fait des fou
et eu a étudié la numismatique, pense que l'abeille n
sentée sur les monnaies qui viennent d être citées se
porte au culte d'Aristée, inventeur de l'apiculture et ]
faiteur de l'ile '. Plusieurs monnaies de Cens portent
cialement le peuple de la Basse-Egypte, p. 113-120. — Dans nne IÇotê n
preaion du mot roi par lé groupe de la plante et de Vaheiltè ( Annal. itSt
archeol.f 1838, t. X, p. 113 et suiv. ), M. R. Lepsius, le savant aeadémk
Berlin, cite ( p. 121 ] quatre exemples de l'emploi de Tabeille aWQ le i
rot et de reine. Voir Tav, d'ag^, G. n«» 36, 37, 41, 42.
» Inedita meiner SammL, pi. I, n" 30 à 34.
* Anton. Liberalis, Metam.^ XIX. ^ Callimach., Hymti. in JoMm, 47.
s Voyage* et recherches dane la Grèce, 1826, in-fol., p. 113 et sniv., ti
n- 3, 6, 6, 8,10 ; tab. V, 1 ; tab. XXVII, 3, 4, 6, 9, 13. 15.— Cf. Mionn
p. 314, 19 et swiY.; SuyfL, IV, p. 374 et aniv., n*« 64 à 171.
ET DISSERTATIONS. &2l
tête barbue, qui doit être celle de Zei^-Aptararo:. Il est à
remarqaer que l'abeille des médailles de Cyrène, si bien
expliquées par Duchalais S est relative au même mythe^
Aristée étant fils de Cyrène et d'Apdloft.
NaXUS IfISULA.
N^ 12. Cantbare ; au-dessus , une feuille de lierre.
lievtn. Carré creux peu profond. Fragment. — iR. 5.
Poids, 6*^,92. Globuleuse. (PI. XVIII, n* 8.)
N* 13. Autre fragment; même partie du type. — iR. 5.
Poids, S^'.Se.
Nous avons reproduit la figure d'un de ces deux frag-
ments pour donner une idée de l'état dans lequel se trouve
^Q certain nombre de pièces du trésor de MytRahineh, et
^'^ la facilité avec laquelle on peut néanmoins reconnaître
*^ type qu'elles portent,
Chalgedon Bithynij:.
N* 14. Taureau, tourné à gauche; sous le ventre, une
devers. Carré creux. — JR. 6. Poids, 8",58. (PI. XVIII,
»^* 9. )
Le coup de ciseau que cette pièce a reçu en altère la
*ornie , mais n'a pu en modifier le poids.
L'attribution à Chalcédon de Bitbynie est encore conjec-
turale; le bœuf que nous voyons ici ressemble à celui qui
^^ figuré sur les monnaies de Paphos , classées par M. le
* UiTiu num., 1852, t. XVII, p. 334.
/
h'it M£MOIB£S
duc de Luynes \ sur celles de Byzaoce, attribuées
Pylos d^Élide, tantôt à Pylos de Messéoie, tantôt i
polis, ville problématique de Bithynie, et enfin dt
ment expliquées par M. Max. Pinder '.
Mais la pièce recueillie à Myt-Rabineh ne préseï
les pieds du taureau, ni le dauphin de Byzance dî
pièces connues de Chalcédon La rosace placée <
jambes de Tanimal offre bien , au premier coup d'à
que ressemblance avec la croix ansée ou plutôt le
de Vénus $ dont l'anneau est, sur certaines p
Paphos, formé d'une série de perles. Mais ce
qu'une ressemblance, et les deux symboles ne
être confondus. Le taureau , d?ns la même attil
celui de Chalcédon ( celui de Byzance lève un pi
pose sur une base composée de deux bari-es horî:
réunies par une série de petites lignes verticales;
peut-être . un motif architectural ; mais l'existei
dauphin, d'un épi employés comme supports,
chercher d'autres symboles , et'celui qui se présc
d'abord à l'esprit, est le peigne de tisserand que 1
peints nous montrent si fréquemment parmi les u
mystiques ', et qu'on remarque dans la main d'un
ou Baubo de terre cuite, fort ingénieusement expli<
Millingen * ; ustensile qui, ainsi que l'épi dontnou
* iVtim. et inscript, rypriotet^ pi. III.
* Annal, de VInst. arctUol., t. VI, 1834. p. 307. Tac. d'o^. G.
* MilliD, Description des rd«M de Canosa^ pi. Y; Monum. inid,^ t.
37. — Pajtseri, Pict. Elrutc. in ta<c., 1. 1, tab. 5 , 6, 64, 94; U II
— Tischbein, Vases d'Hamilton, Napics, t. ]I« pi. 34; Florence, t.
— F. Uitechl , Annal. delV Inst. archeoL, 1840 , t. Xll , p. 171. Tmt
— Gurgallo-Grimaldi, Annal. delV Inst, arch. , 1843 . t. XV, p
^aog. A.
* Annal, delf Imtl. arch., 1843, t. XV, p. 72. Tav, d'agg. E.
ET DISSERTATIONS. &23
d^ rappeler la présence sons les pieds du bœuf de Chalcé-
d<^fm, se rattache an culte de Cérès.
Teos lomjE.
N* 15. Tête de griffon, tournée à gauche.
Reters. Carré creux contenant un astre à huit rayons,
aBik^ns un entourage quadrilatéral composé de lignes courbes.
JR. 2. Poids, 2«',10.
N» 16. Tête de griffon, tournée à gauche.
Revers. Semblable au précédent. Fragment. — JR. 2.
■^^«=wds, 1»',40.
Comparez pour la fabrique le revers de ces monnaies à
:«^s3ui d'une très-petite pièce d'argent de fort ancien style
t «-«^^ Allier de Hauteroche attribuait à Smyme. Cat. Allier,
^'M •XV,nM7.
Chius Inscla.
N* 17. Sphinx à tête de femme, tourné à gauche.
Reters. Carré creux. — M. 3. Très-globuleuse Poids,
^*^*',97. Mionnet, pi. XLIV, n* 2.
Samus Insula.
N»18. Tête de lion, tournée à droite, dévorant une proie.
Rivers. Carré creux, divisé par des diagonales. — iR. â-
ï^oid», 9«',97. Très-globuleuse. (PI. XVIII , n* 10. )
Une faut pas confondre cette pièce avec celle qui est gra-
vée dans le recueil de planches de Mionnet, pi. XXXVl,n'5.
I-^ style de la crinière du lion et le carré creux diffèrent beau-
*^^p dans ces deux monuments. Nous croyons devoir Tat-
^'^Uer à Samos, considérant son type comme un premier
^^t du symbole religieux qui se montre plus tard à nous^
sur des pierres gravées phéniciennes, non moins
tiques que les images de terre cuite d'assez grande
sien représentant le même dieu, découvertes à Toi
M. Peretié, et acquises récemment par le Musée du
Si la monnaie d*argent que nous attribuons à Sa
comme nous avons tout lieu de le croire , conter
de Polycrate , il sera permis de faire observer la
qui pouvait être facilement établie entre ce prin
symbole religieux asiatique, composé d*un anio
puissant, roXu/paTy'ç , manifestant sa force en i
une proie.
Cos Insula.
W 19. Crabe.
/levers. Creux informe. Fragment. — A. 1 1/:
1^37. (PI. XVHI, nMl.)
Nous sommes porté à croire que le crabe avait
relation avec le nom de Cos. On trouve ce type accc
de Tinscription KHS sur des monnaies de bronie i
tium, attribuées par Avellino à Consilinum, et par]
à Consentia. On remarquera que pour trouver
pièces le nom d'une de ces villes appartenant à 1
nrovince. il faut admettre Temnloi de Yannusfiar»
/
ET DISSERTATIONS. 425
Avec le type du pagure. M. Franz Streber a pensé que le
c:r^£ibede Gos fait allusion aux Cabîres,qui, chez les Pélasges,
ém.^mxent appelés Kflrpy.rvoi '.
Lycia — Phaselis ?
N* 20. Tête de sanglier, tournée à droite.
Revers. Carré creux, profond. — M. 2. Poids, 3»% 97.
&l^buleuse.
<]h. Fellows, An account of discoreries in Lycia ^ 1841,
I^ï» • XXXIV, n** 3 et 4, et Coins of atêciént Lycia ^ 1855, pi. I,
a •^ 2 : deux monnaies trouvées à Telmessus.
Le sanglier se voit sur un assez grand nombre de mon-
ii^^es à légendes lyciennes (Fellows, Coins of anc. iyr.,
I^ï- 1,3, 4, 5; IX, 1 à 7; XI, 10 ; XII, 4, 5; XIII, 7, 8 ; XIV,
*^ «;XV,3, 4;XVI,2, 3).
la partie antérieure du même animal est représentée sur
*^s monnaies de Pbasélis du plus ancien style (C. Combe,
*^^^4j. Hunier^ tab. 43, n*» 8, 9, 10 , didrachmes dont la
I^^^ce trouvée à Myt-Rahineh peut être une division, avec
^^l)e réduit suivant l'usage.
Amathus CvPRr.
N* 21. Bélier coucbé, à gaucbe.
Revers. Flan lisse. — JR. 4. Poids, 11«',25. Très-globuleuse.
Duc de Luynes , Numismatique cypriote^ pi. I, n" 8.
Cyrène.
N* 22. Graine de silphium, avec boutons.
Revers. Carré creux, divisé par une large bande en relief.
* Nwm. ntnmulla gnrc. mu$. Beg. Barorix, 1833, p. 243.
/
&2() MÉMOIRES
— iR. 5, Fragment. Poids, 13«*,15. Très-globuleo»
(PL XVIII, n« 12.)
N*" 23. Deux graines de silphiuin placées l'une à côté i
l'autre; au-dessus et au-dessous, des fleurs de la plante.
Revers. Carré creux. —JR., 6. Fragment. Poids, li^^M
Très-globuleuse. (PI. XVIII, nM3.)
Ni l'une ni l'autre de ces précieuses monnaies ne s
trouve décrite dans la monographie préparée avec tant d
soin et de persévérance par notre regretté ami C. Falbc
continuée par Lindberg, et publiée enfin tout récemmec
par M. Lûdwig Muller, qui a profité des additions fournie
par M. l'abbé Cavedoni et par Duchalais.
Il est à remarquer que toutes les monnaies dont net:
venons de donner la description appartienneût à un espac
géographique très-circonscrit. 11 semble qu'elles aient et
rapportées en Egypte par quelque négociant qui avà
fait le tour de la mer ^gée avec un de ces vaisseaux pb<
niciens qui, au dire d'Hérodote, transportaient des mai
chandises d'Egypte et d'Assyrie sur les côtes de la Grèce
Nous n'aimons pas, nous devons l'avouer, les roman
archéologiques, et nous ne voudrions pas tirer de l'exame
d'une poignée de médailles le récit d'un périple de fau
laisie.
Mais nous ne pouvons cependant négliger de constate
un fait qui peut avoir des conséquences utiles pour 1
classification des monuments. Que le lecteur veuille don
bien suivre pour un instant sur une carte du monde antiqo
l'itinéraire que nous allons indiquer.
Parti de Tyr, le vaisseau touche d'abord, en Cypre, no
loin (ï Amathonle , à Cittium probablement, puis au po
de Phaselis, sur la côte de Lycie ; de là il se rend aux IL*
de Co$ et de Samos^ s'arrête au port de Téos^ aborde
ET DISSERTATIONS. 427
ririo, longe les côtes de rHellespoDt et de la Propontide
jusquà Chalrédon, revient sur le rivage de la Thrace à
Maronée , entre dans un port de la Macédoine, suit l'Euripe
et aborde en Eubée au port à*Êiéiriej double le cap Sunium
et traverse le golfe Saronique jusqu'à l'isthme de Corinthe,
puis fait escale aux Iles d'y^jm*», de Céoê^ de Naxns^ pour
arriver enfin en Cyrénalqne. On verra que chacune des
localités que nous venons d'énuinérer se trouve représentée
daos la trouvaille de Myt-Rahineh et c'est bien là la mar-
che que devait suivre, au vi* siècle avant notre ère , un de
^^ habiles marchands qui rendaient la mer JEgée tribu-
^*ire de leur activité. Parvenues en Egypte, conirée où la
monnaie n'était pas en usage, les pièces d'argent que nous
^▼ons décrites auront été livrées à un orfèvre qui s'est hâlé
^c les défigurer à coups de ciseau, suivant une habitude
^ est vraisemblablement naturelle chez l'homme, puisque
'^os avons encore vu pendant longtemps les orfèvres bri-
^ les monnaies anciennes qu'ils avaient achetées, bien
V^^ cette opération ne soit d'aucune utilité pour la fonte,
surtout lorsqu'elle s'applique à des monnaies d'un très-
P^t module.
Quoi qu'il en soit, le coup d'ceil jeté sur la carte, à notre
prière, aura son utilité.
Nous sommes accoutumés, depuis Pellerin et Eckhel, à
'^'ïger les méilailles antiques suivant l'ordre géographique
"6 Strabon. Loin de nous K pensée de rien changer à cette
''^thode, qui est excellente, et qui donne aux ouvrages de
'^oniismatique une urjité de disposition très-propre à faciliter
les recherches ; mais il résulte de nos habitudes d'antiquaires-
^^ nous considérons à de trop grandes distances les moiiu-
"^^nts fabri(iués dans des pays fort voisins; et il n'est pas
^^uvais, pour bien comprendre certains rapports de style
sont pas moins situées dans la même région mari liai
Ce n'est certainement pas sans élonnement qu'on
remarqué l'enfouissement de laielier d'un orfèvre
une localité qui u*a pas été, comme Pompéi ou Hercula
tout à coup ensevelie par l'éruption d'un volcan.
Toutes les monnaies retrouvées à Myt-Rahineb da
état qui prouve qu'elles avaient à peine circulé» a
tiennent au \V siècle avant notre ère. A cette ép
rÉgypte n'a pas été subitement abandonnée par sa ]
lation. Des monnaies grecques et asiatiques portan
symboles étrangers, n'ont pu être déposées dansai
pulture égyptienne ; c'eût été une offense aux idées
gieuses alors encore dans toute leur vigueur. Biais
dans l'histoire du vr siècle un grand fait qui nous i
fournir l'explication que nous cherchons. L'invasia
Perses en Egypte répandit dans ce pays une imroeiu
reur ; chacun dut songer à cacher ce qu'il possédait d
cienx; les batailles, les troubles, les violences qui ]
dèrent ou suivirent la conquête, firent périr un \
nombre d'habitants, et l'orfèvre de Myt-Rahineb aun
porté avec lui dans la tombe le secret de sa cachette.
Il est à regretter que l'empressement qu'il a mis ;
tiler des monuments étrangers ait réduit à un si petit
bre les précieuses monnaies tombées entre ses mdos
£T DISSERTATIONS. A 29
DISSERTATION
LES MONNAIES FRAPPÉES A LUCQUES PENDANT LA
DOMINATION DES FRANCS ADX VIII* ET IX* SIÈCLES.
( PI. XIX.)
Le comte Jules Cordero de San-Quintino avait, avec le
plus grand soio, réuni, à la demande de FAcadémie royale
^6 Lucques. tous les types de la monnaie de cette ville qu'il
^Tait pu retrouver dans les diverses collections d'Europe,
cju'il fit graver en 27 planches, et livra au public en 1843.
Cet antiquaire publia successivement deux mémoires dans
lesquels il s'est proposé de déterminer en premier lieu l'ori-
gine de l'atelier de Lucques, et, en second lieu, d'expliquer
quelques tiers de sou de la collection de notre Académie
loyale, qui paraissent antérieurs au règne des Longbards ;
enfin, d'autres pièces frappées par les chefs de cette nation.
J'ignore pour quelle raison, après avoir accompli la par-
tie la plus difficile de la tâche, San-Quintino abandonna le
travail, laissant sans aucune explication les monnaies des
Francs, des rois leurs successeurs dans le royaume d'Ita-
lie, et la suite des produits de notre zecca qui avait été
l'objet de ses études. Celte lacune était particulièrement
regrettable en ce qui concerne les monnaies carlovingien-
1861.— 6. 30
postérieures aux Longbards, j'aurais rencontré d'il
diflScultés , et j'aurais dû renoncer à une entrep:
lourde. Aussi me bomerai-je à exposer quelques-
notions les plus importantes qu'il m'a été permis
cueillir touchant notre atelier, plutôt pour m'exen
vec l'espoir d'être utile aux habiles connaisseurs.
Dans cette intention, j'ai examiné quelques col
tant à Lucques qu'au dehors, consultant aussi les
qui, en traitant de la numismatique, ont parlé, a
en passant, de notre atelier; j'ai, par-dessus tou
les planches de San-Quintino, qui en raison du
du soin avec lesquels elles reproduisent les types
maintenant un puissant secours à qui veut c
nos antiquités. Joignant à cela les renseignemi
j'ai pu me procurer, et compulsant les chartes,
parti les idées acquises en divers chapitres, pc
de facilité et pour n'avoir plus à recomuiencer
cherches dans les musées et dans les textes. Ce
au reste, était principalement destiné à me »
guide pour classer les types que je possède en Doni
fort considérable. On voudra, j'espère, me tenii
moins du résultat que de la bonne volonté avec laq
abordé une entreprise au-dessus de mes forces.
£T DISSERTATIONS. A31
QiAi&:itiiio, qui établissent si dignement la première partie de
riiistoire de l'atelier lucquois.
A.près que Charlemagne, ayant pris la ville de Pavie et
f3,it. prisonnter le roi Didier, eut mis fin à la domination des
L^onghards en Italie, les habitants de Lucques durent se
soiunettre à son autorité, et changer le type de leur mon-
iiaLie« Mais, se bornant à substituer le nom du nouveau
maître à celui de Didier, ils ne modifièrent ni le titre du
métstl, ni le poids, ni le style des coins.
Les monnaies qui furent alors fabriquées sont encore
itojourd'hui fort rares, même dans les collections les plus
célél>res^ de sorte que malgré les recherches continuelles
faites par les numisouitistes les plus experts, on n'est ar-
rivé à réunir que le petit nombre de types gravés dans les
pl&nches III et IV de San-Quintino, c'est-à-dire dix variétés
^n douze ou quinze exemplaires au plus, dont quatre à Pa-
rts, cinq à Lucques (trois dans ma collection), et le reste
^^^s^miné, un par un, dans les plus grands musées. On peut
donc supposer que la zecca de Lucques a continué seule-
^^^^t pendant un petit nombre d'années à travailler avec
son activité primitive, probablement jusqu'à ce que Char-
leniagne eût publié ses règlements monétaires pour obvier
^Ux graves inconvénients qui s'étaient produits dans les
^Ombreuses officmes de ses États après 77A.
La première loi franque, relative à la monnaie que nous
Renaissions, remonte au temps du roi Pépin, et, suivant
le savant auteur de la vie de Charlemagne, à la moitié du
^'«•âècle*.
Nous ne devons pas nous étonner de ce que Charlema-
8ûe, dont le génie avait grandement devancé son siècle,
. i^ * G;.iliard, Ilût. de CharUmogne, t. II , p. 102.
\
\
\
À
A32 MÉMOIRES
créant tant d'institutions utiles qui depuis ont servi à c
velopper la civilisation universelle, ait dirigé son attenti
sur la fabrication des monnaies; car s'il fut un grand <
pitaine, il ne fut pas un moins éminent législateur, tel
ment que la France, reconstituée par lui sous une for
moins barbare, et lancée dans la voie du progrès, ne tv
pas à se trouver à la tête des nations les plus cultivées,
plus civilisées.
C'est pourquoi, afin de mieux commenter les monna
de Lucques de l'époque de cet empereur, je crois devoir d
bord indiquer les lois qui, sous son règne et sous ses si
cesseurs en Italie, régirent les ateliers de leur vaste ei
pire ; lois à l'aide desquelles on comprendra aisément
nature et la marche des réformes qui s'accomplirent si
cessivement dans les espèces qui furent émises àdiver;
époques et sous des formes variées.
La première des lois promulguées par Charlemagne, c
puis qu'il était devenu maître de l'Italie, est datée de Frai
fort, 794 , et il en ressort déjà clairement la volonté qu'
vait le législateur de mettre un frein aux graves abus c
s'étaient introduits dans cette partie de l'économie poli
tique, principalement depuis 779, Établissant des r^
plus positives que les précédentes à l'égard de la frappe
la monnaie, il prescrit : « Qmd in otnni loco^ in omni n
taie et in omni empturio similiter vadavt isti nori drnarii,
accipientur ab omnibus, si autem nonwiis noslri nomin
habenty ettnerosunl argenio, plemter pensantes \n De ce
manière le poids et le titré du métal étant déterminés*
nomisma nominis nnstri était devenu une condition essi
tielle de l'authenticité des monnaies. En 79(5 cette loi
i Baluze, Capitul., t. I, col. 26-t.
ET DISSERTATIONS. ASS
ai>l>liquée à l'Italie, et c'est justement parce qu'elle rap-
pelle le nomisma noslri nominis que l'on en revint, dana
not^re pays, à l'emploi des monogrammes, déjà introduits
pstxr les Goths et supprimés par les Longbards ; signes dont
les princes se servirent à cette époque pour marquer leur
pix>pre monnaie. Cependant il semble que Charlemagne
n'stvait pas encore atteint le but qu'il se proposait, car nous
le voyons, en 805, donner à Thionville un autre décret par
lecfuel il inaugure un nouveau mode d'émission monétaire,
s^ex primant ainsi: « Volumus ul in nullo alto loco moneia
S^c^Mtiatur nisi in pàtatio noslro , sive ad curlem ,. et t/Ii
de^ê^rii Palalini merceniur^ et per omnia discurranl\ »
Apr^ës une telle loi, on se demande naturellement si tous
les ateliers existant jusqu'alors dans toute l'étendue de l'em-
pire de Cbarlemagne demeurèrent indistinctement fermé».
L.'examen de cette question serait d'autant plus intéres-
^nt qu'on ne manque pas, bien qu'elles soient rares, de
Monnaies de Charlemagne, de Louis le Débonnaire et de-
Cba.rles le Chauve, qui, sur une de leurs faces, portent le
iiom d'un atelier italien, comme Lucques, Pavie, Parme et
'Ma.n. A cet égard, le comte de San-Quintino , brillant
fl^Qcibeau de la numismatique italienne, dans un de ses
Dïénaoh^s intitulé : Osfervazioni critiche intorno alla origine
^ €MtichUà délia mon* ta veneziana (Torino, 18A7, p, 13),
'■^soutla question, et d'un seul coup supprime les doutes
®o déclarant qu'après la loi de 805, ni sous Charlemagne,
°' Bous aucun prince de sa race, on ne battit plus mon-
^îe dans les ateliers italiens. Quant aux monnaies de ces
P^^Oces, qui portent le nom de plusieurs villes d'Italie, il
^^*i débarrasse sans l'appui d'aucun document, en obseï:
^*«rtz, Hût, Germ, monum,, t. I, p. 34.
i
\
\
hH MÉMOIRES
vant seulement a que, bien que depuis cette loi tous les
ateliers italiens fussent demeurés fermés, et que lamomuûe
fût frappée uniquement dans le palais impérial, cependant
on y fabriquait des deniers avec le nom des Tilles qui depuis
un temps très-reculé avaient joui du privilège monétaire. »
Quoiqu'il soit loin de ma pensée de critiquer qui que ce
soit , et encore moins l'opinion toujours respectable du sa^
vant numismatiste,je proposerai cependant quelques obser-
vations et quelques doutes qui ressortentd'un mémoire plein
d'érudition que le très-savant M. l'abbé Domenico Barsoc-
chini, membre de l'Académie royale de Lucques, a lu à
cette compagnie (suivant lui, plutôt pour donner une im-
pulsion à cette partie de la numismatique que pour conti-
nuer l'eeuvre commencée) dans la séance publique du
12 décembre 1850 ; observations et doutes qui, à mon avis,
méritent d'être Inen appréciés, car ils sont fondés sur Fhis*
toire de ces temps et sur des documents irréfragables.
Le concours de l'unanime opinion de beaucoup d'hom-
mes très-versés dans cette science sersdt en soi seul un
secours suffisant pour corroborer ma manière de voir ; d'au-
tant qu'avant que le travail de San-Quintino eût vu le jour
personne n'avait jamais songé à émettre une opinion diSifr-
rente de celle que j'adopte ; au contraire, j'ai reconnu que
l'opinion suivie par M. Tabbé Barsocchini et par moi avait été
accueillie par les numismatistes les plus distingués de notre
temps, qu'à diverses reprises j'ai cru devoir consulter à oe
sujet.
Pour obvier au manque de documents contemporains,
j'aurai recours aux principes les plus conformes à la science
et à la connaissance de l'histoire, et je me permettrai
quelques réflexions qui pourront faciliter la solution de ce
problème ardu.
KT DISSEBTATIONS. A36
Je ferai d'abord remarquer que, de même qu'on n'a pas
souvenir, pour ainsi dire, d'un souverain qui ait tenu le
sceptre, même pour quelques jours, sans avoir voulu
user du droit régalien de battre monnaie , soit par pru-
dence politique, soit par désir de laisser des monuments de
son existence, de même il n'est pas probable que les rois
d'Italie qui se succédèrent dans le gouvernement de cette
belle contrée, indépendants comme ils l'étaient de toute
puissance étrangère, aient voulu recourir aux ateliers fran-
çais pour frapper leurs monnaies. Ils ne l'eussent pas
voulu lorsqu'ils étaient en guerre avec la Frauce, et ils ne
pouvaient y consentir quand ils étaient en paix, d'autant
qu'ils étaient pleinement en droit de profiter de cette ré-
gale importante sans s'écarter des institutions de leurs au-
gustes ancêtres, les villes italiennes qui possédaient un pa-
lais royal étant nombreuses. Il est donc certain pour moi
que toutes leurs monnsûes portant un nom de ville italienne
sont frappées en Italie et non en France.
Il me semble qu'on ne saurait mettre en doute que les ex-
pressions du capitulaire de 805 : Nisi inpalatio nostro ne
peuvent s'entendre qu'en ce sens qu'il était interdit de bat-
tre monnaie dans tous les ateliers des villes de l'empire où
De se trouvait pas de palais royal ; car Cbarlemagne habi-
tant alternativement Aix-la-Cbapelle, Paris et Francfort, il
n'est pas présumable qu'à chaque changement de résidence
il ait voulu transporter avec lui l'atelier et les monnayeurs,
tandis qu'il existait une officine monétaire dans toutes les
cités où il possédait un palais. Si l'on voulait donner aux
mots leur sens le plus rigoureux, ne pourrait-on pas ad-
mettre que quelques villes, par l'efiFet d'une souveraine mu-
nificence, ont été, dans la suite, favorisées par une loi
spéciale? Ni le raisonnement ni les documents ne s'y oppo-
frapper monnaie là où cela leur convenait le mieux,
mément au capitulaire de 805, dans lequel, unsi q
l'avons vu, l'empereur Gharlemagne se réserve d*i
ce privilège quand il le jugerait opportun. Si cettfl
sation fut concédée par Lothaire et Louis II à f
villes, naturellement elle a pu l'être aussi par Char
même, par Louis le Débonnaire et par Charles le C
d'autres villes d'Italie dont les monnaies, portant 1
de ces princes, existent encore, bien que par suite >
gligence des hommes ou de quelque funeste accide
ne puissions plus aujourd'hui retrouver les documei
qui le constatent.
San-Quintino ne semble pas avoir été d'avis <
alors que, dans son Mémoire sur les monnaies des
marquis de Toscane à LucqueSj il éerivût, à pn
monnaies de Charles le Chauve : « Tel est juste
type que présentent presque toutes les moanues i
circulation après Gharlemagne par les diverses
impériales d'Italie et de France pendant les ix*, V i
clés. »
Si, pendant ces siècles, les ateliers situés aussi
Aarh nn'siii HpI^ Hpq ÀinPA nnt 4&.mÎQ dp.Q mnnnuîtf
ET DI8SEBTATION8. A 37
bien cUdr que ces ateliers n'étaient pas fermés, et qn'on y
frappait des espèces.
Mais sans trop subtiliser à l'aide de suppositions plus
ou moins probables, nous savons aussi avec certitude que
sous Charlemagne on contractait dans les actes en sous de
Lucques, de Pavie, de Milan ; donc ces villes avaient leur
monnaie particulière, donc leurs ateliers étaient ouverts.
<)u*on ne dise pas que dans ces actes on a entendu men-
'tionner des monnaies frappées avant la loi de 805, car on
ne peut admettre que la monnaie fabriquée par Charlema-
gne lui-même, et dans ses palais, fût inférieure à celle que
les villes italiennes avaient battue avant 1 ordonnance, ou
que les contractants eussent la bonhommie d'accepter dans
leurs stipulations des espèces inférieures à celles qui avaient
cours.
Un autre motif pour admettre qu'à Lucques on n'a jamais
cessé de battre monnaie, c'est l'existence parmi nous, a
cette époque, de la profession de monnayeurs, ainsi que
l'attestent leurs noms qui paraissent souvent dans les actes.
Par exemple , dans une charte de 796 , nous voyons :
Parisindi munilario leslis; dans une autre, de 780 : Agi-
fridi munitario ; dans une troisième, de 798 : Riprando mti-
nUario inHs \ et ainsi de suite.
Il ne faudrait pas, pour infirmer la valeur de ces obser-
vations, s'appuyer sur cette assertion que « ces monnaies se
rencontrent en France plus facilement qu'en Italie. » Je
conviens qu'après de grandes recherches c'est dans le pre-
mier de ces deux pays que je me suis procuré les pièces
qui font partie de ma collection. De ce fait généralement
* Mtmor. 9 docum. da ierrire alla itor. di Lucca , pubbl. dell* I. c R. Accad.
Luccheêe, t. V, p. 2, doc. CIV, *E, 30; doc. CLXXVII . *C, 5,^.
iocœLXXI, *E,78.
A 38 MÉMOIBES
accepté comme un axiome par les numismalistes, on a cr
pouvoir conclure que les monnaies ont été frappées là o
on les recueille le plus fréquemment. Gomme on ne décov
vre pas chez nous ces monnaies carlovingiennes, qu'il n'e
pas difficile de se procurer en France, il en résultera
qu'elles ont été émises là et non en Italie. Néanmoins, j
ne considère pas cette opinion comme suffisamment fonda
parce que les monnaies des Francs, frappées en Italie, do
Yent nécessairement se trouver en France; car si noi
tournons les yeux pour un instant vers ces temps malliei
reux, nous n'apercevons que massacres, pillages et tribir
trop souvent imposés aux misérables populations italien»
par les tourbes indisciplinées de barbares conquérants ; i
si encore, après de si grandes calamités, il était resté quel
ques richesses , n'avons-nous pas eu à supporter les terri
blés incursions des Avares, qui, avides seulement d*or <
d'argent, tombèrent à plusieurs reprises sur notre payi
exigeant les plus lourdes rançons pour nous débarrasser c
leurs dévastations 7 Et que dirons-nous de la main sacr
lége de ce funeste roi Hugues, qui s'appesantissantsi loo(
temps sur nous, et n'épargnant pas même les objets coi
sacrés au culte de Dieu, épuisa nos malheureuses contre
par toutes sortes d'impôts, accumulant les richesses eten
portant tout avec lui en Provence ?
Et n'en fut-il pas de même de Louis III et de Roddpb
qui du midi de la France fondirent sur l'Italie pour la d<
miner avec leur soldatesque qui semble n'avoir été da
tinée qu'à faire du butin, et qui n'épargnait rien de ce qi
pouvait tomber de précieux entre ses mains ? Après toi
cela, j'en viens à me demander s'il n'y a pas là des raiaoi
suffisantes pour expliquer comment aujourd'hui les moi
oaies carlovingiennes se rencontrent plus facilement dai
ET DISSERTATIONS. ài9
h France méridionale qu'en Italie. C'est, je le répète, non
parce que la première de ces contrées fut leur patrie,
mais parce qu'enlevées à nos provinces, elles furent trans-
portées par des barbares qui les entassaient dans leurs
trésors publics et particuliers ^
J'ajoute que si la loi de 805, suivant laquelle toutes les
monnaies devaient être frappées dans le palais impérial, ne
pouvdt être interprétée d'une manière plus large que par
(mots : a Partout où il y aun palais impérial,il y a un ate-
r, • ce n'est pas dans le midi de la France qu'on devrait
aujourd'hui retrouver les monnaies dont nous nous occu-
pons, mais bien dans les duchés du Bas-Rhin, et dans les
environs d'Aix-la-Chapelle, qui était la capitale que Ghar-
lemagne s'étdt choisie.
Enfin, pour mieux montrer l'existence non interrompue
de la fabrication des monnaies parmi nous, j'aurai recours
i on autre argument important fourni par la comparaison
tes types, qui sont de nature à nous guider dans la recher-
che de la vérité. En étudiant les monnaies carlovingiennes,
eu reconnaît clairement, entre le type de nos monnaies et
œlui des pièces frappées par delà les monts, une différence
^eqne, sans avoir recows à une autre autorité, je n'hé-
L citerais pas à les attribuer à deux contrées. Le mode de
pagure, le dessin, la frappe, diffèrent totalement. J'ajoute
i T^e k titre du métal diffère essentiellement aussi ; car l'es-
P 8^ de qnelques deniers de Charles le Chauve, fabriqués à
^ * On laît que le trésor recueilli à Saint-Paul-hors-des-Murs, à Rome, conte-
E *^ oneertun nombre de monnaies de seigneurs français, de Savoie, de Gc-
iiè?e,dont ancnn exemplaire n'a encore été découvert dans les pays où ellc.^
«Ht été émises. — M. R, Chalon a constaté que certaines monnaies très-an-
ciennes des comtes de Namur n'ont été trouvées qu'en Russie, en Suède, et
<n Danemark. On peut en dire autant de quelques monnaies de Lorraine.
hhO MÉMOIRES
Melle, en Poitou (légende METVLLO), a montré que ce
monnaies ne contenaient que 1 0 1/2 douzièmes de fin, tai
dis que œlles du même prince, frappées en Italie, ne s'a
baissent pas au-dessous de 11 douzièmes \ J'aipuréoen
ment faire la même expérience, à Florence, chez le très
obligeant Père Tonini, lecteur des moines servîtes et intel
ligent amateur de médailles antiques, et, après l'examen 1
plus soigneux, j'ai obtenu les mêmes résultats. Et â k
comparaisons de cette nature peuvent être invoquées
l'appui de nos recherches, il me sera permis d'en condui
«que toutes les monnaies frappées par Charlemagne et {M
ses descendants, pendant le cours des ix* et x* siècles, i
qui portent non-seulement le nom de Lucques, mais encoi
celui d'autres villes italiennes, ont été, sans se trouver c
désaccord avec la loi de 805, fabriquées en Italie et ne
en France. »
Après avoir ainsi mis d'accord les documents écrits et 1(
faits historiques, il nous reste à les appliquer aux mom
ments numismatiques que nous connaissons par la gravur
ou que nous possédons en originaux. Parmi les monnaies (
Lucques appartenant à la domination des Francs, nous s
gnalerons d'abord un tiers de sou d'or pâle, conservé dai
la collection Trivulzio de Milan (pi. XIX, n« l),qu'apr
un examen minutieux je considère comme un des premie
qui aient été frappés à Lucques immédiatement après
destruction de la puissance longbarde; me fondant noi
seulement sur la merveilleuse ressemblance qui exis
entre cette monnaie et les tiers de sou portant les noms d(
derniers rois de cette nation, mais encore sur l'opinion io
posante de Tillustre Muratori, qui, dans les Antichiîà iU
* (.'«rli, DrlU zerche ilaliane, dissert» 111, $ B.
ET DISSERTATIONS. hM
Kfliw, parlant d'un type qui présente exactement les
mêmes caractéristiques, dit : a Percussus fuit circa anfium
Chriui DCCLXXV postquam Carolus Longobardorum re-
gmm rifn subjecerat ^ » Si nous comparons la pièce en
question aux monnaies longbardes, leur module, la forme
des caractères, le titre du métal, leur poids, leurs orne-
ments, tout nous porte à croire que ces monnaies ont été
émises à des époques très-rapprochées. En comparant le
tiers de sou de Charlemagne à un tiers de sou de Didier,
qoi fait partie de ma collection, j'ai pu m'assurer qu'ils ne
diflèrent qu'en ce que la légende D.N C'ARVLVS RGX a
remplacé D.N DESIDERIVS RX. Au revers, on ne remar-
que aucune diiïérence notable, sinon ce détail insignifiant
qne sur le trions de Didier il existe un point entre les ca-
ractères L et A du nK)t Flavia^ tandis que celui de Charles
offre, outre ce point, un second signe semblable entre le
dernier A de Flavia et l'L de Luca.
Us petits signes intercalés dans les légendes, consistent
^ Hodes^ en croissants et en points saillants qui peuvent
*tre des points secrets, ou qui du moins se rapportent à
averses émissions.
Le tiers de sou gravé sous le n"" 2 (pi. XIX) appartient à la
RWioihèque impériale de Paris; son poids est de 19 grains
et le titre du métal est fort bas, car il ne dépasse pas
U karats. Ses légendes sont : DN. CARVLVS R.eX, et
+FUVIA' LVCA. Un autre exemplaire se trouve dans le
ôcbe médaillier de la Galerie royale des Vfjizi, à Florence,
et j'ai pu l'examiner plusieurs fois, grâce à l'obligeance et
^Tamitié du savant professeur A. M. Migliarini, conserva-
teur de ce musée. Les légendes de cette monnaie sont :
^ ^n/. ,7a/., vol. V, àU»cTt. XX VII, p. 449.
4A2 MÉMOIRES
D N G'A-RVLVS RGX et FL^AVIA LVGA; poids. 18gra
(pi. XIX, n* 3) . Le titre de cette dernière pièce s'abai
au delà de ce qu'on pourrait croire, car il atteint à pe
8 karats, ce qui est pour moi un indice certain que a
pièce a été fabriquée à une époque voisine de l'institut
des nouvelles lois monétaires de Charlemagne, amen
par l'abus de rafiaiblissement des métaux introduits d
les ateliers de France et d'Italie.
Dne autre variété de trions qui se voyait, en 18A3, d
la collection de M. Varnier, à Paris (pi. XIX, n"" &), ofl
au lieu d'une croix potencée, un buste de face, assez gr
sièrement gravé, qui parait représenter Charlemagne. ]
légendes sont : D.N CARVLVS RfiX, et + FL*AVI.A*LYa'
Le titre est très-bas. et je suis porté à croire que ce
monnaie fut émise peu de temps avant la réforme moi
taire.
Je ne saurais préciser à quelle époque Tatelier de Li
ques mit en circulation la monnaie prescrite par les no
velles lois. Il est certain qu'en compulsant un grand noi
bre de contrats de vente ou d'échanges dont les origina
sont conservés dans les archives de l'archevêché de Lu
ques, je n'ai plus rencontré, au ix"* siècle, comme aupai
vant, de mentions de sou d'or, excepté dans les cootn
qui se réfèrent à des actes antérieurs, ce qui nous appre
que ce n'était plus là une monnaie usuelle. Si nous reoo
rons aux capitulaires mêmes de Charlemagne, nous reoo
naîtrons qu'en 779 il est fait mention de tiers de sou^da
des documents de 79A, figurent des sotis d'or. Il en est <
même des documents émanant des particuliers, dans le
quels nous observons toujours l'usage de la même mo
* Pertz, Hixt, Germ. monum.y t. I, p. 38, n*» 14.
ET DISSERTATIONS. Ai 3
oaie. Ainsi, par une charte de 79A, <c Ellaru vend au clerc
Qrhilo une pièce de terre et un bois, situés à Veiano, au
prix de aurum solidum ocio \ » et dans une autre de 790,
WalfoDS vend à Jean, évèque de Lucques, une portion de
musons moyennant quadraginta el quinqxte solidos auri *.
Oq pourrait citer un grand nombre d'exemples analogues ;
nuôs après Tannée 796 on ne rencontre plus dans les trans-
acUoDS que les denarios argenti bonos et expendibih$.
Aioffl, par une charte de 797, Auriprandus, prôtre, vend à
Tifèque Jean ses biens situés in Vicopelugo moyennant
iinafiargento numéro viginli quinqve; dans une autrepièce,
datée de 805, Gunipertus et Teutperga vendent au prêtre
Anmpertus, recteur de Saint-Regulus de Gualdo, leurs
Ueos patrimoniaux pour argento solidos duodecim '. Les
actes de cette époque, dans lesquels l'argent est le seul mé-
tal dont il soit fait mention, sont très-nombreux, et afîn
d'abréger, je me contenterai de renvoyer à la S* partie
du V* volume des Memorie e documenti da servire alla 5(o-
^ii Lurea^ publiés par l'Académie royale de Lucques.
Oo peut donc considérer comme un fait acquis qu'à partir
de 797 les Lucquois s'assujettirent aux nouvelles lois impo-
ste par les Francs, leurs dominateurs, dont la monnaie,
modela comme en décades Alpes, devait être uniquement
d'argent, puisque dans les ordonnances aussi bien que dans
tes contrats il n'est plus fait mention d'autre métal. Au
W8le, les faits s'accordent avec les textes : ainsi, dans le ca-
ïwwt Trivulzio, à Milan, on conserve un denier d'argent
lui port« encore le nom de Charlemagne: DM C.ARVLVS
BeX,eiaurevers+FL.AVIA.L"VC.A (pi. XIX, n« 5), le-
* J'emor. e Jocum. da sert, alla slor. Ji Lurca, doc. CCXLVll, -f 0, 4?.
*'Wd.,doc. CCLVlI.-f-F. 36.
* 'Wd., doc. CrXLlil, • (', 4H, et CCCXXIV, • E, 41.
naies pour qu on puisse en conclure que i atelier
ques, se bornant d'abord à changer la nature dt
avait conservé le type, le module et le style de si
Le titre de cette monnaie, qui s'élève à 11 1/2 doi
et son poids de 22 grains, en fixent les conditions d
çon très-positive, car ce sont là précisément les ^a]
conviennent à toutes les monnaies fabriquées sous
(les règlements déjà cités, et ce point n'est pas m
le reste en accord avec l'opinion que je soutiens. No
encore à examiner les monnaies qui furent frappé
le capitulaire de 805. J'en placerai deux tout d'abo
conservée au musée du Vatican (pi. XIX, n* 6), e
dans la collection Fusco, à Kaples (pi. XIX, n» 7). (
deniers, qui portent le nom du roi écrit en deux li
au revers celui de la ville, LVCA, disposé en cercle
des deux pièces, et en deux lignes sur l'autre, m
jours de façon que chaque caractère est placé entre
d'une croix formée de points, me paraissent ne
être attribués qu'à l'époque où le système imposé
Francs fut mis en vigueur. Le titre du métal est en
nie avec les nouveaux règlements, car le premiei
pesant plus de 23 grains, contient 11 1/2 douzij
r^^A ^.. ■..^:^.« ^^ oo ^^^i^^
ET DISSERTATIONS. A&5
Seroent d'orthographe du nom du prince, CAROLVS au lieu
4le CARVLVS, indiquent un âge postérieur à celui des pièces
que nous avons examinées précédemment. J'estime que ces
deniers appartiennent aux premiers temps du nouveau mo-
narque, et il est à remarquer, à l'appui de cette opinion,
que le titre du métal de toutes les autres monnaies lue*
quoises des princes francs est inférieur à celui de ces deux
premiers deniers de Cbarlemagne.
A ce type, en succède un autre, qui a sans doute avec le
premier une étroite analogie. Le denier qui le porte, uni-
que à ce que je puis croire en Toscane, existe dans ma col-
lection, et mérite d'occuper un rang distingué parmi les
monnaies que notre zecca a émises sans interruption pen-
dant le cours de treize siècles.
Cet exemplaire pèse 2â grains d/2, et son titre ne s'a-
baisse pas tout à fait à 11 douzièmes de fin. D'un côté, il
présente le nom de Cbarlemagne, CAROLVS, disposé en deux
lignes ; de l'autre, le nom de la ville en une seule ligne dans
le cbamp (pi. XIX, n* 8). Un autre exemplaire se voyait
ea 18A3 dans la célèbre collection Fontana, à Trieste; son
poids était de 21 1/2 grains, et son titre de 11 douzièmes.
Le nom de la ville apparaît pour la première fois tracé
en une ligne borizontale, disposition que nous trouvons re-
produite sur les deniers de Louis le Débonnaire.
Un de ceux-ci, qui fait partie de mon médaillier, est le
premier que l'on ait, à ma connaissance, vu à Lucques; ce
type n'étant, jusqu'à présent, connu de nos numismatistes
que par le dessin que San-Quintino s'était procuré d'après
l'exemplaire éludié par lui dans le cabinet de M. de Saulcy
(aujourd'hui dans la collection du prince de Fiirstenberg,
à Donauescbingen) (pi. XIX, n*» 9). Mon denier contient
U douzièmes de fin, et pèse 35 4/3 grains, tandis que le
1861. — 6. 31
AA6 mi^:moires
poids de celui qui appartenait à M. de Saulcy n'atteint pas
tout à fait 32 grains.
Ces pièces n*ont pas besoin d'être discutées ; leur aitri-
bution à Louis le Débonnaire ne peut être mise en doute.
Elles n'offrent d«î nouveau que la disposition du nom impé-
rial + HLVDOV.VICVS IMP, tracé en cercle autour d'une
croix. Quant au revers, on y voit ces quatre grandes lettres
rangées horizontalement, que nous avons déjà signalées, et
qui rattachent étroitement les deniers de Louis le Débon-
naire à ceux qui portent le dernier type de Charlemagne.
Pour clore cette série de monnaies si précieuses, il me
reste à décrire un denier extraordinairement rare, comme
toutes celles de nos monnaies qui appartiennent à ces temps
reculés, et que je n'ai pu placer dans ma collection, en la
faisant venir d'outre -mont qu'après des recherches très-
multipliées. Ce denier, qui, presque jusqu'à ce jour, est
resté unique en Toscane, est le troisième de la série carlo-
vingienne de Lucques que j'ai pu me procurer, m' estimant ^
heureux, malgré la peine que je me suis donnée, d'avoir —
réussi à conquérir ces monuments si intéressants pour nôtres
histoire nationale.
Notre denier porte d'un côté la légende circulaire ^
+ CARLVS REX FR, et de l'autre + LVCA-, autour du mo —
nogramme de Carolus (pi. XIX, n" 10) Il pèse 35 1/2 gradns —
et contient 11 douzièmes de fin. Un exemplaire, au mêm^^
titre, conservé à la Bibliothèque impériale de Paris, pès»^
2à grains.
Ce type, à njon avis, ne peut être attribué qu'à Cbarlc^=
le Chauve, qui, voulant introduire dans la fabrication ^B
ses monnaies certains changements, donna, en 86A, uo édk à
dans lequel il établit la forme de ses nouvelles espèces q^ui
devaient porter le nom royal en cercle, le monogramme fW^
ÏT DISSERTATIONS. • 4A7
même nom et T indication de la ville. Or, tous ces détails
88 retrouvent dans la pièce qui nous occupe, et ce serait,
si je ne me trompe, une grave erreur que d'en douter.
Je ne saurais véritablement dire comment le docte Mura-
ton, dans ses i4n(ic/it(àt/a/ionede{tite(ltero (DisserU XXVII),
a pu attribuer une monnaie semblable à Tannée 755, c'est*
à-dire à Charlemagne, alors que non-seulement elle diffère
des plus communes de cette époque, mais qu'elle présente
"encore tous les caractères indiqués dans les ordonnances de
Charles le Chauve. C'est pourquoi, malgré une autorité si
respectable, et donnant la préférence aux faits, je ne puis
<|ue m* affermir toujours plus dans ma conviction, suivant
laquelle je classe au règne du second Charles le denier
d'argent qui vient d'être mentionné.
Les ai^uments à l'appui de cette opinion ne manquent pas.
L'emploi du monogramme sur des deniers accuse le ix' siè-
cle, et la forme de plus en plus barbare des caractères,
montre à ceux qui sont familiarisés avec la paléographie,
que ce type se rapproche extrêmement du x' siècle, ce dont
on peut aisément se rendre compte pour peu qu'on soit
initié à l'étude des monnaies du moyen âge.
En effet, si nous portons pour un instant nos regards
8ur les monnaies qui appartiennent à cette série, et en par-
ticulier (car nous ne voulons pas nous écarter de la monnaie
lucquoise) sur les pièces émises par les marquis de Toscane
et autres monnaies qui se rapprochent de l'an mille, nous re-
marquerons dans toutes une très-grande ressemblance avec
notre denier au nom de Charles, spécialement quant à la
Torme du monogramme. Par la comparaison que j'ai pu en
faire avec quelques deniers d'argent de la plus grande ra-
reté que je conserve précieusement dans mon médaiilier,
deniers appartenant à Hugues !•' (961-970) et à Hugues II
Ai8 MÉMOIRES
(970-1002), marquis de Toscane (pi. XIX, n" H et 12), je
me suis convaincu de la proximité d'origine de ces types
en rapprochant le mode d'entrelacement du monogramme \
la forme des caractères, le style de la gravure et l'effet
produit par le coin : tous indices puissants qui ne permet-
tent pas, à ce qu'il me semble, de contestera cette mon-
naie l'attribution que je lui donne.
D'ailleurs la contiguïté des types de Charlemagne (n" 8)
et de Louis le Débonnaire (n° 9) ne laisse pas de place pour
introduire la pièce au monogramme.
Partant , je ne crois pas qu'on puisse considérer mon
induction comme vaine alors que dans cet exeu)ple si clair
se montrent tous les signes distinctifs qui caractérisent
cette époque pendant laquelle Lucques ainsi que d'autres
parties de notre péninsule obéissait encore à la puissance
tout affaiblie qu'elle fût de Charles le Chauve.
Ainsi, nous avons maintenant la preuve la plus solide
que les Lucquois, malgré les convulsions qu'éprouva toute
l'Italie à cette époque, ne cessèrent jamais de jouir du droit
d'avoir une monnaie particulière, et que le nom de leur
cité ne disparut point du métal frappé pendant des temps
^ Nos deux monnaies portent des monogrammes différents qnant à la àie^
position des caruct ères , mais composés tous deux des caractères H, V, G, 0.
Le premier est en tout semblable à celui qu'apposait sur les chartes Hugnt^,
roi d'Italie ; le second se rapproche beaucoup de celui qui figure sor la monnaie
d*Hugues le Grand, duc de. France ( 923 ^56). Les légendes complètes sont
donc HVGO MARCHIO -^ LVCA CIVITATE et HVGO DVX TYSCH -
DVX IVDITA — LVCA. La femme de Hugues II le Grand, marquis et du<=- /Vin
de Toscane, se nommait Judith. Son nom parait ici associé à celui de son époux .^^
comme celui d^AnglIberge au nom de Louis II sur le denier plus ancien d*ut -^^
siècle publié par M. de Longpérier ( Bévue num.^ 1860, p. 364 ). Au siyet de- — :^
deux marquis Hugues, on peut consulter San-Quintino, [klla secca e dilJ^T e
mùMte degli antichi marchesi délia Tosrana , dans les AUi délia reale Accademr — tf*
lucckete, t. I, 1821, p. 193.
ET DISSERTATIONS. A49
/^^ ^M.\^^ax. 11 nie parait donc démontré que non-seulement
notre ville maintint intact, sous le règne de Gbarlemagne, le
prî v^îlège de la zeeca^ mais qu'elle le conserva sous la do-
miïiation de Louis le Pieux, de Charles le Chauve, époque à
ia.ciuelle la puissance vacillante des Carlovingiens en Italie
allait bientôt faire place à celle des empereurs de Germa-
nie^ qui, peu à peu, parvinrent à s'en rendre maîtres, éta-
blt«^.sant chez nous des comtes, des ducs ou des marquis qui
SOi^ cernaient le pays en leur nom.
J^ ne saurais dire si la monnaie frappée chez nous fut
1^ ^^ule dont les Lucquois firent usage durant le cours des
*^* ^t X* siècles jusqu'au temps du premier Otton. 11 est
^^rxsûn que dans un grand nombre de ces précieux par-
chôcnins que l'on conserve dans les archives de Santa-
^ï'Oce déjà citées, et qui appartiennent à cette période de
^Baps^ on trouve toujours employés les « denari argenti
^^Pendtfti/M; » mais quel était leur type, de quel atelier,
**^ cjuel pays provenaient-ils? On n'en dit rien. Il n'est
donc pas improbable que, concurremment avec les nôtres,
^^ acceptât dans le commerce les monnaies qui circulaient
^^Os le reste de l'Italie, en France et dans une grande
P^n.ie de l'Europe alors soumise aux descendants de Chai-
l^ttiagnfi. Cela résulte encore avec quelque clarté de cer-
*^ï^s documents dans lesquels on trouve employée la for-
'^^e « de monela de Papia, Yeronensi, Mediolani^ etc. *, »
^dis que dans nos actes on voit toujours mentionnés :
" ^nari argenti mundi, bofii et expendibileSt » ainsi que le
Prouvent un grand nombre d'actes parmi lesquels je me
Carli, Délia moneta dCUalia , vol. II, dissert. III, § 3. — Swlido*
^^ecim qoot sunt donarios grossis et expendivilîs, quoi sunt du moneta de
^ria , de Mediolano, seu Lucana^ duodeeiro dcnarios rationati persingulo»
A60 MIÊMOIRES
contenterai de choisir quelques exemples qui représenteront
tous ceux que je pourrais citer. Ainsi, en 807, Tampertus,
prêtre, donne à rente l'église de San-Benedetto di Villa avec
tous ses biens déjà offerts au Vultus Sanctus (la Sainte
face de Lucques) , à la condition de payer chaque année r
a Quadraginta et quinque denarios 6ono5, mundos, gro$so$۔
expendivilis.n En 813, Arifuse, prêtre, recteur de Santa
Maria di Gurgite , donne à loyer une vigne, située à Rop«
piano, à un certain Guampaldus, moyennant « denari boni
très expendivilis, » et enfin, en 816^, Aurifridus, prêtre, rec-
teur de Téglise du Sauveur, à Villa Basilica, cède quelques
biens à Agimundus, moyennant « argento denari boni mundi
numéro sex^ qualis Iwic in tempore ipso hic Luca fuerit ex-
pendivilis *. »
Et, comme dans les contrats que je rappelle les actes d'ér
change sont beaucoup plus fréquents que ceux d'acquisi-
tion et de vente, c'est là pour moi un indice non douteux que
l'argent comptant était devenu très-rare chez nous, aprè»
les décrets de Charlemagne qui avaient réduit de beaucoup
le nombre et l'activité des ateliers italiens.
On voit donc que l'histoire, le raisonnement, les docu-
ments concourent d'une manière admirable à soutenir le
travail que j'ai entrepris, d'autant qu'avec l'aide d'un grand
nombre de ces précieux parchemins, dont j'ai cité une bien
petite partie, lesquels ont si souvent dissipé les ténèbres
qui enveloppent encore trop le moyen âge, j'ai pu parvenir
à déterminer d'une façon positive l'état de notre monnayage
à une époque si mal connue, et cependant si intéressante
pour les annales de notre numismatique nationale.
DOMENICO MaSSAGLI.
» Memor, e doc. da serc. alla alor. di Lucca, doc. CCOXLVIII, -f + H, Mt
doc. CCCXC, + N, 92; doc. GDVI, + N, 90.
KT DISSERTATIONS. hb\
ECU D'OR DE CHARLES, DUC D'ORLÉANS.
I—^ Blanc , dans son Traité des monnayes de France , a
^^Kii aux monnaies iialiennesde Louis XII une colonne de
P^^ocs frappées par le duc Charles d'Orléans, père de ce
*^* * et voici ce qu'il en dit :
•* Je me contenteray de marquer que de Valentine de
^Aa.îietde Louis d'Orléans naquit Charles, duc d'Orléans et
^^eneur'd'Ast , lequel fit battre monnoye dans cette der-
ûifere ville , comme un gros et un demi gros d'argent fin
1^ je donne le justifient »
« Après la mort de Philippe-Marie, dernier duc de Milan
de la maison de Visconti, arrivée l'an lââS, Charles, duc
^'(^rlëans, fils de Valentine de Milan ^ prit le titre et les
^fities du duc de Milan , ainsi que trois monnoyes dont je
donne la figure le font voir. Les deux premières sont deux
^us d'or, et la troisième est un blanc fabriqués à Ast. »
Le second écu d'or, en effet, portebien les armes d'Or-
1^8 écartelé de Milan , mais le premier ne montre que
'écu aux armes d'Orléans pures. La légende de cette pièce
^t incomplète ; une grande lacune après KAROLVS prouve
?ue la monnaie originale , copiée par le dessinateur de Le
452 SIÉMOIRES
Blanc , dans le recueil de Ilaultin , était dans un et
conservation fort défectueux. Ce qu'est devenu ce
d'or depuis 1619, personne ne le sait sans doute, et !
vaut bibliothécaire du roi , à Turin , M. le chevalier I
nique Prorais , n'a pu le retrouver, malgré les reche
persévérantes auxquelles , nous le savons tous, il se
avant la publication de ses excellents mémoires si
monnaies d'Italie. Aussi M. Promis a-t-il fait faire ui
production de l'efTigie que lui fournissait l'auteur du î
des monnoyes de France ; mais l'artiste qui grave ses
ches a cru devoir faire disparaître la lacune que pré
la légende telle que Le Blanc nous la donne, et il a h
les mots restants, KAROLVS DVX AVRGLieNSlS, (
manière régulière autour de l'écuS arrangement au
par la formule de deux gros d'argent aux armes d'Oi
pures , bien certainement fabriqués à Asti , pièces su
quelles est inscrit ce vers :
Aste nîtet mundo sancto custode Seconde.
Cependant M. FeuaTdent vient de retrouver un écu
du duc Charles d'Orléans , en parfait état de conserva
sur lequel on lit +KAROLVS D6I GRA.DVX.AVReLiei
Cette légende nous montre que le vide laissé par Haul
Le Blanc doit être rempli par les mots Dei gratia qui
voient sur aucune autre monnaie de Charles et de L
ducs d'Orléans. Cette formule particulière semble déj
diquer une origine différente ; Tabsence du nom d'Âst
toute marque italienne, le style français de la gravure
nissent pour nous faire croire que nous avons sous les
une pièce qui n'est pas frappée au delà des monts. Où
1 Monete delta zêtxa (PÀttiy 1853, pi. II, n" 4; comparez avec les n^5
ET DISSERTATIONS. 453
<^et écu a-t-il été fabriqué? Rien dans le Traité de Duby,
rten dans le récent ouvrage de M. Poey d'Avant sur les
moDDaies féodales, qui nous permette de résoudre la ques-
tion.
Il faut donc avoir recours aux documents anciens , et
leur demander quelques indications.
Dans le recueil d'ordonnances et de chroniques moné-
takixes connu sous le nom de Registre entre deux at5, dont il
e::i^iste deux copies à la Bibliothèque impériale' (fonds
Brlenne, n» 148 , et fonds Sérilly, n* 112 ) , nous relevons
^ passage suivant :
« Le xii may mil iiii'' xix, par ordonnance du Roy fut
ou\rerte la monnoie d'Orléans et en icelle faict l'ouvrage
lui ensuit :
<( Escus aux armes d'Orléans à xxviii carats de loy , de
^ d. XX grains de poids, au feur de Ixuij pièces au marc
^îans cours pour 50 s. L'"- p'*. »
Ainsi ^ le 12 mai 1419, près de quatre ans après la ba-
ille d'Arincourt et pendant que Charles d'Orléans était
prisonnier à la tour de Londres , le roi Charles VI , son
^Usin, ordonnait que l'atelier d'Orléans serait ouvert, et
ï*on y fabriqua des écus d'or aux armes d'Orléans du poids
de 2 deniers 20 grains , qui avaient cours pour 50 sous
tonmoîs, c'est-à-dire au même taux que ceux du roi j confor-
i&ément à l'ordonnance du 7 mars 1419. On sait par quelle
cruelle nécessité Charles VI en vint à donner tout d'un
coup la valeur de 50 sous à i'écu d'or déjà porté de 20 à
50 sous ; « c'est , dit-il lui même, pour résister à notre ad-
versaire d'Angleterre, et obvier à sa damnable entreprise. . . ,
attendu que de présent nous n'avons aucun autre revenu
* Le Tolume porte pour titre : Direrê mémoires fl Iraicîes ronvefnautt h faict
««onoiei tant de France qu*eêtrang«ret.
hbk MÉMOIRES
de notre domaine , ne autrement de quoy nous nous pi
sions aider, i
L'écu d*orde 1A19 pesant, suivant le Registre, 68 gnii
ne fournirait, multiplié par 67, chiffre de la taille, q
4,556 grains, ou 1 marc moins 52 grains, ce qui eut laû
au monnayeur un remède énorme, s'il n'y a pas quelq
erreur dans l'énoncé.
D'un autre côté, la pièce retrouvée par M. Feuardent pi
3,70 (grammes) ou 69,6A (grains); elle a donc étéfab
quée à la taille de 66, ce qui produit i,596 grains ou 1 nu
moins 12 grains, remède consacré encore par l'ordonoai]
de 1726. On peut, en conséquence, penser que cet ^cui
rion perdu de son poids officiel, ce qui le rend d'auta
plus précieux.
Nous sommes par ce seul fait conduits à croire que no
n'avons pas sous les yeux l'écu d'or de 1A19, msds ui
pièce appartenant à une seconde émission, autorisée par.
roi, et ordonnée par le duc, sans doute pour concourir ai
rachat des otages retenus en Angleterre depuis lA12,e
principalement à la délivrance de son frère Jean, comk
d'Angoulême, transaction qui était le sujet continuel de sa
préoccupations, et qui paraissait pour le moment moitf
difficile à amener que la rançon du duc lui-même.
La monnaie d'Oriéans a été connue dans le coiDiDertx
du XV* siècle. Les livres rédigés , comme mémento , parla
conseillers des monnaies, ou destinés aux changeurs, ui
négociants, et dont quelques exemplaires sont parvesos
jusqu'à nous, en conservent la mention.
Un beau manuscrit appartenant à M. Vallet de Viriviflat
membre de la Société des antiquaires de France, livre écrit
avant 1470, porte au folio /15 , parmi des arlicles <fc
l'an 1422 :
ET DISSERTATIONS. A&5
« Item fit fere môs' Dorleaus en son pays de louregne
edcus de ceste fasson qui poysent m d. et portant lescu
Dorleans et sont faits à xxii cts. n
Le manuscrit L S8/AS de la bibliothèque de Rouen, écrit
ail XV siècle, nous donne au feuillet 65 :
€ Item fist faire Monseigue' dorleans en son pays de lou-
regne escus de ceste fasson qui poisent trois deniers et
portent lescu Dorleans et sont de xiii c. »
Daos un manuscrit plus moderne de la Bibliothèque im-
périale ( fonds Brienne, n^ 1 A8 ), nous voyons au folio 278 :
«Item fit faire Monsieur Dorleans en son païs de Lou-
regne escus de cette façon qui poisoient m d. et pourtant
i lescu Dorleans et sont fayts à xxii caratz. n
I Le manuscrit n* 112 du fonds Sérilly, copie du précédent
i exécutée sous Louis XIV, reproduit ce passage.
^ M. de Barthélémy a eu Tobligeance de me communiquer
i la mention suivante, trouvée par lui dans une copie d'un
f wden manuscrit, exécutée au xvi* siècle.
I «Escus d*Orléans qui ont Irois lambraulx dessus tescu,
' ^d'ampirance 2 s. 6 d. »
On aura remarqué que les écus d'or indiqués par Tordon-
ttnce du 12 mai 1A19 sont à 28 carats de fin et ne pèsent
<|Qe 2 deniers 20 grains , tandis que ceux dont parlent les
fivres de changeurs ne sont qu'à 22 carats, mais, par com-
P^sation, pèsent 3 deniers, c'est-à dire à grains de plus
?oc les premiers. Cela nous autorise à penser qu'il y eût
phaeurs émissions, et que, malgré le désordre avec lequel
sont classés quelques articles dans les livres de changeurs,
la place donnée à la fabrication des monnaies ducales parmi
^ les faits de 1A22 doit être prise en considération.
I Le manuscrit appartenant à M. Vallet de Viriville est le
\ ^ul qui offre en marge les figures de monnaies indiquées
eo examinant la figure de Técu d'or d*Asti pU
feuillet 82 (verso) du même manuscrit Charles d
a-t-il pris le litre de dux Mediolani et cxlera sur di
naies fabriquées en France vingt-six ans avant la
Ph. Marie Visconti ? Il ne suffirait pas, pour le cr
s'en rapporter à un manuscrit dont les dessins, d'
habilement exécutés, nous montrent des légendes te
LVDOVIGVS REGIS et PHILIPVS REGIS sur des gn
nois de saint Louis et de Philippe le Bel ; ED*P:G
GRA REX ANGLIE.Z FRAiNGIE sur un fwble iVor à U
ED.P.GEMTVS REX ANGLIE Z.DVX AQVITA sur un
Guienne, deux pièces dont l'inscription est un comp
titres inconciliables d'Edouard III et du Prince Noii
Que dire aussi du pays de louregne * ? Est-ce la l
où Charles d'Orléans ne possédait aucune terre? Oi
rait à la vérité lire louregué^ et supposer qu'un com]
a puisé quelque renseignement dans un texte latin;
Lauriacensis signifiant à la fois Lauraguez et /
Lorrisy un traducteur étranger au centre de la FniD
s'y tromper. Lorris est situé dans l'Orléanais, et le
1 M. p. E. Thomas f avocat à Rouen et niimismatiste bien connn, •
ET DISSERTATIONS. AÔ7
peut-être fait fabriquer des monnaies au profit de son parent
absent.
Toutes les copies que j'ai eues sous les yeux reproduisent
00 nsëme texte qui nous manque, et qui portait peut-être
Towregne au lieu de louregne. Au xv* siècle, on employait
le G avec profusion : on écrivait ung, témoing, soing^ 6e-
mg; le nom de Rennes était devenu Règnes. Charles
d'Orléans, dans ses poésies, fait, comme ses contemporains,
usage des formes souviengne, prengne, viengne.
Louis d'Orléans avait été connu pendant longtemps sous
le titre de duc de Touraine, et, en 1391, il avait acheté
dans cette province la seigneurie de Château-Renaud, que
son fils conserva jusqu'en 1442. On comprendrait donc fa-
cilement comment ce dernier aurait pu faire frapper des
écttsd'or en son pays de Touraine. Mais ne multiplions pas
Au moment où ces observations vont être mises sous
presse, j'apprends que Yécu d'or de Charles d'Orléans
vieot d'enrichir le médaillier de la Bibliothèque impé-
riale, dans lequel il entre en même temps qu'un des
ÇMitre exemplaires du royal d'or de saint Louis trouvés
près de Noyon. Je m'empresse de féliciter l'administration
fccette double acquisition, qui fait honneur à sa sollicitude
pOQrles intérêts de la science. L'existence de quatre exem-
plaires du royal ior n'avait pas été tout d'abord révélée
PW l'inventeur de ce petit trésor, et je n'ai pu l'indiquer
dans la courte note imprimée il y a deux mois. M. le baron
iérftnae Pichon et notre collaborateur M. le docteur Colson
possèdent maintenant chacun un de ces magnifiques spéci-
iBens du monnayage de saint Louis.
Adrien de LoNOPÉniEa.
A58 MÉMOIRES
ESSAI
sna
L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE
DE LA MAISON DE BOURGOGNE,
ET DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D'OR ET D'ARG0T.
( PI. XX et XXI. )
Troisième article. — Voir p. 106 et 211.
Philippe le Bon (1410 1467).
Peu de temps après la mort de son père, arrivée le 10 aep'
tembre 1419, Philippe le Bon, qui lui avait succédé daû5
tous ses États, fidèle à la promesse qu'il avait f^te, éno^
comte de Charolais, aux quatre membres de Flandre de d^
point changer pendant quinze ans le cours de la monnaie
qu'il émettait au nom de Jean sans Peur, adresse au moi^
de novembre, aux maîtres particuliers de la monnaie de
Flandre, Jean Gobelet et Andrieu Thomas, une instruction
pour l'émission de monnaies en tout semblables pourl^
titre, le poids et la valeur, aux dernières de Jean sans Peur.
Trois ans plus tard, il renouvelle la môme ordonnancet ^^
ET DISSEBTATIONS. A5if
oie, le 25 novembre 1A22 \ à Simon de S«aint-Genois
lean Desprez, maîtres particuliers de la monnaie de
ddre, une instruction pour la fabrication de heaumes
r et des monnaies d'argent du même système. La seule
érence que Ton remarque avec Tinstruction du 5 juin
8, consiste dans le prix du marc de métal donné aux
rchands, dans la rétribution à laquelle avait droit le
itre particulier pour sa fabrication et dans le droit de
^rage '. Au reste, Taloi, la taille et la valeur des
ces étaient les mêmes.
Cependant, en 1A21, Philippe le Bon avait acheté de
D, dernier comte de Namur, ce comté dont la jouissance
^t rester audit comte jusqu'à sa mort, ce qui n'em-
k pas le duc de Bourgogne de se qualifier, dans ses
lAmes et sur ses sceaux, de comte de Namur. Comme
séquence, il devait aussi profiter des droits de mén-
age, et il lui importait de ne pas négliger cette source
H)rtante de revenus. Aussi le voyons-nous, le 14 octobre
la même année, établir un maître particulier de la mon-
e de Namur, et ordonner de fabriquer dans cette ville
iH)bles, des heaumes et des demi-heaumes d'or,
ides doubles gros, gros, demi-gros, quarts de gros,
doubles mites et des mites '. Ces monnaies, dit le
uobule de l'instruction, seront frappées au nom et
es de monseigneur de Bourgogne, du consentement de
^Iw tard, le 12 jnnYÎer ( vieux »Xy\e ), le duc ordonne do faire forger di-«
ItSBiites dans ses monnaies de Flandre.
iÎBii , par exemple , pour la monnaie d'or, les marchands devaient rece-
4a marc d*or xi 1. xx d. de gros; le duc, pour son seignenrage ,.
Xd. de groa, et les mattres particuliers ii s. ii d. de gros.
PUUppe le Bon établit ainsi dans le comté de Namur le système monétaire
Mid. Les ordonnances postérieures prouvent qu'il finit par y renoncer et
B^optinr le aystème namurrois.
A<^ MÉMOIRES
monseigneur le comte de Namur \ ce qui prouve que, m
gré sa cession, ce dernier possédait encore un drwt
moins nominatif sur la fabrication des monnaies d
rétendue de son comté.
Les fréquentes variations que subissait la monnaie
France étaient de nature à amener des difficultés poui
payement des fermes et cens, qui souvent étaient éval
en écus d'or et en francs, d'après le système tournois
parisis. Aussi pour y parer, sur la demande qui lui eo
faite, Philippe le Bon , après avoir pris l'avis du recev'
général de Flandre, rend une ordonnance le 5 mai l&
par laquelle il prescrit que les gages, pensions et aul
sommes ordonnées par lui ou ses prédécesseurs sur les
cettes, fermes et parties particulières du pays et comté
Flandre, seront désormais acquittées et payées par le :
ceveur de Flandre, de manière que le franc soit estioK
raison de 33 gros seulement au lieu de 37 gros h deniers qi
se payait auparavant '. Plus tard, le 2 mai 1428, il fait <
fense de passer et allouer dans les comptes de tout ce c
aura été donné ou acheté par lui, plus de 40 gros pourl'é
d'or et 33 gros pour le franc. Il avait renouvelé peu <
temps auparavant, le 20 mai 1422, les ordonnances ant
Heures ' par lesquelles il donnait aux juges des lieux
> Cette formule fut conservée jusqu'à la mort du comte de Namar.
' En même temp»» il faisait faire une comparaison de fia monnaie âfBC
monnaie royale, et le 10 mai Tavis était rendu en ces termes :
« Il est trouvé que le marc d*or que monseigneur fait forcer vu
" mieulx que ne fuit le marc d'or que le roy fait forgier, ii couronnes «ti*
•• pour marc d'or ou environ, sur l'or seulement.
M Que la monnuie blanche que monseigneur fait forgier est W^
>• bonne à vi d de loy argent le roy, et de taille à Lxviii. £t si est trMH
<« ledit marc d'argent que mondit seigneur fait forgier et le marc d'or q» :
M fait forgier sont correspondans justement l'un à Taultre. »
9 Rendues par Jean sans Peur et Philippe le Bon, alors comte deQuroh»
ET DISSERTATIONS. Ml
connaissance des délits relatifs aux monnaies, en les obli-
geant de faire serment de se conformer aux dispositions
tju'elles contenaient. En même temps, le duc décriait les
monnaies émises par le dauphin K
Uëvaluation précédente des écus d'or à la couronne ne
fut, au reste, pas longtemps conservée ; probablement que
Tnsage fit voir qu'elle était jnsuffisante, car le 6 janvier
U25 (vieux style) , les gouverneurs de Flandre envoient aux
gens des comptes de Lille, leur avis sur les difficultés qui
devaient s'élever entre les créancière et les débiteurs sur
févaloation en monnaie blanche des sommes qui avaient
^é prêtées en écus d'or à la couronne et en écus de Dor-
drecbt, avant la nouvelle ordonnance sur les monnaies. Ils
penseui que Ton doit se contenter de 42 gros pour la cou-
ronned'or et de 32 gros pour l'écu de Dordrecht V Cette nou-
velle évaluation fut adoptée par une instruction subsé-
<pente, mais elle ne devait pas avoir d'effet rétroactif, si
WHis en jugeons par une sentence du 1 7 janvier i 426 ( vieux
%Ic), rendue par Baudoin de Lannoy , gouverneur de
Lille, dans laquelle il condamne a ceux qui avaient con-
stitué des rentes en écus d'or à la couronne des coins et
feïgesdu roi dernier mort, lesquels écus n'avaient plus
^rs, à payer tant les arrérages que le principal desdites
* Les monnaies d*ar{çent autorisée», qni sont vraisemblablement celles ncii-
^HaDeut f«tes, sont dites frappe' es à G and.
^^tou aussi comme preuve du soin qu'apportait le duc à surveiller ses
"^Qnaiesy la commission donnée le 9 août 1423, aux baillis d'AIost et deRn-
P^lmonde, ou à leurs lieutenants et autres, d'arrêter Clais Warin, changeur h
'UlineSf qni avait reçu et débité des monnaies fausses , contrefaites et défen-
^, et de le mettre en prison au château de Rnpelmonde.
* Cet avis était surtout nécessité par les exigences des marchands lombards,
^iii voulaient avoir 47 gros de l'écu à la couronne et 40 gros Je l'écu de Dor-
^T^ht.
1861.-6. 32
A62 MÉMOIRES
rentes, en cas de remboursement en florins d'or ayant cou
de la forge du roi ou du duc de Bourgogne, jusqu'à la vj
leur desdits écus d'or, estimés lors de la constitution d
rentes en question \ »
Nous avons vu plus haut que Philippe le Bon, dès 142
faisait fabriquer des nobles d'or dans la monnaie deNamu
Quoiqu'il pût se considérer, par la mort de son père, comn
dégagé de la promesse qu'il avait faite de ne pas cbang
le pied de la monnaie pendant quinze ans, il crut deirc
continuer à tenir ses engagements, ainsi que je l'ai c
précédemment, du moins pendant quelque tennps, et ce i
fut qu'à l'expiration du bail passé en 1A22 qu'il cbang*
les monnaies. Le 12 juin 1A25, il ordonne la fabricatL*
de nobles d'or à 23 karats et un quart d'aloi et de 35
demie de taille au marc de Troyes, ainsi que des demi-r
blés et des quarts de nobles ^ Ces monnaies, un peu pi
pesantes que les dernières du même genre de Jean sa
Peur, devaient être évaluées à peu près de même. L'iu
struction, qui nous aurait éclairci sur ce point, n'a pas et
retrouvée.
Les diplômes nous apprennent que ce fut à partir d
cette année 1425 que Philippe s'intitula héritier du cmM
de Hollande. En même temps, pour consacrer ses droits
il faisait émettre des monnaies portant ce titre dès •'
23 juin 1426, à Namur, et le 8 novembre suivant à Gand
L'instruction ' donnée aux maîtres particuliers de cetf<
dernière monnaie renferme les clauses suivantes:
t Les débiteurs offraient de payer à misou de 42 gros pour cha(ias ^^
à la couronne.
• L'ordonnance ne mentionne pas la fabrication de nooveUes rooBWi'*
d'argent.
' Dans le préambule , il est dit que les maîtres particuliers feront oi'ttï
ET mSSERTATlONS. A63
ti Premièrement, moodit seigneur veult et ordonne estre
« faiz en ladite raonnoye lesdits escus d*or de Hollande
«c nommez clinquars à xvii karas d'or à la touche à prendre
« escus d'or à la couronne viese de France, selon Taguille
« d'or sur ce faite et aloiée par Jehan Rasoir et Pierre de
« HaukeviUe, généraulx maistres des monnoyes de mondit
« seigneur et en la présence des gens de comptes d'icelui
<« seigneur à Lille pour formes, et y aura trois aguilles
« faites, dont Tune sera mise en la boiste de ladite mon-
^ noyé, la seconde en la main desdits gens des comptes de
« Gay Guilbaut, receveur général des finances de mondit
^ seigneur ou de sesdits généraulx maistres, et la tierce
^ ea la main desdits maistres particuliers pour exemple de
'^ leur ouvraige, et seront lesdits escus de Hollande de
^ UTii deniers de taille au marc de Troyes, et auront de
^ remède demi karat en aloy sur chacun marc d'euvre, et
^ en taille de i-emède demi denier sur chacun marc d'eu-
** vre lesquelx remède tant en poix comme en aloy seront
** moitié à mondit seigneur, et moitié ausdits maistres par-
•* ticaliers, et aura monseigneur pour chacun marc d'or
^ fin ouvré esdits escus, à cause de son seigneuraige, cinq
^ d*iceulx escus, et le surplus demourra ausdits maistres
^ particuliers et aiix changeurs et marchans, pour estre
** tourné et converti en l'achat de Tor aloy, déchiet, frainte,
•* peine, labeur ouvraige, monnoyaige et plusieurs autres
** fraiz d'iceulx escus. »
« llem pareillement feront lesdits maistres particuliers
** demis-escus d'or dont les ii vauldront ung escu et se-
* font à XVI karas et demi d'or à le touche et de vi*^ xv
^ eiciis d'or de Hollande nommez clinquars de certaine quantité d'or à enlx
* eitre baillée par mondit seigneur et par ordonnance lesquelx escus d'or se
" doivent ouTrer aux nom et armes de mondit seigneur. »
A<U MÉMOIRES
« en taille audit marc de Troyes, et a prendre escus d'c
u à la couronne viese de France comme dessus pour fonn<
(( et auront lesdits maistres particuliers de remède en a](
« demi karat sur chacun marc d'euvre, et en laîUe ung
« demi d'iceulx deniers, lesquels remèdes seront appart
(I nant comme dessus, et fera on pareillement trois aguill
({ aloiées audit aloy des demis escus qui seront mises
« mains comme dessus et aura mondit seigneur pour cbi
« cun marc d'or fin ouvré en iceulx demis escus, xii d'îcen
« demis escus et le sourplus demourra pareillement aw
« dits maistres particuliers et aux changeurs et marchai
« pour estre tourné et converti comme dessus est dit *.
Mais une monnaie d'aussi faible aloi ne devait pas avo
grande faveur auprès des Flamands, aussi le duc paratt-
y avoir renoncé promptement, du moins dans l'étendue cl
comté de Flandre. En effet, le lA septembre 1A27, para
une nouvelle instruction donnée à Jean Gobelet et Jea
Desprez, maîtres particuliers, touchant « la manière dor
iceulx maistres devront fadre ouvrer monnoye d'or et d'ai
gent audit pays de Flandres. » Cette instruction, qui pa
sa forme rappelle les anciennes, contient les renseigneneni
qui suivent:
« Premièrement, mondit seigneur veult et ordonne estr
(( faiz deniers d'or appeliez nobles à vint trois karas troi
<c quars et huitiesme de karat, ou aussi bons en poix et e
> Nous savons, par un avis du 27 janvier 1434, quel est le moyen de i
naître les klinkaerts faits à G and et à Namur. Cet aN-is s'exprime en c*
termes :
M Ittm, les clincars forgiez premièrement à G and ont ung point destonlK
M G de régnât valent xxxi gros ix mittes ou environ.
f* item, les premiers clincars forgiez à Namur ont ung point sonbc le V ^
M pile , et au lèz de la eroix ung point soubz TN , s*ilz ont leur poix , valtf
«* comme dessus. **
ET OISSEBTATIONS. A65
* ^oy comme ceulx que l'en forge à présent en Engleteire
^ ^t de trente cinq nobles un quart de taille au marc de
"Jroyes qui auront cours pour sept solz gros la pièce qui
^out pour marc d'or douze livres six solz neuf deniers
9^ros; et aussi autres deniers d'or desdiz poix et aloy ap-
:KDelés demy nobles et quars de nobles à l'advenant dudit
^K^oble en donnant à tous changeurs et marcbans, pour
^irbacun niarc d'or fin douze livres trois solz cinq deniers
^^ros ; mondit seigneur pour son seignourage douze deniers
^^ros et le maistre pour Touvraige faire faire deux solz
^quatre deniers gros, et seront ouvrez iceulx deniers à trois
f<>rs et à trois febles et a ung ferlin de remède en poLx
^^r chacun marc d'euvre, ou cas que la délivrance reven-
^iSroit de tant escharsse, laquelle escharsette de poix
t-oomera au proufiit de mondit seigneur ou cas qu'elle y
^Mcherra. »
« liem pour diOérence des autres nobles que niondit sel-
^ Koeur a fait faire paravant, le compas ou milieu de la
* c^roix sera wyt sans quelque lettre ou autre chose et à la
* pille y aura un lyon, si comme yssant hors du bout de la
« neif à senestre.
« lient l'en fera doubles gros de Flandres qui auront
« oours pour deux gros la pièce à six deniers d'aloy argent
« le roy, de cinq sols huit deniers de taille au marc de
« Troyes qui font deux mars d'euvre, valent pour marc
« d* argent vint deux sols huyt deniers gros, en donnant à
« lous marcbans et changeurs pour marc d'argent aloyé à
«six deniers, vint et un sols deux deniers gros; mondit
«seigneur pour son seignourage. quatre deniers gros,
« et les maistres j>our l'ouvraige faire faire quatorze deniers
«gros et seront ouvrez iceulx deniers à ung grain d'aloy
t de remède au général recours à trois fors et à trois febles,
466 MÉMOIRES
(( et demy denier en poix pour marc ou cas que la d
« vrance revendroit de tant escharsse, laquelle eschars
« tant en poix comme en aloy tournera au prouffit de n
n dit seigneur le duc s* elle y eschiet. »
« Item deniers d'argent appelles gros de Flandres qui
« ront cours pour ung gros la pièce à cinq deniers d'i
tt argent le roy de neuf sols sept deniers de taille ou n
« de Troyes qui font deux mars trois onces quatre estn
(( d'euvre, valent pour marc d'argent vint trois sols g
« en donnant à tous marchans et changeurs pour n
<( d'argent aloyé à cinq deniers, vint un sols deux dei
« gros ; à mondit seigneur pour son seignouraîge qu
(f deniers gros et au maistre pour Touvraige faire i
« dix huit deniers groz ; et seront ouvrez iceulx dénie
« un grain d'aloy de remède au général recours à àx
(( et à six febles, et un denier en poix, ou cas que la c
« vrance revendroit de tant escharsse, laquelle eschars
« tant en poix comme en aloy tournera au prouflit de n
« dit seigneur s elle y eschiet. »
« Item deniers d'argent appelles demi-gros de Flanc
« à cinq deniers d'aloy argent le roy de dix-neuf solz d
« deniers de taille au marc de Troyes qui font deux so
« trois onces quatre esterlins d'euvre, valent pour m
«c d'argent vint trois solz gros en donnant à tous marck
« et changeurs pour marc d'argent aloyé à cinq déni
a vint un sols deux deniers gros, à mondit seigneur p
« son seignourage, quatre deniers groz, et au maistre p
« ticulier pour l'ouvraige faire faire un sol six deoi
« gros ; et seront iceulx deniers ouvrez à un grain d'à
« de remède au général recours à huit fors et à huit fcb
« et deux deniers en poix ou cas que la délivrance rew
c( roit de tant escharsse, laquelle escharssete tant de p<
ET DISSERTATIONS. 467
«I comme d*aIoy se elle y eschiet tournera au prouflit de
tt mondit seignenr.
« Item deniers d'argent appeliez quars de gros de Flan-
«< dres à trois deniers d'aloy argent le roy, de vint cinq
«( solz de taille au marc de Troyes, qui font pour marc
«• d'euvre, quatre mars, valent pour marc d'argent vint cinq
««solz groz, en donnant à tous marchans et changeurs pour
•f marc d'argent aloyé à trois deniers, vint un solz deux de-
^niers groz; à mondit seigneur pour son seignourage
« lY deniers gros et au maistre pour l'ouvraige faire faire,
« trois solz six deniers gros, et seront iceulx deniers ouvrez
« à' un grain d'aloy de remède au général recours à vint
«quatre fors et à vint quatre febles et dix deniers on poix
(f ou cas que la délivrance revendroit de tant escharse, la-
ïc quelle escharsete tant en poix comme en aloy se elle y
« eschiet tournera au prouflit de mondit seigneur.
« /<«» deniers noirs appeliez doubles mittes de Flandres
« dont les vint quatre auront cours pour un double gros
a-et les XII pour un petit gros à neuf grains d'aloy argent
« le roy à quinze solz de taille au marc de Troyes qui fout
« trente deux marcs d'euvre : valent pour marc d'argent
((quarante solz gros. » Les marchands devaient avoir le
même prix que précédemment; le duc, pour son droit de
seigneur, â d. gros, et le maître particulier 48 s. 6 d. gros :
« et seront iceulx deniers ouvrez à un grain d'aloy de
« remède et huit deniers en poix sur chacun marc d'eu-
«vre, etc...
a Item deniers noirs appeliez mittes de Flandres dont
« les vint quatre auront cours pour un des groz dessusdiz
t à six grains d'aloy argent le roy de vint deux sols six de-
« niers de taille au marc de Troyes, qui font quarante huit
« mars d'euvre valent pour marc d'argent quarante cinq
&68 MÉMOJRES
« solz gros. » Oa devait donner aux marcbands et au duc
pour son droit de seigneurage* la même somme que da
le cas précédent, et le maître particulier aurait 23 s. C
gros : (( et seront ou vréz^ iceulz deniers à un grain d'aloy (
« remède, et a douze deniers en poix sur chacun mai
ce d'euvre, etc »
Cette instruction donne une manière précise de distii j
guer les nouvelles monnaies d*or des anciennes au mëorz^
type. Quant aux monnaies d'argent, l'instruction nous (m tI
connaître qu'elles sont identiques en aloi et en taille
celles dont il est question dans celle de lil9. Il est pro]>-^^
ble, par conséquent, qu'elles étaient au même type qv.^
celles-ci : d'où il résulte qu'il n'y avait pas besoin d'indLm
quer de différence pour les distinguer des autres en circ>m.s
lation.
Ainsi qu'il est dit dans ladite instruction, la monn^Lic
d'or était aussi bonne en poids et en aloi que les uohY^^s
d'Angleterre. II est probable que, par ce motif même, elles
disparaissaient promptement de la circulation, et étaient
exportées comme billon dans les pays voisins, ce qui en*-
gagea promptement le duc à modifier son ordonnance ^
ainsi qu'on le voit par l'instruction du 7 novembre ih^^
prescrivant la fabrication de monnaies du même genre ^
mais dont le poids était inférieur, tandis que le prix er»
était plus élevé ; en voici la transcription :
« Premièrement mondit seigneur veult et ordonne eslr^
« fais et forgiez en sadite monnoye de Flandres, denier^
« d'or nommés Nobles, qui seront à vint trois karas e^*
« demi d'or, viez escuz de France, piètres, viez escusi^
« Gand, nobles et lyons de Flandres, comptez et receuzpcw*^^
a fins, lesquelz nobles seront de trente cinq et ung qu»-*^
a de taille au marc de Troyes qui auront cours pour b^^^
}
ET l>fSS£aTAT10NS. h09
tf H€ylz de gros la pièce, en donnant à tous cliaugeurset
« noarcbans du marc d'or tels que lesdiz vielz escus de
« France et autre or dessus déclairé quatorze livres deux
« solz de gros et aura mondit seigneur pour son seigneu-
« Tiakge trois solz six deniers gros pour marc d'or fin, le
« Knaistre pour son brassaige deux solz six deniers gros.
« Item par semblable manière seront fais et forgiez demiz
« et quars de nobles à Téquipolent dudit noble tant en poix
« cromme en aloy. Et seront ouvrez iceulz deniers à ung
« ftivîtiesme de karat de remède, et demi estrelin en poix
« st\i marc de ladite ouvre, à trois fors et à trois foibles; et
« pour différence des autres nobles que mondit seigneur a
« fiait darrainement forgier en sadite monnoye ou lieu du
« point qui est ou milieu de la croix, aura une rosette et du
« costé de la pille le 7L de Flandria sera barré, et pareille-
« ment les demiz et quars de nobles.
m Item mondit seigneur veult et ordonne estre fait en
« aadite monnoye de Flandres deniers d'argent à cinq de-
« Biers buit grains d'aloy argent le roy et de cinq solz. huit
« deniers et maille de taiUe sur le marc de Troyes, qui au-
« ront cours pour deux gros la pièce en donnant à tous
« changeurs et marcbans pour marc d'argent aloyé audit
« aloy, vint quatre solz gros et aura mondit seigneur pour
« son seigneuraige six deniers gros pour marc d'argent, et
« le maistre pour faire faire l'ouvrage, quatorze gros et
« quatre mites ; et seront ouvrez iceulx deniers à deux
« gradns d'aloy de remède, et demi denier en poix sur cba-
« cun marc d'euvre à trois fors et trois foibles, et pour dif-
« férence des aultres deniers de deux gros qui paravant ont
« été fais tous les 7i tant du costé de la croix comme de la
• pille seront barrez.
<« Item veult mondit seigneur estre fais et forgiez deniers
A70 MÉMOIRES
« d'argent de quatre deniers douze grains d*aloy argent
« roy et de neuf solz neuf deniers et maille de taille, sur
« marc de Troyes qui auront cours pour ung dénier gros
u pièce en donnant à tous marchans et changeurs po
(( marc d'argent aloyé audit aloy vint quatre solz gros
« aura mondit seigneur pour son seigneuraige sept denn
u gros, et le maistre pour son brassaige dix huit gros u
« estrelin et seront ouvrez iceulx deniers à deux grai
« d'aloy de remède et ung d' iceulx deniers en poix sur
u marc d'euvre à cinq fors et à cinq foibles, et pour difl
<( rance des autres petis gros paravant fais tous les J^ i
« ront barrez , tant du costé de la croix comme de
«pille*.
« Iiem semblablement seront fais et forgiés denk
« d'argent à deux deniers seze grains d'aloy argent le i
tt et de vingt quatre solz de taille sur le marc de Traj
« qui auront cours les quatre pour ung denier gros en ù
n nant à tous changeurs et marchans du marc d'argent i
u quatre sols gros et aura mondit seigneur pour son
a gneuraige sept deniers gros, au maistre pour son
« vraige vint neuf gros, et seront iceulx deniers ouv
« deux grains d'aloy de remède et huit deniers en poix
« marc d'euvre et pour différence des autres quars de
H paravant fais tous les 7i ^^^ ^^ <^osté de la croix o
« de la pille seront barrez.
(( Item pareillement seront faittes et forgées d
(( mites de Flandres à huit grains d'aloy argent le ro
u quinze solz de taille sur le marc de Troyes, qui
u cours les douze pour ung groz et les vint quatre p
Ml y a «évidemment une lacune dans la transcription de TioBtrac
registres de la chambre du» complet» de Lille, car ici devrait te t
ticle relatif aux demi -gros.
ET DISSERTATIONS. S/I
« double groz. » Les marcliauds et le duc recevront la
même chose que dans les cas précédents, et le maître par*
ticulier a pour son brassaige du marc d'argent, le résidu
• et seront ouvrez iceulx deniers à deux grains d'aloy de
• remède et huit d'icenlx deniers en poix au marc d*euvre. )>
La différence avec les doubles mites fabriquées précédem-
ment sera la même que pour les monnaies d'argent.
Il n'est point question de forger de simples mites.
Les moyens indiqués pour faire reconnaître les monnaies
nouvelles ne permettaient pas de les confondre avec les
anciennes fabriquées au même type. Cela était d'autant
plus nécessaire que la différence du poids était nulle pour
fes monnaies d'or et très- faible pour les monnaies d'argent,
ce qui eût pu amener quelque confusion.
De 1A27 à 1433, aucune monnaie nouvelle ne paraît avoir
*^ émise en Flandre. Philippe le Bon s'occupe pendant cet
intervalle de la réglementation des monnaies dans son
comté de Namur, où l'on voit les instructions se succéder à
^c courts intervalles. Pareille chose est faite pour la Hol-
ïwide et la monnaie de Zeevenberghe. Enfin, devenu duc de
^ï^bant par héritage à la mort du dernier duc Philippe,
•"^vée le à août 1430, puis comte de llainaut en 1433 par
^ cession que lui en fait Jacqueline de Bavière en même
^*ûps que du comté de Hollande, le duc de Bourgogne peut
*^iser à établir une certaine uniformité dans les monnaies
P^r ses vastes États. D'ailleurs, cette même année 1433
*toit précisément l'expiration du terme de quinze années.
Pédant lequel il s'était engagé devant les quatre membres
de Flandre, alors qu'il n'était encore que comte de Charo-
'^» à ne pas changer le pied de sa monnaie. A la rigueur
®D pouvait dire que cet engagement avait été tenu, puisque,
*Part les klinkaerts, qui n'eurent, comme on l'a vu, qu'un
A72 MÉMOIRES
cours pour ainsi dire éphémère, le duc D*avait émis <
monnaies qu'aux types déjà employés. Deux autres mol
venaient se joindre aux précédents pour faire changer
monnaie en usage. On les trouve rappelés dans l'ordi
nance rendue le 12 octobre 1433 au nom du duc de Bo
gogne par les commis au gouvernement de ses États p(
dant son absence. Voici le premier de ces motifs qui
contenu dans le préambule. '(Gomme, » y est-il dit, « p(
« non avoir observé les ordonnances de la monnoye
(( Flandres plusieurs estrangues monnoyes et de divers p
« soient apportées permises et receues et allouées en a
<i dits pais et seigneuries à plus hault pris qu'elles ne '
« loient, parquoi les deniers d'or soient si grandem
ti montez et hauchiez et hauchent de jour en jour en u
a manière que dès maintenant et en brief temps, nul 1
c or, ne aussi blanche monnoye ne seroit trouvée d
<( marchandise seroit taillée de cesser de tous poins ci
« pais, les marchans eulx eslongier et les communs î
a giez de nostredit seigneur cheoir en grande povret
a hastement n'y estoit pourveu. » Quant au second, c'
d'arrêter l'émission des monnaies à l'imitation de cellf
duc de Bourgogne frappées dans les pays voisins et.'
moins de valeur. « Iiem, pour ce que en aucunes ville
0 teresses et monnoyes estraingues ont esté faiz et f
« deniers d'or et d'argent à la façon, empraintc et /
<( des deniers de nosti-edit seigneur ou assez sembl
A iceulx allouez au pris et a la valeur de ses dénie
« quelx toutesvoyes sont d'autre et moindre poix
u que les siens, dont les subgiez et pays ont esU
n grandement deffraudéz endommagiez et apovris.
L'ordonnance précitée prescrivait la fabricado?
niers d'or Philippus, de demi-Philippus et de
ET DISSERTATIONS. 473
d'argent. L'instruction du 21 octobre suivant, donnée pour
trois ans aux maîtres particuliers de la monnaie de Flandre,
et dont je transcris un extrait, nous donnera tous les détails
sur les nouvelles espèces.
« Premièrement a esté ordonné estre fait ung denier d'or
« appelle Philippus qui sera à vingt trois quarras iiii gs. et
« ung XVI* de caras d*or fin ou tel et aussi bon que le noble
« d'Angleterre à présent courant en aloy et de soixante sept
c et demi de taille au marc de Troyes et demi esterlin de
t remède en poix, qui aura cours pqur quatre solz groz de
« la nouvelle monnoye cy après déclairée duquel denier
«mondit seigneur prendra pour son seignouraige de cba-
«cun marc d'or, du buit groz de Flandres monnoye
« dite. 0
« Item un demi denier d'or de ce meisme aloy et de six
« vingtz quinze de taille audit marc et tel remède en poix
(( que dessus et aura cours pour deux solz groz duquel de-
« nier mondit seigneur prendra pour seignouraige de cba-
« cun marc d'or, dix buit groz monnoye dite.»
« Desquebc deniers la traitte du marc d'or est treize livres
« dix solz groz dont on devra aux cbangeurs et marclians
« treze livres six solz groz pour marc d'or fin ainsi demeure
« pour seignouraige et brassaige, quatre solz gros dont le
« prouffit de mondit seigneur est cy dessus déclairé. »
« Item a esté ordonné estre fait ung denier d'argent à six
H deniers d'aloy argent le roy et de soixante douze de taille
« audit marc de Troyes à ung grain de remède en aloy, et
« demi denier en taille pour chacun marc d*euvre lequel
«I denier aura cours pour deux groz monnoye de Flandres
«« duquel denier mondit seigneur prendra pour seignou-
<i raige de cbacun marc d'argent deux groz de Flandres,
monnoye dite. »
h7à MÉMOIRES
« Item ung demi denier d* argent de ce mesmi
« le roy et de sept vings et quatre de taille ai
« Troyes, à ung grain de remède en aloy et à
« deniers en taille pour marc d'euvre; lequel
« cours pour ung gros de Flandres duquel dei
« seigneur prendra pour seignouraige de chacu
« gent deux gros de Flandres dite monnoye »
(( Desquelz denier la traitte si est vings qua
;: pour marc d'argent dont on donra aux chao(
(( chans pour chacun marc d'argent aloyé vin
f( noef deniers groz, ainsi demeure pour aeif
« pour brassaige quinze gros dont le prouffi(
n seigneur est desclaré cy dessus.»
a Iieniy encores, ung denier d'argent à cinq d
H argent le roy et de vingt et ung solz de taill
« de Troyes à ung grain de remède en aloy
« d'iceulx deniers en taille pour marc d'euvre, 1
« aura cours pour demi gros de Flandres, d
« mondit seigneur prendra pour seignouraige
(( marc d'argent deux groz de Flandres dite m
(( Du^iuel denier la traitte est vingt cinq solz >
« gros neuf mittes et demie et le dix" d'une m
tt trois quins d'une mitte. »
« Item encore ung autre denier d'argent à 1
(c huit grains d'aloy argent le roy et de vingt i
(( taille audit marc de Troyes, à ung grain d(
« aloy et à huit d'iceulx deniers en taille poui
A vre, duquel denier les deux auront cours poi
(c de gros \ duquel denier mondit seigneur p
< Il doit y avoir ici erreur de transcription, car le poids (]
passage est applicable au qunrt de gros et non au huitièma d
ET DlSSËRTATlOiNS. &75
«K seignouraige pour chacun marc d'argent deux gros mon-
«s soye dite. »
« Duquel denier la traitte est vingt six solz ung denier
«« quatre mites trois quars. »
« Item a esté ordonné estre fait nng denier nommé double
« mitte à douze grains d'aloy argent le roy et de dix huit
« S0I2 de taille audit marc de Troyes à ung grain de re-
« mède en aloy et à six d'iceulx deniers en taille pour marc
« d'euvre, duquel denier les douze auront cours pour ung
« gfros de Flandres. » Le droit de seigneurage est le même
^lue dans les cas précédents , et la traite est de 86 s.
gros.
« Item encore ung autre noir denier nommé mite de
<• Flandre à huit grains d'aloy argent le roy et de vingt et
^ ung solz de taille audit marc à ung grain de remède en
• aloy et à huit d'iceulx deniers en taille pour marc d'eu-
•* vre duquel denier les xxiiii auront cours pour ung gros
** de Flandres. » Le droit de seigneurage sera encore le
^*me, mais la traite est portée à 37 s. 6 d. gros.
De même qu*il Tavait fait au nom de non père en 1 Ai8,
cette fois Philippe, en son propre nom, promet aux quatre
ïïieuîbres de Flandre de ne pas changer la monnaie pendant
1* espace de vingt ans. En effet, jusqu'en 1453, nous voyons
'^ instiuctions se suivre à intervalles réguliers pour la
febrication des monnaies du même système adopté. Ces in-
structions diffèrent seulement par le droit de seigneurage
^u par le prix accordé aux maîtres particuliers pour la fa-
brication. Une autre preuve que le duc fut fidèle à sa pro-
"ï^^e, est Tordonnance du 30 novembre 1441, rendue
P^ïir empêcher qu'on ne fasse payer les monnaies à plus
*^ïit prix que celui fixé par les ordonnances de 1433 et
176 MÉMOIRES
suivantes, qu*elle rappelle ^ Cette immobiUsation
pendant un certain nombre d'années n'avsdt plus
inconvénient pour le duc de Bourgogne, posses
vastes États, que lorsqu'il était réduit simplement i
de Flandre. La concurrence des imitations étrange
Ton poursuivait néanmoins, était bien moins à en
Les monnaies dont il est question dans Tinstruc
cédente devaient être frappées également dans h
possessions de Philippe le Bon et y avoir cours à Te
des monnaies étrangères '. C'est ainsi que nous V(
la même date , une instruction semblable adrei
maîtres particuliers delà monnaie de Valenciennes
vraisemblablement d'autres identiques furent (
pour les monnaies de Brabant et de Hollande. Au»
pèces émises prirent-elles le nom caractéristique
lander, sous lequel on les voit déjà désignées dans
card du 22 avril 1436, désignantes monnaies aya
et celles prohibées. Mais il était un pays où le duc
vait pas ainsi défendre le cours des monnaies au
les siennes : c'était l'Artois, où la monnaie royale a
1 II y fut cependant dérogé ponr les chfttellenies de Lille, Donii
où, le 1" mars suivant, la duchesse Isabelle, en Tabsence de Philip]
que les monnaies d*or aient momentanément un cours différent*
' Ce fait nous parait une conséquence forcée de Tétcndue de la
accordée aux monnaies d'un pays : plus le pays est vaste , moini
varient.
* Cette défense ne fut guère bien observée. Aussi voyons-nous ,
novembre 1441. que le duc, ayant appris que, malgré ses ordonnant
ciers persistaient à faire passer les monnaies tolérées à plus havt
faire usage des espèces prohibées, considérant ajoute- t-il, qut êawH
bonne qu'il n^est voisins qui Fait meilleure en bonté, recommande à m
neurs et baillis de veiller à l'exc^cution de l'ordonnance du 12oet(
qui sera republiée, et de faire punir sévèrement le» infracteurs.
* Voy. Touvrage de M. R. Cbftlon sur les Monnaies du HainûMi,
ET DISSERTATIONS. 477
jours eu cours et où tous les comptes se faisaient en parisis
et en tournois. Déjà, le 24 décembre 1422, Philippe le Bon,
qui avait défendu dans ce pays la motincie blanche frappée
cm Crotoy ou ailleurs par les ennemis du roi Henri VI et
les siens^ ajoute cette phrase : « Et adfin que nostre dit pays
« ne soit par ce desnué ne despourvu de monnoie blanche,
« et que le fait de marchandise à ceste occasion n'y cesse
« du tout en tout, nous confiant dans la bénignité de mon-
« seigneur le roy, consentons et ordonnons que jusquesad
(( ce que par lui ou son conseil sera sur le fait desd. mon-
a noies autrement pourveu, que nostre monnoie de Flan-
(i dres ait cours et soit prinse et allouée en nostre dit pais
a d'Artois pour tel pris qu'elle vault en nostre dit pais de
« Flandies. » Cette dernière restriction fut bientôt justifiée
par une ordonnance d'Henri VI, du 7 décembre 1424, qui
défend de prendre les plaques et gros de Flandre pour
plus qu'elles ne valent, et fixe que lesdites plaques seront
telles que trois d'entre elles vaudront quatre grands blancs
nouvellement faits en France, et qu'un gros et demi vaudra
un desdits grands blancs. Henri VI ne pouvait commettre
la faute de proscrire la monnaie du duc de Bourgogne, son
allié ; il se borna à en réglementer le cours. Postérieurement
encore, le 20 novembre 1420, parmi les monnaies auto-
risées en Artois, il mentionne le heaume d'or qui aura cours
pour un salut.
Les mêmes préoccupations du duc de Bourgogne se font
remarquer dans deux autres ordonnances du 15 décembre
1433 et du 23 janvier 1436 (v. st.). On y voit toujours le
désir de ne pas se mettre en hostilité ouverte avec l'autorité
royale de fait. Ainsi, après avoir énuméré les monnaies
prohibées dans l'étendue du comté d'Artois, il reconnaît
que les monnaies du roi devaient y avoir un cours légal,
1861.— 6. • 33
478 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
qu'il attribuait également aux siennes. 11 fixe en mëm
Févaluation de ces dernières en monnaies royales {
ciliter les comptes et conserver les usages reçus,
dire que deux gros de Flandre seront comptés pou
deniers parisis. Enfin, il prescrit des amendes asse
contre ceux qui ne se conformeraient pas à ces pi
tions \
Louis Deschaups i
( La suite à un autre numéro. )
^ Les villes de TÂrtois étaient parfois daus de singuliers embarr
prescriptions souvent contradictoires , attendu qu'en décriant une n
n*avait pas toujours soin de leur fournir la quantité de numéraire tr
nécessaire pour leurs transactions. En 1431 , le magistrat de Stîni
obligé d'envoyer à Gand et à Bruges .... faire forgier par Uê mom
Gand monnoye noire et de petit pris à mettre en cours en ceste vilU po
vernement dupevpple dont H est grand besoin. En 1433, nouveau messag
voir k quoi l'on en est de la forge des monnaies , et pourvoir à ce qu'
avoir, car les changeurs disoient que recouvrer n'en pouvoient, (Compti
gentiers de la ville de Saint-Omer. )
lULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
I^ription historique des monnaies frappées sous l'empire
n>inain, communément appelées médailles impériales,
pa.1- Henry Cohen. Paris, C. Rollin, 1859. Tomes I et II,
iû— S% 38 planches,
Noos avons publié dans cette Revue ( année 1857) les obser-
vations de M, Tabbé Cavedoni sur l'ouvrage de M. Cohen, por-
tant f>onr titre : Description des monnaies de la république ro-
morne. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur donnant
cotni^unication aujourd'hui des remarques de Tillustre numis-
matisie de Modène sur le grand travail que M Cohen a entre-
pris depuis trois ans en refaisant -rouvrage fort incomplet de
Mionnet de la Hareié des médailles romaines et en décrivant avec
^n les monnaies impériales. Dans ce but, nous avons traduit
<i« italien les articles de M. l'abbé Cavedoni, publiés dans le
BvUetin archéologique de Naples (mars et avril 1860).
(Les éditeurs,)
Premier article.
L'accueil qu'a reçu la Description des monnaies de la républi-
^ i^maine a encouragé l'auteur et Ta engagé à entreprendre
lou\Tageq,ie nous annonçons ici: travail beaucoup plus long
^* plus difficile^ qui se rattache étroitement au précédent et qui
^^ utile et agréable aux savants aussi bien qu'aux amateurs
^ s'occupent de l'importante série de la nun)ismatique impé-
hSO RULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
riale; car l'ouvrage de M. Cohon remplit le vide que laissait j
l'ouvrage analogue de Mionnet : De la rareté tt du j>rix des mé- _
dailles romaines. Dans l'ouvrage de Mionnet manque la plupart ^
(lu temps la description du droit de presque toutes les monnaies ^
impériales ; les descriptions des revers sont trop concises et quel-
quefois inexactes, M. Cohen , au contraire, donne avec soin la ^^
description de toutes, ou du moins de presque toutes les mon- .
naies impériales qu'il a trouvées dans les riches collections tant ,:s^
publiques que particulières de Paris, de Londres et de Vienne, ,_ ^
et dans les recueils numismatiques les plus connus et les plus^ m
estimés, publiés avant lui; et quoique , pour la commodité de^^ss
amateurs, il suive la méthode de Mionnet en rangeant par or^
dre alphabétique les légendes des revers, toutefois il ne néglig^i^
pas Tordre chronologique, et il a soin d'indiquer la date à lafir i
de la description de chaque pièce qui en porte ^indication p(K —
sitive ou d'une manière approximative. Les prix fixés poa ^v
toutes les médailles vues par Tauteur sont en général raison —
nables et basés sur Testiuiation actuelle des médailles vendue- ^
dans ces dernières années à Londres et à Paiis. Ce qui ajoute d «ja
prix à l'ouvrage, ce sont les belles planches gravées par uu af ^
liste des plus habiles. M. Léon Dardel; ces planches mettent»
sous les yeux du lecteur les plus rares et les plus im|>ortanlc*^
médailles de la série impériale, et particulièrement tout ce qt.»i
se rattache à Ticonographie romaine.
Après la préface, qui donne un aperçu de l'ouvrage, vif*n*
une introduction dans laquelle Tauteur traite de la valeur de"^
monnaies, du poids des médailles impériales d'or, d'argent €çt
<ie bronze, des médaillons, des tessères, des monnaies incuses €**
de celles qui ont des contre-marques. Quant au poids des mon-
naies de bronze, il est à regretter que M. Cohen n'ait pas eu
connaissance des savantes et judicieuses observations de Tî'*
lustre Borghesi sur cette matière ( voir Cavedoni, At/^w. -flfé/-»
p. i 12-1 36), ni de celles du même auteur qui expliquent dans
quel but et pour quel motif on a contre-marqué certaines piècef .
RUUETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 461
Selon M. Cobeo, les contre-marques auraient seni à confirmer
la valeur des monnaies émises antérieurement, soit à l'occasion
d^imcbangementde gouvernement, par Tavénement d'un nouvel
empereur, soit pour avoir cours hors de Rome. Mais Borghesi
i^Decad. III, oss. 8) a prouvé que la contre-marque, mise
sur une ancienne monnaie par autorité publique , servait de
signe pour attester que cette monnaie , bien qu'usée , avait tout
de même consené son poids légal, et cela en prenant pour base
le poids du denier d'argent impérial diminué d'un huitième dv
son ancien poids sous Néron '. La contre marque NCAPR a reçu
de Fauteur Texplication suivante: Nummus Custis Aucfon'tate
J^opuli Romani, explication qui , du reste, a déjà été proposée
par plusieurs savants; mais la seule et véritable interprétation d<i
o^s sigles difliciies est celle de Borghesi, c'est-à-dire : Nero Cxsa?-
Jk^gmtus Proôavit. M. Cohen déclare ne connaître, sur les mon-
0iiies d'argent, d'autre contre marque que celle de Vespasien,
lAlP.VES., qui se rencontre le plus souvent sur les monnaies
consulaires ; et dans une note, il dit que par une exception sin-
gruUère cette contre-marque se voit aus>i sur un denier de Do-
tïiiiifn, portant au revers les mots AVG et EPHE (les lettres PHE
liées), inscrits au milieu d'une couronne de laurier. Il dit que la
seule manière d'expliquer cette contre marque sur une médaille
frappée après la mort de Vespasien, est de supposer qu*elle a pu
i^rvir a Tusage de ses fils aussi bien qu'au sien. Mais on peut
**«xpliqupr d^me autre façon, en disant que ce denier de Domi-
*^'^n César a été frappé à Êphèse, dans les premières années du
"^gne de Vespasien (cf. Pinder, Die Cistoph.y p. 577, pi. 11, i8),
^ que dans le cours de neuf à dix années, il a pu se trouver
^ et avoir besoin de la contre marque de Vespasien lui-même
pour avoir cours à Rome et ailleurs. L'auteur {Description des
^1 est très-vrai que le plus grand nombre des monnaies contre-marquées
**"' plus on moins usées par suite de la circulation ; cependant M. Cohen m'a
'^^^^ des médaiUes à fleur de coin qui ont reçu une contre-marque. Com-
*"*•»' expliquer cette singularité ? J, W.
Â82 BULLETIN BIBLCOGRAPHIQUE.
médailles de la république romaine, p. xxxix) avait fait observer
que les deniers de la république qui ont été contre-marqués à
l'époque de Vespasien sont en général mal conservés. Et je me
hâte de faire remarquer qu'au mois d'août 4847, le marchand
napolitain Benigno Tuzi me fit voir un cistophore assez usé de
Marc-Antoine (Morell., Famil. Antonia, tab. Il, i ), portant la
contre-marque IMPVESAV, tracée en lettres liées; pièce qui
me parut une chose rare, pour ne pas dire unique. Ainsi ce cis-
tophore, frappé vers l'un 715, dans la province d'Asie, avait en-
core cours à Rome comme monnaie légale l'an 8i5, était admis
dans la circulation de môme que les cistophores de l'empire
d'un poids plus léger, et était reçu pour la valeur de trois de-
niers. (Voyez Pinder, Die Cistophor., p. 576.)
Selon M. Cohen (p. xxi), les médaillons auraient été frappés
surtout dans le but de montrer Thabileté des artistes qui étaient
chargés de graver les coins destinés aux officines monétaires. Hais
l'opinion d'Eckhel (D JV., I , p. xvn), qui est aussi celle de Borghesi
{Annales de VInst. arch., t. X, p. 62), me parait et plus probable
et plus fondée; c'est que les médaillons servaient comme dons
à l'occasion des fêtes et des jeux sacrés, et pour décorations et
récompenses militaires. D'un autre côté, je n'ai qu'à louer l'au-
teur d'avoir fourni une nouvelle preuve en faveur de l'opinion
d'Eckhel, quant à Tàge des Contomiates^ en citant (p. xxv) deux
médaillons de Constant 1*', du Cabinet des médailles de Paris^
ayant l'un l'indice du contour ou cercle, et lautre une palme
incuse^.
M. Cohen a substitué au mot leciistemium , employé par
Eckhel et par d'autres numographes, celui de trône, comme ex-
pression plus propre et plus exacte; mais peut-être le mot latin
pulvinar serait-il à préférer, parce que dans ces sortes de céré-
monies sacrées, les sellas ou trônes étaient destinés aux Déesses,
* Cf. plu» haut , p. 238, le compte rendu do l'ouvrage de M. SaImUm •«*
le» Médaillons rontorniaifs. J. w.
BULLETIN bibliographique; 483
et les lecti ou lits aux Dieux : Nam Jouis epulo ipse in leciulum,
Juno et Minerva in sellas ad cœnas invitantur^ dit Valère
Maxime, (II, i, 2).
M. Cohen dit avec modestie que son ouvrage peut laisser à dé-
sirer quelque chose, malgré le soin qu'il a mis à ne pas omettre
la description d'aucune médaille impériale authentique et im-
portante, et à exclure avec rigueur celles dont l'authenticité est
douteuse ou sujette à controverse. En effet, il me paratt qu'il
n*a oublié que fort peu de pièces et qu'il n'a admis que peu de
monnaies fausses ou suspectes. Je citerai ici comme suspectes la
piècede Caligula avec le titre de petit-fils d'Agrippa : M.AGRIP-
PAE N., n* 29 (cf. Bull. arck. Nap., ann. VI, p. Ul-liî) », et
peut-être aussi celle aux effigies et avec les noms de ses trois
sœurs, Julie, Drusille et Agrippine, frappée à Apamée, en Bi-
*h3nnie, et conservée au Musée Britannique, n* i, p. 155,
Pl- IX. Cf. Mionnet, t. Il, p. k\% n* 23.
Après ces observations générales, je veux ajouter quelques
^nsidérations particulières sur les médailles les plus iinpor-
lanles décrites par M. Cohen , qui commence son ouvrage par
l^s monnaies de Jules César, de Pompée et de ses fils, et se pro-
P^^vse de le continuer jusqu'à la chute de l'empire d'Occident,
laissant aux savants, quant à la série byzantine, le soin de re-
courir à l'ouvrage de M. de Saulcy. Quant à l'ouvrage de
M* Cohen, il sera divisé en cinq volumes '.
Auguste.
Sur le beau médaillon d'argent d'Auguste, frappé dans l'Asie
Mineure, ayant au revers la Paix, PAX (n* 39, pl. IV), l'auleur
^<^y. plus haut, p. 71, ce que j'ai dit de cette pièce do la collection d*'
M. Gmuve Herpin. J. W.
Le cinquième volume, qui coutient la description des médailles impériales
•«pois Po»tume jusqu'à Sévère lî, vient do paraître; pour terminer l'ouvrage.
t
I
romaine, pi. XXII, JuUa, 51-54), leçon que portent U
naies originales (Ann, de llnsl. urch.y t. XXII, p. 177),
retrouve sur Tobélisque dédié à Home par Auguste lu
l'an 744. (Voir Garrucci, Segni délie lap lat.,\}. 26 ■.)
1 . CAESAR. m. VIU. R.P.G Tète nue juvénile, avec i
deuil
ly. S. G. Statue é<juestre d'Octave, tctuint le liiuus
dans la main droite ; au-dessous, rostre de navire, — A
L'âuteur (n*^ 19i!), aussi bien que d'autres numismatîfl
au-dessous de la statue équestre une proue de vaisseau ;
gravure, pi. 111, porte un simple rostre ou éperon de nam
rostre fournit la seule explication véritable de ce revers
(D. N.y Vï, p. 74) avait émis la conjecture que la p
vaisseau faisait allusion à VAnnone donnée par Octave,
de mon côte, je pensais (/inw. de Vlnst. arch., t. XXil,
il y aura un sixièniu volume qui contieudra les monuaies de Cou
Grand et de ses successeurs jusqu'à la fin de l'empire d'Occident.
> La torche est indiquée dans le dessin de M. Cohen , mais le gi
pas tenu compte de la flamme. La m^me omission existe dans l'on
les Monnaies de la réjyublique romaine, pi. XXII, Jtilia, 50.
* C'est ainsi qu'on trouve SIBVLLA sur les monnaies de U famil
( Cohen , Monnaies de la république romaittef pi. XXVI, Jfan/ta, 6) ; ]
ERVMANTINO snr une monnaie de Tostume (Cohen, t. V, p. S
ï
BULLETIN BinUOGRAPHlQUE. 485
que cesynil>ole servait à rappeler les ci»nt vingt vaisseaux four-
nis par Marc-Antoine à Octave, Tan 717, à la suite de la paix de
Tarente (Appian.^ Bell, civ.y V, 95). Plus tard, je me suis rap-
pelé les paroles suivantes de Velléius Paterculus [Ilist. rom., Il,
^0> qui donne la véritable interprétation du symbole, etindi-
<pe l'année à laquelle se rapporte ce type : Eum (C Caesarem)
'^'^fusjhonaratum equestri statua, qux hodteque m ROSTRis/>o5t7^
xtaiem ejw [annorum XVIIH)scriptura indicat propnetore,
^^ cum consulibus désignât is Hirtio et Pansa^ bellum cum An-
tmo gerere jussit. C'est aussi par un motif analogue, à ce que
je crois, que sur les deniers de Lentulus Cossus, triumvir mo-
nétaire d'Auguste^ une proue, ou rostre de navire, a été placé*?
^^ base de la statue équestre de A. Cornélius Cossus, portant
'«secondes dépouilles opimes (T. Liv., ÎV, 20.— Propert., IV,
^^^9*, 10, 25); ce symbole fait connaître que la statue a été
placée aux rostres^ ou du moins tout auprès. (Cf. EckheK />. IV,.
V,|i. 186.)
î« CAESaR. Tête juvénile nue; le tout dans une couronne de
laarier ou de chêne.
i* AVGVST. Légende tracée au milieu d'une guirlande foi^mée
W des bandelettes, des patères et des têtes de victimes ; ou cen-
^^t Un grand caruiélabre. — AV. et ^.
^u droit, je reconnaissais, avec Eckhel et d'autres savants,
l^^le d'Auguste jeune, et je reportais les deniers d'or et d'ar-
gent, marqués de ce type, à Tan 735. (Voir i4nn. deVInst,
^K t.XXn, p. i84.) M. Cohen (t. ï, p. 113) reconnaît ici la
*^ jeune et presque enfantine de Caïus, fils d'Agrippa, adopté
P«ï Auguste et déclaré César en 737 % et maintenant cette opi-
nion me parait aussi beaucoup plus probable que la mienne.
^ cette année 737 eut lieu, pour la cinquième fois, la célé-
bration des jeux séculaires, et l'on peut rapporter à ces jeux les
Voir la belle dissertation de M. Prosper Dupré ( Purib , 1836, iii-8-), à
l»»» <^l due cett«* restitution. ,1. W.
par le nom de César^ OAESAH, étant alors le seul e
César revêtu de ce titre; sa tête, d'apparence enfantin
encore vers cette époque, mais sans nom sur une
bronze de P. Licinius Stolo, triumvir monétaire d
(Morell., Fam. Liciniay tab. 3, A), vue par Moriell et
suspectée à tort par Eckhel, Z>. A'., VI, p. 162 \
3. C. ANTISTIVS. VETVS. \\\. VIU. Tète de Vénuê.
i, IMP. CAESAR. AVGVS. COS. XI. Simpulum, lii
pied et patère, — ^R.
M. Cohen lit AVGV au lieu d'AVGVS. comme po
exenipluires les mieux conservés. C'est à Tan 738 qu'il
le triumvirat des deux Antistius, d'après Favis de
{Decad,y\l\, oss. 7)^ qui explique de la manière suivan*
du revers : «Comme ces coins ont été fabriqués imméd
(c après la célébration des jeux séculaires auxquels pré
ce guste en sa qualité de chef des quindecemvirs, cette ciro
« était favorablement choisie pour rendre hommage à
d en rappelant qu'il était aflilié à tous les principaux
« religieux. »
Et ceci se trouve confirmé quand on pense qu'aux
culaires, ainsi qu'aux autres jeux sacrés, devaient pren
les quatre principaux collèges sacerdotaux, conformén
que dit Tacite {Annales, 111, 6i) : Quos ludos pontifices et
pt (mndecemvirû septemviris simul et sodalibus augu
9ULLETIN BIBUOGRAPHIQUE. 487
ederent. (Cf. Dion. Cass., //»^, LVlll^ li.) Comme, d'un autre
oôté^ les jeux dont parle Tacite furent célébrés par décret du sénat,
à l'époque de la grave maladie de Livie, femme d'Auguste, Tan de
Rome 775, et comme aussi Tan 738^ époque où furent Frappées
les monnaies des Antistius, on fit des vœux et des sacrifices pour
lisante de César et pour le salut du peuple romain, PRO VA-
LETVDINE CAESARIS et OB R. P. CVM SALVT. IMP. CAESAR
AVG. CONS., légendes gravées sur dos monnaies (Eckhel,
A JV.y VI, p. 103. — Cohen, n* 349.), il me paraît probable
906 les symboles des quatre principaux collèges sacerdotaux ont
'ipport à ces vœux et à ces sacrifices.
4. ^éte nue d'Octave.
^'- IMP. CAESAR. Hermès lauré au-dessus d'un foudre.
î>' kermès jeune lauré avec un foudre d côté.
i' IMP. CAESAR. Octave assis sur la chaise curule et tenant In
Vtcfocre sur la main droite étendue. ^M-
i^ ne sais pourquoi M. Cohen (n"" 107, H2) a donné le nom
4e Terme de Priape à Thermes figuré sur la première de ces
Aenx médailles que je viens de décrire, cet hermès étant sem-
Uible è celui de la seconde qu'il désigne sous le nom d'Octave
« Terme *. J'abandonne les conjectures que j'ai proposées ail-
leurs (Ann. de l'Inst. arck., t. XXII, p. 179), l'explication de
ces deux types me paraissant se trouver dans les deux passages
vivants d'un ancien grammairien : Augustus Terminas constituit
' ^ onmem terram fecit remensurari. — Juppiter Terminis omnia
t * Les deux deniers dont il est ici question sont graTës dans Touvrage Mo»-
1 *"*M <lt la réfmbîiq%ie romaine , pi. XXIII , Julia , 64 et 65. Le premier montre
*. « ^te jeune et lauré d*Octave en forme d'hermës ou de terme, à droite ; der-
4 '^t ^ foudre. Les traits d'Octave ne peuvent être méconnus. — Le second
l »poar type, au revers Je la tôto nue d'Octave, un liermès itbyphuUique et iui-
wrbe, couronné do laurier et vue de face ; au-dessous, un foudre. — Il seml)le
-| ^f^-probable que le second type de Thermes itbyphalliquc repn'sente aussi
f ^*e. J. W.
il ; XXXVI^ 6^ 8)^ relatirs nu temple et au simulacr
Auguste au Capitole^ me semblent devoir être rap
type précédent :
Leochares (fecit) Joven illum Tonantkm m Cap
cuncta laudabilem. — Jovis Tonantis ^ëdes m Capitoi
glebiSf non vero e secto marmore, )
Le médaillon de bronze portant la légende DIVV
TVS et le temple hexastyle, qui lui fut dédié par
le peuple romain, S. P. Q. R.,a été suspt^clé par Ecl
VI, p. 126); mais M. Cohen (pi. UI, n*»259) pense
daillon a été frappé sous Nerva; ceci expliquerait
partie les doutes de l'émiuent numismatiste de Vien
lieu du temple est la statue d'Auguste assis» comn
Jupiter Nicéphore, ce qui fournirait l'explication d'ui
d'Auguste divinisé^ accompagné de la légende lOVl !
sur la frise d'un temple tétrastyle. ( Eckhel, D N., '
7. CAESAR. DIVl, PAT. PA. Tète nue d'AuguÊte.
^\ VOTA PVBLICA. Figure voilée debout tenom
dans la main droite^ et faisant une libation sur ;
auprès un Camille tenant Vacerra , deux iibicines et t
hache levée pour frapper un bœuf. — AV.
Eckhel [D. N., VI, p. i 13) reconnaît Auguste df
voilée, vôtue de la toge et faisant une libation , et
(n® 24! ) y rer>onnaît un prêtre voilé; d'accord avw
BULLETIN BinLIOGRAPIIIQL£. AS9
monnaies frappées pour la santé de Trajan et d'Hadrien , per-
lant la même légende : VOTA PVBLICA, on voit le génie du
sénat et celui du peuple romain faisant un sacrifice. Eckhel, en
attribuant cet aureus à Tan 75^^ avoue ne pas savoir quels sont
les vœux publics qui y sont indiqués, et ceci nous autorise à
rallribuer à une époque postérieure et par conséquent plus par-
ticulièrement à l'an 762, dont on ne possède aucune monnaie
certaine. Borghesi attribue également à Fan 762 cet aureus,
mais il propose, sans aucune raison, de lire dans le passage cité
de Pline pro redilu au lieu de pro sainte Avgusti.
Je ne sais cx)mment M. Cohen (p. 438, n° 1) a pu décrire
comme un denier émargent le remarquable aureus représentant
&rmanicus qui pose la tiare royale sur la t^te d'Artaxias.
(Revue numismatique 9 i838, page 338 ^)
C. Cavfdoni.
— M, W. Vaux, conservateur des médailles au Musée bri-
taniùque, et notre collaborateur M. John Evans viennent de
fMreadre la direction de la nouvelle série du recueil périodiqxie
iBlMé The Numismaiic Chronicle, Les deux premiers numéros
coQÛeonent une très-intéressante suite d'articles rédigés avec la
sobriété instructive qui dislingue cette revue, dont le style
sérieux convient si parfaitement aux matières d'érudition.
* Cest par une erreur typographique que , dans la Revue , 1838, p. 338 , la
célèbre pièce d'Artaxias est indiquée comme étant d'or. C'est réellement un
*«•«' «Tarpenl , comme M. Cohen l'a dit. Voir à la fin de Yerrata de la Revue
••"■Mwoliqw de 1839. — La médaille d'Artaxias est aussi publiée dans The iVti-
•wwiiic Chrmkle, t. XVI, 1853, pi. I, n» 1, d'après Texeroplaire de la col-
lection de M Sabatier, Catal., n» 70. London, 1853, în-8«. .T. W.
TABLE
MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS LA REVUE NUMISMATIQUE.
ANNÉE 1861.
iNOl'VELLE SÉRIE. TOME SIXIÈME.
laocf
VUMXSBKATIQUE AMCXEBmS.
Médailles des Peuples, Villes et Bols.
Lettres à M. de Longpérier sur la numismatique
gauloise, par F. de Saulcy. XII. Monnaies des
Édnens 77 — —
— Xdl. Monnaies des Lexoviens 165—1 ^
Pièces gallo-grecques de Marseille, par A. Carpentin
(pi. xvii) 397—4^^
Monnaie de plomb d'Alise, par Adr. de Longpérier.
(vignettes) 253— B^
Monnaies des Salasses, par Adr. de Longpérier
(pi. XV ) 333-»^
Ktudes de numismatique asiatique, par W. H. Wad-
DiNGTON (deuxième article). VI. Paphlagonie et
Cappadoce. — VIL Abd-Hadad, dynaste d'Hiéra-
polis en Syrie. — VIII. Satrapes de Lycie. —
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. h^H
^X. Monnaies à lefiigie d'Ârtaierce-Mnémon
Cpl. letn) 1—22
Monnaies du Sérapéum de Memphis. Trouvaille de
MytRahineh ; Maronœa Thraciae, i£gœ, Lcte Ma-
cedoDiaB,,i£gina insula Corinthus^ Eretria Eubœœ^
Ceus insula, Naxus insula, Chalcedon Bithynia^^
Teos loniœ , Chius insula , Ces insula , Samus in-
sula, Lycia ( Phaselis?), Amathus Cypri, Cyrene,
par A DR. DE LONGPÉRIER ( pi. xviu ) 407 — 428
Monnaies inédites impériales romaines, grecques
et coloniales, par J. Sabatier. Antonbi ( médaillon
d'Êphèse?), Septime Sévère, Uranius Anloninus
(frappé à Anlioche), Beryfus (M. Aurèle et Vérus,
Julia DomuR, Caracalla ), Byblus (Garacalla, Dia-
duménien, Élagabale, Soaemias], Sidon (Caracalla,
Élagabale, Julia Paula, Alexandre Sévère] , Tri-
polis (J. Domna, Caracalla, Macrin), Tyr (Diadu-
aiénien) (pi. iv et v) 91— i05
Crkoxique. Médaille à la légende BIRAGOS , 62-64. —
^^'^tlTix. fils d'Àtepillus, 326-327. — Monnaies gauloises
troav^«8 dans l'île Tristan , près Donarncnez ( Finistère ) , et à
^^*»*iit«nay ( Nièvre) , 332. — Découverte de 4,000 médailles
^'*>'Keiit de Marseille, 332. — Ptolémées d'Egypte , 64-67.
MédallIcA romalncA.
*^NiiinmusTullianus, par V. VasquezOubipo. . . . 180—200
^**^î sur les médailles de la famille de Gallien, par
^. Deville(p1. xu) 257-289
^ <luelqiies médailles supposées. Victorina, Lol-
'■^nus, L. iElianus, par J. de Witte ( pi. ix). . . 201—210
^Uletin bibliographique et Chronique. Médailles ro-
**^s de la collection de M. Hcrpin (Auguste, Caligula , Do-
!'"^^«i, Dioclétien), 67-73 . — Septirae Sévère , 92. — Médailles
P^ï-îaleji ( Auguste '• , 479-489. — Médaillons contorniates,
^^-^47.
492 TAIILE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.
Médailles byunilneii.
Bulle byzantine inédite du musée du Louvre , par
E. Miller ( vignette ) 23-
IfUMISMATIÇUE DU MOTBli AGB.
Monnaies françaises.
PKKMIÈRE RACE.
Description des monnaies mérovin^^iennes du Li-
mousin, par Max. Deloche. VU. Sauviac, Naillac,
Brilliau-Fa, Ambazac, Brionne, le Pineau. . . . 30—
— Vin. Salagnac,Coussac-Bonneval, Ghabrignac,
Abriîic, Clngnac, Sarazac, Savignacou Salagnac,
Saint-Yrieix, Chabanais 290—3
— IX. Uzerche, Eyburie, Chabrac, Cursac, Cssel,
ïeillol, Evra, Biive, Cornil 348—2
Tiers de sou d'or de Tonnerre, 367, pi. XVI , n" 1. — Denier
de Mu-S(Tille, 401-406, pi. XVII, n« 10.
SECONDE UACE.
Dissert^ition sur les monnaies frappées à Lncques
pendant la domination des Francs aux vm* et
IX* siècles , par DoMENico Massagli ( pi. xix ). . . i29 '
D.^iiiHr cai-lovingien de Tonnerre, 368, pi. XVI , n* 2
TROISIÈME RACE.
Le royal d'or de saint Louis, par Adr. de Longpérier
(vignette) 303 — ^
Monnaies d*or de Philippe de Valois , trouvées à Deauville
(Calvados), 332.— Monnaies d'argent de François I, de Henri II,
de Charles ÎX, trouvées à Moirans (Isère), 332.
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. A03
Monoaleft priDTliiclalcA.
Monnaies des comtes de Tonnerre , par A . de Bar-
THÉLBMT (pi. xvi) 366 — 377
Ëca d'or de Charles^ duc d'Orléans^ par Adr. db
LoKGPiaiER (vignette). 454—457
Quelques monnaies rares ou inédites de la biUio-
tbèque de Marseille, par A. Carpentin ( pi. m). . 45— 52
Denier inédit de Guillaume IV, prince d'Orange, par
R. GÉRT (vignette) 308—312
Essd sur l'histoire monétaire des comtes de Flandre
de la maison de Bourgogne et description de leurs
monnaies d'or et d'argent, par L. Dbschahps de Pas.
I. Philippe le Hardi ( pi. vi , vu et vni ) 106—439
— II. Jean sans Peur (pi. xetxi) 211—237
— IIL Philippe le Bon (pl.xxétxxi) 458—478
Numismatique lorraine , par Ch. Robert ( Lorraine
ducale. Bar ) (pi. xiii et xiv) 313— 32S
Honiuûefl du xn* ftiècie de Gui I, comte do Ne vers, d'Eudes III
le Bourgogne , d'Auzerre, de Tonnerre , de Bourbim , de San-
«rre^ de Raoul II et de Gui de Nevers, seigneurs d'Issoudun,
l^eoiivertes à Varzy (Nièvre) , 327-331. — Monnaies d'argent
le JeAxme d'Albret, découvertes à Moirans (Isère), 332.— De>
uers diesévêques de Toul, de Metz, de Mathieu I de Lorrain^',
roov*»àCoutrexéviUe (Vosges), 387-396.
MoBMilM élranvêrea.
^ltril>QiiQ|| à l'empereur Henri VI d'une aiigustale
"^^dite, par A. Huillard-Bréholles (vignettes). . 53 — 61
"^*^ïs de Balscha lll , prince de Monténégro et de
^ïlta, par François Lbnormant (vignettes). . . . 140 — 164
**tjaies d*argcut d'Emmanuel Philibert, duc de Savoie, dô-
^rtes à Moirans (Isère) , 332. — Monnaies des comtes de
^p, 248-251 . — Monnaies des Indps orientales néerlandaises,
^^1.- 6. 31
ERRATA
DE LA REVUE NUMISMATIQUE.
!••!.
Page 110, lignes 16 et 17, valant les 50 1/2 pièces d*or huit livres, quatre
deniers gros, Ui«s huit livres, huit sols, quatre d^zûers
gros.
— 210, note 4, ligne 1, Tillemant, liêêx Tillemont.
— 330, ligne 33, un croisant, lisez un croissant.
— 332, — 1, rome «rwcAe, lisez romeiruche.
— 344, — 12, Carlian, liêtt Corlian.
— 393, — 14, vous n*hésiter, lise* vous nliésiteE.
Paris. — Imprimé par E. TRCNoretc*, rue Racine, 26.
REYilE NUiriSiîATIO'.ir:
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Mi.lMATig" r:
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REVUE
ÏISMATIQUE
BIGOT (Â.]t àRenue».
BLACAS D^AULPS (Le duc de), à
Wrignon (Var),
BOILLEAU (L.), à Tours.
BOUDARD , à Bezien.
BRETAGNE, à Nancy.
BRUGIÈRE DE LAMOTTE, kMont-
CARPENTIN (A.), à Marseille.
CAVEDONI (L'abbé C), à Modène.
CHARVET(J.).àPari8.
COCHET (L'abbé), à Dieppe.
<X)HEN ( Henr}) , à Paris.
rOLSOK ( Le docteur A. i . à Novoii.
CUAZANNES (I^ baron Chaudruc
de 1 , à Castel-Sarrazin.
DAUBAN ( Alfred), à Paris.
DKLOCHE ( Maximin), à Paris.
DENIS LAGARDE , à Brest.
DESCHAMPS DE PAS (Louis), à I
Sdint-Omer.
DEMLLE (Acbille), àParis.
DUPRÉ (Prosper) , à Montjay (Seine-
et-Marne ).
EVANS (J.), à Londres.
FEUARDENT, à Montmartre.
(iARRUCCI (R.), à Rome.
(JAYRAUD DE SAINT-BENOIT, à
Saiut-Benolt ( Aude).
GÉRY ( R. ) , à Voiron ( Isère ).
nUCHER I Eugi'ne), au Mans.
HITILLARD-BRÉHOLLES ( A. ) , À
Paris.
nURON (E.), à Montoire-snr-Loir.
.TUDAS (Le docteur A. ) , à Passy.
KŒHNE (Le baronde),à Saint-Pé-
tersbourff.
LAGOY (Le marquis de), à Air
( Bouches-dn-Rhône ).
LONGPÉRIER-GRIMO
de), à Lonffpérier ((
LUYNES (LeSucde),
MALLET (Femand), à
MANTELUER,à Orlé
MASSAGLI(D.), àLn
MAXE-WERLY(Uon
MILLER (Emmanuel)
MORBIO(Carlo), àMi]
MÛLLER(Lonia),àC
NABfUR, à LuzenîboQT
PÉTIGNY (Jules de\ à
et-Cher).
POE Y D'AVANT (F.]
(VendéeJ.
PONTHIEUX(N.),àï
PONTON D'AMÉCOUl
îiTrîlport (Seine et B
PORRO (Comte Jnles),
PROMIS (Chev. Dam.),
PROKESCH-OSTEN (1
Constantinople
RAUCH (Adolphe de]
RETHAAN MACARÉj
Utrecht.
ROBERT (G. K à Paria
RONDIER, àMelle(&
ROUYER (J.), àParii
SABATlER{Jean),àM
SAUSrComteJ.F.G.d
SAULCY fF.del.àPi
SAUVADET.àMontpe
SAUVAGEOT(F.),à
SORETrF.); àGeuëre
TOULMOUCHE(D'),*
VALLIER(GusUve),à
VASQUEZ^UEIPO(V
VOGUÉ (Le comte lld
Pexean (Cher^.
REVUE
N UMISMATIQUE
PUBLIEE
J. DE WITTE
d« l'AMdéaii roytli dos Sciences, dee Lettres et des BeiaiArts de Belgique,
Correspondent de VInstitnt
et de It Société Impéritle des Antiqnaires de Fnnce ,
ADRIEN DE LONGPERIER
Ifembre de l'Institut et de la Société impériale des Antiquaires de Franco ,
AModé étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique.
Oitendile mihi nomisma census... Gojas
est inago hsc, et inperseriptio ?
M4TTH., XIII, 19— sa.
NOUVELLE SÉRIE. TOME SEPTIÈME.
PARIS
AU BUREAU DE LA REVUE
■. CAMILLE KOI.I.I1V ET VEIJAKDBIIT
IS, AOI TITTENME
1862
;moires et dissertations
LETTRES A M. A. DE LONGPÉRIER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
( PI- 1- )
■ M.
le article— Voir le d<> 6 do 1858, p. 437 ; lo n« 5 de 1859, p^dl3 ; le
e la même anm-e, p. 401 : li? ii«» 3 de 1860, p. 164; le n" 4, p. 249;
5, p. 345 ; lo n« 6 de la rafime année, p. 409, et 1« n" 2 do 1861, p. 77.
XIV.
Trouvaille de Chanlenay.
^ cher ami, tu sais mieux que personne le parti que
^ut tirer de l'étude minutieuse d'un dépôt de mon-
antiques que le hasard met au jour; aussi la dé-
crie et la possession d'un dépôt de ce genre sont-elles
èves favoris de tout numismatiste tant soit peu pas-
lé. Cette bonne fortune, toujours espérée, toujours
due en vain, j'ai eu cet été le bonheur de la rencon-
Juge de ma joie! Un trésor de mes chères monnaies
ùsea est tombé tout entier entre mes mains , et c'est
12.- 1. 1
2 MÉMOIRES
(le la composition de ce trésor que je vais, cette fois, l'en-
tretenir.
Avant tout , je dois te faire partager les émotions que
j'ai savourées , et pour cela je vais te raconter le plus briè-
vement possible toute Tliistoire de ma précieuse conquête.
Pendant que je faisais consciencieusement , au mois de
juillet dernier, mes dévotions à la nymphe de Contrexévîlle,
à qui, hélas ! j'ai voué bon gré mal gré un culte assidu, je
reçus de mon digne ami , M. Aug. Chassaing , substitut du
procureur impérial à Cusset et numismatîste très-distin-
gué, ce qui ne gâte rien, l'annonce d'une trouvaille de quel-
ques centaines de pièces d'argent consulaires et gauloises,
exhumées tout récemment sur la limite des départements
de l'Allier et de la Nièvre. Certes, cette nouvelle était bien
faite pour m'affriander. Je répondis courrier pour courrier,
en suppliant M. Chassaing d'acquérir au plus vite le tout
pour mon compte. Enfin, après quelques jours d*une
impatience fiévreuse , je l'avoue sans scrupule, je reçus
la bonne nouvelle, dont je commeuç^ais presque à déses-
l)érer, que le trésor en question était devenu ma propriété.
Peu après je rentrais à Paris, et je tenais le bienheu-
reux sac qui m'apportait les vénérables reliques du temps
passé que j'allais étudier à mon aise. Je n'eus pas le
temps de faire plus que de jeter un coup d'œil d'amoureux
3ur le contenu du sac en question, car je partis aussitôt
pour la Suisse, où dans les heures de loisir que m'a laissées
une longue saison d'eaux dans un établissement isolé, j'ai
eu tout le temps d'examiner, de classer, de peser mon riche
butin; cette étude m'a donné d'assez curieux résultats pour
que je sois assuré que la communication que j'en fais par
toi aux lecteurs de la Revue uimiismaiique^ les intéressera à
un haut degré.
ÏT DlSSKKTAriONS. 3
J'avais chargé M. Chassaing de me procurer le plus pos-
sible de détails précis sur cette importante découverte, et
j*ai reçu de lui une lettre qui lui avait été envoyée, en ré-
ponse à ses questions, par M. Douuiet, de Moulins, par Ten-
Cremise duquel il avait pu acquérir pour moi tout le con-
t^enu de la trouvaille. Cette lettre , si obligeamment écrite
par M. Doumet, je ne saurais mieux faire que de la trans-
orire fidèlement. La voici donc :
M 25 septembre 1861.
a Les renseignements que je puis vous fournir sur la
t.rouvaille des médailles de Cbantenay sont , à mon grand
ï^egret, très-imparfaits et peu détaillés. Vous connaissez le
paysan, toujours défiant et dissimulé; voici donc tout ce
c^ue j'ai pu obtenir de celui dont je m'étais fait le commet-
l^ant :
« Dans le courant de mai dernier, en ])énétrant à environ
AO centimètres de profondeur, dans un champ dépendant
^'une des maisons du bourg de Ghantenay (Nièvre) et
située au midi de ce bourg, il déterra un petit pot en terre
grossière et rougeâtre, de forme ovale tronqué, de 12 à
4 6 centimètres de diamètre; ce pot, comblé jusqu'à la
gueule par une terre assez compacte, fut brisé par lui d'un
violent coup de sabot , et il en vit sortir une quantité de
petites médailles; il les recueillit au nombre de plus de 600,
t*t me les apporta dans le but d'en connaître la valeur.
« Tels sont les seuls renseignements que j'ai pu obtenir
du trouveur; en voici d'autres venus de mon côté :
0 Le champ où s'est faite la trouvaille, appartient depuis
quelques années à Vannéreux (Pierre) ; c'est son frère qui
Ta faite : ce champ dépendait d*une maison ancienne ap-
partenant à la famille Meure des Régnants ; il est situé au
sud du bourg de Ghantenay, non loin du chemin de grande
A MÉMOIRES
communication de Cbantenay à Dorny, à 200 mètres envi-
ron de l'église.
(( En faisant, il y a quelques années, des fouilles dans ce
champ, à un mètre de profondeur, on a découvert des fon-
dations romaines, quantité de briques et de tuiles indiquant
parfaitement cette origine.
(( Dans diverses localités de cette même commune, on
rencontre les vestiges d'une voie romaine *, et l'on a trouvé
plusieurs antiquités, dont quelques-unes sont au Musée de
Nevers; toute la contrée présente les traces de l'époque
gallo-romaine.
«Veuillez, etc. A. Doumet.»
Maintenant, mon cher ami, que tu en sais autant que
moi sur la trouvaille de Chantenay, je passe à l'analyse du
trésor qu elle a mis entre mes mains : à tout seigneur tout
honneur ; je commence donc par les monnaies gauloises.
Ligue contre les Germains.
Les pièces de la ligue contre Arioviste et les Germains
entrent pour une assez forte proportion dans la trouvaille
de Chantenay. On en compte 81 exemplaires appartenant
aux trois espèces suivantes :
DVRNACOS— AVSCRO 57
Idenij illisibles 6
DVRNACVS— DONNVS 16
DVRNACVS— ESIANiNI 2
81
> La voie romaiue dont il est question dans cette lettre allait de Boarbon-
l'Arehambault à Decise.
ET DISSERTATIONS. 5
Nous alloDS Dous occuper successiveiueut de chacuue de
<r.^^s espèces.
DVRNACOS. — AVSCRO.
DVRNACOS. Tête casquée de Pallas.
ij. AVSCRO. Cavalier la lance en arrêt.
57 exemplaires lisibles , plus 6 autres sur lesquels les
légendes n'ont jamais été empreintes. Le poids moyen de
o^S'S quinaires est de l8%916. Ils sont en général usés
0€z^ jnme des monnaies qui ont eu un cours assez prolongé.
Un exemplaire est incus, et porte au revers la tête cas-
cj ^j ée et une portion de la légende DVRNACOS en creux.
Un autre est frappé au droit de deux parties du type,
^^i^mt les grènetis forment au centre du flan deux arcs de
c^ ircle à peu près tangentiels. Je reviendrai un peu plus
^oî Ji sur les conclusions à tirer de cet accident de mon-
n^^age.
ESIANN1(0S?) — DONNVS.
Farmi les monnaies gauloises qui composent le trésoi* de
^^^«antenay. Tune des plus intéressantes est sans contredit
^^ 1 3e que je vais décrire et qui paraît pour la première fois.
Kl> 1^ se rattache à la riche série des quinaires au cavalier
^^ «JBé, de la ligue contre les Germains et Arioviste. Au droit
^«^ voit comme de coutume la tête casquée de Pallas, et
^^'^^ant la figure on lit ESIANNI. Au revers paraît Je cavalier
Salopant la lance en arrêt. Entre les jambes de son cheval
^^^ inscrit le nom DOiNiNVS. Le poids des deux pièces est
î^^^^jr chacune de l6%925 (pi. I, n°»l et 2). Elles sont assez
^*^^^eset frottées pour qu il n'y ait pas de doute sur le cours
^ ^-^ n certain nombre d'îinnées qu'elles ont subi, avant d'être
^^^^^fiées à la terre.
^ous savons que le plus ordinairement les quinaires ait
trouvons mentionnés parmi les peuples soumis à Doni
père de Cotus , les Ësubiani (de Pline, 111, 2A, &] ou
biani (de l'arc de Suze).
D'Anville (p. 293) s'exprime ainsi à leur sujet:
« croit voir quelque rapport entre le nom d*J?xu6i<
« celui des rivières (ÏUbaye et d'Ubayelte, dont la jo
« se fait au-dessus de Barcelonnette Il est constat
(i des noms de rivière ont fait les noms de divers peu]
L'illustre géographe se demande ensuite si les Esubi
doivent pas se confondre avec les Vesubiani de Tare de
D'Anville mentionne de plus (p. 695) une vall
Alpes, travei^sée par un torrent qui va se jeter dans
et qui se nomme la Vesubia.
M. Henry, ancien archiviste de Toulon*, au saj
Esubii (probablement il faut lire Esubiam)^ dit ce qu
«On peut assigner pareillement aux Esubii la vall<
u s'étend depuis Mauren jusqu'au Riou-Bourdous ,
a qui , à raison de ses forêts épaisses et sombres, ]
« le nom de vallis Nigra , et que parcourt dans te
« longueur la rivière d'IIbaye, laquelle a pu porter 1
(c d*Esubia qu'elle donnait à ce pays. »
KT DISSERTATIONS. 7
dd^nates, dont la position est déterminée à Seine (vallée de
Baiircelonnette) , ce qui conduit à placer les Esubiani sur les
wiv^s de rUbaye, cours d'eau affluent de la même vallée.
Sur l'arc de Suze, les Ve$ubiani sont cités après les Qui-
^é^M£eSj queVon place avec toute raison dans la vallée de
Qtjft^iras, voisine de celle de Barcelonnette. Il y a donc i
pen. près certitude que les Vesubiani doivent être confondus
^v^o les Esubiani.
^ 'oublions pas cependant qu'il existe un torrent nommé
^ esubia qui se jette dans le Var, ce qui permettrait alors
^*a^imettre l'existence de deux peuples distincts dont l'un
^*^»*^it vécu dans la vallée de Barcelonnette, et l'autre dans
la ^Vallée de la Vesubia,
Hâtons-nous de terminer cette discussion en faisant rc-
•^^ai^quer que la peuplade qui se donnait à elle-même le
•^^^^■i d'Ësiannios appartenait à Donnus, et que pour celle-là
* *<iditification avec les Esubiani des bords de TLbaye est
^1® l>€aucoup la plus probable.
Quoiqu'il en soit, nous avons une forte présomption de
PÎiis en faveur de l'identification du Donnus des monnaies
S^^ilcises avec le roi Donnus , père de Cotus, mentionné
«un l'arc de Suze\
DVRNACVS. — DONNVS.
L^ trésor de Cbantenay contenait 16 quinaires de l'espèce
Weii connue déjà, dont la description suit, et dont il est
ï'ïutile de faire ressortir la ressemblance frappante avec
^H^s à la légende ESIAXM,
*-«fc monnaie gravée sous le u" 2 pré£entc^ après les caractères SlANN'l^
'^^^^nt, on jambage Tertical saivi d*un petit trait parallèle moins distinct.
^^^^ errait peut être, après un mûr examen , lire snr notre pièce £SIANNI I*,
8 MÉMOIRES
DVRNACVS. Tête de Pallas casquée.
1^. DONNVS. Cavalier la lance à la main.
Le poids moyen des quinaires de Donnus est de l»%9^f .
Ils sont en général d'assez bonne conservation. Trois d'entr-'i^s
eux présentent une singularité que j'avais déjà remarqué^^
sur certaines pièces gauloises, mais dont je ne m'étais pa.^
rendu compte. Voici en quoi elle consiste : le côté du rêver» ^
c'est-à-dire du cavalier, est net et remplit bien le cbamp^,
tandis qu'au droit on voit très-distinctement, vers le centrée
de la pièce, deux grènetis à peu près tangents l'un àl'autrev
contenant, celui de droite, une portion de la partie posté-
rieure du type ; celui de gauche, une portion de la partie an-
térieure, c'est à-dire du visage et de la légende DVRNACVS
placée devant. Ce fait curieux ne me paraît explicable qu^ en
supposant que plusieurs flans métalliques étaient reliés
en grappe avant la frappe, et que les deux coins, la pile
et le trousseau, ont été désajustés pendant cette frappe. Si
le coin avait tréflé, comme on dit en terme du métier, cette
tangence des deux types de la face ne serait pas régulière
comme elle l'est constamment, et une empreinte aurait em-
piété sur l'autre. Il y a plus : on pourrait admettre que plo-
sieurs coins étaient gravés sur une seule et même matrice
qui se serait déplacée latéralement pendant l'opération, de
sorte qu'en taillant ensuite les flans au poids légal JacîsaiDe
aurait entamé deux types de face, en respectant Tintégritéde
celui du revers , sur lequel l'ajusteur se guidait probâbI^
ment, parce qu'il était considéré comme le type essentiel
à cause de la présence du nom du chef. C'est là un fait qui
me paraît aujourd'hui hors de doute, et qui nous révèle une
certaine partie des opérations du monnayage gaulois.
Nous avons vu tout à l'heure que les quinaires analogues
du chef AVSCROCOS sont au nombre de 57, et pfobabl^
ET DlSS£RTATiONS. 9
«nt de 68, en admettant, comme je n'en doute guère, que
s 6 pièces totalement privées de leurs légendes, par suite
s la frappe et de la taille , appartiennent aussi au chef
lucfocos. Cette comparaison nous montre que les qui-
û>es de Donnus sont à très-peu près quatre fois moins
>niii]uns que ceux d'Anscrocos. A mon avis, les deux es-
feces appartiennent certainement à la même peuplade, ou
IntAt au même ensemble de peuplades confédérées sous
Uitorité d'un seul chef, et comme les quinaires d'Aus-
txîos sont sensiblement plus usés par le frai que ceux
5 Donnus, et que d'ailleurs ceax-ci pèsent 1»';93. tandis
le les autres n'ont pour poids commun que 1«',915, il en
!snlte forcément que Donnus a succédé à Auscrocos, qui fut
"obablement son père, et par suite le grand -père de Cotus.
Il me semble aujourd'hui qu'il n'y a plus guère de possi-
Uté de voir dans les noms DVRNACOS et DVRNAGVS '
»tre chose que la désignation sous laquelle étaient con-
>^ parmi les Gaulois les peuplades placées sous l'autorité
Auscrocos et de Donnus. Qui sait si cette appellation n'a
*» quelque signification analogue à celle de motiHignards
1 de riverains des torrents ? 11 appartient aux celtisants
s le décider, ou mieux de le reconnaître. Si ce fait était
■^e fois établi, il en résulterait forcément que l'attribu-
on à Ambiorix des quinaires à la légende AMBIL , AMBILO
^ AMBILLI , au droit, avec la légende EBVRO au revers,
^^VRût être définitivement abandonnée. Le mot Eburo se-
^l alors le nom écouité d'un chef qui se serait appelé
2>urovix, peut-être. Je le regretterais sans doute, parce
pt'ilme paraissait fort intéressant d'avoir des monnaies de
' Remarquons en pa&sunt que la forme en OS serait aiii»i {ilub ancienne
•«e ]t forme en VS, comme cela semblait probable à priori.
10 MÉMOJRES
l'illustre Ambiorix; mais « siamicus Arabiorix, magisamiic:
Veritas. » L'Eburovix en question aurait été ainsi à hbài
chef d'une peuplade désignée par les mots AmhiU Amtih ac
Ambilli ( nom Toisin de celui des AmbiliaîeSy qui ne peuvent
être ici en cause, je crois, et de celui des Ambiularélei)fei
d'autres Gaulois désignés encore une fois sous lenomdd
Dumacos. Tout cela est bien obscur encore, mais patieiice!
chaque jour apporte un trait de lumière de plus, et nous
fînirons par voir clair sur ce point , comme sur tant d'au-
tres*.
Orgetirix.
Toutes les variétés connues des monnaies d'Orgetirix
sont représentées dans le trésor de Cbantenay. Je vais les
énumérer.
1. Dégénération de la tête de Diane; devant la figuie,
KDVIS.
n^. Un ours marchant à droite; à l'exergue, ORGETou
ORGETIR.
1 exemplaire de la première variété^ 2 de la seconde;
3 autres exemplaires incomplets, ou incus. — Poids mojeOt
18%85. Un peu frottés. (PI. L n*' 9 et 10. )
* J'écrivais ceci au mois d'août, à Lavey, près de Saint-Maarice en Vilw-
A mon retour «u France, je passai par Lyon pour examiner les monnaies g*""
luises de la collection Lambert, acquises par les soins de M. Martin Dtxaùp^'
le savant et digne conservateur du Musée. Juge , mon cher Adrien, de Wj^
que j*ai dû ressentir en rencontrant dans cette collection un magnifique dcoitf
nu cavalier armé , à fleur de coin , et sur lequel il n'y a pas Tombre depo»"
bilité de méconnattre la légende EBVROV. Le Y final est tellement iMtfiS
faut abandonner à tout jamais Tattribntiou de la légende EBVRO aux B*'
rons. Sans aucun doute, la pièce sur laquelle feu le marquis de Lagoy W
EBVRON a été mal lue. Une rectification vaut une découverte, etje n»**"
jouis fort d'avoir enfin trouvé la vérité sur la teneur de cette curieuse l«g«>^'
c'est toujours un pa.« de fait en avant.
ET DISSERTATIONS. 11
COIOS. Tète orDée d'une coiffure , ressemblant i utr
le, et du torques.
ORCIITIRIX. Cheval galopant à gauche,
exempliûres en bon état. — Poids moyen, 1«',825.
ORC:T:RIX. (L'E est formé de trois points. ) Cheval
ipant à gauche; dessous, un gros poisson.
l tTPILI.l' (ATPILl. F.). Tête de femme à gauche.
»e»mplaires un peu frottés, sauf pour le côté concave,
porte le nom d'Orgetirix et qui est bien conservé, —
h moyen, 1«',80.
I» Mêmes légendes et mêmes types, sauf que le poisson
lempfau^ par une étoile,
eiemplaires frottés. — Poids, 1>',825.
• (0)RCITIRI.. Cheval galopant à gauche.
• Même tête qu*aux n"" 3 et &. La légende n'a pas porté
le flan.
Edanom d'Orgetirix est bienrcmplacé cette fois parun I.
exemplaire. — Poids. 1«',76. Pièce très-frottée.
Kèce à la légende ATPILl. F., avec double surfrappe
ée.
emplaire. — Poids, 1»',80.
Monnaies éduetines.
oinaires d'argent appartenant aux Éduens sont
très-grande proportion dans le trésor de Chan-
n'y a rien là que de très-naturel , grâce au voisi-
^ette importante peuplade qui étendait peut-être
lion jusque-là. L'examen attentif de toutes ces
oetites monnaies confirme pleinement la classifi-
f ai proposée pour celles qui sont anépigraphes,
"egarde comme les plus anciennes. C'est par
12 VÉMOIBES
celles-là que je vais commeDcer mon éoumén
riétés qui sont très-nombreuses.
A fiépigraphfs.
1. Flan large et mince. Fabrique extrèmem
et ayant une grande analogie avec celle des m
loises qu'il faut rapporter aux peuplades d
Rhin.
Tête casquée ; derrière la nuque , quatre po
en croix •;• .
H. Cheval sanglé galopant à gauche ; au-d
dessous, un cercle centré, et devant le poilr
terminée par un arc de cercle ouvert à l'extéj
ruiné par de gros points. C'est probablement
ration du timon du char.
9 exemplaires. — Poids moyeu, 1«',88.
2. Tête casquée; derrière la nuque, quat
croix. Style beaucoup meilleur, le casque est mi
Man plus petit.
k. Môme type que sur la variété précéden
Tare de cercle rattaché au timon est remplacé ]
centré, et qu'au-dessous du cercle placé sous
cheval on voit un epsilon renversé.
5 exemplaires. — Poids moyen, 1«%78S.
3. Mêmes types, sauf que derrière la tète
voit les quatre gros points réunis par des traits
former une véritable croix.
ft exemplaires. — Poids moyen, l^'^SO.
A autres exemplaires sur lesquels il n'est pai
voir la croix placée derrière la nuque , pesant
1»%825.
ET DISSERTATIONS. 13
i. Tète casquée; devant le nez, un cercle centré.
k Cheval galopant à gauche. Au-dessus et au-dessous,
uri annelet; flèche du timon encore visible.
2 exemplaires. — Poids moyen, 1»%86.
6. Pièce très-usée et très-barbare. Tête casquée.
5. Cheval libre galopant à gauche. Au-dessus et au-des-
5*ou8, un annelet. Devant la tête du cheval, un arc de cercle
^ plati , ouvert vers le centre de la pièce. Pas de flèche
^ ^ timon.
1 exemplaire. — Poids, 1»',80.
6. Assez large et très barbare. Tète casquée , avec la
^^ ï-oix derrière la nuque.
fi. Cheval sanglé et bridé galopant à gauche ; au-des-
^^s, un annelet centré surmonté de deux signes ou S cou-
^^ liées-, au-dessous, un gros point rond et le signe T, où
1* epsilon devient méconnaissable.
1 exemplaire. — Poids, 1«',85.
7. Très-barbare. Tête casquée.
$. Cheval galopant à gauche ; au-dessus? et au-dessous,
Van annelet. L'inférieur est placé au-dessus d'un T.
1 exemplaire. — Poids, 1»%80.
8. Très-barbare et très-usée. Tête casquée.
^. Cheval galopant à gauche ; au-dessus , un annelet, et
les signes oT.... Le premier (C renversé) placé au-dessus
%ie la tête du cheval.
1 exemplaire. — Poids, 1»',85.
9. Très-barbare et très-usée. Tête casquée.
^. Cheval ; au-dessus , un cercle perlé , à gauche duquel
la lettre V et à droite la lettre I ; sous le ventre du cheval,
un annelet centré.
3 exemplaires. — Poids, 1»',80.
\
1
1 exemplaire. — Poids, 1»%80.
il. Usée et barbare. Tête casquée ; derrière, i
croix.
^. Cheval de très-mauvais style; au-dessus et ai
un annelet.
14 exemplaires. — Poids moyen, l6%857.
12. Même pièce, mais de style plus correct.
2 exemplaires. — Poids moyen, 1»%76.
13. Usée et barbare; exactement semblable i
sauf que derrière la tête on croit voir seulement d<
superposés, au lieu de la croisette.
3 exemplaires. — Poids moyen, 1«',866.
là. Très-barbare ; exactement semblable aux n*
sauf qu au revers on voit un annelet de plus deva
trail du cheval.
1 exemplaire. — Poids, 1«',80.
ËdUENNES ÉPIGRAPHIQUES.
1. Tète casquée, à gauche.
^. Cheval sanglé et bridé, galopant à gau
V A A . «««, A^f^^^,*^
ET DISSERTATIONS. 15
î casquée.
ne cheval, seulement le A est placé la pointe en
plaire. — Poids, 1»',90. Usée.
j casquée ; style médiocre.
ae cheval ; au-dessus, KVA.
iplaire. — Poids, 1«',86. Usée.
I casquée d'assez bon style.
val un pied de devant posé à terre , Tautre levé ;
deux jambes, TO de la légende €AOT; sous le
lonogrammc composé d'un G et d'un A.
iplures. Pièces, très-usées. — Poids , 18%90 et
3 casquée.
irai bridé et sanglé galopant à gauche; au-des-
.; dessous, une rouelle à quatre rayons au-dessus
înversé; devant le poitrail , Yï couché,
plaires usés. — Poids moyen, 1«',83S.
3 casquée; derrière la nuque, une fleur,
val ordinaire ; au-dessus, K>A; au-dessous, une
quatre rayons.
plaire en assez bon état. — Poids, 1«',85.
s casquée, très^barbare.
val sanglé et bridé galopant à gauche; au-dessus,
pommetée; au-dessous, une rouelle à quatre
tun n (sigma?) renversé,
plaire en bon état. — Poids , 1»',93.
pièces à la légende KAA, mais en trop mauvaii»
être rapportées à la variété à laquelle elles ap-
nt, pèsent en moyenne 1«%85.
16 MÉMOIRES
AnOBBO. — DVBNORIX.
Il était fort intéressant d'avoir à comparer un cert^-^
nombre d'exemplaires de cette rare monnaie, et j'ai eu '^
satisfaction d'en rencontrer plusieurs variétés dans letrés^^^
de Ghantenay. Leur étude m'a démontré que j'avais ^■^
tort de supposer que Dubnorix, fils d'un Dubnocos, éta.î*
petit-fils d'un personnage dont le nom ...NORBO restait *
compléter. 11 est bien complété aujourd'hui, et doit se lire
ANORBO ; mais comme ce nom se trouve associé avec celui
de DVBNORX (sic) , il n'y a plus possibilité de voir da3S
ANORBO l'aïeul de Dubnorix. Il reste donc là un problème
à résoudre, problème dont la solution, je le crains, se fera
longtemps attendre. Quoi qu'il en soit, voici la série des
variétés que m'a offertes le trésor de Cbantenay.
1. Les deux pièces les plus usées de la série offrent &ii
droit une tète coiffée d'un casque orné de points et d^
festons. Au revers, paraît un cheval galopant à droite, aii-^
dessus duquel on voit un annelet centré. Au-dessous, j^
crois lire les deux seules lettres AN , qui seraient les ini^
tiales du nom ANORBO. Mais je me 14te de dire que Tét^^
des deux pièces, dont l'une d'ailleurs est incuse, re»^
cette lecture fort douteuse. Ce que je prends pour un ^
pourrait en effet n'être que la tête d'un B mal tracé, ^^
nous aurions ainsi les débris de la légende DVBNO, qui e^
fort claire sur le reste des pièces de cette série. Toutefo*^
je dois ajouter que le faire de ces pièces est plus barbare f
plus grossier que celui de toutes les autres.
2 exemplaires. Leur poids est de 1*',80.
2. Tête coiffée du même casque orné de trois festons
centrés et surmontés de trois points placés en triangk;
ET DISSERTATIONS. 17
vant la figure, quelques points qui semblent exclure la
^Dce d'une légende. Une longue chevelure part de
380US le casque ; elle est formée de deux traits et de deux
Des de points. La t^.tc porte un collier de perles.
^ Cheval sanglé et bridé galopant à droite; sous le
itre , un annelet centré , et au-dessous un trait arrondi
ressemble à un G renversé.
I exemplaire. — Poids, 1«',86.
I. ANORBO. Même tête casqute. La mèche de cheveux
formée de deux traits simples non accompagnés de
les de points. Collier de perles.
}. Cheval bridé et sanglé galopant à droite; au-dessus,
annçlet centré ; au-dessous, la légende DVBNO.
* exemplaires plus ou moins usés. — Poids moyen, 1«',87.
. ANORBO. Même tête casquée qu'au n*" 2 , mais sans
II soit possible de savoir si la légende DVBNO manque
UD simple défaut de frappe.
leox de ces pièces sont évidemment des produits du
ne coin.
» exemplaires. — Poids moyen, 1»',88,
I. Même tète qu'au n*" à. Devant la figure, les deux der-
tes lettres BO ( la première, douteuse ) , suivie d'un glo-
le entouré d'un cercle de points.
% Cheval galopant à droite; dessous, DVBN. seule-
snt.
Cette pièce présente les deux grènetis tangents, indices
la fabrication par grappe de flans.
1 exemplaire. — Poids, 1«%90.
5. ...RBO... Tête du n« 3.
^ Cheval bridé et sanglé ; au-dessus et au-dessous, un
wlet centré et la légende DVBNO.
l exemplaire. Poids, 1»%87.
»2.— 1. 2
18 UÉMOIRES
7. Tète casquée du n*" A. Un torques remplace le collie-
de perles. Deux grènetis tangents.
fi. Cheval ; au-dessous, la légende DVBNO soulignée.
1 exemplaire. — Poids, 1»%85.
8. Tête casquée du n*" 3. Deux grènetis tangents.
A. Sous le cheval, DYBN s(;ulement.
Un exemplaire. — Poids, 1«%86.
9. Tête casquée. Les festons ne sont pas centrés. Deu?i
grènetis tangents; derrière celui de gauche, ...RB ..
S). Cheval bridé et sanglé , galopant à droite ; au-dessu?=
et au-dessous, un aunelet centré. Sous le cheval .. DM0 (aie)
au-dessus du pied de devant , RX , fin de la légendii
DVBNORX {sic),
1 exemplaire. — Poids, 1«%90.
10. Même pièce qne la précédente, sauf que les feston-
du casque sont centrés.
1 exemplaire. — Poids, lf%89.
DVBNORIX — DVBNOCOV.
Les monnaies de cette série sont fi*appées sur des flan:
un peu concaves, plus larges et plus minces que celles
la légende ANORBO; elles sont pour la plupart bien con
servées. En voici la description :
1. DVBNOCOV. Tête de divinité féminine. (Toujours sa «"
le côté convexe du flan. )
Kl. DVBNOREX. Dubnorix debout de profil et cai^qufc »
tenant des deux mains une courte hampe surmontée d*i» »>
sanglier.
10 exemplaires, dont un incus et un surfrapi>é. — Poirfîf'
moyen, 1«%82.
2. Fabrique un peu moins soignée.
ET DISSERTATIONS. 19
DVBNOCOV. Tête de divinité féminine ; derrière la nuque,
un ornement formé d'un arc, au-dessus duquel on voit
trois points disposés 2 et 1 , et au-dessous, deux groupes
de trois points disposés 2 et 1.
S. DVBNOREIX. (Sur un exemplaire il n'y a que
BVBOREIX. ] Dubnorix debout et de face. Il est casqué et
cuirassé, et porte une longue épée suspendue au flan droit ;
de la main droite il tient un camyx et un sanglier-ensei-
S^ ; de la main gauche, une tète coupée.
4 exemplaires. — Poids moyen, 1^^,875.
LiTAVICVS,
^^ quinaires de Litavicus sont, en général, d'une bonne
cons^^B-vation. Ils présentent trois variétés principales, sans
tenir compte des variétés insignifiantes de coin.
*• lête de Diane à droite. Le carquois est remplacé par
UDe SK:>rte de fleuron; devant la figure, un sceptre plus ou
moins orné.
^' Iwiitavicus à cheval, et cuirassé. 11 galope à droite, et
tient ^^^s deux mains le sanglier-enseigne. Sous le cheval
^^* Le casque du guerrier est simple et sans cimier.
*® exemplaires. — Poids moyen, 1»%8815.
^' Iklêmes types, sauf qu'au revers on lit LIT A/.
i^3ccmplaire. — Poids, 1«%75.
'• A^ème type au droit.
^* 1-titavicus, coiflé d'un casque à cimier, dans la même
atutud^ que suj- les variétés précédentes. Autour de lui on
vulitavicos.
^ exemplaires, de fabrique plus défectueuse que les pré-
céiaat es.— Poids moyen, l8%92.
20 MÉMOIRES
Q. DOGIRIX.
Les monnaies de Q. Docirix sont assez nombreuses dai — ""r>
le trésor de Chantenay, ce qui confirme leur attribution aiH^H. ::
Éduens. C'est toujours la pièce si connue présentant 1< ^^
types suivants :
1. Tête casquée, à gauche; devant le visage, Q. DO(L J[.
r). Cheval bridé et sanglé^ galopant à gauche. Au-dessu .:^,
Q. DOCI; au-dessous, SA1.F.
36 exemplaires , presque tous fortement usés. — Poi^. Is
moyen, 1«%875.
Le type ordinaire présente les variétés suivantes :
2. Sous le cheval du revers, on voit SAAT*.
1 exemplaire. — Poids, l^fib.
3. Mêmes types, seulement on ne lit que DOCl au revci^=s.
Le cheval a le pied droit de devant fortement relevé; a «-J-
trementdit, les deux jambes de devant ne galopent ^^^
parallèlement.
2 exemplaires. — Poids, 1«',88. Pièces très-usées.
à. Mêmes types. Au revers , TS initiale est placée isole-
ment au-dessus des jambes de devant.
2 exemplaires, — Poids, 1*^,825,
TOGÎRIX.
Les monnaies grossières de ce chef sont des plus coix> "
munes de la suite gauloise. On les rencontre à peu pr**
dans toute la France, et Grivaud de la Vincelle cite, entr*
autres trouvailles faites dans les fouilles du jardin d**
Luxembourg, une agglomération de petites pièces rendu^^
friables par Toxidation , et qui n'étaient que des quinaire
de Togirix, Le trésor de Chantenay nous fournît naturel!^'
if
IKT DISSERTATIONS. 21
contiogent de pièces de celle espèce. Elles sont
ede 22, et présentent toutes le type ordinaire,
suivant :
X. Tète casquée, à gauche.
IRI. Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche,
d'uQ reptile qu on a pris jusqu'ici» et moi comme
inde, pour une branche garnie de baies. Comme
M)Dt invariablement au nombre de quatre , oppo-
à deux, j'y vois aujourd'hui les quatre pattes d'un
iplaires. — Poids moyen, 1«%881.
rence constante des légendes TOGIRIX et TOGIRI
tdu revers semblerait prouver qu'il s'agit d'un
Is de Togirix , la forme TOGIRI indiquant plutôt
* qu'un nominatif; mais jusqu'ici la chose re&te
quand ce ne serait qu'en considération des lé-
DOCI et Q. DOCI SAM F., qui se lisent sur les
des mêmes quinaires.
Iflivs Togirix.
description du seul spécimen de cette rare mon-
>ntenait le trésor de Chantenay.
gauche, probablement casquée comme sur les
de Togirix; devant le nom , IVLIV. Ce nom est
un point très-net et très-apparent, précédé lui-
ne ligne courbe qui représenterait assez bien le
Q. Faudrait-il donc lire QuintusJulius Togirix?
'un bon exemplaire nous apprendra tôt ou tard.
R.... Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche.
type est insaisissable,
ilaire, un peu frotté.— Poids , 1«',80.
22 mi(^:moires
Imioci.
Nous voici arrivé à une pièce fort extraordinaire, qui pa-
rait pour la première fois, et dont je me déclare tout
à fait hors d'état de donner Texplication.
iniOCI. Tête casquée à gauche.
^. Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche ; entre ses
jambes î AA. Au-dessus du cheval , traces d'une légende
inappréciable. (PI. I, n*»' 3, 4 et 5.)
5 exemplaires se complétant l'nn l'autre. — Poids
moyen, l8',80.
L'ensemble des types relie très-étroitement cette étrange
pièce à celle du chef Docirix. Serait-il question ici d'un
Imiocirix? C'est possible, mais fort douteux.
L'examen de ces quinaires donne lieu à quelques obser-
vations assez curieuses. D'abord les deux I de la légende,
sur deux exemplaires, sont suivis d'un point et munis à la
partie inférieure d'un petit trait très-oblique, ce qui donne
à la lettre la forme \. Sur les trois autres, la présence
d'un I n'est pas discutable. La forme de l'M, ainsi faite n,
comme un oméga renversé, est une nouveauté, je crois, et
n'a été signalée sur aucune autre pièce gauloise, à ma con-
naissance. Enfin le cheval , dont les jambes de devant sont
étrangement disposées , a la tète de face. La légende du
revers est lettre close pour moi. En résumé, je souhaite
que de plus habiles parviennent à deviner 1* attribution de
cette monnaie.
Epomeo...
La pièce qui porte cette légende est connue depuis long-
temps, mais non encore expliquée. Elle a été publiée pour
ET DISSERTATIONS. 25
la première fois par M. de ia Saiissaye. cVaprès un exem-
plsiire de Munich \ puis par Ducbalais % qui lisait la légende
ERCMŒLOS. Cette monnaie, que Ton trouve en Auvergne
l>e3.iicoup plus fréquemment qu'ailleurs, appartient proba-
blement aux Arvemes. Le trésor de Cliantenay n'en conte-
nai t qu'un seul exemplaire assez défectueux et fortement
wsé par le frai. En voici la description :
l>eux têtes d'homme jeune tournées à droite.
îï. Un lion en arrêt, la patte gauche de devant levée,
Sovis le ventre, la lettre V; à l'exergue, ..POMllD.
Il faut rapprocher plusieurs exemplaires de cette rare
ïnonnaie pour en avoir le type complet.
Poids, 2*',35. Ce poids est tout à fait en désaccord avec
<^eluî des pièces que nous avons examinées jusqu'ici, et
par conséquent elle appartient à un autre système , c'est-
à-dire à d'autres lieux, ou à un autre temps*. Comparée
aux drachmes de Marseille de la dernière époque, on trouve,
^oii pas identité de poids, mais bien un rapprochement
*^^appant*. C'est donc probablement à une peuplade plus
"approchée de la Province proprement dite, qu'il faut attri-
"^er cette monnaie.
Séquanes.
f-es quinaires des Séquanes compris dans le trésor de
' tenitf numûm., 1843, t. VIII, p. 411.
* ^td. gaul, de ia BibUoth, royale, p. 91, n» 305.
^Q possédais d<^jà trois exemplaires de ctittc rare monnaie , provenant
**** ^e Gergovia ou de Corent. Le poids de 2,35 est exactement celui de
^^ois exemplaires.
^««8 drachmes marseillaises de la dernière époque sont celles qui offrent
'h^h la patte levée et d*un dessin médiocre, avec lettres variées à Texergue.
^^%aax exemplaires de cette variété m*ont donné les poids suivants : 2,70 ,
•^ et 2,40. Il y a donc rapprochement, mais non identité de poids.
2A MÉMOJRES
CbanteDay sont extrêmement usés et paraissent avoir ^^^^^
un cours assez long. Ce sont, de toutes les espèces comp ^^^h
sant ce trésor, celles qui paraissent les plus anciennes. A
quelques légères différences de coin près, elles sont tout-^
semblables. En voici les types r
Tête à chevelure bouclée à gauche.
Rj. SEQVANO lOTVOS. Sanglier passant à gauche.
20 exemplaires. — Poids moyeu^ i^.SCb,
Ségusiaves.
Les charmantes monnaies qui appartiennent à cette pe'*^'
plade, dont, le premier, tu as rétabli le nom à l'aide d^^
inscriptions antiques \ étaient représentées dans le trésO^"
de Chantenay :
Buste casqué, à droite, un javelot à Tépaule. Devaï3*
la figure, SEGYSIA; derrière la tête, V et S. Ces trois por-
tions de légende, qui ne sont pas séparées par des pointas*
forment, suivant toi, un seul mot : SEGVSIAVS, pour Segms^
5iavu5, de même qu'on voit dans mainte inscription VIVS
pous FtwMs*, et, ce qui est encore plus frappant, BATAVS
et FLAVS pour Balavus et Flavu$.
^. ARVS. Hercule de face , s' appuyant de la main droite
sur sa massue , qui repose verticalement sur un appui; de
la main gauche , par-dessus laquelle passe une pièce d'é-
toffe (la peau du lion?), il tient une corde attachée au cou
d'un petit personnage , de face , monté sur une estrade et
> Mém. de la Société des antiquaire* de France, t. VIII, 1846, p. 262.
* Cette opiuion a été exposée , en 1847, dans la Retme de Philologie^ t. ^^ «
p. 195 ; rappelée dans le Bulletin de V Académie ro}fale des sciences de Brus^t '"'
t. XIX, 2* part., p. 398, et dans la Bnue nvmMin., 1858, p. 333.
ET DISSERTATIONS. 25
du manteau qui caractérise le dieu Télespbore, corn-
lOD habituel d'Esculape.
exemplaires. — Poids moyen, 1^,825.
S8 quatre pièces, d'un style très-remarquable, sont en
état de conservation.
Lvcios.
nci maintenant la description d'une précieuse moo-
qui, si elle n'est pas entièrement nouvelle, parait
tmoins pour la première fois avec sa lecture complète.
. de la Saussaye avait vu à Clermont, dans la collection
I. Ledrn, un denier semblable sur lequel on ne lisait
LVC, ou LYCl *. Ce même denier a été reproduit plus
dans le recueil de M. Pegboux '. On l'attribuait, sans
ide hésitation, à Lucterius, l'illustre chef des Cadur-
». Il faut aujourd'hui renoncer définitivement à cette
othèse, qui n'est plus admissible, grâce à la trouvaille
Ihantenay.
6te de Diane, à gauche. La déesse est bien caractérisée
le croissant qui surmonte sa coiffure. Devant la figure,
lOS.
. LYCIOS. Guerrier debout, de face, et la tête nue. De
lain gauche il s'appuie sur un long bouclier gaulois ;
a droite il tient un long sceptre, terminé par un trèfle,
ir la hampe duquel est placé un sanglier,
ezeinplaires. — Poids moyen, 1«',8466. (PI. 1, n"» 7 et S.)
1 le voit, cette monnaie a la plus grande analogie avec
nièces ordinaires de Vérotal. Elles sembleraient donc
, 1840, pi. XVI.
^^m êw lêi momiaiês dts Ârttmi, 1857, pi. III, n* 33.
26 MÉMOIRES
appartenir à deux peuplades voisines, sinon à la ni&De;
quelle serait cette peuplade? C'est ce qu'il est encore bien
difficile de décider. Lucios, comme Vérotal, ont-ils été (/e^
chefs des Pictons? des Santons? c'est possible, maisnoï^
pas démontré. Quoi qu'il en soit, les pièces de Luciosoii^
certainement précédé celle de Vérotal, au même type*
puisque le trésor de Chantenay n'offre que des deniers atii
lion, tandis que les pièces de Vérotal au type des monnai&3
de Lucios, y manquent absolument.
Si nous rapprochons maintenant les deniers d'argeotdu
chef Lucios des charmantes petites pièces de cuivre publiée
pour la première fois par M. de la Saussaye , et qui offrent
au droit une tête d'un style tout romain , avec la même lé—
gende Lvcios, et au revers un sanglier au dessus d'un fleu-
ron, on arrive forcément à une supposition que je regaitie
comme assez plausible. Les pièces de cuivre] de Lucios»
trouvent d'ordinaire dans le Périgord , et j'en possède un
exemplaire déterré è Écorne-Bœuf, l'ancien oppidum de»
Pétrucoriens. C'est donc à ce peuple que pour ma part:
j'attribue les rares monnaies du chef Lucios. Remarquons
de plus que les pièces anépigraphes des PétrucorieDS •
attribuées avec certitude, grâce à leur provenance con —
stante d'Écome-Bœuf , sont toutes empreintes du type di-»
sanglier. En définitive donc, je propose formellement d^
voir dans Lucios un chef des Pétrucoriens, qui, après avok:*
fait sa paix avec Rome, a continué à émettre des monnai^'^
de cuivre. La fréquence dans le Poitou des découvertes*'^
la petite pièce de cuivre de Vérotal me porte à pensai*
que ces deux chefs, l'un des Pétrucoriens et l'autre d^
Pictons, avaient adopté le même type monétaire.
KT DISSERTATIONS.
Vérotal.
leniers ordinaires du chef Vérotal, connus de lout le
» et qui se rencontrent si fréquemment dans les ré-
centrales et occidentales de la France, manquent
ftement dans le trésor de Chantenay. Mais en re-
I, ils sont remplacés par une monnaie infiniment
are du même personnage. C'est la pièce au lion,
Q oe connaissait encore que l'exemplaire, passé du
t Wiczay dans la suite de M. de la Saussaye \
li appartenant à M. le docteur Colson , de Noyon.
sor de Chantenay en contenait trois exemplaires,
Trent tous des variétés de coin. En voici la des-
n :
I de divinité féminine (Diane probablement) à gau-
lans un cercle , ou dans un cercle doublé à l'extérieur
econd cercle de points ou grènetis. Derrière la nuque
une sorte de fleuron, qui semble une dégénérescence
quois de Diane.
^IIPOTAL, au-dessus d'un lion passant à gauche; le
i est formé d'un trait doublé d'une rangée de points,
lemplaires. —Poids moyen, 1«%888.
Gaiv. ivLi— Omapatis
A la description de la pièce la plus précieuse de la
Jlle de Chantenay , pièce qui malheureusement est
unique, et a grande chance de le rester encore long-
, IMO, pi. V, n- 11.
28 MÉMOIRES
UAIV. IVLI. Buste de chef à gauche.
ij. OMAPATIS. Cheval libre galopant à gauche; aU'(/&-
sous, un oiseau allant à droite.
1 exemplaire. — Poids, 1«',85. (PI. I, n* 0.)
La légende du revers est-elle complète, ou y manque-l-U
une initiale? Je le crois, sans pouvoir l'affirmer. Faut-il*
comme pour Vérotal, lire ..OMARATIS, et non Omopa/ts?
Je le crois encore. Quant à compléter le nom, lespremièred
hypothèses qui se présentent sont qu il faut lire COHAPATlS
ou DOMAPATIS. Mais quittons bien vite ce terrain peia
solide.
La présence des noms GAIVS IVIJVS semble démontrée"
que le chef en question avait fait sa soumission aux Ro-^
mains, et qu'il sétait, en signe de fidélité, affilié à la fa —
mille du conquérant, dont il avait adopté les nomsetpré^ —
noms. Peut-être l'oiseau placé au-dessous du cheval n'esl-iï
qu'une réminiscence du paon qui se voit au-dessus du (
val , sur les pièces de cuivre si épaisses que l'on trouve (
Auvergne ( à Corent surtout), et sur certains stalères,q» -■
conviennent aussi bien aux Bituriges qu'aux Anerne*—
Quoi qu'il en soit, la pièce que je viens de décrire estuD^s
bien intéressante acquisition pour la suite monétaire de:^
Gaulois.
DiASVLOS.
Les monnaies attribuées jadis aux Diablintes sont c«»
assez notable proportion dans le trésor de Chantenaf-
Leur étude m'a démontré une fois de plus la nécessité
de comparer le plus grand nombre possible d'exemplaii«^
d'une même monnaie gîiuloise, afin d'arriver à la lecture
certaine de ses légendes. C'est ainsi que tout le monde a
cru sur la foi de Pellerin , et que j'ai cru fermement mo*"
ET DISSEBTATIONS. 29
ne, que le nom à lire sur les monnaies qui nous occu-
t, était DIAVLOS; or il y manque une lettre essentielle,
trois exemplaires frappés de façon à présenter intégra-
ent la portion du flan placé devant la tète du cheval ,
Dt fait reconnaître. C'est un S bien caractérisé; en
» qu'il faut désormais lire DIASVLOS. Que signifie celte
mdefJe l'ignore. Est ce un nom de chef? C'est pro-
ie, puisque nous ne connaissons aucun nom de peuplade
logue Quant à ia peuplade qui a émis cette monnaie,
! doit être naturellement assez voisine de Chantenay,
sque les pièces qui lui reviennent sont en général d'une
ine conservation relative, et ne semblent avoir eu qu'un
rs peu prolongé, si on les compare, par exemple, aux
maies éduennes primitives et aux séquanes Voici la
uiptioD de la pièce en question :
été nue à gauche , les cheveux disposés en rangées de
clés inclinées en sens inverse; le cou est orné d'un
e torques.
. Cheval galopant, à droite ; il porte une sangle, et sa
ne, fort courte, semble coupée carrément. Au-dessus
lieval, on lit DI^ ; devant la tète, S ; sous la bouche, V,
>us le corps, LOS.
l exemplaires. — Poids moyen, 1«%8614.
0U8 allons voir la même tète se présenter ex.octement
des pièces de même style , de même fabrique , mais
;des l^endes toutes différentes.
èmes types que la pièce précédente , seulement on lit
» fois au-dessus du cheval, ^NO,et au-dessous, C3^.
exemplaires. — Poids moyen , ^^fib.
î poids plus faible et l'état de conservation moins satis-
int de ces pièces, prouve suffisamment qu'elles sont
30 MÉ3tf01RES
antérieures à celles qui présentent la légende DIASVLOS. //
en est de même des deux suivantes.
Tète méconnaissable.
^. Cheval galopant, à droite. Au-dessus, trace de la
lettre 0 ; au-dessous, NA,
1 exemplaire. — Poids, I^'ïSO.
Même tête, avec l'oreille fortement accusée.
^. Cheval sanglé galopant à droite-, au-^lessous, ofl.
1 exemplaire. — Poids , 1«',85.
Je soupçonne toutes ces petites pièces d'être des Ar-
vernes, ou mieux de quelque peuplade voisine.
DVRATIVS.
Les rares monnaies de Duratius sont représentées dans
le trésor de Chantenay par deux exemplaires seulement.
DVRAT. Tête de Diane, à gauche.
Sj. Cheval libre galopant , à droite ; au-dessus, un mo-
nogramme aiusi formé rÇi , probablement celui des Pic-
tons. A l'exergue, sur l'un des deux exemplaires, IVLIOS;
sur l'autre, IVLIO seulement.
Poids du premier, l«',80 ; du second, 1^,95.
Santonos kt Santonos a ri vos.
SiVONOS. Tête casquée, à gauche.
S). Cheval bridé et sanglé, galopant à droite ; dessous,
un globule entouré d'un cercle de po nts.
5 exemplaires. — Poids moyen, 1«%88.
Même type, sauf qu'au droit on lit ARIVOS, et au revers,
au-dessous du cheval , SANTONO.
10 exemplaires. — Poids moyen, l«%8à.
ET DISSEBTATiONS. 31
18 d'Arivos sont un peu plus frottées que celles
le SANTONOS seule; elles sont donc plus an-
AXEVLA-VLàTOS.
maies si communes d'Ateula sont en très-petit
DS le trésor de Chantenay ; elles sont mal frap-
tes du même type.
Buste de génie ailé, de face, avec la tète de
un torques au cou.
OS. Cheval fantastique, à droite; au-dessus,
e/9 ; au-dessous , le pentagramme ; à Texer-
>issant double.
laires, dont un surfrappé et un incus. — Poids
80.
à Tépi ne parait pas dans le trésor de Chan-
)t donc postérieur au type du croissant,
gramme dont cette pièce est empreinte serait-il
1 pentagramme de Déols? C*est possible. En
. parait probable que cette pièce appartenait à
ef du centre de la France , qui aura régné du
teauroux, par exemple. F. de Saulcy.
nui dans le numéro suivant. )
32 MÉMOIRES
DE QUELQUES MÉDAILLES
DE MARCUS VIPSANIDS AGRIPPA.
M. le conseiller aulique Léopold Welzl de Wellenhcii^*
dans le catalogue de sa remarquable collection publié ^
1844, décrit, sous le n" 9668, un moyen bronze sur leqo^^
on lit la légende ordinaire : M. AGRIPPA. L. F. COS-III-^
autour d'un busie d* Agrippa la poitrine couverte de ta pec#^
de lion ; le revers offre la figure de Neptime en pied -•
accompagnée des caractères S. C, et la contre-marque
TI. AV.
M. H. Cohen n'a pas admis cette curieuse médaiUe dans^
sa Description historique des monnaies frappées sous fen^f^
romain y soit qu'il ait considéré comme erronée Tindicatioi^
fournie par M. de Wellenheim , soit que la pièce de bms^
lui ait paru étrangère à la série romaine propremeotf^
dite.
Je n'ai pas, à la vérité , vu le monument original ; mii^
je n'ai aucune raison de me défier du témoignage de M. d^
Wellenheim, dont le catalogue, rédigé avec un très-gran^
soin, dénote l'expérience que peuvent faire acquérir à a:o
homme instruit quarante années d'études spéciales.
D'ailleurs, le détail qui distingue la médaille en question
des autres moyens bronzes si connus d Agrippa, ]sLdépouilff
ET DISSERTATIONS. S8
i /ton, n'est pas un accessoire étranger à la numismatique
maine , et dans ce Recueil même, notre savant ami M. J.
5 W^îtte a expliqué , à diverses repi ises , les causes qui
it atinené les personnages des familles impériales à em-
ninter les attributs d'Hercule *. De la part d'un homme
iodeste et austère comme Tétait Agrippa, l'adoption de ces
^posants attributs pourrait étonner. Mais il faut cepen-
iant se rappeler que le vainqueur d'Actium s'était laissé
lécemer un étendard couleur de mer qui l'assimilait pres-
î^u à Neptune * ; on connaît la célèbre statue du palais
Grimani à Venise, qui représente l'amiral romain avec
''^jtistement héroïque, reposant la main gauche sur un
wUphîn, que soutient un petit autel *. D'ailleurs une mon-
•^^ peut être une œuvre indépendante de la volonté de
^lui qu'elle représente. Rien dans la légende n'indique où
^ cnédaille de la collection Wellenheim a été frappée;
^Î5 il n'en faut pas conclure qu'elle est nécessairement
*^iiquée à Rome ; on connaît des moyens bronzes d' Agrippa
^ t:ype de Neptune dont le style est tout à fait étranger à
^^lie, quelquefois extraordinairement barbare. On ne sau-
*^ , d'ailleurs, considérer comme étant de coin romain
^"tcs^les monnaies impériales de bon style qui portent les
Fondes conçues suivant le système de la métropole.
^^^^ sait que par la défaite des Cantabres, qu'il réduisit
l*an 730, Agrippa acheva de soumettre l'Espagne. De là
^Xft tellement naissait pour les flatteurs une occasion de
•^^4daili$ê inédites âê Pottume. Revue ntimûm., 1844, p. 330. « De quelques
*^^«ifrf romaing qui ont pris Us attributs dP Hercule , ihid., 1845, p. 266.
^S'Vaietoii., Oct. 25 : « M. Agrippan in Sicilia post navalfxn viotorinm ce-
^'^ '▼eullo donavit. »
^ooocke, Descript. of the East, t. II , pi. XCVII. — Visconti , Iconogr. ro-
***^«, pi. VIII, n» 7.— Clarac, Musée de sculpt., n" 2344 b.
\«62. — 1. S
ià MÉMOIRES
comparer le général romsda au Tainqueur de Géryon;
Horace {Carm.^ III, lA, 1-A) n'a pas négligé cette allusion
mythologique en Thonneur d'Auguste revenu de la Pénin-
sule :
Herculis ritu modo dîctns, o Plcbs ,
Morte vcnal cm petiisse laumm,
Cssar Hispana repetit Penat^»
Victor ab ©ra.
Plusieurs villes d'Espagne , Gadës, tosarangusta, Celsa,
placèrent la tête d' Agrippa sur leurs monnaies. A Saragosse,
l'efligie décorée de la couronne rostrale et entourée de la
légende M. AGRIPPA. L. F. COS III pourrait être confondue
avec celle de la monnaie romaine. Mais le revers nous
montre les noms de duumvirs et le type du prêtre qui
trace l'enceinte de la colonie.
A Cadiz, l'ami d'Auguste reçoit les titres de Paironm
municipii^ de Parens mumcipii; son portrait remplace la
tête d'Hercule, type habituel de la monnaie; son nom et
ses titres, M. AGRIPPA COS III MVNICIPI PARENS, accom-
pagnés de Taplustre, symbole de victoire navale, sont êsmh
ciés à l'image du dieu phénicien ^
Qu'y aurait-il donc d'étonnant à ce que le moyen bronie
au type de Neptune ait été, à l'aide d'une variante, l'addi-
tion de la dépouille du lion, accommodé pour la circon-
stance?
Ce n'est pas , an reste , la seule modification que le type
primitif ait subie. Il y a une vingtaine d'années, j'ai vu à
Londres, entre les mains de feu John Doubleday, un moyen
> Flores , Medallas &• EspaAa , t. I , tab. VIII , xi«« 4 , 5 ; t. U , tab. XXVI ,
D*« 5, 6, 7, 8; Ub. XXVII , n* 1 ; tab. LII , n* 9 — Ëckhel , iV«m. «#l. amted,,
tab. I, D* 1.— Delgado, Catalogue Lorich», n*« 262 à 264, 623à 625, §99, 816,
901 à 903.
ET DISSEBTATIONS. 36
broDze d* Agrippa dont le revers présente, placée aux pieds
■de Neptune debout, une petite Scylla semblable à celle que
porte le denier d'argent de Sextus Pompée , sur lequel on
lit : VÏUEF. ORiE. MARIT. ET. GLAS. EX. SC. Je fis alors de
Tiûnes tentatives pour acheter cette pièce, que j'aurais
voulu donner à notre Cabinet des médailles de Paris. Mal-
gré l'obligeance dont il m'a bien souvent fourni des
preuves, Doubleday ne put jamais se décider à me laisser
emporter en France une pièce si rare et si singulière. Je
ne saurais donc en publier le dessin ; mais le lecteur n'é-
prouvera aucun embarras à se la représenter, car les deux
figures mythologiques qui viennent d'être indiquées sont
connues de tous les numismatistes.
Ainsi que Visconti l'a dit, « les rapports entre le dieu de la
mer et le destructeur des flottes de Sextus Pompeius et de
Karc-Antoine sont faciles à saisir. * n J'ajoute que la Scylla
convenait très-naturellement à un personnage qui avait eu
la Scile pour théâtre de ses exploits. Les succès qu'Agrippa
<d>tint8ur terre près de Messine, ses victoires navales près
de Myte et de Naulochus, justifieraient l'adoption du type
que je viens de signaler. Mais je crois qu'en plaçant aux
pieds d*un Neptune, relativement colossal, une petite figure
du monstre gardien de la côte sicilienne, que Sextus avait
]^s pour emblème de la vigilance et de la force qu'il ap-
portait dans ses fonctions de prœfeclvs orœ maritimœ^ on a
voulu exprimer tout particulièrement le contraste que pré-
sentent la confiance et la défaite du fils de Pompée.
Suétone nous dit assez que cet important événement de-
vait être attribué à l'habileté d' Agrippa, et nous n'en vou-
drions pour preuve que le sentiment dont Caligula était
* tcomùgr. rom., t. 1. p. 210.
S6 nÉuoiBES
animé lorsqu'il abolissait les fêtes destinées à célébc <
l'anniversaire des victoires d'Aclium et de Sicile *. On s^
qu'il ne voulait pas permettre qu'on rappelât qu'il av-^
eu pour ancêtre un membre de la famille plébéiecaa
Vipsania. Mais si ce fou couronné n'estimait pasqu'Agrip^
fût d'assez bonne maison pour avoir l'honneur d'être ^
aïeul, les peuples du temps d'Auguste n'en ont pas moin<
cru possible d'assimiler à Hercule et à Neptune ce graurf
capitaine qui avait fait triompher les armes impériales.
M. Raoul-Rochette, dans un article destiné au Diction-
nairede l'Académie des beaux-arts et publié par avance
dans la Rcrue archéologique ^ dit qu'une « médaille de
moyen bronze d* Agrippa avec les lettres S. C gravées dans
le champ du revers, qui indiquent qu'elle a été frapi^een
vertu d'un décret du sénat, offre sur la face pi ineip-dc la
couronne murale et rostrale, et au revers, Neptune debout,
jwrtant sur la main droite un dauphin *. »>
On a lieu de croire que le savant archéologue , qui avait
peu étudié la numismatique romaine, a confondu le type
des monnaies de moyen bronze avec celui des pièces de
métaux différents, quoiqu'il ajoute,. que ques lignes plus
bas : « La même couronne se voit sur la tête d' Agrippa»
type princii:al d'une autre monnaie qui existe en or et en
argent, etc.» 11 y a là une seconde erreur, puisque ces
monnaies nous montrent, au nr^r* de la tête d'Auguste» k
portrait d'Agrippa, accompagné du nom des officiers dkh
nétaires Platorinus ou Lentulus, et par conséquent avec
tous les caractères d*un type secondaire. Quoi qu'il en3oit,
je n'ai jamais pu découvrir le moyen bronze d' Agrippa prt-
1 •« ilctiacas siculaeque vetuit solemnibus feriis celebrari. r SurtoD.,^'^*
23.
» flw.arcA.,t. IX, 1852, p. 174.
ET DISSERTATIONS. 37
Sentant la couronne nivra*e et rostrale, cl je vois qu'après
toutes les recherches auxquelles il s'est livré , M. H. Cohen
ne Ta point rencontré non plus. Lorsque l'Académie des
beaux-arts donnera à l'impression la seconde livraison du
Dictionnaire qu'elle publie avec tant de luxe , il sera peut-
Hre bon de modifier dans la biographie d*Agrippa le pas-
sage que fai signalé, aPm d*éviter aux artistes, pein-
tres, sculpteurs et graveurs, le soin de chercher un
monument que les numismatistes ne pourraient pas leur
fournir.
Je ne saurais paHer d'Agrippa sans mentionner l'opinion
exposée récemment par un antiquaire de Nîmes, M. Auguste
Met, qui croit devoir reporter à l'époque des Antonins la
série de monnaies offrant la légende COL. NEM.
M. Pelet reprend le système de Jean Poldo d'Albenas, qui,
ilyatrois cents ans, prétendait que ces monnaies représen-
tent, non pas comme tous les numismatistes le croient, les
ponraits d'Auguste et d'Agrippa, mais ceux de Marc-Aurèle
et de Lucius Yérus\
II suffit, je pense, de considérer avec quelque attention
les monnaies de Nîmes pour reconnaître q«i'elles appartien-
nent bien réellement au i" siècle avant Jésus-Christ. Sur
les exemplaires les mieux frappés , on dislingue parfaite-
ment la tète tournée à gauche . ceinte d'une couronne ros-
trale, décoration glorieuse pour un général, mais qui serait
étrange pour un empereur. Enfin , ce qui domine toute la
* BMMoi tur Um médailUt de Nemauêusy dans les Mémoires de V Académie du
Cordf 1860. — Spon dit , en parlant de Poldo d'Albenas et de son explication
des monnaies de Nîmes : <• Il estoit pardonnable, en ce que la science des mé-
dailles n^estoit pas cultivée de son temps avec tant de soin qu'elle Test à pré-
sent. » Recherches curieutet d'antiquité ( 1683 ) , p. 166. Sommes-nous moins
avancés qa'on ne Tétait lorsque Spon écrivait ces lignes ?
38 MÉMOIRES
question, les tètes ne sont pas tellemeot mal gravées qu'c
ne puisse en distinguer très-exactement les traits; or
trûts sont ceux d'Auguste et de son gendre. On me perx:^-
nœttra, à moi qui ai continndlemeBt sous les yeux, av^-^aiQ
Louvre, les deux plus beaux bustes connus d' Agrippa et d»J
Locius Yérus, d*ètre familiarisé avec la physionomie j
culière de ces personnages, et je crois, par conséquente A
être en droit d'affirmer que les monnaies de Nîmes porteoK^sit
la tète d' Agrippa, assez bien reproduite pour ne laisse^^sr
aucune incertitude.
Mais tandis que H. Pelet retire à Agr^pa les bronzes d JHe
Nîmes, d'autres antiquaires s'efforcent d'enlever ces mèo
monnaies à la capitale des Volces Arécomiques pour le
donner à FAuvergne» En 1867, M. Mioche lisait à TAcadé
mie de Clermont une notice sur les médailles dites
Nimes, dans laquelle il proposait ce changement d'attribiMS:-
tion. M. Mathieu, peu après, reprenait l'opinion de so^^
confrère, et s'exprimait ainsi dans l'ouvrage intitulé D^^
coUmies et des voies romaines en A uvergne : u Les abrévi^^^
tiens COL. NEM. se compléteraient très-bien par COLONIE
NEMOSSENSIS ou NEMETENSIS, colonie de Nemossos o«i
de Nemetum, les deux noms primitifs de Qermont conteno-
porains l'un et l'autre de la bataille d'Actium .. Ces moo*
nues coloniales aux tètes adossée d'Auguste et d' Agrippa 9e
rencontrent en si grande quantité dans la ville, et parfois
enfouies en si grand nombre dans le sol des environs , et
jusque sur les plateaux de Gergotia et de Cotent^ qu'elles
supposeraient, entre deux cités si éloignées, des relations
commerciales vraiment extraordinaires; tandis qu'en ad*
mettant à Nemetum l'atelier où eUes se fabriquaient, oa ^
l'explication naturelle de la légende, qui constate rétablis^
sèment d'une colonie latine, fondée ou du moins dévelopi
^T DISSERTATIONS. SO
ie par le fUs du divin Jules, Divi /îltui, et proba-
lons la préfecture d' Agrippa. »
ir de ce passage ne s'est pas rappelé que les mon-
i légende COL. NEU sont recueillies par milliers
A dans les environs. Si ces pièces, découvertes à
Dt été frappées à Glermont , comme il le suppose,
mettre qu'elles ont franchi exactement la même
que si elles avaient été transportées de Ntmes en
•
irait donc là une pétition de principe; on en re-
né seconde dans cette phrase que je rencontre un
loin, à propos de l'opinion accréditée : « L'erreur,
«ne, était facile ; aucune dissertation n'a, jusqu'à
évélé que Clérmont est d'origine coloniale. »
t, même après la lecture du livre de M. Mathieu,
tre convaincu que Glermont n'a jamais été colonie
ou du moins on ne connaît aucune autre preuve
istration de ce fait que la légende COL. NEM. de
illes.
3 contenu dans celte légende ne peut donc servir
la nouvelle attribution.
il n'existe aucun texte, aucun monument qui nous
croire que Glermont a porté le titre de colonie ,
rons, d'un autre côté, citer bon nombre d'inscrip-
ques dans lesquelles la colonie de Nîmes est men-
G'est là un genre d'autorités que nous ne devons
CX5GXXUI , 6 ; CCCLI. 6 ; CCCCLXV]! , 3 ; CCCCLXXIX . 5 -
€CXaV, 11. — Maffei, GalL antiquit., p. 56, et Mui. Vtr.,
t.— Acad, des inscript., t. XIV, 2* pi. M.— SpoD, Miscêll,,^, 169.
MGMLXXXVU. 5. — Millin, Koy. dans U Midi, t. IV, p. 233.-
LdctoiiKq.iff lavUUdê iVuniM , éd. de 1836 , n- 1,3,4.— ^</.
k., 1848, p. 21.
AO MÉMOIRES
pas perdre de vue. Autrement , on en viendrait bient&t à
réclamer les monnaies à la légende COL. NEM. pour les
Nemetes de Spire, pour Nemelobriga de Galice, pour Neme-
tacum ou Nemetocffina des Atrébates, pour les Nemanin-
genses d'AschaiFenburg, ou les Nemaloni de Provence. Mais
M. Mathieu lui-même n'a pas condamné sans bé^tatioo
Topinion de ses devanciers , et il a sagement émis , malgré
ses sympathies pour Nemossus ou Augustonemetum des
Arvemes, un doute dont j'ai souligné plus haut Texprea-
sion, afin de lui en laisser tout l'honneur.
Adrien db Longpêriek.
ET DISSERTATIONS. Al
MÉDAILLES DE COLOGNE
{ COLON I A ACniPPINENSIS),
le des Dbii, peuples qui babitaieut autrefois la rive
lu Rbin, reçut le nom de Colonia Agrippina ou
Agrippinensis ^ d*Agrippine, fille de Germanicus et
NéroQ> qui naquit dans ses murs.
ptna, 9110 vim suam sociis quoque nalionibus osten-
i oppidum Ubiorum , m quo genila erat^ veleranos
tque dediAci impeirai^ cuinomen indiium ex voca-
lus. — Tacit., Ann., XII, 27. ^
"attrait cependant que trente-six ans avant Tëre
ne, quand Vipsanius Agrippa permit aux Ubii, qui
traversé le Rbin, de s'établir sur la rive gauche du
ces peuples prirent déjà le nom d'Agrippinenses.
qu'on peut croire d'après ce que disent Tacite et
I
rte accideral ut eam geniem , Rheno transgres$am ,
prtppa in fidem acciperet. — Tacit., /. cit. — Cf. De
German,^ 28.
ipft.» IV, p. 194. — Cf. Tacit., But,, IV, 28. — Dion Cass., Bût,,
0. . Vojez ansai Âmédéa Thierry, ffùlot'rt dsi Ga^Uoiê , 8* édition,
40.
la seconde se lit dans Ammien Marcellin ^, Fortun;
doine Apollinaire * et quelques autres.
Dans ritinéraire d'Antonin, la ville des Ubii est d
sous le nom à'Agrippina Civitas et de Colonia Ag\
et dans la Notice des provinces de la Gaule '*^ sous <
Civiia* Àgrippinensium.
La Table Théodosienne donne la forme Àgripina
tandis que dans Eutrope *, Trebellius Pollion *, Vopi
Aiirelius Victor '* et Orose ", on trouve Agrippina
Zo9ime"etZonare'\ Xypiînrcya, ÀypcTnrei/r » et dans
mée", AypiTTTTivy.vai!:.
Quelques inscriptions ont conservé le nom de la<
libiî.
< /7ûl., 1,06 et 87; IV, 66 et 68.
« In VitêU., X.
»H.iV., IV,17, 31.
• XV, 8 et 11.
• Carm., 111,19.
• Cafw.,VII,ll6.
f Notitia Proi^inciarum it Civitatum GalUm, dans Gaénrd, frN
»%fMtèmêiê9 diviêiont territoriales dt la Gaulé, p. 20. Paris, 1838, iii-8*
• ff«l.,Vni, 2, et IX, 17.
• Triginta t^ranni, V et VI.
ET DISSERTATIONS. &3
M.MARIO M.F.
STELTITIO RVFINO
COS.
LEG.LEGT MINER.P.F.
CVR-COLCLAVD.AVG.
AGRIPPINENSIVM
PR0C0S.PR0V.S1CIL1AE
CVR.AMERINOR.PRAET.
TR.PL.Q.PROV.MACEDON.
SEVIR. TVRMAR EQ.ROM.
TR1B.LAT1CL.LEG.T ADl.P.F.
un VIRO STLIT1B.IVD1C.
FIDES CVM HELLADE ET
TERTIO PARENTIBVS EIVS.
Grntcr, p. ccccxxxvi, 7. — Th. Mommsen, Ins^ript.
^9fii Nraiiolitani latinœ, n* 1426.
^nt colonne niilliaire aux noms des empereurs Marc-
^h et Lucîus Vérus porte COL. AGRIP. — Orell. , Inscript,
'inx selectae, n* 876.
Dne antre inscription fait mention d'un Masclinius Ma-
iras qualifié de décurion : DECCA ( Decurioni f olotita?
nppin^B ). — Orell., l cil., n* 1108.
Le même recueil d'inscriptions d'OreUi fournit trois au-
s pierres dans lesquelles parait le nom de Cologne :
^54, AGRIP. {Agrippifienn palria).— N» 8381.—
rini, Frat. Arv.^ p. 518. — Mommsen, /. cit.^ n* 2862,
IVS COL AGRIPPINENSE.— N* 8664, AGRIPPINENSL
^ fut à Cologne % où il résidait comme gouverneur de
Eatrop., HisL, YUI , 2. ^ Anrel. Victor., EpUom., XUl , 3. — OnM.,
• Vn, 12. — Cf. aiatoD, FaêH Aornaiw, 1. 1, p. 84. — Roolet, Mimùin 9wr
hh uÉMOiaES
la basse Germanie, que Trajan prit la pourpre, eaVanM
de notre ère , lorsque Hadrien lui eut porté la uouvelledc
la mort de Nerva *.
Goltzius et les auteurs qui Font copié parlent de monoaies
coloniales frappées à Cologne aux effigies de Claude, de Nèroo
et de Vitellius, mais personne neconnait ces monnaies, etoo
ne les retrouve dans aucune collection * : aussi est-ce a^ec
raison que Vaillant n'a pas compris ces prétendues pièces
dans sa description des monnaies coloniales romaines : JV«-
mismaïaareQ imperatorum, Augvsfarum et i\Tsarum inco-
/oniïs, municipiiset urbibus perçusse» Paris, 1688, 2 v. in-fol.
Les pièces à l'effigie de Postume et portant le nom de
Colonia Agrippinensis sont les seules monnaies authentiques
frappées à Cologne sous l'influence romaine. Ces pièces sont
d'une rareté extrême, et quoique Vaillant n'en fasse pas
mention , leur existence ne peut être révoquée en doute.
Il est fait mention de ces pièces dans plusieurs recueils
de médailles d'une date ancienne. Mezzabarba (éditions
de 1«83 et de 1730, p. 395) en décrit une d'après Smetios,
Antiquitales NeomagenseSj p. 239. Noviomag. Batav., i67S.
Dans le Trésor Britannique de Haym ( Tesoro brUtt
tiicoy 1719, t. Il, tab. XXVI, 5 et p. 284, Thés. brUl.,il^
t. II, p 391 ), la médaille de Cologne à l'effigie de Pos-
tume est décrite comme étant de billon.
Banduri {Num. tiwp., 1. 1, p. 311) donne une description
exacte de cette rare monnaie. Beauvais ( Histoire ahti^
Us magistrats romains de ta Belgique , p. 20 , dans le t. XYII des Mémtint è
l'Académie royale de Bruxelles,
* Spartian., Hadrian., II.
' Voir Morell., Thés. imp. rom.^ tab. X, Claïud.^ 32, et le Conmentairti^
rercamp^ t, II, p. 48. — Harduini Opéra selecta, p. 9. AmsteU, 1709,18-^^"'
H. Vales., Sotitia GalHarum^ p. 148.
appées à Cologne.
»is, malgré rautorité d'Eckhel, il pouvait rester
s sur Texistence réelle de ces pièces , si Ton com-
lescriptions exactes de Bandnri et de Beauvais, et
le du Hollandais Smetius, avec les descriptions
nni et Sestini ont données au commencement de
ît, le Père Caronni, dans le Mus^e nl/edervar
. 522, n" 2915), donne la description suivante :
WO.P.F.AV. Cap. rad.
.ce... lit. rétrogradé in area disposilis, figura
itans d. hastam vel caduceum longum, s. fors
E.1I.
(Ciflsufs générales, éd. 2, p. 10, Florent., 1821 ),
ppelanl les médailles décrites par ses devanciers,
e tout autre description de cette pièce, probable-
lême, vue et décrite par Caronni.
iSTVMO P.F.AG (stc). Caput Postumi radiatum.
..PO.GL.AGB. COS. in area Aq
LoniA Claudia Postuma Agrippina. Pallas stans
. bastam tricuspidem, s. victoriolain. JE. 2.
AG MÉMOIRES
d'une fabrique barbare ou surfrappées sur des piècadu
Haut-Empire, surtout dans le grand et le moyen broDi^;
et quant aux petits bronzes, souvent ils ont été frappis
avec une grande négligence, et Ton en trouve de rabriqie
barbare qui ont des lettres dans le champ, dbposées an
ordre et n'offrant par conséquent aucun sens.
Mionnet ( t 1 , p. 83) décrit les médailles d'Agrippioa
de la Belgique de moyen module et du huitième ou plus
grand degré de rareté , et de petit module et du siiièiDe
degré de rareté, et dit qu'elles sont de fabrique barbare.
Les pièces de moyen bronze de Cologne n'ejustent pis;
on n'en connaît que de petit bronze, quelquefois saucé.
Voici la gravure des deux variétés que l'on connaît :
1. IMP. C. POSTVMVS P F. AVG. Buste radié, à droite.
^. COL. CL. AGRIP. COS. Illl. La Monnaie debout, toof'
née à gauche , et tenant de la main droite des balances, et
de la gauche une corne d'abondance. — IK.
2. Même légende, même buste.
^. C. C. A. A. COS. IIII. Même type. — R.
V Les quatre lettres C. C. A. A. s'interprètent par fo/wi^
Claudia ÀugxMta Agrippinettsis. La colonie envoyée i
les auspices d'Agrippine, en 803 de Rome, cinquante!
après Jésus-Christ, avait reçu le nom de Claudia^ en l'h»-*
neur de Fempereur Claude, le mari d'Agrippine *.
* Tacii., Ann , Xll, 27. — Cf. Eckhel, D. S . I, p. 74 — LlnicriptioB
ûir»
ET DISSEBTATIONS. A7
Je ne connus que deux exemplaires de la première de
ces deux pièces. L'un fait partie de la collection de feu M. G.
Bolin de Guise , et m'a été communiqué par mademoiselle
Bolin, sa fille, qui a conservé la collection formée par son
père. L'autre, à fleur de coin , appartient à M. Asselin , i
Cherbourg, et c'est grâce à notre collaborateur M. Feuar-
dent, toujours empressé à servir les intérêts de la science,
que j'ai pu l'examiner et le faire dessiner pour être mis^
sous les yeux des lecteurs de la Revue.
Il existe à ma connaissance trois exemplaires de la pièce
qui porte seulement des initiales : le premier dans la col-
lection de feu M. G. Rolin (c'est l'exemplaire que j'ai fait
dessiner ^ } ; le second faisait partie de la collection de feu
M. Tdcbon d'Annecy; le troisième appartient à mon ami
M. le commandant Oppermann.
A mon passage à Bordeaux , au mois de septembre der-
nier, j'ai trouvé dans la collection de M. Péry, notaire, une
autre pièce de Postume, inconnue jusqu'à ce jour, et qui
porte les initiales de l'atelier de Cologne. Grâce à l'obli-
geance du possesseur, il m'est permis de mettre ici un des-
tin de cette rare médaille sous les yeux des lecteurs.
IMF. C. POSTVMVS P. F. AVG. Buste radié, à droite.
^. lOVI VICTORI. Jupiter armé du foudre et tenant ud
^nrtcneil de Gmter et dont lions avons donné une copie, tujpra, p. 43, fournit
«giUeiiient les noms de COL. CLAVD. AVG. ÂGRIPPINENSIYM.
* Cette pîèee, qui faisait partie de la trouvaille de Maeon, près Chimny
(Haînant), est décrite dams la Atmm numUmatiq^^ dt 1837, p. 144.
A8 MÉMOIRES
sceptre, marchant à gauche et détournant la téie àdroi^*
Dans le champ, des deux côtés du dieu, les lettres G* ^
( Colonia Agrippinensis). — M.
Les médailles qui portent la légende COL. CL. AGRIP. O^
simplement les sigles C. C. A. A. sont marquées du qii^^
trième consulat de Postume. Cette marque fixe la date d^
leur émission. On a des pièces d'or qui, avec la scpUèiti^
puissance tribunitienne TR. P. VII , portent la mention d«^
troisième consulat de Postume. Ainsi , en 26i de l'ère chré-
tienne , Tempereur gaulois qui était monté sur le trône e0
258, n'avait encore pris la dignité de consul que trois fois«
Des pièces de billon et de petit bronze avec la meolioo
de la neuvième puissance tribunitienne TR. P. VIIII, doa—
nent le quatrième consulat, COS. IIII. On pourrait donc
présumer que Postume n'a pris son quatrième consulat
qu'en 266, dans la neuvième année de son règne. Toutefois»
je suis porté à croire que la date du quatrième consulat do
Postume doit être fixée à Tan 265, la même année où il
associa Victorin à l'empire. Sans entrer ici dans tous les
développements nécessaires, qu'il me suffise de faire ob-
server que l'on a des médailles d'or, de billon et debronzB
portant la marqcie du quatrième consulat , sans mention
de la huitième puissance tribunitienne (jusqu'à ce joor
on n'a retrouvé aucune pièce avec l'indication de la hui-
tième puissance tribunitienne de Postume ' ). Ajoutons que
l'on connaît un aureus sur lequel parait Postume, revêta
de la dignité de consul pour la quatrième fois , P. M. I.P-
COS. IIII. P. P. dans un char de triomphe, que des pièces
de billon et de petit bronze ont pour type la Victoire
* La pièce décrite par Banduri ( 1. 1, p. 294 ) est une pièce mal cooier^'
de la neuvième puissance tribunitienne. P.M.TR.P.V11II.
ET DISSERTATIONS. A9
Bibout, qui tient une palme et se pose une couronne
tr la tête, COS. IIII ; enfin que la médaille inédite de la
»llection de M. Péry a pour type Jupiter Victorieux, lOVl
:CTORl *. En rapprochant tous ces types, on arrive à la
z^duaion suivante : c'est que Postume , avec Y aide de
c^orin , a fini par battre Gallien , et a repoussé l'empereur
cxiain hors des Gaules. Ces événements eurent lieu en 265 *.
Bdaiotenant que Ton connaît la signification des lettres
A. gravées dans le champ d'une médaille à l'efiQgie de
stume, il resterait à chercher ce que peuvent indiquer
uxtres lettres que l'on rencontre, soit dans le champ, soit
r exergue de quelques monnaies de ce règne.
I>*après ce qui précède, il est certain que les sigles G. A.
cliquent Colonia Agrippinen$if. C'est dans cette ville, le
^ulevard de l'empire gaulois , que Postume avait établi
itelier de ses monnaies. Qui pourrait en douter en voyant
I type de la Monnaie gravé sur les pièces frappées à
ûlogne? C'est sur les bords du Rhin, le salut des provinces
^mloises, SALVS PROVINCIARVM, que résidaient la plu-
nrt'du temps les chefs militaires qui, au milieu du iii*siè-
^ de notre ère, gouvernaient la Gaule. Auparavant Cologne
levait être la résidence des gouverneurs de la Gennanie
iofèrieure et des généraux qui commandaient les armées du
Riiiiu C'est encore probablement à Cologne que Postume
^vait étabU son Sénat.
Voici les lettres que l'on rencontre sur les monnaies de
^tome :
!• _p. à l'exergue, avec FIDES EQVIT. (billon et petit
ï-« type de Japiter Victorieux, 10 VI VICT0RI,e8t connu et même
^f. le beau mémoire de Brequîgny dans les Mémoires de V Académie de*.
*"*''^. et bellêê'lettree, t. XXX, p. 355.
^8«2.— 1. 4
50 MÉMOIRES
bronze) . Daud le champ, avec ORIËNS AVG. (billon et petit
bronze), et avec PAX AVG. (billon). A Texergue, avec
SALVS AVG. Esculape (petit bronze), et avec SPESPVBLICA
(petit bronze).
2. — S. à l'exergue, avec CONCORD. EQVIT. (billon et
petit bronze), et avec VIRTVS EQVITVM, Hercule (billon
et petit bronze).
S. _T. à l'exergue, avec FIDES EQVIT. (petit bronze),
avec PAX EQVITVM (billon ), et avec VIRTVS EQVIT. Mars
(billon el petit bronze ).
Faut-il voir dans ces trois lettres P, S, T des initiales de
noms de villes ou de peuples, par exemple Pictones ou
Peirtu^orii^ Senones^ Sanloties ou Sequani^ Treviri ou Tu-
rones? Je ne le pense pas, et je crois qu'il s'agit ici tout
simplement des officines monétaires, prima, secundo^ terlia.
J. DE WiTTE.
ET DISSERTATIONS. 51
NOTICE
HVBRSES MONNAIES DU VIII- SIÈCLE AD XV\
(PI. II.)
mnaie gravée sous le d*" 1, trouvée près d'Autuu,
de appartenir iDcontestablement au commencement
siècle. Elle tient, par son style et son module, le
ntre les deniers des derniers Mérovingiens et ceux
I le Bref. A cette époque les maires du palais et les
"68 ecclésiastiques s'emparaient progressivement
ts régaliens, et l'on ne sera pas étonné de me voir
: dans les caractères que porte notre pièce d'argent
ose que le nom d'un roi. D'un côté, on reconnaît
Ht SEO, abréviation ordinaire de Sancto; de l'autre,
Dte un monogramme composé des lettres TRVPM
parait représenter le nom de saint Tropbime écrit
fois Tru/imuê et Truphimus^ même sur des men-
ais au vui* siècle il n'était guère question de saint
A, bien que suivant Grégoire de Tours, ce person-
; été prélat dans la Gaule et à Arles même. C'est
acte de l'évèque Pontius, daté de 1029, que nous
pour la première fois le nom de saint Tropbime
a suite de celui de saint Etienne, premier patron de
Cependant, comme le corps de saint Tropbime
*>»' -htetp»" r^int**'^ .-,10»»' ^
T*"* Je»»' » ' \ ïijoo*»* ^^ (i. mot»-" .v«l
ET DISSERTATIONS. 5S
'pë à Amiens qu'a publié M. le docteur Rigollot \
me celle qui entre dans le nom du monétaire Rodland
r. niftn., 1868, pi. XIII, n"* 39), ou même quelquefois
s le nom de Charlemagne (t6td., pi. XIII , n"" 37, 39,
45).
• 8. CAROLDS en deux lignes.
evers. blESON (pi. II , n*" 3). J'avsûs d'abord supposé,
lis l'avouer, que cette monnaie pouvait être attribuée
iasons ; mais en admettant même l'existence d'un mo-
-amme représentant SV, on n'obtenait que SVIESON,
ui n'est pas SYESSION.
D plus mûr examen m'a fait reconnaître ici un nom
Scier monétaire : Hieso-onis. C'est un nom que nous
▼ODS depuis le vu* siècle jusqu'au xi* dans les chartes
ans les chroniques, sous diverses formes Hezo, Heizo,
EO, Hizo, Hesso, Iso '. En Italie il a pris la forme Gezo '
nous voyons employée pour désigner un juge de Pavie
8 le règne de Hugues, un évèque, un abbé de Brema
emetum). C'est ainsi que Hierusalem, lesus, Hierony-
s, lanuarius, Hyacinthus, Hieroglyphi ont produit Ge-
alemme, Gesù, Geromino, Gennaro, Giacinto, Geroglifi.
Vous n'hésitons pas à considérer le nom du moine de
Dt Gall, Iso, comme une variante de Hizo, Hieso et Gezo.
même qu'on trouve les noms de certains personnages
its Hirmino et Irmino, Hismundus et Ismundus, Hisem-
dus et Isembardus, Hirmingarda et Irmingarda.
a présence des noms de monétaires sur les deniers
/oobroDse, pi. 167, n* 2.
)mii Bonqaet, BUtor. de France, t. YI, p. 241; t. VIT» p. 642; t. YIII,
8.
fnntori , Ànt. Ital. , t. III , p. 449 ; t. IV, p. 737 , 738 , 742, 761. — Ci-
0, But. pair, monum,, 1. 1, p. 195.
54 MÉMOIRES
carlovingiens, comme sur les deniers des Saxons d'Angle-
terre, est maintenant un fait acquis à la science.
La pièce rangée sous le n*" 6 est une belle bractéate su
laquelle je lis, en commençant par le bas, le monogramim
de LVDOVIGVS. La légende circulaire semble donne
+ ISEAI VILLA. Je ne tenterai pas de décider la questb
de savoir si cette pièce doit être attribuée à un des Is d
Bourgogne ou de Champagne, à Isé dans le Haine, ou à bie
dans la Bresse ; mais je ferai remarquer combien il est a
rieux de retrouver une bractéate carlovingienne.
Le monogramme composé des caractères LVDOVCS dii
posés de façon que le C occupe la place consacrée pour I
monogramme de Charles, se voit encore sur deux demei
que nous possédons et qui portent, l'un la légende ROTV
xMACVS CIVl, l'autre le nom LVDOWICVS au revers d'ARBL
Cl VIS. Cette dernière pièce nous démontre la valeur d
monogramme, dans lequel un D très-nettement substitué
TR dans la partie supérieure suffit pour changer le nom d
Carolus en Ludovicw^ alors que le K a déjà fait place à un C
En eflet, M. de Longpérier nous a expliqué que l'emploi d
K pour écrire la syllabe KA était un usage antique des ht
tins ^ , tandis que ce caractère ne pouvait pas servir
écrire CVS.
N° 7. Ce denier porte les légendes circulaires + GRaTI
D-1 REX et +SCI qVlNTINI MO. Au centre un monogramm
que j*ose considérer comme exprimant le nom de Lotbaîr
HLOARIVS. La lettre II est tout à fait semblable à celle qi
figure dans le monogramme de Hugues, duc de France.
La seule difficulté que soulève mon explication du mODC
gramme pourrait naître de la présence du nom de Saie
* Revue numism,, 1868, p. 246.
ET DISSERTATiONS. 00
Quentin. Lothaire I ne possédait pas ce monastère ; et nous
voyons par une ordonnance de 863 que Charles le Chauve
envoyait Févèque Imino inspecter le Vermandois.
M^s, en 857, Lothaire II et son oncle Charles le Chauve
vinrent à Saint-Quentin pour y faire une déclaration com-
mune, et il est possible que Tabbaye ait fait au roi de Lor-
raine l'honneur de placer momentanément son monogramme
sur quelques deniers. Le style de la pièce ne permet pas
de Tattribuer au roi Lothaire du x* siècle.
A côté des monnaies de Charlemagne on peut placer celles
des deux derniers rois longbards dont il conquit le territoire.
Les deux pièces d'or que nous nous sommes procurées sont
des monuments historiques de la plus grande rareté.
La première a pour légendes : D-N AISTVLF R6X et
FLAVIA LVCA (pi. II, n» 4). C'est une variété de la pièce
portant + D.N AI.STVLF RE h FL. AVIA. LVCA, publiée
par Caronnî, que nous n'avons jamais vue en France et qui
i^'eziste même pas à Lucques dans la belle collection de
^' D. Massagli. Elle a été frappée pendant le règne d'Astol-
phe entre 7A9 et 760. On en connaît une autre de Pise
4 FLAVIA PiPAC,
La seconde appartient à l'infortuné Didier qui vint mou-
^^ eu France dans le monastère de Corbie ; on y lit : + DN
DeSiD. RIVS RX. et + FL.A.PLACENT-IAVG (PL liés, AVG
^ monogramme, pi. II, n^ 6) . Cette pièce, frappée à Plai-
»Dce entre 766 et 774, nous était jusqu'à présent tout à fait
Jïicon nue ; elle complète la série des monnaies d'or de Didier
swrlesquelles on lit jusqu'à présent FLAVIA LVCA (Lucques) ,
•^•^VlA MEDIOLANO (Milan), FLAVIA TICINO (Pavie),
''•-AVIASTBR191\
l-<^ chanoine Rambaldo degli Azzoni attribue cette dernière pièce à Tr4-
^% X^netti, Nw9a raccolta, t, IV, p. 56.
56 MÉMOIRES
Toutes ces villes sont dites flatienneSy Plaisance flavienne -=
auguste. Le Père Caronni avance que ce titre tire son origine
de la famille de Vespasien et de la grande influence qu'eUe
eut sur ses contemporains et leurs successeurs *. Mais il
n'est pas besoin de remonter si haut et d'attribuer à des
rois longbards du viii* siècle cette rénovation de la mémoire
d'un empereur du i" siècle. Le Père Caronni aursût pu se
contenter de rappeler que Constantin et tous ses fils ont
porté le nom de Flavius; que ce nom du premier empereur
chrétien avait ensuite été adopté à peu près comme celui
de César dans le haut empire, et qu'on l'avait vu successive-
ment porté par Népotien, Magnence, Sylvain, Jovien, ¥a^
lentinien, Valens, Gratien, Valentinien II, Théodose, Victor»
Arcadius, Constantin III, Valentinien III, Léon II, Népo»
et Romulus.
Aussi, quand Odoacre, roi des Hérules, s'empara de l'Italis
(476-484), prit-il le nom de Flavius, ainsi que le montrent
ses monnaies fabriquées à Ravenoe*. Quand saint Épipban^
releva Pavie détruite, il alla trouver Odoacre, et obtint d^
lui en faveur de ses ouailles l'exemption des contributions
d'État pour cinq ans C'est bien probablement à cette occa. —
sion que la nouvelle ville prit le nom de Flavia Tîcinus. Dfe^
lors les autres durent l'imiter, car Odoacre s'était fam^
reconnaître comme lieutenant des empereurs. On trouvera©^
dernier fait savamment expliqué dans l'excellent ouvrage J.^
M. Araédée Thierry, Récils de V histoire romaine au y*siéci^
(p. !272 à 498).
Les rois longbards avaient aussi un puissant intérêt à se
présenter comme les successeurs des empereurs d'Ocddent.
1 Hagguaglio di aie. monum, di antichitàt part. II, p. 167.
9 Steinbticbel, Notice sur le» médaillons rom, tnor du Mus. L et A. dt Yiei»t,
p. 1. — J. Friedllnder, Dit Munsen dtr Vandahn^ 1849.
ET DISSERTATIONS. 57
Fout ce qui pouyait les rattacher à la famille de Constantin
cl^Tait leur être agréable.
]«• 8. ROB REX en monogramme. Autour MISERICORDIA
w^. TVRONES CIVITAS. Croix, Denier d'argent (pi. II,
!!• 8).
le style des lettres de cette monnaie est très-remarqua-
l^l^ ; elle sont très larges, et les deux R du monogramme
{Maijfaitement distincts. C'est la première pièce de cette fa-
I>K-mque que nous ayons vue. II existe pour ce type des va-
nités assez nombreuses qui démontrent, à ce qu'il me
s^xxble, d'une manière évidente que le hasard ou Figno-
rai-xice d'un graveur ne doivent pas être invoqués pour
€^p>liquer le monogramme dans lequel le nom de Robert se
i^sc^nnalt fort clairement. Il existe dans la belle collection
d^ H. Jarry, à Orléans, des pièces au même monogramme,
pc>xtant le nom de Blois, d'Orléans, de Tours. On pouvait
^^OÎT autrefois chez M. Cartier, à Ambroise, un denier de
To^rs sans la croisette en avant du monogramme. Comment
^^>»ic les graveurs de ces différentes villes se seraient-ils
^■^'tLendus pour commettre une même erreur et pour pro-
^^^ire chacun de son côté des monogrammes d'Eudes dans
^^^cjuels on lit si distinctement le nom de son frère Robert?
^ 'y a autant de différence entre les monogrammes de ces
^^inux princes qu'entre ceux de Charles le Simple et de
'^^^îul, et il faudrait fermer les yeux volontairement pour
^^^^ pas s'en apercevoir.
Il est à remarquer que le denier de Raoul, autrefois attri-
^'^* à Reims et restitué à Poîssy (Pincius) par M. de Long-
P^rierSporte un monogramme qui est une imitation bien
^ Police de la eolUct, Rouatou^ 1847, p. 172.
58 MÉMOIRES
évidente de celui d'Eudes. Le graveur a sur cette pièce aussi
remplacé le premier 0 par une croisette^ Mais le nomda
roi Raoul étant écrit en toutes lettres dans la l^nde cir-
culaire, on n'hésite pas à voir, dans le champ, le nom du
même prince, caractérisé par la présence d'un F. Avec un
peu de mauvaise volonté, on pourrait cependant, si la lé-
gende circulaire n'existait pas, interpréter le monogramme
par Odo rex Francarum. Haïs c'est le cas, ainsi qu'on nous
le rappelait dernièrement, de comprendre la nécessité des
distinctions.
Edouard /// d'Angleterre. h AGN Dei QVl TOL
P6CA.MVDI.MlSGRe-N0B. Mouton tourné à gauche, te-
nant la bannière; au-dessous, €0A R€X.
R). XPC.VlNClT.XrC.RGGNAT.XPG.lMP€RAT. Grandie
croix fleuronnée, cantonnée de quatre lis, dans un entou
rage formé de quatre arcs de cercle et de quatre angk
accostés chacun de deux petits lis; les mots de la ]
séparés par des doubles trèfles. Trouvée à Cheppes
Vitry-le-François, avec environ trois cents monnaies d*or^
XIV siècle (pi. II, n»9).
Cette belle pièce n'offre pas de ressemblance avec
mouton d'or de saint Louis et de ses successeurs. C'est c
copie du denier d* or à Cagnel de Jean 11 qui fut fabriquée
France de 1355 à 1369. On s est tenu aussi près quepossL —
ble de la légende lOh RGX jusqu'à défigurer le D d'Édouardi
en lui donnant la forme d'un 0. Néanmoins on ne peutpi-^
hésiter sur la lecture de ce nom abrégé.
Un autre exemplaire du denier d'or à Vagnel portant ^
sous les pieds du mouton EDYARD, existe au département
des médailles de la Bibliothèque impériale. M. de Long*
* Poey d'ATant, Monnaiu féodaUs, 1. 1, pi. I, n* 13.
ET DlSS£aTA'riON5. 5^
périer l'a publié ' dans le supplément qu il a fourmi au li-
brûre Hearne pour les lUustratiom of the Ànglo-Freheh
9omge du général Ainslie '. Gomme sur cette seconde pièce
letitrede roi manque, plusieurs numismatistes, s* appuyant
nr l'absence de léopards ou de tout autre signe anglais
da côté de la croix, se refusaient à donner au roi Edouard
k pièce unique de la Bibliothèque. La nôtre ne permet pas
le même doute.
On a dit aussi que les monnaies d'Edouard III au type
fraoçais avaient été frappées en Flandre par Jacques Arte-
^old, le célèbre brasseur de Gand. Cela est très-possible
tuant an denier éCor à l'éeu imité de celui de Philippe de
^^ois; mais il n'en saurait être de même de Yagnel; car
' est bien évident que toute copie doit être postérieure à
Original qu'elle reproduit. Or Jacques Arteveld était mort
^ ans avant la fabrication des premiers deniers d'or à l'a-
^d de Jean.
Les ordonnances relatives à cette monnaie datent dn 17
•^nrier 1356 au 10 septembre 1369. C'est précisément le
"^ps qui s'est écoulé de la bataille de Poitiers au traité de
^'>etîgny, c'est-à-dire l'époque pendant laquelle Edouard IIl
Cîût plusieurs expéditions en France.
HfHft V d'Angleterre.— + HENRIC : DI : G. FRANCORV i
^. Eco aux armes de France.
4. + SIT : NOME : DNI : BENEDIGTV (astre sous la croi-
%$b). Croix cantonnée de deux fleurs de lis et de
^ Voir, au sujet de cette pièce , la note publiée par M. J. Y. Akerman, A.
^itaiiaKeiiMMiiial, 1840, p. 375.
^ M. Cartier et, après lui , quelques autres antiquaires donnent à ce général
>3ani d*Ainsirortb , sous lequel il est absolument inconnu en Angleterre»
- Won Marchant a dédié en 1829 au général Ainslie sa lettre sur le système-
c^Détaire de Dioclétien.
60 MÉMOIRES
deux couronnes. — Blanc à tècu, dit guenar (pi. U,
nMO).
Voici encore une monnaie d'un roi anglais qui ne porte
pas plus que notre agnel d'Edouard III de léopards dans
les cantons de la croix. Cette particularité la distiogue, au
moins autant que le type de Técu, du blanc floreîte coddu
dans plusieurs collections (Ainslie, Illtulratiotiê ofihe An-
glo'French coinage^ pi. VI, n* 77).
Je terminerai cette notice par la description d'une ma-
gnifique pièce qui a autrefois appartenu à la Bibliothèque
impériale et qui en est sortie par suite d'un échange. Cest
un essai de monnaie ou piéfort un peu moins épais que
l'exemplaire qui est resté au Cabinet des médailles.
LVDOVIGVS : DEI : GRA : FRANCORVM : REX. Saint-Mi-
chel en armure, tenant une épée et un écu aux armes de
France, foulant aux pieds un dragon.
fi. + KAROLVS : DEI : GRATIA : FRANCORVM : REÏ.
Charles VII debout, couronné, en armure recouverte par
une cotte fleurdelisée, la main droite armée d'une épée, et
la gauche reposant sur un écu aux armes de France placé
devant lui ; entourage composé de dix petits arcs de cercle.
— Argent (pi. Il.n^H).
Il existe encore au Cabinet des médailles une petite mon-
naie d'or au type de saint Michel avec le nom de Louis XI
seulement. Au revers une croix accompagnée de la légende
XPC.VINCIT, etc. (Conbrouse, Calai des monnaies tuir.,
n«399).
La grande et la petite pièce ont évidemment été gravées
en même temps; donc la nôtre appartient bien au règne de
Louis XI, et non à celui de Charles VIII comme on Ta sup-
posé (Trésor de numismat. art monil. chez les modernes t
pi. III, n* 16, p. 9).
ET DISSERTATIONS. 61
pufaîtemeDt comment Louis XI, lorsqu'il
I Tordre de Saint-Michel, a éprouvé le désir
cet événement important dans sa politique
lonnaie ou pièce de plaisir. On ne compren-
rquoi une pareille idée serait venue à Char-
rtout pourquoi il aurait fait graver sa propre
igeant celle de son père. Le contrsdre eût été
s naturel.
ité-je pas à vOir au revers du saint Michel un
e la France, le portrait de Charles le Yicto-
e assurément Louis XI n'ait pas été le modèle
it certaines occasions où la politique Tame-
^r les souvenirs de son père,
licbel qui était apparu à Jeanne d'Arc à Dom-
avait donné Tordre de se rendre en France
Br le siège d'Orléans. Le 7 mai lii29, à Tas-
relles, forteresse occupée par les Anglais sur
le de la Loire, on avait vu dans les nuées le
[ice céleste combattant du côté des Français,
I en mémoire de cette assistance avait fait
n étendard la figure de Tarchange. A la fin du
Drléansds firent placer sa statue dorée au-des-
• de leur beffroi *.
18 dans la première promotion des chevaliers
dl, au nombre de quinze, figurer des serviteurs
Iharles Yll, tels qu'Antoine de Chabannes,
al, maréchal de Lohéac, Jean de Beuil, comte
que Louis XI avait disgraciés en lAôl. 11 y
1 iA69 ce qu'on appellerait maintenant une
veur des amis du feu roi. Nouvelle raison pour
Siégt f< la délivrance d'Orléan», 1865, p. 148.
62 MÉMOIRES
croire que c'est son image qui a été placée sur la pièce
dont j'examine les types si curieQx '.
Feuaident.
* M. A. Vallet de Viriville, profesêenr à l'Ecole des chartes, veut bieo ex-
traire poar nous da second Yolome (soos presse) de sa remarqaable Bittoinù
Charte* VU la Dote suiTante, dont nous nous empressons de faire profiterlt
lecteur.
** Charles YI , en llionneur de saint Michel , donna le nom de cet archuge
à Tune de ses filles. Frère de Michelle de France, Charles VII s*appropmee
coite et le transmit à son fils. Charles Vu avait une dévotion partionlièn a-
vnTB Saint Michel<iu-péril'dê'la''m€r, ouïe Mont Saint-Michel, lien de pèlsrinif*
célèbre « et Tan des trois points qui, aux trois extrémités nord, ooeft et eit
(Tonmay, Mont Saint-Michel, Vauoouleurs] tinrent ferme et perséTénmoMBt
pour sa cause, au temps le plus désastreux de son règne. Bn 1426, Ckarkt fU
fit coriitruirë une chapelle dédiée a eaint Michel en eon château d^Àmboiee, UmiO
y itietitua Vordre de Saint-Michel en 1469. Voyez Lemaire , Jïûl. «TOrMfMt
p. 188, répété par Anselme, Palaie d'honneur^ p. 126, et VHiet. de CharUiflh
t. I, p. 352, note 1. »
ET DISSERTATIONS. 6S
\E DE M. ROBERT A M. Ad. DE LONGPÉRIER
IK DES COLLECTIONS D'ITALIE.
3 datée de Milan \ vous annonçait, cher direc-
lOQvelle communication. Je vous demande de
e pour un si long retard et pour la manière in-
.ont je liens aujourd'hui ma promesse. Je me
le mettre sous vos yeux un certain nombre de
incore inédites , sorties des ateliers de Milan et
lu temps de la domination française *, mais les
I j'en avais pris ont été presque tous brisés pen-
âge.
Louis XII.
Or. — Double ducai.
VICVS. D. G. FRANGOR'. REX. Tête du roi, tour-
e.
)LA NI DVX. Saint Ambroise à cheval.
, IMO, p. 197-207.
nues pièces franco-italiennes fabriquées à A^ti, ont été gravées
JUt mémoire ne M. Domenico Promis, que tout le monde con-
laies napolitaines au nom de Charles VIII ont été publiées par
monnayage de Louis XII et de François I*' à Milan et à Gfines
me monographie.
6A MÉMOIRES
Cet exemplaire diffère de celui qui a été publié \ p
la coupure du mot MEDIOLA NI.
Musée de Bréra.
Le ducat simple se forgeait au même coin que le doobL
sur flan moitié moins épais.
Ducat.
LV.REX.FRANC EG'Z.IANVE D. Dans le champ et aum :^
lieu d'une épicycloïde, une porte que Leblanc prenait poi^^
une machine à couper les têtes. Une fleur de lis surmont
l'édifice.
Le type de la porte ou du château , fréquent au moye^^
âge dans les diverses parties de l'Europe , s'est trèsJoog' —
temps conservé à Gênes.
v^. + CONRAD. REX. ROMANOR. S. B. Au centre, nn^
croix pattée dans un double contour en forme d'épicycloid^ -m
avec fleurons aux angles.
L'empereur Conrad avait assuré aux Génois, en HS9,1^
droit de frapper monnaie *. Le nom de ce prince , tradL —
tionnellement maintenu dans la légende, était devenu axs
élément du type. Les lettres SB me paraissent égalemeo^
rappeler un nom ancien , celui du premier doge , SimoD
Boccanigra ».
Musée de Bréra.
Un ducat différent de légende, est donné par Le Blanc
(page 324 c).
1 Le Blanc, Traité des monnaies de France ^ édition de Paris p. 321 b.
* Le Blanc, p. 329.
' De monetiê Italix medii aevi hactenu* non evulyatii quae in patrie màtnff^'
vanlur posirema dissertatio. Ferrariae, 1774. Tav. VI, n* 1.
ET DISSERTATIONS.
65
Argent. — Ducaton*
N* 1. + LVDOVICVS. D. G. REX. FRANCORVM. Buste du
« tourné à droite.
ft. ET MEDIOLANI DVX. Saint Ambroise à cheval, à
oite, tenant un fouet; au-dessous, SA {sanctus Ambrù$in$)
'trc trois fleurs de lis.
On pense en général que le fouet rappelle les triomphes
' ^Dt Ambroise sur Tarianisme. D'autres supposent que
^ emblème singulier fait allusion à l'intervention du pa-
^^ de Milan dans la bataille de Parabiago, où on le vit,
^^éde lanières, mettre en fuite les ennemisd' Azzo Yisconti*.
^ rgent , pesant Qs'.SS.
*** Qoaado Lodrisio Visconte havea preso F anni contra il nipote Azzo pa-
^'%9 di Milano , et si venne alla battaglia a ParaMago , invoc6 piamente il
*^<ano d'Azzo il nostro padre samt'Ambrogio , il qaale miracoloBamente lo
^^^ne, et liber6 la sua città; oude vence V vlèq di dipingerlo colla tferza în
^^^« n Giovaimi Fimticesco Bascapè, Libro iU alcvne chiesê di Milano, 1576.
^Slè mi faceva diffiooltà il riflettere, che appunto in qnest* anno sola-
'^t^(1339), in cui anche poi mort Azoue, era segnita la battaglia di Para-
^(> f ehe avea data occasione a rappresentare 1* imagine di Bant'Ambrogio
'^^ ataffile ; perché îo scorgo , che nell' arca di san Pietro Martire terminata
^^^uto in qnest* anno , come dismoAtrero fra poco , suir angolo destro vi si
^« iina piccola statua di quel sauto nostro pastore collo staffîle nella destra. »
"'"^^TM tpettanli alla itoria, al gotemo ed alla deictisioni délia ciltà t cam-
^*9na A' JfilasM», dal conte Giorgio Giulini, vol. V, p. 272.
1862.— 1. 6
6(5
MÊMOIBES
Cette magnifique pièce, de flan épais, doit être considé-
rée comme un essai, sinon comme un piedfort; elle m'a été
communiquée par le comte Ch. Tavema, dans la famille
duquel elle est entrée au dernier siècle, après avoir long-
temps fait partie du musée Cigalini, à Côme.
Il en existe un autre exemplaire dans le médaillier du
roi, à Turin.
N- 2. LVDOVICVS. D. G. REX. FRANCORVM. Buste du
roi , à droite.
1^. MEDIOL ANl DYX. Écu écartelé de France et de Yis-
ronti.
Essai en or, d'un ducaton déjà gravé dans Le Blanc*
et Argelati '.
Collection formée par Thistorien comte Pierre Verri , et
possédée aujourd'hui par son fils, le comte Gabriel.
N"" 3. Autre ducaton semblable frappé sur argent, avec
le même coin au revers, mais présentant quelques diffé-
rences au droit.
Collection Verri.
Demi-dncaîon.
+ LVDOVIC. D. G. REX. FRANCORVlk!. Buste dr
tourné à droite.
1 loc cit., p. 324 6.
» Vol. m, tav. V, n- 29.
ET DISSERTATIONS. 67
r. HEDIOLANI. DYX ET. C; au centre, Técu aux
la guivre, accosté de deux couronnes. La tète de
Dbroise, différent de l'atelier de Milan, se voit dans
ide.
pièce présente sensiblement le même type que la
nte. De flan mince , elle ne peut être que le demi-
! dont parle Le Blanc sans le décrire. Elle n'est pas
se trouve notamment à Bréra et dans la collection
Terri. Elle est gravée dans Bellioi \
Teston.
+ LVDOVICVS. D. G. FRANCOR' REX. Buste du
roite.
S DIOL ANI D VX. Saint Ambroise à cheval, à droite ;
)U8, l'écu de France.
ïtiim de M. Cb. Tavema.
LVDOYIC F ff FRANCOR' REX. Écu de France ac-
i deux lis.
SDIOLA NI DYX. Saint Ambroise assis , tenant une
e la main gauche et un fouet de la droite. La lar-
flan est de 27 ou 28 millimètres.
pe n*est indiqué dans Le Blanc que pour l'or.
) Bréra.
^me pièce existe à Milan chez MM. Yerri, Tavema,
etc., avec de légères différences.
+ LYDOYIGYS. D. G. FRANCORYM REX. Buste du
roîte.
î DIO LANI D YX. Saint Ambroise à cheval,
ition Yerri et musée Trivulce.
l.,taT. X,nMl.
68 MÉMOIRES
N^" 4. Même type et même dispositif de la légende au
droit.
^. ME DI OLA M DVX. Saint Ambroise à cheval.
Musée Bréra.
Je ne cite que pour mémoire ces variétés de coin du
teston le plus commun de liouis XII. J'en ai rencontré
d'autres où la légende du revers est partagée de manière
différente; ainsi l'exemplaire gravé dans Argelati porte
ME D 10 LA NI- DVX.
Demi'teston.
N* 1. +LVDOVIC\S. D. G. FRANCOR' REX. Écu de
France, accosté de deux lis.
Î5. MEDIOLANl DVX. ET. C. Saint Ambroise assis.
Pièce à peu près de même diamètre que le teston pré-
cédent, mais beaucoup plus mince; c'est le demi-
teston *.
Musée de Bréra et collection Veni.
Il existe dan^ les autres médailliers de Milan plnsieura
variétés de ce demi-teston.
N"" 3. Le musée Trivulce possède une monnaie en argent
également du module du teston , mais de flan mince, qui
présente comme la précédente, d'un côté Técu écarteléde
France et de Milan , mais de l'autre une croix fleurie. Cette
pièce est complètement inédite; elle sera, je l'espère, pu-
bliée par le comte J. Porro , avec d'autres raretés de cette
collection si variée.
^ Il a existé aassi des troia quarts de teston de Louis XII. D. Prorois,
èltmete délia zecra d*Asti, tav. IV, u* 10.
et dissertations.
François !•'.
6d
FRANCISCVS+D+G+FRANCORVM + REX+. La tête
ssÛDt Ambroise sert de différent monétaire. Dans le
np, le buste da roi tourné à droite ; grènetis et contour
ycloîdal.
. * MEDIOLANI » * DVX * ET » C » (et cetera) . Écu écar-
de France et de Milan.
stie plaque de cuivre, large de près de 40 aiillimètres,
partie depuis longtemps du médaillier de la famille
i, ob elle est considérée comme un essai du temps.
çréez^ etc.
G. Robert.
etsi, le 25 norembro 1861.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
DescriptioD tnstorïqae des monnaies frappées sous Yemjin
romain, commmiément s^ppelées médsûnes impériales,
par Henry Cohen. Paris, C. Rollin , Î859. Tomes 1 et II,
in-8% 38 planches.
IXenzième article **.
NÉROK.
M» Cohen (n* 148) donne avec un signe de doute le nom à^
Neptune à la statue érigée dans intérieur du macellum d*Ao-
guste, MA. AVG. ; il parie aussi de poîssms placés de chaquecôté
des six marches qui donnent accès à Téditice» Si la ebose existe
réellement *, il s'ensuivraH que le pomon était regardé comme
principal approvisionnement [obsonium) aussi bien à Rome qu'en
Grèce et en Asie. Cf. Forcellini, sub v. Obsonium ;.ei en efieik
macellum est nommé à^opà tûv ^^^^' par Dion Cassius {Hùl>i
LXI, 18). Le macellum d'Auguste figuré sur les monnaies de
Néron est surmonté d'une coupole élevée (tholus) comme
Fancien macellum^ selon le dire de Varron (ap. Nonium, VI, S,
sub V, Sulcus) : Trisulcum fulmen.,.. mittat in tholum maciuj.
Dans un fragment d'inscription découvert aux ruines du Taiwli-
^ Voyez Bévue numismatique^ 1861, p. 479 et suiv.
* Il ne peut exister le moindre doute sur la présence de denx daruphèu plt0^
le long des degrés. Il s'ensuit naturellement que la statue éngée an tbS^
i/OL macellum doit représenter Neptune.. J> ^'
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 71
num (Bull, de PInst. arch,^ 1851 , p. 106), on trouve mentionné
le. procureur, PROCVRATOR MACELLI UkGm,eicemacellum
maçnum doit probablement être le même que le macellum
tP Auguste, MA AV6. des monnaies de Néron.
Les pompeuses légendes PAGE P. R. TERRA MARIQ.
PARTA, PAGE P. R, VBIQ. PARTA d'autres monnaies de
INéron se trouvent éclaircies quand on les rapproche d'un vers
de la satire du poète Tumus, dirigée contre les extravagances
de cet empereur :
Et molU imperii ttnium tub nomine pacit,
{ Poêtx minortif éd. Lemaire, t. II , p. 130 ;
t. ni, p. 98, éd. Vl^ernidorf. )
ClODIUS m ACER.
Aux rares monnaies de Glodius Macer décrites par M. Cohen
(p. 216 et 217)y il faut ajouter celle qui montre au droit la tète
de Rome casquée ^ ayant deux plumes sur le casque et accom-
pagnée de la légende ROMA et au revers un trophée , monnaie
décrite par moi dans les Annales de V Institut archéologique
(t.XXni, p. 247). L'auteur, qui n'a connu que tardivement
ces observations sur la numismatique impériale^ ainsi que celles
que j'ai publiées dans le Bulletin archéologique de Naples, se
propose d'en faire usage dans un supplément qu'il compte
iqoiiter à son nouvel ouvrage '.
* Les importantes obseiratious de M. l'abbé Cavedoni sar la numismatique
impériale depuis Jnles-César jusqu'à Maro-Aurèle et ses enfants ont été pu-
biiéca dans les AimaU» de VrmiUut archéologiqw de Rome , t. XXII , XXm et
XXV, et dans le Bulletin arckéotogiqftt de NapUê , années lY et Y de la noa-
Tdlo série. L*auteur a eu l'intention de donner un supplément à TouTrage
fondamental d'Eckhel. Pour faire connaître Timportance de oes observations
par rapport à l'histoire, j*ai choisi les suivantes :
Eekhel (D. iV., VI, p. 202) et M. Ck>hen ( 1. 1 , p. 13i) disent que Tannée de la
DMwanee de Drusus , fils de Tibère et de Vipsanie Agrippîne est incertaine.
II. Cavedoni ( Ann, de Vlnet, ateh,, t. XXIII, p. 231 ) fait observer qu*on sait
tiyoiird*hui la date précise de la naissance de Drusus. Diaprés un fragment du
72 BULLETIN BIBUOGRAPBIQUV.
Galba.
1. IMP. SER. GALBA AVG, Tête laurée, à droite.
ij). LfBERTAS P. IL Femme debout de face et regardmi i
droite, tenant un pileus dans la main droite; de chaque cùtéwi^
épi $* élevant du soi, — JR.
La description de cette rare monnaie , donnée par M. Goheiii
( n* 49 ) d'après l'exemplaire du Cabinet des médailles de Pftrb,
confirme son authenticité y contestée par SchregoL La présence-
dés deux épis placés de chaque côté de la Liberté a été expliquée-
par Eckhel (/>. iV., VI, p. »5). Le ^^sie. de la Liberté,»»
mains levées, semble indiquer qu'elle oxhorti^ les laboureurs»
calendrier do Cumos publié par M. MoiDim en , Borghesî ( BulUt. de f/iui.
arch,^ 1846, p. 79-80 ) a fait voir que la naî:^sanGc de DrusuA doit être fixée
aa 7 octobre de Tan de Rome 739.
M. Cohen ( t I, p. 131, n« 1 ) décrit ainsT nne médarUc de Dnisus : Téta in
deux enfants de Drueuê ( Tibère et ? ) sttr deux cornet d^abtmdanet; m miUm
un caducée aile', JE,, 1.
Les noms des deux fils j.nraeaux de Dcmus le Jeune sont Tibère et Gew^
nicut , nés en 772, ce qui résulte d'une iniHsription de Hle de Çypre publiée
dans le Corpus inecr. gr., n» 2630 : AUrMÛN TIÛN Apou9ou TlBEPlOr KAl
FEPMAKIKOr. Cf. Ann.de VInst. arch., t. XXIII , p. 232.
On a dit d*une manière trop absolue (Cohen, t. II, p. 1) que les InstorieBi
n*ont fait mention d*aueun des faits qui sont représentés dans les bas-relief^ ^
la colonne Trajane. M. Tabbé Cavedoni ( Bull, arch, iVap., ann. IV, p. 48] re*
connaît sur la monnaie décrite par M. Cohen (t. II, n« 419) Rome triomphiBt*
assise , foulant aux pieds la tête de Déoébale , roi des Daees. Vomî ks tsimb*
nements sur lesquels s*appuie riJIustre namisniatiste : Dion Csssins (ffMt
LXVIII, 14) raconte que Déeébale-, se^ voyant réduit k tout» extrémiléf i^
donna la mort , et qu*on lui coupa la tdte pour dtre postée à Rome. tMk*
{ChUiad-., II» 75 ) ajoute que Trajan retourna triomphant db la Dade à RoMi
portant avec lui la tôte de Déoébale et emmenant les captifs daoes. Or, nrls
colonne Trajane (n* 313) on voit deux soldats romains qui, dans le ctap»
montrent la tête de Déoébale placée sur une table ; plusieurs des assiiltBl»
saisis d^horreur détournent les regards^, tandis que d*autre8 contemplent sif0'
avidité la tête de Tennemi des Romains^ Le revers de la médaille de Ti%<^
ftULLETIN BIBLIOORAPHIQCE. 7.^
* en toule liberté les champs, ce qui rappelle le vcts de
(£(r/oj.,I,45):
Poêcitif Ht ante, bovet, pueri : gubmittitt tauroê.
Lt aussi rappeler en cette circonstance les greniers de
Aorre/i Galàiana^ mentionnés par un auteur ancien,
ommsen, Chronographen vam Jahr, 354, p. 653.
ER. SVLPÏ. GALBA ÏMP. CAHSAR. AVG. Tètelaurée.
lETAS AYGVSTl S C. La Pieté debout auprès d'un
Uuméy orné d'un bas- reliefs qui montre Enée portant sur
mies son père Anckise^ et tenant par la main son fils
e; près de l'autel, un taureau ou un bélier. — ^ l.
tel et la victime font allusion h la piété envers les Dieux,
ieux Êuée (plus jEneas ) h la piété envers les parents.
hrideanment Rome victorieuse foulant aux pieds non la tête (l*un Dace
fw, comme dit M. Cohen , lùtâs bien celle du fier et cruel Déoébale,
lut nne TÎngtaine d^années lutta contre la puissance romaine Ineulti^r
( natioiia yaiocnes peut sembler une action vile et basse ; mais les Ro-
«n jugeaient pas ainsi ; ils se rappelaient trop les atrocités des Daoes.
ïolonne Trajane ( n* 178 , on voit les femmes daces^ animées par les
its les plus barbares, occupées à brûler vivants et à petit feu les mal-
Romains pris à la guerre , et qui sont amenés nus , les mains liées
le dos.— Sur une médaille d*or de TVi^an (Cohen, t. Il, p. 42, n* 264.
is* n* 388 ) est représenté Tempereur lui-même foulant aux pieds la
MeéWe.
nt citer encore les réflexions pleines d'intérêt de M. Tabbé Cavedoni
Mmnaies fausses de Trajan (p. 70) et sur les types géographiques des
s d'Hadrien (p. 122 et suiv. ).
le BMiUtin archéologique de Naple$ (ann. V, p. 16, n*27), M. l'abbé
i perle d*un médaillon de bronze à Teffigie d'Antouin le Pieux gravé
rr^eor de numiMmatique et de glyptique ( Iconographie des empereurs romains
rs familUê, pL XXXIII, n** S) et au revers duquel seraient figurés les
eirque. Ce revers n*a pas été décrit dans Touvrage de M. Cohen, au
Antouin le Pieux, par la bonne raison qu'il n'existe pas et que c'est
rt de Crordîen m (Cohen, t. IV, Gordien m, pi. VII, n« 189). On
\ TR.P.Vn et non XII comme M. Cavedoni Ta dit par erreur. Cest
.verUmee que, dans le Trésor de numismatique^ le revers des jeux du
ie Gordien m a été aeeolé à l'effigie d'Antonin le Pieux. J. W.
7i BULLETIN IIIBUOGBAPHIQUE.
M. Cohen (p. 338), d'après l'observation de M. Pode, un
des conservateurs du Musée Britannique, fait remarquer que
sur quelques médailles de Galba, au revers de Rome, la téie
de l'empereur est ceinte d'une couronne de cbène; il regirde
avec raison cette couronne comme un attribut destiné à np-
peter que Galba avait conservé la vie à un grand nombre de
citoyens. Cette particularité ne doit pas être très- fréquente,
puisque sur toutes les monnaies de ce prince que j'ai eu tt>
casion d'examiner, sa tète porte constamment la couronne de
laurier.
L'auteur range parmi les monnaies autonomes frappées i
Rome pendant l'interrègne qui suivit la mort de Néron et paniû
celles de Galba le denier attribué jusqu'à ce jonr à M. Brotas,
portant au droit la l^ende LIBERTAS, qui accompagne le
buste de la déesse, et au revers les mots P. R. RESTl'Hn'A,
gravés autour d'un pileus entre deux poignards (Cohen, Mm-
naies de la République romaine ^ pi. XXIIC , Junia , n«* U et 15).
Il corrobore cette opinion en disant que le poids et la fabrique
de ce denier ainsi que la légende correspondent exactement à
d'autres monnaies indubitablement frappées sous le règne de
Galba, et en rappelant d'un autre côté les paroles de Suétooe
( in Nerone, 57) : Plebs pileata tota urbe discurreret. Touteto.
il me reste un léger doute en considérant que Néron finit sa ne
par le suicide, et ne succomba pas, comme Jules-César, soos
les coups des poignards des conjurés.
VnrBLLins.
i . A. VITELLIVS GERMAN. IMP. AVG. P. M. TR. P. i^'
lauré.
i)\ L. VITELLIVS COS. III. CENSOR. Vitellius le père assi*
sur la chaise cmnile^ tenant une branche d'arbre garnie de(t0^
dans la main droite étendue ^ et le sceptre d'itmre («a/rfo)**'''
monté de l'aigle dans la main gauche. — AV. et JR,
BULLETIN BIBUOGnAPHlQUE. 75
Anean numismatiste n'avait encore remarqué la branche
iiim garnie de feuilles , particularité des plus importantes»
iftpe si d'un c6té Fattribut du sceptre d'ivoire (scipio) sur-
Ole de l'aigle, fiiit allusion au triple consulat de L. Yitellius»
*« de l'empereur, d'un autre côté la brancbe d'arbre, pro*
ilement d'olivier {felicis olivx)^ doit être rapportée à sa qua-
de censeur et au lustre accompli (Imirum cmditum ) à la
de sa charge* (Cf. Borghesi , Ult. nerie dei censort^ p. 116,
Vespasisn.
MP. CABBAR. VESPASÏANVS AVG. Tête laurée.
K GBNIVH P. K. Le Génie du peuple romain debout tenant
tm wmn droite une patère et de la gauche une couronne. — ^.
Se denier du Musée Britannique me parait remarquable par
ëgmde GENIVM P. R. à l'accusatif, ce qui ajoute un exem-
de plus à d'autres légendes analogues : PORTVM TRAIANI,
BEIIRE8TrrVTAM,FELICrrATEM ITALICAM,GALLIE-
II AVG. P. R. et d'autres. (VoirEckhel, A N., VI, p. 316,
t;M\, p. 219, 314 — Bull, arch NapoL, anno IV, p 62 *) .
xeste, le^ Génie du Peuple romain, qui ordinairement tient
B patère et une corne d'abondance, semble ici porter une
UroDne de laurier pour rappeler les victoires de Vespasien et
TiUia.
l. niP. CAES. VESP. AVG. CENS. Tête laurée.
f. FAX AVG. La Paix, debout y tenant un caducée ailé de la
in droite et un rameau d*olimer dans la gauche; près d'elle un
ùied sur lequel est pincée la bourse de Mercure. — AV. et Jf^.
hk pourrait croire que l'objet placé sur le trépied est un
comme sur certaines monnaies de Vitellius (Cohen,
Si diOB U nnmismatiqae romaine il y a peu d^exemples de cette forme
if, d'an antre côté il y a on grand nombre de médaille» à légendes
I qui portent les noms des empereurs à raccosatif. Quelques-unes por*
> dm noms de divinités au même oas. J. W.
76 BULLETIN BIBUQGRAPBIQUE.
n** 45 et 46); mais si réellement c'est la bourse de Mer
ciircy comme Tassure M. Cohen (n** 143 et 145), cet attri-
but montrerait que l'argent est ami de la paix, et l'on poumA
se rappeler aussi l'amour extrême de Yespasien pour rargeni,
particulièrement pour les belles pièces d'or. Sueton., m Fo-
3. IMP. VESPASIAN. AVG. TR. P. P. P. COS. IllI. Kte
laut'ée.
ij. PAX. AVG VST. Vespasien couvert du paludamentum,^
bout y relevant une femme à genoux ^ la tête tourelée . — AV.
M. Cohen (n* 147) reconnaît dans le type de ce remarquable
aureus du Musée Britannique, V Arménie relevée par Vespasin,
mais il me parait plus probable qu*on doit voir ici ItiCommaght.
Antiochus, roi de Commagène, ayant été accusé d'avoir tniiê
une conspiration contre les Romains en s*alliani avec \f& Ptf-
thés, Csesennius Pœtus, préfet de Syrie, par ordre de Ventft-
reur, s'empura de la Commagène et réduisit ce royaume ei
province. Joseph. Bell. Jud., Vil, 7. Cf, Eckhel, 0. N.,%
p. !Î55, et VI, p. 330.
DomTiEN.
M. Cohen (t. I, p. 456) avait d'abord reconnu urihippopou»
dans le grand quadrupède qui est figuré sur les petites monnaies
1 L*objet placé snr le trépied n^est di un poiêêcn^ ni la iKmrte de UeitVf
(rrummM). (Test le même objet que tient ordinairement la Fertilité, Vkult»-
Or, dans une lettre datée de Modène, le 19 octobre 1861, et adraMéeptr
M. Tabbé Cavcdoni à M. Cohen, l'illiulre numismatiste, dit que Tattribat^
la main d'Ubertat n'est ni une bourse^ ni une (grappe ds raisin^ conuDe oo Ti
cm^ mais bien un pit de rache (ii5er, ubera) , et cette ingéniense ezpIicttioBt
qne M. Cohen et moi nous adoptons sans hésitation, est confirmée par ktjp^
de la femme qui trait une rache, accompagné de la légende VBERITAS, M (**
vers des médailles de Carausius (Cohen, t. V, n* 263). Ce rapprochement, q*
vient si heureusement à Tappui de Texplication de Tattribnt porté par VkH»^
f6t dû également à M. Tabbé Cavedoni. J. W.
BULLETIN BinUOGRAPlIIOLE. 77
de bronze de Doniiticn; mais filus tai*d (t. Il, p. ii)« ii s'est ravisé
et t adopté avec raison Topinion d'Eckhel (Z>. .V, VI, p. 393),
fi nomme ce quadrupède un rhinocéroi. Je ferai observer en
nâme temps qu'Eckhel reconnaît un rhinocéros à deux cornes
nr kl monnaies de Domitien ; mais le docte Blumenbach
[Cmment. Sœietatis Gotting., t. XXI^ part, i, p. 185] assure
avoir vu la représentation d'un rhinocéros à une seule corne sur
Mae de ces petites monnaies d'une conservation parfaite qu'il
aviit trouvée dans le riche Musée Hunier^ à Glasgow. Le même
imat fait remarquer que l'ospèce du rhinoctTOs à une seule
«nnest originaire de Tlnde, etct^lle du rhinocéros à deux cornes
de PAfrique ; ci comme il lui parait peu probable que les Romains
Muni reçu de Tlnde môme les rhinocéros à une srule corne,
iipemaque l'espèce africaine produisait quelquefois un rhino-
<<N| kaoe seule corne. Mais il me parait qu'il n'y a rien d'im-
poiriUe que les Romains fissent venir directement de l'Inde^
PVh voie d'Alexandrie, les rhinocéros à une seule corne, tels
9à farrni ceux menés en triomphe par Pompée et par Au •
m» (Piin., H. ^., VIII, 20, -29; Dio Gass., Hisi., LI, i2).
^ est porté à croire? que le rhinocéros vu par Strnbon (XVI,
>• 774.— a. Cuvier, Adnoi. ad Plin., VÏH, 30, 29) à Alexandrie
^ venu de l'Inde, parce que le géographe décrit cet animal
^^x que tout autre écrivain de Tantiquité, et, entre autres par-
i^vdarités parle des deux appendices, semblables à des volutes,
l'iftéspar la peau repliée de chaque cètédu dosJx" ^ ^^^ «t<>XocK
S ^ «v oiccCpoç SpsQc^vxiDv) • ces appendices sont très-bien indi-
vis sur les petites monnaies de Domitien dont il vient d'être
tteitioa.
TlUJAlf.
i. VIRTVTl ET FELICITATI. La Valeur et la Félicité, de-
<*/ avec leurs attributs. — AV.
U. Cohen (n* 291) décrit ce remarquable aureus d'après la
^vure du comte de Caylus; il atu^it pu citer également Eckhel,
78 BULLETIN BIBLIOGRÂPBIQUE.
D. N., Yi, pu 436 J'ai «gè nnpdé {BtJL arek. Nap., ann. IV,
p. 64) quelques passages qui aamppoÉteaikcetype. On peoty
ajouter les paroles suivantes d^AmmieB MarcaHift (XIV^ 6, 3):
Jtoma ut augeretur sublmibtts ineremeniis, fÊsâiim pmk Miertue
yirtus convertit atque Fortuna plerumçue éisndemiei^ etc.
± PORTVM TRÂIANI, S. C Port de forme koùafom, ea-
touré de grands édifices. — iE. I.
M. €k)hen (n* 365) reconnaît dans ce type Fenoeinte des
niurs de Civita-Vecchia. J'étais porté à adopter Topinion de
Nibby, qui voit ici le port intérieur ajouté par Trajan au port
d'OstiC; construit par Claude (cf. BulL arch. Nap.^ ann. IVt
p. 62) ; cependant je crois l'expUcation d'Eckhel encore préfé-
rable^ d'autant plus que l'opinion de l'illustre numismatiste vien^
nois me semble se corroborer par un passage de Ptolémée (Geo^
graph,^ \\\^i^ 4) dans lequel Civtta'Vecehia,on Centumcdlmy.
est nommé Tpofiovèc At(A^v, peu de temps après le règne
Trajan.
3. IMP. CAES. NERVAE. TRAIANO AVG. GER. DAC P.M.
TR. P. P. P. Buste lauré à droite.
t^\ S. P. Q. R. OPTIMO PRINCIPI. S. C. Prêtre voilé qui am
duit deux bœufs attelés à une charrue. — JE,, I.
Le type de ce rare sesterce de bronze fait vraisemblablement^^
allusion aux colonies envoyées par Trajan dans la Dacie,
conquis par lui. Un exemplaire de cette pièce a été vendu, ai
dire de M. Cohen (n*" 488), le prix énorme de 1,087 fr. 80 c j
la vente de la collection de M. Herpin, faite à Londres
J857.
M. Cohen (n^" 482) veut reconnaître le Tibre furieux dans 1^
type du Danube qui ravage et opprime la Dacie (cf. Ai/f.
arch. Nap., ann. I, p, 52); cette explication ne me semble pas
heureuse. Sur la colonne Trajane (segm. XXI -XXII) on voit des
Daces^ avec leurs chevaux, renversés et entraînés par des tor^
rrnts qui se précipitent du haut de montagnes couvertes de
bois.
miLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 79
Hadribn.
H. Cohen a négligé de dccriro» et j'ignore par quelle raison *,
parmi les belles médailles géographiques du règne d*Hadrien,
celle qui porte la légende : EXERCITV^S IVDAICVS. Cf. Eck-
hely D. N.f W, p. 496. Mais^ d'un autre côté, il ajoute lades-
c^ption de la pièce suivante (n*> &iAX qui est tout à fait notr-
velle et singulière :
I. HADRIANYS AYG. COS. P. P. Buste lauréavec le paluda-
^. ADVENTVI AVG. PARTHIAE. S. C. Badrien debout, en
fktce de la Parthie, en habits courts, la iête couverte du pileus et
tenant une patère et un roseau (?j. Entre les deux personnages un
€nUel allumé et auprès une victime accroupie. — iE. I.
Peu de temps après la mort de Trajan, Hadrien rappela
les légions qui occupaient l'Arménie , la Mésopotamie et l'As-
syrie, et fixa les limites de l'empire romain aux rives de l'Eu-
phrate. Il ne pouvait donc pas visiter la Parthie comme pro-
^nce de l'empire romain^ après avoir pris ces mesures^ ce qui
pourrait faire élever quelques doutes sur Tauthenticité de cette
fMèce. Mais comme l'exemplaire décrit par M. Cohen se trouve
9u Cabinet de France, et que l'auteur le donne comme parfaite-
vnent authentique, il faut supposer qu'Hadrien en visitant la
Syrie et l'Arabie, vers l'an 130, arrivé aux confins de l'empire,.
rencontra un ambassadeur du roi desParthes, envoyé peut- être
avec la mission de réclamer le trône que Trajan avait enlevé.
(Spartian. inHadr., 13.)
Peut-être le roi des Parthes, afin d'obtenir ce qu'il désirait,.
cnvoya-t-il un ambassadeur pour offrir une couronne d'or ou
• Ayant écrit à Tauteur pour rarertir de cette omission , il vient de me-
répondre que ne trouvant le type de YExtrcitus Judaieuê décrit seulement par
Patin ( ad Sueton., p. 377 ) , il Ta omis avec intention ; cependant il convient
que pent-être il a eu tort.
30 BULLETIN DinLIOGRAPHlQUC.
quelques autres dons à Hadrien, comme il arriva dans les pre-
mières années du règne d'Ântonin le Pieux ; la Parlhie eslfi-
gurée sur une médaille de grand bronce, au revers delalèle
fi'Ântonin le Pieux, PARTHIA, lenantd'uue main une courooDe
radiée et de l'autre un arc avec le carquois. Ëckhel, D. iV., Vlii
p. 5 et 10.
2. TELLVS STABILITA, S. C ou STABIL. La Terre, debwt,
tenant un sftc de charrue et un râteau ou aident, — A V . J^. et JE, I.
Je mVstime heureux de urètre rencontré avec AI. Cohen dans
l'explication de Tinstrument auquel Ëckfael [D. iV., VI, p. 5091
donne le nom de hoyau {ligo). Voir Bull, at^ch. Nap.n ano. IV,
p. 126. Du reste, ces monnaies, qui vantent le rétablissemeDt
de l'univers et de ragricultui'e, ont été probablement frappées
postérieurement à Tatroce guerre judaïque qui ébranla pour
ainsi dire tout Tempire romain. Dio Cass. ffisl. LXIX, 13:
ndtoY^; o); êI-sïv, xivou(jivT,ç It:! tooxcj) ( xô» 'roXIjjlc))) t^; oI}(OU}a£vv*
3. FELICITATI AVG. COS. 111. P. P. S. C Trirème avec m
rameurs, le pilote, des enseignes militait^es et différents w^
ments. — ^. iE I et 11.
Hadrien dut se plaire à multiplier ce type sur ses monnaies;
il rappelait sa navigation heureuse dans plusieurs mers : aussi
M. Cohen décrit-il sept coins différents dans l'argent et bien
quarante-deux dans le grand et le moyeu bronze, Surlespito
de broitze , on voit la plupart du temps à la proue un Triloo
qui soulïle dans une conque marine (voir BulL arch. Nop»)
ann. IV, p. i39), tantôt Neptune debout ou bien Pallas com-
battant , ou Pégase ; ce sont là peut-être les divinités lutélairt*
(tutelœ) dos vaisseaux qiu avaient transporté par mer ort em-
pereur, grand amateur de voyages. Un médaillon de broo»
frappé à Cyzi(|ue porte la légende ClTrxCCTATOr «B. Trirème, û
médaillon a été gravé dans Touvrage de C^ronni, àltts. WirJijl
Hedervar. tab. XX, n* 440. — Cf. Mionnet, V Suppl , p. 317
et 318, n* 223. — Greppo , Mémoi)^ sur les voyages de tm
pereur Hadrien, p. 461, Paris, 4842, iu-8\
DULLI-TIN ninuo(;RAriiiQUE. 81
4. SALVS AVG. S. C. La Santé debout donnant à manger à
un serpent qui lève la tête en s' enroulant autour d'un autel ; dans
la main gauche, un gouvernail appuyé sur un globe. — MA.
Le gouvernail posé sur le globe terrestre^ attribut propre à la
Fortune et à la Providence, est mis dans la main de la Santé de
l'empereur probablement pour donner à entendre que le bon gou-
vernement de la chose publique dépendait de la santé d'Hadrien
lui-même. La même idée se trouve indiquée sur une monnaie
d'Aoguste ayant pour légende : OB Rem Publicam CVM SALVTe
IMPeratoris CAESAII/5 WGusti COSScrvatam. \o\r Bull. arch.
Atf/)., ann. V, p. Ii8, et Cohen, Auguste, n^349 \
5. HADRIANVS AVG. Tète laurée.
f{. S. C. La dispute de Palla et de Neptune pour la possession
^"Athènes. — JE l
Ce type, extiénuMuint ran* (Cohen, n* 1116), se rapporte
nianifesloment à la ville d'Athènes, agrandie et considérable-
ment emhrl ie par Had; irn.
0. VICTORIA AVG. Victoire debout demi nve , tenant une
P^itne dans la main gauche tt un aigle avec une couronne de lau-
f9er en son bec, sur la main djvite. — AV.
Cet aureus du Musée Britannique (Cohen, n" 513) me parait
très-remarquable^ en ce que h; type sert à expliquer la cou-
ronne de laurier dans le bec de l'aigle qu'on voit sur un grand
iionibre de monnaies tant impériales que de villes. La Victoire
^^Qt ordinairement dans une main une palme et dans Tautre
'^ couronne de laurier ; et sur cet aureus, conmie la déesse porte
"^ la main droite^ au lieu de la simple couronne de laurier, un
^%le tenant la couronne on son b(C, il en résulte que c'est
^'^tïinie si l'on disait que la victoire est donnée par Jupiter, Cf.
^klK;l,/>. A^, VI, p. 507*.
^ Cf. Bnue niMnwm., 1857, p 360.
L*aigle e»t le symbole de la victoire. Dans la gnerre des Titans contie les
'^^>x» l'aigle vînt an-devantde Jupiter, qui aussitôt remporta la victoire. Serv.
^ irg., iCn., I, 394. ïp^am {aquilam), etiam /ort, cum adrersus Titanat btUum
1M2.- 1. G
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5Ut '
CHRONIQUE.
LETTRE
AU, Ch. Robert sur un denier de Mirecourt,
lionùetir et cher mattre ,
viens d'abord vous remercier de la communication si in-
sante pour tes amateurs de monnaies lorraines que vous
avez faite dans la Revue numismatique^. Il serait fort
sirer qœ votre exemple fût suivi par tous ceux qui
|uelques raretés de ce genre : nous finirions par avoir les
ents nécessaires pour faire des suppléments devenus
pensables aux remarquables travaux de M. de Saulcy sur
iionnairs dos ducs de Lorraine, des comtes de Bar et
hréques de Mets, ainsi qu'à vos recherches sur les mon-
des évéques de Tout. Ces suppléments seraient d*au-
plus complets^ et les renseignements ou analyses qui ac-
lagneraient la description des pièces seraient d'autant plus
€8, que le tout aurait été d'avance soumis à l'examen et à
tique des nombreux lecteurs de la Revue , qui , disséminés
un grand nombre de points, sont quelquefois plus à
e de connaître une circonstance ou un fait concernant la
té ou le pays que chacun d'eux habite , et sur l'histoire
aaée 1861, p. 313 et suiv.
SA CHRONIQUE.
desquels il n'esl pas rare qu'il ait fait des étud«'sou des recl^àer^
ches souvent plus minutieuses que ne pounait le faire celui
qui s'occupe de Tbistoire de tout un peuple ou même d use
province.
C/est justen>ent ce qui iii'arrive aujourd'hui au snjta d*une
dos pièces que vous venez de publier, et donk j'oserai vous de-
mander la permission de discuter avec vous Tattribution. H
s'agit de la pièce anonyme au cavalior armé et à l'aigle éployéc,
sortant de Tatelior de Mirecourt, et dessinée sous le n* i<k
la planche XI H do la Hevue de 1861; vous re<*^innaîsâez bien
sur celte pfèce le type dçs deniers anonymes de Nancy.
Sirrck , Thionville , Lunéville [ ou Ligniville? ] , attribués à Ma-
thieu Il par M. de Saulcy^ ainsi que du donier in«Hlit de
Frény que vous publiez au n"* I de la uièine planche, et qiie
vous laissez au même prince^ cependant vous emyet devoir
indiquer conmie appartenant ù Ferri 111 le denier à Taigle froppé
à Mirecourt, parce que cVst seiilrment sous ce prince qu'»
commencé à faire partie di* la Loiraintî la lirre de Min'courit
quM acheta, en 4i8i, d'Isabelie, fille vi héritière d'Eudes,
comte de Tout. Mais alors la prise de possession ou plutôt Tac-
quisition de cet'.e place, déjà importante h cette époque, se trou-
verait consultée par rémission simultanéi^ de deux ninniuiics
oflTrant des types bien différents , le denier k l'aigle que vihis
avez publié et ceux au cavalier armé et à ré|)ée de uiarqiiisa'-
tribués à Ferri lll par M. de Saulcy *.
Mais cette double émission est un fait bien peu probable. «"^
il faut chercher ailleiu*s une autre origine pour 1 un ou poar
l'autre de ces deniers. D'abord il est bon de constater qi»^
l'aigle, ce type presque constant des monnaies de Mathieu H «p
avait disparu à l'avéncment de son fils Ferri à la courouDfi de
Lorraine en l^^l, et il semblerait déjà bien extraordinaire de
* Ilecherchrs sur les monnaies des ducs hérédiiaire* de Lorraine y pi. II, fig» t^
10, et p. 27 et suiv.
* Loc. cit., pi. III, fig. 5, 6 et 7, et pi. XXXVI, fig. 3, p. 41 et 236.
CHRONIQUE. 85
!|Muraltre qu'en 1284 après un intervalle de treote-
, s'il n'existait pas une autre preuve qui , je pense ^
te pour nous convaincre à ce sujet.
fait incontestable dans la vie de Mathieu II , c'est
» n'a jamais manqué de constater par une émission
\ à légendes locales la prise de possession d'une lo-
mque, fut-il certain de ne pas en rester le maître,
arriva pour Thionville, dont il avait reçu^ comme
B de la (lot de sa ft^mme Catherine de Limbourg, la
! honorifique seulement , et qu'il s'empressa de re-
nut d'un an au comte de Luxembourg moyennant
Nnme d'argent. A plus forte raison dût-il agir ainsi
l d'une ville qu'il avait conquise par les armes, et
t espérer avoir ajoutée au domaine ducal , et c'est
e qui existe à propos de la ville de Mirecourt qui
ntes de Toul, et qui^ enclavée comme elle l'était
es possessions des ducs de Lorraine , dut exciter
r convoitise. Au xin« siècle, alors que les évéques
r tous les moyens de substituer leur autorité à celle
de Toul , Mathieu crut sans doute le moment op-
• déclan*r la guerre au comte Ferri ou Frédéric V,
nparer de cette pluco qu'il ( osFcda pendant plu-
8.
msieun la preuve de cette ocrupation de la \ille de
ir le duc Mathieu II :
la guerre qui eut lieu en 1229 et 1230 entre le duc
( Mathieu ) et le comte de Bar ( FTenri 11 ), les deux
se trouvèrent en présence devant la \\\\v de Mire-
fortifiée d(\s avant cette époque , et sous les murs
les deux adversaires, d*accord avec le comte de
«conclurent une trêve qui ne dut pas être de longue
]ue dès le 25 décembre 1229 le comte de Bar se
raine, et y brûlait soixante-dix villages; le duc, de
la ravager les terres de son ennemi, et brûla la ville
86 CHRONIQUE.
de Pont ( à Mousson ) qui venait d'être construite. Bientôt Ma-
thieu fut obligé de faire la paix, dont les conditions furent ré-
glées par deux arbitres , Thibaut, comte de Champagne, pour
le duc de Lorraine , et Philipj)e , comte dé Boulogne » pour le
comte de Bar.
Dans ce traité de paix , qui porte la date du jeudy après la
Teste de saint Nicolas , au mois de décembre ii30, après avoir
réglé certaines réparations pour des dommages causés a def/uis
la trefve qui fut prise par le comte de Champaigne en l'ost de Me^
ricourt, » les deux arbitres décident entre autres choses que le
comte de Bar n'a rien à réclamer à Mirecourt et à Charmes,. et
que si le comte de Toul a quelques réclamations à faire à ce
sujet , c'est au duc de Lorraine seul qu'il devra s'adresser, et
que ce dernier lui rendra raison ou justice *.
Vous le voyez, monsieur, en ii^ déjà très-probablement,
mais bien certainement en 1230, le duc Mathieu II était mattru
de Mirecourt , et , après le traité de paix qu'il avait fait avec le
comte de Bar, il pouvait avoir l'espoir de conserver celte
conquête, dont il dut se hâter, selon son habitude, de constater
l'occupation en y faisant frapper ce denier anonyme que vous
avez publié, et qui présente le type si constant des monnaies de
ce prince.
Maintenant pendant combien de temps a pu se faire cette
émission, c'est-à-dire quand et comment Mirecourt est-elle
sortie du pouvoir de Mathieu pour rentrer en celui du comte
de Toul? 11 m'a été impossible de trouver sur ce fait aiicim ren-
seignement : toujours est-il qu'en décembre 1234 Frédéric ou
Ferri V, comte de Toul, était redevenu maître de cette ville.
* «• Deuiroit de Mericourt et de Charmes et des appartenances, le Cnens à»
Bar ni reclaime rien; et si li Cuens de Toul en set que demander, li Pac IVi^
fera raison. »
Ce traité, le plus ancien titre écrit en français qui soit dans les preuves de
V Histoire de Lorraine de dom Calmet, se trouve au tome II, pages ccccxlij et
cccczliij de la première édition ; il a été supprimé dans la seconde»
CIIRONÎOLE. 87
isqu*à cette é|>oquo il donna à ses habitants des chartf s d'af-
ochissement.
inespéré, moDsieur, avoir prouvé d une manière satisfaisante
ir tous que ce dernier doit être attribué à Mathieu H; quant
ici, connaissant le traité et les faits qu'il constate ^ avant
me d'avoir vu la pièce qui nous occupe, j'étais tellenfient
ivainca que Mathieu avait dû frapper nionnaie à Mirecourt^
9 j*avai8 recommandé à plusieurs marchands de monnaies de
hercher, parmi les deniers à l'aigle^ s*il ne s'en trouverait pas
porteraient le nom de cette ville, et c'est ensuite de ces
ommandations que j'ai appris l'existence sur les cartons d'un
ntetir d*un exemplaire de ce denier que je regardais alors
nme unique, et que je suis parvenu à faire acheter pour mon
npley il y a bien cinq à six ans. Il est exactement le même
» celui dessiné par vous, c'est-à-dire que les lettres RI sont
^Himées et se pi-ésentent ainsi Wl> ce qui nravait bit douter
ses signes étaient bien des lettres ou la représentation d*une
Biir quelconque. Aujourd'hui, après un examen nouveau de
^ pièce et de celles de Neufchatel (Ncufchfttcau ) à l'épée en
• présentant les mêmes signes, et attribuées par M. de Saulcy
^Chrri 111^ j'en suis arrivé à me demander si ces dernières ne
liraient pas être restituées au duc Mathieu ; mais là n'est plus
question que je m'étais proposé d'examiner^ et d'ailleurs je
aperçois que cette lettre est déjà beaucoup plus longue que
le pensais la faire; aussi je m'arrête , laissant à d'autres plus
^In le soin de débrouiller et d'expliquer ce dernier point.
V'euillez recevoir, monsieur, l'assurance de mon bien sincère
K'ouement . Laprevotb ,
Avocat à Mircconrt.
Vah Loon. Histoire métallique des Pays-Bas.
Lia continuation de cet ouvrage célèbre ( entreprise et conduite
^u'à la qumzième livraison par l'Institut royal des sciences des
'ys Bas ] sera publiée par l'Académie royale chez Tédileur,
SS CHRONIQUE.
Frédéric Muller, à Amsterdam , et sera divisée en 5 livraisons,
renfermant les années 4766 à 1806. Ces livraisons formeront un
volume de 400 à 500 pages in-folio et 40 planches gravées avec
le plus grand soin; le tout imprimé sur beau papier de Hol-
lande. La première de cos livraisons a été mise en vente en
septembre 1861 , les quatre suivantes paraîtront en quatre on
cinq années, et couleront ensemble : on pelit papier, 75 fr*,ft
en grand papier» 95 fr. On souscrit chez MM. Frédéric Mlllee et
G. Théod. Uom, libraires, à Amsterdam, et chez les principaux
iibrairsde Tétranger.
Le livre de M. le comte Nahuts, intitulé : Histoire numisma-
tique sous le règne de S, M, Louis-Napoléon, roi de Hollande
( 1806-1810), un volume grand in-4%200 pages, avec 14 plan-
ches, dont 5 coloriées, publié en 4858 chez Fréd. Muller, à
Amsterdam, au prix de 20 fr. avec des planches noires, et Si fr.
avec des planches coloriées, forme le complément de Touvrage
de Van Loon.
S'adresser à î'IÎditkl'r ou à M. G. Théod. Bom, à Amsterdam.
Notre collabrateur, M. Louis Drsrhamps de Pas, vient d'a-
chever et de publier, sous le titre de Hit>toire sigillaire de la
ville de Saint-Omer, l'ouvn»ge qu'il avait entrepris il y a vingt-
cinq ans eu collaboration avec feu A. Hermand. Ce volume, qui
contient les figures de 333 sceaux en 45 planches, se rattadM?
étroitement à la numismatique, tant parlestvpesque portent Ie5&
scelsei contre scels. que par la paléographie des légendes* CeA
à ce titit; que nous en recommandons Tétude ri nos lecteurs.
Nous leur signalerons encore pour la môme raison l'ouvrage
publié l'année dernière par M. Blancard : Iconographie des sceaux
et bulles conservés dans les archives des Bouclies-du-Rhùney livre
orné de 71 planches dues à M. A. Laugirr, anisie distingué qui
fournit à notre Bévue de si bons dessins dt s monnaies de Provence.
tfOIRES ET DISSERTATIONS
LETTRES A M. A. DE LONGPERIER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
ftrticlo. — Voir le n« 6 de 1858, p. 437 ; le n" 9 de 1B59, p. 313
la rodine année, p. 401 ; le n* 3 de IBffO, p. 164; le n* 4, p. i
, p. 845 : le n* 6 de la même année, p. 409 ; le u* 2 de 1861, p. 7*.
de 1862, p. 1.
Trouvaitle de Chantenay (suite).
Biiuriges.
ends par pièces biiuriges celles qui présenlciit la
iiitanique, c'est-à-dire coilTée de trois grandes iiiè-
s cheveux bordées de traits qui vont se réunir à un
ond. Ces pièces , d'ailleurs en petit nombre dans le
le Gbantenay, olTrent diverses variétés que je vais
successivement.
laD plat, tète à g<auche.
heval entier le pied de devant hors montoir lové.
BuSf une branche garnie de baies ; dessous, un aii-
mtré.
\ très grossier. H exemplaires. — Poids, l^^SO.
90 MÉSOIRES
2. Même pièce, sauf que, sous le cheval, les lettres CAH
ont remplacé l'annelet centré.
1 exemplaire. — Poids, 1>%65. La pièce est très-usée.
3. Flan épais. Mêmes types ; au-dessus du chefal, rien:
au-dessous , un annelet au bout d'une hampe. Types bien
en relief.
1 exemplaire. — Poids, 1»%84.
h. Mêmes types généraux. Au-dessus du cheval , une
épée \ au-dessous, une rouelle à quatre rayons.
1 exemplaire. — Poids, 1«',90.
5. Flan plat et large. Mêmes types généraux. Au-dessu»
du cheval , rien ; au-dessous, le pentagramxne.
1 exemplaire. — Poids, 1»',46.
d. Mêmes types généraux. Style très-grossier ; sous le
cheval, un annelet centré. Flan assez épais.
l.exemplaire. — Poids, 1*^,85.
7. Style assez grossier. Mêmes types généraux. Au-
dessus du cheval , un sanglier ; au dessous , une croisette—
2 exemplaires. — Pends, 4*%80.
SOLIMA.
SOLIMA. Tête à gauche ; derrière la tête, le symbole e/!> -
bJ. La légende inscrite d'ordinaire au-dessus du chevaJ
n*a pas trouvé place. Cheval sanglé galopant à gauche ;
au dessous, un poisson.
2 exemplaires. — Poids, 1«%90.
FmMermhiahlf\s,
Restent enfin sept pièces dont les types sont mécon-
naissables.
Si nous faisons la somme totale des monnaies gauloises
ET ISSERTATIOxNS. Vl
prmes dans le trésor de Ghantenay, nous trouvons
pièces.
s'agit maintenant de tirer toutes les conséquences que
\ pourrons , de l'examen comparatif des espèces qui
leot dans le dépôt dont nous venons d'analyser le
enu.
Miiniençoiis par ranger toutes les espèees par ordre de
Is, QOQS aurons le tableau suivant :
iramme*.
Pièce arYerne? à U Icgonde EPOMIID 2,35
Darnacus. — Donnus 1,93
Esabni. — Donnas. l,92ô
Damacos. — Anscro 1,915
^Ihna. 1,9(»
Litaylcua. . . ' , . . 1,90
VeroUl au lion 1,883'
Togiria. — Togiri l,8«l
Santonas 1,88
Darat. — Julios. .- 1,875-
Dabnorix. — Dubnitcov (à la tête coupée). . . . 1.875
Xhk et variétés 1,869'
Dabnorîx. — Anorbo 1,86«V
Séquanes 1,866
Diasulo* 1,8611
Q. Docirix. — Som. f. 1,8575
Eéoi». -* Orgetirix 1,8
Gain. Joli.— Oroapatis 1,95
VNO. — CIÏ^> ( type du Diasulos ) 1,85
CDU 1,B5
LacicM 1,8466
S.iDtonos. — Arîvos 1 ,84
BitoHge8(7 variétés) 1,838
Orgelirix Coioa 1,825
Orgetinx Atpîlj. f. ( à rétoile ) 1,825
Ségnnaves 1,825
Dubnorix. — Dubnocov (ù Fctendard) 1.82
Kduennos anépigraphes 1,819
Orgelirix A tpili. f. (nu dauphin) 1.80
Julius T«>gii-ix 1,80
Imioci 1,H0
Atcula Vlato^ 1,80
..O. — NA ( typ« du Diasulos) 1,80
92 MÉMOIRES
Voyons quelles sont les conséquences qui découlent de
ce tableau. Il est évident, au premier abord, que la pièce à
la légende EPOMIID. appartient à un tout autre système
monétaire que toutes les autres monnaies du trésor de
Chantenay. Le poids des drachmes grecques de Marseille
est sensiblement le même ; c*est donc au système marseil-
lais que se rattache la pièce d*EPOMUD., et par conséquent
le peuple qui Ta émise était proche voisin de la province ^
romaine, puisqu'il avait adopté pour ses monnaies une ^
taille et un poids qui leur permissent d'avoir cours dans .^^
cette province.
Le trésor de Chantenay ne renferme pas un seul exem 7.
plaire des pièces des Volkes Arécomiques, des Yoconces ni^.«3i
des AUobroges ; c'est donc au sud de TArvemie qu'il faut9".^at
placer le lieu d'émission de la monnaie d'Épomed, cbeac^^si
les Helviens peut-être, qui étaient séparés des Arvemes pa^^^Eur
les Cévennes a Mous Cebenna qm Arvemos ab Helviis dis — .^3-
cludit. » (Caesar, lib* VIT, cap. 8).
Tout ce que le trésor de Chantenay contient de monnues^^KS
gauloises appartient à l'Aquitaine ou à la Celtique,
les premières sont relativement en très-petit nombre (S^<
sur A09)» Nous n'y trouvons pas une seule pièce attribuablf^We
à la Belgique. En un mot , à l'exception de la monna
d'Épomed et de celles au cavalier en course, nous avoii
pour l'époque précise de l'enfouissement du trésor
question, la représentation fidèle du numéraire gaulois m.~ Js
en circulation dans les provinces centrales de la Gaul^HP,
c'est à-dire dans la Celtique proprement dite.
Venons à la comparaison des poids.
Les pièces au cavalier en course , tout usées qu'elles
sont, pèsent au delà de Ip',90. Elles ont donc eu primitive-
ment la moitié juste du poids des deniers de la repu-
lu» ires-vui»ii], uiais un peu luuiiis eit;v«. uci auaissc-
le poids peut très-bien avoir été motivé par la guerre
•dépendance à laquelle toutes ces pièces, à peu d'ex-
118 près, peuvent se rapporter,
irait naturel d'attribuer une ancienneté relative plus
érable aux pièces dont le poids a été un peu dimi-
ir le frai. Ainsi , par exemple , si nous comparons les
ûea frappées par les chefs helvètes et éduens cités
Isar, nous trouvoos que la monnaie la plus usée est
f Orgetirix avec la légende ATPILI V et le dauphin
lu-dessous du cheval du revers. Leur poids moyen est
SO, tandis que la même pièce à Fétoile a pour poids
l^'.Sîô. Celle-ci est donc postérieure. Les Orgetirix-
Nitle même poids moyen de 1«%8!25; ils sont donc
iporains des pièces à Tétoile , et dès lors frappés
nblablement dans une région monétaire différente,
lea Orgetirix-Eduis ( à l'ours ) pèsent en moyenne
Ils ont donc encore été frappés ailleurs, et natu-
ttit dans le pays des Éduens. Or si nous comparons
nant avec la pièce d*Orgetirix-Eduis, et entre elles
^rentes espèces de Dubnorix, nous trouvons que les
ix-Dubnocov ( à la tête coupée ) pèsent en moyenne
Omises par cediel'. 1-rs pièces cl*Orgetim-Ëdu!s
liiient donc les Dubnorix-Anorbo, dans Tordre <
gique de leur énii)»sion.
Nous savons que Dubnorix a été mis à mort
Portus Itius, dans la cinquième campagne de i
moment de son départ prrur la Graiide-Bretagn
«'ire l'an SA avant Tère chrétienne. D^m autre (
jiendant le siège de Gergovia que Litavicos a le^
dard de la révolte contre les Romains, les moniu
chef doivent donc être plus pesantes , c'est-à d
usées que toutes celles de Dubnorix ; c'est ce qui
eiïet, puisque les pièces de ce chef pèsent en
La monnaie à la légende Solima pèse de mèo
Kile a donc été émise très-probablen)ent vers l'ai
vu s'effectuer les sièges de Gergovia et d*Âlesia.
iisiiesanépigraphes des Kduens |)èsent en moyeno'
tandis que les pièces à la légende KA A pèsent en
J»',869. Les premières sont donc à très peu prè
poraines des Dubnorix-Dubnocov à l'étendard, et
légende KAA ont suivi les Dubnorix-Anorbo, et pi
Dubnorix-Dubnocov à la tète coupée. Eu sorte
aurions la série suivante des types classés |)ar oi
cienneté :
Monnaies d'Orgeiihx fropprea en iroi< !oralitH é
ï année qui a précédé la vniuc de César.
Orgetirix Atpili. f ( au danphin).
Orgetirix Atpili. f. (à l'étoile).
Orgetirix Coios.
Orgetirix Edûis.
CT DISSERTATIONS. ^Û
Monnaies édumnt»^
Éduennes anépigraphes.
Dubnorix-Dubnocov (à TéteDdard], contemporaines de
1' Orgetirîx Coios, et frappées peut-être dans le même atelier-
Dubnorix Anorbo.
KAA et variété de ce type.
Dubnorix Dubnocov (à la tète coupée).
Litavicus ( frappées pendant la septième campagne) .
Ces deux séries, mises en regard, nous donnent les con-
^€inporanéités suivantes :
Éduennes anépigraphes
Dubnorix-Anorbo, légitimement frappée au pays éduen.
Orgetirix Atpili. f., au dauphin.
Idem^ à Tétoile.
Dubnorix-Dubnocov, à l'étendard, frappée en dehors de
l'autonomie éduenne.
Orgetirix Coios.
Orgetirix Eduis.
KAA et variétés de ce type. Monnaie éduenne légitime.
Dubnorix Dubnocov, à la tète coupée, frappée en dehors
^e Tautonomie éduenne et avant la cinquième campagne
^e César.
Litavicus, frappée pendant la septième campagne de
César.
Passons à d'autres monnaies. Les pièces d'Arivos, chef
des Santons, pèsent en moyenne 1"%8A, et les pièces sans
nom de chef, 1«%88. Celles-ci sont donc plus récentes, et
Arivos a frappé ses monnaies en même temps que le chef
Lucios des Petrucoriens , dont les deniers pèsent, en
moyenne, l»',8â66. Les pièces de Durât, le chef picton,
95 MÉMOIRES
allié des Romains, pèsent lf%875. Celles-ci sont contempo-
raines de la huitième campagne de César, ou mieux de peu
postérieures. Les pièces des Sautons sans nom de chef sont
donc contemporaines. Le Verotal au lion pèse l^'^SSS. 11 est
donc postérieur à toutes le^s pièces que nous venons d*énu-
mérer; il est intéressant de remarquer encore une fois
que le trésor de Chantenay ne contenait pas de denier de
Verotal aux types des Lucios; car il eût été bien précieux
d'en constater la postériorité par le poids.
Les Togirix offrent une étrange anomalie. Ainsi les 7b-
girix-Togiri pèsent en moyenne 1»',884 ; ils sont i>ar con-
séquent à très-peu près contemporains du Verotal au lion,
des Santonos sans nom de chef, des Durât, des Dubnorix à
la lète coupée, et un peu plus récents que les éduennes à
la légende KAA, et que les DubnorixAnorbo.
Le Julius Togirix au contraire, ne pèse que 1»',80, et
il est en bon état de conservation. Ceci semblerait indiquer
un abaissement de poids volontaire et non pas résultant du
frai de la monnaie. A ce système de pièces moins pesantes
se rattachent les IMIOCI et les Ateula-Vlatos, au type du
croissant, les seuls que la trouvaille nous ait ofierts. La
))résence du surnom Julios est pour moi un indice évident
de l'antériorité des Togirix-Togiri. Il en est de m6me pour
le rare denier à la légende Gaiu-Juli-Omapatis , qui, bien
que très bien conse^^•é, ne pèse que 1*^,86.
Les monnaies des Ségusiaves, tout aussi bien conf^rvées,
pèsent en moyenne Ib',825 seulement Je ne doute donc
pas de l'existence d*un abaissement du poids des monnaies
gauloises, au moment où la conquête césarienne fut u
fait accompli.
Les monnaies des Séquanes, toutes fort usées, pèsent en
moyenne l'%86&. Elles sont donc conleniporaines des
. ET DISSERTATIONS. 97
bnorïx-ADorbo et des éduennes nationales à la Ic^gende
A.
Les Q. Docirix Sam. f. pèsent en moyenne l*%857ô. Ils
it donc postériemrs aux Tegirix-Togiri et aux éduennes
fi légende KAA, aussi bien qu'aux Duboorix-Anorbo et
i deniers des Séquanes. Ce Quintus Docirix me semble
>c nn chef séquane frappant ses monnaies après l'émis-
n des deniers à la légende Sequanoiotuos.
^ées monnaies au type essentiellement biturige, lesquelles
il toutes fort usées, ne pèsent plus en moyenne que
.838 ; elles seraient donc à peu près contemporaines des
itonos-AriYos, si celles-ci n'étaient pas infiniment mieux
iaervées, et ne pouvaient par conséquent prendre rang
18 la série des monnaies de poids inférieur frappées après
guerre de César.
Reste enfin à examiner une série demeurée jusqu'ici sans
tre attribution que celle tout à fait inacceptable qu'avait
>posée Pellerin : je veux parler des deniers à la légende
lauk». Ils pèsent en moyenne l^'fSGli , et sont en très-
n état généralement. Je les crois à très-peu près con-
mporains du Gain Juli Omopatis, qui pèse 1^,85, et leur
imnce en nombre dans le trésor de Cbantenay m'y fait
iir aujourd'hui des monnaies bituriges.
Trois variétés de légende se rapportent aux mêmes types ;
418 ces variétés, qui ne pèsent plus que i^fib et même
^80, sont donc antérieures. Ce seraient par conséquent
38 espèces ayant succédé aux Bituriges anépigraphes, ou
rec la légende CAM.
Quant aux Ateula-Ylatos, ils appartiennent incontestable-
ent à un système monétaire plus faible de poids. Mais à
lel peuple les attribuer? Il serait bien diflicile de le dire ;
s pièces se trouvent à peu près partout. Il ne faut pas
9S MÉMOIRES
oublier cependant qu'où les a trouvées en nombre à la
Rousselière , à Bazoche en Dunois et à Lillebonne ; ce peut
donc être une monnaie des Turons Carnutes plutôt qu'uoe
monnaie des Galëtes, ainsi que je Tavais cru jusqu'ici. Re-
marquons en effet que Tépi qui se présente sur les pièces
les plus récentes à la légende Ateuïa Vlatos (pièces dont le
trésor de Chantenay ne contenait aucun spécimen), est un
type très fréquent dans la série monétaire des Turons.
Je viens d*énumérer toutes les conclusions que je crois
permis de tirer de la composition du trésor de Chantenay,
quant au poids des monnaies qu'il contenait. Nous allons
maintenant faire connaître les monnaies romaines qui se
trouvaient mélangées avec les gauloises que nous venons
d'étudier, et l'examen de ce catalogue nous donnera la
date vraisemblable de l'enfouissement du trésor, en tenant
compte du temps que la monnaie la plus récente de cette
classe a dû mettre à venir dans la circulation gauloise, au
cœur même de la Gaule.
M. Feuardent s'est chargé de la classification des deniers
consulaires renfermés dans le trésor de Chantenay, et nous
sommes heureux de lui témoigner ici notre gratitude pour
l'empressement avec lequel il a bien voulu mettre à notre
disposition sa profonde connaissance de la numismatique
romaine. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici in f jt-
lenso la description complète de toutes ces monnaies, telle
que M. Feuardent nous l'a remise ; mais comme la série ne
contient aucune pièce inédite, nous croyons suflBsant de,
placer sous les yeux du lecteur une liste sommaire , avec
renvoi aux planches de l'ouvrage publié par M. Henri
Cohen, sous le titre de Descriplion générale diê monnaia
de la république romaine.
Naturellement les monnaies consulaires de Chantenay ont
ET DISSERTATIONS.
%)9
*tè classées par or(1i*e chronologique, en profilant des l)eaux
travaux des Borghesi, des Cavedoni, des Mommsen.
knée
550.
I>o¥niiîa.
Cohen,
, pi. XVI,
n« 1.
Denier.
539.
l*orcia.
—
XXXIV,
2.
Denier, 2 <»xeni|»laire».
560.
<'OTll«»li«.
—
xrv.
4.
/.-/.
—
KlMininia.
—
XVIII,
1.
Denier. 3 ex.
574
r»acl)ia.
-.
Mil,
r>.
!d.
—
MiiiQcia.
—
XXVIII.
2.
N.
«80.
F^l.ia.
—
XVII,
2.
Id.
587.
Antestia.
—
II.
3.
Id., 2 ex.
—
/rf.
f6i*.,
1.
Id.
600.
5i»-niproiiia.
—
XXXVI,
2.
Id.
615.
î^«»iT»itia,
—
XVÎ,
3.
Id.
625.
<^"«-ciiia.
—
VIII,
6.
Id.
—
fd.
—
ibid ,
7.
Id.
630
<^urtia.
XVI.
Id . 2 ex.
—
^ryilin.
—
XXXVII,
3.
Id.
—
^>reinija.
—
XXX.
2.
Id
638.
^onteia.
—
XVIII,
1.
M., 2 ex. ( lettres I etO^.
646.
Herennia.
,..
XIX
/<!., 3 ex ( v«r. de lettres).
647.
-^ntiilîa.
_
I.
3.
Id., 2 ex.
648
C*««i«.
XI,
2.
Id.
650.
-A^ppnleia.
VI,
2
Id,, 3 ex. (var. dt* lettres).
•—
^la,jdîa.
»_
XII,
2.
W., 2 ex.
—
Silîa.
_„
XXXVIII.
Id.
655.
^rbinia.
—
XL.
1.
W.,2ex.
"""
id.
—
md..
2.
Id., 3 ex.
"~
^^«Hiinîa.
—
XXVII,
1.
Id.
"""
id.
ibid..
2.
Id , 2 ex. var.
660.
^i^îlîa.
vni.
10.
Id.
~"
"*^onteîa.
XVIII,
7.
Id.
"~*
^opcia.
XXXV,
6.
Quinaire.
~~
'^nîa.
—
XXXIX,
1.
Denier, 3 ex.
^^
fd.
-.
ibid..
2.
Id., 7 ex.
663.
**oiuponia.
—
XXXIV.
1.
Id.
""
^alpnrnia.
—
IX,
10.
M., 3 ex. (lettres A. F.H ).
""
id.
ibid..
3.
Quinaire.
—
^ahia.
—
XVII,
7.
Denier.
"~
'^unia.
—
XXIII.
6.
Id.
100
MÉMOIRES
ABd«
Rom*.
<U>6. Tompeia.
Cohen.
XV,
2f>{ttnm\Id.,2eT.
— Tituria.
—
XXXIX,
2.
Id.
— W.
—
itrid.
3.
M., 2 ex.
668. Vibia.
— .
XLI,
3.
Id.
670. Carvilia.
—
XI.
3.
Id., 4 ex.
— Furia.
—
XIX
4.
Id.
— Lucilia.
—
XXV.
Id.
- MinucU.
—
XXVIII,
5.
Id., 5 ex.
— Servilia.
—
XXXVllI,
6.
Id.
671. Crepaua.
— .
XVI.
Id., 2 ex.
672. AntoDia.
—
m,
1.
M., 3ex. (var.delett
673. Annia.
—
II.
1.
Id.
— Id.
Id. (lég. aatrem. dh^
~ Manlia.
—
XXV.
2.
Id., 2 ex.
— Mfircia.
—
XXVI,
10.
Id.
— Julia.
—
XX,
5.
Id.
— Norbana.
-.
XXIX.
2.
Id., 2 ex. varié*.
— Rubria.
—
XXXVI,
1.
Id.
674? Voltein.
—
XLII,
3.
Id.
676? Lncretia.
—
XXV,
2.
Id., 2 ex.
680. Claadia.
—
XII,
3.
Id.
— Nœvia.
—
XXX.
Id., î ex.
— Papia
—
XXIX.
1.
Id.,2eiL. (sjnibole
682? Postumia.
—
XXXV,
7.
W.
684? Satriena.
-^
XXXVI.
Id
685. Plaptoria.
—
XXXII,
3.
/d. (caducée derriè
— Ilatilia.
—
XXX\1.
Id. 2 ex.
— Sulpicia.
—
XXXVIII,
2.
Id. 2 ex.
— Fareuleia.
—
XVIII,
1.
Id. 2 ex.
— Poblicia.
—
XXXIII,
7.
Id.2tx. (lettres
— Procilia.
—
XXXV.
1.
W.
— Id.
—
XXXV.
2.
Id
692. Noiiia.
—
XXIX.
Id.
693. jEniilia.
^
I.
5.
Id.
695? Cal pu ru ia.
. —
IX,
10.
/d..4ex.(Tar.d
690. Junin.
—
XXIII.
11.
Id.
— Plautia.
—
I,
Mi«fi.->
./d. 2ex.
700. Aqiiilia.
—
VI.
2.
Id.
~~ Ilosidia.
—
XIX,
1.
Id.
— Furia.
—
XIX,
5.
Id. 2 ex.
ET UISSEKTATIUNS.
101
70O. FKoscift.
Cohen.
. XXXVl.
Deuier.
704. CTordia.
—
XIV,
1.
W.,3ex.
— Id.
—
ibid..
2.
Id.
— -J-wlia,
—
XX,
9.
Id.
— Id.
—
•Wrf.,
10.
Id.,2ex.
705. ^JJmrijia.
—
X,
1.
Id.
— W.
—
»M.,
3.
W..2ex.
— :rwiarcia.
XXVI,
8.
M.. 3 ex.
706. ^A^cilia.
—
I,
3.
Id,
~" -^^Jitia.
—
m.
2.
Id.
.^l^^^^PPW.
XVII.
Id.
708?!,^^
709.)*^o«tilîa.
—
XIX.
3.
Id.
"" *Jmalia.
—
XX.
11.
Id.
— Il^cinia.
^
XXIV,
7.
Id.
— I-<3llU.
XXV.
2.
Id.
— "V^«leria.
XL,
6.
Id.
'/^- ^«Imilia.
—
II,
15.
Id.
"" ^I«ttia.
XXVIII,
4.
Id.
'ïl- Vibia.
..
xu,
11.
Id.
^1«- Claudia.
—
XII.
9.
Id.
— W.
ibid.,
6.
Id.y 8 ex.
" "V^^sntidia.
XL.
Id.
- A'^ibia.
—
XU,
18.
Id.
"" ^«i.
ibid.,
17.
Id.
"«- ÎSr^idia.
XXIX,
l.
Id., revers même têtt»
incusc,
"■ ^ la lia.
—
XXI,
36.
Id.
r ^d.
-~
ibid..
31.
Id.
" -r^.
ibid.,
32.
Id., 2 ex.
" -^ xitoniu.
—
IV,
2M.
Id.
"" Id.
—
V.
46.
Id.
MEDAILLES D EPOQUES IHCERTAINES».
^"**- -^quiHa. Cohen, pi. VI,
■** ^ipia. - XII.
"^ ^omelia. — XIV,
"^ ï=*onteia. — XVIII,
^'^•^rij.noni. - XLIII,
*-^s monnaies romaines de la trouvaille de Chantenay
1.
Denier, 2 ex,
Id., 3 ex.
5.
Id.
9.
Id.
4.
Id.
102 MÉMOIRES
appartenant à Tépoquc certaine la plus récente boùU siju
qu'on vient de le voir, dans le catalogue raisonné <k
M. Feuardent, des deniers émis dans Tannée de Rome 7i8
(30 av. J. C). Elles sont donc postérieures de quatorze ao-
nées aux dernières campagnes de Jules-César dans la Gaoie*
puisque les huit années pendant lesquelles la conquête
césarienne s'effectua, se placent entre les années 58 et h9
avant l'ère chrétienne.
Les monnaies gauloises contenues dans le même trésor
ne peuvent être qu'antérieures à l'émission de ces deniers^
romains ou postérieures d'une année au plus, si nous ad-
mettons, ce qui d'ailleurs est fort contestable, quilafalla
une année entière aux espèces romaines pour qu'elles par-
vinssent par la circulation dans le midi de la Gaule, et dans
le voisinage de la Province par excellence. Je ne crains pa:s
de dire que ce délai d'un an me semble exagéré, et j'ad—
mets en conséquence que les pièces gauloises les plus ré-
centes de la trouvaille de Chantenay ont dû être frappéef
également en l'année 718 de Rome (36 avant Jésus
Christ).
Nous avons vu plus haut que l'étude attentive de ce
pièces gauloises nous donne la certitude que ceilaiiH
espèces, répandues dans les collections numismatique
sont postérieures à la date d'enfouissement du trésor
Chantenay. Mais nous savons que l'autonomie monét'
des Gaulois prit fin en 27 avant Jésus-Christ, lorsqn
guste, suivant le conseil d' Agrippa, changea comp
ment l'antique constitution de la nation soumise, et /
l'atelier monétaire purement romain de Lyon,desf
pourvoir aux l)esoins de la Gaule entière ; il s'ensu
toutes les monnaies gauloises autonomes postérie?
l'enfouissement de Chantenay, ont du être émises dai
ET DIS8KRTAT10NS. J03
ralle de neuf ans écoulé eutre les années 35 et 27 avant
B chrétienne.
/oilà, mon cher Adrien, les faits nouveaux qui ressortent
Tétude du trésor de Chantenay. J*espëre avoir montré
» fois de plus aux lecteurs de notre chère Revue tout le
^ qu'on peut tirer de Texamen attentif d'un trésor de
genre.
'<mt à loi.
F. DE Saulcv.
I OA MtMOIRES
MÉDAILLES ROMAINES.
(IM. III.)
Eo 1859, M. GoDzalës, de Mantoue, nous montra une suite
de médailles romaines de grand et de moyen bronze, d'une
beauté et d'une conservation des plus remarquables. Il sy
trouvait des raretés du premier ordre, une Annia Faustiua
de grand bronze (Cobcn, Description des monnaies frai^pée*
sous ï empire romain^ t. III, p. 563, pi. XVIII, n* '^)% un
Domitien, aussi de grand bronze, portant au revers la
légende DlVl CAESARIS MATER (Cohen, /. dL, t I, p. 459^ ^
n- 9) ; un Galba, au revers de LIBERTAS RESTITM'A, Teiu
pereur relevant une femme agenouillée (Cohen, 1. ci7., 1 1, ^
p. 23A, n* 155); un Vespasien, au même revers, mais avec *:j
la légende ROMA RESVRGES (Cohen, I. ctf., t I, p. 31 7«^
n** 391) ; un Émilien, presque aussi grand quun médaillon, j
au revers de ROMAE AETERN. (Cohen, /• cit., t. IV, p. 308
n»45)\ etc.
M. Gonzalès nous permit de choisir dans sa collectior
quelques pièces inédites et de les faire dessiner pour ètr
publiées dans la Aevtie. Nous avons réuni dans la plai^ _z: -y*
che 111 cinq de ces belles médailles.
» J'appri'uds (pic presque toutt's Ifs niédHillci* de M, Gouzuiv» ont
dans In riche collection de M. Wigaii. à Londres.
mn
ÏT DISSERTATIONS, 105
N* 1. M.AGRIPPA L.F.COS.Iil. Tête à gauche avec la
ouronne roslrale.
^. DIVVS AVGVSTVS PATER. Têle radiée à gauche. —
oy eu bronze.
Cette pièce, frappée après la mort d'Auguste comme Tin-
(f ne Tépithète de divus donnée à Tempereur, a dû être
>jrlquée sous le règne de Tibère. On connaissait déjà une
►xmoiaie de moyen bronze à l'effigie d' Agrippa, monnaie
restitution et qui certainement est de l'époque de
►^re.
k«:^AGRIPPA L.F.GOS.III. Tête à gauche avec la cou-
k X3ie rostrale.
$• TI.CAES.DIVI AVG.F.AVGVST.P.M.TR.POT.XXIIII.
:^^ le champ, S.C, — Cohen, J. cit.,» t I, p. 109,
&.
i^tte pièce est de l'an 775 de Rome, 22 de Fère chré-
^'•ne; par conséquent elle a été frappée trente-trois ans
"^^s la mort d' Agrippa qui mourut dans la Gampanie ,.
* 742, au retour d'une expédition en Pannonie. L'an 22
^* ^re chrétienne répond à la neuvième année du règne
"X^ibère.
Plusieurs empereurs, Titus, Domitien, Trajan, ont fait
t^lDer des médailles en l'honneur d' Agrippa. Quelques
^^ coloniales d'Espagne ont également honoré ce grand
^CDnnage en mettant son effigie sur leurs monnaies,
"^^r^e à l'époque de Caligula ' qui affectait de le mé-
^Uskhel, D, N. , I , p. 37, et Yl , p. 166. — Cf. Revue numismai,,, 1861 ,
^ticton. in Calig , 23.
4^a62.-2. 8
106 M ^•MOIRES
N*»2. IMP.GAESAR VKSPASiANVS AVG.P.M T.P.P.P.COS.
m. Têle laurée à droite.
a. CONGORDIA SENATVI. L'empereur debout, tourné à
gauche , tenant sur la main droite une Victoire et dans la
gauche une palme, couronné par le Sénat sous la forme
d'un personnage barbu, vêtu de la toge et tenant une
branche d'olivier. A l'exergue, S. G. — Grand bronze.
M. Gohen (t. J, p. 300, n* ^261) a décrit cette médaille
d'une manièi-e imparfaite d*après un exemplaire de la col-
lection Gampana.
Le Sénat, personnifié par un vieillard vêtu de la toge, est
représenté de la même façon sur quelques médailles ro-
maines.
On connaît des pièces de grand bronze qui, au revers de
la tète de Galba, montrent le Sénat tenant un rameau et
posant une couronne sur la tête de l'empereur. La légende
(^t ; SENATVS PIETATI AVGVSTI. Gohen, t. 1, p. 245,
n* 232.
D'autres grands bronzes portant la légende PBOVIDEN-
TIA SENATVS, ont pour type, au revers de l'effigie de
Nerva, le Sénat revêtu de la toge et offrant un globe à l'em-
pereur. Gohen, t. 1. p. 479, n"H(5.
Un médaUlon de bronze d'Hadrien a pour revers le Sénat
personnifié tenant le sceptre d'ivoire, près d'un autel
allumé, et le Peuple ayant pour attributs une corne d'abon-
dance et une patère ; la légende est : SENATVS POPVLVS
QVE ROMANVS VOTA SVSGEPTA. Gohen, t. II, p. 168,
n- 553.
Un aureus que je crois inédit et qui fait depuis peu partie
de la précieuse collection de M. le duc de Blacas, montre
au même règne un type analogue. Voici la description de
cette pièce :
ET DISSERTATIONS. 107
MP.CAESAR TRAIAN.HADRIANVS AVG. Buste lauré à
lite.
^. P.M.TR.P.COS.lii, et à 1 exergue, V.S.PRO RED.
'€)ta $u$c^ta pro rt'diiu). Le Sénat teuaiit le sceptre et le
Bple avec la corne d* abondance et la patëre sacrifiant
un autel allumé placé au milieu. — Cf. le denier d'or
effigie d Hadrien ayant pour légende au revers VOT.PVB.
len, t. II, p. 163, n"" 521 et 522. Là, ce n'est ni Jupiter
'empereur lui-même, mais bien le Sénat personnifié qui
représenté en face du Génie du Peuple.
\je même type se trouve au revers de l'effigie de
jan, accompagné de la légende P. M. TR. P. COS. VI. P. P.
LQ.R. A l'exergue, VOTA SVSCEPTA.— Denier d'or de la
lection de M. le duc de Blacas ; denier d'argent du Ca*
et des médailles de la Bibliothèque impériale. Cohen,
I, p. 47, n** 292 et 293. Cf. Num, Chronicle, nov. se-
K« t. I, pi. IV, n* 5. C'est également à tort que l'on a
mé au personnage barbu, re\6tu de la toge , le nom de
jao. <:et empereur n'est jamais représenté avec la barbe,
i'ailleurs les sigles S.P.Q.R. de la légende ne permet-
t aucune équivoque.
îENIO SENATVS, sur des deniers d'argent et des pièces
bronze à l'effigie d'Antonin le Pieux est la légende in-
île auprès d'un personnage drapé, tenant un rameau et
sceptre, dans lequel on a reconnu tantôt le Sénat per-
Bmiié, tantôt l'empereur lui-même. Cohen, t. II, p. 297,
161 et p. 363, n~ 603-606.
Commode tenant un livre et donnant la maio au Sénat
^rsonnifié, le sceptre à la main, PIETATI SENATVS est le
pede quelques deniers d'argent et de quelques grands
onies du fils de Marc-Aurèle. Cohen, t. III, p. 71 , n*»' 130
131, et p. 154, n«» 639 et 640.
108 MÉMOIRES
Un personnage an«alogiie est figuré sur des deniers de la
famille Cassia (Cohen, DescripHon de$ mrdailles dr la repu-
hlique nmanip, pi. XI, Cassia , n'*' 4 et ô) ; mais là il tient
à la main une tablette ou vole Ainsi dès les t€mps de U
république cetle ligure du Sénat était un type consacré par
l'usage.
On a même donné le nom de Génie du Sénat à un per-
sonnage drapé tenant une branche d'olivier et un sceptre,
figuré sur des deniers d argent de Gor<lien d'Afrique le
rère\ bien que la légende porte r.M.TR.P.COS P.P.
(Cohen, t. IV, p. 107, n° 2). Maïs sur ces deniers c'est évi-
demment l'empereur, et non le Sénat, qu'on a voulu figurer,
H ce type se retrouve d'ailleurs au revers d'un grand
nombre de médailles impériales, entre autres aux règnes
de Caracalla, de Balbin, de Pupien, de Yolusien, de Pos-
tume, de Claude le Gothique, de Tetricus, etc.
L'explication de cette identité de forme et d*attributs
entre l'empereur et le Sénat se trouve dans la légende
PATER SENATVS, titre attribué à Commode sur quelques
])ièces de bronze où l'on voit l'empereur vêtu de la tc^ et
portant le rameau et le sceptre. (Cohen, t. III , p. 15S,
n-632'.)
On ne peut avoir le moindre doute sur le nom qu'il
convient de donner au personnage âgé qui i^cprésente le
Sénat sur les médailles romaines, quand on rapproche de
cette personnification un passage de Dion Cassius', dans
lequel il est question d'un songe de Trajan qui avait
cru voir un vieillard revêtu du costume que les ar-
* Vaillant, JVumûm. tmp. 90m., t. II, p. 293, Rom., 1743, iii-4\
* Cf. Tacit., Ann^y XI, 25. Vipsanins consul retnlit» Patrrm Stnaint appel*
lardum epso Claudium.
a Uist.y LXVIII, 6.
KT DISSEUTAilONS. 109
S tes oui rijabitude de donner au Sénat persouniiié.
^Oicei a>3px Tcpe'jSirr.y Èv taari'v) xat è'îSj^Tt TTEûiTTopcj-vpw tn ik
k£ OTC^avot) cvTo/i«jt/Éyov, of^ ttov xal T>iv Fsoo-jcc'ijfy ypafjouat^
Sur les médailles frappées en Grèce et surtout sur celles
5 l'Asie Mineure, on voit souvent le Sénat représenté en
xate et accompagné des l^endes BOïAH, TEPOr^ilA^
ITKKAHTOI, quelquefois lEPA BOVAH, lEPA iïN-
A.BT02 et 0EON SrNKAHTON. Eckhel ' a très- bien
^pliqué la différence des mots Luyy.Xr.To; et BouÂ); , le pre-
i^r désignant ordinairement le Sénat romain, et le second
«conseil ou Sénat local. Ft^ovcux ne doit pas être confondu
ncM plus avec l'assemblée désignée par le mot Bou>r,.
^ plupart du temps, sur les nombreuses médailles grecques
^ ont pour type le Sénat, cet être collectif est figuré par un
i&te jeune, imberbe, d'un sexe ambigu, quoique souvent il
irapprocbe de la personnification du Peuple (A>;uoç), la
U^ nue ou laurée, ou quelquefois ceinte du diadème; sur
^liitres pièces c'est évidemment une tête de femme voi-
« m les mots BouX>3, Fepovcta, liùyxX/.To; en grec étant
du genre féminin *. Quelquefois on a donné à la lêtg
-«3. if., rV, p. 190 et 224 sq.
^CJa vaM peint de la coUectioji du rei de Danemark représtfnle le Sena-i
^^TXi^) Bons la forme d'une femme et le Peuple (Atjjxo;) figuré par un per-
**^ge tiarbu, de chaque côté d'un autel sur lequel est tracé le uu»t
^^CiSIA. Voyez Lettera del marchese Francesco Maria Berio in dilucitlazione
*^^ voêo etnuco diretta a «. ecc, Giuteppe Capec» Latro Arcicetcovo di Tarenlo.
?*^^li, 1808, in-4°. — Cf. Élite de* monum. ciramogra\>h,^ t. JI, p. 146.
■* *^« singulière médaille de Tibériopolis de Phrygie porte au droit la t«\te
**^ et nue du Sénat. J€PA crNKA., et au revers rCPOr.BOrA.TlBCPlOUOAIT.
'^•«"«Toilée et vêtue de la toge debout, ttmant un rameau dans la main droite ;
?*^» une femme également debout, tenant un caducée. X.. 4. Ecklicl, />. A'. ,
♦ T»- 175, ci IV. p. 191. — Mionnet, t. IV. p. 372, n- 1006.
1 10 MÉMOIKES
de femme qui personnifie le Sénat les traits de quelqae
impéraU'ice , par exemple sur les médailles frappées à Syn-
nada de Pbrygie. Mionnet, t IV, p. 366, n«' 97A et Wb.
Quelquefois c*est une déesse qui figure le Sénat, comme sur
les médailles de Lamia de Cilicie', 16PA ZrNKAHTOC
AAMl€nN , où, par des raisotinements ingénieux, Pa-
nofka* a reconnu la déesse éponyme Aphrodite Lamia \
11 y a cependant des exceptions à cette règle de figurer le
Sénat sous les traits d'une femme ou d'un épbëbe efféminé,
mais elles sont extrêmement rares.
On cite d'abord un médaillon d'argent frappé sous le
règne de Tibère par les babitants de la ville de Gydonia
de Crète. En voici la description :
TIBEPIÎÎ RAI2API 2EBAiTi2 EHI KOP.AT. Tête lau-
rée à droite.
i^. lYNRAHTfi KPHTEl KTAnNEATON. Tête barbue
et voilée, à droite *.
Mais la médaille de Gydonia n'est pas la seule pièce qui
montre la tète barbue du Sénat romain, accompagnée
d'une légende grecque. Une autre pièce d'argent que je
crois inédite et qui fait partie du médaillier de la Biblio-
thèque impériale a pour type une tète semblable. C'est
une médaille frappée à Axus de Crète , également sous le
règne de Tibère. En voici la description :
TI. KA1.2EBA2T02 E.K. AT. Tète laurée à droite.
» Monum. inéd. de Vhut. arch,, t. I, pi. LVII, B, tl* 1.
s Annales de Vlnst, arch,^ 1833, t. V^ p. 287 et ^qît.
» Athen., VI, p. 263, A et B.
^ Eokhel , D. iV., II, p. 303. — On connaît plusieurs vari^t«^8 de eetta pièce,
qui est gravée dans le recueil de Morell y Fam» rom., Comelia, tab. VU, fi
Imp. rom.,Tiberiu», tab. IV, n» 25 -Cl*. .Miouuot, IV, Su^A., p, 313, u'IW-
— Cat. d'Ennery, p. 2H4, n" 889.
ET DISSERTATIONS. Hl
SRAHTi2 KPlITEi AEl. Tête barbue et voilée
romain, à droite. — JR. 7.
HADRIANVS AVG.COS 111 P.P. Tête laurée à
LIVS CAESAR. Tête nue à droite - Moyen bronze,
II, p. 275, u»l.
pièce a probablement été frappée à l'époque de
D d^iElius par Hadrien ; mais , comme le succès-
rrajan avait déjà pris son troisième consulat en
de notre ère, et qu'iElius ne fut adopté qu'en 1S5
la mention du troisième consulat ne peut fournir
laircissemeut , Hadrien n^ayant pas renouvelé sa
le consul jusqu'à mort.
DIVA FAVSTINA PIA. Buste à droite.
TERNITAS. Faustine jeune tenant un sceptre , en-
* les épaules de la Victoire, qui s'envole et tient
midnsun flambeau allumé. Dans le champ, S.fl.
1 bronze. Cohen, t. Il, p. 591, n' 123.
belle médaille a été frappée par ordre de Marc-
près la mort de Faustine. On connaît plusieurs
consécration de cette princesse. Les historiens '
ortéles circonstances de cette apothéose, et toutes
• que l'empereur fit pour manifester sa douleur et
. honte de sa femme.
DIVO ANTOiNlNO MAGNO. Tête uue de Caracalla.
NSEGRATIO. Aigle les ailes éployées, sur une
ie de guirlandes et regardant à droite. A TexergiN^
Srand bronze. Cohen, t. III, p. Vlo, n" 395.
ts., Hiêi., LXXl, 30 et3l.— Jiil. Capilulinus, m M, Aurrt,, 2*.—
iCarttcalia, U. —Cf. KcklM-l, /). ;V., VU, p. lt> a 80.
112 MÉMOIRES
Kcklie] * a rappelé les motif» de l'apothéose de Caracalla
sons le règne de Macrin, et quant à l'épithëte de Magfiu$
que porte ici le fils de Septiioe Sévère, Texplication en est
donnée par les historiens' qui parlent de sa prétention de
ressembler à Alexandre le Grand et de se comparer au héros
macédonien.
J. DE WiTTE.
» D. iV.,Vn, p 219.
• Dio Caiïs., Hist., LXXVII, 7. — AuM. Victor., £pitom. 21, 3. — Sfr-
ikm., iti Caracalla, 2.
ET Df5SERTATfO?iS.
113
DEUX DÉNÉRAUX DU XIll' SIÈCLE.
Qous empressons de profiter de ToccasioD que
Brir aux lecteurs de la Revue numismatique M. de
er, en faisant connaître, dans un curieux et inté-
rticle, la belle découverte faite par UH. Bollin et
it, du royal (for de saint Louis , pour signaler à
otion une circonstance qui paraît s*y rattacher,
possédons, dans uotre collection de poids moné-
n petit étalon que nous croyons se rapporter à
ouverte, mais qui dans tous les cas aura son im-
directe, puisqu'il servira à rectifier une opinion
\r feu le marquis de Lagoy, dans sa Description
un fierions ou poids monétaires de sa collection,
ians la Revue de 1858, p. il 3, pi. XIX.
h monument dont nous nous occupons, figuré dans
te ci-dessus, fut trouvé, il y a une trentaine d'an-
ns la commune de Juage, canton de Balleroy, ar-
ment de Bayeux. C/esl un morceau de bronze,
au marteau, épais <le 2 millimètres, qui n'a pas
1 en flan, ni les bords réparés à la lime , comme il
linaire pour ces sortes d'étalons. II est frappé d'un
1 lA «ÉuorRES
seul côté, qui offre pour type une couronne fleurdelisée, ^^
la légende : + Le:D6NeRAL Ce dènéràl. dans son ét^^
actuel, pèse 93 grains (A, 92 grammes). Il a perdu quelque
chose de son poids légal, en raison d'une entaille faite pax
l'ouvrier qui l'a découvert ; mais Toxydation a pu produire
une certaine compensation.
Dans le principe, nous étions arrêté par cette considéra--
tion, que les espèces d'or émises par Philippe de Valois, le
7 février 1339, et pesant 1 gros 30 grains ou 102 graia»
(5,40 grammes), portent aussi pour type une couronne
dans le champ. Mais en examinant la chose de plus près*»
nous avons reconnu que notre dénérat ressemble au rr^abs
aureus de saint Louis , et non à la couronne de Philippe de
Yalois, puisque cette dernière porte un champ semé de
fleurs de lis , et que la couronne posée dessus , est d'une
tout autre forme , ainsi qu'il est facile de le reconnaître sur
le poids fourni par M. de Lagoy, pi. XIX, ti» 8 , qui oflre .,
indépendamment de la légende fort explicite , le champ
semé de fleurs de lis, ce qui n'existe pas sur le royal d'or
nouvellement retrouvé.
Nous pensons donc que notre poids est applicable à un
aureus que fit faire Philippe le Hardi , avant Tannée 127t^
(Le Blanc, Traité de$ mon.^ p. 200). Si son denier à InÊr
couronne était comme le denier aux fleurs de lis (S dé-
cembre 1278) à la taille de 50 au marc*, cette monnaie?-
aurait été de 92 grains 8/50, poids qui se rapproche
beaucoup de celui de notre dénéraU trop lourd pour repré-
senter le regaUs aureus de saint Louis pesant 78 grains.
On vient de voir, par ce que nous avons exposé , qu^*^
N. dv Wailly, Mfin, xur les rariahons de la livre ttyurnois. Mèm. «IcrAca-i.
drfc inscript., t. XXI, IH57, p. 240.
ET DISSERTATJOiNS. 116
nomination de dineral^ déniraux est bien plus an-
a que Ton ne supposait d'abord , puisqu'on la faisait
ment remonter à Henri IL II devient constant aujour-
, par l'exhibition de notre étalon monétaire, qui ap-
mi d'une manière indubitable au xiii* siècle, que Tin-
cdon du mot déniral a dû remplacer de bonne heure
ta de fierton et de fiertonneurs, que Ton n'a pas encore
lotré inscrit sur les espèces métalliques. Ceci peut
XHisidéré comme un fait désormais acquis à la science.
s réaux ou royaux d'or des successeurs de saint Louis
t modifiés dans leurs types et dans leurs poids, et la
le couronne, qui dans le principe occupait le champ,
emplacé par l'effigie royale en pied. Ainsi, soit que
kttribueces espèces à Philippe III, dit le Hardi (de
à 1285), ou à Philippe IV, le Bel (de 1285 à 131&),
ême à PhiUppe V, le Long (de 1S16 à 1322 ), il n'en
18 moins vrai que le changement dut amener celui des
D9 destinés à servir pour ajuster les flans, qui devaient
nonnayés, ou à vérifier l'intégralité du poids que la
devait avoir. C'est cette circonstance qui explique
itence de ces jolis dénéraux, appartenant aux xiu* et
siècles, qui se trouvent dans quelques collections.
reproduisons, d'après un exemplaire de notre suite,
a ces étalons d'uue très>belle conservation, trouvé dans
Dvirons de Bayeux , que nous considérons comme ap-
mantaux dernières années du xiii* siècle, en raison de
«me exécution , du style de la gravure et de la forme
aractères.
poids du réal figuré par M. de Lagoy, sous le n* 7,
Mine que 70 grains; le notre en fournit 78, ce qui est
rain seulement de moins que les royaux de Charles le
t de Philippe de Valois, et cette légère difl<érence vient
116 .MÉMOIRES
de deux entailles pratiquées sur le bord extérieur de la
trauche, vers la partie lisse, pour s* assurer de la nature
du métal.
Notre poids présente le roi debout et de face, la cou-
ronne en tête, le manteau sur les épaules, tenant de la
main droite un sceptre long sommé de trois globules; la
main gauche est ramenée sur la poitrine La légende
porte : POISD — G-RGO?. Un double grènetis enferme cette
figure , dont la tête et les pieds dépassent en dehors du
cercle concentrique.
Des rapprochements que nous venons de faire ne sem-
blerait-il pas résulter que la rareté extrême du regalis au-
reus de saint Louis, qui n'avait pas encore été retrouvé,
viendrait principalement de ce que cette espèce aurait été
refondue par son successeur immédiat, lorsqu'il augmenta
le poids du royal, et que peut-être son petit-fils, Philippe
le Bel, en donnant un type nouveau, et tout en conservant
à la pièce sa dénomination et sa valeur nominale, en aura
diminué le poids de quelques grains. Si Ton adoptait cette
opinion , on pourrait croire que cette particularité aurait
bien pu n'être pas étrangère à Tépithète de faux mon-
nayeur^ qui fut appliquée à ce prince en raison de l'alté*
ration des monnaies qui eut lieu sous son règne.
Quoi qu'il en soit, nous croyons que les renseignements
que nous venons de donner ici sont de nature à intéresser
les personnes qui s'occupent de notre numismatique na-
tionale, et nous nous féliciterions, si nos observatioas
étaient admises , d'avoir pu concourir à élucider la ques.-
lion.
Ed. Lambert.
Hhvoux, 28 iHAcinbn' IHHl.
€T BfISSERTATlONS. 117
ESSAI
SOI
î-* Histoire monétaike des comtes de FLA^'DRE
DE LA MAISON DE BOURGOGNE,
^^ DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D*OR ET D'AKOEN T.
( PI. IV. )
^tiatrièœe article. — Voir les n- 2, 3. 6 àv 1861, p. 106, 211 et 45«.
Philippe LE Bon (141^1467). Suite.
Ia multiplicatîoD des hôtels de monnaies du duc de
^urgogne rendait nécessaire le renouvellement des me-
sures décrétées si souvent pour empêcher l'exportation des
^^tières d'or et d'argent Le 10 novembre 1433, les gens
^mmîs par lui au gouvernement de ses États pendant son
absence , chargent Jehan de Hughelettes d'arrêter et de re-
tenir tout le billon que Ton exportera, puis d'en informer
'^ chambres des comptes , qui seront compétentes. Ils
allouent au dit Jehan le quint denier de tout le billon qu'il
^^J^terait \
l)«jà, le 9 janvier 1421 , la duchesse de Bourgogne , Michelie de Fraoct' ,
^ ^'absence de son mari, avait rappelé rezécution des ordonnances soni-
•«les, en prescrivant de faire conduire le billon et les délinquants devant la
•"^^tnbre des comptes de Lille.
)1S MÉMOIRES
Par suite de Textension des États de Philippe le Bon, les
gages du maître général des monnaies n'étaient plus suffi-
sants. 11 recevait auparavant 200 florins; par letti-e du
1& juillet 143A, le duc alloue à cet officier, Guillaume Dq>
gardin, 200 autres florins. Plus tard, le 8 octobre 1488, il
retrace les obligations de ce haut fonctionnaire: elles étaient
assez importantes, si l'on en juge par les détails donnés
dans cette pièce ^
* Les mattres grénéraux peuTent et doivent visiter les monnaies et les office»
d'icelles , faire clore les bottes , savoir si les obangeurs des villes fournissent
les monnaies telles qu'il appartient ;
Ordonner à tout changeur, où faire se pourra , do délivrer à la monnaie une
quantité de marcs d'or par an, suivant l'importance du change qu'il exerce;
Payer chaque année au profit du duc la valeur du seigneurage restant à
payer ;
Visiter les poids et balances des changeurs , orfèvres, merciers et de tons
ceux qui s'immiscent on matière de monnaies et de billon ;
Les faire comparaître par-devant eux , maîtres généraux y ou par-devant le»
juges et magistrats du lieu, et requérir justice ooBtre Ins délinqnaDts , sans
jamais aller contre les franchises et privilèges.
Nul, de quelque état et condition qu*il soit, ne peut taàn ouverture des
bottes , si ce n'est en la présence des nuûlros généraux, sons peine d'amende
arbitraire et d'autre punition.
Nul ne peut bailler les monnaies, si ce n'est lesdlts mattres.
Le garde de la monnaie doit enregistrer tontes les délivranees d^ et d*ar^
gent sur un livre de pardiemin qui sera mis avec les bottes; il meitra les de-
niers en boites bien et loyalement k «haque délivrance sana les choisir ; il
enregistrera le poids et Taloî de l'argent le plus justement qu'il pourra.
Il aura soin que les deniers soient bien ouvrés et bien moanayéé, et de beo
recours.
Si l'on ne trouvait point de mattres particuliers pour reprendre les monnaiei,
on y placerait dans chaque lieu un commis habile et suffisant , qui ferait ou-
vrer en or et en argent toutes les matières que les changeurs apporte-
rnient.
Chaque fois que les monnaies seront à bailler, on les fera pBbUer dans l«s
bonnes villes et savoir à certains particuliers, afin que lesdâtes monaaies soient
mises à prix et affermées selon l'usage.
Kt comme on dit qu'il y a plusieurs touehiaux H touekiê apparteBaat an doe
ET DISSERTATIONS. 110
in mètne temps, Philippe, qui ne perdait pas de vue ses
!rèis financiers, faisait faire une information sur les
nds profits que Ton prétendait être faits par les maîtres
UcuUers des monnaies de Flandre, Brabant, Hainaut et
lande. On les accusait de ne pas payer aux marchands
»rL\ des matières d'or et d'argent fixé dans les instruc-
18, et de ne pas donner au duc la somme à laquelle il
it droit comme seigneur. Il est probable que les faits,
3 être complètement faux, n'avaient pas toute la gravité
>n leur attribuait, cai: le 20 juin li&6, le duc quitte
lits maîtres des demandes qu'il leur avait faites de ce
r.
A paix d'Arras, qui venait d'être conclue le 21 septem-
ii35, avait encore augmenté les États liéréditaires des
'M de Bourgogne. Parmi les villes cédées à Philippe le
I, étaient Amiens et Saint-Quentin, où se trouvaient
Uisdes ateliers monétaires royaux. A peine en posses-
B de ces villes, il s'empresse de faire acte de souvei*ain
ordonnant d'y battre monnaie. Déjà, dès le 20 juillet
Sft\ Philippe avait mandé au bailli d'Amiens, à son
aiBoaDt et aux gardes de ses monnaies, eu cette ville,
«Donobstant toutes lettres du roi de France qui voulait
^ qu'on envoyât à la chambre des monnaies de Paris
^bottes de la monnaie d'Amiens, ils ne devaient pas faire
oot été engagés, ils seront rachetés et payés par Tavis des gens des comptes
^ être conservés en la chambre des monnaies.
{ ircMvef de la chambre des compte» de UUt, reg, de» charte» ,
côté 10. fol. 237 v^. )
£» son logii» dêtant Calai». VArt de vérifier le» datée donne Tannée 1437
«le nége de Calais par Philippe le Bon. M. de Barante indique le mois do
k 1436 poor le conuuenceBent de ce siège. Cette date correspond avec caIIo
apiëeeqae je cite, renfermée dans le registre des Chartres, côté 10, fol. 154,
adiambre des comptes de Lille. Je la crois donc exacte.
4^ MÉMOIRES
<^ex envoi jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordoDoë par
lui, et qu'il ait eu réponse du roi à ce sujet. L'année sui-
vante, le 6 février 1436 (v. st.) , il délivre à Pierre de Fro-
mont, Gobert de Saint-Quentin , et Hacquenet de Mortai-
gne, une instruction pour la fabrication, à Saint-Quentin et
à Amiens, de monnaies semblables anx monnaies royales et
d'autres. Le différent indiqué est un point sous la dix-sep-
tième lettre, tant du côté de la croix que du côté de la pile *.
Cependant le duc ne persista pas dans ce système d'imi-
tation : il sesentdt probablement assez puissant pour avoir
sa monnaie propre, même dans les pays nouvellement an-
nexés. Quoi qu'il en soit du motif qui l'ait déterminé, le
2 août 1&&0, paraît une nouvelle instruction pour le maître
particulier des deux ateliers monétaires précités. Il y or-
donne l'émission de patards d'argent à six deniers d'aloi,
argent le roi, et de 72 de taille au marc de Troyes. On de-
vait y fabriquer également des gros du même aloi et de
cent quarante-quatre de taille audit marc. Aucun différent
n'est indiqué.
Pendant ce temps les instructions pour les monnaies de
Flandre, de Hainaut, deBrabant et de Hollande se succèdent
à des intervalles périodiques. Les premières, qui sont les
seules relatives au sujet que je traite, ne renferment pas
toutes renonciation du système monétaire complet adopté
en 1A33. Les imes concernent seulement la monnaie d'or;
d'autres comprennent aussi le double gros et le gros ; une
autre, du 21 juillet 1AA2, est relative seulement à la fabri-
» Les deux ateliers de Saint-Quentin et d'Amiens sont dirigés par les intaMt
maîtres particuliers; il ne doit donc pas y «voir de différence dans lesmoo-
naies fabriquées dans les deux endroits. Les pièces dont U est question dam
cette instruction ne peuvent^au reste, être les mêmes que celles indiquées dans
le Catalogue de Delotnbardy, p. 26. On n'y retrouve pas le différent signalé.
ET DtSSEKTATIONS. i2l
4<^aiion (les demi-gros, quarts de gros et doubles mites. On
agissait ainsi suivant le besoin du moment et le manque de
Xelle ou telle division de la monnaie en usage. Au moyen
cle ces diverses instructions et prorogations de bail, on ar-
riva enfin à l'année 14ô3, expiration du terme fixé par le
^uc pour le maintien des mêmes monnaies.
Le changement de monnaies était trop profitable au sou-
verain pour que Philippe le Bon ne saisit pas l'occasion qui
se présentait. Aussi, le 18 janvier 1453 (v. st.), parut une
ordonnance prescrivant la fabrication de nouvelles mon-
ziaies d'or appelées Lyon et Lyonceau. L'instruction don-
née à la même date contient les renseignenaents sur le poids
«^t l'aloi de ces pièces :
a Premièrement mondit seigneur a ordonné et vuelt faire
« forgier ung denier d'or appelle Lyon d'or qui sera à vingt-
ce trois karas d'or fin et de cinquante-sept et demi de taille
« au marc de Troyes à ung quart de karat de remède en
« aloy et demi estrelin de remède en poix, lequel denier
« aura cours pour soixante gros de la monnoye de Flandres
« à présent courant audit pais de Flandres. »
« Item ung aultre denier d or appelle Lyonceau de sem-*
« blable aloy de quatre-vingt-six un quart de taille au marc
« à ung quart de karat de remède en aloy et ung estrelin de
« remède en poix qui aura cours pour quarante gros dite
fi monnoye. »
Le marc d'or fin étaii estimé quinze livres de gros; on
devait donner aux changeurs et marchands li livres 14 sous
de gros ; il restait par conséquent 6 sous gros pour le droit
de seigneurage et la fabrication.
L'instruction se termine par l'énoncé des monnaies au-
torisées, dans lequel l'écu Philippus, désigné sous le nom
de Riddre {Ridder, cavalier) , est estimé à quatre sous trois
1862.— 2. 9
122 MÉMOIRES
deniers gros, tandis qu'auparavant il «avait cours seulement
pour quatre sous de gros. Quant aux monnaies d'argent
à émettre au même temps que les i;ionnaies d'or précitées,
voici ce qu'en dit l'instruction :
« Et quant à la monnoye blanche, tant double gros ap-
(( peliez patars et gros derrenièrement forgiés et qui de
(( présent ont cours comme les placques et cromsters de cinq
u estrelins pièce et petits gros dont les deux font une vielle
u placqueet autres menues monnoyes desdites forges ende-
« soubz demeura en son cours valeur et eslat, et se les
(( maistres particuliers ausquelx ces monnoyes demouront
(( peuvent finer de matière il seront tenus de forgier des-
« dits patars ainsi et en la forme et manière que contenu
(( est en l'ordonnance et instruction des monnoyes qui sur
« ce furent faites en Tan mil ccccxxxiii enregistrées en la
« chambre des comptes audit Lille. »
Peu de temps après, le 14 mars de la même année, le
duc, pour favoriser le cours de la nouvelle monnaie, pu-
blie une empirance des monnaies précédentes. C'était une
espèce de démonétisation à peu près complète, puisqu'on
était obligé de ne donner ces monnaies que pour le prix Gxé
par le souverain.
 cause de la révolte des Gantois, arrivée en iA51,Ie
duc de Bourgogne avait transporté à Bruges l'atelier mo-
nétaire de Gand. Il avait réouvert en même temps celui de
Malines. Tous les deux portaient le titre de monnaie de
Flandre. 11 paraît que la première émission des Lyon et
Lyonceau se fit dans le dernier de ces ateliers, car le préam-
bule de l'instruction précédente dit : « Instruction de la
« monnoye d'or que monseigneur le duc de Bourgogne, etc...
« vuelt estre présentement et de nouvel faite et forgée à
« ses nom et armes et à telz poix aloy et remède cy-après
ET DISSERTATIONS. 128
déclarez en sa monnoye de Flandres, sauve en sa ville de
Bruges \ » Le maître particulier, Etienne Boursier,
jvait fabriquer cette monnaie pendant deux ans. Cepen-
Jit,Ie 11 juin li5A, paraît une autre instruction, par la-
dite deux autres maîtres particuliers, Humbert Muscb et
^rreGhiselbrecht, devaient forger aussi, pendant deux ans,
-n sa ville de Malines » les mêmes monnaies. Il est vrai
*lioe nouvelle division de la monnaie d'or, le tiers de
O, y est ajoutée, et que c'est probablement ce qui a mo-
^ la nouvelle instruction où elle est ainsi mentionnée :
^ hem encore ung autre petit denier d'or appelle tiers»
1^ Lyon de viii'^xii ung quart de taille au marc à ung
[tjart de karat de remède en aloy et ung estrelin de re-
cède en poix qui aura cours pour xx gros de la des-
iisdite monnoye. »
^ant aux monnaies d'argent, on se contente de dire que
*on peut se procurer des matières, on en fera de sem-
blés à celles ordonnées en 1433 \
>eux ans après, le 1*' juillet 1&56. une autre instruction,
iiiée pour un an pour rémission des mêmes monnaies,
ktenût au contraire ce passage : « Et par condition
ue ladite année durant, les monnoyes de Malines et de
'alenciennes ne seront point ouvertes ne baillées, et ny
ura seulement pour ledit an que ladite monnoye de
(ruges au pié dessus dit. » Elle est renouvelée également
ir un an le 31 août de Tannée suivante, en faveur de
>rges Le Caboetre et Guérardin Tuelame, maîtres parti-
^ne infraction identique est envoyée, à la même date , an m«ltre partî-
^ de la monnaie de Valenciennes.
L%.xiiènie année, le 12 juin 1454 , parait nne ratification des privilèges de
^, taiUeor, essayeur et nionnaycurs de Flandre, faite par Charles, comte
^^barolais, en rabs(*nce de ton père.
1*2 A Mf:MOIRES
liers. On trouve dans cette dernière instruction des rensei-
gnements curieux sur la monnaie de Flandre, que je croîs
devoir transcrire. « Pour considération du petit ou-
H vrage qui est apparant estre en ladite nionnoye (de Bruges)
<( obstant le fourcours de plusieurs deniers d'or, a esté avizé
« et conditionné que ou lieu des xx I. gros que a prins et
H souloit prendre le garde de ladite monnoye pour sa dé-
« pense, moitié à la charge de Dostre dit seigneur et Tautre
H moitié à la charge du maistre particulier, ledit George
(( Gaboetre et Guérardin Tuelame oultre leur somme paie-
u ront pour la despense d'icelluy garde la somme de y 1. gros
H pour an ; ainsi aura seulement ladite garde xxv L gros taBi
« pour despense comme pour ses gaiges ; et sera estre
^ avisé et accordé ausdiz George et Guérardin Tuelame que
<t pour subvenir au menu peuple de monnoye noire, ils
« feront ouvrer deniers nommés Courtos qui seront à
H xri grains d*aloy comme ilz Tout esté jusques à présent,
« mais ou lieu de ce qu ilz étoient de xviii s. en taille ils
« seront durant le teuips de ladite ferme de xx s. de taille
f< aux remèdes accoustnméz »
On ajoute les défenses habituelles pour empêcher quoB
donne à un plus haut prix les deniers ayant cours que celui
fixé par les ordonnances, et pour prohiber le cours de cer-
taines monnaies étrangères; et il est dit en outre que, dans
le cas où Ton ne punirait pas ceux qui transgresseraient ces
défenses, les maîtres particuliers auraient le droit de ré-
clamer la résiliation de leur bail dans le délai d*uu mob.
La paix était faite avec ceux de Gand depuis 145S ; Phi-
lippe le Bon les avait reçus en grâce; mais, comme nous
venons de le voir, il n'avait pas rétabli chez eux son hdtei
de monnaies pour la Flandre. Le 23 avril 1456, sur l'ordre
du duc de Bourgogne, les échevins et conseil de la ville de
ET DiSbËRTATiOiNS. 125
ûent délégué deux pefôonnes dudit conseil pour
;er à Bruges de la rDonuaie avec laquelle devaient
6es les dettes laissées par le nommé Pauwels. En-
eodant aux supplications des Gantois, Philippe or-
ue Tatelier monétaire de Bruges sera de nouveau
Gand *. Au reste, cette translation n*annula pas
de Blalines, car on trouve une instruction du
e texte de cette ordonnance, dans laquelle Philippe ne parle pas
îoo, qui était la cause principale du malheur de Gand.
% et« Comme noz hien améz les eschevins des deux hancqs de
le de Gand pour et ou nom de tout le commun d'icelle uostre \\\W
t remonatré comment ladite ville pour aucunes choses iiagaires
et peaséee, conune il est assez notoire est grandement admenrie et
de peuple et de chevaulx et pourroit encoires plus estre se de
loe n*eatoit pourveu à icelle ; pour laquelle provision lesdis esche-
om que dessus nous aient requis que leur vueillons ottroyer plu-
ina et articles moiennant lesquelz nostre dite ville do Gand se
Moindre et entretenir ; et entre les aultres qu*il nous plaise leur
[ne noetre monnoye de Flandres qui de toute anchienneté comme
i eaté en nostre dite ville de Gand, y soit remise et ««tablie comme
é on temps passé : savoir faisons que nous considéré ce que dit
es les remonstrances et supplications à noua faites par les doesus-
itre dite ville de Gand, désirant le relièvemcnt d'icelle et qu*elle
tenue en bon estât soubz la bonne obéissance de nous et de noz
rs contes de Flandres et mcismement que les causes pour les-
ooa mise et transportée hors d'icelle nostre ville de Gand nostro
oye de Flandres, cessent à présent ; à iceulx de nostre dite ville de
na ottroyé et ottroyons de grâce espéoial que nostre dite monnoy ti
ree estant présentement en nostre ville de Bruges soit remise et
m neetre dite ville de Gand ou lieu où elle a esté le temps passé
i et ordonnons que des maintenant nostre dite monnoye avec ce
weaaire pour le fait et ouvrage d*icelles soit remise en nostre hostel
noyé audit lieu de Gand et nostre dit hostel disposé à ce comme il
L Si donnons en mandement, etc., etc.... Donné en nostre ville do
le xxy jour de may Tan de grâce mil quatre cens cinquante huit.
é, par monseigneur le duc, J. Milet. »
{Àrchivu de la chambre des compte* de Lille,
Beyùtre des chartes ^ côté 12, folio 1X«>»11.)
126 MÉMOIHES
17 mars 1458 (v. st ) pour le rebail de ladite mt^^
naie.
Peu de temps après cet événement, le SI janvier 145^"
(v. st.), le doc de Bourgogne renouvelait ses ordonnancée^
contre le cours de la monnaie étrangère, et donnsût auss»
une évaluation des espèces ayant cours légal. En inëiD9
temps, par une autre lettre, dans Tintérêt du madnti^ àe^
la bonne monnaie d'or et d'argent, il défend dans ses pays^
les florins postulats de Liège et autres semblables : il or-
donne que ces florins réputés pour billon seront envoyés aur
plus prochain hôtel de monnaies, sur l'amende de 60 s.
pour chaque pièce, qu'enconrera tant celui qui les recevn^
que celui qui les donnera. Quant aux deniers d'or dont les?-
cours est autorisé, ceux qui n'auront pas leur poids serons-
coupés par les changeurs et envoyés à la monnaie soos^
peine de confiscation et d'amende arbitraire.
Dans toutes ces prohibitions de monnaies étrangères, oi^
voit qu'il est beaucoup question de florins. C'est qu'en effeK^
c'était devenu une monnaie à la mode, qu'émettaient im^
l'envi tous les seigneurs. Le duc de Bourgogne finit pac '
suivre l'exemple des autres. Il en ordonne la fabrications
dans son instruction du 23 mai lA66,dont voici les passages^^
« Premièrement est ordonné estre fait un florin d'or aj^ — -
<t pelle florin de Bourgongne qui sera à xix karas d'or fiiv
« en aloy nobles d'Engleterre ouvrez par le roy Henrjp^
M comptez pour fin à ung douzième de karat de remède ec^
a aloy et sera l'aliance de quatre karats d'argent fin et d^
n ung karat de cuyvre, de soixante douze de taille ou marc?
« de Troyes , à demi-estrelin de remède en poix pour niar«
« d'euvre, lesquelz remèdes que le maistre particulier ne
« porra excéder tant en poix comme en aloy , se kdît
M maistre particulier s'en ayde, appartendront à moodit
ET nibSERTAllONS. 127
eur, duquel dei)iei% qui aura cours pour quarante
;ro8 de la nouvelle mousoye blanche cy après dë-
^ mon avandit seigneur prendra pour son seignou-
iechacuDmarcduditorfinquatorzegrosdeFlandres.»
m ung denier d'or de ce mesme aloy et de sept vingz
« de taille oudit marc, à tels remède lyage et poix
Icssus qui aura cours pour vingt gros et demi de
I vMDDoye blanche, duquel denier d*or, mondit sei-
r prendra pour son seignourage de chacun marc d'or
lable quatorze gros dite monnoye. »
"aite du marc d'or fin est estimée à 1 5 1. 10 s. 9 d.
es marchands devaient avoir 98 1/& desdits florins
16 L 1 s. 6 d. et six mites gros; il restait par coii-
U pour le droit de seigneurage et pour l'ouvrage,
d. el IS mites gros. L'aloi étant estimé 5 s. 3 d.
reste par suite pour le duc et le maître particulier
dw 18 mites gros.
m est ordonné estre fait ung denier de fin argent à
àeoiers douze grains argent le roy et de soixante dix
5t demy d'iceulx deniers de taille ou marc de Troyes
ira cours pour quattre gros de Flandre, dont la traitte
Dgt sept solz sept deniers xix mities et trois quars
tte gros ; dont Ton donra au marchant pour chacun
d'argent le roy, vingt six solz neuf deniers gros;
are pour seignourage et ouvrage dix deniers dix neuf
s et trois quars de mitte gros, et aura le maistre
;ulter pour remède ung grain en aloy et ung demy
ilx deniers en taille sur chacun marc d'euvre et non
lesquelz remèdes appartiendront à mondit seigneur
le dessus. »
m ung aultre denier, à six deniers d*aloy argent le
i de quatre vingz deux et demy d'iceulx deniers de
12d fiÉyoiR£$
« taille oudit marc de Troyes ayant cours pour deux giL-^w
« de Flandre pièce, dont la traitte du marc d*argeDt es^-^^^
« vingt sept solz six deniers gros, et dont l'on devra au ^^^
« marchans de chacun marc d'argent le roy vingt six soH
« quatre deniers gros, demeure pour seignourage et ouvrage
« quatorze deniers gros, à ung grain de remède en aloy
a demy denier en poix sur le marc d'euvre »
a Item ung autre denier, ayant cours pour ung gros d^^
et Flandre à cinq deniers d'aloy argent le roy et de si^^*
« vingz dix neuf d'iceulx deniers en taille, dont la traâtl^^
<( du marc d'argent est vingt sept solz neuf deniers db^^
n mitte demye gros dont Ton donra aux marchans vingts
« solz quatre deniers gros, demeure pour seignourage etâ
« ouvrage dix sept gros dix mittes et demy, à ung graiu^
« de remède eu aloy et demy d'iceulx denier» en poix sur*"
« le marc d'euvre »
« Item encoire ung autre denier à quatre deniers douze
Il grains d'aloy argent le roy, ayant cours pour demy gros
tf de Flandre et de vingt et ung solz quatre deniers en tsdUe
(f dont la traitte du marc d'argent est vingt huyt solz cincq
« deniers huyt mittes gros dont l'on donra aux marchans
(t vingt six solz quatre deniers gros, demeure pour seignou-
<f rage et ouvrage deux solz ung denier huyt mittes gros, à
(c ung grain de remède eu aloy et quatre d'iceulx deniers
« en taille pour marc d'euvre »
H Ilem ung autre denier nommé quart de gros à trois^
a deniers d'aloy argent le roy et de vingt neuf solz en taille»
« duquel denier la traitte est vingt neuf solz gros, n Les
marchands devaient recevoir le même prix que dans les ca9
précédents, le reste était pour le seigneurage et la façon*
Le remède en aloi était aussi le même, et en poids il éuîl
de « huyt d'iceulx deniers, n
£T mSSERTATlONS. iW
t lUm a esté ordonné aussi, estre fait nng noir denier
ommé courte ou àouhU mitte qui sera à dix grains d'aloy
rgratle roy et de seze solz six deniers en taille au marc
B Troyes, à ung grain de remède en aloy et à six deniers
Q taille par marc d'euvre. n Douze de ces deniers vau-*
ni un gros : la valeur du marc d'argent est estimée
s. 7 d. 5 mites gros ; le marchand reçoit le prix fixé pour
deoiers d'ai^ent, et le reste est attribué pour le seigneu-
B et Touvrage.
Hem ung autre denier noir appelle mitte qui sera à six
-ains d'aloy argent le roy et vingt ung solz en taille, à
Dg grun de remède en aloy et à buyt d'iceulx deniers en
ille pour marc d'envre. » La valeur du marc d'argent
inayé est estimée 42 s. gros; le marchand ayant le même
: que dans les cas précédents, il reste pour le seigneur
{ maître particulier 15 s. 8 d. gros.
e droit de seigneurage est d'ailleurs porté, tant pour
tnoniiaies d'argent que pour les monnaies noires, à un
I et demi de ladite monnaie.
eu après la date de cette instruction, Philippe le Bon,
ttdérant que les monnaies de mauvais aloi abondent
9 ses États, et qu'on les y fait passer pour plus qu'elles
raient, tandis que celles qu'il fait forger, étant beau-
p meilleures, sont par suite exportées pour revenir en-
e en espèces d'un titre inférieur, ordonne, le 3 juin
ant, qu'il n'y aura pas d'autre numéraire, ayant cours
J, que celui dont renonciation est portée à la suite de
ttrnction précédente.
es espèces d'argent, émises en vertu de ladite instruc-
, sont encore de celles qui portent le nom de vierlander,
9 la taille au marc étant plus considérable, il en résultait
ces pièces devaient peser moins. Afin d'éviter la con-
130 \IÉMOrR£S
fusion et ne pas forcer au pesage des deniers, il devaL t
avoir entre eux une diiTéreoce qui a' est pas indiquée iamm
les documents écrits. Leur aspect, plus noir, puiâqee U
proportion d'argent était moindre, devait déjà servir à le»
faire distinguer. Or les pièces de cette dernière catégorie
sont précisément celles dont la croix n'est pas camoBnéer
J'en conclus que ce devait être là surtout la marque à la-
quelle on pouvait faire la différence entre les deniers de b
dernière émission et ceux des précédentes, qui, en vertu
des prescriptions du prince, devaient toujours consemr
leur cours l«^gal pour leur ancien prix. 11 serait difficile au-
trement de distinguer les pièces de la nouvelle émissiondcs
anciennes *.
La commission pour forger la monnsde de Flandre à
Gand, donnée à Georçes Le Caboetre et Guérardin Tliieu-
lame, l'était pour cinq ans. Philippe étant mort le 15 joio
1A67, il est probable qu'il ne fit pas d'autre ordoobaoce
dans ce court espace de temps. Quoi qu'il en soit, je n'eu ai
pas retrouvé.
Toutes les diverses émissions de monnaies durant k
gouvernement de Philippe le Bon sont, à peu de choses
près, représentées sur nos planches. Nous allons les passer
en revue.
Les pièces forgées en vertu de l'instruction du7 novemlK^
1A19, sont faciles à déterminer. Elles doivent être seffi-
blables aux dernières de Jean sans Peur -, aussi n'y a-t-il
aucun doute que ce soient les suivantes :
34. — Écu incliné à cinq quarts, surmonté d'un hmi^
» Les mouiiaies de cette émission, en supposant vraie mon hypothèse, w*
très-rares. Den Duyts en donne une pour la Flandre. M. R. Châlon eu »
donné deux pour le liainaut, et M. Van der Chijs, deux également pour ï*
Brabant.
I
ET DISSERTATIONS. lâl
aot une fleur de lis pour cimier. Légende: PHS:DEI:G:
^:BYRG:Z:COÏIES:FLAND\
■^ Croix ornée termioée à chaque bras par une fleur de
et deux feuilles, dans un entourage de quatre demi-
ndes ayant dans les angles formés par leur rencontre
atre lions. Légende: + BENEDICTVS:QVI:VEN1T:IN:
IHINE:DNL
Heaume d*or. PI. XI. 1861, n« 34 '.
Ift. — Lion debout portant sur le flanc un écu à cinq
arts. Légende: + PH'S:DVX:BVRG:Z:C0MES:FLANDR1E.
[^ Croix longue partageant tout le champ de la pièce, et
itODnée des quatre lettres FLlD'. Légende; MOiNETAî
MITISiFLANDRlE.
Irgent. Double gros kromstaert. Poids, 70 grains. PI. XI,
S5V
M. — Mêmes types et mêmes légendes qu au précédent,
if l'abréviation du dernier mot dans la légende du revers.
Ifgent, Gros kromstaert. Poids, àO grains. PI. XI, n^'Sô '.
S7. — Écusson à cinq quarts, entouré de la légende :
PHS.D.B.Z.COM FLAND.
^ Croix cantonnée des lettres FLAD'. Légende: + MO-
rrA.COM. FLAND*.
Argent. Quart de gros. Poids, 11 grains. PI. XI, n" 37 *.
0»tte monnaie appartient an Miuée de la Haye. Je dois la communication
Km empreinte à TobligAance de M. Meyer, conservateur de ce Muaée.
te poids de cette monnaie^ fixé par l'instruction , devait être de 68 grains
B.
Dobj, pi. il , n* 8. Cet auteur indique pour le poids de son exemplaire
Svvna. Une antre est figurée aussi pi. LIY, n" 6; elle est tirée du recueil
d« Boae, et ne rcbsemble à rien. Voir aussi Den Duyts, pi. X, n» 63,
3«rnire, op. dt., p. 242.
Serrure, op cit., p. 242. — Den Duyts, pi. XI, n« 64. Le poids légal
iUt être 40 grains 29/1 15.
H y a une grande différence de poids entre celui ci et celui fixé par Tin-
i 3? MÉMOIRES
Il manque par conséquent à cette série le demi-gros, qnr
li'a pas été retrouvé jusqu'ici, du moins à ma connaissance.
Viennent maintenant les monnaies d*or, frappées en vertu
de l'ordonnance du 12 juin 1A25, qui sont le noble de Flan-
dre et ses divisions. Je ne connais en natui-e que le noble-
lui-même, dont voici la description^.
38. -- Le duc couronné, debout sur une nef, ayant Tépée
nue dans la main droite, et à son bras gauche l'écu à cinq
quarts. Légende: PHS.DEI:GRA:DVX:BVRG:GOMES:Z:DNS:
FLAND'.
Si. Même type et même légende qu'aux nobles de Phi-
lippe le Hardi*.
Noble d'or. Poids, 132 grains. PI. XX, 1861, n* 88 *.
Les divisions du noble ne nous sont connues que par les
placards. En voici la description :
30. Même type que le noble. Légende :PHS. DEl.GRA.
DVX. BVRG. GOMES. ET DNS FL.
îî. Môme type que le numéro précédent. Légende :
+ DOMINE. NE. IN. FVRORE. TVO. ARGVAS. ME. — Demi-
noble d'or.
40. Quart de noble d'or, identique, comme types et lé-
gendes , au noble de cette série.
stniction, qui est de 15 grains 1/3. Cependant . par Tanalogie da type et lar
composition des légendes, cette pièce devait faire partie de la mémo lérie.
Voir Serrure, op. eit,, p. 241.
> "Voir Revue numitmat., 1861, p. 137.
' Le poids fixé par l'instruction est d'environ 131 grains.
Décrit par Duby, pi. Lm, n* 9. D'autres nobles et demi-nobles sont donnes
aussi par cet auteur, pi. LIV, n— l, 2, 3. Il les avait extraits du recueil de Van
Alkemade; ils ne méritent aucune confiance. — Dans le catalogue de la ventf
Rousseau, M. Fillon attribue ce noble à Philippe le Hardi; il snfiit d'examiner
la série des instructions monétaires que j'ai donnée, pour faire justice de cette
attribution. D'ailleurs, il est prouvé par l'inspection des sceaux, que j
Plillippe lo Hardi ne prit le lion de Flandre en surtout dans se» i
ET DISSERTATIONS. 133
N*ayant jamais rencontré ces pièces, je n'ai pas jugé con-
venable de les reproduire.
Nous avons vu que l'ordonnance précitée ne parlait pas
de monnaies d'argent II est cependant dans la série des
{Hèces de Philippe le Bon un double gros que l'analogie de
type avec les monnaies émises en même temps que les
nobles de Jean sans Peur nous engage à classer ici comme
ayant été frappé en même temps que les premiers nobles
dont je viens de parler. Je rappellerai d'ailleurs que nous
n'avons pas l'instruction qui a dû suivre l'ordonnance de
lik26, et qu'il peut se faire que celle-ci prescrive la fabrica-
4M>n de monnaies d'argent dont l'ordonnance ne fait pas
mention. Ce ne serait pas la seule fois que ce fait se ren-
contrerait. 11 faudrait avoir les comptes des maîtres parti-
culiers, à défaut des instructions non retrouvées pour pou-
voir se prononcer d'une manière précise Quoi qu'il en soit,
voici la monnaie à laquelle je fais allusion :
&1. Deux écussons dans le champ ; celui de gauche, de
Bourgogne, à cinq quarts; celui de droite, au lion de Flan-
dre. Us sont surmontés d'un heaume timbré d'une fleur de
lis. Légende : PHSlDVXÎBVRG-ZtCOMESiFLANDRlE.
^. Croix pattée cantonnée de deux fleurs de lis et de
deux lions entourés de la légende : + MOiNETAiNOVA:
COMlTlSiFLANDRlE.
A. Double gros. Poids, 8 A grains. PL XX, n° 41 *.
* Serrais , op. cit,, p. 241.— Duby. pi. LV, n« 6, desainé d'après un
Exemplaire pesant 79 grains. Une variété, tirée du recueil de de Boze, qui me
>AT«tt inexacte, est figurée u* 7 de la mÔme planche. Le n* 8, extrait de l'or-
(Muaance de 1S48, est une autre yariété, qui consiste en ce que la croix du
syrien est cantonnée de quatre fleurs de lis au lieu de deux lions et de deux
•«irs de lis, ce qui me paraît une erreur grave. Au reste, cette pièce est repré-
^^t^ de la même manière dans le« placards suivants.
1.1A MÉMOIRES
La présence de Técusson à cinq quarts sur celte pièce ^
classe forcément entre 1419 et 1430 ; après cette demi{!S
date, Philippe le Bon prit toujours des armoiries à sœ*
quartiers, dont il sera parlé ci-après. D'un autre côté, ft^
instructions qui nous sont parvenues ne laissent aucvo
incertitude sur la monnaie d'argent : il suffit de les par-
courir ; et le poids de la pièce ci-dessus n'est en rapport
avec aucun de ceux indiqués par lesdites instructioos. Ob
est donc forcé d'admettre l'hypothèse que je mets en avant
ou toute autre plus plausible, sans quoi l'on ne saurait oà
classer cette monnaie.
Après les nobles de la première émission , viennent les
klinkaerts, dont il est question dans r(H*donnance du 8 no-
vembre 1426.
42. Le duc couronné , assis dans une chaire gothique,
tient de la main droite une épée nue , et de la gauche on
écusson à cinq quarts ; le tout dans un entourage de cin-
tres. Légende : + PHS: DVX : BVRG.. COM. FLAND' .ES
HOLR.
^. Croix très-omée dans un entourage de quatre demi-
cercles. Légende : +XPG : VlNGITrXPC: REGNAT ;XK:
INPERAT «.
Point secret sous le G. de BVRG , au droit, et sous le G «k
REGNAT au revers ', indices de Tatelier de Gand.
* Serrure, op, cit., p. 343. — Duby a donué au n" 1, pi. LVIl, un doobte
klinkaert tiré de Van Alkemade. Cette pièce, reproduite égalemeiit dan* l'
placard de 1633, et où le duc est représenté assis, ayant à sa droite PéetuM"
on lion, et tenant de la main gauche récusson à cinq quarts, nemepanHP^
frappée pour la Flandre. Les instructions n*en font aucune mention.
* M. Dewisme possède aussi dans sa collection un autre klinkaert, oi 1*
point secret est sous l'A de REGNAT au revers. Je pense quMl y a ea «tt«
de la part du graveur du coin, qui devait mettre ledit point sous le N du orfuM
mot, pour indiquer l'atelier de Namur, ainsi que le portent les iwtrnctiow;
ET DISSERTATIONS. 135
\ea d'or de Hollande, dit klinkaert. Poids, 69 grains.
XX, n* 39.
3. Mêmes types et mèines légendes qu'au numéro pré-
ent.
r. Demi-klinkaert PL XX, n^» hO.
ette dernière monnaie ne porte pas le point secret qui
ifiorait son attribution à Fatelier monétaire de Gand ;
8 comme, sauf le différent, tout le reste est semblable^
cm devoir néanmoins en donner le dessin.
e o'ai pas retrouvé les monnaies d^or frappées en vertu
'ittstmction du 14 septembre 1427. Quant à la série des
maies d'argent, nous avons vu qu'étant identiques de
Is avec celles frappées en 1 419 , il est presque certain
ces pièces devaient avoir le même type. Il n*y a donc
on moyen de les distinguer de celles-ci.
armi les pièces faisant partie de l'émission de 1428,
i œlles qui nous sont parvenues :
I. Même type que le n"" 38, sauf qu il y a un lion yssatn
a poupe du navire. Légende : + PH'S:DEI:GRA:DVX:
GrCOMES:Z:DNS:FLAND.
Même revers qu'au n"" 38 , excepté que le milieu de
"oix porte une rosette au lieu d'un P.
>ble d'or. Poids, 132 grains. PL XX, n^ 42.
site monnaie est entièrement conforme aux indications
donne l'instruction. Le poids fixé par celle-ci , qui est
131 grains et demi environ , est presque identique à
i trouvé ci -dessus *.
i. Même type que le précédent. Légende : + PHS.
G:DVX;BVRG:GOM:Z:DNS:FLAND.
noi, je no saurais à quel atolier attribuer cette pièce^ celui d'Âlost étant
dtpnis longtemps.
nby, pi. LUI , n" 10. — Serrure , op. cit., p. 240. Je ferai remarquer
I3C MÉMOIRES
RI. Même type qu'au n** 44. Légende : + DOMISE:NE:
IN:FVRORE:TVO:ARGVAS:ME.
Demi-noble d'or. PI. XX, n» 43 \
Il manque le quart de noble. En ce qui regarde les mon-
naies d'argent, nous savons par l'instruction quelles sont
semblables à celles de l'émission précédente, par €(»séquent
aux pièces ayant pour type un lion debout avec un écussoa
sur le flanc, sauf que tous les A sont barrés tant au dioii
qu'au revers. Ces pièces existent en effet, et moi-même
j'ai dans mes cartons un gros de cette émis^on qui répond
à ce signalement. La différence de poids, déjà si minime
lorsque les pièces étaient neuves , est devenue impossible i
constater sur des monnsdes ayant circulé.
Nous arrivons maintenant aux monnaies émises par Phi-
lippe le Bon lorsque, ayant réuni sous sa dominaUoo le
Brabant, le Hainaut et la Hollande, il voulut y faire régner
une certaine uniformité sous le rapport du numéraire, et
dont la première manifestation apparaît pour la Flandre
par l'ordonnance du 12 octobre 1433. Ce sont les sui-
vantes :
46. Le duc couvert d'une armure, la tête protégée par
un heaume à visière grillagée, timbré d'une fleur de lis, et
accompagné de lambrequins , la main droite tenant Tépée
haute, est monté sur un cheval au galop caparaçonné ; sur
le caparaçon on remarque les briquets du collier de h
Toison d'or. Dessous, en exergue, FLAD'. Légende : PHS:
DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:GOMES:FLANDRIE.
^. Écu à sept quarts * sur une croix, dont les extrémités
seulement que le lion sort de la poupe et non de la proue du naTÎre. — I^
Dnyts, pi. X, n'ôl.
» Collection de M. Mallet, à Amiens. — Den Duyts, pi. X, n* fiS.
* L'éousson à sept quarts e^t ainsi composé : Kcartelé au prrmier et q»»"
ET DISSERTATIONS. 1S7
nnées par une ponime de pin et deux fleurons,
î : + SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICTVM : AMEN:
ier ou ridder d'or. Poids, 69 grains \ VI XXI, 1861,
lême type. Légende : PHS:DE1:GRA:DVX:BVR€:Z:
D.
toe type qu'au w* 46. Légende : + SIT:NOMEN:
»EDICTVM:AMEN.
ridder d'or. Poids, 34 grains forts. PL XXI, n" 45 '.
/es armoiries adoptées par Philippe le Bon , à partir
U occupent tout le champ de la pièce. Légende :
:DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND'.
>ix portant en cœur une fleur de lis. Elle est can-
le deux fleurs de lis et de deux lions, et partage en
parties tout le champ de la pièce ainsi que la lé-
-MONETA:NOVA:COMITIS:FLAND'.
louble gros vierlander. Poids , 63 grains. PL XXI,
ton, de Bourgogne moderne ; an deuxième , mi«partie de Bourgogne
le Bnibant; au troisième, mi-partie de Bourgogne ancien et deLim-
it en surtout le lion de Flandre.
e, op. cit, , p. 247. — D«n Duyts , pi. XI , n" 65. — Duby donne
■m de cette pièce au n* 10, pi. yi,de son Supplément^ diaprés un
I pesant 67 grains. Un autre dessin tiré de Van Âlkemade est repré-
pl. LI V, n* 4 , mais c*e»t une mauvaise copie, de m6me que le n* S
I planche, tandis que le dessin du Supplément est exact; preuve nou-
nhj. ]orsqu*il avait sous les yeux les exemplaires des pièces qu'il
1 8*ett pas tant livré à l'invention qu'on le lui a attribué.
t des médailles à la Bibliothèqhe impériale , et collection de
k Amiens. — Serrure, op. rtl., p. 247.
I, pi 247.— Den DuyU, pi. XI, n« 67. — Duby, pi. LV, n' 1,
ezMnpUire pesant 62 grains. — Le poids fixé par Tinstruction est
10
1 38 MÉMOIRES
49. Même type. Légende : +PIl'S:l)i:i:GRA:DVX:BVRG:
Z:GOM:FLAD'.
Sj. Même type et même légende qu'au numéro précédent,
sauf l'omission de la lettre N au dernier mot.
iîV. Gros vierlander. Poids d'un exemplaire usé et rogné,
29 grains. PI. XXI, n* 47*.
50. Mômes types qu aux deux numéros précédents. Lé-
gende : +PH'S:DEI:GRA:DVX:BVR:Z:G:FLA.
1^. Même type qu'aux n*»* 48 et 49. Légende : +MONETA;
NOVA:COMIT:FLAD.
iR. Demi^gros vierlander. Poids d'exemplaires usés,
13 grains». PL XXI, n* 48.
51. Même type qu'aux numéros précédents. Légende :
+PHS:DI:6RA:DVX:BG:Z:C0:FLA.
1^. Croix analogue aux précédentes, mais ne traversant
plus la légende : du reste, avec les mêmes accompagne-
ments. Même légende qu'au n* 60.
JR, Quart de gros vierlander. Poids, 12 grains. PL XXI,
n*» 49 •.
Enfin nous croyons devoir joindre à ces pièces la suivante,
qui n'est qu'une double mite, mais un \^u différente de
celle qui a été publiée par M. Rouyer dans son article sur
les monnaies noires de Flandre.
52. Armoiries à sept quarts remplissant tout le champ
de la pièce. Légende : +PH'S.D.G.D.B.Z.COM.FLA\
» Serrure , op. cit., p. 248. -. Den Dayt» , pi. XI , n» 68. — Dubj, pi. LV.
!)• 2, diaprés le recueil de Van Alkemade.
* Le poids du demi -gros devait être 18 grains 1/3.
> Den Duyts, pi. XII, n» 69, donne une variété de cette pièce où la croix do
rovers traverse la légende. Une autre variété est représentée an n« 70, même
planche , différente de celle représentée sur nos planches^ en ce que la croU,
également courte, n'est pas cantonnée. Voir à ce sujet cequej*ai dit pins liant
à propos de l'instruction monétaire de 1466.
ET DISSERTATIONS. 139
J. Croix portant en cœur une fleur de lis. Légende :
lONETA.NA.GOM.FLAND'.
lillon. Poids, 20 grains. PI. \\U n^ 50 \
jes monnaies d'argent que nous venons d'examiner ont
frappées pendant très-longtemps : les instructions mo-
aires que j*ai analysées renvoient , pour la fabrication
espèces de ce métal, à celle de 1433. 11 n'en est pas de
Doe de celles d'or. En 1A53 un nouveau type fut ordonné^
Q esc assez claiœment désigné pour qu'il n'y ait pas
icertitude sur les pièces qui sont les suivantes :
»3. Lion tourné à gauctie , assis au milieu d'un édicule
bique surmonté de deux frontons en accolade et accosté
îeux briquets avec étincelles. Légende : PHS:DEI£RA:
C:BVRG:COM:FLAND.
. Écusson à sept quarts sur une croix dont les exirémi-
30Dt fornrtées par un fleuron et deux feuilles. Légende :
IT:N0MEN:D0MINI:BENED1CTVM:AMEN. Briquet.
ion d'or. Poids, 78 grains. PI. XXI, n* 61 \
h. Variété avec le mot GOMES dans la légende du droit.
^oids, 77 grains '.
i. Même type qu au n» 53. Légende : PHS:DEL-G:DVX:
fi:CO:FLAND'.
. Même type qu'au n' 53. Légende : +SIT:NOMEN:
:BENEDICTVM:AMEN.
iemire> op. cit., p. 248 — Den Duyts, pi. XII, n»71.— Le poids fixé par
rooticm est 21 grains 43 centièmes.
d. Serrure, cjp crt., p. 245. — Den Duyts, pi. XI, n® 66. — Dmbj,
IT, n* 9. — Le poids fixé par rinstruetion est 80 grains et demi.
ierrare, op. cï<., p. 246 — Duby, pi. LIV, n* 8. Le u®? de la môme
^hi^ tiré dn reooeii de Van Alkomade, est fort incorrect. Quant an n« 10,
àtàù rordonnance de 1548, dans lequel le lion est tourné à droite -et
ïé, il me paraît être le résultat d'un dt'Af»in fait sur une pièce mal conservée;
pièee mVst totalement inconnue.
lâO Mr-MOIRES
Double tiers de lion d'or, appelé dans rinstruction /yoii-
ceau. — Poids, 54 grains *. PI. XXI, n* 52.
L'instruction de 1A53 n'indique que les deux divisions
précédentes; la dernière, le tiers de lion, ne fut ordonnée
que par Tinstruction du 11 juin 145A. C'est la monnaie
suivante :
50. Lion assis à gauche dans un entourage de huit cin-
tres. Légende: +PHS.DELGRA.DVX,BVRG.CO.FLAND'.
^ Écusson à sept quarts dans un entourage de huit cin-
tres. Légende: +SIT.N0MEN.D0MINLBENED1CTVM. Bri-
quet.
Tiers de lion d^or *. PI. XXI, n« 53-
L'instruction où il est fait mention pour la première fois
du tiers de lion, était adressée aux maîtres particuliers de la
monnaie de Malines, qui travaillait en même temps que la
monnaie de Bruges. 11 est rationnel de supposer qu'il y
avait un moyen de distinguer les pièces sorties de chacun
des deux ateliers. On a en effet des pièces au lion qui
portent le titre de seigneur de Malines ajouté aux autres
titres du duc, et il est très-probable qu'elles ont été émises
par l'atelier de cette ville. En voici une qui appartient an
Musée de Saint-Omer.
57. Entièrement semblable au n** 53, sauf la légende du
droit, qui est PHS:DEI:GRA:DVX:BVRG:BRAB:DXS:M'H.
Nous voici enfin arrivés aux dernières monnaies émises
pendant la longue durée du gouvernement de Philippe le
Bon : ce sont celles frappées en vertu de rinstruction dv
1 Serrure, op, cit., p. 246. Le poids fixé par Tinstmetion est 53 graÎM
65 eentiètnei.
* L'exemplaire que j'ai eu entre les mains était cassé et rogné. Le poM»
légal devait être en nombre rond» 27 grains. Voy. Tonvrage de M. Semir«r
p. 246.
ET mSStKTAT10%î>. 141
i mai 1466. Toutes ne nous sont pas parvenues ; elles se
i*éduiseDt à trois, qui sont les suivantes :
58. Saint André tenant sa croix devant lui , entouré de
ces mots : SANGTVS: ANDREAS.
^. Écusson à sept quarts, posé sur une croix longue par-
tageant tout le cbamp de la pièce, et la légende PirS:DVX:
BYRG:COMES:FLAND\
Florin d'or. PoUs, 62 grains *. PI. V, 1862, n^ 54.
&9. Éeusson à sept quarts, entouré de la légende -f PlfS:
DE1:GRA:DVX:BVRG:C0MES:FLAND'.
^. Croix fleuronnée ayant en cœur une fleur de Us. Lé-
gende : +SlT:NOMEN:DOx\IlNl:BENEDICTVM:AME'.
A. Double patard. Poids, 56 grains. PI. V, n** 55 *..
60. Écusson à sept quarts dans un double trilobé. Lé-
gende : +PH'S:DEI:GRA:DVX:BVRG:COMES:FLANDRIE.
^. Croix différente du précédent, mais aussi fleuronnée,
et ayant également au centre une fleur de lis ; elle est en-
tourée de la légende -hSlT:NOMEN:DOMINÏrBENEDICTVM:
AMEN.
A. Double patard. Poids, 57 grains. PL V, n'» 56 '.
U nous manque de cette série le demi-florin d*or.
Deux hypothèses se présentent pourexpliquerTexistence
lie deux doubles patards de types différents, quand il pa-
lait certain que, vu le peu de temps qui s'est écoulé entre
la date de la dernière instruction monétaire et la mort de
Philippe le Bon, il ne put y avoir de nouvelle ordon-
1 Le poids fixé par Tordonnance est 63 grains 1/6.
* Duby, pi, LV, n" 3. Le poids fixé par rinstruction est 5b gniins L4.
» Dessine dans Duby, d'après le recueil de Van Alkeniade, pi. LV, n* 4.
Cet auteur donne également un autre double patard dont Técusson du droit
est dans un quatre lobes ; je ne connais pas cette pièce , tirée égalcmeut de
Van Alkeinade.
1Â2 MÉMOIRES
naDce prescrivant une modification des monnaies. La pre-
mière est d'admettre que ces deux pièces de fm argent ont
été frappées dans deux ateliers différents , ce qui serait
possible. Rien ne dit, en effet, qne râtelier de Malines cessa
de fonctionner lorsque le duc rétablit à Gand Thôtcl des
monnaies transporté momentanément à Bruges. La seconde
hypothèse, qui me paraît la plus probable, repose sur le
fait suivant : Une pièce sans date \ mais que son contexte
rapporte précisément à la dernière année du règne de
Philippe le Bon, nous. fait connaître les représentations
faite» atrx commissaires du duc au sujet des monnaies.
Philippe s'efforce de faire droit aux justes rëelamations
de ses sujets, et l'on y remarque le passage suivant x
a Et pour ce que les denier» tant d'or et d*argent que
ff les courtes * et mites qui derrainement ont esté forgiez ^
n ont esté mal ouvrez tant en taille comme en emprainte,
« par quoy ilz n'ont esté ne sontréputéz si bons comme ilz
« sont et ainsy n'ont esté si plaisans à recevoir que mestier
« feust, nous avons ordonné et ordonnons que pour pour-
« veoir et remédier à ce, le denier de iiii gros sera fait
« plus court et plus espés de la largeur du gros de mets.
(( Et à ceste fin , seront mis en euvre tailleurs pour tailler les
« coings aultres plus abiles et meilleurs ouvriers que ceulx
« qui ont taillé les aultres. Et sera prins garde à ce que les
a dessusdiz denier» soient bien forgiez et ouvrez et de
n bonne rondeur, comme il appartient. »
Ce serait donc pour différencier les pièces nouvelle»
d'avec les premières faites que le type aurait été un peu
» Archives de la chambre des comptes de Lille ^ minute en papier.
' Cette expression de courtes , qui se trouve précisément insérée diins Tin-
struction de 1466 pour désigner les doubles mites, est une des raisons de 1»
dHte que j'ai cru devoir assignera co document.
ET DISSERTATIONS. 143
1 est malaisé de déteniÛDer lequel des deux dou-
ds décrits ci-dessus est de la dernière émission.
t la ressemblance du n"" 59, où Fécusson du droit
entouré, avec les doubles patards de Charles le
, me porte à penser qu'il est le résultat des mo-
prescrites par Philippe le Bon. Il est d'ailleurs
être un peu plus faible et un tant soit peu^ plus
ton* 60.
ux autres monnaies d'^argeut émises en vertu de
)n de 1466, la faible différence de poids qui existe
} émises conformément à l'instruction de 1433,
t toujours, ainsi que je l'ai dit précédemment,
aer les unes des autres^ surtout en l'absence de
irécis que les instructions précitées n'indiquent
is donc forcé de renvoyer aux descriptions faites
oent des n** 48 à 52 inclusivement '.
Louis Desghamps de Pas.
ibiM encore à Philippe le Bon les u"* 6,7, Set 9 de Upl. IJCXXI;
v, oe «ont des monnaies do Philippe -le Beau : les armoiries Tin-
lAA SIÉMOIRES.
NOTICE
SUR QUELQUES MONNMES ET MÉREAUX DE BAR,
DE LORRAINE ET DE CHAMPAGNE,
(PI. V.)
Henri iV, comte de Bar.
Sf . de Saulcy a publié, dans ses Recherches sur le$ wm-
naies des comies et ducs de Bar, un gros d'argent frappé à
Pont-à-Mousson : Moneta montionensis. Le savant auteur
l'attribue à Henri III (1297-1302), tout en faisant observer
qu'il appartient peut-êtue à Henri IV (1337-13iA);eteo
effet, on est frappé de la ressemblance que cette pièce offie
avec la monnaie fabriquée vers 1371 par Jean duc de Lor-
raine et Robert duc de Bar en société (Saulcy, iVtiin. àa
ducs héréd. de Lorraine^ pi. VII, 11 ; — Monnaies de Bar,
pi. IT, n» 7). C'est aussi à Henri IV que je crois devwr
attribuer la pièce suivante, double moussonais qui se rat-
tache de très-près au gros d'argent. Les caractères de 1*
légende me paraissent se rapprocher beaucoup de ceux
qui appartiennent au milieu du xfv'' siècle.
hiCOM€S I ARRI. Écu d'or aux armes du Barrois.
î$. +M0TI0N6S DVPLeX (pour 3Iontionensis). Croix
pattée. (PL V, n» 1.)
ET DISSERTATIONS. 1A5
point de charte qai fasse connaître la création
er monétaire à Pont à-Mousson, ni aucun fait qui
rte. Les comtes ou ducs de Bar frappèrent mon*
différentes localités , telles que Bar, Saint-Mihiel,
)rmont-en-Argonne, la Marche, Varennes, la
PoQt-à-Mousson. Les ateliers d'Étain \ de Cler-
rgonne* et de la Marche' ne nous sont connus
» archives, et jusqu'à présent on n*a point ren-
monnaies qui puissent leur être attribuées. Tan-
'est mentionné nulle part qu'il y eût des ateliers
la Chaussée % à Varenoes* et à Pont-à-Mousson,
mt on connaît des monnaies sortant de ces ate-
i qui sont jusqu'à ce jour restées très-rares.
loLANDE DE BaR.
point oublié l'indication que M. de Longpérier
3nnée dans une lettre du 27 janvier 1861, au
le monnaie de Robert, duc de Bar, sur laquelle
ëCQSsoii en losange ^ Mais je n'avais pu, à cette
ccepter l'interprétation proposée. Cependant les
9 que j'ai faites depuis et les renseignements que
iley, BechtrchM iur Us monnaieê des comtes et ducs de Bar, p. 25.
met, Hiêtoin de Lorraine, preuve DCXXII.
alçf, Râcherchêi sur les monnaies des comtes et ducs de Bar, p. 40.
I j'ai rencontrée dans la riche collection de M. Monnîer de
» monnaie CBt au type de celle d'Henn IV ; les légendes sont
I an droit; M DE...LCES an revers, pour CALCES, Calcia, La
Voir les titres imprimés dans V Histoire de Lorraine , t. II ,
et DCLXXVI. années 1351 et 1399.
ilcy, Becherchef sur le* monnaies de» comtes et durs de Bar, p. 43.
llcy, Becherrhus sur 1rs niotinaies dey mnff.'i el durs dt Bnr^ 1K43 ,
1&6 MÉMOIRES
je (lois à l'obligeance de M. Servais, numismatiste disÛD'
gué, m*ODt convaincu de la justesse de l'opiniim doiU je^
n'avais pas d'abord apprécié la valeur.
Les preuiiëres années du règne de Robert sont pleines
de confusion, et les dates erronées de certains faits npr
portés par Dom Calmet et autres auteurs, n'ont fait qu'ob-
scurcir davantage le chaos que M. Servais s'efforce dédis»
siper. Les recherches auxquelles il s'est livré nous foot
espérer, pour cette année , une histoire complète du règne
de Robert, avec les preuves à l'appui.
lolande de Flandre, comtesse de Bar, cessa d'être régente
d'Edouard en 1349; mais bien que son fils eût été réputé
majeur et autorisé à gouverner par le roi Philippe de Va*
lois, elle dut cependant continuer à administrer la comté,
en raison de la jeunesse de ce prince , ainsi que le prouve
son intervention dans un traité d'alliance , conclu le 2 mai
1302, entre Marie de Blois, duchesse régente de Lorraine,
et le comte de Bar*.
A la mort d'Edouard, arrivée vers le mois de juin 1S5!,
Robert, son frère, lui succéda La tutelle de ce prince,
ainsi que la régence, qui appartenait de droit à lolande,
lui furent disputées par Jeanne de Bar, comtesse de GarennCt
fille d'Henri 111, qui prétendait gouverner à sa place, comme
grand'tante de Robert. Cette affaire, portée devant le par-
lement de Paris, fut terminée en 1303.
Il paraîtrait que dans ces discussions il n'avait pas été
tenu compte de l'émancipation de Robert, à qui le roi
Jean , par lettres datées de Conflans le 27 juillet 1 J52,
avait accordé un bénéfice d'âge. On connaît également
une lettre de bénéfice d'âge accordé à Robert par Tempe-
» Dom Calmct, Preuve» de rhisloire de Lorraine, DCXVllI.
ET DISSERTATIONS. 147
\ IV ; cette lettre est datée de Trêves, le 22 fé-
•
de cette année, lolande cessa de gouverner
mais à différentes époques elle administra les
D fils, ainsi que le prouve une lettre patente,
JHÎD 1357, par laquelle Robert prie sa mère
du ducbé de Bar '.
qui avait frappé monnaie conime régente
ivant 1319, ne cessa point de le faire après
e, puisqu'en 1354 elle nommait Geoffroi de
t maître de la monnaie de Clermont, comté
t eu en douaire. On ne connaît point de mon-
I d'Iolande portant le nom de Tatelier de Cler-
on peut supposer que cette comtesse continua
3S espèces au nom de Robert, son fils, en pla-
champ de la face , comme preuve de leur ori-
n losange aux armes du Barrois.
de cet écu, qui, en éveillant l'attention de
)érier, Ta poité à donner cette pièce à lolande,
r cette attribution. En effet dans le blason,
lange était destiné aux femmes, et se retrouve
ms de Renée de Lorraine , de Jeanne, épouse
de Valois, d'Isabeau de Bavière et de bien
incesses; sur les monnaies obsidionales de
)pées par Charlotte de la Marck.
mgpérier a déjà fait remarquer que lorsque
^urbon fut reconnue tutrice de son petit-fils
[ , comte de Savoie , elle plaça sur la monnaie
osange ". Ceci résulte, non-seulement de Texa-
t.DLII.
m., IH59. p. '^Oî».
lis MÉMOIRES
men des monnaies de ce seigneur, mais encore du texte-
d'une charte dont nous devons la connaissance au savane
chevalier D. Promis. Bonne, par un acte du 5 avril 1393,
concède à Jean Raflano de Treflbrt la fabrication de la
monnaie à Nion ; on y trouve ce passage : « 5* Qtiarti di
grosiiei in istis ab una parte erit impressus flavcllu»
cum galea armorum nostri comitatus : et ab alia parte erit
losingia armorum tioulrorum^ et erit descriptum circuni-
circa tam ab una parte quam ab altéra quantum intrare
poterit AMEDEVS COMES SABAVDIE DVX CHABLASY ET
AVGVSTE ET IN ITALIA MARCHIO*.»
Si Técu en losange qui figure sur cette pièce de Robert
u*est point le résultat du caprice du monnayeur, il est cer-
tain que Ton doit attribuer cette monnaie à lolande de
Flandre. Le mot DVX, qui y est inscrit, ne doit point ici
faire obstacle. En 1355 Robert prit le titre de duc, soit en
vertu d'une concession accordée par le roi Jean le Bon ou
par Charles IV, empei*eur d'Allemagne, lors de son voyage
à Metz, soit de sa propre autorité. Quoi qu'il en soit, les
chartes, qui vers la fin de 1354, portent la désignation de
comte , mentionnent dans les premiers mois de 1355 le
titre de duc, et je ne connais aucune pièce authentique qui:
puisse éclaircir ce fait.
Par un acte daté du A mai 135A, Robert traite avec
Humbelet de Gondrecourt pour sa monnaie de la comté de
Bar qui devait être frappée à Saint-Mihiel. h C'est à savoir
que nous li avons donnei et donnons plein pooir et liberté
de faire et faire faire, à Saint-Mihiel ou ailleurs en notre
comtei Item volons que lidit Humbelet fasse et puisse
faire, ou puisse faire faire toutes manières de menoies
' }lonete dn nali ./< 5a'. "a, t. I, p. l^R.
ET 4yiSSERTAT10NS. 149
•blanches et noires, de tel poix et aloi comme sont et seront
tes menoies dou roy de France et seront en notre nonu,
^ averont emprente, comme lidit Humbelet verra que
Meox«ra *»
^lus tard, lorsqu'il eut pris le titre de duc, en 1S55, il
tr&ita de nouveau avec ce même Humbelet, et lui accéda
pour deux ans la monnaie de Bar et de Clermont. « C'est
y^ manière comment li receveur à marchande! à madame la
cocntesse de Bar, des monnoies de la duchié de Bar et de
^^rmont il fera ouvrei à un denier de moins de loy^
les monnoies blanches que on forgerat en la duchié de Bar,
ftjfto celles dou royaume de France ' »
Ici encore on voit que c'est la comtesse lolande qui agit
Ma. nom de son fils , comme Bonne de Bourbon au nom du
«^m. Il est donc tout naturel d'appliquer au denier de Bar
re:xplication du type fournie par le texte même de la corn-
tes-se de Savoie.
Robert, comte de Bar.
Je citerai également une monnaie de Robert qui porte
1^ titre de comte. Cette variété, inconnue à M. de Saulcy,
"**^ été indiquée par M. Servais , qui se propose de nous
^^Qner.dans son travail sur le règne de Robert des rensei-
B'^^ments fort curieux à l'égard de cette pièce, et je joins
'^^ le dessin que je dois à son obligeance.
ROBERTVS. C. ES. Croix. Légende extérieure : BNDITV:
S^T, etc., etc.
* Dom Calmet, DCXXII.
^ Dom Calmet, DCXXIII.
150 MÉMOIRES
K). TVRONVS CITIS. Ghâtel tournois. Bordure <le dou»
lis. (PI. V, n"2.)
Cette monnaie a dû être frappée en 1353-lS5i par
Humbelet de Gondrecourt; elle est imitée du gros blanc
de Jean le Bon, frappé en novembre 1858 \ et qui offre,
ainsi que le gros de Robert, le portail à la croix et les tou-
relles tréflées. Bien que cette pièce ne soît pais d'une par-
faite conservation, ce qu'il reste des lettres du mot comts
ne peut laisser aucun doute sur son attribution à Robert,
comte de Bar, et c'est peut-être le seul exemplaire qui
nous soit parvenu d'une monnaie de ce prince imitée de la
monnaie royale et portant en même temps le titre de
comte.
René 1*', duc de Lobbaine.
M. de Saulcy, dans son ouvrage sur les monnaies des
ducs de Lorraine , cite à la pi. X, n*" 11 , une monnaie de
ce prince frappée à Nancy ; je décrirai une variété de cette
pièce frappée à Saint-Mihiel.
RENATI. DVX. BARREN. Z.LOTH. M. Épée la pointe en
bas , passant derrière un écu de Lorraine et de Bar ; Lor-
raine sur le tout.
fi.+MOiNETA+S+MieHAL. Croix de Lorraine potencéc
à ses extrémités. Légende extérieure : BNDICTV, etc., etc,
(PI. V, n»3,)
(Collection de M. Servais. )
• Le Blanc, Traité des monn. de France^ éd. d^Amsteidam^ 1692, pi. n* J,
ftiinexée à la p. 217, l'* colonne, n» 6. — Delombardy, Catal, de la coltea.
BignauH^ p. 11, n» 83.
«T DISSERTATIONS. 161
René II, duc de Lorraike.
Jmt variété d'une pièce publiée par M. de Saulcy,
3QV, n* 3, nous offre une particularité fort curieuse
13 la figure de la croix. Ce n*est point le résultat d'un
icient dans la frappe, mais bien une forme inusitée. Les
xicbes transversales sont au nombre de trois, et, con-
UEiement à celles de la croix papale , la barre du milieu
plus peUte que la première et moins grande que la
iiière.
ftKNATVS:D^G:REX:SICIL. Épée recouverte de récusson
liOrraine.
îè. MONETA:FACTA:IN:NANC. Croix de Lorraine à trois
fauches. (PL V, n«4.)
Obole anonyme de Provins.
t)bole sans légendes. Peigne provinois, au-dessus un T
i Y entre deux annelets.
i|i Croix cantonnée de deux annelets et des lettres alpha
em^goy qiû sont reliées au centre de la croix par un trait
igooal au lieu d'être attachées aux branches horizon-
W, ainû qu'on le voit sur les monnaies de Sens et de
Dvins. (PL V, n^6.)
(Collection de M. Saubinet, à Reims. )
Cette obole appartient sans aucun doute au xii* siècle,
LIS rien ne peut la faire attribuer, soit à Thibaut, soit à
un, comtes de Champagne. Ce n'est pas, comme on
urràit le croire au premier coup d'œil, un denier rogné ;
parties de métal qui entourent le cercle ne présentent
cane trace de caractères.
152 MÉMOIRES
Monnaie de Toul.
Les évêques de Toul jouissaient depuis longtemps di
droit de battre monnaie dans leur ville et dans les terre
de leur dépendance , lorsque Pierre de Brixey, ayant re
construit la forteresse de Liverdun avec rautorisatioD di
duc Simon, obtint de Tempereur Frédéric Barberousse, ei
1178, la confirmation du droit de battre monnaie dan
cette place, droit qui lui avait été octroyé par le mèOM
empereur en 1168 \
M. Cb. Robert, dans son e^icellent travail sur les mon-
naies de Toul, cite de cet évëque deux variété^ avec la lé
gende LIBDYN {Liberdunum) et LIVIR {Lmrdunum); puis
dans la description de monnaies des évoques qui lui suc*
cèdent, il n'en rapporte aucune qui ait été frappée daof
cette ville.
Cependant il ne faut pas conclure de cette absence de
toute monnaie au nom de Liverdim que les évoques dé Toul
aient négligé de jouir du droit qui leur avait été accordéi
Dom Calmet rapporte que ci Tbomas de Bourlémont laissait
à Cbaudrin, fils de Jeannin Fulvel de Liverdun, le droit de
fabriquer toutes sortes de monnaies blanches à son coin à
Liverdun ou à Brixéy, et même d'y fabriquer des trabomgii
ou monnaies de Strasbourg, des eschelins ^t autre3 moiî-
naies au nom d'autres que de l'évéque, excepté toutefoia
les monnaies du roy de f*rance et du duc de Lorraine,
qu'il ne lui permettait pas de contrefaire. Ces monnaieB
étaient de tel aloi que dans cbaque marc d'eschelim et
autres monnaies blanches il devait y entrer quatre onces
» Benoît, Hist. de Toul, preuves, XXX. — Pom Calmet. p. 126.
-ET mSSERTATlONS. 153
"aà.jfgent du roy, et pour chaque marc le monnoyeur ren-
ft.m i au prélat quatre sols forts ; un touïois pour trois de*
^ars, un esckêlin pour quatre. Il lui était aussi permis de
ft>Tiquer toutes sorte de florins d'or, et il rendait à Févèque
»«ar chaque marc d'or mis en <puvre un petit florin de
Qurence ou la valeur *. «
Ml sortit à cette époque de râtelier de Liverdun quantité
monnaies frappées à Timitation de celles de Metz, et le
saobre en fut si grand que Tévéque Adhémar de Monthil
^MM plaignit fortement à Thomas de Bourlémont '.
^%. D« Ll. L*évèque debout, vu de face, tenant de la main
^Mte une crosse , de la gauche le livre des Évangiles.
^. MONETA. Dans le champ, épée la pointe en bas.
». V,n?«0
IMotre obole est rimitation exacte de celles de Renaud de
or 9 évëque de Metz, mais l'argent est à plus bas titre,
^.^attribution que je propose de cette cbote à Bertrand
t l«t Tour, évéque de Toul, repose uniquement sur la lé^
BEi€3e B.D.LI. (Bertrand de Liverdun) ; les points qui se
rt^mxYent placés entre les lettres B, D, L m'empêchent d'y
rt&r* UBD, ce qui ferait de cette légende le complément de
odie du revers MOiNETA LIBD (motinaie de Liverdun). ÎI
1D^ sera sans doute objecté qu'il serait difficile de com-
frendre que Bertrand, qui vivait en 135i-63, eût copié un
tjpe émis trente cinq ans auparavant, mais on possède
*iBex d'exemples de faits analogues pour expliquer cette
'mâtatioD tardive d'un type fort en faveur.
S cette attribution ne pouvait être acceptée et qu'il me
'^i&t v<Hr dans la légende de la face les premières lettres du
' Benoit, Biêi. de Toul, preuves, année 1345.
* D. Cftlmet, p. 631.
1S«2.^2. 11 (
15& MÉMOIRES
mot Lihdumn»^ je pro])oserais alors de placer cette monnaie
à Tépisçopat de Jean d'Arzillières ou d'AmédéedeGenèTe.
M. Robert, dans son ouvrage sur les monnaies de Toult
rapporte le texte d'un acte daté du mois de juillet 1353,
par lequel Bertrand de la Tour s'engage à faire frapper la
monnaie pendant douze ans dans la ville de Toul par
Mathieu Graisdepain de Dijon , maître de la Monnaie.
(Page 55.)
Bertrand de la Tour n'aurait point été le seul qui aundt
copié ce type alors en faveur; plusieurs princes lorrains
fabriquaient également des imitations, et bénéficiaient ûnsi
de la différence du poids ou du titre qui existait entre leurs
deniers et ceux qu'ils copiaient.
Je joins ici le dessin d'un petit spadin de Ferri IV, in-
connu à M. de Saulcy, et que j'ai trouvé dans la collection
de M. le comte de Widranges.
FER. D (Ferri Dux). Le duc debout, vu de face, la tète
couverte d'un capucbon , tenant dans la mahi droite une
épée et de l'autre un oiseau.
R. MONETA. Épée la pointe en bas. ( PI. V, n» 7. )
Cette variété , du poids de 0«',042, est à un titre moins
élevé que le spadin de Renaud, évêque de Mets.
Jean de Siëhcr, évêque de Toul.
S'il était accepté que la légende Novicastri , qui «e
trouve sur quelques deniers de Pierre de Brixey, soit le
nom nouveau qui aurait été donné à Liverdun après sa
reconstruction, en 1176, je proposerais d'attribuer à Jean
de Sierck , évêque de Toul , l'obole suivante , que possède
M. le comte de Widranges.
r.XTl. L'évêque debout et vu do face, tenant delà main
ET DISSERTATIONS. 155
îte la crosse épiscopale et de la gauche le livre des
^Dgîles.
h MONETA. Épée la pointe eu bas. — Poids, 0«',050.
. V. n-8.)
ean de Sierck , qui avait émis des espèces , imitations
ctes des deniers de Jean d'Apreinent et de Jacques <le
raine, évèques de Metz, n'aura poict négligé de prendre
jr modèle de quelques-unes de ses monnaies le type fort
andu de Reaaud de Bar; quanta la légende l'NTl^ il
lirait y lire lobannes NovicasTrI et croire, avec M. Roliu
Saiicy, que cette désignation nouvelle de la ville de
fifdan s*était conservée jusqu'à cette époque.
AUreaui.
itt sainte Vierge tenant Tenfant Jésus. Dans le champ,
lettres A.C. — Légende : ORATE. PRO. MORTVIS. VL
- V,n*9.)
Guivre. — Collection de M. Saubinet, & Reims. )
e méreau, frappé d'un seul côté, me parait, si j'en juge
sa fabrique, appartenir au xvi* siècle. L'analogie qui
t.^ entre cetti; pièce et celle bien connue de Reims, à la
-^de MoNETA £GCL£Si£ REMENsis , mo la fait attribuer à
^ ville. — Les méreaux bractéates ne sont point rares;
^t-Amat de Douai, le chapitre d'Évreux, Saint-Hilaire
l^oitiers , Saint -Martial de Limoges et les églises de
^t Valérien et de Saint-Philibert de Tournus firent frap-
des méreaux de plomb et de cuivre dont un seul côté
^t une empreinte. Les lettres A. G. qui occupent le
^p doivent être les initiales des mots ADORANDA CRVX,
plutôt encore les derniers vestiges de TA et de YQ.
Quant au chiiïre VI, je crois pouvoir l'expliquer en disant
iÔ6 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
qu'il signifiait six deniers, somme allouée à ceux qui ams-
taient à Toffice pour lequel ce méreau était une marque it
présence.
La pièce suivante a, au premier coup d'œil, un aspect
antique, qui s'accorde mal avec la date quelle porte, et
avec la forme du caractère R quatre fois répété.
La sainte Vierge tenant l'enfant Jésus, au-dessous un
grand D gothique , de chaque côté la lettre R, le tout dans
un cercle formé de onze demi-cercles reliés entre eux à
leurs extrémités par des ffeurs de lis.
^. Dans le champ, un grand tt gothique surmonté de la
date 1Ô95, accosté de deux R et enfermé dans ua c^tde
semblable à celui de la face. (PL V, n" 10.)
( Cuivre. — Collection de M. Saubinet, à Reims.)
Quoiqu'il n'y ait que les lettres R dans le champ du re-
vers et de la face qui puissent légitimer Tattribution que je
ferai à Reims de ce méreau, la présence du type de la Vierge
me paraît justifier cette attribution. Le grand O gotbiqoe
indique la valeur de la pièce.
Léok Maxe-Werl¥.
LLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
leaoz et des rouelles, antique monnaie des Gaulois.
*je par H. le comte Hippoltte de Widranges. In-8*
} pages et 6 planches gravées. Bar-le-Duc, 1861.
ote sur la médaille à la légende RAA€T€AOr.
in coMe un peu de rendre compte de cette brochure
ité très- obligeamment envoyée, parce que je serai for-
conduit à contredire toutes les conclusions que voudrait
mettre son honorable auteur; mais s'il est certaines
le critique dont on ne doit pas s'écarter en mati^re de
les archéologiques et numismatiques, d*im autre côté
èa lent mais constant de la science impose à l'énidit
!de un sujet, le devoir de tout connaître, de tout peser
rdre de faits qu'il traite, sans se croire obligé de subor-
Bécessairement son jugement, éclairé par des faits
ix , k des considérations émises autrefois par d'illustres
il est vrai, mais sous l'empire de découvertes res-
et auxquelles il manquait la sanction du temps,
comte de Widranges me paraît avoir été dominé surtout
brochure par le désir très-respectable, en IiH-méme,de
ir^ au sujet des rouelles réputées gauloises, les idées
éesen 1836' et i837* par les numismatistes qui- se
premiers, occupés de ce genre de monuments. A eette
on ne connaissait guère que de petites rouelles en
quatre rayons de la taille et du poids des monnaies;
.,1836, p. 169
«»m., 1837, p. 72.
158 BULLETIN BinLIOGRAPniQUE.
cette similitude matérielle jointe à la remarque faite par too»
los numismatistes que le numéraire gaulois était tout constellé
de ces rouelles, depuis les cbarmantes petit<*s médailles de
Marseille jusqu'aux informes statères de rArmorique, cette
identité de poids et de figure avaient bien pu tromper^ au début
des études numismatiques^ d'illustres savants; mais aujourd'hui
on saR, du reste ^ quelles sont les plus anciennes médaille»
gauloises, et Ton ne pense plus à revendiquer, pour ouvrir It
série déjà si riche du numéraire gaulois^ ces joujoux métal'
liques^ dignes tout au plus de figurer dans un musée ethnogra-
phique comme échantillons des amulettes d'un peuple adonné
aux pratiques superstitieuses.
Il est vrai que depuis 4836 on n'a jamais contredit ouverte-
tement l'opinion favorable à l'idée monnme. Mais il semble que
la seule raison se chargeait de ruiner pièce à pièce ce système. A
mesure que s'accumulaient dans nos collections ces monuments
singuliers que nous accueillions par respect pour les sentiroeals
émis dans la Revue de 1836, quelques-unes de nos itlusioD»
disparaissaient. Un jour, par exemple, il m'arrive une char-
mante rouelle d'or à huit rayons, de travail filigranique, frile
comme la boucle d'oreille d'une Mexicaine « quelque diose
d'aérien comme la trame d'Arachné; du reste, de l'or le plus
pur. Les raies, épaisses d'un dixième de millimètre, sont gaiU
lochées sur un tour sans doute microscopique : la jante esl
composée de trois cercles d'or concentriques, celui du milieu
également tourné et guilloché ; le moyeu est saillant, évidé el
composé de deux petites bandes d'or contournées en cerde el
soudées de chaque côté de la rone à une âme pleine, de sorte
que ce moyeu, quoique évidé, n'est pas percé à jour.
Que penser de ce petit monument, le frère de celui du musée
d'ËpinaP, mais plus frêle et plus soigné que lui? Comroettt
* Je possède une empreinte de cette jolie rouelle toute semblable à fat
mienne I mais pins solide et moins soignée; celle de M. Bénard (J
1846, p. 316) est grossière.
BUIXKTIN niBLIOC.RAPIIiniK. 159
r que ce travail délicat a pu figurer dans roscairellts
n y tient, pondu, h la selle d'un rapide cavalier gaulois.
Me avec les grandes rouelles à dix rayons de M. dn
ges f qui mesurent sept centimètres de diamètre avec
Pti présentant une épaisseur de plus de deux centimMresT
le hasard m'avait encore ménagé Toccsision de parler
monument de ce genre, beaucoup plus cmicluant que
Iles déjà si grandes de M. de Widranges: je veux parler
lorme rouelle de bronze d'environ douze centimètres de
3 , large par conséquent comme une assiette et pourvue
vyeu plein dont l'épaisseur totale est de six centimètres
: les raies sont soudées à la jante d'une manière assez
e, mais leur travail est fleuri et ornementé.
niument, dont j*ai longtemps ignoré la valeur à défaut
rouelles de même taille qui pussent s'en rapprocher plus
m, avait été trouvé, m'a-t-on dit, dans la Saône, en
aie de plusieurs bracelets de bronze de forme trts-
e.
8 cette époque^ il m'est venu une de ces grandes rouelles
tyons du genre de celles que M. de Widranges a repré-
1008 les n"^ 1 à 6 de la pi. V de sa brochure, qui font
le trait d'union entre cette pièce gigantesque et les pe-
telles à quatre rayons anciennement connues.
Hra, je me suis trouvé parfaitement autorisé à rapprocher
mante petite rouelle d'or de l'énorme bronze dont je
parler, et k chercher la solution du problème tout à fait
rs de la numismatique, puisque ce rapprochement seul
lldée que deux monuments de complexion si ditl'é-
Bsent pu constituer une monnaie usuelle, dies éléments
e nature destinés à se ft*otter l'un à l'autre,
mnaie véritable n'est jamais disparate à ce point : elle
I d'ailleurs chez tous les peuples un aspect solide , phts
8 globuleux, une constitution résistante et capable de
»ntre le frottement inséparable de sa fonctiou.
160 Bulletin BiRUOGBAPBfQUE^
Or je demande ce qae deviendraient an contact die mon m
^iive^ non-seulement la mince et légère rouelle d*or dont je viem
de parler, mais même certaines rouelles de bronie à six rayona
soudées à un moyeu évidé, qui, bien que mesurant pkisdedeai
centimètres de diamètre, offrent des raies de mokia d*UB denn
millimètre d'épaisseur. M. de Widranges a figuré, dans son
texte (p. U), une de ces rouelles, si frôles que le moindre cboe
les pulvériserait.
Évidemment un tel numéraire ne résisterait pas un sent jour
à la manutention b plus attentive, et les éléments les plus pré^
cieux seraient précisément ceux qui seraient le plus compromis.
Sachons donc bon gré à M. le comte de Widranges de nous
avoir fait connaître les grandes rouelles qui figurent sur les
pi. IV et V à l'appui de sa brochure. Cette publication a de
faire tomber les dernière» illusions ; elle m'a donné le courane
de rapprocher deux monuments aussi disparates, k premlèie
vue, que mes deux rouelles, et elle a porté le dernier coup à
une idée vieillie, qui n'a été émise au début des études numis-
matiques qu'au vu d'une série de monuments, les petites
rouelles à quatre rayons, identiques de poids et de métal a? ce
les potins gaulois.
J'ap parlé d'amulettes à Foccasion des roueUes ; je m*expli*
que r je crois y voir quelque chose comme un symbole de tîc^-
toire, un anathema, ou un iignum boni eveniL Apollon, kr
même que le Sol mvkius des bas-temps , porte k Toriginedii
monnayage gaulois une rouelle à quatre rayons à son casque^
Pellerin S le président de Saint-Vincens *, Tôchon d'Anneey%
le marquis de Lagoy \ M. de La Saussaye ', Lelewel * et Do-
i T. III, p. 126, et pi. CXV. n« IT.
• PI. II, n" II.
« PI. XIX, n- 4 et 5.
^ Detcript. de quelques méd, inéd, de Maseilia^ etc., p. 10 et 11, et a** 10 à \S
de la planche.
* Numitmatique narbonnaite, p. 56, et n** 11 à 17 de la planohe I**,
« X- 28 et 27 de la planche Vil.
ftULLETiN RIBLIOGRAPUiQUE. I6l
chslàis* ont demi ou figuré ces intéressantes médailles, et la
place qa'occupe cette rouelle est significative. On la retrouve
encore au bonnet des cochers du cirque suivant des représen-
tations que j'ai vues autrefois entre les mains de M. Muret du
Cabinet des médailles. Dans certaines médailles armoricaines ',
la Victoire fait flotter une rouelle à quatre rayons devant la tête
de l'androcéphale, à la place même du tableau sur lequel on
croit que les Gaulois inscrivaient leurs succès militaires.
Dans cet ordre d'idées religieuses et militaires tout s'explique :
et le disparate de ces monuments , dont l'usage devient dès
lors multiple, et la compicxion délicate de quelques-uns d'entre
eux qui peuvent, étant cousus à la coiffure ou à l'habit, acquérir
une certaine consistance à la manière des amulettes de plomb,
i^ourées, que les pèlerins du moyen Age attachaient à leurs
personnes ou aux tentures de leurs appartements '.
Du reste, je ne tiens nullement à cette explication, et le ha-
sard se chargera peut être d'en donner une meilleure mais
j'ai cru utile, dans l'intérêt de la science qui nous est chère,
de protester contre Topinion de M. de Widranges, qui se pro-
duit avec un cortège de planches charmantes au sujet des*
tjuclles on ne saurait trop le féliciter.
Ce soin et cette perfection dans la reproduction des objets
d'archéologie dont nos voi^ins d'outre- Manche nous donnent
l'exemple, avancent plus qu'on ne pense la situation des ques-
tions en litige; ici les moindres détails sont appréciables, ce
qui est d'un prix inestimable lorsqu'il s'agit de monuments sur
la destination desquels on n'est pas d'accord.
Hais les rouelles dont nons venons de parler ne sont pas les
seules que M. de Widranges veuille faire passer pour des mon-
> Dnchalus, {Catalogue, etc , p. 28,) croit que Teffigie est celle de Vulcain,
et D<m d^ApoUon.
• Rttuê fMMii., 1852, pi. VI, n" 8.
* Dtê muêignu de pèlerinage^ pnr £. Iluclier, dans lo tiuU, mon. y année 1851.
'^CoUecHon de picmhê hiëtoriét^ par Arthar Forgeais. Paris, 1858, in-8'', Bg.
— Pilgrim** sitfnê^ par Roach-Smith, dans les Colltct, ant,^ 1860, t. II, p. 43.
162 BULLETIN niBLIOCBAPIlIQUE.
naies, et si nous en avons parlé en première ligne, c'est que
jusqu'ici ce sont les seuls monuments de ce genre dont h'S
maîtres de la science se soient occupés. Il existe deux autres
séries do rouelles qui sont pluldt des anneaux» et qu'instinctive-
ment on a placées dans 1rs collections à côté de la première
série *. M. de Wîdranges n'hésite pas à y voir aussi des spéci-
mens du plus ancien nuniérnire gaulois.
Ces anneaux, que Thonorable antiquaire réunit dans sa des-
cription, constituent pour moi deux séries distinctes : Tune est
surtout en bronze, à sections circulaire ou lenticulaire ou lo-
sangéc; l'autre est toujours en plomb, à section presque con-
stamment triangulairt*; je dis presque toujours, car j'en pos-
sède un rare échantillon d'ancien style, dont le moyeu offrirait
une section rectangulaire. Mais ce qui distingue surtout cette
eérir, ce sont ces singulières arêtes qui décorent le pourtour ou
le moveu de la roue, et qui forment comme autant de tronçons
très-courbes de raies à section lozangée. Ces tronçons pénétrant
dans le moyeu triangulaire^ donnent naissance à de petits plans-
contrariés d'un aspect original.
Ce singulier monument, qui rappelle certainement la roue
dans ses éléments constitutifs et essentiels , me paraît avoir été
en usage pendant fort longtemps, soit chez les Gaulois, soit
chez les Gallo-Romains , soit pendant la période mérovin-
gienne, soit même plus tani; la rouelle de plomba sediou
rectangulaire dont j*ai parlé est toute constellée d'annelets
pareils à ceux qu'on voit sur les monuments réellement gau*
lois et sur certains ustensiles mérovingiens, et sa patine est
fort épaisse ; tandis que je possède im autre plomb à section
triangulaire qui n'a aucune patine, et qui, pour ce motif, ponr^
rait être fort récent,
' M. Lambert a publié, dans »on bel ouvrage sur la SmHûm. ganloiM Ai A'ontf-
(hi€»t, sept de ces nnni*nux, tous variés de fomic, qui auraient été tnmvétavcc
des potins gaulois; au moins on Tavait assuré à M. Deville, qui laa avait téuvM
au musée de Iloucn.
BULLETIN BIBLIOGRAPHJQDE. i63
Maintenant, si Ton me demande à quel usage ces plombs ont
pu servir, je répondrai que je n*en sais rien. Peut-être ont^ils eu
dans les campagnes un emploi très-ordinaire. J'ai entendu un
de mes amis émettre Topinion qu'ils avaient pu servir à lester
le fuseau des fileuses; un autre de mes correspondants ma
suggéré ridée qu'ils avaient peut-être décoré une sorte de fibule
servant à attacher les chemises des paysans. Dans tous les cas,
on voit que Tidée monnaie était bien loin de leur pensée.
L'examen attentif d'une dizaine de ces plombs m'a fait consta-
ter cette circonstance caractéristique , que sur tous ces exem-
plaires, variés de style et de facture, l'ouverture circulaire du
moyeu est légèrement conique et non cylindrique; d'un autre
côté, les plus usés portent des traces irrécusables d'un frotte-
ment vertical dans la surface interne du petit cône, comme si
cette roue avait été enfilée dans un objet légèrement conique
lui-même, im fuseau, par exemple. Plnfin, sur certains exem-
plaires, les arêtes sont tout à fait obtuses et lisses, ainsi que le
seraient celles d'une roue dentée dont le pourtour aurait subi
un long frottement.
Il est bon, du reste, de constater que ces plombs sont fré-
quemment trouvés dans les champs et non dans des sépultures,
où il paraît, d'après M. de Widranges, qu*on aurait rencontré
quelques rouelles de bronze à jour.
Il ne me reste plus qu'à parler des anneaux de bronze lisses.
Je crois ceux-ci antiques et réellement gaulois : j'ai dimé moi-
même un petit anneau de ce genre très-globuleux , à section
circulaire, dans une masse de plus de deux cents potins gaulois.
Mais s'ensuit-il que cet annelet fût une monnaie? Dans tous les
dépôts de monnaies, on trouve des bijoux ou des objets usuels
contemporains mêlés aux monnaies. Cet usage d'enfouir pêle-
mêle tous les objets précieux a duré jusqu*au moyen âge.
D'ailleurs cet annelet était en unité, et comme ce genre de mo-
numents est toujours fort rare, on ne comprendrait pas que ces
anneaux, qui auraient circulé avec les potins, c'est-à-dire dans *
16& MJLL£TIN BJBLIOSRAPHIQUE.
les bas temps de l'autonomie gHuloise eussent été si peu nom-
breux qu'ils formaient comme un appoint imperceptible k un
numéraire d'un autre côté très-abondant, et par conséqiieDi
très-suffisant.
Disons tout de suite qu*il faut voir là encore un objet à dèstf*
nation inconnue comme les rouelles proprement dites. Je pot^
sède trois seulement de ces anneaux. Ce sont les seuls qui me
soient parvenus « tandis qu'il ra*est passé par les mains des
milliers de nu)nnaies gauloises. Tous trois, disons- le franche-
ment, sont couverts d'un oxyde épais et qui dénote une grande
antiquité. Je ne pense pas, bien que l'un d'eux soit en plombai
les assimiler aux plombs à arêtes frangées dont je viensde parier;
la surface interne évidéc n'est nullement conique, puisque leur
section est circulaire ou lenticulaire, et rien n'annonce qu'ils
aient été enfilés avec adhérence; on pourrait plutôt penser îd
au système de groupement des monnaies chinoises, au moyen
d'une lanière lâche et ne laissant pas de trace sur les arêtes de
ces bronzes.
Le temps se chargera d'élucider ces questions de détaib^
L'essentiel, c'est de protester aujourd'hui contre toute assimib-
tion entre ces singuliers monuments et la monnaie proprement
dite des Gaulois; si de tels anneaux avaient eu cours k ce titra-
dans les Gaules, César n'aurait pas manqué d'en faire la re-
marque, comme il l'a donné à entendre à l'égard des Bre^
tons.
Il me reste encore à faire un petit procès à M. de Widranges^
au sujet de son étrange explication des monnaies gauloises
sur lesquelles on lit depuis i838^ KAACTCAOr, mot dont
M. de Saulcy vient de publier* une explication très-satis(iir>
santé.
Comment M. de Widranges peut-il dire que les légendes
1 Revue num,^ 1838 , p. 302, article de M. de la SauMaye bur le mémuirt de
M. de Lagoy offraut la médaille à la légende KÂACT.
• Revue num., 1858, p. 281.
HUrXETm BIBUOGRAPHIQUE. 165
lAAev, qui, suivant lui^ figurent seules sur ces mé-
teignent le nom celtique du Chaté de Boviolles (Meuse),
nédailles se sont trouvées en nombre , lorsque nous
08 que ces deax prétendus roots kaatv et KAAev^ que
le antiquaire interprète par XAA , rondeur^ TV et ev,
(Hea sur la calotte de la montagne)^ n*existent pas?
mdranges a négligé tm élément essentiel dans cette
YepsUon, qui^ à la vérité , est souvent couché sous le
18 «ne position excentrique qui Texpose presque tou-
te emporté par la rognure du flan; d'un autre côté, il
MF pris pour un thêta un caractère monogrammatique
■enailt les deux lettres ED. Il est vrai que M. I^mbert
iré ce caractère sous la forme d'un thêta e, dans le
qu'il donne * des légendes de ces médailles, mats alors
ivec Vamicron.
jmé, H n*y a pour ces monnaies que deux lectures
: rime, qui a été indiquée d'abord par M. do Lagoy
complétée parfaitement par M. de La Saussave dès
138, c'est KAACTCAOr; et ce sont, suivant moi, les plus
cemplaires qui donnent cette légende. La priorité des
i l^nde complète sur les autres me semble prouvée
I d'épaisseur du flan, le meilleur dessin et Tétat plus
\ la tète et des caractères de la légende. Sur ces exem*
A présente les formes |^ et A plus régulières que ce
araetère K y qui ne ressemble plus à rien , et qui a
premières hésitations des numismatistes en i836.
lis a donc eu tort de proposer pour la lecture KAACT-
ostracisme absolu * ; cette légende existe sur de nom-
mplaires, et c'est encore un lapsus à relever dans le
otre regretté confrère; je possède dans ma modeste
O-r» p. 141 ; je crois que notre excellent confrère a renversé p«r
t VL : «or ce» médailles il y a bien K^AA01^ l'A tonjour? pcwirvii
idioe allongé.
,ésMméd. gauî,^ p. 217.
lOG BULLETIN DiBUOGRAPHIQUE.
collection deux médailles à cette légende offrant tous les caract
telles que j'ai signalés plus haut.
L'autre lecture est KkMàXf que Duclialais voulait seule ad-
mettre. J*y ajouterai ILAACDOr écrit KAA.ÛOr^ l'epsilon existe,
soit couché et excentrique sous le A, soit en conjonction avec
un l) oncial ; dans ce dernier cas , un omicnm est encore plaidé
entre les deux jambes de devant du cheval. Les exemplaires
qui donnent ces lectures ont des flans plus petits et plus épai«,
et les empreintes y sont plus fortement frappées; je les estime
plus récents que ceux à la légende complète, selon la loi de dé-
générescence découverte par l'habile Lelewel. Dans tous les cas,
les légeudes KÀATV et KAAOV, transcrites par M. de Widranges,
n'existent pas ; c'est ce que nous voulions constater.
On se rappelle que M. de Saulcy \ en restituant aux lùiiiens
ce genre de monnaies, voit deux mots dans la légende KAACT-
€AOr; dès lors il faut en voir deux aussi dans KAA-€Ar ou KAA
EDOr, qui présentent ainsi des formes abrégées des mêmes
mots : les durs Éduens ou le dur Éduen au singulier, d'aprèf
l'usage gaulois de sou^-entendre un substantif du genre de
démoi.
Cette séparation de la légende en deux mots semblenii jiis>
tifiée, malgré le CALEDV— SENODON, par ui»e médaille dtt
musée de B&le publiée par M. W. Viscber, sur laquelle M. de
Fétigny prétend qu'on lit KAACT du côté du cheval, et EDV du
côté de la tête ( Ifev. num., 1853, art. bibliog., p. 154). Cepeii-
pendant ceci est le résultat d'une confusion de notre savant et
l'egretté confrère. La pièce publiée par M. Vischer ne porte pas
KALËT, mais bien le type de l'ours avec la légende tronquée
CKT appartenant au nom Orcetirix.
E. HuGHta*
' Jifcue numùiin.f IB58, p. 2B1 ut suiv.
CHRONIQUE.
LETTRE A M. DE WHTE,
Monsieur,
La Reoue nutnismatigue a publié (année 1861^ p. 253) une
«arieuse monnaie de ploinb trouvée à Alise Sainte-Reine par
JU. Philibert Beaune; j'en connaissais un autre exemplaire tout
à hit semblable dans la collection de M. le docteur Alexandre
G)lion, à Noyon, et qui m'avait été signalé il y a cinq ou six ans;
de second exemplaire de la monnaie de plomb d'Alise viîDnt
d*étre déposé au Cabinet des médailles par ordre de TEmperc'ur,
à qui M. le docteur Colson en a fait hommage.
Je vous envoie aujourd'hui une autre monnaie de plomb non
moins intéressante, non moins authentique, absolument sem*
l>lable quant aux types à celle d*Alise, et confirmant d'une ma-
nière irrécusable l'existence de l'atelier de Perthes, que j'ai déjà
signalé aux lecteurs de \^'/i€vue il y a neuf ans [Rt.vue nu*^
m»m./1853, p. 8! }. Voici la description de celte monnaie :
Mercure nu, debout, tourné à gauche, dans un édicule h
deux colonnes , tenant de la main droite une lx)urse , ci de la
gauche le caducée ; à ses pieds, un coq.
ij\ PERTE. Rameau.
168 CHRONIQUE.
Cette pièce a été rognée assez récemment, et la lettre Eqiii
termine la légende a presque entièreroeiU disparu par suite
de cette mutilation.
Perthes, village de huit à neuf cents habitants, situé entre
Vitry-le-Français et Saint-Dizier, paraît avoir été du ti^inps des
Gaulois le chef- lieu d'un vaste territoire qui s'étendait entre
Châlons<sur-Marne et Bar le-Duc et entre Chaumont et les Ar-
dennes sur les anciennes provinces du Perthois proprement
dit, du Vallage, du Bocage et de Bassigny.
Le contre du pays que les Pertenses occupaient pendant U
domination romaine est indiqué parle nom d*un village Mo6hin
( Mediolanum ) , situé entre Eclaron et Saint-Dizier. Cette
donnée permet de fixer avec précision sur la carte de la Gaule
les limites du Pagus Pertensis,
Nous trouvons Vitry-en- Perthois dans le département de la
Marne, Aulnois-en-Perthois , Çavonière^n-Perthois^ Juvigny-em^
Perthois dans la Meuse; au sud, Saint-Urbain, qui jusqu'au
ix« siècle s'est appelé Villars-en-Perthois. La première de ors
localités est à peu près Textréme limite occidentale du Per-
thois; les quatre autres indiquent ses limites orientale et méri-
dionale.
Pertbes était une station romaine entre Gorzum et ChUons-
sur-Marne, sur la grande voie de Lyon à Reims. Celte voie
devait aller directement de Gorzum ( LeChAtelel) à Mediolaoum
( Moëlain) , laissant sur la droite Olonna (Saint-Dizier ), passer
la Marne à Nova villa ad Pontem (La Neuville-au-Pont) poor
arriver à Perthes, et de là, suivant toujours la ligne droite, puier
la Sanlx entre Victoriacum (Vitry-le- Brûlé) et Pontigo (Pou-
thion), et entrer dans Catalauni. Pontigo fut une célèbre rési*
dence des rois mérovingiens. Sur la même voie, entre Gorzuok
et Langrrs , était Andelaus ( Andelot ), où fut signé le traité d»
ce nom.
Perihes se rattachait aussi par des embranchi menis à d'au-
tres voies importantes; une ligne sur Wassy conduisait chez les
<:hronjqu£. 109
rricasses par la voie de Bar-le-Duc à Bar-sur-Aube. Enfin les
lignes qui se croisaient à Gorzuni mettaient Perthes en commu-
meation avec toutes ces villes, qui y par leur position j se rap-
prochaient des frontières de la Belgique à Tépoque gauloise,
de TAdstrasie sous les Mérovingiens, de la Lorraine au moyen
Age, et semblaient vouées à la destruction, comme Nasium
(Naix), Granum (Grand), Solimaria (Soulosse)^ Mosa
(Heuvy), etc.
La monnaie que je publie aujourd'hui ne saurait être refusée
à k capitale du pays Pertbois; trouvée à Perthes méme^ dé-
crite aussitôt par le savant curé de cette commune, M. Tabbé
Boillcvaux^ dans son intéressant livre intitulé : Pèlerinage à
Saint -Léger-en-Perihots [ Chaumont, 4849), elle a été recueillie
par 11. Bénard, maire de Sermaise, à la mort duquel elle est
entrée dans ma collection.
Rapprochée de la monnaie d'Alise publiée par M. de Long-
périer, elle révèle l'existenre d'une série entièrement inconnue
jtiaquici de. monnaies de plomb autonomes gauloises éaûses
ioils la domination romaine.
A propos d'im plomb dont le type rappelle les imitations des
monnaies celtibériennes de Rboda, M. Duchalais disait il y a
qoiine ans ( Inscription des médailles gauloises de la Biblio-
ikèque royale^ p. 404. Paris, 4846, in-8*^): a C'est, avec une
c lAédaille aux types d'Apollon et du lion de Marseille dégé-
* nérés, trouvée, à Saint-Reverien en Bourgogne, par M. Char-
é leiify la seule pièce gauloise en plomb qui soit encore connue.»
• Je viens d apprendre sur les ruines même de Gorzùm que
Fibbé Pbulpin , l'inventeur de la Julia Titi d'or et de tant
ihnitrea pièces d'or cachées dans les cendres du Chàtelet, y
Évâit trouvé un plomb gaulois portant la légende NASI (Na-
siom }. L'abbé Pbulpin est mort , et Ton ignore ce qu'est de-
venu ce plomb.
Ainsi les trois pièces d'Alise publiées dans la lievue de 4861,
cdle actuellement au Cabinet des médailles de la Bibliothèque
1862. -> 2. 13
170 CHRONIQUE.
impériale, celle qui Tait Tobjel de cette lettre, la pièce do
Nasium et les deux monnaies signalées par M. Uuchalaîs, por-
teraient à huit le nombre des monnaies de plomb gauloises
connues jusqu'à ce jour \
Agréez, etc. Gustave d'Amécoirt.
Les journaux grecs nous apportent souvent des nouvelles de
Taccroissemcnt du Cabinet national des médailles à Athènes.
Au mois de novembre 4859, on avait trouvé près du village de
Zougra (l'ancienne Pallène), en Achaîe» un vase de bronze ren-
fermant des monnaies antiques d'argent^ du poids de 17 og-
ques i/4 (22^^80). Ce trésor^ acquis par la reine^ a été offert
généreusement à la collection nationale. Les monnaies conte-
nues dans le vase de bronze appartiennent aux pays suivants :
Thessalie (trioboles du iv* et du m* siècle avant J. C). 43
Épirc (diobole du ni' siècle] I
Étolie (^trioboles du m* siècle) 491
Locride (trioboles du iv' et du lu* siècle) 146
Réotie ( drachmes et trioboles du t«^ du i\* et du in* siècle). 8W
Ëgine (drachmes du v« et du iv* siècle) 14
Achaïe (trioboles du tv* siècle, tétroboles de la ligue
achéenne) 5689
Éiide (triobole du ui« siècle) I
Messénie (trioboles du ui* siècle). 3
Argolide (trioboles des vi% v», iv'et m* siècle) 4409
Arcadie (trioboles du iv* et du ni* siècle) 1185
Total 9471
* lodépendamracDt des monnaies gauloises de plomb indiquées ici pir
M d*Araécourt^ M. DevUIe eu a décric deux autres dans la Rfcue mnm'Miafifitr
do 1846, p. 165. Il faut d'ailleurs distinguer les pièces qui appartiennent an
t«mps de l'autonomie. J. W.
• CHRONIQUE. 171
* Les plus anciennes pièces de celle Irouvaille appartiennent
iHi ▼!• siècle avant notre ère: ce sont des trioboles d'Argos. Les
plus récentes sont les pièces de la ligue achéenne (^1-146 avant
J. C). Plusieurs do ces monnaies sont inédites, d'après ce que
dit M. Achille Postolacas.
Il paraît certain que ce trésor a dû être enfoui avant la prise
le Corinlhe par Muminius^ cVsl-à-dire UG ans avant l'ère chré-
tienne.
Pamii les antres dons faits à la collection nationale en 1861,
on remarque : une monnaie d'or d'Agathocle, roi de Sicile, un
triobole très-ancien de Larissa de Thessalie» ayant pour type
une sandale, type qui fait allufiion à Jason. Le héros avait perdu
une de ses sandales en traversant le fleuve Anauros. On re-
marque encore parmi les dons une pièce de cuivre de Melibœa
de Messénie, quatre d'^osthènes de la Mégaride , une do
Cyaneœ de Lycie. Deux de ces villes n'étaient pas encore repré-
sentées dans la numismatique. Quant à Cyanoie, on en connais-
sait déjà plusieurs pièces ^ Je citerai encore une darique d'ar-
gent^ un roi de laCharacène dont la légende n'est pas indiquée
dans le journal grec, etc. J. W.
Monnaies d'or romaines trouvées a Potirville, près de Dieppe
( Seine- Inférieure ).
Vers 1846, on trouva à Poin*ville, sous la falaise même où est
assis k corps de garde des douaniers , une centaine environ de
monnaies d'or au type des derniers Césars qui ont régné sur les
Gaules. Depuis quinze ans le galet avait recouvert les roches,
* Voyez an article de M. Koner (Pinder nnd Friedl&nder, Beitrage sur àl-
ttrm Mûikxku$»de, Berlin, 1851, p. 115) , qnî a décrit huit pièces de cette ville,
U plupart déjà signalées par Borrell, NumUmaUc f^hr-orUch, X. p. 83.
172 CBBOmQBE.
dans les fentes desquelles se recueiliaientleâ précieim» médailles.
En 1861 la rivière s'est de nouveau frayé un Ht au nofd-estdlB
la vallée, et la mer aidant^ les galets ont été balayés une seconde
fois. Le fond de roche est apparu^ et avec lui se sont présentées
de nouvelles pièces d'or. Dix viennent d'être recueillies dt^puis
quelques jours. Six d'entre elles ont été remises à M* l'abbé Cochet
qui en a fait l'acquisition pour le Musée départemental. Ces mon»
naies, à fleur de coin, sont des empereurs d'Orient et d'Occident.
Elles appartiennent à Valentinien V (375 ) , à Valens (378), à
Théodose (395), k Arcadius son fils (395-408), et à Honorius
(395 à 423). J. W.
Rectification ihjmisicatioub. Besançon et Riga. -— Dbos la DeS'
eription de* monnaies seigneuriales françaises camposani sa cot*
lection^ M. Poey d'Avant donne , sous le n* 4457, la descrip-
tion suivante : h€nlC:ARChl€PI; buste mitre de face* Beveru
-f MOn€TA:BISONTl€; croix archiépiscopale cantonnée d'os
lis. — Denier de billon, 18 gr., pi. XX, n* 7 , et il ajoute i
9 Je place cette pièce à la fin du monnayage des évèques de
Besançon, parce que, par sa fabrique, elle me paraît descendre
jusqu'au xiv* siècle. Du reste , cette monnaie offre un proMème
que, malgré tous mes efforts et mes recherches, je suis forcé de
laisser insotahle-. Aucun, archevêque de Besançon ne porte le
nom d'Henri ou tout autre nom auquel la légende puisse^ être
applicable. On en est venu . non pas à révoquer en doute Tao-
thenticité de cette pièce, qui est incontestable, mais à se de-
mander si elle appartient à Besançon, et s'il n'existe pas en
dehors de la France quelque autre archevêché qui porte le nom
de Bisontia. Cette coïncidence me parait peu probable. Au sur-
plus, la publication que je fais donnera sans doute ToccasiOQ
à quelque numisinatiste de fournir le mot de cette énigme* a
Lorsqu'en 1853 M. Poey d*Avant écrivait ces lignes, il y avait
CHR019IQUE. 175
mie ans que la solution cherchée par lui se trouvait donnée
laas le Zeitschrift fur Mûnz-Siegel-und Wappenkunde publié à
Min. Ce journal de numismatique contient en effet, à la
Mge 17 du tome H ( 1843), un mémoire de M. B. de Kœhne
mies monnaies des archevêques de Riga en Livonie, où se
Duvent décrites les espèces émises par Henning Scharfenberg,
DÎocscupa le siège épiscopal de 1424 à 1448, et la planche III
D*3>du même recueil nous montre la monnaie attribuée à
D ftPdievéque inconnu de Besançon » mais cette fois avec ses
«endes exactes, c'est-à-dire : h€nlG»:ARCh€PS — MOncTA.
ICCNSIS. D'autres variétés portent hCnlC», et, au lieu d'AR-
hCPS, ARCPVS et ARCUPVS. Du reste , au revers du buste
litre de face, on voit, comme dans le dessin publié par
I. Poey d'Avant, non pas une croix archiépiscopale, mais une
SHMBe croisée avec une croix , entre les hampes desquelles est
|to6 un lis renversé. Ce type, moins la fleur de lis, se voit aussi
nries deniers des archevêques Jean Habundi (1418-1424) et
MNbel Hildebrand (1484-1509), sur d'autres pièces encore,
Asppées par le chapitre pendant l'épiscopat d'Etienne de Grube
' **Ï9. 1483 ), et qui offrent les légendes MOnCTA €CCL€Sl€ —
^ CIVITATIS RIGEnS.
Une peut donc y avoir aucun doute, la pièce dessinée dans
'tivnge de M. Poey d'Avant porte clairement hCnIC*, et c'est
^MitÀ RIGCNSIS qui. lu BISOnTIC, a trompé ce numismatiste.
problème n'était donc pas insoluble , mais tout simplement
dié d'une manière incomplète.
tas le troisième volume des Monnaies féodales de France
parait neuf ans après la Description des monnaies seigneu-
$, M. Poey d'Avant donne de nouveau place à la monnaie
iga parmi celles de Besançon (p. 138). a C'est dans
» siècle, dit-il encore, qu'il faut rechercher ce nom (Henri),
style de la pièce que nous avons accnse cette époque, d
I vu par ce qui précède que la monnaie de Riga a été
î au xv* siècle. M. Poey d'Avant reconnaîtra donc qu'il
17A CI1R02VIQDE.
peut quelquefois se troniper sur Tâge des iiK>uunientft, et que,
lorsqu'il s*agii de ces nombreuses monnaies qu'il classe à l'aide
de la soûle observation du sljle, il est permis de n'être pas»
quoique à rrgret, toujours de son avis. Je consigne ici cette
rectification, non pas pour le vain plaisir de faire de la critique,
mais afm d*éviter aux antiquaires de la Francbe-Gomté la peine
de chercher une monnaie qui ne se rattache pas à leurs collec-
tions. A. L.
Méreaux des corporations de métiers.
Nos leclf urs n'ont pas oublié Tmiéressant article dans lequel
M. Eugène Hucber nous a fait connaître quelques méreaui de
plomb recueillis dans le lit de la Seine [Rev, num., 1858, p. 338).
Ces plombs sont extraits du sable^ avec une multitude de frag-
ments d'ustensiles et de petits objets de toute nature et de toute
matière, par des dragueurs qui curent le fleuve dans la traversée
de Paris , et principalement sur les points qui avoisinent I»-
Cité.
M. Arthur Forgeais^ habitant au quai des Orfèvres, et qui était
journellement témoin des triages que les ouvriers faisaient dans
le sable» a euTheureuse idée de former une collection des dé-
pouilles de la Seine; nous l'avons vu pendant plus de dix an»
réunir un à un les éléments qui la composent.
Les méreaux constituent une des sections les plus intéres*
santés, et M. le ministre d'État en' a fait dernièrement l'acquiâ-
tion pour le musée de l'hôtel de Cluny où, comme on sait, ma-
lient se grouper les monuments de l'histoire parisienne. Le
ministre , avant de prendre cette détermination , avait consuM
les hommes les plus expérimentés, parmi lesquels il nous suffira
de citer MM. de Saulcy, le marquis de La Grange et DepauliB*
La collection des plombs recueillis dans la Seine a d'ailleurs été,
GHBONIQUE. 175
«ndant plusieurs années, livrée à l'examen d'un grand nombre
B numismatistes habiles qui, comme M. Hucher, en ont ap-
récîé tout le mérite. M. Arthur Forgeais ne s'est pas borné à
kiiûr une série de méreaux qui , sous le rapport de la nou-
latité et de l'authenticité, ne laissent rien à désirer , il a voulu
»ii8 montrer tout Tintérôt qu'ils offrent pour Thistoirede Paris,
dans une publication récente ^ il décrit quatre vingt-dix-
it plombs émis par les corporations de métiers, dont voici la
Apothicaires, Balanciers» Boulangers, Bourreliers^ Boursiers,
odeurs-Chasubliers, Brasseurs , Ceinturonniers^ Chandeliers,
npeliers^ Charpentiers, Chaussetiers, Cordonniers, Corroiers,
«ileliers, Êpingliers^ Étuvistes, Fruitiers, marchands de Gi-
» Tendeurs de Grains, Hôteliers, Imprimeurs-libraires, Jai"-
B, Lantemiers, Libraires, Maçons-tailleurs de pierres. Ma-
Erhaux ferrants, Menuisiers, Merciers, Pàtissiers-oublieurs,
ttissiers-gaufriers, Paulmiers, Plombiers-couvreurs, marchands
Poissons de mer, marchands de Poissons d'eau douce, Po-
*» d'étain, Rôtisseurs, Selliers, Serruriers, Tailleurs de robes,
^pittiers. Teinturiers de draps, Tondeurs de draps, Tonne-
■*, Traiteurs, Vergettiers, Vignerons, marchands de Vin.
■toe les figures des saints patrons, ces méreaux nous montrent
* insignes qui distinguent chaque métier, leurs œuvres ou
■Un outils, et il y a là de curieux documents pour Tétude de
ytre histoire familière.
Oq sait que les ponts de Paris ont été pendant plusieurs siè-
te chargés de maisons et de boutiques; ce ne fut qu'en 1786
P*uii édit ordonna la démolition do toutes ces constructions
(tttsites, qui fut commencée en 1788. En ce qui concerne le
pont Saint-Michel, l'édit ne reçut son exécution qu'en 1808;
nous avons vu il y a quelques années disparaître les bou-
' CôUtetùtn de plombs historiés trouvés dans la Seine. Première partie. Méreaux
^ Corporations de métiers. Paris, 1862, iii-B**.
17^ cmiONiQuc.
tiques régulièremeiH espacées sur les deux c6lés du Pool-
Neuf.
Mais avant ces opérations oHicielles et volontaires « tes ponts
de Paris avaient été bien souvent emportés par les crues d'eto,
par les glaces, détruits par les incendies, et la chute de tant de
maisons, de tant de boutiques qu'ils soutenaient, explique par-
faitement comment on trouve dans le lit de la Seine, particu-
lièrement aux abords des ponts Notre-Dame, Saint-Michel, du
Petit-Pont, du Pont-au-Change , une si grande quantité de
fragments d'objets de niénage et d'outils de toute sorte mêlés
aux méreaux des marchands et artisans.
M. Forgeais ne s'est pas borné à nous donner dans sa publi-
cation la description de ces méreaux de plomb, il y ajoute de
nombreux détails sur les métiers, leurs statuts, leur (Hf;anisa-
tion, leur cnronologie, et son ouvrage sera certainement étudié
avec fruit par tous ceux qui voudront désormais s'occuper de
l'histoire de Paris.
11 y a plus de vingt ans, notre collaborateur, fà. Louis Des-
champs de Pas, dont la plume habile rend avec tant de finesse
et de vérité tous les détails des monnaies du moyen Age, avait
réuni les dessins d'une curieuse série de méreaux de plomb
recueillis sur l'emplacement de la ville de Térouanne (Pas-de-
Calais), qui fut, comme chacun se le rappelle , incendiée et
rasée par Charles-Quint en 1553. Les ruines de cette maibao-
reuse cité ont aussi , et non moins fidèlement que les sables de
la Seine , protégé les fragiles symboles de l'activité du vieux
temps. A. L
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
LETTRES A M. A. DE LONGPÉRIER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
(PI. VI.)
Onzième article. — Voir plus hant, p. 89.
XV.
Monnaies des Lixovxaies.
Mon cher Adrien ,
ï^^uis que je m'occupe sérieusement de débrouiller le
-^Miosdes monnaies de nos ancêtres les bons Gaulois, j'ai
^^^'ïibre de fois été invité à me presser, à entamer la publi-
''^tion que je prépare laborieusement, à dire enfin le rfer-
^««r fnot sur cette numismatique naguère si obscure. Le
^tiîer mot! nous en sommes loin; et je ne me suis que
"^P hâté de donner comme positifs des faits qui n*ét*'iient
^^ probables encore. Tu vas en juger par les modifications
^*U me faut apporter déjà aux opinions que j'émettais, il
1062.-3. J3
1 78 MÉMOIRES
y a quelques mois à peine, sur les monnaies des Lexoviens.
De nouvelles pièces sont tombées entre mes mains, qui
viennent, non pas renverser Tédifice que j'avais construit,
mais y percer quelques fenêtres qui permettent de voir
un peu plus clair à l'intérieur. Et ne va pas croire, je t'en
prie, que j'aie cette fois la prétention de dire ce dernier mot
qu'on me demande si souvent. 11 n'en est rien , vraiment.
J*ai l'espoir d éclairer un peu mieux la question, voilà tout.
Reprenons la liste des monnaies lexoviennes connues au
moment où je t'adressais ma XIII* lettre, et nous la dis-
cuterons ensuite. Je transcris textuellement.
u 1* La pièce qui ouvre évidemment la série est celle
u que La Saussayo a attribuée à Viridovix , probablement
« avec raison.
« 2'' Celle qui vient immédiatement après est la pièce
u aux mêmes types, mais avec le nom CISIAMBOS.
u 3* La troisième est la monnaie à la légende CISIAMBOS
« CATTOS VERGOBRETO.
« à"" La quatrième place revient de droit au Cisiambos
M avec effigie, surfrappé sur la pièce précédente.
ft ô"" J'attribue le cinquième rang au Cisiambos avec eflBgie
(( portant le nom d'Arcantodan.
(( C" Enfui le sixième rang appartient à la monnaie de
« Maufennius, qui est d'une fabrique plus défectueuse que
u celle avec le nom d'Arcantodan. »
Depuis la rédaction de cette liste, j'ai fait une course
à Rouen pour y étudier la suite gauloise du musée, et j'y
ai trouvé une pièce en très-mauvais état malheureusement,
mais qui me parait l'analogue de la pièce classée par La
Saussaye à Viridovix.
Un peu plus tard j'ai été i\ Chartres, où j'ai trouvé entre
les mains de M. de Saint- Laumer un magnifique semis des
ET DISSERTATIONS. 179
Lexovîens aux types du Cisiambos, Cattos Vergobreto,
mais avec la légende ARCANTODAN. MA... .« dans laquelle
je retrouve les noms de Maufennius et d'Arcantodan.
Enfin je viens d'aller visiter les importantes fouilles de
Berthouville, entreprises par mon ami M. Le Métayer Mas-
selin, et j'en ai rapporté de belles pièces gauloises trou-
vées, les unes tout récemment (septembre 1861) , les autres
il y a une trentaine d'années, c'est-à-dire antérieurement à
la découverte du fameux trésor qui fait aujourd'hui le plus
bel ornement des vitrines du Cabinet des médailles. Ces
dernières m'ont été offertes avec une grâce et une géné-
rosité parfaites par M. le docteur Bardet, de Bernay. Parmi
les pièces provenant des fouilles de Berthouville , il y a plu-
sieurs beaux semis de CISIAMBOS. CATTOS VERGOBRETO,
et, ce qui vaut mieux encore, deux exemplaires de la rare
pièce de La Saussaye, en très-bon état de conservation, et
qui viennent rectifier sa lecture.
Muni de pareils documents, je ne pouvais me dispenser
de revenir sur la numismatique lexovienne, et c'est le ré-
snltat de ce travail complémentaire que je m'empresse de
te communiquer.
Reprenons donc une à une les pièces formant la série
dont ma lettre XIII contenait le catalogue, et étudions-les
k nouveau, en notant qu'elles sont toutes de cuivre.
N- 1
Il faut malheureusement renoncer à l'attribution à Viri-
dovîx de cette belle et rare monnaie. Voici la description
que je crois aujourd'hui définitive.
Tète d'Apollon à droite ; devant le visage, LIXOVIATIS.
A. LIXOVIATIS. Cheval à gorge fourchue galopant à
180 MÉMOIRES
droite; derrière lui, un arbre déraciné (et non une flèche);
à droite et à gauche de l'arbre, un globule dans le champ \
sous le ventre dn cheval, une rouelle à huit rayons. (PI. VI,
n*8.)
La pièce de La Saussaye (pi. VI, n"" 8 615), aujourd'hui
qu*un autre bon exemplaire est venu la compléter, se lit i
merveille dans toutes les parties des légendes reçues par le
Qan. Il n'y a plus le nom de VIRIDOVIX, mais bien l'ethni-
que LIXOVIATIS, auquel nous ne nous attendions guère, et
qu'il nous faut pourtant bien adopter pour l'avenir. La
peuplade que les Romains ont appelée les Lixovii ou
Lexovii, se donnait à elle-même le nom de Lixoviaies^ nom
de même formation que ceux des Sotiates, des Éiusates,
des Namasates, des Atrébates, des Sibutzates, des Tani-
sates, etc. , etc.
N« 2.
La pièce à la légende GISIAMBOS, et que je croyais aux
mêmes types que la précédente, a été décrassée au revers
avec le plus grand soin par moi , et j'ai été tout étonné de
trouver un véritable lion, là où j'avais cru voir un cheval à
gorge fourchue C'est donc derrière un lion que parait cette
fois l'arbre déraciné accosté de deux globules. Sous le
ventre du lion on ne voit qu'une rouelle beaucoup plus
petite, et dans le champ, derrière le lion, on aperçoit
trois globules disposés en triangle , comme au revers deî*
pièces à l'aigle de PIXTILOS. ( PI. VI, n» 7. )
N« 8.
Rien de nouveau à dire sur les pièces à la légende
CISIAMROS. GATTOS VERGOBRETO, dont les types sont
ET DISSERTATIONS* 181
saffisamment bien connus* Quant aux légendes étu-
diées en détail, elles m'ont fourni la variante PVPLICOS,
de Fadjectif accolé au terme SIMISSOS. L'ethnique, sur
cette variante, semble présenter constamment la fornio
UXOVIO. Mais si l'on y regarde de près , on est forcé de
conserver des doutes sur cette lecture , et peut-être faut-il
voir LEXOVIO. (PI. VI, n° 2 )
Sur certains exemplaires, en effet, le premier I est éloi-
gné de rx qui le suit, et entre ces deux lettres on distingue
deux petits points qui, rattachés au corps de l'I, en feraient
certainement un E.
N" h.
La première pièce surfrappée qui porte ce numéro
d*ordre dans ma liste de la XIII* lettre, est semblable à celle
que possèdent le Cabinet impérial et La Saussayc, et (pic
j*2d publiée en 1837 (Aev. ntim., p. 12etsuiv.). Derrière
la nuque de Cisiambos parait en miniature l'emblème cru^
cîforme des pièces de la variété n* 8. Sur la joue de relTigic
paraissent encore les traces du type cruciforme. Au revers,
retbmque est écrit cette fois LEXOVIO , et l'on distingue
parfaitement les deux aigles superposés des deux types
dont le même flan a été successivement empreint. Enfin
l'ordre des mots de la légende est interverti , et elle porlc
en réalité PVBLIGA SEMISSOS LEXOVIO. ( PI. VI, n» 5. )
.V 5.
Cette monnaie de Cisiambos avec eflîgie porte au revers
l'aigle et la légende ARCANTODAN ; les deux lettres qui
suivent ce nom sont certainement MA.... Je n'en saurais
182 MÉMOIRES
douter aujourd'hui , et ces deux lettres sont le couiuieDCc-
ment du nom MAVFENNIVS. (PL VI, n* à.)
N*» 6.
La monnaie à la légende MAVFEiNN...., trouvée il y a
quelques années dans la Seine, à Paris, n'était qu* en partie
lisible, àcausedesa mauvaise fabrication. Aujourd'hui que
j'en possède un magnifique exemplaire, trouvé à Ver-lès-
Chartres, grâce à l'amitié généreuse de M. de Saint-Laumer,
je suis en mesure de décrire beaucoup mieux cette pré-
cieuse monnaie. Au droit on lit autour de l'aigle éployé :
ARGA.NTODA.MAVFENN. Mais à cette légende il manque
encore deux lettres au plus. Au revers, offrant le type cru-
ciforme des pièces de Cisiambos avec le nom du vergobrct
Cattos, on lit très-nettement : ...SSOS.PVPLIGOS (nr).
LIXO (PI. VI, n"l etl bis.)
De quelque manière que l'on classe ces différentes mou-
naies entre elles, il est certain aujourd'hui que les pièces
à la légende CISIAMBOS. CATTOS VERGOBRETO doivent
être immédiatement voisines, soit d'un côté, soit de l'autre,
des pièces au même type et à la légende ARGANTODA.
MAVFENN.
Résumons maintenant et cherchons une distribution ra-
tionnelle des curieuses monnaies des Lixoviates ou Lexo-
viates. (Je n'hésite pas à reprendre cette dénomination
que la peuplade en question s'appliquait à elle-même. )
Commençons par déterminer la position chronologique
relative des deux pièces semblables de types, et qui doivent
être l'élément autour duquel tous les autres se distribue-
ront, suivant la loi ordinaire de la succession des type».
Supposons d'abord le Cisiambos^ CaUos Vtrgobrelo plus
ET DISSERTATIONS. 18S
cien que i'Àrcanloda. Uaufenn...^ et voyons s'il y a pos-
>aîté de coordonner avec ce point de départ toutes les
très pièces des Lixoviates.
Nous aurions ainsi la distribution forcée suivante :
1. Cisiambos.Cattos Vergobreto;
2. Arcantoda . Maufenn ;
if Pièce de Cisiambos à effigie, surfrappée sur Tune quel-
ique des deux précédentes ;
I. Pièce à effigie de Cisiambos, avec la légende ARGAN-
DAN MA au revers.
liosi, le nom de Cisiambos disparaîtrait pour reparaître
"es la disparition du nom Maufenn , qui reparaîtrait à
I tour, après une éclipse de quelque temps.
Si puis le Cisiambos à effigie que je supposais le plus
îien , à cause de l'attribution aujourd'hui abandonnée
ne pièce lixovienne à Viridovix , reviendrait encore une
( après le Maufennius. Car, maintenant que la seule
ion qui me forçait à attribuer à ce Cisiambos une ancien-
& relative plus considérable n'existe plus, je n'ai pas le
indre scrupule i rapprocher cette pièce et comme style,
omme taille, et comme fabrique, des belles monnaies de
Lilos, qui assurément sont postérieures aux campagnes
César. De plus, les pièces à la légende LIXOVIATIS se
iveot nécessairement, et par la même raison de ressem-
ice frappante, rejetées à la fin de la série monétaire
nous occupe.
décidément, cette première distribution n'est pas pos-
e, et elle doit être abandonnée. Passant à l'autre hypo-
le et admettant que Maufennius ait précédé Cisiambos;
m résulte-t-il ? Nous avons la série suivante :
. Maufennius. Arcantodan ;
. Cisiambos. Cattos Vergobreto ;
18A MÉMOIRES
3. Gisiambos. k. Arcantoda. Ma.,... à effile;
A. Gisiambos à effigie;
5. Gisiambos à effigie, au lion et à Tarbre déraciné ;
6. Lixoviatis.
Essayons maintenant de justifier cette distribution.
D'abord, les pièces de Maufennius et de Gisiambos à
Taigle me paraissent avoir été fabriquées et émises dans
un laps de temps fort court.
Maufennius adopte le type de Taigle, type essentielle-
ment carnute, et qui se retrouve sur les belles monnaies de
PijiLtilos. A son nom il accole celui d'Arcantodan. Si cet
Arcantodan est , comme je Tai déjà supposé » le Gamute
Conctodun des Commentaires^ le premier chef de la grande
insurrection gauloise qui eut Ueu dans l'biver qui commença
la huitième année des campagnes de Gésar (62 avant J. G.)f
Maufennius, chef des Lixoviates, reconnut la suprématie de
cet homme déterminé, de ce patriote énergique qui acceptait
et prenait pour lui le rôle dangereux de boute-feu, rôle que
tous les autres chefs de peuplade déclinaient prudemment
Maufennius fut donc chef des Lâxoviates dans l'hiver de 53 à
52 avant Jésus-Christ, et il reconnut la suprématie d' Arcan-
todan, aux troupes duquel se réunit très-probablement un
contingent de Lâxoviates et d'Aulerkes Éburovikes : cela
est si vrai que deux ou trois mois plus tard Gésar» après
avoir vengé sur les Gamutes le sac de Genabum, après
avoir pris Avaricum et massacré sa population, envoya
Libienus avec quatre légions chez les Sénoos et tes Pari-
siens, lorsqu'il se dirigeait lui-même versl'Arvemie avecle
reste de son armée. 11 lui fallait donc contenu* les peuplades
de cette région des Gaules , et leur opposer un corps d'ar-
mée, énorme pour le temps, de quatre légions. Aussi voyoM-
nous à l'attaque de Labieuus contre les Parisiens, les Au-
£T DISSERTATIONS. 185
SOUS la conduite de Camulogène, former le noyau
lée gauloise. Or les Lixoviates et les Âulerkes, dont
toires se touchent et qui d'ailleurs avaient agi exac-
de même en massacrant leur sénat, qui ne voulait
tmer la guerre avec les Romains, lors de la levée de
% de Viridovix ( lib. III, c. 17 ) , devaient être, cette
ore, animés de sentiments identiques et courir les
chances. Je suis donc bien tenté aujourd'hui de
08 les Lixoviates des adversaires acharnés des
s. Maufennius, qui a frappé des monnaies dans les
B mois de l'an 62, dispai*atc tout à coup, tué sans
iDS un combat, et Cisiambos prend sa place. Après
'Avaricum, César va à Decetia juger le différend qui
^ entre les deux vergobrets « rivaux des Éduens,
; Gonvictolitanes. César dépose Cotus, et le nouveau
i Lixoviates, qui a reconnu Cotus pour vergobret
, mûntient le nom et le titre de ce personnage sur
ûères monnaies qu'il fait frapper à son propre nom,
tatant ainsi la suprématie des Éduens sur toute la
1 , et en protestant du même coup contre Tinter-
romaine.
M le nom du vergobret Cattus disparaît de la mon-
lixoviates, et Cisiambos frappe des monnaies à
;îe. Plus de traces alors de la suprématie éduenne.
08 émet d'abord une pièce au revers de laquelle
rouvons les noms d'Arcantodan et de Maufennius^
» doute en souvenir de deux héros de la liberté ,
lise le coin de revers des monnaies émises par son
iseur, qui fut peut-être son père. Puis, immédiate-
rës, ce même Cisiambos fait surfrapper ses propres
18 portant le nom du vergobret Cattos, en reprenant
de PVBLICOS SEMISSOS LEXOVIO, qui ne diffère
186 MÉMOIBES
que par l'arraDgemeot des mots de la légende SIMISSOS
PVBLICOS LIXOVIO des pièces portant le nom du vergobret
Cattos.
Un peu plus tard , les Lixiovates et les Aulerkes ren-
trèrent probablement en grâce et firent leur soumission.
Nous savons par le livre VIII des Commentaires que les
Carnutes furent battus à plate couture par les Jtomains,
cbassés de leur territoire et dispersés dans les cités voi-
sines. Pixtilos, chef des Aulerkes, fut évidemment investi
alors d'une grande autorité par les Romains , cela résulte
de l'abondance et de l'élégance de ses monnaies. Cisiambos
resta probablement chef des Lixoviates, sous la suprématie
de Pixtilos, et ce fut alors qu'il frappa sa monnûe nomi-
nale si semblable aux monnaies de Pixtilos. Quant aux
pièces sans nom de chef des Lixoviates , peut-être faut-il
n'y voir que des monnaies émises par cette peuplade aus-
sitôt après la disparition de Cisiambos, et constatant une
apparence d'autonomie sous l'autorité de Pixtilos.
Voilà , mon cher Adrien , la seule classification et la
seule explication possible , à mon avis , de l'ensemble des
monnaies des Lixoviates. Je ne me dissimule pas tout ce
qu'il y a d'incertain dans cette explication ; mais j'en ai
vainement cherché une antre , je ne dis pas une meilleure,
et je n'ai absolument rien pu trouver.
Il me resterait un véritable regret en pensant que j'ai
dépossédé Viridovix de la seule monnaie qui lui avait été
jusqu'ici attribuée , si je n'avais à t' annoncer, en finissant
cette lettre, la découverte d'une charmante monnaie, bien
authentique cette fois, de l'illustre chef des Unelles.
Cette monnaie , qui a été trouvée à Poitiers , m'a été gé-
néreusement cédée par son possesseur, M. Pinchaud, au-
quel je suis heureux de témoigner publiquement ici ma
ET DISSERTATIONS. 187
recooDalssance. J'avais déjà un exemplaire fruste de cette
monnaie, provenant du cabinet de feu M. Mioche, de Cler-
mont, et toutes deux dormaient depuis quelques mois
dans le tiroir des indéterminées, lorsqu'à force de tourner
etde retourner ce joli petit monument, j'en ai tout à coup
eotrevu la lecture.
Voici la description de cette monnaie :
Tête casquée à droite ; devant, la légende Vlbo.RE, que
je lisVRIDO(t?ij;) RE(x).
j^. Lion courant adroite; au-dessus, un astre. Petit
bronze de fabrique excellente et tout à fait analogue à celle
Io3 pièces de CONTOVTOS, LVCIOS, etc. (PI. I, n^ 11. )
SSi je ne me trompe pas, et je ne crois pas me tromper,
*^^t-41 pas curieux de voir se vérifier si bien et si promp-
-«^aent ce que je te disais dans ma XIll* lettre, et ce que
^ te demande la permission de te rappeler ?
« Si Adietuanus a frappé des monnaies en Aquitaine avec
^^ titre de ReXj nous sommes tout naturellement amenés à
^^^«nclure que Viridovix , dont l'autorité dans TArniorique
^^A caractérisée par les mêmes expressions de César, et
^^^la dans le récit des campagnes de la même année, a pu
^^ dû émettre des monnaies à son nom , et portant peut-
^^6 aussi le titre de Rex. Qui sait si l'avenir ne nous ré~
^lerve pas la découverte de ces précieuses monnaies? Celle
^ue La Saussaye a publiée le premier, et qui lui semblait
* jH>rter le nom de ViridovLx, ouvre, ainsi que je te l'ai dit
* plus haut , la série des monnaies lexoviennes. Son attri-
* bution à Viridovix est-elle indubitable ? Je n'oserais Taf-
*ûrmer, en présence d'une légende incomplète, bien que
* je sois tout porté à l'admettre, etc. »
Je suis charmé, mon cher Adrien, d'avoir été assez heu-
188 uÉMOinES
reux pour répondre aussi promptemeDt aux deux questions
que je me posais en ces termes.
Tout à toi.
Paru, 30 septembre 1861.
Notes additionnelles,
I.
23 octobre 1861.
Je viens de recevoir de mon ami Le Métayer une nouvelle
pièce avec le nom du vergobret Cattos , trouvée encore
au Villeret de Berthouville, dans les ruines du monument
qu'il explore , et que je n'hésite pas à déclarer Tun des
plus curieux que j'aie jamais vus, parmi les édifices gallo-
romains qu'il m'a été donné de visiter. Cette pièce est une
variété toute nouvelle ; mais malheureusement sa conserva-
tion laisse beaucoup à désirer. Voici en quoi elle diffère de
tous les autres semis de la même espèce : la croix, formée de
quatre pétales placées autour d'un globule central, est bien
encore le type principal ; mais du globule central partent
cette fois quatre étamines terminées par un petit globule,
et recoupant par le milieu chacun des angles formés par
deux pétales consécutives; en d'autres termes, le type de
cette variété représente très-convenablement une fleur
épanouie à quatre pétales, entre lesquelles paraissent quatre
étamines dont le globule central forme le réceptacle.
Il est probable que cette variété est postérieure à l'autre
pièce sur laquelle se lisent les mêmes légendes , précisé*
meut à cause de la complication plus grande du type
principal. (PL VI, N» 3.)
La curieuse pièce que je viens de décrire était accom-
pagnée d'un nouvel exemplaire, provenant des niêniw
ET DISSERTATIONS. 189
fouilles, de la pièce h la légende LIXOVIATIS. Cette fois la
légende du revers ne permet plus de conserver le moindre
doute sur sa teneur, car elle montre très-nettement LIXO. . . .
J'ai donc deviné juste en répudiant la leçon VIRIDOVIX.
II.
12 décembre lBf>l.
Encore une bonne nouvelle, mon cher Adrien îles
fouilles de Berthouville continuent à être fnictueusos , et il
y a quelques jours on y trouvait une belle pièce de Cisiain-
bos, tout à fait analogue à celle que j'ai décrite plus haut,
et qui offre au revers le type de l'arbre déraciné et du
lion : mon ami Le Métayer vient de me l'adresser. La
tète, cette fois , n'a plus du tout la physionomie de la tète
d'Apollon placée sur les monnaies de Pixtilos à l'aigle. Le
revers est bien semblable à celui de la pièce déjà connue ;
mais au lieu d'une rouelle à quatre rayons, c'est une
étoile fort nette qui se voit sous le lion , à gauche du tronc
d'arbre ; et c'est, je crois, une autre étoile qui remplace le
triangle formé de trois points placés derrière l'animal.
(PL VI, n- 6.)
En résumé, c'est une très curieuse nouveauté à ajouter
à la suite déjà si importante des monnaies émises par les
Llxoviatcs.
F. DE Saulcy.
1 90 Mf:MOIRRS
MÉDAILLES INÉDITES
FRAPPÉES PAR DÉMÉTRIUS I" SOTER AVEC LES NOM&
DE DEUX VILLES DE SYRIE.
Les médailles que nous publions aujourd'hui sont peut-
èlre destinées (Tune d'elles surtout) à ajouter de nouvelles
pages à r histoire et à la géographie anciennes. Malheureu-
sement le nom de ville qui se trouve inscrit sur la pre-
mière ne figure dans les ouvrages d'aucun historien.
Voici cette pièce avec les variantes des deux seuls
exemplaires connus : la première se trouve dans nos
cartons ; la seconde faisait autrefois partie de la col-
lection Stokes; elle est maintenant au Musée Britan-
nique , et nous en devons une empreinte à TobligeaDce
de M. le comte de Salis. La seule variante remarquable
qu'elle offre , c'est que des omicron parfaitement formés
remplacent les points figurés sur notre exemplaire.
Tête diadémée de Démétrius I" à droite.
lî. *IAir BA2IAEi22 AHMHTPIOr iiîTHPO^ AEP
ET DISSERTATIONS. 191
(an 161 de Tère des Séleucides, 151 avant J.-C. ).
:>D assis sur l'omphalos , tenant une flèche de la main
i, la gauche appuyée sur son arc. Drachme.
' la pièce du Musée Britannique, aussi bien que
i nôtre, TY du surnom 0EOY manque , quoique le
ur ait eu à sa disposition un champ sufiisant pour
• ce caractère. Or on remarquera que les deux
mes sont de coins difTérents.
prime abord nous avions pensé que le mot 4>1A1P se
»rtait à Philippopolis de Trachonitide, située près de la
ère d'Arabie , dont il est fait mention dans les actes
incile de Chalc^doine; mais plusieurs auteurs anciens
l'accord pour nous apprendre que cette ville doit son
à l'empereur Philippe (2ii-2i9)\ qui l'a fait
mire quatre siècles après Fépoque à laquelle notre
me a été fabriquée. D'ailleurs cette médaille nous pa-
le style syrien , observation secondaire toutefois ,
ne la plus grande partie des monnaies émises au
les Séleucides reste encore sans attribution aux villes
omprenait le vaste empire de ces princes.
iqœr exactement la contrée où était située la ville
DOS occupe est chose à peu près impossible dans l'état
I de la science. Découvrir même quel fut le parrain
tte localité, c'est encore un problème dont la solution
: peu facile.
ne peut admettre que cette ville ait été ainsi nommée
bnoire de Philippe II , roi de Macédoine. Ce héros ne
a jamais ses conquêtes jusqu'en ces lointaines con-
iâre,é(]. de Paria, 1686, p. 625.— Cedrenus, éd. de Paris, 1647, p. 257.
éWuB Victor, éd. d'Amsterdam , 1733 , p. 390. — Voir, au snjet de
«polit et des médailles qni y ont été frappées, le savant écrit do TOchon
cy intitnlé : Mémoire sur la médailUi de Marinus , Paris, 1817.
102 MÉMOIRES
trées. Dans la supposition que son (ils, le grand Alexandre,
eût voulu plus tard immortaliser le souvenir de son père,
il eût consacré ce fait par des monuments durables, et ses
médailles assurément auraient conservé le monogramme
de cette localité. Les écrivains de son temps et œux du
siècle suivant n^auraient pas oublié de mentionner un fait
aussi remarquable. Quant à ses successeurs Philippe 111 et
IV, il serait peu rationnel d'admettre que ces princes éphé-
mères aient eu la moindre autorité dans ces parages. Gett^
élimination faite, reste seulement Philippe V, roi du même-
pays.
Il est encore peu vraisemblable que ce souverain ait piK
donner son nom à Tune des villes de Syrie, Thistoire d»
moins ne mentionne pas même la moindre tentative de^
conquête en ce royaume. Dans l'hypothèse où il y eût
songé, la réputation de valeur de son collègue , Antiochus
le Grand , eût suffi pour mettre un frein à ses projets am-
bitieux ; mais loin de là, un accc^-d parfait sembla toujours
régner entre les deux souverains. Comme preuve citons
leur ligue contre Ptolémée Épiphane, roi d*Égypte, dont
ils se partagèrent les États (en Tan 202 avant Jésus-
Christ),
Maintenant un dernier Philippe nous reste à examiner,
et , par anticipation , disons que seul il nous parait avoir
tous les droits possibles à revendiquer une ville portant
son nom en Syrie.
Ce Philippe était frère de lait et ami intime d* Antio-
chus IV Épiphane; ce dernier* en mourant lui légua la
tutelle de son jeune fils Antiochus V Eupator, et le chargea
temporairement du gouvernement de son royaume. Il lui
» Machab,, lib. II, cRp. VI, 11 ; cap. VIII, 8; cap. IX, 29.
ET DISSERTATIONS. 198
donna la plus grande marque d'estime en lui confiant la
robe royale, son diadème et tous les ornements indices de
la souveraineté pour les porter à son successeur, âgé de
neuf ans^ Mais le jeune Ântiochus ne voulut tenir aucun
compte des dernières volontés de son père ; il abandonna
Philippe pour l'envoyé des Romains, le fameux Lysias.
Dès Tannée suivante , Philippe revint de la Perse à la tête
d'une forte armée pour détrôner le fils de son ancien ami,
qui, par sa conduite, s'était rendu odieux à ses sujets. En
Tan 162 avant Jésus-Christ, il s'était rendu maître de la
ville d'Antioche, capitale des États du jeune prince ', et
l'armée et le peuple l'avaient salué du titre de roi. Le pou-
voir de Philippe n'eut qu'une courte durée; Lysias, accouru
en toute hâte, le vainquit dans cette même capitale '.
A l'aide des faits qui précèdent, on i)eut entrevoir que
Philippe eut une assez grande célébrité pour donner son
nom à l'une des villes d'un pays dont il fut le souverain.
On doit aussi comprendre que son nom ne dut subsister
que seulement pendant le règne de Démétrius I", qui s'é-
chappa si miraculeusement des prisons romaines pour re-
vendiquer ses droits à la couronne *, et qui y réussit pro-
« Joaèphe, Gturre des Juifs, lib. XII, cap. XIV.
< Machab., cap. XIII, 23.
» Jotèphe, Guerre des Juifs, lib. XII, cap. XV.
^ En Tan 123 do Tère des Sélcucidcs, Autiocbus le Grand tenta une nouvelle
^erre contre les Romains. Il fut battu on Thracc, en Troade et dans la partie
de TAsie en sa possession ; il fut forcé d'accepter la paix aux conditions les plus
dures, entre autres celle de livrer en otage vingt des notables de son royaume
et Antiochusy son second Iil8,plus tard Antiochus IV. A quelque temps de là,
Séleucus IV, son fils aîné , offrait aux Romains d'accepter en échange de son
frère son propre fils, le jeune Démétrius. Cette proposition fut acceptée, et
Antioehos obtint immédiatement la liberté. Ce dernier en arrivant & Athènes
apprit la mort da roi, et, oubliant à quel prix il venait de recouvrer cette li
5çrté si chère, il sVmpara des rdnes du gouvernement, et non content de jouir
1862.— 3. Il
iOi MÉMOIRES
bablement à cause des troubles causés par la révolte de
Philippe contre Antiocbus et Lysias. Mais ce nom dut
disparaître dès le règne d'Alexandre Bala; le souvenir de
l'homme qui avait aidé à renverser son prétendu frère de-
vait lui être des plus odieux : de là l'oubli complet de ce
nom de \ille dans les historiens de l'antiquité.
Si Philippe avait encore vécu sous le règne de Démétrius,
on pourrait ne voir qu'un nom d'homme dans le mot 91AIP
placé en dehors de la légende ordinaire; msds, comme le
premier était mort avant le retour du second dans ses
États, il n'est pas vraisemblable que Démétrius ait inscrit
ce nom par un motif de reconnaissance , et on ne trouve
pas dans l'histoire contemporaine la moindre trace d'un
autre personnage portant ce même nom ; ce n'est que beau-
coup plus tard que l'on vit apparaître un autre Philippe ,
qui fut également roi de Syrie à la même époque que Dé-
métrius III, et il est impossible de reporter notre médaille
jusqu'à l'époque de ce dernier souverain. D'abord la tète est
imberbe et identique à celle des divers métaux et modules
de Démétrius I", et d'une fabrique bien supérieure à celle de
Tépoquede Démétrius III ; ensuite la date AEP (161) consti-
tue une preuve irrécusable, évidente, de la justesse de notre
attribution, du moins quant à l'époque d'émission.
Si Démétrius avait voulu immortaliser le nom de Phi-
lippe en le faisant graver sur sa monnaie, il l'eût inscrit
dès la première année de son règne, et non sur les mé-
dailles de la dixième année. Une autre raison nous fait en-
core persister pour un nom de lieu, c'est que le monnayage
des rois de Syrie de cette époque se faisait dans différentes
pendant onze années d'une libcrt*^ ainsi nsnrpée, il la léfnia à Mm flif, tt
laissa Démétrius oublié dans les prisons romanes, et ce deniieT j i
semblablcment mort s'il n'avait réassi à 8*enftiîr.
ET OISSERTATIOiNS. 195
es à la fois , et que les médailles des divers souverains
isacrent ce fait. On nous objectera peut-être qu'il n'est
I moins aussi extraordinaire de rencontrer tardivement
nom de cette localité; rien de plus simple néanmoins,
lippi ou Philippopolis pouvait n'être qu'une ville secou-
re à l'époque où elle prit ce nom, et n'avoir acquis une
taine importance qu'après dix années d'un règne pros*
B. Tfnn autre côté, il n'est pas impossible que Démétrius
at frappé monnaie pendant tout le cours de son règne,
i ne sait que la terre renferme encore en son sein des
kmaies émises pendant des périodes entières ; et que
iqoe jour elle nous restitue des merveilles dont personne
vait pu supposer l'existence? Que de noms d'bommes et
localités seraient à jamais inconnus sans la numisma-
[ie« témoin la médaille qui nous occupe !
hiânt à la seconde monnaie qui nous a été apportée de
lie, mêlée à un grand nombre de drachmes parthes et
Banides, nous pensons qu'elle appartient à la ville de
unis» et son classement ne nous parait pas offrir de
icoltés. En voici la description :
lème tête diadêmée.
}. KA BA2IAE(Î2 AHMHTPIOT liîTHP02. Même type
TApolIon assis. Drachme.
>line cite Camé parmi les villes de la Syrie, sur la Tron-
ic de Phénicie. Etienne de Byzance mentionne Kapvw
ce ^^oci/i^>3Çi Carné, ville de Phénicie; il cite Artémidore
avait écrit Kapvo; dans ce passage : « Carnus est près
Paltus, vient ensuite Gabala. »
k>mme Camé est sur les confins de la Séleucide et de la
tnide, Cellarius, dans sa géographie antique, pense que
\t le même lieu que Strabon nomme Caranus, Ko^avo;;
196 MÉMOIRES
suivant lui, un A aurait été ajouté ou retranché par ces au-
teurs. On a donc:
Kâ^avo; dans Strabon ;
Kapvoç dans Artémidore ;
KapvY] dans Etienne de Byzance ;
Came dans Pline.
La médaille que nous donnons ici nous semble confirmer
la leçon de Strabon. Si la ville avait porté le nom de
Carné, la drachme nous montrerait la première syllabe du
nom , qui serait KAP, et non point KA , qui est la première
syllabe de KA-PA-NOZ. Telle est du moins l'opinion des
savants qui nous ont renseigné à ce sujet.
Quoi qu'il en soit des attributions que nous proposons
pour ces deux monnaies , nous n'avons pas la prétention
d'émettre une opinion décisive sur leur classement dé-
finitif. On pourrait, par exemple, arriver à démontrer que
les groupes de caractères 4>IAir et RA appartiennent à
des noms d'alliés du roi de Syrie ou d*officiers monétûres*
Les renseignements qui précèdent sont le résultat de nos
recherches personnelles , et sans les ressources , il faut
l'avouer, d'aucuns documents assez précis. Si nous sommes
dans l'erreur, nos confrères en numismatique nous remet-
tront dans la bonne voie , et nous les verrons sans regret
substituer une opinion mieux fondée à celle que venons
d'exposer.
FEUARDEirT.
ET DISSERTATIONS. 197
ESSAI
LES MÉDAILLES AUTONOMES ROMAINES DE L'EPOQUE
IMPÉRIALE.
(PI. vn, vm, IX et X.)
LIBERTATI. Citoyen en toge et coiffé du bonnet de la
Liberté, tenant une couronne de laurier dans sa main
droite élevée et marchant à droite.
â. S.P.Q.R. Victoire debout sur un globe à droite, te-
nant une couronne et une palme. /^. (PI. IX, n"" A3. )
En examinant cette médaille , comment ne pas se rap-
peler le passage de Suétone relatif à la mort de Néron :
Tanlumque gaudium pubUce prœbuU, ut plebs pileata
iota urbe diêcurrereL — « L'allégresse publique fut si
grande que le peuple parcourut la ville la tête coiffée du
bonnet de la liberté. » (Sueton.« NerOy 57. )
Tacite , en parlant de ce grand événement , s'exprime
ainsi : Finis Neronis^ ut lœtus primo gai^entium impetu
fuerat^ ita varios motus animorumy non modo in urbe
apud patres i aut populum^ aut urbanum militem, sed
omnes legiones ducesque conciverat Sed patres lœti,
usurpaiastatim libertale^ licentius^ ut ergaprincipem novum
et absentem — «La mort de Néron avait fait, quoi-
498 MÉMQIEES
que avec des impressions diverses, éclater la joie non-seu-
lement dans Rome parmi les patriciens, le peuple et la
milice urbaine , mais aussi parmi les légions et les géné-
raux Les sénateurs dans leur joie avaient hâte de
saisir la liberté, avec d'autant moins de mesure que le
jHÎnce était nouveau et absent. » (Tacit., ffû/., 1, h. }
Le rapport de ces deux passages avec la médaille dont
nous venons de donner la description, et qui de la collection
du regrettable marquis de Lagoy est venue tomber dans la
mienne, est évident % et il parait impossible qu'elle n'ait
pas été frappée à Rome désole premier moment du délire
de joie causé par la mort de celui qui la veille encore faisait
trembler le monde romain.
Les sénateurs avaient donc bâte de se saisir de la
liberté, et ils profitaient de l'absence du prince, de son
inexpérience ou de sa condescendance présumées pour re-
prendre tout ce qu'ils avaient perdu de prestige et d'au-
torité sous les premiers empereurs. Parmi les préroga-
tives qu'Auguste avait enlevées au sénat « une de celles
que ce corps devait regretter le plus était, sans contredit,
le droit de battre monnaie. Après avoir exclusivement
régi , soit directement, soit par les triunvirs menétaires,
cette branche de l'administration publique dans la capi-
tale % il avait vu cette prérogative amoindrie par César,
1 Au moment d» publier cet article, j'apprends qu'il eziate «n wtùomà twtm-
plaire an Cabinet national à Madrid. J'en dois la eommmûeatton h ckm Fit»-
cisco Bermndez de Sotomayor, conservateur dit cabinet des médaîllea.
* Sous la république , outre les monnues frappées à Rome excluhroMil
par Tautorité du sénat , il existait encore des monnaiea firappées iaa» le» fm*
▼inces par certains ma^strats ou par les généraux à la t6te des arate, m
Yertu de letir charge on de leur commandement ; quelquefois le sénat aeeofdait
exceptionnellement le droit do battre monnaie à des magistrats qui ne Fia-
raient pas eu par leur charge , cv.s pièces sont généralement d'argent, qwU
£T DISSERTATIONS. 199
et, aussitôt après la mort du dictateur, il s'était empressé
de la reprendre et de frapper de la monuaie dans les trois
métaux. Auguste , eu réglant les attributions du prince et
du sénat , avait réservé à l'empereur la monnaie d'or et
d'argent; il avait accordé au sénat le droit exclusif de battre
de la monnaie de cuivre, droit que ce corps constatait sur
les pièces par les lettres S.C. La monnaie d'or et d'argent,
devenue monnaie de t empereur y était administrée par des
officiers spéciaux faisant partie de la maison impériale ,
par des affranchis, souvent même par des esclaves S ja-
mais par des sénateurs ou des patriciens ; celle de cuivre ,
qnas-niies sont de enivre ; quant à la monnaie d*or, elle était exclusivement
militaire, frappée seulement par les généraux dans les expéditions loin-
taines et pour les befoins du moment. La seule modification apportée par
CéMx à eette législation, fut do frapper à Rome même ses propres pièces comme
imptntorf concurremment avsc la monnaie sénatoriale , et par conséquent
d'introduire le monnayage d'or dans la capitale. Après sa mort, le séuat
réunit sous son autorité les deux ateliers et frappa pour la première fois de
la monnaie d'or ; par une anomalie assez singulière après une réaction ré-
pnblieaine, il concéda aux généraux tour à tour vainqueurs dans les guerres
eivîlet non-seulement le droit de battre monnaie sous son autorité, mais
encore celui de mettre leur effigie sur les pièces. — Yoy. Mommsen, Gttchichte
du Bmni^chen MlinzvDesens, pages 363-371, 383, 428, 652, 654, 739, 741*.
* Cm9mr,„. moneUf,,, peculiares êwtoê prtepoivit, Suet., J. Cœiar, 76.— Dans
le reeueU d'Orelli, n- 2153. 3570, 6642 : procuratores numet»,-^ On voit dans
lereeneil de Gruter, LXXIY, 1, des offidnatorêt monetx aurarùe et argentaria;
C9êarii, — Dans Spon, Mue. Ant,, p. 101, une familia monetalis. — Ces derniers
ëiaient des ouvriers , et leur chef se nommait êxactor avri arge^Ui serû , ce qui
pourrait faire croire que l'employé da l'empereur exerçait une sorte de contrôle
même sur la monnaie du sénat. Voy. Gruter, LXXIY, 1 ; MLXYI, 5 j MLXX,
1.— Cf. Mommsen, loc, cit., p. 746, note 20.— M. de Boissieu, dans son bel ou-
vrage sur les InicriptUmi de Lyon y p. 281, cite un esclave préposé à la monnaie
de Lyon sons Tibère, et qui -porte le titre de apqwUor m^iet» (Mommsen,
ch« Vni). — On peut aussi consulter sur cette question les Lettres de M. Ana-
tole de Barthélémy à M. Lecointre-Dupont êur lee magietrati et lee corporatione
prépoêée à la fabrication éet matmaie»^ dans la Befme num,, 1847, p. 350 et sniv.,
et 1848, p. 165 el suiv. On y trouve les textes et inscriptions relatifs au sujet.
200 MÉMOIRES
devenue monnaie de l'empire, était confiée par le sénat à
une commission prise dans son sein et composée de trois oo
quatre membres appelés, comme sous la république, trium-
virs ou qnatuorvirs monétaires; cette fonction submsta,
d'après les inscriptions, jusqu'au ni* siècle, mais les noms
des fonctionnaires ne parurent plus sur les monnaies de-
puis la onzième année de notre ère ou environ '.
L'empressement que mit le sénat à saisir cette appa-
rence de liberté et à profiter de l'absence du nouveau
maître pour reprendre cette prérogative si regrettée se
conçoit donc parfaitement, et il est tellement dans la
nature des choses que l'on aurait pu le supposer et l'ad-
mettre, même s'il ne nous en était resté aucun vestige
matériel.
La pièce décrite ci-dessus et celle au type de la famille
Junia (ci-dessous, n* 85) [Cohen y Description historique
des monnaies frappées sous V empire romain^ tom. I, p. 2A9,
n* 267), frappées évidemment l'une et l'autre à cette épo-
que , ne peuvent pas être les seules de leur espèce, et sans
aucun doute d'autres ont dû être émises en même temps :
nous allons les chercher.
Les médailles classées par Vaillant et Morell aux incer-
taines des familles et attribuées depuis par Eckhel, les
unes à Auguste, les autres à Galba et à Vitellius, sous le
nom de Médailles autonomes j sont les premières qui méri-
tent de fixer notre attention. Commençons d'abord par les
examiner, et nous verrons ensuite si elles présentent tous
> Les derniers monétaires que nous connaissions par les inacriptioiis sont
les suivante : Ser. Calpurnius Dexter, consol en 225 (Orell., n* 6503), T. Clo-
dius Pnpienus Pulcher, fils de Tempereor, tué en 238 ( Or«ll., n* 6512), et
L. Fulvius ^milianns (Orell., n*3134), si toutefois c'est le même qù fot
consul en 259. Voyez Touvrage cité de M. Mommsen, p. 870.
ET DJSSEKTATIONS. 201
les caractères que devaient avoir des pièces frappées dans
de semblables conditions et à cette époque. En voici la
description d'après l'ordre alphabétique des revers ; j'y ai
joint leur poids autant que j'ai pu me le procurer, ainsi
que l'indication des médailles qui depuis Auguste jusqu'à
Vitellius inclusivement, portent au revers de l'eflBgie impé-
riale des types analogues.
1. — SALVTIS. Tête diadémée de la Santé à droite.
d. CONCORDIA. La Concorde debout à gauche . tenant
une corne d'abondance et une branche d'olivier. AV.
(Cohen, Galba, n'^ 252.)
Poids, Vienne, 7«%10. (PI. Vil, n» 1.)
Médaille corretpondante ,
SER.GALBAJMP.CAESAR AVG P.M.TR.P. Têtelaurée adroite.
^. OONCORDIA PROVINCIARVM. La Concorde debout, tenant une
corne d^abondance et tm rameau d'olivier (Cohen, n* 12). Or,
Poida, Musée Britannique, 7r,32.
2. — LIBERTAS RESTITVTA. Tête voilée et diadémée de
la Liberté à droite ; devant elle un épi.
a. CONCORDIA. La Concorde assise à gauche sur un
trône, tenant une enseigne surmontée du sus gallicus et un
caducée. M. (Cohen, Galba, n» 253 ^ )
Poids, Vienne, i^^hh. (PI. VU, n*» 2.)
i. — FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes.
^. CONCORDIA PRAETORIANORVM. La Concorde debout
* Par une erreur qui sera rectifiée dans l'erratum, on lit dans Touvrage de
M, Cohen ( Description historique des monnaies frappées sous V empire romain, 1. 1,
p. 247, n* 253) aigle romaine à la place de sus gallicus, Eckhel attribuait
cette médaille aux légions espagnoles; 11 y voyait le gage de Tunion entre
Rome et TEIspagne. La valeur symbolique ne change pas depuis que les tra-
vaux de M. de la Saussaye {Revus numismatique, 1840, p. 245) ont fixe la véri-
table attribution du sus gallicus, qui est l'cnn blême national de nos anc<^tre9.
202 MÉMOIRES
tenaDt une branche d* olivier et une corne d'abondance. .^.
(Cohen, Vitelliuê, n* 100.)
Poids , France, 3«',S5 ; — Londres, 2»',65 et $«',06; —
Jladrid, i^',60; — Munich, 2«',50; — Turin, S«',40; —
ma collection, 3«',30. (PL VII, n» S. )
A. — FIDES EXERGITVVM. Deux mains jointes.
fc. CONCORDIA PROVINGIARVM. La Concorde deboul à
gauche, tenant une branche d'olivier et une corne d'abon-
dance. J^. (Cohen, Galba^ d^ 254. )
Poids (?).
MédailUt cùrresponiantêi.
Semblable à celle dcchte après le n» 1. Argent (Cohen, Gaiba, n* 1S\
Poids, France, 3r,35, ^,45, 3«',80.
A.VITELLIVS IMP.GERMAN. Tête lanrée à gauche.
». CONCORDIA PRAKTORUNOR^^. La Concorde debout, tenant uno
branche d*oIivier et une corne d*abondauce (C<^en, FilfKhu, u* 7).
Poids, France, pièce fourrée.
5. — GALLI A. Tète de la Gaule ornée du torques à droite,
a. FIDES. Deux mains jointes , tenant deux épis et uoe
enseigne militaire surmontée du sus gallicus. M. (Cabinet
de M. le docteur Haeberlin, à Francfort )
Poids, S^ô?. (PL VII, n» A).
6. — FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes.
H. Même légende. Même type.
Poids, Madrid, pièce fourrée. (PL VII, n» 5. )
7. — FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes.
h\ FIDES PRAETORIANORVM. Deux mains jointes. .«.
(Cohen, Yitellius, n» 101.)
Poids, France, 3«',37, et pièce fourrée ; — Vienne, S^'tô©;
— Berlin, 3»%41 et »«',S5 ; — Londres, S»',56; — Munich,
38',29 et 2",63 ; - Turin , 38',50; — ma collection . pièce
fourrée. (PL VII, n*» 6.)
ET DISSERTATIONS. 203
8. — VESTA P.R.QVIB1TIVM. Buste diadème et voilé de
Vesta à droite; devant elle une torche allumée.
^. FIDES EXERGITVVM. A. (Cohen, d'après Morell,
ViUllius, n» 102. )
Poids, Vienne, 3»',39 ; — Berlin, 8»',S6 ; — Turin, 8«',70.
(PI. VII, n»7.)
MédaiîUê correspondanles .
IMP.SER.GALBA AVG P.M. Têtjlauréc & droite.
P, FIDES MILITVM. Deux mains joiD tes tenant une enseigne romaine.
Argent (Cohen, Galba, n» 32).
Poids, France, 8ir,45.
A.YITELUVS IMP.GEKMAN. Tdte laurée à droite, dessous un globe.
W. FIDES EXERCITWM. Deux mains jointes. Or (Cohen, Vitellius.no 12).
Poids, ma collection, 5s',B2 ( pièce à fleur de coin ).
p. FIDES PRAETORIANORVM. Même type (Cohen, VitêUiui, n» 16).
Poids, France, pièce fourrt^e
^. OONSENSYS EXERCITVVM. Mars marchant à gauche, portant une
lance et un trophée. Argent (Cohen, VitelHus, n«» 9).
Poids, ma collection, 3^,27, Sv'jSO.
9. — HERGVLES ADSERTOR- Tête laurée et barbue
d'Hercule, à droite.
v^. FLORENieForiVNAP.R. La Fortune debout, tenant
un rameau et une corne d'abondance. JK. ( Cohen , Galba,
n* 255, d'après Bimard de la Bastie, dans la Science des
médailles du P. Jobert, 1. 1, p. 300. )
Poids, Madrid, deux pièces fourrées. (PI. VII, n** 8).
Médaille corretpondante.
JMP GALBA CAESAR AVG. P.P. Tête laurée à droite.
». FORTYNA AYG. La Fortune debout, tenant uu gouvernail et une
corne d'abondanoo (Cohen, GalbOy n* 33).
Poids, France, 3«%30.
20A MÉMOIRES
10. _ VOLKANVS VLTOR. Tête de Vulcain à droite,
coiffé d'un bonnet.
^. GENIO P.R. Tenailles, marteau, enclume et bonnet
de Vulcain '. J^. (Cohen, Auguste, n« 607.)
Poids, France, 2b',95 (rognée); — ma collection, S»',15.
(PI. VII, n» 9.)
11. — VESTA P.R.0V1R1TIVM. Buste diadème et voUéde
Vesta à droite ; devant elle une torche allumée.
î^. I.O.M.CAPITOLINVS. Jupiter assis à gauche dans un
temple à deux colonnes et tenant un foudre et un sceptre.
yR. (Cohen, Vitellius, n° 103.)
Poids, France, 3«',25, 36%37; — Vienne, S^'.AÔ, et
pièce fourrée ; —ma collection, pièce fourrée.
12. — Pièce semblable, avec I. O.MAX, au revers. M.
Poids, Londres, 2«',62; — Berlin, 38',32; — Copenhague,
3«%10. (PI. VII, n* 10.)
13. — GENIVS P.R. Tête barbue du Génie du peuple
romain à droite ; derrière, un sceptre.
Kl. Semblable au précédent. JR,. (Cohen, ViuUim,
nMOâ.)
Poids, France, pièce fourrée. (PI. Vil, n* 11.)
Médaille corrufondanU.
A. VITELLIVS IMP.GERMAN. Tête laurée à droite.
9^. I.O.MAX.CâPITOLINVS. Jupiter assis dans un temple à deux co-
lonnes, tenant un foudre et un sceptre. Argent (Cohen, Vitelltue^ n* 16).
Poids, France, 3»',26,
^ Les avis sont partagés au siget da symbole de forme conique plaeé m
dessus do renclume. Les uns veulent que ce soit le bonnet de YnlcaiB, lei
autres un coin monétaire. Nous pensons qu*on doit y voir le bonnet du dim
ouvrier. Voyez un intéressant article de M. Joies Friediinder daoslet JumIh
de VlmiUut archéologique, 1869, t. XXXI, p. 407.
ET DISSERTATIONS. 205
la. — ROMA RESTITVTA. Buste de Rome avec le casque
à cimier.
a, IVPPITER GONSERVATOR. Jupiter assis à gauche,
tenant un foudre et un sceptre. JR. (Cohen, Galba^ n» 258).
Poids (?),Morell.
15. — ROMA. Buste de Rome à droite, avec un casque
tourrelé.
«. IVPPITER CVSTOS. Même type. M. (Cohen, Galba,
n* 256. )
Poids, France, pièce fourrée ; — Madrid, 38',55 ; — Co-
penhague, 2«',60; — ma collection, 38',10. (PI. Vil, n'»12.)
16. — VIRT. Tête casquée de la Valeur à droite.
k. IVPPITER CVSTOS. Même type. M.
Poids, Londres, 2«^,95. (PI. VII, n» 13.)
17. —ROMA RESTITVTA. Buste de Rome à droite, avec
un casque à cimier.
Ê. IVPPITER LIBERATOR. Même type. M. (Cohen,
Galba, n' 257. )
Poids, France, 3k',15 ; — Madrid, 3b%06; — Collection
Thomsen, à Copenhague, 2«',80; — ma collection, 3«',05
(usée). (PI. VII, nMâ.)
Médailles corretpondantei,
NERO CAESAR AVGVSTVS. Tête lauuie à droite.
9. IVPPITER CVSTOS. Jupiter assis à gauche, tenant un sceptre et un
fondre. Argent (Cohen, Néron, n* 13 ).
Poids, ma collection, 3>*,42.
niP.NERO CAESAR AVG.P.P. Tête laurée à droite.
>. IVPPITER LIBERATOR. Même type. Or (Cohen, d'après Vaillant (t
Beger, Séron, n» 17 M.
Poids (?).
> Eckhel [D. N., IV, p. 272) suppose, d'après Vaillant, que cm médailles
ont été frappées par Néron , après qu'il eut échappé h la conspiration de
206 MÉMOIBES
1 8. — LIBERTAS RESTITVTA. Buste voUé de la Liberté ;
devant, une palme ou un épi?
^. MARS ADSERTOR. Mars debout tenant un bouclier et
un trophée. M. (Cohen, GalbUf n"* 2&9.)
Poids (?),Morell.
19. — G.P.R. Tète diadémée et barbue du Génie du
peuple à droite ; derrière, un sceptre.
n). MARS VLTOR. Mars marchant à droite, tenant un
bouclier et lançant un javelot. AV. (Cohen, Auguste^ n* 508.)
Poids, France, 7»%22. (PI. VIII, n» 15. )
20. — GENIVS.P.R. Tète semblable.
^. MARS VLTOR. Même type. AV.
Poids, ma collection, 7»',2S. (PL VIII, n» 16.)
21. — LIBERTAS RESTITVTA. Buste voilé de la Ubcrté;
devant, une palme.
ft. MARS VLTOR. Mars debout tenant un bouclier et une
enseigne militaire. M. ^ Cohen, Gàlba^ n*" 260.)
Poids (?),Morell.
22. — GEN.P.R. Tète barbue et diadémée du Génie du
peuple romain à droite ; derrière, un sceptre.
A. MARS VLTOR. Mars nu, marchant à droite, portant
une haste et un bouclier ou un trophée. J^. (Coheu,
CaJfta, n'»261.)
Poids (?), Morell.
Pison, Tan 818 de Rome , bonheur qu'il attribua à une protection particulière
de Jupiter; il consacra dans le temple de Jupiter Capitolin le poignard enlevé
à un des assassins, avec cette inscription : Jovt VintUci. A Patraa et àCorintht,
à Toccasion de cet év(!>nement, les habitants mirent sur leurs médaïUet M
revers de Teffigie de Néron : Jupiter Uberator. Sur les médailles grecqnas àè
la ville de Magnésie, Néron lui-même est appelé ZErc EAErSEPlOC. C« Ji-
piter libérateur lut souvent invoqué sous Néron pour une cause tonte diffé-
rente : Sénëque et Tlirasœas Fœtus , qui se tuèrent par ordre de Néf«B>
s'écriaient en répandant leur sang : Libemus Jovi Uberat^ri.
ET DISSERTATIONS. 207
-6ENI0 P.R. Tête jeune du Génie du peuple avec
;8 cheveux bouclés à droite ; derrière, une corne
Ance.
IRTI VLTORl. Mars nu et casqué marchant à droite,
uo bouclier et lançant un javelot. JR,. (Cohen,
!,n*609'.)
i. Vienne, 3^40. (PL VIII, n« 17. )
-GENIO P.R. Tête jeune avec des cheveux courts
e du peuple à droite sur une corne d'abondance.
KRTl VLTORl. Mars nu et casqué, marchant à droite
on bouclier et lançant le javelot. /R. ( Cohen , Au-
i*610.)
U France, 8«',18 et 3«',10; — Londres , 3*',8A ;
rid,S«',50. (PL VIII, nM8).
-HISPANIA. Tête de l'Espagne à droite; dessous, un
r; devant, une palme ; derrière, deux lancés.
^RES (m) VLTORL Mars debout. (Cohen, Galba,
)
;, France, pièce fourrée. (PL VIII, n' 10. )
Médailles correêpondantes,
M AVGVSTO. Tête lauréo à droite.
l.yLT. Temple rond^ dans lequel sont denx enseignei et une aigle
«. Or (Cohen, Auguitt^n" 165).
Bft collection, T^^SS.
ne en argent (Cohen, AvQuste^ n» 166).
France» S»',?©.
R AVGVSTVS. Tête nue à droite.
inS VLTOBIS. Mars debout à droite, dans an temple. Or,
oa collection, 7>',85.
le en argent (Cohen, AugutUy n* 175 ).
France, 3»',56.
aeription de M. Cohen n'est pas exacte, puisque la tète dn Génie du
', jeune; la légende n'est pas exactement rendue non plus.
208 MÉMOIRES
20. — BON.EVENT. Tête de la Félicité à droite.
H. OB GIVIS SERVATOS dans une couronne de chêne. ;r.
(Cohen, Ga /6a, n*263.)
Poids (?), Morell.
27.— GENIO P. R. Tête jeune et nue du Génie du peuple
adroite ; derrière, une corne d'abondance.
^. OB C\{vis) SERVATOS, en deux lignes, au-dessus et
au-dessous d'une couronne de laurier, ^fv*
Poids, Madrid, 3«',25. (PI. VIII, n* 20. )
28. — BOMA. Tête nue de Rome à droite.
^. Semblable au précédent, si ce n'est que la conroone
est de chêne. JK.
Poids, Madrid, 3«%15. ( PL VIII, n* 21. )
29. — ROMA. Tête nue de Rome à droite.
^. OB CIVIS SERVATOS , en trois lignes, dans une cou-
ronne de chêne. >^.
Poids, collection de M. Pery, notaire à Bordeaux, S^'jlO.
(PI. VIII, n° 22.)
Médaille corretpondante.
CAESAR AVGVSTVS. T^te nue à droite ou à gauche.
^. OB CIVIS SERVATOS dans une couronne de chêne on autour d* la
couronne. Argent ( Cohen, Auguste, n»* 176 à 181 ).
Poids, France, 3«%70.
30. _ BON. EVENT. Tête dîadémée de la Félicité à droite.
i$. PACI P.R. Deux mains jointes tenant un caducée ailé.
M. ( Cohen , Galba, n« 264. )
Poids, France, 38%â5; — Berlin, S«%60 et 3«',S6; —
ma collection , 3«',10. (PL VIII, n* 23),
31. — BON.EVENT. Tête de Bonus Eventus à droite,
avec un large bandeau sur le front.
RI. Semblable au précédent. iiV.
Poids, Londres, 8i%â9 ;— Madrid, 3«%46. (PL VUI, n* 24.)
ET DISSERTATIONS. 209
BON.EVENT.ET FELICITAS. Buste diadème de la
droite.
.P.R. Semblable au précédent. JR,. (Cohen, ffa/6a,
7) , Morell.
Tète diadémée de Vénus entre deux cornes d'abon-
ime branche de laurier.
• Deux mains jointes tenant deux cornes d'abon-
m caducée ailé. M. ( Cohen, Galba, n"* 266. )
f), Morell.
6ENI0 P.R. Tête jeune * avec des cheveux courts
du peuple à droite sur une corne d'abondance.
. Type semblable au précédent. JBl.
Madrid, S«',70. (PI. VIII, n«25.)
Médaille correêpondante,
7S COS.XI. Tête laarée.
PEBP. Temple à six coloones, avec un autel. Argent (Cohen,
nnt^Âugmity n*182).
LIBERTAS. Buste de la Liberté à droite.
RESTITVTA. Bonnet de la Liberté entre deux
. iR. (Cohen, Galba, n* 267.)
Prance, 8«',86. (PL VIII, n* 26).
jIBERTAS.P.R. Tète semblable à la précédente.
nixtètet dn Geniue Populi Romani^ Fnne barbue et diadémée,
Te anr l'épanle , qui se Yoit d^jà sur les médailles de la famille
len, MédailUê de la république romaine, pi. XIV, CornêUa, n^ 10 et
jeune, imberbe, accompagnée d*nne corne d'abondance. Plus
I barbu est désigné sur les médailles par la légende Geniuê Se-
jénie imberbe par Genius Populi; quelquefois par Geniue Sxer-
tète Kirbne aux n«* 13, 19, 20^ 22, 47, 53, et la tête imberbe aux
,34.
I. 15
210 «ÉMOIRO
^: RESTITVTA. Type semblable au précédent. Jt^.
(Cohen, Galba, n^ 268*.)
Poids (?).
Médaille correêpondanU,
BRVT.IMP.L.PLAET. Tête de Bnitus à droite.
9-. EID.MAR. Bounct de In liberté entre deux poignards (Cohen , Médotikt
de la république romaine, pi. XXIII et XXlY, Junia, n** 16 et 16).
Poids^ ma collection, Si* ,70.
37. — P.R. Deux mains jointes tenant un caducéCt deux
épis et deux pavots.
^. ROMA. Rome Nicéphore assise. M^ (Cohen, Gatta^
n''269.)
Poids (?),Moreil.
38. — P.R. Deux mains jointes, tenant un caducée, deux
épis et deux pavots.
Hj. ROMA. Rome casquée, assise et couronnée par une
Victoire volant au-dessus ; derrière elle , la louve allaitant
Romulus et Rémus. M. (Cohen, Galba j n» 270.)
Poids (?), Morell.
39. — BON.EVENT. Tète de Bonus Eventus à droite,
avec un large bandeau sur le front.
^. ROM.RENASCES. Rome casquée et en habit court
debout à droite, tenant une aigle légionnaire et la VietiMre.
yR. (Cohen, Galba, n» 271. )
Poids, France, S«',70 -, — Vienne , 3»',50 ; — ma collec-
tion, S»',51. (PI. VIII, n* 27.)
AO. — SALVS PVBLICA. Tète laurée de la Santé à droite.
£. ROMA VICTRIX. Rome casquée, en habit court, de-
> Comparez la tête de la Liberté an rêvera de celle de Galba (Cobco,
Galba, n" 50) , tont-à-fait semblable pour le style et les di^tails à la tête dt
cette déesse sur les pièces que nous déeriYons.
ET mSSBRTATIONS. '2il
gauche, tenant la haste et une branche d'olivier,
droit posé sur un globe. M.
U Madrid, 3«%60. (PL VIII, n* 28 )
Médailles correspondantei.
CAESAR AVGYSTVS. Tdto laorée à droite.
UL. Botte caïqnée, aaïUe k ganobe. Àrgant ( Cobeo , Nénm, vT 53
Prmnee, 3i',85, Z*',dO,
i pea près semblable en ôr (Cohen, n* 52 ).
II4BA ne?, oa CAESAR AVG.GALBA IMP. Gftlb* à chevtl à
IA.RENASCENS. Rome en habit court, debout à droite, tenant une
ne petite VietoÎTe on le Palladium. Argent (Coben, Galba^ n** 3 et 4).
Maoe,9P,87 (osée).
ne en or*
DW eoUeetion, 7r^ ( inédite).
l IlfPERATOR. Tête laurée à droite.
CA BENASC. ou RENASCES ou RENASCENS. Mdme type que
liée préoédentet. Or* Pluaienrs exemplaires à peu près semblables
luiha, n- 65, 60, 62, 63 ).
PVance, 6^,80, T^'.eo:
mes en argent (Cohen, n** 56, 57, 58, 69, 61, 64, 65 ).
FVnoe, pièce fourrée et8i',30; 3i',25, 3i',10, 3i',20, 8v',32.
L niPERATOR. Tête laurée à droite.
CA YICTEIX. Rome debout à gauche, le pied posé sur un globe, te-
hranehed*olivier et une haste. Argent (Cohen. Ga/6a,n** 68, 70 et 71).
Fhmoe, 3«',45 ; — Vienne, 8«',35 et 3i',32.
» HONETA. Tète nue de la Monnaie à droite.
ILVTARIS. Enclume, bonnet de Vulcain, tenailles et
a, le tout dans une couronne de laurier. M.
5, France, 3»', 42. (PI. IX, n^ 29 *.)
ohen, dans sa Description des monnaies de la république romaine, avait
s médaille, et, dans une note de la page 77, il avait exprimé la pensée
«it été falsifiée y un habile faussairo ayant adroitement, à l'aide du
betitné le mot Salmtarie au nom de T. Carisius; mais , après un mûr
fc msê obeervatlon plus approfondie, il est revenu de sa première im-
212 MÉMOIRES
Médaille correspondante.
MONETâ. Tête de la Monnaie adroite.
^. T.CARISIVS. Outils de monnayage. Argent (Cohen , Médailles de la ré-
publique romaine^ pi. X^ Carisia, n** 7 ).
Poids, ma collection, i^^^lO.
i2. — Buste casqué de Pallas à droite , avec Tégide sur
la poitrine.
Sj. SECVRITAS P.R. La Sécurité assise à droite, la tète
appuyée sur la main droite et tenant un sceptre de la main
gauche; devant, un autel. JR. (Cohen, YitelUui^n* 105.)
Poids, Vienne, 3»%27 -, — Madrid, 2^,86. ( PI. IX, n* 80.)
43. — VESTA P.R.QVIMTIVM. Buste diadème et voilé
de Vesta à droite ; devant, une torche allumée.
^. SENATVS (Roma) NVS. Victoire marchant à gauche et
tenant de la main droite un bouclier sur lequel on lit :
VI. AV ( Victoria Augusîa ) et de la gauche une palme. ifV.
(Cohen, VUellius, n*» 106.)
Poids. Vienne, 3«',18. (PL IX, n*» 31. )
AA. — MARS VLTOR. Tête casquée de Mars à droite.
1^. SIGNA.P.R. Aigle romaine tenant une couronne dans
son bec, auprès d'un autel entre deux enseignes militaires.
AV. (Cohen, Auguste, n* 511.)
Poids, France, T^'.IS et 7«%06. (PL IX, n» 32. )
45. — MARS VLTOR. Tète casquée de Mars à droite.
i^. SIGNA P.R. Aigle romaine tenant une couronne dans
son bec, auprès d'un autel allumé, entre deux enseignes
militaires. JBl. (Cohen, Auguste, n" 612.)
Poids, France, 3»', 30, et pièce fourrée; — Londres,
pression , et c'est Ini-mème qui m'a signalé ■cette pièoe comme dermi, à
cause de son poids, dtre rangée aux aatooomes.«— Cf. Cavedoni, BmgjuagUode*
precipm riepotigli anticM di medaglis consotori, p. ^1, a* 45. Modeoa, 18S4, hi-9*.
ET DISSERTATIONS. 213
8«%4S ; — Berlin, pièce fourrée ; — Vienne, S«',36 et 3«',26 ;
— Madrid , 3»',20 ; — collection de M. RoUin , à Paris,
S",!©-, — ma collection, pièce fourrée. (PL IX, n' 33. )
46. — Tète barbue et casquée de Mars à droite (sans
l^nde).
^. Semblable au précédent. JR. (Cohen, Auguste,
n* 613. )
Poids, France, 3«',65;— Vienne, 3«',26 et 3«',45; —
Berlin, i^^hQ; — Copenhague, 3»',60; — ma collection,
S«',06. (PL IX, n* 34.)
47. — GENIVSP.R. Tète barbue et diadémée du Génie
du peuple à droite.
^ Semblable au précédent. AV. (Cohen, Auguste,
n* 514.)
Poids (?).
48.— SALVS GENERIS HVMANL Victoire ailée debout
sur un globe à gauche, tenant une couronne et une palme.
S. Semblable au précédent. JR.. (Cohen, Auguste,
ir616.)
Poids, France, 3«',07;— Vienne, 2«',81; —Turin, 8«',70.
(PL IX, n* 86.)
49. — VOLKANVS VLTOR. Tète de Vulcain à droite,
avec le bonnet.
^. Semblable au précédent. JR. (Cohen , Auguste, n" 516. )
Poids, France, 3«',07 ; — Vienne, 3«',30. (PL IX, n* 36.)
MédaUUê correspondantu.
AVGVSTVS. Tôte nue à droite.
p, SIGNIS RECEPTIS. Capricorne à droite. Or ( Cohen, àuguitw, n* 199 ).
Poids, ma coUeetion, 7f»',90, 7»%77.
9-. Semblable, AYeo S.P.Q.R., an bouclier entre une aigle légionnaire et une
enseigne de cohorte. Or (Cohen, Auguttey n* 204).
Poide, ma collection, 7k',90.
21& MÉMOIRES
A peu près semblable eu argent ( Cohen, A^g%itêt n"* 205 et 206).
Poids, 3»' ,70.
50. — R(o)MA. Deux mains jointes tenant un caducée.
^. S.P.Q.R. dans une couronne de cbène.
Poids, Madrid, pièce fourrée, (PL IX, n»87).
51. — FIDES EXERCITWM. Deux mains jointes.
^. Semblable au précédent.
Poids, Madrid, pièce fourrée. (PL IX, n* 58. )
52. — HISPANIA. Tète de l'Espagne à droite ; derrière,
deux lances; devant, deux épis; dessous, un bouclier n»d
et les lettres S.C.
ft. S I P I 0 I R I sur un bouclier rond. JR.
Poids, Londres, 3«',0&. (PL IX, n* S9.)
Médailk cormpondanU,
HISPANIA. BoeU à» l'Espagne k droite; derrière, deux lances et un boa-
elier ; deYaut, denx épia on de«x palmes.
^. GALBA IMP. Qalba à cheval à gan^e on adroite. Àrg$nt (Coben,
Galba, n«« 1 et 2).
^oids, France, 9r,d5 et Si'^SOw
53. — 6ENIVS P.R. Tête barbue et diadémée du Génie
du peuple à droite; derrière» un sc^tre.
î^. S.P.Q.R. dans une couronne de chèœ. iR. (Goben,
Auguste^ n« 518. )
Poids, France, Ss'^SS ;— ma collection, S^'^S. (PL II»
nȉO).
MidailiiM eorr^ipondàniêi»
CAESAR A VGVSTVS. TIte nne à droite.
9^ S.P.Q.R dans une oonronne de laurier. ÀrgnU ( Ceheny Amffmêêi^ n* SI).
Poids, 3ê',70.
IMP.S£R.GALBA AVG. Tête nue de Galba à droite.
p, S.P.Q.R.OB es. dans une couronne. ÀrgetU ( Coben, Gm»a, a* 81 ).
Poids, France^ 3i',40.
ET DISSERTATIONS. 216
5i. --LIBERTAS RESTITYTA. Tète nue de la Uberté à
dnnte*
li^ S.P.Q.R. sur un bouclier dans une couronne de
cheoe. AV. (Cohen, Galba, n* 272. )
Poids, France^ 7«',46 ; — BerUn , 7«',60. (PI. IX, n» 41.)
55. — La même médaille. JR,. ( Cohen, Galba , n* 273.)
Poids, France, S«',35; — Madrid, 3»',65; — Munich,
iF.H et 8»',21 ; — collection de M. Robert, S«',51. (PI. IX,
irA2.)
56. — LIBERTATI. Citoyen en toge , coiffé du bonnet de
la Liberté , debout & gauche , tenant une couronne dans sa
maio dnnte élevée.
i^, S.P.Q.R. Victoire debout sur un globe à droite, tenant
une couronne et une palme. ^.
Poids, Madrid, S^'.iO; — ma collection, S<',29. (PI. IX,
n* W, )
MédailUs correspondantes.
GALBA IHPERATOR. Tdte laorée à droite.
!►. UBERTAS RESTTFVTA. La Liberté deboot, tesant ni» hatte et un
bonnet. Or (Cohen, Qatha, n* 51 ).
CoUeetioii Wiozay.
IMP.SER.GALBA AYG. Tête lanrée adroite.
!►. L1BEBTAS P.R. Même ^pe; i terre, deux épia. Argsnt (Cohen, n* 49).
Poids, France, di'fao.
A VrrELUVS G£RM.UIP. a VG TR.P. Tête lanrée à droite.
». UBERTAS RESTITYTA. Même type. Or (Cohen, Vitillius^ n» 82),
Poida, FVanoe, Ti',»).
La même en argent (Cohen, n* 28).
Poids, ma collection, 2i',92.
57. — HARS (uI)TOR. Tète casquée de Mars à droite.
^. S.P.Q.R. dans une couronne de laurier. A\* (Cohen,
AuguM, n"" 517. )
Poids, France, 3 grammes; — Madrid, S^'^jo. (PI. x,
n* 44. )
216 MÉMOIRES
58. — MARS VLTOR. Mars nu et casqué marchant à
droite, tenant un bouclier et lançant un javelot.
r1. Semblable au précédent, si ce n'est quela coaroane
est de chêne. M. (Cohen, Galba, n' 280.)
Poids, France, pièce fourrée; — Vienne, 8«'.41. (PI. ï,
n* 45. )
59. — MARTI VLTORI. Même type.
1^. Semblable au précédent. A. (Cohen, d*aprësMoreU,
Galba, n* 281. )
Poids, Berlin, pièce fourrée. (PI. X, n* 46 )
60. — PAC! AVGVSTAE. La Paix sous la forme de N^
mésis, ailée, debout à gauche, tenant un caducée; à ses
pieds un serpent.
^. Semblable au précédent. M.
Poids, Londres, 3»',42. (PL X, n«47.)
61. — PAX ET LIBERTAS. Deux mains jointes tenant un
caducée.
^. Semblable au précédent. ^. (Cohen, GaI6a,n* 278.)
Poids, France, 3»',15 ; — Madrid, 8«',50. (PI. X, n* 48.)
Médaillée correspondante»,
TI.CLAVD.CAESAR AVG.P.M.TR.P. Tôtc lânrée à droite.
9^. PACI AVGVSTAE. La Paix avec les emblèmes de Némésit, marehaat
à droite et tenant nn cadneée ; à ses pîeds, nn serpent. Ârgtni ( Cohen, Clttwie,
ii«39).
Poids, France, 3«»,70, 3«»,66, 3r,45.
Le mdme type en or, de 7»',65 à 7f,40.
IMP.GALBA CAESAR AVG.P.P. Tète lanr^ à droite.
». PAX AVG. La Paix debout à gauche, tenant on caducée, deux épis et
nn puvot. Or * ( Cohen, Galba, n» 64).
Poids, ma collection. 7»' ,05 ( nn peu usée ).
* Cette pièce d'or a été décrite par M. Cohen d'après Mionnet. Mon
plaire a été trouvé en 1861 à Paris, près de la place Saint- Michel.
ET DISSERTATIONS. 217
Dl WS AVGVSTVS. Tôte radiée à droite.
^. FAX P JR. La Paix debout à gauche, tenant un caducée et trois épi« avec
n pavot. Or ( Cohen , Auguste , n* 183). Frappée probablement sous le règne
• Galba, d^aprës la fabrique, comme le fait observer M. Cohen.
Poid«, Musée Britannique, 7^,16.
62. — ROMA. Tête nue de Rome à droite.
j^. S.P.Q.R. dans une couronne de chêne. M. (Cohen,
Ba»a,n*279.)
Poids (?),Morell.
6S. — SALVS GENERIS HVMANl. Victoire à gauche, de-
x>ut sur un globe, tenant une couronne et une palme.
^. Semblable au précédent. AV. (Cohen, 6a{6a,n'*27A.)
Poids, France, 7»%30. (PI. X, n* 49. )
64. — SALVS GENERIS HVMANl. Victoire debout
(or un globe à gauche, tenant une couronne et une
lalme.
^^ Semblable au précédent. M. (Cohen, Galba^ n"* 275.)
Poids, France, pièce fourrée ; — Madrid, 3»',65 et 3«»,20 ;
- ma collection, 3»',25. (PI. X, n» 60. )
65. — Victoire semblable à la précédente, avec la lé-
gende SALVS GENERIS HVMANl tournée différemment.
^. Semblable. M.
Poids, Londres, 3»',21^ — Vienne, i^jh9; — Madrid,
îi'.ôô. (Pl.X.n*51.)
66.— SALVS GENERIS HVMANl. Victoire ailée debout
il droite sur un globe, tenant une couronne et une
palme.
j^. Semblable au précédent Sur une des pièces c'est ime
xmronne de laurier; sur l'autre, une couronne de chêne.
A. (Cohen, Galba, n* 276 bis et Auguste, n* 619.)
Poids. France, 3»',30, 3»',60 et pièce fourrée ; — Londres,
l»',49, 3»%67 et 3»'. 20; — Berlin, 8«',62 et 3«',47; —
218 MÉMOIRES
Vienne, 3»',62; — Madrid, i^fib. (PI. X, n~ 52 et
63.)
67. — Même légende. Victoire debout à droite sur un
globe, tenant un bouclier sur lequel elle écrit V.
^. Semblable au précédent. JR.. (Cohen, d'après Morell,
Galba, n^ 276.)
Poids, Berlin, Ss',86. (PL X, n* Si.)
68. — SALVS {Generis ftu)MÂNl. La Paix sous la forme de
Némésis debout à droite, tenant un caducée (7); à ses pieds
un serpent.
^. Semblable au précédent. JR.
Poids, France, pièce fourrée. (PL X, n* 56.)
MédoiUê rorTJipomfflitft,
SER.GALBA CAËSAR AYG. Buste nu à gauche, avec U ooifÉM.
W, SALVS GEN.HYMANI. La Fortune debout à droite eur un ^obe, «t-
naut un gouvernail et taoriâaat sur un autel* Or ( Cohen, 0«l6e, m* 7S}.
Poids, France, Tf^lO et 7(',03.
La même à peu près mais en argent ( Cohen, Galba, n* 74 ).
Poids, France, 29^,3%, $(«,S6.
69. — SâLVS ET LIBERTAS. PaUas debout à droite, ap-
puyée sur un bouclier et tenant une haste. ^ ,: ^
^. S.P.Q.R» dans une couronne de cbône, AV.
Poids, Madrid, 7«',20. (PLX,n»66. )
70. — SALVS ET LIBERTAS. Pallas debout & droite, ap-
puyée sur un bouclier et tenant une baste.
^. Semblable au précédent. JR.. (Gohen, Galfra, n* 277.)
Poids, France, pièce fourrée. (PL X, n* 67.)
71. — Même l^ende, mais autrement disposée.
^. Semblable au précédent. JSi.
Poids, Vienne, Z^^Zb.
72. — S. P.Q.R. dans une couronne de chéoe.
ET DISSERTATIONS. 219
^. S.P.Q.R. dans une couronne de cbène. JR. (Ck>ben,
Galba, ^•2S2.)
Poids (7) (Morell).
7S. — LO.M.CAPITOLINVS. Buste diadème de Jupiter à
gauche; devant, une palme.
^. VESTA P.R.QVIRIT1VM. Vesta assise à gauche, te-
nant une patëre et une torche allumée. Jfi. (Cohen , Ft-
felKaii,n*107.)
Poids, France, 8«',55 ; — Vienne , 3«%70 ; — Londres,
S^,ao et S«',66;— Berlin, S»',** ; — Copenhague, S»%60.
(P1.X, n*68.)
MédaiUi comêpotidamU,
A.VITELLIVS.IMP.GERMAN. Tdte lanrée à droite.
p. yESTA.P.R.QyiKmyM. Vesta assise à gauche, tenant une patèie et
nm UffdM. ArgmU (Cohen, VitêUiui, n« 8S).
Poids, France, Si',Sft.
Nous joignons ici la description de quelques médailles
de Galba qui doivent aussi être rapprochées des auto-
nomes.
GALLIA. Bnste de la Gaule à drdte, entre deux hastes et denx épis ; des-
ioaa, un boncUer.
9. SEILGALBA IMF. Galba à oheyal à droite, tenant nne haste. Argent
(GolMn, 6aaa,n*7).
Poids, France, ai^^M).
TBES GALTiTAK. Trois tdtes de femme à droite ( les (Haies, Aquitaine^
Ifarbonnaise et Lyonnaise].
». SER.GALBA IMP.AVG. Semblable an revers précédent sans la haste.
Àf0iU (Cohen, Gotta, n* 8 }.
( Cette médaille est presque toiyours fourrée ; on connaît cependant quel-
qoes exemplaires d'argent. Poids, Vienne, 3<',49. )
SER.SyLPICI.GALBA£ AVG* Buste de TEspagne à droite; dessous, un
globe; derant, denx épis.
f . S.P.Q.R. autour d'un bouclier posé sur deux hastes. Àrgmit \Cohcn, n" 9)>
Poids, France, 3^,10.
220 MÉMOIRES
GALBA IMPËRATOK. Tête laurée à droite ; deMOOs, on globe.
». GALLIA HISPANIA. La Gaule et TEspagne ae donnant la main, àr-
gent (Cohen, n«S5),
Poids, France, Sc.lO.
Autre semblable avec GALBA IMP. et la tête à gaaohe. ÀrgmU (Cobsa,
n«36).
Poids, ma collection, 8>',14.
IMP.SER.GALBA AVG. Tête nne à droite.
W. HISPANIA. L'Espagne debout à gancbe, tenant dani sa main drotee
denx épis aveo nn paYot, et de la main gancbe deux haates et un boaelier.
Argent ( Coben, n* 37 }.
Quatre autres à peu près semblables ayec le même revers, en argent.
Une autre en or du Musée Britannique à peu près semblable.
Ouvrons mûntenant l'histoire, et voyons si ces médailles
répondent bien aux exigences politiques et historiques de
l'époque à laquelle nous voulons les attribuer.
La joie causée par la mort de Néron confondait tous
les rangs, tous les ordres : « Primores equitum, dit Tsr
cite\ «proximi gaudio patrum; pars populi intégra, et
(imagnis domibus adnexa, clientes liberUque danuuir
(( torum et exulum in spem erecti. i> Le mouvement était
donc général, démocratique même. Les patriciens et
les chevaliers avaient intérêt à flatter le peuple et l'ar*
mée avec lesquels ils faisaient cause commune; ils de-
vaient aussi réconcilier avec le nouveau régime cette
populace infime, sentine de l'univers, vivant dans les
bas-fonds de la Rome impériale et qui regrettait Néron :
« Plebs sordida, et circo ac theatris sueta , simul deterrimi
(«servorum, aut qui , adesis bonis, per dedecus Neronis.
« alebantur '. »
La famille des Jules venait de s'éteindre, un nouveau
• Tadt., loc.cit
ET DISSERTATIONS. 221
rmt public , celui de l'élection , avait été inauguré ; le
iûBt comptait en profiter pour reprendre son ancienne
iflœnce et dominer le nouvel empereur ; les antécédents
e Galba et les circonstances qui avaient accompagné son
vènement semblaient même justifier ces espérances. Patri-
iea de naissance , il s'était fait dans l'empire une réputation
'honnêteté et de ri^dité dignes de l'époque républicaine ;
pu économie n'avait pas encore été taxée d'avarice; il
vait poursuivi à outrance les dilapidateurs et les concus-
ionoaires des provinces ; sa sévérité avait été même parfois
ruelle \ Plus tard il s'était un peu relâché de ses pre-
dtees rigueurs; tout ce qui pouvait attirer l'attention
ttit dangereux * sous un prince comme Néron, et Galba
énnût se faire oublier au fond de l'Espagne. Tout à coup
n liasard lui ayant révélé que Néron avait décrété sa
erte , et que des émissaires chargés de l'assassiner ve*
aieDt d'arriver dans son camp, il s'était fait accla-
ler .par les légions, et avait déclaré en même temps
a'il ne voulait tenir son pouvoir que du sénat et du
eaple : Legatum $e senatus ac populi Romani profesius
II'; aussitôt après, il avait choisi parmi les généraux et
m officiers de son armée les plus anciens et les plus con-
idéréa» pour en former un conseil, une espèce de sénat.
« 8a0lOB., QaU», 9.
* FmMaHm m duidiam ugnitiamquê convênut ««I, fM quid materix prxberei
wmd: tf «f dictrê ioUbat, qitod nmno rationtm oUi $ui riddtre cogeretur, Sueton.,
ett.
* Snstoii., GaUn, 10.— La médaille suivante, frappée plus tard à Rome,
aible répondre à cette idée :
8KB.SyLP.GALBA IMP.CAESAR AVG.P J(I.TR.P. Tôte laurée à droite.
p. SENATVS PIETATI AVGVSTI S.C. Le Sénat personnifié tenant un
tmtmn d'olivier et posant une couronne sur la t6te de l'empereur, qui tient
an et une petite Victoire. Grand bronzé (Cohen, n« 232 ).
222 MÉMOIRES
dit Suétone, qu'il voulait consulter dans les drconstanoes
importantes ^ Un instant déconcerté par la mort de Vindez,
et prêt à abandonner la partie, il songeait à se sauver ou à
se tuer, lorsque la nouvelle des événements de Romet de
la mort de Néron et de l'approbation donnée par le sénat
et le peuple h sa propre élévation, Tavàient déddé à
prendre enfin le titre de César *.
Les monnaies frappées dans de pareilles cireonstaiices
devaient nécessairement être comme le reflet des idées do
moment; leurs types ne devaient contenir aucune aDoMB
à l'empire , qu'on désirait réformer, ni aux patrideris cm
aux exploits de leurs ancêtres, comme cela se {Nratiquth
sous Tancienne république ; les noms mêmes des mag^
trats monétaires devaient être effacés de la moimaie; tout
ce qui pouvait porter ombrage au peuple ou exdter si
méfiance devait être soigneusement écarté.
Or parmi les types que nous venons de décrire, quel-
ques-uns sont empruntés au règne d'Auguste* mais avec
de légères modifications; les enseignes militaires sont dé-
signées sous le nom de signa populi romani; nous y fisom
comme sur les pièces d'Auguste Mars uttor, ob cm$ sef-
vaios, etc. , mais la tête d'Auguste est remplacée par celles
xle Vulcain et de Mars, de la déesse Roma, de Bonus Eventas,
du Génie du peuple ; ce n'est plus à l'empereur, c'est à un
génie tutélaire que l'on est redevable de la conservatioD
de Rome, et à Mars que l'on doit la gloire de ses armes.
1 B primoribus , prudintia atqw xtaiê prat$tantibuM, vêhU m$imr Sêmêims, êi
quoi de majore re, quotiee ojffu itMt, referretur, huUiuii. ( Sueton., Cotts, 10.)
* Adceeeit ad tanta dieeHmina more Yindicis^ qua maxime contltriNilM, ieeUI»-
toque eimilie, non muUo afvit, qmn Htee renmneiarei, Sed mpervmitmiUmi ab «rfo
nuntiie, ut occieum Neronem, cunetoeque in ««a verba surtUM eogmotH , iepoeilê
legati, suecepit Cmearit adpelationem, ( Sneton., Ottf., U.)
ET DISSERTATIONS. 223
D'autres sont renouvelés de Néron ; on pourrait croire que
lea mêmes coins ont servi, tant ils se ressemblent , mais
cxh a choisi ceux qui conviennent au nouvel ordre de choses;
par exemple Jupiter custos^ et de l'autre côté, à la tète de
Néron on a substitué celle de Rome avec un casque tour-
relé. Pour retrouver l'origine de quelques autres, il faut
remonter jusqu'à la république , ou du moins jusqu'à cet
jours de terreur qui suivirent la mort de César, par
exemple les médailles n*« 35, 36 et Al , copiées sur celles
des fiimilles Junia et Garisia. Cependant la plupart des
types sont nouveaux; ils expriment les besoins actuels
de la société : Concordia provindarum^ concordia prœto-
fisnemm, /Idef mtliVum, ou les espérances et les aspira-
tioasde tout le peuple : Roma renascem^ libertas, Uberlâs
jiopvlt fomant, libertas resUiula. D'autres invoquent les
dieux tntélûres du Capitole : Jupiter CapUolinus^ Mar$ ultor^
Vuleanus iittor, Vesta Populi Romani Quiritium * ; d'autres
enfin constatent la part que les provinces prirent à cette
rAvolation. Beaucoup de ces types et de ces légendes, qui
OMmtrent ri bien la tendance républicaine de ce mouvement,
ont été, comme nous l'avons vu, conservés par Galba, Yitel-
lins et leurs successeurs. Tous les historiens, depuis Tacite,
«nâent observé après la mort de Néron un revirement dans
l'esprit des institutions impériales , qui , d'aristocratiques
qu'elles étident, devinrent démocratiques ' ; et l'attribution
que nous proposons comble, pour ainsi dire, une lacune
de l'histoire monétaire en faisant coïncider l'adoption des
* Eckhel {D, N,, VI, p. 817) fut ob8<«nrer qae les noms de ces divinités
nppdkot ces rers d'Oride ( Fast. IV, 827-28) :
Vax fuit hmc reifit; condenii Jupiter urbtm,
Et gtnitor Mavwê^ Vettaqm mater adti,
«Taeit., I'mI.,1,4.
22& MÉMOIRES
nouveaux types avec l'inauguration du nouveau droit public.
D'un bout de l'univers à l'autre, on saluait avec joie la
mort du tyran et l'ère nouvelle qu'on croyait être celle de
la liberté, mais en même temps toutes les ambitions parti-
culières, plus ou moins contenues jusque-là, commençaient
à se montrer. Le mouvement éclata tkvec plus de violence
dans l'Occident que dans les provinces orientales; la nu-
mismatique vient encore ici à l'appui des données de l'his-
toire. Les médailles de Glodius Macer constatent le soulè-
vement de l'Afrique *• Sur ces pièces la forme du génitif
* !• L.CLODIVS MACER. Tête nue à droite; dessous, S.C.
9H. PROPRAE.AFRICAE. Galère. ir0ml(Cohen,t.I,p.217, pl.Xm.nflO).
Poids, 3«»,70, 2»',86.
2* L.C.MACRI CARTHAGO. Buste tourrelé de Cartliage à droite; der-
rière, une corne d'abondance ; dessous, S.C.
». SICIUA. Tdte de Gorgone au centre de la triquctra , accompagna ém
trois épis. Argent (Cohen, Clodiuê Maar^ n* 8 ).
Poids, 8«',30.
3* ROMA. Tête casquée de Rome à droite; dessons, S.C.
». L.CLODI BIACRI. Trophée. Argent.
Poids, 3s',04. (Cabinet de Copenhague. Voir Falbe, Recherekn «wr CartUgr^
p. 122, pi. VI, n« 23. )
4* L.CLODI MACRI S.C. La Liberté debout à gauche, tenant un bonnet
et une couronne.
». LEG.I.LIB.MACRIANA. Aigle légionnaire entre deux enseignes de ce-
hortes. Argent (Cohen, n«3).
Poids, 2»' J9.
5* L.CLODI MACRI LIBERATRIX S.C. Buste de F A&îqne à droite.
». Semblable au revers précédent. Argent (Cohen, n« 7 ).
6* Même légende, même buste.
». LEG.nT.AVG.LIB. Même revers. Argent,
Poids, Cabinet de Stockholm, 3i',80.
7* Autre semblable, derrière le buste de l'Afrique, deux javelots. Àr§mt
( Cohen, n« 6 ).
8* C.(nc)CLODI MACRI LIBERA S.C. Buste de l'Afrique comme an ii*5.
». LEG.Tir AVG.LIB. Même revers. Argent (Cohen, n» 3).
Poids, 3f ,15.
ET DISSERTATIONS. 225
GLODl MACRI (inusitée sur les médailles des premiers em-
pereurs et qui ne se retrouve que beaucoup plus tard et
rarement sur les pièces impériales); le titre de proprxlor^
au lieu de proconsuV; les lettres S. C (qui indiquaient
riotestion réelle on simulée de nagir que d'accord avec le
8éDat)«et les types eux-mêmes (ceux surtout des ptèees
sans la tête), sont autant de réminisceuces républicaines
et offrent plus d'un rapprochement curieux avec le mouve-
ment de la capitale et avec les médailles dont nous nous
occapons.
9* L. CLODI MACRI en doux lign<'s h droite et ik gauche d^une t6te de
lîoo d« profil à droite.
P-. Semblable au «• 6. ÀrgerA ( Col. en, n" 5).
Poids, 3<',50.
10* Autre à peu près semblable. Argmt.
Poids, Cabinets de France et de Saint-Pétersbourg, B»',59 et 3s*',22»
11* Autre semblable, avec une différence dans la disposition de la légende.
Argent.
Poidd, 3»' ,35 ( Cabinet Thmnscn, à Cop*»nliague ) .
13» Semblable au n* 10, aveo la légende L C MACRI Argent.
Poids, »\70 (Cabinet de Gotha). Voyez Licbe, Goth. nvm,, p. 245.
13« L.CLODI. MACRI. Buste nilé de laA'ictoireàdroito; danslcchtmp.R.C.
»-. Semblable nu n* 10. Argent ( Cohen, n" 4).
Poids, 4<',05 ( Cabinet dé France et Musée Britannique;.
M. L. Mttller, à qui nous empruntons la description de ces médailles, fait
rwmarqner leur ressemblance avec les deniers romains de l'empire et celle de
leurs types avec ceux de la république; nous leur trouvons une ressemblance
«fficore plus frappante pour la foi-mc des U'ttres , les types et les poids avec
2«s auionomes. M. Millier u*admet pas IVxplicntion de M. Mommsen ( p. 745,
note 17], qui voit dans le titre de proprartor un retour aux usages républicains;
ildémontre savamment qne et* titro avait souvent été donné aux gouverneurs
d'Afrique par les empereurs, ('es obs^t^rvations ne nous semblent pas incompa •
Ubies avec celle de M. Mommsen : les types républicains concordent avec un
titre républicain, ce qui n'empôcbu pas qut^ ce titre n'ait pu, dans d'autres
temps, être donné pour d'autres laisotis. (Vovez L. Millier, Numismatique
^ f ancienne Aftique, t. II, p. 170 et suiv. i '-^*
* Voyez Mommsen, Geschichte det Bomisrhtn Munzutsenët ch. VII, 1, p. 745,
1862.— 3. 16
226 MÉMOIRES
L'insurrection de l'Afrique avait été précédée par celle
de FEspagne; le soulèveinent des légions et l'entreprise
de Galba en furent la cause et l'effet ; la Gaule, déjà ébran-
lée par Vindex, suivit la même impulsion.
Les pièces décrites ci-dessus (n** 5, 25, 52) avec les
légendes GALLIA et HISPANIA, ainsi que les pièces analo-
gues avec ou sans la tête de Galba, apportent à la série qui
nous occupe le contingent des provinces transalpines, en
même temps qu'elles viennent prouver, une fois de plus,
le rôle que jouèrent l'Espagne et la Gaule dans la révolu-
tion qui porta Galba sur le trône impérial, rôle d'autant
plus important à constater qu'il est le premier exemple de
l'immixtion des provinces dans les destinées de l'empire,
« omoes legiones ducesque conciverat, dit Tacite \ evulgato
« imperii arcano posse principem alibi quam Rom» fieri. •
M. Hermann * donne à la pièce décrite sous le n* 5 une
date un peu plus récente et il la suppose frappée l'an 70 de
notre ère, lors des troubles excités parla lutte entre les par-
tisans de Vespasien et ceux de Yitellius, troubles à la faveur
desquels Tutor, Civilis et Classicus essayèrent d'affranchir
leur patrie et de fonder ce que M. Amédée Thierry appelle,
d'après Tacite*, l'empire gaulois, /mpmiim 6<i//Mnffli ^
Les raisons données par M. Hermann pour justifier soo
attribution sont assez spécieuses et méritent certainement
d'être soigneusement examinées, d'autant plus que Finsar-
rection de Civilis fut une des plus violentes de celles qui
* £tfie Galliicke Unabhangigkeit'» Munse auê rômiicher Kais^rieit . Gwùngn,
1851, ÎD -8". Cette rare médaille uppartieut à M. le docteur Bsberliiiy à Fniie-
fort-sur-le-Mein.
> Hitt ,1V,1».
^ BisCoire det Gaulois df/ui» les temps les plus rcruléf jmsqm'à mt» jcmrs^ 1. IXi
cUt 2, t. M, p. dis, de lu <^uatr:6ine édition.
ET DISSERTATIONS. 227
éclatèrent dans les Gaules, quelle fut près de réussir,
et qu'il est fort probable que les insurgés auraient pu
battre monnaie malgré le peu de temps qu'elle dura;
mais jusqu'à présent nous n'avons aucune pièce que nous
puissions attribuer d'une manière positive à cette époque;
celle qu'a publiée M. Hermann, par son type et par sa fabri-
que, se rapproche trop des pièces frappées dans les Gaules
du temps de Galba pour qu'il soit permis de l'en séparer. Elle
a surtout une grande analogie avec la médaille du Cabinet
de Vienne décrite sous le n* 2, et sur laquelle on voit au
revers de la tête de la Liberté, LIBERTAS RESTITVTA,
la Concorde, CONCORDIA, assise, tenant une enseigne sur-
montée du sus gallicus. Ici nous voyons la Gaule, GALLIA,
et au revers deux mains jointes tenant la même enseigne,
avec la légende FIDES ; ces deux types ne représentent-ils
pas une seule et même idée, celle de la fidélité des peuples
gaulois à l'empire et de leur concorde avec les légions ro-
maines * ? De plus, il ne faut pas oublier que cette insurrec-
tion, plus germanique et batave que gauloise, échoua préci-
sément par l'hésitation des principaux chefs gaulois, et que
rattachement des Séquanais à la cause romaine lui porta le
premier coup. Enfin si des chefs, tels que Civilis et Classicus
avaient voulu mettre leurs noms sur les monnaies , ils l'au-
raient fait franchement et non par un symbole comme le
suppose M. Hermann, qui voit dans la trompfite gauloise
placée derrière la tête de la Gallia les armes parlantes de
Classicus.
Rien dans l'histoire ou dans la situation de l'empire ne
' Ce qnrt dit Taciw I Mist., I, 54) an peu plus tard nu sujet des troublen
militaires qui pn'cédèrent la chute de Galba peut servir à expliquer ce type :
• MUtrut ciritoê Unfftmum , vetere iustitutn, dona l$gioni(nu, dextriSy ho*pilii
228 MÉMOIRES
s*opposant à rattributîon que nous proposons pour les
médailles autonomes, nous allons voir maintenant si l'étude
des monuments eux-mêmes vient encore la confirmer.
En examinant les pièces autonomes d'or et d'argent clas-
sées jusquici à Auguste, on remarque combien elles sont
plus légères que les pièces analogues à Teffigie de ce
prince, et qu elles égalent en moyenne le poids des mon-
naies * frappées pendant la seconde moitié du règne de
Néron et sous Galba.
M. Cohen a restitué à Galba les deux médailles au type
de la famille Junia, surtout parce que leur poids rend im-
jKtôsible de les classer à Fépoque républicaine *. Pourquoi
alors laisser au règne d'Auguste les autres qui sont exac-
t Sur les treize pièco<^ d'or de Néron de ma collection, six avec la tête im-
bcrbc posent de 7>',50 i\ 7(',70, et en moyenne 7>',60; les autres avec la barbe
appartenant par coitséquent aux dernières années de son règne, pëeent de
7»'jl5 à 7«',30, en moyenne environ 7^,25.
Les pièces d'argent dt? Néron pèsent en moyenne, avec la tête jeune, 3^,47,
av.»c la tête barbue. 3r,aO.
La moyenne de l'argent, sous Galba, est de 3«'',25 sansaa tête, et da9i',2S
avec sa tôte ; celle de l'or est de 7»',20.
* M. Coben fait observer en même temps que ces pièces ont bien pu être frap-
pées pendant rintcrrègne ; il cite même le passage de Suétone que noua dooMM
t*ri tête de cet article , puis il s'arrête là, et classe ces médailles avee les antres
autouomcs à la suite de Galba. M. Tabbé Cavedoni ( Bevu$ numiêmotiptê^ IMS,
p. 74 ) admet Tattribution proposée par M. Coben , il la croit très-ratioDDelIe,
cependant il ajoute : » Il me reste un léger doute en considérant que Néron
• tinit sa vie par le suicide, et ne succomba pas, comme Joies César, fous It
« poignard des conjurés, r Ce scrupule du savant numismatiste modénaii ne
semble un peu exagéré ; le genre de mort est ici une chose fort secondaire, U
principal est Tidée que Ton attachait à la moi-t du souverain ; cette idée était
celle de la liberté et de l'indépendance après le suicide forcé de Néroo , dt
même que quatre-vingt-douze ans auparavant après rassasainat de César.—
Le type des deux poignards fuit souvenir aussi dn passage suivant, relatifs
la mort violente de Néron : - Conterritus cfiios pugUmtê qnoa aecom eztnlcntt,
adripuit, tentnquc utriusque ncie, rursus condidit. •* Suetoo., ATuro, 49t
ET DISSERTATIONS. 229
•
tement dans les mêmes conditions ^ ? Quelques-unes de ces
pièces sont plus légères , d'autres sensiblement plus lour-
des, et parmi ces dernières on en remarque (comme le
n* 73, par exemple) qui ont été attribuées à Vitellius. Si le
principe de prendre le maximum du poids pour base du
classement était absolu, ces pièces devraient être restituées
à larépublique. Qnelquefc^s il existe une très-grande diiïé-
rence de poids entre les exemplaires de la même pièce. Les
médailles de Glodius Macer , toutes frappées en Afrique et
dans l'espace de quelques semaines, offrent un exemple
Irès-remarquable de cette inégalité dans le poids. Cette
inégalité peut donc être considérée comme un des signes
caractéristiques du monnayage à cette époque de pertur-
bation.
Le grand nombre de pièces fourrées qu'elle présente est
encore une particularité de la série des autonomes, particu-
larité qui convient également à un temps de troubles et de
révolution. Les règlements contre les faux monnayeurs de-
vaient être alors fort peu observés ; d'ailleurs le sénat autori-
sait peutrêtre lui-même cette fraude, qui profitait au trésor
et aux monétaires, et à laquelle on avait déjà eu recours sous
larépublique dans des moments de crise et de pénurie. Le
nombre des pièces fourrées qui étaient alors tolérées avait
m6me été déterminé par des décrets spéciaux. Ainsi , pen-
dant la seconde guerre punique on voit que la proportion
en avait été fixée à un huitième de l'émission totale *; le
« M. Arnclh, conservateur du Cabinet impérial de Vienne, avnît dcjà ré-
loucé à la classificAtioQ d'Kckbel pour les autonomes atlrilmées nu ri^gnc
TAugoste, et, dacs 8a .S'yiiopjw, il les partage toutes entre les règnt'S de Gall a
)t de Vitellius; il ne lui restait donc qu'un pan à fHire p<>ur arriver à la mo-
iifieaiioo que je propose aujourd'hui, et j*of>e me flatter qu'il l'approuvera.
* Voyez Momm^cn, Gttehichte des Bàmigchen Atûnsureiem^ p. 386 et 389.
230 MÉMOIRES
même abus s'est peut-être renouvelé après la mort de
Néron, et justifierait une fois de plus l'accusation de Tacite :
« Usurpata libertate licentius utebantur. o
Pour ce qui est de la fabrique, il suffit d'un coup d'en!
jeté sur les médailles pour s'en rendre compte; celles
mêmes qui ont été jusqu'ici classées au r^ne d'Auguste
ressemblent beaucoup moins aux médailles de ce prince
qu'à celles de Galba pour l'aspect métallique, la forme des
lettres et la disposition des légendes. Sans en faire l'aoar
lyse, la vue seule des pièces montre que le titre est infé-
rieur à celui usité du tempe d'Auguste, et certainement
supérieur à celui de Septime* Sévère,
Il nous reste maintenant à étudier les motifs qui ont con-
duit Eckbel à adopter sa classification et à voir s'ils sont
assez forts pour lutter avec tout l'ensemble de faits et de
documents que nous lui opposons. Ce savant n'assigne de
date précise qu'aux pièces rangées à Auguste S et il lusse
les autres dans les nnnit vagi * : voici comment il motive
son opinion t «La plupart, dit-il, ont été classées par
0 Morell parmi les incertaines des familles, mais leur aspect
tt et leurs types ne semblent pas conGrmer cette opinion;
tt Pellerin avait essayé de classer celles qui portent les lé-
(( gendes MARS VLTOR ou V VCLAN VS VLTOR, après la prise
a de Corintbe ou de Cartbage, ce qui n'est pas admissible
« non plus ; il est d'ailleurs fort douteux qu'il existât m
« temple dédié à Mars Ultor sous la république, et celui
« qu'Auguste lui consacra pour y déposer les armes recoD-
« quises sur les Parthes fut probablement le premier i
s Cohen, Dêêcription de$ monnaies frappées iùui Vempim romotit , 1. 1 , p. 101.
— Eckhel ( D. iV., VI, p. 96 et 108) attribue les noes à Tan 734 , et les woM»
à Tan 742 de Rome.
• D.^.,VI,p.»6, sqq.
ET DISSERTATIONS. 281
• Rome sous cette invocation ; ces médailles peuvent donc
a parfaitement avoir trait à ce dernier événement ; quant à
«I Vulcanus UUar^ nous ne lui connaissons ce titre que par les
« médailles. » Eckbel suppose qu'il tui fut donné à Tocca-
sion de la victoire partbique; Vnlcain éiait un des dieux
Cutélaires de Rome ; les armes des Romains étaient fabri-
quées sous ses auspices , il était donc autant que Mars in-
téressé à leurs succès et à venger leur opprobre, u De tout
«temps, ajoute l'illnstre numismatiste viennois, les armes
m des vaincus étaient considérées comme une victime
m agréable à Vulcain , et on lit dans Servius * que Tarquin
€ l'Ancien ayant défait les Sabins brûla leurs armes en
c rhoniieur de Vulcain, exemple suivi plus tard par Sem-
« proDÎus, qui sacrifia sur un immense bâcber les armes
«enlevées aux Sardes '• Une inscription rapportée par
« Gruter atteste le culte d'un Vulcanus Militaris; une autre
« parle d'une statue consacrée à Vulcain par Auguste en
« 7A5. » Eckbel suppose que les médailles sur lesquelles^
OD voit des divinités remplacer la tète du prince étaient
distribuées au peuple dans des occasions solennelles :
par exemple , à la consécration des temples, des statues,
on dans les jeux du cirque, qui, au rapport de Varron
et de Dion Gas»us, se célébraient en l'bonneur de Mars ',
le h des ides de mai, et en l'honneur de Vulcain , le 10
des calendes de septembre \
Quant aux autres , il ne les suppose frappées sous Au-
» Ad Tirg. y^n., VIII, 662.
* Tit.-Uv., XLI, 12.
* M Solexnnes ludos circo cclcbrate, Qiiirit« c. - Ovid.. Fa$i, V. 597.
* Le fragment d'an ancien calendrier indique pour le IV des ides de mai
LVDI.MART.IN.CIRC, et sur un marbre du Becwil de Gruter, p. LXI , 8, les
Yw9canalia sont fixées au 10 des cnlendes de septembre.
232 IfÉIfOIIIHA
guste que parce que leurs types se trouvent quelquefois m
revers de la tète de ce prince. Le Genius Populi Rotnam se
voit déjà sur les deniers de la famille Comélia * ; sa réuoioB
avec les revers aux légendes 06 cires sernalos^ Signa jHh
puli Romani s^expliqne, dit Eckbel, par Tintérët qu'il de-
vait porter à son peuple.
Ces raisons nie semblent plus spécieuses que solides;
elles expliquent parfaitement la présence de ces types an
revers des médailles d'Auguste-, elles justifieraient même
l'attribution d'Eckbel si elles étaient seules de leurespëcet
et qu'il ne s'en trouvit pas d'autres entièrement analogues
pour lesquelles il est obligé de chercher une place aux
règnes de Galba et de Vitellius ; et uniquement cette fois
parce que des revers semblables se trouvent sur les mé-
dailles de ces empereurs ; pour être conséquent , il aurait
fallu attribuer les pièces (n"" 15, 16, 17, tS) à Néron , i
cause des revers analogues IVPPITER LïBERATOR (Cohen,
n- 17), LEIBERTAS» (Cohen, n- 18), IVPPITER CVSTOS
(Cohen, n""* 12 et 13) et à Claude le n* 60, à cause du re-
vers PACI AVGVSTAE, qui ne se rencontre pas moins de
dix-sept fois sur les médailles de ce prince.
M. Cohen dit avec raison que les pièces de Galba sont
si nombreuses, qu'il est in.possibIe d'admettre qu'elles
aient toutes été frappées depuis son retour à Rome, et que
beaucoup ont dû être frappées en Espagne. Je partage soa
• Cohen, Médailles de la république romame^ pi. XI V", CameUa, n— 10 et II.
' Mionnety en parlant de cet aureus de Néron, fait observer qu'il est de ft*
brique barbare. Voir Caylug, Num, aurea imp rom» «ctinelto régis cktistimiiuim^
n* 114. Il pourrait donc bien avoir été frappé dans les Gaules, à IVpoque àt
la révolte de Vindcx; le mot Leibertas aurait été comme une espèce de pro-
testation contre Néron; l'orthographe Leibertas est celle employée sur ki
pièces républicaines de la famille Cassia. Voy. Cobeo, pi. XII, CaMHi.B**U
et 15; pi. XXin, Junia^ n* la (quinaire), pi. XXX VI II, Serr^Oa, n- T.
ET DISSERTATIONS. 239
opiDion et je propose de classer immédiatement après le
règne' de Néron les autonomes frappées les unes à Rome
801» l'autorité immédiate du sénat, et que Ton pourrait
sossi appeler par cette raison monnaies sénatoriales^ et les
«otires en Espagne et dans les Gaules. A la suite des auto-
nomes, on placerait les pièces avec le cavalier et le nom de
6att>a, toutes frappées hors de Rome et peut-être même
avant sa proclamation par le sénat, enfin viendraient celles
avec la tête de l'empereur, qui sont les plus récentes de ce
règne si court.
Ce qui eut lieu après la mort de Néron ne se renouvela
pas après celle d'Othon. La nouvelle du changement de règne
tronva le peuple rassemblé au théâtre et assistant aux jeux
de Cérès ^ Elle fut accueillie par les applaudissements de la
multitude, pendant que Sabinus, préfet de la ville, rassem--
tdait les troupes et leur faisait prêter serment; il n'y eut
donc pas d'interrègne, et le sénat n'eut pas le temps de
Frapper des médailles autonomes^
Des découvertes ultérieures nous apprendront s il existe
des pièces de grand bronze contemporaines; nous n'en
connaissons pas encore, mais nous avons toute une série de
petits bronzes décrits dans l'ouvrage de M. Cohen* à la suite
de Tespasien le Jeune, et d'une attribution jusqu'ici incer-
taine ; les types ne sont caractéristiques pour aucune époque
particulière, et ils peuvent parfaitement convenir à celle-ci :
FuDon, Pallas, Jupiter, Mars, le Génie du peuple, la Liberté ;
A « At Rome nihil trepidatioiiis : Ceiealos Indi ex more sprctiibantur. Ut
«Mine YÎta Othoiiem ctaFlavio Sabino, prterectonrbis, quod ertit iii urbomi-
itam sscramento VitoIIii adactum , certi auctores in theatnim attulerunt ,
ntelUo plauscro In senatu cuncta lon^is aliorum principatibii» composita
tftthn decernuntur. » Tacit., HiH., I], 55.
* Description kis torique de» monnaies t/e f empire romain^ t. I , p. 463.
S3& MÉMOIRES
au revers, une colombe, un trophée, une branche de laurier,
une chouette, la louve avec Romulus et Rémus, l'aigle éployé
sur un foudre, l'aigle légionnaire entre deux enseignes
de cohortes, la massue, le caducée, le trépied ; on D*y voit
aucune légende, et seulement les lettres S. G. Je propose*
rais donc de retrancher de la série, telle que la donne
M. Cohen , les pièces qui ne peuvent être classées à Tin*
terrègne, de rendre, par exemple, à Annius Vérus la mé*
daille avec la tête d'enfant, comme on l'avait fait jusqu'ici,
de ranger avec les tessères toutes celles qui ne portent pas
le S. C. , et je mettrais toutes les autres à la suite des
autonomes que nous avons décrites. Cette attribution
semble d'autant plus raisonnable que des pièces tout à fait
semblables se trouvent à divers règnes avec les noms des
empereurs.
Je ne crois pas avoir épuisé le sujet; il existe proba-
blement d'autres pièces que je ne connais pas qui pour-
raient trouver place dans cette série, et qui sont con-
fondues avec les incertaines dans les tiroirs de quelque
médaillier. Mais j'en ai dit assez pour éveiller l'attention
des numismatistes sur les autonomes, et peut-être pour
soulever un coin du voile qui cachait encore cette partie
de la numismatique.
Blacas d^Aulfs.
Et DISSERTATIONS. 2S5
DESCRIPTION
t>BS
MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN.
(PI. Xn, XIII, XIV et XV, 1867.— PI. II. UI et XVIU, 1868.)
DianèoM article. — Voir A«rve numitmatiqw , n" 6 , 1861 , p. 318
▲BNAC-POMPADOUR.
08. hARTONACO FI. Buste à droite; tète diadémée ;
cbevelure tombant sur la nuque en un seul rouleau.
^. MARIAIO MOIXI. Croix longue, avec un point ou glo*
baie au premier canton; le tout dans une couronne de
perles.
Tiers de sou d'or. Poids, 1^,05. Deuxième quart du
Tii* siècle. — Médaillier de M. B. Fillon.
112. — VRTVNACO VI {Ariunaco vico). Buste à droite.
orné de deux rangées de perles à la partie supérieure v
tète ceinte d'un diadème terminé par une perle sur le front
et par deux perles sur la nuque.
^. NDVI.. Guerrier muni d'un casque et d'une
cuirasse, armé d'une lance, marchant à gauche sur une
bftse*
23B MÉMOIRES
Tiers de sou d*or inédit. Deuiiëme quart du vir siècle.
— Cabinet de feu M. Dassy.
M. B. Fiilon , eu publiant le n"" 98, a proposé d'abord de
l'attribuer à Artbon , village du Poitou ' s mais il a reconoii
depuis l'analogie très-remarquable qui existe entre cette
pièce et celles de Briva vico, Carovico et Maugonaro^
dans lesquelles il signale les traces de Cinfluence de fécoU
limousine. Gomme Briva^ CaroviaiS et Maugonacum sont
incontestablement des ateliers limousine , l'analogie obser-
vée par cet antiquaire conduit à cette conséquence natu-
relle qvLÀrionacum est im lieu limousin. Le revers d*i4rfu-
nacum , qui représente un guerrier passant , se rapproche
sensiblement du revers de notre trions du vice Briva ci-
dessus décrit ( n" 62 ) , et le rattache au même groupe. U
transformation que Ton remarque de la deuxième voyelle
d*o en u, fait présager sa disparition dans le travail de
contraction qui s'opère suivant l'usage : et le vocable réduit
à Àrtnacum , où la prononciation du / , placé entre deux
consonnes, est fort aflaiblre, a dû former bien vite Amacunu
C'est pourquoi nous pensons qu'il convient de placer cet
atelier à Arnac-Porapadour •, qui possédait une église pa-
roissiale au moyen âge, et que nous trouvons fréquemment
désigné vers la fin du xii' siècle dans la chronique de
GeofTroi de Vigeois ', dont le monastère était tout voisin.
t Lettrée à M. Dugaat-Matifeux iur Us monnaie* frsnçoMM, p. 64*
* Canton de Lubersac, arrondissement de Brive(CorTèze),
* M Hi enim ccclcsiani de ArnacOt qui olim fuit in honore rancti Pétri pim
quidem scd pnrochialis, in mclius ampliare stadebant. i* — « Gnido qui Petr»
gorici auxilio comiti» oppidnm de Pompedour contra vicecomitem de Sfgor
construxit Engnlcias vero,uxor illius, Jryiaco monncha effectn, in seoectott
bona obiit... •• Gaufred. prior. Vosiens. Cbronic., dans Philippe Labbe, M».
Bibliotliec. mes., t. II, p. 280-281. Cf. «W., p. 283, 285, 292, 296.
ET DlSSERTATfOnS. 237
«•L. TE (licQ iocoQDU du Limouftin. i.
113.— ..L TE FI. Buste babillé à droite; tète oraée
'qd loDg bandeau perlé.
$. ELIAV M {Eli anus? m). Guerrier muni d'un
isque et d'une cuirasse, armé d'une lance, marchant à
rojte sur une base.
Tiers de sou d'or inédit. Poids, l*',!©. Deuxième quart
n ifii* siècle. —Cabinet de M. Ponton d'Amécourt.
La ressemblance de l'effigie avec celles d'Yssandon
o* 115, ci-dessous décrit) et de Brive (n* 63); le type
a guerrier imité de celui d'Amac ( n"" 112 ) , et analogue
1 type de la Victoire passant de Brive (n* 63), ainsi que
j personnage de Cornil (n'^ÔA), démontre clairement
je cette pièce provient du Limousin et appartient au
iptième groupe. Mais nous n'avons pu jusqu'ici restituer
nom de l'atelier, et nous n'avons aucune conjecture à
x>poser à son égard ' .
YSSANDON.
U6. hESANDONE FIT. Buste perlé à droite; tête
Qée d'un bandeau perlé, terminé sur le front par une
•osse perle.
i). +LEDEGYSELO MON. Croix latine dans le champ.
Tiers de sou d'or inédit» Troisième quart du vip siècle.
- Cabinet de M. le prince Grégoire Gagarine.
* ta finale TE pourrait suggérer la leçon Biaenate; mah la première dea
M lettres qni nous sont conservées du nom înserit en légende , qui devait
:n d'après sa place la première ou tout au plus la seconde, ne peut être qa'uo
9 on C ou on E , ce qui exclut Th/pothèse indiquée.
258 MÉMOIRES
Il serait superflu , en présence du caractère si prononcé
du style de cette pièce « d'en démontrer rorigine limousine.
Nous nous bornerons à signaler l'identité du revers avec
celui de Brive (n<* 63 ), et du dispositif du buste, de la
croisette et de la couronne du droit avec ceux de Comil
(nMU).
Dès Van 573, nous voyons Tssandon ' mentionné dans
le célèbre testament de saint Yrieix {Aredius) sous le nom
de castrum Issando \ Aux ix* et x* siècles, ce nom a subi
une légère altération , et le pagus ainsi que la vicsûrie,
dont l'antique château était le cheMieu« prirent le nom de
pagus et vicaria Exandonensis ' ; au xi" siècle l'a; se change
en «, et nous trouvons dans plusieurs actes de cette pé-
riode la forme Essando et Essandones ^, ou Essandoneis \
On est revenu peu à peu, depuis cette époque, au vocable
hsando du testament de saint Yrieix , qui a prodmt le
nom moderne d*Yssandon.
RIVISUM ? ( lieu inconnu du Limousin ).
65. — PLOuRIDO MOI. Buste à droite; tête ornée d'no
bandeau terminé sur la nuque par une grosse perle ; le tout
dans un cercle perlé.
* Canton d*Ayen, arrondissement de Brive ( Corrèzo ).
* Le saint prêtre dit dans son testament qu'il donne aox moines ê^Âtmmm,
qni a pris depuis le nom deSalnt-Yrieiz, notamment «û» T9*amâomêcmitrû^uum
intramnraneam. » Ckart»êi diplomat,^ édit. Pardessus, 1. 1, ad ann. 573.
* Cartulaire de Bêaulieu, cb. X, ann. 886-887; LXIV, ano. 904; LXZnii
ann. 967. Cf. ch. IX, XI, XU.
- Geraldus d*E*9andoneê, » Mss. Biblioth. imp., oartnl. 135 , t. I«*, p. 91$,
Cf. iMtf., p. 649 et 557.
«Totnm onorem {tic) de Eâtmdontiê. m Charte de Hognes d« Castelnaa,
abbé laïque de Bêaulieu , en FaYenr de Tabbé de Clony, ann. 1076 ; dans aotri
Introduction au cartulairt de Btauliêu^ p. XXY, note, ool. 2.
ET DISSERTATIOIfS. 239
^. RIV1...AVT. Croix latine sur deux degrés, dans uo
eerde de perles.
Tiers de sou d'or pur. Troisième quart du vu* siècle. —
Cabinet des méddiles de la Bibliothèque impériale.
L*effigie qui est au droit de cette pièce * rappelle le beau
profil des n** 62 et 113, ci-dessus décrits. Le seul nom de
lieu limousin que nous ayons pu jusqu'ici rapprocher de
la légende du revers est celui de Rivisum, mentionné dans
une charte écrite vers l'an 1058 '. La position de cette
localité ne nous est pas connue : nous savons seulement
qu'elle était dans le voisinage de Cbamboulive ', de la
Ticairle duquel elle dépendait. Au nord de Cbamboulive,
il y a un hameau nommé la Rivière , mais ce dernier vo*
cable provient vraisemblablement de Ribeira ou Riberxa^
et non de Atrûum.
SEÎLHAC.
06. — BOSOLENO. Tète à droite, ceinte d'un bandeau
terminé sur \e front et sur la nuque par deux bandelettes;
le col orné d'un double collier de perles.
^. +SA..II..CO FITO. Croix égale, potencée, sur un
double degré, surmontée d'un point ou globule; dans une
couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or. Troisième quart du \\V siècle. — Ca-
binet des médailles de la Bibliothèque impériale.
* Ce trient est peut-être celni qo» M. Conbrouse a reproduit dans sod
Uemil éê monét. mérov,, pi. XXV, n» 1 , et où il a 1* an droit FLADOALDO
MOI, et M reTen RISI...I\IoI.
* m Ugo et Willelmus Sancti Aredii conoessemnt unnm mansnni qui vo-
Mtur JIMfwm, in vicaria Cambolivense , audiente Ebulo vicecoroite , régnant»
JUnrioo rege. - Mw. Biblioth. impér., cart. 135, t. l", p. 566.
* Chamboolive est dans le eantou de Seilbac, arrondissement de TuU»
Corrèae}.
*2h0 MÉMOIRES
Le type de ce trieos est méridional : ii rappelle les n** 65
et 62 (Brive); le double collier de perles est analogue i
celui du n" 112 ( Arnac-Pompadour); enfin la croix et les
deux degrés du revers le rapprochent du n* dô ^ Le lien
d'émission est peut-être Salliarum^ aujourd'hui Seilhac,
chef lieu de canton dans l'arrondissement de Tulle (Cor-
rëze), qui, au xi* siècle, avait donné son nom à une cir-
conscription administrative appelée viraria SaUiacensu *.
Il existe au Cabinet des médailles, parmi les incertaines,
un autre triens qui n'a pas été gravé sur nos planches et
qui provient, suivant nous, comme le précédent, du bourg
de Seilhac. Voici la description de cette pièce, que nous
croyons inédite.
-f-BOcrELlNAc/3. Buste à droite habillé; tète au long col,
omée d'un bandeau prolongé au sommet.
^. c/:A..i.l..CO FIT (5aHiaco?). Croix dont les branches
sont fourchues, et dont le montant s'élargit à son extré-
mité supérieure, posée sur un degré au-dessous duquel
est un globule , et entourée d'une couronne de feuillage.
Le travail de cette. monnaie est assez barbare pour qu'il
convienne de ]a faire descendre à la fin du vu* siècle.
Vllh GROUPE.
TURENNE ».
67. — CLODOVPO. Tête nue tournée à droite ; cheveox
hérissés ; buste habillé, sans ornement.
> M. B. Fillon , qui a édit«^ c«tte monnaie \ Revue nvm,y ann. 1855, p. 403,
pi. XIII, u* 6), Ta attribuée à Saillj^ bourg de Saône-et- Loire; maU eUeoooi
paratt avoir une origine méridionale qui ne se concilie pas aveooette attribation.
Ch. circa ann. 10B8. Mss. Biblioth. impér , inter Baluz. sekedas. ans.
incert., paq. 2, n"3.
Chef-Hou de canton dans Tarrondisseroent da Brive (Corrëxe).
KT DISSERTATIONS. 2A1
^ .... RIiNiSAi. Croix longue haussée par un degré, avec
un R suspendu à la haste, accostée de deux globules ou
gros points sous les bras.
Tiers de sou d'or. Or jaune. Poids, Is'^lô. An 638-656.
— Cftbinet des médailles de la Bibliothèque impériale.
M. Adrien de Longpérier, qui le premier a publié cette
curieuse monnaie, quand elle faisait partie de la coUecUon
de M. J. Rousseau, a lu seulement au droit ..LODOYEI, et
au revers ....INN A I. Quant à la position de Tatelier, guidé
par le type méridional de la pièce, il a fait remarquer que la
l^nde du revers était peut-être [VESjVNNA, Périgueux,
ou [VIE]NNA , Vienne en Dauphiné , ou [BA]NNA[CIACO],
Bannassac en Gévaudan \
Il est à remarquer d'abord que ces attributions ne se con-
cilieraient guère avec les deux syllabes INN A de la légende.
En second lieu , on voit distinctement au droit de notre
triens la base d'un C initial et de YO Hnal de CLODOVEO.
En troisième lieu, nous observons au revers, en avant de
INNA, la partie inférieure d'une lettre à deux jambages,
dont le second, celui de droite, oblique au premier, indique
nécessairement un R, ce qui donne le fragment de légende
RINNA. A l'égard de TI qui terminerait la légende, suivant
M. de Longpérier, nous ne voyons que la partie inférieure
d'une lettre qui peut être un F.
Parmi les types méridionaux, celui du Limousin nous
paraît convenir à cette pièce ; et le célèbre et antique cas-
trum TORINNA ou THORINNA , situé dans la partie sud de
cette province, doit en recevoir mieux que toute autre
localité, à notre connaissance, l'attribution géographique.
> Notice àwr U§ monnaies françaùei de la collection Rousseau , p. 35 , pi. 1,
H- 102.
1862. — 4. 17
2A2 MÊM0IBE8
La syllabe initiale TO ou TIIO et la croiselle qui devait la
précéder rempliraient parfaitement l'espace laissé vide
autour de la croix du champ.
Le castrum Torinna est cité pour la première fois dans
les Annales de Metz , d'après lesquelles le roi Pépin le
Bref, dans la guerre contre le duc des Gascons Waifer et
contre l'Aquitaine insurgée, prit les trois forteresses d'Es-
coraille {Scoralia), de Turenne [Torinna) et de Pey russe
( Pelrocia) \
Aux ix*etx* siècles, le château de Turenne, possédé par
des seigneurs décorés du titre de comte et plus tard de
vicomte, et affranchis du payement d'impôts , souveraios
sur leur terre et ne relevant que du roi, était le chef-lie^
d'une vicairie et d'un pagus du Limousin, qui. du nom de
ce castrum^ s'appelèrent Torinensis, Tornensis ou Torero
nensis et puis Turennensis *.
Le nom de Clodoveo, qui est inscrit au droit de notre
triens, est assurément, comme l'a pensé M. de Longpérier,
celui du roi Clovis II (an 638 650), ce qui donne à cette
pièce une date assez précise. Mais , à la différence d'une
monnaie de notre série précédemment décrite (n»4), qni
présente également le nom de Clovis H en légende, la tête
ceinte d'un bandeau perlé et le col orné d'un collier de
])erles, Teffigie encadrée dans la légende du droit ne nous
offre ici qu'une tùtc nue et un buste sans ornement. Ce ne
^ « MuUns munitioiios adquisivit , castrum videlicet Scoraliaxn , foi
(nîias Thorinnam) et Pe*rociam. . - Annal. Francor, Mett*n$,; dmns D. Bouquet,
Histor. de France , t. V, p. 339, et dans Pertt, Monument. German. kUtwk.
S5., t. I, p. 74-75.
t Cartulairede Beaulien. cli. I, IX, XII, XXIT, XXXIII, LXV, LXM. CVÏll
CXI, CXXVll, CXXXII et CXLV. — Chartes dn Cartniuirtf Ue Tulle, danf
Baluze, Histor, Tutel,, appriid., col. 341, 348, 354 et 3S2.
ET DISSERTATIONS. 2A3
peut être celle du roi Clovis, encore moins celle du mon-
nayer; ne faut-il donc pas y voir la représentation d'un de
ces leudes, qui, en possession de Torinna et du grand béné-
fice que ce castrum commandait, y faisait frapper monnaie
à son effigie, tout en maintenant le nom du prince dans la
légende circulaire ' 7
IX* GROUPE.
BEYNAT.
68. 1- BIAENATE PAGO. Tète à droite, casquée et
ceinte d*un bandeau perlé se prolongeant sur la nuque ;
buste babillé.
ig. + SECONE foONETA. Croix à branches égales, can-
tonnée des lettres L.E.Of).0, accostée à l'une de ses bran-
ches d'un gros point ou globule, et entourée d'un grènetis.
Tiers de sou d'or pâle. Poids, l8%15. Deuxième tiers
du VII* siècle. — Cabinet de M. le docteur Voillemier, à
Senlis.
L'origine limousine de cette pièce, attestée par les lettres
qui sont dans le champ du revers, n'a pas besoin d'être
démontrée. M. de Longpérier l'a (dubitativement, il est
' Il n*est pas sans intérêt de ûiire remarquer que, sur la monnaie frappée
dans le premier Uers du xiii* siècle au nom des vicomtes de Turenne, la croix
da rvrers était cantonnée de deux annelets sous les bras, comme celle de notre
trt«naest cantonnée de deax globules on gros points (voir une obole publiée
par M. Fillon, Études nwniimatiq,^ p. 69, pi. II , n<* 16). Le droit que les soi-
gneurs de Turenne avaient de battre monnaie est constaté non- seulement
par une sentence de la reine Blanche de 1250 (Cf. notre introduction au
Cartolaîre de Beaulieu , publié dans la Collection de* documents inédtU defhii-
fotr« de France f p. xxzi, not.), mnis par un passage de la Chronique do
Geoffiroi de Vigeois écrite an zii* siècle (Ph. Labb., Nor. BibUoth. mes.,
t. n, p. 290).
hk MÊliOlEES
vrai) attribuée à Beynat, chef-lieu de cantou de l'arrcDd»-
sèment de Brive (Corrèze) '. Cette attribution est exacte, et
nous croyons pouvoir la justifier. Le vicomte Adémar, abbé
laïque de Saint-Martin de Tulle, fait mention dans son tes-
tament, dressé vers Tan 930, d'une vicairie du Limousin,
dont Beynat était le chef-lieu, et qui s'appelait ticaria
Beennatensis '. La différence qui existe, dans la première
syllabe, entre ce nom et celui qui est inscrit sur notre triens
provient de l'emploi de l't pour Te, dont nous avons tant
d'exemples dans la numismatique et dans l'épigraphie, en
sorte qu'il y a identité entre Bienale et Beenale; quant aux
lettres AE de notre légende, elles représentent en réalité la
diphthongue œ on l'y; des Grecs , ce qui achève de nous au-
toriser à retrouver cette légende dans le nom de BeennaU
du testament du vicomte Adémar.
L'importance et l'antiquité de Beynat (qui a toujours été
en possession d'une église paroissiale et dont le château a
joué, du reste, dans la période féodale un rôle assez consi-
dérable ) résultent bien suffisamment de ce fait , qu'il était
au X' siècle chef-lieu d'une circonscription judiciaire et
administrative.
La monnaie ci dessus décrite offre un intérêt particulier
en ce qu'il n'existe dans la numismatique mérovingienne
que sept pièces (la nôtre comprise) portant des noms de
pagi : ces noms sont les suivants : Àlbiviienfe pago. —
Austrebanto. — Biaenate pago. — Briennone pago.— Cam-
bortese pago. — Gavaielano. — Velecassino '.
< Annuaire de la Soci»' </e Vhiàtoirt de France^ année 1841, p. 217.
* Chartes du Cartulaire de Tulle, dans Baloze, BUt, TWlef., appeod.,
col. 334.
s On a cru voir aussi dans Brionno le nom d*un poffuê qui serait la Broane
duui l'ancien Berry ; mais cette opinion me sembli» douteuM.
ET DISSERTATIONS. 2A5
Le type de la tète casquée qui caractérise le neuvième
groupe de dos monoaies se retrouve : 1* dans ud trieos de
Sarrou qui porte sur nos plaoches le n" 69 {Seroenno)^.e%
que nous avons décrit à propos du deuxième groupe, parce
que Tune des espèces sorties de cet atelier se rattache au
type de face qui distingue ce dernier groupe ; 2« dans un
triens d'Espagnac, Espaniaco (n" 70), qui porte sur le front
un débris du type casqué, et que nous décrirons plus bas.
Ajoutons que ces^ deux pièces, ainsi que celle de Beynat,.
(Mit le type et Tinscription du revers identiques.
ESPAGNAC:
70. — E wPANIACO FI. Tête à droite, ceinte d'un ban-
deau perlé, terminé au sommet par une grosse perle, et
sur la nuque par deux bandelettes; buste babillé; un fleu-
ron devant la face.
i. +GONPOLENOc« fo {Gondolenos m).. Croix latine
poteocée, cantonnée des lettres L.E.OO.O.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l8',261. Deuxième tiers
du vu* siècle» — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
71. 1- SPANIACO F. Tète à droite, ceinte d'un dia-
dème de perles terminé sur la nuque par trois bandelettes
perlées; buste nu ; sous le buste une rangée de cinq perles.
^. — T»RTEWINDVS o>01 {Tirtewindus moV). Croix la-
tine potencée.
Tiers de sou d'or inédit. Or fin. Poids, 1«',20. Troi-
sième quart du vu* siècle. — Médaillier de M. Ponton d'A-
mécourt.
1 Le premier des deux V a été gravé sur nos plaueBcs comme u» P ; mais
«efct bien un double W qui cM Inscrit «ur notre pièce.
2&6 MÉMOIRES
Les lettres qui cantonnent la croix du n* 70 en fixent
avec certitude le lieu de fabrication en Limousin ; en Fab-
sence de cette marque , le type de nos deux pièces en dé-
terminerait le pays d'origine. M. A. de Longpérier, qui a
décrit le trions d'Espaniaro \ Ta attribué à Espagnac*, et
cette attribution, non plus que celle du triens de Spaniaco^
ne peut être un instant douteuse en présence des nom-
breuses chartes des ix% x*" et xi*" siècles, où il est fait men-
tion de la vicaria Spaniacensis , subdivision administrative
de Tancien comté de Limousin •.
Il est à remarquer, d*une part, que la forme Espantaco^
où figure la prostesthétique que nous trouvons dans le vo-
cable moderne d'Espagnac , que cette forme dégénérée et
sans doute usitée dans le langage vulgaire , a été employée
par les graveurs des coins de nos deux monnaies concur-
remment avec la forme primitive de Spaniaco ; d'autre part,
que, d'après les monuments précités, plusieurs siècles
après rémission de ces pièces , on se servait encore exchx-
sivement dans les actes écrits de la forme primitive Spa-
niacum^ Spaniacensis ; et que c'est seulement au xiv* siècle,
en 13&3, que nous trouvons la première mention de la
localité dont il s'agit sous le nom d!E$panhacum % d'oft
provint, au commencement du xvi* siècle^ Espanhac^ et
un peu plus tard Espagnac.
< Notice sur Us monnaUt de la collection Roui»ea»i p. 81, pi. Il, n* 187.
* Canton de Laroche-Canillac, arrondissement de Tulle ( Corrèce ).
s Cartulaire de Beaulieu, chartes CXLIY, GLYI, CLXX ei CLXIQI. -
Chartes da Cartulaire de Tulle, dans Baluze, Hist.TuUL, append.^ col. 332,
366 , 407 et passim,
* Mss. Biblioth. imp., cart. 135, 1. 11, p. 9.
ET DISSERTATIONS. 2A7
X« GROUPE.
VALLIÈRES.
72. — VALLARIA VIGO FI. Tête à droite, ceinte d'un
bandeau perlé; buste vêtu du pallium muni de sa fibule,
WÏ9Î que du lambrequin.
i^. + GLAYIO MONITARL Croix latine à branches iné-
gales, cantonnée sous les bras des deux lettres L. E., sé-
parée de la légende circulaire par un grënetis.
Tiers de sou d'or pur. Poids, 1«%15. Premier quart
du vn* siècle. — Ancienne collection de M. de Reicbel, con-
seiller d*État à Saint-Pétersbourg, aujoiu-d'hui à l'Ermitage
impérial.
118. h VALLARIA. Tète informe, adroite, ceinte d'un
bandeau terminé au sommet par une double bandelette
a&ctant la forme d'un V; buste orné de perles.
Q. + GLAYIONE MON. Croix latine renversée.
Eers de sou d'or inédit. Poids, l6',16. Fin du vii« siècle
jovL commencement du viii*. — Cabinet de M. Ponton d'A-
mécourt.
Outre ces deux trions de Vallaria^ il en existe au Cabinet
des médailles de la Bibliothèque impériale un troisième,
qui n'a pas été reproduit sur nos planches, et dont la lé-
gende, quoiqu^en partie rognée, permet de retrouver
toutes les lettres de notre n** 72 ^
1 M. Gonbrotise Ta décrit une première fois avec la leçon VALK....
VICO n. — t. V+LLAVIO MONITARI [Alla* dès monn, nntion. Cntalnq.
^M mHwingimnes , n« 840 ), et une deuxième fois avec la leçon VA I.KNCIA
VICO ( Jfonel. mérocing,, pi. XLVII, n* 10). Mais la publication du trions de
M. de Reichel , dans le tome V des Mémoires jfe la Société arcluologique de
SaétU-Pétertbourg (pi. I , n" 11 , a fait cesser tout doute au sujet do la légende
iê cette pièce.
SAS MÉMOIRES
Le pays d'origine de nos trois monnaies est détermioé
par le type du revers et par les deux lettres LE, initiales
de Lemovices. Aussi Duchalais, en reproduisant la première
de ces pièces, avait cherché, mais vainement, en Limouân
l'atelier d'où elle était sortie*. Nous croyons pouvoir, k
Taide de documents que notre regrettable confrère et ami
n'a pas connus ou qu'il avait négligé de consulter, fixer
avec certitude la position de Vallaria * à Vallières, cbeMien
de canton, arrondissement d'Aubusson (Creuse). Cette lo-
calité de l'ancien diocèse de Limoges donna son nom à ub
petit pays appelé , dans une charte de Tan 631 , termimu
VALLARIENSIS ', et plus tard , au x* siècle , d'une circon-
scription judiciaire et administrative nommée vicaria
VALLARENSIS'. Dès le xr siècle, le vocable de Valiaria
est changé eu falieira ', qui prépare sensiblement la forme
moderne de Vallière ou Vallières.
Vallières eut également de Tiraportance dans Tordre
ecclésiastique , car on le voit durant le moyen ftge en pos-
session d'une église paroissiale et d'un prieuré •.
Nous n'omettrons pas d'observer deux particularités :
la première relative au buste du n* 72, qui nous offre
< Bevw fitfmttm., année 1852, p. 253, pi. VIII, n<> ISf.
* M. de Reichel , qai avait lu V ALLA Kl A sur le n« 72, a propoeé Yal-^»-
(^oux ( Vallis Caulium ) , diocèse de Langres , oa Vaujour ( ValKs Gmmàm) «
diocèse d'Angers , ou bien Yaucouleurs ( Vallis Cohr ) ; mais la Téritable leçoa
( Vallaria ) comme le type s'opposent à ces attribations.
' Charta dicisionit ftrsediorwn Thêodilanm matranse^ dans la CoUêcUom eu
chartes et diplômes ^ édition de M. Fardessas^ t. Il, p. 9"; dans Mabîlloo, Oi ff
diplomatica, t. I, p. 464.
* Mss. Biblioth. impér., collection Dn Chcsne, t. XXII, fol. 220.
* « Ecclesia de Valieira^ videlicet sanctSB Mari» et saneti Martim. • Bulle
du pape Urbain de Tan 1097. Mss. de la Biblioth. impér.y-oolleetioii Gi^
gniëros, t. 186, fol. 104.
< /6«/., t. 183 184 , fol. lO.*), «t fonds Saint-Germain français n* 878, t li
ET DlSSEaTATlONS. HO
le rare exemple parmi les monnaies mérovingiennes du
vêtement antique, lequel atteste une fabrication voisine
de la fin du vr siècle ; la deuxième, qui est relative au
nom du monnayer Glavio inscrit sur les trois pièces de
Valliëres : est-ce ime famille de monnayers, dont les mem-
bres ont successivement et à la distance de trois quai*ts de
siècle fait frapper ces triens ? ou bien est-ce un nom qui
s'est immobilisé sur les produits de Tatelier? Il est difficile
de se prononcer sur ce sujet, mais je pencherais vers la
seconde solution.
Xh GROUPE.
BLON.
78. — BLAT(K»>[A]GO. Tète à droite, ornée d'un ban-
deau ; buste habillé.
^. -fSAVELONE roONE[TA]. Croix latine, dans une cou-
ronne de feuillage.
Tiers de sou d*or pur. Poids, 1<',16. Dernier tiers du
TU* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
74. — BLATOr^AGO. Tète à droite, ornée d'un bandeau,
et semblable à celle du n"" 73 ; le buste est nu.
^. + SAVELONE coONETA. Croix latine, dans une cou-
ronne semblable à celle du n* 73.
Tiers de sou d'or pur. Poids, 1»',26. Dernier tiers du
Tii* »ècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
75. — BLATOMAGO FIT. Tète à droite, ornée d'un ban-
deau perlé se prolongeant sur la nuque ; buste nu ; derrière
Tépaule une baguette ornée de deux rangées de quatre
perles chacune.
!250 MÈMOmES
^ ........ MONETARIO. Croix caDtoonée des lettres LE.
M.0. 9 et séparée de la légende par une couroDne de perles.
Tiers de sou d'or. Dernier tiers du vn* siècle. — Du
cabinet de M. Lambert, cette pièce parait avoir passé dans
le médaillier de M. Cartier. Car Lelewel, qui Ta publiée,
annonce que M. Cartier lui en a communiqué le des»n '.
76. — BLATOMO SEl M\RT *. Tète adroite, ceinte ffno
bandeau ; le col et le buste ornés de perles ; une palme
dans le champ devant le buste.
Si. AEOLENO m ^ 0. Croix latine potencée, ancrée, avec
un I ou une barre posée au-dessus de Tangle formé par les
deux branches, la branche de droite formant un R ; sous
le bras les deux lettres L et N ; le tout séparé de la légende
par une couronne de feuillage.
Tiers de sou d*or pur. Poids, 1«',80. Deuxième tiers
du y II* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliotbëque
impériale.
Les lettres L.E.M.O. qui cantonnent la croix du n* 76
prouvent d'une manière irrécusable Forigine limousine des
pièces de Blatamago. Quant à celle de Blatomo^ forme cor-
rompue de Blatomagoy les lettres L.N. sont très-vraisem-
blablement les .deux consonnes de Le No que nous trouvons
sur notre triens de fir^miltaco , Jumillac (n* 15). En outre,
le type et le style de fabrication des unes et des autres les
font attribuer sans hésitation au Limousin. C'est là, du
' NumiJtmatiq. du moyen dge^ 1. 1, p. 74, pi. IIl, n* 61.
* Le T pincé à la suite de la légende et formant HAUT, pourrait êtr»
dérô comme représentant une partie de la croisette qui cidtte anoai fréqnem*
ment en tête des légendes circulaires. Mais il est à remarquer, d'une part,
que les trois autres monnaies de Blon (n** 73, 74 et 75) ne portent pu ao
droit cette croisette , et , d*autre part , que les initiales MarU s'accordent trH-
bien avec le nom du patron de l'église, qui est saint Martin.
ET DISSERTATIONS. 261
>iis les Dumismatistes ont cherché Tatelier d'où
rties.
i¥el ' et Cartier ' ont proposé de placer l'atelier
à Saint-Priest-le-Bétoux, qui reçoit aussi quel-
lom de Saint-Priest-le-Blétoux. Ce dernier root
ait dériver de Blalomago ou Blatomo.
"ouse a adopté cette proposition'. Duchalais
enté de dire que c'était « un lieu inconnu du
qui frappait des espèces au nom et probable-
•refit de saint Martial de Limoges ^ ; » et notre
avait fait observer avec raison que Sainte-
Hùux ne pouvait convenir h la légende Blatomo
ut supposait nécessairement un autre vocable
t saint Priest {sanctas Projecius ) , mais il n'était
i à conclure que ce vocable fût celui de saint
nous allons montrer qu'il fallait y voir celui
-tin de Tours.
la localité désignée a porté au moyen âge les
de Beto$ , Betono et Bethorio % et dans les
rvi* et XVII* siècles , ceux de Lobeiaus ou de
-le-Bitoux. Il faut descendre au xviii^ siècle
r la forme Blétoux^ qui a été employée par
le Dictionnaire d'Expilly et dans la Géographie
■I., année 1838, p. 260-261, pi. IX, n«* 3, 6 et 7.
mn. naUonn, Catalog. dea Méroving,, n** 159, 169 Mf , 159 tmr «t
Uê vumét. méroving., pi. XY, n"" 5 et 6; pi. XLI, n" 8.
M., année 1842, p. 31.
de Bttos, canoQÎcus Lemo\ic. Kcc]e8ia>. >* Acte de J399. — lo.
diaconae de Benevento. >< Acte de 1403 — ** Petrus de Btthorio
I , canonicus Lemovic. Eccleua:. •« 143 1* 1438, 1444 et 1451.
II. impér., collection Gaiguières, t. 186, p. 49, 50, 61 et 53^
352 MÉMOIRES
de la France de DumouliD^ forme toute moderne qui ne
saurait autoriser un rapprochement avec la légende BlaUh
mago on Blalomo.
Cest à Blond ou plutôt Bien, chef-lieu de commune dan»
le canton de Bellac (Haute-Vienne), qu'il faut attribuer
nos triens.
Ce bourg est mHnmé, vers 1177^ Blahanium* où Hk
remplace le l de Blalomum; et en 1238, jBIaomttini ', et
persiste encore Y m initiale de la troisième syllabe ; et aux
xv* et xvr siècles, Blon ou Blonium '. C'est encore à Du-
moulin et Expilly qu'on doit l'addition du d qui termine le
vocable moderne de Blond.
On voit, d'après ce qui précède , que le nom de l'atelier
dont il s'agit a été d'abord Jff/a/omagta, qui s'est contracté
en Blatomum^ comme Cassinamagus en Cassanamus ou
Cassanomum , Argenîamagus en Argentomm ou Argenlo-
mum; que Blatomum a fait Blatomium ou Blatannm
comme Argeniomum a fait Argenianium ; que la consonne
médiane s'est d'abord affaiblie et a disparu pour laisser le
mot Blaomium et puis Blaonium se contracter en BUmium
et Blon.
Quant au saint sous l'invocation duquel l'élise de Non
est placée, son patron ancien et moderne est saint Martin
de Tours, ce qui s'accorde parfaitement avec la légoide
' •« Gnido sive Guîgo de Blahonio. <i Nommé à cette date pArmi les abbéi àt
Saint-Junien. — Mss. Biblioth. impér^ collection Gaignièrea, U lSS-19li
p. 229 et 238. — D. Estiennot le fait vivre vers 1170 <m 1175. Aniiq. twiAcl.y
t. I'% fol. 222. Ce dernier cite un 6. de B(aùn,Mbé du Dorât en 120e. Mi,,
foU 601. Nov, Gall, chrût.^ t. II, col. 550.
* « Umbertns de Blaomio. » Collection Gaignières, 1. 186, fol. 353 «i 363.
* •• Dauphin de Blon, » Acte de 1480. Mss. Biblioth. impér., coUectioB Gii*
gniëres, t. 1B3-184, fol. 334. — « Ecclesia parroehialis de Blamio, » Acte 4»
1502, dans la môme collection, t. 186, fol. 103.
ET DISSERTATIONS. 253
de notre n* 76 (SCI MART. ), et nous donne en même temps
sa véritable interprétation.
Blon est une localité ancienne, auprès de laquelle on a
reconnu les débris de l'ancienne voie romaine qui faisait
communiquer Limoges, l'antique Augustorilumy avec Poi-
tiers, l'ancienne Limonum. Une tradition indique à côté du
bourg actuel l'emplacement d'une ville détruite, dont on a
aignalé de remarquables vestiges '.
Notre attribution est donc, sous tous les rapports, com-
plètement justifiée.
NOVIC ou NOUÏC.
77. hFLAVLFO MON. Tète à droite, ceinte d'un ban-
deau perlé terminé sur la nuque par un rouleau ou anneau
de perles; le col orné dune rangée de perles; buste
babUlé.
^. NOYOVICO FIT OOON. Croix latine surmontée d'un
demi-cercle qui rappelle la forme de la croix ancrée , sépa-
rée de la légende par une couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or fin. Poids, l*',Oô. Fin du deuxième
tiers du vu* siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale *.
78. [-FLAVLFAS M. Tête à droite, coiffée d'un cha-
peron, et ceinte d'un bandeau perlé terminé au sommet
par une grosse perle et se prolongeant sur la nuque; le col
orné d'un collier de grosses perles; buste babillé.
R. + NOVOVICO FIT. Croix latine posée sur un globule »
portant un R et un G attachés chacun à un côté delahaste,
* Alloa, De»cript. an iiionwm. dt U HatUe-Vienne^ p. 307 et 320.
• Cette monnnie a «té claeeée parmi le» incertaines ( tiroir 21 ' ; mais o» l'a
fort à tort attribuée, par une étiquette, à la eité angninê.
2Ô& MÉMOIRES
et sous le bras gauche un A ' ; autour de la légende une
couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or fin. Poids, i^^26. Fin du deuxième
tiers du vn« siècle. — Cabinet des médiûlles de la ttblio-
thèque impériale '.
Le n"" 77 présente au droit une efligie qu'il suffit de
rapprocher de celles de Blatùmago (n** 73 et 7 à) pour
prouver que ces pièces sont sorties du même pays. La cou-
ronne et l'anneau de perles qui la terminent d'une manière
si caractéristique sont identiques avec ceux d'une monnaie
de Limoges (n° 7). Le revers est du style limousin le plus
accentué. Quant au n** 78 , il porte , avec le même nom
d'atelier, celui du même monétaire, et il suit dès lors lat-
tribution du n*» 77. Il a seulement au droit un buste ana-
logue à ceux des pièces poitevines ; mais cette circonstance
ne fait qu'ajouter à la force de notre démonstration : car
Blon {Blatomagus) et le lieu auquel nous proposons d'at-
tribuer nos deux pièces sont très-voisins du Poitou.
Il existe en Limousin plusieurs localités du nom de
Neuvic , Novic ou Nouïc , qui dérivent également du latin
Novo vico. Nous citerons Neuvic, chef-lieu de canton dans
l'arrondissement d' Ussel (Corrèze) , et voisin de l'Auvergne •;
Neuvic, simple hameau situé au centre du Limousin, dans
la commune de Saint-Vit, canton de Chàteauneuf, arrondis-
* Nons avonB expliqué pins hant, chap. I*', { 2 ( t jpe du rêver* ), k miao-
gramme formé do la croix et des lettres susmentiano^es par la fonondt
Crus Gloriosa. — M. Guillemot y a vu sans raison le monogramme dA GootrtB.
Catalogne des monn. méroving.^ publié en 1845.
* Où cette pièce est également rangée parmi les incertaines.
s II y avait au xiii' siècle un prieuré, comme le prouTo un acte de 1MS|
tiré des archives de Saint- Angol, près Yentadour. — Msa. Biblioth. impér.,
cnrtttl. 135^ t. Il, p. 53. —Voir aussi collection Gaignièrea , t. m* 184,
p. 195.
ET DISSEBTATIONS. 266
sèment de Limoges (Haute-Vienne) ^ Mais nous leur pré -
ferons «sans hésiter Novic ou Nouïc, chef-lieu de commune
dans le canton de Mézières, arrondissement de Bellac
(Haute-Vienne) et situé près de Blon {Blalomagus), dont
nos triens reproduisent le type d'une manière si accen-
tuée.
La voie romaine de Limoges à Poitiers, qui passait à
Blon, traversait le bourg de Novic ou Nouïc ' : on a trouvé
anr son territoire des tumulus qui contribuent à prouver son
antique origine', et nous sommes assuré qu'au moyen
âge il eut une église paroissiale et un prieuré de femmes \
n existe , outre nos deux triens, une monnaie de Novic
qui ne flgure pas sur nos planches et qu'il importe de dé-
crire ici d'après la gravure qu'en a donnée M. Conbrouse '.
+ NOVO VIEO. Tête coiffée d'un chaperon ou diadème
de perles fermé, et terminé sur la nuque par un rouleau
ou anneau de perles; le buste habillé orné de perles au
pourtour; une croix sur le visage.
^. FFANVFFVA {Flanulfus) . Croix latine potencée, fichée
sur un globe.
* Ce lunneaii était au x' siècle ohef-Iieu d'une vicairie appel<^e vicaria >o-
wémeemêiê ou Noticenêis. Nov, Gall. Chritt.^ t. Il, instrum., col. 170. — Mss.
BiUiatb. impér., cartul. 135, t. I, p. 109, 233 et 275.
* Cette Toie, qui est aseez bien coueervée sur une certaine étendue, passait
par le Mas Vergne, SaintGenee, Mortemart, Novic, Gajouben et le bourg de-
Liale-Jonrdain , à trots quarts de lieue duquel les traces ont <'tc perdues.
AUon, Dtêcript, de» monum. de la HnntB-Vitnne^ p. 277 et 307.
s Bulletin d» ta Société des ariê et science» de la Creuse , 1856 , p. 370. On tk
iéeonvert de nombreux tombeaux dans la rue principale qui aboutit à Téglise»
AUoa, lot. cit., p. 334.
* • Domina Ben aia , prîorissa de Noico. »• Acte de 1237. Mi«. Bibliotb.
impér.t collection Gnignière^, t. 186, p. 459.
* lUeueil des monnétaires mérovingiens j pi. XXXlll, n* 23.
266 MÉMOIRES
Tiers de sou d'or. Poids. 1«',20. Deuxième tiers du
>ir siècle. — Médaillier de M. de Saulcy \
Le monnayer qui a signé cette pièce est évidemment le
même que le monnayer FlaulfuSj dont le nom est inscrit
sur les n*' 77 et 78. Les ornements de la tète et du buste
reproduisent d'une manière remarquable ceux du n* 78.
Le vocable de l'atelier est identique à celui de nos triens.
Il n*y a donc pas à douter que ce ne soit une monnaie de
Novic '. D un autre côté, la croix gravée sur le visage da
droit et la croix du revers la différencient des deux autres.
On connaît d'autres triens à la légende Novo rtco, mab
avec d'autres ' monétaires ( Theodiricus , Evosim , Tk0-
vald^ etc. ) et avec d'autres types que celui de Novic en
Limousin, et par conséquent étrangers à notre série '.
MONTIGNAC.
79. — MONTINIAGO. Tète à droite ceinte d'un banéeau
perlé, terminé au sommet par une grosse perle ; collier de
perles ; buste habillé.
^. + EODVLFO MOiVE. Croix égale, cantonnée aux pre-
mier et deuxième cantons des lettres L.E. La croix et b
légende entourées chacune d'une couronne de feuillage.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«',10. Fin du deuxième tiers
du VII* siècle. — Médaillier de M. Ponton d' Amécourt \
* Conbroaie, Atlas deê monn. franc. Catalog. dês Méroting,., n* 574 ttr.
* Cest donc à tort qu'on l'a attribuée à Nenfvy cm Kenfvîc en Lofrainc.
Conbrousc, loc. cit,
* Les nuDiismatistes en ont laissé la position indécise ; ils se sont contenta
dMndiquer Nêutic ou Neuty^ sans préciser autrement remplacement on voltm
la province.
* Cette pièce , après avoir appartenu à M. de Roncy, juge à CompiègMf •
été acquise par M. J. Rousseau, qui Ta cédée au possesseur ««tiid.
£T DISSERTATIONS. 257
L* origine limousine de ce triens est attestée à la fois par
les initiales LE inscrites au revers, et par le style de fabri-
cation.
II existe en Limousin plusieurs localités du nom de
Montignac : Tune au N. E. d'Aubusson et au S. E. de Saint-
Alpinien; une deuxième à TE. S. E. et près de Limoges,
sur la rive gauche de la route de Limoges à Cleimont par
les AUois; une troisième au N. N. E. de Limoges, à droite
de la route de Limoges à Paris, à la hauteur de Beaune ^
C'est le premier de ces villages qui me pai'aît devoir être
préféré parce qu'il se trouve dans la zone occupée au nord
de l'ancien Limousin par le type secondaire dont nous dé-
crivons le groupe, et que de plus le monnayer Eodulfus dont
le nom est inscrit sur notre triens est sans doute le même
qui a frappé non loin de là, à Nouhant {IS'ovoanlruy n* 120).
II n'est pas douteux que ce lieu a porté, comme les autres
du même nom, le vocable latin Monliniacum. C*est p(3Ut-
ètre là qu'il faut voir le MonUmacum désigné dans une
charte du cartulaire dMîzerche de 117A '.
XOriîAXT.
120. — NOVOANTRV. Tête barbare à droite, couronnée;
buste habillé et orné au pourtour.
A EODVLFO MONET '. Croix latine , légèrement po-
tencée , avec une pointe au sommet de la baste ; le tout
dans un grèneti?.
• Caâsini, n» 33, f. 14.
'M^s. Bibliotli. impér.f collection GuigniiTcs, t. 185, p. 66.
• On pourrait lire au*? i TEODVLFO MONE. Mais la leçon Fcâvifo mouef,
Dooa ft paru préférable parce qu*uii triens de In nn.^ine rt^gion ( Montittiaro,
n* 79 est signé d'un monnayer du m^me nom.
1862. — 4. '18
258 MÉMOIRES
Tiers de sou d*or. Fin du vu* ou commencement du
Yiir siècle. — Cabinet de M. le comte de Gourgue.
Le revers, avec sa croix gravée dans un champ bien
espacé, est du style limousin ; et quant à l'efligie, malgré
la grossièreté du dessin, qui fait descendre cette pièce au
viii« siècle, elle rappelle encore le travail des gravures de
coins de notre province.
M. le comte de Gourgue , qui a lu au droit Novousiru au
lieu de Novoaniruy a proposé, dubitativement d'ailleurs,
de rattr'd)uer à Nontron. «En prononçant Noanu»lru^ il y
a a, suivant Thonorable archéologue, presque identité de
a nom; dans un titre «ancien, ajoute-t-il , ce nom est écrit
(« Nunlrum\ »
Nontron , localité importante de Tancien Limousin , con-
viendrait, sous ce rapport, à Tattribution proposée : nous
possédons un titre du mois de mai 785, le testament du
comte Roger, où elle est appelée caslrum Nunlroneme^ et
cette forme n*est pas en effet très-éloignée de celle de No-
vnanlru. Mais nous croyons pouvoir indiquer une position
(jui est à nos yeux préférable : c'est Nouhant. Si l'on pro-
nonce la légende de notre triens Nouomitru , on voit que
oan s'est simplement contracté en la forme han , ou 1*
remplace Yo disparu '.
iNouhant, qui est situé dans l'ancien diocèse de Limoges,
avait au moyen âge une église paroissiale ', et est aujour-
» Revue numism. , année 1841 , p. 187-188, pi. X, n- 20. — Cf. Conbrou8e,K^
cueil des monêt. méroving., pi. XXXIÎI, n* 18.
* NOVOan/rum a Tait NOUhniit , ooimne XOVOnVoa fait NO Cïc Voir ce
qnî est dit ci-dessus touchant les n"*!! ft 70.
3 •• Ecclesia parrochiaiis de Nolmnto ad priesfnlfttionein al.batis Burgiclo-
liensis. t* Acte de 1483. Mss. Bibliotb.iinpêr., ccr.ection Onignitres, t. 183-184,
p. lin.
tT DISSERTATIONS. 259
(Thui chef-lieu de commune dans le canton de Boussac,
arroDdissement de Chambon (Creuse).
Le monnayer Eodulfus, qui a signé notre triens, parait
avoir également frappé non loin de là, à Montignac
(n-79).
AJAIN K
80. — AGENNO FIT. Tète à droite, ceinte d'un bandeau
perlé terminé au sommet imr deux perles, et sur la nuque
par trois bandelettes i)erlées ; buste habillé et orné.
^. + bObbOLO MO •- N. Croix latine surmontée d'un
demi-cercle qui rappelle la forme de la croix ancrée ; le
tout dans un grènetis.
Tiers de sou d'or fin. Poids, l8%30. Deuxième tiers du
VII* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale.
L'effigie de cette pièce reproduit d'une manière frap-
pante le type an front démesurément bombé qui caracté-
rise les triens du onzième groupe , et particulièrement
ceux de Blon (n** 73, 7 à et 75) et de Novic ou Nouïc
(n* 77) ; la croix du revers est identique à celle du n* 77 :
c'est pourquoi nous pensons qu'elle doit être rangée dans
notre série et dans le groupe susindiqué ; or, dans le ter-
ritoire occupé par ce groifpe, il existe une ancienne localité
appelée de nos jours Ajaiiu au moyen âge Aginnum^ ou
Augentêum ', et qui , d'après ces deux formes combinées,
« Chef-lien do commnne , dans les canton et arrondwsenîent de Guérct
( Crenwî ).
« « Fulcheriuii de Aginno. » Mm. Bibliotli. iinpér., c.irt. 135 , t. I , p. 317.
Cf. i6«f., p. 98.
• - Kasales qui snnt inter ecclesiam et Lcbeouia et eFsachas colliberlorum
monasterîi de Augmno condamina m solidos et dimidium. h Ibid , p. 311.
2(50 MÉMOIRES
a bien pu porter sous les Mérovingiens le nom iYAgennum.
Ajain a eu de tout temps une église paroissiale : il avait
au plus tard, au xn* siècîe, un monastère qui, dans des
temps plus récents, fut remplacé par un prieuré. Son im-
portance et son antiquité, comme sa position, rendent
donc assez vraisemblable Tatlribution que nous indiquons
ici.
La ville d'Agen, qui s'est appelée dans les temps anciens
et au moyen âge Aginnum et Agentium, semblait, au pre-
mier abord, être en droit de revendiquer notre triens. Mais
nous rappellerons le principe posé dans plusieurs endroits
de notre travail, à savoir qu'en présence de l'existence sur
le sol de la Gaule de plusieurs, parfois même de nombreuses
localités du même nom, il faut avant tout consulter le type
et le style de la monnaie pour en déterminer l'attribution,
et qu'à cette considération doivent être subordonnées
toutes les autres, même celle de l'importance de telle ou
telle des localités concurrentes.
M. Adrien de Longpérier, qui le premier a publié cette
pièce \ a fait remarquer avec raison le nom du monétaire
Bobbolo, dans lequel on trouve nettement accusée la forme
cursive du 6, et qui est un premier diminutif de Bobo : le
deuxième est Bobolenus ou Bobbolenm.
BrGIIJOKE ou SAGILIONE. (Lien inconim «hi Limonsini)
81. \- 8VGILI0N€ VI. Tête à droite ceinte d'un ban-
deau perlé, terminé sur la nuque par deux bandelettes;
buste babillé.
fi. AGV.. VON + 20 MON. Croix égale potencée , haus-
• .Yurice sur la coUtction Bousneau, p. 87, pi. IJ, n* 197.
KT DISSERTATIONS. 26 1
sée sur uu degré , dans une couronne de perles ; la légende
est également entourée d'une couronne de perles.
Tiers de sou d'or pâle. Poids, 1«%05. Fin du deuxième
tiers du vu* siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale.
Cette pièce nous offre, principalement au droit, le type
et le style de fabrication du Limousin -, la petite houppe
sur le front, la forme du bandeau et la croisette {)osée sous
les bandelettes qui le terminent , les vêtements du buste,
la font attribuer avec la plus grande vraisemblance à cette
^ province. Toutefois nous n'avons trouvé jusqu'à présent
aucune localité appelée Sugilio ou Sagilio : la seule dont
le nom se rapproche un peu de notre légende est une
villa Sagia mentionnée dans un ancien titre du Limousin ;
mais nous ne voyons pas dans ce rapprochement un motif
suffisant pour proposer, même conjecturalement , cette at-
tribution \
FURSAC.
82. — + FERRVCIACO. Tète nue à droite ^ buste ha-
billé.
^. -fTEODOALDa ^. Croix égale, ayant une pointe fichée
à chacune des deux extrémités de là haste ; accostée d'un
point à îa branche droite et, sous lés bras, dés lettres l.K.
(LE) ; le tout dans un grènetis.
Tiers de sou en électrum. Poids, 1«',25. Fin du deuxième
tiers du vir siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale.
• Le» TiamUmatiïtu» n'ont encore indiqué aucmic position. Voir ConbrouH» ,
il«c. des monél. méroring., où notre monnaie est mal reproduite (pi. XLÎX,
u* 20). — Guillemot [Calalog, ) et Fillon ( Hevue numism., année 1815, p. 25. )
262 SiÉMOlRES
88. h FERRVCIA. Tête à droite, ceinte d'un ban-
deau prolongé sur la nuque par deux bandelettes ; buste
habillé ; le tout dans un grënetis.
1$. 4- GVNDOALDO M. Croix cantonnée des lettres
L.E.^.O. ; le tout dans un grènetis.
Tiers de sou d'or fin. Poids, 1»',20. Dernier tiers du
\iV siècle. — Médaillier de M. le comte de Gourgue.
84. h FIRRVCIAC. Tête à droite, ceinte d'un ban-
deau prolongé sur la nuque; buste habillé et orné de
perles ; le tout dans un cercle de perles.
^. + GVNDOALDO X. Croix longue potencée ; le tout
dans une couronne de perles ou de feuillage.
Tiers de sou d'or. Poids, lp',05. Deuxième tiers du
Tii* siècle. — Médaillier de M. le prince de FQrstemberg , à
Donauesc&ingen ^
Il serait superflu de chercher à démontrer l'otigine li-
mousine des deux pièces de Ferruciacus (n** 82 et 83) : les
lettres inscrites dans le champ de leur revers Tattesteot
suffisamment. A Tégard du n* 8i , nous ferons remarquer
le style des deux côtés, si franchement limousin , Teffigie,
les ornements et la croisette du droit, identiques à ceux de
Brive (n* 63) , et qui à eux seuls détermineraient l'attri-
bution à notre province; enfin, la signature du même moné-
taire {GundoaldtLs) ^ dont le nom est gravé au pourtour de
notre n"" 83. On avait lu dans le principe, au droit du n* 8i
rtrructaco, et on l'avait attribué à Troucey, près deToul,
1 M. Guillemot possède dans sa colloction un triens qui porte ao druit
FERRV, au revers GENARDO {^Catalogue de» monn, meran'nyteniiM ) , et
qui est peut-être une quatrième pièce soriie do Tatelier de Farsac Kaii
n'ayant pas eu encore le moyen d'en vérifier le type , nons noua bornons
à en indiquer l'existence ,. sans rien conjecturer touchant aoo attrilm*
tion.
HT DISSERTATIONS. 263
en Lorraine*; mais la gravure que nous en donnons ne
laisse aucun doute à ce sujet : la lettre initiale est un F
dont la barre transversale supérieure a été prolongée en
arrière de manière à suggérer Tidée d'un T.
MM Adr. de Longpérier, Gonbrouse et Guillemot' ont in-
diqué dubitativement la position de Ferruciacus à Ferrussac,
dont le nom moderne conviendrait bien, mais qui est situé
€u Auvergne, et doit par cette seule raison, être écarté,
M. le comte de Gourgue a pensé qu'il fallait y voir peut*
être le faubourg de la ville de Limoges appelé Ferrerie ',
Mais ce nom provient évidemment du latin Ferraria.
Nous croyons être en mesure de démontrer que noire
triens doit être attribué à Fursac.
La plus ancienne mention que nous connaissions de
cette localité remonte au x* siècle, et nous Ty voyons
chef-lieu d'une circonscription administrative du Limousin,
appelée vicaria Firciaceiws \ ce qui suppose le substantif
Firciams.
Une charte du chapitre canonical de Bénévent, qui re-
monte au xiii' siècle , nous offre la forme de Furciacus ^ ;
peu d'années auparavant, le chroniqueur Geoifroi de Vi-
> Jd. de Sauloy, Obêertatioru numtsmatiqw* ^ Metz , 1834, n* IL; Jiccue ttutn.
ann^ 1836, p. 128-129. — Cf. Conbrouae , Bec. des monit, mêrocing.^ pi. XI.IV,
n* 12.
* Annuaire de la Société de Vhitt. de France ^ année 1844, Liste des atelier»
mtonét, mérovingiens. — Atlas des monnaies nationales, ('atalogue des méroriny. ,
n* 425, p. 28. — Catalog. des metnn. méroving.^ année 1845.
> Bwue numism., année 1851, p. 258 260, pi. XIV, n« 16.
^ « Cedo alodiim meam.... in pago Lemovicino, in vicaria Firciacense : \iov.
cet cunem mcam Âsfac, etc. » Charte rédigée vers Fan 960. Ms». BiblioiL.
Unpér., cartuL 135, 1. 1, p. 146. Cf. ibid., p. 233.
*■ L*s prévôt ûu monastère de la Souterraine et ses moines donnent à Béué-
Y0ot •< terras qua^dum iii purrochia du Marciano pro eeclesia S. Pétri de Fur.
cioco. •» Mm. Biblioth. imp., coUcct. Gaigniëre>, 1. 183-184, p. lOJ.
26A MÉMOIRES
geois (an 1180) désignait le même bourg sous le nom de
Fursacitë * ; et depuis, aux xiii% xivet x\* siècles, c'est
ce vocable qui subsista , dégagé même de la termioaison
latine , c'est-à-dire sous sa forme actuelle Fursae *.
D'après nos triens et les citations qui précèdent , le lieu
qui nous occupe a été successivement appelé Ferruciacus
(n" 82 et 83), Firruciacus (n*84), par contraction Fircia-
eus , par changement de la première voyelle , Furciacus ,
puis, suivant la transformation habituelle de àa en $a\
Fursactis et Fursae.
L'antiquité de ce bourg est attestée : par la découverte
qui y a été faite de dolmens et de nombreux deniers dont
le type s'est perpétué jusqu'au \v siècle * ; par son titre
de chef-lieu de vicairie aux ix* et x* siècles, et de prieuré
dans les âges suivants.
Fursae a donné son nom à deux communes*, et a
possédé de temps immémorial deux églises dédiées, l'une
à saint Pierre et l'autre à saint Etienne *. C'est à cette
dernière qu'il faut attribuer de préférence nos triens, parce
que le vocable de saint Etienne, comme celui de saint
Martin, annonce à priori une plus haute antiquité que
* M Secns flaraen de Gartempa^ vicuê qui dicitur Furâacu*, ~ Dans Philippe
Labbe, Nov. Bihliothec. mM., t. II, p. 285.
> u Parrocbîa S. Stephaui de Fwâac. » Acte de I25(y, ms». Bibliotb. imp.,
cart. 135^ 1. 1, p. 52. — «< Guill. Âdemarus de Fwr$aco, *• An 1334, ibid,, eol-
leet. Gaignières, t. 186, p. 5. — Cf. t. 183-184, p. 188.
' Comme dans Màrciacus , Marsac; Curciacuê, Carsac; PotenHaau^ Po-
densac.
* Bulletin de la Société des sciences et arti de la Creuse , année 1847, p. 82, et
1857, p. 57.
* Saint Étieune- de -Fursae etSaint-Pierre-de Fursae^ situés dans le cantoD
de Grand -Bourg-Salagnac, arrondissement de Guéret (Creuse).
* M Duas rctinct basilicas quarum nna in honore S. Pétri sab potestate S. )(t^
tialis de Subterranea. •» Chronic. Gaufred. Vosiensis dans Ph. Labbe, toc oK
£T DISSERTATIONS. 269
de aaunt Pierre , et que nous y trouvons à la fois,
le moyen âge , une paroisse et un prieuré *.
XIP GROUPE.
douzième groupe, que nous avons caractérisé dans le
ième chapitre du présent travail , mais qui n*a pas
istlngué sur nos planches, présente un type remar-
ie en ce qu'il participe du limousin et du poitevin ,
li s'explique naturellement par l'influence du voisi-
de l'ancien diocèse de Poitiers : il comprend Bril-
t Booœil ( n°* 85 et 86 ) et même Nouïc ( Novus vicus )
'une de ses monnaies (n** 78), qui reproduit la façon
ffigies et des bustes poitevins.
BRILLAC.
. h BRILLIACO. Tète à droite, ceinte d'un double
eau perlé terminé sur la nuque par une grosse perle
ir un fermoir ; buste habillé et orné de plusieurs rangs
îfles.
+ EPERINO. Croix latine potencée, haussée sur un
), et accostée sous les bras des sigles C.G.; aux deux
du globe, les chifl^res V. et II.
vcs de sou d'or fin. Poids, 1«%25. Fin du deuxième tiers
immencement du dernier tiers du vu" siècle. — Ca-
de M. de Saulcy.
Cartier, en publiant ce triens dans l'ancienne Revue
imatique, a fait observer que deux localités peuvent
'rioratU8 caratu» S. Stephaiii do Fursaco, ad prïcsentationem abbati»
levento. » Acte de 1471; Mss. Biblioth. imper., collect. Gaîgnières,
184, p. 188.
S66 MKMOIRES
S en disputer rattribution , savoir : Brillac, dans Tarron-
dissement de Confolens (Charente) et Brillac dansTarron-
dissement de Saint-Claude (Jura), u Plus tard, ajoutait
»« ce regrettable antiquaire , lorsque nos monnaies méro-
« vingiennes seront mieux connues, l'analogie de fabrique
« viendra décider la question *•.»
Les nombreux triens édités depuis cette époque ont dé-
terminé une certaine quantité de types diocésains, et nous
pouvons faire remarquer que, d'une part, la pièce ce BriU
iiacum est d'un style méridional qui exclut la position du
village de Franche-Comté, ou toute autre localité de riions
du nord de la France ; que, d'autre part, le buste du droit
est de style poitevin bien accentué , tandis que le double
bandeau perlé est essentiellement limousin (Voir n*» 20,
87, 90, 104 et 110.)
Quant au revers , il reproduit exactement, avec toutes
ses particularités, celui d'un triens de Limoges même
(n** 8) : la croix potencée sur un globe, accostée des lettres
C. G., et deschifires romains V. II. Notre monnaie pré-
sente ainsi un mélange des types et des styles limousins et
poitevins , provenant évidemment de la fabrication de-
l'atelier sur les confins des deux cités. Or, c'est là préci-
sément le cas du Brillac de l'arrondissement de Confolens,
paroisse ancienne et importante du diocèse de Limoges ',
toute voisine du Poitou , célèbre par une défaite que les
Normands firent subir en 852 aux comtes de Poitiers et
d'Herbauge réunis'; elle est mentionnée dès cette époqne
^ Revue numism.^ anuée 1838, p. 268, pi. X, n* 3. — Conbrouse ne préeUe pa*^
non plus la situation de Brillac ; il attribue inexactement à notre triens le poids
de 24 grains seulement au lien de 25 [Atlas de» monn. natitm. CaiaL dee mt'
roving.f p. 15, no 176.— Rec. de monél, méroting., pi. XV, u« 23).
. ' Brillac avait en outre une cbapellenie.
' " Rarauulfus qnoque comed Pictaveu^id et Raino ArbatUicen^i», eonsaogni-
ET WSSERTATlOi^S. 267
8ouslenom de Briliacum, en 1226, sou» le uom de Bril-
hacum\ et, en 1246, avec la dénomination de Brillac^
qu'elle porte aujourd'hui.
BOXŒIL «.
86. h irAVLTVc/2 (Ftaulfun?), Tête à droite,
ceinte d'un bandeau perlé ; le col orné d'un collier de
perles ; buste orné d'une rangée de perles
â. BONEEVLIAS {lioneculius ou BonecuUas). (Iroix à
branches égales.
Tiers de sou d'or. Fin du deuxième tiers du vu* siècle.
— Cabinet de M. Guillemot *.
Si l'on considère que le nom du monnayer est ici le
même que celui qui est inscrit sur nos triens de Nouîc ;
que le collier qui se rattache au bandeau perlé est un or-
nement usité dans le monnayage limousin ; que le buste
présente, comme notre n" 78, un caractère poitevin très-
prononcé , on reconnaît combien il est vraisemblable que
cette pièce soit sortie d'un atelier de la province limousine,
voisin de Nouîc et du Poitou.
I ejna, cura Nortmanuis in Briliaco tilla dimicaveniut et victi fuga Jibc-
rmntar. •• Chronic Adeniari Cabanens , dans Pb. Labbe, JVor. Biblioth mss,,
t. II, p. 162.— Cr. Bebly, BitUÀre de» duc» de Guyenne et comte» de Poitou^ p. 14.
* " Eligitur dominus Durandus de linlfuico, archidinconuR de Ecclesia
Lemovicensi. >* Mss. Bibliotli. iinp<^ri, collect. Gaignièrcs, t. 1B3-1B4 , p. 240-
941.
• - Gnido de Brillar, canouicus de Benevento. n Ibid,, p. 90. Cf. p. 104, 289
et 445.
• Dans le cantun de SHint-SuIpice-lcft-feuilIes , arrondissonicnt di» Ik-llac
(Haute- Vienne }.
* M. Guillemot, qui a publiv ce triens dans Tancienne Rerue numismatique
(année 1839, p. 202, pi. IX , n° 8), laib^e incertaine la position du lien d'émis-
sion; il se contente do dire que cw pourrait ôtre Bonneuil, près Paris; mais il
268 MÉMOIRES
Le lieu auquel elle nous paraît pouvoir èlre attribuée
avec une grande probabilité, est Bonœil, qui, au moyen
âge , possédait un prieuré et une église paroissiale dé*
pendante de Farchiprêtié de Rançou (diocèse de Li-
moges) *.
L'antiquité de cette bourgade est attestée par la quan-
tité considérable de médailles gauloises qui y ont été dé-
couvertes ».
Bonœil est désigné, vers l'an li7A, sous le nom de Bonus
oculus ', mais c'est là, sans doute, la forme primitive du
mot, que les rédacteurs de chartes, ainsi que nous Tavons
constaté, à propos de notre Espaniaco (n" 70 >, reprodui-
saient encore longtemps après qu'elle avait disparu de la
langue vulgaire, à laquelle les graveurs de coins moué-
taires se conformaient assez généralement. La première
forme du vocable se sera changée en Bonus ocuUus et
puis en Boneculius ou Boneculias^ d'où le nom rooderoe
BonœiL
ne justifie aacanemeiit une indication déterminée sans doute exelusivemeot
par l'analogie des noms. — Cf. Conbrouse, Rec, de* monét. mérot., pi. XV,
n» 25.
* ** Ecclebia parrochialis de Bono oculo , ad presentationem abbatis Bnrgido-
liensis n Ann. 1474-1482; Mss. Biblioth. iropér., coUert. Gaignières, 1. 183-
18-1, p. 193.
* Voir la description de ces médailles dans rancienue Rev^ê nvnNMMfifM^
années 1838, p. 74, et 1841, p. 227.
' Mss. Biblioth. impér., coUcct. Gaignicres, ubi tupra.
ET DISSERTATIONS. 2M
SUPPLÉMENT ET INCERTAINES.
V SUPPLÉilBNT.
HOUFFIAC K
117. h RVFIACV F. Tête à droite, ceinte d^m long
baodeau perlé et se divisant sur la nuque en deux bande-
lettes de perles ; buste orné de perles.
i. LEOŒSIVS M. {Leodesius m.). Croix latine, portant
ao sommet de la haste une croisette, et aux deux bras
deux gros clous ; haussée sur un support formé de quatre
perles.
Tiers de sou d'or inédit. Or pur. Poids, 1«',20. Commern
cement du deuxième tiers du vii<> siècle. — Cabinet de feu
M. de Mourcin , à Périgueux '.
Le style limousin de cette pièce frappe tout d'abord.
Le dessin du droit est, par la couronne, par la croisette
posée d'une manière si caractéristique au point de partage
dès deux bandelettes perlées , et par le buste aux trois
rangées de perles, identique aux triensde Limoges, Ghervix,
Magnac, Ambazac, Brive et Issandon (voir (a bonne gravure
du n' 6 sur la planche publiée dans la Uevueen 1858, et les
n»* 5, 18, 19, 30, 63 et 115.) L'origine Ihnousine de notre
triens n'est conséquemment pas douteuse à nos yeux.
Nous proposons de l'attribuer à Rouffiac, qui fi>t, aux
» CTiefliou de cominnno dans le canton de la Roquebroa, arrwidissement
a*AarilIac ( Cantal .
■ Cest à M. L. Lapeyre, le «avant et obligeant bibliothécaire de Périgueux,
qiM DOUA soronic redevable de reinpn'intc de cette monnaie, qui est très- bii*n
«"«nm- M>n> le coin i-t dont l'état de conservation est reinarqnab'.e.
270 MÉMOIEES
IX' et X* siècles , le chef-lieu d'une circonscription admim»-
trative du Limousin, appelée vicaria Rofiacen$i$\ ce qui
suppose le substantif Rofiacum.
' Nous le trouvons mentionné dans deux chaites de Beau-
lieu datées l'une et Tautre de Tan 885, sous le nom de
Rvfiagucium *, dont les quati-e premières syllabes Rufiagu
reproduisent exactement la légende de notre triens|(on
sait que le g n*est qu*un adoucissement du c, et s'emploie
indifféremment pour lui). Une charte de Gluny, du xi* siècle,
désigne un petit pays auquel Rouffiac avait comnHiniqQé
son nom '.
C'est peut-être là la villa royale de Rufiacum ou Ao/lii-
oim, dont le bénédictin dom Germain, dans sa dissertation
sur les palais et maisons des rois francs qui forme le
IV** livre de la Diplomatique de Mabillon, a recherché la
position * •
BAR.
88. — MARIVCEOS. Deux petites figures debout ; em-
preinte effacée ; couronne de perles ou de feuillage.
^. BARRO CASTnO. (Ca/s/ro). ^Empreinte effacée d'une
tête probablement de très-petite dimension ; couronne de
perles ou de feuillage.
» « Ro8... quie sunt in pago Limovicino, în vicaria Ao/iocfruf. - Cartmlamét
Beauliêu, chartes LU, CLX et CLXIV. Poêtéricurement à la période cariorin-
gîenne, Rouffiac et «on territoire paasèrcnt dans le comté d*AavergDe et dam le
diocèse de Clermont.
» Ibid., chartes LV et CLXVI.
• « Et totum honorcm in Santria et in Hofiacttue. n Cette charte est repro-
duite en entier dans une note de notre Introduction au CartuUùre éê BnuUn,
p. XXT.
* - Bofiacum «ou Bufiacum villnm in Lvmovicis partilms aium dicit Erimbertu
in viu S. Vincentiani, et post illum Tabulunum BellilocenRc. « Mabill., ft «
éiplùtnatira, \\h. IV, cap. cxxii, «-dit. de 1681, p. 320.
ET DISSERTATIONS. 271
Tiers de sou cVor. Poids, l'^^SO. viir siècle. — iMùce
provenant du médaillier de M. Maurice Ardant '.
Ce trions a été, suivant le témoignage de M. Ardant, trouvé
au château de Bar-sur-Corrëze, très-ancienne localité du bas
Limousin '. D'après cette circonstance, et faute de pouvoir
juger du type d'une monnaie de fabrication aussi grossière
et aussi fortement altérée, nous nous croyons autorisé à
Tattribuer au lieu où elle a été trouvée , de préférence aux
nombreuses localités du même nom qui existent sur divers
points du territoire de l'ancienne Gaule '.
Le château de Bar était, au ix* et x* siècles, le chef-lieu
d'une circonscription administrative du Limousin, appelée
vicaria Barinsis ou Barrensis *. Il fut toujours en posses-
sion d'une église paroissiale. Son antiquité et son impor-
tance, jointes à la circonstance rappelée plus haut, rendent
tout au moins très-vraisemblable l'atti'ibution que nous
indiquons ici.
Si elle était adoptée, il faudrait rattacher notre triens
au V* groupe où domine le monnayage d'Uzerche qui est
peu distant du château de Bar et dont deux pièces (n*' A7
et 119) ponent au droit, comme celle-ci, des personnages
debout dans le champ.
• Kovui croyons MToir qu'elle a viA ncquîpo par un magistrat r^^sidant à Bar-
WDuc oïl à Bar-sur-Seine.
* Berw numUm., année 1851, p. 252, pi. XIV, n*4.
» Notamment Bar- sur- Soi ne, Bar-sur-Aube , Bar-»nr-Ornaîn , etc. Bar- le-
Due ne peut entrer en concours pnisqn'il ne date qne du x* siècle.
^ «• In territorio Lemozino, m riraria Barinse^ hoc est «-cclesiam nostrnm qui^
seeuB flnvinm nomine < orreziam «dlHcata et constnicta est. •» Cartulairt d«
Bmmtieu, charte XVII. — - In orl»e Lemovicino. in ricaria Darrerift, « Ibid.^
éUmrtfm LV, ( i,XVI. (î, rnrUi]. «le Tulle, dans Baluzc, llist. Tutti,, append.^
col. 360, 3«i9 et pnfiiM.
272 MÉMOIRES
CHATEAU-PONSAT «.
95. — POTENTO FIT. Tête à droite» couronnée: buste.
nu ; le tout dans une couronne de feuillage.
Si. + LAVNEGV I..EI. Petite croix égale . avec deux
points sous les deux bras ; la légende et la croix entourées
chacune d'une couronne de feuillage.
Tiers de sou d*or pâle. Poids, l6%03. Fin du deuxième
tiers du vir siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale.
Notre regrettable confrère Duchalais avait remarqué et
nous avait signalé le style limousin de cette monnaie.
L'effigie rappelle le faire des triens d'Abriac, Sarasac et
Arnac (n^** 37, AO, 112). Le col et le buste sont semblables
à ceux du n° âO.
Quant au revers, sa petite croix égale cantonnée aux 8*
et 4° cantons, reproduit celles de l'église de Limoges, de
Jumillac, d'Uzerche, d'Eyburie, de Comil, etc. (n** 8, 14,
50, 53, 6i. 67 et 01). Il nous semble dès lors qu'on doit y
reconnaître une espèce frappée en Limousin *•
La petite ville de Château-Ponsat , à laquelle nous pro-
posons de l'attribuer, est mentionnée pour la première
fois dans la chronique d'Adémar de Chabanais ( première
moitié du xi* siècle), sous le nom de castrum Potentia',
* Cbt^f-lieu de canton dnns l^arrondissemeot de BeUac ( Hanto-Yienne}.
* M. Fillon a conjecturé que notre triens sortait des environs de RooAi;
mais il n*a point justifié cette conjecture, et n*a indiqué, même dubitativeinent,
aucune position. Lettres à M. Dugast-Matifeux, p. 82.
Dans Ph. Labbe, Aor. Biblioth. mê».^ t. II, p. 272. et dans D. BoaqMC,
tUstor. de France, U X, p. 151 ; on trouve dans les Itinéraires plusieurs li«B
aiiis appfl«''j« : Potentia {LucanUe], Potenlia [Piceni).
ET DISSERTATIONS. 27S
dont Tanalogie avec le Potenlum mérovingien n'a pas be-
soin d'être démontrée.
De Potenlum et Polenlia s'est formé au xii* siècle l'ad-
jectif Potentianum ou Potencianum castrum ' , dont la dé-
sinence, dans l'usage, a été quelquefois changée en celle de
ocufii, et qui s'est contracté au xiii* siècle en Poenciacum *,
puis Ponciacum % et enfin Ponsac ou Château-Ponsac.
La haute antiquité de ce lieu est attestée par la présence
de tumulus de grande dimension dans son voisinage immé-
diat ^f et par quatre inscriptions romaines que l'on peut
voir encore sur les piles d'un pont construit sur la Gar-
tempe, en aval de la ville actuelle *.
EYJEAUX.
m. l-CGArO MVNIN {Egalomunin). Tête adroite,
ceinte d'un bandeau perlé se prolongeant sur la nuque ; le
col orné d'un collier de perles qui se rattache au bandeau ;
buste orné.
^. + coAVErO MONE ( Savelo mone). Croix égale dans
le champ.
Tiers de sou d'or inédit. Deuxième tiers du vu* siècle. —
Pièce communiquée par M. Feuardent.
^ M Apad caste Hum Potentianum honoratur Tyni martyris corpas. •• Gaafridi
VoueosÎB Chrunicon ; dans Ph. Labbe. /oc. ctf., p. 287.
* *i Sancti Thyrsi martyris corpas apud castrum Poenciacum honoratur in
ei^iu honore dicti loci ecclesia est fundata. » Bernard! Guidonis Oputcula
kiêiarie., dans Ph. Labbe, Nov. Bibliotk. mss., t. I, p. 635. — « Gaufridus de
Poeneiaeo. n Acte de l'an 1235, dans Jnstel, Ifist. yénéalogiq, de la mai$on de
TWtiMM, pr. p. 45.
* Dans un pouillé du diocèse de Limoges. Mss. Biblioth. impér., fonds
SaÎDt-Germaiu. n* 878, t. IL
* Alloa, Detcript. de» monum. de la Haute- Vienne, p. 305.
» /6irf., p. 312.
1862. —4. 19
27& MÉMOIRES
L'habile et obligeant numismatisle à qui nous deTons
la connaissance de cette pièce , en avait remarqué le type
limousin très-prononcé. Au simple aspect de la gravure que
nous en donnons ici, le lecteur sera amené à partager cette
opinion. Nous n'avons donc qu'à rechercher la position de
l'atelier limousin dont est sorti le triens qui nous occupe.
Nous ferons observer d'abord qu'elle se rapproche sen-
siblement, par le dessin, des pièces du groupe de Limoges
même (n"" 1), dont le n"" 6 notamment a une efligie et une
croix à peu près identiques à ce)les de notre monnaie.
Or, à 18 kilomètres à l'est de Limoges , dans l'ancien
archiprêtré de Saint-Paul, existait une paroisse appelée,
dans les anciens pouillés, cura de Esgallo ou desgalo\ et,
de nos jours, Eyjaud ou Eyjecux^, On a découvert dans
le territoire de cette commune : 1" un menhir en granit':
2* un tumuliis*; S'» les débris d'un aqueduc romain formé
de briques à rebords*; 4® des traces de voie romaine*;
ô*» deux triens d'Uzerche plus haut décrits^.
Toutes ces circonstances réunies démontrent l'identité
d'Eyjeaux et de la localité mérovingienne d'Egalum.
(La suite à un autre numéro.) Max. Deloghe.
1 Mâs. Biblioth. impér., fondi Saint-Gennain Français, n* 878, t. II, et
cart. 135, t. VII.— On trouve dans un titre limonsin du moyen âge le nom d'un
u Petrus de Eagallo. « Ubi suprà, cart. 135, 1. 1**, p. 76,
* Chef-lieu de commune, canton de Pierre- BufSière , arrondissement de Li-
moges ( Haute-Vienne ).
' Ce menhir, trouvv au lieu dit leê Métayas^ a •à'*,33 de hauteur et 5^,15 d«
diamètre. ( Bulletin de la Société archéologiq, du Umouanif t. III, p, 96 à 102: }
* Trouvé au Mas-Neuf, commune d'Eyjeaux. Loc. cit.
* Voir, sur les débris de cet ouvrage qui est enfoui k G*,;*© de profondeor,
ubi sufirà,
6 Ibid.
7 Ibid. 11 convient d'ajouter ici qu'Eyjeaus était, au moyin âge, en p«»e4-
sion d'une église paroissiale et d'un prieur**.
ET DISSERTATIONS. 275
MONNAIE DE GDARLES VIII,
FRAPPÉE A MARSEILLE.
Toi depnis longtemps dans mon médaillier une monnaie
qui appartient évidemment au règne de Charles VIII, mais
qui offre cela de tout particulier qu'elle est de cuivre, et
que cependant elle n'a été émise dans aucun des ateliers
du royaume de Naples, qui frappèrent tant de pièces de ce
métal au nom du prince français après sa prise de pos-
session, au mois de février 1&96.
Dans le champ, K couronné ; autour, + :KAROLVS:F:REX.
(Dn défaut de fabrication a doublé la lettre L et pourrait
fture croire que le graveur avait écrit KAROLLVS.)
Revers. + :CIVITAS:MASSIL1E: croix entre les bras de
laquelle sont placés deux K alternant avec deux fleurs de
Us. Poids, 18 grains.
Les deux S ont presque la forme du chiffre 8.
Il existe à la vérité dans l'Abruzze citérieure, près du lac
Celano, un lieu nommé Marsiglia, auquel on pourrait vou-
loir rapporter notre monnaie; mais cette localité n'était
pas unévêché et n'avait pas droit au titre de civitas. Mal-
276 MÉMOIBES
gré Tanalogie de nom, malgré Tapparence italienne d'un
flan de cuivre, ce n'est donc pas à Marsiglia que nous de-
vons penser. J'ajoute que MM. G. V. Fusco et V. Lazari, à
qui l'on doit de si intéressantes recherches sur les mon-
naies italiennes de Charles VIII, n'ont pas trouvé de pièces
semblables à la mienne, et n'ont découvert aucun docu-
ment indiquant que Marsiglia ait possédé un atelier. Nous
sommes, d'un autre côté, habitués à lire la légende CI VITAS
MASSILIE sur les deniers des comtes de Provence.
Je remarque dans le Traité de T. Duby, tome II, page 806,
ce passage : < Il parait par les archives de Thôtel de ville
« de Marseille qu'en liM les consuls donnnèrent des
a lettres de maîtrise à un Marseillois pour fabriquer de la
c monnoie ; et le roi Charles VIII, par ses lettres patentes
« de 1A92, confirma la ville de Marseille dans le privilège
« de battre monnoie. La monnoie que l'on y fabriquoit de-
c voit être au coin des comtes de Provence. > (M. de Saint-
Vincent, Mémoires sur les monnaies de Provence.)
J*avais cru d'abord trouver là l'explication que je cher-
chais ; mais persuadé qu'il ne faut jamais s'en rapporter à
un texte tronqué, j'ai eu recours au Mémoire de Saint-Vin-
cent, inséré dans le tome III de Y Histoire de Provence de
Papou, et voici ce que j'ai relevé aux pages 623 et 625 :
c On fit en 14S6 une proclamation qui se trouve dans
le registre de la chambre des comptes. Elle contient l'éDQ-
mération des monnoies qui dévoient avoir cours en Pro-
vence et leur évaluation. Le titre de cette proclamation est
en latin : le reste est en françois et mêlé de quelques mots
provençaux. On n*y donne point à Charles VIII le titre de
roi de France ; mais seulement celui de très-chrétien comte
de Provence.
« En 1492, là communauté de Marseille délibéra de
ET DISSERTATIONS. 277
demander au grand sénéchal de Provence la permission de
faire battre à Marseille des quarts d'écus et des demi-gros;
qu'aux quarts d'écus on mettroit la légende KAROLVS REX
FRANCORVM, et au revers DOMLNVS MASSILI^E avec une
croix et quatre fleurs de lis. Le motif de cette délibération
fut qu'on ne voyoit dans le commerce que des petites
momioies comme patacs et deniers, et que les grosses
pièces manquoient. Cette fonte de monnoie n'eut pas lieu.
Registre de L. Gilli^ secrélaire. — Ruffi, Histoire de Mar-
uille^ t. II, p. 327. »
Recourons donc c^ Ruffi. Cet historien s'exprime ainsi :
« En ce même temps-là (li92), il y avoil dans Marseille
une si grande quantité de deniers et d'une petite monnoie
qu'on appeloit palas^ qu'il fut résolu dans un conseil de la
communauté de demander au grand sénéchal la permission
de faire battre de la monnoie dans Marseille, sçavoir de
quarts d'escu et de demi-gros; qu'aux quarts d'escu il y
auroit d'un côté cette inscription,. Carolus rex Francorum,
el de l'autre côté. Dominas MassilicB^ et au mitan une croix
avec quatre fleurs de lys. »
On voit dès lors que l'analyse de ces passages fournie
par Duby est insufiisante, et à quel point même elle pour^
vait nous égarer.
H s'agissait, en eflet, non pas de petites monnaies de
euivre pur comme est la mienne, mais de grosses mon-
naies d'argent, et encore Saint-Vincent nous apprend-jl.
que la fabrication n'eut pas lieu.
En 1.496, les aflaires des Français dans le royaume de
?iaples étaient en fort mauvais état. Charles VllI en quit-
tant la capitale, le 24 mai 1495, pour s'en retourner en
France, avait laissé comme vice-roi' Gilbert de Bourbon,
comte de Montpensier, av^c une armée de quelques milliers
278 MÉMOIRES
d'hommes. Mais la ligue formée entre les Milanais, les Vé-
Dîtiens, le Pape, le roi des Romains, le roi d'Espagne,
donna bientôt à Ferdinand d'Aragon la faculté de rentrer
dans la cité la plus inconstante qui existe au monde.
Le comte de Hontpensier et quelques-uns de ses capi-
taines tinrent cependant un certain temps encore dans
les villes de province. Ils demandèrent des secours à
Charles VIII qui résidait à Lyon, et, en 1496, le roi envoya
des ordres dans les ports de France pour faire passer U^nte
vaisseaux à Marseille, auxquels on devait joindre vingt ou
trente galères pour porter un renfort d'hommes et de ïar-
gtnt à l'armée laissée dans le royaume de Naples. Ainsi
e'était à Marseille que l'expédition se préparait, et l'on com-
prendrait fort bien qu'on eût alors fait frapper pour la paye
des soldats de la monnaie de cuivre du même poids, du
même style que celle qui avait cours dans les places de
r Italie méridionale occupées par les Français. L'expédition
neut pas lieu; il est donc possible que i'émissicm moné-
taire ordonnée ait été arrêtée, ou que les pièces frappées
aient été mises à la fonte parce qu'elles n*étaient pas de
nature à circuler sur notre territoire. Gela expliquerait
comment l'exemplaire que je possède est le seul que l'on
connaisse encore; car depuis trente ans que l'on recueille
les monnaies nationales avec tant de soin, tant d'ardeor,.
qu'on explore toutes les collections avec une si grande,
persévérance pour former des monographies, le qtMllrùio
marseillais de Charles VIII n'a pas encore été signalé.
Febnand IIaixet.
tT DISSERTATIONS. 279
QUELQUES MONNAIES RARES OU INÉDITES
DE U BIBLIOTHÈQOE DE MARSEILLE
ET DE LA COLLECTION DE M. LE COMTE DE GLAPIEKS
'. PI. XL)
N* 1. SIRVS. Profil droit orné de bandelettes perlées.
Les ornements au-dessous de la tète aflectent la forme d*un
grand M.
â. ....VRIA PAT.... Croix à pied avec les lettres MA.
Tier$ de$ou d'or. (PL XI , n*^ 1.)
Le nom de Sirus, comme monétaire* m'est inconnu.
Malgré les lettres MA qui accostent la croix , je n'oserais
aflirmer que cette pièce , qui se trouve dans le cabinet de
II. de Clapiers), appartienne à Marseille. Peut-être est-elle^
de Mâcon. La lecture de la légende du revers est malheu-
reusement difficile.
N* 2. + .K. DEl. GRA. lERLm'. SICILIE. REX, Écu
ordinaire du salut d'or.
H. + AVE. GRACIA PLENA. DNS. TECVM. Salutation
angélique.
Demi-sahU d'or. Poids, 2f%20. (PI. XI, n° 2.)
Au nombre des acquisitions les plus intéressantes ([uc
nous avons pu faire récemment, il faut, sans contredit,.
280 UÉMOIRES
placer le demi-salut d'or de Charles I**, dont je donne ici le
dessin.
M. Poey d'Avant (Monnaies féodales, tome 11. n* 3937),
en décrivant le demi-salut d'argent do même prince, ne
cite que les spécimens du musée de Marseille et de la collec-
tion Rousseau ; puis il ajoute : a Les demi saluts sont ez-
<c cessivement rares. L'exemplaire du musée de Marseille
tt est fruste , tandis que celui de la collection Rousseau est
« fort bien conservé. »
Depuis que cette note a été publiée, le musée de Mar-
seille, qui ne néglige aucune occasion de s*enricbir, a eu
la bonne fortune de rencontrer cette monnaie dans un état
qui ne laisse rien à désirer. Mais la publication que je fais
aujourd'hui a une tout autre importance, puisqu'il s'agit
du demi-salut éPor, pièce dont aucun écrivain n'a soup-
çonné, je crois, l'existence jusqu'à ce jour, et qui, par
conséquent, est entièrement inédite. En comparant notre
dessin avec ceux donnés pour l'or et pour l'argent par
M. Poey d'Avant, sous les n"** 6 et 7 de sa planche 89,
aussi bien qu'avec ceux de la planche 95 de Duby, on
verra que notre pièce porte toute l'ornementation du sahtt
d'or autour de l'écusson, et que, dès lors, elle ne peut pas
être prise pour une monnaie d'argent frappée sur un flan
d'or.
11 est remarquable , en outre, que le poids du salut
étant A^,AO, le demi que nous décrivons en pèse la moitié
avec une exactitude toute mathématique. Gela tient à ce
que nos exemplaires sont de la conservation la plus com-
plète et la plus entière.
N<» 3. + lObÂNNA DEI GRATIA. Ecu en losange ren-
fermant quatre lis en croix, surmontés d'un lambel.
^. + I£RL ET SICIL REGIN. Croix féuUlée on fleur-
BT DISSERTATIONS. 281
delisée, cantonnée de quatre points et renfermée dans un
losange.
Billon à bas titre. Poids, 0«',70. (PI. XI, n» 3.)
C'est pour la première fois que, dans les monnaies de
la maison d'Anjou, je rencontre Técu en losange.
IL Henri Morin, dans sa Numismatique du Dauphinè^ a
décrk, sous les n"" 60 et 61, au nom de Louis, duc de
Soyenne , et, sous le n"" 68, au nom de Charles Vil, comme
Bb aîné de France et dauphin (PI. 16, n"** 1 et 2 et pL 16,
D* 1), trois pièces delphinales au même type. Il est remar-
]iiaMe que la nôtre serait antérieure à celles-ci, dont la
[ilos ancienne aurait été frappée de 1A09 à 1A15, tandis
gue Jeanne était morte dès 1382.
La monnaie de Savoie, avec écu en losange, frappée au
Dom d'Amédée VIII, par sa grand'mëre Bonne de Bourbon,
!Sl de 1393. Mais celles d'Yolande de Bar, au nom de son
Bs Bobert, que MM» de Saulcy et Maxe ont publiées , re-
iKmtent à 1356 ^ Notre denier a été fabriqué à Naples, et
très-certainement pendant un des trois veuvages de la reine.
N^4....D0VIC Z lOhAN {Ludovicus et Johanna)....
Sea mi-parti de Jérusalem et de Provence.
^. + BE lEBL' Z SIGIL'. {Rexetregina lerusalem
4 Sieilix). CrcMX potencée, cantonnée de quatre lis.
^iflon. — Poids, 0»',72. (PI. XI, n* 4.)
Encore une pièce nouvelle de Louis et Jeanne qm vient
i Fappui de mon observation sur le nombre des variétés
Donétaires de cette époque. Celle-ci est encore italienne.
«•6. h ALFONSV. D. G. Les mots sont séparés
lar des rosaces. Buste couronné de face.
^ + G— h— AB— S— C— V— B. Chaque lettre est sé-
1 Tojei plu haut p. 145, et Aémm numitm,, 1859, p. 209.
^82 MÊMOIBKS
parée par une rosace. Armes de Jérusalem , de ProveDoei
de Hongrie et d'Aragon.
Binon noir. — Poids, 0»',60. (PL XI, n* 5.)
Jeanne II , petite-nièce de Jeanne 1** de Provence, sonir
de Ladislas, de la maison de Duras, succéda à son frère
mort en 141&« sur le trône de Naples. Cette reine fut, du
côté des femmes , la dernière de la première maison d'An-
jou qui régnait à Naples depuis Tan 1265.
Nous n'avons pas à nous occuper ici des troubles qui, sons
son règne et à son époque , eurent lieu à Naples et en
Provence. Rapportons seulement que cette princesse, veuve
de Guillaume d'Autriche , et n'ayant pas d'enfants, crai-
gnant de perdre ses États , que le pape Martin V offrait à
Louis III , comte de Provence , crut trouver un auxiliaire
puissant dans Alphonse Y, roi d'Aragon , qu'elle adopta en
1A20. Mais celui-ci , appelé à titre d'allié , ne tarda pas
à vouloir agir en maître. La reine offensée, fit part de ses
craintes à son favori Caraccioli, et la révocation de l'adop-
tion fut résolue. Alphonse alors leva le masque et demanda
au pape l'investiture du royaume de Naples qui lui fut
refusée. Il se saisit de Caraccioli qui fut jeté en prison \
mais Jeanne eut le temps de se fortifier dans le château
Capouan , et d'appeler à son secours Sforze , brave ca|^-
taine , tige des seigneurs de Milan , qui la délivra de son
ennemi. Alphonse, vaincu, fut remplacé dans l'adoption
par Louis III, qui se rendit à Naples. Mais la ville de
Marseille éprouva toutes les fureurs de sa vengeance.
Dépourvue de ses plus braves citoyens qui avaient suivi
Louis en It«nlie, elle fut surprise le 23 novembre iA23 et
livrée à toutes les horreurs d'un pillage qui s'étendit jus-
qu'aux hôpitaux.
La légende de notre petit billon, qui offre une tAie de
ET DISSERTATIONS. 288
face tonte semblable à celle de la figure assise des carlins
du même prince, doit se lire :
ALFONSVs Dei Gratia Gerusalem, Hnngariae , ARago-
nom , Sicilias Citra (et) Ultra Rex.
Cette transcription est assurée par diverses monnaies
sur lesquelles les mots sont écrits en toutes lettres ; elles
ont été décrites par Vergara, Mader et autres auteurs.
On trouvera dans un mémoire de M. Joseph-Marie Fusco
nn grand carlin d'Alphonse, frappé à Aquila, pièce qui
nons montre des lettres initiales isolées séparées par des
rosaces * Il paraît bien probable que notre billon est
nne division de cette monnaie ; sa fabrique italienne est
évidente; mais je le rattache à la série de Provence comme
ayant été émis par un prétendant à la possession de ce
comté.
ReslUulion à t atelier monétaire d^Aix des A gothiques pla-
cés sur des monnaies de Charles VIII et attribués à Anne
de Bretagne.
En général, on a voulu voir jusqu'à ce jour les initiales
d*Anne de Bretagne dans les deux A gothiques qui can-
tonnent la croix sur le magnifique blanc frappé par
Charles VIII, et décrit à l'état de piéfort par Leblanc, Saint-
Yincent, Duby, et en dernier lieu par Conbrouse, sous le
n* àà9 des monnaies tournois de son catalogue. La Bi-
bliothèque impériale possède ce piéfort, et le musée de
HarseiUe, lors de la vente du cabinet Rousseau, a fait l'ac-
quisiUon d'un exemplaire de la monnaie simple. J'en donne
* JfUorno ad alcune monete aragomsi ed a varie città che teniiero zecca in quella
êtagiona ( Atti deir Âecademia PonUniana, vol. V}. Napoli, 18-16, in-4t
S8i MÉMOIRES
le dessin (quoiqu'il soit bien connu) pour faciliter un rap*
prochenaent, et pour épargner aux lecteurs la peine de k
chercher dans les ouvrages cités :
N« 1. + . KAROLVS : DE1:GRACIA : FRANCORVM : REl
Heaume orné, aux lambrequins retombant sur Técu royal
penché à gauche.
Hj. +ET:FOR:CALQVERII:COMES:PROVINCIE:. Croil
simple fleurdelisée , cantonnée de deux A gothiques et de
deux couronnes.
Billon. Poids, 2»',75. (PL XI, n* 8.)
Je crois que notre exemplaire est le seul connu jusqu'à
présent à l'état de monnaie.
Cette attribution à Anne de Bretagne s'étendait aussi
aux deux A qui accostent le grand K couronné placé dans
le champ du piéfort en or du demi-blanc de Provence, éga-
lement possédé par la Bibliothèque impériale, dessiné par
les auteurs que j'ai nommés et décrit par Gonbrouse sous
len«450.
En 1855, lorsque je publiais dans une revue locale dèr
lettres sur l'histoire monétaire de Marseille, je m'élevais
instinctivement contre cette opinion, me basaot sur ce
simple raisonnement qu'Anne de Bretagne u'avait rien à
voir en Provence, et que, si son royal époux avait voulu
lui faire la galanterie de placer ses initiales sur une mon-
naie, il eût été plus rationnel de les inscrire sur des pièces
émises pour la Bretagne elle-même, telles que celles don-
nées par Gonbrouse sous les n"** 436, A37, 438, 445 et 466
de son catalogue, où ces lettres ne se trouvent pas; ou
bien encore de l'associer plus largement à l'autorité sou-
veraine en continuant à laisser cette princesse frapper la
monnaie semi -royale et ducale, décrite par Duby et des^
ET DISSERTATIONS. 285
sioée sous les n** ô et 6 de sa planche 67 *. Je me disars
surtout que si Tintention de Charles VIII avait été telle
qu'on la suppose, les deux A qui accostent le K couronné
sur le piéfort en or du demi- blanc de Provence auraient
été bien plus rationnellement placés aux côtés de la même
lettre sur le Karoius de Bretagne ; enfin il me semblait alors
que l'initiale du roi est couronnée sur toutes ces pièces, que
l'hommage rendu à la reine eût exigé le même honneur
pour être complet. Or il est remarquable que sous
Charles VIII ces A gothiques ne sont pas couronnés et ne se
trouvent uniquement placés que sur les deux seules pièces
frappées pour la Provence à l'exclusion de toutes les autres,
même pour la Bretagne.
Sous Louis XII, il est vrai, nous trouvons un écu d'or
évidemment frappé avec l'intention d'y placer le chiffre
de la reine; mais aussi cet écu, décrit sous le n** 519 de
Conbrouse et fabriqué à Nantes, appartient au fief de cette
princesse; en outre les deux A sont couronnés, et cette
circonstance révèle l'observation de l'espèce de conve-
nance que je signalais tout à l'heure. Mais, en dehors de
cette pièce, toutes celles sorties des ateliers monétaires au
titre de la Provence sous ce règne, ne portent la lettre A
que dans la légende, exactement à la même place et de la
même manière que le T gothique pour Tarascon.
Aussi, après avoir bien examiné ces diverses monnaies,
je repoussai l'anomalie qui aurait accordé en quelque
sorte les honneurs monétaires à la reine Anne précisément
dans une province qui ressentait encore le contre-coup de
son annexion au royaume et qui, par le fait, se trouvait la
plus éloignée de son duché héréditaire et presque en rivalité
1 B§t^ muRûm., 1847, pi. XX, n* 1.
286 MÉMOIRES
de mœurs et de langage. J'acceptais sans conteste son
droit sur l*écu d'or frappé à Nantes; msds je ne voulais voir
dans les A placés sur les monnaies de Provence que les
initiales des ateliers d'Âix, mises en évidence comme un
reste d'autonomie.
Comme je ne raisonnais alors que par induction, je n'ai
pas voulu laisser cette opinion sortir de la province qu'elle
concernait; mais aujourd'hui je suis assez heureui pour
appuyer mes observations sur une pièce unique peut-être,
dont je me suis liâté de faire l'acquisition. C'est un grand
blanc de Louis XI frappé pour la Provence et sur lequel U
lettre A se trouve placée en abîme sur le point de jonction
des branches de la croix du revers.
N° 2. CouronneUe. LVD0V1GVS::D:G:FRANC0RVM:B:
PROVINClEiG:. Trois lis (2 et 1) dans trois lobes de
cercles, un petit soleil sur la couronnelle. Type du blanc
au soleil.
^. Couronnelle. SlT:KOx\lEN:DOMINl:BENEDICTVM:.
Croix pattée dans un entourage à quatre lobes. A gothique
placé au centre de la croix.
Billon. Poids, 2«',85. (PI. XI, n<» 7.)
A l'appui de mon raisonnement, je dois d'abord chercher
à établir que cette pièce appartient incontestablement an
règne auquel je l'attribue.
Le type général est indubitablement celui de monnaies
bien connues de Louis XI, un type spécial à ce prince etqm
n'a pas dépassé Charles VIII : c'est le grand blanc au soleil
que Louis XII n'a pas adopté. Et, pour éloigner tout con-
teste, un fait plus caractéristique vient justifier cette attri-
bution : c'est la comparaison de notre pièce avec celtes
frappées par le même prince à Perpignan. En eflFet, si les
numismatistes qui n'en possèdent pas de spécimens veulent
ET DISSERTATIONS. 287
examiner le dessin des n°' 3 à 8 de la planche V de la
Revue numismatique pour 1867, ils verront que la lettre P,
indicative de Tatelier monétaire, se trouve placée et frap-
pée exactement de la même manière que l'A sur notre
monnaie. En outre l'analogie est frappante entre elle et le
D* 6 an même type. Il n'y a donc pas, à mon avis, d'hési-
tation possible, le signe monétaire n'ayant jamais, à une
autre époque, été inscrit de cette manière. Et comme, sous
Louis XI, il ne pouvait être question d'Anne de Bretagne^
je me crois fondé à dire que la lettre A, quelle que soit la
place qu'elle occupe, doit être, pour toutes les monnaies,
restituée à l'atelier d'Aix, malgré toute la poésie que l'on
pourrait rencontrer dans l'ancienne attribution. Et si, sur
les piéforts de Charles YIII, ces lettres affectent une forme
plus solennelle, il faut penser qu'il s'agit ici de pièces d'un
dessin tout exceptionnel, en quelque sorte de plaisir, et
qui, par le fait, n'ont jamais eu cours.
Aix a conservé son initiale pour lettre monétaire jusqu'à
Tordonnance du ià janvier 1539, qui a donné à Tate-
lier de Paris la première lettre de l'alphabet. Cette ville a
pris ensuite la marque & et l'a conservée jusqu'en 1786,
époque où elle a été dépossédée de son hôtel des monnaies
tnmsféré à Marseille.
Au moment où je venais de terminer cet article, il m'est
tombé entre les mains un blanc de haut billon de René
portant également la lettre A au bas de la barre de sépara-
tion placée entre les armes de Provence et celles de Jéru-
^em (pi. XI, n* 6). Cette circonstance vient d'une ma-
nière irrécusable à l'appui de l'opinion que j'ai exposée,
3t prouve non-seulement que cette lettre appartient, pendant
288 UÉMOIRËS
cette période du xv* siècle, uniquement à Tatelier d' Aiz, nuûs
encore que Charles VIII, comme son père Loub XI et son
successeur Louis XII, n'a fait que continuer ce qui existait
déjà à l'époque de René. Seulement il résulte de la pièce
que je publie aujourd'hui que l'usage d'une lettre moné-
taire était en vigueur pour la Provence antérieurement à
1A80, comme pour la Catalogne sous Louis XI, avant d'être
adopté en France par l'ordonnance du 1 A janvier 1539, qui
retira la lettre A à Aix pour la donner à Paris et la rem-
placer par le & que cet atelier a conservé jusqu'à sa fer-
meture en 1786*.
Enfin M. le comte de Clapiers*, dont la collecUon renferme
aussi bon nombre de pièces intéressantes, m'a communi-
qué une monnaie de Louis XII, grand blane au type de
Charles \III , sur lequel la lettre A, toujours dans le
champ, se trouve placée au bas et au-dessous de la crmi
potencée du revers (pi. XI, n* 10), Pour compléter l'en-
semble, j'ajoute encore la figure de l'écu d'or de Louis XII,
dont la légende se termine par A (pi. XI, n* 9).
Ces trois nouvelles pièces venant à l'appui de mes ob-
senations, je n'ai garde de les négliger, car il en ressort
que cette lettre ayant été employée dès avant 1480, et tou-
jours placée dans le champ comme signe monétaire jusqu'à*
près le commencement et presque le milieu du xvi* siècle
par René de Provence, Louis XI et Louis XII, il serait ao
moins étrange qu'elle eût perdu sa signification pendant le
règne intermédiaire de Charles VIII. Que l'on ait profité,
> Sous le règne de Charles VI déjà une ordonnance dn danpbin avah pm*
crit rasage des lettres initiales ponr marquer la monnaie des ateliers d'Orléans*
Loches , Chinon , Montaiga, Niort, Fontenay, Parthenay, Fîgeac, Boiufai,
Saumur, Montferrand et Lyon. Revue num., 1838, p. 378.
* La bibliothèque de Marseille vient de faire Tacquisition d*ane pièce identiqiM.
KT DISSKKTATIONS. 2li9
peut-être après coup, de la double application que présen-
tait cette initiale pour vouloir en faire l'objet d'une galan-
terie à Anne de Bretagne, c'est possible; mais je n'en crois
pas moins devoir revendiquer la propriété pour l'atelier
d'Aix.
Maintenant je vais essayer de répondre par avance à
quelques unes des objections qui pourront m'être faites,
et sur la voie desquelles je suis déjà mis psu* mon obli-
geant ami M. de Longpérier.
Ainsi l'on me dira que lés A redoublés, et non plus un A
seul, alternant avec les couronnes, ne sauraient que diffici-
lement être pris pour une marque de monnaierie, et qu'il
D'y a rien de choquant, comme fait illogique, dans la pré-
sence des initiales de la reine Anne sur des monnaies de
Provence; et à l'appui de ce raisonnement on invoquera la
valeur de celles placées entre les branches de ia croix
sur bon nombre de monnaies des seigneurs du Béam, des
rois de Navarre, des comtes de Provence eux-mêmes, des
papes d'Avignon, des marquis de Saluées, etc., comme sur
quelques-unes de nos pièces royales. Enfin la même cir-
constance du redoublement de lettre se représentant, si-
non d'une manière identique, du moins avec la même in-
tention, dans la petite pièce de Charles VllI, sur laquelle
OD voit A.K. A, faire le procès à l'une de ces monnaies serait
aussi le faire à l'autre.
Je ferai d'abord remarquer, en ce qui concerne les ini-
tiales princières ou royales inscrites entre les branches de
la croix, que cet usage était à peu près circonscrit aux
contrées méridionales, ainsi qu'on peut le voir par le nom
des fiefs que je citais tout à l'heure. C'était une sorte de
signature que les seigneurs n'employaient que pour leurs
domaines spéciaux . Mais il y a loin de là à en avoir fait l'ap-
1862.— 4. 20
290 MÉMOIRHS
pHcntion à une princesse du nord-ouest de la France, et
surtout à titre royal, alors qu à une seule exception près
peut-être, cette mode n'a été adoptée que postérieurement
pour nos monnaies nationales, et seulement sous le règne
de Louis XII; et si Ton eût voulu réellement appeler ici le
souvenir ou la pensée d*Anne de Bretagne au lieu de faire
alterner dans les cantons de la croix les A avec des cou-
ronnes, n* aurait-il pas été plus naturel de leur adjoindre
les hermines dont la duchesse était si Gère, et qui auraient
clairement manifesté l'intention?
Puis, en dehors de ce que j'ai déjà dit sur TaDomalie
d'attribuer à la princesse bretonne une sorte de suze-
raineté et de droit régalien sur une autre province, ne
serait-il pas étrange qu'on ait précisément choisi k
Provence , cette contrée vis-à vis de laquelle existait
l'antipathie réciproque et nationale des ponentais? Cette
dernière observation aura plus de force encore lors-
qu'on réfléchira que cet honneur monétaire ne lui a été
rendu dans aucun des autres grands fiefs de la couronne.
En définitive, si Charles Y 111 avait du moins annexé lui-
même la Provence à la France, on pourrait compreodre
qu'il eût voulu faire hommage de sa conquête à la belle
reine qui, de son côté, lui avait apporté la Bretagne. Mas
cet hommage illusoire d'une province déjà acquise pou-
vait-il avoir lieu en présence de l'opposition encore si vive
de la noblesse bretonne à la reconnaissance du roi de
France comme son suzerain ? Dévouée à ses princes, elle
ne voulait reconnaître que leur autorité, en même temps
qu'elle maintenait tous leurs droits. Le duc François II,
promoteur de la ligue du bien f7u6(/c, qui batUX Louis XI à
Montlhéry, n'avait pas légué à ses pairs l'amour de la dy-
iwsUe royale; aussi, après sa mort, sa fille Anne, qui
ET DISSERTATIONS. 291
D* était alors âgée que de quatorze ans , continua-t-elle à
user de ses droits dans toute leur plénitude, et le mariage
à main armée et par droit de conquête, imposé à cette
princesse en 1491 avec le roi de France, suffit à peine à
la fiëre Bretagne pour lui faire reconnaître la suprématie
royale.
Après la mort de Charles , Anne, retirée dans son du-
ché, frappait encore à Nantes en 1498, comme duchesse
de Bretagne et reine douairière de France, cette belle ca-
dière d'or si rare aujourd'hui , et il fallut son second
mariage avec Louis XII en 1499 pour assurer Tadjonc-
tîoa définitive de la province.
On s'attendrait plutôt à trouver sur les pièces frappées
après la conquête de Naples , les initiales de la reine unies à
celles du roi qu'on y voit inscrites : nous n'aurions pas
alors , comme sur la monnaie conservée à la Bibliothèque
impériale , un écu d'or (n*" 494 du Catalogue de Conbrouse)
portant un écusson accosté à droite d'un K, et à gauche
d'une croisette à la place de laquelle figurerait si bien l'ini-
tiale de la reine.
Enfin , il ne faut pas perdre de vue qu'il ne s'est pas agi
ici de monnaies courantes , mais bien de piéforts ou d'es-
sais sur lesquels je crois pouvoir persister à voir les initiales
de l'atelier d'Aix mises en évidence à côté des honneurs
royaux , comme une fiche de consolation accordée à cette
capitale récemment détrônée.
Ad. Carpentin.
20â UÉMOIRIIS
MONNATKURS FRANÇAIS
DANS U GRANDE-BRETAGNE AUX XII* ET XIII^SIECI.ES.
On n'a pas encore retrouvé de monnaies frappées par
Louis de France, père de saint Louis, pendant son règne
de quinze mois en Angleterre, du 18 juin 1216 à la fin de
septembre 1217. On est en droit de s'en étonner; le jeune
prince résidait dans la capitale, et il pouvait employer
dans plusieurs villes des monnayeurs français déjà établis,
disposés à reconnaître sa souveraineté et à travaiUer pour
lui dans leurs ateliers *.
La présence des monnayeurs français en Angleterre et
en Ecosse au x\V et au xiir siècles est un fait curieux qui
n'a guère été étudié de l'autre côté du détroit, et qui a été
encore plus négligé chez nous. II y aursdt là matière à Caire
un nouveau chapitre pour l'histoire des artistes français à
r étranger.
En 17A5, Stephen Martin Leake, auteur d'une histoire de
la monnaie anglaise, s'exprimait ainsi :
« Stow mentionne les deniers du Conquérant portant LE
REY WILAM que quelques-uns de nos antiquaires pensent
appartenir plutôt à Guillaume premier d'Ecosse. Maispour-
* Il fant remarquer toutefois que pour Richard Cœur de Lion on n*a que des
<)enier8 fabriqués en Guienne, en Poitou, k Issondnn, et qne les deniers et
QboleA ClfC Jean sans Tvrre sortent dv Tatclier dt Dublin.
ET DISSERTATIO.NS. 29S
quoi UD roi d* Ecosse aurai t-ii parlé français sur sa mon-
naie, plutôt que le conquérant qui mit cette langue en
usage parmi nous? Je ne le comprendrais pas, spéciale-
ment, comme (si je ne trompe pas) on ne connaît rien de
semblable sur la monnaie écossaise. Cela est certainement
plus naturel de la part du Normand qui a peut-être fait
frapper ces monnaies en Nprmandie, et d'autant plus pro-
bable qu'un de ces deniers, en ma possession, représente
une tète imberbe, suivant la mode normande ^ »
Wise, l'auteur du catalogue de la collection Bodléienne
d'Oxford, impressionné par cette doctrine, a d'abord classé
le denier [>ortant la légende LE REl WILAM au règne de
Guillaume le Conquérant, ajoutant : a Comme les Écossais
eux-mêmes paraissent répudier cette monnaie^ j^ ne ferai
pas de difficulté de la placer en tête de la série angIo-fran<-
çaise. n Deux pages plus loin cependant, il la décrit une
seconde fois, parmi les deniers écossais; il en donne de
nouveau la figure tout en renvoyant à sa première attribu-
tion adoptée, dit-il, haud invitis antiquariU^ avec rassenii^
ment des antiquaires*.
Adam de Cardonnel ne parait pas avoir connu l'ouvrage
de Wise, et dans ses Numismaia 5ro/t>, il ne s'applique
pas à le réfuter en particulier, mais il fait allusion à une
opinion assez commune lorsqu'il dit :
a Des inscriptions si inusitées dans ce royaume peuvent,
à première vue, frapper le lecteur de l'idée qu'elles ne sont
pas écossaises ; mais si l'on examine les revers, le douio
s'évanouira. »
« Guillaume le Lion qui succéda à son frère Malcolni IV
An historiral acrount of English monej/, é<lit. «le 1745, ou troi^it'ino rtiit.
4e 1793, p. 42.
< A'vfnmor. ant, êcri», Bodltianis recond. catal., 17âO, [>. 241, ?13.
29 A MÉMOIRES
en 1165, ayant été fait prisonnier par l'armée d'Henri II,
roi d'Angleterre, fut conduit près de ce prince, alors en
Normandie, et retenu jusqu'à ce qu'il eût payé une rançon
de A0,000 marcs écossais. Il sera donc permis de supposer
que pendant qu'il résidait hors de son pays, il aurait engagé
et envoyé en Ecosse des artistes étrangers chargés de frapper
la monnaie nécessaire pour payer celte rançon. Ce qui ex-
pliquerait pourquoi ce premier monnayage est français.
D'ailleurs, quatre des localités affectées à ce monnayage
étaient des places fortes (Roxburgb, Berwick, Edinburgh et
Stirling) livrées en gage jusqu'à ce que la somme stipulée
fût payée *. »
M. John Lindsay, dans son ouvrage intitulé A vietc ofthe
eoinage ofScotland (1845), adopte pleinement Topinon de
Cardonnel; mais il n'ajoute aucun détail concernant les
monnayeurs français ; cependant on peut dire qu'il est au-
jourd'hui universellement admis que les légendes LE BEI
WILâM et LE BEI WILLAME appartiennent à Guillaume le
Lion d'Ecosse.
Les légendes des revers nous donnent :
1. HVE WALTEB, variante HVE WATEB.
2. HVE DE EDENEBV (Edinburgh)
3. FOLPOLT DE PERT (Perth).
4. PIERES ON ROC (Roxburgb).
5. PERES ADAM ON ROK, variante ON ROKES.
a. HENRI LE RVS.
7. HENRI LE RVS PERT.
8. RAVL DE ROCESBV, variante DE ROCEBVRG.
9. BAVL BERVIG (Berwick).
* Nnm, Seoti» or a stries of the Scottish comugt. Edinburgh, 1786, p. 40.
I:T DISSKftïATIONS. 295
Les monnaies d* Alexandre II, successeur de Guillaume le
LÎOD (12U-12Ï0) , fournissent les noms des monnayeurs :
10. ALAIN ANDRV DE RO (Roxburgli).
11. ANDRV.
12. PIERES ON ROC.
Le n» 1 est, je crois, frappé à Roxburgh ; déjà M. Lindsay
a publié (pi. II, n* 30). un petit denier sur lequel on lit,
au droit et au revers : HVE.WAL.RO. Mais je possède une
pièce encore plus explicite, car au revers de la légende
LE REI WILAM, on voit HVE WATER ON RO.
Hue est une forme bien française; c'est la traduction de
Hugo, et si on l'écrit fort souvent //ue5, cela tient à cette
préoccupation grammaticale dont j*ai plusieurs fois déjà
rappelé les effets \ C'est ainsi qu'on lit le nom de Tarchi-
tecte MAISTRE HYES LIRERGIERS (12(13), sur une dalle
tumulaire de Reims, et qu'on observe Hues à chaque pujjje
du célèbre roman de Huon de Rordeaux *, H rois Unes dans
le roman de Parise la duchesse '. Mais on trouve aussi le
duc Uue de Lan grès dans le roman de Gui de Rourgognc \
messire Ilue conte de la Marche dans la chronique de Saint-
Denis, Hue de Tabarié dans YEsloxre de Eracles empereur *.
Pères et sa variante Piercs ne sont pas moins conims.
Outre la céU»bre abbaye de Saint-Père de Chartres, nous
avons cinq bourgs ou villages dont le nom conserve la
même orthographe. Pères c'est Petrus après chute de la
consonne dure-, Pierre n'est qu'une forme corrompue.
« Bévue numism,. 1859, p. 268; 1860, p. 330.
« Lei Âneieni poètes de la France, éd. de M. Guesaard, publ. i«ar le n;in. lic
rinMroction publique, t. V.
» /6fJ.,t. IV, p. 30.
* Tbid.,t. I, p. 37.
* Hûêorimu des rrmsades , Occi<i.. II. p. 222.
29Ù MÉMOIRES
M. John Lindsay avait lu sur les d** 6 et 7 HËiNKILERVS
(pages 10 et 274) ; mais nous ne pourrions admettre uo
nom si extraordinaire, et Ton n'hésitera pas à diviser cette
longue série de caractères en trois parties. HENRI LE RVS,
c'est-à-dire Henri U Roux, rappelle en même temps le roi
Guillaume le Roux, fils du Conquérant, le garde de la mon-
naie anglaise Nigel RufFus (121i), le graveur des monnaies
Ralph le Blund (1267), et les gardes des coins Willelmus
Rufus et Adam Blundus (1221) \ Les surnoms alors étaient
communs. Dans RVS, RÂVL, TU avait le son de oti. L'ad-
verbe oiiy la conjonction ou ont été longtemps écrits avec
un simple u. Au-dessous d'une vignette peinte dans un
beau manuscrit de 1125 *, on lit :
ICI SIENT LI APOSTLE PVR IVIER (pour juger).
Guillaume le Lion est-il le plus ancien roi d'Ecosse qui
ait empldyé des monnayeurs français? C'est là une question
à examiner. Le denier attribué par Wise a David I (1124-
1153), pièce qui porte HVKWATAR. soulève bien des
doutes. D'un autre côté, les monnaies d'Alexandre I et
d'Henry de Northumberland , qui ont été publiées par
M. Lindsay, n'offrent pas toujours des inscriptions lisibles.
Mais si d'Ecosse nous passons en Angleterre, nous ren-
controns les noms français, dès le commencement du
xii« siècle. GERAVD ON BRIST sous Henri I (1100-1136),
FERRIS sous Etienne (11351154), ROGIER ON EX sous
Henri II (1154-1189). C'est toutefois pendant le règne de
Henri 111 (1216-1272) que les noms français abondent, et
je citerai comme exemples :
1 Ruding, Ânnah of the cotnagf of Gr.-Bnt., t. I, p. 26, 44 et 46,
« Archxol^gm, t. XXXVII, r- 37Ç>.
ET DISSERTATIONS. 297
1. ALAIN ON GARD (Carliste) .
2. AUS ANDRE ON R (Rochester).
3. ALISANDRE ON C (Canterbury) .
h. ARNAVD ON CAN.
"6. BENEIT ON LVND (London).
0. ERNAYD.
7. GILEBERT.
8. HERNAVD.
9. HVE ON NICOLE (Lincoln).
10. HVGON.
11. ILGIER ON LV (London).
ii. lOHAN B ON CAN (Canterbury).
IJ. lOHAN M ON CAN.
14. lOHAN ON EXE (Exeter).
16. lOHAN ON LVNDE (London).
16. lOHAN ON NOR (Norwicb).
17. lOHAN ON WINC (Winchester).
18. MILES ON WINCE.
19. NICOLE ON LEN (Lynn).
20. NICOLES ON LVND (London). (CoU. Reichel).
21. PIERES ON CICE (Chichester) .
22. PIERES ON DVRE (Durham).
25. RAINAVD.
24. RAVF ON NICOL (Lincoln).
26. RAVL ON NORHT (Northampton).
26. REINIER ON WINC.
27. RENAVD ON EVER (York).
28. RENAVD ON NOR (Norwicb).
29. RICHARD LE ESPBE (Canterbury).
30. RICHARD DE NEKETON (London) '.
> Vovezles listes de monétaires don nce^ pur Radiiig, Annaés, In coilcciion
298 MÉMOIRES
Je ne puis rien affirmer, on le comprendra, relalivemeDt
à la nationalité des raonnayeurs Abel, Adam, Bartelme.
Ëverard, Fulke, Henri, Jacob, Jurdan, Paul, Robert, Sa-
muel, Simon, Tomas, parce leurs noms appartiennent aussi
bien à l'anglais qu'au français.
Rogier, Hgier, Reinier sont, comme Piefes, des altéra-
tions toutes françaises de même que bergier, vergier^ mon^
fjier^ forgier, messagier, Bérengiers, Ys^el, Aagletierre,
Gériaumes, etc.
On trouve dans nos vieux textes Robiers de Flandres,
Itogiers de Mortaigne, K daneis Ogierê^ AngeUer$ de Bw-
dale \ et tant d'autres exemples qu'on ne saurait les citer.
FERRIS est la forme française bien connue de Frede-
ricus.
Au n* 5 nous trouvons le monnayeur BENEIT dont le
nom appartient à ce système orthographique suivant lequel
on écrivait Het, Franceis. Daneis, GaufreU Peitevins, cur-
leis (courtois), peis (poids), treis, orfreis^ mei, êeil. etc.
Beneit est la contraction très-sensible de Benedictus, par
voie de suppression des consonnes dures intérieures. Siron
a plus tard écrit Benoit, c'est que la dipbthongue 01 ai ait
le même son que El :
Benéeîtc scies Marie
Kt benéAÎK li frais de tei *.
Au n** 10, HVGON devrait logiquement être considéré
du Sumiitmatic rhronicle, éditée par M. J. Y. Akeman, et dans la noavelîs
»M*i de ce recueil les Notices de MM. U. Sainthill et Assbeton Pownall, t. h
p 204 et 206.
« Chron. atlrib. àBaud. (TAcesnes. Bisi^r. de France^ t. XXI, p. Î72, 174.—
Homan d'OiiineL Ane. portes de la Fr ^ t. I. p, 25. -- Roman Je Floorani, iW.,
p. 44.
• Wace, In Vif df la ritrgt MarU, éd. Lurarcbe. p. 46.
ET DISSEBTATIONS. 299
ôomme un dérivé de Tablatif d*Hugo. Mais quand on se
reporte à nos anciens textes français on s*aperrx)it de l'exis-
tence d'nne série de diminutifs employés concurremment
avec les noms à l'état simple, dans la prose aussi bien que
dans les vers; c'est ainsi qu'on lit le roi Philippon, le roi
Pierron, le roi Charlon dans les chroniques les plus sé-
rieuses ^
Les chansons de geste nous montrent dans les mêmes
pages Karles et Karlon, Kalles etKallon, Challes etCballon,
Gileset Gillon, Guis et Guion, Nales et Nalon ; enfin Hues,
Dges, Hugues, Huon, Hugon et Hugons '. Challon et Cha-
lon, en tant que noms d'homme, viennent de Charles et
n'ont qu'un rapport fortuit et extérieur avec le nom de nos
viUes.
lOHANest parfaitement français; des monnayeurs anglais
d'Henri HI signent lOHN. Voyez, entre autres textes, la vie
de la Vierge Marie par Wace où Johan est sans cesse répété.
MILES et NICOLES appartiennent bien encore à notre
pays; je renonce à démontrer un fait qui ressort de la lec-
ture de tant de textes.
Les monétaires HVË et RAYF (en anglais on écrit Hugh
et Ralph) , travaillaient à Lincoln dont ils font Nicole, ce
qn'on peut considérer comme un trait de caractère suffisant
pour révéler l'origine de ces personnages. L'ignorance de la
langue parlée dans le pays étranger qu'on habite a toujours
été le fut de nos compatriotes.
* Chron. anon. Hittor. de Fr.^ t. XXI, p. 132, 133, 134.— Chron. attrib. à
Bawd, d'Àtanes, i&td., p. 172 à 181.
« Girart de Rossillon, éd. Mignard. 1R58. p. 73, 75, 84, 137, 148, 204, 225.
^ Doon de Mayence, Âne. poètes franc,, 1. 11, p. 186, 187, 189, 242. — Huon de
Bordeaux, iWd., t. V, p. 2. 8, 7,11.— Gaufrey, tbid., t. III, p. 1, 2, 3, 5, 19,
23. — Fierabras, ibid., t. IV, p. 2, 3, 6, 7, 9, 11 — Gui de yanteuil, ibid ,
t. VI, p. 10, 12, 13, 67. — Àye d'Àrignon, ibid., t. VI, p. 32, 33, 49, •te.
300 «ÉMOÎIIES
Que dans YEsloire de Eraclés empereur on trouve : k coure
do Perches qui fa ods à Nicole (Thomas, comte de Perche,
qui périt à la bataille de Lincoln en 1217) \ qu'au xiv siècle
un notaire de Guienne fasse signer à un prince anglais
une charte française dans laquelle il est intituiô fib du roi
d' Angleterre.. r.. comte de PerbU et Nicole ", cela se conçoit
encore. Mais que dans la Grande-Bretagne même, qu'à
Lincoln, des employés du roi Henri III altèrent le nom de
la ville où ils travaillent, cela paraîtrait incroyable de la
part de tout autres que de Français.
Aux n*"* 6 et 8 ERNAUD se présente sous deux formes et
dans le Roman de Gaufrey on remarque le nom d'Emaud
de Biaulande (p. 6) écrit Hernaud aux pag. 11, 12,17, 21.
Tous ces noms comme ARNAVD, ERNAVD, RAINA VD,
RAVF, GERAVD, ont en anglais conservé TL que le français
remplace par un U. D'Alfbnse nous avons fait Avfous; d'Al*
bigeois, Àubegois; d'Almeria, Àumerie^ et ce qui est plus
fort, d'Alsace, Auçoi. Raoul d'Auçoi, dans la chronique de
Saint-Denis, c'est Rodolfe de Habsbourg.
Je ne pousserai pas plus loin la discussion de ces noms;
on pourra facilement trouver à l'aide des textes que j'ai in-
diqués la solution de toutes les difficultés qu'ils pourraient
faire naître dans l'esprit des lecteurs. Il nous a suffi de si-
gnaler à l'attention des numismatistes français cette série
de monnayeurs qui ont été dans la Grande-Bretagne les
précurseurs des Nicolas Briot, des Simon, des Dassier.
AdR. de LONGPÉRIEll.
' Hislor. des croisades, Occïd., 1. 11, p. 521.
Venutî, Dissert, sur les anr, '.vonum, de Bordeaux^ 1754, p. 17^..
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
LuDWiG MûLLEB. Undersôgelsc af graeske Mynter med
Tegnet Tau til Typ. (Examen des monnaies grecques
ayant pour type le signe tau.) Kjôbenbavn. 1859. In-8**,
une planche gravée*
L'étude des caractères isolés qui servent de type à un certain
nombre de monnaies ç;recques a déjà fourni à notre savant col-
laborateur, M. le docteur Mûller, le sujet d'un mémoire inséré
dans notre recueil ( 4859, p. i ). Dan» le travail écrit en danois
que je vais essayer de faire connaître, l'a«teur de la Numisma-
tique d'Alexandre a réuni les dessins de quatorze pièces qui
toutes portent un T au revers, et il y a joint quatre petites mon-
naies sur lesquelles trois T sont rapprochés par la base. Voici
b description de tous ces momiments :
1 . — Tète du fleuve Achéloiis tauriforme. i}\ T dans le champ.
JR. Poids, 4 •',06.
2. — Même tête. ri. T entre deux rameaux de chêne av(c
glands; au-dessous, KAA. j^. Poids, 0*'',87.
3. — Casque. ij\ T dans le champ. J^. Poids, 0*',74 ,
4. — Casque tourné h gauche. i}\ Amphore sur la panse dtr
laquelle est tracé un T. J^. Poids, 0'',2(k
5. — ^ûKKOiN. Trois bucranes avec bandelettes, ij. Un T au
milieu d'une couronne de laurier ( Phocide ). j¥j. Poids, 9 gr,
rt 8 gr.
6. — Tête de nègre. i(. Trois T réunis par la base (Delphi ),
J!^. P(»ids, 0*',G9.
302 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
7. — 4> occupant le champ, if. Carré creux dans lequel est
lin T entre deux points ( Phlius). ^. Poids, 0*%59.
8. — NAM; ces caractères sont pla«és entre trois glands.
i{. Trois T réunis par la base ( Mantinea ). AV* Poids, (f^fil.
9. — Tête diadémée de Jupiter. K. faa , caractères placés
entre trois T réunis par la base (Elis ). J^. Poids. 0^,49.
10. — Tête de Méduse de face. r\ KPA; caractères placés
entre trois T réunis par la base ( Cranium ). ,1\. Poids, 0",68.
a, —Tête dHerciile tournée à gauche, ij;. IR rétrogrades el
T entre deux glands ou deux grappes. J^. Poids, 0^,70.
12. — Tê?e d'Apollon? couronnée de laurier, à gaucho.
ij. T dans dans le champ. JR. Poids, 0*%92.
13. — Même télé, de style plus récent, r . T dans le champ.
/R. Poids, 0",8I.
14. — Coquille pocten. fj\ T accompagné de trois points dans
un grcnctis. JR, Poids, 0*%154.
15. — Mêrniî type. r\ T accompagné de trois points.
16. — Taccouipagné de trois points, grèiietis. ij-. Tavec
trois points sans grènetis.
17. — T avec trois points , type réi)été sur les deux faces de
la monnaio. ,fV. Poiils, O^.Si, 0*',128.
18. — Même lype avec un N au-dessus du T. ^. Poids,
CM 8.
Que signifie ce T reproduit sur tant de pièces? Représente-t-
il un nom de lieu?
Non , répond-on , puisque les monnaies qui le portent appar-
tiennent évi Jenunent à des localités différentes, dont quelques-
unes, caractérisées par dus légendes , avaient un nom commen-
çant par M , K, *, etc.
Ce caractère exprime-t-il le nom de la monnaie ou sa valeur?
Non , dit-on encore , puisqu'on le trouve sur des pièces de
cuivre au>si bien que sur dos pièces d'argent . el que ces der-
nières sont de poids très-divers.
Cependant , les systèmes monétaires oflrant de grandes va-
BULLETLN uiiujo<;rapiiiqiîe. 303
rîanles^ il faudra, avant d'admettre ce dernier raisonnement,
examiner une à une toutes ces pièces pour reconnaître si elles
ne peuvent se rapporter n des multiples ou à des divisions dont
les facteurs pourraient être Tivzapa ou Tpâc.
Il ne peut être question ici du TtTpàSpo^^v, ni du Trrpc&6oXov
on du Tpib>6oXov^ dont le poids dépasserait à coup sûr celui des
pièces qui viennent d'être décrites. Uais on remarquera déjà
quel e Tpcv^iuo&^tov, c'est-à-dire la pièce d'une obole et demie ou
quart de drachme, devrait peser suivant le système attiqne, le
plus généralement employé, i'^^OGâ, comme la pièce n* I.
Le Tpixi)(iôpiov, ou trois quarts d'obole, serait de 0'%53l; le
Tpaj|iitapT8|A<5piov, OU trois huitièmes d'obole, de 0'',265; le
^vz9Çfv^[lApio^f, ou quart d'obole, de 0,177.
Or, quand on tient compte des diversités de système qui p<ir-
tageaient le monde antique, de la difficulté d'étalonner les très-
petites divisions monétaires, du nombre restreint de pièces
pesées et de leur plus ou moins mauvais état de conservation ,
ou voit qu'il ne faut pas rejeter trop absolument l'explication
du T par les valeurs mon^'taires, tout en avouant qu'une même
marque représentant des fractions si différentes constitue une.
singularité fort étonnante.
On ue peut raisonnablement supposer que ce T soit i'initialr
d*un nom dliomnie ; mais pour les n'* 14, 45, 16, 17 et 18, qui
appartiennent à la numismatique de Tarente , il est difficile (]<>
ne pas établir un rapprochement entre le caractère-type et le^
lieu d'émission.
Quoi qu'il en soit, M. Mûller pense que le T a un sens religieux,.
et il s'explique ainsi l'adoption qui en a été faite par un assez.
grand nombre de peuples et de villes. Ce tau une fois considéré
comme un symbole, M. MùUer s'attache à montrer sou analogie
avec la croix ansée qui se trouve sur les monnaies de Tarse en
Cilicie et de Cypre; il le compare, lorsqu'il est trois fois répété
{ voyez plus haut la description des n"* 6,8, Il et 10), à la (n's-
kFie ou triquetra des monnaies lyciennes, considérée pa?
30& BULLETIN DIBLIOGRAPRIQUE*
d'éniinenls antiquaires comme un symbole de la triple Hécate.
Le triple tau , avf c une valt^ur de signe de vie analogue à celle
que mentionne Étéchiel , ou à colle que les Égyptiens attribuaient
à la croix ansée^ pourrait représenter une trinité masculine, celle
des trois Jupiter. M. MûUer fait remarquer que la valeur reli-
gieuse du signe T a été admise par les chrétiens, qui ont considéré
ce caractère comme une figure de la croix ou patiMwn^ et t
ce propos il cite le T qui se voit sur les monnaies d'or d«
Roger II , grand comte de Sicile; mais le rapprochement n'est
pas parfaitement juste. Les monnaies d'or dont il est ici ques-
tion ont été fabriquées à Messine par des musulmans qui y ont
inscrit la formule : Mohammed est V envoyé de Dieu^ et qui* pour
imiter la monnaie dos chrétiens sans déroger à lenrs propres
croyances, employaient un T qui ressemble à une croix , et qui
cependant , dans leur opinion , n'en était pas du tout l'équiva*
lent. C'est ce qu'avait déjà fait Mouça ben Nocéir qui avait
voulu imiter, soit en Afrique, soit en Espagne, les monnaies
d'Béraciius, et cette dernière particularité n'a pas échappé à la
sagacité de M. de Saulcy, quand il nous a fait connaître d'une
façon si intéressante les premières monnaies des musulmans.
L'idée de M. Mùller^ attribuant une valeur religieuse au te»
signalé par lui sur tant de monnaies, nous parait ingénieuse^
et nous croyons qu'elle pourrait être complétée encore par
l'élude comparative de quelques autres monuments. On cooniU
cette belle monnaies des Épirotrs publiée par M. Ametb, et qui
porte au revers un chêne chargé de trois glands et accompagné
de trois colombes
Ce type est , comme Ta très-bien montré le savant conserva-
teur du Cabinet des médailles de Vienne, destiné à rappeler la
célèbre forêt de Dodone et l'oracle du Jupiter des Pélasges. On
a, à la vérité, révoqué en doute rauthonticité de celte médaille;
mais cVst là un point contesté ( et fort contestable, à ce que j'ai
entendu dire, car je n'ai jamais vu la monnaie originale). Dans
tous les caS; de belles et authentiques monnaies de l'Ëpire nous
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 306
montrent Jupitor Dodonéen couronné de chêne ( voyez Mionnet,
t. lUf Suppl., pi. XIII). Je serais donc disposé à croire que les
T accompagnés de glands représentent le l'an antique; le grand
dieu dont les monnaies Cretoises portant la double légende TAN
KPHTArENHS et ZETS KPUTÀrENHS, assocléc à une même
figure, établissent si clairement Tidentité. Ce nom de Tan a sur-
vécu à rintroduction de formes différentes. Non-seulement nous
pouvons citer les médailles de Polyrrhenium et d'Hierapytna
frappées sous Auguste, mais dans une inscription de Tile de
Philé, tracée en l'honneur du même empereur, nous trouvons
ce vers :
TANI TÛI EK TANOS DATPOS EAErOEPIÛ *,
On peut objecter que Tàv est une forme dialectique pour Zàv ;
mais les dialectes dans toutes les langues conservent les formes
les plus antiques, et d'ailleurs l'existence de Tan en Crète fait
présumer son origine pélasgique, et fournit un lien de plus avec
le Jupiter do Dodone^ dont loracle, il est bon de le remarquer,
conserva pendant bien longtemps la direction des institutions
religieuses chez les peuples helléniques.
Mais toutefois il me semble important de ne pas attribuer in-
distinctement une valeur mystique à tous les T qui occupent le
champ des médailles grecques. 11 faut se garder des explica-
tions trop générales. Une étude attentive des monuments nous
montre que dans l'antiquité, aussi bien que pendant le moyen
ftge , des figures identiques ont eu , suivant les temps, les lieux
et la nature des objets qui les portent , des valeurs fort diffé-
rentes. A. L.
> HmmiltOD , ^yypttaca, p 52. — Journal de$ jaranft , 1831 , p. 305. — LuU
Utin des êcifnces historiquei^ de FérussAc, mai 1823, p. 397. Dans la copie de
M. HamiltOD, publiée par M. Letronne , les T ont été figurés eoxDmu de» I.
( dêi inscriptionê de VÉgypte, t. 11^ p. 142.
1862.^4. 21
306 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Description historique des monnaies frappées sous Fempire
romain, communément appelées médailles impériales,
par Henry Cohen. Paris, C. RoUin, 1859. Tomes 1 et II,
in-S**, 38 planches.
Troisièrao article '.
Antonin lb Piehx.
J'ai tâché de fixer les années des neuf libéralités d'Antoiiin
le Pieux (voyez Bull, arch. Nap.^ ann. V, p. 25), elles dûtes
que j'ai assignées à chacune de ces libéralités se trouvent con-
firmées par la description de M. Cohen, excepté pourtant que
la septième libéralité (UBERALITAS VII), qui, selon moi,
tombe en l'année 154, devrait être avancée de deux ans, si les
légendes TR. P. XV et TR. P. XVI sont exactes. M. Cohen a
rencontré ces deux chifl*res sur des monnaies qui portent l'indi*
cation de la septième libéralité (LIBERALITAS VII), tandis
que sur deux autres il a lu , comme sur la pièce que j'ai eue
sous les yeuX) TR. P. XVII. Je serais donc porté à croire que
sur les deux premières pièces une des unités ou bien les deux
dernières unités du chiffre XVII ont pu avoir disparu par suite
dn frottement. Que si la légende TR. P. XV est complète et
certaine, il en résulterait que la mention de la même libéralité
continuait à être rappelée sur la monnaie pendant trois ou
plusieurs années de suite *.
Une remarque importante do l'auteur (p. 323,n*' 359) est celle
* Voyez Reçue num,, 18H1, p. 479 et suiv., et 1862, p 70 et eulv
* Voici l'ordre chronologique des libéralités d* Antonin le Pieux , d*apr^
M. Tabbé Cavedoui :
UB. I, an 139. — LIB. II, an 140.- UB. III, an 144 ?— UB. IIII, an 145.
— un. V, an 148. — LIB. VI, an 151. - LlB. VII, an 154. — LIB. VDI,
au 158. - LIB. VIIII et CONG. AVG. VIIJI, an 161. — Maintenant (jnaat à
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 307
<iui a rapport aux légendes VOTA SVSCEPTA et VOTA SOLVTA ;
quand il s*agit sur les nnonnaies impériales des vœux formés^
VOTA SVSCEPTA, on y voit l'empereur faisant une libation
sur un trépied, sans qu'on aperçoive une victime destinée au
sacrifice; quand il s'agit au contraire de vœux accomplis, VOTA
SOLVTA, la victime est étendue par terre auprès du trépied.
Cette remarque est sujette cependant à quelques rares excep-
tions. Cohen, Antoniriy n® 408, où un victimaire assomme un
taureau, VOT. SVSC. DEC. HI.
4. ANTONINVS AVG. PIVS P. P.TR. P. XL COS. IIÏL Buste
nu, avec le paludamentum, à gauche.
rf. Tema du cirque^ traînée par quatre chevaux marchant len-
tement et ornée de festons, portant la légende ROM. sur le devant
et la louve allaitant les jumeaux sur le côté droit y qui est visible^
avec la statue de Borne assise sur la partie antérieure, la plus
élevée en forme de petit fronton triangulaire , entre deux palmes
aux angles. — M. M. M.
Ce magnifique médaillon de bionze de la collection de
H. Dupré, décrit et gravé dans l'ouvi-age de M. Cohen (pi. XII,
D* 450), est des plus remarquables. Antonin le f^icux avait cé-
lébré, en I4(), Tannée 900 de la fondation de Rome (Aurel.
Victor, De Cœsaribus yXW). Sur un autre médaillon^ où se trouve
marquée la douzième puissance tribunilienne, est figuré le cir-
que avec sa pompe, s(»s chars (tensx) et ses athlètes. (Voir
BulL arch. Nap., ann. V^ p. 14-16). Il résulte de l'examen du
niédaîllon décrit plus haut que dans Tannée 1 48 Antonin avait
dédié à Rome un char (tensa) qui était destiné à figurer dans
les pompes du cirque avec ceux des divinités du Capitole et des
la Mptièm« libérHlhé(LIBLRALlTAS VU), que M. Cohen indique avec la
quinzième puissance tribuniticnne (TR. P. XV, n** 183) et avec la seizième
(TB, P.XVI, n»» 178 et 185), il est certain que sur l'exemplaire d*or du
Cabinet il n'y a jamais eu que TR. P. XVI. Quant aux deniers d'argent, il
■erait possible que le chiffre ne fût paé complet et qne les unités eussent dis-
paru ^n partie. J. W.
508 BULLETIll BinUOGRAPBIQCE.
personnages divinisés^ prédécesseurs ou ancêtres deTempe-
reur.
2. ANTONINVS AVG. PIVS P. P. TR. P. COS. III. Tètt
iaurée.
f{. DISCIPLINA AVG. S. C. Antonin marchant à droite, suivi
d'un héraut (accensus) et de trois soldats portant des enseignes
militaires; le dernier portant de plus une trompette recourbée.
— M.l.
Ce revers montre qu'Antonin s'appliquait à maintenir la dis-
cipline militaire établie par Hadrien. Je n'oserais aflSrmer avec
M. Cohen (n» 579) que le chef de ces soldats soit Antonin en
personne , plutôt qu'un de ses lieutenants ; nous savons par
Capitolin que cet empereur^ d'un caractère des plus paciOques,
ne fit aucune expédition militaire ; il se rendait à ses champs
en Campanie : Nec ullas expeditiones ohiity nisi quod ad agros
suos profectus est ad Campaniam. Capitolin., in Anton, y 7.
3. ANTONINVS AVG. PIVS P. P. TR. P. COS. III. Tête
Iaurée.
i^\ MONETA AVG. S. C. Femme vêtue y debout, tenant dans la
main droite des balances et un objet en forme de cœur, et dans la
gauche une corne d^abondance, — JE, I.
Selon M. Cohen (n* 691), la Monnaie personnifiée tient dans
la main droite des balances surmontées d'une grenade. Mais,
sans nier que l'attribut de la gi*enade ne puisse être accepté,
sur un exemplaire que j'ai sous les yeux, l'objet en question a
tout à fuit la forme d'un petit sac destiné à contenir des mon-
naies, sacculus nummarius, crumena^ serré étroitement par on
lien à la partie supérieure, de manière que l'ouverture du sac
s'élargit au-dessus du lien et donne l'apparence de ce que l'au-
teur a pu prendre pour la couronne de la grenade^ couronne qui
d'ailleurs serait disproportionnée quant à la grandeur avec le
fruit lui-même. Mazzabarba regarde cet objet comme une
bourse, crvmena, et tout le monde conviendra que la bourse ou
sac, crumcna, sacculus nummarius est un attribut des mieux
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 300
appropriés k la Monnaie, l)*Hillciirs, il est constant que chez les
anciens les petits sacs destinés h renfermer la monnaie y sacculi
nummariij avaient précisément la forme que donne la pièce
d'Antonin, décrite sous le n' 691. Cf. Bull. deVInst. areh.,
1844, p. 25 >.
4. Légende et tête comme au n"* 3.
ij?. OPÏ AVG. S. C. Femme vêtue^ assise, dans Faction de tou-
cher de la main droite un globe et d'appuyer son coude gauche
sur un second globe, tandis qu^elle tient dans la main gauche un
sceptre, — JE. I.
M. Cohen (n* 698) reconnaît dans la femme assise la Richesse
personnifiée, ou la déesse Ops, qui présidait aux richesses.
Je préfère le nom d'Ops, épouse de Saturne, fille du Ciel et
de Vesta ou de la Terre. (Voir Forcellini^ «. v. Ops.) Les deux
globes, le globe céleste et le globe terrestre, sont ses attributs.
Ajoutons que dans le temple d'Ops on conservait l'argent
(peeunia). Forcellini, loc. cit.
Faustinb ïSkKE.
Parmi les nombreux médaillons de Faust ine mère décrits par
Tauteur, les trois types suivants me paraissent particulièrement
remarquables (n*^ 126, 132, 133).
i. Mars nu casqué, le bouclier et la chlamyde sur le bras gau-
che, potant la main droite sur un tronc d* arbre et regardant
Rhéa Sylvia couchée sur le sein d'un homme qui lève la main
droite et tient de la gauche un roseau; auprès une urne à rentrée
éTun antre^ derrière lequel est un arbre.
Rhéa serait ici appuyée sur le sein de son père le Tibre, ou
bien du Sommeil, qui l'endort '.
I Voyez une monnaie de la fomille Lollia, sur laqaeUe >L Tabbé Cavcdoai
a aussi reconnu un petit sac. Riccio , le Monete delU ant, famiglù di Homa ,
laT. LX,n*2. J. VV.
* \oyez Texplication du tableau ik* Tompéi donnée par llaoul Uooliottu ,
310 BULLETIN BIBIJOGRAPHIQUE.
2. Faustine sous la forme de Vesta^ assise, tenant le Palladium
dans la main droite et un sceptre dans la gauche ;â ses pieds une
vestale debout, avec un vase sur la tête.
La vestale debout en face de la déesse Vesta ou de Faustine
divinisée fait peut-être allusion à la dédicace du sol du temple de
rimpératrice : il est certain que quand il s'agissait de la consécra-
tion d'un temple^ au nombre des cérémonies prescrites» les ves-
tales purifiaient le sol en y versant de l'eau puisée aux sources
vives et aux rivières : Virgines vestales, cum pueris puellisque
patrimis matrimisque aqua vivis e fontibus amnibusque hausia,
perluere (aream ). Tacit.^ ffist., IV, 53. Cependant on pourrait
également voir ici la vestale Tuccia^ faussement accusée, /wr/ân/
de Veau dans un crible, en preuve de sa chasteté, et invoquant la
déesse de la manière suivante : Vesta , si sacris tuis castas sem-
per admovi manus^effke, m/ Aoc (crihro) hauriam e Tiberi aqufjm,
et in œdem tuam per feront. Plin ,If. IV., XXVHÏ, 2, 3. — Valcr.
Max., YUf, i, 5. Le crible, dans ce cas particulier, était em-
ployé à la place de Thydrie que l'on portait sur la tète '. Sur
un autre médaillon de Faustine déiGée (Cohen, n** i28) est figu-
rée la vestale Claudia, en faveur de laquelle il arriva également
un prodige; pour prouver sa chasteté elle conduisit au rivage^
au moyen de sa ceinture, le vaisseau qui portait le simulacre de
Cybèle^ arrivé de Pessinunte. Ces deux types peuvent se rap-
porter à la prétendue vertu de Faustine, que Ion cherchait,
aux yeux du vulgaire, à faire passer^ après sa mort, pour uue
princesse de mœurs irréprochables.
3. Femme voilée, accompagnée d'un homme tenant un attribut
incertain et assise dans un char traîné par deux boeufs, préeédit
par un homme en habit court qui les conduit vers un temple rond,
surmonté d*urœ coupole.
Mmum. inéd, , p. 36-42, 114.— Cf. Ann. de VJntt. arch., 1829 , 1. 1 , p. 247.-
Muaeo Borbonico, t. IV, tav. II. J. W.
1 De nombreuses peintures de vases montrent de« vierges hydropboret an-
près d*nne fontaine. Voir Gerhard, Voienbilder, pi. CCCVII-OCCIX. J. W.
BULLETIN BIBLTOGRAPHIQUE. 311
M. Cohen^ tout en mainf<?stant dos doutes, pense que Ton doit
voir ici Vesta, et que l'homme assis h côlé de la déesse tient
dans la main le lituus augurai. Mais Garonni [Mus» Wiczay
Hedervary t. II, p. 157-158), qui avait sous les yeux ce mé-
daillon, bien qu'il dise qu'il est assez fruste et usé, reconnaît
dans Tobjet tenu par le personnage placé auprès de la déesse,
Bon un lituus y mais un pedum à Tusage des bergers; et le
dessin joint à la description de Garonni (Impp. arg.y tab. l, 8)
donne en effet la forme d'un pedum ; d'où il me semble assez
probable que la déesse doit è\re Ct/bèle [Mater Deum salutaris)^
qui, sur un autre médaillon de Faustine déifiée, est représentée
assise dans son temple , à côté duquel se tient debout son cher
Attfs (Eckhel, D. TV., VII, p. 39-40). Le pedum est l'attribut
d'Atys,etle tholus ou coupole convient parfaitement au temple
de Cybèle aussi bien qu'à celui de Vesta. Gf. Martial, !.
ejngr. 71, 10.
Et Cybelet pklo slat Corybanle tholus.
Il est vrai que Gybèle est ordinairement représentée assise sur
lin char tiré par deux lions;, mais les bœufs soumis au joug con-
Tiennent également à cette déesse, puisque Virgile {Aitt.y III,
m ) lui donne Tépithète de Mater cultrix * .
M. AURELE.
I. M. ANTONINVS AVG. GERM. SARM. Tête laurée.
t). FORT. DVGI TR. P. XXX IMP. VHK COS. III. La Fortune
muisêf tenant la corne d'abondance dam la main gauche et dans*
la droite le gouvernail posé sur un globe; une roue som le siège,
— tR.
L)i mé daillM de Mastaura en Lydie ont pour type un Imircou. Eckliel ,
D. A'., III, p, 108. Or,. diaprés Etienne de Byzance (v. Mdoraupa ), le culte de
31s, la môme que C'ybële ou Rhéa, florissuit dans cette ville, et on lui sacrifiait
des taureaux. J. W.
312 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
M. Cohen ( n* 78 ) semble mettre en doute la lecture DVCI ;
mais Eckbel (D. N.^ \l\, p. 63) a prouvé d'une manière positive
que la lecture DVCi est incontestable^ en faisant connaître que
cette épithète se trouve sur plusieurs monnaies de Marc-Aorèle
et de Ck)mmode. L'inscription de Telesia consacrée à la Fortune
qui conduit, FORTVNAE DVCI (Orelli, n* 5790), est entièremeot
d'accord avec la légende des monnaies ^ et comme cette épithète
de la Fortune ne se trouve qu'à Tépoque des Antonins, il est
vraisemblable que l'inscription de Telesia appartient à cet âge.
2. P. M. TR. P. XVIII. IMP. II. COS. III. Femme debout ré-
pandant les richesses de la corne d* abondance dans un autre vase.
— A.
M. Cohen (nM60, cf. n"' 174, 402) laisse le lecteur dans
l'incertitude, si Ton a voulu ici représenter V Abondance. Il me
semble plus probable que c'est la Bienfaisance , Benefkentia,
EÛEpYsa^ déesse nouvelle à Rome et ainsi dénommée par le
bienfaisant M. Aurèle. Dio Cass.,irw/., LXXI, 3A.— CI.BulL
arck. Nap., ann. V, p. 79, n» 16.
3. M. ANTONINVS AVG. TR. P. XXIX. Buste lauré avec le
paludamentum,
jj. IMP. VU. COS. III. Apollon assis ^ vu de face^ tenant le
plectrum dans la main droite et la lyre dans la gauche; près de
lui un arbre. — M. M. M.
L'Apollon figuré sur ce médaillon est probablement l'Apollon
des jardins impériaux, rappelé par Jules Capitolin ( in Marco
Ant., 6} : Quum Lucillam matrem Marciin Viridario venerantem
siKULACRUH ApoLLiifis vidissct. L'arbrc indique ici les jardins.
( Cf. Bull. arch. Nap., ann. V,. p. 77^ n* 10.) Sur les médail-
lons d'Antonin le Pieux, on voit également les types de plu-
sieurs divinités accompagnées d'arbres et d'autres objets qui
indiquent des lieux champêtres (voir Cohen, n^ 405, 409, 411,
415, 417, 419, 422, 424, 425, 428, 430, 433), et ainsi se trouve
confirmé l'avis d'Eckhel et d'autres numographes qui considè-
rent les médaillons impériaux de coin romain comme ayant
BULLETIN BIDUOGRAPIIIQUE. 313
été frappés spécialement à Toccasion des fôtes publiques et par-
ticulières de la cour impériale, d'autant plus qu'Antonin le
PieiUL aimait beaucoup à se reposer à la campagne , et se plai-
MÎt dans les retraites champêtres. Capitolin., in Antonino, 11.
. 4. AVRELIVS CAES. ANTON. A VG. PU F. Buste nu à droite,
avec le paludamentum,
^. TR. POT. XIU . COS. II. Neptune nu debout, le pied gauche
posé sur une proue de vaisseau , appuyé de la main gauche sur le
trident et la main droite étendue vers la porte d*une ville entou-
rée de hautes murailles crénelées ; derrière lui des flots et un dau-
phin qui saute. — i£. M. M.
M. Ck)hen reconnaît dans le type de ce magnifique médaillon
de bronze de la collection de M. Dupré ( pi. XVI, n' 385 ) Nep-
tune auprès des murs de Troie, et derrière lui un monstre marin;
mais dans la gravure parait un dauphin. Si sur la pièce originale
on voit réellement un monstre marin, on pourrait penser au
monstre auquel fut exposée Hésione, et la muraille qu'on voit
en face de Neptune serait le mur élevé par Hercule , son libé-
rateur, le TôT^^oc <îjjL<p(pTov , près duquel se tient Neptune
( lliad.y XX, 145). Si au contraire c*est un dauphin, il vaudrait
mieux penser à quelque ouvrage romain sur le littoral du
Latiuni ou de la Grande Grèce.
5. AVRELIVS GAESAR AVGVSTI PII F. Buste nu, avec le
paludamentum.
t). Cavalier au galop ^ lançant un javelot contre un sanglier
courant. — M. M. M.
M. Cohen ( n*" 408, dans une note) dit que M. Curt reconnaît
ici le jeune César poursuivant un sanglier, tandis que M. Dupré,
.qui possède ce beau médaillon, est porté à voir plutôt dans
le cavalier Méléagre ou un autre héros de la mythologie,
parce que le caractère et les fortes études de Marc-Aurèlc
devaient le tenir éloigné des jeux ou chasses (venationes).
Mais en faveur de la première explication, qui reconnaît Marc-
Aurèle lui-môme dans ce cavalier, se présente le témoignage
31 A BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
positif de rhistorien Dion Cassîus [ffisi.^LXXl, 36)^ qui atteste
que le jeune César avait l'habitude, grftce à sa force prodigieuse
et à son adresse^ de tuer les sangliers d'un seul coup de jaTeioi,
quand il se mettait à les poursuivre à cheval. Le rapport entre ce
type et les paroles de l'historien est si frappant, qu'autrefois
j'avais conçu quelques doutes sur Tauthenticité de cette pièce
(voir Bull. arch. Map., ann. V, p. 76, n* 4); aujourd'hui je ré-
tracte très-volontiers ce que j'ai pu dire contre l'authenticité de ce
médaillon. Fronton [ad M. Cxs,, HI, Epist., 20) écrivait à soi>
élève : Ubi vivarium dedicabitis , mémento quam diltgentissime,
si feras percuties, equum admittere. Et le jeune César adressait à
son maître les paroles suivantes (IV Epist., 5) : Ad venatùmem
profecti sumus, fortia facinora fecimus : apros captas esse fando
audimus ; nam videndi quidem nulla facultas fuit.
6. AVRELIVSCAESARAVG. PII F. Buste jeune, le plus sou-
vent avec le paludamentum,
I)). HONOS. S. C. L'Honneur debout vêtu delà toge^ tenant dans
la main droite un rameau garni de feuilles et dans la gauche une
corne d* abondance. — JE. I et II.
Une observation heureuse et importante de M. Cohen (note,
n** 50^) est que sur les monnaies impériales, à partir du règne
d'Antonin le Pieux, V Honneur est représenté vêtu de la toge, la
tête tantôt nue. tantôt radiée, d'où il paraît résulter qu'on avait
l'intention, au moyen d'une adulation fine et spirituelle, de repré-
senter TAuguste ou le César comme personnifiant l'Honneur. Et
cette observation se trouve confirmée de la manière la plus sa-
tisfaisante, parce que, dit Tauteur, sur les monnaies de Marc-
Aurèle César, VHonrieur a la tête radiée, seulement sur les pièces
de moyen bronze, où la tête du prince, figurée au droit^ est éga-
leniont radiée. Je ne saurais accepter de même l'opinion de l'att-
teur(/oc. cit.) relative à \2l figure virile vêtue de la toge qu'on est
convenu d'appeler le Génie du Sénat. M. Cohen dit que ce n'est
pas un vrai génie, mais bien plutôt un sénateur ou le sénat loi-
même représenté sous I habit d'un des membres de ce corps.
BCLLETI?! BIBUOGRAPHIQCE. 315
Cette opinion est tout à fait en opposition avec ce que dit Dion
Cassius (Hist. LXVUI, 5) : ÈUtlh àv8pa TpsaSuxT^v Iv l|xax(<|> xal
loT^Ti iTspi7cop^rSp<|), £xt cl xal OT&cpdivq), iaToXiajjivov^ oTa tiou xal
tijv Tepouaiav ^paçouai, x t. X. Il s'agit dans le passage de Thisto-
rien d'un songe de Trajan qui avait cru voir un vieillard dans
le costume que les artistes donnent au Sénat personnifie. (Cf.
Bull. arch. Nap., ann. V, p. 13, n'9'.)
7. M. ANTOMNVS AVG. TR. P. XXVI. Tête laurée.
^. PROVIDENTIA AVG. LMP. VL COS. llï S. C. Marc-Avrèle
twee un autre personnage à côté de lui sur une estrade, dans r ac-
tion de haranguer quatre soldats,^ uE, 1.
JU. Cohen (n* 611) croit reconnaître dans ce revers Marc-
Aurèle qui présente pour la première fois à Tarmée son fils
Commode alors âgé de onze ans. Mais cette explication ne uic
parait guère admissible. La pièce a été frappée en Tan 172,
et le jeune César Commode ne se Rendit auprès de son père^
occupé de la guerre en Germanie que trois ans plus tard, c'est-
à-dire au mois de mai 175. Cf. Eckhel, D. N., VII, p. 102.
Ajoutons que le personnage placé à côté de Marc-Aurèle doit
être un homme, puisque Vaillant y reconnaît le préfet des préto-
rioDS) tandis que si c'était Commode, enfant de onze ans seule-
ment, H devrait être d'une taille beaucoup au-dessous de celle
de son père.
La i^ende PROVIDENTIA AWGusti du revers peut se rap-
porter à une allocution faite d'une façon opportune ou à un
autre fait qui indiquait la haute prévoyance de l'empereur phi-
ioeophe. Cf. Bull. arch. Nap., ann. V, p. 79.
Enfin je ferai remarquer le mot latin LAETFTAS pour LAE-
TITIA, que l'auteur a trouvé sur uu grand bronze de Faustine
jeune (n* i86) mot qui est à ajouter aux lexiques, ainsi que le
mot ITkRO pour ITERVM qu'on lit sur une monnaie d'Hadrien
(n* 98). Cf. Eckhel, D. /V., VI, p. 477. C. Cavbdoni.
* Voir ce que j'ai dit (suprà , p. 106 et suiv. ) sur los rcpréscntatiuiis du
Smai ptrionnifié. J. W,
316 BCLL&TUf BIBLIOGRAPHIQUE.
Description générale des monnaies byzantines frappées sons
les empereurs d'Orient depuis Ârcadius jusqu'à la prise
de Constantinople par Mahomet II , par J. Sabatieb.
1" vol. in-8«, avec 33 pi. gravées représentant 840 mon-
naies. Paris, RoUin et Feuardent, 1862.
Voici le premier des deux volumes dans lesquels H. Sabatier
se propose de publier le catalogue méthodique des moonaief
byzantines. Les travaux antérieurs de ce numismatiste loi
donnent qualité pour entreprendre ce travail qui , avec les cinq
volumes dus à M. Cohen sur le Haut-Empire, forme un imr
portant corps d'ouvrage pour la numismatique romaine.
M. Sabatier a eu la bonne chance d'avoir lklM.[RoUin et Feu-
ardent pour éditeurs ; les abonnés de la Jtevue savent tous avec
quel zèle désintéressé ces deux messieurs, depuis quelques
années^ ont facilité la publication d'ouvrages de numismatique
aussi précieux pour les savants que pour les collectionneurs.
Tant d'archéologues se sont occupés de l'étude des monnaies
et des médailles romaines , qu'il faut avoir une grande recon-
naissance aux personnes qui ont la patience , par des cata-
logues soigneusement élaborés^ de coordonner les travaux,
un peu disséminés partout. Avec les ouvrages de MM. Cohen
et Sabatier, on peut savoir à peu près exactement quelles sont
les ressources de la science jusqu'en i862 ; on a aussi moins à
craindre de faire des découvertes dans lesquelles on aurait été
prévenu à son insu.
Tous les archéologues et les numismatisies qui se sont oc-
cupés de la période byzantine connaissent les travaux multipliés
du baron Marchant; dans toutes les bibliothèques des savants on
trouve aussi le bel ouvrage dans lequel M. de Saulcy, il y a vingt-
trois ans , entreprenait . le premier, le classement des monnaies
byzantines, et le catalogue avec prix publié par M.Soleirol. Il est
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 317
donc temps aujourd'hui d'entreprendre la description de toutes
les pièces connues de cette série, et aussi ^ en fixant la valeur
Ténale de ces monuments^ de faire cesser l'arbitraire du com-
merce.
La Description générale s'ouvre par quatre-vingt-quatorze
pages dans lesquelles M. Sabatier résume les principales dates
des annales de l'empire d'Orient^ ainsi que ce que Ton a retrouvé
jusqu'ici sur l'histoire de la monnaie depuis Arcadius jusqu'à
Constantin XI Paléologue. Notre collaborateur passe en revue
les types principaux , les ateliers^ les systèmes de For^ de Tar-
gent et du cuivre, les légendes, les dates, les monogrammes et
les imitations faites par des peuples étrangers à l'Empire : il
restitue judicieusement aux monnaies elles-mêmes les dénomi-
nations qu'elles portaient légalement. Cette introduction forme
un naanuel utile pour le numismatiste qui désire classer et étu-
dier sa collection»
Lingue le second volume aura paru , nous nous réservons
d'examiner la description elle-même, ainsi que les attributions
nouvelles et les rectifications proposées par M. Sabatier.
Ce D*est certes pas l'art qu'il faut chercher dans les monnaies
des empereurs de Constantinople ; ce n*est pas non plus Tin-
téréi qui s'attache à ces beaux types historiques ou monumen-
taux de la Grèce et du Haut-Empire : la monnaie byzantine n'a
de TaleuF scientifique que par les dates qu'elle révèle, par les
l^endes qui sont des inscriptions authentiques et contempo-
raines des faits étudiés par l'historien. N'oublions pas non plus
que cette série numismatique, dans laquelle il y a encore tant
de problèmes à résoudre, est la transition entre le monnayage
antique et celui des rois barbares et des Mérovingiens.
La monnaie byzantine résume les abus de la centralisalio»
administrative exagérée: l'art disparaît; à certains moments ♦
lorsque la main du souverain n*est plus assez vigoureuse, le
désordre se révèle et prend promptcmcnt de larges proportions,
La monnaie byzantine émane du Bas- Empire. Pendant quête
318 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUB.
souverain était entouré d*bonimages qui le plaçaient presque an
rang des anciens dieux , Tesprit envahissant d'une armée de
fonctionnaires étouffait son autorité; TEmpire se divisait : loin
de la capitale, l'unité tendait à s'évanouir. C'était le règne
égoïste des parvenus : du luxe, beaucoup d'or^ rien que de
l'or, et plus d'art. Par suite du vm\ adage qui veut que les
extrêmes se touchent, il semblait, qu'à l'exemple de la déma-
gogie, la trop grande centralisation amenait le règne de la mé-
diocrité : on ne cherchait plus que la jouissance matérielle ci
immédiate, sans se soucier beaucoup des savants ni des artistes.
A. Di B.
Numismatique béthunoise, recueil des monnaies, méreaux,
médailles et jetons de la ville et de l'arrondissement de
Béthune, par L. Dancotsne. Un volume in-8», avec 26 pi.
Arras, Brissy, 1859.
Malgré la date qu'il porte, le nouveau travail de M. DineoîsDe
n'est guère en vente que depuis quelques mois. Nous devions
celte petite explication avant de commencer le compte-rendu
que nous allons faire, lequel pourrait, de prime abord^ paraître
bien tardif.
L'auteur aborde son sujet à la période mérovingienue et le pou^
suit jusqu'à nos jours. Les divers monuments numismaUques
qu'il publie, au nombre de 185, sont classés d'après les localités
auxquelles ils appartiennent, Béthune, Allouagne, Amettes,
Garvin-Épinoy, Henin-Liétard, Isbergue, Labeuvrière, Lambres,
Lens, Lillers, le Locon, et Saint- Venant. De ces localités, d'ail-
leurs, cinq seulement sont représentées par des monnaies, des
méreaux ou des médailles qui ne soient pas uniquement de dé-
votion.
M. Dancoisne laisse à Béthune, mais non sans exprimer ses
doutes, un tiers de sou aux légendes BERTVNO FIT et BBjO
BULLETIN BinUOGRAPHIQLE. 310
MONETAR, attribué à cette ville par M. de Reichel. II en fciit
connaître un second , trouvé à Béthune même , et sur lequt^l
semble bien être le mot BITYNIA; mais c'est à peu près tout ce
qu'on y Ut; le nom du monétaire, dont presque toutes les lettres
n'ont marqué qu'incomplètement sur le flan trop petit, est tout
à fait indéchiffrable. Trois autres tiers de sou figurent dans Ton-
vrage : ce sont ceux aux légendes LENNA CAS et AEGOÀLDO
110^ généralement attribués à Lens depuis quelque temps
déjà (i).
Les monnaies carlovingiennes ne sont représentées dans le
travail de M. Dancoisne que par trois deniers de Charles le
Chauve frappés à Lens [Lennis fisco).
Les monnaies seigneuriales, des xii* et xm' siècles, sont plus
nombreuses. Elles ont été frappées pour la plupart à Béthune ;
quelques-unes l'ont été à Saint- Venant. Ce sont presque tous
petits deniers d'argent, forgés dans le système artésien; c*(*st
dire que^ par leurs dimensions^ ces pièces feraient presque la
concurrence aux lentilles. Quelques deniers de Béthune avaient
déjà été publiés par Lelewel^ par M. Hermand et par M. Dan-
coisne. lui-même. Nous en comptons , cette fois, jusqu'à onze
variétés réunies sur une même planche, plus une obole, et rou-
teur déclare qu'il s'est attaché à ne faire dessiner que les variétés
les mieux caractérisées.
Dans l'œuvre de noire confrère, la portion vraiment neuve, vu
même temps que riche en remarques curieuses, est celle qui
traite des méreaux relatifs à Béthune. Parmi ceux ci , les nié-
reaux communaux, qui étaient de petites pièces d'étain mélangt^
de plomb, frappées aux armes de la ville, et d'une valeur no-
1 A la page 183 de son ouvrage, M, Dnncoisne exprime le regret de n'avo'r
pai trouvé dau» le catulogue des monnaies mérovingiennes de M. Cartier l'in-
dication de la collection où existait la variété du tiers de sou de Lens portant
le nom du monétaire ^Egoaldus du côté de la tAte. Une note de 1838 , que
noiis conservons dans nos documents , nous apprend qu'à cette date le triens
appartenait à M. Bénassis.
320 BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE.
mînale de 1 et 2 deniers , appellent tout particulièrement Tat-
tention par le rôle illégal qu'ils ont presque constamment joué^
c'est-à-dire par l'emploi qui en était fait comme de monnaies
courantes.
M. Dancoisne a fort bien fait voir comment ces méreaux com-
munaux^ dont l'usage remonte au xiv* siède^ après avoir d'abord
servi exclusivement à établir entre les commerçants en grains et
les portefaix le compte de ce qui était dft à ceuxH^i pour leur
labeur, ont ensuite^ par la tolérance un peu aveugle des repré-
sentants du pouvoir dans la localité^ fini par devenir une sorte
de monnaie fictive ayant cours par toute la ville. Il y a là un
curieux rapprochement à faire entre ces méreaux et d'autres
monnaies fictives qui eurent cours également dans certaines lo«
calités des Pays-Bas , tels que les deniers de laiton de Notre-
Dame de Termonde, les monnaies javns de Notre-Dame de
Cambrai et les deniers de plomb de l'abbesse de Maubeuge. Ce
rapprochement , que nous avions indiqué sommairement dans
la Ilevue numismatique, en 1849, pourrait être fait aujourd'hui
d'une manière beaucoup plus complète.
Les méreaux communaux furent parfois, pour la ville deBé-
thune, un moyen de se créer des ressources, au moins momeo-
tanément. Elle payait avec ces méreaux les ouvriers qu'dle
employait en 1*^10 et en 1511 à la construction d'un de ses
ponts, et en 1519 à la réparation de ses fortifications. Mais avec
un semblable système la ville arriva à se trouver infestée de ses
propres méreaux , et les gens de la campagne qui approvision-
naient de vivres son marché les recevaient en payement avec
d'autant plus de répugnance, qu'il y en avait de faux. Il fallut
en venir à la suppression générale des méreaux communaux, oo
qui eut lieu en 1531. On est fondé à supposer, par Timportanoe
des sommes que la ville dut alors afiecter au rachat des méreaux,
que le nombre de ceux-ci fi'était pas de moins de cent mille.
Outre les monnaies fictives dont il vient d'être question,
M. Dancoisne publie d'autres méreaux de Béthune, se rappor-
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 321
tant à diverses institutions civiles ou religieuses. L auteur ne se
dissimule pas que plusieurs de ses attributions pourront être
contestées, et l'on doit reconnaître qu'il ne peut guère en être
autrement^ quand il s'agit de pièces de cette nature^ qui parlent
souvent si peu par elles- mémes^ et au sujet desquelles on man-
que le plus souvent du moindre renseignement.
Nous laissons de côté les médailles historiques relatives à
Bétbune, à Hénin-Liétard, à Lens et à Saint- Venant, que M. Dan-
coisne a reproduites dans son recueil, et qui sont pour la plu-
part bien connues; mais nous devons indiquer encore en
passant un méreau jusqu'ici unique du chapitre de Lillers,
Capitulum sancti Audomati in urbe Lileriensi, et les rares mon-
naies de nécessité auxquelles donna Heu le siège de Saint- Venant ,
parTurenne, en 4657. Quant aux médailles de dévotion, en
très-grand nombre dans Touvrage^ elles ont, généralement, un
intérêt tout local , et nous ne nous y arrêterons pas ici plus
qu'elles ne peuvent le comporter. Il en est doux cependant qui
méritent une nfention particulière par leur ancienneté. Ce sont
des plaques unifaces en plomb, du genre dit enseigne, remon-
tant pour le moins au xv' siècle, et rappelant le pèlerinage de
saintOruon, le prince berger dont deux localités se partageaient
particulièrement le culte , Ëpinoy-les-Carvin , où il était né , et
8ebourg-en-Hainaut, où il mourut. Seize autres médailles moins
anciennes rappellent la même dévotion dans le recueil de
11. DancoisnCf mais nous ne sommes pas bien sur qu'il ne faille
pas en retrancher une, le n» 1 de la planche xvii, où le saint
représenté, indiqué par les initiales S.D, est entouré de nuages
que sillonne la foudre. Cette pièce, du xvu' ou du xvui' siècle»
nous parait être une médaille de saint Donat, et non pas de saint
Druon. Saint Donat, on le sait, était invoqué contre le péril des
orages. Des médailles de saint Donat se vendaient en grand
nombre à Arlon, où il existait de ses reliques; mais ceci nous
conduit un peu loin de Béthune.
M. Dancoisne, prévoyant le cas où Ton pourrait lui reprocher
1862.-. 4. 22
322 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
de ne s'être pas occupé des monnaies de Maximilien de Bétlione,
le célèbre Sully, ainsi que des monnaies et jetons de Maximilien-
François de Béthune^ son petit-fils, a fait remarquer avec raison
que ces pièces ont été frappées pour la principauté d'Henriche-
mont et Boisbelle, et qu'elles n'ont rien de commun avec Bé-
Ihune. On doit ajouter, d'ailleurs^ que depuis très-longtemps
déjà, à l'époque dont il s'agit, Béthune n'était plus la propriété
delà famille qui en tirait son nom. Mais nous ne saurions être
d'accord avec l'auteur lorsqu'il fait connaître qu'il a cru devoir
également ne pas comprendre dans la numismatique de Béthune,
« à cause^dit-il, de son origine tournaisienne, d un jeton frappé
en 1785 aux armes et au nom d'Eugène-François-Léon, pfince
de Béthune, marquis d'Hesdigneul et comte de Noyelles.
Nous ne contestons pas que le jeton en question , publié par
M. Chalon dans \^ Revue numismafique belge de i855, pi. xni, ne
puisse se rattacher à la numismatique deTournay par les consi-
dérations que M. Chalon a très bien fait valoir, considérations
tirées en partie de la résidence qu'avait choisie leppersonnage que
le jeton concerne. Mais on ne peut perdre de vue, d'autre part,
que ce personnage, l'un des descendants de Sully, était, lui, véri-
tablement prince de Béthune, comme la légende du jeton le rap-
pelle, et que le domaine de Béthune lui avait été attribué en 1778,
en compensation partielle de la cession que son père avait faite
à la couronne, sous Louis XV, de la terre souveraine d'Henri-
ohemont et Boisbelle. I.e jeton qui consacre un semblable évé-
nement nous paraît, en définitive, faire essentiellement corps
avec la numismatique béthunoise.
Cette question, au surplus, n'est pas de celles sur lesquelles
les avis ne puissent être partagés sans inconvénient. Mais m
point sur lequel nous pensons que l'opinion sera générale, c'est
que la monographie que vient de nous donner M. Dancoisne
satisfera jusqu'aux lecteurs les plus difficiles, par le soin et le
savoir avoc lesquels il a traité son sujet. J. R.
CHRONIQUE.
Découverte de monnaies d'or du XVP siècle dans la chapelle
de CaudecôiCy près Dieppe.
Al. l'abbé Cochet a exploré dans l'intérêt de la science ar-
chéologique et de l'histoire , la vieille chapelle de Saint-Nicolas
de Caudecôte^ située derrière la citadelle de Dieppe et à un kilo-
mètre environ de cette ville. Cette chapelle, qui fut autrefois un
prieuré dépendant de Tabbaye de Sainte-Catherine- du-Mont de
Rouen^ avait été, comme tant d'autres, confisquée à la révolu-
tion. Le génie militaire qui en avait fait une caserne de canon-
aiers pendant la guerre^ la démolit lui-même en i84i.
M. l'abbé Cochet avait complété l'exploration de la chapelle
si il allait terminer la fouille du sanctuaire , lorsque le mardi
} décembre 4864 , à huit heures du matin, un ouvrier rencontra,
m niveau des fondations du chœur, un groupe de monnaies d'or
lont la vue l'éblouit un moment. Ces pièces n'étaient point ren-
érmées dans un vase comme cela arrive ordinairement dans ces
OTÎes de cas. Elles avaient probablement été déposées dans une
x>tte en bois, dans un sac d'étoffe ou dans une bourse de cuir.
loni il ne restait plus la moindre trace. Elles étaient au nombre
le 35 , généralement bien conservées et paraissant avoir peu
irculé. Leur poids métallique, d'environ 125 grammes, repré-
ente une valeur intrinsèque d'à peu près 375 fr.
Toutes ces monnaies doivent appartenir au xvi* siècle ; quel-
[ues-unes au plus pourraient remonter jusqu'à la fin du xv^
.es plus récentes en date portent les millésimes de 1 567 et de
32Â CHRONIQUE.
1568. Il y en a 12 de France, 14 d'Espagne, A de Portugal,
3 d'Italie, 1 de Suisse et 1 de Hongrie.
Les princes dont on lit les noms et dont on voit les eflBgîes,
sont, pour la France, Louis XII (U98-15io], François I'' (1515],
Henri II (1547-1559) et Charles IX (une seule de 1567).; pour
l'Espagne, Ferdinand V et Isabelle (1474-1504), Jeanne et
Charles ( i 506-1 516), Charles-Quint, empereur et roi ( 1 51 6 1 556),
et Philippe H (1556-1598); pour le Portugal, Jean III (1521-
1557) et Sébastien I*' (1557-1578); pour la Hongrie, Mathias
Corvin ( 1490-1504) ; pour l'IUlie, Alphonse I*' (1505-1534) et
Hercule II (1534-1597), ducs de Ferrare; la Suisse est repré-
sentée par une seule pièce de la cité de Genève (1568).
Maintenant à quelle époque faire remonter cette cachette?
Généralement, en Normandie, on a caché des trésors à la fin du
xvi' siècle, pendant les guerres de la Ligue et surtout au moment
delà bataille d'Arqués et du siège de Dieppe, en 1589.
Les cachettes de cette dernière époque renferment ordinaire-
ment un bon nombre de pièces de Charles IX et de Henri IIl,
parfois même de Charles X, roi de la Ligue. Ici, au contraire,
pas une pièce française n'est postérieure à 1567, et encore la
seule qui soit de Charles IX est à fleur de coin.
Sans repousser absolument l'époque de la Ligue, M. l'abbé
Cochet est plus disposé à attribuer cette cachette au temps de
la Saint-Barthélémy. J. W.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
LETTRES A M. A. DE LONGPÉRIER
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
Douzième article. — Voir plus linut, p. 177.
XVI.
VOTOMAPATIS, ROI DES NiTIOBRIGES.
Mon cher Adrien ,
Je crois tenir une excellente attribution nouvelle , et je
me bâte de t'en faire part. Je serai ravi si tu juges qu'il y
a là un véritable, 6«n trovalo.
Tu te rappelles quau VII* livre des Commentaires
(cbap. XXXI)» César raconte conament Vercingétorix s'y
prit pour combler les vides que les revers d'Avaricum
avaient faits dans les rangs de son armée. Il termine son
bref récit par les phrases suivantes : « Ilis rébus celeriter
id, quod Avarici deperierat, expletur. Intérim Teutomatus
OUoviconis filius, rex Nitiobrigum, cujus pater ab sena'tu
nostro amicus erat appellatus , cum magno equitum suo-
rum numéro, et quos ex Aquitania conduxerat, ad eum
pervenit. n
1062.^ 5. 23
:M>.6 Mf-MOCRKS
Il est encore question du même personnage un peu plus
loin, à propos du malencontreux coup de main que César
tenta devant Gergovia; coup de main qui faillit un instact
réussir, mais qui n'aboutit qu à une sérieuse défaite. Le
bon roi des Nitiobriges avait ses habitudes, à ce qu'il paraît,
puisqu'il manqua tomber aux mains des légionnaires, au
moment où il faisait la'sieste dans sa tente, et au beau mi-
lieu de son camp. Voici comment César mentionne ce fait
curieux (même livre, chap. XLVI) : « Ac lanta fuit in
castris capiendis celeritas, ut Teutomatus, rex Nitiobrigum,
subito in tabernaculo oppressus, ut meridîe conquieverat,
superiore corporis parte nudata , vulncrato equo, vix se ex
inanibus prcnedantium militum eriperet. » Tu vois que notre
personnage put se vanter de Tavuir échappé belle, comnje
nous dirions en pareille occurrence.
Le nom du roi dos Nitiobriges nous a-t-il été consené
intact, sons cette furme germanirpie? Il est permis d'en
douter. Ne sommes-nous pas édifiés déjà sur le respect
des noms pr()i)res gaulois pratiqué chez les écrivains ro-
mains , par les étranges altéiations qu'a subies le nom
d'Adietuanus, le roi des Sotiates, ou. pour être plus correct,
des Sotiotes? Si Adietuanus est devenu, sous la plume des
copistes de César, Adcantuanniis nous avons bien le droit
de supposer que la forme Teutomatus n'a pas plus de res-
semblance avec la véritable forme du nom que portait le
roi des Nitiobriges.
Tu vas voir, du reste, que j'ai mieux à t'offrir qu'une
pure hypothèse sur ce point. Mais avant, permets-moi de te
rappeler que le nom d'Adietuanus se rencontre , suivant les
manusciits que Ton consulte , sous les formes par trop di-
verses : Adiatnnnus, Adiatonnus, Adcatuannus, et enfin
Adcantuanus. Pourquoi n'en serait-il pas de même du nom
ET DISSERTATIONS. 827
propre caché sous la fornie Teutoinatus? Voyons donc les
variantes que nous rournisseut les manuscrits comparés par
Nipperdey.
Pour le pi-euiier passage (VU, 31), le manuscrit B
(Parisinum primum) donne Teutomatus. Le manuscrit G
( Vossianum primum ), Tautoiiialus; et tous les autres Teu-
tomotus.
On devrait croire, ce semble, que les copistes ont, pour
le second passage (Vil. AO), respecté la forme qu'ils
avaient adoptée pour le premier ; il n'en est vraiment rien,
Aussi le manuscrit A (Bongai^ianum primum) et le ma-
uuscrit a (Parisinum secundum) donnent Votomatus. Le
uanuscrit d (Cujaciauum), Vitomatus, et le manuscrit B
(Parisinum primum), Votomapatus. D'autres, ajoute Nip*
perdey, sans les désigner d'une manière plus précise,
offrent les leçons Notomatus, Vocomapatus, Vatomapatus,
Notomapatus. Tu vois que nous avons à choisir. De toutes
ces formes du même nom, quelle est la bonne? Il serait
plus que difficile de le deviner. Toutefois, si nous observons
que la forme Votomapatus nous est piésentée par le ma-
nuscrit B ( Parisinum primum ) , qui donne, pour le nom si
complètement défiguré Adcanluannus, la forme Adiatunnus,
qui est celle qui se rapproche le plus du vrai nom Adietuanus
du roi des Sotiotes, que de plus le manuscrit G (Vossia-
num primum ) , qui à lui tout seul porte les deux variantes
à peu près correctes, Adiatonnus et Adiatunnus, nous offre
aussi, dans le second passage (Vil , A6) , la forme Voto-
matus, nous serons amenés à supposer que le nom du roi
des Nitiobriges devait présenter une forme assez voisine
des deux variantes Votomatus et Votomapatus.
Ceci posé, rappelle toi la charmante pièce de la trouvaille
de Chantenay, sur laquelle on lit du côté de la tête les
3*28 MÉMOIRES
noms GAIV.IVLI... et îiu revers la iin de la légende
.. ..OMAPATIS au-dessus du cheval qui galope à gauche, en
franchissant un oiseau marchant en sens inverse \ A mon
avis , nous avons là une monnaie du roi des Nitiohriges
qui faillit se laisser enlever par les Romains, sous les mors
de Gergovia. A mon avis encore, ce personnage se nommait
en réalité Votomapatis ou Votomapatiis, et il n'y a rien que
de naturel à préférer à toutes les variantes fournies par les
manuscrits, celle qui nous a conser\é la leçon Votoma-
patus. De la sorte nous sommes délivrés de la forme germa-
nique Teutomatus, si embarrassante et si invraisemblable,
lorsqu'il s*agit d'un prince des Nitiobriges, d'un Aquitaio
pur sang.
Ollovicon, père de Votomapatus, avait été déclaré parle
sénat, ami du peuple romain. Son fils ne fit que céder à
Tentraînement général et certes bien justifié, qui poussa
loutes les peuplades des trois Gaules sous l'étendard victo-
rieux de Yercingétorix. Mais après la catastrophe d*AIesia,
l>on nombre de ces chefs n'hésitèrent pas à faire leur sou-
mission : témoin Togirix et Duratius qui s'affilièrent à h
gens Julia. et dont les monnaies ornent nos collections;
témoin encore l'Éduen Époredirix et tant d'autres dont
les inscriptions nous ont transmis le souvenir et l'entrée
dans la même famille. N'oublions pas d'ailleurs qu'Épore-
dirix fut l'auteur du massacre des citoyens romains de
iNoviodunum, pendant le blocus de Gergovia, qu'il fat fait
prisonnier par les Romains à la bataille dans laquelle Ver-
cingétorix fut vaincu, avant d'aller s'enfermer à Alesia, et
(|u'il n'en rentra pas moins en grâce, puisqu'il prit pour
lui et pour sa descendance, le nom de Julius, ainsi que le
^ Recw Mtmism, 1862, pi. 1, n* 6, p. 27.
ET DISSERTATIONS. S20
constate la belle inscription d'Autun. 11 en peut donc être
exactement de môme de Votomapatus, et ceci nous conduit
à penser que César, loin de conserver une rancune fort vive
contre les chefs puissants qui l'avaient combattu , s'em-
pressa de les accueillir et de se les attacher par toutes les
faveurs compatibles avec les intérêts du peuple romain.
D'ailleurs, le souvenir de son jwre Ollovicon servit proba-
blement à la réhabilitation de Votomapatus, qui ne se con-
tenta pas de prendre le nom de famille de César, mais y
joignit aussi son prénom. Votomapatus devint donc, après
la conquête accomplie, Caïus Julius Votomapatus.
Voilà une grande et regrettable lacune comblée dans la
suite des monnaies gauloises , et la civitas des Nitiobriges
sera enfin représentée par une belle et bonne pièce. Serait-
il impossible , maintenant que nous avons planté un j«alon
sur la route à suivre pour trouver le contingent numisma-
tique de cette peuplade, de démêler dans le chaos de ce
qui reste encore de pièces anépigraphes à classer, quel-
que pièce à joindre à celle de Votomapatus? Je ne sais.
Toutefois, je ne veux pas terminer cette lettre sans te
soumettre une idée que tu prendras pour ce qu'elle vaut ,
c'est-à-dire, je le confesse humblement, pour une idée
en l'air. Je t'ai déjà dit quelque part , je ne sais plus où ,
qu'à mon avis la série si nombreuse des pièces d'or et
d'argent qui se rattachent étroitement au système moné-
taire de Vercingétorix, pourraient bien n'être que des mo-
neiœ caslrenses^ frappées en même temps et dans un sys-
tème uniforme à Gergovia, par tous les chefs des peuplades.
qui avaient répondu à l'appel du héros arverne. Ainsi s'ex-
pliquerait de la manière la plus facile et , j'ose le dire , la
plus satisfaisante, la multiplicité des emblèmes secondaires
qui se rencontrent sur les beaux statèrcs des trouvailles
330 MÉMOIRES
d'Orcines et de Pionsat, statëres que la préseDce seule de
ces emblèmes attribuerait plausiblement à tel ou tel peuple,
plutôt qu'à tout autre. Or nous connaissons de jolies petites
pièces d'argent sur lesquelles on voit un oiseau au-dessous
du cheval en course, et ces pièces sont les plus comniunes
de celles que Ton découvre de temps à autre à Gergovia et
à Corent. Seraient-ce des monnaies des Nitiobriges, frappées
dans le camp de l'armée confédérée, par le corps nombreux
de cavalerie que Yotomapatus avait amené d'Aquitaine
sous les drapeaux de l'insurrection? Cela est fort possible;
mais je me garderais bien de l'affirmer, tout en m'avouast
fort disposé à le croire. Il est vrai que Ton rencontre assez
souvent à Corent des pièces globuleuses de bronze, sur
lesquelles on voit un oiseau, probablement un paon, placé
sur le dos du cheval*, mais celles-ci me semblent d'un
système tout différent, et elles pourraient bien être pure-
ment arvemes. C'est là un problème que les découvertes
ultérieures nous permettront seules de résoudre.
Quoi qu'il en soit, je tiens fort à ma découverte du denier
de Yotomapatus , et je suis enchanté de t'en offrir la pri-
meur.
Tout à toi de cœur,
F. DE Saclgy.
€T DISSERTATIONS,
,^31
TKTnADIlACnME INÉDIT
DE PTOLÉMÉE PlllL ADELPHE
Dans notre Essai sur le clafaernent des monnaies d'argent
des LagideSj nous avons fait voir que la masse du numéraire
de ce métal, monnayé dans les domaines des rois d'Egypte
sous les trois premiers Ptolémées, portait uniformément
l'eflBgie de Soter, fondateur de la dynastie. Rien n*est plus
rare que des tétradrachmes d'argent marqués de la tête
d*autre.s souverains avant l'avènement de Pbilopator. Jus-
qu'à présent môme nous ne connaissions qu'une pièce de
ce genre offrant les traits de Ptolémée III Évergète dans sa
jeunesse, pièce qui est au Musée Britannique et que nous
avons publiée dans notre ouvrage.
C'est cette circonstance qui donne un véritable intérêt au
tétradrachme gravé en tête du présent article, et emprunté
aux riches cartons de MM. UoUin et Feuardent. Cette monnaie
appartient évidemment aux premiers âges de l'empire la-
gide, et la tête qui en décore le droit n'est ni celle de Soter
332 UÉMOIBES
ni celle d'É vergeté. Mais en se reportant aux beaux té-
trastères d or à la légende 0EI2N-AAEA$nN et aux quatre
elTigies de Soter et de Bérénice, de Pbiladelphe etd'Arsinoé,
il devient impossible de ne pas reconnaître sur notre té-
tradracbme l'image dePtolémée II Pbiladelphe. Pour rendre
ce fait manifeste aux yeux du lecteur, nous avons fait placer
en face du dessin de la pièce que nous publions pour la
première fois, le côté d'un des médaillons d*or où sont re-
présentés le fils de Ptolémée Soter et la reine , qui étsdt à
la fois sa sœur et son épouse. L'identité des deux effigies
ressort si évidente de la confrontation, qu'elle ne demande
pas de longs commentaires. Les traits sont semblables et
l'expression du visage est la même. En recourant aux plan-
ches de Y Iconographie grecque de Visconti * ou du Trésor
de numiêmatique^^ on sera également frappé, nous n'en
doutons pas, de l'analogie qui existe entre la tête de notre
monnaie et celle du roi représentée sur l'admirable camée
du Cabinet de Vienne , où Eckbel ' et Visconti * ont déjà
proposé de reconnaître Ptolémée Pbiladelphe.
Le tétradrachme de MM. RoUin et Feuardent présente
deux monogrammes dans le champ du revers, des deux
côtés de l'aigle. Le premier, composé manifestement des
lettres KITP, est celui des Cypriens, que nous avons déjà
fait connaître dans notre travail et qui se retrouve avec
quelques légères variantes sur des pièces aux effigies de
Soter*, d'Épiphane* et de la célèbre Gléopâlre', ainsi que
« PI. LXIV A,!!»!.
• Numismatique des rois grecs, pi. LXXXIII.
* Choix de pierres gravées du Cabinet impérial d& Vienne, p. 2B.
* Iconographie grecque, t. III, p. 211.
» Kevue num., 1853, pi. XVII, n- 5.
• Ibid., p. 333.
ri6i(i., pi. XVII, uo2.
ET DISSERTATIONS. 3S3
sur des bronzes incertains qui doivent dater des derniers
r^nes de la dynastie lagide ^ Cependant cette monnaie
n'est évidemment pas de fabrique cypriote ; elle ne res-
semble ni par le style ni par la nature du métal aux tétra-
drachmes si multipliés qui portent les marques des ate-
liers de Paphos, Salamis et Cittium. Les caractères de la
fabrique, du style et du métal reportent le tétradracbme
que nous publions vers la région de la Phénicie . de la
Palestine ou de la Basse -Egypte. Le monogramme des Cy-
priens ne doit donc y figurer que comme m<irquant une
alliance monétaire, et l'indication du véritable lieu d'émis-
sion doit être cherchée dans le second monogramme; et,
en effet, ce dernier *est celui même que, le rencontrant
sur des tétradrachmes à la tète de Soter, nous avons dé-
composé en <t>AT et attribué à la ville de Phatmis, laquelle
donnait son nom à Tune des embouchures les plus orientales
du NiL
Si l'on pouvait se fier absolument au dessin, exécuté
d'après une médaille très-mal conservée, qui se rencontre
dans le bel ouvrage de iM. L. MûUer sur la Numismatique
de t ancienne Afrique *, le Cabinet de Vienne posséderait un
didrachme dont l'effigie , entièrement analogue à celle de
la pièce de MM. RoUin et Feuardent, devrait être attribuée
à Philadelpbe. Seulement ce didrachme est originaire d'une
tout autre contrée que notre tétradracbme. La plante du
silphium qu'on y voit dans le champ en reporte avec certi-
tude le lieu de fabrication dans la Cyrénaïque.
François Lenormant.
« Retue num., 1863, pi. XVII, n» 4.
« T. I, p 137, n« 361.
3SA MÉMOIRES
LETTRE A M A. DE LONGPERIER
SLR OUELQUES MONNAIES FRANÇAISES
RARES OU iXÉDITES.
( PI. XII.)
Lorsqu'à mon dernier séjour à Paris, au mois de septem-
bre de l'année passée, j'eus le plaisir de vous soumetue,
cher ami, quelques monnaies rares et inédites de mes
séries françaises, vous avez bien voulu m'encourager à les
publier dans votre excellente Revue. Voici donc la descrij>-
tion de ces pièces : vous le voyez, j'ai franchement proflté des
notes savantes que vous avez bien voulu me communiquer
sur plusieurs de mes monnaies. J'ai saisi cette occasion
pour joindre quelques monnaies curieuses conservées dans
d'autres collections hyperboréennes et j'ai même répété la
description de plusieurs deniers illustrés déjà dans les
Mémoires de la Sociélé d'archéologie de Sainî-Péienbourg^
ouvrage peu répandu en France. Privé de l'avantage de
consulter tous les ouvrages parus sur la numismatique frao*
çaise du moyen-âge, je vous prie d'agréer ces lignes avec
indulgence et d'excuser si vous y trouvez quelques mon-
naies mieux publiées dans les livres français que je n'ai
pas été à même de me procurer.
Tout à vous de cœur.
ET DISSERTATIONS. 335
Mérovingiennes,
1. + AVEILANOL. Tête diadémée, à droite.
^. + AVEILANOL. Croix. — Tiers de sou d'or. (PI. XII,
n* 1.)
Le dernier caractère sur chaque face est coupé par le
haut, mais parait être un G, comme celui qui figure au
troisième rang. On devrait donc lire Aucilauo castro.
Hais où trouver cet endroit? II existe au département du
Pas-de-Calais, un village nommé Awhel et dans la Drôme
un lieu nommé Àuccellon. Mais notre tiers de sou, d'après
son style, parait appartenir au centre ou au sud de la
France plutôt qu'à Test.
e. AVLMVNDV. Buste diadème à droite.
1^. TYMVNViL. Croix. — Tiers de sou d'or.
Cette belle pièce est tout à fait énigmatique. Le nom du
monétaire est inscrit rétrograde. Mais quel est le lieu où a
été frappée la monnaie et dont le nom se lit au revers? En
quel point devons-nous même commencera le lire?
Javouh.
3. GAVALORVM. Buste diadème, à droite.
^. Deux figures debout, dans une couronne de feuillage.
— Tiers de sou d'or. (PI. XII, n"* 2.)
Une pièce semblable, mais rognée, a été publiée par
Lelewel, Numism. du moyen âge^ atlas, pi. IV, n*" 26, qui
lisait dans sa légende HVA... LORVM et ne lui a pas moins
donné une bonne attribution que mon exemplaire confirme.
JavouLs, Javoulx, Javols (Andenixim), ancienne ville du
Gévaudan (Languedoc) , est représentée dans la numisma-
336 UÉUOIRES
tique encore par un autre tiers de sou d'or, portant la lé-
gende GAVALOIIVU et sur le revers, sans légende, un ca-
lice dans une couronne de feuillage. V. Conbrouse, Moni-
taives des rois mérovingiens, pi. XLIX, n* 21, et Fillon, dans
la Retme num.^ 18Aô, p. 18, pi. I, n*" 3.
Le type du revers de notre pièce, ressemblant à celui de
l'exemplaire conservé au musée de Metz, publié par Lelewel,
paraît être Timitation grossière d'une monnaie romaine.
Neuty en Sullias.
4. + NOVOVICO. Tête à droite.
1^ + LAVNVLFVS. Croix ancrée. — Tiers de sou d'or.
(PI. XII, n*» 3.)
La ressemblance de cette monnaie avec celle d'Orléaos,
permet de la classer à Neuvy en Sullias, bourg situé à cioq
kilomètres du chef-lieu du département du Loiret.
C'est près de ce lieu qu'on vient de faire la découverte
d'une très -grande quantité de bronzes antiques, parmi les-
quels un cheval d'assez grande dimension dont le soubas-
sement porte une inscription contenant des noms gaulois.
Au village antique dont le nom primitif paraît être men-
tionné dans l'inscription, aura succédé un notus viens,
dont le nom figure siu* notre monnaie.
Auxonne.
ô. Tête de Saint Pierre avec la tonsure, à gauche, aui
côtés : S. — P.
H. + AVSOiNA. Croix dans un gréuetis. —Obole. (PI. XII,
n'i).
Mémoires de la Société impériale d'archéologie de Saint-
ET DISSERTATIONS. SS7
Pétenbourg, t. III, pi. XVI, n" 7, et IV, p. 10A. Collection
de M. le comte Al. Stroganoiï et trouvée à RostolT.
6. Type semblable.
A. Croix pattée^ caatof>Qée du mot AV, SO^ MA et d'un
astre. — Obole dorée. (PI. XH, n» 5.)
Même collection.
7. Obole semblable, mais avec caractères et astre [dus
petits.
Ma collection.
La première monnaie connue d*Auxonne est de Hu-
gues IV, duc de Bourgogne, qui en 1237, reçut d'Etienne
comte de Bourgogne et de Jean, comte de Châlon, la Sei-
gneurie d'Auxonne, en échange des fiefs de Bracon, Villefans
et Omans. V. Barthélémy, Alonnaies des ducs de Bourgo-
gne, p. 19 et 21. Mais nos pièces sont beaucoup plus an-
ciennes, la première appartient sans contredit au milieu
du XII* siècle. Les deux autres exemplaires ressemblent
pour le type de la croix, à deux deniers de Metz, publiés
par notre savant ami M. de Saulcy dans son supplément
aux Recherches sur les monnaies des évéques de Mflz,
pL III, ir* 92 et 9i, pièces attribuée» avec beaucoup de
raison, à Tévê^nue Etienne de Bar, de 1119 à 1163, ainsi
qu'à un denier anonyme de la même ville, trouvé
en 1832, à Tronville et que cet éminent numismatiste a
décrit sous le n* 26 dans une notice spéciale et sous les
n** 1 à 6 dans ses recherches sur les monnaies de la cité
de Metz. Le trésor de Tronville paraît avoir été enfoui
avant 1107. Nos deux demières monnaies d* A uxon ne sont St
peu près de la mèine* éporjue, savoir du commeneemenc
du XII* siècle.
Quoique Auxonne et Sfetz n'appartiennent pas à la même
province, ces villes n'en sont pas moins sltuées^ dans ht
3S8 MÉMOIRES
même région de la France orientale et reliées par Épinal,
situé à peu près à égale distance de chacune d'elles.
Aussi ne penserai-je pas à Vich en Catalogne, nommé au-
trefois Ausa, Ausonia, \icus Ausonîae, ville épiscopale,
dont une monnaie k la légende EPISCOPI VICl-SANTI
PETRI a été publiée par M. Poey d'Avant {3tonnaies féoda-
les, II, p. 200, pi. LXXVI). Notre première pièce provient
du sol de la Russie qui n'a jamais recelé des pièces espa-
gnoles ou du midi de la France, mais bien souvent des
monnaies messines, belges et rhénanes.
La terre d'Auxonne, ville située sur la rive gauche de la
Saône fut donnée vers la fin du ix*" siècle h, l'abbaye de
Saint-Vivent sous Vergy, près de Belley, par Agîlman, fils
du comte d'Amons. En 103â. cette terre appartenant alors
à la maison de Brienne, fut déclarée souveraine dans un
traité conclu entre Henri T' de France et l'Empereur
Conrad II. En 1135, Guillaume, seigneur d'Auxonne,
s'obligea envers Burkard, prieur de Saint-Vivent, de con-
slruire la \ille d'Auxonne. Nos monnaies donc doivent
avoir été frappées au château d'Auxonne qui a existé long-
temps avant la fondation de la ville. Nous avons vu
comment en 1237, Auxonne fut réuni au ducbé de Bour-
gogne avec lequel il passa plus tard sous la domination de
la France.
Màcon .
Phiuppk 1" (1060-llOS.)
8. -f FILIPVS REX. Croix avec un r^rré au milieu elcan-
tonnée de quatre globules.
i\. + MATISCON. Croix cantonnée de quatre globules.
— Obole.
ET DISSl-RTATIONS. 339
M. Poey d* Avant [Monnaies fcûjnenriales, p. 30A) décrit
plusieurs deniers d'un type pareil, qu'il attribue aux comtes
. de Mâcon. Ils portent la légende +PH1PVS REX, tandis que
notre obole offre distinctement FILIPVS, et dans le mot RKX
la lettre E jointe au R. Ce même savant cite l'obole comme
étant très-rare, mais sans en donner la gravure.
3Hz.
Thierry II (1(VOA-10A6).
9. DE....Vc/)[4c/3 (DeodericHS es). Croix cantonnée de
quatre globules.
A MAR.
SAL. —Denier. (PI. XII, n« G.)
L'ne monnaie semblable, mais avec la légende +I)rOI)E-
RICVS P, se trouve dans la riche collection de M. le comte
Alexandre Stroganoff, et est publiée dans les Mémoires de
la Société iVarchéolnçie de Sainl-Pcteisbourg, vol. IV, p. 54.
Un troisième exemplaire, avec la légende D....V cfiEI ce,
faisant partie d'un petit trésor déterré en Pomér<auie , est
décrit par M. Dannenberg, MUiheilungen der mimisma-
tischen GescUschafl in Berlin, 111, p. 185.
On conn«iît de ce même évêque plusieurs monnaies frap-
pées à iMeiz, et il me paraît qu'il faut lui attribuer aussi le
denier publié par M. J. Laurent (Revue fïim?., J8â8,
t. XIII, pi XIV, n» 1). Cette monnaie, portant sur le revers
le nom de saint Pierre , est i)robab!efnent frai)pée à Ren)i-
remont. Vous avez , cher ami , le mérite d'avoir introduit
Marsal dans la numismatique en publiant le denier de
Louis de Saxe avec + MAR S ALLO VICO [Monnaies fran-
çaises de la collection Rousseau, p. 229, n" 565).
( Il
; »»
3&0
MÉMOIRES
IIÉRIMAN (1072-109
1
10.- s NVS. Buste de saint Éiien
H. 4- H N VSE. . Dans le champ
mot M I a I T I IS.— Denier. (PI. XII
Cette monnaie, dont Tétat de cons
coup à désirer, est conservée au Cabii
Helsingfors ; elle a été trouvée en Fini
Le style du travail et les traces de
que ce denier doit appaitenir à l'évèqi
successeur d'Adalbéron III, comte de
M. de Saulcy (Supplément, pi II,
denier qui porte également une croix <
METE. Dans le même savant ouvraj
deniers du même évêque Hériman, ïi
avec une croix cantonnée du nom de
N I AL I , et Tautre de Marsal, avec
de M I AR I S I AL I .
Marsal.
M. SANCTV STEPHANYS. Buste
gauche.
S). + MARSAL. Dans un grènetis ,
quatre globules. — Denier. (PL XII,
Cette pièce , déterrée également en
vaut au même Musée, a' quelque ret
monnaies d'Etienne de Bar; cependant
ancienne et appartenir à l'époque de
compétiteurs, Burchard , Poppon de B
ron IV se disputèrent le siège épiscopi
ET DISSERTATIONS. SAl
la ville de xMarsal jouit-elle pendant quelque temps d'une
certaine indépendance qui lui permit de battre monnaie
sans le nom de Tévêque , ou faut-il considérer notre denier
comme frappé sede impedifa ?
Êpinal.
12. Buste de Tévèque mitre et bénissant, à gauche; de-
vant, une rosace.
bJ. ESPIRAVS (sic). Croix pattée.— Denier. (PL XII, n^d.)
Le nom d'Épinal, écrit ESPiriAVS, se lit sur une monnaie
de Renaud de Bar, évèque de i302 à 1316 (de Saulcy,
Supplément, pi. IV, n** 132), et sur une autre que notre
savant ami attribue à Ademar de Monthil, évêque de 1327
à 1861 (ibid.y n» làO). Notre denier est évidemment plus
ancien que la seconde de ces pièces.
Après la mort de Renaud, empoisonné comme ou pense,
le siège de Metz resta vacant pendant presque deux ans,
jusqu'à ce que le pape Jean XXII le conféra à Henri I, dau-
phin de Viennois, frère de Humbert. Cet évêque Henri I, à
ce qu'assure Dom Calmet dans sa dissertation sur la mon-
naie de Metz, céda, par lettres patentes de 1321, l'admi-
uistration de sa monnaie d'Épinal à un bourgeois de cette
ville. «Il existe donc, dit M. de Saulcy, une monnaie
d'Henri frappée à Épinal ; je ne la connais pas , non plus
que celle qu'il a pu faire faire à Metz » (p. 56).
Notre monnaie anonyme remplit cette lacune. Si elle
appartenait à l'époque du siège vacant, elle offrirait sans
doute le buste ou la figure de saint Etienne; mais la figure
de l'évêque indique que nous avons là un denier fabriqué
sous le gouvernement d'un évêque, et qui nous paraît bien
répondre à Tidée qu'on peut se faire de monnaies aban-
1862. " 5. 24
342 MÉMOIRES
données à l'exploitation d'un particulier. Nous ne voyons
ici ni les types guerriers du belliqueux Renaud , ni la croix
cléchée empruntée aux armes de Montbil pour le denier
d'Ademar. Henri I résigna Tévêché après le 24 novem-
bre 132â ; il eut pour successeur, en 1325, Louis I de Poi-
tiers, comte de Valentinoîs et de Dié.
Espinaus est une vieille forme française '. Le cinquième
caractère est distinctement un R, ce qui donnerait Espiravt^
mais il paraît que le graveur du coin s'est trompé de poin-
çon en prenant un R au lieu d'un n. Si cette explication
n'était pas admise, il faudrait chercher quel mot un imita-
teur a pu trouver pour approcher autant que possible de
la légende ESPlnAVS. A cette époque si fertile en copies
monétaires, on avait recours à de singulières combinaisons
pour tromper l'œil du public.
Rambervillers.
13. Buste mitre d'un évèque tenant le livre des Évangiles
et la crosse , à gauche.
^. +RAMBERVILL'. Croix pattée. —Denier. (PL XII,
n* 10. )
Rambervillers, Remberviller, RemberU villare, petite
ville des Vosges, à 28 kilomètres d' Spinal , est un lieu fort
ancien où les rois de France avaient une maison au u* siècle.
Elle était chef-lieu d'une châtellenie du temporel des éfè-
ques de Metz. Etienne do Bar l'entoura de palissades en
1125, et Jacques de Lorraine y ajouta, en 1260, vingt-
quatre tours et des murailles dont on voit encore quelques
* Voy. plus haut, p. 300, les exemples de syllabe AL changée en AV. et
pour rS| marque dn nominatif singulier, Bicue num., 1859, p. 268; 18C0,
p. 330, et 1869, p. 295.
ET DISSERTATIONS. 3^3
vestiges. Nous ne savons rien concernant le droit de mon-
nayage exercé dans cette ville, et dont notre monnaie est
l'unique preuve. Elle appartient au commencement du
xrv* siècle, et paraît être contemporaine du denier avec la
légende Espiraus.
D'autres monnaies de Metz sont publiées dans les Mé^
tnoire$ de Sainl-Pétersbourg^ 111, pi. XI et IV, p. 52 et suiv.
Comme ces Mémoires ne sont pas trop connus en France, je
répète ici une courte description des monnaies en question.
14. IN» 267.) ..ST..HANVS. Tête diadémée à gauche.
j$. »M»
ETTI
S — Denier.
15. (N»268 ) +S.STEPHAN. Buste avec tonsure et crosse.
^. Main bénissante sur une croix , à côté de laquelle
sont placées les lettres A — n>. — Denier.
Le premier denier (n"267), imitation des monnaies
anglaises d'Aethelred II ou de Canut le Grand, parait
appartenir à l'époque du siège vacant entre Thierry II et
Adalbéron III, en 10A6. Le second est peut-être frappé du
temps des troubles pendant le séjour d'Hériman en Italie,
de 1085 à 1088.
16. (N»269.) + aEOaER... Croix cantonnée de quatre
globules.
^. oi^INAL. Portail avec coupole. — Denier.
17. (N* 270.) aEOaE...co. Croix cantonnée de globules
an second et quatrième cantons.
^. 03?. NA. Même édifice. — Denier.
Ces deux pièces sont de Thierry I, de 965 à 984. Les
légendes sont rétrogrades; celle du revers du n» 270 com-
mence au-dessous du portail. L'atelier monétaire d'Épinal,
34A UÉMOIRES
d'où proviennent ces monnaies, a été confirmé en 983, par
une charte d'Othon II.
18. (N*271.) -L ADELBERO PRESEV (Praesul). Têle à
gauche.
Ri. + SANC MAETTIS. Édifice dans lequel est une croix.
— Denier.
19. ( N» 272. )+ ADELBERO PRESVL.
â. METTIS. Type semblable au précédent. — Denier.
Ces pièces sontd'Adelbérou 11, de 984 à 1004; une pièce
semblable est décrite par M. de Saulcy , Suppl. , pi. I, n* 20.
20. (N»273.) +DE0DER1CVS P(raesul). Croix alezée,
avec un globule au second et au troisième cantons.
iÇ. MET
ÏIS — Denier.
21. (N*274.) Môme type au droit.
^. MAR
SAL — Denier.
Ces deux deniers faisaient partie du trésor de Zwénigo-
rod ; ils sont conservés dans la collection de M. le comte
Alexandre Stroganoff et sont de Thierry II , de 1004 à 1016.
l^e second est déjà mentionné p. 339.
Porcien.
Gaucher de Chattllon, 1303-1329.
22. + GALChS COMES POR. Tête couronnée de face.
R). MON I ET'oF I LOR | inS. Grande croix divisant la
légende et cantonnée de douze globules. — Esterlin.
(PL XII, n» 11.)
Cette belle monnaie fait partie de la coUeciion d*un ama-
teur à Rével. Une pièce semblable» mais avec la l^ende
ET DISSERTATIONS. 3A5
Moneta nova Yre^ ainsi qu'une troisième frappée à Neuf-
cbiteau en Lorraine, ont été publiées par Duby (pL CIH,
n~ 4 et 6) et M. Poey d'Avant {Monnaies seigneuriales j
p. 334 et 335). Neufchâteau appartint au douaire de la
femme du connétable Gaucher, Isabelle de Rumigny, veuve
de Thibaut 11 et mère de Ferry III, duc de Lorraine. Gau-
cher fit battre dans cette petite ville encore d'autres mon-
naies portant le type lorrain. (Voir Revue fium., 1836, t. I.
p. 189 et 1842, t. VII, p, 276.) M. Poey d'Avant me sait pas
où chercher la localité Yve, indiquée sur l'esterlin de sa col-
lection. Mais Yves et Florennes sont deux localités pour les-
quelles Thibaut II, duc de Lorraine, obtint en 1298 le droit
de battre monnaie, du roi Albert I*' d'Allemagne, son com-
père, puisque son fils Ferry IV était marié plus tard à la fille
d'Albert, Elisabeth d'Autriche. Ce droit fut reconnu et ap-
prouvé en 1300, par Hugues de Châlon, évêque de Liège,
suzerain de Thibaut. M. Chàlon, qui donne ces renseigne-
ments dans son savant article sur le gros de Thibaut de Bar
{Revue belge, II' série, V, p. 35 ') dit, que l'évêque Thibaut
de Bar, voulant empêcher le duc de Lorraine de battre
monnaie à Florennes et à Yves, signa avec lui, en 1307, une
transaction qui paraît avoir fait cesser le monnayage kFlo-
* Voici une variété da gros do Tiiibaut, publié par notre savant ami :
Légende intérieure : -f ThB EPISCOPVS.
Légende extérieure : + BEnEDICT Vm : SIT : nOmEn : DnI i DEI nRI. Au
milieu, croix dans un grènetis.
4. TVInVS MONETA. Type ordinaire de Tours. — Gros tournois.
L*exeniplaire de M, Chalou diffère du nôtre par deux feuilles de trè6e sé-
pttrftnt les mots ThB et EPISCOPVS^ ainsi que par la légende Binenedictum
sii Homen DnI :IhV:XPI, tandis que notre gros offre DnliDEI nHI. Thibaut
occupa le siège de Liège de 1303 à 1312. Thuin, où ce gros a été frappé, est
une petite ville sur la Sambre qui jusqu'en 1794 à fait partie des terres de
l'érêcbé de Liège.
Si6 MÉMOIRES
rennes, appartenant au duc du chef de sa femme Isabelle
de Rumigny. Ce même savant fût mention d'un gros de
Florennes, frappé par le duc ; il ne connaît pas encore une
monnaie ducale d'Yves. Thibaut II mourut en 1312, sa
veuve épousa en 1313 le connétable de France qui, du cbef
de sa femme, devint seigneur de Florennes, d'Yves et de
Neufchâteau. Nos monnaies prouvent que Gaucher ne re-
connut pas valable la transaction de 1307, puisqu'il exerça
le droit de monnayage à Florennes et à Yves.
L'esterlin d'Yves que je possède offre une petite variété
de celui publié par M. Poey d'Avant. On y lit sur le revers:
MON I €TN I OVA | YVe | , tandis que les exemplaires
connus de Duby et M. Poey d'Avant portent M0N6TA
NOVA YV6. Une pièce semblable à la mienne est dé-
crite dans l'ouvrage de Snelling : English Princes, slruA
in France and counlerfeit sterlingi^ Londres, 1769, et dans
le Numismatic Chronicle^ vol. XVIII, p. 126.
Tonnerre.
ÉLÉoifORE DE Savoie, tdtrice, 130i-1308.
23. + ALieNORixCOM.... Croix à douze pointes avec
une rosace au premier canton.
^. 4. foONGTA TORNOD. Croix semblable, mais sans
rosace. — Denier. (PI. XII, n» 12.)
M. V. Duhamel a le mérite d'avoir introduit Éléonore
dans la numismatique {Revue ^ 1843, t. VIII, pi. XYIII,
n* â). Mais la pièce publiée par ce savant et reproduite
par M. A. de Barthélémy, Revue, nouv. série, 1861, t VI,
pi. XVI, n» 9, diffère de la nôtre par les légendes, qui
sont +ALieNORD.D.SÀBAD. et MONETA.TORnODORVet
ET DISSERTATIONS. SA?
par la croix clechée jdeine et au droit, cantonnée d'une
roeace au second canton. Sur notre denier le second mot
de la légende au droit parait être cornes.
Éléonore, fille d'Amédée V le Grand, comte de Savoie et
veuve de Guillaume de Châlon, comte d'Auxerre et de Ton-
nerre, gouverna ces comtés pour son fils mineur Jean II,
jusqu'en 130&, époque où elle contracta un second mariage.
Tournvi.
Henri P* de France, 1031 à 1060.
24. + HINRICVS RX. Dans un grènetis, croix cantonnée
de quatre globules.
i^. -VALERIAN. Croix ancrée. — Obele. ( PI. Xll ,
n* 18. )
Le nom qu'on lit au revers de cette obole pourrait
être celui d'un monétaire comme Gislebert qui d'après les
recherches d'un numismatiste distingué, M. G. Robert, fa^
briquait à Màcon des deniers pour le roi de France
Henri I**. Cependant je suis plus porté à croire que le nom
en question indique le saint, patron de l'abbaye de Tour-
nns-sur-Saône et qu'en conséquence, notre monnaie a été
frappée à Toumus. Dans l'ancien style ecclésiastique on^
supprime assez souvent le mot sanctm, et actuellement en^
core la cour de Rome emploie le terme Chaire de Pierre
pour désigner le Saint-Siège. Toutefois je pease que le
module exigu de notre obole a pu être une cause détermi-
nante de la suppression du mot sanctus.
L'abbaye de Toumus est très-ancienne : le roi Eude& hii
accorda déjà en 889 le droit de monnayage. On en eonnatt
* u
SAS MÉMOIRES
des moDDaies rarissimes avec le nom de saint Philibert c
d'autres, avec celui de saint Valérien. Ces dernières
d'après un exemplaire de ma collection que j'ai sous le
yeux, paraissent être de la fin du xii* ou du commence
ment du xiii^ siècle ; leur type est très-grossier. Notr
obole porte le nom d'un roi Henri ; nous ne pensons pa
que ce soit Henri HI de Bourgogne, fils de Conrad H, 1
Salique, mort en 1050, et dont on connaît des monnaie
frappées à Lyon, mais bien Henri I*' de France, duc d
Bourgogne déjà en 1015, roi co-régent en 1026 et sev
en 1031 ; il fit battre monnaie à Cbâioo, à Mâcon et
Sens.
Verdun.
Richard 1039-10A6.
26. + RICHA coBPIS. Main bénissante.
1^. HATTONIS CAS. Portail à cinq colonnes et avec uo
coupole devant laquelle est un fronton. — Denier. (PI. Xll
n» 14. )
J'ai déjà publié ce dernier dans les Mémoires de Saim
Pétersbourg^ III, pi. XI, n« 8, et IV, p. 61 ; mais cetlc pu
blication n'est pas assez connue des antiquaires lorrains
car M. Clouet, dans ses Recherches sur les monnaies frai
pfesà Verdun sur Meuse^ imprimées enlSôO, dit, p. il
qu'on n'a pas de monnaies des évèques Raimbert i
Richard, successeurs d'Heimon de 1025 à 1046.
Les monnaies de Thierry, successeur de Richard <
publiées par MM. Lelewel (Numism. du moyen âge, pL XI]
n*** 27 et 28) , de Saulcy, et Clouet sont d'un tout auti
style et caractère que notre denier, déterré en Russie <
BT DISSERTATIONS. 3/i9
conservé pendant quelque temps dans la collection Reichel,
avec laquelle il a passé à l'Ermitage.
Le denier de Tévêque Heirao. de 988 à 1024, décrit par
H. Glouet, porte le nom de l'empereur Othon III ; nous
▼oyons que le second successeur d'Heimo , Richard , se
dispensa de mettre sur ses monnaies le nom du roi alle-
mand. Hatton Chatel {Ualtonis Castrum), dont on con-
naît aussi des monnaies de l'évêque Richer (de 1089
à 1107), est une ville située surnn rocher, elle eut au-
trefois un château fortifié, fut cédée en 1564 par l'évêque
Nicolas II, Pseaume, au duc de Lorraine et érigée en mar-
quisat par l'empereur Maximilien II.
Verdun.
Louis II d'Haraugourt, 14.^0-1437 et J449-J456.
26. + LVDOVICVSo CPS'» VlRDVnS'. Dans un encadre-
ment composé de trois angles et autant d'arcs de cercle,
un écu écartelé portant un lion au premier et au quatrième,
et plein aux deux autres quailiers.
S). <^0n I eiA^ I ^VIR I DVn'^ | . Croix cantonnée de
quatre astres à six rayons.' — Demi-gros (?). (PI. XII,
n*15)
Les monnaies des évèques de Verdun sont très-rares.
M. Pœy dAvant ne connaît que des pièces de Thierry
(1047-1088), de Richer (1088-1107), puis d'Éric de
Lorraine Vaudemont (1593-1610) et de Charles II de Lor-
raine Chaligny (1610-1622) . La nôtre sert à remplir la
lacune de presque cinq siècles entre Richer et Éric; elle
ne peut pas être de Louis III de Lorraine qui succéda le
360
MÉMOIRES
12 juin 1508 à Warich de Dammarlin et résigna l'év
en 1622, puisqu'on n'y voit pas les armes de la maiso
Lorraine , et doit être attribuée à la seconde époqu
Louis II , d'Haraucourt, entre le 2 avril 1430 et le i
tobre 1A&6.
Ne connaissant l'ouvrage de M. Glouet que par le coi
rendu qu'en a fait M. A. de Barthélémy, Revue^ 1
t. XVIII, p. 1&8 et suiv.» f ignore si une pièce semb
y est décrite.
B. DE KOEHHI
ET DISSERTATIONS. 351
ESSAI
SOR
L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE
DE LA MAISON DE BOURGOGNE,
ET DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D'OR ET D'ARGENT.
(Pi.xm.)
Cinquième article. — Voir page 117.
Charles le Téméraire (1A67-1A77).
L'esprit de révolte des Gantois contre leur souverain,
que Philippe le Bon avait apaisé, se réveille après la mort
de ce prince. Ils demandent à son fils, Charles, de leur
rendre les privilèges que Philippe le Bon leur avait enlevés.
Ils excitent des séditions à ce sujet, en sorte que Charles
est obligé de céder pour les apaiser. Mais il sort de Gand
outré de colère, et révoque ce que les Gantois lui avaient
extorqué. On conçoit que dans ces dispositions, il n'ait
pas maintenu à Gand l'hôtel des monnaies que son père
y avait rétabli. En effet, le 7 décembre 1A67, lors du bail
de la monnaie de Flandre, il est positivement spéciCé que
les fermiers battront monnaie à Bruges et non ailleurs.
1
352 MÉMOIRES
Préalablement à cette mise en adjudication, le duc a
donné, le 13 octobre 1A67, une instruction ^ pour h
brication de ces monnaies, qui contient les pas»
suivants ' :
« Premièrement est ordonné estre fait un florin
« appelé florin de Bourgongne, qui sera à dix-neuf ka
« d'or fin en aloy, nobles d'Engleterre ouvrez par le
« Henry comptés pour fin, à ung douzame de karat
V remède en aloy, de lxxii de taille ou marc de Troye
(( demy esterlin de remède en poix pour marcqd'euvre
« quelz remèdes que le maistre particulier ne porra exci
u tant en poix comme en aloy, se ledit maistre partiel
(( s'en aide, appartiendront à mondit seigneur; du(
< denier qui aura cours pour quarante-deux gros de laqu
« monuoye blanche cy après déclairée, mon avant
tf seigneur prendra pour son seignourage de chacun n
tt dudit or fin quatorze gros de Flandres. »
« Item ung demi denier d'or, de ce mesme aloy et
« sept vins et quatre de taille oudit marcq, a telz remé
(( que dessus qui aura cours pour vingt et ung gros
1 M. Pîot a donné , dans la Rmsuê mmUmatique belge , 1** série, t. U, p.
ane analyse de cette instruction.
* J'ai eu sous les yeux deux copies de rinstruction en question : Tune
un cahier de papier de douze feuillets, est incomplète; Vautre, qui exîs
copie dans les cartulairesde la chambre des comptes, est celle que je repn
Bien que celle-ci porte à la fin le protocole : Philippe, 0fc., à Um$ eems f«
présentée., „,/i\ est certain qu'elle ne peut êtrede Philippe le Bon ; eardam
dication des monnaies ayant cours qui se trouve à lafin, on remarque lamei
du florin et autres monnaies de feu monseigneur le duc, L*instnictioii est
bien émanée de Charles le Téméraire, et il y a en erreur de la part dn OQ
de la chambre des comptes, erreur qui s'explique par la proximité delà da
la mort de Philippe le Bon. Je dois d'ailleurs faire remarquer que les c
des cartulaires du ladite chambre sont loin d'ôtre exactes, et que j'ai été o
maintes fois de les corriger, sans y avoir toujours réussi.
ET DISSERTATIONS. 35S
« ladite monnoye blanche, duquel demy denier d'or inondit
c seigneur prendra pour son seignourage de chacun marc
■ d'or, quatorze gros de Flandres comme dessus. )>
« Desquelz deniers la traitte dudit marc d*or fin, tel que
c dessus, est quinze livres dix-huit solz trois deniers dii-
a huit mites et dix-huit dixneufiesme de mites gros dont
« Ton donra aux changeurs et matchans pour chacun
a marc d'or tel que dit est quatre vingz huit desdis florins
« et ung quart, qui valent à quarante-deux gros pièce,
a quinze livres huit solz dix deniers et ob. gros ; ainsi de-
« meure pour seignourage et ouvrage pour chacun marc
c dudit or fin, neuf sous, cinq deniers dix -huit mites et
« dix-huit dix neufîesmes de mite gros dont laloy montera
a cinq sols trois deniers gros, reste qu'il demeure pour
« ledit seignourage et ouvrage, quatre solz deux deniers,
flc dix-huit mites et dix-huit dix-neufiesmes de mites gros. »
« Item est ordonné estre fait ung denier d'argent fin à
u ODze deniers argent le roy et de soixante-dix-sept et
« demi d'iceulx deniers de taille ou marc de Troyes qui
« aura cours pour quatre gros de Flandres» dont la traitte
« est vingt-huit solz ii d. gros dont l'on donra au marchant
« pour chacun marc d'argent le roy vint et sept solz quatre
« deniers gros, demeure pour seignourage et ouvrage dix
« deniers huit mites m quars de mite ' gros dont
« inondit seigneur aura pour son seignourage ung gros et
« demi, pour remède ung grain en aloy et ung demi d'iceux
« deniers eu poix sur chacun marc d'euvre et non plus les-
a quelz remèdes appartendront à mondit seigneur comme
a dessus. »
i II y a ici une errear de calcul que j'ai préféré laisser subaibter, ne sachant
où dtfTftit porter la correction.
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35A MÉMOIRES
« Item ung autre denier à six deniers d'aloy argent
(i roy, de quatre-vings-quatre et demi d'iceulx deniers
« taille audit marc de Troies ayant cours pour deux gr
(( de Flandres pièce dont la traitte du marc d'argent (
(( vingt-huit solz deux deniers gros, et dont Ton donra ai
« marchans de chacun marc d'argent le roy, vingt et se
(1 solz gros , demeure pour seignourage et ouvrage qu
« torze deniers gros ; à ung grain de remède en aloy
(( demi denier en poix sur le marc d'euvre, lesdits remèd
« pour mondit seigneur comme dessus et desquelz dénie
« mondit seigneur aura pour son seignourage, de cbaci
<( marc d'argent ung gros et demi. »
« Item ung autre denier ayant cours pour ung gros (
« Flandres à quatre deniersdouze grains d'aloy argent le n
« et de six vings dix-huit d'iceux deniers en t;dlle, do
(( la traitte du marc d'argent est vingt-huit solz dix dénie
« deux esterlin gros, dont l'on donra aux marchans ving
(( six solz onze deniers gros, demeure pour seignourage
« ouvrage ung solz unze deniers deux esterlins gros; à ui
« grain de remède en aloy et demi denier d'iceuk en po
(( sur le marc d' ouvre appartenantà mondit seigneur comr
<( dessus, et aura mondit seigneur pour seignourage decb
« cun marc d'argent le roy, 1 gros et demi comme dessus
(( Item encore ung autre denier à quatre deniers d'ah
« argent le roy, ayant cours pour demi gros de Flandr
(( et de dix-neuf solz six deniers en taille dont la tndttec
« marc d'argent est vingt et neuf solz trois dénie
« gros, dont l'on donra aux marchans vingt-six solz on
« deniers gros, demeure pour seignourage et ouvrage n
(I iiii d. gros ; à ung grain de remède en aloy et quat
(( d'iceux deniers en poix pour marc d'euvre appartena
u à mon avant dit seigneur, comme dessus. »
ET DISSERTATIONS. 355
« Et ung auti'e denier nommé quart de gros à deux
« deniers XYi grains d'aloy argent le roy et de vingt et
■ sept solz en taille; duquel denier la traitte est trente
« solz quatre deniers ob. gros, dont Ton donra au marchant
« vingt et six soli onze deniers gros, ainsi demeure pour
« seignourage et ouvrage trois solz cinq dmiers gros, à
« ung grain de remède en aloy et à huit d*iceulx deniers
« en poix pour marc d'euvre, appartenant à mondit se^neur
« comme dessus. »
« Item a esté aussi ordonné estre fait ung noir denier
« nommé courte ou double mite qui sera à dix grains d'aloy
« aident le roy et de dix et sept solz en taille au marc de
« Troyes, à ung grain de remède en aloy et à douze
« deniers en poix pour marc d'euvre, duquel denier les
« douze auront cours pour ung gros de Flandres et dont la
« trûtte du marc d'argent est quarante solz neuf deniers
« quatorze mites gros, et si donra len au marchant vingt-
« six solz onze deniers du marc d'argent comme dessus,
«demeure pour seignourage et ouvrage quatorze solz dix
« deniers quatorze mites * gros, lesdits remèdes appar-
« tenant à mondit seigneur comme dessus. »
« Item ung autre denier noir aj^Iémite qui sera à six
« grains d'aloy argent le roy et de vingt deux solz en
« taille, à ung grain de remède en aloy eti vingt et quatre
«d'iceulx deniers en poix pour marc d'euvre, duquel
« denier les vingt et quatre auront cours pour ung gros de
« Flandres, dont la traitte du marc d'argent est de quarante
a quatre solz sept deniers gros, demeure pour seignourage
« et ouvrage dix et sept solz huit deniers gros ' lesdits
i Encore erreur de calcul.
* On s omis Tindication du prix à donuer aux marchands , qui est, comme
dam les autres, xxti t. xi d. gros.
35(5 MÉMOIRES
a remèdes appartenant à icellui seigneur comme des
« et à tel seignourage de gros etdemy pour marc d*ar{
« le roy, comme dessus. »
Cette instruction est suivie d'une indication des esp
ayant cours dans Fétendue des États du duc, qui i
apprend que les florins frappés par Philippe le Bon 2
que ceux à émettre étaient , malgré les termes précis
l'instruction , de 72 et 72 et demi de taille au mar
Troyes, tout en ayant coui's pour 42 gros. Cette petite
riation de poids , environ un demi-grain , était sans d<
indiquée pour qu'on ne refusât pas les pièces dun p
un peu inférieur provenant de la tolérance accordé<
maître de la monnaie pour la fabrication. Presque
même temps le duc adresse une recommandation aux |
de son conseil, dans laquelle il fixe la valeur de la mon
d'or qui était augmentée , et avise aux moyens de pour
au manque de monnaies d'argent qui en résulterait, si
n'équilibrait le marc d'or et celui de l'argent.
Les documents monétaires pour le règne de Charle
Téméraire ne sont pas nombreux. Les discussions i
cesse renaissantes qu'il eut avec ses sujets, et les gue
étrangères qu'il entreprit pour augmenter ses États le
tournèrent peut-être des soins qu'apportèrent ses prt
cesseurs àcette partie si importante de leur administrât!
Quoi qu'il en soit, les archives de la chambre des c(Hn]
de Lille, si riches jusqu'à l'époque où je suis parvenu,
nous fournissent plus que peu de renseignements som
rapport.
L'inspection des monnaies de Charles le Téméraire te
à prouver qu'il n'y eut pas de nouveaux types émis, en
les monnaies qui firent l'objet de l'instruction de 1167
les nouvelles dont le duc annonça la fabrication par une (
ET DISSERTATIONS. 357
doDDance rendue à Malinesle 27 octobre 1A74. Après avoir
réglé le taux des monnaies ayant cours ^ , il ordonne rémis-
sion de nouvelles monnaies d'argent, savoir : !• un denier
ayant d'un côté deux lions et de l'autre côté ses armes,
courant pour quatre gros ; 2*» un denier ayant d'un côté un
lion tenant l'écusson de Bourgogne-Flandre, et de l'autre
une croix accostée de deux fusils, et des enseignes du pays
où ils auront été faits , lesquels deniers auront cours pour
deux gros : 3"* un autre denier ayant d'un côté une tète de
lion et de l'autre une croix , ayant cours pour un gros. Il
n'est pas question de monnaies d'or; mais l'instruction
donnée en suite de cette ordonnance les mentionne positi-
vement. Voici, du reste, les passages de cette instruction
qui ont trait à la fabrication des monnaies :
« Primo, le maistre particulier de la monnoye fera ou-
a vrer le florin de Bourgogne tel que par ci devant a esté
« fait en la manière qui s'ensuit. Assavoir, à xix caras no-
« blés d'Angleterre Henricus comptez pour fins aliés de
Cl quatre caras d'argent et ung carat de cuivre de six solz
H au marc de taille dont l'esguille qui se baillera audit
« maistre est allée au mesnie aloy au remède de ung grain
« et demi d'or en aloy et de demi estrelin en pois sur
« chacun marc d'euvre^ lesquelz deniers il fera beaulz et
« rons et tailliez de bons recours : c'est assavoir que le plus
o foible sera taillié à ung assequin plus fort que le droit au
tt remède de trois fors et de trois foibles; lesdiz trois foi-
* Le prix de Tor s'était élevé; on exportait les deniers du duc, et Ton en
importait d*autre8 de moindre valeur; il en résultait que la monnaie blanche,
fabriquée pour avoir cours en même temps que le florin , restait sans être
employée. Aus^i le duc augmente-t-il dans cette ordonnance la valeur du
double patard et du simple patard. Le premier, au lieu de courir pour 4 gros,
vaudra 4 gros 1/3, et le second, au lieu d'être estimé 2 gros, le sera pour
2 gros 6 mites.
1862. — 5. 25
:\hS
MÉMOIRES
« bles, trois viii* de frelin cl non plus, et lesdiz trois fors,
u trois viir de frelin sans quelconque autre remède de fors
« ni de foibles. »
if Item ledit maistre devra aux marchans de leur marc
« d'or tel que dessus im"vin I. cinq s. d'empirance, et à
« leur donra de chacun marc d'aloy v I. xiiii s. dite mon-
« noyé d'empirance. »
« Iiem ledit maistre payera au prouffit de monseigneur
(( le duc tous les remèdes qu'il aura prins en pois et en
« aloy, et si payera au prouffit de mondit seigneur pour son
« droit de seignourage de chacun marc d'or fin qu'il fera
« ouvrer en ladite monnoye xviii d. gros. »
Il lifni ledit maistre fera ouvrer ung denier à x d. d'ar-
« gent le roy et de vi s. vin d. au marc de taille au remède
a de ung grain en aloy et d'un demi d'iceulx deniers en
« pois sur le marc d'euvre lesquelz deniers il fera ouvrer
« beaulx et rons et tailliez de bon recours; c'est assavoir,
« le plus foible sera taillié à ung viir de frellin près dt
« droit, et le plus fort à ung viii* de frellin plus fort que le
« droit, au remède de quatre foibles et quatre fors; qui
<( pourront estre plus foibles, lesdits quatre foibles. demi
(( frellin et non plus, et lesdits quatre fors demi frellin sans
« quelconque autre remède de fors ni de foibles; et doom
« ledit m^tre aux marchans du marc d'argent le roy xxx s.
« VIII d. gros. »
« hem ledit maistre fera ouvrer ung denier à v d. argent
« le roy et de vi s. viii d. au marc de taille, au remède de
« ung grain en aloy et d'un demi d'iceulx deniers en pois
« sur le marc d'euvre, lesquelz deniers il fera ouvrer beauk
a et rons et tailliez de bon recours, c'est assavoir, que le
u plus foible sera taillié à ung viii* de frellin près du droit,
t: et le plus fort sera taillié à ung viii* de frellin plus fort
ET DISSERÏATIOiNS. 359
Cl que le droit; au remède de quatre fors et quatre foibles,
u qui pourront estrc plus foibles, lesdits quatre foibles, ung
« demi frellin, et non plus et lesdits quatre fors, ung demi
a frellin , sans quelconque autre remède de fors ni de foi-
« blés et donra ledit maistre aux marcbans du marc d'ar-
ec gent le roi xxx s. un d. gros »
ce Iiem ledit maistre fera ouvrer ung autre denier à un d.
« argent le roy et de x s. xi d. au marc de taille, au re-
cc mède de ung grain en aloy et de deulx d'iceuk deniers
0 en pois sur chacun marc d'euvre lesquelz deniers il fera
« ouvrer beaulx et rons, et tailliés de bon recours ; c'est
a assavoir, que le plus foible sera taillié à ung quart de
« frellin près du droit, et le plus fort sera taillié à ung quart
« de frellin plus fort que le droit au remède de six fors et
Cl six foibles , qui pourront estre plus foibles lesdits six
Cl foibles, ung frellin et demi et non plus, et lesdits six fors,
ce ung frellin et demi sans quelconque autre remède de fors
fi ni de foibles et donra ledit maistre aux marcbans du
a marc d'argent le roy xxx s. lui d. gros. Et se ledit maistre
•c excède lesdits remèdes, ce sera sur telle pugnicion et
ce correction qu'il appartiendra. »
ce Item payera ledit maistre pour le droict de seignourage
Ci de mondit seigneur, de chacun marc d'argent le roy qui
« sera ouvré à ladite monnoye, vi d. gros; et ne sera faite
a icy nulle mention des deniers de demi gros, quars de gros
« ne autre noire monnoie, mais s'il venoit bas billon à la
Cl monnoie, les gardes le signifieront aux généraux maîstres,
M lesquels y pourveoieront lors comme il sera besoin pour
ce le bien de la chose \ »
* Le dernier passage de cette instruction Pât cité par M. J. Rcuyer, Revue
,1848, p. 430.
In
360 MÉMOIRES
Il résulte par conséquent de ce passage qu'on ne defaii
plus fabriquer de monnaie noire jusqu'à nouvel ordre. Pro-
bablement que la quantité en circulation était suflisanu
pour les besoins du commerce.
L'instruction que nous venons de voir est du 8 man
1474 (v. st.). Depuis cette époque jusqu'à la mort d€
Charles le Téméraire, nous ne trouvons plus d*autres do-
cuments monétaires, si ce n'est une ordonnance du 8 sep
tembre 1475, par laquelle le duc interdit dans ses États,
et notamment dans la ville et les foires d Anvers, le cours
des deniers d'or et d'argent, tant anciens que nouveaux
sortant des forges d*Utrecbt et de Frise. Ces monnaies
étaient d'un aloi inférieur. Il défend en même temps de
hausser le prix des espèces tolérées par les précédentes
ordonnances.
Les monnaies de Charles le Téméraire ne sont pas dif-
ficiles à classer. Il est évident que celles émises en vertu
de l'instruction de 1467 devaient être semblables aux
deniers de Philippe le Bon. Ce sont d'ailleurs les seules de
la série qui nous occupe que l'on puisse attribuer à cette
époque ; celles de 1474 sont parfaitement définies par l'or-
donnance qui en prescrit la fabrication. Aussi nous ne
pouvons ici retomber dans les mêmes incertitudes que nous
avons rencontrées pour les monnaies des prédécesseurs da
duc Charles.
61. SANCTVS:ANDREAS. Saint André occupant le champ
de la pièce,
ij. Ecusson à sept quarts placé sur une croix pâtée tra-
versant la légende: KAROLVS:DEI:GRA:CO.FUND.
Florin d'or, poids 62 grains forts (PI. IV, n* 57 *. )
> Le poids légnl est de 64 graim 1/3. — V. Daby, pi, LVUl, n* 2. 1,6 poîiU
'î
ET DISSERTATIONS. 361
62. SANCTVS: .ANDREAS: Saint. André dans une position
un peu différente du précédent.
U. Identique au n"* 61.
Florin d'or, poids 63 grains. (PL IV, n» 68.)
Ce second florin d'or pourrait bien être celui fabriqué
en vertu de l'ordonnance de 1474.
63. Même type et même légende qu'au n' 61 .
â. Écusson à sept quarts dans un entourage d'arc de
cercle. Légende + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO'FLA.
Demi-florin d'or : Poids ; 31 grains. (PL IV, n» 59 \ )
64. Écu à sept quarts, ent^ré de la légende + ^A-
R0LVS:DE1:GRA:DVX:BVRG:G0:FLA'.
^. Croix fleuronnée portant en cœur une fleur de lis. —
Légende + SlT:iNOMEN:DOMINI:BENEDICTVM: (briquet).
Double patard ; poids : 60 grains* ( PL IV, n*» 60 V )
65. Armoiries à sept quarts occupant tout le champ, en-
tourées de la légende + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BG':COM:
FL.
^. Croix longue portant en cœur une fleur de lis, can--
toDoée de deux fleurs de lis et de deux lions. La croix pair>
tage la légende en quatre parties: + MONETA:NA:C0MIT:
FLAND.
Double gros ; Poids, 54 grains. ( PL IV, n" 61 '. )
indiqué par cet aateur est 63 grains. — Voy. aussi Serrure , op. cit.,
p. f49.
*■ Poids légal , 32 grains fort. •» Dessiné par Dubj, pi. LVIII , n» 5, dia-
prés Van Alkemade. — V. Serrure, p. 249, et Den Duyts, pi. XII, n» 72.
• Poids légal, 6o grains faible. — V. Serrure, p. 249, et Den Duyts,
pi. Xni, n» 75. — Duby donne, pi. LVIII, n»* 8 et 9, deux dessins da double
patard, dont la différence consiste en ce que, sur le premier, la légende du
revers n*est pas terminée par un briquet. Cette pièce ne parait pas reproduite
d'après l'original.
Serrure, op. cil. — Den Duyts, pi. XllI, n''76, — Poids légal, 54. grains
trois quarts.
S62 MÉMOIRES
66. Même type. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:
BG:GO:FL.
i^. Même type qu'au n»65. — Légende + MONETA:
NOVA:GOMIT:FLAD.
Gros : Poids, 30 grains. (PL XIII, n« 62". )
67. Armoiries à sept quarts occupant tout le cbamp, en-
tourées de la légende + KAROL:DEI:GRA:DVX:BG:GO:FL
S). Même type et même légende qu'au numéro précédent.
Demi-gros. — Poids : 15 grains, (PL XIII, n- 68".)
68. Même type qu'aux numéros précédents, entouré de
la légende + KAROL:DI:GRA:DX:BG:CO:FL.
^. Groix portant en cœur une fleur de lis, cantonnée de
deux fleurs de lis et de deux lions. Elle est entourée de la
* î I légende MONETA:NOA:COMITI:FLAD.
Quart de gros. — Poids d'un exemplaire rogné, 9 grains.
(PL XIII, n»6â».)
Ainsi que le faisait remarquer M. J. Rouyer, dans son
article sur les monnaies noires de Flandre, on ne connaît
que la double mite de ce système, et bien que la simple
mite soit mentionnée positivement dans l'instruction de
1A67, on est encoœ à la retrouver. Je n'ai pas été plus
heureux sous ce rapport que cet auteur.
Les pièces qui vont suivre sont celles émises en vertu
de l'ordonnance de 1A7A. Elles sont identiques, à quelques
variantes près, avec les types décrits dans ladite ordon-
nance. Ces monnaies sont les premières qui portent la date
de leur fabrication, du moins pour les États des ducs de
Bourgogne.
1 Serrure, td., p. 250. ~ Id., id., n* 77. — Poids légal , 33 graios et demi
* Den DiiytB, pi. XIII, n» 78. -- Poids légal, 19 grains troia qnarts.
* Idem, i6iJ., n» 79. — Poids légal. 14 grains fort. — Tous les «xemplairtr
sont généralement usés et rognés pour toutes les divisions.
ET DISSERTATIONS. 3t5S
69 Deax lions assis en regard séparés par un briquet
d'où s'échappent des étincelles, sous )a plinthe inférieure,
une molette d'éperon. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA:
DVX:BORG:GO:FLAN.
^ Écusson à sept quarts sur une croix dont les extré-
mités fleuronnées traversent la légende, SALVVM FAG:PO-
PVLV.TVV.DNE: 1474.
Double briquet. — Poids 57 grains. (PL XHI, n» 65 *. )
Il existe beaucoup de variétés de coins pour cette pièce.
Voici celles qui sont venues à ma connaissance.
70. Même type avec quelques variétés dans le dessin
des lions. — Légende + KAROLVSrDElKÎRA:D\X:BVRG:
<]0:F.
$. Quelques différences dans les ornements de la croix.
— Poids 67 grains.
71. Gomme ci-dessus. — Légende + KAR0LVS:DE1:
GRA:DVX:BORG:GO:FLA.
^. Gomme le précédent. — Poids, 52 grains.
72. Semblable aux précédentes, sauf quelques variétés
de coin. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA:l)VX:BVfiG:
CO.FL.
Sj. Gomme ci-dessus. — Même poids.
78. Une autie variété de Tannée 1475, avec GO:FL au
droit
74. Une autre variété de la même anuée 1475 avec GO:^
¥\
• Serrure, op. cit.^ p. 251. — Poids légal, 57 grains trwîs quarts environ.
* M. Serrure , p 251 , indique un double briquet de 1476 avec la légende du
revers SALVVM.FACtPOPVL.TVV.DNE.
Den Duyts, pi. Xll, u" 3, donne un double briquet arec la date 1477. Je
présume qu'il y a erreur dans la lecture. Charles le Téméraire étant mort le
5 janvier 1476 (v. st.] et Tannée commençant à Pâques, il ne peut y avoir de
monaaies frappées à son nom k la date de 1477.
36& MÉMOIRES
75. Lion assis tenant Técusson du duc, à sept quai
Légende : + KAR0LV8:DEI:GRA:DVXB0RG:C0:FLAND.
j^. Croix dont les extrémités sont formées par des flei
de lis et des feuillages très-épanouis, et portant au cen
une fleur de lis. Légende : +:BENEDIC:HEREDITAT1:T1
1474:
Double gros. Poids, 54 grains. (PI. XIII, n» 66 *. )
L'ordonnance indiquait que la croix du revers de <
monnaies devait être accostée de deux fusils et des enseig
du pays où elles auraient été faites. Au lieu de ce
nous ne voyons que la fleur de lis au centre de la cro
indiquant que cette pièce a été frappée pour la Fland
J'ignore pourquoi ces monnaies n'ont pas été fabriqui
conformément à l'ordonnance précitée.
Il existe plusieurs variétés de coin de cette monnaie , m
aucune de celles que j'ai eues sous les yeux ne porte i
autre année que 1474 Les variétés consistent surtout di
la pose des lions au droit, et les ornements de la croix
revers. J*ai donc jugé inutile de la faire dessiner. Qui
aux légendes, ce sont les suivantes :
76. + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO:FLAN \
77. + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:GO:FL.
78. Lion à mi-corps, ayant sous la traverse d'où
émerge, et en exergue une molette d'éperon accostée
deux croisettes. Légende : + KAROLVS : DEI : GRA : D\
BV:CO:F.
^. Croix dont les extrémités sont fleuronnées; au ceDi
< Duby donne, pi. UX, n* 7, on dessin de cette pièce d*après TonTrag»
Joachimi. U est très-ineorrect, et il y a erreur de date ^ c'est 1474 et non H
qu'on doit lire. — V. aussi Sermrey op. ctl., p. 251. La pièce indiquée psr <
auteur ne porte pas de date, sans doute par oiibli.
» Den Dujis, pi. XII, n" 74.
ET DISSERTATIONS. 365
est une fleur de lis. Légende: + Bi\EDlG:AlA:MEA:DNO:
147A:
Simple briquet ou gros. Poids, 35 grains. (PI. XIII,
11»67*.)
79. Variété de la même pièce , dans laquelle il y a à
Texergue au droit cinq roses ou molettes d'éperon, et dont
la légende du même côté commence par une fleur de lis,
indice certain de Tatelier de Bruges.
II existe un piedfort de cette monnaie pour Tannée 1475,
au Cabinet impérial de Vienne.
Louis Deschamps de Pas.
« Den DoyU, pi. XIII, n* 80. — Poids légal, 35«%33.
366
MÉMOIRES
MONNAIES DU MOYEN AGE INÉDITES.
(PI. XIV.)
Ferrano de Majorque, prince d'Aghaîe.
M. de Saulcy, dans son ouvrage sur la Numiimati{
dfs Croisades^ a publié un denier, égaré plus tard , d(
la perte est d'autant plus regrettable qu'il eût été asî
important de comparer ses légendes avec celles des exei
plaires dont je vais parler *. Voici la description que j'ei
prunte à mon savant ami • : '
+ FNANS.P.D.MA10R1G. Croix.
Sj. DE CLARENCIA. Ghâtel, à gauche un annelet.
Les deniers que j'ai vus et soigneusement étudiés pc
tent IFANS F D MAIORIK , et cette leçon est conforme a
textes officiels (pi. XIV, n*" 1). En effet, dans la conventi<
passée en 1306, à Mellazzo, entre Frédéric III, roi de Sicil
et Ferrand de Majorque, celui-ci est désigné ainsi : a Illi
(( tris dominus infans Ferrandus, filius illustris domini i
(( gis Majoricorum ; » dans le cours de l'acte , il est <
tantôt « dominus infans Ferrandus, » tantôt, plus ûmpl
-1
* L*nn de ces exemplaires est au Cabinet impérial de France ; Tantre i
partie de ma collection. Le denier qu'étala M. de Saoloy appartenait
S. A. le prince de Furstenberg.
• Numismatique des Croisades, p. 149, pi. XVI, fig. 16.
i:t Dissi-nTATioNs. 307
ment, a dominus infans. » En février 1313, dans Tactc de
mariage de ce prince, il est à plusieurs reprises appelé
« dominus Ferrandus infans ^ »
Les monnaies de Ferrand de Majorque, comme prince de
Horée, ne peuvent manquer de rester assez rares, car elles
n'ont été forgées qu'entre le mois de mai 1315 et le mois
de juillet de Tannée suivante. Je rappellerai brièvement
ici la vie très-agitée, de ce prince qui ne fui qu'un chef
d'aventuriers auquel manqua le succès.
Ferrand de Majorque était fils puîné de Jacques I d'Ara-
gon, roi de Majorque, et de Sclaramonde de Foix : dès
1305, nous le voyons paraître dans l'histoire : à cette
époque, du côté de Garcassonne et de Lirooux il tentait de
se mettre à la tête des populations méridionales peu favo-
rables aux conquêtes des Français '.
Deux ans après , à la tête de quelques galères , il par-
courait la Méditerranée , cherchant à supplanter en Grèce
les conquérants français : il combattait alors pour l'empe-
reur d'Orient. Défait à Negrepont, il fut livré par les Fran-
çais au duc d'Athènes, qui l'enferma dans une forteresse
voisine de Thèbes : cédant ensuite aux instances des rois
d'Aragon et de Majorque , le duc d'Athènes confia la garde
du captif à Robert, roi de Naples, qui bientôt le rendit à
son père. Ferrand, en 1309, se distinguait an siège d'Al-
mérie : à cette époque, on songeait à lui faire épouser
Clémence de Hongrie, qui monta sur le trône de France en
donnant sa main au roi Louis X. — Il avait la seigneurie
de Montpellier, et le roi Robert de Naples, en 1313, lui
avait donné viagèrement celle de Gatane.
1 'Buchon , Nouvelles recherches historiques sur la principauté de Morée , t. Il ,
p. 385 et 390.
* BuUet'n de la Sot\ scientif, agricole^ etc., des PtjrênêeS'fJrientahs, t. IX.
368 MÉMOIRES
En 1315, Ferrand de Majorque épousa à Messine Isatx
petite-fille de Florent de Hainaut et d'Isabelle de Villel
douin ; cette princesse n'était pas , comme on l'a rép
héritière directe de la principauté de Morée : elle moi
en avril 1315, un mois après avoir donné le jour à un
nommé Jayme, qui fut porté à Perpignan : Jayme de
roi de Majorque en 132i , à la mort de son oncle San<
sous le nom de D. Jayme II.
Peu après 1315, Ferrand, à la tête de chevaliers a
lans, se dirigeait vers la. Morée pour l'enlever à Mahaui
Hainaut, cousine germaine de sa femme et descendant
la fille aînée de Florent de Hainaut et d'Isabelle de Vi
hardouin. Mahaut de Hainaut avait épousé Louis de Bc
gogne : le prince et la princesse de Morée étaient eucoi
Venise en novembre 1315 : c'est donc postérieuremei
cette date que Louis de Bourgogne venait prendre poss
sion de l'Achaîe, où Ferrand s'était établi, pendant qi
France on cherchait à dépouiller de fait Mahaut au pi
de son second époux.
Ferrand, en effet, s'était emparé de quelques pL
fortes, et avait été reconnu prince d'Achaîe par plusi<
barons de Morée ; il était établi à Clarentza lorsque L
de Bourgogne débarqua : trahi par ses nouveaux vass
et même par ses Catalans, Ferrand fut battu dans une
taille sanglante qu'il livra à son antagonbte, le h ju
1316, à Espero ; dans la mêlée il tomba de cheval, fut
et décapité : son corps, rapporté à Perpignan , fut inhi
dans l'église des frères prêcheurs.
Pendant son court triomphe, Ferrand avsdt contr
un second mariage, octobre 1315, avec Isabelle d'Ybc
fille de Philippe, sénéchal de Chypre : celle-ci, devc
veuve, épousa Hugues d'Ybelin, comte de Jafla. De la i
.1
i
ET DISSERTATIONS. 30f>
nîère union de Ferrand était né un fils, du mên)C nom que
son père, qui fut vicomte d'Aumelas (arrondissement de
Lodève, Hérault) ^
Louis DE Savoie, roi de Chypre.
S DEI GRACIA.E. Personnage couronné, tenant un
sceptre et un globe crucigère, assis sur un trône; h sa
droite, S ; à sa gauche, E.
k SALEM. CIPRI. ET. ARME.... Type ordinaire des
besants de Chypre. (PI. XIV, n« 2.)
LVD0V...S...G...1ARE. Même type.
«. +IERVSAL ET..MEN.. Même type des besants.
Cette pièce a été dorée : la lecture de ses légendes serait
complète si quatre contremarques ne les avaient pas cou-
pées. (PL XIV, n* 3.)
Ces deux monnaies se complètent Tune par l'autre, et
îl est facile de reconnaître qu'il s'agit ici d'un roi de
Chypre, de Jérusalem et d'Arménie nommé Louis; tout
s'accorde, du reste, pour confirmer mon attribution : les
légendes écrites en latin , l'absence d'écusson armorié au-
près du personnage assis, enfin la désignation du royaume
d'Arménie, qui panit seulement après l'année 1393 : ce
I M J*ai veu, dit Dacange, des lettres de Sanciii, reine do Hienisalem et de
M Sicile, données à Naplei le 15 de mars 1338, par lesqnell^^s eette reine
« donne à Fernand de Moiorqu^s , vicomte d'Omellafe , frère du roi de Ma-
« jorqne, qni avoit ('*pousé depuis peu Ecive, fille du roi de Cipre, et quVlIe
• avoit élevé en sa maison, une somme de 50,000 florins d'or pour employer
« en rachat d'une terre. Quelques autres ni<^moircs de la chambre de«
« comptes de Paris portent que Hugues, roi de Cîpre, donna 30,000 besans
* d*or de rente à sa fille Eschive , qui avoit épousé Fernand , infant de Ma-
« jorqney et les assigna sur un casai près de Nicosie, Tan 1340. >• (Ms. de Du-
ctDge, cité par M. de Mas-Latrie, dans son Uisioirt de Vile dt Chyjiri.)
370
MÉMOIRES
fut à cette date en effet que, par suite de la mort de I
roi d'Arménie , Jacques !•» de Chypre prit et tra
à ses successeurs le titre purement honorifique d
d' Arménie. Jusqu'à ce jour il n'était connu, dans la n
matique chypriote, que par une pièce de billon attrit
Jacques II par M. de Saulcy. — Notons que le roi
(1898-1432) est le premier qui supprima l'écu ar
auprès de l' effigie, et que le roi Jean II est aussi le pi
qui ait repris les légendes ktines. Depuis Hugo
(1267-1284) , les rois de Chypre , sur les monnai
genre de celles dont je m'occupe n'avaient emplo;
la langue romane \
J'avoue l'impossibité de donner le sens des lettr
accostent l'effigie : sont- ce les initiales d'un
monétaire ou d'un saint particulièrement hono;
Chypre?
Louis de Savoie, comte de Genevois et de Romont,
avoir répudié la fille du roi d'Ecosse, avait obtenu h
de Charlotte de Lusignan, fille unique de Jean II et
seconde femme, Hélène, elle-même fille de Théodore
logue , despote de Misithra : à peine si Charlotte pu
deux années de l'héritage paternel, de 1458 à 1460.
Charlotte et Louis avaient fait des démarches pour
cher la nomination de Jacques, frère naturel de la n
l'archevêché de Nicosie : Jacques s'en vengea en
demander des secours au Soudan de Babylone : il dét
à Nicosie en septembre 1460, et força bientôt, les ar
la main, sa sœur et son beau-frère à chercher un asih
le château de Cérines. Le Soudan prétendait quil n's
tenait pas à une femme de succéder à la couroDi
Sum. dts Croisades, p. 103, 108 et 109, pi XII, l et 8,
ET DISSERTATIONS. 37J
Chypre; mais au fond, les iiilrigues des Vénitiens ei des
Florentins n'étaient pas étrangères à ces désordres.
Laissant à son époux le soin de prolonger la lutte en
Chypre, Charlotte de Lusignan se rend à Rome, puisa
Florence, à Bologne et en Savoie pour obtenir des troupes,
de l'argent et des vivres : ses efforts multipliés, sans être
complètement nuls, ne semblent pas cependant avoir eu
des résultats bien efficaces. Le roi Louis quitta Chypre et
se retira à Rhodes en 14^2 : il faut rendre aux chevaliers
hospitaliers la justice de reconnaître qu'ils soutinrent de
tout leur pouvoir la cause des Lusignan. Il était d'ailleurs
assez naturel que les chevaliers de Rhodes tinssent contre
l'usurpateur qui comptait un souverain musulman parmi
ses principaux alliés.
Le château de Cerines capitula en 1Â63. - Le roi Louis,
retiré en Savoie, se vit obligé de recourir à l'empereur
d'Allemagne pour essayer de rentrer en possession d'une
parcelle de l'héritage paternel qui lui revenait : à la mort
de son compétiteur le roi Jacques II, en 1473, il essaya
encore de rentrer en Chypre ; mais le concours des Génois
De semble pas avoir pu aider assez puissamment le faible
parti qui le rappelait dans l'île : il mourut paurre à Ripaille
en 1 A82, et y fut enterré.
En 1&86, le 25 février, la reine Charlotte céda à soi>
neveu Charles 1", duc de Savoie, tous ses droits sur Chypre
moyennant une pension viagère de A, «^00 florins assignés
sur les gabelles de la ville de Nice. C'est par suite de cette
cession que, jusqu'à nos jours, les ducs de Savoie, depuis
rois de Sardaigne, ont persisté à porter les titres de Chypre
et de Jérusalem *.
> Hiêt. de Vile de Chypre sous le rèqfte des prinres de la maison de Lustyruin* par
372
MÉMOIRES
M. le chevalier D. Promis a bien voulu me commun!
l'empreinte d'un besant blanc attribué à Louis de Sa
conservé dans la riche collection dont il est conserva
Cette monnaie, d'un autre coin que celles que je publi
a été frappée deux fois, de sorte que les légendes sont
ciles à déchiffrer : le personnage assis au droit n'esi
accompagné des initiales SE; les lettres, de forme
moderne, sont plutôt analogues à celles des monnaie
Jacques II , et je serais porté à croire que le besan
Cabinet de Turin , postérieur à ceux que je possède
rattache à la seconde tentative du roi Louis de Savoie
reconquérir l'île de Chypre en 1473.
Dans les publications spéciales , je n'ai pas retrou^
besants blancs des successeurs de Louis de Savoie :
existe probablement dans les collections, et il serait
ressaut de comparer ceux du roi Jacques II, par exeii
avec les variétés que je signale dans cette note.
Sous les n^' à et 5, je donne deux vaiûétés inédite
monnaies qui font partie de la numismatique des cr
des : ces pièces, qui ont une certaine rareté, n'ajoi
aucun fait nouveau à ce que l'on sait déjà au point d€
historique, je me borne donc à donner la description <
denier tournois et de ce demi-besant ^
NICOLA Châtel tournois: au commencemen
la légende on aperçoit une fleur de lis. -
î^. + iNICOLA Croix : la légende commence et
par une étoile. (PL XIV, n« A.)
M. de Ma»-Latrif, t. III, p. 82 à 152.— Voy. aussi Honumenla hûtorixpa
scriptorum, t. III.
* Ces pièces in*ont été coinmonîqnécs par M. Obarvet, aÎDsi que len*6.
ET DISSERTATIONS. 373
C'est une variété des monnaies de Nicolas, comte de
Campibassi, sur l'identité duquel on n'a pas encore de cer-
titude : M. de Saulcy, très-judicieusement, penche à croire
qu'il faut le chercher au commencement du xiv* siècle
dans l'Italie méridionale.
PIER REID. Le roi assis sur un trône, à sa gauche,
son écu.
^. + DIER EDCIPRE. Croix dit« de Jérusalem.
Cette division n'a pas été connue de M. de Saulcy ^
(PI. XIV, n« 5.)
Monnaie obsidionale de Nice.
Duby, dans ses Récréations numismaiiqws^ a gravé,
pi. 21/ n* 3, une pièce obsidionale d'or, frappée à Nice,
dont voici la description :
KROLVS.SECVNDVS.DVX.SABAVDL Écu portant la croix
de Savoie et timbré d'une couronne ducale.
Hj. Dans le champ, NIC. A.TVRC ET.GAL.OBS. 1543.
Voici une monnaie d'argent qui a la même origine.
Dans le champ KROLVS.II D.SABAVDI, entre deux roses.
«. NIC.A TVRC.ET.GAL.OBS. 1543. (PI. XIV, n» 6.)
Cette pièce, forgée négligemment ou frappée deux fois,
n'est pas parfaitement nette.
Le siège de Nice dura environ deux mois et demi, depuis
le 16 juin jusqu'au 7 septembre 1543 : le comte d'Enguien,
qui commandait les troupes françaises, avait d'abord espéré
s'emparer de cette place par une surprise ; mais ses projets
ayant été dévoilés au prince de Piémont, il fallut faire un
siège en règle : malgré le concours d'un nombreux renfort
* Attin. des Croisades ^ pi. XI.
1B62.— i>. 26
57A MÉMOIRES
turc, les Français ne purent s^emparer du château;
22 août, la ville avait capitulé, mais la forteresse défen
vaillamment tint jusqu'au moment où un secours env
par l'empereur força les assiégeants à se retirer.
Pierre Lambert, seigneur de la Croix, président di
chambre des comptes de Savoie, a laissé un journal
taillé de ce siège qui est inséré dans le Monumenta hi
riœ palrisF, tome III, col. 912 et seq.
Il est à remarquer que dans presque tous les ouvra
que j'ai consultés, le duc de Savoie alors régnant est
signé sous le nom de Charles III ; sur les monnaies
Nice, nous lisons sur Tune, en toutes lettres, Karolus
cundus^ sur l'autre Karolus II : cette confusion vient
ce que certains auteurs ont donné le nom de Charles 1
Charles-Jean-Amédée (1490-1496), qui mourut d'i
chute âgé de six ans. La numismatique ici vient fixer la
signation officielle du malheureux duc de Savoie qui
tant à souffrir des luttes de l'empereur Charles-Quint
(lu roi François, ainsi que des intrigues intéressées de
propres parents.
La monnaie obsidionale de Nice, en rappelant natui
lement le vif désir que François l" avait conçu de réu
ce comté à la Provence, est une preuve de plus que les h
les plus récents de notre histoire sont la réalisation
projets séculairement conçus par la monarchie fra
çaise'.
* Cette notice était imprimée lorsque j*ai »a que U roonDAÎe obsidionale
Nico avait déjà été publiée par M. le chevalier Promis dans le tome XX
des Mémoires de V Académie des sciences de Turin. Mes lecteurs voudront bi(
pardonner ma réédition : je pourrais alléguer en ma faveur Topportunité <
faiirc figurer dans un recueil français une monnaie devenue française, et qi
n'était encore connue que par des pnbl îcations italiennes.
ET DISSERTATIONS. 375
(jUILI.AUMË II, SJRE 0£ ViERZON.
+ GVILLERMVS. Type imité de celui des deniers de
Nivernais qui portent une faucille et une molette d'é-
peron.
rI. + VIRSIONIS. Croix nivernaise cantonnée au second
d'un croissant et au troisième d'une molette d'éperon.
(PI. XIV, n<» 7.)
Voici un denier précieux placé depuis peu dans les col-
lections du Cabinet impérial, qui me semble être d'un
grand secours pour la classification des monnaies de
Vierzon; son type est une imitation, presque un calque, des
monnaies forgées à Nevers par Henri de Donzy, de H09 à
1 223 ; il permet donc de l'attribuer à Guillaume 11 qui
avait Vierzon dans la première moitié du xiii* siècle.
Je donnerais volontiers au même personnage les trois
deniers que M. Poey d'Avant attribue à un autre Guillau-
me qui fut seigneur de Vierzon dans les premières années
du XIV" siècle.
En effet, ceux-ci portent un type de croix ancrée qui fut
trèvpopulaire en Bretagne et dans une partie de la France,
au commencement du xiii* et à la fm du xii* siècle : or il
me semble logique de classer en général les imitations
monétaires de manière à ce qu'elles soient à peu près con-
temporaines des pièces qui leur ont servi de prototypes.
C'était lorsqu'une monnaie était le plus répandue, lorsque
le commerce s'en servait avec une certaine préférence, que
les seigneurs voisins avaient le plus d'intérêt à la copier.
Ces imitations, qui n'avaient pas d'autre motif que de
faire passer une monnaie faible au moyen d'un type dans
lequel le peuple avait une certaine confiance, ces imita-
fl
376 UÉMOIBES
lions, dis-je, auraient manqué leur but si elles avaient
faites un demi-siècle ou un siècle plus tard.
Testen de Charies IX frappé par les huguenots à Orlk
Un mimismatisle à la fin du XVP siècle.
Le n* 8 de la planche XIV représente un teston
Charles IX frappé en 1563 : il diffère des monnaies
même genre par le buste qui est exceptionnellement ton
h droite, et par la lettre A comprise dans un 0 que Ton
marque sous l'effigie royale. Ce teston a été décrit d
u le Catalogue raisonné des monnaies de France » soui
n* 898, avec la date de 156-2.
Nous trouvons une interprétation du monogramme
dans le Kegistre-Journal de Pierre de TEstoile : il é
gravé sur des testons qui, alors, étaient désignés soui
nom de morveus. Les testons morveus furent fabriqués
les protestants, et Pierre de TEstoile recherchait cette
riosité pour sa collection :1e 19 juillet 1608. il crut a^
trouvé ce qu'il convoitait, mais il eut une déception nui
matlque qu'il raconte ainsi : « M. de Montant m'a fait
«couvrir un teston morveus forgé à Saint-Messans par
« huguenos, comme il apparoist par la lettre de T qui
(f la marque de la monnoie de ladite ville , fntj
« l'an 1573 après la Saint-Bertbelemi, en dettestatlou
« massacre de ladite journée et dérision du roy Charles
« qu'ils apeloient morveus ; que j'ay serré avec les aut
« pour mémorial et marque de nos fureurs civiles. J
ft baillé audit Montant, en trocqdudit teston, deux de n
« petites médalles d'argent des familles; mais depuis j'
«sceu que ledit teston n'est point de ceux-là, et ne lepei
«estre, tant pour ce que les huguenos en ladite année i
ET l>15SERTÀTI0^S. 377
« tenoîeni pas Satnt-Messans, que pour ce que lesdits tes-
if tons morveus furent fabriqués par les huguenos à
« Orléans, au commencement des troubles, 1562, et depuis
« ne s'en est point fait -, et ay trouvé entre mes pièces un
« demi teston morveus de ce temps et an 1662, dont j'ay
<i l'envolé audit Montant son teston, qui demeure toute-
a fois opiniastre en son opinion encores qu'elle soit nolot-
« rement fausse. » Le 22 avril 1609, l'Estoile avait enfin
un vrai teston morveux, et il fournit un détail qui nous
permet de donner l'attribution de celui que je* publie au-
jourd'hui. <' J'ai recouvert ung teston du^feuroy Charles IX,
« de ceux que les huguenos firent forger à Orléans, pen-
a dant les premiers troubles. // a la leste tournée autre-
a ment que les autres, et d'un meilleur argent beaucoup,
« parce qu'ils ont esté faits de ces ustensiles et reliques des
c (églises que les huguenos firent fondre en ladite ville ; et
my a au Lont dudit teston un petit A et un 0, qui veut
u dire à Orléans, dont peu de gens s'aviseroient. •
Puisque je viens de parler de Pierre de l'Estoile, et de
son goût pour les pièces curieuses, mes lecteurs me per-
mettront de mettre sous leurs yeux un aperçu de ce qu'était
sa collection, d'après son journal
Pierre de l'Estoile, né en 1546 et mort en 1611 avait
acheté en 1569 la charge de grand audiencier de la Chan-
cellerie, de France, qu'il conserva jusqu'en 1601 : je ne
parlerai pas de ses écrits qui sont entre les mains de tous
ceux qui s'occupent de l'histoire des xvi' et xvii^ siècles :
ici, je ne veux le considérer que comme numismatiste,.biea
qu'il ait été plutôt collectionneur qu'érudit. Aujourd'hui
encore le simple collectionneur qui n'a d'autre occupation
que d'acheter, se qualifie de numismatiste comme celui
qui» à force de travail, ne cherche dans l'étude des vieilles
;i
378 MÉMOIRES
monnaies que des matériaux authentiques pour Thistoin
L*Estoile était en rapport avec les antiquaires de so
temps, MM. du Pui, de Peiresc, d'Aix en Provenc<
Pétau \ Ménestrier, de Dijon, « grand médailiste qui ps
« raissoit préférer les pièces d'or et d'argent à celles <]
« cuivre,» Courtin, LeCocq, Guittart, de Montaut avocat
la cour et référendaire en la chancellerie. Il achetait o
échangeait parfois avec un sieur Aveline, et Richard Tuti
« marchand orfére sur le pont, homme curieus et amatei
« de médalles antiques et de toutes autres belles choses.
L'Estoiletenait à être bien avec R. Tutin, chez qui il s
procurait des jetons d'argent, à mesure qu'ils étaiei
frappés ; aussi en janvier 1608 il lui donnait une tète i
marbre de Faustine, « Taiant voulu obliger par ceste p(
« tite libéralité et courtoisie à quelque chose que d(
a longtemps j'ay envie de tirer de luy. » Une autre foi
le 2 juillet, il donnait une petite Bible in-8», édition 1
Etienne , reliée en « maroquin incarnat et qui est tr*
« belle et s'en recouvre rarement , » à M. Guittart q
lui avait fait don d'une médaille d'argent de la reii
de Navarre ' : cependant il n'aimait pas beaucoup li
1 u 6 octobre 1609. Je fus voir M. Pétau, conseiller en la conr, le pins rie
■ aujhourdai (des gens de sa qualité) en médalles antiques d'or et d'argent
i antres belles pièces tant étrangères que françoises, dont il nous en fist v
• très-grande quantité ; entre autre nous monstrant le ducat du roi Louis X
< tronvasmes dans Ésale, au XIV' chapitre , la devise qui eet à Tentoar dm
* ducat en mesmes mot8,p<rdam Babylonis nomen. En aiant esté avisés, M Go
« tin, M. de Montaut et moy par ledit Pétau, sans que pas ung de nous j e
> pris garde ni remarqué en lisant ceste devise qu'on trouve au susdit pastâj
4 Au sortir de son logis nous allasmes en celui de M. de Montant où il im
< monstra force belles pièces dont il est extrêmement enriens. »
• « M. Guittart m'a donné de son cabinet une petite médalle d'argent
< la feue royne de Navarre, mère de nostre roy à présent régnant, oh i
( ponrtraiot est d^un costé ; et de Tautre un anehre sur nn rocher bsttn <
ET DISSERTATIONS. 379
échanges ; ainsi, en octobre 1609, il se réjouissait d'avoir
obtenu de M. de Montaut la compensation d'une certaine
« bourse de vieilles médalles de bronze qu'il lui avoit
« baillées il y a longtemps à la charge de lui en bailler
« d'autres à la première veûe et commodité qui se présen-
« teroit. Il m'a donné deux getons d'argent, dont il y en a
<t un où sont gravées des faucilles, assez rares et curieu-
« ses, avec une autre petite pièce d'argent que je neconuois
« pas non plus que lui : En lels (rocqs on perd toujours à
« faire Vhontieste, ce qui m'est avenu asses de fois aussi
« bien que celle cy. » C'est sans doute dans un autre mo-
ment où ce chroniqueur, assez frondeur de caractère, re-
grettait encore d'être trop honnête qu^^il écrivait ces mots
que plusieurs de nos contemporains penseraient, mais ne
diraient pas aussi franchement : <« J'ai vendu (le 9 mai lôli)
tiàM. de Montaut, la plupart de mes petites médalles d'or
a qu'on disoit estre antiques ; et ce à raison de 36 livres
c l'once ausquelles je n'ay antre regret, sinon pour ne les
« avoir assez vendues, et tiré de la bourse dudit Montaut,
¥ comme mien ami, au pris de 40 livres l'once (qui est le bout
« toutefois de tout ce qui s'en peult tirer des plus curieus,
a quelques belles et antiques que soient les médalles) :
« car on m'a dit que j'en eusse eu autant de lui si j'eusse eu
tt un peu plus de patience, encore que lesdites pièces ne le
(c valussent pas; mais bien pour lui, qui m'a desia affiné
X vens de tous coatis ; et y a escrit numine fréta, iicet rumpert infracta maneboi
M Et à l'entour de ladite pi^ce sont gravés ces mots du psaume 101 fort délj-
- eatement et lisiblement : pour estre à moy qtii droite voie ira me «frw'ni. Klle
** fust forgi^î Tan 1566, lorsque le pape, à raison de la profession de la reli-
M gion et e3tablissement dMcelle en les pays de Navarre et de Béarn , publia
N une moDîtion contre laditte royne à laquelle le roy Charles ]X s'opposa, la
•« prenant en sa protection comme sa sujette et parente, n
380 MÉMOIRES
(( deux fois de ce costé là ; ce ne sera pas à la troisiesin
« qu'il y reviendra, si je puis. »
On a déjà pu voir que l'Estoile ne faisait pas grand ca
des médailles antiques * : il préferait les monnaies et mé
dailles modernes, et surtout les jetons d'argent qu'il collée
tionnait depuis vingt années, et dont il avait 228 variétés
il avait aussi des statuettes : j'ai cité le buste de Faustine
il parle aussi d*un bronze grec qu'il échangea avec 1
sieur Ménestrier, contre une médaille de Maximilien et s
femme valant 35 ou &0 s. d'argent au poids, et d'un peti
Baccbus de cuivre fort antique qui portait une inscriptioi
xerpcTTopio:, que ni Casaubou, ni Guischard, ni Du Pui n
pouvaient traduire.
Parmi les médailles, nous remarquons dans le jouma
de l'Estoile la mention de celle de Diane de Poitiers que lu
avait donnée Peiresc. « D'un costé est la figure de ladit
« dame avec cette inscription Diana duc. Valenlinorm
« clarissima ; de l'autre avec un beau revers est escri
« omnium victorem vici. » Nous voyons aussi les médaille
de Charles IX pour la Saint-Bartbélemy, de Grégoire XII
en 1572 pour le même événement', et le portrait de Jeai
' L'Estoile dit quelque part, avec assez de franchise <« Le mardi dernier d
M ce mois (31 août 1610 ), j*ay vendu à un curieus, id est à nu fol comme roo
M pour 50 frans de vieilles médalles de bronze et de cuivre qu'on tenoit poi
»» antiques : car de moi je confesse que je n'y connois rien du font, et n'y
** que l'opinion en cela. »
' A propos de cette médaille, il est curieux de transcrire le passage d
journal de l'Estoile : les sentiments anti ligueurs du bourgeois parinen per
cent dans ces lignes, et lui fout faire tout simplement une fausse pièce 4'or
« Le lundi 30 juin, je rencontrai par hasard sur un fondeus où noos étioi
« allés M. Courtin et moi, le plomb de la pièce que le pape Grégoire XDl fit
M faire à Romme en 1572 à la Saint-Berthelemi pour approbation et congrats
« lation du massacre fait en ceste journée à Paris et par tome la France d<
•( huguenos. Le pourtraict du pape avec sou inscription y est d'un corté; et c
ET DISSERTATIONS. 381
Hus en argent « avec son dicton, arrest et supplice, et
a est ladite pièce singulière et origînalle. »
Les monnaies curieuses de TEstoile étaient le teston
morveux d'Orléans, dont j'ai parlé au commencement de
ce paragraphe, le quart d'écu frappé à Saint-Quentin,
pro Christo et rege, en 1589 par le duc de Longue ville -,
le teston de Henri 11 frappé à La Rochelle sur lequel
« l'esclat de la lance dont il fust frappé en Yœil s'y void
«emprainte' >. le pistolet du pape Jules II, à la légende
« Bonia paier Julius a tyranno libérât^ que FEstoile con-
« sidère comme la réponse au perdam Babyhmis nomen de
a Louis XI Ij laquelle pièce, ajoute-t-il, qui est rare et se
a trouve à grande difficulté , j*ay dès longtemps et la garde
« soigneusement ; mais désirerois bien que le pistolet de
a Jules lui tinst compagnie (que je ne crois pas estre si mal-
« sdsé à recouvrir que le ducat du perdam) ; et pourtant ay
a mis gens en besongne pour le trouver. M. de Montaut en
« a recouvert depuis peu de temps un par hasard, d'un
« orfèvre qui ne scavoit que c'estoit non plus que lui, des
« mains duquel (il le vouloit mettre au rebut), ilseroitbien
« malaisé aujhourdui de le tirer. » Notons encore la
pièce d*or, pesant 3 écus du roi d'Angleterre Jacques I",
avec la légende faciam eos in yentem unam autour des
armes de France, d'Ecosse et d'Irlande, et la pièce des
M Paatre au revers de ladite pièce y a un ange figuré tenant d'une main la
•• croix et de Tautre une espée avec laquelle il tue et assasaine force gens, et y
- a escrit : Ug<motorum strage» 1572. J'ai trouve cette pi^ce si paj>ale et si rc-
«• marquabUf qu*aiaDt acheté eu plomb un teston, V&y fait nioult^r en or an dit
« fondent, et baillé six escus que j*ay retirés de la vente de quelques ptrtites
•• pièces d*or et d'argent que j'avois. »•
1 « Ce que pensant estre avenu fortuitement par défaut de coing, ni appris
M certainement des changeurs et autres des nionnoies qu'il a esté fait exprès, et
- qu'il en aes»té frappé et forgé desdits testons à Lu Koclieih; en 1550. »
382 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
gtAeus de Flandre^ à la légendre /!dë/fs au royjusques à
bezace.
' Outre les jetons d'argent de chaque année renfem
dans une bourse de velours vert, TEstoile recueillait au
des jetons de cuivre ou d'argent des familles : ainsi il
avait un a fort ancien, sur lequel on lisait GuilL de Ho
moranci premier baron de France ; d'autres d'Anne de B
lagne « où les fleurs de lis s'y voient mi-partis d'heri
nes; » des présidents de Thou dont l'un avec la légec
redde rationem vUlicatiofm îux; de la reine Élisab
femme de Charles IX, avec la légende spe$ mea Deus
œlernum ; d'Henri IV, en 1600 avec la légende quœ Cxi
ris Cœsari et quœ Dei Deo^ et au revers m numeris orc
de G. du Bosc de Montreville avec ses armes et les m
au victorieux '.
Je n'ai trouvé aucun détail numismatique dans le fn
ment du journal de PieiTe de l'Estoile que vient d'édi
M. E. Halphen, et qui comprend l'intervalle entre 1£
et 1602.
Anatole de Barthélémy.
* Ce jeton qui, ainsi que celui de Guillaame de Montmorenoj, fait p
de la série du Cabinet impérial, porte un cartouche chargé d*iine cnùx i
tonnée de quatre lions ou léopards.
■t
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Numismatique de Cambrai, par C. Robert. Paris, Rollin et
Feuardent, 1861, in-4" de 48 feuilles et 56 planches
gravées.
M. Charles Robert paraît s'être spécialement appliqué à Té-
tude de Thistoire monétaire des villes françaises qui, jadis,
furent soumises à l'empire d'Allemagne. La Revue numismatique
a déjà eu, à plusieurs reprises^ occasion de signaler à ses lec-
teurs les remarquables travaux de notre savant collaborateur :
nous avons vu paraître d'abord les Recherches sur les monnaies
des évêques de Toul, puis les Études numismatiques sur une partie
du nord-est de la Fronce; aujourd'hui, c'est Cambrai, et nous
avons l'espoir de voir un peu plus tard le Cambroisis. puis une
nouvelle édition des Monnaies ^ médailles et jetons des évêques de
Metz; et enfin ce Traité de numismatique gauloise f que tous les
archéologues attendent, et qui réunira aussi les recherches de
deux érudits dont les noms sont chers aux savants, MM. Robert
et de Saulcy.
Il n'y a pas d'exagération à aflirmer ici que la Numismatique
de Cambrai forme une des plus splendides monographies
monétaires que nous ayons vues depuis le beau volume de
M. H. Morin-Pons sur les monnaies du Dauphiné. Los études
historiques, les recherches numismatiques spéciales, la collec-
tion des textes, le classement et la description des pièces, enfin
-à
38A nULLETIN RIBUOGRAPHIQUE.
la pei'feclion des planches dues aux dessins originaux do l'a
U*\}v, tout concourt à justifier la distinction que rAcadémic d
inscriptions et belles-lettres a décernée à cet ouvrage.
Cambrai offre un ensemble de monuin»^nts métalliques i\
forment une suite complète et variée comme son bisti>ire mén:
depuis répoque franque jusqu'à nos jours : (f abord les tiers
sou d'or mérovingiens, puis Tempire de Charlemagne. puis 1
rois gprmains. Viennent ensuite les cvéques à dater du coi
mencement du x* siècle jusqu'au milieu du xvi'; le chapitre c
frappait monnaie depuis 1252 pendant les vacances du siég
les monnaies obsidionales de 1581, 1595, 1649 et 1657
monnaies françaises de 4588 et lo89, le papi< r-monnaîe de
Révolution; rien n'a échappé aux investigations de M. Robe
qui a aussi recueilli les médailles, les jetons et les mérea
relatifs à l'histoire numismatique de Cambrai.
Les questions si délicates qui touchent au monnayage ci
lovingien et au commencement du mon^ay^e féodal, se
traitées par M. Rt)bert avec une lucidité et une sobriété i
marquables : l'auteur sait rappeler les opinions contradicteîi
de ses devanciers, les discuter et exposer ensuite son opin»
personnelle avec cette courtoisie académique que l'on aime
rencontrer dans les livres sérieux.
Je hasarderai une observation au sujet d'une opinion qui i
très-généralement répandue, et que je retrouve dans la Nwm
maiique de Cambrai : cest qu'à dater du capùulaire de Kki
qui consacra r hérédité des offices et des bénéfices^ la fabricati
de la monnaie commença à s'éparpiller.
Le ciipitulaire de Kiersi, en 877, à mon avis, n'avait d'ani
but que de reconnaître, dans certains cas^ V hérédité des f<m
lions amovibles f sans que la transmission héréditaire de la digni
donnât de droits sur la propriété du sol. C'était quelque cho
d'analogue à ce que l'on désignait par le nrK>t survivance ai
xvu* et xvui' siècles. En feuilletant les anciens historiens, i
l'Art de vérifier les dates, on peut faciloment constater que Th
^ii
BULLETIN lURLlOCRAPHIQUE. 385
redite des fondions amovibles existait bien avant 8"7.— A cetie
date, Charles le Chauve partait pour Titalie pour secourir le pape
contre les musulmans : il voulait auparavant pourvoir à l'admi-
nistration et à la sûreté de ses États pendant son absence. Dans
ce but il convoqua une assemblée solennelle de ses barons, et
l'un des articles du capitulaire qui fut arrêté dans cette réunion
est ainsi conçu :
« Si un comte de notre royaume vient à mourir et si son fils
« est avec nous, notre fils et nos fîdèles veilleront à choisir parmi
a les plus proches parents du défunt la personne qui adminis-
« trera le comté de concert avec les officiers et Tévéqne jusqu'à
« ce que y averti du fait, nous ayons pu confier à l'héritier du
« défunt, notre compagnon, les dignités de son père. Si le dé-
a funt a un fils puîné, celui-ci administrera de concert avec les
« officiers du comté et Févéque jusqu'à ce que nous en ayons
a décidé. Si le défunt ne laisse pas d*hérit»er, notre fiis et nos
« fidèles choisissent Tadministrateur du comté qui fonctionnera
« jusqu'à ce que nous ayons avisé : et celui qui aura ainsi exercé
« un mandat temporaire, ne devra pas avoir de ressentiment si
« nous choisissons ensuite un autre que lui. »
Un autre article du même capitulaire édicté que « si un de
« nos fidèles veut renoncer au monde, et s'il a un fils ou un
«proche parent qui puisse dignement servir Tlitat, il cou-
« viendra de donntT ses dignités à celui qu'il préfén ra. Et s'il
« veut se retirer paisiblement dans son aieu,()n ne doit y mettre
« aucun empêchement, ni exiger dorénavant de lui d'autre obli-
a gaUon que celle de défendre le pays. »
Nerésulte-til pas de ces textes que le capitulaire de Kiersi
mentionne simplement une faveur destinée à récompenser les
compagnons d'armes de Charles le Chauve, et par conséquenl
une exception? Remarquons aussi que le roi, en admettant le
cas où le fils peut succéder aux dignités du père, se réserve
expressément le droit d'investiture qui maintient à la fonction
son caractère d'amovibilité.
380 BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE.
La thèse que je propose dans les lignes qui précèdent i
étudiée plus tard avec détail : subsidiairement j*essayerai
fixer le véritable point de départ du monnayage féodal : je
hâte d'ajouter que cette divergence d'opinion que je soume
mon savant confrère ne porte, par le fait^ que sur un point 1
secondaire de son beau travail ; en le suppliant de me pardoi
mon importunité, il me permettra de rendre encore utie
hommage au mérite de son livre et à la sûreté de ses ap
ciations.
Anatolb db Barthblem'
t
CHRONIQUE. 387
CHRONIQUE.
PRIX DE NUMISMATÏQUE.
Dans sa séance du 3 août, l'Académie des inscriptions et
belles lettres a décerné le prix annuel de numismatique fondé
par Allier de Haute roche à M. Henry Colien pour son ouvrage
intitulé : Description historique des monnaies frappées sohs rem-
pire romain.
Elle a aussi, dans le concours des antiquités nationales, dé-
cerné une médaille à M. Ch. Robert pour sa Numismatique de
Cambrai.
MONNAIES AUTONOMES ROMAINES DE UÉPOQUE
IMPÉRIALE.
Depuis rimpressibn de mon travail sur les monnaies auto-
aomes de l'époque impériale ', j'ai reçu quelques communica-
tions de Rome et de Turin. Quoique les empreintes de médailles
]iii m'ont été adressées d'Italie ne fournissent que deux types
» Voyez iuprày p. 197 et suiv.
■m
■ M
m
7tî
388 CHRONIQUE.
nouveaux, j'ai cru utile dVn donner ici l'indication et le poii
m me référant aux numéros d'ordre de mon mémoire.
3. — FIDES EXtRClTVVM. Deux mains jointes.
ij). CONCORDIA PRAETORIANORVM. La Concorde deboi
^.
Poids ^ Turin, collection du roi, 3'',3o\ pièce fourrée, cli
M. Hoffmann.
7. - FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes.
ij\ FIDES PRAETORIANORVM. Même^ype. Jfi.
Poids, Rome, bibliothèque du Vatican, 3«% 37, 3«%40, 3»%
et3«s46;— Turin, collection du roi, S^'jlO.
8.— VESTA P.R.QVIRITiVM. Buste de Vesta.
^\ FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. M>
Poids, Rome. 3«',I6; — Turin, collection du roi, 3«',29.
i<i. — VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste de Vesta.
îf. Ï.O.MAX.CAPITOLINVS. Ju piter assis dans un temple. ,J
Poids, Turin, collection du roi, 2'%50.
17. — ROM A RESTITVTA. Buste de Rome.
if. IVPPITER U(be)Rk(tor). Jupiter assis. ^.
Poids, Turin, collection du roi, 3*^55.
23 — GENIO P. R. Tête du Génie du peuple.
ij\ MARTI VLTORI. Mars. Jfi.
Poids, ma collection, 3'%35, pièce récemmnient achetée
M. Hoffmann.
30. — BON.EVENT. Tête de la Félicité.
ij;\ PACI P.R. Deux mains join'es tenant un caducée. M.
Poids, Turin, musée Lavy, 3«',I0. Museo numism. Lai
vol. II. p. 78, n- 846.
36. — LIBERC^oj) P.R. Buste de la Liberté à droite.
])). RESTITVTA. Bonnet de la Liberté entre deux poignan
Poids, Rome, 3«',22.
Cette pièce ne se trouvant pas au Cabinet de France , ni
CHRONIQUE. 389
Vienne, ni à Londres , nous n'en avions pu indiquer le poids
(suprày p. 310). Nous en mettons ici un dessin sous les yeux
des lecteurs.
39. — BON E(v€rU). Tête de Bonus Eventus.
1)1. ROM.RËNASG. Rome debout.
Poids, Turin, collection du roi, 3*%5I .
të.— MARS VLTOR. Tête casquée de Mars.
^. SIGNA P.R Aigle romaine près d'un autel, entre deux
enseignes militaires. M-
Poids, Rome, 3«',10, 2«%12 * et 3«%26; — Turin, collection
du roi, 2«%95, pièce usée; — tbid., musée Lavy, 2«',70. Museo
nttmism, Lavy, vol. II, p, 78, n° 847.
55. — LIBERTA8 RESTITVTA. Tête de la Liberté.
f^. S.P.Q.R. sur un bouclier dans une couronne de chêne. M»
Poids, Rome, 3«',58.
62. — ROMA. Tête nue de Rome à droite.
ij, S.P.Q.R. dans une couronne de chêne. ifV..
Poids, Turin, collection du roi, 3«%17.
Cette pièce n'a été décrite [suprà, p. 217) que d'après Mo-
rell; nous en mettons un dessin sous les yeux du lecteur.
^ Je swB porté à croire qae Texemplaire pesant seulement 21^,12 doit être
une pièce fonrrée, à moins que ce ne soit un exemplaire rogné et us^
1862.-5. 27
391) CHRONIQUE.
Cl. — SALVS GENERÎS HVMANl. Victoire à gauche.
ij\ S.P.Q.R. dans une couronne de chêne. J^.
Poids, Rome, 3«%27; — Turin, collection du roi, 3*^,4
73. — i.o M .CAPITOLINVS. Ruste de Jupiter.
r\ VESTA P.R.QVIRITïVM. Vesta assise. J^.
l»oids, Rome, 3«%48.
Toutes les pièces décrites ci -dessus con^me existant à
font partie des coilectii>ns du Vatican. Les empreintes obt
de la complaisance de M. Tessieri, conservateur du métlj
pontific4d, nronl été envoyées par M. Joseph Lovatti, qui
sure que toutes ci*s pièces sont d'argent et non fourrées,
me reste des doutes que relativement k un des denit-rs d
sous le n* 4.%. Quant au deuiir n* 8, gravé pi. Vil, n* 7,d<
connaissais déjà trois exemplaires d*argent, à Vienne, à '
et à Berlin, il est égalcuunt d'argent. M. Cohen ( Vile
n" 102), ne l'ayant décrit que d'af>rès Morell, supposai
c'était une pièce fourrée.
Quant aux médailles des diverses collections de Turin
dois la communication à M A. Fabretti.
Les quatre pièces de Turin indiquées dans mon mémoir
n** 3, 7, 8 et 48, font partie du médaillicr de TUniversii
Turin. Dlacas d^Vcl
Ayant nçu de M. Vabhé Cavedoni quelques observs
nouvelles sur les niédailles autonomes romaines, je me sui:
pressé de traduir»^ ces observations de Titalien en français
les communiquer aux lecteurs de la Revue. J. ^
J ai lu avec un véritable plaisir le mémoire numisnia
de M. le duc de Dlacas , intitulé : Essai sur les médailles <
nomes romaines de iépoqae impériale. Ce travail, ren) pli ded
et judicieuses remarques, m'a d'autant plus intéressé que
m^me j'avais parlé de ces médailles à deux reprises diffère
CHRONIQUE. â9l
trabord «lans le Bulletin archéologique de Naples^nnnée V, 1847.
p* 8 , et ensuite dans les Annales de f institut de correspon-
dance archéologique, t. XXUI, 1851, p. 44» 251.
En tous points je ine range à Tavis du savant auteur, même
quand il dit que j'ai eu tort de manifester qb léger scrupule h
rencontre d'un avis de M. Cohen qui restitue à l'époque de
(jalba deux deniers au type do la famille Junia *. Toutefois je
ne saurais admettre la supposition de M. Mommsen, adoptéo
par M. le duc de Blacas, qu'une partie des monnaies fourrées
de cette série aurait été émise avec l'autorisation du sénat
romain ( cf. Bull. arch. italiano, anno I, p. 58).
Ce qui est remarquable daus celte séi ie, c'est l'imitation ser-
vile des tètes et drs types des monnaies de la république, imi-
tation que je serais tenté d'appeler un plagiat numismatique.
Ces types appartiennent pour la plupart au vu* siècle de Rome et
aux premières années du siècle suivant. L'auteur a déjà fait cette
remarque; j'ajouterai ici quelqiK^s autres observations à l'appui
de ses raisonnements pour prouver les emprunts dont il s'agit,
16. — VIRT. Tête de la Valeur roitféc d'un casque décoré de
deux ornements en forme de spirale. Ce type ressemble beau-
coup à celui des deniers qui portent les légendes L.IVLI.L.F.
CAESAR et Q.THERM.M.F., sinon que sur ces deniers le casque
est orné en plus de deux plumes.
17. — ROM A RESTITVTA. Buste de Rome avec un casque à
crinière. Ce casque ressemble tout à fait à celui de la tête qui fîgun^
sur les deniers portant la légende M. POBLICLLEG.PRO PR. , frap-
pés en Espagne Tan 679 pour le service de l'armée de Pompée.
^. — La corne d'abondance placée près de l'épaule droite du
Génie du peuple romain est un attribut pris de la figure debout
du même Génie représenté sur les deniers de P. Lentulus :
P.LENT.P.F.
28 et 29. — ROM A. Tête de la déesse Rome avec les cheveux,
> Suprà, p. 228.
* m
392 CHRONIQUE.
tressés, relevés et réunis par un nœud sur le sommet. Cette d
position est une imitation de la tète de Rome des deniers
Caton : M.GATO PRO PR., frappés en Afrique en l'an 707 f
Caton d'Utique.
39. — BON.EVENT. Tête de Bonus Eventus avee un lar
bandeau sur le front. La légende et la tète sont copiées des d
niers de Scribonius Libo. Ce bandeau sur le front donne à co
naître que la statue de Bonus Eventus était dans l'origine i
ouvrage de travail étrusque. Cf. Ragguaglio dei ripoBiig>
p. 128.
40. — SALVS PVULICA. La tète laitrée de la Santé est copi
de celle qui se voit sur les deniers de H. Acilius, ACILIVS
VIR, magistrat monétaire vers Tân 700 de Rome.
54 et 55. — LIBERTAS RESTITYTA. La disposition des ek
veux de la Liberté est celle qui se voit sur le denier de M. Brut
ayant au revers le consul marchant accompagné de trois l;
teurs.
Maintenant je dirai quelques mots des types et des symbo
particuliers.
9. — Le sanglier désigné sous le nom de sus gallicus devn
ce me semble, être nommé plutôt sus celiibertcuSf par la rais
que le sanglier était l'enseigne propre à la Tarragonaise et p
ticulièrement à la ville de Clunia*. Cf. Borghesi, Decad.y^
oss., 9, 10.
1 C'est ravis d*Kckhel {D, N,, VI, p. 298}, et Vên ne peut BÎer <iae le p
ne soit an emblème de la Tarragonaise ; il figure sur les médailles colonii
de Clonia. Flqrez, MedalUu de Espana, Ub. XX, n* 4* Ce fat à Clnnia <
Galba reçut les auspices et les présages les plus favorables poor l'engage
prendre les rênes de Tempire. Sueton.^ Galba , 9. Il existe une médaille
grand bronze dont le type fait allusion à ce fait : HISPANIA CLVJs
SVL.S.C. L*emperear assis tenant le parazoniam ; en face , VEuptiffiB f
sonnifiée debout, la tête toarrelée et tenant une corne d'abondance»
présente la Victoire. Eckhel , D. iV., VI, p. 294.— Cohen, JfofMioéM dt fm
romain, 1. 1^ p. 232, et pL XIII, n* 130. — Flores {L cil., tak. LVHI , n* t
publié une médaille à légende celtlbérienne, au reven de laqneUe est rsf
/
CHRONIQUE. 393
5. — Le lituus à large ouverture placé derrière la tète de la
Gaule paraît être Tinstrument qu'on désignait sous le nom de
x^ov, xdipvuC, et qui est appelé (toLk-Kv^fi ISuxpui?^^ par Diodore de
Sicile, Bisi., V, 30. Cf.K.O. Mûller, DieEtrusker, t. II, p. 207,
909, 211.
14. — VESTA P.R.QVlRmVM. Vesta se trouve naturelle-
meot associée à Jupiter Capitolin, I.0.M.CAPIT0L1NVS, parce
que les Romains avaient l'habitude de jurer par Jupiter Capitolin,
par Vesta et par Mars Pater. Cf. Bull. arch. Nap., ann. V,
p. 8.
52. — S.P.Q R. Légende inscrite autour d*un bouclier rond
posé sur deux hastes croisées en forme d'X. L'auteur a oublié,
dans sa description, de signaler les deux hastes croisées placées
sous le bouclier, quoique dans le dessin (pi. IX, n*39) elles
soient bien visibles, et encore plus distinctement indiquées sur
la médaille correspondante de Galba» dans la gravure de Morell.
(Fam. Sul/ncia^ tab. II, F. — Cf. Cohen, Médailles impérialeSf
1. 1, p. 219, n*" 9). Le bouclier joint aux deux hastes ou à la
haste et au parazonium étalent les insignes distinctifs du prince
de la jeunesse, princeps juventutù, titre donné à Auguste après
la bataille d'Actium et qui aura été probablement conféré aussi
à Galba, quoique déjà avancé en ftge, dans le moment où il
86 contenta de changer le titre de legaius en celui de César.
■enté un cavalier portant renseigne snrmontée dn sanglier. Le sanglier figure
aoMÎ sur lee deniers de la famille Cœlia, près d*une enseigne qui porte la
légende HIS(pama}. Voir Cohen, Médaillée de la république romaine^ pi. XIII,
CaUa, n** 5 et sniv. — Cf. oe que dit M. de la Saussaye {Revue mm , 1840,
p, SS9) sur les rares médailles de Celti, d'Obulco et d^Ostur au type du san-
glier. — Cest Tanalogie du type de la médaille de Vienne n* 2 avec celui
da denier n* 5, où l'on voit aussi renseigne surmontée du pore au revers du
bnate de la Qaule, qni a engagé M. le duo de Blacas à reconnaître de préfé-
rence sur les deux pièces le eue galUcue^ et en se fondant sur les recherches
de M. de la Saussaye, Revue uum., 1840, p. 240 et suiv. Tout en inclinant
phitdt pour la Gaule, il se pourrait toutefois qu*un des sangliers se rapportât
à l'Espagne, tandis que Tautre serait l'emblème de la Gaule. J. W.
i
\A
à
M-
ï
r«
39A CURONIQUE.
Suelon, ea/6a, 41. — Cf. Annales de l'Institut arch., t. XVIII,
4846, p. 425-128, elt. XXHl, p 250, n' 9.
63. — SALVS GENERIS UVMANI. Galba fut acclamé pai
raccord du genre humain , coi»er»ttô generis humani^ dit Tacite
{Hht.y 1, 30); et dans une inscription de la grande Oasis
{Corpus inscr. gr., n* 4957, vs. 7 et 65), il est dit qu'il parut
pour le salut de tout le genre humain , in\ t^ ot^n^pt^ toû rsvto^
(iveptiTTcov Yévouc. — Cf. Ann. de VhiSt. arch.yi. XXllI, 4854,
p. 249, n° 6.
69. — SALVS ET LIBERTAS. Pallas debout, tenant une hastc
dans la main droite et de la gauche appuyée sur un bouclier,
peut recevoir Tépithète de Pallas Hygie (Vy^^**) o" Medica, Toii
Paciaudi, Monum. Pelopon,, t. II, p. 455. —Cf. Corp. inser,
gr., n° 475.
73. — I.O.M.CAPITOLINVS. Buste de Jupitrr barbu et dia-
dème, avec une petite palme placée sur la poitrine. Cette parti-
cnlaritésc rapporte à un rite sacré; le triomphateur devait au
Capitole poser une palme ou une branche de laurier sur tes
genoux de Jupiter, laurum aut palmam deponebat in Capitolio,
palmam dabat , lauream in gremio Jovis Capitolini collocabat,
Marini, Fratres Arvaies, p. 642.
Puissent ces courtes observations être agréées par Fauteur du
mémoire sur les médailles autonomes romaines comme un
hommage rendu à ses recherches pleines de sagacité et d'éru-
dition !
C. Cavedori.
NÉCROLOGIE.
La fieme vi^nt de perdre un de ses plus anciens et plus zélé
collaborateurs, M. le baron de Crazannes, décédé à Castelsar
razin lé 15 août dernier, alors qu'il venait de voir s'accomplii
sa quatre-vingtième année.
CHRONIQUE. 305
Jean-Marie-César-Al xandre Chaudruc de Crazan nos était né
au château de Grazannes, près de Saintes^ le 31 juilH n82. H
fit ses études au collège militaire de Sorrèze; mais il embrassa
une carrière civile. D'abord secrétaire du préfet du Gers, il
devint ensuite secrétaire général de la préfecture d'Orléans,
puis sous préfet à Figeac, à Lodève, à (^stelsarrazin , maître
des requêtes au conseil d'État.
Il avait été aussi inspecteur-conservateur du musée d'Antiqurs
de la Rochelle, et eut toujours pour l'archéologie une passion
qui survécut à ses emplois. Nommé chevalier de la Légion
d*honneur en 1814, il fut, trente et un ans plus tard, promu au
grade d'officier. 11 était, depuis le 9 mars 1808 , correspondant
de la Société impériale des antiquaires de France, et depuis
1837. correspondant de Tlnstitut, Académie des inscriptions et
belles-lettres.
Outre divers écrits littéraires, M. de Grazannes a publié un
travail intitulé : Antiquités de la ville de Saintes et du déjmrte-
ment de la Charente-Inférieure, 1820, et des articles nombreux
dans la Revue arcliéologique , la Revue d* Aquitaine et autres re-
cueils périodiques. Geux qu'il a donnés à notre Revue se classent
ainsi :
1838. Nouveaux éclaircissements sur P attribution d une monnaie
de Béam. — Triens mérovingiens des villes d'Auch , Bazas et
Saintes. — Médailles gauloises trouvées à Saintes. — Lettre sur
les médailles des Saiitons,
1839. Lettre sur les monnaies gauloises au type de la roue ou de
la croix. — Monnaies mérovingiennes de Cahors. — Monnaies
épiscopales et municipales de Cahors, — Notice sur un piéfort
frappé à Figeac par le Prince Noir.
1842. Médaille Contoutos.
1844. Attribution à Solonium, Solonum ou Solo de la médaille
avec la légende SOLLOS. — Sur la monnaie des évêques de
Lodève.
306 CHRONIQUE.
1845. Notice sur une médaille inédite de LucteriuSj chej
Cadurci.
1847. Attribution aux Elusates d'Aquitaine d'une monnaie
vie sur leur territoire.
1848. Sur une médaille d'André Grittiy doge de Venise.
1849. Médailles de Marseille.— Triens de Toulouse.
1850. Cabellioet Abellio.
1851. Deniers de Cahors.
1854. Denier d'Amauri II, comte de Fezensac.
1855. Monuments graphiques sur le protestantisme.
1856. Du cheval-enseigne sur les médailles gauloises, et p
culièrement sur celles de F Aquitaine.
1857. Note sur la découverte faite en Normandie d'une moi
d'or classée parmi les médailles de Pannonie. — Lettre â A
Witte sur quelques médailles des deuxTétricus. — Lettt
à M. Adr. de Longpérier} au sujet de sa dissertation sw
barré de Henri IV.
1858. Sur un statère d'or de Philippe II, roi de Maeédi
découvert en Saintonge.
1859. De l'emploi alternatif de deux différentes monnaies
gneuriales du moyen âge dans les mêmes actes.
1860. Lettre sur un médaillon d'or de Constantin le Jeune.
M. le baron Chaudnic de Crazannes portait à notre re
UD vif intérêt qu'il n'a cessé de manifester jusqu'à la fin (
vie, tant par sa constante collaboration que dans la vaste
respondance qu'il entretenait avec les anciens et nouvi
directeurs de la Revue, et un grand nombre de savants i
quaires de tous les pays.
A. L.
MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
DISTATËRE D'OR DE PHILIPPE II,
ROI DE MACÉDOINE.
Dans son bel ouvrage sur la Numismatique SAlérmndre
et de Philippe^ M. Muller dit, à propos des monnaies de
ce dernier prince : « Il n'existe point de doubles statëres
« de Philippe H comme il en existe d* Alexandre le Grand.
«Une pièce d*or fourrée qui se trouve dans le musée
(( Tborwaldsen ' fait pourtant conclure que de telles mon-
if naies avaient été frappées '. »
La magnifique pièce que nous publions aujourd'hui et
qoi Be trouve entre les mains de MM. Rollin et Feuardent,
vient combler la lacune que le savant antiquaire de Co-
penhague signalait dans la série monétaire du premier
* Millier, Description des médailles du musée Tltorwald^en^ p. 101, n* 608.
* Numismatique d* Alexandre ^ p. 336, note 7.
1862. ~ 6. 28
S98 MÉMOIRES
auteur de la puissance macédoni
au nom et aux types de Philippe
travail et indubitablement frappé <
prince dont il porte la légende. C<
tfaenticité ne saunût être mise ui
ne pèse, dans Tétat actuel, que
simples statères de Philippe donnei
pour le taux normal du distatère ,
celui que le père d'Alexandre emp
d*or ; mais elle a notablement per
par suite du trou dout elle est per
lime qui se remarque sur le bord
la tète d* Apollon.
Le lieu d'émission est indiqué p
que Ton voit au revers sous les
traînent le bige allusif aux victoi
jeux d'Olympie. M. Mùller * îitlriL
de Tbessalie, ville célèbre par le h
attirait constamment un grand cou
daos le peiit type du serpeni , figu
grand nombre de pièces de Philipj
porte, selon nous, de distinguer
cliiïérenles, que M. Mûlleracoofo
est représenté dressant sa tète et i
sur sa queue enroulée en un seul
lude de vigilance qui est donné
monuments antiques au serpent à*.
sur notre distatère, il déroule ses
un mouvement presque horizontal
* ^s'umiivialiqu' d'Al^randre^ p. 18H.
« Sirab., LX, p. 437. — Themisl., Orat., S
£T DISSERTATIONS. S09
eDDemi, attitude qui ne saurait convenir à la couleuvre
sacrée du dieu de la médecine. Ce sont deux symboles
distincts et qui ne doivent pas désigner le même atelier
monétaire. Entre les deux, il y a au moins autant de diffé-
rence qu'entre les deux casques qui, sur les pièces des
mêmes rois désignent, l'un Scioné de Macédoine ', l'autre
Mésembria de Thrace ', qu'entre les deux tridents qui dé-
signent, l'un Pbalasarna de Crète*, et l'autre Priène
d'Ionie*. Le serpetit d'Esculape se retrouvant comme sym-
bole accessoire sur les monnaies de rois de Macédoine
postérieurs au partage de l'empire d'Alexandre •, ne peut
être que la marque d'une ville de la Macédoine proprement
dite ou de la Thessalie, et par conséquent on doit y recon->
naître avec M. MûUer l'indication de l'atelier de Tricca^
Le serpent s élançant sur sa proie se rappoite à une cité où
Philippe II, Alexandre et Philippe Arrhidée ont seuls battu
monusâe, c'est-à-dire à une cité de la Grèce ou de la
Thrace. Mais la véritable attribution de ce symbole est
fournie par les pièces de Philippe • et d'Alexandre ', où
Dous le trouvons associé au bouclier béotien. C'est une
seconde manière de désigner l'atelier de Thèbes, et on
doit y reconnaître le fameux serpent de Mars qui gardait
la fontaine de Dircé en dévorant tous ceux qui en appro-^
cbaient, que combattit et tua Cadmus, et dont les dents,
semées en ferre, produisii*ent les Spartes, premiers habi*^
1 MUUer, Alêjondn, n* 191.
» /bl<l.,D- 431-486.
» /Wd., n» 909.
* IbùL, n- 1026-1032.
» MuUer, atla», p. XXXIV.
• Millier, Philippe, n«* 203 et 204.
"î MiiUer, Alexandre, n* 7Ô4.
AOO
MÉMOIRES
tant S de Thëbes *. Bien que la plupart du temps les vill
n'eussent qu'une seule et constante figure pour marque <
leurs ateliers dans la numismatique des rois grecs, il <
est cependant quelques-unes que nous trouvons en possc
sion d'un double et triple symbole, qui s'exprime tant
par la réunion de ces divers objets sur une même pièc
tantôt par l'un ou l'auti^e exprimé isolément. Ainsi Amph
polis se désignait tantôt par un flambeau de courte , tant
par un bucrane dont une corne est élevée et Vautre abahêée
C'est de la même manière que nous croyons que le $erpe\
de Mars et le bouclier étaient deux symboles appartena
l'un et l'autre à l'officine monétaire de Tbëbes. Nous pei
sous même qu'il faut donner à cette ville le statëre <
Pbilippe II ' et les deux drachmes d'Alexandre ^, où l'on vg
un thyrse exactement disposé comme sur le tétradrachn
d'Alexandre % où il est uni au bouclier béotien^ ne dés
gnant pas l'alliance monétaire avec une autre cité, ma
faisant allusion au culte du Dionysus thébain.
Nous considérons donc le distatëre de MM. Rollin <
Feuardent comme frappé à Thëbes, et cette attribution e
confirmée par deux circonstances importantes. La pn
miëre, que le style de cette pièce n'est eu aucune façc
celui des monnaies de Pbilippe fi-appées en Macédoine, c
Tbrace ou en Tbessaliea Cette particularité se remarqi
surtout dans la tète du droit, où l'on reconnaît à des sigm
îfâ
* Hellanio. et Pherccyd., ap. Schol. ad Euripid., PhflmïM., ▼, 657 et 662..
ApoUodoT., 111, 4, l.— Ovid , Metam., 111, v. 60 et seq. ~ Pansan., IX 5.
^ Hygin.. Fab. 178.
» MttUer, p. 127-132.
» Miiner, PhUip^^, n« 268.
^ MUller, Alexandre, n**' 662 et C63.
» /fttJ.,n-75«.
ET DISSERTATIONS. &01
incontestables le travail d'un artiste peu habitué à retracer
le type de T Apollon à cheveux courts d^khisœ dans la
Piérie \ dieu national des Macédoniens, et pins familiarisé
avec l'image de l'Apollon intomus des Hellènes. La seconde
considération , encore plus puissante qne la première, est
que l'or de cette pièce n'est ni l'or rouge à 0,99 de fin que
Ton monnayait tel qu*il sortait des mines du mont Pangée ',
ni l'or jaune à 0,98 de fui, que l'on distingue facilement du
premier et que l'on tirait probablement des mines ouvertes
par Philippe en Thessalie '. C'est au contraire l'or blanc et
fortement allié d'argent des statères de Thèbes, fabriqués
peu de temps avant l'invasion an conquérant macédonien.
Le lieu d'émission étant ainsi déterminé d'une manière
qui nous semble incontestable, notre distatère prend une
date certaine et se rapporte à un événement historique
précis. Ce fut, en effet, en 338 avant l'ère chrétienne, qu'à la
suite de la bataille de Chéronée Philippe entra dans Thèbes,
qu'il traita en ville conquise, et mit une garnison macédo-
nienne dans la citadelle de la Cadmée \ C'est seulement entre
cette date et celle de 336 où il mourut, c'est-à-dire dans
un intervalle de deux années, que des monnaies purent
être frappées en son nom dans la grande cité de la Béotie.
François Lenobmant.
« Hi^rodot., VII, 123. — Ilesycb., Suid» et Stopb. Byz., v. i/valo;.
•Diod.Sic, XV1,8.
> Justin.. YIII, 3.
♦ Diod. Sic, XVI, 87.— Justin., IX, 4.
&02
ItfÊUOIRES
NOTICE SUR QUELQUES PLOMBS ANTIQUI
(PI. XV et XVI.)
Parmi les milliers de plombs anliques qui m*ont
sous les yeux depuis quatorze ans « il m'a paru que
que je publie ici ont quelque intérêt. Ils sont presqui
inconnus et ils joignent à ce mérite celui d*apparti
des classes diverses, ce qui me fournira roccasâon d
peler quelquefois les observations que j'ai faites dans
ouvrage, intitulé : Piomfn antirhi, publié à Rome en
et de corroborer par de nouvelles preuves ou de dl
les opinions que j'y ai émises.
Et d'abord je dois supposer comme fait snffisan
connu que les anciens se servaient du plomb pour s
les actes publics ou particuliers, pour faire des poids
tessères ou billets d'entrée aux spectacles, pour amu
(ryuXaxr/ipux); nous avons sur ces diverses classes de pi
des témoignages indubitables, et je crois en avoir dit
dans mes Plombs antiques déjà cités. Toutefois c'est
que j'ai cherché à établir que les petits disques de ]
qu'on trouve habituellement en si grand nombre da
terres aux environs de Rome, étaient tous des tessè:
que j'ai rangé parmi les essais de coins une classe |
culiëre de p1onU)s qui pour les types ne difl^re en
ET DISSËHTATIONS. A03
des monnaies ; en consér^uence j*étais d'avis que jamais à
Rome, ni en Grèce on n'avait frappé de monnaie de plomb.
D'ailleurs je me trouvais précédé dans cette opinion par
E. Q. Visconti, Eckhel, Sesiini, Labus et Stieglitz, qui ont
soutenu que tous les petits disques de plomb sans excep-
tion aucune étaient des tessères , tandis que le plus grand
nombre des antiquaires donne le nom d'essais de coin aux
plombs portant des types connus par les monnaies. Je ne
savais pas que le seul Stieglitz avait adopté une manière
de voir qui tient en quelque sorte le'milieu entre ces opi-
nions extrêmes. Il était porté à cnxire que quelques-uns de
ces plombs pouvaient avoir servi comme tessères, non-
obstant qu'ils reproduisent des types identiques à ceux
qu'on trouve sur les monnaies.
Le fait est que nous sommes obligés de reconnaître dans
certains de ces plombs des monnaies véritables, quand
même les types ne se voient sur aucun des trots mélaux,
l'or, l'argent et le bronze. Il est donc positif que chez
quelques peuples on frappait des monnaies de plomb, que
ces monnaies tenaient Heu de la monnaie légale, soit que
certaines familles eussent le privilège d'en frapper, soit
que ce droit fût réservé aux smintendants de la monnaie
pour un temps déterminé jusqu'à ee que, devenue nuisible
au commerce, une telle mesure eût été supprimée par une
loi. Nous trouverons quelques exemples de ces plombs
parmi ceux que je vais tâcher d'expliquer \ Je ne veux pas
pour cela dire que^ quelques-uns de ces plombs ne sont pa.s
l'ouvrage de fïiussaires anciens dont le travail est facile
• M. Devillo {Revue numigm., 1846, p. 165 ) a dôjà publié doux moniiuies «l^^
plomb appartenant aux anciens Gaulois.— Voir nnssi svprà, p. 169 et 170.—
H. do Longpérier a signalé Texistonce d'autres monnaies de plomb,, dans In
firr<i« nutnùnnatiqw! de ljB61 , p. 253 et 408 et suiv. J. W.
A0& MÉMOIRES
à reconnaître aux erreurs dans les légendes et à la juxl
position d'nn type au droit et d'un revers appartenant
des époques différentes; je crois pouvoir fournir de
exemples de ces plombs fabriqués par des faussaires.
I.
Je connais deux plombs de Jules César dont les rev<
n'ont rien de commun avec ceux de ses monnaies. Le pi
mier de ces plombs a été signalé par Stieglitz * et po
au droit la tête du dictateur, tournée à droite; devj
DIV ; derrière, le lituus augurai. Que si Ton conip:
ce type avec la pièce de Voconius Vitulos, monétaire
César •, on voit qu'il faut compléter la légende en lia
DlVt JuV. Stieglitz lisait au revers SEX.P.IMP. et croyai
voir une femme nue, plicée près d'un autel allumé, ten;
dans la main droite deux cornes d'abondance, et dans
gauche un flambeau renversé ; à droite dans le champ
autre flambeau. Hais quelle que soit la figure, l'objet pi;
dans le champ paraît plutôt être un carquois accompaf
de Tare et non un flambeau.
Le second plomb montre la tète laurée de Jules Ces
tournée à droite; devant la légende tronquée Dli
PERPE et autour un grènetis de globules ou de perl
Quant à la légende, on doit la compléter, ce me seml
en la comparant avec Tes deniers frappés par les mo
taires Lucius Buca, Caïus Maridianns, Publius Macer, el
la manière suivante : Caesar DICT.PCRPEitio '. Le re^
' Arck, Uuttrsuch.y pi. IX, 5.
' Cohniif itonnaies de la république romaine, pi. XLÎI, Voconia, n* 2.
' Cf. Cohen, Monnaies de la république romaine, p. 160.
ET DISSERTATIONS. A05
également entouré d*un grènetis montre un aigle placé
sur un autel oméd*une guirlande et au moment de s'en-
lever de terre pour prendre son vol ; à côté de lui est une
palme qui semble s'élever de l'autel et s'incline vers la
droite; à côté, à droite, on litCON. ou CONS. Ce plomb
appartient à M. L. Saulini (pi. XV, n* 1 ).
Je remarque sur la première comme sur la seconde pièce
des abréviations ou sigles insolites. On devrait lire SEX.
PIVS IMP. ou SEX.POMP. et nous trouvons au contraire
SEX.P.1MP. et sur le second plomb COV, mot qui ne peut
avoir aucun sens raisonnable si on ne le rapporte au cin-
quième consulat de César qui tombe dans l'année même
dans laquelle il se fit proclamer dictateur perpétuel, et qui
fut la dernière de sa vie.
Je crains bien que ces deux plombs n'aient été fabriqués
par des faussaires anciens, et ce qui me confirme dans cette
opinion c'est l'étrange association d'un portrait de Jules
Gésar divinisé sur le premier avec le nom de Sextus Pompée
et les symboles de la paix, à moins pourtant qu'on ne doive
mettre cette prétendue monnaie à l'année 715, année dans
laquelle la. paix fut conclue entre Octave et Sextus
Pompée.
Quant au second plomb, si Ton veut que la dernière des
trois lettres du revers soit un N qui a perdu le jambage
de gauche, le plomb ayant en effet souffert de ce côté, et
que par conséquent il faille lire CON.^ecra/to, je ferai ob-
server que la légende du droit s'oppose à cette lecture,
car avec la consécration se trouve toujours l'épitbète de
divus. Dans ce cas il faudrait donc admettre que les deux
faces de la monnaie sont en désaccord. Et d'ailleurs il me
parait hors de toute vraisemblance de supposer que la lé-
gende CONSECRATIO commence, contre le bon sens, là où
A06 MÉ1I01BES
elle devrait fiDir ^ D'après ces considérations il est (
probable que les trois lettres COV doivent s'interph
par GOS.V ou bien encore que cette pièce est une roono
illégale.
II.
Le plomb suivant (pi. XV, n*" 2) appartient à H. U
Nardoni. On y voit la tète de Vitellius, accompagnée
la légende A.VITELUVS GERM.IMP.AVG.TR.P. Au rev
sont placés en regard les portraits de ses deux fils ; aut<
on lit : LIBERI IMP.GERH.AVG. Il est singulier mais nul
ment nouveau dans la numismatique que les deux chan
du droit et du revers soient de diamètres dilTérents ;
droit c*est le module trois, au revers le module cinq. Je
terai comme exemple la monnaie attribuée à Palaciam
publiée par Sestini \ et une pièce incertaine de l'Étru
dans la collection Kircher *. Une telle disposition
rencontre fréquemment sur les monnaies frappées
Sicile par les proconsuls romains. Spanheim^ a I
graver un aureus aux mêmes types que le plomb que
publie ici ; mais le coin n'en est pas exactement semblal]
1 A moins pourtant qu'il n^y ait eu là la légende Juppiler contfrcalor <m
consercatori. J. W.
* Deêcript, nummorvm r«<er, , tab. I , «• 2. — Cf. Carelli , tab. 5
* G. Marclii e P. Te98Îeri, VuEi gravt del tntiteo Kirchêrianù^ ineerte, taT.
A,n*4.
* DeTprr.it, et u<u numt«m., II, p. 327, <»d. Amstel., 1717. — Xon-tenifir
le plomb publié ici o.st semblable à la pièce d*or du recueil de Spanheîm, n
aux autri'8 pièces d'or et d*argent qui existent dans plusieurs colleelic
Voir Cohen, Deicriptioix historique.de» monnaiet frappées êouê C empire r^mi
l, I, p. 268. J. W
ET DISSERTATIONS. A07
III.
Le plomb (pi. XV, n* 3) dessiné par les soins de Millingen,
en la possession duquel il était , appartient à Adana de la
Cilide, ville dont les noédailles ont été illustrées dans un
mémoire de l'abbé Belley *. Ce savant pense qu' Adana est
la ville que les anciens géographes ont désignée sous le
nom A*Antiochia ad Sarum. Il n'a connu aucune monnaie
portant les types de notre plomb où l'on voit au droit la
tête de Sérapis et au revers le fleuve Sarus nageant', ac-
compagné de la légende : AAAN€ilN. Sur une autre
monnaie de l'époque de Maximin , on voit la ville d'An-
tioche de Cilicie assise, ayant à ses pieds le fleuve Sarus ',
figurée comme Antioche sur TOronte. La légende se lit :
HAEIMEINIAN^N AAANE^N. Il me paraît hors de doute
que les monnaies que je viens de décrire, celle de Yitellius
et celle d' Adana, n'ont pas été frappées avec les coins lé-
gaux comme le sont au contraire les nombreuses pièces de
plomb grecques et romaines qu'on trouve chaque jour aux
environs de Rome. Je me rappelle avoir vu récemment
parmi ces plombs, un entre autres à l'effigie d'Hiéron, sem-
blable à la pièce d'or gravée dans l'ouvrage de Torremuzza * ,
et un de Crotone, analogue au didracbme d argent avec la
tète de Junon Lacinienne au droit et l'Hercule assis au re-
vers, pièce publiée dans les planches de Carelli *. J'ai fait
« Mémoires de VAcad. dee inscript. et belUs-lettref, t XXXV, p. 610 et 8uiv.
' Mionnet (t* in,p. 562, n» 121 bis) décrit une pièce de bronze du mo*
dule 3, tout à Tait semblable. J . W.
» Museo Tiepolo, 11, p. 1035. - Cf, Mionnet, t. 111, p. 563, n" 132.
* TftH. XCVIIl,nM.
» T»b. CLXXXIV.
A08
MÊMOIBES
le catalogue de ces pièces et d'un grand nombre d'autres
dans le supplément que je me propose de donner à me:d
plombs antiques (Appendice ai piombi ar>(tcAt) , ouvrage déjà
préparé pour Timpression.
IV.
; i
\fl
r^a
■^-1
La darique de plomb (pL XV, n"" h) tirée des dessins
préparés par Millingen et restée inédite comme la pièce
précédente, est une chose tout à fait nouvelle. J*ignore eo
quelles mains ont passé les originaux; car c'est d'une
épreuve de planche gravée qui m'a été communiquée par
M. Bossi que j'ai tiré les dessins des deux plombs ayant
appartenu à Millingen. Nous apprenons d'Hérodote * que
Darius ùi frapper la première monnaie d'or pur qui prit
de lui le nom de darique, et que la pièce d'argent pur fut
fabriquée par Aryandès , gouvenieur de l'Egypte pour le
roi de Perse, et se nomma aryandique. Les écrivains*
donnent le nom d'archer à la figure que Darius fit mettre
sur cette monnaie, et pour cette raison on appelait ces
pièces également ro^orac Mais cette figure est l'image
même du roi Darius. Les pièces d'or qui nous ont été ap-
portées de la Perse sont en général globuleuses et épsûsses,
d'une configuration presque informe et oblongues, et mar-
quées d'un côté de la figure de l'archer royal. On y dis-
* IV, 166. — Cf. oe quo dit M. Waddiogton (Aevw mMiùm., 1856, p. 49)
sur rhistoire d'Aryandés. Le crime du satrape, aux yeux de Darius, n'aurait
pas été d'avoir fait frapper des monnaies, mais d'avoir attaché son nom à use
monnaie qui rivalisait par sa pureté avec celle qui portait le nom de Dariw.
J. W.
* Pluturch., J[/e«t/., 15 et Apophlkêgm, Aacon., p. 211. • JiUian.. Vew.
hi9tor., I, 22. — Cf. Eckhcl, D, A'., 111, p. 551.
ET DISSERTATIONS. A09
tîngue clairement la cidaris radiée comme sur notre plomb;
au revers est un carré incus. Sur quelques-unes d'une fa-
brique plus récente et frappées pour les satrapies , on voit,
au lieu du simple carré creux , Tempreinte d'une proue de
navire; sur la darique publiée par M. le duc de Luynes *,
l'objet figuré dans le carré est incertain ; le savant interprète
croit y reconnaître un large bassin dans lequel s'agitent
des (lots, et il attribue cette pièce à quelque cité maritime
de rionie ou de la Carie. Notre darique de plomb offre donc
une représentation nouvelle : on y a figuré, à ce qu'il
semble, un bassin carré dans l'intérieur duquel on voit
des boules, qui peut-être font allusion au tribut de dariques
d'or payé au roi par les peuples soumis à son empire *.
Je ne connais aucune monnaie ni italiote ni sicilienne
qui se ra|)proche davantage du plomb gravé sous le n"" 5
que la monnaie d'IIiméra, sur laquelle est figuré ordinai-
rement un coq; mais cependant il faut convenir que si les
monnaies d'IIiméra ressemblent par le type et par les glo-
bules à ce plomb, elles en diffèrent dans d'autres parties.
Car si sur ces pièces le corj occupe le droit et les globules
le revers, sur le plomb, au contraire , le coq et les globules
sont figurés fiu droit, et le revers ne montre qu'un seul
globule placé au milieu et le reste du champ est lisse. De
plus, sur les monnaies connues d Himéra, les globules sont
au nombre de six, disposés sur deux lignes, tandis que le
» Annaltë de VInst. arch.,i. XIII, 1841, p. 165, et Monum. inéditi , t. III,
pi. XXXV, n- 33.
• Cette ezplicntîon nous semble du moins douteuse. J. W.
AlO MÉMOIRES
plomb en fait Toir pour la première fois dix^ tous n
dans le champ dont le milieu est occupé par la figu]
coq. Quant au module, les bronzes d'Hîméra soi
sixième module et le plomb du àeptiëme. Voyous ou
nant ce qui résulte du poids.
Arîstote, d* après le témoignage de Pollux \ disait,
son ouvrage sur les républiques, que les habitants
Sicile ne divisaient pas, comme les autres Grecs, l'ob
en six ni en huit chalques, mais en douze. Le Père Ron
fait observer qu'Aristote peut-être n'a voulu parler qu
seuls habitants d'Himéra, et promet de démontrer
ment, dès les commencements, la ville d*Himéra suivit
son monnayage dautres règles que le système mon<
de Syracuse, dont elle ne se rapprocha que plus tard, i
avoir émis des monnaies d'argent et de bronze dai
système particulier. Comme j'ignore quel système le
religieux compte exposer, je suis toutefois charmé à
offrir, dans le plomb gravé pi. XV, n* 5, un monumei
ne peut laisser que d'avoir une certaine importance
l'histoire monétaire de la Sicile *•
VI.
Ce sixième plomb (pi. XV, n* 6) est tiré de la coUe
choisie de M. l'avocat Joseph Lovatti. Je serai obligé c
1 Onomoêt.y LX , 6, 87. — Le pMttge d*ArUtot« mentioBné pur P^U
peu clair, et il ue me semble pas possible d*eu tirer les eoDclnsiont que
leur y cherche. J.
' DH ptsi e delk moneie «taie in «mo antic, in StciUa, art. III , p. 15.
' Rien ne prouve qne ce plomb appartienne à Uiméra. Le coq te ¥«
s<fulement sur les médailleà d*Hadrif^ du Picenum , mais encore sor les
Aaies do plusieurs villes de la Campanic, Cales, Teoovm, Yesafrum. «
ET DISSERTATIONS. 414
Irer dans quelques développements au sujet de ce plomb,
attendu la grande importance qu'il a pour la numismatique,
n me parait qu'en niant le monnayage légal du plomb
et de l'étain , on est trop porté à aflirmer que jamais il n'y
a eu de monnaie fabriquée avec ces deux métaux. U fau-
drait passer sous silence la loi Comelia de faUo , promul-
guée par Sylla en 678 , par laquelle il est prouvé qu'on
frappait pour servir de monnaie le plomb et l'étain en
même temps que les trois autres métaux reconnus d'une
manière légale.. Cette loi défendait d'acheter ou de vendre
des monnaies d'étain ou de plomb , et puisque cette dé-
fense y est exprimée, il en résulte forcément qu'on en
frappait de temps en temps dans ces deux métaux et que
ces monnaies entraient dans la circulation , et si Ton n'a-
vait pas eu en vue de réprimer un abus de cette espèce,
il n'aurait pas été nécessaire de faire une loi. Dlpien *
dit : Lege]Comelia exprimitur^ ne guis nummos slagneox
plumbeos emere venderedoïo malo vellet. Or, ici nous avons
un fait, et la question de savoir si l'émission de cette mon-
naie était légale ou non n'entre pour rien dans cette dis-
cussion. On a encore une autre considération à faire valoir.
n ne me paraît nullement prouvé que les Romains n'aient
paâ fondu ou frappé des monnaies de plomb ou d'étain dans
certaines circonstances extraordinaires, quand le bronze ou
l'argent venîiient à manquer. Nous savons que dans ces
circonstances on diminuait la valeur effective de la mon-
naie par la dimifmtion du poids ou par Talliage de métaux.
à bas Ùtve. D'ub autre côté , la diminution du poids et le*
métal de baa atoi ne constituaient pas seulement une valeur
temporaife, mais permcinente ; et quand on veut démontrer
» L. 1, IV lege Corn. Je fuho.
&12 MÉMOIRES
r impossibilité des monnaies d*étain et de plomb, il
nécessaire de démontrer en même temps qu*à i
époque une valeur temporaire en métal ou en tout
matière n'a été substituée à la monnaie courant
exemple dans les temps modernes nous avons le
monnaie que les gouvernements mettent en circu
non pour toujours, mais dans des moments de crise
cela même cette monnaie fictive est d'une valeur pi
Il convient de rappeler que nous trouvons dans l'ai
plus d'un exemple de ces expédients; Aristote en par
ce nombre est l'exemple de Denys tyran de Syracu
fit frapper des monnaies d'élain; l'Athénien Timotli<
de la monnaie de bronze, et l'un et l'autre eropk
ce moyen pour remplacer l'argent, et en prometi
clumger cette monnaie contre de la monnaie légale s
que le besoin de cette émission temporaire viendrait à
Après ces observations préliminaires, examin
plomb gravé sur la pi. XV, n*" 6. Dans le territi
Viterbe * ou dans les terres qui s'étendent un peu a
on a trouvé tout récemment treize pièces de m
dont une seule de bronze, neuf de plomb et trois c
Toutes les treize ont au droit une tète barbue , et au
un cheval en course ; mais sur la pièce de bronze la i
ceinte du diadème , tandis que sur les autres elle est
« Œcon., n, 2. — Cf. Poil., Onomoêt., IX, ê, 79.
> On pourrait avoir quelques doutes sur rantbeaticiié de cette tr
car il peut se faire qoe ces pièces aient été apportées d'Afrique et enl
comment dans les environs deViterbe. Ces sortes de pièces, soit en bn
^n plomb, se trouvent par milliers aux environs de Constantine.Voir Di
Jf^iNioirss de la Société 駧 onlifiMirM âê Prane», t. XIX , p. 429 et tniv.
qa'a dit M. le docteur Judas, dans la Bente nrnmiêm,, ltt56, p. 3f 1 et i
pi. XIII; cf.pl. IV, n- 3.
ET DISSERTATIONS. A 13
et au revers on voit de plus une palme placée au-dessus
du cheval et inclinée vers la droite. Parmi les pièces d'é-
tain « une seule a au droit un entourage de globules ou de
perles; il y a également un globule au revers à la place
où sur les autres on voit une légende en caractères puni-
<Ioes composée de deux lettres, plus ou moins bien conser-
vée sur les différents exemplaires. 11 est évident par là
qu'on avait fabriqué plus d*un coin à ce type.
Beger ^ et d'Orville * ont publié une pièce de bronze qui,
quant aux types et aux autres particularités, correspond
tout à fait à la pièce d'étain que j*ai décrite plus haut en
disant qu*il ne s'y trouvait pas de légende , et qu*à la place
de la légende il y avait un globule. Les deux érudits que
je viens de nommer pensent que la pièce qu'ils publient a
été frappée en Sicile ; ils regardent la tète comme repré-
sentant le héros Panormus ou bien Jupiter Êleuthùrius^
et Havercamp * se range presque entièrement à leur avis
en publiant un troisième exemplaire de cette médaille.
Un quatrième se trouve gravé dans le recueil d'Arigoni ^.
La tète est laurée, et au revers, au-dessous du cheval, on
voit les deux lettres Y<f|. Mais aucun de ces auteurs
ne s'est rendu compte, ce tue semble, du caractère de cette
tête , qui a le front déprimé et plein de rides, les cheveux
courts et crépus , la barbe sèche et frisée, de manière à ce
que l'ensemble s'éloigne trop de la configuration des habi-
tants de la Sicile, et montre plutôt un type parfaitement
africain '. Et cette observation se trouve pleinement confir-
1 Thêêamru* Braitd.^ I, p. 369.
« Skuia, p. 470, Ub. XYIII.
* Ad Ft^niiMy Skilia numismatica, tab. XVIII, n* 175 p. 83.
* m, Nunrni jmnici, Ub. III, n- 17.
* Il u*ttst pat possible que cette xHe soit celle de Ztù; É^cti6é;io{, nom pi^
1862.— 6. 29
m
UÉyOiRES
mée par la préseiïce des letu-es pu
nos pièces, se lisent plus ou moin
on veut croire que ces pièces ont
on doit admettre qu'elles ont été fi
Mais il me semble que ceci ne pei
considère que les tiaits du visage
portrait; et un personnage tantô
ne peut être qu*un roi *, et ainsi
que les monnaies dont il est questi
de la Sicile. Qui ne sait que les r
sont toujours représentés sans bar
Tiennes, tandis qu au contraire le£
que toujours figurés avec la barb(
déjà comiues que sur les pièces
que les rois africains, tantôt ont
dèmc, tantôt ont uno couronne de
du cheval au galop i>aralt souv(
exemple sur la médaille encore
d'après la lecture de M. le duc de
sède pas la notice *.
Par toutes ces considérations c
ginois ne se servaient pas de n
blique * et n'eurent jamais ni rois i
po«c par B«ger, parce qm* sur une vi«UiiJIie d'
f t laoi^ tooniêe à gauche et au revers un
par M. le dne do Lnynet 'Choix de wtédailUt
/cuZ EABu6tpco<,
• Dachalais (loc. cit., p, 434 et sniv.) y rec
-^ocienr Jo'las ( loc. eit. ) se range do l'avis d
> Un exemplaire de cette rare médaille d'
taDftifM.
* Il -est jreconnn aujourd'hui que les Garthi
es ïfir, tn argent et «n hronie. Voir le bel ou
ET DISSERTATIONS. A 15
gouvernement, nous sommes amenés à ranger nos treize
jHècesdans la classe des monnaies des rois de Numidîe dont
on possède des médailles. Mais nous aurons une plus grande
difficulté à déterminer le sens du mot ]1D \ tant qu'on ne
sera pas certain que la légende indique un nom de roi ou
un nom de ville» et si l'absence du mot nsScon suffit pour
décider la question. D*un autre côté, nous pouvons affirmer
en toute sûreté que nos monnaies ont précédé les temps
de Jugurtha, époque où s'élait déjà introduit en Numidie
le nouvel alphabet que nous voyons exclusivement employé
sur les monnaies du roi Juba. C'est guidé par ces considé-
rations que M. le duc de Luynes a démontré de la manière la
plus complète, contre le sentiment de Gesenius, que les mon-
naies attribuées par le savant allemand à Juba II * ne peu-
vent lui appartenir. Dans uue lettre qu'il m'a fait l'honneur
de m'adresser, il rectifie la lecture de la légende et attribue
ces pièces au roi Syphax. Le caph et le noun inscrits sur nos
pièces ressemblent aux caractères que Gesenius désigne
sous le nom d'athéniens de la seconde époque, aux carac-
tères des monnaies de Cilium et aux légendes asmonéennes
qu'on peut voir dans' louvrage de M. de Saulcy '. Cepen-
dant je ne dois pas omettre de dire que quant h l'épaisseur
miimntiiifàf de l^ancienne Afriqtêê , t. II, p. 6ff et sniv. — Cf. Httve fivmrVm.,
1056, p. 109. J. W.
> Mina ëuil iibii vilU île la Mauritanie Cêearienne, situ^ entre Cala etRn-
raoonrnm. Voir Morœlli, Afriea ekriât.^ p. 230. M. Judas {Langm phénie.,
p. 156) lit sur des plombs semblables Sk on TlQ , et attribue les prenîéfi à
loi on Gésarée, en se fondant sur la d^eonvorte d*iin grand nombre d« ces
» faite en 1842 à Coastantine, et les f^econds à Cirta. Tontefois je ne
I admettre que rémission de ces monnaies ait eu lieu an temps de Juba II,
Tn qu'à cette époque Talphabet qui s*y voit n*était pas en vfage.
* Monum, phœntc, tab. XLII.
* Numi9mntique judaïque y pi. 11^ n"* 1 et 2.
A 16 yÉnoiRES
fies traits et à la manière dont les lettres se temiîiie
pointe, ces caractères ont une grande ressemblance
ceux des monnsùes de la Sicile. Tontes ces considén
concourent à démontrer que ces monn^es doivent
appartenu aux soldats africains employés dans la se<
guerre punique qui seront venus en Étrurie, et très-
semblablement avec Hannibal en 5A1, quand le gé
carthaginois pilla le temple de la déesse Feronia aux
rons de Capène \ Maintenant, en réfléchissant à ce qui
dit plus haut , ce n'est pas le pressant besoin de numé
destiné à payer la solde de ses soldats qui aurait forcé
nibal de frapper des monnaies de plomb et d'étain ; U
ces monnaies , au contraire, ont été fabriquées en Afri
d'où il sera démontré qu'aux temps anciens ces deux
taux étaient employés pour le monnayage par les Numi
(le même que les nègres actuels de la Libye ont une i
Qiie de plomb à laquelle ils donnent le nom de maiyli
VU.
Parmi les intéressantes anecdotes racontées par Suét
CHi lit que Tibère, lorsqu'il servait dans les armées, <
grand buveur, et que ses camarades, en changeant n
rieusement quelques lettres, lui donnaient le nom
Bîberius Caldius Jfi ro. Voici le texte : /« casiris tiro ei
hêêH propler nim'om r/rti aridilatfm pro Tiberio Kibef
pro Claudio Caldius^ pro Xerome Mero vocabaiur *.
Millingeo possédait un plomb que fai fait graver \±
a* 7, d'après un dessin qui m'esl tombé entre les uia
Ce plomb est précieux parce qu'il confimie la véracité
• T. U%. XXVl, II.
• S«Ntoa^ THerims, 42.
ET DiSSERTAllONS. Al 7
récit que nous devons à cet historien, auquel on voudrait
aujourd'hui qu'on n'accordât pas en général grande con-
fiance. Au droit on voit la tête de Tibère et les lettres P. M. ;
au revers on lit : HOC VALET AD BIBERRIVM, nous lais-
sant dans l'incertitude si Ton doit rapporter cette légende
à l'objet qui y est représenté ou bien au plomb lui-même,
qui aurait eu une certaine valeur aux yeux de Tibère. Cela
pourra se décider quand on saura quelle espèce d'objet est
ici figuré; il semblerait , d'après les appendices ou espèces
de nœuds qui y sont attachés, que ce n'est pas un buffet
ou armoire de bois , comme on pourrait le croire d'après le
dessin, mais plutôt quelque objet qui ressemble à une
pbalère Quant au portrait représenté au droit, on ne sau-
rait douter qu'il ne soit celui de Tibère. Ceci établi, on se
demande quel sens peuvent avoir les deux lettres qui se
trouvent placées dans le champ de chaque côté. Personne
ne pensera d'interpréter ces deux lettres P. M. psiv Pontifcx
MaximnSi titre que ne pouvait prendre Tibère du vivant
d'Auguste. D'autre part, pourquoi ce titre ^là où l'on aurait
dû indiquer le nom du personnage qu'on avait voulu re-
présenter? J'avoue qu'en supposant véritable la lecture de
Millingen , je ne saurais deviner le sens de ces deux sigles;
on pourrait croire, dans une matière aussi fragile que le
plomba qiue l'endroit où se trouve la lettre P a pu avoir
souffert, et à dire mon avis, au lieu d'un P, il aurait pu y
avoir un B. En ce cas, les sigles B. M. s'expliqueraient
pacfaitement par Biberius Mero.
VIII.
Ce plomb remarquable a été trouvé à Ostie, et c'est grâce
à l'obligeance de M. le commandeur P. E. Visconti qu'il
r
A18 UÉMOIIIES
in*a été permis d'en faire prendre un dessin. On y volt li
tète couronnée de laurier de Commode , tournée à droite
et autour se lit la légende STAT.FERR.FOR.OST. Ce plomi
est de l'espèce de ceux qu'on désigne sous le nom de sceaux
on y voit distinctement le trou par lequel passait le cordoi
qui attachait le sceau. Un témoignage ancien très^singuliei
nous guidera pour proposer une explication de la légende
car si le sens des deux premiers mots est clair et prouvé
et qu'on puisse les compléter par STATtonts FERRana?, h
leçon FEURan'drum ne pouvant être proposée pour Ostie
on pourrait avoir des doutes, au contraire, pour savoir s
ici par les mots FOR. OST on a voulu indiquer le forum oi
un autre endroit de la ville. Mais nous apprenons par nrn
inscription latine, répétée sur quelques cippes sculpté
sous le règne des deux empereurs Marc-Aurèle et Com
mode S et ensuite de Commode seul et de Sévère Alexan
dre •, qu'on avait établi un droit pour l'entrée des marcbao
dises, droit qui était payé une seule fois aux fermiers, quant
les marchands faisaient un dépôt dans les magasins appelé
foricx ou foriculi^ d'où cet impôt prenait le nom de furi
cw/artum, comme qui dirait droit d'emmagasinage. Notn
plomb nous apprend, comme d'ailleurs c'est tout naturel
qu'il se trouvait de ces magasins, foriculi, k Ostie, et d(
plus que l'introduction du fer comptait à part, quand i
était expédié pour la ville étemelle et qu'on se servait dam
ce cas d'un sceau particulier portant l'image du prince e
la légende SlalionU fmariœ foriculorum OstîtMium. L'an
cien Scholiaste de Juvénal * a parlé de ces magasins au
mots condiAcuvU foricasj mais d'une manière confuse, réu
» OrtlU, InêCfipt. taL aUei., n»8S47.
» Henien, dans le troisième volume du rtcneil d*Orelîi, p. 929, ad b*8947
» Àd Satir, III, r. 38.
ET DISSEBTATIONS. 41^
nissant les explications diverses qui appartenaient à des
commentateurs plus anciens; parmi ces explications, il est
à remarquer que par foricœ d'autres entendaient que ces
sortes de magasins étaient situés dans le voisinage du
forum : Afii taberna$ dicunt foro vidnas. (PI. XV. n* 8.)
IX.
C'est à la belle collection de plombs antiques, rassemblée
par M. Tavocat Lovatti, qu'appartient le soeau reproduit
pi. XVIf n* 0, et qui certes est un des monuments les plus
singuliers de cette collection ; il est très-bien conservé à
Texception de l'efligie impériale du revers. Quant à Tempe-
remr, représenté au droit, on ne saurait avoir des doutes;
on reconnaît facilement les traits de Septime Sévère ; et ceci
posé, il est probable que le second buste est celui de son fils
Garacalla. Celui qui s'est servi de ce sceau était chargé, h
ce qu'il parait, d'envoyer à Rome le grain. Ceci semble ré-
sulter de la légende : RAT.FR. si on lit Ralionis frumentarise.
La charge dite ratio frumentaria se trouve indiquée dans
le fragment H, $2, du Digeste de Justinien, qui porte pour
titre : De administratiane rerum ad twitaien pertinentium.
X.
U est rare de trouver des plombs sur lesquels sont écrits
des noms propres ou en entier ou en abrégé, de manière
à ce qu'il soit facile de les compléter. De ce nombre est le
beau plomb gravé pi. XVI sous le n* 10, lequel peut se lire de
deux manières : Felici Sabinae Auytistse Hadriani $aluUm
ou Félix Sabinx Auguste Hadriani salve. Le mot salutem
ou salve n'est pas moins latin que le mot féliciter placé sur
A20 MÉMOIRES
un plomb publié par Ficoroni \ et que j*ai vu dans plu
sieurs collections avec les légendes : G PR FELICITER, i
sur un autre publié par Visconti * : S0DAL16iij( VELITERi»
YELiciler GERANO CVRACori YELlcUer, et sur un troisîèm
plomb plusieurs fois publié, mais d'une manière inexacte
avec la légende Sentiam féliciter^ et où l'on doit lir
SENTIANAE FELICITER. Mais sur notre plomb, il paraîtra
qu'on a mis SAL à cause de la rencontre du nom de FELi
que portait raiTranchi de Sabine auquel on voulait adresse
une acclamation. Je n'ai trouvé jusqu'ici qu'un seul exen
pie d'aflrancbis honorés de cette manière sur des plombs
c'est celui qui est gravé dans Ficoroni • : TI F AVG LE, o
il est nécessaire de changer Jes lettres TIF en TFL pou
trouver le sens : Ti(o FLavio AVGusft Liberlo B....*; car
n'y a pas parmi les empereurs un seul Auguste qui à l'in
tiale du nom de famille ¥[lavia] joigne le prénom tVferim
Le plomb qui semble mentionner un esclave dans la h
gende : PRIMI CAESAR SËRFO AGR est très-singulier ; qu o
lise soit PRIMI CAESARm SERvi FO.AGR soit plut^
PRIMUtvo CAESARm SERFO KGRippiano, où Mrfo sera
écrit pour SKRiO, d'après la nouvelle orthographe d
temps de Claude. 11 est possible que les affranchis ou k
esclaves de la maison impériale recevaient ces honneurs
* I piombi anlichi, p. II, tav. VII, 1.
« Operê varie, t. II, tav. IV, 2.
» Loc. cit„ p. n. tav. XXV, 10.
* La légende doit se lire peut être sant aucun changement llfp Ylat
AVGmK L/Berto. On a des monnaies k légendes grecques qui donnent
forme TI pour Titut, prénom d*Antonin le Pieux. TI pour Titu$ se IK nir I
médailles de Samo8ate,de Zeugma de la Commagène et de Laodieée de Sjri
Mionnct, t. V, p. 118, n» 49, ArTO.KAI.TI.AIA.AAPl.ANTU>N€M)C C€
CrcC.et p. 125, n» 82, ATTO.K.AI.Tf.AAP.ANTCONINOC C€B., et p. 25
n- 737, 740, etc. J, W,
ET DISSERTATIONS. h9A
roccasioD de fêtes qu'il» faisaient célébrer à leurs frais,
ou parce qu'ils remplissaient quelque charge r]ans les col-
lées de jeunes gens, ce qui nous est impossible de déter-
miner.
XI.
J'ai publié dans mes Plombs antiques *, un plomb du re-
cueil de Ficoroni qui fait mention de deux consuls ; mais
ce plomb appartient à une classe assez analogue à celle
des sceaux ou cachets; celui que je publie ici est du nombre
de ceux auxquels on donne le nom de tessères, et il semble,
si je ne me trompe, rappeler dans les deux sigles V "Q qui
précèdent le mot COSS. deux surnoms de consuls. En effet,
si l'on cherche dans les Fastes deux noms de consuls parmi
ceux que l'on connaît, on trouve à l'an 167 de l'ère chré-
tienne, Vero UT et Quadrato coss. et à Tan *i72, Fa/dtim-
fitano et Quieto coss. Les initiales de ces noms repondent
aux sigles T.1^. marqués sur le plomb. Je m'en tiens aux
deux premiers consuls Verus et Quadratus, nonobstant le
mot coss. qui est écrit ici avec deux s, parce que je connais
un exemple de ce redoublement de Ys appartenant à une
époque antérieure '. D'autre part, l'omission du troisième
consulat de Verus n'est pas un obstacle, parce que la men-
tion en est également omise dans les inscriptions. Quant à
la forme énigmatique des sigles , je remarquerai d'après
Marini *, et d'autres l'ont déjà fait observer aussi, qu'il était
d'usage d'indiquer seulement le nombre des consulats, en
supprimant entièrement les noms des consuls ; par exemple :
' 'Piombi antichi, Vs/oma, 1847.
• Voir mes Graffiti di Pompei^ p. 57.
» hrriz. a (6., p. 49.
422
MÉUOIRES
. ■ '•
1
t
DD.NN.X ET III. COS. c'est-à-dire Dominis nostrù (0
stantio) X et (Ckiadio Juliano Csesare) HT eonsutUms.
an 360. Un fabricant de tuiles du pays des Marses empl
une autre méthode, marquant seulement les acclamati(
impériales et le nombre des consulats, sans faire ment
du nom de l'empereur. L'inscription imprimée en en
au rêvera et au milieu d'une tuile se trouve à Vico, pi
village sur le lac Fucin : II ZOO IIIX.qMI. Il faut, ce
semble, dans la copie de cette inscription qui m'a été adr
sée, corriger le chiffre XIII et mettre en place XII, ce <
nous reporte à l'an 19A , quand Sévère avec Albin,
commencementde l'année, réunit à son second consulat
douzième puissance tribunitienne , circonstance qui d'i
leurs ne se rencontre pour aucun autre empereur ; il n'exi
aucun exemple qui donne la réunion du second consu
avec la treizième puissance tribunitienne.
XII.
Depuis Morell et Séguin personne n'avait vu le ploi
reproduit sous le n* 12 de la pi. XVI. Séguin, qui en doi
la description à la page 200 de ses Selecta nummi$mai
a oublié la légende qui est au droit. Dans la gravure
Morell 41 y a au revers un jeune houmie nu et casqué,
nant une haste de la main gauche et un rameau de
droite, tandis que réellement on y voit un Jupiter barb
avec le sceptre et l'aigle. Séguin le premier a cru que di
le nom de PAVLLIN inscrit au revers, on doit reconnal
Suetonius Paullinus , le vainqueur des Bretons, sous
» The$., misccllanca, tab. VI, 20.
ET DISSERTATIONS. A23
règne de Néro» '. C'est également l'avis d'Eckhol ' et de
M. l'abbé Cavedoni *.
XIII.
Le seul plomb connu qui représente Britannicus est
l'exemplaire qui a appartenu à Ficoroni, et que cet anti-
quaire a fait graver dans la pi. III , n"" 6 , de la seconde
partie de son ouvrage. Mais ce plomb ne se voit pas dans
la collection de Ficoroni aujourd'hui au Vatican, et la
raison en est que le possesseur en avait fait don au che-
valier Fontana* comme il dit à la page 91. Cela fait que ce
plomb se trouve actuellement entre les mains de M. Depo-
letti. Le nom de Britannictis est écrit avec deux t, non-
8eulement sur ce plomb, mais cette même forme se voit sor
deux médailles de moyen bronze à l'effigie d'Hadrien,
BRITTANNIA \ et sur un autre de grand bronze à l'efligie
de Septime Sévère, VICTORIAE BRITTANNIGAE •. Et ce-
pendant les poètes emploient la première syllabe comme
brève, et les savants établissent une différence entre les
mots Brittones et Britanni^ le premier servant à désigner
les Bretons, et le second indiquant les habitants de la
Grande-Bretagne.
XIV.
Le plomb gravé pi. XVI , n"* lA , doit avoir une certaine
importance, ce me semble, parce qu'il sert à confirmer ce
• Tttit., Amal., XIV, 87.
« D N., VI, p. 265; VIII , p. 320.
> BulUt. areh. Nap., 1860, p. 7.
* Cohen , Dtêcripiùm KUtoriquê th» tnonnaies frappée» »ou» Cempin romain ,
t. II, p. 185, n- 678 et 679.
» Cohen, /. ci/., t. III, pi. VU et p. 318, n» 650.
420
MÉMOIRES
LËTTRK A U. A. DK LONGPfiRIER
)
MONUMENT NUMISMATIQUE INÉDIT, DU RÈGNl
EMPEREURS DIOCLÉTIEN ET MAXIMIEN-
Mon cher Adrien ,
La Saône, vous le savez, offrait naguère dans se
cours à travers la ville de Lyon, et précisément s<
arches médianes du pont de Nemours, un banc de r
aussi nuisible à la navigation que favorable aux ii
ET DISSERTATIONS. 425
prescrit la mciniëre de faire les statues de ces divinités, ce
qui donna lieu d'attribuer le surnom de tusculanes à ces di-
vinités spéciales figurées d'après les prescriptions des rites
de Tusculum. Le plomb que nous avons sous les yeux
(pi. XVI, n* 16) en présente un exemple dans la Vénus qui,
enveloppée à moitié dans une draperie, se regatde dans un
miroir et arrange ses cheveux, déesse qui prend rang au
nombre des divinités tusculanes honorées par des rites par-
ticuliers ; car sur le revers de ce plomb, on lit VEN.TVSC.
On sera disposé à mettre en rappoil avec cette déesse le
collège des femmes qui sont nommées sur les plombs
SODALES TVSCVLANAE. Aucune autre inscription ne nous
avait jnsqu'à ce jour appris ce que uous enseigne ce plomb ;
d'où il résulte qu'aucun monument antique n'est à dédai-
gner, puisque les plus humbles peuvent fournir d'utiles
renseignements.
R. Gajirucci.
A*28 MÉMOIRES
bien voulu m* aider vous-même à la trouver, en me four
nissant les rapprochements suivants :
La légende SAEGVLI FELICITAS se voit sur la monnaie d
divers personnages impériaux , tels que Faustine la Jeune
Sep . Sévère, Julia Domna, Maesa, Mamœa, Gordien III, Trébo
nien-Galle, Valérien, Gallien, Postume, Marius, Victoria
Aurélien,Probus, Carus, Carin, Constance-Chlore, Haxence
Constantin et Crispus Caesar, son fils , mort avant lui. EI1<
s* arrête donc au règne de Constantin.
Sur une médaille d*or que possède le musée impérial d<
Vienne, on lit d'un côté, autour du buste de Maximien
Hercule, MAXIMIANVS P.F.AVG, et de l'autre, FELICITA!
SAECVLI AVGG. NiN. , accompagnant deux Vteloires soute-
nant une couronne de laurier dans laquelle sont inscrits cei
mots : VIC.AVGG. Ce type se retrouve sur une monnai<
d*or de Sévère portant la qualité iïaugusie^ c'est-à-din
frappée en 806*. On voit donc là la légende Feliciiai
s^Tculi appliquée à la victoire remportée par deux empe-
i*eurs, dont Tun est Maximien-Hercule. C'est un premiei
pas de fait vers l'explication de notre médaillon.
Le nimbe qui décore la tête de nos empereurs existe
déjà sur une médaille d'Antonin le Pieux; on le trouve
dans les peintures de Pompeî, antérieurement, par consé-
quent, à Tan 79; il ne peut donc fournir d'époque, ou,
pour mieux dire, le nimbe est de toutes les époques. Il est
vrai qu'on le trouve employé, avec une certaine persis-
tance, sur cinq médaillons d'or de Valeus, conservés at
musée de Vienne ^ Nous voyons encore le nimbe sur un
médaillon d*Arcadius et sur le grand disque d'argent qui
' Tanini, Aw/n. imper, roin., snppl., p. 206, 233 et tab. IV.
« Steiiibuchel , Not, sur les médaiUons tnor du musée L§t R. de Vienne. — Ci
Vaillant, t. III, p. 259^, et Taiiini, tab. VII.
MÉMOIUCS A29
représente Théodose et ses fils, monument découvert à
Almendralejo et publié par notre bon ami et confrère de
l'Académie royale de Madrid, don Antonio Delgado \
Le pont, uni à une tour de défense, couverte d'un toit
hémisphérique , est connu sur le grand médaillon de
bronze de Constantin le Grand, conservé au musée impérial
de Vienne. On lit au-dessous : DANVVIVS ". La dimension
de ce médaillon (55 milliin. ) le rapproche singulièrement
de notre plomb , dont le grènetis a 75 millimètres de dia-
mètre. Le sujet offre aussi beaucoup d'analogie. Les mé-
daillons d'or de Valens ont 72, 75 et 97 millimètres. Vous
vous rappelez le grand Teiricns et le grand Justinien de
8/k millimètres ' qui existaient au Cabinet des médailles
avant le vol de 4831. La dimension du plomb de Lyon
convient donc bien à un médaillon.
Les monnaies d'argent de Maximien-Hercule, de Dioclé-
tien, de Constance-Chlore nous montrent le camp prétorien
avec des tours surmontées de toits semblables à ceux que
nous voyons ici.
M. François Lenormant , qui avait examiné notre plomb
chez M. Vaganay, il y quelques mois, n'avait pas hésité à
voir dans les deux personnages nimbés, Dioclétien et Maxi^
mien-Hercule. Sans avoir <:té averti de cette circonstance.
< Memoria historico-critica sobre el gran ditco de Thêdlosie enc<mtrado m
Almendrntejo. Madrid, 1849, în-4*. — Cf. ponr les empereurs ayant le nimbe
avtour de la tête, le travail spécial de M. Lndplf Stepbani, Ntmlmê nnd
SirakUnkrans in d^ Wtken der altm Kunst^ p. 131 et sniv. Saint-Pétersbourg,
M59, in-4*, extrait des Himoire» de V Académie impériale des sciences,
^ Josepb de France, Numism, eimelii Cacsarei reffii, pars II, pi. 105.
s Le méd. de Tetricns, dans an mémoire de G. de Bi>$e« Acad, des inscript,,
tome XXVI, p. 504 , — reproduit par H. Cohen, Descripi, desmùnn. imper,,
tome V, pi. VI;— et celui de .Tustinioa, publié par G. do Boxe, Jfem. de
1862— a. 30
430 3^IÉM01RES
Vous le8 avez i-econnus également sur l'empreinte que
vous ai apportée, et en l'étudiant à la loupe, on ne peut n
connaître, en effet, les profils de ces deux empereurs. C'<
bien l'époque qu'indique le style du monument; no
allons voir que les événements de T histoire ne s'y rappt
tent pas moins. .
L'an 288 de notre ère, Maximien-Hercule, qui venait
repousser des bandes de barbares, venues presque so
les murs de Trêves, où il résidait alors, résolut de 1
poursuivre jusque sur leur territoire. 11 passa le Rhin, i
vagea par le fer et par le feu la Germanie, y fit de noi
breux captifs, et si l'on en croit Mamertin, son panégyris
fioumit ttne grande partie du pays ^
Vous verrez avec moi, je pense, dans le tableau i
férieur de notre plomb , Maximien , guidé par la Vi
toire, traversant le Rhin, au retour de son expédiiioi
et sortant de Cassai, CASTELIam, château -fort bi
par Drusus sur la rive droite du Rhin, FLRENVS\ po
f«rvir de tôte-de-pont à la place fortifiée de Mayenc
MOGONTIACVM \
Le tableau supérieur nous montre la Ville de Rome, a
4]uée, présentant aux deux empereurs les prisonniers gf
mains.
VAcdd. du ifiscr., tome XXVI (1759), p. 523. — et reproduit par Piiider
Fnedllnder, Dit Mûnzin Jtt«ftfUan«. Berlin, 1843, pi. II.
* V. Mamert.f ap. Faneg, v«l.
* K«\ iTtcov ( f po6f lov, caêUUvm) iv Xdrtot; mp* aOr^ t^ I^v^. Dio Ou
Hist., LIV, 33.
* Cétait presque tonjoars par le pont de Mayence qoe s^effeetnah le p
gage dn Rhin quand nne expédition était entreprise contre les Gennaini. '
voit encore, dans le lit dn flenve, les mines de oe pont, dont rorigîne 4
■ remonter à i^pciqne de la Tondatlon de la ville forte de Majence pir CU
dins-Dnitns Oermanicns.
Mil.
ET DISSERTATIONS. &31
Je serais bien heureux , mon cher Adrien , si le curieux
monument dont je viens d'essayer l'explication recevait sa
première publicité dans le recueil que j'ai édité si long-
temps, et qui doit à notre excellent confrère J. deWitte et
k vous une nouvelle vie et une autorité qui grandit tous
les jours.
Agréez, je vous prie, l'assurance de mon perdiu*able
attachement pour vous et pour notre chère Revue.
L. DE Lk Saussate.
Parin, 22 décembre 1862.
■- t
i
1
À
AS? MÉIIOIIIES
DESCRIPTION
MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUS
(PI. XVll.)
Onzième et dernier article. -> Voir p. 235.
ig LIMOGES.
122. LIM0VEGA2 \ Tête adroite, ceinte d'un lon|
deau perlé ; buste habillé et orné de trois rangs de p
le tout dans un grènetis.
! . fi. +ANS01N10 MONETAL Croix potencée; la lé
I est gravée entre deux ceiTles de grènetis.
Tiers de son d*or fin. Poids, 1»',25. Deuxième qn
i! vif* siècle. — Cabinet de M. Ponton d*Amécourt«
Nous avons décrit, sous le n* 9, un triens de Li:
signé du monét^re Ansoinaus'; malgré la ressemJ
« On pourrait lire LIM01VEGA2 ou LIMOTVEGA?, si on ne eoi
pas la barre perpendiculaire gravée à la suite de la syllabe MO eomim
j partie du vêtement du buste.
i * Cette pièce, qui appartenait naguère à M. Maurice Ardant , est a
ment dans le beau médaillier de M. d'Aniëcourt. Uexcellente emprei
f (loos avons sous les jeux nous fait voir que la gravure que nous ci
ET DISSERTATIONS. A33
OU plutôt ridentité des noms qui figurent sur les deux
pièces, il nous parait manifeste, d'après la fabrique, que
colle que nous donnons ici est de beaucoup antérieure à
Fautre, et n'a guère pu être frappée par le même moné-
taire qui a signé le n* 9.
A regard du nom de Limovegas^ on remarquera qu en
adoucissant le c en 9, te graveur du coin a rapproché ce
vocable de la forme Limotgai de la période féodale et du
nom actueT de Limoges.
KOUÏC ou NOVIC (localité déjà inentionnce\
12s. +FLAVLI'Va5 {Flaulfus). Tête à droite, ceinte
d'un bandeau perlé; le col orné d'un collier; le buste
babillé.
ft. + NOVOVIGO. Monogramme posé sur un globule et
composé d'une croix, à la haste de laquelle sont appendus,
d'un côté un R, et de l'autre un G.
Tiers de sou d'or inédit. Poids, 1«',15. Troisième quart
du Tii* siècle. — Cabinet de M. Ponton d'Amécourt,
C'est là une nouvelle et curieuse monnaie de Mouïc ou
Novic. En décrivant plus haut deux triens à la légende
Nawvico et signés du même monétaire Flaulfus (n** 77 et
78), nous avons expliqué le monogramme qui remplit le
champ du n"* 78, par Crux yloriosa : le monogramme ci-
dessus lui serait identique, s'il n'y manquait un A plac^;
dans le n* 78 sous la deuxième branche de la croix i il n'en
doit pas moins recevoir la même interprétation.
donnée nela reproduit pas avec une fidélité complète. On n'y trouve, en efl'et^
ni la houppe sur le front de Teffigie, ni la croix fourchue du reversf que la
pièce présente. Cest pourquoi nous croyons devoir la faire graver sur notre
planche supplémentaire sous Iv n* ^.
&S& MÉMOIRES
CISSAC.
124. GICIVD+O..OI {Ciciacomoi). Tète à droite, o
d*un long diadème perlé recourbé à son extrémité.
^. TEVDOVALDO M. Croix longue, cantonnée des
très L. E. M. 0, posée sur un point, et séparée de la lég
par une couronne de feuillage.
Tiers de sou d*or pur. Poids, 1^,20. Fin du trois
quart du vu* siècle. — Cabinet de M. Ponton d'Améc
L'origine limousine de cette pièce est attestée pa
lettres inscrites dans le champ du revers, et qui soi
initiales de LEMO {vices). Le Ciciacum de la légend
parait être le même que la villa Ciciagum mentionnée,
une charte de Tan 861, comme dépendant de la vi<
\ [ J d'Espagnac % et appelée de nos jours Cissac ; c'est un
meau situé au sud-est et dans la commune de Saint-Syl
canton d*Argentat, arrondissement de Tulle (Corrèze).
à peine besoin de faire observer que le g du vocable
lovingien n'est qu'un adoucissement du e de Cicia
tel que celui qui s'est produit pour Lemovecas^ chanj
Limovegas '•
CHOISS(?).
125. CHOIca«cor-f-, Tète à' droite, ceinte d'un
deau ; buste habillé , dans un grènetis.
â. THlbAIO a> FICl {Thibaio m. fin). Croix ^le
une couronne de feuillage, cantonnée des lettres L.E
• M Cedo.... hoe est ecdesîun in honore S. SiWani msrtîriê, in pagol
cino, in Ticaria Spaniacense, in loco qui est utns super fluvinm SnmoM
in Cici€Lgo simHiter cedo, etc. >' Cartulaire de âeauUeUy charte CLXXI.
• Voirci-dcssu», n* 122.
ET DISSERTATIONS. &35
Tiers de sou d'or pâle. Poids, 1*%25. Fin du vu* siècle,
— CabiDetde M. Ponton d'Amécourt.
Les lettres qui sont dans le champ du i*evers nous dis-
()ensent de démontrer l'origine limousine de cette monnaie.
On pourrait rapprocher de la légende fboiiss les noms de
lieux suivants : Chouès le haut et Chouès le bas, situés
au sud-ouest de La-Forest-du-Temple, dans la partie nord*
est de Fancien diocèse de Limoges'; le Chez, au nord-
ouest du même bourg ' ; le Chès-de-Lavaud , près et au
nord-ouest d'Ajain*; Chauseix, au sud de Toy-Viam*:
Cbeix, au sud-est de Thorion et de Bostmorand, au sud-
est de Bourg -Salagnac *, et le Gbeissou '. Nous ne connais-
sons point d'ailleurs de mention de ces localités dans les
titres du moyen âge : le seul terme latin qui s'en rapproche
dans les chartes limousines est Chauci ''; mais ce nom
désigne une dépendance de la vicairie de Puy-d'Arnac,
appelée de nos jours Chauses, commune et canton de
Meyssac, arrondissement de Brive (Gorrèzé).
GLANKE ou GLÉNY (?).
126. GFANOiNNO (Glanonito). Tête à droite, ceinte
d'^nn long bandeau terminé au sommet par une grosse
perle; le col orné d'un collier qui se rattache sous Foreille
au bandeau^ l'effigie est séparée de la légende jinr jnix
' Ca«iiiui, feuille ii" 12.
> IM.
' Ibid.
» /Wd.,f.n-13.
• Ibtd., f. u- 32.
* CommtiDe de Biyalcuf ( Haute- Vienne ).
V CartuUiitê di Beaulitu^ charLe CLXXVIJl, hod. 936.
A36 MÉMOiBES
points rangés le long de la face, et par un nombre
rangé du côté opposé; le buste est habillé.
R. + t..DICHlSlLO M. Croix latine poiencée.
Tiers de sou d'or pur. Poids, l^'.Oô. Dernier tie
vil* siècle. — Cabinet de M. Ponton d'Amécourt.
Le style de cette pièce ne semble permettre aucun i
sur son origine. L'effigie, semblable à celle du n"
( Cormito) ; le long bandeau dont elle est ornée* a
dans les monnaies de Limoges et d' Yssandon (n** 5 et
sa croix allongée dans un champ bien espacé , conim
les trions de Limoges, Chervix, Magnnc, Ambazac, 1
Espagnac, Fursac, etc. (n**8, 18, 19, 30, 31, 63,
en déterminent l'attribution au Limousin.
Nous connaissons deux noms de lieux de TaRcien
cèse de Limoges qu'on peut rapprocher de la légende
nonno : !• Glény, mentionné dans une charte de l'ai
sous le nom de Glauigo \ et situé près et à l'ouest de
vières, arrondissement de Tulle (Corrère); 2» Glanm
pelé Glanna dans une charte de l'an 893 ', et situé dî
canton de Bretenoux, arrondissement de Figeac (
Nous préférons cette dernière localité, malgré la ten
son féminine de son vocable, parce qu'il a pu être a^
temps abrégé de G/anonniim, tandis que Gfanigum i
nom très-vraisemblablement conservé dans son étal
* " In pago Tornînse, in TÎcaria Spaniaceu»e. îu vilia Campaniaco
cediinns in ipso loco, in ipsa patria, in villa que dicitur Glouigo^ cam ma
Charte de Tabbaye de Charroux. Mss. Biblioth., împér. D<?put des
mss. sub aon 875. — Métnoireê de la Société dtt antiqftairu de rChteett t. Y
— Le pagu» Tommtis et la vicaria Spamacensi» désignent le pays de T
k f et la vicairie d*£spagnae.
• t Similiter in ipsa \icaria (Vertedensi), et in alio loco^ in TÎlla qn»
Glanna^ mansum ubi Ganzbcrtus manct , et alium mansum, etc. » Ca
de BeauUeUy charte LXIII.
I
ï'£
ET DISSERTATIONS. 437
mitif , et ne saurait guère être identifié avec celui de notre
légende. Ajoutons que reffigie a de la ressemblance avec
celle du triens n* 117, de Roufliac, qni est non loin de
Glanne. Néanmoins, nous ne croyons pas pouvoir nous pro-
noncer définitivement sur l'attribution de la monnaie dont il
s*agit.
SALâGNAC (localité déjà mentionnt^e).
127. + SELANIACO. Tête à droite, ceinte d'un bandeau
prolongé sur la nuque où il est recourbé en volute ; che-
velure rejetée en arrière ; buste habillé.
A. ..ADO MON.. {-\-Ado monelarius?). Croisette à
branches égales, pâtée, accostée de deux points sous les
bras, et séparée par un grènetis de la légende, qui est elle-
même entourée d'un grènetis.
Tiers de sou d'or. Poids, 1«',28. Troisième quart du
VII* siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im-
périale.
Cette pièce porte le nom d'un atelier inscrit déjà sur
notre n* SS , et il suffit de la rapprocher de cette dernière
monnaie ainsi que des n""* 84 à &2, pour reconnaître tout
aussitôt qu'elle donne, sur les deux faces, un nouveau
spécimen du type de notre cinquième groupe. Nous n'avons
donc rien à ajouter pour justifier son classement dans la
série limousine.
BKRCHAT ouBERSAfVî'
128. + BREClAi.O FI. Tête h droite, buste nu, sur
lequel est le T renversé qui termine le mot FIT.
Ri. + VR:z>VLFO riO. Croix latine dans le champ.
Tiers de sou d'or inédit — Collection de M. Triniolet,
à Lyon,
1
ft38 MÉMOIEES
Ce trieos , que M. Martin Daussigoy , conservatei
musée de Lyon a communiqué à M. Adrien deLongf
et dont ce dernier a eu Tobtigeance de nous transi
l'empreinte, présente, surtout au revers, le type lia
bien caractérisé. Voyez le dessin de cette pièce pi.
n* 128. La partie supérieui-e du second G est conpée
bord du flan.
Nous ne connaissons jusqu'ici dans l'ancien d
de Limoges aucun lieu du nom de Breciacus. Nous
la mention de deux localités appelées : 1* Bersac, c
de Bessines , arrondissement de Bellac ( Haute- Vie
qui , d'après les pouillés du diocèse , eut de toute ai
neté une église paroissiale dépendante de l'archii
de Rançon ' ; Bersac est l'exacte traduction de B
€u$, comme Tersac de Terciactu^ Marsac de Jfarci
â* Berchat, commune de Sainte-Feréolle, canton de l
nac, près Brive (Corrëze), et qui est désigné avec 1<
de rt7(a ( village ) dans une charte du ix* ou x* si
Ne peut-on pas admettre que, dans la gravure de
i gendc de AOtre monnaie, Fouvrier aura interverti 1
I des lettres et placé l'R de Breeiaco avant l'E, au lieu
;1 mettre après? Dans ce cas , les mots Bersac et B
I traduiraient exactement le nom de la légende.
On ne peut néanmoins accueillir cette attributioi
titre conjectural, et il nous parait prudent de réservi
core la question d'attribuUon définitive.
* M»;». Biblioth. imp., fou(U Saint- Geraoain français, n* 878, u II.
* •* El in alia vicaria Bri^'on&e » in villa qoae dicitur Berciaco^ m*m
Cofrtavolus nianet. - rarfu/aire it rubbaye 4e BêomHeu, eh. CLX
p. 263.
ET DISSERTATIONS. A 89
UZËRCHË ( localité déjà mentionnée }.
129, +T..EA1O. Tête à droite ornée d'un chaperon
perlé; buste habillé.
^. V...RGA. Croix égale polencée, cantonnée de quatre
points.
130. + TEEAiO. Tête à droite , avec un chaperon
perlé; buste habillé.
^. A2..RGÀ. Petite croix à branches égales, potencée,
cantonnée de quatre points.
Deniers d'argent inédits, pesant, le premier, 1«',10, le
deuxième, 1«',10 fort, viii» siècle.— Médaillier de M. Morel
Fatio, à Paris.
Jusqu'à ces derniers temps nous ne connaissions que des
monnaies d'or dans la série mérovingienne du Limousin.
Grflce à l'obligeance de M. Morel Fatio, qui a bien
voulu nous communiquer la riche trouvaille faite dans
l'ancien comté de Nice, et récemment acquise par lui,
nous pouvons éditer aujourd'hui les deux pièces d'argent
ci-dessus décrites.
Ces pièces ont été frappées à Uzerche , qui possède déjà
sept tiers de sou d'or (voir les n" 47 à 52 et 119). En
combinant leurs légendes, on trouve au revers de la pre-
mière VS..RGA, et au revers de la seconde VS..RGA, où
le 6 représente une forme adoucie du G. Or nous ne con-
naissons pas d'autre localité que le caiXtum mérovingien
d*{/serca qui puisse en revendiquer l'attribution.
Le chaperon perlé de l'effigie est, il est vrai , étranger
au type limousin ; mais il ne faut pas perdre de vue qu'au
Tju* siècle les types locaux ont à peu près disparu , ou du
moins ont perdu avec leur caractère tranché leur împoi-
tance primitive.
hkO MÉMOIRE!!
^ PlècSS INOSIITAIIIKS.
ARGKKTAT?».
87. ARG&NTAfI3I. Tête à droite, ornée d'un
bandeau perlé ; buste orné de plusieurs rangs de per
i. C0S1A...UNI (Coslantiani?). Aigle aux
éployées, la tète tournée à droite; posé sur un d<
une console ', accostés chacun d'un point à leurs
mités.
Tiers de sou d'or. Poids, l^'^SO. Vers le rail
vir siècle.
Bouteroue , Recherchas curieuses des monnoieê de I
p. 18&.
D'après les énonciations des numismatistes ', cett(
naie appartiendrait au Cabinet des médailles de la
tbèque impériale : mais nous n'avons pu Ty découd
nous avons dû nous borner à reproduire sur nos pi
la gravure qu'en a donnée Bouteroue. Quant à son c
nous Terons remarquer : 1* la houppe sur le front ,
si commune sur nos triens (2, 5, 1&. 15, iS, 25, l
70, 81 ) ; 2* le double bandeau perlé, semblable à ce
u- 20, 85. 90, 10& et 110; 3* les ornements du
identiques avec ceux de Limoges, de Chervix , de M
du Palais et surtout de RoufCac (n"* 6 sur la planche
de 1858, 18, 19, 21 et 117). Les monnaies du nord
* ilief-lWu de canton, urondissement de Tulle (Corrèxe).
* On on M que Bouteroue et MM. Cartier et Conbrouse y ont vi
serait naturellement Tinîtiale de Jf OA^f a rnu.
* MM. Cartier et Gnniemol, diin« les liste» on'il? ont pnh1i^ei,etCo
Àtitit i<f5 m/>f*f. Nitftofi. CtitmL étf iirrttriny . u* 76.
ET DISSERTATIONS. 44 ^
en particulier du pays alsacien, auquel on a \oulu attri-
buer notre pièce \ ne nous présentent point de types ainsi
ornés, et n'autorisent guère cette opinion ; son dessin rap-
pelle assez bien , au contraire , la manière des ouvriers
limousins, et nous permet d'y voir, tout au moins avec
quelque vraisemblance, un produit de cette province.
De plus, la légende Àrgenta vie ou vici ne peut s'accor-
der ni avec le nom ancien de Colmar, qui est Argentuaria
et plus tard Àrgentaiia^ ni avec celui de Strasbourg, qui
fut d'abord Àrgentoratum ' seul, puis au vi* siècle, dans Gré-
goire de Tours, concurremment avec Slrasburgm. Nous
savons d'ailleurs, quant à cette dernière ville, d'après un
triens publié par J. Lelewel, que les monnayers qui y frap-
paient dans les temps mérovingiens inscrivaient sur les
espèces tantôt Àrgenioral *, tantôt Siradiburg^ et que ce
dernier vocable fut usité dès le milieu du viii* siècle simulta-
nément avec Argentortituin; la forme Argetitina civitas ap-
partient au X* siècle \
En outre, le titre de viens (bourgade), qui est gravé à la
suite ^Argenla^ ne saurait convenir à Golmar, qui est qua-
lifié au moyen âge eastrum Argentariense^^ et encore
moins à Strasbourg, ville épi.scopale, mentionnée comme
* Boufceroue dit que c^est peut-être là«* le nom de Colmar en Al&ace, sur la
Tire d*£ll, appelé en latin Argentuaria , peut-être aussi Strasbourg , Argento-
ratum. n Loc. cit.
' Dans la Géographie de Ptolt^mée, où il est nommé 'AffCvtdpaTOv ; dansl7/i-
we^ir» d'Autcnhi et sur la Table de Peutinger Argentoratum.—Cf. la Notice de»
(iauUê d^Adrien de Valois, p. 41, col. 2.
* Numismatiqve du moyen dge^ pi. IV, n« 62.
* Cf. à ce sujet un mémoire de M. Adr. de Longpéricr sur les Monnaiee
épiêcopalee de Strasbourg et de Constance, dans la Bévue numism., nonv, série,
année 1857, p. 319 à 326.
> Voir dans Valois, ubi nipnk, col. 1.
kki yÉMOlBËS
civilaê dans la Notice des provinces romaÎDes de Tan 3
On aurait , il est vrai , la ressource de prétendre qu*au
de vie la légende, dans le sens rétrograde, ferait
mais il faudrût supposer que le premier mot de
scription doit être lu de gauche à droite « et le deui
de droite à gauche. Cette interprétation n'est pas inad
sibie ; mais on reconnaîtra qu*â prtori elle n'est point
semblable. Et même dans ce cas il faudrait que la moi
portât Argenlorat^ Argeniora ou du moins Àrgenlor^ ei
pas Argenta^ qui n'en représente nullement la forme
tractée.
Quant à Argenton en Berry et Argentan en Normal
que Ton a indiqués concurremment comtoB pouvant
le lieu d'émission de notre triais, nous fenins ob&ar
1* qu Argenton est appeM, dans les Itinéraires romam
sur OM monnaie mérovingienne ', Argenîomogus ; qt
vocable a formé par contraction Argentomus on Argi
mum^ d'où sont provenus Argenionium et le nom aci
2^ que le monnayage du nord-ouest et spécialement
de Normandie n'offre point d'affinité avec le type
d'Argenta; qu'Argentan reçoit tour à tour au moyen âg
dénominations à'Argeniomus et d* Argenionium castn
ce qui est en désaccord avec la légende Argenia et
la qualité de vicm assignée à ce lieu par notre triens.
* « Civitas Argentoratensiam. » Voir rëdition de oett« Notice pnbÎM
M. B. Gaérard, £««ai iur le tyitètnê du divù, terril.^ p. 19.
* Sur la Toie d^Auiritum ( contracté à'Aui^torUmm) Limoges, à Àmi
Bonrges, voir les différentes éditions de Vltinérairt d*Antonin et la foi
Peutinger, notamnent dans VAmnuiir^ de ia Société dee antéf^atm de Ft
ann, 1850, p. 250.
t Conbroose, Rtcuêil iupplémmi., pi. XUX, n* 13.
« Orderio Vital, Cknmiq. du dvts d$ Sormandù, liv. Xl^ XII et XIH. •
Vnlois, loc» çit.
^1
KT DISSERTAT I0?i5. A A3
II existe en Limousin une petite ville fort ancienne,
qui semble pouvoir revendiquer plus justement peut-être
l'attribution de la pièce dont il s* agit. C'est Argentat, qui
était déjà à l'état de village , viUa , au commencement du
VI* siècle, lorsque saint Sadroc (Sacerdos), évèque de
Limoges, vint y mourir * ; qui, aux ix* et x» siècles, était le
cbef-lieu d'une circonscription administrative du Limousin,
nommée vicaria Argentadensis * ; qui à la fin du x' siècle
est qualifié de tîctM, comme sur notre triens * ; et qu'enfin
une notice du même temps mentionne sous cette forme,
Ârgentat \ qu'il a toujours conservée depuis.
On peut objecter à notre proposition que : !• la légende
porte le mot Argenta^ et non Argentat; 2* que cette légende
étant connue seulement par la gravure que Bouteroue nous
en a transmise, il est permis de supposer que le dessina-
teur ou le graveur ont ajouté au deuxième A la barre
transversale, et on aurait peut-être ainsi , au lieu des let-
tres liées A/ (AV), les lettres liées N (1 N), ce qui don-
nerait la légende Argentini ci{vitatt')^ laquelle désignerait
Strasbourg.
Nous répondrons : 1* que le t final d' Argentat a pu être
omis comme cela arrive fréquemment dans les légendes^
mérovingiennes ; 2* qu'il est dangereux de substituer à Ta
l^nde reproduite par Bouteroue une légende conjecturale^,
et qu'on serait par là engagé dans la voie des suppositions^
les plus arbitraires ; &* que jusqu'ici l'ujsage de (a forme
< Vit, S. Saeerdot., apad BoHand. Acta S$., mens. Mai!, t n« p. 16.
* Car flaire de Bêauiieu, chartes LXXV tstCLXXVI.— Cartulairade Tolle^
dans Balnze, Bui, TuUl,, append.,.con. 334 et 34^.
* Vit, B. (hraldi Aurtliac,, apnd Biblioth. Clmiiac, col. 101.
* Balnze, Hitt. Tutti , col. 347.— Cf. un acte d^ IS63,. diins. Jnjittf) ^ Hisk^
§énéalo^itfue dt la maiton de Turtnn^t pr. p. 5(S«
hhk MÉMOIRES
ilu nom de Strasbourg , Argenlina ciiilas^ n*a été ca
qu*à partir du x* siècle * ; que Ton n'a trouvé su
deuxième race, et particulièrement dans le monii
mérovingien, que les vocables Argeniorat et Stradiln
que dès lors on n'est guère autorisé à y ajouter sans |
celui à\-irgentina.
Toutefois « nous devons reconnaître Timportanc
objections que soulève notre attribution , et c'est poi
nous avons rangé la pièce dont il s'agit parmi nos
taines.
MOXTCnXi?;.
À
i
89. IN LEc/^EM. Tète diadémée et buste barbares; 1
dans un grènetis.
K. + LEODARDQ N. Croix égale: le tout dans um
ronne ou grènetis.
Tiers de sou d'or. Poids» l»^20. Fia du vu* siè<
commencement du \iii*. — Cabinet de M. Hyrvoix.
M. Fillon , en publiant cette pièce y a proposé de 1
buer à Souesme , bourg du département de Loir-et-(
Mais, d'une part, ce nom ne parait pas être une tradi
vraisemblable de Cesem; d'autre part, le revers, a^
croix au-dessus d'une croisette, dans un cbamp bien e^
rappelle assez bien la fabrique limousine. II existe
l'ancien diocèse de Limoges, archiprëtré de la Porc
r
■T
il
I
> Voir le mémoire précité de M. Adr. de Longpérier ivr les J
copaUê de Straêbomrg et de Constance ( Bev^Êe mmfsm., ann. Itt57, p. 31'
* Uttre* à M Dugtut-Matifeuj: sur quel(iMe* monnaies françaises, p. 84
n* 6. — Cf. Lelewel, Nmn, du moyen âge, pi lll.n* 43. -^ M. Fillon faitn
d'an triens du musée de U ville de Saintes portant au droit In Cestmo^
revers BoseUno m, et qui , suivant cet habile antiquaire, se rapprocher
le style des monnaies d'Orléans ; mais nous n'avons pu nous en pr
d'empreinte.
ET DISSERTATIONS. Ai5
sur la rive droite de la Soudène , à 6 kilomètres environ
an nord-nord-est de Chambéret S un lieu actuellement ap-
pelé Montceix (Saint-Nicolas-de-) , et à la fin du moyen Age,
Mantcese*^ qui est évidemment formé des deux mots ifofil
et Ce»e ', comme cela a lieu dans Monte-Mediano^ Monte^
Bêllo^ Mante-Broallo ; si Ton replace les mêmes mots dans
un ordre inverse qui est plus usité* comme dans Bellth-
Mante ^ Mediano-Uonte , on trouve la légende de notre
uiens^Césf'il{onte). Montcèse ou Montceix possédait un
prieuré qui est mentionné dans le$ anciens pouillés du
Limousin. Ce n'est cependant qu'à titre conjectural que
nous proposons cette attribution.
NONTi:ON t?).
91. NONTROy {Nonironu ou Nontroni). Tête barbare
à droite.
^. AYILALDVco . Croix ancrée à branches égales, poten*
cée, avec deux points sous les bras.
$. Tiers de sou d'or. Poids, 1«',20. Commencement du
VIII' siècle. — Cabinet de M. le comte de Gourgue.
Cette pièce, qui a été découverte à la Beau^âère en
Vendée, est attribuée par M. Fillon, qui l'a publiée, à la
▼ille de Nontron , aujourd'hui chéf-lieu d'arrondissement
I Canton ck Treigsao, arrcDdiMement de Tulle (Corrëze).
* Mss Biblioth. impér., fonds Saint-Germain français, n* 878 , t. II , et
emri. 135 Ce lieu est nommé, eu 1303, Montcetigo, Mu. BIblioth. impér.,
coneot. Gaîgnières, 1. 185, p. 25.
* Ct99 dibigne peut- être ici une montagne coupée, tranchée, dans un but de
fortification, comme cela a lieu au Puy-d*Ai:iiao et au Puy-Saint-Clair à
Tulle, où existent deux coupures profondes pour isoler )e promontoire qui'
portait le eosfrtim, et qu*on appelle encore dans let deux endroits Cci du
Tranrhat,
1862. — 2. SI
I
.'il
àh(& UÉMOIRES
dans le déparlement de la Dordogne, avant 1789 cbef-
d'archiprëtréet d'archidiaconé dans le diocèse de Lim<^
Nontron est un lieu fort ancien, mentionné, dès 785 (
le testament du comte Roger, avec le titre de easirum l
tronense^ et au commencement du xu* siècle, dans
bulle du pape Urbain II , sous le nom de castrum de /
iron \ c'est-à-dire sous sa dénomination actuelle, identi
avec celle de la légende de notre triens. 11 fut, au x" sié
le chef-lieu d'une centaine, circonscription judiciaire
Limousin', et il n'a cessé d'avoir depuis une certaine
portance dans l'ordre administratif comme dans Toi
ecclésiastique.
Malgré ces considérations, nous ne pouvons attribue
monnaie dont il s'agit à Nontron en Limousin qu'avec
serve et à titre de conjecture, par le motif que l'effigie
d'un style Orléanais très-caractérisé , et que ce n*est i
défaut de position géographique convenable dans ce |
que nous l'admettons provisoirement dans notre série.
/ i! J
■ n
rii
P AULl AC ( Corrèze on Charent** ) V
02. PA0L1A<0. + Tête à droite, ceinte d'un double 1
deau perlé terminé sur la nuque par une double ban
lette; buste habillé, orné d'un rang de perles.
lï. GVNDOVALD— (?). Croix ancrée, fichée sur un gl<
Tiers de sou d'or. Fin du deuxième tiers du rii* siè
* M Duno etiaxn in Lcmovicen^i pago castrum Nunirontnm^ » Dani B
Hifi, et» comtes d» Poitou et dnc* de GMyenn» , appemlice ; et cUna Mahi
Analêcla actor, veter, — Mabitlon, Àcta SS, ordi», S. Amm^.,!. n,p. •
écrit Netrone»ni castrum),
s Ezcbartnl. S. Martini Turon., cb. an. 921. Mas. Bibliotk. imp^r., r
Saint-Germain, r.« 960, fol. 98-99.
ET DISSERTATIONS. AA7
GoDbrouse, Recueil des monétaireê des rois mérovingiens^
pi. XXXVl , !)• 2. — Allax des tnonn. nalion. de France
(mérovingieDnès), p). CLYIII , lettre E, n* 2.
Getia pièce, que ûous oe connaissons que par la gravure
qti^en a fournie M. Conbrouse, rappelle assez peu les espèces
limousines pour que nous hésitions à la réunir à notre
série. Mais, d*un autre côté, on n'y voit pas de signe ca-
ractéristique du moDoayage d'un autre diocèse, et nous
devons dès lors produire les témoignages écrits concernant
deux lieux anciens du Limousin qui ont porté le nom de
l'atelier inscrit en légende sur ce trions. C'est d* abord
la tiUa PaoHacus , mentionnée au x* siècle comme étant
contenue dans la vlcairie de Brive, et donnée au monas-
tère de Tulle : « Et villam quae est in vicaria Brivensi, Pa(h
R Kacum dictam , cum vineis et omnibus ad ipsam perti-
«nentibud... quae omnia in comitatu Lemovicensi, dono
« sanctoMartino et monachis ejùsV n Ce village est Pauliac«
près et au nord d'Aubazine, à l'est-nordest de Brive (Cor-
rèze). Il est une autre localité appelée Pauliagas dans nn6
chiarte du ix"" ou du x^ siècle . et désignée comme faisant
partie de la vicairie de Cbassenon en Limousin : « In urbè
« Lemovicino, in vicaria Cassanommense. ... Pauliagvs villa
• major *. » C'est de nos jours Pauliac, village au sud-ouest
de Cbassenon. Chacun sait que PaoKacus et Pauliacus ou
PauUagm ne sont qu'un seul et même mot ', et qu'il n'y a
pas beaucoup d'importance à ajouter à ceâ orthographes
* Testament. Adeinari vicccoxnitis. circa ann. 930, dans Baluzr., Hitt, Tutel,^
nfftiÈd,, col. 334.
* Mm. Bîblioth. impér., cart. 135, 1. 1*% p. \2*J.
> NoiM avons la prenTe directe de Tidentité de Paoliaeui et de PamUoew dans
ee fait qne Pauliac sni Dordogne (canton de Bretenouz, arrondissement de
Figeae (Lot) ), est appelé Pauliacus dans deux chartes du x* siècle [Carhtlairê
A&8 MÉttOtBES
différenies. Aussi, quoique la seconde des localités ci-d<
indiquées ne porte pas, comme la première, un \(h
absolument identique au nom de notre atelier, nous crc
devoir la préférer par le motif : l"" que les ornement
buste se rapprochent de ceux des bustes poitevins, el
Chassenon est voisin du diocèse de Poitiers ; 2* qu*îl €
déjà deux triens du Limousin (n°* 83 et 8A) signés
Gondovald comme celui de Pauliac , et qu'ils ont été I
pés à Fursac, dans le nord du Limousin, c'est à-d
Textrémité opposée à celle où se trouve le Paulia
Varrondissement de Brive.
Mais ces indications, cette préférence, nous ne les
duisons qu'à titre de conjectures , et jusqu'à ce qu'il
soit permis de vérifier sur le métal même on sur une l
empreinte le style de la pièce dont il s'agit, nous n'ei
dons point exclure les lieux du même nom qui soi
grand nombre dans l'ancienne Gaule K Nous croyons
voir seulement restreindre la concurrence entre les '
et villages du Midi ; car, autant qu'on peut en juger d'j
la gravure de M. Conbrouse, notre triens est de fabi
méridionale,
4t Beaulieu , cli. XXXVUI et LXXIII ), et qu'un mjtnse tout voUin et <
dant de Pauliac prend , dans une eharte du xi* siècle , le nom de Gt
-• PAOLiÀCOt qui est évidemment une variante du nom de Pauliac.
«h. Lxxxn. )
* Nous citerons entre beaucoup d'antres :
1" Pauliac sur Dordogne, dans le Qnercy septentrional , qui a été cl
d'une vicairie aux ix* et X* siècles [Cartulaire de Beaulieu, ch. XXX
LXXIU ) ;
2* Pauline sur la Gironde, qui a une importance cominereUUe o
rable ;
; ^* Paulhac, arrondÎMement et canton de Saint- Flour (Osntal).
ET DISSERTATIONS. AAP
FAGEAS ( V ).
9S. 4- PATICASO VIGO. Tète barbare à droite » ceinte
d'une couronne terminée par trois bandelettes au sommet
et deux bandelettes sor la mique ; buste babillé.
^. RAGNVLïO M. + Croix longue, ancrée, posée sur un
point ou globule.
Tiers de sou d'or. Rn du vir siècle ou commencement
du viir. — Cabinet de M. Poey d'Avant '.
94. +PATIGAc/:0. Tête nue à droite.
$. DEORRICILO. Croix égale, avec un point aux quatre
cantons , dans une couronne de perles d'où s'échappent
deux bandelettes.
Tiers de sou d'or. Fin du vu* siècle ou commencement
du vnr.
Revue numiêm.^ année 18^, p. 272, pi. X, n"* 13*
M. de Saulcy, en publiam la deuxième de ces pièces
dans la Revue^ n'a pas cru pouvoir en déterminer l'attribu-
tion ; il a seidement indiqué comme pouvant la recevoir,
Pageas, près de Chftlus en Limousin (Raute-Yienne), et
Patinges en Berrf , arrondissement de Saint-Amand (Clier) '.
En présence de dessins si grossiers , qui annoncent Tap*
proche du vin* siècle, il est bien difficile de démêler le
type de nos deux pièces. Le mot de Patinges en Berry
convient assez bien, car il ne nous offre qu'une n de plus
que la légende du n* 9i. Mais PageaSy chef-lieu de paroisse
' Le« légendtss «euI««ODt été éditée:! par M. Filloii daiia ses Étudts uumUm.y
p. 139.
* M. <x>nbrou8« parait avoir préféré Paiingtt ; toutefoi» il accompagne c«
nom da signe du doate (?)• Bec. dtt monét. mérov., pU XXXVI, n* 1. —
Àilat, pi. 158» lettre £, u« 1. — Catal. rais,, p. 39, u* 612^
\
\
A50 MÉMOIR£S
de rancien diocèse de Limoges, ne conviendrait pas me
car suivant la loi générale , le nom primitif de Paligi
se serait naturellement contracté en Patgasum^ puis F
et Pageai.
SOX....CNOX (?) (lifu inconnu «in LimcHisin).
116. + 201. . . . CNOT ( rétrograde ) . Tête à droite, c
d'un bandeau perlé terminé au sommet par une gi
perle ; buste orné de perles.
+ AOErEMARYc» {Adele$naru$). Croix longue an
haussée sur deux degrés; le tout dans une couronne.
Tiers de sou d'or inédit. Or pur. Poids, Is'^SO. Fi
deuxième tiers du vit* siècle — Cabinet de M. Pc
d'Amécourt.
Le légende du droit de ce triens donne, dans le
rétrogade (qui me parait le plus vraisemblable), SoL.
f (7), et dans l'antre Lonc.JosouTonc.Jos {!).
ne pouvons indiquer même conjecturalement son \
bution géographique. Néanmoins » l'effigie , la couron
le buste présentent, plus encore que ne le ferait ju(
gravure que nous reproduisons, le style de la fab
limousine. Les ornements ayant de la ressemblance
ceux d'une monnaie de Brilliau-Fa ( n* 108 ) et su
d'une pièce de Vallière(n'' 118), nous serions disp
penser que le lieu d'émission de notre triens n'est pa
éloigné de cette dernière boui^ade.
Arrivé au terme de notre description, nous devons p
rapidement en revue les pièces qui ont été attril
au Limousin par quelques auteurs, et que nous rej<
de notre série.
■.';-■;
ET DlSSERFAtlONS, Aôt
1* Les trois trîBns qui portent, dans la légende dti droit,
le nom iYAreduno vico, et, au revers, les noms des moné-
taires Fantolenus^ JUagnoaldus et Teodulfus \ ont été, dans
le principe, attribués à Saint-Yrieix. Mais, d'une party noua
savons que cette ville du Limousin a été appelée primitive*
ment Âtanum, et sur les pièces mérovingiennes Sctcj [Sanc"
tu$) Ârediuf ' ; d'autre part, on a reconnu que le vocable du
droit désignait Ardin en Poitou (département des Deux*
Sèvres), et c'est un point qui parait aujourd'hui irrévoca-
blement fixé.
2* Nous avons montré, à propos de nos triens de Saint-
Yrieix, que l'on ne pouvait pas non plus attribuer à cette
localité la monnaie qui port«, d'nn côté le nom de Clo-
taire II, et de l'autre celui à'Aredi* : celui-ci désigne, à
notre sens, un monnayer et non une localité.
3* Deux triens dé Bellomonte^ avec les monétaires Au--
diernviê et Ertnoaldus \ On a cru pouvoir placer dans Tune
d^ localités limousines appelées Belmont ou Beaumont
Tateber d'où sont sorties ces deux pièces '• Des chartes
de la deuxième race signalent en eflet dans notre province
des bourgades nommées BfUusmons. Mais ce vocable et les
noms modernes qui y correspondent eont très-répandus sur
toute la surface de l'ancienne tiaule, et, si l'on s'en tenait
à cette ressemblance ou même à l'identité de nom, on tom-
berait dans un embarras inextricable. C'est alors, nous ne
« Bevu» nymi»m., t. V. 1840, p. 105, pi. VI; t. VII, 1842, p. 435. pi. XII ;
1. IX, 1844, p. 387 et vignettes.
* Voir oi-dessni, danà le V* f;roupe, lu description des o5>* 42, 43 et 44.
s C/M tuprà,
* Pièces du Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. Cf. Bnr-
thélemy* Mmtml At mimitmalifiM modernt, atlas des monu. néroviog., n* 192.
> Bulletin de ia SociiU historiqu» tt liltérairt du Limousin, t. IVt p. 176.
452 11ÉI101RK9
saurions trop le répéter, que l'étude des types et des st
diocésains est du plus grand secours. Or, dans Tesp
les triens de Bellomonte ne présentent point le carac
de la fabrication limousine, et Ton a eu tort de les f
provenir de cette cité.
A* Nous avons montré, à propos de Briva vico S (
par suite d'une mauvaise leçon de lettres liées, ou ai
buait inexactement au bourg de Brive-la-Gaillarde
pièce qui, en réalité, portait au droit Brivate^ et soi
de Brioude en Auvergne.
5* La monnaie qui porte Bri+i$ {Brixis)^ que Ton
Briliê^ a été attribuée à Bridiers^ dans la Creuse {m
est du Limousin). Msds, en premier lieu, Bridiers i
appelé Brider iis ou Brideris^ et non Brilis; en second 1
ce n'est pas ce mot qu*il faut lire, mais Brixis^ Yx é
représenté par la croix qui vient après le premier t
existe une autre pièce frappée à Brexis ', dont Brixis i
qu'une variante; et ce mot, qui s'écarte tout à fait
Bridiers, s'appliquç très-bien à Brèche (Indre-et-Lo
dans la Touraine.
&" On connaît deux tiers de sou d'or au nom de Baeic
M. Maurice Ardant, qui en a acquis un récemment, c
qu'il est originaire de Razé, bourg situé eu Limousin,
nord de Limoges ' : c'est là, suivant nous , une opii
> Voir plus haut la description du Vil* groupe^ et u^taBuneat é» n
et 63.
• Cf. RêWie nunUêm., 1840, p. 103, pi. TI.
» Ibid., 1839, p. 437, pi. XVm.
^ Urid., 1845| p. 314, vignette. — FiUon, CotuidératiofU kist. «1 arfwC »
monn. d$ France et Lettrée à M. Dugaet'Matifeux eur qttel^ueâ moim. fraa)
inédites,
■ Compte rendu dee eéanees du congrèe ecientifupie de Fremce (session de l
t. !•», p. 275-276.
ET DISSERTATIONS. 453
tout à fait erronée. D'un côté Razé n'est connu, dans les
titres du xi* ou du xii* siècle, que sous le nom de Rase$.
La petite ville de Rézé en Poitou , sur la rive gauche de la
Loire, est incontestablement le Ratiaium (PaT(aTov),que
Ptolémée place chez les Pictones^ et le RatiaUn$i$ vkus de
Grégoire de Tours au vi* siècle. Mais ce qui est à mes yeux
plus décisif encore, c'est le style de la pièce, qui n'a rien
du Limousin, et présente , au contraire, le style du Poitou
dans sa période de dégradation la plus avancée.
7* La monnaie qui porte en légende Silaniaco — Abun-
iantiu» (n"" 97) est, ainsi que nous l'avons expliqué à
propos du cinquième groupe et de Selaniaco ( n* 33 ) , com-
plètement étrangère à notre série.
Max. Deloçhe.
ibh
MÉMOIRE»
TABLB ALPHABÉTiQOË DES NOMS DE LIEUX
tnscrilten légende nur les monnaie* mérotingienne* du Limoi
MUMiÊBOS
KOM LATIN.
des places sur
les planche»
et dans le texte.
POSITION DS L'ATELlCtt.
Abrianaco * ( dans le
oliHnjp Lêmo), . . .
f«
Abriao (Corrèxa)?
Peut - ocre le même
qu'ilpnafico.
Ag9nno 80
Ajaiii 'Creuse).
Ambaae ( Hante- V1emie>.
Ambadaco
30,31
Analiaco
27
NailUc(CÎreu«e).
Ajprianco
37
Abriae(CoiT^M>.
Ptiut - être le même
qvC Abrianaco.
Argfnta vie
87
Argentat ( Corrèze } ?.
Artonaco
Arlvnaco vico
98
112
Baracitlo
Le même que Brit^Uoo,
1^;?^!ÎÎ0 ÎBrilUau.Fa(Creu«,).
Barro cattro
88
Bar-êur-Corrèxe ( Corrèxe ).
Biaenate pago.' ....
68
Beynat(Corrëx6).
Blatomago
71,74.75
Blon on Blond (Haute -Vienne)
Blatomo Sci Mart{ini).
76
Blon on Blond ( Église de ) ( Haï
Bonêculiat ou Bonecu-
Vienne i.
liUê
86
Bonœil ( Indre ).
Berchat (Corrèze) ou Beraao (Haï
Breciaco (pour Berciaco
128
Vienne).
BnciUoo
108,109.110
Voir plus haut Baraeillo^ le mi
qne Briciiloo.
Brillac ( Charente).
Bnlliaco
85
Brioita, ,
32 Brioune ( Creuse ).
62,63 1 Brivu-la-Gaillarde ( Corrèxe ).
Brioa rico.
Caban iêio
46 Chabauais ( Cbareuie ).
Cabiriaco vico
^ 4 Cliabrac ( Corrèxe ). Voir Canin
^ \ n- 55 et Curisiaco u" 5-.
Cabrianeco
35, 36 Cbabrignac ( Corrèze ).
Cantriacocico
55
Pour Cabiriaco rico ? .
Voir Cabiriaco.
Carovicus
18 CbervU ( Haute- Vienne y.
Ctêt monU (/n)?. . . .
89 \yoir In Cesêmionti)?
1 Deux tiers de Ma appartenant k M. le comte de Chaeieiffaer, de Berdei
portent cette intcriptton en lëgeade. Com me noue n'en avon* pae «i lee emptdi
k notre dlepoeltion, nous n'aTou pu ni Ice décrire ni les faire grarer sor ■« pi
chet. Notu les indiquons d'aprè» le Compte rendu d* congrèt tcitmti/qmê de fVi
(session de 1850). t. !•', i
?. 379.
,11 1
n DISSERTATIONS.
A55
NOX LATIN.
Choiêëir
Cidaco
CttUint9C0
CmUinaeo
Codaco
CoitpHniaeo
ContiUo contra
Oitritioco vtco. »...
Danacohi vie. ( Dahinaco)
B^wriocaatro E.R. dans
le champ, Eccle$ix
Ratio)
Egaio
£»cmdcn€
Etpaniaeo ,
Le même que SfMniaeo.
Evira vico
Firruciaco ,
Le même que Firruciac.
Oêmtliaco
Le même que GemiliMo
Gianonno.
In Ct4« m{(mte?), , .
Lêmotêcai
[Lt]mùfBictê
el
Um cirv ,
•C
IMnodecas
iÀmovegoê
Umovix (Ratio Eeiiêiae)
Loco Sancto
Le même que Vjco
Santco
et
LoeoSanto
Marciaco ,
Mangonaco, ....
Mêdianocta
JfonftfMoco
NotUronu on Nonlrofii?
Noooantru,
de» i»l^ces ëur
les ptaacHet
et dmnsle texte.
125
104
38
Mèee décrite d'à-
r«eC4Mikro«e.
34
11
64J14
56,57,58
104
53
121
115
70
71
61
82.83
84
16.90,99
14,15
126
89
5,6.7,8 t
10
POSmOK DE L'ATTUiJl.
Lien încxmou du LiœouMu.
Ciwo ( Oorwige ).
Ghignae (Corr&ze i .
Cousaac-Bonneral (Haute-Vienne).
OmpreifliAc ( Haute- Vienne).
CursRC ( Haute- Vienne).
Dagnac on Dignao (Corrèze ) ?
Eyburie ( Corrère. )
Eyjaux ( Hante -Vienne).
Yssandon ( Corrèze ).
! Espagnac ( Corrèze).
I Lieu inconnu dn Limousin , dans le
f voisinage de Naves ( Corrèze ).
{ Fursac ( Creuse ).
} Jnmillac ( Grand- ) ( Dordogne ).
I Glanne (Lot) ou Glény (Corrèze).
I Montceix (St.Nicolas-ae-) (Corrèze)'
} Limoges ( Haute- Vienne).
9 •
122
1
23
f Limoges ( Egli^^e de).
24, 101 > Lieu inconnu du Limousin.
22. 102. 103
20,105
19
17
79
91
120
Marsac (Creuse ).
Mag;nac-Bourg ( Hante- Vienne).
Maisonnais ( Charente).
Montignac ( Creuse ).
Nontron (Dordogne)?
Nonhant (Creuse).
i neaisterait es entre, d'après le tëmolgaaice de XM.Conbronae et OnlUeBot.
deaxIrleBS de Imimmcos «ni m sont pas gravés dana nos planches. Le n* < fl<(ure
denz fols snr nos ptanelisa : la kenne graTnre est sur l'avant-deniièie planefee.
* Cette ptèee tgtire deux fois sor nos planebes : la Immbs gra«nie cal dan» Is
dernière plaaebe.
&66
UËUOIRK» -
13
NOM LATIN.
Nota vieo *
Palathtm [Ecliê\iae] ffa-
tio)
Paoliaco, «
Paticatorigo ,
Le même que Pàtigato,
Petraficta
Pino
Potei^o
Racio Aecliê'L.E.M.O.
Aocio Aeciaim$ ( lisez
Aêcliêioê)
Ratto Aeclit.-Lemotix.
R.E. [Racio EccleiUt),
Riêo Ihmin. . . , . .
Ilttwum(?)
Rufiacu
Sagilionê ou Sugiliont
vico
Sagfaciaco
Le même que Saraciac»
SiigraciacoÇf)
Douteux qu'il soit le
mdme que Saracitico,
Sa.„.co (Salliaco?)^
Salviaco
Saraciaco
Le même que Sagra-
ciaco, ......
S. . , .niaco {Saviniaco ou ' ,
Selaniaco
MCMÉROS
des pièces rar
le* filaaches.
•tdftnsletazte.
Set Jfar(iini) Blatomo. .
Sco Argdio
Le même que Sco Aro-
dio »
Selaniaco
Sennamauro *
Serotennum
Seroenno
•t
Sirouno
Silaniaco.
77, 7a, 123
21
92
93
94
25
106,107
95
2
3
1
93
45
65
117
81
40
m
96
66
26
39
40
41
76
42,43
44
33,127
12
13
69
100
97
POSITION U£ L'ATELIKR.
Noulo ou NoYic ( Hsnte-VienDe}.
Le Palais (Haute- Vienne.
Pauiîao ( Gorrèze ) ?
' Pageas ( Hante-Vienne ) ?
Peyrafiche (Haute- Vienne).
Pineau ( Haute-Vienne ).
Chftteau-Ponsat ( Haute* Vienne ).
[ Eglise de Limoges.
Voir Eburio.
RieuprèsDun (Creuse).
Lien inconnu situé dans la Corrèse
Ronffiac ( Cantal ).
Voir Smgiliont,
Voir Samdaco'.
Seilbao ( Corrèse).
Sauviac ( Haute- Vienne ).
Sarazae (Dordogne ).
â Savignao ( Dordogne ) ou Salagna
J ( Corrtec ). Voir Seiamiaco,
^ Eglise de Blon ou Blond. Voir Blctc
I mago.
Saint- Yrieix ( Haute- Vienne ].
Salagnac (Corrère). Voir S....m%acc
Sennur (Morterol-) (Haute- Vienue]
Sarrou ( Corrèze) .
(Lieu étranger au Limousin, probi
blement en Orléanais.
I II existe aue quatrième pièce de NtRlXo ( Novovieo ) signée da mta»
que les !!«• 77, 78 et ISS et décrite par CoDènrase (AtloM d*9 WÊOim. mat,
t La BibUothèqae impériale poasèle on second triaas dderitdana aotra
*' U 7 a aoasi ane pièce k la légende Scuê Arêdi, décrite d'après BonlermM.
h Va deuxième triens, décrit dans le texte, est absent de nos
Bétail
ET DISSERTATIONS.
NOM LATIN.
NUMÉROS
des pièces sur
les planches
etdsniletexte.
Soi.. ..mo oa Sof....eno.
Sjpaniaco
L« même qu^ Espa-
niaco
Sugilione ou Sagiliont
vico
Talilo Castro
[Toln'nna
I
Uierca
Uarra caitrum
Usêalia C. [naatrum). ,
Vallana tico *. . .
...t.. .Je
116
71
70
81
60
67
POSITION DE LATELIE
Locftlîté dn Limoamn encore i
nae.
\ Voir Etpaniaeo.
Lieu ÎDConnu du Limousin .
|Teillol(Corrèzo).
I Tnrenne ( Corrèze i .
47 48,49,50,1
^^ et?30^ } Uierche ( Corrèw ).
51
59
72,118
113
(u*
Usael (Corrète).
Vallîèr6( Creuse).
Lieu inconnu dn Limousin.
t n exbte sa ettbl»et des médailles un troisième tricns arec la mvme U
&Ô8
MÉMOIRES
TABLE DBS NOMS DE PERSONNAGES
Inscrits sur les monnaies mérovingiennes du Limousin.
Nota. Sauf le ■•m Clodovew inscrit sur les n*« 4 et 67, et qui désigne le roi
Clovis II, tons les noms de personnages doivent être, suivant nous, considérés
comme étant ceux de monnajers.
6l
NOMS
DES fBKSONMAOKS.
AImndantiua..
AcoUnns, . .
Acu...v<mBof .
Adelemaru*. .
Ado
Aegulfo»., . .
AnsotnauM . .
Ansoinius, . .
ArrUoréui.. .
Atnaricut. . .
AmioaUm.. ,
Awiobodu».. .
Auêoniuê . .
Authariuê . .
Aoilalduê. . .
Baidenus. . .
Baselianus . .
Batitianw.. .
Baudegiêelus.
et
Baudigiêtlm».
BaudoUfiMt K
Baudotenu*. .
Bêii^ ....
Bobhoèmg. . .
Bottfinuê s
Joso
Bosolenu»
CadoUfiut (gravé à tort
pour BatM/o(e/liw) . .
Ctanim
NUMÉKOS
des pR«M sar
les planches.
»7 »
76
91
116
12B
29
9
122
8
7
38
27
14
35 36,37
91
51,55, 66
50
49
100
13e»<t»
43
42
39
80
39
34
64,114
N
10
66
43
20,105
NOMS
PEa raasovsAoas.
CharvaHcut
Clodontuê, rtx, . .
Clodoveut
Coêta..,ian%u {CmHan-
Hamu»). ...'..
Cudocatdus ....
Cundovalduê ou G^ndo-
valduM. Voir Gwndo-
vakku
Oocoa^tw
[Doe«]alémê{7)
I>acocaldus
Daocotum
Oaulfiu
fhorridluê
Diacioaidio poof Da-
Donmifnê. .
S..dêekinhu
Biiei pumr KÊgk» dana
le •
fiSMl IM« . * • ■
£|pfrtfnM. . . .
E,,..udnut ou
drtiM . . . •
FaUo
FUu»ulf%u^, • .
FUulfMs. . . .
Fracardui.. . •
Glovto. . . .
GondoUnos, . .
F....II-
KUKÉROS
des pièces sar
les pluches.
32
4
67
87
124
17
23,24.103
103
101
69
5
94
2
126
113
4
79.120
96
85
44
63
77,78, 123 et
peut-être 86
57,58
72,118
70
t Cette pièce n'a pas été frappée en LimoosSa ( voir daas la taUe prtfe<Jeate aa
mot SUaniaoo ).
> On a graTé CadoU/u$, mais k tort.
' Pftee décrite daas le texte, mais non gravte snr nos plaadies.
« Pièce décrite dans le tcite, mais absente de nos plaaches.
KT D1SS£ATAT10?IS.
NOMS
DSfl PKI801
GmrllM o« Grtullo,
Omtéorald
QuitdoraUlus ou Cundo-
val^luM
Haulfuê (ponr Flavl-
f^?)
Ildêbodua
lUriwM (?)
Lttunecu
Lêdeguseluê
Uodardu*
Leodesiua
Leodo
LêodHlfus
Madelinuê
MantU
Blariaiut
ÊlarinvifÈUê
Mariuceoi
Maurus
Modêratuê
Mod „.wu ( corrompu
de Moderahu). . .
NailMwl... \Nantoald?)
Sectariui» ......
ifora^eiiM (?)
Omarku
Pûftenciut. ^ . . ^ ^
NnxÉMW
4«»pf^eet SOT
Tel planches.
61
83,84
92
17
86
106^07
41
95
116
89
117
52
46
26
48
96
1
88
51
28,108,109
111
404
16,90.99
21
3
30
NOMS
DR8 PBRtOXNAOES.
PastinduM
Plooriduê
Racnulfut
Ridulfut
Satomtu, .....
Satumus
Savelo
Seco.. . ,
Tilaiuê ou Ttlafui.
Ttodoaldui
Teodolenui
Teodulfuê
TtudovalduA
Thêodolenut
Thibaiuê
Thibaiuê *
TirUwindmê
Ugo
Vnio
Ufulfuê
UriU9
Url
Vadolenuê *
KifiooW »
mun won.,
UlU9., . .
... .nduû. . . ,
NUMÉUO
des plbces
les plaitchi
31
65
93
53
12
6.11
73,74,12
68
129, I3(
82
18,40
19
124
45
125
71
47
62
128
15
119
25
60
110
112
I, t et s. Plëçti* mcBtionoées dans notre deseriptinn. mkisabssntes de nos plancl
1
&dO
Mf'.MOIRE
ESSA
L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES
DE LA MAISON DE
ET WCSCRIPTION DE LEURS MON!
(PI. XVII
Sixième et deniier article.
Marie (1A77-
A la mort de Charies le Téroéraî
des ducs de Bourgogne devinre
fille, Marie, qui se trouvait ains
face aux nombreuses complicatic
cet événement inattendu. Je n's
dans le détail des moments diffi<
t Depuis la publication du chapîtr» sur
raire, M. Dewismes est devenu possesseur <
qui e«t une variété notable des n** 69 à 7
consiste en ce que. du côté des deux lions ai
PAC :POPVLV:TW: DOMINE: 1474: et
est: KâROLVS.DEI:GRA:.DVX:BORG:C
les mêmes , il a*/ a que la transposition dei
donc un coin essentieUcment différent des ai
je le pense, ceux qne je viens de rmppoler.
ET DISSERTATIONS. 461
à traverser dans le commencement de son règne ni des
avanies que lui firent subir les Flamands révoltés et parti-
culièrement les Gantois ; cela sortirait entièrement de mon
sujet 11 parait d'ailleurs peu probable qu'au milieu de tous
ces troubles et des chagrins qu'ils lui causaient , Marie ait
eu le loisir et même la pensée de s'occuper de ses monnaies.
Il pourrait même se faire que les Gantois, un moment vic-
torieux après la mort d'Hugonnet et d'Himbercourt, aient
pris sur eux de faire continuer le système monétaire adopté
par Charles le Téméraire en changeant seulement le nom.
Cependant tel n'est pas mon avis, et je pense que les ré-
voltés eussent regardé à deux fois à usurper des attribu-
tions appartenant essentiellement au souverain; je crois
aussi que la princesse, vu les embarras nombreux dont elle
était assaillie , ne put s'occuper qu'assez tard de ses mon-
naies. Du moins jusqu'à présent nous ne connaissons pas
de pièces au nom de Marie portant la date de 1A7Ô, ce qui
aurait pu être à la rigueur, son avènement ayant eu lieu
i la mort de son père , le 5 janvier, et l'année finissant à
Pâques, c'est-à-dire le 6 avril. D'un autre côté, il me parait
également certain que la reprise du monnayage au nom
de la duchesse eut lieu avant son mariage avec Maximilien,
archiduc d'Autriche, dans le mois d'août 1A77, car nous
trouvons dans les registres aux mémoires de la chambre
des comptes de Lille la mention suivante : « Le 12 juin
1A77, Gérart Soyet, maître général des monnaies de la
duchesse, avertit messieurs des comptes qu'il ne pourra
assister à la journée du 15 assignée aux monnayeurs pour
être présent à l'ouverture des bottes, qu'il demande de
remettre au 1" juillet', »
* Registre côté M 24 ( 1473- 1600 ), f. xxn Y»,
1862.-6. 32
A62 UÉMOIBES
Les documents monétaires relatifs à la période que n
examinons en ce moment sont trës*i*ares. Les archives
la chambre des comptes de Lille, qui aviûent été d'ui
grand secours jusqu'ici , nous laissent presque compl
ment sans ressources. Ce fait s'explique lorsque l'on sa
que depuis le mois de février 1A73 (v. st. )) les chamt
des comptes de Lille et de Bruxelles se trouvèrent réui
i Malines jusqu'au mois de juillet 1&79. Durant en
période* on comprend que l'envoi des instructions moi
tiûres et autres documents du même genre dut être fai
la nouvelle chambre des comptes et non aux anciennes ^
Bien que nous n'ayons pas la première instruction à
vrée aux maîtres particuliers de la monnaie de Fland
sous le gouvernement de Marie de Bourgogne* comme 1'
spection des monnaies de cette princesse, où désonr
les dates d'émission sont indiquées, nous permet de m
assurer qu'elle ne changea pas de types ni de système t
qu'elle vécut, il n'est pas, je pense, téméraire d'avan
que cette instruction devait être identique, sinon par
termes, du moins pour le fond, à celle du h déceraJ[>re lil
dont je parlerai plus loin en son lieu et place. Ce mè
examen des monnûes nous fait connaître qu'elles porti
toutes exclusivement le nom de Marie, et jaoïais celui
Maximilien. Il n'est pas probable que les États de Fland
à l'instigation desquels ce mariage s'était accompli, eussi
* Que sont devenues les arcliives des deox chambres réunies ? Cast ce
JMgnore : elles ne sont pM aux arohires do royaume, à Bruxelles, car M. i
cliard, direoteor général desdites arohives, n*a pa nous fournir ^iial*lBdiaM
d'ordonnances monétaires relatÎTes an Brabant, en date dn 10 novmbre I
et da 1** avril 1479. Je lui dois néanmoins des remercUnents pow ToUlfea
qu*il a eue en cette occasion. Peut-être que le renseignement que je don
puisé dans lo registre aux mémoires précités , mettra-t*!! sar la ¥oie de la
couverte des archives de cette période.
;
ET DISSERTATIONS. tfiZ
toléré qu'un nom autre que celui de leur souveraine parût
sur les monnaies, contrairement au précédent qu'avait
établi Philippe le Hardi lors de son avènement au comté de
Flandre. Mais ce fait n'empêchait pas que les ordonnances
nonétaires, de même que toutes les autres, fassent rendues
au nom de Maximilien et de Marie. C'est en effet ce que
nous voyons dans celle du 12 octobre li78, où le duc et
la duchesse fixent le cours des monnaies d'or et d'argent
dans toute l'étendue de leur domination. Cette ordonnance,
qui relatait l'indication et la valeur des monnaies dans
leurs États, contenait en outre plusieurs mesures de police
destinées à empêcher le renchérissement arbitraire du prix
des espèces, et l'exportation du billon. Voici, du reste,
quelques-unes des dispositions principales qui y sont ren-
fermées.
Les officiers du souverain sont autorisés à faire des visites
domiciliaires chez ceux que l'on soupçonnerait capables de
changer le coin de la monnaie, ou de se livrer à l'exporta-
tion du billon. — Les changeurs auront publiquement sur
leur comptoir ou table d'échange des rasoirs pour couper
immédiatement les pièces hors de cours qui leur seront
présentées. — L'achat du billon en petite quantité ne sera
plus permis sans des lettres spéciales du souverain, et
Ç0UX qui se livreront à ces opérations seront tenus de
porter sur-le-champ Iç billon à la monnaie. — Les mon-
môet» déclarées hors de cours seront conûdérées comme
4^pooétifiées par le fut même et le jour de la publication
de Tordonnance. ~ Une amende assez forte, outre la
conffscation des pièces, est prononcée contre ceux qui
mettraient en circulation les monnaies prohibées. Si les
Cfintrevenants sont trésoriers, receveurs, aubergistes,
changeurs, etc., etc., ils payeront un tiers en sus de
ACA MÉMOIRES
Tamende. En cas de récidive , "la peine est le doubl
Tamende, etle bannissement pour dix ans. — Tous
qui exporteraient du billon en fraude seront punis d
amende de 1 2 livres de gros par marc d'or, et de 6 ûi
de Bourgogne par marc d'argent. L'action judiciaire ce
eux pourra s'étendre pendant un an et un jour, pen
laquelle durée ils seront passibles de l'amende s'ils
convaincus du fait, et de plus bannis pendant cinq
s'ils ne retrouvent pas le billon. — L'introduction des i
naies étrangères prohibées, et leur mise en circulation
une valeur plus grande est défendue sous peine d'ame
outre la confiscation» — Il en sera de même à Tégar
ceux qui transporteraient ou seraient soupçonnés tr
porter aux monnaies étrangères les espèces ayant ce
— Les maîtres particuliers des monnaies qui n'ont
encore fourni ^e cautionnetnent, seront tenus d*en v(
un entre les -nmins du président de la chambre
comptes '.
Tel est sommairement ce règlement, qui montre
portance qu'attachaient le duc et la duchesse au
maintien des monnaies dans leurs États , et fait conn
les mesures qu'ils croyaient devoir prendre dans Tin
du commerce,
La ferme des monnaies avait lieu ordinairement
trois ans , et il est naturel de penser que le bail passé p<
temps après l'avènement de Marie de Bourgogne était ei
dans le cours de l'année 1A80. En effet, nous trouvons
les registres aux mémoires de la chambre des coropU
mention suivante : « 17 novembre liSO : La monnoi
* Archives d« la chambre des comptes de Bruxelles, reg. 135, ^ 136 (
$10 fiaMOMnd ).
ET DISSERTATIONS. A6Ô
a Flandres der. forgée à Bruges « à présent vacant , a esté
« publyée tant aud. Bruges que en ceste ville de Lille et
a ailleurs à baùller à ferme, et demourer au dernier rabais-
« sant icelle à la cbandeille que pour ce sera allumée en
« ceste chambre des comptes le xxyu* jour de novembre
«mil im"" mi^' prochainement pour y entrer xv jours
« après \ » Mention qui est bientôt suivie d'une autre
constatant que l'adjudication de ladite monnaie a eu lieu
le 5 décembre à Nicolas le Vingneteur, fils de Marc, bour-
geois demeurant à Bruges, au prix de xxm gros par marc
d'or, et vu gros par marc d'argent, pour droit de seigneu-
rage. Le bail était fait pour trois ans, à moins, est -il ajouté,
que Mons' fasse faire un nouveau pied de monnaie d'or et
d'argent, auquel cas, ladifte ferme cesserait.
Ce fut ea suite de cette adjudication que fut donnée
l'inslructtoii^ suivante, qui porte, je ne sais trop pourquoi,
éans le registre de la chambre des comptes la date du
h décembre ; à moins que ce ne soit celle qui ait servi de
base à l'adjudication -, ce qui pourrait être, vu la dififéreoce
que Ton remarque entre le droit de seigneurage pour la
monnaie d'argent et celui mentionné dans la note rap-
portée ci-dessus. Quoi qu'il en soit, voici cette instruc-
tion :
Cl Premièrement lemaistre particulier de ladite monnoye
<i fera ouvrer le florin de Bourgoigne tel que papcy devant
a en la manière que s'ensiet : Assavoir à dix neuf karas,
« nobles d'Angleterre Henricus comptez pour fin, aliéz de
« quatre karas d'argent et ung karat de cuivre; de six sols
« au marc de taille dont l'aguille se baillera audit maistre
n et allée au mesme aloy et au remède d'ung grain et deniy
^ Registre M-, cité ci-deisns, t'« LZiiii;
AM
HÊMOIRES
; f
« en aloy et de demy esterlin en poix sur chacun m
a d*œuvre. Lesquelz deniers il fera ouvrer beaux et rom
« taillé de bon recours ; c'est assavoir que le plus fe
0 sera taillé à ung asquin près du droit, et le plus foi
« ung asquin plus fort que le droit, au remède de U
tt fors et trois febles, qui pourront estre plus febles, 1
a dits trois febles trois mîV de ferlin et non plus, et lesc
a trois fors, trois vm* de ferlin sans quelconque autre
a mède de fort ne de feble. »
« Iiem ledit maistre donnera aux marcbans de leur m
a d'or tel que dessus iiu" viii I. v s. d'empirance et si 1(
« donnera de chacun marc d'aloy v L xiiii s. dite monn<
« d'empirance. »
« Item ledit maistre payera au prouffit de monseign
« le duc tous les remèdes qu'il aura prins en poix et
« aloy et si pdera au prouffit de mondit seig' pour :
« droit de seignouraigc de chacun marc d'or fin qu'il »
« ouvré en ladite monnoye xxiii gros compté ledit flc
« de Bourgoigne pour quatre sols gros. >•
c Item ledit maistre fera ouvrer ung denier blanc nom
« double patart & dix deniers argent le roy el de six s
« huit deniers au marc de taille au remède d'ung gr
« en aloy et d'ung demy d'iceulx deniers en poix sui
« marc d'œuvre, lequel denier il fera ouvrer bel et ron
« taillier de bon recours : c'est assavoir le plus feble s
« taiUié à ung vui* de ferlin près du droit, et le {dus foj
« ung vui* de ferlin plus fort que le droit, au remède
« quatre fors et quatre febles» qui pourront estre p
« febles, lesdits quatre febles demy fSerlin et non j^ust
« lesdits quatre fors demy ferlin sans quelconque au
ce remède de fort ne de feble ; et donnera ledit mais
« aux marchans, d'ung marc d'argent le roy, trente i
i/i-
à
ET DISSERTATIONS. iS07
« huit deniers gros, à compter ledit àtnwr pour quatre. >
« lîem ledit maistre fera ouvrer ung denier blanc nommé
a patart à cinq deniers argent le roy, et de six sols liuît
u deniers au marc de uille. au remède d'ung grain en aloy
<i et d*ung demy d'iceulx deniers en poix pour le marc:
« d'œuvre* lequel denier il fera ouvrer bel et rontet taillier
a de bon recours. C'est assavoir que le plus feble sera
Il taillié à ung viu* de ferlin près du droit et le plus fort
« sera taillié à ung viii* plus fort que le droit au remède de-
Cl quatre fors et quatre febles , qui pourront estre plus
« febles lesdils quatre fébles demy ferlia et non plut, et
« lesdits quatre fors demy ferlin sans quetonnque initiée
« remède de fort ne de feble, et donnera ledit maistre aux
« marcfaans du marc d'argent le roy qui est au dessoubz de
«six deniers d'aloy, trente sols quatre denkfs gros, à
« compter ledit denier pour i 1 gros. »
« Iieni ledit maistre fera ouvrer ung aultre denier blanc
« nommé gros à trois deniers xii grains d'argent le roy et
«de dix sols onze deniers au marc de taille au remède
« d'ung gr^ m aloy et de deux d'iceulx deniers en poix
« sur chacun marc d'œuvre en taille, lequel denier it fera
« ouvrer bel et ront et taillier de bon recours ; c'est assavoir
« que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin près du
u droit et le plus fort sera taillié à uog quart de ferlin
• plus fort que le droit, au ren^e de six fors et de six
• febles, qui pourront estre plus febles lesdits six febles,
« ung ferlin et demy et non plus, et lesdits six fors nng
« ferlin et demy saiis quelconque autre remède de fort ne
« de feble dont la traitte du marc d'argent le roy sera de
H xxxin s. m d. v mittes et ung tiers laqueDe traitte rêvar
■m luée à monnoye courant à cause du ix* denier de creue
« qui monta xxxvii s. v d. ui miites gros pour équipoler
i68 HÉMOIRES
« ledit denier gros qui depuis le denier du double et sim[
« patart a esté fait à cause de ladite creue : ledit mais!
i( donnera aux marchans de ladite monnoye coun
(t xxxiiu s. I d. ob. courans. >
(( Item ledit maistre fera ouvrer ung autre denier bla
(( nommé demy gros à trois deniers d'aloy argent le roy
« de dix buit solz ung denier en taille pour ehacun mai
u au remède d'ung grain en aloy et de buit d'iceulx deni<
« en poix pour cbacun marc d' œuvre lequel denier il U
(( ouvrer bel et ront et tsdllier de bons recours; c'est asî
« voir que le plus feble sera taillié à ung quart de fer
« près du droit et le plus fort sera taillié à ung quart
a ferlin plus fort que le droit, au remède de buit fors
« buit febles, qui pourront estre plus febles lesdits viii :
R blés, demy ferlin et non plus, et lesdits buit fors dei
a ferlin sans quelconque autre remède de fort ne de feb
<( dont la traitte du marc d'argent Je roy sera de xxxiu
tt vu d. XIII mites et ung tiers, laquelle traitte revaluéi
f( monnoye courant à cause dudit ix* denier de creue, me
« tant XXXVII s. x - d. gros pour équipoler ledit den
« comme dessus , qui depuis le denier du double et sim|
t! patart a esté fait à cause de ladite creue : ledit mais
«t donnera au marcbant de ladite monnoye courant xxxiui
« I d. ob. courans» »
u Item ledit maistre feiti ouvrer ung autre denier bk
u nommé gigot à deux deniers d'aloy argent le roy et
H XXV s. VI d. en taille pour cbacun marc au remède d*u
«f grain en aloy et de dix d'iceulx deniers en poix ; leqi
<f denier il fera ouvrer bel et ront et taillier de bon recoui
« C'est assavoir que le plus feble sera taillié à ung qui
Cl de ferlin près du droit, et le plus fort sera taillié pi
0 fort que le droit ung quart de ferlin au remède dé i
ET DISSEHTATIONS. A09
a fors et de dix febles qui pourront estre plusfebles, lesdits
0 febles deux ferlius et demy, et lesdits fors plus fort deux
« ferlins et demy sans quelconque autre remède de fort
« ne de feble; dont la traitte du marc d'argent le roy sera
a de xxxiiii s. V d. vin mittes ; laquelle traitte revaluée à
o monnoye courant à cause dudit ix* denier de creue mon-
« tant xxxviii s. ix d. gros pour équipoler ledit denier
« gros comme dessus qui depuis le denier du double et
a simple patart a esté fait à cause de ladite creue; ledit
0 maistre donnera au marchant « de ladite monnoye cou-
a rant xxxiiii s. i d. ob. gros. »
a Item ledit maistre fera ouvrer ung denier noir nommé
« courte en valeur de deux mittes à viii grains de loy argent
t le roy et de xviii s. en taille pour chacun marc d'œuvre
if au remède d'ung grain en aloy et de douze d'iceulx de-
« niers en poix ; lequel denier il fera ouvrer bel et ront et
« taillier de bon recours; c'est assavoir que le plus feble
« sera taillié à ung qnart de ferlin près du droit et le plus
« fort sera taillié plus fort que le droit ung quart de ferlin,
« au remède de douze fors et douze febles sans plus; dont
a la traitte du marc d'argent le roy sera de xlviii s. , la-
u quelle traitte revaluée à monnoye courant à cause du
0 IX* denier de creue montant un s. gros pour équipoler
(f ledit IX* denier gros comme dessus qui depuis le denier
a du double et simple patart a esté fait à cause de ladite
a creue ; ledit maistre donnera au marchant de ladite mou-
(f «oye xxxnii s. i d. ob. gros monnoye courant. »
« Item ledit maistre sera tenu de paier à monseigneur
tt le duc tous les remèdes qu'il aura prins en poix et en
« aloy sur tous les deniers et si paiera au proufiit de mondit
« seigneur, pour son droit de seignouraige de chacun mai*c
« d'argent le roy qui sera ouvré en ladite monnoye, sept
&70 UÊUOIALS
« gros six mittes à compter le doizble et simple pata
« pour iiii et pour ii gros. »
On remarquera, dans cette instnictkm, les noms adopt
généralement pour la désignation des monnaies, ce qi
nous n'avions pas encore vu jusqu'à présent. De plus, af
d'empêcher la disproportion qui pourrait sargir entre
nombre des monnaies mises en circulation , le duc et
duchesse ont soin de stipuler ce qui suit :
« Ilem et affin que chacun puist estre sorty desdit
« menues monnoyes et aussy que l'on n'en soit trop rouit
« plié ne foumy . ledit maistre ne pourra forgier que cont
a cent mars de semples patars, cinquante mars de gros,
a contre cinquante mars de gros dix mars de demy gn
« et à rencontre de dix mars de demy gros, cinq mars <
« gigos et ce jusques à ce que aultrement y soit ordoni
« par les généraulx maistres desdites monnoyes qui lors
« pourvoiront selon les bas billoos qui lors viendront
« ladite monnoye pourveu toutevoyes que ledit maist
M pourroit bien forgier plus lai^ment de semples pata
a sans forgier des gros ne autre menue monnoye à l'avi
(t nant se bon luy semble , mais ne pourroit forgier iœl
« menue monnoye sans forgier à l'avenant iceuh ce
Cl mars de semples patars comme dit est. »
Le bail fait avec le maître particijdier Nicolas le Vingn
teùr ne put avoir toute sa durée, puisque la duchesse Mai
mourut des suites d'une chute de cheval, le 27 mars iki
( 1A81 v. st.). Peu de temps avant sa mort, elle avait r
nouvelé, conjointement avec son mari , l'archiduc Maxim
lien, les ordonnances antérieures relatives au cours d
monnaies. L'ordonnance nouvelle est du 1*^ mars, ma
elle ne fut publiée à Lille que dans le coinraot d'avril, pi
conséquent après le décès de la duchesse.
HA
£T UISSERT▲TIO^S. £71
Il nous reste maintenaot à examiner les monnaies frap-
pées an nom de Marie de Bourgogne.
80. :SANCTYS:.ANDR£AS: Saint André, vu de face.
f^. Écusson à sept quarts posé sur une croix patéc, par-
tageant la légende MARIA DVGISSA:BG'.CO:FLAD\..
OR. Florin au saint André. Poids d'un exemplaire un peu
usé, 61 grains faibles K (Pi. XIII, u^ 68. )
81. Variété, arec quelques différence de coin et de lé-
gende, au revers, ainsi conçue : MARIA DVCISSA.BG*:CO.
FLAN.
82. Mêmes type et légende qu'au n"" 80.
n^. Écusson à sept quarts entouré de la légende : ( fleur de
lis) : MARIA.DVGISSA.B6.C0.F.
OR. Demi-florin. Poids, 32 grains fort. (PL XllI,
n-69.)
L'instruction de 1A80 ne fait psa mention des demi-flo
rins. Je ferai à ce sujet remarquer que l'ordonnance du
12 octobre 1A78, dont j'ai parlé ci-dessus, en rappelant les
pièces dont la circulation est autorisée, ne parle jamûs des
cUvisions des monnaies d'or qui n'étaient pourtant pas dé-
monétisées.
83. Deux lions affrontés, séparés par un briquet d'où
s'échappent des étincelles. Légende: +MARIA:DVCISSA:
BG'.COMIT'.FLAD'.
^. Écusson à sept quarts sur une croix dont on ne voit
que les extrémités fleuronnées. Légende : SALVV. FAC:
PPLM'.TVrDNE1477.
Jfi. Double briquet, désigné dans l'instruction sous le
^ L'initnietion de 1480 donue 63s',30 pour le poids du florin de Bourgogne
AU Saint-Audrc.
&72 HÉuoinEs
nom de double patard. Poids, 55 à 57 grains» suivant
exemplaires. (PI. XVIU, n» 70 '. )
Beaucoup de variétés existent de cette pièce. Eu voie
description :
84. +MARIA:DVC1SSA:BG:C0M1T:F: Mênie type qu
numéro précédent.
i). +SALVV.FAC:PPLM\TVV'DNE1A78. VaFÎétésA
les fleurons de la croix.
85. Autre de la même année avec la Tègende du^dr
se terminant par les mots C0M1T:FLAD '.
86. Autre de la même année avec COMIT FL, les in
séparés par deux étoiles au lieu de deux croisettes '.
87. Émission de i&79, comme le n* 86, sauf la date.
88 et 89. Deux variétés de Tannée 1 &80, avec C0MI1
et COMIT:FL.
Les pièces des trois années 1A78, 1A79 et 1480 n^
aucune marque au-dessous des deux lions comme celle <
se trouve reproduite au n*» 70 de la pi. XVllI.
90 et 91. Deux variétés pour l'année lASl semblable
celles de 1 A80 : sous les deux lions, il y a un trèfle ou nce
comme celui qui se trouve auprès du lion dans les piè<
suivantes.
* Le poids fixé par rinstruetîon est de 57(^,86. Ces pièces sont iétigo
dkos les plscards olt^enn sons le nom de <kmbUê fuMtcqt.
Ce double briquet a-t-il en une division ? c'«*8t ce qu'on ne peut affioD
cependant cela semblerait résulter du passage suivant de rordoDoaoee
police de 14B1 : Le double patart Karolue et h dofnbU Marié à deux 'y«
tous deux à quatre grog et dêmi^ le gimple ificelui à deux gros six miltfr, les à
d^iceulx dsfnourant à ung gros, ïl peut se faire néanmoins qu'il soit ici qaesti
>^ du demi-patard dont on parlera plus loin.
f • Serrure, op. ctl., p. 252, n* 118.
1 «Serrure, op. cil.,p. 252, n* 119: — DenDuyts, pli XlIIl, a* 81.
Duby, pi. LXXXII , n* 1.
ET DISSERTATIONS. 4-73
92. 4-MARIA:DVGISSA:BG:C0MIT:FL. Lion , la tête vue
de face, tenant un écusson à sept quarts. Au bas, entre
Vécusson et les pattes de derrière, un noeud ou trèfle.
î$. Croix fleuronnée portant au centre une fleur de lis.
Légende ; +BENEDIC:HEREDITATI:TVE 1480.
;ï\. Patard. Poids, 5â grains. (PL XVIII, n» 71 K)
93. Autre variété du même, avec seulement GOMITrF.
94. +MARIA:DVC1SSA:BG:C0MIT:FLA. Lion assis, la
tète tournée de profil à gauche, et tenant un écusson à
sept quarts.
6. Comme le précédent.
A. Variété du n« 93. (PL XVIII, n* 72.)
Il est trèS'difficile de dire, à moins d'en faire l'essai,
laquelle des pièces aux types précédents est le double
patard et le simple patard des instructions monétaires, la
taille étant la même. Seulement les monnaies que l'on
connaît sous le nom de doubles briquets paraissant plus
blanches d*aspect, j'ai cru pouvoir leur appliquer la dési-
gnation de double patard. Une preuve à l'appui de mon
appréciation, c'est que dans le placard de 1633 pour les
changeurs , les doubles briquets figurent parmi les pièces
pour lesquelles on est tenu de payer à l'avenant de neuf
deniers treize grains, et que les autres désignées sous le
nom de vieux lions de Flandre, sont comprises dans la
catégorie de celles pour lesquelles on paye à l'avenant de
quatre deniers seize grains; ce qui est bien en rapport,
dans les deux cas, avec l'aloi fixé par l'instruction de 1&80.
95. +MARIA:DVCISSA:BG:CO:FLA. Grand M gothique
dans un entourage de quatre arcs de cercle accompagnés
d'angles à leurs points de rencontre.
' Le poids légal deTsit fttr« 57«»,86.
J A7A IIÉMOIBES
* î^. Croix ornée portant en cœur une flenr de lis, et
! tonrée de la légende + BENEDIG:AIA:HEA:DNO lATS.
\ M. Gros. Pmds moyen de plosieurs exemidaû
Si grains. (PL XVIII, n* 78 \)
96. Variété avec les ionots GO FL terminant la 1^
du droit, dont les mots sont séparés par une étoile au I
de deux croisettes. Le revers est le même que le précède
97. Variété avec CO F. Les mots du droit et du rei
sont séparés par une étoile.
98 et 99. Deux autres pièces de l'année li79 offi
les variétés de légendes indiquées ci*dessus» et les n
séparés par une étoile.
100. Gros semblable de 1A80, avec la l^nde termi
par CO FL.
J*ai jugé convenable de reproduire la date de o
pièce sous le n* 7 à de la pi. XVIIl, à cause de la foi
du h qui est tout à fait celle en usage aujourd'hui, ce
est au moins rare à cette époque.
loi. +MARIA.DVCISSA.BG.GOMIT.F. Le reste cou
aux précédents, mais avec la date de l&Sl '.
Je ne connais pas de gros à l'M portant la date de là
Tout me porte à croire que ces pièces ne furent ém
qu'après le mariage de la duchesse de Bourgogne a
l'archiduc Maximilien. Auparavant, et pendant le tei
qui suivit la mort de Charles le Téméi-aire, Marie se o
tenta probablement d'émettre des pîèoes semblable
celles de son père, où les légendes pieuses» extraites
eantique de saint Ambroise, semblaient aj^Ier la prot
tion du ciel sur l'orpheline assaillie de tous côtés par
1 Dnby, pi. LXXXII , n' 2.— Serrure, op. ci*., p. 292 et 2S^ n* ISTct
— Den Dnyts, pi. XIIIl» n- 82.
» D«»n Duyts, pi. XIIII, n* 83.
!
/r/
ET DJSSI-RTATIONS. ft75
ennemis du dedans et dn dehors. La légende des nouveaux
gros, Benedic anima mea Domino^ témoigne au contraire
de sa gratitude, lorsque, après son mariage, elle se yoyaît
sûre d'un appui qui pourrait la protéger et la défendre, et
qu'elle entrevoyait dans son union avec un époux préféré
un avenir plus heureux.
Les divisions du système monéture que nous examinons
ne contiennent, du reste, plus de légendes significatives ;
il me reste à les décrire.
102. (Fleur de lis) MARIA. COMIT. FLAND , entourant
une M majuscule, dont il faut remarquer la forme ; car elle
est la même que celle qui commence la signature du fa-
meux peintre flamand, MemUng^ et vient ainsi à l'appui de
la véritable lecture de son nom.
îv. Croix aux extrémités fleuronnées, entourée de la lé-
gende : (fleur de lis) : IN.NOMINE.DOMINLA.
yR. Demi-gros Poids, 21 grains*. (PI. XVIIl,n»75. )
103. M majuscule, entourée de la légende : (fleur de lis) :
MARIA.GOMIT.FLAN.
^. Croix très-simple, avec la légende :( fleur de lis) :
1N.N0MINE.D0MIN.
Jfi. Gigot. Poids, 13 grains*. (PI. XVlll, n» 76.)
Enfin, j'ajouterai à la description qui précède celle d'une
monnaie noire ou couite^ qui a échappé à M. J. Rouyer. Cet
auteur disait que la monnaie noire de Marie de Bourgogne
ressemblait à celle de Louis de Mâle, en ce sens que le nom
était inscrit dn côté de la croix, et que sur le côté opposé
.se trouvait l'initiale dndit nom '. La pièce que je donne
1 Le poids légal est 21 grains 1/3. La pièce que j*ai dessinée e«t trës-nt^.
< Le poids légal est 15 grains fort. — V. Den Duytn, pi. XIUI, n* 84.
s Bnue nvmt^maftftie, année 1848, p. 434.
On pourrait peut-être admettre qne ce retonr an type de Lonis de M&le avnit
mu
r ^ f
&76 MÉMOIRES
porte, au contraire, comme les monnaies d* argent, le n
autour de l'initiale. En voici la description :
10&. M gothique, entourée de la l^ende : MAB
COMIT.FLAN.
^. Croix courte, avec la légende : ( fleur de lis) :
N0MINE.D0M1N1.
Billon noir, courte. Poids , 20 grains 3/4. ( PL XV
n* 77. )
Je donne en mêooe temps, sous le n* 78, comme p<
de comparaison , le dessin de la courte publiée
M. Rouyer, et pris sur l'exemplaire de la Bibliothè
impériale.
Les monnaies d^argent précédentes , sauf le double i
quet, portent toutes Tindice monétaire de l'atelier
Bruges ; la fleur de lis.
A la mort de Marie, finit la série des comtes de Flan
de la maison de Bourgogne. Son fils, Philippe le Beau,
partie de la maison d'Autriche. Ici donc s'arrête le tra
que j'avais entrepris. Puisse-t-il avoir intéressé quel
peu les lecteurs de la Revue} S'il en était ainsi, peut-*
cela m'encouragerait-il à faire une suite à ce travail,
essayant également l'histoire monétaire des comtes
Flandre de la maison d'Autriche, si toutefois mes loi
me le permettent.
L. Desghamfs de Pas.
ici an autro but. La duchesse peut «Toir voulu profiter de U circonst
présentée par le nom de son mari qui avait Ja même initiale que le âen ,
tromper la défiance des Flamands et faire figurer rarchiduc avec eUe »
monnaies. Ceci n'est, au reste , qu'une hypothèse que je doone tous tout
serves.
. /
KT DISSFRTATlOiNS. 4'
TABLEAU RÉCAPITULATIF
Des monnaies d'or et d argent émises par les comtes de Flanc
de la maison de Bourgogne^ de 1384 à 1481.
DATE
ANNÉE
MDMiRO
des ordoTinnncos
probable
oà s'est
DÉSIGNATION DES PIÈCES.
des
oo
terminée
Instructionsroonétaire».
rëmiasinn.
planche
PHILIPPE LE HARDI.
1384
Deniers d*or de convention frappés
aux noms de Philippe le Hardi et
n
n
de Jeanne de Brabant. • . . • .
1
1
Doubles gros, gros et demi-gros
du même système
2.3,4
18 avril 1385 (?).
1386
Chaise ou réal d'or au nom de
Philippe le Hardi
6,6
"
Double gros botdraeger
( Le gros et le demi gros man
quent )
7
3 avril
Doubles heaumes d'or
8
29 octobre 1386.
1386
Doubles gros avec deux écussons
(V. 8t.)?
surmontés du mot FLADRES. .
9
Gros nu mfime type
10
{ Le demi-gros manque.)
3 nvi-il 1386.
1389
Anpes et demi-anges d'or, ....
11,12
—
1390
Double gros et gros à l'aigle tenant
deux écussons
13,14
!•' octobre 1388.
1404
Nobles , demi-nobles et quart de
nobles de Flandre
15,16,
Double gros au lion assis , portant
à son col une mante om volet aux
armes de Bourgogne
18
Gros et demi-gros au même type.
19,20
Double mite»
21
JEAN SANS PEUR.
Ii06
1409
Doubles écus d'or, deroi-écus et
quarts d'écu (ces pièces man
quent ).
Double gros (manque).
Gro* au lion debout , surmonté de
l'écu de Bourgogue, entouré
d'une bordure de neurs de lis. .
22
Demi-gros et quart de gros du
m@me sj'stème
23.24
25
17 août 1409.
1410
1416 (?)
Noble de Flandre. .
Deniers d'or de 53 de taîTle au
marc de Troyes ( manquent).
1862.-6.
33
478
MÉMOIRES
-4^
DATE
«des ordonnances
ou
in^trnctions monétaires.
ANNEE
probable
oit s'rnt
terminée
l'émissipii
17 août 1409.
23 déc<'inbre 1410.
2l(l«iceTnbreU12.
6 décembre 1416.
10 avril 1418.
Novembre 1419.
22 juin 1425.
8 Dovembre 1426.
1416 (?)
1418
1419
1425
1426
1427
DÉSIGNATION DES PIÈCES.
JEAN SANS PEUR (suite).
Double gros aax d«*ux écus sar
montés d*un heunnie
Gros, demi gros et quart de gros
du môme système
Deniers d*or appelés écos de Jeban
et demi-deniers d'or; doubles
gros, demi-gros et quart de gros.
Doubles mites et miles.
( Toutes ces pièces n'ont pas
été retrouvées.')
Monnaies frappées dans le système
parisis , en vertu de l'octroi de
Charles VI , de cette date { au-
cune n'existe aujourd'hui ).
Nobles d'or, demi-nobles et quarts
de noble (semblables pour le type
à ceux de 1409, et différents seu
lement par le poids )
Doubles gros, gros, demi gros et
quarts de gros (semblables à
ceux de Vannée 1409; la diffé-
rence pour les monnaies d'argent
de cette émission consiste en ce
que tous les A soni barrés ).
Heaume d'or
Double gros kromstaert , an type
du lion debout, portant l'écusson
de Bourgogne sur le flanc. . .
Gros et quart de gros
( Le demi-gros manque. |
PHILIPPE LE BOx\.
Heaume d'or et demi-beaume ( ce
dernier manque)
Double groe kromstaert, gros,
demi-gros ( manque) et quart de
gros
Nobles d'or semblables à ceux de
Philippe le Hardi , sauf les ar
moines
Demi -nobles et Quarts de noble
(voiries placaros).
Double gros aux deux écos sur-
montés d'un heaume.
Ecus d'or de Hollande, dits klin-
koerts
Demi-klinkaert d*or •
KUMSac
d«-s
planche
2t>
27,28,S
30
31
32,33
34
35,36,3
38
41
39
40
ET DISSERTATIONS.
DATE
ANNÉE
VUMS
de* ordonniinces
probable
oh s'e»t
DÉSIGNATION DES PIÈCES.
de
on
terminée
lutraeiloot monëtalren.
l'émUaion.
plane
PHILIPPE LE BON (suite).
14 dpptemhrp 1427
1428
Nobles d'or, demi-nobles et quarts
de noble ; la différence avec les
premiers de Philippe le Bon
était que, sur la face, il y avait
un lion sortant de la poupe du
vaisseau, et, au revers, le centre
de lu croix devait se trouver com-
plètement vide. (Ces pièces man-
quent totalement.)
Doubles gros, gros, domi-gros et
quarts de gros^ identiques , sui-
vant tonte apparence, à ceux de
1419.
uaa
Noble d'or et demi-noble, sembla-
bles à ceux de rémission précé-
dMO*» sauf que le milieu de la
eraîa «uitient une rose, et que
du cM dftU face VA d« FLAN-
DRIA est ban^
42. <
( Le quart de nM» n'a pas été
^■*i
retrouvé, i
Double gros, gros, dami^ma et
quart de gros, seroblablea à
ceux émi.H en 1419, sauf qnt
tous les A des légendes sont
barn's.
12 octobre 1433
1453
Deniers d'or Philippus, appelés
ridders, et demi-ridders d'or. .
44.^
—
1467
Double gros vierlander, gros,
demi -gros quart de gros, double
IBjanv. 14531V. si).
1466
mite et mite. ..........
46 i
Lion d'or et lionceau ( double tiers
l" iuiUet 1456.
1466
de lion )
5hi
Lion d'or, lionceau (double tiers
de lion ) et tiers de lion, i Le tiers
de lion avait été déjà frappé à
Malines, en vertu de l'instruc-
tion du 11 juin 1454)
51, 5Î
23 mai 1466.
1467
Florin d'or de Bourgogne
Demi-florin d'or. (Cette pièce n'est
pas parvenue a ma connais-
5-
SAiiCe).
Double patard d'argent
W.i
CHARLES LE TÉMÉRAIRE.
1467
1477
Florin et demi-florin d'or
57.5
Double patard
6
&80
MÉMOIRES
«Kl
i
DATE
des ordonnances
ou
instructions monétaires
ANNICK
piobable
ohs'i'Kt
terminée
l'émission.
nÉSIOKATION DES PIÎICES.
XCMS
de
pland
1467
27 octobre .1474
1477
1474
1477
1481
CHARLES LE TÉMÉRAIRE (suite).
gros et quart de gros
Florin d'or i peut-être le n* 58 pré-
cédent) et demi-florin d'or.
Double patard d*aruent, connu sous
le nom de double briquet. . . •
Double gros au lion tenant un écn»-
son
61, f
63, (
65
66
Gros ou simple briquet
MARIE.
Florin d'or et demi-florin
briquet. • •••.
67
68,6
70
Patard , on double gros
Gros à rM
Demi-gros à TM
71,7
73
75
Gigot, ou quart de gros
Courte ou double mite.
75
77,7
'«
;.:f
i:
KT DISSERTATIONS* A8t
MÉREAUX DE LA SAINTE CBAPELLE DE PARIS.
( PI. XIX et XX.)
Aucun souvenir de la sainte (Thapelle n*est dépourvu
d'iutérèt. 11 n'est pas jusqu'à ses uiéreaux qui ne soient
recherchés avec une sorte de prédilection. Le hasard noBs
permettant d'en faire connaître plusieurs dont l'existence
n'avait pas été signalée, ou dont l'origine n'avait pas été
déterminée , nous profitons de l'occasion pour donner à
leur sujet une courte monographie.
Nous n'apprendrons à personne dans quelles circon-
stance» sakit Louis réédifia la chapelle du palais de Paris
pour en faire la sainte Chapelle, dont on admire encore
aujourd'hui l'élégante structure. Mais le roi pieux ne se
borna pas à élever ce monument à la gloire de la couronne
d'épines, d'une portion de la croix, et des autres reliques
de la passion du Sauveur qu'il avait obtenues de l'empereur
de Constantinople, Baudouin de Courtenay : il attacha, de
plus, à l'établissement un certain nombre d'ecclésiastiques
pour la garde des reliques et l'accomplissement du ser-
vice divin.
Ces ecclésiastiques, d'après les ordonnances d'institution
de 1245 et 1248, et si l'on s'en tient à une esquisse trts-
sommaire de la composition du personnel, étaient des cha-
l)elains prêtres ou chapelains principaux, des sous-chape-
482 MÉMOIRES
lains prêtres, et des clercs diac
chapelaÎD-msdtre avait la surveilh
Plus tard, sous Philippe le Long
changèrent. Le chapelain-maître
chapelains principaux devinrent c
chapelains devinrent des chapela
le nom de chapelains perpétuels
bénéfices fondés postérieurement
Philippe le Long porta de huit à 1
noines, et augmenta en même h
pelains et des clercs.
Le collège que formaient les c
qtt*un dignitaire, qui était le trési
à la sainte Chapelle un chantre c
le savent assez tous ceux qui o
ehanirerie était mmns une dignitc
chantre, pendant longtemps, n
choisi parmi les chanoines.
En dernier lieu, et lorsque arri
vait le disperser, le personnel d
qu'ayant successivement subi pli
portait encore un trésorier, un
Doines, vingt chapelains et clen
tuels, et un certain nombre de si
pas à nous occuper.
Pour plus de renseignements
nous renvoyons à Touvrage qu*2
pelle le chanoine Morand * , trav
serviront particulièrement pour (
Les ecclésiastiques de la saii
> Hittotrt de !a Sainte ChapiUe roynU eu f
ET DISSERTATIONS. A8S
moyens d'existence qui leur étaient assurés ^ ont joui pen-
dant très-longtemps de distributions quotidiennes pour
assistance aux oflices. Voici, d'après les ordonnances de
saint Louis et modification faite des dénominations des
membres, les sommes auxquelles chacun avait droit pour
assistance aux offices primitivement fondés ^ :
DISTRIBUTIONS
1
POUR ABSIBTAHCK
[^ -^
TOTAL
1 Chanoines .
Leyjoartordinajres. . Cbapelams.
(Clercs. . .
i aatit'i
Urrct.
Knti'mnm
et «nie.
è MM.
FAB jooa.'
2
1
ifi. flHiii.
3
1
1
3
4M.Miii.;
12
4
3
Lesdimancîheself&te. îî^^j^f*'
àa^ufleçon..... ^{^H-s-
8
4
2
4
1
1
16
6
4
/Chanoines.
Les fîtes semi-doubles . ' Cliapelains
Clercs . . .
8
4
4
5
2
1
18
8
/ Chanoîiiei .
Les r^es doubles. . . { Chapelains.
(Clercs. , .
12
6
4
6
2
2
2
2
24
10
8
( Chanoines .
Los fÈtes annuelles. . j Chapelains,
t Clercs. . .
l
24
8
3
2
6
3
2
36
14
10
Tout chanoine, chapelain ou clerc pouvait manquer par
jour à deux des heures autres que matines sans rien perdre
des distributions. Le droit aux distributions était égale-
ment conservé à ceux qui ne pouvaient assister aux offices,
pour cause de maladie on d'empêchement légitime.
* Il résulte d*un règlement de François I*', de l'année 1520, dont il wtn
question pins bas, que les distributions pour assistance aux offices d'ancienne
fondation étaient encore à cette époque les mêmes qu'au temps de saint hom%
MU moins en ce qui ooncernait les chapelains et les. clercs.
'i
hSà MÉMOIRE
Le trésorier, dans les distribi
d'un chanoine. Quant au cbantr
ciales avaient été affectées à son
de Philippe le Long, de 1S20. Il
sence aux offices, à 2 sols h den
6 deniers pour matines, A pour
près, et 3 deniers poor chacune c
tierce, sexte, none et compiles.
doublées aux vingt-deut fêtes
augmentées de 12 deniers aux s<
et de 6 deniers aux dix fêtes sem
En 1401, Charles VI institua c
spéciales aux petites heures, et (
est pour la première fois ques
titres que nous connaissons de
des lettres du 18 juillet de cette ;
tait l'intention de faire exécuter
de son testament, ainsi conçue '
(C Item , voulons et ordonnons
plir la fondation de la saincte Cl
Paris, et pour remédier aux fa
sont maintefois en icelle, fonder
pour les heures non fondées % c'
* Cette olaose est reproduite , mai» ave
deux diplômes différeutSf relatifs aux petit
ses preuves, celui de 1401 dont il vient d*êtn
occuperons bientôt, du 6 octobre 1402. II e
de Ducange et dans les reoheiches de M. 1
les môreanx : c*est jusqu'ici le titre le plus i
explicitement question de Tusage de» mère
* Après les détails donnés plus haut, on
entendre au juste par heures non fotid^e^. l
point^ qui n'est pas, du reste, d'un intérêt es
'*N
i^
.?
ET DISSERTATIONS. AS5
midi, uoiie el complies, selon la forme et manière c|ui se-
ront plus à plain exprimées es lettres qui sur ce seront
faites; et que auxdittes heures et chacune d'icelles les
chantre ^ chapelains et clercs de notre chapelle fassent
entrée dedans le premier Gloria Patrie et demeurent jus-
qu'à la fin; et, outre ce, que le distributeur, qui pour ce
faire aura par chacun an trente sols parisis, ne baille les
mereaux jusqu'à la fin des heures de Notre-Dame, quand
on les dira à notte au chœur; et que les deflautz desdites
heures soient comptés au samedy avec les autres deflautz,
suivant Tordonnance que monsieur sainct Louis fist en
ce cas.... »
Dans ses lettres précitées, connues sous le titre de pre-
mière réforraation de la sainte Chapelle, Charles Vl entrait
dans de grands détails pour stimuler l'assiduité des chape-
lains et clercs aux matines et aux autres heures. uStaïui'
mus insupery y disait le roi , quod omves ex frsrdictis iu
choro, dum ibi divina ceUbrabuhtur^ debitum Shum facùndi
négligentes j dormienles aui itihove^lè fabulavtes^ sen eiiam
chorum sine raiionabili causa aut Ucendà excuntes, el in
thesauro seu recesiiario se tenentes^ commodo horœ priven-
lur; dislribulori merellorvm in vim prœslUi ptr eum jura-
menti inhibenies ve personis h/rc commitlenlUus pro horis
quibtis aliqua prxmissorum commitient liislributiones cli-
gu€U exsolvere prœsumal ; qui si conlrarium feceril , ipsum
super hoc per vos puniri prœcipimus. »
Les lettres mêmes de fondation de distributions spéciales
aux petites heures sont du 6 octobre 1&02. Il y était réglé
que les distributions aux présents seraient , pour chacune
* Le mot chantre , dans la rcproducticj» do ce paj.?ngf. a parfois* clc im-
pvimé au pluriel , ce qui altère enlièreuîent le bcns.
hW MLyxoïK
de ces heures , de deux deniers
de deux deniers parisis égaleme
nier parisis à chaque chapelain <
pour jouir des distributions des
lains et les clercs étaient tenus
le Gioria Patri du premier psau
fin, tandis que les chanoines po
la collecte. Le roi, en réglant
particulièrement égard à ce qu
fois retenus pour les aflfaires
Chapelle , et aussi à ce que , dai
drales ou collégiales du royaume
d'honneurs et prérogatives les di
siastiques, leurs inférieurs. Quî
par la fondation de son oITice,
divin de jour et de nuit, il était
distributions de chacune des p
conditions de présence que le^
lesquels il exerçait sa surveillan
Un statut dont on ne connaît
que cependant on doit croire c
suit ' :
^Scpmdum esl quod in qua
canofiîci, capeUani et clerici conn
et debent mereUos suos ibi asporta
eorum unusquisque fuerit lucrat\
ascribatur, pro sibi soJutione de /
inde ^equeniem^ et quid in deferiv
I Suuut de Cliarles VI, de 1407 : « Ik tnli
^ - ik éefêclibms qui distrUmumlur tnie
p. 225. )
4r
ET DISSERTATIONS. /|87
que non venerii ilià horà^ videlicet ante conclusionem com-
pati^ perdeî sex denarins in hebdomaià seqttenU »>
On a de François I*' un règlement de i620, qualifié de
seconde réformation de la sainte Chapelle , qui est en gé-
néral un rappel aux disposition antérieures pour assistance
aux offices, nécessité par le défaut d'assiduité des cha-
noines, des chapelains et des clercs, qu'on voyait à cette
époque plus occupés de différends qui les divisaient que
du régulier accomplissement de leurs obligations reli-
gieuses. 11 résulte de ce titre que les distributions ma-
nuelles instituées par saint Louis et par Charles YI exis-
taient toujours \ Deux articles y font mention des méreaux.
Il est dit dans l'un que les méreaux gagnés par les cha-
noines, les chapelains et les clercs pour assistance aux
heures doivent être distribués au chœur, et qu'il ne doit
être rien payé des distributions à chacun qu'à raison des-
dits méreaux, « de quitus justa et œqua fiel computatio un-
tequam ad soludonem procedalur effertualem. » L'autre
article spécifie que le payement des distributions de cer-
taine procession fondée par le chantre Jean Mortis * sera
fait au moyen de méreaux : « Fiel tamen xoluiio di$tribu-
tionutn processionis fundata* in dicfà Caprllâ aanciâ per
defunctum magistrum Joannem Mortis^ cantorem illius^ per
* L« règlement de Francis I*', qui reproduit le détail des distribiitionii aux-
quelles avaient droit les chapelains et les clercs , n'en fait pas autant pour
celles des chanoines, ce qui avait sans doute été jugé moins nécessaire: mai»
cette même pièce contient un article ainsi conçu :
•* Irnuper^ canonici dictât iacroêantx CaptlUs nihil percipient de dûlrilmtionibu»
•nUnatis pro magnU et parvis Korie dicêndiêy niei intereint in Hlie. n
' Reçu chanoine de la sainte Chapelle en 1438, Jean Mortis fut fait chantre
de cette église Tannée suivante; il devint plus tard conseiller au parlement.
Mortis décéda en 1481, laissant par son testament tous ses biens à la saiatr
Chapelle pour être employé» à Tentretien du service divin.
Hli
AS8 MÉMOIRES
merellos et prr dislribuforem dictx Capellœ. » Le règlei
ne fait pas connaître $*il existait des roéreaux spé(
pour cette procession. Quant au distributeur des mér
de la sainte Chapelle , on y voit qu'il était commis p
trésorier, qui devait le choisir parmi les habitués, c*e
dire parmi les chapelains ou les clercs.
Nous devons maintenant examiner ce qu'étaient u
riellement les méreaux de la sainte Chapelle.
Ceux qui nous sont connus sont en cuivre , ou plut^
laiton.
Ils représentaient diverses valeurs, combinées de
nière à faciliter les comptes quotidiens , et ceux empi
pour les chanoines et le chantre étaient différents de
employés pour les chapelains et les clercs, comme
résulte notamment de l'acte suivant, extrait d'un reg
capltulaire de la sainte Chapelle * :
(( Le penultiesme jour de mars III^XLVIII après Pas
furent bailliez à messire Jehan Rigolet, chapelain pc
tuel de la saincte Chapelle du Palais de Paris et disti
teur des mereaulx la somme dé VIII^^IX niereaulx pou
prébendes et pour la chantrerie d'icelle, qui ont en la
chacun une croiz longue et à l'entour une couronne
pine. C'est assavoir :
<( Du nombre de II d., XIIII douzaines;
« Du nombre de III d. , VII douzaines III roereaubi ;
« Du nombre de VI d., VIII douzaines III mereaulx
(I Du nombre de VII d., VI douzaines IX mereaulx;
* Ce registre, des années 1409 à 1449, est conservé anx ArcliÎTM de
pire, sou« la cote LL, 587.
Nous devons à Tobligeance de M. Donet d*Ârcq la connais9ance du
ment que nous reproduisons, tout particulièrement intéressant pour la
tication des m<^rcnux d« la sainte ChapHle.
tr DISSERTATIONS. 481)
u Du nombre de VIII d., Xllll doiizciines ;
« Du nombre de X d., VII douzaines;
a Du nombre de XII d. , X douzaines II mereaulx.
Cl Somme toute LXVII douzaines et cinq mereaulx.
n Item cedit jour furent, oultre ce que dit est, bailliez
audit distributeur pour les chapelains et clercz de Féglise,
ung cent et demi de mereaulx qui ont en la pille chacun
une couronne de roy, differans de ceulz de mess" les pre-
bendez et de la chantrerie. C'est assavoir :
« Du nombre de six, ung cent;
(( Et du nombre de IIII d., demi cent.
« Et paravant avoient oultre ce esté bailliez audit distri-
buteur pour lesdits chapelains et clercz, et à semblable
pille de couronne de roy, cinq cens et cinquante mereaulx
de divers nombre,
« Somme toute des mereaulx des chapelains et clercz
est VU* mereaulx.
« Et est h, scavoir que par exprez a esté defiendu que
desoresmaiz tous autres mereaulx anciens et d'auti'es pilles
que les dessusdiz, tant pour les prébendes, ch<intrerie, que
chapelains et clercz d'icelle, n'auront en quelque manière
cours ne lieu doresneavant, maiz seront tous fonduz.
« Fait ledit penuUiesme de mars llll*^ XLVIll aprez Pas-
ques. »
Nous considérons comme ayant été faits pour le service
de la sainte Chapelle, de cet établissement éminemment
royal, divers méreaux que Ton rencontre dans les collec-
tions parisiennes, présentant d*un côté, pour type, des
fleurs de lis, et de l'autre côté une indication de valeur.
Nous donnons comme spécimen , pi. XIX , fig. 1 à A , une
série assez curieuse de méreaux de ce genre , ayant valu
un, deux, trois et quatre deniers, et où le nombre de fleurs
&90
MÈ]M01R£S
II
de lis gravées au droit coiTespond au chiffre de la vi
indiquée au revers*. Le méreau, fig. 6, où l'on voit
côté Técu de France, à trois fleurs de lis et au rêve
chiffre 11 II, fait partie d'une autre série. Celle-ci i
(bailleurs avoir cours eil même temps que celle do
vient d'être question , mais elle était sans doute affe(
ainsi que donnent lieu de le penser les initiales N F gra
autour du chiffre, à certaine ofiices' compris dans la (
gorie dite des nouvelles fondations, nwsp fundaîiones,
dationes de novo fartsp^ dans les titres de la sainte Cbap
Un méreau semblable à notre flg. ô pour le droit, port
revfei^S'le chiffre 11, avec les mêmes initiales N F.
Nous n'avons pas de preuve Wen concluante à do
à l'appui de l'attribution des six méreaux que
venons de décrire, et nous le reconnaissons 9M» pi
mais on remarquera qu'il n'était guère d'ustge au m
âge de mettre d'indication de valeur sur les mér
qu'autant que ce fussent des méreaux d'église; et i
peut paraître plus surprenaiK que Ton ait choisi les fl
de lis ou Vécu de France pour type de méreaux de la s;
Chapelle, que 1* CKmronne, cet autre irtsigue royal qui
mait en 4AA8 le type des méreaux des chapelains et
clercs *.
i
* La ferme des chiffres, au revert, tantôt imif et tantôt remplit de ka<
eroisëes, fait supposer que les quatre méreaux représentés en tête
planche XIX ont dû appartenir à deux émissions différentes.
* Nous ne confondrons pas avec les méreaux d'attribution plus ou
probable à la sainte Chapelle de Paris ceux où est repréaeniéfl, i
vers de l'indication de la valeur, une fleur de lis brochant sur deus
chênes. Nous avons quelque raison de penser que ces derriers, don
publié le chiffr^ II comme émanant de la ville de Mantes, et dont nous
dons les chiflres I et VIII, proviennent de la sainte Chapelle de Vinc
fondée par Charles V en 1379.
ET DISSEKTATIO.VS. 49 1
Les méreaux au type des fleurs de lis étainil sans doute
de ceux dont le cours fut supprimé par l*acle de 1448
transcrit ci-dessus. Nous pensons qu'ils étaient affectés au
service des chapelains et des clercs. Mais il existe quelques
méreaux d'un tout autre genre, échappés aussi à la Tonte
ordonnée parle même acte, et qui, si on les rapproche de
ceux qu'on sait positivement avoir été affectés à Tusage
des chanoines, ont avec eux trop d'analogie pour qu'on
puisse ne pas lenr reconnaître le même objet.
C'est dans la collection de M. Legras que nous avons
rencontré le plus ancien des méreaux dont nous voulons
parier. Il remonte facilement, pour le moins, à l'époque
de Charles VI. 11 est sans légende et présente, du côté prin-
cipal, une croix longue, accostée d'un fer de lance et d'un
clou, posés en pal. (PI. XIX, fig. 0.)
Dans un document du xiv*" siècle, où il est question de
la sainte Chapelle *, il est fait mention , parmi les reliques
que l'on y conservait , de quelques-uns des instruments de
la passion de Jésus-Christ :
•• Sa croix, sa couronne et li dm
- Lniens sont mis en noble lieu. »
De passage suffirait pour expliquer la présence d'un des
clous de la passion sur notre méreau, si l'on ne savait aussi
que la sainte Chapelle portait trois clous sur ses armoiries V
f Pifcce de vers reniontntit à 1325, publiée pnr M. BcH'dier dans lus Églitetet
monastère» d$ Paris.
* Nous devons cependant faire remarquer que les oloas de la Passion ne
sont pas au nombre des reliqnes de la s.iinte Chapelle le plus souvent citées
pour leur célébrité. On n'en voit même figurer aucun comme faisant partie
de son trésor dans les vingt-cinq qui étaient censés provenir de la vraie croix et
qu'énumèrc Kontanini dans sa Dissertatio de Coronâ ferrcâ. Romir, 1717.
.^02 MEMOIRES
Quant à la lance, un fragment en a toujours nomméni
au nombre des reliques cédées par Baudouin de Coi
à saint-Louis, et déposées par celui-ci à la sainte Ch
La pièce dont nous venons d'examiner le type pi
revers le chiffre VI , formé au moyen de caractères i
de hachures croisées, comme aux fig. 1 et 2. C
croire qu elle faisait partie d'une suite dont les
chiffres restent à retrouver. Il en est de même du i
suivant :
+ CAPELLA:REGAL1S. Croix à double traverse, a<
d'un fer de lance et d'un clou, posés en pal.
R. Même légende, entourant le chiffre VI. (PI
f.g. 7.)
Ce méreau, que nous pensons appartenir aux sér
ont immédiatement précédé les émissions dont il est
tion dans l'acte de 4AA8 , est, dans l'état de nos c(
sauces, celui qui présente le plus d'analogie avec 1
des anciens sceaux de la sainte Chapelle , publi
M. Douet d'Arcq ' et par M. Troche '. Comme sur lesî
la croix y est à double traverse ' et accostée de re
Mais sur ceux-ci , où le champ est moins rétréci, h
est entourée d'un plus grand nombre des instrument
Passion, à savoir, de la lance, de l'éponge , de la coi
d'épines et de deux clous, sans compter cinq autres re
(|ui devaient sans doute , comme presque toutes celh
il vient d'être question, faire partie des objets de d^
donnés par Baudouin à saint Louis.
* Rtvtu archéologique, 1848.
* La sainU Ckap$lU dé ParUy notice historique^ 1851.
' Cette forme était également celle du reliquaire daas lequel ê
5«f>rvée, à la mainte Chapelle,, la portion la pin» roii8id«^rab)e du bois d<
croix.
7
/
ET DISSERTATIONS. 495
L'acte de ihhS mentionne, pour l'usage des chanoines,
et comme ayant en la pile « une croiz longue et à l'entour
une couronne d'espines, » des méreaux aux chiffres II, III,
VI, VII, VIII, X et XII. Nous n'avons encore Teucontré
aucun méreau de cette série aux chiffres II, III et VII.
Voici la description des méreaux aux autres chiffres :
1. + GAPELLA REGVALIS. Croix longue avec une cou-
ronne d'épines passée entre les branches.
«. + PALACII PARISIENSIS. Le chiffre VI surmonté
d'une couronne et entouré de trois fleurons. (PL XIX,
fig. 8. )
2. Exemplaire avec le chiffre VIII , au lieu du chiffre VI.
(PL XIX, fig. 0.)
3. Autre avec le chiffre X.
4. Autre avec le chiffre XII. (PL XIX, fig. 10.)
Les méreaux au type général que nous venons de dé-
crire nous paraissent avoir eu un cours très-long. On en
connaît des variétés de coins. M. Uucher* en a publié une
où le chiffre VI est accosté de deux couronnes , substituées
aux fleurons qu'on remarque le plus ordinairement à la
même place. M. d'Affry possède une variété du chiffre XII,
sur laquelle ce chiffre n'est accosté d'aucun ornement.
Pour ce qui concerne les méreaux des chapelains et
clercs en usage en 1448 , on voit, par l'acte que nous avons
déjà si souvent cité , qu'ils avaient pour type une « cou-
ronne de roy, » et qu'ils étaient de valeurs diverses, mal-
heureusement non désignées, à l'exception de celles de
quatre et de six deniers. Nous en avons retrouvé les deux
exemplaires suivants, l'un de trois deniers et l'autre de
quatre :
<- Revue numisnuriirmey \M^, pLXVi.
1862. — &. 34
n
1
i :
A9A MÉMOIRES
1. Couronne royale.
Sj. Le chiffre III entre deux lignes. Des rinceaux dans
j U champ. (PL XX, fig. 11.)
I ■ l 2. Pièce semblable à la précédente , sauf le chiffre, q
estTllL (PL XX, fig. 12.)
Nous considérerions encore volontiers comme ayant é
frappée avant la fin du x\' siècle, pour les chapelains'
clercs , la pièce suivante , dont on retrouvera sans dou
Iles analogues avec indication d'autres valeurs.
Le chiffre V entre deux filets, accompagné de fleuroi
ouvragés comme on en voit sur d'autres méreaux de
sainte Chapelle et de deux fleurs de lis. Tune au dessu
l'autre au-dessous . dont la première est couronnée. Ce ty]
est répété des deux côtés de la pièce. (PL XX, fig. 18. )
L'ordre chronologique appelle de nouveau l'attention si
des méreaux faits pour le service des chanoines. Nous pe
sons qu'il s'agit cette fois de pièces de l'époque de Frai
çois 1", Les coins du droit, où la légende est en caractèn
romains , ont seuls été gravés pour cette émission ; l
revers sont encore à légende gothique, comme dans 1
émissions antérieures :
1 . +CAPELLA.REGALIS. Croix longue, ornée de la coi
ronne d'épines; dans le champ, le chiffre X.
n. +PALACILPAR1SIENSIS. Le chiffre X surmonté d'ui
couronne et accompagné de fleurons.
2. Exemplaire ne différant guère du précédent que p
le chiffre XII, qui remplace des ('eux côtés le chiffre ]
(PL XX, fig. là )
On remarque que dans cette série, qui ne reste que tn
à compléter, le chiffre de la valeur gravé au revers (
chaque méreau est reproduit du côté de la croix. Cet
innovation dans la disposition des méreaux aflectés
ET DISSERTATIONS. A95
r usage des chanoines avait évidemment pour objet d'ob-
vier à r inconvénient que présentait dans les séries pré-
cédentes l'emploi, pour l'un des côtés, d'un coin commun
aux méreanx des diiïérentes valeurs, qui pouvaient ainsi
être trop aisément confondus les uns avec les autres, et
donner lieu à des erreurs de compte.
Sous le règne de Charles IX, les méreaux de la sainte
Chapelle furent encore une fois changés. De cette époque,
ceux à Tusage des chanoines que nous avons jusqu'ici ren-
contrés sont de sept valeurs différentes :
1. CAPELLA REGALIS. Croix longue, ornée de la cou-
ronne d'épines , et percée de trois clous à l'extrémité des
bras et du pied. Dans le champ, le chiffre Illl et la date
1570.
^. PALACll PARISIENSIS. Le chiffre llll, surmonté d'une
couronne royale fermée; au-dessous, une fleur de lis'.
(PI. XX, fig. 15.)
2. Exemplaire avec le chiffre V, remplaçant des deux
côtés le chiffre llll , sans autre différence bien notsd^le.
3. Autre, avec le chiffre VI *.
4. Autre, avec le chiffre VIII.
5. Autre, avec le chiffre X. ( PJ. XX, fig. 16. )
6. Autre, avec le chiffre XI.
7. Autre, avec le chiffre XII. (PI. XX, fig. 17.)
^ Avec des clichés en étain de ce méreau de quatre deniers, des amateurs
ont en la malencontreuse idée , en grattant et enlevant en partie l'indication
de la valeur, et en bronzant ensuite le métal , de s'amuser à simuler des mé-
reaux de trois et de deux deniers Nous ne notons le fait que pour prévenir
des méprises, et sans préjuger d'ailleurs la question de savoir s'il peut ou non
exister des méreaux de trois et de deux deniers avec la date de 1570 parfaite-
ment authentiques.
* Ce méreau a été publié par M. de Fontenay dans son Manuel dt Vamattur
de jetons.
496 MÉMOIRES
Nous croyons, à cause de leur air de famille, de la
Chapelle et du uifme temps que ceux dont il vient <
immédiatement question , mais spéciaux aux cbapela
clercs, les méreaux dont nous donnons deux spéci
pi. XX, fig. 18 et 19. On y trouve Tindication de 1;
leur, accompagnée, au-dessus, d'une couronne ferm^
d'une fleur de lis au-dessou?. Le même type est r
des deux côtés. Nous connaissons de ces pièces aux
fresIII, VI, VII, VllletVIIII.
Nous ne savons pas d*une manière bien exacte q
Tusage des méreaux a cessé à la sainte Chapelle;
on peut croire qu*il était abandonné dès l*époqu
Louis XIV, et que les présences ou les absences aux o
ne furent plus désormais constatées qu'au moyen
pointage \ Les distributions elles-mêmes, qui avaien
en pai'tie supprimées, ne furent rétablies qu'avec des
difications considérables dans leurs bases et dans leur ta
La pièce qui termine nos planches ( fig. 20) a moir
caractères d*un méreau que d'une médaille de dévotio
d'un jeton capitulaire :
0.GRVX.AVE.SPES.VN1CA. Croix longue, aux bran
terminées en fleurs de lis, et haussée sur trois degrés.
îi. 0 BONE. lESV. 1700. Clou posé en pal et entouré (
couronne d'épines.
Les coins de cette pièce, dont il existe d'anciens ei
jS ptaires en argent et un bien plus grand nombre en cui
'i
sont encore conservés à la Monnaie de Paris. Elle a déji
(ittribuée à, la ss^inte Chapelle par M. de Fontenay,et i
1 Voir Tarrêt de règlement da 19 mai 1681, produit par Morand dai
^rmttet, p. 223 et suiv.
• Voir le même arrêt de règlement de 1681 et celui du 28 janvier
; Iforand, Preutes, p. 230 et 231.)
ET DISSERTATION^. ÂP?
pensons que c'est avec toute raison. La crbix âeurdelisée et
haussée^ que Ton trouve d'un côté, kiâippelle le dernier sceau
de cet établissemenl tel que Morand l'a reproduit. Quant au
type de la couronne d'épines entourant un clou mis en pal,
il présente, avec les armoiries que la sainte Chapelle por-
tait à cette époque, un rapport trop évident pour pouvoir
être méconnu.
Les collections particulières de Paris, riches eu méreaux
de la sainte Chapelle, sont, outre celle de M. Legras,
dont les exemplaires ont servi à composer presque entière-
ment nos planches , celles de M. d'Affry et de M. Duleau.
Le n» 10, pi. XIX, fait partie de la collection de M. d'Affry.
Les n** 7, pi. XIX, et 11 , pi. XX, nous appartiennent.
J. RouYEft.
CHRONIQUE.
COLLECTIONS DE M. LE DUC DE LUYNES.
^•-f.
'\'\
Le Moniteur du 3 décembre annonçait que la Bibliothèque im-
périale venait d'être autorisée par un décret rendu sur la propo-
sition du ministre d'État^ le 30 novembre \S6% à accepter le don
que M. le duc de Luynes lui a fait de ses magniliques collections.
n appartient à la lievue numismatique de rendre un hommage
tout particulier à cette grande et patriotique générosité; c'est un
devoir que nous accomplissons avec empressement. Jamais don
pareil n'a été fait en France à une collection publique. Nous ne
voulons en parler que sous le rapport scientifique ; à ce point
de vue, les collections de M. le duc de Luynes ont une valeur
inappréciable; il convient pourtant d'ajouter que l'importance
de ce don^ tout à fait exceptionnel, est portée, sans exagéra-
tion, à environ deux millions de francs.
M. le duc de Luynes est un des plus anciens et des plus sa-
vants collaborateurs de notre recurri; nombre de ses articles
ont été imprimés dans la Bévue. Si ses collections sont célè-
bres^ son nom ne l'est pas moins^ car ses travaux archéologi-
ques Font placé au rang des premiers savants de l'Europe.
Les collections de M. le duc de Luynes se composent, d'après
la note du Moniteur^ de 6,893 médailles antiques, 373 pierres
gravées, camées et intaiiles, y compris les cylindres, les cônes et
autres pierres de travail oriental/ 188 bijoux d'or, 39 statuettes
de bronze, 43 armures et armes antiques, 85 vases peints de tra-
vail grec et étrusque et d'un grand nombre d'autres monuments
de nature diverse.
On sait avec quel goût et quelle rare intelligence ont été choi-
sies et rassembicos les rirhesses archôolopiques qui composent
CHRONIQUE. h{)9
les collections du donateur. La Revue doit se iKN'iior à signaler
les suites monétaires, parnu lesquelles on remarque particulière-
ment :
V Les médailles de la Grande-Grèce et de la Sicile, suite ad-
mirable tant par la beauté des types que par la conservation dea
pièces ;
3* Les médailles des rois grecs de Macédoine, de Thrace, de
Syrie, du Pont, d*Ëgypte. Il y a dans cette série des pièces de la*
plus grande rareté ;
3"* Les séries à légendes phéniciennes^ les rois d'Orient, les
princes nabatéens; ,
■i* lies monnaies cypriotes ;
5° La suites gauloise. C'est la totalité de la collection de notre
regrettable collaborateur M. le marquis de Lagoy.
Les amis de la science se réjouissent de voir ces trésors con-
servés à la France dans leur intégrité. Le Cabinet des médailles,
qui à juste titre est regardé connue la première collection nu-
mismatique du monde entier, va s'enrichir d*une manière no-
table par ce don. Puisse ce noble exemple avoir des imitateurs !
On n'aurait pas la douleur de voir dos collections formées avec
goût et savoir dispersées après la moi*t de leurs possesseurs.
Maïs à côté de la satisfaction qu'on éprouve en songeant à l'ave-
nir des collections de M. le duc de Luynes, il y a des regrets
qu'il me sera permis d'exprimer ici. Cet abandon de ses collec-
tions ne peut-il pas faire craindre que l'illustre donateur ne re-
nonce entièrement à des études si fécondes par les progrès
qu'elles ont fait faire à la science, études auxquelles pendant
plus de trente ans il a pris une part si active? Espérons que ces
suppositions seront déineniies.
Nous pensons faire une chose agréable aux lecteurs de la
Revue en donnant ici les titres des travaux numismatiques publiés
par M. le duc de Luynes; cette liste peut donner une idée de l'uti-
lité des collections recueillies par l'illustre et éminent académi-
cien ; c'est la façon la plus positive et la plus éloquente de
500 CHBONIQCE.
montrer la fécondité de pareilles riche
médailles ayant été acquises dans le
travaux. Cette liste d'ailleurs offrira
plusieurs de ces précieux ouvrages tii
trouvables dans le commerce.
Métaponte. Paris, 1833, in-fol. —
U culte d'Hécate, 1835, in-4«. — O
17 pi., 1840, in-fol. *. — Essai sur U
pies et de la Phénicie^ sous les rois A
in-i*. — Numismatique et inscription
in-4».
Void maintenant la liste des artic
par M. le duc de Luynes dans les d(
rhabitude de les adresser : les Annale
dance archéologique et la Revue numisi
ArUâLES de L'mSTITFT A
f8M, p. f50. Sur quelques niè
Sicile. — 1830, p. 81. Du Démarétioi
de Touvrage : Ancient coins ofgreek
Blillingen. — P. 337. Médailles de T
Hyacinthien. — 1833, p. 1. Rechorcl
— 18il. p. f29. MédaiUes inédites*
delpbe '. — 1855, p. 92. Rechercl
l'ancienne ville de Molya.
Nouvnxis AïoiALBS publiées par la set
archéologique
1837, p. 37i. Monnaies incuses
* Voir le compte rendu de cet oavnige
> Compte rendu de cet article, Rews, numù
p. 61.
• Compte rendu, lie^ut numiim.^ 1846, p. (i
k Compte rendu, Revue numUm., 1B44, p. 1
CHRONIQUE. 501
4938, p. 85. Mémoire sur l'ouvrage intitulé : Sylloge ofancient
tmedited coins ofgreek citiesand kings de M. J. Millingen.
RbVITB IfUMISMATIQCK.
1838, p. 33-1. Remarques sur les symboles et les noms
propres que l'on voit sur les drachmes de Dyrrachium. — 1840,
p. 31. Médailles de Syracuse. -^ P. 85. Médailles d'Emporium.
— 1843, p. \ . Numismatique de Syracuse. — 1845, p. 253. Mé-
dailles inédites d'Amyntas roi de Galatie. — 1850, p. 309. Mé-
dailles grecques. — 1858, p. 292 et 362. Monnaies des Naba-
téens. — 1859, p. 322. Le nummus de Servius Tullius.
Je ne parlerai pas ici des autres travaux de l'éminent académi-
cien, de tant d'ouvrages historiques et archéologiques entrepris
sous ses auspices. Je dois ajouter pourtant que c'est M. le duc
de Luynes qui a signalé le premier les noms d'artistes qu'on lit
sur quelques belles médailles grecques et entre autres ceux de
Cimon et d'Évenète qui ont gravé les magnifiques et incompa-
rables médaillons de Syracuse ^ J. de Wittr.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres de Tlnstitut im-
périal de France, dans sa séance du vendredi 19 décembre, a
élu correspondant, en remplacement de M. le baron Chaudruc
de Crazannes. notre collaborateur M. G. Robert, intendant mili-
taire de la cinquième division, à Metz. Tous les lecteurs de la
Revue seront heureux avec nous de cette justice rendue à un
numismatiste éprouvé , aussi distingué par son caractère que
par son savoir.
* Voir Raoul -Rochette , Uttrt à M, U duc de Luynes sur les graveur $ de»
monnaiee gncquee. Paris, lB3i, in-4*. — On connaissait le nom de Nèvanlus
sur les médailles de Cydonîa de Crète. Eckliel , D. iV., II, p. 309.
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TABLE
MÉTHODIQUE DES MATIÈR
CONTEXUEA
DANS LÀ REVUE NUMISMATIQUE.
ANNÉE 1862
NOUVELLE SÉRIE. TOME SEPTIÈME.
IM0I.1
tturnsMATiçuE Awonanm.
Il^dalllet étu Peaplet, ¥I1Im et Bote.
Lettres à M. de Longpérier sur la numismatique
gauloise, par F. db Saulct. XIV. Trouvaille de
Chantenay (pi. i) J— 31, g9-
— XV. Monnaies des Lixoviates (pi. vi) 177-
— XVï. Votomapatis , roi des Nitiobriges. . .'. . 325-
Distatère d'or de Philippe H , roi de Macédoine, par
Fr. Lenorvant ( vignette) 397-
Médailles inédites frappées par Démétrius l*' Soter,
avec les noms de deux villes de Syrie, par Feu-
ardent (vignettes) 190-
Télradrachnic inédit de Ptolémée Philadelphe, par
Fr. Lenormant( vignettes) 331
Anneaux et rouelles des Gaulois, 157-164. — Médaille à la
légende KAACTCAOr, 161-166. — Monnaies de plomb gallo-
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 50K
romaines, 167-170 (vignette). — Monnaies grecques ayant
pour type le signe Tau, 301-305. — Médailles grecques trou-
vées à Zougra en Achaïe, 170-171. — Monnaie» d'or d'Aga-
thocle , d'argent de Larissa de Thessalie, de bronze de Meli-
bœ», d'iEgosthènes, de Cyanea?, 171.— Plombs d'Adana, d*une
darique, d'Himera ou d'Hadria du Pîcenum, de l'Afrique,
407-416, pi. XV, n- 3. 4, 5 et 6.
HMalIlM romalset.
De quelques médailles de Marcus Vipsanius Agrippa,
par Adr. de Longpérier 32 — 40
Médailles romaines , par J. de Witte. Agrippa et
Auguste, Vespasien, Hadrien et iElius César,
Faustine la jeune, Caracalla (pi. m) lOi— H2
Essai sur les médailles autonomes romaines de l'é-
poque impériale, par le duc de Blacas (pi. vii^ vin.
ixetx) 197—234
Médailles de Cologne [Colonia Agrippinensis), par
J. de Witte (vignettes) 41 — 50
Notice sur quelques plombs antiques, par R. Gar-
Rccci ( pi. XV et XVI ) 402—425
Lettre de M. L. de la Saussaye à M. Adrien de
Longpérier sur un monument numismatique iné-
dit du règne des empereurs Dioclétien et Maxi-
mien (vignette) 426—431
Monnaies autonomes romaines de Tëpoque impériale , 387-
394 (vignettes). — Médailles impériales (Néron, Clodius Macer,
Galba, Yitellius, Yespasien, Domitien, Trajan, Hadrien, J^lius
César, Antonin le Pieux , Faustine mère , Marc-Aurële ) ,
70-82, 306-315. — Monnaies de Clodius Macer, 224-225. ^
Monnaies d'or romaines trouvées à Pourville ( Seine-Infé-
rieure) (Valentinien I", Valens, Théodose, Arcadlus, llono-
rius), 171-172. — Monnaies byzantines, 316—318.
504
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈBES.
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^«1
PREMIÈRE RACE.
Description (fcs monnaies mérovingiennes du Li-
mousin, par Max. Deloche. X. Arnac-Pompa-
dour, Yssandon^ Rivisum, Seilhac, Turenne»
Beynal, Espagnac, Vallière, Blon, Novic ou
Nouïc^ Montrgnac, Nouhanty Ajain , Parsac^ BriN
lac, Ek)nœil^ Roiiffiac^ Bar, Chftteau-Ponsaf, Ey-
jaux. . . • 235
— XL Limoges^ Nouic ou Novic, Cissac, Choiss,
Glanne ou Glény, Salagnac^ Berchat ou Bersac,
Uzerche, Argentat^ Montceix, Nontron, Pau-
liac, Pageas ( pL tvii ). « . . . . 43^
Monnaies mérovingiennes , 51-52, f\. H, n« 1 ; 279, pi. XI,
n* 1 ; 334-336. pi. XII ,n**\, 2, 3.
8BCON0Ê RACE.
Notice sur diverses mondaies du vni* au xv* siècle >
par FeuardëNt. ( Pépin, Charlemagne , Louis le
Débonnaire, Lothaire, Robert. ) ( pi. n, n'» 2, 3,
6, 7, 8) , 51
TROISIEME RACE#
Monnaie de Charles VIII frappée à Marseille, par
Fernand Mallbt ( vignette ) 27^
Deuxième lettre de M. Ch« Robert à M. Adr. de.
Longpérier sur des collections d'Italie (Louis Xtl,
François \'*) (vignettes) 03
Monnaies de Philippe I*^ et d'Henri I", 338, 34t, pi. XII,
n* 13. — Dénéraux du xiii» siècle , 113-116 { vignettes). —
Essai de monnaie ou piéfort de Charles VII, 60-62, pi. Il, n* 11.
^Monnaie» de Louis XI, Charles VIII, Louis XII, 283-291,
TABLE MÉTHODIQUE DES MAT1ÈBES. 505
pi. XI, n«» 7, 8, 9, 10. -^ Monnaies d'or de Louis XII, Fran-
çois I*', Charles IX, trouvées à Candecôte (Seine-Infi^rienrc),
324. — Teston de Charles IX, 376-382, pi. XIV, n* 8.
Mowuilca pr«YliieJ«lca.
Quelques monnaies rares ou inédites de la biblio-
thèque de Marseille et de la collection de M. le
comte de Clapiers, par A. Carpbhtin (pi. xi). . . 279 — 291
Lettre de M. le baron de Kœhne à M. A. de Long-
périer sur quelques monnaies françaises rares ou
inédiles (pi. xu) 334-^50
Essai sur l'histoire monétahre des comtes de Flandre
de la maison de Bourgogne et description de leurs
monnaies d'or et d'argent, par L. Dbschampsde Pas.
m. Philippe le Bon (suite) (pi. iv) 117— U3
— IV. Charlea le Téméraire (pL xni) 351—365
— V. Marie (pi. xyui) 460—480
Notice sur quelques monnaies et mércaux de Bar,
de Lorraine et de Champagne , par Léon Maxe-
Wbrlt(pI. v) iu-ir>r>
Denier de Mireconrt, 83-87 (vignette). — Numismatique bé-
thunoise, 318-322. — Numismatique de Cambrai, 383-386. —
Monnaie de Guillaume II, sire de Vierzon, 375, pi. XIV, n" 7.
Monnalca éirangèrf a.
Monnayeurs. français dans la Grande-Bretagne aux
xu^ et wji^ siècles, par Adrien de Longpérier. . . 202—300
Monnaies du moyen &ge inédites > par Anatole de
BAaT«iLEHY (pi. xiv) 3GG— 382
Monnaies des rois longbards Astolfe et Didier, 55-57, pi. II,
n»» 4 et 5. — D*£douard III et de Henri V, rois d'Angleterre,
68-60, pi. II, n»»» 9 et 10. — De Louis XII et de François !•'
frappées à Milan, 63-69, vignettes. -^ Monnaies d'or de Fer-
dinand V et dlsabelle, de Jeanne et Charles, de Charles-Quint,
de Philippe II, de Jean lll et de Sébastien I*' de Portugal , de
506
TABLE MÉTHODIQUE DES MAT1ÈEE8.
Mathias Corvin, d'Alphonse I" et d'Hercule II, dacs de Fer-
rare, de Genève, trouvées à CandecOte ( Seine-Infénewre), S24.
— Histoire métallique des Pars Bas, 87«48» «^ Besançon et
Riga, 172-174.
Sur deux déncraux-da xiu* «èele^ par Ed. Lambbiit
(vignettes) 14
*Méreaux de la Sainte-Chapelle , par J. Router
(pi. XIX et XX ) 48
Méreaux de Reims, 155-156, pi. V, n** 9 et 10. — Méreaux
des corporations de métiers, 174-176. — Histoire sigillaire de la
ville de Saint-Ouen, 88. — Sceaux ot bulles conservés dans les
archives des Bouches du Rhône , 88. — Méreaux de Bcthune ,
S18-322.
BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE.
Des anneaux et des rouelles , antique monnaie des
Gaulois. Notice par le comte Hippolyte deWi-
dranges, et note sur la médaille à la légende
KAAcrCAOr. (Article de M. E. Hucher) IS
Examen des monnaies grecques ayant pour type le
signe Tauj par Ludwig Mûller. (Article de
M. AdR. de LONGPBRIER.) 30
Description historique des monnaies frappées sous
l'empire romain^ par M. Henry Cohen. (Articles
de M. Tabbé Cavedoni. ) 70—82, 30
Description générale des monnaies byiantines frap-
pées sous les empereurs d'Orient, par J. Sabaticr.
(Article de M. Anatole de Barthélémy.) 31
Numismatique béthunoise, par L. Dancoisno. (Ar-
ticle de M. J. Router.) 31
Numismatique de Cambrai , par Ch. Robert (article
de iM» A. de Barthélbmt) 3t
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 507
CHRONIQUE.
Prix de numismatique 387
Collections de H. le duc de Luynes. (J. W.). . . . 498— 50i
Lettre à M. de Witte sur uûe monnaie de plomb
gallo-romaine, par M Gustave .d'ÀMBCOfiai (vign.). 167 — 170
Collection nationale des médailles à Athènes. (J.W.) 170— f71
Monnaies d'or romaines trouvées à Pourville, près
de Dieppe (Seine-Inférieure). (J. W.). . . . 171 — 172
Monnaies autonomes romaines de l'époque impériale
(vignettes) (duc de Blagas^ C. Cavbdoni). . . . 387 — 394
Rectification numismatique. Besançon et Riga.
(A.L.) 172— 174
Lettre de M. Laprevote à M. Ch. Robert sur un de-
nier de Mirecourt (vignette) 83-87
Découverte de monnaies d'or du xvi* siècle dans la
chapelle de Caudecûte, près Dieppe. (J. W.). • . 323— 3i4
Continuation de l'ouvrage de Van Loon^ Histoire
métallique des Pays-Bas 87 — 88
Histoire sigillaire de la ville de Saint-Omer^ par
Louis Deschabips de Pas 88
Iconographie des sceaux et bulles conservés dans
les archives des Bouches-du-Rhône, par Blancarp. 88
Méreaux des corporations de métiers. ( A. L. )• . • 174 — 170
M. Ch. Ro!)ert nommé correspondant de l'Académie
des Inscriptions et belles-lettres TiOl
NÉCROLOGIE.
Le baron Chaudruc de Crazannes. (A. L.) 394— 39ft
ERRATA
DE LA REVUE NUMISMATIQUJ
Page 41, ligne II, trente-sà aus, Um trente-iept ans.
— 81, — la, La disputn de Palla, liais de PaUas.
— 141. — 8, 19, 20, pi. V, lisez pi. IV.
— 204, — 9 et snivantes, rétabli8$$x anm :
1.0.M.CAP1T0L1NVS. Jupiter assis à gancbe daos un temple à
loMMs et tenant «n fondre et on sioefM/Alt
Poids^ 'tienne, Ss',46, et pièœ fourrée; — ma colleetion. pSèoe foi
12. — Pièce semblable avec I.O.MAX. au revers. AR. (Cohen ,
n» 103).
Poids, France, 3»%85, 3»',87 ; — I*ondres, 3«',62v — Berlin, »»,3
penbague, 3*', 10.
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