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Full text of "Revue Numismatique"

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^vA^^w  .    0\>      d  .  9 


V 


REVUE 

NUMISMATIQUE 


COLLABORATEURS 

Dont  les  artldct  ont  para  ilanii   la    Remu  numiâmmUque 
(noaTCllC  série ,  ISM,  1857, 1858,  1859,  1880  et  1881). 


MM. 
ACY  (Ernest  d'),  àVillers  aux  Éra- 

bles  i  Somme). 
BARTHÉLÉMY  lAnat.  de),  à  Cha- 

lon»-8ur-Marnc. 
BEULÉ  (  Ernest  U  à  Paris. 
BIGOT  (A.)i  à  Rennes. 
BOILLEAU  (L.),  à  Tours. 
BOUDARD ,  à  Beziers. 
BRETAGNE,  à  Nancy. 
BRUGIÊRE  DE  LAMOTTE,  àMont- 

Inçon. 
CARPENTIN  (A.),  à  Marseille. 
CAVEDONI  (TabWC),  à  Modène. 
CHARVET(J.).àParis. 
COCHET  (L'abbé),  à  Dîeppp. 
COHEN  (Henry),  à  Paris. 
COLSON  I  Le  docteur  A.  ),  à  Noyon. 
CRAZANNES   (  Le  baron  Chaudmc 

de  1 ,  à  Castel-Sarrazin. 
DAUBAN  (  Alfred  ),  à  Paris. 
DELOCHE  (Maximin),  à  Paris. 
DENIS  LAG  ARDE ,  à  Brest. 
DESCHAMPS  DE  PAS  (Louis),   à 

Saint-Omer. 
DEVILLE  (Achille),  à  Paris. 
DUPRÉ  ^Prospor) ,  à  Montjay  (Seine- 
et-Marne  ). 
EVANS  (J.),  à  Londres. 
FEUARDENT,  à  Montmartre. 
GAYRAUD  DE  SAINT-BENOIT,  à 

Saint-Bcnon(Aude). 
GÉRY  (  R.  ) ,  à  Voiron  (  Isère  ). 
HUCHER  (  Eugène^,  au  Mans. 
HUILLARD-BllÉHOLLES  (  A.  ) ,  à 

Poris.  ' 
HURON  (  E.) ,  iiT  Montoîre-sur-Lfiir. 
JUDAS  (  Le  docteur  A.  ) ,  à  Passy. 
LAGOY    (Le  marquis  de),  à  Aix 

(  Bonohes-du -Rliône  ) . 
i;AttB£RT  (  Edouard) ,  à  Baveux. 
LA  SAUSSAtYE  (I^uis  de),  h  Lyon. 
LAÙkÉîQ^^Jules),  À  Épinal. 
LELEWEL  (  Joachim  ) ,  à  Bruxelles. 


MM. 

LENORMANT  (  Charies  ) ,  à  Paris. 
LENORMANT  (  François),  à  Paris. 
LONGPÉRIER  (  Adrien  de),  à  Pari» 
LONGPERIER-GRIMOARD  (Alfred^ 

de),  à  Longpérier  (Oise). 
LUVNES  (  Le  duc  de) ,  à  Dampierre. 
MANTELLIER,à  Orléans. 
MASSAGLÏ  (  D.  ),  à  Lucques. 
MAXE  (Léon),  à  Reims. 
MILLER   ( Emmanuel ) ,  a  Paris. 
MORBIO  (Carlo),  à  Milan. 
MULLER  (Louis),  à  Copenhague. 
NAMUR,  à  Luxembourg. 
PÉTIGNY  (Jules  de  ,  à  Clénor  (Loir- 
et-Cher). 
POEY  D'AVANT  (  F.  ) .  à  Malllezais 

(Vendée). 
PONTHIEUX  (N.).  h  BeauYais. 
PORRO  (Comte  Jules),  à  Milan. 
PROMIS  (Qiev.  Dom.  ),  à  Turin. 
PROKESCH-OSTEN  (Baron de),   à 

(>)nstantinople. 
RAUCH  (  Adolphe  de),  ji  Beriin. 
RETHAAN  MACARK  (J.  C.  A.  ) ,  à 

Utrecht. 
ROBERT  (C.  ),  à  Metz. 
RONDIER,  àMelle  (Deux-Sèvrep). 
ROUYER  (J.),  à  Paris. 
SABATIER  (Jean  ),  à  Montmartre. 
SALIS(Comte  J.  F.  G.  de), à  Londres. 
SAULCY  (  F.  de  ) ,  à  Paris. 
SAUVADET,  à  Montpellier. 
SAUVAGEOT  (  F.  ),  à  Paris. 
SORET  (F.),  à  Genève. 
TOULMOUCHE  (D'  ),  à  Rennes. 
VALLIER  (Gustave),  à  Grenoble. 
VASQUEZ-QUEIPO  (V.),  à  Madrid. 
VOGltÉ  (  Le  comte  Melohior  do  ),  au 

Pezoau  (Cher). 
WADDINGTON  (W.  H.),  à  Bourne- 

ville  (  Aisne  ). 
WirrE  lJ.de),  H  Paris. 


Psris.  —  Imprimé  par  £.  Thcnot  et  C",  i6,  me  lUciiif,  pxi&  de  ruJcLui. 


REVUE 

NUMISMATIOUE 

PUBLIÉE 

J.   DE  WITTE 

y«3ibr«  de  l'Académie  roTale  d«s  Sciences,  des  Lettres  et  des  Bcaax  Arts  de  Belgique. 
Corrospoodant  de  l'Institut 
«t  de  la  Société  impériale  des  Antiquaires  de  France , 


ADRIEN  DE  LONGPËRIER 

Membre  de  riostitnt  et  de  la  Société  impériale  des  Antiqaaired  de  France, 
Associé  étranger  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Belgique. 


Ostendi(«  mihi   namisma  cennus...  Ca)a« 
est  imago  hsc,  et  snperscriptio  ? 

MaTTR.,  XIII.  4»— «0. 


NOUVELLE  SÉRIE.    TOME  SIXIÈME. 


V\  R  1  S 
AU  BLîREAr  DE  LA  REVUE 

It,    ans    Y1T1ENNC. 

1861 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


ÉTUDES  DE  NUMISMATIQUE  ASIATIQUE, 

(PI.  I  et  II.) 

Deuxième  article.  —  Voir  les  cinq  premifrii   chapitrefl^ 
Heruf^  1860,   p.  432-455. 


VI.   Paphlagonie  et  Cappaâoce. 

Tête  de  femme  à  gauche,  les  cheveux  enveloppés  dans 
ropistosphendoné. 

^.  Aigle  pêcheur  sur  un  dauphin  ;  au-dessous  la  légende 
AATAM,  les  deux  dernières  lettres  liées.  —  A.  4.  Poids, 
5»%85. 

(Cabinet  des  médailles,  pi.  I,  n*  1.) 

Cette  pièce,  inexactement  publiée  par  Mionnet  {Paphlag. , 
n*  73) ,  a  passé  inaperçue  et  a  toujours  été  confondue  avec 
les  autonomes  de  Sinope  au  même  type  ;  mais  ces  der- 
nières portent  toujours  un  nom  de  magistrat  inscrit  en  pe- 
tites lettres  dans  le  champ,  entre  l'aigle  et  le  dauphin, 
tandis  que  le  nom  de  la  ville  iINfl  est  écrit  en  grosses 
lettres  à  l'exergue.  (Voy.  pi.  I,  n'  2).  Sur  celle-ci,  au 
contrah-e,  il  n'y  a  point  de  nom  de  magistrat,  et  le  nom  de 

1861.—  1.  1 


2  MKSIOIRES 

la  ville  est  remplacé  par  la  légende  AATAM.  dont  les  deu\ 
dernières  lettres  sont  liées,  apparemment  pour  ne  pas  dé- 
passer le  nombre  de  quatre  dont  se  composait  la  légende 
habituelle.  Les  entreprises  de  Datame  contre  Sinope  sont 
connues  par  un  passage  de  Polya^nus  (VII,  21,  2,  4,  5); 
il  n'en  résulte  pas  clairement  qu'il  s'empara  de  la  ville, 
mais,  dans  tous  les  cas,  il  était  maître  de  la  Paphlagonie. 
qui  lui  avait  été  donnée  par  Artaxerce,  lorsqu'il  vainquit  et 
fit  prisonnier  le  roi  Tbys  ou  Thyus,  qui  s'était  révolté. 
(Nepos,  VUa  Dalam. — Justin.,  Prolog,  lib.  X.)  Datame 
mourut  vers  362. 

2.  Tète  de  femme  à  gauche-,  devant,  Tacrostolium. 

i}\  niV!K  en  caractères  araméens.  Aigle  p^^cheur    sur 
un  dauphin  — J^.  A.  Poids,  if',97. 
(De  ma  Collection,  pi.  I,  n**  3.) 

3.  Même  tête  ;  devant,  l'acrostolium  ;  derrière,  les  lettres 
phéniciennes  nv  pointillées. 

I}'.  Mêmes  type  et  légende.  —  JR.  4-  Poids,  5'',02. 

(Musée  Britannique,  pi.  1,  n^  â.) 

A.  Même  tête;  devant,  l'acrostolium  ;  derrière,  la  lettre 
phénicienne  v  pointillée. 

ijj.  Mêmes  légende  et  type.  JR.  A.  Poids,  5«',25.  Trouée. 

(Mus.  Hunter,  à  Glasgow) . 

Il  n'existe,  à  ma  connaissance,  que  ces  trois  exemplaires^ 
tous  variés,  de  cette  importante  médaille  ;  celui  du  Musée 
Britannique  est  le  même  qui  a  été  publié  par  Mr  le  duc  de 
Luynes  {Num.  salrap,,,  pi.  V,  n*  A),  d'après  la  gravure  de 
Sestinî.  Nous  en  donnons  ici  le  dessin  d'après  l'originaL 
Ces  pièces  ont  le  poids  des  dariques  d'argent  faibles  ;  elles 
pèsent  exactement  la  moitié  des  pièces  frappées  à  l'atelier  de 
Tarse  sous  les  derniers  Achéménides;  elles  sont  plus  lé- 
gères que  la  pièce  de  Datame  et  que  les  autonomes  de  Si- 


ET   DISSERTATIONS.  S 

Dope^  qui  sont  également  des  dariques  d'argent,  mais  dont 
le  poids  varie  de  5«%70  à*5«',85.  Leur  style  aussi  bien  que 
leur  poids  indique  qu  elles  sont  postérieures  à  la  grande 
émission  des  autonomes  de  Sinope  et  à  la  pièce  de  Datame, 
et  je  n'hésite  pas  à  les  attribuer  à  Ariarathe  I,  satrape  ou 
dynasie  d'une  partie  de  la  Cappadoce,  pendant  les  vingt 
dernières  années  environ  de  la  monarchie  persane,  ainsi  que 
pendant  le  règne  d'Alexandre,  et  vaincu  et  mis  à  mort  par 
Perdiccasen  322.  (Diod.,  XVIII,  16.  —  Frag.,  lib.  XXXI.— 
Lucian.,  Macrob,,  13.) 

La  légende  de  ces  pièces  avait  été  lue  ms3i«,  Arcapa- 
date,  par  M.  le  duc  de  Luynes,  et  bien  que  cette  lecture 
s'éloigne  en  apparence  beaucoup  de  celle  que  je  propose , 
ceux  qui  sont  vei*sés  dans  la  lecture  des  textes  araméens 
reconnaîtront  facilement  que  la  seule  différence  essentielle 
porte  sur  le  troisième  caractère.  En  effet,  les  deux  lectures 
sont  d'accord  pour  les  deux  premières  et  la  dernière  lettre  ; 
la  quatrième  peut  être  un  *i  aussi  bien  qu'un  jd  ,  ces  lettres 
se  confondant  souvent  dans  les  textes  araméens  et  sur  les 
médailles,  celles  de  Phamabaze  par  exemple;  et  la  cin- 
quième peut  être  i  om  au  gré  des  lecteurs,  ces  deux  let- 
tres étant  absolument  pareilles  sur  la  presque  totalité  des 
monuments  phéniciens  et  araméens.  Reste  donc  la  troi- 
sième lettre  qui  est  un  ^  selon  nous  ;  la  médaille  de  Téri- 
baze  que  nous  avons  publiée  plus  haut,  les  mots  n  et 
nîQ  sur  la  médaille  d'Abdsohar,  l'inscription  du  Sera- 
péum,  et  d'autres  inscriptions  araméennes,  nous  en  four- 
nissent la  preuve  ;  et  nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ceque 
nous  avons  dit  à  ce  sujet.  Tous  ces  exemples  s'appuyent  et 
se  confirment  mutuellement.  M.  Blau,  qui  avait  parfaite- 
ment reconnu  la  valeur  de  ce  caractère,  a  passé  à  côté  de  la 
vérité  en  lisant  Àriodat  au  lieu  de  Àriorai. 


5.  Même  tête  de  femine  ;  devant,  racrostoliuni. 

».  Aigle  pêcheur  sur  un  dauphin  :  dessous,  la  légende 
araméeune  jCTir?  —  -IV.  4.  Poids,  5^.20. 

(Colleclion  de  M.  le  duc  de  Luynes,  pi.  I,  n'  5.) 

Cette  pièce  a  été  gravée  dans  la  Mumismaléçue  dr$  satra- 
p'u$j  pi.  XII,  n*  1  ;  mais  je  l'ai  fait  dessiner  de  nouveau 
pour  donner  plus  exactement  la  forme  des  quatrième  et  cin- 
quième lettres.  La  légende  avait  été  lue  par  M.  le  duc  de 
Luynes  zzxriz^j  c'est-à-dire  Abfl-Sinop,  ou  les  ser\ileur5 
de  Sinope^  mais  cette  lecture  reposait  sur  rideniité  sup- 
posée du  c  et  du  ^2  phénicien,  identité  qui  n'est  plus  ad- 
mise aujourd'hui.  Sauf  cette  lettre,  la  légende  avait  été 
bien  lue  ;  je  dirai  seulement  que  la  sixième  lettre,  dont  on 
ne  voit  que  la  partie  supérieure,  peut  être  un  •»  ou  un  t  , 
ou  peut  être  même  un  r  ou  un  :  aussi  bien  qu  un  z  ;  c'est  ce 
qui  ne  pourra  être  décidé  que  par  un  autre  exemplaire  de 
cette  médaille,  unique  jusqu'à  présent,  La  quatrième  lettre 
est  certainement  un  a,  bien  que  sa  forme  diffère  un  peu  de 
la  forme  usuelle  ;  elle  ne  peut  être  un  c,  car  la  forme  ara- 
méenne  de  cette  lettre  est  bien  déterminée  par  l'inscription 
du  Sérapéum  et  le  lion  d'Abydos. 

Il  faut  donc  lire,  selon  toute  probabilité,  pin::,  avec  la 
cinquième  lettre  douteuse  ;  le  nom  peut  être  Abdémon  ou 
quelque  nom  semblable.  Dans  tous  les  cas,  ce  personnage 
ne  peut  avoir  été  qu'un  dynaste  papblagonien ,  qui  a 
régné  dans  les  environs  de  Sinope  ou  qui  a  peut-être  été 
maître  de  la  ville  vers  la  même  époque  qu'Ariarallie  ,  et  la 
médaille  ne  peut  être  séparée  de  celles  d'Ariarathe,  avec 
lesquelles  elle  a  la  plus  grande  ressemblance. 

J'arrive  maintenant  aux  pièces  portant  le  même  nom  de 
satrape  que  celle  de  Sinope,  mais  offrant  un  type  étranger 
à  la  numismatique  de  cette  ville. 


ET    DISSERTATIONS.  5 

6.  Baal  assis  sur  un  siège,  la  main  gauche  appuyée  sur 
un  sceptre,  et  tenant  de  la  droite  un  aigle,  un  épi  et  uHe 
grappe  de  raisin;  derrière,  la  légende  araméenne  iTraSw 
{Baal'Gazor)  ;  dans  le  champ,  un  monogramme  grec  com- 
posé des  lettres  MY. 

r.\  Un  griffon  ailé  dé\orant   un  cerf;   dessous,  la  lé- 
gende n-nn«  {Àriorai).  —  ^R.  5.  Poids,  5«',03. 
(Musée  Britannique,  pi.  I,  n'6.) 

7.  Même  pièce,  du  même  coin,  mais  la  légende  du  droit 
mal  frappée.  (Collection  de  M.  le  duc  de  Luynes.) 

8.  Même  type,  sans  Tépi,  et  la  légende  en  caractères 
carrés. 

if.  Mêmes  type  et  légende,  cette  dernière  incomplète,  en 
caractères  araméens.  —  J^.  5.  Poids,  5«%31. 

(Mus.  Brit.,  pi.  l,  n»7.) 

0.  Même  type  ;  légende  en  caractères  carrés,  incomplète 
au  commencement,  et  altérée  par  une  cassure  du  coin. 

ij*  Même  type  et  légende  complète  en  caractères  ara- 
méens. — M.  5. 

(Cabinet  des  médailles,  pi.  1,  n'  8.) 

Sur  ces  quatre  pièces,  le  nom  d'Ariorate  est  écrit  tou- 
jours de  la  même  manière,  et  en  caractères  absolument  pa- 
reils à  ceux  des  médailles  au  type  sinopéen;  mais  il  n'en 
est  pas  ainsi  de  la  seconde  légende  ;  sur  les  deux  premiers 
exemplaires,  les  deux  légendes  sont  écrites  avec  les  mômes 
caractères ,  tandis  que  sur  les  deux  jmtres ,  la  seconde  lé- 
gende est  écrite  en  caractères  de  forme  carrée,  d'une  exé- 
cution fort  négligée,  et  de  plus,  défigurés  par  les  cassures 
du  coin.  Toutes  ces  pièces  portant  le  nom  d'Ariorate,  tant 
celles  qui  nous  occupent  que  celles  au  type  de  Sinope,  ap- 
partiennent évidemment  au  même  prince;  elles  sont  toutes 
du  même  poids,  et  ont  d'ailleurs  toute  Tapparence   de 


G  IfÈUOIRLS 

pièces  cootemporaioes.  Les  unes  out  été  frappées  soit  à 
Sinope,  soit  eo  imitatioD  des  monnaies  sinopéennes  ;  mais 
où  ont  été  frappées  les  autres,  et  que  signiGe  cette  légende 
BaaI-Gazor? 

Commençons  par  établir  la  justesse  de  la  lecture  que 
nous  proposons.  C'est  grâce  au  premier  exemplaire  du 
Musée  Britannique,  pièce  inédite  jusqu'à  ce  jour,  que  nous 
avons  pu  lire  cette  cuiîeuse  légende  ;  elle  y  est  conçue  en 
caractères  araméens  ordinaires  comme  les  mots  Ariorate, 
Téribaze  et  les  monnaies  de  l'atelier  de  Tarse  ;  les  lettres 
sont  très-nettes ,  et  la  pièce  est  parfaitement  bien  frappée. 

Tout  le  monde  est  d'accord  sur  les  trois  premières 
lettres  hvi;  mais  dans  la  quatrième,  M.  le  duc  de  Luynes, 
et  après  lui  M.  Blau,  ont  vu  un  s.  Cependant,  en  se  réfé- 
rant aux  médailles  de  Phamabaze,  les  seules  où  cette  lettre 
ait  été  reconnue  avec  certitude ,  il  est  facile  de  s'assurer 
qu'elle  a  ime  forme  complètement  différente;  elle  y  est  tou- 
jours figurée  ainsi  7,  et  cette  forme  se  rapproche  beaucoup 
de  celle  usitée  dans  l'inscription  d'Eschmunasar,  ? .  I^ 
lettre  qui  nous  occupe  a  une  toute  autre  forme.  A;  les 
deux  jambages  sont  égaux,  également  inclinés,  et  sans 
aucune  courbure  ;  c'est  évidemment  un  ghimel  ;  cette  lettre 
ne  s'était  pas  encore  rencontrée  sur  les  monnaies  de  l'Asie 
Mineure;  mais  on  la  voit  sur  celles  de  Gébal  en  Phénicie, 
et  sur  le  sarcophage  d'Eschmunasar,  et  sur  ces  deux  mo- 
numents elle  a  exactement  la  même  forme  que  sur  notre 
•  médaille,  forme  qui  a  été  conservée  dans  l'alphabet  grec 
d'Athènes  jusqu'à  l'archontat  d'Euclide. 

La  cinquième  lettre  de  notre  légende  est  un  zaln,  exacte- 
tement  semblable  à  celui  des  médailles  de  Tarse.  La  sixième 
est  un  vav^  comme  dans  la  légende  du  revers,  et  dans  celle 
de  Téribaze,  et  enfin  la  dernière  est  un  daleth  ou  un  rrscA, 


ET   DISSERTATIONS.  7 

exactement  semblable  aux  deux  resch  du  revers.  On  peut 
donc  lire  "iiîaSyi,  en  se  conformant  rigoureusement  aux 
exigences  de  la  critique  paléographique. 

Gazor  est  le  nom  indigène  de  la  ville  appelée  Gazkira 
par  les  Grecs  ;  ville  située  sur  l'Iris  et  ancienne  résidclnc^ 
des  souverains  du  pays,  mais  abandonnée  au  temps  de 
Strabon.  (FaÇeoupa,  TraXaiov  Paot7eto»,  vCv  d'  eprifiov. 
Strab.,  XII,  3,  15).  C'est  près  de  Gaziura  que  Mithridate 
mit  en  déroute  le  général  romain  Triarius  (Dion.,  XXXV, 
12).  On  ne  sait  rien  d'autre  de  cette  ville,  qui  conserva 
son  atelier  monétaire  sous  les  derniers  rois  An  Pont,  ûnsi 
que  l'attestent  les  médailles  frappées  à  cette  époque  avec  la 
légende  rAZIOTPiîN  et  les  types  ordinaires  de  la  province. 
J'ajouterai  qu'il  existait  sur  la  côte,  entre  Sinope  et  Tem* 
bouchure  de  l'Halys,  un  endroit  appelé  TaÇoupov,  eu 
Zsr/opa ,  dans  les  périples  du  Pont  Euxin ,  et  raXopov  dans 
le  texte  de  Ptolémée.  (Voy.  Arrian.,  Periph  21,  et  la  note 
de  MuUer,  dans  les  petits  géographes.  ) 

Le  mot  Gazor  est  purement  sémitîque.^  Il  y  avart  en 
Palestine ,  sur  le  territoire  de  la  tribu  d'Éphraïm ,  une  ville 
autrefois  capitale  des  Cananéens,  et  appelée  en  hébreu  l'ra , 
nom  que  les  Septante  écrivent  Ta^ep^  et  qui  dans  les  livres 
des  Maccabées  a  revêtu  une  forme  plus  hellénique ,  TaÇorpa 
(  Josuf ,  X,  38  ;  XII,  12^  etc  I  Macab.,  XIV,  34).  Une  peu- 
plade vivant  parmi  les  Philistins  et  sans  doute  originaire  de 
Gazor  se  nommait  nîa  (I  Sam  ,  XXVII,  8). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  rapprochement»  qui  semble  éta- 
blir un  rapport  entre  les  populations  de  la  Cappadoce  et  de 
la  Palestine ,  le  Baal-Gazor  doit  être  assimilé  au  Baal- 
Tars  des  monnaies  ciliciennes  ;  c'est  la  même  divinité  su- 
prême, analogue  au  Zeus  des  Grecs,  et  adorée  par  toutes  les 
populations  sémitiques  qui  s'étendaient  depuis  l'embou- 


8  MÉMOIRES 

chure  de  FHalys  jusqu'à  celle  du  Cydnus.  Nous  verrons 
plus  loin  un  autre  exemple  de  l'usage  de  mettre  le  nom 
d'une  divinité  à  côté  de  son  image  sur  les  monnaies. 

La  légende  dont  nous  venons  de  proposer  une  nouvelle 
lecture  a  été  lue  fort  différemment  par  nos  devanciers  ^  M.  le 
duc  de  Luynes  {Num.  satr.,  p.  37)  lisait  iids  Svi,  Baal- 
Phégory  et  M.  Blau  -^lais  hvi^  Boal-Phartiouk  {ZeUschrift 
der  Morgenl.  Gesellschaft,  1855,  p.  87)  ;  mais  ces  deux  savants 
ne  connaissment  pas  la  belle  pièce  du  Musée  Britannique  que 
nous  avons  publiée,  et  sans  laquelle  il  eût  été  impossible 
d'arriver  à  une  lecture  certaine.  Il  est  difficile  d'expliquer 
la  présence  sur  la  même  médaille  des  lettres  araméennes 
ordinaires  et  des  lettres  carrées  ;  c'est  une  de  ces  singularités 
qui  se  rencontrent  quelquefois  dans  la  numismatique,  et 
celle  de  Tarse  en  offre  une  analogue  en  réunissant  sur  la 
même  pièce  une  légende  en  caractères  ordinaires ,  et  une 
en  caractères  cursifs. 

Il  me  reste  à  dire  quelques  mots  d'une  médaille  de  la 
même  catégorie  que  les  dernières,  mais  dont  la  légende 
est  différente. 

10.  Baal  assis ,  une  main  appuyée  sur  un  sceptre ,  et 
tenant  de  l'autre  un  aigle  et  une  grappe  de  raisin  ;  à  côté, 
la  légende  nnt..? 

^.  Griffon  dévorant  un  cerf;  légende  nulle  ou  effacée. 
iîV.  5» 

( Blau,  De  Num.  Achœmen. ,  tab.  I ,  n"  â. ) 

Je  ne  connais  cette  pièce,  qui  fait  partie  de  la  collec- 
tion de  M.  Blau ,  que  par  le  dessin  qu'il  en  a  donné  lui- 
même  ,  et  d'après  lequel  la  pièce  serait  en  mauvais  état. 
De  l'aveu  du  savant  philologue,  la  légende  du  droit  est 
incomplète,  et  il  a  dû  y  en  avoir  une  seconde  sous  le 
griffon.  11  vaut  mieux  attendre  un  nouvel  exemplaire  de 


ET    DISSERTATIONS.  9 

cette  importante  médaille,  et  s'abstenir  de  toute  conjec- 
ture îvu  sujet  de  la  légende;  je  me  bornerai  à  dire  que  Tin- 
terprétation  qu'en  propose  M.  Blau  est  trop  contraire  aux 
règles  de  la  numismatique  de  cette  époque ,  pour  pouvoir 
être  acceptée  par  les  nimiismatistes. 

VII.  Abd'Hadad^  dynaste  d'HiérapoUs  en  Sp'ie. 

1.  Tête  de  la  déesse  Atergatis  de  face ,  avec  deux  longues 
tresses  de  cheveux  et  coiffée  d'un  diadème  élevé;  d'un 
côté  la  légende  invinv ,  et  de  l'autre  le  chiffre  phénicien 
qui  indique  le  nombre  vingt. 

H.  Personnage  barbu ,  vêtu  d'une  longue  robe ,  coiffé 
d'un  bonnet  conique,  debout  sous  un  portique  soutenu 
par  deux  colonnes;  il  a  la  main  droite  élevée,  et  devant 
lui  est  un  thymiatérion  ;  derrière  lui  la  légende  "nn-Tiv.  — 
Médaille  fourrée. 

(Collection  de  M.  le  duc  de  Luynes,  pi.  II,  n*  1.) 

2.  Même  tête ,  tournée  à  gauche  ;  derrière,  les  chiffres 
phéniciens  20  et  10;  devant,  les  restes  d'une  légende, 
probablement  la  même  que  sur  la  pièce  précédente. 

^.  Personnage  coiffé  de  la  tiare,  debout  avec  un  écuyer 
qui  tient  les  rênes,  dans  un  char  attelé  de  deux  chevaux. 
Au-dessus,  la  légende  TTmiv.  Le  coin  du  revers  a  glissé, 
de  sorte  qu'il  y  a  quatre  têtes  de  chevaux  au  lieu  de  deux, 
et  que  les  trois  dernières  lettres  de  la  légende  sont  dou- 
blées et  confuses.  —  M.  Poids,  86%60. 

(Cabinet  de  M.  le  duc  de  Luynes,  pi.  II,  n*  2.  ) 

La  première  de  ces  deux  médailles  a  déjà  été  publiée 

par  son  savant  possesseur  [Num.   satr.^  p.  39,  pi.  V), 

qui  l'a  attribuée  à  un  satrape  incertain  de  Syrie ,  nommé 

Abd-Hadad.  Dans  la  légende  qui  accompagne  la  tète  de  la 


10  MÉMOIRES 

divinité,  M.  de  Longpérier  a  reconnu  le  nom  de  la  fameuse 
déesse  syrienne  Atergatis  {Journal  Asiatique, b*  sérient.  VI, 
p.  428;  Blau,  Zeitschrift  der  }torgen(.  Ge»lhch.,  1852, 
p.  478).  M.  de  Longpérier  a  fait  remarquer  que  dans  ce 
mot  comme  dans  plusieurs  autres  mots  hébreux  et  ara- 
méens ,  Vain  a  la  force  d'une  gutturale,  et  il  cite  à  ce  pro- 
pos le  nom  du  dieu  -ïivs  Syi ,  dont  on  a  fait  Baal-Péor,  ou 
Baal-Phégor.  Gesenius ,  dans  son  lexique  (  in  voce  v) ,  a 
réuni  d'autres  exemples  de  la  même  particularité ,  enti*e 
autres,  le  nom  de  ville ntr.  écrit  par  les  Grecs  Vâ^lioi.  Le 
nom  de  la  déesse  syrienne  s'écrivait  «nvin,  ou  KD^nny,  et 
Ton  comprend  maintenant  la  diversité  des  formes  sous 
lesquelles  le  nom  est  écrit  par  les  auteurs  grecs  et  latins, 
Thirgatao,  Derketo,  Atergatis,  Athara.  (Voy.  Movers, 
Phœnizier,  1 ,  p.  594.  ) 

La  seconde  médaille  a  été  publiée  par  M.  de  Lnynes  dans 
cette  Revue  (1860,  pi.  XI,  nM,  p.  310),  et  attribuée  à  Ab- 
démon,  roi  de  Citium  ;  dans  un  article  sur  les  monnaies  de 
Marium  en  Cypre  {Rev.  fium.,1860,  p»2),  j'avais  adopté 
cette  attribution  ;  mais  depuis  lors  ayant  eu  occasion  d'exa- 
miner la  médaille  elle-même,  je  fus  frappé  de  l'identité  de 
la  tête  de  divinité  avec  celle  de  la  médaille  d'Abd-Hadad,  et 
je  ne  tardai  pas  à  m'assurer  qu'elle  portait  la  même  lé- 
gende ;  le  coin  a  glissé  sur  la  partie  gauche  du  flan ,  et  a 
doublé  les  têtes  des  chevaux  ainsi  que  les  trois  dernières 
lettres  de  la  légende ,  ce  qui  leur  donne  effectivement  l'ap- 
parence de  y\i2  plutôt  que  de  tth.  Cette  rectification ,  que 
j'ai  soumise  à  M.  le  duc  de  Luynes,  et  dont  il  a  reconnu  la 
justesse,  montre  que  les  deux  pièces  appartiennent  au 
même  personnage  ;  il  a  existé  sur  la  seconde  une  légende 
devant  la  tête  d' Atergatis,  dont  on  ne  voit  que  le  bas  des 
lettres ,  mais  qui  parait  être  la  même  que  sur  la  première 


ET    DISSERTATIONS.  H 

médaille.  De  plus,  elle  porte  la  date  30;  la  première  pièce 
porte  la  date  20  ;  mais  on  ne  peut  être  sûr  que  cette  date 
soit  complète ,  car  la  pièce  est  fourrée ,  et  une  portion  de 
la  lame  d'argent  a  précisément  été  enlevée  au-dessus  du 
chiffre  20.  Comme  l'a  très-bien  remarqué  M.  de  Luynes, 
ces  dates  ne  peuvent  se  rapporter  qu'au  règne  du  roi  de 
Perse,  ou  à  celui  d'Abd-Hadad  lui-même;  il  est  diflScile  de 
choisir  entre  ces  deux  hypothèses ,  car  il  y  a  des  exemples 
dans  les  deux  sens.  Les  décrets  de  Mylasa  en  Carie ,  sous  le 
satrape  Mausole,  sont  datés  des  années  de  règne  d'Ar- 
taxerce  Mnémon  et  Artaxerce  Ochus;  d'un  autre  côté,  les 
inscriptions  des  rois  de  Sidon ,  Eschmunasar  et  Bodaschto- 
reth ,  sont  datées  des  années  de  leur  propre  règne.  Toute- 
fois, j'incline  à  croire  que  l'année  exprimée  sur  les  mé- 
dailles d'Abd-Hadad  est  celle  du  règne  du  roi  de  Perse,  son 
suzerain.  Dans  ce  cas,  il  ne  peut  être  question  que  d'Ar- 
taxerce  1  ou  II,  les  seuls  rois  dont  le  règne  ait  dépassé 
trente  ans  ;  mais  le  style  des  médailles  et  surtout  l'absence 
du  carré  creux  ne  comportent  pas  l'époque  d' Artaxerce  I, 
mort  en  A25  ;  tandis  que  les  indications  monétaires  s'ac- 
cordent parfaitement  avec  le  règne  d' Artaxerce  Mnémon, 
dont  la  trentième  année  tombe  en  375. 

L'existence  d'un  prince  nommé  Abd-Hadad ,  ou  Ebed- 
Hadad ,  en  Syrie  au  iv*  siècle ,  est  un  fait  intéressant ,  en  ce 
qu  il  se  rattache  en  quelque  sorte  à  l'histoire  biblique. 
M.  de  Luynes  a  déjà  fait  remarquer  combien  le  radical 
Badad  entre  fréquemment  dans  la  composition  des  noms 
propres  royaux  de  la  Syrie  et  des  provinces  voisines  (  Num. 
satr.^  p.  105).  Au  x*  siècle,  le  roi  David  soumit  un  prince 
nommé  Hadadhézer,  qualifié  de  roi  de  Tsoba ,  et  dont  les 
domaines  étaient  voisins  de  TEuphrate;  il  vainquit  égale- 
ment les  Syriens  de  Damas ,  venus  au  secours  de  Hadad- 


12  MÉMOIRES 

liézer.  Le  roi  de  Damas  n'est  pas  nommé  dans  la  Bihie; 
mais  Nicolas  de  Damas^  racontant  les  mêmes  faits  d'après 
les  chroniques  de  sa  patrie,  lui  donne  le  nom  de  Hadad  *. 

Selon  cet  historien ,  Hadad  avait  étendu  sa  domiiiation 
sur  toute  la  Syrie ,  mais  non  sur  la  Phénicie,  avant  d'être 
vaincu  et  rendu  tributaire  par  David.  Ses  descendants  con- 
tinuèrent à  régner  à  Damas  pendant  dix  générations,  tous 
portant  le  nom  d'Hadad  ;  le  troisième  d'entre  eux ,  le  plus 
puissant  de  tous,  vengea  la  défaite  de  son  ancêtre;  il 
envahit  le  royaume  d'Israël  et  le  ravagea.  C'est  le  prince 
nommé  Ben-Hadad  dans  la  Bible  {\  Reg,^  XV^  18) ,  et  qui 
combattit  contre  Bahasça ,  roi  d'israëh 

Un  autre  Ben-Hadad,  son  (ils,  alla  mettre  le  siège  devant 
Samarie  ,  vers  la  fin  du  règne  d'Achab,  mais  fut  mis  en  dé- 
route parce  prince  (I  Reg.^  XX),  et  il  y  eut  encore  après 
lui  d  autres  rois  de  Syrie  du  même  nom. 

Bien  que  plusieurs  d'entre  eux  aient  évidemment  été 
connus  sous  d'autres  noms,  il  est  très-probable  qu'Hadad 
était  en  Syrie  leur  nom  officiel,  comme  Ptolémée  celui 
des  rois  d'Egypte.  Quand  le  dernier  roi  de  Syrie,  Retsin, 
fut  vaincu  et  mis  à  mort  par  Tiglath-Pilézer,  il  est  très- 
possible  que  sa  famille  ait  continué  à  gouverner  une 
portion  de  la  Syrie,  comme  tributaire  du  roi  d'Assyrie, 
et  rien  n'empêche  de  voir  dans  TAbd-Hadad  de  la  mé- 
daille un  rejeton  de  cette  famille.  Les  caractères  ara- 
méens  de  la  légende  ne  laissent  aucun  doute  sur  son 
origine  syrienne,  car  sa  fabrique  est  trop  particulière  pour 
qu'on  puisse  l'attribuer  à  aucune  des  villes  importantes  da 


*  II  Samuel,  B\  I  Chron.,  18.  Cf.  I  Beg,,  XI,  23.  —  Dans  Samuel,  il  est  ap- 
pelé Hiidadhëzer;  dans  les  Chroniques,  Hadarhëzev  :  la  confusion  entre  1  et 
T  <^taît  déjà  ancienne.  —  Kic.  Dam.,  fr.  31,  cd.  Mullcr. 


ET   DISSERTATIONS.  13 

littoral,  qui  ont  presque  toutes  laissé  des  médailles  contem- 
poraines. Quant  au  district  gouverné  par  Abd-lladad ,  on 
peut  hésiter  entre  Damas  et  Hiérapolis  :  cette  dernière  ville, 
appelée  as^a  en  syrien,  mot  dont  les  Grecs  ont  fait  Bambyce, 
était  le  siège  principal  du  culte  d'Atergatis.  (Cf.  Lucian., 
DcaSyria.) 

J'incline  donc  à  croîi^e  que  ces  pièces  sont  sorties  de  Tate- 
lier  de  Bambyce,  et  je  regarde  Abd-Hadad  non  comme  un 
satrape,  mais  comme  un  dynaste  héréditaire  du  district; 
sur  Tune  des  médailles  il  est  représenté  en  costume  royal, 
avec  la  tiare,  et  monté  sur  un  char  ;  sur  l'autre ,  il  est  vêtu 
d'un  costume  qui  ressemble  à  celui  des  prêtres  juifs ,  et  il 
sacrifie. 

Jusqu'à  présent  on  n'avait  eu  que  des  médailles  frappées 
dans  des  villes  du  littoral ,  et  il  y  a  peut-être  quelque  ténîé- 
rité  à  aller  chercher  dans  l'intérieur  des  ateliers  monétaires, 
autres  que  ceux  des  rois  de  Perse.  Cependant  la  monnaie 
d' Abd-Hadad  ne  peut  guère  avoir  été  frappée  dans  une 
ville  du  littoral ,  et  la  pièce  de  Gaziura,  en  Cappadoce,  est 
un  autre  exemple  du  même  genre. 

Du  reste ,  je  ne  suis  pas  le  premier  qui  ait  proposé  d'at- 
tribuer des  médailles  à  des  ateliers  de  l'intérieur  de  l'em- 
pire. M.  Blau,  dans  un  travail  remarquable  d'ailleurs  à  plus 
d'un  titre ,  et  qui  nous  a  été  fort  utile,  attribue  à  un  satrape, 
Tabalus,  et  aux  villes  de  Nisibi  et  de  Ninive ,  en  Mésopo- 
tamie, les  médailles  où  M.  de  Luynes  a  cru  reconnaître  les 
noms  de  Dernès  et  de  Syennésîs  ;  je  ne  crois  pas  que  per- 
sonne ait  encore  trouvé  le  secret  de  ces  singulières  légendes  ; 
elles  demeurent  une  énigme  qui  exercera  encore  la  saga- 
cité des  savants  ;  mais  dès  à  présent  je  veux  protester  contre 
l'exil  que  M.  Blau  fait  subir  à  ces  pauvres  pièces ,  et  je  suis 
sûr  que  j'aurai  les  numismatistes  avec  moi  ;  elles  appar- 


ià  MÉMOIRES 

tiennent  certainement  à  Sidé,  en  Pamphylie,  et  n* ont  jamais 
pu  être  frappées  en  Mésopotamie. 

VIIl.  Satrapes  de  la  Lyrie. 

i.  Tête  de  Pallas  à  droite. 

i)\  APTOAriAPA  (en  caractères  lyciens)  ;  tête  barbue  du 
satrape;  le  tout  dans  un  cercle  perlé  creux.  —  ^.  6. 
Poids,  7^^,95. 

(Musée  Britannique.  —  Voyez  Fellows,  Li^cian  Coin»y 
pi.  XVll,  7.) 

Cette  médaille  est  sans  contredit  une  des  plus  intéres- 
santes qui  aient  été  découvertes  dans  ces  dernières  années* 
Elle  nous  donne  le  nom  et  sans  doute  le  portrait  d'un 
satrape  persan  qui  a  gouverné  la  Lycie;  et  ce  qui  en 
augmente  encore  l'intérêt ,  c'est  qu'on  a  découvert  dans 
les  ruines  de  Limyra  le  tombeau  même  d'Artoapara  et 
de  son  fils  Apara  (Fellows,  Lycia,  p.  207.  —  Spratt, 
Lycta,  II,  p.  266,  n°  22).  Ce  magnifique  tombeau  est  orné 
de  bas-reliefs  d'un  très-beau  style,  appartenant  à  la  belle 
époque  de  l'art,  et  ceci  coïncide  avec  la  date  fournie  par  la 
médaille,  dont  la  fabrique  annonce  les  premières  années 
du  IV*  siècle.  Autant  qu'on  peut  en  juger  par  les  inscrip- 
tions qu'il  porte,  et  qu'on  ne  comprend  que  fort  imparfai- 
tement, il  fut  élevé  par  un  Lycien  nommé  Téborssélé,  et  la 
ville  de  Limyra  à  Artoapara  et  à  Apara,  qui  doit  être  son 
fils,  bien  que  la  parenté  ne  soit  pas  indiquée  ;  on  connaît 
la  coutume  souvent  adoptée  par  les  anciens,  les  Grecs  aussi 
bien  que  les  Persans,  de  conserver  dans  les  noms  propres 
d'une  famille  un  radical  tout  en  changeant  l'autre;  ainsi 
Pbamabaze,  fils  de  Pfaarpace,  Artabaze,  fils  de  Pharnabaze. 
Le  nom  d'Artoapara  se  trouve  également  mentionné  sur  un 


ET   DISSERTATIONS.  16 

tombeau  à  Pinara,  élevé  par  un  Lycien  nommé  Ddapsama 
pour  un  de  ses  parents.  (Fellows,  Lycia,  pi.  XXXVI,  11.) 

2.  AAENEFEAE  (en  caractères  lyciens).  Tête  de  Pallas 
dans  un  cercle  perlé  creux. 

Rj  Même  tête  de  satrape  ;  de  chaque  côté ,  un  symbole 
inconnu. 

(Cabinet  de  France,  etc.  —  Voy.  Luynes,  Num.satr,, 
pi.  VII.  —Fellows,  Ij/cian  Cotiw,  pi.  XVII.) 

Cette  pièce,  dont  il  existe  plusieurs  exemplaires  variés, 
est  exactement  semblable  pour  la  fabrique,  le  poids  et  les 
tj-pes  à  celle  d'Artoapara;  seulement  la  légende  est  inscrite 
autour  de  la  tête  de  Pallas,  et  non  autour  de  celle  du  sa- 
trape. Le  nom  de  Ddénéfélé  est  certainement  lycien,  et  l'on 
trouve  sur  les  monuments  funéraires  de  ce  pays  de  nom- 
breux exemples  de  noms  propres  ayant  la  même  désinence, 
ou  commençant  de  la  même  manière  ;  il  suffira  de  citer 
Téborssélé  à  Limyra  et  Ddépinéfé  à  Myra.  Il  y  a  donc  tout 
lieu  de  croire  que  Ddénéfélé  est  le  nom  d'un  dynaste  ou 
prince  lycien  qui  a  gouverné  la  Lycie,  ou  une  partie  de  la 
Lycie»  vers  la  même  époque  qu'Artoapara.  Les  Lyciens  ont 
certainement  eu  au  commencement  du  iv*  siècle  un  prince 
indigène;  car  c'est  alors  que  vivait  ce  Périclès  qualifié 
par  Théopompe  de  roi  des  Lyciens. 

IX.  Mimnaies  à  Teffigie  d\irtaxerce  Mnémon. 

1.  Tête  barbue  du  roi,  à  droite,  enveloppée  de  la  mitre, 
les  cheveux  frisés  sur  le  front. 

ij.  BA2iA.  Lyre  ;  traces  légères  de  carré  creux.  —  J^.  6. 
Poids,  15»',27. 

(Musée  Britannique,  pl.  II,  n""  A.) 

2.  Même  tête  à  droite. 


16  MEMOIRES 

R).  BAilAEiiS.  Guerrier  persan  agenouillé,  coiffé  de  la 
tiare,  tenant  un  arc  de  la  main  gauche  et  un  javelot  de  la 
droite;  derrière  lui,  une  galère  avec  ses  rameui's.  Le  tout 
dans  un  carré  creux.  —  /^.  6.  Poids,  ili^,90. 

(Collection  de  M.  le  général  Fox,  pi.  II,  n**  5.) 

3.  Même  tête,  tournée  à  gauche. 

rJ.  Partie  antérieure  d'un  pégase.  —  Statère  d'or. 

(Musée  Hunter.  Voy.  notre  pi.  II,  n**  3   ) 

Ces  trois  médailles,  surtout  la  première  et  la  troisième, 
sont  d'un  travail  admirable  qui  soutient  la  comparaison 
avec  les  plus  belles  œuvres  des  artistes  de  la  Sicile  et  de  la 
Grande  Grèce;  les  têtes  surtout  sont  traitées  avec  une  lar- 
geur et  une  facilité  qui  dénote  la  main  d'un  artiste  de  pre- 
mier ordre.  La  première  pièce  est  connue  depuis  longtemps 
et  a  été  souvent  publiée;  les  deux  autres  sont  nouvelles; 
et  la  seconde  d'entre  elles  prouve  d'une  manière  irrécusable 
que  la  légende  est  complète  et  qu'il  s'agit  ici  du  roi  de 
Perse ,  du  roi  par  excellence. 

Il  est  aisé  de  déterminer  l'époque  où  ces  monnaies  ont 
été  fabriquées;  c'est  celle  où  on  commençait  à  abandonner 
l'usage  du  carré  creux  sur  les  monnaies,  c'est-à-dire  le 
commencement  du  iv*  siècle.  L'une  d'elles  a  un  carré 
creux  assez  prononcé,  la  première  n'en  a  que  de  faibles 
traces,  la  troisième  n'en  a  plus  du  tout;  et  cependant  le 
portrait  sur  les  trois  est  absolument  le  même,  et  elles  re- 
présentent le  même  personnage.  De  plus,  ces  pièces  n'ont 
pu  être  frappées  que  dans  la  partie  occidentale  de  l'Asie 
Mineure,  et  probablement  dans  une  des  villes  grecques  du 
littoral;  car  le  statère  d'or  sort  ceriainement  de  l'atelier  de 
Lampsaque,  et  les  deux  pièces  d'argent  sont  d'un  poids 
qui  n'a  été  usité  que  dans  la  portion  hellénique  ou  hellé- 
nisée de  la  Péninsule.  Dans  ce  système,  les  tétradrachmes 


ET  DISSERTATIONS.  17 

bien  conservés  pèsent  15s%25,  et  il  a  été  en  usage  général 
depuis  la  fin  du  t*  siècle  jusqu'à  la  conquête  d'Alexandre, 
dans  la  plupart  des  villes  grecques  depuis  Cyzique  jusqu'à 
Rhodes,  entre  autres  à  Chics,  à  Samos,  à  Erytbrœ,  à  Éphèse, 
à  Cnide,  à  Cos,  et  c'est  le  seul  employé  par  les  rois  de 
Carie.  Mais  il  ne  s'étend  pas  plus  loin  que  Rhodes,  et  les 
monnaies  lyciennes  et  ciliciennes  appartiennent  à  des  sys- 
tèmes complètement  différents.  Ces  considérations  res* 
treignent  dans  des  limites  assez  étroites  l'époque  et  la  lo- 
calité qui  ont  vu  paraît^  ces  médailles.  Elles  ne  peuvent 
avoir  été  frappées  au  plus  tôt  avant  la  révolte  des  Grecs 
asiatiques  contre  Athènes  en  A12  ;  car  jusqu'alors  les  villes 
grecques  étaient  tributaires  d'Athènes  et,  à  très-peu  d'ex- 
ceptions près,  étaient  entièrement  affranchies  de  l'autorité 
du  Grand  Roi.  Ce  n'est  que  pendant  les  dernières  années 
de  la  guerre  du  Péloponnèse  que  cette  autorité  commença  un 
peu  à  se  rétablir,  grâce  aux  discordes  de  Sparte  et  d'Athènes 
et  à  l'influence  que  le  jeune  Gyrus  sut  acquérir  parmi  les 
Grecs;  plus  tard,  pendant  la  suprématie  lacédémonieone, 
lorsqu'Agésilas  pénétrait  avec  son  armée  en  Phrygie  et  en 
Bitbynie,  la  domination  persane  n'existait  plus  dans  l6s 
provinces  helléniques  ;  mais  la  victoire  de  Cnide  (395)  la 
releva,  et  elle  fut  définitivement  rétablie  et  reconnue  par 
tous  les  Grecs  de  l'Europe,  à  la  paix  d'Antalcidas  (387). 

C'est  à  ce  moment  que  je  place  la  fabrication  de  nos  mé- 
dailles. La  seconde  paraît  un  peu  plus  ancienne  que  les 
deux  autres,  et  peut  avoir  été  frappée  un  peu  plus  t6t; 
mais  il  n'en  a  pas  été  nécessairement  ainsi;  car  l'usage 
du  carré  creux  a  duré  jusqu'aux  premières  années  du 
IV*  siècle,  et  l'année  précise  où  on  l'a  abandonné  a  dû 
varier  un  peu  suivant  les  ateliers  et  les  usages  locaux; 
de  plus ,  la  fabrique  de  cette  pièce  est  moins  soignée  que 


18  MtMOIBES 

celle  des  autres,  ce  qui  indique  un  atelier  de  second 
ordre.  A  en  juger  par  le  portrait  qui  est  le  même  sur  les 
trois  pièces,  elles  doivent  avoir  été  frappées  à  des  époques 
peu  éloignées,  bien  que  dans  des  ateliers  différents. 

Nous  avons  donc  ici  un  portrait  authentique  et  admira- 
blement exécuté  d'Artaxerce  Mnémon,  qui  régna  quarante- 
six  ans  sur  la  Perse,  depuis  405  jusqu'à  359.  A  la  paix 
d'Antalcidas  il  était  âgé  d'environ  quarante  ans,  et  ceci 
s  accorde  avec  la  tête  des  médailles,  qui  donne  bien  l'idée 
d*un  homme  de  cet  âge. 

Un  savant,  enlevé  trop  tôt  à  la  science,  et  dont  la  mort 
a  été  un  deuil  pour  tous  les  amis  de  Tantiquitë  classique, 
a  attribué  la  première  des  trois  médailles  à  Cyrus  le  Jeune, 
frère  cadet  d'Artaxerce  Mnémon,  et  qui  périt  dans  sa  ré- 
volte contre  lui.  (M.  Ch.  Lenormant,  dans  les  Annales 
de  l'Inslilul  archéologique^  t.  XIX,  p.  380  et  suiv.)  Mais  ce 
qui  était  une  opinion  très-plausible,  lorsqu'on  ne  connais- 
sait que  cette  seule  pièce,  n'est  guère  admissible  en  face 
des  documents  nouveaux  que  nous  avons  publiés.  Il  y  a 
d'abord  une  difficulté  historique,  qui  n'avait  pas  échappé 
au  savant  auteur  de  cette  attribution  ;  c'est  que  Cyrus  en 
partant  pour  son  expédition  tenait  son  projet  profondément 
secret  ;  il  ne  fut  généralement  connu  qu'après  que  l'armée 
eût  pénétré  en  Syrie,  et  peu  de  temps  après  eut  lieu  la  ba- 
taille do  Gunaxa  où  Cyrus  perdit  la  vie.  11  ne  s'écoula  donc 
qu'un  intervalle  de  temps  très-court ,  deux  ou  trois  mois 
au  plus,  pendant  lesquels  on  put  à  la  fois  connaître  eu 
lonie  les  projets  du  prince  et  croire  à  leur  réussite  ;  et 
bkn  que  Cyrus  fut  certainement  très-populaire  parmi  les 
Orecs  du  littoral,  il  n'eût  été  guère  en  harmonie  avec  leursv 
traditions  d'autonomie  de  battre  monnaie  en  son  nom  sans 
y  être  contraints.  Cependant  à  la  rigueur^  et  comme  fait 


ET   DISSERTATIONS.  19 

isolé,  cela  aurait  peut-être  pu  avoir  lieu  ;  mais  nous  con- 
nsûssons  mainteoaDt  trois  médailles  frappées  dans  des  villes 
différentes,  et  probablement  à  quelques  années  d'intervalle, 
et  rhypothèse  de  Cyrus  le  jeune  devient  par  là  même  inad- 
missible. D'ailleurs,  comme  me  Ta  fait  observer  mon  savant 
ami,  M.  de  Witte,  les  traits  du  visage  gravé  sur  ces  pièces 
ne  peuvent  convenir  à  un  prince  mort  à  vingt-deux  ou 
vingt-trois  ans,  et  j'ajouterai  que  Lampsaque  dépendant 
de  la  satrapie  de  Pbamabaze,  et  se  trouvant  en  dehors  de 
l'influence  de  Cyrus,  ne  pouvait  avoir  aucun  motif  pour 
frapper  une  médaille  à  son  effigie. 

11  est  difficile  de  déterminer  dans  quellevillelesdeuz  pièces 
d'argent  ont  été  frappées  :  la  première  sort  probablement  de 
l'atelier  de  Colophon ,  ville  dont  les  Perses  avaient  occupé 
l'acropole  dès  430  (  Thucyd.,  III,  34)  ;  la  lyre  est  le  type 
habituel  des  monnaies  de  Colophon ,  et  je  ne  vois  aucune 
autre  ville  située  dans  le  rayon  que  j'ai  déterminé  plus  haut, 
qui  puisse  revendiquer  cette  médaille  à  meilleur  titre  ;  car 
Mytilène  n'était  pas  soumise  au  roi  de  Perse,  et  les  villes 
considérables  du  littoral  avaient  toutes  des  emblèmes  par- 
ticuliers, auxquels  elles  restèrent  fidèles  pendant  des  siè- 
cles. Quant  à  la  seconde  médaille,  on  ne  peut  rien  en  direw 
sinon  qu'elle  a  été  frappée  dans  une  ville  maritime;  son 
travail  est  inférieur  à  celui  des  autres  pièces,  et  je  crois 
qu'on  ne  se  trompera  pas  de  beaucoup  en  lui  donnant  pour 
patrie  quelque  ville  de  la  Carie,  peut-être  lasus,  l'une  des 
principales  forteresses  de  la  côte. 

Avant  de  terminer  ce  long  article,  nous  allons  tirer  quel- 
ques conclusions  générales  qui  nous  semblent  résulter  de 
l'étude  que  nous  venons  de  faire. 

i"  L'émission  de  monnaies  des  satrapes  et  des  dynastes 


20  MÉMOIRES 

héréditaires,  ainsi  que  celle  des  monnaies  du  roi  de  Perse 
à  légende  grecque,  semble  commencer  à  la  paix  d*Ântal- 
cidas,  époque  où,  d*un  côté,  les  Hellènes  de  TAsie  farent 
définitivement  abandonnés  par  leurs  frères  d*£urope,  et 
de  l'autre,  l'empire  persan  fut  déchiré  par  une  suite  con- 
tinuelle de  révoltes.  On  remarque  à  la  même  époque,  un 
affaiblissement  de  l'influence  hellénique  dans  les  provinces 
araméennes  de  l'Asie  Mineure,  notamment  en  Cilicie;  à 
Tarse,  les  monnaies  grecques  et  bilingues  font  place  à  de 
nombreuses  monnaies  purement  araméennes  qui  continuent 
jusque  sous  les  Séleucides. 

S""  La  langue  dans  laquelle  est  conçue  la  légende  d'une 
médaille  est  toujours  celle  de  la  province  ou  de  la  ville  où 
elle  a  été  frappée,  et  où  eUe  est  destinée  à  circuler. 

Cette  règle,  si  banale  en  apparence,  a  été  cependant 
souvent  méconnue.  L'on  sait  maintenant  que  les  mon* 
naies  du  roi  de  Perse  sont  grecques  en  lonie;  celles  de 
Pharnabaze,  grecques  à  Gyzique,  araméennes  à  Tarse; 
celles  de  Datame,  grecques  à  Sinope,  araméennes  en  Ci< 
licie;  celles  des  satrapes  de  la  Lycie  et  de  la  Cappadoce, 
lycieunes  et  araméennes. 

3*  Le  droit  monétaire  n'était  pas  dans  l'empire  persan, 
ni  même  dans  l'antiquité  généralement,  l'apanage  exclusif 
du  pouvoir  politique  suprême,  comme  il  l'est  de  nos  jours; 
c'était  un  droit  inhérent  à  chaque  communauté,  petite  ou 
grande,  qu  elle  fût  cité,  principauté  héréditaire  ou  satra- 
pie. Eu  fait,  ce  droit  a  été  exercé  pendant  tout  le  cours  de 
la  domination  persane,  concurremment  et  simultanément 
avec  la  monnaie  royale,  par  des  villes,  par  des  despotes  lo- 
caux, par  des  satrapes  héréditaires  ou  revêtus  de  fonctions 
extraordinaires. 

Nous  avons  développé  dans  cette  RevU'*  (1856,  p.  49,  50) 


ET   DISSEBTITIONS.  21 

les  preuves  de  cette  assertion,  qui  ne  peut  plus  être  révo- 
quée en  doute,  en  présence  du  nombre  toujours  croissant 
de  médailles  qui  en  démontrent  l'exactitude. 

&*"  La  langue  en  usage  parmi  les  populations  sémiti* 
ques  de  l'Asie  Mineure,  notamment  celles  de  la  Cilicie  et 
de  la  Cappadoce,  était  la  langue  araméenne,  c'est-à-dire 
une  langue  très-voisine  du  phénicien  et  de  l'hébreu,  mais 
qui  s  en  sépare  par  certaines  particularités  grammaticales, 
et  dont  l'alphabet  présente  des  différences  notables  avec 
celui  qui  était  usité  à  la  même  époque  en  Phénicie. 

C'est  surtout  dans  le  but  d'établir  ce  point  important  que 
j'avais  entrepris  les  recherches  dont  je  viens  de  soumettre 
le  résultat  au  lecteur;  et  j'espère  avoir  réussi  à  jeter  un 
peu  de  lumière  sur  la  question,  en  rectifiant  des  attribu- 
tions erronées  et  en  appuyant  de  preuves  nouvelles  celles 
qui  m'ont  paru  être  justes.  En  rendant  à  Ariarathe  et  à  la 
Cappadoce  des  médailles  qu'on  avait  cru  frappées  en  Pa- 
lestine, en  restituant  au  syrien  Abd-Hadad  la  médaille  qui 
avait  été  revendiquée  pour  Abdémon  de  Cypre,  on  obtient 
pour  toutes  ces  contrées  qui  s'étendent  depuis  l'Euphrate 
jusqu'à  l'Halys  un  alphabet  homogène,  pareil  à  celui  des 
papyrus  araméeos  recueillis  en  Egypte  ;  et  de  plus,  la  ter- 
minaison des  noms  propres  en  i  et  la  présence  de  la  par- 
ticule n  sur  une  médaille  de  Tarse,  prouvent  que  la  langue^ 
employée  était  la  langue  araméenne;  et  ce  n'est  pas  sans 
raison  que  les  habitants  de  la  Cappadoce  étaient  appelés 
Leuco-Syri  par  les  Grecs. 

En  comparant  les  médailles  araméennes  à  celles  de  la 
Phénicie  proprement  dite ,  on  s'apercevra  facilement 
qu'elles  forment  deux  classes  bien  distinctes  ;  elles  diffè- 
rent par  les  types,  l'alphabet  et  le  travail.  L'alphabet  uâté 
sur  les  médailles  phéniciennes  est  à  peu  près  identique 


22  MÉMOIRES 

avec  celui  de  rinscriptioii  d'EschmuDazar,  et  paraît  avoir 
peu  varié  jusqu'à  l'époque  où  les  légendes  phéniciennes 
disparaissent  des  médailles  ;  mais  comparé  à  l'alphabet  de 
Tarse,  il  présente  des  différences  que  nous  avons  signalées 
dans  le  cours  de  cet  article.  Plus  tard,  on  pourra  avec  plus 
d'exactitude  préciser  l'étendue  de  ces  différences  à  mesure 
que  les  monuments  se  multiplieront,  et  j'ose  espérer  que 
les  observations  que  je  viens  de  faire  en  rendront  le  clas- 
sement plus  sûr  et  plus  facile. 

W.  H.  Waddington. 


ET    DISSERTATIONS. 


2i 


BULLE   BYZANTINE    INÉDITE 


DU  MUSEE  DU  LOUVRE. 


On  sait  combien  sont  rares  les  monuments  qui  appar- 
tiennent à  la  sigillographie  byzantine.  A  part  un  petk 
nombre  de  sceaux  ou  cachets  publiés  dans  quelques  recueils 
du  siècle  dernier,  par  M.  Sabatier,  dans  son  Iconographie 
et  dans  la  Revtie  archéologique  de  Tannée  1859,  et  réunis 
récemment,  mais  incomplètement,  par  les  continuateurs  de 
MM.  Bœckh  et  Fi*anz,  dans  le  dernier  fascicule  du  Corpus^ 
on  en  est  encore  à  désirer  un  recueil  critique  qui  contienne 
tous  les  monuments  de  ce  genre  conservés  dans  les  diffé- 
rents musées  de  TEurope  et  dans  les  collections  particu- 
lières. 

En  attendant  qu'un  savant  versé  dans  la  connaissance  de 
rhistoire  et  des  antiquités  byzantines  veuille  bien  entre- 
prendre ce  travail  neuf  et  intéressant,  nous  sommes  heu- 


2&  MÉMOIRES 

reux  de  pouvoir  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  un  plomb 
ou  cachet  inédit  qui  fait  partie  de  la  collection  du  Louvre, 
et  que  M.  de  Longpérier  a  bien  voulu  mettre  à  notre  dispo- 
sition. 

L'action  de  l'air  est  extrêmement  corrosive  sur  ce  genre 
de  monuments,  qui  se  délitent  sans  cesse  et  se  réduisent 
insensiblement  en  poussière.  Cette  disposition  à  la  granu- 
lation ne  contribue  pas  peu  à  modifier  et  même  à  dénaturer 
la  forme  des  caractères ,  et  rendent  souvent  les  légendes 
très-difficiles  à  lire.  C'est  donc  rendre  un  véritable  service 
à  la  science  archéologique  que  de  publier  ces  monuments 
avant  qu'ils  soient  complètement  détruits. 

Tel  n'est  pas  toutefois  le  plomb  que  nous  publions  au- 
jourd'hui.  Rapporté  d'Asie  Mineure  et  donné  au  Louvre  par 
M.  Waddington ,  il  est  dans  un  état  de  conservation  par- 
faite ,  et  ne  présente  aucune  difficulté  pour  la  lecture.  D'un 
côté  on  trouve  la  formule ,  disposée  en  forme  de  croix  : 
XPICTG  BOH0ei  Tlî  Cil  AOTAlî  (Christ,  protège  ton 
serviteur) ,  et  sur  le  revers  la  suite  de  l'invocation  en 
quatre  lignes  :  ANA  — P6AM— AAAâ  — TOPI ,  c'est-à- 
dire  ANAPGA  MAAAATOPI.  Avant  de  nous  occuper  de  cet 
André  et  de  la  fonction  désignée  ici  par  le  mot  Maddaropi , 
disons  quelques  mots  sur  la  formule  qui  précède.  Cette 
formule  a  cela  d'extraordinaire ,  c'est  que  le  mot  XPICTG 
remplace  ici  le  mot  KTPI6 ,  qui  figure  constamment  dans 
le  monogramme  répondant  à  cette  invocation.  Il  n'y  a  ce- 
pendant pas  moyen  de  lire  autrement.  Le  X  est  parfaite- 
ment formé,  le  P  se  trouve  sur  la  haste  supérieure,  le  E  (C) 
est  à  l'extrémité  droite  de  la  croix ,  où  on  ne  voit  ordinai- 
rement qu'un  H.  C'est  la  première  fois ,  et  peut-être  cela 
tient-il  à  quelque  idée  religieuse  particulière ,  c'est  la  pre- 
mière fois ,  à  notre  connaissance  du  moins ,  que  le  mot 


ET  DISSERTATIONS.  25 

XPlCTe  figure  sur  un  plomb  à  la  place  de  KYPIG  *  dans  la 
formule  si  connue  et  si  multipliée  sur  les  monuments  du 
même  genre.  Lo  exemple  analogue  se  présente  cependant, 
mais  sur  an  marbre  trouvé  par  feu  Le  Bas  *  dans  Tile  de 
Délos.  On  y  lit  :  XEBOH01 ,  Xpwri  SoyM*  N'ayant  pas 
sous  les  yeux  le  fac-similé  de  Tinscription ,  il  nous  est  im- 
possible d'apprécier  et  de  fixer  l'époque  des  caractères , 
mais  nous  avons  tout  lieu  de  croire  que  cette  inscription  est 
antérieure  aux  Andronic,  et  qu'elle  pourrait  bien  être  à  peu 
près  de  la  même  époque  que  la  bulle  d'André.  Citons  encore 
un  autre  monument,  qui,  bien  que  postérieur,  mérite  d'être 
rapproché  de  cette  bulle.  11  s'agit  dune  médaille •  des 
empereurs  Andronic  Paléologue  et  Andronic  le  Jeune  avec 
les  lettres  IC  XC  ,  Iraov;  Xûwtô;,  et  la  légende  KTPI6 
BOH0GI. 

Occupons-nous  maintenant  du  personnage  mentionné 
sur  notre  plomb ,  et  de  la  dignité  dont  il  était  revêtu.  La 
légende  complète,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
est  XPICÏ6  BOHeei  ANAPGA  MAAAAÏOPl.  Quel  est 
ce  mot  Maoèxzopij  qu'on  ne  rencontre  nulle  part,  et  à 
quelle  fonction  répond-il  ?  Avant  de  l'expliquer,  une  obser- 
vation me  parait  nécessaire.  On  sait  qu'un  grand  nombre 
des  dignités  de  la  cour  de  Constantinople  étaient  d'origine 
latine ,  et  que  les  désignations  appartenaient  à  cette  der- 
nière langue.  D'un  autre  côté,  certaines  lettres  dans  les 
deux  langues  ne  correspondaient  pas  exactement  pour  la 

*  Voyez  tous  les  «xeiupleti  fournis  duos  la  collection  du  Corpui  ,  n***  9,027  et 
suivants.  —  Un  seul  plomb  donne  IC ,  c'est-à-dire  IHCOrC. 

*  Voyage  archéoL,  n«  8913,  Dans  le  Corpus ,  sons  le  n*  9013 ,  on  lit  aussi 

*  Cette  médaille  a  été  publiée  par  M.  de  Sanlcj,  Enai  de  clatiific .  dei  tnonn, 
ftyzMi.,  pi.  XXXII,  D*6. 


26  MÉMOIRES 

proDODciation.  De  là  des  différeDces  assez  sensibles  dans 
l'orthographe  d'un  mot  transporté  d'une  langue  dans  l'autre. 
Le  ÙL  grec,  par  exemple,  ne  correspondait  pas  au  D  romain  : 
le  premier  était  semi-aspiré,  et  les  Grecs  se  trouvaient 
très-embarrassés  quand  il  s'agissait  de  reproduire  le  D  des 
Latins.  De  là  au  moyen  âge  l'usage  de  placer  un  point  au- 
dessus  de  cette  lettre,  ou  de  la  remplacer  par  NT.  C'est  ce 
qui  explique  pourquoi  la  particule  De ,  qui  précède  le  nom 
des  familles  nobles  de  l'Occident  était  rendue  par  les 
<yrecs  NT  G  ;  c'est  aussi  pourquoi  le  célèbre  calligrapbe 
du  xvr  siècle,  André  Darmarius,  écrit  quelquefois  son 
nom  TUTapuLoipioq  ^ 

Cette  semi-aspiration  du  A  grec  en  rendait  la  pronon- 
ciation inc^taine  et  le  faisait  ressembler  au  T,  surtout 
<iuand  il  était  précédé  d'une  consonne,  du  N  par  exemple. 
L'orthographe  était  considérée  comme  peu  de  chose,  pourvu 
que  la  prononciation  fût  reproduite;  d'où  le  AIA  IIANAi2N 
d'une  ancienne  inscription  au  lieu  de  AIA  ITANTÛN. 
Quanta  la  confusion  du  T  et  du  D,  soit  chez  les  Grecs,  soit 
chez  les  Latins,  elle  est  perpétuelle;  aussi  dans  les  monu- 
ments épigraphiques  trouve-t-on  fréquemment  aput  et  haut^ 
au  lieu  de  apud  et  haud  ^  Quintilien  '  même  fait  observer 
que  dans  les  anciens  manuscrits  on  lit  Alexanter  et  Cassan- 
ira.  M.  de  Witte  veut  bien  me  communiquer  une  confusion 
du  même  genre.  Sur  une  coupe  peinte  qui  porte  la  signature 
d'Hiéron  et  qui  est  conservée  au  Musée  royal  de  Berlin ,  on 
lit  A4>P0TIAE  pour  AcppoatTrj,  et  TVTAPEOI  pour  Twvôa- 


^  Voyez  entr«  autres  la  sonBoription  qu'il  a  mise  à  la  fin  du  mannsorit  grec, 
DibL  Coitlin ,  n*  163.  Montfaucon  écrit  à  tort  TapfLdpto;. 
*  Voy.  Heoael ,  Barmon,  ling.^  p.  314. 
»  Orat.,  1.  I,  c.  IT,  16. 


ET   OlSSERTATIOIfS.  27 

(>ett^^  Cette  confusion  se  contioua  pendant  tout  le  moyen 
âge;  on  en  voit  de  nombreuses  preuves  dans  l'orthogra- 
phe des  mots  qui  ont  été  transportés  d'une  langue  dans 
l'autre.  Ainsi  les  Grecs  écrivaient  tantôt  oec^evoeveiv  et  tantôt 
it^&nvjuj.  D'autre  part  on  lit  dans  un  vieux  texte  français, 
TE$Urire  de  Erocles  empereur  (Hist.  des  Croisades,  t.  III, 
p,  292)  :  «De  ses  riches  homes  que  il  apelent  en  greseis 
arcondeê^  »  qui  n'est  autre  que  le  mot  op/ovrc;.  L'ortho- 
graphe des  mots  grecs  eux-mêmes  d'origine  ancienne  subis- 
sût  les  lois  de  la  prononciation ,  et  c'est  ainsi  qu'on  était 
arrivé  dans  le  moyen  âge  à  écrire  d&rpoy  pour  âevâpov. 

Nous  pourrions  multiplier  ces  exemples  à  l'inCni;  il  nous 
suflSt  d'avoir  constaté  par  quelques-uns  que  les  lettres  D  et 
T  (A  et  T)  étaient  perpétuellement  confondues  dans  les 
deux  langues.  Ajoutons  que  le  A  grec  exerçait  une  certaine 
influence  sur  la  lettre  qui  précédait,  lorsque  cette  lettre 
était  une  consonne  «  au  point  d'en  modifier  singulièrement 
la  prononciation.  De  toutes  ces  explications  ressort  évidem- 
ment la  conjecture  que  je  crois  pouvoir  proposer  en  toute 
assurance  sur  la  lecture  du  mot  MAAAATOPI,  qui  n'est 
autre  que  MANAATOPI ,  ancienne  dignité  de  la  cour  de 
Gonstantinople ,  dignité  sur  laquelle  nous  reviendrons  plus 
loin.  Ce  mot,  d'origine  latine,  devenait  |Liavdara>p  ou  fiav- 
tarop  chez  les  Grecs ,  qui  écrivaient  également  fxavdxtw  et 
ftayroTov.  Si  d'un  autre  côté  on  se  rappelle  que  chez  ces 
derniers  la  double  consonne  disparaissait  dans  la  pronon- 
ciation, le  mot  jutffvdatcdp  ou  fj^vraTcop  devenait  pour  l'oreille 
d'un  Grec  iiaicczo^p  ou  juacdaraip,  ces  deux  mots  étant  pro- 

1  Voyez  J.  de  Witte,  Cat.  de  vaut  peints  de  Cantno,  n*  129.Pari8, 1837,  iD-8*. 
—  Revue  de  philolonie  ,UU,  p.  477.  —  Gerhard ,  TUnkechale  wnd  Gefàeee  de* 
K.  Mfteemm*  m  Berlin,  pi.  XI  et  XII.  ^  H.  Brunn,  Oeeehiehte  der  gr,  £iimf<er, 
t.  Uf  p.  696.  Stattg.,  1869,  in-8*. 


28  MÉMOIRES 

ooncés  de  même.  C'est  ainsi  que  dans  les  acclamations 
faites  à  T occasion  des  fêtes  impériales,  Constantin  Por- 
phyrogénète  *  écrit  (fiW.c^îctfxe  pour  felicissime^  doublant  et 
dédoublant  la  consonne  d'une  manière  irréguliëre.  L'in- 
fluence du  A  sur  la  consonne  précédente  se  retrouve  égale- 
ment dans  le  mot  irpav^coy,  le  brandeum  des  Latins,  que 
Ton  écrivait  quelquefois  Trpaôiov.  Citons  encore  le  mot  car- 
dinal des  langues  occidentales ,  qui ,  cbez  les  Grecs,  reçoit 
les  trois  formes  Kap3u/aXto;,  KaWtva/.co;  et  Faddu/oXco;. 
Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  ces  mutations  nom- 
breuses dans  l'orthographe  des  deux  langues  provenant  de 
la  prononciation;  ces  observations  et  ces  exemples  nous 
paraissent  de  nature  à  justifier  suffisamment  la  conjecture 
que  nous  proposons. 

Nous  voici  donc,  du  moins  nous  le  pensons,  en  légi- 
time possession  du  mot  MANAATOPI.  Voyons  maintenant 
quelle  était  cette  dignité,  et  à  quelle  époque  vivait  le  fonc- 
tionnaire André  qui  en  était  revêtu.  Déjà  du  temps  de  Godin 
cette  dignité  avait  disparu  avec  beaucoup  d'autres,  telles 
que  celle  de  Patrice,  etc.,  qui  ne  sont  point  mentionnées 
dans  son  ouvrage  De  olJiciis^  non  plus  que  dans  l'anonyme  " 
en  vers  sur  le  même  sujet.  Il  nous  faut  remonter  à  l'époque 
de  Constantin  Porphyrogénète ,  qui  nous  fournira  tous  les 
renseignements  nécessaires  à  cet  égard ,  et  qui  nous  aidera 
à  compléter  l'article  consacré  par  Du  Gange  au  mot  Mav- 
^atcDp  '.  Les  Mavoatopeç  (  mandalores  )  •  comme  leur  nom 
l'indique ,  étaient  des  porteurs  d'ordres ,  fxavôatocpopoi. 
11  y  en  avait  d'attachés  aux  principaux  dignitaires  de  l'em- 
pire, dont  ils  prenaient  la  désignation,  avec  un  chef  ap- 

>  De  administr,  tmp.,  p.  21  et  136^  éd.  Bonn. 

*  Voy.  Man.  Pbilœ  Carmina,  t.  II,  p.  407. 

*  Voy.  son  Usic,  mtd,  et  inf,  grxc,^  sub  h,  v. 


ET   DISSERTATIONS.  29 

pelé  TrpwTo/jtsvôaTwp.  Ainsi  le  irpanoyo;  tûv  Avato/ixwv 
av^t  des  jULoviarope;  avec  un  rpwTOfxûcvâaTwp.  Il  en  était  de 
même  du  Aoucarixo;  Tôày  a^oÀûv,  du  AopLeoTaoç  twv  e^oxov- 
ccTwv,  du  Aoyn^érfA  toO  cTpaTiûi)Tiy.o5  *  et  des  autres  dont 
on  peut  voir  la  liste  dans  Constantin  Porpbyrogénète  \ 
Mais  les  MovJaTopeç  par  excellence,  appelés  aussi  Baai>^itoc, 
étaient  les  porteurs  des  ordres  impériaux ,  oî  xof.h  fiaoïî.i- 
YM^  iixzxizGf,  -ixyyzxrx  Sioxovou/xevoi,  et  c'est  probablement 
dans  cette  dernière  catégorie  que  doit  être  placé  noire 
André,  qui  a  mis  simplement  sur  son  cachet  MAAAATOPI* 
comme  relevant  directement  de  Tempereur  et  ne  dépendant 
d*aucun  des  dignitaires  cités  plus  baut.  Nous  pensons 
aussi ,  d'après  Texamen  du  sceau  lui-même  et  des  carac- 
tères de  l'inscription,  que  ce  personnage  a  dû  être  à  peu 
près  contemporain  de  Constantin  Porpbyrogénète. 

En  résumé,  nous  avons  là  un  monument  très-curieux,  en 
ce  qu'il  est  le  seul  connu  jusqu'à  présept  qui  mentionne  la 
dignité  de  MayOarwp. 

E.  Miller. 

^  D*  admin.  fmp,,  p.  737,  éd.  Bonit. 


30  uLmoires 


DESCRIPTION 


DES 

MONNAIES  MÉROVINGIENNES  DU  LIMOUSIN. 

(PI.  XII,  XIII,  XIV  ot  XV.  1857.— PI.  II.  m  et  XVIU,  1858.) 

Septième  article.  —  Voir  le  n*  6  de  1857,  p.  415;  le  n*  l  de  1858,  p.  68; 
le  n*  4  ,  p.  319;  le  n»  5,  p.  393;  le  n«  3  de  1859,  p.  158,  et  le  n*  4  de 
1860 ,  p.  295. 


1V«  GROUPE. 

SAUVIAC. 

26. [-  SALVIACO  F.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  ban- 
deau perlé  se  divisant  en  deux  branches  sur  le  front  et  se 
prolongeant  sur  le  col. 

ij\  MADELINO  MO  +.  Croix  égale  dans  le  champ,  ac- 
costée sous  les  bras  des  initiales  L.E.  de  Lemovicas,  et  en- 
tourée d*un  grénetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Troisième  quart  du  vu*  siècle.  —  Ca- 
binet de  M.  B.  FiUon. 

C'est  à  l'obligeance  de  notre  savant  confrère,  M.  Fillon, 
que  nous  devons  le  dessin  de  cette  pièce  inédite.  Les  deux 
lettres  qui  sont  dans  le  champ  du  revers  nous  donnent  tout 


n    DISSERTATIONS.  31 

(Uabord  la  preuve  (l*une  émissioD  limousine.  Nous  ne  pou- 
vons avoir  non  plus  de  doute  sur  la  place  de  Tatelier  ;  c'est 
une  localité  appelée  Salciacum  dan»  les  anciens  pouillés, 
d'après  lesquels  elle  était  cbef-lieu  d'une  paroisse  dépen- 
dante de  Varchiprêtré  de  Bénévent.  Un  titre  de  Tan  1250  ' 
nous  fait  connaître  que  Satriactim ,  aujourd'hui  Sauviac  (et 
par  une  orthographe  vicieuse  des  modernes  Sauviat),  était 
alors  le  chef-lieu  d*un  bailliage  confié  à  TadministratioB  d'un 
chanoine  de  Téglise  de  Limoges  *. 

NAILLAC. 

27. ^-  ANALIAGO-  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  bandeau 

perlé,  terminé  aux  deux  extrémités  par  deux  bandelettes  ; 
buste  habillé. 

r\  -f  AVDOBODO  M.  Croix  égale  ^  une  couronne  de  perles 
autour  de  la  légende. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids  :  l5»,25.  Troisième  quart  du 
vu*  siècle.  —  Musée  monétaire  (hôtel  de  la  Monnaie  à 
Paris). 

Ce  trions  avait  été  mal  reproduit  jusqu'ici  ;  on  avait  vu 
dans  les  deux  bandelettes  supérieures  de  la  couronne  la 
lettre  V,  et  on  avait  lu  ÀnauKacum.  Nous  ne  nous  arrête- 
rons pas  à  exposer  les  motifs  qui,  au  point  de  vue  du  st}de 
de  fabrication  et  du  type,  commandent  d'attribuer  cette 
pièce  au  Limousin  ;  il  suflit  de  la  comparer  à  celles  qui 
l'entourent'. 

1  M  Gregoritu  concaDonicas...  baiiivus  pro  tempore  bnilic  de  SaWiaeo.  «r 
Mu.  Bibliotb.  impér.,  collect.  Gaignière»,  t.  183^-184. 

*  M.  l'abbé  Arbellot  doub  fait  connaître  que,  tout  auprès  du  bourg  de  Sau» 
viac,  sur  le  cbemia  de  Saiut-Martin-Sainte  Catherine ,  il  existe  un  dolmen 
remarquable.  Rnuê  archéologique  dt  la  Bautê- Vienne ,  p.  12&. 

*  M.  Fillon  a  bien  reconnu  l'analogie  que  présente  cette  monnaie  avec  celle» 


32  MÉMOIRES 

Quant  au  lieu  d^émissioû,  nous  n'hésitons  pas  à  le  fixer 
à  Naillac  '.  Ce  village  reçoit  dans  un  acte  de  1185  le  nom 
d'Analiacum  ',  et  dans  la  chronique  de  Vigeois  celui  d' J- 
naliac  '.  Nous  trouvons,  au  xiii*  siècle,  de  nombreuses  men- 
tions du  même  lieu  sous  cette  forme  *• 

Dès  le  XIV*  siècle,  le  nom  se  présente  privé  de  la  syllabe 
prostesthétique,  sous  la  forme  de  Nailacum,  Nailhacum^ 
Nalhacum  %  de  même  que  Acuius  mous  a  produit  en  der- 
nier lieu  Gumont,  AgiracuSy  Girac ,  Afriacum^  Friac  *. 
Enfin ,  au  xv*  siècle ,  nous  le  voyons  dans  la  forme  actuelle 
NaiUacum\  Naillac. 

BRILLIAU-FA  (appelé  depuis ,  par  comiption,  BREUIL-AU-FA). 

28.  —  +  BARACILLO  FI.  Tête  à  droite,  avec  un  long  dia- 
dème perlé,  recourbé  en  arrière  et  sur  le  front  ;  collier  de 
perles. 

Pi.  +  MOPERATVS  I  {mderatvs).  Croix  latine  potencée. 

d'autres  lieux  du  Limousin ,  tels  que  Carovicus  et  Brira ,  qu'il  a  seulement  le 
tort  de  mettre  en  Berry,  sans  toutefois,  du  reste,  d«^terminer  ni  même  proposer 
une  attribution  précise  (  LetlreiàM,  Dugatt-Matifeux^  p.  65  et  66).  D  est  plu 
rationnel  de  laisser  Briva  à  Brive,  Carovicus  k  Cherviz  et  Ànaiiacum  à  Naillac. 
M.  Conbrouse ,  dans  son  Catalogue ,  propose  un  lieu  appelé  Nailly  ;  mais  c^est 
cne  pore  conjecture  «  basée  uniquement  sur  une  ressemblance  de  noms. 

^  Dans  le  canton  de  Dun-le-Pallctean ,  arrondissement  de  Guéret  (Crense). 

*  M  Teste  Bemnrdo  de  Ànaliaco^  arcliipresbytero ,  anno  ab  incamatione 
Domini  MCLXXXV.  "  Mss.  Biblioth.  impér.,  collect.  Gaignières,  t.  183-184, 
p.  122. 

s  Dans  Pb.  Labbe,  Non,  Biblioth,  ms$.,  t.  II,  p.  282.  Cette  cbroniqne  a  été 
écrite  à  la  fin  du  xii<  siècle. 

^  M  Guido  de  Analiac  (  ann.  1240  )  ou  de  Analbaco  (  ann.  1254  )  ;  Petms  de 
Analac  ou  de  Analiaco.  »  /bt<i.,  t.  183-184,  p.  69  à  72 ,  et  t.  186 ,  p.  110. 

»  Ann.  1340 .  1364  et  1366.  Loc.  ciL,  t.  185,  p.  25  et  26. 

«  Cartulaire  de  Beaulieu,  ch.  XXXVII .  CXCVI  et  CXXIV. 

^  Ann.  1425,  Mss.  Biblioth.  impér.,  ubi  supra,  t.  186,  p.  607. 


ET  DISSERTATIONS.  3S 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1»%16.  Troisième  quart  du 
>!!•  siècle. — Musée  mouétaire  (hôtel  delà  Monnaie  à  Paris). 

2Ô. h  BARACILL  (roreille  de  TefiDgie  parait  former 

rO  final).  Tête  ceinte  d'un  long  diadème. 

i^.  +  AEGVLFOS  MO-*  Croix  ancrée  et  fichée. 

Tiers  de  sou  d'or.  Fin  du  vir  siècle  ou  premier  quart 
du  VIII*. 

(Conbrouse,  Monét.  mèrov.y  pi.  XII ,  n"  8, —  Catalogtie^ 
loc.  cit). 

108. h  BRICILLOO.   Tête  à  droite;  bandeau  perlé 

terminé  au  sommet  par  une  grosse  perle  ;  le  buste  et  le  col 
ornés  de  perles  qui  se  relient  au  bandeau  sur  la  nuque. 

ij\  +  MODERATVS.  Croix  latine  dans  le  champ. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1»%26.  Troisième  quart  du 
vn'  siècle.  -^Médaillier  de  feu  M.  de  Mourcin,  à  Périgueux  ^ 

109. h  BRIEILLOO.  Tète  barbare,  ceinte  d'un  long 

diadème  ;  buste  habillé. 

ij.  +  MOPERi\T\S  (iloderalus).  Croix  latine  dans  le 
cl)amp. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids^  08%90.  Fin  du  vir  siècle  ou  pre- 
mier quart  du  viii*.  —  Médaillier  de  feu  M.  de  Mourcin,  à 
Périgueux. 

HO. h  BRICILLOO.  Tète  à  droite,  avec  un  double 

bandeau  perlé  ;  cordon  de  perles  autour  du  buste. 

R.  -|-  ...  VOALPO  1.  Croix  latine,  potencée,  accostée  de 
globules  aux  premier,  troisième  et  quatrième  cantons. 

Tiers  de  sou  d'or.  Troisième  quart  du  vu*  siècle. 

{Conbrouse,  Monèl.  mérov  ,  Supplément.  ) 

*  Ccst  à  Tobligeance  de  M.  Lapeyre ,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Péri- 
gueux ,  que  D0U8  sommes  redevable  d«  Tenvoi  des  empreintes  de  ce  triens  et 
do  suivant,  ainsi  que  du  Rufiactim  {n*  117)  qui  est  décrit  plus  bas  :  nous 
nous  faisons  un  devoir  d'adresser  à  cet  érudit  nos  vifs  remerclments. 

1861.— 1.  3 


3A  3kil.M01RES 

1 11 .  —  BARACILLO.  Tête  à  droite,  avec  un  double  ban- 
deau. 

i^\  MObtRVVO  V.  (Légende  corrompue  de  MODERATVS 
MO  ?)  Croix  aûcréet  haussée  sur  deux  degrés. 

Tiers  de  sou  â*or.  Fin  du  nv  siècle. 

(Gonbrouse ,  Monéi,  wiérov.,  pi.  XII,  n'  10.  —  Catalogue 
rais,  y  ubi  suprà.) 

U origine  des  six  triens  que  nous  venons  de  décrire,  ne 
nous  parait  pas  pouvoir  faire  Tobjet  d*un  doute.  Il  suffit, 
pour  la  reconnaître,  de  comparer  l'effigie  et  la  couronne  du 
n""  28  à  celle  de  Sauviac  (n*  26,  qui  a  les  initiales  LE),  les 
ornements  perlés,  la  couronne  et  la  croisette  du  droit  du 
n**  108,  à  ceux  de  Limoges  (n"  5  et  6) ,  de  Ghervix  et  de  Magnac 
(n^*  18  et  19) ,  le  double  bandeau  perlé  du  n*  110  à  celui  de 
Juniillac  et  de  Marsac  (n^OO  et  20)  ;  la  croix  du  revers,  dans 
un  champ  largement  espacé ,  et  superposée  à  une  croisette 
engagée  dans  la  légende,  suivant  un  usage  général  dans  le 
monnayage  limousin  (u°'5, 11, 13, 18,19,  30,  SI,  34,  40, 
5A,  66,  57,  61,  63,  64,  70, 100,  114,  118). 

La  localité  de  xMaine-et-Loire  appelée  Baracé  *,  qui  a  été 
proposée  jusqu'ici  par  les  numismatistes  *,  n'est  donc  pas  ad- 
missible :  elle  doit  être,  en  outre,  écartée  par  un  motif  aussi 
péremptoire,  tiré  de  la  forme  du  nom  d'atelier  fourni  par  nos 
légendes.  En  effet,  des  trois  pièces  n***  28,  29  et  111  qui 
l)orlent  BaractOo,ilen  est  une  (n^  28)  peut-être  même  deux, 
qui  sont  signées  du  même  monétaiFe  que  les  triens  qui  por- 
tent Bricilloo  {ir'  108  et  109) .  Ces  pièces  sortent  évidemment 
du  même  atelier,  et  comme,  d'après  la  fabrique  du  n"  28, 
[Baraciïlo) ,  il  a  précédé  tous  les  autres,  qu'il  est  d'ailleurs 

1  Arrouàissement  de  Beaugé,  canton  de  Durtal. 

«  Coubr.,  Cataloy,  rais.,  u**]43  et  992.  —  Cartier  et  Guillemot  dans  leur* 
listes. 


ET      DISSERTATIONS.  35 

de  principe  que  les  Doms,  en  se  coifh>mpant»  se  sont  inces- 
sammeut  contractés,  nous  devons  tenir  pour  certain  que 
Briddoo  est  la  forme  mérovingienne  la  plus  récente  du  nom 
de  Baracillo,  Or,  sous  aucun  rapport,  Bricilloo  n'a  pu  pro- 
duire Baracé. 

Revenons  au  Limousin ,  qui  est  le  pays  d'origine  de  ces 
triens.  La  forme  de  Bricilloo  annonce  visiblement  la  ten- 
dance du  mot  à  se  restreindre  encore  pour  donner  Brilloo, 
comme  Paiigaso  a  formé  Pageas,  Limoyicas  Limoges,  Se- 
roTEnnum  Sarrou,  etc.  Près  du  canton  où  se  trouvent  Am- 
bazac  et  Sauviac  (  n**'  30  et  26  ) ,  les  analogues  du  n"  28,  il 
est  un  lieu  nommé,  aux  xvii*  et  xviir  siècles,  sur  toutes  les 
cartes  et  dans  toutes  les  listes,  Brilliau^Fa  ^  par  Expilly, 
Bréiillauffa  ',  et  de  nos  jours,  par  suite  de  la  tendance  des 
modernes  à  donner  aux  vocables  géographiques  la  forme  de 
mots  significatifs,  Breuil-au-Fa  '.  Brilliau  (Fa  qui  signifie  fée 
ou  bien  Iiélre^  a  été  évidemment  ajouté  au  nom  primitif  de 
Brilliau) ,  est  une  forme  bizarre,  qui  ne  s'explique  qye  par  le 
redoublement  de  Yo  final  de  Bricilloo.  Le  c  de  Bricilloo^  avant 
de  disparaître,  dut  s'adoucir  et  se  transformer  en  un  g.  Or, 
nous  trouvons  en  1060  la  signature  d'un  personnage  de  ce 
même  canton,  appelé  P.  de  BrigilL  ^  (les  dernières  lettres  du 
nom  ont  été  omises)  ;  et  cette  signature  est  placée  entre  celles 
des  seigneurs  de  Rochechouart  et  de  Cbabanais,  et  sur  une 
charte  de  l'église  de  Limoges  relative  à  l'église  de  Nieul, 
voisine  de  Brilli^u-Fa.  Après  s'être  ainsi  affaiblie,  la  consonne 


*  Cartes  da  diocèse  et  de  la  proviuoe^  par  Nolin  (  1742),  par  Jaillot  At 
Denis  (  1783  ) ,  par  Dezanche  (  1788  ) . 

*  Dictionnaire  de»  Gaule»  el  de  la  France,  t.  I"^,  p.  845. 

'  Alloa,  De»crij)t.  de»  monum,  de  la  Haute-'fienne  ^  p.  304.  —  Arbellot,  Rev, 
archéol,  du  Litrunuin,  p.  253.  —  Dictionnaire  de  la  France^  par  Duc'.os. 

*  Sot,  CuMia.  rUrist.,  t.  II,  p.  587. 


SÔ  MÉMOIRES 

médiane  du  mot  disparut  et  laissa  la  forme  Briilloo  ou  Bril- 
loo ,  qui  est  proprement  le  même  que  le  Brillau  ou  BriUiau 
du  XTii*  siècle. 

Ce  Ueu,  situé  sur  la  voie  romaine  qui  de  Limoges  con- 
duisait à  PoitierSf  est  d'ailleurs  fort  ancien.  On  y  connaît 
un  monument  de  la  période  gauloise  :  une  pierre-levée  ^  po- 
sant sur  le  sol  par  une  de  ses  extrémités ,  et  environnée 
d'autres  monolithes,  qui  sans  doute  la  supportaient  autre- 
fob  \  Son  église  parait  dater  du  xii*  siècle. 

AMBAZAO  ». 

30. h  AMBAEIAEO.  Tête  à  droite,  ceinte  d'une  cou- 
ronne perlée  prolongée  sur  la  nuque;  le  col  et  le  buste 
ornés  de  perles;  le  tout  dans  un  grénetis. 

ij\  +  PASSENEI+MI.  Croix  latine,  potencée  dans  le 
champ.  La  lettre  0  de  la  légende  est  formée  par  une  croix 
grecque  fortement  pâtée. 

Tiers  de  sou  d*or.  Poids ,  1^,20  un  peu  fort.  Troisième 
quart  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Cartier  père. 

31. h  AMBACIACO  FI.  Tête  à  droite,  d'un  travail  bar- 
bare, avec  le  bandeau  perlé,  et  le  col  ainsi  que  le  buste 
ornés  de  perles. 

r\   +  PASSINGIO  MONETA.  Croix  latine  dans  le  champ. 

Tiers  de  sou  d*or.  Poids,  1^,16.  Fin  du  vu*  siècle. — 
Cabinet  de  M.  Cartier  père, 

M.  Cartier  père  a  attribué  ces  deux  triens  %  de  même  que 

*  Allou  et  Arbellot,  u6i  suprà*  Ces  pierres  ne  peuvent  provenir  que  de» 
montngncs  de  Blon ,  qui  était  situé  k  une  cert&ine  distance  au  nord-ouest ,  ' 
et  dont  nous  décrirons  plus  bas  les  monnaies. 

*  Chef>Iieu  de  canton  ,  arrondissement  de  Limoges  (  Haute- Vienne  ). 
5  RivuiHum.,  1839,  p.  436,  pi.  XVTn,ii»5. 


ET   DISSERTATIONS.  37 

ceux  d'Ambucea  et  à!Àmbaciavico\  à  la  ville  d'Amboise.. 
Autant  son  opÎDion  nous  parait  fondée  à  l'égard  de  ces 
derniëi-es  monnaies,  autant  elle  nous  semble  inadmissible 
relativement  à  celles  di  Àmbadacum.  On  peut  juger  en  effet, 
au  simple  aspect,  qu'elles  ne  sont  pas  sorties  du  même  ate- 
lier que  les  précédentes,  et  qu'elles  doivent  être  restituées 
à  Ambazac,  en  Limousin.  Si  on  les  examine  en  détail,  on 
remarque  que  notre  n*"  30  présente  : 

1*"  au  droit,  une  effigie  semblable  aux  n*"  5  et  6  (Limo- 
ges),  18  (Gbervix)  et  26  (Sauviac),  qui  sont  incontesta- 
blement du  Limousin  ;  une  couronne  identique  à  celle  des 
numéros  précités,  et,  en  outre,  à  celles  de  Naillac,  Brilliau- 
Fa,  Espagnac,  Yssandon  et  Rouffiac  (n**  27,  28,  70,  71, 
106, 108, 115  et  117);  les  ornements  de  perles  du  buste 
et  du  col ,  qui  vont  se  rattacher  à  la  couronne  derrière  le 
col ,  et  la  croisette  placée  entre  le  prolongement  de  la  cou- 
ronne et  le  buste ,  semblables  à  ceux  qui  distinguent  un 
grand  nombre  de  pièces  limousines  (n**  5,  6, 14, 18,  19, 
20,  43,  63,  69,  76,  108,  116  et  117). 

2^  Au  revers,  dans  un  champ  dégagé  d'ornements,  une 
forme  de  croix  caractéristique  du  tjfpe  limousin  (Chervix, 
Magnac-Bourç ,  Cursac,  Brive ,  Espagnac,  Fursac,  Jumillac. 
Brilliau-Fa,  etc.,  n**  18,  19,  57,  63,  71,  84,  99,  109, 
110,  etc.). 

Le  n"  31 ,  quoique  d'une  émission  plus  récente  et  Jun 
travail  plus  grossier  que  le  n*»  30,  nous  offre  encore,  dans 
les  ornements  du  col  et  du  buste,  et  dans  la  croix  du  re- 
vers, des  signes  particuliers  du  monnayage  limousin.  D'ail- 


'  Voir  les  pièces  d*AiiiboiM,  Ambaeta  et  ilm6cirta  ,  dans  Conbroute ,  Monet, 
miTO».,  pi.  III ,  n*«  l  à  4  ,  7  et  8. 


38  MÉMOIUKS 

leurs,  signé  du  môme  monétaire  que  le  précédent,  il  reçoit 
nécessairement  la  même  attribution. 

L'analogie  qui  rapproche  ces  deux  pièces  des  monnaies 
limousines  ne  pouvait  échapper  à  la  sagacité  de  M.  Fillon  \ 
Aussi,  tout  en  acceptant  l'attribution  que  M.  Cartier  en 
avait  faite  à  la  Touraine,  cherchait-il  à  expliquer  cette  ana- 
logie par  Yinfluence  de  Vérole  Umotisine.  L'explication  eût 
été  encore  plus  satisfaisante  et  plus  complète ,  si  le  savant 
antiquaire  avait  reconnu  que  nos  triens  sortaient  d'un  ate- 
lier limousin. 

Au  point  de  vue  philologique,  notre  opinion  n'est  pas 
plus  contestable.  Les  deux  pièces  portent  distinctement  le 
nom  d^Ambadacum;  or  Ambazac  a  porté,  au  moyen  âge  et 
jusque  dans  le  xii'  siècle ,  le  nom  même  de  nos  légendes, 
dont  il  est  d'ailleurs  la  traduction  exacte  *.  Un  ancien  titre 
des  archives  de  l'abbaye  de  Saint-Augustin  de  Limoges, 
contient  en  effet,  à  cette  date,  la  mention  du  petit  monastère 
de  Saint-Antoine  d' Ambazac  :  a  Sancti  Antonii  de  Amba- 
ciaco  *.  »  Depuis,  le  mot  a  pris  successivement  les  formes 
suivantes  :  à  la  fin  du  xii*  siècle,  Ambaissac^  et,  dès  le 
xni*  siècle,  Anibazacuin  ou  Ambazac  *,  conmie  dans  le  noofï 
actuel. 


*  M  La  trace  ^  ses  reflets  (  de  l'école  limoasine)  s* aperçoit  sur  les  produits 
de  Tatelier  d'Amboise.  »  Lettres  à  M.  Dugast-Matifeux,  p.  64. 

*  Àmbaciacum  a  produit  Ambazac ,  comme  Saraciacum  a  produit  Sarazac  , 
Ihraeiacvm,  Darazac*  etc. 

>  Mss.  Biblioth.  impér.  —  D.  Cl.  Stephanot.,  Ant,  Bened.  Lem.»  t.  I*% 
p.  181  et  553. 

^  Mss.  Biblioth.  impér.,  coUect.  Gaignièret»,  t.  185,  p.  48. 

■  a  Mansus  de  ia  Chicza  in  parrocbia  de  Ambazaco,  »  ann.  1229.  Loc.  cit., 
p.  335.  —  Apud  Amibazae^  prioratum  de  abbatia  S.  Augustini  Lemovicensis.» 
Acta  visitatloDis  Simonls  archiep.  Bitaric,  anu.  1285,  dans  Baluze,  Mitcel- 
lanea ,  édit.  de  Mansi ,  t- 1",  p.  289. 


KT   DISSERTATIONS.  3V^ 

Quant  à  Amboise ,  on  n'a  cité  jusqu'ici  et  nous  croyons 
I)ouvoir  assurer  qu'il  n'existe  aucun  titre  où  cette  localité 
soit  désignée  par  le  nom  i' Àmbaciacum;  elLe  n'est  donc 
aucunement  autorisée  à  en  revendiquer  les  monndes.  Ajou- 
tons que  les  règles  de  la  philologie  s'opposent  à  ce  que 
jamais  Amboise  ait  porté  ce  nom.  Le  suiBxe  acut  ou  ac  des 
noms  géographiques  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge  a  pra- 
duit  des  terminaisons  diverses  dans  les  différentes  régions 
de  la  Gaule.  Tandis  qu'il  s'est  maintenu  sans  modification 
dans  les  pays  du  centre ,  du  midi  et  du  sud-ouest,  il  a  passé 
à  la  terminaison  ec  dans  la  Bretagne,  f ,  ei  ou  ai  dans  le 
Poitou ,  la  Touraine ,  l'Anjou  et  le  Maine ,  y,  ey  ou  ay  dans 
le  nord  de  l'Aquitaine,  dans  la  haute  Normandie,  le  Char- 
train,  le  Parisis,  etc.,  etc.  *.  D'après  cela,  le  mot  Amba- 
ciacum  aurait  formé,  en  Tourame,  AmJba^^  Ambasei  ou 
Aml^$ai,  et  non  pas  Amboise  avec  une  désinence  muette; 
cette  désinence  se  rapporte  d'ailleurs  très-bien  à  la  termi- 
naison féminine  à'Ambacea  ou  Awbacia  des  trions  touran- 
geaux, à  V Ambaliefisis  {vicus)  de  Sulpice  Sévère*  et  à 
Y Ambaciêfisis  ou  mieux  encore  Ambiacensis  {vicus)  de  Gré- 
goire de  Tours  '.  La  finale  d'AmbaciacHm  se  retrouve  au. 
contraire,  comme  toutes  les  maires  hclionutriy  dans  l'Am- 
bazac  limousin. 

Une  autre  circonstance  vient  confirmer  notre  attribution. 
D'après  les  renseignements  que  M.  Ardant  nous  a  transmis, 
le  n*  31 ,  à  la  légende  Ambaviaco^  a  été  par  lui  acquis  d'un» 


•  Voir  à  ce  sujet  un  excellent  et  remarquable  mémoire  de  M.  Alfred  Maury , 
intitulé  :  Questionâ  relatives  à  Vethnologie  ancienne  de  la  France ,  -dans  Y  Annuaire 
de  (a  Société  de$  antiquaire»  de  France  ^  année  1853,  p.  225. 

•  IHalog,  de  mirarul.  S.  Martini ,  dialog.  3,  apnd  Biblioth,  majim.  Patrum, 

•  Histor.  ecclesiastic.  Francor,,  lîb.  II,  cap.  xxxv,  et  lib.  X,  cap.  xxxi. 
-  Miracul.  S,  Martini ,  IV,  40. 


àO  MÉMOIRES 

marchand  d'Àmbazac^  comme  ayant  été  trouvé  dans  celle 
bourgade.  On  ne  saurait  méconnaître  que  cette  identité  du 
nom  du  lieu  de  la  découverte  avec  celui  de  la  légende,  rend 
la  démonstration  encore  plus  décisive. 

Enfin  Ambazac  nous  offre  plusieurs  témoignages  d'une 
haute  antiquité  :  un  tumulus  à  côté  du  bourg ,  les  traces 
de  la  voie  romaine  d'Auymtonemeium  (Clermont)  à  Aiigus- 
torUum  (Limoges)  par  Acitodunum  (Ahun),  et  un  bassin 
en  granit,  que  Ton  suppose  avoir  pu  servir  au  baptême  par 
immersion  \  A  la  fin  du  vi*  siècle  il  existait  sur  ce  point 
un  petit  monastère  mentionné  par  Grégoire  de  Tours  ;  cet 
historien  lui  donne  le  nom  d' Ambiacinum  ',  mais  c'est  là 
évidemment  une  orthographe  vicieuse,  employée  au  lieu 
d'Ambaciacum  :  nous  en  avons  pour  preuves  directes,  et  la 
dénomination  actuelle  et  celle  qui  était  encore  usitée  au 
XII*  siècle.  Cette  erreur  de  Grégoire  de  Tours  s'explique 
d'ailleurs  naturellement  par  son  éleignement  du  lieu  dont 
il  parlait,  et  par  l'habitude  qu'il  avait  d'écrire  le  nom  d'Am- 
boise,  Ambiacensis  vicus. 

M.  Cartier  a  objecté  que  les  deux  pièces  qui  nous  occu- 
pent ne  contenaient  pas  dans  le  champ  les  initiales  LE  ou 
LEKIOt  qui,  dit41,  se  trouvent  sur  les  monnaies  mérovin- 
giennes du  Limousin  '.  La  réponse  est  facile  :  un  certain 


*  ÂUou,  Description  dea  rnonmn,  dé  la  Hûute-Vienne ,  p.  274»  276,  299,  308» 
—  Arbellot»  Bev.  archéoL  de  la  Haute-Vienne,  p.  133, 

*  a  Itaqne  quidam  ex  moDachis ,.  nornine  Gaadomeres ,  du  monasterio  Am* 
biacini,  qnod  non  longe  ab  urbe  sHnm  est. h  Vit  S,  Aridii  abbat,  (Saint  Yricix), 
cap.  XXXVin,  édit.  Roinart^  col.  1307.  C'est  Limoges  qui  est  désigné  dans 
ce  passage  par  le  mot  urbe  :  Ambazac  est  en  effet  à  peu  de  distance  au  nord 
de  Limoges.  Saint  Yrieix  était ,  comme  on  sait,  abbé  d^Attanumen  Limonsin, 
qui  a  pris  an  vu*  siècle  le  nom  de  son  fondateur,  et  a  le  titre  de  cbef-lie« 
d'arrondissement  dans  le  département  de  la  Haute-Vienne. 

»  Rtv,  num,p  année  1855 ,  p.  404-405. 


ET    DISSERTATIONS.  AI 

nombre  de  triens  de  notre  série  ont  en  eflet,  au  revers,  la 
croix  accostée  des  sigles  précitées  ;  mais  il  en  est  aussi  et 
en  grand  nombre ,  qui  ne  portent  pas  ces  marques ,  et  qui 
n'en  sont  pas  oioins  notoirement  et  sans  contestation  du  pays 
Limousin.  Nous  citerons  ceux  de  Limoges  même  (n"*' A,  5, 
6,  8,  9  et  10) ,  d'Dzercbe  (n**  47,  49, 50,  52),  de  Ghabrignac 
(n'35),  de  Saint-Yrieix  (n*  42),  de  Chabanais  (n"  46),  de 
Brive  (n**  62,  63),  d'Espagnac  (n*71),  etc.,  etc.  Puisque 
M.  Cartier  lui-même,  malgré  l'absence  de  Tinscription  dont 
il  s'agit,  a  reconnu  la  provenance  limousine  de  plusieurs  de 
ces  pièces,  il  est  évidemment  non  recevable  à  en  arguer 
contre  Tattribution  des  monnaies  d*Ambaciacum  à  la  même 
province. 

En  résumé,  les  deux  pièces  d' Ambaciacum  procèdent  évi- 
demment du  type  limousin,  et  n'ont  aucune  analogie  avec 
celles  à!Àmbacea  ou  Ambacia. 

Ambada  ou  Ambacea  est  bien  le  nom  latin  d'Amboise; 
nulle  part,  en  aucun  temps,  Amboise  n'a  été  et  n'a  pu  être 
appelé  Ambaciacum. 

Ambaciacum  est  le  vocable  d'Ambazac  au  moyen  âge , 
et  trouve  d'ailleurs  sa  traduction  exacte  dans  le  nom 
moderne,  pour  le  corps  du  mot  comme  pour  sa  termi- 
naison. 

Ambazac  est  un  lieu  de  haute  antiquité,  situé  sur  une 
ancienne  voie  romaine,  en  possession  d'un  monastère 
dès  le  VI*  siècle.  C'est  là  même  qne  l'un  de  nos  triens  a  été 
trouvé. 

Concluons  donc  que  ces  monnaies  ont  été  manifeste- 
ment frappées  à  Ambazac,  et  qu'il  est  peu  d'attributions 
géographiques  de  monnaies  mérovingiennes,  qui  présentent 
un  caractère  aussi  prononcé  de  certitude. 


h"!  MÉMOIRES 

BRIONNE. 

32.  aRIO.N,.A,  Tête  à  droite;  couronne  perlée,  terminée 
sur  le  front  par  deux  bandelettes;  buste  habillé. 

H.  CHARVARICVS.  Croix  égale^  sur  un  petit  globe,  dans 
un  grénetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Fin  du  vu*  siècle. 

(B.  Fillon ,  Lettres  à  M.  Dugast-Matifeux ,  p.  66,  pi.  Il, 
n»  4.)' 

M.  Fillon ,  dans  l'ouvrage  précité,  a  cru  pouvoir  attri- 
buer ce  trions  au  pays  Chalonnais  et  à  la  ville  de  Brienne  \ 
Mais,  d'une  part,  nous  observons  que  la  croix  du  revers  est 
semblable  à  celle  de  deux  pièces  de  Limoges  (n**  5  et  6)  et 
de  beaucoup  d'autres  monnaies  limousines;  d'autre  part, 
te  simple  rapprochement  de  son  efligie  et  de  celle  d^Amba- 
ciocum  (n*  32)  nous  prouve  que  c'est  dans  le  voisinage 
d'Ambazac  qu'il  faut  chercher  cet  atelier.  Or,  près  d'Am- 
bazac,  et  dans  le  même  archiprètré  (qui  était  celui  de  Béné- 
vent) ,  il  existait,  d'après  les  pouillés  du  diocèse,  un  chef- 
lieu  de  paroisse  appelé  Briona.  Ce  lieu  est  aujourd'hui 
nommé  Brionne,  et  situé  sur  un  petit  affluent  de  la  Gartempe, 
canton  de  Saint- Vaulry,  arrondissement  de  Guérét  (Creuse). 
Nous  pensons  qu'il  convient  d'y  reconnaître  l'atelier  d'où 
est  sortie  notre  monnaie  mérovingienne. 

PINEAU  (LE). 

106.  PINO  FITVR.  Tête  à  droite  ;  couronne  de  perles,  pro- 

^  M.  Guillemot  et  M.  Conbrouse,  dans  loors  catalogues  des  inonuaies  mé- 
rovingiennest  indiquent  comme  lieu  d'émission  de  cette  monnaie,  nne  localité 
du  nom  de  Brion;  mais  ce  mot  ne  pourrait  en  aucun  cas  convenir  au  féminin 
Briona, 


ET    DISSERTATIONS.  45 

kmgée  aux  deux  extrémités;  buste  habillé;  daiis  ud  cercle 
de  peiies. 

K.  ILDLBOPV...MI  (lldebodus.  mi).  Croix  haussée  sur 
deux  degrés,  dans  on  cercle  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'oi*.  Poids ,  l^ylb.  Troisième  quart  ou  fin 
da  TU*  mècle.  —  Cabinet  de  H.  Pooton  d'Améeourt. 

107.  —  PIXO  FITAR.  Tète  à  droite,  couronnée  de  perles; 
buste  habillé. 

i{\  ILDERO....MH.  Croix  égale,  surmontée  d*un  point, 
haussée  sur  un  degré  au-dessous  duquel  est  gravé  un  point 
plus  petit,  accostée  sous  les  bras  de  la  lettre  L  de  manière 
que  les  deux  lettres  soient  en  sens  inverse ,  séparée  de  la 
légende  par  un  grénetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«%20.  Fin  du  vu*  siècle. 
—  Cabinet  de  M.  Ponton  d'Améeourt. 

L'initiale  de  Lemovicas ,  qui  est  aux  côtés  de  la  croix  du 
»•  107,  désigne  clairement  le  pays  d'origine  de  nos  deux  piè- 
ces. Quant  à  la  place  de  l'atelier  d'où  elles  sont  sorties,  nous 
ferons  remarquer,  quant  au  n*  106,  la  forme  identique  de 
la  couronne  et  de  celles  de  Sauviat  (n"*  26)  ou  de  Brilliau-Fa 
(n*  28)  *  ;  le  dispositif  du  buste,  semblable  à  celui  de  Locus- 
sanctm  (n*  105)  ;  la  croix  posée  sur  deux  degrés  comme  celle 
de  notre  n*  111.  L'effigie  et  la  couronne  du  n"  107  ressem- 
blent à  celles  de  notre  n*  102.  Enfin,  les  caractères  des 
légendes  sont  visiblement  approchants  de  ceux  des  Brilliau- 
Fa.  Il  résulte  de  ces  observations  que  le  lieu  de  fabrique  de 
nos  deux  trions  est  voisin  du  groupe  n*  3,  et  plus  encore 
peut-être  du  quatrième  groupe.  Or,  une  charte  du  x*  siècle 
contient  la  donation  d'une  viUa  appelée  Ptno,  et  située  en 

*  Lft  gravnrc  du  n*  106  ne  donne  pas  nne  idée  exacte  de  Teffigie,  qni  a 
sar  le  front  nne  houppe  caractéristique  dn  type  limonsin  et  on  particnlicr 
dt  Limoges  n**  2 ,  5  «  6. 


hà  MÉMOIRES 

Limousin,  dans  la  vicairie  de  Peyrilhac,  qui  est  près  et  au  sud 
de  Brilliau-Fa  et  au  nord-ouest  de  Limoges  :  «  De  alodo  meo^ 
qui  est  in  urbe  Lemovicino,  in  vicaria  Padriliaco,  manso  uno, 

cum  curte  et  prato ,  et  in  ipso  loco,  villa  quae  vocatur 

PINO,  boc  sunt  mansos  v  etbordaria  i '.Ce  lieu  est  sans 

doute  le  village  nommé  actuellement  Pineau  (reproduc- 
tion vicieuse  du  vocable  Pino)^  et  placé  au  sud-ouest  de 
Peyrilhac ,  sur  la  rive  gauche  de  la  Vienne  ,  près  de 
Sainte-Marie  de  Vaux  '.  La  terminaison  latine  en  o  s'est  ici 
transformée  en  au ,  comme  cela  est  arrivé  pour  le  nom  de 
Bricilloo^  qui  a  produit  le  vocable  français  Brilliau, 

{La  suite  à  un  autre  numéro.)  Max.  Deloghe. 

I  Mss.  Biblioth.  impér.,  Dépôt  des  chartes. 

*  Une  charte  du  cartulaire  de  Tulle ,  datée  de  945 ,  nous  fait  connaître  on 
lieu  appelé  PintM,  situé  près  de  Rosiers  :  <<  Dono  S.  Martino  et  suis  monachis 
y  mansos  in  loco  qui  dicitur  PifHM...  ••  (  Baluz.,  Hist.  Tutel.f  col.  370.  )  Mais 
le  type  particulier  de  nos  deux  pièces  ne  se  rapporte  pas  à  celui  du  sixième 
groupe  ,  dans  lequel  sont  contenus  Rosiers  et  son  territoire. 


KT   DISSERTATIONS.  ^5 


QUELQUES  MONNAIES  RARES  OU  INÉDITES 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  MARSEILLE. 

(  PI-  "I.  ) 
Troisième  article.  ^  Yoi?  len*  1  ie  1860,  p.  43,  et  le  n«»  3,  p.  214. 


Daos  le  chapitre  consacré  à  la  ProveQce,  le  second 
volume  des  Monnaies  féodales  de  France  de  M.  Poey 
d'Avant  cite  rarement  le  Cabinet  numismatique  de  Mar- 
seille. Je  le  regrette  d'autant  plus  que,  outre  les  rares 
pièces  que  J'ai  publiées  dans  la  Revue  y  et  qui  ne  figurent 
pas  dans  cet  ouvrage,  nous  eussions  pu  donner  à  son  au- 
teur les  dessins  de  quelques  monnaies  qui,  même  aujour- 
d'hui, sont  encore  inédites.  Mais,  pour  être  vrai,  disons 
que  lors  du  passage  de  ce  numismatiste  dans  notre  ville , 
il  y  a  quatre  ou  cinq  ans,  je  crois ,  je  n'avais  pas  encore 
pris  sérieusement  la  direction  oITicieuse  du  Cabinet  des 
médailles ,  et  je  n'avais  pas  fondé  une  galerie  spéciale  des 
monnaies  de  la  Provence  depuis  l'origine  de  Marseille  jus- 
qu'à nos  jours.  J'ai  obtenu  pour  résultat  la  réunion  d'en* 
viron  quinze  cents  pièces  de  cette  série  appartenant  aux 
époques  grecque,  romaine,  mérovingienne  et  carlovin- 
gienne,  ainsi  qu'au  royaume  et  au  comté  de  Provence. 
Enfin,  lorsque  M.  Poey  d'Avant  nous  a  visités,  je  n'avais 


ÂO  MÉMOIRES 

pas  encore  été  assez  heureux  pour  faire  attacher  à  la  bi- 
bliothèque,  en  qualité  d'employé,  le  très-habile  dessina- 
teur avec  le  concours  duquel  je  travaille  à  établir  la 
monographie  des  monnaies  provençales.  Nous  sommes 
heureux  de  mettre  aujourd'hui  à  la  disposition  des  numis- 
matistes  une  agglomération  monétaire  que  tous  nos  efforts 
tendent,  sinon  à  compléter,  du  moins  à  enrichir,  et  de  leur 
offrir,  grâce  au  talent  et  au  bon  vouloir  de  M.  Laugier,  notre 
employé  dessinateur,  des  dessins  qu'ils  peuvent  nous  deman- 
der sans  crainte  de  refus ,  et  dont  nous  leur  garantirons  tou- 
jours la  scrupuleuse  exactitude.  C'est  une  nouvelle  voie  dans 
laquelle  nous  avons  fait  entrer  la  bibliothèque  de  Mar- 
seille. Puissent  d'autres  villes,  et  surtout  la  Bibliothèque 
impériale ,  imiter  cet  exemple  !  Si  M.  Poey  d'Avant  publie 
un  supplément,  je  me  mets  à  sa  disposition. 

En  dehors  de  la  partie  purement  monétaire  ,  Marseille 
possède  deux  monuments  du  moyen  âge  de  la  plus  grande 
rareté  :  ce  sont  deux  bulles  d'or  encore  attachées  à  leurs 
chartes.  Ces  deux  sceaux  d'or  ont  été  récemment  décou- 
verts dans  les  archives  de  l'ancien  chapitre  de  Saint-Sau- 
veur d'Aix  ;  ils  se  composent  chacun  de  deux  feuilles  d'or 
minccis,  frappées  d'abord  séparément  comme  des  brac- 
téates,  soudées  ensuite  sur  les  bords  ,  et  entre  lesquelles 
passait  le  lac  de  soie. 

N"  1.  K:SCD'S.D.GRA.REX.IRL'M.SICIL'.DVCAT.APVL'. 
Z.PNCIPAT.CAP.  {Karolus  secundus^  dei  gracia  rex  Jérusa- 
lem ,  Siciliœ ,  ducatus  Apuliœ  et  principatus  Capuœ.)  Le 
prince  assis,  couronné,  tenant  de  la  main  droite  un  sceptre 
fleurdelisé,  et  de  la  gauche  un  globe  crucigère. 

i}\  PROVinCIEiETiFORCALQVERIIiCOMES.  Écu  de  Pro- 
vence aux  fleurs  de  lis  sans  nombre ,  avec  lambel  à  quatre 
pendants  (pL  III,  n'»  1). 


Et   DISSERTATIONS.  47 

Ce  sceau  est  fixé  à  une  charte  du  24  novembre  1292, 
par  laquelle  sont  réglés  les  droits  de  justice,  d'affouage  et 
'le  redevances  sur  le  bourg  de  Saiut-Sauveur  d'Aix.  Ces 
divers  droits  étaient  revendiqués  à  la  fois  par  le  comte  de 
Provence  et  par  le  pouvoir  ecclésiastique  du  chapitre.  Une 
transacUon  intervint ,  qui  est  longuement  détaillée  dans 
cet  acte. 

Charles  II ,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer 
sur  plusieurs  monnaies,  ajoute  à  son  nom  le  mot  chrono- 
logique secundus. 

^  %  PROVICIE  FORCALqVERIl  AC  PEDimonTIS 
COmES.  Robert  assis  sur  un  siège  à  fuseaux  dans  la  même 
attitude  que  Charles  11  sur  la  pièce  précédente. 

k\  +  ROBERT.DEI.GRA.REX.IRL  SIClL  DVCAT  APVL 
PnCIPAT  CAPVE.  {Robertus,  dei  gracia  rex  Jermakm, 
5tctli>,  ducatus  Apuliœ  ^  prindpatus  Capnœ.)  (PL  III, 
M-  2.) 

Écude  Provence  aux  fleurs  de  lis  sans  nombre.  La  finesse 
du  travail  et  la  netteté  des  ornements  qui  encadrent  Técus- 
sori  sur  ses  trois  côtés  sont  remarquables.  Contrairement 
à  Tusage ,  le  nom  du  prince  ne  se  trouve  pas  placé  sur  la 
face  qui  porte  son  image. 

A  tous  les  titres  pris  par  son  père ,  Robert  ajoute  ici 
celui  de  comte  de  Piémont,  qui  ne  pouvait  effectivement 
pas  figurer  sur  une  charte  de  1292 ,  puisque  ce  n'est  qu'en 
130(5  que  ce  comté  fut  réuni  à  la  Provence  par  Charles  IL 
Robert,  monté  sur  le  trône  en  1309,  prit  ce  titre  sur  un 
rare  demi-lis  que  possède,  la  bibliothèque  de  Marseille, 
pièce  qui  se  trouve  dessinée  irrégulièrement  sur  la  pi.  V, 
n"  5,  de  Saint-Vmcens,  et  que  nous  donnons  plus  loin  sous 
le  n*  6. 

Revenant  au  sceau  qui  nous  occupe ,  nous  dirons  que 


A8  MÉMOIRES 

l'abbaye  de  Sylvacane  fut  fondée  au  xii*  siècle  par  la  maison 
des  Baux,  selon  les  uns,  et  par  le  chapitre  de  Saint-Sauveur 
d'Aix ,  selon  les  autres.  Elle  devint  très-promptement  une 
des  grandes  abbayes  de  la  Provence.  Le  voisinage  de 
Montmajour  et  l'extension  de  ce  monastère  de  bénédictins 
lui  furent  plus  tard  nuisibles,  et  au  xV  siècle  Sylvacane  fut 
réunie  au  chapitre  de  Saint-Sauveur  d'Aix ,  et  devint  un 
simple  prieuré  de  sa  dépendance.  Les  ruines  de  cette 
abbaye  témoignent  de  sa  splendeur  passée.  L'église ,  le 
cloître,  la  salle  capitulaire  et  le  réfectoire  sont  encore 
debout ,  et  sont  classés  au  nombre  des  monuments  histo- 
riques. L'acte,  auquel  est  suspendu  la  bulle  d'or  de  Robert 
par  une  tresse  de  soie  jaune  et  rouge,  confirme  à  cette 
abbaye  les  privilèges  qui  lui  étaient  accordés  en  1166  par 
Alfonse ,  roi  d'Aragon,  comte  de  Provence  et  de  Barcelone; 
en  1234,  par  Raymond  Bérenger,  en  enfin  par  Charles  II 
de  Provence. 

Le  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale 
possède  une  bulle  d'or  de  Charles  I,  dont  voici  la  des- 
cription : 

+KAR0LVS.DEI.GRACIA.SICIL1E  REX.  Charles  assis  sur 
une  chaire  sculptée ,  tenant  de  la  main  droite  un  sceptre 
fleurdelisé ,  et  de  la  gauche  un  globe  crucigère. 

if,  +DVCATVS.  APVLIE.PRTCIPAT  CAPVE.  Écu  aux  fleurs 
de  lis  sans  nombre,  chargé  d'un  lambel  à  trois  pendants. 
Cette  bulle  a  été  publiée  dans  le  Trésor  de  Numismatique 
(  sceaux  des  Grands  feudataires,  pi.  XXXII ,  n**  9,  décrite 
p.  38) .  et  improprement  attribuée  à  Charles  II.  Buchon,  en 
1840,  a  publié  aussi  un  dessin  de  la  même  bulle  d'or,  mais 
il  a  reconnu  qu'elle  appartient  à  Charles  I.  [Rech.  et  mater, 
pour  serv,  à  une  hist,  de  la  domin,  franc,  en  Orient ,  pi.  V, 
n-4et  p.  478.) 


ET   DISSERTATIONS.  49 

K«  a.  +  K....ROL'DEI  GRA.  Trois  fleurs  de  lis  surmon- 
tées d*un  pendant  de  lambel. 

r\  +REX  SICILIE.  Croix  latine  à  long  pied,  pointée  à 
chaque  extrémité.  —  Billon  noir.  Poids,  0«',50  (pL  III, 
n*â). 

Saint-Vincens ,  pi.  III,  n**  17,  donne  une  pièce  à  peu 
près  semblable  du  côté  du  droit  Cette  monnaie  n'avait  pas 
été  reproduite  faute  d'avoir  été  retrouvée  en  nature.  On 
remarquera  que  4a  nôtre  porte  la  croix  latine ,  rarement 
en  usage  à  cette  époque^  et  qui  semble  être  un  souvenir 
du  monnayage  des  tari  dont  nous  avons  parlé  précédem- 
ment {Revue numismalique^  1860,  p.  215), 

Vergara ,  dans  ses  Monete  di  Napoli  { Roma,  1716,  p.  21, 
B*  7) ,  a  fait  graver  une  pièce  qui  porte  les  mêmes  légendes 
et  certsdnement  aussi  le  même  type,  mais  fort  altéré 
surtout,  du  côté  de  la  croix ,  dont  il  serait  impossible  de 
saisir  le  rapport  avec  celle  des  tari- 

N*  h.  +KAROL  (D  GRA)  REX.  Dans  le  champ,  quatre  lis 
dont  le  premier  surmonte  le  lambei. 

^\  +IERL..SICIL'.  Croix  pâtée.  —  5i7Jon.  Poids,  0«',65 
(pi.  III,  n» 4). 

Cette  pièce,  dont  le  type  est  connu  pour  les  monnaies 
de  Robert,  sauf  la  différence  d'inscription  des  légendes,  ne 
peut  appartenir  qu'à  Charles  II ,  son  prédécesseur  immé- 
diat La  pièce  de  Robert  décrite  dans  le  deuxième  volume 
des  Monnaies  féodales  de  France  sous  le  n*  4008 ,  et  des- 
sinée pi.  XC,  n"  8,  n'a  dû  être  qu'une  imitation  de  celle 
que  nous  donnons  aujourd'hui. 

N*  5.  +  ROBERT:IERL:ET:SICIL:REX:  Le  prince  assis 
sur  un  trône  décoré  de  figures  de  lions. 

^\  +:C0MES:PEDEM0NT1S.  Croix  feuillue  :  type  ordi- 
naire du  carlin.  Argeul  pur.  Poids,  1  gr.  (pi.  III,  n*  5). 

1861.  — 1.  4 


60  IIÉMOIRKS 

Cette  pièce,  frappée  dans  l'atelier  de  Guneo,  est  dessinée 
d'une  manière  irrégulière  pi.  VI,  n*  5,  de  Saint- Vincens. 
Duby,qui  ne  l'avait  pas  vue.  la  reproduit  avec  la  même  ir- 
régularité pi.  VIII,  n""  6,  de  son  Supplément;  et  tous  deux, 
par  leur  dessin,  se  bornent  à  indiquer  le  diamètre,  sans 
aucune  autre  justification. 

De  son  côté,  après  avoir  cité,  sous  le  n"  8985,  un  quart 
de  lis  de  Robert  frappé  pour  la  Provence,  qu'il  prend  pour 
un  demt-caWtn,  et  en  avoir,  d'après  Duby,  reproduit  le 
dessin  (pi.  LXXXIX,  n""  16),  M.  Poey  d'Avant  exprime^  au 
n^"  3986,  des  doutes  sur  la  réalité  du  demi-lis  de  la  collec- 
tion Hoffmann  qui  pèse  i^.W.  11  a  raison,  car  non^eule- 
ment  nous  rétablissons  avec  une  scrupuleuse  exactitude  le 
dessin  de  la  monnaie  frappée  en  Piémont,  mais  encore 
nous  produisons  l'indication  d'un  poids  qui  offre  une  règle 
certaine.  Cette  pièce,  par  son  bel  état  de  conservation, 
exclut  toute  hésitation  sur  sa  valeur  monétaire.  Elle  me 
fournit  l'occasion  d'un  témoignage  de  regret  pour  le  bon  et 
affable  marquis  de  Lagoy,  qui  me  l'avait  donnée. 

J'ajouterai  que  la  bibliothèque  de  Marseille  possède  en 
outre  un  second  quart  de  lis  de  Robert,  d'un  module  égal 
à  celui  de  la  pièce  frappée  en  Piémont,  et  présentant  la 
légende  du  revers  COMES  PROVINCIE;  cette  seconde  pièce 
pèse  encore  1  gramme. 

Comme  on  trouve  des  lis  de  Robert  pesant  3»%90, 3^,95, 
As',12,  il  est  évident  que  les  deux  monnaies  dont  il  est 
question  sont  des  quarts  de  lis,  et  que  la  pièce  de  M.  Hoff- 
mann ,  pour  être  acceptée  comme  un  demi-lis,  ne  devrait 
pas  excéder  2  grammes.  Son  poids  de  3^.20  s'accorde  avec 
son  signalement  (elle  est  légèrement  rognée)  pour  nous  la 
faire  considérer  comme  un  lis  en  mauvais  état. 

Duby  indi(iue  le  poids  de  20  grains,  c'est-à-dire  1»',06, 


ET   DISSERTATIONS.  61 

pour  les  deux  petites  monnaies  de  Robert  (t.  II,  p.  101  et 
211),  et  cependant  il  leur  donne  le  nom  de  demùlis^  et 
IL  Poey  d'Avant  a  copié  Duby  sans  avoir  fait  le  rapproche- 
ment que  fournissent  les  pesées  mêmes  qu'il  avait  relevées* 

N»  ô.  +RO.IhRSICILREX.  Grand  lis  surmonté  d'un 
lambeL 

i).  +  GOHE&PVICn.  Croix  pâtée,  cantonnée  d'une 
couronne  au  deuxième.  -*-  BiUon.  Poids ,  O^^bb  (  pi.  III , 
n*6)-. 

Sous  le  n*  4037  du  teitc ,  et  sous  les  n^*  1  et  7,  pi.  XCI, 
du  deuxième  volume  des  Monnaies  féodales  de  France  ^ 
N.  Poey  d'Avant  donne  la  description  d'une  pièce  très- 
fruste  dont  le  côté  droit  est  analogue  à  la  monnaie  que  je 
publie  id,  et  dont  le  revers,  offrant  une  croix  potencée 
cantonnée  de  quatre  croisettes,  appartient  indubitablement, 
soit  à  Jeanne,  soit  à  Louis  I**,  soit  à  leur  domination  simul- 
tanée. La  bonne  conservation  de  notre  pièce  et  le  nom  de 
Robert  qu'elle  porte,  en  l'assignant  avec  certitude  à  ce 
{H^lnce ,  constituent  une  preuve  de  plus  qu'à  cette  époque 
chercheuse  de  types  monétaires ,  on  commençait  par  copier 
ses  prédécesseurs  avant  de  se  livrer  à  de  nouveaux  caprices 
de  monnayage. 

Au  reste,  la  bibliothèque  de  Marseille  possède,  en  excel- 
lent état  de  conservation  ,  la  pièce  dont  M.  Poey  d'Avant 
n'a  pu  donner  que  des  dessins  informes  ;  je  suis  heureux 
de  pouvoir  établir  cette  monnaie  avec  ses  légendes ,  qui 
se  trouvaient  illisibles  sur  les  exemplaires  consultés  par 
l'auteur  des  Monnaies  féodales  de  France. 

-f  L.E.I:IhR.E.SIC.REX  {Ludovicus  etJohanna,  Byeru- 
salem  et  Sicilie  rex).  Grand  lis  dans  le  champ,  surmonté 
d'un  lambeL 

li.  +  C0(me5)  E.COMTS:PVIG  (  Cornes  et  comiUssa  Pio- 


62  MÉMOIRES 

vineisr).  Croix  potencée  de  Jérusalem,  cantonnée  de  quatre 
croisettes.  —Billon.  Poids,  (ffiO  (pi.  III,  n'  7). 

N»  8.  +REiNATVS:D:G:IhRL:E:SICIL:R.  Écu  couronné 
aux  trois  lis ,  surmontés  d*un  lambel,  dans  un  entourage  à 
trois  lobes. 

ij).  +COMES:-PVICE:ET:FORCALQV:  Croix  cantonnée  au 
premier  d'une  couronne  et  d'un  lis  au  quatrième,  dans  un 
entourage  à  quatre  lobes.  —  Haut  billon.  Poids,  1»',10 
(pi.  III,  n<»  8). 

Les  demi-blancs  de  René  sont  très-rares,  dit  M.  Poey 
d'Avant,  après  avoir  mentionné  celui  qu'il  décrit  au 
n*  4060.  Aussi  nous  nous  empressons  de  faire  connaître 
celui-ci,  variété  essentielle  en  ce  que  l'écusson  est  aux 
trois  lis,  que  le  nom  du  prince  est  écrit  en  toutes  lettres  et 
non  représenté  par  les  initiales ,  et  qu'enfin ,  sous  le  rap- 
port du  type  et  de  la  finesse  du  travail ,  il  diffère  essen- 
tiellement de  l'exemplaire  dessiné  sous  le  n*  2  de  la  pi.  XCII 
des  Monnaies  féodales  de  France. 

Ad.  Carpentin. 


rr   DISSERTATIONS.  HZ 


ATTWBUTION 
A  UKMPEREDR  HENRI  VI  D'UNE  ALGUSTALE  INÉDITE. 


Tête  laurée  imberbe  toarnëe  à  gauche. 

Hecers,  Aigle  debout  aux  ailes  éployées,  tournée  à 
Igauche. 

La  pièce  d'or  dont  on  voit  ici  le  dessin  m'avait  «été  si- 
gnalée par  feu  M.  Charles  Lenormant,  qui  l'avait  mise  en 
réserve  pour  être  acquise  par  le  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  impériale,  où  elle  se  trouve  aujourd'hui. 
Frappé  du  rapport  qu'elle  présente  avec  les  augustales  de 
l'empereur  Frédéric  II,  et  sachant  que  je  m'occupe  depuis 
fort  longtemps  de  l'histoire  de  la  maison  de  Souabe,  ce  re- 
grettable savant  m'avait  fait  l'honneur  de  me  demander 
iDon  opinion  sur  cette  pièce  si  curieuse  et  probablement 
unique.  M.  Lenormant  croyait  tenir  enfin  une  augustale  de 
Manfred,  roi  de  Sicile,  lequel  aurait  fait  inscrire  sur  ses 
monnaies  ce  titre  d'auguste  qu'il  s'attribuait  quelquefois 


bà  MÉMOIRES 

dans  ses  actes  \  et  il  pepsdt  pouvoir  lire  la  légende  de  la 
manière  suivante,  en  prenant  la  lettre  initiale  H  pour  un 
M  mal  formé  : 

MANSICDVMII\^^VI 

AGVSTVS  CESAR  IVSTIGIO  ANN  XX. 

Après  quelques  tentatives  d'explication  dans  la  voie  qui 
m'était  indiquée,  je  dus  renoncer  à  une  conjecture  d'abord 
séduisante.  En  eflet,  la  forme  M  AN  au  lieu  de  la  forme 
constant^  MAYNFR'  InsufTisante  pour  exprimer  à  elle  seule 
le  nom  de  Manfred,  Tétrangeté  de  l'expression  SIG(»7te) 
DVMINVS  appliquée  à  un  prince  qui  était  roi  couronné  et 
l'impossibilité  de  faire  concorder  les  deux  chiffres  écrits 
dans  la  légende  avec  les  circonstances  bien  établies  de  la 
vie  de  Manfred  »  étaient,  selon  moi,  autant  de  raisons  pour 
abandonner  l'attribution  proposée. 

Depuis  lors,  la  gracieuse  insistance  de  SL  de  Longpérier, 
mon  excellent  confrère  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  m'a  décidé  à  reprendre  cette  étude  malgré  mon 
incompétence  dans  les  questions  de  numismatique  ;  et  puis- 
qu'on veut  bien  faire  de  nouveau  appel  à  mon  zèle,  je  vais 
essayer  de  présenter  à  mon  tour  une  explication  que  je 

>  On  lit  dans  un  înitrament  inédit  rédigé  à  Eitonto»  le  13  fémer  1S65  : 
M  Régnant*  domino  nofttro  Manfredo  Dei  gratia  Scilrâ  rege,  semper  at*- 
M  guito,  n 

*  MAYNFRIDYS  REX  SiaUE  rar  onze  yariétét  de  deniers  fignrét  dan» 
FouTrage  da  prince  San  Giorgio  Spinelli,  Mon,  cuf,  bail,  da  prine.  Long.  Norm, 
iSitevi,  Naples  1844,  p.  137.—  Quelques-unes  de  ces  pièces  inexactement  des- 
sinées se  voient  dans  Vergara ,  Monete  del  regno  ai  Napoli^  p.  17.  —  Muratori, 
Di  mon,  Ttal,,  dans  le  recueil  d*Argelati,  1. 1,  tab.  XXYII.— Bellini,  Ih  mon, 
Itaf,  alt$r,  diuen,^  p.  103  et  104.—  Cf.  Madtr,  Kritùchê  Beytr,,  t.  V,  p.  49.— 
Il  faut  dire  cependant  que  dans  le  catalogue  de  la  collection  Reichel  (t.  IX, 
p.  26)  on  trouve,  outre  six  deniers  portant  Maynfridus,  la  description  d*une  pièce 
au  type  àe  Taigle  avec  la  légende  MANFREIDYS. 


ET   DISSERTATIONS.  •  65 

fM>umets  d'avance  très-humblement  i  toutes  les  observa- 
tions de  là  critique. 

Et  d'abord  à  quelle  époque  peutr<m  raf^orter  la  fabrica- 
tion de  la  pièce  que  nous  publions?  Si,  d'une  part,  elle  est 
une  imitation  assez  habile  des  médailles  romaines,  d'autre 
part  l'emploi  du  type  byiantin  à  l'aigle  et  la  forme  des  ca- 
ractères de  la  légende  ne  permettent  pas  de  la  faire  remon- 
ter plus  haut  que  le  moyen  âge,  et  dans  le  moyen  âge,  il 
faut  s'arrêter  à  la  période  où  une  première  renaissance 
se  manifeste  dans  les  arts,  c'est-à-dire  vers  la  fm  du 
XII*  siècle.  L'exécution  de  cette  pièce  est  telle  qu'elle  ne 
peut  guère  avoir  été  fabriquée  ailleurs  qu'en  Italie.  Comme 
elle  a  été  cisaillée,  elle  a  lin  peu  perdu  de  sa  beauté  pre- 
mière; cette  beauté,  toutefois,  n'est  pas  comparable 
à  celle  des  angustates  de  Frédéric  II,  frappées,  comme 
chacun  le  sait ,  en  1 231  dans  les  ateliers  de  Messine  ou  de 
Brindes.  La  pièce  qui  nous  occupe  nous  paraH  donc  être 
antérieure  et  non  postérieure  au  règne  de  Frédéric,  et  avoir 
servi  de  type  à  i'augustale  que  nous  connaissons.  Sur 
celle-ci  le  prince  et  l'aigle  regardent  à  droite,  tandis  que 
sur  notre  pièce,  ils  regardent  à  gauche^  ;  mais  sauf  cette 
légère  modification,  les  deux  pièces  sont  conçues  dans  le 
même  esprit,  et  traitées  avec  le  même  sentiment  du  dessin 
et  du  modelé.  Ajoutons  qu'elles  ont  le  même  titre  et  le 
même  poids. 

Ceci  posé,  nous  sommes  amené  à  circonscrire  nos  re- 
cherches dans  la  période  historique  qui  répond  au  règne 
de  Henri  VI,  père  et  prédécesseur  de  Frédéric  II.  Or,  en 

1  M.  de  Raumer  (  GmcH.  dtr  Bokênst.,  t.  lU ,  p.  396)  parle  d'augnstales  de 
Frédéric  II  où  ce  prince  anraît  la  couronne  an  lien  de  la  guirlande  de  len* 
rier,  et  où  Toigle  du  revers  serait  tournée  k  gauche;  mais  nous  ne  connaissons! 
aucun  dessin  de  cette  Tariété,  dont  rauthenticité  nous  paraK  suspecte. 


66  .  HÉUOIBES 

étudiant  le  petit  nombre  de  monnaies  qoi  nous  restent  de 
ce  prince,  nous  trouvons  une  pièce  où  TefSgie  du  souve- 
rain avec  le  type  de  Taigle  offre  certains  rapports  avec  le 
dessin  de  celle  que  nous  étudions.  Cette  monnaie  est 
gravée  dans  Paruta  (tab.  CXGI),  lequel ,  aussi  bien  que  son 
commentateur  Havercamp,  n'hésite  pas  à  l'attribuer  à 
l'empereur  Henri  VI  *. 


Paruta  dit  qu'il  tenait  cette  monnaie  de  l'ingénieur  Ora- 
zio  Nobili,  et  qu'elle  était  en  bronze.  Il  ne  donne  aucune 
légende,  sent  que  la  légende  fût  trop  fruste  pour  être  lue,  soit 
qu'on  eût  reculé  devant  la  difiiculté  de  l'interpréter.  Autant 
que  nous  en  pouvons  juger  par  la  gravure  de  Paruta,  cette 
pièce,  qui  est  à  peu  près  du  même  module  que  la  nôtre,  était 
encadrée  dans  un  cercle  orné.  On  dirait  même  plutôt  qu'il 
s'agit  là  d'un  jeton,  et  l'aigle  y  a  une  tournure  héraldique 


>  Parata,  Sicil,  numismat.^  dans  Graevios,  Thés,  antiq.  Sict<.,  t.  VU,  p.  1230 
et  1264,  t.  VIII ,  tab  CXCI.  La  principale  dififérence  consiste  en  ceci,  que 
sur  la  pièce  de  Paruta  la  tête  est  barbae.  Mais,  en  supposant  son  dessin  exact, 
on  pent  trè^bien  admettre  que  Toriginal  a  été  frappé  à  une  époqne  où 
Henri  YI  portait  la  barbe.  En  1781,  quand  on  ouvrit  le  tombeau  de  ce  prince 
à  Païenne,  on  retrouva  sou  corps  dans  un  état  parfait  de  conservation  avec 
une  partie  de  la  barbe  et  des  cheveux  de  couleur  rousse.  Henri  YI  mourut 
en  1197.  L'absence  de  barbe  sur  notre  pièce  s'expliquerait  donc  par  la  grande 
jeunesse  de  ce  prince  à  l'époque  que  nous  attribuons  à  son  augnstale. 


ET   DISSERTATIONS.  57 

bien  ëtraDge  sur  une  monnaie.  11  y  a  donc  lieu  de  supposer 
que  Paruta  n*en  a  eu  sous  les  yeux  qu'un  dessin  exécuté 
avec  cette  inexactitude  si  ordinaire  de  son  temps,  et  dont 
son  propre  recueil  n'offre  que  trop  d'exemples.  Quoi  qu  il 
en  soit,  son  attribution  est  digne  de  remarque,  et  le  rappro- 
chement que  nous  faisons  ici  est  au  moins  une  présomption 
en  faveur  de  l'opinion  qu'il  nous  reste  à  exposer. 

Voici  d'abord  notre  système  de  lecture  qui  diffère  tout 
à  fait  de  celui  de  M.  Lenormant ,  en  ce  qui  concerne  la 
légende  de  la  face  : 

HANUCIV^   HMN^  XVI 

AGVSTVS  CISAX   IVSTICIO  fNN  XX. 

Les  caractères  de  cette  légende,  gravés  avec  peu  de  soin 
et  par  une  main  encore  inexpérimentée,  ne  présentent  à 
l'œil  d'une  manière  incontestable  que  le  mot  aguêlus^  forme 
italienne,  pour  auguslus^  et  les  deux  chiffres  XVI  et  X^. 
Quant  au  nom  Hanricim^  j'y  vois  la  forme  allemande  si. 
commune  alors  du  nom  de  Henri,  HAINRICVSS  que  l'ar- 
tiste italien  aura  altéré  par  la  transposition  du  premier  I  '. 
Quelle  est  donc  la  date  dans  la  vie  d'Henri  qualifié  d'au- 
guste, à  laquelle  les  cliiffres  XVI  et  XX  rappelés  ensemble 
puissent  donner  une  importance  particulière?  Ici  il  est  im- 
portant de  bien  préciser  les  faits.  Le  fils  de  l'empereur  Fré- 
déric Barberousse,  Henri,  né  en  1166,  fut  élu  roi  des  Ro- 

>  Cette  foime  est  presque  générale  daus  les  documents  de  rÂllemagnc  mé- 
ridionale au  xii*  siècle.  Le  bavarois  Albert  de  Behain,  qui  vivait  de  1200  à 
1268,  écrivait  encore  avec  un  a  le  nom  de  Henri  VI.  Un  sceau  de  Henri, 
évêqne  de  Constance,  qui  est  de  la  fin  du  xiii'  siècle,  publié  par  Scbeucbzer 
d;ins  son  Alphabet  dipiomatique,  porte  la  légende  S.  HAIlV* 

•  Nous  devons  faire  observer  que  sur  la  pièce  le  C  figure  aussi  un  pli  de  la 
draperie  avec  laqueUe  il  se  eonfond.  Mais  ce  qui  noas  semble  un  accident  peut 
être  un  caprioe  volontaire  da  graveur. 


58  MÉMOIRES 

mains  le  2i  juin  1169,  ce  qui  lui  conférait  nécessairement 
le  titre  d  auguste;  il  fut  sacré  à  Aix-la-Chapelle  le  15  août 
de  la  même  année.  Il  avait  par  conséquent  en  1185  seize 
ans  de  règne  et  vingt  ans  d*âge.  Or  précisément  cette  année- 
là  il  arriva  un  événement  extraordinaire  qui  put  amener 
ce  prince  à  faire  consigner  cette  double  date  sur  un  monu- 
ment numismatique,  contrairement  à  tous  les  usages  suivis 
de  son  temps.  Nous  voulons  parler  de  son  mariage  avec 
Constance  de  Sicile ,  fille  du  roi  Roger,  seule  héritière  lé- 
gitime de  Guillaume  le  Bon ,  et  qui  apportait  en  dot  la 
magnifique  expectative  du  royaume  de  Naples.  La  première 
moitié  de  cette  année  1185  fut  employée  à  des  négociations 
préliminaires  entre  les  deux  cours.  A  la  diète  d'Augsbourg, 
Henri  publia  solennellement  ses  fiançailles  avec  Constance  *, 
qui,  de  son  côté  quittant  la  Sicile,  se  rendit  à  Rieti,  où  elle 
fut  remise  aux  procureurs  impériaux  le  28  août*.  Retenu 
en  Allemagne,  le  jeune  prince  ne  revint  en  Italie  que  vers 
la  fin  de  Tannée  pour  consommer  son  mariage,  qui  eut  lieu 
à  Pavie  le  8  janvier  1180  •.  A  l'occasion  du  couronnement 
des  deux  époux,  des  fêtes  splendides  furent  célébrées  à 
Milan  quinze  jours  après,  et  elles  frappèrent  très  vivement 
rimagination  des  contemporains  qui  en  parlent  en  ces 
termes  :  a  Anno  ab  incarnatione  Domini  millésime  centesi- 
mo  octuagesimo  sexto,  indictione  sexta  {corr.  quarta), 
sexto  kalendas  februarii,  rex  Henricus  sextus  cum  regina 
Constantia  filia  Rogerii  régis  Siciliae  nuptias  gloriosas  cele- 
bravit  Mediolani  apud  Sanctum  Ambrosium,  anno  aetatis 


<  Annal,  Argentin,^  ap.  Boehmer,  Fon/ej,  t.  lU,  p.  81. 

*  Voir  l'inscription  de  Rieti  rapportée  par  U^elli,  /toi.  loer.,  1. 1,  p.  1301, 
et  par  Baronius,  Annal,  ecclet.^  t.  XIX,  p.  573,  note  du  P.  Pagi. 

*  Cf.  Godefr.  Colon.,  ad  ann.,  ap.  Boehmer,  Fontti,  t.  III,  p.  4ô3.— CArome. 
Placent,  et  Chrome»  de  reb,  in  Ital.  gesti»^  p.  12  et  138  de  notre  édition. 


ET   DISSERTATIONS.  &0 

tuai  vtgestmo  prtmo»  annoauiem  regni^uidecimoieplimo.yt 
Godefr.Viterb.  ap.  iiura,ior.^  Script., WllhhM. —  ttEodem  in 
die  (le  jour  du  mariage)  Aquilegensis  patriarcba  (M)ronavit 
Henncum  regem  Tbeutonicorum,  et  ab  ea  die  voratui  est 
Céiar.  A  Radulpb.  de  Diceto,  Imagin.  hUtor.,  p.  629.  Enfin 
Othon  de  SiÛDt-Blaise  raconte  qu'en  ce  grand  jour  une  am- 
nistie politique  générale  fut  proclamée,  et  dans  son  enthou- 
siasme il  ajoute  que  Frédéric  Barberousse  était  alors  ar- 
rivé par  ses  alliances  et  sa  puissance  personnelle  à  cette  su- 
prématie qu'avait  jadis  obtenue  Tbéodoric ,  roi  des  Goths  \ 
On  remarquera  que  dans  son  récit  Godefroi  de  Viterbe  a 
bien  soin  d'enregistrer  la  double  date  de  l'année  du  règne 
et  de  l'année  de  l'âge,  absoliunent  cooune  on  le  voit  sur 
notre  médaille.  H  n'est  pas  moins  important  de  faire  res- 
sortir cette  expression  de  Raoul  de  Diceto  :  a  De  ce  jour-là 
Henri  fut  appelé  César.  »  Dans  les  idées  du  moyen  âge  le 
titre  de  César  correspondait  à  la  dignité  suprême  àUmpera" 
tor,  et  le  souverain  de  l'Allemagne  et  de  l'Italie  n*était  im- 
perator  qu'après  avoir  été  couronné  à  Rome  par  le  pape.  Or 
l'article  22  de  la  trêve  de  Venise  conclue  entre  Alexandre  111 
et  l'empereur  Frédéric  Barberousse  portait  expressément 
que  le  pape,  soit  de  sa  propre  main,  soit  par  celle  d'un  lé- 
gat, couronnerait  le  roi  des  Romains,  et  Frédéric  pressait 
depuis  longtemps  le  pape  Lucius  III,  réfugié  à  Vérone,  dç 
remplir  cet  engagement.  Mais  celui-ci  s'y  refusait  toujours, 
alliant  qu'il  n'était  pas  convenable  que  l'empire  romain 
eût  deux  empereurs  *.  Le  mariage  projeté  entre  Henri  et 


>  Ap.  Boehmer,  FoniiM,  t.  ni^  p.  608,  609. 

'  «  Cnm  impermtor  Tellet  nt  (filins)  împeriali  benedictioDe  siiblîmaretiir, 
fertor  papa  respondisse  ex  consilio  qaommdam  priDcipnm  et  cardinalinm  :  dod 
C8M  ooBToniens  dnos  impenitores  praeesse  imperio  Romano.  »  Godefr.  Ck>IoD., 
ap.  Bo«kmer,  FonUê,  t.  111,  p.  452. 


t50  MÉMOIRES 

Constance,  en  augmentant  aux  yeux  du  pontife  la  prépon- 
dérance de  son  antagoniste,  n'était  point  fait  pour  triom- 
pher de  sa  résistance.  Aussi  voyons-nous  sur  la  pièce  que 
nous  étudions  paraître  la  qualification  de  César  suivie  de 
la  formule  ju5((cto ,  destinée,  suivant  nous,  à  affirmer  le 
droit  de  Henri  à  la  dignité  d'empereur  et  à  protester  contre 
un  refus  qu'il  considérait  conmie  aussi  injurieux  pour  son 
honneur  que  contraire  à  ses  droits  \ 

Par  ces  diverses  considérations  nous  pensons  qu'on 
pourrait  traduire  ainsi  qu'il  suit  la  légende  jusqu'ici  indé- 
chiffrable de  cette  pièce  singulière  : 

^Tenrt  depuis  seize  ans  auguste^  légitimement  césar ^ 
vingtième  ann^e  [de  son  âge); 

Et  nous  croyons  par  conséquent  que  cette  augustale  doit 
être  attribuée  à  Henri  VI,  roi  des  Romains,  et  qu'elle  fut 
frappée  en  Italie  vers  le  milieu  de  l'année  1185,  lorsque 
le  mariage  de  Henri  avec  Constance  était  officiellement  dé- 
cidé, et  que  les  rapports  de  l'Empire  avec  le  Saint  Siège  al- 
laient reprendre  leur  ancien  caractère  d'aigreur  et  d'ani* 
mosité  *. 

L'authenticité  de  cette  pièce  est  à  l'abri  de  tout  soupçon  ; 
mais  doit-on  y  voir  une  monnaie  réelle  qui  soit  entrée  dans 
la  circulation  '?  C'est  ce  que  nous  n'oserions  affirmer.  En  dé- 

'  Il  est  bon  de  rappeler  ici  que  Henri  avait  déjà  été  associé  au  pouvoir  sn- 
piêmc  par  son  père  dans  la  cour  plénière  de  Mayeuce  nu  mois  de  mai  1184. . 

*  En  effet,  Urbain  III,  successeur  de  Lucius,  s'étant  ouvertement  déclaré 
Tennemi  de  Henri  VI,  celui-ci  conduisit,  dans  Tété  de  1186,  une  armée  qui  ra- 
vagea les  États  de  l'Eglise. 

*  Sur  des  deniers  qui  ont  eu  cours,  on  lit  :  Clnricus)  IMPCRATOR ,  et  au 
revers  :  C|onstancia|  IMPCRÂTRIX.  Vergara,  Mon.  del  regno  di  iVap.,  p.  10. 
—  Muratori,  De  mon,  ItaL,  dans  le  recueil  d'Argelati ,  t.  I ,  tab.  XX VU.  — 
Snn  Giorgio  Spinelli,  Mon.  cu/'.,p.  112.  —  Catal.  de  Rcicbel,  t.  IX,  p.  24.  — 
Catal.  de  Wellenheim,  t.  II,  p.  266,  etc. 


ET   orsSERTATIONS.  61 

falquant  le  poids  de  la  béliëre  qui  y  a  été  soudée,  on  trouve, 
comme  nous  l'avons  dit,  que  la  pièce  reproduit  exactement  le 
poidsdel'augustalede  Frédéric  II,  laquelle  eut  cours  comme 
monnaie  pendant  un  demi-siècle.  Cependant  le  silence  ab- 
solu des  chartes  et  des  chroniques  en  ce  qui  touche  l'émis- 
sion d'une  semblable  monnaie  au  temps  de  Henri  VI,  donne 
lieu  de  penser  que  si  elle  circula,  ce  fut  pour  peu  de 
temps.  L'arrangement  de  la  légende ,  si  complètement  en 
dehors  du  style  monétaire  de  l'époque,  donnerait  plutôt 
l'idée  d'une  médaille  commémorative ,  s'il  était  possible 
de  supposer  l'existence  de  médaillons  à  pareille  date. 
L'existence  de  la  béliëre  semble  du  moins  indiquer  qu'on 
a  voulu  conserver  cette  pièce  et  la  porter  en  souvenir  de 
quelque  grand  événement.  L*addition  après  coup  des  bé- 
lières  aux  monnaies  minces  dites  bracièaies^  est  un  fait  très- 
commun.  Mais  si,  comme  nous  le  pensons,  la  bélière  de 
l'augustale  de  Henri  VI  est  contemporaine  de  sa  fabrica- 
tion, il  faudrait  remarquer  la  singularité  d*un  pareQ  usage 
en  Italie  dès  la  fin  du  xii*  siècle. 

Huillâbd-Bréholles. 


CHRONIQUE. 


LETTRE  A  M.  ADRIEN  DE  LONGPÉRÏER. 

Nash  Miiift ,  7  norembre  1860. 

Mon  cher  monsieur,  ce  n*est  que  tout  dernièrement  que 
j'ai  reçu  deux  numéros  de  la  Bévue  numismatique  des  mois 
d'août  et  d'octobre;  autrement,  vous  auriez  plus  tM  entendu 
parler  de  moi  de  nouveau  au  sujet  des  médailles  sur  lesquelles 
mon  attention  a  été  appelée  d'une  manière  si  flatteuse  par  M.  de 
Saulcy  dans  le  numéro  précédente 

J'ai,  comme  vous  le  savez,  répondu  à  son  appel  aussitôt  qu'il 
m*a  été  &it;  mais  vous  avez  eu  parfaitement  raison  de  suppri- 
mer ma  première  lettre,  qui  vous  est  arrivée  après  que  la  recti- 
fication de  M.  de  Saulcy  sur  Tattribution  d'une  des  médailles 
en  question  était  déjà  entre  les  mains  de  l'imprimeur.  Il  était 
donc  inutile  d'insérer  ma  protestation  contre  l'attribution  à  la 
Grande-Bretagne  d^une  médaille  que  M.  de  Saulcy  avait  lui- 
même  reconnu  devoir  être  classée  à  un  autre  pays.  Qu'il  me  soit 
cependant  permis  d'exprimer  la  satisfaction  que  j'éprouve  en 
trouvant  que  si  j'avais  raison  de  refuser  une  place  parmi  les 
médailles  des  anciens  Bretons  à  celle  sur  laquelle  on  lit  ARTVE 
GOMIN  VIR,  notre  excellent  ami  était  également  fondé  à  la 
rejeter  des  séries  gauloises.  Les  duumviri  de  Psestum  ont  ré- 
clamé ce  que  chacun  de  nous  était  si  désireux  de  donner  à 
l'autre. 

Mais  la  question  relative  à  la  monnaie  sur  laquelle  on  lit 
BIRAGOS  reste  encore  sans  réponse;  et  je  dois  avouer  que  je 
ne  consens  pas  encore  à  l'accepter  pour  bretonne.  Il  est  vrai 

»  Voyez  Wetjw*  num.,  1860,  p.  169. 


que  celle  médaille  a  été  gravée  par  Stukeley  '  et  autres  comme 
étant  d'origine  bretonne  et  par  eux  aussi  attribuée  à  Arviragus; 
la  légende  est  Faite  pour  nous  causer  une  grande  tentation. 
Mais  lorsqu'on  considère  que  la  première  et  unique  mention  du 
Dom  d'Arviragus  se  trouve  dans  les  satires  de  Juvénal ,  qui  ont 
été  probablement  écrites  sous  le  règne  de  Domitîen^  tandis  qu'il 
j  a  de  bonnes  raisons  pour  supposer  que  le  monnayage  breton 
a  cessé  sous  Claude ,  il  paraîtra  évident  que  nous  devons  réflé^ 
cbir  avant  d'accepter  cette  attribution,  alors  que  le  caractère  de 
la  médaille  serait  tel  qu'il  pût  la  faire  croire  d'origine  incontes- 
tablement bretonne. 

Mais  le  style,  la  fabrique  et  le  type  sont  tels,  que  je  ne  me  rap- 
pelle pas  de  monnaie  de  notre  série  qui  en  offre  d'analogues. 

La  tête  un  peu  rude  quoique  parfaitement  formée^  tournée  à 
gaucbei  le  sangUer,  rarrangement  et  le  flan  carré  de  cette  mé- 
daille, tout  me  semble  indiquer  un  monnayage  gaulois  plutôt  que 
breton.  Mais  M.  de  Saulcy^  dont  la  connaissance  du  monnayage 
gaulois  surpasse  la  mienne  de  beaucoup^  ne  veut  pas  recon- 
naître cette  pièce  comme  appartenant  à  la  Gaule.  Nous  devons 
donc  nous  borner  à  la  laisser  sur  un  terrain  neutre^  entre  les 
deux  pays^  en  attendant  que  quelque  nouvelle  découverte 
vienne  jeter  de  la  lumière  sur  son  origine  réelle.  Il  est  possible 
que  nous  n'attendions  pas  longtemps  avant  que  celte  énigme^ 
comme  tant  d'autres  dont  le  monnayage  gaulois  était  entouré^ 
soit  résolue  par  l'mgéniense  érudition  de  M.  de  Saulcy,  par 
vous-même,  ou  par  quelqu'un  de  ceux  qui  s'occupent  d(  s  mo- 
numents de  cette  espèce. 

En  terminant ,  je  dois  appeler  votre  attention  sur  une  erreur 
du  graveur^  qui  a  indiqué  la  monnaie  à  la  légende  B1RA60S 
comme  étant  de  bronze,  tandis  qu'elle  est  d'argent  (pi.  VHl, 
n**  11).  Je  dois  dire  aussi  que  M.  de  Saulcy  se  trompe  lorsquM 
suppose  que  le  spécimen  qu'il  possède  se  trouvait  autrefois 
dans  la  collection  Pembroke.  La  médaille  du  comte  de  Pcm- 

»  PI.  XI.  n*  6. 


64  CHRONIQUE. 

broke  est  actuellement  dans  la  collection  du  Musée  Britannique^ 
et  il  est  assez  singulier  qu'elle  coïncide  exactement  avec  celle  de 
M.  de  Saulcy,  même  pour  la  forme  cairée  du  flan  et  la  marque 
qui  se  voit  sur  le  corps  du  sanglier. 
Recevez ,  etc.  John  Evars. 


LETTRE  DE  VAILLANT. 

—  Notre  savant  confrère  M.  Emmanuel  Miller  a  bien  voulu 
copier  pour  la  Bévue  numismatique  une  lettre  du  célèbre  Vaillant 
qu'il  a  trouvée  dans  la  collection  d'autographes  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Saint-Pétersbourg  (volume  139^  n""  114). 
Cette  curieuse  pièce  nous  a  paru  de  nature  à  intéresser  nos 
lecteurs. 

A  Messieurs  Huguetan^  marchans  libraires.  A  Amsterdam. 

-  A  Paris,  ce  2*  octobre  1699. 

a  Messieurs 

a  Selon  vostre  lettre  du  22  septembre  Jay  remis  entre  les 
mains  de  M.  Foissin  le  manuscrit  de  la  vie  et  Histoire  des 
Ptolemécs  Rois  d'Egipte,  de  qui  je  vous  cède  tous  les  droits, 
Jy  ay  adiouté  le  petit  appendix  des  médailles  de  ce  royaume 
frappées  sous  les  Empereurs  que  iay  nommé  ^EGYPTVS 
NVMISMATICA,  ou  il  se  trouve  dès  choses  très  curieuses.  Je 
luy  ay  aussi  remis  entre  les  mains  une  boëte  a  vostre  adresse 
ou  sont  tous  les  cuivres  en  Médaillons  et  médailles  marques 
tous  avec  des  numéro  ou  sont  les  pages  a  qui  ils  appartiennent 
qui  ont  relation  avec  leurs  impressions  qui  sont  au  mesme  en- 
droit dans  le  livre.  Dans  la  mesme  boëte  vous  trouvères  140  au- 
tres médailles  en  cuivre  que  vous  m'aves  dit  dy  ioindre  pour 
embellir  le  livre  des  médailles  Grecques  qui  ioints  avec  celles 
que  vous  a  choisy  M.  Tabbé  Du  Bos,  feront  un  très  bel  effect, 
et  vous  avez  trouvez  le  secret  par  ce  moyen  de  faire  un  ouvrage 
qui  devient  très  utile  et  très  nécessaire  aux  curieux. 

tf  Quand  Je  vous  ay  mandé  que  iavois  80  ou  environ  de  me- 


CURONIQUIB.  65 

AaAles  c^cstoit  autant  de  M.  De  la  Boissiere,  qui  a  gravé  celles 
du  Hoy,  que  du  Signor  Pietro  Santi  qui  a  gravé  la  Colonne 
Travane  qui  t\\o  les  a  fait  a  Rome,  Il  scroit  a  souhaiter  que  toutes 
\os  autres  fussent  de  cette  force.  Il  vous  plaira  donc  me  faire 
tenir  par  M.  Foissin  10*^  pour  lesd  enivre.  Cependant  Jay  a 
vous  dire  quil  me  semblrroit  a  propos,  de  faire  graver  comme 
aux  St^leiicidcs  une  vignete  qui  marqua  l'Egypte  et  ce  qui  hii 
appartient.  Vous  avez  a  Amsterdam  des  gens  savans  qui  en 
pourront  bien  donner  le  dessein  et  Texecuter,  sinon,  Jy  pense- 
ray  et  pourray  bien  le  faire  faire  icy,  si  vous  iordonnez  ainsi.  — 
Jay  encore  a  vous  dire  si  les  médaillons  de  chaque  Roy  voua 
les  placerez  comme  a  mes  Seleucides,  on  les  pourroit  mettre 
seuls  en  une  feuille  au  devant  de  leur  vie  cela  dépendra  de  votre 
volonté,  comme  aussi  de  mettre  a  chaque  page  leurs  médailles 
vt  mettre  une  vignete  a  la  fin  pour  remplir  le  livre ,  ce  qui  le 
grossiroit.  Ce  que  iay  encore  a  vous  prier  comme  Je  ne  suis  pas 
a  mon  ouvrage,  de  faire  revoir  soigneusement  par  quelque 
personne  scavante  les  épreuves ,  parceque  étant  toujours  appli- 
qué il  sechappo  toujours  quelques  fautes.  Car  cest  un  des  plus 
1)caux  ouvrages  qu'on  puisse  faire  de  nos  jours  en  ces  matières. 
«11  est  présentement  question  de  parler  sainement  de  l'ou- 
vrage qui  est  a  faire  touchant  les  Familles  Romaines,  vous  aviez 
pensée  de  riniprimer  celles  d'Ursin  et  Patin,  et  Je  mestois  en- 
gagé a  vous  expliquer  toutes  celles  de  Goltzius  qui  ne  sont  pas 
dans  Ursin,  qui  se  montent  a  457  et  environ  400  des  miennes 
nouvelles,  pow  lesquelles  nous  étions  convenus  de  500^  en 
vous  donnant  avec  cela  trois  livres  in-i"  ou  sont  rangées  toutes 
\cs  médailles  de  Goltzius  qui  a  imprimé  en  4573  devant  Ursin 
qui  n'a  donné  son  livi'e  qu'en  1577,  en  Suitte  les  siennes,  après 
celles  de  Patin  séparées  et  les  miennes  a  la  fin.  Comme  Je  ne 
devois  rien  toucher  a  ce  quont  escrit  Ursin  et  Patin,  Jay  donc 
voulu  travailler  a  louvrage,  Je  ny  ay  put  trouver  a  y  mettw 
un  ordre,  et  il  est  impossible  de  le  faire.  Je  me  suis  mis  ou 
Suitte  a  lire  le  livre  d'Ursin,  que  iay  trouvé  la  pluspart  defiec- 
(ueux,  Je  i>e  parle  pas  de  Patin  qui  n'a  rien  fait  qui  vaille.  Jay 

1861.—  1.  5 


66  CHROI^lQUE. 

consulté  la  plupart  des  gens  très  savans  sur  a^s  matières  qui  scf 
sont  mocques  de  moy  sur  ce  suiet  disant  que  Ion  abandonne  les 
médailles  des  Familles  Romaines  parce  que  Fulvius  Ursinus  n'en 
enseigne  presque  lien,  quil  nexplique  presque  point  les  testes 
qui  elles  sont^  et  ne  dit  aucune  chose  des  revers ,  pour  quoi  ils 
ont  esté  faits ,  n'alléguant  que  plusieurs  beaux  passages  qui  ne 
sont  que  pour  les  familles  et  rien  pour  linstruction  des  médailles, 
<  t  passe  le  plus  souvent  ce  quil  y  a  de  difiicile.  Tellement  que 
tous  ont  dit  que  sil  y  a  quelque  chose  de  beau  a  faire  ce  seroit 
de  faire  l'Histoire  des  familles  tirées  de  Goltzius,  d'Ursin,  Patin 
et  des  nouvelles ,  les  ranger  par  ordre  des  temps  ^  les  expliquer 
tant  par  les  testes  que  revers^  et  ny  rien  obmettre,  marquer  par 
im  G.  celles  de  Goltzius.  F.  celles  de  Fulvius  Ursiuus.  P.  celles 
de  Patin  et  Y.  les  miennes.  Or  comme  Je  n'en  devois  expliquer 
que  550  II  en  faut  présentement^  adiouter  757  ou  environ 
d'Ursin  et  1[>0  ou  environ  de  Patin ,  qui  sont  presque  les  deux 
tiers  davantage.  Si  le  livre  que  je  vous  propose  vous  aggrée,  cest 
un  ouvrage  de  plus  d'une  année ,  et  comme  Je  la  trouve  dfgne 
de  vous  autres  Messieurs ,  Je  veux  bien  y  travailler,  et  Je  vous 
demande  seulement  iOOO'^,  mais  sans  y  avoir  esté  embarqué  îen 
voudrois  1500^  il  ny  a  que  de  Ihonneur  et  pas  du  pain  a  manger 
comme  on  dit  communément,  sinon  faites  rimprimer  louvrage 
d'Ursin  et  Patin  comme  elle  est,  si  elle  vous  plaît  et  vous  me 
fairez  plus  de  plaisir  a  ne  me  pas  emploier  dans  celle  la. 
L'Histoire  des  Rois  et  Reine  est  icy  fort  souhaitée,  elle  sera  Je 
vous  asseure  d'un  grand  débit,  Je  Tauray  achevée  pour  la  tin 
de  Tanuée.  Je  suis  Messieurs  très  certainement 

a  Yostre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.  Vaillant.  » 
En  1701,  le  livre  de  Vaillant  sur  la  numismatique  égyptienne 
parut  à  Amsterdam  ,  en  format  i>etit  in-folio,  a\ec  ce 
titre  :  Historia  Ptolemaeorum  JEgypti  regum  ,  ad  fidem  numis- 
matum  accommodnta  per  J,  V ail  Unit  Beliov.  D.  M.  et  S,  (huis 
Cenom,  Anliqtiarium,  Amstelœdami^  apud  G.  Gallet ,  prwftccum 
typographix  Huguetanorum.  Les  Huguetan  ont  été  au-delà  des 
vœux  de  l'auteur  ;  ik  ont  fuit  graver  par  G.  Van  derGouwen  deux 


CHRONIQUE.  67 

grandes  vignettes  dessinées  par  J.  Gof  rce  y  invenior,  qui  les  a 
remplies  de  toutes  sortes  de  figures  allégoriques  aussi  éloignées 
du  style  égyptien  que  rignorance  de  ce  temps- là  le  permettait. 
L'une  de  ces  vignettes  est  imprimée  sur  le  titre,  l'autre  en  tète 
dn  premier  feuillet  liminaire. 

Vaillant  avait  eu  l'intention  de  publier  cet  ouvrage  en  Tran- 
çHÎs,  et  les  raisons  qu'il  en  donne  dans  sa  préface  produisent  un 
singulier  effet ,  alors  qu'elles  sont  transportées  dans  le  latin 
d'un  ponctuel  et  naïf  traducteur. 

Quant  au  livre  sur  les  monnaies  des  familles  romaines,  il  parut 
à  Amsterdam  en  1703  (deux  volumes  in-folio),  et,  comme  l'His- 
toire des  Ftolémées,  n'eut  qu'une  seule  édition. 

Ce  furentlà  les  derniers  écrits  de  Vaillant  publiés  de  son 
vivant;  il  mourut  le  ^3  octobre  1706,  dans  sa  soixante-quin- 
zième année ,  laissant  à  l'état  de  manuscrit  son  Arsacidarum 
mperium  et  son  Ackvmenidarum  imperivm,  qui  furent  imprimés 
plusieurs' fois.  A.  L. 


M.  l'abbé  Cavedoni  (  BulL  arrà.  Nap.,  nuova  série,  anno  VI, 
1858,  p.  141  seg.  )  a  émis  des  doutes  sur  l'authenticité  des  noé- 
dailles  romaines  choisies  dans  la  belle  collection  de  M.  Gustave 
Herpin  et  publiées  par  moi  dans  cette  Bévue  (1857,  pi.  VI,  et 
p.  305  et  suîv.).  Presque  toutes  ces  pièces,  dit  l'illustre  numis- 
matiste  de  Modène ,  offrent  des  particularités  qui  donnent  lieu 
dedouter  de  leur  authenticité;  une  de  ces  médailles  ne  peut  pas 
être  considérée  comme  ihédite. 

M.  l'abbé  Cavedoni  connaît  si  bien  la  numismatique  en  géné- 
ral que  le  moindre  détail,  la  suppression  ou  l'addition  d'une 
lettre  dans  la  k^gende  ordinaire ,  la  présence  d'un  attribut  ou 
d'un  symbole  insolite  éveillent  à  juste  titre  sa  défiance.  La 
grande  autorité  attachée  au  nom  de  M.  l'abbé  Cavedoni  m'im* 
pose  le  devoir  d'examiner  avec  la  plus  scrupuleuse  attention  les 
observations  du  savant  numismatiste. 

Le  médaillon  de  bronze  à  l'effigie  d'Auguste  (pi.  VI,  1857, 


6S  CHROiMQUE. 

n"  i),  que  j'étais  poilé  à  considérer  comme  une  pièce  coloniale, 
frappée  en  Espague^  serait  plutôt  de  fabrique  romaine ,  à  cause 
de  la  pierre  précieuse  enchâssée  dans  la  couronne  de  chêne.  Cet 
ornement  ne  paraît  pas  sur  les  pièces  frappées  en  Espagne. 

N*  2.  Le  sestrrce,  restitution  d'Auguste  par  Nerva  (pi.  VI, 
n**  5),  a  été  publié  avant  moi  par  Capranes»,  dans  les  Annales 
de  r Institut  archéologique  de  Rome  (  t.  XIV,  pi.  0,  i842 ,  nM6 
et  p.  434).  Donc  ce  n'est  pas  une  pièce  inédite.  Ce  sesterce 
semble  offrir  des  particularités  qui  devraient  le  faire  considérer 
comme  une  pièce  faussa".  Voici  ce  que  dit  M.  l'abbé  Cavedoni  : 
a  Beaucoup  de  monnaies  d'Auguste  de  bronze  ont  été  restituées 
a  par  Titus,  par  Domitien  et  par  Nerva ,  toutes  sous  la  môme 
a  forme;  quelques-unes  n'onl  été  restituées  que  par  Titus  et  par 
a  Domitien  (  cf.  Eckhel,i).  TV.,  V,  p.  103-104).  Je  pense  donc 
a  que  la  pièce  restituée  par  Norva  a  été  imaginée  par  quelque 
(f  faussaire  peu  habile,  pour  compléter  cette  série  de  restitutions- 
«  Dans  les  restitutions  de  Titus  et  de  Domitien ,  on  lit  autour  de 
«  l'image  d'Auguste  :  DFVVS  AVGVSTVS  PATEK,  et  comme 
«  il  convient,  le  nom  de  l'empereur,  auteur  de  la  restitution,  est 
«  écrit  au  revers  de  la  pièce  autour  des  sigles  S.  C  Au  coi>- 
«  traire,  sur  la  pièce  restituée  par  Nerva,  le  nom  de  l'empereur 
a  est  écrit  autour  de  Timage  d'Auguste  divinisé ,  là  où  l'on  de- 
«  vrait  lire  DIVVS  AVGVSTVS  (sans  oublier  le  beau  titre  de 
a  PATER  ),et  cette  légende  est  transposée  d^une  manière  incon- 
0  venante  au  revers ,  et  écrite  autour  des  sigles  S.  C.  Auguste 
«  divinisé  est  assis  sur  un  trône ,  garni  d'un  dossier,  la  maia 
a  gauche  appuyée  sur  une  haste,  la  pointe  en  bas^  tandis  que 
«  sur  les  médailles  restituées  par  Titus  et  par  Domitien ,  l'em- 
0  pereur  déifié ,  assis  sur  un  trône  beaucoup  plus  simple,  s'ap- 
«  puie  sur  une  haste  pure,  comme  il  convient  dans  l'occasion.  » 

N"*  3.  M.  Cavedoni  avertit  que  la  légende  doit  se  lire  : 
C  CAESAR  AVG.  GERMANICVS  IMP.  PONT.  MAXIM. 
TRIBVN.  POTEST.  En  effet,  c'est  par  inadvertance  que  j'ai 
indiqué  comme  commencement  de  la  légende  le  mot  IMP. 
M.  Cohen  (Description  des  monnaies  frappées  sous   V empire 


CIJKOMQUE*  09 

romain,  t.  l ,  p^  150)  a  donné  ia  lecture  exacte  de  la  légende. 
N»  4.   La    légende    doit    se    lire    au    droit  :  C   CAESAR 

GERMANICI   F.   M.    A6RIPPAE  N.,  et  continuer  au  revers  : 

DIVI  AYGYSTl  PRON.  AVGVST.  GERMANICVS  PONT.  MAX. 

TR.POTEST.  COS. 
Ici  se  présente  une  difficulté  des  plus  graves.  M.  l'abbé  Cave- 

doni  s'exprime  ainsi  :  a  Cette  médaille  a  été  fabriquée -par  un 
tf  faussaire  maladroit ,  qui  regardait  Caîus  Caligula  comme  fils 
«de  Germanicus  et  d'Agrippine,  filie  de  M.  Agrippa  et  de 
•  Julie,  fille  d'Auguste,  ce  qui  résulte  évidemment  des  mots  : 
«M.  AGRIPPAE  Nepos,  légende  qui  n'est  pas  admissible.  Les 
«  médailles  et  les  inscriptions  donnent  à  Caïus  Galigula  les 
«tilres  de  Tiberii  AWGusti  Nepos,  DIVI  XyGusti  PRONe/^5. 
a  DIVI  IVLiï  AhNepos,  et  beaucoup  plus  souvent  le  seul  titre 
«  de  DIVI  AVG.  PRON.  Ainsi  sur  les  médailles  de  coin  romain, 
a  il  n'est  jamais  désigné  par  le  titre  de  Tiberii  Neto9,  qualifica- 
«  tîon  qui  lui  est  donnée  sur  une  médaille  frappée  à  Carthagènc 
«en  Espagne  (Eckhel,  D.  iV.,  Vï,  p.  218),  et  dans  deux  in- 
«  scriptions  (  Orellî,  Inscrip,  lot.  seleci,,  n**  5501  et  5396).  A 
«  partir  de  Tan  765  de  Varron^  date  de  sa  naissance,  Galigula 
«  ne  pouvait  avoir  d'autres  titres  que  ceux  de  Germanici  Cxsaris 
«  filius^  Tiberii  Cxsaris  nepos^  et  Augusti  pronepos ,  puisqu'en 
c  757  son  père 9  Germanicus,  avait  été  adopté  par  Tibère,  de- 
«  venu  lui-même  fils  adoptif  d'Auguste.  La  légende  de  la  mon- 
«naie  en  question  :  G.  CAËSAR  GERMANIGI  Yilius  M. 
«  AGRIPPAE  Ne/x»  n'est  pas  du  tout  admissible,  parce  qu'elle 
a  est  contraire  non-seulement  à  ce  que  les  monuments  et 
a  l'histoire  nous  apprennent  au  sujet  des  titres  officiels  du  fils 
«deGernnumicus,  mais  encore  parce  que  Galigula  était  on  ne 
fl  peut  plus  opposé  à  tout  ce  qui  aurait  pu  rappeler  sa  descen- 
fl  dence  de  la  famille  de  M.  Agrippa,  o 

Ensuite  M.  Cavedoni  cite  le  passage  de  Suétone  (tn  Calig,^ 
c.  ^  )  :  Agrippœ  se  nepotem  neque  crediy  neque  dici  ob  ignobili- 
totem  ejus  volebat  :  succensebatque,  si  qui  vel  oratione  vel  carminé 
imagimbuê  eum  Csesarum  insérèrent;  prasdicabat  autem  matrem 


70  CHRONIQUE. 

suam  ex  incesto ,  quod  Augustus  cum  Julia  fiiia  a^misisset  pro- 
creatam. 

ff  Maintenant,  ajoute  M.  Cavedoni ,  il  ne  me  reste  plus  qu'à 
«  rapporter  la  description  des  deux  antres  pièces  publiées  dans  la 
«  Retue  numismatique,  pièces  qui,  si  elles  n'offrent  pas  par  elles- 
«  mêmes  des  traces  évidentes  de  fausseté,  paraîtront  du  moins 
d  très  suspectes  à  bien  des  personnes ,  par  suite  de  la  mau- 
«  vaisc  impression  que  produisent  celles  qui  les  accompa- 
«[  gnent.  o 

N«  5.  Le  titre  CENS.PERPE.  attribué  à  Domitien  excite  la 
défiance  de  M.  Cavedoni.  La  légende  serait  régulière  s'il  y 
avait  Ch'NS.  PEBP.  P  P  [censor  perpetuus,  pater  patrix ). 

N"  6.  Les  deux  têtes  de  l'empereur  et  de  Jupiter  sur  la  mon- 
naie de  petit  bronze  de  Dioclétien  inspirent  des  doutes  au  savant 
numisniatiste  :  «Los  traits  et  la  barbe  de  IVmpereur,  dit-il, 
a  n'ont  pas  la  forme  ni  le  caractère  habituels,  ce  qui  donne  lieu 
«  de  soupçonner  que  le  droit  de  cette  monnaie  a  pu  être  retou- 
a  ché  et  façonné  à  l'imitation  des  monnaies  de  Postume  à  deux 
a  tètes  par  quelque  faussaire  moderne,  qui  aura  ainsi  transformé 
«  en  médaille  rare  une  monnaie  des  plus  communes.  » 

Ce  n'est  que  guidé  par  l'amour  de  la  science  que  M.  Tabbé  Ca- 
vedoni a  cru  devoir  présenter  ces  observations,  afin  que  les  ama- 
teurs peu  expérimentés  se  tinssent  pour  avertis.  Je  remercie 
l'illustre  savant  de  me  fournir  l'occasion  de  parler  de  nouveau 
des  six  médailles  choisies  dans  la  collection  de  M.  G.  Herpin. 
Mais  si  ces  pièces  n'avaient  pas  offert  des  particularités  neuves 
et  intéressantes,  et  si  j'avais  eu  le  moindre  soupçon  sur  leur 
authenticité ,  je  me  serais  gardé  de  les  publier  dans  la  Revue. 
Or  ces  pièces  ont  été  vues  et  examinées  par  les  numismatistes 
les  plus  habiles  de  Paris  et  de  Londres,  et  toutes  ont  été  recon- 
nues excellentes.  M.  Cohen  {Description  des  monnaies  frappées 
som  r empire  romain^  t.  I,  p.  70,  n'267)  a  décrit  la  médaille 
d'Auguste  parmi  les  grands  bronzes  de  coin  romain ,  et  aussi 
la  pièce  de  restitution  de  Nerva  (  ibid.^  p.  100,  n*  499). 

Les  deux  médailles  de  Caligula  ont  également  été  décrites  par 


CUftONlQtt.  71 

M. Cohen  {ibid.,  p.  i50,  n<»*  28  ei%),  qui  fait  précéd(T  leur 

description  de  la  note  suivante  : 

t  Les  deux  lAédailles  suivantes ,  qui  ont  fait  partie  du  cabine  t 
fl  de  M.  Herpin ,  quoique  paraissant  coloniales  par  l'absence  des 
fl lettres  8.  G.,  méritent,  d'après  leur  fabrique,  d'être  rangée» 
0  à  la  suite  des  médailles  romaines  de  Galigula.  » 

U  est  certain  que  l'objection  la  plus  grave  contre  Tauthentî  - 
cité  d'une  des  pièces  à  l'eflSgie  de  Galigula  (  n*  4  )  est  la  formule 
M,  Agrippx  Nepot  qu'on  ne  trouve  mille  pari  ailleurs  et  qui 
semble  tout  à  fait  contraire  aux  témoignages  de  Thistoire.  Il  est 
Irès-diflBcile  de  combattre  des  objections  qui  paraissent  aussi 
décisives,  et  de  donner  une  explicaiion  satisfaisante  de  cette 
singularité.  Mais  d'abord  il  existe  un  grand  nombre  de  médailles 
soit  coloniales,  soit  grecques,  qui  indiquant  des  noms  et  des  titre» 
inconnus  sur  les  médailles  impériales  frappées  à  Bome.  M.  l'abbé 
Cavedoni  lui-même  fait  observer  que  le  tîlre  de  Tibern  IVepoe, 
attribué  à  Gains  Galigula,  ne  parait  que  sur  une  monnaie  do 
coin  colonial  frappée  à  Garthagène.  Ne  pourrait- on  pas  sup- 
poser que  dans  un  endroit  éloigné  de  la  capitale  de  l'empire, 
à  Antioche  de  Syrie,  par  exemple,  ou  ailleurs,  on  eût  donné  à 
Galigula  un  titre  qui  se  trouvait  en  contradiction  avec  les  titres 
oflBciels?  Il  existe  tant  de  choses  singulières  dans  la  numisma- 
tique! Suétone  dit,  à  la  vérité,  que  Galigula  ne  voulait  pas 
passer  pour  le  petit-HIs  d'Agrippa;  mais  cette  remarque  de 
l'historien  donne  à  penser  qu'il  y  avait  des  gens  qui,  à  l'époque 
du  règne  du  petit- fils  adoptif  de  Tibère,  rappelaient  celte  ori- 
gine. Il  se  pourrait  même  qu'une  ville,  comblée  de  bienfait» 
par  Agrippa,  eût  tenu  à  rappeler  le  nom  de  ce  personnage.  (> 
qui  est  certain ,  c'est  que  la  colonie  de  Ga^saraugusta  dans  h 
Tarragonaise  a  fait  frapper  des  monnaies  avec  l'effigie  et  le  nom 
d'Agrippa,  sous  le  règne  même  de  Galigula.  Geci  résulte  de  la 
présence  des  noms  des  duumviri  Scipion  et  Montanus ,  ou  IV 
tullus  et  Montanus,  inscrits  aussi  bien  sur  les  pièces  à  l'effigie 
d'Agrippa  que  sur  celles  de  Galigula.  (Eckhel,  D.  N.y  1,  p.  37^ 
etYI,p.  166.) 


72  CHROxMQtE. 

Vaillant  (  Num.  Colon,  sub  Agrippa)  a  même  dit  que  Call- 
giila  irrité  avait  enlevé  à  toute  l'Espagne  le  droit  de  battre  mon- 
naie, à  cause  de  ce  fait;  mais  Eckhel  (  D.  N.,  I,  p.  3)  a  réfuté 
cette  assertion  de  Vaillant^  en  faisant  voir  qu'avant  le  règne  de 
Caligula  plusieurs  villes  coloniales  avaient  déjà  perdu  le  droit 
de  monnayage. 

Quant  à  l'abréviation  CENS.PERPE.  sur  la  médaille  de  Do- 
mitien ,  je  ferai  observer  qu'il  existe  des  abréviations  de  toute 
nature,  et  que,  comme  on  trouve  quelquefois  AVGV.  pour 
AVG. ,  il  se  peut  très-bien  qu'on  ait  écrit  PERPE  pour  P.,  PERP., 
PERPET.,  etc. 

Quant  à  la  pièce  à  deux  têtes  à  1  effigie  de  Diocléticn,  elle  n'a 
rien  d'insolite  pour  l'époque;  souvent  sur  les  monnaies  impé- 
riales du  m' siècle^  le  buste  de  l'empereur  est  accolé  à  celui  d'une 
divinité  protectrice.  Dans  mes  recherches  sur  la  numismatique 
des  Emitereurs  gallo-romains  du  ///'  siècle^  ouvrage  auquel  je 
travaille  depuis  plusieurs  années ,  je  publierai  quelques  pièces 
inédites  de  ce  genre.  Le  buste  de  Probus  est  quelquefois  accolé 
à  celui  d'une  divinité  qui  n'est  autre  que  le  Soleil»  à  tête  ra- 
diée. Les  rayons  sont  très^istincts>  et  très-visibles  et  cependant 
plusieurs  numismatisles  ont  voulu  voir  sur  le  grand  médaillon 
de  bronze  de  Probus  la  tète  de  sa  fennne  accolée  à  celle  de  Tem- 
pereur.  Un  quinaire  de  billon  du  Cabinet  impérial  et  royal  de 
Vienne  montre  fes  bustes  laurés  et  accolés  de  Probus  et  d'Her- 
cule. IMP.  C.  PROBVS  AVG.  ^.  VICTORIA  AVG.  Victoire 
debout,  tenant  une  palme  et  une  couronne;  de  chaque  côté  un 
captif  accroupi.  (  Arneth»  Synopsis,  p.  180,  n**  86.) 

Si  maintenant  la  gravure  ne  donne  pas  les  traits  exacts  de 
Dioclétien ,  ceci  doit  bien  plutôt  être  attribué  au  dessinateur  de 
la  Revue  qu'au  monétaire  ancien.  La  pièce  originale  est  gravée 
avec  le  plus  grand  soin^  et  le  coin  est  aussi  beau  que  ceux  que 
Ton  fabriquait  pour  les  pièces  d'or  de  ce  règne. 

Pour  terminer  cette  note,  j'ajoute  ici  les  prix  des  six  mé- 
dailles romaines  publiées  pL  Vl^  i857,  vendues  à  Londi*es  avec 
la  collection  de  M.  G.  Herpin.  Crs  prix  montrent  que  les  ama- 


CHRONIQUE.  73 

leurs  anglais  ont  accepté  comme  parfaitement  authentiques  les 
six  médailies  examinées  dans  cette  note. 

fr.       c. 

Catalogue,  n*  13.  Auguste 18  75 

—  n*    14.  Auguste  restitué  par  Nerva.  .  .  52  50 

—  n**  408.  Caligula. 32  50 

—  n*  409.  Idem 23  65 

—  n"  756.  Domitien 6  25 

—  n*  883.  Dioctétien 131  25 

J.  DE  WiTTE, 


MONNAIES  DES  INOES  ORIENTALES  NÉERLANDAISES. 


Il  manquait  jusqu'ici  un  ouvrage  sur  les  monnaies  des  Indes 
Orientales  Néerlandaises,  contenant  non-seulement  les  gravures 
des  monnaies  que  les  Européens  ont  fait  frapper  pour  ces  pays 
tant  en  Europe  que  dans  les  Indes  mêmes  ^  mais  aussi  celles 
cauléei  ou  frappées  par  les  princes  indigènes. 

Ces  dernières  monnaies ,  qui  ont  principalement  été  émises 
avant  la  conquête  des  différentes  parties  des  Indes  Néerlandaises, 
sont  très-rares  ;  plusieurs  d'entre  elles  ne  se  trouvent  que  dans 
le  Cabinet  de  numismatique  de  la  Société  des  sciences  et  des 
arts  de  Batavia  et  dans  celui  de  FUniversité  de  Leyde. 

C'est  après  un  travail  assidu  de  plus  de  deux  ans  que  M.  E. 
Netscher, maintenant  secrétaire  du  gouvernement  à  Batavia, 

1861.-1.  0 


7A  CHRONIQUE. 

conjointement  avec  M.  J.  A.  Yan  der  Chijs^  premier  employé 
au  secrétariat  général  des  Indes  Néerlandaises,  ont  presque 
terminé  un  ouvrage  qui  contiendra  250  monnaies;  le  texte  sera 
d'environ  160  pages  in-4'. 

Comme  la  Société  des  arts  et  des  sciences  est  chargée  pour  la 
majeure  partie  des  frais  de  la  publication,  les  exemplaires  ne 
reviendront  qu'à  quinze  francs  pour  ceux  qui  s'adresseront  di- 
rectement par  lettres  affranchies  à  MM.  Kemink  et  fils,  libraires, 
à  Utrecht,  correspondants  de  ladite  Société. 

On  a  joint  à  ce  prospectus  le  dessin  d'une  monnaie  indienne. 
Cette  pièce  n'est  pas  belle,  mais  elle  est  très-intéressante ,  comme 
ayant  été  frappée  ou  plutôt  coulée  à  l'ile  de  Java  dans  la  période 
de  transition  de  Thindouisme  à  l'islamisme. 

Aussitôt  que  les  exemplaires  seront  arrivés  de  Batavia,  ils 
seront  envoyés  aux  souscripteurs. 

P.  0.   Van   dbr   Chus, 

Professeur  à  l'Université 

et  directeur  du  Cabinet  numismatique. 

Leyde,  le  20  novembre  1860. 


NÉCROLOGIE. 


Alexis  Bigot,  né  à  Dinan,  département  des  Côtes- du-Nord, 
avait  été  nommé  simple  commis  dans  l'administration  des  con- 
tributions indirectes,  à  Rennes.  Ce  fut  durant  ces  fonctions  si 
désagréables^  qui  le  forçaient  à  aller  péniblement  chaque  jour 
exercer  dans  les  cabarets ,  et  qui  étaient  si  peu  en  rapport  avec 
l'éducation  qu'il  avait  reçue,  et  surtout  avec  la  délicatesse 
extrême  de  ses  sentiments,  que  Bigot  vit  sa  santé  s'altérer,  et 
commença  surtout  à  éprouver  les  symptômes  de  la  phthisie 
pulmonaire  à  laquelle  il  vient  de  succomber,  âgé  seulement 
de  trente- trois  ans. 

Malgré  les  fatigues  et  les  ennuis  de  son  métier,  il  s'était 
aionné  à  l'étude  de  la  numismatique,  vers  laquelle  ses  goûts 


CHRONIQUE.  76 

rentralnaîenl,  et  il  commença,  bien  qu'il  n'eût  que  peu  de  res- 
sources pécuniaires  (  car  il  n'avait  pour  vivre  que  les  émolu- 
ments si  minimes  de  son  emploi],  à  recueillir  toutes  les  mon- 
naies bretonnes  qu'il  put  se  procurer.  Ce  fut  alors  qu'il  conçut 
le  projet  de  combler  une  des  lacunes  de  la  science  en  publiant 
son  Essai  sur  les  monnaies  du  royaume  et  duché  de  Bretagne^ 
ouvrage  qui  parut  en  1857,  et  auquel  TAcadémie  des  inscrip- 
tions a  décerné  une  mention  très-honorable  dans  le  concours 
des  antiquités  nationales. 

Cet  ouvrage,  auquel  il  tn^vailla  avec  persévérance  et  amour, 
et  pour  lequel  il  exécuta  lui-même  tous  les  dessins  avec  un  talent 
remarquable ,  il  l'acheva;  mais  il  fut  obligé  de  vendre  sa  collec- 
tion de  pièces  bretonnes  pour  solder  le  prix  de  l'impression  de 
son  livre  et  de  la  gravure  des  nombreuses  planches  qui  en  font 
partie. 

Confident  de  ses  inquiétudes  à  ce  sujet,  j'ai  été  à  même  d'ap- 
précier ce  que  peut  la  passion  de  la  science.  Bigot,  en  effet,  ne 
s'était  laissé  rebuter  par  aucune  difiiculté  pour  accomplir  la 
résolution  qu'il  avait  prise  d'en  agrandir  le  domaine.  Une  amé- 
lioration dans  sa  position  d'employé  vint  trop  tard  ;  sa  santé 
avait  décliné  rapidement  sous  les  efforts  du  travail  et  de  l'étude. 
Cependant  il  luttait  avec  énergie  et  avait  commencé  à  réunir 
de  nouveau  tout  ce  qu'il  pouvait  se  procurer  de  monnaies  de 
l'ancien  duché  de  Bretagne  pour  en  former  une  nouvelle 
collection  qu'il  se  proposait  de  rendre  aussi  complète  que  la 
première,  dont  il  avait  fallu  se  séparer. 

Dans  ce  dessein,  dès  qu'une  trouvaille  était  annoncée  ou  lui 
était  connue,  il  bravait  la  fatigue  et  la  dépense  pour  en  aller 
acquérir  le  produit,  et  revenait  à  Rennes  en  étudier  la  valeur  et 
compléter  sa  chère  collection  par  des  échanges  ou  la  vente  des 
doubles. 

Lié  avec  Bigot  par  une  communauté  de  goûts  et  d'études, 
j'avais  souvent  reçu  la  confidence  de  ses  projets;  et  je  sais  qu'il 
allait  commencer  à  travailler  à  une  nouvelle  édition,  augmentée, 
du  livre  de  Mionnet  sur  les  médailles  impériales  romaines, 


76  CHRONIQUE. 

lorsque  l'annonce  de  la  réalisation  de  ce  projet  par  M.  Cohen 
vint  le  lui  faire  abandonner. 

Bigot  ne  connaissait  pas  moins  bien  les  monnaies  baronales 
ou  royales  de  toute  la  France^  et  les  médailles  romaines  que 
les  pièces  bretonnes.  Il  appréciait  judicieusement  l'importance 
scientifique ,  la  rareté  comme  la  valeur  commerciale  de  tous 
ces  monuments. 

Peu  de  t<împs  avant  la  mort  d'Alexis  Bigot,  M.  Feuardent, 
numismatiste  distingué^  avait  été  chargé  de  lui  proposer  la 
place  de  sous-conservateur  au  Cabinet  des  médailles  de  Saint- 
Pétersbourg,  et  lui  écrivit  à  ce  sujet.  Mais  la  santé  de  notre 
jeune  ami,  qui  était  tout  à  fait  ruinée,  ne  lui  permit  pas  d'ac- 
cepter ce  poste  honorable,  et  il  le  refusa.  Il  ne  tarda  pas,  en 
effet ,  à  succomber  à  la  maladie  contre  laquelle  il  luttait  depuis 
longtemps. 

Bigot  avait  une  riche  organisation  intellectuelle ,  le  sentiment 
(les  arts  ;  ses  goûts  le  portaient  vers  tout  ce  qui  tenait  à  Tar- 
chéologie;  son  jugement  était  prompt  et  sur;  son  ftme  impres- 
sionnable se  révoltait  contre  tout  ce  qui  était  injuste  ou  même 
indélicat.  Nul  plus  que  lui  n'éprouvait  pour  ceux  qu'il  croyait 
ses  véritables  amis  un  attachement  plus  vrai,  plus  profond,  et 
n'était  plus  disposé  à  leur  donner  des  preuves  de  sa  reconnais- 
sance pour  les  services  qu'ils  avaient  pu  lui  rendre. 

Tel  était  le  jeune  et  modeste  savant  que  la  mort  a  frappé  trop 
tôt  pour  la  science,  et  à  la  mémoire  duquel  tous  les  amis  de  la 
numismatique  payeront,  sans  nul  doute,  un  juste  tribut  d'éloges 
et  de  regrets. 

D'   ToULMOtCHE. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPÉRIER 


LA  NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

Hnitième  article.  — Voir  le  n«  6  de  1858,  p.  437;  le  n»  5  de  1859,  p,  313; 
le  n*  6  de  la  même  année ,  p.  401  ;  le  n«  3  de  1860 ,  p.  164  ;  le  n"  4 , 
p.  249  ;  le  n*  5,  p.  345  et  le  n*  6  de  la  même  année,  p.  409. 


XIL 
Monnaies  des  Êdutns* 

Mon  cher  ami,  peu  à  peu  la  lumière  se  fait,  à  mon 
grand  contentement ,  et  je  serai  charmé  d'avoir  ton  avis 
sur  le  classement  que  je  propose  d'appliquer  à  toute  une 
série  de  monnaies  de  nos  vieux  Gaulois.  Ce  n'est  pas  à  la 
légère,  maïs  après  un  long  et  mûr  examen  que  je  suis  ar- 
rivé aux  résultats  que  je  vais  te  proposer,  avec  Tespoir 
d'avoir  reconstitué,  à  l'aide  des  monuments  numisroatiques 
seuls,  une  assez  grande  période  de  l'histoire  des  Éduens  ; 
je  ne  te  ferai  pas  perdre  de  temps  à  lire  des  considérations 
générales  qui  trouveront  leur  place  ailleurs;  j'ai  mieux  à 

1861.— 2.  7 


78  VlliMOlKES 

faire,  et  je  me  bornerai  à  te  signaler  Tordre  relatif  et  la 
signification  que  j'assigne  avec  confiance  à  une  ample 
série  de  pièces  déjà  connues,  mais  restées  pêle-mêle  jus- 
qu  ici  diàns  nos  collections. 

Comme  cela  se  présente  invariablement  pour  toutes  les 
séries  de  monnaies  gauloises,  les  plus  anciennes  pièces 
qu'il  soit  convenable  d'attribuer  aux  Éduens,  sont  des  sta- 
tères  et  des  quarts  de  siatère,  aiix  types  des  Philippes  d'or, 
et  se  rapprochant  assez  pour  le  style  et  la  fabrique,  des 
belles  monnaies  grecques  qui  ont  servi  de  modèle.  La  lé- 
gende du  revers  $IAinnOï  se  lit  encore  fort  correcte- 
ment sur  le  statère  »  bien  que  le  dessin  révèle  réellement 
la  main  d'un  artiste  étranger  à  la  Grèce. 

Sur  le  quart  de  statère,  la  légende^!  AI  niIOY  ne  se  re- 
trouve plus,  faute  de  place  sans  doute,  et  le  char  est  traîné 
par  un  seul  cheval.  Sur  )e  statère,  on  voit  dans  le  champ 
au-dessous  du  ventre  des  chevaux ,  une  lyre  retournée.  Sur 
le  quart  de  statère,  la  lyre  est  redressée.  Mais  le  style  et 
le  dessin  dénotent  pour  cette  pièce  un  âge  plus  rappro- 
ché de  nous,  bien  que  ne  s' éloignant  pas  trop  de  l'origiDe 
du  monnayage  gaulois. 

La  série  des  monnaies  à  la  lyre  s'est  prolongée  fort  tard, 
puisque  nous  en  retrouvons  la  trace  à  l'époque  même  où 
César  a  fait  sa  première  apparition  daifs  les  Gaules.  Voki 
en  gros  l'énumératioii  des  monnaies  qui  rentrent  dans  celle 
série.  Ce  sont  d'abord  les  belles  pièces  d'or  que  j'ai  atlri- 
buées  aux  Mandobiens  (statère  et  quart  de  statère) ,  et  qui 
sont  indubitablement  phis  modernes  que  les  pièces  décrites 
en  premier  lieu  ^  Je  ne  parle  pas  des  potins  des  Mandubîens  ; 
ce  sont  certainement  des  produits  du  dernier  monnayage 

i  Vo7«B  Rnuinumiim.^  1860,  p.  165  et  siiir. 


ET  DISSEITATIONS.  79 

des  Gaulois.  Viennent  ensnite^  toujours  dans  l'ordre  d^an- 
cieDoeté  relative,  des  statëres  et  quarts  de  statëre  d'or  pâle, 
4  la  tète  coiffée  de  grandes  boucles,  et  qui,  en  outre  de  la 
lyre  placée  entre  les  jambes  des  chevaux,  offrent  devant  le 
poitrail  une  sorte  de  tête  de  timon  ornée  de  perles^  Devant 
la  bouche  d'Apollon,  on  voit  au  droit  un  double  fleuron  qui 
rappelle  singulièrement  les  pièces  de  fabrication  biturige 
telles  que  les  statères  aux  légendes  ABYDOS,  ABYCATO^ 
SOLIHA,  etc.  Nous  tirerons  un  peu  plus  loin  quelques 
conséquences  de  cette  remarque  qui  n'est  pas  sans  impor- 
tance. 

Des  monnaies  d'argent  sont  étroitement  liées  à  cette  der* 
niëre  série  monétaire,  ainsi  que  l'a  démontré,  lepi^mier^ 
notre  ami  La  Saussaye*  ;  ce  sont  les  pièces  k  la  tète  coiffée 
des  mêmes  grandes  boucles,  portant  an  revers  le  cheval 
nu  galoppant  à  droite,  accompagné  de  la  lyre  et  dû  timon 
orné  placé  devant  son  poitndK 

De  ces  dernières  pièces  d'argent,  on  passe  par  une  tran- 
aitiôti  toute  naturelle  et  immédiate  i  aux  heaivai  et  rares 
deniers  d'ai^gént  ofirant  au  droit  la  même  tète  accompagnée 
de  la  légende  EDYIS,  et  an  revers  un  ours  accompagné  à 
l'exergue  du  nom  de  l'Hehètet  ORGITIRIX.  Tu  te  rappelles 
à  merveille  le  magnifique  prototype  de  ces  rares  monnaies, 
décrit  par  La  Sailssaye,  et  offrant  au  droit  la  tête  de  Diane 
des  drachmes  de  Marseille,  et,  au  revers,  un  ours^  du  plus 
charmant  dessin**  Évidemment,  cette  monnaie  a  été  gravée 
par  un  des  plus  habiles  artistes  grecs  de  Mars^tte,  et 
imitée  faât  bien  que  mal  par  les  monétaires  édnend.  Noud 
reviendrons  plus  tard  sur  les  monnaies  d'Orcitim  ;  oc- 

>  Revue  mimtjfn.,  1860  ,  p   103 ,  et  déjà  en  1846  dai8  ]e  tome  Wll  dei 
ÀnnaUM  de  Tinsi,  àrch,  de  HtnM. 
•  yayet  JbeiM  nMttim,,  1860,  pi.  IV,  n^. 


60  MÉMOIRES 

cupons-nous  donc  de  celles  qui  sont  purement  éduennes. 

Parallèlement  à  la  série  des  statères  et  quarts  de  statère 
au  symbole  de  la  lyre,  le  pays  éduen  en  vit  fiapper  une 
autre,  dans  un  second  centre  d'émission  apparemment,  et 
avec  un  emblème  tout  différent;  nous  allons  la  passer  en 
revue. 

Ce  qui  caractérise  ces  jolies  monnaies,  c'est  la  présence 
d'un  nouvel  emblème  placé  sous  les  chevaux  du  bigç,  et 
qui  n'est  autre  chose  qu'un  épi  accompagné  d'une  longue 
bractée  ou  feuille.  Ce  sont  des  armes  parlantes-,  car  dans 
la  langue  gauloise,  comme  dans  les  idiomes  modernes  qui 
en  sont  dérivés ,  un  épi  se  dit  édh.  Les  terres  éduennes 
étaient-elles  des  terres  à  blé,  dans  l'antiquité  plus  encore 
qu'aujourd'hui?  il  n'y  a  rien  là  que  de  très-possible;  car  la 
culture  de  la  vigne  ne  remonte  certainement  pas  au  berceau 
même  de  la  puissance  politique  des  Éduens. 

Les  pièces  d'or  de  cette  nouvelle  série  me  paraissent  un 
peu  plus  modernes  que  celles  à  la  lyre  et  la  légende 
*IAinnOY,  soit  à  cause  de  la  fabrique  qui  est  sensible- 
ment moins  bonne ,  soit  à  cause  de  la  détérioration  de  la 
légende  qui  ne  présente  plus  que  des  traits  parallèles,  sans 
formes  de  lettre.  Sur  les  quarts  de  statère  de  l'émission 
primitive,  le  char  est,  comme  sur  les  statères,  attelé  de 
deux  chevaux.  Nous  ne  connaissons  pas  de  monnaies  d'ar- 
gent avec  le  type  de  l'épi. 

Une  dernière  série  de  pièces  d'or  des  deux  modules  ap- 
partient à  la  fabrication  éduenne.  Ce  sont  encore  des  sta- 
tères et  quarts  de  statère  dont  une  trouvaille  a  été  faite  sur 
les  bords  du  Rhône ,  du  côté  de  Crémieux,  et  que  je  ne 
saurais  néanmoins  attribuer  aux  Âllobroges.  Ces  pièces, 
d'un  style  assez  barbare,  offrent  (statères)  une  tête  devant 
laquelle  il  semble  qu'on  ait  voulu  graver  un  A.  Sur  la  joue 


ET  DISSERTATIONS.  81 

d* Apollon  ,  on  aperçoit  trois  gros  points  placés  en  triangle 
m  avant  de  T oreille.  Au  revei*s,  le  bige  chemine  à  gauche, 
et  Ton  aperçoit  Tépi  éduen,  entre  la  roue  du  char  et  les 
pieds  de  derrière  des  chevaux.  A  l'exergue,  on  retrouve  les 
éléments  lllini  du  nom  4>t)a7nroi»  des  statères  de  Philippe. 

Le  quart  de  statère  ne  porte  plus  qu'un  seul  point  sur 
la  joue  d'Apollon  ;  mais  au  revers  on  lit  A  M,  au-dessous 
des  pieds  des  chevaux.  Ces  monnaies,  je  les  donne,  avec 
une  certaine  confiance,  aux  Ambarres,  clients  des  Éduens. 

A  ce  système  monétaire  se  rattachent  des  petites  pièces 
d'argent  d'un  style  très-barbare,  offrant  au  droit  une  tête 
casquée,  derrière  laquelle  parait  une  croix  formée  de  quatre 
gros  points,  et  que  je  suppose  n'être  qu'une  dégénérescence 
de  la  sigle  du  denier  delà  République  romaine,  c'est-à  dire 
de  rx.  Au  revers  parait  un  cheval  galoppant  à  gauche  avec 
le  timon  orné  se  rattachant  aii  poitrail.  Le  cheval  est  libre, 
autrement  dit,  il  n'est  ni  sanglé  ni  bridé.  Au-dessus  et  au- 
dessous  du  cheval,  on  voit  le  plus  ordinairement  une 
rouelle  à  quatre  rayons ,  ou  un  cercle  simple ,  quelquefois 
accompagné  (au-dessus)  de  deux  G  tournés  en  sens  inverse 
(au-dessous  d'un  G  renversé,  sic  cj). 

Je  place  encore  ici,  chronologiquement  parlant,  de  larges 
pièces  de  potin ,  offrant  au  droit  une  tête  réduite  à  quel- 
ques simples  linéaments  terminés  par  de  gros  globules,  ac- 
compagnés en  ouue  de  globules  représentant  le  nez  et  le 
menton.  Les  linéaments  semblent  former  au  bas  du  visage 
un  large  triangle  dont  nous  retrouverons  plus  tard  une  dé- 
générescence très-reconnaissable.  Au  revers,  paraît  un 
anunal  informe ,  représenté  avec  deux  pieds  seulement, 
dont  celui  de  derrière  est  prolongé  outre  mesure,  comme 
s  il  se  fût  agi  de  représenter  un  kangarou.  Au-dessus  de 
l'animal  paraît  un  (orques  qui  devint  plus  tard  le  signe 


82  «ÊMOIRES 

suivant  J/.  Comme  j'ai  rencontré  partout  ces  monnaies  sur 
le  territoire  éduen,  et  comme  je  ne  les  ai,  pour  ainsi  fire, 
rencontrées  que  là,  il  ne  me  reste  pas  de  doute  sur  leur  ori- 
gine réelle. 

Nous  voici  arrivés  à  un  point  où  Tépigraphie  va  joner  ud 
rôle  important.  L'or  disparaît ,  mais  l'argent  abonde.  Les 
pièces  qui  s'offrent  avec  tous  les  caractères  de  la  priorité 
sont  des  deniers  d'argent  que  la  tète  casquée  rattache  aux 
aoépigraphes  décrites  ci-dessus. 

Au  droit ,  paraît  une  tête  casquée  tournée  à  droite ,  et 
dont  le  casque  est  orné  de  festons  et  de  globules.  Devant  la 
tète  on  lit  NORBO.  sur  un  bel  exemplaire  de  la  collection 
numismatique  de  la  ville  de  Metz.  Au  revers,  le  cheval 
libre  galoppe  à  droite  ;  au-dessus  paraît  un  annelet,  et  au- 
dessous  la  légende  PVBN.  La  même  pièce,  quant  aux  types^ 
existe  sans  légende ,  mais  avec  un  annelet  au-dessus  et  au- 
dessous  du  cheval  qui ,  cette  fois ,  est  sanglé  et  bridé. 

Enfin,  une  troisième  variété  offrant  exactement  les  même» 
types  que  la  seconde,  porte  au-dessus  du  cheval  la  légende 
DVBNO. 

Impossible  de  donner  à  Dubnorix  ces  trois  deniers  qui 
diffèrent  essentiellement,  comme  types  et  comme  fabrique 
de  ceux  qui  reviennent  de  plein  droit  à  ce  chef  des  Éduens* 
11  devient  certain  lorsque  l'on  compare  attentivement  les  de^ 
niers  des  DYBNO-NORBO  avec  les  deniers  de  DYBNOREX  * 
qu'un  long  espace  de  temps  a  dû  s'écouler  entre  les  émis* 
sions  ordonnées  par  ces  deux  personnages. 

Mais  si  nous  nous  rappelons  que  Dubnorix  a  frappé  de^ 
monnaies,  avec  le  nom  DVBNOCOV,  du  côté  de  la  tète". 


*  Bwue  nwmûin.,  1860,  pi.  V,  n"  3. 
«  /û»tf.,  pi.  V,n"4,  5,6. 


ET      DISSERTATIONS.  SS 

Qous  serons  conduits  à  voir  dans  le  DVBMOdes  deniers  que 
je  viens  de  décrire,  le  Dubnocos,  père  de  Divitiac  et  de 
Dubnorîx,  dont  la  numismatique  seule  nous  a  conservé  le 
nom.  Remontant  de  la  mêo^e  manière  et  par  induction  aux 
légendes. des  deniers  de  ce. Dubnocos,  nous  serons  amenés 
à  conclure  que  le  père  de  celui-ci  avait  un  nom  commen- 
çant par  les  syllabes  NORBO. 

Nous  savons  que  Divitiac  fut  assez  fidèle  ami  des  Ro- 
mains pour  condamner  les  manœuvres  usurpatrices  de  son 
frère  Dubnorix  ;  nous  devons  donc  croire  qu'il  ne  fut  émis 
chez  les  Éduens  que  des  monnaies  républicaines,  pendant 
toute  la  durée  de  son  autorité  et  de  celle  de  son  ami  Liscus , 
lorsque  celui-ci  était  vergobret.  Dubnorix  essaya  de  se 
iaire  concéder  la  puissance  royale  (César  nous  le  dit  expiées- 
sèment^),  et  si  son  père  avait  usurpé,  comme  je  le  crois,  la 
souveraine  puissance,  il  conspira  avec  Orcitirix  et  Gasticus 
pour  recouvrer  ce  qu'il  se  croyait  légitimement  dû,  puisque 
son  frère  Divitiac  y  avait  renoncé. 

Conmient  se  fait-il  que  pendant  la  ligue  contre  Arioviste, 
nous  ne  voyons  paraître  aucune  pièce  éduenne?  Ce  fait 
s*explique  par  l'abondance  des  jolis  petits  deniers  dont  on 
trouve  une  énorme  quantité  dans  l'est  de  la  France,  et  qui 
présentent  quatre  types  distincts  au  revers  de  la  t^te  cas- 
quée des  quinaires  de  la  République  romaine. 

1*  Le  cheval  bridé  et  sanglé,  galoppant  à  gauche,  avec 
l'indice  X  du  denier  au-dessus  de  la  croupe,  et.  une  rouelle 
à  quatre  rayons  sous  le  ventre. 

2*  Même  cheval,  au  dessus  KAA,  légende  générale  des 
Celtes,  et  au-dessous  ,^  la  rouelle  à  quatre  rayons. 

3*  Même   cheval,  double  grènetis  au  droit,  un  pied 

•  ^ommtnt.,  lib.  I,  cap.  XVIIl. 


8A  MÉMomKS 

de  devant  posé  à  terre  et  l'autre  levé.  Légendes  KAA- 
EAOV. 

4*  Double  grènetis  au  droit;  derrière  la  tète  X. 

if.  Même  cheval  levant  un  pied.  Légende  KAAET-EAOV. 

A  cette  longue  émission  de  pièces  d'argent  correspond, 
peut-être ,  celle  des  pièces  de  potin ,  essentiellement 
éduennes,  aux  deux  profils  opposés,  et  offrant  au  revers  le 
sanglier  avec  le  monogramme  A  (EA)  ou  les  légendes 
^\a*  ®^  AS*  ^  dernière  de  ces  légendes,  f  ai  déjà  pro- 
posé de  la  lire  AVSS  *  (Aussioderi  pour  Autessioderi).  La 
première  OVINAIA  dont  on  n'a  rien  su  faire  de  bon 
jusqu'ici,  ne  pourrait-elle  pas  aussi  se  déchiffrer  en  com- 
mençant par  la  ligne  inférieure ,  ce  qui  nous  donnerait  le 
mot  AIAOYIN,  dans  lequel,  cette  lecture  une  fois  ad- 
mise, il  serait  difficile  de  ne  pas  reconnaître  l'ethnique  des 
Éduens. 

Revenons  aux  petites  pièces  d'argent  au  type  éduen.  J'ai 
déjà  appelé  ton  attention  sur  les  quinaires  que  f  attribue  au 
vergobret  Convictolitanis',  intronisé  par  César  au  détriment 
deCotus,  frère  de  Valetiac.  Que  fait  Convictolitanis?  Il  re- 
prend exactement  les  types  des  quinaires  républicains  et 
semi-romains  de  Divitiac  et  de  Liscus ,  c'est  à-dire  la  tête 
casquée  entourée  du  double  grènetis,  et  au  revers  le  cheval 
sanglé  et  bridé  galoppant  à  gauche,  avec  un  enroulement  de- 
vant le  poitrail,  et  sous  le  ventre  un  symbole  qui  ressemble 
parfois  à  un  pied,  parfois  à  une  main  fermée  ;  au-dessus 
de  l'animal  se  voit  une  légende  qui  offre  les  deux  formes 
suivantes  C  OHE  et  C 0^7  F,  que  je  lis  CONYIC. 

Je  viens  de  te  rappeler  que  Valetiac ,  frère  de  Gotus, 

i  Betutnumistn.y  1858,  p.  287. 
•  Bttuê  numism,j  1858,  p.  286. 


ET   DfSSERTATiONS.  85 

élaille  vergobret  en  exercice  l'année  qui  précéda  la  nomi- 
natioo  de  Conyictolitanis  par  César.  Je  suis  heureux  de 
l'annoncer  que  j'ai  retrouvé  un  denier  de  ce  personnage 
qui  se  montra  peu  soucieux  de  conserver  les  monnaies 
anonymes  de  ses  prédécesseurs.  Je  possède  une  très-cu- 
rieuse pièce ,  globuleuse  comme  les  quinaires  à  la  légende 
KAA-EAOV,  ofirant  exactement  la  même  tête  casqnée  au 
droit,  avec  la  légende  malheureusement  incomplète  LEIHACO, 
dans  laquelle  il  serait  difficile  de  ne  pas  voir  le  nom  Yale- 
tiacos,  et  au  revers  le  cheval  sanglé  et  bridé ,  avec  un  pied 
posé  à  terre ,  et  les  restes  manifestes  de  la  légende  €  AO. 

Tu  vois  que  tous  ces  curieux  petits  monuments  se  lient  et 
s'expliquent  les  uns  par  les  autres. 

C'est  maintenant  le  moment  de  revenir  aux  monnaies 
d'Orcitirix.  Nous  avons  déjà  vu  lapièxre  à  l'ours,  pièce  qui  est 
évidemment  née  de  la  conspiration  d'Orcitirix  avec  Casticus 
et  Dubnorix.  11  n'y  aurait  rien  d'étonnant  à  ce  que  le  chef 
belvétien  eût  fait  fabriquer  des  monnaies  analogues  pour 
son  allié  de  Séquanie  ;  jusqu'ici  on  ne  les  connaît  pas. 

Le  nom  d'Orcitirix  se  présente  sur  des  deniers  frappés 
avec  plusieurs  types  différents;  mais  ayant  un  flan  nota- 
blement plus  large  que  celui  des  monnaies  éduennes.  Voici 
l'énumération  de  ces  types. 

Tête  à  gauche  avec  la  chevelure  formée  de  traits  paral- 
lèles et  un  diadème  perlé  ;  devant  ATPILI.F. 

ij'.  Cheval  galoppant  à  gauche.  Au-dessus  ORCITIRIX. 
Au-dessous  une  étoile,  ou  un  poisson ,  semblable  à  celui 
des  deniers  d'argent  à  la  légende  SOLIMA. 

Tête  à  gauche  avec  collier  ou  lorqvès;  devant,  GOIOS. 

H.  Cheval  galoppant  à  gauche  ;  au-dessus  ORCITIRIX  ;  à 
l'exergue  séparée  par  un  trait,  un  cercle  rayonnant. 

Je  ne  doute  pas  qu'il  ne  faille  conclure  delà  teneur  de  ces 


S6  MÉMOIRES 

légendes  que  Tiielvète  Orcitirix  avait  pour  père  un  persoa- 
oage  noxonsée  Atpilus.  Tu  te  rappelles  que  ce  nom  a  été 
porté  par  ud  chef  peut-être  carnute,  et  fils  d'un  autre 
cbef  nommé  Toutobocius.  Que  signifie  le  mot  COIOS?  On 
Tignore.  J'aurais  été  bien  tenté  d*y  voir  le  commencement 
du  nom  de  Casticus,  qui  se  serait  appelé  en  réalité  Coiosticm; 
mais  cela  est  par  trop  invraisemblable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  tête  de  nos  deniers  d' Orcitirix  est 
identique  pour  la  fabrique  et  la  tournure  avec  celle  de  l'un 
des  deniers  de  Dubnorix  :  c'est  celui  où  ce  cbef  parait 
debout  au  revers ,  marchant  à  gauche  et  présentant  l'éten- 
dard gaulois  surmonté  du  sanglier.  Pour  moi ,  cette  variété 
est  contemporaine  des  deniers  d'Orcitirix  avec  les  légendes 
ATPILl.F,  et  COIOS.  Nous  avons  déjà  constaté  que  la  tête 
du  droit  est  accompagnée  de  la  légende  DVBXOCOV,  qui 
nous  fait  connaître  le  nom  du  père  de  Dubnorix.  Celui-ci 
a  fait  frapper  d'autres  deniers,  postérieurement,  sans  aucun 
doute,  et  probablement  vers  l'époque  où  il  fut  mis  à  mort 
près  du  PortusItiusS  avant  la  seconde  expédition  de  César 
en  Grande-Bretagne.  La  tête  est  toute  différente  de  celle 
des  premières  pièces ,  et  au  revers  Dubnorix  debout  et  de 
face  tient  de  la  main  droite  un  carnyx  et  un  étendard  au 
sanglier,  et  de  la  main  gauche  une  tête  coupée  '.  Quant  aux 
légendes ,  elles  sont  les  mêmes  que  sur  les  monnaies  de  la 
première  espèce. 

Viennent  enfin  les  jolis  deniers  de  Lita viens ,  deniers  bien 
connus  et  qui  ont  une  analogie  frappante,  quant  au  type  du 
droit,  avec  les  deniers  de  Verotal  et  de  Lucterius. 

J'insiste  encore  sur  ce  point  que  les  monnaies  d' Orcitirix 


*  Ca'sar,  Comment.,  lib.  V,  cap.  VII. 

•  hcvue  numism.,,  186),  pi.  V,  n"»  et  0. 


ET   DJSSERTATIONS.  S7 

et  de  DubDorix  ont  une  identité  palpable  de  fabrique; 
({oe  ceuic  de  Lîtavicus  ne  s'en  rapprochent  que  trës^peu, 
et  qu*à  priori  il  est  tout  naturel  d'affirmer  que  ces  rares 
monnaies  a*  ont  pas  été  frappées  au  centre  même  du  pays 
des  Éduens.  Ce  sont  en  quelque  sorte  des  mmeU  caêlrenses. 

Je  puis  maintenant  revenir  aux  différents  groupes  de 
monnûes  émis  parallèlement  dans  divers  centres  de  la 
population  éduenne.  Les  pièces  &  la  lyre  me  semblent 
appartenir  à  la  région  la  plus  voisine  du  pays  des  Bituriges, 
prédsément  à  cause  du  double  fleuron  placé  vis-àrvis  la 
bouche  d'Apollon.  J'admettrais  assez  volontiers  que  ces 
pièces  ont  été  frappées  du  côté  de  Decetia  (Decize)  ;  les 
monnaies  des  Handubiens  s'y  rattachent  assez  étroitement, 
et  effectivement  les  deux  points  sont  assez  proches  voisins. 
Les  pièces  à  Fépi ,  bien  voisines  des  Ambarres,  auraient  été 
alors  fabriquées  à  Bibracte  même ,  et  quelques-unes  peut- 
être  soit  à  Matiscon,  so{t  à  Cabillonum  ;  c*est  ce  que  Tobser- 
tion  attentive  des  provenances  nous  apprendra  quelque  jour* 

Nous  ne  sommes  point  encore  arrivés  au  bout  du  cata- 
logue des  monnsûes  éduennes.  Nous  avons  vu  quelles  furent 
les  espèces  républicaines  émises  pendant  la  présence  de 
César  dans  les  Gaules,  et  les  espèces  nominales  frappées  au 
nom  des  chefs  éduens  rebelles  à  la  conquête.  Lorsque  cette 
conquête  fut  un  fait  accompli ,  d'autres  personnages  se 
virent  investis  de  l'autorité  suprême,  sous  le  patronage  de 
Rome,  et  nous  en  connaissons  dès  à  présent  deux,  trois 
peut-être,  qui  se  succédèrent  de  père  en  fils,  jusqu'à  la 
suppression  de  l'autonomie  nsonétaire  des  Gaulois. 

Tu  connais  parf^dtement  et  tout  le  monde  connaît  \e^ 
jolis  quinaires  d'argent  du  chef  désigné  par  la  lé* 
gende  Q,  DOCI  SAM.  F.  Je  complète  ainsi  cette  légende  : 
Quinltis  Docirix  SamilU  fiUt^,  Le  type  de  ces  quinaires  j 


88  i^ÈMomEs 

qu*OD  a  bien  fait  de  refuser  d'une  inai)iëre  définitive  aux 
Santons,  portent  des  types  tellement  identiques  avec  ceux 
des  quinaires  éduens ,  qu'il  n'est  pas  possible  de  classer 
ces  monnaies  à  une  autre  peuplade.  Elles  sont  extrême- 
ment communes  dans  tout  l'est  de  la  France ,  en  Franche- 
Comté  surtout.  Je  serais  donc  bien  tenté  de  croire  qu'un 
chef  des  Séquanes  a  été  placé  par  les  Romains  à  la  tête  des 
nations  celtiques,  ne  fût-ce  que  pour  punir  les  Éduens  de 
leur  défection  pendant  la  campagne  de  Gergoviaet  d'Alesia. 
Docirix  prend  le  prénom  Quintus ,  qui  était  celui  de 
Cicéron,  qui  occupa  la  Séquanie  avec  ses  légions,  et  put 
fort  bien  se  créer  dans  ce  pays  des  amis  puissants  et  des 
clients.  Le  père  de  Docirix  fut  probablement  un  de  ces  clients 
auquel  la  protection  romaine  valut  un  nom  et  l'autorité. 
Mous  connaissons  en  effet  de  beaux  potins  que  Ton  trouve 
presque  exclusivement  aux  environs  de  Besançon ,  et  qui 
portent  au-dessus  de  la  couroime  de  l'effigie ,  les  lettres 
Q.SAM.  Ce  sont  des  monnaies  de  Quintus  Samillus,  père 
de  Docirix.  Celui-ci  succéda  à  soo  père,  et  continua  le 
même  système  monétaire,  en  fabriquant  en  outre  une  im- 
mense quantité  d'espèces  d'argent.  Nous  trouvons  eu  effet 
des  potins  presque  identiques  avec  ceux  de  Samillus,  et 
portant  au-dessus  de  la  couronne  la  légende  DOCI.  ou  DOC, 
au  lieu  de  Q.SAM.  Ce  sont  des  monnaies  de  Docirix  frap- 
pées en  Séquanie,  par  le  fils  et  successeur  de  Samillus. 

D'autres  potins  offrant  au  bas  de  la  tête  le  large  triangle 
que  je  t'ai  fait  remarquer  sur  les  premiers  potins  des 
Éduens,  portent  au  revers,  autour  du  cheval  sanglé  et  bridé, 
la  légende  plus  ou  moins  complète  :  DO.  ou  Q.DO.  ou 
DOC,  ou  enfin  Q.DOC  et  Q.DOCl.  Ce  sont  des  monnaies 
émises  chez  les  Éduens,  en  même  temps  que  les  quinaires 
'  d'argent  du  même  Quintus  Docirix. 


KT    DISSERTATIONS.  89 

Les  potins  anépîgrapbes ,  niais  au  inëine  type  que  ceux 
aux  légendes  Q.SAM  et  DOCI  écrites  au-dessus  de  la  cou- 
ronne, sont  les  premières  espèces  émises  par  Samillus, 
avant  qu'il  lui  fût  permis  de  signer  ses  monnaies. 

Reste  enfin  un  personnage,  Togirîx,  dont  les  types  moné- 
tsûres  sont  les  suivantes  : 

Quinaires  d'argent.  Tète  casquée  avec  la  légende  TOGIRIX. 

^\  Cheval  libre  galopant  à  gauche,  au-dessus  TOGIRI 
ou  TOGIRIX.  Sous  le  cheval  une  branche  garnie  de  baies. 
Pièce  très- commune  partout. 

Potin.   Tête  à  gauche ,  sans  le  triangle  caractéristique. 

^\  Cheval  libre  galopant  à  gauche,  au-dessus  TOG.  Très- 
commun  en  Franche-Comté. 

Potin  de  bonne  fabrication.  Tête  casquée,  à  droite  TOG. 

i(.  Lion  courant  à  droite,  au-dessous  TOG.  et  sur  deux 
exemplaires  connus  jusqu'ici,  TOGIR. 

Tu  as  déjà  fait  remarquer*  que  la  forme  TOGIRI ,  quand 
l'espace  ne  manquait  pas  au  graveur,  pourrait  indiquer 
l'abréviation  de  géniiU  Togirigis  ;  cela  est  fort  juste.  Nous 
pourrions  donc  voir  deux  Togirix ,  fils  l'un  de  l'autre ,  et 
qui  auraient  été  successivement  revêtus  du  même  pouvoir 
souverain. 

Restent  enfin  de  rares  quinaires  d'une  fabrication  bien 
plus  barbare,  offrant  au  droit,  devant  la  tête  casquée,  le 
nom  IVLIVS,  et  au  revers,  au-dessus  du  cheval  sanglé  et 
bridé,  la  légende  TOGIRI. 

Pour  toi  comme  pour  moi,  j'en  suis  sûr,  il  s'agit  d'un 
Julius,  fils  de  Togirix. 

Où  ont  été  frappées  les  pièces  de  Togirix ,  et  de  son  fils 
ou  de  ses  fils  Togirix  et  Julius?  Ce  Togirix  serait-il  par  hasard 

*  Rnue  numism  ,  1860,  p.  179,  note  1. 


90  MÉMOIRES 

le  même  personnage  que  le  Docirix  de  fabrique  ëduentie? 
Voilà  deux  questions  bien  difficiles  à  résoudre,  et  sur  les- 
quelles j'appelle  toute  ton  attention.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  les  types  du  potin  n'appartenaient  pas  à  la  même  con* 
trée,  et  que  toutes  les  pièces  présentant  le  nom  de  Togirix 
semblent  postérieures  à  celles  de  Quintus  Docirix.  Ne  pour- 
rions-nous pas  supposer  que  le  Séquane  Samillus ,  après 
avoir  pris  le  prénom  Quintus ,  a  laissé  la  couronne  à  son 
fils  Quintus  Docirix  ;  que  celui^i  à  frappé  simultanément 
chez  les  Séquanes  et  chez  les  Éduens,  qu'il  est  le  même 
personnage  qye  le  Togirix  des  monnaies,  et  qu'il  a  eu  pour 
fils  un  Togirix  et  un  Julius  qui  se  sont  partagé  ses  États 
et  le  pouvoir  après  sa  mort?  Voilà  bien  des  hypothèses 
sBfis  doute  ;  maïs  c'est  en  n'en  faisant  jamais  qu'on  n'arrive 
à  rien. 

Tout  à  toi  de  cœur.  F.  de  Sât^tcr. 


ET    DiSSKRTATIONS.  U\ 


MONNAIES  INÉDITES 
IMPÉRIALES  ROMAINES,  GRECQUES  ET  COLONIALES. 

(PI.  IV  «t  V.) 

Airromiv  le  Pieux.  (Médaillon  frappé  à  Épbëse?) 

1.  ANTONJNVS.AVG.PIVS.P.M.TR  P.  Buste  d'AttUmin, 
tète  nue,  tourné  adroite  et  vêtu  du  paludamentum ;  le  tout 
dans  un  cercle  de  grènetis. 

K.  A  Texergue,  COS.III.  Diane  debout  à  gauche,  la  tête 
surmontée  d'un  croissant  et  les  cheveux  tombant  sur  le 
COQ.  De  sa  main  gauche  elle  tient  un  arc,  et  de  l'autre,  par 
le  bois,  un  daim  dont  la  tête  est  tournée  vers  la  déesse  ;  le 
tout  dans  un  cercle  de  grènetis.  —  M.  (  PI.  IV,  n*  1.  ) 

Grand  médaillon  de  la  collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Quoique  les  légendes  soient  inscrites  en  cai*actères  la* 
tins ,  ce  médaillon ,  dont  le  revers  est  publié  pour  la  pre- 
nrière  fois ,  nous  parait ,  d'après  son  style  et  sa  fabrique , 
avoir  été  frappé  en  Asie,  et  probablement  à  Éphèse.  L'ii^^ 
scription  du  revers,  COS.III ,  nous  indique  aussi  qu'il  a  été 
frappé  de  HO  à  ihà  de  J.  C,  parce  que,  sur  les  monnaies 
d'AotoDÎn ,  le  titre  de  COS.III  a  été  maintenu  pendant  cinq 
années  consécutives  concurremment  avec  les  dates  III,  IV, 
V  et  VI  de  la  puissance  iribunilienne;  le  chiffre  du  quatrième 


92  MÉMOIRES 

consulat  (COS.IIll)  ne  commence  à  paraître  qu'en  144 
de  J.  C,  et  il  est  joint  au  titre  de  TR.P.VII. 

Slptime-Sêtère. 

2.  L.SEPT.SEV.AVG.1MP.XI.PART.MAX.  Buste  lauré  de 
Septime-Sévère,  à  droite,  vêtu  du  paludamentum. 

ij.  CONCORDIAE.MILITVM.  La  Concorde  militaire ,  de- 
bout à  gauche  et  tenant  une  enseigne  dans  chaque  main. 
—  M.  (PI.  IV,  n°2.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Superbe  exemplaire,  à  fleur  de  coin.  M.  Cohen,  t.  III» 
p.  239,  n*  51,  décrit  un  denier  d'argent  du  même  empe- 
reur, dont  le  revers  est  semblable ,  mais  la  légende  qui 
entoure  la  tête  de  Septime-Sévère  est  différente. 

SuLPicius  Uranius  Antoninus  (frappé  à  Antioche). 

3.  ...K.COVAII.ANTOJNI...  Buste  lauré  de  Sulpicius 
Uranius  Antonin ,  tourné  à  droite  et  vêtu  du  paluda- 
mentum. 

j{.  AHMAPX.GSOrCIAC...,età  l'exergue,  S.C.  Aigle 
éployé  posé  d,e  face,  la  tête  tournée  à  droite,  et  tenant  une 
couronne  au  bec.  —  Potin.  (  PI.  IV,  n»  3.  ) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

On  ne  connaissait  jusqu'ici  que  quatre  monnaies  d'Ura- 
nius  Antoninus,  savoir  :  deux  aureus  de  revers  différents, 
appartenant  l'un  au  Musée  Britannique,  l'autre  à  M.  Wigan, 
à  Londres  ;  un  potin  de  moyen  module ,  frappé  à  Émèse , 
actuellement  au  Cabinet  impérial  de  France,  et  un  mé- 
daillon de  bronze  ,  frappé  aussi  à  Émèse ,  et  dépendant  de 
la  belle  collection  réunie  par  M.  Prosper  Dupré ,  de  Paris. 


ET  DISSERTATIONS.  9S 

Ce  dernier  bronze  a  été  du  reste  cité  et  décrit  depuis  long- 
temps par  Tanîni,  pi.  II,  ainsi  que  par  Haym,  The$.  Brii.^ 
t  I,  p.  278. 

Ces  divers  exemplaires,  déjà  signalés  aussi  par  Scipion 
MaiTei,  Bimard  de  la  Bastie,  Eckhel  et  Mionnet,  ont  fourni 
à  Lenormant  la  matière  d'un  article  fort  intéressant  inséré 
dans  cette  même  Revue  ^  année  1843,  p.  2ô5,  pi.  XI,  que 
nos  lecteurs  peuvent  consulter  pour  tout  ce  qui  concerne  la 
partie  historique.  Enfin  M.  Cohen ,  dans  sa  Description  des 
monnaies  romaines^  t.  IV,  p.  87,  pi.  III,  1  et  2,  a  fait  éga- 
lement mention  des  monnaies  connues  d'Uranius. 

Sur  le  nouvel  exemplaire  que  je  publie,  l'usurpateur 
porte,  comme  sur  les  quatre  précédents ,  la  couronne  de 
laurier  et  le  paludamentum  ;  la  légende  incomplète,  à  cause 
de  rirrégularité  du  flan,  offrait  aussi  très-probablement  le 
titre  d* auguste;  mais  cette  monnaie  se  distingue  de  toutes 
les  autres  par  la  position  du  buste,  qui  est  tourné  à  droite, 
et  surtout  par  le  revers,  qui  indique  clairement  qu'elle  a 
été  frappée  à  Antiocbe.  Cet  exemplaire  a  longtemps  figuré 
dans  la  collection  de  Tôchon  d'Annecy. 

Impériales  gncques  tl  coloniales  dePhénicie. 

BERvrus. 

Les  premières  monnaies  impériales  de  Bérytus  remon- 
tent à  Jules-César,  et  les  dernières  nous  offrent  les  noms 
de  Gallien  et  de  Salonine. 

En  discutant  l'époque  à  laquelle  les  Romains  établirent 
une  colonie  militaire  dans  cette  ville,  Eckhel,  t.  III,  p.  355, 
rapporte  diverses  opinions  émises  à  ce  sujet  par  ses  pré- 
décesseurs. Patin ,  à  cause  de  l'épi thète  IVLIA,  inscrite  sur 

1861.— 2.  8 


Oi  MÉMOIRES 

quelques  médailles  \  a  voulu  faire  remonter  la  date  de 
cet  événement  à  la  dictature  de  Jules -César;  mais  cette 
raison  paraît  insuffisante,  puisque  Ulpien  {De  censib.) 
donne  également  à  cette  colonie  le  nom  d'Augustana.  En 
outre,  Eusèbe  {In  Chronico)  dit  positivement  que  Béry tus 
et  Patrœ  furent  converties  en  colonies  romaines  la  troi- 
sième année  de  la  19P  olympiade ,  qui  correspond  à  Tan 
de  Rome  740,  précisément  Tannée  même  où  ,  d'après  un 
marbre  d'Ancyre,  Auguste  établit  plusieurs  colonies  mili- 
taires dans  différentes  provinces  de  Tempire.  Enfin  Strabon 
(XVI ,  p.  756)  affirme  également  que ,  par  ordre  d'Auguste, 
Agrippa  installa  à  Bérytus  la  cinquième  et  la  huitième  lé- 
gion ,  opinion  corroborée  d'ailleurs  et  confirmée  par  plu- 
sieurs monnaies  d'Auguste  ou  de  Claude  frappées  dans 
cette  ville,  et  dont  le  revers  porte  deux  aigles  légionnaires , 
avec  ces  mots  :  COL.BER.  V  et  VIII  '. 

Marc-Aurèle  et  Vérus. 

â.  IMP.CAES.M.AVREL.ANTONINVS.AVG  Tète  laurée 
de  Marc-Aurèle,  à  droite  ;  sous  le  cou,  COL. 

ç\  IMP.CAES.L.AVRE.VERVS.AVG.  Tête  laurée  de  Vérus, 
à  droite  ;  sous  le  cou,  BER.  —  JE.  (PL  IV,  n»  A.  ) 

Cabinet  impérial  de  France. 

Petit  bronze.   Eckbel,  d'après  Vaillant,  et,  plus  tard, 

^  Je  trouve ,  aa  reste ,  dans  Vaillant  un  exemplaire  ayant  le  même  revers, 
avec  la  légende  COL.l  VL.BER,  et  dont  la  face  oppoeée  porte  la  tête  lauréf  de 
J  ules-César. 

'  On  sait  que  plusieurs  de  ces  monnaies  ont  été  attribuées  par  divers  anti- 
quaires à  Ruseino  dans  la  Gaule  ;  mais  elles  ont  été  restituées  à  Bérytus  (Rttw 
uiMn.,  1841,  p.  278) ,  et  il  suffît  de  comparer  leur  style  de  fabrique  avec  celui 
d'autres  monnaies  de  la  ville  asiatique  pour  reconnaître  qu'elles  ne  peuvent 
pns  être  réclamées  pour  la  Gaule. 


ET   DISSERTATIONS.  95 

Hionnei  citent  une  moonaie  offrant,  comme  celle-ci  «  les 
deux  effigies  de  Marc-Aurële  et  de  Vérus  ;  mais  le  module 
est  différent ,  et ,  de . plus ,  on  y  voit  un  aigle  placé  sous 
chaque  tète. 

JUUA  DOMNA. 

5.  1VLI.AVG.PIA.FELIG  (fto).  Buste  de  Julia  Domna , 
à  droite. 

i)\  COL.ANT.BER.  Neptune  debout ,  à  gauche .  le  pied 
droit  sur  un  rocber,  tenant  sur  la  main  droite  un  dau- 
phin, la  gauche  appuyée  sur  ifn  trident. — M.  (PL  IV, 
n*5.  ) 

Collection  de  H.  Hoffmann. 

Le  graveur  a  donné  une  forme  insolite  et  barbare  à  la 
lettre  F  du  mot  FELIC. 

Caracalla. 

6.  1MP.M.AVREL.ANT.AVG.  Buste  laaré  de  Caracalla, 
à  droite ,  avec  le  paludamentum. 

Même  revers.  JE.  (PL  IV,  n«  6.  ) 

Collection  de  M.  Hoffmann. 

D'après  les  initiales  ANT.  que  nous  voyons  sur  les 
deux  bronzes  précédents,  ainsi  que  sur  quelques  autres 
monnsûes  de  Caracalla ,  la  colonie  de  Bérytus  dut  prendre 
le  surnom  d'Antoniniana  sous  cet  empereur. 

Une  monn^e  à  peu  près  semblable  à  celle-ci  a  été  dé- 
crite par  Sestini  {Mwie  Foniana^  t.  II,  p.  57)  ;  mais  elle 
est  d'un  module  différent,  et,  au  lieu  du  buste  de  Caracalla , 
on  n'y  voit  que  sa  tête. 

7.  IMP.CAES.M.AVR.ANTONINVS.AVG.  Buste  lauré  de 
Caracalla,  à  droite,  avec  le  paludamentum. 


96  MÉMOIRES 

ly.  GOL.IVL.AVG.FE.BER.  Neptune,  un  dauphin  dans 
la  main  droite  ;  la  gauche  appuyée  sur  son  trident,  et  de- 
bout, à  droite,  sur  une  galère  conduite  par  un  pilote  assis 
près  de  Taplustrum;  le  tout  dans  un  cercle  de  grënetis. 
—  M.  (PI.  IV,  n"  7.) 

Cabinet  impérial  des  médailles. 

Moyen  bronze  inédit;  jusqu'ici  ce  type  de  revers  n'était 
connu  que  sur  des  bronzes  d'Élagabale.  Au  reste,  Neptune, 
Astarté  ou  la  Lune,  Vénus  mariue,  les  Dioscures,  le  navire 
ou  la  proue  de  vaisseau ,  types  que  nous  voyons  figurer  si 
souvent  sur  les  revers  des  monnaies  de  la  Phénicie,  sont 
des  symboles  de  la  navigation ,  à  laquelle  les  peuples  de 
ces  contrées  attachaient  une  grande  importance. 

BYBLUS. 

Caracalla. 

8.  AV.KAI.M.AV.ANTONINOC.  Buste  cuirassé  de  Gara- 
calla,  à  droite,  avec  la  tête  radiée. 

R).  lePAC.BrBAOr.  Astarté  tourrelée  et  de  face,  la 
main  droite  appuyée  sur  un  mât  avec  antenne ,  debout 
dans  un  temple  tétrastyle,  dont  le  fronton  se  termine  py- 
ramidalement  ;  le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis.  —  iE. 
(  PL  IV,  n*  8.  ) 

Cabinet  impérial  de  France. 

Moyen  bronze  inédit;  Mionnet  n'a  connu  qu'on  seul 
exemplaire  avec  ce  même  revers ,  mais  frappé  par  Élaga- 
baie  (Supplément,  VllI,  p.  25A,  n*  82). 

9.  AV.KALM.ANTnNINOG.CeB.  Buste  lauré  de  Gara- 
calla,  à  droite ,  avec  le  paludamentum  ;  le  tout  dans  un 
cercle  de  grènetis. 


ET  DISSERTATIONS.  07 

i{.  lePAC.BYBAOr,  en  deux  lignes,  dans  un  cercle 
formé  par  un  serpent  qui  se  mord  la  queue  ;  le  tout  dans 
un  cercle  de  grènetis.  —  &.  (PI.  IV,  n°  9.  ) 

Moyen  bronze  inédit;  ce  type  de  revers  a  été  également 
employé  par  Élagabak  (Mionnet,  V,  p.  355,  n*  133). 

DiADUMÉNIEN. 

10.  M.On.AlAA0YM6NIAN0C.KAI.  Buste  cuirassé  de 
Diaduménien,  à  droite,  avec  la  tète  nue. 

i.  IGPAC.BrBAOr.  Proue  de  vaisseau.  —  iE.  (PI.  IV, 
uMO.) 

Cabinet  impérial  de  France.     ' 

Petit  bronze.  Vaillant  {Numif^maia  grxca)  fait  mention 
d'un  bronze  de  Commode  frappé  aussi  à  Byblus,  et  dont 
le  revers  porte  également  une  proue  de  vaisseau. 

Elagabale. 

11,  M.AVPHA.ANTWNINOCCGB.  Buste  lauré  d'Éla- 
gabale,  à  droite,  avec  le  paludamentum ;  le  tout  dans  un 
cercle  de  grènetis. 

Bjl.  IGPACBTBAOr.  Isis  Pbaria,  le  lotus  sur  la  tête, 
marchant  à  droite ,  et  tenant  de  ses  deux  mains  une  voile 
enflée  par  le  vent  ;  le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis.  — 
£.  (PI.  IV,  nMl.  ) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Moyen  bronee  inédit;  ce  même  revers  est  commun  sur 
des  monnaies  impériales  de  Byblus  frappées  par  Marc- 
Aurèle,  SeptLme-Sévère,  Caracalla  et  Diaduménien.  Voir 
Sestini,  Musée  Iledermr^  111,  p.  22,  n"  2,  et  Mionnêt,t.  V, 
et  Supplément ,  t.  Vlll. 


98  MÉMOIRES 

D'après  une  ancienne  tradition ,  c*est  sur  le  rivs^e  de 
Byblus  qu'Isis  retrouva  le  coffre  où  était  renfermé  le  ca- 
davre d'Osiris,  son  mari,  tué  par  Typhon.  Cette  déesse, 
adorée  surtout  en  Egypte  et  en  Pbénicie,  avait  des  autels 
en  Grèce ,  notamment  à  Âbydos ,  à  Pblionte,  à  Ompbale,  à 
Corintbe,  etc.  Des  fêtes  solennelles  étaient  aussi  célébrées 
en  son  bonneur  à  Coptos,  à  Sais,  à  Bubaste  et  à  Busiris. 

Joua  SoiCMiAS. 

12.  IOrAlA.CO€MIAC.C€BAG.  Buste  de  J.  Soaemias, 
à  droite  ;  le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis. 

j{.  iGPAC.BTBAOr.  Temple  bexastyle,  dans  l'intérieur 
duquel  on  voit  Astarté  debout,  s'appuyant  de  la  main  droite 
sur  un  mât  de  navire,  et  couronnée  par  une  Victoire  placée 
sur  une  colonne;  le  tout  dans  une  couronne  de  grènetis. 
—  £.  (PL  IV,nM2.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

13.  Même  légende  et  même  buste  de  Soœmias,  à  droite. 
fj.  lePAC.BTBAOT.  Astarté  représentée  de  la  même 

maniée  que  sur  l'exemplaire  précédent;  mais  dans  un 
temple  bexastyle,  dont  le  fronton  est  en  forme  de  coquille  ; 
le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis.  —  £.  (  PI.  IV,  n'  18.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Mionnet  décrit  un  moyen  bronze  d'Elagabale  avec  un 
revers  semblable. 

On  ne  connaissait  encore  aucune  monnaie  de  J.  Soaemias 
frappée  à  Byblus;  ces  deux  grands  bronzes  sont  donc 
uniques  et  de  plus,  d'une  conservation  remarquable  :  ils 
ont  été  trouvés  ensemble. 


ET   DISSERTATIONS.  90 

SIDON. 

Caracalla. 

1.  l»P.M.AV,ANTONINVS-AVG,  Buste  lauré  de  Caracalla, 
adroite. 

if.  Dans  un  cercle  de  grènetis  et  en  légende  circulaire  : 
C0L.AVR,P1A.METR. SIDON.,  et  dans  une  couronne  de  lau- 
rier :  CER— SAC.  E—  HOC YM—  ISELA,  écrit  en  quatre  lignes. 
-E.  (Pl.V,n*  1.) 

Cabinet  impérial  de  France. 

Ce  grand  bronze  est  intéressant,  en  ce  qu'il  sert  à 
prouver  que  ce  fut  peodant  le  règne  de  Caracalla  que 
Sidon  prit  le  titre  de  colonie.  D* après  Eckhel,  t.  III, 
p.  171  ,  et  Mionnet^  passim^  on  avait  pensé  jusqu'ici  que 
ce  fait  avait  eu  lieu  sous  Élagabale ,  puisqu'on  n'avait  en- 
core trouvé  œ  titre  de  COLONI A  inscrit  que  sur  des  monnaies 
d'Élagabale,  de  Paula,  dAnnia  Faustine,  de  Soœmias,  de 
L  Ibesa,  de  Sévère-Alexandre  et  d'Étruscille.  C'est  donc 
par  ordre  de  Caracalla  que  Sidon  prit  le  titre  de  colonie ,  et 
c  est  aussi  pendant  son  règne  que  la  métropole  de  Phénicie 
fut  transférée  dans  cette  ville,  honneur  dont  elle  jouit  jus- 
qu'à Sévère-Alexandre ,  qui  rendit  à  Tyr  les  privilèges  que 
lui  avait  enlevés  Caracalla. 

Élagabale. 

2.  IMP.CM.AVR.ANTONINVS.AVG.  Buste  lauré  d'Élaga- 
baie  à  droite,  avec  le  paludamentum. 

^\  Légende  circulaire  semblable  à  celle  de  l'exemplaire 
précédent^  mais  dans  la  couronne  de  laurier  on  lit,  écrit 


100  MÉMOIRES 

en  quatre  lignes  :  CERT— SAC.  PER— OECVME— ISELA, 
—  M.  (PI.  V,  n°2.) 

Moyen  bronze  de  la  collection  de  M.  H.  HofTmann. 

La  légende  CEKTamina  SACra  PEReodica  OECVMEnfca 
ISELksliea  se  rapporte  à  de  certains  jeux,  comme  les  urnes 
et  les  palmes  que  nous  voyons  sur  les  revers  de  quelques 
bronzes  d*£lagabale,  frappés  également  dans  des  villes  de 
Pbénicie.  Au  reste  Mionnet,  t.  V,  p.  388,  n*  347,  décrit 
un  exemplaire  qui  ne  diffère  de  celui  de  M.  H.  Hoffmann 
que  par  une  légère  variante  dans  la  légende  qui  entoure  la 
tête  d'Élagabale. 

On  donnait  généralement,  chez  les  Grecs,  le  suniom 
àUsélastiques  à  certains  vainqueurs  de  grands  jeux ,  tels 
que  les  jeux  olympiques ,  pythiens ,  istbmiques ,  né- 
méens,  etc.  *  Nous  trouvons  aussi  cette  épithète  îq)pliqué€ 
aux  jeux  mêmes  {certamina)  sur  plusieurs  monnaies  impé- 
riales de  Pbénicie ,  comme  aussi  sur  des  bronzes  de  Cara- 
calla  et  de  Valérien  frappés  à  Héliopolis,  en  Cœlé-Syrie, 
ainsi  que  sur  des  marbres,  par  exemple,  sur  une  inscrip- 
tion citée  par  Gruter,  p.  25A,  et  rappelée  par  Eclchel,  t.  IV, 
p.  443,  où  on  lit  r  CONSTITVTORI  SACRI  GERTAMINIS. 
SELASTICl  [sic)  pour  Isetaftici.  D'après  Vitruve  {Praef., 
lib.  IX)  et  Plutarque  (Sympos.,  lib.  II,  probl.  VI),  ainsi 
que  par  deux  lettres  de  Pline  le  jeune,  nous  sommes  fon- 
dés à  croire  que  chez  les  Grecs  comme  chez  les  Romains^ 
l'expression  d'isélastique  ne  se  rapportait  ni  au  genre  ni  à 
la  nature  des  jeux ,  mais  qu'elle  s'appliquait  à  des  jeux  ou 
à  des  luttes  de  toutes  sortes  ;  elle  emportait  avec  soi  l'idée 
d'un  privilège  honorifique,  accordé  chez  les  Romains  par 

>  Les  couronnes  données  aux  vainqueurs  de  ces  quatre  jeux  étaient  diffé- 
rentes :  d'o/irier,  pour  les  jeux  olympiques;  de  laurier ,  pour  les  Pythiens  y 
ée  persil  y  pour  les  Némécns  ^  et  de  pin,  pour  lesjtux  isthmiques. 


tr   DISSERTAI  IONS.  101 

Vempereur,  et  en  vertu  duquel  celui  qui  avait  remporté  le 
prix  à  des  jeux  déclarés  isélasliqueê'  jouisssàt  de  certains 
honneurs,  comme ,  par  exemple,  de  rentrer  triomphale- 
ment dans  sa  ville  natale ,  et  souvent  par  une  brèche  prati- 
quée exprès  à  cette  occasion  dans  les  murs  d'enceinte  ^ 
Quelquefois  aussi  le  vainqueur  isélaslique  recevait,  sa  vie 
durant,  aux  frais  de  TÉtat  ou  de  sa  patrie,  une  certaine 
quantité  de  vivres.  Comme  l'empereur  seul ,  selon  son  bon 
plaisir,  déclarait  que  tels  jeux  seraient  isélastiques  ^  ce  pri- 
vilège n'était  que  temporaire  ;  c'est  pourquoi  certains  jeux 
n'ont  conservé  que  momentanément  ce  titre  ou  surnom 
i'iièlastiques ,  ainsi  que  les  privilèges  et  les  bénéfices  qui  y 
étaient  attachés. 

JuuA  Paula. 

8.  1VL1A.PAVLA.AVG.  Buste  de  Julia  Paula  à  droite;  le 
tout  dans  un  cercle  de  grènetis. 

^1.  COL.AVR.PIA.METR.SIDON.  Astarté  tenant  un  mât  et 
couronnée  par  la  Victoire  posée  sur  une  colonne ,  debout 
dans  un  temple  tétrastyle  dont  le  faîte  se  termine  pyrami- 
dalement;  on  voit  un  acrostolium  aux  deux  extrémités  du 
fronton,  un  autel  allumé,  et  Silène,  chargé  d'une  outre, 
debout  aux  pieds  d' Astarté;  le  tout  dans  un  cercle  de 
grènetis.  —  M.  (  PL  V,  n»  3.  ) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Mionnet»  t.  Y,  p.  288,  n""  318,  donne  la  description 
d'une  monnaie  à  peu  près  semblable ,  mais  d'un  module 
pins  petit,  et  qui  diffère  du  grand  bronze  de  M.  H.  Hoffmann 


*  Ausai   le  mot  itéUitlique  tire-t-il  son   ctymologie   du  verbe  elTeXaOvoi, 
mttttor. 


102  MÉMOIRES 

par  les  ornemeots  qui  décorent  le  fronton  du  temple,  et  où 
ne  se  trouve  point  Tautel  allumé. 

A.  Même  buste,  même  légende. 

i).  Même  légende.  Dans  un  cercle  de  grènetis,  Astarté 
de  face,  coiffée  du  modius  et  tenant  un  mât  ;  à  sa  gauche 
la  Victoire,  placée  sur  une  colonne,  lui  présente  une  cou- 
ronne. De  chaque  côté  de  la  déesse  un  palmier,  et  devant, 
Silène  debout  et  portant  une  outre  sur  Tépaule.  —  £. 
(PI.  V,noâ.)' 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Grand  bronze  inédiu 

5.  IVLIA.PAVLA.AVG.  Buste  de  Julia  Paula  à  droite;  le 
tout  dans  un  cercle  de  grènetis. 

ij\  AV.Pl.SID.C.MET.  Char  d' Astarté  à  quatre  roues, 
dans  lequel  on  voit  le  simulacre  du  Soleil  sous  la  forme 
d'un  globe  sur  un  croissant  ;  le  tout  dans  un  cercle  de 
grènetis.  —  E.  (  PL  V,  n*»  5.  ) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Bronze  de  petit  module  parfaitement  conservé,  et  remar- 
quable par  Tarrangement  inusité  de  la  légende  du  revers. 
Hérodote  (lib.  II,  c.  63  )  nous  apprend  que  chez  les  Égyp- 
tiens, dans  certaines  solennités,  on  promenait  sur  un  char 
à  quatre  roues  le  simulacre  d'une  divinité  renfermée  dans 
un  sac;  et  nous  voyons  aussi  dans  Macrobe  {Sal.^  L  I, 
c.  23)  qu'à  Héliopolis  on  portait  de  la  même  manière  les 
images  des  dieux. 

Alexan  DBE-  Sévère. 

6.  IMP.M. AV.SEV. ALEXANDER.  Buste lauré d'Alexandre- 
Sévère  à  droite,  avec  le  paludamentum  ;  le  tout  dans  un 
cercle  de  grènetis. 


ET  DISSERTATIONS.  103 

i)\  Dans  une  couronne  de  laurier  et  en  quatre  lignes  : 
COLA— VR.PIA-METR— SID;  le  tout  dans  un  cercle  de 
grènetis.  —  M.  (PL  Y,  n»  6.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Moyen  bronze ,  dont  le  revers  est  inédit. 

TRIPOLIS. 

JULIA   DOMNA. 

7.  lOTAlA.AOHNA.C.  Buste  de  Julia  Domna  à  droite  ; 
le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis. 

f^.  TPinOAITouN  et  à  l'exergue,  la  date  Al^  (514). 
Les  deux  Dioscures  debout ,  appuyés  sur  la  haste  et  se 
fsdsant  face;  leur  tête  est  surmontée  d'une  étoile,  et  cha- 
cun d'eux  tient  une  grappe  de  raisin  ;  entre  les  deux  têtes 
le  croissant  de  la  Lune;  le  tout  dans  un  cercle  de  grènetis. 
—  ^.  (PLV,  n*7.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Petit  bronze,  dont  la  date  correspond  à  l'an  203  de  J.-C. 

Sur  les  impériales  de  Phénicie,  les  dates  sont  indiquées 
d'après  trois  ères  ou  systèmes  différents  : 

1"*  Ère  des  Séleucides,  partant  de  l'an  de  Rome  AA2  ou 
312  avant  J.-C.  ; 

2*  Autre  ère  des  Séleucides,  ayant  pour  point  de  départ 
l'année  613  de  Rome  ou  111  avant  J.-C.  ; 

3"*  Ère  de  Pompée,  datant ,  d'après  Vaillant  et  le  cardi- 
nal Henri  Noris,  de  l'an  de  Rome  090  ou  691 ,  6A  ou 
63  avant  J.^C. 

Caragalla. 

8.  AVT.K.M.AVP.ANT(i)NINOC.C.  Tête  laurée  de  Cara- 
calla  à  droite. 


lOA  MÉMOIRES 

ij\  TP1110AlTa)N,  et  en  bas  la  date  AK4>  (5-24).  Dans 
un  cercle  de  grènetis,  tenaple  bexastyle  à  trois  portiques; 
on  voit  dans  celui  du  milieu  Astarté  debout ,  tenant  un  mât 
et  couronnée  par  une  Victoire  placée  sur  une  colonne.  -— 
M.  (PL  V,n°8.  ) 

Collection  de  M.  H.  HoiTmann. 

L'année  524  de  l'ère  première  des  Séleucîdes  inscrite 
sur  ce  grand  bronze  correspond  à  l'an  213  de  J.-G. 

9.  AT.K.M.AV.ANTC0N1NOC  Ce.  Buste  lauré  de  Ca- 
racalla  à  droite ,  avec  le  paludamentum. 

ij.  TPinOAlTcoN.  Revers  à  peu  près  semblable  à  celui 
de  l'exemplaire  précédent ,  mais  sans  date  ;  module  plus 
grand.  Temple  octostyle.—  M,  (PL  V,  n°9.  ) 

10.  Ar.K.M.AV.ANTC0lSIN0N  (sic)  ce.  Buste  lauré  de 
Caracalla  à  droite ,  avec  le  paludamentum  ;  le  tout  dans  un 
cercle  de  grènetis. 

Rj.  AIOC.  Ar.TPinOAlTojN  ;  en  haut  dans  le  champ,  F, 
et  à  l'exergue  la  date  rK<I>  (523) .  Deux  temples  tétrastyles 
de  forme  différente  ;  celui  de  gauche  a  des  degrés  et  est 
orné  de  deux  statues  placées  entre  les  colonnes.  Le  fronton 
du  second  temple  est  triangulaire  et  on  y  voit  deux  figures 
penchées  l'une  vers  l'autre  et  se  donnant  la  main.  —  M. 
(PLV,  nMO.) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

La  date  rK4>  correspond  à  Tan  111  de  L-C,  l'année 
même  de  l'avènement  de  Caracalla.  Sestini  (t.  IV,  p.  72, 
pi.  XI,  fig.  10)  décrit  un  exemplaire  à  peu  près  semblable, 
mais  avec  la  date  ÇK^  (526) ,  et  dont  le  mauvais  état  de 
conservation  l'a  probablement  empêché  de  voir  tous  les 
détails  du  revers. 


et  disskrtations.  i05 

Magrin. 

11.  ATT.KAIC.MAKPINOC.CeB.  Buste  lauré  et  forte- 
ment  barbu  de  Macrîn  à  droite,  avec  le  paludamentum. 

1^.  TPinOAlTiîN,  et  à  l'exergue  la  date  0K*  (529)- 
Trois  temples  n'en  formant  qu'un  octostyle  ;  le  faîte  de  celui 
du  milieu  se  termine  pyramidalement.  Dans  l'intérieur 
Astarté,  debout  et  tenant  un  mât,  est  couronnée  par  la 
Victoire,  placée  sur  une  colonne.  —  JE.  (PI.  V,  n*  11.  ) 

Collection  de  M.  H.  Hoffmann. 

Grand  bronze  d'une  conservation  irréprochable  et  la 
seule  monnaie  connue  de  Macrin,  frappée  à  Tripolis;  la 
date  OK^  correspond  à  l'an  217  de  J.-C. 

TYR. 

DlADUMÉNlËIf. 

12.  M.OP.DIADVMENIANVS.  Tête  nue  de  Diaduménien 
à  droite. 

^\  SEP.TYRVS.METROP.GOLOiN.  Palmier,  et  à  gauche 
la  massue  d'Hercule.  —  JE.  (PI.  V,  n'  12.) 

Cabinet  impérial  de  France. 

Petit  bronze  inédit ,  oiais  d'une  médiocre  conservation; 
en  général  les  monnaies  de  Diaduménien  frappées  à  Tyr 
sont  fort  rares  ;  Mionnet  n'en  cite  que  deux  (  t.  V,  p.  A32, 
n*"  638  et  630),  exemplaires  dont  les  revers  diffèrent  de 
celui-ci. 

J.  Sabatxer. 


106  MEVOIftES 


ESSAI 


L'HISTOIRE  MONÉTAIRE  DES  COMTES  DE  FLANDRE 
DE  U  MAISON  DE  HOIRGOGNE, 

F.T  DRiCRimOX  DE  LECR5  MONNAIES  m)R  ET  D'ARGENT. 
(PI.  VI.  VU  et  Vin.) 


Dans  une  suite  d'articles  da  plus  haut  intérêt,  insérés 
dans  la  première  série  de  la  Retue  numismatique^  années 
1847, 1848  et  18A9,  M.  J.  Rouyer  a  publié  une  savante  mo- 
nographie des  monnaies  noires  frappées  par  les  comtes  de 
Flandre,  sous  la  souveraineté  française.  Cet  auteur  avait 
fait  espérer  aux  amateurs  de  numismatique  qne,  complé- 
tant son  œuvre,  il  entreprendrait  ultérieurement  la  publi- 
cation des  monnaies  d'or  et  d'argent  relatives  au  comté  de 
Flandre  durant  cette  période.  La  manière  remarquable  dont 
avaient  été  traitées  les  monnaies  noires,  fait  regretter  qu'il 
n'ait  pas  donné  suite  à  cette  idée.  Depuis ,  la  publication 
d'une  monographie  des  monnaies  des  comtes  de  Flandre  a 
été  entreprise  par  Victor  Gaillard  :  les  deux  parties  parues  de 
cet  ouvrage  font  doublement  déplorer  la  mort  prématurée 
de  ce  savant  qui  eût  certainement  doté  la  science  d'un  tra- 


ET   DISSERTATIONS.  107 

vail  complet  et  intéressant.  La  riche  série  des  monnaies  des 
comtes,  qui  s* étend  depuis  le  xi*  siècle  jusqu'à  la  fin  du 
vf\\i\  est,  pour  ainsi  dire,  à  connaître  presque  entièrement  ; 
car  OD  ne  peut  admettre  comme  en  donnant  une  idée  suffi- 
sante les  recueils  des  Van  Alkemade,  des  de  Boze  et  autres, 
non  plus  que  les  dessins  informes  publiés  à  la  suite  des 
placards  sur  les  monnaies,  édités  par  les  souverains  espa- 
gnols. L'ouvrage  de  Gaillard,  accompagné  de  nombreuses» 
pièces  justificative?,  s'arrête  à  la  mort  de  Louis  de  Mâle.  Il 
reste  donc  une  lacune  considérable  à  combler.  C'est  poiir 
arriver  en  partie  à  ce  résultat  que  j'ai  entrepris  de  donner, 
dans  l'article  qui  va  suivre,  une  histoire  monétaire  des 
comtes  de  Flandre  de  la  maison  de  Bourgogne,  en  me  bor- 
nant toutefois  aux  monnaies  d'or  et  d'argent,  jugeant  inutile 
de  reprendre  les  monnaies  noires  si  bien  traitées  par  M.  J. 
Rouyer.  Je  ne  prétends  pas  avoir  donné  la  série  de  toutes 
les  monnaies  émises  par  ces  princes.  Dans  le  cours  de  mon 
travail  j'aurai  au  contraire  à  en  mentionner  beaucoup  qui 
sont  rappelées  dans  les  documents  écrits,  et  que  je  n'ai  pu 
retrouver  en  nature.  Aussi  ne  serait-il  point  étonnant  que 
les  découvertes  postérieures  missent  au  jour  des  types  jus- 
qu'ici inconnus.  Tai  voulu  toutefois  en  prévenir  mes  lecteurs 
afin  qu'on  ne  m'attribue  pas  une  prétention  que  je  suis  loin 
d'avoir. 

Dans  le  travail  qui  va  suivre,  je  me  suis  borné  aux  mon- 
naies frappées  pour  la  Flandre  proprement  dite,  écartant 
celles  relatives  aux  autres  provinces  qui  finirent  par  com- 
poser les  États  des  ducs  de  Bourgogne.  Je  ne  parlerai  de 
ces  monnaies  qu'incidemment,  et  en  tant  seulement  qu'elles 
pourront  avoir  rapport  au  sujet  que  j'ai  entrepris  de 
traiter. 

Les  dessins  que  je  reproduis  dans  ce  mémoire  sont  pris 


108  MÉMOIRES 

siir  des  pièces  originales  \  existant  presque  toutes  dans 
la  riche  collection  de  M.  Dewismes,  amateur  zélé  de  numis- 
matique à  Saint-Omer  '.  Je  signalerai  en  note  les  pièces 
provenant  d'autres  cabinets.  Quant  aux  documents  écrits 
qui  m'ont  servi,  ils  se  trouvent  ponr  la  plupart  renfermés 
dans  le  riche  dépôt  d'archives  de  la  chambre  des  comptes 
de  Lille,  et  je  dois  de  bien  vifs  remercîments  au  savant  con- 
servateur des  archives  départementales  du  Nord,  M.  Leglay, 
pour  l'obligeance  qu'il  a  mise  à  faciliter  mes  recherches 
dans  ce  vastç  dépôt. 

Phiuppe  le  Hardi  (1384-1404). 

Philippe  le  Hardi  avait  épousé ,  en  1369,  Marguerite , 
fille  de  Louis  de  Mâle.  A  la  mort  de  ce  comte,  contrairement 


'  Je  n*fd  point  reproduit  les  monnaies  qui  figurent  sur  les  planches  de 
Duby,  et  qui  offrent  pourtant  quelques  différences  avec  celles  que  j*aî  eues 
sous  les  yeux.  Duby  a  eu  souvent  recours  aux  recueils  de  Van  Alkemade  et 
de  C.  de  Boze,  et  la  comparaison  que  j'ai  pu  faire  de  ces  dessins  avec  les  pièces 
en  nature  m*a  démontré  Tincorrection  des  premiers»  qui  sont  d*ailleurs  presque 
toi\jours  plus  grands  qu^en  réalité.  Quant  à  Tordonnance  de  Charles-Quint 
en  1548,  tout  le  monde  sait  quelle  confiance  on  peut  attribuer  aux  dessins  des 
monnaies  figurées  à  la  suite  des  placards. 

'  La  collection  de  M.  Dewismes  est  excessivement  remarquable,  surtout  pour 
les  monnaies  concernant  la  Flandre  et  l'Artois.  Beaucoup  de  musées  sont  loin 
d'avoir  une  semblable  suite;  je  n'en  excepterai  même  pas  la  Bibliothèque  im- 
périale. M.  Dewismes  possède  dans  son  médalllier  bon  nombre  de  pièces  iné- 
dites, et  toute  sa  suite  est  généralement  remarquable  par  la  beauté  des  exem- 
plaires. Aussi  rien  ne  lui  a  coûté  pour  compléter  sa  collection,  voyages, peines, 
dépenses  ;  il  n*a  été  arrêté  par  rien.  Je  lui  dois  de  bien  vifs  remerdments  pour 
avoir  bi«n  voulu  me  permettre  de  faire  mes  dessins  d'après  les  belles  pièces 
qu'il  a  en  M  possession  ,  et  surtout  de  m'avoir  autorisé  à  publier  les  pièces 
inédites  de  sa  suite  de  Flandre.  Je  lui  dois  au&si  l'indication  des  cabinets  où  se 
tnmvent  le  peu  de  pièces  qu'il  n'a  pas  encore,  et  où  j'ai  pu  me  procurer  les  em- 
preinte! on  les  cHchéa  qui  m'ont  permis  de  compléter  un  peu  plus  mon  travail. 


ET   DISSERTATIONS.  109 

aux  usages  du  pays,  Philippe  qui,  comme  fils  du  roi  de 
France  et  oncle  du  roi  régnant,  et  de  plus  déjà  duc  de 
Bourgogne,  occupait  une  très-haute  position  parmi  les  sei- 
gneurs souverains,  se  fit  inaugurer  comme  comte  de  Flandre 
le  25  avril  138A,  et  prit  le  gouvernement  du  comté.  Les 
actes  furent  donnés  en  son  nom  ;  il  prit  sur  son  scel  le 
titre  de  comte  de  Flandre,  et  fit  inscrire  son  nom  sur  les 
monnaies  du  pays  *. 

Les  premières  ordonnances  monétaires  de  Philippe  le 
Hardi  ne  me  sont  pas  connues.  Il  y  a  pourtant  toute  pro- 
babiUté  qu'il  s'empressa  de  battre  monnaie  à  son  nom  : 
c'est  ordinairement  un  des  premiers  actes  de  souveraineté. 
Trouvant  à  Malines,  où  il  avait  été  transporté  par  Louis  de 
Mâle,  depuis  le  commencement  des  troubles  de  Flandre, 
Tatelier  monétaire  en  activité,  il  put  y  faire  travailler. 
Quelles  furent  alors  les  monnaies  émises,  en  admettant 
qu'il  y  en  eût,  ce  qui  n'est  pas  certain,  c'est  ce  qu'il  n'est 
pas  possible  de  savoir.  Mais  notice  incertitude  va  bientôt 
cesser  par  l'apparition  de  pièces  nettement  déterminées. 

Malgré  les  embarras  que  le  duc  de  l^urgogne  éprouvait 
dès  son  avènement  au  comté  de  Flandre  par  suite  de  la  ré- 
volte des  Gantois,  il  ne  négligeait  pourtant  rien  de  ce  qui 
pouvait  contribuer  par  la  suite  à  grandir  son  influence 
et  augmenter  sa  domination.  Peu  de  temps  après  la  mot 
de  Louis  de  Mâle,  il  tenta  de  s'immiscer  dans  les  aflaires 
du  Brabant,  en  concluant  avec  la  duchesse  Jeanne  une 
convention  monétaire  ',  et  durant  la  vie  de  cette  princesse 
il  fit  tous  ses  efforts  pour  s'emparer  de  cette  paitie  im- . 

*  Art  de  térifier  leê  dates  et  Vrediu",  Stgilla  comitum  Flandrix. 

*  Voy.  Réciter ckeê  «tir  les  monnaies  frappées  dans  les  provinces  des  Pays-Bas 
aux  nom  et  armes  des  dw:s  de  Bourgogne ,  comtes  de  Flandre ,  par  Gérard ,  dans  le 
Messager  des  scitnces  et  arts  de  Belgique,  t.  VI,  p.  271  et  suiviates. 

1860.^  2.  9 


110  MÉMOIRES 

portante  de  son  administration.  D'après  la  convention,  en 
date  du  16  juillet  1384,  on  devait  faire  forger  : 

l""  Des  deniers  d' argent  nommés  doulles  gros ,  qui  au- 
raient cours  pour  deux  gros  la  pièce,  à  six  deniers,  argent 
le  roi,  et  de  quatre  sols  deux  deniers  de  taille  au  marc  de 
Troyes,  qui  faisaient  deux  marcs  et  demi  par  marc  d'ar- 
gent, valant  huit  sols  quatre  -deniers  de  double  gros.  Les 
marchands  avaient  par  marc  d'argent  sept  sols  deux  de- 
niers desdits  doubles  gros  ;  le  seigneur,  pour  son  droit,  six 
deniers  doubles  gros,  et  le  maître  monnayeur,  huit  de- 
niers ; 

2"*  Des  doubles  gros  de  mêmes  aloi  et  poids  en  propor- 
tion; 

3*  Des  denùrs  d'or  de  23  1/2  carats  d'or  fin  en  aloi  et  de 
60  1/2  de  taille  au  marc  de  Troyes,  lesquels  auront  cours 
pour  40  des  gros  susdits,  valant  les  50 1/2  pièces  d'or  huit 
livres  quatre  deniers  gros.  Les  marchands  avaient  sept  sols 
deux  deniers  desdits  doubles  gros  par  marc  d'or,  et  le  droit 
seigneurial  était  fixé  à  deux  sols  gros,  le  maître  monnayeur 
en  retirait  deux  sojs  quatre  deniers  gros,  et  ils  étaient  fa- 
briqués à  un  quart  de  carat  de  remède  et  un  demi-esterling 
en  poids. 

Ces  monnaies ,  qui  devaient  être  aux  noms  et  armes  du 
duc  et  de  la  duchesse ,  devaient  être  fabriquées  à  Malines 
pour  la  Flandre ,  et  à  Louvain  pour  le  Brabant.  La  conven- 
tion devait  durer  cinq  ans,  et  les  parties  contmctantes 
avaient  le  droit  de  faire  vérifier  les  boîtes,  et  de  placer 
dans  chaque  atelier  un  garde  chargé  d'y  surveiller  leurs 
intérêts  ^ 


«  Voy.  le  mémoire  Je  Gérard,  loc.  cil, ,  ot  celui  de  M.  Piot ,  dans  la  Revue 
fmmitmaUquê  belge,  t.  II,  première  série,  p.  116  et  suiv. 


ET   DISSERTATIONS.  411 

Bien  qu  il  fût  stipulé  dans  l'acte  que  la  fabrication  com- 
mencerait le  1*'  juin  1384,  on  ne  commença  à  travailler  à 
Malines  que  vers  le  9  septembre  suivant,  et  à  Lonvain  qu'un 
peu  plus  tard. 

Par  suite  de  cette  convention ,  le  billon  dor  et  d'argent 
devait  être  apporté  également  aux  deux  hôtels  de  monnaie. 
Cependant  nous  savons,  par  un  mémoire  de  représentations 
adressées  au  duc  de  Bourgogne,  que  ceux  de  Louvain 
avaient  défendu  aux  changeurs  de  Brabant  d'apporter  des 
matières  à  la  monnaie  de  Malines,  ce  qui  faisait  que  l'on  y 
avait  fort  peu  d'ouvrage.  On  conseillait  donc  à  Philippe  de 
battre  des  monnaies  spéciales,  comme  le  faisait  son  prédé- 
cesseur Louis  de  Mâle,  aux  mêmes  aloi  et  taille.  Le  duc  se 
rendit  sans  doute  à  cet  avis,  car  peu  de  temps  après  la 
pacification  de  Gand,  le  18  avril  1385  (vieux  style),  il 
ordonnait  la  fabrication  dans  cette  ville  de  dctiiers  d*or 
valant  40  gros ,  de  douhles  gros  et  de  simples  gros  \ 

Mais  bientôt  Philippe  le  Hardi,  renonçant  à  l'imitation 
des  monnaies  de  son  prédécesseur,  voulut  en  avoir  qui  lui 
fussent  propres  de  types  comme  de  légendes.  Le  29  octobre 
1386  ,  il  adressait  à  la  chambre  des  comptes  de  Lille  '  une 
instruction  pour  faire  fabriquer  monnaies  d'or  et  d'argent 
à  Gand,  où  l'hôtel  de  monnaies  avait  été  rétabli,  par  Jehan 
Thomas ,  maître  particulier  de  la  monnaie  de  Flandre.  Cette 

1  n  est  probable  que  ce  sent  ces  monnaies  dont  il  est  question  dans  an 
oumpte  rendu  le  G*  de  mai  1386,  par  Âldrio  Interminelli,  maître  de  lamon> 
naie  de  Malines;  il  y  est  fait  mention  d*écus  d'or  de  Liiii  et  demi  au  marc  de 
Troyes.  de  21  carats  et  demi  de  fin  ayant  court»  pour  40  gros  la  pièce.  Les  dou- 
bles gros  étaient  à  5  deniers  18  grains  d'aloi.  Le  nom  fous  lequel  le  denier  d'or 
doit  être  désigné  est  resté  en  blanc  dans  la  pièce  que  j'ai  eue  sous  luê  yeux , 
qui  a  tous  les  caraclères  d'une  simple  minute. 

«  La  chambre  des  comptes  avilit  été  instituée  à  LîUe  le  5  février  13B5,  sur 
le  nodèle  de  celle  de  France.  (  Art  de  rérifier  Un  iaten.  ) 


112  MÉMOIRES 

instruction  devait  avoir  son  effet  un  au  durant.  Elle  contient 
les  passages  suivants  : 

u  Premiers ,  par  mondit  seigneur  et  son  conseil ,  est  or- 
«  donné  estre  faiz  deniers  blans  d* argent  appeliez  doubles 
«  groz  ,  qui  auront  cours  pour  ii  groz  la  pièce,  à  vi  deniers 
((  d'aloy  argent  le  roy ,  de  un  s.  ix  d.  de  pois  au  marc  de 
«  Troiz,  qui  font  ii  mars  d'euvre,  valent  pour  njarc  d'ar- 
ec gent  jx  s.  VI  d.  de  doubles  groz  qui  font  xix  s.  de 
«  petis  gros  ;  en  donnant  à  tous  changeurs  ei  marchans, 
u  xvii  s.  VIII  d.  gros*,  à  monseigneur  pour  son  seignourage 
c(  11  groz  demi,  le  maistre  particulier  pour  Touvrage  faire 
((faire  xiii  groz  demi,  et  soient  ouvrez  iceulx  deniers  à 
((  III  grains  de  loi  de  remède  au  général  recours ,  à  m  fors 
«  et  à  m  foibles  ;  cest  ordonné  que  le  garde  de  la  monnoie 
a  passera  toutes  délivrances  à  demi  deniers  desdiz  doubles 
u  groz ,  pour  marc  d'euvre ,  pour  faute  de  poiz  ;  s'il  escbéoit 
((  que  la  délivrance  venit  de  tant  escbarsse ,  laquelle  faute 
u  tournera  au  prouffit  de  monseigneur.  »  , 

((  Item  est  ordonne  estre  fait  deniers  blans  appelez  gros, 
«  à  V  deniers  viii  grains  de  loy  argent  le  roy,  de  vin  s.  vi  d. 
((  de  poiz  au  marc  de  Troiz,  qui  font  ii  mars  u  onces  d*eu- 
((  vre ,  valent  pour  marc  d'argent  xix  s.  i  d.  de  groz  et 
<(  demi  groz ,  en  donnant  à  tous  changeurs  et  marcbans, 
«  xvii  s.  VIII  d.  de  groz  :  monseigneur  pour  son  seignourage 
((  un  gros,  le  maistre  particulier  pour  l'ouvrage  faire  faire 
a  XIII  groz  et  demi  ;  et  seront  ouvrez  à  trois  grains  de  loi  de 
((  remède  pour  marc  d'euvre  et  i  gios  en  poiz ,  ou  cas  que 
((  la  délivrance  revenroit  tant  escharsse ,  laquelle  tournera 
«  au  prouffit  de  monseigneur,  et  au  général  recours  à  vi  fors 
((  et  à  VI  foibles,  » 

«  Item  est  ordonné  estre  fait  deniers  blans  appeliez  demi 
•c  groz ,  à  V  deniers  vin  grains  de  loy  argent  le  roy,  de 


ET    DISSERTATIONS.  113 

a  XVII S  de  pois  au  luarc  de  Troiz ,  qui  font  pour  marc  d'ar- 
•  gent,  deux  mars  ii  onces  d'euvre,  valent  xix  s.  i  d.  et 
«  demi  de  groz ,  en  donnant  à  tous  marchans  xvii  s.  viii  d. , 
a  monseigneur  iiii  groz  pour  son  seignourage ,  le  maistre 
«  particulier  pour  l'ouvrage  faire  faire  xiii  groz  et  demi  ; 
«  et  seront  ouvrez  à  m  grains  de  loy  de  remède  pour  marc 
«  d'envre  et  mi  d.  au  pois;  ou  cas  que  la  délivrance  reven- 
0  roit  de  tant  escbarsse ,  laquelle  faute  tournera  au  prouffit 
«  de  monseigneur.  » 

On  devait  faire  aussi  des  deniers  noirs,  appelés  u  doublée 
miles ,  n  dont  il  fallait  douze  pour  un  gros  :  ils  étaient  à 
16  grains  de  loi  argent  le  roi«  et  de  xvii  s.  vi  d.  de  poids 
au  marc  de  Troyes.  On  devait  donner  au  marchand  le  même 
prix  que  dans  le  cas  précédent  pour  marc  d'argent,  mais 
le  duc  devait  avoir  pour  son  droit  xin  gros,  et  le  malu-e 
particulier  vu  s.  vi  d.  gros. 

Les  mites  qui  devaient  être  également  fabriquées,  et 
dont  vingt-quatre  valaient  un  gros ,  étaient  à  dix  grains  de 
loi  argent  le  roi ,  et  de  xvi  s.  de  taille  au  marc  de  Troyes. 
Le  prix  du  marc  d'argent  donné  au  marchand  restait  le 
même;  le  duc  avait  18  gros  et. le  maître  particulier,  tant 
pour  l'ouvrage  que  pour  la  fourniture  de  cuivre,  xii  s.  gros 
et  dix  mites. 

Enfin  les  monnaies  d'or  sont  désignées  dans  l'article 
suivant  : 

«  llem  est  ordonné  d'estre  fait  deniersd'or  appeliez  doubles 
«  heaumez  d'or  à  xxiii  carras  et  demi  de  loy  de  lx  de  pois 
et  au  marc  de  Troiz ,  qui  auront  cours  pour  xl  groz  la  pièce 
«  des  groz  dessusdiz,  qui  font  x  livres  de  groz  ;  en  donnant 
«  à  tous  marchans  ix  livres  xv  s.  groz ,  monseigneur  pour 
ttson  seignourage  III  s.  v  d.  groz,  le  maistre  particulier 
«  pour  l'ouvrage  faire  faire  xix  groz;  et  seront  ouvrez  à 


11&  UÉMOIRES 

«c  VU  VIII*  de  carrât  de  remède  au  général  recours  à  m  fors 
(I  et  à  m  febles ,  et  passera  la  garde  toutes  délivrances  à 
0  demi  estelUn  pour  marc  pour  faute  de  poiz  quant  il 
K  escberra,  laquelle  faute  tournera  au  prouflit  de  monsei- 
«  gneur.  » 

Pour  la  fabrication  des  doubles  heaumes  on  devait  prendre 
tout  or  de  Flandre  pour  fin,  savoir  :  lions  rampanls^ 
mantelels^  vieux  écus  faits  à  Gand  ,  piètres  y  doubles  moutons 
de  Brabant,  florins  de  Hongrie  et  de  Bohême ,  etc.,  et  tout 
or  de  France,  tels  que  moutons^  chaires^  Georges^  etc. 

Nonobstant  l'ordonnance  précédente  établissant  que  le» 
monnaies  dont  il  y  est  question  seraient  frappées  pendant 
un  an,  peu  de  temps  après,  le  3  avril  1386,  avant  Pâque» 
(c'est-à-dire  1387),  le  duc  de  Bourgogne  adressait  au 
même  maître  particuner  une  nouvelle  instruction  pour 
l'émission  d'autres  pièces  \  Voici  les  détails  qu'elle  noua 
fournit  : 

«  Premiers  est  ordonné  d'oestre  faiz  deniers  blans  d'ar- 
a  gent  appeliez  doubles  groz  qui  auront  cours  pour  deux 
«  groz  la  pièce  à  v  deniers  et  iiii  grains  d'aloy,  argent  le 
c(  roy,  de  un  s.  xi  d.  de  pois  au  marc  de  Troies^  qui  font 
n  deux  mars  ii  onches ,  xu  esterlins  d'euvre  ou  environ, 
«  valent  pour  marc  d'argent  xxni  s.  de  groz  et  dix  mites, 
(c  Et  donra-on  à  tous  changeurs  et  marchans  xx  solz  et 
u  IX  deniers  de  groz  ;  à  monseigneur,  pour  son  seignourage^ 
((  vni  groz  et  x  mites;  au  maistre  particulier  pour  l'ou- 
u  vrage  faire,  xix  groz.  Et  seront  ouvrez  iceulx  deniers 
((an  grains  d'aloy  de  remède  au  devant  recours,  à  troiz 
((  fors  et  troiz  foebles.  Et  est  ordonné  que  la  garde  de  la 

>  Le  duo  y  dans  sa  lettre  accompagnant  l'inslrnction  ,  dit  que  **  poar  cer- 
taines causes  à  ce  le  mouvant  »  il  a  décidé  de  faire  fabriquer  de  nouvelles 
monnaies ,  mais  sane  dire  quels  sont  ces  motif». 


ET   DISSEHTATlOiNS.  115 

ti  monnoie  passera  toutes  délivrances  à  demi  denier  desdiz 
«  doubles  groz  pour  marc  d'argent  pour  faulte  de  pois , 
«  s'il  escbéoit  que  la  délivrance  venist  de  tant  escbarse, 
«  laquelle  tournera  au  proufQt  de  monseigneur.  » 

tt  Item  est  ordonné  d'estre  faiz  deniers  blans  appeliez 
«groz,  qui  auront  cours  pour  un  groz  la  pièce,  dont  les 
a  deux  d'iceuk  groz  vauldront  un  des  doubles  gros  des- 
«  susdiz,  et  seront  faiz  du  mesme  aloy  et  poiz  à  lenr  ave- 
II  nant  desdiz  doubles  grozt  » 

On  devait  faire  également  des  deniers  noirs  appelés  dou- 
bles mites ,  dont  vingt-quatre  vaudraient  un  double  gros^ 
à  13  grains  d'aloi  argent  le  roi  et  de  17  s.  6  d.  de  poids 
au  marc  de  Troyes ,  qui  font  par  marc  d'argent  22  marcs 
une  once  et  5  esterlins  d' œuvre ,  et  valant  32  s.  3  d.  et 
trois  quarts  de  gros.  Le  marcband  devait  avoir  20  s.  9  d. 
de  gros,  le  duc,  pour  son  droit,  8  gros ,  et  le  maître  parti- 
culier, 9  s.  10  d-  3/à  de  gros. 

Vient  ensuite  la  désignation  des  monnaies  d'or. 

«  Item  est  ordonné  d'estre  faiz  deniers  d'or  appeliez 
«  angèles  à  xxiii  caras  et  demi  d'aloy  de  xlvii  et  troiz 
«  quars  de  poix  au  marc  de  Troies  qui  auront  cours  pour 
û  cinq  solz  de  groz  qui  valent  xxx  des  doubles  groz  et 
8  soixante  des  groz  dessusdiz.  Et  fera  on  du  marc  d'or 
«XI  1.  XTiii  s.  IX  d.  de  groz;  et  donra  on  aux  mar- 
«  chans  xi  livi*es  xi  s.  de  groz  ;  à  monseigneur  pour  son 
a  seignourage  v  s.  et  ix  d.  de  groz;  au  maistre  particulier 
«  pour  l'ouvrage  deux  solz  de  groz.  Et  seront  ouvrez  à 
«  demi  grain  de  remède  an  devant  recours  à  troiz  fors  et 
a  à  troiz  fœbles,  et  passera  la  garde  toutes  délivrances,  et 
«  demi  esterlin  pour  marc  pour  faulte  de  poix  quant  il 
a  escfaerra ,  laquelle  faulte  tournera  au  proufTit  de  mon- 
«  seigneur.  » 


116  «ÉMOJBES 

tf  Item  est  ordonné  d'estre  faiz  deniers  d'or  appeliez 
0  demi  angelez  qui  auront  cours  pour  ii  s.  vi  d.  de  groz, 
tt  valent  xv  des  doubles  groz  et  xxx  des  groz  dessusdiz,  dont 
(c  les  deux  desdiz  demi-angelez  vauldront  un  des  angëles 
«  dessusdiz ,  et  seront  faiz  du  nieisme  aloy  et  poix  à  leur 
«  avenant  desdiz  angèles.  » 

La  fabrication  de  cette  nouvelle  monnaie  fit  vraisembla* 
blement  cesser  celle  forgée  en  vertu  de  l'instruction  précé- 
dente, car  tandis  que  nous  voyons  «  par  un  compte  rendu  à 
Lille  «  l'an  mil  m  c  mi  xx  vu,  par  Jehan  Thomas,  maistre  de 
«  la  monnoie  de  Gand,  des  doubles  heaumes  d'or  et  des  dou 
«  blés  gros  d^argent  à  xx  gros  doubles  pour  le  heaume  et 
((  xviTipourl  franc,  les  heaumes  à  lx  deniers  de  taille  au 
(A  marc  de  Troyes  à  xxiii  caras  et  demi ,  n  nous  trouvons, 
au  contraire,  «  par  un  aultre  compte  rendu  par  ledit  JehaD 
•  Thomas ,  fimi  le  premier  de  janvier  m  c  un  xx  vu ,  des 
((  angèles  d'or  de  xlvu  et  ni  quars  de  taille  au  marc  de 
0  Troyes  à  xxui  karas  et  demi.  » 

Pour  fournir  à  l'émission  du  numéraire  nouveau,  il  fallait 
se  procurer  des  métaux  ;  aussi  le  duc  Philippe ,  jugeant  à 
propos  de  renouveler  les  défenses  relatives  au  transport 
des  métaux  précieux  hors  du  pays,  ordonne,  le  8  mai  1387, 
à  Godin  de  Nyelle,  Simon:  le  Prévost  et  Jean  Keurewenel, 
d'arrêter  et  de  faire  porter  dans  ses  hôtels  de  monnaie, 
tout  le  billon  d'or  et  d'argent  qu'on  voudrait  exporter. 

Depuis  la  paix  faite  par  la  ville  de  Gand  avec  Philippe 
le  Hardi,  les  forges  monétaires  y  avaient  été  rétablies, 
ainsi  qu'il  a  été  dit  ci-dessus,  Miûs  les  exigences  des  orfè- 
vres et  changeurs  de  cette  ville  nuisaient  grandement  aux 
intérêts  du  prince,  en  ce  sens  que,  voulant  avoir  un  plus 
haut  prix  que  celui  fixé  par  les  ordonnances  des  monnaies 
nouvelles,  ils  favorisaient  par  là  même  le  cours  des  mon* 


ET   DiSSERTAtlONS.  117 

Daies  étrangères.  Cet  état  de  choses  fut  signalé  dans  un 
mémoire  en  date  du  8  mars  1387  (vieux  style),  qui  conte- 
nait en  outre  le  conseil  de  fabriquer  des  nobles  semblables 
à  celui  d'Angleterre,  en  poids  et  en  aloi.  Un  peu  plus  tard, 
le  7  avril  1388,  une  lettre  adressée  au  chancelier  du  duc 
de  Boui^ogne  signalait  nominativement  des  orfèvres  de 
Gand ,  Ypres  et  Gourtrai,  qui  avaient  vendu  l'argent  au* 
dessus  du  prix  fixé  par  les  ordonnances. 

Frappé  de  la  justesse  de  ces  observations ,  Philippe  le 
Hardi  rend  une  ordonnance,  le  1""  octobre  1388  S  qui 
ordonne  la  fabrication  ((••...  en  nostre  cbastel  à  Gand  ou 

ailleurs  ou  mielx  nous  plaira »  de  nobles  de  Flandre 

de  bon  or,  de  demi-nobles  et  quarts  de  noble.  «  Ilem  autres 
deniers  d'or  appelez  angres  tielx  et  de  tielx  poix  que 
derrenièrement  ont  esté  fais.  »  Voici  du  reste  les  détails 
que  nous  fournit  l'instruction  donnée  en  suite  de  ladite 
ordonnance  : 

o  Premièrement  est  ordonné  d'estre  fais  deniers  d'or 
a  appeliez  nobles  de  Flandres  de  xxxi  et  deux  tiers  de  pois 

•  au  marc  de  Troies  à  xxm  caras  et  m  quars  d'aloy,  en 
o  donnant  à  tous  marchans  zxix  nobles  et  demi  ;  au  nmistre 

<  Voie!  les  oonaidérants  de  estte  ordonnance  :  «  Philippe,  etc...  Con  me  pour 

•  ce  qn^il  est  venu  à  nostre  cognoissance  par  le  relation  de   plusieurs  nos 

•  genz  et  officiers  et  antres  personnes  dignes  de  foy,  que  en  nostre  pays  de 
«  Flandres,  plnsienrs  et  diverses  monncyes  estranges  ont  en,  an  temps  passé  «t 

•  eneore  ont  coim  contre  raison  et  nostre  deffense,  on  grand  préjudice  de 

•  nos  drois  et  noblesces^  en  fraude  et  déception  de  nostre  pueple  et  de  noz 
«•  snbjîez ,  et  en  grand  destourbier  et  diminution  du  fait  de  la  marchandise  ; 
m  nous ,  ponr  faire  cesser  le  eonrs  desdites  monnoyes  estranges  et  obvier  aux 

•  dommages ,  déceptions  et  préjudices  dessnsditz  et  à  autres  inconvéniens , 
m  qui  de  ce  se  ponrroient  ensuivre  i  pour  le  pronffit  commun  et  avanchement 

•  dndit  fait  de  la  marchandise  et  ponr  le  bien  de  nous  et  de  nostredit  pays , 

«  ayons ordonné  et  voln  que  un  bon  senr  et  ferme  pié  de  monnoîe 

«  sdt  mis  tua  et  tenn  sans  empirier,  ete *> 


lis  MÉMOIRES 

u  particulier  pour  l'ouvrage  faire,  demi  noble;  et  à  mou- 
«  seigneur  pour  son  seigneuraige,  un  noble  et  ji  tiers  pour 
M  marc  d'or.  Et  seront  ouvrez  iceulz  deniers  à  un  huitiesme 
((  de  carat  de  remède  et  un  ferlin  en  pois  ou  cas  que  la 
«c  délivrance  revenroit  de  tant  escbarse,  laquele  escbarsëte 
«  et  remède  tant  de  pois  comme  d'aloy,  s' elle  y  eschiet, 
H  tournera  au  proufTit  de  monseigneur.  Et  semblablcment 
«  sera  tenu  le  maistre  particulier  de  faire  faire  et  ouvrer 
«  demis  nobles  et  quars  de  nobles  à  l'avenant  des  deniers 
0  dessus  diz  toutesfois  que  mestier  sera  et  qu'il  en  sera 
u  sommé  par  la  garde  desdictes  monnoies;  et  seront  iceulz 
a  deniers  taillez  au  général  recours  à  trois  fors  et  à  trois 
a  febles.  M 

Les  anges  d'or  seront  fabriqués  en  taille  et  aloi  comme 
dans  l'instruction  du  3  avril  1386.  On  devait  seulement 
donner  aux  marchands  deux  sols  de  gros  de  plus,  laquelle 
somme  était  retranchée  du  droit  de  seigneurage,  qui  n'était 
plus  que  de  u  s.  ix  d. 

M  Item  seront  fais  deniers  d'argent  sur  la  fourme  de 
«  ceulx  qui  à  présent  ont  cours  pour  ii  gros  la  pièce ,  et 
«aussi  gros  et  demis  gros  à  l'avenant,  à  nii  deniers  et 
u  XX  grains  d'aloy,  argent  le  Roy,  de  lx  et  demi  de  pois  au 
«  marc  de  Troyes,  qui  font  ii  mars  et  m  onces  xvii  esterlins 
«  et  obole  d'euvre,  valent  pour  marc  d'argent  xxv  s.  i  d. 
«  xiiii  mittes  ;  et  donra  on  à  tous  marchans  xxii  s.,  à  mon- 
«  seigneur  pour  son  seigneurage  viii  gros  pour  marc  d'ar- 
ec gent ,  et  au  maistre  particulier  pour  l'ouvrage  xxix  gros 
«  xmi  mittes  -,  et  seront  ouvrez  iceulz  deniers  à  ii  grains 
«  de  remède ,  au  général  recours  à  m  fors  et  à  m  febles,  et 
n  à  demi  denier  en  pois  ou  cas  que  la  délivrance  revenroit 
d  de  tant  escharse ,  laquele  escharsète  de  pois  et  remède, 
((  s'elle  y  eschiet ,  tournera  au  prouffit  de  monseigneur.  » 


ET   DISSES tATlONS.  ili> 

L'instruction  précédente  était  délivrée  au  nommé  Jacques 
La9igherarUane\  de  Bruges,  à  qui  la  ferme  desdites  mon- 
naies de  Flandre  avait  été  donnée  pour  trois  ans,  à  dater 
dudit  jour.  La  valeur  du  noble  n'y  est  pas  indiquée,  mais 
nous  savons  par  le  mémoire  de  Gérard  qu'il  aurait  cours 
pour  huit  sols  six  deniers  de  gros  *. 

L'ordonnance  du  l""'  octobre  1388  et  l'instruction  qui  en 
est  la  suite,  spécifiaient  que,  bien  que  le  bail  de  monnaies  fût 
concédé  pour  trois  ans  au  maître  particulier  de  la  monnaie 
de  Gand,  le  duc  se  réservait  le  droit  de  faire  forger  les 
mêmes  monnaies  ou  d'autres  «  en  d'antres  villes  où  il  lui 
plairait  Aussi  n'est -on  pas  étonné  de  voir,  le  11  décembre 
de  la  même  année ,  mentionnée  dans  une  lettre  écrite  par  le 
chancelier  du  duc  de  Bourgogne  aux  gens  des  comptes  de 
Lille,  où  il  leur  demande  leur  avis  à  ce  propos ,  une  ordon- 
nance de  Philippe  le  Hardi,  prescrivant  la  fabrication  à 
llalines  de  monnaies  semblables  à  celles  qu'on  faisait  à 
Gand,  parce  que  Malines  était  plus  à  portée  de  se  fournir 
de  matières  d'or  et  d'argent  venant  d'Allemagne  que  la 
ville  de  Gand.  Les  raisons  exposées  dans  le  mémoire  du 
8  mars  1387  (vieux  style)  avaient  donc  fini  par  prévaloir. 
Hais,  comme  il  résultait  implicitement  des  termes  de  cette 
nouvelle  ordonnance  qu'on  continuerait  à  battre  monnaie  à 
Gand,  il  était  nécessaire  de  se  pourvoir  d'une  plus  grande 
quantité  de  métaux  précieux.  Aussi,  à  la  date  du  i  0  janvier 


*  Le  nom  eit  ainsi  écrit  dans  les  registres  de  la  chambre  des  comptes  de 
Lille  ;  mais  il  est  éTident  qu'on  doit  lire  Jacquiê  Long  fU«  dé  Gérard,  Je  suppose 
que  le  copiste  employé  par  la  chambre  des  comptes  de  Lille ,  ne  sachant  pas 
le  flamand ,  aura  cru  que  c*était  un  seul  mut. 

*  Cela  résulte  aussi  du  compte  rendu  par  le  maître  particulier  le  **  der- 
raxn  jour  de  janvier  iiio  iiiixz  ix ,  •»  où  Ton  compte  les  nobles  de  yiii  s. 
nd. 


120  MÉMOIRES 

1388  (vieux  style),  le  duc  de  Bourgogne  mande  aux  gens 
des  comptes  de  Lille  de  prendre  l'avis  du  garde  de  la  mon- 
naie de  Gand  et  du  receveur  de  Flandre,  sur  la  proposition 
qui  lui  avait  été  faite  d'accorder  une  crue  à  ceux  qui  ap- 
porteraient de  l'or  et  de  l'argent;  puis,  sans  attendre  la 
réponse  *,  deux  jours  après,  il  décide  qu'on  accordera  une 
augmentation  d'un  demi-noble  par  marc  d'or  fin  à  tous  les 
marchands  qui  voudrsdent  s'obliger  d'en  fournir  cinq  cents 
marcs  dans  une  année  ;  et  craignant  sans  doute  que  cette 
obligation  ne  fût  trouvée  trop  considérable,  par  un  autre 
mandement  il  accorde  une  augmentation  d'un  quart  de  noble 
par  chaque  marc  d'or  fin,  et  de  deux  gros  par  chaque  marc 
d'argent  qu'on  apporterait  dans  ses  monnaies,  sans  spéci- 
fier la  quantité  à  fournir.  Plus  tard  encore,  le  21  juin  1389, 
il  accorde  trente  nobles  et  demi  par  marc  d'or  fin. 

Cependant  le  terme  de  la  convention  monétaire  entre 
Philippe  le  Hardi  et  Jeanne  de  Brabant  allait  expirer.  Mais 
les  avantages  qu'elle  lui  avait  procurés  ne  suflisaient  déjà 
plus  au  duc  ;  il  voulait  s'emparer  entièrement  de  la  mon- 
naie .de  Brabant.  Pour  arriver  à  son  but ,  il  se  plaignît  à 
la  duchesse  de  ce  qu'elle  avait  imité  les  monnaies  qu'il 
avait  fait  fabriquer,  notamment  des  anges  d'or  et  autres  de- 
niers d'argent.  La  duchesse  répondit  qu'elle  n'avait  agi 
ainsi  qu'aux  termes  de  la  convention  passée  entre  eux,  qui 
indiquait  que  les  deux  parties  feraient  forger,  chacun  dans 
ses  États,  des  deniers  d'or  et  d'argent  de  mêmes  valeur,  aloî 
et  taille,  mais  portant  leur  nom  et  armes  respectifs,  et  que 
ces  deniers  devaient  se  ressembler  en  tout  point,  n  Elle 
avait  observé  cette  convention ,  ajoutait-elle ,  en  mettant* 
dans  la  main  droite  de  l'ange  un  écusson  à  quatre  lions, 

(  Le  due  éuit  alors  à  Montbard  en  Bourgogne,  d*où  ses  lettres  sont  datées. 


ET   DlSSERTATiONS.  121 

qui  sont  le  lion  de  Bohême,  le  lion  de  Luxembourg ,  le  lion 
de  Brabant  et  le  lion  de  Limbourg ,  et  dans  la  main  gauche 
un  écussou  avec  le  lion  de  Brabant.  Elle  n'avait  pas  d'ail- 
leurs d'intérêt  à  empêcher  le  cours  des  monnaies  du  duc, 
puisqu'elle  devait  retirer  la  moitié  du  profit  qu'il  en  avait, 
comme  le  duc  agissait  de  même  pour  les  monnaies  de  Bra- 
bant. Quant  au  tort  causé  audit  duc,  il  était  nul  ;  au  con- 
traire, il  est  notoire  que  l'on  transporte  plus  de  billon  d'or 
et  d'argent  de  Brabant  en  Flandre  que  de  Flandre  en  Bra- 
bant. Elle  avait  bien  plutôt  sujet  de  se  plaindre,  puisqu'elle 
n'avait  jamais  mis  obstacle  au  cours  des  monnaies  du  comte, 
tandis  que  les  gens  de  celui-ci  avaient  ouvertement  défendu 
les  siennes,  et  même  mis  opposilion  au  transport  du  billon 
d'or  et  d'argent  en  Brabant.  »  La  duchesse  terminait  en  di- 
sant que  si  le  duc  voulait  lui  accorder  d'avoir  un  gardien 
dans  sa  monnaie  et  de  lever  la  moitié  des  profits ,  elle  ces- 
sendt  de  faire  battre  monnaie  à  Louvain  et  ailleurs,  et 
qu'elle  ordonnerait  de  faire  porter  tout  le  billon  d'or  et 
d'argent  à  la  monnaie  de  Gand*.  Profitant  de  la  faiblesse 
de  Jeanne,  Philippe  le  Hardi  s'empresse, le  12  juin  1389, 
de  lui  donner  une  lettre  déclarant  que  moyennant  la  pro- 
messe qu  elle  a  faite  de  ne  plus  battre  monnaie  à  Louvain, 
ni  dans  Je  pays  de  Gueldres,  ladite  duchesse  aurait  la 
moitié  des  profits  provenant  de  la  monnaie  de  Flandre.  La 
promesse  précitée  était  contenue  dans  une  lettre  datée  du 
même  jour,  et  scellée  du  sceau  de  la  duchesse.  Au  reste, 
celle-ci  s'exécuta  loyalement  ;  elle  fit  part  à  ses  sujets  de 
la  nouvelle  convention ,  leur  annonçant  qu'il  ne  devait  y 
avoir  de  cours  légal  dans  ses  États  que  pour  les  monnaies 

<  Je  n*ai  fxût  qa'analyaer  trèft-sommairement  cette  réponse,  reproduite  plus 
eo  détail  par  M  Piot  dans  la  Bêvue  fmmiâmatiquê  belge,  t.  II,  V  t««  rie. 


12â  MÉMOIRES 

de  Tempereur  et  de  la  France,  ainsi  que  ponr  les  anciennes 
monnaies  frappées  en  Brabanl,  et  celles  fabriquées  actuel- 
lement en  Flandre  pour  les  deux  pays.  Elle  prescrivait  en 
même  temps  de  transporter  tout  le  billon  d'or  et  d* argent 
à  la  monnaie  de  Malines  \ 

Presque  en  même  temps  qu'il  faisait  cette  nouvelle  con- 
vention, Philippe  le  Hardi  ordonnait  pour  son  propre 
compte  la  fabrication  de  doubles  gros  de  la  valeur  de  six 
sous  de  gros  le  noble ,  de  gros  et  demi-gros  à  l'avenant. 
Puis  au  mois  de  janvier  suivant,  il  fait  publier  une  ordon- 
nance sur  le  cours  de  ses  monnaies  et  un  règlement  sur 
leur  prix  '.  11  établit  d'abord  que  le  noble  aura  cours  pour 
six  sous  de  gros  et  qnHl  fera  fabriquer  dans  ses  monnaies 
des  doubles  gros^  gros  et  d^mi-^/rosàTavenant,  ainsi  que  des 
doubles  et  simples  mites.  Mais  comme  la  diminution  consi- 

*  Il  est  probable  que  les  monnaies  faites  à  Malines  en  vertu  de  cotte  nouvelle 
convention  étaient  les  mêmes  qu'on  fabriquait  on  vertu  de  celle  de  1384  aux 
monnaies  de  Gaud  et  de  Lonvain. 

*  Les  monnaies  de  France  sont  reconnues  avoir  cours  l<^gal  dans  le  pajs.  Le 
roi  de  France  conservait  en  effet  ses  droits  de  suzerain  sur  la  Flandre ,  et , 
comme  tel ,  la  monnaie  y  était  admise.  Il  y  avait  même  une  portion  des  États 
du  duc,  l'Artois,  où  elle  était  censée  avoir  seule  cours,  et  le  roi  déléguait  son- 
vent  des  officiers  de  la  monnaie  de  Paris  pour  s^ assurer  de  Texécution  des  rè* 
glements  sur  le  fait  des  monnaies.  C'est  ainsi  que  le  21  août  1395,  les  com« 
missaires  nommés  par  le  roi  pour  examiner  et  réformer  les  monnaies  étrangères 
défendent  le  cours  des  niat72<;«<ror  de  Hollande  de  Gueldresjes  nobles  d'Angle- 
terre, les  pietrequins  de  Brabant,  les  couronnes  et  doubles  du  ^ainaut,  ordonnant 
de  les  porter  aux  changeurs  pour  être  coupées  et  portées  à  la  plus  prochune 
monnaie  du  roi.  La  ville  de  Saint-Omer  ayant  fait  opposition  à  l'exécution  de 
ladite  commission ,  Philippe  le  Hardi  écrit  pour  réprimander  vertement  le 
magistrat,  lui  disant  que  cette  commission  a  été  donnée  de  son  consentement, 
et  que  les  commissaires  étaient  ses  gens.  (Archives  de  la  ville  de  Saint-Omer.) 

Les  archives  de  Saint-Omer  contiennent  encore  plusieurs  autres  pièces  sem- 
blables relatives  aux  offices  de  changeurs,  etc.  Celle  que  je  viens  d'indiqner 
snffit  pour  prouver  le  droit  du  roi ,  en  fait  de  monnaie ,  dans  l'étendue  de 
TArtois, 


tT    DISStUTAIIONS.  123 

dérable  de  la  valeur  du  noble  aurait  ruiné  quantité  de  par- 
ticuliers, le  duc  a  soin  d'ajouter  o  que  toute  manière  de 
«  debtes  desquels  jouis  sont  passés  ou  à  venir ,  on  les 
a  payera  au  pris  d'un  noble  de  buit  sols  sii  deniers  de  gros 
«  et  cbacun  joira  de  son  jour  de  terme,  par  ainsi  que  se 
«  aucun  est  pressé  à  aultre  ou  deubt  deniers  d'or,  soient  par 
a  obligation  ou  par  promesse ,  on  les  payera  à  quelque 
«  heure  que  ce  soit,  par  pareils  deniers  d'or  ou  la  value 
fi  selon  la  manière  de  l'obligation  ou  promesse  nonobstant 
a  l'ordonnance  dessus  dicte,  n  Outre  cette  précaution ,  le 
duc,  par  lettres  du  5  décembre  1300,  permet  aux  lois  des 
villes  de  Gand,  Bruges»  Ypres  et  terroir  du  Franc,  formant 
les  quatre  membres  de  Flandre,  d'ordonner  de  la  manière 
du  payement  des  rentes  à  héritage  et  à  vie  dues  avant  la 
première  publication  des  ordonnances  rendues  au  sujet  de 
la  monnaie,  et  aussi  des  fermes  ou  cens  et  loyers  de  mai- 
sons, en  tout  ce  qui  touche  les  bourgeois  et  habitants  des- 
dites ville  et  terroir  du  Franc,  sans  toucher  au  domaine 
du  duc ,  ni  aux  rentes  des  églises ,  et  des  nobles  qui  ne  sont 
pas  bourgeois  et  sous-manants  desdites  villes  et  terroir;  et 
pourvu  que  dans  le  payement  desdites  rentes,  cens  ou  Ioyei*s, 
le  noble  soit  compté  pour  six  sols  de  gros,  ils  pourront  ra- 
battre aux  débiteurs  telle  portion  et  pour  tel  temps  qu'il 
sera  réglé  par  les  lois  desdits  pays.  C'était  laisser  une  cer- 
taine liberté  nécessaire  pour  les  transactions  qui  devaient 
survenir  dans  de  pareils  cas,  sans  que  l'autorité  du  duc  en 
fût  le  moins  du  monde  amoindrie. 

Cependant  les  habitants  de  Flandre,  depuis  que  la  mon- 
naie avait  été  transportée  à  Malines,  trouvaient  fort  onéreux 
d'y  porter  le  billon  d'or  et  d'argent  ;  ils  avaient  fait  re- 
quérir le  duc  de  Bourgogne  qu'il  veuille  bien  «  icelles  ses 
«  monnaies  faire  mettre  en  aucun  lieu  dedens  ledit  pays  de 


12&  MÉMOIRES 

(c  Flandres  qu'il  lui  plaira  ou  ilz  puissent  venir  seuremeot 
«  et  à  mains  de  fraiz  à  icelle.  »  Philippe  accueillant  favora- 
blement cette  demande,  décide  le  22  janvier  1390  (v.  st.) 
que,  sans  abandonner  la  monnaie  de  Malines,  on  fabriquera 
à  r avenir  à  Bruges  des  monnaies  semblables  et  conformé- 
ment aux  ordonnances  rendues.  En  conformité  de  cette  dé- 
cision, il  écrit  à  messire  Colart  de  la  Clite,  et  à  Guilbert,  sei- 
gneur de  Louzengbem,  souverain  bailli  de  Flandre,  de 
délivrer  au  maître  particulier  la  maison  où  Ton  a  autrefois 
fabriqué  monnaies  à  Bruges.  Deux  jours  après,  le  24  jan- 
vier, le  duc  ordonne  que  Ton  frappera,  tant  en  Flandre  qu'à 
Malines,  des  doubles  grosnàe  l'un  des  lez  à  une  longue  croix 
«  et  de  l'autre  lez  à  un  aigle  tenant  deux  écus  l'un  de  nos 
«  armes  l'autre  des  armes  de  Flandre.  »  Ces  doubles  gros 
devaient  être  de  six  sols  de  gros  le  noble  à  sir  deniers  d'aloi 
argent  le  roi,  et  de  quatre  sous  neuf  deniers  obole  de  poids 
au  marc  de  Troyes.  On  donnerait  aux  marchands  par  marc 
d'argent  17  s.  2  d,  de  gros  ;  le  droit  de  seigneurage  serait 
de  quatre  gros ,  et  le  maître  particulier  aurait  pour  son 
ouvrage  vingt  gros.  Ces  monnaies  devaient  être  faites  en 
même  temps  que  les  autres  qu'on  fabriquait  en  Frandre. 
Le  même  jour,  le  duc  ordonnait  également  l'émission  de 
monnaies  noires  appelées  doubles. 

Nous  avon?  vu  précédemment  que  Philippe  le  Hardi 
avait,  à  force  d'insistance,  obtenu  de  la  duchesse  de  Bra- 
bant  de  forger  seul  de  la  monnaie  pour  les  deux  pays. 
Les  États  de  Brabant,  qui  voyaient  fourmiller  chez  eux  les 
monnaies  étrangères ,  dont  la  duchesse  ne  retirait  aucun 
profit,  et  le  pays  se  trouvant  inondé  de  numéraire  de  mau- 
vaise qualité ,  firent  des  remontrances.  Forcée  de  céder, 
Jeanne  s'adressa  au  duc  de  Bourgogne.  Celui-ci,  qui  de 
son  côté  avait  intérêt  à  ménager  les  Ktats  à  cause  de  la 


ET   DISSERTATIONS.  125 

succession  éventuelle  du  Brabaut,  se  désista  du  droit  que 
lui  accordait  la  convention  de  1389,  et  consentit,  par  lettre 
en  date  dn  28  avril  1392,  à  ce  que  la  duchesse  de  Brabant 
fit  fabriquer  monnaie  d*or  et  d'argent  dans  ses  États,  pourvu 
que  la  monnaie  ne  fût  pas  semblable  à  la  sienne,  ni  de  la 
même  valeur  ni  du  même  poids,  et  à  la  condition  qu'il  au- 
ndt  la  moitié  du   profit   comme  la  duchesse   aurait  la 
moitié  du  profit  de  la  monnaie  de  Flandre.  Ces  condi- 
tions furent  acceptées  par  Jeanne  le  0  mal  suivant.   Il 
n'entre  pas  dans  le  plan  de  mon  ti*avail  d'examiner  si  la 
duchesse  fut  fidèle  à  ces  conventions  ;  cependant  je  dois 
dire  que  des  letti*es  du  mois  d'août  de  la  même  année,  de 
la  chambre  des  comptes  de  Lille,  et  du  duc  lui-même,  re- 
prochaient à  ladite  duchesse  de  fabriquer,  nonobstant  sa 
promesse,  des  monnaies  semblables  à  celles  qui  avaient  été 
frappées  sous  l'empire  des  premières  conventions ,  pour 
l'usage  des  deux  pays  \  Enfin,  pour  terminer  ce  qui  est  re- 
latif à  ces  accords  monétaires,  j'ajouterai  que  le  7  octobre 
1392,  le  duc  faisait  connaître  à  la  cour  des  comptes  qu'il 
avait  offert  d'envoyer  vers  les  maîtres  et  garde  de  la  mon- 
naie de  Brabant  pour  recevoir  leur  serment  et  prendre  copie 
des  ordonnances  et  du  pied  des  monnaies ,  ce  à  quoi  la 
duchesse  consentit  par  lettre  en  date  du  13  octobre  de  la 
même  année. 

L'espèce  d'échec  que  venait  d'éprouver  dans  cette  circon- 
stance le  duc  de  Bourgogne,  lui  faisait  un  devoir  de  veiller 
plus  que  jamais  au  maintien  de  ses  propres  monnaies , 

*  Voir,  pour  plus  amples  détails,  Tartiole  de  M.  Piot  dans  la  Revue  numiê~ 
matiqvê  btlge  et  les  Monnaieê  de  Brabant  de  M.  Van  der  Cliijs.  Je  regrette  que 
ce  dernier  ouvrage  soit  écrit  en  hollandais,  langue  que  j'ignore,  ce  qui  fait  que 
je  D*ai  pu  profiter  des  dissertations  de  ce  savant'auteur  sur  les  monnaies  do 
convention  de  Philippe  le  Hardi  et  Jeanne  de  Brabant. 

1860.—  2.  10 


126  MÉMOIRES 

auxquelles  les  monnaies  étrangères  faisaient  une  rude  con- 
currence. Aussi  le  voyons-nous,  le  8  août  1392,  ordonner 
aux  baillis  de  Gand,  Ypres,  Bruges,  et  à  ses  autres  oflici^^, 
de  faire  crier  et  publier  de  nouveau  les  ordonnances  qui 
défendent  le  cours  des  monnaies  étrangères.  Puis  le  16  dé- 
cembre suivant,  il  rend  une  ordonnance  qui  fixe  la  valeur 
des  espèces  ayant  cours  en  Flandre ,  avec  indication  de 
celles  prohibées.  Presque  en  même  temps,  par  lettres  du 
23  novembre ,  il  avait  augmenté  le  prix  du  marc  d'or  et 
d'argent  dans  les  monnaies  de  Bruges  et  de  Malines.  Mais 
avant  d'accorder  ce  prix  qu'une  autre  lettre  du  24  nov^n- 
bre  nous  apprend  être  de  31  nobles  par  marc  d'or,  il  veut 
s'assurer  si  l'on  donne  ce  même  prix  dans  les  monnaies  du 
roi  d'Angleterre;  ce  qui  lui  est  certifié  par  le  garde  de  la 
monnaie  de  Flandre,  le  7  décembre  suivante  Cependant, 
comme  cette  crue  dans  le  prix  diminuait  le  profit  du  maître 
particulier  et  du  seigneur,  on  en  retarda  un  peu  la  publi- 
cation; elle  ne  parut  que  Je  11  février  1392  (v.  st). 

Malgré  ces  précautions,  la  fabrication  des  monnaies  du 
duc  n'en  prospérait  pas  davantage.  Nous  savons  par  une 
lettre  émanée  de  lui,  le  23  novembre  1392,  que  depuis  le 
commencement  du  mois  il  avait  été  obligé  de  reprendre  en 
sa  main  la  monnaie  de  Bruges ,  qu'on  lui  conseillait  de 
fermer  celle  de  Malines;  enfin  que  les  habitants  de  Flandre 
ne  paraissaient  pas  contents  de  la  monnaie  à  la  longue 
croix  fabriquée  dans  cette  dernière  ville.  Cette  cause  dé- 
termina-t-^lle  le  duc  de  Bourgogne  à  fermer  provisoirement 
cet  atelier?  cela  est  possible  :  toutefois  une  lettre  du  garde 
de  la  monnaie  de  Flandre ,  du  26  décembre  de  la  même 
année,  nous  apprend  qu'(il)  ne  fonctionnait  plus;  le  garde 

*  Le  garde  do  lu  monnaie  nTnit  pris  ses  renseignoments  à  CalaU. 


ET   DISSERTATIONS.  127 

ajoute,  en  outre,  que  les  maîtres' particuliers  ne  voulaient 
pas  se  dessaisir  des  ustensiles  servant  à  la  fabrication  \  £n 
même  temps  le  duc  cherchait  un  maître  particulier  pour  la 
monnaie  de  Bruges.  II  en  avait  choisi  un  à  cet  effet,  mais 
celui-ci  fut  obligé  de  se  récuser  parce  qu'il  ne  savait  pas  la 
langue  du  pays.  Il  écrit  alors  le  même  jour,  29  décembre, 
aux  gens  de  ses  comptes  de  lui  trouver  un  maître  particulier. 
Enfin,  après  bien  des  délais,  le  13  juin  1393,  il  peut  écrire 
à  la  chambre  des  comptes  de  délivrer  ses  monnaies  de 
Flandre  à  Bernard  Bounot  comme  maître  particulier.  Il  de* 
vait  fabriquer  des  nobles ,  des  demi-nobles ,  des  quarts  de 
noble  et  les  monnaies  d'argent  correspondantes.  Peu  de 
temps  après,  le  10  mars  139&  (v.  st.),  le  duc  écrit  de  faire 
rendre  compte  de  la  monnaie  de  Bruges  audit  Bernard 
Bounot,  et  le  16  juin  1395,  Barthélémy  Thomas  reçoit  la 
commission  de  cette  charge. 

Ce  fut  dans  ces  conjonctures  et  pour  augmenter  le  profit 
qu'il  retirait  de  la  fabrication  de  ses  monnaies  que  Philippe 
le  Hardi  prend  le  parti  d'établir  un  atelier  à  Fauquemont, 
au  pays  de  Limbourg,  et  le  20  septembre  1396,  il  délivre 
à  Jean  Gobelet  la  commission  de  maître  particulier  de  ladite 
monnaie.  On  devait  y  fabriquer  le  noble  d'or  et  ses  divisions, 
et  de  plus  des  doubles  gros ,  des  gros  et  des  demi-gros  *. 

*  Noat  savons  par  ct^tte  lettre  que  les  maîtres  particuliers ,  lorsqu'ils  q\iit* 
nient  la  monnaie ,  avaient  Tusage  de  briser  les  ustensiles  sans  profit  pour 
personne.  Le  garde  propose  an  duc  de  les  reprendre  pour  son  compte. 

*  Nous  savons,  par  Finstruction  en  date  du  même  jour  «t  par  les  comptes 
publiés  par  M.  Piot  dans  le  premier  volume  de  la  Revue  numismatique  belge , 
que  les  monnaies  d'argent  étaient  nu  type  du  lion  ,  et  que  le  différent  qui 
existait  avec  la  monnaie  de  Flandre  était  un  mceud  ou  mai  dans  la  queue  du 
lion.  Quant  aux  nobles^  il  devait  y  avoir  dans  les  angles  de  la  croix  de  ceux 
frappés  à  Fauquemont  dos  fleurs  <li^  lis,  au  lieu  de  trèfles  qui  se  trouvaient  !»ur 
ceux  t'rapiNf:*  en  Flandre. 


128  MÉMOIRES 

Mais  le  duc  ne  paraît  pas  avoir  été  plus  heureux  dans  ce 
nouvel  essai  de  son  droit  seigneurial  que  dans  sa  monnaie  de 
Flandre.  En  1398,  c'est  le  maître  particulier  de  la  monnaie 
de  Bruges  qui  demande  la  suppression  de  celle  de  Fau- 
quemont,  sous  prétexte  qu'elle  cause  un  grand  préjudice 
à  la  monnaie  de  Flandre  en  arrêtant  le  billon  qui  venait 
d'Allemagne.  Le  20  avril  de  la  même  année,  on  lui  fait 
savoir  que  le  maître  de  la  monnaie  de  Fauquemont  voulait 
abandonner  cette  monnaie,  bien  que  sa  fenne  ne  fût  pas 
encore  finie.  Enfin  cet  atelier  monétaire  éprouva  une  série 
de  péripéties,  qu'il  n'entre  pas  dans  n)on  sujet,  borné  aux 
monnaies  de  Flandre,  de  rappeler.  Je  dirai  seulement  qu'il 
résulte  des  titres  que  j'ai  eus  sous  lesyeux,  qu'après  avoir 
éprouvé  une  interruption  dans  le  cours  de  l'année  1399, 
il  reprit  de  l'activitéen  1401,  sur  le  conseil  qui  en  futdonné 
au  duc. 

Malgré  les  défenses  maintes  fois  répétées,  relatives  à  la 
circulation  des  monnaies  étrangères,  elles  continuaient  à 
inonder  le  pays,  au  préjudice  du  souverain.  Aussi  le  duc 
de  Bourgogne  est-il  obligé  de  prendre  des  mesures  éner- 
giques pour  la  faire  cesser.  Déjà  le  11  mars  1396  (v.  st.) 
le  cours  desdites  monnaies  avait  été  interdit  à  Anvers  sous 
peine  de  confiscation.  Une  nouvelle  commission  du  8  mare 
1398  (v.  st.),  donnée  à  Godefroi  le  Sauvage,  clerc  du  bail- 
liage de  l'eau  à  l'Éclnse,  ordonnait  d'arrêter  et  de  saisir 
toutes  les  espèces  monnayées  défendues  en  Flandre,  et  de 
les  porter  aux  monnaies  du  duc;  et  cela  ne  suffisant  pas, 
Philippe,  le  1"  sei»tembre  1399,  voulant,  dit-il,  empêcher 
dans  son  pays  le  cours  des  monnaies  étrangères  qui  se 
multiplient  outre  mesure,  au  grand  détriment  du  commerce, 
et  cet  abus  faisant  augmenter  au  delà  de  leur  valc^ur  les 
deniers  d'or  et  le  noble  qu'il  fait  fabriquer,  ordonne  à  tous 


ET    l)JSS£RTAT10^S.  129 

ses  officiers  de  s'en  emparer,  de  les  confisquer  à  son  profit, 
et  leur  accorde  la  cinquième  partie  du  billon  qu'ils  porte- 
ront ainsi  aux  maîtres  des  monnaies.  Une  autre  lettre,  du 
H  novembre  suivant,  accorde  aux  dénonciateurs  le  quart 
du  billon  dénoncé,  et  la  cinquième  {lartie  des  trots  autres 
quarts  à  celui  qui  fera  la  saisie.  Le  duc  de  Bourgogne  avait 
été  obligé  de  faire  encore  plus  :  le  6  octobre  1397,  il  avait 
défendu  le  cours  en  Flandre  des  nobles  (T Angleterre;  il  est 
vrai  d'ajouter,  que  c'était  en  partie  par  représailles,  de  ce 
que  les  nobles  de  Flandre  étaient  prohibés  à  Calais  et  en 
Angleterre.  Il  est  probable  que  cette  prohibition  ne  dura 
pas  longtemps  \  les  intérêts  commerciaux  des  deux  pays 
s'y  opposaient  :  toujours  est-il  que  Philippe  avait  grand 
soin  de  ne  pas  metti'e  les  torts  de  son  côté,  car  on  le  voit, 
le  13  novembre  de  la  même  année,  ordonner  la  restitution 
à  un  marchand  r.nglais  de  Calais,  d'une  somme  qu'il  avait 
reçue  en  Flandre .  et  qu'on  voulait  Tempècher  d'emporter 
à  cause  des  ordonnances  qui  défendaient  la  soriie  du  billon 
des  États  du  duc. 

Les  dernières  années  du  gouvernement  de  Philippe  le 
Hardi  ne  nous  font  pas  connaître  de  documents  bien  in- 
téressants. Il  est  impossible  de  savoir  exactement  si  l'atelier 
monétaire  de  Malines  fut  remis  en  activité  concurremment 
avec  celui  de  Bruges.  Toujours  est-il  qu'on  éprouvait  con- 
stamment des  difficultés  pour  trouver  un  maître  particu- 
lier qui  voulût  bien  se  charger  de  la  fabrication ,  car  le 
22  mai  lAOO,   le  duc  accordait  à  Barthélémy  Thomas, 


"  Je  n*08eraÎ8  affirmer  ce  fait ,  la  prohibition  paraissant  avoir  dnré  plus 
longtemps,  car  on  trouve  un  acte  du  dernier  jour  de  juillet  1400  par  lequel 
le  dac  consent  à  ce  que  les  nobles  cTAngJeterre  aient  cours  pour  6  sons  do  gros. 
Pou  de  temps  après ,  il  permet  le  transport  desdits  nobles  hors  de  P'inndns 
ce  qui  était  iudii>pcnsubie  aux  relations  des  deux  pu^'s. 


130  :UÉMO>BES 

maître  particulier  de  la  monnaie  de  Bruges,  deux  cents 
nobles  pour  chacune  des  deux  aimées  qu'il  consentait  à  re- 
prendre cette  monnaie,  à  cause,  est-il  dit,  des  pertes  qu'il 
pourrait  éprouver.  Déjà  le  2  novembre  précédent,  il  avait 
prescrit  d'accorder  on  délai  audit  maître  pour  rendre  ses 
comptes  \ 

Pour  terminer  ce  qui  me  reste  à  dire  sur  les  monnaies 
de  Philippe  le  Hardi,  je  citerai  l'ordonnance  du  27  avril 
1&02,  par  laquelle,  pour  remédier  aux  embarras  qu'occa- 
sionnent les  différentes  monnaies  qui  avaient  cours  dans 
ses  États,  et  dont  la  valeur  avait  été  changée  plusieurs  fois, 
il  prescrit  à  tous  ses  receveurs  de  Flandre  et  de  Bourgogne, 
au  maître  de  la  chambre,  aux  deniers  et  autres  officiers,  de 
metti*e  dans  leurs  comptes  et  leurs  lettres  de  recette  la  va- 
leur de  chaque  pièce  de  monnaie  d'or  ou  d'argent.  Cette 
précaution  était  sage,  et  paraît  prise  tout  à  fait  dans  l'in- 
térêt du  peuple. 

Je  V2ÛS  maintenant  examiner  les  monnaies  d'^or  et  d'ar- 
gent de  Philippe  le  Hardi  qui  nous  sont  parvenues.  Les  pre- 
mières en  daie  sont  les  monnaies  de  convention',  frappées 
en  vertu  de  l'accord  avec  la  duchesse  de  Brabant.  Celles  de 
ces  monnaies  qui  concernent  la  Flandre,  et  dont  la  fabri- 
cation continua  à  Gand ,  lorsque  après  la  pacification  de 
cette  ville,  l'atelier  monétaire  y  fut  réintégré,  sont  les  sui- 
vantes : 

1.  PHS  DVX:BORG:Z:COM^FLAND  I0H:DVC1S:BRABA. 


*  Il  résulte  des  comptes  rendus  par  les  maîtres  particuliers  de  la  monnaie  de 
Flandre,  que  Philippe  le  Hardi  continua  à  faire  forger  des  nobles  et  des  groê^ 
au  lion  pendant  tout  le  reste  de  sa  vie.  Il  ne  chercha  pas  à  inventer  d'autre» 
types,  et  ne  mit  plus  en  usage  ceux  dont  il  s'était  servi  avant  l'ordonnance 
do  1388,  sauf  Texception  citée  plus  haut  des  doublet  gros  à  Vaigle  tenant  les 
4eux  écussons. 


ET   DISSERTATIONS.  131 

Édicule  golliîque  sous  lequel  sout  abrités,  séparés  par  uoe 
colonnette,  deux  écus,  celui  de  droite,  de  Bourgogne  mo- 
derne \  et  celui  de  gauche  de  Brabant;  ce  dernier  se  com- 
pose de  quatre  lions,  qui  sont  le  lion  de  Bohême ,  le  lion 
(le  Luxembourg,  le  lion  de  Brabant  et  le  lion  de  Limbourg. 
i).  Un  lion  dans  un  écuau  milieu  d'une  croix  très-omée, 
dans  un  entourage  de  quatre  arcs  de  cercle,  avec  la  lé- 
gende+MONETA.NOVA.FLANDRIE.ET.BRABANTIE  \  (Les 
mots  séparés  par  cinq  rosettes.)  — Or.  (PI.  VI,  n°  1.  ) 

2.  +  PHS  :DVX:BORG  :  Z  :  COM  :  FLAND'  :  lOH  :  DVG:  BRAB. 
Écus  de  Bourgogne  et  de  Brabant  juxtaposés,  dans  le  même 
ordre  que  sur  le  précédent.  Au-dessus,  entre  deux  fleura 
de  nèfle ,  est  une  couronne  ou  chapeau  de  roses  ;  au  bas, 
une  troisième  fleur  de  nèfle. 

4.  Écu  au  lion  sur  une  croix  ornée  et  composée  de  huit 
têtes  de  dragon, entourées  de  la  légende  +MONETA:NOVA: 
FLANÛRIE:ET:BRABANTIE.  —J^.  Double  gros  de  conven- 
tion '  (pL  VI,  n«2). 

3.  Mêmes  types  et  mêmes  légendes.  —  JR.  Gros  de  con- 
vention (pL  VI,  n'»  3). 

4.  Mêmes  types  et  mêmes  légendes.  —  yK.  Demi-gros 
de  convention  (pL  VI,  n"  4). 

*  L'écQBSon  de  Bourgogne  nodeme  eat  écarttlé  aux  1*'  et  4*  cantont,  de 
France  à  la  bordure  componée,  et  aux  2*  e:^S*,  de  Bourgogne  ancien. 

*  De«sin(^e  diaprés  l'ext^mplaire  existant  au  Cabinet  des  médailles  de  la 
bibliotbèque  impériale  Elle  ebt  reproduite  dans  Duby,  pi.  LV,  n*  10,  d'après 
le  recueil  de  de  Boze,  mois  d'une  manière  inexacte  ;  de  plu»  elle  est  indiquée 
comme  étant  en  argent. 

Cette  monnaie  est  désignée  dans  Fordonnonco  de  1389  sous  le  nom  de  doulde 
écu  fait  à  Malines. 

*  Ce  double  gros  est  iworrrctement  dessiné  dans  Duby,  pi.  LV,  n»  9,  qui 
rttiribue  par  erreur  à  Philippe  le  Bon,  en  disant,  d'après  Van  Alkemade,  qu'il 
ne  sait  que  faire  d«  lOH.  D'après  lui ,  Philippe  le  Bon  l'aurait  frappé  lors- 
qu'il devint  duo  do  Brabant,  en  1430. 


1S2  MÉMOIRES 

Cette  division  n'est  pas  mentionnée  dans  Tordonnance 
citée  plus  haut ,  mais  elle  rentre  trop  dans  le  système  mo- 
nétaire de  la  Flandre  pour  que  sa  fabrication  ne  s*y  soit 
pas  trouvée  implicitement  ordonnée  \ 

La  monnaie  que  nous  venons  de  décrire  portait  le  nom 
de  Roosebekers  '.  Celles  en  argent  sont  désignées  ainsi  qu'il 
suH  dans  Fordonnance  de  1389,  qui  fixe  leur  valeur  cou- 
rante : 

a  Item^  les  doubles  gros  où  il  y  a  chapiaulx  et  roses,  Tescu 
«  de  Brabant  et  tescu  de  Bourgogne,  auront  cours  pour 
«  II  gros  la  pièche.  » 

ce  Item^  les  gros  à  icelles  enseignes  auront  cours  pour 
«  un  gros.  » 

Après  ces  pièces,  viennent  celles  frappées  à  Malines,  à 
l'imitation  des  monnaies  de  Louis  de  Mâle. 

5,  +PHILIPPVS:iDEL.GBA.COM':Z;DNS:FLAND'.  Le 
comte  assis  sur  un  trône  gothique  ;  il  a  un  glaive  nu  dans 
la  main  drcûte;  la  gauche  est  posée  sur  un  écu  au  lion 
debout.  Le  tout  dans  un  entourage  de  demi-cercles. 

ij.  Croix  très-ornée  dans  un  entourage  de  quatre  arcs  de 
cercles ,  ornés  à  l'intérieur,  à  leur  point  de  rencontre ,  de 
quatre  fleurons,  et  à  l'extérieur,  de  quatre  rosettes.  Lé- 
gende :  -f  XRC: VINCIT:XPG  :  REGNAT  :  XPC  :  INPERAT  '.  — 
Or.  Poids,  82  grains  *  (  pi.  VI,  n°  5  ). 


1  Ces  quatre  monnaies  sont  dessinées  dans  Tonvrage  de  M.  Van  der  Cbijt, 
for  les  monnaies  de  Brabant.  pi.  X  et  XL  Le  double  gros  est  aussi  décrit 
par  M.  Serrure  dans  le  Cabinet  monétaire  du  prince  de  Ligne, 

*  y.  de  Meyer,  Annales  de  Flandre  et  Y  ancienne  chronique  de  Flandre  (eff 
flamand),  cités  par  Gérard  {hc.  cit,). 

*  Représentée  sous  le  n*  5,  pi.  LXXXI,  de  Duby,  qui  décrit  cette  pièor 
sous  le  nom  de  réal  d*or.  Décrite  aussi  par  M.  Serrure  {loc,  cil.),  p.  233. 

^  J'ai  adopté  pour  les  poids  la  détermination  en  grains  pour  faciliter  la  coO' 


£T   DISSERTATIONS.  133 

6.  Mêmes  légendes  et  mêmes  types ,  sauf  que  la  main 
droite  de  Philippe  le  Hardi  ne  tient  plus  d*épée.  —  Or. 
Poids,  82  grains  (pi.  VI,  n*  6). 

L'inspection  attentive  de  cette  monnaie  démontre  que. 
c'est  bien  un  coin  différent  du  précédent.  Mais  à  quoi 
attribuer  l'absence  de  l'épée?  L'histoire  nous  apprend  qu*à 
la  mort  de  Louis  de  Mâle,  la  ville  de  Gand  n'était  pas  encore 
rentrée  sous  l'obéissance  du  comte  de  Flandre ,  que  la  ré- 
bellion continua  encore  quelque  temps,  et  qu'elle  ne  fut 
éteinte  que  vers  la  fin  de  1385  par  Philippe  le  Hardi ,  qui, 
touché  de  compassion  pour  cette  malheureuse  cité,  chercha 
à  la  ramener  par  les  voies  de  la  douceur  \  Ceci  ne  nous 
donnerait-il  pas  la  clef  de  l'énigme  que  nous  cherchons  ? 
L'épée  dans  la  main  des  personnages  sur  les  monnaies  et 
les  sceaux  marque  souvent  leur  droit  de  haute  justice,  ou 
de  vie  et  de  mort  sur  leurs  sujets.  Le  duc  de  Bourgogne,  en 
faisant  supprimer  l'épée  sur  sa  monnaie ,  voulut  peut^re 
faire  connaître  aux  Gantois  les  bons  sentiments  dont  il  était 
animé  à  leur  égard ,  et  leur  montrer  qu'il  ne  voulait  pas 
venir  vers  eux  comme  justicier,  mais  comme  un  souverain 
juste  et  clément.  Cette  monnaie  qui  circulait  parmi  eux, 
malgré  les  défenses  de  l'Angleterre  ',  parvint  peut-être  à 
les  amener  au  but  si  désiré  par  les  deux  parties. 

7.  PHlLIPPVS;DEI:GRA:COMES.Z:DNS:FLANbRIE.  Lion 
heaume  dans  un  entourage  d'arcs  de  cercles. 

panûon  avee  ceux  résultant  des  instrnctioDS.  Ici  la  taille  des  pièces  étant 
de  54  1/2  aa  marc  de  Troyes,  le  poids  réel  devrait  être  de  près  de  85  grains. 

•  Art  de  nérifkar  Uê  daiêt. 

*  En  1384,  Richard  U  défend  an  rewart  établi  par  lui  dans  la  ville  de 
Qaad,  de  laisser  avoir  cours  aux  nouvelles  monnaies  émises  par  le  duc  de 
Bourgogne,  qui  se  dit  comte  de  Flandre  ;  cette  monnaie,  dit-il,  qui  est  à  l'imi- 
tation de  l'ancienne  et  inférieure  aux  autres,  pourrait  détourner  les  marchands 
d'Angleterre  de  fréquenter  la  Flandre.  (Rymer,  t.  III,  pars  III,  p.  176.) 


13  A  HÉMOIRES 

ti.  Croix  fleiironDée  entourée  d'uoe  double  légende  :  celle 
intérieure  est  +MONETA.  DE.  FLANDRIA.  (Les  mots  sépa^ 
rés  par  deux  feuilles  de  trèfle  )  La  légende  extérieure  dit  : 
+BENEDIGTVS:  QVI  : VENIT  :  IN  :  NOMINE  DOMINL— A. 
Bwble  gro$  *•  Poids, 69  grains  (pi.  VI,  n*  7  ). 

Pièce  cooiuie  sous  le  noco  de  Kon  boidrager*.  Très-usée. 

Ces  deux  premières  séries  n'out  off^t  aucune  difficulté 
pour  le  classement  ;  il  n'en  est  pas  de  même  des  suivantes, 
du  moins  en  ce  qui  concerne  les  monnaies  d'argent ,  dont 
les  types  ne  sont  pas  désignés  par  les  instructi(ms  ;  les 
monnaies  d'or  sont  au  contraire  parfaitement  déterminées. 
Je  me  suis  laissé  conduire,  dans  les  attributions  qui  root 
suivre ,  surtout  par  l'analogie  des  poids. 

Pièces  émises  en  vertu  de  l'instruction  du  29  octobre 
1386  : 

8.  PH1LIPF:DE1;G:DVX:BVRG':Z:C0M':FLAND'.  Deux 
écus  inclinés;  celui  de  droite  est  de  Bourgogne  moderQe> 
surmonté  d'un  heaume,  ayant  pour  cimier  une  fleur  de  lis; 
celui  de  gauche,  de  Flandre,  surmonté  d'un  heaume,  ayant 
un  lion  pour  cimier. 

t(.  Croix  fleuronnée  dans  un  entourage  quadrilobé ,  la 
légende  :  +SIT  NOMEN  DOMINI  BENEDICTVM.  (Lesmots 
séparés  par  trois  rosettes.)  —  Double  hecmme  d'or.  Poids, 
78grains'  (pi.  VII,  n«8). 

D'après  l'instruction  précitée,  le  double  gros  de  cette  série 


*  Il  manqne  lo  gro»  de  cette  série.  Les  trèfles  sont  rindice  de  l'atelier  mcK 
nétaire  de  Flandre,  ainsi  quMl  résnlte  de  Tinstruction  pour  la  monnaie  de 
Fauquemont. 

*  Ainsi  appelée  par  le  peuple  à  cause  du  beaumet  qui  ressemble  à  une 
mesure  de  capacité  appelée  bot, 

>  Le  poids  calculé,  d'après  les  indications  de  Tiustruction,  devait  être  de 
77  grain»  15/100*'. 


ET  mSSEKTATIONS.  135 

devait  peser  SO  grains  un  dijiiëuie ,  et  le  gros ,  A5  grains 
deux  dixièmes.  Aucune  des  monnaies  que  j'ai  eues  sous  les 
yeux  ne  correspond  à  ce  poids.  Néanmcnns,  les  pièces  que 
nous  décrivons  ci-^près  ont  une  telle  analogie ,  du  moins 
du  côté  de  la  croix,  avec  celui  du  double  gros  botdrager  pré- 
cédent, que  nous  n'hésitons  pas  à  les  attribuer  à  la  série 
actuelle. 

9.  +PHIL1PP.DELGRA.DVÎLBVR6.Z.C0M.FLAND.  Deux 
écus  juxtaposés ,  l'un  de  Bourgogne  et  l'autre  de  Flandre, 
surmontés  du  n[K>t  FLÀDRES. 

Bi.  Croix  entourée  d'une  double  légende*,  celle  d'inté- 
rieur est +MONET  A  DE  PLANDRIA  (les  mots  séparés  par 
deux  feuilles  de  boux),  et  celle  d'extérieur,  SIT  NOMEN 
DOMLNl  BENEDICTVM.  (Les  mots  séparés  par  trois  ro- 
settes.) —  A.  Double  gros.  Poids,  de  70  à  72  grains* 
(pL  Vn,n«9). 

10.  Même  type  et  même  légende. 

^.  Comme  au  précédent,  sauf  que  la  légende  intérieure 
est  MONETA  FLANDRIE.  (Entre  les  deux  mots  une  feuille 
de  houx.j —  iR.  Gros.  Poids,  42  grains  (pi.  \11,  n»  10  ). 

Monnaies  se  rapportant  à  l'instruction  du  3  avril  1386 
(vieux  style). 

11.  Un  ange  tenant  dans  la  main  droite  Técu  de  Bour- 
gogne, et  dans  la  main  gaucbe  celui  de  Flandre.  Légende  : 
+PH1LIPPVS:DE1:GRA:DVX;BVRG'.Z:C0M':FLAND'. 

1^.  Croix  ornée  cantonnée  de  quatre  lions,  dans  un  en- 


>  Voir  Dnby,  pi.  LI,  n«  11,  Den  Duyt»,  pi.  Vil,  n»  44,  et  Serrure,  Loc, 
cit.f  p.  935. —  Peut  être  cette  éDorme  différence  de  poids,  8  grains  au  moins, 
avec  celai  fixé  par  Tinstruction,  motiva-t-elie  la  cessation  de  la  fabrication  de 
cette  roonnaîe  et  la  modification  des  espèces  indiquées  par  l'instruction  sui- 
vante. Au  reate,  ces  monnaies  d'argent  sont  les  plus  rares  de  Philippe  le 
Hardi.  II  mauque  à  la  série  le  demi-gros. 


136  MÉMOIRES 

tourage  de  quatre  demi-cercles,  à  la  rencontre  desquels 
sont  trois  angles.  Légende  :  +BENEDIGTVS  QVI  VENIT 
IN  NOMINE  DOMINI.  (Les  mots  séparés  par  cinq  espèces 
de  fleurons  en  forme  de  croix.)  —  Ange  d*or.  Poids, 
96  grains  (pi.  VU ,  n»  11  * ). 

12.  Même  type  que  le  précédent.  Légende  :  +PHIL1PF: 
DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:COM':FLAND. 

p,'.  Même  type  et  même  légende  qu'au  n"  11.  —  Demi" 
ange  d'or  '.  Poids,  48  grains  (  pi.  VII,  n*  12  ). 

13.  Aigle  de  face ,  tenant  dans  ses  serres  deux  écus 
inclinés ,  celui  de  Bourgogne  et  celui  de  Flandre.  Légende  : 
PH1L1PP.DEI.GRA.DVX.BVRG.Z.C0M.FLAND. 

p).  Une  longue  croix  partageant  tout  le  champ  de  la 
pièce  en  quatre  cantons.  Double  légende  :  celle  d'intérieur 
est  MONETA:DE.FLANDRIA.  Légende  extérieure  :  +SIT. 
NOMEN.DOMINl.BENEDIGTVM  '.  —  iR.  Double  gros.  Poids, 
77  grains  (pL  VU,  n*13). 

14.  Mêmes  type  et  légende  qu'au  précédent. 

^\  Croix  partageant  tout  le  champ  de  la  pièce  en  quatre 
parties,  cantonnée  des  lettres  FLÂD'.  Légende  :  +S1T. 
NOME.DNI.BENEDICTVM.  —  JSi.  Gros.  Poids,  39  gi-ains 
(pi.  VII,  nM4). 

J*ai  réuni  ces  monnaies  d'argent  aux  monnaies  d'or  frap- 
pées en  suite  de  l'instruction  du  3  avril  1386  (vieux  style), 
parce  que  je  pense  que  ce  sont  celles-ci  qui  y  sont  désignées. 
En  effet ,  le  poids  du  double  gros  fixé  par  ladite  instruction 
devait  être  de  78  grains  quarante-cinq  centièmes,  ce  qu  , 

*  V.  Duby,  pi.  LI,  no  5.  Le  poids  fixé  par  rinstruction  est  97  grains. 

*  Cette  jolie  monnaie,  unique  jusqu'à  ce  jour,  se  troute  dans  le  cabinet  do 
M.  Deyrismes. 

»  Duby,  pi.  LI,  n-  9.  -  Den  Puyts,  pi.  VII,  n»  44.  —  Serrure,  Op.  cit., 
p.  234. 


ET   DISSERTATIONS.  IS? 

si  l'on  veut  faire  la  part  de  l'usure  provenant  de  la  circu- 
lation ,  se  rapproche  beaucoup  de  celui  du  n"*  13.  Nous 
avons  vu  d'ailleurs  que  ces  monnaies  sont  spécialement 
désignées  dans  les  lettres  du  24  janvier  1890  (vieux  style)  ; 
maison  en  avait  fait  auparavant,  car  l'ordonnance  de  1389, 
qui  mentionne  les  pièces  ayant  cours  en  Flandre,  les  dé- 
signe spécialement  comme  il  suit  *  : 

Cl  Item ,  les  doubles  gros  à  l'aigle  qui  ont  l'escu  de  Bour- 
«  gogne  et  de  Flandres  aront  cours  pour  vi  d.  esterlins  la 
«  pièce.  » 

«  Item ,  les  groz  à  icelle  enseigne  aront  cours  pour 
0  XX  mites  la  pièce.  » 

Restent  maintenant  à  examiner  les  monnaies  émises  en 
vertu  de  l'instruction  du  !•'  octobre  1388. 

15.  Le  duc  couronné,  debout  sur  un  navire;  il  tient  de 
la  main  droite  une  épée  nue,  et  au  bras  gauche  l'écu 
de  Bourgogne.  Légende  :  +PHSDEI:GRA:DVX  :BVRG: 
œMES:Z:DNS:FLAND. 

15;.  Croix  très-omementée  ayant  en  cœur  la  lettre  P  et 
cantonnée  de  quatre  lions  passant ,  surmontés  d'une  cou- 
ronne; le  tout  dans  un  entourage  de  demi-cercles.  Légende  : 
+IHC  :  AYTEM  :  TRANSIEiNS  :  FER  :  MEDIVM  :  ILLORVM  : 
IBAT  •.  —Noble  d'or.  Poids,  147  grains  (pi.  VIII,  n»  15). 

C'est   l'imitation  parfaite  du   noble   d* Angleterre   d'É- 

I  Pentp^tre,  aa  reste,  les  monnaies  qui  nous  sont  parvenues  sont-elles  de 
oeUes  dont  parle  le  duc  dans  sa  lettre  du  23  novembre  1392,  quand  il  dit  quMl 
n*est  pas  content  de  la  monnaie  à  la  longne  croix  faite  à  Malines.  Il  est 
d'ailleurs  évident  que  plus  les  monnaies  étaient  fortes  de  poids,  plus  vite 
elles  devaient  disparaître;  ceux  qui  exportaient  les  matières  d'or  et  d'argent 
avaient  intérêt  à  les  fondre  et  à  laisser  dans  la  circulation  celles  d'un  poids 
inférieur. 

•  Duby,  pi.  UII ,  n«  8.—  Den  DnyU  ,  pi.  VU,  n«  43.  —  Serrure  ,  Op. 
ctl.,  p.  233. 


•138  MÉMOIRES 

douard  III.  Le  comte  de  Flandre,  qui  portait  des  lions  dans 
ses  armoiries,  pouvait  pousser  cette  imitation  très-loin^  ainâ 
que  cela  a  eu  lieu. 

16.  Même  type  que  le  précédent.  Légende  :  PHS  DEI: 
G:DVX:BVRG:CbM:Z:DNS:FLAND. 

ï{.  Type  semblable  à  celui  du  noble.  Légende  :  +D0M1NE: 
NE:1N:FVR0RE;TV0:ARGVAS:ME.  ^Demi-nobU  d'or.  Poids, 
73  grains  (pL  VIII.  n*  16). 

17.  Écu  aux  armes  de  Bourgogne,  dans  un  entourage 
de  cintres.  Légende  :  4-PHS:DEl:G:DVX:BVRG:Z:C0M: 
FLAN. 

ij).  Croix  analogue  à  celle  des  deux  pièces  précédentes, 
mais  cantonnée  seulement  de  quatre  lions.  Légende  : 
+EXALTABITVR:1N:GL0RIA.  —  Quart  de  noble  d'or  * 
(pL  Vni,  nM7). 

Le  noble  et  ses  divisions  continuèrent  à  être  frappés , 
ainsi  que  nous  l'avons  dit  précédemment ,  jusqu'à  la  mort 
de  Philippe  le  Hardi.  Quant  aux  monnaies  d'argent  émises 
«n  vertu  de  la  même  ordonnance ,  les  documents  que  ^ ai 
analysés  ci-dessus  ne  laissent  aucune  incertitude  sur  leurs 
types  :  ce  sont  certainement  les  suivantes  : 

18.  Lion  assis  la  queue  recourbée,  portant  au  col  une 
mante*  ou  volet  aux  armes  de  Bourgogne.  Légende  : 
+PHIL1PP.DEI.G.DX.BVRG.Z.G0M.FLAND'. 

^\  Écu  de  Bourgogne  partagé  par  une  longue  croix  tra- 
versant également  la  légende  :  +SIT.  NOME.  DOMINI. 
BENEDICTVM.  —  J^.  Double  gros.  Poids,  76  grains 
(pL  VIII,  nM8«). 


*  Cette  pièce,  dont  on  m'a  communiqué  un  cliché,  existe  dans  le  cabinet 
du  prince  de  Ligne.  Voir  Serrure,  Op.  cit.,  p.  234. 
«  Dell  Duyts,  pi.  VÎI,  n*  46.  —  Serrure,  p.  235. 


ET    DISSERTATIONS.  139 

19.  Même  type  :  +PHIL1FP.DEI.  G.D.BVRG.Z.  COM. 
FLAND. 

ij\  Comme  au  u^  18  :  +SIT.NOME.DNI  BENEDICTVM  — 
;ÎV.  Gros.  Poids,  38  grains  (pi.  VIII,  n«  19  '  ). 

20.  Mêmes  types  et  mêmes  légendes. — yîV.  Demi-gros. 
Poids,  19  grains*  (pi.  YIII,  n°  20). 

Enfin ,  je  terminerai  réoumération  des  monnaies  d*or  et 
d'argent  de  Philippe  le  Hardi  par  la  suivante ,  qui  est  en 
billon ,  et  paraît  plutôt  devoir  être  rangée  parmi  les  mon- 
naies noires ,  sans  quoi  je  ne  saurais  à  quelle  série  la  rap- 
porter. 

21.  ECU  de  Bourgogne.  Légende:  +PHILIPP,DVX.BVRG. 
ijL  Croix  entourée  des  mots   MONETA,FLA\DRES.  — 

Billon  (pi.  VIII,  n*>21). 

L.  Deschâmps  de  Pas. 

ï  Den  Duyts,  pi.  Vm,  ii«  47.  -  Serrure,  p.  235. 

Dobj  donne,  pi.  LI,  n**  5,  nne  représentation  de  cette  pîëoe  qu'il  dit  peser 
39  grains,  ce  qm  se  rapproche  dn  poids  de  la  nôtre .-Qaant  au  n*  7  de  la  même 
planehe,  où  le  lion  est  accompagné  d'nn  étendard  emmanché  dans  une  hampe, 
il  est  copié  dans  d^anciens  placarda  ;  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  c*est  un 
mauTais  des&in  des  graveurs  de  Tépoque. 

•  Don  DuyU,  pi.  VIU,  n»  48.— M.  Serrure  cite  cette  pièce,  p.  236,  Op.  c«., 
oomme  un  quart  de  gros.  Je  crois  qa*il  y  a  erreur,  Tinatruction  ne  comprenant 
pas  cette  division 


iAO  MEMOIRES 


DENIERS  DE  BALSGHA  III, 

PRINCE  DE  MONTÉNÉGRO  ET  DE  ZENTA. 


La  principauté  actuelle  du  Monténégro  est  le  dernier 
débris  de  ce  royaume  de  Servie,  si  florissant  du  ix*  au 
XIV*  siècle,  et  qui  atteignit  son  apogée  pendant  le  règne 
d'Etienne  Douschan ,  surnommé  Silni  ou  le  puissant  Ce 
prince  fit  la  guerre  avec  succès  aux  Grecs,  aux  Turcs,  aux 
Hongrois,  aux  Bulgares,  conquit  TÉpire,  la  Macédoine,  la 
Thessalie,  une  partie  de  l'Archipel,  toute  la  Bulgarie,  Le 
titre  de  roi  de  Servie  ne  convenant  plus  à  d'aussi  vastes 
États,  il  se  proclama  empereur  de  Roumélie,  Slavonie  et 
Albanie,  et  créa  dans  sa  cour  les  mêmes  charges  et  les 
mêmes  distinctions  qu'à  celle  des  empereurs  de  Constantl- 
Dople.  La  mort  le  surprit  en  1356,  au  moment  où  il  se  pré- 
parait à  marcher  contre  cette  dernière  ville  et  à  substituer 
définitivement  en  Orient  un  empire  slave  à  l'empire  grec. 

Pour  gouverner  plus  facilement  ses  immenses  États, 
Douschan  y  avait  créé  des  grands  feudataires,  à  l'exemple 
des  empereurs  latins  et  des  empereurs  grecs  restaurés  à 
Byzance.  La  Rascie,  l'Étolie,  la  Macédoine,  l'Albanie,  la 
Bulgarie  formaient  autant  de  principautés  vassales  de  sa 
couronne.  Quant  à  la  Montagne-Noire  \  elle  était  comprise 

*  Jo  mo  sers  de  cette  expression ,  qui  est  la  traduction  du  nom  sUyo  d«> 


ET   DISSERTATIONS.  141 

dans  un  de  ces  grands  fiefs,  appelé  Zenta  ou  Zêta,  dont  la 
capitale  était  Scutari  d'Albanie,  et  qui  comprenait  les  villes 
(le  Dougla,  Drivasto,  Dagno,  Dioclée  ou  Podgoritsa,  An- 
tivari.  Dulcigno,  Alessio,  c'est-à-dire  outre  le  Tscrnogore 
et  les  Berdas,  le  midi  de  l'Herzégovine  jusqu'à  Trébinié, 
la  partie  du  pachalik  actuel  de  Scutari  qui  comprend  les 
districts  de  Podgoritsa,  de  Scutari,  de  Zappa  et  de  Zadrima, 
d'Antivari  et  d' Alessio,  ainsi  que  les  montagnes  habitées 
par  les  tribus  semi-indépendantes  des  Malisors  jusqu*au 
Drin^ 

Les  premiers  princes  indépendants  de  la  Zenta  étaient 
d'origine  française.  Les  auteurs  slaves  les  appellent  Balscha, 
et  les  chroniqueurs  latins  et  italiens  Balsa  et  Balza.  «  Il  est 
•  très-probable,  dit  Du  Gange  *,  dont  l'opinion  fait  autoriié 
n  en  semblablematière,  qu'ils  étaient  originairos  delamai- 
«  son  de  Baux,  qui  s'habitua  dans  l'Albanie  au  temps  que 
«  Charles,  premier  du  nom,  roi  de  Sicile,  le  roi  Charles  son 
«  fils,  et  Philippe,  prince  de  Tarente ,  fils  du  dernier,  pos- 
«  sédèrent  la  ville  de  Duras  (Durazzo)  et  une  bonne  partie 
0  de  l'Albanie,  d'où  ils  prirent  le  titre  de  seigneurs  de  cette 
t  province,  ainsi  que  j'ai  observé  ailleurs,  parlant  de  Phi- 
«Uppe.  Le  nom  de  B<alsa  ou  Balza  confirme  ceci,  étant 
«  celui  dont  les  Italiens  se  servent  pour  exprimer  l'illustre 
a  famille  des  Baux ,  qui  s'habitua  au  royaume  de  Naples, 


ra.  Le  mot  de  Monténégro,  plus  usité  en  Europe,  est  la  version  véui- 
tienne.  On  dit  auMi  en  grec  Mavrovouni,  en  turc  Kara-dagb,  en  albanais  Mal- 
Etiia,  nomB  qni  ont  tous  la  même  signification. 

»  Constant  Porphyrogen.,  De  adm.  impef.  c.  30.—  Laccari,  Annali  di  Rausa, 
Ut.  I.  —  Lucius,  De  rrgn,  Dalmat.,  c  13. 

*  Hittoire  de  VEmftire  laiin  de  Conêtantinople^  t.  Il,  p.  285,  dans  la  collection 
Bochon. 

1861.  — 2.  11 


1A2  MEMOIRES 

«  d'où  les  Sclavons  ont  formé  celui  de  Baoscia  (lisez 
a  Balscha)  ;  joint  que  Tétoile  à  plusieurs  raies  qu  Orbioi 
«  donne  aux  Balsa  pour  armes,  lève  toute  la  difficulté  qu'on 
«  pourrait  former  sur  cette  origine,  étant  celle  que  porte 
«  la  maison  des  Baux.  C'est  peut-être  pour  cette  raison,  et 
((  en  suite  de  ce  que  la  maison  d'Anjou  possède  l'Albanie, 
f(  que  les  grands  seigneurs  de  ces  contrées  se  vantaient 
«  d'être  issus  des  nobles  familles  de  France;  à  cause  de 
«  quoi  il  y  a  eu,  depuis  ce  temps-là,  une  correspondance  et 
((  une  alliance  mutuelles  entre  ces  deux  nations.  De  même; 
((  les  Topia  se  disaient  issus  de  Charlemagne,  et  pour  mar- 
(i  que  de  leur  origine,  ils  montraient  la  figure  de  ce  grand 
«  prince  gravée  sur  une  pierre  vive  au  cbâteau  de  Croia, 
«qui  leur  appartenait.  Les  Ducagini  (Doukadjins)  se 
((  disaient  issus  du  fabuleux  Grifibn  de  Ilautefeuille.  Ce  qui 
((  montre  évidemment  qu'ils  tiraient  leur  extraction  des 
((  Français  *.  » 

La  première  mention  que  l'histoire  fasse  des  descendants 
de  la  maison  des  Baux  au  milieu  des  Schkypétars  ne  re- 
monte qu'à  l'année  1356.  Us  possédaient  alors  simplement 
quelques  châteaux  dans  la  Guégarie  on  Albanie  septentrio- 
nale, et  ils  avaient  même  donné  à  un  de  ces  châteaux  le 
nom  de  la  ville  provençale  d'où  ils  tiraient  leur  origine, 
nom  qui  s'est  conservé  dans  le  village  de  Balsch  près 
de  Scutari.  La  dissolution  rapide  de  la  monarchie  serbe 


*  Les  laiftODS  alléguées  par  M.  Hahn  {Albanesi*cfu  Studiên^  p.  345)  pour  con- 
tester ropinioa  de  Da  Cange  sur  Torigiae  frauçaise  de  la  maison  des 
Balscha^  ne  me  paraissent  pas  sufBsantes.  De  ce  que  BaUcha  est  un  mot  alba* 
nais,  il  ne  s* ensuit  pas  que,  comme  nom  propre,  ce  ne  puisse  pas  être  lue 
traduction  de  Baux.  Au  contraire,  il  est  probable  que  les  Albanais  ayant  à 
faire  passer  ce  nom  dans  leur  langue,  lui  auront  donné  une  forme  qui  offrait 
un  sens  à  leur  esprit. 


ET   DISSERTATIONS.  113 

après  la  mort  d'Etienne  Douscban  et  les  troubles  sanglants 
qui  furent  la  conséquence  de  cette  mort,  permirent  à  Tun 
d'eux,  qui  s'appelait  Balscba  par  son  prénom  comme  par 
son  nom  propre,  d'acquérir  une  puissance  considérable  en 
faisant  la  guerre  successivement  aux  diverses  familles 
seigneuriales  de  l'Albanie,  et  en  leur  prenant  des  villes 
et  des  cbâteaux  II  combattit  même  son  suzerain ,  Etienne 
Ourosch  V,  empereur  de  Servie  et  fils  d'Etienne  Douscban, 
qui  voulait  s'opposer  à  ses  empiétements  dans  l'Albanie  \ 
En  1365  il  s'unit  aux  Ragusains,  et  fit  avec  eux,  pendant 
deux  ans,  une  guerre  beureuse  au  seigneur  d'Ouscbitsa, 
dans  la  Dalmatie  ,  Nicolas  Altoman ,  vassal  comme  lui  de 
la  couronne  de  Servie  *. 

Balscba  mourut  en  1367.  laissant  trois  fils,  Siraschimir, 
Georges  et  un  dernier  que  les  cbroniques  et  les  diplômes 
contemporains  désignent  sous  le  nom  de  Balscba  IL  Tous 
les  auteurs  qui  ont  parlé  jusqu'ici  de  1  bistoire  du  Monté- 
négro placent  dans  l'année  1368  la  mort  de  Balscba  I*'; 
cependant  nous  voyons,  par  des  lettres  patentes  conservées 
aux  arcbives  de  Vienne',  que  dès  le  17  janvier  de  cetu^. 
même  année  ses  trois  fils  étaient  en  possession  du  pouvoir 
et  faisaient  acte  de  souveraineté.  C'est  donc  certainement  à 
la  fin  de  1367  ou,  au  plus  tard,  dans  les  premiers  jours  de 
1308  que  le  premier  des  Balschides  connus  dans  Tbistoire 
descendit  au  tombeau. 

Les  trois  fils  de  Balscba  1""  partagèrent  la  couronne  et 
exercèrent  en  .commun  la  souveraineté  paternelle.  Un  de 

1  Da  CaDge,  Empire  de  Constaniinople^  t.  II ,  p.  286. 

>  Medakovitj,  PobiettmUa  Terniogorié^  p.  22. 

•  Paul  Karano-Tvartkotitj,  Srbskii'spomitnetiei  ^Belgrade,  1840),  n»  63.  — 
Miklodcb,  Monumenta  urbU»,  n*  161.  Acte  pour  la  luppression  du  péage  l'e 
Dani. 


ihà  Mf:\IOIRES 

leurs  premiers  actes  fut  de  revenir  au  giron  de  TÉglise 
catholique  que  leurs  ancêtres,  bien  qu'étant  d'origine 
latine,  avaient  abandonnée  depuis  plusieurs  générîiiions 
pour  le  schisme  oriental.  Il  existe  une  lettre  du  pape  Ur- 
bain V,  datée  de  Montefiascone  le  25  mai  1368,  et  portant 
la  suscriptîon  :  Nobilihvs  viris  Slraznniro  et  Georgio  ac 
Bahe  fratribus  Zopmiis  Zcnle\  Le  souverain  pontife  y  fé- 
licite ces  princes  de  leur  conversion ,  les  engage  h.  persé- 
vérer, et  leur  recommande  très-vivcmcnt  de  respecter  les 
catholiques  de  leurs  environs,  particulièrement  les  gens  de 
Cattaro,  avec  lesquels,  d'après  la  lettre  pontificale,  les  trois 
jeunes  princes  faisaient  une  guerre  dont  la  conduite  était 
laissée  à  Georges. 

Bientôt  leur  activité  belliqueuse  trouva  une  occasion  fa- 
vorable de  se  déployer.  Le  roi  litienne  Ourosch  V  avait  été 
tué  en  1367,  l'année  même  où  Balscha  I"  mourait,  par  un 
de  sesprincipaux  vassaux  nommé  Voukaschin;  Straschimir, 
Georges  et  BaLscha  II  se  déclarant  contre  l'usurpateur  en 
faveur  de  l'héritier  légitime  Lazare,  petit-fils  de  Douschan, 
enlevèrent  Scutari,  occupée  depuis  la  mort  d'Etienne  Ou- 
rosch par  Tvariko,  lequel  venait  d'usurper  le  titre  de  roi 
de  Bosnie  au  lieu  du  simple  titre  de  ban  qu'il  portait  jus- 
qu'alors, et  conquirent  toute  la  Zenta,  dont  le  voïvode, 
Georges  lUiitj,  était  un  des  plus  ardents  parmi  les  partisans 
de  Voukaschin  *.  Des  succès  aussi  rapides  effrayèrent  ce 
dernier,  et  il  sollicita  instamment  la  paix  des  jeunes  sou- 
veiains  de  la  Zenta;  une  des  garanties  en  fut  le  mariage  de 
Georges  avec  Militsa,  fille  de  Voukaschin  '.  Mais  cette  union 
ne  fut  pas  de  longue  durée.   L'usurpateur  du  trône  de 

'   Raynaldu?,  Annal,  eccles.,  t   XXVI,  p.  169. 

•  Orbini,  //  Hegno  deylt  Slavi  (Pcsaro,  1601).  p.  287. 

»  Orliiiî,  p.  287, 


ET   DISSERTATIONS.  145 

Servie  étant  mort  en  1371,  Georges  répudia  sa  lille  pour 
épouser  Théodora,  fille  de  JarkoMeressitj,  sœur  de  Dragas 
et  de  Constantin,  beau-père  de  Manuel  Paléologue  \ 

Continuant  le  cours  de  leurs  exploits,  les  trois  frères  at- 
taquèrent Charles  Topia,  seigneur  napolitain,  petit-fils  na- 
turel, par  sa  mère,  du  roi  Louis  de  Tarente ,  lequel  avait 
passé  en  Albanie  après  la  mort  de  ce  roi,  et  y  avait  rapi- 
dement acquis  de  vastes  domaines  '.  Les  Balschides  lui  en- 
levèrent la  cité  de  Crola ,  qui ,  dans  le  siècle  suivant , 
devint,  sous  Skanderbeg,  la  capitale  de  la  principauté 
d'Albanie. 

Un  accommodement  entre  les  deux  familles  termina  la 
lutte,  et  Cbarles  Topia  épousa  Catherine,  fille  de  Bals- 
cba  I"*.  Après  cela,  les  princes  de  la  Zenta  entreprirent 
une  guerre  acharnée  contre  la  puissante  famille  des  Dou- 
kadjins,  venue  comme  eux  avec  les  princes  angevins,  la- 
quelle était  alors  maîtresse  de  toute  la  Mirdita  et  des  vallées 
des  Dibres.  Mais  cette  guerre  fut  funeste  à  l'Albanie,  car 
les  Doukadjins,  vaincus  par  les  Balschas,  commirent  la 
faute  immense,  dont  ils  se  repentirent  eux-mêmes  amère- 
ment plus  tard,  d*implorer  le  secours  des  Turc^  et  de  les 
ioviter  à  entrer  dans  le  pays. 

Toutefois  ceux-ci  attendirent  encore  quelques  années 
avant  d'apparaître  d*une  manière  prépondérante  en  Al- 
banie. 

Straschiniir,  fils  de  Balscha  l"',  mourut  en  1373  ;  il  lais- 
sait un  fils,  Georges  11  «  qui  fut  immédiatement  associé  à  ses 

»  Phranti»?»,  1.  19. 

*  Orbini,  p.  288.  —  Sur  Forigine  et  la  puitMinco  do.-»  Topia  ,  voir  Iv.a  irifeciip- 
tiou»  publiées  par  M.  Habn,  Àlbanesi^hi'  Stiirlien,  p.  135,  cote  72,  et  p.  119, 
ir  15. 

3  Oibjni,  p.  2«0. 


ih6  HÉMOIKES 

deux  oncles.  Cest  ce  qui  ressort  d'un  acte  donné  à  Ragose 
ie  30  novembre  1373  par  Georges  Balscbitj,  c'est-i-dire; 
Georges  l*',  acte  dans  lequel  il  se  déclare  ami  et  allié  de 
la  république  de  Raguse,  ainsi  que  son  frère  Balacha  et  son 
neveu  Georges;  les  conditions  de  l'alliance  y  sont  exposées 
et  le  prince  de  Zenta  y  promet  l'extradition  de  tous  ceux 
qui,  dans  ses  États,  se  rendraient  coupables  de  quelque 
crime  envers  les  négociants  ragusains;  enfin  il  confirme 
l'exemption  d'impôts  qui  leur  avait  été  accordée  par  Etienne 
Douscban  '. 

Vers  le  même  temps,  Louis,  prince  de  Navarre,  ayant 
épousé  une  des  filles  de  la  reine  Jeanne  de  Naples,  se  fit 
donner  la  ville  de  Durazzo  comme  dot  de  sa  femme ,  et 
prépara  une  grande  expédition  pour  conquérir  FAlbanie  et 
la  Zenta.  Déjà  son  avant-garde  était  passée  de  l'autre  côté 
de  l'Adriatique  lorsqu'il  mourut  subitement  au  moment  de 
s  enribarquer.  Les  chevaliers  et  les  soldats  descendus  à  Du- 
razzo, demeurant  sans  chef,  se  mirent  à  guerroyer  pour 
leur  propre  compte  avec  les  seigneurs  albanais  du  voisi- 
nage, et  particulièrement  avec  Charles  Topia..  Georges 
Balscha  se  hâta  de  venir  au  secours  de  son  beau-frère;  mais 
au  lien  de  recourir  à  la  force,  il  entra  en  négociations  avec 
les  envahisseurs  et  leur  oflrit  une  forte  somme  d'argent 
pour  évacuer  Durazzo.  La  proposition  fut  acceptée  aussitôt 
que  faite,  et  les  aventuriers  quittèrent  Durazzo,  laissant 
TAlbanie  en  paix  *. 

Ce  danger  une  fois  écarté,  les  Balscfaides,  qui  semblaient 
ne  penser  qu'à  chercher  des  occasions  de  guerre ,  tour- 
nèrent leurs  armes  contre  la  famille  Moussachia,  l'une  des 


*  Srbsk-spomien,  n"  64.  —  Monum.  serb.^  n*  173. 

*  Orbini,  p.  289. 


ET  DISSERTATIONS.  1A7 

plus  aocienoes  et  des  plus  puissantes  de  l'Albanie,  et  s'em- 
parèrent de  tous  leurs  domaines  dans  la  Toskbarie  ou  Al- 
banie moyenne ,  c'est-à-dire  de  la  région  appelée  encore 
aujourd'hui  de  leur  nom  Mou$sachè  ^  ;  ils  enlevèrent,  en 
outre,  à  divers  seigneurs  un  certain  nombre  de  forteresses, 
dont  les  deux  plus  importantes  étaient  Âvlona  et  Belgrad, 
aujourd'hui  Bérat. 

Une  iiipture  avec  Charles  Topia  fut  la  conséquence  de 
cet  accroissement  de  territoire.  Dans  la  nouvelle  lutte  où 
ils  s'engagèrent,  la  fortune  des  combats  ne  fut  pas  si  fa- 
vorable aux  Balschides.  Georges,  fait  prisonnier,  n'obtint 
sa  liberté  qu'en  promettant  de  demeurer  désormais  Tallié 
de  Charles  Topia.  Restaient  son  frère  et  son  neveu  qui  n'a- 
vaient rien  promis.  La  paix  entre  eux  et  les  Topia  fut  né- 
gociée et  conclue  en  1376  par  l'entremise  de  la  république 
de  Raguse  et  de  son  délégué  Matteo  di  Bodaza  *. 

Cette  guerre  était  à  peine  terminée  qu'une  autre  éclatait 
du  côté  de  la  Bosnie,  au  sujet  des  domaines  de  Nicolas  Al- 
toman,  prince  d'Ouschitsa  et  beau-frère  de  l'empereur  La- 
xare  de  Servie,  qui,  dépouillé  de  ses  États  par  une  confé- 
dération composée  de  son  beau-frère  Lazare,  de  Louis,  roi 
de  Hongrie  et  de  Tvartko,  roi  de  Bosnie,  s'était  réfugié  dans 
la  Zeota  auprès  des  Balschides  auxquels  il  avait  cédé,  en 
échange  de  cet  asile,  les  districts  qui  lui  étaient  demeurés 
fidèles,  c'est-à-dire  les  territoires  de  Trébinié,  Canali  et 
Drascfaevitsa  '. 

Tvartko  parvînt  à  soulever  ces  districts  contre  les  Bals- 
chides. Mais  Georges ,  pour  se  venger ,  accourut  avec  son 
beau-frère  Charles  Topia,  à  la  tète  d'une  armée  de  dix 

»  Chalcondyl.  IV.  p.  Il,  éd.  de  Pari».  —  Orbini,  p.  289. 
»  Orbini.  p.  290. 
^  Orbini.  p.  281. 


1Â8  MLMOiH£S 

mille  hommes,  enleva  la  forteresse  d'Onogoschto,  pénétra 
dans  la  Bosnie  jusqu'à  Névésinié,  y  mit  tout  à  feu  et  à  sang^ 
et  revint  chargé  de  dépouilles  à  Scutari,  où  il  mourut  trois 
mois  après  ^  Orbini  place  sa  nK)rt  au  13  janvier  1379;  ce- 
pendant nous  croyons  que  Ton  doit  la  fixer  quelques  mois 
plus  tard.  En  effet,  la  guerre  avec  Tvarlko  appartient  cer- 
tainement à  Tannée  1379,  comme  on  peut  s'en  assurer  par 
sa  relation  avec  les  autres  événements  de  l'histoire  de 
Bosnie  à  la  même  époque,  et  c'est,  d'ailleurs,  seule- 
ment le  20  novembre  de  cette  année  que  nous  voyons, 
dans  un  diplôme  conservé  aux  archives  de  Vienne, 
Baldcha  II ,  devenu  le  chef  de  la  famille ,  confirmer  à 
1  occasion  de  son  avènement  les  privilèges  accordés  aux 
Ragusains  dans  la  principauté  de  Zenta  par  soa  frère 
Georges  '. 

Balscha ,  qui  se  trouvait  ainsi  maître  du  souverain  poo- 
voir,  était ,  dit  Orbini ,  très-inférieur  comme  habileté  à 
ses  deux  aînés,  mais  il  était  brave,  et  d'ailleurs  dans  les 
premiers  temps  de  son  règne  il  profita  des  conséquences 
de  la  politique  de  ses  frères.  Dès  la  première  année  qui 
suivit  la  mort  de  Georges,  la  ville  de  Castoria,  forteresse 
d'une  haute  importance  sur  la  frontière  de  l'Albanie  et  de 
la  Macédoine,  fut  livrée  à  Balscha  II  par  Hélène,  veuve  du 
roi  Marko  Kralievitj,lefils  de  Voukascbin,  à  condition  qu'il 
l'épouserait  et  répudierait  sa  première  femme,  qui  était 
fille  du  despote  de  Belgrad  d'Albanie  ou  Bérat*.  Mais  cette 
Hélène  était  une  femme  sans  mœurs  ;  ses  désordres  devin- 
rent, au  bout  de  quelques  mois  de  mariage,  tellement  scan^ 
daleux  que  Balscha  la  fit  d'abord  enfermer  dans  une  prison, 

1  Orbini,  p.  291-292. 

*  Srbsk  spomien^  n"  67,  —  Monwn.  seib.y  u*  183. 

»  Orbiui,  p.  290. 


ET   I>fôS£RTATR)^S.  149 

puis  la  répudia,  tout  eu  gardant  la  vile  qu'elle  lui  avait 
apportée  en  dot. 

Vers  le  même  temps  la  république  de  Ragnse,  recon- 
Dadssaute  des  services  que  lui  avaient  constamment  rendus 
les  princes  de  la  Zenta,  inscrivit  Baiscba  II  sur  le  livre  d'or 
de  sa  noblesse,  et  chargea  un  de  ses  magistrats  d'aller  an* 
Doncer  cet  honneur  au  prince  à  qui  elle  Tavait  accordé  \ 

En  1385,  Baiscba  trouva  moyen  d'ajouter  une  nouvelle 
conquête  à  ses  États.  Profitant  des  désordres  du  royaume 
de  Naples  et  de  la  mort  du  roi  Charles  en  Hongrie,  il  em- 
porta d'assaut  la  ville  de  Durazzo  '.  La  date  de  cet  événe- 
ment est  fixée  avec  certitude,  d'abord  par  celle  de  la  mort 
du  roi  Charles  de  Durazzo,  puis  par  un  diplôme  en  date  du 
2Â  avril  1385,  dans  lequel  Baiscba,  prenant  le  titre  de  duc 
de  Durazzo,  confirme  à  l'occasion  de  sa  prise  de  possession 
les  privilèges  accordés  aux  Ragusains  dans  ce  duché  par 
l'empereur  Etienne  Douschan,  et  les  rend  semblables  à 
ceux  que  son  frère  Georges  leur  avait  octroyés  dans  la 
ZenU'. 

Ce  fut  l'apogée  de  la  puissance  des  Balschides. 

Quelques  mois  après  le  fameux  Khaïr-ed-din ,  beyler- 
bey  de  Roumélie  pour  le  sultan  Mourad  I",  envoya  une 
année  de  quarante  mille  Turcs  envahir  l'Albanie.  Baiscba 
réunit  les  troupes  qu'il  avait  sous  la  main ,  et  se  joignant 
à  Ivanisch ,  second  fils  de  Voukaschin ,  marcha  contre  les 
Ottomans.  Les  deux  armées  se  rencontrèrent  près  de  Bérat 
dans  la  plaine  de  Saura,  sur  les  bords  de  la  Voîoussa  (l'Àoûs 
des  anciens).  Les  conseillers  de  Baiscba  voulaient  différer 
la  bataille  et  attendre  des  renforts ,  considérant  le  petit 

*  Orbini,  p.  293. 
»  Orbini,  p.  292. 

*  SffejÎMpofmw,  n*  70.  —  Monum,  sirb.,  n?  192. 


150  MÉMOIRES 

nombre  des  chrétiens  par  rapport  aux  Turcs;  mais  le  prince 
impatient  n'écouta  pas  leurs  avis  et  engagea  le  combat 
L'armée  chrétienne,  écrasée  par  les  masses  musulmanes, 
fut  taillée  en  pièces.  Balscha  lui-même  périt  dans  le  plus 
fort  de  la  mêlée  avec  Ivaniscfa ,  et  sa  tête  fut  rapportée 
comme  un  trophée  à  Kbaïr-ed-dio  ^ . 

Orbini  place  en  1383  la  bataille  de  Saura,  mais  on  ne 
saurait  la  mettre  que  dans  Tété  de  1385.  Par  le  diplôme 
cité  plus  haut,  nous  savons  que  le  prince  de  Zenta  était 
encore  en  vie  au  mois  d*avnl  de  cette  même  année,  et  d'un 
autre  côté,  la  mort  de  Rhaîr-ed-din  au  commencement  de 
1386  *  nous  reporte  forcément  en  1385  pour  le  combat  où 
Balscha  II  perdit  la  vie. 

Georges,  fils  de  Straschimir,  sortit  alors  du  château  de 
Durazzo  dans  lequel  son  oncle  le  tenait  enfermé  depuis 
quelque  temps,  craignant  de  trouver  en  lui  un  compétiteur, 
et  saisit  les  rênes  du  pouvoir.  Nous  pouvons  fixer  la  date 
de  son  avènement,  grâce  à  un  acte  du  27  janvier  1386  dans 
lequel,  prenant  le  titre  de  seigneur  de  Zenta  et  de  IVimoiie, 
c* est  à-dire  de  la  côte  d'Albanie,  il  confirme  à  cette  occa- 
sion les  privilèges  accordés  antérieurement  aux  Ragusains 
par  Straschimir,  Georges  et  Balscha  II  ^ 

En  arrivant  à  la  puissance  souveraine,  le  jeune  prince  se 
trouva  en  pi^sence  des  plus  graves  complications  à  l'inté- 
rieur comme  à  l'extérieur. 

Ce  fut  d'aboixl  contre  les  ennemis  intérieurs  quil  se 
loiu-na. 

La  plupait  des  seigneurs  de  la  Zenta  supérieure,  profi- 

»  Orbini,  p.  292-293. 

*  Iladji  KLalfa,  Tables  chronologiques,  p.  174.  —  C[\  de  ITjimmcr,  Hùftoire 
^c  rtlmpire  ottoman^  1. 1,  p.  260  de  la  tra^clion  française. 

*  Srb$kêynmien j  n"  71.  —  Monum.  «rfr.,  n*  1V4. 


ET  DISSERTATIONS,  151 

taDtdc  la  mort  de  son  oncle,  s'étaient  soulevés  contre  les 
Balschldes  et  appelaient  dans  le  pays  Tvartko,  roi  de  Bos- 
me.  Les  chefs  de  cette  rébellion  étaient  d'abord  deux  gen- 
tilshommes appelés  Nicolas  et  André  Zacbet,  puis  un  pa- 
ient de  la  famille  des  Balscba»  nommé  Etienne  de  Maramont, 
d'une  maison  française  établie  dans  la  Fouille,  que  les  trois 
fils  de  Balscha  I"  avaient  appelé  dans  la  Zenta  en  lui  don- 
nant la  seigneurie  du  Tsemogore,  et  qui,  se  fixant  parmi 
les  populations  slaves,  y  avait  pris  le  nom  d'Etienne  Tser- 
noîevitj ,  ou  fils  du  Noir  ^  Outre  l'alliance  de  Tvartko, 
les  révoltésavaient  recherché  celle  des  Doukadjins,  toujours 
prêts  à  se  venger  sur  les  Balschides  de  leurs  défaites  anté- 
rieures. Georges  marcha  contre  eux,  les  vainquit,  accorda 
la  paix  à  Etienne  Tsemoïevitj  ;  mais,  s'étant  emparé  de  la 
personne  d'André  et  de  Nicolas  Zachet,  leur  fit  crever  les 
yeux.  Puis,  aCn  de  s'assurer  un  appui  contre  les  Doukad- 
jins ,  il  fit  alliance  avec  le  tsar  de  Servie,  Lazare,  dont  il 
épousa  la  fille  louvelitsa,  veuve  de  Schischman,  prince  de 
Valachie  '. 

Il  se  porta  ensuite  contre  les  Turcs,  mais  de  ce  côté  ses 
armes  ne  furent  pas  heureuses. 

A  Khaïr-ed-din  avait  succédé ,  dans  le  conounandement 
des  troupes  ottomanes  d'Europe,  Timour-Tasch.  Poursui- 

*  Du  Cange,  Empire  latin  de  CnntUmtinople,  t.  II  p.  291.—  Famil.  Dalmat.f 
^347. 

«  OrbiDÎ,  p.  293. 

L'annaliste  ragasain  appelle  cette  femme  Desptna ,  prenant  son  titre  de 
iféoTOiva  ponr  son  nom  propre.  Celai  de  louvelitsa  est  foarni  par  un  curienx 
piêtmt  sur  la  batûlle  de  Kossovo,  extrait  par  M.  Mérimée  d*nn  manascrit  de 
la  bibliothèque  de  TArsenal  de  Paris  et  inséré  par  lai  dans  an  recueil  de  pas- 
tiches habilement  faits  des  poésies  serbes,  intitulé  la  Gusla.  Dans  ce  piesme, 
par  une  confusion  de  temps  qui  ne  doit  pas  arrCter,  le  prince  de  Zenta,  gendre 
de  Lazare  de  Servie ,  est  appelé  Georges  Tscrnolcvitj ,  an  lieu  do  George» 
Balscha  ou  Straschimirovitj. 


15â  SlÈMOfRES 

vaut  les  avantages  remportés  par  son  prédéccssenr,  le 
nouveau  beyler  bey  de  Roumélie  envoya  encore  une  armée 
en  Albanie.  Cette  armée  ravagea  tout  le  pays,  pénétra 
dans  les  districts  de  Boudva ,  d*Antivari  et  de  Dnrazzo, 
parvint  même  dans  la  Zenta  supérieure  jusqu'à  Ostrog, 
mettant  partout  sur  son  passage  les  campagnes  à  feu 
et  à  sang,  et  enlevant  des  milliers  d'esclaves  dans  les  po- 
pulations albanaise  et  slave.  Georges  obtint  enfin  la  paix, 
mais  ce  ne  fut  qu'aux  plus  dures  conditions  '.  11  dut  céder 
au  sultan  Castoria,  Cérat,  Durazzo  et  Scutari.  Mais  ces  deux 
villes  lui  fuient  presque  aussitôt  rendues  par  Mourad !•', 
grâce  à  l'habileté  d'une  jeune  fille  de  la  maison  des  Bals- 
chîdes  que  le  prince  de  Zenta  avait  envoyée  pour  le  harem 
du  sultan  et  qui  avait  pris  une  haute  influence  sur  l'esprit 
de  Mourad. 

Ce  fut  à  la  suite  de  ces  événements  que  Georges,  cher- 
chant à  se  procurer  l'appui  tout-puissant  de  Venise ,  ac- 
corda, le  28  février  1388,  aux  marchands  vénitiens  de 
trafiquer  librement  dans  ses  domaines,  sans  être  soumis  à 
payer  aucun  droit  *. 

L'année  1389  marque  une  date  aussi  décisive  et  aussi 
funeste  dans  Thistoire  des  Slaves  méridionaux  que  l'année 
1453  dans  celle  des  Grecs.  C'est  en  cette  année  que  le 
royaume  de  Servie,  trôs-aflaibli  déjà  par  les  divisions  in- 
testines depuis  la  mort  d'Etienne  Douschan,  succomba  dé- 
finitivement sous  le  cimeterre  des  Osmanlis. 

La  bataille  de  Kossovo  finit  toute  résistance  de  la  part 
des  Slaves  méridionaux.  Bayezid,  devenu  sultan  par  suite 
(le  la  mort  de  son  père  Mourad,  réduisit  la  Servie  à  l'état 

•  Orbini,  p.  2t»3. 

'  Milakoviij,  l^lorié  Tsrnio  goric  (Zara,  1856),  p,  86.— ifonum  «r6.,  n*490. 


Kl    DISSKIiTAIIONS.  153 

de  vasselage  et  le  fils  du  roi  qui  avait  péri  dans  Ut  combat, 
Etienne  Lazarevitj,  en  reçut  de  lui  Tinvestiture,  mais  «avec 
le  simple  litre  de  despote  au  lieu  de  celui  de  roi.  Tous  les 
pays  qui  avaient  envoyé  leur  contingent  à  Tarniée  de  La- 
zare suivirent  l'exemple  de  la  Servie  et  reconnurent  la  su- 
zeraineté du  sultan. 

Seul,  le  souverain  de  la  Zenta,  qui  s  était  distingué  par 
sa  valeur  dans  la  fatale  bataille ,  ne  voulut  pas  se  sou- 
mettre à  cette  humiliante  condition,  et,  malgré  la  faiblesse 
de  ses  Étals,  prétendit  se  maintenir  entièrement  indépen- 
dant. Aussi  la  Zenta  devint-elle  le  refuge  de  tous  les  hommes 
généreux  qui  ne  voulurent  pas  accepter  la  situation  de  vas- 
saux du  musulman. 

Cette  conduite  hardie  devait  naturellement  attirer  sin* 
Georges  II  la  colère  de  Bayezid.  Son  pays  fut  envahi  par 
des  armées  très  supérieures  en  nombre  à  celles  qu'il  pou- 
vait y  opposer,  et,  malgré  le  courage  de  ses  soldats,  il  fut 
bientôt  serré  de  si  près  qu'il  se  vit  obligé  en  1394  d'im- 
plorer le  secours  des  Vénitiens,  secours  qu'il  dut  payer  par 
la  cession  des  villes  de  Durazzo  et  de  Scutari  \ 

La  défaite  et  la  prise  de  Bayezid  par  Tiinour,  à  la  suite 
delà  bataille  d'Angorah  en  1402,  ainsi  que  l'ébranlement 
que  la  puissance  ottomane  reçut  de  cet  événement  permirent 
aux  chrétiens  orientaux  de  se  reposer  pendant  quelques 
années.  Dans  cet  intervalle ,  Georges  de  Zenta  mourut  et 
son  fils  Balscha  III  lui  succéda. 

Ce  dernier  était  déjà  sur  le  trône  lorsqu'en  1410,  à  Tavé- 
nemenl  du  sultan  MousaGhélébi,le  fameux  Evrenos-Pacha, 
dernier  survivant  des  compagnons  d'Orkhan,  déjà  presque 

«  Orbiiii,  p.  294. 


151  MÉMOIRES 

ceDlenaire,  envahit  la  Zenla  à  la  tête  d'une  puissante  armée. 
11  fut  repoussé  \ 

Orbini*  prétend  que  Balscha  était  le  troisième  fils  de 
Georges,  et  qu'il  ne  monta  sur  le  trône  que  parce  que  ses 
deux  aînés  Joitj  et  Ivanisch  étaient  morts  du  vivant  de  son 
père.  Cependant  nous  voyous  par  un  acte  du  3  mai  1416  ' 
qu'lvanisch  était  vivant  et  portait  le  titre  de  knêze  ou  comte 
de  Tsettinié  dans  le  Tsernogore,  tandis  que  Balscha  était 
prince  de  Zenta.  Nous  devons  en  conclure  à  une  erreur  dans 
le  livre  du  chanoine  de  Raguse  et  faire  de  Balscha  le  second, 
et  non  le  troisième  fils  de  Georges  II. 

Nous  ne  savons  pas  si  c'était  ce  Balscha  ou  son  père  qui 
occupait  le  trône  lorsqu'en  1406  la  seigneurie  vénitienne 
céda  les  villes  de  Brondva  et  d'Antivari  à  la  principauté  de 
Zenta*.  Ce  qui  est  seulement  certain,  c'est  que  vers  1411 
ou  1412,  le  fils  de  Georges  II,  enorgueilli  par  son  succès 
sur  Evrenos -Pacha,  déclara  la  guerre  à  Venise,  et  enleva 
aux  généraux  de  la  république  la  ville  de  Scutari  ;  mais  il 
échoua  devant  la  citadelle  *. 

Les  Vénitiens  apprenant  cette  nouvelle  envoyèrent  aus- 
sitôt sur  la  côte  d'Albanie  Marino  Caravelo  avec  des  navires 
et  des  troupes.  Malgré  les  ressources  militaires  mises  à  sa 
disposition ,  le  général  vénitien  n'agit  pas  par  les  armes; 
mais  il  sut  si  bien  faire  par  ses  intrigues  et  par  l'or  qu'il 
répandit,  quo  tous  les  seigneurs  de  la  Zenta  se  déclarèrent 


*  Vatslik,  la  Soucerninelé  du  Monténégro  et  le  droit  des  jfiu  moderne  de  ffu- 
rope,  p.  13. 

»  P.  294. 

'  Monum.  serh.^  n"  2()3. 

*  Andritj,  Geschùhte  de.*  Fiirstenthums  Monténégro,  p.  7. 
»  Orbini,  p.  294 


KT    DISSERTATIONS.  155 

pour  lui  et  qiïe  BaUclia  n'eut  qiie  le  temps  de  s'enfuir  avec 
sa  mère '• 

Mais  Benedetto  Contarini ,  qui  avait  succédé  à  Marîno 
Caravelo  dans  le  commandement  de  l'armée  d'Albanie, 
perdit  bientôt  la  situation  des  Vénitiens  dans  le  pays  par 
les  exécutions  arbitaires  qu'il  fit  faire  de  plusieurs  seigneurs 
de  la  Zenta.  Balscha  fut  rappelé  par  toute  la  population, 
et  en  1413,  un  an  seulement  après  avoir  été  chassé,  rentra 
dans  ses  États  héréditaires  d*où  il  expulsa  les  troupes  de 
Venise  *. 

En  lAlO,  sur  l'instigation  de  son  parent  Etienne  de  Ma- 
ramont  ou  Etienne  Tsernoievitj,  fils  du  seigneur  de  ce  nom 
que  nous  avons  vu  se  révolter  contre  Georges  II,  il  rompit 
Falliance  traditionnelle  qui  avait  régné  depuis  1386  entre 
sa  famille  et  la  république  de  Raguse,  alliance  que  Stras- 
cbimir,  Georges  I'',  Balscha  II  et  Georges  II  avaient  toujours 
religieusement  observée.  Les  négociants  ragusains  qui  se 
trouYÛent  sur  le  territoire  de  la  Zenta  furent  dépouillés  et 
expulsés  '. 

Deux  ans  après,  en  1421 ,  Balscha  se  trouva  en  face  d'une 
redoutable  invasion  turque  conduite  par  le  sultan  Moham- 
med I"  en  personne.  Devant  ce  danger,  le  prince  de  la 
Zenta  fit  implorer  le  secours  de  Venise.  On  lit  dans  la  chro- 
nique de  Jean  Bembo,  à  la  date  de  1421  :  «  La  mère  de 
•  Balscha,  qui  avait  été  le  seigneur  de  beaucoup  de  lieux 
«  en  Albanie,  arriva  le  21  juillet  à  Venise,  et  recommanda 
«  les  États  et  les  peuples  de  son  fiis  au  doge  et  au  sénat, 
a  qui  la  comblèrent  d'honneur.  » 
Cependant  les  secours  demandés  n'arrivant  pas,  Balscha 

1  Jtfid, 

«  Orbinî,  p.  294. 

»  IbiU. 


156  MfiMOIRES 

se  décida  à  marcher  contre  Mohammed  avec  ses  seules 
troupes.  Le  succès  ju  >tifia  son  audace,  et  Tarmée  du  sultan 
fut  vaincue  et  dispersée  \ 

Après  cet  exploit  éclatant,  Balscha  se  rendit  dans  la 
Rascie  pour  voir  son  oncle  le  despote  Etienne  Lazarevitj, 
laissant  pour  le  temps  de  son  absence  le  gouvernement  à 
Etienne  Tsemoïevitj.  Mais,  parti  déjà  malade  de  Scutari, 
il  mourut  dans  la  route,  sans  laisser  d'enfants '. 

Avec  lui  finit  le  pouvoir  de  la  dynastie  des  Balschides 
auxquels  succédèrent  les  Maramont-Tsernoïevitj ,  qui  s  é- 
leignirent  à  leur  tour  en  1516,  et  furent  remplacés  par  les 
vladikaa  ou  souverains  ecclésiastiques,  lesquels  ont  duré 
jusqu'à  Tavénement  du  prince  Daniel  tout  récemment  as- 
sassiné à  Zara. 

J'ai  donné  un  grand  développement  à  ces  préliminaires 
historiques,  puisqu'il  s'agit  dans  mon  travail  d'une  seule 
espèce  de  monnaie.  Mais  j'avais  à  faire  à  une  histoire  absolu- 
ment ignorée  dans  nos  pays  d'Occident,  et  sur  laquelle  les 
écrivains  slaves  eux-mêmes  sont  extrêmement  incomplets  ; 
il  me  fallait  donc  absolument  reconstituer  les  annales  des 
Balschides,  princes  de  Zenta,  avant  de  chercher  à  déter- 
miner auquel  de  ces  princes  peut  être  attribuée  la  monnaie 
que  je  publie. 

J'aborde  maintenani  le  point  de  vue  purement  numisma- 
tique. 

Le  volume  des  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  de 
Saint'Pétersbouri;,  publié  en  1848,  contient  une  curieuse 

«  Vatslik.  p.  13. 
«  Orbini,  p.  294. 


ET   DISSERTATIONS.  157 

dissertation  de  M.  de  Reichel  sur  les  monnaies  des  rois  de 
Servie.  Nous  y  trouvons  publié,  sous  le  n*  20  de  la  pi.  XIV, 
un  denier  d' aident  portant  au  droit  un  écu  chargé  d'une 
tête  de  loup,  la  gueule  ouverte,  surmonté  d'un  haume, 
ayant  pour  cimier  une  tête  de  loup  semblable  à  celle  de 
Técu.  Dans  le  champ,  à  droite,  on  voit  la  moitié  d'une 
étoile  rayonnante.  La  légende  qui  règne  autour  serait, 
d'après  le  dessin  et  la  lecture  de  M.  de  Reichel,  SGORGl- 
XBLAD.  Au  revers  est  la  figure  de  saint  Laurent  nimbé, 
dans  une  gloire  en  forme  de  vesica  pwct.s  avec  l'inscription 
M.SV-f  NERVAL. S  {Sanclus  Laurentius  martyr)  qui  doit  se 
lire  de  droite  à  gauche  quoique  les  caractères  soient  gravés 
chacun  dans  le  sens  contraire. 


M.  de  Reichel  attribuait  cette  pièce  au  despote  de  Servie, 
Georges  Brankovitj ,  qui  gouverna  de  1A27  à  1A57.  Mais 
avant  même  qu'on  ne  connût  une  seconde  variété  du  denier 
que  cet  érudit  publiait,  il  y  avait  de  grands  doutes  à  élever 
sur  son  attribution. 

La  numismatique  slave  connaît,  en  effet,  des  monnaies 
qui  appartiennent  indubitablement  à  Georges  Rrankovitj,  et 
ses  monnaies  sont  tout  à  fait  différentes.  Les  légendes  sont 
slaves,  en  caractères  cyrilliens,  et  non  latines*;  les  types 

*  II  faut  pourtant  rsmarquer  que  parmi  les  monnaies  incontestables  dtts 
Toii  Serbes,  celles  de  Stephan  I*'  ont  des  légendes  slaves;  celles  de  Stephan  II 
des  légendes  latines  ;  celles  de  Wadislaw  des  légendes  slaves  ;  celles  de  Stc- 
pban  III — Ourosch  II  aussi;  celles  de  Stephan  IV  des  légendes  latines;  celles 

1860.  —  2.  12 


158  5IÉM01RES 

n*ont  pa&  de  rapport,  et  le  style  ainsi  que  la  fabrique  dé- 
notent une  autre  région.  • 

Voici  du  reste ,  pour  que  le  lecteur  en  juge  mieux  par  lui- 
même,  la  description  de  ces  monnaies  de  Georges  Brankovitj, 
dont ,  à  ma  connaissance,  il  existe  seulement  deux  variétés. 

!•  rtOPbrb.  AGCnOTb  {Georges  despote).  Le  souve- 
rain debout,  coiffé  d'une  couronne  ducale,  portant  un 
manteau  ,  tenant  de  la  main  droite  une  épée  sue  et  de  la 
gauche  le  globe  crucigère. 

îf.  GMAPBO  {Semendria).  Liou^ debout  à  gauche;,  devant 
lui  deux  étoiles.  — JR.  Demi-denier. 

{Mémoires  de  la  SocUté  d* archéologie  de  Saint-Péters- 
bourg,  t.  11,  pi.  XIV,  n-  19.) 

2*  Lion  debout  à  gauche,  la  lôte  flanquée  de  deux 
étoiles. 

ï{.  FNb— AeenO— TbP  {Knèze  et  despote  de  Rasde) 
en  trois  lignes  séparées  par  des  traits  horizontaux.  —  iî\. 
Demi-denier. 

{Loc.  cit.,  n"  21.  ) 

Bien  que  la  légende  de  ces  monnaies  soit  slave ,  le  titre 
de  despote  y  est  toujours  exprimé  par  le  mot  emprunté 
au  grec  AGCIIOTb,  et  non  par  son  équivalent  slave 
BAAAMKlx  Or  sur  la  pièce  publiée  par  M.  de  Beichel,  cet 
érudit  prétendait  expliquer  par  ce  dernier  mot  de  vladika 
les  lettres  BLAD,  qu'il  croyait  reconnaître  dans  la  légende 

de  Stephan  V  et  celles  d'Oarosch  IV  aussi  ;  celles  de  Stephan  VII  et  celle* 
d'Oorosch  V  aussi,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  livre  de  Luczenbacher 
{A'Szerb  zupàfwki  Kiràlyok^  es  czàrok*  Pénzec^  Bude^  1843)  et  dans  le  mémoire 
de  M.  de  Reichel. 

Mais  à  dater  de  Lazare,  le  prince  tué  à  Kossovo,  les  légendes  latines  ces- 
sent pour  faire  place  aux  légendes  slaves.  Kn  cela  la  numismatique  est  d*ac- 
cord  avec  Thistoire,  qui  montre  alors  la  cessation  absolue  de  Tiniliieiice 
latine,  venue  en  grande  partie  par  la  Hongrie  sous  les  règues  précédents. 


ET    DISSERTATIONS.  159 

du  droit.  11  aurait  été  étrange  de  trouver  un  titre  grec  sur 
les  médailles  à  inscription  slave  et  en  même  temps  le  titre 
slave  sur  une  pièce  à  inscription  latine,  tandis  que  les 
mots  de  despotes  ou  de  dominus  y  auraient  si  bien  convenu. 
De  plus ,  on  doit  faire  une  autre  observation.  Bien  que 
vladika  dans  les  idiomes  slaves  soit  l'équivalent  exact  du 
grec  ôîcTroTriÇ,  c'est  un  titre  qui,  dans  l'usage,  a  toujours 
été,  pour  ainsi  dire,  exclusivement  ecclésiastique.  Si  l'on 
examine  les  actes  des  rois  de  Servie  et  des  autres  princes 
des  Slaves  du  Midi  rassemblés  dans  les  Srbshii  Spomienitsei 
de  M.  Karano-Tvartkovitj  et  dans  les  Monumenta  Serbica 
de  M.  Mikiosich.,  on  y  verra  que  dans  les  diplômes  du 
moyen  âge  les  despotes  souverains  civils  portent  toujours 
le  titre  grec  de  AGCUOTb,  et  les  évêques  seuls  celui 
de  BAAAMKb.  C'est  une  règle  à  laquelle  je  ne  pourrais 
citer  qu'une  seule  exception,  numismatique  il  est  vrai,  si 
l'on  devait  considérer  comme  certaine  l'attribution  que 
M.  de  Reichel  fait  au  despote  Jean,  fils  d'Etienne  Georgievitj 
(1485-1502),  de  la  pièce  suivante  : 

I.  BAAKb.  Saint  Jean  debout. 

ij.  rc  XC.  Le  Christ  bénissant  et  teuant  le  livre  des 
Évangiles,  assis  sur  un  trône.  —  /R.  Demi-denier. 

{Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  de  Saint-Péters- 
bourg,  i.  II ,  pi.  XV,  n'»  22.  ) 

Mais  l'attribution  proposée  par  M.  de  Reichel  ne  saurait 
être  admise.  Le  style  de  la  pièce  est  notablement  plus 
ancien  que  le  commencement  du  xvi°  siècle;  il  se  rap- 
proche de  celui  des  monnaies  d'Ourosch  V  S  de  Voukaschin  ' 


'  Mémoires   de   la   Société  d'archéologie  de  Saint-Pétersbmirg,  t.    II,  pi    XIV, 
*  /WJ.,  pi.  XV,  n-  20. 


lôO  MÉMOIRES 

et  de  Lazare  ^  Aussi,  dans  le  cas  ou  Ton  établirait  que 
cette  médaille  ne  peut  pas  être  attribuée  à  quelque  vladika 

ecclésiastique  ou  évèque  ayant  usurpé  le  droit  de  battre 
monnaie  pendant  l'agonie  de  Fenipire  des  Serbes,  j'aime- 
rais mieux  la  donner  au  despote  Ivanisch ,  fds  de  Vou- 
kaschin,  tué,  ainsi  que  nous  Tavons  vu  plus  haut,  avec 
Balscha  II,  dans  la  bataille  de  Saura. 

En  tous  cas,  la  légende  de  la  monnaie  que  je  viens  de 
citer  est  purement  slave  et  n'oiïre  pas  la  bizarrerie  peu 
vraisemblable  du  titre  de  vladika  ou  bladika,  introduit  dans 
une  épigraphe  latine. 

De  très-fortes  présomptions  se  réunissaient  donc  pour 
faire  croire  que  le  denier  latin  donné  par  M.  de  Reichel  à 
Georges  Brankovilj  était  une  pièce  mal  lue. 

J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  une  nouvelle  va- 
riété de  ce  denier,  sur  lequel  les  légendes  ne  peuvent 
donner  lieu  à  aucune  hésitation.  Il  appartient  à  un  amateur 
serbe  résidant  à  Serrés  de  Macédoine,  et  pendant  quelque 
temps  il  a  été  entre  les  mains  de  M.  Paul  Lambros, 
l'habile  amateur  et  négociant  de  médailles  d'Athènes  *. 

Par  cet  exemplaire ,  nous  avons  enfin  la  leçon  véritable 
des  inscriptions ,  au  droit  M.  BALS.  D.  GORGI ,  au  re- 
vers S.  LAVRGnClVS.  On  peut  lire  la  légende  du  droit 
Moneta  Baise  domini  Georgi^  sous-entendu  filii^  c'est-à- 
dire  monnaie  de  Balscha  Georgievitj,  et  il  est  dès  lors 
certain  que  l'on  ne  peut  plus  penser  à  voir  ici  un  despote 
d(3  Servie,  mais  un  des  Balsclïas  souverains  de  laZenta. 


*  Mém.  de  la  Soc,  d'archéologie  de  Saint-Pétersbourg,  t.  II,  pi.  XV,  n"*30  et  31. 

*  La  monnaie  eu  question  a  été  découverte  dans  l'Albanie  septentrionale. 
Depuis  que  ce  mémoire  est  écrit,  la  même  pièce,  ou  une  autre  absolument 
semblable  ,  est  venue  ù  Paris  chez  M.  lîoUin.  C'est  là  que  nous  Tavons  fait 
tJcssiner. 


ET    DISSERTATIONS. 


161 


La  variété  publiée  par  M.  de  Reichel  porte  les  mêmes 
légendes,  mais  rétrogrades,  sans  que  le  sens  ordinaire  de 
chaque  caractère  ait  été  modifia.  Ceci  étant  certain  pour 
le  nom  de  saint  Laurent,  nous  donne  lieu  de  croire  que 
G  SLA  3.  III,  qu'on  voit  dans  le  dessin,  doit  être  lu 
M.  BALSE.  En  définitive,  les  deux  deniers  diffèrent  par  la 
position  des  lettres  seulement. 

L'armoirie  de  la  tête  de  loup  doit  être  considérée  comme 
allusive  «au  nom  et  presque  parlante,  car  en  albanais  ou 
schkype,  dans  la  langue  du  plus  grand  nombre  des  sujets 
des  Balschides,  un  loup  se  dit  Oulk  ou  Voulk.  En  même 
temps  on  voit  dans  le  champ,  mais  réduit  seulement  à  la 
moitié,  je  ne  sais  pour  quelle  raison,  Tastre  rayonnant 
qu  Orbini  dit  avoir  été  le  blason  originaire  et  constant  des 
Balschas ,  et  qui  établit  si  clairement  leur  parenté  avec  la 
maison  des  Baux  de  Provence. 

Maintenant  auquel  des  princes  du  sang  de  Balscha  doit- 
on  donner  la  pièce  dont  j'ai  restitué  les  véritables  légendes? 
La  réponse  à  cette  question,  après  les  préliminaires  histo- 
riques placés  en  tète  de  mon  travail ,  ne  me  paraît  pas 
difficile  à  faire.  Trois  princes  dans  la  dynastie  ont  porté  le 
nom  de  Balscha,  mais  un  seul ,  le  troisième,  était  fils  d'un 
Georges.  De  plus,  comme  on  l'a  vu ,  celui-là  était  un  très- 
glorieux  et  très-puissant  prince  qui  certainement  a  dû 
battre  monnaie. 

L'attribution  à  Balscha  111  est  encore  confirmée  par  le 


162  Mi:MoiRKS 

rapport  qu'oilVe  celte  monnaie,  comme  style  et  comme 
types,  avec  les  deniers  et  doubles  deniers  de  l'antagoniste 
de  son  père,  qui  fut  encore  son  contemporain,  Tvartko,  roi 
de  Bosnie ,  publiés  par  M.  Schweitzer  ^  Ces  dernières  mon- 
naies oiïrent  au  droit,  avec  le  nom  du  prince,  un  écu  sur- 
monté d'un  cimier  d'une  disposition  tout  à  fait  analogue  à 
celle  de  Técu  qui  se  voit  sur  le  denier  de  Georges  Balscba; 
seulement  Técusson  porte  un  grand  T  couronné  et  le  cimier 
est  surmonté  d'une  pomme  de  pin ,  attributs  choisis  par 
Tvartko,  de  même  que  le  prince  de  Zenta  avait  choisi  une 
t^te  de  loup. 

Le  saint  Laurent  qui  se  voit  au  revers  rappelle  d'une 
manière  frappante  le  saint  Tryphon  des  monnaies  frappées 
à  Catlaro  V  Saint  Laurent  est  le  patron  de  Durazzo ,  c'est 
donc  dans  cette  ville  que  le  denier  de  Balscha  III  a  été 
certainement  frappé.  Nous  devons  en  conclure  que  le  der- 
nier des  Balschides  avait,  en  1413,  repris  sur  les  Vénitiens 
en  même  temps  que  Scutari  Durazzo ,  cédé  dix-neuf  ans 
auparavant  à  la  Sérénissime  République  par  son  père 
Georges  II. 

La  reconnaissance  d'une  pièce  frappée  par  un  des 
l)rinces  de  Zenta  et  de  Monténégro  de  la  maison  des 
Balschides  a  cela  d'intéressant  qu'elle  ouvre  une  nouvelle 
série  numismatique.  Certainement  Balscha  III  n'est  pas  le 
seul  prince  de  cette  maison  qui  ait  battu  monnaie;  on  en 
trouvera  avec  le  temps  de  ceux  qui  l'ont  précédé  sur  le 
t  rAne. 

»  Sotizie  peregrine  di  numismatica  e  (Varcheohgia  (Trieste,  in-8*  tiré  à  50 
exemplaires  ,  decad.  2,  pi,  I,  n"»  8  et  9.  —  Decad.  5,  pi.  I,  n*  1. 

•  Schweitzer,  Sotisie  peregrine,  decad.  5,  pi.  I,  n"  2-12.  —  Ménurir»»  de 
la  Société  d'Archéologie  de  Saint-Pétersbourg^  t.  TI,  pi.  XIV,  n»  16,  et  pi.  XV, 
11»  28. 


ET   DISSERTATIONS^  16S 

C'est  une  chose  curieuse  que  de  voir  les  progrès  qu'a 
faits  depuis  peu  d* années  Tétude  des  séries  monétaires 
deVorient  de  l'Europe  au  moyen  âge.  Il  n'y  a  pas  encore 
bien  longtemps  que  Ton  connaissait  à  peine  tout  au 
plus  quelques  rares  pièces  de  Servie  et  un  petit  nombre 
de  monnaies  des  ducs  d'Athènes  et  des  princes  d'Achaïe. 
Msdntenant  presque  toutes  les  grandes  baronnies  de  la  prin- 
cipauté de  Morée,  de  Négrepont  et  des  îles  de  l'Archipel 
ont  leur  numismatique,  et  s'il  y  reste  encore  quelques 
lacunes,  on  a  désormais  la  certitude  qu'elles  seront  bientôt 
comblées  par  des  découvertes  ultérieures.  La  série  des  rois, 
empereurs  et  despotes  de  Servie  et  Rascie  est  complète  ; 
M.  Lambros,  dernièrement  dans  la  Pandore,  a  ouvert  celle 
des  despotes  d'Épîre,  comme  M.  Schweitzer  avait  ouvert 
celle  des  rois  de  Bosnie, 

Seule,  l'Albanie  demeurait  jusqu'ici  sans  monuments  nu- 
mismatiques.  En  faisant  connaître  le  denier  de  Balscba  III 
Georgievitj,  nous  avons  fourni  le  premier  élément  pour 
combler  cette  lacune.  Je  ne  doute  pas  que  de  nombreuses 
monnaies  ne  viennent  un  jour  se  classer  autour  de  celle  que 
j'ai  publiée  aujourd'hui.  J'ai  déjà  dit  que  l'on  en  trouverait 
des  autres  Balschides.  On  en  découvrira  aussi,  je  n'en  doute 
pas,  de  leurs  successeurs,  les  Tscrnoïevhj.  Peut-être  les 
deux  grandes  familles  albanaises  rivales  et  contemporaines 
des  Balschas,  les  Topias  et  les  Doukadjins ,  n'ont-elles  pas 
eu  assez  de  pouvoir  pour  émettre  des  monnaies.  Mais  sûre- 
ment les  Castriotes  ont  dû  en  frapper,  et  l'on  retrouvera 
du  moins  des  pièces  portant  le  nom  du  plus  illustre  d'entre 
eux,  de  Skanderbeg,  le  Machabée  de  l'Albanie. 

Il  est  seulement  probable  que  ces  nouvelles  conquêtes 
de  la  science  se  feront  encore  attendre  quelque  temps.  La 
situation  de  l'Albanie  sous  la  tvrannie  barbare  des  Otlo- 


16A  MÉMOIRES   ET   DISSERTATIONS. 

inans  est  telle  que  bien  peu  de  voyageurs  se  hasardent  à 
parcourir  ce  pays.  Quant  aux  habitants ,  ils  vendent  bien 
quelques  médailles  antiques  aux  juifs  des  villes  de  la  côte 
qui  les  font  passer  à  Corfou  et  ailleurs  où  elles  entrent  dans 
la  circulation  du  commerce  dé^  antiquités,  mais  ils  igno- 
rent encore  la  valeur  et  l'intérêt  des  monnaies  du  moyen 
âge.  C'est  seulement  lorsque  les  provinces  albanaises  de- 
viendront libres  qu'elles  pourront  être  livrées  aux  investi- 
gations de  la  science.  Cependant  même  aujourd'hui  un 
voyageur  érudit  parcourant  ces  contrées  et  y  recueillant 
des  monuments  numismatiques  avec  quelque  attentic», 
serait  appelé  à  faire  les  plus  précieuses  découvertes. 

François  Lenormant. 

Athèiieu ,  septembre  18(iO. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPliRlER 


LA   NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

XiQvièine  «rtîch». — Voir  U-  n"  6  dt»  1858,  p.  437:  \v  n»  5  de  1859,  p.  313;  lo 
n*  6  do  la  m^ino  uniK-e,  p.  401  ;  le  n"  3  do  1860,  p.  164;  le  u*  4,  p.  249; 
Itf  II-  5,  p.  »45  ;  1«  II"  6  df  la  menu»  annt'-e,  p.  409.  vt  le  n»  2  de  1861,  p.  77. 


XUI. 

Monnaies  des  Lexoviem. 

Mon  cher  Adrien ,  je  te  disais  dans  une  de  nies  précé- 
dentes lettres,  que  peu  à  peu  la  lumière  se  faisait,  et  que 
j'avais  bon  espoir  d'arriver  à  voir  clair  dans  le  chaos  na- 
guère encore  inextricable  de  la  numismatique  de  nos  aïeux. 
Je  viens  cette  fois  t'apporter,  je  le  crois ,  une  preuve  de 
plus  que  je  n'ai  pas  trop  présumé  de  l'avenir  d'une  science 
qui  nait  à  peine.  Je  vais  donc  te  présenter  quelques  consi- 
dérations à  tout  le  moins  nouvelles  sur  la  suite  des  nion- 
Daies  que  nous  pouvons ,  sans  aucune  espèce  d'hésitation, 
attribuer  aux  Lcxoviens. 

1861.  —3.  13 


166  MÉMOIRES 

Avant  tout,  permets-moi  de  te  rappeler  en  quelques  mots 
quelles  sont  les  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour  de  cette 
curieuse  série. 

En  18S7  {Revue  de  la  numismatique  française ^  p.  12  et 
suivantes),  j'ai  lait  connaître  la  véritable  attribution  de  la 
charmante  médaille  publiée  par  le  baron  Marchant,  dans 
sa  vingt-cinquième  dissertation ,  et  sur  laquelle  on  lit  les 
deux  légendes  SIMISSOS  PVBLICOS  LIXOVIO  et  CISIAMBOS 
CATTOS  VERGOBRÏITO.  Dans  le  même  travail,  j'ai  publié 
la  magnifique  pièce  passée  de  la  collection  de  M.  RoHin 
père  dans  celle  de  La  Saussaye,  et  qui  offre  le  nom  et 
l'effigie  du  chef  CISIAMBOS  avec  la  légende  locale  un  peu 
plus  correcte  SEMISSOS  LEX0V1O...LI  ..A. 

En  18A1,  La  Saussaye  a  publié  dans  la  Revue  (  p.  3A5 
et  346)  une  très-curieuse  pièce  de  plus  petit  module,  avec 
la  légende  LIXOVIO,  et  au  revers  les  restes  d'un  nom  de 
chef  terminé  par  les  lettres  ...OVIX,  et  dans  lequel  l'au- 
teur propose  de  reconnaître  le  fameux  Viridovix ,  chef  des 
Unelles ,  cité  par  César,  à  l'occasion  du  soulèvement  gé- 
néral de  l'Armorique,  l'an  56  avant  notre  ère. 

Enfin,  en  1857,  j'ai  encore  eu  le  plaisir  de  faire  connaître 
aux  lecteurs  de  la  Revue  (  p.  /i03  à  h06  )  une  belle  pièce 
entièrement  inédite  d'un  chef  des  Lexovi<ei)!s  nommé  Hau- 
fennius ,  et  offrant ,  aux  légendes  près ,  les  types  ée  la 
monnaie  lexovienne  qui  présente  la  légende  CISIAMBOS 
CATTOS  VERGOBRETO. 

Aujourd'hui,  je  m'estime  heureux  d'enrichir  cette  curieiUBe 
série  de  trois  pièces  bien  dignes  d'y  prendre  place. 

La  première  présente  exactement  les  mêmes  types  eft  là 
même  fabrique  que  le  Viridovix  de  La  Saussaye  ;  mais  M 
droit  la  tète  d'Apollon  est  accompagnée  du  nom  CISIAMBOS. 
J'ignore  la  provenance  de  cette  rare  monnaie  que  f  ai 


ET   biSSËRTATlONS.  1G7 

trouvée  dans  le  commerce,  et  dont  un  second  exemplaire, 
malheureusement  incomplet,  se  voit,  je  crois,  à  Orléans , 
dans  la  collection  de  M.  Tabbé  Desnoyers. 

La  seconde,  tout  à  fait  analogue  à  celle  qu'avait  pos- 
sédée M.  RoUin ,  et  que  je  dois  à  Tamitié  de  M.  Penon ,  de 
Marseille,  est  évidemment  surfrappée  sur  la  monnaie  sans 
effigie  à  la  légende  CISIAMBOS  CATTOS  VËRGOBRETO. 
KUe  lui  est  donc  nécessairemeut  postérieure,  d'aussi  peu  de 
temps  que  Ton  voudra. 

La  troisième  est  plus  épaisse ,  d'un  style  plus  barbare , 
et  porte  encore  au  droit  l'effigie  de  Cisiambos,  et  au  revers 

l'aigle  éployé,  avec  la  légende  tronquée  ARGANTOD 

Cette  rare  monnaie ,  trouvée  dans  le  val  d'Aoste ,  m'a  été 
giteéreusement  sacrifiée  par  M.  l'abbé  Gai,  prieur  de 
Saint-Oors ,  auquel  j'adresse  ici  publiquement  la  sincère 
expression  de  ma  vive  gratitude. 

Ceci  posé ,  essayons  de  mettre  tout  d'al)ord  de  l'ordre 
dans  l'appréciation  de  l'âge  respectif  de  ces  curieux  monu- 
ments, indépendamment  de  toute  considération  histo- 
rique. 

1*  La  piè(  e  qui  ouvre  évidemment  la  série  est  celle  que 
La  Saussaye  a  attribuée  à  Viridovix ,  probablement  avec 
raison. 

2*  Celle  qui  vient  immédiatement  après  est  la  pièce  aux 
mêmes  types,  mais  avec  le  nom  OlSIAMBOS. 

3*  La  troisième  est  la  monnaie  à  la  légende  CISIAMBOS 
CATTOS  VEBGOBRETO. 

i*  La  quatrième  place  revient  de  droit  au  Cisiambos 
avec  effigie ,  surfrappé  sur  la  pièce  précédente. 

5*  J'attribue  le  cinquième  rang  au  Cisiambos  avec  ef- 
figie, portant  le  nom  d'Arcantodan. 

6*  Enfin  le  sixième  rang  appartient  à  la  monnaie  de 


168  MÉMOIRES 

Maiifennius,  qui  est  d'une  fabrique  plus  défectueuse  qne 
celle  avec  le  nom  d'Arcantodan. 

Maintenant  appliquons  à  la  classification  que  je  viens 
de  proposer  l'étude  des  légendes  et  des  textes  historiques, 
et  nous  serons  surpris  de  voir  l'accord  le  plus  frappant  se 
manifester  entre  les  textes  et  les  légendes,  qui  se  contrô- 
lent d'une  manière  que  je  regarde  comme  vraiment  satis- 
faisante. 

Il  est  un  fait  auquel  notre  ami  Anatole  de  Barthélémy 
avait  pensé  sérieusement,  et  qui  lui  a  inspiré  les  paroles 
suivantes  {Revue de  18i7,  page  86)  :  «Dans  un  pays  comme 
«  la  Gaule ,  divisé  en  une  multitude  de  peuples  qui  suivant 
«  leur  importance  exerçaient  une  influence  plus  ou  moins 
«  étendue,  on  en  voit  plusieurs  réunis  en  confédération, 
«  être,  à  différentes  époques,  à  la  tête  de  la  nation  tout 
«entière  et,  prinii  inter  pares ^  tenir  successivement  et 
«  suivant  le  cours  des  événements ,  un  rang  analogue  à 
«  celui  que,  bien  des  siècles  après,  le  roi  de  France  avait 
«au  milieu  de  ses  grands  feudataii*es.'  Dans  l'histoire, 
«  nous  voyons  les  Arvernes,  les  Bituriges,  les  Éduens,  oc- 
«  cuper  ce  rang  chacun  à  son  tour.  » 

Et  en  note  : 

«  Celtarum  quae  pars  Galliœ  tertia  est,  pênes  Bituriges 
«  summa  împerii fuit;  ii regemceltico dabant.  »  (Tît.,  liv.  V, 
c.  34.)  En  parlant  des  Helvetii ,  des  Edui  et  des  Sequanr, 
César  (1. 1,  c.  3)  dit  :  «  Très  potentissimos  ac  firmissîmos 
«  populos  totius  Galliae.  »  Le  même  auteur,  en  parlant  de 
Vercingétorix  (1.  VII,  c.  4),  dit  :  «  Vercingetorix ,  Celtîlli 
a  filius,  Arvemus,  summœ  potentiae  adolescens,  cujus  pater 
<r  priticipatum  Galliœ  totius  obtinuerat.  » 

Tu  liî  vois,  chor  Adrien,  Barthélémy  avait  pressenti  que 
itique  gauloise  devait  offrir  des  reflets  de  ces 


ET   DISSEUTATIONS.  109 

principals  exercés  tour  à  tour  par  les  nations  puissantes 
des  Gaules,  selon  que  les  événements  les  faisaient  naître. 
Les  Commentaires  de  César  nous  foumiraientau  besoin  bon 
nombre  d'indications  analogues  à  celles  contenues  dans  la 
note  que  je  viens  de  transcrire,  et  je  me  bornerai  à  en  citer 
quelques-unes  qui  ont  une  importance  réelle  pour  la  so- 
lution de  la  question  que  j'aborde  aujourd'hui.  Ainsi  nous 
lisons  au  livre  III,  chapitre  17  : 

Dum  haec  in  Venetis  geruntur,  Q.  Titurius  Sabinus  cum 
lis  copiis  quas  à  Ca3sare  cacceperat,  in  fines  Unellorum 
pervenit.  Hisprseerat  Viridovix,  ac  summam  imperii  tenebat 
earum  omnium  civitatum  quœ  defecerant,  ex  quibus  exer- 
citum  magnasque  copias  coegerat  Atque  his  paucis  diebus 
Aulerci  Eburovices,  Lexoviique,  senatu  suo  interfecto,  quod 
auctores  belli  esse  nolebant,  portas  clauserunt  seque  cum 
Viridovice  conjunxerunt. 

Voilà  qui  est  bien  explicite,  et  Viridovix  n'exerçait  pas 
seulement  le  pouvoir  suprême  dans  la  cité  des  Unelles. 

Plus  loin ,  au  chapitre  22 .  où  il  est  question  de  la  dé- 
faite des  Sotiates,  ou  mieux  des  Aquitains,  César  s'exprime 
ainsi  :  «  Atque  in  ea  re  omnium  nostrorum  intentis  animis, 
alia  ex  parte  oppidi  Adcantuanus  (c'est  Adietuanus  qu'il 
faut  lire)  qui  summam  imperii  tenebat,  etc.,  etc. 

Les  Aquitains  sont  battus  par  Crassus,  et  au  chapitre  27 
nous  lisons  :  Hac  audita  pugna,  magna  pars  Aquitaniae  sese 
Crasso  dedidit,  obsidcsque  ultro  misit  :  quo  in  numéro 
fuerunt  Tarbelli,  Bigerriones,  Precîanii,  Vocates,  Taru- 
sates,  Elusates,  Garites,  Ausci,  Garumni,  Sibuzates,  Coco- 
sates.  Pauœ  ultimas  nationes,  anni  tempore  confjsœ,  quod 
biems  suberat,  hoc  facere  neglexerunt. 

A  coup  sûr,  Adietuanus,  le  seul  chef  cité  à  propos  de 
cette  guerre,  exerçait  le  pouvoir  suprême  dans  l'Aquitaine 


170  MÉMOIRES 

entière,  stimmamimperii  lenebai,  Bappelons-nous  les  belles 
et  rares  monnaies  à  la  légende  ADIETVANVS  REX,  et  nous 
serons  convaincus  dB  la  réalité  de  ce  fait. 

Si  Adietuanus  a  frappé  des  monnaies  en  Aquitaine  avec 
le  titre  de  Rex,  nous  sommes  tout  naturellement  amenés  à 
conclure  que  Viridovix ,  dont  Tautorité  dans  TArmorique 
est  caractérisée  par  les  mêmes  expressions  de  César,  et 
cela  dans  le  récit  des  campagnes  de  la  même  année,  a  pu 
et  dû  émettre  des  monnaies  à  son  nom,  et  portant  peut- 
être  aussi  le  titre  de  Rex.  Qui  sait  si  l'avenir  ne  nous  ré- 
serve pas  la  découverte  de  ces  précieuses  monnaies?  Celle 
que  La  Sausaye  a  publiée  le  premier,  et  qui  lui  semblait 
porter  le  nom  de  Viridovix,  ouvre,  ainsi  que  je  te  l'ai  dit 
plus  haut,  la  série  des  monnaies  lexoviennes.  Son  attribu- 
tion à  Viridovix  est-elle  indubitable  7  Je  n'oserais  Tatlirmer, 
en  présence  d'une  légende  incomplète ,  bien  que  je  sois 
tout  porté  à  l'admettre.  Cette  monnaie  a,  du  reste,  un  in- 
térêt très-réel ,  à  un  autre  point  de  vue.  Le  cneval  du  revers 
a,  suivant  l'expression  de  l'illustre  Lelewel,  la  gorge  four- 
chue, et  au-dessous  de  lui  se  voit  une  roue,  ce  qui  con- 
stitue un  type  exactement  semblable  à  celui  des  statëres 
d'or  des  peuplades  de  la  Belgique,  et  entre  autres  des  Ner* 
viens.  Or  il  n'est  pas  à  présumer  que  ce  type  a  été  copié 
par  toutes  les  peuplades  belges,  sur  une  monnaie  locale 
des  Lexoviens  ;  ce  sont  bien  plutôt  ceux-ci  qui  ont  copié  le 
type  généralement  adopté  pnr  les  Belles,  et  dans  l'année 
précédente  se  place  précisément  la  lutte  gigantesque  de 
César  contre  la  Gaule  Belgique  tout  entière,  lutte  commencée 
sur  les  bords  de  l'Aisne,  continuée  sur  les  bords  de  la  Sam- 
bre,  et  terminée  devant  l'oppide  des  Aduatuques  ;  ceci  soit 
diten  passant  pour  fixer  à  cette  année  mémorable  la  date  de 
tous  ces  statères  d'or  belges,  si  abondants  partout  et  dans 


ET   D[>$^RTAT10NS.  171 

toutes  les  collections.  C'est  donc  en  57  avaptTère  chrétienne 
que  les  statères  belges  au  type  du  cheval  ^  la  gorge  four- 
chue ont  été  frappés,  sauf  à  reparaître  dans  les  années 
subséquentes  lors  des  levées  de  boucliers  des  cités  de  la 
Gaule  Belgique. 

C'est  à  Vannée  Ô6  qu'il  faut  classer  la  pièce  lexovienne 
de  Yiridovix. 

Les  typeset  la  taille  delà  première  piëcedeCisiambossont 
absolument  semblablesàceux  delà  monnaie  de  Yiridovix-,  ces 
deux  monuments  ont  donc  paru  à  des  époques  extrêmement 
rapprochées.  Après  la  défaite  de  Yiridovix,  ci vitates  omnes 
se  statîm  Tituriordediderunt,  nam,  ut  ad  bella  suscipienda 
Gallorum  alacer  ac  promptus  est  animus,  sic  mollis  ac 
minime  resistens  ad  calamitates  perferendas  mens  eorum 
est  (lib.  III,  c.  19),  il  n'est  guère  possible  de  croire  que 
le  vainqueur  permit  aux  vaincus  de  se  choisir  des  chefs, 
et  très -probablement  Cisiambos,  que  nous  allons  voir  af- 
fecter des  aspirations  à  la  civilisation  romaine,  fut  placé  à 
la  tête  des  Lexoviens,  et  agréé  par  Sabinus.  Cisiambos 
adopta  d'abord  les  types  monétaires  que  ses  compatriotes 
avaient  choisis  en  se  donnant  à  Yiridovix,  après  le  meurtre 
de  leur  sénat,  et  en  le  faisant,  il  ménagea  fort  habilement 
les  susceptibilités  de  la  cité.  £n  d'autres  termes,  Cisiambos 
restait  parfaitement  Gaulois  en  apparence ,  et  il  semblait 
vouloir  protester  par  les  types  monétaires  qu'il  choisissait, 
contre  le  reproche  qu'on  serait  en  droit  de  lui  faire,  d'être 
une  créature  des  Romains.  Pendant  un  peu  plus  de  trois 
ans,  nous  ne  voyons  plus  apparaître  de  types  nouveaux 
de  Cisiambos.  La  suprême  magistrature  était-elle,  chez  les 
Lexoviens,  annuelle  comme  chez  les  Éduens?  Nous  n'en 
savons  absolument  rien.  Impossible  donc  de  dire  si  les 
trois  années  écoulées  de  65  à  62  avant  l'ère  chrétienne  ont 


172  MÉMOIRES 

VU  émettre  de  nouvelles  espèces  frappées  par  Cisiambos, 
ou  si  un  autre  chef  lexovien  a  gouverné  la  peuplade  pen- 
dant cet  intervalle.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  surfrappe  si  inté- 
ressante, que  je  t'ai  signalée  plus  haut,  démontre  que  les 
monnaies  lexoviennes  qui  se  présentent  les  premières 
après  celles  dont  je  viens  de  parler,  sont  les  beaux  semis 
portant  la  légende  CISIAMBOS  CATTOS  VERGOBRETO. 

J'ai  trop  longtemps  pensé  que  les  deux  noms  essentiel- 
lement gaulois,  CISIAMBOS  et  CATTOS,  désignent  un  seul 
et  même  individu.  Cela  ne  me  paraît  plus  possible  aujour- 
d'hui, et  je  ne  connais  pas  un  seul  exemple  d'une  double 
dénomination  gauloise  appliquée  à  un  seul  et  même  per- 
sonnage. Cisiambos  et  Cattos  sont  donc  très-certainement 
deux  hommes  distincts,  et  Cattos  reçoit  le  titre  de  ver- 
gobret. 

Ce  titre  de  vergobret  était- il  porté  dans  toutes  les  cités 
par  le  magistrat  suprême?  Assurément  non,  puisque  Adie- 
tuanus  se  fait  appeler  Rex.  Mais  il  était  en  usage  chez  les 
Êduens,  ainsi  que  César  nous  l'apprend  (lib.  I,  cap.  16), 

dans  les  termes  suivants  :  «Convocatis in  bis  Divitiaco 

et  Lisco  qui  summo  raagistratu  praeerat  (quem  vergobre- 
tum  appellant  ^Edui),  qui  creatur  annuus,  et  vitœ  necisque 
in  suos  habet  potestatem.  »  Ce  passage  ne  te  semb!e-t-il 
pas,  comme  à  moi,  impliquer  assez  nettement  que  ce  sont  les 
Éduens,  et  non  toutes  les  peuplades  gauloises,  qui  donnent 
le  nom  de  vergobret  à  leur  magistrat  suprême?  et  de  plus, 
ou  trouvons-nous  ailleurs  qu'à  Autun  l'antique  Bibracte , 
le  nom  vierg,  appliqué  à  travers  la  longue  suite  des  siècles 
au  premier  magistrat  de  la  ville  ? 

Reporte -toi  maintenant  au  discours  de  César  à  Ario- 
viste  (lib.  1 ,  c.  43),  ne  lui  rappelle-t-il  pas  en  parlant 
des  Éduens  :  «  Ut  omni  temporo  totius  Gallix  principatum. 


ET   DISSERTA  riO\S.  173 

iËduî  teoùissent,  prius  etiam^quam  nostraro  amicitiam 
appetissent.  »  Puisque  ce  fait  d*uDe  suprérnatie  exercée 
dans  toute  la  Gaule  est  constant,  que  peut- il  y  avoir  d'é- 
trange à  en  trouver  des  traces  sur  les  monnaies  de  la  Gaule 
celtique?  Et  voilà  qu'à  point  nommé  un  semis  romanisé, 
comme  dit  Lelewel,  frappé  chez  les  Lexovieos  par  un  chef 
local  nommé  Gisiambos,  nous  offre  le  complément  de  lé- 
gende GATTOS  VERGOBRETO,  qui  nous  désigne  un  magis- 
trat suprême  éduen  du  nom  de  Gattus. 

Qui  peut  être  ce  Gattus?  Je  te  propose  d'y  voir  le  Gotus 
de  Gésar,  vergobret  des  Éduens  ;  mais  ici  il  faut  nécessaire- 
ment quelques  développements. 

Pendant  l'hiver  de  l'an  52  avant  l'ère  chrétienne,  un 
grand  soulëveoient  de  la  Gaule  se  prépare  dans  l'ombre,  et 
les  Gamutes  s'offrent  à  commencer  la  guerre  de  la  déli- 
vrance. Leurs  chefs  sont  Gotuat  et  Gonetodun,  qui  les  mènent 
tout  d'abord  au  sac  de  Genabum  et  au  massacre  des  citoyens 
romains  qui  habitaient  cette  ville  ;  en  même  temps ,  à  Ger- 
govia,  Vercingétorit,  dont  le  père,  nommé  Geltillus,  prin- 
cipatum  Galliae  totius  obtinuerat  et  ob  eam  causam  quod  re- 
gniun  appetebat,  ab civitate  erat  interfectus  (lib.  VII, c.  A), 
TArveme  Vercingétorix  soulève  son  pays ,  reçoit  le  titre  de 
Rex^  et  réussit  en  peu  de  temps  à  rallier  à  son  parti  quantité  de 
peuplades  gauloises,  comme  les  Senons,  les  Parisiens,  les 
Pictons,  les  Gadurques,  les  Turons,  les  Aulerques  (c'est  sans 
doute  des  Génomans  que  Gésar  entend  parler),  les  Lémovices, 
les  Andes  et  toutes  les  autres  nations  qui  touchent  à  l'Océan. 
D'un  accord  unanime  l'empire  lui  est  déféré ,  et  la  guerre 
civile  commence  ^lib.  VII,  c.  A).  Le  cadurque  Lucierius 
est  lancé  contre  les  Rutbènes,  Vercingétorix  en  personne 
marche  contre  les  Bituriges.  Geux-ci  demandent  du  secours 
aux  Éduens,  quorum  erant  in  fine  (lib.  VII,  c.  5), ....  quo 


17Â  Ml^MOIRES 

facilius  hostium  copias  sustinere  possint.  Eu  ce  moment, 
ceux  qui  dépendaient  des  Ëduens  considéraient  donc 
comme  ennemis  les  peuples  entrés  dans  la  ligue  de  Vercin- 
gétorix.  Les  Éduens  étaient  donc  encore  à  la  tète  d*une 
partie  des  peuplades  gauloises,  et  la  numismatique  va  nous 
démontrer  que  les  Lexoviens  étaient  du  nombre. 

César  accourt  en  bâte ,  passe  les  Cévennes ,  et  menace 
le  pays  des  AiTemes.  Vercingétorix  marche  au  secours  des 
siens,  pendant  que  César  faisant,  en  personne,  une  pointe 
rapide  sur  le  pays  des  Lingons,  rejoint  les  deux  légions  qui 
séjournaient  en  ce  pays,  et  rallie  les  huit  autres  cantonnées 
chez  les  Senons  et  les  Turons,  avant  même  que  les  Gaulois 
aient  eu  vent  de  son  voyage. 

Il  semble  que  César  se  méfie  déjà  des  Éduens  en  ce 
moment,  sans  doute  à  cause  de  leur  conduite  à  l'égard 
des  Bituriges  auxquels  ils  n'avaient  pas  voulu  porter  se- 
cours. Voici  ce  qu  il  dit  en  effet  de  sa  course  à  travers  les 

terres  éduennes  : Neque  diurno,  neque  noctumo  iti- 

ncre  intermisso,  per  fines  ^Eduorum  in  Lingones  contendit, 
ubi  duœ  legiones  hiemabant,  ut,  si  quid  etiam  de  sua  sa- 
lute  ab  Mdms  ioiretur  consilii,  celeritate  prœcurreret 
(lib.  VII,  c.  9). 

Nous  avons  vu  tout  à  l'heure  qu'à  la  tête  des  Cai*nutes 
était  placé  Conétodun  et  Cotuat.  César  venge  le  massacre 
de  Genabum  par  la  ruine  de  Vellaunodunum,  de  Genabom 
et  de  Noviodunum ,  puis  il  vient  njettre  le  siège  devant 
Avaricum.  Les  Commeuiaires  ne  disent  plus  un  seul  mot 
des  deux  chefs  carnutes;  concluons  de  ce  silence  quîls 
n'ont  pas  été  faits  prisonniers  el  traités  comme  le  Senon 
Acco,  dont  le  récent  supplice  venait  de  servir  de  prétexte 
au  soulèvement  général  de  la  Gaule. 

Au  chapitre  17,  César  se  plaint  amèrement,  par  deux 


ET   DISSERTATIONS.  1/6 

Tois,âes  Kduens  :  ...Quod  nullo  studio agebant, non  niultum 
adjuvabanu  Puis  :  Summadifficoltate  rei  fnimentariœ  a0écto 
eiercitu,  tenuitate  Boiorum,  indiligeotia  iEduorum,  etc.  Il 
Q*eD  poursuit  pas  moins  avec  énergie  le  siège  d'Avaricum 
qiû  succombe. 

Vercingétorix  console  de  son  mieux  ses  soldats ,  et  leur 
promet  une  prompte  entente  avec  toutes  les  nations  gau- 
loises, nam  quœ  ab  reliquis  Gallis  civitates  dissentirent, 
bas  sua  diligentia  adjunctunim,  atque  unum  consilium  to- 
tius  Galliœ  effecturum ,  cujus  consensu  ne  orbis  quidem 
terrarum  possit  obsistere  :  idque  se  prope  jam  effectum 
babere(Ub.  Vll.c.  29), 

Une  levée  générale  est  ordonnée  par  Vercingétorix  pour 
combler  les  vides  que  vient  de  faire  dans  son  armée  la 
chute  d'Avaricum.  Les  recrues  aiOnent  au  camp  gaulois,  et 
Teutomatus,  fils  d'OUovicon,  et  roi  des  Nitiobriges,  dont 
le  père  avait  reçu  du  sénat  le  titre  d'ami,  vient  rejoindre 
Vercingétorix,  avec  un  grand  corps  de  cavalerie  de  sa  nation 
et  du  reste  de  FAquitaine  (lib.  VII,  c.  31  ). 

Pendant  le  séjour  que  César  fait  dans  Avaricum*  en  at- 
tendant le  retour  du  printemps,  il  reçoit  les  principaux 
personnages  de  la  nation  éduenne  qui  viennent  le  supplier 
de  secourir  la  cité  qui  est  dans  le  plus  grand  péril.  Ils  lui 
disent  que  de  toute  antiquité  il  n'y  a  eu  chez  les  Éduens 
qn'un  seul  magistrat  suprême  élu  chaque  année,  et  revêtu 
du  pouvoir  royal;  que  cette  fois  il  y  en  a  deux  en  présence, 
se  prétendant  tous  les  deux  légitimement  élus.  L'un  est 
Convictolîtaui:j ,  jeune  bomme  illustre  et  puissant,  l'autre 
est  Cotus,  issu  d'une  très-ancienne  famille,  homme  lui- 
même  d'une  très-grande  autorité  et  d'une  énorme  influence 
par  ses  relations  de  famille.  Valetiac,  son  frère,  était, 
l'année  précédente,  investi  de  la  même  magistrature.  Toute 


I7C  MÉMOIRES 

la  nation  est  en  armes,  le  sénat  et  le  peuple  sont  divisés; 
chacun  des  deux  compétiteurs  a  sa  clientèle  et  son  parti. 
Un  conflit  est  imminent,  si  cette  situation  se  prolonge,  et 
César  est  supplié  d*y  mettre  fin  au  plus  tôt  par  sou  autorité 
(lib.  VII,  c.  32). 

César,  pour  les  raisons  qu'il  déduit  avec  soin  au  cha- 
pitre suivant,  se  décide  à  convoquer  le  sénat  des  Éduens  et 
les  deux  rivaux  à  Decetia,  où  il  se  rend.  Presque  toute  la 
nation  y  accourt,  et  César,  après  avoir  recueilli  en  secret 
et  de  plusieurs  côtés  des  avis  sur  la  législation  qui  r^t 
l'élection  du  vergobret,  force  Cotus  à  renoncer  au  pou- 
voir, et  à  le  laisser  à  Convictolitanis  qui,  suivant  la  coutume 
de  la  cité,  avait  été  élu  par  les  prêtres,  sans  le  concours 
des  magistrats  (lib.  VII,  c.  33). 

Cette  décision  n'était  pas  de  nature  à  faire  de  Cotus  un 
grand  ami  de  César.  Aussi  voyons-nous  ce  personnage  à 
la  tête  de  la  cavalerie  de  Vercingétorix,  dans  la  bataille  qui 
précéda  le  siège  d'Alesia.  Omnibus  locis  fit  cœdes;  très  no- 
bilissimi  JEdui  capti  ad  Cîjesareni  perducuntur  :  Cotus 
praefectus  equitum ,  qui  controversiam  cura  Convictolitane 
proximis  comitiis  habuerat  (lib.  VU,  c.  67).  Il  est  vrai  que 
Convictolitanis  ne  fut  pas  plus  reconnaissant  envers  César, 
et  qu'il  prit  une  part  très-active  à  la  défection  des  Éduens 
(lib.  Vil,  c.  42). 

Pour  moi  le  CATTOS  VERGOBRETO,  c'est  le  Cotus  qui 
fut  vergobret  des  Éduens,  avant  le  jugement  de  César,  et 
que  les  Lexoviens  reconnurent  pour  chef  suprême.  Les 
pièces  qui  portent  ce  nom  furent  bientôt  démonétisées 
puisqu'elles  furent  surfrappées,  comme  le  constate  la  belle 
médaille  avec  efligie  de  Cisiambos,  offrant  les  traces  du 
type  précédent  à  la  légende  CATTOS  VERGOBRETO- 

Je  ne  perdrai  pas  de  temps  en  te  signalant  dans  cette 


ET   DISSERTATIONS.  177 

lettre  déjà  bien  longue ,  les  iudices  de  roûianisme  dont  le 
tjpe  de  ces  monnaies  est  empreint.  Certes,  mon  cher 
Adrien,  tu  n'as  pas  besoin  que  Ton  te  fasse  remarquer 
chose  pareille,  et  tu  Tas  certainement  mieux  et  plus  vite 
MÛsie  que  i>ersonne. 

Voilà  donc  Gisiambos,  le  chef  lexovien ,  iinpatronisé  par 
les  Romains,  adoptant  pour  ses  monnaies  les  types  et  les 
noms  romains,  reconnaissant  pour  vergobret  Cotusque  César 
dépose  ;  renonçant  aussitôt  à  la  suprématie  du  vergobret 
des  Éduens,  et  frappant  immédiatement  des  monnaies  à 
son  nom  seul  et  à  son  effigie.  Pourquoi  n'inscrivit-il  pas  le 
nom  de  Convictolitanis  à  la  place  de  celui  de  Cotus?  Proba- 
blement parce  qu'il  ne  se  soucia  plus  d'autre  chose  que  de 
sa  propre  suprématie,  dès  qu'il  fit  placer  son  portrait  sur 
les  espèces  courantes  de  sa  peuplade,  frappées  par  son  au- 
torité. 

Quant  à  l'emploi  de  la  langue  latine  sur  les  monnaies 
de  Gisiambos ,  il  a  l'avantage  de  nous  montrer  combien  à 
cette  époque  les  Gaulois  étaient  peu  familiarisés  encore 
avec  l'idiome  de  leurs  dominateurs.  Ainsi  nous  lisons 
SIMISSOS  PVBLIGOS,  puis  SEMISSOS  PVBLICOS,  puis 
SEMISSOS  PVBLICA.  Évidemment  les  Lexoviens  n'étaient 
pas  de  bien  habiles  latinistes. 

Au  moment  où  se  forme  l'armée  de  secours  chargée  d'at- 
taquer César  assiégeant  Yercingétorix  dans  Alesia,  les  Lexo- 
viens fournirent  un  contingent  de  3,000  hommes  (lib.  VII, 
c.  75) .  Ils  avaient  donc  secoué  ouvertement  le  joug  romain. 
C'est  alors,  je  crois,  que  fut  frappé  la  pièce  de  Gisiambos 
avec  mêmes  types  et  le  nom  ARCANTODaN  au  revers. 

Ici  se  présente  de  nouveau  la  question  déjà  rencontrée 
par  moi,  et  que  je  ne  suis  pas  en  état  de  résoudre  encore. 
Cet  Arcantodan,  qui  parait  sur  quatre  monnaies  con tempo- 


17S  MÉMOIRES 

raiues  différentes,  frappées  certainement  hors  dn  pays  dey 
Camutes,  est-il  le  même  que  le  Conetodnnns  de  César,  de* 
ce  premier  chef  de  la  grande  révolte?  Je  le  crois,  sans  oser 
l'affirmer,  et  je  me  contenterai  de  te  rappeler  que  les  pièces 
frappées  à  son  nom  chez  les  Camutes  mêmes ,  portant  la 
légende  CONAT. 

Cisiambos  périt-il  dans  Texpédition  si  msJheureuse  de 
l'armée  gauloise?  Nous  ne  le  saurons  jamais;  ce  qui  est 
certain,  c'est  que  Cisiambos,  en  admettant  toutefois  que  la 
souveraineté  n'était  pas  annuelle,  eut  pour  successeur  un* 
certain  Maufennius  qui  reprit  les  types  des  monnaies  ëmises^ 
par  son  prédécesseur,  lorsqu'il  reconnaissait  encore  la  suze- 
raineté  desÉduens  en  inscrivant  sur  ses  monnaies  le  nom  dv 
vergobret  Cattos  ou  Cotus.  Ce  qui  n'est  pas  moins  évident, 
c'est  que  Maufennius  eut  la  prudence  de  ne  pas  placer  son 
effigie  sur  la  monnaie  lexovienne,  en  s' empressant  de  con- 
server pour  les  espèces  à  son  nom  des  types  et  une  déno- 
mination qui  étaient  des  indices  parlant  de  sa  soumission 
aux  Romains. 

Tout  à  toi  de  cœur,  F.  de  Saulct. 

P.  S.  Je  m'aperçois,  cher  Adrien,  en  relisant  ma  lettre, 
que  j'ai  négligé  d'examiner  le  cas  où  la  magistrature  su- 
prême aurait  été  annuelle  chez  les  Lexoviens,  comme 
chez  les  Éduens.  J'y  reviens  donc  en  peu  de  mots. 

S'il  en  est  ainsi,  après  le  premier  principat  de  GisiambaSt 
celui-ci  aurait  eu  pour  successeur  le  Maufennius  qui  aurût 
inauguré  le  type  de  l'aigle  et  de  la  croix  formé  de  quatie 
olives,  conservé  par  Cisiambos  à  son  retour  au  pouvoir.  Les 
tâtonnements  du  graveur  chargé  de  compléter  ce  ijpe  tout 
nouveau,  rendraient  parfaitement  compte  de  la  défectaoftlé 
de  la  fabrique;  en  ce  cas,  le  nom  de  Maufennius  qui  n*ac- 


£T   IIISSI-BTATIOKS.  179 

cupe  qu*une  petite  place  daos  la  légende,  aurait  été  suivi 
de  celui  du  vergobret  en  exercice  chez  les  Éduens ,  et  ce 
nom  que  le  flan  de  la  pièce  n'a  pas  pu  recevoir,  serait  très- 
probablement  celui  de  Valetiac.   Je  crois   distinguer  en 

effet  avant  les  lettres  MAUFENN les  trois  lettres  RGO, 

qui  sont  la  fin  du  mot  VERGO  pour  VERGOBRETO.  Avec 
cette  hypothèse  assez  naturelle,  nous  aurions  une  suc- 
ccession  de  types  bien  plus  satisfaisante  à  mon  avis.  A  toi 
de  décider  cette  question. 

F.  S. 


180  ItlKMOlUES 


LE  NUMMLS  TULLIANUS. 


.4  M.  Adrien  de  Longpérier,  membre  de  nnslitui. 

Mon  cher  ami,  quand  vous  avez  eu  Tobligeance  de  revoir 
les  épreuves  de  mon  Essai  sur  les  sys'èmes  métriques  et 
monétaires  des  anciens  peuples^  vous  m'avez  conseillé  de  ne 
point  émettre  une  opinion  fort  tranchée  sur  le  nummus  de 
Servius  Tullius,  parce  que  M.  le  duc  Luynes  croyait 
avoir  trouvé  une  monnaie  d'argent  appartenant  à  cet  ancien 
roi.  J'ai  suivi  votre  avis  et  j'ai  écrit  à  ce  propos.  «  Mais  ce 
qui  semble  prouver  que  Tullius  n'émit  pas  cette  monnaie 
(le  nummus  d'argent),  et  qu'il  ne  fit,  tout  au  plus,  qu'en 
autoriser  le  cours  eu  usage  dans  les  villes  voisines ,  c'est 
l'absence  complète  jusquà  présent  de  monuments  qui  en 
puissent  justifier  l'existence.  »  J'attendais  avec  une  vive 
impatience  le  travail  de  M.  le  duc  de  Luynes.  Vous  savez 
bien  tout  le  respect  que  je  porte  à  ce  savant  distingué,  et 
j'espérais  que  ses  recherches  viendraient  éclaircir  non-sea- 
lement  la  numismatique  des  Romains,  mais  aussi  leur  mé- 
trologie, et  par  conséquent  nous  dévoiler  leur  véritable 
origine  encore  incertaine. 

En  recevant  le  cahier  de  la  Revue  numismatique  dea 
mois  de  septembre  et  d'octobre  1859,  j'ai  lu  avec  le  plua 
grand  plaisir  la  savante  dissertation  de  M.  le  duc  de  Loyoes 


ET   DISSERTATIONS.  181 

sur  les  deux   médailles  trës-archaîques,  qu'il  attribue  à 
Tarquîn  T  Ancien  et  àServius  TuUius.  On  ne  peut  qu'ad- 
mirer la  profonde  érudition  de  l'illustre  antiquaire,  et  sur- 
tout l'habileté  avec  laquelle  il  expose  son  opinion.  Je  ne 
sais  pas  si  tous  les  savants  numismatistes  dont  la  France 
s'honore  à  juste  titre  seront  tout  à  fait  d'accord  avec  M.  le 
duc  de  Luynes.  Quant  à  moi,  je  ne  saurais  faire  autrement 
que  d'admettre  sa  respectable  opinion.  Peu  versé  dans  ces 
belles  études,  je  n'ai  fait  dans  mon  ouvrage,  vous  le  savez, 
qu'enregistrer  les  faits  numismatiques  admis  d'un  commun 
accord  par  les  savants,  et  m'en  servir  après  pour  déter- 
miner les  anciens  systèmes  monétaires.  C'est  sous  ce  point 
de  vue  aussi  que  je  me  permettrais  de  faire  quelques  ob- 
servations sur  le  remarquable  travail  de  M.  le  duc  de 
Luynes. 

«  Dans  toute  recherche  archéologique,  il  y  a  deux  phases 
bien  distinctes  (disais-jedansla  préface  de  mon  ouvrage)  : 
la  première,  la  plus  difficile,  parce  qu'elle  exige  des  études 
laborieuses  et  assidues,  consiste  à  rassembler  les  matériaux, 
c'est-à-dire  dans  la  question  présente  à  explorer  tous  les 
textes,  toutes  les  autorités  qui  se  rapportent  à  la  métro- 
logie ancienne,  à  examiner  et  à  déterminer  la  valeur  de 

tous  les  monuments  qui  sont  parvenus  jusqu'à  nous 

La  seconde  phase,  la  plus  facile,  p.arce  qu'elle  ne  demande 
qu'une  attention  ordinaire,  a  pour  objet  l'examen  critique 
de  toutes  ces  données,  ou  en  d'autres  termes,  la  construc- 
tion de  l'édifice  avec  les  matériaux  rassemblés.  »  Pour  faire 
l'application  de  ce  passage,  je  dirais  aussi  qu'il  y  a  dans 
la  cpiestion  présente  deux  choses  à  considérer  :  1"*  le  type 
et  l'époque  de  l'émission  de  deux  monnaies  archaïques  ro- 
maines du  poids  à  peu  près  de  1 1  gram.  cliacune  ;  2*"  Texpli- 
cation  de  ce  poids,  c'est-à-dire  l'examen  critique  de  son 

1860.  —  3.  •  14 


182  MÉMOIRES 

rapport  avec  les  anciens  poids  romains  ou  avec  ceux  des 
peuples  d'où  sont  sortis  les  premiers  habitants  de  Rome. 

Quant  au  premier  point,  j'admets,  sans  hésiter,  sur  l'im- 
posante autorité  de  M  de  Luynes,  que  ces  monnaies  appar- 
tiennent Tune  à  Tarquin  TAncien  et  l'autre  à  Servius  TuUius. 
J'aurais,  il  est  vrai,  quelques  doutes  à  exposer  si  je  ne 
m'étais  interdit  toute  discussion  sur  ces  matières.  La  pièce 
attribuée  à  l'ancienne  Valeniia  étant  la  première  médaille 
frappée  par  les  Romains,  de  l'aveu  de  M.  le  duc  de  Luynes, 
il  m'en  coûte  de  croire,  en  effet,  qu'elle  soit  plutôt  une 
médaille  commémorative  qu'une  véritable  monnaie.  Je  sais 
bien  que  dans  ce  dernier  cas  il  serait  fort  difficile  d'expli- 
quer le  nom,  déjà  bien  douteux,  de  Valentia  \  que  ne  por- 
tait plus  la  ville  de  Rome  du  temps  de  Tarquin  ;  mais  ausai 
il  est  hors  de  doute  que  l'idée  de  frapper  des  médailles 
commémoratives  n'est  venue  que  fort  longtemps  après  l'in- 
troduction du  monnayage.  Les  peuples  n'ont  songé  d'abord 
qu'à  frapper  des  véritables  monnaies;  c'est-à-dire  qu'à 
contre-marquer  d'un  signe  quelconque  des  morceaux  d'ar- 
gent d'un  poids  et  d'un  degré  de  pureté  déterminés  pour 
en  garantir  la  valeur  sur  le  marché.  Ce  n'est  que  plus  tard 
qu'ils  ont  choisi  des  types  en  rapport  avec  des  faits  histo- 
riques ou  géographiques.  Mais  il  est  possible  néanmoins  que 

*  Festus,  qui  rapporte  la  version  de  l'auteur  nnonyme  de  V Histoire  de  Cumen^ 
sur  Vorigine  du  nom  Valentia^  donné  par  quelques-uns  à  la  ville  primitive  d« 
Ilome,  lUit  aussi  meution  do  huit  autre»  écrivains,  pour  la  plupart  bien  connu», 
qui  soutiennent  une  opinion  tout  a  fait  contraire.  Solin,  cit<i  encore  par  M,  le 
duo  de  Luyuos ,  après  avoir  raconté ,  sous  l'expression  banale  sunt  qui  tidtri 
t>fUinl^  la  même  histoire  de  l'écrivain  anonyme  de  Cumes  ,  dit  daus  le  même 
chapitre  I  :  Beraclidi  placet ,  Troja  capta ,  quidam  ex  Achivis  in  ea  loca  uM  nme 
Roma  e<(,  devenisse  per  Tiberim  :  deinde  suadeiite  Rorne^  nobilissima  rap#JranMia 
quae  his  cornes  erat ,  incensia  navibus,  posuisse  sedes,  struxisse  nupnia^  et  ojrpiétim 
ab  ea  Romen  vocavisse.  D -nys  d'Haiicarnassc  cite  encore  ce  pacage  d'Iléra- 
clides,  dont  parle  aussi  Fcstns. 


ET   DISSERTATIONS.  183 

Tarqma  tout  en  frappant  la  première  monnaie  eût  voulu, 
comme  le  croit  le  savant  académicien,  «  consacrer  le  sou- 
venir de  la  ville  antique  ainsi  accrue,  et  la  faire  subsister 
encore  après  (|ue  son  nom  même  aurait  disparu,  en  rap- 
pelant à  la  fois  Valentia,  les  traditions  d*Énée  et  des  Latins, 
et  les  caractères  de  prédestination  du  célèbre  augure  Attius 
Navius.  »  Quoi  quil  en  soit,  j'admets  que  cette  monnaie 
appartienne  à  Tarquin,  et  que  la  seconde  fut  frappée  par 
Servius  Tullius.  Tout  ceci  est  du  domaine  exclusif  de  la  nu- 
mismatique ,  et  je  l'accepte  sans  discussion.  Mais  il  reste 
maintenant  à  déterminer  :  1"  Quel  est  le  véritable  poids  de 
ces  monnaies?  2'*  D'où  les  Romains  l'ont  emprunté?  3"  Ce 
poids  était-il  en  rapport  avec  Vax  libralisde  Servius  Tullius? 
A*'  Enfin  le  poids  de  cet  as  était-il  égal  à  la  livre  romaine 
conservée  sans  variation  sous  la  République  et  sous  les  em- 
pereurs, jusqu'à  la  fin  de  l'empire  d'Orient?  Voilà  des 
questions  sur  lesquelles  l'opinion  du  savant  numismatiste ne 
me  parait  pas  si  bien  fondée  que  les  conclusions  précédem- 
ment établies. 

Et  d'abord  il  me  semble,  quant  au  poids,  que  la  critique 
demande  à  s*ea  tenir  aux  faits  plutôt  qu'aux  bypotbèses, 
toutes  plausibles  qu'elles  soient.  Or,  d'après  M.  le  duc  de 
Luynes,  la  monnaie  portant  l'inscription  boustropbédon 
Valentiay  et  appartenant  à  la  collection  de  M.  le  duc  de 
Blacas,  est  d*une  telle  conservation  et  pèse  ll8%05.  La  se- 
conde portant  l'inscription  POMA  de  sa  propre  collection 
est  en  bon  état  de  comerra^'or)  et  pèse  10«',A5.  La  moyenne 
de  ces  deux  pièces  donne  10s%70.  Pourquoi  donc  suppo- 
serons-nous à  ces  monnaies  un  poids  théorique  de  Hf%925 
que  leur  donne  le  savant  auteur  du  mémoire?  Les  monnaies 
primitives  n'étaient  presque  jamais  faibles  de  poids  au  delà 
du  moins   d'une  tolérance  qui  ne  dépasse  guère  0«%25 


ISA  HÉMOfRES 

quand  elles  sont,  comme  celles-ci,  d'une  belle  conserva* 
tion.  D'après  l'hypothèse  de  M.  le  duc  de  Luynes,  la  tolé- 
rance en  dedans  irait  à  0«',875  pour  la  première  et  à  l^'^hlb 
pour  la  seconde.  On  ne  voit  de  semblables  tolérances  que 
dans  des  temps  fort  postérieurs  à  Tinvention  du  monnayage, 
lorsque  les  gouvernements  faisaient  un  gain  illégitime  en 
fraudant  le  public.  Je  ne  saurais  donc  admettre ,  pour  mon 
compte,  le  poids  de  ces  monnaies  comme  appartenant  à 
une  valeur  théorique  beaucoup  au-dessus  de  la  moyenne 
10«',70. 

Mais ,  demandera-t-on  ,  d'où  les  Romains  ont  ils  em- 
prunté ce  poids?  Je  n'hésite  pas  à  répondre  que  les  Pé- 
lasges  l'ont  apporté  d'Asie.  Qui  ne  voit  pas  là  le  didracbme 
perse,  soit  la  double  darique  d'argent,  soit  le  sicle  de  Xé- 
nophon?  Consultez,  mon  cher  ami,  la  table  VIll  (  p.  35  de 
mon  troisième  volume\  vous  y  trouverez  cent  cinquante- 
sept  pièces,  du  n°  28  au  n"  177,  qui  donnent  la  darique  de 
5«%4/i4  terme  moyen  ;  et  du  n»  204  ou  n**  214  la  double 
darique  de  10«%888.  Mais  c'est  surtout  à  la  table  XII  qui 
contient  les  monnaies  de  la  Pamphylie,  de  la  Pisidie  et  de 
la  Cilicie  que  vous  trouverez  par  centawesy  c'est  bien  le 
mot,  les  didrachmes  de  108%88;  de  même  que  dansl'ap- 
pendice  où  j'ai  réuni  toutes  les  monnaies  des  satrapies  delà 
Phénicie,  données  par  M.  le  duc  de  Luynes  lui-même  dans 
son  bel  Essai  sur  la  numismatique  des  satrapies.  Letronne 
dit,  dans  son  ouvrage  posthume  sur  Héron  (p.  80),  qu'il  ne 
suffit  pas  que  les  textes  et  les  monuments  s'accordent, 
mais  qu'il  faut  aussi  que  les  probabilités  historiques  n'y 
soient  pas  contraires,  hh  bien  I  nous  avons  ici  non-seule- 
ment le  texte  de  Xénophon,  qui  fait  le  sicle  perse  de  7  1/2 
oboles  attiques  ou  bien  près  de  5^^,44  et  les  monuments  nu- 
mismatiques  de  la  Perse  et  du  Latium ,  qui  reproduisent 


ET   DISSERTATIONS.  iSo 

BDCore  ce  même  poids  et  son  double,  mais  aussi  les  proba- 
bilités historiques  sur  Torigine  asiatique  des  Romaius  ou 
de  leurs  ancêtres,  les  Pélasges.  Je  ne  crois  point,  qu  en  fait 
d'archéologie ,  on  puisse  atteindre  à  une  évidence  plus 
grande  que  celle  qui  résulterait  de  Taccord  parfait  des  textes, 
des  moDumeuts  et  des  probabilités  histoiîques.  Il  me  semble, 
d'après  ces  considérations,  qu'on  ne  saurait  émettre  un 
doute  raisonnable  sur  l'origine  asiatique  du  système  auquel 
appartiennent  les  deux  monnaies  publiées  par  M.  le  duc  de 
Luynes. 

Il  est  vrai  que  ce  savant  leur  donne  aussi  une  origine 
asiatique  ou  à  peu  près,  puisqu'il  les  considère  comme  ap- 
partenant au  systémede  l'île  d'Eubée,  qu'il  regarde  comme 
le  véritable  système  euboiq%ie  des  anciens.  Mais  il  y  a  là 
des  difficultés  presque  insurmontables  à  mon  avis.  D'abord 
je  vous  ferai  observer  que  notre  savant  auteur  part  d'une 
hypothèse  .en  désaccord  avec  les  faits  que  je  viens  de  re- 
lever. Il  suppose  le  poids  de  ces  monnaies  de  H«',925  au 
lieu  de  10«»,70en  moyenne.  Ensuite  il  admet  une  drachme 
de  38%975  qu'on  chercherait  en  vain  dans  la  table  XXXVII. 
où  j'ai  rassemblé  toutes  lesmonnaiesdeTEubéedesmusées 
publics  de  Paris,  de  Londres  et  de  Madrid  ;  puis  il  admet 
le  sesquiârachme  ou  une  taille  d'un  et  demi  drachme,  taille 
dont  ne  fait  mention  aucun  auteur  ancien  à  ma  connais^ 
sance;  enfin  il  suppose  une  monnaie  double  de  celle-ci  ou  un 
tridrachme  :  taille  que  Letronne ,  Bœckh  et  Hussey  croient 
n'avoir  pas  existé,  malgré  le  témoignage  de  Pollux  qui  en 
parle  seulement  par  rapport  à  la  Cyrénaïque. 

Si  vous  vouliez  fixer  un  moment  votre  attention  sur  ma 
table  XXXVII ,  vous  y  trouveriez  que  dans  l'île  d'Eubée  il  y 
avait  différents  systèmes  bien  marqués;  mais  vous  n'y 
verrez  point  la  drachme  de  Ss'^QTô,  C'était  le  système  car- 


186  MÉMOIRES 

thaginois  ou  phénicien  d'Aradus,  dont  la  drachme  est  de 
S*',?!,  qui  prédominait  généralement.  C'est  à  Chalcis 
d'Eubée  surtout  que  ce  système  est  évident.  Vous  y  trou- 
verez quatre  tétrobolesde  28^,^5  à  2«', 48,  vingt-une  drach- 
mes de  3«',30  à  3«',75  et  quatre  tétradrachmes  de  là^jOb 
à  14^', 50.  On  y  voit  aussi  une  autre  drachme  de  5«',66  ; 
mais  c'est  à  Érétria  que  Ton  trouve  trois  drachmes  de 
5»»,62,  5«',70  et  58%71  ;  enfin  on  voit  sous  les  n**  8  et  9 
deux  autres  drachmes  de  b^'.ôô  et  5«',7C.  Mais  je  soutiens 
que  celles-ci  étaient  des  véritables  drachmes.  En  voulcr- 
vous  la  preuve  ?  Voyez  la  dernière  monnaie  de  la  table. 
Elle  appartient  à  Histiaea,  et  existe  au  Musée  Britannique. 
Son  poids  de  238^,21  =  4  x  &^,S0  représente  un  tétra- 
drachme  exact  de  la  mine  commerciale  d'Athènes,  à  laquelle 
se  rapportaient  aussi  les  monnaies  d'Égine,  puisque  vous 
avez  trouvé  pour  trente  monnaies  d'Égine  du  cabinet  im- 
périal en  bon  état  de  conservation  un  poids  moyen  de 
ll^,92h  pour  les  didrachmes,  et  de  58»,962  pour  les 
drachmes  {Ann.  de  flnsL  archèol.,  vol.  XVIU  p.  337). 

C'est  en  Crète  que  ce  système  est  parfaitement  caractérisé. 
On  y  voit  en  effet  plusieurs  monnaies  de  5^,10  à  65',66  et 
un  nombre  beaucoup  plus  considérable  de  11«',26  à 
12  gram.;  mais  on  n'y  trouve  pas  non  plus  la  drachme  de 
36',975.  Pourquoi  donc  regarderons  -  nous  la  valeur  de 
5*%66  ou  de  55',975,  d'après  M.  le  duc  de  Luynes,  comme 
un  sesquidrachme?  D'abord  le  sesquidrachme  n'a  probable- 
ment jamais  existé  ;  ensuite  n'^est-il  pas  plus  simple  de  con- 
sidérer la  valeur  5*',96  comme  l'unité,  et  celle  de  ll6',92' 
si  répétée  comme  le  double  ou  le  didrachme?  J'ai,  en  outre, 
une  raison  toute  spéciale  dans  ce  cas-ci,  c'est  qu'on  connaît 
parfaitement  aujourd'hui  la  mine  commerciale  d'Athènes; 
elle  pesait  138  drachmes  monétaires  de  Solon  (Inscrip.  12S 


£T   DISSERTATIONS.  187 

du  Corp.  Inscrip.  grxc,  de  M.  BcEckh),  ou  586«',50.  Vous- 
même  vous  avez  donné  [Ann.  de  ÏInsL  arch. ,  vol.  XVII, 
p.  383  et  suiv.)  un  poids  provenant  tfÉgine  de  69«*,70  que 
vousregai*dez,  avec  raison,  comme  nndécadrachme,  et  deux 
autres  Tun  à  la  marque  MA4>  de  292s%30  et  te  ^cond  de 
Lampsaque  de  292s%20 ,  qui  étaient  des  demi-mines,  et 
donnent  par  conséquent  une  mine  de  585  gram.  en  nom- 
bre rond.  Il  existait  donc  une  drachme  de  5«%85  ;  c'est-à- 
dire  le  sesquidrcu^hme  de  M.  le  duc  de  Luyncs.  Il  me  semble 
plus  conforme  à  la  critique  ou  à  la  déduction  logique  des 
faits,  d'admettre  que  le  système  prédominant  en  Crète 
était  le  système  commercial  d'Athènes  dont  l'existence 
est  prouvée,  et  qui  était  aussi  suivi  dans  les  monnaies 
d'Égine ,  que  de  supposer  un  nouveau  système  avec  des 
tailles  tout  à  fait  anonnales  de  une  et  demi  et  de  trois 
drachmes. 

Je  dirai  encore  quelques  mots  sur  le  nom  euboiqVe  que 
M.  le  duc  de  Luynes  donne  au  système  suivi  dans  plusieurs 
villes  de  l'Ile  de  Crète,  et  dans  quelques-unes  de  celles  de 
l'Eubée  et  qui,  ainsi  que  vous  venez  de  le  voir,  n'est  autre 
que  le  système  commercial  d'Athènes.  Mais  n'en  fût-il  pas 
ainsi .  et  en  accordant  à  votre  savant  confrère  la  valeur 
qu'il  croit  devoir  établir  pour  ce  système,  nous  ne  serions 
pas  plus  avancés  quant  à  la  connaissance  du  véritable  sys- 
tème euboïque  des^  anciens  ;  car  la  question  n'est  pas  de 
savoir  quel  est  le  système  suivi  dans  File  d'Eubée,  mais 
bien  de  nous  assurer  si  le  système  appelé  euboïque  par  Hé- 
rodote, Polybe,  Tite-Live,  Appien  et  Festus  était  celui  qu'on 
avait  adopté  pour  les  monnaies  de  l'Eubée,  ou  bien  si  c'en 
était  un  tout  différent.  Voilà  la  véritable  question ,  et  la 
seule  que  nous  ayons  à  débattre  pour  arriver  à  la  déter- 
mination exacte  de  la  valeur  du  système  euboïque  des  an- 


188  MÉMOIRES 

ciefls.  Or,  malheureusement  pour  Topinion  que  soutient 
M.  le  duc  de  Luynes,  la  synonymie  des  mots  euholque  et 
atlique  paraît  complètement  démontrée  par  un  texte  au- 
thentique et  irrécusable  ;  c'est  Tacte  du  Sénat  romain  con- 
servé par  Tite-Live,  et  relatif  au  traité  de  paix  conclu  entre 
Antiochus  III  et  la  République.  Cet  acte  reproduit  presque 
mot  à  mot  le  traité  soumis  par  le  consul  L.  Scipion  à  l'ap- 
probation du  Sénat;  seulement,  partout  où  on  lisaît eubotque 
on  a  substitué  le  mot  aliique.  Si  ces  mots  ne  se  rapportaient 
pas  au  même  poids,  pourquoi  le  Sénat  se  serait-il  montré  si 
scrupuleux  au  sujet  des  sommes  stipulées,  au  point  de  con- 
server des  fractions  de  huit  drachmes,  tandis  qu'il  en  al- 
térait notablement  la  valeur  intrinsèque?  Et  ce  n'est  pas 
seulement  en  Asie ,  mais  encore  en  Europe  et  en  Afrique 
que  les  contributions  de  guerre  imposées  par  les  Romains 
étaient  estimées  en  talents  euboiques ,  rapportés  toujours  à 
la  monnaie  attique.  Dans  la  conCrmation  du  traité  fait  par 
le  consul  M,  Fulvius  avec  les  Étoliens  on  avait  stipulé  que 
ceux-ci  payeraient,  en  argent  aussi  bon  que  celui  de  fàtlique^ 
200  talents  euboiques.  C'est  exactement  la  même  péri- 
phrase employée  par  le  Sénat,  selon  Polybe,  dans  le  ti^aité 
de  paix  avec  Antiochus,  d'après  lequel  celui-ci  devait  payer 
aux  Romains  12^000  talents  de  la  meilleure  monnaie  d'ar- 
gent attique  y  1,000  talents  chaque  année,  et  le  talent  ne 
devait  pas  peser  moins  de  quatre-vingts  livres.  Ainsi  vous 
voyez  que  le  Sénat  non-seulement  exigeait  d' Antiochus  et 
des  Étoliens,  que  le  payement  se  fît  en  monnaie  attîqae 
ou  d'un  aloi  aussi  bon  que  celui  d'Athènes,  mais  encore  il 
fixait  le  poids  du  talent  euboïque ,  auquel  se  rapportait  le 
traité  du  consul ,  à  80  livres  ou  exactement  à  60  mines  at- 
tiques. 

Maintenant  si  vous  venez  aux  textes  d'Hérodote»  vous 


ET   DISSERTATIONS.  189 

verrez  aussi  qu*il  donne  pour  la  mine  euboïque  la  valeur  de 
la  mine  attique.  En  effet,  les  deux  textes  d'Hérodote,  qu'on 
croyait  en  contradiction,  sont  tellement  d'accord,  aujour- 
d'hui que  nous  connaissons  les  deux  talents  qui  existaient 
simultanéinent  à  Babylone,  qu'ils  nous  donnent  une  démon- 
stration presque  évidente  de  la  valeur  du  talent  ou ,  pour 
mieux  dire,  de  la  mine  euboïque.  C'est  à  vous,  mon  cher 
ami,  que  je  dois  la  connaissance  des  monuments  apportés 
de  Ninive  et  de  Nemrod  par  M.  Layard,  et  dont  il  nous  a 
donné  le  poids  ;  d'où  j'ai  déduit  pour  le  talent  29^750. 
Hérodote  dit  (liv.  III,  89)  que  le  talent  babylonien  valait 
70  mines  euboîques.  Or  en  divisant  29^750  par  70,  on 
trouve  au  quoUent  0^,A25,  ou  exactement  la  mine  attique. 
Mais  ailleurs  (liv.  III,  95)  il  dit  en  calculant  les  revenus  de 
Darius  que  7,7A0  talents  babyloniens  d'argent  plus  &,680, 
valeur  de  360  talents  euboîques  d'or  payés  par  la  satrapie 
de  l'Inde,  montaient  à  1A,5Ô0  talents  euboîques;  d'où  l'on 
conclut  que  les  7,7A0  talents  babyloniens  valaient  9,880  ta- 
lents euboîques,  ou  que  chaque  talent  babylonien  conte- 
nait 76,59  mines  euboîques.  Les  savants  qui  niaient,  il  n'y 
a  pas  longtemps  (M.  Bceckh^  Melroïog.  Unlersuch.j^.  50), 
que  la  darique  d'argent  ou  le  sicle  de  Xénopbon  était  T  unité 
ou  drachme  de  la  mine  babylonienne ,  comme  j'avais  eu 
l'honneur  de  vous  l'annoncer  dès  mes  premières  recherches 
au  cabinet  impérial  en  1837,  sont  obligés  maintenant  de 
reconnaître  l'existence  d'une  mine  asiatique  de  0S5AA,  ou 
de  100  dariques  d'ai^nt,  telle  qu'elle  résulte  aussi  de  vos 
recherches  publiées  dans  le  volume  XVII  des  Annales  de 
tlnstiiut.  archéologique.  Le  talent  de  cette  mine  pesait 
donc  32^,666,  et  en  le  divisant  par  76,59,  nombre  des  mines 
euboîques  qu'Hérodote  donne  dans  ce  passage  au  talent  ba- 
bylonien d'argent^  c'est-à-dire  au  talent  de  monnaie  d'ar- 


190  MÉMOIRES 

gent  ou  de  sicles  de  Xénophon,  nous  aurons  encore  pour  la 
mine  euboïque  0^,426.  Hérodote  s'est  mépris»  sans  doute, 
en  basant  ses  calculs  tantôt  sur  Tun,  tantôt  sur  Tautre,  des 
deux  talents  existant  à  Babylone,  d'où  est  résulté  la  dif- 
férence des  rapports  70  et  76,59  mines  euboïques  qu'il 
donne  au  talent  babylonien  dans  les  deux  passages  cités; 
mais  quant  à  la  valeur  absolue  de  la  mine  euboïque,  il  ré- 
sulte de  ces  deux  passages  qu  elle  était  exactement  égale  à 
la  mine  attique.  Si  Hérodote  ou  ses  copistes  s'étaient  trompés 
sur  les  nombres,  comme  l'ont  soutenu  jusqu'ici  tous  les 
savants,  il  faudrait  que  le  hasard  eût  produit  quatre  coïn- 
cidences corrélatives  presque  impossibles  ou  fort  difficiles  à 
obtenir  d'après  le  calcul  des  probabilités  ;  savoir  :  1"  le  rap- 
port exact  entre  les  nombres,  soi-disant  erronés,  70  et 
76,59,  et  les  poids  réels  29^750  et  32S666  des  deux  talents 
existant  à  Babylone  ;  2*  l'identité  de  la  mine  euboïque  dé- 
duite de  ces  nombres  faux  avec  la  mine  attique  telle  qu'elle 
résulte  des  monuments  numismatiques  ;  3*"  l'accord  de  cette 
identité  avec  les  clauses  du  traité  de  paix  conclu  entre 
L.  Scipion  et  Antiocbus  comparées  avec  la  ratification  donnée 
à  ce  traité  par  le  Sénat  romain  ;  4*  enfin  l'accord  aussi  de 
cette  valeur  du  talent  euboïque  avec  le  texte  de  PoUux  (qui 
fait  le  talent  babylonien  de  70  mines  attiques)  et  les  éva- 
luations d'Appien  et  de  Festus,  comme  je  crois  l'avoir  dé- 
montré dans  mon  ouvrage  (n°  310).  11  y  a  encore  une  autre 
raison  qui  vient  confirmer  cette  évaluation,  c'est  qu'Hé- 
rodote dit  positivement  que  l'or  se  réglait  sur  le  poids  eu- 
boïque; mais  la  darique  ou  l'unité  monétaire  d'or  se  con- 
fondait sensiblement  avec  le  didrachme  attique;  donc  le 
I)oids  euboïque,  d'après  l'opinion  d'Hérodote,  devenait 
égal  au  poids  attique.  Voilà  assez  de  raisons,  ce  me  semble, 
pour  soutenir  que  le  mot  euboïque  ne  se  rapportait  pas 


ET   DISSERTATIONS.  I9i 

au  système  monétaire  de  Tlle  d'Eubée,  mais  bien  au  sys- 
tème attique^. 

Mais  n'en  fût-il  pas  ainsi,  je  viens  de  démontrer  !•  que 
les  deux  monnaies  archaïques  romaines  publiées  par  M.  le 
duc  de  Luynes  pèsent  en  moyenne  10^,70  ou  un  ancien 
didrachme  perse  ;  2*  que  le  système  monétaire  suivi  dans 
plusieurs  villes  de  TEubée  et  de  l'île  de  Crète  n'était  autre 
que  le  système  commercial  d'Athènes,  suivi  aussi  dans  les 
monnaies  d'Égine  ;  3"  que  le  système  basé  sur  le  sesqui- 
drachme.etle  tridrachme  semble  contraire  à  tous  les  textes 
et  à  tous  les  monuments  de  l'antiquité.  Je  sais  bien  que  le 
savant  académicien  complète  ce  système  en  ajoutant  le  té- 
tradracbme  de  IS^'.QO  fondé  sur  deux  médailles  de  fabri- 
que archaïque,  attribuées  à  Populonia  d'Étrurie  Mais  ce 
n*est  pas  sur  deux  médailles  qu*on  peut  établir  un  système; 
il  faut  employer  la  méthode  des  moyennes  recommandée 
par  Letronne,  comme  la  plus  conforme  à  la  saine  critique. 
Si  nous  examinons  toutes  les  monnaies  d'argent  de  Popu- 
lonia existant  dans  le  Cabinet  impérial,  dans  le  Musée  Bri- 
tannique et  dans  celui  de  Hunter,  à  Glasgow,  nous  verrons 
éridemmént  que  le  système  suivi  à'  Populonia  était  tout 
simplement  le  système  attique  un  peu  faible  ;  et  dès  lors 
on  explique  parfaitement  les  monnaies  de   lô^,ôA3  et 

1  On  m'm  cité,  en  opposition  an  raisonnement  que  je  viens  de  goumettre  à 
Tot  lectenn,  nn  poids  dn  cabinet  de  M.  le  duc  de  Luynet,  qui  pè«e 
€78  grammes  et  porte  le  monogramme  ErB,  accompagné  dei  mots  ETOrS  AA 
AmOXIA  AIMNA.  Ou  voudrait  voir  dans  ce  monument  une  donble  mine  eu- 
btiqae;  mais  j*ai  déjà  fait  observer,  en  le  décrivant  dans  mou  Essai  (  t.  T', 
p.  693),  que  le  monogramme  doit  représenter ,  comme  sur  les  poids 
4*Aiitioche,  nii  nom  d'Agoranome  tel  que  E'j6io<  ,  E06ouXo<,  EùCaT^Sriç, 
I0€mi8k,  etc. 


11)2  MÉMOIRES 

Voici  ces  médailles  par  ordre  de  poids. 

H'*'.  llQSéfS.  Poids  effectif.      Poids  ibèoriqoe.      DéMBlMlim. 

24  Paris  Mionnet,  Suppl l«^,00.  .  .  .     lr^06.  .  ,  .  Trihémiobok. 

51     Id,         id lr,32.  .  .  .     1«',42.  .  .  .  Diobole. 

49     Id.         id lr,99.  .  .  .     2«',12.  .  .  .  Tnobole. 

47  [d.        id 3ï%92.  .  .  .     i»',25.  .  .  .  Drachme. 

60     Id.        id 4«',ll.  .  .  ,    4*',25.  ...         M. 

31     Id.        id.,  Suppl 7b',64.  .  .  .  8r.50.  .  .  .  Didracbme 

16  Id,         id.       id 8s%3B.  .  .   .  86^,50.  ...         Id. 

48  Id.         id 8«f',38.  .  .  .  8r,50.  ...         Id. 

1  llunter,  Combe  (Charles).  .  .  Si' ,46.  .  .  .  8r,50.  ...        Id, 

1  M.  Bnt.  Taylor  Combe,p.  16.  8«',47.  .  .  .  8*',50.  ...         Id, 

3  Hunter,  Combe  (Charles).  .  .  8f',60.  .  .  .  8^,50.  ...         Id, 

17  Paris.  MîonTiet,  Suppl.  .  .  .  16*', 17.  .  .  .  17r,00.  .  .  .  Tétradrachme. 

11  rae  semble  que  la  simple  inspection  de  ce  tableau  ne 
peut  pas  laisser  Iç  moindre  doute  sur  le  système  monétaire 
suivi  à  Populonia.  Pourquoi  donc  admettrons-nous  une 
drachme  de  36',975  et  un  tétradrachme  de  15^,90  fondés 
sur  deux  monnaies  faibles  de  poids?  Pour  établir  un  sys- 
tème monétaire,  il  faut  tout  examiner,  peser,  considérer. 
Je  répéterai  avec  Letronne  qu'il  ne  suffit  pas  de  consulter 
les  faits,  pas  même  de  les  accorder  avec  les  textes,  s'ils  ne 
satisfont  pas  en  outre  aux  probabilités  historiques.  Or  le 
système  donné  par  M.  le  duc  de  Luynes,  comme  le  véri- 
table système  euboïque,  n'est  pas,  ce  me  semble,  dans 
ce  cas. 

Il  me  reste  maintenant  à  débattre  une  question  fort  im- 
portante, la  plus  importante  peut  être  sous  le  point  de  vue 
métrologique.  Quel  rapport  y  a-t-il  entie  le  nummus  Tul- 
lianus  de  M.  le  duc  de  Luynes  et  la  livre  romaine  ou  Ya$ 
libralis  de  Servius  Tullîus?  D'abord  ce  nummus  de  10«',45 
est  tout  à  faitdifférent  de  celui  que  lui  attribue  Varrond' après 
le  grammairien  Charisius.  Ce  nummus  pesait  à  scrupules 
de  plus  que  le  denier  de  la  République ,  c'est-à-dire  7  scru- 


ET   DISSERTATIONS.  tl>5 

jmles,  soit  8*^,37.  M.  le  duc  de  Luynes  combat  cette  in- 
terprétation et  en  donne  une  autre,  savoir  que  Varron  a 
voulu  parler  du  scrupule  de  la  livre  de  Servius  Tullius  et 
non  de  la  livre  du  temps  de  la  République.  Laissant  de  côté 
h  question  de  savoir  si  la  livre  de  Servius  était  différente 
de  la  livre  employée  sous  la  République,  question  sur  la- 
quelle je  reviendrai  tout  à  l'heure,  voyons  quelle  devait 
être  la  livre  de  Servius  d'après  Thypothèse  de  M.  de  Luynes. 
La  monnaie  de  Servius,  de  bonne  conser\ation,  pesait 
10«',45,  et  puisqu'elle  représentait  7  scrupules  de  la  livre 
de  Servius,  le  scrupule  serait  de  t»',â9  et  la  livre  de 
2S8x  l6',â9=  4298',12.  Ce  serait  presque  exactement  la 
mine  attique  ;  valeur  tout  à  fait  contraire  à  la  vraisem- 
blance historique,  puisque  l'origine  asiatique  des  Romains 
semble  aujourd'hui  bien  constatée. 

Quant  à  Y  as  libralis  de  Servius,  on  n'est  pas  certain 
si  nous  en  possédons  qui  puissent  lui  être  attribués; 
mais  dans  tous  les  cas  leur  poids  est  tellement  discordant 
qu'on  ne  saurait  en  tirer  la  moindre  conclusion.  Néanmoins 
nous  pouvons  arriver  à  la  connaissance  de  la  livre  de  Ser- 
vius par  d'autres  considérations  tout  aussi  sûres.  L'histoire 
nous  a  conservé  la  mémoire  de  toutes  les  institutions  et  de 
tous  les  changements  importants  introduits  par  Servius 
Tullius,  et  à  plus  forte  raison  les  événements  accomplis 
sous  son  successeur,  et  plus  tard  sous  la  République.  Or 
nous  ne  trouvons  nulle  part  que  sous  Tarquin  le  Superbe, 
ni  sous  la  République,  on  ait  changé  ou  réformé  les  poids. 
Nous  connaissons  d'ailleurs  la  valeur  de  la  livre  sous  la  Ré- 
publique et  sous  les  empereurs  jusqu'à  la  fin  de  l'empire, 
soit  par  les  monnaies  dont  le  rapport  avec  la  livre  était 
parfaitement  connu,  soit  par  des  poids  étalons  parfaite- 
ment conser\'és.  C'est  ainsi  que  tous  les  métrologues  mo- 


19A  MÉMOIRES 

dernes  Lelronne,  Cagnazzi  et  vous-même,  ont  trouvé  pour 
la  livre  romaine  pendant  la  République  et  1* Empire 
325  grammes  en  nombre  rond.  C'est  déjà  une  présomp- 
tion assez  fondée  que  cette  livre  existait  du  temps  de  Ser- 
vius.  Mais  la  valeur  nous  donne  encore  une  nouvelle 
preuve  de  son  origine  asiatique ,  et  par  conséquent  il  de- 
vient plus  probable  que  cette  livre  fat  apportée  par  les 
Pélasges  et  adoptée  par  les  Romains  dès  le  commencement 
On  avait  cherché,  quoique  en  vain ,  l'origine  de  cette 
livre  dans  les  rapports  des  Romains  et  même  des  Étrusques 
avec  les  républiques  de  la  Grande-Grèce.  Je  crois  l'avoir 
mise  en  toute  évidence  dans  mon  ouvrage  sans  d'autres 
efforts  de  ma  part  que  d'avoir  consulté  les  faits.  J'ai  trouvé 
parmi  les  nionnaies  d'argent  perses  (voy.  tabl.  VIII,  vol.  III) 
une  série  fort  remarquable  (du  n**  242  jusqu'au  n*  258) 
donnant,  terme  moyen,  un  poids  de  25»',90  ou  bien  près 
de  26  grammes.  On  y  voit  encore  (du  n°  18  au  n°  24)  sept 
monnaies  du  poids  de  36',25  ou  le  huitième  des  précé- 
dentes. Enfin  on  trouve  encore  sous  les  n°'  178  à  180  trois 
autres  monnaies  en  bon  état  de  conservation  de  C^jlO  à 
ôs'jSS,  ou  le  quart  des  premières.  On  doit  d'autant  moins 
douter  que  ces  monnaies  montrent  l'existence  d'un  sys- 
tème bien  défini,  dont  le  tétradrachme  pèse  de  25»',90  à 
26  grammes,  que  les  numismatistes  connaissent  d'autres 
monnaies  fort  renommées  dans  l'antiquité  appartenant  au 
même  système.  Les  cistophores  pèsent  en  moyenne  12«',80 
ou,  en  tenant  compte  du  fiai  et  de  la  tolérance,  IS  gram., 
ou  la  moitié  des  plus  fortes  monnaies  perses,  c'est-à-dire 
un  didrachme.  On  trouve  ce  même  didrachme  et  la  moitié, 
ou  la  drachme,  en  très-grand  nombre  parmi  les  monnaies 
de  Rhodes  (tabl.  XXXIX)  et  dans  quelques-unes  de  Cyzique 
(tabl.  X).  Enfin  nous  trouvons  ce  système  parfaitement 


ET    DISSERTATIONS.  195 

marqué  dans  les  sicles  hébreux  (tabl.  1) ,  où  vous  en 
verrez  six  de  3^,12  à  38%25,  un  de  68',23  et  trois  autres 
de  12«',55  à  12«',70,  On  ne  peut  donc  révoquer  en  doute, 
en  ne  consultant  que  les  monnaies,  l'existence  d'une  mine 
de  660 grammes  à  peu  près.  Si  des  monnaies,  nous  passons 
aux  textes,  nous  trouvons  d'après  l'inscription  123  (Corp, 
imeripl.  grsec.  de  M.  Bceckb)  qu'il  y  avait  à  Athènes  une 
mine  de  150  drachmes  monétaires  de  Selon,  soit  une  mine 
de  QiT^.  50.  M.  Pinder  {Beilràge  zur  alUren  Mûnzkundé)  a 
déduit  la  même  valeur  de  deux  poids  de  plomb  appartenant 
à  Athènes.  Ainsi  je  me  crois  parfaitement  fondé  à  admettre 
une  mine  de  650  grammes  à  peu  près,  dont  l'origine  asia- 
tique me  semble  également  évidente.  En  eflet,  non-seule- 
ment nous  la  voyons  employée  de  préférence  dans  les  mon- 
naies de  l'Asie-Mineure  et  des  anciens  rois  perses,  mais 
encore  elle  a  un  rapport  fort  simple  avec  le  talent  babylo- 
nien des  dariques  d'argent.  J'ai  dit  plus  haut  que  ce  talent 
était  composé  de  6,000  sicles  de  Xénophon  de  sept  et  demi 
oboles  attiques  chacun.  Il  valait  donc  7,500  drachmes  at- 
tiques,  et  comme  la  mine  dont  il  s'agit  représentait 
160  drachmes  attiques,  il  s'ensuit  qu'elle  était  exactement 
1/60  du  talent  babylonien,  tout  comme  la  mine  de  Moïse 
était  aussi  1/50  du  kikkar  hébreu  ou  du  talent  pharao- 
nique, dit  postérieurement  d'Alexandrie.  Je  ne  erois  pas, 
mon  cher  ami,  qu'on  puisse  taxer  d'arbitraire  ces  déduc- 
tions fondées  sur  des  faits  parfaitement  constatés. 

Je  reviens  maintenant  à  la  livre  romaine.  II  est  bien  avéré 
aujourd'hui  que  les  Sicules  et  les  Étrusques  employaient 
ordinairement  la  litra  comme  unité  de  poids.  M.  Bœckh 
a  démontré  {Meirolog.  Untersuch.,  p.  295  et  296)  par  des 
anciennes  inscriptions  contenant  le  registre  des  comptes 
publics  de  Tauromenium  que  120  litra  formaient  un  talent. 


196  MÉMOIRES 

d'où  Ton  conclut  forcément  que  la  litra  était  égale  à  une 
demi-mine.  Ainsi  la  litra  sicilienne  et  la  litra  étrusque  ap- 
pelée livre  par  les  Romains,  n'était  autre  chose  qu'une 
expression  numérique  équivalant  à  une  demi-mine.  Il  y 
avait  donc  autant  de  litra  qu'il  y  avait  de  mines  différentes 
employées  en  Sicile  et  en  Étrurie.  Maintenant  si  nous 
admettons  que  les  Pélasges,  ce  qui  semble  fort  naturel, 
aient  apporté  avec  eux  la  mine  asiatique  de  650  grammes, 
nous  trouverons  que  la  litra,  ou  la  livre  romaine,  devait 
peser  325  grammes,  telle  en  effet  qu'elle  a  existé  sous  la 
République  et  sous  les  empereurs.  Vous  admettrez,  je  l'es- 
père, que  ces  déductions  n'ont  rien  que  de  fort  naturel, 
puisqu'elles  sont  de  tout  point  conformes  aux  faits,  et  ce 
qui  vaut  bien  mieux  aux  probabilités  historiques  de  l'ori- 
gine des  Romains,  comme  l'exigeait  1  illustre  Letronne. 

En  admettant  que  la  livre  romaine  eût  été  toujours  la 
mèoje  depuis  la  fondation  de  la  ville,  ou  tout  au  moins, 
depuis  les  règlements  de  Numa,  il  s'agirait  de  savoir  quel 
rapport  il  y  avait  entre  cette  livre  et  le  nummus  Tullianus 
de  108%45.  Ce  rapport  est  à  peu  près  comme  31  à  1.  Il 
faut  avouer  que  ce  rapport  semble  assez  anormal,  car  il  ne 
se  rapportait  pas  à  l'once  ni  à  aucune  autre  division  légale 
de  la  livre,  comme  les  anciennes  monnaies  portant  l'in- 
scription ROMANO  qui  représentaient  un  quart  d'once.  Il 
n'exprimait  pas  non  plus  une  partie  aliquote  simple  de  la 
livre,  comme  le  cinquantième  donné  par  les  monnaies  ar- 
chaïques portant  l'inscription  ROMA.  On  conçoit  fort  bien 
qu'une  fois  un  système  monétaire  établi,  les  réformes  suc- 
cessives aient  fait  disparaître  le  rapport  simple  constam- 
ment suivi  par  tous  les  peuples  anciens,  au  commencement 
du  monnayage,  entre  l'unité  de  poids  et  l'unité  monétaire; 
mais  ce  qu'on  ne  conçoit  pas,  d'après  la  marche  de  l'esprit 


ET   DISSERTATIONS.  107 

humain  et  d'après  l'analogie,  c'est  que  les  Romains  aient 
frappé  leur  première  monnaie  d'argent  sans  l'assujettir  à 
la  condition 9  observée  par  tous  les  autres  peuples,  de  lui 
donner  le  poids  d'une  division  légale  quelconque  de  l'unité 
pondéi'ale,  ou  tout  au  moins  d'une  partie  aliqnote  fort 
simple  de  cette  même  unité.  Ce  n'est  pas  ainsi  qu'ils  ont 
procédé  par  rapport  à  la  monnaie  de  cuivre,  qu'ils  ont  fait, 
suivant  le  témoignage  unanime  de  l'histoire,  égale  en  poids 
à  une  livre,  c'est  Ya$  libralis.  Dès  lors  il  me  semble  que  si 
Servias  avait  frappé  la  monnaie  publiée  par  M.  le  duc  de 
Loyoes,  il  eût  été  fort  naturel  qu'il  l'eût  mise  en  rapport 
simple  avec  la  livre  ou  l'once,  tout  comme  il  l'a  fait  avec 
Yas  libralis.  Nierons-nous  par  cela  l'authenticité  de  cette 
médaille?  Non  certainement.  A  Dieu  ne  plaise  que  je  prenne 
la  fausse  route  suivie  par  tant  d'autres  métrologues,  alors 
qu'ils  nient  des  faits  bien  constatés!  Mais  s'il  n'est  pas 
permis  de  nier  les  faits  bien  constatés,  il  n'est  pas  défendu 
de  les  expliquer  et  de  les  mettre  d'accord  avec  l'histoire. 
En  admettant  donc,  sous  la  respectable  autorité  de  votre 
savant  confrère,  que  les  deux  médailles  en  question  aient 
été  frappées  du  temps  de  Tarquin  et  de  Servins  Tullius, 
j'ose  croire  qu  elles  n'ont  pas  été  frappées  à  Rome  même. 
Et  voici  pourquoi. 

On  sait  que  les  Romains  étaient,  sous  les  rois  et  encore 
longtemps  après  l'établissement  de  la  République,  fort  ar- 
riérés dans  les  arts,  et  surtout  dans  le  monnayage  dont 
l'invention  est  presque  contemporaine  de  Tarquin,  puisque 
c'est  dans  les  lois  de  Selon  qu'on  fait  pour  la  première  fois 
mention  des  véritables  monnaies.  C'est  apparemment  à 
cause  de  leur  état  arriéré  que  les  Romains  ont  eu  recours, 
300  ans  après  Servius  Tullius,  aux  ateliers  monétaires  de  la 
Campanie  pour  frapper  leurs  premières  monnaies  d'argent. 

1861.—  ».  15 


198  MÉMOIRES 

Celles  môme  qui  ont  été  fabriquées  à  Rome  pendant  les  pre- 
mières années  de  l'introduction  de  la  monnaie  d'argent, 
sont  dues  à  des  graveurs  siciliens,  suivant  l'opinion  fort 
respectable  de  M.  Bœckh  {Metrolog.  Untersueh.^  p.  &61). 
Il  ne  semble  donc  guère  probable  qu'au  temps  de  Tarquia 
et  de  Senrius  les  Romains  aient  été  plus  habiles  graveurs 
de  coins,  qu'ils  ne  l'étaient  300  ans  plus  tard.  D'un  autre 
côté,  nous  avons  le  texte  de  Festus  qui,  quoique  mutilé, 
peut  nous  servir  d'indice  faute  d'autorité  plus  décisive.  Il 
dit  au  mot  patres  senalares  que,  du  temps  de  Romulus,  les 
Romains  se  servaient  des  monnsdes  d'argent  fabriquées  à 
l'étranger.  Il  s'est  évidenmient  trompé  sur  l'époque»  car 
l'invention  de  la  monnaie,  proprement  dite,  est  postérieure 
à  la  fondation  de  Rome;  mais  du  moins  on  ne  peut  ni^ 
que  l'opinion  de  Festus  ne  soit  que  les  premières  monnaies 
employées  par  les  Romains  venaient  de  l'étranger.  Nous 
voyons  d'autre  part  qu'à  Gamarina,  à  Panorme,  à  Syracuse 
et  môme  sous  Hiéron  II ,  on  fabriquait  des  monnaies  de 
10»',3S,  11^12, 10«',16, 10»',80,10«',04, 10^,11, 10«',H, 
lOi'^lO,  10«',27  et  10«',35  (tabl.  XVIII,  vol.  111)  qui  ap- 
partendent  évidemment  au  système  perse.  Nous  savons 
encore  que  Pyrrhus  frappa  monnaie  en  Sicile.  Quelques- 
unes  des  monnaies  de  ce  prince  appartiennent  au  système 
attique,  suivi  constanunent  dans  ses  monnaies  d'or  et  dans 
^les  de  son  oncle  Alexandre  I  ;  mais  il  y  en  a  aussi  un 
grand  nombre  qui  pèsent  de  5*',30  à  5«',56  (tabl.  XXI). 
C'est  exactement  le  poids  de  la  dariqae  d'argent  ou  la 
moitié  des  précédentes.  Je  crois,  d'après  cela,  que  ce  sont 
ces  monnaies  qui  ont  été  frappées  en  Sicile  où  les  Cartha- 
ginois avaient  probablement  introduit  le  système  perse. 
C'est  donc  de  Sicile,  je  le  soupçonne ,  que  sont  venues  les 
monnaies  données  par  M.  le  duc  Luynes,  quoique  frappées 


ET    DISSERTATIONS.  199 

peut-être  par  l'ordre  des  Komaios,  ou  loulau  moius  des- 
tinées à  leur  usage,  comme  il  est  arrivé  SOO  ans  plus  tard 
pour  les  monnaies  frappées  en  Campanie  portant  Tinscrip- 
tion  ROMANO. 

Je  sais  bien  qu'on  m'objectera  l'élégance  du  style  des 
CKÀns  siciliens  comparée  avec  le  style  archaïque  des  mon- 
naies en  question  ;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  s'agit 
d'une  époque  fort  reculée  «  tout  près  de  la  naissance  de 
l'art,  et  que  d'ailleurs  le  style  des  premières  monnaies 
grecques  n'était  pas  à  beaucoup  près  ce  qu'il  est  devenu 
plus  tard. 

Quaot  aux  petites  monnaies  archaïques  d'Alba  et  de  Si- 
gnia,  dont  M.  Mommsen  fait  de  prétendues  libella  et  $em- 
bdla^  elles  ne  sont  tout  simplement  que  l'obole  et  l'hémi- 
obole  de  la  mine  asiatique  de  650  grammes  introduite  par 
lesPélasges,  et  dont  les  Siciliens  et  les  Étrusques  ont  pris  la 
moitié  pour  faire  leur  /»7ra  devenue  plus  tard  la  livre  des  Ro- 
mains. Ces  monnaies  ne  sont  donc  autre  chose  que  la  Ulra 
et  la  double  liira  d'argent«  dont  le  poids  était  de  0<',59  et 
Is'ylS,  comme  je  crois  l'avoir  démontré  dans  mon  Essai 
sur  les  systèmes  métriques  et  monétaires  des  anciens  peu- 
ples (vol.  II,  p.  31 A  au  mot  damaretion).  A  quoi  bon 
admettre  des  hypothèses,  plus  ou  moins  arbitraires, 
mais  toujours  douteuses,  pour  expliquer  ces  monnaies  de 
(K',584,  i^'.liô,  1^283  (Alba)  et  de  08%667  et  06',532 
(Signia)  lorsque  nous  avons  des  faits  parfaitement  constatés 
auxquels  on  peut  les  rattacher?  £st>il  vrai  ou  n'est-il  pas 
vrai  qu'il  existait  en  Asie  une  mine  de  650  grammes  ou  de 
150  drachmes  attiques?  £st-il  vrai  ou  n'est-il  pas  vrai  que 
b  litra^  moitié  de  cette  mine ,  était  exactement  égale  à  la 
livre  romaine?  Est-il  vrai  ou  n' est-il  pas  vrai  que  le  centu- 
poftdiiim  romain  est  exactement  égal  au  talent  babylonien 


200  MÉMOIRES 

de  6,000  dariques  ou  sicles  d* argent  de  Xénoplion?  Est-il 
vrai  ou  n*est-il  pas  vrai  que  Rome  doit  sa  fondation  aux  Pé- 
lasges  venus  de  T Asie 7  Si  tout  cela  est  vrai,  ne  devient-il 
pas  fort  probable,  je  dirai  presque  certain,  que  ce  sont  les 
Pélasges  qui  ont  apporté  en  Italie  la  mine  asiatique  de 
650  grammes  et  par  conséquent  la  Ulra  ou  demi-mine  de 
3?ô  grammes  adoptée  par  les  Romains  sous  le  nom  de 
livre?  C'est  du  moins  ma  ferme  et  inébranlable  conviction. 
Je  vous  la  soumets  néanmoins  volontiers ,  mon  cher  ami, 
comn>e  à  un  des  juges  les  plus  compétents  en  toutes  ces  ma- 
tières ;  je  la  soumets  aussi  à  M.  le  duc  de  Luynes  lui-même 
dont  le  jugement  droit  et  éclairé  saura  relever  les  méprises 
où  je  serai  peut-être  tombé  ;  mais  quelles  qu  elles  soient, 
je  n'aurai  pas  moins  contribué  à  appeler  Tatteniion  des  sa- 
vants sur  des  points  encore  bien  obscurs  de  la  métrologie 
des  anciens  Romains. 

Veuillez,  mon  cher  ami,  agréer  l'assurance  de  mes  sen- 
timents les  plus  dévoués, 

ViCENTE   V.    QUEIPO. 


ET   DISSERTATIONS.  201 


DE  QUELQUES  MÉDAILLES  SUPPOSÉES. 

l.  VICTORINA.  —  2.  LOLLIANDS.  —  3.  L.  iELlANUS. 

(  PK  IX.  ) 


Le  recueil  de  Goitzius  l'enferme  un  certain  nombre  de 
pièces  qu'on  n'a  pas  retrouvées  jusqu'à  ce  jour  dans  les 
collections  ;  plusieurs  de  ces  pièces  sont  ou  des  médailles 
dont  les  légendes  ont  été  mal  lues,  ou  des  médailles  d'une 
mauvaise  conservation  ;  il  y  a  aussi  dans  le  nombre  des 
pièces  supposées  et  évidemment  fausses.  Cependant  on 
aurait  tort  d'accuser  Goitzius  d'avoir  inventé  à  plaisir  des 
types  monétaires  et  d'avoir  supposé  des  effigies  impériales 
dans  l'intention  de  combler  des  lacunes  ^ 

On  trouve  la  description  d'un  nombre  considérable  de 
médailles  supposées  dans  les  anciens  recueils,  tels  que  ceux 
de  Jacques  Strada  [Epitome  Thés.  Antiq,^  Ludg.,  1553), 
d'Occo  (Tmpp.  rom.  «timwmafa, Antuerp.,  1579,  et  Augustœ 
Vindelicorum,  1601  et  1625,  in-4*),  de  Mezzabarba  (Impp. 
rom.  numismata,  Medîolanî,  1683  et  1730,  in-foL),  etc.  Le 
Catalogue  des  médailles  de  la  coUlection  de  la  comtesse  de 
Bentinck  ,  publié  à  Amsterdam  en  1787,  et  la  collection  de 
Baltbasar  Mflnter,  souvent  citée  par  Tanini  dans  son  Sup- 

*  Voir  Bevut  numitm,^  1844,  p.  330. 


202  MÉMOIBES 

plément  au  recueil  de  Banduri  (Rom. ,  1791 ,  in-fol. ) ,  fournis- 
sent également  un  nombreux  contingent  de  pièces  fausses. 
Presque  tous  les  Césars  éphémères ,  les  tyrans  «  les  usurpa- 
teurs qui  sont  nommés  dans  l'histoire  au  m*  siècle  de  notre 
ère,  figurent  dans  ces  deux  collections  ;  de  plus,  dans  le  Cata- 
logue de  la  comtesse  de  Bentinck ,  la  plupart  du  temps  leurs 
prétendues  effigies  sont  jointes  à  la  description  des  médailles 
qu'on  a  cherché  à  leur  attribuer.  Ces  médailles  supposées 
jettent  du  trouble  dans  les  études  numismatiques;  une 
médaille  douteuse  ou  fausse  introduite  dans  une  série,  loin 
de  contribuer  à  l'avancement  de  la  science,  ne  fait  que 
répandre  ou  entretenir  des  notions  fausses.  Il  est  utile* 
quand  on  peut  déterminer  de  quelles  pièces  on  s'est  servi 
pour  fabriquer  des  médailles  supposées,  de  les  signaler  à 
l'attention  des  amateurs,  afin  de  les  mettre  en  garde  contre 
des  fraudes  de  ce  genre.  C'est  dans  le  but  d'élaguer  des 
séries  numismatiques  des  pièces  qai  ne  peuvent  avoir  la 
moindre  autorité,  que  j'ai  rassemblé  sur  la  pi.  IX  quelques 
médailles  attribuées  à  des  princes  ou  qui  n'ont  jamsds  fait 
battre  monnaie  à  leur  effigie ,  ou  dont  même  l'existence 
est  une  supposition  gratuite. 

!•    ViCTORINA. 

Trebellius  PoUion ,  dans  le  chapitre  qu'il  a  consacré  à  la 
mèrede  Victorin(Jrtgtri/a  Tyrannie  30),  dit  qu'on  avait 
frappé  en  l'honneur  de  Victorina  des  monnaies  d'airain, 
d'or  et  d'argent,  dont  le  coin  existait  encore  de  son  temps 
à  Trêves.  Cusi  sunt  «jtK  nummi  œrti^  aurti  et  argeniei^  quo* 
rum  hodieque  forma  exiat  apud  Treviros. 

Ce  passage  a  naturellement  donné  à  penser  qu'on  devait 
retrouver  des  monnaies  à  l'effigie  de  Victorina ,  nommée 


ET  D1SS£BTAT10MS.  203 

aussi  Victoria,  princesse  d'un  rare  mérite ,  et  qui ,  vivant 
toujours  au  milieu  des  soldats,  se  faisait  donner  le  titre  de 
mère  des  camps ,  mater  casirorum. 

On  a  attribué  à  Victorine  une  médaille  de  bronze,  gravée 
dans  le  Musée  Pembroke  {Numùmata  anliqua  in  tre$parti$ 
dtttsa.  Colkgii  olim  et  in  are  incidi  vivent  curavit  Thomas 
Pembrocbiœ  et  Mentis  Gomerici  cornes.  A.  D.  HDCCXLVI, 
in-A%  pars  III,  tab.  28 }•  En  voici  la  description  : 

IMP.  VICTORIA  AVG.  Buste  de  femme  casquée  à  droite. 

i^  Aigle  les  ailes  éployées,  la  tête  tournée  à  droite  ;  dans 
le  champ  JL  ^  —  M.(  Voyez  pL  IX,  n*  1.  ) 

Jacques  Strada'  est  le  premier,  si  je  ne  me  trompe,  qui 
décrit  cette  médaille  de  bronze  et  l'attribue  à  Victorine. 
Ifaûs  il  ne  s'en  Uent  pas  1&  et  donne  la  description  d'une 
pièce  d'or  portant  la  légende  :  VICTORIA  MATRIS  (iic) 
CASTRORVM  '.  Le  titre  de  MATER  ou  MATRI  CASTRORVM 
est  inscrit  sur  des  pièces  d'or,  d'argent  et  de  bronze  frap- 
pées en  l'honneur  de  Julia  Domna  ^  et  de  Faustine  la 
leune  ',  et  sur  des  monnaies  de  bronze  à  l'effigie  de  Julia 
Hamsea  *.  Les  monnaies  sorties  de  l'atelier  d'Alexandrie 
donnent  également  le  titre  de  MHTHP  nPkxoniiw  à  quel- 
ques impératrices. 

Goltâus  décrit  des  médailles  de  Victorine,  accompa- 
gnées des  légendes  AVRELl A  VICTORIN A  AVG. et  PIA  FELIX 
AVG. 

*  La  pîèee  est  mal  grarée  dans  le  Musée  Pembroke,  et  la  légende  est  indi- 
quée IMP.VICrORINA  ATG.  tandis  qne  Vempreiiite  qiie  nous  en  «wùu  sons 
les  ye«L  porte  IMP.YICrrOBlA  AVG. 

*  EfiUmê  Theê,  Antiq.,  p^  151  et  152.  Lugd.,  1553. 
»  /W«f.,  p.  142. 

•Eckhel,  I).N.,VII.p.  1%. 
<ldem.,  tbul.,  p.79. 

*  lUd.,  p.  26». 


204  MÉMOIRES 

Mezzabarba,  BaDduri,  Eckbel,  Mionnet,  daos  son  ouvrage 
sur  la  Rareté  des  médaUles  romaines  ^  M.  Akeiman^  dans 
ses  Roman  coins^  M.  Ainédée  Thierry,  dans  son  Histoire 
de  la  Gaule  sous  tadminislration romaine  (tom.  II,cb«  8, 
p.  Âll  et  Â12),  ont  tous  décrit  ou  cité  la  médaille  île 
la  collection  Pembroke.  Mais  déjà  Banduri*,  qui  soup- 
çonnait une  fraude  et  supposait  que  la  pièce  pouvait 
être  de  fabrique  alexandrine ,  ajoute  en  note  :  Proferi  hoc 
nummum  Mediobarbus  ex  Strada ,  sed  ab  imperito  quodam 
supposilum  nemo  non  videt ,  cum  nec  f abrita  hujus  œtatis 
sit,  et  inscriplio  latina  in  jUgypUacis  nummis  alias  nusquam 
occurrat. 

Ce  que  Banduri  supposait  est  parfaitement  exact.  Cette 
pièce,  par  son  style  ainsi  que  par  son  module,  ne  peut  pas 
appartenir  au  règne  de  Victorin.  Sa  fabrique  trahit  un  tout 
autre  temps.  Mais  ce  n'est  pas  une  pièce  impériale  frappée 
en  Egypte ,  c'est  une  de  ces  monnaies  frappées  en  Italie 
par  les  rois  goths,  au  v  et  au  vr  siècle,  et  qui  sont  com- 
munes dans  toutes  les  collections.  La  légende  a  été  retou- 
chée :  d'LNVIGTA  ROMA,  on  a  fait  IMP.  VICTORIA  AVG.; 
on  n'a  qu'à  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  n**  1 ,  2  et  3  de  la 
pi.  IX.  Cette  observation  avait  déjà  été  faite  par  M.  Joseph 
Curt,  dans  le  Catalogue  de  vente  de  la  collection  Pembroke* 
publié  en  1848*. 

Voici  la  description  des  pièces  gravées  pL  IX ,  n**  2 
et  3  : 

INVICTA  ROMA.  Buste  de  Rome  casquée  à  droite. 
^.  Aigle  les  ailes  éployées,  la  tête  tournée  à  droite.  Dans 
le  champ,  XL.  A  l'exergue,  A.  —  JE. 

*  Num,  impp.  rtwi.,  1. 1,  p.  32'!. 

*  Catalogut  of  th  entire  P$mbrQk9  collection  ofcoin$  and  mtdaUt  p.  906. 


ET   DIS8EBTAT10^S.  205 

INVICTA  ROMA.  Même  buste  à  droite. 
.^.  La  louve,  touniée  à  gauche,  allaitant  les  deux  ju- 
meaux. Au-dessus  XL.  A  l'exergue  L.  —  M. 

Outre  la  médaille  de  la  collection  Pembroke  attribuée  à 
Victorine,  on  a  souvent  cité  une  pièce  de  petit  bronze 
de  la  collection  d'Eonery ,  décrite  dans  le  Caialogut  de  cette 
collection,  p.  610,  n*  A371  : 

IMP.  VICTORIA  AVG.  {sic) .  Tête  d'homme  casquée. 
.^.  CONSEGRATIO.  Aigle  éployé  tenant  un  foudre  dans 
ses  serres.  Dans  l'exergue  JL. 

Beauvais  ^  parle  de  cette  médaille  dans  les  termes  sui- 
vants :  a  II  7  en  a  une  véritablement  antique  dans  le  cabinet 
ff  de  H.  d'Ennery,  avec  la  tête  casquée  et  la  légende  :  IMP. 
«  VICTORIA  AVG.  Au  revers  CONSECRATIO.  L'aigle  les  ailes 
ff  éployées  sur  le  foudre,  et  dans  l'exergue  JL  '.  » 

Il  est  difficile  de  savoir  quel  peut  être  ce  petit  bronze. 
11  est  bien  probable  que  c'est  une  pièce  antique  usée  et  mal 
conservée.  Est-ce  un  Victorin  ou  un  Claude  le  Gothique? 
Hais  on  ne  connaît  pas  de  monnaies  de  consécration  de  ces 
princes,  portant  une  tête  casquée.  Est-ce  une  pièce  frappée 
au  nom  de  quelque  roi  gotb?  Je  ne  saurais  le  décider.  On 
m'a  montré  quelquefois  sous  le  nom  de  Victorine  des  pièces 
de  bronze  à  l'effigie  de  Flavius  Victor,  fils  de  Magnus 
Haximus. 

L'existence  de  médailles  portant  la  tète  de  Victorine  ne 
doit  pourtant  pas  être  entièrement  révoquée  en  doute.  On 
possède  de  belles  pièces  d'or  qui  au  revers  de  la  lête  de  l'em- 
pereur Victorin  ont  un  buste  de  femme  casquée  comme  une 
Amazone,  accompagné  de  la  légende  ROMAE  AETERNAE. 

*  Histoire  abrégée  des  emptnun  romains^  t.  II,  p.  65, 

*  Tanini  (  p.  186  )  dit  :  m  tstrgo  S.C. 


20ô  MÉMOIRES 

D* autres  ODt  pour  type  le  buste  de  la  Victoire  laurée, 
tenant  une  couronne  et  une  palme,  VICTORIA  ÂVG.  Le 
caractère  d'individualité  qui  se  révèle  dans  les  traits  de 
la  femme,  accompagnée  des  légendes  VICTORIA,  ROHA, 
me  porte  à  croire  que  Ton  a  voulu  représenter  la  mère  de 
l'empereur  sous  les  traits  d'une  divinité.  La  Victoire,  Fte- 
toria^  faisait  directement  allusion  à  la  mère  de  Victorin, 
Victorina^  Victoria.  C'était  l'opinion  de  mon  savant  et 
regretté  ami  Gb.  LenormantS  c'est  aussi  Topinion  de 
M.  Henry  Cohen.  Marcia,  la  concubine  de  Commode,  figure 
sur  les  médaillons  de  bronze  de  ce  prince,  accolée  à  sa  tète 
et  avec  le  costume  d'une  Amazone  *•  Si  donc  on  considère 
les  types  de  la  Victoire  et  de  Rome  comme  offrant  une 
allusion  à  la  mère  de  l'empereur,  le  passage  de  Trebellius 
Pollion  dans  lequel  il  est  question  de  monnaies  frappées  en 
rbonneur  de  Victorine  se  trouve  justifié  et  confirmé  par  les 
médailles. 


On  possède  des  médailles  portant  le  nom  d'un  César 
nommé  Lœlianus.  Les  historiens  parlent  d'un  lieutenant 
de  Postume  qui,  àMayence,  fit  soulever  les  soldats  contre 
ce  prince,  et  le  fit  assassiner.  Trebellius  Pollion  lui  donne 
le  nom  de  Lollianus^  Aurelius  Victor  et  Eutrope  celui  de  L. 
jElianuSy  tandis  que  dans  Orose  (VII,  22)  ce  nom  est  écrit 
jEmilianus.  On  a  voulu  faire  trois  personnages  distincts 

*  Dam  V  Iconographie  dê$  tmpêrtmê  romaine  (  p.  129  ) ,  Lenormant  dit  I« 
contraire  et  prétend  que  le  caractère  individuel  de  la  tête  tient  à  U  maia  de 
l'artiste  et  an  style  qui  régnait  alors  dans  les  Gaules,  plutôt  qu*à  une  intentîott 
de  portrait.  Mais  plus  tard,  ce  savant  a  admis  que  Victorine  a  pu  être  figurée 
sous  la  forme  d'une  divinité  sur  les  mëdaillefl  de  son  fils. 

»  ffcrue  ««m.,  1857,  p.  21î  et  suiv. 


ET   DISSEBTATIONS.  207 

de  Laelianus,  deLoUianus  et  de  L.  iEliaDus,  et  par  suite  de 
cette  idée  on  a  dû  chercher  des  médailles  aux  noms  de  ces 
trois  empereurs. 

2.   LOLUANOS. 

Voici  les  passages  de  Trebellius  Pollion  daus  lesquels  on 
lit  le  nom  de  LoUianus  : 

SaUmin,  3.  —  Pugnatum  contra  Poslhumiumt  contra 
LoUianum. 

Triginta  tyrannù  2.  —  Quo  Galli  novarum  rerum  semper 
iuni  cupidî,  Lolliano  agente^  (Postumus)  interemptui  est. 

Ibid.^  3.  —  Quum  LoUianus  in  loco  Posthumii  stUtroga- 
luSf  delatum  iibi  a  Gallis  tumpsisiet  imperiunu 

Ihid. ,  A.  —  Et  LoUianus  quidem  nonnihilum  ReipubUcœ 

profuit Jta  GaUieno  perdente  Rempublicam^  in  Gallia 

primum  Poithumius^  deinde  LoUianus^  Victorinus  deineeps^ 

postremo  Tetricus assertores  Romani  nominis  extite- 

runt LoUiani  autem  vita  in  muUis  obscura  est. 

lbid*9  5.  —  Tune  interfecto  etiam  LoUiano^  solus  Victo^ 
rinui  in  imperio  remansiu 

Ibid. ,  7.  —  Yictorino ,  Lolliano  et  Posthumio  în(e- 
remptis. 

Ibid.  9  30.  —  Posthumium,  deinde  LoUianum  ^  Uarium 
etiam iuteremptos. 

Lollianus  est  encore  nommé  par  Trebellius  Pollion  au 
chs^tre  VII  de  la  vie  de  Claude  le  Gothique,  dans  une  lettre 
adressée  par  ce  prince  au  sénat  et  au  peuple  romain,  lettre 
dans  laquelle  sont  énumérées  les  guerres  soutenues  contre 
les  nombreux  usurpateurs  et  tyrans  qui  surgirent  de  tous 
côtés ,  sous  le  règne  de  Gallien. 


208  MÉMOIRES 

Oo  a  attribué  à  LoUianus  les  pièces  suivantes  i 

IMP.  G.  LOLLIANVS  P.  F.  AVG.  Buste  barbu  et  radié  à 
droite»  avec  le  paludamentum. 

A AVG.  Femme  tenant  deux  enseignes  militaires.  — 

M.  (pLIX,n«4). 

Cette  pièce,  qui  faisait  partie  de  la  collection  de 
M.  Gouaux^  a  été  fabriquée  au  moyen  d'un  denier  de  bronze 
saucé  de  Gallîen.  De  GALLIENVS  on  a  fait  LOLLIANVS,  ce 
,qui  n'offrait  pas  beaucoup  de  difficulté,  et  Ton  a  retouché 
un  peu  la  barbe  pour  lui  donner  une  forme  particulière.  Le 
revers  portait  FIDES  AVG. 

M.  Amand  Buvignier,  de  Verdun ,  a  eu  Tobligeance  de 
me  communiquer  une  pièce  de  bronze  de  sa  collection, 
dont  je  joins  ici  le  dessin. 

OAAIENVS  P.  F.  AVG.  Buste  barbu  et  radié  à  droite,  avec 
le  paludamentum. 

Sj.  OMDEJVflAG.  Femme  debout  tenant  un  caducée  et  une 
corne  d'abondance  (type  de  la  Félicité) . —  M.  (pi.  IX,  n*  6). 

C'est  une  pièce  barbare  à  l'effigie  de  Gallien. 

Eckhel  *  décrit  une  monnaie  à  l'effigie  de  LoUianus  qui  fai- 
sait partie  de  la  collection  du  prince  de  Waldeck.  Un  exem- 
plaire tout  à  fait  semblable  nous  a  été  communiqué  par 
M .  Babut  de  Chambéry . 

IMP.  C.  LOLLIANVS  P.  F.  AVG.  Buste  imberbe  et  radié  à 
droite ,  avec  le  paludamentum. 

1^.  ABA  PACIS.  Temple  de  Janus  fermé,  et  devant  auteL 
—  Billon  (pi.  IX, n*»  6). 

Cette  pièce  avait  été  achetée  à  Grenoble  il  y  a  quelques 
années  ;  on  n'en  connaissait  pas  la  provenance. 

Il  est  très-facile  de  reconnaître  dans  la  tête  les  traits  de 

»  D.  N„  vu,  p.  440.  -  Cf.  TaDiui,  p.  123, 


ET  DISSERTATIONS.  209 

Gordien  III ,  dont  les  médailles  seul  des  plus  communes.  Le 
type  du  revers  est  dû  à  une  main  moderne.  Au  temple  de 
Jaous,  accompagné  de  la  légende  ARA  PACIS,  qui  se  voit  au 
revers  de  la  tète  de  Néron,  on  a  ajouté  un  autel. 

3.    L.    iËLIANUS. 

Aurelius  Victor»  de  Cseiar%bu$^  XXXIII,  8.  —  Explosaque 
Germanorum  muUiludine  ^  L.  jEliani  bello  excipUur  (var. 
Lolliant)^  qiu)  non  minm  féliciter  fuso^  suorum  tumullu  periit 
(  Postumus  )  y  quod  flagiîantibus  Moguntiacorum  direptiones^ 
quiaL.  jElianKm  juter ant^  abnuissei. 

Idem,  Epit.^  XXXII.  —  Pari  modo  jEUanusapud  Mogun- 
tiacum dominaium  invasit. 

Eutrop.,  Hist. ,  IX,  9.  —  Qui  seditione  mililum  interfectus 
est  (Postumus),  quod  Moguntiacum^  qux  adversus  eum  re- 
bellaveral ,  L.  jEliano  res  novas  molienle ,  diripiendam  mi- 
Klibus  tradere  noluisset. 

Le  traducteur  grec  d'Eutrope,  Paeanius  fournit  la  leçon 

Aovxco)  AO.tavcô. 

La  pièce  attribuée  à  L.  iElianus  est  la  suivante  : 

IMP.C.Q.VALENS  AELIANVS  P.AVG.  Busie  barbu  et 
radié,  à  droite. 

fi.  lOVI  CONSER.  AVGG.  Jupiter  debout,  tenant  le  foudre 
et  le  sceptre,  tourné  à  gauche.  Dans  le  champ.  A;  àTexer- 
gue,  SML\  — iE.  (pL  IX,  n'  7). 

Cette  pièce,  autrefois  du  Musée  Tiepolo,  aujourd'hui  au 
Cabinet  impérial  et  royal  de  \ienne ,  a  été  décrite  dans 
plusieurs  ouvrages  *. 

Cette  médaille  a  aussi  été  attribuée  à  un  certain  iElianus, 

'  Cett  par  une  erretiT  du  graveur  que  le  dcB«m  n»  7  porte  à  Texergue  SLM.  ; 
lempreinte  porte  SML. 
«  M%Hum  Theup. ,  1. 1 ,  p.  278.  —  Eckhel  ,D.N.,  VII ,  p.  450.  —  Arneth , 


210  MEMOIRES 

qui  se  révolta  eu  Gaule  sous  le  i  ëgue  de  Dioclélien ,  au  dire 
d*EutropeS  et  fut  défait  par  Maximien  Hercule.  Goltzius  a 
attribué  à  ce  chef  des  Bagaudes  une  pièce  sur  laquelle  il  a 
cm  lire  les  noms  d'A.  Pomponius  iElianus  '. 

La  simple  vue  de  la  pièce  indique  l'époque  de  Dioclé- 
lien. On  peut  hésiter  entre  Maxîmien  Hercule  et  Galère 
Maximien ,  ou  même  Dioclétien  *.  La  légende  primitive, 
retouchée  par  un  faussaire ,  a  dû  être  IMP.  G.  M.  VAL- 
MAXIMIANVS  P.  AVG.  ou  IMP  G.  G.  VAL.  MAXIMIANVSP. 
AVG.,  ou  bien  encore  IMP.G.C.VAL.  DIOGLETIANVS  P.  AVG. 

Les  historiens  ont  singulièrement  altéré  les  noms  des 
généraux  qui  s'emparèrent  du  pouvoir  et  prirent  le  titre 
d'empereur  à  l'époque  deGallien. 

Les  noms  véritables  du  lieutenant  de  Postume  qui  se 
révolta  à  Mayence  et  fit  assassiner  Femperear  gaulois,  sont 
Cornélius  Ulpius  Lœlianus,  tels  qu'ils  se  lisent  sur  une 
médaille  de  petit  bronze  du  Cabinet  impérial  des  médailles; 
cette  pièce  est  très-rare;  il  s'en  trouve  cependant  des 
exemplaires  dans  quelques  collections.  Les  autres  mé- 
dailles de  ce  prince  ne  portent  que  le  nom  de  Laelianus. 
mais  il  ne  peut  exister  aucun  doute  sur  l'identité  du  Lœlia- 
nus  connu  par  la  numismatique  et  le  prétendu  Lollianus 

ou  L.  iElianus  des  historiens  \  J.  de  Witte. 

# 

Synopiiê  Num,  atU,  qui  in  Musêo  Cxtareo  Vindebonemi  (uUenpanliir,  pars  U, 
p.  172.  Vindob.,  1842. 
«  Hiêt.,  IX,  20, 

*  Voyez  Eckhel ,  D.  JV.,  VII,  p.  450. 

*  Lenonnant  (iconographie  des  empereur i  romains ,  p.  102]  pensait  qoe  cette 
pièce  pouvait  être  de  Galère  Maximien. 

^  La  note  de  Tillemant  (Hi$i.  des  empereurs  romains,  t.  II ,  p.  708 ),  loin  de 
fonmir  des  éclaîrcissements  sar  LaclianuSf  ne  fait  qu'augmenter  la  conroaion. 
^  CL  dans  la  Revue  de  la  num.  belge,  1'*  série ,  tcme^I,  p.  104  et  suit.,  on 
intéressant  article  sur  Lcclianus. 


ET   DISSERTATIONS.  21 1 


ESSAI 


L'HISTOIRE  MONÉTAIRE  DES  COMTES  DE  FLANDRE 
DE  LA  MAISON  DE  BOURGOGNE. 

ET  DESCRIPTION  DE  LEURS  MONNAIES  D*OR  ET  D'ARGENT. 

(PL  Xct  XL) 
Deoxi^e  artiele.  —  Voir  p.  106. 


j£AN  Sans-peur  (1A05-1410). 

Après  la  mort  de  Philippe  le  Hardi  arrivée  le  27  avril 
lioi,  le  gouvernement  du  comté  de  Flandre  resta  à  sa 
veuve,  Marguerite  de  Mâle.  Il  ne  parait  pas  que  cette  prin- 
cesse ait  fait  usage  de  ses  droits  monétaires  dans  Tinter- 
valle  qui  sépara  la  mort  de  son  mari  de  la  sienne ,  arrivée 
le  20  mars  lAOS.  Du  moins  on  ne  connaît  jusqu'à  présent 
aucunes  monnaies  à  son  nom ,  ni  aucun  document  qui  eu 
constate  Vexistence. 

Par  la  mort  de  sa  mère ,  Jean  Sans-peur,  qui  était  déjà 
titulaire  du  duché  de  Bourgogne,  put  en&n  se  considérer 
comme  possesseur  des  comtés  de  Flandre  et  d'ArtcMs.  A 
peine  eut-il  pris  possession  de  ses  nouveaux  domaines  > 


212  MÉMOIRES 

qu'éclatèrent  les  querelles  qui  devaient  ensanglanter  la 
France  d'une  manière  si  funeste,  et  la  conduire  à  deux 
doigts  de  sa  perte.  Faut-il  attribuer  à  cette  circonstance 
l'absence  de  documents  monétaires  émanés  de  lui  dans  la 
première  année  de  son  gouvernement,  et  conclure  qu'il 
n'a  pas  fait  battre  monnaie  immédiatement,  à  l'exemple  de 
son  prédécesseur?  La  conclusion  serait  un  peu  rigoureuse; 
aussi,  sans  rien  affirmer,  je  me  borne  à  constater  que  ces 
documents  n'ont  pas  été  retrouvés. 

La  première  ordonnance  monétaire  que  je  connaisse  de 
Jean  Sans-peur  est  de  l'année  1A07  ;  le  duc,  en  même  temps 
qu'il  règle  le  cours  des  monnaies  pouvant  circuler  en 
Flandre,  ordonne  la  fabrication  de  doubles  écus  d'or  qui  au- 
ront cours  pour  quatre  sous  de  gros ,  ainsi  que  des  demi- 
écus  et  des  quarts  d*écus  :  les  monnaies  d'argent  étaient 
des  doubles  gros^  des  gros^  des  demi^gros  et  des  quarts  de 
gros.  Il  devait  être  fabriqué  également  des  doubles  mites  et 
des  mites. 

L'instruction  donnée  aux  maîtres  particuliers  ensuite  de 
cette  ordonnance  n'a  pas  été  retrouvée,  à  moins  qu'on  ne 
vemlle  reconnaître  pour  celle-ci  une  pièce  sans  date  existant 
aux  archives  de  l'ancienne  chambre  des  comptes  de  Lille, 
ce  que  je  serais  d'ailleurs  assez  porté  à  croire  *.  Voici  ce 
que  dit  cette  pièce ,  qui  me  paraît  du  reste  présenter  tous 
les  caractères  d'une  simple  minute. 

«  Monseigneur  le  duc  de  Bourgogne,  comte  de  Flandres, 
((  veult  et  ordonne  de  nouvel  à  la  délibération  de  son  noble 
<f  conseil  estre  fais  en  son  pais  et  comté  de  Flandres  de- 
«  niers  d'or  appelles  escus  de  Flandres  à  xxiii  quaras  et 

*  La  Talear  indiqnét  par  cette  instruction  pour  les  écus  d*or  qui  dcTaient 
coarir  ponr  4  sous  de  gros,  étant  précisément  celle  portée  dans  Tordon- 
nance ,  m*a  fait  attribaer  k  cette  époque  l'instruction  en  question. 


ET   D1SSEKTATI0\S.  218 

«trois  quars  d'aloy  de  xui  de  pois  au  marc  de  Trois  qui 
0  aront  cours  pour  iiii  sols  de  gros  la  piesse  qui  font  pour 
«marc  d'or  viu  livres  et  viii  sols  de  gros  en  .donnant  à 
^  toulz  marcbans  pour  marc  d'or  fin  viii  livres  m  sols  de 
«  gros  -,  monseigneur  pour  son  seigneurage  ii  s.  viii  d.  de 
«  gros  ;  et  le  maistre  particulier  pour  l'ouvrage  faire,  ii  s. 
«  lui  d.  gros  ;  et  seront  ouvrez  iseulz  deniers  au  général 
«  recours  à  m  fors  et  à  m  feibles.  » 

0  Item^  monseigneur  veult  et  ordonne  estre  fais  deniers 
«  blans  d'argent  en  son  dit  pais  et  comté  de  Flandres  qui 
«  aront  cours  pour  ii  gros  la  piesse  à  vu  deniers  d'aloy 
«  argent  le  roy,  de  v  s.  i  d.  de  pois  au  marc  de  Trois  qui 
u  font  I  m.  V  onces  xim  esterlings,  i  ferlin  d'euvre;  valeur 
«  pour  marc  d'argent  vm  sols  viii  d.  de  doubles  gros  et 
«  XIII  doubles  mites  qui  font  xvii  s.  v  d.  de  gros  et  i  dou- 
o  blés  mites  en  donnant  à  toulz  marcbans  pour  marc  d'argent 
«XVI  s.  de  gros,  monseigneur  vi  gros  pour  son  seigneu- 
«  rage,  et  le  maistre  pour  l'ouvrage  faire  xi  gros  et  ii  doubles 
«  mites,  et  seront  iseulz  deniers  ouvrés  à  ii  grains  d'aloy 
«  de  remedde  au  général  recours  à  m  fors  et  à  m  fei- 
«bles. 

«  Ou  sy  pleist  mix  à  monseigneur  à  la  délibération  de 
«son  noble  conseil,  il  pourra  faire  faire  deniers  blans 
«d'argent  qui  aront  cours  pour  ii  gros  de  Flandres  la 
«  piesse  à  vi  d.  d'aloy  argent  le  roy  de  iiii  s.  un  d.  de 
«  pois  au  marc  de  Trois  qui  font  ii  marcs  d'euvre ,  valeur 
«pour  marc  d'argent  viii  s.  viii  d.  de  doubles  gros  qui 
«  font  xvu  s.  iiii  d.  de  gros,  en  donnant  à  toulz  marcbans 
«pour  marc  d'argent  xvi  s.  de  gros;  monseigneur  pour 
«  son  seigneurage  vi  gros  pour  marc  d'argent,  et  le  maistre 
«  pour  l'ouvrage  faire,  x  gros,  et  seront  ouvrés  îseulx  de* 

1861,-  s.  16 


21&  MÉMOIRES 

<c  niers  à  ii  grains  d*aloy  de  remedde  au  général  recours 
tt  à  m  fors  et  à  m  feibles.  » 

Il  n'est  pas  parlé  dans  cette  instruction  du  gros  et  de  ses 
divisions ,  mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  ceci  n'est 
probablement  qu'une  minute,  et  un  projet  soumis  au  duc  de 
Bourgogne ,  et  que  les  divisions  inférieures  au  double  gros 
pouvaient  se  déduire  implicitement  de  celui-ci.  C'est  pré- 
cisément cette  incertitude  laissée  pour  la  fabrication  de  la 
monnaie  d'argent  qui  porte  à  penser  que  l'hypotbèse  indi- 
quée est  la  vraie,  et  que  Tinstruction  définitive  ne  nous  est 
pas  parvenue  '• 

Cependant ,  Jean  Sans-peur  n'échappait  pas  aux  préoc- 
cupations résultant  de  la  nécessité  d'approvisionner  ses 
hôtels  de  monnaies  de  matières  propres  à  la  fabrication. 
L'or  et  l'argent  disparaissaient  de  plus  belle ,  et  les  nou- 
velles espèces,  d'un  excellent  aloi,  passaient  promptement 
dans  l'escarcelle  des  billonneurs.  La  présence  presque 
continue  du  duc  à  la  cour  de  France  semblait  favoriser 
encore  ces  manœuvres.  Pour  porter  remède  à  cet  état  de 
choses,  Jean  Sans-peur  rend,  le  10  octobre  1A07,  une 
ordonnance  par  laquelle  il  donne  commission  pour  sabir, 
arrêter  et  porter  en  ses  monnaies  tout  le  billon  d'or  et 
d'argent  qu'on  pourrait  tenter  de  vouloir  exporter  hors  de 
Flandre.  Une  autre  lettre  du  même  jour  accorde  &  ceux 
({ui  feront  la  saisie  le  cinquième  de  la  valeur  des  matières 
ainsi  recouvrées.  En  même  temps,  ne  pouvant  mettre 
obstacle  à  la  circulation  des  monnaies  du  roi  dans  les  pays 
placés  plus  directement  sous  sa  suzeraineté ,  l'Artois  et  la 

^  Les  instructions  portent  le  nom  du  maître  particulier  à  qui  ellet  étftieot 
(UliTrées,  ce  qui  n*a  pas  lieu  ici ,  et  par  conséquent  ce  fait  vient  à  Tappii  d« 
liiou  appréciation  sur  cette  instnietion. 


ET   DISSERTATIONS.  215 

Flandre  française,  il  8'applique  à  en  régler  le  cours;  ainsi 
le  15  octobre  de  la  même  année,  il  décide  que  les  doubles 
hlana  auront  cours  dans  la  ville  et  châtellenie  de  Lille 
pour  16  deniers,  monnaie  de  Flandre,  et  vingt-sept  de  ces 
doubles  blancs  pour  une  couronne. 

Les  monn^es  frappées  en  vertu  de  Tordonnance  de  1A06 
eurent  une  certaine  durée;  du  moins  on  ne  retrouve  pas 
de  nouvelle  ordonnance  ni  instruction  monétaire  avant 
1A09.  Celle  qui  fut  donnée  le  17  août  de  cette  année  à 
Jean  Gobelet,  maître  particulier  de  la  monnaie  de  Flandre  *, 
contient  les  dispositions  suivantes  : 

«  Premièrement*  mondit  seigneur  veult  et  ordonne  estre 
«fais  deniers  d'or  appelez  nobles  à  vint  trois  karas  et 
«  III  quars  d'aloy  et  de  uxi  et  ii  tiers  de  taille  ou  marc 
•  de  Troyes,  qui  valent  pour  marc  d'or  vn  1.  xviii  s.  un  d. 
«  gros  qui  auront  cours  pour  v  s.  de  gros  ;  et  aussi  autres 
it  deniers  d'or  à  xxiii  karas  et  m  quars  d'aloy  et  de  iiiii  de- 
«  nièrs  de  taille  au  marc  de  Troyes,  qui  auront  cours  pour 
«  lit  s.  de  gros,  qui  sont  pour  marc  d'or  viii  1.  ii  s.  gros, 
«  et  est  pour  cbacun  marc  d'or  l'un  portant  l'autre  vin  1. 
«n  8.  gros,  en  donnant  à  tous  changeurs  et  marcfaans 
«  pour  cbacun  marc  d'or  fin  vn  1.  xvn  s.  Mondit  seigneur 
«  pour  son  seigneurage  xii  d.  gros  et  le  maistre  pour  l'ou- 
«  vrage  faire  faire  n  s*  ii  d.  gros;  et  seront  ouvrez  yceulx 
«  deniei^  à  ung  huitiesme  de  karat  de  remède  au  général 
Q  recours;  à  m  fors  et  à  m  faibles  ,  et  à  un  frelin  en  poix, 
«  sur  cbacun  marc  d'euvre  ou  cas  que  la  délivrance  reven- 
tf  droit  dé  tant  escarsse ,  laquelle  escarssète  tant  en  poix 
«  comme  en  aloy,  tournera  au  pruflit  de  mondit  seigneur 

*  Cette  dénominatloD  de  maître  de  la  monnaie  de  Flandre  Rans  désignation 
de  Heu  d*ate11er,  fait  Toir  que  le  duc  se  réservait  la  faculté  de  battre  mon- 
naie pnimit  où  bon  Ini  semblerait  dans  retendue  du  comté. 


21ô  MÉMOIRES 

u  OU  quelle  y  escherra;  et  semblablement  sera  tenu  ledit 
«  maistre  particulier  de  faire  faire  ouvrer  demi  nobles 
«  à  l'avenant  des  deniers  dessus  dits ,  et  aussi  demis  de- 
((  niers  de  xviii  gros  la  pièce  toutes  les  fois  que  besoing  et 
«  sommé  en  sera.  » 

«  Itenij  deniers  d'argent  appelez  doubles  gros  de  Flandres 
«  qui  auront  cours  pour  n  gros  la  pièce  à  vi  d.  d'aloy  argent 
«  le  roy,  et  de  un  s.  et  i  d.  de  taille  ou  marc  de  Troyes» 
(1  qui  font  deux  mars  d'euvre,  valleur  pour  marc  d'argent 
<i  VIII  s.  II  d.  de  doubles  gros  qui  font  xvi  s.  iiii  d.  gros; 
((  en  donnant  à  tous  changeurs  et  marchans  de  chacun 
c(  marc  d'argent  aloyé  à  vi  d.,  xv  s.  ii  d.  gros;  mondit 
<(  seigneur  pour  son  seignouraige  ii  d.  gros,  et  le  maistre 
«pour  l'ouvraige  faire  faire  xn  gros;  et  seront  ouvrez 
((  yceulx  deniers  à  ii  grains  d'aloy  de  remède  au  général 
((  recours  à  m  fors  et  à  m  faibles,  à  demi  denier  en  poix 
«  sur  chacun  marc  d'euvre,  au  cas  que  la  délivrance  reven- 
«  dra  de  tant  escharsse ,  laquelle  escharssële  tant  en  poix 
«  comme  en  aloy,  tournera  au  pruffit  de  mondit  seigneur 
«  ou  cas  qu  elle  y  escherra.  » 

«  Item ,  deniers  d'argent,  appeliez  gros  de  Flandres,  qui 
<(  auront  cours  pour  ung  gros  de  Flandres  la  pièce,  à  cinq 
«  deniers  d'aloy,  argent  le  roy  et  de  vi  s.  x  d.  deux  tiers  de 
«  taille  ou  marc  de  Troyes  qui  font  deux  mars  m  onces 
«  iin  esterlins  d'euvre  valeur  pour  marc  d'argent  xvi  s.  vi  d. 
((  IX  mites  et  demie,  en  donnant  à  tous  marchans  et  cban- 
«  geurs  pour  chacun  marc  d'argent  aloyé  à  cinq  deniers 
t(  XV  s.  11  d.  gros,  mondit  seigneur  pour  son  seignouraige, 
«  Il  gros,  et  le  maistre  pour  l'ouvraige  faire  faire  xiui  gros 
n  IX  mites  et  demie  ;  et  seront  ouvrez  yceulx  deniers,  à 
f(  deux  grains  d'aloy  de  remède  au  général  recours  à  vi  fors 
(t  et  VI  faibles  ;  et  à  ung  denier  en  poix  sur  chacun  marc 


ET  DISSERTATIONS.  217 

«d^euYrè  ou  cas  que  la  délivrance  revendroit  de  tant 
«  escbarse ,  laquelle  escharsète  tant  en  poix  comme  en 
«  aloy  tournera  au  pruffit  de  mondit  seigneur,  ou  cas 
«  qu'elle  y  escherra.  » 

<c  Iiem^  autres  deniers  d'argent,  appeliez  demis  gros  de 
<i  Flandres  des  gros  dessusdits ,  desdits  aloy  et  poix ,  en 
«  donnant  à  tous  changeurs  et  marchans  comme  dessus, 
«mondit  seigneur  pour  son  seignouraige,  ii  gros  et  le 
Cl  maistre  pour  Touvraige  faire  faire  xiui  gros  ix  mites  et 
«  demie.  Et  seront  ouvrez  yceulx  deniers  à  deux  grains 
«  d'aloy  de  remède  au  général  recours  à  viii  fors  et  viii  foi- 
«  blés ,  et  à  II  d.  en  poix,  ou  cas  que  la  délivrance  reven- 
(1  drait  de  tant  escharsse,  laquelle  escharsète  tant  en  poix 
«  comme  en  aloy,  tournera  au  prouffit  de  mondit  seigneur 
«  ou  cas  qu'elle  y  escherra.  » 

«  Item^  autres  deniers  d'argent,  appeliez  quars  de  gros 
«  qui  auront  cours  les  un  pour  ung  des  gros  dessusdits, 
H  à  im  deniers  d'aloy  argent  le  roy ,  et  de  taille  de  xxiii  sous 
w  ou  marc  de  Troyes  qui  font  m  mars  d'euvre ,  valleur  pour 
f  marc  d'argent  xvii  s.  m  d.  gros,  en  donnant  à  tous  chan> 
«geurs  et  marchans,  pour  chacun  mare  d'argent  aloyé  à 
M  nu  d.,  XV  s.  11  d.  gros,  mondit  seigneur  pour  son  sei- 
«gnouraige,  n  gros,  et  le  maistre  pour  l'ouvrage  faire 
«  faire  xxiii  gros  et  seront  ouvrez  yceulx  deniers  à  deux 
«  grams  d'aloy  de  remède  au  général  recours  à  xii  fors  et 
(I  à  xii  foibles  et  à  mi  d.  en  poix  sur  chacun  marc  d'euvre, 
(t  ou  cas  que  la  délivrance  revendra  de  tant  escharse,  la- 
«  quelle  escharsète  tant  en  poix  comme  en  aloy  tournera  au 
«  prouffit  de  mondit  seigneur  ou  cas  qu'elle  y  escherra.  » 

On  devait  faire  aussi  des  doubles  mUes  et  des  miles  \ 

*  Les  urticlef  de  celte  initmction  relatif»  aux  doubla  mats  et  aux  mita  ont 


21S  MÉMOIRES 

C'est  la  première  fois  qu'il  est  question  sous  Jean  Sans* 
peur  de  la  monnaie  d*or  appelée  noble  et  de  ses  divisions. 
Les  conditions  prescrites  pour  la  fabrication ,  la  font  res- 
sembler en  poids  et  en  aloi  au  noble  émis  par  Philippe  le 
Hardi ,  en  138S  ;  seulement  si  Ton  se  reporte  à  Tinstruc* 
tion  donnée  par  ce  prince,  on  voit  que  le  noble  était  compté 
pour  ô  s.  de  gros,  tandis  qu  ici  il  n'est  estimé  que  cinq 
sous  :  de  plus ,  le  droit  de  seigneurage  de  Jean  Sans-peur 
est  beaucoup  moindre  que  celui  de  Philippe  le  Hardi,  et  ce 
prince  accorde  également  moins  au  maître  particulier  pour 
la  fabrication.  Il  avait  été  probablement  obligé  à  cela  pour 
obtenir  des  marchands  l'apport  des  matières  d'or  et  d'argent 
dans  ses  hôtels  de  monnaies. 

Un  peu  plus  d'une  année  s'était  écoulée  depuis  la  rédac- 
tion de  l'instruction  précédente,  lorsque  parut  une  nouvelle 
ordonnance,  en  date  du  23  décembre  I&IO,  prescrivant 
la  fabrication  de  «...,  deniers  d'or  appeliez  esctis  de  Jehan 
«  et  demi  deniers  d'or  à  l'avenant,  et  avec  ce  deniers  d'ar* 
«  gent  appelez  doubles  gros  de  Flandres  dont  les  xviii  vaul* 
u  dront  un  desdits  escus  d'or  et  gros,  demi  gros  et  quars  de 
a  gros  à  l'avenant,  ensemble  noirs  deniers  appelez  doubles 
u  milles  et  milles,  respondant  aud.  denier  d'argent  dont 
(c  les  xxiiii  doubles  mitt^s  vauldront  ung  des  doubles  gros, 
H  et  les  xxiiii  petites  mittes  un  des  petits  groz  devant  diz«  » 
U  est  aussi  ordonné,  lorsqu'on  apportera  du  billon  à  Ma- 
tines, d'y  fabriquer  des  nobles,  demi-nobles  et  quarts  de 
nobles.  Les  nobles  vaudront  trente  des  doubles  gros  nou- 
veaux :  ils  auront  cours  en  Flandre  et  à  Malines  *. 

été  donnés  textuellement  par  M.  J.  Ronyer  dans  son  travail  snr  lesmonaaies 
noires  de  Flandre.  Voir  Revue  numism.,  année  1848,  p.  406. 

1  Jean  Sans-peur  constate  ici  son  droit  de  faire  battre  monnaie  à  Malinos , 
bien  que  Tatelier  fût  momeatanément  feimé. 


ET   DISSERTATIONS.  .  219 

Qu  ëtaîent-ce  que  ces  monnaies  d'or,  appelées  icus  de 
Jehan?  C'est  ce  qu'il  n'est  guère  possible  de  savoir  exacte- 
ment, l'instruction  qui  devait  suivre  cette  ordonnance  fai- 
sant défaut.  Ce  ne  peuvent  être  les  mêmes  que  celles  que 
l'on  devait  fabriquer  en  même  temps  que  les  nobles^  et  dont 
il  est  question  dans  l'instruction  de  1A09,  bien  que  la 
valeur  en  gros  et  en  doubles  gros  soit  identique  dans  les 
deux  ordonnances.  Si  ceux-ci  étaient  des  icus  de  Jehan , 
on  les  aurait  désignés  dans  l'instruction  qui  indique  gé- 
néralement les  noms  des  monnaies  d'or;  et  il  n'est  pas 
probable,  d'un  autre  côté,  que  le  duc  de  Bourgogne  ait 
attendu  plus  d'un  an  pour  consacrer,  par  une  nouvelle 
ordonnance,  l'émission  de  pièces  ayant  déjà  cours.  La  solu- 
tion de  cette  question  n'est  donc  pas  facile.  Remarquons 
toutefois  que  la  date  de  l'ordonnance  dont  nous  nous  occu- 
pons coïncide  avec  le  retour  de  Jean  Sans^peur  en  Flandre 
2^rès  le  traité  de  Bicètre,  qui  eut  lieu  le  2  novembre  lAlO, 
à  la  suite  duquel  les  historiens  nous  représentent  le  duc  de 
Bourgc^e  revenant  dans  ses  États  ruiné  et  sans  argent,  et 
devant  user  de  tous  les  moyens  possibles  pour  s'en  procurer 
lorsque  la  guerre  se  ralluma  entre  les  princes  au  commen- 
cement de  l'année  suivante  '«  On  pourrait  peut-être  en 
inférer  que  le  duc,  pour  augmenter  ses  ressources,  se  laissa 
aller  à  imiter  la  monnsde  royale,  contrairement  aux  habi- 
tudes de  ses  prédécesseurs,  ce  qui  augmentait  énormément 
la  circulation  de  ses  espèces,  et  par  suite,  le  profit  qu'il  en 
retirait.  Un  fait  semblerait  donner  raison  à  notre  hypothèse. 
Le  21  décembre  1 A12,  peu  de  temps  par  conséquent  après 
le  retour  en  faveur  de  Jean  Sans-peur  auprès  du  roi 
Charles  VI,  celui-ci  accorde  au  duc  de  Bourgogne  le  droit 

I  M.  de  BArante,  BisMrt  det  dwt  de  Bourgogm, 


220  Ml.AlOJUKS 

,de  faire  fabriquer,  sa  vie  durant,  dans  son  pays  de  Flandre, 
à  son  nom  et  à  ses  armes ,  des  monnaies  d'or  et  d'argent 
de  même  poids  et  de  même  aloi  que  celles  que  Ton  forgeait 
au  nom  du  roi  dans  Tétendue  de  son  royaume.  Ces  mon- 
naies étaient  les  suivantes  :  1*"  des  écus  ou  couronnes  de 
(5â  de  taille  au  marc  de  Paris,  ayant  cours  pour  22  s.  6  d. 
tournois  ;  2*  des  doubles  blancs  de  vi  s.  viii  d.  de  poids 
audit  marc,  ayant  cours  pour  10  d.  tournois,  des  petits 
blancs  de  xiii  s.  un  d.  de  poids  audit  marc  ayant  cours 
pour  5  d.  tournois  \  Les  termes  de  cet  acte  ne  laissent 

*  Cette  charte  me  parait  très-intéressante  pour  Tbistoire  monétaire  de 
Flandre ,  en  ce  qu'elle  constate  de  nouveau  rimmixtion  du  suzerain  das« 
l'exercice  de  droits  seigneuriaux  qu'un  de  ses  prédécesseurs,  Philippe  le  Long, 
avait  déjà  tenté  de  réglementer,  lorsqu'on  1321  il  voulait  s'efforcer  d*aniener 
lef  seigneurs  jouissant  des  droits  monétaires  à  adopter  le  même  système 
de  monnaies;  aussi  ai-je  pensé  qu'il  était  bon  de  la  donner  textoeUe- 
ment. 

••  Charles ,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France ,  à  tous  ceulx  qui  ces  pré- 
M  sentes  lettres  verront,  salut  :  savoir  faisons,  que  nous  considérans  et  ayant 
«<  en  mémoires  les  bons,  grans,  notables^  prouffîtables  et  agréables  services  et 
«  plaisirs,  que  nostre  très  chier  et  très  amé  couoin  le  duc  de  Bourgongne,  conte 
M  de  Flandres,  d'Artoys  et  de  Bourgongne,  nous  a  faiz  le  temps  passé  en  pln- 
t  sieurs  et  maintes  manières,  fait  chacun  jour  et  espérons  que  face  on  tempe 
••  à  venir  et  pour  lui  aidier  à  supporter  les  grans  frais ,  missions  et  despens 
"  qu'il  lui  a  convenu  et  convient  de  jour  en  jour,  faire  et  soustenir  pour  les  be- 
•«  songnes  et  affaires  de  nous  et  de  nostre  royaume  et  pour  certaines  antres 
••  causes  et  considéracions  qui  à  ce  nous  ont  men  et  meuvent  ;  nous  à  yeellni 
•<  nostre  cousin ,  avons  donné  et  octroyé ,  donnons  et  octroyons  de  nostre  cer- 
••  taine  science,  graoe  espécial  et  plaine  puissance  par  ces  présentes,  congié 
H  et  licence,  que  sa  vie  durant  il  puist  et  lui  loist  faire  forgicr,  ouvrer  etmon- 
**  noyer  en  sondit  pays  de  Flandres ,  monnoyo  d'or  et  d'argent  en  son  nom  et 
••  à  ses  armes,  de  autel  poiz  et  aloy  et  pareillement  comme  est  notre  monnoye 
•  que  à  présent  faisons  folie  ouvrer  et  lorgier  eu  nostre  royaume  ,  et  que  non» 
<i  ferons  aussi  ou\Ter  et  forgîer  ou  temps  avenir  durant  ledit  temps  seule- 
<•  ment.  C'est  assavoir  pour  le  présent ,  deniers  d'or  appeliez  escuz  on  cou- 
••  ronnes ,  qui  seront  faiz  d*or  fin ,  à  demi  carat  de  remède  seulement  et  de 
'*  soixante  quatre  deniers  de  poix  au  marc  de  Paris  ;  lesquelz  auront  cours 


ET    DlSSERTATJOiVS.  221 

aucune  aoibiguïlé  sur  ce  qui  est  concédé  au  duc  ;  sa  mou- 
Daie  peut  être  fabriquée  à  l'imitation  de  celle  du  roi ,  et 

en  nofttre  rojamne  pour  zzii  s.  ti  d.  tourn.  la  pièce  ;  et  blans  deniers 
appeliez  doubles  blaDS,  h  cinq  deniers  d'aloy  argetit  le  roj-,  à  deux  grains  de 
nmëde  et  de  ti  a.  Tiii  d.  de  poix  audit  marc ,  qui  auront  cours  en  nostre 
dit  royaume  pour  dix  deniers  touin.  la  pièce  ;  et  petits  blans  deniers  de  sem« 
blable  aloy  et  remède  et  de  xiii  s.  un  d.  do  poix  au  marc  dessus  dit ,  qui 
auront  cours  en  nostre  royaume  pour  cinq  deniers  tournoys  la  pièce.  Parmi 
ee  que  en  ladite  monnoye  de  Flandres  ilz  ne  donront  point  plus  grant  prix  du 
marc  d*or  ne  d*argent,  que  l'on  fait  ou  fera  es  monnoyes  de  nostre  royaume  ; 
desquelles  monnoyes  dessusdites  tant  d'or  comme  d'argent,  ainsi  faites  et 
iorgiées  oudit  pays  de  Flandres ,  nostre  dit  cousin  aura  et  prandra  tous  les 
pnmffiz  et  émolumens ,  pareillement  et  par  la  manière  qu'il  et  ses  prédé- 
cesseurs contes  de  Flandres  de  tout  temps  ont  accoustumé  de  faire  oudit 
pays.  Et  afin  que  les  choses  dessusdites  soyent  mieulx  observées  et  gardées 
sans  enfraîndre,  nous  youlons  et  ordonnons  par  ces  présentes,  que  nostre 
dit  cousin  puist  praudre  et  eslire ,  aucune  bonne  et  notable  personne  de- 
morant  en  nostre  royaume  qui  soit  expert  sonfiisant  et  bien  congnoissant 
ou  fait  desdites  monnoyes,  lequel  aux  despens  de  nostredit  cousin,  une  foiz 
Tan  du  moins  durant  ledit  temps,  yra  oudit  pays  de  Flandres,  pour  faire 
lever,  vèoîr,  visiter,  essayer  et  touchier  lesdîtes  monnoyes,  tant  d'or  comm« 
d'argent,  lequel  rapportera  par  escript  devers  notre  cbancellicr  ou  les  gens 
de  noz  comptes  ou  de  noz  monnoyes ,  au  vray  Testât  d'icelles  monnoyes  et 
de  tout  ce  qu'il  aura  trouvé.  Si  donnons  en  mandement  par  ces  présentes  à 
tous  noz  senescbaulx,  baiUiz,  prévostz,  juges,  maires,  gardes  de  pors,  pons, 
passaiges  et  destroiz,  et  à  tous  noz  autres  justiciers  et  officiers  présens  et 
avenir,  ou  à  leurs  lieutenans  et  à  chacun  d*eulx  si  comme  à  lui  appartiendra, 
que  toutes  manières  de  marchans  et  autres  gens  quclxconques,  alans  et  ve- 
nans,  chargiez  et  saisiz  desdites  monnoyes,  ils  laissent  aller  et  venir,  passer 
et  repasser,  marchander,  vendre  et  acheter,  en  donnant  cours  ausdites  mon- 
noyes, allouant  et  despendant  ycclles,  sanz  pour  occasion  d'icelles  monnoyes 
par  mises  par  nous  leur  donner  faire  ou  souffrir  estre  fait  ou  donné  empesche- 
ment ,  destourbier  ou  moleste ,  mais  s'aucun  leur  estoit  fait  tantost  et  sanz 
délay,  le  remectent  ou  facent  remectre  au  premier  estât  et  deu  ;  et  adfin  que 
aucuns  ne  puissent  prétendre  ignourer  de  nostre  dit  octroy,  le  facent  chacun 
en  droit  qui  requiz  en  sera  crier  et  publier  à  son  de  trompe  se  mestier  est  par 
toutes  noz  bonnes  villos  et  lieux  notables  et  accoustumés  à  faire  coix  dont 
ils  seront  requiz ,  car  ainsi  nous  plaist-il  et  voulons  estre  fait  nonobst&ui 
quelxccnqncs  ordonnances,  mandemens  on  deffenses  faites  ou  à  faire  à  ce 
centraires:  en  tesinoing  de  ce,  nous  avons  fait  mettre  nostre  secl  &  ces  pré- 


222  .MÉMOIRES 

elle  doit  avoir  cours  dans  tout  le  royaume.  Consacraient- 
ils  seulement  une  imitation  antérieure,  comme  je  l'ai  sup- 
posé, ou  bien  donnaient-ils  une  autorisation  nouvelle? 
c'est  ce  qu'il  n'est  pas  possible  de  dire.  Toujours  est-il  que 
nous  ne  connaissons  pas  de  nouvelle  ordonnance  immé- 
diatement postérieure  à  cet  acte,  pour  la  fabrication  des- 
dites monnaies  de  Flandre  \ 

Jean  Sans-peur  profita-t-il  longtemps  de  la  concession 
qui  lui  était  faite?  cela  n'est  pas  probable.  Les  altérations 
successives  de  la  monnaie  sous  le  règne  de  Charles  Vi ,  de- 
vaient le  dégoûter  promptement  des  modifications  inces- 
santes qu'il  aurait  dû  faire,  lui  surtout  qui  ne  chercha 
jamais  à  augmenter  ses  profits  par  de  tels  moyens.  Il  est 
vraisemblable  que  maintenant  le  titre  de  ses  monnaies 
frappées  en  vertu  de  l'octroi  de  1  Al 2,  tandis  que  celui  des 
monnaies  royales  baissait ,  les  siennes  auraient  vite  disparu 
de  la  circulation ,  à  son  grand  détriment.  D'ailleurs ,  les 
circonstances  politiques  qui  suivirent  à  peu  de  distance  cet 
octroi ,  en  mettant  le  duc  de  Bourgogne  en  hostilité  avec 

-  sentes.  Donne  à  Paris ,  le  xxi*  jour  de  décembre,  Tan  de  grftce  mil  oooe  et 
M  donze  et  de  nostre  rëgno  le  zxxiii*.  » 

Original  sur  parchemin^  scellé  du  grand  sceau  de  Charles  VI  en  cire  Uascbe, 
un  peu  endommagé. 

Sur  le  pli  était  écrit  : 

«  Par  le  roy  en  son  conseil ,  ouquel  les  comtes  de  Nevers  et  de  Vertvz, 
M  réresque  de  Saint  Brieuc,  le  maréchal  de  Lovagny,  le  chancellîer  de 
«  Guienne ,  Tamiral  de  France ,  le  maîstre  des  arbalestriers ,  le  seigneur  de 
«  Helly,  le  prcvost  de  Paris ,  le  gouverneur  d*Arras et  autres,  etc.  (Signé) G. 
»  Barrau.  >* 

>  Aucunes  des  monnaies  dont  il  e&t  ici  question  ne  nous  sont  parrenues,  EDes 
devaient  être  identiques  aux  monnaies  françaises,  sauf  peut-dtre  que  VéeuMoa 
de  France  était  remplacé  par  celui  de  Bourgogne.  Dans  Tordonnance  du 
12  novembre  1424,  les  écus  de  Jehan  sont  estimés  iiii  s.  vu  d.  gros.  Ces  pièces 
disparurent  d*ailleurs  bientôt  de  la  circulation ,  car  peu  après  on  ne  les  Toit 
plus  figurer  dans  les  ordonnances  fixant  te  cours  des  monnaies. 


ET  DISSERTATIONS.  22S 

le  roi  retombé  sous  le  pouvoir  du  parti  d*  Orléans,  devait  lui 
ôter  toute  idée  de  continuer  rémission  desdites  monnaies. 
Aussi  dut-il  prendre  promptement  la  résolution  de  recom- 
mencer la  fabrication  d'espèces  qui  lui  fussent  propres;  et 
nous  voyons,  en  effet,  dans  un  compte  rendu  par  M*  Jean 
Gobelet,  maître  de  la  monnaie  de  Gand  pour  Tan  1A12, 
que  l'on  fabriqua  cette  année  «or  néant,  doubles  gros 
«d'argent  à  vi  d.  d'aloy  argent  le  roy  de  lui  s.  i  d.  gros 
«de  taille  au  marc  de  Troyes,  »  c'est-à-dire  les  monnaies 
prescrites  par  l'instruction  de  1409.  Au  reste,  cette  dernière 
fot  bientôt  modifiée  par  une  autre  du  6  décembre  1A16, 
dans  laquelle  le  duc  donne  commission  à  Jean  Buridan, 
maître  particulier  de  la  monnaie  de  Flandre,  de  forger  des 
nobles ,  des  demi-nobles  et  des  quarts  de  noble ,  ainsi  que 
des  doubles  gros^  des  gros^  demi-gros^  quarts  et  huitièmes 
de  gros.  Le  préambule  de  cet  acte  est  intéressant  à  con- 
naître, parce  qu'il  explique  la  rareté  des  monnaies  de  Jean 
.  Sans-peur,  et  l'absence  complète,  du  moins  jusqu'à  présent, 
de  celles  faites  en  vertu  des  premières  ordonnances.  Voici 
ce  préambule  : 

0  Jehan,  duc  de  Bourgongne,  etc.,  à  tous  ceulx  qui  ces 
«présentes  lettres  verront,  salut  :  comme  à  cause  de  la 
«  noblesse  et  seigneurie  de  nostre  conté  de  Flandres,  à  la- 
a  quelle  nous  avons  dès  le  trespas  de  feue  nostre  redoubtée 
«  dame  et  mère ,  dont  Dieu  ait  l'âme ,  succédé  et  nous 
«  appartiegne  de  faire  forgier,  toutes  les  fois  qu'il  nous 
«plaist  en  nostre  dit  pays  de  Flandres,  monnoye  d'or  et 
«  d'argent;  nous  pour  garder  notre  noblesse  et  seigneurie, 
«  et  pour  le  bien  de  nous  et  de  nostre  dit  pays ,  eussions 
«  ordonné  certain  pié  de  monnoie  estre  mis  sus;  et  que  en 
«  nostre  dit  pays  de  Flandres  fussent  fais  et  forgié;?  certains 
«  deniers  d'or  et  d'argent  à  nostre  nom  et  à  noz  anues ,  de^ 


Ma  MÉMOIRES 

n  poix  etaloy  déclairiéz  es  instnictioDS,  lois,  sur  ce  faictes; 
u  l'ouvrage  desquelles  inonnoyes  tant  d'or  et  d'argent  par 
M  nous  ainsi  ordonné  comme  dessus  est  dit ,  ait  convenu 
a  cesser  et  n'y  ait  ou  peu  ouvrer  ne  forgier  ja  longtemps,  à 
«  tant  parce  que  en  nostre  dit  pays  de  Flandres  n'ont  pas 
*i  esté  gardées  les  ordonnances  des  monnoies  par  nous  sur 
a  ce  faites,  comme  pour  les  diminutions  et  empîremens  des 
<(  monnoyes  de  monseigneur  le  roy  faites  despuis  nos  dite» 
n  ordonnances,  et  aussi  pour  les  diminutions  des  monnoyes 
«  de  plusieurs  seigneurs  voisins  de  nos  dit  pays,  lesquelles 
u  estranges  monnoyes  d'iceulx  seigneurs  voisins,  ont  eu  et 
c(  encore  ont  cours  en  nostre  dit  pays,  et  par  ce  la  plus  grand 
<(  partie  de  nostre  dite  monnoye ,  qui  estoit  de  plus  fort 
(c  aloy  a  esté  vuidée  et  portée  fondre  esdites  monnoyes  voi- 
<(  sines,  ou  grand  préjudice  et  dommage  de  noz  drois  sei- 
«  gneuriaulx  et  noblesses ,  et  au  grand  destourbier  et  ài^ 
il  minulion  du  fait  de  la  marchandise  de  nostre  dit  pays  et 
M  du  commun  peuple,  qui  ne  se  congnoit  esdites  monnoyes 
«  estranges ,  jusquelles  len  donne  tel  cours  que  l'on  veuille, 
((  qui  est  en  grand  décépans  de  la  chose  publique  et  de 
n  nostre  dit  pays  ;  savoir  faisons,  etc.,  etc.  » 

L'instruction  en  date  du  même  jour,  fait  connaître  en 
détail  les  monnaies  que  l'on  devait  fabriquer.  Voici  les  pa- 
ragraphes relatifs  à  cette  fabrication  : 

«  Premièrement,  mondit  seigneur  veult  et  ordonne  estre 
«  faiz  deniers  d'or  appelez  nobles  à  xxiii  karaz  et  demi 
«  d'aloy  et  de  xxxvi  de  taille  ou  marc  de  Troyes,  qui  valent 
ï(  pour  marc  d'or  neuf  livres  de  groz,  qui  auront  cours 
«  pour  V  s.  de  groz.  Et  aussi  autres  deniers  d'or  à  xxiii  ka- 
«  raz  et  demi  d'aloy,  appeliez  demi  nobles  et  quars  de 
<t  nobles  à  l'avenant  desdis  nobles;  en  donnant  à  tous cban* 
c(  geurs  et  marchans  pour  chacun  marc  d'or  fin  vui  1.  x  s.; 


ET   DISSERTATIONS.  225 

I  mondit  seigneur  pour  son  seignourage,  sept  solz  de  groz  ; 
t  et  le  maistre  pour  l'ouvrage  faire  faire  m  s.  de  groz.  Et 
t  seront  ouvrez  iceuk  deniers  à  ung  viii*  de  karat  de  re- 
«  mède  au  général  recours  à  trois  fors  et  à  trois  foibles  et 
«  i  ung  demi  estellin  en  poix  sur  chacun  marc  d'euvre  ou 
«cas  que  la  délivrance  revendroit  de  tant  escharsse,  la- 
«  quelle  escharsseté,  tant  en  poix  comme  en  aloy  tournera 
«  au  proffit  de  mondit  seigneur,  ou  cas  quelle  y  escberra.  » 
«  Item ,  deniers  d'argent  appeliez  doubles  groz  de  Flân- 
er dres,  qui  auront  cours  pour  deux  groz  la  pièce,  à  v.  d. 
«  d'aloy,  argent  le  roy  et  de  un  s.  ii  d.  de  taille  au  marc 
«  de  Troyes,  qui  font  pour  le  marc  d'argent  ii  mars  m  onces 
«  et  lui  estellins  d*euvre  qui  valent  xx  s.  de  groz,  en  don- 
«  Dant  à  tous  marchans  et  changeurs ,  pour  marc  d'argent 
«aloyé  à  cinq  deniers,  xvu  s.  m  d.  de  groz;  mondit  sei- 
«  gneur  pour  son  seigneurage  pour  chacun  marc  d'argent 
«  XVI  groz  ;  et  le  maistre  particulier  pour  l'ouvrage  faire 
«faire,  pour  chacun  marc  d'argent  xvii  groz;  et  seront 
«  ouvrez  iceulx  deniers  à  deux  grains  d'aloy  de  remède  au 
«  général  recours  à  m  fors  et  à  m  foibles,  à  demi  denier  en 
«  poix  sur  chacun  marc  d'euvre,  ou  cas  que  la  délivrance 
«revendroit  de  tant  escharsse,  laquelle  escharsseté,  tant 
«  en  poix  comme  en  aloy,  tournera  au  proffit  de  mondit 
«  seigneur,  ou  cas  qu'elle  y  escheira.  » 

«  Item 9  deniers  d'argent,  appeliez  groz  de  Flandres,  qui 
«  auront  cours  pour  ung  groz  de  Flandres  la  pièce,  à  nu  de- 
n  niers  nu  grains  d'aloy  argent  le  roy,  et  de  vu  s.  i  d.  de 
«  taille  au  marc  de  Troyes ,  qui  font  pour  marc  d'argent 
«  n  mars  vu  onces  i  estrelin  et  i  quart  d'euvre,  qui  valent 
«  XX  s.  V  d.  de  gros  ;  en  donnant  à  tous  marchans  et  chan- 
«  geors ,  pour  chacun  marc  d'argent  aloyé ,  à  mi  deniers 
tt  un  grains,  xvu  s.  ni  d.  groz,  mondit  seigneur  pour  son 


226  MÉMOIRES 

f{  seigneurage  xvi  groz;  et  le  raaistre  pour  l'ouvrage  faire 
«  faire ,  pour  chacun  marc  d'argent  xxu  groz  ;  et  seront 
«  ouvrez  iceulx  deniers  à  deux  grains  d'aloy  de  remède  au 
«  général  recours  à  six  fors  et  à  six  foibles,  et  à  img  denier 
«  en  poix  sur  chacun  marc  d' ouvre,  ou  cas  que  la  délivrance 
tt  revendroit  de  tant  escbarsse,  laquelle  escharsette,  tant  en 
a  poix  comme  en  aloy,  tournera  au  profiit  de  mondit  sei- 
((  gneur  ou  cas  qu'elle  y  escheira.  » 

«  Ilem^  autres  deniers  d'argent,  appeliez  demi  groz  dont 
((  les  II  pèseront  et  auront  cours  pour  ung  groz  de  Flandres; 
«  lesquels  demi  groz  seront  en  l'avenant  et  de  tel  aloy  que 
<(  les  groz  dessusdits.  » 

«  Item^  autres  deniers  d'argent ,  appeliez  quarts  de  groz, 
«  qui  auront  cours  les  quatre  poiu*  ung  des  groz  dessosdits 
<(  à  iiii  deniers  xii  grains  d'aloy,  argent  le  roy,  et  xxni  s. 
<c  VI  d.  de  taille  au  marc  de  Troyes  qui  font  pour  le  marc 
((  d'argent  m  mars  m  onces  ix  esterlins  d'euvre  qui  valent 
<!  XXI  s.  de  groz ,  en  donnant  à  tous  marchans  et  chai^eurs 
<(  pour  marc  d'argent  aloyé  à  m  deniers  xii  grains ,  zvn  s. 
u  m  d.  de  groz  ;  à  mondit  seigneur  pour  son  seigneurage  pour 
«  chacun  marc  d'argent  xvi  groz  ;  et  le  maistre  pour  l'ou- 
«  vrage  faire  faire,  pour  chacun  marc  d'argent,  ii  s.  v  d. 
((  de  groz  ;  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  ii  grains  d'aloy 
<(  de  remède  au  général  recours  à  dix  fors  et  à  dix  foibles, 
((  et  à  six  deniers  en  poix  sur  chacun  marc  d'euvre,  en  cas 
((  que  la  délivrance  revendroit  de  tant  escharsse,  laquelle 
((  escharssete ,  tant  en  poix  comme  en  aloy,  tournera  au 
i(  proffit  de  mondit  seigneur,  ou  cas  qu'elle  y  escheira,  » 

«Et  autres  deniers  d'argent,  appeliez  demi  qnars  de 
c(  groz ,  qui  auront  cours  les  viii  pour  ung  des  groz  dessus 
<(  diz ,  à  m  d.  d'aloy  argent  le  roy  et  de  xuiii  s.  de  taille 
«  au  marc  de  Troyes ,  qui  font  pour  chacun  marc  d'argent 


ET   DISSERTATIONS.  227 

oiui  marcs  d*euvre,  qui  valent  xxii  s.  de  groz;  en  donnant 
«  à  tous  marchans  pour  chacun  marc  d'argent  aloyé  à  un  d. , 
a  XVII  s.  III  d.  de  groz  ;  à  monseigneur  pour  son  seignou- 
«  rage,  pour  chacun  marc  d'argent  xvi  groz ,  et  au  niaistre 
«  pour  l'ouvrage  faire  faire,  pour  chacun  marc  d'argent 
c  m  s,  V  d,  de  groz  et  seront  tailliez  à  xii  d.  en  poix  et 
«  u  groz  d'aloy  de  remède  sur  chacun  marc  d'emTe.  » 

En  comparant  cette  instruction  à  celle  du  17  août  1409, 
on  voit  que  les  monnaies  dont  le  duc  ordonnait  la  fabrica- 
tion devaient  être  les  mêmes  à  sept  ans  d'intervalle.  Les 
poids  de  la  monnaie  d'or  étaient  assez  différents  entre  eux 
pour  qu'on  ne  pût  confondre  les  pièces  des  deux  émissions^ 
puisqu'au  lieu  d'en  tailler  seulement  trente  et  un  et  deux 
tiers  au  marc,  comme  en  1A09 ,  il  est  ordonné  d'en  tailler 
trente^ix  K  Mais  il  n'en  était  pas  de  même  de  la  monnaie 
d'argent  ;  la  difiérence  de  poids  était  trop  peu  sensible , 
pour  que  l'on  ne  risquât  pas  de  se  tromper.  Aussi  pour 
prévenir  toute  erreur,  a-t-on  eu  soin  d'écrire  en  marge  de 
l'instruction  cette  mention  :  o  La  différence  de  cest  mon- 
IL  Boye  d' aident  est  avisée  que  en  toutes  les  A  qui  estoient 
tt  sur  le  premier  denier  d'un  costé  et  d'autre  sans  barre  et 
«de  ceste  facbon  A*  sur  ce  denier  à  barre  et  de  ceste 
«  fachon  2C*  *> 

n  résulte  encore  de  cette  instruction  que  Jean  Sans-peur, 
sans  aOSûblir  le  litre  de  la  monnaie  d'or,  en  augmente  le 
prix,  puisque  tout  étant  estimée  à  la  même  valeur,  cinq  sous 


>  u  n'est  d'ailleurs  pas  certain  qu^on  ait  frappé  des  nobles  à  la  suite  de 
riastmetioB  de  1409.  Cette  instruction  contenait  la  mention  de  deux  mon- 
naies d'or  à  émettre,  et  les  extraits  de  comptes  que  j'ai  sons  les  yeux  ne  men- 
tionnent ponr  les  années  1410  et  141 1  que  des  deniers  d'or  de  uni  de  taille  au 
marc.  H  en  est  de  m6me  du  compte  rendu  en  juillet  1417,  qui  avait  par 
eoméquent  rapport  à  Tannée  1416^ 


228  MÉMOIRES 

de  gros,  la  quantité  de  pièces  taillées  au  marc  était  plus 
grande.  C'était  un  moyen  d'empêcher  leur  retrait  de  la  cir- 
culation et  leur  exportation  comme  billon  à  Téiranger. 

Bien  que  le  terme  fixé  au  maître  particulier  pour  l'émis- 
sion des  monnaies  frappées  en  vertu  de  Tordonnance  de 
1416  fût  de  trois  ans,  il  est  vraisemblable  qu'il  ne  dura  pas 
cet  espace  de  temps;  car  le  28  juillet  lâl7,  avant  son 
départ  pour  la  France,  d'où  il  ne  devait  plus  revenir,  Jean 
Sans-peur,  qui  confie  le  gouvernement  du  pays  à  son  fils 
Philippe,  comte  de  Charolais,  ordonne,  entre  autres,  que 
les  quatre  membres  de  Flandre  examineront  s'il  est  utile, 
dans  l'intérêt  public,  de  maintenir  le  cours  de  la  nouvelle 
monnaie  qu'il  se  propose  d'émettre,  savoir,  des  deniers  dCor 
de  70  au  marc ,  à  23  carats  et  demi  de  fin  ,  dont  la  pièce 
aurait  cours  pour  40  gros;  des  demi-deniers.  d'or  et  des 
quarts  à  l'avenant.  Il  devait  être  frappé  en  même  temps 
des  doubles  gros,  des  gros ,  des  demi-gros  et  quarts  de  gros, 
ainsi  que  des  doubles  miles  et  des  mites.  Le  duc  ajoute 
qu'en  cas  d'avis  favorable,  ces  monnaies  nouvelles  aiu-sdent 
immédiatement  cours  ^  Il  est  probable  que  ce  fut  par  suite 
de  l'avis  donné  par  les  quatre  membres  de  Flandre,  que  le 
comte  de  Charolais  prescrivit,  le  10  avril  1418,  la  fabrica- 
tion d'une  nouvelle  monnaie  d'or  appelée  heaume  de  Flan- 
dre ,  et  de  monnaies  d'argent  complétant  le  système.  Peu 
après,  le  5  juin,  il  déclare  que,  dans  l'intérêt  du  com- 
merce, la  nouvelle  monnaie  d'or  et  d'argent  aura  cours  au 
tarif  fixé,  pendant  quinze  ans  consécutifs,  sans  qu'il  en 
fasse  forger  d'autres.  11  promet  de  faire  délivrer  à  ce  sujet 
aux  quatre  membres  de  Flandre  des  lettres  confîrmatives 
scellées  du  grand  sceau  de  son  père.  Par  une  ordonnance 

*  Archives  muniripales  d^Yfres^  t.  III,  p.  80, 


ET   DISSERTATIONS.  229 

en  date  du  même  jour,  il  défend  d'allouer  les  heaumes  de 
Flandre  à  plus  haut  prix  que  celui  fixé  ;  les  dettes  contrac- 
tées antérieurement  seront  payées  à  raison  de  21  gros  pour 
Yéeu  '.  Les  précautions  du  fils  de  Jean  Sans-peur  font  voir 
assez  avec  quels  ménagements  ces  princes  traitaient  leurs 
sujets  du  comté  de  Flandre. 

L'instruction  concernant  les  monnaies  dont  il  vient  d'être 
question ,  est  du  12  juin  de  la  même  année  ;  elle  est  donnée 
à  Jehan  Buridan ,  maître  particulier  de  la  monnaie  de  Flan- 
dre, et  contient  les  dispositions  suivantes  : 

tt  Premièrement ,  mondit  seigneur  veult  et  ordonne,  estre 
«  faiz  deniers  d'or,  appeliez  heaumes  de  Flandres ,  à  vint 
«  trois  karas  et  demi  d'aloy,  de  soixante  huit  de  poix  au 
«  marc  de  Troyes,  qui  auront  cours  pour  trois  solz  quatre 
«  deniers  de  gros  la  pièce  de  nouvelle  monnoye ,  qui  font 
«  pour  marc  d'or,  onze  livres  six  solz  huit  deniers  de  groi^  ; 
«  en  donnant  à  tous  changeurs  et  marchans ,  pour  marc 
M  d'or,  unze  livres  vint  deniers  de  gros  ;  mondit  seigneur  le 
a  duc  pour  son  seigneurage  deux  solz  quatre  deniers  de 
tt  gros^  et  le  maistre  pour  l'ouvrage  faire  faire ,  deux  solz 
«  huit  deniers  gros  ;  et  seront  ouvrez  yceulx  deniers  à  ung 
«douziesme  de  karat  c'e  remède  au  général  recours  à 
«  trois  fors  et  à  trois  foibles  et  ung  fellin  en  poix  ;  ou  cas 
«que  la  délivrance  devenroit  de  tant  escharse,  laquelle 
a  escharsete  tant  en  poix  comme  en  aloy ,  tournera  au 
aprouflit  de  mondit  seigneur  le  duc,  ou  cas  qu'elle  y 
a  escheira  ;  et  semblablement  sera  tenu  ledit  maistre  de 
tt  faire  forger  et  ouvrer  demi  heaumes  à  l'avenant  des  de- 
«  niers  dessusdiz ,  toutesfoiz  que  mestier  sera  et  il  en  sera 
u  sommé  par  la  garde  desdites  monnoyes  ;  et  seront  iceulx 

«  Archires  municipal f$  d'Ypres,  t.  III,  p.  85. 

1861.— 3.  17 


230  MÊMOIilES 

H  deniers  taillées  au  général  recours  à  trois  fors  et  à  trois 
(t  foibles.  » 

«  Ilem ,  Fen  fera  deniers  appeliez  doubles  gros  de  Flan- 
a  dres,  qui  auront  cours  pour  deux  gros  la  pièce  à  six  de- 
«  niers  d'aloy,  argent  le  roy,  de  cinq  solz  huit  deniers  gros 
«  de  taille  au  marc  de  Troies  qui  font  deux  mars  d*euvre, 
«valent pour  marc  d'argent  vint  deux  solz,  huit  deniers 
tf  gros  ;  en  donnant  à  tous  marchans  et  changeurs ,  poiu* 
Cl  marc  d'argent  aloyé  à  six  deniers,  vingt  et  un  solz  deux 
f(  deniers  gros  ;  mondit  seigneur  le  duc.  pour  son  seigneu- 
a  rage,  quatre  deniers  gros;  et  le  msdstre  pour  rouvrage 
«  faire  faire ,  un  soit  deux  deniers  gros  ;  et  seront  ouvrez 
tt  iceulx  deniers  à  ung  grain  d'aloy  de  remède  au  général 
«  recours  à  trois  fors  et  à  trois  foibles  et  demi  denier  en 
«  poix  pour  marc ,  ou  cas  que  la  délivrance  revenroit  de 
u  tant  escharse ,  laquelle  echarsete  tant  en  poix  comme  en 
«  aloy,  tournera  au  proufiit  de  mondit  seigneur  le  duc,  se 
n  elle  y  eschiet.  )> 

«  Item^  deniers  d'argent,  appeliez  gros  de  Flandres,  qui 
«auront  cours  pour  ung  gros  la  pièce,  à  cinq  deniers 
0  d'aloy  argent  le  roy,  de  neuf  solz  sept  deniers  de  taille 
c(  au  marc  de  Troyes,  qui  font  deux  mars,  trois  onces,  quatre 
«  esterlins  d'euvre  ;  valent  pour  marc  d'argent  vint  trois 
«  solz  gros-,  .en  donnant  à  tous  marchans  et  changeurs, 
«  pour  marc  d'argent  aloyé  à  cmq  deniers,  vint  ung  solz 
«  deux  deniers  gros  ;  à  mondit  seigneur  pour  son  seigoeu- 
«  rage,  quatre  deniers  gros;  et  au  maistre  pour  l'ouvrage 
«  faire  faire ,  un  soit  six  deniers  gros  ;  et  seront  ouvrez 
u  iceulx  deniers,  à  ung  grain  d'aloy  de  remède,  au  général 
«  recours  à  six  fors  et  six  foibles ,  et  un  denier  en  poix ,  ou 
V  cas  que  la  délivrance  revenroit  tant  escharse ,  laquelle 


£T  DISSERTATIONS.  231 

«  escbarsete  tant  de  poix  comme  d*aloy,  tournera  au  proufTit 
«  de  mondit  seigneur,  se  elle  y  escbiet.  » 

a  lum^  deniers  d'argent,  appeliez  demi  gros  de  Flandies, 
«  à  cinq  deniers  d*aloy  argent  le  roy,  de  dix  neuf  solz  deux 
«  deniers  de  taille  au  marc  de  Troyes,  qui  font  deux  mars 
c  trois  onces  quatre  estrelins  d'euvre  ;  valent  pour  marc 
«  d'argent  vint  trois  solz  gros;  en  donnant  à  tous  marchans 
a  et  changeurs,  pour  marc  d'argent  aloyé  à  cinq  deniers^ 
«  viot  ung  solz  deux  deniers  gros;  à  mondit  seigneur  pour 
Il  son  seigneurage  quatre  deniers  gros ,  et  au  maistre  pour 
«f  l'ouvrage  faire  faire,  ung  soit  six  deniers  gros;  et  seront 
«iceulx  deniers  ouvrez  à  img  grain  d'aloy  de  remède  au 
«général  recours  à  huit  fors  et  à  huit  f cibles  et  deux  de- 
«  niers  en  poix  ou  cas  que  la  délivrance  revenroit  de  tant 
«escbarse  laquelle  escbarsete,  tant  de  poix  comme  d'aloy, 
«  se  elle  y  escbiet,  tournera  au  prouffit  de  mondit  seigneur.  » 

«  lient  ^  deniers  d'argent  appeliez  quars  de  gros  de  Flan- 
adres,  à  trois  deniers  d'aloy  argent  le  roy,  de  vint  cinq 
0  solz  de  taille  au  marc  de  Troyes ,  qui  font  pour  marc 
«  d'euvre,  nu  mars;  valent  pour  marc  d'argent  xxv  s.  gros; 
t  en  donnant  à  tous  marcbans  et  cbangeurs ,  pour  marc 
0  d'argent  aloyé  à  III  deniers ,  XXI  s.  ii  d.  gros,  à  mondit 
a  seigneur  pour  son  seigneurage  nu  d.  gros,  et  au  maistre 
f  pour  l'ouvrage  faire  faire  m  s.  vi  d.  gros;  et  serout  iceulx 
a  deniers  ouvrez  à  nng  grain  d'aloy  de  remède  au  général 
a  recours  à  vint  quatre  fors  et  à  vint  quatre  foibles,  et  x  d. 
«en  poix  ou  cas  que  la  délivrance  revendroit  de  tant 
«escbarse,  laquelle  escbarsette  tant  en  poix  comme  en 
«aioy  se  elle  y  escbiet  «  tournera  au  prouffit  de  mondit 
R  seigneur.  » 

Eofin  on  devait  émettre  aussi  des  deniers  noirs ,  savoir  : 
1*  des  doubles  mites ,  dont  vingt-quatre  vaudront  un  double 


232  MÉMOIRES 

gros  et  douze  un  simple  gros.  Elles  seront  à  neuf  grains 
d'aloi  argent  le  roi ,  et  de  quinze  sous  de  taille  au  marc  de 
Troyes,  faisant  trente-deux  marcs  d' œuvre;  la  valeur  pour 
marc  d'argent  sera  de  40  s.  gros.  Les  marchands  auront 

21  s.  2  d.  gros  par  marc  d'argent;  le  duc  pour  son  seigneu- 
rage  quatre  gros,  et  le  maître  particulier  18  s.  6.  d.  gros. 
Ils  seront  ouvrés  à  un  grain  de  remède  en  aloi ,  et  à  7  de- 
niers en  poids  sur  chaque  marc  d' œuvre. 

2*  Des  simples  mites,  dont  vingt-quatre  auront  cours  pour 
un  gros.  Elles  seront  à  6  grains  d'aloi  argent  le  roi  et  de 

22  s.  G  d.  de  taille  au  marc  de  Troyes,  faisant  48  marcs 
d'œuvre,  valant  par  marc  d'argent  45  sous  gros.  Les  mar- 
chands auront  du  marc  d'argent  le  même  prix  que  dans  le 
cas  précédent,  le  droit  de  seigneurage  sera  le  même ,  mais 
le  maître  aura  23  s.  6  d.  gros  pour  la  fabrication.  lisseront 
faits  à  un  grain  de  remède  en  aloi ,  et  à  12  deniers  en  poids 
par  marc  d'œuvre. 

Ces  monnaies  furent  les  dernières  émises  durant  le  gou- 
vernement de  Jean  Sans-peur.  Ainsi  que  je  le  disais  en  com- 
mençant, son  règne  est  extrêmement  pauvre  en  documents 
monétaires,  et  nous  ne  trouvons  plus  jusqu'à  sa  mort,  à 
part  une  commission  donnée  par  le  comte  de  Charolais  pour 
arrêter  et  porter  dans  les  monnaies  du  duc  tout  le  billon 
d'or  et  d'argent  que  l'on  transporterait  hors  de  Flandre, 
qu'un  seul  renseignement  qu'il  m'a  paru  bon  de  consigner. 
Le  10  juin  1419,  le  duc,  étant  à  Paris,  veut  que  Yécu  d'or^ 
monnaie  du  roi,  ait  cours  en  Flandre  pour  42  gros,  nou- 
velle monnaie,  et  le  franc  seulement  pour  37  gros  4  de- 
niers de  la  même  monnaie.  L'ordonnance  de  1410  avait  fixé 
que  Yécu  (for  vaudrait  30  gros  et  le  franc  26  gros  8  deniers, 
les  huit  écus  valant  9  francs.  Or,  en  évaluant  à  proportion 
pour  la  nouvelle  monnaie ,  on  trouvait  42  gros  pour  l'^cu  et 


ET  DISSERTATIONS.  23C^ 

hO  gros  pour  le  franc ,  ce  qui  faisait  deux  gros  huit  deniers^ 
de  trop  pour  arriver  au  compte  de  huit  écus  valant  neuf 
francs ,  d'où  résultait  la  nécessité  de  la  réduction  prescrite. 
Cette  ordonnance  avait  un  but  louable ,  celui  de  mettre  de 
la  régularité  dans  les  payements.. 

Les  monnaies  qui  nous  sont  parvenues  de  Jean  Sans-peur 
sont  très-peu  nombreuses.  Les  motifs  énoncés  dans  le 
préambule  de  l'ordonnance  de  1416  en  donnent  une  expli- 
cation suffisante.  Mais  c*est  surtout  sur  les  monnaies  d*or 
que  rindustrie  des  billonneurs  s'est  exercée.  Ces  dernières 
sont  de  la  plus  grande  rareté. 

11  n'existe  pas,  à  ma  connaissance,  de  monnaies  d'^or  pou- 
vant s'appliquer  à  l'ordonnance  de  1406.  Vécu  et  ses  divi- 
sions dont  il  est  parlé ,  devaient  être  probablement  au  ty|)e 
du  réal  ou  chaise^  que  nous  connaissons  déjà  pour  Louis  de 
Mâle  et  Philippe  le  Hardi  ;  c'est  en  effet  sous  ce  nom  que 
les  pièces  de  ce  genre  sont  désignées  sous  ces  comtes. 
Quant  aux  pièces  d'argent,  si  mes  appréciations  sur  le  projet 
d'instruction  sans  date  dont  j'ai  parlé  sont  exactes ,  il  est 
une  série  de  monnaies  qui  pourraient  être  attribuées  à  cette 
époque.  Remarquons  en  effet  qu'on  propose  au  duc  de  faire 
choix  parmi  deux  pieds  de  monnaies,  basés  sur  Tévalua- 
tioa  du  double  gros.  Dans  le  second  cas,  le  double  gros  de- 
vait peser  89  grains.  Or  il  est  une  série  de  pièces  frappées  à 
l'imitation  des  gros  de  Flandre  de  Louis  de  Màle,  dont  le 
gras  parvenu  jusqu'à  nous  pèse  précisément  44  grains,  et 
qui  peut,  par  conséquent ,  avoir  été  émise  en  vertu  de  l'or- 
donnance précitée.  C'est  la  suivante  : 

22.  Lion  debout ,  surmonté  de  Técu  de  Bourgogne  mo- 
derne ,  portant  en  surtout  le  lion  de  Flandre  * ,  et  entouré 

*-  D«"a  ?on  avéncmc'ut  au  comté  de  Fhindro,  Jenn  bang-pmir  adoj>ia  c«s  nr- 


23&  .  MÉMOIRES 

d'une  bordure  de  fleurs  de  lis.  Légende  :  MONETA. 
PLANDRIE.  (Les  deux  mois  séparés  par  une  feuille  de 
trèfle.  ) 

1^.  Écu  semblable  au  précédent,  posé  sur  une  croix  par* 
tageant  la  légende  intérieure,  IOHS:D:B:COM:FLAND'.  Lé- 
gende extérieure  :  +BENEDICTVS.QVLVENIT.IN.NOJDNE 
CNI  *.— /R.  Gros.  Poids,  44  grains  (pL  X,  n*  22). 

23.  Lion  debout,  surmonté  de  Técu  de  Bourgogne-Flan- 
dre. Légende  :  IOHS:D:B:COM:FLANDRIE. 

^.  Ecu  comme  ci-dessus ,  sur  une  croix  partageant  la 
légende  MONETA:FLANDRIE.  —  JB,.  Demi- gros.  Poids  ^ 
22  grains  (pL  X,  n*23). 

24.  Lion  debout,  entouré  de  la  légende  -|-IOHS:DVX: 
BVRG:COM:FUND'- 

^.  Ecu  de  Bourgogne-Flandre ,  sur  une  croix  partageant 
la  légende  MONETA:FLANDRIE.— ^.  Quart  de  gros.  Poids^ 
12  grains  (pL  X,  n»  24*). 

J'ai  dit  précédemment  que  les  monnaies  frappées  en 
vertu  de  1  instruction  de  1409  et  de  celle  de  1416  devaient 
être  semblables ,  les  poids  seuls  étaient  diflérents.  Le  noblt 
dont  il  est  question  dans  ces  pièces  est  facile  à  reconnaître , 
c'est  celui  dont  suit  la  description  : 

25.  Le  duc  couronné ,  portant  l'épée  dé  la  main  droite^ 
et  le  bras  gauche  protégé  par  un  écu  à  ses  armes ,  debout 
sur  un  navire,  le  tout  entouré  de  la  légende  :  lOHSrDEI: 
GRA  :  DVX  :  BVRG  iGOMES  :  Z  :  DNS  :  FLAND. 


moi  ries,  ajoutant  en  surtout  Téciisson  de  Flandre  à  celles  de  son  prédéoes- 
seur. 

^  Reproduite  par  Duby,  pi.  LII,  n*  6,  d*après  on  plaçait. 

*  Ces  trois  monnaies  sont  de  la  plus  grande  rareté.  Elles  existent  dmns  le 
cabinet  de  M.  Dowismes,  comme  la  presqae  totalité  de  celles  décrites  < 
travail. 


ET  DISSEBTATIONS.  235 

Le  revers  est  exactement  semblable  à  celui  du  noble  de 
Philippe  le  Hardi ,  sauf  qu'il  y  a  un  I  dans  le  centre  d% 
la  croix.  —  Or.  Poids,  129  grains  (pi.  X,  n*  25). 

Le  poids  indique  que  cette  monnaie  a  été  faite  en  vertu^ 
de  rinstmction  de  1416  qui  prescrivait  de  tailler  trente- 
six  pièces  au  marc ,  ce  qui  leur  donnait  par  conséquent  pour 
poids  légal  128  grains  et  demi.  Je  n'ai  point  retrouvé  le 
demi-noble  et  le  quart  de  noble  qui  devaient  faire  partie  du 
même  système.  Quant  aux  pièces  semblables  d'un  poids 
plus  fort,  émises  à  la  suite  de  l'ordonnance  de  1&09,  en 
admettant  que  cette  émission  ait  eu  lieu ,  il  est  probable 
qu'elles  auront  été  fondues,  ainsi  que  le  fait  présumer  ce 
que  dit  lui-même  le  duc  de  Bourgogne  en  1&16. 

Les  monnaies  d'argent  fabriquées  en  même  temps  que 
les  nobles  ne  sont  pas  aussi  faciles  à  déterminer.  Je  ne  vois 
que  les  suivantes  qui  puissent  convenir  par  leurs  poids, 
craime  se  rapprochant  le  plus  de  ceux  des  instructions. 

26.  Deux  écus,  celui  de  gauche  aux  armes  de  Bourgogne- 
Flandre  ,  celui  de  droite  portant  le  lion  de  Flandre ,  sur- 
montés d'un  heaume  ayant  pour  cimier  une  fleur  de  lis. 
Légende  :  I0HS:DVX:BVRG:Z:G0MES:FLANDB1|;  >. 

^.  Croix  cantonnée  de  deux  fleurs  de  lis  et  de  deux, 
lions,  entourée  de  l'inscription  +MONETA:NOVA:COMETIS: 
FLANDRIE.  —  JR.  Double  gros.  Poids,  90  grains  (pi.  X, 
B*26*). 

27.  Mêmes  types  et  mêmes  légendes  tant  au  droit  qu'au 
revers.  —  yR.  Gros.  Poids,  54 grains  (pi.  X, n^  27  '). 

(  Il  7  a  une  variété  de  eette  pièce  qui  n*a  pa»  le  lambrequin  à  gauche  du 
heaume,  lequel  est  semblable  à  celui  représenté  sur  les  autres  divisions. 

*  Dubj,  pi.  LII,  n»  9. —  Serrure,  Cabinet  monétaire  du  prince  de  Ligne  j 
p.  238.  ^  Peu  Duyts,  pi.  IX,  n»  64» 

^Duby,  pi.  LU,  n»  la.— Serrure,  of .  ciL,  p.  238.—  D^n  Duyts, pi. IX ^.n-  55» 


S36  MÉMOIRES 

28.  Même  type.  Légende  :  lOHS  :  DVX  :  BVRG  :  Z  :  COM  : 
FLAND'. 

i^.  Même  type.  MONETA. NOVA. COMETIS. FLAND. —A. 
Demi-gro$.  Poids,  28  grains  (pL  X ,  n*  28  *). 

29.  Écu  de  Bourgogne-Flandre  incliné ,  surmonté  d'un 
heaume  semblable  aux  précédents.  Légende  comme  pour 
le  demi-gros. 

Sj.  Croix  cantonnée  de  deux  fleurs  de  lis  et  de  deux  lions, 
partageant  la  légende  MONETA  NOVA  FLANDRIE.  —  A. 
Quart  de  gros.  Poids,  16  grains  (pi.  X,  n*  29*). 

Restent  maintenant  les  monnaies  que  Ton  peut  attribuer 
à  la  dernière  instruction  du  12  juin  1A18,  mais  dont  les 
pièces  d'or,  clairement  désignées,  sont  faciles  à  déterminer. 
Cette  série  est  la  suivante  : 

30.  Écu  incliné  à  cinq  quarts  ',  surmonté  d'un  heaume 
orné  de  lambrequins  et  dont  le  cimier  est  une  fleur  de  lis  : 
le  tout  dans  un  entourage  d'arcs  de  cercle.  Légende  :  lOHS: 
DEI:G:DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND. 

f  Serrure,  op.  cil.,  p.  239.  —  Den  Duyt»,  pi.  IX,  n"  56. 

•  Id.,  id. 

Voici  les  poids  de  ces  diverses  pièces  fixés  par  les  iDStmctions  précité«ê  : 

1^09.  IMf. 

frtint.  ffraiDt. 

Double  gros 94,46  92,51 

Gros 56,00  54,45 

Demi  gros 28,00  27,23 

Quart  de  gros 16,76  15.76 

Les  pièces  représentées  sur  les  planches  sont  relatives  à  la  première  d«  cet 
ÎBstructions,  puisqu'on  vertu  de  la  seconde  tous  les  A  devaient  être  barrés.  Je 
dois  d'ailleurs  ajouter  que  je  connais  les  doubles  gros  de  cette  série,  où  les  A 
sont  en  effet  tous  barrés. 

s  J'ai  suivi  cette  désignation,  que  M.  Serrure  a  adoptée  dans  son  ouvrage  sur 
le  Cabinet  monétaire  du  prince  de  Ligne  ^  comme  la  plus  commode  et  la  plin 
abrégée. 


ET   DISSERTATIONS.  237 

â.  Croix  ornée  dont  les  bras  sont  terminés  par  deux 
feuilles  d*acanthe  ayant  dans  l'intervalle  une  fleur  de  lis, 
dans  un  entourage  quadrilobé ,  cantonné  dans  les  angles 
des  lobes  par  des  lions.  Légende  :  +BENEDICTVS:QVI: 
VENIT:IN:NOMINE  DI.  —  Heaume  d'or.  Poids,  67  grains 
(pi.  XI,  n»30'). 

31.  Lion  debout,  caché  en  partie  par  un  écu  à  cinq 
quarts  placé  à  la  hauteur  de  Tépaule.  Légende  :  IOHS:DVX: 
BVRG:Z:COMES:FLANDRIE. 

^.  Croix  partageant  la  légende  cantonnée  des  lettres 
FLÂD\  Légende  :  +  MONETA.COMITIS.FLANDRIE.—  M. 
Double  gros  kromstaeri.  Poids ,  68  grains  (  pi.  XI ,  n«  31  •  ) . 

32.  Mêmes  types  et  légendes,  sauf  qu'au  revers  le  der- 
nier mot  est  en  abrégé  FLAND'.  —  ^.  Gros  kromslaert. 
Poids,  36  grains  (  pi.  XI ,  n*»  32  ) . 

33.  Écu  à  cinq  quarts  entouré  de  la  légende  +10HS.D. 
B.Z.COM.FLAND. 

^.  Croix  cantonnée  des  quatre  lettres  FLAD'.  Légende  : 
MONETA.COM.FLAND.  —  Billon.  Quart  de  gros.  Poids, 
12  grains  fort  (pL  XI,  n«  33'). 

Louis  Deschamps  de  Pas. 

'  Cabinet  des  médailles.  Le  poids  légal  déterminé  par  TioBtruction  est 
de  68  grains  6/68;  Dnby  a  représenté  cette  pièce  pi.  LU,  n»  7,  mais  il  l'a  in- 
diquée comme  étant  en  argent,  ce  qui  n'est  pas  possible. 

•  Dnby,  pi.  LIT ,  n«  8.  —  Serrure,  op.  cit.,  p.  239.  —  Den  Duyts  ,  pi.  IX  , 
n»57. 

*  Les  poids  résultant  de  cette  instruction  sont  les  suivants  : 

Double  gros ôSs'.S/eS 

Gros 40»',25 

Demi-gros 20r,10 

Quart  de  gros 15«%43 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Description  générale  des  médaillons  contomiates,  par 
J.  Sâbatxer.  Un  vol.  in-&%  accompagné  de  19  planches 
gravées.  Paris,  Pillet  fils  aîné,  1860. 

Nombre  de  recueils  ont  été  publiés  sur  la  numismatique 
romaine,  mais  jusqu'à  ce  jour  personne  ne  s'était  occupé  de 
réunir  les  pièces  connues  sous  le  nom  de  médaillons  contor- 
niâtes.  Je  ne  rappellerai  pas  ici  les  anciens  recueils  dans  lesquels 
on  trouve  quelques  indications  sommaires  sur  cette  matière  ; 
Eckhel  en  a  donné  les  titres  dans  sa  Doctrine.  Sigebert  Havercamp 
a  publié  60  à  70  médaillons  contomiates  dans  un  volume  petit 
in-4«,  imprimé  à  Leide  en  172^2.  Une  pièce  à  TefTigie  d'Alexandre 
le  Grand  fournit  au  savant  hollandais  l'occasion  d'étudier  les 
types  de  quelques  autres  monuments  de  la  même  espèce.  MaLs 
le  commentaire  d'IIavercamp  est  un  travail  indigeste,  fastidieux 
et  rempli  d'observations  complètement  étrangères  au  sujet.  Du- 
cange,  en  1678,  dans  sa  dissertation  intitulée  :  De  inférions  xvi 
numismatibus  y  §  44,  imprimée  à  la  suite  de  son  Glossaire^  n'a- 
vait pas  dédaigné  d'examiner  ces  sortes  de  pièces;  il  cherche  à 
constater  leur  âge,  mais  il  admet  deux  classes  de  contomiates, 
les  uns  remontant  au  règne  d'Auguste  et  aux  temps  de  ses  suc- 
cesseurs immédiats,  les  autres  fabriqués  après  Constantin  et  vers 
l'époque  d'Honorius.  Qu'on  ajoute  quelques  bonnes  observa- 
tions de  Mahudel,  dans  Y  Histoire  de  V  Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  (t.  V,  p.  284),  reproduites  par  Mangeart  dans 
son  Introduction  à  la  science  des  médailles^  Paris,  1763,  in-fol., 
et  Ton  aura  à  peu  près  tout  ce  qui  avait  été  écrit  sur  les  mé- 


BULLETin   BIBUOGRAPHIQUC.  239 

daillons  contomiates  à  Tépoque  où  Eckbel  terminait  son  grand 
ouvrage.  Le  chapitre  que  l'illustre  numismatiste  viennois  a 
consacré  aux  nnédaillons  contomiates  résume  les  travaux  de  ses 
devanciers.  Eckhel  examine  successivement  avec  cette  méthode, 
cette  science,  cette  autorité  qui  font  la  juste  admiration  des  sa- 
vants, la  nature,  les  types,  Tépoque,  Tusage ,  le  mérite  de  ces 
pièces.  Mais  si  le  chapitre  écrit  par  Eckhel  sur  les  médaillons 
contomiates  donne  un  résumé  exact  et  substantiel  de  la  ma- 
tière,  il  restait  à  faire  un  travail  spécial  sur  ces  monuments^  à 
les  soumettre  à  un  nouvel  examen,  à  étudier  leurs  types,  à  es- 
sayer un  ordre  de  classification. 

M.  Sabatier  a  entrepris  ce  travail ,  et,  dans  49  planches  gra- 
vées par  M.  Léon  Dardel ,  il  a  réuni  une  collection  aussi  com- 
plète que  possible  de  tous  les  médaillons  contomiates  connus* 
Plus  de  900  pièces,  ont  été  publiées  dans  ce  nouveau  recueil. 
Qu'on  juge  de  la  richesse  de  cette  collection  par  la  première 
série,  celle  des  jeux  du  cirque  et  de  l'amphithéâtre,  qui  dépasse 
à  elle  seule  le  nombre  total  des  contomiates  recueillis  par  Ha- 
vercamp. 

Void  les  divisions  adoptées  par  Tauteur  : 

1.  Les  jeux  du  cirque  et  les  combats  de  l'amphithéâtre. 

2.  La  mythologie. 

3.^  L'histoire  et  les  monuments. 

4.  Les  types  monétaires. 

5.  Les  sujets  dont  Texplication  est  di£Bcile. 

<  Sous  le  nom  de  midnillons  contomiates,  dit  M.  Sabatier,  on* 
«  désigne  des  médailles  planes,  d'un  cuivre  de  couleur  et  d'aï- 
i  liages  divers ,  d'une  fabrique  particulière  et  d'un  travail  ou 
«  d'un  style  souvent  imparfoit,  dont  les  types  ont  en  général 
i  peu  de  relief,  et  d'un  module  à  peu  près  égal  à  celui  des  mé- 
c  daillons  impériaux ,  mais  d'un  poids  inférieur,  parce  que  leur 
«  flan  a  moins  d'épaisseur.  Ces  médaillons  portent  presque 
a  tous  sur  leurs  deux  faces  un  cercle  parfaitement  régulier, 
•  tracé  en  creux  à  l'aide  du  tour;  quelquefois  aussi  les  bord» 


2/iO  BULLETiiN    bibliographique/ 

ce  de  la  tranche  sont  un  peu  relevés,  sans  doute  afin  d'empêcber 
a  le  frottement  des  types  en  relief.  » 

Une  des  faces  est  occupée  ordinairement  par  une  tête  ou  un 
buste,  et  la  majeure  partie  des  sujets  figurés  sur  les  revers  se 
rapporte  aux  jeux  du  cirque  et  de  l'amphithéâtre  ;  quelques-uns 
sont  empruntés  aux  traditions  mythologiques,  et  on  en  trouve 
de  très-curieux;  d'autres  reproduisent  avec  plus  ou  moins  de 
fidélité  et  assez  souvent  d'une  manière  servile  des  types  copiés 
sur  ceux  des  monnaies  impériales. 

On  ne  sait  quel  motif  a  présidé  au  choix  des  tètes  :  on  en 
voit  des  premiers  empereurs  aussi  bien  que  des  princes  du  Bas- 
Empire,  d'Alexandre  le  Grand,  des  hommes  célèbres,  philoso- 
phes, poètes,  orateurs,  historiens,  rhéteurs,  etc.  Ainsi  nous 
voyons  figurer  sur  les  contorniates  Apollonius  de  Tyanes,  Ho- 
mère, Horace,  Démoslhène,  Salhistc,  Anaxarque,  Apulée,  etc. 
Quelquefois  les  bustes  des  auriges  vainqueurs  tenant  leur  che- 
val par  la  bride  ou  des  masques  scéniques  sont  figurés  au  droit 
de  ces  pièces,  et  occupent  la  place  des  cfligies  impériales  ou 
des  portraits  de  personnages  célèbres. 

En  parlant  des  tètes  représentées  sur  une  des  faces  des  con- 
torniates, Eckhel  fait  observer  que  jamais  il  n'a  eu  occasion  d'y 
rencontrer  une  divinité,  si  ce  n'est  la  déesse  Roma.  M.  Sabatier 
publie  dans  son  recueil  (pi.  Xll,  n*5)  la  tète  de  Mercure  et  au 
revers  le  caducée ,  le  tout  gravé  en  creux.  L'image  de  Mercure, 
dieu  de  la  palestre,  Èp!^^<*^  ÉvaYwvio;,  comme  le  fait  obser\er 
M.  Sabatier  (p.  77  ),  était  convenablement  choisie  pour  figurer 
sur  des  pièces  frappées  à  l'occasion  des  jeux  et  des  exercices 
gymnastiques.  Le  buste  casqué  de  Minerve ,  avec  le  bouclier, 
l'égide  et  la  lance,  figure  sur  un  autre  médaillon  (  pi.  Xlll,  n"*  5) 
conservé,  comme  le  précédent,  au  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  impériale. 

On  a  longuement  discuté  sur  lépoque  à  laquelle  les  médail- 
lons contorniates  ont  pu  être  frappés.  Plusieurs  numisinatistcs 
ont  pensé  que  ces  médaillons,  en  tout  ou  en  partie,  sont  con^ 
temporains  des  empereurs  dont  ils  portent  l'effigie,  d'autres 


BLLIi-TIN    BIBUOGRAPHIQLE.  541 

sont  d*avis  qu'ils  ont  été  Tabriqués  au  xv*  ou  au  xvi*  siècle  ; 
mais  cette  dernière  opinion  ne  repose  sur  aucune  preuve. 
M.  Sabatier,  après  avoir  rappelé  ce  qui  a  été  dit  h  ce  sujet,  se 
range  à  Tavis  d'Eckhel ,  qui  a  décidé  souverainement  la  ques- 
tion. En  numismatique^  dit  Tillustre  savant  viennois^  In  première 
règle  et  le  guide  le  plus  sûr,  c'est  d'avoir  égard  à  la  fabrique  (t 
au  style,  a  En  effet,  ajoute  M.  Sabatier,  n*y  a-t-il  pas  une  diffé- 
c  rence  bien  marquée  entre  les  monnaies  d'Auguste  et  celles  de 
t  Trajan ,  et  cette  différence  n'est-elle  pas  encore  plus  sensible 
•  entre  ces  dernières  et  les  monnaies  de  l'époque  des  Valenti- 
a  niens?  Dès  lors,  comnoc  le  style  et  la  fabrique  des  médaillons 
a  contorniates  offrent  tous  les  caractères  artistiques  de  l'époque 
«  de  Valentinien  III^  les  exemplaires  aux  effigies  de  Jules  César, 
a  d'Auguste  ou  d'autres  empereurs  des  premiers  temps  ne  peuvent 
i  pas  avoir  été  frappés  sous  leur  règne.  Mais  ce  qui  prouve  sans 
«  réplique  quç  ces  monuments  appartiennent  bien  à  l'époque 
f  qui  leur  est  assignée  par  Eckhel ,  c'est  que  dans  les  légendes 
f  qu'ils  portent,  on  donne  aux  empereurs  des  attributs  et  des 
c  titres  qails' n'ont  jamais  pris,  et  inconnus  d'ailleurs  de  leur 
f  temps,  o  Ensuite  l'auteur  cite  quelques  attributs  insolites, 
quelques  titres  qui  appartiennent  aux  bas  temps,  quelques  noms 
barbares,  des  fautes  d'orthographe,  très- fréquentes  à  l'époque 
du  Bas-Empire,  et  enfin  il  arrive  à  cette  conclusion,  c'est  que 
l'émission  des  contorniates  doit  être  fixée  entre  le  règne  de 
Gratien  et  celui  d'Anthémius  (375  à  47!2);  Anthémius  est  le 
dernier  empereur  dont  J'effigie  parait  sur  les  contorniates 
(pi.  Xn,nMi). 

A  la  suite  de  ces  appréciations  sur  l'âge  des  contorniates, 
vient  une  liste  intéressante  de  sujets  du  cirque  et  de  l'amphi- 
théâtre, représentés  sur  des  pierres  gravées  antiques.  Et  comme 
ces  sujets  sont  traités  de  la  même  manière  sur  les  contorniates 
et  sur  certaines  pierres  gravées,  M.  Sabatier  conclut  de  ce  rap- 
prochement que  ces  monuments,  quoique  de  genres  divers,  ap- 
IMirtiennent,  les  uns  aussi  bien  que  les  autres,  à  la  même  époque, 
f*'i>st-à-dire  à  celle  du  Bas-Empire.  Un  camée  du  Cabinet  des 


242  BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

médailles  ;  publié  par  Caylus  (Recueil  d'antiquités,  U  I, 
pi.  LXXXVI,  2.— Cf.  Chabouillel,  Catalogue  des  camées, pierre» 
gravées  et  antiques  de  la  Bibliothèque  impériale  ^  v^  238),  rend 
<iQ  rapprochement  évident.  On  y  voit  Néron,  la  télé  radiée,  de- 
bout dans  un  quadrige  et  tenant  le  sceptre  et  la  mappa  circenm. 
En  haut  on  lit  :  NCPON  ArorCTC. 

Nous  avons  déjà  dit  que  le  plus  grand  nombre  des  sujets  re- 
présentés sur  les  médaillons  contorniates  se  rapportent  aux  jeu& 
du  cirque  et  de  Tamphithéàtre.  Néron  et  Trajan  déployèrent  une 
grande  magnificence  dans  les  jeux  publics ,  et  a  voilà  pourquoi 
a  sans  doute ,  dit  M.  Sabatier,  les  médaillons  aux  effigies  de 
4  Néron  et  de  Trajan  scmt  beaucoup  plus  nombreux  que  les 

a  autres Le  peuple  romain  n'oublia  jamais  que  Néron  avait 

a  institué  les  jeux  quinquennaux,  que  Trajan  avait  considéra- 
a  blement  agrandi  le  cirque,  et  que  les  jeux  parthiquesoxx  triom- 
a  phaux  avaient  été  célébrés  de  son  vivant  ou  après  sa  mort.  • 

Afm  d'éviter  des  répétitions  fastidieuses ,  l'auteur  n'a  pas  jugé 
à  propos  de  faire  graver,  à  côté  de  chaque  revers,  Teffigie  re- 
présentée au  droit ,  surtout  pour  les  têtes  d'Alexandre,  de  Néron 
et  de  Trajan.  Les  pi.  I  et  II  donnent  les  diverses  manières  de 
figurer  ces  têtes. 

Passons  aux  divisions  de  Touvrage. 

Jeux  publics  du  cirque  et  de  V amphithéâtre. 

Les  pi.  III  à  X  reproduisent  les  sujets  des  jeux,  les  combats 
des  gladiateurs,  les  représentations  sccniques. 

On  sait  que  les  jeux  publics  faisaient  partie  du  culte  religieux 
chez  les  anciens.  Si,  sous  les  premiers  empereurs,  les  jeux,  les 
combats  de  l'amphithéâtre  avaient  une  importance  bien  grande, 
à  Constantinople  le  peuple  n'y  attachait  pas  moins  de  prix. 
M.  Sabatier  a  réuni  quelques  faits  intéressants,  rangés  par 
ordre  chronologique,  et  qui  donnent  une  idée  de  la  passion 
désordonnée  des  habitants  de  Byzance  pour  les  jeux  et  les  corn- 
bats  du  cirque,  depuis  répoqi:e  de  la  translation  du  siège  de 
l'empire  jusqu'à  la  prise  de  la  ville  par  les  Croisés.  Les  jeux 
publics  étaient  devenus  pour  la  multitude  un  vrai  besoin*  Ce  fut 


BULLETirV    BIBLIOGRAPHIQUE.  2A3 

an  cirque  et  à  rhippodrome  que  s'accomplirent  un  grand  nombre 
d'événements  politiques  de  cette  époque  de  troubles  incessants. 

Plus  loin  (p.U)j  Panteur  donne  des  détails  sur  Tinstitution 
des  jeux,  sur  les  diverses  espèces  de  jeux,  sur  les  cirques,  les 
hippodromes ,  enfin  sur  tout  ce  qui  se  rattache  aux  jeux  et  aux 
spectacles.  Si  Ton  y  joint  ce  qu'il  dit  sur  les  combats  des  gla- 
diateurs (p.  53  )  et  sur  les  représentations  scéniques  (  p.  68  ) ,  on 
aura  une  idée  exacte  de  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  jeux  publics 
cbes  les  Romains  et  les  Grecs  du  Bas-Empire. 

On  lit  aussi  avec  intérêt  un  travail  sur  les  noms  des  chevaux 
et  des  auriges.  Un  marbre  célèbre,  publié  par  Onofrio  Panvini 
(^Lmdi  cireenses,  l,  c.  13,  Padov.^  1647,  in-folio),  nous  a  trans- 
mis les  noms  de  cent  vingt-six  chevaux ,  les  noms  des  auriges  et 
le  nombre  des  palmes  qu'ils  ont  obtenues.  Les  Grecs  aussi  bien 
que  les  Romains  étaient  dans  l'habitude  de  donner  des  noms 
à  leurs  chevaux. 

Les  légendes  gravées  sur  les  contomiates  peuvent  être  lues,du 
moins  la  plupart;  cepeodant  il  reste  un  certain  nombre  de  mots 
qui  jusqu'ici  résistent  à  toute  interprétation ,  par  exemple  NVS 
MACœN,  MONIMVS,  pi.  XVI,  n»  S. 

PI.  III,  n^"  8.  Les  mots  MVS,  ALLIGER,  gravés  à  l'exergue, 
doivent  être  séparés  ;  ce  sont  les  noms  de  deux  chevaux. 

Les  mots  IN  PRASINO  et  AN  VENETO  à  l'exergue  (pi.  Ill> 
n**  9  et  10,  et  pL  IV,  n*"  2  ),  indiquent,  comme  Ta  fait  observer 
M.  Sabatier,  les  factions  auxquelles  appartiennent  les  auriges 
vainqueurs.  Les  concurrents^  dans  les  jeux  du  cirque,  étaient 
divisés  en  quatre  factions,  distioguées  par  la  couleur  de  leurs 
habits 9  alba,  la  blanche,  russata,  la  rouge,  veneta,  la  bleue, 
//ranna^  la  verte.  Les  auriges  Eustorgius  et  Domninus  appar- 
tenaient aux  factions  verte  et  bleue.  Une  belle  mosaïque  décou- 
\erte  à  Lyon  et  consen^ée  au  Musée  de  cette  ville  montre  les 
concurrents  divisés  en  quatre  factions,  chacune  distinguée  par 
sa  couleur  particulière.  Voir  Artaud,  Description d*uiu mosaïque 
représeniant  des  jeux  du  cirque ^  découverte  à  Lyon.  Lyon,  4806, 
in-folio. 


'2hà  BULLETIN*    lUULlOGRAPHIQUE. 

PI.  m,  n«  15.  EVTVMI  VINICAS  [sic),  au  revers  du  buste 
d'Honoriiis.  M.  le  duc  de  Blacas  possède  un  médaillon  contor- 
niate,  également  à  reflSgie  d'Honorius,  portant  le  nom  d'un 
autre  vainqueur  :  ARTEMI  VINCAS,  et  à  Texergue  le  nom  de 
deux  chevaux.. .  NDATOR,PENNA. Eckhel  (D. iV., VIII,  p.  293), 
d'après  la  description  du  Musée  Tiepolo{t.  II,  p.  824),  lisait  : 
IMPERATOR,  PLENA. 

PI.  IV,  no  6.  Le  médaillon  à  l'effigie  de  Valentinien  III  porte 
au  revers  le  nom  de  Taurige  vainqueur  BONIFATIVS,  et  à 
Texergue  les  noms  des  quatre  chevaux,  écrits  eu  monogrammes. 
M.  Sabatier  interprète  ces  monogrammes  par  ASTVR,  VSTOR, 
GARVS,  CASTOR.  Cette  pièce  se  trouve  au  Cabinet  des  médailles 
de  la  Bibliothèque  impériale.  Après  un  nouvel  examen  et  après 
plusieurs  tentatives  infructueuses,  qui  m'avaient  donné  la  leçon 
TARANVS  pour  le  premier  monogramme  et  celle  de  CARVS 
pour  l*i  troisième ,  je  crois  devoir  adopter,  sans  hésitation ,  la 
lecture  proposée  par  mon  savant  ami,  M.  Adrien  de  Lôngpé- 
rirr,  et  je  lis  les  quatre  monogrammes  AMATOR ,  TYRIVS, 
CERVVS,  CASTOR.  Les  noms  des  quatre  chevaux  de  Taurige 
Eugenius  se  lisent  en  toutes  lettres  sur  un  autre  médaillon 
(pi.  IV,  n'  5)  :  SPESIOSVS,  DIGNVS,  ACHILLES,  SIDEREVS. 
Quant  au  nom  de  Boni  face ,  plusieurs  numismatistes  avaient 
voulu  reconnaître  dans  le  personnage  placé  sur  le  char  le  comte 
Boniface,  préfet  d'Afrique  sous  Honorius.  Cette  explication 
inadmissible  a  été  rejetée  par  M.  Sabatier  (p.  39),  d'accord  avec 
Eckhel  (/>.  yV.,  VIII,  p.  293). 

Le  mot  TVRIFICATORAS,  pi.  V,  n"  12,  est  le  nom  d'un 
cheval.  Eckhel  (D.  N.,  VIII,  p.  290)  n'avait  pu  le  déchiffrer 
complètement;  l'exemplaire  ou  le  dessin  qu'il  avait  eu  sous  les 
yeux  ne  donnant  que  TVRIE..CAT. 

Le  monogranune  placé  dans  le  champ  derrière  le  buste  de 
Taiirige  (pi.  VI,  n*  i\)  ne  doit  pas  se  lire  THRAX,mais 
TAVRISCVS,  d'après  M.  de  Longpérier.  En  vïïei,  Tabsence 
des  lettres  H  et  X  no  permet  pas  d'y  retrouver  le  mot  Thrar. 


BULLETIN   BIBUOGRAPHIQUE.  2i5 

Tauritcus  est  le  nom  de  Taurige,  tiré  de  son  pays  ;  les  Taurisques 
passaient  pour  d*habiles  écuyers. 

Je  lis  la  légende  peu  correcte  du  médaillon  de  la  collection 
de  M.  Gonzaiès,  pi.  X,  n'  2,  EVG.  VCAS,  pour  EVGENl  VINCAS, 

L'athlète  Filinus  figuré  sur  le  médaillon,  pi.  X,  n""  3,  ne  peut 
pas  être  Tathlète  Philinus  de  Cos  dont  parle  Pausanias  (VI, 
17, 1  ),  mais  un  athlète  qui  portait  le  même  nom  et  qui  vivait 
à  l'époque  du  Bas-Empire. 

Avec  la  pi.  XI  commencent  les  sujets  mythologiques.  Il  y  en 
a  quelques-uns  de  fort  curieux,  comme  je  l'ai  déjà  dit  plus 
haut  Un  des  plus  intéressants  et  qui  se  rattache  aux  traditions 
religieuses  sur  Toriginc  de  la  ville  de  Rome  est  le  sujet  d'un 
médaillon  du  Cabinet  des  médailles  (pi.  XIII,  n"*  5).  Au  revers 
de  la  tête  casquée  de  Minenc  ou  de  Rome ,  on  voit  BercuU 
assis  sur  le  mont  Avcntin ,  ayant  à  côté  de  lui  sa  femme,  Borna, 
fille  d'Évandre  (Serv.  ad  Virg.  ^n.^  I,  273).  nommée  Di/na 
par  Denys  d'Haï icarnasse  (i4n^/?om.,  I,  32).  Aux  pieds  des 
deux  personnages  on  voit  un  petit  cochon,  animal  particulière- 
ment consacré  à  Hercule  (Raoul  Rochette,  Mon.  inédits,  i>,  45) 
et  qui  servait  dans  les  expiations ,  et  de  chaque  côté  du  rocher 
sur  lequel  sont  assis  Hercule  et  Roma ,  un  bœuf  accroupi.  Ces 
deux  bœufs  rappellent  le  troupeau  volé  par  Cacus,  dont  la 
caverne  était  au  pied  du  mont  Aventin.  On  peut  voir  sur  ces 
traditions  un  ai*ticle  que  j'ai  publié  dans  la  Bévue  numismatique, 
année  1849,  p.  325  et  suiv.,  te  Géant  Valens. 

PI.  XII  ^  n"  4.  Vulcain  assis  devant  le  bouclier  d'Achille, qu'il 
vient  d'achever.  Cette  excellente  explication  appartient  à  Ch. 
Lenormanl.  Voir  Bévue  numism.,  1840,  p.  309  et  suiv. 

PI.  XII,  n*  8.  Les  neuf  enfants  qui  accompagnent  le  Nil  font 
allusion  aux  coudées  de  sa  croissance^  nécessaires  h  la  fertilisa- 
tion de  rÉgyple.  Voir  Visconti,  Mus.  Pio  Clem,^  tom.  I, 
Uv.  XXXVII. 

PL  XII,  n*  11.  Eckhel  (D.  N..  VllI,  p.  283)  n'ayant  eu 
connaissance  que  de  l'exemplaire  du  médaillon  h  l'efiigie  d'An- 
théniius décrit  par  Tanini  (p.  373],  où  Ton  ne  lisait  que  ....ILOS 

1861.—  3.  IB 


246  DL'LLrriN  ninuocRAPHiQUE. 

HERACLFXS,  avait  cru  reconnaître  le  jcnne  Télèphr,  dans  Ten- 
fanl  porté  sur  le  bras  d'ILTcule.  Le  sujet  offre  beaucoup  plus 
d'intén^t  et  montre  la  persistance  des  croyances  païennes  et  dos 
traditions  religieuses  jusqu'à  la  dernière  moitié  du  v*  siècle, 
Anthémius  prit  le  titre  d'Auguste  en  467, et  fut  assassiné  à  Rome, 
par  l'ordre  de  Uicimer,  l'an  472,  IPODROMOS  HERACLEOS, 
Hippodromus ,  fils  d'Hercule ,  était  désigné  comme  le  protecteur 
naturel  de  ceux  qui  disputaient  le  prix  dans  les  jeux  bippiques, 
dans  les  luttes  de  Tbippodrome.  Mais  quel  est  cet  Hippodromus? 
Apollodore  (11,  7,  8)  est  le  seul  auteur  qui  nomme  ce  fils 
d'Hercule  et  d'Antbippé,  une  des  cinquante  filles  de  Tbestius. 

A  la  page  88  commence  la  troisième  division  de  l'ouvrage  : 
Sujets  ef  personnages  héroïques  et  historiques.  Plusieurs  des  types 
rangés  dans  ce  cbapitre  auraient  pu  être  placés  au  nombre  des 
sujets  mylbologiques. 

Sur  la  pi.  XUI,  u**  17,  on  voit  Ulysse  attacbé  sous  le  bélier  et 
sortant  de  la  caverne  de  Polypbème.  Le  nom  d'OLEXlVS  est  une 
forme  du  nom  Ulysses,  Oouaacu;,  que  l'on  trouve  écrit  Ulyxes  et 
liixes,  et  Uihuze  sur  un  miroir  étrusque  (Gerbard,  Etruskische 
S  piegel  yTaL  CGXL).  C'est  aussi  l'explication  que  donne  M.  Tabbé 
Greppo,  dans  un  remarquable  article  publié  dans  la  Itevue  nu- 
mismatique ^  année  1840,  p.  91.  Sur  un  autre  exemplaire,  pro- 
bablement mal  conservé ,  de  la  collection  de  M.  le  niarquis  de 
Pina,  M.  l'abbé  Grrppo  (/.  cit. y  p.  90)  avait  cru  lire  SALVS 
AVG.  Quant  à  Eckliel  [D.  A\,  Vlll,  p.  300),  qui  n'avait  eu  à 
sa  disposition  qu'un  exemplaire  fruste  ou  un  mauvais  dessin,  il 
avait  simplement  aperçu  un  bélier  placé  devant  un  autel,  et  il 
n'ajoute  aucune  remarque  au  sujet  du  nom  qui  est  écrit  autour. 

PI.  XV,  n'»8  et  9.  ANTiNOû  llANl.  Buste  d'Antinous,  le  pedum 
sur  l'épaule.  Le  favori  d'Hadrien  est  figuré  ici  avec  les  attributs 
du  dieu  Pan,  avec  lequel  il  est  identifié. 

Près  du  buste  d'un  personnage  imberbe,  à  cheveux  abondants 
et  bouclés,  on  lit  le  nom  de  BETOVRIOC  (pi.  XVI,  n**  5).  L.  ou 
T.  Veturius  est  nommé  par  Lampride  (  5>i^.  yl/cx.,3)  comme 
un  des  précepteurs  de  l'empereur  Sévère  Alexandre.  Il  serait 


BULLETIN   BlBLIOCnAPHlQUE.  2A7 

{X)ssible  que  ce  personnage ,  comme  tant  d'autres ,  rùt  été  re- 
présenté sur  les  conlorniates. 

La  quatrième  di\i$ion,  Types  monétaires  on  sujets  analogues 
aux  revers  de  quelques  monnaies  romaines,  est  destinée,  comme 
l'indique  le  titre,  aux  sujets  repiésentcs  sur  des  monnaies  qui 
avaient  eu  cours  à  l'époque  du  Haut-Empire.  Plusieurs  de  ces 
types  monétaires  auraient  pu  trouver  plare,  les  uns  parmi  les 
jeux,  les  autres  parmi  les  sujets  historiques. 

PI.  XVlll,  n'^S.  EDICTPATHror  KA.AlCIMOr  PE 11  faut  lire 

sans  doute  nE[pYa[X£va>v] ,  comme  sur  le  médaillon  à  Tf  ftit'ie 
d'iEHus  César  frappé  à  Pergame  et  décrit  par  Mionnet,V, 
Suppl.,  p.  437,  n*  984. 

La  cinquième  division  de  Touvragc  (p.  1*2*2;  e.>t  intitulée: 
Sujets  inconnus  ou  d*une  explication  difficile. 

Dans  toutes  les  séries  numismatiques  il  reste  uiuî  cortaiiie 
quantité  de  pièces  indéterminées  et  qui  résistent  à  tout  ost^ai 
d'interprétation.  Heureusement  M.  Subatier  n'a  relégué  dans 
celte  classe  qu'un  très-petit  nombre  de  types,  vi  parmi  ces 
types  il  y  en  ai  plusieurs  pour  lesquels  il  propose  des  ex|)lica- 
tions  satisfaisantes;  par  exemple,  pi.  XIX ,  n"  7,  c'est  évidem- 
ment l'intérieur  d'un  atelier  monétaire  que  Ton  a  sous  les  yeux, 
et  cette  explication  ne  peut  laisser  rien  à  désirer.  Quant  au  ty|)o, 
pL  XIX,  n*  9,  où  M.  Sabatier  croit  voir  les  apprêts  du  supplice 
de  Marsyas ,  l'interprétation  est  ingénieuse  ,  mais  on  pourrait  y 
(kire  des  objections.  La  femme  éplorée  assise  devrait  être  la 
personnification  de  lu  Phrygie;  il  lui  manque  pourtant  l'at- 
tribut le  plus  caractéristique,  le  bonnet  phrygien.  On  pourrait 
penser  à  la  nymphe  locale,  celle  de  YAulocréné  (  Piin.,  //.  iV., 
V,29,  29.  —  XVI,  44,  89),  figurée  sur  quelques  vases  peints 
qui  montrent  la  lutte  musicale  d'Apollon  et  de  Marsyas  (  voir 
Élite  des  monuments  céramograph.^  t.  H,  pi.  LXVII  et  LXX),  et 
alors  rien  n'empêcherait  d'adopter  l'explication  de  M.  Sabatier. 


218  BULLETIN   BIDLIOGBAPHIQUE. 

Recherches  sur  les  moDoaies  des  comtes  de  Namur,  par 
Renier  Ghalon  ,  membre  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique. Un  vol.  in-4**.  Bruxelles,  Hayez,  1800, 22  pi. 

Les  monnaies  du  moyen  âge  abondent  en  Belgique,  où  la 
centralisation  gouvernementale  n'a  pas,  comme  en  France, 
restreint  les  ateliers  féodaux  dès  le  xii«  siècle.  Nulle  part 
non  plus  la  collection  n'a  été  poussée  avec  pkis  d'ardeur, 
ni  la  publication  organisée  avec  plus  d'ensemble.  A  peine 
créée  en  1842,  la  Société  numismatique  belge  demandait  à  ses 
membres  une  série  de  monographies  et  publiait  elle  même 
d'utiles  catalogues.  Cette  initiative  a  porté  ses  fruits,  et  le  temps 
n'est  pas  éloigné  où  nos  voisins  posséderont  Thisloire  moné- 
taire détaillée  de  chacune  de  leurs  provinces  en  beaux  volumes 
de  même  format,  avec  planches  également  bien  faites»  Un  te) 
concert  eût  été  précieux  en  France  ;  mais  nos  province^  étaient 
trop  nombrci4ses  et  trop  éloignées  pour  qu'il  pût  s'établir. 

M.  Renier  Chalon  est  le  président  de  la  Société  numismar 
tique  belge;  il  devait  l'exemple  et  a  su  le  donner.  Tout  le  monde 
connaît  les  travaux  qu'il  a  consacrés  au  Hainaut;  aujourd'hui 
c'est  le  comté  de  Namur  qu'il  aborde. 

Ce  nouvel  ouvrage,  imprimé  dans  le  trente-deuxième  volume 
des  Mémoires  de  l'Acadétnie  royale  de  Belgique^  contient 
li8  pages  in- 4»  et  22  planches  gravées  sur  pierre  ^  11  est  à  re- 
gretter qu'un  motif  d'économie  ait  empêché  d'y  joindre  les^ 
nombreuses  pièces  justificatives  réunies  par  l'auteur. 

Le  comté  de  Nannir  correspond  au  Pagus  lomacensis.  Deux 
châteaux  d'origine  romaine,  Namur  et  Dinant  sur  Meuse,  qû 
ont  eu  des  forges  monétaires  au  temps  des  Mérovingiens  et 
des  Garlovingiens  ',  ont  dû  jouir  du  même  privilège  sous  les 
princes  de  la  maison  de  Saxe  et,  lors  du  morcellement  de 

*  Soixante-quinze  exemplaires  seulement  sont  en  Tente  chez  Angnsta  Deeq, 
a  Bruxelles,  et  chez  Ilollin  et  Feuardent»  à  Paris. 
'  Je  profite  de  cette  occasion  pour  mettre  tons  les  jeux  dm  lecteurs  de  U 


lULLETUf   BIBUOCBAPHIQOE.  2à9 

Tempire^  sous  les  premiers  comtes  de  Lomme.  Les  bénéfices 
de  la  monnaie  formaient  en  effet  à  cette  époque  une  des  prin- 
cipales branches  du  revenu,  et  chaque  administration,  dès 
qu'elle  devenait  autonome^  s'empressait  d'y  avoir  recours. 
Néanmoins  on  n'a  retrouvé  jusqu'à  ce  jour  aucune  monnaie  au 
nom  des  Otton  et  des  Henri,  et  ce  n*est  qu'à  Albert  lU  (  1037- 
1105] que  commence  la  série  baronale  donnée  par  M.  Chalon^ 
Viennent  ensuite,  comme  localités  monétaires,  la  ville  de 
Boavî^es,  sous  Guillaume  I*'  (  1337-1391  );  la  forteresse  de 
Viesville,  vers  la  même  époque,  puis  Poil  vache  ou  Méraude^ 
en  i342«  Après  avoir  nettement  esquissé  l'histoire  de  ces 
divers  ateliers  et  expliqué  comment  les  pièces  qui  portent  Fi7- 
lensii,  de  nova  villa  ou  de  neuve  ville  ^  ont  été  fabriquées  dans 
un  faubourg  de  Namur,  incorporé  au  xiv*  siècle  dans  l'enceinte 
de  la  ville  ^  l'auteur  aborde  un  côté  technique  trop  souvent  né- 
gligé^ le  système  monétaire  suivi  aux  diverses  époques.  Les 
premières  espèces  baronales  du  comté  de  Namur  furent  des 
deniers  d'argent  du  poids  des  deniers  impériaux,  avec  l'obole 
pour  seule  fraction.  Puis  ces  deniers  allèrent  en  diminuant , 


on  croquis,  fait  malheureiisenieDt  fort  à  la  hftte,  d'un  denier  inédit  de 
Ghirlefflflgne ,  trou?é  en  1860  aux  enTirens  de  Tours. 


Cette  beUe  pièce,  que  M.  Porcher  a  bien  voulu  me  céder,  a  été  égarée  avant 
%ue  je  TenBM  dessinée  moi-même.  On  y  Ut  HAMV  ou  plutôt  NAMV. 

*  Toutes  les  pièces  du  temps  d'Albert  III  ont  été  exhumées ,  non  en 
Belgique,  mais  en  Danemark ,  en  Suède  et  en  Russie.  Ce  n'est  pas  la  première 
fois  que  Ton  a  occasion  de  signaler  ce  phénomène  de  la  présence  dans  le 
Nord  des  monnaies  frappées  au  x*  siècle  et  au  commencement  du  xi*  dan» 
Tancien  royaume  de  Lorraine.  Une  partie  des  plus  anciens  deniers  de  Verdun 
st  de  Metz  n'ont  jamais  été  rencontrés  qu'en  Pologne  et  en  Danemark.  Le» 
Danois  et  les  Scandinaves ,  après  avoir  pendant  près  d'un  siècle  enlevé  de 
^Te  force  et  transporté, chez  eux  le  numéraire  de  la  Belgique,  avaient ,  par 
^es  tributs  et  peut-dtre  par  le  commerce ,  maintenu  assez  longtemps  encore  le 
;  étftbtt. 


250  BULLETIIH    BIBLIOGRAPHIQUE. 

et  se  réduisirent ,  sous  les  derniers  princes  des  maisons  de 
Hainaut  et  de  Courtenay,  au  module  de  la  menue  monnaie 
usitée  alors  dans  les  pays  voisins.  On  revint  à  la  forte  monnaie 
sous  Gui  de  Dampierre,  par  l'émission  de  doubles  tiers  du 
gros  tournois  de  France.  Au  xv*  siècle,  Namur,  comme  les  au- 
tres provinces,  se  confondit  dans  Tunité  de  système  et  de  type 
inaugurés  par  le  duc  Philippe  le  Bon. 

La  série  monétaire  namuroisc  ne  s'arrête  qu'au  xviu«  siècle, 
lors  de  la  cession  que  Maximilien- Emmanuel  lit  du  comté  à 
l'empereur,  le  l**  décembre  1714. 

M.  Chalon  indique  Torigine  des  noms  vulgaires  donnés  à  la 
monnaie  de  Namur  dans  les  anciennes  criées  y  tels  que  wihoiSy 
blaffarts  ou  tarelares ,  jolijs^  timbez^  heaumeZy  borghes- mûtes ^ 
délivretésy  kamahus  et  hardis.  Les  poissons  j  qwQ  les  amateurs 
namurois  ont  longtemps  placés  en  tête  de  leurs  desiderata,  n'ont 
jamais  existé  ;  le  Père  de  Marne,  qui  avait  répandu  cette  erreur, 
avait  lu  dans  un  ancien  contrat  monétaire  visches  au  lieu  de  vies 
gros.  Quant  à  l'assertion  des  chroniqueurs  au  sujet  d'un  navire 
qu'aurait  représenté  la  monnaie  des  comtes,  l'auteur  ne  se  donne 
pas  la  peine  de  la  réfuter.  Je  pense  qu'on  avait  retrouvé  à  Namur 
et  considéré  comme  monnaies  locales  des  deniers  carlovingiens 
au  type  de  Duerstède ,  ou  même  des  quarts  de  slatère  gaulois, 
assez  communs  dans  l'ancienne  Belgique ,  sur  lesquels  on  voit 
une  image  ressemblant  à  une  embarcation  matée  et  gréée. 

Enfin  on  doit  à  l'auteur  des  transformations  de  la  monnaie 
de  compte  en  monnaies  réelles  ;  ce  sont  d'excellents  exemples 
d'une  sorte  de  calcul  qui  n'est  pas  sans  difficulté  et  des  points 
de  repère  précieux  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  des  stipula* 
tions  du  moyen  âge. 

Les  médailles  portent  dans  le  texte  le  même  numéro  d'ordre 
que  dans  les  planches  ,  ce  qui  facilite  les  recherches;  leur  des- 
cription, sobnî  et  concise,  marche  rapidement,  sans  aucune 
digression.  J'aurais  aimé,  pour  ma  part  que  le  savant  médaiJ- 


BL-LLETIX   BIDUOGRAPnrQUE.  251 

liste  se  fût  quelquefois  éloigné  des  formes  d'une  description 
didactique  pour  s'arrêter  avec  plus  de  complaisance  sur  le 
type,  le  faire,  l'aspect  et  le  cachet  arlistiques  des  spécimen 
les  plus  importants  et  les  plus  rares.  Ces  développements , 
s'ils  ralentissent  la  marche  de  Touvrage,  s'ils  donnent  à 
rimagination  une  part  trop  grande  peut-être,  ont  l'avantage 
de  reposer  le  lecteur  et  de  Tinstruire  tout  en  flattant  sa 
passio».  H  y  a,  dans  la  riche  série  des  monnaies  de  fiamur, 
des  pièces  uniques  ou  très-rares  qui  sont  justement  de  la  nature 
de  celles  que  les  gens  du  métier  aiment  à  contempler  à  loisir  et 
à  étudier  sous  tous  les  points  de  vue;  je  citerai,  outre  les  va- 
riétés d'Albert  lll ,  les  numéros  20,  de  Godefroy  ;  23, 25  et  26 , 
de  Henri  l'Aveugle-,  52,  oi,  58,  66  et  67,  de  Gui  de  Dam  pierre  y 
68,  75,  7a,  81,  82,  84,  87  et  88,  de  Jean  l''  ;  91,  de  Jean  II  ; 
96  et  97,  de  Philippe  III  ;  98,  de  Marie  d'Artois  ;  1 H ,  1 14,  i  15, 
117, 118, 119, 148,  149, 151, 153, 154,  i56, 157, 159, 161, 162, 
170  et  171,  de  Guillaume  I*'-,  192  et  i93,  de  Jean  lll;  205,  de 
Philippe  le  Bon ,  et  enfin  206, 209  et  2i0,  de  Philippe  le  Beau. 

Je  n'ai  à  parler  des  attributions  proposées  par  M.  Chalon  que 
pour  en  constater  la  solidité.  Je  lui  demande  cependant  la  per- 
mission d'élever  quelques  doutes  au  sujet  du  denier  de  Godefroy, 
n*  21,  qui  ne  porte  point  de  légende,  et  dont  le  type,  bien 
que  tout  guerrier,  n'est  pas  sans  exemple  dans  les  évéchés  de 
l'empire.  Ce  denier  ne  doit  être  rangé ,  à  mon  avis,  dans  la  série 
namuroise  que  sous  bénéfice  d'inventaire,  ainsi  que  le  fait  lui- 
même  l'auteur  pour  les  monnaies  classées  à  Beaudoin  V.  Je 
crois  aussi  qu'il  est  contestable  que  la  monnaie  noire ,  n*  201 , 
aux  initiales  FL,  soit  de  Jean  lll  (  1418-1429),  et  porte  à  la  fin 
de  sa  légende  le  numéro  d'ordre  de  ce  prince,  iertius,  écrit  par 
trois  unités. 

En  résumé,  la  monographie  des  comtes  de  Nanuir  est  un  ou- 
vrage qui  datera  dans  la  science ,  et  que  nous  ne  saurions 
trop  recommander  aux  amis  de  la  numismatique  et  de  l'histoire. 

Cu.   RORERI. 


CHRONIOUE. 


NÉCROLOGIE 


La  science  vient  de  faire  une  grande  perte  :  Joachim  Lelewel 
est  mort  à  Paris  le  29  mai  dernier,  à  Tâge  de  soixante-seize  ans. 
Ancien  professeur  d'histoire  à  l'Université  deWilna,  membre 
de  plusieurs  sociétés  savantes  en  Europe  et  en  Amérique,  au- 
teur de  nombreux  ouvrages  d'histoire,  de  géographie  et  de  nu- 
mismatique, son  nom  était  connu  dans  le  monde  entier. 

Nous  ne  rappellerons  ici  que  deux  de  ses  plus  importants  ou- 
vrages numismatiques  : 

1*  Numismatique  du  moyen  âge.  Paris  et  Bruxelles,  1835, 
2  vol.  m-8"  et  atlas  in-4^ 

2*"  Études  numismatiques  et  archéologiques.  Type  gaulois  au 
celtique,  Bruxelles,  1840, 1  vol.  in-8°  et  atlas  in-4'. 

C'est  à  Joachim  Lelewel  qu'est  due  l'impulsion  donnée  ft 
l'étude  de  la  numismatique  gauloise;  c'est  grâce  à  ses  travaux 
que  cette  étude  a  fait  d  immenses  progrès,  surtout  depuis  b 
fondation  de  la  Bcvue  numismatique.  MM.  de  La  Saussaye, 
de  Saulcy,  de  Longpérier,  Duchalais  et  tous  les  numismatistes 
qui  se  sont  occupés  de  cette  branche  de  la  science ,  rendent 
hommage  au  savoir,  à  la  pénétration  et  à  la  profondeur  de  vues 
de  l'illustre  savant  polonais.  Le  recueil  de  planches  qui  accom- 
pagne son  étude  au  type  gaulois  est  un  modèle  de  fidélité  et 
d'exactitude  ;  les  monnaies  gauloises  y  sont  reproduites  avec  le 
caractère  et  le  style  qui  leur  sont  propres;  l'illustre  savant  lui- 
môme  a  gravé  ces  belles  planches. 

Le  dernier  travail  numismatique  de  Lelewel  a  été  publié  dans 
\dL  Bévue  de  1860. 

Depuis  nombre  d'années  Joachim  Lelewel  vivait  d'une  manière 
très-retirée  à  Bruxelles^  où  il  était  venu  se  fixer.  Il  entretenait  ce- 
pendant encore  une  nombreuse  correspondance,  et  quoique  ac- 
cablé d'une  infirmité  grave  (il  était  atteint  de  surditéL  il  recevaîfl 
avec  une  grande  bienveillance  et  une  grande  cordialité  la  visité 
de  ceux  qui  s'intéressent  aux  éludes  historiques.  Sa  mort  a  vi- 
vement impressionné  tous  ceux  qui  l'ont  connu. 

J.  W. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


MONNAIE  DE  PLOMB  D^ALISE. 


Notre  savant  confrère  M.  de  Saulcy  a  bien  voulu  me  charger 
de  présenter  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  19  avril) ,  un  monument  extrêmement  intéressant 
qui  venait  d'être  découvert  à  Alise-Sainte-Reine  (Côte-d'Or), 
au  point  le  plus  élevé  du  mont  Auxois,  appelé  la  Porte;  c'est 
une  pièce  de  plomb  trouvée  dans  les  fouilles  faites  par 
M.  Philibert  Beaune,  maire  de  Yesvre,  antiquaire  dont  le 
lèle  n'a  d'égal  que  cette  vive  intelligence  qu'il  consacre  de- 
puis si  longtemps  à  l'avancement  de  notre  archéologie  na- 
tionale. La  pièce  que  j'ai  eu  l'honneur  de  mettre  sous  les 
yeux  de  mes  confrères  est  un  plomb  de  moyen  module  au- 
quel le  temps  a  donné  une  inimitable  patine  cornée^  garantie 
d'authenticité,  et  de  conserA'ation  pour  l'avenir.  Elle  pré- 
sente, d'un  côté,  Mercure  aptère,  nu,  debout,  tourné  à 
gauche,  placé  sous  un  édicule  à  deux  colonnes,  portant  sur 
le  bras  gauche  un  caducée ,  tenant  une  bourse  de  la  main 

1861.  —  4.  19 


25i  MÉMOIRES 

droite,  accompagné  d'un  coq,  et  au  revers  un  raaieau  en- 
touré  de  la  légende  circulaire  ALISIENS  {Alisiensium) . 

I^es  caractères  de  la  légende  se  rapportent  à  une  époque 
avancée  du  haut  empire.  La  médaille  forme  donc  une  sorte 
de  chaînon  qui  relie  la  belle  inscription  de  Martial  fils  de 
Dannotal,  en  langue  gauloise, 

MARTIALIS,DANN0TAL1 
lEVRV.VGVETE.SOSIN 

GELIGNON    ETIG 

GOBEDBI.DVGiIoNTiIo 

VGVETIN 

IN  ALISiIA' 

aux  tiers  de  sou  mérovingiens  sur  lesquels  on  lit  ALISIA. 
Elle  montre  l'importance  de  la  cité  mandubienne  plu- 
sieurs siècles  après  Jules-César;  elle  appelle  aussi  notre 
attention  sur  le  monnayage  des  Gaules  entre  le  règne  du 
premier  Glaude  et  celui  de  Postume.  L'apparition  de  ce 
monument  numismatique  d^une  nature  si  nouvelle  m'a  tout 
naturellement  porté  à  rechercher  s'il  n'existait  pas  d'autres 
plombs  qui  pussent  être  rangés  dans  la  série  récemment 
ouverte,  et  je  me  suis  rappelé  que  Ficoroni,  dans  l'ouvrage 
intitulé  Ipiombi  antichi  (Rome,  1740,  part.  2,  pi.  6,  n*»  6 
et  10),  a  publié  deux  pièces  au  type  de  Mercure  dont  il  n'a 
donné  aucune  explication. 


*  Voy. Rossignol,  Ét%tde sur unt campagne  deJules  César,  I856^p  113,  etp.lll, 
nne  antre  inscription  gauloise  :  DOIROS.SEGOMARI.IEVRV.ALISANV. 
II  ne  faut  pas  confondre  le  double  I  d'ALISiïA  avec  TE  à  deux  jambages.  J'si 
dî\ià  fait  une  remarque  au  sujet  de  ce  double  il,  Revue  num.,  18.56,  p.  79,  note. 


ET   DISSERTATIONS.  255 

Sur  Tune  de  ces  pièces  on  remarque  les  caractères  ALS, 
maires  lectionis^  du  nom  des  AlisiensS  sur  Tautre  un  A 
seul;  on  voit  en  outre  que  leur  module  est  différent  et  plus 
petit  que  celui  du  plomb  recueilli  à  Alise-Sainte  Reine.  Les 
trois  pièces  pourraient  donc  former  une  série  dans  laquelle, 
comme  sur  les  monnaies  de  beaucoup  de  villes  grecques,  le 
degré  d'abréviation  de  la  légende  se  rapporte  aux  divisions, 
au  poids  des  flans  métalliques. 

Si  nous  n'étions  pas  en  possession  d'une  pièce  à  légende 
aussi  explicite,  je  n'oserais  pas  chercher  une  origine  gau- 
loise pour  les  plombs  de  Ficoroni,  car  outre  la  ville 
d'AIsium  en  Étrurie,  il  existait  un  certain  nombre  de  noms 
d'hommes  commençant  par  ALS.  C'est  ainsi  qu'une  inscrip- 
tion de  Milan  nous  donne  le  nom  de  Quintus  Alsutius  % 
que  nous  trouvons  une  Alsia  Postuma  '  dans  une  inscrip- 
tion du  Frioul ,  et  qu'une  monnaie  de  Césaraugusta  porte 
le  nom  du  duumvir  Gains  Alsanm  *.  Je  ne  parle  pas  de 
YAlsan  des  médaillons  contorniates ,  parce  que  notre  colla- 
borateur M.  Sabatier  a  corrigé  la  lecture  des  anciens  auteurs 
et  montré  que  le  nom  est  écrit  BALSA N  *. 

Hais  si  un  très-grand  nombre  de  plombs  antiques  portent 
des  noms  d'hommes  plus  ou  moins  abrégés,  quelquefois 
complets,  il  en  est  d'autres  sur  lesquels  on  lit  ROM. ,  CVM. , 
YEST.,  HIM.,  CORINT.,  ATH.,  LVC,  NAR. .  CARN V. ,  et  qui 
peuvent  être  attribués  à  des  villes  ou  à  des  peuples.  C'est 
une  question  à  examiner,  à  discuter,  et  qu'une  découverte 

*  (Test  ajDsi  qne  Bar  ]«s  monnaies  impériales  le  nom  ^e  Londiniam  est  in- 
diqué par  LN,  et  celai  de  Lugdnnam  par  LG,  Arelatum  par  ARL,  Mcdio- 
lannm  par  MD,  Ravenna  par  RV,  Carthago  par  KRTG,  Sicilia  [ar  SCL. 

«  Grater,CCCU.7. 

»  Grnter,  DLI,  3;  MXXXH,  3.—  Moratori,  DCCCXXXII,  3. 

*  Fierez,  Medallas  de  Espaha,  t.  I,  p   208,  et  tabl.  VI,  n*  B. 
»  Description  générale  des  méd.  contorniates,  p.  45. 


256  MÉMOIRES 

inattendue  comme  celle  du  plomb  d'Alise  pourrait  tout  à 
coup  éclaircir.  L'éveil  donné,  les  antiquaires  chercheront 
sans  doute  dans  les  médailliers  qu'ils  ont  à  leur  disposition 
des  plombs  à  légendes  géographiques. 

l'ai  donné  le  nom  de  monnaie  à  celui  que  M.  Beaune  vient 
de  nous  procurer  si  heureusement.  Ceci  repose  sur  l'étude 
d'autres  plombs  découverts  dans  le  Sérapeum  de  Memphis  et 
que  je  ferai  bientôt  connaître.  On  pensera  sans  doute  aussi  que 
si  les  trois  pièces  au  type  de  Mercure  debout  sur  lesquelles 
on  voit  ALISIEiNS,  ALS  et  A  forment  une  seule  série  présen- 
tant des  poids  et  des  modules  différents,  on  n'aurait  pas  lien 
de  les  considérer  comme  des  tessèreSy  puisque  l'emploi,  la 
valeur  représentative  de  ces  dernières  était  indiqué  par 
^es  marques  numérales,  par  divers  signes,  et  non  par  les 
dimensions  du  métal. 

Adrien  de  Longférieb» 


tT   DISSERIATIONS.  257 


ESSAr 

SUR 

LES   MÉDAILLES  DE  LA  FAMILLE  DE  GALLIEÎV. 

(  P).  Xll.  ) 
Valeriani  fiHutn,  tôt  principum  patrem  e1  fratrem, 

(TUBBBLUUS  POLLIO.) 


Si  la  numismatique  romaine  du  Haut-Empire,  malgré 
les  travaux  de  tant  de  savants  distingués ,  malgré  Tabon- 
dance  des  monuments  en  tout  genre ,  malgré  le  secours  si 
puissant  des  historiens ,  présente  encore  quelques  obscu- 
rités ,  la  numismatique  du  Bas-Empire  et  des  temps  qui  en 
approchent ,  qui  est  loin  de  réunir  les  mêmes  avantages, 
laisse  plus  d'un  point  à  éclaircir,  plus  d'une  lacune  à 
combler. 

Au  nombre  des  questions  qui,  dans  l'étude  de  cette 
période ,  ne  nous  paraissent  pas  avoir  reçu  une  solution 
satisfaisante»  nous  placerons  celle  qui  se  rapporte  à  la 
famille  de  Gallien. 

Cette  famille  était  nombreuse.  Gallien  lui-même  nous 
l'apprend.  Ce  prince  écrivait  à  Celer  Yerianus  :  «  Il  faut 
tuer  quiconque  a  mal  parlé  de  moi,  du  fils  de  Valérien^ 
du  père  et  frère  de  tant  de  princes  \  » 

1  Occidendus  est  quiciuiquo  maie  dizit  contra  mo,  oontra  Valcriaui  Gliuia, 
«ontra  tôt  prinripum  fnfrfm  tt  fratrem.  (Trebellîus  Pollio.  ) 


258  MÉMOIRES 

Toute  cette  famille ,  d'après  la  plupart  des  historiens, 
et  à  en  croire  les  numismatîstes  modernes,  se  concentrerait, 
pour  la  descendance  directe  masculine,  dans  un  fils,  du 
nom  de  Salonin  ,  auquel  on  adjoint ,  sans  s*en  rendre  bien 
compte ,  un  frère ,  sous  le  nom  de  Q.  Julius  Gallienus. 
Pour  la  descendance  féminine,  on  cite,  en  passant,  d'après 
une  inscription  donnée  pour  antique ,  une  Julia ,  et  si  Ton 
en  croit  les  Actes  des  Martyrs,  une  seconde  fille  du  nom 
de  Galla. 

Quant  aux  frères  de  Gallien ,  le  nom  de  Valérien  Jeune 
est  arrivé  seul  jusqu'à  nous. 

Tout  le  reste  est  inconnu. 

Quels  sont  les  membres  de  cette  famille  pour  lesquels  on 
ait  frappé  des  médailles  ;  qui  aient  eu  droit  à  y  prétendre? 
questions  longtemps  débattues ,  encore  incertaines  »  selon 
nous. 

Dans  l'état  actuel  des  connaissances  numismatiques  »  de 
toute  cette  famille  de  Gallien,  un  fils,  le  Salonin  des  histo- 
riens et  des  numismatistes ,  aurait  eu  seul  des  médailles  à 
son  nom  et  à  son  effigie  *•  Il  a  fini  même,  sur  l'autorité 
d'Eckhel,  par  absorber  toutes  celles  qu'on  avait  attribuées 
jusqu'^à  lui  au  frère  de  Gallien ,  connu  sous  le  nom  de 
Valérien  Jeune. 

Tel  est  le  dernier  mot  des  numismatistes. 

Quelque  téméraire  qu'il  puisse  paraître  d'aborder  des  ques- 
tions longtemps  débattues  par  les  hommes  les  plus  habiles  r 
et  jugées  définitivement,  en  quelque  sorte,  par  un  des  plus 
illustres  d'entre  eux,  Eckhel,  dans  son  bel  ouvrage ,  intitulé 
Docirina  nwnmorum^  nous  avons  pensé  que,  dans  l'intérêt 

*  Nous  laissons  de  côté,  cela  est  bien  entendu,  la  femme  de  Gallien,  Saloniner 
ilont  les  médailles  sont  bien  connues  ,  pour  ne  nous  attacher  qu'à  la  familU 
Bii^me  de  cet  empereur. 


ET   DISSERTATIONS.  25i> 

de  la  science ,  il  pouvait  être  permis  de  les  soumettre  à  un 
DOTxvel  examen;  car,  hâtons-nous  de  le  dire,  elles  ont 
encore  laissé  quelques  bons  esprits  en  suspens,  tant  elles 
sont  enveloppées  d'obscurité. 

Ce  n*est  qu'après  une  étude  longue  et  approfondie,  que 
ces  questions  »  qui  avaient  toujours  laissé  du  doute  dans 
notre  esprit»  nous  sont  apparues  sous  un  jour  nouveau, 
et  que  nous  nous  sommes  décidé  à  les  traiter  à  notre 
tour. 

Si  Ton  demandait  aux  médailles  seules ,  à  leur  étude 
même  la  plus  sérieuse  »  la  solution  des  difficultés  qu'elles 
soulèvent»  ainsi  que  cela  s'est  souvent  pratiqué ,  on  cour- 
rait le  risque  de  s'égarer  dans  ce  labyrinthe.  Faire  un 
appel  aux  seuls  historiens  pour  en  trouver  la  clé ,  ce  serait 
s'exposer  aux  mêmes  mécomptes.  Ce  n'est  qu'en  s' ap- 
puyant tout  à  la  fois  sur  les  monuments  en  tout  genre^ 
médailles,  inscriptions  et  autres,  et  sur  les  historiens,  en 
les  combinant,  en  les  rapprochant,  en  les  expliquant  les 
uns  par  les  autres ,  qu'on  peut  espérer  apporter  quelque 
lumière  dans  un  sujet  si  obscur,  si  difficile.  Telle  est  la 
marche  que  nous  nous  proposons  de  suivre. 

Tout  le  monde  sait  que  Gallien  eut  pour  père  Valérien. 
Talérien,  en  mentant  sur  le  trône  impérial,  assoôia  à  l'em- 
pire Gallien  et  le  fils  aîné  de  celui-ci,  le  premier,  sous  le 
titre  d'Auguste,  le  second ,  sous  celui  de  César  :  «Hic  (Va- 
lerianus)  filium  suum  Gallienum  Augustum  fecit ,  Gallieni- 
que  filium  Cornetium  YaUrianum  Cassarem  ^  »  A  ces  titres 
était  attaché  le  droit  de  monnayage  ;  peisonne  ne  le  con- 
teste. Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  Gallien,  venons 
à  son  fils, 

*  Auri'lius  Victor-. 


260  MÉMOIRES 

Là  commence*  chez  les  numismatistes «  une  confusion, 
dans  laquelle  les  historiens  eux-mêmes  n'ont  pas  peu  con- 
tribué à  les  jeter. 

Au  lieu  de  s'assurer  si  Gallien  n'avait  pas  eu  deux  fils; 
sur  la  foi  des  historiens ,  qui  convenaient  eux-mêmes  de 
l'incertitude  où  ils  étaient  plongés  «  ils  ne  lui  en  ont  donné 
qu'un  seul,  sous  le  nom  de  Salonin ,  rapportant  à  lui  les 
faits,  les  titres,  tes  médailles,  dont  un  examen  sérieux,  dont 
une  saine  critique  leur  eût  fait  faire  deux  parts. 

En  effet  Gallien ,  ainsi  que  nous  le  démontrerons ,  avait 
eu  deux  fils,  associés  successivement  à  lui  ;  tous  les  deux, 
il  est  vrai,  ce  qui  peut  expliquer  jusqu'à  un  certain  point 
l'erreur  dans  laquelle  sont  tombés  les  historiens,  ayant 
porté  les  mêmes  noms ,  empruntés  à  leur  grand-père  Valé- 
rien,  à  leur  père  Gallien  et  à  leur  mère  Salonine,  bien  que 
dominés  toutefois  par  un  surnom  spécial. 

Pour  rétablir  les  faits  et  éclaircir  tout  d'abord  l'histoire 
monétaire  du  fils,  nommé  César  par  son  grand-père  Valé- 
rien ,  nous  devrons  forcément  faire  marcher  de  front  celle 
du  second  fils  ;  elles  sont  liées  l'une  à  l'autre. 

Faisons  d'abord  un  appel  aux  historiens. 

Valérien  avait  porté  la  guerre  en  Perse,  sous  le  consulat 
de  Tuscus  et  de  Bassus  ^  Après  une  campagne  malheu- 
reuse, il  tombe  dans  les  mains  des  Perses  (258-250). 

A  la  nouvelle  de  cet  événement,  sous  le  même  consulat*, 
comperla  Vakriani  clode,  dit  Aurelius  Victor,  Ingenuus,  qui 
commandait  en  Pannonie ,  se  déclare  empereur. 

Son  exemple  ne  devait  pas  tarder  à  être  suivi  par  une 
foule  d'autres  généraux,  Postume,  Macrien,  Valons,  Aureo- 


*  Ca«siodore. 
«  Idem, 


ET   DISSERTATIONS.  261 

las,  etc.  Mais  Postume  devait  les  devancer  tous:  Primus 
omnium  imperiutn  ieral  ^ . 

Tandis  que  Gallien  était  occupé  à  la  poursuite  d*Inge- 
nuus,  Postume,  profitant  de  son  éloignement,  fait  ou  laisse 
égorger  le  fils  aîné  de  Gallien ,  qui  lui  avait  été  confié ,  et 
se  fait  déclarer  empereur  dans  la  Gaule.  Cet  événement  se 
passsdt  en  260  *. 

C'est  alors  que  Gallien,  d'après  le  témoignage  si  précieux 
d*Aurelius  Victor,  un  des  seuls  historiens  qui  ait  démêlé  la 
vérité,  substitua  son  second  fils  à  celui  qu'il  venait  de  per- 
dre :  «  Gallienus  quidem,  in  locum  Cornelii  filii  sui, 
SaUmianum  alterum  filium  subrogavit.  » 

Gallien  obéissait  ainsi  tout  à  la  fois  à  un  sentiment  pa- 
ternel et  à  une  haute  pensée  politique.  Assailli  de  préten- 
dants à  l'empire,  aurait-il,  après  le  meurtre  de  son  fils 
aine,  laissé  son  second  fils  dans  l'obscurité,  proclamant 
ainsi  lui-même,  en  quelque  sorte,  la  déchéance  de  sa  race 
aux  yeux  du  peuple  romain  et  de  ses  nombreux  compéti- 
teurs, lui  qui  leur  résista  avec  tant  d'énergie,  quoi  qu'on 
en  ût  dit?  Cela  était  impossible. 

1  Aurelios  Tietor. 

*  Poetome,  qui  mourut  assasamé  en  267,  avait  été  mis  dix  ans  auparavant, 
en  257^  à  la  tête  du  gouvernement  des  Gaules ,  ce  qui  a  fnit  dire  à  quelques 
bistoriens,  Entrope  en  tSte,  qu*il  avait  régné  dix  ans  ;  erreur  que  Postume  lui- 
même  a  pu  accréditer,  en  faisant  remonter,  par  exemple ,  à  son  entrée  dans 
les  Ganles,  dans  Tintérêt  de  son  pouvoir  aux  yeux  des  Gaulois,  les  années 
au  tribnniliat  qn^il  s*était  arrogé.  On  connaît,  en  effet,  de  ses  médailles  à  Tan- 
notation  de  TR.POT.X. 

Trebellina  Pollion  a  très-bien  expliqué  que  Postume  n'a  régné  de  fait  comme 
empereur  qa*à  partir  du  meurtre  du  fils  aîné  de  Gallien  :  ••  Gratanter  acceptus, 
talem  se  praebait  per  annos  septem  ut  G  allias  instaura verit.->Per  annos  septem 
imperavit,  *•  dit-il  ailleurs.  C'est  donc  bien  à  l'année  260,  indépendamment  des 
autres  témoignages  historiques,  que  so  reporte  la  mort  du  fils  atné  de  Gallien 
•t  le  règne  de  Postume. 


262  MÉMOIRES 

AÎDsi,  voilà  bien  un  second  fils  reconnu  à  Gallien.  Cette 
substitution  entraînait  avec  elle  le  titre  de  César,  et  le  droit 
d'avoir  monnaie  à  son  nom  :  au  fils  aine  avait  succédé  le 
puîné,  héritier  du  titre  et  des  droits  de  son  frère.  Les 
numismatistes  doivent  être  forcés  de  le  reconnaître. 

Hâtons-nous  de  faire  une  remarque  importante,  celle  du 
nom  distinctif,  appliqué  par  l'historien  aux  deux  fils  ;  celui 
de  Cornélius  à  l'aîné ,  au  puîné  celui  de  Salonianus ,  équi- 
valent, sous  sa  plume,  de  celui  de  Saloninusy  qu'il  lui  donne 
plus  loin. 

Voilà  donc  le  nom  de  Salonin ,  plus  particulièrement 
attribué  au  fils  puîné  de  Gallien. 

Âurelius  Victor  le  confirme  lui-même  ailleurs,  lorsqu'il 
dit,  en  parlant  de  Gallien  :  «Cum  Salonino  filio,  cui  hono- 
rem  Caesaris  contulerat.  u  En  effet,  en  prononçant  le  nom 
de  Salonin,  l'historien  ne  peut,  n'entend  parler  que  du  fils 
puîné,  puisqu'il  nous  a  appris  lui-même  que  le  fils  aîné» 
qu'il  nomme  Cornélius,  tenait  le  titre  de  César,  de  son 
grand- père  Valérien. 

Eckhel,  qui  veut  qu'on  lui  prouve  que  le  second  fils  de 
Gallien  a  porté  le  nom  de  Salonin ,  n'eût-il  pas  été  satis- 
fait? 

Mais  suivons  la  marche  des  événements  ;  ils  vont  nous 
apporter  de  nouvelles  lumières. 

Macrien,  sous  le  consulat  de  Gallien  et  de  Volusien  *,  au 
commencement  de  l'année  261,  se  déclare  empereur  en 
Orient.  Il  envoyé  Pison,  un  de  ses  lieutenants,  contre  Valens, 
lequel  prend  à  son  tour  la  pourpre,  et  met  à  mort  Pison. 

Cl  Le  2ô  juin ,  «  die  septimo  Kalendas  Julias  »  (261) ,  ra- 
«  conte  Trebellius  Pollion,  lorsqu'on  reçut  la  nouvelle  que 

*  Trebellius  Pollio. 


ET   DISSERTATIONS.  203 

t  PisoD  avait  été  tué  par  Valens  et  Yalens  lui-mèoie  par  ses 
«soldats,  Arellius  Fuscus,  personnage  consulaire,  qui, 
«  ayant  succédé  à  Valérien  comme  prince  du  Sénat  devait 
fl  opiner  le  premier,  dit  au  consul  :  u  Prenez  les  avis,  »  et 
t  lorsqu'on  lui  eut  demandé  le  sien  :  «  Pères  conscrits,  dit- 
«  il ,  je  décerne  à  Pison  les  honneurs  divins.  Je  ne  doute 
€  pas  que  les  empereurs  Gallien ,  Valérien  et  Salonin  ne 
«  partagent  notre  avis  :  a  Gallienum  et  \alerianum  et  Sa> 
t  loninum  imperatores  nostros  esse  confido  ;  »  car  il  ne  fut 
■  jamais  homme  meilleur  ni  plus  sûr.  » 

Ainsi,  au  mois  de  juin  de  l'année  261,  on  prononce,  en 
plein  Sénat ,  le  nom  de  Salonin  comme  étant  celui  d'un 
associé  à  l'empire.  Le  fils  aîné  de  Gallien  n'existait  plus  ; 
il  avsdt  été  assassiné,  l'année  précédente,  dans  la  Gaule. 
C'est  donc  le  nom  de  son  frère,  du  second  fils  de  Gallien, 
qui  est  prononcé;  nom  sorti  de  la  bouche  d'un  pei*sonnage 
consulaire;  nom  compris,  accepté  par  le  Sénat  de 
Rome* 

Nous  nous  croyons  donc  parfaitement  autorisé  à  donner 
au  second  fils  de  Gallien  comme  surnom  propre  et  distinctif, 
le  nom  de  Salonin. 

Que  si,  hésitant  à  nous  donner  raison  contre  Eckhel,  il 
pouvait  rester  encore  quelque  doute  dans  l'esprit  des  nu- 
ffiismatistes  touchant  les  denx  fils  de  Gallien ,  hâtons-nous  de 
te  lever  en  mettant  sous  leurs  yeux  le  texte  d'une  inscrip- 
tion découverte  de  nos  jours  à  Sétif,  en  Algérie.  Cette 
msGription  est  ainsi  conçue  : 

«  Au  divin  César  Publius  Cornélius  Licinias  Valerianufr 
«  petit-fils  de  l'empereur  César  Publius  Licinius  Valerianus 
«Auguste,  fils  de  l'empereur  César  Publius  Licinius  Gai - 
«  lienus  Auguste ,  frère  de  Publius  Cornélius  Licinius  Salo- 
«  ninus ,  très-noble  César  Auguste ,  la  colonie  Nervienne 


26A  MÉMOIRES 

«  Auguste,  Martienne  des  vétérans  de  Sétif.  Par  décret  des 
Cl  décurions ,  des  deniers  publics.  » 

DIVO  GAESARi 

V  CoRNELIO  LICINIO  VA 

LERIANO  NEPOTI 

IMP  CAES  P  LICiNii  VALERiA 

Ni  AVG  FILIO  IMP  CAES 

P  LICiNIi  GALLiENi  AVG  FRA 

TRI  P  CoRNELIi  LICiNii  SA 

LoNiNi  NOBILiSSIMi  CAES 

AVG 
CoL  NERViANA  AVG  MART 
VETERANOR  SITIFENS 
DD  PP      ' 

Eckbel,  à  la  lecture  de  cette  inscription,  n*eût-il  pas 
été  le  premier  à  reconnaître  et  à  proclamer  que  Gallien 
avait  eu  deux  fils,  ayant  porté  tous  les  deux  les  noms  de 
Publius  Cornélius  Licinius,  avec  le  surnom  distinctif, 
l'aîné,  de  Valerianus^  le  cadet,  de  Saloninus;  que  tous 
deux  avaient  reçu  successivement  le  titre  de  César»  auquel 
on  avait  ajouté  celui  d'Auguste  pour  le  dernier? 

Avant  de  passer  en  revue  les  médailles  de  ces  jeunes 
princes,  afin  de  rendre  cet  examen  plus  sûr  et  plus  facile, 
il  nous  parait  nécessaire  de  faire  encore  appel  aux  histo- 
riens. Us  vont  nous  fournir  de  précieuses  indications. 

Au  moment  où  Valérien  était  entré  en  campagne  contre 
Sapor,  expédition  qui  devait  se  terminer  pour  lui  d'uni 
façon  si  funeste,  le  Sénat,  confiant  dans  la  fortune  de 
aigles  romaines  et  par  flatterie  pour  son  empereur,  ^ 

*  V(»y.  Lctronno,  Journal  drs  saiants.  nnnOo  1R'47.~  L<5on  Kcnier,  /iwçt 
lions  de  VAIgtrxt,  p.  393. 


ET   DISSERTATIONS.  265 

frapper  des  médailles  à  son  eflQgie ,  au  revers  de  la  Victoire, 
arec  cette  légende  :  VICTORIA  PARTHICA.  Des  médailles 
en  argent ,  à  la  même  légende ,  furent  frappées  en  même 
temps  à  Tefligie  de  Gallien  et  à  celle  du  César,  son  fils  aîné, 
alors  dans  les  Gaules  sous  la  tutelle  de  Postume.  Ces  mé- 
àûlles  à  Teffigie  et  au  nom  du  fils  de  Gallien,  n'ont  pu  être 
frappées,  en  eflfet,  que  pour  Faîne,  puisque  le  puîné  ne 
fot  substitué  comme  César  à  son  frère  qu'après  la  défaite 
et  la  captivité  de  Yalérien.  Il  ne  s'agissait  plus  alors  de 
victoire  remportée  sur  les  Parthes,  ni  de  médailles  à  frap- 
per pour  en  consacrer  le  souvenir  ;  les  événements  avaient 
donné  un  cruel  démenti  à  ce  triomphe  anticipé. 

Ainsi ,  nous  pouvons  attribuer  avec  toute  certitude  les 
médailles  à  tête  juvénile  portant  le  nom  d'un  fils  de  Gal- 
Fien,  au  revers  de  la  Victoire  Parthique ,  au  fils  aîné  de  ce 
prince;  précieuse  indication,  qui  va  nous  permettre  de 
recomialtre  les  traits  et  de  constater  les  noms  de  ce  jeune 
César. 

Nous  trouverons  le  même  secours  dans  une  autre  série  de 
médailles,  que  l'histoire  nous  met  à  même  de  lui  attribuer  ; 
nous  voulons  parler  des  médailles  au  type  de  la  Consécra- 
tion. 

Le  Sénat,  pour  complaire  à  Gallien,  avait  fait  rendre  les 
honneurs  divins  à  son  fils  aîné,  à  la  malheureuse  victime  de 
Postume.  Des  médailles  au  revers  de  la  Consécration  furent 
frappées  en  son  honneur.  Ces  médailles,  quoique  rares  en 
grand  et  en  moyen  bronze ,  sont  connues. 

Le  Sénat  en  fit-il  autant  pour  le  fils  puîné,  notre  Salonin, 
ce  qui  pourrait  rendre  douteuse  l'attribution  au  seul  fils 
aine  de  ces  mêmes  médailles  7  On  va  en  juger. 

Gallien ,  huit  ans  après  la  mort  tragique  de  son  fils  aîné, 
meurt  assassiné  devant  Milan,  où  il  tenait  assiégé  Aureolus. 


266  MÉMOIRES 

Claude ,  alors  auprès  de  Gallîeo ,  et  qui  prit  la  pourpi 
à  sa  place,  éciivit  au  Sénat  pour  réclamer  en  faveur  < 
son  parent  et  bienfaiteur  les  honneurs  divins.  Le  Sén 
s'empressa  d'acquiescer  au  désir  de  Claude  :  «  Gallieno 
subacti  a  Claudio  patres  divum  dixere  *.  » 

Les  soldats  de  Gallien ,  en  apprenant  la  mort  de  lei 
empereur,  avaient  fait  entendre  des  plaintes  et  des  mu 
mures.  Les  conjurés  les  apaisèrent  avec  de  rargei 
Presque  aussitôt  après,  les  soldats,  des  regrets  passât 
à  Tinjure,  et  inscrivirent  le  nom  de  Gallien  parmi  cei 
des  tyrans  :  «  Gallienum  tyrannum  militari  judicio  in  fa 
tos  publicos  retulerunt  *.  » 

Le  Sénat,  à  cette  nouvelle  inattendue,  par  mépris  ( 
pouvoir  tombé ,  et  pour  se  faire  pardonner  sa  premiè 
flatterie ,  voua  aux  Dieux  infernaux  celui  qu'il  venait  i 
diviniser.  Non  content  d'insulter  à  la  mémoire  de  Gallie 
le  Sénat  fit  saisir  ses  gardes  et  ses  proches,  et  les  condanu 
aux  gémonies  '. 

Salonin,  le  second  fils  de  Gallien,  fut  enveloppé  d» 
ce  massacre  :  a  Dès  que  le  Sénat  eut  appris  la  nouvelle  i 
la  mort  de  Gallien,  raconte  Zonare,  il  condam.na  à  mort 
fils  de  Gallien  \  occisus  non  sua  sed  patris  ca%isa^  comn 

*  Aurelias  Victor. 

On  cite  nne  ou  deux  médailles  à  la  légende  de  DIVO  GALLIENO,  1< 
quelles,  M  elles  portent  bien  Teffigie  de  Gallien  et  non  pas  celle  de  son  fibali 
ont  dû  Atro  frappées  dans  ce  premier  moment. 

»  Trebellius  Pollio. 

'  Senatus,  comperto  tali  exitio,  satellites  propinqnosqne  per  scalas  gôi 
nias  prœceps  agendos  decrevit.  (  Anrelius  Victor). 

^  L^historieu  ajoute  :  '«  Le  frère  de  Gallien.  n  II  ne  peut  être  ici  qneatîoii 
Vaterien  Jeune^  qui  périt,  on  le  sait,  devant  Milan  avec  Gallien.  L'bîstori 
ferait-il  allusion  à  un  autre  frère  de  cet  empereur  sur  lequel  Thistoire  • 
restée  muette?  Nous  avons  vu  que  Gallien  avait  en  plusieurs  frères  :  Tôt  pr 
rt/mtn  fratrem.  —  Quum  fratrum  suor%»m  filtos  conjugaret ,  dit  Trebellius  Pollit 


ET   DISSERTATION^.  267 

ledit  Trebellius.  On  conçoit  que  le  Sénat,  à  la  suite  de 
cette  exécution,  ne  dut  pas  être  tenté  de  faire  pour  le  fils 
ce  que,  dans  un  premier  moment  de  surprise,  il  avait  fait 
pour  le  père.  Il  est  donc  impossible  d'admettre  qu'il  ait 
rendu  les  honneurs  divins,  dont  il  était  le  dispensateur,  au 
second  fils  de  GaUien,  à  Salonin,  qu'il  venait  de  livrer  au 
supplice. 

n  résulte  de  cette  donnée  historique,  que  les  médailles 
au  nom  et  à  l'image  d'un  fils  de  Gallien  portant  les  sym- 
boles et  la  légende  de  la  Consécration ,  avec  la  désignation 
de  DIVO,  et  la  mention  du  sénatus -consulte,  S.  C.  ne 
peuvent  s'appliquer  au  second  fils  de  Gallien,  et  qu'elles 
appartiennent ,  comme  celle  à  la  légende  de  VICTORIA 
PARTH1CA\  exclusivement  à  l'aîné. 

Cherchons  maintenant,  passons  en  revue  les  médailles  à 
tête  juvénile,  au  nom  patronymique  de  Valerianus»  aux 
revers  de  la  Victoire  Parthique  et  de  la  Consécration  ;  nous 
devons  y  retrouver  les  traits  et  les  noms  du  fils  aîné  de 
Gallien.  Nous  commençons  à  pouvoir  marcher  d'un  pas  sûr. 

Légendes  : 

P.  C.  L.  VALERIANVS  NOB.  CAESAR. 
î^.  VICTORIA  PART. 

P.  Lie.  COR.  VALERIANVS  CAES. 
ê.  VICTORIA  PART. 

C.  P.  L.  VALERIANVS  CAES. 
È.  CONSECRATIO. 

C.  P.  Lie.  VALERIANVS  NOB.  CAES. 
H.  CONSECRATIO. 

DIVO  VALERIANO  CAES. 
A.  CONSECRATIO. 


208  MÉMOIRES 

DIVO  CORN  SAL  VALERIANO. 
lï.  CONSEGRATIO. 

C.  P.  Lie.  COR.  SAL.  VALERIANO. 
lï.  CONSECRATIO. 

Cette  dernière  médaille  nous  donne  la  série ,  à  un  nom 
près  peut-être ,  des  prénoms,  noms  et  surnoms  du  (ils  aîné 
de  Gallien  : 

Caius,  Publius,  Licinius,  Cornélius^  Saloninus,  Vale- 
rianus. 

Le  jeune  prince  tenait  les  trois  premiers,  Caius,  Pu- 
blius, Licinius,  de  son  père,  qui  les  portait;  ceux  de 
Cornélius ,  Saloninus ,  de  sa  mère  Comelia  Salonina.  Les 
prénoms  Caius ,  Publius  et  les  trois  noms  sont  dominés 
par  le  surnom  patronymique  Valerianus,  emprunté  à  son 
grand-père  \ 

*  Nous  retrouvons  quelques-uns  dt  ces  noms ,  mois  toujours  avee  oeloî  dt 
Cornélius  dans  une  inscription  antique  : 

P.CORNELIVS  SALONINVS 
VALERIANVS  NOBILISS.CAES. 

(  Muratori.  ) 

Le  nom  de  Saloninus  vn  disparaître  dans  une  autre  inscription,  qui  nons  a  ëté^9 
conserTée  par  Gmter  : 

IMP.  CAES 

P.LICINIO  CORNEL 

VALERIANO  NOBILISS 

CAES.  PRINaPI 

IWENTVnS  VLA 

ET  PONTES  VETVSTA 

CONLAPSA.RESTI 

A N.D.M.P 

U 

Cc8  deux  inscriptions  appartiennent  au  fils  aîné,  à  Conuhus  Val»rianu$. 


ET   DISSERTATIONS.  269 

Nous  donnons  le  dessin  de  deux  de  ces  médailles» 
gui  font  partie  de  notre  collection;  Tune,  au  revers  de 
la  Victoire  Parthique;  l'autre,  au  revers  de  la  Consécra- 
tion : 

!•  Au  droit,  tête  juvénile  radiée  \  P.  LIC.  COR. 
VALERIAXYS  CAES. 

Au  revers ,  une  Victoire  ailée ,  tenant  une  longue  palme 
de  la  main  gauche ,  présente  de  la  main  droite  une  cou- 
ronne à  l'empereur,  qui  tient  une  baste  de  la  main  gauche, 
un  globe  dans  la  main  droite.  VICTORIA  PART.  —Billon. 
(Voyez  pi.  XII,  n-1.) 

La  tète  figurée  sur  cette  médaille  est  celle  d'un  enfant 
de  dix  à  douze  ans.  Le  front  est  légèrement  bombé ,  le  nec 
relevé  et  court,  le  menton  tm  peu  prononcé.  Cette  tête  a 
un  caractère  bien  accentué. 

2»  Au  droit,  tête  juvénile  nue.  DIVO  CAES.  VALERIANO. 

Au  revers,  bûcher  funèbre.  CONSECRATIO.  A  l'exergue 
S.  C.  {senatûs  consuUo).  —  £».  (pi.  Xll,  n*  2). 

Front  saillant,  nez  fort,  menton  légèrement  proémi- 
i^ent  ;  cheveux  tombant  sur  la  nuque. 

Les  têtes  de  ces  deux  médailles  ont  entre  elles  la  plus 
grande  analogie  ;  ce  sont  les  mêmes  traits ,  le  même  type 
de  figure.  Elles  appartiennent  au  fils  atné  de  Gallien ,  ainsi 
tfae  nous  l'avons  démontré ,  au  Cornélius  Valerianus  de 
rtiistoire  \ 

Mettons  maintenant  en  regard,  afin  d'établir  la  compa- 
raison ,  les  médailles  que  nous  attribuons  au  fils  puîné ,  à 
notre  Salonin. 

'  Il  est  à  remarquer  que  la  tranche  de  cette  pièce  est  en  partie  dentelée. 
*  Koa«  les  retrouvons  exactement  semblables  Eur  trois  mtfdailles  d'or  du 
C»binet  impérial.  Voy.  pi.  XII,  n"  3. 

1861.—  4.  20 


279  MÉnoiREs 

Au  droit,  tète  radiée,  accusant  Tàge  de  quatorze  à  quinie 
ans'.  SALON.  VALERIANVS  CAES. 

Revers.  Instruments  de  sacrifice.  PIETAS  AVC  —  Billon 
(pi.  XII,  »•  4). 

Frcmt  peu  proéminen* ,  nex  loBg,  droit  et  pointu,  lèvres 
minces.  La  différence  est  marquée ,  caractéristique  ;  elle 
saute  aux  yeux. 

Nous  avons  choisi ,  entre  plusieurs  médailles ,  celles  qui 
présentaient  un  caractère  net  et  tranché ,  afin  de  faire  biea 
saîsir,  an  premier  coup  d*œil ,  ta  différence  d'une  tète  k 
Tautre.  Il  existe  des  pièces  où  cette  différence  esi  moins 
prononcée,  soit  inexpérience,  soit  négligence,  soit  mala- 
dresse des  monétaires  de  cette  époque  de  décadence,  maia 
elle  reste  cependant  sensible  pour  un  œil  exercée 

Donnons  les  légendes  de  quelques  autres  médailles  da 
SaloBia ,,  toujours  au  même  type  de  figure  : 

SALON.  VALERIANVS  NOB.  CAES. 
ij.  SPES  PVBLICA. 

SAL.  VALERIANVS  CAES. 
*;  PRING.  IVVENT. 

Ici  le  nom  de  Salonin  brille  seul  à  côté  de  la  désignatioD 
patronymique  de  Valerianus.  C'est  que  nous  avons  là  le 
Salonin  d'Aurelius  Victor,  le  Salonin  du  consulaire  Arelliu» 
Fuseus^  le  Salonin  du  Sénat  de  Rome,  le  second  fils,  enfin 
de  Gallien» 

Il  avait  été  frappé  à  Teffigie  et  au  nom  de  ce  jeune  prince^ 
non^seulement  des  médailles  d'argent  et  de  billon ,  mais 


*  Salonin  a  sannéen  huit  aunées  à  son  frère  aSné ,  ce  qui  explique  la  diffe- 
renee  d*Age  que  piësentent  les  médaille.*. 


ET   DISSERTATIONS.  271 

encore  d'or.  Gallien  écrivant  à  Venustus  »  en  lui  faisant 
passer  les  présents  qu'il  destinait  à  Claude,  comprend,  dans 
leur  énumération ,  des  Valériens  et  des  Salonins  d'or  : 
«  Aureos  Valerianos  centum  quinquagînta ,  trîentes  SaUh- 
ninianos  trecentos  K  » 

Nous  n'avons  point  vu  jusqu'ici  figurer  sur  les  médailles 
et  sur  les  inscriptions  relatives  aux  deux  fils  de  Gallien  le 
nom  de  GALLIENVS,  qu'ils  paraissent  cependant  avoir 
porté  tous  les  deux,  à  la  suite  l'un  de  Tautre. 

Les  historiens  n'ont  point  ignoré  ce  nom  ;  mais  des  deux 
fils  n* ayant  fait  qu'un  seul ,  ils  semblent  hésiter,  dans  l'em- 
barras où  ils  se  trouvent ,  à  le  lui  appliquer  :  «  De  hujus 
Domine,  dit  Trebellius  Pollion,  magna  est  ambiguitas  ;  nam 
multi  eom  GaUienum,  multi  Saloninum  in  historiis  prodide- 
runt.  »  Lui-même,  tout  en  ne  reconnaissant  également  qu'un 
seul  fils,  n'hésite  pas  aie  désigner  sous  le  nom  composé  dé 
SaloninuS'GaUienus.  o  Sahninus  qui  et  GalUeniis  diclus  est, 
dit-il  ailleurs  -,  Sàloninus  puer^  sive  Gallienus.  n 

Nous  croyons  pouvoir  démontrer  que  les  deux  fils  de 
Gallien  ont  porté  le  nom  de  Gallienus ,  indépendamment 
des  autres  noms  empruntés  à  leur  père  et  de  ceux  qu'ils 
tenaient  de  leur  mère  et  de  leur  grand-père. 

On  conservait  dans  la  bibliothèque  Clpienne ,  à  Rome, 
une  lettre  en  original  de  Valérien ,  dans  laquelle  il  appelle 
du  nom  de  Gallien,  son  petit-fils,  la  victime  de  Postume. 
11  existait  dans  Rome,  d'un  autre  côté,  une  statue  du  frère 
de  celui-ci,  de  Salonin,  sur  laquelle  était  inscrit  le  même 
Qom  de  GaUienm. 

*■  TrebeUhis  Pollio.»  Alexandre  Sévère,  (i  Ton  en  croit  Lampride,  aurait  le 
premier  mis  en  circulation  d^abord  des  demi  et  ensuite  des  tiers  d'aureus  : 
«  Tune  primum  semisses  aureorum  formati  sunt ,  tune  etiam  tremisses.  » 
(  Wiê  ffÀUxandrê  Sérèr*.  } 


272  MÉMOIRES 

Voici  la  ti-aduction  de  la  lettre  : 

u  Valérien,  Auguste^  à  Antonin  Gallus,  consul.  Vous  me 
grondez ,  dans  une  lettre  confidentielle ,  d'avoir  remis  i 
Postume  mon  fils  Gallien  {filium  meum  GalUmunt)^  plutôt 
qu'à  Aurélien,  pensant  que  c'est  au  plus  sévère  des  deux 
qu'auraient  dû  être  confiés  cet  enfant  et  l'armée  :  vous  ne 
persisterez  pas  dans  cette  manière  de  voir,  lorsque  vous 
saurez  ce  que  c'est  que  la  sévérité  d'Aurélien,  sévérité 
excessive,  incessante,  accablante,  et  peu  faite  pour  le 
temps  où  nous  vivons.  Or,  j'en  atteste  tous  les  Dieux,  j'ai 
craint  qu'Aurélien  ne  le  punît  trop  rigoureusement  pour 
quelque  légèreté  qu'il  aurait  commise,  connaissant  sa  fri- 
volité naturelle  \  » 

Valérien,  en  disant  mon  fils  Gallien^  n*a  pu  vouloir  parler 
de  son  fils  direct,  l'empereur  Gallien,  mais  de  son  petit-fils. 
Rn  effet  Valérien,  dans  cette  lettre,  prend  le  titre  d'Auguite^ 
titre  qu'il  ne  reçut  qu'en  montant  sur  le  trône  impérial, 
l'an  253  ;  la  lettre  ne  peut  donc  être  antérieure  à  cette  date. 
Or,  le  fils  en  première  ligne  de  Valérien ,  Gallien ,  depuis 
empereur,  étant  mort  en  268,  âgé  de  cinquante  ans  *,  avait 
par  conséquent  trente-cinq  ans  au  moins  lors  de  la  lettre.  Ce 
n'est  pas  d'un  homme  de  trente-cinq  ans  qu'on  peut  dire 
puer,  un  enfant.  11  ne  s'agit  donc  ici  que  du  petit-fils  de 
Valérien.  Ainsi,  voilà  le  nom  de  Gallienus  reconnu  au  fils 
aine  de  Gallien.  Passons  au  iils  puîné,  à  Salonin. 

'  InvenI  nujjer  in  Ulpia  bibliotbec»  inter  linteos  libres  epistolam  divi  V»le- 
riani,  de  Aiireliano  j»rincipe  scriptam ,  quam  ad  vcrbum,  ut  tlecebat,  iu»eruî  : 
M  Valmanus  Auguf^tuH  AntoniuoCîallo  consul!.  Guipas  rao  familiaribus  littem» 
quod  Posthumio  (ilium  nicum  Gallienuni,TnagU  quam  Anreliano.commiserim  : 
quum  iitique  et  severion  et  puer  crcdendus  fueritet  exercitu»,  »'  etc.  (  Vnpifevs, 
Vie  d'Aurélien.  ) 

'  -  Vixit  annos  quinquagîntn.  »•  (  Aurelius  Victor.) 


KT   DISSERTA  riOiNS.  27J 

Trebellius  Pollion  raconte  qu'il  existait  encore  de  son 
temps  à  Rome ,  au  pied  du  mont  Romulus ,  devant  la  voie 
Sacrée,  une  statue  sur  laquelle  était  inscrit,  à  la  suite  du 
nom  de  Saïonin,  Gallien  le  Jeune  :  <(Qude  baberet  inscrip- 
lum  GALLIENO  5IIN0R1,  SALOMNO  additum  \  » 

Le  second  fils  de  Gallien  avait  donc  hérité  de  son  frère 
aîné»  du  nom  de  Gallien  ;  s'il  ne  l'avait  pas  porté  concur- 
remment avec  lui. 

On  cite  deux  médailles  à  la  légende  de  DIVO  CAES, 
(jALLIENO;  Tune,  de  la  collection  Pembroke;  l'autre , 
qm  serait  conservée ,  d'après  Tanini ,  au  Cabinet  du  Va- 
tican. 

La  médaille  de  la  collection  Pembroke  a  été  reconnue 
fausse.  Il  n'en  faut  plus  parler.  Quant  à  celle  du  Vatican, 
il  résulte  des  recherches  les  plus  scrupuleuses,  faites  à 
notre  prière  par  M.  Visconti,  que  nous  prions  d'agréer 
ici  de  nouveau  tous  nos  remercîments ,  que  cette  médaille 
iwrtant  la  légende  DIVO  CAES  GALLIENO  n'existe  dans 
aucune  des  collections  du  Vatican. 

Cette  pièce,  dans  tous  les  cas,  si  Ton  devait  y  croire^ 
reviendrait  de  droit  au  fils  aîné  de  Gallien ,  le  seul ,  nous- 
l'avons  dit,  qui  ait  été  divinisé. 

Nous  venons  de  rappeler  que  Salonin  n'avait  point  par- 
ticipé aux  honneurs  divins  accordés  à  son  frère,  à  la  victime 
de  Postume.  Nous  ne  devons  donc  pas  être  étonnés  que  Sa- 
loiiine,  sa  mère,  qui  se  trouvait  à  Milan  auprès  de  son  mari, 
ainsi  que  noi>s  l'apprend  Zonare,  et  qui  put  échapper  au 

*  On  peut  admettre  que  cette  statue  aura  été  érigée  h  Saloniu  par  Claude, 
lp  )»aoce88eur  de  Gallien,  son  parent  et  son  ami.  uClandium  parenteniamicun-.- 
que  no«tmm,  **  écrivait  Gallien  ;^Trebellia»  Pollion,  Vte  de  Clai^)^  par  Claude 
<iuisétait  cmprcss-j  de  dresser  un  monument  au  frère  de  Gallien,  à  Valérieu 
Jtunc,  lors  de  ea  nu»rt. 


27A  MÉMOIRES 

massacre  de  ses  enfaDts,  à  Rome,  a'ait  point  qualifié  son  fîls 
Salonin  de  Divus  sur  le  marbre  tumulaire  qu'elle  lui  cou-- 
sacra.  Elle  y  inscrivit  : 

P,  LICINIO.  SALONIN.  VALE 

RIANO.  NOB.  GAES.  PRIN.  IVVEN 

VALERIANI.  AVG.  NEPOTl 

GALLIENI  ET  SALOXINAE  AVG 

FILIO 

MATER  PIENTISSIMA  ^ 

Cette  mère  Pientissima  essaya  d^aller  plus  loin  et  tenta 
davantage.  Car  nous  ne  doutons  pas  que  ce  ne  soit  elle  qui 
ait  fait  frapper  pour  son  fils  Salonin,  lors  de  sa  mort,  la  mé- 
daille à  son  effigie ,  où,  n'osant  pas  inscrire  le  mot  DIWS 
à  la  suite  ou  en  avant  des  noms  de  SALON.  VALERIANES 
CAES.t  elle  plaça  au  revers ,  afin  de  le  rapprocher  de  son 
aîné  et  pour  lui  témoigner  sa  pieuse  tendresse,  le  mot 
CONSECRATIO,  bien  qu'en  le  dissimulant  peut-être,  pour  le 
faire  accepter,  sous  des  caractères  extrêmement  grossiers 
et  presque  illisibles,  et  en  mettant  au-dessous  un  aigfe, 
regardant  vers  le  ciel,  il  est  vrai,  mais  restant  attaché  à 
la  terre  '. 

Nous  ne  devons  pas  laisser  ignorer  qne  parmi  les  mé- 
dailles des  fils  de  Gallien ,  qui  sont  passées  en  si  grand 
nombre  sous  nos  yeux ,  nous  avons  rencontré  une  autre  - 
médaille  de  consécration  plus  complète  et  plus  explicite   i 
que  celle  que  nous  venons  de  décrire,  avec  renonciation  de^ 
DIVVS,  présentant  une  ressemblance  assez  marquée  pour-3 

*  Gruter,  p.  cclxxv. 

'  Voir  cette  cnriense  médaille  au  Cabinet  impérial  de  Pari».  iPl.  XII,  n*5. 
—  II  est  à  remarquer  que  les  médailles  de  consécration  frappées  en  rhonneo^c 
du  Bis  A\né  de  Gallien  portent,  sans  exception,  la  mention  de  DIVO. 


ET      DISSERTATIONS.  57i 

les  traits  avec  ceux  de  Salonin  ;  mais  hâtons-nous  de  dire 
^e  cette  médaille  ne  porte  point  son  nom  ;  celui  de  son 
frère  ataé  y  brille  seul  : 

DfVO  VALERIANO  GAES., 

légende  qui  accompagne  exclusivement  les  médailles  d'à- 
potbéose  du  fils  aîné  de  Gallien. 

Le  monétaire ,  mis  en  demeure  d'exécuter  pour  ce  fils 
aînét  mort  au  loin  dans  la  Gaule,  et  qu'il  n'avait  probable- 
ment jamais  vu,  une  médaille  d'apothéose  à  son  nom,  se 
sera-t-il  inspiré,  n'ayant  pas  sous  la  main  de  médaille  an- 
térieure à  son  effigie,  de  celles  qu'on  venait  de  frapper 
pour  Salonin,  se  reposant  sur  la  ressemblance  présumée 
des  deux  frères,  ou  n'y  attachant  pas  autrement  d'im- 
portance? 

Cest  la  seule  explication  que  nous  puissions  imaginer  de 
cette  confusion ,  si  on  devait  l'accepter. 

C'est  ici  le  cas  de  faire  remarquer  de  nouveau  dans 
quelle  décadence  était  tombé  Tart  monétaire  à  cette  épo- 
<pie,  non-seulement  sous  le  rapport  du  dessfn ,  mais  de 
l'exactitude  matérielle  et  historique,,  suite  inévitable  de 
tant  de  troubles  et  de  commotions  politiques.  Aussi  l'étude 
tles  monuments  nuniismatiques,  tout  comme  celle  des  mo- 
numents écrits  de  cette  époque ,  est-elle  devenue  extrême- 
ment difficile  et  incertaine. 

Après  avoir  restitué  à  Gallien  les  deux  fils,  que  les  nu- 
mismatistes ,  avec  la  plupart  des  historiens,  avaient  con- 
fondus pour  n'en  faire  qu'un  seul;  après  avoir  constaté  les 
noms  qu'ils  ont  portés  et  fait  le  départ  de  leurs  médailles 
respectives ,  aurions  nous  à  signaler  un  troisième  flls  dont 
tes  numisniatistes  auraient  entrevu  l'existence,  tout  en  fai- 
sant une  nouvelle  confusion  de  noms?  Nous  serions  loin, 


276  MÉMOIRES 

OÙ  le  voit,  du  fils  unique  donné  à  Gallien.  Nous  arriverioDS 
à  justifier  le  mot  de  cet  empereur  :  Me  lot  principum  pa- 
trem* 

L'existence  de  ce  troisième  fils  nous  serait  révélée  par 
une  inscription  antique ,  qui  donne  en  même  temps  le  nom 
d'une  fille ,  Julia.  La  voici  : 

IMP.  Q.  IVLIO  FILIO  GALLIENI      IVLIAE  NOBILISS 
AVG  ET  SALONIXAE  AVG  PVELLAE  FIL.  GAL 

LIEMAVG  ET  SALON 
AVG 
ORDO.  POPVLVS.  QVE.  SYESSAISVS  PARENTIBVS 
EORVM.  PVBLICE.  PRIVATIM.  QVE,  DEVOTl  ^ 

Quelque  extraordinaire  que  puisse  paraître  cette  inscrip- 
tion ,  monument  unique  qui  n'est  corroboré  par  aucune 
autre  inscription,  par  aucun  autre  monument  connu,  et 
quels  que  soient  les  doutes  qu'elle  ait'pu  soulever,  nous  ne 
croyons  pas  pouvoir  la  passer  sous  silence ,  et  ne  pas  la 
soumettre  à  un  examen  sérieux. 

On  doit  se  demander  : 

!•  A  quelle  époque  elle  aurait  été  dédiée? 
2»  Quel  rang  occuperait  dans  la  filiation  de  Gallien,  ce 
Q.  Julius? 

3*  Quand  il  serait  né  ?  combien  de  temps  il  aurait  vécu? 
4*  Comment  il  aurait  reçu  le  titre  d'imperator? 
S""  Enfin,  s'il  existe  des  médailles  à  son  nom? 

!•  L'inscription  donnant  à  entendre  que  les  père  et  mère 
de  Q.  Julius  étaient  vivants  lorsqu'elle  leur  a  été  dédiée» 

*  Grnter,  p.  CCLXXV.  —  Cette  inscription,  si  elle  est  authentique,  aurait  étfi 
dédî(^e  à  un  fils  de  Gallien  par  les  habitants  da  Suessa  Pometia^  ville  des  Volf — 
ques  dans  le  Latinm,  ou  de  Suessa  Attrunra,  ville  de  la  Campanic. 


ET   DISSERTATIONS.  277 

parenlibus  eorum  publiée  privatimque  devoli ,  Gallien  ayaot 
été  tué  devant  Milan,  le  18  mars  268,  il  s'ensuit  quou 
doit  reporter  rinscriptiou,  au  plus  tard,  vers  la  fin  de  267. 

2*  Quel  rang  occuperait  dans  la  filiation  de  GalIiên ,  Q. 
Julius? 

Anrelius  Victor  nous  Ta  dit,  le  marbre  découvert  à  Sétif 
Ta  confirmé ,  nous  lavons  prouvé  par  les  médailles ,  au 
premier  et  au  second  rang  des  fils  de  Gallien ,  figurent  : 
Cornélius  Valerianus  d'abord,  puis  Salonin;  le  premier, 
déclaré  César  par  son  grand-père  Valérien;  le  second, 
substitué  à  son  frère  aîné  par  Gallien  comme  César.  Q. 
Julius  ne  pourrait  arriver  qu'en  troisième. 

3*  Quand  serait  né  Q.  Julius? 

L'inscription  commémorative  de  Sétif,  consacrée  au  fils 
aîné  de  Gallien,  à  sa  mort,  en  260 ,  ne  donne  à  Gallien  que 
deux  fils,  ceux  dont  nous  venons  de  relater  les  noms  ;  d'où 
il  résulte,  ainsi  que  l'a  fait  judicieusement  observer  M.  Le- 
tronne  S  dans  l'examen  qu'il  a  fait  de  cette  inscription,  que 
Q.  Julius  n'était  point  encore  né  à  cette  époque. 

D'un  autre  côté ,  ce  fils  de  Gallien ,  en  supposant  qu'il 
ait  réellement  existé  et  que  sa  vie  se  soit  prolongée  jus- 
que-là, n'a  pu  échapper  au  massacre  de  la  famille  de 
Gallien,  exécuté  à  sa  mort,  à  Rome,  par  ordre  du  Sénat, 
en  268. 

La  naissance  et  la  vie  de  Q.  Julius  devraient  donc  être 
enfermées  entre  les  années  261-268  ;  il  n'a  pu  vivre,  par 
conséquent ,  que  six  ou  sept  années  au  plus. 

4*  Comment  aurait-il  reçu  le  titre  àUmperator^ 
L'inscription  ne  qualifie  pas  Q.  Julius   de  César,  titre 


278  MÉMOIRES 

qu'il  n'aurait  pu  porter  en  effet,  n'ayant  point  survécu  à 
son  frère  Salonin,  qui  en  était  revêtu,  encore  moins  celui 
d'Auguste. 

Comment  se  fait-il  qu'elle  lui  attribue  le  titre  â*tmpe- 
rator? 

Cette  question  soulève  la  plus  grave  objection  qu^on 
puisse  faire  contre  l'antiquité  de  cette  inscription;  on  ne 
peut  se  le  dissimuler. 

Le  titre  d'imperalor  appartenait  au  souverain  lui-même,, 
ou  à  son  héritier  direct  et  présomptif.  Q.  Julius  ne  pouvait 
être  ni  l'un  ni  l'autre. 

On  objectera  peut-être  que  le  souverain,  en  vue  d'une 
délégation  autant  et  plus  encore  militaire  que  dynastique, 
a  pu  quelquefois  conférer  ce  titre,  ainsi  que  cela  eut  lieu 
sous  Gallien  lui-même,  pour  le  frère  de  cet  empereur,  pour 
Valérien  Jeune.  Mais  Valérien  Jeune  était  un  homme  fait  et 
éprouvé  qui  pouvait  prêter  à  Gallien  Tautorité  de  son  expé» 
rience  et  l'appui  de  son  bras.  Q.  Julius  était  un  enfant  de 
six  ou  sept  ans  au  plus,  et  peut-être  moins.  Gallien  eût-il 
pu  lui  conférer  de  semblables  attributions,  lui  confler  un 
commandement  quelconque?  Cela  ne  tombe  pas  sous  le 
sens. 

Eu  désespoir  de  cause ,  qu'on  s'en  prenne  si  Ton  veut  à 
l'ignorance  ou  à  la  flagornerie  du  peuple  de  Suessa,  qui 
aurait  cru  ne  pouvoir  mieux  témoigner  son  affection  et  son 
dévouement  au  (ils  de  Gallien  qu>n  lui  donnant,  à  défaut 
d'autres,  le  titre  dUmperator,  afin  de  l'assimiler  à  son 
père,  cela  n'en  reste  pas  moins  fort  extraordinaire  et  ne 
donnerait  pas,  dans  tous  les  cas,  à  Q.  Julius  le  droit  légal 
et  régulier  d'avoir  eu  des  monnaies  à  son  nom. 

.V  L'hésitation  que  les  numismatistes  les  plus  éclairés, 
que  tous  les  numismatistes,  disons  mieux,  ont  mise  à 


ET   DISSERTATIONS.  279 

accepter  des  médailles  qui  puissent  lui  être  attribuées, 

%  trouve  donc  pleioement  justifiée. 

Il  y  a  plus  :  les  trois  seules  médailles  qu'on  aurait  pu 
^re  tenté  de  donner  à  Q.  Julîus»  comme  portant  ses  noms, 
^'existent  dans  aucun  cabinet  et  n^ont  jamais  été  vues  par 
personne. 

Ajoutons  que  Goltzius  et  Mezzabarba,  les  seuls  qui  les 
citent ,  en  supposant  que  l'un  d'eux ,  copié  par  l'autre,  ne 
les  ait  point  imaginées,  les  attribuent  tous  les  deux  à  Sa- 
lonin.  Que  porte  en  effet  leur  légende  : 

Q.  IVL.  SAL.  GALLIENVS  NOB.  CAES , 
Q.  IVL.  GALIIENVS. 

Si  ces  pièces  ont  réellement  existé  et  étaient  antiques. 
Goltzius  et  Mezzabarba  seraient  plus  dans  le  vrai  que  ceux 
qui  voudraient  les  appliquer  à  ce  Q.  Julius  donné  pour 
troisième  fils  à  Gallien ,  auquel  son  inscription  dénie  les 
noms,  ici  dominants,  de  Salonin  et  de  Gallien  et  le  titre  de 
César,  que  Salonin  peut,  doit  revendiquer. 

Pour  nous  résumer  en  ce  qui  concerne  les  fils  de  Gallien, 
nous  dirons  qu^on  lui  en  connaît  deux  d'une  manière  irré- 
cusable* et  qu'il  est  peut-être  douteux  qu'il  en  ait  eu  un 
troisième  ;  que  l'alné  a  reçu  et  porté  le  titre  de  César,  de 
l*aQ  263  à  l'an  2(50,  le  second,  comme  substitué  à  sou 
frère,  de  Tan  260  à  l'an  268,  et  de  plus  celui  d'Auguste, 
et  que  tous  les  deux  ont  eu,  en  vertu  du  titre  de  César, 
des  médailles  frappées  à  leur  effigie  ;  le  premier,  sous  la 
âéDomination  spéciale  et  dominante  de  Cornélius  Valeria- 
titts,  plus  ou  moins  accompagnée  des  prénoms  et  noms  de 
Caïus,  de  Publius,  de  Licinius,  soit  même  de  Saloninus; 
le  second,  le   puîné,  sous  la  dénomination  spéciale  de 
Saloninus,  accompagnée  du  surnom  patronymique  de  Va- 


280  IIÉMOIKLS 

ieriaDus;  que  le  troisième  fils,  si  Ton  doit  admeltre  qu'il 
ait  existé,  lequel  aurait  vécu  de  Tan  261  à  Tan  268,  D*a 
pu  recevoir  aucun  des  titres  donnant  droit  au  monnayage. 

Nous  terminerons ,  en  disant ,  qu'il  existe  des  médailles 
au  nom  et  à  Teffigie  des  deux  fils  aînés,  dans  les  musées  et 
dans  les  collections  particulières,  bien  quelles  s'y  trou- 
vent confondues,  et  qu'il  devient  possible,  si  ce  n'est  facile, 
de  les  reconnaître  et  de  les  classer  à  l'aide  des  indications 
que  nous  avons  énumérées. 

S'il  nous  était  permis  d'émettre  un  avis  touchant  ce  clas- 
sement, nous  proposerions  de  désigner  les  médailles  du. 
fils  premier  né,  sous  le  nom  de  Cornélius  Valerianus,  celles, 
du  fils  puîné,  sous  le  nom  de  Saloninus,  qui  lui  serait ainsL 
justement  restitué. 

Médailles  de  VaUricn  Jeune. 

Il  nous  reste  maintenant  à  aborder  la  question  des  mé- 
dailles du  frère  de  Gallien ,  de  Valérien  Jeune. 

Longtemps  on  a  attribué  à  Valérien  Jeune  un  assez  grand 
nombre  de  médailles ,  avec  plus  ou  moins  de  discernement^ 
il  faut  en  convenir,  trompé  qu'on  était  par  le  nom  de  Va- 
lerianus, porté  par  le  père,  le  fils  et  les  petits-fils.  EckheU 
frappé  des  erreurs  grossières  dans  lesquelles  ses  devancier» 
étaient  tombés,  s'inscrivit  en  faux  contre  ces  attributions; 
mais,  dépassant  le  but,  après  avoir  restitué  bon  nombre 
de  ces  médailles  à  l'un  des  fils  de  Gallien  ,  non-seulement 
il  ne  voulut  en  laisser  aucune  au  frère  de  cet  empereur, 
mais  il  chercha  à  prouver  que  jamais  on  n'avait  pu  frapper 
de  médailles  à  sou  nom,  \alérien  Jeune  n'ayant  porté, 
fl'après  lui,  aucun  des  titres  qui  donnaiejit  droit  à  celle 
faveur. 


ET   DISSERTATIONS.  281 

Nous  ne  craignons  pas  de  nous  inscrire  contre  un  arrêt 
^i.iissi  absolu. 

Trebellius  Pollion  avait  dit,  en  parlant  du  frère  de  Gai- 
lien  :  «  Yalerianus  Junior,  alia  quam  Gallienus  matre  geni- 
^us...  a  paire  absente  C«sar  est  appellatus,  a  fratre,  ut 
Oelestinus  dicit,  Augustus.  » 
Plus  loin ,  il  s'exprime  ainsi  : 

u  Quem  multi  Augustuni ,  muiti  Cssarem  ;  multi  neu- 
€rum  fuisse  dicunt ,  quod  verisimile  non  est.  » 

Là-dessus  Eckbel ,  dont  le  récit  de  Trebellius  contrariait 
l'opinion ,  car  le  titre  d'Auguste  ou  de  César  emportait  le 
droit  de  monnayage,  cherche  à  tourner  Thistorien  en  ridi- 
cule, comme  ne  se  prononçant  pas  d'une  manière  plus 
explicite,  comme  ne  sachant  pas,  lui,  éloigné  seulement 
€l*un  demi-siècle  des  événements,  ce  qui  en  était  au  juste. 
Il  ne  ménage  pas  davantage  l'autorité  invoquée  par  Trebel- 
lius, se  demandant  quel  est  ce  Celestinus  dont  on  n'a 
j^-mais  entendu  parler;  critique  au  moins  étrange,  car  s'il 
fallait  décliner  l'autorité  de  tous  les  écrivains  de  l'antiquité 
dont  les  ouvrages  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous,  la 
liste  en  serait  longue. 

Si  Trebellius  n'a  pas  toujours  apporté  à  la  recherche  de 

la  vérité  toute  la  sagacité  désirable,  s'il  a  encouru  le  re- 

pirocbe,  non-seulement  de  la  part  des  modernes,  mais  même 

de  l'antiquité ,  d'avoir  avancé  beaucoup  de  choses  sans  les 

avoir  suflisamment  approfondies  ^  son  livre  n'en  est  pas 

moins  précieux  pour  nous,  et  l'on  ne  trouverait  pas  ailleurs, 

sur  la  famille  de  Gallien,  autant  de  faits,  autant  de  détails. 


*  MuUa  incuriose ,  malta  breviter  prodidisset ,  paroles  tombées  de  la  bouche 
^  *^  préfet  de  Rome  sou»  l'empereur  Constauce  ,  et  entenda<»8  par  rhUiorien 
^'>pi*rus^  qui  nous  les  a  conservées. 


282  MÉMOIRES 

autant  de  témoignages  contemporains,  de  toute  authen- 
ticité. 

En  ce  qui  touche  le  titre  qu'a  pu  porter  le  frère  de 
Gallien,  Trebellius,  auquel  Eckbel  fait  dire,  comiDe 
résumé  de  son  opinion  :  Constat  et  non  consial ,  ne  joue 
pas  un  rôle  si  ridicule.  Cou>tat  de  ginere^  avait-il  dit  en 
parlant  de  la  filiation  de  Valérien  jeune,  non  satis  tamen 
consial  de  digniiale ,  ajoule-t-il,  ce  qui  est  bien  di£férent 

Tout  en  rapportant  l'opinion  de  ceux  qui  voulaient  qu'il 
n'eût  été  ni  César  ni  Auguste ,  Trebellius  n'hésite  pas  à  la 
repousser,  laissant  seulement  indécise  la  question  de  savoir 
s'il  avait  reçu  le  titre  d'Auguste ,  ce  qui  peut  être  douteux, 
ou  bien  celui  de  César. 

Si  Trebellius  Pollion  hésite,  se  trompe  dans  quelques  cir* 
constances,  il  faut  lui  rendre  la  justice  qu'il  a  su  démâler 
quelquefois  lu  vérité,  et  renverser  des  erreurs  accréditées. 
En  voici  un  exemple ,  qui  se  rattache  à  la  question  qui 
nous  occupe. 

Il  existait  auprès  de  Milan  un  tombeau,  sur  lequel  on 
lisait  ces  mots  : 

VALERIANVS  IMPERATOR. 

C/ était  l'empereur  Valérien,  le  père  de  Gallien,  qui  y 
reposait,  disait-on.  Trebellius  démontra  très-bien  que 
ce  tombeau  ne  pouvait  renfermer  les  restes  de  Tempe»* 
reur  Valérien,  mort  chez  les  Perses,  d'où  ils  n'avaient 
pas  été  rapportés,  qu'il  contenait  ceux  de  son  fils,  Valérien 
Jeune,  qui  avait  été  assassiné  sous  les  murs  de  Milan  avec 
son  frère  Gallien ,  et  que  cette  épitaphe  avait  été  placée 
par  ordre  de  Claude,  général  et  ami  de  Gallien  :  «Hune 
Valerianum  circa  Mediolanum  sepultum  ,  addito  titulo , 
Claudii  jussu  :  Valerianus  imperalor.  « 


ET   DISSERTATIOnS.  28S 

Ainsi ^  voilà  le  titre  d'iiripera/orrecooDu,  d'une  manière 
irrécusable  »  à  Yalérien  Jeune,  et  c'est  à  Trebellius  PoUion 
que  Dous  en  devons  la  connaissance. 

Eckbel ,  que  ce  titre  embarrassait,  ne  pouvant  le  contes- 
ter, prétend  qu'il  n  a  ici  d'autre  signification  que  celle  de 
cbef»  de  commandant  d'armée,  n'entraînant  aucune  idée 
de  pouvoir  politique,  rien  d'impérial  enfin.  A  l'appui  de 
800  opinion ,  il  cite  l'exemple  de  Drusus  l'Ancien ,  qui  re- 
çut, sous  Auguste,  le  titre  d*imperalor.  sans  avoir  parti- 
cipé à  la  puissance  impériale. 

L'exemple  cité  par  Eckbel  est-il  bien  concluant?  Nous 
sommes  loin  de  le  penser;  qu'on  en  juge. 

n  est  bien  vrai  qu'avant  l'établissement  de  l'empire,  le 
titre  d'tinpera/or  s'appliquadt,  dans  son  acception  gram- 
maticale, aux  généraux  placés  à  la  tète  des  armées.  Si 
Auguste,  qui  ménagea   avec  tant  d'art   le   passage  do 
régime    républicain  au  régime  impérial,  n'absorba  pas 
immédiatement  en  lui  seul  le  titre  d'tmpera/or ,  bien  qu'il 
se  le   fût  fût  décerner  vingt  et  une  fois',  et,  remar- 
quoDS-le ,  sans  se  mettre  &  la  tète  des  armées ,  cependant 
il  ne   fit  que  de  très-rares  exceptions,  en   faveur  d'A- 
grippa,    son  gendre,   puis,  de   ses  deux    beaux -fils, 
Drusus  et  Tibère,  pour  les  grandir,  iwpt^ratoriis  noxninibus 

OÊLXiU 

Le  caractère  du  généralat,  on  le  voit»  commence  à  s'ef- 
lacer.  Auguste  avait  concédé,  par  exception ,  le  titre  d'tm- 
peraîor  à  trois  de  ses  proches,  qui  avaient  été  à  la  tète  des 
armées  Après  lui ,  Tibère  ne  l'accorda  qu'à  un  seuL  Ce 


*  Nomem  imperatoris  sencl  et  vicies  partun.  (Taeit.,  Annah»  ^  lib.  I, 
e^p.  3.)  —  On  connaSl  deB  néciailles  d*Augiiste  portont  rindicarion 
d'IMP.  XXI. 


28&  MÉMOIRES 

devait  être  le  derDÎer;  Tacite  nous  l'apprend  :  «Concessit 
quibusdam  et  Augustus  in  vocabulum  (imperatoris);  ac 
tune  Tiberius  lilseso  postremum  '.  » 

Désormais  au  chef  de  TÉtat,  sans  partage,  le  titre  d'tm- 
jftrator;  il  devient  l'apanage  et  le  signe  distinctif  de  la 
puissance  suprême;  aux  généraux  d'année,  le  titre  de 
dux. 

Qu'on  ouvre  l'histoire  romaine,  les  exemples  vont  s'offrir 
en  foule. 

S'il  était  nécessaire  de  descendre  à  l'époque  dont  nous 
nous  occupons,  comment  l'empereur  Valérien  désigne-t-il, 
dans  une  de  ses  lettres,  en  le  nommant  général,  ce  même 
Claude,  qui  faisait  inscrire  sur  le  tombeau  de  Valérien  Jeune 
le  titre  dUmperalor?  nDux  factus  est  *.  » 

En  veut-on  un  autre  exemple?  Douze  ans  à  peine  aupa- 
ravant. Gordien  111,  reconnu  empereur,  se  voyant  à  la 
merci  de  Philippe ,  lui  proposa  de  partager  l'empire  avec 
lui  ;  sur  son  refus ,  il  lui  demanda  de  lui  laisser  le  titre  de 
César;  enfin,  il  descendit  jusqu'à  solliciter  celui  de  géné- 
ral :  «  Pro  duce  haberet  *.  >:  Se  sert  il  du  mot  impcratore?  U 
s'en  fût  bien  donné  de  garde.  Nous  croyons  inutile  d'insister 
davantage.  L'exemple  de  Drusus ,  cité  par  Eckhel ,  rest& 
donc  ici  sans  valeur. 

Lorsque  les  empereurs ,  à  partir  de  Tibère ,  soit  pour 
perpétuer  le  pouvoir  dans  leur  descendance ,  soit  pour  pré- 
venir des  déchirements  après  eux  ,  soit  enfin  pour  affermir 
leur  puissance  ébranlée ,  s'associèrent  des  membres  de  leur 
famille ,  des  hommes   honorés   on   redoutobles ,   ils  leur 


*  Annalrxy  lil».  111,  cap.  74. 
«  TreboUiua  Pollio,  Vie  de  Claude. 

'  Pctiil  ut  œqunle  iiitcr  cos  ossct  imperium ,  dohinc  ut  loco  Cxiari» 
rrtur...  ut  Thilippus  pro  duco  liabcret.  (  Juliii?  Capitolinus. , 


ET  DISSERTATIONS.  285 

attribuèrent  quelques-uns  des  titres  inhérents  à  leur  qualité 
de  chef  de  l'État,  afin,  soit  de  les  faire  reconnaître  par  là 
pour  leurs  associés  à  Tempire ,  soit  pour  les  investir,  dans 
rintérët  de  leur  propre  puissance ,  d'une  autorité  à  la  fois 
Mditique  et  militaire. 

(Test  ainsi  que  Yalérien  Jeune  dut  recevoir  le  titre  d'im- 
^eraioTj  soit  de  son  père  Valérien ,  soit  plus  probablement 
le  son  frère  Gallien,  qui,  après  avoir  perdu  son  fils  aîné, 
le  voyant  assailli  d'une  foule  de  compétiteurs  et  d'ennemis, 
tentait  le  besoin  de  se  faire  un  appui. 

Nous  sera-t-îl  permis  de  retrouver  pour  Valérien  Jeune 
e  titre  dUmperator.  et  cette  fois ,  sans  équivoque  sur  la 
râleur  du  titre,  dans  la  boucfae  du  consulaire  Arellius 
s'uacus ,  lorsqu'il  faisait  appel,  en  plein  Sénat,  aux  empe- 
leors  Gallien,  Valérien  et  Salonin?  Gallicnum  et  Yaleria- 
mm  et  Saloninum  itnperatores  \ 

Nous  l'avons  dit,  Valérien,  le  père  de  Gallien ,  à  ce  mo- 
nent  était  en  captivité  chez  les  Perses  et  dans  l'impossibilité 
kbsolue  de  répondre  à  I  appel  d' Arellius  Fuscus.  Si  ce  der- 
lîer  eût  voulu,  d'ailleurs,  parler  de  l'empereur  Valérien,  ne 
*eût^U  pas  nommé  avant  Gallien ,  son  fils?  U  n'a  pu,  d'un 
kutre  côté ,  vouloir  désigner  Cornélius  Valerianus,  puisque 
ze  fik  aîné  de  Gallien  était  mort  depuis  près  d'une  année. 
Ll  ne  reste  plus  que  Valérien  Jeune  qui  puisse  ici  trouver 
sa  place. 

Indépendamment  de  ce  précieux  témoignage,  et  en  nous 

bornant  même  au  titre  (ïmperalor  inscrit  sur  le  tombeau 

de  Milan ,  qu'on  ne  peut  contester  à  Valérien  Jeune,  nous 

dirons  que  d'après  le  caractère  que  nous  sommes  en  droit 

'  S^pra,  p.  263, 

i8d0.^4.  21 


^8Ô  MÉMOIRES 

d'attribuer,  à  celte  époque  de  riiisloire  romaiue,  à  la  quali- 
fication à!impera(or^  Valérien  Jeune,  bien  qu'il  n'ait  point 
exercé  seul  et  en  personne  la  puissance  impériale  propre- 
ment dite,  et  en  mettant  même  un  instant  de  côté  pour  Ini, 
soit  le  titre  d'Auguste ,  soit  celui  de  César  que  lui  donnent 
les  historiens ,  a  pu ,  a  dû  avoir  des  médailles  frappées  à 
son  nom. 

Est-il  parvenu  de  ces  médailles  jusqu'à  nous?  à  quel» 
signes  les  reconnaître  ? 

Valérien  Jeune  ayant  partagé  avec  le  père  et  le  fils  de 
Gallien  le  nom  de  Yalerianus ,  et  n'étant  connu  par  les 
bîstcnriens  que  sous  ce  nom ,  la  constatation  des  noms  et 
prénoms  qu'il  a  pu  porter  serait  d'un  puissant  secours  pour 
la  recherche  de  ses  médailles  :  ces  noms ,  essayons  de  les 
retrouver.  Disons  d'abord  qu'il  n'a  pu  recevoir  ceux  de 
Cornélius  et  de  Sahninus ,  que  les  deux  fils  de  Gallien  te- 
naient de  leur  mère  Cornelia  Salonina;  cela  est  incon- 
testable. 

Trebellius  PoUion ,  qu'il  faut  toujours  interroger  lors- 
qu'il s'agit  de  la  famille  de  Gallien ,  rapporte  que  le  nom 
de  Valérien  figurait  dans  les  fastes  consulaires  au  temps 
de  la  captivité  de  l'empereur  Valérien ,  et  que  ce  nom,  par 
conséquent ,  ne  pouvait  être  que  celui  de  Valérien  Jeune. 
c(  Siquidem ,  capto  jam  Valeriano ,  scriptum  invenimus  iD 
<(  fastis  :  Valeriano  imperatore  consule;  quis  igitur  alius, 
a  ajoute-t-il  avec  raison ,  potuit  esse  Valerianus  nisi  Gallieni 
«  frater  *  ?  » 


*  Eekhel,  qui  ne  pent  consentir  à  ce  que  Valérien  Jeune  ait  reçu  aucun  titrt 
qui  puiise  le  rapprocher  de  la  dignité  impériale,  demande  où  sont  ces  fastes 
Muoqués  par  Trebellius  PoUion.  Eckhel ,  on  le  voit ,  tourne  dans  le  même 
cercle.  Au  risque  de  nous  répéter  à  notre  tour,  nous  répondrons  que ,  s'il  fal- 


ET  DISSERTATIONS.  287 

Les  auteurs  de  Y  An  de  vérifier  les  dates  placent  ce  con- 
solai à  Taouée  26à,  alors,  en  effet»  que  Valérien  était  en 
captivité,  et  que  son  petit-fils,  Cornélius  Valerianus,  n*était 
plus.  Voici  les  noms  des  consuls  qu'ils  inscrivent  : 

P.  LICINIVS  VALERIANVS, 

L.  CAESONIVS  LVCILIVS  MAGER  RVFINIANVS. 

Ainsi ,  nous  trouvons  pour  Valérien  Jeune  le  prénom  de 
Publins  et  le  nom  de  Licinius,  qu'il  tenait  l'un  et  l'autre 
de  son  père. 

Cherchons,  passons  en  revue  les  médailles  au  nom  de 
Poblius  Lidnius  Valerianus,  sans  indications  spéciales 
propres  à  Valérien  père  et  à  son  petit-fils  Cornélius  Vale- 
rianus  ;  leur  examen  va  achever  de  nous  mettre  sur  la  voie. 

L'empereur  Valérien  n'étant  monté  sur  le  trône  impé- 
rial qu'à  l'âge  de  soixante-dix  *  ans  pour  en  descendre  à 
l'âge  de  soixante-seize,  les  traits  de  son  visage ,  sur  ses 
médailles ,  doivent  accuser,  malgré  la  dissimulation  étu- 
diée des  monétaires,  im  âge  avancé.   Le  contraire  doit 

lait  récnser  le  témoignage  des  historiens,  parce  que  nous  ne  possédons  pas  les 
monumexit»  snr  lesquels  ils  s^nppnient,  il  n'en  faadiait  croire  aucun. 

Au  surplus ,  le  consulat  de  Valérien  Jeune  se  trouve  relaté  sur  un  marbre 
antique  de  U  porte  de  Vérone,  placé  par  ordre  de  Gallien  : 

VALERIANO  II  ET  LVCIUO  CONS. 

IVBENTE  SANCnSSIMO 

GALLIENO  AVG. 

Le  consul  Lucile,  qui  figure  ici,  éuit  probablement  ce  parent  de  Gallien  que 
cet  empereur  consultait  en  même  temps  que  ton  frère  Valérien  :  consulte 
ValeriMii  fratris  sui  et  Lucilli  propinqui.  (Trebellius  Pollio)  Les  deux  per- 
sonnages se  trouvent  rapprochés  de  nouveau. 

>  Valerianus  imperator  per  annos  septuaginta  vitss  laudabilis  in  eam 
cooscenderat  gloriam  ut,  post  omnes  honores  et  magistratus  insigniter  gestos, 
imperator  6eret.  (  Trebellius  Pollio.  ) 


288  MÉMOIRES 

éclater  sur  celles  de  son  petît-fils,  de  Cornélius  Valerianus, 
mort  si  jeune.  Aussi  les  médailles  de  Consécration,  les  der- 
nières qu'on  ait  frappées  en  son  honneur,  nous  le  montrent- 
elles  sous  les  traits  d'un  enfant  d* une  douzaine  d'années. 

Valérien  Jeune ,  fils  de  l'empereur  Valérien  ,  oncle  du 
jeune  Cornélius  Valerianus,  devait  donc  différer  d'âge,  sur 
ses  médailles,  avec  le  petit-fils  et  Taîeul.  Des  traits  d'un 
homme  fait,  bien  que  jeune  encore,  s' éloignant  également 
des  traits  marqués  de  Valérien  père  et  des  traits  enfantins 
de  son  petit-fils ,  doivent  permettre  de  retrouver  les  mé- 
dailles frappées  à  son  effigie. 

C'est  fort  de  cette  donnée  que  nous  attribuons  à  Valé- 
rien Jeune  la  médaille  d'argent  dont  nous  reproduisons 
le  dessin. 

Au  droit,  tête  radiée,  tournée  à  droite.  P  LIC  VALERIANVS 
CAES. 

Au  revers ,  Jupiter  enfant  monté  sur  une  chèvre.  lOVl 
CRESCENTP.  —  Billon  (pi.  XII,  n»  6). 

Nous  retrouvons  ici  les  noms  connus  de  Valérien  Jeune  ^ 
Publius  Licinius  Valerianus ,  et  la  qualification  de  César  « 
que  lui  accordent  les  historiens. 

Les  traits  du  visage  accusent  une  trentaine  d'années  *• 
âge  qui  ne  convient  ni  au  fils  de  Gallien  ni  à  Valé- 
rien père. 


1  Si  l'oQ  objectait  40e  la  légende  de  lUVI  ClŒSOENTI  ne  peut  s'appliqu 
qu'à  un  enfant  ou  à  un  adolescent,  nous  citerons  une  médaille  de  Gallifia  ^^n- 
IMP  GALLIENVS  PIVS  AVG ,  portant  au  revers  la  même  légende  de  lO^^'^^ 
CRKSCENTI.  Or  Gallien  avait  trente-cinq  ans,  lonqu'U  fut  frappé  pour  ^ 

première  fois  des  médailles  à  son  effigie.  II  est  vrai  que^  sur  la  médaille  ^  ^^ 
Gallien,  la  légende  10 VI  CRESCENTI  peut  faire  allusion  an  jeune  fUs  ^  àe 
ce  prince. 

*  Cest  Tâge  auquel  ou  a  dû  frapper  dos  médailles  p<mr  Valérien  Jeune,     ^t  • 


i 


ET    DISSERTATIONS.  !!R9 

Valérien  Jeune  peut  donc,  doit  seul  revendiquer  cette 
pièce. 

A  l'aide  de  la  description  et  du  dessin  de  cette  médaille 
et  des  inductions  historiques  que  nous  avons  déve- 
loppées ,  il  deviendra  possible  aux  conservateurs  placés  à 
la  tète  des  collections  publiques  et  aux  nuroismatistes  pos- 
sesseurs de  collections  particulières  de  rechercher  et  de 
découvrir,  au  milieu  des  pièces  égarées  sous  le  nom  de 
Salonin%  les  médailles  qui  appartiennent  à  Valérien  Jeune, 
et  qui  doivent  lui  être  définitivement  restituées. 

Il  est  temps  que  ces  médailles  reprennent  dans  les  col- 
lections, à  côté,  mais  à  part,  de  celles  des  fils  de  Gallien, 
le  rang  d'où  Eckhel  les  avait  expulsées ,  et  qu'elles  y  res- 
tent inscrites  sous  le  nom  de  Valérien  Jeune. 

A.  De  VILLE. 

répoqiM  où  Gallien  prit  en  main  les  rônes  de  Tempire ,  Ion  de  la  captivité  de 
•OD  père  l'an  259,  et  dut  associer  son  frère  Valérien  an  gouvernement,  Gallien, 
à  eelt0  époqne ,  était  âgé  de  quarante  et  un  ans,  et  Ton  peut  supposer  que  son 
frère ,  né,  assez  longtemps  après  lui,  d'un  sceond  mariage ,  avait  une  dizaine 
d'années  de  moins  que  lui. 

>-  n  ne  faudrait  pas ,  tombant  d'un  excès  dans  oa  autre,  se  rejeter  sur  le 
père  de  Salonin ,  et  enlever  à  Gallien ,  pour  lui  substituer  Valérien  Jeune ,  des 
pièoce  qui  appartiennent  à  cet  empereur,  telles,  par  exemple,  que  le  beau  mé- 
daiUoin  d'argent  de  la  colleotion  de  M.  Dupré ,  offrant ,  au  droit ,  les  têtes 
afiontées  de  Gallien  et  de  Salonine.  CONCORDIA  A VGVSTORVM ,  et,  au 
leverfl,  la  t6te  du  fils  aîné,  Cornélius  Valerianus,  en  regard  de  celle  de  Gallien, . 
«t  non  pas  de  Valérien  Jeune,  avec  la  légende  PIETAS  AVGVSTORVM. 


290  MÉMOIRES 


DESCRIPTION 


MONNAIES  MÉROVINGIENNES  DU  LIMOUSIN. 

(PI.  xn,  xm,  XIV  et  xv,  les?.— n.  ii .  lu  et  xvm,  isss.) 

Huitième  articlo. -— Vuir  plus  haut,  p.  30. 


V  GROUPE. 
salàgnac. 

53.  —  SELANIAEO.  Tête  nue  à  droite,  de  très-petite  di-  -di- 
mension ;  la  chevelure  rejetée  en  arrière ,  et  se  terminan  ^c^^ 
par  un  appendice  recourbé  en  volute. 

^.  +BETTO  mONE-  Croix  égale,  surmontée  d'un  poin^^^^ 
et  accostée ,  au  sommet ,  de  deux  autres  points. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  l^,li7  ou  29  grains  etdemi^^ 
Troisième  quart  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  d- — ^ 
la  Bibliothèque  impériale. 

Pièce  inédite,  trouvée  àBrive  (Corrèze)  vers  185^,  et  ( 
a  été  acquise  de  M.  Lascoux ,  habitant  de  cette  ville , 
le  Cabinet  des  médailles.  Elle  est  remarquable  par 
petites  dimensions,  son  épaisseur  exceptionnelle  et 


ET    DISSERTATIONS.  291 

80D  poids,  qui  excède  d'un  grain  et  demi  le  poids  régle- 
mentaire et  ordinaire  du  tiers  de  sou  à  i*époque  antérieure 
à  la  réforme  d'Anastase,  c*est-à  dire  avant  la  fin  du  ti"  siè- 
cle. Elle  présente  enfin  une  très  grande  netteté  dans  la 
gravure  de  refBgie  et  des  légendes. 

L'efTigie,  la  coiffure  et  l'appendice  qui  se  relève  sur 
la  nuque,  rattachent  évidemment  ce  triens  au  groupe  qui 
comprend  Cabrianecum ,  Cbabrignac ,  Cociacum ,  Coussac- 
Ronneval,  Apriancutriy  Abriac,  Sanclus  Aredius^  Saint- 
Yrieix,  et  qui  embrasse  la  partie  nord  de  l'arrondissement 
de  Brive.  Or,  dans  le  voisinage  immédiat  de  ces  ateliers, 
se  trouve  Salagnac  %  que  les  monuments  du  moyen  âge 
désignent  sous  le  nom  de  Saianiacuai  *,  Saleniacum  *,  5a- 
lainacum  ^  ou  Salanac  '.  Ces  Tonnes  diffèrent  peu  du  nom 
ùdStlaulamm  inscrit  sur  notre  triens ,  et  Ton  comprend 
fort  aisément  que  la  voyelle  a  de  la  première  syllabe  a  pu 
se  transformer  en  e,  ou  se  transposer  comme  dans  SaU- 
niacum. 

II  y  a  peut-être  un  deuxième  triens  de  Selaniacum  dans 

1  SaUgDSc ,  cautoD  d^Ezcideaii ,  arroodinemcnt  de  Ptrignenz  (  Dor- 
dogue). 

I  •  Gaufridns  de  Salâmiaco.n  Cb.,  aon.  1108;  cartnl.  d*Uzercbo.  dans 
Jattel,  Hist,  généaologiq,  de  la  maUon  de  Tunrme^  pr.«  p.  20.  ««  Manoaldas  de 
Sêhmiac,  m  Ch.,  ann.  1199;  ibid.  Mes.  de  la  Bibliotb.  imp.,  colleet.  Gai- 
gnières,  t.  185,  p.  30.  Voir  aussi  à  la  page  40. 

'  «  Dominiom  castri  de  Salenhac,  cam  honore,  di^trictu  et  dominiOf  etc.»* 

Sentence  de  partage  de  la  snccessioo  du  Ticomte  de  Turenne,  rendue  par  la 

iWiie  Blanche,  ann.  1251 ,  dans  Jnstel ,  loc,  cit.^  pr.,  p.  53.  <*  Ricartz  de  Sa- 

ienkMCy  n  titre  de  Tabbaje  d'Aubazine.  Mss.  de  la  Bibliotli.  impér.,  collcct. 

Craignières,  t.  186 ,  p.  539.  —  Cf.  Cartul.  135 ,  t.  !•%  p.  5 ,  47,  52,  88,  216  et 

^  Acte  de  1163 ,  tiré  des  archives  de  la  maison  de  Turenne ,  dans  Justd  y 
pr.,p.34. 

*  Titre   de    l'abbaye  ù'Aubazine,  de   1152.  Collcct.   Gaignièrcs,  t.  186, 


S92  MÉMOIRES 

le  D*  &1  ci-dessous,  dont  la  légende  est  incomplète,  mais 
qui  peut  aussi  bien  et  même  plus  vraisemblablement  appar- 
tenir à  Saviniacutn. 

97.  —  -f  ABVNDANTIVS  MO.  Tête  à  gauche,  coiffée  d'un 
chaperon  perlé  ;  ornée  d'un  collier  de  perles. 

i^.  SILANIAGO  FIT.  Croix  latine. 

Tiers  de  sou  d'or.  Dernier  quart  du  vn*  siècle. — Cabinet 
de  feu  M.  Cartier. 

{Ancienne  Revue  numismatique ^  année  1830,  pi.  XVIII, 
n*25.) 

Cette  pièce  n'offre  point  d'analogie  avec  le  type  limou- 
sin :  elle  nous  parait  devoû*  plutôt,  à  raison  de  son  chape- 
ron perlé,  appartenir  à  l'Orléanais;  et  nous  ne  l'avons 
admise  parmi  nos  incertaines  qu'à  cause  de  la  presque 
identité  du  nom  de  lieu  avec  notre  n*  33  {Selaniaeo). 
Seignelay,  dans  l'Auxerrois,  et  Senlis,  qu'on  a  proposés 
comme  lieux  d'origine  de  ce  tiiensS  ne  nous  semblent 
pouvoir,  à  aucun  titre,  en  recevoir  l'attribution.  Si  Ton 
s'en  tenait  aux  ressemblances  de  noms,  Silignac,  dans  le 
département  de  l'Ain,  conviendrait  assez  bien;  mais  nous 
préférerions  Séligny,  dans  le  canton  d'Atogny  (Indre-et^ 
Loire);  en  définitive,  il  vaut  mieux  encore  chercher  l'ate- 
lier de  Silmiaco ,  dans  l'ancien  diocèse  d'Orléans. 

M.  Cartier,  dans  sa  liste  des  monétaires  mérovingiens* 
a  donné  les  deux  légendes  suivantes  d'un  triens,  qu'il  d 
être  conservé  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèq^ 

impériale  :  1  SELANIACO.  —  î? COINO  M.  Mais  i 

inscriptions  ont  été  mal  reproduites,  et  il  faut  lire  au  d 
SILANIACO  I.  —  Le  type  de  cette  pièce  nous  paraît  se 


*  Rev.  num.,  ana.  1839,  p.  439. 

•  Bec,  num,f  ana.  1840. 


ET   DISSERTATIONS.  293 

tacher  au  nord  est  de  la  France  ;  Séligney ,  dans  la  commune 
de  Villers-Robert  (Jura),  pourrait  peut-être  en  revendiquer 
l'attribution  avec  assez  de  vraisemblance. 

(;OUSSAC-BONNE\^AL. 

54.  —  COCIACO  FIT.  Tête  à  droite,  dont  la  chevelure, 
rejetée  en  arrière ,  se  termine  sur  la  nuque  en  forme  de 
rouleau  :  portée  sur  une  base  à  deux  pieds  recourbés  à 
Textérieur. 

d.  +BONOALDO  rr.O.  Croix  égale. 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  1»',20.  Deuxième  ou  troi- 
sième quart  du  vn*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  impériale. 

Si  l'on  se  reporte  à  la  planche  où  ce  triens  est  gravé,  on 
reconnaîtra  bien  vite  son  ai&nité  avec  les  pièces  de  Saint- 
Yrieix ,  Cbabrignac ,  Âbriac ,  etc.  Or,  tout  auprès  et  à  Test 
de  Ssûnt-Yrieix ,  au  nord  d' Abriac  et  de  Cbabrignac,  se 
trouve  Coussac  \  qui  correspond  exactement  au  vocable 
latin  Cociacum^  et  fut  depuis  appelé ,  au  moyen  âge ,  Cosa- 
cum  ou  Cosêocum  \ 

CHABRIGNAC. 

55.  —  CABRIANECO.  Tête  tournée  à  droite,  dont  la  che- 
velure, hérissée  ou  rejetée  en  arrière,  se  termine  par  un 
appendice  légèrement  enroulé  ;  buste  effacé. 

'  Coussac-BonneTal  est  dans  le  canton  ot  urrondissement  de  Saint-Yrieix 
(  Htme-VieDoe  ]. 

t  M  Parrochia  de  Coioc,  »  >*  Capellaniu  de  Contuo  do  Brcno.  ••  Mds.  Biblioth. 
impér.,  cariai.  135. 1. 1,  \k  567.  -  Cf.  p.  291,  295.  298. 


29&  MÉMOIRES 

Hi.  AVTHARIVS Croix  égale. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«%10.  Troisième  quart  du 
VII*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

36.  CABRI AiNECO.  Tête  barbue  à  droite,  ceiute  d'un 
bandeau  ;  buste  babillé. 

H'.  AVTHARIVS  M.  Croix  égale,  posée  sur  un  glo- 
bule. 

(Bouteroue,  Recherches  curieuses  sur  les  monnoies  de 
France ,  pi.  II ,  fig.  21,  p.  342  et  347.  —  Le  Blanc,  TraiU 
des  monnoies  de  France ^  p.  58 / monétaires  incertains, 
n»  10.  ) 

L'efBgie  barbue  reproduite  par  Bouteroue  prouve  que 
la  pièce  par  lui  connue  et  décrite,  est  distincte  de  celle  qui 
est  placée  sous  notre  n*  35. 

Adrien  de  Valois  ayant  présumé  que  la  légende  Ccitna- 
necum  s'appliquait  à  Capriacutn,  appelé  vulgairement 
Chevry  en  Brie  *,  Lelewel  a  proposé  cette  attribution  •;  et 
sa  proposition  semble  avoir  reçu  généralement  l'adhésion 
des  numismatistes  '.  Mais,  d'une  part,  la  pièce  du  n*"  35 
n'a  aucunement  le  style  de  fabrication  des  provinces  du 
Nord,  et  présente  au  contraire  sur  ses  deux  côtés  une 
grande  analogie  avec  le  monnayage  limousin  ;  on  aperçoit 
même  l'appendice,  peu  prononcé  à  la  vérité,  qui  signale 
notre  cinquième  groupe.  D'autre  part ,  elle  est  signée  du 


>  Nota.  Galliar,,  p.  412. 

*  Sumvimatique  du  moyen  Age^  1. 1**,  p.  76. 

'  Adriou  de  Longpérier,  dans  la  liste  des  ntelitîrs  monétaires  méroviogieiu^ 
•jii'il  a  publiée  on  1841,  Annuaire  de  la  i>oc.  de  Vhist,  de  France,  ann.  1841, 
p.  218. — Cariinr,  listt-  d«*5  monétaires  insérée  dans  rancicnnc  Herue  nvm.^ 
unn.  1840. —  Conbrouso,  Atlas  des  monnaies  tialion.,  cotalog.  des  méroving.^ 
n''232,  p.  17. 


ET   DISSERTATIONS.  f>96 

âme  nom  de  moDétaire  que  notre  n*  37,  où  TappeDdice 
t  très-fortement  marqué. 

Enfin,  nous  pouvons  oiïrir  un  vocable  géographique 
oins  éloigné  que  Chevry  et  Capriacvm  de  la  légende  de 
•s  triens  :  c'est  celui  de  Cbabrignac ,  nommé  en  ISil  et 
hh  Chabrignncum  \  et  dans  une  charte  du  xr  ou 
r  siècle,  Scabrinac*.  On  voit  par  ces  exemples  que 
ibrianeaim  a  dû  faire  d'abord,  par  la  transposition  du 
cond  a,  Cabrinacufnj  et  puis  Scabrinac^  qui  prépare 
ane  manière  digne  de  remarque  la  diphthongue  ch  du 
m  moderne.  Cbabrignac  a  toujours  eu  une  certaine  im- 
ftance,  car  il  était  chef-lieu  de  paroisse  dans  Tancien 
ycèae  de  Limoges  :  c'est  aujourd'hui  un  chef-lieu  de 
mmune  dans  le  canton  de  Juillac.  arrondissement  de 
ive  (Gorrëze). 

ABRIAC. 

27.  —  APRIANCO+.  Buste  nu,  tourné  à  droite,  dans 

le  couronne  de  feuillage  ;  chevelure  rejetée  en  arrière, 

rminée  par  un  appendice  recourbé  en  volute. 

i^  -fAYTHARIVco.  Petite  croix  à  branches  égales,  dans 

te  couronne  de  feuillage;  la  légende  est  également  en- 

Qrée  d'une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  1^,18.  Troisième  quart  du 

[*  »ècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  im- 

riale. 


"  Siguinus  de  Chabtignaco,  •>  <•  Ademanib ,  miles,  6Iius  vi  hère»  Siguini  do 
x^iVioco.  ••  MsB.  Bibliotbè(]ae  impér.  »  collcct.  Gaignières,  t.  183-184, 
145. 

•    "  Stepbuia  de  Scabrinac,  soror  Bonij,  dédit  très  cmiDas  de  siliginc ,  etc.  •• 
s.  Bibliotb.  iinp<^r.,  oollcct.  Baluz..  arni.  3,  ]>.  4,  t.  3. 


296  MÉMOIRES 

Ducbalais  avait  été  frappé  du  style  limousin  de  cette 
pièce  :  mais  notre  regrettable  confrère  et  ami  n'avait  pu 
découvrir  aucun  vocable  ancien  ou  moderne  qui  se  rappro- 
chât à!Apriancum^  pas  plus  en  Limousin  qu'autre  part 
a Âprey  (département  de  )a  Haute-Marne,  arrondissement 
«  de  Langres)  est,  dit-il,  le  nom  qui  y  ressemble  le  plus; 
0  mais  il  est  impossible  de  donner  ce  trions  à  la  Bour- 
«gogne  *.  » 

J'ai  été  guidé  dans  mes  recherches  sur  ce  trions  par 
deux  circonstances  importantes  :  d'abord  le  type  particu- 
lier et  fort  caractérisé  des  monnaies  de  cette  région ,  où 
je  connaissais  déjà  Salagnac,  Chabrignac,  Saint- Yrieix*, 
puis  l'identité  de  nom  du  monétaire  avec  celui  de  Chabri- 
gnac. 

A  très-peu  de  distance  au  nord  de  Chabrigoac  *,  j'afc^ 
découvert  un  lieu  nommé,  dans  plusieurs  chartes  du  xr  oix 
xir  siècle  comme  de  nos  jours,  Abriac  ',  et,  dans  un  pouill^ 
latin  du  xvi*  siècle,  Abriaco  {cura  de)  *. 

La  lettre  B  de  ce  nom  n'est  qu'un  adoucissement  de  \m^ 
lettre  P  du  mérovingien  APRIANCO;  et  quant  à  la  lettre  ^* 
de  ce  dernier  vocable,  sa  position  en  avant  d'une  autr^^ 

consonne  en  rendait  la  prononciation  difficile,  et  l'on  s'ex^ 

plique  aisément  qu'à  la  désinence  anc^  les  population ^^9 
limousines  aient  substitué  la  désinence  ac^  qui  leur  étaÂ.  ^ 
familière. 

*  fierut  num.y  année  1847,  p.  115,  et  pi.  V,  n»  17.  C'e«t  par   erreur  qU'^K^ 
daoB  le  texte  de  Tarticle  de  Ducbalais ,  le  monétaire  reçoit  le  nom  d'init^r^^^^ 

'  rius  au  lieu  de  celui  d*Authariw, 

*  Chabrignac    est  dan»  le  canton   de   Juillac ,  arrondissement  de   Bc  m^'^re 
{ Corrèze  ) . 

*  Mss.  Biblioth.  imper.,  cartal.  135, 1. 1",  p.  315,  et  colleet,  Baloz.,  aniM^     ^ 
p.  4,  t.  3.  —  Dans  les  feuilles  de  Cassini,  n*  34,  f.  15. 

*  Mss.  Bibliotb.  impér.,  fonds  Saint- Germain  français^  n*878,  t.  FI. 


ET   DISSERTATIONS.  297 

Abriac,  qui,  au  moyen  âge,  avait  été  uoe  dépendauce  de 
la  graude  seigneurie  de  Bocbiac,  était,  au  xti* siècle,  chef- 
lîeu  de  paroisse;  mais  ,  au  xvii*  siècle  ,  les  pouillés  ne  le 
mentioDoent  déjà  plus  *,  et  il  n*a  pas  même  actuellement  le 
titre  de  cbeMieu  de  commune. 

miGNAC. 

58. htlNTIiNIACO.  Tète  nue  à  droite ,  dont  la  cbeve- 

lure,  rejetée  en  arrière ,  se  termine  par  un  appendice  re- 
courbé en  volute;  buste  habillé. 

â.  -fAVUOALDO  M.  Croix  égale,  entourée  d'un  grè- 
netis. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids ,  1«',?0.  Deuxième  quart  du 
vir  siècle.  —  Médaillier  de  M.  le  docteur  Voillemier,  à 
Senlis. 

+CINT1NAC0.  Tête  à  droite. 
1^.   4- AVDOALD.  Croix  à  branches  égales. 
Tiers  de    sou  d'or.    Poids,  1»',16.   —  Médaillier  de 
M.  Conbrouse. 

(  Conbrouse ,  Atlas  de  monn.  nation.  ;  catalog.  des  méro- 
ving.,p,  22,n«336.  ) 

Quoique  nous  n'ayons  pu  nous  procurer  Tempreinle  de 
^^tte  deuxième  pièce ,  nous  avons  dû  en  reproduire  ici  les 
'^gendes,  parce  qu'elles  nous  donnent  une  variante  du 
^om  de  l'atelier. 

Nous  n'insisterons  pas  sur  le  style  limousin  du  n*  38,  il 
^^Œt  de  le  comparer  aux  pièces  qui  l'accompagnent  sur  nos 
Pla^sches,  et  surtout  à  celles  du  groupe  de  Salagnac,  Coussac, 


^    Voir  notamin«nt  le  P<mUU  d«  Varehevtché  de  Bourgei ,  publié  par  A  il  lot , 


298  MÉMOIRES 

Chabrignac,  Abriac  et  Sai'azac.  A  cinq  kilomètres  envi- 
ron au  N.  N.  0.  de  Chabrignac  \  se  trouve  un  lieu  appelé 
Chignac,  qui  nous  paraît  s  être  formé  par  contraction  du 
Cinliniaco  mérovingien.  En  effet ,  dans  les  pays  du  centre, 
le  C  initial  s'est  fréquemment  converti  en  la  dipbtbongae 
Chy  comme  dans  Cabrianecum  (Chabrignac),  Cameirccutn 
(Chameyrac),  Cassmomo^us  (Chassenon).  La  syllabe  mé- 
diane TI  est  tombée  comme  dans  PaTlgasum  (  Pageas)  ', 
ArTOnacum  (Arnac),  comme  la  syllabe  VI  dans  LimoVIcw 
(  Limoges  ) .  Le  mot  est  ainsi  parvenu  à  la  forme  suivante 
Chiniaco,  qui  est  précisément  la  traduction  ,  aux  derniers 
temps  du  moyen  âge,  de  Cbignac,  ancien  chef-lieu  de  pa- 
roisse dans  le  diocèse  de  Limoges  *. 

SARAZAC. 

39. hSARACIACO.  Tête  à  droite,  ornée  d'un  long 

diadème  relevé  en  volute  sur  la  nuque,  le  buste  nu. 

"^.   +BODONE  MONEI.  Croix  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«%15.  Troisième  ou  quatrième 
quart  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale. 

40.  —  SAGRACIACO.  Tôle  à  droite,  à  chevelure  longue, 

»  Chabrignac  est  dans  le  canton  de  Juillac,  arrondissement  de  Brive  {Cor^ 
rèze). 

•  En  dehors  des  It^gendes  monétaires ,  nous  avons  de  nombreux  exemples 
de  la  disparition  de  la  syllabe  médiane  ;  ainsi  dans  BarenTEnacum  (Barennac), 
CarenTEnacum  (Carennac). 

»  M.  Guillemot,  dans  son  Catalogue,  et  M.  Conbrouse ,  iîecuei/  des  monétairu 
mérovittffieM ,  pi.  XXI,  u*  19  ,  traduisent  Cintiniacum  par  Quintignj.  Mais  la 
syllabe  initiale  Cin  n'a  jamais,  à  ma  connaissance,  formé  Quin  dans  le  langage 
moderne. 


.  ET   DISSERTATIONS.  299 

relevée  en  volute  sur  la  nuque;  le  tout  dans  une  ronronne 
de  feuillage. 

R.  +TEODOLENO.  Croix  égale,  potencée;  le  tout  dans 
une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  16%30.  Troisième  ou  quatrième 
quart  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale. 

96. hSAGRACIACO.  Tète  barbare  à  droite,  ornée 

d'un  bandeau  ;  visage  vieux  et  barbu. 

R.  +EOSEVIO  nOH  {mon.) .  Croix  à  pointes,  légèrement 
potencée. 

Tiers  de  sou  d*or.  Poids,  l8',20.  Premier  quart  du 
viii«  siècle. 

(B  Fillon,  Êivdes  numutnaliqxies^j).  31,  pi.  I,n*22. 
Le  savant  antiquaire  ne  désigne  pas  le  propriétaire  de  ce 
triens,  qui  probablement  est  dans  son  médaillier  parti- 
culier. ) 

H.  Adrien  de  Longpérier,  qui  a  décrit  les  n°*  39  et  40 
ci-dessus,  a  attribué  le  premier  à  Sarrazac  en  Quercy  \  et 
le  deuxième  à  Segrais  dans  TOrléanais  %  mais  sans  motiver 
ni  Tune  ni  Tautre  de  ces  attributions,  et  vraisemblablement 
à  raison  de  Fidentité  du  nom  latin  de  Saranacvm  avec  le 
moderne  Sarrazac ,  et  de  Sograciacum  avec  Segrais.  Mais 
comme  il  existe ,  indépendamment  de  Sarrazac ,  qui  est 

'  Notice  <ur  la  collection  du  monnaies  de  Jean  Boutseau,  p.  79,  pi.  II,  n*  1B3. 

Stmzac  est  dans  le  canton  de  Martel,  arrondissement  de  Gourdon  (Lot).  — 

^légende  de  cette  pièce  ne  présentant  aucnne  incertitude,  M.  de  Longpé- 

Her  fait  observer  très-jnstement  qu'il  convient  de  retrancher  des  catalogues 

^«   monDaies  mérovingiennes  un  triens  du  cabinet  de  feu  M.  Dassy,  quia 

•?té  fmblîé  par  M.  Cartier  sou»  le  nom  de  Bacaciaco  —  Bodone  mo  {Revue  num., 

•^xs-n.  1840,  p.  221,  n»  180),  et  attribué  &  Bavay.  Cest  sans  doute  une  mauvaise 

^•"Çoii  de  Saraciaco, 

«  Ibid.,  p.  56,  pi.  II,  n«  1.38. 


SOO  MÉMOIRES 

doDsle  département  du  Lot,  un  Sarazac  situé  dans  celui 
de  la  Dordogne,  et  que  Segry  en  Berry  a  presque  autant 
de  rapport  que  Segrais  avec  Sagraciacum^  il  faut  chercher 
les  éléments  de  la  solution  en  dehors  des  ressemblances  de 
noms.  Ici,  comme  dans  tous  les  cas  (si  fréquents  du  reste) 
où  un  certain  nombre  de  localités  du  même  nom  réparties 
dans  l'ancienne  Gaule,  ont,  en  vertu  de  cette  circonstance, 
un  droit  égal  à  revendiquer  l'attribution  d'une  monnaie,  le 
type  seul  peut  faire  cesser  l'incertitude  et  conduire  à  une 
décision  rationnelle. 

Si  Ton  rapproche  le  revers  du  n*»  39  du  revers  des 
n»*  6  (Lemovecas)\  73  et  74  {Blalomago)  de  notre 
série,  dont  nul  ne  contestera  l'origine  limousine,  on  re- 
connaît tout  aussitôt,  non-seulement  le  même  style, 
mais  un  type  identique.  La  même  analogie  existe  entre 
le  revers  du  n*  40  et  celui  des  n*»*  18  {Carovico)^  19 
{Maugonaco)^  34  {Cociaco),  57  ( Ctirtsiaco ) ,  71  {Spa- 
niaco] ,  etc. 

Quant  à  l'efiigie,  elle  présente ,  dans  les  n""  39  et  40, 
cet  appendice  qui  est  le  signe  caractéristique  et  même 
bizarre  de  presque  tout  le  cinquième  groupe,  et  que  nous 
avons  décrit  plus  haut. 

A  petite  distance  à  l'ouest  de  Saint-Yrieii ,  de  Salagnac, 
de  Ghabrignac,  etc.,  il  existe  un  lieu  appelé,  dans  une 
charte  du  cartulaire  d'Czerche  du  xi*  siècle,  villa  de  Sa- 
razac*^  c'est-à-dire  du  nom  même  qu'il  porte   aujour- 

*  Il  faut  consulter  la  bonne  gravare  que  nous  donnons  de  ce  numéro  daos 
la  pi.  XVIII  de  la  Retuê,  année  IB58. 

*  «  Guillabaldus  de  Sarasae  dédit  I  mansum  in  TÎUa  de  Sarazac,  in  paroebia 
Sancti  Eparchii.  »  Mss.  Biblioth.  impér.,  coUcct.  Gaignières,  1. 185,  p.  50. 
La  charte  précitée  a  été  dressée  roua  Valhô  d'Uzcrchc  Géraud,  tntre  Ici 
années  1040  et  lOBO. 


ET  DISSERTATIONS.  301 

d'hui  K  Et  nous  savons  avec  certittide,  par  l'exemple  de 
Sarrazac  en  Quercy,  que  son  ancien  vocable  était  bien  Sa- 
raciaeum  *.  Nous  connaissons  aussi  une  localité  du  Limousin 
qui  portait,  aux  ix*  et  x*  siècles,  la  dénomination  de  Da- 
raciaeum^  et  porte  actuellement  celle  de  Darazac  *.  L'ana- 
logie est  parfaite. 

L'effigie  de  Sagraciacum  (n**  40)  présentant,  de  même 
que  le  n"*  39,  le  signe  distinctif  du  cinquième  groupe,  son 
attribution  à  cette  partie  du  Limousin  ne  nous  parait  pas 
doutense.  Ajoutons  que  le  nom  du  monnayer  inscrit  sur 
le  n*  âO  est  celui  dû  monnayer  qui  a  signé  notre  n*  A5 
(Rieodunin^  Rieu-près-Dun).  Nous  pouvons  donc,  avec 
beaucoup  de  vraisemblance ,  considérer  Sarazac  comme 
étant  le  lieu  d'origine  de  la  pièce  de  Sagraciacum ,  aussi 
bien  que  de  celle  de  Saraciacum. 

Nous  avons  plus  d'bésitation  relativement  au  n"*  96,  ci- 
dessus  décrit,  et  qui  porte  aussi  en  légende  le  nom  de 
Sagradaco;  nous  ne  l'avons  fait  graver  sur  nos  planches 
qu'à  raison  de  l'identité  de  ce  vocable  avec  celui  du  n"  AO, 
que  nous  pensons  être  originaire  du  Limousin  :  le  type 
n'étant  pas  analoguç  à  celui  de  notre  série ,  et  spéciale- 
ment à  celui  du  cinquième  groupe,  nous  avons  classé  cette 
pièce  parmi  nos  incertaines.  M.  B.  Fillon  l'a  attribuée  à 
Segry  en  Berry  *.  Mais  cette  désignation  ne  nous  a  pas 


*  CsntoD  de  Lanonaille,  arrondissement  de  Nontron  (Dordogne). 

«  Cortiilairt  de  Bêaulieu ,  ch.  XVI ,  XXIIT ,  XXXIV,  CLXXXV  et  CXC III , 
IDD.  866,  8.59,  844  et  823. 

*  /Mf.,  ch.  LXX,  ann.  954-%7. 

^  M  Le  nom  ancien  de  Segry,  dit  le  savant  archéologue ,  a  dû  être  Se- 
grioem»;  mai«  il  existe  des  exemples  de  modifications  analogues.  »  Étudr» 
mmitmatMgueê,  p.  32,  note  1.  —  Cf.  Lettre»  à  M.  Dugast  Matifeux ,  p.  64 
et  65. 

lg61.-.4.  22 


302  MIVOIRKS 

semblé  appuyée   de  jiisliflcatioiiîs  suflisantes   pour   faire 
cesser  le  doute  à  l'égard  de  ce  triens. 


SAVIGNAC  ou  SAT.A(fNA(\ 

41._4-S MACO.  Tête  adroite,  ornée  d'un  dia- 
dème relevé  en  volute  sur  la  nuque  ;  buste  habillé. 

Sj.  ITP..I10  cr,ON  {Ilerio  won?).  Croix  égale  dans  un 
grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  l'SlO.  troisième  quart  du 
vir  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  im- 
périale; 

C'est  là  une  pièce  inédite,  dont  le  type  est  tellement 
identique  à  celui  des  n**  38  et  39 ,  ci-dessus  décrits ,  qu'il 
serait  superflu  d'en  justifier  l'attribution  au  Limousin  et 
au  cinquième  groupe.  Dans  le  voisinage  immédiat  de  Sa- 
razac  et  de  Ghignac ,  nous  connaissons  deux  localités  dont 
les  noms  conviendraient  bien  aux  débris  qui  nous  restent 
de  la  légende  du  droit  :  Salagnac  {Selaniaco)^  dont  nous 
nous  sommes  occupé  plus  haut,  et  Savignac-les- Églises 
(Sarmiaruw),  dans  l'arrondissement  de  Pérfgueux  (Dor- 
dogne).  Il  existe  en  effet  entre  l'S  initiale  et  NIACO  l'es- 
pace de  trois  lettres,  qui  feraient  S[e/a]NIACO,  ou 
S[ari]NIACO.  Nous  préférerions  ce  dernier  lieu,  par  le 
motif  qu'il  est  pins  rapproché  que  Salagnac ,  du  bourg  de 
Sarazac,  dont  il  reproduit  exactement  le  type.  Savignac, 
chef-lieu  de  paroisse  et  prieuré  dans  l'ancien  diocèse  de 
Limoges,  est  mentionné  dans  plusieurs  titres  du  moyen 
âge,  savoir  :  1**  un  dénombrement  des  églises  dépendantes 
de  r abbaye  de  Solignac ,  où  il  reçoit  le  nom  de  Ecchsia  de 


ET    DISSERTATIONS.  3(VS 

SfMt^nac  *  ;  2»  un  livre  d'hommages  de  saint  Martial  de 
l-îinogesde  Fan  1451,  où  on  lit  :  uVincentius  Savignaci^ 
«  Uominus  sancti  Pétri  Arfori»  ',  >» 


SAIXT-YRILIX. 

42.  —  SCO  AREDIOFIT.  Tète  à  droite,  ornée  d'un  dîa- 
^lêine  ;  buste  habillé. 

fi.  BAVDOLENO  MT.  Croix  égale,  fichée,  dans  un  grè- 
netis. 

Tiers  de  sou  en  électriim.  Poids,  l8',lâ.  Troisième  quart 
du  vil*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

A3.  —  SCO  ARCdl  FIT.  Tête  à  droite  ,  avec  couronne 
perlée  ;  collier  de  perles  ;  buste  habillé. 

ïi.  +BAVDOLEFIVS  M  (les  deux  lettres  A  et  V  liées)  '. 
Croix  égale,  potencée  aux  deux  branches  latérales,  accostée, 
^ux  premier  et  deuxième  cantons ,  des  lettres  LE  (  initiales 
de  Lemovicas) ,  et  d'un  point  au  quatrième.  La  légende  est 
enfermée  dans  un  double  rang  de  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  l^.ib.  Dernier  quart  du 
^'H'  siècle.  —  Médaillier  du  docteur  Voillemier. 

44.  —  SCO  VNOD+IO  {Sanclo  Arodio),  Tête  à  droite, 
ceinte  d'un  bandeau  terminé  sur  la  nuque  par  une  double 
bandelette-,  buste  habillé. 

i.  f..lIIIVDR10  ^.  Croix  égale  dans  un  cercle, cantonnée 


'    Mm.  Bibiioth.  iiripër.,  collect.  Gaignière«,  t.  186,  p.  414. 

«    /Wa.,  t.  185,  p.  25. 

*  CVst  par  errenr  que  sur  nos  planches  on  a  gravé  CADOLKFIV?. 
^M .  Guilîeraot  Ht  Cartier,  dans  leur»  liste?  des  monétaires  niërovingicrs,  ont 
*^rît  GantUlefiust 


3(lA  MÉMOIRES 

des  quatre  lettres  LEVIO,  qui  sont  en  parti(;  renversées  et 
interverties. 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  l''%25.  Premier  quart  du 
Tiii*  siècle.  — Pièce  inédite  du  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  impériale  * 

Nous  ajouterons  aux  descriptions  ci-dessus  la  mention 
d'une  quatrième  pièce  en  électrum,  fiappée  à  Saint-Yrieîx 
et  publiée  par  Bouteroue  *  : 

-|-  c/^V^  AREDl.  Tête  casquée;  le  casque  surmonté  d'un 
panache. 

S.  VADOLENO  ^OF .  Croix  ancrée ,  accostée ,  sous  les 
bras ,  des  lettres  A  et  C. 

Aredius^qui  fut  peu  après  sa  mort  honoré  comme  un 
saint,  et  dont  la  vie  a  été  célébrée  par  Grégoire  de  Tours, 
fonda  un  monastère  à  Alanutn  ',  et  le  dota  richement  par 
un  testament  daté  de  578  *.  Ce  monastère,  détruit  pen- 
dant les  guerres  du  viii*  siècle,  fut  rétabli  par  Pépin  le 
Bref  vers  753.  L'église  collégiale  actuellement  existante, 
date  en  partie  du  xi*  siècle  :  la  nef  et  le  chœur  sont 
du  xu*. 

La  ville  qui  se  forma  autour  de  la  maison  religieuse, 

<  Cette  pièce  a  été  étiquetée  sa  mot  ISCOVMOC  +1  >  mais  à  tort;  ce  qu'on 
&  pris  poar  l'I  initial  n'est  autre  choee  que  l'une  des  bandelettes  qui  terminent 
le  bandeau. 

*  Recherches  curieuses  sur  les  monnaies  de  France ,  p.  200  et  201.  Bouteroue 
avait  vu  dans  notre  S  initial  un  trèfle  ou  petite  fleur,  et  lisait ,  en  commençant 
par  la  lettre  A ,  AREDIVS.  Il  voyait  aussi,  sons  le  bras  gauche,  nne  fleur  an 
lieu  du  C  qu'il  faut  y  reconnaître,  et  qui,  avec  TA  du  coté  droit,  donne  les 
aigles  d*une  formule  pieuse  très-usitée  sur  les  monnaies  mérovingiennes.— 
Conbrouse  [Catalogw  des  monnaies  mérovingiennes,  p.  75)  a  écrit  Aredius'^ 
Leudoleno, 

*  Vit.  B,  Aridii,  cap.  VI.  Gregor.  Fnron.,  Histor.  ecelesiastic,  Francùr.^ 
id\U  de  Gnadet  et  Taranne,  in-8*,  t.  II,  p.  455. 

^  Viylomat,  et  vhait.^  édit.  Pardessus,  t.  I",  ad  ann.  573. 


ET    DISSERTATIONS.  305 

P^i  bientôt  le  vocable  du  saint  fondateur.  GeoiTroi  de 
^geois,  qui  écrivait  vers  la  fin  du  xii*  siècle ,  la  mentionne 
^0  maints  endroits  sous  le  nom  de  Sanclus  Aredius  \  C'est 
^m  qu  elle  est  désignée  dans  les  actes  de  la  visite  pasto- 
nle  de  l'archevêque  de  Bourges  de  Tan  128â  *,  et  dans  une 
roule  dé  monuments  du  moyen  âge  ;  de  nos  jours,  Saint- 
Yrieix  est  un  cher-Fieu  d^àrrondissement  dans  le  départe- 
ment de  la  Haute-Vienne. 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  notice  sans  parler  d*un 
triens  qui  présente  au  droit  la  légende  rétrograde  AREDI^ 
et  au  revers  ....HL...0TAR10.. 

M.  A.  de  Longpérier,  en  publiant  cette  pièce,  a  vu,  sans 

hésiter,  dans  le  nom  inscrit  au  revers,  celui  du  roi  Clotaire, 

qui  régna  de  58A  à  628.  Mais  il  a  exprimé  des  doutes  sur  le 

point  de  savoir  si  la  légende  du  droit  désigne  Tatelier,  qui 

^r^ol  la  ville  de  Saint-Yrieix,  ou  bien  un  pei-sonnage,  qui 

serait  Te  monnayer  garant  de  la  bonté  du  titre  de  la  pièce, 

<m  tout  autre  officier  muni  d^une  charge  importante.  11  a  fait 

observer  que  la  localfté  dont  il  s'agit  n'a  été  désignée  dans 

les  monuments  que  sous  le  nom  d*Alaiium^  et  plus  tard  de 

^dnavs  Aredius ,  ou  par  abréviation  SCS  AREDIVS,  jamais 

par  le  seul  motd'/iredtu«*  Cette  observation  est  parfaite^ 

'nent  exacte ,  et  il  convient ,  ce  nous  semble ,  de  voir  dans 

^rediu$  le  vocable  d'un  monétaire  ou  d'un  dignitaire  de  la 

^ur  de  Clotaire  II. 

^  ^  Eeclesûim  Saocti  Aretliï.  >•  Bulle  du  pape  Pascal  II,  de  Tan  11 17;  dans 
"•'^lae,  Biêt.  Tutel.,  append.  col.  465.  "  Vivente  adhuc  Henrico  n»ire  et  Yterio 
P'**tile,  canonîcî  Sancti  Andii  Ransolîie  monasterinm  ,cto  '•  Chronîc.  Gaufred. 
Pnor.  Vottens.,  dan»  Pliilippe  Labbe,  Noc.  Biblioth,  mj*.,  t.  II,  p  284.  ••  Apud" 
^■T>«in  (qniescunt)  Gemma  et  Screna.  Apud  S.  Aredinra  S.  Pelagia,  mater 
*'"*•  -  Ijoc.  cit.,  p.  290.  —  Cf.  iWd.,  p.  310. 

*■  Veait  Dominus  apud  Sanctum  Aredium,  nbi  sunt  canooici  secularee.  '• 
'^s  Balozc,  MisceUan.,  ëdit.  Mansi  de  Lucque»,  t.  !•',  p.  285; 


306>  MÉMOIRES 

CIIABANAIS. 

46.  —  CABANISIO.  Tète  à  droite  ,  coiffée  d'un  chaperc=^ 
rabaissé  sur  les  yeux  ;  buste  habillé, 

îî.   +LEODVLFO  <^0.  Croix  égale,  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d*or.  Poids ,  1^%15.  Troisième  quart  f3iM 
tu*  siècle. 

{Ane.  Rev.  numism.,  année  1836,  pL  XI,  n"  21  *.  ) 

L'attribution  de  ce  triens  au  Limousin  ne  peut  faire 
l'objet  d'aucun  doute  ;  le  style  en  est  suffisamment  carac- 
térisé. M.  Cartier  et  M.  de  Longpérier'  n'ont  point  hésité  à 
voir  dans  le  Cabanisinm  de  la  légende  ci-dessus  la  petite 
ville  de  Chabanais,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Li- 
moges •. 

Nous  voyons  déjà  cette  localité  mentionnée,  sous  le  nom 
même  qui  est  sur  notre  pièce ,  dans  le  passage  suivant 
d'une  charte  de  l'an  1093  :  o  Quatuor  procerum  quorum 
duo  sint  de  Confolento,  aliique  duo  de  CABANISIO  \  »  On 
retrouve  ce  môme  vocable ,  avec  la  variante  Cabanesium^ 
dans  les  actes  des  siècles  suivants  ';  pourtant  dès  le  milieu 

*  M.  Conbroase  a  reproduit  ce  triens  dan*  son  recueil  de  Moriélaire»  dei  roii 
mérocing  ,  pi.  XVIII,  n«  1 ,  où  il  a  la  Cabaivisio  pour  Cabani:tio  ;  et  dans  soft 
Atlas  des  monn,  nation.,  catalog.  des  méroving.,  pi.  158  B  et  203,  où  il  a 
donné  des  légendes  de  deux  pièces  Cabairisio  et  Cabarisio,  avec  le  même  mo- 
nétaire Leo'Julfo.  C'est  évidemment  la  même  pièce,  dont  il  a  ainsi  répété  les 
légendes  avec  de  mauvaises  leçons. 

*  M.  Cartier,  dans  la  Bec,  num.^  loc.  cit.  —  M.  de  Longpérier,  dans  TJ»- 
nuaire  de  la  Soc.  de  Vhist.  de  France^  année  1841,  p.  218.  —  M.  Maurice  Ardant 
a  aussi  indiqué  la  même  attribution ,  Bulletin  de  la  Société  archéolog,  du  Limmt' 
Min.  t.  IV.  p.  177. 

*  Chef-;ieu  de  canton  dans  l'arronr.iàsemcnt  de  Confolens  (Charente). 

^  Cartulaire  de  TEsterp;  dans  le  nouveau  Gallia  chrisUana,  t.  Il,  in^trum*, 
col.  195. 
»  Ch.  1211,  1227,   1277,  1296,   1308,  1363  et  U02.  >Us.   de  la  Bibliolb, 


ET    DISSERTATIONS.  307 

^U  Aur  siècle,  le  G  ioitial  se  transforrue ,  suivant  Tusage, 
^'ï  la diphthongue  Ch\  En  1283,  paraît  le  nom  de  Cha- 
f^^nez  ',  et  dix  ans  plus  tard,  le  nom  dans  sa  forme  ac- 
tuelle, Chabanois*.  Cette  bourgade  eut  de  l'importance 
^u  moyen  âge,  car  elle  était,  au  commencement  du 
XI*  siècle ,  le  chef-lieu  d'une  vicairie ,  qui  lui  avait  em- 
prunté son  nom  \ 

(  La  êuHe  à  un  autre  numéro.  )  Max.  Deloche. 

iinpér. .  colîect.  Gaignièrcs ,  t.  186,  p.  615,  361  et  14X>  ;  et  t.  183-184,  p.  265  , 
296.  —  Ju»tel ,  IJUi.  généalogiq.  de  la  maison  de  Turenne,  pr.,  p.  24. 

Cb.    1243.  Mss.  Bibliolh.  impér.,  collect.  Gnîgn.,  t.  183-184,  p.  262.  — 
Jostcl,  loc,  cit.,  p.  68. 

«   Ch.  1283  et  1284  ;  dans  Juste!,  tb/rf.,  p.  67  et  7i. 

»   Titre  de  1293  ;  dans  Jastel,  ibid.,  p.  69. 

*    •  Do  roan&um   situm  lu  pâgo  Lemovicenâi ,  in    vicariii  Cabanengi.  -  ï.x 
^;lijtj-tul.  Stirpcnse,  apud  Soc,  GalL  christ.,  t.  II,  iii>truin.,  col.  195, 


308  MÉMOIRES 


DENIER  INÉDIT  DE  GUILLAUME  IV, 

PRINCE  D'ORANGE. 


Capitale  du  pays  des  Cavares  avant  roccupation  romain^^* 
Orange  fat  une  des  quatre  villes  de  ce  peuple  que  les  Rc^- 
mains  conservèrent  le  plus  longtemps.  On  peut  juger  c^e 
l'importance  qu'elle  avait  acquise  par  les  riches  débris 
qu'elle  noua  montre  encore. 

Cependant  on  oe  connaît  d'Orange  aucun  moDumes3t 
numismatique  de  l'époque  romaine.  L'atelier  monétai^"^ 
d'Arles  suifisait ,  et  il  dut  en  être  de  même  sous  les  Gotb^*- 
les  Bourguignons  et  les  rois  francs. 

Ainsi  donc  les  comtes  amovibles,  dépendant  de  l'empire  -v 
n'eurent  pas  le  droit  de  battre  monnaie. 

On  a  fait  remonter  leur  généalogie  à  Guillaume  au  Corru^^^ 
ou  au  court-nez  y  qui  vivait  du  temps  de  Cbarlemagne,  ^s^^ 
qui  aurait  été  fait  comte  de  cette  ville  après  l'avoir  coitJm  - 
quise,  en  793,  sur  Tbèobard ,  chef  sarrazin  *,  orné  d'i»^"» 
nom  germanique. 

Mais  Y  Art  de  vérifier  le$  dates  ne  nous  donne  une  sia  i  "^ 

»  Dictionnaire  de  Moieri, 


£T    DISSERTATIONS.  309 

ère  des  comtes  propriétaires  d'Orange  qu'à  partir 
raud  Adhéniar,  au  commencement  du  xi*  siècle. 
comté,  ainsi  que  la  principauté  qui  lui  succéda,  était, 
e  le  Forcalquier  et  d'autres  seigneuries  du  Midi,  di- 
»  et  subdivisible  entre  les  héritiers  qui  le  possédaient 
-iage.  Ainsi,  Tiburge  II,  en  1180,  et  Raimbaud  IV, 
3veu,  en  1190,  firent  donation  aux  hospitaliers  de 
lean ,  chacun  de  son  quart. 

1173,  Tiburge  111  et  Bertrand  de  Baux  ,  son  époux, 
lèreot  à  la  moitié  du  comté,  qu'ils  tenaient  de  Raim- 
III. 

Bertrand  de  Baux  reçut,  en  1178,  de  Frédéric  V 
rousse  la  donation  du  droit  de  monnayage ,  avec  le 
ie  prince  d'Orange.  Ce  n'est  donc  qu'à  cette  époque 
'on  peut  faire  remonter  les  premières  monnaies 
ige. 

connaît  des  deniers  anonymes  de  cette  principauté 
38  légendes  Priwcfp«  et  Principes^qui  portent  l'L  barré, 
^meot  copié  du  type  de  Lyon.  M.  Cartier  les  regarde 
e  les  premiers  essais  de  monnayage  d'Orange  ^ ,  et 
:e  cas  ils  peuvent  être  attribués  à  Bertrand  de  Baux 
le  à  Guillaume  IV,  son  successeur  (1182),  sous  les- 
la  principauté  était  divisée. 

Ducbalais  *  pense  au  contraire  qu'il  n'existe  aucune 
aie  d'Orange  avant  les  deniers  au  nom  de  Guillaume. 
iitefois ,  les  deux  autorités  que  nous  citons  sont  d'ac- 
sur  ce  point  que  jusqu'à  présent  les  deniers  avec  noms 
lus  anciens  sont  les  pièces  découvertes  dans  le  célèbre 
r  de  Rochegude  ',  et  qui  sont  attribuées  à  Guillaume  IV 

ervf  fuim.,  1839,  p.  109  et  suif. 

rc«  nitm.,184i,  p.  15. 

'oy.  Mém,  de  la  Soc.  dt€  ant,  de  France ^  1819,  l.  XX,  p.  3G. 


310  MÉMOIRES 

(1182  1219).  Elles  oflVeni  le  nom  d'un  empereur  Frédéric. 
«Ce  sont  ces  deniers,  dit  M.  DuclialaisS  qui  portent 
(•  pour  empreinte  d'un  côté  le  nom  de  l'empereur,  entre-^ 
«grènetis,  autour  d'une  croix,  IMP.FREDERI.CVS;  de — 
«  l'autre  ,  I  PRICEPS  A\  RASC  autour  d'un  W,  initiale  de=- 
((  Wilhelmus  ;  ou  +  IMP.FREDERICN  S  autour  de  la  mêmF= 

«croix,  et  WPRÏCEPS  AVRASIG  autour  d'un  cornet,  sus 

«  pendu  à  des  cordons.  11  faut  de  toute  nécessité  regarde^^ 
«  les  deniers  marqués  du  nom  de  Guillaume  IV  comme  les 


ft  premières  monnaies  des  princes  d'Orange  ;  ils  ont  en  effe~     t 

«  un  aspect  beaucoup  plus  ancien  que  tous  les  autres.  Pou t 

((  le  style  et  le  travail,  ils  sont  identiques  aux  pièces  pro 
tt  vençales  fabriquées  à  la  fin  du  xir  siècle  et  aux  denier 
«  que  les  comtes  de  Toulouse,  du  jiom  de  Rairaond,  fai     — 
«  saient  frapper  au  type  du  soleil  et  de  la  lune  ,  pièces  o  ~^i 
«  ils  inscrivaient  leur  titre  de  marquis  de  Provence,  et  qti^i 
«  très-probablement  sont  sorties  des  ateliers  du  Pont-d«^- 
«  Sorgue  ou  d'autres  villes  du  marquisat.  » 

Si  nous  nous  en  rapportons  à  l'opinion  de  M.  Cartier", 
reproduite  par  M.  Poey-d' Avant',  ces  pièces  ont  été  frajp- 
pées  sous  le  règne  de  Frédéric  II  entre  1198  et  1219,  €?t 
môme  seulement  après  l'entrevue  de  Metz  en  1213. 

On  sait  que  cette  année-là  Guillaume  IV  alla  trouver  -» 
Metz  l'empereur  Frédéric  II,  et  qu'il  se  fit  confirmer  lc*^=> 
privilèges  octroyés  à  son  père  ;  il  obtint  même  le  titre  cî  ^ 
roi  d'Arles  i)ar  lettres  datées  du  2  janvier  1214  ',  si  toul 
fois  ce  document  est  authentique. 

L'opinion  de  M.  Cartier,  qui  regarde  les  monnaies  ai:i^ 
nymes  et  imitatives  des  princes  d'Orange  comme  leL*^ 

*  Rrvue  ntirn.,  1814,  p.  15. 
«  Monn.  féod,,  t.  II,  p.  387. 

*  Art  de  vérifier  les  dates. 


I 


ET    DISSERTATIONS.  31  i 

premiers  essais  de  fabrication,  e^t  fondée,  à  ce  qu'il  me 
semble,  sur  cette  pensée  que  Frédéric  1",  en  octroyant  à 
de  petits  princes  le  droit  de  frapper  monnnie,  dut  leur  im- 
poser certaines  réserves,  témoignant  de  leur  dépendance 
de  l'empire  et  de  leur  infériorité  vis-à-vis  des  grands  États, 
au  milieu  desquels  ils  étaient  quelquefois  enclavés. 

Le  nom  de  l'empereur  parut  d'abord  sur  les  monnaies 
accompagné  de  la  lettre  initiale  du  nom  du  prince  plus  ou 
moins  dissimulée,  jusqu'à  ce  qu'une  plus  grande  indépen- 
dance ait  amené  les  seigneurs  d'Orange  à  faire  paraître 
leurs  noms  en  entier  et  plus  tard  encore  à  graver  leurs 
têtes ,  imitant  toujours  dans  leur  forme  les  monnaies  ayant 
le  plus  de  cours. 

Quant  à  l'opinion  qui  ne  fait  remonter  qu'à  Frédéric  II 
et  même  à  l'entrevue  de  Metz  les  premières  monnaies  de 
Guillaume  IV,  elle  a  pu  être  motivée  par  ce  raisonnement 
que  le  privilège  accordé  à  Bertrand  de  Baux  avait  été  per- 
sonnel, et  que  son  successeur  ne  pouvait  continuer  l'émission 
des  monnaies  sans  une  nouvelle  et  solennelle  confirmation. 
La  découverte  inattendue  d'une  pièce  qui  fait  aujour- 
d'hui partie  de  ma  collection,  vient  détruire  cette  opinion 
et.  faire  remonter  d'une  manière  incontestable  l'émission 
d^s  monnaies  de  Guillaume  IV  à  une  époque  antérieure  au 
rfegne  de  Frédéric  IL 

T^otre  denier,  du  poids  de  65  centigrammes ,  a  pour  lé- 
gendes, d'un  côté, -fENRIGVS  IPT  (imperalor)  entre 
grènetis  autour  d'une  croix  pattée  avec  fleuron  au  centre, 
et  de  Fautre  +  PCEPS  AVRASC  (l'a  et  l'u  liés) ,  autour  d'un 
W  imitant  un  L;  dans  le  champ,  une  étoile. 

Ce  denier  est  du  même  style  que  ceux  qui  portent  le 
nom  de  Frédéric ,  et  n'en  diffère  que  par  le  nom  de  l'empe- 
reur. On  ne  peut  y  voir  le  nom  d'Henri  V  (1100-1125),  ni 


312  MEMOIRES 

celui  d'Henri  Vil  (1308-1313).  11  a  donc  élé  frappé  durant 
le  règne  d*Henri  VI,  c'est-à-dire  entre  1190  et  1198. 

11  présente  dans  le  cbanip,  outre  un  monogramme  com- 
I)osé  des  caractères  V  et  L ,  un  astre  qui  forme  les  armoiries^ 
de  la  maison  de  Baux,  ec  qui  se  voit  sur  les  sceaux  et  bulles^ 
de  ses  membres. 

Le  W  de  Guillaume  IV  offre  beaucoup  d'analogie  avec 
celui  qu'on  remarque  sur  une  bulle  de  Guillaume  111,  évè- 
que  de  Viviers,  fixée  à  une  charte  de  1218  *. 

L'L  uni  au  V  et  l'astre  de  la  maison  de  Baux  donnent 
tout  à  la  fois  à  notre  denier  quelque  ressemblance  avec  le* 
type  des  monnaies  de  Lyon  et  le  type  au  soleil  des  mon- 
naies provençales  des  Raimond  de  Toulouse. 

Si  les  deniers  de  Guillaume  IV  avec  le  nom  de  Frédéric 
ont  été  frappés  sous  le  règne  de  Frédéric  11,  par  conséquent 
entre  1198  et  1219 ,  notre  pièce  est  la  plus  ancienne  mon- 
naie connue  portant  le  nom  d'un  prince  d'Orange. 

Mais  comme  Guillaume  IV  a  été  prince  pendant  huit  ou- 
neuf  ans  du  règne  de  Frédéric  1"',  c'est-à-dire  de  1182  à 
1190,  il  reste  à  examiner,  maintenant  qu'il  est  prouvé  que 
la  confirmation  des  privilèges,  donnée  en  1213,  n'est  pas 
le  point  de  départ  de  la  monnaie  d'Orange ,  si  les  deniers 
retrouvés  à  Rochegude  ne  sont  pas  antérieurs  à  celui  qui 
porte  le  nom  de  l'empereur  Henri  VI. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  sommes  à  présent  autorisés  à 
croire  que  Guillaume  IV  a  pu  émettre  des  monnaies  avec 
son  nom  sous  les  règnes  de  Frédéric  I'%  d'Henri  VI  et  de 
Frédéric  II.  Et  la  découverte  de  notre  denier  fait  de  plus 
espérer  l'apparition  des  monnaies  de  Bertrand  de  Baux» 
premier  prince  d'Orange.  R.  Géry. 

*  Blancard,  Scfaus  et  bulles  des  archives  des  liourhes-du'Hhone^  pi.  48,  n*  L 


KT    DISSKKTATIO.\5.  SIS 


NUMISMATIQUE  LORRAINE. 

(IM.  XllI  et  XIV.) 


Dora  Calmet,  Mory  d'Elvange ,  Dopré  de  Geneste  et 
Lemoyne  avaient  répandu,  dès  le  dernier  siècle,  le  goût 
des  monDaies  du  moyen  âge  dans  la  Lorraine  et  les  trois 
évêchés.  Aussi  ces  provinces,  riches  de  collections  et  de 
documents ,  étaient-elles  merveilleusement  préparées  lors- 
que M.  de  Saulcy  se  décida  à  doter  Févèchê  de  Metz ,  la 
Lorraine  ducale  et  le  Barrois  des  savantes  descriptions 
monétaires  que  tout  le  monde  connaît.  Nous  avons  nous- 
même  rencontré  dans  les  médailliers  de  nos  compatriotes 
les  principaux  éléments  de  nos  études  sur  les  monnaies 
romanes  du  nord-est  et  èe  nos  travaux  sur  la  nun)isma- 
tique  des  évoques  de  Toul  et  des  roattres-échevins  de  Metz. 
Quelques  années  ont  passé  sur  ces  diverses  publication?; 
les  amateurs  ont  fait  une  nouvelle  étape  et  recueilli ,  non- 
seulement  des  variétés  importantes,  mais  des  types  dont  on 
ne  soupçonnait  pas  l'existence  \  Le  moment  serait  donc 
venu  de  reprendre  la  plume  et  de  publier  de  nouveaux  tra- 

*  Ploiienn  d«  ces  types  ont  dëjà  été  décriu,  grâce  à  MM.  de  BarthélciDy* 
Chabert,  George  Koulangé,  L.  Maze,  etc..  etc.,  et  surtout  à  M.  Jules  Laurent^ 
qui  a  fait  imprimer  le  catalogue  raisonné  des  nombreuses  raretés  dont  son  zèl'e- 
t  enrichi  le  Musée  d'Épinal  ;  enfin  M.  Monnier  promet  de  nous  rnlre  connaître 
)et]Mnr«>ineacle  sa  collée ti mi. 


^là  MKMOini'IS 

vaux  :  en  attendant  que  nos  loisirs  nous  permettent  d'abor- 
der cette  tâche,  nous  allons  emprunter  à  nos  collections  de 
dessins  et  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  quelques  pièces 
nouvelles  de  la  Lorraine  et  du  tarrois*. 


LORRAIM^:  DllCALli. 
Mathii:u  11   (1220-1251). 


^ 


N"  1.  Le  duc  armé,  à  cheval,  courant  à  droite.  Le  bas 
de  la  4)ièce  est  fruste  et  ne  laisse  pas  voir  le  signe  qui 
devait  se  trouver  à  l'exergue. 

u.  .PUIN6L  Au  centre,  une  aigle  éployée  regardant  à 
gauche.  —  Anjent,  Poids,  0s%59ô. 

Ma  collection  (  pi   XIII ,  fig.  1  ) . 

Ce  petit  denier  ej>t  semblable  à  ceux  que  M.  de  Saulcy  a 
déjà  classés  à  d'autres  ateliers  et  notamment  à  Thionville, 
localité  qui  n*a  appartenu  aux  descendants  de  Gérarc} 
d'Alsace  que  pendant  un  an,  de  1225  à  1226. 

L'atelier  de  Preny  n  était  pas  connu  lorsque  parut  l'ou- 
vrage de  M  de  Saulcy.  M.  Gabriel  Rolin  a ,  le  premier, 
publié  une  monnaie  qui  en  était  sortie;  c'était  une  plaque 
de  Jean  1*^'  (1346-1389  \  semblable  à  celle  de  Nancy  *.  Le 
château  de  Preny,  dont  le  nom  servait  de  cri  de  guerre  à  la 
maison  de  Lorraine  et  dont  l'importance  est  attestée  par 
les  belles  ruines  qui  dominent  encore  aujourd'hui  la  vallée 

*  Nous  donnerons  prochainement  une  description  générale  des  monnaies 
des  trois  évêchés.  Nous  publierons  cnsuiie,  en  collaboration  avec  M.  GiUet , 
la  nombreuse  série  des  médaîilts  et  des  jetons  de  Lorraine.  M.  Mocnier,  qui 
possède  une  magnifique  collection,  a  entrepris  un  travail  important  sur  Iw 
monnaies  des  ducs  bénéficiers. 

î  Description  de  monnaies  du  XIV*  siècle  découvertes  à  Buissoncourt  {Meurtkt). 


KT    DISSERTATIONS.  815 

lie  Ja  Moselle,  a  du  abriter  souvent  l'atelier  monétaire 
ducal.  On  peut  espérer  que  de  nouvelles  pièces  de  Preny 
^e  découvriront  avec  le  temps. 

N**  2.  Les  petits  deniers  de  Mathieu  II  pèsent  un  peu 
moins  de  6  décigrammes;  malgré  cette  exiguïté  ils  com- 
portaient une  subdivision  par  moitié,  dont  les  spécimens 
sont  aujourd'hui  des  plus  rares.  Saulcy  n'a  décrit  qu'une 
obole  sortie  de  la  forge  monétaire  de  Sierck  Feu  le  comte 
Gastaldi  nous  en  a  montré  une  portant  la  légende  Liniville  ; 
en  voici  la  description  : 

Cavalier  armé,  galopant  à  droite. 

a-  LIN1V..LE.  Aigle  à  droite.  — Argent,  très  petit  mo- 
dule. Poids,  0«%252. 

Cette  pièce  ayant  le  type  du  denier  du  même  atelier 
poblié  par  M.  de  Saulcy  \  nous  ne  l'avons  pas  fait  graver. 

M.  Gillet  possède  une  variété  de  cette  obole  avec  un 
crx>issant  sous  le  cheval. 

Ferri  m  (1251-.1303). 

Ti**  1.  Le  duc  armé,  à  cheval,  courant  à  droite;  à  Texer- 
K'Cac  les  lettres  lA,  dont  M.  de  Saulcy  a  déjà  signalé  lexis- 
t^"Kïce  sur  un  autre  petit  denier  du  xni*  siècle  '. 

lÉ.  mVRICORT.  Aigle  éployée  regardant  à  droite. 

lEmpnmté  à  un  manuscrit  ayant  appartenu  à  Lemoyne  de 
Hoyenvic  *  et  passé  de  la  bibliothèque  de  M.  le  comte 
ïl«3nmery  dans  celle  de  M.  Gillet  (pi.  XIII ,  fig.  2  ). 

*     htckerches  sur  Utt  monnaieê  des  durs  hércdiUires  dt  Lorraine^  pi.  Il,  fig.  6. 

*  toc.  cit.,  p.  41,  premier  aliné». 

*  l«moyne  de  Moyenvie ,  qa*il  ii»»  faut  pas  confondre  avec  Pauteur  de  In 
mplomatiçue  pra/igiM,  publiée  à  Metz  en  1765,  était  oflicior  des  ftniinos  à 
^ovfnvic.  Amateur    inatruit,  il   a  laissé    qucljufs   travaux  numisniRtiqur* 

i»a.niw«rit». 


i 


316  MKMOIRES 

Ce  denier  présente  le  type  des  monnaies  anonyme»  de 
Nancy.  Sierck,  Thionville  et  Lunéville,  attribuées  à  Ma- 
thieu III  par  Saulcy ,  et  de  celle  de  Preny,  que  nous  laissons 
au  même  prince;  mais  le  témoignage  de  l'histoire  nous 
oblige  à  le  donner  à  Ferri  111,  attendu  que  ce  ne  fut  qu'en 
1284  que  Mirecourt  fut  cédé  à  la  Lorraine  par  Isabelle,  fiUe 
et  héritière  d'Eudes,  comte  de  Toul.  Le  type  du  cavalier  et 
de  Taigle  s'est  donc  perpétué  pendant  une  as^z  longue 
période. 

N**  2.  .F.iyLO....RGG'.  Le  duc  de  face,  tenant  dans  ses 
mains  des  objets  en  forme  de  palmes,  que  la  conservation 
de  la  pièce  ne  permet  pas  de  bien  définir. 

r).  C1RK6  s.  Oiseau  épioyé  semblable  à  celui  de  la  pièce 
précédente.  —  Argent. 

Empreinte  communiquée  par  M.  de  Kœhne,  l'un  des 
conservateurs  du  Musée  impérial  de  l'Ermitage ,  à  Ssûnt- 
Pétersbourg  (pl.XlII,  fig.  3). 

Cette  charmante  monnaie,  entièrement  nouvelle,  ne  peut 
être  classée  ni  à  Ferri  I"  ni  à  Ferri  II ,  attendu  que  Sierck, 
cédé  en  1173  à  l'église  de  Metz,  par  donation  du  duc 
Mathieu  1"%  ne  fit  retour  au  duché  qu'en  1247,  sous 
Mathieu  II,  père  de  Ferri  III.  Ajoutons  que  la  représenta- 
tion du  personnage,  vu  de  face,  avec  cheveux  ondoyants 
à  la  manière  de  Testerling  anglais ,  s'était  généralisée  à 
la  fin  même  du  xiii*  siècle  et  au  commencement  du  iiv*. 

Fkrri  IV  (131-2-1328). 

N«  1.  +F.  DVX  LOTHO.  Croix  cantonnée  de  deux  crois- 
sants et  deux  étoiles. 
ft.  NANC  6 1.  Épée  en  pal,  accostée  de  deux  alérions. 


ET    DISSERTATIONS.  317 

Petit  denier  reproduit  d'après  Lemoyue  de  Moyenvic 
(pi.  Xin.fig.  4). 

Cette  jolie  monnaie  appartient  au  règne  de  Ferri  IV  par 
Tépée  et  les  alérions  du  revers.  La  croix  cantonnée  de  crois- 
sants et  d'étoiles  qu'elle  porte  au  droit  est  la  même  que 
celle  d'un  denier  que  Saulcy  *  classe  à  Ferri  II ,  mais  qui 
DOQS  parait  devoir  être  donné  à  Ferri  III. 

N-  2.  +F6RI.  DVX  LOThORe  GIG.  Dans  le  champ  le 
duc  casqué  et  couvert  d'un  écu  aux  trois  alérions,  galope 
à  gauche;  il  tient  de  la  main  droite  une  lance  ornée  de 
son  fanon. 

^.  +MOn  e  TA.  FACTA.  APVD.  NANC  €  Y Vm . 

+SIGNVMCRVGIS.  Croix  pattée  au  centre. 

Aident  de  bon  titre  ;  communiqué  il  y  a  quelques  années 
par  M.  Belot,  de  Bar-le-Duc  (pi.  XIII ,  fig.  6). 

Ce  grand  denier  n'a  pas  été  publié  que  je  sache.  C'est 
\iDe  des  nombreuses  imitations  du  cavalier  de  Jean  d*A  vesnes 
(1280-130&)  que  l'on  vît  paraître  de  tous  côtés  au  xiv»  siècle 
et  particulièrement  dans  les  comtés  et  duchés  formés  des 
débris  de  l'ancien  royaume  de  Lorraine  \ 

Le  spadin  et  le  demi-spadin  de  Ferri  IV,  que  tout  le 
xtioode  connaît ,  présentent  le  même  cavalier  au  droit,  mais 
ienr  type  est  tout  lorrain  au  revers. 

N*  3.  F€RRIC,  dans  les  angles  rentrants  d'un  contour 
fiCoilé  à  six  pointes.  Au  centre ,  Técu  de  Lorraine. 

*  t.  ««.,  pi.  I,  fig.  11. 

^  Parmi  ks  princes  qui  ont  copié  le  c&Taller  de  Jean  d'Avetnet  on  peut 

^S^«er  :  Amonld,  comte  de  Looz  (1280-1323),  Wallerand,  comte  de  Lignj 

(   X2B8.1353],  Gai,  comte  de  Saint-Pol  (1292-1317)  ,  Jean,  comte  de  Namnr 

\l.t297-1330),  Gnillanme  1",  comte  de  Hainant  (13041337  ),  Robert,  comte  dé 

F^madr»  (  1305-1322  ),  Jean,  sire  de  Wallinconrt  (  1306-1314) ,  Pierre  de  Mi- 

Tvpoix,  érêqne  de  Cambrai  (1310-1324),  Jean  de  Sierck,  évdqne  de  To«) 

(,1.297.1305)^  eie.,  etc.  Ces  ca?alier«  valaient  les  deux  tiers  dn  gros  de  France. 

1861.-4.  23 


\ 


318  IIÊMOIRES 

^  DVX  LOT  OR  G  GI 6 .  Dans  le  champ,  uue  croix  à  hran  - 
ches  ileuronnées ,  dont  le  cœur  est  évidé  en  forme  de  rose , 
—  Argent.  Poids,  06%96. 

Ma  collection  (pi.  XIII,  fig.  6). 

Cette  jolie  monnaie  n'était  connue  que  par  un  desBÎn  in- 
suffisant de  Mory  d*Elvange. 

N**  A.  F€RRIG,  dans  les  angles  rentrants  d'un  contour 
étoHé  à  six  pointes.  Au  centre ,  l'écu  de  Lorraine. 

i).  DVX,  écrit  dans  trois  des  angles  d'une  croix  pattée, 
dont  le  cœur  est  évidé  en  forme  de  rose.  Le  quatrième  angle 
renferme  un  alérion.  — Argent.  Poids,  0«',54. 

Ma  collection  (pi.  XIII,  fig.  7). 

Dom  Calmet  a  fait  graver  une  pièce  analogue;  mais  son 
dessinateur  avait  mis  un  carré  à  la  place  du  D  et  un  lozange 
à  celle  de  l'V  dans  le  mot  DVX. 

Raoul  (1329-1346). 

Une  trouvaille,  acquise  en  1848]  par  M.  Gillet ,  a  gran- 
dement enrichi  la  numismatique  du  duc  Raoul.  Au  com- 
mencement de  cette  année ,  un  ouvrier  qui  déblayait  le 
terrain  sur  lequel  s'élevait,  avant  1791,  l'ancienne  église 
de  l'abbaye  de  Clairlieui,  rencontra  dans  les  fondations 
du  mur  du  chœur,  cent  vingt-sept  monnaies  de  Raoïi),  ' 

*  La  fondation  de  e«  monaatëre  est  due ,  tuivant  Topinion  géDérala ,  an  4iie 
Mathieu  I*';  mais,  d*aprës  une  charte  de  Tévèque  de  Toul ,  Pierre  d«  Brixej 
(  1176),  on  doit  en  faire  honneur  à  Gérard  II ,  comte  de  Vandémont.  On  Mi- 
rait choisi  pour  son  emplacement  une  gorge  perdue  dans  la  Tasta  forêt  4e 
Hejs,  M  lieu  lors  d*horreur  et  de  vaste  solitude  »  que  les  moines  de  OMeaax   ^ 
rendirent  bientôt  «  idoine  à  Tusage  humain  et  prêt  à  y  habiter.  »  Af^lé  dV  ^ 
bord  Amaleu  (  Amarui  locut),  ce  vallon  reçut  de  Mathieu^  chart*  de  1150,  li^ 
nom  de  Clair  lieu  (  locum  illnm  qui  quondam  vocabatur  Amelnm,  bubc  aitwiaH 
Buncupator  Clarus  locn»,  me  autem  hoc  nomen  illi  imponente). 


ET    DISSERTATIONS.  il9 

pour  la  plupart  parfaitement  consen'ées.  Deux  types  bien 
connus  étaient  largement  représentés  dans  ce  trésor  ;  ce 
sont  les  n""  3  et  i  de  la  cinquième  planche  de  l'ouvrage 
ée  M.  de  Saulcy  ;  venaient  ensuite  trois  pièces  du'n*"  6  de 
la  même  planche,  sur  Tune  desquelles  on  lit  au  droit 
IIRGHIO  au  lieu  de  MARCHIO;  deux  exemplaires  du  n<»  3  de 
la  pi.  V,  où  les  mots  des  légendes  sont  séparés  par  des 
croisettcs  «  au  lieu  de  points;  puis  enfin  les  deux  pièces 
suivantes ,  que  Tamitié  de  leur  heureux  possesseur  nous 
permet  de  faire  connaître  aux  lecteurs  de  la  Revue, 

W  1.  +RADVLPhVS  DVX  MARChlO.  Dans  le  champ,  une 
épée  en  pal,  accostée  de  deux  écus  de  Lorraine  et  deux 
trèfles. 

4.  H-MONETADELOThORENGIA.  Au  centre,  un  contour 
épicycloïdal ,  à  quatre  lobes ,  embrassant  une  croix  fleurie 
9,ncœuTév\dé.— Argent.  Poids,  3«%82  (pL  XIII,  fig.  8). 

Cette  pièce  doit  être  considérée  comme  le  premier 
exemple  de  la  forte  monnaie  au  type  lorrain.  Le  prédé- 
cesseur de  Raoul  avait  introduit  le  gros  dans  ses  États, 
mais  en  lui  conseivant  le  type  français. 

N-  2.  RADVLPhVS:DVX:MARGhI.  Épée  en  pal,  coupant 
en  deux  la  légende;  à  droite  et  à  gauche,  un  écu  de  Lor- 
raine. 

4.  +MONETA  DE  LOThORlNGIA.  Au  centre,  un  contour 
épicycloîdal  à  quatre  lobes,  dans  lequel  est  inscrite  une 
croix  pattée ,  à  branches  pleines.  —  Argent.  Poids ,  8»',23 
(pLXIII,fig.9). 

W  3.  :RADVLPhVS:DVX:  Épée  en  pal  coupant  en  deux 
tout  le  champ  de  la  pièce;  à  droite  et  à  gauche,  F  écu  de 
Lorraine. 

B).  +MONETA  DE  NANCEL  Croix  pattée  à  branches 
pleines.  —  Argent.  Poids,  1»',09  (pi  XIV,  fig.  10). 


\ 


320  MÉMOIRES 

Cette  pièce  était  sans  doute  le  tiers  de  Tunité  principale; 
elle  présente  à  peu  près  le  même  type  que  la  précédente. 

N«â.  -fRADVLP  DVX  MARChlO.  Dans  le  champ,  un 
contour  formé  d* angles  et  de  courbes ,  au  centre  duquel  se 
voit  Técu  de  Lorraine. 

]^.  +MONETA  NOVO  CASTR.  Épée  en  pal. 

C'est  encore  au  recueil  de  Lemoyne  de  Moyenvic  que  je 
dois  le  dessin  de  cette  jolie  pièce  de  Keufchâteau  (pi.  XIV, 

fig.  11). 

N**  5.  Raoul,  à  l'exemple  de  son  père  et  d'un  grand  nom- 
bre de  petits  princes  des  Pays  Bas  et  des  bords  du  Rhin,  a 
copié  le  gros  tournois  de  France. 

+  R.  LOThORINGIE ,    et ,    en    légende    extérieure  ; 

+BNDICTV NOME.  DNI.  NRI.  DEI.  IHVXPI.  Au  centre, 

une  croix  pattée. 

^.  +TVRONVS  DVCIS.  Type  habituel  du  chatel;  bordure 
de  lis.  —  Argent.  Poids,  Z^.Ol. 

Trouvé  aux  environs  de  Metz.  Collection  GîUet  (pi.  XIV, 
fig.  12). 

Jean  (1846-1389). 

La  série  déjà  si  riche  des  monnaies  du  roi  Jean  s'est 
notablement  augmentée  depuis  quelques  années. 

M.  G.  Rolin  a  décrit  les  plaques  de  Preny  et  de  Neufchà- 
teau  et  la  monnaie  présentant  d'un  côté  Técu  de  Lorraine 
incliné ,  timbré  d'un  casque  couronné  avec  une  aigle  pour 
cimier  ;  de  l'autre ,  Tépée  en  pal ,  accostée  de  deux  étoi- 
les, etc.  Tout  le  monde  possède  le  magnifique  gros,  in- 
connu il  y  a  quelques  années  dont  le  droit  porte  le  type 
qui  vient  d'être  indiqué,  tandis  que  Tépée,  au  revers, 
est  accostée  de  deux  écus  de  Lorraine.  Enfin  on  a  re- 


ET   DISSERTATIONS.  821 

trouvé  la  plupart  des  monnaies  de  ce  prince  que  Saulcy 
n'avait  pu  décrire  que.  d'après  d'anciens  dessins.  M.  Gas- 
taldi  m'avait  communiqué  les  originaux  des  n**  A ,  9  et 
10  de  la  pL  VI  de  cet  auteur,  ainsi  que  les  n**  7  et  9  de 
la  pi.  YII.  Le  cadre  de  mon  article  ne  me  permet  pas  de 
reproduire  aujourd'hui  ces  belles  pièces. 

Les  deux  monnaies  suivantes  n'ont  pas  été  publiées,  du 
moins  à  ma  connaissance  : 

N*  1.  +IOhÀNNES  DV...  LOThORI.  Aigle  éployée  regar- 
dant à  gauche. 

^.  HONETA  DE  NANCEIO.  Épée  en  pal,  accostée  de  deux 
écus  de  Lorraine  et  coupant  en  deux  tout  le  champ  de  la 
pièce.  Type  déjà  connu  avec  une  légende  différente  ^  — 
Argent  bas. 

CoUection  GiUet  (pi.  XIV,  fig.  13). 
N*  2.  IOhANN€S  DVX.  Dans  le  champ  MAR.  Un  alérion, 
^»npiétant  sur  le  filet  intérieur,  remplace  la  croisette  au 
^commencement  de  la  légende. 

^.  MON  €  TA  NANC  €  I.  Croix  pattée,  dite  croix  de  procès- 
n^ion^  dont  le  pied  arrive  jusqu'au  grènetis  extérieur.  Un 
«^ftlérion,  au  lieu  de  croisette  en  tète  de  la  légende.  —  Billon. 
:t^oids,  l8%10. 

Communiqué  par  feu  M.  Motte  de  Sarrelouis  (pi.  XIV, 
*5g.  14). 

Le  Musée  d*ÉpinaI  possède  une  monnaie  analogue ,  où  le 
JEBot  complet  MARCHI  est  écrit  en  deux  lignes ,  dans  le 
c^liamp. 

N*  3.  +LOTTRIEN  DVX.  Fleur  de  lis. 
fi.  +S.  lOHANNESB.  Saint  Jean-Baptiste  debout.  —  Or 
(pi.  XIV,  fig.  15). 

*  Siulcy.  toc.  Cl/.,  pi.  VI  ^fig.  6. 


tZZ  HÉMOIRES 

Cette  pièce  anonyme,  dont  Fempreinte  me  vient,  je 
crois,  de  M.  Reicbel ,  rappelle  les  florins  au  nom  de  Jeaof 
qui  ont  été  décrits  par  M.  G.  Rolin  '  ;  elle  peut  appartenir 
au  règne  de  ce  prince  ou  à  un  des  règnes  voisins,  car  le» 
florins  ont  eu  longtemps  cours  au  xit*  siècle. 

François  de  Vaudemont,  comte  de  Salm  (1625-1632). 

Parmi  les  curiosités  de  la  série  Lorraine,  on  doit  citer 
les  monnaies  de  François  II ,  qui ,  après  avoir  porté  la 
couronne  ducale  pendant  cinq  jour»,  l'avait  transmise  à 
son  fils  Charles  IV,  mais  s'était  réservé  le  titre  de  duc 
de  Lorraine  et  le  dcoit  d'avoir  une  monnayerie  à  Badon- 
villers,  dans  son  comté  de  Salm.  Mr  de  Saulcy  a  déjà  dé* 
crit  un  écu  et  deux  testons  de  ce  prince  %  où  il  s'est  fait 
représenter  en  buste  avec  le  titre  de  due  de  Lorraine. 
Voici  un  curieux  tbaler  frappé  à  Badonvillers,  suivant  la 
loi  de  l'empire  '  ;  le  nom  de  François  n'y  paraît  pas,  mais 
sa  date  le  rapporte  à  la  dernière  année  de  la  vie  de  ce 
prince.  Cette  pièce ,  grâce  à  sa  légende  et  au  type  de  son 
revers,  qui  rappelle  celui  de  quelque»  thalers  d'outre- 
Rhin  *,  devait  circuler  facilement  en  Allemagne  et  seconder 
la  spéculation  qu'avait  faite  le  duc  de  Lorraine  en  se  réser- 
vant ,  après  son  abdication ,  les  bénéfices  d'un  atelier  mo* 
Hétaire. 

+  FLOREN  VS.  AD.  LEGEM.  ET.  VALORE.  IMPERII.  BA.  CV. 
Écu  plei^n  de  Lorraine ,  surmonté  de  la  couronne  ducale  ^ 
dans  le  champ,  la  date  1662> 

<  Dtâcription  rfe  monnain  du  XIV*  sièclt  trouvées  à  Bvtitsonc^urt  {Mmurthi), 

•  loc.  cit„  pi.  XXVl,  fig.  1,  2  et  3. 

»  Cf.  J.  C.  Hirscli,  MunZ'Archiv.  Nurnberg,  1761. 

*  Gf.  Munttbuchy  Franckfart  am  Mayn,  anno  1631,  foêêim^ 


ET    DISSERTATIONS.  32S 

jf.  t  HOiNSTRA.  TE.  ESSE.  MATREH.  Au  centre,  la 
Vierge  eolourée  de  rayons  flamboyants,  la  tète  couronnée 
tl'étoiles  et  les  pieds  posés  sur  un  croissant.  —  Argent. 
Poids,  28  grammes. 

Communiqué  par  M.  Gastaldi  (pi.  XI\\  fig.  16). 

Contrefaçon  de  la  monnaie  du  duc  Charles  IV. 

Les  petites  monnaies  d'argent  bas  frappées  par  Char- 
les IV  (1625-1Ô75)  au  type  introduit  par  le  duc  Henri 
(  1608-1624  *  ) ,  ont  eu  un  cours  très-répandu  et  ont  donné 
lieu  à  une  curieuse  contrefaçon  que  nous  allons  dé- 
crire. 

N*  1.  CAROL.D.G.DVX.MANT.ÉGUssons  accolés  sous  une 

couroniie  et  chargés ,  le  premier,  d'un  crancelin  imitant 

les  alérions  de  Lorraine ,  le  second ,  d'une  copie  fidèle  des 

a.rmes  de  Bar.  Sous  les  écussons  un  C  tenant  lieu  du  G. 

du  prototype. 

^.  MONET.NOVXAROLOP.CVS.  Dans  le  champ,  l'alérion 
^^ouronoé  de  Lorraine.  —  Billon.  Poids,  0<%9ô. 
CoUection  de  M.  Gillet  (pi.  XIV,  fig.  17). 
N*  2.  Variété  de  la  même  pièce,  portant  CVSA  au  lieu  de 
C5"^'S;  même  collection. 

Cette  pièce  appartient  à  Charles  III  de  Genzague ,  duc  de 
BC^toue;  elle  a  été  frappée  dans  la  ville  fondée  par 
Cliarles  II  de  Gonzague  et  nommée  Carolopolis  ou  Caro- 
P^^s,  Charlevilie,  et  fabriquée  à  bas  titre  pour  le  duché 
^®  Rethel,  de  1657  à  1659,  et  avec  l'arrière- pensée  de  la 
^^^ir^  pénétrer  et  circuler  en  Lorraine. 

'  ^^nlcy,  pi.  XXV,  fig.  9,  «t  pi.  XXVI.  fi«.  ». 


ttà  MÉMOIRES 

Charles  III  de  Gonzâgue  mourut  le  ià  août  1665 ,  après 
avoir  vendu  à  Mazarin  tous  ses  domaines  de  France. 

Les  barbeaux  de  Bar  et  le  crancelin  de  Saxe  ont  été 
choisis  par  le  monnayeur  parmi  les  nombreuses  alliaDces 
des  Gonzâgue ,  pour  donner  à  la  monnaie  de  Charleville, 
sans  lui  ôter  son  caractère  individuel,  une  complète  res- 
semblance avec  le  prototype  lorrain. 

BAR. 

Robert,  duc  de  Bar  (1355-1411). 

N«  1.  +BARReKSIS:DVX:ET:MiRChIO:Dei:GRACIA. 
Écu  de  Bar,  surmonté  d'une  couronne. 

i^.  +XPG.VINGIT.XPG.ReGNAT.XPC.IMP6RAT.  Groix 
fleurie ,  au  cœur  évidé ,  dans  un  contour  épicycloîdal  à 
quatre  lobes.  Lis  au  sommet  des  angles  rentrants  ;  étoile 
au  centre. 

Gette  magnifique  pièce  d*or  est  une  imitation  de  Técu  de 
France  à  la  couronne  -,  elle  a  été  trouvée  en  Hollande  il  y  a 
quelques  années.  J'en  dois  le  dessin  à  M.  G.  P.  Serrure,  de 
Gand.  Elle  est  passée  depuis  dans  la  collection  Reichel 
à  Saint-Pétersbourg  (pi.  XIV,  fig.  18). 

La  seigneurie  de  Pont-à-Mousson  avait  été  érigée  eu 
marquisat  en  135A ,  et  le  comte  de  Bar  créé  duc  en  1355. 
L'écu  anonyme  que  nous  venons  de  décrire  doit  appartenir 
à  la  fin  du  règne  de  Robert ,  de  1355  à  lâll ,  ou  peut-être 
même  à  celui  d'Edouard  III  (1411-1415).  On  trouve  ce 
type  d'imitation  dans  les  Pays-Bas  au  commencement  du 
XV*  siècle ,  par  exemple  en  Hainaut  sous  Albert  de  Bavière 
(1389-1404)  et  Guillaume  IV  (1414-1417),  et  en  Brabant- 
sous  Jean  IV  (1410-1427). 


ET   DISSERTATIONS.  S26 

N*  2.  +ROBeRTVS  DEI  GRA.  Croix  pattée,  avec  une 
fleur  de  lis  au  deuxième  et  au  troisième  cantons-,  en  légende 
extérieure NeDICTVM.SIT.NOMe.DNI.NRI.... 

^.  BARRgSIS.DVX.  Au  centre,  une  couronne  ileurdeli* 
sée  :  bordure  de  lis.  —  Arg. 

Cette  copie  servile  du  gros  du  roi  Jean  (1350-1 36A  *)  fait 
aussi  partie  de  la  collection  Reichel  ;  j'en  dois  la  connais- 
sance à  M.  de  Kœhne  (  pi.  XIV,  fig.  19) . 

Cii.  Robert. 

*  Leblanc,  Groi  blanci  à  la  couronne,  p.  258. 


CHRONIQUE. 


ORGITIRIX,  FILS  D'ATEPILLVS. 

L'année  dernière^  à  propos  de  la  précieuse  monnaie  gai 
qui  a  pour  légende  OHCITIRIX  ÂTriLI  l\  je  faisais  obfl 
que  récriture  phénicienne  dont  tous  les  peuples  de  TEi 
font  encore  usage  aujourd'hui ,  avait  ^  à  l'origine  ^  conservé 
les  Grecs ^  les  Latins^  les  Gaulois,  les  Ibériens,  la  faculté 
primer  certaines  voyelles  et  les  consonnes  redoublées 
qu'elles  fussent  tracées.  J'ai  donc  cru  pouvoir  écrire  Ate^ 
et  non  Aipilus;  le  caractère  employé  pour  former  la  lég 
indiquant  une  époque  très-ancienne  pour  laquelle  le  ^ 
mode  d'orthographe  paraît  tout  à  fait  naturel.  H  y  a  quel 
semaines^  en  passant  à  Nimes^  j'ai  remarqué,  parmi  les  ins 
tions  accumulées  devant  Tantique  édifice  connu  sous  le 
de  Temple  de  Diane  ^  un  texte  malheureusement  mutilé  » 
voici  la  copie  : 

G.  ASVIO.  ATEPILLAE.  G.  AS 

MESSIO.  ATESSATIS.  FIL.  PA 

ASVIA.  ASVL  FIL.   SIBI   ET 

EX  TESTAMEI 

Ce  n'est  pas  dans  la  Revue  numismatique  que  cette  inscri| 
doit  être  commentée;  mais  je  la  rapporte  cependant  ici  coi 
un  document  très-utile  à  l'appui  de  la  lecture  d'un  nom  1 


CUROPIIQCE.  327 

«or  one  monnaie  gauloise.  L'inscription  est  postérieure  à  la 
monnaie,  et  nous  montre  comment  le  nom  du  père  d'Orgitirix 
doit  être  prononcé.  A.  L. 


^Dans  sa  séance  du  9  août ,  TAcadémie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  a  décerné  le  prix  de  numismatique  fondé  par 
Allier  de  Hauterocbe  à  M.  Tb.  Mommsen,  de  Berlin  »  pour  son 
OQTrage  intitulé  :  Gesc/dchte  des  Bômùchen  Mûnzwesens  (Histoire 
dn  système  monétaire  des  Romains),  et  iine  mention  honorable 
i  notre  collaborateur  M.  J.  Sabatier  pour  sa  Description  générale 
de$  médaillons  contomiates. 


MONNAIES  DU  Xll«  SIÈCLE 

ftioDUVIRTlS   FRb  DB  YARIT^   DEPARTKlfENT   DE  LA  niBVRS. 

M*  Grasset  alné^  de  la  Cbarité-sur-Loire,  a  eu  l'obligeance  de 
^Qs  faire  connaître  la  découverte  d'un  petit  trésor  composé  de 
*W deniers  du  xii»  siècle.  Ces  pièces  ont  été  trouvées  par  un 
*«K!ant  de  Varzy. 
V.  Grasset  a  bien  voulu  confier  à  mon  examen  : 

i5  deniers  de  Gui  I,  comte  de  lievers. 

1  —  d'Eudes  III,  duc  de  Bourgogne. 

7î  —  anonymes  d'Auxerre. 

1  —  anonyme  de  Tonnerre. 

4  —  anonyme  de  Bourbon. 

6  —  anonymes  de  Sancerre. 

i  -*  des  seigneurs  d'Issoudun. 


828  r.iiROiMQUE. 

15  autres  deniers,  dont  â  au  nom  de  Gui  de  Ncvers,  avaient 
été  vendus  par  Tinvcnteur  du  trésor. 

Les  monnaies  d'Auxerre  portent,  d'un  côté^  la  légende 
ALTISIODOR  autour  d'une  croix,  et,  de  l'autre,  une  seconde 
croix  dans  un  grènetis,  en  dehors  duquel  sont  places  deux  an- 
nelets  et  deux  groupes  de  trois  points,  sans  légende.  40  de  ces 
pièces  sont  bien  conservées  ;  le  reste  est  plus  ou  moins  usé. 
Quoiqu'elles  aient  été  frappées  à  l'aide  d'un  grand  nombre  de 
coins,  elles  ne  constituent  qu'une  seule  variété. 

AO  de  ces  pièces,  choisies  non  parmi  les  mieux  frappées, 
mais  comme  n'offrant  pas  de  cassures ,  ont  donné,  pesées  en- 
semble, 39'',25,  c'est-à-dire  une  moyenne  de98i  milligrammes 
par  denier.  Les  plus  lourdes  sont  de  l'",22, 1*',20,  i"',  10,  {",01; 
les  plus  légères  sont  de  0'',85,  0*',89.  Le  marc  de  Troyes  pe- 
sant 26C,0ri0,  on  voit  que  les  deniers  frappés  suivant  l'ordon- 
nance de  1188,  à  la  taille  de  200,  devraient  peser  un  peu  plus 
de  1*',30,  et  que  ceux  dont  la  taille  à  222  était  constatée  par 
l'arbitrage  de  1231  seraient  d'un  peu  moins  de  1«',172.  (Voy. 
Revue  numism.  1859,  p.  245,  248,  et  i860,  p,  377.) 

Les  pièces  de  Sancerre  offrent,  au  droit,  la  tête  de  Jules  César 
posée  de  face,  ornée  d'une  couronne  sans  fleurons,  accostée  do 
deux  étoiles;  autour,  la  légende  -f  IVLVS  CES.A.R;  au  rev«5, 
+  SACRVM  €SARI,  avec  croix  patlée,  cantonnée  des  lettres  G 
et  S.  Poids,  1  gramme,  0",87,  0^82,  etc. 

Le  denier  de  Bourbon  nous  montre  sur  une  de  ses  faces 
LODVICVS  REX  autour  du  mot  REX  défiguré,  et  sur  l'autre 
+  BORBONENSIS,  avec  une  croix  accompagnée  de  deux  ir&— 
fles.  Il  y  a  vingt-deux  ans,  M.  de  la  Saussaye  restituait  ce  de^ 
nier  à  Archambaud  VIII,  sire  de  Bourbon  (1171-1220).  M.  de 
Soultrait  semble  disposé  à  l'attribuer  à  Archambaud  VII  (116l>- 
1171).  Cet  exemplaire  pèse  0"',90. 

L'unique  denier  de  Bourgogne  a  pour  légende  -j-  ODO  DVX 
BVRGîDIE  — DIVIONENSIS.  La  croix  du  revers  est  cantonnée 
de  deux  petits  fers  de  flèche  ;  c'est  la  pièce  que  M.  Anatole  de 


CHRONIQUE.  329 

Barthélémy  aliribue  à  Eudes  III  (1193-1218).  Elle  est  assez 
bieQ  conservée  et  pèse  0''^93. 

Le  denier  du  comte  de  Tonnerre  présente  les  lettres  IS  deux 
fois  répétées  ;  il  pèse  0'',90.  Nous  laissons  à  M.  A.  de  Barthé- 
lémy le  soin  de  le  commenter  dans  un  travail  spécial. 

Des  deux  deniers  dlssoudun^  l'un  de  Raoul  11^  et  qui  porte 
les  légendes  RADVLFVS— XOLIDViN,  est  mieux  conservé  que 
œloi  qui  avait  été  publié  par  M.  Cartier  en  1841^  et  qui  a  été 
reproduit  par  M.  Poey  d*Âvant.  On  voit  distinctement  au-dessus 
du  monogramme  une  barre  et  non  un  croissant.   Poids,  l'%20. 

Le  second^  malheureusement  très-fragmenté ,  offre  encore 
GVIS  C...  ;  au  revers,  XOL.....I.  C'est  une  pièce  que  j'ai  dé- 
crite il  y  a  vingt  ans ,  d'après  l'exemplaire  conservé  dans  la 
collection  de  feu  M.  C.  J.  Dassy»  et  j'en  ai  fourni  une  mauvaise 
explication.  En  1840,  M.  Cartier  n'avait  pans  encore  publié  le  de- 
nier de  Raoul  qu'il  possédait,  et  qui  aurait  pu  me  servir  de 
point  de  comparaison;  d'ailleurs  les  pièces  données  à  l'Eudes  de 
1164-1167,  doivent  être  restituées  à  Eudes  111  (vers  H80).  La 
remarque  de  M.  de  la  Saussaye  sur  la  ressemblance  de  ces  mon- 
oaies  avec  celles  de  Richard  subsiste  dans  toute  sa  force. 
[Ramenumism.y  1839,  p.  133.  ) 

M.  Poey  d'Avant  a  reproduit  sans  observations  mon  attribu- 
tion erronée;  il  est  vrai  qu'il  n'a  pu  voir  la  monnaie  originale; 
nuis  je  pense  que  la  description  même  sufiit  pour  comprendre 
hoorrectioD  que  je  propose.  Ne  trouvant  dans  les  listes  des 
seigneurs  d'Issoudun  aucun  personnage  du  nom  de  Gui ,  j'a> 
supposé  que  GVIS  était  un  abrégé  de  Guillelmus,  et  j'ai  classé  le 
dmier  à  Guillaume  I*'  (  121  â ).  Je  ne  connaissais  pas  alors  le  beau 
denier  à  la  légende  GVILERMVS— EXOLDVNI  que  M.  Poey 
d'Avant  a  publié  en  1853,  et  qui  appartient  bien  à  ce  seigneur  ; 
mais  depuis^  en  lisant  la  savante  Histoire  du  Derry  de  ^I.  Rainai, 
j'ai  trouvé  (t.  Il,  p.  48)  le  renseignement  qui  m'était  nécessaire. 
Eudes  H  ,  seigneur  d'Issoudun,  mourut  en  1167,  ne  laissant 
qn'un  lils  nommé  Eudes  comme  lui.  Mahaut  de  Bourgogne,  sa 


330  CHRONIQUE. 

veuve,  sfi  remaria  d'abord  à  Gui  I,  comte  de  Nevers  et  d'Atuu 
puis,  en  li75,  à  Pierre  de  Flandre,  qui  mourut  en  II 
en  li78>  pendant  qu'Henri  II,  roi  d'Angleterre^  était  à  Cbftt 
roux,  on  vint  lui  proposer  d'être  tuteur  du  jeune  Eudes.  Cel 
avait  donc  été  mineur  pendant  tout  le  temps  qui  s'était  éo 
entre  la  mort  de  son  père  et  celle  de  Gui  de  Nevers ,  sec 
mari  de  sa  mère  (i  167-4 175),  et  nous  savons  assez  mainte 
que  les  tuteurs  plaçaient  leur  nom  sur  la  monnaie  des  en! 
dont  ils  avaient  la  garde,  pour  ne  pas  hésiler  à  considén 
légende  GVIS  COMES  comme  appartenant  à  Gui  I  de  Ne^ 
De  cette  façon ,  le  titre  cornes ,  auquel  les  seigneurs  d'Issoi 
n'avaient  aucun  droit,  s'explique  parfaitement  ;  le  denier  p 
sa  véritable  place  dans  la  série  des  monnaies  rangée  d'apn 
forme  du  nom  de  lieu,  altérée  pendant  un  siècle. 

XOLIDVN  (Geoffroi,  1092.  —  Raoul  II,  1127.  —  Gui  de 

vers,  1168). 
EXOLDVNI  (Eudes  III,  vers  1180.  —  Richard,  vers  H9I 
Guillaume  P',  1212). 

Quant  à  la  forme  Guis  pour  Gui,  elle  tient  à  ce  qoe  dai 
grammaire  de  ces  temps  la  seconde  déclinaison  était  ] 
pour  type  des  noms  masculins,  et  que,  de  même  qu'on  for 
les  nomitatifs  Henris,  Richars,  Pierres,  Phelippes,  Ponces,  ] 
meris,  de  Eenncus,  Ricarcft^,  Pe/rM5,  Rober/e/5,  PhilîpjEWf ,  1 
dus,  Amalricu5,  on  croyait  devoir  écrire  Guis,  Âlixand 
Lions,  etc.,  bien  que  ces  noms  dérivassent  de  Guido,  Alexa 
et  Léo.  Dans  les  historiens  des  Croisades,  Guy  de  Lusignai 
appelé  /{  rois  Guis  {Recueil  des  hist,  des  Croisades.  Bisi.  oc 
t.  II,  p.  128,  188,  189).  Nous  avons  déjà  abordé  cette  que 
à  propos  de  la  monnaie  frappée  par  un  autre  tuteur,  Heoi 
Sully,  pendant  la  minorité  d'Amicie  de  Courtenay  {Revm 
mism.,  1859,  p.  268  ). 

Les  17  deniers  de  Nevers  portent  tous  le  même  type. 
droit,  +  COMES  GVIDO  NI  ;  un  croisant,  un  R  et  une  et 


CHRONIQUE.  331 

débris  défigurés  du  mot  REX.  Au  revers,  +NIVERNIS  Cl  VIT 
autour  d'une  croix  simple.  Poids,  i",a2,  i  gr.,0"',95,  O'^jOS. 


Lorsque  M.  de  Soultrait  a  publié  son  intéressant  Essai 
sur  la  numimatique  nivematse  la  monnaie  de  Gui  I  lui  man- 
(juaît;  il  n'en  a  pas  moins  très-justement  adopté  Topinion  de 
M.  de  Barthélémy  qui  avait  classé  à  Gui  II  de  Forez  le  denier 
qui  offre  les  légendes  GVIDO  COiMES-NI VERNIS  CIVIT  (Bévue 
manism.f  i845,  p.  i46).  Aujourd'hui  nous  avons  sous  les  yeux 
des  monuments  qui  ne  laisseront  aucun  doute  dans  l'esprit  des 
aotiquaires^  et  la  série  des  monnaies  de  Nevers  se  trouve  ainsi 
complétée. 

A.  L. 


NÉCROLOGIE. 

«-  Nous  avons  encore  à  enregistrer  la  triste  nouvelle  de  la 
mort  d'un  de  nos  collaborateurs  étrangers,  Comeille-Antoine- 
Rethaan  Blacaré ,  membre  de  Tordre  équestre  de  la  province 
d'Utrecht,  ancien  membre  des  États  de  Zélande,  ancien  échevin 
do  la  ville  de  Middelbburg,  décédé  à  Utrecht  le  17  mars  1861, 
^  l'âge  de  soixante-huit  ans.  La  Bévue  (1858,  p.  457)  a  inséré 
^o  article  de  M.  Macaré  sur  un  denier  de  Pépin,  frappé  à 
Mayence. 

Ce  savant,  qui  a  longtemps  résidé  dans  l'île  de  Walcheren, 

^cheen  monuments  de  Tépoque  romaine,  a  publié  en  4838  et 

i^  deux  rapports  extrêmement  intéressants  et  présentés  à  la 

Sodété  zélandaise  des  sciences  sur  des  monnaies  trouvées  près 

de  Bomburg  (  Verhandelingen  over  de  bij  Domburg  gevondenen 


i 


332  CHRONIQUE. 

rome  inche,  frankische,  brittannische  noordsche  en  anderen  mun- 
ten).  Le  premier  de  ces  rapports  est  accompagné  de  cinq  plan- 
ches  et  le  second  de  quatre.  Quoique  écrits  dans  une  langue 
peu  répandue,  ces  rapports  ont  attiré  l'attention  des  savants 
les  plus  distingués  ;  on  y  trouve  plusieurs  pièces  mérovingiennes 
et  carlovingiennes  très-rares.  (  Voir  Bévue  de  la  numismatique 
belge  y  t.  l,  p.  151  et  t.  V,  p.  217  de  la  troisième  série.) 

Macaré  aimait  avec  passion  la  numismatique  y  et  les  travaux 
qu'il  a  faits  pouvaient  fai/e  espérer  qu'il  se  Jivrerait  à  de  nou- 
velles recherches  et  enrichirait  le  domaine  de  la  science  de  noo* 
vellcs  publications.  J.  W. 


D'importantes  découvertes  numismatiques  ont  été  faites  ré« 
cemment.  Un  grand  nombre  de  monnaies  celtiques  a  été  re- 
cueilli dans  Tîle  Tristan,  près  Douarnenez  (Finistère). — Environ 
4,000  pièces  d'argent  de  Marseille,  trouvées  dans  une  pro- 
priété de  M.  le  duc  de  Sabran,  ont  été  examinées  par  notre 
collaborateur  M.  Carpenlin.  —  Un  trésor  de  monnaies  gauloises 
d'argent,  provenant  de  Chantenay  (  Nièvre  ) ,  a  été  acquis  par 
M.  de  Saulcy,  qui  va  nous  faire  connaître  en  détail  les  précieux 
monuments  inédits  qui  en  font  partie. — A  Deauville  (Calvados], 
on  a  trouvé  toute  une  série  de  monnaies  d'or  de  Philippe  de 
Valois ,  comprenant  les  pièces  les  plus  rares  frappées  par  ce 
prince.  —  A  Moirans  (  Isère  ) ,  la  démolition  d'une  maison  ft^ 
mis  au  jour  un  dépôt  composé  de  quelques  centaines  de  mon — 
naies  d'argent  du  xvi*  siècle ,  frappées  par  François  I ,  Henri  11^ 
Charles  IX ,  Jeanne  d'Albret,  Emmanuel  Philibert,  duc  de  Sa—* 
voie,  et  autres  princes  contemporains.  —  M.  de  Saulcy  nou^9 
annonce  encore  une  notice  sur  une  découverte  de  monnaies  d^ 
Lorraine  qui  a  été  faite  dans  les  Vosges. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


MONNAIES  DES  SALASSES. 

(PI.  XV.) 


Tite-Live  mentionne  deux  fois  les  Salasses  ^  d'abord ,  à 
propos  du  passage  d'Ânnibal  dans  les  Alpes,  lorsqu'il  in- 
dique ropÎDÎOD  de  divers  écrivains  qui  ont  parlé  de  la  route 
suivie  par  l'armée  carthaginoise,  et  quil  ajoute  :  a  Qui 
ambo  saltus  eum  non  in  Taurinos ,  sed  per  Salassos  mon- 
tanos  ad  Libuos  Galles  deduxissent.  »  Puis,  nous  trouvons 
dans  répitome  du  LUI*  livre  :  «  Ap.  Claudius  consul  Sa- 
lassos  gentem  alpinam  domuit  ^  »  Appien  nous  donne ,  à 
son  tour,  quelques  détails  intéressants  :  «  Les  Salasses, 
dit-il,  habitent  les  hauteurs  des  Alpes,  montagnes  d'un 
accès  difficile,  offrant  des  passages  resserrés  et  incom- 
modes. Grâce  à  la  disposition  des  lieux ,  non  seulement  ils 
conservaient  leur  autonomie,  mais  ils  imposaient  un  droit 
à  ceux  qui  traversaient  leur  contrée.  Antistius  Vêtus  les 
attaqua  à  l' improviste,  après  avoir  occupé  les  portes  des 
défilés,  et  les  tint  bloqués  pendant  deux  ans.  Mais  ceux-ci 

1  Soétone  dit  en  parlant  d'Angnste  (  Ort.,  c.  21  )  :  c  Domnit Salassoa 

gentei  înalpiuas.  » 

1W1.-6.  24 


33A  MÉMOIRES 

manquant  de  se),  dont  ils  font  une  grande  consommation, 
finirent  par  admettre  une  garnison.  Cependant,  aussitôt 
que  Vêtus  se  fut  retiré,  ils  expulsèrent  cette  garnison  et, 
maîtres  des  défilés ,  ils  se  rirent'des  fotces  que  César  en- 
voya contre  eux,  sachant  Tinutilité  de  leiu-s  entreprises. 
Aussi  César,  qui  alors  faisait  la  guerre  à  Antoine,  toléra 
leur  indépendance,  et  laissa  impunis  leurs  actes  contre 
Vêtus.  Mais  eux,  s' attendant  à  des  représailles,  firent  une 
grande  provision  de  sel ,  et  ne  cessèrent  d'attaquer  les 
))ossessions  romaines  que  lorsque  Messala  Corvinus,  en- 
voyé contre  eux ,  les  eut  réduits  par  la  famine  ;  c'est  ^àm 
([ue  les  Salasses  furent  conquis  '.  » 

L'expédition  d'Appius  Glaudius  eut  lieu  en  l'an  1A3  avant 
notre  ère  ;  celle  de  Terentius  Varro,  dont  il  va  être  question, 
appartient  à  l'an  25  -,  mais  il  est  bon,  avant  d'aller  plus  loin, 
de  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  un  extrait  de  Strabon^. 
qui  achèvera  de  lui  faire  connaître  le  peuple  dont  nou^ 
avons  à  lui  présenter  les  monnaies. 

«De  l'autre  côté  des  montagnes,  vers  l'Italie,  on  trouva 

les  Taurini ,  nation  ligurienne Plus  loin ,  et  at= 

delà  du  Pô,  habitent  les  Salasses ,  au-dessus  desquels ,  au — : 
les  sommets,  on  trouve  les  Cenlrones^  les  Caiuriges^  tes^ 
Vei^agri^  les  Nanluaies^  le  lac  Léman,  que  le  Rhône  tnu^ 

vëi'se,  et  les  sources  même  de  ce  fleuve La  vmM.  - 

leure  partie  du  pays  des  Salasses  est  dans  une  profonA^ 
vallée,  formée  par  une  double  chaîne  de  montagnes,  doMMt 
ils  Habitent  aussi  quelques  hauteurs.  Ceux  qui,  venajDt 
dltalie,*  veulent  passer  ces  montagnes,  doivent  traverser  la 
vallée,  après  laquelle  le  chemin  se  partage  en  deux  roirtes; 
l'une,  impraticable  aux  voitures,  passe  par  les  hautes moii- 

»  P*  rebiu  i/Zj/rir.,  cap.  17 


rr  DISSERTATIONS,  335 

lagnes  qu*on  Domme  les  Alpes  Pennines  ;  l'autre ,  plus  à 
J'ouest ,  traverse  le  pays  des  Centrones  *. 

«  Les  Salasses  ont  chez  eux  des  mines  d'or,  dont  ils 
étaieDt  les  maîtres ,  aussi  bien  que  des  passages ,  dans  le 
temps  de  leur  puissance.  L'exploitation  de  ces  mines  était 
facilitée  par  le  Durias,  qui  leur  fournissait  l'eau  nécessaire 
aux  lavages  :  aussi,  à  force  d'en  détourner  le  cours  par  des 
saignées  multipliées,  en  tarissaient-ils  souvent  le  lit  prin- 
cipal. Autant  cette  opération  leur  était  avantageuse  pour 
séparer  leur  or^  autant  elle  était  préjudiciable  à  ceux  qui 
cultivaient  les  terres  situées  au-dessous  en  les  privant  du 
secours  d'une  rivière  qui ,  par  sa  position ,  pouvait  arroser 
leurs  champs.  De  là  naissaient  de  fréquentes  guerres  entre 
les  deux  peuples  limitrophes,  jusqu'à  ce  que  les  Salasses^ 
soumis  par  les  Romains ,  furent  dépossédés  de  leurs  mines 
et  de  leur  pays.  Mais,  toujours  maîtres  des  montagnes,  ils 
ont  continué  à  vendre  l'eau  aux  entrepreneurs  des  mines. 
Cependant  l'avarice  de  ces  derniers  entretenait  toujours  la 
discorde  ;  ce  qui  faisait  que  ceux  des  Romains  qui  briguaient 
le  commandement  de  ces  pays,  quand  ils  l'avaient,  ne  man- 
quaient jamais  de  prétextes  pour  faire  la  guerre  aux  Sa- 
lopes. Ceux-ci ,  tantôt  en  guerre ,  tantôt  en  paix  avec  les 
Romains, se  sont  soutenus  jusqu'à  ces  derniers  temps,  en 
faisant  beaucoup  de  mal  par  leurs  brigandages  à  ceux  qui 
traversaient  leurs  montagnes.  Ils  ont  même  poussé  la  chose 
si  loin,  qu'ils  taxèrent  à  une  drachme  par  tête  l'armée  de 
Decius  Brutus  qui  fuyait  de  Modène.  Messala,  qui  avait  son 


*  «ColonJflB  ab  Alpiam  radicîbus,  Augusta  TaurÎDofuin,  astiqua  Lignrum 
•ûrpe,  inde  navigablli  Pado;  dein  Salassorum  Augusta  prsetoria,  juxtn 
gwnints  Alpiom  fores  Graïa*  atqne  Pceninas.  *  Plin.,  III  ,17  (21  éd.  Littré). 

*»P€«(cu  Ptol.,  Gtogr.,  HT,  1, 34. 


836  MÉMOIRES 

quartier  d'hiver  dans  leur  voisinage,  fut  aussi  obligé  de  leur 
payer,  tant  le  bois  de  cbauflage  que  le  bois  d'orme  dont  il 
fit  faire  des  traits  et  des  armes  pour  exercer  ses  soldats  \ 
Ils  pillèrent  même  une  fois  l'argent  qui  appartenait  à 
César  (l'empereur);  et  sous  prétexte  de  travailler  aux 
chemins  et  aux  ponts  des  rivières ,  ils  firent  rouler  sur  des 
armées  entiores  d'énormes  masses  de  pierres.  Enfin  Auguste 
les  a  entièrement  détruits  et  les  a  fait  tous  vendre  publi- 
quement comme  des  esclaves,  à  Eporedia,  colonie  romaine, 
où  il  les  avait  fait  transporter.  On  n'avait  fondé  cette  co- 
lonie que  pour  contenir  les  Salasses;  mais  elle  eut  peine  à 
se  défendre  contre  eux  jusqu'à  ce  qu'ils  furent  entièrement 

détruits.  Le  nombre  de  ceux  que  l'on  vendit  fut  de  trente 

six  mille ,  sans  compter  huit  mille  personnes  en  état  dc^ ^^ 

porter  les  armes.  Ce  fut  Tcrentius  Varro,  général  de  l'ar^ 

niée  qui  les  avait  défaits,  et  qui  les  vendit  à  l'encan.  Troi^^-s 
mille  Romains  envoyés  par  Auguste  fondèrent  la  vill^  e 
iYAuQUsta  dans  le  lieu  même  où  avait  canïpé  Varron ,  t  -t 
maintenant  tous  les  environs  jusqu'aux  sommets  des  mon 
tagnes  sont  en  paix  '.  » 

Au  dire  de  Pline,  Caton  pensait  que  les  Lépontiens  et  It 
Salasses  appartenaient  à  la  nation  taurisque  '.  Telle  et    wmii 


*  On  lit  dans  Dion  Cassius  :  »  Messala  soumit  les  Salasses  et  les 
peuples  complices  de  leur  rébellion.  *•  Lib.  XLIX  ,  c.  38. 

«  Strabo,  Geogr  ,  lib.  IV,  p.  204  sq.  -  Cf.  Dion.  Cass.,  lib.  XLIX,  cap     S4; 
lib.  un,  cap.  25. 

»  Hist.  fiai.,  lib.  111 ,  24,  2.  —  JuiiuA  Obsequens  nous  a  conwrvé  une    rf- 
pense  des  décemvirs  qui  semblerait  indiquer  que  leH  Salasses  t'taient  Gaul<Mr. 
••  App  Claudio,  P.  Mctello  coss.  quum  a  Salassis  iliata  clades  Cbset  Rommoh, 
dpcemviri  pronuncinverunt  se  invenisse  sibylliuis  quotles  bellum  GaUiêillMtm 
e-sent,  sacrificari  in  eorum  finibus  oportere.  •»  (  Produjior.  libelt.,  cap.  LXXX.j 
Mais  il  faut  tenir  compte  de  la  difficulté  que  les  décemvirs  avaient  à  trooT» 
iÏAuê  les  livres  sibyllins  des  réponses  qui  fussent  de  nature  à  satisfaire  I« 
peuple  romain. 


ET    DISSERTATIONS.  337 

]a  terreur  qu'ils  avaient  inspirée  aux  Romains,  que,  suivant 
jDion  Cassius,  lorsque  Terentius  Varro  vendit  les  prison- 
Diers,  il  noit  pour  condition  qu'aucun  d'eux  ne  serait  aflran- 
chi  avant  vingt  ans  ^ 

Les  Salasses ,  ou  le  voit  par  la  comparaison  des  textes^ 
de  divers  historiens  et  géographes  de  l'antiquité,  habitaient 
cette  longue  et  remarquable  vallée  qui  s'étend  du  grand 
Saint-Bernard  à  Ivrée  (Eporedia),  et  qu'arrose  la  Dora- 
Baltea  (Durias).  Aoste  (Augnsta  Praetoria),  capitale  du 
pays,  est  célèbre  par  ses  antiquités,  bien  souvent  citées 
par  les  voyageurs,  relevées  avec  un  grand  i-oin  pour  l'Aca- 
démie de  Turin  par  le  savant  architecte  Cailo  Promis,  et 
qui,  tout  récennnent  encore,  ont  été  comprises  dans  la  belles 
publication  de  M.  Edouard  Aubert  *. 

La  ville  d' Aoste  est  épiscopale;  aussi,  sur  les  tiers  de  sou 
d'or  contemporains  des  Mérovingiens^  porie-t-elle  le  titre 
de  CiiHtas  :  AYSTA  CIVITATE  FIT  \  Au  xnr  siècle  (1-207), 
on  y  faisait  usage  d'oboles  d'or  avant  que  cette  sorte  de 
mounaie  figurât  dans  les  actes  rédigés  en  d'autres  loca- 
lités dépendant  des  comtes  de  Savoie  *.  C'était  un  pa\s  de 
mines  d'or  ainsi  que  Strabon  nous  l'enseigne  ',  et  il  sem- 
blera tout  naturel  d'attribuer  aux  Salasses  d'anli((ues  inon- 


»  Lîb.  LUI ,  c.  25. 

•  La  ValUt  d'Aotlt^  histoire  ^  siteê  et  monuments.  Paris,  Arayot ,  1860. 
ln-4-. 

•  Coiibrouâe,  Mtmélaires  me'roringiensy  pi.  XI,  n"  3  et  -4. 

^  Dom.  ProiniA,  Monete  dei  reali  di  Saroia.  t   II ,  p.  260. 

•  Les  mines  s'étendaient  jusqu'au  territoire  de  Verceil.  Piin.,  lib.  XXXJll, 
c.  21  (  éd.  Littrë),  12.  •<  Kxjatat  lex  cen»oria  Ictiinnloruin  aurilbdii)8Pf  Vercel- 
lensiagro,  qua  cavebatur,  ne  ]>Iuji  quinquo  miilia  bominum  iu  opère  publicuni 
kaberent.  •»  Ce  nombre  de  cinq  mille  ouvriers  démontre  clairement  la  grande 
importance  de  l'exploitaiion.  Voir,  an  sujet  de.-"  miucb  des  Ictimuli ,  pnrandi. 
il|>«  (iraijT  e  Ptnninu^j  p.  110. 


338  MÉMOIRES 

naies  d'or  qui  se  rencontrent  de  temps  à  autre,  soît  dans  la 
vallée  même,  soit  sur  les  hauteurs  des  Alpes,  soit  enfin  sur 
l'autre  versant  de  ces  montagnes  dans  le  Valais  ;  monnaies 
qu'on  ne  trouve  jamais  dans  la  Gaule  transalpine,  qui  por- 
tent des  types  tout  particulières,  et  qui,  sous  le  rapport  de 
la  fabrique,  tiennent  à  la  fois  de  la  monnaie  des  Gaules  et 
de  celles  qu'on  recueille  en  assez  grand  nombre  dans  les 
provinces  germaniques  qui  avoisinent  l'une  et  l'autre  rive 
du  Danube  supérieur*. 

Un  éminent  érudit,  M.  Théodore  Mommsen,  n'a  pas 
hésité  à  proposer  cette  attribution  dans  un  savant  mémoire 
imprimé  à  Zurich  '  ;  mais  ce  travail  paraît  avoir  échappé  à 
l'attention  de  nos  compatriotes,  et  comme  les  monnaies  qui 
ont  fait  le  sujet  de  ses  observations  sont  extraordinaire- 
ment  rares,  et  qu'on  n'en  connaissait  pas  un  seul  exem- 
plaire en  France  avant  que  M.  de  Saulcy  eût  été  asser 
heureux  pour  en  rapporter  un  de  Suisse ,  il  en  résulte  que 
le  nom  des  Salasses  est  encore  absent  de  nos  listes  numis- 
matiques. 

La  faute  en  est  un  peu  à  Caronni,  qui,  au  commencement 
de  ce  siècle,  avait  vu  et  dessiné  chez  le  P.  Muriih,  prieur 
du  couvent  du  mont  Saint-Bernard,  deux  des  monnaies 
que  nous  allons  décrire ,  et  qui  avait  jugé  à  propos  de  les- 
présenter  au  monde  savant,  dans  un  récit  de  ses  voyages- 
(d'ailleurs  à  peine  connu  chez  nous),  comme  des  monu- 
ments du  passage  d'Annibal  dans  les  Alpes.  Caronni  tensût:- 
ces  monnaies  pour  espagnoles ,  et  pensait  qu'elles  avaient^ 
été  aipportées  par  l'armée  carthaginoise;  il  va  même  jus^ — 

*  Franz  Streber,  Veber  die  sogenafinten  Regenbogen  Schtisselchen,  Maochen     -^ 
1860. 

«  Mittheilungsn  der  antiquarischen  Gessellschaft  in  Zurich,  Vil"  vol.,  8*  cahie^^<» 
1853.  Norditruêk'Alphabete  auf  Inschriften  und  Munien, 


ET   DISSERTATIONS.  339 

qu*à  les  appeler,  eu  un  certain  endroit,  des  u)édailles  pu- 
niques*, ce  qui  montre  bien  l'épaisseur  du  nuage  au 
travers  duquel  il  entrevoyait  les  questions  paléogra- 
phiques. 

Le  P.  Murith  (mort  en  1819),  avait  adressé  à  la  Société 
des  antiquaires  de  France  un  mémoire  sur  les  antiquités 
des  Alpes  Pennines,  auquel  étaient  joints  les  dessins  des 
deux  monnaies  en  question;  mais  M.  Bottin,  secrétaire  de 
la  Société,  qui  s'est  contenté  de  donner  Tanalyse  de  cet 
écrit,  a  supprimé  les  dessins  des  «deux  médailles  d'or 
que  l'auteur  nomme  celtibériennes,  chargées  d'un  côté  de 
lettres  et  de  Tauti-e  de  lignes  carrées  et  triangulaires  sans 
figure,  w  Toutes  les  monnaies  décrites  dans  le  mémoire  dit 
P.  Murith  avaient  été,  suivant  M,.  Bottin,  Tabréviateur,  re- 
cueillies, de  1760  à  176Â,  parmi  les  ruines  du  temple  de 
Jupiter,  au  couchant  du  monastère  *,  par  conséquent  sur 
le  territoire  d'Aoste. 

Dolomieu,  lors  de  son  deniier  voyage,  avait  vu  ces  nion-- 
naies  à  Martigny,  chez  le  prieur  Murith;  «il  possède 
encore,  dit  Bruun-Neergaard  ,  plusieurs  monnaies  car- 
thaginoises trouvées  aux  lieux  par  où  on  dit  quWnnibal 
a  passé  '.  » 

Dans  la  Revue  numismatique  de  1839,  notre  savant  aniti 
J.  C.  de  San  Quintino,.  parlant  de  l'examen  qu'il  avait  fait: 
ea  1837  du  médaillier  conservé  chez  le  prieur  du  grand 
Saint-Bernard,. cite  «deux  médailles  d'or  qu'on  y  a  trou- 


'  Bagguaglio  di  aie.  monum,M  antichità  ed  arii  raccolti  vegli  ult  ria<jgi  da  tm 
aUtUvite.  Milaa,  1805  et  ie06,  part.  11,  p.  22,  79,  157,  tnv.  Yl,  ii"»  45 
et  46. 

'  Mém.  de  la  Soc,  rojalr  des  antiquairt»  de  Frawe,  t.  111 ,  1821,  p.  î;03. 

•  T.  C.  Bruun-Neergaard ,  Journ.  du  dernier  voyaye  du  citoyen  Dolomieu 
tfan#  ItM  Alpes.  Paris,  1802,  p.  9  et  6uiv. 


SAO  MÉMOIRES 

vées  il  y  a  environ  un  siècle,  et  qui  font  encore  partie  de 
la  collection.  » 

«  La  singularité  de  leurs  types  et  du  style  de  leur  fabri- 
que, ajoute-t-il,  ne  permettent  point  de  les  ranger  ni  parmi 
les  monnaies  celtiques  ni  parmi  les  gauloises,  elles  ont  été 
attribuées  par  quelques  écrivains  aux  Carthaginois  de 
Tarmée  d'Annibal.  Félix  Caronni  les  a  publiées,  il  y  aune 
vingtaine  d'années,  dans  la  description  de  son  voj^age  *.  » 

D'un  autre  côté,  l'auteur  d'un  mémoire  manuscrit,  dont 
un  feuillet  nous  a  été  communiqué  par  M.  l'abbé  A.  Gai, 
prieur  de  la  collégiale  de  Saint-Ours  à  Aoste,  nous  donne 
le  dessin  de  deux  monnaies  d'or  (  voy.  pi.  XV,  n"  7  et  8) 
accompagné  de  ces  lignes  : 

«  Ces  deux  médailles  de  très-bon  or  ont  été  trouvées, 

la  première  à  Vétroz,  près  de  Sion,  par  M.  Cocatrix,  prieur 

curé  de  Vétroz ,  chanoine  régulier  de  l'abbaye  de  Saint 
Maurice;  la  seconde  au  glacier  de  Sierre,  et  portée  à  M.  1<"-  a 
comte  de  Courten  dudit  lieu  ;  j'ai  vu  l'une  et  l'autre,  et  c'est—  —t 
sur  les  originaux  que  je  les  ai  copiées.  Ces  médailles  , 
présentées  à  Paris ,  aux  connaisseurs  sans  doute ,  ont  éti^  i 
jugées  des  prix  d'agriculture;  elles  n'en  sont  pas  moinr  -ibs 
celtibériennes ,  ainsi  que  l'a  décidé  le  Père  Caronni,  bar--^^- 
nabite,  savant  antiquaire  du  collège  de  Saint-Thomas,  à 
Milan.  » 

Les  dessins,  moins  mauvais  que  ceux  de  Caronni,  sem^^- 
blent  avoir  été  faits  d'après  les  mêmes  pièces,  mais  ^H^ 
note  que  nous  venons  de  transcrire  indique  une  origii — ^e 
différente.  Les  monnaies  recueillies  par  le  P.  Murith,  vu-^Ks 
par  Dolomieu,  par  Caronni,  et  par  San-Quintino  en  18$""^r 
ont  disparu  du  médaillier  de  l'hôpitaU  Toutes  les  rech^^^r- 

1  ilectM  numi$maliqu9t  1839,  t.  IV^p%  65i 


ET   nrsSbRTAJJONS.  Sàl 

ches  qu'a  bien  voulu  faire  à  notre  intention  M.  le  prieur 
Gai,  dont  nous  ne  saurions  trop  louer  l'inépuisable  obli- 
geance ,  sont  demeurées  sans  effet.  Nous  ne  pouvons  donc 
pas  nous  livrer  à  l'examen  comparatifqui  nous  eût  conduit 
à  savoir  si  les  monnaies  trouvées  au  glacier  de  Sierre  et  à 
Vétroz  (pi.  XV,  n»»  7  et  8)  sont  identiques  à  celles  que  le 
P.  Muritb  disait  avoir  recueillies  lui  même  dans  les  ruines 
du  temple  de  Jupiter  Pœnin  (pi.  XV,  n*"  5  et  6).  Il  n'y 
aurait,  au  reste,  rien  d'extraordinaire  à  ce  que  divers  exem- 
plaires au  même  type  eussent  été  trouvés  en  des  lieux 
différents.  C'est  ainsi  que,  cet  été  de  1861,  on  vient  de  dé- 
terrer dans  le  val  d'Aoste,  au  couchant  du  bourg  de  Verrez 
(le  VUricium  des  itinéraires  romains),  entre  Eporedia  et 
Augusta  Praetoria,  un  statère  d'or  à  la  légende  PRIKOV,  en 
tout  semblable  à  celui  qu'a  publié  M.  Mommsen  en  1853. 
M.  le  prieur  Gai  a  été  assez  heureux  pour  enrichir  sa  col- 
lection de  ce  second  exemplaire,  qui  est  magnifique. 

Ces  monnaies ,  de  même  que  celles  que  nous  avons  pla- 
cées sur  la  pi.  XV,  ne  sont  pas  celtibériennes  ;  cela  est  tel- 
lement évident  pour  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la  nuuiis- 
matique  antique,  que  nous  n'oserions  pas  discuter  dans 
cette  Revue  une  pareille  question ,  dans  la  crainte  d'abuser 
de  la  patience  du  lecteur. 

On  sait  bien  que  tous  les  caractères  des  alphabets  euro- 
péens tirent  de  leur  commune  origine  une  certaine  ressem- 
blance. Le  grec,  le  romain,  l'osque,  l'étrusque,  l'ombrien, 
le  volsque,  le  messapique,  le  slave ,  le  celtibérien ,  le  runi- 
que  se  rapprochent  tous  plus  ou  moins  complètement  du 
type  phénicien  ;  et  cela  est  depuis  si  longtemps  démontré 
qu'il  serait  oiseux  de  revenir  sur  ce  sujet  ;  mais  néanmoins 
chacune  de  ces  écritures  a  sa  physionomie  propre ,  tout 
comme  les  langues  qu  elles  servent  à  transcrire.  C'est  ici  le 


3A2  MÉMOIRES 

cas  de  rappeler  ce  principe  de  Letronne,  qui  disait  avec 
tant  d'autorité  que  les  rapprochements  marquent  un  pre- 
mier degré  dans  nos  études  ;  c'est,  ajoutait-il,  le  propre  des 
débutants  intelligents  ;  mais  les  distinctions  appartiennent 
aux  esprits  mûris  par  la  critique,  et  constituent  la  science. 

Si  les  deux  pièces  d*or  longtemps  conservées  dans  le  mé- 
daillier  du  grand  Saint-Bernard  ne  sont  ni  par  leur  style  de 
fabrique,  ni  par  leur  type,  ni  par  les  légendes  qu'elles 
portent,  celtibériennes  ou  puniques,  le  petit  roman  de  Ca- 
ronni  et  de  Murith  s'évanouit.  Les  monnaies  d'or  qu'ils 
aimaient  à  croire  perdues  par  l'armée  d'Annibal ,  monnaies 
dont  on  n'a  jamais  trouvé  un  exemplaire  en  Espagne,  de- 
meurent des  monuments  de  l'industrie  inalpine ,  frappés 
dans  cette  vallée  où  l'on  recueillait  en  abondance  le  pré- 
cieux métal. 

C'est  là  un  fait  qui  n'a  pas  échappé  à  la  sagacité  de 
M.  Mommsen ,  et  qui  sera  bientôt  généralement  accepté, 
quand  on  connaîtra  mieux  les  mon  naies  de  l'antique  Germanie 
et  celles  de  l'Italie  du  Nord  ou  de  la  Gaule  cisalpine  ;  car  il  y 
a  une  évidente  connexion  entre  les  systèmes  monétaires  de 
l'Europe  occidentale  *.  C'est  à  l'écriture  étrusque  qu'il  est 
permis  de  comparer  les  légendes  inscrites  sur  les  monnaies 
salasses;  mais  encore  doit-on  signaler  des  différences  biep 


*  Eckhel  n'a  voulu  admettre  de  monnaies  ni  pour  la  Grande  Bretagiif,Bi 
imur  la  Germanie  ;  Mîonnet  Tavait  scrupuleusement  imité,  et,  si  la  Grandi* 
Bretagne  a  enfin  fuit  accepter  son  monnayage  antique,  nous  voyons  dans  le  plu 
rc^cent  manuel  de  numismatique  {Handbuchder  Griechischen  Numismatik  ^  Wù 
A.  C.  E.  von  Werlhof.  Hannover,  1850)  que  la  Germanie  étaitencore  déshéritée 
il  y  a  peu  d'années.  Eckhel  aurait  pu  cependant  étudier  les  monnaies  pnUiéift 
par  Dœderlin  [Dissert.epist.qua  in  patellarwn  ut  dûmntur  /ridù, etc. Schwabsdi^ 
1739),  par  Sattler  (  Gesch.  des  [lerzogth.  Wurtenberg.  Tubing.,  1757,tab.25)  , 
par  Voigt  a  San  Germano  •  Beschreib.  der  bisher  bekannt.  Bomiêrhin  M(iM*tm^ 
Prag.,  I771.t.  I,p.  47-r.3. 


ET  DISSERTATIONS.  3 A3 

t>Uin]Qé^  dans  les  deux  alphabets.  Celui  des  Salasses  tient 
?9u^  quelques  points  au  vieux  latin  ;  ce  système  inalpia 
Ferait  être  en  usage  dans  une  étendue  de  pays  relativement 
sdez  considérable,  car  M.  le  baron  de  Bonstetten  a  remar- 
Qéà  San-Pietro,  près  Stabio,  canton  du  Tessin,  une  in- 
sriptioD  qu'il  a  eu  l'obligeance  de  copier  à  notre  intention, 

;  qiû  offre  une  analogie  frappante  avec  les  légendes  des 
tOiinsdes  dont  nous  nous  occupons  *.  On  observera  toute- 
is  qu'il  s'agit  jusqu'à  présent  d'une  ressemblance  d'alpha- 
5ts  et  rien  de  plus ,  puisque  nous  ne  pouvons  pas  appré- 
er les  idiomes  antiques  de  ces  contrées,  et  que  récriture 
iwàe  n'établit  pas  un  lieu  suffisant.  Qui  ne  sait,  pour  ne 
ter  qu'un  exemple,  que  l'arabe  et  le  turc,  deux  des  langues 
3  plus  radicalement  dissemblables  qui  se  puissent  ren- 
^Btrer,  s'écrivent  depuis  plusieurs  siècles  à  l'aide  des 
L^mes  caractères  ? 

Nous  donnerons  maintenant  quelques  indications  rela- 
ves aux  pièces  réunies  sur  la  pi.  XV.  Elles  sont  fort 
passes,  et  légèrement  concaves  du  côté  de  la  légende. 

Ti*  1.  Légende  :  PRIKOV.  Or.  Trouvée  en  1852  au  Roc 
ielaBalme,  près  Colombey,  Vallais.  Mommsen.  Voy.  aussi 
nod<  Blanchet ,  Jf onnat>5  des  pays  voisins  du  Léman,  Lau- 
sanne, 1854,  p.  8;  pi.  V,  n*  5.  L'auteur  la  décrit  sous  le 

*  Voy,  Gassetta  Ticinesê,  n»  182  de  1857,  Tanu^nce  du  D'  Lavizzarî,  rcpro- 
«^diDt  VIndicateur  d'hist,  et  d'antiquités  iniises^  mars  1858,  p.  15.  La  copie 
*^>i^  dans  C9  recueil  diffère  nn  peu  de  celle  de  M.  de  Bonstetten 

^WresinscrJptioDS  existent  à  Dayesco  et  à  Aianno,  &  Sonvico,  àLJDionc. 


Zàà  MtMOiUES 

titre  de  Monnaie  ceUibère^  toujours  d'après  ropiûioD  de 
Caronni.  —  Second  exemplaire  trouvé,  en  1861 ,  près  de 
Verrez  (vald'Aoste);  collection  de  M.  le  prieur  Gai. 

N'»  2.  Légende  :  RASILOT.  Or.  Trouvée  vers  1825  à 
Port  Valais.  Appartient  à  M.  le  colonel  Odet,  à  Sioo. 
Mommsen. 

N*»  3.  Légende  :  ANATIKOV?  Or.  Trouvée  dans  les  mines 
d'un  camp  près  du  bourg  de  Kulm,  comté  de  Lenzburg. 
Cabinet  de  la  ville  de  Berne.  Haller,  Catal.  num.  veter. 
musei  civ.  Bernensis. 

N°  â.  Légende  :  RAT.  Or.  Trouvée  en  1857  à  Saint- 
Martin  de  Carlian ,  à  une  demi-lieue  à  l'ouest  d'Aoste.  Col- 
lection de  M.  le  prieur  Gai. 

iN*°  5.  Légende  :  ASES?  Or.  Trouvée  au  grand  Saint- 
Bernard,  territoire  d'Aoste.  Caronni,  RagguagliOy  etc., 
tav.  VI,  h*  45.  Nous  réduisons  le  dessin  de  Caronni  de 
moitié.  On  voit  que  c'est  un  croquis  grossier  pris  sur  un 
carnet  de  voyage. 

N**  6.  Légende  ;  VLROS  (S renversé)?  Or.  Trouvée  au 
même  lieu.  Caronni ,  tav.  VI,  n°  46.  Dessin  non  réduit. 

N*»  7.  Légende  :  AMEN?  Or.  Trouvée  à  Vétroz. 

N«  8.  Légende  :  VLROS?  Or.  Trouvée  au  glacier  de 
Sierre. 

N**  9.  Sans  légende.  Or.  Trouvée  dans  un  champ  à  Aoste 
en  1858.  Collection  de  M.  le  prieur  Gai. 

N*"  1 0.  Sans  légende.  Or.  Achetée  à  Genève  par  M.  i^ 
Saulcy  en  1860. 

Nous  avons  recours,  pour  la  transcription  des  légendes, 
au  système  de  lecture  proposé  par  M.  Mommsen,  et  adopté 
par  M.  Ar.  Fabretti  ^  ;  mais  il  est  fort  difficile  d'arrêter  dé- 

»  Gi04farium  Ualicum,  c  .1.  102,  189,  791. 


;i 


ET   DISSERTATIONS.  SAS 

(initivement  celte  transcription  à  l'aide  d'un  si  petit  nombre 
de  monumeots  dont  la  moitié  ne  nous  est  connue  que  par 
des  dessins  plus  ou  moins  suspects  d'inexactitude.  Quand 
la  Dunoûsmatifine  des  Salasses  sera  devenue  pins  familière 
aux  archéolognes,  et  qu'un  plus  grand  nombre  de  nos  cu- 
rieuses pièces  d'or  aura  été  sauvé  du  creuset  des  orfèvres» 
on  de\Ta  revenir  sur  leurs  légendes ,  les  contrôler  Tune 
par  l'autre,  et  faire  faire  à  la  question  un  pas  que  la  pru- 
dence interdit  actuellement. 

Certaines  monnaies  d'argent,  évidemment  imitées  des 
hémi-dracbmes  marseillaises,  se  rattachent  à  la  série  Sa- 
lasse. Mais  nous  ne  pouvons  pas  constater  qu'on  en  ren- 
contre habituellement  dans  la  vallée  d'Aoste;  leurs  lé- 
gendes PIRVKOI,  RlKOVne  sont  pas  sans  rapport  avec  celle 
qai  se  lit  sur  le  statère  d'or  décrit  plus  haut  sous  le  n'  1 
(voy.  pi.  XV,  n"  11  et  12).  La  légende  dun»  13  peut  être 
transcrite  OLTIRIO. 

Tous  ces  mots  représentent-îls  des  noms  de  lieux  ?  fau- 
drait-il, par  exemple,  chercher  dans  la  légende  de  notre  n"  4 
un  nom  analogue  à  celui  des  Caturîges?  Ou  bien  ne  devons- 
nous  pas  plutôt,  avec  M.  Mommsen  S  voir,  soit  sur  les 
espèces  d'or,  soit  sur  celles  d'argent,  des  noms  de  chefs  ou 
de  rois,  ce  qui  est  à  peu  près  le  seul  moyen  d'expliquer 
la  grande  diversité  des  légendes  ? 

Quant  au  type  singulier  des  monnaies  d'or,  il  est,  sur 
certains  exemplaires  (  par  exemple  sur  le  n"  à  que  nous 
»vons  eu  entre  les  mains,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  prieur 
Cal),  si  nettement  tracé,  qu*il  serait  difficile  de  n'y  re- 
connaître qu'une  tête  dégénérée.  N'aurions-nous  pas  là  la 

'  Mémoire  cité,  el  Mit Iheil.der  Ant.  Getselsch,  in  Zurich,  1851,  IX*  toI.^ 
^    lin*.,  !•' cahier,  p.  27.—  GtschichU  des  Romisrhen  Muttswesem y.  p.  405 


3A6  MÈ&K)lIiËS 

représentation  des  instruments  qui  servaient  au  lavage  de 
l'or,  cette  opération  si  importante  pour  le  pays ,  la  cause 
des  guerres  qu  il  eut  à  soutenir? 

On  voit  combien  de  points  restent  à  éclaircir  ;  mais  à 
ces  interrogations  légitimes  que  nous  nous  adressons  vien- 
nent, nous  dit-on,  se  joindre  des  doutes  d'une  nature 
moins  archéologique,  s'il  nous  est  permis  de  nous  exprimer 
ainsi.  M.  le  prieur  Gai  nous  a  fait  part  d'objections  contre 
le  système  de  M.  Mommsen,  qui  lui  ont  été  présentées 
avec  insistance  par  des  ennemis  des  Salasses  assurément 
Voici  ces  objections  : 

On  ne  peut  admettre  que  les  Salasses  aient  frappé  des 
monnaies  d'or  à  une  époque  où  les  Romains  n'en  fabri- 
quaient pas. 

Si  les  monnaies  d'or  trouvées  aux  environs  d'Aoste  ap- 
partenaient aux  Salasses ,  elles  devraient  porter  leur  nom 
de  peuple. 

Enfin  on  trouve  des  monnaies  semblables  à  celles  que 
nous  venons  de  décrire  en  Lusace,  en  Pologne ,  en  Angle- 
terre; elles  ne  sont  pas  antérieures  au  xi*  siècle  de  notre 
ère  ;  le  côté  convexe  représente  les  armoiries  de  quelque 
roi  ou  seigneur  du  moyen  âge. 

Voici  ce  que  nous  nous  permettrons  de  répondre  : 

On  ne  trouve  de  monnaies  d'or  semblables  à  celles  que 
nous  croyons  salasses  ni  en  Lusace,  ni  en  Pologne;  nous 
regrettons  que  notre  illustre  Lelewel  ne  puisse  plus  nous 
apporter  son  témoignage;  mais  ses  ouvrages  subsistent 
On  n'en  trouve  pas  en  Angleterre,  MM.  Akerman,  Bircb, 
Beale-Post,  Evans,  savent  cela  mieux  que  nous  encore. 
L'attribution  de  ces  pièces  au  xi*  siècle  n'est  pas  de  celles 
qui  puissent  tenir  devant  le  plus  sommaire  examen. 

Parmi  les  monnaies  frappées  bien  authentiquement  dans 


ET   DISSERTATIONS.  847 

les  Gaules,  dans  la  Grande-Bretagne,  et  qui  offrent  des  lé- 
gendes ,  il  en  est  moitié  qui  portent  des  noms  d'hommes, 
à  Texclusion  du  nom  des  peuples  ;  les  monnaies  des  Gau- 
lois de  la  Pannonie  et  de  la  Galatie  ne  portent  que  des 
noms  de  chefs, 

Il  n*y  a  aucune  parenté  entre  la  monnaie  des  Salasses  et 
celle  des  Romains.  Les  pièces  d*or  dont  nous  nous  sommes 
occupé  ici  appartiennent ,  comme  les  monnaies  d*or  de  la 
Germanie,  de  la  Grande-Bretagne  et  des  Gaules,  au  système 
grec.  On  ne  pourrait  faire  de  querelle  qu'à  celui  qui  pré- 
tendnût  que  les  médailles  d'or  des  Salasses  sont  anté- 
nenres  aux  statères  de  Philippe  de  Macédoine. 

Adrien  de  Longpérier. 


3A8  MEMOIRES 


DESCRIPTION 


MONNAIES  MÉROVINGIENNES  DU  LIMOUSIN. 

(PI.  XII,  XIII,  XIV  H  XV.  1857.  — PI.  II,  ni  et  XVIII,  1858.) 
Ki-uvicinc  article.  —  Voir  plu»  liant ,  p.  30  et  290. 


VI"  GROUPE. 

UZERCHE. 

47.  —  VvaERCA  FI,  'Personnage  marchant  à  droite.  tjC- 
nant  de  la  main  droite  une  crosse,  et  de  l'autre  une  croî^» 
la  tête  ornée  d'un  bandeau  de  perles. 

^.  AGO  {Ugo)  MONETARI.  Dans  le  champ  les  lettres 
ER  ;  le  tout  dans  un  cercle  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l^'.SO.  Deuxième  quart  ^* 
¥!!•  siècle. 

{Revue  mimismalique ^  année  1851,  pi.  XIV,  n*  5.) 

119.  — V:/:ERCA  LO..  Personnage  marchant  à  droite» 
tête  nue,  tenant  de  la  main  gauche  une  croix;  sous  le  bf^^ 
gauche  une  croisette  posée  sur  un  point;  à  la  hauteur  ^^ 
front  un  globule  dans  le  champ. 

fi.   +VRL NCTAE  {monefai).  Croix  égale,  canton oé« 


ET  DISSERTATIONS.  S49 

des  lettres  GE<^V  renversées  (pour  LEMV),  dans  un  cercle 
de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Poids,  16%35.  Deuxième  quart 
du  vu*  siècle.  —  Cabinet  de  M,  Ponton  d'Amécourt. 

48.  —  VSERGA.  Petite  effigie  à  droite  ;  tête  nue;  le  tout 
dans  iine  couronne  de  feuillage. 

ij.  HANDIIIXO.  Monogramme  de  LEMV,  dans  une  cou- 
ronne de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  l»',âO.  Deuxième  quart  du 
TU*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'Amécourt. 

49. h  VSERGA  FIT.  Tête  à  droite,  avec  un  bandeau 

terminé  sur  la  nuque  par  deux  bandelettes  ;  buste  orné,  au 
centre ,  d'une  croiseite. 
^  +BASILIANVS.  Croix  latine,  fichée  sur  un  globe. 
Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l«%â5.  Troisième  quart  du 
Tii*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  im- 
périale. 

50. h^SERCA  f  0.  Buste  à  droite;  tête  barbare  sans 

couronne. 

if.  BASELIAN.  Croix  latine,  accostée  de  deux  globules 
sous  les  bras,  posée  sur  un  petit  globe. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«',30.  Premier  quart  du 
Ym*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

51.  — VSERGA  EAco.  Buste  à  droite;  tête  barbare  sans 
couronne  ;  trois  points  rangés  le  long  de  la  face. 

^.  +MAVRVC/3  MONeTAR.  Croix  égale  dans  un  grè- 
netis,  cantonnée  des  quatre  lettres  LEcoO. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids ,  1«%20.  Premier  quart  du 
vni*  siècle. 

{Rev.  numism.,  ann.  1851,  pi.  XIV,  n*7. —  A.  Con- 
brouse,  Rec.  de  monét.  des  rowmérori/îgf.,  pi.  XLVII,  n*  5.  ) 

1861.—  6.  25 


S50  MÉMOIRES 

62. hVSERCA  FIT.  Buste  à  droite;  tête  oniée  d'un  _ 

bandeau  perlé. 

R».   -f  LEOQO  ^0—.  Croix  ancrée  dans  un  grènetis;  Ic^ 
tout  dans  une  couronne  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or.  Quatrième  quart  du  wi*  siècle.  —  Ap- 
partient au  médaillier  de  M.  Ardant,  à  Limoges,  et  provîen 
du  cabinet  de  M.  de  Lépine. 

{Rev.  titim/sm.,  loc.  cit.,  n"6. — A.  Conbrouse,  loc.  til. 
n»  â.) 

L'origine  limousine  de  ces  pièces  ne  peut  faire  et  !i'-=s 
fait  d'ailleurs  l'objet  d'aucun  doute.  Elles  ont  été,  pourL  ^ 
plupart,  trouvées  en  Limousin  :  le  n°  47  à  Masséré,  fe^î 
n°*  51  et  52  à  Artras.  Les  n"  /|7  et  119  sont  une  imitatio'v 
du  sou  d'or  de  Limoges  (n°  1  de  notre  série).  Enfin,  Isi 
lettres  LEMO  ou  LEMV,  initiales  de  Lemovices^  inscrites  afc;*J 
revers  des  n"  51,  A8  et  119,  sont,  indépendamment  tfu 
style  de  fabrication,  une  preuve  péremptoire  que  n<w 
triens  sont  sortis  de  cette  province  et  de  la  ville  d'D- 
zerche. 

Uzerche  est  mentionnée  sous  le  nom  d'USERCA ,  dans 
une  lettre  que  l'évêque  de  Limoges,  Rurice  I",  écrivît  à 
Rusticus  vers  l'année  480  :  le  saint  prélat  y  intercède  pour 
un  certain  Baxon,  qui  s'était  réfugié  dans  l'église  d'Uzerchiî  : 
«  Pro  Baxone  qui  ad  ecclesiam  VSERCAE  confugit  *.  »  Aux 
ix%  X'  et  XI"  siècles,  cette  ville ,  célèbre  au  moyen  âge  par 
son  assiette  ei  ses  fortifications  ',  qui  justifient  le  titre  de 
castrum  que  lui  donne  le  n°  51 ,  devint  le  chef-lieu  d'une 

«  Epistol,  Ruricii;  dans  Caiiisius ,  Thésaurus  monumentor,  teclesinstic.  '^ 
hiêtonc.i.  I",  p.  392. 

•  Il  y  avait,  au  xvii*  siècle  et  bien  auparavant  sans  doute,  un  adnge  »»*»*• 
conçu  :  "  Qui  a  maison  à  Uzerclie,  a  chât«nu  en  Limousin.  "  A.  Diicbe****' 
Villes  et  châtsauj  di  France. 


ÏT   l)l$SEBTATTO!VS.  S51 

circonscription  administrative ,  désignée  sous  le  nom  de 
vimria  Dsercensis  *• 

KYBURIE. 

53.  —  EBARIO  CAS  {Eburio  cas[tro]).  Dans  le  champ, 
les  deux  lettres  ER,  réunies  par  un  demi-cercle  dont  les 
extrémités  portent  sur  la  partie  supérieure  de  chacune  de 
ces  lettres  ;  un  point  entre  les  deux  lettres. 

^.  RiDVLFO  MO.  Croix  ancrée ,  accostée  de  deux  glo- 
bules ou  gros  points  sous  les  bras ,  dans  un  grënetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1^',35.  Troisième  quart  du 
yir  siècle,  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'AmécourL 

H.  Cartier  a  publié  ce  triens,  mais  sans  indiquer  aucune 
attribution  '.  En  le  rapprochant  des  trois  pièces  d'Uzerche 
(n*'  47,  50  et  52),  nous  voyons  qu  il  reproduit  au  droit 
les  sîgles  inscrites  au  revers  du  n*  47,  et  au  revers  la  croix 
ancrée  du  n**  52 ,  et  les  deux  globules  accostant  la  croix 
du  n*  50. 

Le  nom  d'Eburium  trouve  sa  traduction  exacte  dans 
Eyburie,  bourgade  située  dans  le  canton  d'Uzerche,  arron- 
dissement de  Tulle  (Corrèze).  C'est  une  très-ancienne 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Limoges  :  nous  l'avons 
trouvée  mentionnée  sous  le  nom  d*Eburia ,  au  singulier 
féminin  "^  mais  cette  différence  ne  saurait,  ce  nous  semble, 
faire  obstacle  à  notre  attribution. 


<  Cartulaire  de  Btaulieu,  ch.  VII,  anr..  848;  LXIV,  ann.  904;  CVI,  ann. 
93ft,  et  pMum. 

*  Bev,  num.^  ann.   1842,  pi.  XXII,   n*  11.  M.  Cartier  avait  lu  au  droit 
CALEBARIO,  et  au  r«»ver8,  MODVLFO  MON.  Cf.  Liste  des  monét,  tneror.,  loc. . 
cit ,  p.  435. 

*  Ex  chartalar.  Tutel.  ;  dann  Baluze,  Hist.  Tutel,,  in  appendic.  actor.  veter. 


352  MÉMOIRES 

CHABRAC. 

5i.  _  4-BAIDENVS  MO.  Buste  à  droite;  têle  ornée  d'un 
bandeau  perlé. 

Si.  +GABIRIACO  VlC.  Croix  latine. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l6%10.  Troisième  quart  du 
VII*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  im- 
périale. 

Cette  pièce*,  dont  TelTigie  se  rapproche  tant  de  celle 
d'Uzerche  (n*  52),  et  qui  reproduit  un  des  signes  carac- 
téristiques du  monnayage  limousin  (la  houppe  sur  le 
front),  nous  paraît  sortir  de  cette  province.  Deux  localités 
peuvent  s'en  disputer  l'attribution  :  elles  portent  toutes 
deux  le  vocable  de  Chabrac,  qui  contient  toutes  les  mains 
teciionum  de  Cabiriaciim  ;  l'une  est  située  dans  la  région 
0.  N.  0.  de  l'ancien  diocèse  de  Limoges,  où  elle  possédait 
une  église  paroissiale  et  un  prieuré ,  canton  de  Chabanais, 
arrondissement  de  Confolens  (Charente)  ;  nous  en  connais- 
sons une  mention  à  la  date  de  Van  1032,  sous  le  nom  de 
Cabrac  '.  L'autre  localité  est  au  S.  E.  de  Limoges ,  com- 
mune et  canton  de  Neuvic,  arrondissement  de  Tulle  (Cor- 
rèze)  :  cette  dernière,  quoique  inférieure  en  importance  à 
la  première,  et  quoique  nous  n'en  ayons  point  noté  de 
mention  au  moyen  âge,  nous  paraît  préférable,  à  cause 
de  l'analogie  de  son  type  avec  celui  d'IJzerche,  qui  indique 
une  dépendance  du  sixième  groupe. 

<  Conbrouse  a  inséré  dans  son  Catalogue  raisonné  des  monn.  mérov,  {  page  16, 
m*  204  ),  un  triens  portant  au  droit  CABILIACO  et  au  revers  lËODV,  et  qui 
appartenait  au  cabinet  Dassy.  Le  nom  de  Tatelier  se  rapproche  sensiblement 
de  Cabiriaco, 

•  Cartul.  de  l'Esti'rp  ;  dans  le  nouveau  Gallia  christiana^  t.  II,  instmm., 
col.  195. 


-  aXM\jM\^AM    VJUJ^Itl\yll     AVyCM» 


le,  Recherch.  curieuses  des  monn.  de  France^ 
e  Blanc,  Traité  des  monnoiet  de  France^  pi.  C, 
incoDous,  o*  7.  ) 

da  nom  du  monnayer  avec  celui  du  n"*  5A;  la 
l'atelier,  qui  reproduit  exactement  (sauf  les 
quatrième  lettres)  celle  de  Cabiriaco;  ce  fait 
lentionnée  comme  ayant  appartenu  à  Tancien 
al,  aujourd'hui  Cabinet  des  médailles  de  la 
)  impériale,  semblent  désigner,  soit  la  pièce 
*  SA,  soit  une  autre  monnaie  de  Chabrac,  diflfé- 
t-ètre  de  ]*autrc  par  les  deux  bandelettes  des 
lités  du  bandeau  perlé. 

CTJllSAC. 

3AIDENVS  NO.  Buste  à  droite ,  habillé  ;  tête 
landeau  jierlé,  terminé  sur  la  nuque  par  deux 

USUCO  Vie  {Curisiaco  ric\  Croix  latine  dans 

on  d'or.  —  Ancien  Cabinet  royal. 


S5A  MÉMOIRES 

p.  8A2. — Le  Blanc,  Traité  des  monnaies  de  France ^  p.  58, 
pi.  A^n'^lO.  ) 

57. (-CVRISIACO.  Buste  à  droite,  bordé  de  i^erles; 

tète  ornée  d'un  bandeau  terminé  par  une  bandelette  perlée. 

fi.  +FRAVARDO^.  Croix  égale  potencée. 

Tiers  de  sou  en  électrura.  Poids,  1«',20.  Troisième  quart 
du  TU*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

68.  —  +EVRISIAGO.  Buste  à  droite,  bordé  de  perles  -, 
tète  nue. 

%  -fFRAVAR..O  MO.  Croix  ancrée,  accostée  sous  les 
bras  des  deux  lettres  DE  (  pour  LE  )  dans  un  grënetis. 

Tiers  de  sou  d'or. 

(Bouteroue,  loc.  cit^,  p.  312,  pL  II,  fig.  23.  ) 

Si  l'existence  du  tiers  de  sou  n*  56  était  bien  prouTée, 
le  nom  du  monétaire  Baidenus,  inscrit  au  droit,  pourrait 
être  le  même  que  celui  qui  a  signé  les  triens  de  Chabrac 
(  n**  54  et  66  ) .  Il  indique  tout  d'abord  que  notre  n*  66  est 
sorti  du  Limousin  et  d'un  lieu  voisin  de  l'atelier  sus-men- 
tienne.  Les  n"  57  et  58  portent  bien  le  nom  de  CVRISIAGO 
et  prouvent  qu'il  faut  lire  également  ce  vocable  dans  le 
numéro  précédent ,  où  la  première  voyelle  est  seulement 
renversée,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  un  si  grand  nombre- 
d'espèces.  Le  n""  67  présente  d'une  manière  bien  accentuée 
le  type  et  le  dispositif  des  monnaies  limousines.  Enfin  ,  les 
sigles  qui  sont  au  revers  du  n*  68  semblent  bien  être*  les- 
initiales  EL  mal  reproduites  ou  corrompues  de  Lemovices. 

Or  Cursac ,  chef-lieu  de  la  vicaria  Cursiacensis  aux  ix*^ 
et  X*  siècles*,  et  situé  au  N.  0..de  Saint-Vit,  canton  de 


*  Cartulaire  de  Tulle,  ch.,  ann.  948  et  977.  —  Baluie,  Hnt.  TuUL,  Ai>pend.r 
col.  370. 


ET    DI68£MTATJONS.  ibh 

Saint-Geroiaii),  arrondissement  de  Limoges  (Haute-Vienne)  ^ 
convient  très-bien  pour  reœvoir  Tattribution  de  nos  trois 
monnaies.  Cursiacum^  qui  était  encore  mentionné  dans  un 
pouillé  du  xTi*  siècle  \  reproduit  en  effet  exactement  le  Cu^ 
risiacum  de  nos  trions  du  diocèse  de  Limoges,  contracté^ 
suivant  l'usage,  par  la  disparition  de  la  deuxième  voyelle  '. 

USSKL. 

59. i-G  VSSALIA  FI    [Castro  Vssalia  fi).    Busie 

babillé  à  droite;  tète  couronnée. 

If.  +DAOGOLVM  MON.   Croix  égale  dans  un  grènetis, 
cantonnée  des  lettres  L.E.M.O. 

Tiers  de  sou  d'électrum.  Poids,  1  gramme.  Dernier  quart 
du  VII*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Cartier. 

Les  lettres  qui  sont  dans  le  champ  du  revers  délerminenf 

UMxmlestablement  l'origine  limousine  de  notre  triens.  Mais 

^  auteurs  qui  Vont  édité  ont  lu  au  droit  Lub$aKa  *,  faisant 

^  L  initial  du  C  sigle  de  caslrum.  Le  cdstrum  Vssalta 

^  assurément  Dssel,  chef-lieu  d'arrondissement  dans  le 

^^   Bfblîoth.  impér.,  fonds  français  de  Saint-Gennain*  n»  878,  t.  II. 
^oatenme  {loc,  ci*.).—  Le  Blanc  (p.  61).  —  Leiewel,  Nwniimat.  du- 
**i'*i*  âgt,  t,  !•',  p.  96.  —  Conbrouse,  Recmil  de  monét,  tnérùv.^  pi.  XX  ,  11>,  et 
^^•^«»*09ii«  dêt  mumn,  mérov,,  p.  18,  ii-  254,  255,  p.  24,  n»  358.— MM.  Cartier  et 
'^^emol ,  daii#  leurd  listes,  ont  attribué  ces  pièces,  soit  à  Kierai-  sur-Oise  ou 
W«ny  (^iape),  soit  k  Ton  des  n<uiibreiix  Crécy  qui  existent  eu  France,  soit 
^<>  à  un  lien  nommé  Carisey  on  Carisieu  (Isère).  Mais  ce  sont  là  des  attri- 
^""^ioDs  arbitraires ,  désignées  abstractivement  du  type  et  des  diverses  circon- 
*^ceft  à  l'aide  desquelles  nous  avons  démontré  que  nos  trois  monnaies  sont 
'^'^ea  de  Curtao  en  Limousin. 
*  L^lewel ,  Nmniimatiq,  du  moyen  âge,  pi.  III.  —  Rêtuê  nym.,  année  1840  , 
^.  XIV.  —  Conbrouse,  Rtc..  de  numét,  merov.,  pi.  XXVIII ,  n«  1*  ;  Catafog. 
^où.  ie4  monn.  nic'ror.,  p.  32 ,  n*  492.  —  Guillemot  dans  sa  liste  publiée 
«n\845. 


i 


35G  MÉMOIRES 

département  de  la  CoiTèze.  Cette  ville  eut  dans  la  période 
romaine  une  importance  considérable ,  attestée  par  les  dé- 
bris de  monuments,  de  statues,  et  notamment  un  aigles 
colossal  qui  ont  été  découverts,  soit  dans  son  enceinte,, 
soit  sur  le  plateau  qui  la  domine  *,  et  par  les  nombreus 
médailles  qu'on  y  déterre  chaque  jour.  Les  mentions  le 

plus  anciennes  d'Ussel  qui  nous  soient  connues,  ne  remon 

tent  qu  à  la  fin  du  xr  et  au  xii*  siècle,  et  cette  ville  y  re 

çoit  le  nom  àTs^el  •  qu'elle  porte  aujourd'hui. 

TEILLOL. 

60.  —  +TAULO  C^STO.  Buste  à  droite;  tête  ornée  d'u  «3 
bandeau  perlé,  terminé  sur  la  nuque  par  deux  bandelettes-  - 

^  LIL4S  MONE.  Croix  égale,  cantonnée  des  lettr^rs 

L.E.M.O.,  dans  une  couronne  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  1«%10.  Dernier  quart  dLv 
VII*  siècle  '.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  BibliothèqiJi€ 
impériale. 

Les  lettres  qui  sont  dans  le  champ  du  revers  attester 
l'origine  limousine  de  cette  pièce,  de  manière  à  dispenser  de 
toute  démonstration  à  ce  sujet.  M.  B.  Fillon,  qui  l'a  éditée  \ 

i  Procét  verbal  des  fouilles  faites  à  Ussel  par  les  soins  de  M,  Dslmas^  dermr 
lieutenant  général  de  la  sénéchaussée.  —  Duronx ,  Essai  sur  la  sénatoreris  di 
Limoges^  p.  268.  —  L'abbé  Tcxier.  Mém,  de  la  Société  des  antiquaires  de  VOtiê^, 
t.  XVm,  ann.  1850,  p.  108.  —  Marvaud,  Hist.  du  Bas-Limousin^  t.  I",  p.». 

*  «  Guillelmus  d' Ussel  et  Tetrus  frater  ejus.  «  Ch.  ann.  1157 ,  dan»  le 
Nov,  Gallia  Christiana,  t.  II,  instrnm.  col.  203,  —  «  Petrus  et  Ugo  d'Utal,  ^ 
eu.  ann.  1170j  mss.  de  la  Bibl.  impér.,  collect.  Gaignières,  t.  184-185,  p.  79. 

*  M.  B.  Fillon  fait  remonter  notre  pièce  à  la  fin  de  la  première  moitié  A« 
Tii*  siècle  [Études  numismaliques  ,  p.  31  )  ;  mais  il  ne  nous  paraît  pas  twir 
assez  tenu  compte  du  travail  grossier  de  l'effigie  et  de  rirrégularité  des  lé'— 
gendes  qui  font  descendre  l'émission  à  la  fin  du  Tii"  siècle. 

*  Études  numism.^  p.  31,  pi.  I,  n°  21. 


iton  de  Corrèze,  arrondissement  de  Tulle  (Corrèze); 
s  de  Tune  et  de  l'autre  se  sont  formés  de  7a{t7o  par 
sposition  de  la  première  consonne,  ce  qui  a  fait 
Seulement  il  faudrait  admettre,  dans  l'hypothèse 
ribution  à  Teilhols ,  une  forme  intermédiaire,  telle 
iilus;  cette  circonstance,  quoiqu'elle  ne  soit  pas 
alenr,  ne  suffirait  pas  pour  fixer  notre  choix  en 
de  Teillol.  Nous  somines  déterminé  par  une  con- 
on  bien  plus  décisive.  Teilhols  est  enclavé  au  milieu 
[uième  groupe  (Salagnac,  Sarazac,  Abriac,  Chignac) , 
)  monnaie  n'a  aucun  rapport  avec  les  pièces  de  ce 
:  elle  appartient  manifestement,  par  son  type,  au 

groupe  (  voir  notamment  les  n"  59  et  61  ) .  Or  Teillol 
ûsément  placé  à  égale  distance  d'Uzerche  et  d'Dssel. 
rès  d'un  village  appelé  l'Estrade  (Strata  Via) ,  dans 
tion  d'une  voie  qui  tendait  de  l'ancienne  ville  romaine 
ignac,  vers  le  castrum  Ussalia  et  la  frontière  d'Au- 

Cest  apparemment  cette  localité  qui ,  au  xr  siècle , 
dans  le  cartulaire  d'Uzerche  le  nom  latin  de  Tellol  '. 


les  conaervateuri»  du  Cabinet  d(>8  médaille»  du  la  Bibliothèque  impé- 
drngné  Saint- Léonard  près  Limoge»  ;  mais  le  nom  mérovingien  de 


35S  MÉMOIRES 


EVRA. 


61. HEVIRA  V1G0+.  Buste  à  droite;  tête  barbare-^ 

couronnée. 

ï^.  4-GRYELLO  MON.  Croix  potencée  surmonté  d'une  a).i» 
au-dessus  de  laquelle  sont  posés  trois  points  ou  globules  ^ 
le  tout  dans  une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or.  Dernier  quart  du  vir  siècle.  —  Mé— 
daillierdeM.  B.  Fillon. 

M.  Fillon ,  qui  a  publié  ce  triens  dans  ses  Éludes  numts- 
matiques ,  a  vu  de  Tanalogie  entre  ce  triens  et  certaines 
pièces  qu'il  attribue  à  la  partie  S.  E.  du  diocèse  de  Tours  et 
au  N.  E.  de  celui  de  Bourges  :  il  a  pensé  qu  Etira  est  sans 
doute  quelque  village  des  bords  de  la  petite  rivière  d'Evre 
ou  d'Yère,  qui  passe  à  Bourges.  De  son  côté  M.  Cartier  a 
objecté  que  cette  rivière  portait  en  latin  le  nom  d'Avera, 
qui  s  écarte  beaucoup  delà  légende  de  notre  monnaie,  et 
il  a  revendiqué  cette  pièce  pour  un  bourg  des  environs  de 
la  ville  d'Amboise  \  Ces  deux  propositions  contradictoires 
ne  nous  semblent  guère  admissibles.  Si  Ton  rapproche  le 
triens  d'Evira  du  n*  9  (  Limoges)  et  surtout  des  n*'  51 ,  59 
et  60  (Uzerche,  Ussel  et  Teillol),  on  ne  peut  méconnaître 
sa  ressemblance  avec  ces  derniers,  et  par  suite  son  origine 
limousine.  Cet  atelier  est  assez  vraisemblablement  un  lieu 
situé  au  sud  dTzerche,  et  qui  reçoit,  dans  une  charte  de 
894,  le  nom  d'EVRA  *.  Dans  cette  forme  le  vocable  primitif 


>  Bévue  mtmi*m,,  année  1855,  p.  403  et  404,  pi.  XIII,  n*  9. 

'  M  Cedimus ad  locum  qui  vocatur   Tatela villam  Dostram  que 

dicitur  Etra  ,  qux  est  in  pago  Lcmoviceusi ,  in  vicaria  Navensi,  in  panochia 
Sancto;  Fortunutse  «  Cartulaire  de  Tulle,  dans  Bnluze,  Hitt.  Tutel.^  append., 
coll.  321-322. 


ET  DISSERTATIONS.  35P 

d'ËVlRA  n'a  perdu  qu  une  voyelle  dans  Tintervalle  de  deux 
siècles  écoulés  depuis  rémission  de  notre  triens  jusqu'à  la 
mention  précitée.  Nous  n'avons  pu  découvrir  encore  la 
position  précise  de  cette  localité,  qui  ne  saurait  toutefois 
être  éloignée  du  village  de  Naves,  canton  et  arrondissement 
de  Toile  (Corrèze). 

VU»  GKiJUPE. 

BRIVE  (LA  GAILLAUDK  J). 

02.  —  VICO  BRIVA  (rétrograde).  Buste  à  droite,  vêtu; 
tète  oruée  d*ùne  couronne  terminée  par  deux  bandelettes 
sur  le  front  et  sur  la  nuque  ;  une  houppe  sur  le  front. 

i.  VRSIO  MONETA  (rétrograde).  Victoire  ailée  passant 
sur  une  base. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l8%26.  Premier  quart  du 
?!!•  siècle  ••  —  Musée  monétaire  de  l'hôtel  de  la  Monnaie. 

68. (- BRIVA  VICO.  Buste  à  droite,  orné  de  perles; 

tète  ornée  d'un  long  diadème ,  le  col  orné  de  perles  ;  le  tout 
dans  un  grènetls. 

î^.  +FALCO  MONEll.  Croix  latine  légèrement  potencée; 
le  tout  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Troisième  quart  du  vu*  siècle.  —  Mé- 
daillier  de  M.  E.  Cartier. 

L'attribution  de  ces  deux  triens  au  Limousin  ue  peut 
faire  l'objet  d'un  doute  :  leurs  deux  efiigies  présentent 
d'une  manière  très-accentuée  le  style  limousin  :  on  re- 
trouve au  n'  62  la  houppe  sur  le  front ,  et  au  n*»  63  les 

*  Chef-lieu  d*iurrondii»ttemeot  daiis  le  départemeut  de  la  Corrëze. 

*  L'effigie  de  cette  pièce  rappelle  une  monnaie  d'IIérucliuk  (  an  610  ).  Voir 
Aîns  Grctzer,  De  Sancta  Cruci  opéra  otnnia,  coi.  1B59-1800. 


360  liÉMOlRE^ 

dispositifs  du  diadème  et  du  buste ,  qui  sont  des  signes 
caractéristiques  du  monnayage  de  notre  cité  * 

L'existence  de  la  bourgade  de  Brive  sous  la  dynastie 
mérovingienne  et  même  antérieurement ,  est  attestée,  no- 
tamment par  les  deux  monuments  suivants  :  1**  une  lettre 
écrite  par  saint  Rurice  I*%  évêque  de  Limoges,  vers  Tan 
480  (période  visigothique )  :  u  Brivœ  sis...  mihi  jejunus 
occurras  *;  »  2**  un  passage  célèbre  de  Grégoire  de  Tours, 
d'après  lequel  nous  savons  que  le  prétendant  GondevaM 
y  fut  élevé  sur  le  pavois  en  584  :  «  Lemovicinuni  accedens, 
Brivam-Curretiam  vicum.  »  Et  plus  bas  :  «  Basilica  B. 
Martini  apud  Brivam vicum '.  »  Aux  ix*  et  x*  siècles,  Brive 
devint  le  chef-lieu  d'une  circonscription  administrative  qui 
lui  emprunta  son  nom  (  vicaria  Brivensis  *  ). 

Nous  devons  mentionner,  en  terminant ,  une  pièce  que 
Ton  a  fort  à  tort  attribuée  à  Brive,  et  a  été  ainsi  décrite 
par  M.  Cartier  *  : 

BRIYA.  Buste  à  droite  diadème,  la  main  levée  devant  la 
face;  un  astre  au-dessus  de  la  main. 

h\  PRESERIVS  m.  Dans  le  champ  sont  inscrits  les  deux 

^  Les  numibinatistes  ont  du  reste  été  nnanimes  pour  adopter  ct»tte  altribo- 
tion  de  Brive  en  Bas- Limousin.  Revue  ftumism,,  ann.  1839 ,  p.  437,  pi,  XVIII» 
n»  12.—  Conbrouse,  Recueil  de  monéi,  «neror.,  pi.  XVI,  n»  13.  Toutefoi» 
M.  Conbrouse,  dans  son  Atlas  des  monn  ,  nation.^  catalog%u  des  monn.  mérd^*'^ 
p.  54,  n"  858  et  858  bis,  hésite  entre  Brive  et  Briare.  Le  même  auteur  a  Ioi8«" 
notre  n*  63  Brioveico ,  et  l'a  attribué  dubitativement  à  Saint-Malo.  (  ftc  '• 
enonét.  mérot,,  pi.  XLIX,  n*  2.  ) 

*  Epistol.  flwrtcii,  epist.  XXIII ,  dans  Canisius ,  Thésaurus  monument,  §ccl^^ 
êiastic.  et  historic.j  t.  !•%  p.  394. 

»  Gregor.  Turou.,  Hist.  ecclesiastic.   Francor,,  lib.  VII ,  c.  10,  édit.  Gi»<l«« 
«t  Taranne,  t.  II,  p.  15. 

*  Cartulaire  de  Beaulien,  ch.  LXXIX,  ann.  887  ;  cartulaire  de  Tttllt,*^**- 
ann.  931  et  934  ,  dans  Baluzc,  /7i«/.  Tutel.,  append.,  col.  343  et  354. 

*  Rêtue  numism.t  nnn.  1840,  p.  105,  pi.  VI,  n*  18. 


ET   mSSERTATÏO?îS.  SSI 

mots  suivants  :  BRIVA  FIT,  séparés  de  la  légende  circu- 
laire par  un  grënetis. 

M.  Cartier  hésite  pour  l'attribution  entre  Brive  et  Brioude. 
Cette  hésitation  ne  serait  pas  permise  s'il  fallait  lire  avec 
le  savant  numismatiste  le  vocable  Briva.  Mais  il  faut,  sui- 
vant nous,  lire  ici  BRIVATE,  les  dernières  lettres  étant 
ainsi  liées  T  :  le  type  de  la  main  levée  surmontée  d*uB 
astre  est  auvergnat,  et  son  influence  n'a  pu  s'étendre  jus- 
qu'à Brive  en  bas  Limousin, 

CORNIL. 

64, I-EORNILIO  EAS.  Personnage  marchant  à  droite, 

tenant  de  chaque  main  un  bâton  ;  celui  qui  est  à  la  droite 
du  personnage  est  formé  de  perles;  le  tout  dans  une  cou- 
ronne. 

^.  BONYc/5  MÇ^Af.  Croix  égale,  fichée,  accostée  de  deux 
points  sous  le  bras  droit  et  d'un  globule  sous  le  bras 
Souche  ;  le  tout  dans  une  couronrie. 

Tiers  (le  sou  d'or  fin.  Poids  ,  1»',20.  Deuxième  quart  du 

ïi*  siècle. —  MédaillicrdeM.  Maurice  Ardant,  à  Limoges. 

414.  _  -f  EORNIklO  EAco.  Buste  à  droite  perlé  ;  tête 

^née  d'un  bandeau  de  perles  ;  le  tout  dans  un  cercle  de 

^''ènetis. 

m^.  -f  BONVS  Mol.  Croix  latine;  le  tout  dans  un  grënetis. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  1»%24.  Troisième  quart 

ca.  vu*  siècle.  —  Médaillier  de  M.  Laprévote,  à  Mirecourt 

Vosges). 

le  personnage  qui  est  au  droit  du  n"*  Qà  est  évidemment 

vmité  du  sou  d'or  de  Limoges.  Il  se  rapproche  naturelle- 

laenl  du  groupe  où  sont  déjà  la  Victoire  passant  du  n*  62 

et  le  guerrier  du  n»  112,  qui  ont,  de  même  que  le  person- 


362  m(:moir£S 

nage  du  n*  64 ,  l'un  un  bâton ,  l'autre  une  lance  formés 
d'une  ligne  de  perles.  Le  revers  du  n"  64  et  celui  du  n*  114 
sont  évidemment  limousins.  Enfin  nous  sommes  informé 
par  M.  Maurice  Ardant,  à  qui  nous  devons  la  communica- 
tion du  n*  64,  qu'il  a  été  découvert  dans  un  ancien  cimetière 
du  haut  Limousin.  On  ne  peut  donc  hésiter  sur  l'attribution 
de  ces  deux  pièces  inédites. 

Cornil,  situé  dans  les  canton  et  arrondissement  de  Tulle 
(Corrèze),  près  de  la  limite  de  l'arrondissement  de  Brive, 
possède  encore  un  curieux  débris  de  l'ancien  castrum.  C'est 
une  haute  tour  carrée  qui  surmonte  la  colline  abrupte  aux 
pieds  de  laquelle  coule  la  Corrèze.  Nous  avons  trouvé  dans 
les  monuments  de  nombreuses  mentions  de  ce  lieu ,  soit 
sous  le  nom  même  de  CORNILIVM,  inscrit  sur  nos  deux 
triens,  soit  sous  le  nom  actuel  de  Cornil  ou  Cornills,  dans 
des  actes  des  xii*,  xiir  et  xiv*  siècles,  et  notamment  dans 
deux  chartes  du  cartulaire  de  Beaulieu  de  1190  et  de  1204, 
où  Hugues  de  Cornil  figure  comme  témoin  après  plusieurs 
moines  de  l'abbaye  d'Aubazine*,  laquelle  était  tout  près  et 
au  sud  du  château  de  Cornil  '.  Max.  DeijOGHE. 

*  "  De  dono  Gauzfrcidi  est  tcfitis  Klias  de  Cornilio,»  Cartulaire  de  Tulle,  ch_ 

ann.  1060-1108,  dan»  Balnz.,  llist.  Tutel.,  append.,  col.  478,  —  •« Testîboft... 

Geraldo  de  Martenac,  Guilhcrrao  Amonio  Cornil.  »  Cartulaire  d^Anbazine,  r^r 
ann.  1143.  —  «  Rjûmundus  de  Cornilio.f^  Cli.  ann    1163,  dans  JuBtel,  Bitt  ^~-~ 
généalotiiq.  de  la  maison  de  Turenne,  preuves,  p.  30  et  34.  —  ••  W.  de  Comt'I.  * 
Ch.  ann.  il97 ,  iWd.,  p.  37.  —  **  Ecclesia  parrochialis  de  Cornilio,  in  capellflB^B 
domini  de  Cornilio.  Ann.  1471,  mss.  Biblioth.,  impér.  coll.  Gaignières,  1. 183   — 
184,  p.  189. 

«  Cartul.  de  Beaulieu,  ch.  XXXVII  et  CXaV.  Il  ne  faut  pas  confondr-^-« 
avec  ce  caêtrum  un  Cornilium  mentionné,  dans  un  autre  acte  du  même  reciu^BO 
daté  de  971,  comme  situé  dans  la  vicairie  de  Puy-d'Arnac  (tWd.,  ch.  CLXI^^  ^« 
Ce  dernier  est  un  simple  manse,  qui  n*a  jamais  eu  Timportance  du  Corc^i^ii] 
situé  sur  la  Corrèze,  et  n'a  jamais  été,  comme  celui-ci,  chef-lieu  de  p»J^B- 
roisse. 


ET    DISSERTATIONS.  303 


LE  ROYAL  D'OR  DE  SAINT  LOUIS. 


La  Fortune  qui,  par  exception ,  favorise  quelquefois  F  in- 
telligence et  la  droiture,  vient  d* accorder  à  MM.  RoUin  et 
Feuardent,  ces  excellents  associés  à  qui  nous  sommes  heu- 
reux de  confier  les  intérêts  de  la  Rev%ie^  une  merveille  nu- 
mismatique. 

La  vignette  que  nous  donnons  ici  a  déjà  fait  comprendre 
qu*il  s'agit  d'une  pièce  capitale  jusqu'à  présent  introuvablCr 
variété  de  celle  qui  n'a  jamais  été  revue  depuis  Haultin^ 
et  qui  suffirait  pour  établir  la  réputation  d'un  médaillier. 

Le  royal  d'or  de  saint  Louis,  compris,  en  1619,  dans  l'ou- 
vrage duconseiller  au  Chàtelet,  a  été  reproduit  à  la  vérité  par 
Le  Blanc  dans  son  Traité;  mais  il  est  facile  de  voir  que  c'était 
là  une  de  ces  monnaies  au  sujet  desquelles  l'auteur  déclare 
«qu'il  laisse  à  chacun  la  liberté  d'en  croire  ce  qu'il  vou- 
dra \  »  Aussi  M.  Cartier,  après  avoir  dit  qu'on  «  peut  com- 
parer Haultin  à  Goltzius,  dont  on  cherche  encore  beaucoup 
de  médailles ,  n  ajoute-t-il  plus  loin ,  à  propos  des  mon- 

»  Traité  hi»t.  des  monn  de  France  ^  éd.  d*Am8tenlam ,  1692,  p.  V,  159  vt 
170. 


3ô&  MÉMOIRES 

naiesde  saint  Louis  :  «Je  ne  connais  de  celte  époque  que 
YagneU  le  florin  et  le  franc  d'or.  Ces  deux  dernières  pièces 
appartiennent  à  Louis  IX  ou  plutôt  à  Louis  VIII  '.  »  La 
condamnation  implicite  prononcée  par  Le  Blanc  a  porté 
coup  ;  le  royal  d'or  de  saint  Louis  n'a  été  admis  par  per- 
sonne. On  le  voit  bien  encore  figurer  dans  la  gravure  pla- 
cée en  tête  du  cliapitre  consacré  à  saint  Louis  dans  YHiê- 
foire  de  France  du  P.  Daniel  (édit.  de  1755)  ;  mais  dans  la 
notice ,  cette  pièce  est  passée  sous  silence  '. 

En  176A ,  Aboi  de  Bazinghen ,  donnant  un  historique  de- 
la  monnaie  des  rois  de  France,  décrit  Yagnel  d'or  de  saint 
Louis,  et  ne  mentionne  pas  le  royal.  Plus  loin,  dans  on 
autre  article  de  son  Dictionnaire ,  il  présente  le  royal  d*o» 
de  Philippe  le  Bel  comme  la  plus  ancienne  monnaie  ûm 
ce  nom  \ 

En  1767,  Salzade  ne  compte  au  nonîbredes  royaux  d'i^i 
que  ceux  de  Charles  le  Bel,  de  Charles  V  et  de  Charles  VII  ** 

C.  Chr.  Schniieder,  dans  son  Dictionnaire  manuel,  publw 
en  1811,  se  conforme  à  Topinion  d'Abot  de  Bazinghen  ' 

Conbrouse ,  dans  son  Catalogue  des  monnaies  naiionaleê^ 
range  Yagnel  d'or  et  le  franc  d'or  au  nombre  des  monnaies 
de  Louis  IX.  Le  royal  n'est  pas  rappelé ,  même  à  titre  de 
renseignement.  Pareil  silence  dans  les  autres  ouvrages  de 
ce  numismatiste  si  ardent  à  la  recherche  des  raretés. 

Enfin  M.  de  Wailly,  tant  dans  le  XXI*  volume  des  Histo- 
riens de  France,  que  dans  ses  deux  grands  et  savants  mé- 

'  Bévue  numism.^  1838,  Lettres  sur  Chistoire  monétaire,  p.  90  et  401. —  On 
'sait  que  le  florin  appartient  à  Louis,  roi  de  Hongrie  (1342-82). 
«  P.  Daniel,  Hist.  de  France,  1755,  t.  IV,  p.  281  et  598. 

•  Traité  des  monn.  en  forme  de  dictionnaire^  t.  ÎI,  p.  107  et  580. 

*  Becueil  des  monn.  ou  dict.  hist.,  p.  126. 

»  Handworterbvch  der  gesammten  Mûnzkunde^  Halle,  18il,  p.  383. 


ET   DISSERTATIONS.  Sô5 

moires  publiés  par  rAcadémic  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  décrit  ou  cite  le  franc  d'or^  Yagnel  de  saint-Louis, 
mais  ne  mentionne  pas  de  royal  avant  1295,  c'est-à-dire 
avant  le  règne  de  Philippe  le  BeP. 

Ainâ  donC)  on  peut  affirmer  que  jusqu'à  présent  le  royal 
(for  de  saint  Louis  n'a  pas  d'existence  reconnue. 

Celui  que  nous  décrivons  et  qui  est  parfaitement  bien 
conservé,  a  pour  légendes  :  +LVÎ)OVIC\S  D€L  GRA.  REX. 
FRAN.  Au-dessus  et  au-dessous  d'une  couronne  :  R6GALIS 
AVReVS;  au  revers  :  + XPC.  VINCIT.  XPC  REGNA.  XPC, 
IMPeRAT.  Son  poids  est  de  4«',15. 

Les  légendes  de  celui  qu'Haultin  avait  vu  sont  :  -f  LVDO- 
VICVS  :  ReX.  FRANCORVm  —  R€GALES   AVREVS  et 

-h  XPC.  vinciT.  xPGRecnAT.  xpc  impeRAT. 

On  remarque  dans  les  deux  variétés  un  mélange  de  ca- 
ractères carrés  et  de  caractères  arrondis  qui  se  retrouve 
aussi  surYafjnti  et  les  deux  francs  d'or  de  la  Bibliothèque 
impériale ,  pièces  qui  pcsent,  la  première  4«',10 ,  et  les 
deux  autres  4*',05.  Je  ferai  observer  que  le  poids  de  la 
monnaie  d'or  d'Alphonse  X  de  Castille  (1252  1284),  que  je 
crois  avoir  servi  de  modèle  au  franc  d'or  de  saint  Louis, 
est  de  4*',50,  ce  qui  équivaut  au  dinar  almohade  contem- 
porain, affaibli  de  10  centigrammes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  collection  des  monnaies  royales  de 
la  troisième  race  s'enrichit  d'un  monument  qui  excitera, 
j*en  suis  certain,  chez  tous  nos  confrères  une  admiration 
égale  à  l'étonnement  que  fait  naître  la  résurrection  si  inat- 
tendue d'une  pî^ce  généralement  considérée  comme  apo- 
cryphe. Adrien  de  Lomgpérier. 

'  Bec.  de»  hi$t.  de  Fmnre ,  1865,  t.  XXI.  —  Mém,  d«  VAcad.  de»  inscript., 
t.  XXÏ,  1857.  —  Recherches  sur  le  syst.  mon.  de  saint  Louis  et  Mém,  sur  les 
rsriutims  de  la  livre  foum.,  p.  179,  180,  234. 

1860.  —  5.  26 


3(>6  MÉMOIRES 


MONNAIES  DES  COMTES  DE  TONNERRE. 

(PI.  xvr.) 


Dès  la  fin  du  >•  siècle,  la  ville  de  Tonnerre  était  le  centr^^ 
d'un  pagus  de  la  cité  de  Laugres  ^  :  il  en  est  fait  mentioL^^ 
en  497  dans  un  diplôme  accordé  par  Clovis  à  Tabbaye  d^^ 
Réomeen  497.  Cette  circonscription  territoriale  était  ap- — - 
pelée  pagus  TornoirinsiSt  Ternodrinsis^  Tonwdrinsis^  Tor--^ 
nadrinsis  ^  et  le  chef  lieu,  Casirum  Tornodum  ,  To»nodo — 
rense  et  ternodorense  '.  Nous  ti'ouvons  en  634  la  mentioi'B. 
du  territorium  Tornodorense  ^  en  814  et  037,  du  comiiaiu^ 
Ternolrensis  et  Tornorensis  •.  A  la  première  de  ces  dales^^ 
le  9  septembre,  Louis  le  Débonnaire  confirmait  à  Betto^ 
évêque  de  Langres ,  entre  autres  biens ,  «  castrum  Toma.— 
((  trense  caput  videlicet  comitatus.  »• 

11  paraît  que  depuis  la  fin  du  vir  siède  jusqu'au  com— 
raencement  du  viii%  le  comté  de  Tonnerre  fut  la  propriété 
patrimoniale  de  seigneurs  particuliers ,  parmi  lesquels  ou 
compte  saint  Guerri  et  saint  Ebbon ,  son  neveu ,  tous  deux 
successivement  archevêques  de  Sens*  Il  vint  ensuite  aux 
mains  du  roi ,  puisque  Louis  le  Débonnaire  eu  disposait  en 


*  B.  Gucrard,  Estai  sur  le  tystèrm  dt$  die.  terht,  de  la  Gaule ^  p.  145. 

«  D.  Bouquet,  II ,  235;  III ,  285;  IV,  615.  —  Pcrard.-Qucutin,  Catiul, 
Jtpart.  de  V  Yonne,  I,  p.  8,  19,  27  ;  II ,  p.  2,  3, 6,  8. 

*  Cartulairede  l'Yonne,  II,  9. 


(/» 


ET    DISSERTATIONS.  367 

faveur  de  Tévêque  de  Langres.  Il  est  permis  de  penser  que 
'^  premier  des  comtes  héréditaires  de  Tonnerre  fut  inféodé 
de  ce  territoire  par  le  prélat.  De  nombreux  actes  établissent 
^  vassalité  des  seigneurs  de  Tonnerre,  je  citerai  comme 
'temple  la  déclaration  du  temporel  de  Tévêché  de  Langres 
?n  1463,  dans  laquelle  Tévêque  mentionne  :  «  Item  le 
»  comte  de  Tonnerre  lient  de  nous  ledit  comté,  chastel  et 
«  ville  de  Tonnerre  et  les  fiefs  qui  en  dépendent.  » 

Un  tiers  du  sol  mérovingien  qui  semble  appartenir  au 
commencement  du  viii*  siècle,  porte  le  nom  de  Tonnerre, 
autour  d'un  buste  de  face,  revêtu  d'une  cuirasse  de 
orme  arrondie,  sur  laquelle  est  gravée  une  croix,  on  lit  : 
TEMODERO;  au  revers,  la  légende  BERVLFO  MONETA, 
-nioure  une  croix  latine,  (PI.  XVI,  n*  1.  ) 

C'est  pendant  la  seconde  moitié  du  x"  siècle  que  paraît, 
K>ur  la  première  fois,  le  nom  d'un  comte  héréditaire  de 
t'oficerre,  fondateur,  avec  l'évêque  de  Langres,  du  monas- 
ère  de  Saint-Michel  :  il  se  pourrait  que  plus  tard ,  des  do- 
'Ucneots  encore  inédits  nous  révélassent  les  noms  de  quel- 
loes-uns  de  ses  prédécesseurs  :  ce  qui  est  certain,  c'est 
lu*Aldrevald,  moine  de  Fleury,  contemporain  de  Charles  le 
t-bauve,  parle,  à  propos  des  miracles  de  saint  Benoit,  de  la 
C^érison  d'un  personnage  noble  du  nom  de  Raculfus ,  o  ex 
^  ofScio  viccm  comitis  ageos,  »  à  Tonnerre. 

llilon  I*' est  dit  «cornes  pagi  Tornodorensis,»  ou  en- 
^re  o  pagum  Tornodorensem  tenens.  »  A  la  fin  de  sa  vie, 
4  devint  moine  de  Saint-Michel  de  Tonnerre.  A  Milon  suc- 
tédèreot  Guy  son  fils  (987-992) ,  Milon  II  (992-1016)  ; 
ftaînard  ou  Renaud  (1016-1039)  ;  Milon  III,  frère  du  pré- 
cèdent, qui  fut,  par  sa  femme,  comte  de  Bar-sur-Seine 
I^l0%9-10/i6)  ;  Hugues  Renaud ,  qui  devint  évëque  de  Lan- 
gres en  1065,  et  mourut  en  1085. 


i 


SMi  HÉMOfRES 

Suivant  quelques  liislorieDS  Hugues  Renaud  se  seraïC 
démis  de  Tonnerre  et  de  Bar-sur-Seine  en  faveur  de  soi? 
oncle  par  alliance,  Guillaume  de  Nevers  :  celui  ci  avait 
épousé  en  effet  Ermengarde  de  Tonnerre,  sœur  de  Milon  IIK 
Vers  Tan  1100,  le  comte  de  Tonnerre  se  nommait  Guil- 
laume,  et  il  était  fils  de  Guillaume  I*%  comte  de  Nevers. 

Nous  donnons  le  dessin  d'un  denier  de  l'époque  carlo-    — 
vingicnne  qui  a  été  frappé  à  Tonnerre  :-  +GRATIA  D""I  R^^v 

autour  dun  monogramme;  au  revers,  TORNODOROASTEL 

(PL  XVI,  n^  2.) 

Par  son  type,  ce  denier  est  postérieur  à  h  date  de  Tédi^K: 
de  Pistes,  donné  en  86&;  il  a  été  par  conséquent  frapp^^ 
alors  que  Tonnerre  relevait  déjà  de  Tévêqnc  de  Langres,  e  tk 
avait  des  comtes  héréditaires.  Si  nous  observons  qu  en  874   -. 
le  roi  Charles  le  Chauve  accordait  aux  évêques  de  Langre  ^ 
le  droit  d'avoir  une  monnaie  dans  leur  ville  épiscopale,  ainï=»i 
qu'à  Dijon ,  il  tte  semblera  pas  trop  hardi  d'en  conclure  qw^ 
les  monnaies  carlovingienues  de  Tonnerre  furent  forgées 
sous  l'influence  et  probablement  par  l'ordre  de  ces  prélats. 
Je  remairque  d'ailleurs  une  certaine  analogie  entre  le  denier 
épiscopal  frappé  au  monogramme  de  Charles  le  Chauve  à 
saint  Etienne  de  Dijon  et  celui  de  Tonnerre ,  c'est  que  sur 
tous  deux,  le  nom  du  lieu  est  suivi  du  mot  casteilum. 

Dans  un  certain  nombre  des  ateliers  monétaires  du  ir  siè- 
cle, on  remarque  des  concessions  faites  anx  évêques  etaur 
abbés;  puis  ,  plus  tard,  le  pouvoir  séculier  s'empare, soit 
brusquement,  soit  graduellement,  des  privilèges  accordésaw 
clergé.  Quelque  chose  d'analogue  dut  se  pîisser  à  Tonnerre 
lorsque  ce  fief  tomba  au  pouvoir  des  comtes  de  Nevers,  osot 
ciqui,  nousl'civons  vu  ailleurs,  prétendaient  avoir  le  droit <f 
frapper  monnaie  dans  toute  leur  terre^  supprimèrent  imp^ 
citement  le  droit  de  l'évoque  r  le  duc  de  Bourgogne  à  Dijf 


tT  DISSERTATIONS.  *309 

1«  comte  de  INevers  à  Tonuerre,  étaieut  des  vassaux  trop 
paissants  et  trop  redoutables  pour  que  Tévêque  de  Langres 
X^ùt  conserver  le  privilège  qu'il  devait  à  la  muDiliceuce  de 
X^barles  le  Chauve. 

Voici  la  liste  chronologique  des  t^omtes  de  Tonnerre  de 
ia  maison  de  Nevers  :  je  crois  devoir  donner  la  suite  de  ces 
seigneurs,  parce  que  seit  pour  les  dates,  soit  même  pour 
*quelques-uns  d'entre  eux,  je  diffère  d'opinion  avec  pin- 
ceurs auteurs  qui  ont  traité  cette  question. 

1065?-! 099.  Guillaume  1",  comte  de  Nevers  et  d'Auxerre, 
puis  d«  Tonnerre,  du  chef  de  sa  femme  Ermengarde, 
u  uDum  comitatum  de  tribus  componens  '.  n 

10991111.  Guillaume  11,  son  Gis,  mourut  avant  lui,  ne 
laissant  qu'une  fille,  qui  épousa  le  sire  de  Bourbon  :  le 
Tkinnerrois  revint  à  son  neveu ,  sous  la  tutelle  de  Guil- 
laume !•'  de  Nevers  '. 

1111-llAA.  Guillaume  III ,  neveu  du  précédent,  fils  de 
Renaud  de  Nevers  et  petit-fils  du  comte  Guillaume  I*', 
réunit  à  la  mort  de  celui-ci  les  trois  comtés,  «  monar- 
«cbiam  Nivernensis,  et  Altissiodorensis  et  Tornodo- 
-«  rensis  *.  » 

llAi-1159.  Renaud,  deuxième  fils  du  précédent;  pen- 
dant son  absence  en  Palestine,  où  il  mourut  prisonnier  des 


*  Ori^o   il  hùU   bretig  Nivern,    comtf.,  manuscrit  du  xn'    siècle  publié 
|Nir  M.  H.  CroQzet ,  daos  les  Droits  tt  pritiléfjei  de  la  commune  de  Nevers, 

*  Cartulaire  de  C  Yonne,  I,  204.  CvHiermus  cornes  Torfiodorenfis  oppidi. 

'Cf.  H.  Crouzel,  CirtuL  de  l'Yonne,!,  225  et  329.  Le  comte  portait,  «n 
^111,  le  titre  de  cornes  N4vernen$îs ,  lorsqu'il  confirmoit  à  l'abbaye  de  Mol^mo 
^sdooatiun  do  Kégli^ïC  Suiiit-Aigiran  de  Tonnerre.  Daus  un  acte  de  113B,  pat(»c 
^^nnx  ré\\\ue  «l'Auxt-rre,  entre  deux  liabilant*i  de  Cbâblis»  il  c»l  dit  •  cornes 
Tornodoreusis.  *»  Cftartes  el  titres  anciens  des  habitants  de  Tonnerre.  Auxsrre^ 
*«»J>riineriede  Claude  Dcvillicrs. 


370  MÉMOIRES 

infidèles,  le  Tonnerroîs  fut  administré  par  son  fils  aîné, 
Guillaume  111,  comte  de  Nevers  et  d'Auxerre  *. 

1159rll60.  Guillaume  IV  (III*  de  Nevers). 

1160-1168.  Guillaume  V  (IV  de  Nevers). 

1168-1175.  Guy,  frère  du  précédent. 

1175-1181.  Guillaume  VI  (V*  de  Nevers).  Robert, frère 
de  Pierre  de  Courtenay,  disputa  à  Guillaume  VI  l'héritage 
de  son  père,  et  portait  encore ,  en  1180 ,  le  titre  de  comte 
de  Tonnerre  :  à  cette  date ,  il  confirmait  aux  bourgeois 
de  cette  ville  les  coutumes  qui  leur  avaient  été  données 
par  le  comte  Guy,  «  comes  nivernensis,  predecessor  noster 
«in  villa  Tomodori.  »  Guillaume  VI,  en  1181,  mourait 
jeune  à  Tonnerre. 

1181-1 193.  Mahaut  de  Bourgogne,  mère  de  Guillaume  VI, 
comtesse  douairière  de  Tonnerre,  et  Mailly,  après  la  mort 
de  son  fils  *. 

1193-1216.  Pierre  de  Courtenay,  comte  d'Auxerre  et  de 
Tonnerre. 

1216-1224.  Mahaut  de  Courtenay  et  Hervée  de  Donzy, 
comtesse  et  comte  de  Nevers. 

1224-12...  Agnès  de  Donzy  et  Guy  de  Châtillon,  sire  de 
Saint-Aignan,  comtesse  et  comte  de  Nevers  •. 

12.. -1257.  Mahaut  de  Courtenay,  pour  la  seconde  fois, 
après  la  mort  de  sa  fille  *. 

1257-1262.  Mahaut  de  Bourbon,  arrière-petite-fille  de  la 
précédente,  et  Eudes  de  Bourgogne.  De  1262  à  1278,  il  y 

*  Cartul.  de 'l'Yonne^  I,  508.  En  1144 ,  le  comte  de  Nevers  faisait  une  dooa- 
liou  à  Saint-Micbel  de  Tonnerre,  avec  rassentiment  de  fon  fils  Renaud. 

«  Cartut.  de  VYùnne,  t.  II,  p.  335,  33o,  361,  367,  385,  415. 
'  Guy  de  Châtillon ,  comme  comte  de  Tonnerre,  confirma  les  coutumes  de 
cette  ville. 

*  Il  me  semble  évident  que  Mahaut  recouvr.!  le  comté  de  Tonnerre  à  la  mort 
de  sa  fille,  puisqu'il  est  positif  que  sa  petite-fille  hérita  directement  d>ll«. 


ÏT   DISSERTATIONS.  371 

eut  discussion  sur  le  pailage  de  la  succession  de  Mahaut  11 
entre  ses  trois  filles.  A  cette  dernière  date,  le  parlement 
attribua  Nevers  à  Yolande ,  Auxerre  à  Alix ,  et  Tonnerre  à 
Marguerite.  Nous  nous  occuperons  plus  loin  de  la  troisième 
dynastie  des  comtes  de  Tonnerre ,  issue  de  Marguerite  de 
Bourgogne. 

Les  monnaies  frappées  à  Tonnerre  sous  les  comtes  de 
la  maison  de  Nevers  ne  portent  pas  les  noms  des  seigneurs  : 
voici  la  description  des  trois  variétés  que  j'ai  pu  étudier  : 

Croix  :  la  légende  est  remplacée  par  quatre  étoiles  dis- 
posées de  manière  à  ce  que  chacune  soit  devant  l'un  des 
croisillons. 

fi.  +TORNODORI  CASTI.  Croix.  Je  considère  ce  denier 
comme  le  plus  ancien,  parce  que  sa  légende  rappelle  celle 
des  deniers  carlovingîens  frappés  dans  la  même  ville. 
(PL  XVI,  n«  3.) 

Croix  :  la  légende  est  remplacée  par  deux  croisettes  et 
deux  S,  disposées  comme  les  étoiles  du  denier  qui  précède. 

l  +T01NER0  MONEIC.  Croix.  (PI.  XVI,  n»  A.) 

Croix  :  la  légende  se  compose  des  lettres  ISIS,  disposées 
comme  les  étoiles  du  premier  denier. 

i  +  COMES  TONODOl.  Croix.  (  PI.  XVI,  n°  5.  ) 

J'ai  déjà  constaté,  ailleurs,  que  les  mentions  de  la  mon- 
naie de  Tonnerre,  dans  les  actes,  étaient  très-rares;  la  plus 
ancienne  est  de  1136 ,  le  cartulaire  de  l'Yonne  nous  en 
révèle  deux  autres  en  113S  et  11A7  :  quand  j'aurai  noté 
que  sous  la  comtesse  Mathilde,  en  1179,  les  tran?actions 
se  faisaient  en  monnaies  auxerroises^  et  qu'en  1204,  Pierre 
de  Courtenay  constatait  la  cession  des  coins  de  la  monnaie 
d* Auxerre  et  de  Tonnerre  à  Pierre  de  Chablis  par  Lambert 
de  Bar,  qui  les  possédait  h  titre  héréditaire,  j'aurai  épuisé 


372  MÉMOIRES 

tout  ce  que  les  texte»  disent  au  sujet  des  monnaies  qui  font 
le  sujet  de  cet  article  *. 

Puisque  les  anciens  documents  ne  nous  donnent  pas  ^ 
plus  de  détails,  cherchons  dans  l'étude  des  monnaies  elles-  ^ 
mêmes  à  suppléer  à  ce  silence. 

Tout  d'abord ,  un  fait  important  me  semble  mériter     -m 
d'être  signalé  :  si  les  deniers  de  Tonnerre  que  je  viens  de    ^s 
décrire  sont,  pour  le  type,  copiés  sur  les  anonymes  de  55s 
Sens  et  d'Auxerre,  ils  en  diffèrent  complètement  pour  le^^ 
style.  Que  l'on  compare  avec  eux  les  monnaies  des  ducs  di- 
Bourgogne  Hugues  I*'  et  Eudes  !•',  et  celles  de  Hugues^^ 

évêque  de  Langres,  et  on  sera  frappé  du  caractère  bour 

guignon  des  espèces  tonnerroises.  11  n'y  a  rien  que  de  très 

naturel  dans  ce  rapprochement,  puisque  le  Tonnerrois,  fie  Jf 
de  l'évêché  de  Langres.  confinait  au  duché  de  Bourgogne  '    - 

Une  autre  observation  indispensable,  c'est  qu'à  plusieun  ^s 
reprises ,  pendant  le  xiv  siècle,  le  Tonnerrois  appartint  ^B 
des  personnages  qui ,  tout  en  étant  de  la  maison  de  NeversK-  , 
n'avaient  pas  le  comté  de  Nevers.  Or  je  pense  que  les  comte^-ss 
de  Nevers,  qui  prétendaient  au  droit  exclusif  de  batti — ^ 
monnaie  dans  toute  leur  terre ,  ne  déléguaient  pas  ce  dro^^t 
à  ceux  pour  qui  le  Tonnerrois  n'était  en  réalité  qu'un  apas^- 
nage  ou  un  douaire.  J'écarte  donc  Guillaume  II ,  Renaoc^St 
Mahaud,  veuve  du  comte  Guy  :  il  n'en  est  pas  de  mèin::^^ 
de  Pierre  de  Gourtenay,  ainsi  que  je  le  dirai  plus  tard. 

J* attribue  à  Guillaume  111  (1111-llAA)  le  commenc^^ 
ment  du  monnayage  de  Tonnerre  :  son  règne  d'ailleu 

*  Rtvue  numUm.,  1860,  p.  375.  —  CartuU  de  V Yonne,  1. 1,  p.  329,  425. 

'  Il  faut  noter  aussi  qu'à  Tonnerre  comme  à  Dijon,  dans  la  forme  ' 
castri  et  DMoni  eaetri ,  on  avait  constïrvé  les  anciennes  légendes  des  den  m.<r» 
carlovingiens  frappés  dans  ces  villes  sous  rinfiucnce  des  évêqnes  de  LaPSJg.'^ 
très-probablement. 


ET   DISSERTATIONS.  375 

coïncide  avec  les  plus  anciennes  mentions  des  deniers  de 
€:ette  ville  dans  les  chartes  ;  les  astres  paraissent  sur  un 
deoier  contemporain  qne  j'ai  attribué  à  Hugues  II ,  duc  de 
Bourgogne. 

Le  second  denier  appartient  à  un  des  successeurs  de 
Guillaume  III,  et  je  le  crois  contemporain  du  troisième  : 
il  me  semble  que  ces  pièces  peuvent  être  considérées 
comme  le  résultat  de  la  lutte  qui  exista  entre  Guillaume  VI 
et  Robert  de  Courtenay,  tous  deux  se  disputant  l'héritage 
du  comte  Guy  :  la  forme  incorrecte  donnée  au  nom  de  la 
TiUe,  me  semble  indiquer  une  fabrication  précipitée  et 
peut-être  étrangère  à  l'atelier  de  Tonnerre.  Quant  à  l'in- 
terpréta tion  des  sigles  +S+S  et  ISIS ,  j'avoue  que  je  n'ose 
proposer  une  conjecture  :  tout  au  plus  pourrait-on  y  voir 
les  initiales  de  quelques  monnoyers,  Stcphanus  et  Johannes. 
Je  ne  puis  non  plus  voir  dans  moneie  l'abréviation  de  mo- 
meta  ieta^  comme  on  Ta  dit  :  ce  mot  barbare  ne  semble 
cpi*an  assemblage  de  lettres  destinées  à  remplir  la  légende. 

Quant  à  Pierre  de  Courtenay ,  je  ne  pense  pas  qu'il  ait 
frappé  monnaie  à  Tonnerre  :  nous  avons  vu  que  sous  son 
règne,  les  ateliers  de  Tonnerre  et  d'Auxerre  étaient  réunis 
dans  la  môme  main;  nous  avons  vu  aussi  qu'on  ne  se  ser- 
vait sous  lui  que  de  monnaies  auxerroises  à  Tonnerre  : 
enfin  j'ai  constaté  dans  un  autre  travail  que  pendant  le 
temps  qu'Auxerre  appartint  à  Pierre,  l'atelier  de  cette  ville 
avait  été  en  chômage  presque  continuellement  ^ 

Reprenons  maintenant  la  suite  des  comtes  de  Tonnerre 
de  la  troisième  dynastie. 

1273-1297.  Marguerite  de  Bourgogne,  comtesse  de  Ton- 
nerre, épousa  Charles  I",  roi  de  Sicile  :  devenue  veuve ,  la 

^  RtfiMfHNiiifin.,  18G0,  op.  laud. 


374  MÉMOIRES 

reine  Marguerite  se  retira  à  Tonnerre,  et,  en  1292,  légua 
ce  fief  à  son  neveu  Guillaume   de   Châlon ,  déjà  comte 
d'Auxerre.  Cependant  elle  ne  se  démit  pas  immédiatement 
du  comté,  puisque,  dans  Tacte  de  fondation  de  Tbôpital, 
elle  figure  toujours  comme  comtesse,  et  parle  de  son  neveu     ^ 
comme  d*un    héritier   présomptif.    Guillaume  ayant  fait    ^ 
hommage  à  Tévêque  de  Langres  eu  1297,  c'est  à  cette  date  ^ 
qu'il  semble  naturel  de  faire  conunencer  son  titre  réel  de^^ 
comte  de  Tonnerre. 

1297-1304.  Guillaume  de  Châlon,  comted'Auxerre. 

1304-1320.  Jean  1"  de  Châlon  (II*  comte  d'Auxerre). 

1320-1357.  Jeanne  de  Châlon  et  Robert  de  Bourgogne     = 

Jeanne  tenait  ce  comté  de  son  frère  par  donation,  et  ce  der 

nier,  après  la  mort  de  cette  dame,  rentra  en  posse>sion  dujiai 
Tonnerrois  jusqu'en  1357. 

1357-1379.  Jean  II  de  Châlon,  comte  d'Auxcrre  et  d^^ 
Tonnerre  :  de  1361  à  1373  l'administration  de  ce  fief  fu  ^ 
confiée  à  son  fils  Jean,  qui  n'en  portait  pas  le  titre,  et  après^s 
la  mort  de  celui-ci,  à  Louis,  son  frère  puîné. 

1379-1398.  Louis  de  Châlon-,  se  qualifie  comte  de  Ton^»- 
nerre  et  d'Auxerre.  sire  de  Saint- Aignan  ;  de  1374  à  d376^B» 
le  Tonnerrois  parait  avoir  été  adjugé  à  Marguerite  de  ChâSB- 
lon,  sa  sœur,  par  arrêt  du  parlement. 

1398-1433.  Louis  II*  de  Châlon,  comte  de  Tonnerr^=s, 
sieur  de  Châtelbelin ,  vendit  au  roi  Charles  VII  tous  s^^ 
droits  sur  Auxerre.  Partagé  entre  les  deux  filles  de  Louis  I    ^i 
le  Tonnerrois  fut  réuni,  en  1453,  par  suite  d'une  acqui^^>  ^ 
tion,  entre  les  mains  de  Jean  de  Husson,  fils  de  l'uned'elle  ^s. 

Charles  d'Anjou  frappa  monnaie  à  Auxerre  :  je  donne  L^s 
dessins  du  denier  et  de  l'obole  de  ce  prince.  L'absence  ^de 
mention  de  monnaies  de  cette  ville  dans  les  textes,  et  l^iif 
rareté,  ainsi  que  la  rareté  des  monnaies  de  ses  successeiL  vs. 


ET   DISSERTATIONS.  375 

me  porteDt  à  penser  que  ce  monnayage  était  peu  actif  : 
peut-être  cbaciue  seigneur,  à  son  avènement,  en  faisait-il 
frapper  simplement  pour  empêcher  la  prescription  du  droit. 

-f  K  REX  SICILIE.  Croix  à  pointes,  cantonnée  au  second 
d*aDe  fleur  de  lis. 

^  +  COM  TORNODOR.  Croix  ayant  deux  de  ses  bran- 
ches à  pointes  et  les  deux  autres  fleurdelisées.  (PI.  XYI, 
n"  6  et  7.  ) 

Ces  monnaies  sont  imitées  à  la  fois  de  celles  d*Auxerre 
et  de  celles  de  Nevers  :  la  croix  à  pointes  commença  à 
être  employée  dans  cette  dernière  ville  sous  Jean  Tristan, 
1265-1270,  et  se  continua  sous  Robert  et  Louis  de  Flandre, 
1271-1321  :  Jean  Tristan  cantonnait  la  croix  d'un  annelet, 
Robert  et  Louis  d'une  étoile  :  Charles  d'Anjou  adopta  la 
fleur  de  lis,  qui  était  une  des  pièces  de  son  blason.  Geof- 
froi  et  Marie  de  Brabant  avaient  pris  la  même  croLx  k  Vier- 
zon,  de  1280  à  1330.  Les  branches  fleurdelisées  de  la  croix 
semblent  avoir  pour  origine  le  type  de  Jean  Tiistan,  com- 
pcisé  de  deux  fleurs  de  lis  et  de  deux  étoiles  disposées  eu 
croix.  J'ai  déjà  proposé  d'attribuer  à  la  fabrication  qui 
reprit  à  Auxerre  vers  le  milieu  du  xiii«  siècle  les  deniers 
de  cette  ville  sur  lesquels  la  croix  porte  deux  fleurs  de  lis 
et  deux  groupes  de  trois  points  devant  les  cioisillons  ^  : 
une  étude  plus  attentive  me  permet  de  rectifier  mon  erreur. 

Il  me  semble  que  pendant  que  Jean  Ti  istan  et  Yolande 
de  Nevers  adoptaient  le  type  des  fleurs  de  lis  à  Nevers,  Alix 
de  Nevers,  sœur  de  celle-ci ,  mariée  à  Jean  de  Châlon,  de- 
vait chercher  à  imiter  ce  type  à  Auxerre,  et  qu'il  passa 
ainsi  à  Tonnerre  :  c'était  d'autant  plus  naturel  qu'il  pou- 
vait se  faire  que  ces  deux  deniiers  ateliers  fussent  encore 

»  Rec,  «un.,  1860,  p.  378. 


3731)  MÉMOIRES 

administrés  par  les  héritiers  du  inonDayer  de  Pierre  de 
Courtenay. 

Après  la  mort  de  Charles  d*Anjou,  sa  veuve  frappa  mon- 
naie à  son  nom  :  je  n'ai  retrouvé  que  des  oboles  de  cette 
princesse ,  qui  avait  conservé  exaclement  les  types  de  son 
époux  :  la  légende  du  droit  avait  seule  changé;  elle 
porie  :  MO.N'.RtG'.SlCILIE.  (PI.  XVI,  n»  8,  ) 

Par  une  fatalité  inexplicable,  cette  pièce,  déjà  publié^, 
plusieurs  fois,  n'a  pas  été  encore  correcteuïent  déchiffrée. 
Duby  lut  M  D  REGINA  SIGILIE,  ce  qui  a  fourni  à  un  archéo- 
logue l'explication  3Iana  derdi  ta  retjina  Sicilie^  peu  con — 
forme,  je  crois,  à  l'épigraphie  numismatique  du  moyen  âge  •=• 
MM.  Poey-d'Avant  et  Fillon   ont  lu   M.REG.SICILIE,  ef-» 
oubliant  la  fleur  de  lis  qui  cantonne  la  croix.  La  véritable:!^ 
lecture  est  celle  que  je  donne  plus  haut,  elle  peut  se  tra — 
duirc  :  Moneta  régime  Sicilie ,  et  si  quelques  exemplaires^ 
portent  véritablement  MD,  monela  domine  regine  Sicilie^ 

Je  n'ai  pu  encore  retrouver  les  monnaies  frappées  ^^ 
Tonnerre  par  Guillaume  de  Chàlon  :  il  est  permis  d'espéi-^  ^ 
que  cette  lacune  sera  comblée;  mais  on  connaît  le  deni^  w 
frappé  par  Aliéner  de  Savoie,  veuve  de  ce  prince ,  pendaai^C 
la  minorité  du  comte  Jean,  son  fils  : 

+ALIENORD.DSABAD.  Croix  à  pointes,  cantonnée  m^«i 
second  d'une  rose. 

fi.  4-  MONETA  TORNODORV.  Croix  à  pointes.  —  Deni^-wr. 
(  PI.  XVI,  n»  9.  ) 

Les  princes  de  la  maison  de  Chàlon  renoncèrent  à      1^ 
croix  fleurdelisée,  et  adoptèrent  la  molette  d*éperon  :  je    ^^^ 
sais  si  ce  signe  ne  figurait  pas,  comme  brisure,  sur  le  ïik^'' 
son  de  cette  branche  d'une  famille  si  nombreuse. 

Les  deniers  de  Jean  P'  sont  semblables  pour  les  types  au-^ 


ET    MSSER TATIONS.  377 

^^^naicsde  sa  mère  :  au  droit  on  lit  +IOnANESCOMKS; 
^^  revers,  MON  TORNODORI  *.  (  PI.  XVI,  n»  10.  ) 

Bien  que  l'ordonnance  de  1315  ne  mentionne  pas  le  comte 
^^  Tonnerre  parmi  les  barons  ayant  encore  le  droit  de  mon- 
^syer,  je  serais  très-disposé  à  attnbuer  à  Jean  II  le  denier 
^H'obole  suivants,  qui  portent  les  mêmes  tvpes  et  le» 
bernes  légendes  ; 

+10HANES  COMES.  Croix  ordinaire. 

Si.  +  MON  TORNODORI.  Croix  ancrée ,  avec  un  point 
devant  chaque  croisillon  :  un  trèfle  au  premier  canton  *, 
(PL  XVI,  n-  11  et  12.) 

A.  DE  Barthélémy, 

'  Bech,  swr  let  morm.  féod,  émitet  dans  le»  principaks  Hlles  du  département  de 
i^Yomiêf  par  M.  l*abbé  Hanreaa,  p.  34.  —  Poey-d'ATHnt,  CataL  de»  mmn.  wi- 
^ii<«riale«,  p.  316.  —  FilloD,  Collect.dêJ,  Rousteau,  p.  102.  J'ai  eu  entre  lea 
tnabs  Tezemplaire  décrit  par  M.  Fillon. 

*  M.  Fillon,  dans  ses  Étude»  numitmatique»^  p.  171,  pi.  Y,  n*  11,  a  dcjà  donné 
l''Me  de  ce  denier  ;  le  maavai»  état  de  Texeroplaire  qu'il  arait  tous  les  yeux 
01  loi  a  pas  permit  de  le  décrire  exactement. 

En  terminant  cette  étude ,  je  dois  donner  ici  un  témoignage  de  ma  recon- 
luûssance  à  MM.  Tabbé  Hanrean  et  L.  Dormois,  qui,  par  leurs  étndes  pcrM»n- 
»«Ue»  et  par  le»  renseignements  prédenx  qu'ils  m'ont  fonmis ,  n*onl  pns  pe» 
coatribné  à  m'aider  dans  la  classification  de»  roonaaies  do  Tonnerre. 


37S  MÉMOIRKS 


JRTONS 

RAPPELANT  LA  PRISE  D'ARRAS  PAR  LES  FRANÇAIS 
EN  16â0. 


Le  siège  cVArras,  en  1(340,  fut  une  des  conséquences  dtt — 
projet  qu'avait  conçu  Louis  Xlll ,  ou,  si  Ton  aime  mieux^ 

Richelieu,  de  faire  rentrer  l'Artois  sous  la  domination  fran« 

çaise,  en  l'enlevant  à  l'Espagne. 

Disons  que  la  ville  d'Arras  était  loin  de  tenir  à  cliangei     ' 
de  maître,  que  ses  bourgeois,  bien  plus  que  la  garnison^ 
la  défendirent  avec  une  ardeur  héroïque  ;  que  les  corpg^ 
d'armée  que  le  roi  d'Espagne  Philippe  IV  entretenait  dan^ 
les  Pays-Bas  firent ,  sous  la  conduite  du  cardinal  infaob- 
Ferdinand  d'Autriche ,  gouverneur  général  de  ces  pays  ^ 
et  avec  l'aide  des  troupes   impériales   commandées  par^ 
Lamboi ,  tous  leurs  efforts  pour  secourir  cette  place  îm — 
portante,  et  qu'il  ne  s'en  est  fallu  plus  d'une  fois  que  de^ 
bien  peu  que  les  Français  ne  fussent  contraints  de  lever  1^^- 
siège ,  quelque  considérables  que  fussent  les  forces  qu'Ub-^ 
avaient  réunies  pour  le  faire. 

Les  forces  des  Français  étaient  sous  le  commandemen     ^^ 

de  trois  maréchaux  célèbres ,  qui  prirent  tous  une  pai " 

active  au  siège  :  la  Meilleraie,  Châtillon  et  le  duc  d        * 
Chaulnes.  «  Ce  siège,  dit  le  président  Hénaulc,  fut  célèbi "" 


ET   DISSERTATIONS.  379 

par  les  combats  qui  se  donnèrent  pour  y  jeter  dn  se- 
cours et  pour  l'empêcher;  le  duc  d'Anguien  se  trouva 
à  ce  siège,  les  ducs  de  Nemours,  de  Luines,  iMVl.  de 
Gëvres,  de  Goaslin,  de  Guiche,  de  Grancei,  de  Bréauté, 
de  GassioD,  etc.  »  Dans  cet  et  cetera  est  compris  Rantzau, 
qui  se  retira  du  siège  avec  une  jambe  de  moins  et  un  bras 
mutilé. 

Les  mémoires  du  temps  sont  remplis  de  détails  concer- 
naDt  le  siège  d'Arras  de  1640,  qui  a,  en  outre ,  été  l'objet 
de  diverses  relations  spéciales  énumérées  dans  un  travail 
d'ensemble  de  M.  Achmet  d'Hérîcourt  \  Cet  auteur,  après 
dom  Devienne  ' ,  a  donné  du  même  siège  une  savante 
description ,  aussi  complète  qu*on  la  peut  désirer.  Pour 
nous,  il  ne  peut  entrer  dans  notre  cadre  de  faire  une 
ceuvre  de  stratégie ,  et  nous  ne  rappellerons  des  événe- 
ments que  ce  que  notre  sujet  comporte  strictement. 

On  ne  peut  pas  douter  que  les  desseins  du  cardinal  de 
Bicbelieu  n'aient  été  pour  beaucoup  dans  l'entreprise  du 
siège,  ni  que  sa  persévérance  au  milieu  des  difficultés  de 
l'entreprise  n'ait  pour  beaucoup  aussi  été  dans  le  succès. 
Le  premier  ministre  de  Louis  XIII  ne  commandait  pas,  mais 
il  surveillait  de  loin  les  opérations  et  faisait,  au  besoin , 
sentir  son  action.  Dans  la  première  quinzaine  de  juillet,  le 
wége  durant  déjà  depuis  le  13  juin ,  et  les  lignes  étant 
achevées,  le  cardinal  infant,  appuyé  de  ses  troupes,  parais- 
sait sur  les  hauteurs  de  Saint-Éloi,  cherchant  une  occasion 
de  tenter  de  délivrer  la  ville.  Les  trois  maréchaux  français 
étaient,  de  leur  côté,  dans  cette  conjoncture,  divisés  d'opi- 


*  li»  Sk'ge*  tfArra*,  hintoin  df»  exiiédilions  mititaireê  dont  cetif  ville  et  son 
finitoire  oftt  été  le  théâtre.  Arras,  1841. 

*  nutoire  éTArtoiSy  t.  V,  1787. 


380  MÉMOIRES 

nion  et  presque  en  mésintelligence  ouverte  sur  la  question 
de  savoir  si  l'on  sortirait  des  lignes  pour  aller  livrer  ba- 
taille à  r infant  :  ils  dépêchèrent  un  exprès  à  Richelieu^ 
alors  à  Doullens ,  pour  avoir  ses  ordres.  Le  cardinal,  dit- 
on,  leur  fit  répondre  qu'il  ne  pouvait  leur  donner  d'avis 
sur  la  question  de  leur  différend ,  bien  qu'il  n'eût  jamiÛ! 
trouvé  qu'on  fût  sorti  de  ses  lignes  pour  combattre  Fen- 
nemi ,  après  avoir  été  si  longtemps  à  les  faire  ;  que  si  le 
roi  leur  avait  confié  à  tous  trois  le  commandement  de  soi 
armée,  c'est  qu'il  les  en  croyait  capables  ;  que  peu  impor- 
tait d'ailleurs  qu'ils  sortissent  des  lignes  on  qu'ils  n'en  sor 
tissent  pas,  mais  que,  s  ils  ne  prenaient  pas  Arras .  ili  m 
répondraient  sur  leurs  têtes.  Les  historiens  ne  sont  pasbiet 
d'accord  sur  les  termes  dans  lesquels  était  au  juste  conçue 
la  réponse  de  Richelieu  qu'on  vient  de  lire  ;  mais  que  \i 
ministre  ait  ou  non  ménagé  ses  expressions ,  on  n'en  doi 
pas  moins  remarquer  son  influence  jusque  dans  un  déba 
auquel  il  semblait  avoir  voulu  demeurer  étranger,  et  où  î 
avait,  en  définitive,  émis  des  vues  à  la  suite  desquelles  le 
assiégeants  ne  crurent  pas  devoir  s'exposer  à  sortir  de  leur 
lignes.  On  voit  plus  tard  Richelieu  s'occuper  lui  même  de 
moyens  d'alimenter  le  camp  des  Français ,  où  la  famine  9 
faisait  sentir  et  pouvait  faire  craindre  en  même  temps  qu'il 
ne  dussent  lever  le  siège.  Un  convoi  de  vivres,  qui  ne  9 
composait  pas  de  moins  de  six  mille  charrettes,  était  réun 
àDoullens;  il  s'agissait  de  lui  faire  traverser  l'année  espa- 
gnole, et  ce  fut  du  Hallier,  rappelé  exprès  de  Lorraine,  qu 
fut  chargé  de  l'escorter,  avec  seize  mille  hommes  suivaa 
certains  auteurs,  et  vingt-cinq  mille  suivant  d'autres.  tL 
«  convoi  éttant  près,  dit  Leclerc(|  \  le  cardinal  donna  ordfl 

*  La  tii  du  cardinal  de  Hicheiieu, 


ET  DISSERTATIONS.  381 

B  ^^  du  Rallier  de  Tescorter  ;  mais  en  même  temps  le  roi 

r  ]  ui  défendit  de  s'avancer,  sans  en  rien  dire  au  ministre. 

I   dïette  défense  étoit  fondée  sur  une  crainte  qu*avoit  le  roi 

i   ^fue  du  Hallier  et  le  maréchal  de  la  Meilleraye,  qui  lui 

I   dtfvoit  venir  au-devant,  étant  défaits,  les  Espagnols  n*en- 

t  't.ii^assent  dans  le  royaume  et  n*y  causassent  beaucoup  de 

I  désordre.  Mais  il  hasardoit  ainsi  à  laisser  périr  l'armée  qui 

K  2i.ssiégeoit  Arras ,  pour  épargner  le  corps  que  du  Hallier 

K  <roinmandoit.  Quand  Ghoupes  apporta  les  ordres  du  car- 

■  dinal,  du  Hallier  commença  à  former  mille  diiScultés  pour 

«  Kàc  point  marcher.  Mais  enfin  Ghoupes  lui  ayant  dit  qu'il 

«  répondroit  de  sa  conduite  au  cardinal, et  qu'il  se  ressen- 

«  t^roit  sur  lui  du  mauvais  succès  du  siège  en  cas  qu'il  ne 

«  réussit  pas ,  du  Hallier  se  détermina  &  obéir  plutôt  au 

«  oardinal  qu'au  roi ,  et  le  convoi  arriva  heureusement  dans 

«  lo  camp.  Cette  résistance  de  du  Hallier,  qui  avoit  osé 

«  mettre  pendant  quelque  temps  en  balance  les  ordres 

«  <iu  cardinal  avec  ceux  du  roi ,  fut  cause  qu'il  ne  put 

«  obtenir  le  bâton  de  maréchal  que  longtemps  après ,  et 

«le  roi  n'osa  pas  prendre  son  parti  contre  le  premier 

«  uiinîstre.  » 

L'arrivée  du  convoi  à  bon  port  décida  du  sort  de  la  place. 
En  vain  les  assiégés,  bravant  les  assiégeants,  avaient  in- 
^rit  sur  leurs  murs  que  les  Français  prendraient  Arras 
R^and  les  souris  mangeraient  les  cha/5,  ils  n'en  durent  pas 
^oins  capituler  quelques  jours  après  le  ravitaillement 
^u  camp.  Les  articles  de  la  capitulation  furent  signés 
'e  9  août. 

La  joie  de  la  France  fut  grande  à  la  nouvelle  de  la  prise 

^  Arras,  qui,  tout  à  la  fois,  reculait  ses  frontières,  et  portait 

**^  coup  si  rude  à  la  puissance  de  la  maison  d'Autriche 

^^ns  les  Pays-Bas.  Cette  joie  se  manifesta  de  toutes  les 

X861.-  5.  27 


SS^  MÉMOIRES 

manières ,  notamment  par  diverses  gravures  satiriques^ 
pour  la  plupart  bien  connues  des  curieux,  et  dont  les  ph 
remarquables  sont  dues  à  Lagnet  et  à  Guérigoian. 
quolibets  et  jeux  de  mots  à  l'adresse  des  Espagnols  affluenr 
au  bas  et  jusque  dans  le  champ  de  ces  gravures ,  don  i 
ridée-mère  est  tirée  du  raatencontreux  défi  des  habitants. 
d^Ari-as,  dont  il  était  question  tout  à  l'heure  ;  c'est  en  effet 
généralement,  tant  en  dessin  que  par  écrit,  la  mise  ei 
scène  des  rats  et  des  souris  de  France ,  qui  triomphent  de- 
chats  d'Espagne, 

Nous  appelons  dans  cet  article  Tattention  des  amateur 
sur  des  allusions  d'un  autre  genre ,  se  rapportant  égal^s^  — 
ment  à  la  prise  d'Arras.  Ces  dernières  se  remarquent  daiM-^ 
les  devises  de  deux  des  jetons  fails  à  Paris  pour  TépoqTR*^ 
du  1"  janvier  1641,  suivant  l'usage  dans  lequel  on  étaSt 
alors,  à  chaque  renouvellement  d'année,  et  pour  le  servic^^ 
des  ministres  et  de  leurs  bureaux,  des  grandes  institutiotx^ 
de  rÉtat,  etc.,  de  frapper  de  ces  pièces  à  des  types  Doiï— 
veaux,  empruntés  la  plupart  du   temps  aux  événemcn'ts 
les  plus  importants  qui  s'étaient  produits  dans  Tannô^ 
écoulée'. 

Les  deux  ijetons  dont  nous  parlons  sont  loin  d'être  des 
raretés  du  premier  ordre ,  et  nous  ne  les  donnerons  paf 
comme  tels.  S'ils  n'ont  été  publiés  ni  par  Van  Loon  ,  tfO 
n'a  trouvé  à  rattacher  à  la  prise  d'Arras  aucun  monumeii 

*  Chaque  année  quelques  bourses  de  jetons  étaient  frappées  en  €r;il< 
était  frappé  un  nombre  assez  considérable  en  argent ,  et  bien  ploi  eùCt 
en  cuivre,  suivant  le  rang  des  personnes  à  Tusago  desquelles  ces  boar 
étaient  destinées.  Quant  aux  deux  jetons  que  nous  publions,  les  ezcmpl* 
sur  lesquels  ont  été  faits  nos   dessins  sont  en  enivre   et   font  pftitio 
collections  de  M.  d'Affry  et  do  M.  Quandalle.  Un  exemplaire  en  argeat 
jeton  de  Richelieu  est  inscrit  sous  le  n*  926  dans  le  Catalogne  de  la  '^ 
£ur.')io. 


ET   DISSERTATIONS.     .  383 

numismatique  dans  son  Histoire  métallique  des  Pays-Bas^ 
ni  par  quelques  autres  auteurs  dans  les  ouvrages  desquels 
ils  auraient  dû  ou  pu  rentrer,  nous  osons  moins  croire 
^jue  ce  soit  parce  que  ces  auteurs  n'auraient  pas  eu  Tocca- 
sîon  d'en  voir  quelque  exemplaire ,  que  parce  que  l'idée 
des  calembours  macaroniques  que  renferment  les  légendes 
ne  les  aura  pas  frappés.  Mais  une  fois  sur  la  voie,  et  la 
date  des  jetons  aidant,  il  ne  parait  y  avoir  aucune  in- 
certitude possible  sur  l'intention  qu'ont  eue  les  beaux 
esprits  de  l'époque ,  chargés  de  la  composition  des  de- 
nses, d^y  donner  au  mot  latin  ARAS  un  double  sens  qui 
permit  de  le  prendre  tout  à  la  fois,  soit  dans  sa  signifi- 
cation propre ,  soit  pour  le  nom  français  de  la  ville  ar- 
^ienne  récemment  conquise  par  nos  armes.  On  tenait 
^Jo   reste  assez  peu  en  France ,  quand  on  y  écrivait  le 
nain  d'Arras ,  au  redoublement  de  la  lettre  R;  on  suppri- 
'Dait  parfois  ce  redoublement  sans  nécessité  *  ;  à  plus  forte 
'^ison  n'bési tait-on  pas  à  le  faire  quand  il  s'agissait  d'un 
^*^robour. 

L^  premier  de  nos  jetons  a  été  fait  en  l'honneur  du  car- 
**Εal  de  Richelieu. 


*  0*est  ainsi  qu'on  lit  Àroi  pour  Arras  dans  nn  quatrain  accompagnant  Tune 
^  gravures  satiriques  dont  il  est  parlé  pins  haut.  Le  sujet  de  cette  gravure , 
^t  il  existe  une  fort  belle  épreuve  dans  la  collecUon  d^estampes  relatives  à 
rAxtois  de  M.  le  baron  Dard ,  est  nn  espagnol  équipé  en  marchand  de  mort 
**  roi»,  renversé  à  terre,  et  devenu  la  proie  des  animaux  rongeurs  que  son 
^^meree  avait  pour  objet  de  détruire.  Le  quatrain  est  ainsi  conçu  : 

Cest  Espagnol ,  ainsy  dévoré  par  les  rats , 
Nous  semble,  en  le  voyant ,  une  figure  estrange  ; 
Mais  oe  qui  plus  le  ronge  et  oe  qui  plua  le  mange , 
Cest  le  ressouvenir  de  la  perte  d'^ms. 


38A  MÉMOIRES 

En  voici  la  description  : 


MEDIIS  SIC  TVTA  PROGELLIS.  Un  vaisseau,  la  fo; 
de  rÉtat,  battu  par  les  vents  et  les  flots,  résistant  aux  e 
de  la  tempête,  grâce  à  son  ancre,  arrêtée  dans  des  ins 
héraldiques  et  honorifiques  personnifiant  Richelieu. 
insignes  se  conoposent  d'un  écu  aux  armes  du  minia 
surmonté  de  la  couronne  de  duc  et  du  chapeau  decarc 
et  entouré  des  colliers  des  ordres  du  roi,  le  tout  se  déta< 
sur  un  manteau  ducal. 

i^.  YINGET  DVM  PROTEGE!  ARAS.  Épée  droite,  si 
autel  orné  de  la  croix  de  Tordre  du  Saint  Esprit.  A  !'< 
gue,  1641. 

Le  sens  qui,  eu  égard  au  type,  paraîtrait  le  plus  na 
dans  la  légende  du  revers,  est  que  Tépée  de  la  Fi 
vaincra  aussi  longtemps  qu'elle  protégera  les  autels,  1 
sans  nous  arrêter  à  rechercher  ce  que  la  devise  ainsi 
prise  pourrait  avoir  d'applicable  aux  faits  et  à  la  poli) 
de  Richelieu,  et  sans  contester  non  plus  la  pensée 
l'auteur  aura  eue,  même  par  ses  allégories  à  ce  poii 
vue  *,  d*être  agréable  à  son  héros ,  ce  n'est  rien  avance 


'  Les  armes  de  Richelieu  étaient  d'argent ,  à  troiê  chêtmn»  de  ( 

*  On  sait  tout  ce  qu'a  fait  Richelieu ,  sinon  pour  la  protection  de  la  rc 

catholiquef  du  moins  pour  rabaissement  du  calvinisme.  Le  négt  de  la  Roi 

est  connu  de  tout  le  monde. 


ET   DISSERTATIONS.  385 

t.rop  que  de  dire  qu'il  a  particulièrement  voulu  équivoquer 

sur  le  dernier  mot  de  la  phrase ,  et  donner  à  entendre  que 

l'épée  de  la  France  continuera  de  vaincre ,  en  même  temps 

<Iii*el]e  protégera  Arra$.  Il  revenait  assurément  à  Richelieu, 

comme  on  Ta  vu  ci-dessus ,  une  part  assez  large  dans  le 

succès  de  la  prise  d'Arras,  pour  que  Ton  pût  faire  allusion  à 

cet  événement  sur  les  jetons  du  puissant  ministre;  la  prise 

d^Arras  est  même  explicitement  attribuée  presque  en  entier 

i  sa  prévoyance  par  certains  auteurs  du  temps  *. 

Le  second  des  jetons  dont  nous  nous  occupons  a  été* 
frappé  pour  le  Grand  Conseil  : 


N JL  NISi  CONSILIO  L'écu  de  France ,  couronné  ,  et 
entouré  des  ordres  du  roi. 

éî-  PHOE(^ii«)  NA  (5ct/«r)  ET  TAVRVS  ACCESSIT  AD  ARAS. 
^leil  éclairant  un  autel  antique,  sur  lequel  se  consume  un 
bureau.  A  l'exergue,  l6âl. 

La  dernière  légende  vise  au  style  poétique ,  mais  nous 
^  supposons  pas  qu'on  ait  eu  l'intention  d'en  faire  un  véri- 
fie vers;  il  faudrait,  pour  cela,  y  admettre  trop  do 
licences.  Prise  dans  son  sens  littéral ,  elle  semble  dire  assez 
peu  de  chose ,  mais  il  est  possible  qu'elle  renferme  bien 
des  allégories,  astrologiques  ou  autres,  qui  l'auront  fait,  à 


«  Peclumeft,  Abrège  de  Chistoin  des  gutrree  des  Pays-Bas.  Paris,  1W4 , 
deuxième  partie,  p.  181  et  1B2,  et  troisième  page  de  la  table. 


caoste  du  taureau. 

Les  jeux  de  mots  ue  sont  pas  toujours  des  jeux  de 
coup  d'esprit;  ceux  que  nous  venons  d'examiner  ei 
niraient  au  besoin  la  preuve.  Mais  ces  derniers  ne 
tront  peut-être  pas  dépourvus  de  tout  intérêt  bistc 
et  nous  nous  sommes  d'autant  plus  facilement  dé< 
les  signaler  qu'ils  rattachent,  en  définitive,  deux  jet 
plus  à  la  numismatique  de  rAxtois. 

J.  Roir 


CHRONIQUE. 


Dl£C0UVERTE  DE  MONNAIES  LORRAINES  DU  XII-  SIÈCLE, 
A  CONTREXÉVILLE, 

Letirt  de  M.  de  Saulct  à  M.  Robert,  intendant  militaire^  à  Metz. 

Contpexérille  (Vosges),  10  juillet  1861. 

Mon  cher  Robert,  un  heureux  hasard  vient  de  mettre  au  jour 
un  petit  trésor  de  monnaies  du  lu'  siècle;  quelques  bribes  de 
ce  trésor  sont  à  grand'peine  tombées  entre  mes  mains^  et  je 
""^'ompresse  de  vous  faire  part  d'une  trouvaille  qui  intéresse  à 
"^  Irès-haut  degré  la  numismatique  épiscopale  de  Toul.  Comme 
^ous  vous  êtes  occupé  avec  le  plus  grand  soin  de  cette  série 
"Monétaire ,  c'était  à  vous  que  revenait  de  droit  l'annonce  de  ma 
*^ti  ne  fortune. 

F^erroettez-moi  d^abord  de  vous  donner  quelques  détails  sur 

^xbumation  des  monnaies  en  question. 

U  y  a  quelques  semaines  des  ouvriers  ouvraient  une  tranchée 

^^Hs  une  dépendance  de  rétablissement  thermal  de  Contrexé- 

^•'le,  afin  de  préparer  la  construction  d'une  remise.  Les  terres 

déblayées  étaient  enlevées  à  la  brouette,  et  jetées  en  tas  à  quel- 

^^^s  pas  seulement  da  la  fosse.  Comme  on  vidait  une  brouettée^ 

^^elques  petites  monnaies  d'argent  parurent  au  jour  et  attirèrent 

attention  du  terrassier,  qui  se  hâta  de  les  ramasser.  En  peu 

^^    temps  il  en  eut  recueilli  58;  quelques  heures  après,  le  bai- 

^*ïeiir  de  rétablissement  venait  chercher  à  son  tour  et  trouvait 

^ïioore  12  pièces ,  plus  quelques  débris  trop  friables  pour  lui 

P^faailre  dignes  d'attention. 

^^cs  monnaies^  montrées  à  plusieurs  personnes  et  rebutées 


388  CHBONIQUE. 

par  elles,  restèrent  entre  les  mains  de  leurs  possesseors  jusqu'aïc:. 
i'' juillet,  je  crois.  Le  A  j'arrivais  à  Contrexéville  ;  mais^  bêlas  r 
il  était  trop  tard.  M.  Laurent^  le  savant  conservateur  du  Mus 
d'Épinal,  avait  été  averti  de  la  trouvaille^  et  il  avait  fait  immé- 


diatement, avec  un  zèle  digne  d'éloge,  le  voyage  de  Contrexé — 
ville ^  pour  assurer  au  plus  vite  à  la  collection  qu'il  dirige  !■ 
trésor  en  question.  11  commençait  par  acquérir  du  baigneur  le 
M  pièces  que  celui-ci  avait  entre  les  mains;  les  58  autres  a; 

été  achetées  par  M.  Mouton,  conducteur  des  ponts  et  diaussé^ Ji 

de  Neufchâteau  :  M.  Laurent,  en  quittant  Contrexéville,  ava  ^^k*S 
couru  à  Neufchâteau  et  obtenu  du  détenteur  la  cession  de  38  (K  ^b 
ses  deniers. 

Jugez ,  mon  cher  Robert ,  de  mon  chagrin  en  pensant  que  ^  ^s 
n'avais  manqué  cette  bonne  aubaine  que  de  quelques  jours.  JW^::^ 
ne  me  décourageai  pourtant  pas,  et  je  résolus  de  faire  sur-l^^  — 
champ  tout  ce  qu'il  me  serait  possible  de  faire  pour  obtenir  £«  «^ 
moins  des  renseignemenis  précis,  à  défaut  de  quelque  chose  cJ^ 
mieux.  Une  heure  après,  3  deniers,  restés  entre  les  mains  d'u^^ 
maçon,  me  furent  remis;  j'étudiai  bien  alors  le  terrain ,  et  je  tfî^ 
commencer  immédiatement  le  tamisage  des  terres  qui  avaieï»* 
contenu  le  trésor;  enfin  j'écrivis  à  M.  Mouton  pour  obtenir  cS^ 
lui  tous  les  renseignements  que  je  désirais,  et  cet  excelle **^ 
jeune  homme,  avec  un  zèle  et  une  gracieuseté  auxquels  je  sisi^ 
heureux  de  rendre  hautement  hommage,  accourut  lui-même    ^ 
Contrexéville  avec  les  20  pièces  qui  lui  restaient,  en  m'offrait  * 
généreusement  de  les  partager  avec  lui.  D'un  autre  côté,   1^ 
travail    que   j'avais  fait   commencor   devint  plus    fruclueo^ 
que  je  n'aurais  osé  l'espérer,  et  je  suis  en  mesure  aujoa*""^ 
d'hui  de  vous  donner  un  aperçu  du  petit  trésor  de  ContreiK^^ 
ville.  Comme  vous  êtes  en  relations  avec  M.  Laurent,  que  je  n'^^ 
pas  l'honneur  de  connaître,  il  vous  sera  très-facile  de  savoir  €^^ 
lui  ce  que  sont  les  50  pièces  qu'il  a  acquises  pour  le  Miis^^* 
d'Épinal,  et  je  ne  doute  pas  que  dans  le  nombre  il  ne  se  troo'^*^ 
des  monuments  du  plus  haut  intérêt. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  offrant  loyalement  un  prix  assez  él^  ^^ 


CHRONIQUE.  389 

pour  les  pièces  qui  seraient  retrouvées  dans  les  déblais  y  j'ai  fini 
par  en  réunir  un  nombre  assez  respectable.  M.  Mouton  m'en  a 
gracieusement  abandonné  9  de  plus,  et  je  vais  vous  faire  l'énu- 
nnération  de  ces  précieux  petits  monuments.  N'ayant  naturelle- 
ment aucun  de  mes  livres  avec  moi ,  j'ignore  s'il  y  a  quelque 
pièce  inédite  dans  celles  que  je  vais  décrire  ici  brièvement  ; 
niais  ce  que  je  sais  parfaitement,  c'est  qu'elles  sont  toutes  assez 
■^res  pour  mériter  un  examen  sérieux.  Vous  verrez  tout  d'abord 
que  la  grande  majorité  se  compose  de  deniers  des  évêques  de 
Toul  ;  cela  suflSra  pour  en  manifester  toute  l'importance. 
Je  passe  maintenant  à  la  description  de  mes  glanes. 

ÉVÊCHÉ  DE  TOUL. 

^BREB  DV   BrIXET^   QnARAlITB-TROlSlàMB   ÉVÊQUB  ;    ELU   EN    1166, 
MORT   A   JERUSALEM  EN   il9^ 

XyexiJL  variétés  tout  à  fait  distinctes  se  font  remarquer  dans  les 
deniers  fabriqués  par  ce  prélat. 

^^  PETRYS.  Buste  à  droite,  tenant  le  livre  des  Évangiles. 

1^^.  Entre  deux  grènetis  TVLLI.  La  légende  commence  par  un 
•Qnelel,  contenant  une  étoile.  Dans  le  champ,  une  croix  can- 
^nnée,  au  premier  et  au  quatrième  cantons,  d'une  étoile;  au 
^Uxième  et  au  troisième  cantons,  d'un  annelet^  contenant  une 
^ile.  —  11  exemplaires,  dont  1  fragmenté.  5  sont  restés  entre 
^  mains  de  M.  Mouton. 

Ces  deniers,  dont  le  flan  est  large  et  mince,  sont  d'une  détes- 
^ble  fabrication. 

*■  PET— R.  Même  buste  ^  tenant  deux  clefs.  (N  est-ce  pas 
'  ^fligie  de  saint  Pierre  plutôt  que  celle  de  l'évéque  qui  se  trouve 
**>>•  cette  pièce  comme  sur  la  précédente?) 

15?.  Entre  deux  grènetis  NOVICASTRl.  La  légende  commence 
P*^  un  annelet»  contenant  une  étoile.  Dans  le  champ,  une  croix 
^ïitonnée  au  premier  d'une  étoile;  au  deuxième  et  au  troisième^ 
^*Ui3  point;  au  quatrième^  d'un  croissant. 

4r  exemplaires;  2  sont  restés  entre  les  mains  de  M.  Mouton. 

^«  n'ai  pas  souvenance  d'avoir  vu  ce  joli  denier  mentionné 


390  CRBONIQUE. 

dans  les  publications  nurnisniatiques ,  mais  malhcuirusemer::^= 
la  mémoire  peut  me  faire  défaut. 

ÉVÊCHÉ  DE  METZ. 
Thierry  IV  db  Lorraine;  blu  en  1173,  mort  m  1212. 

TEODE— RIC9.  Buste  tenant  le  livre  des  Évangiles  et  u  m^ 
palme  à  l'épaule.  (C'est  saint  Etienne^  sans  doute.) 

ij.  Entredeuxgrènetis,  EP...€T(Eps.  met.).  Légende cock^ 
mençant  par  un  annelet  contenant  un  gros  point  rond.  Dans  l4 
champ,  une  croix  cantonnée  au  premier  de  ??;  au  deuxième  «ii 
au  troisième,  d'une  étoile;  au  quatrième,  de  ?? 

Un  seul  exemplaire. 

Cette  rare  monnaie  me  paraît  nouvelle;  sa  fabrique  est  tout 
à  fait  différente  de  celle  des  deniers  connus  de  Thierry  UI  et  de 
Frédéric  de  Pluvoise  ;  en  revanche ,  elle  est  identique  de  tout 
point  avec  celle  des  deniei*s  décrits  ci  -dessus  de  Pierre  de  Brixey - 
Je  considère  donc  ce  denier  comme  ayant  été  frappé  à  Ëpioal 
par  Thierry  IV  de  Lorraine,  évéque  de  Metz,  élu  en  1173  après 
Frédéric  de  Pluvoise,  lorsque  ce  prélat  eut  recouvré  la  vouefîe 
ou  advocatie  d'Ëpinal ,  aliénée  par  Tévéque  Etienne.  Si  le  tem- 
porel d'Épinal  appartenait  à  Tévêché  de  Metz,  le  spirituel  appsr* 
tenait  à  l'évêché  de  Toul,  et  Thierry  IV  put  très-bien  ordonnar 
la  fabrication  de  deniers  du  poids  et  de  la  taille  des  deniers  de 
Pierre  de  Brixey,  ayant  cours  dans  le  pays. 

DUCHÉ  DE  LORRAINE. 

Mathieu  P%  de  1139  a  1176. 

MA — IHVS.  Buste  du  duc^  le  casque  à  nasal  en  téte^  elvétu 
d'une  cotte  de  maille;  il  porte  Tépée  nue  à  Tépaule,  et  s^ 
couvre  de  son  écu. 

îf.  NANCEl,  entre  deux  grèuetis.  La  légende  commence  p 
une  étoile.  Dans  le  champ,  une  croix  cantonnée,  au  premier  f 
au  quatrième,  d'un  globule;  au  deuxième,  d'une  étoile, et ï 
troisième,  d'un  croissant. 

Un  exemplaire. 


ÉPINAL. 

Iirique  d'une  extrême  grossièreté. 
tre  deux  grènetis,  SPINAL.  Légende  commençant  par  une 
!•  Dans  le  champ,  une  main  étendue  tenant  une  flpur  entre 
Dce  et  l'index. 

Même  légende.  Dans  le  champ,  une  croix  cantonnée  d'un 
.  au  premier  et  au  quatrième  cantons. 
exemplaires;  4  sont  restés  entre  les  mains  de  M.  Mouton. 
st  k  graud'peine  que  j'ai  pu^  par  l'examen  le  plus  attentif 
is  monnaies,  deviner  plutôt  que  lire  leur  double  légende, 
a  teneur  de  laquelle  je  ne  crois  pas  me  tromper.  A  quelle 
W  ODi-elles  été  frappées?  Très-probablement  pendant  la 
de  écoulée  entre  l'aliénation  de  la  vouerie  d'Ëpinal  et  son 
Il  par  révéque  de  Metz,  Thierry  IV  de  Lorraine. 
ate  enfin  un  denier,  malheureusement  trop  mal  frappé 
que  j'en  puisse  démêler  Torigine. 
R1?T  entre  deux  grènetis.  Dans  le  champ,  le  buste  de  saint 
e,  tenant  une  clef? 

....OMA....  entre  deux  grènetis.  Dans  le  champ,  une 
idans  l'un  des  cantons,  soit  le  troisième  est  un  globule. 
ins  le  canton  voisin,  soit  le  quatrième,  un  croissant. 
commence  par  déclarer  que  rien  n'est  plus  douteux  que 
deur  des  lettres  que  je  viens  de  transcrire.  U  n'y  a  donc  pas 


392  CÛRONIQUE. 

i9  deniers  de  la  trouvaille  de  Contrexéville ,  et  que  j'ai  pu  \ 
examiner  ii  de  plus,  soit  en  tout  40.  Il  en  reste  50  à  étndi 
au  Musée  d'Épinal^  et  c'est  à  vous  que  je  recommande  viveme 
de  prendre  ce  soin. 
Tout  à  vous  de  cœur.  F.  db  Saclc 


Béponse  de  M.  Robert  à  M.  de  Saulct. 

Metz,  leSOaoût  186K 

Je  reconnais  bien  là  votre  étoile^  heureux  ami;  vouaav 
donc  toujours  cet  aimant  qui  attirait  à  vous  toutes  les  médaiU 
sorties  de  terre  et  qui  me  rendait  si  jaloux,  jadis,  lorsque  ua 
étions  en  garnison  à  Metz ,  vous  comme  capitaine  d'artiller 
moi  comme  lieutenant  du  génie. 

Cette  fois,  votre  rôle  n'était  que  celui  du  glaneur,  et  vo 

sembliez  distancé ;  mais  vous  quittez  ControKéville  les  mai 

aussi  pleines  que  celui  qui  était  arrivé  le  premier. 

Votre  trésor  a  été  découvert  en  1860.  M.  Laurent,  accoui 
sur  les  lieux,  n'a  recueilli  que  37  pièces  (et  non  50};  un  a 
après,  vous  en  réunissez  ^9,  et,  malgré  cette  légère  infériorif 
numérique,  votre  lot  renferme  les  mêmes  variétés  et  égalemen 
un  exemplaire  des  rarissimes  deniers  du  duc  Mathieu  I*'  et  di 
son  tils,  l'évéque  Thierry  IV.  La  part  de  M.  Laurent  ne  l'em- 
porte sur  la  vôtre  que  par  la  présence  de  quelques  deniers 
passables  des  abbesses  de  Remiremont. 

Suivant  votre  conseil ,  j'ai  attendu  pour  vous  répondre  que 
mon  inspection  administrative  m'ait  conduit  à  Ëpinal,  oùj'iii 
aussitôt  passée  la  revue  des  cuirassiers,  couru  au  Musée  et  de- 
mandé au  conservareur,  M.  Laurent,  la  communication  (k ses 
richesses,  que  je  croyais  plus  considérables  et  plus  variées  qœ 
les  vôtres. 

M.  Laurent,  dont  l'obligeance  est  parfaite,  m'a  appris  qo'L 
avait  rendu  compte  au  préfet  des  Vosges  du  résultat  de  soi 


CHRONIQUE.  393 

voyage  à  Contrexéville.  Son  rapport  a  même  été  imprimé  il  y  a 
quelques  mois^  je  Tai  la  avec  grand  intérêt;  j'y  reviendrai  en 
parcourant  les  divers  paragraphes  de  votre  lettre  et  vos  propres 
attributions. 

ÉVÊCHÉ  DE  TOUL, 

Quelle  moissoD,  et  queyaursis  été  heureux  d'avoir  soiis  les 
yeux  ces  grands  deniers  lorsque  je  m'essayais,  en  4844 ,  aux 
dépens  de  la  série  touloise  !  Je  n'en  connaissais  alors  qu'un  ou 
deux  spécimens  usés  ^  ;  aussi  je  ne  résiste  pas  au  plaisir  de  faire, 
tu  moyen  de  plusieurs  de  vos  exemplaires,  des  dessins  complets 
du  denier  au  nom  de  Toul  et  de  celui  qui  porte  NOVICASTRI. 


^e  n'ai  rien  à  dire  du  denier  de  Toul.  Personne  n'a  contesté 
1  attribution  que  vous  lui  conservez. 


Vous  n'hésiter  pas  non  plus  à  confirmer  mon  opinion  au 
'^jet  des  deniers  au  buste  de  saint  Pierre  tenant  des  clefs ,  sur 
■^uels  on  lit  PETRVS  et  NOVICASTRL  Leur  attribution  à 
"6véque  Pierre  de  Brixey  avait  été  vivement  contestée,  d'abord 
^  Cause  de  l'absence  du  titre  épiscopal,  ensuite  parce  qu'on 
^Gai  demandé  ce  que  pouvait  être  ce  Château-neuf  où  se  trou- 
ait un  des  ateliers  toulots.  Mais  les  évéques  Thierry  III  et  Fré- 
déric de  Pluvoise  ne  faisaient  également  graver  à  Metz  que 

*    fbefccfcAft  jur  U$  fn/tmnaiM  dêt  évéque»  de  TwU ,  pi.  III ,  iîg.  2,  et  pi.  IV. 


39A  GHROlfIQUE. 

leurs  noms  :  en  outre ,  il  était  tout  naturel  que  Pierre  ck 
prit  pour  type  monétaire  Timage  de  son  patron.  Ajout 
les  grands  et  petits  deniers,  portant  PETRVS  et  NOVIC 
se  sont  rencontrés  à  Charmes ,  comme  à  Contrexé?ilk 
aux  monnaies  de  Pierre  de  Brixey,  sur  lesquelles  on  lit  ï 
et  le  nom  de  Toul.  La  seule  difficulté  sérieuse  consîs 
dans  la  présence  de  la  légende  NOVICASTRI.  Je  pen 
M.  Gabriel  liolin  \  que  ces  mots  désignaient  quelqa 
châteaux  de  Tévêque,  par  exemple  celui  de  Liverdun,  < 
reconstruit  depuis  peu.  L'emploi  de  ce  nom  banal  t 
outre,  pour  résultat  de  contrefaire  la  nnonnaie  que  les 
Lorraine  frappaient  sans  doute ,  dès  cette  époque,  di 
ville  de  NeufchAteau  '.  N'a-t-on  pas  vu  les  ducs  de  L 
eux-mêmes ,  émettre  des  gros  déguisés  par  la  légende 
TVRONUS  CIVIS? 

Ê\1ÈCHÉ  DE  METZ. 


Li  pièce  capitale  de  la  trouvaille  est,  sans  contredit,  k 
tout  nouveau  de  Thierry  IV.  L'exemplaire  placé  dans  les 
du  Musée  d'Épinal  porte,  au  revers,  un  V  pour  troisièm 
et  pour  deuxième  lettre ,  un  caractère  que  j'ai  reprodi 
soin  dans  le  dessin  qui  précède.  La  cinquième  et  la 
lettre  semblent  être  un  C  et  un  I.  M.  Laurent,  adoptai 


i  Mémoire  «mt  quelque»  monnaieê  inédites  des  XI*  et  XII*  siècUê.  NaiK 
p.  26. 

*  M.  Laurent  a  judicieusement  remarqué  dans  son  rapport  que  ces 
n'auraient  aucune  signification  si  on  voulait  les  faire  sortir  de  TateUer 
château,  car  aucun  des  ducs  qui  ont  possédé  cette  vUle  et  taeiue  et  m 
n*ont  eu  saint  Pierre  pour  patron. 


Feeture  et  supposant  que  la  quatrième  lettre  est  un  ! ,  lit  : 
ELECTVS  VlCl  *. 

Thien7  lY,  je  le  sais,  n'a  été  qn'éhi ,  mais  je  ne  pense  pas- 
qu'il  ait  jamais  frappé  monnaie  à  Vie.  D'ailleurs,  cette  forme 
Vki^k  la  suite  du  titre  religieux,  serait  tout  à  fait  insolite. 
J'aime  mieux  admettre  comme  vous  que  la  quatrième  lettre,  qui 
a  disparu ,  était  un  M ,  et  que  les  deux  dernières  lettres  sont 
on  G  lunaire  et  un  T  dont  les  barres  sont  efTacées.  La  légende 
complétée  serait  alors  ELECTVS  METENSFS.  Examinez  ces^ 
arguments  et  jugez. 

LORRAINE. 

Votre  Mathieu  I*'  est  une  excellente  pièce  ;  vous  y  lisez  MA 
IHVS  :  c'est  en  effet  ce  qu'il  porte.  Mais  en  ouvrant  vos  Bêcher^ 
ches  sur  les  monnaies  des  ducs  de  Lùrraine^  que  vous  n'aviez  pas 
entre  les  mains  aux  eaux  de  Contrexéville,  je  m'aperçois  que  la 
légende  primitive  était  MA  HVS,  et  que  Tl  est  produit  par  une 
surfrappe. 

Le  Mathieu  acquis  par  M.  Laurent  ne  paraît  pas  être  de  Nancy  ^ 
on  y  voit  en  effet,  avec  quelque  netteté ,  un  C ,  un  V  et  un  R  ^ 
si  le  frai  n*a  pas  altéré  la  forme  des  lettres ,  il  faut  supposer, 
avec  le  savant  conservateur  du  Musée,  que  le  nom  de  Mirecourt 
remplace  celui  de  Nancy. 

ËPINAL. 

Les  i  i  deniers  sur  lesquels  vous  avez  su  lire  SPINAL  de» 
deux  côtés,  malgré  la  barbarie  de  leur  frappe  et  leur  mauvaise 
conservation ,  rectifient  ee  que  j'avais  avancé  a»  sujet  d'un, 
exemplaire  fruste  de  votre  ancienne  collection  '. 

L'état  de  ces  deniers  et  de  ceux  que  je  viens  de  voir  au  Musée 
me  portent  à  les  croire  antérieurs  aux  monnaies  de  la  trouvaille 
portant  les  noms  de  Mathieu  ,  de  Thierry  IV  et  de  Pierre  de 
Brixoy;ils  appartiendraient  alors  à  la  période  que  vous  leiu^ 

*  Rapport  au  prf'fet,  p.  3. 

'  Beekerrfuê  sur  le»  monnaie»  d»»  écéque»  de  Tout ,  pi.  X,  fîg.  2. 


396  CHRONIQUE. 

assignez,  et  il  serait  tout  naturel  qu'ils  ne  portassent  pas  le  na 
de  l'évéque  de  Metz.  J'avoue  néanmoins  que  M.  Laurent  oc 
ébranlé  en  les  classant  à  la  période  qui  suivit  le  rachat,  p 
Thierry  IV,  de  la  voucrie  d'Ëpinah 

Examinez  et  jugez,  cher  maître! 

Tout  à  vous.  G.  Robert. 


—  MM.  RoUin  et  Feuardent  viennent  d'imprimerie  catalogi 
d'une  collection  de  Monnaies  naliottales  de  France  qu'ils  mettej 
en  vente  avec  les  prix  marqués.  Leur  descripliou  compren 
2J08  numéros;  pièces  gauloises,  mérovingiennes,  carlovin 
giennes,  capétiennes;  une  riche  série  de  monnaies  moderne: 
depuis  la  Révolution  française  jusqu'en  4864  ;  un  certain  nombri 
de  pièces  obsidionales,  et  des  monnaies  frappées  dans  les  priiH 
cipautés  fondées  en  Orient  à  la  suite  des  croisades. 

La  vente  à  prix  marqués,  devenue  habituelle  dans  le  com- 
merce des  anciens  livres,  avait  déjà  été  heureusement  appliquée 
à  la  numismatique  par  M.  Maximilian  Borrell,  qui,  en  4849,  i 
publié  à  Londres  un  fort  bon  petit  catalogue  de  4,266  monnaies 
antiques  et  modernes,  with  a  fixed  price  to  each  coin.  Nom 
sommes  étonné  de  ce  que  cette  idée  n'ait  pas  été  plus  t6t  misi 
à  profit  chez  nous;  elle  a,  en  effet,  un  caractère  éminemmenl 
loyal  fait  pour  plaire  aux  amateurs.  Chacun  demeure  libre  di 
discuter  publiquement  les  évaluations;  petit  à  petit  les  priiao 
querront,  comme  ceux  des  livres  curieux,  une  certaine  régulariti 
et,  la  concurrence  intervenant  nécessairement,  une  certaim 
modicité.  Nous  n'avons  pas  le  loisir  d'examiner  ici  le  nouveai 
catalogue;  quelques  attributions  en  petit  nombre  nous  on 
paru  fort  discutables ,  mais  toutefois  il  faut  tenir  compte  au 
rédacteurs  de  la  difficulté  du  sujet ,  et  leur  savoir  gré  du  soin 
très  louable  qu'ils  ont  apporté  à  la  classification  de  toutes  les 
monnaies  de  la  troisième  race.  A.  L 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


PIÈGES  GALLO-GRECQUES  DE  MARSEILLE. 

(PI.  XVII.) 


Dans  le  dernier  numéro  de  là  Reçue  pour  1860  \  M.  de 
la  Saussaye  donne  un  aperçu  de  la  trouvaille  de  tétroboles 
de  Marseille,  faite  àCadenet  (Vaucluse),  sur  un  point  rap- 
proché du  département  des  Boucbes-du-Rhône,  dont  il  n'est 
réparé  que  par  la  Durance.  Ainsi  que  le  dit  l'auteur  de  la 
^'umiswQlique  de  la  Gaule  Narbonnaise  sur  ce  trésor,  com- 
posé de  1,800  pièces  environ,  28  avaient  été  préalable- 
ment résen^ées  par  moi  pour  le  musée  de  Marseille.  J'es- 
père que  mes  honorables  confrères  en  numismatique  ne 
seront  pas  jaloux  de  m'^voir  vu  ainsi  écrémer  à  notre  profit 
une  masse  aussi  importante  pour  nous  de  monnaies  lo- 
cales, et  tout  le  monde  comprendra  l'espèce  d'ardeur  que 
je  mets  à  compléter  une  série  qui  doit  nous  conduire  à  la 
publication  d'une  monographie. 

Tels  sont  les  sentiments  que  j'exprimais  dernièrement  à 
M.  le  duc  de  Luynes,  l'heureux  acquéreur  de  la  collection 


1  Remit  mH».,  1860,  p.  4&5. 
1851.-6. 


398  MÉMOIRES 

de  M.  le  marquis  de  Lagoy.  La  bonne  fortune  qui  lui  < 
survenue  laisse  bien  des  regrets  chez  les  antiquaires 
Marseille  ;  car  nous  espérions  être  informés  de  la  vente, 
nous  étions  disposés  à  faire  de  grands  sacrifices  pour  e 
richir  notre  collection  publique  de  tous  ces  types  primiti 
souvent  uniques,  que  possède  aujourd*imi  le  savant  acaij 
micien.  Si  j'entre  dans  ces  détails,  c'est  uniquement  pc 
que  le  reproche  d'avoir  laissé  échapper  une  si  belle  oc< 
sion  n'incombe  pas  à  la  ville  de  Marseille. 

Revenons  à  nos  découvertes. 

En  dehors  de  celle  de  Cadenet  et  presque  en  même  lem] 
il  en  était  fait  une  autre,  numériquement  plus  importai 
encore,  et  qui  n'a  sans  doute  pas  été  connue  de  M.  de 
Saussaye.  Environ  4,000  pièces,  toutes  ap^tartenaot  autre 
sième  type  d'Apollon ,  avec  la  rouelle  au  revers,  ont  é 
trouvées  dans  une  propriét<^  de  M.  le  duc  de  Sabran. 
manque  de  renseignements  sur  les  circonstances  de  la  mi 
au  jour  de  ce  trésor,  que  j'ai  pu  examiner  en  entier.  H. 
duc  de  Sabran.  avec  la  plus  grande  générosité,  a  bien  vou 
mettre  à  la  disposition  de  nos  collections  un  nombre  ass 
considérable  de  ces  pièces.  C'est  à  l'aide  des  variétés  q 
j'y  ai  trouvées,  ainsi  que  parmi  nos  tétroboles  de  Cadenc 
(|ue  je  vais  essayer  de  compléter  l'article  de  M.  de 
Saussaye. 

Pour  procéder  par  ancienneté  de  types,  je  vais  parler  d 
bord  de  la  trouvaille  de  M.  de  Sabran.  Une  chose  rema 
quable,  c'est  que  ce  trésor  ne  contenait  qu'une  seule  mo 
naie  portant  une  tête  à  droite  ;  cette  pièce  était  en  fi 
mauvais  état  de  conservation  par  suite  d'une  usure  pn 
que  complète,  tandis  que  la  presque  totalité  des  autres  et 
à  fleur  de  coin  et  n'avait  évidemment  jamais  circulé.  Ce 
circonstance  vient  à  l'appui  de  la  classification  de  H.  de 


ET   DISSERTATIONS*  399 

Saussaye,  qui  donne  rantériorité  aux  effigies  tournées  à 
4roite/n  s'y  trouvait  aussi  quelcpies  exemplaires  d'un  type 
excessivement  barbare  et  d'un  métal  inférieur,  se  rappro- 
chant beaucoup  du  n''  AS  de  la  première  planche  dans  la 
Numismatique  de  la  Gaule  Narbonnaise.  Cbs  pièces  sont, 
érvidemmeut,  pour  moi,  le  produit  d'une  fabrication  clan- 
destine ou  étrangère,  et  leur  conservation  laisse  à  désirer. 
EnGn,  j'y  ai  rencontré  une  pièce  avec  la  lettre  N  devant  le 
cou  (même  planche,  n""  39) ,  puis  des  inversions  dans  les 
lettres  HA  ;  d'autres  affectaient  des  formes  différentes  et 
tranchées  dass  la  lettre  M,  et  surtout  dans  Valpha  écrit 
tantôt  A,  tantôt  A  «  ou  mêiiie  A.  Je  laisse  de  côté  toutes  ces 
variétés  connues,  que  je  devais  seulement  signaler,  pour 
m'occnper  d'autres  plus  importantes,  que  je  suis  heureux 
de  pouvoir  décrire.   J'ajouterai  cependant  que  deux  ou 
tn)is  exemplaires  laissaient  voir  les  lettres  MA  sur  la  joue  ; 
<^inq  ou  six  le  mot  ATPI,  et  quelques  autres,  moins  rares, 
les  lettres  IlAP  ou  IIAq  (n**  31,  32  et  3.^  Numismatique 
^  la  Gaule  Narbonnaise). 

Enfin,  il  se  trouvait  dans  cette  masse  une  pièce  fourrée 
^'un  travail  identique  à  toutes  les  autres  sous  le  rapport  de 
la  netteté  de  la  frappe  et  de  la  pureté  du  dessin.  C'est  la 
Pi^mièi^  fois  que  je  rencontre  cette  falsification  dans  les 
Monnaies  au  type  d'Apollon ,  et  il  y  aurait  lieu  de  s'en 
*^onner,  en  raison  de  l'exiguïté  du  module,  si  l'on  n'en 
^taitpas  réduit  à  penser  que  c'était  une  triste  ressource  à 
laquelle  la  pénurie  obligeait  l'administration  elle-même  à 
*^oir  recours.  On  est  étonné  de  la  quantité  hors  de  toute 
P^'oportion  de  ces  sortes  de  pièces  qui  se  sont  trouvées  pour 
les  dernières  époques,  surtout  au  type  de  Diane.  Mais  là, 
"^  nioins,  l'ampleur  du  métal  donne  une  idée  du  bénéfice 
^lisé  par  cet  acte  de  faussaire,  tandis  que  le  travail  né- 


ciuii^  a  i  %inx:i  uu  iict^diii.    juma  j  cti    iiuuvc,  uctiis»  itt 

agglomération,  deux  autres  exemplaires  dont  l'ui 
exactement  à  la  même  place  une  espèce  de  croisse 
r irrégularité  du  métal,  trop  commune  à  ces  médaill 
pèche  de  pouvoir  définir  d'une  manière  régulière,  m 
n'en  existe  pas  moins  avec  certitude  ;  l'autre  porte  \ 
point  parfaitement  net  et  renflé,  au  milieu  du  cant 
un  revers  à  fleur  de  coin.  Cette  triple  coïncidence  a 
la  présence  de  sigles  sur  ces  médailles,  et  semble  l 
procher  des  divers  signes  placés  sur  les  pièces  à  ! 
de  Diane,  lors  de  la  bonne  époque,  et  leur  assign 
émission  contemporaine,  ou  à  peu  près.  Notre  des 
connaître  le  degré  de  conservation  de  Texemplaire.  î 
donne  pas  les  deux  autres  pièces,  c'est  pour  ne  pas 
plier  les  planches. 

N"  2  et  3.  Tête  féminine,  à  gauche.  —  Sur  le  n* 
cheveux  sont  relevés  derrière  la  tête  et  retomb 
boucles  sur  la  joue.  (PI.  XVII,  n*»*  2  et  3  ) 

Quand  bien  même  les  cheveux  relevés  et  attac 
chignon  derrière  la  tête,  sur  le  n*  2,  ainsi  que  les  ] 
qui  tombent  sur  la  joue  et  remplacent  les  favoris  d< 
d'Apollon,  ne  viendraient  pas  à  l'appui  de  l'exprea 


ET    DISSERTATIONS.  AGI 

00  sera  frappé  de  l'analogie  des  traits  sur  ces  deux  pièces. 
Le  niême  caractère,  sauf  le  détail  de  la  coiffure,  se  repro- 
duit sur  le  n*  3  ;  mais  le  visage  est  semblable. 

J*ai  vivement  regretté,  en  trouvant  ces  deux  pièces,  de 
n'avoir  plus  près  de  moi  le  bon  marquis  de  Lagoy,  si  se- 
courable  quand  il  s'agissait  d'attributions.  J'aurais  été  heu- 
reux, en  les  lui  soumettant,  de  prendre  son  avis  et  de  l'en- 
tendre se  ranger  au  mien.  Je  ne  puis  voir  ici  que  la  tête  de 
Diane;  et  si  Ton  veut  bien  rechercher  sur  les  planches  qui 
ornent  la  Numismatique  de  la  Gaule  Narbonnaise,  à  défaut 
de  pièces  en  nature,  on  remarquera  que  cette  maigreur  de 
cheveux  noués  derrière  la  tête  est  commune  et  pour  ainsi 
dire  caractéristique  sur  bon  nombre  de  variétés  de  la 
planche  IV,  quoique  l'époque  soit  toute  différente.  Et  pour 
^uc  l'on  sache  bien  quil  n'y  a  ni  erreur  ni  interpréta- 
tion dans  le  dessin,  je  dois  dire  que  nos  deux  exemplaires 
®^Dt  à  fleur  de  coin.  Au  reste,  je  suis  tout  prêt  à  en  envoyer 
des  empreintes,  en  papier  frotté,  à  notre  maître  en  numis- 
"'^tique  narbonnaise,  M.  de  la  Saussaye,  dont  l'opinion  pè- 
^''^  d'un  si  grand  poidsdans  cette  courte  dissertation.  Quoi 
M^  il  en  soit,  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  la  pièce  dessinée 
^ous  le  n*  2  est  unique  jusqu'à  présent. 

J'arrive  à  la  découverte  de  Cadenet.  Au  nombre  des 
P'èces  qui  n'ont  pas  pu  être  vues  par  M.  de  la  Saussaye,  il 
^  ^Q  trouvait  une  seule  au  type  de  Minerve,  offrant,  au  re- 
^^*'s,  Taigle  avec  la  lettre  A  dans  le  champ.  Cependant  je 
dois  dire  que,  quoique  cette  monnaie  ait  bien  été  trouvée 
"^s  le  môme  terrain  que  toutes  les  autres,  je  ne  voudrais 
P^"^  affirmer  qu'elle  ait  fait  partie  du  même  dépôt.  J'ai  re- 
cueilii  deux  ou  trois  variétés  barbares  et  un  exemplaire  sui- 
""^Ppé  d'un  K  du  côté  de  la  tête.  Enfin  voici  ce  que  j'ai  trouvé 
"®Plus  important  parmi  les  28  tétroboles  que  j'ai  acquis. 


402  UÊMOfRES 

N*  4.  Tête  de  Diane  du  beau  type,  couronnée  de  ft 
lages,  dont  le  dessin  diffère  des  branches  d'olivier  < 
naires. 

^\  Lion  à  droite.  —  MA2IA.  —  Poids,  88',80.  (î 
che  XVII,  n*  4.) 

Cette  tête,  comme  l'indique  notre  dessin,  se  distîi 
par  la  longueur  inusitée  des  pendants  d'oreilles.  Les  jai 
du  lion,  surtout  celles  de  devant,  affectent  des  formes 
pâtées  et  écrasées,  que  je  n'avais  pas  encore  rencont 
Enfin,  quoique  d'un  module  plus  petit,  cet  exeinp 
pèse  exactement  le  même  poids  que  la  grande  dracbnu 
nous  possédons  déjà.  C'est  la  seule  pièce  pesante  app 
nant  à  la  première  époque  de  M.  de  la  Saussaye  ^  qui  s( 
rencontrée  dans  ce  trésor;  et  la  circonstance  du  p< 
jointe  à  la  pureté  du  galbe  et  aux  formes  du  lion,  font 
je  n'hésite  pas  à  classer  cette  médaille  au  nombre  de  c 
que  le  savant  numismatiste  pensait  n'avoir  pas  été  ret 
vées  à  Cadenet. 

N*  &.  Type  ordinaire. 

^,  Un  soleil  entre  les  pattes  du  lion.  Ce  signe  n'^avail 
encore  été  retrouvé  sur  les  monnaies  d'argent.  (PL  S 
n*5.) 

N**  6.  Type  ordinaire. 

^.  Un  dauphin  entre  les  pattes  du  lion.  (PI.  XVII,  ir 
Comme  le  numéro  précédent,  c'est  une  variété  nouvell 

Cette  pièce,  examinée  avec  une  forte  loupe  et  son 
leusement  dessinée,  ne  laisse  aucun  doute  sur  la  natur 
symbole  qui  y  est  représenté.  Le  rétrécissement  qui  f( 
la  tête  du  poisson,  par  opposition  avec  l'évasement  d 
corne  d'abondance  qu'on  pourrait  y  chercher,  et  eni 

<  Btvui  num»,  1860,  p.  489'. 


ET    DISSERTATIONS.  403 

IsL  présence  d'une  nageoire,  ne  permettent  pas  de  se  trom- 
per au  sujet  de  ce  type  accessoire.  Au  reste,  la  conserva- 
t  ion  est  aussi  belle  que  possible  pour  écarter  toute  erreur. 
«••  7  et  8.  Type  ordinaire.  (PL  XVII,  n*»  7  et  8.) 
Si  Ton  en  excepte  les  lettres  de  l'exergue,  voilà  deux 
pièces  entièrement  privées  de  légende,  et  ne  portant  pas  le 
nom  de  Marseille,  ville  à  laquelle  elles  appartiennent  sans 
conteste.  La  netteté  du  champ  et  son  état  brillant  par  suite 
dô  la  belle  conservation,  ne  laisse  apercevoir  aucune  trace 
d'inscription.  En  outre,  ainsi  qu'on  peut  le  remarquer  sur 
le  «lessin  du  n*  7,  il  existe  au-dessus  du  lion  une  sorte  de 
cordon  ou  de  branchage  très-bien  dessiné  et  très- nettement 
fr^appé,  et  dont  la  présence  exclut  l'existence  de  caractères 
^^itres  que  ceux  qui  ont  été  gravés  dans  les  parties  infé- 
ï^^ures  du  champ. 

C'est  pour  la  première  fois  que  je  rencontre  cette  variété 

lui,  du  reste,  n'a  pas  encore  été  signalée.  En  outre  des  au- 

^^''^s  différences,  on  remarquera  que,  sur  Tune  de  ces  piè- 

^^s,  le  buste  est  à  droite,  et  qu'il  est  à  gauche  sur  l'autre. 

«•  9.  Type  ordinaire.  (PI.  XVII,  n*9.) 

Cette  pièce  diffère  essentiellement  de  celle  décrite  par 

W.  de  la  Saussaye  sous  le  n"  19t  (pi.  IV)  de  la  Gaule 

^arbofifiaûe,  en  ce  que  le  nom  est  disposé  en  deux  lignes  : 

WA22A,  MlîTHlA,  les  cinq  premiers  caractères  tracés  de 

K^nche  à  droite,  les  six  autres  de  droite  à  gauche,  ce  qui 

^^nslitue  un  exemple  bien  caractérisé  d'écriture  bouslro- 

Pf^don^  tandis  que  les  lignes  sont  toutes  deux  à  rebours  sur 

*  exeaiplîiire  dç  M.  delà  Saussaye,  signalé  comme  unique  \ 

^* est  une  variété  nouvelle,  et  d'autant  plus  singulière  qu'à 

époque  où  cetie  monnaie  a  été  frappée,  récriture  bousiro- 


-AVm.  df  fa  GavU  Xarbonnaist ,  p.  26,  »•  194,  R*. 


hOà  MÉMOIRES 

phédon  D* était  plus  en  usage.  On  n'oserait  pas  décider  i 
faut  voir  ici  une  recherche  d'archaïsme  ou  le  résultat  d'i 
erreur  peu  explicable. 

Nous  n'hésitons  pas  à  recommander  l'étude  de  ce  pré 
cieux  monument  au  zèle  des  épîgraphistes. 

Voici  maintenant  un  rare  et  curieux  spécimen  des  moor 
naies  mérovingiennes  frappées  dans  le  Midi.  Cette  piëoet 
dont  nous  venons  de  faire  l'acquisition,  a  été  trouvée  dans 
les  environs  de  Marseille,  et  achetée  d'abord  par  un  bor* 
loger  de  la  petite  ville  d'Aubagne.  Passée  dans  les  mains 
des  frères  Boscq,  qui  s'occupent  de  collections  diverses, 
elle  est  entrée  dans  notre  cabinet  grâce  aux  bons  oflElces 
d'un  intermédiare  obligeant. 

N^  10.  Tête  barbare  couronnée^  à  droite  :  en  légends 
MA-SILI. 

Sj.  Croix  sur  un  pied  surmontant  un  dauphin.  AN 

Grènetis  des  deux  côtés.  Argent.  —  Poids,  i^^Ob.  (Plan- 
che XVII,  n«  10.) 

M.  Conbrouse,  dans  son  Catalogue  raisonné  des  mwa- 
naies  nationales  de  France  \  donne  un  denier  d'argent  de 
Marseille,  qu'il  décrit  ainsi  :  MASSILIA.   Croix   haussée. 

î$.  Buste  à  droite  avec  dauphin  ou  croise'tte.  Cabinet 
Cartier. 

De  son  côté,  M.  Cartier,  dans  ses  Lettres  sur  Chisêoin 
monétaire  de  France^  cite  aussi  ',  après  M.  le  marquis  de 
Lagoy,  comme  trouvé  à  Saint-Rémy  {Glanum) ,  un  denier, 
le  même  que  celui  donné  par  M.  Conbrouse,  sur  lequel  k 
mot  MASSILIA  se  trouve  placé  du  côté  de  la  croix  et  doni 
le  dessin  révèle  l'incertitude  du  symbole  donné  dubitati- 


1  Monnaiei  naUotiales  ;  mérovingitnne*^  n*  517  bis^  p.  34. 
«  Bnue  num.,  1839,  p.  421,  et  pi.  XVII,  u=  16. 


ET   DJSSEBtATlONS.  A0& 

ve?inent  pour  un  dauphin.  Ce  symbole,  placé  de  cette 
naajiière  sur  une  monnaie  mérovingienne,  ajoute  M.  Car- 
tiei',  parait  très-extraordinaire,  et  M.  de  Lagoy,  qui  d*a- 
l>ord  avait  cru  reconnaître  un  dauphin,  s*est  borné  à  y 
cbercher  les  restes  d'un  S  ou  d'un  D,  qui  eussent  été  Fini- 
tia^Ie  de  Sigebert  ou  de  Dagobert.  Mais  il  fait  remarquer  que 
d^  «ix  médailles  gallo-grecques  de  Marseille  ont  un  dauphin 
pc^'iir  type,  et  que,  sur  deux  tiers  de  sou  d'or  de  Sigebert, 
0K2  trouve  le  même  emblème  devant  la  tète  royale. 

^Knfin,  M.  de  Lagoy  avait  donné  le  premier,  dans  sa  des- 
cr^îption  de  quelques  monnaies  mérovingiennes  \  le  dessin 
d^  cette  pièce,  dans  laquelle  il  ne  voit  plus  un  dauphin, 
raa.is  bien,  comme  je  viens  de  le  dire,  un  S  ou  un  D.  C'est 
1^    second  exemplaire  qu'il  avait  donné  à  M.  Cartier. 

Il  s'ensuit  des  citations  qui  précèdent  que  cette  petite 
SAOïiDaie  a  exercé  la  sagacité  de  trois  numismatistes  in- 
s^'mits,  et  que  les  planches  ont  démontré  avec  quelle  sûreté 
i^  jugement  M.  de  Lagoy  avait  cru  devoir  éloigner  la  pensée 
qu«  le  signe  placé  devant  la  tête  pût  être  un  dauphin. 
Hais,  à  propos  du  denier  que  je  donne  aujourd'hui,  il  n'y 
^  plus  d'hésitation  possible  ;  c'est  bien  un  dauphin,  et  il  est 
rationnellement  placé  au-dessous  de  la  croix.  Après  avoir 
fait  connaître  au  n*  6  de  cet  article  la  présence  de  ce  sym- 
bole sur  un  tétrobole,  au  type  de  Diane,  où  l'on  ne  l'avait 
pas  encore  rencontré,  je  suis  heureux  de  le  reproduire  ici 
d'une  manière    certaine  et  de  l'avoir  retrouvé  en  même 
temps  sur  deux  pièces  d'argent  d'époques  bien  différentes, 
^t  alors  qu'il  n'était  réellement  connu  pour  Marseille  que 
sur  des  monnaies  gallo-grecques  de  bronze  et  sur  des  tiers 
^^  sou  d'or  de  Sigebert. 

^iCTiptUmde  qutlquia  monnaies  mérovmtjienneë ,  Aix,  1B39,  p.  Il;  u°  5. 


\ 


à06  MÉMOIRES 

Notre  pièce  diffère  en  outre  totalement  de  celle  de  M.  de 
Lagoy  sous  le  rapport  du  dessin^  et  surtout  en  ce  que  le 
symbole  est  placé  sous  la  croix,  tandis  que  le  mot  MASILI 
est  disposé  en  légende  autour  de  la  tète.  Restent  à  expliquer 
les  lettres  AN,  portion  d'un  mot  ou  d'un  nom  si  malheu- 
reusement tronqué  par  l'absence  du  métal  du  côté  de  la 
croix. 

Outre  la  filiation  des  types  que  nous  venons  de  montrer 
dans  les  monuments  numismatiques  de  notre  ville  mari- 
time, nous  nous  permettrons  de  faire  observer  que  la  pré- 
sence d'un  poisson  sur  une  monnaie  mérovingienne  n'est 
pas  plus  extraordinaire  que  celle  d'une  colombe;  ces  deux 
symboles  chrétiens  se  trouvant  continuellement  associés  à 
la  croix.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  ce  point,  que  la 
critique  spéciale  a  parfaitement  éclairci  ;  je  me  contenterai 
de  renvoyer  le  lecteur,  que  cette  question  intéresse,  au  sa- 
vant Traité  composé,  il  y  a  deux  siècles  et  demi,  par  Jean 
Lheureux,  de  Gravelines  (Macarius),  et  publié  récemment 
par  le  R.  P.  Raphaôl  Garrucci  *,  Ad.  Carpentui. 

*  Hcigiogljfpta  iive  picturx  et  iculpturx  antiquiora  prmttriim  qum  Romm  r^pt- 
riuntur  expUcaUe.  Paris,  1856,  iu-8*. 


ET   DISSERTAT10?iS.  A07 


MONNAIES  DU  SÉRÂPÉUM  DE  MEMPUIS. 

TROUVAILLE  DE  MYT-RAHINEH. 

(  Fl.  XVIII.) 


II  aarait  manqué  quelque  chose  à  la  brillante  découverte 
*^  Sérapeum  de  Memphis,  cette  nécropole  des  Osiris  cachés 
^^  Apis,  longtemps  cherchée  par  les  antiquaires*,  si  la 
^Hioismatique  n'eût  pas  été  représentée  parmi  les  innom- 
"ï^Ies  monuments  que  les  patients  travaux  de  M.  Auguste 
■ï^ette  ont  restitués  à  la  lumière. 

Mais  notre  savant  ami  a  recueilli  dans  ses  heureuses 
''^llcs,  outre  un  certain  nombre  de  médailles  ptolémaïques 
^^  impériales  très-connues,  deux  pièces  de  plomb  que  nous 
^lons  décrire,  et  qui  sont,  à  ce  qu'il  nous  semble ,  de  na- 
tUTe  à  intéresser  vivement  tous  ceux  qui  s'occupent  de 
*  antiquité.  La  première,  trouvée  en  1863,  offre  les  types 
9^e  voici  : 

Apis  portant  un  disque  entre  ses  cornes  placé  sur  une 
*^^rî,  tourné  à  droite,  entre  deux  hermès;  devant  lui,  un 
*^tel;  au-dessus,  une  guirlande  et  un  croissant;  dans  le 
^hamp,  un  serpent  uraeus. 

devers.  OBOAOI  B.   Isis  debout,  devant  le  Nil  assis  à 

Consaltez  Guigniaut,  U  dieu  Sérapi»  et  son  origine,  1828,  in-8*,  et  les  më- 
'^^^îresdc  A.  Mariette,  dans  le  Bulletin  arcftéologique  de  VÀthenasum  françaiir 
^^5S  et  1856. 


ft08  MÉMOIRES 

gauche,  tenant  un  roseau  et  une  corne  d'abondance.  -^^ 
Plom!\  Musée  du  Louvre.  (PI.  XVIII,  n»  1.) 

Lorsque  cette  pièce  nous  fut  présentée,  le  caraclèr^"'"^ 
religieux  de  son  type,  l'abondance  des  symboles  dontell^ 
est  chargée ,  le  sens  si  clair  de  la  courte  légende  qui  le3^  "^ 
accompagne  captivèrent  notre  attention  ;  nous  étions  per- 
suadé que  c'était  là  une  monnaie  véritable,  frappée  pouc 
Tusage  de  cette  nombreuse  population  qui  s'était  fixé(£:=^ 
autour  de  la  tombe  des  Apis,  et  qui  comptait  dans  son  sein^^ 
des  artisans  de  toute  sorte,  pour  ce  marché  aux  herb 
qui,  suivant  un  papyrus  grec  du  Louvre,  se  tenait  à  l'in 
térieur  môme  du  temple,  ro  6pto7:ôXiov  to  vizxpx^v  ev  tw^*» 

La  présence  d'une  figure  du  Nil ,  de  deux  hermès  qu^»- 
remplacent  probablement  Phtah  et  Ammon,  indiquen^C^ 
l'époque  romaine ,  un  temps  de  décadence  ou  du  moins  d^^* 
transformation  extérieure  des  symboles  religieux.  L'uraeu^^^ 
bien  caractérisé  donne  raison  à  M.  Birch,  qui  avait  propoa^^ 
de  reconnaître  ce  reptile  sacré  dans  le  petit  serpent  platiS^ 
sur  la  main  de  la  figure  d'isis ,  que  représentent  les  mon- — 
naies  du  nôme  Memphite  '. 

Sur  les  monnaies  de  ce  nôme  frappées  pour  les  empe^ — 
reurs  Trajan,  Adrien  et  Antonin,  on  voit  alternativemen *- 
Apis  accompagnant  Isis,  Apis  seul,  le  buste  de  la  déesse  '— 
D'autres  médailles  impériales  sans  nom  de  lieu ,  mais  qu  »^ 
paraissent  frappées  à  Alexandrie,  représentent  Apis  portan  *^ 


*  Brunct  de  Presle,  Mémoire  sur  le  Sérapéum  de  Memphisy  1852,  în-4*. 

«  ^umismatic  chronic,  1839,  n»  VI,  t.  II,  p.  98. 

»  Tochon  d'Annecy,  Méd.  des  nômes  d'Egypte,  p.  134,  137,  138.  —  Zoëj 
Sumi  argypi.,   tab.  XXI,  n®  9.  —  O.  di  San  Quintino  ,  Detcriz.  délie  med. 
Sdmi  del  H.  Musen  di  ï'orino,  p.  12.  Sur  1r  mcdaiile  dn  Turin,  TApî*  n  le 
décor»'  d'une  «jtuirlando. 


ET   DISSERTATIO^S.  àOif 

quelquefois  sur  le  flanc  la  figure  d'un  croissant  *  ;  un  petit 
autel  est  placé  devant  le  bœuf  sacré. 

Quoique  le  diobole  de  plomb  ait  tous  les  caractères  qui 
peuvent  faire  croire  à  son  origine  memphitique,  il  manque- 
rait cependant  une  preuve  directe,  irréfragable  qui  soit  de 
nature  à  convaincre  les  numismatistes,  si  nous  le  présent 
lions  isolément. 

En  1858,  M.  Mariette  découvrit  une  seconde  pièce  de 
plomb  ipi'il  nous  envoya  et  sur  laquelle  nous  trouvâmes 
le  mot  dont  nous  avions  besoin ,  le  nom  de  Memphis ,  dont 
les  éléments  sont  semés  dans  le  champ  d'une  façon  fort 
singulière. 

Mous  plaçons  ki  la  description  de  ce  second  monument, 
que  nous  pouvons  considérer  comme  une  o6o/f ,  en  raison 
de  son  module  : 

—  M€M4»IC.  Déesse  debout  devant  Apis,  porté  sur  une 
bari  et  tourné  à  gauche. 

Revers.  Isis  debout  devant  le  Nil ,  assis  à  gauche.  — 
Plomb.  Musée  du  Louvre.  (PI.  XVIIl,  n«  2.) 

Ici,  plus  de  doute  ;  nous  avons,  non  pas  le  nom  du  nôme 
Hemphite,  mais  celui  de  la  cité  même.  Cette  seconde  pièce, 
liée  si  étroitement  par  ses  types  à  la  première,  précise  le 
lieu  de  leur  commune  origine. 

La  femme  voilée,  placée  en  regard  du  bœuf  sacré,  pour- 
rait fort  bien  être,  sous  une  forme  romaine,  la  mère  d'Apis, 
que  de  nombreuses  stèles  représentent  accompagnant  son 
divin  fils,  ainsi  que  l'a  fort  ingénieusement  démontré 
M.  Mariette  *. 

*  Zoi-ga,  Numi  ffyypL,  Domiiicn  ,  tab.  IV,  n*  3;  Adrien  ,  tab.  VII,  n"  21  ; 
tab.Vni,n»8. 

*  Mémoire  9Ùr  la  représentation  gravée  en  tête  de  quelques  prosrynèmes  du  Sérct- 
ff^m,  1856,  in  A'. 


ftlO  MÉMOIBES 

Mais  la  série  ne  s'arrête  pas  là  ;  elle  s'accroît  de  tro^ 
autres  pièces  de  plomb  qui  ont  fait  partie  de  la  riche  co0 
lection  Fontana,  de  Trieste,  et  que  Sestini  a  publiées  à  U 
suite  des  monnaies  du  nôme  Memphite  ^ 

A  —  MEM^IG  en  ligne  courbe.  Apis  portant  un  globe 
entre  les  cornes,  tourné  vers  la  gauche;  devant  lui,  Isis 
debout,  tenant  un  serpent  de  la  main  droite  et  une  croix 
ansée  de  la  gauche;  à  ses  pieds  un  autel. 

Revers.  Le  Nil  assis,  tourné  à  gauche,  tenant  un  roseau 
de  la  main  droite  et  une  corne  d'abondance  de  la  gauche; 
une  femme  debout  lui  présente  une  couronne.  —  Phmb  6. 

B  —  Le  Nil  couché,  tourné  à  gauche,  vu  à  mi-corps, 
tenant  de  la  main  droite  une  tige  de  lotus  (7)  et  de  li 
gauche  une  corne  d'abondance. 

Revers.  L.I  (an  10).  Les  Dioscures  debout,  appuyés  soi 
leur  haste  ;  la  tête  surmontée  d'une  étoile.  —  Plomb  h. 

G  —  Apis  porté  sur  une  ban,  ainsi  qu'une  figure  de  di- 
vinité debout  ;  dans  le  champ,  un  astre. 

Revers.  Sérapis  assis  sur  un  trône,  tourné  à  gaucb 
appuyé  sur   son    sceptre;   devant  lui,  Isis  debout. 
Plomh  h. 

La  pièce  A  est  une  vai*iété  de  notre  n""  2;  elle  en  diflf 
par  la  disposition  de  la  légende  et  par  quelques  au 
détails  au  sujet  desquels  nous  ne  voudrions  pas  trop  ii 
ter,  tant  il  est  difficile  de  compter  sur  la  fidélité  des  de 
et  des  dénominations  fournis  par  Sestini.  C'est  cepei 
h  Taide  de  ces  seuls  dessins  que  nous  donnons  la  deî 
tion  qui  précède. 

Les  pièces  B  et  C  sont,  nous  le  pensons,  des  hémii 

»  Dexrriz,  d*alc.  me.1,  greclie  del  ifuseo  Fontana^  part.  II ,  tkb.  XI,  u 
24  f  p.  93  et  94,  n*»  26,  27,  28.  Lo»  description»  de  Sestini  tont  trfti 
Miunnet,  Suftpl.^  IX,  p.  161. 


ET   DiSSERTATlONS.  Alt 

le  Nil  en  buste  indique  une  division  monétaire  ;  et  le  mo- 
dule convient  à  la  valeur  relative  que  nous  adoptons. 

Notre  série  sacerdotale  comprend  donc,  jusqu'à  présent, 
le  diobole^  Yobok  et  Yhémiobole. 

L'indice  de  valeur  OBOAOI  B  (dvca)  se  rapporte  à  une 
monnaie  effective  et  non  à  une  tessère  ;  les  exemples  de 
valeurs  inscrites  en  toutes  lettres  sur  des  monnaies  grec- 
ques sont  assez  nombreux. 

On  peut  citer  : 

A«(3p2XfAoy  sur  une  monnaie  d'argent  de  Néron  attribuée 
à  Césarée  de  Cappadoce,  et  sur  une  monnaie  de  cuivre  de 
Rhodes  ;  àpct^ud  sur  un  bronze  de  Byzance  ;  Àaad^iix  rpca, 
A(sadcfia  dità  f  Aaaapiov  yH^uioV)  A^raapiovy  Huiacaxçno^  sur  des 
bronzes  de  Chio;  TpriSoXo  à  Samotbrace;  OSoXo;  à  Méta- 
ponte;  ÔSoXoç  et  Haio6o[Xov]  à  Chio  ;  HuiogeXtv  sur  un  moyen 
bronze  d'vEgium  d'Acbaïe;  àtyoLU^y  à  Gbio;  XorXxoO;  à  Ah- 
tioche  de  Syrie  \ 

Quand  on  examine  la  série  de  pièces  de  cuivre  frappées 
à  Gbio,  on  reconnaît  facilement  que  les  cinq  indications  de 
valeur  correspondent  très-clairement  au  module  relatif  des 
monnaies. 

11  faut  bien  distinguer  la  monnaie  du  nOme  frappée  avec 
la  tête  de  l'empereur,  et  le  nom  de  la  division  administra- 
tive de  nos  plombs  qui  ne  présentent  aucun  type  politique, 
quoique  fabriqués  bien  évidemment  pendant  la  période 
impériale;  ce  qui  ne  peut  s'expliquer  si  l'on  n'admet  pas 
que  ces  monnaies  de  plomb  au  type  exclusivement  religieux 
appartenaient  en  propre  au  sanctuaire  d'Apis.  D'ailleurs, 
l'inscription  Méa<yi;  désigne  le  lieu ,  et ,  placée  au-dessus 


«  Eckhel .  Doctrina,  t.  1.  p.  xxxviii.  —  .J.  Kofod  W  bit  te,  De  rébus  Chiorum 
fitàblie.,  Copcnhflgiic,  1838. 


Al  2  MÉMOIRES 

du  bœuf  sacré,  équivaut,  dans  le  laconique  système  de  la 
monnaie  égyptienne,  à  ces  mots  :  Sérapeum  de  Memphis.  U 
ville  même  n'aurait  pu,  sous  le  règne  des  empereurs ,  s*at 
tribuer  un  droit  autonomique  en  concurrence  avec  l'auto 
rite  du  gouverneur  romain. 

Pausanias  décrivant  les  rites  observés  par  ceux  qui  con 
sultaient  THermès  de  Pharae  en  Achaïe,  nous  apprend  qu' 
fallait  déposer  sur  Tautel  placé  à  la  droite  du  dieu ,  un 
monnaie  frappée  dan$  la  ville  ^  vi^us^joi  hnx'^oy;  cctl 
monnaie  était  un  xa^^^ov;  ou  pièce  de  cuivre;  et  à  la  fin  d 
son  récit  il  ajoute  :  La  même  manière  d'interroger  Ton 
cle  s  observait  chez  les  Égyptiens,  au  temple  d'Apis'. 
est  possible  que  la  comparaison  ne  s'applique  pas  exa< 
tement  à  tous  les  détails  de  la  cérémonie  ;  cependuil 
il  est  assez  probable  que  le  dép&t  de  l'offrande  ava 
partout  le  même  degré  d'importance,  si  toutefois  ce  nN 
tait  pas  la  base  de  l'institution  des  oracles.  Le  viuwp 
ÈTrixwptov  exigé  à  Pharœ  devait  être  également  réclamé 
Memphis,  et  cette  circonstance  nous  paraît  appuyer  encoi 
l'opinion  que  nous  avons  exposée  au  sujet  de  nos  moi 
naies  de  plomb. 

A  ces  monnaies  du  Sérapeum  de  Memphis,  une  frappant 
communauté  de  type  rattache  la  pièce  suivante,  donnée  a 
Musée  du  Louvre  par  M.  Louis  Batissier,  vice-consul  d 
France  à  Suez. 

Buste  d'isis  tourné  à  droite  ;  la  tète  de  la  déesse  est  su 
montée  de  cornes  de  vache  et  d'un  globe  ;  de  la  main  droit 
elle  tient  un  vase  à  libation. 

Revers.  Buste  barbu  du  Nil  tourné  adroite;  le  dieuUei 
un  roseau;  une  corne  d'abondance  est  placée  près  de  so 

y  Lib.VIl,  cap.  XXn,3,4. 


ÏT   OISSERTATIOXS.  &1S 

tépaule.  —  Verre  blanc.  (PL  XVIII,  n*  3.)  Le  bord  du  coin 
a  touché  le  verre  en  avant  de  la  tête  d  Isis,  alors  que  le 
flan  était  encore  chaud  et  y  a  imprimé  une  double  ligne 
courbe,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  type. 

On  remarquera  que  sur  des  petits  bronzes  du  nôme  Mem- 
pbite,  le  buste  d'Isis  figure  au  revers  de  la  tête  d'Adrien  \ 
Le  module  de  notre  verre  rend  l'analogie  frappante,  et 
nous  pensons  que  sa  fabrication  ou ,  qu'on  nous  permette 
de  le  dire«  son  émission  remonte  aussi  au  second  siècle. 

Nous  espérons  que  les  archéologues  ne  se  refuseront 
pas  à  voir  avec  nous  dans  cette  pièce  de  verre,  portant  une 
empreinte  sur  chacune  de  ses  faces,  une  véritable  monnaie. 

Sans  entrer  ici  dans  les  développements  que  cet  article 
ne  comporte  pas ,  il  nous  sufïira  de  rappeler  que  les  Arabes 
d'Egypte  et  de  Sicile  ont  fait  usage  de  monnaies  de  verre  '. 
11  existe  un  certain  nombre  de  ces  pièces  au  département 
des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale  ;  le  Musée  du 
Louvre  en  possède  une  grande  quantité.  Les  monnaies  de 
verre  byzantines,  sans  être  aussi  communes,  permettent 
cependant  de  constater  l'emploi  de  cette  matière  fragile,  à 
l'époque  où  l'Egypte  obéissait  encore  aux  empereurs. 

Quelque  singulier  que  cela  puisse  paraître  au  premier 
abord,  nous  pensons  qu'après  examen,  on  reconnaîtra  que 

«  Tochon,  Némiêy  p.  137,  n«*  5  et  6. 

•  AM«inaiii,lfiM.  cuf.  Non., 2»  part., p.  121,pl.VIII.— Adler,  Mus.  cuf,  Borg. 
ViUtr.f  p.  77,  pi.  VI,  n»»  67  et  suiv.  —  Te>rreinozza,  Ant,  inscrix,  di  Paltrmo, 
p.  410,  note  de  Domeoioo  Schiavo.  —  01.  Gerh.  Tychsen,  Introd.  ad  rtm 
mm,  Moham,,  p.  149,  tab.  III,  n<*  3S.— Pietraszewski,  Numi  Mohammed^  p.  97. 
—  Sawaazkiewîcz  ^  le  Génie  de  VOrient  commenté  par  les  mon.  monét.f  p.  96, 
pi.  I,  n^'S  à  10.  —  Frœhn,  Becens.  num,  Mohamm,  acad.  Petrop.,  p.  621.  — 
Mue.  Munterianum,  Copenhague,  1B39,  pars.  III,  p.  ]60.  —  Ant.  Delgado,  Cat. 
detmonn,  de  la  collection  Lorirhe ,  n"  4857.  —  Dubois,  Catal,  de  la  collection 
Mimaut,  n*  576. 

1861.—  6.  89 


Au  mois  d'août  1860,  les  ouvriers  qui  fouillaient  s 
direction  de  M.  Auguste  Mariette ,  découvrirent  dans 
de  Memphis,  entre  Bédracbem  et  Saqqarah,  près  du  t 
de  Phtah.  au  lieu  nommé  actuellement  Myt-Rahinc 
ensemble  d'objets  qui  ne  pouvait  provenir  que  d'un  i 
d'orfèvre  :  soixante  oques  (73^320)  de  lingots  d'j 
aplatis  au  marteau,  un  simpulum  d'argent  dont  le  m 
vertical,  recourbé  en  crochet,  avait  reçu  des  cou 
marteau  qui  eu  ont  altéré  la  forme  et  montrent  que  l'i 
sile  était  destiné  à  être  ouvré  ;  un  vase  d'argent  de 
sphérique,  en  voie  de  fabrication  ^  ce  vase ,  ainsi  que 
autres  qui  étaient  terminés,  sont  de  travail  égyptien, 
])euvent  être  confondus  avec  les  objets  condamnés 
fonte.  On  recueillit  encore  un  creuset  de  terre,  une  < 
de  cuivre ,  vingt*trois  monnaies  plus  ou  moins  ent 
par  le  ciseau,  et  un  assez  grand  nombre  de  fragme; 
monnaies  coupées  sur  lesquels  on  n'a  distingué 
type.  Toute  la  trouvaille  est  allée  enrichir  le  Musée  i 
précieux  fondé  par  Son  Altesse  Saïd  Pacha,  vice-ro 
gypte,  magnifique  institution  qui,  grâce  au  talent 
lequel  M.  Mariette  en  poursuit  rétablissement,  est  aj 
à  rendre  d'immenses  senices  aux  sciences  histor 


ET  DBSEITATIONS.  hih 

bien  voulu  nous  apporter  les  viogt-trois  monnaies  recueil- 
lies par  ses  soins  à  Myt-Rahineh,  et,  après  les  avoir  débar- 
rassées en  partie  de  la  croate  de  sulfure  qui  les  recouvrait, 
nous  avons  pu  prendre  une  exacte  description  de  ces  mo- 
numents ,  dont  un  premier  examen  nous  avait  déjà  fait 
reconnaître  la  provenance  et  Fâge.  Le  lecteur  sera  comme 
nous  frappé  de  l'intérêt  qui  s'attache  à  une  série  de  mon- 
naies contemporaines,  présentant  une  grande  variété  de 
types,  et  appartenant  aux  premiers  temps  du  monnayage, 
2tu  siècle  d'Âmasis,  de  Crésus,  de  Cyrus  et  de  Pisistrate. 
Hais  la  numismatique  grecque  a  été  si  peu  cultivée  depuis 
quelques  années  qu'elle  demeure  maintenant  en  arrière  de 
toutes  les  branches  de  notre  science;  de  sorte  que  non-seu- 
lement les  pièces  inédites  soulèvent  des  questions  difDciles 
i  résoudre ,  mais  qu'on  a  souvent  grand'peine  à  trouver 
des  secours  efficaces  parmi  les  médailles  publiées,  les 
fuites  antérieures  à  notre  ère  ayant  presque  toutes  besoin 
d'être  revues  et  coordonnées. 

Mabonea  TnRACij:. 

^'  i.  Cheval  à  droite.  (  La  têle  seule  subsiste.  ) 
Reter*.  Carré  creux  dans  lequel  paraissent  quelques 
^yoBs  informes.    Fragment;   pièce  très-globuleuse.  — 
A.  5,  Poids,  5»',60. 

Quoique  nous  n'ayons  ici  qu'un  bien  petit  fragment  sous 
^  yeux,  nous  croyons  devoir  l'attribuer  à  Maronée.  La  tète 
^^  cheval  n'a  pas  le  style  corinthien,  et  le  carré  du  revers 
envient  tout  à  fait  à  la  Thrace.  On  peut  voir  une  pièce  du 
^^m^  travail,  mais  d'un  plus  petit  module,  dans  le  recueil 
P^lié  par  M.  le  général  Gh.  Fox  :  Etigravings  of  unedited 
^^  rare  grfek  coins,  1''  part. ,  pi.  V,  n"  48. 


a 16  mémoires 

Mgm  Magedoni^. 

N**  2.  Chèvie  agenouillée,  tournée  à  gauche. 

Revers.  Carré  creux  grossier.  —  M.  à.  Poids,  6»',  10. 

Cette  pièce  est  plus  ancienne  que  celle  dont  Cousinéry  a 
publié  la  figure  (  Voyage  en  MacM.,t.  II,  pi.  V,  n*  4);  son 
revers  la  rapproche  d'une  autre  monnaie  classée  par  le 
même  auteur  sous  le  n°  2 ,  mais  qui  offre  une  chèvre  tour- 
née à  droite. 

LeTE  MACEDONliE. 

/\ 

N**  3.  Sat^^re  ithyphallique  poursuivant  une  femme  qui 
marche  vers  la  droite  en  détournant  la  tête  du  côté  de  son 
agresseur.  Dans  le  champ,  quatre  points. 

Revers.  Carré  creux  très-grossier. — J^.  h.  Poids,  10«',22. 
Très-globuleuse.  (PI.  XVllI,  n»4.) 

Cette  pièce,  par  son  module  restreint,  par  sa  forme  ra* 
massée,  par  le  nombre  de  gros  points  marqués  dans  le 
champ,  diffère  de  celles  qui  ont  été  publiées  par  Cousinéry , 
Voyage  en  Macédoine^  t.  II,  pi.  VI  ;  Mionnet ,  planches, 
prew.  parL ,  pi.  XL,  n***  7  et  8  ;  M.  le  duc  de  Luyues,  Choix 
de  méd.  greeq.^  pi.  IX,  n*»  7;  Frœlich,  NoiU.  etem.  riutn.<» 
tab.  I,  n*"  1.  On  sait  que  l'attribution  de  ces  médailles  est 
fixée  à  l'aide  de  la  variété  un  peu  plus  moderne  sur  laquelle 
on  lit  en  caractères  de  forme  très-antique,  procédant  de 
droite  à  gauche  :  AETAlNIOiN. 

i^GINA   InSLLA. 

N"*  4.  Tortue  de  mer 

Revers.  Carré  creux  divisé  par  des  lignes  en  relief;  ca- 
vité profonde.  — /R.  4.  Fragment.  Poids,  5»',50. 


ET   DISSERTATIONS.  Al 7 

La  médaille  a  été  tellement  mutilée  qu'on  n*aperçoift 
plus  qu'une  élévation  informe  avec  une  très-petite  partie 
du  haut  de  la  carapace  ou  collet ,  servant  à  faire  recoa*^ 
saitre  le  testacée. 

Sans  ce  petit  détail,  corroboré  par  la  forme  particulière 
du  carré  creux,  le  classement  de  notre  fragment  aurait  pu 
rester  douteux,  car  il  est  évident  que  la  grande  réputation 
de  la  monnaie  éginète  avait  de  très-bonne  beure  donné 
1  ieu  à  des  imitations,  et  que  le  cboix  de  certains  types  de 
liaut  relief,  tels  que  la  grenade  ,  la  pomme,  des  vases  de 
diverses  formes,  le  coléoptère,  le  bouclier,  la  grappe  de 
x^aisin,  etc.,  avait  été  calculé  pour  produire  une  illusion 
c]ue  nous  pourrions  partager  dans  le  cas  qui  se  présente 
a  nous. 

CORINTnCS. 

N"*  5.  Pégase  volant,  à  droite. 

Rtcerê.  Carré  creux.  —  ,1\.  5  1/2.  Poids,  14«%28.  Très- 
globuleuse.  (PL  XVIII,  n»  5.) 

Cousinéry  et  Linckb ,  qui  ont  rapporté  de  Grèce  tant  de 
monnaies  corinthiennes,  n*ont  pas  connu  cette  pièce,  évi- 
deaiment  plus  ancienne  que  celles  qui  ont  été  publiées 
jusqu'ici»  Le  coup  de  ciseau  qu'elle  a  reçu  ne  lui  a  rien 
dté  de  son  poids. 

N*  6.  Pégase ,  à  droite  ;  dessous,  coph. 

Revers.  Carré  creux.  —  M.  5.  Poids,  88%90.  Flan 
épais. 

Cette  pièce ,  avec  le  Pégase  tourné  à  droite ,  est  encore 
une  rareté.  L'oxydation  dont  elle  est  chargée  augmente 
sans  doute  un  peu  son  poids. 

N*  7.  Pégase  volant  à  gauche. 

Revers.  Carré  creux  .  divisé  symétriquement*  —  >î\.  6^ 


1 

1 


iil8  MÉMOÎRES 

Poids,  8«%  40.  Flan  mince.  —  Mionnet,  pi.  XXXVIII,  n*  9. 
—  Cousinéry,  Ligue  achéenne.  Gorintbe,  n*»  2. 

N'  8.  Croupe  et  aile  de  Pégase,  à  gauche.  (Le  teste 
manque.  ) 

Revers.  Carré  creux.  Fragment.  —  A.  5.  Poids,  2«'.44. 
Flan  mincer 

N"  9.  Croupe  de  Pégase.  (  Le  reste  manque.  ) 

Revers.  Carré  creux.  Petit  fragment.  — .  JR..  5.  Poids, 
2«',08.  Flan  mince. 

Eretria  Euboe£. 

N"*  10.  Deux  grappes  de  raisin  pendant  à  une  même 
branche. 

Revers.  Carré  creux,  divisé  par  des  diagonales,  qui  se 
coupent  au  centre.  —  JR.  5.  Coupée.  Poids ,  10«',16.  Flaa 
très-épais.  (PI.  XVllI,n*6.) 

Il  est  sans  doute  difficile  de  classer  une  monnaie  si  an- 
tique à  l'aide  des  types  observés  sur  des  monnaies  d'uB 
âge  beaucoup  plus  récent  Mais  comme  la  pièce  que  nous 
examinons  offre,  du  reste,  tous  les  caractères  de  fabrique 
qui  conviennent  à  TEubée,  on  admettra  sans  doute  le  rap- 
prochement que  nous  établissons  avec  les  pièces  d'argent 
et  de  bronze  frappées  à  Eretria,  et  portant  au  revers  d'une  - 
tète  de  Diane  Âmarynthia  ou  d'un  taureau  couché,  ieux^ 
grappes  de  raisin  *.  Ce  type  se  trouve  encore  sur  unca 
petite  monnaie  de  bronze   publiée  par  M.  le   baron  dŒ 
Prokesch-Osten ,  qui  la  donne  avec  raison  cooune  fabri — 

*  Eckhel,  Mu9.  cxt,  Vindob.,l,  p.  132 ,  n«  2.  —  Beger,  The*.  Brand,,! 
p.  429.  —  C.  Comhe,  Mus.  Hunt  ,  p.  139,  n«  4,  et  tab.  XXVI,  n»  21.—  Se»tm3i 
Deicript.  nxtm.  vet.,  p.  228,  n*  3.  —  Mionnet ,  II ,  p.  308,  n»  63,  et  Svfpl.  i>^ 
p.  364.  n»  90.  —  Catat,  Allier  de  Hauteroche,  pi,  VII,  n*  12. 


ET    Dl:fSERTAT]ONS.  A19 

quée  en  Eubée  * ,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  remarqué 
qu'outre  la  légende  EVBO,  la  pièce  porte  encore  les  carac- 
tères nr«  qui  me  paraissent  devoir  se  rapporter  à  la  ville 
de  PyiTba,  citée  par  Pline  '.  Sestini  a  aussi  décrit  comme 
appartenant  à  Issa,  lie  d*lllyrie,  un  petit  bronze  de  la 
collection  Tocbon,  présentant  au  droit  deux  tètes  accolées, 
et  au  revers  deux  grappes  de  raisin  avec  la  légende  12  *. 
Cette  pièce  peut  appartenir  à  llistiœa  d*Eubée,  dont  on 
connaît  de  belles  monnaies  qui  offrent  d  un  côté  une  tète 
d'Ariadne  et  de  l'autre  un  bœuf  passant  devant  un  cep  de 
vigne,  auquel  pendent  deux  grappes  de  rainn  placées 
symétriquement  \  * 

Ceos  Insula. 

K*  11.  Abeille,  marchant  à  droite. 

Revers.  Carré  creux,  divisé  par  deux  diagonales  qui  se 
coupent.  —  iR.  2.  Poids,  36^,42.  (PL  XVIll,  n»  7.) 

Le  nombre  des  monnaies  qui  ont  pour  type  une  abeille 
est  considérable  ;  ordinairement  cet  insecte  est  vu  de  dos, 
et  ses  ailes  sont  plus  ou  moins  éployées.  Ici  nous  le  trou- 
vons marchant  et  offrant  la  plus  grande  analogie  de  forme 
avec  le  signe  qui ,  dans  les  hiéroglyphes  égyptiens ,  repré- 
sente le  mot  peuple  (  obéissant  à  son  roi)  *.  Toutefois,  nous 

^  Inedita  nuiner  Sammlung  ant,  altgr.  Munzen^  Wien,  1854,  pi.  III,  n»  105. 

*  HUUnat,y  Ub.  IV,  cap  XII,  21. 

>  DtseHxione  di  molU  medagliê  gr.,  1828,  tab.  YIII,  n«  14. 

*  Pellerin,  Peuples  et  tille*,  t.  III,  pi-  XCII,  n»  8.  —  Catal.  Allkr,  pi.  VU, 
n*13. 

*  Horapoll.,  BierogL,  lib.  I,  cap.  62.  — Champollion,  Précis  du  syst.  tUér  , 
p.  340,  atlas,  p.  35.  —  Gratnm.  égypt.,  p.  24  —  Voir,  au  sujet  du  signe  de 
l'tbeillc  ,  la  dissertation  insérée  dans  le  Mémoire  eur  Vimcription  du  tombeau 
d'Ahmès  { 1851  ),  par  M.  do  Rongé,  qui  pense  que  ce  caractère  représente  spé- 


A20  MÉMOIRES 

n^entendons  pas  établir  de  rapprochement  pour  le  sensc 
le  caractère  égyptien  et  le  type  de  notre  monnaie.  L*al] 
avait,  dans  les  religions  grecques ,  une  valeur  que  met 
nettement  en  lumière  une  série  de  monnaies  de  Melita 
Tbessalic,  publiée  par  M.  le  baron  de  Prokesch*,  qi 
Ta  pas  expliquée.  Mais  il  est  évident  que  Tabeille  pi 
sur  ces  cinq  monnaies,  au  revers  d'une  tête  de  Jupîte 
accompagnée  de  la  légende  MEAlTAIEfîN,  entier 
abrégée,  se  rapporte  à  la  fable  Cretoise,  suivant  laqne 
dieu  avait  été  nourri  par  les  Mélisses*  (ijùdra  dor. 
fjtéXtdaa).  On  retrouve  encore  Tabeille  sur  la  moi 
d*Éphèse,  ville  où  nous  savons  que  les  prêtresses  port 
le  titre  de  Mélisses ,  de  même  que  la  grande  prètresa 
Delphes  ;  et  nous  sommes  autorisés  à  considérer  la  fi 
de  cet  insecte  comme  un  symbole  religieux,  toutes  les 
que  nous  la  rencontrons  sur  des  monnaies.  Pour  Ttl 
Cens,  c'est  un  type  fréquent  ;  on  le  connaît  sur  des  p 
de  nie  m  génère^  et  des  villes  dlulis,  de  Carthœa  i 
Coressus.  Brondsted,  qui  a  visité  Cens,  y  a  fait  des  fou 
et  eu  a  étudié  la  numismatique,  pense  que  l'abeille  n 
sentée  sur  les  monnaies  qui  viennent  d  être  citées  se 
porte  au  culte  d'Aristée,  inventeur  de  l'apiculture  et  ] 
faiteur  de  l'ile  '.  Plusieurs  monnaies  de  Cens  portent 

cialement  le  peuple  de  la  Basse-Egypte,  p.  113-120. — Dans  nne  IÇotê  n 
preaion  du  mot  roi  par  lé  groupe  de  la  plante  et  de  Vaheiltè  (  Annal.  itSt 
archeol.f  1838,  t.  X,  p.  113  et  suiv.  ),  M.  R.  Lepsius,  le  savant  aeadémk 
Berlin,  cite  (  p.  121  ]  quatre  exemples  de  l'emploi  de  Tabeille  aWQ  le  i 
rot  et  de  reine.  Voir  Tav,  d'ag^,  G.  n«»  36,  37,  41, 42. 

»  Inedita  meiner  SammL,  pi.  I,  n"  30  à  34. 

*  Anton.  Liberalis,  Metam.^  XIX.  ^  Callimach.,  Hymti.  in  JoMm,  47. 

s  Voyage*  et  recherches  dane  la  Grèce,  1826,  in-fol.,  p.  113  et  sniv.,  ti 
n-  3,  6,  6, 8,10  ;  tab.  V,  1  ;  tab.  XXVII,  3,  4,  6,  9,  13. 15.— Cf.  Mionn 
p.  314, 19  et  swiY.;  SuyfL,  IV,  p.  374  et  aniv.,  n*«  64  à  171. 


ET      DISSERTATIONS.  &2l 

tête  barbue,  qui  doit  être  celle  de  Zei^-Aptararo:.  Il  est  à 
remarqaer  que  l'abeille  des  médailles  de  Cyrène,  si  bien 
expliquées  par  Duchalais  S  est  relative  au  même  mythe^ 
Aristée  étant  fils  de  Cyrène  et  d'Apdloft. 

NaXUS   IfISULA. 

N^  12.  Cantbare  ;  au-dessus ,  une  feuille  de  lierre. 

lievtn.  Carré  creux  peu  profond.  Fragment.  —  iR.  5. 
Poids,  6*^,92.  Globuleuse.  (PI.  XVIII,  n*  8.) 

N*  13.  Autre  fragment;  même  partie  du  type.  —  iR.  5. 
Poids,  S^'.Se. 

Nous  avons  reproduit  la  figure  d'un  de  ces  deux  frag- 
ments pour  donner  une  idée  de  l'état  dans  lequel  se  trouve 
^Q  certain  nombre  de  pièces  du  trésor  de  MytRahineh,  et 
^'^  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  néanmoins  reconnaître 
*^  type  qu'elles  portent, 

Chalgedon  Bithynij:. 

N*  14.  Taureau,  tourné  à  gauche;  sous  le  ventre,  une 


devers.  Carré  creux.  —  JR.  6.  Poids,  8",58.  (PI.  XVIII, 
»^*  9.  ) 

Le  coup  de  ciseau  que  cette  pièce  a  reçu  en  altère  la 
*ornie ,  mais  n'a  pu  en  modifier  le  poids. 

L'attribution  à  Chalcédon  de  Bitbynie  est  encore  conjec- 
turale; le  bœuf  que  nous  voyons  ici  ressemble  à  celui  qui 
^^  figuré  sur  les  monnaies  de  Paphos ,  classées  par  M.  le 

*  UiTiu  num.,  1852,  t.  XVII,  p.  334. 


/ 


h'it  M£MOIB£S 

duc  de  Luynes  \  sur  celles  de  Byzaoce,  attribuées 
Pylos  d^Élide,  tantôt  à  Pylos  de  Messéoie,  tantôt  i 
polis,  ville  problématique  de  Bithynie,  et  enfin  dt 
ment  expliquées  par  M.  Max.  Pinder  '. 

Mais  la  pièce  recueillie  à  Myt-Rabineh  ne  préseï 
les  pieds  du  taureau,  ni  le  dauphin  de  Byzance  dî 
pièces  connues  de  Chalcédon  La  rosace  placée  < 
jambes  de  Tanimal  offre  bien ,  au  premier  coup  d'à 
que  ressemblance  avec  la  croix  ansée  ou  plutôt  le 
de  Vénus  $  dont  l'anneau  est,  sur  certaines  p 
Paphos,  formé  d'une  série  de  perles.  Mais  ce 
qu'une  ressemblance,  et  les  deux  symboles  ne 
être  confondus.  Le  taureau ,  d?ns  la  même  attil 
celui  de  Chalcédon  (  celui  de  Byzance  lève  un  pi 
pose  sur  une  base  composée  de  deux  bari-es  horî: 
réunies  par  une  série  de  petites  lignes  verticales; 
peut-être .  un  motif  architectural  ;  mais  l'existei 
dauphin,  d'un  épi  employés  comme  supports, 
chercher  d'autres  symboles ,  et'celui  qui  se  présc 
d'abord  à  l'esprit,  est  le  peigne  de  tisserand  que  1 
peints  nous  montrent  si  fréquemment  parmi  les  u 
mystiques  ',  et  qu'on  remarque  dans  la  main  d'un 
ou  Baubo  de  terre  cuite,  fort  ingénieusement  expli< 
Millingen  *  ;  ustensile  qui,  ainsi  que  l'épi  dontnou 

*  iVtim.  et  inscript,  rypriotet^  pi.  III. 

*  Annal,  de  VInst.  arctUol.,  t.  VI,  1834.  p.  307.  Tac.  d'o^.  G. 

*  MilliD,  Description  des  rd«M  de  Canosa^  pi.  Y;  Monum.  inid,^  t. 
37.  —  Pajtseri,  Pict.  Elrutc.  in  ta<c.,  1. 1,  tab.  5 , 6,  64,  94;  U  II 

—  Tischbein,  Vases  d'Hamilton,  Napics,  t.  ]I«  pi.  34;  Florence,  t. 

—  F.  Uitechl ,  Annal.  delV  Inst.  archeoL,  1840 ,  t.  Xll ,  p.  171.  Tmt 

—  Gurgallo-Grimaldi,  Annal.  delV  Inst,  arch. ,  1843  .  t.  XV,  p 
^aog.  A. 

*  Annal,  delf  Imtl.  arch.,  1843,  t.  XV,  p.  72.  Tav,  d'agg.  E. 


ET   DISSERTATIONS.  &23 

d^    rappeler  la  présence  sons  les  pieds  du  bœuf  de  Chalcé- 
d<^fm,  se  rattache  an  culte  de  Cérès. 

Teos  lomjE. 

N*  15.  Tête  de  griffon,  tournée  à  gauche. 

Reters.  Carré  creux  contenant  un  astre  à  huit  rayons, 
aBik^ns un  entourage  quadrilatéral  composé  de  lignes  courbes. 
JR.  2.  Poids,  2«',10. 

N»  16.  Tête  de  griffon,  tournée  à  gauche. 

Revers.  Semblable  au  précédent.  Fragment.  —  JR.  2. 
■^^«=wds,  1»',40. 

Comparez  pour  la  fabrique  le  revers  de  ces  monnaies  à 
:«^s3ui  d'une  très-petite  pièce  d'argent  de  fort  ancien  style 
t  «-«^^ Allier  de  Hauteroche  attribuait  à  Smyme.  Cat.  Allier, 
^'M  •XV,nM7. 

Chius  Inscla. 

N*  17.  Sphinx  à  tête  de  femme,  tourné  à  gauche. 
Reters.  Carré  creux.  —  M.  3.  Très-globuleuse    Poids, 
^*^*',97.  Mionnet,  pi.  XLIV,  n*  2. 

Samus  Insula. 

N»18.  Tête  de  lion,  tournée  à  droite,  dévorant  une  proie. 

Rivers.  Carré  creux,  divisé  par  des  diagonales.  —  iR.  â- 
ï^oid»,  9«',97.  Très-globuleuse.  (PI.  XVIII ,  n*  10.  ) 

Une  faut  pas  confondre  cette  pièce  avec  celle  qui  est  gra- 
vée dans  le  recueil  de  planches  de  Mionnet, pi.  XXXVl,n'5. 
I-^  style  de  la  crinière  du  lion  et  le  carré  creux  diffèrent  beau- 
*^^p  dans  ces  deux  monuments.  Nous  croyons  devoir  Tat- 
^'^Uer  à  Samos,  considérant  son  type  comme  un  premier 
^^t  du  symbole  religieux  qui  se  montre  plus  tard  à  nous^ 


sur  des  pierres  gravées  phéniciennes,  non  moins 
tiques  que  les  images  de  terre  cuite  d'assez  grande 
sien  représentant  le  même  dieu,  découvertes  à  Toi 
M.  Peretié,  et  acquises  récemment  par  le  Musée  du 

Si  la  monnaie  d*argent  que  nous  attribuons  à  Sa 
comme  nous  avons  tout  lieu  de  le  croire ,  conter 
de  Polycrate ,  il  sera  permis  de  faire  observer  la 
qui  pouvait  être  facilement  établie  entre  ce  prin 
symbole  religieux  asiatique,  composé  d*un  anio 
puissant,  roXu/paTy'ç ,  manifestant  sa  force  en  i 
une  proie. 

Cos  Insula. 

W  19.  Crabe. 

/levers.  Creux  informe.  Fragment.  —  A.  1  1/: 
1^37.  (PI.  XVHI,  nMl.) 

Nous  sommes  porté  à  croire  que  le  crabe  avait 
relation  avec  le  nom  de  Cos.  On  trouve  ce  type  accc 
de  Tinscription  KHS  sur  des  monnaies  de  bronie  i 
tium,  attribuées  par  Avellino  à  Consilinum,  et  par] 
à  Consentia.  On  remarquera  que  pour  trouver 
pièces  le  nom  d'une  de  ces  villes  appartenant  à  1 
nrovince.  il  faut  admettre  Temnloi  de  Yannusfiar» 


/ 


ET   DISSERTATIONS.  425 

Avec  le  type  du  pagure.  M.  Franz  Streber  a  pensé  que  le 
c:r^£ibede  Gos  fait  allusion  aux  Cabîres,qui,  chez  les  Pélasges, 
ém.^mxent  appelés  Kflrpy.rvoi  '. 

Lycia  —  Phaselis  ? 

N*  20.  Tête  de  sanglier,  tournée  à  droite. 

Revers.  Carré  creux,  profond.  —  M.  2.  Poids,  3»% 97. 
&l^buleuse. 

<]h.  Fellows,  An  account  of  discoreries  in  Lycia ^  1841, 
I^ï»  •  XXXIV,  n**  3  et  4,  et  Coins  of  atêciént  Lycia ^  1855,  pi.  I, 
a  •^    2  :  deux  monnaies  trouvées  à  Telmessus. 

Le  sanglier  se  voit  sur  un  assez  grand  nombre  de  mon- 
ii^^es  à  légendes  lyciennes  (Fellows,  Coins  of  anc.  iyr., 
I^ï-  1,3,  4,  5;  IX,  1  à  7;  XI,  10  ;  XII,  4,  5;  XIII,  7,  8  ;  XIV, 
*^    «;XV,3,  4;XVI,2,  3). 

la  partie  antérieure  du  même  animal  est  représentée  sur 
*^s  monnaies  de  Pbasélis  du  plus  ancien  style  (C.  Combe, 
*^^^4j.  Hunier^  tab.  43,  n*»  8,  9,  10  ,  didrachmes  dont  la 
I^^^ce  trouvée  à  Myt-Rahineh  peut  être  une  division,  avec 
^^l)e  réduit  suivant  l'usage. 

Amathus  CvPRr. 

N*  21.  Bélier  coucbé,  à  gaucbe. 

Revers.  Flan  lisse. — JR.  4.  Poids,  11«',25.  Très-globuleuse. 

Duc  de  Luynes ,  Numismatique  cypriote^  pi.  I,  n"  8. 

Cyrène. 

N*  22.  Graine  de  silphium,  avec  boutons. 

Revers.  Carré  creux,  divisé  par  une  large  bande  en  relief. 

*  Nwm.  ntnmulla  gnrc.  mu$.  Beg.  Barorix,  1833,  p.  243. 


/ 


&2()  MÉMOIRES 

—  iR.  5,  Fragment.  Poids,  13«*,15.  Très-globuleo» 
(PL  XVIII,  n«  12.) 

N*"  23.  Deux  graines  de  silphiuin  placées  l'une  à  côté  i 
l'autre;  au-dessus  et  au-dessous,  des  fleurs  de  la  plante. 

Revers.  Carré  creux.  —JR.,  6.  Fragment.  Poids,  li^^M 
Très-globuleuse.  (PI.  XVIII,  nM3.) 

Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  précieuses  monnaies  ne  s 
trouve  décrite  dans  la  monographie  préparée  avec  tant  d 
soin  et  de  persévérance  par  notre  regretté  ami  C.  Falbc 
continuée  par  Lindberg,  et  publiée  enfin  tout  récemmec 
par  M.  Lûdwig  Muller,  qui  a  profité  des  additions  fournie 
par  M.  l'abbé  Cavedoni  et  par  Duchalais. 

Il  est  à  remarquer  que  toutes  les  monnaies  dont  net: 
venons  de  donner  la  description  appartienneût  à  un  espac 
géographique  très-circonscrit.  11  semble  qu'elles  aient  et 
rapportées  en  Egypte  par  quelque  négociant  qui  avà 
fait  le  tour  de  la  mer  ^gée  avec  un  de  ces  vaisseaux  pb< 
niciens  qui,  au  dire  d'Hérodote,  transportaient  des  mai 
chandises  d'Egypte  et  d'Assyrie  sur  les  côtes  de  la  Grèce 

Nous  n'aimons  pas,  nous  devons  l'avouer,  les  roman 
archéologiques,  et  nous  ne  voudrions  pas  tirer  de  l'exame 
d'une  poignée  de  médailles  le  récit  d'un  périple  de  fau 
laisie. 

Mais  nous  ne  pouvons  cependant  négliger  de  constate 
un  fait  qui  peut  avoir  des  conséquences  utiles  pour  1 
classification  des  monuments.  Que  le  lecteur  veuille  don 
bien  suivre  pour  un  instant  sur  une  carte  du  monde  antiqo 
l'itinéraire  que  nous  allons  indiquer. 

Parti  de  Tyr,  le  vaisseau  touche  d'abord,  en  Cypre,  no 
loin  (ï Amathonle ,  à  Cittium  probablement,  puis  au  po 
de  Phaselis,  sur  la  côte  de  Lycie  ;  de  là  il  se  rend  aux  IL* 
de  Co$  et  de  Samos^  s'arrête  au  port  de  Téos^  aborde 


ET    DISSERTATIONS.  427 

ririo,  longe  les  côtes  de  rHellespoDt  et  de  la  Propontide 
jusquà  Chalrédon,  revient  sur  le  rivage  de  la  Thrace  à 
Maronée ,  entre  dans  un  port  de  la  Macédoine,  suit  l'Euripe 
et  aborde  en  Eubée  au  port  à*Êiéiriej  double  le  cap  Sunium 
et  traverse  le  golfe  Saronique  jusqu'à  l'isthme  de  Corinthe, 
puis  fait  escale  aux  Iles  d'y^jm*»,  de  Céoê^  de  Naxns^  pour 
arriver  enfin  en  Cyrénalqne.  On  verra  que  chacune  des 
localités  que  nous  venons  d'énuinérer  se  trouve  représentée 
daos  la  trouvaille  de  Myt-Rahineh  et  c'est  bien  là  la  mar- 
che que  devait  suivre,  au  vi*  siècle  avant  notre  ère ,  un  de 
^^  habiles  marchands  qui  rendaient  la  mer  JEgée  tribu- 
^*ire  de  leur  activité.  Parvenues  en  Egypte,  conirée  où  la 
monnaie  n'était  pas  en  usage,  les  pièces  d'argent  que  nous 
^▼ons  décrites  auront  été  livrées  à  un  orfèvre  qui  s'est  hâlé 
^c  les  défigurer  à  coups  de  ciseau,  suivant  une  habitude 
^  est  vraisemblablement  naturelle  chez  l'homme,  puisque 
'^os  avons  encore  vu  pendant  longtemps  les  orfèvres  bri- 
^  les  monnaies  anciennes  qu'ils  avaient  achetées,  bien 
V^^  cette  opération  ne  soit  d'aucune  utilité  pour  la  fonte, 
surtout  lorsqu'elle  s'applique  à  des  monnaies  d'un  très- 
P^t  module. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  coup  d'ceil  jeté  sur  la  carte,  à  notre 
prière,  aura  son  utilité. 

Nous  sommes  accoutumés,  depuis  Pellerin  et  Eckhel,  à 
'^'ïger  les  méilailles  antiques  suivant  l'ordre  géographique 
"6  Strabon.  Loin  de  nous  K  pensée  de  rien  changer  à  cette 
''^thode,  qui  est  excellente,  et  qui  donne  aux  ouvrages  de 
'^oniismatique  une  urjité  de  disposition  très-propre  à  faciliter 
les  recherches  ;  mais  il  résulte  de  nos  habitudes  d'antiquaires- 
^^  nous  considérons  à  de  trop  grandes  distances  les  moiiu- 
"^^nts  fabri(iués  dans  des  pays  fort  voisins;  et  il  n'est  pas 
^^uvais,  pour  bien  comprendre  certains  rapports  de  style 


sont  pas  moins  situées  dans  la  même  région  mari  liai 
Ce  n'est  certainement  pas  sans  élonnement  qu'on 
remarqué  l'enfouissement  de  laielier  d'un  orfèvre 
une  localité  qui  u*a  pas  été,  comme  Pompéi  ou  Hercula 
tout  à  coup  ensevelie  par  l'éruption  d'un  volcan. 

Toutes  les  monnaies  retrouvées  à  Myt-Rahineb  da 
état  qui  prouve  qu'elles  avaient  à  peine  circulé»  a 
tiennent  au  \V  siècle  avant  notre  ère.  A  cette  ép 
rÉgypte  n'a  pas  été  subitement  abandonnée  par  sa  ] 
lation.  Des  monnaies  grecques  et  asiatiques  portan 
symboles  étrangers,  n'ont  pu  être  déposées  dansai 
pulture  égyptienne  ;  c'eût  été  une  offense  aux  idées 
gieuses  alors  encore  dans  toute  leur  vigueur.  Biais 
dans  l'histoire  du  vr  siècle  un  grand  fait  qui  nous  i 
fournir  l'explication  que  nous  cherchons.  L'invasia 
Perses  en  Egypte  répandit  dans  ce  pays  une  imroeiu 
reur  ;  chacun  dut  songer  à  cacher  ce  qu'il  possédait  d 
cienx;  les  batailles,  les  troubles,  les  violences  qui  ] 
dèrent  ou  suivirent  la  conquête,  firent  périr  un  \ 
nombre  d'habitants,  et  l'orfèvre  de  Myt-Rahineb  aun 
porté  avec  lui  dans  la  tombe  le  secret  de  sa  cachette. 
Il  est  à  regretter  que  l'empressement  qu'il  a  mis  ; 
tiler  des  monuments  étrangers  ait  réduit  à  un  si  petit 
bre  les  précieuses  monnaies  tombées  entre  ses  mdos 


£T   DISSERTATIONS.  A  29 


DISSERTATION 


LES  MONNAIES  FRAPPÉES  A  LUCQUES  PENDANT  LA 
DOMINATION  DES  FRANCS  ADX  VIII*  ET  IX*  SIÈCLES. 

(  PI.  XIX.) 


Le  comte  Jules  Cordero  de  San-Quintino  avait,  avec  le 
plus  grand  soio,  réuni,  à  la  demande  de  FAcadémie  royale 
^6  Lucques.  tous  les  types  de  la  monnaie  de  cette  ville  qu'il 
^Tait  pu  retrouver  dans  les  diverses  collections  d'Europe, 
cju'il  fit  graver  en  27  planches,  et  livra  au  public  en  1843. 
Cet  antiquaire  publia  successivement  deux  mémoires  dans 
lesquels  il  s'est  proposé  de  déterminer  en  premier  lieu  l'ori- 
gine de  l'atelier  de  Lucques,  et,  en  second  lieu,  d'expliquer 
quelques  tiers  de  sou  de  la  collection  de  notre  Académie 
loyale,  qui  paraissent  antérieurs  au  règne  des  Longbards  ; 
enfin,  d'autres  pièces  frappées  par  les  chefs  de  cette  nation. 
J'ignore  pour  quelle  raison,  après  avoir  accompli  la  par- 
tie la  plus  difficile  de  la  tâche,  San-Quintino  abandonna  le 
travail,  laissant  sans  aucune  explication  les  monnaies  des 
Francs,  des  rois  leurs  successeurs  dans  le  royaume  d'Ita- 
lie, et  la  suite  des  produits  de  notre  zecca  qui  avait  été 
l'objet  de  ses  études.  Celte  lacune  était  particulièrement 
regrettable  en  ce  qui  concerne  les  monnaies  carlovingien- 

1861.—  6.  30 


postérieures  aux  Longbards,  j'aurais  rencontré  d'il 
diflScultés ,  et  j'aurais  dû  renoncer  à  une  entrep: 
lourde.  Aussi  me  bomerai-je  à  exposer  quelques- 
notions  les  plus  importantes  qu'il  m'a  été  permis 
cueillir  touchant  notre  atelier,  plutôt  pour  m'exen 
vec  l'espoir  d'être  utile  aux  habiles  connaisseurs. 

Dans  cette  intention,  j'ai  examiné  quelques  col 
tant  à  Lucques  qu'au  dehors,  consultant  aussi  les 
qui,  en  traitant  de  la  numismatique,  ont  parlé,  a 
en  passant,  de  notre  atelier;  j'ai,  par-dessus  tou 
les  planches  de  San-Quintino,  qui  en  raison  du 
du  soin  avec  lesquels  elles  reproduisent  les  types 
maintenant  un  puissant  secours  à  qui  veut  c 
nos  antiquités.  Joignant  à  cela  les  renseignemi 
j'ai  pu  me  procurer,  et  compulsant  les  chartes, 
parti  les  idées  acquises  en  divers  chapitres,  pc 
de  facilité  et  pour  n'avoir  plus  à  recomuiencer 
cherches  dans  les  musées  et  dans  les  textes.  Ce 
au  reste,  était  principalement  destiné  à  me  » 
guide  pour  classer  les  types  que  je  possède  en  Doni 
fort  considérable.  On  voudra,  j'espère,  me  tenii 
moins  du  résultat  que  de  la  bonne  volonté  avec  laq 
abordé  une  entreprise  au-dessus  de  mes  forces. 


£T   DISSERTATIONS.  A31 

QiAi&:itiiio,  qui  établissent  si  dignement  la  première  partie  de 
riiistoire  de  l'atelier  lucquois. 

A.près  que  Charlemagne,  ayant  pris  la  ville  de  Pavie  et 

f3,it.  prisonnter  le  roi  Didier,  eut  mis  fin  à  la  domination  des 

L^onghards  en  Italie,  les  habitants  de  Lucques  durent  se 

soiunettre  à  son  autorité,  et  changer  le  type  de  leur  mon- 

iiaLie«  Mais,  se  bornant  à  substituer  le  nom  du  nouveau 

maître  à  celui  de  Didier,  ils  ne  modifièrent  ni  le  titre  du 

métstl,  ni  le  poids,  ni  le  style  des  coins. 

Les  monnaies  qui  furent  alors  fabriquées  sont  encore 
itojourd'hui  fort  rares,  même  dans  les  collections  les  plus 
célél>res^  de  sorte  que  malgré  les  recherches  continuelles 
faites  par  les  numisouitistes  les  plus  experts,  on  n'est  ar- 
rivé à  réunir  que  le  petit  nombre  de  types  gravés  dans  les 
pl&nches  III  et  IV  de  San-Quintino,  c'est-à-dire  dix  variétés 
^n  douze  ou  quinze  exemplaires  au  plus,  dont  quatre  à  Pa- 
rts, cinq  à  Lucques  (trois  dans  ma  collection),  et  le  reste 
^^^s^miné,  un  par  un,  dans  les  plus  grands  musées.  On  peut 
donc  supposer  que  la  zecca  de  Lucques  a  continué  seule- 
^^^^t  pendant  un  petit  nombre  d'années  à  travailler  avec 
son  activité  primitive,  probablement  jusqu'à  ce  que  Char- 
leniagne  eût  publié  ses  règlements  monétaires  pour  obvier 
^Ux  graves  inconvénients  qui  s'étaient  produits  dans  les 
^Ombreuses  officmes  de  ses  États  après  77A. 

La  première  loi  franque,  relative  à  la  monnaie  que  nous 
Renaissions,  remonte  au  temps  du  roi  Pépin,  et,  suivant 
le  savant  auteur  de  la  vie  de  Charlemagne,  à  la  moitié  du 
^'«•âècle*. 

Nous  ne  devons  pas  nous  étonner  de  ce  que  Charlema- 
8ûe,  dont  le  génie  avait  grandement  devancé  son  siècle, 

.  i^  *  G;.iliard,  Ilût.  de  CharUmogne,  t.  II ,  p.  102. 

\ 

\ 
\ 


À 


A32  MÉMOIRES 

créant  tant  d'institutions  utiles  qui  depuis  ont  servi  à  c 
velopper  la  civilisation  universelle,  ait  dirigé  son  attenti 
sur  la  fabrication  des  monnaies;  car  s'il  fut  un  grand  < 
pitaine,  il  ne  fut  pas  un  moins  éminent  législateur,  tel 
ment  que  la  France,  reconstituée  par  lui  sous  une  for 
moins  barbare,  et  lancée  dans  la  voie  du  progrès,  ne  tv 
pas  à  se  trouver  à  la  tête  des  nations  les  plus  cultivées, 
plus  civilisées. 

C'est  pourquoi,  afin  de  mieux  commenter  les  monna 
de  Lucques  de  l'époque  de  cet  empereur,  je  crois  devoir  d 
bord  indiquer  les  lois  qui,  sous  son  règne  et  sous  ses  si 
cesseurs  en  Italie,  régirent  les  ateliers  de  leur  vaste  ei 
pire  ;  lois  à  l'aide  desquelles  on  comprendra  aisément 
nature  et  la  marche  des  réformes  qui  s'accomplirent  si 
cessivement  dans  les  espèces  qui  furent  émises  àdiver; 
époques  et  sous  des  formes  variées. 

La  première  des  lois  promulguées  par  Charlemagne,  c 
puis  qu'il  était  devenu  maître  de  l'Italie,  est  datée  de  Frai 
fort,  794 ,  et  il  en  ressort  déjà  clairement  la  volonté  qu' 
vait  le  législateur  de  mettre  un  frein  aux  graves  abus  c 
s'étaient  introduits  dans  cette  partie  de  l'économie  poli 
tique,  principalement  depuis  779,  Établissant  des  r^ 
plus  positives  que  les  précédentes  à  l'égard  de  la  frappe 
la  monnaie,  il  prescrit  :  «  Qmd  in  otnni  loco^  in  omni  n 
taie  et  in  omni  empturio  similiter  vadavt  isti  nori  drnarii, 
accipientur  ab  omnibus,  si  autem  nonwiis  noslri  nomin 
habenty  ettnerosunl  argenio,  plemter  pensantes  \n  De  ce 
manière  le  poids  et  le  titré  du  métal  étant  déterminés* 
nomisma  nominis  nnstri  était  devenu  une  condition  essi 
tielle  de  l'authenticité  des  monnaies.  En  79(5  cette  loi 

i  Baluze,  Capitul.,  t.  I,  col.  26-t. 


ET   DISSERTATIONS.  ASS 

ai>l>liquée  à  l'Italie,  et  c'est  justement  parce  qu'elle  rap- 
pelle le  nomisma  noslri  nominis  que  l'on  en  revint,  dana 
not^re  pays,  à  l'emploi  des  monogrammes,  déjà  introduits 
pstxr  les  Goths  et  supprimés  par  les  Longbards  ;  signes  dont 
les    princes  se  servirent  à  cette  époque  pour  marquer  leur 
pix>pre  monnaie.  Cependant  il  semble  que  Charlemagne 
n'stvait  pas  encore  atteint  le  but  qu'il  se  proposait,  car  nous 
le  voyons,  en  805,  donner  à  Thionville  un  autre  décret  par 
lecfuel  il  inaugure  un  nouveau  mode  d'émission  monétaire, 
s^ex primant  ainsi:  «  Volumus  ul  in  nullo  alto  loco  moneia 
S^c^Mtiatur  nisi  in  pàtatio  noslro ,  sive  ad  curlem ,.  et  t/Ii 
de^ê^rii  Palalini  merceniur^  et  per  omnia  discurranl\  » 
Apr^ës  une  telle  loi,  on  se  demande  naturellement  si  tous 
les  ateliers  existant  jusqu'alors  dans  toute  l'étendue  de  l'em- 
pire de  Cbarlemagne  demeurèrent  indistinctement  fermé». 
L.'examen  de  cette  question  serait  d'autant  plus  intéres- 
^nt  qu'on  ne  manque  pas,  bien  qu'elles  soient  rares,  de 
Monnaies  de  Charlemagne,  de  Louis  le  Débonnaire  et  de- 
Cba.rles  le  Chauve,  qui,  sur  une  de  leurs  faces,  portent  le 
iiom  d'un  atelier  italien,  comme  Lucques,  Pavie,  Parme  et 
'Ma.n.  A  cet  égard,  le  comte  de  San-Quintino ,  brillant 
fl^Qcibeau  de  la  numismatique  italienne,  dans  un  de  ses 
Dïénaoh^s  intitulé  :  Osfervazioni  critiche  intorno  alla  origine 
^  €MtichUà  délia  mon*  ta  veneziana  (Torino,  18A7,  p,  13), 
'■^soutla  question,  et  d'un  seul  coup  supprime  les  doutes 
®o  déclarant  qu'après  la  loi  de  805,  ni  sous  Charlemagne, 
°'  Bous  aucun  prince  de  sa  race,  on  ne  battit  plus  mon- 
^îe  dans  les  ateliers  italiens.  Quant  aux  monnaies  de  ces 
P^^Oces,  qui  portent  le  nom  de  plusieurs  villes  d'Italie,  il 
^^*i  débarrasse  sans  l'appui  d'aucun  document,  en  obseï: 

^*«rtz,  Hût,  Germ,  monum,,  t.  I,  p.  34. 


i 
\ 

\ 


hH  MÉMOIRES 

vant  seulement  a  que,  bien  que  depuis  cette  loi  tous  les 
ateliers  italiens  fussent  demeurés  fermés,  et  que  lamomuûe 
fût  frappée  uniquement  dans  le  palais  impérial,  cependant 
on  y  fabriquait  des  deniers  avec  le  nom  des  Tilles  qui  depuis 
un  temps  très-reculé  avaient  joui  du  privilège  monétaire.  » 

Quoiqu'il  soit  loin  de  ma  pensée  de  critiquer  qui  que  ce 
soit ,  et  encore  moins  l'opinion  toujours  respectable  du  sa^ 
vant  numismatiste,je  proposerai  cependant  quelques  obser- 
vations et  quelques  doutes  qui  ressortentd'un  mémoire  plein 
d'érudition  que  le  très-savant  M.  l'abbé  Domenico  Barsoc- 
chini,  membre  de  l'Académie  royale  de  Lucques,  a  lu  à 
cette  compagnie  (suivant  lui,  plutôt  pour  donner  une  im- 
pulsion à  cette  partie  de  la  numismatique  que  pour  conti- 
nuer l'eeuvre  commencée)  dans  la  séance  publique  du 
12  décembre  1850  ;  observations  et  doutes  qui,  à  mon  avis, 
méritent  d'être  Inen  appréciés,  car  ils  sont  fondés  sur  Fhis* 
toire  de  ces  temps  et  sur  des  documents  irréfragables. 

Le  concours  de  l'unanime  opinion  de  beaucoup  d'hom- 
mes très-versés  dans  cette  science  sersdt  en  soi  seul  un 
secours  suffisant  pour  corroborer  ma  manière  de  voir  ;  d'au- 
tant qu'avant  que  le  travail  de  San-Quintino  eût  vu  le  jour 
personne  n'avait  jamais  songé  à  émettre  une  opinion  diSifr- 
rente  de  celle  que  j'adopte  ;  au  contraire,  j'ai  reconnu  que 
l'opinion  suivie  par  M.  Tabbé  Barsocchini  et  par  moi  avait  été 
accueillie  par  les  numismatistes  les  plus  distingués  de  notre 
temps,  qu'à  diverses  reprises  j'ai  cru  devoir  consulter  à  oe 
sujet. 

Pour  obvier  au  manque  de  documents  contemporains, 
j'aurai  recours  aux  principes  les  plus  conformes  à  la  science 
et  à  la  connaissance  de  l'histoire,  et  je  me  permettrai 
quelques  réflexions  qui  pourront  faciliter  la  solution  de  ce 
problème  ardu. 


KT   DISSEBTATIONS.  A36 

Je  ferai  d'abord  remarquer  que,  de  même  qu'on  n'a  pas 
souvenir,  pour  ainsi  dire,  d'un  souverain  qui  ait  tenu  le 
sceptre,  même  pour  quelques  jours,  sans  avoir  voulu 
user  du  droit  régalien  de  battre  monnaie ,  soit  par  pru- 
dence politique,  soit  par  désir  de  laisser  des  monuments  de 
son  existence,  de  même  il  n'est  pas  probable  que  les  rois 
d'Italie  qui  se  succédèrent  dans  le  gouvernement  de  cette 
belle  contrée,  indépendants  comme  ils  l'étaient  de  toute 
puissance  étrangère,  aient  voulu  recourir  aux  ateliers  fran- 
çais pour  frapper  leurs  monnaies.  Ils  ne  l'eussent  pas 
voulu  lorsqu'ils  étaient  en  guerre  avec  la  Frauce,  et  ils  ne 
pouvaient  y  consentir  quand  ils  étaient  en  paix,  d'autant 
qu'ils  étaient  pleinement  en  droit  de  profiter  de  cette  ré- 
gale importante  sans  s'écarter  des  institutions  de  leurs  au- 
gustes ancêtres,  les  villes  italiennes  qui  possédaient  un  pa- 
lais royal  étant  nombreuses.  Il  est  donc  certain  pour  moi 
que  toutes  leurs  monnsûes  portant  un  nom  de  ville  italienne 
sont  frappées  en  Italie  et  non  en  France. 

Il  me  semble  qu'on  ne  saurait  mettre  en  doute  que  les  ex- 
pressions du  capitulaire  de  805  :  Nisi  inpalatio  nostro  ne 
peuvent  s'entendre  qu'en  ce  sens  qu'il  était  interdit  de  bat- 
tre monnaie  dans  tous  les  ateliers  des  villes  de  l'empire  où 
De  se  trouvait  pas  de  palais  royal  ;  car  Cbarlemagne  habi- 
tant alternativement  Aix-la-Cbapelle,  Paris  et  Francfort,  il 
n'est  pas  présumable  qu'à  chaque  changement  de  résidence 
il  ait  voulu  transporter  avec  lui  l'atelier  et  les  monnayeurs, 
tandis  qu'il  existait  une  officine  monétaire  dans  toutes  les 
cités  où  il  possédait  un  palais.  Si  l'on  voulait  donner  aux 
mots  leur  sens  le  plus  rigoureux,  ne  pourrait-on  pas  ad- 
mettre que  quelques  villes,  par  l'efiFet  d'une  souveraine  mu- 
nificence, ont  été,  dans  la  suite,  favorisées  par  une  loi 
spéciale?  Ni  le  raisonnement  ni  les  documents  ne  s'y  oppo- 


frapper  monnaie  là  où  cela  leur  convenait  le  mieux, 
mément  au  capitulaire  de  805,  dans  lequel,  unsi  q 
l'avons  vu,  l'empereur  Gharlemagne  se  réserve  d*i 
ce  privilège  quand  il  le  jugerait  opportun.  Si  cettfl 
sation  fut  concédée  par  Lothaire  et  Louis  II  à  f 
villes,  naturellement  elle  a  pu  l'être  aussi  par  Char 
même,  par  Louis  le  Débonnaire  et  par  Charles  le  C 
d'autres  villes  d'Italie  dont  les  monnaies,  portant  1 
de  ces  princes,  existent  encore,  bien  que  par  suite  > 
gligence  des  hommes  ou  de  quelque  funeste  accide 
ne  puissions  plus  aujourd'hui  retrouver  les  documei 
qui  le  constatent. 

San-Quintino  ne  semble  pas  avoir  été  d'avis  < 
alors  que,  dans  son  Mémoire  sur  les  monnaies  des 
marquis  de  Toscane  à  LucqueSj  il  éerivût,  à  pn 
monnaies  de  Charles  le  Chauve  :  «  Tel  est  juste 
type  que  présentent  presque  toutes  les  moanues  i 
circulation  après  Gharlemagne  par  les  diverses 
impériales  d'Italie  et  de  France  pendant  les  ix*,  V  i 
clés.  » 

Si,  pendant  ces  siècles,  les  ateliers  situés  aussi 

Aarh  nn'siii  HpI^   Hpq   ÀinPA  nnt  4&.mÎQ  dp.Q  mnnnuîtf 


ET  DI8SEBTATION8.  A 37 

bien  cUdr  que  ces  ateliers  n'étaient  pas  fermés,  et  qn'on  y 
frappait  des  espèces. 

Mais  sans  trop  subtiliser  à  l'aide  de  suppositions  plus 
ou  moins  probables,  nous  savons  aussi  avec  certitude  que 
sous  Charlemagne  on  contractait  dans  les  actes  en  sous  de 
Lucques,  de  Pavie,  de  Milan  ;  donc  ces  villes  avaient  leur 
monnaie  particulière,  donc  leurs  ateliers  étaient  ouverts. 
<)u*on  ne  dise  pas  que  dans  ces  actes  on  a  entendu  men- 
'tionner  des  monnaies  frappées  avant  la  loi  de  805,  car  on 
ne  peut  admettre  que  la  monnaie  fabriquée  par  Charlema- 
gne lui-même,  et  dans  ses  palais,  fût  inférieure  à  celle  que 
les  villes  italiennes  avaient  battue  avant  1  ordonnance,  ou 
que  les  contractants  eussent  la  bonhommie  d'accepter  dans 
leurs  stipulations  des  espèces  inférieures  à  celles  qui  avaient 
cours. 

Un  autre  motif  pour  admettre  qu'à  Lucques  on  n'a  jamais 
cessé  de  battre  monnaie,  c'est  l'existence  parmi  nous,  a 
cette  époque,  de  la  profession  de  monnayeurs,  ainsi  que 
l'attestent  leurs  noms  qui  paraissent  souvent  dans  les  actes. 
Par  exemple ,  dans  une  charte  de  796 ,  nous  voyons  : 
Parisindi  munilario  leslis;  dans  une  autre,  de  780  :  Agi- 
fridi  munitario  ;  dans  une  troisième,  de  798  :  Riprando  mti- 
nUario  inHs  \  et  ainsi  de  suite. 

Il  ne  faudrait  pas,  pour  infirmer  la  valeur  de  ces  obser- 
vations, s'appuyer  sur  cette  assertion  que  «  ces  monnaies  se 
rencontrent  en  France  plus  facilement  qu'en  Italie.  »  Je 
conviens  qu'après  de  grandes  recherches  c'est  dans  le  pre- 
mier de  ces  deux  pays  que  je  me  suis  procuré  les  pièces 
qui  font  partie  de  ma  collection.  De  ce  fait  généralement 

*  Mtmor.  9  docum.  da  ierrire  alla  itor.  di  Lucca  ,  pubbl.  dell*  I.  c  R.  Accad. 
Luccheêe,  t.  V,  p.  2,  doc.  CIV,  *E,  30;  doc.  CLXXVII .  *C,  5,^. 
iocœLXXI,  *E,78. 


A  38  MÉMOIBES 

accepté  comme  un  axiome  par  les  numismalistes,  on  a  cr 
pouvoir  conclure  que  les  monnaies  ont  été  frappées  là  o 
on  les  recueille  le  plus  fréquemment.  Gomme  on  ne  décov 
vre  pas  chez  nous  ces  monnaies  carlovingiennes,  qu'il  n'e 
pas  difficile  de  se  procurer  en  France,  il  en  résultera 
qu'elles  ont  été  émises  là  et  non  en  Italie.  Néanmoins,  j 
ne  considère  pas  cette  opinion  comme  suffisamment  fonda 
parce  que  les  monnaies  des  Francs,  frappées  en  Italie,  do 
Yent  nécessairement  se  trouver  en  France;  car  si  noi 
tournons  les  yeux  pour  un  instant  vers  ces  temps  malliei 
reux,  nous  n'apercevons  que  massacres,  pillages  et  tribir 
trop  souvent  imposés  aux  misérables  populations  italien» 
par  les  tourbes  indisciplinées  de  barbares  conquérants  ;  i 
si  encore,  après  de  si  grandes  calamités,  il  était  resté  quel 
ques  richesses ,  n'avons-nous  pas  eu  à  supporter  les  terri 
blés  incursions  des  Avares,  qui,  avides  seulement  d*or  < 
d'argent,  tombèrent  à  plusieurs  reprises  sur  notre  payi 
exigeant  les  plus  lourdes  rançons  pour  nous  débarrasser  c 
leurs  dévastations  7  Et  que  dirons-nous  de  la  main  sacr 
lége  de  ce  funeste  roi  Hugues,  qui  s'appesantissantsi  loo( 
temps  sur  nous,  et  n'épargnant  pas  même  les  objets  coi 
sacrés  au  culte  de  Dieu,  épuisa  nos  malheureuses  contre 
par  toutes  sortes  d'impôts,  accumulant  les  richesses  eten 
portant  tout  avec  lui  en  Provence  ? 

Et  n'en  fut-il  pas  de  même  de  Louis  III  et  de  Roddpb 
qui  du  midi  de  la  France  fondirent  sur  l'Italie  pour  la  d< 
miner  avec  leur  soldatesque  qui  semble  n'avoir  été  da 
tinée  qu'à  faire  du  butin,  et  qui  n'épargnait  rien  de  ce  qi 
pouvait  tomber  de  précieux  entre  ses  mains  ?  Après  toi 
cela,  j'en  viens  à  me  demander  s'il  n'y  a  pas  là  des  raiaoi 
suffisantes  pour  expliquer  comment  aujourd'hui  les  moi 
oaies  carlovingiennes  se  rencontrent  plus  facilement  dai 


ET  DISSERTATIONS.  ài9 

h  France  méridionale  qu'en  Italie.  C'est,  je  le  répète,  non 
parce  que  la  première  de  ces  contrées  fut  leur  patrie, 
mais  parce  qu'enlevées  à  nos  provinces,  elles  furent  trans- 
portées par  des  barbares  qui  les  entassaient  dans  leurs 
trésors  publics  et  particuliers  ^ 

J'ajoute  que  si  la  loi  de  805,  suivant  laquelle  toutes  les 
monnaies  devaient  être  frappées  dans  le  palais  impérial,  ne 
pouvdt  être  interprétée  d'une  manière  plus  large  que  par 
(mots  :  a  Partout  où  il  y  aun  palais  impérial,il  y  a  un  ate- 
r,  •  ce  n'est  pas  dans  le  midi  de  la  France  qu'on  devrait 
aujourd'hui  retrouver  les  monnaies  dont  nous  nous  occu- 
pons, mais  bien  dans  les  duchés  du  Bas-Rhin,  et  dans  les 
environs  d'Aix-la-Chapelle,  qui  était  la  capitale  que  Ghar- 
lemagne  s'étdt  choisie. 

Enfin,  pour  mieux  montrer  l'existence  non  interrompue 
de  la  fabrication  des  monnaies  parmi  nous,  j'aurai  recours 
i  on  autre  argument  important  fourni  par  la  comparaison 
tes  types,  qui  sont  de  nature  à  nous  guider  dans  la  recher- 
che de  la  vérité.  En  étudiant  les  monnaies  carlovingiennes, 
eu  reconnaît  clairement,  entre  le  type  de  nos  monnaies  et 
œlui  des  pièces  frappées  par  delà  les  monts,  une  différence 
^eqne,  sans  avoir  recows  à  une  autre  autorité,  je  n'hé- 
L        citerais  pas  à  les  attribuer  à  deux  contrées.  Le  mode  de 
pagure,  le  dessin,  la  frappe,  diffèrent  totalement.  J'ajoute 
i        T^e  k  titre  du  métal  diffère  essentiellement  aussi  ;  car  l'es- 
P       8^  de  qnelques  deniers  de  Charles  le  Chauve,  fabriqués  à 

^  *  On  laît  que  le  trésor  recueilli  à  Saint-Paul-hors-des-Murs,  à  Rome,  conte- 

E  *^  oneertun  nombre  de  monnaies  de  seigneurs  français,  de  Savoie,  de  Gc- 

iiè?e,dont  ancnn  exemplaire  n'a  encore  été  découvert  dans  les  pays  où  ellc.^ 
«Ht  été  émises.  —  M.  R,  Chalon  a  constaté  que  certaines  monnaies  très-an- 
ciennes des  comtes  de  Namur  n'ont  été  trouvées  qu'en  Russie,  en  Suède,  et 
<n  Danemark.  On  peut  en  dire  autant  de  quelques  monnaies  de  Lorraine. 


hhO  MÉMOIRES 

Melle,  en  Poitou  (légende  METVLLO),  a  montré  que  ce 
monnaies  ne  contenaient  que  1 0  1/2  douzièmes  de  fin,  tai 
dis  que  œlles  du  même  prince,  frappées  en  Italie,  ne  s'a 
baissent  pas  au-dessous  de  11  douzièmes  \  J'aipuréoen 
ment  faire  la  même  expérience,  à  Florence,  chez  le  très 
obligeant  Père  Tonini,  lecteur  des  moines  servîtes  et  intel 
ligent  amateur  de  médailles  antiques,  et,  après  l'examen  1 
plus  soigneux,  j'ai  obtenu  les  mêmes  résultats.  Et  â  k 
comparaisons  de  cette  nature  peuvent  être  invoquées 
l'appui  de  nos  recherches,  il  me  sera  permis  d'en  condui 
«que  toutes  les  monnaies  frappées  par  Charlemagne  et  {M 
ses  descendants,  pendant  le  cours  des  ix*  et  x*  siècles,  i 
qui  portent  non-seulement  le  nom  de  Lucques,  mais  encoi 
celui  d'autres  villes  italiennes,  ont  été,  sans  se  trouver  c 
désaccord  avec  la  loi  de  805,  fabriquées  en  Italie  et  ne 
en  France.  » 

Après  avoir  ainsi  mis  d'accord  les  documents  écrits  et  1( 
faits  historiques,  il  nous  reste  à  les  appliquer  aux  mom 
ments  numismatiques  que  nous  connaissons  par  la  gravur 
ou  que  nous  possédons  en  originaux.  Parmi  les  monnaies  ( 
Lucques  appartenant  à  la  domination  des  Francs,  nous  s 
gnalerons  d'abord  un  tiers  de  sou  d'or  pâle,  conservé  dai 
la  collection  Trivulzio  de  Milan  (pi.  XIX,  n«  l),qu'apr 
un  examen  minutieux  je  considère  comme  un  des  premie 
qui  aient  été  frappés  à  Lucques  immédiatement  après 
destruction  de  la  puissance  longbarde;  me  fondant  noi 
seulement  sur  la  merveilleuse  ressemblance  qui  exis 
entre  cette  monnaie  et  les  tiers  de  sou  portant  les  noms  d( 
derniers  rois  de  cette  nation,  mais  encore  sur  l'opinion  io 
posante  de  Tillustre  Muratori,  qui,  dans  les  Antichiîà  iU 

*  (.'«rli,  DrlU  zerche  ilaliane,  dissert»  111,  $  B. 


ET   DISSERTATIONS.  hM 

Kfliw,  parlant  d'un  type  qui  présente  exactement  les 
mêmes  caractéristiques,  dit  :  a  Percussus  fuit  circa  anfium 
Chriui  DCCLXXV  postquam  Carolus  Longobardorum  re- 
gmm  rifn  subjecerat  ^  »  Si  nous  comparons  la  pièce  en 
question  aux  monnaies  longbardes,  leur  module,  la  forme 
des  caractères,  le  titre  du  métal,  leur  poids,  leurs  orne- 
ments, tout  nous  porte  à  croire  que  ces  monnaies  ont  été 
émises  à  des  époques  très-rapprochées.  En  comparant  le 
tiers  de  sou  de  Charlemagne  à  un  tiers  de  sou  de  Didier, 
qoi  fait  partie  de  ma  collection,  j'ai  pu  m'assurer  qu'ils  ne 
diflèrent  qu'en  ce  que  la  légende  D.N  C'ARVLVS  RGX  a 
remplacé  D.N  DESIDERIVS  RX.  Au  revers,  on  ne  remar- 
que aucune  diiïérence  notable,  sinon  ce  détail  insignifiant 
qne  sur  le  trions  de  Didier  il  existe  un  point  entre  les  ca- 
ractères L  et  A  du  nK)t  Flavia^  tandis  que  celui  de  Charles 
offre,  outre  ce  point,  un  second  signe  semblable  entre  le 
dernier  A  de  Flavia  et  l'L  de  Luca. 

Us  petits  signes  intercalés  dans  les  légendes,  consistent 
^  Hodes^  en  croissants  et  en  points  saillants  qui  peuvent 
*tre  des  points  secrets,  ou  qui  du  moins  se  rapportent  à 
averses  émissions. 

Le  tiers  de  sou  gravé  sous  le  n""  2  (pi.  XIX)  appartient  à  la 
RWioihèque  impériale  de  Paris;  son  poids  est  de  19  grains 
et  le  titre  du  métal  est  fort  bas,  car  il  ne  dépasse  pas 
U  karats.  Ses  légendes  sont  :  DN.  CARVLVS  R.eX,  et 
+FUVIA'  LVCA.  Un  autre  exemplaire  se  trouve  dans  le 
ôcbe  médaillier  de  la  Galerie  royale  des  Vfjizi,  à  Florence, 
et  j'ai  pu  l'examiner  plusieurs  fois,  grâce  à  l'obligeance  et 
^Tamitié  du  savant  professeur  A.  M.  Migliarini,  conserva- 
teur de  ce  musée.  Les  légendes  de  cette  monnaie  sont  : 

^  ^n/.  ,7a/.,  vol.  V,  àU»cTt.  XX VII,  p.  449. 


4A2  MÉMOIRES 

D  N  G'A-RVLVS  RGX  et  FL^AVIA  LVGA;  poids.  18gra 
(pi.  XIX,  n*  3) .  Le  titre  de  cette  dernière  pièce  s'abai 
au  delà  de  ce  qu'on  pourrait  croire,  car  il  atteint  à  pe 
8  karats,  ce  qui  est  pour  moi  un  indice  certain  que  a 
pièce  a  été  fabriquée  à  une  époque  voisine  de  l'institut 
des  nouvelles  lois  monétaires  de  Charlemagne,  amen 
par  l'abus  de  rafiaiblissement  des  métaux  introduits  d 
les  ateliers  de  France  et  d'Italie. 

Dne  autre  variété  de  trions  qui  se  voyait,  en  18A3,  d 
la  collection  de  M.  Varnier,  à  Paris  (pi.  XIX,  n""  &),  ofl 
au  lieu  d'une  croix  potencée,  un  buste  de  face,  assez  gr 
sièrement  gravé,  qui  parait  représenter  Charlemagne.  ] 
légendes  sont  :  D.N  CARVLVS  RfiX,  et  +  FL*AVI.A*LYa' 
Le  titre  est  très-bas.  et  je  suis  porté  à  croire  que  ce 
monnaie  fut  émise  peu  de  temps  avant  la  réforme  moi 
taire. 

Je  ne  saurais  préciser  à  quelle  époque  Tatelier  de  Li 
ques  mit  en  circulation  la  monnaie  prescrite  par  les  no 
velles  lois.  Il  est  certain  qu'en  compulsant  un  grand  noi 
bre  de  contrats  de  vente  ou  d'échanges  dont  les  origina 
sont  conservés  dans  les  archives  de  l'archevêché  de  Lu 
ques,  je  n'ai  plus  rencontré,  au  ix"*  siècle,  comme  aupai 
vant,  de  mentions  de  sou  d'or,  excepté  dans  les  cootn 
qui  se  réfèrent  à  des  actes  antérieurs,  ce  qui  nous  appre 
que  ce  n'était  plus  là  une  monnaie  usuelle.  Si  nous  reoo 
rons  aux  capitulaires  mêmes  de  Charlemagne,  nous  reoo 
naîtrons  qu'en  779  il  est  fait  mention  de  tiers  de  sou^da 
des  documents  de  79A,  figurent  des  sotis  d'or.  Il  en  est  < 
même  des  documents  émanant  des  particuliers,  dans  le 
quels  nous  observons  toujours  l'usage  de  la  même  mo 

*  Pertz,  Hixt,  Germ.  monum.y  t.  I,  p.  38,  n*»  14. 


ET   DISSERTATIONS.  Ai 3 

oaie.  Ainsi,  par  une  charte  de  79A,  <c  Ellaru  vend  au  clerc 
Qrhilo  une  pièce  de  terre  et  un  bois,  situés  à  Veiano,  au 
prix  de  aurum  solidum  ocio  \  »  et  dans  une  autre  de  790, 
WalfoDS  vend  à  Jean,  évèque  de  Lucques,  une  portion  de 
musons  moyennant  quadraginta  el  quinqxte  solidos  auri  *. 
Oq  pourrait  citer  un  grand  nombre  d'exemples  analogues  ; 
nuôs  après  Tannée  796  on  ne  rencontre  plus  dans  les  trans- 
acUoDS  que  les  denarios  argenti  bonos  et  expendibih$. 
Aioffl,  par  une  charte  de  797,  Auriprandus,  prôtre,  vend  à 
Tifèque  Jean  ses  biens  situés  in   Vicopelugo  moyennant 
iinafiargento  numéro  viginli  quinqve;  dans  une  autrepièce, 
datée  de  805,  Gunipertus  et  Teutperga  vendent  au  prêtre 
Anmpertus,  recteur  de  Saint-Regulus  de  Gualdo,  leurs 
Ueos  patrimoniaux  pour  argento  solidos  duodecim  '.  Les 
actes  de  cette  époque,  dans  lesquels  l'argent  est  le  seul  mé- 
tal dont  il  soit  fait  mention,  sont  très-nombreux,  et  afîn 
d'abréger,  je  me  contenterai  de  renvoyer  à  la  S*  partie 
du  V*  volume  des  Memorie  e  documenti  da  servire  alla  5(o- 
^ii  Lurea^  publiés  par  l'Académie  royale  de  Lucques. 
Oo  peut  donc  considérer  comme  un  fait  acquis  qu'à  partir 
de  797  les  Lucquois  s'assujettirent  aux  nouvelles  lois  impo- 
ste par  les  Francs,  leurs  dominateurs,  dont  la  monnaie, 
modela  comme  en  décades  Alpes,  devait  être  uniquement 
d'argent,  puisque  dans  les  ordonnances  aussi  bien  que  dans 
tes  contrats  il  n'est  plus  fait  mention  d'autre  métal.  Au 
W8le,  les  faits  s'accordent  avec  les  textes  :  ainsi,  dans  le  ca- 
ïwwt  Trivulzio,  à  Milan,  on  conserve  un  denier  d'argent 
lui  port«  encore  le  nom  de  Charlemagne:  DM  C.ARVLVS 
BeX,eiaurevers+FL.AVIA.L"VC.A  (pi.  XIX,  n« 5),  le- 

*  J'emor.  e  Jocum.  da  sert,  alla  slor.  Ji  Lurca,  doc.  CCXLVll,  -f  0,  4?. 
*'Wd.,doc.  CCLVlI.-f-F.  36. 

*  'Wd.,  doc.  CrXLlil,  •  (',  4H,  et  CCCXXIV,  •  E,  41. 


naies  pour  qu  on  puisse  en  conclure  que  i  atelier 
ques,  se  bornant  d'abord  à  changer  la  nature  dt 
avait  conservé  le  type,  le  module  et  le  style  de  si 
Le  titre  de  cette  monnaie,  qui  s'élève  à  11 1/2  doi 
et  son  poids  de  22  grains,  en  fixent  les  conditions d 
çon  très-positive,  car  ce  sont  là  précisément  les  ^a] 
conviennent  à  toutes  les  monnaies  fabriquées  sous 
(les  règlements  déjà  cités,  et  ce  point  n'est  pas  m 
le  reste  en  accord  avec  l'opinion  que  je  soutiens.  No 
encore  à  examiner  les  monnaies  qui  furent  frappé 
le  capitulaire  de  805.  J'en  placerai  deux  tout  d'abo 
conservée  au  musée  du  Vatican  (pi.  XIX,  n*  6),  e 
dans  la  collection  Fusco,  à  Kaples  (pi.  XIX,  n»  7).  ( 
deniers,  qui  portent  le  nom  du  roi  écrit  en  deux  li 
au  revers  celui  de  la  ville,  LVCA,  disposé  en  cercle 
des  deux  pièces,  et  en  deux  lignes  sur  l'autre,  m 
jours  de  façon  que  chaque  caractère  est  placé  entre 
d'une  croix  formée  de  points,  me  paraissent  ne 
être  attribués  qu'à  l'époque  où  le  système  imposé 
Francs  fut  mis  en  vigueur.  Le  titre  du  métal  est  en 
nie  avec  les  nouveaux  règlements,  car  le  premiei 
pesant  plus  de  23  grains,  contient  11  1/2  douzij 


r^^A     ^..  ■..^:^.«  ^^  oo  ^^^i^^ 


ET   DISSERTATIONS.  A&5 

Seroent  d'orthographe  du  nom  du  prince,  CAROLVS  au  lieu 
4le  CARVLVS,  indiquent  un  âge  postérieur  à  celui  des  pièces 
que  nous  avons  examinées  précédemment.  J'estime  que  ces 
deniers  appartiennent  aux  premiers  temps  du  nouveau  mo- 
narque, et  il  est  à  remarquer,  à  l'appui  de  cette  opinion, 
que  le  titre  du  métal  de  toutes  les  autres  monnaies  lue* 
quoises  des  princes  francs  est  inférieur  à  celui  de  ces  deux 
premiers  deniers  de  Cbarlemagne. 

A  ce  type,  en  succède  un  autre,  qui  a  sans  doute  avec  le 
premier  une  étroite  analogie.  Le  denier  qui  le  porte,  uni- 
que à  ce  que  je  puis  croire  en  Toscane,  existe  dans  ma  col- 
lection, et  mérite  d'occuper  un  rang  distingué  parmi  les 
monnaies  que  notre  zecca  a  émises  sans  interruption  pen- 
dant le  cours  de  treize  siècles. 

Cet  exemplaire  pèse  2â  grains  d/2,  et  son  titre  ne  s'a- 
baisse pas  tout  à  fait  à  11  douzièmes  de  fin.  D'un  côté,  il 
présente  le  nom  de  Cbarlemagne,  CAROLVS,  disposé  en  deux 
lignes  ;  de  l'autre,  le  nom  de  la  ville  en  une  seule  ligne  dans 
le  cbamp  (pi.  XIX,  n*  8).  Un  autre  exemplaire  se  voyait 
ea  18A3  dans  la  célèbre  collection  Fontana,  à  Trieste;  son 
poids  était  de  21 1/2  grains,  et  son  titre  de  11  douzièmes. 

Le  nom  de  la  ville  apparaît  pour  la  première  fois  tracé 
en  une  ligne  borizontale,  disposition  que  nous  trouvons  re- 
produite sur  les  deniers  de  Louis  le  Débonnaire. 

Un  de  ceux-ci,  qui  fait  partie  de  mon  médaillier,  est  le 
premier  que  l'on  ait,  à  ma  connaissance,  vu  à  Lucques;  ce 
type  n'étant,  jusqu'à  présent,  connu  de  nos  numismatistes 
que  par  le  dessin  que  San-Quintino  s'était  procuré  d'après 
l'exemplaire  éludié  par  lui  dans  le  cabinet  de  M.  de  Saulcy 
(aujourd'hui  dans  la  collection  du  prince  de  Fiirstenberg, 
à  Donauescbingen)  (pi.  XIX,  n*»  9).  Mon  denier  contient 
U  douzièmes  de  fin,  et  pèse  35  4/3  grains,  tandis  que  le 

1861.  —  6.  31 


AA6  mi^:moires 

poids  de  celui  qui  appartenait  à  M.  de  Saulcy  n'atteint  pas 
tout  à  fait  32  grains. 

Ces  pièces  n*ont  pas  besoin  d'être  discutées  ;  leur  aitri- 
bution  à  Louis  le  Débonnaire  ne  peut  être  mise  en  doute. 
Elles  n'offrent  d«î  nouveau  que  la  disposition  du  nom  impé- 
rial +  HLVDOV.VICVS  IMP,  tracé  en  cercle  autour  d'une 
croix.  Quant  au  revers,  on  y  voit  ces  quatre  grandes  lettres 
rangées  horizontalement,  que  nous  avons  déjà  signalées,  et 
qui  rattachent  étroitement  les  deniers  de  Louis  le  Débon- 
naire à  ceux  qui  portent  le  dernier  type  de  Charlemagne. 

Pour  clore  cette  série  de  monnaies  si  précieuses,  il  me 
reste  à  décrire  un  denier  extraordinairement  rare,  comme 
toutes  celles  de  nos  monnaies  qui  appartiennent  à  ces  temps 
reculés,  et  que  je  n'ai  pu  placer  dans  ma  collection,  en  la 
faisant  venir  d'outre  -mont  qu'après  des  recherches  très- 
multipliées.  Ce  denier,  qui,  presque  jusqu'à  ce  jour,  est 
resté  unique  en  Toscane,  est  le  troisième  de  la  série  carlo- 
vingienne  de  Lucques  que  j'ai  pu  me  procurer,  m' estimant  ^ 
heureux,  malgré  la  peine  que  je  me  suis  donnée,  d'avoir  — 
réussi  à  conquérir  ces  monuments  si  intéressants  pour  nôtres 
histoire  nationale. 

Notre  denier  porte  d'un  côté  la  légende  circulaire  ^ 
+  CARLVS  REX  FR,  et  de  l'autre  +  LVCA-,  autour  du  mo — 
nogramme  de  Carolus  (pi.  XIX,  n"  10)  Il  pèse  35 1/2  gradns  — 
et  contient  11  douzièmes  de  fin.  Un  exemplaire,  au  mêm^^ 
titre,  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  pès»^ 
2à  grains. 

Ce  type,  à  njon  avis,  ne  peut  être  attribué  qu'à  Cbarlc^= 
le  Chauve,  qui,  voulant  introduire  dans  la  fabrication  ^B 
ses  monnaies  certains  changements,  donna,  en  86A,  uo  édk  à 
dans  lequel  il  établit  la  forme  de  ses  nouvelles  espèces  q^ui 
devaient  porter  le  nom  royal  en  cercle,  le  monogramme  fW^ 


ÏT    DISSERTATIONS.  •     4A7 

même  nom  et  T indication  de  la  ville.  Or,  tous  ces  détails 
88  retrouvent  dans  la  pièce  qui  nous  occupe,  et  ce  serait, 
si  je  ne  me  trompe,  une  grave  erreur  que  d'en  douter. 
Je  ne  saurais  véritablement  dire  comment  le  docte  Mura- 
ton,  dans  ses  i4n(ic/it(àt/a/ionede{tite(ltero  (DisserU  XXVII), 
a  pu  attribuer  une  monnaie  semblable  à  Tannée  755,  c'est* 
à-dire  à  Charlemagne,  alors  que  non-seulement  elle  diffère 
des  plus  communes  de  cette  époque,  mais  qu'elle  présente 
"encore  tous  les  caractères  indiqués  dans  les  ordonnances  de 
Charles  le  Chauve.  C'est  pourquoi,  malgré  une  autorité  si 
respectable,  et  donnant  la  préférence  aux  faits,  je  ne  puis 
<|ue  m* affermir  toujours  plus  dans  ma  conviction,  suivant 
laquelle  je  classe  au  règne  du  second  Charles  le  denier 
d'argent  qui  vient  d'être  mentionné. 

Les  ai^uments  à  l'appui  de  cette  opinion  ne  manquent  pas. 
L'emploi  du  monogramme  sur  des  deniers  accuse  le  ix' siè- 
cle, et  la  forme  de  plus  en  plus  barbare  des  caractères, 
montre  à  ceux  qui  sont  familiarisés  avec  la  paléographie, 
que  ce  type  se  rapproche  extrêmement  du  x'  siècle,  ce  dont 
on  peut  aisément  se  rendre  compte  pour  peu  qu'on  soit 
initié  à  l'étude  des  monnaies  du  moyen  âge. 

En  effet,  si  nous  portons  pour  un  instant  nos  regards 
8ur  les  monnaies  qui  appartiennent  à  cette  série,  et  en  par- 
ticulier (car  nous  ne  voulons  pas  nous  écarter  de  la  monnaie 
lucquoise)  sur  les  pièces  émises  par  les  marquis  de  Toscane 
et  autres  monnaies  qui  se  rapprochent  de  l'an  mille,  nous  re- 
marquerons dans  toutes  une  très-grande  ressemblance  avec 
notre  denier  au  nom  de  Charles,  spécialement  quant  à  la 
Torme  du  monogramme.  Par  la  comparaison  que  j'ai  pu  en 
faire  avec  quelques  deniers  d'argent  de  la  plus  grande  ra- 
reté que  je  conserve  précieusement  dans  mon  médaiilier, 
deniers  appartenant  à  Hugues  !•'  (961-970)  et  à  Hugues  II 


Ai8  MÉMOIRES 

(970-1002),  marquis  de  Toscane  (pi.  XIX,  n"  H  et  12),  je 
me  suis  convaincu  de  la  proximité  d'origine  de  ces  types 
en  rapprochant  le  mode  d'entrelacement  du  monogramme  \ 
la  forme  des  caractères,  le  style  de  la  gravure  et  l'effet 
produit  par  le  coin  :  tous  indices  puissants  qui  ne  permet- 
tent pas,  à  ce  qu'il  me  semble,  de  contestera  cette  mon- 
naie l'attribution  que  je  lui  donne. 

D'ailleurs  la  contiguïté  des  types  de  Charlemagne  (n"  8) 
et  de  Louis  le  Débonnaire  (n°  9)  ne  laisse  pas  de  place  pour 
introduire  la  pièce  au  monogramme. 

Partant ,  je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  considérer  mon 
induction  comme  vaine  alors  que  dans  cet  exeu)ple  si  clair 
se  montrent  tous  les  signes  distinctifs  qui  caractérisent 
cette  époque  pendant  laquelle  Lucques  ainsi  que  d'autres 
parties  de  notre  péninsule  obéissait  encore  à  la  puissance 
tout  affaiblie  qu'elle  fût  de  Charles  le  Chauve. 

Ainsi,  nous  avons  maintenant  la  preuve  la  plus  solide 
que  les  Lucquois,  malgré  les  convulsions  qu'éprouva  toute 
l'Italie  à  cette  époque,  ne  cessèrent  jamais  de  jouir  du  droit 
d'avoir  une  monnaie  particulière,  et  que  le  nom  de  leur 
cité  ne  disparut  point  du  métal  frappé  pendant  des  temps 

^  Nos  deux  monnaies  portent  des  monogrammes  différents  qnant  à  la  àie^ 
position  des  caruct  ères  ,  mais  composés  tous  deux  des  caractères  H,  V,  G,  0. 
Le  premier  est  en  tout  semblable  à  celui  qu'apposait  sur  les  chartes  Hugnt^, 
roi  d'Italie  ;  le  second  se  rapproche  beaucoup  de  celui  qui  figure  sor  la  monnaie 
d*Hugues  le  Grand,  duc  de. France  (  923  ^56).  Les  légendes  complètes  sont 
donc  HVGO  MARCHIO  -^  LVCA  CIVITATE  et  HVGO  DVX  TYSCH  - 
DVX  IVDITA  —  LVCA.  La  femme  de  Hugues  II  le  Grand,  marquis  et  du<=-  /Vin 

de  Toscane,  se  nommait  Judith.  Son  nom  parait  ici  associé  à  celui  de  son  époux  .^^ 
comme  celui  d^AnglIberge  au  nom  de  Louis  II  sur  le  denier  plus  ancien  d*ut  -^^ 
siècle  publié  par  M.  de  Longpérier  (  Bévue  num.^  1860,  p.  364  ).  Au  siyet  de- — :^ 
deux  marquis  Hugues,  on  peut  consulter  San-Quintino,  [klla  secca  e  dilJ^T  e 
mùMte  degli  antichi  marchesi  délia  Tosrana  ,  dans  les  AUi  délia  reale  Accademr  — tf* 
lucckete,  t.  I,  1821,  p.  193. 


ET    DISSERTATIONS.  A49 

/^^    ^M.\^^ax.  11  nie  parait  donc  démontré  que  non-seulement 
notre  ville  maintint  intact,  sous  le  règne  de  Gbarlemagne,  le 
prî  v^îlège  de  la  zeeca^  mais  qu'elle  le  conserva  sous  la  do- 
miïiation  de  Louis  le  Pieux,  de  Charles  le  Chauve,  époque  à 
ia.ciuelle  la  puissance  vacillante  des  Carlovingiens  en  Italie 
allait  bientôt  faire  place  à  celle  des  empereurs  de  Germa- 
nie^   qui,  peu  à  peu,  parvinrent  à  s'en  rendre  maîtres,  éta- 
blt«^.sant  chez  nous  des  comtes,  des  ducs  ou  des  marquis  qui 
SOi^  cernaient  le  pays  en  leur  nom. 

J^  ne  saurais  dire  si  la  monnaie  frappée  chez  nous  fut 

1^  ^^ule  dont  les  Lucquois  firent  usage  durant  le  cours  des 

*^*    ^t  X*  siècles  jusqu'au  temps  du  premier  Otton.   11  est 

^^rxsûn  que  dans  un  grand  nombre  de  ces  précieux  par- 

chôcnins  que  l'on  conserve  dans  les  archives  de  Santa- 

^ï'Oce  déjà  citées,  et  qui  appartiennent  à  cette  période  de 

^Baps^  on  trouve  toujours  employés  les  «  denari  argenti 

^^Pendtfti/M;  »  mais  quel  était  leur  type,  de  quel  atelier, 

**^  cjuel  pays  provenaient-ils?  On  n'en  dit  rien.  Il  n'est 

donc  pas  improbable  que,  concurremment  avec  les  nôtres, 

^^  acceptât  dans  le  commerce  les  monnaies  qui  circulaient 

^^Os  le  reste  de  l'Italie,  en  France  et  dans  une  grande 

P^n.ie  de  l'Europe  alors  soumise  aux  descendants  de  Chai- 

l^ttiagnfi.  Cela  résulte  encore  avec  quelque  clarté  de  cer- 

*^ï^s  documents  dans  lesquels  on  trouve  employée  la  for- 

'^^e  «  de  monela  de  Papia,  Yeronensi,  Mediolani^  etc.  *,  » 

^dis  que  dans  nos  actes  on  voit  toujours  mentionnés  : 

"  ^nari  argenti  mundi,  bofii  et  expendibileSt  »  ainsi  que  le 

Prouvent  un  grand  nombre  d'actes  parmi  lesquels  je  me 

Carli,  Délia  moneta  dCUalia  ,  vol.  II,  dissert.  III,  §  3.  — Swlido* 

^^ecim  qoot  sunt  donarios  grossis  et  expendivilîs,  quoi  sunt  du  moneta  de 
^ria  ,  de  Mediolano,  seu  Lucana^  duodeeiro  dcnarios  rationati  persingulo» 


A60  MIÊMOIRES 

contenterai  de  choisir  quelques  exemples  qui  représenteront 
tous  ceux  que  je  pourrais  citer.  Ainsi,  en  807,  Tampertus, 
prêtre,  donne  à  rente  l'église  de  San-Benedetto  di  Villa  avec 
tous  ses  biens  déjà  offerts  au  Vultus  Sanctus  (la  Sainte 
face  de  Lucques) ,  à  la  condition  de  payer  chaque  année  r 
a  Quadraginta  et  quinque  denarios  6ono5,  mundos,  gro$so$۔ 
expendivilis.n  En  813,  Arifuse,  prêtre,  recteur  de  Santa 
Maria  di  Gurgite ,  donne  à  loyer  une  vigne,  située  à  Rop« 
piano,  à  un  certain  Guampaldus,  moyennant  «  denari  boni 
très  expendivilis,  »  et  enfin,  en  816^,  Aurifridus,  prêtre,  rec- 
teur de  Téglise  du  Sauveur,  à  Villa  Basilica,  cède  quelques 
biens  à  Agimundus,  moyennant  «  argento  denari  boni  mundi 
numéro  sex^  qualis  Iwic  in  tempore  ipso  hic  Luca  fuerit  ex- 
pendivilis  *.  » 

Et,  comme  dans  les  contrats  que  je  rappelle  les  actes  d'ér 
change  sont  beaucoup  plus  fréquents  que  ceux  d'acquisi- 
tion et  de  vente,  c'est  là  pour  moi  un  indice  non  douteux  que 
l'argent  comptant  était  devenu  très-rare  chez  nous,  aprè» 
les  décrets  de  Charlemagne  qui  avaient  réduit  de  beaucoup 
le  nombre  et  l'activité  des  ateliers  italiens. 

On  voit  donc  que  l'histoire,  le  raisonnement,  les  docu- 
ments concourent  d'une  manière  admirable  à  soutenir  le 
travail  que  j'ai  entrepris,  d'autant  qu'avec  l'aide  d'un  grand 
nombre  de  ces  précieux  parchemins,  dont  j'ai  cité  une  bien 
petite  partie,  lesquels  ont  si  souvent  dissipé  les  ténèbres 
qui  enveloppent  encore  trop  le  moyen  âge,  j'ai  pu  parvenir 
à  déterminer  d'une  façon  positive  l'état  de  notre  monnayage 
à  une  époque  si  mal  connue,  et  cependant  si  intéressante 
pour  les  annales  de  notre  numismatique  nationale. 

DOMENICO  MaSSAGLI. 

»  Memor,  e  doc.  da  serc.  alla  alor.  di  Lucca,  doc.  CCOXLVIII,  -f  +  H,  Mt 
doc.  CCCXC,  +  N,  92;  doc.  GDVI,  +  N,  90. 


KT    DISSERTATIONS.  hb\ 


ECU  D'OR  DE  CHARLES,  DUC  D'ORLÉANS. 


I—^  Blanc  ,  dans  son  Traité  des  monnayes  de  France ,  a 
^^Kii  aux  monnaies  iialiennesde  Louis  XII  une  colonne  de 
P^^ocs  frappées  par  le  duc  Charles  d'Orléans,  père  de  ce 
*^*  *  et  voici  ce  qu'il  en  dit  : 

•*  Je  me  contenteray  de  marquer  que  de  Valentine  de 

^Aa.îietde  Louis  d'Orléans  naquit  Charles,  duc  d'Orléans  et 

^^eneur'd'Ast ,  lequel  fit  battre  monnoye  dans  cette  der- 

ûifere  ville ,  comme  un  gros  et  un  demi  gros  d'argent  fin 

1^  je  donne  le  justifient  » 

«  Après  la  mort  de  Philippe-Marie,  dernier  duc  de  Milan 
de  la  maison  de  Visconti,  arrivée  l'an  lââS,  Charles,  duc 
^'(^rlëans,  fils  de  Valentine  de  Milan  ^  prit  le  titre  et  les 
^fities  du  duc  de  Milan ,  ainsi  que  trois  monnoyes  dont  je 
donne  la  figure  le  font  voir.  Les  deux  premières  sont  deux 
^us  d'or,  et  la  troisième  est  un  blanc  fabriqués  à  Ast.  » 

Le  second  écu  d'or,  en  effet,  portebien  les  armes  d'Or- 
1^8  écartelé  de  Milan  ,  mais  le  premier  ne  montre  que 
'écu  aux  armes  d'Orléans  pures.  La  légende  de  cette  pièce 
^t  incomplète  ;  une  grande  lacune  après  KAROLVS  prouve 
?ue  la  monnaie  originale ,  copiée  par  le  dessinateur  de  Le 


452  SIÉMOIRES 

Blanc ,  dans  le  recueil  de  Ilaultin  ,  était  dans  un  et 
conservation  fort  défectueux.  Ce  qu'est  devenu  ce 
d'or  depuis  1619,  personne  ne  le  sait  sans  doute,  et  ! 
vaut  bibliothécaire  du  roi ,  à  Turin ,  M.  le  chevalier  I 
nique  Prorais ,  n'a  pu  le  retrouver,  malgré  les  reche 
persévérantes  auxquelles  ,  nous  le  savons  tous,  il  se 
avant  la  publication  de  ses  excellents  mémoires  si 
monnaies  d'Italie.  Aussi  M.  Promis  a-t-il  fait  faire  ui 
production  de  l'efTigie  que  lui  fournissait  l'auteur  du  î 
des  monnoyes  de  France  ;  mais  l'artiste  qui  grave  ses 
ches  a  cru  devoir  faire  disparaître  la  lacune  que  pré 
la  légende  telle  que  Le  Blanc  nous  la  donne,  et  il  a  h 
les  mots  restants,  KAROLVS  DVX  AVRGLieNSlS,  ( 
manière  régulière  autour  de  l'écuS  arrangement  au 
par  la  formule  de  deux  gros  d'argent  aux  armes  d'Oi 
pures ,  bien  certainement  fabriqués  à  Asti ,  pièces  su 
quelles  est  inscrit  ce  vers  : 

Aste  nîtet  mundo  sancto  custode  Seconde. 

Cependant  M.  FeuaTdent  vient  de  retrouver  un  écu 
du  duc  Charles  d'Orléans ,  en  parfait  état  de  conserva 
sur  lequel  on  lit  +KAROLVS  D6I  GRA.DVX.AVReLiei 
Cette  légende  nous  montre  que  le  vide  laissé  par  Haul 
Le  Blanc  doit  être  rempli  par  les  mots  Dei  gratia  qui 
voient  sur  aucune  autre  monnaie  de  Charles  et  de  L 
ducs  d'Orléans.  Cette  formule  particulière  semble  déj 
diquer  une  origine  différente  ;  Tabsence  du  nom  d'Âst 
toute  marque  italienne,  le  style  français  de  la  gravure 
nissent  pour  nous  faire  croire  que  nous  avons  sous  les 
une  pièce  qui  n'est  pas  frappée  au  delà  des  monts.  Où 

1  Monete  delta  zêtxa  (PÀttiy  1853,  pi.  II,  n"  4;  comparez  avec  les  n^5 


ET   DISSERTATIONS.  453 

<^et  écu  a-t-il  été  fabriqué?  Rien  dans  le  Traité  de  Duby, 
rten  dans  le  récent  ouvrage  de  M.  Poey  d'Avant  sur  les 
moDDaies  féodales,  qui  nous  permette  de  résoudre  la  ques- 
tion. 

Il  faut  donc  avoir  recours  aux  documents  anciens ,  et 
leur  demander  quelques  indications. 

Dans  le  recueil  d'ordonnances  et  de  chroniques  moné- 
takixes  connu  sous  le  nom  de  Registre  entre  deux  at5,  dont  il 
e::i^iste  deux  copies  à  la  Bibliothèque  impériale'  (fonds 
Brlenne,  n»  148 ,  et  fonds  Sérilly,  n*  112  ) ,  nous  relevons 
^  passage  suivant  : 

«  Le  xii  may  mil  iiii''  xix,  par  ordonnance  du  Roy  fut 
ou\rerte  la  monnoie  d'Orléans  et  en  icelle  faict  l'ouvrage 
lui  ensuit  : 

<(  Escus  aux  armes  d'Orléans  à  xxviii  carats  de  loy ,  de 
^  d.  XX  grains  de  poids,  au  feur  de  Ixuij  pièces  au  marc 
^îans cours  pour  50  s.  L'"-  p'*.  » 

Ainsi  ^  le  12  mai  1419,  près  de  quatre  ans  après  la  ba- 
ille d'Arincourt  et  pendant  que  Charles  d'Orléans  était 
prisonnier  à  la  tour  de  Londres ,  le  roi  Charles  VI ,  son 
^Usin,  ordonnait  que  l'atelier  d'Orléans  serait  ouvert,  et 
ï*on  y  fabriqua  des  écus  d'or  aux  armes  d'Orléans  du  poids 
de  2  deniers  20  grains ,  qui  avaient  cours  pour  50  sous 
tonmoîs,  c'est-à-dire  au  même  taux  que  ceux  du  roi  j  confor- 
i&ément  à  l'ordonnance  du  7  mars  1419.  On  sait  par  quelle 
cruelle  nécessité  Charles  VI  en  vint  à  donner  tout  d'un 
coup  la  valeur  de  50  sous  à  i'écu  d'or  déjà  porté  de  20  à 
50  sous  ;  «  c'est ,  dit-il  lui  même,  pour  résister  à  notre  ad- 
versaire d'Angleterre,  et  obvier  à  sa  damnable  entreprise. . . , 
attendu  que  de  présent  nous  n'avons  aucun  autre  revenu 

*  Le  Tolume  porte  pour  titre  :  Direrê  mémoires  fl  Iraicîes  ronvefnautt  h  faict 
««onoiei  tant  de  France  qu*eêtrang«ret. 


hbk  MÉMOIRES 

de  notre  domaine ,  ne  autrement  de  quoy  nous  nous  pi 
sions  aider,  i 

L'écu  d*orde  1A19  pesant,  suivant  le  Registre,  68  gnii 
ne  fournirait,  multiplié  par  67,  chiffre  de  la  taille,  q 
4,556  grains,  ou  1  marc  moins  52  grains,  ce  qui  eut  laû 
au  monnayeur  un  remède  énorme,  s'il  n'y  a  pas  quelq 
erreur  dans  l'énoncé. 

D'un  autre  côté,  la  pièce  retrouvée  par  M.  Feuardent  pi 
3,70  (grammes)  ou  69,6A  (grains); elle  a  donc  étéfab 
quée  à  la  taille  de  66,  ce  qui  produit  i,596  grains  ou  1  nu 
moins  12  grains,  remède  consacré  encore  par  l'ordonoai] 
de  1726.  On  peut,  en  conséquence,  penser  que  cet  ^cui 
rion  perdu  de  son  poids  officiel,  ce  qui  le  rend  d'auta 
plus  précieux. 

Nous  sommes  par  ce  seul  fait  conduits  à  croire  que  no 
n'avons  pas  sous  les  yeux  l'écu  d'or  de  1A19,  msds  ui 
pièce  appartenant  à  une  seconde  émission,  autorisée  par. 
roi,  et  ordonnée  par  le  duc,  sans  doute  pour  concourir  ai 
rachat  des  otages  retenus  en  Angleterre  depuis  lA12,e 
principalement  à  la  délivrance  de  son  frère  Jean,  comk 
d'Angoulême,  transaction  qui  était  le  sujet  continuel  de  sa 
préoccupations,  et  qui  paraissait  pour  le  moment  moitf 
difficile  à  amener  que  la  rançon  du  duc  lui-même. 

La  monnaie  d'Oriéans  a  été  connue  dans  le  coiDiDertx 
du  XV*  siècle.  Les  livres  rédigés ,  comme  mémento ,  parla 
conseillers  des  monnaies,  ou  destinés  aux  changeurs,  ui 
négociants,  et  dont  quelques  exemplaires  sont  parvesos 
jusqu'à  nous,  en  conservent  la  mention. 

Un  beau  manuscrit  appartenant  à  M.  Vallet  de  Viriviflat 
membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  France,  livre  écrit 
avant  1470,  porte  au  folio  /15 ,  parmi  des  arlicles  <fc 
l'an  1422  : 


ET   DISSERTATIONS.  A&5 

«  Item  fit  fere  môs'  Dorleaus  en  son  pays  de  louregne 
edcus  de  ceste  fasson  qui  poysent  m  d.  et  portant  lescu 
Dorleans  et  sont  faits  à  xxii  cts.  n 

Le  manuscrit  L  S8/AS  de  la  bibliothèque  de  Rouen,  écrit 
ail  XV  siècle,  nous  donne  au  feuillet  65  : 

€  Item  fist  faire  Monseigue'  dorleans  en  son  pays  de  lou- 
regne escus  de  ceste  fasson  qui  poisent  trois  deniers  et 
portent  lescu  Dorleans  et  sont  de  xiii  c.  » 

Daos  un  manuscrit  plus  moderne  de  la  Bibliothèque  im- 
périale (  fonds  Brienne,  n^  1 A8  ),  nous  voyons  au  folio  278  : 
«Item  fit  faire  Monsieur  Dorleans  en  son  païs  de  Lou- 
regne escus  de  cette  façon  qui  poisoient  m  d.  et  pourtant 
i      lescu  Dorleans  et  sont  fayts  à  xxii  caratz.  n 
I        Le  manuscrit  n*  112  du  fonds  Sérilly,  copie  du  précédent 
i     exécutée  sous  Louis  XIV,  reproduit  ce  passage. 
^       M.  de  Barthélémy  a  eu  Tobligeance  de  me  communiquer 
i     la  mention  suivante,  trouvée  par  lui  dans  une  copie  d'un 
f     wden  manuscrit,  exécutée  au  xvi*  siècle. 
I         «Escus  d*Orléans  qui  ont  Irois  lambraulx  dessus  tescu, 
'      ^d'ampirance  2  s.  6  d.  » 

On  aura  remarqué  que  les  écus  d'or  indiqués  par  Tordon- 

ttnce  du  12  mai  1A19  sont  à  28  carats  de  fin  et  ne  pèsent 

<|Qe  2  deniers  20  grains ,  tandis  que  ceux  dont  parlent  les 

fivres  de  changeurs  ne  sont  qu'à  22  carats,  mais,  par  com- 

P^sation,  pèsent  3  deniers,  c'est-à  dire  à  grains  de  plus 

?oc  les  premiers.  Cela  nous  autorise  à  penser  qu'il  y  eût 

phaeurs  émissions,  et  que,  malgré  le  désordre  avec  lequel 

sont  classés  quelques  articles  dans  les  livres  de  changeurs, 

la  place  donnée  à  la  fabrication  des  monnaies  ducales  parmi 

^     les  faits  de  1A22  doit  être  prise  en  considération. 

I        Le  manuscrit  appartenant  à  M.  Vallet  de  Viriville  est  le 

\     ^ul  qui  offre  en  marge  les  figures  de  monnaies  indiquées 


eo  examinant  la  figure  de  Técu  d'or  d*Asti  pU 
feuillet  82  (verso)  du  même  manuscrit  Charles  d 
a-t-il  pris  le  litre  de  dux  Mediolani  et  cxlera  sur  di 
naies  fabriquées  en  France  vingt-six  ans  avant  la 
Ph.  Marie  Visconti  ?  Il  ne  suffirait  pas,  pour  le  cr 
s'en  rapporter  à  un  manuscrit  dont  les  dessins,  d' 
habilement  exécutés,  nous  montrent  des  légendes  te 
LVDOVIGVS  REGIS  et  PHILIPVS  REGIS  sur  des  gn 
nois  de  saint  Louis  et  de  Philippe  le  Bel  ;  ED*P:G 
GRA  REX  ANGLIE.Z  FRAiNGIE  sur  un  fwble  iVor  à  U 
ED.P.GEMTVS  REX  ANGLIE  Z.DVX  AQVITA  sur  un 
Guienne,  deux  pièces  dont  l'inscription  est  un  comp 
titres  inconciliables  d'Edouard  III  et  du  Prince  Noii 
Que  dire  aussi  du  pays  de  louregne  *  ?  Est-ce  la  l 
où  Charles  d'Orléans  ne  possédait  aucune  terre?  Oi 
rait  à  la  vérité  lire  louregué^  et  supposer  qu'un  com] 
a  puisé  quelque  renseignement  dans  un  texte  latin; 
Lauriacensis  signifiant  à  la  fois  Lauraguez  et  / 
Lorrisy  un  traducteur  étranger  au  centre  de  la  FniD 
s'y  tromper.  Lorris  est  situé  dans  l'Orléanais,  et  le 

1  M.  p.  E.  Thomas f  avocat  à  Rouen  et  niimismatiste  bien  connn,  • 


ET   DISSERTATIONS.  AÔ7 

peut-être  fait  fabriquer  des  monnaies  au  profit  de  son  parent 
absent. 

Toutes  les  copies  que  j'ai  eues  sous  les  yeux  reproduisent 
00  nsëme  texte  qui  nous  manque,  et  qui  portait  peut-être 
Towregne  au  lieu  de  louregne.  Au  xv*  siècle,  on  employait 
le  G  avec  profusion  :  on  écrivait  ung,  témoing,  soing^  6e- 
mg;  le  nom  de  Rennes  était  devenu  Règnes.  Charles 
d'Orléans,  dans  ses  poésies,  fait,  comme  ses  contemporains, 
usage  des  formes  souviengne,  prengne,  viengne. 

Louis  d'Orléans  avait  été  connu  pendant  longtemps  sous 
le  titre  de  duc  de  Touraine,  et,  en  1391,  il  avait  acheté 
dans  cette  province  la  seigneurie  de  Château-Renaud,  que 
son  fils  conserva  jusqu'en  1442.  On  comprendrait  donc  fa- 
cilement comment  ce  dernier  aurait  pu  faire  frapper  des 
écttsd'or  en  son  pays  de  Touraine.  Mais  ne  multiplions  pas 


Au  moment  où  ces  observations  vont  être  mises  sous 
presse,  j'apprends  que  Yécu    d'or  de  Charles  d'Orléans 
vieot  d'enrichir  le  médaillier  de  la   Bibliothèque  impé- 
riale, dans  lequel  il  entre  en  même  temps  qu'un   des 
ÇMitre  exemplaires  du  royal  d'or  de  saint  Louis  trouvés 
près  de  Noyon.  Je  m'empresse  de  féliciter  l'administration 
fccette  double  acquisition,  qui  fait  honneur  à  sa  sollicitude 
pOQrles  intérêts  de  la  science.  L'existence  de  quatre  exem- 
plaires du  royal  ior  n'avait  pas  été  tout  d'abord  révélée 
PW l'inventeur  de  ce  petit  trésor,  et  je  n'ai  pu  l'indiquer 
dans  la  courte  note  imprimée  il  y  a  deux  mois.  M.  le  baron 
iérftnae  Pichon  et  notre  collaborateur  M.  le  docteur  Colson 
possèdent  maintenant  chacun  un  de  ces  magnifiques  spéci- 
iBens  du  monnayage  de  saint  Louis. 

Adrien  de  LoNOPÉniEa. 


A58  MÉMOIRES 


ESSAI 

sna 

L'HISTOIRE  MONÉTAIRE  DES  COMTES  DE  FLANDRE 
DE  LA  MAISON  DE  BOURGOGNE, 

ET  DESCRIPTION  DE  LEURS  MONNAIES  D'OR  ET  D'ARG0T. 
(  PI.  XX  et  XXI.  ) 
Troisième  article.  —  Voir  p.  106  et  211. 


Philippe  le  Bon  (1410  1467). 

Peu  de  temps  après  la  mort  de  son  père,  arrivée  le  10  aep' 
tembre  1419,  Philippe  le  Bon,  qui  lui  avait  succédé  daû5 
tous  ses  États,  fidèle  à  la  promesse  qu'il  avait  f^te,  éno^ 
comte  de  Charolais,  aux  quatre  membres  de  Flandre  de  d^ 
point  changer  pendant  quinze  ans  le  cours  de  la  monnaie 
qu'il  émettait  au  nom  de  Jean  sans  Peur,  adresse  au  moi^ 
de  novembre,  aux  maîtres  particuliers  de  la  monnaie  de 
Flandre,  Jean  Gobelet  et  Andrieu  Thomas,  une  instruction 
pour  l'émission  de  monnaies  en  tout  semblables  pourl^ 
titre,  le  poids  et  la  valeur,  aux  dernières  de  Jean  sans  Peur. 
Trois  ans  plus  tard,  il  renouvelle  la  môme  ordonnancet  ^^ 


ET   DISSEBTATIONS.  A5if 

oie,  le  25  novembre  1A22  \  à  Simon  de  S«aint-Genois 
lean  Desprez,  maîtres  particuliers  de  la  monnaie  de 
ddre,  une  instruction  pour  la  fabrication  de  heaumes 
r  et  des  monnaies  d'argent  du  même  système.  La  seule 
érence  que  Ton  remarque  avec  Tinstruction  du  5  juin 
8,  consiste  dans  le  prix  du  marc  de  métal  donné  aux 
rchands,  dans  la  rétribution  à  laquelle  avait  droit  le 
itre  particulier  pour  sa  fabrication  et  dans  le  droit  de 
^rage  '.  Au  reste,  Taloi,  la  taille  et  la  valeur  des 
ces  étaient  les  mêmes. 

Cependant,  en  1A21,  Philippe  le  Bon  avait  acheté  de 
D,  dernier  comte  de  Namur,  ce  comté  dont  la  jouissance 
^t  rester  audit  comte  jusqu'à  sa  mort,  ce  qui  n'em- 
k  pas  le  duc  de  Bourgogne  de  se  qualifier,  dans  ses 
lAmes  et  sur  ses  sceaux,  de  comte  de  Namur.  Comme 
séquence,  il  devait  aussi  profiter  des  droits  de  mén- 
age, et  il  lui  importait  de  ne  pas  négliger  cette  source 
H)rtante  de  revenus.  Aussi  le  voyons-nous,  le  14  octobre 
la  même  année,  établir  un  maître  particulier  de  la  mon- 
e  de  Namur,  et  ordonner  de  fabriquer  dans  cette  ville 

iH)bles,  des  heaumes  et  des  demi-heaumes  d'or, 
ides  doubles  gros,  gros,  demi-gros,  quarts  de  gros, 

doubles  mites  et  des  mites  '.  Ces  monnaies,  dit  le 
uobule  de  l'instruction,  seront  frappées  au  nom  et 
es  de  monseigneur  de  Bourgogne,  du  consentement  de 

^Iw  tard,  le  12  jnnYÎer  (  vieux  »Xy\e  ),  le  duc  ordonne  do  faire  forger  di-« 

ItSBiites  dans  ses  monnaies  de  Flandre. 

iÎBii ,  par  exemple ,  pour  la  monnaie  d'or,  les  marchands  devaient  rece- 

4a  marc  d*or  xi  1.  xx  d.  de  gros;  le  duc,   pour  son   seignenrage ,. 

Xd.  de  groa,  et  les  mattres  particuliers  ii  s.  ii  d.  de  gros. 

PUUppe  le  Bon  établit  ainsi  dans  le  comté  de  Namur  le  système  monétaire 

Mid.  Les  ordonnances  postérieures  prouvent  qu'il  finit  par  y  renoncer  et 

B^optinr  le  aystème  namurrois. 


A<^  MÉMOIRES 

monseigneur  le  comte  de  Namur  \  ce  qui  prouve  que,  m 
gré  sa  cession,  ce  dernier  possédait  encore  un  drwt 
moins  nominatif  sur  la  fabrication  des  monnaies  d 
rétendue  de  son  comté. 

Les  fréquentes  variations  que  subissait  la  monnaie 
France  étaient  de  nature  à  amener  des  difficultés  poui 
payement  des  fermes  et  cens,  qui  souvent  étaient  éval 
en  écus  d'or  et  en  francs,  d'après  le  système  tournois 
parisis.  Aussi  pour  y  parer,  sur  la  demande  qui  lui  eo 
faite,  Philippe  le  Bon ,  après  avoir  pris  l'avis  du  recev' 
général  de  Flandre,  rend  une  ordonnance  le  5  mai  l& 
par  laquelle  il  prescrit  que  les  gages,  pensions  et  aul 
sommes  ordonnées  par  lui  ou  ses  prédécesseurs  sur  les 
cettes,  fermes  et  parties  particulières  du  pays  et  comté 
Flandre,  seront  désormais  acquittées  et  payées  par  le  : 
ceveur  de  Flandre,  de  manière  que  le  franc  soit  estioK 
raison  de  33  gros  seulement  au  lieu  de  37  gros  h  deniers qi 
se  payait  auparavant  '.  Plus  tard,  le  2  mai  1428,  il  fait  < 
fense  de  passer  et  allouer  dans  les  comptes  de  tout  ce  c 
aura  été  donné  ou  acheté  par  lui,  plus  de  40  gros  pourl'é 
d'or  et  33  gros  pour  le  franc.  Il  avait  renouvelé  peu  < 
temps  auparavant,  le  20  mai  1422,  les  ordonnances  ant 
Heures  '  par  lesquelles  il  donnait  aux  juges  des  lieux 

>  Cette  formule  fut  conservée  jusqu'à  la  mort  du  comte  de  Namar. 

'  En  même  temp»»  il  faisait  faire  une  comparaison  de  fia  monnaie  âfBC 
monnaie  royale,  et  le  10  mai  Tavis  était  rendu  en  ces  termes  : 

«  Il  est  trouvé que  le  marc  d*or  que  monseigneur  fait  forcer  vu 

"  mieulx  que  ne  fuit  le  marc  d'or  que  le  roy  fait  forgier,  ii  couronnes  «ti* 
••  pour  marc  d'or  ou  environ,  sur  l'or  seulement. 

M Que  la  monnuie  blanche  que  monseigneur  fait  forgier  est  W^ 

>•  bonne  à  vi  d  de  loy  argent  le  roy,  et  de  taille  à  Lxviii.  £t  si  est  trMH 
<«  ledit  marc  d'argent  que  mondit  seigneur  fait  forgier  et  le  marc  d'or  q»  : 
M  fait  forgier  sont  correspondans  justement  l'un  à  Taultre.  » 

9  Rendues  par  Jean  sans  Peur  et  Philippe  le  Bon,  alors  comte  deQuroh» 


ET  DISSERTATIONS.  Ml 

connaissance  des  délits  relatifs  aux  monnaies,  en  les  obli- 
geant de  faire  serment  de  se  conformer  aux  dispositions 
tju'elles  contenaient.  En  même  temps,  le  duc  décriait  les 
monnaies  émises  par  le  dauphin  K 

Uëvaluation  précédente  des  écus  d'or  à  la  couronne  ne 
fut,  au  reste,  pas  longtemps  conservée  ;  probablement  que 
Tnsage  fit  voir  qu'elle  était  jnsuffisante,  car  le  6  janvier 
U25  (vieux  style) ,  les  gouverneurs  de  Flandre  envoient  aux 
gens  des  comptes  de  Lille,  leur  avis  sur  les  difficultés  qui 
devaient  s'élever  entre  les  créancière  et  les  débiteurs  sur 
févaloation  en  monnaie  blanche  des  sommes  qui  avaient 
^é  prêtées  en  écus  d'or  à  la  couronne  et  en  écus  de  Dor- 
drecbt,  avant  la  nouvelle  ordonnance  sur  les  monnaies.  Ils 
penseui  que  Ton  doit  se  contenter  de  42  gros  pour  la  cou- 
ronned'or  et  de  32  gros  pour  l'écu  de  Dordrecht  V  Cette  nou- 
velle évaluation  fut  adoptée  par  une  instruction  subsé- 
<pente,  mais  elle  ne  devait  pas  avoir  d'effet  rétroactif,  si 
WHis  en  jugeons  par  une  sentence  du  1 7  janvier  i  426  (  vieux 
%Ic),  rendue  par  Baudoin  de  Lannoy ,  gouverneur  de 
Lille,  dans  laquelle  il  condamne  a  ceux  qui  avaient  con- 
stitué des  rentes  en  écus  d'or  à  la  couronne  des  coins  et 
feïgesdu  roi  dernier  mort,  lesquels  écus  n'avaient  plus 
^rs,  à  payer  tant  les  arrérages  que  le  principal  desdites 


*  Les  monnaies  d*ar{çent  autorisée»,  qni  sont  vraisemblablement  celles  ncii- 
^HaDeut  f«tes,  sont  dites  frappe' es  à  G  and. 

^^tou  aussi  comme  preuve  du  soin  qu'apportait  le  duc  à  surveiller  ses 
"^Qnaiesy  la  commission  donnée  le  9  août  1423,  aux  baillis  d'AIost  et  deRn- 
P^lmonde,  ou  à  leurs  lieutenants  et  autres,  d'arrêter  Clais  Warin,  changeur  h 
'UlineSf  qni  avait  reçu  et  débité  des  monnaies  fausses ,  contrefaites  et  défen- 
^,  et  de  le  mettre  en  prison  au  château  de  Rnpelmonde. 

*  Cet  avis  était  surtout  nécessité  par  les  exigences  des  marchands  lombards, 
^iii  voulaient  avoir  47  gros  de  l'écu  à  la  couronne  et  40  gros  Je  l'écu  de  Dor- 
^T^ht. 

1861.-6.  32 


A62  MÉMOIRES 

rentes,  en  cas  de  remboursement  en  florins  d'or  ayant  cou 
de  la  forge  du  roi  ou  du  duc  de  Bourgogne,  jusqu'à  la  vj 
leur  desdits  écus  d'or,  estimés  lors  de  la  constitution  d 
rentes  en  question  \  » 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  Philippe  le  Bon,  dès  142 
faisait  fabriquer  des  nobles  d'or  dans  la  monnaie  deNamu 
Quoiqu'il  pût  se  considérer,  par  la  mort  de  son  père,  comn 
dégagé  de  la  promesse  qu'il  avait  faite  de  ne  pas  cbang 
le  pied  de  la  monnaie  pendant  quinze  ans,  il  crut  deirc 
continuer  à  tenir  ses  engagements,  ainsi  que  je  l'ai  c 
précédemment,  du  moins  pendant  quelque  tennps,  et  ce  i 
fut  qu'à  l'expiration  du  bail  passé  en  1A22  qu'il  cbang* 
les  monnaies.  Le  12  juin  1A25,  il  ordonne  la  fabricatL* 
de  nobles  d'or  à  23  karats  et  un  quart  d'aloi  et  de  35 
demie  de  taille  au  marc  de  Troyes,  ainsi  que  des  demi-r 
blés  et  des  quarts  de  nobles  ^  Ces  monnaies,  un  peu  pi 
pesantes  que  les  dernières  du  même  genre  de  Jean  sa 
Peur,  devaient  être  évaluées  à  peu  près  de  même.  L'iu 
struction,  qui  nous  aurait  éclairci  sur  ce  point,  n'a  pas  et 
retrouvée. 

Les  diplômes  nous  apprennent  que  ce  fut  à  partir  d 
cette  année  1425  que  Philippe  s'intitula  héritier  du  cmM 
de  Hollande.  En  même  temps,  pour  consacrer  ses  droits 
il  faisait  émettre  des  monnaies  portant  ce  titre  dès  •' 
23  juin  1426,  à  Namur,  et  le  8  novembre  suivant  à  Gand 
L'instruction  '  donnée  aux  maîtres  particuliers  de  cetf< 
dernière  monnaie  renferme  les  clauses  suivantes: 


t  Les  débiteurs  offraient  de  payer  à  misou  de  42  gros  pour  cha(ias  ^^ 
à  la  couronne. 

•  L'ordonnance  ne  mentionne  pas  la  fabrication  de  nooveUes  rooBWi'* 
d'argent. 

'  Dans  le  préambule ,  il  est  dit  que  les  maîtres  particuliers  feront  oi'ttï 


ET    mSSERTATlONS.  A63 

ti  Premièrement,  moodit  seigneur  veult  et  ordonne  estre 

«   faiz  en  ladite  raonnoye  lesdits  escus  d*or  de  Hollande 

«c   nommez  clinquars  à  xvii  karas  d'or  à  la  touche  à  prendre 

«  escus  d'or  à  la  couronne  viese  de  France,  selon  Taguille 

«   d'or  sur  ce  faite  et  aloiée  par  Jehan  Rasoir  et  Pierre  de 

«   HaukeviUe,  généraulx  maistres  des  monnoyes  de  mondit 

«  seigneur  et  en  la  présence  des  gens  de  comptes  d'icelui 

<«   seigneur  à  Lille  pour  formes,  et  y  aura  trois  aguilles 

«    faites,  dont  Tune  sera  mise  en  la  boiste  de  ladite  mon- 

^    noyé,  la  seconde  en  la  main  desdits  gens  des  comptes  de 

«    Gay  Guilbaut,  receveur  général  des  finances  de  mondit 

^    seigneur  ou  de  sesdits  généraulx  maistres,  et  la  tierce 

^    ea  la  main  desdits  maistres  particuliers  pour  exemple  de 

'^    leur  ouvraige,  et  seront  lesdits  escus  de  Hollande  de 

^    UTii  deniers  de  taille  au  marc  de  Troyes,  et  auront  de 

^    remède  demi  karat  en  aloy  sur  chacun  marc  d'euvre,  et 

^    en  taille  de  i-emède  demi  denier  sur  chacun  marc  d'eu- 

**    vre  lesquelx  remède  tant  en  poix  comme  en  aloy  seront 

**    moitié  à  mondit  seigneur,  et  moitié  ausdits  maistres  par- 

•*    ticaliers,  et  aura  monseigneur  pour  chacun  marc  d'or 

^    fin  ouvré  esdits  escus,  à  cause  de  son  seigneuraige,  cinq 

^    d*iceulx  escus,  et  le  surplus  demourra  ausdits  maistres 

^    particuliers  et  aiix  changeurs  et  marchans,  pour  estre 

**    tourné  et  converti  en  l'achat  de  Tor  aloy,  déchiet,  frainte, 

•*    peine,  labeur  ouvraige,  monnoyaige  et  plusieurs  autres 

**    fraiz  d'iceulx  escus.  » 

«  llem  pareillement  feront  lesdits  maistres  particuliers 
**  demis-escus  d'or  dont  les  ii  vauldront  ung  escu  et  se- 

*  font  à  XVI  karas  et  demi  d'or  à  le  touche  et  de  vi*^  xv 

^  eiciis  d'or  de  Hollande  nommez  clinquars  de  certaine  quantité  d'or  à  enlx 

*  eitre  baillée  par  mondit  seigneur  et  par  ordonnance  lesquelx  escus  d'or  se 
"  doivent  ouTrer  aux  nom  et  armes  de  mondit  seigneur.  » 


A<U  MÉMOIRES 

«  en  taille  audit  marc  de  Troyes,  et  a  prendre  escus  d'c 
u  à  la  couronne  viese  de  France  comme  dessus  pour  fonn< 
((  et  auront  lesdits  maistres  particuliers  de  remède  en  a]( 
«  demi  karat  sur  chacun  marc  d'euvre,  et  en  laîUe  ung 
«  demi  d'iceulx  deniers,  lesquels  remèdes  seront  appart 
(I  nant  comme  dessus,  et  fera  on  pareillement  trois  aguill 
({  aloiées  audit  aloy  des  demis  escus  qui  seront  mises 
«  mains  comme  dessus  et  aura  mondit  seigneur  pour  cbi 
«  cun  marc  d'or  fin  ouvré  en  iceulx  demis  escus,  xii  d'îcen 
«  demis  escus  et  le  sourplus  demourra  pareillement  aw 
«  dits  maistres  particuliers  et  aux  changeurs  et  marchai 
«  pour  estre  tourné  et  converti  comme  dessus  est  dit  *. 

Mais  une  monnaie  d'aussi  faible  aloi  ne  devait  pas  avo 
grande  faveur  auprès  des  Flamands,  aussi  le  duc  paratt- 
y  avoir  renoncé  promptement,  du  moins  dans  l'étendue  cl 
comté  de  Flandre.  En  effet,  le  lA  septembre  1A27,  para 
une  nouvelle  instruction  donnée  à  Jean  Gobelet  et  Jea 
Desprez,  maîtres  particuliers,  touchant  «  la  manière  dor 
iceulx  maistres  devront  fadre  ouvrer  monnoye  d'or  et  d'ai 
gent  audit  pays  de  Flandres.  »  Cette  instruction,  qui  pa 
sa  forme  rappelle  les  anciennes,  contient  les  renseigneneni 
qui  suivent: 

«  Premièrement,  mondit  seigneur  veult  et  ordonne  estr 
((  faiz  deniers  d'or  appeliez  nobles  à  vint  trois  karas  troi 
<c  quars  et  huitiesme  de  karat,  ou  aussi  bons  en  poix  et  e 


>  Nous  savons,  par  un  avis  du  27  janvier  1434,  quel  est  le  moyen  de  i 
naître  les  klinkaerts  faits  à  G  and  et  à  Namur.    Cet  aN-is  s'exprime  en  c* 
termes  : 

M  Ittm,  les  clincars  forgiez  premièrement  à  G  and  ont  ung  point  destonlK 
M  G  de  régnât valent  xxxi  gros  ix  mittes  ou  environ. 

f*  item,  les  premiers  clincars  forgiez  à  Namur  ont  ung  point  sonbc  le  V  ^ 
M  pile ,  et  au  lèz  de  la  eroix  ung  point  soubz  TN ,  s*ilz  ont  leur  poix ,  valtf 
«*  comme  dessus.  ** 


ET   OISSEBTATIONS.  A65 

*  ^oy  comme  ceulx  que  l'en  forge  à  présent  en  Engleteire 
^     ^t  de  trente  cinq  nobles  un  quart  de  taille  au  marc  de 

"Jroyes  qui  auront  cours  pour  sept  solz  gros  la  pièce  qui 

^out  pour  marc  d'or  douze  livres  six  solz  neuf  deniers 

9^ros;  et  aussi  autres  deniers  d'or  desdiz  poix  et  aloy  ap- 

:KDelés  demy  nobles  et  quars  de  nobles  à  l'advenant  dudit 

^K^oble  en  donnant  à  tous  changeurs  et  marcbans,  pour 

^irbacun  niarc  d'or  fin  douze  livres  trois  solz  cinq  deniers 

^^ros  ;  mondit  seigneur  pour  son  seignourage  douze  deniers 

^^ros  et  le  maistre  pour  Touvraige  faire  faire  deux  solz 

^quatre  deniers  gros,  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  trois 

f<>rs  et  à  trois  febles  et  a  ung  ferlin  de  remède  en  poLx 

^^r  chacun  marc  d'euvre,  ou  cas  que  la  délivrance  reven- 

^iSroit  de  tant  escharsse,  laquelle  escharsette  de  poix 

t-oomera  au  proufiit  de  mondit  seigneur  ou  cas  qu'elle  y 

^Mcherra.  » 

«  liem  pour  diOérence  des  autres  nobles  que  niondit  sel- 

^  Koeur  a  fait  faire  paravant,  le  compas  ou  milieu  de  la 

*  c^roix  sera  wyt  sans  quelque  lettre  ou  autre  chose  et  à  la 

*  pille  y  aura  un  lyon,  si  comme  yssant  hors  du  bout  de  la 
«  neif  à  senestre. 

«  lient  l'en  fera  doubles  gros  de  Flandres  qui  auront 

«  oours  pour  deux  gros  la  pièce  à  six  deniers  d'aloy  argent 

«  le  roy,  de  cinq  sols  huit  deniers  de  taille  au  marc  de 

«  Troyes  qui  font  deux  mars  d'euvre,  valent  pour  marc 

«  d* argent  vint  deux  sols  huyt  deniers  gros,  en  donnant  à 

«  lous  marcbans  et  changeurs  pour  marc  d'argent  aloyé  à 

«six  deniers,  vint  et  un  sols  deux  deniers  gros;  mondit 

«seigneur  pour  son  seignourage.  quatre  deniers  gros, 

«  et  les  maistres  j>our  l'ouvraige  faire  faire  quatorze  deniers 

«gros  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  ung  grain  d'aloy 

t  de  remède  au  général  recours  à  trois  fors  et  à  trois  febles, 


466  MÉMOIRES 

((  et  demy  denier  en  poix  pour  marc  ou  cas  que  la  d 
«  vrance  revendroit  de  tant  escharsse,  laquelle  eschars 
«  tant  en  poix  comme  en  aloy  tournera  au  prouffit  de  n 
n  dit  seigneur  le  duc  s* elle  y  eschiet.  » 

«  Item  deniers  d'argent  appelles  gros  de  Flandres  qui 
«  ront  cours  pour  ung  gros  la  pièce  à  cinq  deniers  d'i 
tt  argent  le  roy  de  neuf  sols  sept  deniers  de  taille  ou  n 
«  de  Troyes  qui  font  deux  mars  trois  onces  quatre  estn 
((  d'euvre,  valent  pour  marc  d'argent  vint  trois  sols  g 
«  en  donnant  à  tous  marchans  et  changeurs  pour  n 
<(  d'argent  aloyé  à  cinq  deniers,  vint  un  sols  deux  dei 
«  gros  ;  à  mondit  seigneur  pour  son  seignouraîge  qu 
(f  deniers  gros  et  au  maistre  pour  Touvraige  faire  i 
«  dix  huit  deniers  groz  ;  et  seront  ouvrez  iceulx  dénie 
«  un  grain  d'aloy  de  remède  au  général  recours  à  àx 
((  et  à  six  febles,  et  un  denier  en  poix,  ou  cas  que  la  c 
«  vrance  revendroit  de  tant  escharsse,  laquelle  eschars 
«  tant  en  poix  comme  en  aloy  tournera  au  prouflit  de  n 
«  dit  seigneur  s  elle  y  eschiet.  » 

«  Item  deniers  d'argent  appelles  demi-gros  de  Flanc 
«  à  cinq  deniers  d'aloy  argent  le  roy  de  dix-neuf  solz  d 
«  deniers  de  taille  au  marc  de  Troyes  qui  font  deux  so 
«  trois  onces  quatre  esterlins  d'euvre,  valent  pour  m 
«c  d'argent  vint  trois  solz  gros  en  donnant  à  tous  marck 
«  et  changeurs  pour  marc  d'argent  aloyé  à  cinq  déni 
a  vint  un  sols  deux  deniers  gros,  à  mondit  seigneur  p 
«  son  seignourage,  quatre  deniers  groz,  et  au  maistre p 
«  ticulier  pour  l'ouvraige  faire  faire  un  sol  six  deoi 
«  gros  ;  et  seront  iceulx  deniers  ouvrez  à  un  grain  d'à 
«  de  remède  au  général  recours  à  huit  fors  et  à  huit  fcb 
«  et  deux  deniers  en  poix  ou  cas  que  la  délivrance  rew 
c(  roit  de  tant  escharsse,  laquelle  escharssete  tant  de  p< 


ET   DISSERTATIONS.  467 

«I  comme  d*aIoy  se  elle  y  eschiet  tournera  au  prouflit  de 
tt  mondit  seignenr. 

«  Item  deniers  d'argent  appeliez  quars  de  gros  de  Flan- 
«<  dres  à  trois  deniers  d'aloy  argent  le  roy,  de  vint  cinq 
«(  solz  de  taille  au  marc  de  Troyes,  qui  font  pour  marc 
«•  d'euvre,  quatre  mars,  valent  pour  marc  d'argent  vint  cinq 
««solz  groz,  en  donnant  à  tous  marchans  et  changeurs  pour 
•f  marc  d'argent  aloyé  à  trois  deniers,  vint  un  solz  deux  de- 
^niers  groz;  à  mondit  seigneur  pour    son   seignourage 
«  lY  deniers  gros  et  au  maistre  pour  l'ouvraige  faire  faire, 
«  trois  solz  six  deniers  gros,  et  seront  iceulx  deniers  ouvrez 
«  à'  un  grain  d'aloy  de  remède  au  général  recours  à  vint 
«quatre  fors  et  à  vint  quatre  febles  et  dix  deniers  on  poix 
(f  ou  cas  que  la  délivrance  revendroit  de  tant  escharse,  la- 
ïc quelle  escharsete  tant  en  poix  comme  en  aloy  se  elle  y 
«  eschiet  tournera  au  prouflit  de  mondit  seigneur. 

«  /<«»  deniers  noirs  appeliez  doubles  mittes  de  Flandres 
«  dont  les  vint  quatre  auront  cours  pour  un  double  gros 
a-et  les  XII  pour  un  petit  gros  à  neuf  grains  d'aloy  argent 
«  le  roy  à  quinze  solz  de  taille  au  marc  de  Troyes  qui  fout 
«  trente  deux  marcs  d'euvre  :  valent  pour  marc  d'argent 
((quarante  solz  gros.  »  Les  marchands  devaient  avoir  le 
même  prix  que  précédemment;  le  duc,  pour  son  droit  de 
seigneur,  â  d.  gros,  et  le  maître  particulier  48  s.  6  d.  gros  : 
«  et  seront  iceulx  deniers  ouvrez  à  un  grain  d'aloy  de 
«  remède  et  huit  deniers  en  poix  sur  chacun  marc  d'eu- 
«vre,  etc... 

a  Item  deniers  noirs  appeliez  mittes  de  Flandres  dont 
«  les  vint  quatre  auront  cours  pour  un  des  groz  dessusdiz 
t  à  six  grains  d'aloy  argent  le  roy  de  vint  deux  sols  six  de- 
«  niers  de  taille  au  marc  de  Troyes,  qui  font  quarante  huit 
«  mars  d'euvre  valent  pour  marc  d'argent  quarante  cinq 


&68  MÉMOJRES 

«  solz  gros.  »  Oa  devait  donner  aux  marcbands  et  au  duc 
pour  son  droit  de  seigneurage*  la  même  somme  que  da 
le  cas  précédent,  et  le  maître  particulier  aurait  23  s.  C 
gros  :  ((  et  seront  ou vréz^  iceulz  deniers  à  un  grain  d'aloy  ( 

«  remède,  et  a  douze  deniers  en  poix  sur  chacun  mai 

ce  d'euvre,  etc » 

Cette  instruction  donne  une  manière  précise  de  distii  j 
guer  les  nouvelles  monnaies  d*or  des  anciennes  au  mëorz^ 
type.  Quant  aux  monnaies  d'argent,  l'instruction  nous  (m  tI 
connaître  qu'elles  sont  identiques  en  aloi  et  en  taille 
celles  dont  il  est  question  dans  celle  de  lil9.  Il  est  pro]>-^^ 
ble,  par  conséquent,  qu'elles  étaient  au  même  type  qv.^ 
celles-ci  :  d'où  il  résulte  qu'il  n'y  avait  pas  besoin  d'indLm 
quer  de  différence  pour  les  distinguer  des  autres  en  circ>m.s 
lation. 

Ainsi  qu'il  est  dit  dans  ladite  instruction,  la  monn^Lic 
d'or  était  aussi  bonne  en  poids  et  en  aloi  que  les  uohY^^s 
d'Angleterre.  II  est  probable  que,  par  ce  motif  même,  elles 
disparaissaient  promptement  de  la  circulation,  et  étaient 
exportées  comme  billon  dans  les  pays  voisins,  ce  qui  en*- 
gagea  promptement  le  duc  à  modifier  son  ordonnance ^ 
ainsi  qu'on  le  voit  par  l'instruction  du  7  novembre  ih^^ 
prescrivant  la  fabrication  de  monnaies  du  même  genre  ^ 
mais  dont  le  poids  était  inférieur,  tandis  que  le  prix  er» 
était  plus  élevé  ;  en  voici  la  transcription  : 

«  Premièrement  mondit  seigneur  veult  et  ordonne  eslr^ 
«  fais  et  forgiez  en  sadite  monnoye  de  Flandres,  denier^ 
«  d'or  nommés  Nobles,  qui  seront  à  vint  trois  karas  e^* 
«  demi  d'or,  viez  escuz  de  France,  piètres,  viez  escusi^ 
«  Gand,  nobles  et  lyons  de  Flandres,  comptez  et  receuzpcw*^^ 
a  fins,  lesquelz  nobles  seront  de  trente  cinq  et  ung  qu»-*^ 
a  de  taille  au  marc  de  Troyes  qui  auront  cours  pour  b^^^ 


} 


ET   l>fSS£aTAT10NS.  h09 

tf  H€ylz  de  gros  la  pièce,  en  donnant  à  tous  cliaugeurset 

«  noarcbans  du  marc  d'or  tels  que  lesdiz  vielz  escus  de 

«  France  et  autre  or  dessus  déclairé  quatorze  livres  deux 

«  solz  de  gros  et  aura  mondit  seigneur  pour  son  seigneu- 

«  Tiakge  trois  solz  six  deniers  gros  pour  marc  d'or  fin,  le 

«  Knaistre  pour  son  brassaige  deux  solz  six  deniers  gros. 

«  Item  par  semblable  manière  seront  fais  et  forgiez  demiz 

«  et  quars  de  nobles  à  Téquipolent  dudit  noble  tant  en  poix 

«  cromme  en  aloy.  Et  seront  ouvrez  iceulz  deniers  à  ung 

«  ftivîtiesme  de  karat  de  remède,  et  demi  estrelin  en  poix 

«  st\i  marc  de  ladite  ouvre,  à  trois  fors  et  à  trois  foibles;  et 

«  pour  différence  des  autres  nobles  que  mondit  seigneur  a 

«  fiait  darrainement  forgier  en  sadite  monnoye  ou  lieu  du 

«  point  qui  est  ou  milieu  de  la  croix,  aura  une  rosette  et  du 

«  costé  de  la  pille  le  7L  de  Flandria  sera  barré,  et  pareille- 

«  ment  les  demiz  et  quars  de  nobles. 

m  Item  mondit  seigneur  veult  et  ordonne  estre  fait  en 

«  aadite  monnoye  de  Flandres  deniers  d'argent  à  cinq  de- 

«  Biers  buit  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  cinq  solz.  huit 

«  deniers  et  maille  de  taiUe  sur  le  marc  de  Troyes,  qui  au- 

«  ront  cours  pour  deux  gros  la  pièce  en  donnant  à  tous 

«  changeurs  et  marcbans  pour  marc  d'argent  aloyé  audit 

«  aloy,  vint  quatre  solz  gros  et  aura  mondit  seigneur  pour 

«  son  seigneuraige  six  deniers  gros  pour  marc  d'argent,  et 

«  le  maistre  pour  faire  faire  l'ouvrage,  quatorze  gros  et 

«  quatre  mites  ;  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  deux 

«  gradns  d'aloy  de  remède,  et  demi  denier  en  poix  sur  cba- 

«  cun  marc  d'euvre  à  trois  fors  et  trois  foibles,  et  pour  dif- 

«  férence  des  aultres  deniers  de  deux  gros  qui  paravant  ont 

«  été  fais  tous  les  7i  tant  du  costé  de  la  croix  comme  de  la 

•  pille  seront  barrez. 

<«  Item  veult  mondit  seigneur  estre  fais  et  forgiez  deniers 


A70  MÉMOIRES 

«  d'argent  de  quatre  deniers  douze  grains  d*aloy  argent 
«  roy  et  de  neuf  solz  neuf  deniers  et  maille  de  taille,  sur 
«  marc  de  Troyes  qui  auront  cours  pour  ung  dénier  gros 
u  pièce  en  donnant  à  tous  marchans  et  changeurs  po 
((  marc  d'argent  aloyé  audit  aloy  vint  quatre  solz  gros 
«  aura  mondit  seigneur  pour  son  seigneuraige  sept  denn 
u  gros,  et  le  maistre  pour  son  brassaige  dix  huit  gros  u 
«  estrelin  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  deux  grai 
«  d'aloy  de  remède  et  ung  d' iceulx  deniers  en  poix  sur 
u  marc  d'euvre  à  cinq  fors  et  à  cinq  foibles,  et  pour  difl 
<(  rance  des  autres  petis  gros  paravant  fais  tous  les  J^  i 
«  ront  barrez ,  tant  du  costé  de  la  croix  comme  de 
«pille*. 

«  Iiem  semblablement  seront   fais  et  forgiés  denk 
«  d'argent  à  deux  deniers  seze  grains  d'aloy  argent  le  i 
tt  et  de  vingt  quatre  solz  de  taille  sur  le  marc  de  Traj 
«  qui  auront  cours  les  quatre  pour  ung  denier  gros  en  ù 
n  nant  à  tous  changeurs  et  marchans  du  marc  d'argent  i 
u  quatre  sols  gros  et  aura  mondit  seigneur  pour  son 
a  gneuraige  sept  deniers  gros,  au  maistre  pour  son 
«  vraige  vint  neuf  gros,  et  seront  iceulx  deniers  ouv 
«  deux  grains  d'aloy  de  remède  et  huit  deniers  en  poix 
«  marc  d'euvre  et  pour  différence  des  autres  quars  de 
H  paravant  fais  tous  les  7i  ^^^  ^^  <^osté  de  la  croix  o 
«  de  la  pille  seront  barrez. 

((  Item  pareillement  seront  faittes  et  forgées  d 
((  mites  de  Flandres  à  huit  grains  d'aloy  argent  le  ro 
u  quinze  solz  de  taille  sur  le  marc  de  Troyes,  qui 
u  cours  les  douze  pour  ung  groz  et  les  vint  quatre  p 

Ml  y  a  «évidemment  une  lacune  dans  la  transcription  de  TioBtrac 
registres  de  la  chambre  du»  complet»  de  Lille,  car  ici  devrait  te  t 
ticle  relatif  aux  demi -gros. 


ET   DISSERTATIONS.  S/I 

«  double  groz.  »  Les  marcliauds  et  le  duc  recevront  la 
même  chose  que  dans  les  cas  précédents,  et  le  maître  par* 
ticulier  a  pour  son  brassaige  du  marc  d'argent,  le  résidu 

•  et  seront  ouvrez  iceulx  deniers  à  deux  grains  d'aloy  de 

•  remède  et  huit  d'icenlx  deniers  en  poix  au  marc  d*euvre.  )> 
La  différence  avec  les  doubles  mites  fabriquées  précédem- 
ment sera  la  même  que  pour  les  monnaies  d'argent. 

Il  n'est  point  question  de  forger  de  simples  mites. 

Les  moyens  indiqués  pour  faire  reconnaître  les  monnaies 
nouvelles  ne  permettaient  pas  de  les  confondre  avec  les 
anciennes  fabriquées  au  même  type.  Cela  était  d'autant 
plus  nécessaire  que  la  différence  du  poids  était  nulle  pour 
fes monnaies  d'or  et  très- faible  pour  les  monnaies  d'argent, 
ce  qui  eût  pu  amener  quelque  confusion. 

De  1A27  à  1433,  aucune  monnaie  nouvelle  ne  paraît  avoir 
*^  émise  en  Flandre.  Philippe  le  Bon  s'occupe  pendant  cet 
intervalle  de  la  réglementation  des  monnaies  dans  son 
comté  de  Namur,  où  l'on  voit  les  instructions  se  succéder  à 
^c  courts  intervalles.  Pareille  chose  est  faite  pour  la  Hol- 
ïwide  et  la  monnaie  de  Zeevenberghe.  Enfin,  devenu  duc  de 
^ï^bant  par  héritage  à  la  mort  du  dernier  duc  Philippe, 
•"^vée  le  à  août  1430,  puis  comte  de  llainaut  en  1433  par 
^  cession  que  lui  en  fait  Jacqueline  de  Bavière  en  même 
^*ûps  que  du  comté  de  Hollande,  le  duc  de  Bourgogne  peut 
*^iser  à  établir  une  certaine  uniformité  dans  les  monnaies 
P^r  ses  vastes  États.  D'ailleurs,  cette  même  année  1433 
*toit  précisément  l'expiration  du  terme  de  quinze  années. 
Pédant  lequel  il  s'était  engagé  devant  les  quatre  membres 
de  Flandre,  alors  qu'il  n'était  encore  que  comte  de  Charo- 
'^»  à  ne  pas  changer  le  pied  de  sa  monnaie.  A  la  rigueur 
®D  pouvait  dire  que  cet  engagement  avait  été  tenu,  puisque, 
*Part  les  klinkaerts,  qui  n'eurent,  comme  on  l'a  vu,  qu'un 


A72  MÉMOIRES 

cours  pour  ainsi  dire  éphémère,  le  duc  D*avait  émis  < 
monnaies  qu'aux  types  déjà  employés.  Deux  autres  mol 
venaient  se  joindre  aux  précédents  pour  faire  changer 
monnaie  en  usage.   On  les  trouve  rappelés  dans  l'ordi 
nance  rendue  le  12  octobre  1433  au  nom  du  duc  de  Bo 
gogne  par  les  commis  au  gouvernement  de  ses  États  p( 
dant  son  absence.  Voici  le  premier  de  ces  motifs  qui 
contenu  dans  le  préambule.  '(Gomme,  »  y  est-il  dit,  «  p( 
«  non  avoir  observé  les  ordonnances  de  la  monnoye 
((  Flandres  plusieurs  estrangues  monnoyes  et  de  divers  p 
«  soient  apportées  permises  et  receues  et  allouées  en  a 
<i  dits  pais  et  seigneuries  à  plus  hault  pris  qu'elles  ne  ' 
«  loient,  parquoi  les  deniers  d'or  soient  si  grandem 
ti  montez  et  hauchiez  et  hauchent  de  jour  en  jour  en  u 
a  manière  que  dès  maintenant  et  en  brief  temps,  nul  1 
c  or,  ne  aussi  blanche  monnoye   ne  seroit  trouvée  d 
<(  marchandise  seroit  taillée  de  cesser  de  tous  poins  ci 
«  pais,  les  marchans  eulx  eslongier  et  les  communs  î 
a  giez  de  nostredit  seigneur  cheoir  en  grande  povret 
a  hastement  n'y  estoit  pourveu.  »  Quant  au  second,  c' 
d'arrêter  l'émission  des  monnaies  à  l'imitation  de  cellf 
duc  de  Bourgogne  frappées  dans  les  pays  voisins  et.' 
moins  de  valeur.  «  Iiem,  pour  ce  que  en  aucunes  ville 
0  teresses  et  monnoyes  estraingues  ont  esté  faiz  et  f 
«  deniers  d'or  et  d'argent  à  la  façon,  empraintc  et  / 
<(  des  deniers  de  nosti-edit  seigneur  ou  assez  sembl 
A  iceulx  allouez  au  pris  et  a  la  valeur  de  ses  dénie 
«  quelx  toutesvoyes  sont  d'autre  et  moindre  poix 
u  que  les  siens,  dont  les  subgiez  et  pays  ont  esU 
n  grandement  deffraudéz  endommagiez  et  apovris. 
L'ordonnance  précitée  prescrivait  la  fabricado? 
niers  d'or  Philippus,  de  demi-Philippus  et  de 


ET  DISSERTATIONS.  473 

d'argent.  L'instruction  du  21  octobre  suivant,  donnée  pour 
trois  ans  aux  maîtres  particuliers  de  la  monnaie  de  Flandre, 
et  dont  je  transcris  un  extrait,  nous  donnera  tous  les  détails 
sur  les  nouvelles  espèces. 

«  Premièrement  a  esté  ordonné  estre  fait  ung  denier  d'or 
«  appelle  Philippus  qui  sera  à  vingt  trois  quarras  iiii  gs.  et 
«  ung  XVI*  de  caras  d*or  fin  ou  tel  et  aussi  bon  que  le  noble 
«  d'Angleterre  à  présent  courant  en  aloy  et  de  soixante  sept 
c  et  demi  de  taille  au  marc  de  Troyes  et  demi  esterlin  de 
t  remède  en  poix,  qui  aura  cours  pqur  quatre  solz  groz  de 
«  la  nouvelle  monnoye  cy  après  déclairée  duquel  denier 
«mondit  seigneur  prendra  pour  son  seignouraige  de  cba- 
«cun  marc  d'or,  du  buit  groz  de  Flandres  monnoye 
«  dite.  0 

«  Item  un  demi  denier  d'or  de  ce  meisme  aloy  et  de  six 
«  vingtz  quinze  de  taille  audit  marc  et  tel  remède  en  poix 
((  que  dessus  et  aura  cours  pour  deux  solz  groz  duquel  de- 
«  nier  mondit  seigneur  prendra  pour  seignouraige  de  cba- 
«  cun  marc  d'or,  dix  buit  groz  monnoye  dite.» 

«  Desquebc  deniers  la  traitte  du  marc  d'or  est  treize  livres 
«  dix  solz  groz  dont  on  devra  aux  cbangeurs  et  marclians 
«  treze  livres  six  solz  groz  pour  marc  d'or  fin  ainsi  demeure 
«  pour  seignouraige  et  brassaige,  quatre  solz  gros  dont  le 
«  prouffit  de  mondit  seigneur  est  cy  dessus  déclairé.  » 

«  Item  a  esté  ordonné  estre  fait  ung  denier  d'argent  à  six 
H  deniers  d'aloy  argent  le  roy  et  de  soixante  douze  de  taille 
«  audit  marc  de  Troyes  à  ung  grain  de  remède  en  aloy,  et 
«  demi  denier  en  taille  pour  chacun  marc  d*euvre  lequel 
«I  denier  aura  cours  pour  deux  groz  monnoye  de  Flandres 
««  duquel  denier  mondit  seigneur  prendra  pour  seignou- 
<i  raige  de  cbacun  marc  d'argent  deux  groz  de  Flandres, 
monnoye  dite.  » 


h7à  MÉMOIRES 

«  Item  ung  demi  denier  d* argent  de  ce  mesmi 
«  le  roy  et  de  sept  vings  et  quatre  de  taille  ai 
«  Troyes,  à  ung  grain  de  remède  en  aloy  et  à 
«  deniers  en  taille  pour  marc  d'euvre;  lequel 
«  cours  pour  ung  gros  de  Flandres  duquel  dei 
«  seigneur  prendra  pour  seignouraige  de  chacu 
«  gent  deux  gros  de  Flandres  dite  monnoye  » 

((  Desquelz  denier  la  traitte  si  est  vings  qua 
;:  pour  marc  d'argent  dont  on  donra  aux  chao( 
((  chans  pour  chacun  marc  d'argent  aloyé  vin 
f(  noef  deniers  groz,  ainsi  demeure  pour  aeif 
«  pour  brassaige  quinze  gros  dont  le  prouffi( 
n  seigneur  est  desclaré  cy  dessus.» 

a  Iieniy  encores,  ung  denier  d'argent  à  cinq  d 
H  argent  le  roy  et  de  vingt  et  ung  solz  de  taill 
«  de  Troyes  à  ung  grain  de  remède  en  aloy 
«  d'iceulx  deniers  en  taille  pour  marc  d'euvre,  1 
«  aura  cours  pour  demi  gros  de  Flandres,  d 
«  mondit  seigneur  prendra  pour  seignouraige 
((  marc  d'argent  deux  groz  de  Flandres  dite  m 

((  Du^iuel  denier  la  traitte  est  vingt  cinq  solz  > 
«  gros  neuf  mittes  et  demie  et  le  dix"  d'une  m 
tt  trois  quins  d'une  mitte.  » 

«  Item  encore  ung  autre  denier  d'argent  à  1 
(c  huit  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  vingt  i 
((  taille  audit  marc  de  Troyes,  à  ung  grain  d( 
«  aloy  et  à  huit  d'iceulx  deniers  en  taille  poui 
A  vre,  duquel  denier  les  deux  auront  cours  poi 
(c  de  gros  \  duquel  denier  mondit  seigneur  p 


<  Il  doit  y  avoir  ici  erreur  de  transcription,  car  le  poids  (] 
passage  est  applicable  au  qunrt  de  gros  et  non  au  huitièma  d 


ET   DlSSËRTATlOiNS.  &75 

«K   seignouraige  pour  chacun  marc  d'argent  deux  gros  mon- 
«s   soye  dite.  » 

«  Duquel  denier  la  traitte  est  vingt  six  solz  ung  denier 
««  quatre  mites  trois  quars.  » 

«  Item  a  esté  ordonné  estre  fait  nng  denier  nommé  double 
«  mitte  à  douze  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  dix  huit 
«  S0I2  de  taille  audit  marc  de  Troyes  à  ung  grain  de  re- 
«  mède  en  aloy  et  à  six  d'iceulx  deniers  en  taille  pour  marc 
«  d'euvre,  duquel  denier  les  douze  auront  cours  pour  ung 
«  gfros  de  Flandres.  »  Le  droit  de  seigneurage  est  le  même 
^lue  dans  les  cas  précédents ,  et  la  traite  est  de  86  s. 
gros. 

«  Item  encore  ung  autre  noir  denier  nommé  mite  de 
<•  Flandre  à  huit  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  vingt  et 
^  ung  solz  de  taille  audit  marc  à  ung  grain  de  remède  en 
•  aloy  et  à  huit  d'iceulx  deniers  en  taille  pour  marc  d'eu- 
•*  vre  duquel  denier  les  xxiiii  auront  cours  pour  ung  gros 
**  de  Flandres.  »  Le  droit  de  seigneurage  sera  encore  le 
^*me,  mais  la  traite  est  portée  à  37  s.  6  d.  gros. 

De  même  qu*il  Tavait  fait  au  nom  de  non  père  en  1  Ai8, 
cette  fois  Philippe,  en  son  propre  nom,  promet  aux  quatre 
ïïieuîbres  de  Flandre  de  ne  pas  changer  la  monnaie  pendant 
1* espace  de  vingt  ans.  En  effet,  jusqu'en  1453,  nous  voyons 
'^  instiuctions  se  suivre  à  intervalles  réguliers  pour  la 
febrication  des  monnaies  du  même  système  adopté.  Ces  in- 
structions diffèrent  seulement  par  le  droit  de  seigneurage 
^u  par  le  prix  accordé  aux  maîtres  particuliers  pour  la  fa- 
brication. Une  autre  preuve  que  le  duc  fut  fidèle  à  sa  pro- 
"ï^^e,  est  Tordonnance  du  30  novembre  1441,  rendue 
P^ïir  empêcher  qu'on  ne  fasse  payer  les  monnaies  à  plus 
*^ïit   prix  que  celui  fixé  par  les  ordonnances  de  1433  et 


176  MÉMOIRES 

suivantes,  qu*elle  rappelle  ^  Cette  immobiUsation 
pendant  un  certain  nombre  d'années  n'avsdt  plus 
inconvénient  pour  le  duc  de  Bourgogne,  posses 
vastes  États,  que  lorsqu'il  était  réduit  simplement  i 
de  Flandre.  La  concurrence  des  imitations  étrange 
Ton  poursuivait  néanmoins,  était  bien  moins  à  en 
Les  monnaies  dont  il  est  question  dans  Tinstruc 
cédente  devaient  être  frappées  également  dans  h 
possessions  de  Philippe  le  Bon  et  y  avoir  cours  à  Te 
des  monnaies  étrangères  '.  C'est  ainsi  que  nous  V( 
la  même  date ,  une  instruction  semblable  adrei 
maîtres  particuliers  delà  monnaie  de  Valenciennes 
vraisemblablement  d'autres  identiques  furent  ( 
pour  les  monnaies  de  Brabant  et  de  Hollande.  Au» 
pèces  émises  prirent-elles  le  nom  caractéristique 
lander,  sous  lequel  on  les  voit  déjà  désignées  dans 
card  du  22  avril  1436,  désignantes  monnaies aya 
et  celles  prohibées.  Mais  il  était  un  pays  où  le  duc 
vait  pas  ainsi  défendre  le  cours  des  monnaies  au 
les  siennes  :  c'était  l'Artois,  où  la  monnaie  royale  a 

1  II  y  fut  cependant  dérogé  ponr  les  chfttellenies  de  Lille,  Donii 
où,  le  1"  mars  suivant,  la  duchesse  Isabelle,  en  Tabsence  de  Philip] 
que  les  monnaies  d*or  aient  momentanément  un  cours  différent* 

'  Ce  fait  nous  parait  une  conséquence  forcée  de  Tétcndue  de  la 
accordée  aux  monnaies  d'un  pays  :  plus  le  pays  est  vaste ,  moini 
varient. 

*  Cette  défense  ne  fut  guère  bien  observée.  Aussi  voyons-nous , 
novembre  1441.  que  le  duc,  ayant  appris  que,  malgré  ses  ordonnant 
ciers  persistaient  à  faire  passer  les  monnaies  tolérées  à  plus  havt 
faire  usage  des  espèces  prohibées,  considérant  ajoute- t-il,  qut  êawH 
bonne  qu'il  n^est  voisins  qui  Fait  meilleure  en  bonté,  recommande  à  m 
neurs  et  baillis  de  veiller  à  l'exc^cution  de  l'ordonnance  du  12oet( 
qui  sera  republiée,  et  de  faire  punir  sévèrement  le»  infracteurs. 

*  Voy.  Touvrage  de  M.  R.  Cbftlon  sur  les  Monnaies  du  HainûMi, 


ET   DISSERTATIONS.  477 

jours  eu  cours  et  où  tous  les  comptes  se  faisaient  en  parisis 
et  en  tournois.  Déjà,  le  24  décembre  1422,  Philippe  le  Bon, 
qui  avait  défendu  dans  ce  pays  la  motincie  blanche  frappée 
cm  Crotoy  ou  ailleurs  par  les  ennemis  du  roi  Henri  VI  et 
les  siens^  ajoute  cette  phrase  :  «  Et  adfin  que  nostre  dit  pays 
«  ne  soit  par  ce  desnué  ne  despourvu  de  monnoie  blanche, 
«  et  que  le  fait  de  marchandise  à  ceste  occasion  n'y  cesse 
«  du  tout  en  tout,  nous  confiant  dans  la  bénignité  de  mon- 
«  seigneur  le  roy,  consentons  et  ordonnons  que  jusquesad 
((  ce  que  par  lui  ou  son  conseil  sera  sur  le  fait  desd.  mon- 
a  noies  autrement  pourveu,  que  nostre  monnoie  de  Flan- 
(i  dres  ait  cours  et  soit  prinse  et  allouée  en  nostre  dit  pais 
a  d'Artois  pour  tel  pris  qu'elle  vault  en  nostre  dit  pais  de 
«  Flandies.  »  Cette  dernière  restriction  fut  bientôt  justifiée 
par  une  ordonnance  d'Henri  VI,  du  7  décembre  1424,  qui 
défend  de  prendre  les  plaques  et  gros  de  Flandre  pour 
plus  qu'elles  ne  valent,  et  fixe  que  lesdites  plaques  seront 
telles  que  trois  d'entre  elles  vaudront  quatre  grands  blancs 
nouvellement  faits  en  France,  et  qu'un  gros  et  demi  vaudra 
un  desdits  grands  blancs.  Henri  VI  ne  pouvait  commettre 
la  faute  de  proscrire  la  monnaie  du  duc  de  Bourgogne,  son 
allié  ;  il  se  borna  à  en  réglementer  le  cours.  Postérieurement 
encore,  le  20  novembre  1420,  parmi  les  monnaies  auto- 
risées en  Artois,  il  mentionne  le  heaume  d'or  qui  aura  cours 
pour  un  salut. 

Les  mêmes  préoccupations  du  duc  de  Bourgogne  se  font 
remarquer  dans  deux  autres  ordonnances  du  15  décembre 
1433  et  du  23  janvier  1436  (v.  st.).  On  y  voit  toujours  le 
désir  de  ne  pas  se  mettre  en  hostilité  ouverte  avec  l'autorité 
royale  de  fait.  Ainsi,  après  avoir  énuméré  les  monnaies 
prohibées  dans  l'étendue  du  comté  d'Artois,  il  reconnaît 
que  les  monnaies  du  roi  devaient  y  avoir  un  cours  légal, 

1861.— 6.  •  33 


478  MÉMOIRES   ET   DISSERTATIONS. 

qu'il  attribuait  également  aux  siennes.  11  fixe  en  mëm 
Févaluation  de  ces  dernières  en  monnaies  royales  { 
ciliter  les  comptes  et  conserver  les  usages  reçus, 
dire  que  deux  gros  de  Flandre  seront  comptés  pou 
deniers  parisis.  Enfin,  il  prescrit  des  amendes  asse 
contre  ceux  qui  ne  se  conformeraient  pas  à  ces  pi 
tions  \ 

Louis  Deschaups  i 
(  La  suite  à  un  autre  numéro.  ) 

^  Les  villes  de  TÂrtois  étaient  parfois  daus  de  singuliers  embarr 
prescriptions  souvent  contradictoires ,  attendu  qu'en  décriant  une  n 
n*avait  pas  toujours  soin  de  leur  fournir  la  quantité  de  numéraire  tr 
nécessaire  pour  leurs  transactions.  En  1431 ,  le  magistrat  de  Stîni 
obligé  d'envoyer  à  Gand  et  à  Bruges  ....  faire  forgier  par  Uê  mom 
Gand  monnoye  noire  et  de  petit  pris  à  mettre  en  cours  en  ceste  vilU  po 
vernement  dupevpple  dont  H  est  grand  besoin.  En  1433,  nouveau  messag 
voir  k  quoi  l'on  en  est  de  la  forge  des  monnaies ,  et  pourvoir  à  ce  qu' 
avoir,  car  les  changeurs  disoient  que  recouvrer  n'en  pouvoient,  (Compti 
gentiers  de  la  ville  de  Saint-Omer.  ) 


lULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


I^ription  historique  des  monnaies  frappées  sous  l'empire 
n>inain,  communément  appelées  médailles  impériales, 
pa.1-  Henry  Cohen.  Paris,  C.  Rollin,  1859.  Tomes  I  et  II, 
iû— S%  38  planches, 

Noos  avons  publié  dans  cette  Revue  (  année  1857)  les  obser- 
vations de  M,  Tabbé  Cavedoni  sur  l'ouvrage  de  M.  Cohen,  por- 
tant f>onr  titre  :  Description  des  monnaies  de  la  république  ro- 
morne.  Nous  croyons  faire  plaisir  à  nos  lecteurs  en  leur  donnant 
cotni^unication  aujourd'hui  des  remarques  de  Tillustre  numis- 
matisie  de  Modène  sur  le  grand  travail  que  M   Cohen  a  entre- 
pris depuis  trois  ans  en  refaisant -rouvrage  fort  incomplet  de 
Mionnet  de  la  Hareié  des  médailles  romaines  et  en  décrivant  avec 
^n  les  monnaies  impériales.  Dans  ce  but,  nous  avons  traduit 
<i«  italien  les  articles  de  M.  l'abbé  Cavedoni,  publiés  dans  le 
BvUetin  archéologique  de  Naples  (mars  et  avril  1860). 

(Les  éditeurs,) 

Premier  article. 

L'accueil  qu'a  reçu  la  Description  des  monnaies  de  la  républi- 
^  i^maine  a  encouragé  l'auteur  et  Ta  engagé  à  entreprendre 
lou\Tageq,ie  nous  annonçons  ici:  travail  beaucoup  plus  long 
^*  plus  difficile^  qui  se  rattache  étroitement  au  précédent  et  qui 
^^  utile  et  agréable  aux  savants  aussi  bien  qu'aux  amateurs 
^  s'occupent  de  l'importante  série  de  la  nun)ismatique  impé- 


hSO  RULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

riale;  car  l'ouvrage  de  M.  Cohon  remplit  le  vide  que  laissait  j 

l'ouvrage  analogue  de  Mionnet  :  De  la  rareté  tt  du  j>rix  des  mé-  _ 

dailles  romaines.  Dans  l'ouvrage  de  Mionnet  manque  la  plupart         ^ 
(lu  temps  la  description  du  droit  de  presque  toutes  les  monnaies         ^ 

impériales  ;  les  descriptions  des  revers  sont  trop  concises  et  quel-        

quefois  inexactes,  M.  Cohen  ,  au  contraire,  donne  avec  soin  la       ^^ 

description  de  toutes,  ou  du  moins  de  presque  toutes  les  mon-      . 

naies  impériales  qu'il  a  trouvées  dans  les  riches  collections  tant     ,:s^ 
publiques  que  particulières  de  Paris,  de  Londres  et  de  Vienne,     ,_  ^ 
et  dans  les  recueils  numismatiques  les  plus  connus  et  les  plus^  m 
estimés,  publiés  avant  lui;  et  quoique  ,  pour  la  commodité  de^^ss 

amateurs,  il  suive  la  méthode  de  Mionnet  en  rangeant  par  or^ 

dre  alphabétique  les  légendes  des  revers,  toutefois  il  ne  néglig^i^ 
pas  Tordre  chronologique,  et  il  a  soin  d'indiquer  la  date  à  lafir    i 
de  la  description  de  chaque  pièce  qui  en  porte  ^indication  p(K — 
sitive  ou  d'une  manière   approximative.  Les  prix  fixés  poa  ^v 
toutes  les  médailles  vues  par  Tauteur  sont  en  général  raison — 
nables  et  basés  sur  Testiuiation  actuelle  des  médailles  vendue- ^ 
dans  ces  dernières  années  à  Londres  et  à  Paiis.  Ce  qui  ajoute  d  «ja 
prix  à  l'ouvrage,  ce  sont  les  belles  planches  gravées  par  uu  af  ^ 
liste  des  plus  habiles.  M.  Léon  Dardel;  ces  planches  mettent» 
sous  les  yeux  du  lecteur  les  plus  rares  et  les  plus  im|>ortanlc*^ 
médailles  de  la  série  impériale,  et  particulièrement  tout  ce  qt.»i 
se  rattache  à  Ticonographie  romaine. 

Après  la  préface,  qui  donne  un  aperçu  de  l'ouvrage,  vif*n* 
une  introduction  dans  laquelle  Tauteur  traite  de  la  valeur  de"^ 
monnaies,  du  poids  des  médailles  impériales  d'or,  d'argent   €çt 
<ie  bronze,  des  médaillons,  des  tessères,  des  monnaies  incuses  €** 
de  celles  qui  ont  des  contre-marques.  Quant  au  poids  des  mon- 
naies de  bronze,  il  est  à  regretter  que  M.  Cohen  n'ait  pas  eu 
connaissance  des  savantes  et  judicieuses  observations  de  Tî'* 
lustre  Borghesi  sur  cette  matière  (  voir  Cavedoni,  At/^w. -flfé/-» 
p.  i  12-1 36),  ni  de  celles  du  même  auteur  qui  expliquent  dans 
quel  but  et  pour  quel  motif  on  a  contre-marqué  certaines  piècef . 


RUUETIN    BIBLIOGRAPHIQUE.  461 

Selon  M.  Cobeo,  les  contre-marques  auraient  seni  à  confirmer 

la  valeur  des  monnaies  émises  antérieurement,  soit  à  l'occasion 

d^imcbangementde  gouvernement,  par  Tavénement d'un  nouvel 

empereur,  soit  pour  avoir  cours  hors  de  Rome.  Mais  Borghesi 

i^Decad.  III,  oss.  8)  a  prouvé  que  la  contre-marque,  mise 

sur  une  ancienne  monnaie  par  autorité  publique ,  servait  de 

signe  pour  attester  que  cette  monnaie ,  bien  qu'usée ,  avait  tout 

de  même  consené  son  poids  légal,  et  cela  en  prenant  pour  base 

le  poids  du  denier  d'argent  impérial  diminué  d'un  huitième  dv 

son  ancien  poids  sous  Néron  '.  La  contre  marque  NCAPR  a  reçu 

de  Fauteur  Texplication  suivante:  Nummus  Custis  Aucfon'tate 

J^opuli  Romani,  explication  qui ,  du  reste,  a  déjà  été  proposée 

par  plusieurs  savants;  mais  la  seule  et  véritable  interprétation  d<i 

o^s  sigles  difliciies  est  celle  de  Borghesi,  c'est-à-dire  :  Nero  Cxsa?- 

Jk^gmtus  Proôavit.  M.  Cohen  déclare  ne  connaître,  sur  les  mon- 

0iiies  d'argent,  d'autre  contre  marque  que  celle  de  Vespasien, 

lAlP.VES.,  qui  se  rencontre  le  plus  souvent  sur  les  monnaies 

consulaires  ;  et  dans  une  note,  il  dit  que  par  une  exception  sin- 

gruUère  cette  contre-marque  se  voit  aus>i  sur  un  denier  de  Do- 

tïiiiifn,  portant  au  revers  les  mots  AVG  et  EPHE  (les  lettres  PHE 

liées),  inscrits  au  milieu  d'une  couronne  de  laurier.  Il  dit  que  la 

seule  manière  d'expliquer  cette  contre  marque  sur  une  médaille 

frappée  après  la  mort  de  Vespasien,  est  de  supposer  qu*elle  a  pu 

i^rvir  a  Tusage  de  ses  fils  aussi  bien  qu'au  sien.  Mais  on  peut 

**«xpliqupr  d^me  autre  façon,  en  disant  que  ce  denier  de  Domi- 

*^'^n  César  a  été  frappé  à  Êphèse,  dans  les  premières  années  du 

"^gne  de  Vespasien  (cf.  Pinder,  Die  Cistoph.y  p.  577,  pi.  11,  i8), 

^  que  dans  le  cours  de  neuf  à  dix  années,  il  a  pu  se  trouver 

^  et  avoir  besoin  de  la  contre  marque  de  Vespasien  lui-même 

pour  avoir  cours  à  Rome  et  ailleurs.  L'auteur  {Description  des 

^1  est  très-vrai  que  le  plus  grand  nombre  des  monnaies  contre-marquées 
**"'  plus  on  moins  usées  par  suite  de  la  circulation  ;  cependant  M.  Cohen  m'a 
'^^^^  des  médaiUes  à  fleur  de  coin  qui  ont  reçu  une  contre-marque.  Com- 
*"*•»'  expliquer  cette  singularité  ?  J,  W. 


Â82  BULLETIN   BIBLCOGRAPHIQUE. 

médailles  de  la  république  romaine,  p.  xxxix)  avait  fait  observer 
que  les  deniers  de  la  république  qui  ont  été  contre-marqués  à 
l'époque  de  Vespasien  sont  en  général  mal  conservés.  Et  je  me 
hâte  de  faire  remarquer  qu'au  mois  d'août  4847,  le  marchand 
napolitain  Benigno  Tuzi  me  fit  voir  un  cistophore  assez  usé  de 
Marc-Antoine  (Morell.,  Famil.  Antonia,  tab.  Il,  i  ),  portant  la 
contre-marque  IMPVESAV,  tracée  en  lettres  liées;  pièce  qui 
me  parut  une  chose  rare,  pour  ne  pas  dire  unique.  Ainsi  ce  cis- 
tophore, frappé  vers  l'un  715,  dans  la  province  d'Asie,  avait  en- 
core cours  à  Rome  comme  monnaie  légale  l'an  8i5,  était  admis 
dans  la  circulation  de  môme  que  les  cistophores  de  l'empire 
d'un  poids  plus  léger,  et  était  reçu  pour  la  valeur  de  trois  de- 
niers. (Voyez  Pinder,  Die  Cistophor.,  p.  576.) 

Selon  M.  Cohen  (p.  xxi),  les  médaillons  auraient  été  frappés 
surtout  dans  le  but  de  montrer  Thabileté  des  artistes  qui  étaient 
chargés  de  graver  les  coins  destinés  aux  officines  monétaires.  Hais 
l'opinion  d'Eckhel  (D  JV.,  I ,  p.  xvn),  qui  est  aussi  celle  de  Borghesi 
{Annales  de  VInst.  arch.,  t.  X,  p.  62),  me  parait  et  plus  probable 
et  plus  fondée;  c'est  que  les  médaillons  servaient  comme  dons 
à  l'occasion  des  fêtes  et  des  jeux  sacrés,  et  pour  décorations  et 
récompenses  militaires.  D'un  autre  côté,  je  n'ai  qu'à  louer  l'au- 
teur d'avoir  fourni  une  nouvelle  preuve  en  faveur  de  l'opinion 
d'Eckhel,  quant  à  Tàge  des  Contomiates^  en  citant  (p.  xxv)  deux 
médaillons  de  Constant  1*',  du  Cabinet  des  médailles  de  Paris^ 
ayant  l'un  l'indice  du  contour  ou  cercle,  et  lautre  une  palme 
incuse^. 

M.  Cohen  a  substitué  au  mot  leciistemium ,  employé  par 
Eckhel  et  par  d'autres  numographes,  celui  de  trône,  comme  ex- 
pression plus  propre  et  plus  exacte;  mais  peut-être  le  mot  latin 
pulvinar  serait-il  à  préférer,  parce  que  dans  ces  sortes  de  céré- 
monies sacrées,  les  sellas  ou  trônes  étaient  destinés  aux  Déesses, 


*  Cf.  plu»  haut ,  p.  238,  le  compte  rendu  do  l'ouvrage  de  M.  SaImUm  •«* 
le»  Médaillons  rontorniaifs.  J.  w. 


BULLETIN    bibliographique;  483 

et  les  lecti  ou  lits  aux  Dieux  :  Nam  Jouis  epulo  ipse  in  leciulum, 
Juno  et  Minerva  in  sellas  ad  cœnas  invitantur^  dit  Valère 
Maxime,  (II,  i,  2). 

M.  Cohen  dit  avec  modestie  que  son  ouvrage  peut  laisser  à  dé- 
sirer quelque  chose,  malgré  le  soin  qu'il  a  mis  à  ne  pas  omettre 
la  description  d'aucune  médaille  impériale  authentique  et  im- 
portante, et  à  exclure  avec  rigueur  celles  dont  l'authenticité  est 
douteuse  ou  sujette  à  controverse.  En  effet,  il  me  paratt  qu'il 
n*a  oublié  que  fort  peu  de  pièces  et  qu'il  n'a  admis  que  peu  de 
monnaies  fausses  ou  suspectes.  Je  citerai  ici  comme  suspectes  la 
piècede  Caligula  avec  le  titre  de  petit-fils d'Agrippa  :  M.AGRIP- 
PAE  N.,  n*  29  (cf.  Bull.  arck.  Nap.,  ann.  VI,  p.  Ul-liî)  »,  et 
peut-être  aussi  celle  aux  effigies  et  avec  les  noms  de  ses  trois 
sœurs,  Julie,  Drusille  et  Agrippine,  frappée  à  Apamée,  en  Bi- 
*h3nnie,  et  conservée  au  Musée  Britannique,  n*  i,  p.  155, 
Pl-  IX.  Cf.  Mionnet,  t.  Il,  p.  k\%  n*  23. 

Après  ces  observations  générales,  je  veux  ajouter  quelques 
^nsidérations  particulières  sur  les  médailles  les  plus  iinpor- 
lanles  décrites  par  M.  Cohen ,  qui  commence  son  ouvrage  par 
l^s  monnaies  de  Jules  César,  de  Pompée  et  de  ses  fils,  et  se  pro- 
P^^vse  de  le  continuer  jusqu'à  la  chute  de  l'empire  d'Occident, 
laissant  aux  savants,  quant  à  la  série  byzantine,  le  soin  de  re- 
courir à  l'ouvrage  de  M.  de  Saulcy.  Quant  à  l'ouvrage  de 
M*  Cohen,  il  sera  divisé  en  cinq  volumes  '. 

Auguste. 

Sur  le  beau  médaillon  d'argent  d'Auguste,  frappé  dans  l'Asie 
Mineure,  ayant  au  revers  la  Paix,  PAX  (n*  39,  pl.  IV),  l'auleur 

^<^y.  plus  haut,  p.  71,  ce  que  j'ai  dit  de  cette  pièce  do  la  collection  d*' 
M.  Gmuve  Herpin.  J.  W. 

Le  cinquième  volume,  qui  coutient  la  description  des  médailles  impériales 
•«pois  Po»tume  jusqu'à  Sévère  lî,  vient  do  paraître;  pour  terminer  l'ouvrage. 


t 

I 


romaine,  pi.  XXII,  JuUa,  51-54),  leçon  que  portent  U 
naies  originales  (Ann,  de  llnsl.  urch.y  t.  XXII,  p.  177), 
retrouve  sur  Tobélisque  dédié  à  Home  par  Auguste  lu 
l'an  744.  (Voir  Garrucci,  Segni délie  lap  lat.,\}.  26  ■.) 

1 .  CAESAR.  m.  VIU.  R.P.G  Tète  nue  juvénile,  avec  i 
deuil 

ly.  S.  G.  Statue  é<juestre  d'Octave,  tctuint  le  liiuus 
dans  la  main  droite  ;  au-dessous,  rostre  de  navire,  —  A 

L'âuteur  (n*^  19i!),  aussi  bien  que  d'autres  numismatîfl 
au-dessous  de  la  statue  équestre  une  proue  de  vaisseau  ; 
gravure,  pi.  111,  porte  un  simple  rostre  ou  éperon  de  nam 
rostre  fournit  la  seule  explication  véritable  de  ce  revers 
(D.  N.y  Vï,  p.  74)  avait  émis  la  conjecture  que  la  p 
vaisseau  faisait  allusion  à  VAnnone  donnée  par  Octave, 
de  mon  côte,  je  pensais  (/inw.  de  Vlnst.  arch.,  t.  XXil, 


il  y  aura  un  sixièniu  volume  qui  contieudra  les  monuaies  de  Cou 
Grand  et  de  ses  successeurs  jusqu'à  la  fin  de  l'empire  d'Occident. 

>  La  torche  est  indiquée  dans  le  dessin  de  M.  Cohen ,  mais  le  gi 
pas  tenu  compte  de  la  flamme.  La  m^me  omission  existe  dans  l'on 
les  Monnaies  de  la  réjyublique  romaine,  pi.  XXII,  Jtilia,  50. 

*  C'est  ainsi  qu'on  trouve  SIBVLLA  sur  les  monnaies  de  U  famil 
(  Cohen  ,  Monnaies  de  la  république  romaittef  pi.  XXVI,  Jfan/ta,  6)  ;  ] 
ERVMANTINO  snr  une  monnaie  de  Tostume  (Cohen,  t.  V,  p.  S 


ï 


BULLETIN   BinUOGRAPHlQUE.  485 

que  cesynil>ole  servait  à  rappeler  les  ci»nt  vingt  vaisseaux  four- 
nis par  Marc-Antoine  à  Octave,  Tan  717,  à  la  suite  de  la  paix  de 
Tarente  (Appian.^  Bell,  civ.y  V,  95).  Plus  tard,  je  me  suis  rap- 
pelé les  paroles  suivantes  de  Velléius  Paterculus  [Ilist.  rom.,  Il, 
^0>  qui  donne  la  véritable  interprétation  du  symbole,  etindi- 
<pe  l'année  à  laquelle  se  rapporte  ce  type  :  Eum  (C  Caesarem) 
'^'^fusjhonaratum  equestri  statua,  qux  hodteque  m  ROSTRis/>o5t7^ 

xtaiem  ejw  [annorum  XVIIH)scriptura  indicat propnetore, 

^^  cum  consulibus  désignât is  Hirtio  et  Pansa^  bellum  cum  An- 
tmo  gerere  jussit.  C'est  aussi  par  un  motif  analogue,  à  ce  que 
je  crois,  que  sur  les  deniers  de  Lentulus  Cossus,  triumvir  mo- 
nétaire d'Auguste^  une  proue,  ou  rostre  de  navire,  a  été  placé*? 
^^  base  de  la  statue  équestre  de  A.  Cornélius  Cossus,  portant 
'«secondes  dépouilles  opimes  (T.  Liv.,  ÎV,  20.— Propert.,  IV, 
^^^9*,  10,  25);  ce  symbole  fait  connaître  que  la  statue  a  été 
placée  aux  rostres^  ou  du  moins  tout  auprès.  (Cf.  EckheK  />.  IV,. 
V,|i.  186.) 

î«  CAESaR.  Tête  juvénile  nue;  le  tout  dans  une  couronne  de 
laarier  ou  de  chêne. 

i*  AVGVST.  Légende  tracée  au  milieu  d'une  guirlande  foi^mée 
W  des  bandelettes,  des  patères  et  des  têtes  de  victimes  ;  ou  cen- 
^^t  Un  grand  caruiélabre.  —  AV.  et  ^. 

^u  droit,  je  reconnaissais,  avec  Eckhel  et  d'autres  savants, 
l^^le  d'Auguste  jeune,  et  je  reportais  les  deniers  d'or  et  d'ar- 
gent, marqués  de  ce  type,  à  Tan  735.  (Voir  i4nn.  deVInst, 
^K  t.XXn,  p.  i84.)  M.  Cohen  (t.  ï,  p.  113)  reconnaît  ici  la 
*^  jeune  et  presque  enfantine  de  Caïus,  fils  d'Agrippa,  adopté 
P«ï  Auguste  et  déclaré  César  en  737  %  et  maintenant  cette  opi- 
nion me  parait  aussi  beaucoup  plus  probable  que  la  mienne. 
^  cette  année  737  eut  lieu,  pour  la  cinquième  fois,  la  célé- 
bration des  jeux  séculaires,  et  l'on  peut  rapporter  à  ces  jeux  les 


Voir  la  belle  dissertation  de  M.  Prosper  Dupré  (  Purib ,  1836,  iii-8-),  à 
l»»»  <^l  due  cett«*  restitution.  ,1.  W. 


par  le  nom  de  César^  OAESAH,  étant  alors  le  seul  e 
César  revêtu  de  ce  titre;  sa  tête,  d'apparence  enfantin 
encore  vers  cette  époque,  mais  sans  nom  sur  une 
bronze  de  P.  Licinius  Stolo,  triumvir  monétaire  d 
(Morell.,  Fam.  Liciniay  tab.  3,  A),  vue  par  Moriell  et 
suspectée  à  tort  par  Eckhel,  Z>.  A'.,  VI,  p.  162  \ 

3.  C.  ANTISTIVS.  VETVS.  \\\.  VIU.  Tète  de  Vénuê. 

i,  IMP.  CAESAR.  AVGVS.  COS.  XI.  Simpulum,  lii 
pied  et  patère,  —  ^R. 

M.  Cohen  lit  AVGV  au  lieu  d'AVGVS.  comme  po 
exenipluires  les  mieux  conservés.  C'est  à  Tan  738  qu'il 
le  triumvirat  des  deux  Antistius,  d'après  Favis  de 
{Decad,y\l\,  oss.  7)^  qui  explique  de  la  manière  suivan* 
du  revers  :  «Comme  ces  coins  ont  été  fabriqués  imméd 
(c  après  la  célébration  des  jeux  séculaires  auxquels  pré 
ce  guste  en  sa  qualité  de  chef  des  quindecemvirs,  cette  ciro 
«  était  favorablement  choisie  pour  rendre  hommage  à 
d  en  rappelant  qu'il  était  aflilié  à  tous  les  principaux 
«  religieux.  » 

Et  ceci  se  trouve  confirmé  quand  on  pense  qu'aux 
culaires,  ainsi  qu'aux  autres  jeux  sacrés,  devaient  pren 
les  quatre  principaux  collèges  sacerdotaux,  conformén 
que  dit  Tacite  {Annales,  111, 6i)  :  Quos  ludos  pontifices  et 
pt  (mndecemvirû  septemviris  simul  et  sodalibus  augu 


9ULLETIN   BIBUOGRAPHIQUE.  487 

ederent.  (Cf.  Dion.  Cass., //»^,  LVlll^  li.)  Comme,  d'un  autre 
oôté^  les  jeux  dont  parle  Tacite  furent  célébrés  par  décret  du  sénat, 
à  l'époque  de  la  grave  maladie  de  Livie,  femme  d'Auguste,  Tan  de 
Rome  775,  et  comme  aussi  Tan  738^  époque  où  furent  Frappées 
les  monnaies  des  Antistius,  on  fit  des  vœux  et  des  sacrifices  pour 
lisante  de  César  et  pour  le  salut  du  peuple  romain,  PRO  VA- 
LETVDINE  CAESARIS  et  OB  R.  P.  CVM  SALVT.  IMP.  CAESAR 
AVG.  CONS.,  légendes  gravées  sur  dos  monnaies  (Eckhel, 
A  JV.y  VI,  p.  103.  —  Cohen,  n*  349.),  il  me  paraît  probable 
906  les  symboles  des  quatre  principaux  collèges  sacerdotaux  ont 
'ipport  à  ces  vœux  et  à  ces  sacrifices. 
4.  ^éte  nue  d'Octave. 
^'-     IMP.   CAESAR.   Hermès   lauré  au-dessus   d'un    foudre. 

î>'      kermès  jeune  lauré  avec  un  foudre  d  côté. 
i'    IMP.  CAESAR.  Octave  assis  sur  la  chaise  curule  et  tenant  In 
Vtcfocre  sur  la  main  droite  étendue. ^M- 

i^  ne  sais  pourquoi  M.  Cohen  (n""  107,  H2)  a  donné  le  nom 
4e  Terme  de  Priape  à  Thermes  figuré  sur  la  première  de  ces 
Aenx  médailles  que  je  viens  de  décrire,  cet  hermès  étant  sem- 
Uible  è  celui  de  la  seconde  qu'il  désigne  sous  le  nom  d'Octave 
«  Terme  *.  J'abandonne  les  conjectures  que  j'ai  proposées  ail- 
leurs (Ann.  de  l'Inst.  arck.,  t.  XXII,  p.  179),  l'explication  de 
ces  deux  types  me  paraissant  se  trouver  dans  les  deux  passages 
vivants  d'un  ancien  grammairien  :  Augustus  Terminas  constituit 
'       ^  onmem  terram  fecit  remensurari.  —  Juppiter  Terminis  omnia 

t  *  Les  deux  deniers  dont  il  est  ici  question  sont  graTës  dans  Touvrage  Mo»- 

1  *"*M  <lt  la  réfmbîiq%ie  romaine ,  pi.  XXIII ,  Julia ,  64  et  65.  Le  premier  montre 

*.  «  ^te  jeune  et  lauré  d*Octave  en  forme  d'hermës  ou  de  terme,  à  droite  ;  der- 

4  '^t  ^  foudre.  Les  traits  d'Octave  ne  peuvent  être  méconnus.  —  Le  second 

l  »poar  type,  au  revers  Je  la  tôto  nue  d'Octave,  un  liermès  itbyphuUique  et  iui- 

wrbe,  couronné  do  laurier  et  vue  de  face  ;  au-dessous,  un  foudre.  —  Il  seml)le 

-|  ^f^-probable  que  le  second  type  de  Thermes  itbyphalliquc  repn'sente  aussi 

f  ^*e.  J.  W. 


il  ;  XXXVI^  6^  8)^  relatirs  nu  temple  et  au  simulacr 
Auguste  au  Capitole^  me  semblent  devoir  être  rap 
type  précédent  : 

Leochares  (fecit)  Joven  illum  Tonantkm  m  Cap 
cuncta  laudabilem.  —  Jovis  Tonantis  ^ëdes  m  Capitoi 
glebiSf  non  vero  e  secto  marmore,  ) 

Le  médaillon  de  bronze  portant  la  légende  DIVV 
TVS  et  le  temple  hexastyle,  qui  lui  fut  dédié  par 
le  peuple  romain,  S.  P.  Q.  R.,a  été  suspt^clé  par  Ecl 
VI,  p.  126);  mais  M.  Cohen  (pi.  UI,  n*»259)  pense 
daillon  a  été  frappé  sous  Nerva;  ceci  expliquerait 
partie  les  doutes  de  l'émiuent  numismatiste  de  Vien 
lieu  du  temple  est  la  statue  d'Auguste  assis»  comn 
Jupiter  Nicéphore,  ce  qui  fournirait  l'explication  d'ui 
d'Auguste  divinisé^  accompagné  de  la  légende  lOVl  ! 
sur  la  frise  d'un  temple  tétrastyle.  (  Eckhel,  D  N.,  ' 

7.  CAESAR.  DIVl,  PAT.  PA.  Tète  nue  d'AuguÊte. 

^\  VOTA  PVBLICA.  Figure  voilée  debout  tenom 
dans  la  main  droite^  et  faisant  une  libation  sur  ; 
auprès  un  Camille  tenant  Vacerra ,  deux  iibicines  et  t 
hache  levée  pour  frapper  un  bœuf.  —  AV. 

Eckhel  [D.  N.,  VI,  p.  i  13)  reconnaît  Auguste df 
voilée,  vôtue  de  la  toge  et  faisant  une  libation ,  et 
(n®  24!  )  y  rer>onnaît  un  prêtre  voilé;  d'accord  avw 


BULLETIN    BinLIOGRAPIIIQL£.  AS9 

monnaies  frappées  pour  la  santé  de  Trajan  et  d'Hadrien  ,  per- 
lant la  même  légende  :  VOTA  PVBLICA,  on  voit  le  génie  du 
sénat  et  celui  du  peuple  romain  faisant  un  sacrifice.  Eckhel,  en 
attribuant  cet  aureus  à  Tan  75^^  avoue  ne  pas  savoir  quels  sont 
les  vœux  publics  qui  y  sont  indiqués,  et  ceci  nous  autorise  à 
rallribuer  à  une  époque  postérieure  et  par  conséquent  plus  par- 
ticulièrement à  l'an  762,  dont  on  ne  possède  aucune  monnaie 
certaine.  Borghesi  attribue  également  à  Fan  762  cet  aureus, 
mais  il  propose,  sans  aucune  raison,  de  lire  dans  le  passage  cité 
de  Pline  pro  redilu  au  lieu  de  pro  sainte  Avgusti. 

Je  ne  sais  cx)mment  M.  Cohen  (p.  438,  n°  1)  a  pu  décrire 
comme  un  denier  émargent  le  remarquable  aureus  représentant 
&rmanicus  qui  pose  la  tiare  royale  sur  la  t^te  d'Artaxias. 
(Revue  numismatique 9  i838,  page  338 ^) 

C.  Cavfdoni. 


—  M,  W.  Vaux,  conservateur  des  médailles  au  Musée  bri- 

taniùque,  et  notre  collaborateur  M.  John  Evans  viennent  de 

fMreadre  la  direction  de  la  nouvelle  série  du  recueil  périodiqxie 

iBlMé  The  Numismaiic  Chronicle,  Les  deux  premiers  numéros 

coQÛeonent  une  très-intéressante  suite  d'articles  rédigés  avec  la 

sobriété  instructive  qui  dislingue  cette  revue,  dont  le  style 

sérieux  convient  si  parfaitement  aux  matières  d'érudition. 

*  Cest  par  une  erreur  typographique  que ,  dans  la  Revue  ,  1838,  p.  338 ,  la 
célèbre  pièce  d'Artaxias  est  indiquée  comme  étant  d'or.  C'est  réellement  un 
*«•«' «Tarpenl ,  comme  M.  Cohen  l'a  dit.  Voir  à  la  fin  de  Yerrata  de  la  Revue 
••"■Mwoliqw  de  1839. — La  médaille  d'Artaxias  est  aussi  publiée  dans  The  iVti- 
•wwiiic  Chrmkle,  t.  XVI,  1853,  pi.  I,  n»  1,  d'après  Texeroplaire  de  la  col- 
lection de  M  Sabatier,  Catal.,  n»  70.  London,  1853,  în-8«.  .T.  W. 


TABLE 

MÉTHODIQUE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES 

DANS  LA  REVUE  NUMISMATIQUE. 

ANNÉE  1861. 
iNOl'VELLE  SÉRIE.  TOME  SIXIÈME. 

laocf  

VUMXSBKATIQUE  AMCXEBmS. 

Médailles  des  Peuples,  Villes  et  Bols. 

Lettres  à  M.  de  Longpérier  sur  la  numismatique 
gauloise,  par  F.  de  Saulcy.  XII.  Monnaies  des 
Édnens 77 —    — 

—  Xdl.  Monnaies  des   Lexoviens 165—1     ^ 

Pièces  gallo-grecques  de  Marseille,  par  A.  Carpentin 

(pi.  xvii) 397—4^^ 

Monnaie  de  plomb  d'Alise,  par  Adr.  de  Longpérier. 
(vignettes) 253— B^ 

Monnaies  des  Salasses,  par   Adr.    de  Longpérier 

(pi.  XV ) 333-»^ 

Ktudes  de  numismatique  asiatique,  par  W.  H.  Wad- 
DiNGTON  (deuxième  article).  VI.  Paphlagonie  et 
Cappadoce.  —  VIL  Abd-Hadad,  dynaste  d'Hiéra- 
polis  en   Syrie.  —  VIII.  Satrapes  de  Lycie.  — 


TABLE   MÉTHODIQUE    DES   MATIÈRES.  h^H 

^X.   Monnaies    à   lefiigie   d'Ârtaierce-Mnémon 

Cpl.  letn) 1—22 

Monnaies  du  Sérapéum  de  Memphis.  Trouvaille  de 
MytRahineh  ;  Maronœa  Thraciae,  i£gœ,  Lcte  Ma- 
cedoDiaB,,i£gina  insula  Corinthus^  Eretria  Eubœœ^ 
Ceus  insula,  Naxus  insula,  Chalcedon  Bithynia^^ 
Teos  loniœ ,  Chius  insula ,  Ces  insula ,  Samus  in- 
sula, Lycia  (  Phaselis?),  Amathus  Cypri,  Cyrene, 

par  A  DR.  DE  LONGPÉRIER  (  pi.  xviu  ) 407 — 428 

Monnaies  inédites  impériales  romaines,  grecques 
et  coloniales,  par  J.  Sabatier.  Antonbi  (  médaillon 
d'Êphèse?),  Septime  Sévère,  Uranius  Anloninus 
(frappé à  Anlioche), Beryfus (M.  Aurèle et  Vérus, 
Julia  DomuR,  Caracalla  ),  Byblus  (Garacalla,  Dia- 
duménien,  Élagabale,  Soaemias],  Sidon  (Caracalla, 
Élagabale,  Julia  Paula,  Alexandre  Sévère] ,  Tri- 
polis  (J.  Domna,  Caracalla,  Macrin),  Tyr  (Diadu- 
aiénien)  (pi.  iv  et  v) 91— i05 

Crkoxique.  Médaille  à  la  légende  BIRAGOS ,  62-64.  — 
^^'^tlTix.  fils  d'Àtepillus,  326-327.  —  Monnaies  gauloises 
troav^«8  dans  l'île  Tristan  ,  près  Donarncnez  (  Finistère  ) ,  et  à 
^^*»*iit«nay  (  Nièvre)  ,  332.  —  Découverte  de  4,000  médailles 
^'*>'Keiit  de  Marseille,   332.  —  Ptolémées  d'Egypte ,  64-67. 

MédallIcA  romalncA. 

*^NiiinmusTullianus,  par  V.  VasquezOubipo.  .  .  .  180—200 
^**^î  sur  les  médailles  de  la  famille  de  Gallien,  par 

^.  Deville(p1.  xu) 257-289 

^  <luelqiies  médailles  supposées.  Victorina,  Lol- 

'■^nus,  L.  iElianus,  par  J.  de  Witte  (  pi.  ix).  .  .     201—210 

^Uletin  bibliographique  et  Chronique.  Médailles  ro- 

**^s  de  la  collection  de  M.  Hcrpin  (Auguste,  Caligula ,  Do- 

!'"^^«i,  Dioclétien),  67-73 .  —  Septirae  Sévère ,  92.  —  Médailles 

P^ï-îaleji  (  Auguste  '• ,   479-489.  —  Médaillons  contorniates, 

^^-^47. 


492  TAIILE    MÉTHODIQUE    DES   MATIÈRES. 

Médailles  byunilneii. 

Bulle  byzantine  inédite  du  musée  du  Louvre ,  par 
E.  Miller  (  vignette  ) 23- 


IfUMISMATIÇUE  DU  MOTBli  AGB. 

Monnaies  françaises. 

PKKMIÈRE   RACE. 

Description  des  monnaies  mérovin^^iennes  du  Li- 
mousin, par  Max.  Deloche.  VU.  Sauviac,  Naillac, 
Brilliau-Fa,  Ambazac,  Brionne,  le  Pineau.  .  .  .       30— 

—  Vin.  Salagnac,Coussac-Bonneval,  Ghabrignac, 
Abriîic,  Clngnac,  Sarazac,  Savignacou  Salagnac, 
Saint-Yrieix,  Chabanais 290—3 

—  IX.  Uzerche,  Eyburie,  Chabrac,  Cursac,  Cssel, 
ïeillol,  Evra,  Biive,  Cornil 348—2 

Tiers  de  sou  d'or  de  Tonnerre,  367,  pi.  XVI ,  n"  1.  —  Denier 
de  Mu-S(Tille,  401-406,  pi.  XVII,  n«  10. 

SECONDE    UACE. 

Dissert^ition  sur  les  monnaies  frappées  à  Lncques 
pendant  la  domination  des  Francs  aux  vm*  et 
IX*  siècles  ,  par  DoMENico  Massagli  (  pi.  xix  ).  .  .     i29 ' 

D.^iiiHr  cai-lovingien  de  Tonnerre,  368,  pi.  XVI ,  n*  2 

TROISIÈME   RACE. 

Le  royal  d'or  de  saint  Louis,  par  Adr.  de  Longpérier 
(vignette) 303 — ^ 

Monnaies  d*or  de  Philippe  de  Valois ,  trouvées  à  Deauville 
(Calvados), 332.— Monnaies  d'argent  de  François  I,  de  Henri  II, 
de  Charles  ÎX,  trouvées  à  Moirans  (Isère),  332. 


TABLE   MÉTHODIQUE    DES   MATIÈRES.  A03 

Monoaleft  priDTliiclalcA. 

Monnaies  des  comtes  de  Tonnerre ,  par  A .  de  Bar- 

THÉLBMT  (pi.  xvi) 366 — 377 

Ëca  d'or  de  Charles^  duc  d'Orléans^  par  Adr.  db 

LoKGPiaiER  (vignette). 454—457 

Quelques  monnaies  rares  ou  inédites  de  la  biUio- 

tbèque  de  Marseille,  par  A.  Carpentin  ( pi.  m).  .      45—  52 
Denier  inédit  de  Guillaume  IV,  prince  d'Orange,  par 

R.  GÉRT  (vignette) 308—312 

Essd  sur  l'histoire  monétaire  des  comtes  de  Flandre 

de  la  maison  de  Bourgogne  et  description  de  leurs 

monnaies  d'or  et  d'argent,  par  L.  Dbschahps  de  Pas. 

I.  Philippe  le  Hardi  (  pi.  vi ,  vu  et  vni  ) 106—439 

—  II.  Jean  sans  Peur  (pi.  xetxi) 211—237 

—  IIL  Philippe  le  Bon  (pl.xxétxxi) 458—478 

Numismatique  lorraine ,  par  Ch.  Robert  (  Lorraine 

ducale.  Bar  )  (pi.  xiii  et  xiv) 313— 32S 

Honiuûefl  du  xn*  ftiècie  de  Gui  I,  comte  do  Ne  vers,  d'Eudes  III 
le  Bourgogne ,  d'Auzerre,  de  Tonnerre  ,  de  Bourbim ,  de  San- 
«rre^  de  Raoul  II  et  de  Gui  de  Nevers,  seigneurs  d'Issoudun, 
l^eoiivertes  à  Varzy  (Nièvre) ,  327-331.  —  Monnaies  d'argent 
le  JeAxme  d'Albret,  découvertes  à  Moirans  (Isère),  332.—  De> 
uers  diesévêques  de  Toul,  de  Metz,  de  Mathieu  I  de  Lorrain^', 
roov*»àCoutrexéviUe  (Vosges),  387-396. 

MoBMilM  élranvêrea. 

^ltril>QiiQ||  à  l'empereur  Henri  VI  d'une  aiigustale 

"^^dite,  par  A.  Huillard-Bréholles  (vignettes).  .  53 —  61 

"^*^ïs  de  Balscha  lll ,  prince  de  Monténégro  et  de 

^ïlta,  par  François  Lbnormant  (vignettes).  .  .  .  140 — 164 

**tjaies  d*argcut  d'Emmanuel  Philibert,  duc  de  Savoie,  dô- 
^rtes  à  Moirans  (Isère) ,  332.  —  Monnaies  des  comtes  de 
^p,  248-251 . — Monnaies  des  Indps  orientales  néerlandaises, 

^^1.-  6.  31 


ERRATA 
DE   LA  REVUE  NUMISMATIQUE. 


!••!. 


Page  110,  lignes  16  et  17,  valant  les  50  1/2  pièces  d*or  huit  livres,  quatre 
deniers  gros,  Ui«s  huit  livres,  huit  sols,  quatre  d^zûers 
gros. 

—  210,  note  4,  ligne  1,  Tillemant,  liêêx  Tillemont. 

—  330,  ligne  33,  un  croisant,  lisez  un  croissant. 

—  332,    —      1,  rome  «rwcAe,  lisez  romeiruche. 

—  344,    —     12,  Carlian,  liêtt  Corlian. 

—  393,     —     14,  vous  n*hésiter,  lise*  vous  nliésiteE. 


Paris.  —  Imprimé  par  E.  TRCNoretc*,  rue  Racine,  26. 


REYilE  NUiriSiîATIO'.ir: 


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REVUE 

ÏISMATIQUE 


BIGOT  (Â.]t  àRenue». 

BLACAS  D^AULPS  (Le  duc  de),  à 

Wrignon  (Var), 
BOILLEAU  (L.),  à  Tours. 
BOUDARD ,  à  Bezien. 
BRETAGNE,  à  Nancy. 
BRUGIÈRE  DE  LAMOTTE,  kMont- 

CARPENTIN  (A.),  à  Marseille. 
CAVEDONI  (L'abbé  C),  à  Modène. 
CHARVET(J.).àPari8. 
COCHET  (L'abbé),  à  Dieppe. 
<X)HEN  (  Henr}) ,  à  Paris. 
rOLSOK  (  Le  docteur  A.  i .  à  Novoii. 
CUAZANNES   (I^  baron  Chaudruc 

de  1 ,  à  Castel-Sarrazin. 
DAUBAN  (  Alfred),  à  Paris. 
DKLOCHE  (  Maximin),  à  Paris. 
DENIS  LAGARDE  ,  à  Brest. 
DESCHAMPS  DE  PAS  (Louis),  à  I 

Sdint-Omer. 
DEMLLE  (Acbille),  àParis. 
DUPRÉ  (Prosper) ,  à  Montjay  (Seine- 
et-Marne  ). 
EVANS  (J.),  à  Londres. 
FEUARDENT,  à  Montmartre. 
(iARRUCCI  (R.),  à  Rome. 
(JAYRAUD  DE  SAINT-BENOIT,  à 

Saiut-Benolt  (  Aude). 
GÉRY  (  R.  ) ,  à  Voiron  (  Isère  ). 
nUCHER  I  Eugi'ne),  au  Mans. 
HITILLARD-BRÉHOLLES  (  A.  ) ,  À 

Paris. 
nURON  (E.),  à  Montoire-snr-Loir. 
.TUDAS  (Le  docteur  A.  ) ,  à  Passy. 
KŒHNE  (Le  baronde),à  Saint-Pé- 

tersbourff. 
LAGOY    (Le  marquis  de),  à  Air 

(  Bouches-dn-Rhône  ). 


LONGPÉRIER-GRIMO 
de),  à  Lonffpérier  (( 
LUYNES  (LeSucde), 
MALLET  (Femand),  à 
MANTELUER,à  Orlé 
MASSAGLI(D.),  àLn 
MAXE-WERLY(Uon 
MILLER  (Emmanuel) 
MORBIO(Carlo),  àMi] 

MÛLLER(Lonia),àC 
NABfUR,  à  LuzenîboQT 
PÉTIGNY  (Jules  de\  à 

et-Cher). 
POE  Y  D'AVANT  (F.] 

(VendéeJ. 
PONTHIEUX(N.),àï 
PONTON  D'AMÉCOUl 

îiTrîlport  (Seine  et  B 
PORRO  (Comte  Jnles), 
PROMIS (Chev.  Dam.), 
PROKESCH-OSTEN  (1 

Constantinople 
RAUCH  (Adolphe  de] 
RETHAAN  MACARÉj 

Utrecht. 
ROBERT  (G.  K  à  Paria 
RONDIER,  àMelle(& 
ROUYER  (J.),  àParii 
SABATlER{Jean),àM 
SAUSrComteJ.F.G.d 
SAULCY  fF.del.àPi 
SAUVADET.àMontpe 
SAUVAGEOT(F.),à 
SORETrF.);  àGeuëre 
TOULMOUCHE(D'),* 
VALLIER(GusUve),à 
VASQUEZ^UEIPO(V 

VOGUÉ  (Le  comte lld 
Pexean  (Cher^. 


REVUE 


N  UMISMATIQUE 


PUBLIEE 


J.   DE  WITTE 

d«  l'AMdéaii  roytli  dos  Sciences,  dee  Lettres  et  des  BeiaiArts  de  Belgique, 
Correspondent  de  VInstitnt 
et  de  It  Société  Impéritle  des  Antiqnaires  de  Fnnce , 


ADRIEN  DE  LONGPERIER 

Ifembre  de  l'Institut  et  de  la  Société  impériale  des  Antiquaires  de  Franco , 
AModé  étranger  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Belgique. 


Oitendile  mihi  nomisma  census...  Gojas 
est  inago  hsc,  et  inperseriptio  ? 

M4TTH.,  XIII,  19— sa. 


NOUVELLE  SÉRIE.    TOME  SEPTIÈME. 


PARIS 


AU  BUREAU  DE  LA  REVUE 

■.   CAMILLE    KOI.I.I1V  ET  VEIJAKDBIIT 

IS,   AOI   TITTENME 

1862 


;moires  et  dissertations 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPÉRIER 

LA  NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

(  PI- 1-  ) 

■    M. 

le  article— Voir  le  d<>  6  do  1858,  p.  437  ;  lo  n«  5  de  1859,  p^dl3  ;  le 
e  la  même  anm-e,  p.  401  :  li?  ii«»  3  de  1860,  p.  164;  le  n"  4,  p.  249; 
5,  p.  345  ;  lo  n«  6  de  la  rafime  année,  p.  409,  et  1«  n"  2  do  1861,  p.  77. 

XIV. 
Trouvaille  de  Chanlenay. 

^  cher  ami,  tu  sais  mieux  que  personne  le  parti  que 
^ut  tirer  de  l'étude  minutieuse  d'un  dépôt  de  mon- 
antiques  que  le  hasard  met  au  jour;  aussi  la  dé- 
crie et  la  possession  d'un  dépôt  de  ce  genre  sont-elles 
èves  favoris  de  tout  numismatiste  tant  soit  peu  pas- 
lé.  Cette  bonne  fortune,  toujours  espérée,  toujours 
due  en  vain,  j'ai  eu  cet  été  le  bonheur  de  la  rencon- 
Juge  de  ma  joie!  Un  trésor  de  mes  chères  monnaies 
ùsea  est  tombé  tout  entier  entre  mes  mains ,  et  c'est 

12.- 1.  1 


2  MÉMOIRES 

(le  la  composition  de  ce  trésor  que  je  vais,  cette  fois,  l'en- 
tretenir. 

Avant  tout ,  je  dois  te  faire  partager  les  émotions  que 
j'ai  savourées ,  et  pour  cela  je  vais  te  raconter  le  plus  briè- 
vement possible  toute  Tliistoire  de  ma  précieuse  conquête. 

Pendant  que  je  faisais  consciencieusement ,  au  mois  de 
juillet  dernier,  mes  dévotions  à  la  nymphe  de  Contrexévîlle, 
à  qui,  hélas  !  j'ai  voué  bon  gré  mal  gré  un  culte  assidu,  je 
reçus  de  mon  digne  ami ,  M.  Aug.  Chassaing ,  substitut  du 
procureur  impérial  à  Cusset  et  numismatîste  très-distin- 
gué, ce  qui  ne  gâte  rien,  l'annonce  d'une  trouvaille  de  quel- 
ques centaines  de  pièces  d'argent  consulaires  et  gauloises, 
exhumées  tout  récemment  sur  la  limite  des  départements 
de  l'Allier  et  de  la  Nièvre.  Certes,  cette  nouvelle  était  bien 
faite  pour  m'affriander.  Je  répondis  courrier  pour  courrier, 
en  suppliant  M.  Chassaing  d'acquérir  au  plus  vite  le  tout 
pour  mon  compte.  Enfin,  après  quelques  jours  d*une 
impatience  fiévreuse ,  je  l'avoue  sans  scrupule,  je  reçus 
la  bonne  nouvelle,  dont  je  commeuç^ais  presque  à  déses- 
l)érer,  que  le  trésor  en  question  était  devenu  ma  propriété. 
Peu  après  je  rentrais  à  Paris,  et  je  tenais  le  bienheu- 
reux sac  qui  m'apportait  les  vénérables  reliques  du  temps 
passé  que  j'allais  étudier  à  mon  aise.  Je  n'eus  pas  le 
temps  de  faire  plus  que  de  jeter  un  coup  d'œil  d'amoureux 
3ur  le  contenu  du  sac  en  question,  car  je  partis  aussitôt 
pour  la  Suisse,  où  dans  les  heures  de  loisir  que  m'a  laissées 
une  longue  saison  d'eaux  dans  un  établissement  isolé,  j'ai 
eu  tout  le  temps  d'examiner,  de  classer,  de  peser  mon  riche 
butin;  cette  étude  m'a  donné  d'assez  curieux  résultats  pour 
que  je  sois  assuré  que  la  communication  que  j'en  fais  par 
toi  aux  lecteurs  de  la  Revue  uimiismaiique^  les  intéressera  à 
un  haut  degré. 


ÏT   DlSSKKTAriONS.  3 

J'avais  chargé  M.  Chassaing  de  me  procurer  le  plus  pos- 
sible de  détails  précis  sur  cette  importante  découverte,  et 
j*ai  reçu  de  lui  une  lettre  qui  lui  avait  été  envoyée,  en  ré- 
ponse à  ses  questions,  par  M.  Douuiet,  de  Moulins,  par  Ten- 
Cremise  duquel  il  avait  pu  acquérir  pour  moi  tout  le  con- 
t^enu  de  la  trouvaille.  Cette  lettre ,  si  obligeamment  écrite 
par  M.  Doumet,  je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  la  trans- 
orire  fidèlement.  La  voici  donc  : 

M  25  septembre  1861. 

a  Les  renseignements  que  je  puis  vous  fournir  sur  la 
t.rouvaille  des  médailles  de  Cbantenay  sont ,  à  mon  grand 
ï^egret,  très-imparfaits  et  peu  détaillés.  Vous  connaissez  le 
paysan,  toujours  défiant  et  dissimulé;  voici  donc  tout  ce 
c^ue  j'ai  pu  obtenir  de  celui  dont  je  m'étais  fait  le  commet- 
l^ant  : 

«  Dans  le  courant  de  mai  dernier,  en  ])énétrant  à  environ 

AO  centimètres  de  profondeur,  dans  un  champ  dépendant 

^'une  des  maisons  du  bourg  de  Ghantenay  (Nièvre)  et 

située  au  midi  de  ce  bourg,  il  déterra  un  petit  pot  en  terre 

grossière  et  rougeâtre,  de  forme  ovale  tronqué,  de  12  à 

4  6  centimètres  de  diamètre;  ce  pot,  comblé  jusqu'à  la 

gueule  par  une  terre  assez  compacte,  fut  brisé  par  lui  d'un 

violent  coup  de  sabot ,  et  il  en  vit  sortir  une  quantité  de 

petites  médailles;  il  les  recueillit  au  nombre  de  plus  de  600, 

t*t  me  les  apporta  dans  le  but  d'en  connaître  la  valeur. 

«  Tels  sont  les  seuls  renseignements  que  j'ai  pu  obtenir 
du  trouveur;  en  voici  d'autres  venus  de  mon  côté  : 

0  Le  champ  où  s'est  faite  la  trouvaille,  appartient  depuis 
quelques  années  à  Vannéreux  (Pierre)  ;  c'est  son  frère  qui 
Ta  faite  :  ce  champ  dépendait  d*une  maison  ancienne  ap- 
partenant à  la  famille  Meure  des  Régnants  ;  il  est  situé  au 
sud  du  bourg  de  Ghantenay,  non  loin  du  chemin  de  grande 


A  MÉMOIRES 

communication  de  Cbantenay  à  Dorny,  à  200  mètres  envi- 
ron de  l'église. 

((  En  faisant,  il  y  a  quelques  années,  des  fouilles  dans  ce 
champ,  à  un  mètre  de  profondeur,  on  a  découvert  des  fon- 
dations romaines,  quantité  de  briques  et  de  tuiles  indiquant 
parfaitement  cette  origine. 

((  Dans  diverses  localités  de  cette  même  commune,  on 
rencontre  les  vestiges  d'une  voie  romaine  *,  et  l'on  a  trouvé 
plusieurs  antiquités,  dont  quelques-unes  sont  au  Musée  de 
Nevers;  toute  la  contrée  présente  les  traces  de  l'époque 
gallo-romaine. 

«Veuillez,  etc.  A.  Doumet.» 

Maintenant,  mon  cher  ami,  que  tu  en  sais  autant  que 
moi  sur  la  trouvaille  de  Chantenay,  je  passe  à  l'analyse  du 
trésor  qu  elle  a  mis  entre  mes  mains  :  à  tout  seigneur  tout 
honneur  ;  je  commence  donc  par  les  monnaies  gauloises. 

Ligue  contre  les  Germains. 

Les  pièces  de  la  ligue  contre  Arioviste  et  les  Germains 
entrent  pour  une  assez  forte  proportion  dans  la  trouvaille 
de  Chantenay.  On  en  compte  81  exemplaires  appartenant 
aux  trois  espèces  suivantes  : 

DVRNACOS— AVSCRO 57 

Idenij     illisibles 6 

DVRNACVS— DONNVS 16 

DVRNACVS— ESIANiNI 2 

81 

>  La  voie  romaiue  dont  il  est  question  dans  cette  lettre  allait  de  Boarbon- 
l'Arehambault  à  Decise. 


ET    DISSERTATIONS.  5 

Nous  alloDS  Dous  occuper  successiveiueut  de  chacuue  de 
<r.^^s  espèces. 

DVRNACOS.  —  AVSCRO. 

DVRNACOS.  Tête  casquée  de  Pallas. 

ij.  AVSCRO.  Cavalier  la  lance  en  arrêt. 

57  exemplaires  lisibles ,  plus  6  autres  sur  lesquels  les 
légendes  n'ont  jamais  été  empreintes.  Le  poids  moyen  de 
o^S'S  quinaires  est  de  l8%916.  Ils  sont  en  général  usés 
0€z^  jnme  des  monnaies  qui  ont  eu  un  cours  assez  prolongé. 

Un  exemplaire  est  incus,  et  porte  au  revers  la  tête  cas- 
cj  ^j  ée  et  une  portion  de  la  légende  DVRNACOS  en  creux. 

Un  autre  est  frappé  au  droit  de  deux  parties  du  type, 
^^i^mt  les  grènetis  forment  au  centre  du  flan  deux  arcs  de 
c^  ircle  à  peu  près  tangentiels.  Je  reviendrai  un  peu  plus 
^oî  Ji  sur  les  conclusions  à  tirer  de  cet  accident  de  mon- 
n^^age. 

ESIANN1(0S?)  — DONNVS. 

Farmi  les  monnaies  gauloises  qui  composent  le  trésoi*  de 
^^^«antenay.  Tune  des  plus  intéressantes  est  sans  contredit 
^^  1 3e  que  je  vais  décrire  et  qui  paraît  pour  la  première  fois. 
Kl>  1^  se  rattache  à  la  riche  série  des  quinaires  au  cavalier 
^^  «JBé,  de  la  ligue  contre  les  Germains  et  Arioviste.  Au  droit 
^«^  voit  comme  de  coutume  la  tête  casquée  de  Pallas,  et 
^^'^^ant  la  figure  on  lit  ESIANNI.  Au  revers  paraît  Je  cavalier 
Salopant  la  lance  en  arrêt.  Entre  les  jambes  de  son  cheval 
^^^  inscrit  le  nom  DOiNiNVS.  Le  poids  des  deux  pièces  est 
î^^^^jr  chacune  de  l6%925  (pi.  I,  n°»l  et  2).  Elles  sont  assez 
^*^^^eset  frottées  pour  qu  il  n'y  ait  pas  de  doute  sur  le  cours 
^  ^-^  n  certain  nombre  d'îinnées  qu'elles  ont  subi,  avant  d'être 
^^^^^fiées  à  la  terre. 

^ous  savons  que  le  plus  ordinairement  les  quinaires  ait 


trouvons  mentionnés  parmi  les  peuples  soumis  à  Doni 

père  de  Cotus  ,  les  Ësubiani  (de  Pline,  111, 2A,  &]  ou 

biani  (de  l'arc  de  Suze). 
D'Anville  (p.  293)  s'exprime  ainsi  à  leur  sujet: 

«  croit  voir  quelque  rapport  entre  le  nom  d*J?xu6i< 

«  celui  des  rivières  (ÏUbaye  et  d'Ubayelte,  dont  la  jo 

«  se  fait  au-dessus  de  Barcelonnette Il  est  constat 

(i  des  noms  de  rivière  ont  fait  les  noms  de  divers  peu] 
L'illustre  géographe  se  demande  ensuite  si  les  Esubi 

doivent  pas  se  confondre  avec  les  Vesubiani  de  Tare  de 
D'Anville  mentionne  de  plus  (p.  695)  une  vall 

Alpes,  travei^sée  par  un  torrent  qui  va  se  jeter  dans 

et  qui  se  nomme  la  Vesubia. 
M.  Henry,  ancien  archiviste  de  Toulon*,  au  saj 

Esubii  (probablement  il  faut  lire  Esubiam)^  dit  ce  qu 
«On  peut  assigner  pareillement  aux  Esubii  la  vall< 
u  s'étend  depuis  Mauren  jusqu'au  Riou-Bourdous , 
a  qui ,  à  raison  de  ses  forêts  épaisses  et  sombres,  ] 
«  le  nom  de  vallis  Nigra ,  et  que  parcourt  dans  te 
«  longueur  la  rivière  d'IIbaye,  laquelle  a  pu  porter  1 
(c  d*Esubia  qu'elle  donnait  à  ce  pays.  » 


KT   DISSERTATIONS.  7 

dd^nates,  dont  la  position  est  déterminée  à  Seine  (vallée  de 
Baiircelonnette) ,  ce  qui  conduit  à  placer  les  Esubiani  sur  les 
wiv^s  de  rUbaye,  cours  d'eau  affluent  de  la  même  vallée. 

Sur  l'arc  de  Suze,  les  Ve$ubiani  sont  cités  après  les  Qui- 
^é^M£eSj  queVon  place  avec  toute  raison  dans  la  vallée  de 
Qtjft^iras,  voisine  de  celle  de  Barcelonnette.  Il  y  a  donc  i 
pen.  près  certitude  que  les  Vesubiani  doivent  être  confondus 
^v^o  les  Esubiani. 

^  'oublions  pas  cependant  qu'il  existe  un  torrent  nommé 
^  esubia  qui  se  jette  dans  le  Var,  ce  qui  permettrait  alors 
^*a^imettre  l'existence  de  deux  peuples  distincts  dont  l'un 
^*^»*^it  vécu  dans  la  vallée  de  Barcelonnette,  et  l'autre  dans 
la  ^Vallée  de  la  Vesubia, 

Hâtons-nous  de  terminer  cette  discussion  en  faisant  rc- 
•^^ai^quer  que  la  peuplade  qui  se  donnait  à  elle-même  le 
•^^^^■i  d'Ësiannios  appartenait  à  Donnus,  et  que  pour  celle-là 
*  *<iditification  avec  les  Esubiani  des  bords  de  TLbaye  est 
^1®  l>€aucoup  la  plus  probable. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  avons  une  forte  présomption  de 
PÎiis  en  faveur  de  l'identification  du  Donnus  des  monnaies 
S^^ilcises  avec  le  roi  Donnus ,  père  de  Cotus,  mentionné 
«un  l'arc  de  Suze\ 

DVRNACVS.  —  DONNVS. 

L^  trésor  de  Cbantenay  contenait  16  quinaires  de  l'espèce 
Weii  connue  déjà,  dont  la  description  suit,  et  dont  il  est 
ï'ïutile  de  faire  ressortir  la  ressemblance  frappante  avec 
^H^s  à  la  légende  ESIAXM, 

*-«fc  monnaie  gravée  sous  le  u"  2  pré£entc^  après  les  caractères  SlANN'l^ 
'^^^^nt,  on  jambage  Tertical  saivi  d*un  petit  trait  parallèle  moins  distinct. 
^^^^ errait  peut  être,  après  un  mûr  examen ,  lire  snr  notre  pièce  £SIANNI  I*, 


8  MÉMOIRES 

DVRNACVS.  Tête  de  Pallas  casquée. 

1^.  DONNVS.  Cavalier  la  lance  à  la  main. 

Le  poids  moyen  des  quinaires  de  Donnus  est  de  l»%9^f . 
Ils  sont  en  général  d'assez  bonne  conservation.  Trois  d'entr-'i^s 
eux  présentent  une  singularité  que  j'avais  déjà  remarqué^^ 
sur  certaines  pièces  gauloises,  mais  dont  je  ne  m'étais  pa.^ 
rendu  compte.  Voici  en  quoi  elle  consiste  :  le  côté  du  rêver»  ^ 
c'est-à-dire  du  cavalier,  est  net  et  remplit  bien  le  cbamp^, 
tandis  qu'au  droit  on  voit  très-distinctement,  vers  le  centrée 
de  la  pièce,  deux  grènetis  à  peu  près  tangents  l'un  àl'autrev 
contenant,  celui  de  droite,  une  portion  de  la  partie  posté- 
rieure du  type  ;  celui  de  gauche,  une  portion  de  la  partie  an- 
térieure, c'est  à-dire  du  visage  et  de  la  légende  DVRNACVS 
placée  devant.  Ce  fait  curieux  ne  me  paraît  explicable  qu^ en 
supposant  que  plusieurs  flans  métalliques  étaient  reliés 
en  grappe  avant  la  frappe,  et  que  les  deux  coins,  la  pile 
et  le  trousseau,  ont  été  désajustés  pendant  cette  frappe.   Si 
le  coin  avait  tréflé,  comme  on  dit  en  terme  du  métier,  cette 
tangence  des  deux  types  de  la  face  ne  serait  pas  régulière 
comme  elle  l'est  constamment,  et  une  empreinte  aurait  em- 
piété sur  l'autre.  Il  y  a  plus  :  on  pourrait  admettre  que  plo- 
sieurs  coins  étaient  gravés  sur  une  seule  et  même  matrice 
qui  se  serait  déplacée  latéralement  pendant  l'opération,  de 
sorte  qu'en  taillant  ensuite  les  flans  au  poids  légal  JacîsaiDe 
aurait  entamé  deux  types  de  face,  en  respectant  Tintégritéde 
celui  du  revers ,  sur  lequel  l'ajusteur  se  guidait  probâbI^ 
ment,  parce  qu'il  était  considéré  comme  le  type  essentiel 
à  cause  de  la  présence  du  nom  du  chef.  C'est  là  un  fait  qui 
me  paraît  aujourd'hui  hors  de  doute,  et  qui  nous  révèle  une 
certaine  partie  des  opérations  du  monnayage  gaulois. 

Nous  avons  vu  tout  à  l'heure  que  les  quinaires  analogues 
du  chef  AVSCROCOS  sont  au  nombre  de  57,  et  pfobabl^ 


ET   DlSS£RTATiONS.  9 

«nt  de  68,  en  admettant,  comme  je  n'en  doute  guère,  que 
s  6  pièces  totalement  privées  de  leurs  légendes,  par  suite 
s  la  frappe  et  de  la  taille ,  appartiennent  aussi  au  chef 
lucfocos.  Cette  comparaison  nous  montre  que  les  qui- 
û>es  de  Donnus  sont  à  très-peu  près  quatre  fois  moins 
>niii]uns  que  ceux  d'Anscrocos.  A  mon  avis,  les  deux  es- 
feces  appartiennent  certainement  à  la  même  peuplade,  ou 
IntAt  au  même  ensemble  de  peuplades  confédérées  sous 
Uitorité  d'un  seul  chef,  et  comme  les  quinaires  d'Aus- 
txîos  sont  sensiblement  plus  usés  par  le  frai  que  ceux 
5  Donnus,  et  que  d'ailleurs  ceax-ci  pèsent  1»';93.  tandis 
le  les  autres  n'ont  pour  poids  commun  que  1«',915,  il  en 
!snlte  forcément  que  Donnus  a  succédé  à  Auscrocos,  qui  fut 
"obablement  son  père,  et  par  suite  le  grand  -père  de  Cotus. 
Il  me  semble  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  plus  guère  de  possi- 
Uté  de  voir  dans  les  noms  DVRNACOS  et  DVRNAGVS  ' 
»tre  chose  que  la  désignation  sous  laquelle  étaient  con- 
>^  parmi  les  Gaulois  les  peuplades  placées  sous  l'autorité 
Auscrocos  et  de  Donnus.  Qui  sait  si  cette  appellation  n'a 
*»  quelque  signification  analogue  à  celle  de  motiHignards 
1  de  riverains  des  torrents  ?  11  appartient  aux  celtisants 
s  le  décider,  ou  mieux  de  le  reconnaître.  Si  ce  fait  était 
■^e  fois  établi,  il  en  résulterait  forcément  que  l'attribu- 
on  à  Ambiorix  des  quinaires  à  la  légende  AMBIL ,  AMBILO 
^  AMBILLI ,  au  droit,  avec  la  légende  EBVRO  au  revers, 
^^VRût  être  définitivement  abandonnée.  Le  mot  Eburo  se- 
^l  alors  le  nom  écouité  d'un  chef  qui  se  serait  appelé 
2>urovix,  peut-être.  Je  le  regretterais  sans  doute,  parce 
pt'ilme  paraissait  fort  intéressant  d'avoir  des  monnaies  de 


'  Remarquons  en  pa&sunt  que  la  forme  en  OS  serait   aiii»i   {ilub  ancienne 
•«e  ]t  forme  en  VS,  comme  cela  semblait  probable  à  priori. 


10  MÉMOJRES 

l'illustre  Ambiorix;  mais  «  siamicus  Arabiorix,  magisamiic: 
Veritas.  »  L'Eburovix  en  question  aurait  été  ainsi  à  hbài 
chef  d'une  peuplade  désignée  par  les  mots  AmhiU  Amtih  ac 
Ambilli  (  nom  Toisin  de  celui  des  AmbiliaîeSy  qui  ne  peuvent 
être  ici  en  cause,  je  crois,  et  de  celui  des  Ambiularélei)fei 
d'autres  Gaulois  désignés  encore  une  fois  sous  lenomdd 
Dumacos.  Tout  cela  est  bien  obscur  encore,  mais  patieiice! 
chaque  jour  apporte  un  trait  de  lumière  de  plus,  et  nous 
fînirons  par  voir  clair  sur  ce  point ,  comme  sur  tant  d'au- 
tres*. 

Orgetirix. 

Toutes  les  variétés  connues  des  monnaies  d'Orgetirix 
sont  représentées  dans  le  trésor  de  Cbantenay.  Je  vais  les 
énumérer. 

1.  Dégénération  de  la  tête  de  Diane;  devant  la  figuie, 
KDVIS. 

n^.  Un  ours  marchant  à  droite;  à  l'exergue,  ORGETou 
ORGETIR. 

1  exemplaire  de  la  première  variété^  2  de  la  seconde; 
3  autres  exemplaires  incomplets,  ou  incus.  —  Poids  mojeOt 
18%85.  Un  peu  frottés.  (PI.  L  n*'  9  et  10. ) 

*  J'écrivais  ceci  au  mois  d'août,  à  Lavey,  près  de  Saint-Maarice  en  Vilw- 
A  mon  retour  «u  France,  je  passai  par  Lyon  pour  examiner  les  monnaies  g*"" 
luises  de  la  collection  Lambert,  acquises  par  les  soins  de  M.  Martin  Dtxaùp^' 
le  savant  et  digne  conservateur  du  Musée.  Juge ,  mon  cher  Adrien,  de  Wj^ 
que  j*ai  dû  ressentir  en  rencontrant  dans  cette  collection  un  magnifique  dcoitf 
nu  cavalier  armé  ,  à  fleur  de  coin ,  et  sur  lequel  il  n'y  a  pas  Tombre  depo»" 
bilité  de  méconnattre  la  légende  EBVROV.  Le  Y  final  est  tellement  iMtfiS 
faut  abandonner  à  tout  jamais  Tattribntiou  de  la  légende  EBVRO  aux  B*' 
rons.  Sans  aucun  doute,  la  pièce  sur  laquelle  feu  le  marquis  de  Lagoy  W 
EBVRON  a  été  mal  lue.  Une  rectification  vaut  une  découverte,  etje  n»**" 
jouis  fort  d'avoir  enfin  trouvé  la  vérité  sur  la  teneur  de  cette  curieuse  l«g«>^' 
c'est  toujours  un  pa.«  de  fait  en  avant. 


ET  DISSERTATIONS.  11 

COIOS.  Tète  orDée  d'une  coiffure ,  ressemblant  i  utr 
le,  et  du  torques. 

ORCIITIRIX.  Cheval  galopant  à  gauche, 
exempliûres  en  bon  état.  —  Poids  moyen,  1«',825. 
ORC:T:RIX.  (L'E  est  formé  de  trois  points.  )  Cheval 
ipant  à  gauche;  dessous,  un  gros  poisson. 
l  tTPILI.l'  (ATPILl.  F.).  Tête  de  femme  à  gauche. 
»e»mplaires  un  peu  frottés,  sauf  pour  le  côté  concave, 
porte  le  nom  d'Orgetirix  et  qui  est  bien  conservé,  — 
h  moyen,  1«',80. 

I»  Mêmes  légendes  et  mêmes  types,  sauf  que  le  poisson 
lempfau^  par  une  étoile, 
eiemplaires  frottés.  —  Poids,  1>',825. 

•  (0)RCITIRI..  Cheval  galopant  à  gauche. 

•  Même  tête  qu*aux  n""  3  et  &.  La  légende  n'a  pas  porté 
le  flan. 

Edanom  d'Orgetirix  est  bienrcmplacé  cette  fois  parun  I. 
exemplaire.  —  Poids.  1«',76.  Pièce  très-frottée. 

Kèce  à  la  légende  ATPILl.  F.,  avec  double  surfrappe 

ée. 

emplaire.  —  Poids,  1»',80. 

Monnaies  éduetines. 

oinaires  d'argent  appartenant  aux  Éduens  sont 

très-grande  proportion  dans  le  trésor  de  Chan- 

n'y  a  rien  là  que  de  très-naturel ,  grâce  au  voisi- 

^ette  importante  peuplade  qui  étendait  peut-être 

lion  jusque-là.  L'examen  attentif  de  toutes  ces 

oetites  monnaies  confirme  pleinement  la  classifi- 

f  ai  proposée  pour  celles  qui  sont  anépigraphes, 

"egarde  comme  les  plus  anciennes.  C'est  par 


12  VÉMOIBES 

celles-là  que  je  vais  commeDcer  mon  éoumén 
riétés  qui  sont  très-nombreuses. 

A  fiépigraphfs. 

1.  Flan  large  et  mince.  Fabrique  extrèmem 
et  ayant  une  grande  analogie  avec  celle  des  m 
loises  qu'il  faut  rapporter  aux  peuplades  d 
Rhin. 

Tête  casquée  ;  derrière  la  nuque ,  quatre  po 
en  croix  •;• . 

H.  Cheval  sanglé  galopant  à  gauche  ;  au-d 
dessous,  un  cercle  centré,  et  devant  le  poilr 
terminée  par  un  arc  de  cercle  ouvert  à  l'extéj 
ruiné  par  de  gros  points.  C'est  probablement 
ration  du  timon  du  char. 

9  exemplaires.  —  Poids  moyeu,  1«',88. 

2.  Tête  casquée;  derrière  la  nuque,  quat 
croix.  Style  beaucoup  meilleur,  le  casque  est  mi 
Man  plus  petit. 

k.  Môme  type  que  sur  la  variété  précéden 
Tare  de  cercle  rattaché  au  timon  est  remplacé  ] 
centré,  et  qu'au-dessous  du  cercle  placé  sous 
cheval  on  voit  un  epsilon  renversé. 

5  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1«%78S. 

3.  Mêmes  types,  sauf  que  derrière  la  tète 
voit  les  quatre  gros  points  réunis  par  des  traits 
former  une  véritable  croix. 

ft  exemplaires.  —  Poids  moyen,  l^'^SO. 

A  autres  exemplaires  sur  lesquels  il  n'est  pai 
voir  la  croix  placée  derrière  la  nuque ,  pesant 
1»%825. 


ET   DISSERTATIONS.  13 

i.  Tète  casquée;  devant  le  nez,  un  cercle  centré. 
k  Cheval  galopant  à  gauche.  Au-dessus  et  au-dessous, 
uri  annelet;  flèche  du  timon  encore  visible. 
2  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1»%86. 
6.  Pièce  très-usée  et  très-barbare.  Tête  casquée. 

5.  Cheval  libre  galopant  à  gauche.  Au-dessus  et  au-des- 
5*ou8,  un  annelet.  Devant  la  tête  du  cheval,  un  arc  de  cercle 
^  plati ,  ouvert  vers  le  centre  de  la  pièce.  Pas  de  flèche 
^  ^  timon. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1»',80. 

6.  Assez  large  et  très  barbare.  Tète  casquée ,  avec  la 
^^  ï-oix  derrière  la  nuque. 

fi.  Cheval  sanglé  et  bridé  galopant  à  gauche  ;  au-des- 
^^s,  un  annelet  centré  surmonté  de  deux  signes  ou  S  cou- 
^^ liées-,  au-dessous,  un  gros  point  rond  et  le  signe  T,  où 
1*  epsilon  devient  méconnaissable. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1«',85. 

7.  Très-barbare.  Tête  casquée. 

$.  Cheval  galopant  à  gauche  ;  au-dessus?  et  au-dessous, 
Van  annelet.  L'inférieur  est  placé  au-dessus  d'un  T. 
1  exemplaire.  —  Poids,  1»%80. 

8.  Très-barbare  et  très-usée.  Tête  casquée. 

^.  Cheval  galopant  à  gauche  ;  au-dessus ,  un  annelet,  et 
les  signes  oT....  Le  premier  (C  renversé)  placé  au-dessus 
%ie  la  tête  du  cheval. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1»',85. 

9.  Très-barbare  et  très-usée.  Tête  casquée. 

^.  Cheval  ;  au-dessus ,  un  cercle  perlé ,  à  gauche  duquel 
la  lettre  V  et  à  droite  la  lettre  I  ;  sous  le  ventre  du  cheval, 
un  annelet  centré. 

3  exemplaires.  — Poids,  1»',80. 


\ 

1 


1  exemplaire.  —  Poids,  1»%80. 

il.  Usée  et  barbare.  Tête  casquée  ;  derrière,  i 
croix. 

^.  Cheval  de  très-mauvais  style;  au-dessus  et  ai 
un  annelet. 

14  exemplaires.  —  Poids  moyen,  l6%857. 

12.  Même  pièce,  mais  de  style  plus  correct. 

2  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1»%76. 

13.  Usée  et  barbare;  exactement  semblable  i 
sauf  que  derrière  la  tête  on  croit  voir  seulement  d< 
superposés,  au  lieu  de  la  croisette. 

3  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1«',866. 

là.  Très-barbare  ;  exactement  semblable  aux  n* 
sauf  qu  au  revers  on  voit  un  annelet  de  plus  deva 
trail  du  cheval. 

1  exemplaire.  — Poids,  1«',80. 

ËdUENNES   ÉPIGRAPHIQUES. 


1.  Tète  casquée,  à  gauche. 

^.  Cheval  sanglé  et  bridé,  galopant  à  gau 


V  A  A  .  «««,    A^f^^^,*^ 


ET   DISSERTATIONS.  15 

î  casquée. 

ne  cheval,  seulement  le  A  est  placé  la  pointe  en 

plaire.  —  Poids,  1»',90.  Usée. 

j  casquée  ;  style  médiocre. 

ae  cheval  ;  au-dessus,  KVA. 

iplaire.  —  Poids,  1«',86.  Usée. 

I  casquée  d'assez  bon  style. 

val  un  pied  de  devant  posé  à  terre ,  Tautre  levé  ; 

deux  jambes,  TO  de  la  légende  €AOT;  sous  le 

lonogrammc  composé  d'un  G  et  d'un  A. 

iplures.  Pièces,  très-usées.  —  Poids ,   18%90  et 

3  casquée. 

irai  bridé  et  sanglé  galopant  à  gauche;  au-des- 
.;  dessous,  une  rouelle  à  quatre  rayons  au-dessus 
înversé;  devant  le  poitrail ,  Yï  couché, 
plaires  usés.  —  Poids  moyen,  1«',83S. 
3 casquée;  derrière  la  nuque,  une  fleur, 
val  ordinaire  ;  au-dessus,  K>A;  au-dessous,  une 
quatre  rayons. 

plaire  en  assez  bon  état.  —  Poids,  1«',85. 
s  casquée,  très^barbare. 

val  sanglé  et  bridé  galopant  à  gauche;  au-dessus, 
pommetée;  au-dessous,  une  rouelle  à  quatre 
tun  n  (sigma?)  renversé, 
plaire  en  bon  état.  —  Poids ,  1»',93. 
pièces  à  la  légende  KAA,  mais  en  trop  mauvaii» 
être  rapportées  à  la  variété  à  laquelle  elles  ap- 
nt,  pèsent  en  moyenne  1«%85. 


16  MÉMOIRES 

AnOBBO.  —  DVBNORIX. 

Il  était  fort  intéressant  d'avoir  à  comparer  un  cert^-^ 
nombre  d'exemplaires  de  cette  rare  monnaie,  et  j'ai  eu  '^ 
satisfaction  d'en  rencontrer  plusieurs  variétés  dans  letrés^^^ 
de  Ghantenay.  Leur  étude  m'a  démontré  que  j'avais  ^■^ 
tort  de  supposer  que  Dubnorix,  fils  d'un  Dubnocos,  éta.î* 
petit-fils  d'un  personnage  dont  le  nom  ...NORBO  restait  * 
compléter.  11  est  bien  complété  aujourd'hui,  et  doit  se  lire 
ANORBO  ;  mais  comme  ce  nom  se  trouve  associé  avec  celui 
de  DVBNORX  (sic) ,  il  n'y  a  plus  possibilité  de  voir  da3S 
ANORBO  l'aïeul  de  Dubnorix.  Il  reste  donc  là  un  problème 
à  résoudre,  problème  dont  la  solution,  je  le  crains,  se  fera 
longtemps  attendre.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  la  série  des 
variétés  que  m'a  offertes  le  trésor  de  Cbantenay. 

1.  Les  deux  pièces  les  plus  usées  de  la  série  offrent  &ii 
droit  une  tète  coiffée  d'un  casque  orné  de  points  et  d^ 
festons.  Au  revers,  paraît  un  cheval  galopant  à  droite,  aii-^ 
dessus  duquel  on  voit  un  annelet  centré.  Au-dessous,  j^ 
crois  lire  les  deux  seules  lettres  AN ,  qui  seraient  les  ini^ 
tiales  du  nom  ANORBO.  Mais  je  me  14te  de  dire  que  Tét^^ 
des  deux  pièces,  dont  l'une  d'ailleurs  est  incuse,  re»^ 
cette  lecture  fort  douteuse.  Ce  que  je  prends  pour  un  ^ 
pourrait  en  effet  n'être  que  la  tête  d'un  B  mal  tracé,  ^^ 
nous  aurions  ainsi  les  débris  de  la  légende  DVBNO,  qui  e^ 
fort  claire  sur  le  reste  des  pièces  de  cette  série.  Toutefo*^ 
je  dois  ajouter  que  le  faire  de  ces  pièces  est  plus  barbare  f 
plus  grossier  que  celui  de  toutes  les  autres. 

2  exemplaires.  Leur  poids  est  de  1*',80. 

2.  Tête  coiffée  du  même  casque  orné  de  trois  festons 
centrés  et  surmontés  de  trois  points  placés  en  triangk; 


ET   DISSERTATIONS.  17 

vant  la  figure,  quelques  points  qui  semblent  exclure  la 
^Dce  d'une  légende.  Une  longue  chevelure  part  de 
380US  le  casque  ;  elle  est  formée  de  deux  traits  et  de  deux 
Des  de  points.  La  t^.tc  porte  un  collier  de  perles. 
^  Cheval  sanglé  et  bridé  galopant  à  droite;  sous  le 
itre ,  un  annelet  centré  ,  et  au-dessous  un  trait  arrondi 
ressemble  à  un  G  renversé. 

I  exemplaire.  —  Poids,  1«',86. 

I.  ANORBO.  Même  tête  casqute.  La  mèche  de  cheveux 
formée  de  deux  traits  simples  non  accompagnés  de 
les  de  points.  Collier  de  perles. 
}.  Cheval  bridé  et  sanglé  galopant  à  droite;  au-dessus, 
annçlet  centré  ;  au-dessous,  la  légende  DVBNO. 
*  exemplaires  plus  ou  moins  usés. — Poids  moyen,  1«',87. 
.  ANORBO.  Même  tête  casquée  qu'au  n*"  2 ,  mais  sans 

II  soit  possible  de  savoir  si  la  légende  DVBNO  manque 
UD  simple  défaut  de  frappe. 

leox  de  ces  pièces  sont  évidemment  des  produits  du 

ne  coin. 

»  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1»',88, 

I.  Même  tète  qu'au  n*"  à.  Devant  la  figure,  les  deux  der- 

tes  lettres  BO  (  la  première,  douteuse  ) ,  suivie  d'un  glo- 

le  entouré  d'un  cercle  de  points. 

%  Cheval  galopant  à  droite;  dessous,  DVBN.   seule- 

snt. 

Cette  pièce  présente  les  deux  grènetis  tangents,  indices 

la  fabrication  par  grappe  de  flans. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1«%90. 

5.  ...RBO...  Tête  du  n«  3. 

^  Cheval  bridé  et  sanglé  ;  au-dessus  et  au-dessous,  un 

wlet  centré  et  la  légende  DVBNO. 

l  exemplaire.  Poids,  1»%87. 

»2.— 1.  2 


18  UÉMOIRES 

7.  Tète  casquée  du  n*"  A.  Un  torques  remplace  le  collie- 
de  perles.  Deux  grènetis  tangents. 

fi.  Cheval  ;  au-dessous,  la  légende  DVBNO  soulignée. 
1  exemplaire.  —  Poids,  1»%85. 

8.  Tête  casquée  du  n*"  3.  Deux  grènetis  tangents. 
A.  Sous  le  cheval,  DYBN  s(;ulement. 
Un  exemplaire.  —  Poids,  1«%86. 

9.  Tête  casquée.  Les  festons  ne  sont  pas  centrés.  Deu?i 
grènetis  tangents;  derrière  celui  de  gauche,  ...RB  .. 

S).  Cheval  bridé  et  sanglé  ,  galopant  à  droite  ;  au-dessu?= 
et  au-dessous,  un  aunelet  centré.  Sous  le  cheval ..  DM0  (aie) 
au-dessus   du   pied  de  devant ,  RX ,   fin  de  la  légendii 
DVBNORX  {sic), 

1  exemplaire.  —  Poids,  1«%90. 

10.  Même  pièce  qne  la  précédente,  sauf  que  les  feston- 
du  casque  sont  centrés. 

1  exemplaire.  —  Poids,  lf%89. 

DVBNORIX — DVBNOCOV. 

Les  monnaies  de  cette  série  sont  fi*appées  sur  des  flan: 
un  peu  concaves,  plus  larges  et  plus  minces  que  celles 

la  légende  ANORBO;  elles  sont  pour  la  plupart  bien  con 

servées.  En  voici  la  description  : 

1.  DVBNOCOV.  Tête  de  divinité  féminine.  (Toujours sa  «" 
le  côté  convexe  du  flan.  ) 

Kl.  DVBNOREX.  Dubnorix  debout  de  profil  et  cai^qufc  » 
tenant  des  deux  mains  une  courte  hampe  surmontée  d*i»  »> 
sanglier. 

10  exemplaires,  dont  un  incus  et  un  surfrapi>é.  —  Poirfîf' 
moyen,  1«%82. 

2.  Fabrique  un  peu  moins  soignée. 


ET  DISSERTATIONS.  19 

DVBNOCOV.  Tête  de  divinité  féminine  ;  derrière  la  nuque, 
un  ornement  formé  d'un  arc,  au-dessus  duquel  on  voit 
trois  points  disposés  2  et  1 ,  et  au-dessous,  deux  groupes 

de  trois  points  disposés  2  et  1. 

S.    DVBNOREIX.    (Sur  un  exemplaire   il   n'y   a   que 

BVBOREIX.  ]  Dubnorix  debout  et  de  face.  Il  est  casqué  et 

cuirassé,  et  porte  une  longue  épée  suspendue  au  flan  droit  ; 

de  la  main  droite  il  tient  un  camyx  et  un  sanglier-ensei- 

S^  ;  de  la  main  gauche,  une  tète  coupée. 
4  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1^^,875. 

LiTAVICVS, 

^^  quinaires  de  Litavicus  sont,  en  général,  d'une  bonne 
cons^^B-vation.  Ils  présentent  trois  variétés  principales,  sans 
tenir     compte  des  variétés  insignifiantes  de  coin. 

*•  lête  de  Diane  à  droite.  Le  carquois  est  remplacé  par 
UDe SK:>rte  de  fleuron;  devant  la  figure,  un  sceptre  plus  ou 
moins     orné. 

^'  Iwiitavicus  à  cheval,  et  cuirassé.  11  galope  à  droite,  et 
tient  ^^^s  deux  mains  le  sanglier-enseigne.  Sous  le  cheval 
^^*       Le  casque  du  guerrier  est  simple  et  sans  cimier. 

*®  exemplaires.  — Poids  moyen,  1»%8815. 

^'   Iklêmes  types,  sauf  qu'au  revers  on  lit  LIT  A/. 

i^3ccmplaire.  —  Poids,  1«%75. 

'•  A^ème  type  au  droit. 

^*  1-titavicus,  coiflé  d'un  casque  à  cimier,  dans  la  même 

atutud^  que  suj-  les  variétés  précédentes.  Autour  de  lui  on 

vulitavicos. 

^  exemplaires,  de  fabrique  plus  défectueuse  que  les  pré- 
céiaat es.— Poids  moyen,  l8%92. 


20  MÉMOIRES 

Q.  DOGIRIX. 


Les  monnaies  de  Q.  Docirix  sont  assez  nombreuses  dai — ""r> 
le  trésor  de  Chantenay,  ce  qui  confirme  leur  attribution  aiH^H.  :: 
Éduens.  C'est  toujours  la  pièce  si  connue  présentant  1<  ^^ 
types  suivants  : 

1.  Tête  casquée,  à  gauche;  devant  le  visage,  Q.  DO(L    J[. 
r).  Cheval  bridé  et  sanglé^  galopant  à  gauche.  Au-dessu    .:^, 

Q.  DOCI;  au-dessous,  SA1.F. 

36  exemplaires ,  presque  tous  fortement  usés.  —  Poi^.  Is 
moyen,  1«%875. 

Le  type  ordinaire  présente  les  variétés  suivantes  : 

2.  Sous  le  cheval  du  revers,  on  voit  SAAT*. 

1  exemplaire.  —  Poids,  l^fib. 

3.  Mêmes  types,  seulement  on  ne  lit  que  DOCl  au  revci^=s. 
Le  cheval  a  le  pied  droit  de  devant  fortement  relevé;  a  «-J- 
trementdit,  les  deux  jambes  de  devant  ne  galopent  ^^^ 
parallèlement. 

2  exemplaires.  —  Poids,  1«',88.  Pièces  très-usées. 
à.  Mêmes  types.  Au  revers ,  TS  initiale  est  placée  isole- 
ment au-dessus  des  jambes  de  devant. 

2  exemplaires,  — Poids,  1*^,825, 

TOGÎRIX. 

Les  monnaies  grossières  de  ce  chef  sont  des  plus  coix>  " 
munes  de  la  suite  gauloise.  On  les  rencontre  à  peu  pr** 
dans  toute  la  France,  et  Grivaud  de  la  Vincelle  cite,  entr* 
autres  trouvailles  faites  dans  les  fouilles  du  jardin  d** 
Luxembourg,  une  agglomération  de  petites  pièces  rendu^^ 
friables  par  Toxidation  ,  et  qui  n'étaient  que  des  quinaire 
de  Togirix,  Le  trésor  de  Chantenay  nous  fournît  naturel!^' 


if 


IKT  DISSERTATIONS.  21 

contiogent  de  pièces  de  celle  espèce.  Elles  sont 
ede  22,  et  présentent  toutes  le  type  ordinaire, 
suivant  : 

X.  Tète  casquée,  à  gauche. 
IRI.  Cheval  bridé  et  sanglé,  galopant  à  gauche, 
d'uQ  reptile  qu  on  a  pris  jusqu'ici»  et  moi  comme 
inde,  pour  une  branche  garnie  de  baies.  Comme 
M)Dt  invariablement  au  nombre  de  quatre ,  oppo- 
à  deux,  j'y  vois  aujourd'hui  les  quatre  pattes  d'un 

iplaires.  — Poids  moyen,  1«%881. 
rence  constante  des  légendes  TOGIRIX  et  TOGIRI 
tdu  revers  semblerait  prouver  qu'il  s'agit  d'un 
Is  de  Togirix ,  la  forme  TOGIRI  indiquant  plutôt 
*  qu'un  nominatif;  mais  jusqu'ici  la  chose  re&te 
quand  ce  ne  serait  qu'en  considération  des  lé- 
DOCI  et  Q.  DOCI  SAM  F.,  qui  se  lisent  sur  les 
des  mêmes  quinaires. 

Iflivs  Togirix. 

description  du  seul  spécimen  de  cette  rare  mon- 
>ntenait  le  trésor  de  Chantenay. 
gauche,  probablement  casquée  comme  sur  les 
de  Togirix;  devant  le  nom ,  IVLIV.  Ce  nom  est 
un  point  très-net  et  très-apparent,  précédé  lui- 
ne  ligne  courbe  qui  représenterait  assez  bien  le 
Q.  Faudrait-il  donc  lire  QuintusJulius  Togirix? 
'un  bon  exemplaire  nous  apprendra  tôt  ou  tard. 
R....  Cheval  bridé  et  sanglé,  galopant  à  gauche. 
type  est  insaisissable, 
ilaire,  un  peu  frotté.—  Poids ,  1«',80. 


22  mi(^:moires 

Imioci. 

Nous  voici  arrivé  à  une  pièce  fort  extraordinaire,  qui  pa- 
rait pour  la  première  fois,  et  dont  je  me  déclare  tout 
à  fait  hors  d'état  de  donner  Texplication. 

iniOCI.  Tête  casquée  à  gauche. 

^.  Cheval  bridé  et  sanglé,  galopant  à  gauche  ;  entre  ses 
jambes  î  AA.  Au-dessus  du  cheval ,  traces  d'une  légende 
inappréciable.  (PI.  I,  n*»'  3,  4  et  5.) 

5  exemplaires  se  complétant  l'nn  l'autre.  —  Poids 
moyen,  l8',80. 

L'ensemble  des  types  relie  très-étroitement  cette  étrange 
pièce  à  celle  du  chef  Docirix.  Serait-il  question  ici  d'un 
Imiocirix?  C'est  possible,  mais  fort  douteux. 

L'examen  de  ces  quinaires  donne  lieu  à  quelques  obser- 
vations assez  curieuses.  D'abord  les  deux  I  de  la  légende, 
sur  deux  exemplaires,  sont  suivis  d'un  point  et  munis  à  la 
partie  inférieure  d'un  petit  trait  très-oblique,  ce  qui  donne 
à  la  lettre  la  forme  \.  Sur  les  trois  autres,  la  présence 
d'un  I  n'est  pas  discutable.  La  forme  de  l'M,  ainsi  faite  n, 
comme  un  oméga  renversé,  est  une  nouveauté,  je  crois,  et 
n'a  été  signalée  sur  aucune  autre  pièce  gauloise,  à  ma  con- 
naissance. Enfin  le  cheval ,  dont  les  jambes  de  devant  sont 
étrangement  disposées ,  a  la  tète  de  face.  La  légende  du 
revers  est  lettre  close  pour  moi.  En  résumé,  je  souhaite 
que  de  plus  habiles  parviennent  à  deviner  1* attribution  de 
cette  monnaie. 

Epomeo... 

La  pièce  qui  porte  cette  légende  est  connue  depuis  long- 
temps, mais  non  encore  expliquée.  Elle  a  été  publiée  pour 


ET   DISSERTATIONS.  25 

la  première  fois  par  M.  de  ia  Saiissaye.  cVaprès  un  exem- 
plsiire  de  Munich  \  puis  par  Ducbalais  %  qui  lisait  la  légende 
ERCMŒLOS.  Cette  monnaie,  que  Ton  trouve  en  Auvergne 
l>e3.iicoup  plus  fréquemment  qu'ailleurs,  appartient  proba- 
blement aux  Arvemes.  Le  trésor  de  Cliantenay  n'en  conte- 
nai  t  qu'un  seul  exemplaire  assez  défectueux  et  fortement 
wsé   par  le  frai.  En  voici  la  description  : 

l>eux  têtes  d'homme  jeune  tournées  à  droite. 
îï.  Un  lion  en  arrêt,  la  patte  gauche  de  devant  levée, 
Sovis  le  ventre,  la  lettre  V;  à  l'exergue,  ..POMllD. 

Il  faut  rapprocher  plusieurs  exemplaires  de  cette  rare 
ïnonnaie  pour  en  avoir  le  type  complet. 

Poids,  2*',35.  Ce  poids  est  tout  à  fait  en  désaccord  avec 
<^eluî  des  pièces  que  nous  avons  examinées  jusqu'ici,  et 
par  conséquent  elle  appartient  à  un  autre  système ,  c'est- 
à-dire  à  d'autres  lieux,  ou  à  un  autre  temps*.  Comparée 
aux  drachmes  de  Marseille  de  la  dernière  époque,  on  trouve, 
^oii  pas  identité  de  poids,  mais  bien  un  rapprochement 
*^^appant*.  C'est  donc  probablement  à  une  peuplade  plus 
"approchée  de  la  Province  proprement  dite,  qu'il  faut  attri- 
"^er  cette  monnaie. 

Séquanes. 

f-es  quinaires  des  Séquanes  compris  dans  le  trésor  de 

'   tenitf  numûm.,  1843,  t.  VIII,  p.  411. 

*  ^td.  gaul,  de  ia  BibUoth,  royale,  p.  91,  n»  305. 

^Q  possédais  d<^jà  trois  exemplaires  de  ctittc  rare  monnaie ,  provenant 
****   ^e  Gergovia  ou  de  Corent.   Le  poids  de  2,35  est  exactement  celui  de 

^^ois  exemplaires. 

^««8  drachmes  marseillaises  de  la  dernière  époque  sont  celles  qui  offrent 

'h^h  la  patte  levée  et  d*un  dessin  médiocre,  avec  lettres  variées  à  Texergue. 

^^%aax  exemplaires  de  cette  variété  m*ont  donné  les  poids  suivants  :  2,70 , 
•^  et  2,40.  Il  y  a  donc  rapprochement,  mais  non  identité  de  poids. 


2A  MÉMOJRES 

CbanteDay  sont  extrêmement  usés  et  paraissent  avoir  ^^^^^ 
un  cours  assez  long.  Ce  sont,  de  toutes  les  espèces  comp  ^^^h 
sant  ce  trésor,  celles  qui  paraissent  les  plus  anciennes.       A 
quelques  légères  différences  de  coin  près,  elles  sont  tout-^ 
semblables.  En  voici  les  types  r 

Tête  à  chevelure  bouclée  à  gauche. 

Rj.  SEQVANO  lOTVOS.  Sanglier  passant  à  gauche. 

20  exemplaires.  — Poids  moyeu^  i^.SCb, 

Ségusiaves. 

Les  charmantes  monnaies  qui  appartiennent  à  cette  pe'*^' 
plade,  dont,  le  premier,  tu  as  rétabli  le  nom  à  l'aide  d^^ 
inscriptions  antiques  \  étaient  représentées  dans  le  trésO^" 
de  Chantenay  : 

Buste  casqué,  à  droite,  un  javelot  à  Tépaule.  Devaï3* 
la  figure,  SEGYSIA;  derrière  la  tête,  V  et  S.  Ces  trois  por- 
tions de  légende,  qui  ne  sont  pas  séparées  par  des  pointas* 
forment,  suivant  toi,  un  seul  mot  :  SEGVSIAVS,  pour  Segms^ 
5iavu5,  de  même  qu'on  voit  dans  mainte  inscription  VIVS 
pous  FtwMs*,  et,  ce  qui  est  encore  plus  frappant,  BATAVS 
et  FLAVS  pour  Balavus  et  Flavu$. 

^.  ARVS.  Hercule  de  face ,  s' appuyant  de  la  main  droite 
sur  sa  massue ,  qui  repose  verticalement  sur  un  appui;  de 
la  main  gauche ,  par-dessus  laquelle  passe  une  pièce  d'é- 
toffe (la  peau  du  lion?),  il  tient  une  corde  attachée  au  cou 
d'un  petit  personnage ,  de  face ,  monté  sur  une  estrade  et 

>  Mém.  de  la  Société  des  antiquaire*  de  France,  t.  VIII,  1846,  p.  262. 

*  Cette  opiuion  a  été  exposée  ,  en  1847,  dans  la  Retme  de  Philologie^  t.  ^^  « 
p.  195  ;  rappelée  dans  le  Bulletin  de  V Académie  ro}fale  des  sciences  de  Brus^t  '"' 
t.  XIX,  2*  part.,  p.  398,  et  dans  la  Bnue  nvmMin.,  1858,  p.  333. 


ET   DISSERTATIONS.  25 

du  manteau  qui  caractérise  le  dieu  Télespbore,  corn- 
lOD  habituel  d'Esculape. 
exemplaires.  —  Poids  moyen,  1^,825. 
S8  quatre  pièces,  d'un  style  très-remarquable,  sont  en 
état  de  conservation. 

Lvcios. 

nci  maintenant  la  description  d'une  précieuse  moo- 

qui,  si  elle  n'est  pas  entièrement  nouvelle,  parait 

tmoins  pour  la  première  fois  avec  sa  lecture  complète. 

.  de  la  Saussaye  avait  vu  à  Clermont,  dans  la  collection 

I.  Ledrn,  un  denier  semblable  sur  lequel  on  ne  lisait 

LVC,  ou  LYCl  *.  Ce  même  denier  a  été  reproduit  plus 

dans  le  recueil  de  M.  Pegboux  '.  On  l'attribuait,  sans 

ide  hésitation,  à  Lucterius,  l'illustre  chef  des  Cadur- 

».  Il  faut  aujourd'hui  renoncer  définitivement  à  cette 

othèse,  qui  n'est  plus  admissible,  grâce  à  la  trouvaille 

Ihantenay. 

6te  de  Diane,  à  gauche.  La  déesse  est  bien  caractérisée 
le  croissant  qui  surmonte  sa  coiffure.  Devant  la  figure, 
lOS. 

.  LYCIOS.  Guerrier  debout,  de  face,  et  la  tête  nue.  De 
lain  gauche  il  s'appuie  sur  un  long  bouclier  gaulois  ; 
a  droite  il  tient  un  long  sceptre,  terminé  par  un  trèfle, 
ir  la  hampe  duquel  est  placé  un  sanglier, 
ezeinplaires. — Poids  moyen,  1«',8466.  (PI.  1,  n"»  7  et  S.) 
1  le  voit,  cette  monnaie  a  la  plus  grande  analogie  avec 
nièces  ordinaires  de  Vérotal.  Elles  sembleraient  donc 


,  1840,  pi.  XVI. 
^^m  êw  lêi  momiaiês  dts  Ârttmi,  1857,  pi.  III,  n*  33. 


26  MÉMOIRES 

appartenir  à  deux  peuplades  voisines,  sinon  à  la  ni&De; 
quelle  serait  cette  peuplade?  C'est  ce  qu'il  est  encore  bien 
difficile  de  décider.  Lucios,  comme  Vérotal,  ont-ils  été  (/e^ 
chefs  des  Pictons?  des  Santons?  c'est  possible,  maisnoï^ 
pas  démontré.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  pièces  de  Luciosoii^ 
certainement  précédé  celle  de  Vérotal,  au  même  type* 
puisque  le  trésor  de  Chantenay  n'offre  que  des  deniers  atii 
lion,  tandis  que  les  pièces  de  Vérotal  au  type  des  monnai&3 
de  Lucios,  y  manquent  absolument. 

Si  nous  rapprochons  maintenant  les  deniers  d'argeotdu 
chef  Lucios  des  charmantes  petites  pièces  de  cuivre  publiée 
pour  la  première  fois  par  M.  de  la  Saussaye ,  et  qui  offrent 
au  droit  une  tête  d'un  style  tout  romain ,  avec  la  même  lé— 
gende  Lvcios,  et  au  revers  un  sanglier  au  dessus  d'un  fleu- 
ron, on  arrive  forcément  à  une  supposition  que  je  regaitie 
comme  assez  plausible.  Les  pièces  de  cuivre]  de  Lucios» 
trouvent  d'ordinaire  dans  le  Périgord ,  et  j'en  possède  un 
exemplaire  déterré  è  Écorne-Bœuf,  l'ancien  oppidum  de» 
Pétrucoriens.  C'est  donc  à  ce  peuple  que  pour  ma  part: 
j'attribue  les  rares  monnaies  du  chef  Lucios.  Remarquons 
de  plus  que  les  pièces  anépigraphes  des  PétrucorieDS  • 
attribuées  avec  certitude,  grâce  à  leur  provenance  con — 
stante  d'Écome-Bœuf ,  sont  toutes  empreintes  du  type  di-» 
sanglier.  En  définitive  donc,  je  propose  formellement  d^ 
voir  dans  Lucios  un  chef  des  Pétrucoriens,  qui,  après avok:* 
fait  sa  paix  avec  Rome,  a  continué  à  émettre  des  monnai^'^ 
de  cuivre.  La  fréquence  dans  le  Poitou  des  découvertes*'^ 
la  petite  pièce  de  cuivre  de  Vérotal  me  porte  à  pensai* 
que  ces  deux  chefs,  l'un  des  Pétrucoriens  et  l'autre  d^ 
Pictons,  avaient  adopté  le  même  type  monétaire. 


KT   DISSERTATIONS. 


Vérotal. 


leniers  ordinaires  du  chef  Vérotal,  connus  de  lout  le 
»  et  qui  se  rencontrent  si  fréquemment  dans  les  ré- 
centrales  et  occidentales  de  la  France,  manquent 
ftement  dans  le  trésor  de  Chantenay.  Mais  en  re- 
I,  ils  sont  remplacés  par  une  monnaie  infiniment 
are  du  même  personnage.  C'est  la  pièce  au  lion, 
Q  oe  connaissait  encore  que  l'exemplaire,  passé  du 
t  Wiczay  dans  la  suite  de  M.  de  la  Saussaye  \ 
li  appartenant  à  M.  le  docteur  Colson ,  de  Noyon. 
sor  de  Chantenay  en  contenait  trois  exemplaires, 
Trent  tous  des  variétés  de  coin.  En  voici  la  des- 
n  : 

I  de  divinité  féminine  (Diane  probablement)  à  gau- 
lans  un  cercle ,  ou  dans  un  cercle  doublé  à  l'extérieur 
econd  cercle  de  points  ou  grènetis.  Derrière  la  nuque 
une  sorte  de  fleuron,  qui  semble  une  dégénérescence 
quois  de  Diane. 

^IIPOTAL,  au-dessus  d'un  lion  passant  à  gauche;  le 
i  est  formé  d'un  trait  doublé  d'une  rangée  de  points, 
lemplaires.  —Poids  moyen,  1«%888. 

Gaiv.  ivLi— Omapatis 

A  la  description  de  la  pièce  la  plus  précieuse  de  la 
Jlle  de  Chantenay ,  pièce  qui  malheureusement  est 
unique,  et  a  grande  chance  de  le  rester  encore  long- 


,  IMO,  pi.  V,  n- 11. 


28  MÉMOIRES 

UAIV.  IVLI.  Buste  de  chef  à  gauche. 

ij.  OMAPATIS.   Cheval  libre  galopant  à  gauche;  aU'(/&- 
sous,  un  oiseau  allant  à  droite. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1«',85.  (PI.  I,  n*  0.) 

La  légende  du  revers  est-elle  complète,  ou  y  manque-l-U 
une  initiale?  Je  le  crois,  sans  pouvoir  l'affirmer.  Faut-il* 
comme  pour  Vérotal,  lire  ..OMARATIS,  et  non  Omopa/ts? 
Je  le  crois  encore.  Quant  à  compléter  le  nom,  lespremièred 
hypothèses  qui  se  présentent  sont  qu  il  faut  lire  COHAPATlS 
ou  DOMAPATIS.  Mais  quittons  bien  vite  ce  terrain  peia 
solide. 

La  présence  des  noms  GAIVS  IVIJVS  semble  démontrée" 
que  le  chef  en  question  avait  fait  sa  soumission  aux  Ro-^ 
mains,  et  qu'il  sétait,  en  signe  de  fidélité,  affilié  à  la  fa — 
mille  du  conquérant,  dont  il  avait  adopté  les  nomsetpré^ — 
noms.  Peut-être  l'oiseau  placé  au-dessous  du  cheval  n'esl-iï 
qu'une  réminiscence  du  paon  qui  se  voit  au-dessus  du  ( 
val ,  sur  les  pièces  de  cuivre  si  épaisses  que  l'on  trouve  ( 
Auvergne  (  à  Corent  surtout),  et  sur  certains  stalères,q»  -■ 
conviennent  aussi   bien  aux   Bituriges  qu'aux  Anerne*— 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  pièce  que  je  viens  de  décrire  estuD^s 
bien  intéressante  acquisition  pour  la  suite  monétaire  de:^ 
Gaulois. 

DiASVLOS. 

Les  monnaies  attribuées  jadis  aux  Diablintes  sont  c«» 
assez  notable  proportion  dans  le  trésor  de   Chantenaf- 
Leur  étude  m'a  démontré  une  fois  de  plus  la  nécessité 
de  comparer  le  plus  grand  nombre  possible  d'exemplaii«^ 
d'une  même  monnaie  gîiuloise,  afin  d'arriver  à  la  lecture 
certaine  de  ses  légendes.  C'est  ainsi  que  tout  le  monde  a 
cru  sur  la  foi  de  Pellerin ,  et  que  j'ai  cru  fermement  mo*" 


ET  DISSEBTATIONS.  29 

ne,  que  le  nom  à  lire  sur  les  monnaies  qui  nous  occu- 
t,  était  DIAVLOS;  or  il  y  manque  une  lettre  essentielle, 
trois  exemplaires  frappés  de  façon  à  présenter  intégra- 
ent  la  portion  du  flan  placé  devant  la  tète  du  cheval , 
Dt  fait  reconnaître.  C'est  un  S  bien  caractérisé;  en 
»  qu'il  faut  désormais  lire  DIASVLOS.  Que  signifie  celte 
mdefJe  l'ignore.  Est  ce  un  nom  de  chef?  C'est  pro- 
ie, puisque  nous  ne  connaissons  aucun  nom  de  peuplade 
logue  Quant  à  ia  peuplade  qui  a  émis  cette  monnaie, 
!  doit  être  naturellement  assez  voisine  de  Chantenay, 
sque  les  pièces  qui  lui  reviennent  sont  en  général  d'une 
ine  conservation  relative,  et  ne  semblent  avoir  eu  qu'un 
rs  peu  prolongé,  si  on  les  compare,  par  exemple,  aux 
maies  éduennes  primitives  et  aux  séquanes  Voici  la 
uiptioD  de  la  pièce  en  question  : 

été  nue  à  gauche ,  les  cheveux  disposés  en  rangées  de 

clés  inclinées  en  sens  inverse;  le  cou  est  orné  d'un 

e  torques. 

.  Cheval  galopant,  à  droite  ;  il  porte  une  sangle,  et  sa 

ne,  fort  courte,  semble  coupée  carrément.  Au-dessus 

lieval,  on  lit  DI^  ;  devant  la  tète,  S  ;  sous  la  bouche,  V, 

>us  le  corps,  LOS. 

l  exemplaires.  — Poids  moyen,  1«%8614. 

0U8  allons  voir  la  même  tète  se  présenter  ex.octement 
des  pièces  de  même  style ,  de  même  fabrique ,  mais 
;des  l^endes  toutes  différentes. 

èmes  types  que  la  pièce  précédente ,  seulement  on  lit 
»  fois  au-dessus  du  cheval,  ^NO,et  au-dessous,  C3^. 
exemplaires.  —  Poids  moyen ,  ^^fib. 
î  poids  plus  faible  et  l'état  de  conservation  moins  satis- 
int  de  ces  pièces,  prouve  suffisamment  qu'elles  sont 


30  MÉ3tf01RES 

antérieures  à  celles  qui  présentent  la  légende  DIASVLOS.  // 
en  est  de  même  des  deux  suivantes. 

Tète  méconnaissable. 

^.   Cheval  galopant,  à  droite.  Au-dessus,  trace  de  la 
lettre  0  ;  au-dessous,  NA, 

1  exemplaire.  —  Poids,  I^'ïSO. 

Même  tête,  avec  l'oreille  fortement  accusée. 

^.  Cheval  sanglé  galopant  à  droite-,  au-^lessous,  ofl. 

1  exemplaire.  —  Poids ,  1«',85. 

Je  soupçonne  toutes  ces  petites  pièces  d'être  des  Ar- 
vernes,  ou  mieux  de  quelque  peuplade  voisine. 

DVRATIVS. 

Les  rares  monnaies  de  Duratius  sont  représentées  dans 
le  trésor  de  Chantenay  par  deux  exemplaires  seulement. 

DVRAT.  Tête  de  Diane,  à  gauche. 

Sj.  Cheval  libre  galopant ,  à  droite  ;  au-dessus,  un  mo- 
nogramme aiusi  formé  rÇi ,  probablement  celui  des  Pic- 
tons.  A  l'exergue,  sur  l'un  des  deux  exemplaires,  IVLIOS; 
sur  l'autre,  IVLIO  seulement. 

Poids  du  premier,  l«',80  ;  du  second,  1^,95. 


Santonos  kt  Santonos  a  ri  vos. 

SiVONOS.  Tête  casquée,  à  gauche. 

S).  Cheval  bridé  et  sanglé,  galopant  à  droite  ;  dessous, 
un  globule  entouré  d'un  cercle  de  po  nts. 

5  exemplaires.  —  Poids  moyen,  1«%88. 

Même  type,  sauf  qu'au  droit  on  lit  ARIVOS,  et  au  revers, 
au-dessous  du  cheval ,  SANTONO. 

10  exemplaires.  —  Poids  moyen,  l«%8à. 


ET  DISSEBTATiONS.  31 

18  d'Arivos  sont  un  peu  plus  frottées  que  celles 
le  SANTONOS  seule;  elles  sont  donc  plus  an- 

AXEVLA-VLàTOS. 

maies  si  communes  d'Ateula  sont  en  très-petit 
DS  le  trésor  de  Chantenay  ;  elles  sont  mal  frap- 
tes  du  même  type. 
Buste  de  génie  ailé,  de  face,  avec  la  tète  de 
un  torques  au  cou. 

OS.  Cheval  fantastique,  à  droite;  au-dessus, 
e/9  ;  au-dessous ,  le  pentagramme  ;  à  Texer- 
>issant  double. 

laires,  dont  un  surfrappé  et  un  incus.  —  Poids 
80. 

à  Tépi  ne  parait  pas  dans  le  trésor  de  Chan- 
)t  donc  postérieur  au  type  du  croissant, 
gramme  dont  cette  pièce  est  empreinte  serait-il 
1  pentagramme  de  Déols?  C*est  possible.  En 
.  parait  probable  que  cette  pièce  appartenait  à 
ef  du  centre  de  la  France ,  qui  aura  régné  du 
teauroux,  par  exemple.  F.  de  Saulcy. 

nui  dans  le  numéro  suivant.  ) 


32  MÉMOIRES 


DE  QUELQUES  MÉDAILLES 
DE  MARCUS   VIPSANIDS  AGRIPPA. 


M.  le  conseiller  aulique  Léopold  Welzl  de  Wellenhcii^* 
dans  le  catalogue  de  sa  remarquable  collection  publié  ^ 
1844,  décrit,  sous  le  n"  9668,  un  moyen  bronze  sur  leqo^^ 
on  lit  la  légende  ordinaire  :  M.  AGRIPPA.  L.  F.  COS-III-^ 
autour  d'un  busie  d* Agrippa  la  poitrine  couverte  de  ta  pec#^ 
de  lion  ;  le  revers  offre  la  figure  de  Neptime  en  pied  -• 
accompagnée  des  caractères  S.  C,  et  la  contre-marque 
TI.  AV. 

M.  H.  Cohen  n'a  pas  admis  cette  curieuse  médaiUe dans^ 
sa  Description  historique  des  monnaies  frappées  sous  fen^f^ 
romain  y  soit  qu'il  ait  considéré  comme  erronée  Tindicatioi^ 
fournie  par  M.  de  Wellenheim ,  soit  que  la  pièce  de  bms^ 
lui  ait  paru  étrangère  à  la  série  romaine  propremeotf^ 
dite. 

Je  n'ai  pas,  à  la  vérité ,  vu  le  monument  original  ;  mii^ 
je  n'ai  aucune  raison  de  me  défier  du  témoignage  de  M.  d^ 
Wellenheim,  dont  le  catalogue,  rédigé  avec  un  très-gran^ 
soin,  dénote  l'expérience  que  peuvent  faire  acquérir  à  a:o 
homme  instruit  quarante  années  d'études  spéciales. 

D'ailleurs,  le  détail  qui  distingue  la  médaille  en  question 
des  autres  moyens  bronzes  si  connus  d  Agrippa,  ]sLdépouilff 


ET   DISSERTATIONS.  S8 

i  /ton,  n'est  pas  un  accessoire  étranger  à  la  numismatique 
maine ,  et  dans  ce  Recueil  même,  notre  savant  ami  M.  J. 
5  W^îtte  a  expliqué ,  à  diverses  repi  ises ,  les  causes  qui 
it  atinené  les  personnages  des  familles  impériales  à  em- 
ninter  les  attributs  d'Hercule  *.  De  la  part  d'un  homme 
iodeste  et  austère  comme  Tétait  Agrippa,  l'adoption  de  ces 
^posants  attributs  pourrait  étonner.  Mais  il  faut  cepen- 
iant  se  rappeler  que  le  vainqueur  d'Actium  s'était  laissé 
lécemer  un  étendard  couleur  de  mer  qui  l'assimilait  pres- 
î^u  à  Neptune  *  ;  on  connaît  la  célèbre  statue  du  palais 
Grimani  à  Venise,  qui  représente  l'amiral  romain  avec 
''^jtistement  héroïque,  reposant  la  main  gauche  sur  un 
wUphîn,  que  soutient  un  petit  autel  *.  D'ailleurs  une  mon- 
•^^  peut  être  une  œuvre  indépendante  de  la  volonté  de 
^lui  qu'elle  représente.  Rien  dans  la  légende  n'indique  où 
^  cnédaille  de  la  collection  Wellenheim  a  été  frappée; 
^Î5  il  n'en  faut  pas  conclure  qu'elle  est  nécessairement 
*^iiquée  à  Rome  ;  on  connaît  des  moyens  bronzes  d' Agrippa 
^  t:ype  de  Neptune  dont  le  style  est  tout  à  fait  étranger  à 
^^lie,  quelquefois  extraordinairement  barbare.  On  ne  sau- 
*^  ,  d'ailleurs,  considérer  comme  étant  de  coin  romain 
^"tcs^les  monnaies  impériales  de  bon  style  qui  portent  les 
Fondes  conçues  suivant  le  système  de  la  métropole. 
^^^^  sait  que  par  la  défaite  des  Cantabres,  qu'il  réduisit 
l*an  730,  Agrippa  acheva  de  soumettre  l'Espagne.  De  là 
^Xft  tellement  naissait  pour  les  flatteurs  une  occasion  de 


•^^4daili$ê  inédites  âê  Pottume.  Revue  ntimûm.,  1844,  p.  330.  «  De  quelques 
*^^«ifrf  romaing  qui  ont  pris  Us  attributs  dP Hercule  ,  ihid.,  1845,  p.  266. 

^S'Vaietoii.,  Oct.  25  :  «  M.  Agrippan  in  Sicilia  post  navalfxn  viotorinm  ce- 
^'^  '▼eullo  donavit.  » 

^ooocke,  Descript.  of  the  East,  t.  II ,  pi.  XCVII.  —  Visconti ,  Iconogr.  ro- 
***^«,  pi.  VIII,  n»  7.—  Clarac,  Musée  de  sculpt.,  n"  2344  b. 

\«62.  —  1.  S 


ià  MÉMOIRES 

comparer  le  général  romsda  au  Tainqueur  de  Géryon; 
Horace  {Carm.^  III,  lA,  1-A)  n'a  pas  négligé  cette  allusion 
mythologique  en  Thonneur  d'Auguste  revenu  de  la  Pénin- 
sule : 

Herculis  ritu  modo  dîctns,  o  Plcbs , 
Morte  vcnal cm  petiisse  laumm, 
Cssar  Hispana  repetit  Penat^» 
Victor  ab  ©ra. 

Plusieurs  villes  d'Espagne ,  Gadës,  tosarangusta,  Celsa, 
placèrent  la  tête  d' Agrippa  sur  leurs  monnaies.  A  Saragosse, 
l'efligie  décorée  de  la  couronne  rostrale  et  entourée  de  la 
légende  M.  AGRIPPA.  L.  F.  COS  III  pourrait  être  confondue 
avec  celle  de  la  monnaie  romaine.  Mais  le  revers  nous 
montre  les  noms  de  duumvirs  et  le  type  du  prêtre  qui 
trace  l'enceinte  de  la  colonie. 

A  Cadiz,  l'ami  d'Auguste  reçoit  les  titres  de  Paironm 
municipii^  de  Parens  mumcipii;  son  portrait  remplace  la 
tête  d'Hercule,  type  habituel  de  la  monnaie;  son  nom  et 
ses  titres,  M.  AGRIPPA  COS  III  MVNICIPI  PARENS,  accom- 
pagnés de  Taplustre,  symbole  de  victoire  navale,  sont  êsmh 
ciés  à  l'image  du  dieu  phénicien  ^ 

Qu'y  aurait-il  donc  d'étonnant  à  ce  que  le  moyen  bronie 
au  type  de  Neptune  ait  été,  à  l'aide  d'une  variante,  l'addi- 
tion de  la  dépouille  du  lion,  accommodé  pour  la  circon- 
stance? 

Ce  n'est  pas ,  an  reste ,  la  seule  modification  que  le  type 
primitif  ait  subie.  Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  j'ai  vu  à 
Londres,  entre  les  mains  de  feu  John  Doubleday,  un  moyen 


>  Flores ,  Medallas  &•  EspaAa ,  t.  I ,  tab.  VIII ,  xi««  4 ,  5  ;  t.  U ,  tab.  XXVI , 
D*«  5,  6,  7,  8;  Ub.  XXVII ,  n*  1  ;  tab.  LII ,  n*  9 —  Ëckhel ,  iV«m.  «#l.  amted,, 
tab.  I,  D*  1.—  Delgado,  Catalogue  Lorich»,  n*«  262  à  264,  623à  625,  §99,  816, 
901  à  903. 


ET  DISSEBTATIONS.  36 

broDze  d*  Agrippa  dont  le  revers  présente,  placée  aux  pieds 
■de  Neptune  debout,  une  petite  Scylla  semblable  à  celle  que 
porte  le  denier  d'argent  de  Sextus  Pompée ,  sur  lequel  on 
lit  :  VÏUEF.  ORiE.  MARIT.  ET.  GLAS.  EX.  SC.  Je  fis  alors  de 
Tiûnes  tentatives  pour  acheter  cette  pièce,  que  j'aurais 
voulu  donner  à  notre  Cabinet  des  médailles  de  Paris.  Mal- 
gré l'obligeance  dont  il  m'a  bien  souvent  fourni  des 
preuves,  Doubleday  ne  put  jamais  se  décider  à  me  laisser 
emporter  en  France  une  pièce  si  rare  et  si  singulière.  Je 
ne  saurais  donc  en  publier  le  dessin  ;  mais  le  lecteur  n'é- 
prouvera aucun  embarras  à  se  la  représenter,  car  les  deux 
figures  mythologiques  qui  viennent  d'être  indiquées  sont 
connues  de  tous  les  numismatistes. 

Ainsi  que  Visconti  l'a  dit,  «  les  rapports  entre  le  dieu  de  la 
mer  et  le  destructeur  des  flottes  de  Sextus  Pompeius  et  de 
Karc-Antoine  sont  faciles  à  saisir.  *  n  J'ajoute  que  la  Scylla 
convenait  très-naturellement  à  un  personnage  qui  avait  eu 
la  Scile  pour  théâtre  de  ses  exploits.  Les  succès  qu'Agrippa 
<d>tint8ur  terre  près  de  Messine,  ses  victoires  navales  près 
de  Myte  et  de  Naulochus,  justifieraient  l'adoption  du  type 
que  je  viens  de  signaler.  Mais  je  crois  qu'en  plaçant  aux 
pieds  d*un  Neptune,  relativement  colossal,  une  petite  figure 
du  monstre  gardien  de  la  côte  sicilienne,  que  Sextus  avait 
]^s  pour  emblème  de  la  vigilance  et  de  la  force  qu'il  ap- 
portait dans  ses  fonctions  de  prœfeclvs  orœ  maritimœ^  on  a 
voulu  exprimer  tout  particulièrement  le  contraste  que  pré- 
sentent la  confiance  et  la  défaite  du  fils  de  Pompée. 

Suétone  nous  dit  assez  que  cet  important  événement  de- 
vait être  attribué  à  l'habileté  d' Agrippa,  et  nous  n'en  vou- 
drions pour  preuve  que  le  sentiment  dont  Caligula  était 

*  tcomùgr.  rom.,  t.  1.  p.  210. 


S6  nÉuoiBES 

animé  lorsqu'il  abolissait  les  fêtes  destinées  à  célébc  < 
l'anniversaire  des  victoires  d'Aclium  et  de  Sicile  *.  On  s^ 
qu'il  ne  voulait  pas  permettre  qu'on  rappelât  qu'il  av-^ 
eu  pour  ancêtre  un  membre  de  la  famille  plébéiecaa 
Vipsania.  Mais  si  ce  fou  couronné  n'estimait  pasqu'Agrip^ 
fût  d'assez  bonne  maison  pour  avoir  l'honneur  d'être  ^ 
aïeul,  les  peuples  du  temps  d'Auguste  n'en  ont  pas  moin< 
cru  possible  d'assimiler  à  Hercule  et  à  Neptune  ce  graurf 
capitaine  qui  avait  fait  triompher  les  armes  impériales. 

M.  Raoul-Rochette,  dans  un  article  destiné  au  Diction- 
nairede  l'Académie  des  beaux-arts  et  publié  par  avance 
dans  la  Rcrue  archéologique  ^  dit  qu'une  «  médaille  de 
moyen  bronze  d* Agrippa  avec  les  lettres  S.  C  gravées  dans 
le  champ  du  revers,  qui  indiquent  qu'elle  a  été  frapi^een 
vertu  d'un  décret  du  sénat,  offre  sur  la  face  pi  ineip-dc  la 
couronne  murale  et  rostrale,  et  au  revers,  Neptune  debout, 
jwrtant  sur  la  main  droite  un  dauphin  *.  »> 

On  a  lieu  de  croire  que  le  savant  archéologue ,  qui  avait 
peu  étudié  la  numismatique  romaine,  a  confondu  le  type 
des  monnaies  de  moyen  bronze  avec  celui  des  pièces  de 
métaux  différents,  quoiqu'il  ajoute,. que ques  lignes  plus 
bas  :  «  La  même  couronne  se  voit  sur  la  tête  d' Agrippa» 
type  princii:al  d'une  autre  monnaie  qui  existe  en  or  et  en 
argent,  etc.»  11  y  a  là  une  seconde  erreur,  puisque  ces 
monnaies  nous  montrent,  au  nr^r*  de  la  tête  d'Auguste»  k 
portrait  d'Agrippa,  accompagné  du  nom  des  officiers  dkh 
nétaires  Platorinus  ou  Lentulus,  et  par  conséquent  avec 
tous  les  caractères  d*un  type  secondaire.  Quoi  qu'il  en3oit, 
je  n'ai  jamais  pu  découvrir  le  moyen  bronze  d' Agrippa  prt- 

1  •«  ilctiacas  siculaeque  vetuit  solemnibus  feriis  celebrari.  r  SurtoD.,^'^* 
23. 
»  flw.arcA.,t.  IX,  1852,  p.  174. 


ET   DISSERTATIONS.  37 

Sentant  la  couronne  nivra*e  et  rostrale,  cl  je  vois  qu'après 
toutes  les  recherches  auxquelles  il  s'est  livré ,  M.  H.  Cohen 
ne  Ta  point  rencontré  non  plus.  Lorsque  l'Académie  des 
beaux-arts  donnera  à  l'impression  la  seconde  livraison  du 
Dictionnaire  qu'elle  publie  avec  tant  de  luxe ,  il  sera  peut- 
Hre  bon  de  modifier  dans  la  biographie  d*Agrippa  le  pas- 
sage que  fai  signalé,  aPm  d*éviter  aux   artistes,  pein- 
tres, sculpteurs  et  graveurs,  le  soin  de  chercher  un 
monument  que  les  numismatistes  ne  pourraient  pas  leur 
fournir. 

Je  ne  saurais  paHer  d'Agrippa  sans  mentionner  l'opinion 
exposée  récemment  par  un  antiquaire  de  Nîmes,  M.  Auguste 
Met,  qui  croit  devoir  reporter  à  l'époque  des  Antonins  la 
série  de  monnaies  offrant  la  légende  COL.  NEM. 

M.  Pelet  reprend  le  système  de  Jean  Poldo  d'Albenas,  qui, 
ilyatrois  cents  ans, prétendait  que  ces  monnaies  représen- 
tent, non  pas  comme  tous  les  numismatistes  le  croient,  les 
ponraits  d'Auguste  et  d'Agrippa,  mais  ceux  de  Marc-Aurèle 
et  de  Lucius  Yérus\ 

II  suffit,  je  pense,  de  considérer  avec  quelque  attention 
les  monnaies  de  Nîmes  pour  reconnaître  q«i'elles  appartien- 
nent bien  réellement  au  i"  siècle  avant  Jésus-Christ.  Sur 
les  exemplaires  les  mieux  frappés ,  on  dislingue  parfaite- 
ment la  tète  tournée  à  gauche .  ceinte  d'une  couronne  ros- 
trale, décoration  glorieuse  pour  un  général,  mais  qui  serait 
étrange  pour  un  empereur.  Enfin ,  ce  qui  domine  toute  la 


*  BMMoi  tur  Um  médailUt  de  Nemauêusy  dans  les  Mémoires  de  V Académie  du 
Cordf  1860.  —  Spon  dit ,  en  parlant  de  Poldo  d'Albenas  et  de  son  explication 
des  monnaies  de  Nîmes  :  <•  Il  estoit  pardonnable,  en  ce  que  la  science  des  mé- 
dailles n^estoit  pas  cultivée  de  son  temps  avec  tant  de  soin  qu'elle  Test  à  pré- 
sent. »  Recherches  curieutet  d'antiquité  (  1683  ) ,  p.  166.  Sommes-nous  moins 
avancés  qa'on  ne  Tétait  lorsque  Spon  écrivait  ces  lignes  ? 


38  MÉMOIRES 

question,  les  tètes  ne  sont  pas  tellemeot  mal  gravées  qu'c 

ne  puisse  en  distinguer  très-exactement  les  traits;  or 

trûts  sont  ceux  d'Auguste  et  de  son  gendre.  On  me  perx:^- 

nœttra,  à  moi  qui  ai  continndlemeBt  sous  les  yeux,  av^-^aiQ 

Louvre,  les  deux  plus  beaux  bustes  connus  d' Agrippa  et  d»J 

Locius  Yérus,  d*ètre  familiarisé  avec  la  physionomie  j 

culière  de  ces  personnages,  et  je  crois,  par  conséquente  A 

être  en  droit  d'affirmer  que  les  monnaies  de  Nîmes  porteoK^sit 

la  tète  d' Agrippa,  assez  bien  reproduite  pour  ne  laisse^^sr 

aucune  incertitude. 

Mais  tandis  que  H.  Pelet  retire  à  Agr^pa  les  bronzes  d  JHe 
Nîmes,  d'autres  antiquaires  s'efforcent  d'enlever  ces  mèo 
monnaies  à  la  capitale  des  Volces  Arécomiques  pour  le 
donner  à  FAuvergne»  En  1867,  M.  Mioche  lisait  à  TAcadé 
mie  de  Clermont  une  notice  sur  les  médailles  dites 
Nimes,  dans  laquelle  il  proposait  ce  changement  d'attribiMS:- 
tion.  M.  Mathieu,  peu  après,  reprenait  l'opinion  de  so^^ 
confrère,  et  s'exprimait  ainsi  dans  l'ouvrage  intitulé  D^^ 
coUmies  et  des  voies  romaines  en  A  uvergne  :  u  Les  abrévi^^^ 
tiens  COL.  NEM.  se  compléteraient  très-bien  par  COLONIE 
NEMOSSENSIS  ou  NEMETENSIS,  colonie  de  Nemossos  o«i 
de  Nemetum,  les  deux  noms  primitifs  de  Qermont  conteno- 
porains  l'un  et  l'autre  de  la  bataille  d'Actium  ..  Ces  moo* 
nues  coloniales  aux  tètes  adossée  d'Auguste  et  d' Agrippa  9e 
rencontrent  en  si  grande  quantité  dans  la  ville,  et  parfois 
enfouies  en  si  grand  nombre  dans  le  sol  des  environs ,  et 
jusque  sur  les  plateaux  de  Gergotia  et  de  Cotent^  qu'elles 
supposeraient,  entre  deux  cités  si  éloignées,  des  relations 
commerciales  vraiment  extraordinaires;  tandis  qu'en  ad* 
mettant  à  Nemetum  l'atelier  où  eUes  se  fabriquaient,  oa  ^ 
l'explication  naturelle  de  la  légende,  qui  constate  rétablis^ 
sèment  d'une  colonie  latine,  fondée  ou  du  moins  dévelopi 


^T  DISSERTATIONS.  SO 

ie  par  le  fUs  du  divin  Jules,  Divi  /îltui,  et  proba- 
lons  la  préfecture  d' Agrippa.  » 
ir  de  ce  passage  ne  s'est  pas  rappelé  que  les  mon- 
i  légende  COL.  NEU  sont  recueillies  par  milliers 
A  dans  les  environs.  Si  ces  pièces,  découvertes  à 
Dt  été  frappées  à  Glermont ,  comme  il  le  suppose, 
mettre  qu'elles  ont  franchi  exactement  la  même 
que  si  elles  avaient  été  transportées  de  Ntmes  en 
• 

irait  donc  là  une  pétition  de  principe;  on  en  re- 
né seconde  dans  cette  phrase  que  je  rencontre  un 
loin,  à  propos  de  l'opinion  accréditée  :  «  L'erreur, 
«ne,  était  facile  ;  aucune  dissertation  n'a,  jusqu'à 
évélé  que  Clérmont  est  d'origine  coloniale.  » 
t,  même  après  la  lecture  du  livre  de  M.  Mathieu, 
tre  convaincu  que  Glermont  n'a  jamais  été  colonie 
ou  du  moins  on  ne  connaît  aucune  autre  preuve 
istration  de  ce  fait  que  la  légende  COL.  NEM.  de 
illes. 

3  contenu  dans  celte  légende  ne  peut  donc  servir 
la  nouvelle  attribution. 

il  n'existe  aucun  texte,  aucun  monument  qui  nous 
croire  que  Glermont  a  porté  le  titre  de  colonie , 
rons,  d'un  autre  côté,  citer  bon  nombre  d'inscrip- 
ques  dans  lesquelles  la  colonie  de  Nîmes  est  men- 
G'est  là  un  genre  d'autorités  que  nous  ne  devons 


CX5GXXUI ,  6  ;  CCCLI.  6  ;  CCCCLXV]! ,  3  ;  CCCCLXXIX .  5  - 
€CXaV,  11.  —  Maffei,  GalL  antiquit.,  p.  56,  et  Mui.  Vtr., 
t.—  Acad,  des  inscript.,  t.  XIV,  2*  pi.  M.—  SpoD,  Miscêll,,^,  169. 
MGMLXXXVU.  5.  —  Millin,  Koy.  dans  U  Midi,  t.  IV,  p.  233.- 
LdctoiiKq.iff  lavUUdê  iVuniM ,  éd.  de  1836 ,  n- 1,3,4.— ^</. 
k.,  1848,  p.  21. 


AO  MÉMOIRES 

pas  perdre  de  vue.  Autrement ,  on  en  viendrait  bient&t  à 
réclamer  les  monnaies  à  la  légende  COL.  NEM.  pour  les 
Nemetes  de  Spire,  pour  Nemelobriga  de  Galice,  pour  Neme- 
tacum  ou  Nemetocffina  des  Atrébates,  pour  les  Nemanin- 
genses  d'AschaiFenburg,  ou  les  Nemaloni  de  Provence.  Mais 
M.  Mathieu  lui-même  n'a  pas  condamné  sans  bé^tatioo 
Topinion  de  ses  devanciers ,  et  il  a  sagement  émis ,  malgré 
ses  sympathies  pour  Nemossus  ou  Augustonemetum  des 
Arvemes,  un  doute  dont  j'ai  souligné  plus  haut  Texprea- 
sion,  afin  de  lui  en  laisser  tout  l'honneur. 

Adrien  db  Longpêriek. 


ET   DISSERTATIONS.  Al 


MÉDAILLES  DE  COLOGNE 

{ COLON I A  ACniPPINENSIS), 


le  des  Dbii,  peuples  qui  babitaieut  autrefois  la  rive 

lu  Rbin,  reçut  le  nom  de  Colonia  Agrippina  ou 

Agrippinensis  ^  d*Agrippine,  fille  de  Germanicus  et 

NéroQ>  qui  naquit  dans  ses  murs. 

ptna,  9110  vim  suam  sociis  quoque  nalionibus  osten- 

i  oppidum  Ubiorum ,  m  quo  genila  erat^  veleranos 

tque  dediAci  impeirai^  cuinomen  indiium  ex  voca- 

lus.  —  Tacit.,  Ann.,  XII,  27.  ^ 

"attrait  cependant  que  trente-six  ans  avant  Tëre 

ne,  quand  Vipsanius  Agrippa  permit  aux  Ubii,  qui 

traversé  le  Rbin,  de  s'établir  sur  la  rive  gauche  du 

ces  peuples  prirent  déjà  le  nom  d'Agrippinenses. 

qu'on  peut  croire  d'après  ce  que  disent  Tacite  et 
I 

rte  accideral  ut  eam  geniem ,  Rheno  transgres$am , 
prtppa  in  fidem  acciperet. — Tacit.,  /.  cit.  —  Cf.  De 
German,^  28. 


ipft.»  IV,  p.  194.  —  Cf.  Tacit.,  But,,  IV,  28.  —  Dion  Cass.,  Bût,, 
0. .  Vojez  ansai  Âmédéa  Thierry,  ffùlot'rt  dsi  Ga^Uoiê ,  8*  édition, 
40. 


la  seconde  se  lit  dans  Ammien  Marcellin  ^,  Fortun; 
doine  Apollinaire  *  et  quelques  autres. 

Dans  ritinéraire  d'Antonin,  la  ville  des  Ubii  est  d 
sous  le  nom  à'Agrippina  Civitas  et  de  Colonia  Ag\ 
et  dans  la  Notice  des  provinces  de  la  Gaule  '*^  sous  < 
Civiia*  Àgrippinensium. 

La  Table  Théodosienne  donne  la  forme  Àgripina 
tandis  que  dans  Eutrope  *,  Trebellius  Pollion  *,  Vopi 
Aiirelius  Victor  '*  et  Orose  ",  on  trouve  Agrippina 
Zo9ime"etZonare'\  Xypiînrcya,  ÀypcTnrei/r  »  et  dans 
mée",  AypiTTTTivy.vai!:. 

Quelques  inscriptions  ont  conservé  le  nom  de  la< 
libiî. 


<  /7ûl.,  1,06  et  87;  IV,  66  et  68. 
«  In  VitêU.,  X. 
»H.iV.,  IV,17,  31. 

•  XV,  8  et  11. 

•  Carm.,  111,19. 

•  Cafw.,VII,ll6. 

f  Notitia  Proi^inciarum  it  Civitatum  GalUm,  dans  Gaénrd,  frN 
»%fMtèmêiê9  diviêiont  territoriales  dt  la  Gaulé,  p.  20.  Paris,  1838,  iii-8* 

•  ff«l.,Vni,  2,  et  IX,  17. 

•  Triginta  t^ranni,  V  et  VI. 


ET   DISSERTATIONS.  &3 

M.MARIO  M.F. 

STELTITIO  RVFINO 

COS. 

LEG.LEGT  MINER.P.F. 

CVR-COLCLAVD.AVG. 

AGRIPPINENSIVM 

PR0C0S.PR0V.S1CIL1AE 

CVR.AMERINOR.PRAET. 

TR.PL.Q.PROV.MACEDON. 

SEVIR. TVRMAR  EQ.ROM. 

TR1B.LAT1CL.LEG.T  ADl.P.F. 

un  VIRO  STLIT1B.IVD1C. 

FIDES  CVM  HELLADE  ET 

TERTIO  PARENTIBVS  EIVS. 

Grntcr,  p.  ccccxxxvi,  7.  — Th.   Mommsen,   Ins^ript. 
^9fii  Nraiiolitani  latinœ,  n*  1426. 
^nt  colonne  niilliaire  aux  noms  des  empereurs  Marc- 
^h  et  Lucîus  Vérus  porte  COL.  AGRIP.  — Orell. ,  Inscript, 
'inx  selectae,  n*  876. 

Dne  antre  inscription  fait  mention  d'un  Masclinius  Ma- 
iras  qualifié  de  décurion  :  DECCA  (  Decurioni  f  olotita? 
nppin^B  ).  —  Orell.,  l  cil.,  n*  1108. 
Le  même  recueil  d'inscriptions  d'OreUi  fournit  trois  au- 
s  pierres  dans  lesquelles  parait  le  nom  de  Cologne  : 
^54,  AGRIP.  {Agrippifienn  palria).—  N»  8381.— 
rini,  Frat.  Arv.^  p.  518. —  Mommsen,  /.  cit.^  n*  2862, 
IVS  COL  AGRIPPINENSE.—  N*  8664,  AGRIPPINENSL 
^  fut  à  Cologne  %  où  il  résidait  comme  gouverneur  de 

Eatrop.,  HisL,  YUI ,  2.  ^  Anrel.  Victor.,  EpUom.,  XUl ,  3.  —  OnM., 
•  Vn,  12.  —  Cf.  aiatoD,  FaêH  Aornaiw,  1. 1,  p.  84.  —  Roolet,  Mimùin  9wr 


hh  uÉMOiaES 

la  basse  Germanie,  que  Trajan  prit  la  pourpre,  eaVanM 
de  notre  ère ,  lorsque  Hadrien  lui  eut  porté  la  uouvelledc 
la  mort  de  Nerva  *. 

Goltzius  et  les  auteurs  qui  Font  copié  parlent  de  monoaies 
coloniales  frappées  à  Cologne  aux  effigies  de  Claude,  de  Nèroo 
et  de  Vitellius,  mais  personne  neconnait  ces  monnaies, etoo 
ne  les  retrouve  dans  aucune  collection  *  :  aussi  est-ce  a^ec 
raison  que  Vaillant  n'a  pas  compris  ces  prétendues  pièces 
dans  sa  description  des  monnaies  coloniales  romaines  :  JV«- 
mismaïaareQ  imperatorum,  Augvsfarum  et  i\Tsarum  inco- 
/oniïs,  municipiiset  urbibus  perçusse»  Paris,  1688, 2  v.  in-fol. 

Les  pièces  à  l'effigie  de  Postume  et  portant  le  nom  de 
Colonia  Agrippinensis  sont  les  seules  monnaies  authentiques 
frappées  à  Cologne  sous  l'influence  romaine.  Ces  pièces  sont 
d'une  rareté  extrême,  et  quoique  Vaillant  n'en  fasse  pas 
mention  ,  leur  existence  ne  peut  être  révoquée  en  doute. 

Il  est  fait  mention  de  ces  pièces  dans  plusieurs  recueils 
de  médailles  d'une  date  ancienne.  Mezzabarba  (éditions 
de  1«83  et  de  1730,  p.  395)  en  décrit  une  d'après  Smetios, 
Antiquitales  NeomagenseSj  p.  239.  Noviomag.  Batav.,  i67S. 

Dans  le  Trésor  Britannique  de  Haym  (  Tesoro  brUtt 
tiicoy  1719,  t.  Il,  tab.  XXVI,  5  et  p.  284,  Thés.  brUl.,il^ 
t.  II,  p  391  ),  la  médaille  de  Cologne  à  l'effigie  de  Pos- 
tume est  décrite  comme  étant  de  billon. 

Banduri  {Num.  tiwp.,  1. 1,  p.  311)  donne  une  description 
exacte  de  cette  rare  monnaie.   Beauvais  (  Histoire  ahti^ 


Us  magistrats  romains  de  ta  Belgique ,  p.  20  ,  dans  le  t.  XYII  des  Mémtint  è 
l'Académie  royale  de  Bruxelles, 

*  Spartian.,  Hadrian.,  II. 

'  Voir  Morell.,  Thés.  imp.  rom.^  tab.  X,  Claïud.^  32,  et  le  Conmentairti^ 
rercamp^  t,  II,  p.  48.  —  Harduini  Opéra  selecta,  p.  9.  AmsteU,  1709,18-^^"' 
H.  Vales.,  Sotitia  GalHarum^  p.  148. 


appées  à  Cologne. 

»is,  malgré  rautorité  d'Eckhel,  il  pouvait  rester 
s  sur  Texistence  réelle  de  ces  pièces ,  si  Ton  com- 
lescriptions  exactes  de  Bandnri  et  de  Beauvais,  et 
le  du  Hollandais  Smetius,  avec  les  descriptions 
nni  et  Sestini  ont  données  au  commencement  de 

ît,  le  Père  Caronni,  dans  le  Mus^e  nl/edervar 

.  522,  n"  2915),  donne  la  description  suivante  : 

WO.P.F.AV.  Cap.  rad. 

.ce...    lit.  rétrogradé  in  area  disposilis,  figura 

itans  d.   hastam  vel  caduceum  longum,  s.  fors 

E.1I. 

(Ciflsufs  générales,  éd.  2,  p.  10,  Florent.,  1821  ), 

ppelanl  les  médailles  décrites  par  ses  devanciers, 

e  tout  autre  description  de  cette  pièce,  probable- 

lême,  vue  et  décrite  par  Caronni. 

iSTVMO  P.F.AG  (stc).  Caput  Postumi  radiatum. 

..PO.GL.AGB.  COS.  in  area  Aq 

LoniA  Claudia  Postuma  Agrippina.  Pallas  stans 
.  bastam  tricuspidem,  s.  victoriolain.  JE.  2. 


AG  MÉMOIRES 

d'une  fabrique  barbare  ou  surfrappées  sur  des  piècadu 
Haut-Empire,  surtout  dans  le  grand  et  le  moyen  broDi^; 
et  quant  aux  petits  bronzes,  souvent  ils  ont  été  frappis 
avec  une  grande  négligence,  et  Ton  en  trouve  de  rabriqie 
barbare  qui  ont  des  lettres  dans  le  champ,  dbposées  an 
ordre  et  n'offrant  par  conséquent  aucun  sens. 

Mionnet  (  t  1 ,  p.  83)  décrit  les  médailles  d'Agrippioa 
de  la  Belgique  de  moyen  module  et  du  huitième  ou  plus 
grand  degré  de  rareté ,  et  de  petit  module  et  du  siiièiDe 
degré  de  rareté,  et  dit  qu'elles  sont  de  fabrique  barbare. 

Les  pièces  de  moyen  bronze  de  Cologne  n'ejustent  pis; 
on  n'en  connaît  que  de  petit  bronze,  quelquefois  saucé. 

Voici  la  gravure  des  deux  variétés  que  l'on  connaît  : 


1.  IMP.  C.  POSTVMVS  P  F.  AVG.  Buste  radié,  à  droite. 
^.  COL.  CL.  AGRIP.  COS.  Illl.  La  Monnaie  debout,  toof' 

née  à  gauche ,  et  tenant  de  la  main  droite  des  balances,  et 
de  la  gauche  une  corne  d'abondance.  —  IK. 

2.  Même  légende,  même  buste. 

^.  C.  C.  A.  A.  COS.  IIII.  Même  type.  —  R. 
V    Les  quatre  lettres  C.  C.  A.  A.  s'interprètent  par  fo/wi^ 
Claudia  ÀugxMta  Agrippinettsis.  La  colonie  envoyée  i 
les  auspices  d'Agrippine,  en  803  de  Rome,  cinquante! 
après  Jésus-Christ,  avait  reçu  le  nom  de  Claudia^  en  l'h»-* 
neur  de  Fempereur  Claude,  le  mari  d'Agrippine  *. 


*  Tacii.,  Ann  ,  Xll,  27.  —  Cf.  Eckhel,  D.  S  .  I,  p.  74  —  LlnicriptioB 


ûir» 


ET   DISSEBTATIONS.  A7 

Je  ne  connus  que  deux  exemplaires  de  la  première  de 
ces  deux  pièces.  L'un  fait  partie  de  la  collection  de  feu  M.  G. 
Bolin  de  Guise ,  et  m'a  été  communiqué  par  mademoiselle 
Bolin,  sa  fille,  qui  a  conservé  la  collection  formée  par  son 
père.  L'autre,  à  fleur  de  coin ,  appartient  à  M.  Asselin ,  i 
Cherbourg,  et  c'est  grâce  à  notre  collaborateur  M.  Feuar- 
dent,  toujours  empressé  à  servir  les  intérêts  de  la  science, 
que  j'ai  pu  l'examiner  et  le  faire  dessiner  pour  être  mis^ 
sous  les  yeux  des  lecteurs  de  la  Revue. 

Il  existe  à  ma  connaissance  trois  exemplaires  de  la  pièce 
qui  porte  seulement  des  initiales  :  le  premier  dans  la  col- 
lection de  feu  M.  G.  Rolin  (c'est  l'exemplaire  que  j'ai  fait 
dessiner  ^ }  ;  le  second  faisait  partie  de  la  collection  de  feu 
M.  Tdcbon  d'Annecy;  le  troisième  appartient  à  mon  ami 
M.  le  commandant  Oppermann. 

A  mon  passage  à  Bordeaux ,  au  mois  de  septembre  der- 
nier, j'ai  trouvé  dans  la  collection  de  M.  Péry,  notaire,  une 
autre  pièce  de  Postume,  inconnue  jusqu'à  ce  jour,  et  qui 
porte  les  initiales  de  l'atelier  de  Cologne.  Grâce  à  l'obli- 
geance du  possesseur,  il  m'est  permis  de  mettre  ici  un  des- 
tin de  cette  rare  médaille  sous  les  yeux  des  lecteurs. 


IMF.  C.  POSTVMVS  P.  F.  AVG.  Buste  radié,  à  droite. 
^.  lOVI  VICTORI.  Jupiter  armé  du  foudre  et  tenant  ud 

^nrtcneil  de  Gmter  et  dont  lions  avons  donné  une  copie,  tujpra,  p.  43,  fournit 
«giUeiiient  les  noms  de  COL.  CLAVD.  AVG.  ÂGRIPPINENSIYM. 

*  Cette  pîèee,  qui  faisait  partie  de  la  trouvaille  de  Maeon,  près  Chimny 
(Haînant),  est  décrite  dams  la  Atmm  numUmatiq^^  dt  1837,  p.  144. 


A8  MÉMOIRES 

sceptre,  marchant  à  gauche  et  détournant  la  téie  àdroi^* 
Dans  le  champ,  des  deux  côtés  du  dieu,  les  lettres  G*  ^ 
(  Colonia  Agrippinensis).  —  M. 

Les  médailles  qui  portent  la  légende  COL.  CL.  AGRIP.  O^ 
simplement  les  sigles  C.  C.  A.  A.  sont  marquées  du  qii^^ 
trième  consulat  de  Postume.  Cette  marque  fixe  la  date  d^ 
leur  émission.  On  a  des  pièces  d'or  qui,  avec  la  scpUèiti^ 
puissance  tribunitienne  TR.  P.  VII ,  portent  la  mention  d«^ 
troisième  consulat  de  Postume.  Ainsi ,  en  26i  de  l'ère  chré- 
tienne ,  Tempereur  gaulois  qui  était  monté  sur  le  trône  e0 
258,  n'avait  encore  pris  la  dignité  de  consul  que  trois  fois« 

Des  pièces  de  billon  et  de  petit  bronze  avec  la  meolioo 
de  la  neuvième  puissance  tribunitienne  TR.  P.  VIIII,  doa— 
nent  le  quatrième  consulat,  COS.  IIII.  On  pourrait  donc 
présumer  que  Postume  n'a  pris  son  quatrième  consulat 
qu'en  266,  dans  la  neuvième  année  de  son  règne.  Toutefois» 
je  suis  porté  à  croire  que  la  date  du  quatrième  consulat  do 
Postume  doit  être  fixée  à  Tan  265,  la  même  année  où  il 
associa  Victorin  à  l'empire.  Sans  entrer  ici  dans  tous  les 
développements  nécessaires,  qu'il  me  suffise  de  faire  ob- 
server que  l'on  a  des  médailles  d'or,  de  billon  et  debronzB 
portant  la  marqcie  du  quatrième  consulat ,  sans  mention 
de  la  huitième  puissance  tribunitienne   (jusqu'à  ce  joor 
on  n'a  retrouvé  aucune  pièce  avec  l'indication  de  la  hui- 
tième puissance  tribunitienne  de  Postume  '  ).  Ajoutons  que 
l'on  connaît  un  aureus  sur  lequel  parait  Postume,  revêta 
de  la  dignité  de  consul  pour  la  quatrième  fois ,  P.  M.  I.P- 
COS.  IIII.  P.  P.  dans  un  char  de  triomphe,  que  des  pièces 
de  billon  et  de  petit  bronze  ont  pour  type  la  Victoire 

*  La  pièce  décrite  par  Banduri  (  1. 1,  p.  294  )  est  une  pièce  mal  cooier^' 
de  la  neuvième  puissance  tribunitienne.  P.M.TR.P.V11II. 


ET   DISSERTATIONS.  A9 

Bibout,  qui  tient  une  palme  et  se  pose  une  couronne 
tr  la  tête,  COS.  IIII  ;  enfin  que  la  médaille  inédite  de  la 
»llection  de  M.  Péry  a  pour  type  Jupiter  Victorieux,  lOVl 
:CTORl  *.  En  rapprochant  tous  ces  types,  on  arrive  à  la 
z^duaion  suivante  :  c'est  que  Postume ,  avec  Y  aide  de 
c^orin ,  a  fini  par  battre  Gallien ,  et  a  repoussé  l'empereur 
cxiain  hors  des  Gaules.  Ces  événements  eurent  lieu  en  265  *. 
Bdaiotenant  que  Ton  connaît  la  signification  des  lettres 

A.  gravées  dans  le  champ  d'une  médaille  à  l'efiQgie  de 
stume,  il  resterait  à  chercher  ce  que  peuvent  indiquer 
uxtres  lettres  que  l'on  rencontre,  soit  dans  le  champ,  soit 
r  exergue  de  quelques  monnaies  de  ce  règne. 
I>*après  ce  qui  précède,  il  est  certain  que  les  sigles  G.  A. 
cliquent  Colonia  Agrippinen$if.  C'est  dans  cette  ville,  le 
^ulevard  de  l'empire  gaulois ,  que  Postume  avait  établi 
itelier  de  ses  monnaies.  Qui  pourrait  en  douter  en  voyant 
I  type  de  la  Monnaie  gravé  sur  les  pièces  frappées  à 
ûlogne?  C'est  sur  les  bords  du  Rhin,  le  salut  des  provinces 
^mloises,  SALVS  PROVINCIARVM,  que  résidaient  la  plu- 
nrt'du  temps  les  chefs  militaires  qui,  au  milieu  du  iii*siè- 
^  de  notre  ère,  gouvernaient  la  Gaule.  Auparavant  Cologne 
levait  être  la  résidence  des  gouverneurs  de  la  Gennanie 
iofèrieure  et  des  généraux  qui  commandaient  les  armées  du 
Riiiiu  C'est  encore  probablement  à  Cologne  que  Postume 
^vait  étabU  son  Sénat. 

Voici  les  lettres  que  l'on  rencontre  sur  les  monnaies  de 
^tome  : 

!•  _p.  à  l'exergue,  avec  FIDES  EQVIT.  (billon  et  petit 

ï-«  type  de  Japiter  Victorieux,  10 VI  VICT0RI,e8t  connu  et  même 

^f.  le  beau  mémoire  de  Brequîgny  dans  les  Mémoires  de  V Académie  de*. 
*"*''^.  et  bellêê'lettree,  t.  XXX,  p.  355. 

^8«2.— 1.  4 


50  MÉMOIRES 

bronze) .  Daud  le  champ,  avec  ORIËNS  AVG.  (billon  et  petit 
bronze),  et  avec  PAX  AVG.  (billon).  A  Texergue,  avec 
SALVS  AVG.  Esculape  (petit  bronze),  et  avec  SPESPVBLICA 
(petit  bronze). 

2.  —  S.  à  l'exergue,  avec  CONCORD.  EQVIT.  (billon  et 
petit  bronze),  et  avec  VIRTVS  EQVITVM,  Hercule  (billon 
et  petit  bronze). 

S.  _T.  à  l'exergue,  avec  FIDES  EQVIT.  (petit  bronze), 
avec  PAX  EQVITVM  (billon  ),  et  avec  VIRTVS  EQVIT.  Mars 
(billon  el  petit  bronze  ). 

Faut-il  voir  dans  ces  trois  lettres  P,  S,  T  des  initiales  de 
noms  de  villes  ou  de  peuples,  par  exemple  Pictones  ou 
Peirtu^orii^  Senones^  Sanloties  ou  Sequani^  Treviri  ou  Tu- 
rones?  Je  ne  le  pense  pas,  et  je  crois  qu'il  s'agit  ici  tout 
simplement  des  officines  monétaires,  prima,  secundo^  terlia. 

J.    DE  WiTTE. 


ET  DISSERTATIONS.  51 


NOTICE 
HVBRSES  MONNAIES  DU  VIII-  SIÈCLE  AD  XV\ 

(PI.  II.) 


mnaie  gravée  sous  le  d*"  1,  trouvée  près  d'Autuu, 
de  appartenir  iDcontestablement  au  commencement 
siècle.  Elle  tient,  par  son  style  et  son  module,  le 
ntre  les  deniers  des  derniers  Mérovingiens  et  ceux 
I  le  Bref.  A  cette  époque  les  maires  du  palais  et  les 
"68  ecclésiastiques  s'emparaient  progressivement 
ts  régaliens,  et  l'on  ne  sera  pas  étonné  de  me  voir 
:  dans  les  caractères  que  porte  notre  pièce  d'argent 
ose  que  le  nom  d'un  roi.  D'un  côté,  on  reconnaît 
Ht  SEO,  abréviation  ordinaire  de  Sancto;  de  l'autre, 
Dte  un  monogramme  composé  des  lettres  TRVPM 
parait  représenter  le  nom  de  saint  Tropbime  écrit 
fois  Tru/imuê  et  Truphimus^  même  sur  des  men- 
ais au  vui*  siècle  il  n'était  guère  question  de  saint 
A,  bien  que  suivant  Grégoire  de  Tours,  ce  person- 
;  été  prélat  dans  la  Gaule  et  à  Arles  même.  C'est 

acte  de  l'évèque  Pontius,  daté  de  1029,  que  nous 
pour  la  première  fois  le  nom  de  saint  Tropbime 
a  suite  de  celui  de  saint  Etienne,  premier  patron  de 

Cependant,  comme  le  corps  de  saint  Tropbime 


*>»'     -htetp»"    r^int**'^  .-,10»»'  ^ 

T*"*        Je»»'  »  '    \  ïijoo*»*  ^^  (i.  mot»-"       .v«l 


ET   DISSERTATIONS.  5S 

'pë  à  Amiens  qu'a  publié  M.  le  docteur  Rigollot  \ 
me  celle  qui  entre  dans  le  nom  du  monétaire  Rodland 
r.  niftn.,  1868,  pi.  XIII,  n"*  39),  ou  même  quelquefois 
s  le  nom  de  Charlemagne  (t6td.,  pi.  XIII ,  n""  37,  39, 
45). 

•  8.  CAROLDS  en  deux  lignes. 
evers.  blESON  (pi.  II ,  n*"  3).  J'avsûs  d'abord  supposé, 
lis  l'avouer,  que  cette  monnaie  pouvait  être  attribuée 
iasons  ;  mais  en  admettant  même  l'existence  d'un  mo- 
-amme  représentant  SV,  on  n'obtenait  que  SVIESON, 
ui  n'est  pas  SYESSION. 

D  plus  mûr  examen  m'a  fait  reconnaître  ici  un  nom 
Scier  monétaire  :  Hieso-onis.  C'est  un  nom  que  nous 
▼ODS  depuis  le  vu*  siècle  jusqu'au  xi*  dans  les  chartes 
ans  les  chroniques,  sous  diverses  formes  Hezo,  Heizo, 
EO,  Hizo,  Hesso,  Iso  '.  En  Italie  il  a  pris  la  forme  Gezo  ' 
nous  voyons  employée  pour  désigner  un  juge  de  Pavie 
8  le  règne  de  Hugues,  un  évèque,  un  abbé  de  Brema 
emetum).  C'est  ainsi  que  Hierusalem,  lesus,  Hierony- 
s,  lanuarius,  Hyacinthus,  Hieroglyphi  ont  produit  Ge- 
alemme,  Gesù,  Geromino,  Gennaro,  Giacinto,  Geroglifi. 
Vous  n'hésitons  pas  à  considérer  le  nom  du  moine  de 
Dt  Gall,  Iso,  comme  une  variante  de  Hizo,  Hieso  et  Gezo. 
même  qu'on  trouve  les  noms  de  certains  personnages 
its  Hirmino  et  Irmino,  Hismundus  et  Ismundus,  Hisem- 
dus  et  Isembardus,  Hirmingarda  et  Irmingarda. 
a  présence  des  noms  de  monétaires  sur  les  deniers 

/oobroDse,  pi.  167,  n*  2. 

)mii  Bonqaet,  BUtor.  de  France,  t.  YI,  p.  241;  t.  VIT»  p.  642;  t.  YIII, 

8. 

fnntori ,  Ànt.  Ital. ,  t.  III ,  p.  449  ;  t.  IV,  p.  737 ,  738 ,  742,  761.  —  Ci- 

0,  But.  pair,  monum,,  1. 1,  p.  195. 


54  MÉMOIRES 

carlovingiens,  comme  sur  les  deniers  des  Saxons  d'Angle- 
terre, est  maintenant  un  fait  acquis  à  la  science. 

La  pièce  rangée  sous  le  n*"  6  est  une  belle  bractéate  su 
laquelle  je  lis,  en  commençant  par  le  bas,  le  monogramim 
de  LVDOVIGVS.  La  légende  circulaire  semble  donne 
+  ISEAI  VILLA.  Je  ne  tenterai  pas  de  décider  la  questb 
de  savoir  si  cette  pièce  doit  être  attribuée  à  un  des  Is  d 
Bourgogne  ou  de  Champagne,  à  Isé  dans  le  Haine,  ou  à  bie 
dans  la  Bresse  ;  mais  je  ferai  remarquer  combien  il  est  a 
rieux  de  retrouver  une  bractéate  carlovingienne. 

Le  monogramme  composé  des  caractères  LVDOVCS  dii 
posés  de  façon  que  le  C  occupe  la  place  consacrée  pour  I 
monogramme  de  Charles,  se  voit  encore  sur  deux  demei 
que  nous  possédons  et  qui  portent,  l'un  la  légende  ROTV 
xMACVS  CIVl,  l'autre  le  nom  LVDOWICVS  au  revers  d'ARBL 
Cl  VIS.  Cette  dernière  pièce  nous  démontre  la  valeur  d 
monogramme,  dans  lequel  un  D  très-nettement  substitué 
TR  dans  la  partie  supérieure  suffit  pour  changer  le  nom  d 
Carolus  en  Ludovicw^  alors  que  le  K  a  déjà  fait  place  à  un  C 
En  eflet,  M.  de  Longpérier  nous  a  expliqué  que  l'emploi  d 
K  pour  écrire  la  syllabe  KA  était  un  usage  antique  des  ht 
tins  ^ ,  tandis  que  ce  caractère  ne  pouvait  pas  servir 
écrire  CVS. 

N°  7.  Ce  denier  porte  les  légendes  circulaires  +  GRaTI 
D-1 REX  et  +SCI  qVlNTINI  MO.  Au  centre  un  monogramm 
que  j*ose  considérer  comme  exprimant  le  nom  de  Lotbaîr 
HLOARIVS.  La  lettre  II  est  tout  à  fait  semblable  à  celle  qi 
figure  dans  le  monogramme  de  Hugues,  duc  de  France. 

La  seule  difficulté  que  soulève  mon  explication  du  mODC 
gramme  pourrait  naître  de  la  présence  du  nom  de  Saie 

*  Revue  numism,,  1868,  p.  246. 


ET   DISSERTATiONS.  00 

Quentin.  Lothaire  I  ne  possédait  pas  ce  monastère  ;  et  nous 
voyons  par  une  ordonnance  de  863  que  Charles  le  Chauve 
envoyait  Févèque  Imino  inspecter  le  Vermandois. 

M^s,  en  857,  Lothaire  II  et  son  oncle  Charles  le  Chauve 
vinrent  à  Saint-Quentin  pour  y  faire  une  déclaration  com- 
mune, et  il  est  possible  que  Tabbaye  ait  fait  au  roi  de  Lor- 
raine l'honneur  de  placer  momentanément  son  monogramme 
sur  quelques  deniers.  Le  style  de  la  pièce  ne  permet  pas 
de  Tattribuer  au  roi  Lothaire  du  x*  siècle. 

A  côté  des  monnaies  de  Charlemagne  on  peut  placer  celles 
des  deux  derniers  rois  longbards  dont  il  conquit  le  territoire. 
Les  deux  pièces  d'or  que  nous  nous  sommes  procurées  sont 
des  monuments  historiques  de  la  plus  grande  rareté. 

La  première  a  pour  légendes  :  D-N  AISTVLF  R6X  et 
FLAVIA  LVCA  (pi.  II,  n»  4).  C'est  une  variété  de  la  pièce 

portant  +  D.N  AI.STVLF  RE h  FL. AVIA.  LVCA,  publiée 

par  Caronnî,  que  nous  n'avons  jamais  vue  en  France  et  qui 
i^'eziste  même  pas  à  Lucques  dans  la  belle  collection  de 
^'  D.  Massagli.  Elle  a  été  frappée  pendant  le  règne  d'Astol- 
phe  entre  7A9  et  760.  On  en  connaît  une  autre  de  Pise 
4  FLAVIA  PiPAC, 

La  seconde  appartient  à  l'infortuné  Didier  qui  vint  mou- 
^^  eu  France  dans  le  monastère  de  Corbie  ;  on  y  lit  :  +  DN 
DeSiD.  RIVS  RX.  et  +  FL.A.PLACENT-IAVG  (PL  liés,  AVG 
^  monogramme,  pi.  II,  n^  6) .  Cette  pièce,  frappée  à  Plai- 
»Dce  entre  766  et  774,  nous  était  jusqu'à  présent  tout  à  fait 
Jïicon  nue  ;  elle  complète  la  série  des  monnaies  d'or  de  Didier 
swrlesquelles  on  lit  jusqu'à  présent  FLAVIA  LVCA  (Lucques) , 
•^•^VlA  MEDIOLANO  (Milan),  FLAVIA  TICINO  (Pavie), 
''•-AVIASTBR191\ 

l-<^  chanoine  Rambaldo  degli  Azzoni  attribue  cette  dernière  pièce  à  Tr4- 
^%  X^netti,  Nw9a  raccolta,  t,  IV,  p.  56. 


56  MÉMOIRES 

Toutes  ces  villes  sont  dites  flatienneSy  Plaisance  flavienne    -= 
auguste.  Le  Père  Caronni  avance  que  ce  titre  tire  son  origine 
de  la  famille  de  Vespasien  et  de  la  grande  influence  qu'eUe 
eut  sur  ses  contemporains  et  leurs  successeurs  *.  Mais  il 
n'est  pas  besoin  de  remonter  si  haut  et  d'attribuer  à  des 
rois  longbards  du  viii*  siècle  cette  rénovation  de  la  mémoire 
d'un  empereur  du  i"  siècle.  Le  Père  Caronni  aursût  pu  se 
contenter  de  rappeler  que  Constantin  et  tous  ses  fils  ont 
porté  le  nom  de  Flavius;  que  ce  nom  du  premier  empereur 
chrétien  avait  ensuite  été  adopté  à  peu  près  comme  celui 
de  César  dans  le  haut  empire,  et  qu'on  l'avait  vu  successive- 
ment porté  par  Népotien,  Magnence,  Sylvain,  Jovien,  ¥a^ 
lentinien,  Valens,  Gratien,  Valentinien  II,  Théodose,  Victor» 
Arcadius,  Constantin  III,  Valentinien  III,  Léon  II,  Népo» 
et  Romulus. 

Aussi,  quand  Odoacre,  roi  des  Hérules,  s'empara  de  l'Italis 
(476-484),  prit-il  le  nom  de  Flavius,  ainsi  que  le  montrent 
ses  monnaies  fabriquées  à  Ravenoe*.  Quand  saint  Épipban^ 
releva  Pavie  détruite,  il  alla  trouver  Odoacre,  et  obtint  d^ 
lui  en  faveur  de  ses  ouailles  l'exemption  des  contributions 
d'État  pour  cinq  ans  C'est  bien  probablement  à  cette  occa. — 
sion  que  la  nouvelle  ville  prit  le  nom  de  Flavia  Tîcinus.  Dfe^ 
lors  les  autres  durent  l'imiter,  car  Odoacre  s'était  fam^ 
reconnaître  comme  lieutenant  des  empereurs.  On  trouvera©^ 
dernier  fait  savamment  expliqué  dans  l'excellent  ouvrage  J.^ 
M.  Araédée  Thierry,  Récils  de  V histoire  romaine  au  y*siéci^ 
(p.  !272  à  498). 

Les  rois  longbards  avaient  aussi  un  puissant  intérêt  à  se 
présenter  comme  les  successeurs  des  empereurs  d'Ocddent. 

1   Hagguaglio  di  aie.  monum,  di  antichitàt  part.  II,  p.  167. 
9  Steinbticbel,  Notice  sur  le»  médaillons  rom,  tnor  du  Mus.  L  et  A.  dt  Yiei»t, 
p.  1.  —  J.  Friedllnder,  Dit  Munsen  dtr  Vandahn^  1849. 


ET   DISSERTATIONS.  57 

Fout  ce  qui  pouyait  les  rattacher  à  la  famille  de  Constantin 
cl^Tait  leur  être  agréable. 

]«•  8.  ROB  REX  en  monogramme.  Autour  MISERICORDIA 

w^.  TVRONES  CIVITAS.  Croix,  Denier  d'argent  (pi.  II, 

!!•     8). 

le  style  des  lettres  de  cette  monnaie  est  très-remarqua- 
l^l^  ;  elle  sont  très  larges,  et  les  deux  R  du  monogramme 
{Maijfaitement  distincts.  C'est  la  première  pièce  de  cette  fa- 
I>K-mque  que  nous  ayons  vue.  II  existe  pour  ce  type  des  va- 
nités assez  nombreuses  qui  démontrent,  à  ce  qu'il  me 
s^xxble,  d'une  manière  évidente  que  le  hasard  ou  Figno- 
rai-xice  d'un  graveur  ne  doivent  pas  être  invoqués  pour 
€^p>liquer  le  monogramme  dans  lequel  le  nom  de  Robert  se 
i^sc^nnalt  fort  clairement.  Il  existe  dans  la  belle  collection 
d^  H.  Jarry,  à  Orléans,  des  pièces  au  même  monogramme, 
pc>xtant  le  nom  de  Blois,  d'Orléans,  de  Tours.  On  pouvait 
^^OÎT  autrefois  chez  M.  Cartier,  à  Ambroise,  un  denier  de 
To^rs  sans  la  croisette  en  avant  du  monogramme.  Comment 
^^>»ic  les  graveurs  de  ces  différentes  villes  se  seraient-ils 
^■^'tLendus  pour  commettre  une  même  erreur  et  pour  pro- 
^^^ire  chacun  de  son  côté  des  monogrammes  d'Eudes  dans 
^^^cjuels  on  lit  si  distinctement  le  nom  de  son  frère  Robert? 
^  'y  a  autant  de  différence  entre  les  monogrammes  de  ces 
^^inux  princes  qu'entre  ceux  de  Charles  le  Simple  et  de 
'^^^îul,  et  il  faudrait  fermer  les  yeux  volontairement  pour 
^^^^  pas  s'en  apercevoir. 

Il  est  à  remarquer  que  le  denier  de  Raoul,  autrefois  attri- 
^'^*  à  Reims  et  restitué  à  Poîssy  (Pincius)  par  M.  de  Long- 
P^rierSporte  un  monogramme  qui  est  une  imitation  bien 

^  Police  de  la  eolUct,  Rouatou^  1847,  p.  172. 


58  MÉMOIRES 

évidente  de  celui  d'Eudes.  Le  graveur  a  sur  cette  pièce  aussi 
remplacé  le  premier  0  par  une  croisette^  Mais  le  nomda 
roi  Raoul  étant  écrit  en  toutes  lettres  dans  la  l^nde  cir- 
culaire, on  n'hésite  pas  à  voir,  dans  le  champ,  le  nom  du 
même  prince,  caractérisé  par  la  présence  d'un  F.  Avec  un 
peu  de  mauvaise  volonté,  on  pourrait  cependant,  si  la  lé- 
gende circulaire  n'existait  pas,  interpréter  le  monogramme 
par  Odo  rex  Francarum.  Haïs  c'est  le  cas,  ainsi  qu'on  nous 
le  rappelait  dernièrement,  de  comprendre  la  nécessité  des 
distinctions. 

Edouard  ///  d'Angleterre. h  AGN  Dei  QVl  TOL 

P6CA.MVDI.MlSGRe-N0B.  Mouton  tourné  à  gauche,  te- 
nant la  bannière;  au-dessous,  €0A  R€X. 

R).    XPC.VlNClT.XrC.RGGNAT.XPG.lMP€RAT.   Grandie 

croix  fleuronnée,  cantonnée  de  quatre  lis,  dans  un  entou 

rage  formé  de  quatre  arcs  de  cercle  et  de  quatre  angk 
accostés  chacun  de  deux  petits  lis;  les  mots  de  la  ] 
séparés  par  des  doubles  trèfles.  Trouvée  à  Cheppes 
Vitry-le-François,  avec  environ  trois  cents  monnaies  d*or^ 
XIV  siècle  (pi.  II,  n»9). 

Cette  belle  pièce  n'offre  pas  de  ressemblance  avec 
mouton  d'or  de  saint  Louis  et  de  ses  successeurs.  C'est  c 
copie  du  denier  d* or  à  Cagnel  de  Jean  11  qui  fut  fabriquée 
France  de  1355  à  1369.  On  s  est  tenu  aussi  près  quepossL — 
ble  de  la  légende  lOh  RGX  jusqu'à  défigurer  le  D  d'Édouardi 
en  lui  donnant  la  forme  d'un  0.  Néanmoins  on  ne  peutpi-^ 
hésiter  sur  la  lecture  de  ce  nom  abrégé. 

Un  autre  exemplaire  du  denier  d'or  à  Vagnel  portant  ^ 
sous  les  pieds  du  mouton  EDYARD,  existe  au  département 
des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale.  M.  de  Long* 

*  Poey  d'ATant,  Monnaiu  féodaUs,  1. 1,  pi.  I,  n*  13. 


ET      DlSS£aTA'riON5.  5^ 

périer  l'a  publié  '  dans  le  supplément  qu  il  a  fourmi  au  li- 
brûre  Hearne  pour  les  lUustratiom  of  the  Ànglo-Freheh 
9omge  du  général  Ainslie  '.  Gomme  sur  cette  seconde  pièce 
letitrede  roi  manque,  plusieurs  numismatistes,  s* appuyant 
nr  l'absence  de  léopards  ou  de  tout  autre  signe  anglais 
da  côté  de  la  croix,  se  refusaient  à  donner  au  roi  Edouard 
k  pièce  unique  de  la  Bibliothèque.  La  nôtre  ne  permet  pas 
le  même  doute. 

On  a  dit  aussi  que  les  monnaies  d'Edouard  III  au  type 
fraoçais  avaient  été  frappées  en  Flandre  par  Jacques  Arte- 
^old,  le  célèbre  brasseur  de  Gand.  Cela  est  très-possible 
tuant  an  denier  éCor  à  l'éeu  imité  de  celui  de  Philippe  de 
^^ois;  mais  il  n'en  saurait  être  de  même  de  Yagnel;  car 
'  est  bien  évident  que  toute  copie  doit  être  postérieure  à 
Original  qu'elle  reproduit.  Or  Jacques  Arteveld  était  mort 
^  ans  avant  la  fabrication  des  premiers  deniers  d'or  à  l'a- 
^d  de  Jean. 

Les  ordonnances  relatives  à  cette  monnaie  datent  dn  17 
•^nrier  1356  au  10  septembre  1369.  C'est  précisément  le 
"^ps  qui  s'est  écoulé  de  la  bataille  de  Poitiers  au  traité  de 
^'>etîgny,  c'est-à-dire  l'époque  pendant  laquelle  Edouard  IIl 
Cîût  plusieurs  expéditions  en  France. 

HfHft  V  d'Angleterre.—  +  HENRIC  :  DI  :  G.  FRANCORV  i 
^.  Eco  aux  armes  de  France. 

4.  +  SIT  :  NOME  :  DNI  :  BENEDIGTV  (astre  sous  la  croi- 
%$b).   Croix  cantonnée   de   deux  fleurs  de   lis  et  de 


^    Voir,  au  sujet  de  cette  pièce  ,  la  note  publiée  par  M.  J.  Y.  Akerman,  A. 
^itaiiaKeiiMMiiial,  1840,  p.  375. 

^  M.  Cartier  et,  après  lui ,  quelques  autres  antiquaires  donnent  à  ce  général 
>3ani  d*Ainsirortb  ,  sous  lequel  il  est  absolument  inconnu  en  Angleterre» 
-  Won  Marchant  a  dédié  en  1829  au  général  Ainslie  sa  lettre  sur  le  système- 
c^Détaire  de  Dioclétien. 


60  MÉMOIRES 

deux  couronnes. —  Blanc  à  tècu,  dit  guenar  (pi.  U, 
nMO). 

Voici  encore  une  monnaie  d'un  roi  anglais  qui  ne  porte 
pas  plus  que  notre  agnel  d'Edouard  III  de  léopards  dans 
les  cantons  de  la  croix.  Cette  particularité  la  distiogue,  au 
moins  autant  que  le  type  de  Técu,  du  blanc  floreîte  coddu 
dans  plusieurs  collections  (Ainslie,  Illtulratiotiê  ofihe  An- 
glo'French  coinage^  pi.  VI,  n*  77). 

Je  terminerai  cette  notice  par  la  description  d'une  ma- 
gnifique pièce  qui  a  autrefois  appartenu  à  la  Bibliothèque 
impériale  et  qui  en  est  sortie  par  suite  d'un  échange.  Cest 
un  essai  de  monnaie  ou  piéfort  un  peu  moins  épais  que 
l'exemplaire  qui  est  resté  au  Cabinet  des  médailles. 

LVDOVIGVS  :  DEI  :  GRA  :  FRANCORVM  :  REX.  Saint-Mi- 
chel en  armure,  tenant  une  épée  et  un  écu  aux  armes  de 
France,  foulant  aux  pieds  un  dragon. 

fi.  +  KAROLVS  :  DEI  :  GRATIA  :  FRANCORVM  :  REÏ. 
Charles  VII  debout,  couronné,  en  armure  recouverte  par 
une  cotte  fleurdelisée,  la  main  droite  armée  d'une  épée,  et 
la  gauche  reposant  sur  un  écu  aux  armes  de  France  placé 
devant  lui  ;  entourage  composé  de  dix  petits  arcs  de  cercle. 
—  Argent  (pi.  Il.n^H). 

Il  existe  encore  au  Cabinet  des  médailles  une  petite  mon- 
naie d'or  au  type  de  saint  Michel  avec  le  nom  de  Louis  XI 
seulement.  Au  revers  une  croix  accompagnée  de  la  légende 
XPC.VINCIT,  etc.  (Conbrouse,  Calai  des  monnaies  tuir., 
n«399). 

La  grande  et  la  petite  pièce  ont  évidemment  été  gravées 
en  même  temps;  donc  la  nôtre  appartient  bien  au  règne  de 
Louis  XI,  et  non  à  celui  de  Charles  VIII  comme  on  Ta  sup- 
posé (Trésor  de  numismat.  art  monil.  chez  les  modernes t 
pi.  III,  n*  16,  p.  9). 


ET   DISSERTATIONS.  61 

pufaîtemeDt  comment  Louis  XI,  lorsqu'il 
I  Tordre  de  Saint-Michel,  a  éprouvé  le  désir 
cet  événement  important  dans  sa  politique 
lonnaie  ou  pièce  de  plaisir.  On  ne  compren- 
rquoi  une  pareille  idée  serait  venue  à  Char- 
rtout  pourquoi  il  aurait  fait  graver  sa  propre 
igeant  celle  de  son  père.  Le  contrsdre  eût  été 
s  naturel. 

ité-je  pas  à  vOir  au  revers  du  saint  Michel  un 
e  la  France,  le  portrait  de  Charles  le  Yicto- 
e  assurément  Louis  XI  n'ait  pas  été  le  modèle 
it  certaines  occasions  où  la  politique  Tame- 
^r  les  souvenirs  de  son  père, 
licbel  qui  était  apparu  à  Jeanne  d'Arc  à  Dom- 
avait  donné  Tordre  de  se  rendre  en  France 
Br  le  siège  d'Orléans.  Le  7  mai  lii29,  à  Tas- 
relles,  forteresse  occupée  par  les  Anglais  sur 
le  de  la  Loire,  on  avait  vu  dans  les  nuées  le 
[ice  céleste  combattant  du  côté  des  Français, 
I  en  mémoire  de  cette  assistance  avait  fait 
n  étendard  la  figure  de  Tarchange.  A  la  fin  du 
Drléansds  firent  placer  sa  statue  dorée  au-des- 
•  de  leur  beffroi  *. 

18  dans  la  première  promotion  des  chevaliers 
dl,  au  nombre  de  quinze,  figurer  des  serviteurs 
Iharles  Yll,  tels  qu'Antoine  de  Chabannes, 
al,  maréchal  de  Lohéac,  Jean  de  Beuil,  comte 
que  Louis  XI  avait  disgraciés  en  lAôl.  11  y 
1  iA69  ce  qu'on  appellerait  maintenant  une 
veur  des  amis  du  feu  roi.  Nouvelle  raison  pour 

Siégt  f<  la  délivrance  d'Orléan»,  1865,  p.  148. 


62  MÉMOIRES 

croire  que  c'est  son  image  qui  a  été  placée  sur  la  pièce 
dont  j'examine  les  types  si  curieQx  '. 

Feuaident. 

*  M.  A.  Vallet  de  Viriville,  profesêenr  à  l'Ecole  des  chartes,  veut bieo ex- 
traire poar  nous  da  second  Yolome  (soos  presse)  de  sa  remarqaable  Bittoinù 
Charte*  VU  la  Dote  suiTante,  dont  nous  nous  empressons  de  faire  profiterlt 
lecteur. 

**  Charles  YI ,  en  llionneur  de  saint  Michel ,  donna  le  nom  de  cet  archuge 
à  Tune  de  ses  filles.  Frère  de  Michelle  de  France,  Charles  VII  s*appropmee 
coite  et  le  transmit  à  son  fils.  Charles  Vu  avait  une  dévotion  partionlièn  a- 
vnTB  Saint  Michel<iu-péril'dê'la''m€r,  ouïe  Mont  Saint-Michel,  lien  de  pèlsrinif* 
célèbre  «  et  Tan  des  trois  points  qui,  aux  trois  extrémités  nord,  ooeft  et  eit 
(Tonmay,  Mont  Saint-Michel,  Vauoouleurs]  tinrent  ferme  et  perséTénmoMBt 
pour  sa  cause,  au  temps  le  plus  désastreux  de  son  règne.  Bn  1426,  Ckarkt  fU 
fit  coriitruirë  une  chapelle  dédiée  a  eaint  Michel  en  eon  château  d^Àmboiee,  UmiO 
y  itietitua  Vordre  de  Saint-Michel  en  1469.  Voyez  Lemaire ,  Jïûl.  «TOrMfMt 
p.  188,  répété  par  Anselme,  Palaie  d'honneur^  p.  126,  et  VHiet.  de  CharUiflh 
t.  I,  p.  352,  note  1.  » 


ET    DISSERTATIONS.  6S 


\E  DE  M.  ROBERT  A  M.  Ad.  DE  LONGPÉRIER 
IK  DES  COLLECTIONS  D'ITALIE. 


3  datée  de  Milan  \  vous  annonçait,  cher  direc- 
lOQvelle  communication.  Je  vous  demande  de 
e  pour  un  si  long  retard  et  pour  la  manière  in- 
.ont  je  liens  aujourd'hui  ma  promesse.  Je  me 
le  mettre  sous  vos  yeux  un  certain  nombre  de 
incore  inédites ,  sorties  des  ateliers  de  Milan  et 
lu  temps  de  la  domination  française  *,  mais  les 
I  j'en  avais  pris  ont  été  presque  tous  brisés  pen- 
âge. 

Louis  XII. 

Or.  —  Double  ducai. 

VICVS.  D.  G.  FRANGOR'.  REX.  Tête  du  roi,  tour- 

e. 

)LA  NI  DVX.  Saint  Ambroise  à  cheval. 

,  IMO,  p.  197-207. 

nues  pièces  franco-italiennes  fabriquées  à  A^ti,  ont  été  gravées 
JUt  mémoire  ne  M.  Domenico  Promis,  que  tout  le  monde  con- 
laies  napolitaines  au  nom  de  Charles  VIII  ont  été  publiées  par 
monnayage  de  Louis  XII  et  de  François  I*'  à  Milan  et  à  Gfines 
me  monographie. 


6A  MÉMOIRES 

Cet  exemplaire  diffère  de  celui  qui  a  été  publié  \  p 
la  coupure  du  mot  MEDIOLA  NI. 

Musée  de  Bréra. 

Le  ducat  simple  se  forgeait  au  même  coin  que  le  doobL 
sur  flan  moitié  moins  épais. 

Ducat. 


LV.REX.FRANC  EG'Z.IANVE  D.  Dans  le  champ  et  aum  :^ 
lieu  d'une  épicycloïde,  une  porte  que  Leblanc  prenait  poi^^ 
une  machine  à  couper  les  têtes.  Une  fleur  de  lis  surmont 
l'édifice. 

Le  type  de  la  porte  ou  du  château ,  fréquent  au  moye^^ 
âge  dans  les  diverses  parties  de  l'Europe ,  s'est  trèsJoog'  — 
temps  conservé  à  Gênes. 

v^.  +  CONRAD.  REX.  ROMANOR.  S.  B.  Au  centre,  nn^ 
croix  pattée  dans  un  double  contour  en  forme  d'épicycloid^  -m 
avec  fleurons  aux  angles. 

L'empereur  Conrad  avait  assuré  aux  Génois,  en  HS9,1^ 
droit  de  frapper  monnaie  *.  Le  nom  de  ce  prince ,  tradL — 
tionnellement  maintenu  dans  la  légende,  était  devenu axs 
élément  du  type.  Les  lettres  SB  me  paraissent  égalemeo^ 
rappeler  un  nom  ancien ,  celui  du  premier  doge ,  SimoD 
Boccanigra  ». 

Musée  de  Bréra. 

Un  ducat  différent  de  légende,  est  donné  par  Le  Blanc 
(page  324  c). 

1  Le  Blanc,  Traité  des  monnaies  de  France ^  édition  de  Paris  p.  321  b. 
*  Le  Blanc,  p.  329. 

'  De  monetiê  Italix  medii  aevi  hactenu*  non  evulyatii  quae  in  patrie  màtnff^' 
vanlur  posirema  dissertatio.  Ferrariae,  1774.  Tav.  VI,  n*  1. 


ET   DISSERTATIONS. 


65 


Argent.  —  Ducaton* 


N*  1.  +  LVDOVICVS.  D.  G.  REX.  FRANCORVM.  Buste  du 
«  tourné  à  droite. 

ft.  ET  MEDIOLANI  DVX.  Saint  Ambroise  à  cheval,  à 
oite,  tenant  un  fouet;  au-dessous,  SA  {sanctus  Ambrù$in$) 
'trc  trois  fleurs  de  lis. 

On  pense  en  général  que  le  fouet  rappelle  les  triomphes 
'  ^Dt  Ambroise  sur  Tarianisme.  D'autres  supposent  que 
^  emblème  singulier  fait  allusion  à  l'intervention  du  pa- 
^^  de  Milan  dans  la  bataille  de  Parabiago,  où  on  le  vit, 
^^éde  lanières,  mettre  en  fuite  les  ennemisd' Azzo  Yisconti*. 
^  rgent ,  pesant  Qs'.SS. 


***  Qoaado  Lodrisio  Visconte  havea  preso  F  anni  contra  il  nipote  Azzo  pa- 
^'%9  di  Milano ,  et  si  venne  alla  battaglia  a  ParaMago  ,  invoc6  piamente  il 
*^<ano  d'Azzo  il  nostro  padre  samt'Ambrogio ,  il  qaale  miracoloBamente  lo 
^^^ne,  et  liber6  la  sua  città;  oude  vence  V  vlèq  di  dipingerlo  colla  tferza  în 
^^^«  n  Giovaimi  Fimticesco  Bascapè,  Libro  iU  alcvne  chiesê  di  Milano,  1576. 

^Slè  mi  faceva  diffiooltà  il  riflettere,  che  appunto  in  qnest*  anno  sola- 
'^t^(1339),  in  cui  anche  poi  mort  Azoue,  era  segnita  la  battaglia  di  Para- 
^(>  f  ehe  avea  data  occasione  a  rappresentare  1*  imagine  di  Bant'Ambrogio 
'^^  ataffile  ;  perché  îo  scorgo ,  che  nell'  arca  di  san  Pietro  Martire  terminata 
^^^uto  in  qnest*  anno ,  come  dismoAtrero  fra  poco ,  suir  angolo  destro  vi  si 
^«  iina  piccola  statua  di  quel  sauto  nostro  pastore  collo  staffîle  nella  destra.  » 
"'"^^TM  tpettanli  alla  itoria,  al  gotemo  ed  alla  deictisioni  délia  ciltà  t  cam- 
^*9na  A'  JfilasM»,  dal  conte  Giorgio  Giulini,  vol.  V,  p.  272. 

1862.—  1.  6 


6(5 


MÊMOIBES 


Cette  magnifique  pièce,  de  flan  épais,  doit  être  considé- 
rée comme  un  essai,  sinon  comme  un  piedfort;  elle  m'a  été 
communiquée  par  le  comte  Ch.  Tavema,  dans  la  famille 
duquel  elle  est  entrée  au  dernier  siècle,  après  avoir  long- 
temps fait  partie  du  musée  Cigalini,  à  Côme. 

Il  en  existe  un  autre  exemplaire  dans  le  médaillier  du 
roi,  à  Turin. 

N-  2.  LVDOVICVS.  D.  G.  REX.  FRANCORVM.  Buste  du 
roi ,  à  droite. 

1^.  MEDIOL  ANl  DYX.  Écu  écartelé  de  France  et  de  Yis- 
ronti. 

Essai  en  or,  d'un  ducaton  déjà  gravé  dans  Le  Blanc* 
et  Argelati  '. 

Collection  formée  par  Thistorien  comte  Pierre  Verri ,  et 
possédée  aujourd'hui  par  son  fils,  le  comte  Gabriel. 

N""  3.  Autre  ducaton  semblable  frappé  sur  argent,  avec 
le  même  coin  au  revers,  mais  présentant  quelques  diffé- 
rences au  droit. 

Collection  Verri. 

Demi-dncaîon. 


+  LVDOVIC.  D.  G.  REX.  FRANCORVlk!.   Buste  dr 
tourné  à  droite. 


1  loc  cit.,  p.  324  6. 

»  Vol.  m,  tav.  V,  n-  29. 


ET   DISSERTATIONS.  67 

r.  HEDIOLANI.  DYX  ET.  C;  au  centre,  Técu  aux 
la  guivre,  accosté  de  deux  couronnes.  La  tète  de 

Dbroise,  différent  de  l'atelier  de  Milan,  se  voit  dans 

ide. 
pièce  présente  sensiblement  le  même  type  que  la 

nte.  De  flan  mince ,  elle  ne  peut  être  que  le  demi- 

!  dont  parle  Le  Blanc  sans  le  décrire.  Elle  n'est  pas 

se  trouve  notamment  à  Bréra  et  dans  la  collection 

Terri.  Elle  est  gravée  dans  Bellioi  \ 

Teston. 

+  LVDOVICVS.  D.  G.  FRANCOR'  REX.  Buste  du 
roite. 

S  DIOL  ANI D  VX.  Saint  Ambroise  à  cheval,  à  droite  ; 
)U8,  l'écu  de  France. 
ïtiim  de  M.  Cb.  Tavema. 

LVDOYIC  F  ff  FRANCOR'  REX.  Écu  de  France  ac- 
i  deux  lis. 

SDIOLA  NI  DYX.  Saint  Ambroise  assis ,  tenant  une 
e  la  main  gauche  et  un  fouet  de  la  droite.  La  lar- 
flan  est  de  27  ou  28  millimètres. 
pe  n*est  indiqué  dans  Le  Blanc  que  pour  l'or. 
)  Bréra. 

^me  pièce  existe  à  Milan  chez  MM.  Yerri,  Tavema, 
etc.,  avec  de  légères  différences. 
+  LYDOYIGYS.  D.  G.  FRANCORYM  REX.  Buste  du 
roîte. 

î  DIO  LANI  D  YX.  Saint  Ambroise  à  cheval, 
ition  Yerri  et  musée  Trivulce. 

l.,taT.  X,nMl. 


68  MÉMOIRES 

N^"  4.  Même  type  et  même  dispositif  de  la  légende  au 
droit. 

^.  ME  DI  OLA  M  DVX.  Saint  Ambroise  à  cheval. 

Musée  Bréra. 

Je  ne  cite  que  pour  mémoire  ces  variétés  de  coin  du 
teston  le  plus  commun  de  liouis  XII.  J'en  ai  rencontré 
d'autres  où  la  légende  du  revers  est  partagée  de  manière 
différente;  ainsi  l'exemplaire  gravé  dans  Argelati  porte 
ME  D  10  LA  NI-  DVX. 

Demi'teston. 

N*  1.  +LVDOVIC\S.  D.  G.  FRANCOR'  REX.  Écu  de 
France,  accosté  de  deux  lis. 

Î5.  MEDIOLANl  DVX.  ET.  C.  Saint  Ambroise  assis. 

Pièce  à  peu  près  de  même  diamètre  que  le  teston  pré- 
cédent, mais  beaucoup  plus  mince;  c'est  le  demi- 
teston  *. 

Musée  de  Bréra  et  collection  Veni. 

Il  existe  dan^  les  autres  médailliers  de  Milan  plnsieura 
variétés  de  ce  demi-teston. 

N""  3.  Le  musée  Trivulce  possède  une  monnaie  en  argent 
également  du  module  du  teston ,  mais  de  flan  mince,  qui 
présente  comme  la  précédente,  d'un  côté  Técu  écarteléde 
France  et  de  Milan ,  mais  de  l'autre  une  croix  fleurie.  Cette 
pièce  est  complètement  inédite;  elle  sera,  je  l'espère,  pu- 
bliée par  le  comte  J.  Porro ,  avec  d'autres  raretés  de  cette 
collection  si  variée. 


^  Il  a  existé  aassi  des  troia  quarts  de  teston  de  Louis  XII.  D.  Prorois, 
èltmete  délia  zecra  d*Asti,  tav.  IV,  u*  10. 


et  dissertations. 
François  !•'. 


6d 


FRANCISCVS+D+G+FRANCORVM  +  REX+.  La  tête 

ssÛDt  Ambroise  sert  de  différent  monétaire.  Dans  le 

np,  le  buste  da  roi  tourné  à  droite  ;  grènetis  et  contour 

ycloîdal. 

.  *  MEDIOLANI  »  *  DVX  *  ET  »  C  »  (et  cetera) .  Écu  écar- 

de  France  et  de  Milan. 

stie plaque  de  cuivre,  large  de  près  de  40  aiillimètres, 

partie  depuis  longtemps  du  médaillier  de  la  famille 

i,  ob  elle  est  considérée  comme  un  essai  du  temps. 

çréez^  etc. 

G.  Robert. 

etsi,  le  25  norembro  1861. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE, 


DescriptioD  tnstorïqae  des  monnaies  frappées  sous  Yemjin 
romain,  commmiément  s^ppelées  médsûnes  impériales, 
par  Henry  Cohen.  Paris,  C.  Rollin ,  Î859.  Tomes  1  et  II, 
in-8%  38  planches. 

IXenzième  article  **. 
NÉROK. 

M»  Cohen  (n*  148)  donne  avec  un  signe  de  doute  le  nom  à^ 
Neptune  à  la  statue  érigée  dans  intérieur  du  macellum  d*Ao- 
guste,  MA.  AVG.  ;  il  parie  aussi  de  poîssms  placés  de  chaquecôté 
des  six  marches  qui  donnent  accès  à  Téditice»  Si  la  ebose existe 
réellement  *,  il  s'ensuivraH  que  le  pomon  était  regardé  comme 
principal  approvisionnement  [obsonium)  aussi  bien  à  Rome  qu'en 
Grèce  et  en  Asie.  Cf.  Forcellini,  sub  v.  Obsonium  ;.ei  en  efieik 
macellum  est  nommé  à^opà  tûv  ^^^^'  par  Dion  Cassius  {Hùl>i 
LXI,  18).  Le  macellum  d'Auguste  figuré  sur  les  monnaies  de 
Néron  est  surmonté  d'une  coupole  élevée  (tholus)  comme 
Fancien  macellum^  selon  le  dire  de  Varron  (ap.  Nonium,  VI, S, 
sub  V,  Sulcus)  :  Trisulcum  fulmen.,..  mittat  in  tholum  maciuj. 
Dans  un  fragment  d'inscription  découvert  aux  ruines  du  Taiwli- 

^  Voyez  Bévue  numismatique^  1861,  p.  479  et  suiv. 

*  Il  ne  peut  exister  le  moindre  doute  sur  la  présence  de  denx  daruphèu  plt0^ 
le  long  des  degrés.  Il  s'ensuit  naturellement  que  la  statue  éngée  an  tbS^ 
i/OL  macellum  doit  représenter  Neptune..  J>  ^' 


BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE.  71 

num  (Bull,  de  PInst.  arch,^  1851 ,  p.  106),  on  trouve  mentionné 
le.  procureur,  PROCVRATOR  MACELLI  UkGm,eicemacellum 
maçnum  doit  probablement  être  le  même  que  le  macellum 
tP Auguste,  MA  AV6.  des  monnaies  de  Néron. 

Les  pompeuses  légendes  PAGE  P.  R.  TERRA  MARIQ. 
PARTA,  PAGE  P.  R,  VBIQ.  PARTA  d'autres  monnaies  de 
INéron  se  trouvent  éclaircies  quand  on  les  rapproche  d'un  vers 
de  la  satire  du  poète  Tumus,  dirigée  contre  les  extravagances 
de  cet  empereur  : 

Et  molU  imperii  ttnium  tub  nomine  pacit, 

{ Poêtx  minortif  éd.  Lemaire,  t.  II ,  p.  130  ; 
t.  ni,  p.  98,  éd.  Vl^ernidorf.  ) 

ClODIUS  m  ACER. 

Aux  rares  monnaies  de  Glodius  Macer  décrites  par  M.  Cohen 
(p.  216  et  217)y  il  faut  ajouter  celle  qui  montre  au  droit  la  tète 
de  Rome  casquée  ^  ayant  deux  plumes  sur  le  casque  et  accom- 
pagnée de  la  légende  ROMA  et  au  revers  un  trophée ,  monnaie 
décrite  par  moi  dans  les  Annales  de  V Institut  archéologique 
(t.XXni,  p.  247).  L'auteur,  qui  n'a  connu  que  tardivement 
ces  observations  sur  la  numismatique  impériale^  ainsi  que  celles 
que  j'ai  publiées  dans  le  Bulletin  archéologique  de  Naples,  se 
propose  d'en  faire  usage  dans  un  supplément  qu'il  compte 
iqoiiter  à  son  nouvel  ouvrage  '. 

*  Les  importantes  obseiratious  de  M.  l'abbé  Cavedoni  sar  la  numismatique 
impériale  depuis  Jnles-César  jusqu'à  Maro-Aurèle  et  ses  enfants  ont  été  pu- 
biiéca  dans  les  AimaU»  de  VrmiUut  archéologiqw  de  Rome ,  t.  XXII ,  XXm  et 
XXV,  et  dans  le  Bulletin  arckéotogiqftt  de  NapUê ,  années  lY  et  Y  de  la  noa- 
Tdlo  série.  L*auteur  a  eu  l'intention  de  donner  un  supplément  à  TouTrage 
fondamental  d'Eckhel.  Pour  faire  connaître  Timportance  de  oes  observations 
par  rapport  à  l'histoire,  j*ai  choisi  les  suivantes  : 

Eekhel  (D.  iV.,  VI, p.  202)  et  M.  Ck>hen  ( 1. 1 ,  p.  13i)  disent  que  Tannée  de  la 
DMwanee  de  Drusus ,  fils  de  Tibère  et  de  Vipsanie  Agrippîne  est  incertaine. 
II.  Cavedoni  (  Ann,  de  Vlnet,  ateh,,  t.  XXIII,  p.  231  )  fait  observer  qu*on  sait 
tiyoiird*hui  la  date  précise  de  la  naissance  de  Drusus.  Diaprés  un  fragment  du 


72  BULLETIN   BIBUOGRAPBIQUV. 

Galba. 

1.  IMP.  SER.  GALBA  AVG,  Tête  laurée,  à  droite. 

ij).  LfBERTAS  P.  IL  Femme  debout  de  face  et  regardmi  i 
droite,  tenant  un  pileus  dans  la  main  droite;  de  chaque  cùtéwi^ 
épi  $* élevant  du  soi,  —  JR. 

La  description  de  cette  rare  monnaie ,  donnée  par  M.  Goheiii 
(  n*  49  )  d'après  l'exemplaire  du  Cabinet  des  médailles  de  Pftrb, 
confirme  son  authenticité  y  contestée  par  SchregoL  La  présence- 
dés  deux  épis  placés  de  chaque  côté  de  la  Liberté  a  été  expliquée- 
par  Eckhel  (/>.  iV.,  VI,  p.  »5).  Le  ^^sie.  de  la  Liberté,»» 
mains  levées,  semble  indiquer  qu'elle  oxhorti^  les  laboureurs» 

calendrier  do  Cumos  publié  par  M.  MoiDim en ,  Borghesî  (  BulUt.  de  f/iui. 
arch,^  1846,  p.  79-80  )  a  fait  voir  que  la  naî:^sanGc  de  DrusuA  doit  être  fixée 
aa  7  octobre  de  Tan  de  Rome  739. 

M.  Cohen  (  t  I,  p.  131,  n«  1  )  décrit  ainsT  nne  médarUc  de  Dnisus  :  Téta  in 

deux  enfants  de  Drueuê  (  Tibère  et ?  )  sttr  deux  cornet  d^abtmdanet;  m  miUm 

un  caducée  aile',  JE,,  1. 

Les  noms  des  deux  fils  j.nraeaux  de  Dcmus  le  Jeune  sont  Tibère  et  Gew^ 
nicut ,  nés  en  772,  ce  qui  résulte  d'une  iniHsription  de  Hle  de  Çypre  publiée 
dans  le  Corpus  inecr.  gr.,  n»  2630  :  AUrMÛN  TIÛN  Apou9ou  TlBEPlOr  KAl 
FEPMAKIKOr.  Cf.  Ann.de  VInst.  arch.,  t.  XXIII ,  p.  232. 

On  a  dit  d*une  manière  trop  absolue  (Cohen,  t.  II,  p.  1)  que  les  InstorieBi 
n*ont  fait  mention  d*aueun  des  faits  qui  sont  représentés  dans  les  bas-relief^  ^ 
la  colonne  Trajane.  M.  Tabbé  Cavedoni  (  Bull,  arch,  iVap.,  ann.  IV,  p.  48]  re* 
connaît  sur  la  monnaie  décrite  par  M.  Cohen  (t.  II,  n«  419)  Rome  triomphiBt* 
assise ,  foulant  aux  pieds  la  tête  de  Déoébale ,  roi  des  Daees.  Vomî  ks  tsimb* 
nements  sur  lesquels  s*appuie  riJIustre  namisniatiste  :  Dion  Csssins  (ffMt 
LXVIII,  14)  raconte  que  Déeébale-,  se^  voyant  réduit  k  tout»  extrémiléf  i^ 
donna  la  mort ,  et  qu*on  lui  coupa  la  tdte  pour  dtre  postée  à  Rome.  tMk* 
{ChUiad-.,  II»  75  )  ajoute  que  Trajan  retourna  triomphant  db  la  Dade  à  RoMi 
portant  avec  lui  la  tôte  de  Déoébale  et  emmenant  les  captifs  daoes.  Or,  nrls 
colonne  Trajane  (n*  313)  on  voit  deux  soldats  romains  qui,  dans  le  ctap» 
montrent  la  tête  de  Déoébale  placée  sur  une  table  ;  plusieurs  des  assiiltBl» 
saisis  d^horreur  détournent  les  regards^,  tandis  que  d*autre8  contemplent  sif0' 
avidité  la  tête  de  Tennemi  des  Romains^  Le  revers  de  la  médaille  de  Ti%<^ 


ftULLETIN    BIBLIOORAPHIQCE.  7.^ 

*  en  toule  liberté  les  champs,  ce  qui  rappelle  le  vcts  de 
(£(r/oj.,I,45): 

Poêcitif  Ht  ante,  bovet,  pueri  :  gubmittitt  tauroê. 

Lt  aussi  rappeler  en  cette  circonstance  les  greniers  de 
Aorre/i  Galàiana^  mentionnés  par  un  auteur  ancien, 
ommsen,  Chronographen  vam  Jahr,  354,  p.  653. 
ER.  SVLPÏ.  GALBA  ÏMP.  CAHSAR.  AVG.  Tètelaurée. 
lETAS  AYGVSTl  S    C.  La  Pieté  debout  auprès  d'un 
Uuméy  orné  d'un  bas- reliefs  qui  montre  Enée  portant  sur 
mies  son  père  Anckise^  et  tenant  par  la  main  son  fils 
e;  près  de  l'autel,  un  taureau  ou  un  bélier.  —  ^  l. 
tel  et  la  victime  font  allusion  h  la  piété  envers  les  Dieux, 
ieux  Êuée  (plus  jEneas  )  h  la  piété  envers  les  parents. 

hrideanment  Rome  victorieuse  foulant  aux  pieds  non  la  tête  (l*un  Dace 
fw,  comme  dit  M.  Cohen ,  lùtâs  bien  celle  du  fier  et  cruel  Déoébale, 
lut  nne  TÎngtaine  d^années  lutta  contre  la  puissance  romaine  Ineulti^r 
(  natioiia  yaiocnes  peut  sembler  une  action  vile  et  basse  ;  mais  les  Ro- 
«n  jugeaient  pas  ainsi  ;  ils  se  rappelaient  trop  les  atrocités  des  Daoes. 
ïolonne  Trajane  (  n*  178  ,  on  voit  les  femmes  daces^  animées  par  les 
its  les  plus  barbares,  occupées  à  brûler  vivants  et  à  petit  feu  les  mal- 
Romains  pris  à  la  guerre ,  et  qui  sont  amenés  nus  ,  les  mains  liées 
le  dos.—  Sur  une  médaille  d*or  de  TVi^an  (Cohen,  t.  Il,  p.  42,  n*  264. 
is*  n*  388  )  est  représenté  Tempereur  lui-même  foulant  aux  pieds  la 
MeéWe. 

nt  citer  encore  les  réflexions  pleines  d'intérêt  de  M.  Tabbé  Cavedoni 
Mmnaies  fausses  de  Trajan  (p.  70)  et  sur  les  types  géographiques  des 
s  d'Hadrien  (p.  122  et  suiv.  ). 

le  BMiUtin  archéologique  de  Naple$  (ann.  V,  p.  16,  n*27),  M.  l'abbé 
i  perle  d*un  médaillon  de  bronze  à  Teffigie  d'Antouin  le  Pieux  gravé 
rr^eor  de  numiMmatique  et  de  glyptique  (  Iconographie  des  empereurs  romains 
rs  familUê,  pL  XXXIII,  n**  S)  et  au  revers  duquel  seraient  figurés  les 
eirque.  Ce  revers  n*a  pas  été  décrit  dans  Touvrage  de  M.  Cohen,  au 
Antouin  le  Pieux,  par  la  bonne  raison  qu'il  n'existe  pas  et  que  c'est 
rt  de  Crordîen  m  (Cohen,  t.  IV,  Gordien  m,  pi.  VII,  n«  189).  On 
\  TR.P.Vn  et  non  XII  comme  M.  Cavedoni  Ta  dit  par  erreur.  Cest 
.verUmee  que,  dans  le  Trésor  de  numismatique^  le  revers  des  jeux  du 
ie  Gordien  m  a  été  aeeolé  à  l'effigie  d'Antonin  le  Pieux.         J.  W. 


7i  BULLETIN   IIIBUOGBAPHIQUE. 

M.  Cohen  (p.  338),  d'après  l'observation  de  M.  Pode,  un 
des  conservateurs  du  Musée  Britannique,  fait  remarquer  que 
sur  quelques  médailles  de  Galba,  au  revers  de  Rome,  la  téie 
de  l'empereur  est  ceinte  d'une  couronne  de  cbène;  il  regirde 
avec  raison  cette  couronne  comme  un  attribut  destiné  à  np- 
peter  que  Galba  avait  conservé  la  vie  à  un  grand  nombre  de 
citoyens.  Cette  particularité  ne  doit  pas  être  très- fréquente, 
puisque  sur  toutes  les  monnaies  de  ce  prince  que  j'ai  eu  tt> 
casion  d'examiner,  sa  tète  porte  constamment  la  couronne  de 
laurier. 

L'auteur  range  parmi  les  monnaies  autonomes  frappées  i 
Rome  pendant  l'interrègne  qui  suivit  la  mort  de  Néron  et  paniû 
celles  de  Galba  le  denier  attribué  jusqu'à  ce  jonr  à  M.  Brotas, 
portant  au  droit  la  l^ende  LIBERTAS,  qui  accompagne  le 
buste  de  la  déesse,  et  au  revers  les  mots  P.  R.  RESTl'Hn'A, 
gravés  autour  d'un  pileus  entre  deux  poignards  (Cohen,  Mm- 
naies  de  la  République  romaine ^  pi.  XXIIC ,  Junia ,  n«*  U  et  15). 
Il  corrobore  cette  opinion  en  disant  que  le  poids  et  la  fabrique 
de  ce  denier  ainsi  que  la  légende  correspondent  exactement  à 
d'autres  monnaies  indubitablement  frappées  sous  le  règne  de 
Galba,  et  en  rappelant  d'un  autre  côté  les  paroles  de  Suétooe 
(  in  Nerone,  57)  :  Plebs  pileata  tota  urbe  discurreret.  Touteto. 
il  me  reste  un  léger  doute  en  considérant  que  Néron  finit  sa  ne 
par  le  suicide,  et  ne  succomba  pas,  comme  Jules-César,  soos 
les  coups  des  poignards  des  conjurés. 

VnrBLLins. 

i .  A.  VITELLIVS  GERMAN.  IMP.  AVG.  P.  M.  TR.  P.  i^' 

lauré. 

i)\  L.  VITELLIVS  COS.  III.  CENSOR.  Vitellius  le  père  assi* 
sur  la  chaise  cmnile^  tenant  une  branche  d'arbre  garnie  de(t0^ 
dans  la  main  droite  étendue  ^  et  le  sceptre  d'itmre  («a/rfo)**''' 
monté  de  l'aigle  dans  la  main  gauche.  —  AV.  et  JR, 


BULLETIN   BIBUOGnAPHlQUE.  75 

Anean  numismatiste  n'avait  encore  remarqué  la  branche 
iiim  garnie  de  feuilles ,  particularité  des  plus  importantes» 
iftpe  si  d'un  c6té  Fattribut  du  sceptre  d'ivoire  (scipio)  sur- 
Ole  de  l'aigle,  fiiit  allusion  au  triple  consulat  de  L.  Yitellius» 
*«  de  l'empereur,  d'un  autre  côté  la  brancbe  d'arbre,  pro* 
ilement  d'olivier  {felicis  olivx)^  doit  être  rapportée  à  sa  qua- 
de  censeur  et  au  lustre  accompli  (Imirum  cmditum  )  à  la 
de  sa  charge*  (Cf.  Borghesi ,  Ult.  nerie  dei  censort^  p.  116, 

Vespasisn. 

MP.  CABBAR.  VESPASÏANVS  AVG.  Tête  laurée. 
K  GBNIVH  P.  K.  Le  Génie  du  peuple  romain  debout  tenant 
tm  wmn  droite  une  patère  et  de  la  gauche  une  couronne.  —  ^. 
Se  denier  du  Musée  Britannique  me  parait  remarquable  par 
ëgmde  GENIVM  P.  R.  à  l'accusatif,  ce  qui  ajoute  un  exem- 

de  plus  à  d'autres  légendes  analogues  :  PORTVM  TRAIANI, 
BEIIRE8TrrVTAM,FELICrrATEM  ITALICAM,GALLIE- 
II  AVG.  P.  R.  et  d'autres.  (VoirEckhel,  A  N.,  VI,  p.  316, 
t;M\,  p.  219, 314  —  Bull,  arch   NapoL,  anno  IV, p  62 *) . 

xeste,  le^ Génie  du  Peuple  romain,  qui  ordinairement  tient 
B  patère  et  une  corne  d'abondance,  semble  ici  porter  une 
UroDne  de  laurier  pour  rappeler  les  victoires  de  Vespasien  et 
TiUia. 

l.  niP.  CAES.  VESP.  AVG.  CENS.  Tête  laurée. 
f.  FAX  AVG.  La  Paix,  debout  y  tenant  un  caducée  ailé  de  la 
in  droite  et  un  rameau  d*olimer  dans  la  gauche;  près  d'elle  un 
ùied  sur  lequel  est  pincée  la  bourse  de  Mercure.  —  AV.  et  Jf^. 
hk  pourrait  croire  que  l'objet  placé  sur  le  trépied  est  un 
comme  sur  certaines  monnaies  de  Vitellius  (Cohen, 


Si  diOB  U  nnmismatiqae  romaine  il  y  a  peu  d^exemples  de  cette  forme 
if,  d'an  antre  côté  il  y  a  on  grand  nombre  de  médaille»  à  légendes 
I  qui  portent  les  noms  des  empereurs  à  raccosatif.  Quelques-unes  por* 
>  dm  noms  de  divinités  au  même  oas.  J.  W. 


76  BULLETIN   BIBUQGRAPBIQUE. 

n**  45  et  46);  mais  si  réellement  c'est  la  bourse  de  Mer 
ciircy  comme  Tassure  M.  Cohen  (n**  143  et  145),  cet  attri- 
but montrerait  que  l'argent  est  ami  de  la  paix,  et  l'on  poumA 
se  rappeler  aussi  l'amour  extrême  de  Yespasien  pour  rargeni, 
particulièrement  pour  les  belles  pièces  d'or.  Sueton.,  m  Fo- 

3.  IMP.  VESPASIAN.  AVG.  TR.  P.  P.  P.  COS.  IllI.  Kte 
laut'ée. 

ij.  PAX.  AVG  VST.  Vespasien  couvert  du  paludamentum,^ 
bout  y  relevant  une  femme  à  genoux  ^  la  tête  tourelée .  —  AV. 

M.  Cohen  (n*  147)  reconnaît  dans  le  type  de  ce  remarquable 
aureus  du  Musée  Britannique,  V Arménie  relevée  par  Vespasin, 
mais  il  me  parait  plus  probable  qu*on  doit  voir  ici  ItiCommaght. 
Antiochus,  roi  de  Commagène,  ayant  été  accusé  d'avoir  tniiê 
une  conspiration  contre  les  Romains  en  s*alliani  avec  \f&  Ptf- 
thés,  Csesennius  Pœtus,  préfet  de  Syrie,  par  ordre  de  Ventft- 
reur,  s'empura  de  la  Commagène  et  réduisit  ce  royaume  ei 
province.  Joseph.  Bell.  Jud.,  Vil,  7.  Cf,  Eckhel,  0.  N.,% 
p.  !Î55,  et  VI,  p.  330. 

DomTiEN. 

M.  Cohen  (t.  I,  p.  456)  avait  d'abord  reconnu  urihippopou» 
dans  le  grand  quadrupède  qui  est  figuré  sur  les  petites  monnaies 

1  L*objet  placé  snr  le  trépied  n^est  di  un  poiêêcn^  ni  la  iKmrte  de  UeitVf 
(rrummM).  (Test  le  même  objet  que  tient  ordinairement  la  Fertilité,  Vkult»- 
Or,  dans  une  lettre  datée  de  Modène,  le  19  octobre  1861,  et  adraMéeptr 
M.  Tabbé  Cavcdoni  à  M.  Cohen,  l'illiulre  numismatiste,  dit  que  Tattribat^ 
la  main  d'Ubertat  n'est  ni  une  bourse^  ni  une  (grappe  ds  raisin^  conuDe  oo  Ti 
cm^  mais  bien  un  pit  de  rache  (ii5er,  ubera) ,  et  cette  ingéniense  ezpIicttioBt 
qne  M.  Cohen  et  moi  nous  adoptons  sans  hésitation,  est  confirmée  par  ktjp^ 
de  la  femme  qui  trait  une  rache,  accompagné  de  la  légende  VBERITAS,  M  (** 
vers  des  médailles  de  Carausius  (Cohen,  t.  V,  n*  263).  Ce  rapprochement,  q* 
vient  si  heureusement  à  Tappui  de  Texplication  de  Tattribnt  porté  par  VkH»^ 
f6t  dû  également  à  M.  Tabbé  Cavedoni.  J.  W. 


BULLETIN   BinUOGRAPlIIOLE.  77 

de  bronze  de  Doniiticn;  mais  filus  tai*d  (t.  Il,  p.  ii)«  ii  s'est  ravisé 
et  t  adopté  avec  raison  Topinion  d'Eckhel  (Z>.  .V,  VI,  p.  393), 
fi  nomme  ce  quadrupède  un  rhinocéroi.  Je  ferai  observer  en 
nâme  temps  qu'Eckhel  reconnaît  un  rhinocéros  à  deux  cornes 
nr  kl  monnaies  de  Domitien  ;  mais  le  docte  Blumenbach 
[Cmment.  Sœietatis  Gotting.,  t.  XXI^  part,  i,  p.  185]  assure 
avoir  vu  la  représentation  d'un  rhinocéros  à  une  seule  corne  sur 
Mae  de  ces  petites  monnaies  d'une  conservation  parfaite  qu'il 
aviit  trouvée  dans  le  riche  Musée  Hunier^  à  Glasgow.  Le  même 
imat  fait  remarquer  que  l'ospèce  du  rhinoctTOs  à  une  seule 
«nnest  originaire  de  Tlnde,  etct^lle  du  rhinocéros  à  deux  cornes 
de  PAfrique  ;  ci  comme  il  lui  parait  peu  probable  que  les  Romains 
Muni  reçu  de  Tlnde  môme  les  rhinocéros  à  une  srule  corne, 
iipemaque  l'espèce  africaine  produisait  quelquefois  un  rhino- 
<<N|  kaoe  seule  corne.  Mais  il  me  parait  qu'il  n'y  a  rien  d'im- 
poiriUe  que  les  Romains  fissent  venir  directement  de  l'Inde^ 
PVh  voie  d'Alexandrie,  les  rhinocéros  à  une  seule  corne,  tels 
9à  farrni  ceux  menés  en  triomphe  par  Pompée  et  par  Au  • 
m»  (Piin.,  H.  ^.,  VIII,  20,  -29;  Dio  Gass.,  Hisi.,  LI,  i2). 
^  est  porté  à  croire?  que  le  rhinocéros  vu  par  Strnbon  (XVI, 
>•  774.— a.  Cuvier,  Adnoi.  ad  Plin.,  VÏH,  30,  29)  à  Alexandrie 
^  venu  de  l'Inde,  parce  que  le  géographe  décrit  cet  animal 
^^x  que  tout  autre  écrivain  de  Tantiquité,  et,  entre  autres  par- 
i^vdarités  parle  des  deux  appendices,  semblables  à  des  volutes, 
l'iftéspar  la  peau  repliée  de  chaque  cètédu  dosJx"  ^  ^^^  «t<>XocK 
S  ^  «v  oiccCpoç  SpsQc^vxiDv)  •  ces  appendices  sont  très-bien  indi- 
vis sur  les  petites  monnaies  de  Domitien  dont  il  vient  d'être 
tteitioa. 

TlUJAlf. 

i.  VIRTVTl  ET  FELICITATI.  La  Valeur  et  la  Félicité,  de- 
<*/  avec  leurs  attributs.  —  AV. 

U.  Cohen  (n*  291)  décrit  ce  remarquable  aureus  d'après  la 
^vure  du  comte  de  Caylus;  il  atu^it  pu  citer  également  Eckhel, 


78  BULLETIN   BIBLIOGRÂPBIQUE. 

D.  N.,  Yi,  pu  436  J'ai  «gè  nnpdé  {BtJL  arek.  Nap.,  ann.  IV, 
p.  64)  quelques  passages  qui  aamppoÉteaikcetype.  On  peoty 
ajouter  les  paroles  suivantes  d^AmmieB  MarcaHift  (XIV^  6, 3): 
Jtoma  ut  augeretur  sublmibtts  ineremeniis,  fÊsâiim  pmk  Miertue 
yirtus  convertit  atque  Fortuna  plerumçue  éisndemiei^  etc. 

±  PORTVM  TRÂIANI,  S.  C  Port  de  forme  koùafom,  ea- 
touré  de  grands  édifices.  —  iE.  I. 

M.  €k)hen  (n*  365)  reconnaît  dans  ce  type  Fenoeinte  des 
niurs  de  Civita-Vecchia.  J'étais  porté  à  adopter  Topinion  de 
Nibby,  qui  voit  ici  le  port  intérieur  ajouté  par  Trajan  au  port 
d'OstiC;  construit  par  Claude  (cf.  BulL  arch.  Nap.^  ann.  IVt 
p.  62)  ;  cependant  je  crois  l'expUcation  d'Eckhel  encore  préfé- 
rable^  d'autant  plus  que  l'opinion  de  l'illustre  numismatiste  vien^ 
nois  me  semble  se  corroborer  par  un  passage  de  Ptolémée  (Geo^ 
graph,^  \\\^i^  4)  dans  lequel  Civtta'Vecehia,on  Centumcdlmy. 
est  nommé  Tpofiovèc  At(A^v,  peu  de  temps  après  le  règne 
Trajan. 

3.  IMP.  CAES.  NERVAE.  TRAIANO  AVG.  GER.  DAC  P.M. 
TR.  P.  P.  P.  Buste  lauré  à  droite. 

t^\  S.  P.  Q.  R.  OPTIMO  PRINCIPI.  S.  C.  Prêtre  voilé  qui  am 

duit  deux  bœufs  attelés  à  une  charrue.  —  JE,,  I. 

Le  type  de  ce  rare  sesterce  de  bronze  fait  vraisemblablement^^ 
allusion  aux  colonies  envoyées  par  Trajan  dans  la  Dacie, 
conquis  par  lui.  Un  exemplaire  de  cette  pièce  a  été  vendu,  ai 
dire  de  M.  Cohen  (n*"  488),  le  prix  énorme  de  1,087  fr.  80  c  j 
la  vente  de  la  collection  de  M.  Herpin,  faite  à  Londres 
J857. 

M.  Cohen  (n^"  482)  veut  reconnaître  le  Tibre  furieux  dans  1^ 
type  du  Danube  qui  ravage  et  opprime  la  Dacie  (cf.  Ai/f. 
arch.  Nap.,  ann.  I,  p,  52);  cette  explication  ne  me  semble  pas 
heureuse.  Sur  la  colonne  Trajane  (segm.  XXI -XXII)  on  voit  des 
Daces^  avec  leurs  chevaux,  renversés  et  entraînés  par  des  tor^ 
rrnts  qui  se  précipitent  du  haut  de  montagnes  couvertes  de 
bois. 


miLLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE.  79 

Hadribn. 

H.  Cohen  a  négligé  de  dccriro»  et  j'ignore  par  quelle  raison  *, 
parmi  les  belles  médailles  géographiques  du  règne  d*Hadrien, 
celle  qui  porte  la  légende  :  EXERCITV^S  IVDAICVS.  Cf.  Eck- 
hely  D.  N.f  W,  p.  496.  Mais^  d'un  autre  côté,  il  ajoute  lades- 
c^ption  de  la  pièce  suivante  (n*>  &iAX  qui  est  tout  à  fait  notr- 
velle  et  singulière  : 

I.  HADRIANYS  AYG.  COS.  P.  P.  Buste  lauréavec  le  paluda- 

^.  ADVENTVI  AVG.  PARTHIAE.  S.  C.  Badrien  debout,  en 
fktce  de  la  Parthie,  en  habits  courts,  la  iête  couverte  du  pileus  et 
tenant  une  patère  et  un  roseau  (?j.  Entre  les  deux  personnages  un 
€nUel  allumé  et  auprès  une  victime  accroupie.  —  iE.  I. 

Peu  de  temps  après  la  mort  de  Trajan,  Hadrien  rappela 
les  légions  qui  occupaient  l'Arménie ,  la  Mésopotamie  et  l'As- 
syrie, et  fixa  les  limites  de  l'empire  romain  aux  rives  de  l'Eu- 
phrate.  Il  ne  pouvait  donc  pas  visiter  la  Parthie  comme  pro- 
^nce  de  l'empire  romain^  après  avoir  pris  ces  mesures^  ce  qui 
pourrait  faire  élever  quelques  doutes  sur  Tauthenticité  de  cette 

fMèce.  Mais  comme  l'exemplaire  décrit  par  M.  Cohen  se  trouve 
9u  Cabinet  de  France,  et  que  l'auteur  le  donne  comme  parfaite- 

vnent  authentique,  il  faut  supposer  qu'Hadrien  en  visitant  la 

Syrie  et  l'Arabie,  vers  l'an  130,  arrivé  aux  confins  de  l'empire,. 

rencontra  un  ambassadeur  du  roi  desParthes,  envoyé  peut- être 

avec  la  mission  de  réclamer  le  trône  que  Trajan  avait  enlevé. 

(Spartian.  inHadr.,  13.) 

Peut-être  le  roi  des  Parthes,  afin  d'obtenir  ce  qu'il  désirait,. 

cnvoya-t-il  un  ambassadeur  pour  offrir  une  couronne  d'or  ou 

•  Ayant  écrit  à  Tauteur  pour  rarertir  de  cette  omission ,  il  vient  de  me- 
répondre  que  ne  trouvant  le  type  de  YExtrcitus  Judaieuê  décrit  seulement  par 
Patin  (  ad  Sueton.,  p.  377  ) ,  il  Ta  omis  avec  intention  ;  cependant  il  convient 
que  pent-être  il  a  eu  tort. 


30  BULLETIN    DinLIOGRAPHlQUC. 

quelques  autres  dons  à  Hadrien,  comme  il  arriva  dans  les  pre- 
mières années  du  règne  d'Ântonin  le  Pieux  ;  la  Parlhie  eslfi- 
gurée  sur  une  médaille  de  grand  bronce,  au  revers  delalèle 
fi'Ântonin  le  Pieux,  PARTHIA,  lenantd'uue  main  une  courooDe 
radiée  et  de  l'autre  un  arc  avec  le  carquois.  Ëckhel,  D.  iV.,  Vlii 
p.  5  et  10. 

2.  TELLVS  STABILITA,  S.  C  ou  STABIL.  La  Terre,  debwt, 
tenant  un  sftc  de  charrue  et  un  râteau  ou  aident,  —  A  V .  J^.  et  JE,  I. 

Je  mVstime  heureux  de  urètre  rencontré  avec  AI.  Cohen  dans 
l'explication  de  Tinstrument  auquel  Ëckfael  [D.  iV.,  VI,  p.  5091 
donne  le  nom  de  hoyau  {ligo).  Voir  Bull,  at^ch.  Nap.n  ano.  IV, 
p.  126.  Du  reste,  ces  monnaies,  qui  vantent  le  rétablissemeDt 
de  l'univers  et  de  ragricultui'e,  ont  été  probablement  frappées 
postérieurement  à  Tatroce  guerre  judaïque  qui  ébranla  pour 
ainsi  dire  tout  Tempire  romain.  Dio  Cass.  ffisl.  LXIX,  13: 
ndtoY^;  o);  êI-sïv,  xivou(jivT,ç  It:!  tooxcj)  (  xô»  'roXIjjlc)))  t^;  oI}(OU}a£vv* 

3.  FELICITATI  AVG.  COS.  111.  P.  P.  S.  C  Trirème  avec  m 
rameurs,  le  pilote,  des  enseignes  militait^es  et  différents  w^ 
ments.  —  ^.  iE   I  et  11. 

Hadrien  dut  se  plaire  à  multiplier  ce  type  sur  ses  monnaies; 
il  rappelait  sa  navigation  heureuse  dans  plusieurs  mers  :  aussi 
M.  Cohen  décrit-il  sept  coins  différents  dans  l'argent  et  bien 
quarante-deux  dans  le  grand  et  le  moyeu  bronze,  Surlespito 
de  broitze ,  on  voit  la  plupart  du  temps  à  la  proue  un  Triloo 
qui  soulïle  dans  une  conque  marine  (voir  BulL  arch.  Nop») 
ann.  IV,  p.  i39),  tantôt  Neptune  debout  ou  bien  Pallas  com- 
battant ,  ou  Pégase  ;  ce  sont  là  peut-être  les  divinités  lutélairt* 
(tutelœ)  dos  vaisseaux  qiu  avaient  transporté  par  mer  ort  em- 
pereur, grand  amateur  de  voyages.  Un  médaillon  de  broo» 
frappé  à  Cyzi(|ue  porte  la  légende  ClTrxCCTATOr  «B.  Trirème,  û 
médaillon  a  été  gravé  dans  Touvrage  de  C^ronni,  àltts.  WirJijl 
Hedervar.  tab.  XX,  n*  440.  —  Cf.  Mionnet,  V  Suppl ,  p.  317 
et  318,  n*  223.  —  Greppo ,  Mémoi)^  sur  les  voyages  de  tm 
pereur  Hadrien,  p.  461,  Paris,  4842,  iu-8\ 


DULLI-TIN  ninuo(;RAriiiQUE.  81 

4.  SALVS  AVG.  S.  C.  La  Santé  debout  donnant  à  manger  à 
un  serpent  qui  lève  la  tête  en  s' enroulant  autour  d'un  autel  ;  dans 
la  main  gauche,  un  gouvernail  appuyé  sur  un  globe.  —  MA. 

Le  gouvernail  posé  sur  le  globe  terrestre^  attribut  propre  à  la 
Fortune  et  à  la  Providence,  est  mis  dans  la  main  de  la  Santé  de 
l'empereur  probablement  pour  donner  à  entendre  que  le  bon  gou- 
vernement de  la  chose  publique  dépendait  de  la  santé  d'Hadrien 
lui-même.  La  même  idée  se  trouve  indiquée  sur  une  monnaie 
d'Aoguste  ayant  pour  légende  :  OB  Rem  Publicam  CVM  SALVTe 
IMPeratoris  CAESAII/5  WGusti  COSScrvatam.  \o\r  Bull.  arch. 
Atf/).,  ann.  V,  p.  Ii8,  et  Cohen,  Auguste,  n^349  \ 

5.  HADRIANVS  AVG.    Tète  laurée. 

f{.  S.  C.  La  dispute  de  Palla  et  de  Neptune  pour  la  possession 
^"Athènes.  —  JE   l 

Ce  type,  extiénuMuint  ran*  (Cohen,  n*  1116),  se  rapporte 
nianifesloment  à  la  ville  d'Athènes,  agrandie  et  considérable- 
ment emhrl  ie  par  Had;  irn. 

0.  VICTORIA  AVG.  Victoire  debout  demi  nve ,  tenant  une 
P^itne  dans  la  main  gauche  tt  un  aigle  avec  une  couronne  de  lau- 
f9er  en  son  bec,  sur  la  main  djvite.  —  AV. 

Cet  aureus  du  Musée  Britannique  (Cohen,  n"  513)  me  parait 
très-remarquable^  en  ce  que  h;  type  sert  à  expliquer  la  cou- 
ronne de  laurier  dans  le  bec  de  l'aigle  qu'on  voit  sur  un  grand 
iionibre  de  monnaies  tant  impériales  que  de  villes.  La  Victoire 
^^Qt  ordinairement  dans  une  main  une  palme  et  dans  Tautre 
'^  couronne  de  laurier  ;  et  sur  cet  aureus,  conmie  la  déesse  porte 
"^  la  main  droite^  au  lieu  de  la  simple  couronne  de  laurier,  un 
^%le  tenant  la  couronne  on  son  b(C,  il  en  résulte  que  c'est 
^'^tïinie  si  l'on  disait  que  la  victoire  est  donnée  par  Jupiter,  Cf. 
^klK;l,/>.  A^,  VI,  p.  507*. 

^    Cf.  Bnue  niMnwm.,  1857,  p  360. 

L*aigle  e»t  le  symbole  de  la  victoire.  Dans  la  gnerre  des  Titans  contie  les 

'^^>x»  l'aigle  vînt  an-devantde  Jupiter,  qui  aussitôt  remporta  la  victoire.  Serv. 

^  irg.,  iCn.,  I,  394.  ïp^am  {aquilam),  etiam  /ort,  cum  adrersus  Titanat  btUum 

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CHRONIQUE. 


LETTRE 
AU,   Ch.  Robert  sur  un  denier  de  Mirecourt, 


lionùetir  et  cher  mattre , 

viens  d'abord  vous  remercier  de  la  communication  si  in- 
sante  pour  tes  amateurs  de  monnaies  lorraines  que  vous 
avez  faite  dans  la  Revue  numismatique^.  Il  serait  fort 
sirer  qœ  votre  exemple  fût  suivi  par  tous  ceux  qui 
|uelques  raretés  de  ce  genre  :  nous  finirions  par  avoir  les 
ents  nécessaires  pour  faire  des  suppléments  devenus 
pensables  aux  remarquables  travaux  de  M.  de  Saulcy  sur 
iionnairs  dos  ducs  de  Lorraine,  des  comtes  de  Bar  et 
hréques  de  Mets,  ainsi  qu'à  vos  recherches  sur  les  mon- 
des évéques  de  Tout.  Ces  suppléments  seraient  d*au- 
plus  complets^  et  les  renseignements  ou  analyses  qui  ac- 
lagneraient  la  description  des  pièces  seraient  d'autant  plus 
€8,  que  le  tout  aurait  été  d'avance  soumis  à  l'examen  et  à 
tique  des  nombreux  lecteurs  de  la  Revue ,  qui ,  disséminés 
un  grand  nombre  de  points,  sont  quelquefois  plus  à 
e  de  connaître  une  circonstance  ou  un  fait  concernant  la 
té  ou  le  pays  que  chacun  d'eux  habite ,  et  sur  l'histoire 

aaée  1861,  p.  313  et  suiv. 


SA  CHRONIQUE. 

desquels  il  n'esl  pas  rare  qu'il  ait  fait  des  étud«'sou  des  recl^àer^ 
ches  souvent  plus  minutieuses  que  ne  pounait  le  faire  celui 
qui  s'occupe  de  Tbistoire  de  tout  un  peuple  ou  même  d  use 
province. 

C/est  justen>ent  ce  qui  iii'arrive  aujourd'hui  au  snjta  d*une 
dos  pièces  que  vous  venez  de  publier,  et  donk  j'oserai  vous  de- 
mander la  permission  de  discuter  avec  vous  Tattribution.  H 
s'agit  de  la  pièce  anonyme  au  cavalior  armé  et  à  l'aigle  éployéc, 
sortant  de  Tatelior  de  Mirecourt,  et  dessinée  sous  le  n*  i<k 
la  planche  XI H  do  la  Hevue  de  1861;  vous  re<*^innaîsâez  bien 
sur  celte  pfèce  le  type  dçs  deniers  anonymes  de  Nancy. 
Sirrck ,  Thionville ,  Lunéville  [  ou  Ligniville?  ] ,  attribués  à  Ma- 
thieu Il  par  M.  de  Saulcy^  ainsi  que  du  donier  in«Hlit  de 
Frény  que  vous  publiez  au  n"*  I  de  la  uièine  planche,  et  qiie 
vous  laissez  au  même  prince^  cependant  vous  emyet  devoir 
indiquer  conmie  appartenant  ù  Ferri  111  le  denier  à  Taigle  froppé 
à  Mirecourt,  parce  que  cVst  seiilrment  sous  ce  prince  qu'» 
commencé  à  faire  partie  di*  la  Loiraintî  la  lirre  de  Min'courit 
quM  acheta,  en  4i8i,  d'Isabelie,  fille  vi  héritière  d'Eudes, 
comte  de  Tout.  Mais  alors  la  prise  de  possession  ou  plutôt  Tac- 
quisition  de  cet'.e  place,  déjà  importante  h  cette  époque,  se  trou- 
verait consultée  par  rémission  simultanéi^  de  deux  ninniuiics 
oflTrant  des  types  bien  différents ,  le  denier  k  l'aigle  que  vihis 
avez  publié  et  ceux  au  cavalier  armé  et  à  ré|)ée  de  uiarqiiisa'- 
tribués  à  Ferri  lll  par  M.  de  Saulcy  *. 

Mais  cette  double  émission  est  un  fait  bien  peu  probable.  «"^ 
il  faut  chercher  ailleiu*s  une  autre  origine  pour  1  un  ou  poar 
l'autre  de  ces  deniers.  D'abord  il  est  bon  de  constater  qi»^ 
l'aigle,  ce  type  presque  constant  des  monnaies  de  Mathieu  H  «p 
avait  disparu  à  l'avéncment  de  son  fils  Ferri  à  la  courouDfi  de 
Lorraine  en  l^^l,  et  il  semblerait  déjà  bien  extraordinaire  de 

*  Ilecherchrs  sur  les  monnaies  des  ducs  hérédiiaire*  de  Lorraine  y  pi.  II,  fig»  t^ 
10,  et  p.  27  et  suiv. 

*  Loc.  cit.,  pi.  III,  fig.  5,  6  et  7,  et  pi.  XXXVI,  fig.  3,  p.  41  et  236. 


CHRONIQUE.  85 

!|Muraltre  qu'en  1284  après  un  intervalle  de  treote- 
,  s'il  n'existait  pas  une  autre  preuve  qui ,  je  pense  ^ 
te  pour  nous  convaincre  à  ce  sujet. 
fait  incontestable  dans  la  vie  de  Mathieu  II ,  c'est 
»  n'a  jamais  manqué  de  constater  par  une  émission 
\  à  légendes  locales  la  prise  de  possession  d'une  lo- 
mque,  fut-il  certain  de  ne  pas  en  rester  le  maître, 
arriva  pour  Thionville,  dont  il  avait  reçu^  comme 
B  de  la  (lot  de  sa  ft^mme  Catherine  de  Limbourg,  la 
!  honorifique  seulement ,  et  qu'il  s'empressa  de  re- 
nut  d'un  an  au  comte  de  Luxembourg  moyennant 
Nnme  d'argent.  A  plus  forte  raison  dût-il  agir  ainsi 
l  d'une  ville  qu'il  avait  conquise  par  les  armes,  et 
t  espérer  avoir  ajoutée  au  domaine  ducal ,  et  c'est 
e  qui  existe  à  propos  de  la  ville  de  Mirecourt  qui 
ntes  de  Toul,  et  qui^  enclavée  comme  elle  l'était 
es  possessions  des  ducs  de  Lorraine ,  dut  exciter 
r  convoitise.  Au  xin«  siècle,  alors  que  les  évéques 
r  tous  les  moyens  de  substituer  leur  autorité  à  celle 
de  Toul ,  Mathieu  crut  sans  doute  le  moment  op- 
•  déclan*r  la  guerre  au  comte  Ferri  ou  Frédéric  V, 
nparer  de  cette  pluco  qu'il  (  osFcda  pendant  plu- 

8. 

msieun  la  preuve  de  cette  ocrupation  de  la  \ille  de 
ir  le  duc  Mathieu  II  : 

la  guerre  qui  eut  lieu  en  1229  et  1230  entre  le  duc 
(  Mathieu  )  et  le  comte  de  Bar  (  FTenri  11  ),  les  deux 
se  trouvèrent  en  présence  devant  la  \\\\v  de  Mire- 
fortifiée  d(\s  avant  cette  époque ,  et  sous  les  murs 
les  deux  adversaires,  d*accord  avec  le  comte  de 
«conclurent  une  trêve  qui  ne  dut  pas  être  de  longue 
]ue  dès  le  25  décembre  1229  le  comte  de  Bar  se 
raine,  et  y  brûlait  soixante-dix  villages;  le  duc,  de 
la  ravager  les  terres  de  son  ennemi,  et  brûla  la  ville 


86  CHRONIQUE. 

de  Pont  (  à  Mousson  )  qui  venait  d'être  construite.  Bientôt  Ma- 
thieu fut  obligé  de  faire  la  paix,  dont  les  conditions  furent  ré- 
glées par  deux  arbitres ,  Thibaut,  comte  de  Champagne,  pour 
le  duc  de  Lorraine  ,  et  Philipj)e ,  comte  dé  Boulogne  »  pour  le 
comte  de  Bar. 

Dans  ce  traité  de  paix ,  qui  porte  la  date  du  jeudy  après  la 
Teste  de  saint  Nicolas ,  au  mois  de  décembre  ii30,  après  avoir 
réglé  certaines  réparations  pour  des  dommages  causés  a  def/uis 
la  trefve  qui  fut  prise  par  le  comte  de  Champaigne  en  l'ost  de  Me^ 
ricourt,  »  les  deux  arbitres  décident  entre  autres  choses  que  le 
comte  de  Bar  n'a  rien  à  réclamer  à  Mirecourt  et  à  Charmes,. et 
que  si  le  comte  de  Toul  a  quelques  réclamations  à  faire  à  ce 
sujet ,  c'est  au  duc  de  Lorraine  seul  qu'il  devra  s'adresser,  et 
que  ce  dernier  lui  rendra  raison  ou  justice  *. 

Vous  le  voyez,  monsieur,  en  ii^  déjà  très-probablement, 
mais  bien  certainement  en  1230,  le  duc  Mathieu  II  était  mattru 
de  Mirecourt ,  et ,  après  le  traité  de  paix  qu'il  avait  fait  avec  le 
comte  de  Bar,  il  pouvait  avoir  l'espoir  de  conserver  celte 
conquête,  dont  il  dut  se  hâter,  selon  son  habitude,  de  constater 
l'occupation  en  y  faisant  frapper  ce  denier  anonyme  que  vous 
avez  publié,  et  qui  présente  le  type  si  constant  des  monnaies  de 
ce  prince. 

Maintenant  pendant  combien  de  temps  a  pu  se  faire  cette 
émission,  c'est-à-dire  quand  et  comment  Mirecourt  est-elle 
sortie  du  pouvoir  de  Mathieu  pour  rentrer  en  celui  du  comte 
de  Toul?  11  m'a  été  impossible  de  trouver  sur  ce  fait  aiicim  ren- 
seignement  :  toujours  est-il  qu'en  décembre  1234  Frédéric  ou 
Ferri  V,  comte  de  Toul,  était  redevenu  maître  de  cette  ville. 


*  «•  Deuiroit  de  Mericourt  et  de  Charmes  et  des  appartenances,  le  Cnens  à» 
Bar  ni  reclaime  rien;  et  si  li  Cuens  de  Toul  en  set  que  demander,  li  Pac  IVi^ 
fera  raison.  » 

Ce  traité,  le  plus  ancien  titre  écrit  en  français  qui  soit  dans  les  preuves  de 
V Histoire  de  Lorraine  de  dom  Calmet,  se  trouve  au  tome  II,  pages  ccccxlij  et 
cccczliij  de  la  première  édition  ;  il  a  été  supprimé  dans  la  seconde» 


CIIRONÎOLE.  87 

isqu*à  cette  é|>oquo  il  donna  à  ses  habitants  des  chartf s  d'af- 
ochissement. 

inespéré,  moDsieur,  avoir  prouvé  d  une  manière  satisfaisante 
ir  tous  que  ce  dernier  doit  être  attribué  à  Mathieu  H;  quant 
ici,  connaissant  le  traité  et  les  faits  qu'il  constate ^  avant 
me  d'avoir  vu  la  pièce  qui  nous  occupe,  j'étais  tellenfient 
ivainca  que  Mathieu  avait  dû  frapper  nionnaie  à  Mirecourt^ 
9  j*avai8  recommandé  à  plusieurs  marchands  de  monnaies  de 
hercher,  parmi  les  deniers  à  l'aigle^  s*il  ne  s'en  trouverait  pas 
porteraient  le  nom  de  cette  ville,  et  c'est  ensuite  de  ces 
ommandations  que  j'ai  appris  l'existence  sur  les  cartons  d'un 
ntetir  d*un  exemplaire  de  ce  denier  que  je  regardais  alors 
nme  unique,  et  que  je  suis  parvenu  à  faire  acheter  pour  mon 
npley  il  y  a  bien  cinq  à  six  ans.  Il  est  exactement  le  même 
»  celui  dessiné  par  vous,  c'est-à-dire  que  les  lettres  RI  sont 
^Himées  et  se  pi-ésentent  ainsi  Wl>  ce  qui  nravait  bit  douter 
ses  signes  étaient  bien  des  lettres  ou  la  représentation  d*une 
Biir  quelconque.  Aujourd'hui,  après  un  examen  nouveau  de 
^  pièce  et  de  celles  de  Neufchatel  (Ncufchfttcau  )  à  l'épée  en 
•  présentant  les  mêmes  signes,  et  attribuées  par  M.  de  Saulcy 
^Chrri  111^  j'en  suis  arrivé  à  me  demander  si  ces  dernières  ne 
liraient  pas  être  restituées  au  duc  Mathieu  ;  mais  là  n'est  plus 
question  que  je  m'étais  proposé  d'examiner^  et  d'ailleurs  je 
aperçois  que  cette  lettre  est  déjà  beaucoup  plus  longue  que 
le  pensais  la  faire;  aussi  je  m'arrête ,  laissant  à  d'autres  plus 
^In  le  soin  de  débrouiller  et  d'expliquer  ce  dernier  point. 
V'euillez  recevoir,  monsieur,  l'assurance  de  mon  bien  sincère 
K'ouement .  Laprevotb  , 

Avocat  à  Mircconrt. 


Vah  Loon.  Histoire  métallique  des  Pays-Bas. 

Lia  continuation  de  cet  ouvrage  célèbre  (  entreprise  et  conduite 
^u'à  la  qumzième  livraison  par  l'Institut  royal  des  sciences  des 
'ys  Bas  ]  sera  publiée  par  l'Académie  royale  chez  Tédileur, 


SS  CHRONIQUE. 

Frédéric  Muller,  à  Amsterdam ,  et  sera  divisée  en  5  livraisons, 
renfermant  les  années  4766  à  1806.  Ces  livraisons  formeront  un 
volume  de  400  à  500  pages  in-folio  et  40  planches  gravées  avec 
le  plus  grand  soin;  le  tout  imprimé  sur  beau  papier  de  Hol- 
lande. La  première  de  cos  livraisons  a  été  mise  en  vente  en 
septembre  1861 ,  les  quatre  suivantes  paraîtront  en  quatre  on 
cinq  années,  et  couleront  ensemble  :  on  pelit  papier,  75  fr*,ft 
en  grand  papier»  95  fr.  On  souscrit  chez  MM.  Frédéric  Mlllee  et 
G.  Théod.  Uom,  libraires,  à  Amsterdam,  et  chez  les  principaux 
iibrairsde  Tétranger. 

Le  livre  de  M.  le  comte  Nahuts,  intitulé  :  Histoire  numisma- 
tique sous  le  règne  de  S,  M,  Louis-Napoléon,  roi  de  Hollande 
(  1806-1810),  un  volume  grand  in-4%200  pages,  avec  14  plan- 
ches, dont  5  coloriées,  publié  en  4858  chez  Fréd.  Muller,  à 
Amsterdam,  au  prix  de  20  fr.  avec  des  planches  noires,  et  Si  fr. 
avec  des  planches  coloriées,  forme  le  complément  de  Touvrage 
de  Van  Loon. 

S'adresser  à  î'IÎditkl'r  ou  à  M.  G.  Théod.  Bom,  à  Amsterdam. 


Notre  collabrateur,  M.  Louis  Drsrhamps  de  Pas,  vient  d'a- 
chever et  de  publier,  sous  le  titre  de  Hit>toire  sigillaire  de  la 
ville  de  Saint-Omer,  l'ouvn»ge  qu'il  avait  entrepris  il  y  a  vingt- 
cinq  ans  eu  collaboration  avec  feu  A.  Hermand.  Ce  volume,  qui 
contient  les  figures  de  333  sceaux  en  45  planches,  se  rattadM? 
étroitement  à  la  numismatique,  tant  parlestvpesque  portent  Ie5& 
scelsei  contre  scels.  que  par  la  paléographie  des  légendes*  CeA 
à  ce  titit;  que  nous  en  recommandons  Tétude  ri  nos  lecteurs. 

Nous  leur  signalerons  encore  pour  la  môme  raison  l'ouvrage 
publié  l'année  dernière  par  M.  Blancard  :  Iconographie  des  sceaux 
et  bulles  conservés  dans  les  archives  des  Bouclies-du-Rhùney  livre 
orné  de  71  planches  dues  à  M.  A.  Laugirr,  anisie  distingué  qui 
fournit  à  notre  Bévue  de  si  bons  dessins  dt  s  monnaies  de  Provence. 


tfOIRES  ET  DISSERTATIONS 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPERIER 


LA  NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

ftrticlo.  —  Voir  le  n«  6  de  1858,  p.  437  ;  le  n"  9  de  1B59,  p.  313 
la  rodine  année,  p.  401  ;  le  n*  3  de  IBffO,  p.  164;  le  n*  4,  p.  i 
,  p.  845  :  le  n*  6  de  la  même  année,  p.  409  ;  le  u*  2  de  1861,  p.  7*. 
de  1862,  p.  1. 


Trouvaitle  de  Chantenay  (suite). 

Biiuriges. 

ends  par  pièces  biiuriges  celles  qui  présenlciit  la 
iiitanique,  c'est-à-dire  coilTée  de  trois  grandes  iiiè- 
s  cheveux  bordées  de  traits  qui  vont  se  réunir  à  un 
ond.  Ces  pièces ,  d'ailleurs  en  petit  nombre  dans  le 
le  Gbantenay,  olTrent  diverses  variétés  que  je  vais 
successivement. 
laD  plat,  tète  à  g<auche. 

heval  entier  le  pied  de  devant  hors  montoir  lové. 
BuSf  une  branche  garnie  de  baies  ;  dessous,  un  aii- 
mtré. 
\  très  grossier.  H  exemplaires.  —  Poids,  l^^SO. 


90  MÉSOIRES 

2.  Même  pièce,  sauf  que,  sous  le  cheval,  les  lettres  CAH 
ont  remplacé  l'annelet  centré. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1>%65.  La  pièce  est  très-usée. 

3.  Flan  épais.  Mêmes  types  ;  au-dessus  du  chefal,  rien: 
au-dessous ,  un  annelet  au  bout  d'une  hampe.  Types  bien 
en  relief. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1»%84. 

h.  Mêmes  types  généraux.  Au-dessus  du  cheval ,  une 
épée  \  au-dessous,  une  rouelle  à  quatre  rayons. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1«',90. 

5.  Flan  plat  et  large.  Mêmes  types  généraux.  Au-dessu» 
du  cheval ,  rien  ;  au-dessous,  le  pentagramxne. 

1  exemplaire.  —  Poids,  1»',46. 

d.  Mêmes  types  généraux.  Style  très-grossier  ;  sous  le 
cheval,  un  annelet  centré.  Flan  assez  épais. 

l.exemplaire.  —  Poids,  1*^,85. 

7.  Style  assez  grossier.  Mêmes  types  généraux.  Au- 
dessus  du  cheval ,  un  sanglier  ;  au  dessous ,  une  croisette— 

2  exemplaires.  —  Pends,  4*%80. 

SOLIMA. 

SOLIMA.  Tête  à  gauche  ;  derrière  la  tête,  le  symbole  e/!>  - 
bJ.  La  légende  inscrite  d'ordinaire  au-dessus  du  chevaJ 

n*a  pas  trouvé  place.  Cheval  sanglé  galopant  à  gauche  ; 

au  dessous,  un  poisson. 

2  exemplaires.  —  Poids,  1«%90. 

FmMermhiahlf\s, 

Restent  enfin  sept  pièces  dont  les  types  sont  mécon- 
naissables. 
Si  nous  faisons  la  somme  totale  des  monnaies  gauloises 


ET      ISSERTATIOxNS.  Vl 

prmes  dans  le  trésor  de  Ghantenay,  nous  trouvons 

pièces. 

s'agit  maintenant  de  tirer  toutes  les  conséquences  que 

\  pourrons ,  de  l'examen  comparatif  des  espèces  qui 

leot  dans  le  dépôt  dont  nous  venons  d'analyser  le 

enu. 

Miiniençoiis  par  ranger  toutes  les  espèees  par  ordre  de 

Is,  QOQS  aurons  le  tableau  suivant  : 

iramme*. 

Pièce  arYerne?  à  U  Icgonde  EPOMIID 2,35 

Darnacus. —  Donnus 1,93 

Esabni.  —  Donnas. l,92ô 

Damacos.  —  Anscro 1,915 

^Ihna. 1,9(» 

Litaylcua. .  .  ' ,  .  .  1,90 

VeroUl  au  lion 1,883' 

Togiria.  —  Togiri l,8«l 

Santonas 1,88 

Darat.  —  Julios.  .- 1,875- 

Dabnorix.  —  Dubnitcov  (à  la  tête  coupée).  .  .  .  1.875 

Xhk  et  variétés 1,869' 

Dabnorîx.  —  Anorbo 1,86«V 

Séquanes 1,866 

Diasulo* 1,8611 

Q.  Docirix.  —  Som.  f. 1,8575 

Eéoi».  -*  Orgetirix 1,8 

Gain.  Joli.— Oroapatis 1,95 

VNO.  —  CIÏ^>  (  type  du  Diasulos  ) 1,85 

CDU 1,B5 

LacicM 1,8466 

S.iDtonos.  —  Arîvos 1 ,84 

BitoHge8(7  variétés) 1,838 

Orgelirix  Coioa 1,825 

Orgetinx  Atpîlj.  f.  (  à  rétoile  ) 1,825 

Ségnnaves 1,825 

Dubnorix.  —  Dubnocov  (ù  Fctendard) 1.82 

Kduennos  anépigraphes 1,819 

Orgelirix  A tpili.  f.  (nu  dauphin) 1.80 

Julius  T«>gii-ix 1,80 

Imioci 1,H0 

Atcula  Vlato^ 1,80 

..O.  —  NA  (  typ«  du  Diasulos) 1,80 


92  MÉMOIRES 

Voyons  quelles  sont  les  conséquences  qui  découlent  de 
ce  tableau.  Il  est  évident,  au  premier  abord,  que  la  pièce  à 
la  légende  EPOMIID.  appartient  à  un  tout  autre  système 
monétaire  que  toutes  les  autres  monnaies  du  trésor  de 
Chantenay.  Le  poids  des  drachmes  grecques  de  Marseille 
est  sensiblement  le  même  ;  c*est  donc  au  système  marseil- 
lais que  se  rattache  la  pièce  d*EPOMUD.,  et  par  conséquent 
le  peuple  qui  Ta  émise  était  proche  voisin  de  la  province       ^ 
romaine,  puisqu'il  avait  adopté  pour  ses  monnaies  une       ^ 
taille  et  un  poids  qui  leur  permissent  d'avoir  cours  dans    .^^ 
cette  province. 

Le  trésor  de  Chantenay  ne  renferme  pas  un  seul  exem 7. 

plaire  des  pièces  des  Volkes  Arécomiques,  des  Yoconces  ni^.«3i 
des  AUobroges  ;  c'est  donc  au  sud  de  TArvemie  qu'il  faut9".^at 
placer  le  lieu  d'émission  de  la  monnaie  d'Épomed,  cbeac^^si 
les  Helviens  peut-être,  qui  étaient  séparés  des  Arvemes  pa^^^Eur 
les  Cévennes  a  Mous  Cebenna  qm  Arvemos  ab  Helviis  dis —  .^3- 
cludit.  »  (Caesar,  lib*  VIT,  cap.  8). 

Tout  ce  que  le  trésor  de  Chantenay  contient  de  monnues^^KS 
gauloises  appartient  à  l'Aquitaine  ou  à  la  Celtique, 
les  premières  sont  relativement  en  très-petit  nombre  (S^< 
sur  A09)»  Nous  n'y  trouvons  pas  une  seule  pièce  attribuablf^We 
à  la  Belgique.  En  un  mot ,  à  l'exception  de  la  monna 
d'Épomed  et  de  celles  au  cavalier  en  course,  nous  avoii 
pour  l'époque  précise  de  l'enfouissement  du  trésor 
question,  la  représentation  fidèle  du  numéraire  gaulois  m.~  Js 
en  circulation  dans  les  provinces  centrales  de  la  Gaul^HP, 
c'est  à-dire  dans  la  Celtique  proprement  dite. 

Venons  à  la  comparaison  des  poids. 

Les  pièces  au  cavalier  en  course ,  tout  usées  qu'elles 
sont,  pèsent  au  delà  de  Ip',90.  Elles  ont  donc  eu  primitive- 
ment la  moitié  juste  du  poids  des  deniers  de  la  repu- 


lu»  ires-vui»ii],  uiais  un  peu  luuiiis  eit;v«.  uci  auaissc- 
le  poids  peut  très-bien  avoir  été  motivé  par  la  guerre 
•dépendance  à  laquelle  toutes  ces  pièces,  à  peu  d'ex- 
118  près,  peuvent  se  rapporter, 
irait  naturel  d'attribuer  une  ancienneté  relative  plus 
érable  aux  pièces  dont  le  poids  a  été  un  peu  dimi- 
ir  le  frai.  Ainsi ,  par  exemple ,  si  nous  comparons  les 
ûea  frappées  par  les  chefs  helvètes  et  éduens  cités 
Isar,  nous  trouvoos  que  la  monnaie  la  plus  usée  est 
f  Orgetirix  avec  la  légende  ATPILI  V  et  le  dauphin 
lu-dessous  du  cheval  du  revers.  Leur  poids  moyen  est 
SO,  tandis  que  la  même  pièce  à  Fétoile  a  pour  poids 
l^'.Sîô.  Celle-ci  est  donc  postérieure.  Les  Orgetirix- 
Nitle  même  poids  moyen  de  1«%8!25;  ils  sont  donc 
iporains  des  pièces  à  Tétoile ,  et  dès  lors  frappés 
nblablement  dans  une  région  monétaire  différente, 
lea  Orgetirix-Eduis  (  à  l'ours  )  pèsent  en  moyenne 
Ils  ont  donc  encore  été  frappés  ailleurs,  et  natu- 
ttit  dans  le  pays  des  Éduens.  Or  si  nous  comparons 
nant  avec  la  pièce  d*Orgetirix-Eduis,  et  entre  elles 
^rentes  espèces  de  Dubnorix,  nous  trouvons  que  les 
ix-Dubnocov  (  à  la  tête  coupée  )  pèsent  en  moyenne 


Omises  par  cediel'.  1-rs  pièces  cl*Orgetim-Ëdu!s 
liiient  donc  les  Dubnorix-Anorbo,  dans  Tordre  < 
gique  de  leur  énii)»sion. 

Nous  savons  que  Dubnorix  a  été  mis  à  mort 
Portus  Itius,  dans  la  cinquième  campagne  de  i 
moment  de  son  départ  prrur  la  Graiide-Bretagn 
«'ire  l'an  SA  avant  Tère  chrétienne.  D^m  autre  ( 
jiendant  le  siège  de  Gergovia  que  Litavicos  a  le^ 
dard  de  la  révolte  contre  les  Romains,  les  moniu 
chef  doivent  donc  être  plus  pesantes ,  c'est-à  d 
usées  que  toutes  celles  de  Dubnorix  ;  c'est  ce  qui 
eiïet,  puisque  les  pièces  de  ce  chef  pèsent  en 

La  monnaie  à  la  légende  Solima  pèse  de  mèo 
Kile  a  donc  été  émise  très-probablen)ent  vers  l'ai 
vu  s'effectuer  les  sièges  de  Gergovia  et  d*Âlesia. 
iisiiesanépigraphes  des  Kduens  |)èsent  en  moyeno' 
tandis  que  les  pièces  à  la  légende  KA  A  pèsent  en 
J»',869.  Les  premières  sont  donc  à  très  peu  prè 
poraines  des  Dubnorix-Dubnocov  à  l'étendard,  et 
légende  KAA  ont  suivi  les  Dubnorix-Anorbo,  et  pi 
Dubnorix-Dubnocov  à  la  tète  coupée.  Eu  sorte 
aurions  la  série  suivante  des  types  classés  |)ar  oi 
cienneté  : 

Monnaies  d'Orgeiihx  fropprea  en  iroi<  !oralitH  é 
ï année  qui  a  précédé  la  vniuc  de  César. 

Orgetirix  Atpili.  f  (  au  danphin). 
Orgetirix  Atpili.  f.  (à  l'étoile). 
Orgetirix  Coios. 
Orgetirix  Edûis. 


CT    DISSERTATIONS.  ^Û 

Monnaies  édumnt»^ 

Éduennes  anépigraphes. 

Dubnorix-Dubnocov  (à  TéteDdard],  contemporaines  de 
1'  Orgetirîx  Coios,  et  frappées  peut-être  dans  le  même  atelier- 

Dubnorix  Anorbo. 

KAA  et  variété  de  ce  type. 

Dubnorix  Dubnocov  (à  la  tète  coupée). 

Litavicus  (  frappées  pendant  la  septième  campagne) . 

Ces  deux  séries,  mises  en  regard,  nous  donnent  les  con- 
^€inporanéités  suivantes  : 

Éduennes  anépigraphes 

Dubnorix-Anorbo,  légitimement  frappée  au  pays  éduen. 

Orgetirix  Atpili.  f.,  au  dauphin. 
Idem^  à  Tétoile. 

Dubnorix-Dubnocov,  à  l'étendard,  frappée  en  dehors  de 
l'autonomie  éduenne. 

Orgetirix  Coios. 

Orgetirix  Eduis. 

KAA  et  variétés  de  ce  type.  Monnaie  éduenne  légitime. 

Dubnorix  Dubnocov,  à  la  tète  coupée,  frappée  en  dehors 
^e  Tautonomie  éduenne  et  avant  la  cinquième  campagne 
^e  César. 

Litavicus,  frappée  pendant  la  septième  campagne  de 
César. 

Passons  à  d'autres  monnaies.  Les  pièces  d'Arivos,  chef 
des  Santons,  pèsent  en  moyenne  1"%8A,  et  les  pièces  sans 
nom  de  chef,  1«%88.  Celles-ci  sont  donc  plus  récentes,  et 
Arivos  a  frappé  ses  monnaies  en  même  temps  que  le  chef 
Lucios  des  Petrucoriens ,  dont  les  deniers  pèsent,  en 
moyenne,  l»',8â66.  Les  pièces  de  Durât,  le  chef  picton, 


95  MÉMOIRES 

allié  des  Romains,  pèsent  lf%875.  Celles-ci  sont  contempo- 
raines de  la  huitième  campagne  de  César,  ou  mieux  de  peu 
postérieures.  Les  pièces  des  Sautons  sans  nom  de  chef  sont 
donc  contemporaines.  Le  Verotal  au  lion  pèse  l^'^SSS.  11  est 
donc  postérieur  à  toutes  le^s  pièces  que  nous  venons  d*énu- 
mérer;  il  est  intéressant  de  remarquer  encore  une  fois 
que  le  trésor  de  Chantenay  ne  contenait  pas  de  denier  de 
Verotal  aux  types  des  Lucios;  car  il  eût  été  bien  précieux 
d'en  constater  la  postériorité  par  le  poids. 

Les  Togirix  offrent  une  étrange  anomalie.  Ainsi  les  7b- 
girix-Togiri  pèsent  en  moyenne  1»',884  ;  ils  sont  i>ar  con- 
séquent à  très-peu  près  contemporains  du  Verotal  au  lion, 
des  Santonos  sans  nom  de  chef,  des  Durât,  des  Dubnorix  à 
la  lète  coupée,  et  un  peu  plus  récents  que  les  éduennes  à 
la  légende  KAA,  et  que  les  DubnorixAnorbo. 

Le  Julius  Togirix  au  contraire,  ne  pèse  que  1»',80,  et 
il  est  en  bon  état  de  conservation.  Ceci  semblerait  indiquer 
un  abaissement  de  poids  volontaire  et  non  pas  résultant  du 
frai  de  la  monnaie.  A  ce  système  de  pièces  moins  pesantes 
se  rattachent  les  IMIOCI  et  les  Ateula-Vlatos,  au  type  du 
croissant,  les  seuls  que  la  trouvaille  nous  ait  ofierts.  La 
))résence  du  surnom  Julios  est  pour  moi  un  indice  évident 
de  l'antériorité  des  Togirix-Togiri.  Il  en  est  de  m6me  pour 
le  rare  denier  à  la  légende  Gaiu-Juli-Omapatis ,  qui,  bien 
que  très  bien  conse^^•é,  ne  pèse  que  1*^,86. 

Les  monnaies  des  Ségusiaves,  tout  aussi  bien  conf^rvées, 
pèsent  en  moyenne  Ib',825  seulement  Je  ne  doute  donc 
pas  de  l'existence  d*un  abaissement  du  poids  des  monnaies 
gauloises,  au  moment  où  la  conquête  césarienne  fut  u 
fait  accompli. 

Les  monnaies  des  Séquanes,  toutes  fort  usées,  pèsent  en 
moyenne   l'%86&.  Elles  sont   donc   conleniporaines  des 


.  ET   DISSERTATIONS.  97 

bnorïx-ADorbo  et  des  éduennes  nationales  à  la  Ic^gende 
A. 

Les  Q.  Docirix  Sam.  f.  pèsent  en  moyenne  l*%857ô.  Ils 
it  donc  postériemrs  aux  Tegirix-Togiri  et  aux  éduennes 
fi  légende  KAA,  aussi  bien  qu'aux  Duboorix-Anorbo  et 
i  deniers  des  Séquanes.  Ce  Quintus  Docirix  me  semble 
>c  nn  chef  séquane  frappant  ses  monnaies  après  l'émis- 
n  des  deniers  à  la  légende  Sequanoiotuos. 
^ées  monnaies  au  type  essentiellement  biturige,  lesquelles 
il  toutes  fort  usées,  ne  pèsent  plus  en  moyenne  que 
.838  ;  elles  seraient  donc  à  peu  près  contemporaines  des 
itonos-AriYos,  si  celles-ci  n'étaient  pas  infiniment  mieux 
iaervées,  et  ne  pouvaient  par  conséquent  prendre  rang 
18  la  série  des  monnaies  de  poids  inférieur  frappées  après 
guerre  de  César. 

Reste  enfin  à  examiner  une  série  demeurée  jusqu'ici  sans 
tre  attribution  que  celle  tout  à  fait  inacceptable  qu'avait 
>posée  Pellerin  :  je  veux  parler  des  deniers  à  la  légende 
lauk».  Ils  pèsent  en  moyenne  l^'fSGli ,  et  sont  en  très- 
n  état  généralement.  Je  les  crois  à  très-peu  près  con- 
mporains  du  Gain  Juli  Omopatis,  qui  pèse  1^,85,  et  leur 
imnce  en  nombre  dans  le  trésor  de  Cbantenay  m'y  fait 
iir  aujourd'hui  des  monnaies  bituriges. 
Trois  variétés  de  légende  se  rapportent  aux  mêmes  types  ; 
418 ces  variétés,  qui  ne  pèsent  plus  que  i^fib  et  même 
^80,  sont  donc  antérieures.  Ce  seraient  par  conséquent 
38  espèces  ayant  succédé  aux  Bituriges  anépigraphes,  ou 
rec  la  légende  CAM. 

Quant  aux  Ateula-Ylatos,  ils  appartiennent  incontestable- 
ent  à  un  système  monétaire  plus  faible  de  poids.  Mais  à 
lel  peuple  les  attribuer?  Il  serait  bien  diflicile  de  le  dire  ; 
s  pièces  se  trouvent  à  peu  près  partout.  Il  ne  faut  pas 


9S  MÉMOIRES 

oublier  cependant  qu'où  les  a  trouvées  en  nombre  à  la 
Rousselière ,  à  Bazoche  en  Dunois  et  à  Lillebonne  ;  ce  peut 
donc  être  une  monnaie  des  Turons  Carnutes  plutôt  qu'uoe 
monnaie  des  Galëtes,  ainsi  que  je  Tavais  cru  jusqu'ici.  Re- 
marquons en  effet  que  Tépi  qui  se  présente  sur  les  pièces 
les  plus  récentes  à  la  légende  Ateuïa  Vlatos  (pièces  dont  le 
trésor  de  Chantenay  ne  contenait  aucun  spécimen),  est  un 
type  très  fréquent  dans  la  série  monétaire  des  Turons. 

Je  viens  d*énumérer  toutes  les  conclusions  que  je  crois 
permis  de  tirer  de  la  composition  du  trésor  de  Chantenay, 
quant  au  poids  des  monnaies  qu'il  contenait.  Nous  allons 
maintenant  faire  connaître  les  monnaies  romaines  qui  se 
trouvaient  mélangées  avec  les  gauloises  que  nous  venons 
d'étudier,  et  l'examen  de  ce  catalogue  nous  donnera  la 
date  vraisemblable  de  l'enfouissement  du  trésor,  en  tenant 
compte  du  temps  que  la  monnaie  la  plus  récente  de  cette 
classe  a  dû  mettre  à  venir  dans  la  circulation  gauloise,  au 
cœur  même  de  la  Gaule. 

M.  Feuardent  s'est  chargé  de  la  classification  des  deniers 
consulaires  renfermés  dans  le  trésor  de  Chantenay,  et  nous 
sommes  heureux  de  lui  témoigner  ici  notre  gratitude  pour 
l'empressement  avec  lequel  il  a  bien  voulu  mettre  à  notre 
disposition  sa  profonde  connaissance  de  la  numismatique 
romaine.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  ici  in  f jt- 
lenso  la  description  complète  de  toutes  ces  monnaies,  telle 
que  M.  Feuardent  nous  l'a  remise  ;  mais  comme  la  série  ne 
contient  aucune  pièce  inédite,  nous  croyons  suflBsant  de, 
placer  sous  les  yeux  du  lecteur  une  liste  sommaire ,  avec 
renvoi  aux  planches  de  l'ouvrage  publié  par  M.  Henri 
Cohen,  sous  le  titre  de  Descriplion  générale  diê  monnaia 
de  la  république  romaine. 

Naturellement  les  monnaies  consulaires  de  Chantenay  ont 


ET    DISSERTATIONS. 


%)9 


*tè  classées  par  or(1i*e  chronologique, en  profilant  des  l)eaux 
travaux  des  Borghesi,  des  Cavedoni,  des  Mommsen. 


knée 


550. 

I>o¥niiîa. 

Cohen, 

,  pi.  XVI, 

n«    1. 

Denier. 

539. 

l*orcia. 

— 

XXXIV, 

2. 

Denier,  2  <»xeni|»laire». 

560. 

<'OTll«»li«. 

— 

xrv. 

4. 

/.-/. 

— 

KlMininia. 

— 

XVIII, 

1. 

Denier.  3  ex. 

574 

r»acl)ia. 

-. 

Mil, 

r>. 

!d. 

— 

MiiiQcia. 

— 

XXVIII. 

2. 

N. 

«80. 

F^l.ia. 

— 

XVII, 

2. 

Id. 

587. 

Antestia. 

— 

II. 

3. 

Id.,  2  ex. 

— 

/rf. 



f6i*., 

1. 

Id. 

600. 

5i»-niproiiia. 

— 

XXXVI, 

2. 

Id. 

615. 

î^«»iT»itia, 

— 

XVÎ, 

3. 

Id. 

625. 

<^"«-ciiia. 

— 

VIII, 

6. 

Id. 

— 

fd. 

— 

ibid , 

7. 

Id. 

630 

<^urtia. 



XVI. 

Id  .  2  ex. 

— 

^ryilin. 

— 

XXXVII, 

3. 

Id. 

— 

^>reinija. 

— 

XXX. 

2. 

Id 

638. 

^onteia. 

— 

XVIII, 

1. 

M.,  2  ex. (  lettres  I  etO^. 

646. 

Herennia. 

,.. 

XIX 

/<!.,  3  ex    (  v«r.  de  lettres). 

647. 

-^ntiilîa. 

_ 

I. 

3. 

Id.,  2  ex. 

648 

C*««i«. 



XI, 

2. 

Id. 

650. 

-A^ppnleia. 



VI, 

2 

Id,,  3  ex.  (var.  dt*  lettres). 

•— 

^la,jdîa. 

»_ 

XII, 

2. 

W.,  2  ex. 

— 

Silîa. 

_„ 

XXXVIII. 

Id. 

655. 

^rbinia. 

— 

XL. 

1. 

W.,2ex. 

""" 

id. 

— 

md.. 

2. 

Id.,  3  ex. 

"~ 

^^«Hiinîa. 

— 

XXVII, 

1. 

Id. 

""" 

id. 



ibid.. 

2. 

Id  ,  2  ex.  var. 

660. 

^i^îlîa. 



vni. 

10. 

Id. 

~" 

"*^onteîa. 



XVIII, 

7. 

Id. 

"~* 

^opcia. 



XXXV, 

6. 

Quinaire. 

~~ 

'^nîa. 

— 

XXXIX, 

1. 

Denier,  3  ex. 

^^ 

fd. 

-. 

ibid.. 

2. 

Id.,  7  ex. 

663. 

**oiuponia. 

— 

XXXIV. 

1. 

Id. 

"" 

^alpnrnia. 

— 

IX, 

10. 

M.,  3  ex.  (lettres  A. F.H  ). 

"" 

id. 



ibid.. 

3. 

Quinaire. 

— 

^ahia. 

— 

XVII, 

7. 

Denier. 

"~ 

'^unia. 

— 

XXIII. 

6. 

Id. 

100 

MÉMOIRES 

ABd« 

Rom*. 

<U>6.  Tompeia. 

Cohen. 

XV, 

2f>{ttnm\Id.,2eT. 

—    Tituria. 

— 

XXXIX, 

2. 

Id. 

—        W. 

— 

itrid. 

3. 

M.,  2  ex. 

668.  Vibia. 

— . 

XLI, 

3. 

Id. 

670.  Carvilia. 

— 

XI. 

3. 

Id.,  4  ex. 

—    Furia. 

— 

XIX 

4. 

Id. 

—    Lucilia. 

— 

XXV. 

Id. 

-    MinucU. 

— 

XXVIII, 

5. 

Id.,  5  ex. 

—    Servilia. 

— 

XXXVllI, 

6. 

Id. 

671.  Crepaua. 

— . 

XVI. 

Id.,  2  ex. 

672.  AntoDia. 

— 

m, 

1. 

M.,  3ex.  (var.delett 

673.  Annia. 

— 

II. 

1. 

Id. 

—        Id. 

Id.  (lég.  aatrem.  dh^ 

~    Manlia. 

— 

XXV. 

2. 

Id.,  2  ex. 

—     Mfircia. 

— 

XXVI, 

10. 

Id. 

—    Julia. 

— 

XX, 

5. 

Id. 

—    Norbana. 

-. 

XXIX. 

2. 

Id.,  2  ex.  varié*. 

—    Rubria. 

— 

XXXVI, 

1. 

Id. 

674?  Voltein. 

— 

XLII, 

3. 

Id. 

676?  Lncretia. 

— 

XXV, 

2. 

Id.,  2  ex. 

680.  Claadia. 

— 

XII, 

3. 

Id. 

—    Nœvia. 

— 

XXX. 

Id.,  î  ex. 

—    Papia 

— 

XXIX. 

1. 

Id.,2eiL.  (sjnibole 

682?  Postumia. 

— 

XXXV, 

7. 

W. 

684?  Satriena. 

-^ 

XXXVI. 

Id 

685.  Plaptoria. 

— 

XXXII, 

3. 

/d.  (caducée  derriè 

—    Ilatilia. 

— 

XXX\1. 

Id.  2  ex. 

—    Sulpicia. 

— 

XXXVIII, 

2. 

Id.  2  ex. 

—    Fareuleia. 

— 

XVIII, 

1. 

Id.  2  ex. 

—    Poblicia. 

— 

XXXIII, 

7. 

Id.2tx.  (lettres 

—    Procilia. 

— 

XXXV. 

1. 

W. 

—        Id. 

— 

XXXV. 

2. 

Id 

692.  Noiiia. 

— 

XXIX. 

Id. 

693.  jEniilia. 

^ 

I. 

5. 

Id. 

695?  Cal  pu  ru  ia. 

.  — 

IX, 

10. 

/d..4ex.(Tar.d 

690.  Junin. 

— 

XXIII. 

11. 

Id. 

—    Plautia. 

— 

I, 

Mi«fi.-> 

./d.  2ex. 

700.  Aqiiilia. 

— 

VI. 

2. 

Id. 

~~    Ilosidia. 

— 

XIX, 

1. 

Id. 

—     Furia. 

— 

XIX, 

5. 

Id.  2  ex. 

ET    UISSEKTATIUNS. 


101 


70O.    FKoscift. 

Cohen. 

.    XXXVl. 

Deuier. 

704.    CTordia. 

— 

XIV, 

1. 

W.,3ex. 

—               Id. 

— 

ibid.. 

2. 

Id. 

—     -J-wlia, 

— 

XX, 

9. 

Id. 

—               Id. 

— 

•Wrf., 

10. 

Id.,2ex. 

705.  ^JJmrijia. 

— 

X, 

1. 

Id. 

—               W. 

— 

»M., 

3. 

W..2ex. 

—     :rwiarcia. 



XXVI, 

8. 

M..  3  ex. 

706.  ^A^cilia. 

— 

I, 

3. 

Id, 

~"     -^^Jitia. 

— 

m. 

2. 

Id. 

.^l^^^^PPW. 



XVII. 

Id. 

708?!,^^ 

709.)*^o«tilîa. 

— 

XIX. 

3. 

Id. 

""     *Jmalia. 

— 

XX. 

11. 

Id. 

—      Il^cinia. 

^ 

XXIV, 

7. 

Id. 

—     I-<3llU. 



XXV. 

2. 

Id. 

—     "V^«leria. 



XL, 

6. 

Id. 

'/^-  ^«Imilia. 

— 

II, 

15. 

Id. 

""     ^I«ttia. 



XXVIII, 

4. 

Id. 

'ïl-   Vibia. 

.. 

xu, 

11. 

Id. 

^1«-   Claudia. 

— 

XII. 

9. 

Id. 

—               W. 



ibid., 

6. 

Id.y  8  ex. 

"      "V^^sntidia. 



XL. 

Id. 

-      A'^ibia. 

— 

XU, 

18. 

Id. 

""          ^«i. 



ibid., 

17. 

Id. 

"«-    ÎSr^idia. 



XXIX, 

l. 

Id.,  revers  même  têtt» 

incusc, 

"■      ^  la  lia. 

— 

XXI, 

36. 

Id. 

r      ^d. 

-~ 

ibid.. 

31. 

Id. 

"      -r^. 



ibid., 

32. 

Id.,  2  ex. 

"       -^  xitoniu. 

— 

IV, 

2M. 

Id. 

""                 Id. 

— 

V. 

46. 

Id. 

MEDAILLES  D  EPOQUES  IHCERTAINES». 

^"**-  -^quiHa.  Cohen,  pi.  VI, 

■**   ^ipia.  -  XII. 

"^    ^omelia.     —  XIV, 

"^    ï=*onteia.      —  XVIII, 

^'^•^rij.noni.     -  XLIII, 

*-^s  monnaies  romaines  de  la  trouvaille  de  Chantenay 


1. 

Denier,  2  ex, 

Id.,  3  ex. 

5. 

Id. 

9. 

Id. 

4. 

Id. 

102  MÉMOIRES 

appartenant  à  Tépoquc  certaine  la  plus  récente  boùU  siju 
qu'on  vient  de  le  voir,  dans  le  catalogue  raisonné  <k 
M.  Feuardent,  des  deniers  émis  dans  Tannée  de  Rome  7i8 
(30  av.  J.  C).  Elles  sont  donc  postérieures  de  quatorze  ao- 
nées  aux  dernières  campagnes  de  Jules-César  dans  la  Gaoie* 
puisque  les  huit  années  pendant  lesquelles  la  conquête 
césarienne  s'effectua,  se  placent  entre  les  années  58  et  h9 
avant  l'ère  chrétienne. 

Les  monnaies  gauloises  contenues  dans  le  même  trésor 
ne  peuvent  être  qu'antérieures  à  l'émission  de  ces  deniers^ 
romains  ou  postérieures  d'une  année  au  plus,  si  nous  ad- 
mettons, ce  qui  d'ailleurs  est  fort  contestable,  quilafalla 
une  année  entière  aux  espèces  romaines  pour  qu'elles  par- 
vinssent par  la  circulation  dans  le  midi  de  la  Gaule,  et  dans 
le  voisinage  de  la  Province  par  excellence.  Je  ne  crains  pa:s 
de  dire  que  ce  délai  d'un  an  me  semble  exagéré,  et j'ad— 
mets  en  conséquence  que  les  pièces  gauloises  les  plus  ré- 
centes de  la  trouvaille  de  Chantenay  ont  dû  être  frappéef 
également  en  l'année  718  de  Rome  (36  avant  Jésus 
Christ). 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  l'étude  attentive  de  ce 
pièces  gauloises  nous  donne  la  certitude  que  ceilaiiH 
espèces,  répandues  dans  les  collections  numismatique 
sont  postérieures  à  la  date  d'enfouissement  du  trésor 
Chantenay.  Mais  nous  savons  que  l'autonomie  monét' 
des  Gaulois  prit  fin  en  27  avant  Jésus-Christ,  lorsqn 
guste,  suivant  le  conseil  d' Agrippa,  changea  comp 
ment  l'antique  constitution  de  la  nation  soumise,  et  / 
l'atelier  monétaire  purement  romain  de  Lyon,desf 
pourvoir  aux  l)esoins  de  la  Gaule  entière  ;  il  s'ensu 
toutes  les  monnaies  gauloises  autonomes  postérie? 
l'enfouissement  de  Chantenay,  ont  du  être  émises  dai 


ET   DIS8KRTAT10NS.  J03 

ralle  de  neuf  ans  écoulé  eutre  les  années  35  et  27  avant 
B  chrétienne. 

/oilà,  mon  cher  Adrien,  les  faits  nouveaux  qui  ressortent 
Tétude  du  trésor  de  Chantenay.  J*espëre  avoir  montré 
»  fois  de  plus  aux  lecteurs  de  notre  chère  Revue  tout  le 
^  qu'on  peut  tirer  de  Texamen  attentif  d'un  trésor  de 
genre. 
'<mt  à  loi. 

F.   DE  Saulcv. 


I OA  MtMOIRES 


MÉDAILLES  ROMAINES. 

(IM.  III.) 


Eo  1859,  M.  GoDzalës,  de  Mantoue,  nous  montra  une  suite 
de  médailles  romaines  de  grand  et  de  moyen  bronze,  d'une 
beauté  et  d'une  conservation  des  plus  remarquables.  Il  sy 
trouvait  des  raretés  du  premier  ordre,  une  Annia  Faustiua 
de  grand  bronze  (Cobcn,  Description  des  monnaies  frai^pée* 
sous  ï empire  romain^  t.  III,  p.  563,  pi.  XVIII,  n*  '^)%  un 
Domitien,  aussi  de  grand  bronze,  portant  au  revers  la 
légende  DlVl  CAESARIS  MATER  (Cohen,  /.  dL,  t  I,  p.  459^    ^ 

n-  9)  ;  un  Galba,  au  revers  de  LIBERTAS  RESTITM'A,  Teiu 

pereur  relevant  une  femme  agenouillée  (Cohen,  1.  ci7.,  1 1,  ^ 
p.  23A,  n*  155);  un  Vespasien,  au  même  revers,  mais  avec  *:j 
la  légende  ROMA  RESVRGES  (Cohen,  I.  ctf.,  t  I,  p.  31 7«^ 
n**  391)  ;  un  Émilien,  presque  aussi  grand  quun  médaillon,    j 
au  revers  de  ROMAE  AETERN.  (Cohen,  /•  cit.,  t.  IV,  p.  308 
n»45)\  etc. 

M.  Gonzalès  nous  permit  de  choisir  dans  sa  collectior 
quelques  pièces  inédites  et  de  les  faire  dessiner  pour  ètr 
publiées  dans  la  Aevtie.  Nous  avons  réuni  dans  la  plai^  _z:  -y* 
che  111  cinq  de  ces  belles  médailles. 

»  J'appri'uds  (pic  presque  toutt's  Ifs  niédHillci*  de  M,  Gouzuiv»  ont 
dans  In  riche  collection  de  M.  Wigaii.  à  Londres. 


mn 


ÏT    DISSERTATIONS,  105 

N*  1.  M.AGRIPPA  L.F.COS.Iil.  Tête  à  gauche  avec  la 
ouronne  roslrale. 

^.  DIVVS  AVGVSTVS  PATER.  Têle  radiée  à  gauche.  — 
oy  eu  bronze. 

Cette  pièce,  frappée  après  la  mort  d'Auguste  comme  Tin- 
(f  ne  Tépithète  de  divus  donnée  à  Tempereur,  a  dû  être 
>jrlquée  sous  le  règne  de  Tibère.  On  connaissait  déjà  une 
►xmoiaie  de  moyen  bronze  à  l'effigie  d' Agrippa,  monnaie 
restitution  et  qui  certainement  est  de  l'époque  de 
►^re. 

k«:^AGRIPPA  L.F.GOS.III.  Tête  à  gauche  avec  la  cou- 
k  X3ie  rostrale. 

$•  TI.CAES.DIVI  AVG.F.AVGVST.P.M.TR.POT.XXIIII. 
:^^  le  champ,  S.C,  —  Cohen,  J.  cit.,»  t  I,  p.  109, 

&. 

i^tte  pièce  est  de  l'an  775  de  Rome,  22  de  Fère  chré- 
^'•ne;  par  conséquent  elle  a  été  frappée  trente-trois  ans 
"^^s  la  mort  d' Agrippa  qui  mourut  dans  la  Gampanie ,. 
*  742,  au  retour  d'une  expédition  en  Pannonie.  L'an  22 
^*  ^re  chrétienne  répond  à  la  neuvième  année  du  règne 
"X^ibère. 

Plusieurs  empereurs,  Titus,  Domitien,  Trajan,  ont  fait 
t^lDer  des  médailles  en  l'honneur  d' Agrippa.  Quelques 
^^  coloniales  d'Espagne  ont  également  honoré  ce  grand 
^CDnnage  en  mettant  son  effigie  sur  leurs  monnaies, 
"^^r^e  à  l'époque  de  Caligula  '  qui  affectait  de  le  mé- 


^Uskhel,  D,  N. ,  I ,  p.  37,  et  Yl ,  p.  166.  —  Cf.  Revue  numismai,,,  1861 , 

^ticton.  in  Calig  ,  23. 
4^a62.-2.  8 


106  M  ^•MOIRES 

N*»2.  IMP.GAESAR  VKSPASiANVS  AVG.P.M  T.P.P.P.COS. 
m.  Têle  laurée  à  droite. 

a.  CONGORDIA  SENATVI.  L'empereur  debout,  tourné  à 
gauche ,  tenant  sur  la  main  droite  une  Victoire  et  dans  la 
gauche  une  palme,  couronné  par  le  Sénat  sous  la  forme 
d'un  personnage  barbu,  vêtu  de  la  toge  et  tenant  une 
branche  d'olivier.  A  l'exergue,  S.  G.  —  Grand  bronze. 

M.  Gohen  (t.  J,  p.  300,  n*  ^261)  a  décrit  cette  médaille 
d'une  manièi-e  imparfaite  d*après  un  exemplaire  de  la  col- 
lection Gampana. 

Le  Sénat,  personnifié  par  un  vieillard  vêtu  de  la  toge,  est 
représenté  de  la  même  façon  sur  quelques  médailles  ro- 
maines. 

On  connaît  des  pièces  de  grand  bronze  qui,  au  revers  de 
la  tète  de  Galba,  montrent  le  Sénat  tenant  un  rameau  et 
posant  une  couronne  sur  la  tête  de  l'empereur.  La  légende 
(^t  ;  SENATVS  PIETATI  AVGVSTI.  Gohen,  t.  1,  p.  245, 
n*  232. 

D'autres  grands  bronzes  portant  la  légende  PBOVIDEN- 
TIA  SENATVS,  ont  pour  type,  au  revers  de  l'effigie  de 
Nerva,  le  Sénat  revêtu  de  la  toge  et  offrant  un  globe  à  l'em- 
pereur. Gohen,  t.  1.  p.  479,  n"H(5. 

Un  médaUlon  de  bronze  d'Hadrien  a  pour  revers  le  Sénat 
personnifié  tenant  le  sceptre  d'ivoire,  près  d'un  autel 
allumé,  et  le  Peuple  ayant  pour  attributs  une  corne  d'abon- 
dance et  une  patère  ;  la  légende  est  :  SENATVS  POPVLVS 
QVE  ROMANVS  VOTA  SVSGEPTA.  Gohen,  t.  II,  p.  168, 
n-  553. 

Un  aureus  que  je  crois  inédit  et  qui  fait  depuis  peu  partie 
de  la  précieuse  collection  de  M.  le  duc  de  Blacas,  montre 
au  même  règne  un  type  analogue.  Voici  la  description  de 
cette  pièce  : 


ET    DISSERTATIONS.  107 

MP.CAESAR  TRAIAN.HADRIANVS  AVG.  Buste  lauré  à 
lite. 

^.  P.M.TR.P.COS.lii,  et  à  1  exergue,  V.S.PRO  RED. 
'€)ta  $u$c^ta  pro  rt'diiu).  Le  Sénat  teuaiit  le  sceptre  et  le 
Bple  avec  la  corne  d* abondance  et  la  patëre  sacrifiant 

un  autel  allumé  placé  au  milieu.  —  Cf.  le  denier  d'or 
effigie  d  Hadrien  ayant  pour  légende  au  revers  VOT.PVB. 
len,  t.  II,  p.  163,  n""  521  et  522.  Là,  ce  n'est  ni  Jupiter 
'empereur  lui-même,  mais  bien  le  Sénat  personnifié  qui 

représenté  en  face  du  Génie  du  Peuple. 
\je  même  type  se  trouve  au  revers  de  l'effigie  de 
jan,  accompagné  de  la  légende  P. M.  TR. P. COS.  VI.  P. P. 
LQ.R.  A  l'exergue,  VOTA  SVSCEPTA.— Denier  d'or  de  la 
lection  de  M.  le  duc  de  Blacas  ;  denier  d'argent  du  Ca* 
et  des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale.  Cohen, 
I,  p.  47,  n**  292  et  293.  Cf.  Num,  Chronicle,  nov.  se- 
K«  t.  I,  pi.  IV,  n*  5.  C'est  également  à  tort  que  l'on  a 
mé  au  personnage  barbu,  re\6tu  de  la  toge ,  le  nom  de 
jao.  <:et  empereur  n'est  jamais  représenté  avec  la  barbe, 
i'ailleurs  les  sigles  S.P.Q.R.  de  la  légende  ne  permet- 
t  aucune  équivoque. 

îENIO  SENATVS,  sur  des  deniers  d'argent  et  des  pièces 
bronze  à  l'effigie  d'Antonin  le  Pieux  est  la  légende  in- 
île  auprès  d'un  personnage  drapé,  tenant  un  rameau  et 
sceptre,  dans  lequel  on  a  reconnu  tantôt  le  Sénat  per- 
Bmiié,  tantôt  l'empereur  lui-même.  Cohen,  t.  II,  p.  297, 
161  et  p.  363,  n~  603-606. 

Commode  tenant  un  livre  et  donnant  la  maio  au  Sénat 
^rsonnifié,  le  sceptre  à  la  main,  PIETATI  SENATVS  est  le 
pede  quelques  deniers  d'argent  et  de  quelques  grands 
onies  du  fils  de  Marc-Aurèle.  Cohen,  t.  III,  p.  71 ,  n*»'  130 
131,  et  p.  154,  n«»  639  et  640. 


108  MÉMOIRES 

Un  personnage  an«alogiie  est  figuré  sur  des  deniers  de  la 
famille  Cassia  (Cohen,  DescripHon  de$  mrdailles  dr  la  repu- 
hlique  nmanip,  pi.  XI,  Cassia  ,  n'*'  4  et  ô)  ;  mais  là  il  tient 
à  la  main  une  tablette  ou  vole  Ainsi  dès  les  t€mps  de  U 
république  cetle  ligure  du  Sénat  était  un  type  consacré  par 
l'usage. 

On  a  même  donné  le  nom  de  Génie  du  Sénat  à  un  per- 
sonnage drapé  tenant  une  branche  d'olivier  et  un  sceptre, 
figuré  sur  des  deniers  d  argent  de  Gor<lien  d'Afrique  le 
rère\  bien  que  la  légende  porte  r.M.TR.P.COS  P.P. 
(Cohen,  t.  IV,  p.  107,  n°  2).  Maïs  sur  ces  deniers  c'est  évi- 
demment l'empereur,  et  non  le  Sénat,  qu'on  a  voulu  figurer, 
H  ce  type  se  retrouve  d'ailleurs  au  revers  d'un  grand 
nombre  de  médailles  impériales,  entre  autres  aux  règnes 
de  Caracalla,  de  Balbin,  de  Pupien,  de  Yolusien,  de  Pos- 
tume,  de  Claude  le  Gothique,  de  Tetricus,  etc. 

L'explication  de  cette  identité  de  forme  et  d*attributs 
entre  l'empereur  et  le  Sénat  se  trouve  dans  la  légende 
PATER  SENATVS,  titre  attribué  à  Commode  sur  quelques 
])ièces  de  bronze  où  l'on  voit  l'empereur  vêtu  de  la  tc^  et 
portant  le  rameau  et  le  sceptre.  (Cohen,  t.  III ,  p.  15S, 
n-632'.) 

On  ne  peut  avoir  le  moindre  doute  sur  le  nom  qu'il 
convient  de  donner  au  personnage  âgé  qui  i^cprésente  le 
Sénat  sur  les  médailles  romaines,  quand  on  rapproche  de 
cette  personnification  un  passage  de  Dion  Cassius',  dans 
lequel  il  est  question  d'un  songe  de  Trajan  qui  avait 
cru  voir   un  vieillard    revêtu  du  costume  que    les  ar- 

*  Vaillant,  JVumûm.  tmp.  90m.,  t.  II,  p.  293,  Rom.,  1743,  iii-4\ 

*  Cf.  Tacit.,  Ann^y  XI,  25.  Vipsanins  consul  retnlit»  Patrrm  Stnaint  appel* 
lardum  epso  Claudium. 

a  Uist.y  LXVIII,  6. 


KT    DISSEUTAilONS.  109 

S  tes  oui  rijabitude  de  donner  au  Sénat  persouniiié. 
^Oicei  a>3px  Tcpe'jSirr.y  Èv  taari'v)  xat  è'îSj^Tt  TTEûiTTopcj-vpw  tn  ik 
k£  OTC^avot)  cvTo/i«jt/Éyov,  of^   ttov  xal  T>iv  Fsoo-jcc'ijfy  ypafjouat^ 

Sur  les  médailles  frappées  en  Grèce  et  surtout  sur  celles 
5  l'Asie  Mineure,  on  voit  souvent  le  Sénat  représenté  en 
xate  et  accompagné  des  l^endes  BOïAH,  TEPOr^ilA^ 
ITKKAHTOI,  quelquefois  lEPA  BOVAH,  lEPA  iïN- 
A.BT02  et  0EON  SrNKAHTON.  Eckhel  '  a  très- bien 
^pliqué  la  différence  des  mots  Luyy.Xr.To;  et  BouÂ); ,  le  pre- 
i^r  désignant  ordinairement  le  Sénat  romain,  et  le  second 
«conseil  ou  Sénat  local.  Ft^ovcux  ne  doit  pas  être  confondu 
ncM  plus  avec  l'assemblée  désignée  par  le  mot  Bou>r,. 
^  plupart  du  temps,  sur  les  nombreuses  médailles  grecques 
^  ont  pour  type  le  Sénat,  cet  être  collectif  est  figuré  par  un 
i&te  jeune,  imberbe,  d'un  sexe  ambigu,  quoique  souvent  il 

irapprocbe  de  la  personnification  du  Peuple  (A>;uoç),  la 
U^  nue  ou  laurée,  ou  quelquefois  ceinte  du  diadème;  sur 
^liitres  pièces  c'est  évidemment  une  tête  de  femme  voi- 
«  m  les  mots  BouX>3,  Fepovcta,  liùyxX/.To;  en  grec  étant 
du  genre  féminin  *.  Quelquefois  on  a  donné  à  la  lêtg 


-«3.  if.,  rV,  p.  190  et  224  sq. 

^CJa  vaM  peint  de  la  coUectioji  du  rei  de  Danemark  représtfnle  le  Sena-i 
^^TXi^)  Bons  la  forme  d'une  femme  et  le  Peuple  (Atjjxo;)  figuré  par  un  per- 
**^ge  tiarbu,  de  chaque  côté  d'un  autel  sur  lequel  est  tracé  le  uu»t 
^^CiSIA.  Voyez  Lettera  del  marchese  Francesco  Maria  Berio  in  dilucitlazione 
*^^  voêo  etnuco  diretta  a  «.  ecc,  Giuteppe  Capec»  Latro  Arcicetcovo  di  Tarenlo. 
?*^^li,  1808,  in-4°.  —  Cf.  Élite  de*  monum.  ciramogra\>h,^  t.  JI,  p.  146. 
■*  *^«  singulière  médaille  de  Tibériopolis  de  Phrygie  porte  au  droit  la  t«\te 
**^  et  nue  du  Sénat.  J€PA  crNKA.,  et  au  revers  rCPOr.BOrA.TlBCPlOUOAIT. 
'^•«"«Toilée  et  vêtue  de  la  toge  debout,  ttmant  un  rameau  dans  la  main  droite  ; 
?*^»  une  femme  également  debout,  tenant  un  caducée.  X..  4.  Ecklicl,  />.  A'. , 
♦  T»-  175,  ci  IV.  p.  191.  —  Mionnet,  t.  IV.  p.  372,  n-  1006. 


1 10  MÉMOIKES 

de  femme  qui  personnifie  le  Sénat  les  traits  de  quelqae 
impéraU'ice ,  par  exemple  sur  les  médailles  frappées  à  Syn- 
nada  de  Pbrygie.  Mionnet,  t  IV,  p.  366,  n«'  97A  et  Wb. 
Quelquefois  c*est  une  déesse  qui  figure  le  Sénat,  comme  sur 
les  médailles  de  Lamia  de  Cilicie',  16PA  ZrNKAHTOC 
AAMl€nN ,  où,  par  des  raisotinements  ingénieux,  Pa- 
nofka*  a  reconnu  la  déesse  éponyme  Aphrodite  Lamia  \ 

11  y  a  cependant  des  exceptions  à  cette  règle  de  figurer  le 
Sénat  sous  les  traits  d'une  femme  ou  d'un  épbëbe  efféminé, 
mais  elles  sont  extrêmement  rares. 

On  cite  d'abord  un  médaillon  d'argent  frappé  sous  le 
règne  de  Tibère  par  les  babitants  de  la  ville  de  Gydonia 
de  Crète.  En  voici  la  description  : 

TIBEPIÎÎ  RAI2API  2EBAiTi2  EHI  KOP.AT.  Tête  lau- 

rée  à  droite. 

i^.  lYNRAHTfi  KPHTEl  KTAnNEATON.  Tête  barbue 
et  voilée,  à  droite  *. 

Mais  la  médaille  de  Gydonia  n'est  pas  la  seule  pièce  qui 
montre  la  tète  barbue  du  Sénat  romain,  accompagnée 
d'une  légende  grecque.  Une  autre  pièce  d'argent  que  je 
crois  inédite  et  qui  fait  partie  du  médaillier  de  la  Biblio- 
thèque impériale  a  pour  type  une  tète  semblable.  C'est 
une  médaille  frappée  à  Axus  de  Crète ,  également  sous  le 
règne  de  Tibère.  En  voici  la  description  : 

TI.  KA1.2EBA2T02  E.K.  AT.  Tète  laurée  à  droite. 

»  Monum.  inéd.  de  Vhut.  arch,,  t.  I,  pi.  LVII,  B,  tl*  1. 

s  Annales  de  Vlnst,  arch,^  1833,  t.  V^  p.  287  et  ^qît. 

»  Athen.,  VI,  p.  263,  A  et  B. 

^  Eokhel ,  D.  iV.,  II,  p.  303. —  On  connaît  plusieurs  vari^t«^8  de  eetta  pièce, 
qui  est  gravée  dans  le  recueil  de  Morell  y  Fam»  rom.,  Comelia,  tab.  VU,  fi 
Imp.  rom.,Tiberiu»,  tab.  IV,  n»  25  -Cl*.  .Miouuot,  IV,  Su^A.,  p,  313,  u'IW- 
—  Cat.  d'Ennery,  p.  2H4,  n"  889. 


ET    DISSERTATIONS.  Hl 

SRAHTi2  KPlITEi  AEl.  Tête  barbue  et  voilée 

romain,  à  droite. —  JR.  7. 

HADRIANVS   AVG.COS  111    P.P.   Tête  laurée   à 

LIVS  CAESAR.  Tête  nue  à  droite  -  Moyen  bronze, 

II,  p.  275,  u»l. 
pièce  a  probablement  été  frappée  à  l'époque  de 
D  d^iElius  par  Hadrien  ;  mais ,  comme  le  succès- 
rrajan  avait  déjà  pris  son  troisième  consulat  en 
de  notre  ère,  et  qu'iElius  ne  fut  adopté  qu'en  1S5 
la  mention  du  troisième  consulat  ne  peut  fournir 
laircissemeut ,  Hadrien  n^ayant  pas  renouvelé  sa 
le  consul  jusqu'à  mort. 
DIVA  FAVSTINA  PIA.  Buste  à  droite. 
TERNITAS.  Faustine  jeune  tenant  un  sceptre ,  en- 

*  les  épaules  de  la  Victoire,  qui  s'envole  et  tient 
midnsun  flambeau  allumé.  Dans  le  champ,  S.fl. 

1  bronze.  Cohen,  t.  Il,  p.  591,  n'  123. 
belle  médaille  a  été  frappée  par  ordre  de  Marc- 
près  la  mort  de  Faustine.  On  connaît  plusieurs 
consécration  de  cette  princesse.  Les  historiens  ' 
ortéles  circonstances  de  cette  apothéose,  et  toutes 

•  que  l'empereur  fit  pour  manifester  sa  douleur  et 
.  honte  de  sa  femme. 

DIVO  ANTOiNlNO  MAGNO.  Tête  uue  de  Caracalla. 

NSEGRATIO.  Aigle  les  ailes  éployées,  sur  une 
ie  de  guirlandes  et  regardant  à  droite.  A  TexergiN^ 
Srand  bronze.   Cohen,  t.  III,  p.  Vlo,  n"  395. 


ts.,  Hiêi.,  LXXl,  30  et3l.—  Jiil.  Capilulinus,  m  M,  Aurrt,,  2*.— 
iCarttcalia,  U.  —Cf.  KcklM-l,  /).  ;V.,  VU,  p.  lt>  a  80. 


112  MÉMOIRES 

Kcklie]  *  a  rappelé  les  motif»  de  l'apothéose  de  Caracalla 
sons  le  règne  de  Macrin,  et  quant  à  l'épithëte  de  Magfiu$ 
que  porte  ici  le  fils  de  Septiioe  Sévère,  Texplication  en  est 
donnée  par  les  historiens'  qui  parlent  de  sa  prétention  de 
ressembler  à  Alexandre  le  Grand  et  de  se  comparer  au  héros 
macédonien. 

J.  DE  WiTTE. 

»  D.  iV.,Vn,  p  219. 

•  Dio  Caiïs.,  Hist.,  LXXVII,  7.  —  AuM.  Victor.,  £pitom.  21,  3.  —  Sfr- 

ikm.,  iti  Caracalla,  2. 


ET   Df5SERTATfO?iS. 


113 


DEUX  DÉNÉRAUX  DU  XIll'  SIÈCLE. 


Qous  empressons  de  profiter  de  ToccasioD  que 
Brir  aux  lecteurs  de  la  Revue  numismatique  M.  de 
er,  en  faisant  connaître,  dans  un  curieux  et  inté- 
rticle,  la  belle  découverte  faite  par  UH.  Bollin  et 
it,  du  royal  (for  de  saint  Louis ,  pour  signaler  à 
otion  une  circonstance  qui  paraît  s*y  rattacher, 
possédons,  dans  uotre  collection  de  poids  moné- 
n  petit  étalon  que  nous  croyons  se  rapporter  à 
ouverte,  mais  qui  dans  tous  les  cas  aura  son  im- 
directe,  puisqu'il  servira  à  rectifier  une  opinion 
\r  feu  le  marquis  de  Lagoy,  dans  sa  Description 
un  fierions  ou  poids  monétaires  de  sa  collection, 
ians  la  Revue  de  1858,  p.  il  3,  pi.  XIX. 
h  monument  dont  nous  nous  occupons,  figuré  dans 
te  ci-dessus,  fut  trouvé,  il  y  a  une  trentaine  d'an- 
ns  la  commune  de  Juage,  canton  de  Balleroy,  ar- 
ment de  Bayeux.  C/esl  un  morceau  de  bronze, 
au  marteau,  épais  <le  2  millimètres,  qui  n'a  pas 
1  en  flan,  ni  les  bords  réparés  à  la  lime ,  comme  il 
linaire  pour  ces  sortes  d'étalons.  II  est  frappé  d'un 


1  lA  «ÉuorRES 

seul  côté,  qui  offre  pour  type  une  couronne  fleurdelisée,  ^^ 
la  légende  :  +  Le:D6NeRAL  Ce  dènéràl.  dans  son  ét^^ 
actuel,  pèse  93  grains  (A, 92  grammes).  Il  a  perdu  quelque 
chose  de  son  poids  légal,  en  raison  d'une  entaille  faite  pax 
l'ouvrier  qui  l'a  découvert  ;  mais  Toxydation  a  pu  produire 
une  certaine  compensation. 

Dans  le  principe,  nous  étions  arrêté  par  cette  considéra-- 
tion,  que  les  espèces  d'or  émises  par  Philippe  de  Valois,  le 
7  février  1339,  et  pesant  1  gros  30  grains  ou  102  graia» 
(5,40  grammes),  portent  aussi  pour  type  une  couronne 
dans  le  champ.  Mais  en  examinant  la  chose  de  plus  près*» 
nous  avons  reconnu  que  notre  dénérat  ressemble  au  rr^abs 
aureus  de  saint  Louis ,  et  non  à  la  couronne  de  Philippe  de 
Yalois,  puisque  cette  dernière  porte  un  champ  semé  de 
fleurs  de  lis ,  et  que  la  couronne  posée  dessus ,  est  d'une 
tout  autre  forme ,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le  reconnaître  sur 
le  poids  fourni  par  M.  de  Lagoy,  pi.  XIX,  ti»  8 ,  qui  oflre ., 
indépendamment  de  la  légende  fort  explicite ,  le  champ 
semé  de  fleurs  de  lis,  ce  qui  n'existe  pas  sur  le  royal  d'or 
nouvellement  retrouvé. 

Nous  pensons  donc  que  notre  poids  est  applicable  à  un 
aureus  que  fit  faire  Philippe  le  Hardi ,  avant  Tannée  127t^ 
(Le  Blanc,  Traité  de$  mon.^  p.  200).  Si  son  denier  à  InÊr 
couronne  était  comme  le  denier  aux  fleurs  de  lis  (S dé- 
cembre 1278)  à  la  taille  de  50  au  marc*,  cette  monnaie?- 
aurait  été  de  92  grains  8/50,  poids  qui  se  rapproche 
beaucoup  de  celui  de  notre  dénéraU  trop  lourd  pour  repré- 
senter le  regaUs  aureus  de  saint  Louis  pesant  78  grains. 

On   vient  de  voir,  par  ce  que  nous  avons  exposé ,  qu^*^ 

N.  dv  Wailly,  Mfin,  xur  les  rariahons  de  la  livre  ttyurnois.  Mèm.  «IcrAca-i. 
drfc  inscript.,  t.  XXI,  IH57,  p.  240. 


ET   DISSERTATJOiNS.  116 

nomination  de  dineral^  déniraux  est  bien  plus  an- 
a  que  Ton  ne  supposait  d'abord ,  puisqu'on  la  faisait 
ment  remonter  à  Henri  IL  II  devient  constant  aujour- 
,  par  l'exhibition  de  notre  étalon  monétaire,  qui  ap- 
mi  d'une  manière  indubitable  au  xiii*  siècle,  que  Tin- 
cdon  du  mot  déniral  a  dû  remplacer  de  bonne  heure 
ta  de  fierton  et  de  fiertonneurs,  que  Ton  n'a  pas  encore 
lotré  inscrit  sur  les  espèces  métalliques.  Ceci  peut 
XHisidéré  comme  un  fait  désormais  acquis  à  la  science. 
s  réaux  ou  royaux  d'or  des  successeurs  de  saint  Louis 
t  modifiés  dans  leurs  types  et  dans  leurs  poids,  et  la 
le  couronne,  qui  dans  le  principe  occupait  le  champ, 
emplacé  par  l'effigie  royale  en  pied.  Ainsi,  soit  que 
kttribueces  espèces  à  Philippe  III,  dit  le  Hardi  (de 

à  1285),  ou  à  Philippe  IV,  le  Bel  (de  1285  à  131&), 
ême  à  PhiUppe  V,  le  Long  (de  1S16  à  1322  ),  il  n'en 
18  moins  vrai  que  le  changement  dut  amener  celui  des 
D9  destinés  à  servir  pour  ajuster  les  flans,  qui  devaient 
nonnayés,  ou  à  vérifier  l'intégralité  du  poids  que  la 

devait  avoir.  C'est  cette  circonstance  qui  explique 
itence  de  ces  jolis  dénéraux,  appartenant  aux  xiu*  et 
siècles,  qui  se  trouvent  dans  quelques  collections. 

reproduisons,  d'après  un  exemplaire  de  notre  suite, 
a  ces  étalons  d'uue  très>belle  conservation,  trouvé  dans 
Dvirons  de  Bayeux ,  que  nous  considérons  comme  ap- 
mantaux  dernières  années  du  xiii*  siècle,  en  raison  de 
«me  exécution ,  du  style  de  la  gravure  et  de  la  forme 
aractères. 

poids  du  réal  figuré  par  M.  de  Lagoy,  sous  le  n*  7, 
Mine  que  70  grains;  le  notre  en  fournit  78,  ce  qui  est 
rain  seulement  de  moins  que  les  royaux  de  Charles  le 
t  de  Philippe  de  Valois,  et  cette  légère  difl<érence  vient 


116  .MÉMOIRES 

de  deux  entailles  pratiquées  sur  le  bord  extérieur  de  la 
trauche,  vers  la  partie  lisse,  pour  s* assurer  de  la  nature 
du  métal. 

Notre  poids  présente  le  roi  debout  et  de  face,  la  cou- 
ronne en  tête,  le  manteau  sur  les  épaules,  tenant  de  la 
main  droite  un  sceptre  long  sommé  de  trois  globules;  la 
main  gauche  est  ramenée  sur  la  poitrine  La  légende 
porte  :  POISD — G-RGO?.  Un  double  grènetis  enferme  cette 
figure ,  dont  la  tête  et  les  pieds  dépassent  en  dehors  du 
cercle  concentrique. 

Des  rapprochements  que  nous  venons  de  faire  ne  sem- 
blerait-il pas  résulter  que  la  rareté  extrême  du  regalis  au- 
reus  de  saint  Louis,  qui  n'avait  pas  encore  été  retrouvé, 
viendrait  principalement  de  ce  que  cette  espèce  aurait  été 
refondue  par  son  successeur  immédiat,  lorsqu'il  augmenta 
le  poids  du  royal,  et  que  peut-être  son  petit-fils,  Philippe 
le  Bel,  en  donnant  un  type  nouveau,  et  tout  en  conservant 
à  la  pièce  sa  dénomination  et  sa  valeur  nominale,  en  aura 
diminué  le  poids  de  quelques  grains.  Si  Ton  adoptait  cette 
opinion ,  on  pourrait  croire  que  cette  particularité  aurait 
bien  pu  n'être  pas  étrangère  à  Tépithète  de  faux  mon- 
nayeur^  qui  fut  appliquée  à  ce  prince  en  raison  de  l'alté* 
ration  des  monnaies  qui  eut  lieu  sous  son  règne. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  croyons  que  les  renseignements 
que  nous  venons  de  donner  ici  sont  de  nature  à  intéresser 
les  personnes  qui  s'occupent  de  notre  numismatique  na- 
tionale, et  nous  nous  féliciterions,  si  nos  observatioas 
étaient  admises ,  d'avoir  pu  concourir  à  élucider  la  ques.- 
lion. 

Ed.  Lambert. 

Hhvoux,  28  iHAcinbn'  IHHl. 


€T   BfISSERTATlONS.  117 


ESSAI 

SOI 

î-* Histoire  monétaike  des  comtes  de  FLA^'DRE 

DE  LA  MAISON  DE  BOURGOGNE, 

^^    DESCRIPTION  DE  LEURS  MONNAIES  D*OR  ET  D'AKOEN T. 

(  PI.  IV.  ) 
^tiatrièœe  article.  —  Voir  les  n-  2,  3.  6  àv  1861,  p.  106,  211  et  45«. 


Philippe  LE  Bon  (141^1467).  Suite. 

Ia  multiplicatîoD  des  hôtels  de  monnaies  du  duc  de 
^urgogne  rendait  nécessaire  le  renouvellement  des  me- 
sures décrétées  si  souvent  pour  empêcher  l'exportation  des 
^^tières  d'or  et  d'argent  Le  10  novembre  1433,  les  gens 
^mmîs  par  lui  au  gouvernement  de  ses  États  pendant  son 
absence ,  chargent  Jehan  de  Hughelettes  d'arrêter  et  de  re- 
tenir tout  le  billon  que  Ton  exportera,  puis  d'en  informer 
'^  chambres  des  comptes ,  qui  seront  compétentes.  Ils 
allouent  au  dit  Jehan  le  quint  denier  de  tout  le  billon  qu'il 
^^J^terait  \ 

l)«jà,  le  9  janvier  1421 ,  la  duchesse  de  Bourgogne  ,  Michelie  de  Fraoct' , 
^   ^'absence  de  son  mari,  avait  rappelé  rezécution  des  ordonnances  soni- 
•«les,  en  prescrivant  de  faire  conduire  le  billon  et  les  délinquants  devant  la 
•"^^tnbre  des  comptes  de  Lille. 


)1S  MÉMOIRES 

Par  suite  de  Textension  des  États  de  Philippe  le  Bon,  les 
gages  du  maître  général  des  monnaies  n'étaient  plus  suffi- 
sants. 11  recevait  auparavant  200  florins;  par  letti-e  du 
1&  juillet  143A,  le  duc  alloue  à  cet  officier,  Guillaume  Dq> 
gardin,  200  autres  florins.  Plus  tard,  le  8  octobre  1488,  il 
retrace  les  obligations  de  ce  haut  fonctionnaire:  elles  étaient 
assez  importantes,  si  l'on  en  juge  par  les  détails  donnés 
dans  cette  pièce  ^ 

*  Les  mattres  grénéraux  peuTent  et  doivent  visiter  les  monnaies  et  les  office» 
d'icelles ,  faire  clore  les  bottes ,  savoir  si  les  obangeurs  des  villes  fournissent 
les  monnaies  telles  qu'il  appartient  ; 

Ordonner  à  tout  changeur,  où  faire  se  pourra ,  do  délivrer  à  la  monnaie  une 
quantité  de  marcs  d'or  par  an,  suivant  l'importance  du  change  qu'il  exerce; 

Payer  chaque  année  au  profit  du  duc  la  valeur  du  seigneurage  restant  à 
payer  ; 

Visiter  les  poids  et  balances  des  changeurs ,  orfèvres,  merciers  et  de  tons 
ceux  qui  s'immiscent  on  matière  de  monnaies  et  de  billon  ; 

Les  faire  comparaître  par-devant  eux ,  maîtres  généraux  y  ou  par-devant  le» 
juges  et  magistrats  du  lieu,  et  requérir  justice  ooBtre  Ins  délinqnaDts ,  sans 
jamais  aller  contre  les  franchises  et  privilèges. 

Nul,  de  quelque  état  et  condition  qu*il  soit,  ne  peut  taàn  ouverture  des 
bottes ,  si  ce  n'est  en  la  présence  des  nuûlros  généraux,  sons  peine  d'amende 
arbitraire  et  d'autre  punition. 

Nul  ne  peut  bailler  les  monnaies,  si  ce  n'est  lesdlts  mattres. 

Le  garde  de  la  monnaie  doit  enregistrer  tontes  les  délivranees  d^  et  d*ar^ 
gent  sur  un  livre  de  pardiemin  qui  sera  mis  avec  les  bottes;  il  meitra  les  de- 
niers en  boites  bien  et  loyalement  k  «haque  délivrance  sana  les  choisir  ;  il 
enregistrera  le  poids  et  Taloî  de  l'argent  le  plus  justement  qu'il  pourra. 

Il  aura  soin  que  les  deniers  soient  bien  ouvrés  et  bien  moanayéé,  et  de  beo 
recours. 

Si  l'on  ne  trouvait  point  de  mattres  particuliers  pour  reprendre  les  monnaiei, 
on  y  placerait  dans  chaque  lieu  un  commis  habile  et  suffisant ,  qui  ferait  ou- 
vrer en  or  et  en  argent  toutes  les  matières  que  les  changeurs  apporte- 
rnient. 

Chaque  fois  que  les  monnaies  seront  à  bailler,  on  les  fera  pBbUer  dans  l«s 
bonnes  villes  et  savoir  à  certains  particuliers,  afin  que  lesdâtes  monaaies  soient 
mises  à  prix  et  affermées  selon  l'usage. 

Kt  comme  on  dit  qu'il  y  a  plusieurs  touehiaux  H  touekiê  apparteBaat  an  doe 


ET   DISSERTATIONS.  110 

in  mètne  temps,  Philippe,  qui  ne  perdait  pas  de  vue  ses 
!rèis  financiers,  faisait  faire  une  information  sur  les 
nds  profits  que  Ton  prétendait  être  faits  par  les  maîtres 
UcuUers  des  monnaies  de  Flandre,  Brabant,  Hainaut  et 
lande.  On  les  accusait  de  ne  pas  payer  aux  marchands 
»rL\  des  matières  d'or  et  d'argent  fixé  dans  les  instruc- 
18,  et  de  ne  pas  donner  au  duc  la  somme  à  laquelle  il 
it  droit  comme  seigneur.  Il  est  probable  que  les  faits, 
3  être  complètement  faux,  n'avaient  pas  toute  la  gravité 
>n  leur  attribuait,  cai:  le  20  juin  li&6,  le  duc  quitte 
lits  maîtres  des  demandes  qu'il  leur  avait  faites  de  ce 

r. 

A  paix  d'Arras,  qui  venait  d'être  conclue  le  21  septem- 
ii35,  avait  encore  augmenté  les  États  liéréditaires  des 
'M  de  Bourgogne.  Parmi  les  villes  cédées  à  Philippe  le 
I,  étaient  Amiens  et  Saint-Quentin,  où  se  trouvaient 
Uisdes  ateliers  monétaires  royaux.  A  peine  en  posses- 
B  de  ces  villes,  il  s'empresse  de  faire  acte  de  souvei*ain 
ordonnant  d'y  battre  monnaie.  Déjà,  dès  le  20  juillet 
Sft\  Philippe  avait  mandé  au  bailli  d'Amiens,  à  son 
aiBoaDt  et  aux  gardes  de  ses  monnaies,  eu  cette  ville, 
«Donobstant  toutes  lettres  du  roi  de  France  qui  voulait 
^  qu'on  envoyât  à  la  chambre  des  monnaies  de  Paris 
^bottes  de  la  monnaie  d'Amiens,  ils  ne  devaient  pas  faire 

oot  été  engagés,  ils  seront  rachetés  et  payés  par  Tavis  des  gens  des  comptes 
^  être  conservés  en  la  chambre  des  monnaies. 

{  ircMvef  de  la  chambre  des  compte»  de  UUt,  reg,  de»  charte» , 
côté  10.  fol.  237  v^.  ) 
£»  son  logii»  dêtant  Calai».  VArt  de  vérifier  le»  datée  donne  Tannée  1437 
«le  nége  de  Calais  par  Philippe  le  Bon.  M.  de  Barante  indique  le  mois  do 
k  1436  poor  le  conuuenceBent  de  ce  siège.  Cette  date  correspond  avec  caIIo 
apiëeeqae  je  cite,  renfermée  dans  le  registre  des  Chartres, côté  10,  fol.  154, 
adiambre  des  comptes  de  Lille.  Je  la  crois  donc  exacte. 


4^  MÉMOIRES 

<^ex  envoi  jusqu'à  ce  qu'il  en  soit  autrement  ordoDoë  par 
lui,  et  qu'il  ait  eu  réponse  du  roi  à  ce  sujet.  L'année  sui- 
vante, le  6  février  1436  (v.  st.) ,  il  délivre  à  Pierre  de  Fro- 
mont,  Gobert  de  Saint-Quentin ,  et  Hacquenet  de  Mortai- 
gne,  une  instruction  pour  la  fabrication,  à  Saint-Quentin  et 
à  Amiens,  de  monnaies  semblables  anx  monnaies  royales  et 
d'autres.  Le  différent  indiqué  est  un  point  sous  la  dix-sep- 
tième lettre,  tant  du  côté  de  la  croix  que  du  côté  de  la  pile  *. 
Cependant  le  duc  ne  persista  pas  dans  ce  système  d'imi- 
tation :  il  sesentdt  probablement  assez  puissant  pour  avoir 
sa  monnaie  propre,  même  dans  les  pays  nouvellement  an- 
nexés. Quoi  qu'il  en  soit  du  motif  qui  l'ait  déterminé,  le 
2  août  1&&0,  paraît  une  nouvelle  instruction  pour  le  maître 
particulier  des  deux  ateliers  monétaires  précités.  Il  y  or- 
donne l'émission  de  patards  d'argent  à  six  deniers  d'aloi, 
argent  le  roi,  et  de  72  de  taille  au  marc  de  Troyes.  On  de- 
vait y  fabriquer  également  des  gros  du  même  aloi  et  de 
cent  quarante-quatre  de  taille  audit  marc.  Aucun  différent 
n'est  indiqué. 

Pendant  ce  temps  les  instructions  pour  les  monnaies  de 
Flandre,  de  Hainaut,  deBrabant  et  de  Hollande  se  succèdent 
à  des  intervalles  périodiques.  Les  premières,  qui  sont  les 
seules  relatives  au  sujet  que  je  traite,  ne  renferment  pas 
toutes  renonciation  du  système  monétaire  complet  adopté 
en  1A33.  Les  imes  concernent  seulement  la  monnaie  d'or; 
d'autres  comprennent  aussi  le  double  gros  et  le  gros  ;  une 
autre,  du  21  juillet  1AA2,  est  relative  seulement  à  la  fabri- 


»  Les  deux  ateliers  de  Saint-Quentin  et  d'Amiens  sont  dirigés  par  les  intaMt 
maîtres  particuliers;  il  ne  doit  donc  pas  y  «voir  de  différence  dans  lesmoo- 
naies  fabriquées  dans  les  deux  endroits.  Les  pièces  dont  U  est  question  dam 
cette  instruction  ne  peuvent^au  reste,  être  les  mêmes  que  celles  indiquées  dans 
le  Catalogue  de  Delotnbardy,  p.  26.  On  n'y  retrouve  pas  le  différent  signalé. 


ET    DtSSEKTATIONS.  i2l 

4<^aiion  (les  demi-gros,  quarts  de  gros  et  doubles  mites.  On 
agissait  ainsi  suivant  le  besoin  du  moment  et  le  manque  de 
Xelle  ou  telle  division  de  la  monnaie  en  usage.  Au  moyen 
cle  ces  diverses  instructions  et  prorogations  de  bail,  on  ar- 
riva enfin  à  l'année  14ô3,  expiration  du  terme  fixé  par  le 
^uc  pour  le  maintien  des  mêmes  monnaies. 

Le  changement  de  monnaies  était  trop  profitable  au  sou- 
verain pour  que  Philippe  le  Bon  ne  saisit  pas  l'occasion  qui 
se  présentait.  Aussi,  le  18  janvier  1453  (v.  st.),  parut  une 
ordonnance  prescrivant  la  fabrication  de  nouvelles  mon- 
ziaies  d'or  appelées  Lyon  et  Lyonceau.  L'instruction  don- 
née à  la  même  date  contient  les  renseignenaents  sur  le  poids 
«^t  l'aloi  de  ces  pièces  : 

a  Premièrement  mondit  seigneur  a  ordonné  et  vuelt  faire 
«  forgier  ung  denier  d'or  appelle  Lyon  d'or  qui  sera  à  vingt- 
ce  trois  karas  d'or  fin  et  de  cinquante-sept  et  demi  de  taille 
«  au  marc  de  Troyes  à  ung  quart  de  karat  de  remède  en 
«  aloy  et  demi  estrelin  de  remède  en  poix,  lequel  denier 
«  aura  cours  pour  soixante  gros  de  la  monnoye  de  Flandres 
«  à  présent  courant  audit  pais  de  Flandres.  » 

«  Item  ung  aultre  denier  d  or  appelle  Lyonceau  de  sem-* 
«  blable  aloy  de  quatre-vingt-six  un  quart  de  taille  au  marc 
«  à  ung  quart  de  karat  de  remède  en  aloy  et  ung  estrelin  de 
«  remède  en  poix  qui  aura  cours  pour  quarante  gros  dite 
fi  monnoye.  » 

Le  marc  d'or  fin  étaii  estimé  quinze  livres  de  gros;  on 
devait  donner  aux  changeurs  et  marchands  li  livres  14  sous 
de  gros  ;  il  restait  par  conséquent  6  sous  gros  pour  le  droit 
de  seigneurage  et  la  fabrication. 

L'instruction  se  termine  par  l'énoncé  des  monnaies  au- 
torisées, dans  lequel  l'écu  Philippus,  désigné  sous  le  nom 
de  Riddre  {Ridder,  cavalier) ,  est  estimé  à  quatre  sous  trois 

1862.—  2.  9 


122  MÉMOIRES 

deniers  gros,  tandis  qu'auparavant  il  «avait  cours  seulement 
pour  quatre  sous  de  gros.  Quant  aux  monnaies  d'argent 
à  émettre  au  même  temps  que  les  i;ionnaies  d'or  précitées, 
voici  ce  qu'en  dit  l'instruction  : 

«  Et  quant  à  la  monnoye  blanche,  tant  double  gros  ap- 
((  peliez  patars  et  gros  derrenièrement  forgiés  et  qui  de 
((  présent  ont  cours  comme  les  placques  et  cromsters  de  cinq 
u  estrelins  pièce  et  petits  gros  dont  les  deux  font  une  vielle 
u  placqueet  autres  menues  monnoyes  desdites  forges  ende- 
«  soubz  demeura  en  son  cours  valeur  et  eslat,  et  se  les 
((  maistres  particuliers  ausquelx  ces  monnoyes  demouront 
((  peuvent  finer  de  matière  il  seront  tenus  de  forgier  des- 
«  dits  patars  ainsi  et  en  la  forme  et  manière  que  contenu 
((  est  en  l'ordonnance  et  instruction  des  monnoyes  qui  sur 
«  ce  furent  faites  en  Tan  mil  ccccxxxiii  enregistrées  en  la 
«  chambre  des  comptes  audit  Lille.  » 

Peu  de  temps  après,  le  14  mars  de  la  même  année,  le 
duc,  pour  favoriser  le  cours  de  la  nouvelle  monnaie,  pu- 
blie une  empirance  des  monnaies  précédentes.  C'était  une 
espèce  de  démonétisation  à  peu  près  complète,  puisqu'on 
était  obligé  de  ne  donner  ces  monnaies  que  pour  le  prix  Gxé 
par  le  souverain. 

  cause  de  la  révolte  des  Gantois,  arrivée  en  iA51,Ie 
duc  de  Bourgogne  avait  transporté  à  Bruges  l'atelier  mo- 
nétaire de  Gand.  Il  avait  réouvert  en  même  temps  celui  de 
Malines.  Tous  les  deux  portaient  le  titre  de  monnaie  de 
Flandre.  11  paraît  que  la  première  émission  des  Lyon  et 
Lyonceau  se  fit  dans  le  dernier  de  ces  ateliers,  car  le  préam- 
bule de  l'instruction  précédente  dit  :  «  Instruction  de  la 
«  monnoye  d'or  que  monseigneur  le  duc  de  Bourgogne,  etc... 
«  vuelt  estre  présentement  et  de  nouvel  faite  et  forgée  à 
«  ses  nom  et  armes  et  à  telz  poix  aloy  et  remède  cy-après 


ET   DISSERTATIONS.  128 

déclarez  en  sa  monnoye  de  Flandres,  sauve  en  sa  ville  de 

Bruges \  »  Le  maître  particulier,  Etienne  Boursier, 

jvait  fabriquer  cette  monnaie  pendant  deux  ans.  Cepen- 
Jit,Ie  11  juin  li5A,  paraît  une  autre  instruction,  par  la- 
dite deux  autres  maîtres  particuliers,  Humbert  Muscb  et 
^rreGhiselbrecht,  devaient  forger  aussi,  pendant  deux  ans, 
-n  sa  ville  de  Malines  »  les  mêmes  monnaies.  Il  est  vrai 
*lioe  nouvelle  division  de  la  monnaie  d'or,  le  tiers  de 
O,  y  est  ajoutée,  et  que  c'est  probablement  ce  qui  a  mo- 
^  la  nouvelle  instruction  où  elle  est  ainsi  mentionnée  : 
^  hem  encore  ung  autre  petit  denier  d'or  appelle  tiers» 
1^  Lyon  de  viii'^xii  ung  quart  de  taille  au  marc  à  ung 
[tjart  de  karat  de  remède  en  aloy  et  ung  estrelin  de  re- 
cède en  poix  qui  aura  cours  pour  xx  gros  de  la  des- 
iisdite  monnoye.  » 

^ant  aux  monnaies  d'argent,  on  se  contente  de  dire  que 
*on  peut  se  procurer  des  matières,  on  en  fera  de  sem- 
blés à  celles  ordonnées  en  1433  \ 
>eux  ans  après,  le  1*'  juillet  1&56.  une  autre  instruction, 
iiiée  pour  un  an  pour  rémission  des  mêmes  monnaies, 

ktenût  au  contraire  ce  passage  :  « Et  par  condition 

ue  ladite  année  durant,  les  monnoyes  de  Malines  et  de 
'alenciennes  ne  seront  point  ouvertes  ne  baillées,  et  ny 
ura  seulement  pour  ledit  an  que  ladite  monnoye  de 
(ruges  au  pié  dessus  dit.  »  Elle  est  renouvelée  également 
ir  un  an  le  31  août  de  Tannée  suivante,  en  faveur  de 
>rges  Le  Caboetre  et  Guérardin  Tuelame,  maîtres  parti- 

^ne  infraction  identique  est  envoyée,  à  la  même  date ,  an  m«ltre  partî- 
^  de  la  monnaie  de  Valenciennes. 

L%.xiiènie  année,  le  12  juin  1454  ,  parait  nne  ratification  des  privilèges  de 
^,  taiUeor,  essayeur  et  nionnaycurs  de  Flandre,  faite  par  Charles,  comte 
^^barolais,  en  rabs(*nce  de  ton  père. 


1*2  A  Mf:MOIRES 

liers.  On  trouve  dans  cette  dernière  instruction  des  rensei- 
gnements curieux  sur  la  monnaie  de  Flandre,  que  je  croîs 

devoir  transcrire.  « Pour  considération  du  petit  ou- 

H  vrage  qui  est  apparant  estre  en  ladite  nionnoye  (de  Bruges) 
<(  obstant  le  fourcours  de  plusieurs  deniers  d'or,  a  esté  avizé 
«  et  conditionné  que  ou  lieu  des  xx  I.  gros  que  a  prins  et 
H  souloit  prendre  le  garde  de  ladite  monnoye  pour  sa  dé- 
«  pense,  moitié  à  la  charge  de  Dostre  dit  seigneur  et  Tautre 
H  moitié  à  la  charge  du  maistre  particulier,  ledit  George 
((  Gaboetre  et  Guérardin  Tuelame  oultre  leur  somme  paie- 
u  ront  pour  la  despense  d'icelluy  garde  la  somme  de  y  1.  gros 
H  pour  an  ;  ainsi  aura  seulement  ladite  garde  xxv  L  gros  taBi 
«  pour  despense  comme  pour  ses  gaiges  ;  et  sera  estre 
^  avisé  et  accordé  ausdiz  George  et  Guérardin  Tuelame  que 
<t  pour  subvenir  au  menu  peuple  de  monnoye  noire,  ils 
«  feront  ouvrer  deniers  nommés  Courtos  qui  seront  à 
H  xri  grains  d*aloy  comme  ilz  Tout  esté  jusques  à  présent, 
«  mais  ou  lieu  de  ce  qu  ilz  étoient  de  xviii  s.  en  taille  ils 
«  seront  durant  le  teuips  de  ladite  ferme  de  xx  s.  de  taille 

f<  aux  remèdes  accoustnméz » 

On  ajoute  les  défenses  habituelles  pour  empêcher  quoB 
donne  à  un  plus  haut  prix  les  deniers  ayant  cours  que  celui 
fixé  par  les  ordonnances,  et  pour  prohiber  le  cours  de  cer- 
taines monnaies  étrangères;  et  il  est  dit  en  outre  que,  dans 
le  cas  où  Ton  ne  punirait  pas  ceux  qui  transgresseraient  ces 
défenses,  les  maîtres  particuliers  auraient  le  droit  de  ré- 
clamer la  résiliation  de  leur  bail  dans  le  délai  d*uu  mob. 

La  paix  était  faite  avec  ceux  de  Gand  depuis  145S  ;  Phi- 
lippe le  Bon  les  avait  reçus  en  grâce;  mais,  comme  nous 
venons  de  le  voir,  il  n'avait  pas  rétabli  chez  eux  son  hdtei 
de  monnaies  pour  la  Flandre.  Le  23  avril  1456,  sur  l'ordre 
du  duc  de  Bourgogne,  les  échevins  et  conseil  de  la  ville  de 


ET    DiSbËRTATiOiNS.  125 

ûent  délégué  deux  pefôonnes  dudit  conseil  pour 
;er  à  Bruges  de  la  rDonuaie  avec  laquelle  devaient 
6es  les  dettes  laissées  par  le  nommé  Pauwels.  En- 
eodant  aux  supplications  des  Gantois,  Philippe  or- 
ue  Tatelier  monétaire  de  Bruges  sera  de  nouveau 
Gand  *.  Au  reste,  cette  translation  n*annula  pas 
de  Blalines,  car  on   trouve  une  instruction  du 

e  texte  de  cette  ordonnance,  dans  laquelle  Philippe  ne  parle  pas 
îoo,  qui  était  la  cause  principale  du  malheur  de  Gand. 

%  et« Comme  noz  hien  améz  les  eschevins  des  deux  hancqs  de 

le  de  Gand  pour  et  ou  nom  de  tout  le  commun  d'icelle  uostre  \\\W 
t  remonatré  comment  ladite  ville  pour  aucunes  choses  iiagaires 
et  peaséee,  conune  il  est  assez  notoire  est  grandement  admenrie  et 
de  peuple  et  de  chevaulx  et  pourroit  encoires  plus  estre  se  de 
loe  n*eatoit  pourveu  à  icelle  ;  pour  laquelle  provision  lesdis  esche- 
om  que  dessus  nous  aient  requis  que  leur  vueillons  ottroyer  plu- 
ina  et  articles  moiennant  lesquelz  nostre  dite  ville  do  Gand  se 
Moindre  et  entretenir  ;  et  entre  les  aultres  qu*il  nous  plaise  leur 
[ne  noetre  monnoye  de  Flandres  qui  de  toute  anchienneté  comme 
i  eaté  en  nostre  dite  ville  de  Gand,  y  soit  remise  et  ««tablie  comme 
é  on  temps  passé  :  savoir  faisons  que  nous  considéré  ce  que  dit 
es  les  remonstrances  et  supplications  à  noua  faites  par  les  doesus- 
itre  dite  ville  de  Gand,  désirant  le  relièvemcnt  d'icelle  et  qu*elle 
tenue  en  bon  estât  soubz  la  bonne  obéissance  de  nous  et  de  noz 
rs  contes  de  Flandres  et  mcismement  que  les  causes  pour  les- 
ooa  mise  et  transportée  hors  d'icelle  nostre  ville  de  Gand  nostro 
oye  de  Flandres,  cessent  à  présent  ;  à  iceulx  de  nostre  dite  ville  de 
na  ottroyé  et  ottroyons  de  grâce  espéoial  que  nostre  dite  monnoy ti 
ree  estant  présentement  en  nostre  ville  de  Bruges  soit  remise  et 
m  neetre  dite  ville  de  Gand  ou  lieu  où  elle  a  esté  le  temps  passé 
i  et  ordonnons  que  des  maintenant  nostre  dite  monnoye  avec  ce 
weaaire  pour  le  fait  et  ouvrage  d*icelles  soit  remise  en  nostre  hostel 
noyé  audit  lieu  de  Gand  et  nostre  dit  hostel  disposé  à  ce  comme  il 
L  Si  donnons  en  mandement,  etc.,  etc....  Donné  en  nostre  ville  do 
le  xxy  jour  de  may  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  cinquante  huit. 
é,  par  monseigneur  le  duc,  J.  Milet.  » 

{Àrchivu  de  la  chambre  des  compte*  de  Lille, 
Beyùtre  des  chartes ^  côté  12,  folio  1X«>»11.) 


126  MÉMOIHES 

17  mars  1458  (v.  st  )   pour  le  rebail  de  ladite  mt^^ 
naie. 

Peu  de  temps  après  cet  événement,  le  SI  janvier  145^" 
(v.  st.),  le  doc  de  Bourgogne  renouvelait  ses  ordonnancée^ 
contre  le  cours  de  la  monnaie  étrangère,  et  donnsût  auss» 
une  évaluation  des  espèces  ayant  cours  légal.  En  inëiD9 
temps,  par  une  autre  lettre,  dans  Tintérêt  du  madnti^  àe^ 
la  bonne  monnaie  d'or  et  d'argent,  il  défend  dans  ses  pays^ 
les  florins  postulats  de  Liège  et  autres  semblables  :  il  or- 
donne que  ces  florins  réputés  pour  billon  seront  envoyés  aur 
plus  prochain  hôtel  de  monnaies,  sur  l'amende  de  60  s. 
pour  chaque  pièce,  qu'enconrera  tant  celui  qui  les  recevn^ 
que  celui  qui  les  donnera.  Quant  aux  deniers  d'or  dont  les?- 
cours  est  autorisé,  ceux  qui  n'auront  pas  leur  poids  serons- 
coupés  par  les  changeurs  et  envoyés  à  la  monnaie  soos^ 
peine  de  confiscation  et  d'amende  arbitraire. 

Dans  toutes  ces  prohibitions  de  monnaies  étrangères,  oi^ 
voit  qu'il  est  beaucoup  question  de  florins.  C'est  qu'en  effeK^ 
c'était  devenu  une  monnaie  à  la  mode,  qu'émettaient  im^ 
l'envi  tous  les  seigneurs.  Le  duc  de  Bourgogne  finit  pac     ' 
suivre  l'exemple  des  autres.  Il  en  ordonne  la  fabrications 
dans  son  instruction  du  23  mai  lA66,dont  voici  les  passages^^ 

«  Premièrement  est  ordonné  estre  fait  un  florin  d'or  aj^ — - 
<t  pelle  florin  de  Bourgongne  qui  sera  à  xix  karas  d'or  fiiv 
«  en  aloy  nobles  d'Engleterre  ouvrez  par  le  roy  Henrjp^ 
M  comptez  pour  fin  à  ung  douzième  de  karat  de  remède  ec^ 
a  aloy  et  sera  l'aliance  de  quatre  karats  d'argent  fin  et  d^ 
n  ung  karat  de  cuyvre,  de  soixante  douze  de  taille  ou  marc? 
«  de  Troyes ,  à  demi-estrelin  de  remède  en  poix  pour  niar« 
«  d'euvre,  lesquelz  remèdes  que  le  maistre  particulier  ne 
«  porra  excéder  tant  en   poix  comme  en  aloy ,  se  kdît 
M  maistre  particulier  s'en  ayde,  appartendront  à  moodit 


ET    nibSERTAllONS.  127 

eur,  duquel  dei)iei%  qui  aura  cours  pour  quarante 
;ro8  de  la  nouvelle  mousoye  blanche  cy  après  dë- 
^  mon  avandit  seigneur  prendra  pour  son  seignou- 
iechacuDmarcduditorfinquatorzegrosdeFlandres.» 
m  ung  denier  d'or  de  ce  mesme  aloy  et  de  sept  vingz 
«  de  taille  oudit  marc,  à  tels  remède  lyage  et  poix 
Icssus  qui  aura  cours  pour  vingt  gros  et  demi  de 
I  vMDDoye  blanche,  duquel  denier  d*or,  mondit  sei- 
r  prendra  pour  son  seignourage  de  chacun  marc  d'or 
lable  quatorze  gros  dite  monnoye.  » 
"aite  du  marc  d'or  fin  est  estimée  à  1 5  1.  10  s.  9  d. 
es  marchands  devaient  avoir  98  1/&  desdits  florins 
16  L  1  s.  6  d.  et  six  mites  gros;  il  restait  par  coii- 
U  pour  le  droit  de  seigneurage  et  pour  l'ouvrage, 
d.  el  IS  mites  gros.  L'aloi  étant  estimé  5  s.  3  d. 
reste  par  suite  pour  le  duc  et  le  maître  particulier 
dw  18  mites  gros. 

m  est  ordonné  estre  fait  ung  denier  de  fin  argent  à 
àeoiers  douze  grains  argent  le  roy  et  de  soixante  dix 
5t  demy  d'iceulx  deniers  de  taille  ou  marc  de  Troyes 
ira  cours  pour  quattre  gros  de  Flandre,  dont  la  traitte 
Dgt  sept  solz  sept  deniers  xix  mities  et  trois  quars 
tte  gros  ;  dont  Ton  donra  au  marchant  pour  chacun 
d'argent  le  roy,  vingt  six  solz  neuf  deniers  gros; 
are  pour  seignourage  et  ouvrage  dix  deniers  dix  neuf 
s  et  trois  quars  de  mitte  gros,  et  aura  le  maistre 
;ulter  pour  remède  ung  grain  en  aloy  et  ung  demy 
ilx  deniers  en  taille  sur  chacun  marc  d'euvre  et  non 
lesquelz  remèdes  appartiendront  à  mondit  seigneur 
le  dessus.  » 

m  ung  aultre  denier,  à  six  deniers  d*aloy  argent  le 
i  de  quatre  vingz  deux  et  demy  d'iceulx  deniers  de 


12d  fiÉyoiR£$ 

«  taille  oudit  marc  de  Troyes  ayant  cours  pour  deux  giL-^w 
«  de  Flandre  pièce,  dont  la  traitte  du  marc  d*argeDt  es^-^^^ 
«  vingt  sept  solz  six  deniers  gros,  et  dont  l'on  devra  au  ^^^ 
«  marchans  de  chacun  marc  d'argent  le  roy  vingt  six  soH 
«  quatre  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage  et  ouvrage 
«  quatorze  deniers  gros,  à  ung  grain  de  remède  en  aloy 
a  demy  denier  en  poix  sur  le  marc  d'euvre » 

a  Item  ung  autre  denier,  ayant  cours  pour  ung  gros  d^^ 
et  Flandre  à  cinq  deniers  d'aloy  argent  le  roy  et  de  si^^* 
«  vingz  dix  neuf  d'iceulx  deniers  en  taille,  dont  la  traâtl^^ 
<(  du  marc  d'argent  est  vingt  sept  solz  neuf  deniers  db^^ 
n  mitte  demye  gros  dont  Ton  donra  aux  marchans  vingts 
«  solz  quatre  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage  etâ 
«  ouvrage  dix  sept  gros  dix  mittes  et  demy,  à  ung  graiu^ 
«  de  remède  eu  aloy  et  demy  d'iceulx  denier»  en  poix  sur*" 
«  le  marc  d'euvre » 

«  Item  encoire  ung  autre  denier  à  quatre  deniers  douze 
Il  grains  d'aloy  argent  le  roy,  ayant  cours  pour  demy  gros 
tf  de  Flandre  et  de  vingt  et  ung  solz  quatre  deniers  en  tsdUe 
(f  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  est  vingt  huyt  solz  cincq 
«  deniers  huyt  mittes  gros  dont  l'on  donra  aux  marchans 
(t  vingt  six  solz  quatre  deniers  gros,  demeure  pour  seignou- 
<f  rage  et  ouvrage  deux  solz  ung  denier  huyt  mittes  gros,  à 
(c  ung  grain  de  remède  eu  aloy  et  quatre  d'iceulx  deniers 
«  en  taille  pour  marc  d'euvre » 

H  Ilem  ung  autre  denier  nommé  quart  de  gros  à  trois^ 
a  deniers  d'aloy  argent  le  roy  et  de  vingt  neuf  solz  en  taille» 
«  duquel  denier  la  traitte  est  vingt  neuf  solz  gros,  n  Les 
marchands  devaient  recevoir  le  même  prix  que  dans  les  ca9 
précédents,  le  reste  était  pour  le  seigneurage  et  la  façon* 
Le  remède  en  aloi  était  aussi  le  même,  et  en  poids  il  éuîl 
de  «  huyt  d'iceulx  deniers,  n 


£T  mSSERTATlONS.  iW 

t  lUm  a  esté  ordonné  aussi,  estre  fait  nng  noir  denier 
ommé  courte  ou  àouhU  mitte  qui  sera  à  dix  grains  d'aloy 
rgratle  roy  et  de  seze  solz  six  deniers  en  taille  au  marc 
B  Troyes,  à  ung  grain  de  remède  en  aloy  et  à  six  deniers 
Q  taille  par  marc  d'euvre.  n  Douze  de  ces  deniers  vau-* 
ni  un  gros  :  la  valeur  du  marc  d'argent  est  estimée 
s.  7  d.  5  mites  gros  ;  le  marchand  reçoit  le  prix  fixé  pour 
deoiers  d'ai^ent,  et  le  reste  est  attribué  pour  le  seigneu- 
B  et  Touvrage. 

Hem  ung  autre  denier  noir  appelle  mitte  qui  sera  à  six 
-ains  d'aloy  argent  le  roy  et  vingt  ung  solz  en  taille,  à 
Dg  grun  de  remède  en  aloy  et  à  buyt  d'iceulx  deniers  en 
ille  pour  marc  d'envre.  »  La  valeur  du  marc  d'argent 
inayé  est  estimée  42  s.  gros;  le  marchand  ayant  le  même 
:  que  dans  les  cas  précédents,  il  reste  pour  le  seigneur 
{ maître  particulier  15  s.  8  d.  gros. 
e  droit  de  seigneurage  est  d'ailleurs  porté,  tant  pour 
tnoniiaies  d'argent  que  pour  les  monnaies  noires,  à  un 
I  et  demi  de  ladite  monnaie. 

eu  après  la  date  de  cette  instruction,  Philippe  le  Bon, 
ttdérant  que  les  monnaies  de  mauvais  aloi  abondent 
9  ses  États,  et  qu'on  les  y  fait  passer  pour  plus  qu'elles 
raient,  tandis  que  celles  qu'il  fait  forger,  étant  beau- 
p  meilleures,  sont  par  suite  exportées  pour  revenir  en- 
e  en  espèces  d'un  titre  inférieur,  ordonne,  le  3  juin 
ant,  qu'il  n'y  aura  pas  d'autre  numéraire,  ayant  cours 
J,  que  celui  dont  renonciation  est  portée  à  la  suite  de 
ttrnction  précédente. 

es  espèces  d'argent,  émises  en  vertu  de  ladite  instruc- 
,  sont  encore  de  celles  qui  portent  le  nom  de  vierlander, 
9  la  taille  au  marc  étant  plus  considérable,  il  en  résultait 

ces  pièces  devaient  peser  moins.  Afin  d'éviter  la  con- 


130  \IÉMOrR£S 

fusion  et  ne  pas  forcer  au  pesage  des  deniers,  il  devaL  t 
avoir  entre  eux  une  diiTéreoce  qui  a' est  pas  indiquée  iamm 
les  documents  écrits.  Leur  aspect,  plus  noir,  puiâqee  U 
proportion  d'argent  était  moindre,  devait  déjà  servir  à  le» 
faire  distinguer.  Or  les  pièces  de  cette  dernière  catégorie 
sont  précisément  celles  dont  la  croix  n'est  pas  camoBnéer 
J'en  conclus  que  ce  devait  être  là  surtout  la  marque  à  la- 
quelle on  pouvait  faire  la  différence  entre  les  deniers  de  b 
dernière  émission  et  ceux  des  précédentes,  qui,  en  vertu 
des  prescriptions  du  prince,  devaient  toujours  consemr 
leur  cours  l«^gal  pour  leur  ancien  prix.  11  serait  difficile  au- 
trement de  distinguer  les  pièces  de  la  nouvelle  émissiondcs 
anciennes  *. 

La  commission  pour  forger  la  monnsde  de  Flandre  à 
Gand,  donnée  à  Georçes  Le  Caboetre  et  Guérardin  Tliieu- 
lame,  l'était  pour  cinq  ans.  Philippe  étant  mort  le  15  joio 
1A67,  il  est  probable  qu'il  ne  fit  pas  d'autre  ordoobaoce 
dans  ce  court  espace  de  temps.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  n'eu  ai 
pas  retrouvé. 

Toutes  les  diverses  émissions  de  monnaies  durant  k 
gouvernement  de  Philippe  le  Bon  sont,  à  peu  de  choses 
près,  représentées  sur  nos  planches.  Nous  allons  les  passer 
en  revue. 

Les  pièces  forgées  en  vertu  de  l'instruction  du7  novemlK^ 
1A19,  sont  faciles  à  déterminer.  Elles  doivent  être  seffi- 
blables  aux  dernières  de  Jean  sans  Peur  -,  aussi  n'y  a-t-il 
aucun  doute  que  ce  soient  les  suivantes  : 

34.  —  Écu  incliné  à  cinq  quarts,  surmonté  d'un  hmi^ 

»  Les  mouiiaies  de  cette  émission,  en  supposant  vraie  mon  hypothèse,  w* 
très-rares.  Den  Duyts  en  donne  une  pour  la  Flandre.  M.  R.  Châlon  eu  » 
donné  deux  pour  le  liainaut,  et  M.  Van  der  Chijs,  deux  également  pour  ï* 
Brabant. 


I 


ET   DISSERTATIONS.  lâl 

aot  une  fleur  de  lis  pour  cimier.  Légende:  PHS:DEI:G: 
^:BYRG:Z:COÏIES:FLAND\ 

■^  Croix  ornée  termioée  à  chaque  bras  par  une  fleur  de 
et  deux  feuilles,  dans  un  entourage  de  quatre  demi- 
ndes  ayant  dans  les  angles  formés  par  leur  rencontre 
atre  lions.  Légende:  +  BENEDICTVS:QVI:VEN1T:IN: 
IHINE:DNL 

Heaume d*or.  PI.  XI.  1861,  n«  34  '. 
Ift.  —  Lion  debout  portant  sur  le  flanc  un  écu  à  cinq 
arts.  Légende:  +  PH'S:DVX:BVRG:Z:C0MES:FLANDR1E. 
[^  Croix  longue  partageant  tout  le  champ  de  la  pièce,  et 
itODnée  des  quatre  lettres  FLlD'.  Légende;  MOiNETAî 
MITISiFLANDRlE. 

Irgent.  Double  gros  kromstaert.  Poids,  70  grains.  PI.  XI, 
S5V 

M.  —  Mêmes  types  et  mêmes  légendes  qu  au  précédent, 
if  l'abréviation  du  dernier  mot  dans  la  légende  du  revers. 
Ifgent,  Gros  kromstaert.  Poids,  àO  grains.  PI.  XI,  n^'Sô  '. 
S7.  —  Écusson  à  cinq  quarts,  entouré  de  la  légende  : 
PHS.D.B.Z.COM  FLAND. 

^  Croix  cantonnée  des  lettres  FLAD'.  Légende:  +  MO- 
rrA.COM.  FLAND*. 
Argent.  Quart  de  gros.  Poids,  11  grains.  PI.  XI,  n"  37  *. 

0»tte  monnaie  appartient  an  Miuée  de  la  Haye.  Je  dois  la  communication 
Km  empreinte  à  TobligAance  de  M.  Meyer,  conservateur  de  ce  Muaée. 
te  poids  de  cette  monnaie^  fixé  par  l'instruction ,  devait  être  de  68  grains 
B. 

Dobj,  pi.  il ,  n*  8.  Cet  auteur  indique  pour  le  poids  de  son  exemplaire 
Svvna.  Une  antre  est  figurée  aussi  pi.  LIY,  n"  6;  elle  est  tirée  du  recueil 
d«  Boae,  et  ne  rcbsemble  à  rien.  Voir  aussi  Den  Duyts,  pi.  X,  n»  63, 
3«rnire,  op.  dt.,  p.  242. 

Serrure,  op  cit.,  p.  242.  —  Den  Duyts,  pi.  XI,  n«  64.  Le  poids  légal 
iUt  être  40  grains  29/1 15. 

H  y  a  une  grande  différence  de  poids  entre  celui  ci  et  celui  fixé  par  Tin- 


i  3?  MÉMOIRES 

Il  manque  par  conséquent  à  cette  série  le  demi-gros,  qnr 
li'a  pas  été  retrouvé  jusqu'ici,  du  moins  à  ma  connaissance. 

Viennent  maintenant  les  monnaies  d*or,  frappées  en  vertu 
de  l'ordonnance  du  12  juin  1A25,  qui  sont  le  noble  de  Flan- 
dre et  ses  divisions.  Je  ne  connais  en  natui-e  que  le  noble- 
lui-même,  dont  voici  la  description^. 

38.  --  Le  duc  couronné,  debout  sur  une  nef,  ayant  Tépée 
nue  dans  la  main  droite,  et  à  son  bras  gauche  l'écu  à  cinq 
quarts.  Légende:  PHS.DEI:GRA:DVX:BVRG:GOMES:Z:DNS: 
FLAND'. 

Si.  Même  type  et  même  légende  qu'aux  nobles  de  Phi- 
lippe le  Hardi*. 

Noble  d'or.  Poids,  132  grains.  PI.  XX,  1861,  n*  88  *. 

Les  divisions  du  noble  ne  nous  sont  connues  que  par  les 
placards.  En  voici  la  description  : 

30.  Même  type  que  le  noble.  Légende  :PHS.  DEl.GRA. 
DVX.  BVRG.  GOMES.  ET  DNS  FL. 

îî.  Môme  type  que  le  numéro  précédent.  Légende  : 
+  DOMINE.  NE.  IN.  FVRORE.  TVO.  ARGVAS.  ME.  —  Demi- 
noble  d'or. 

40.  Quart  de  noble  d'or,  identique,  comme  types  et  lé- 
gendes ,  au  noble  de  cette  série. 

stniction,  qui  est  de  15  grains  1/3.  Cependant .  par  Tanalogie  da  type  et  lar 
composition  des  légendes,  cette  pièce  devait  faire  partie  de  la  mémo  lérie. 
Voir  Serrure,  op.  eit,,  p.  241. 

>  "Voir  Revue  numitmat.,  1861,  p.  137. 

'  Le  poids  fixé  par  l'instruction  est  d'environ  131  grains. 

Décrit  par  Duby,  pi.  Lm,  n*  9.  D'autres  nobles  et  demi-nobles  sont  donnes 
aussi  par  cet  auteur,  pi.  LIV,  n—  l,  2, 3.  Il  les  avait  extraits  du  recueil  de  Van 
Alkemade;  ils  ne  méritent  aucune  confiance. —  Dans  le  catalogue  de  la  ventf 
Rousseau,  M.  Fillon  attribue  ce  noble  à  Philippe  le  Hardi;  il  snfiit  d'examiner 
la  série  des  instructions  monétaires  que  j'ai  donnée,  pour  faire  justice  de  cette 
attribution.  D'ailleurs,  il  est  prouvé  par  l'inspection  des  sceaux,  que  j 
Plillippe  lo  Hardi  ne  prit  le  lion  de  Flandre  en  surtout  dans  se»  i 


ET    DISSERTATIONS.  133 

N*ayant  jamais  rencontré  ces  pièces,  je  n'ai  pas  jugé  con- 
venable de  les  reproduire. 

Nous  avons  vu  que  l'ordonnance  précitée  ne  parlait  pas 
de  monnaies  d'argent  II  est  cependant  dans  la  série  des 
{Hèces  de  Philippe  le  Bon  un  double  gros  que  l'analogie  de 
type  avec  les  monnaies  émises  en  même  temps  que  les 
nobles  de  Jean  sans  Peur  nous  engage  à  classer  ici  comme 
ayant  été  frappé  en  même  temps  que  les  premiers  nobles 
dont  je  viens  de  parler.  Je  rappellerai  d'ailleurs  que  nous 
n'avons  pas  l'instruction  qui  a  dû  suivre  l'ordonnance  de 
lik26,  et  qu'il  peut  se  faire  que  celle-ci  prescrive  la  fabrica- 
4M>n  de  monnaies  d'argent  dont  l'ordonnance  ne  fait  pas 
mention.  Ce  ne  serait  pas  la  seule  fois  que  ce  fait  se  ren- 
contrerait. 11  faudrait  avoir  les  comptes  des  maîtres  parti- 
culiers, à  défaut  des  instructions  non  retrouvées  pour  pou- 
voir se  prononcer  d'une  manière  précise  Quoi  qu'il  en  soit, 
voici  la  monnaie  à  laquelle  je  fais  allusion  : 

&1.  Deux  écussons  dans  le  champ  ;  celui  de  gauche,  de 
Bourgogne,  à  cinq  quarts;  celui  de  droite,  au  lion  de  Flan- 
dre. Us  sont  surmontés  d'un  heaume  timbré  d'une  fleur  de 
lis.  Légende  :  PHSlDVXÎBVRG-ZtCOMESiFLANDRlE. 

^.  Croix  pattée  cantonnée  de  deux  fleurs  de  lis  et  de 
deux  lions  entourés  de  la  légende  :  +  MOiNETAiNOVA: 
COMlTlSiFLANDRlE. 

A.  Double  gros.  Poids,  8 A  grains.  PL  XX,  n°  41  *. 


*  Serrais ,  op.  cit,,  p.  241.—  Duby.  pi.  LV,  n«  6,  desainé  d'après  un 
Exemplaire  pesant  79  grains.  Une  variété,  tirée  du  recueil  de  de  Boze,  qui  me 
>AT«tt  inexacte,  est  figurée  u*  7  de  la  mÔme  planche.  Le  n*  8,  extrait  de  l'or- 
(Muaance  de  1S48,  est  une  autre  yariété,  qui  consiste  en  ce  que  la  croix  du 
syrien  est  cantonnée  de  quatre  fleurs  de  lis  au  lieu  de  deux  lions  et  de  deux 
•«irs  de  lis,  ce  qui  me  paraît  une  erreur  grave.  Au  reste,  cette  pièce  est  repré- 
^^t^  de  la  même  manière  dans  le«  placards  suivants. 


1.1A  MÉMOIRES 

La  présence  de  Técusson  à  cinq  quarts  sur  celte  pièce  ^ 
classe  forcément  entre  1419  et  1430  ;  après  cette  demi{!S 
date,  Philippe  le  Bon  prit  toujours  des  armoiries  à  sœ* 
quartiers,  dont  il  sera  parlé  ci-après.  D'un  autre  côté,  ft^ 
instructions  qui  nous  sont  parvenues  ne  laissent  aucvo 
incertitude  sur  la  monnaie  d'argent  :  il  suffit  de  les  par- 
courir  ;  et  le  poids  de  la  pièce  ci-dessus  n'est  en  rapport 
avec  aucun  de  ceux  indiqués  par  lesdites  instructioos.  Ob 
est  donc  forcé  d'admettre  l'hypothèse  que  je  mets  en  avant 
ou  toute  autre  plus  plausible,  sans  quoi  l'on  ne  saurait  oà 
classer  cette  monnaie. 

Après  les  nobles  de  la  première  émission ,  viennent  les 
klinkaerts,  dont  il  est  question  dans  r(H*donnance  du  8  no- 
vembre 1426. 

42.  Le  duc  couronné ,  assis  dans  une  chaire  gothique, 
tient  de  la  main  droite  une  épée  nue ,  et  de  la  gauche  on 
écusson  à  cinq  quarts  ;  le  tout  dans  un  entourage  de  cin- 
tres. Légende  :  +  PHS:  DVX  :  BVRG..  COM.  FLAND' .ES 
HOLR. 

^.  Croix  très-omée  dans  un  entourage  de  quatre  demi- 
cercles.  Légende  :  +XPG  :  VlNGITrXPC:  REGNAT  ;XK: 
INPERAT  «. 

Point  secret  sous  le  G.  de  BVRG ,  au  droit,  et  sous  le  G  «k 
REGNAT  au  revers  ',  indices  de  Tatelier  de  Gand. 

*  Serrure,  op,  cit.,  p.  343.  —  Duby  a  donué  au  n"  1,  pi.  LVIl,  un  doobte 
klinkaert  tiré  de  Van  Alkemade.  Cette  pièce,  reproduite  égalemeiit  dan*  l' 
placard  de  1633,  et  où  le  duc  est  représenté  assis,  ayant  à  sa  droite  PéetuM" 
on  lion,  et  tenant  de  la  main  gauche  récusson  à  cinq  quarts,  nemepanHP^ 
frappée  pour  la  Flandre.  Les  instructions  n*en  font  aucune  mention. 

*  M.  Dewisme  possède  aussi  dans  sa  collection  un  autre  klinkaert,  oi  1* 
point  secret  est  sous  l'A  de  REGNAT  au  revers.  Je  pense  quMl  y  a  ea  «tt« 
de  la  part  du  graveur  du  coin,  qui  devait  mettre  ledit  point  sous  le  N  du  orfuM 
mot,  pour  indiquer  l'atelier  de  Namur,  ainsi  que  le  portent  les  iwtrnctiow; 


ET   DISSERTATIONS.  135 

\ea  d'or  de  Hollande,  dit  klinkaert.  Poids,  69  grains. 
XX,  n*  39. 

3.  Mêmes  types  et  mèines  légendes  qu'au  numéro  pré- 
ent. 

r.  Demi-klinkaert  PL  XX,  n^»  hO. 
ette  dernière  monnaie  ne  porte  pas  le  point  secret  qui 
ifiorait  son  attribution  à  Fatelier  monétaire  de  Gand  ; 
8  comme,  sauf  le  différent,  tout  le  reste  est  semblable^ 
cm  devoir  néanmoins  en  donner  le  dessin. 
e  o'ai  pas  retrouvé  les  monnaies  d^or  frappées  en  vertu 
'ittstmction  du  14  septembre  1427.  Quant  à  la  série  des 
maies  d'argent,  nous  avons  vu  qu'étant  identiques  de 
Is  avec  celles  frappées  en  1 419 ,  il  est  presque  certain 
ces  pièces  devaient  avoir  le  même  type.  Il  n*y  a  donc 
on  moyen  de  les  distinguer  de  celles-ci. 
armi  les  pièces  faisant  partie  de  l'émission  de  1428, 
i  œlles  qui  nous  sont  parvenues  : 
I.  Même  type  que  le  n""  38,  sauf  qu  il  y  a  un  lion  yssatn 
a  poupe  du  navire.  Légende  :  +  PH'S:DEI:GRA:DVX: 
GrCOMES:Z:DNS:FLAND. 

Même  revers  qu'au  n""  38 ,  excepté  que  le  milieu  de 
"oix  porte  une  rosette  au  lieu  d'un  P. 
>ble  d'or.  Poids,  132  grains.  PL  XX,  n^  42. 
site  monnaie  est  entièrement  conforme  aux  indications 
donne  l'instruction.  Le  poids  fixé  par  celle-ci ,  qui  est 
131  grains  et  demi  environ ,  est  presque  identique  à 
i  trouvé  ci -dessus  *. 

i.  Même  type  que  le  précédent.  Légende  :  +  PHS. 
G:DVX;BVRG:GOM:Z:DNS:FLAND. 

noi,  je  no  saurais  à  quel  atolier  attribuer  cette  pièce^  celui  d'Âlost  étant 

dtpnis  longtemps. 

nby,  pi.  LUI ,  n"  10.  —  Serrure ,  op.  cit.,  p.  240.  Je  ferai  remarquer 


I3C  MÉMOIRES 

RI.  Même  type  qu'au  n**  44.  Légende  :  +  DOMISE:NE: 
IN:FVRORE:TVO:ARGVAS:ME. 

Demi-noble  d'or.  PI.  XX,  n»  43  \ 

Il  manque  le  quart  de  noble.  En  ce  qui  regarde  les  mon- 
naies d'argent,  nous  savons  par  l'instruction  quelles  sont 
semblables  à  celles  de  l'émission  précédente,  par  €(»séquent 
aux  pièces  ayant  pour  type  un  lion  debout  avec  un  écussoa 
sur  le  flanc,  sauf  que  tous  les  A  sont  barrés  tant  au  dioii 
qu'au  revers.  Ces  pièces  existent  en  effet,  et  moi-même 
j'ai  dans  mes  cartons  un  gros  de  cette  émis^on  qui  répond 
à  ce  signalement.  La  différence  de  poids,  déjà  si  minime 
lorsque  les  pièces  étaient  neuves ,  est  devenue  impossible  i 
constater  sur  des  monnsdes  ayant  circulé. 

Nous  arrivons  maintenant  aux  monnaies  émises  par  Phi- 
lippe le  Bon  lorsque,  ayant  réuni  sous  sa  dominaUoo  le 
Brabant,  le  Hainaut  et  la  Hollande,  il  voulut  y  faire  régner 
une  certaine  uniformité  sous  le  rapport  du  numéraire, et 
dont  la  première  manifestation  apparaît  pour  la  Flandre 
par  l'ordonnance  du  12  octobre  1433.  Ce  sont  les  sui- 
vantes : 

46.  Le  duc  couvert  d'une  armure,  la  tête  protégée  par 
un  heaume  à  visière  grillagée,  timbré  d'une  fleur  de  lis,  et 
accompagné  de  lambrequins ,  la  main  droite  tenant  Tépée 
haute,  est  monté  sur  un  cheval  au  galop  caparaçonné  ;  sur 
le  caparaçon  on  remarque  les  briquets  du  collier  de  h 
Toison  d'or.  Dessous,  en  exergue,  FLAD'.  Légende  :  PHS: 
DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:GOMES:FLANDRIE. 

^.  Écu  à  sept  quarts  *  sur  une  croix,  dont  les  extrémités 

seulement  que  le  lion  sort  de  la  poupe  et  non  de  la  proue  du  naTÎre.  — I^ 
Dnyts,  pi.  X,  n'ôl. 

»  Collection  de  M.  Mallet,  à  Amiens.  —  Den  Duyts,  pi.  X,  n*  fiS. 

*  L'éousson  à  sept  quarts  e^t  ainsi  composé  :  Kcartelé  au  prrmier  et  q»»" 


ET   DISSERTATIONS.  1S7 

nnées  par  une  ponime  de  pin  et  deux  fleurons, 
î  :  +  SIT  :  NOMEN  :  DOMINI  :  BENEDICTVM  :  AMEN: 

ier  ou  ridder  d'or.  Poids,  69  grains  \  VI XXI,  1861, 

lême  type.  Légende  :  PHS:DE1:GRA:DVX:BVR€:Z: 

D. 

toe  type  qu'au  w*  46.  Légende  :  +  SIT:NOMEN: 

»EDICTVM:AMEN. 

ridder  d'or.  Poids,  34  grains  forts.  PL  XXI,  n"  45  '. 

/es  armoiries  adoptées  par  Philippe  le  Bon ,  à  partir 

U  occupent  tout  le  champ  de  la  pièce.  Légende  : 

:DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND'. 

>ix  portant  en  cœur  une  fleur  de  lis.  Elle  est  can- 

le  deux  fleurs  de  lis  et  de  deux  lions,  et  partage  en 

parties  tout  le  champ  de  la  pièce  ainsi  que  la  lé- 

-MONETA:NOVA:COMITIS:FLAND'. 

louble  gros  vierlander.  Poids ,  63  grains.  PL  XXI, 


ton,  de  Bourgogne  moderne  ;  an  deuxième ,  mi«partie  de  Bourgogne 
le  Bnibant;  au  troisième,  mi-partie  de  Bourgogne  ancien  et  deLim- 
it  en  surtout  le  lion  de  Flandre. 

e,  op.  cit, ,  p.  247.  —  D«n  Duyts ,  pi.  XI ,  n"  65.  —  Duby  donne 
■m  de  cette  pièce  au  n*  10,  pi.  yi,de  son  Supplément^  diaprés  un 
I  pesant  67  grains.  Un  autre  dessin  tiré  de  Van  Âlkemade  est  repré- 
pl.  LI V,  n*  4 ,  mais  c*e»t  une  mauvaise  copie,  de  m6me  que  le  n*  S 
I  planche,  tandis  que  le  dessin  du  Supplément  est  exact;  preuve  nou- 
nhj.  ]orsqu*il  avait  sous  les  yeux  les  exemplaires  des  pièces  qu'il 
1 8*ett  pas  tant  livré  à  l'invention  qu'on  le  lui  a  attribué. 
t  des  médailles  à  la  Bibliothèqhe  impériale ,  et  collection  de 
k  Amiens.  —  Serrure,  op.  rtl.,  p.  247. 

I,  pi  247.—  Den  DuyU,  pi.  XI,  n«  67.  —  Duby,  pi.  LV,  n'  1, 
ezMnpUire  pesant  62  grains.  —  Le  poids  fixé  par  Tinstruction  est 


10 


1 38  MÉMOIRES 

49.  Même  type.  Légende  :  +PIl'S:l)i:i:GRA:DVX:BVRG: 
Z:GOM:FLAD'. 

Sj.  Même  type  et  même  légende  qu'au  numéro  précédent, 
sauf  l'omission  de  la  lettre  N  au  dernier  mot. 

iîV.  Gros  vierlander.  Poids  d'un  exemplaire  usé  et  rogné, 
29  grains.  PI.  XXI,  n*  47*. 

50.  Mômes  types  qu  aux  deux  numéros  précédents.  Lé- 
gende : +PH'S:DEI:GRA:DVX:BVR:Z:G:FLA. 

1^.  Même  type  qu'aux  n*»*  48  et  49.  Légende  :  +MONETA; 
NOVA:COMIT:FLAD. 

iR.  Demi^gros  vierlander.  Poids  d'exemplaires  usés, 
13 grains».  PL  XXI,  n*  48. 

51.  Même  type  qu'aux  numéros  précédents.  Légende  : 
+PHS:DI:6RA:DVX:BG:Z:C0:FLA. 

1^.  Croix  analogue  aux  précédentes,  mais  ne  traversant 
plus  la  légende  :  du  reste,  avec  les  mêmes  accompagne- 
ments. Même  légende  qu'au  n*  60. 

JR,  Quart  de  gros  vierlander.  Poids,  12  grains.  PL  XXI, 
n*»  49  •. 

Enfin  nous  croyons  devoir  joindre  à  ces  pièces  la  suivante, 
qui  n'est  qu'une  double  mite,  mais  un  \^u  différente  de 
celle  qui  a  été  publiée  par  M.  Rouyer  dans  son  article  sur 
les  monnaies  noires  de  Flandre. 

52.  Armoiries  à  sept  quarts  remplissant  tout  le  champ 
de  la  pièce.  Légende  :  +PH'S.D.G.D.B.Z.COM.FLA\ 

»  Serrure ,  op.  cit.,  p.  248.  -.  Den  Dayt» ,  pi.  XI ,  n»  68.  —  Dubj,  pi.  LV. 
!)•  2,  diaprés  le  recueil  de  Van  Alkemade. 

*  Le  poids  du  demi -gros  devait  être  18  grains  1/3. 

>  Den  Duyts,  pi.  XII,  n»  69,  donne  une  variété  de  cette  pièce  où  la  croix  do 
rovers  traverse  la  légende.  Une  autre  variété  est  représentée  an  n«  70,  même 
planche ,  différente  de  celle  représentée  sur  nos  planches^  en  ce  que  la  croU, 
également  courte,  n'est  pas  cantonnée.  Voir  à  ce  sujet  cequej*ai  dit  pins  liant 
à  propos  de  l'instruction  monétaire  de  1466. 


ET    DISSERTATIONS.  139 

J.  Croix  portant  en  cœur  une  fleur  de  lis.  Légende  : 
lONETA.NA.GOM.FLAND'. 
lillon.  Poids,  20  grains.  PI.  \\U  n^  50  \ 
jes  monnaies  d'argent  que  nous  venons  d'examiner  ont 
frappées  pendant  très-longtemps  :  les  instructions  mo- 
aires  que  j*ai  analysées  renvoient ,  pour  la  fabrication 
espèces  de  ce  métal,  à  celle  de  1433.  11  n'en  est  pas  de 
Doe  de  celles  d'or.  En  1A53  un  nouveau  type  fut  ordonné^ 
Q  esc  assez  claiœment  désigné  pour  qu'il  n'y  ait  pas 
icertitude  sur  les  pièces  qui  sont  les  suivantes  : 
»3.  Lion  tourné  à  gauctie ,  assis  au  milieu  d'un  édicule 
bique  surmonté  de  deux  frontons  en  accolade  et  accosté 
îeux  briquets  avec  étincelles.  Légende  :  PHS:DEI£RA: 
C:BVRG:COM:FLAND. 

.  Écusson  à  sept  quarts  sur  une  croix  dont  les  exirémi- 
30Dt  fornrtées  par  un  fleuron  et  deux  feuilles.  Légende  : 
IT:N0MEN:D0MINI:BENED1CTVM:AMEN.  Briquet. 
ion  d'or.  Poids,  78  grains.  PI.  XXI,  n*  61  \ 
h.  Variété  avec  le  mot  GOMES  dans  la  légende  du  droit. 
^oids,  77  grains  '. 

i.  Même  type  qu  au  n»  53.  Légende  :  PHS:DEL-G:DVX: 
fi:CO:FLAND'. 

.   Même  type  qu'au  n'  53.  Légende  :  +SIT:NOMEN: 
:BENEDICTVM:AMEN. 

iemire>  op.  cit.,  p.  248  —  Den  Duyts,  pi.  XII,  n»71.—  Le  poids  fixé  par 
rooticm  est  21  grains  43  centièmes. 

d.  Serrure,  cjp  crt.,  p.  245.  —  Den  Duyts,  pi.  XI,  n®  66.  —  Dmbj, 
IT,  n*  9.  —  Le  poids  fixé  par  rinstruetion  est  80  grains  et  demi. 
ierrare,  op.  cï<.,  p.  246  —  Duby,  pi.  LIV,  n*  8.  Le  u®?  de  la  môme 
^hi^  tiré  dn  reooeii  de  Van  Alkomade,  est  fort  incorrect.  Quant  an  n«  10, 
àtàù  rordonnance  de  1548,  dans  lequel  le  lion  est  tourné  à  droite -et 
ïé,  il  me  paraît  être  le  résultat  d'un  dt'Af»in  fait  sur  une  pièce  mal  conservée; 
pièee  mVst  totalement  inconnue. 


lâO  Mr-MOIRES 

Double  tiers  de  lion  d'or,  appelé  dans  rinstruction  /yoii- 
ceau.  —  Poids,  54  grains  *.  PI.  XXI,  n*  52. 

L'instruction  de  1A53  n'indique  que  les  deux  divisions 
précédentes;  la  dernière,  le  tiers  de  lion,  ne  fut  ordonnée 
que  par  Tinstruction  du  11  juin  145A.  C'est  la  monnaie 
suivante  : 

50.  Lion  assis  à  gauche  dans  un  entourage  de  huit  cin- 
tres.  Légende:  +PHS.DELGRA.DVX,BVRG.CO.FLAND'. 

^  Écusson  à  sept  quarts  dans  un  entourage  de  huit  cin- 
tres. Légende:  +SIT.N0MEN.D0MINLBENED1CTVM.  Bri- 
quet. 

Tiers  de  lion  d^or  *.  PI.  XXI,  n«  53- 

L'instruction  où  il  est  fait  mention  pour  la  première  fois 
du  tiers  de  lion,  était  adressée  aux  maîtres  particuliers  de  la 
monnaie  de  Malines,  qui  travaillait  en  même  temps  que  la 
monnaie  de  Bruges.  11  est  rationnel  de  supposer  qu'il  y 
avait  un  moyen  de  distinguer  les  pièces  sorties  de  chacun 
des  deux  ateliers.  On  a  en  effet  des  pièces  au  lion  qui 
portent  le  titre  de  seigneur  de  Malines  ajouté  aux  autres 
titres  du  duc,  et  il  est  très-probable  qu'elles  ont  été  émises 
par  l'atelier  de  cette  ville.  En  voici  une  qui  appartient  an 
Musée  de  Saint-Omer. 

57.  Entièrement  semblable  au  n**  53,  sauf  la  légende  du 
droit,  qui  est  PHS:DEI:GRA:DVX:BVRG:BRAB:DXS:M'H. 

Nous  voici  enfin  arrivés  aux  dernières  monnaies  émises 
pendant  la  longue  durée  du  gouvernement  de  Philippe  le 
Bon  :  ce  sont  celles  frappées  en  vertu  de  rinstruction  dv 

1  Serrure,  op,  cit.,  p.  246.  Le  poids  fixé  par  Tinstmetion  est  53  graÎM 
65  eentiètnei. 

*  L'exemplaire  que  j'ai  eu  entre  les  mains  était  cassé  et  rogné.  Le  poM» 
légal  devait  être  en  nombre  rond»  27  grains.  Voy.  Tonvrage  de  M.  Semir«r 
p.  246. 


ET      mSStKTAT10%î>.  141 

i  mai  1466.  Toutes  ne  nous  sont  pas  parvenues  ;  elles  se 
i*éduiseDt  à  trois,  qui  sont  les  suivantes  : 

58.  Saint  André  tenant  sa  croix  devant  lui ,  entouré  de 
ces  mots  :  SANGTVS: ANDREAS. 

^.  Écusson  à  sept  quarts,  posé  sur  une  croix  longue  par- 
tageant tout  le  cbamp  de  la  pièce,  et  la  légende  PirS:DVX: 
BYRG:COMES:FLAND\ 

Florin  d'or.  PoUs,  62  grains  *.  PI.  V,  1862,  n^  54. 

&9.  Éeusson  à  sept  quarts,  entouré  de  la  légende  -f  PlfS: 
DE1:GRA:DVX:BVRG:C0MES:FLAND'. 

^.  Croix  fleuronnée  ayant  en  cœur  une  fleur  de  Us.  Lé- 
gende :  +SlT:NOMEN:DOx\IlNl:BENEDICTVM:AME'. 

A.  Double  patard.  Poids,  56  grains.  PI.  V,  n**  55  *.. 

60.  Écusson  à  sept  quarts  dans  un  double  trilobé.  Lé- 
gende :  +PH'S:DEI:GRA:DVX:BVRG:COMES:FLANDRIE. 

^.  Croix  différente  du  précédent,  mais  aussi  fleuronnée, 
et  ayant  également  au  centre  une  fleur  de  lis  ;  elle  est  en- 
tourée de  la  légende  -hSlT:NOMEN:DOMINÏrBENEDICTVM: 
AMEN. 

A.  Double  patard.  Poids,  57  grains.   PL  V,  n'»  56  '. 

U  nous  manque  de  cette  série  le  demi-florin  d*or. 

Deux  hypothèses  se  présentent  pourexpliquerTexistence 
lie  deux  doubles  patards  de  types  différents,  quand  il  pa- 
lait  certain  que,  vu  le  peu  de  temps  qui  s'est  écoulé  entre 
la  date  de  la  dernière  instruction  monétaire  et  la  mort  de 
Philippe  le  Bon,  il  ne  put  y   avoir  de  nouvelle  ordon- 


1  Le  poids  fixé  par  Tordonnance  est  63  grains  1/6. 

*  Duby,  pi,  LV,  n"  3.  Le  poids  fixé  par  rinstruction  est  5b  gniins  L4. 

»  Dessine  dans  Duby,  d'après  le  recueil  de  Van  Alkeniade,  pi.  LV,  n*  4. 
Cet  auteur  donne  également  un  autre  double  patard  dont  Técusson  du  droit 
est  dans  un  quatre  lobes  ;  je  ne  connais  pas  cette  pièce  ,  tirée  égalcmeut  de 
Van  Alkeinade. 


1Â2  MÉMOIRES 

naDce  prescrivant  une  modification  des  monnaies.  La  pre- 
mière est  d'admettre  que  ces  deux  pièces  de  fm  argent  ont 
été  frappées  dans  deux  ateliers  différents ,  ce  qui  serait 
possible.  Rien  ne  dit,  en  effet,  qne  râtelier  de  Malines  cessa 
de  fonctionner  lorsque  le  duc  rétablit  à  Gand  Thôtcl  des 
monnaies  transporté  momentanément  à  Bruges.  La  seconde 
hypothèse,  qui  me  paraît  la  plus  probable,  repose  sur  le 
fait  suivant  :  Une  pièce  sans  date  \  mais  que  son  contexte 
rapporte  précisément  à  la  dernière  année  du  règne  de 
Philippe  le  Bon,  nous. fait  connaître  les  représentations 
faite»  atrx  commissaires  du  duc  au  sujet  des  monnaies. 
Philippe  s'efforce  de  faire  droit  aux  justes  rëelamations 
de  ses  sujets,  et  l'on  y  remarque  le  passage  suivant  x 

a  Et  pour  ce  que  les  denier»  tant  d'or  et  d*argent  que 
ff  les  courtes  *  et  mites  qui  derrainement  ont  esté  forgiez  ^ 
n  ont  esté  mal  ouvrez  tant  en  taille  comme  en  emprainte, 
«  par  quoy  ilz  n'ont  esté  ne  sontréputéz  si  bons  comme  ilz 
«  sont  et  ainsy  n'ont  esté  si  plaisans  à  recevoir  que  mestier 
«  feust,  nous  avons  ordonné  et  ordonnons  que  pour  pour- 
«  veoir  et  remédier  à  ce,  le  denier  de  iiii  gros  sera  fait 
«  plus  court  et  plus  espés  de  la  largeur  du  gros  de  mets. 
((  Et  à  ceste  fin ,  seront  mis  en  euvre  tailleurs  pour  tailler  les 
«  coings  aultres  plus  abiles  et  meilleurs  ouvriers  que  ceulx 
«  qui  ont  taillé  les  aultres.  Et  sera  prins  garde  à  ce  que  les 
a  dessusdiz  denier»  soient  bien  forgiez  et  ouvrez  et  de 
n  bonne  rondeur,  comme  il  appartient.  » 

Ce  serait  donc  pour  différencier  les  pièces  nouvelle» 
d'avec  les  premières  faites  que  le  type  aurait  été  un  peu 


»  Archives  de  la  chambre  des  comptes  de  Lille ^  minute  en  papier. 

'  Cette  expression  de  courtes ,  qui  se  trouve  précisément  insérée  diins  Tin- 
struction  de  1466  pour  désigner  les  doubles  mites,  est  une  des  raisons  de  1» 
dHte  que  j'ai  cru  devoir  assignera  co  document. 


ET    DISSERTATIONS.  143 

1  est  malaisé  de  déteniÛDer  lequel  des  deux  dou- 
ds  décrits  ci-dessus  est  de  la  dernière  émission. 
t  la  ressemblance  du  n""  59,  où  Fécusson  du  droit 
entouré,  avec  les  doubles  patards  de  Charles  le 
,  me  porte  à  penser  qu'il  est  le  résultat  des  mo- 
prescrites  par  Philippe  le  Bon.  Il  est  d'ailleurs 
être  un  peu  plus  faible  et  un  tant  soit  peu^  plus 
ton*  60. 

ux  autres  monnaies  d'^argeut  émises  en  vertu  de 
)n  de  1466,  la  faible  différence  de  poids  qui  existe 
}  émises  conformément  à  l'instruction  de  1433, 
t  toujours,  ainsi  que  je  l'ai  dit  précédemment, 
aer  les  unes  des  autres^  surtout  en  l'absence  de 
irécis  que  les  instructions  précitées  n'indiquent 
is  donc  forcé  de  renvoyer  aux  descriptions  faites 
oent  des  n**  48  à  52  inclusivement  '. 

Louis  Desghamps  de  Pas. 

ibiM  encore  à  Philippe  le  Bon  les  u"*  6,7,  Set  9  de  Upl.  IJCXXI; 
v,  oe  «ont  des  monnaies  do  Philippe  -le  Beau  :  les  armoiries  Tin- 


lAA  SIÉMOIRES. 


NOTICE 

SUR  QUELQUES  MONNMES  ET  MÉREAUX  DE  BAR, 
DE  LORRAINE  ET  DE  CHAMPAGNE, 

(PI.  V.) 


Henri  iV,  comte  de  Bar. 

Sf .  de  Saulcy  a  publié,  dans  ses  Recherches  sur  le$  wm- 
naies  des  comies  et  ducs  de  Bar,  un  gros  d'argent  frappé  à 
Pont-à-Mousson  :  Moneta  montionensis.  Le  savant  auteur 
l'attribue  à  Henri  III  (1297-1302),  tout  en  faisant  observer 
qu'il  appartient  peut-êtue  à  Henri  IV  (1337-13iA);eteo 
effet,  on  est  frappé  de  la  ressemblance  que  cette  pièce  offie 
avec  la  monnaie  fabriquée  vers  1371  par  Jean  duc  de  Lor- 
raine et  Robert  duc  de  Bar  en  société  (Saulcy,  iVtiin.  àa 
ducs  héréd.  de  Lorraine^  pi.  VII,  11  ;  —  Monnaies  de  Bar, 
pi.  IT,  n»  7).  C'est  aussi  à  Henri  IV  que  je  crois  devwr 
attribuer  la  pièce  suivante,  double  moussonais  qui  se  rat- 
tache de  très-près  au  gros  d'argent.  Les  caractères  de  1* 
légende  me  paraissent  se  rapprocher  beaucoup  de  ceux 
qui  appartiennent  au  milieu  du  xfv''  siècle. 

hiCOM€S  I  ARRI.  Écu  d'or  aux  armes  du  Barrois. 

î$.  +M0TI0N6S  DVPLeX  (pour  3Iontionensis).  Croix 
pattée.  (PL  V,  n»  1.) 


ET   DISSERTATIONS.  1A5 

point  de  charte  qai  fasse  connaître  la  création 
er  monétaire  à  Pont  à-Mousson,  ni  aucun  fait  qui 
rte.  Les  comtes  ou  ducs  de  Bar  frappèrent  mon* 
différentes  localités ,  telles  que  Bar,  Saint-Mihiel, 
)rmont-en-Argonne,  la   Marche,  Varennes,  la 

PoQt-à-Mousson.  Les  ateliers  d'Étain  \  de  Cler- 
rgonne*  et  de  la  Marche'  ne  nous  sont  connus 
»  archives,  et  jusqu'à  présent  on  n*a  point  ren- 
monnaies  qui  puissent  leur  être  attribuées.  Tan- 
'est  mentionné  nulle  part  qu'il  y  eût  des  ateliers 
la  Chaussée  %  à  Varenoes*  et  à  Pont-à-Mousson, 
mt  on  connaît  des  monnaies  sortant  de  ces  ate- 
i  qui  sont  jusqu'à  ce  jour  restées  très-rares. 

loLANDE   DE   BaR. 

point  oublié  l'indication  que  M.  de  Longpérier 
3nnée  dans  une  lettre  du  27  janvier  1861,  au 
le  monnaie  de  Robert,  duc  de  Bar,  sur  laquelle 
ëCQSsoii  en  losange  ^  Mais  je  n'avais  pu,  à  cette 
ccepter  l'interprétation  proposée.  Cependant  les 
9  que  j'ai  faites  depuis  et  les  renseignements  que 

iley,  BechtrchM  iur  Us  monnaieê  des  comtes  et  ducs  de  Bar,  p.  25. 
met,  Hiêtoin  de  Lorraine,  preuve  DCXXII. 
alçf,  Râcherchêi  sur  les  monnaies  des  comtes  et  ducs  de  Bar,  p.  40. 
I  j'ai  rencontrée   dans  la  riche  collection  de   M.  Monnîer  de 
»  monnaie  CBt  au  type  de  celle  d'Henn  IV  ;  les  légendes  sont 
I  an  droit;  M  DE...LCES  an  revers,  pour  CALCES,  Calcia,  La 
Voir  les  titres  imprimés  dans   V Histoire  de   Lorraine ,  t.  II , 
et  DCLXXVI.  années  1351  et  1399. 

ilcy,  Becherchef  sur  le*  monnaies  de»  comtes  et  durs  de  Bar,  p.  43. 
llcy,  Becherrhus  sur  1rs  niotinaies  dey  mnff.'i  el  durs  dt  Bnr^  1K43  , 


1&6  MÉMOIRES 

je  (lois  à  l'obligeance  de  M.  Servais,  numismatiste  disÛD' 
gué,  m*ODt  convaincu  de  la  justesse  de  l'opiniim  doiU  je^ 
n'avais  pas  d'abord  apprécié  la  valeur. 

Les  preuiiëres  années  du  règne  de  Robert  sont  pleines 
de  confusion,  et  les  dates  erronées  de  certains  faits  npr 
portés  par  Dom  Calmet  et  autres  auteurs,  n'ont  fait  qu'ob- 
scurcir davantage  le  chaos  que  M.  Servais  s'efforce  dédis» 
siper.  Les  recherches  auxquelles  il  s'est  livré  nous  foot 
espérer,  pour  cette  année ,  une  histoire  complète  du  règne 
de  Robert,  avec  les  preuves  à  l'appui. 

lolande  de  Flandre,  comtesse  de  Bar,  cessa  d'être  régente 
d'Edouard  en  1349;  mais  bien  que  son  fils  eût  été  réputé 
majeur  et  autorisé  à  gouverner  par  le  roi  Philippe  de  Va* 
lois,  elle  dut  cependant  continuer  à  administrer  la  comté, 
en  raison  de  la  jeunesse  de  ce  prince ,  ainsi  que  le  prouve 
son  intervention  dans  un  traité  d'alliance ,  conclu  le  2  mai 
1302,  entre  Marie  de  Blois,  duchesse  régente  de  Lorraine, 
et  le  comte  de  Bar*. 

A  la  mort  d'Edouard,  arrivée  vers  le  mois  de  juin  1S5!, 
Robert,  son  frère,  lui  succéda  La  tutelle  de  ce  prince, 
ainsi  que  la  régence,  qui  appartenait  de  droit  à  lolande, 
lui  furent  disputées  par  Jeanne  de  Bar,  comtesse  de  GarennCt 
fille  d'Henri  111,  qui  prétendait  gouverner  à  sa  place,  comme 
grand'tante  de  Robert.  Cette  affaire,  portée  devant  le  par- 
lement de  Paris,  fut  terminée  en  1303. 

Il  paraîtrait  que  dans  ces  discussions  il  n'avait  pas  été 
tenu  compte  de  l'émancipation  de  Robert,  à  qui  le  roi 
Jean ,  par  lettres  datées  de  Conflans  le  27  juillet  1 J52, 
avait  accordé  un  bénéfice  d'âge.   On  connaît  également 
une  lettre  de  bénéfice  d'âge  accordé  à  Robert  par  Tempe- 

»  Dom  Calmct,  Preuve»  de  rhisloire  de  Lorraine,  DCXVllI. 


ET    DISSERTATIONS.  147 

\  IV  ;  cette  lettre  est  datée  de  Trêves,  le  22  fé- 
• 

de  cette  année,  lolande  cessa  de  gouverner 
mais  à  différentes  époques  elle  administra  les 
D  fils,  ainsi  que  le  prouve  une  lettre  patente, 
JHÎD  1357,  par  laquelle  Robert  prie  sa  mère 
du  ducbé  de  Bar  '. 

qui  avait  frappé  monnaie  conime  régente 
ivant  1319,  ne  cessa  point  de  le  faire  après 
e,  puisqu'en  1354  elle  nommait  Geoffroi  de 
t  maître  de  la  monnaie  de  Clermont,  comté 
t  eu  en  douaire.  On  ne  connaît  point  de  mon- 
I  d'Iolande  portant  le  nom  de  Tatelier  de  Cler- 
on  peut  supposer  que  cette  comtesse  continua 
3S  espèces  au  nom  de  Robert,  son  fils,  en  pla- 
champ  de  la  face ,  comme  preuve  de  leur  ori- 
n  losange  aux  armes  du  Barrois. 
de  cet  écu,  qui,  en  éveillant  l'attention  de 
)érier,  Ta  poité  à  donner  cette  pièce  à  lolande, 
r  cette  attribution.  En  effet  dans  le  blason, 
lange  était  destiné  aux  femmes,  et  se  retrouve 
ms  de  Renée  de  Lorraine ,  de  Jeanne,  épouse 
de  Valois,  d'Isabeau  de  Bavière  et  de  bien 
incesses;  sur  les  monnaies  obsidionales  de 
)pées  par  Charlotte  de  la  Marck. 
mgpérier  a  déjà  fait  remarquer  que  lorsque 
^urbon  fut  reconnue  tutrice  de  son  petit-fils 
[ ,  comte  de  Savoie ,  elle  plaça  sur  la  monnaie 
osange  ".  Ceci  résulte,  non-seulement  de  Texa- 


t.DLII. 

m.,  IH59.  p.  '^Oî». 


lis  MÉMOIRES 

men  des  monnaies  de  ce  seigneur,  mais  encore  du  texte- 
d'une  charte  dont  nous  devons  la  connaissance  au  savane 
chevalier  D.  Promis.  Bonne,  par  un  acte  du  5  avril  1393, 
concède  à  Jean  Raflano  de  Treflbrt  la  fabrication  de  la 
monnaie  à  Nion  ;  on  y  trouve  ce  passage  :  «  5*  Qtiarti  di 

grosiiei  in  istis ab  una  parte  erit  impressus  flavcllu» 

cum  galea  armorum  nostri  comitatus  :  et  ab  alia  parte  erit 
losingia  armorum  tioulrorum^  et  erit  descriptum  circuni- 
circa  tam  ab  una  parte  quam  ab  altéra  quantum  intrare 
poterit  AMEDEVS  COMES  SABAVDIE  DVX  CHABLASY  ET 
AVGVSTE  ET  IN  ITALIA  MARCHIO*.» 

Si  Técu  en  losange  qui  figure  sur  cette  pièce  de  Robert 
u*est  point  le  résultat  du  caprice  du  monnayeur,  il  est  cer- 
tain que  Ton  doit  attribuer  cette  monnaie  à  lolande  de 
Flandre.  Le  mot  DVX,  qui  y  est  inscrit,  ne  doit  point  ici 
faire  obstacle.  En  1355  Robert  prit  le  titre  de  duc,  soit  en 
vertu  d'une  concession  accordée  par  le  roi  Jean  le  Bon  ou 
par  Charles  IV,  empei*eur  d'Allemagne,  lors  de  son  voyage 
à  Metz,  soit  de  sa  propre  autorité.  Quoi  qu'il  en  soit,  les 
chartes,  qui  vers  la  fin  de  1354,  portent  la  désignation  de 
comte ,  mentionnent  dans  les  premiers  mois  de  1355  le 
titre  de  duc,  et  je  ne  connais  aucune  pièce  authentique  qui: 
puisse  éclaircir  ce  fait. 

Par  un  acte  daté  du  A  mai  135A,  Robert  traite  avec 
Humbelet  de  Gondrecourt  pour  sa  monnaie  de  la  comté  de 
Bar  qui  devait  être  frappée  à  Saint-Mihiel.  h  C'est  à  savoir 
que  nous  li  avons  donnei  et  donnons  plein  pooir  et  liberté 
de  faire  et  faire  faire,  à  Saint-Mihiel  ou  ailleurs  en  notre 

comtei Item  volons  que  lidit  Humbelet  fasse  et  puisse 

faire,  ou  puisse  faire  faire  toutes  manières  de  menoies 

'  }lonete  dn  nali  ./<  5a'. "a,  t.  I,  p.  l^R. 


ET  4yiSSERTAT10NS.  149 

•blanches  et  noires,  de  tel  poix  et  aloi  comme  sont  et  seront 

tes  menoies  dou  roy  de  France et  seront  en  notre  nonu, 

^   averont  emprente,  comme  lidit  Humbelet  verra  que 

Meox«ra *» 

^lus  tard,  lorsqu'il  eut  pris  le  titre  de  duc,  en  1S55,  il 
tr&ita  de  nouveau  avec  ce  même  Humbelet,  et  lui  accéda 

pour  deux  ans  la  monnaie  de  Bar  et  de  Clermont.  « C'est 

y^  manière  comment  li  receveur  à  marchande!  à  madame  la 
cocntesse  de  Bar,  des  monnoies  de  la  duchié  de  Bar  et  de 

^^rmont il  fera  ouvrei  à  un  denier  de  moins  de  loy^ 

les  monnoies  blanches  que  on  forgerat  en  la  duchié  de  Bar, 

ftjfto  celles  dou  royaume  de  France '  » 

Ici  encore  on  voit  que  c'est  la  comtesse  lolande  qui  agit 
Ma.  nom  de  son  fils ,  comme  Bonne  de  Bourbon  au  nom  du 
«^m.  Il  est  donc  tout  naturel  d'appliquer  au  denier  de  Bar 
re:xplication  du  type  fournie  par  le  texte  même  de  la  corn- 
tes-se  de  Savoie. 

Robert,  comte  de  Bar. 

Je  citerai  également  une  monnaie  de  Robert  qui  porte 
1^  titre  de  comte.  Cette  variété,  inconnue  à  M.  de  Saulcy, 
"**^  été  indiquée  par  M.  Servais ,  qui  se  propose  de  nous 
^^Qner.dans  son  travail  sur  le  règne  de  Robert  des  rensei- 
B'^^ments  fort  curieux  à  l'égard  de  cette  pièce,  et  je  joins 
'^^  le  dessin  que  je  dois  à  son  obligeance. 

ROBERTVS.  C.  ES.  Croix.  Légende  extérieure  :  BNDITV: 
S^T,  etc.,  etc. 


*  Dom  Calmet,  DCXXII. 
^  Dom  Calmet,  DCXXIII. 


150  MÉMOIRES 

K).  TVRONVS  CITIS.  Ghâtel  tournois.  Bordure  <le  dou» 
lis.  (PI.  V,  n"2.) 

Cette  monnaie  a  dû  être  frappée  en  1353-lS5i  par 
Humbelet  de  Gondrecourt;  elle  est  imitée  du  gros  blanc 
de  Jean  le  Bon,  frappé  en  novembre  1858  \  et  qui  offre, 
ainsi  que  le  gros  de  Robert,  le  portail  à  la  croix  et  les  tou- 
relles tréflées.  Bien  que  cette  pièce  ne  soît  pais  d'une  par- 
faite conservation,  ce  qu'il  reste  des  lettres  du  mot  comts 
ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  son  attribution  à  Robert, 
comte  de  Bar,  et  c'est  peut-être  le  seul  exemplaire  qui 
nous  soit  parvenu  d'une  monnaie  de  ce  prince  imitée  de  la 
monnaie  royale  et  portant  en  même  temps  le  titre  de 
comte. 

René  1*',  duc  de  Lobbaine. 

M.  de  Saulcy,  dans  son  ouvrage  sur  les  monnaies  des 
ducs  de  Lorraine ,  cite  à  la  pi.  X,  n*"  11 ,  une  monnaie  de 
ce  prince  frappée  à  Nancy  ;  je  décrirai  une  variété  de  cette 
pièce  frappée  à  Saint-Mihiel. 

RENATI.  DVX.  BARREN.  Z.LOTH.  M.  Épée  la  pointe  en 
bas ,  passant  derrière  un  écu  de  Lorraine  et  de  Bar  ;  Lor- 
raine sur  le  tout. 

fi.+MOiNETA+S+MieHAL.  Croix  de  Lorraine  potencéc 
à  ses  extrémités.  Légende  extérieure  :  BNDICTV,  etc.,  etc, 
(PI.  V,  n»3,) 

(Collection  de  M.  Servais.  ) 


•  Le  Blanc,  Traité  des  monn.  de  France^  éd.  d^Amsteidam^  1692,  pi.  n*  J, 
ftiinexée  à  la  p.  217,  l'*  colonne,  n»  6.  —  Delombardy,  Catal,  de  la  coltea. 
BignauH^  p.  11,  n»  83. 


«T   DISSERTATIONS.  161 

René  II,  duc  de  Lorraike. 

Jmt  variété  d'une  pièce  publiée  par  M.  de  Saulcy, 
3QV,  n*  3,  nous  offre  une  particularité  fort  curieuse 

13  la  figure  de  la  croix.  Ce  n*est  point  le  résultat  d'un 

icient  dans  la  frappe,  mais  bien  une  forme  inusitée.  Les 

xicbes  transversales  sont  au  nombre  de  trois,  et,  con- 

UEiement  à  celles  de  la  croix  papale ,  la  barre  du  milieu 
plus  peUte  que  la  première  et  moins  grande  que  la 

iiière. 

ftKNATVS:D^G:REX:SICIL.  Épée  recouverte  de  récusson 

liOrraine. 

îè.  MONETA:FACTA:IN:NANC.  Croix  de  Lorraine  à  trois 

fauches.  (PL  V,  n«4.) 

Obole  anonyme  de  Provins. 

t)bole  sans  légendes.  Peigne  provinois,  au-dessus  un  T 
i  Y  entre  deux  annelets. 

i|i  Croix  cantonnée  de  deux  annelets  et  des  lettres  alpha 
em^goy  qiû  sont  reliées  au  centre  de  la  croix  par  un  trait 
igooal  au  lieu  d'être  attachées  aux  branches  horizon- 
W,  ainû  qu'on  le  voit  sur  les  monnaies  de  Sens  et  de 
Dvins.  (PL  V,  n^6.) 
(Collection  de  M.  Saubinet,  à  Reims.  ) 
Cette  obole  appartient  sans  aucun  doute  au  xii*  siècle, 
LIS  rien  ne  peut  la  faire  attribuer,  soit  à  Thibaut,  soit  à 
un,  comtes  de  Champagne.  Ce  n'est  pas,  comme  on 
urràit  le  croire  au  premier  coup  d'œil,  un  denier  rogné  ; 
parties  de  métal  qui  entourent  le  cercle  ne  présentent 
cane  trace  de  caractères. 


152  MÉMOIRES 

Monnaie  de  Toul. 

Les  évêques  de  Toul  jouissaient  depuis  longtemps  di 
droit  de  battre  monnaie  dans  leur  ville  et  dans  les  terre 
de  leur  dépendance ,  lorsque  Pierre  de  Brixey,  ayant  re 
construit  la  forteresse  de  Liverdun  avec  rautorisatioD  di 
duc  Simon,  obtint  de  Tempereur  Frédéric  Barberousse,  ei 
1178,  la  confirmation  du  droit  de  battre  monnaie  dan 
cette  place,  droit  qui  lui  avait  été  octroyé  par  le  mèOM 
empereur  en  1168  \ 

M.  Cb.  Robert,  dans  son  e^icellent  travail  sur  les  mon- 
naies de  Toul,  cite  de  cet  évëque  deux  variété^  avec  la  lé 
gende  LIBDYN  {Liberdunum)  et  LIVIR  {Lmrdunum);  puis 
dans  la  description  de  monnaies  des  évoques  qui  lui  suc* 
cèdent,  il  n'en  rapporte  aucune  qui  ait  été  frappée  daof 
cette  ville. 

Cependant  il  ne  faut  pas  conclure  de  cette  absence  de 
toute  monnaie  au  nom  de  Liverdim  que  les  évoques  dé  Toul 
aient  négligé  de  jouir  du  droit  qui  leur  avait  été  accordéi 
Dom  Calmet  rapporte  que  ci  Tbomas  de  Bourlémont  laissait 
à  Cbaudrin,  fils  de  Jeannin  Fulvel  de  Liverdun,  le  droit  de 
fabriquer  toutes  sortes  de  monnaies  blanches  à  son  coin  à 
Liverdun  ou  à  Brixéy,  et  même  d'y  fabriquer  des  trabomgii 
ou  monnaies  de  Strasbourg,  des  eschelins  ^t  autre3  moiî- 
naies  au  nom  d'autres  que  de  l'évéque,  excepté  toutefoia 
les  monnaies  du  roy  de  f*rance  et  du  duc  de  Lorraine, 
qu'il  ne  lui  permettait  pas  de  contrefaire.  Ces  monnaieB 
étaient  de  tel  aloi  que  dans  cbaque  marc  d'eschelim  et 
autres  monnaies  blanches  il  devait  y  entrer  quatre  onces 

»  Benoît,  Hist.  de  Toul,  preuves,  XXX.  —  Pom  Calmet.  p.  126. 


-ET  mSSERTATlONS.  153 

"aà.jfgent  du  roy,  et  pour  chaque  marc  le  monnoyeur  ren- 
ft.m  i  au  prélat  quatre  sols  forts  ;  un  touïois  pour  trois  de* 
^ars,  un  esckêlin  pour  quatre.  Il  lui  était  aussi  permis  de 
ft>Tiquer  toutes  sorte  de  florins  d'or,  et  il  rendait  à  Févèque 
»«ar  chaque  marc  d'or  mis  en  <puvre  un  petit  florin  de 
Qurence  ou  la  valeur  *.  « 
Ml  sortit  à  cette  époque  de  râtelier  de  Liverdun  quantité 

monnaies  frappées  à  Timitation  de  celles  de  Metz,  et  le 
saobre  en  fut  si  grand  que  Tévéque  Adhémar  de  Monthil 
^MM  plaignit  fortement  à  Thomas  de  Bourlémont  '. 
^%.  D«  Ll.  L*évèque  debout,  vu  de  face,  tenant  de  la  main 
^Mte  une  crosse ,  de  la  gauche  le  livre  des  Évangiles. 
^.  MONETA.  Dans  le  champ,  épée  la  pointe  en  bas. 
».  V,n?«0 

IMotre  obole  est  rimitation  exacte  de  celles  de  Renaud  de 
or  9  évëque  de  Metz,  mais  l'argent  est  à  plus  bas  titre, 
^.^attribution  que  je  propose  de  cette  cbote  à  Bertrand 
t  l«t  Tour,  évéque  de  Toul,  repose  uniquement  sur  la  lé^ 
BEi€3e  B.D.LI.  (Bertrand  de  Liverdun) ;  les  points  qui  se 
rt^mxYent  placés  entre  les  lettres  B,  D,  L  m'empêchent  d'y 
rt&r*  UBD,  ce  qui  ferait  de  cette  légende  le  complément  de 
odie  du  revers  MOiNETA  LIBD  (motinaie  de  Liverdun).  ÎI 
1D^  sera  sans  doute  objecté  qu'il  serait  difficile  de  com- 
frendre  que  Bertrand,  qui  vivait  en  135i-63,  eût  copié  un 

tjpe  émis  trente  cinq  ans  auparavant,  mais  on  possède 

*iBex  d'exemples  de  faits  analogues  pour  expliquer  cette 

'mâtatioD  tardive  d'un  type  fort  en  faveur. 
S  cette  attribution  ne  pouvait  être  acceptée  et  qu'il  me 

'^i&t  v<Hr  dans  la  légende  de  la  face  les  premières  lettres  du 

'  Benoit,  Biêi.  de  Toul,  preuves,  année  1345. 
*  D.  Cftlmet,  p.  631. 

1S«2.^2.  11  ( 


15&  MÉMOIRES 

mot  Lihdumn»^  je  pro])oserais  alors  de  placer  cette  monnaie 
à  Tépisçopat  de  Jean  d'Arzillières  ou  d'AmédéedeGenèTe. 

M.  Robert,  dans  son  ouvrage  sur  les  monnaies  de  Toult 
rapporte  le  texte  d'un  acte  daté  du  mois  de  juillet  1353, 
par  lequel  Bertrand  de  la  Tour  s'engage  à  faire  frapper  la 
monnaie  pendant  douze  ans  dans  la  ville  de  Toul  par 
Mathieu  Graisdepain  de  Dijon ,  maître  de  la  Monnaie. 
(Page  55.) 

Bertrand  de  la  Tour  n'aurait  point  été  le  seul  qui  aundt 
copié  ce  type  alors  en  faveur;  plusieurs  princes  lorrains 
fabriquaient  également  des  imitations,  et  bénéficiaient  ûnsi 
de  la  différence  du  poids  ou  du  titre  qui  existait  entre  leurs 
deniers  et  ceux  qu'ils  copiaient. 

Je  joins  ici  le  dessin  d'un  petit  spadin  de  Ferri  IV,  in- 
connu à  M.  de  Saulcy,  et  que  j'ai  trouvé  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  de  Widranges. 

FER.  D  (Ferri  Dux).  Le  duc  debout,  vu  de  face,  la  tète 
couverte  d'un  capucbon ,  tenant  dans  la  mahi  droite  une 
épée  et  de  l'autre  un  oiseau. 

R.  MONETA.  Épée  la  pointe  en  bas.  (  PI.  V,  n»  7.  ) 

Cette  variété ,  du  poids  de  0«',042,  est  à  un  titre  moins 
élevé  que  le  spadin  de  Renaud,  évêque  de  Mets. 

Jean  de  Siëhcr,  évêque  de  Toul. 

S'il  était  accepté  que  la  légende  Novicastri  ,  qui  «e 
trouve  sur  quelques  deniers  de  Pierre  de  Brixey,  soit  le 
nom  nouveau  qui  aurait  été  donné  à  Liverdun  après  sa 
reconstruction,  en  1176,  je  proposerais  d'attribuer  à  Jean 
de  Sierck ,  évêque  de  Toul ,  l'obole  suivante ,  que  possède 
M.  le  comte  de  Widranges. 

r.XTl.  L'évêque  debout  et  vu  do  face,  tenant  delà  main 


ET    DISSERTATIONS.  155 

îte  la  crosse  épiscopale  et  de  la  gauche  le  livre  des 
^Dgîles. 

h  MONETA.  Épée  la  pointe  eu  bas.  —  Poids,  0«',050. 
.  V.  n-8.) 

ean  de  Sierck ,  qui  avait  émis  des  espèces ,  imitations 
ctes  des  deniers  de  Jean  d'Apreinent  et  de  Jacques  <le 
raine,  évèques  de  Metz,  n'aura  poict  négligé  de  prendre 
jr  modèle  de  quelques-unes  de  ses  monnaies  le  type  fort 
andu  de  Reaaud  de  Bar;  quanta  la  légende  l'NTl^  il 
lirait  y  lire  lobannes  NovicasTrI  et  croire,  avec  M.  Roliu 
Saiicy,  que  cette  désignation  nouvelle  de  la  ville  de 
fifdan  s*était  conservée  jusqu'à  cette  époque. 

AUreaui. 

itt  sainte  Vierge  tenant  Tenfant  Jésus.  Dans  le  champ, 

lettres  A.C.  —  Légende  :  ORATE.  PRO.  MORTVIS.  VL 

-   V,n*9.) 

Guivre.  —  Collection  de  M.  Saubinet,  &  Reims.  ) 

e  méreau,  frappé  d'un  seul  côté,  me  parait,  si  j'en  juge 

sa  fabrique,  appartenir  au  xvi*  siècle.  L'analogie  qui 
t.^  entre  cetti;  pièce  et  celle  bien  connue  de  Reims,  à  la 
-^de  MoNETA  £GCL£Si£  REMENsis ,  mo  la  fait  attribuer  à 
^  ville.  —  Les  méreaux  bractéates  ne  sont  point  rares; 
^t-Amat  de  Douai,  le  chapitre  d'Évreux,  Saint-Hilaire 
l^oitiers ,  Saint  -Martial  de  Limoges  et  les  églises  de 
^t  Valérien  et  de  Saint-Philibert  de  Tournus  firent  frap- 

des  méreaux  de  plomb  et  de  cuivre  dont  un  seul  côté 
^t  une  empreinte.  Les  lettres  A.  G.  qui  occupent  le 
^p  doivent  être  les  initiales  des  mots  ADORANDA  CRVX, 
plutôt  encore  les  derniers  vestiges  de  TA  et  de  YQ. 
Quant  au  chiiïre  VI,  je  crois  pouvoir  l'expliquer  en  disant 


iÔ6  MÉMOIRES   ET   DISSERTATIONS. 

qu'il  signifiait  six  deniers,  somme  allouée  à  ceux  qui  ams- 
taient  à  Toffice  pour  lequel  ce  méreau  était  une  marque  it 
présence. 

La  pièce  suivante  a,  au  premier  coup  d'œil,  un  aspect 
antique,  qui  s'accorde  mal  avec  la  date  quelle  porte,  et 
avec  la  forme  du  caractère  R  quatre  fois  répété. 

La  sainte  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus,  au-dessous  un 
grand  D  gothique ,  de  chaque  côté  la  lettre  R,  le  tout  dans 
un  cercle  formé  de  onze  demi-cercles  reliés  entre  eux  à 
leurs  extrémités  par  des  ffeurs  de  lis. 

^.  Dans  le  champ,  un  grand  tt  gothique  surmonté  de  la 
date  1Ô95,  accosté  de  deux  R  et  enfermé  dans  ua  c^tde 
semblable  à  celui  de  la  face.  (PL  V,  n"  10.) 

(  Cuivre.  —  Collection  de  M.  Saubinet,  à  Reims.) 

Quoiqu'il  n'y  ait  que  les  lettres  R  dans  le  champ  du  re- 
vers et  de  la  face  qui  puissent  légitimer  Tattribution  que  je 
ferai  à  Reims  de  ce  méreau,  la  présence  du  type  de  la  Vierge 
me  paraît  justifier  cette  attribution.  Le  grand  O  gotbiqoe 
indique  la  valeur  de  la  pièce. 

Léok  Maxe-Werl¥. 


LLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


leaoz  et  des  rouelles,  antique  monnaie  des  Gaulois. 
*je  par  H.  le  comte  Hippoltte  de  Widranges.  In-8* 
}  pages  et  6  planches  gravées.  Bar-le-Duc,  1861. 
ote  sur  la  médaille  à  la  légende  RAA€T€AOr. 

in  coMe  un  peu  de  rendre  compte  de  cette  brochure 
ité  très- obligeamment  envoyée,  parce  que  je  serai  for- 
conduit  à  contredire  toutes  les  conclusions  que  voudrait 
mettre  son  honorable  auteur;  mais  s'il  est  certaines 
le  critique  dont  on  ne  doit  pas  s'écarter  en  mati^re  de 
les  archéologiques  et  numismatiques,  d*im  autre  côté 
èa  lent  mais  constant  de  la  science  impose  à  l'énidit 
!de  un  sujet,  le  devoir  de  tout  connaître,  de  tout  peser 
rdre  de  faits  qu'il  traite,  sans  se  croire  obligé  de  subor- 
Bécessairement  son  jugement,  éclairé  par  des  faits 
ix ,  k  des  considérations  émises  autrefois  par  d'illustres 
il  est  vrai,  mais  sous  l'empire  de  découvertes  res- 
et  auxquelles  il  manquait  la  sanction  du  temps, 
comte  de  Widranges  me  paraît  avoir  été  dominé  surtout 
brochure  par  le  désir  très-respectable,  en  IiH-méme,de 
ir^  au  sujet  des  rouelles  réputées  gauloises,  les  idées 
éesen  1836'  et  i837*  par  les  numismatistes  qui-  se 
premiers,  occupés  de  ce  genre  de  monuments.  A  eette 
on  ne  connaissait  guère  que  de  petites  rouelles  en 
quatre  rayons  de  la  taille  et  du  poids  des  monnaies; 


.,1836,  p.  169 
«»m.,  1837,  p.  72. 


158  BULLETIN   BinLIOGRAPniQUE. 

cette  similitude  matérielle  jointe  à  la  remarque  faite  par  too» 
los  numismatistes  que  le  numéraire  gaulois  était  tout  constellé 
de  ces  rouelles,  depuis  les  cbarmantes  petit<*s  médailles  de 
Marseille  jusqu'aux  informes  statères  de  rArmorique,  cette 
identité  de  poids  et  de  figure  avaient  bien  pu  tromper^  au  début 
des  études  numismatiques^  d'illustres  savants;  mais  aujourd'hui 
on  saR,  du  reste  ^  quelles  sont  les  plus  anciennes  médaille» 
gauloises,  et  Ton  ne  pense  plus  à  revendiquer,  pour  ouvrir  It 
série  déjà  si  riche  du  numéraire  gaulois^  ces  joujoux  métal' 
liques^  dignes  tout  au  plus  de  figurer  dans  un  musée  ethnogra- 
phique comme  échantillons  des  amulettes  d'un  peuple  adonné 
aux  pratiques  superstitieuses. 

Il  est  vrai  que  depuis  4836  on  n'a  jamais  contredit  ouverte- 
tement  l'opinion  favorable  à  l'idée  monnme.  Mais  il  semble  que 
la  seule  raison  se  chargeait  de  ruiner  pièce  à  pièce  ce  système.  A 
mesure  que  s'accumulaient  dans  nos  collections  ces  monuments 
singuliers  que  nous  accueillions  par  respect  pour  les  sentiroeals 
émis  dans  la  Revue  de  1836,  quelques-unes  de  nos  itlusioD» 
disparaissaient.  Un  jour,  par  exemple,  il  m'arrive  une  char- 
mante rouelle  d'or  à  huit  rayons,  de  travail  filigranique,  frile 
comme  la  boucle  d'oreille  d'une  Mexicaine  «  quelque  diose 
d'aérien  comme  la  trame  d'Arachné;  du  reste,  de  l'or  le  plus 
pur.  Les  raies,  épaisses  d'un  dixième  de  millimètre,  sont  gaiU 
lochées  sur  un  tour  sans  doute  microscopique  :  la  jante  esl 
composée  de  trois  cercles  d'or  concentriques,  celui  du  milieu 
également  tourné  et  guilloché  ;  le  moyeu  est  saillant,  évidé  el 
composé  de  deux  petites  bandes  d'or  contournées  en  cerde  el 
soudées  de  chaque  côté  de  la  rone  à  une  âme  pleine,  de  sorte 
que  ce  moyeu,  quoique  évidé,  n'est  pas  percé  à  jour. 

Que  penser  de  ce  petit  monument,  le  frère  de  celui  du  musée 
d'ËpinaP,  mais  plus  frêle  et  plus  soigné  que  lui?  Comroettt 

*  Je  possède  une  empreinte  de  cette  jolie  rouelle  toute  semblable  à  fat 
mienne I  mais  pins  solide  et  moins  soignée;  celle  de  M.  Bénard  (J 
1846,  p.  316)  est  grossière. 


BUIXKTIN    niBLIOC.RAPIIiniK.  159 

r  que  ce  travail  délicat  a  pu  figurer  dans  roscairellts 
n  y  tient,  pondu,  h  la  selle  d'un  rapide  cavalier  gaulois. 
Me  avec  les  grandes  rouelles  à  dix  rayons  de  M.  dn 
ges  f  qui  mesurent  sept  centimètres  de  diamètre  avec 
Pti  présentant  une  épaisseur  de  plus  de  deux  centimMresT 
le  hasard  m'avait  encore  ménagé  Toccsision  de  parler 
monument  de  ce  genre,  beaucoup  plus  cmicluant  que 
Iles  déjà  si  grandes  de  M.  de  Widranges:  je  veux  parler 
lorme  rouelle  de  bronze  d'environ  douze  centimètres  de 
3 ,  large  par  conséquent  comme  une  assiette  et  pourvue 
vyeu  plein  dont  l'épaisseur  totale  est  de  six  centimètres 
:  les  raies  sont  soudées  à  la  jante  d'une  manière  assez 
e,  mais  leur  travail  est  fleuri  et  ornementé. 
niument,  dont  j*ai  longtemps  ignoré  la  valeur  à  défaut 
rouelles  de  même  taille  qui  pussent  s'en  rapprocher  plus 
m,  avait  été  trouvé,  m'a-t-on  dit,  dans  la  Saône,  en 
aie  de  plusieurs  bracelets  de  bronze  de  forme  trts- 
e. 

8  cette  époque^  il  m'est  venu  une  de  ces  grandes  rouelles 
tyons  du  genre  de  celles  que  M.  de  Widranges  a  repré- 
1008  les n"^  1  à  6  de  la  pi.  V  de  sa  brochure,  qui  font 
le  trait  d'union  entre  cette  pièce  gigantesque  et  les  pe- 
telles  à  quatre  rayons  anciennement  connues. 
Hra,  je  me  suis  trouvé  parfaitement  autorisé  à  rapprocher 
mante  petite  rouelle  d'or  de  l'énorme  bronze  dont  je 

parler,  et  k  chercher  la  solution  du  problème  tout  à  fait 
rs  de  la  numismatique,  puisque  ce  rapprochement  seul 

lldée  que  deux  monuments  de  complexion  si  ditl'é- 
Bsent  pu  constituer  une  monnaie  usuelle,  dies  éléments 
e  nature  destinés  à  se  ft*otter  l'un  à  l'autre, 
mnaie  véritable  n'est  jamais  disparate  à  ce  point  :  elle 
I  d'ailleurs  chez  tous  les  peuples  un  aspect  solide ,  phts 
8  globuleux,  une  constitution  résistante  et  capable  de 
»ntre  le  frottement  inséparable  de  sa  fonctiou. 


160  Bulletin  BiRUOGBAPBfQUE^ 

Or  je  demande  ce  qae  deviendraient  an  contact  die  mon  m 
^iive^  non-seulement  la  mince  et  légère  rouelle  d*or  dont  je  viem 
de  parler,  mais  même  certaines  rouelles  de  bronie  à  six  rayona 
soudées  à  un  moyeu  évidé,  qui,  bien  que  mesurant  pkisdedeai 
centimètres  de  diamètre,  offrent  des  raies  de  mokia  d*UB  denn 
millimètre  d'épaisseur.  M.  de  Widranges  a  figuré,  dans  son 
texte  (p.  U),  une  de  ces  rouelles,  si  frôles  que  le  moindre  cboe 
les  pulvériserait. 

Évidemment  un  tel  numéraire  ne  résisterait  pas  un  sent  jour 
à  la  manutention  b  plus  attentive,  et  les  éléments  les  plus  pré^ 
cieux  seraient  précisément  ceux  qui  seraient  le  plus  compromis. 

Sachons  donc  bon  gré  à  M.  le  comte  de  Widranges  de  nous 
avoir  fait  connaître  les  grandes  rouelles  qui  figurent  sur  les 
pi.  IV  et  V  à  l'appui  de  sa  brochure.  Cette  publication  a  de 
faire  tomber  les  dernière»  illusions  ;  elle  m'a  donné  le  courane 
de  rapprocher  deux  monuments  aussi  disparates,  k  premlèie 
vue,  que  mes  deux  rouelles,  et  elle  a  porté  le  dernier  coup  à 
une  idée  vieillie,  qui  n'a  été  émise  au  début  des  études  numis- 
matiques  qu'au  vu  d'une  série  de  monuments,  les  petites 
rouelles  à  quatre  rayons,  identiques  de  poids  et  de  métal  a? ce 
les  potins  gaulois. 

J'ap  parlé  d'amulettes  à  Foccasion  des  roueUes  ;  je  m*expli* 
que  r  je  crois  y  voir  quelque  chose  comme  un  symbole  de  tîc^- 
toire,  un  anathema,  ou  un  iignum  boni  eveniL  Apollon,  kr 
même  que  le  Sol  mvkius  des  bas-temps ,  porte  k  Toriginedii 
monnayage  gaulois  une  rouelle  à  quatre  rayons  à  son  casque^ 
Pellerin  S  le  président  de  Saint-Vincens  *,  Tôchon  d'Anneey% 
le  marquis  de  Lagoy  \  M.  de  La  Saussaye  ',  Lelewel  *  et  Do- 

i  T.  III,  p.  126,  et  pi.  CXV.  n«  IT. 

•  PI.  II,  n"  II. 

«  PI.  XIX,  n- 4  et  5. 

^  Detcript.  de  quelques  méd,  inéd,  de  Maseilia^  etc.,  p.  10  et  11,  et  a**  10  à  \S 
de  la  planche. 

*  Numitmatique  narbonnaite,  p.  56,  et  n**  11  à  17  de  la  planohe  I**, 
«  X-  28  et  27  de  la  planche  Vil. 


ftULLETiN   RIBLIOGRAPUiQUE.  I6l 

chslàis*  ont  demi  ou  figuré  ces  intéressantes  médailles,  et  la 
place  qa'occupe  cette  rouelle  est  significative.  On  la  retrouve 
encore  au  bonnet  des  cochers  du  cirque  suivant  des  représen- 
tations que  j'ai  vues  autrefois  entre  les  mains  de  M.  Muret  du 
Cabinet  des  médailles.  Dans  certaines  médailles  armoricaines  ', 
la  Victoire  fait  flotter  une  rouelle  à  quatre  rayons  devant  la  tête 
de  l'androcéphale,  à  la  place  même  du  tableau  sur  lequel  on 
croit  que  les  Gaulois  inscrivaient  leurs  succès  militaires. 

Dans  cet  ordre  d'idées  religieuses  et  militaires  tout  s'explique  : 
et  le  disparate  de  ces  monuments ,  dont  l'usage  devient  dès 
lors  multiple,  et  la  compicxion  délicate  de  quelques-uns  d'entre 
eux  qui  peuvent,  étant  cousus  à  la  coiffure  ou  à  l'habit,  acquérir 
une  certaine  consistance  à  la  manière  des  amulettes  de  plomb, 
i^ourées,  que  les  pèlerins  du  moyen  Age  attachaient  à  leurs 
personnes  ou  aux  tentures  de  leurs  appartements  '. 

Du  reste,  je  ne  tiens  nullement  à  cette  explication,  et  le  ha- 
sard se  chargera  peut  être  d'en  donner  une  meilleure  mais 
j'ai  cru  utile,  dans  l'intérêt  de  la  science  qui  nous  est  chère, 
de  protester  contre  Topinion  de  M.  de  Widranges,  qui  se  pro- 
duit avec  un  cortège  de  planches  charmantes  au  sujet  des* 
tjuclles  on  ne  saurait  trop  le  féliciter. 

Ce  soin  et  cette  perfection  dans  la  reproduction  des  objets 
d'archéologie  dont  nos  voi^ins  d'outre- Manche  nous  donnent 
l'exemple,  avancent  plus  qu'on  ne  pense  la  situation  des  ques- 
tions en  litige;  ici  les  moindres  détails  sont  appréciables,  ce 
qui  est  d'un  prix  inestimable  lorsqu'il  s'agit  de  monuments  sur 
la  destination  desquels  on  n'est  pas  d'accord. 

Hais  les  rouelles  dont  nons  venons  de  parler  ne  sont  pas  les 
seules  que  M.  de  Widranges  veuille  faire  passer  pour  des  mon- 

>  Dnchalus,  {Catalogue,  etc  ,  p.  28,)  croit  que  Teffigie  est  celle  de  Vulcain, 
et  D<m  d^ApoUon. 

•  Rttuê  fMMii.,  1852,  pi.  VI,  n"  8. 

*  Dtê  muêignu  de  pèlerinage^  pnr  £.  Iluclier,  dans  lo  tiuU,  mon. y  année  1851. 
'^CoUecHon  de  picmhê  hiëtoriét^  par  Arthar  Forgeais.  Paris,  1858,  in-8'',  Bg. 
—  Pilgrim**  sitfnê^  par  Roach-Smith,  dans  les  Colltct,  ant,^  1860,  t.  II,  p.  43. 


162  BULLETIN   niBLIOCBAPIlIQUE. 

naies,  et  si  nous  en  avons  parlé  en  première  ligne,  c'est  que 
jusqu'ici  ce  sont  les  seuls  monuments  de  ce  genre  dont  h'S 
maîtres  de  la  science  se  soient  occupés.  Il  existe  deux  autres 
séries  do  rouelles  qui  sont  pluldt  des  anneaux»  et  qu'instinctive- 
ment on  a  placées  dans  1rs  collections  à  côté  de  la  première 
série  *.  M.  de  Wîdranges  n'hésite  pas  à  y  voir  aussi  des  spéci- 
mens du  plus  ancien  nuniérnire  gaulois. 

Ces  anneaux,  que  Thonorable  antiquaire  réunit  dans  sa  des- 
cription, constituent  pour  moi  deux  séries  distinctes  :  Tune  est 
surtout  en  bronze,  à  sections  circulaire  ou  lenticulaire  ou  lo- 
sangéc;  l'autre  est  toujours  en  plomb,  à  section  presque  con- 
stamment triangulairt*;  je  dis  presque  toujours,  car  j'en  pos- 
sède un  rare  échantillon  d'ancien  style,  dont  le  moyeu  offrirait 
une  section  rectangulaire.  Mais  ce  qui  distingue  surtout  cette 
eérir,  ce  sont  ces  singulières  arêtes  qui  décorent  le  pourtour  ou 
le  moveu  de  la  roue,  et  qui  forment  comme  autant  de  tronçons 
très-courbes  de  raies  à  section  lozangée.  Ces  tronçons  pénétrant 
dans  le  moyeu  triangulaire^  donnent  naissance  à  de  petits  plans- 
contrariés  d'un  aspect  original. 

Ce  singulier  monument,  qui  rappelle  certainement  la  roue 
dans  ses  éléments  constitutifs  et  essentiels ,  me  paraît  avoir  été 
en  usage  pendant  fort  longtemps,  soit  chez  les  Gaulois,  soit 
chez  les  Gallo-Romains ,  soit  pendant  la  période  mérovin- 
gienne, soit  même  plus  tani;  la  rouelle  de  plomba  sediou 
rectangulaire  dont  j*ai  parlé  est  toute  constellée  d'annelets 
pareils  à  ceux  qu'on  voit  sur  les  monuments  réellement  gau* 
lois  et  sur  certains  ustensiles  mérovingiens,  et  sa  patine  est 
fort  épaisse  ;  tandis  que  je  possède  im  autre  plomb  à  section 
triangulaire  qui  n'a  aucune  patine,  et  qui,  pour  ce  motif,  ponr^ 
rait  être  fort  récent, 

'  M.  Lambert  a  publié,  dans  »on  bel  ouvrage  sur  la  SmHûm.  ganloiM  Ai  A'ontf- 
(hi€»t,  sept  de  ces  nnni*nux,  tous  variés  de  fomic,  qui  auraient  été  tnmvétavcc 
des  potins  gaulois;  au  moins  on  Tavait assuré  à  M.  Deville,  qui  laa  avait  téuvM 
au  musée  de  Iloucn. 


BULLETIN   BIBLIOGRAPHJQDE.  i63 

Maintenant,  si  Ton  me  demande  à  quel  usage  ces  plombs  ont 
pu  servir,  je  répondrai  que  je  n*en  sais  rien.  Peut-être  ont^ils  eu 
dans  les  campagnes  un  emploi  très-ordinaire.  J'ai  entendu  un 
de  mes  amis  émettre  Topinion  qu'ils  avaient  pu  servir  à  lester 
le  fuseau  des  fileuses;  un  autre  de  mes  correspondants  ma 
suggéré  ridée  qu'ils  avaient  peut-être  décoré  une  sorte  de  fibule 
servant  à  attacher  les  chemises  des  paysans.  Dans  tous  les  cas, 
on  voit  que  Tidée  monnaie  était  bien  loin  de  leur  pensée. 

L'examen  attentif  d'une  dizaine  de  ces  plombs  m'a  fait  consta- 
ter cette  circonstance  caractéristique ,  que  sur  tous  ces  exem- 
plaires, variés  de  style  et  de  facture,  l'ouverture  circulaire  du 
moyeu  est  légèrement  conique  et  non  cylindrique;  d'un  autre 
côté,  les  plus  usés  portent  des  traces  irrécusables  d'un  frotte- 
ment vertical  dans  la  surface  interne  du  petit  cône,  comme  si 
cette  roue  avait  été  enfilée  dans  un  objet  légèrement  conique 
lui-même,  im  fuseau,  par  exemple.  Plnfin,  sur  certains  exem- 
plaires, les  arêtes  sont  tout  à  fait  obtuses  et  lisses,  ainsi  que  le 
seraient  celles  d'une  roue  dentée  dont  le  pourtour  aurait  subi 
un  long  frottement. 

Il  est  bon,  du  reste,  de  constater  que  ces  plombs  sont  fré- 
quemment trouvés  dans  les  champs  et  non  dans  des  sépultures, 
où  il  paraît,  d'après  M.  de  Widranges,  qu*on  aurait  rencontré 
quelques  rouelles  de  bronze  à  jour. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  parler  des  anneaux  de  bronze  lisses. 
Je  crois  ceux-ci  antiques  et  réellement  gaulois  :  j'ai  dimé  moi- 
même  un  petit  anneau  de  ce  genre  très-globuleux ,  à  section 
circulaire,  dans  une  masse  de  plus  de  deux  cents  potins  gaulois. 
Mais  s'ensuit-il  que  cet  annelet  fût  une  monnaie?  Dans  tous  les 
dépôts  de  monnaies,  on  trouve  des  bijoux  ou  des  objets  usuels 
contemporains  mêlés  aux  monnaies.  Cet  usage  d'enfouir  pêle- 
mêle  tous  les  objets  précieux  a  duré  jusqu*au  moyen  âge. 
D'ailleurs  cet  annelet  était  en  unité,  et  comme  ce  genre  de  mo- 
numents est  toujours  fort  rare,  on  ne  comprendrait  pas  que  ces 
anneaux,  qui  auraient  circulé  avec  les  potins,  c'est-à-dire  dans  * 


16&  MJLL£TIN    BJBLIOSRAPHIQUE. 

les  bas  temps  de  l'autonomie  gHuloise  eussent  été  si  peu  nom- 
breux qu'ils  formaient  comme  un  appoint  imperceptible  k  un 
numéraire  d'un  autre  côté  très-abondant,  et  par  conséqiieDi 
très-suffisant. 

Disons  tout  de  suite  qu*il  faut  voir  là  encore  un  objet  à  dèstf* 
nation  inconnue  comme  les  rouelles  proprement  dites.  Je  pot^ 
sède  trois  seulement  de  ces  anneaux.  Ce  sont  les  seuls  qui  me 
soient  parvenus  «  tandis  qu'il  ra*est  passé  par  les  mains  des 
milliers  de  nu)nnaies  gauloises.  Tous  trois,  disons- le  franche- 
ment, sont  couverts  d'un  oxyde  épais  et  qui  dénote  une  grande 
antiquité.  Je  ne  pense  pas, bien  que  l'un  d'eux  soit  en  plombai 
les  assimiler  aux  plombs  à  arêtes  frangées  dont  je  viensde  parier; 
la  surface  interne  évidéc  n'est  nullement  conique,  puisque  leur 
section  est  circulaire  ou  lenticulaire,  et  rien  n'annonce  qu'ils 
aient  été  enfilés  avec  adhérence;  on  pourrait  plutôt  penser  îd 
au  système  de  groupement  des  monnaies  chinoises,  au  moyen 
d'une  lanière  lâche  et  ne  laissant  pas  de  trace  sur  les  arêtes  de 
ces  bronzes. 

Le  temps  se  chargera  d'élucider  ces  questions  de  détaib^ 
L'essentiel,  c'est  de  protester  aujourd'hui  contre  toute  assimib- 
tion  entre  ces  singuliers  monuments  et  la  monnaie  proprement 
dite  des  Gaulois;  si  de  tels  anneaux  avaient  eu  cours  k  ce  titra- 
dans  les  Gaules,  César  n'aurait  pas  manqué  d'en  faire  la  re- 
marque, comme  il  l'a  donné  à  entendre  à  l'égard  des  Bre^ 
tons. 

Il  me  reste  encore  à  faire  un  petit  procès  à  M.  de  Widranges^ 
au  sujet  de  son  étrange  explication  des  monnaies  gauloises 
sur  lesquelles  on  lit  depuis  i838^  KAACTCAOr,  mot  dont 
M.  de  Saulcy  vient  de  publier*  une  explication  très-satis(iir> 
santé. 

Comment  M.  de  Widranges  peut-il  dire  que  les  légendes 

1  Revue  num,^  1838  ,  p.  302,  article  de  M.  de  la  SauMaye  bur  le  mémuirt  de 
M.  de  Lagoy  offraut  la  médaille  à  la  légende  KÂACT. 
•  Revue  num.,  1858,  p.  281. 


HUrXETm  BIBUOGRAPHIQUE.  165 

lAAev,  qui,  suivant  lui^  figurent  seules  sur  ces  mé- 
teignent  le  nom  celtique  du  Chaté  de  Boviolles  (Meuse), 
nédailles  se  sont  trouvées  en  nombre ,  lorsque  nous 
08  que  ces  deax  prétendus  roots  kaatv  et  KAAev^  que 
le  antiquaire  interprète  par  XAA ,  rondeur^  TV  et  ev, 
(Hea  sur  la  calotte  de  la  montagne)^  n*existent  pas? 
mdranges  a  négligé  tm  élément  essentiel  dans  cette 
YepsUon,  qui^  à  la  vérité ,  est  souvent  couché  sous  le 
18  «ne  position  excentrique  qui  Texpose  presque  tou- 
te emporté  par  la  rognure  du  flan;  d'un  autre  côté,  il 
MF  pris  pour  un  thêta  un  caractère  monogrammatique 
■enailt  les  deux  lettres  ED.  Il  est  vrai  que  M.  I^mbert 
iré  ce  caractère  sous  la  forme  d'un  thêta  e,  dans  le 
qu'il  donne  *  des  légendes  de  ces  médailles,  mats  alors 
ivec  Vamicron. 

jmé,  H  n*y  a  pour  ces  monnaies  que  deux  lectures 
:  rime,  qui  a  été  indiquée  d'abord  par  M.  do  Lagoy 
complétée  parfaitement  par  M.  de  La  Saussave  dès 
138,  c'est  KAACTCAOr;  et  ce  sont,  suivant  moi,  les  plus 
cemplaires  qui  donnent  cette  légende.  La  priorité  des 
i  l^nde  complète  sur  les  autres  me  semble  prouvée 
I  d'épaisseur  du  flan,  le  meilleur  dessin  et  Tétat  plus 
\  la  tète  et  des  caractères  de  la  légende.  Sur  ces  exem* 
A  présente  les  formes  |^  et  A  plus  régulières  que  ce 
araetère  K  y  qui  ne  ressemble  plus  à  rien ,  et  qui  a 
premières  hésitations  des  numismatistes  en  i836. 
lis  a  donc  eu  tort  de  proposer  pour  la  lecture  KAACT- 
ostracisme  absolu  *  ;  cette  légende  existe  sur  de  nom- 
mplaires,  et  c'est  encore  un  lapsus  à  relever  dans  le 
otre  regretté  confrère;  je  possède  dans  ma  modeste 

O-r»  p.  141  ;  je  crois  que  notre  excellent  confrère  a  renversé  p«r 
t  VL  :  «or  ce»  médailles  il  y  a  bien  K^AA01^  l'A  tonjour?  pcwirvii 
idioe  allongé. 
,ésMméd.  gauî,^  p.  217. 


lOG  BULLETIN    DiBUOGRAPHIQUE. 

collection  deux  médailles  à  cette  légende  offrant  tous  les  caract 
telles  que  j'ai  signalés  plus  haut. 

L'autre  lecture  est  KkMàXf  que  Duclialais  voulait  seule  ad- 
mettre. J*y  ajouterai  ILAACDOr  écrit  KAA.ÛOr^  l'epsilon  existe, 
soit  couché  et  excentrique  sous  le  A,  soit  en  conjonction  avec 
un  l)  oncial  ;  dans  ce  dernier  cas ,  un  omicnm  est  encore  plaidé 
entre  les  deux  jambes  de  devant  du  cheval.  Les  exemplaires 
qui  donnent  ces  lectures  ont  des  flans  plus  petits  et  plus  épai«, 
et  les  empreintes  y  sont  plus  fortement  frappées;  je  les  estime 
plus  récents  que  ceux  à  la  légende  complète,  selon  la  loi  de  dé- 
générescence découverte  par  l'habile  Lelewel.  Dans  tous  les  cas, 
les  légeudes  KÀATV  et  KAAOV,  transcrites  par  M.  de  Widranges, 
n'existent  pas  ;  c'est  ce  que  nous  voulions  constater. 

On  se  rappelle  que  M.  de  Saulcy  \  en  restituant  aux  lùiiiens 
ce  genre  de  monnaies,  voit  deux  mots  dans  la  légende  KAACT- 
€AOr;  dès  lors  il  faut  en  voir  deux  aussi  dans  KAA-€Ar  ou  KAA 
EDOr,  qui  présentent  ainsi  des  formes  abrégées  des  mêmes 
mots  :  les  durs  Éduens  ou  le  dur  Éduen  au  singulier,  d'aprèf 
l'usage  gaulois  de  sou^-entendre  un  substantif  du  genre  de 
démoi. 

Cette  séparation  de  la  légende  en  deux  mots  semblenii  jiis> 
tifiée,  malgré  le  CALEDV— SENODON,  par  ui»e  médaille  dtt 
musée  de  B&le  publiée  par  M.  W.  Viscber,  sur  laquelle  M.  de 
Fétigny  prétend  qu'on  lit  KAACT  du  côté  du  cheval,  et  EDV  du 
côté  de  la  tête  (  Ifev.  num.,  1853,  art.  bibliog.,  p.  154).  Cepeii- 
pendant  ceci  est  le  résultat  d'une  confusion  de  notre  savant  et 
l'egretté  confrère.  La  pièce  publiée  par  M.  Vischer  ne  porte  pas 
KALËT,  mais  bien  le  type  de  l'ours  avec  la  légende  tronquée 
CKT  appartenant  au  nom  Orcetirix. 

E.  HuGHta* 

'  Jifcue  numùiin.f  IB58,  p.  2B1  ut  suiv. 


CHRONIQUE. 


LETTRE  A  M.  DE  WHTE, 


Monsieur, 

La  Reoue  nutnismatigue  a  publié  (année  1861^  p.  253)  une 
«arieuse  monnaie  de  ploinb  trouvée  à  Alise  Sainte-Reine  par 
JU.  Philibert  Beaune;  j'en  connaissais  un  autre  exemplaire  tout 
à  hit  semblable  dans  la  collection  de  M.  le  docteur  Alexandre 
G)lion,  à  Noyon,  et  qui  m'avait  été  signalé  il  y  a  cinq  ou  six  ans; 
de  second  exemplaire  de  la  monnaie  de  plomb  d'Alise  viîDnt 
d*étre  déposé  au  Cabinet  des  médailles  par  ordre  de  TEmperc'ur, 
à  qui  M.  le  docteur  Colson  en  a  fait  hommage. 

Je  vous  envoie  aujourd'hui  une  autre  monnaie  de  plomb  non 
moins  intéressante,  non  moins  authentique,  absolument  sem* 
l>lable  quant  aux  types  à  celle  d*Alise,  et  confirmant  d'une  ma- 
nière irrécusable  l'existence  de  l'atelier  de  Perthes,  que  j'ai  déjà 
signalé  aux  lecteurs  de  \^'/i€vue  il  y  a  neuf  ans  [Rt.vue  nu*^ 
m»m./1853,  p.  8!  }.  Voici  la  description  de  celte  monnaie  : 

Mercure  nu,  debout,  tourné  à  gauche,  dans  un  édicule  h 
deux  colonnes ,  tenant  de  la  main  droite  une  lx)urse ,  ci  de  la 
gauche  le  caducée  ;  à  ses  pieds,  un  coq. 

ij\  PERTE.  Rameau. 


168  CHRONIQUE. 

Cette  pièce  a  été  rognée  assez  récemment,  et  la  lettre  Eqiii 
termine  la  légende  a  presque  entièreroeiU  disparu  par  suite 
de  cette  mutilation. 

Perthes,  village  de  huit  à  neuf  cents  habitants,  situé  entre 
Vitry-le-Français  et  Saint-Dizier,  paraît  avoir  été  du  ti^inps  des 
Gaulois  le  chef- lieu  d'un  vaste  territoire  qui  s'étendait  entre 
Châlons<sur-Marne  et  Bar  le-Duc  et  entre  Chaumont  et  les  Ar- 
dennes  sur  les  anciennes  provinces  du  Perthois  proprement 
dit,  du  Vallage,  du  Bocage  et  de  Bassigny. 

Le  contre  du  pays  que  les  Pertenses  occupaient  pendant  U 
domination  romaine  est  indiqué  parle  nom  d*un  village  Mo6hin 
(  Mediolanum  ) ,  situé  entre  Eclaron  et  Saint-Dizier.  Cette 
donnée  permet  de  fixer  avec  précision  sur  la  carte  de  la  Gaule 
les  limites  du  Pagus  Pertensis, 

Nous  trouvons  Vitry-en- Perthois  dans  le  département  de  la 
Marne,  Aulnois-en-Perthois ,  Çavonière^n-Perthois^  Juvigny-em^ 
Perthois  dans  la  Meuse;  au  sud,  Saint-Urbain,  qui  jusqu'au 
ix«  siècle  s'est  appelé  Villars-en-Perthois.  La  première  de  ors 
localités  est  à  peu  près  Textréme  limite  occidentale  du  Per- 
thois; les  quatre  autres  indiquent  ses  limites  orientale  et  méri- 
dionale. 

Pertbes  était  une  station  romaine  entre  Gorzum  et  ChUons- 
sur-Marne,  sur  la  grande  voie  de  Lyon  à  Reims.  Celte  voie 
devait  aller  directement  de  Gorzum  (  LeChAtelel)  à  Mediolaoum 
(  Moëlain) ,  laissant  sur  la  droite  Olonna  (Saint-Dizier  ),  passer 
la  Marne  à  Nova  villa  ad  Pontem  (La  Neuville-au-Pont)  poor 
arriver  à  Perthes,  et  de  là,  suivant  toujours  la  ligne  droite,  puier 
la  Sanlx  entre  Victoriacum  (Vitry-le- Brûlé)  et  Pontigo  (Pou- 
thion),  et  entrer  dans  Catalauni.  Pontigo  fut  une  célèbre  rési* 
dence  des  rois  mérovingiens.  Sur  la  même  voie,  entre  Gorzuok 
et  Langrrs  ,  était  Andelaus  (  Andelot  ),  où  fut  signé  le  traité  d» 
ce  nom. 

Perihes  se  rattachait  aussi  par  des  embranchi  menis  à  d'au- 
tres voies  importantes;  une  ligne  sur  Wassy  conduisait  chez  les 


<:hronjqu£.  109 

rricasses  par  la  voie  de  Bar-le-Duc  à  Bar-sur-Aube.  Enfin  les 
lignes  qui  se  croisaient  à  Gorzuni  mettaient  Perthes  en  commu- 
meation  avec  toutes  ces  villes,  qui  y  par  leur  position  j  se  rap- 
prochaient des  frontières  de  la  Belgique  à  Tépoque  gauloise, 
de  TAdstrasie  sous  les  Mérovingiens,  de  la  Lorraine  au  moyen 
Age,  et  semblaient  vouées  à  la  destruction,  comme  Nasium 
(Naix),  Granum  (Grand),  Solimaria  (Soulosse)^  Mosa 
(Heuvy),  etc. 

La  monnaie  que  je  publie  aujourd'hui  ne  saurait  être  refusée 
à  k  capitale  du  pays  Pertbois;  trouvée  à  Perthes  méme^  dé- 
crite aussitôt  par  le  savant  curé  de  cette  commune,  M.  Tabbé 
Boillcvaux^  dans  son  intéressant  livre  intitulé  :  Pèlerinage  à 
Saint -Léger-en-Perihots  [  Chaumont,  4849),  elle  a  été  recueillie 
par  11.  Bénard,  maire  de  Sermaise,  à  la  mort  duquel  elle  est 
entrée  dans  ma  collection. 

Rapprochée  de  la  monnaie  d'Alise  publiée  par  M.  de  Long- 
périer,  elle  révèle  l'existenre  d'une  série  entièrement  inconnue 
jtiaquici  de.  monnaies  de  plomb  autonomes  gauloises  éaûses 
ioils  la  domination  romaine. 

A  propos  d'im  plomb  dont  le  type  rappelle  les  imitations  des 
monnaies  celtibériennes  de  Rboda,  M.  Duchalais  disait  il  y  a 
qoiine  ans  (  Inscription  des  médailles  gauloises  de  la  Biblio- 
ikèque  royale^  p.  404.  Paris,  4846,  in-8*^):  a  C'est,  avec  une 
c  lAédaille  aux  types  d'Apollon  et  du  lion  de  Marseille  dégé- 

*  nérés,  trouvée,  à  Saint-Reverien  en  Bourgogne,  par  M.  Char- 
é  leiify  la  seule  pièce  gauloise  en  plomb  qui  soit  encore  connue.» 

•  Je  viens  d  apprendre  sur  les  ruines  même  de  Gorzùm  que 
Fibbé  Pbulpin ,  l'inventeur  de  la  Julia  Titi  d'or  et  de  tant 
ihnitrea  pièces  d'or  cachées  dans  les  cendres  du  Chàtelet,  y 
Évâit  trouvé  un  plomb  gaulois  portant  la  légende  NASI  (Na- 
siom }.  L'abbé  Pbulpin  est  mort ,  et  Ton  ignore  ce  qu'est  de- 
venu ce  plomb. 

Ainsi  les  trois  pièces  d'Alise  publiées  dans  la  lievue  de  4861, 
cdle  actuellement  au  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 

1862. ->  2.  13 


170  CHRONIQUE. 

impériale,  celle  qui  Tait  Tobjel  de  cette  lettre,  la  pièce  do 
Nasium  et  les  deux  monnaies  signalées  par  M.  Uuchalaîs,  por- 
teraient à  huit  le  nombre  des  monnaies  de  plomb  gauloises 
connues  jusqu'à  ce  jour  \ 
Agréez,  etc.  Gustave  d'Amécoirt. 


Les  journaux  grecs  nous  apportent  souvent  des  nouvelles  de 
Taccroissemcnt  du  Cabinet  national  des  médailles  à  Athènes. 
Au  mois  de  novembre  4859,  on  avait  trouvé  près  du  village  de 
Zougra  (l'ancienne  Pallène),  en  Achaîe»  un  vase  de  bronze  ren- 
fermant des  monnaies  antiques  d'argent^  du  poids  de  17  og- 
ques  i/4  (22^^80).  Ce  trésor^  acquis  par  la  reine^  a  été  offert 
généreusement  à  la  collection  nationale.  Les  monnaies  conte- 
nues dans  le  vase  de  bronze  appartiennent  aux  pays  suivants  : 

Thessalie  (trioboles  du  iv*  et  du  m*  siècle  avant  J.  C).  43 

Épirc  (diobole  du  ni'  siècle] I 

Étolie  (^trioboles  du  m*  siècle) 491 

Locride  (trioboles  du  iv'  et  du  lu*  siècle) 146 

Réotie  (  drachmes  et  trioboles  du  t«^  du  i\*  et  du  in*  siècle).  8W 

Ëgine  (drachmes  du  v«  et  du  iv*  siècle) 14 

Achaïe  (trioboles  du  tv*  siècle,   tétroboles  de  la  ligue 

achéenne) 5689 

Éiide  (triobole  du  ui«  siècle) I 

Messénie  (trioboles  du  ui*  siècle). 3 

Argolide  (trioboles  des  vi%  v»,  iv'et  m*  siècle) 4409 

Arcadie  (trioboles  du  iv*  et  du  ni*  siècle) 1185 

Total 9471 

*  lodépendamracDt  des  monnaies  gauloises  de  plomb  indiquées  ici  pir 
M  d*Araécourt^  M.  DevUIe  eu  a  décric  deux  autres  dans  la  Rfcue  mnm'Miafifitr 
do  1846,  p.  165.  Il  faut  d'ailleurs  distinguer  les  pièces  qui  appartiennent  an 
t«mps  de  l'autonomie.  J.  W. 


•   CHRONIQUE.  171 

*  Les  plus  anciennes  pièces  de  celle  Irouvaille  appartiennent 
iHi  ▼!•  siècle  avant  notre  ère:  ce  sont  des  trioboles  d'Argos.  Les 
plus  récentes  sont  les  pièces  de  la  ligue  achéenne  (^1-146  avant 
J.  C).  Plusieurs  do  ces  monnaies  sont  inédites,  d'après  ce  que 
dit  M.  Achille  Postolacas. 

Il  paraît  certain  que  ce  trésor  a  dû  être  enfoui  avant  la  prise 
le  Corinlhe  par  Muminius^  cVsl-à-dire  UG  ans  avant  l'ère  chré- 
tienne. 

Pamii  les  antres  dons  faits  à  la  collection  nationale  en  1861, 
on  remarque  :  une  monnaie  d'or  d'Agathocle,  roi  de  Sicile,  un 
triobole  très-ancien  de  Larissa  de  Thessalie»  ayant  pour  type 
une  sandale,  type  qui  fait  allufiion  à  Jason.  Le  héros  avait  perdu 
une  de  ses  sandales  en  traversant  le  fleuve  Anauros.  On  re- 
marque encore  parmi  les  dons  une  pièce  de  cuivre  de  Melibœa 
de  Messénie,  quatre  d'^osthènes  de  la  Mégaride ,  une  do 
Cyaneœ  de  Lycie.  Deux  de  ces  villes  n'étaient  pas  encore  repré- 
sentées dans  la  numismatique.  Quant  à  Cyanoie,  on  en  connais- 
sait déjà  plusieurs  pièces  ^  Je  citerai  encore  une  darique  d'ar- 
gent^ un  roi  de  laCharacène  dont  la  légende  n'est  pas  indiquée 
dans  le  journal  grec,  etc.  J.  W. 


Monnaies  d'or  romaines  trouvées  a  Potirville,  près  de  Dieppe 
(  Seine- Inférieure  ). 

Vers  1846,  on  trouva  à  Poin*ville,  sous  la  falaise  même  où  est 
assis  k  corps  de  garde  des  douaniers ,  une  centaine  environ  de 
monnaies  d'or  au  type  des  derniers  Césars  qui  ont  régné  sur  les 
Gaules.  Depuis  quinze  ans  le  galet  avait  recouvert  les  roches, 

*  Voyez  an  article  de  M.  Koner  (Pinder  nnd  Friedl&nder,  Beitrage  sur  àl- 
ttrm  Mûikxku$»de,  Berlin,  1851,  p.  115) ,  qnî  a  décrit  huit  pièces  de  cette  ville, 
U  plupart  déjà  signalées  par  Borrell,  NumUmaUc  f^hr-orUch,  X.  p.  83. 


172  CBBOmQBE. 

dans  les  fentes  desquelles  se  recueiliaientleâ  précieim»  médailles. 
En  1861  la  rivière  s'est  de  nouveau  frayé  un  Ht  au  nofd-estdlB 
la  vallée,  et  la  mer  aidant^  les  galets  ont  été  balayés  une  seconde 
fois.  Le  fond  de  roche  est  apparu^  et  avec  lui  se  sont  présentées 
de  nouvelles  pièces  d'or.  Dix  viennent  d'être  recueillies  dt^puis 
quelques  jours.  Six  d'entre  elles  ont  été  remises  à  M*  l'abbé  Cochet 
qui  en  a  fait  l'acquisition  pour  le  Musée  départemental.  Ces  mon» 
naies,  à  fleur  de  coin,  sont  des  empereurs  d'Orient  et  d'Occident. 
Elles  appartiennent  à  Valentinien  V  (375  ) ,  à  Valens  (378),  à 
Théodose  (395),  k  Arcadius  son  fils  (395-408),  et  à  Honorius 
(395  à  423).  J.  W. 


Rectification  ihjmisicatioub.  Besançon  et  Riga.  -—  Dbos  la  DeS' 
eription  de*  monnaies  seigneuriales  françaises  camposani  sa  cot* 
lection^  M.  Poey  d'Avant  donne ,  sous  le  n*  4457,  la  descrip- 
tion suivante  :  h€nlC:ARChl€PI;  buste  mitre  de  face*  Beveru 
-f  MOn€TA:BISONTl€;  croix  archiépiscopale  cantonnée  d'os 
lis.  —  Denier  de  billon,  18  gr.,  pi.  XX,  n*  7 ,  et  il  ajoute  i 

9  Je  place  cette  pièce  à  la  fin  du  monnayage  des  évèques  de 
Besançon,  parce  que,  par  sa  fabrique,  elle  me  paraît  descendre 
jusqu'au  xiv*  siècle.  Du  reste ,  cette  monnaie  offre  un  proMème 
que,  malgré  tous  mes  efforts  et  mes  recherches,  je  suis  forcé  de 
laisser  insotahle-.  Aucun,  archevêque  de  Besançon  ne  porte  le 
nom  d'Henri  ou  tout  autre  nom  auquel  la  légende  puisse^  être 
applicable.  On  en  est  venu .  non  pas  à  révoquer  en  doute  Tao- 
thenticité  de  cette  pièce,  qui  est  incontestable,  mais  à  se  de- 
mander si  elle  appartient  à  Besançon,  et  s'il  n'existe  pas  en 
dehors  de  la  France  quelque  autre  archevêché  qui  porte  le  nom 
de  Bisontia.  Cette  coïncidence  me  parait  peu  probable.  Au  sur- 
plus, la  publication  que  je  fais  donnera  sans  doute  ToccasiOQ 
à  quelque  numisinatiste  de  fournir  le  mot  de  cette  énigme*  a 

Lorsqu'en  1853  M.  Poey  d*Avant  écrivait  ces  lignes,  il  y  avait 


CHR019IQUE.  175 

mie  ans  que  la  solution  cherchée  par  lui  se  trouvait  donnée 
laas  le  Zeitschrift  fur  Mûnz-Siegel-und  Wappenkunde  publié  à 
Min.  Ce  journal  de  numismatique  contient  en  effet,  à  la 
Mge  17  du  tome  H  (  1843),  un  mémoire  de  M.  B.  de  Kœhne 
mies  monnaies  des  archevêques  de  Riga  en  Livonie,  où  se 
Duvent  décrites  les  espèces  émises  par  Henning  Scharfenberg, 
DÎocscupa  le  siège  épiscopal  de  1424  à  1448,  et  la  planche  III 
D*3>du  même  recueil  nous  montre  la  monnaie  attribuée  à 
D  ftPdievéque  inconnu  de  Besançon  »  mais  cette  fois  avec  ses 
«endes  exactes,  c'est-à-dire  :  h€nlG»:ARCh€PS  —  MOncTA. 
ICCNSIS.  D'autres  variétés  portent  hCnlC»,  et,  au  lieu  d'AR- 
hCPS,  ARCPVS  et  ARCUPVS.  Du  reste ,  au  revers  du  buste 
litre  de  face,  on  voit,  comme  dans  le  dessin  publié  par 
I.  Poey  d'Avant,  non  pas  une  croix  archiépiscopale,  mais  une 
SHMBe  croisée  avec  une  croix ,  entre  les  hampes  desquelles  est 
|to6  un  lis  renversé.  Ce  type,  moins  la  fleur  de  lis,  se  voit  aussi 
nries  deniers  des  archevêques  Jean  Habundi  (1418-1424)  et 
MNbel  Hildebrand  (1484-1509),  sur  d'autres  pièces  encore, 
Asppées  par  le  chapitre  pendant  l'épiscopat  d'Etienne  de  Grube 
'  **Ï9. 1483  ),  et  qui  offrent  les  légendes  MOnCTA  €CCL€Sl€  — 
^  CIVITATIS  RIGEnS. 

Une  peut  donc  y  avoir  aucun  doute,  la  pièce  dessinée  dans 

'tivnge  de  M.  Poey  d'Avant  porte  clairement  hCnIC*,  et  c'est 

^MitÀ  RIGCNSIS  qui.  lu  BISOnTIC,  a  trompé  ce  numismatiste. 

problème  n'était  donc  pas  insoluble ,  mais  tout  simplement 

dié  d'une  manière  incomplète. 

tas  le  troisième  volume  des  Monnaies  féodales  de  France 

parait  neuf  ans  après  la  Description  des  monnaies  seigneu- 

$,  M.  Poey  d'Avant  donne  de  nouveau  place  à  la  monnaie 

iga  parmi   celles  de  Besançon  (p.  138).   a  C'est  dans 

»  siècle,  dit-il  encore,  qu'il  faut  rechercher  ce  nom  (Henri), 

style  de  la  pièce  que  nous  avons  accnse  cette  époque,  d 

I  vu  par  ce  qui  précède  que  la  monnaie  de  Riga  a  été 

î  au  xv*  siècle.  M.  Poey  d'Avant  reconnaîtra  donc  qu'il 


17A  CI1R02VIQDE. 

peut  quelquefois  se  troniper  sur  Tâge  des  iiK>uunientft,  et  que, 
lorsqu'il  s*agii  de  ces  nombreuses  monnaies  qu'il  classe  à  l'aide 
de  la  soûle  observation  du  sljle,  il  est  permis  de  n'être  pas» 
quoique  à  rrgret,  toujours  de  son  avis.  Je  consigne  ici  cette 
rectification,  non  pas  pour  le  vain  plaisir  de  faire  de  la  critique, 
mais  afm  d*éviter  aux  antiquaires  de  la  Francbe-Gomté  la  peine 
de  chercher  une  monnaie  qui  ne  se  rattache  pas  à  leurs  collec- 
tions. A.  L. 


Méreaux  des  corporations  de  métiers. 

Nos  leclf  urs  n'ont  pas  oublié  Tmiéressant  article  dans  lequel 
M.  Eugène  Hucber  nous  a  fait  connaître  quelques  méreaui  de 
plomb  recueillis  dans  le  lit  de  la  Seine  [Rev,  num.,  1858,  p.  338). 
Ces  plombs  sont  extraits  du  sable^  avec  une  multitude  de  frag- 
ments d'ustensiles  et  de  petits  objets  de  toute  nature  et  de  toute 
matière,  par  des  dragueurs  qui  curent  le  fleuve  dans  la  traversée 
de  Paris ,  et  principalement  sur  les  points  qui  avoisinent  I»- 
Cité. 

M.  Arthur  Forgeais^  habitant  au  quai  des  Orfèvres,  et  qui  était 
journellement  témoin  des  triages  que  les  ouvriers  faisaient  dans 
le  sable»  a  euTheureuse  idée  de  former  une  collection  des  dé- 
pouilles de  la  Seine;  nous  l'avons  vu  pendant  plus  de  dix  an» 
réunir  un  à  un  les  éléments  qui  la  composent. 

Les  méreaux  constituent  une  des  sections  les  plus  intéres* 
santés,  et  M.  le  ministre  d'État  en'  a  fait  dernièrement  l'acquiâ- 
tion  pour  le  musée  de  l'hôtel  de  Cluny  où,  comme  on  sait,  ma- 
lient  se  grouper  les  monuments  de  l'histoire  parisienne.  Le 
ministre ,  avant  de  prendre  cette  détermination ,  avait  consuM 
les  hommes  les  plus  expérimentés,  parmi  lesquels  il  nous  suffira 
de  citer  MM.  de  Saulcy,  le  marquis  de  La  Grange  et  DepauliB* 
La  collection  des  plombs  recueillis  dans  la  Seine  a  d'ailleurs  été, 


GHBONIQUE.  175 

«ndant  plusieurs  années,  livrée  à  l'examen  d'un  grand  nombre 
B  numismatistes  habiles  qui,  comme  M.  Hucher,  en  ont  ap- 
récîé  tout  le  mérite.  M.  Arthur  Forgeais  ne  s'est  pas  borné  à 
kiiûr  une  série  de  méreaux  qui ,  sous  le  rapport  de  la  nou- 
latité  et  de  l'authenticité,  ne  laissent  rien  à  désirer ,  il  a  voulu 
»ii8  montrer  tout  Tintérôt  qu'ils  offrent  pour  Thistoirede  Paris, 
dans  une  publication  récente  ^  il  décrit  quatre  vingt-dix- 
it  plombs  émis  par  les  corporations  de  métiers,  dont  voici  la 

Apothicaires,  Balanciers»  Boulangers,  Bourreliers^  Boursiers, 
odeurs-Chasubliers,  Brasseurs ,  Ceinturonniers^  Chandeliers, 
npeliers^  Charpentiers,  Chaussetiers,  Cordonniers,  Corroiers, 
«ileliers,  Êpingliers^  Étuvistes,  Fruitiers,  marchands  de  Gi- 
»  Tendeurs  de  Grains,  Hôteliers,  Imprimeurs-libraires,  Jai"- 
B,  Lantemiers,  Libraires,  Maçons-tailleurs  de  pierres.  Ma- 
Erhaux  ferrants,  Menuisiers,  Merciers,  Pàtissiers-oublieurs, 
ttissiers-gaufriers,  Paulmiers,  Plombiers-couvreurs,  marchands 
Poissons  de  mer,  marchands  de  Poissons  d'eau  douce,  Po- 
*»  d'étain,  Rôtisseurs,  Selliers,  Serruriers,  Tailleurs  de  robes, 
^pittiers.  Teinturiers  de  draps,  Tondeurs  de  draps,  Tonne- 
■*,  Traiteurs,  Vergettiers,  Vignerons,  marchands  de  Vin. 
■toe  les  figures  des  saints  patrons,  ces  méreaux  nous  montrent 
*  insignes  qui  distinguent  chaque  métier,  leurs  œuvres  ou 
■Un  outils,  et  il  y  a  là  de  curieux  documents  pour  Tétude  de 
ytre  histoire  familière. 

Oq  sait  que  les  ponts  de  Paris  ont  été  pendant  plusieurs  siè- 
te  chargés  de  maisons  et  de  boutiques;  ce  ne  fut  qu'en  1786 
P*uii  édit  ordonna  la  démolition  do  toutes  ces  constructions 
(tttsites,  qui  fut  commencée  en  1788.  En  ce  qui  concerne  le 
pont  Saint-Michel,  l'édit  ne  reçut  son  exécution  qu'en  1808; 
nous  avons  vu  il  y  a  quelques  années  disparaître  les  bou- 

'  CôUtetùtn  de  plombs  historiés  trouvés  dans  la  Seine.  Première  partie.  Méreaux 
^  Corporations  de  métiers.  Paris,  1862,  iii-B**. 


17^  cmiONiQuc. 

tiques  régulièremeiH  espacées  sur  les  deux  c6lés  du  Pool- 
Neuf. 

Mais  avant  ces  opérations  oHicielles  et  volontaires  «  tes  ponts 
de  Paris  avaient  été  bien  souvent  emportés  par  les  crues  d'eto, 
par  les  glaces,  détruits  par  les  incendies,  et  la  chute  de  tant  de 
maisons,  de  tant  de  boutiques  qu'ils  soutenaient,  explique  par- 
faitement comment  on  trouve  dans  le  lit  de  la  Seine,  particu- 
lièrement aux  abords  des  ponts  Notre-Dame,  Saint-Michel,  du 
Petit-Pont,  du  Pont-au-Change ,  une  si  grande  quantité  de 
fragments  d'objets  de  niénage  et  d'outils  de  toute  sorte  mêlés 
aux  méreaux  des  marchands  et  artisans. 

M.  Forgeais  ne  s'est  pas  borné  à  nous  donner  dans  sa  publi- 
cation la  description  de  ces  méreaux  de  plomb,  il  y  ajoute  de 
nombreux  détails  sur  les  métiers,  leurs  statuts,  leur  (Hf;anisa- 
tion,  leur  cnronologie,  et  son  ouvrage  sera  certainement  étudié 
avec  fruit  par  tous  ceux  qui  voudront  désormais  s'occuper  de 
l'histoire  de  Paris. 

11  y  a  plus  de  vingt  ans,  notre  collaborateur,  fà.  Louis  Des- 
champs de  Pas,  dont  la  plume  habile  rend  avec  tant  de  finesse 
et  de  vérité  tous  les  détails  des  monnaies  du  moyen  Age,  avait 
réuni  les  dessins  d'une  curieuse  série  de  méreaux  de  plomb 
recueillis  sur  l'emplacement  de  la  ville  de  Térouanne  (Pas-de- 
Calais),  qui  fut,  comme  chacun  se  le  rappelle ,  incendiée  et 
rasée  par  Charles-Quint  en  1553.  Les  ruines  de  cette  maibao- 
reuse  cité  ont  aussi ,  et  non  moins  fidèlement  que  les  sables  de 
la  Seine ,  protégé  les  fragiles  symboles  de  l'activité  du  vieux 
temps.  A.  L 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPÉRIER 
LA  NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

(PI.  VI.) 
Onzième  article.  —  Voir  plus  hant,  p.  89. 


XV. 
Monnaies  des  Lixovxaies. 

Mon  cher  Adrien , 

ï^^uis  que  je  m'occupe  sérieusement  de  débrouiller  le 
-^Miosdes  monnaies  de  nos  ancêtres  les  bons  Gaulois,  j'ai 
^^^'ïibre  de  fois  été  invité  à  me  presser,  à  entamer  la  publi- 
''^tion  que  je  prépare  laborieusement,  à  dire  enfin  le  rfer- 
^««r  fnot  sur  cette  numismatique  naguère  si  obscure.  Le 
^tiîer  mot!  nous  en  sommes  loin;  et  je  ne  me  suis  que 
"^P  hâté  de  donner  comme  positifs  des  faits  qui  n*ét*'iient 
^^  probables  encore.  Tu  vas  en  juger  par  les  modifications 
^*U  me  faut  apporter  déjà  aux  opinions  que  j'émettais,  il 

1062.-3.  J3 


1 78  MÉMOIRES 

y  a  quelques  mois  à  peine,  sur  les  monnaies  des  Lexoviens. 
De  nouvelles  pièces  sont  tombées  entre  mes  mains,  qui 
viennent,  non  pas  renverser  Tédifice  que  j'avais  construit, 
mais  y  percer  quelques  fenêtres  qui  permettent  de  voir 
un  peu  plus  clair  à  l'intérieur.  Et  ne  va  pas  croire,  je  t'en 
prie,  que  j'aie  cette  fois  la  prétention  de  dire  ce  dernier  mot 
qu'on  me  demande  si  souvent.  11  n'en  est  rien ,  vraiment. 
J*ai  l'espoir  d  éclairer  un  peu  mieux  la  question,  voilà  tout. 

Reprenons  la  liste  des  monnaies  lexoviennes  connues  au 
moment  où  je  t'adressais  ma  XIII*  lettre,  et  nous  la  dis- 
cuterons ensuite.  Je  transcris  textuellement. 

u  1*  La  pièce  qui  ouvre  évidemment  la  série  est  celle 
u  que  La  Saussayo  a  attribuée  à  Viridovix ,  probablement 
«  avec  raison. 

«  2''  Celle  qui  vient  immédiatement  après  est  la  pièce 
u  aux  mêmes  types,  mais  avec  le  nom  CISIAMBOS. 

u  3*  La  troisième  est  la  monnaie  à  la  légende  CISIAMBOS 
«  CATTOS  VERGOBRETO. 

«  à""  La  quatrième  place  revient  de  droit  au  Cisiambos 
M  avec  effigie,  surfrappé  sur  la  pièce  précédente. 

ft  ô""  J'attribue  le  cinquième  rang  au  Cisiambos  avec  eflBgie 
((  portant  le  nom  d'Arcantodan. 

((  C"  Enfui  le  sixième  rang  appartient  à  la  monnaie  de 
«  Maufennius,  qui  est  d'une  fabrique  plus  défectueuse  que 
u  celle  avec  le  nom  d'Arcantodan.  » 

Depuis  la  rédaction  de  cette  liste,  j'ai  fait  une  course 
à  Rouen  pour  y  étudier  la  suite  gauloise  du  musée,  et  j'y 
ai  trouvé  une  pièce  en  très-mauvais  état  malheureusement, 
mais  qui  me  parait  l'analogue  de  la  pièce  classée  par  La 
Saussaye  à  Viridovix. 

Un  peu  plus  tard  j'ai  été  i\  Chartres,  où  j'ai  trouvé  entre 
les  mains  de  M.  de  Saint- Laumer  un  magnifique  semis  des 


ET    DISSERTATIONS.  179 

Lexovîens  aux  types  du  Cisiambos,  Cattos  Vergobreto, 
mais  avec  la  légende  ARCANTODAN.  MA... .«  dans  laquelle 
je  retrouve  les  noms  de  Maufennius  et  d'Arcantodan. 

Enfin  je  viens  d'aller  visiter  les  importantes  fouilles  de 
Berthouville,  entreprises  par  mon  ami  M.  Le  Métayer  Mas- 
selin,  et  j'en  ai  rapporté  de  belles  pièces  gauloises  trou- 
vées, les  unes  tout  récemment  (septembre  1861) ,  les  autres 
il  y  a  une  trentaine  d'années,  c'est-à-dire  antérieurement  à 
la  découverte  du  fameux  trésor  qui  fait  aujourd'hui  le  plus 
bel  ornement  des  vitrines  du  Cabinet  des  médailles.  Ces 
dernières  m'ont  été  offertes  avec  une  grâce  et  une  géné- 
rosité parfaites  par  M.  le  docteur  Bardet,  de  Bernay.  Parmi 
les  pièces  provenant  des  fouilles  de  Berthouville ,  il  y  a  plu- 
sieurs beaux  semis  de  CISIAMBOS.  CATTOS  VERGOBRETO, 
et,  ce  qui  vaut  mieux  encore,  deux  exemplaires  de  la  rare 
pièce  de  La  Saussaye,  en  très-bon  état  de  conservation,  et 
qui  viennent  rectifier  sa  lecture. 

Muni  de  pareils  documents,  je  ne  pouvais  me  dispenser 
de  revenir  sur  la  numismatique  lexovienne,  et  c'est  le  ré- 
snltat  de  ce  travail  complémentaire  que  je  m'empresse  de 
te  communiquer. 

Reprenons  donc  une  à  une  les  pièces  formant  la  série 
dont  ma  lettre  XIII  contenait  le  catalogue,  et  étudions-les 
k  nouveau,  en  notant  qu'elles  sont  toutes  de  cuivre. 


N-  1 


Il  faut  malheureusement  renoncer  à  l'attribution  à  Viri- 
dovîx  de  cette  belle  et  rare  monnaie.  Voici  la  description 
que  je  crois  aujourd'hui  définitive. 

Tète  d'Apollon  à  droite  ;  devant  le  visage,  LIXOVIATIS. 

A.   LIXOVIATIS.    Cheval  à   gorge  fourchue  galopant  à 


180  MÉMOIRES 

droite;  derrière  lui,  un  arbre  déraciné  (et  non  une  flèche); 
à  droite  et  à  gauche  de  l'arbre,  un  globule  dans  le  champ  \ 
sous  le  ventre  dn  cheval,  une  rouelle  à  huit  rayons.  (PI.  VI, 
n*8.) 

La  pièce  de  La  Saussaye  (pi.  VI,  n""  8  615),  aujourd'hui 
qu*un  autre  bon  exemplaire  est  venu  la  compléter,  se  lit  i 
merveille  dans  toutes  les  parties  des  légendes  reçues  par  le 
Qan.  Il  n'y  a  plus  le  nom  de  VIRIDOVIX,  mais  bien  l'ethni- 
que LIXOVIATIS,  auquel  nous  ne  nous  attendions  guère,  et 
qu'il  nous  faut  pourtant  bien  adopter  pour  l'avenir.  La 
peuplade  que  les  Romains  ont  appelée  les  Lixovii  ou 
Lexovii,  se  donnait  à  elle-même  le  nom  de  Lixoviaies^  nom 
de  même  formation  que  ceux  des  Sotiates,  des  Éiusates, 
des  Namasates,  des  Atrébates,  des  Sibutzates,  des  Tani- 
sates,  etc. ,  etc. 

N«  2. 

La  pièce  à  la  légende  GISIAMBOS,  et  que  je  croyais  aux 
mêmes  types  que  la  précédente,  a  été  décrassée  au  revers 
avec  le  plus  grand  soin  par  moi ,  et  j'ai  été  tout  étonné  de 
trouver  un  véritable  lion,  là  où  j'avais  cru  voir  un  cheval  à 
gorge  fourchue  C'est  donc  derrière  un  lion  que  parait  cette 
fois  l'arbre  déraciné  accosté  de  deux  globules.  Sous  le 
ventre  du  lion  on  ne  voit  qu'une  rouelle  beaucoup  plus 
petite,  et  dans  le  champ,  derrière  le  lion,  on  aperçoit 
trois  globules  disposés  en  triangle ,  comme  au  revers  deî* 
pièces  à  l'aigle  de  PIXTILOS.  (  PI.  VI,  n»  7.  ) 

N«  8. 

Rien  de  nouveau  à  dire  sur  les  pièces  à  la  légende 
CISIAMROS.  GATTOS  VERGOBRETO,  dont  les  types  sont 


ET   DISSERTATIONS*  181 

saffisamment  bien  connus*  Quant  aux  légendes  étu- 
diées en  détail,  elles  m'ont  fourni  la  variante  PVPLICOS, 
de  Fadjectif  accolé  au  terme  SIMISSOS.  L'ethnique,  sur 
cette  variante,  semble  présenter  constamment  la  fornio 
UXOVIO.  Mais  si  l'on  y  regarde  de  près ,  on  est  forcé  de 
conserver  des  doutes  sur  cette  lecture ,  et  peut-être  faut-il 
voir  LEXOVIO.  (PI.  VI,  n°  2  ) 

Sur  certains  exemplaires,  en  effet,  le  premier  I  est  éloi- 
gné de  rx  qui  le  suit,  et  entre  ces  deux  lettres  on  distingue 
deux  petits  points  qui,  rattachés  au  corps  de  l'I,  en  feraient 
certainement  un  E. 


N"  h. 


La  première  pièce  surfrappée  qui  porte  ce  numéro 
d*ordre  dans  ma  liste  de  la  XIII*  lettre,  est  semblable  à  celle 
que  possèdent  le  Cabinet  impérial  et  La  Saussayc,  et  (pic 
j*2d  publiée  en  1837  (Aev.  ntim.,  p.  12etsuiv.).  Derrière 
la  nuque  de  Cisiambos  parait  en  miniature  l'emblème  cru^ 
cîforme  des  pièces  de  la  variété  n*  8.  Sur  la  joue  de  relTigic 
paraissent  encore  les  traces  du  type  cruciforme.  Au  revers, 
retbmque  est  écrit  cette  fois  LEXOVIO ,  et  l'on  distingue 
parfaitement  les  deux  aigles  superposés  des  deux  types 
dont  le  même  flan  a  été  successivement  empreint.  Enfin 
l'ordre  des  mots  de  la  légende  est  interverti ,  et  elle  porlc 
en  réalité  PVBLIGA  SEMISSOS  LEXOVIO.  (  PI.  VI,  n»  5. ) 


.V  5. 


Cette  monnaie  de  Cisiambos  avec  eflîgie  porte  au  revers 
l'aigle  et  la  légende  ARCANTODAN  ;  les  deux  lettres  qui 
suivent  ce  nom  sont  certainement  MA....  Je  n'en  saurais 


182  MÉMOIRES 

douter  aujourd'hui ,  et  ces  deux  lettres  sont  le  couiuieDCc- 
ment  du  nom  MAVFENNIVS.  (PL  VI,  n*  à.) 

N*»  6. 

La  monnaie  à  la  légende  MAVFEiNN....,  trouvée  il  y  a 
quelques  années  dans  la  Seine,  à  Paris,  n'était  qu* en  partie 
lisible,  àcausedesa  mauvaise  fabrication.  Aujourd'hui  que 
j'en  possède  un  magnifique  exemplaire,  trouvé  à  Ver-lès- 
Chartres,  grâce  à  l'amitié  généreuse  de  M.  de  Saint-Laumer, 
je  suis  en  mesure  de  décrire  beaucoup  mieux  cette  pré- 
cieuse monnaie.  Au  droit  on  lit  autour  de  l'aigle  éployé  : 
ARGA.NTODA.MAVFENN.  Mais  à  cette  légende  il  manque 
encore  deux  lettres  au  plus.  Au  revers,  offrant  le  type  cru- 
ciforme des  pièces  de  Cisiambos  avec  le  nom  du  vergobrct 
Cattos,  on  lit  très-nettement  :  ...SSOS.PVPLIGOS  (nr). 
LIXO (PI.  VI,  n"l  etl  bis.) 

De  quelque  manière  que  l'on  classe  ces  différentes  mou- 
naies  entre  elles,  il  est  certain  aujourd'hui  que  les  pièces 
à  la  légende  CISIAMBOS.  CATTOS  VERGOBRETO  doivent 
être  immédiatement  voisines,  soit  d'un  côté,  soit  de  l'autre, 
des  pièces  au  même  type  et  à  la  légende  ARGANTODA. 
MAVFENN. 

Résumons  maintenant  et  cherchons  une  distribution  ra- 
tionnelle des  curieuses  monnaies  des  Lixoviates  ou  Lexo- 
viates.  (Je  n'hésite  pas  à  reprendre  cette  dénomination 
que  la  peuplade  en  question  s'appliquait  à  elle-même.  ) 

Commençons  par  déterminer  la  position  chronologique 
relative  des  deux  pièces  semblables  de  types,  et  qui  doivent 
être  l'élément  autour  duquel  tous  les  autres  se  distribue- 
ront, suivant  la  loi  ordinaire  de  la  succession  des  type». 

Supposons  d'abord  le  Cisiambos^  CaUos  Vtrgobrelo  plus 


ET    DISSERTATIONS.  18S 

cien  que  i'Àrcanloda.  Uaufenn...^  et  voyons  s'il  y  a  pos- 
>aîté  de  coordonner  avec  ce  point  de  départ  toutes  les 
très  pièces  des  Lixoviates. 
Nous  aurions  ainsi  la  distribution  forcée  suivante  : 

1.  Cisiambos.Cattos  Vergobreto; 

2.  Arcantoda .  Maufenn  ; 

if  Pièce  de  Cisiambos  à  effigie,  surfrappée  sur  Tune  quel- 

ique  des  deux  précédentes  ; 

I.  Pièce  à  effigie  de  Cisiambos,  avec  la  légende  ARGAN- 

DAN  MA au  revers. 

liosi,  le  nom  de  Cisiambos  disparaîtrait  pour  reparaître 
"es  la  disparition  du  nom  Maufenn ,  qui  reparaîtrait  à 
I  tour,  après  une  éclipse  de  quelque  temps. 
Si  puis  le  Cisiambos  à  effigie  que  je  supposais  le  plus 
îien ,  à  cause  de  l'attribution  aujourd'hui  abandonnée 
ne  pièce  lixovienne  à  Viridovix ,  reviendrait  encore  une 
(  après  le  Maufennius.  Car,  maintenant  que  la  seule 
ion  qui  me  forçait  à  attribuer  à  ce  Cisiambos  une  ancien- 
&  relative  plus  considérable  n'existe  plus,  je  n'ai  pas  le 
indre  scrupule  i  rapprocher  cette  pièce  et  comme  style, 
omme  taille,  et  comme  fabrique,  des  belles  monnaies  de 
Lilos,  qui  assurément  sont  postérieures  aux  campagnes 
César.  De  plus,  les  pièces  à  la  légende  LIXOVIATIS  se 
iveot  nécessairement,  et  par  la  même  raison  de  ressem- 
ice  frappante,  rejetées  à  la  fin  de  la  série  monétaire 
nous  occupe. 

décidément,  cette  première  distribution  n'est  pas  pos- 
e,  et  elle  doit  être  abandonnée.  Passant  à  l'autre  hypo- 
le  et  admettant  que  Maufennius  ait  précédé  Cisiambos; 
m  résulte-t-il  ?  Nous  avons  la  série  suivante  : 
.  Maufennius.  Arcantodan  ; 
.  Cisiambos.  Cattos  Vergobreto  ; 


18A  MÉMOIRES 

3.  Gisiambos.  k.  Arcantoda.  Ma.,...  à  effile; 
A.  Gisiambos  à  effigie; 

5.  Gisiambos  à  effigie,  au  lion  et  à  Tarbre  déraciné  ; 

6.  Lixoviatis. 

Essayons  maintenant  de  justifier  cette  distribution. 

D'abord,  les  pièces  de  Maufennius  et  de  Gisiambos  à 
Taigle  me  paraissent  avoir  été  fabriquées  et  émises  dans 
un  laps  de  temps  fort  court. 

Maufennius  adopte  le  type  de  Taigle,  type  essentielle- 
ment carnute,  et  qui  se  retrouve  sur  les  belles  monnaies  de 
PijiLtilos.  A  son  nom  il  accole  celui  d'Arcantodan.  Si  cet 
Arcantodan  est ,  comme  je  Tai  déjà  supposé  »  le  Gamute 
Conctodun  des  Commentaires^  le  premier  chef  de  la  grande 
insurrection  gauloise  qui  eut  Ueu  dans  l'biver  qui  commença 
la  huitième  année  des  campagnes  de  Gésar  (62  avant  J.  G.)f 
Maufennius,  chef  des  Lixoviates,  reconnut  la  suprématie  de 
cet  homme  déterminé,  de  ce  patriote  énergique  qui  acceptait 
et  prenait  pour  lui  le  rôle  dangereux  de  boute-feu,  rôle  que 
tous  les  autres  chefs  de  peuplade  déclinaient  prudemment 
Maufennius  fut  donc  chef  des  Lâxoviates  dans  l'hiver  de  53  à 
52  avant  Jésus-Christ,  et  il  reconnut  la  suprématie  d' Arcan- 
todan, aux  troupes  duquel  se  réunit  très-probablement  un 
contingent  de  Lâxoviates  et  d'Aulerkes  Éburovikes  :  cela 
est  si  vrai  que  deux  ou  trois  mois  plus  tard  Gésar»  après 
avoir  vengé  sur  les  Gamutes  le  sac  de  Genabum,  après 
avoir  pris  Avaricum  et  massacré  sa  population,  envoya 
Libienus  avec  quatre  légions  chez  les  Sénoos  et  tes  Pari- 
siens, lorsqu'il  se  dirigeait  lui-même  versl'Arvemie  avecle 
reste  de  son  armée.  11  lui  fallait  donc  contenu*  les  peuplades 
de  cette  région  des  Gaules ,  et  leur  opposer  un  corps  d'ar- 
mée, énorme  pour  le  temps,  de  quatre  légions.  Aussi  voyoM- 
nous  à  l'attaque  de  Labieuus  contre  les  Parisiens,  les  Au- 


£T   DISSERTATIONS.  185 

SOUS  la  conduite  de  Camulogène,  former  le  noyau 
lée  gauloise.  Or  les  Lixoviates  et  les  Âulerkes,  dont 
toires  se  touchent  et  qui  d'ailleurs  avaient  agi  exac- 
de  même  en  massacrant  leur  sénat,  qui  ne  voulait 
tmer  la  guerre  avec  les  Romains,  lors  de  la  levée  de 
%  de  Viridovix  (  lib.  III,  c.  17  ) ,  devaient  être,  cette 
ore,  animés  de  sentiments  identiques  et  courir  les 
chances.  Je  suis  donc  bien  tenté  aujourd'hui  de 
08  les  Lixoviates  des  adversaires  acharnés  des 
s.  Maufennius,  qui  a  frappé  des  monnaies  dans  les 
B  mois  de  l'an  62,  dispai*atc  tout  à  coup,  tué  sans 
iDS  un  combat,  et  Cisiambos  prend  sa  place.  Après 
'Avaricum,  César  va  à  Decetia  juger  le  différend  qui 
^  entre  les  deux  vergobrets  «  rivaux  des  Éduens, 
;  Gonvictolitanes.  César  dépose  Cotus,  et  le  nouveau 
i  Lixoviates,  qui  a  reconnu  Cotus  pour  vergobret 
,  mûntient  le  nom  et  le  titre  de  ce  personnage  sur 
ûères  monnaies  qu'il  fait  frapper  à  son  propre  nom, 
tatant  ainsi  la  suprématie  des  Éduens  sur  toute  la 
1 ,  et  en  protestant  du  même  coup  contre  Tinter- 
romaine. 

M  le  nom  du  vergobret  Cattus  disparaît  de  la  mon- 
lixoviates,  et  Cisiambos  frappe  des  monnaies  à 
;îe.  Plus  de  traces  alors  de  la  suprématie  éduenne. 
08  émet  d'abord  une  pièce  au  revers  de  laquelle 
rouvons  les  noms  d'Arcantodan  et  de  Maufennius^ 
»  doute  en  souvenir  de  deux  héros  de  la  liberté , 
lise  le  coin  de  revers  des  monnaies  émises  par  son 
iseur,  qui  fut  peut-être  son  père.  Puis,  immédiate- 
rës,  ce  même  Cisiambos  fait  surfrapper  ses  propres 
18  portant  le  nom  du  vergobret  Cattos,  en  reprenant 
de  PVBLICOS  SEMISSOS  LEXOVIO,  qui  ne  diffère 


186  MÉMOIBES 

que  par  l'arraDgemeot  des  mots  de  la  légende  SIMISSOS 
PVBLICOS  LIXOVIO  des  pièces  portant  le  nom  du  vergobret 
Cattos. 

Un  peu  plus  tard ,  les  Lixiovates  et  les  Aulerkes  ren- 
trèrent probablement  en  grâce  et  firent  leur  soumission. 
Nous  savons  par  le  livre  VIII  des  Commentaires  que  les 
Carnutes  furent  battus  à  plate  couture  par  les  Jtomains, 
cbassés  de  leur  territoire  et  dispersés  dans  les  cités  voi- 
sines. Pixtilos,  chef  des  Aulerkes,  fut  évidemment  investi 
alors  d'une  grande  autorité  par  les  Romains ,  cela  résulte 
de  l'abondance  et  de  l'élégance  de  ses  monnaies.  Cisiambos 
resta  probablement  chef  des  Lixoviates,  sous  la  suprématie 
de  Pixtilos,  et  ce  fut  alors  qu'il  frappa  sa  monnûe  nomi- 
nale si  semblable  aux  monnaies  de  Pixtilos.  Quant  aux 
pièces  sans  nom  de  chef  des  Lixoviates ,  peut-être  faut-il 
n'y  voir  que  des  monnaies  émises  par  cette  peuplade  aus- 
sitôt après  la  disparition  de  Cisiambos,  et  constatant  une 
apparence  d'autonomie  sous  l'autorité  de  Pixtilos. 

Voilà ,  mon  cher  Adrien ,  la  seule  classification  et  la 
seule  explication  possible ,  à  mon  avis ,  de  l'ensemble  des 
monnaies  des  Lixoviates.  Je  ne  me  dissimule  pas  tout  ce 
qu'il  y  a  d'incertain  dans  cette  explication  ;  mais  j'en  ai 
vainement  cherché  une  antre ,  je  ne  dis  pas  une  meilleure, 
et  je  n'ai  absolument  rien  pu  trouver. 

Il  me  resterait  un  véritable  regret  en  pensant  que  j'ai 
dépossédé  Viridovix  de  la  seule  monnaie  qui  lui  avait  été 
jusqu'ici  attribuée ,  si  je  n'avais  à  t' annoncer,  en  finissant 
cette  lettre,  la  découverte  d'une  charmante  monnaie,  bien 
authentique  cette  fois,  de  l'illustre  chef  des  Unelles. 

Cette  monnaie ,  qui  a  été  trouvée  à  Poitiers ,  m'a  été  gé- 
néreusement cédée  par  son  possesseur,  M.  Pinchaud,  au- 
quel je  suis  heureux  de  témoigner  publiquement  ici  ma 


ET   DISSERTATIONS.  187 

recooDalssance.  J'avais  déjà  un  exemplaire  fruste  de  cette 
monnaie,  provenant  du  cabinet  de  feu  M.  Mioche,  de  Cler- 
mont,  et  toutes  deux  dormaient  depuis  quelques  mois 
dans  le  tiroir  des  indéterminées,  lorsqu'à  force  de  tourner 
etde  retourner  ce  joli  petit  monument,  j'en  ai  tout  à  coup 
eotrevu  la  lecture. 
Voici  la  description  de  cette  monnaie  : 

Tête  casquée  à  droite  ;  devant,  la  légende  Vlbo.RE,  que 
je  lisVRIDO(t?ij;)  RE(x). 

j^.  Lion  courant  adroite;  au-dessus,  un  astre.  Petit 
bronze  de  fabrique  excellente  et  tout  à  fait  analogue  à  celle 
Io3 pièces  de  CONTOVTOS,  LVCIOS,  etc.  (PI.  I,  n^  11.  ) 

SSi  je  ne  me  trompe  pas,  et  je  ne  crois  pas  me  tromper, 
*^^t-41  pas  curieux  de  voir  se  vérifier  si  bien  et  si  promp- 
-«^aent  ce  que  je  te  disais  dans  ma  XIll*  lettre,  et  ce  que 
^      te  demande  la  permission  de  te  rappeler  ? 

«  Si  Adietuanus  a  frappé  des  monnaies  en  Aquitaine  avec 
^^  titre  de  ReXj  nous  sommes  tout  naturellement  amenés  à 
^^^«nclure  que  Viridovix ,  dont  l'autorité  dans  TArniorique 
^^A  caractérisée  par  les  mêmes  expressions  de  César,  et 
^^^la  dans  le  récit  des  campagnes  de  la  même  année,  a  pu 
^^  dû  émettre  des  monnaies  à  son  nom ,  et  portant  peut- 
^^6  aussi  le  titre  de  Rex.  Qui  sait  si  l'avenir  ne  nous  ré~ 
^lerve  pas  la  découverte  de  ces  précieuses  monnaies?  Celle 
^ue  La  Saussaye  a  publiée  le  premier,  et  qui  lui  semblait 

*  jH>rter  le  nom  de  ViridovLx,  ouvre,  ainsi  que  je  te  l'ai  dit 

*  plus  haut ,  la  série  des  monnaies  lexoviennes.  Son  attri- 

*  bution  à  Viridovix  est-elle  indubitable  ?  Je  n'oserais  Taf- 
*ûrmer,  en  présence  d'une  légende  incomplète,  bien  que 

*  je  sois  tout  porté  à  l'admettre,  etc.  » 

Je  suis  charmé,  mon  cher  Adrien,  d'avoir  été  assez  heu- 


188  uÉMOinES 

reux  pour  répondre  aussi  promptemeDt  aux  deux  questions 
que  je  me  posais  en  ces  termes. 
Tout  à  toi. 

Paru,  30  septembre  1861. 

Notes  additionnelles, 
I. 

23  octobre  1861. 

Je  viens  de  recevoir  de  mon  ami  Le  Métayer  une  nouvelle 
pièce  avec  le  nom  du  vergobret  Cattos ,  trouvée  encore 
au  Villeret  de  Berthouville,  dans  les  ruines  du  monument 
qu'il  explore ,  et  que  je  n'hésite  pas  à  déclarer  Tun  des 
plus  curieux  que  j'aie  jamais  vus,  parmi  les  édifices  gallo- 
romains  qu'il  m'a  été  donné  de  visiter.  Cette  pièce  est  une 
variété  toute  nouvelle  ;  mais  malheureusement  sa  conserva- 
tion laisse  beaucoup  à  désirer.  Voici  en  quoi  elle  diffère  de 
tous  les  autres  semis  de  la  même  espèce  :  la  croix,  formée  de 
quatre  pétales  placées  autour  d'un  globule  central,  est  bien 
encore  le  type  principal  ;  mais  du  globule  central  partent 
cette  fois  quatre  étamines  terminées  par  un  petit  globule, 
et  recoupant  par  le  milieu  chacun  des  angles  formés  par 
deux  pétales  consécutives;  en  d'autres  termes,  le  type  de 
cette  variété   représente   très-convenablement  une  fleur 
épanouie  à  quatre  pétales,  entre  lesquelles  paraissent  quatre 
étamines  dont  le  globule  central  forme  le  réceptacle. 

Il  est  probable  que  cette  variété  est  postérieure  à  l'autre 
pièce  sur  laquelle  se  lisent  les  mêmes  légendes ,  précisé* 
meut  à  cause  de  la  complication  plus  grande  du  type 
principal.  (PL  VI,  N»  3.) 

La  curieuse  pièce  que  je  viens  de  décrire  était  accom- 
pagnée d'un  nouvel  exemplaire,  provenant  des  niêniw 


ET   DISSERTATIONS.  189 

fouilles,  de  la  pièce  h  la  légende  LIXOVIATIS.  Cette  fois  la 
légende  du  revers  ne  permet  plus  de  conserver  le  moindre 
doute  sur  sa  teneur,  car  elle  montre  très-nettement  LIXO. . . . 
J'ai  donc  deviné  juste  en  répudiant  la  leçon  VIRIDOVIX. 

II. 

12  décembre  lBf>l. 

Encore  une  bonne  nouvelle,  mon  cher  Adrien  îles 
fouilles  de  Berthouville  continuent  à  être  fnictueusos ,  et  il 
y  a  quelques  jours  on  y  trouvait  une  belle  pièce  de  Cisiain- 
bos,  tout  à  fait  analogue  à  celle  que  j'ai  décrite  plus  haut, 
et  qui  offre  au  revers  le  type  de  l'arbre  déraciné  et  du 
lion  :  mon  ami  Le  Métayer  vient  de  me  l'adresser.  La 
tète,  cette  fois ,  n'a  plus  du  tout  la  physionomie  de  la  tète 
d'Apollon  placée  sur  les  monnaies  de  Pixtilos  à  l'aigle.  Le 
revers  est  bien  semblable  à  celui  de  la  pièce  déjà  connue  ; 
mais  au  lieu  d'une  rouelle  à  quatre  rayons,  c'est  une 
étoile  fort  nette  qui  se  voit  sous  le  lion ,  à  gauche  du  tronc 
d'arbre  ;  et  c'est,  je  crois,  une  autre  étoile  qui  remplace  le 
triangle  formé  de  trois  points  placés  derrière  l'animal. 
(PL  VI,  n- 6.) 

En  résumé,  c'est  une  très  curieuse  nouveauté  à  ajouter 
à  la  suite  déjà  si  importante  des  monnaies  émises  par  les 
Llxoviatcs. 

F.  DE  Saulcy. 


1 90  Mf:MOIRRS 


MÉDAILLES  INÉDITES 

FRAPPÉES  PAR  DÉMÉTRIUS  I"  SOTER  AVEC  LES  NOM& 
DE  DEUX  VILLES  DE  SYRIE. 


Les  médailles  que  nous  publions  aujourd'hui  sont  peut- 
èlre  destinées  (Tune  d'elles  surtout)  à  ajouter  de  nouvelles 
pages  à  r  histoire  et  à  la  géographie  anciennes.  Malheureu- 
sement le  nom  de  ville  qui  se  trouve  inscrit  sur  la  pre- 
mière ne  figure  dans  les  ouvrages  d'aucun  historien. 

Voici  cette  pièce  avec  les  variantes  des  deux  seuls 
exemplaires  connus  :  la  première  se  trouve  dans  nos 
cartons  ;  la  seconde  faisait  autrefois  partie  de  la  col- 
lection Stokes;  elle  est  maintenant  au  Musée  Britan- 
nique ,  et  nous  en  devons  une  empreinte  à  TobligeaDce 
de  M.  le  comte  de  Salis.  La  seule  variante  remarquable 
qu'elle  offre ,  c'est  que  des  omicron  parfaitement  formés 
remplacent  les  points  figurés  sur  notre  exemplaire. 

Tête  diadémée  de  Démétrius  I"  à  droite. 

lî.  *IAir   BA2IAEi22  AHMHTPIOr  iiîTHPO^  AEP 


ET     DISSERTATIONS.  191 

(an  161  de  Tère  des  Séleucides,  151  avant  J.-C.  ). 
:>D  assis  sur  l'omphalos ,  tenant  une  flèche  de  la  main 
i,  la  gauche  appuyée  sur  son  arc.  Drachme. 
'  la  pièce  du  Musée  Britannique,  aussi  bien  que 
i  nôtre,  TY  du  surnom  0EOY  manque ,  quoique  le 
ur  ait  eu  à  sa  disposition  un  champ  sufiisant  pour 
•  ce  caractère.  Or  on  remarquera  que  les  deux 
mes  sont  de  coins  difTérents. 
prime  abord  nous  avions  pensé  que  le  mot  4>1A1P  se 
»rtait  à  Philippopolis  de  Trachonitide,  située  près  de  la 
ère  d'Arabie ,  dont  il  est  fait  mention  dans  les  actes 
incile  de  Chalc^doine;  mais  plusieurs  auteurs  anciens 
l'accord  pour  nous  apprendre  que  cette  ville  doit  son 
à  l'empereur  Philippe  (2ii-2i9)\  qui  l'a  fait 
mire  quatre  siècles  après  Fépoque  à  laquelle  notre 
me  a  été  fabriquée.  D'ailleurs  cette  médaille  nous  pa- 
le style  syrien ,  observation  secondaire  toutefois , 
ne  la  plus  grande  partie  des  monnaies  émises  au 
les  Séleucides  reste  encore  sans  attribution  aux  villes 
omprenait  le  vaste  empire  de  ces  princes. 
iqœr  exactement  la  contrée  où  était  située  la  ville 
DOS  occupe  est  chose  à  peu  près  impossible  dans  l'état 
I  de  la  science.  Découvrir  même  quel  fut  le  parrain 
tte  localité,  c'est  encore  un  problème  dont  la  solution 
:  peu  facile. 

ne  peut  admettre  que  cette  ville  ait  été  ainsi  nommée 
bnoire  de  Philippe  II ,  roi  de  Macédoine.  Ce  héros  ne 
a  jamais  ses  conquêtes  jusqu'en  ces  lointaines  con- 

iâre,é(].  de  Paria,  1686,  p.  625.— Cedrenus,  éd.  de  Paris,  1647, p.  257. 
éWuB  Victor,  éd.  d'Amsterdam  ,  1733 ,  p.  390.  —  Voir,  au  snjet  de 
«polit  et  des  médailles  qni  y  ont  été  frappées,  le  savant  écrit  do  TOchon 
cy  intitnlé  :  Mémoire  sur  la  médailUi  de  Marinus ,  Paris,  1817. 


102  MÉMOIRES 

trées.  Dans  la  supposition  que  son  (ils,  le  grand  Alexandre, 
eût  voulu  plus  tard  immortaliser  le  souvenir  de  son  père, 
il  eût  consacré  ce  fait  par  des  monuments  durables,  et  ses 
médailles  assurément  auraient  conservé  le  monogramme 
de  cette  localité.  Les  écrivains  de  son  temps  et  œux  du 
siècle  suivant  n^auraient  pas  oublié  de  mentionner  un  fait 
aussi  remarquable.  Quant  à  ses  successeurs  Philippe  111  et 
IV,  il  serait  peu  rationnel  d'admettre  que  ces  princes  éphé- 
mères aient  eu  la  moindre  autorité  dans  ces  parages.  Gett^ 
élimination  faite,  reste  seulement  Philippe  V,  roi  du  même- 
pays. 

Il  est  encore  peu  vraisemblable  que  ce  souverain  ait  piK 
donner  son  nom  à  Tune  des  villes  de  Syrie,  Thistoire  d» 
moins  ne  mentionne  pas  même  la  moindre  tentative  de^ 
conquête  en  ce  royaume.  Dans  l'hypothèse  où  il  y  eût 
songé,  la  réputation  de  valeur  de  son  collègue ,  Antiochus 
le  Grand ,  eût  suffi  pour  mettre  un  frein  à  ses  projets  am- 
bitieux ;  mais  loin  de  là,  un  accc^-d  parfait  sembla  toujours 
régner  entre  les  deux  souverains.  Comme  preuve  citons 
leur  ligue  contre  Ptolémée  Épiphane,  roi  d*Égypte,  dont 
ils  se  partagèrent   les  États  (en  Tan  202  avant  Jésus- 
Christ), 

Maintenant  un  dernier  Philippe  nous  reste  à  examiner, 
et ,  par  anticipation ,  disons  que  seul  il  nous  parait  avoir 
tous  les  droits  possibles  à  revendiquer  une  ville  portant 
son  nom  en  Syrie. 

Ce  Philippe  était  frère  de  lait  et  ami  intime  d* Antio- 
chus IV  Épiphane;  ce  dernier*  en  mourant  lui  légua  la 
tutelle  de  son  jeune  fils  Antiochus  V  Eupator,  et  le  chargea 
temporairement  du  gouvernement  de  son  royaume.  Il  lui 

»  Machab,,  lib.  II,  cRp.  VI,  11  ;  cap.  VIII,  8;  cap.  IX,  29. 


ET    DISSERTATIONS.  198 

donna  la  plus  grande  marque  d'estime  en  lui  confiant  la 
robe  royale,  son  diadème  et  tous  les  ornements  indices  de 
la  souveraineté  pour  les  porter  à  son  successeur,  âgé  de 
neuf  ans^  Mais  le  jeune  Ântiochus  ne  voulut  tenir  aucun 
compte  des  dernières  volontés  de  son  père  ;  il  abandonna 
Philippe  pour  l'envoyé  des  Romains,  le  fameux  Lysias. 
Dès  Tannée  suivante ,  Philippe  revint  de  la  Perse  à  la  tête 
d'une  forte  armée  pour  détrôner  le  fils  de  son  ancien  ami, 
qui,  par  sa  conduite,  s'était  rendu  odieux  à  ses  sujets.  En 
Tan  162  avant  Jésus-Christ,  il  s'était  rendu  maître  de  la 
ville  d'Antioche,  capitale  des  États  du  jeune  prince  ',  et 
l'armée  et  le  peuple  l'avaient  salué  du  titre  de  roi.  Le  pou- 
voir de  Philippe  n'eut  qu'une  courte  durée;  Lysias,  accouru 
en  toute  hâte,  le  vainquit  dans  cette  même  capitale  '. 

A  l'aide  des  faits  qui  précèdent,  on  i)eut  entrevoir  que 
Philippe  eut  une  assez  grande  célébrité  pour  donner  son 
nom  à  l'une  des  villes  d'un  pays  dont  il  fut  le  souverain. 
On  doit  aussi  comprendre  que  son  nom  ne  dut  subsister 
que  seulement  pendant  le  règne  de  Démétrius  I",  qui  s'é- 
chappa si  miraculeusement  des  prisons  romaines  pour  re- 
vendiquer ses  droits  à  la  couronne  *,  et  qui  y  réussit  pro- 

«  Joaèphe,  Gturre  des  Juifs,  lib.  XII,  cap.  XIV. 

<  Machab.,  cap.  XIII,  23. 

»  Jotèphe,  Guerre  des  Juifs,  lib.  XII,  cap.  XV. 

^  En  Tan  123  do  Tère  des  Sélcucidcs,  Autiocbus  le  Grand  tenta  une  nouvelle 
^erre  contre  les  Romains.  Il  fut  battu  on  Thracc,  en  Troade  et  dans  la  partie 
de  TAsie  en  sa  possession  ;  il  fut  forcé  d'accepter  la  paix  aux  conditions  les  plus 
dures,  entre  autres  celle  de  livrer  en  otage  vingt  des  notables  de  son  royaume 
et  Antiochusy  son  second  Iil8,plus  tard  Antiochus  IV.  A  quelque  temps  de  là, 
Séleucus  IV,  son  fils  aîné ,  offrait  aux  Romains  d'accepter  en  échange  de  son 
frère  son  propre  fils,  le  jeune  Démétrius.  Cette  proposition  fut  acceptée,  et 
Antioehos  obtint  immédiatement  la  liberté.  Ce  dernier  en  arrivant  &  Athènes 
apprit  la  mort  da  roi,  et,  oubliant  à  quel  prix  il  venait  de  recouvrer  cette  li 
5çrté  si  chère,  il  sVmpara  des  rdnes  du  gouvernement,  et  non  content  de  jouir 

1862.— 3.  Il 


iOi  MÉMOIRES 

bablement  à  cause  des  troubles  causés  par  la  révolte  de 
Philippe  contre  Antiocbus  et  Lysias.  Mais  ce  nom  dut 
disparaître  dès  le  règne  d'Alexandre  Bala;  le  souvenir  de 
l'homme  qui  avait  aidé  à  renverser  son  prétendu  frère  de- 
vait lui  être  des  plus  odieux  :  de  là  l'oubli  complet  de  ce 
nom  de  \ille  dans  les  historiens  de  l'antiquité. 

Si  Philippe  avait  encore  vécu  sous  le  règne  de  Démétrius, 
on  pourrait  ne  voir  qu'un  nom  d'homme  dans  le  mot  91AIP 
placé  en  dehors  de  la  légende  ordinaire;  msds,  comme  le 
premier  était  mort  avant  le  retour  du  second  dans  ses 
États,  il  n'est  pas  vraisemblable  que  Démétrius  ait  inscrit 
ce  nom  par  un  motif  de  reconnaissance ,  et  on  ne  trouve 
pas  dans  l'histoire  contemporaine  la  moindre  trace  d'un 
autre  personnage  portant  ce  même  nom  ;  ce  n'est  que  beau- 
coup plus  tard  que  l'on  vit  apparaître  un  autre  Philippe , 
qui  fut  également  roi  de  Syrie  à  la  même  époque  que  Dé- 
métrius III,  et  il  est  impossible  de  reporter  notre  médaille 
jusqu'à  l'époque  de  ce  dernier  souverain.  D'abord  la  tète  est 
imberbe  et  identique  à  celle  des  divers  métaux  et  modules 
de  Démétrius  I",  et  d'une  fabrique  bien  supérieure  à  celle  de 
Tépoquede  Démétrius  III  ;  ensuite  la  date  AEP  (161)  consti- 
tue une  preuve  irrécusable,  évidente,  de  la  justesse  de  notre 
attribution,  du  moins  quant  à  l'époque  d'émission. 

Si  Démétrius  avait  voulu  immortaliser  le  nom  de  Phi- 
lippe en  le  faisant  graver  sur  sa  monnaie,  il  l'eût  inscrit 
dès  la  première  année  de  son  règne,  et  non  sur  les  mé- 
dailles de  la  dixième  année.  Une  autre  raison  nous  fait  en- 
core persister  pour  un  nom  de  lieu,  c'est  que  le  monnayage 
des  rois  de  Syrie  de  cette  époque  se  faisait  dans  différentes 

pendant   onze  années  d'une  libcrt*^  ainsi  nsnrpée,  il  la  léfnia  à  Mm  flif,  tt 
laissa  Démétrius  oublié  dans  les  prisons  romanes,  et  ce  deniieT  j  i 
semblablcment  mort  s'il  n'avait  réassi  à  8*enftiîr. 


ET   OISSERTATIOiNS.  195 

es  à  la  fois ,  et  que  les  médailles  des  divers  souverains 
isacrent  ce  fait.  On  nous  objectera  peut-être  qu'il  n'est 
I  moins  aussi  extraordinaire  de  rencontrer  tardivement 
nom  de  cette  localité;  rien  de  plus  simple  néanmoins, 
lippi  ou  Philippopolis  pouvait  n'être  qu'une  ville  secou- 
re à  l'époque  où  elle  prit  ce  nom,  et  n'avoir  acquis  une 
taine  importance  qu'après  dix  années  d'un  règne  pros* 
B.  Tfnn  autre  côté,  il  n'est  pas  impossible  que  Démétrius 
at  frappé  monnaie  pendant  tout  le  cours  de  son  règne, 
i  ne  sait  que  la  terre  renferme  encore  en  son  sein  des 
kmaies  émises  pendant  des  périodes  entières  ;  et  que 
iqoe  jour  elle  nous  restitue  des  merveilles  dont  personne 
vait  pu  supposer  l'existence?  Que  de  noms  d'bommes  et 
localités  seraient  à  jamais  inconnus  sans  la  numisma- 
[ie«  témoin  la  médaille  qui  nous  occupe  ! 
hiânt  à  la  seconde  monnaie  qui  nous  a  été  apportée  de 
lie,  mêlée  à  un  grand  nombre  de  drachmes  parthes  et 
Banides,  nous  pensons  qu'elle  appartient  à  la  ville  de 
unis»  et  son  classement  ne  nous  parait  pas  offrir  de 
icoltés.  En  voici  la  description  : 

lème  tête  diadêmée. 

}.  KA  BA2IAE(Î2  AHMHTPIOT  liîTHP02.  Même  type 

TApolIon  assis.  Drachme. 

>line  cite  Camé  parmi  les  villes  de  la  Syrie,  sur  la  Tron- 
ic de  Phénicie.  Etienne  de  Byzance  mentionne  Kapvw 
ce ^^oci/i^>3Çi  Carné,  ville  de  Phénicie;  il  cite  Artémidore 
avait  écrit  Kapvo;  dans  ce  passage  :  «  Carnus  est  près 
Paltus,  vient  ensuite  Gabala.  » 

k>mme  Camé  est  sur  les  confins  de  la  Séleucide  et  de  la 
tnide,  Cellarius,  dans  sa  géographie  antique,  pense  que 
\t  le  même  lieu  que  Strabon  nomme  Caranus,  Ko^avo;; 


196  MÉMOIRES 

suivant  lui,  un  A  aurait  été  ajouté  ou  retranché  par  ces  au- 
teurs. On  a  donc: 

Kâ^avo;  dans  Strabon  ; 
Kapvoç  dans  Artémidore  ; 
KapvY]  dans  Etienne  de  Byzance  ; 
Came  dans  Pline. 

La  médaille  que  nous  donnons  ici  nous  semble  confirmer 
la  leçon  de  Strabon.  Si  la  ville  avait  porté  le  nom  de 
Carné,  la  drachme  nous  montrerait  la  première  syllabe  du 
nom ,  qui  serait  KAP,  et  non  point  KA ,  qui  est  la  première 
syllabe  de  KA-PA-NOZ.  Telle  est  du  moins  l'opinion  des 
savants  qui  nous  ont  renseigné  à  ce  sujet. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  attributions  que  nous  proposons 
pour  ces  deux  monnaies ,  nous  n'avons  pas  la  prétention 
d'émettre  une  opinion  décisive  sur  leur  classement  dé- 
finitif. On  pourrait,  par  exemple,  arriver  à  démontrer  que 
les  groupes  de  caractères  4>IAir  et  RA  appartiennent  à 
des  noms  d'alliés  du  roi  de  Syrie  ou  d*officiers  monétûres* 
Les  renseignements  qui  précèdent  sont  le  résultat  de  nos 
recherches  personnelles ,  et  sans  les  ressources ,  il  faut 
l'avouer,  d'aucuns  documents  assez  précis.  Si  nous  sommes 
dans  l'erreur,  nos  confrères  en  numismatique  nous  remet- 
tront dans  la  bonne  voie ,  et  nous  les  verrons  sans  regret 
substituer  une  opinion  mieux  fondée  à  celle  que  venons 
d'exposer. 

FEUARDEirT. 


ET    DISSERTATIONS.  197 


ESSAI 


LES  MÉDAILLES  AUTONOMES  ROMAINES  DE  L'EPOQUE 
IMPÉRIALE. 

(PI.  vn,  vm,  IX  et  X.) 


LIBERTATI.  Citoyen  en  toge  et  coiffé  du  bonnet  de  la 
Liberté,  tenant  une  couronne  de  laurier  dans  sa  main 
droite  élevée  et  marchant  à  droite. 

â.  S.P.Q.R.  Victoire  debout  sur  un  globe  à  droite,  te- 
nant une  couronne  et  une  palme.  /^.  (PI.  IX,  n""  A3.  ) 

En  examinant  cette  médaille ,  comment  ne  pas  se  rap- 
peler le  passage  de  Suétone  relatif  à  la  mort  de  Néron  : 

Tanlumque  gaudium  pubUce  prœbuU,  ut  plebs  pileata 
iota  urbe  diêcurrereL  —  «  L'allégresse  publique  fut  si 
grande  que  le  peuple  parcourut  la  ville  la  tête  coiffée  du 
bonnet  de  la  liberté.  »  (Sueton.«  NerOy  57.  ) 

Tacite ,  en  parlant  de  ce  grand  événement ,  s'exprime 
ainsi  :  Finis  Neronis^  ut  lœtus  primo  gai^entium  impetu 
fuerat^  ita  varios  motus  animorumy  non  modo  in  urbe 
apud  patres  i  aut   populum^  aut  urbanum  militem,  sed 

omnes  legiones  ducesque  conciverat Sed  patres  lœti, 

usurpaiastatim  libertale^  licentius^  ut  ergaprincipem  novum 
et  absentem —  «La  mort  de  Néron  avait  fait,  quoi- 


498  MÉMQIEES 

que  avec  des  impressions  diverses,  éclater  la  joie  non-seu- 
lement dans  Rome  parmi  les  patriciens,  le  peuple  et  la 
milice  urbaine ,  mais  aussi  parmi  les  légions  et  les  géné- 
raux   Les  sénateurs  dans  leur  joie  avaient   hâte  de 

saisir  la  liberté,  avec  d'autant  moins  de  mesure  que  le 
jHÎnce  était  nouveau  et  absent.  »   (Tacit.,  ffû/.,  1,  h. } 

Le  rapport  de  ces  deux  passages  avec  la  médaille  dont 
nous  venons  de  donner  la  description,  et  qui  de  la  collection 
du  regrettable  marquis  de  Lagoy  est  venue  tomber  dans  la 
mienne,  est  évident  %  et  il  parait  impossible  qu'elle  n'ait 
pas  été  frappée  à  Rome  désole  premier  moment  du  délire 
de  joie  causé  par  la  mort  de  celui  qui  la  veille  encore  faisait 
trembler  le  monde  romain. 

Les  sénateurs  avaient  donc  bâte  de  se  saisir  de  la 
liberté,  et  ils  profitaient  de  l'absence  du  prince,  de  son 
inexpérience  ou  de  sa  condescendance  présumées  pour  re- 
prendre tout  ce  qu'ils  avaient  perdu  de  prestige  et  d'au- 
torité sous  les  premiers  empereurs.  Parmi  les  préroga- 
tives qu'Auguste  avait  enlevées  au  sénat  «  une  de  celles 
que  ce  corps  devait  regretter  le  plus  était,  sans  contredit, 
le  droit  de  battre  monnaie.  Après  avoir  exclusivement 
régi ,  soit  directement,  soit  par  les  triunvirs  menétaires, 
cette  branche  de  l'administration  publique  dans  la  capi- 
tale %  il  avait  vu  cette  prérogative  amoindrie  par  César, 

1  Au  moment  d»  publier  cet  article,  j'apprends  qu'il  eziate  «n  wtùomà  twtm- 
plaire  an  Cabinet  national  à  Madrid.  J'en  dois  la  eommmûeatton  h  ckm  Fit»- 
cisco  Bermndez  de  Sotomayor,  conservateur  dit  cabinet  des  médaîllea. 

*  Sous  la  république ,  outre  les  monnues  frappées  à  Rome  excluhroMil 
par  Tautorité  du  sénat ,  il  existait  encore  des  monnaiea  firappées  iaa»  le»  fm* 
▼inces  par  certains  ma^strats  ou  par  les  généraux  à  la  t6te  des  arate,  m 
Yertu  de  letir  charge  on  de  leur  commandement  ;  quelquefois  le  sénat  aeeofdait 
exceptionnellement  le  droit  do  battre  monnaie  à  des  magistrats  qui  ne  Fia- 
raient  pas  eu  par  leur  charge ,  cv.s  pièces  sont  généralement  d'argent,  qwU 


£T   DISSERTATIONS.  199 

et,  aussitôt  après  la  mort  du  dictateur,  il  s'était  empressé 
de  la  reprendre  et  de  frapper  de  la  monuaie  dans  les  trois 
métaux.  Auguste ,  eu  réglant  les  attributions  du  prince  et 
du  sénat ,  avait  réservé  à  l'empereur  la  monnaie  d'or  et 
d'argent;  il  avait  accordé  au  sénat  le  droit  exclusif  de  battre 
de  la  monnaie  de  cuivre,  droit  que  ce  corps  constatait  sur 
les  pièces  par  les  lettres  S.C.  La  monnaie  d'or  et  d'argent, 
devenue  monnaie  de  t  empereur  y  était  administrée  par  des 
officiers  spéciaux  faisant  partie  de  la  maison  impériale , 
par  des  affranchis,  souvent  même  par  des  esclaves  S  ja- 
mais par  des  sénateurs  ou  des  patriciens  ;  celle  de  cuivre , 

qnas-niies  sont  de  enivre  ;  quant  à  la  monnaie  d*or,  elle  était  exclusivement 
militaire,  frappée  seulement  par  les  généraux  dans  les  expéditions  loin- 
taines et  pour  les  befoins  du  moment.  La  seule  modification  apportée  par 
CéMx  à  eette  législation,  fut  do  frapper  à  Rome  même  ses  propres  pièces  comme 
imptntorf  concurremment  avsc  la  monnaie  sénatoriale ,  et  par  conséquent 
d'introduire  le  monnayage  d'or  dans  la  capitale.  Après  sa  mort,  le  séuat 
réunit  sous  son  autorité  les  deux  ateliers  et  frappa  pour  la  première  fois  de 
la  monnaie  d'or  ;  par  une  anomalie  assez  singulière  après  une  réaction  ré- 
pnblieaine,  il  concéda  aux  généraux  tour  à  tour  vainqueurs  dans  les  guerres 
eivîlet  non-seulement  le  droit  de  battre  monnaie  sous  son  autorité,  mais 
encore  celui  de  mettre  leur  effigie  sur  les  pièces. — Yoy.  Mommsen,  Gttchichte 
du  Bmni^chen  MlinzvDesens,  pages  363-371,  383,  428,  652,  654,  739,  741*. 

*  Cm9mr,„.  moneUf,,,  peculiares  êwtoê  prtepoivit,  Suet.,  J.  Cœiar,  76.— Dans 
le  reeueU  d'Orelli,  n-  2153.  3570,  6642  :  procuratores  numet»,-^  On  voit  dans 
lereeneil  de  Gruter,  LXXIY,  1,  des  offidnatorêt  monetx  aurarùe  et  argentaria; 
C9êarii, —  Dans  Spon,  Mue.  Ant,,  p.  101,  une  familia  monetalis. — Ces  derniers 
ëiaient  des  ouvriers ,  et  leur  chef  se  nommait  êxactor  avri  arge^Ui  serû  ,  ce  qui 
pourrait  faire  croire  que  l'employé  da  l'empereur  exerçait  une  sorte  de  contrôle 
même  sur  la  monnaie  du  sénat.  Voy.  Gruter,  LXXIY,  1  ;  MLXYI,  5  j  MLXX, 
1.— Cf.  Mommsen,  loc,  cit.,  p.  746,  note  20.— M.  de  Boissieu,  dans  son  bel  ou- 
vrage sur  les  InicriptUmi  de  Lyon  y  p.  281,  cite  un  esclave  préposé  à  la  monnaie 
de  Lyon  sons  Tibère, et  qui  -porte  le  titre  de  apqwUor  m^iet»  (Mommsen, 
ch«  Vni).  —  On  peut  aussi  consulter  sur  cette  question  les  Lettres  de  M.  Ana- 
tole de  Barthélémy  à  M.  Lecointre-Dupont  êur  lee  magietrati  et  lee  corporatione 
prépoêée  à  la  fabrication  éet  matmaie»^  dans  la  Befme  num,,  1847,  p.  350  et  sniv., 
et  1848,  p.  165  el  suiv.  On  y  trouve  les  textes  et  inscriptions  relatifs  au  sujet. 


200  MÉMOIRES 

devenue  monnaie  de  l'empire,  était  confiée  par  le  sénat  à 
une  commission  prise  dans  son  sein  et  composée  de  trois  oo 
quatre  membres  appelés,  comme  sous  la  république,  trium- 
virs ou  qnatuorvirs  monétaires;  cette  fonction  submsta, 
d'après  les  inscriptions,  jusqu'au  ni*  siècle,  mais  les  noms 
des  fonctionnaires  ne  parurent  plus  sur  les  monnaies  de- 
puis la  onzième  année  de  notre  ère  ou  environ  '. 

L'empressement  que  mit  le  sénat  à  saisir  cette  appa- 
rence de  liberté  et  à  profiter  de  l'absence  du  nouveau 
maître  pour  reprendre  cette  prérogative  si  regrettée  se 
conçoit  donc  parfaitement,  et  il  est  tellement  dans  la 
nature  des  choses  que  l'on  aurait  pu  le  supposer  et  l'ad- 
mettre, même  s'il  ne  nous  en  était  resté  aucun  vestige 
matériel. 

La  pièce  décrite  ci-dessus  et  celle  au  type  de  la  famille 
Junia  (ci-dessous,  n*  85)  [Cohen  y  Description  historique 
des  monnaies  frappées  sous  V empire  romain^  tom.  I,  p.  2A9, 
n*  267),  frappées  évidemment  l'une  et  l'autre  à  cette  épo- 
que ,  ne  peuvent  pas  être  les  seules  de  leur  espèce,  et  sans 
aucun  doute  d'autres  ont  dû  être  émises  en  même  temps  : 
nous  allons  les  chercher. 

Les  médailles  classées  par  Vaillant  et  Morell  aux  incer- 
taines des  familles  et  attribuées  depuis  par  Eckhel,  les 
unes  à  Auguste,  les  autres  à  Galba  et  à  Vitellius,  sous  le 
nom  de  Médailles  autonomes  j  sont  les  premières  qui  méri- 
tent de  fixer  notre  attention.  Commençons  d'abord  par  les 
examiner,  et  nous  verrons  ensuite  si  elles  présentent  tous 

>  Les  derniers  monétaires  que  nous  connaissions  par  les  inacriptioiis  sont 
les  suivante  :  Ser.  Calpurnius  Dexter,  consol  en  225  (Orell.,  n*  6503),  T.  Clo- 
dius  Pnpienus  Pulcher,  fils  de  Tempereor,  tué  en  238  (  Or«ll.,  n*  6512),  et 
L.  Fulvius  ^milianns  (Orell.,  n*3134),  si  toutefois  c'est  le  même  qù  fot 
consul  en  259.  Voyez  Touvrage  cité  de  M.  Mommsen,  p.  870. 


ET   DJSSEKTATIONS.  201 

les  caractères  que  devaient  avoir  des  pièces  frappées  dans 
de  semblables  conditions  et  à  cette  époque.  En  voici  la 
description  d'après  l'ordre  alphabétique  des  revers  ;  j'y  ai 
joint  leur  poids  autant  que  j'ai  pu  me  le  procurer,  ainsi 
que  l'indication  des  médailles  qui  depuis  Auguste  jusqu'à 
Vitellius  inclusivement,  portent  au  revers  de  l'eflBgie  impé- 
riale des  types  analogues. 

1.  —  SALVTIS.  Tête  diadémée  de  la  Santé  à  droite. 

d.  CONCORDIA.  La  Concorde  debout  à  gauche .  tenant 
une  corne  d'abondance  et  une  branche  d'olivier.  AV. 
(Cohen,  Galba,  n'^  252.) 

Poids,  Vienne,  7«%10.  (PI.  Vil,  n»  1.) 

Médaille  corretpondante , 

SER.GALBAJMP.CAESAR  AVG  P.M.TR.P.  Têtelaurée  adroite. 
^.  OONCORDIA  PROVINCIARVM.   La  Concorde  debout,  tenant  une 
corne  d^abondance  et  tm  rameau  d'olivier  (Cohen,  n*  12).  Or, 
Poida,  Musée  Britannique,  7r,32. 

2.  —  LIBERTAS  RESTITVTA.  Tête  voilée  et  diadémée  de 
la  Liberté  à  droite  ;  devant  elle  un  épi. 

a.  CONCORDIA.  La  Concorde  assise  à  gauche  sur  un 
trône,  tenant  une  enseigne  surmontée  du  sus  gallicus  et  un 
caducée.  M.  (Cohen,  Galba,  n»  253  ^  ) 

Poids,  Vienne,  i^^hh.  (PI.  VU,  n*»  2.) 

i.  —  FIDES  EXERCITVVM.  Deux  mains  jointes. 

^.  CONCORDIA  PRAETORIANORVM.  La  Concorde  debout 

*  Par  une  erreur  qui  sera  rectifiée  dans  l'erratum,  on  lit  dans  Touvrage  de 
M,  Cohen  (  Description  historique  des  monnaies  frappées  sous  V empire  romain,  1. 1, 
p.  247,  n*  253)  aigle  romaine  à  la  place  de  sus  gallicus,  Eckhel  attribuait 
cette  médaille  aux  légions  espagnoles;  11  y  voyait  le  gage  de  Tunion  entre 
Rome  et  TEIspagne.  La  valeur  symbolique  ne  change  pas  depuis  que  les  tra- 
vaux de  M.  de  la  Saussaye  {Revus  numismatique,  1840,  p.  245)  ont  fixe  la  véri- 
table attribution  du  sus  gallicus,  qui  est  l'cnn blême  national  de  nos  anc<^tre9. 


202  MÉMOIRES 

tenaDt  une  branche  d* olivier  et  une  corne  d'abondance.  .^. 
(Cohen,  Vitelliuê,  n*  100.) 

Poids ,  France,  3«',S5 ;  —  Londres,  2»',65  et  $«',06;  — 
Jladrid,  i^',60;  —  Munich,  2«',50;  —  Turin,  S«',40;  — 
ma  collection,  3«',30.  (PL  VII,  n»  S.  ) 

A.  —  FIDES  EXERGITVVM.  Deux  mains  jointes. 

fc.  CONCORDIA  PROVINGIARVM.  La  Concorde  deboul  à 
gauche,  tenant  une  branche  d'olivier  et  une  corne  d'abon- 
dance. J^.  (Cohen,  Galba^  d^  254. ) 

Poids  (?). 

MédailUt  cùrresponiantêi. 

Semblable  à  celle  dcchte  après  le  n»  1.  Argent  (Cohen,  Gaiba,  n*  1S\ 
Poids,  France,  3r,35,  ^,45,  3«',80. 
A.VITELLIVS  IMP.GERMAN.  Tête  lanrée  à  gauche. 
».  CONCORDIA  PRAKTORUNOR^^.  La  Concorde  debout,  tenant  uno 
branche  d*oIivier  et  une  corne  d*abondauce  (C<^en,  FilfKhu,  u*  7). 
Poids,  France,  pièce  fourrée. 

5.  —  GALLI A.  Tète  de  la  Gaule  ornée  du  torques  à  droite, 
a.  FIDES.  Deux  mains  jointes ,  tenant  deux  épis  et  uoe 

enseigne  militaire  surmontée  du  sus  gallicus.  M.  (Cabinet 
de  M.  le  docteur  Haeberlin,  à  Francfort  ) 
Poids,  S^ô?.  (PL  VII,  n»  A). 

6.  —  FIDES  EXERCITVVM.  Deux  mains  jointes. 
H.  Même  légende.  Même  type. 

Poids,  Madrid,  pièce  fourrée.  (PL  VII,  n»  5.  ) 

7.  —  FIDES  EXERCITVVM.  Deux  mains  jointes. 

h\  FIDES  PRAETORIANORVM.  Deux  mains  jointes.  .«. 
(Cohen,  Yitellius,  n»  101.) 

Poids,  France,  3«',37,  et  pièce  fourrée  ; — Vienne,  S^'tô©; 
—  Berlin,  3»%41  et  »«',S5  ;  —  Londres,  S»',56;  —  Munich, 
38',29  et  2",63  ;  -  Turin ,  38',50;  —  ma  collection .  pièce 
fourrée.  (PL  VII,  n*»  6.) 


ET   DISSERTATIONS.  203 

8.  —  VESTA  P.R.QVIB1TIVM.  Buste  diadème  et  voilé  de 
Vesta  à  droite;  devant  elle  une  torche  allumée. 

^.  FIDES  EXERGITVVM.  A.  (Cohen,  d'après  Morell, 
ViUllius,  n»  102.  ) 

Poids,  Vienne,  3»',39  ;  —  Berlin,  8»',S6  ;  —  Turin,  8«',70. 
(PI.  VII,  n»7.) 

MédaiîUê  correspondanles . 

IMP.SER.GALBA  AVG  P.M.  Têtjlauréc  &  droite. 

P,  FIDES  MILITVM.  Deux  mains  joiD tes  tenant  une  enseigne  romaine. 
Argent  (Cohen,  Galba,  n»  32). 

Poids,  France,  8ir,45. 

A.YITELUVS  IMP.GEKMAN.  Tdte  laurée  à  droite,  dessous  un  globe. 

W.  FIDES  EXERCITWM.  Deux  mains  jointes.  Or  (Cohen,  Vitellius.no  12). 

Poids,  ma  collection,  5s',B2  (  pièce  à  fleur  de  coin  ). 

p.  FIDES  PRAETORIANORVM.  Même  type  (Cohen,  VitêUiui,  n»  16). 

Poids,  France,  pièce  fourrt^e 

^.  OONSENSYS  EXERCITVVM.  Mars  marchant  à  gauche,  portant  une 
lance  et  un  trophée.  Argent  (Cohen,  VitelHus,  n«»  9). 

Poids,  ma  collection,  3^,27,  Sv'jSO. 

9.  —  HERGVLES  ADSERTOR-  Tête  laurée  et  barbue 
d'Hercule,  à  droite. 

v^.  FLORENieForiVNAP.R.  La  Fortune  debout,  tenant 
un  rameau  et  une  corne  d'abondance.  JK.  (  Cohen ,  Galba, 
n*  255,  d'après  Bimard  de  la  Bastie,  dans  la  Science  des 
médailles  du  P.  Jobert,  1. 1,  p.  300.  ) 

Poids,  Madrid,  deux  pièces  fourrées.  (PI.  VII,  n**  8). 

Médaille  corretpondante. 

JMP  GALBA  CAESAR  AVG.  P.P.  Tête  laurée  à  droite. 
».  FORTYNA  AYG.  La  Fortune  debout,  tenant  uu  gouvernail  et  une 
corne  d'abondanoo  (Cohen,  GalbOy  n*  33). 
Poids,  France,  3«%30. 


20A  MÉMOIRES 

10.  _  VOLKANVS  VLTOR.  Tête  de  Vulcain  à  droite, 
coiffé  d'un  bonnet. 

^.  GENIO  P.R.  Tenailles,  marteau,  enclume  et  bonnet 
de  Vulcain  '.  J^.  (Cohen,  Auguste,  n«  607.) 

Poids,  France,  2b',95  (rognée);  —  ma  collection,  S»',15. 
(PI.  VII,  n»  9.) 

11.  —  VESTA  P.R.0V1R1TIVM.  Buste  diadème  et  voUéde 
Vesta  à  droite  ;  devant  elle  une  torche  allumée. 

î^.  I.O.M.CAPITOLINVS.  Jupiter  assis  à  gauche  dans  un 
temple  à  deux  colonnes  et  tenant  un  foudre  et  un  sceptre. 
yR.  (Cohen,  Vitellius,  n°  103.) 

Poids,  France,  3«',25,  36%37;  —  Vienne,  S^'.AÔ,  et 
pièce  fourrée  ;  —ma  collection,  pièce  fourrée. 

12.  —  Pièce  semblable,  avec  I. O.MAX,  au  revers.  M. 
Poids,  Londres,  2«',62;  —  Berlin,  38',32; — Copenhague, 

3«%10.  (PI.  VII,  n*  10.) 

13.  —  GENIVS  P.R.  Tête  barbue  du  Génie  du  peuple 
romain  à  droite  ;  derrière,  un  sceptre. 

Kl.    Semblable   au  précédent.    JR,.    (Cohen,   ViuUim, 
nMOâ.) 
Poids,  France,  pièce  fourrée.  (PI.  Vil,  n*  11.) 

Médaille  corrufondanU. 

A.  VITELLIVS  IMP.GERMAN.  Tête  laurée  à  droite. 
9^.  I.O.MAX.CâPITOLINVS.  Jupiter  assis  dans  un  temple  à  deux  co- 
lonnes, tenant  un  foudre  et  un  sceptre.  Argent  (Cohen,  Vitelltue^  n*  16). 
Poids,  France,  3»',26, 

^  Les  avis  sont  partagés  au  siget  da  symbole  de  forme  conique  plaeé  m 
dessus  do  renclume.  Les  uns  veulent  que  ce  soit  le  bonnet  de  YnlcaiB,  lei 
autres  un  coin  monétaire.  Nous  pensons  qu*on  doit  y  voir  le  bonnet  du  dim 
ouvrier.  Voyez  un  intéressant  article  de  M.  Joies  Friediinder  daoslet  JumIh 
de  VlmiUut  archéologique,  1869,  t.  XXXI,  p.  407. 


ET   DISSERTATIONS.  205 

la.  —  ROMA  RESTITVTA.  Buste  de  Rome  avec  le  casque 
à  cimier. 

a,  IVPPITER  GONSERVATOR.  Jupiter  assis  à  gauche, 
tenant  un  foudre  et  un  sceptre.  JR.  (Cohen,  Galba^  n»  258). 

Poids  (?),Morell. 

15. — ROMA.  Buste  de  Rome  à  droite,  avec  un  casque 
tourrelé. 

«.  IVPPITER  CVSTOS.  Même  type.  M.  (Cohen,  Galba, 
n*  256.  ) 

Poids,  France,  pièce  fourrée  ;  —  Madrid,  38',55  ;  —  Co- 
penhague, 2«',60;  — ma  collection,  38',10.  (PI.  Vil,  n'»12.) 

16.  —  VIRT.  Tête  casquée  de  la  Valeur  à  droite. 
k.  IVPPITER  CVSTOS.  Même  type.  M. 
Poids,  Londres,  2«^,95.  (PI.  VII,  n»  13.) 

17.  —ROMA  RESTITVTA.  Buste  de  Rome  à  droite,  avec 
un  casque  à  cimier. 

Ê.  IVPPITER  LIBERATOR.  Même  type.  M.  (Cohen, 
Galba,  n'  257.  ) 

Poids,  France,  3k',15  ;  —  Madrid,  3b%06;  —  Collection 
Thomsen,  à  Copenhague,  2«',80;  —  ma  collection,  3«',05 
(usée).  (PI.  VII,  nMâ.) 

Médailles  corretpondantei, 

NERO  CAESAR  AVGVSTVS.  Tête  lauuie  à  droite. 

9.  IVPPITER  CVSTOS.  Jupiter  assis  à  gauche,  tenant  un  sceptre  et  un 
fondre.  Argent  (Cohen,  Néron,  n*  13  ). 

Poids,  ma  collection,  3>*,42. 

niP.NERO  CAESAR  AVG.P.P.  Tête  laurée  à  droite. 

>.  IVPPITER  LIBERATOR.  Même  type.  Or  (Cohen,  d'après  Vaillant  (t 
Beger,  Séron,  n»  17  M. 

Poids  (?). 

>  Eckhel  [D.  N.,  IV,  p.  272)  suppose,  d'après  Vaillant,  que  cm  médailles 
ont  été   frappées  par  Néron ,  après  qu'il  eut  échappé  h  la  conspiration  de 


206  MÉMOIBES 

1 8.  —  LIBERTAS  RESTITVTA.  Buste  voUé  de  la  Liberté  ; 
devant,  une  palme  ou  un  épi? 

^.  MARS  ADSERTOR.  Mars  debout  tenant  un  bouclier  et 
un  trophée.  M.  (Cohen,  GalbUf  n"*  2&9.) 
Poids  (?),Morell. 

19.  —  G.P.R.  Tète  diadémée  et  barbue  du  Génie  du 
peuple  à  droite  ;  derrière,  un  sceptre. 

n).  MARS  VLTOR.  Mars  marchant  à  droite,  tenant  un 
bouclier  et  lançant  un  javelot.  AV.  (Cohen,  Auguste^  n*  508.) 
Poids,  France,  7»%22.  (PI.  VIII,  n»  15.  ) 

20.  —  GENIVS.P.R.  Tète  semblable. 
^.  MARS  VLTOR.  Même  type.  AV. 

Poids,  ma  collection,  7»',2S.  (PL  VIII,  n»  16.) 

21.  —  LIBERTAS  RESTITVTA.  Buste  voilé  de  la  Ubcrté; 
devant,  une  palme. 

ft.  MARS  VLTOR.  Mars  debout  tenant  un  bouclier  et  une 
enseigne  militaire.  M.  ^ Cohen,  Gàlba^  n*"  260.) 
Poids  (?),Morell. 

22.  — GEN.P.R.  Tète  barbue  et  diadémée  du  Génie  du 
peuple  romain  à  droite  ;  derrière,  un  sceptre. 

A.  MARS  VLTOR.  Mars  nu,  marchant  à  droite,  portant 
une  haste  et  un  bouclier  ou  un  trophée.  J^.  (Coheu, 
CaJfta,  n'»261.) 

Poids  (?),  Morell. 

Pison,  Tan  818  de  Rome  ,  bonheur  qu'il  attribua  à  une  protection  particulière 
de  Jupiter;  il  consacra  dans  le  temple  de  Jupiter  Capitolin  le  poignard  enlevé 
à  un  des  assassins,  avec  cette  inscription  :  Jovt  VintUci.  A  Patraa  et  àCorintht, 
à  Toccasion  de  cet  év(!>nement,  les  habitants  mirent  sur  leurs  médaïUet  M 
revers  de  Teffigie  de  Néron  :  Jupiter  Uberator.  Sur  les  médailles  grecqnas  àè 
la  ville  de  Magnésie,  Néron  lui-même  est  appelé  ZErc  EAErSEPlOC.  C«  Ji- 
piter  libérateur  lut  souvent  invoqué  sous  Néron  pour  une  cause  tonte  diffé- 
rente :  Sénëque  et  Tlirasœas  Fœtus ,  qui  se  tuèrent  par  ordre  de  Néf«B> 
s'écriaient  en  répandant  leur  sang  :  Libemus  Jovi  Uberat^ri. 


ET   DISSERTATIONS.  207 

-6ENI0  P.R.  Tête  jeune  du  Génie  du  peuple  avec 

;8  cheveux  bouclés  à  droite  ;  derrière,  une  corne 

Ance. 

IRTI  VLTORl.  Mars  nu  et  casqué  marchant  à  droite, 

uo  bouclier  et  lançant  un  javelot.  JR,.   (Cohen, 

!,n*609'.) 

i.  Vienne,  3^40.  (PL  VIII,  n«  17.  ) 

-GENIO  P.R.  Tête  jeune  avec  des  cheveux  courts 

e  du  peuple  à  droite  sur  une  corne  d'abondance. 

KRTl  VLTORl.  Mars  nu  et  casqué,  marchant  à  droite 

on  bouclier  et  lançant  le  javelot.  /R.  (  Cohen ,  Au- 

i*610.) 

U  France,  8«',18  et  3«',10;  —  Londres ,  3*',8A  ; 

rid,S«',50.  (PL  VIII,  nM8). 

-HISPANIA.  Tête  de  l'Espagne  à  droite;  dessous,  un 

r;  devant,  une  palme  ;  derrière,  deux  lancés. 

^RES  (m)  VLTORL  Mars  debout.  (Cohen,  Galba, 

) 

;, France,  pièce  fourrée.  (PL  VIII,  n'  10.  ) 

Médailles  correêpondantes, 

M  AVGVSTO.  Tête  lauréo  à  droite. 

l.yLT.  Temple  rond^  dans  lequel  sont  denx  enseignei  et  une  aigle 

«.  Or  (Cohen,  Auguitt^n"  165). 

Bft  collection,  T^^SS. 

ne  en  argent  (Cohen,  AvQuste^  n»  166). 

France»  S»',?©. 

R  AVGVSTVS.  Tête  nue  à  droite. 

inS  VLTOBIS.  Mars  debout  à  droite,  dans  an  temple.  Or, 

oa  collection,  7>',85. 

le  en  argent  (Cohen,  AugutUy  n*  175  ). 

France,  3»',56. 

aeription  de  M.  Cohen  n'est  pas  exacte,  puisque  la  tète  dn  Génie  du 
',  jeune;  la  légende  n'est  pas  exactement  rendue  non  plus. 


208  MÉMOIRES 

20.  —  BON.EVENT.  Tête  de  la  Félicité  à  droite. 

H.  OB  GIVIS  SERVATOS  dans  une  couronne  de  chêne.  ;r. 
(Cohen,  Ga /6a,  n*263.) 

Poids  (?),  Morell. 

27.—  GENIO  P.  R.  Tête  jeune  et  nue  du  Génie  du  peuple 
adroite  ;  derrière,  une  corne  d'abondance. 

^.  OB  C\{vis)  SERVATOS,  en  deux  lignes,  au-dessus  et 
au-dessous  d'une  couronne  de  laurier,  ^fv* 

Poids,  Madrid,  3«',25.  (PI.  VIII,  n*  20.  ) 

28.  —  BOMA.  Tête  nue  de  Rome  à  droite. 

^.  Semblable  au  précédent,  si  ce  n'est  que  la  conroone 
est  de  chêne.  JK. 
Poids,  Madrid,  3«%15.  (  PL  VIII,  n*  21.  ) 

29.  —  ROMA.  Tête  nue  de  Rome  à  droite. 

^.  OB  CIVIS  SERVATOS ,  en  trois  lignes,  dans  une  cou- 
ronne de  chêne.  >^. 

Poids,  collection  de  M.  Pery,  notaire  à  Bordeaux,  S^'jlO. 
(PI.  VIII,  n°  22.) 

Médaille  corretpondante. 

CAESAR  AVGVSTVS.  T^te  nue  à  droite  ou  à  gauche. 
^.  OB  CIVIS  SERVATOS  dans  une  couronne  de  chêne  on  autour  d*  la 
couronne.  Argent  (  Cohen,  Auguste,  n»*  176  à  181  ). 
Poids,  France,  3«%70. 

30.  _  BON.  EVENT.  Tête  dîadémée  de  la  Félicité  à  droite. 
i$.  PACI  P.R.  Deux  mains  jointes  tenant  un  caducée  ailé. 

M.  (  Cohen ,  Galba,  n«  264.  ) 

Poids,  France,  38%â5;  —  Berlin,  S«%60  et  3«',S6;  — 
ma  collection ,  3«',10.  (PL  VIII,  n*  23), 

31.  — BON.EVENT.  Tête  de  Bonus  Eventus  à  droite, 
avec  un  large  bandeau  sur  le  front. 

RI.  Semblable  au  précédent.  iiV. 

Poids,  Londres,  8i%â9  ;— Madrid,  3«%46.  (PL  VUI,  n*  24.) 


ET   DISSERTATIONS.  209 

BON.EVENT.ET  FELICITAS.  Buste  diadème  de  la 

droite. 

.P.R.  Semblable  au  précédent.  JR,.  (Cohen,  ffa/6a, 

7) ,  Morell. 

Tète  diadémée  de  Vénus  entre  deux  cornes  d'abon- 

ime  branche  de  laurier. 

•  Deux  mains  jointes  tenant  deux  cornes  d'abon- 

m  caducée  ailé.  M.  (  Cohen,  Galba,  n"*  266.  ) 

f),  Morell. 

6ENI0  P.R.  Tête  jeune  *  avec  des  cheveux  courts 

du  peuple  à  droite  sur  une  corne  d'abondance. 

.  Type  semblable  au  précédent.  JBl. 

Madrid,  S«',70.  (PI.  VIII,  n«25.) 

Médaille  correêpondante, 

7S  COS.XI.  Tête  laarée. 

PEBP.  Temple  à  six  coloones,  avec  un  autel.  Argent  (Cohen, 

nnt^Âugmity  n*182). 

LIBERTAS.  Buste  de  la  Liberté  à  droite. 
RESTITVTA.  Bonnet  de  la  Liberté  entre  deux 
.  iR.  (Cohen,  Galba,  n*  267.) 
Prance,  8«',86.  (PL  VIII,  n*  26). 
jIBERTAS.P.R.  Tète  semblable  à  la  précédente. 

nixtètet  dn  Geniue  Populi  Romani^  Fnne  barbue  et  diadémée, 
Te  anr  l'épanle ,  qui  se  Yoit  d^jà  sur  les  médailles  de  la  famille 
len,  MédailUê  de  la  république  romaine,  pi.  XIV,  CornêUa,  n^  10  et 
jeune,  imberbe,  accompagnée  d*nne  corne  d'abondance.  Plus 
I  barbu  est  désigné  sur  les  médailles  par  la  légende  Geniuê  Se- 
jénie  imberbe  par  Genius  Populi;  quelquefois  par  Geniue  Sxer- 
tète  Kirbne  aux  n«*  13, 19,  20^  22, 47,  53,  et  la  tête  imberbe  aux 
,34. 
I.  15 


210  «ÉMOIRO 

^:   RESTITVTA.    Type    semblable   au  précédent.  Jt^. 
(Cohen,  Galba,  n^  268*.) 
Poids  (?). 

Médaille  correêpondanU, 

BRVT.IMP.L.PLAET.  Tête  de  Bnitus  à  droite. 

9-.  EID.MAR.  Bounct  de  In  liberté  entre  deux  poignards  (Cohen ,  Médotikt 
de  la  république  romaine,  pi.  XXIII  et  XXlY,  Junia,  n**  16  et  16). 
Poids^  ma  collection,  Si* ,70. 

37.  —  P.R.  Deux  mains  jointes  tenant  un  caducéCt  deux 
épis  et  deux  pavots. 

^.  ROMA.  Rome  Nicéphore  assise.  M^  (Cohen,  Gatta^ 
n''269.) 
Poids  (?),Moreil. 

38.  —  P.R.  Deux  mains  jointes,  tenant  un  caducée,  deux 
épis  et  deux  pavots. 

Hj.  ROMA.  Rome  casquée,  assise  et  couronnée  par  une 
Victoire  volant  au-dessus  ;  derrière  elle ,  la  louve  allaitant 
Romulus  et  Rémus.  M.  (Cohen,  Galba j  n»  270.) 

Poids  (?),  Morell. 

39.  —  BON.EVENT.  Tète  de  Bonus  Eventus  à  droite, 
avec  un  large  bandeau  sur  le  front. 

^.  ROM.RENASCES.  Rome  casquée  et  en  habit  court 
debout  à  droite,  tenant  une  aigle  légionnaire  et  la  VietiMre. 
yR.  (Cohen,  Galba,  n»  271.  ) 

Poids,  France,  S«',70  -,  —  Vienne ,  3»',50  ;  —  ma  collec- 
tion, S»',51.  (PI.  VIII,  n*  27.) 

AO.  —  SALVS  PVBLICA.  Tète  laurée  de  la  Santé  à  droite. 

£.  ROMA  VICTRIX.  Rome  casquée,  en  habit  court,  de- 

>  Comparez  la  tête  de  la  Liberté  an  rêvera  de  celle  de  Galba  (Cobco, 
Galba,  n"  50) ,  tont-à-fait  semblable  pour  le  style  et  les  di^tails  à  la  tête  dt 
cette  déesse  sur  les  pièces  que  nous  déeriYons. 


ET  mSSBRTATIONS.  '2il 

gauche,  tenant  la  haste  et  une  branche  d'olivier, 

droit  posé  sur  un  globe.  M. 

U  Madrid,  3«%60.  (PL  VIII,  n*  28  ) 

Médailles  correspondantei. 

CAESAR  AVGYSTVS.  Tdto  laorée  à  droite. 

UL.  Botte  caïqnée,  aaïUe  k  ganobe.  Àrgant  (  Cobeo ,  Nénm,  vT  53 

Prmnee,  3i',85,  Z*',dO, 

i  pea  près  semblable  en  ôr  (Cohen,  n*  52  ). 

II4BA  ne?,  oa  CAESAR  AVG.GALBA  IMP.  Gftlb*  à  chevtl  à 

IA.RENASCENS.  Rome  en  habit  court,  debout  à  droite,  tenant  une 

ne  petite  VietoÎTe  on  le  Palladium.  Argent  (Coben,  Galba^  n**  3  et  4). 

Maoe,9P,87  (osée). 

ne  en  or* 

DW  eoUeetion,  7r^  (  inédite). 

l  IlfPERATOR.  Tête  laurée  à  droite. 

CA  BENASC.  ou  RENASCES  ou  RENASCENS.  Mdme  type  que 

liée  préoédentet.  Or*  Pluaienrs  exemplaires  à  peu  près  semblables 

luiha,  n-  65,  60, 62,  63  ). 

PVance,  6^,80,  T^'.eo: 

mes  en  argent  (Cohen,  n**  56,  57,  58,  69, 61, 64,  65  ). 

FVnoe,  pièce  fourrée  et8i',30;  3i',25,  3i',10,  3i',20,  8v',32. 

L  niPERATOR.  Tête  laurée  à  droite. 

CA  YICTEIX.  Rome  debout  à  gauche,  le  pied  posé  sur  un  globe,  te- 

hranehed*olivier  et  une  haste.  Argent  (Cohen.  Ga/6a,n**  68, 70  et  71). 

Fhmoe,  3«',45  ;  —  Vienne,  8«',35  et  3i',32. 

»  HONETA.  Tète  nue  de  la  Monnaie  à  droite. 
ILVTARIS.  Enclume,  bonnet  de  Vulcain,  tenailles  et 
a,  le  tout  dans  une  couronne  de  laurier.  M. 
5,  France,  3»',  42.  (PI.  IX,  n^  29  *.) 

ohen,  dans  sa  Description  des  monnaies  de  la  république  romaine,  avait 
s  médaille,  et,  dans  une  note  de  la  page  77,  il  avait  exprimé  la  pensée 
«it  été  falsifiée  y  un  habile  faussairo  ayant  adroitement,  à  l'aide  du 
betitné  le  mot  Salmtarie  au  nom  de  T.  Carisius;  mais ,  après  un  mûr 
fc  msê  obeervatlon  plus  approfondie,  il  est  revenu  de  sa  première  im- 


212  MÉMOIRES 

Médaille  correspondante. 

MONETâ.  Tête  de  la  Monnaie  adroite. 

^.  T.CARISIVS.  Outils  de  monnayage.  Argent  (Cohen  ,  Médailles  de  la  ré- 
publique romaine^  pi.  X^  Carisia,  n**  7  ). 
Poids,  ma  collection,  i^^^lO. 

i2.  —  Buste  casqué  de  Pallas  à  droite ,  avec  Tégide  sur 
la  poitrine. 

Sj.  SECVRITAS  P.R.  La  Sécurité  assise  à  droite,  la  tète 
appuyée  sur  la  main  droite  et  tenant  un  sceptre  de  la  main 
gauche;  devant,  un  autel.  JR.  (Cohen,  YitelUui^n*  105.) 

Poids,  Vienne,  3»%27  -,  —  Madrid,  2^,86.  (  PI.  IX,  n*  80.) 

43.  — VESTA  P.R.QVIMTIVM.  Buste  diadème  et  voilé 
de  Vesta  à  droite  ;  devant,  une  torche  allumée. 

^.  SENATVS  (Roma)  NVS.  Victoire  marchant  à  gauche  et 
tenant  de  la  main  droite  un  bouclier  sur  lequel  on  lit  : 
VI.  AV  (  Victoria  Augusîa  )  et  de  la  gauche  une  palme.  ifV. 
(Cohen,  VUellius,  n*»  106.) 

Poids.  Vienne,  3«',18.  (PL  IX,  n*»  31.  ) 

AA.  —  MARS  VLTOR.  Tête  casquée  de  Mars  à  droite. 

1^.  SIGNA.P.R.  Aigle  romaine  tenant  une  couronne  dans 
son  bec,  auprès  d'un  autel  entre  deux  enseignes  militaires. 
AV.  (Cohen,  Auguste,  n*  511.) 

Poids,  France,  T^'.IS  et  7«%06.  (PL  IX,  n»  32.  ) 

45.  —  MARS  VLTOR.  Tète  casquée  de  Mars  à  droite. 

i^.  SIGNA  P.R.  Aigle  romaine  tenant  une  couronne  dans 
son  bec,  auprès  d'un  autel  allumé,  entre  deux  enseignes 
militaires.  JBl.  (Cohen,  Auguste,  n"  612.) 

Poids,  France,  3»', 30,  et  pièce  fourrée;  —  Londres, 

pression ,  et  c'est  Ini-mème  qui  m'a  signalé  ■cette  pièoe  comme  dermi,  à 
cause  de  son  poids,  dtre  rangée  aux  aatooomes.«—  Cf.  Cavedoni,  BmgjuagUode* 
precipm  riepotigli  anticM  di  medaglis  consotori,  p.  ^1,  a*  45.  Modeoa,  18S4,  hi-9*. 


ET   DISSERTATIONS.  213 

8«%4S  ;  —  Berlin,  pièce  fourrée  ;  —  Vienne,  S«',36  et  3«',26  ; 
—  Madrid ,  3»',20  ;  —  collection  de  M.  RoUin ,  à  Paris, 
S",!©-, —  ma  collection,  pièce  fourrée.  (PL  IX,  n'  33.  ) 

46. — Tète  barbue  et  casquée  de  Mars  à  droite  (sans 
l^nde). 

^.  Semblable  au  précédent.  JR.  (Cohen,  Auguste, 
n*  613.  ) 

Poids,  France,  3«',65;—  Vienne,  3«',26  et  3«',45;  — 
Berlin,  i^^hQ;  —  Copenhague,  3»',60;  —  ma  collection, 
S«',06.  (PL  IX,  n*  34.) 

47.  —  GENIVSP.R.  Tète  barbue  et  diadémée  du  Génie 
du  peuple  à  droite. 

^  Semblable  au  précédent.  AV.  (Cohen,  Auguste, 
n*  514.) 

Poids  (?). 

48.— SALVS  GENERIS  HVMANL  Victoire  ailée  debout 
sur  un  globe  à  gauche,  tenant  une  couronne  et  une  palme. 

S.  Semblable  au  précédent.  JR..  (Cohen,  Auguste, 
ir616.) 

Poids,  France,  3«',07;—  Vienne,  2«',81;  —Turin,  8«',70. 
(PL  IX,  n*  86.) 

49.  —  VOLKANVS  VLTOR.  Tète  de  Vulcain  à  droite, 
avec  le  bonnet. 

^.  Semblable  au  précédent.  JR.  (Cohen ,  Auguste,  n"  516.  ) 

Poids,  France,  3«',07  ;  —  Vienne,  3«',30.  (PL  IX,  n*  36.) 

MédaUUê  correspondantu. 

AVGVSTVS.  Tôte  nue  à  droite. 

p,  SIGNIS  RECEPTIS.  Capricorne  à  droite.  Or  (  Cohen,  àuguitw,  n*  199  ). 
Poids,  ma  coUeetion,  7f»',90,  7»%77. 

9-.  Semblable,  AYeo  S.P.Q.R.,  an  bouclier  entre  une  aigle  légionnaire  et  une 
enseigne  de  cohorte.  Or  (Cohen,  Auguttey  n*  204). 
Poide,  ma  collection,  7k',90. 


21&  MÉMOIRES 

A  peu  près  semblable  eu  argent  (  Cohen,  A^g%itêt  n"*  205  et  206). 

Poids,  3»' ,70. 

50.  —  R(o)MA.  Deux  mains  jointes  tenant  un  caducée. 
^.  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  cbène. 

Poids,  Madrid,  pièce  fourrée,  (PL  IX,  n»87). 

51.  —  FIDES  EXERCITWM.  Deux  mains  jointes. 
^.  Semblable  au  précédent. 

Poids,  Madrid,  pièce  fourrée.  (PL  IX,  n*  58.  ) 

52.  —  HISPANIA.  Tète  de  l'Espagne  à  droite  ;  derrière, 
deux  lances;  devant,  deux  épis;  dessous,  un  bouclier  n»d 
et  les  lettres  S.C. 

ft.  S  I  P  I  0  I  R  I  sur  un  bouclier  rond.  JR. 
Poids,  Londres,  3«',0&.  (PL  IX,  n*  S9.) 

Médailk  cormpondanU, 

HISPANIA.  BoeU  à»  l'Espagne  k  droite;  derrière,  deux  lances  et  un  boa- 
elier  ;  deYaut,  denx  épia  on  de«x  palmes. 

^.  GALBA  IMP.  Qalba  à  cheval  à  gan^e  on  adroite.  Àrg$nt  (Coben, 
Galba,  n««  1  et  2). 

^oids,  France,  9r,d5  et  Si'^SOw 

53.  —  6ENIVS  P.R.  Tête  barbue  et  diadémée  du  Génie 
du  peuple  à  droite;  derrière»  un  sc^tre. 

î^.  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  chèœ.  iR.  (Goben, 
Auguste^  n«  518.  ) 

Poids,  France,  Ss'^SS  ;— ma  collection,  S^'^S.  (PL  II» 
nȉO). 

MidailiiM  eorr^ipondàniêi» 

CAESAR  A VGVSTVS.  TIte  nne  à  droite. 

9^  S.P.Q.R  dans  une  oonronne  de  laurier.  ÀrgnU  (  Ceheny  Amffmêêi^  n*  SI). 

Poids,  3ê',70. 

IMP.S£R.GALBA  AVG.  Tête  nue  de  Galba  à  droite. 

p,  S.P.Q.R.OB  es.  dans  une  couronne.  ÀrgetU  (  Coben,  Gm»a,  a*  81  ). 

Poids,  France^  3i',40. 


ET  DISSERTATIONS.  216 

5i.  --LIBERTAS  RESTITYTA.  Tète  nue  de  la  Uberté  à 
dnnte* 

li^  S.P.Q.R.  sur  un  bouclier  dans  une  couronne  de 
cheoe.  AV.  (Cohen,  Galba,  n* 272.  ) 

Poids,  France^  7«',46  ;  —  BerUn ,  7«',60.  (PI.  IX,  n»  41.) 

55.  —  La  même  médaille.  JR,.  (  Cohen,  Galba ,  n*  273.) 
Poids,  France,  S«',35;  —  Madrid,  3»',65;  —  Munich, 

iF.H  et  8»',21  ;  —  collection  de  M.  Robert,  S«',51.  (PI.  IX, 
irA2.) 

56.  —  LIBERTATI.  Citoyen  en  toge ,  coiffé  du  bonnet  de 
la  Liberté ,  debout  &  gauche ,  tenant  une  couronne  dans  sa 
maio  dnnte  élevée. 

i^,  S.P.Q.R.  Victoire  debout  sur  un  globe  à  droite,  tenant 
une  couronne  et  une  palme.  ^. 

Poids,  Madrid,  S^'.iO;  —  ma  collection,  S<',29.  (PI.  IX, 
n*  W,  ) 

MédailUs  correspondantes. 

GALBA  IHPERATOR.  Tdte  laorée  à  droite. 

!►.  UBERTAS  RESTTFVTA.  La  Liberté  deboot,  tesant  ni»  hatte  et  un 
bonnet.  Or  (Cohen,  Qatha,  n*  51  ). 
CoUeetioii  Wiozay. 

IMP.SER.GALBA  AYG.  Tête  lanrée  adroite. 

!►.  L1BEBTAS  P.R.  Même  ^pe;  i  terre,  deux  épia.  Argsnt  (Cohen,  n*  49). 
Poids,  France,  di'fao. 

A  VrrELUVS  G£RM.UIP.  a  VG  TR.P.  Tête  lanrée  à  droite. 
».  UBERTAS  RESTITYTA.  Même  type.  Or  (Cohen,  Vitillius^  n»  82), 
Poida,  FVanoe,  Ti',»). 
La  même  en  argent  (Cohen,  n*  28). 
Poids,  ma  collection,  2i',92. 

57.  —  HARS  (uI)TOR.  Tète  casquée  de  Mars  à  droite. 
^.  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  laurier.  A\*  (Cohen, 

AuguM,  n""  517.  ) 

Poids,  France,  3 grammes;  —  Madrid,  S^'^jo.  (PI.  x, 
n*  44.  ) 


216  MÉMOIRES 

58.  —  MARS  VLTOR.  Mars  nu  et  casqué  marchant  à 
droite,  tenant  un  bouclier  et  lançant  un  javelot. 

r1.  Semblable  au  précédent,  si  ce  n'est quela coaroane 
est  de  chêne.  M.  (Cohen,  Galba,  n'  280.) 

Poids,  France,  pièce  fourrée;  —  Vienne,  8«'.41.  (PI.  ï, 
n*  45.  ) 

59.  —  MARTI  VLTORI.  Même  type. 

1^.  Semblable  au  précédent.  A.  (Cohen,  d*aprësMoreU, 
Galba,  n*  281.  ) 
Poids,  Berlin,  pièce  fourrée.  (PI.  X,  n*  46  ) 

60.  —  PAC!  AVGVSTAE.  La  Paix  sous  la  forme  de  N^ 
mésis,  ailée,  debout  à  gauche,  tenant  un  caducée;  à  ses 
pieds  un  serpent. 

^.  Semblable  au  précédent.  M. 
Poids,  Londres,  3»',42.  (PL  X,  n«47.) 

61.  —  PAX  ET  LIBERTAS.  Deux  mains  jointes  tenant  un 
caducée. 

^.  Semblable  au  précédent.  ^.  (Cohen,  GaI6a,n* 278.) 
Poids,  France,  3»',15  ;  —  Madrid,  8«',50.  (PI.  X,  n*  48.) 

Médaillée  correspondante», 

TI.CLAVD.CAESAR  AVG.P.M.TR.P.  Tôtc  lânrée  à  droite. 

9^.  PACI  AVGVSTAE.  La  Paix  avec  les  emblèmes  de  Némésit,  marehaat 
à  droite  et  tenant  nn  cadneée  ;  à  ses  pîeds,  nn  serpent.  Ârgtni  (  Cohen,  Clttwie, 
ii«39). 

Poids,  France,  3«»,70, 3«»,66,  3r,45. 

Le  mdme  type  en  or,  de  7»',65  à  7f,40. 

IMP.GALBA  CAESAR  AVG.P.P.  Tète  lanr^  à  droite. 

».  PAX  AVG.  La  Paix  debout  à  gauche,  tenant  on  caducée,  deux  épis  et 
nn  puvot.  Or  *  (  Cohen,  Galba,  n»  64). 

Poids,  ma  collection.  7»' ,05  (  nn  peu  usée  ). 


*  Cette  pièce  d'or  a  été  décrite  par  M.  Cohen  d'après  Mionnet.  Mon 
plaire  a  été  trouvé  en  1861  à  Paris,  près  de  la  place  Saint- Michel. 


ET   DISSERTATIONS.  217 

Dl WS  AVGVSTVS.  Tôte  radiée  à  droite. 

^.  FAX  P  JR.  La  Paix  debout  à  gauche,  tenant  un  caducée  et  trois  épi«  avec 
n  pavot.  Or  (  Cohen ,  Auguste ,  n*  183).  Frappée  probablement  sous  le  règne 
•  Galba,  d^aprës  la  fabrique,  comme  le  fait  observer  M.  Cohen. 

Poid«,  Musée  Britannique,  7^,16. 

62.  —  ROMA.  Tête  nue  de  Rome  à  droite. 

j^.  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  chêne.  M.  (Cohen, 
Ba»a,n*279.) 

Poids  (?),Morell. 

6S.  —  SALVS  GENERIS  HVMANl.  Victoire  à  gauche,  de- 
x>ut  sur  un  globe,  tenant  une  couronne  et  une  palme. 

^.  Semblable  au  précédent.  AV.  (Cohen,  6a{6a,n'*27A.) 

Poids,  France,  7»%30.  (PI.  X,  n*  49.  ) 

64.  —  SALVS  GENERIS  HVMANl.  Victoire  debout 
(or  un  globe  à  gauche,  tenant  une  couronne  et  une 
lalme. 

^^  Semblable  au  précédent.  M.  (Cohen,  Galba^  n"*  275.) 

Poids,  France,  pièce  fourrée  ;  — Madrid,  3»',65  et  3«»,20  ; 
-  ma  collection,  3»',25.  (PI.  X,  n»  60.  ) 

65. — Victoire  semblable  à  la  précédente,  avec  la  lé- 
gende SALVS  GENERIS  HVMANl  tournée  différemment. 

^.  Semblable.  M. 

Poids,  Londres,  3»',21^  — Vienne,  i^jh9;  —  Madrid, 
îi'.ôô.  (Pl.X.n*51.) 

66.— SALVS  GENERIS  HVMANl.  Victoire  ailée  debout 
il  droite  sur  un  globe,  tenant  une  couronne  et  une 
palme. 

j^.  Semblable  au  précédent  Sur  une  des  pièces  c'est  ime 
xmronne  de  laurier;  sur  l'autre,  une  couronne  de  chêne. 
A.  (Cohen,  Galba,  n*  276  bis  et  Auguste,  n*  619.) 

Poids.  France,  3»',30, 3»',60  et  pièce  fourrée  ;  —  Londres, 
l»',49,  3»%67  et  3»'. 20;  —  Berlin,  8«',62  et  3«',47;  — 


218  MÉMOIRES 

Vienne,   3»',62;  —  Madrid,  i^fib.    (PI.  X,  n~  52  et 
63.) 

67.  —  Même  légende.  Victoire  debout  à  droite  sur  un 
globe,  tenant  un  bouclier  sur  lequel  elle  écrit  V. 

^.  Semblable  au  précédent.  JR..  (Cohen,  d'après  Morell, 
Galba,  n^  276.) 
Poids,  Berlin,  Ss',86.  (PL  X,  n*  Si.) 

68.  — SALVS  {Generis  ftu)MÂNl.  La  Paix  sous  la  forme  de 
Némésis  debout  à  droite,  tenant  un  caducée  (7);  à  ses  pieds 
un  serpent. 

^.  Semblable  au  précédent.  JR. 

Poids,  France,  pièce  fourrée.  (PL  X,  n*  56.) 

MédoiUê  rorTJipomfflitft, 

SER.GALBA  CAËSAR  AYG.  Buste  nu  à  gauche,  avec  U  ooifÉM. 
W,  SALVS  GEN.HYMANI.  La  Fortune  debout  à  droite  eur  un  ^obe,  «t- 
naut  un  gouvernail  et  taoriâaat  sur  un  autel*  Or  (  Cohen,  0«l6e,  m*  7S}. 
Poids,  France,  Tf^lO  et  7(',03. 

La  même  à  peu  près  mais  en  argent  (  Cohen,  Galba,  n*  74  ). 
Poids,  France,  29^,3%,  $(«,S6. 

69.  —  SâLVS  ET  LIBERTAS.  PaUas  debout  à  droite,  ap- 
puyée sur  un  bouclier  et  tenant  une  haste.        ^ ,:  ^ 

^.  S.P.Q.R»  dans  une  couronne  de  cbône,  AV. 
Poids,  Madrid,  7«',20.  (PLX,n»66.  ) 

70.  —  SALVS  ET  LIBERTAS.  Pallas  debout  &  droite,  ap- 
puyée sur  un  bouclier  et  tenant  une  baste. 

^.  Semblable  au  précédent.  JR..  (Gohen,  Galfra,  n*  277.) 
Poids,  France,  pièce  fourrée.  (PL  X,  n*  67.) 

71.  —  Même  l^ende,  mais  autrement  disposée. 
^.  Semblable  au  précédent.  JSi. 

Poids,  Vienne,  Z^^Zb. 

72.  —  S.  P.Q.R.  dans  une  couronne  de  chéoe. 


ET  DISSERTATIONS.  219 

^.  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  cbène.  JR.  (Ck>ben, 
Galba,  ^•2S2.) 

Poids  (7)  (Morell). 

7S.  — LO.M.CAPITOLINVS.  Buste  diadème  de  Jupiter  à 
gauche;  devant,  une  palme. 

^.  VESTA  P.R.QVIRIT1VM.  Vesta  assise  à  gauche,  te- 
nant une  patëre  et  une  torche  allumée.  Jfi.  (Cohen ,  Ft- 
felKaii,n*107.) 

Poids,  France,  8«',55  ;  —  Vienne ,  3«%70  ;  —  Londres, 
S^,ao  et  S«',66;— Berlin,  S»',** ;  — Copenhague,  S»%60. 
(P1.X,  n*68.) 

MédaiUi  comêpotidamU, 

A.VITELLIVS.IMP.GERMAN.  Tdte  lanrée  à  droite. 
p.  yESTA.P.R.QyiKmyM.  Vesta  assise  à  gauche,  tenant  une  patèie  et 
nm  UffdM.  ArgmU  (Cohen,  VitêUiui,  n«  8S). 
Poids,  France,  Si',Sft. 

Nous  joignons  ici  la  description  de  quelques  médailles 
de  Galba  qui  doivent  aussi  être  rapprochées  des  auto- 
nomes. 

GALLIA.  Bnste  de  la  Gaule  à  drdte,  entre  deux  hastes  et  denx  épis  ;  des- 
ioaa,  un  boncUer. 

9.  SEILGALBA  IMF.  Galba  à  oheyal  à  droite,  tenant  nne  haste.  Argent 
(GolMn,  6aaa,n*7). 

Poids,  France,  ai^^M). 

TBES  GALTiTAK.  Trois  tdtes  de  femme  à  droite  (  les  (Haies,  Aquitaine^ 
Ifarbonnaise  et  Lyonnaise]. 

».  SER.GALBA  IMP.AVG.  Semblable  an  revers  précédent  sans  la  haste. 
Àf0iU  (Cohen,  Gotta,  n*  8 }. 

(  Cette  médaille  est  presque  toiyours  fourrée  ;  on  connaît  cependant  quel- 
qoes  exemplaires  d'argent.  Poids,  Vienne,  3<',49.  ) 

SER.SyLPICI.GALBA£  AVG*  Buste  de  TEspagne  à  droite;  dessous,  un 
globe;  derant,  denx  épis. 

f .  S.P.Q.R.  autour  d'un  bouclier  posé  sur  deux  hastes.  Àrgmit  \Cohcn,  n"  9)> 

Poids,  France,  3^,10. 


220  MÉMOIRES 

GALBA  IMPËRATOK.  Tête  laurée  à  droite  ;  deMOOs,  on  globe. 

».  GALLIA  HISPANIA.  La  Gaule  et  TEspagne  ae  donnant  la  main,  àr- 
gent  (Cohen,  n«S5), 

Poids,  France,  Sc.lO. 

Autre  semblable  avec  GALBA  IMP.  et  la  tête  à  gaaohe.  ÀrgmU  (Cobsa, 
n«36). 

Poids,  ma  collection,  8>',14. 

IMP.SER.GALBA  AVG.  Tête  nne  à  droite. 

W.  HISPANIA.  L'Espagne  debout  à  gancbe,  tenant  dani  sa  main  drotee 
denx  épis  aveo  nn  paYot,  et  de  la  main  gancbe  deux  haates  et  un  boaelier. 
Argent  (  Coben,  n*  37 }. 

Quatre  autres  à  peu  près  semblables  ayec  le  même  revers,  en  argent. 

Une  autre  en  or  du  Musée  Britannique  à  peu  près  semblable. 


Ouvrons  mûntenant  l'histoire,  et  voyons  si  ces  médailles 
répondent  bien  aux  exigences  politiques  et  historiques  de 
l'époque  à  laquelle  nous  voulons  les  attribuer. 

La  joie  causée  par  la  mort  de  Néron  confondait  tous 
les  rangs,  tous  les  ordres  :  «  Primores  equitum,  dit  Tsr 
cite\  «proximi  gaudio  patrum;  pars  populi  intégra,  et 
(imagnis  domibus  adnexa,  clientes  liberUque  danuuir 
((  torum  et  exulum  in  spem  erecti.  i>  Le  mouvement  était 
donc  général,  démocratique  même.  Les  patriciens  et 
les  chevaliers  avaient  intérêt  à  flatter  le  peuple  et  l'ar* 
mée  avec  lesquels  ils  faisaient  cause  commune;  ils  de- 
vaient aussi  réconcilier  avec  le  nouveau  régime  cette 
populace  infime,  sentine  de  l'univers,  vivant  dans  les 
bas-fonds  de  la  Rome  impériale  et  qui  regrettait  Néron  : 
«  Plebs  sordida,  et  circo  ac  theatris  sueta ,  simul  deterrimi 
(«servorum,  aut  qui ,  adesis  bonis,  per  dedecus  Neronis. 
«  alebantur  '.  » 

La  famille  des  Jules  venait  de  s'éteindre,  un  nouveau 

•  Tadt.,  loc.cit 


ET  DISSERTATIONS.  221 

rmt  public ,  celui  de  l'élection ,  avait  été  inauguré  ;  le 
iûBt  comptait  en  profiter  pour  reprendre  son  ancienne 
iflœnce  et  dominer  le  nouvel  empereur  ;  les  antécédents 
e  Galba  et  les  circonstances  qui  avaient  accompagné  son 
vènement  semblaient  même  justifier  ces  espérances.  Patri- 
iea  de  naissance ,  il  s'était  fait  dans  l'empire  une  réputation 
'honnêteté  et  de  ri^dité  dignes  de  l'époque  républicaine  ; 
pu  économie  n'avait  pas  encore  été  taxée  d'avarice;  il 
vait  poursuivi  à  outrance  les  dilapidateurs  et  les  concus- 
ionoaires  des  provinces  ;  sa  sévérité  avait  été  même  parfois 
ruelle  \  Plus  tard  il  s'était  un  peu  relâché  de  ses  pre- 
dtees  rigueurs;  tout  ce  qui  pouvait  attirer  l'attention 
ttit  dangereux  *  sous  un  prince  comme  Néron,  et  Galba 
énnût  se  faire  oublier  au  fond  de  l'Espagne.  Tout  à  coup 
n  liasard  lui  ayant  révélé  que  Néron  avait  décrété  sa 
erte ,  et  que  des  émissaires  chargés  de  l'assassiner  ve* 
aieDt  d'arriver  dans  son  camp,  il  s'était  fait  accla- 
ler  .par  les  légions,  et  avait  déclaré  en  même  temps 
a'il  ne  voulait  tenir  son  pouvoir  que  du  sénat  et  du 
eaple  :  Legatum  $e  senatus  ac  populi  Romani  profesius 
II';  aussitôt  après,  il  avait  choisi  parmi  les  généraux  et 
m  officiers  de  son  armée  les  plus  anciens  et  les  plus  con- 
idéréa»  pour  en  former  un  conseil,  une  espèce  de  sénat. 


«  8a0lOB.,  QaU»,  9. 

*  FmMaHm  m  duidiam  ugnitiamquê  convênut  ««I,  fM  quid  materix  prxberei 
wmd:  tf  «f  dictrê  ioUbat,  qitod  nmno  rationtm  oUi  $ui  riddtre  cogeretur,  Sueton., 
ett. 

*  Snstoii.,  GaUn,  10.— La  médaille  suivante,  frappée  plus  tard  à  Rome, 
aible  répondre  à  cette  idée  : 

8KB.SyLP.GALBA  IMP.CAESAR  AVG.P J(I.TR.P.  Tôte  laurée  à  droite. 
p.  SENATVS  PIETATI  AVGVSTI  S.C.  Le  Sénat  personnifié  tenant  un 
tmtmn  d'olivier  et  posant  une  couronne  sur  la  t6te  de  l'empereur,  qui  tient 
an  et  une  petite  Victoire.  Grand  bronzé  (Cohen,  n«  232  ). 


222  MÉMOIRES 

dit  Suétone,  qu'il  voulait  consulter  dans  les  drconstanoes 
importantes  ^  Un  instant  déconcerté  par  la  mort  de  Vindez, 
et  prêt  à  abandonner  la  partie,  il  songeait  à  se  sauver  ou  à 
se  tuer,  lorsque  la  nouvelle  des  événements  de  Romet  de 
la  mort  de  Néron  et  de  l'approbation  donnée  par  le  sénat 
et  le  peuple  h  sa  propre  élévation,  Tavàient  déddé  à 
prendre  enfin  le  titre  de  César  *. 

Les  monnaies  frappées  dans  de  pareilles  cireonstaiices 
devaient  nécessairement  être  comme  le  reflet  des  idées  do 
moment;  leurs  types  ne  devaient  contenir  aucune  aDoMB 
à  l'empire ,  qu'on  désirait  réformer,  ni  aux  patrideris  cm 
aux  exploits  de  leurs  ancêtres,  comme  cela  se  {Nratiquth 
sous  Tancienne  république  ;  les  noms  mêmes  des  mag^ 
trats  monétaires  devaient  être  effacés  de  la  moimaie;  tout 
ce  qui  pouvait  porter  ombrage  au  peuple  ou  exdter  si 
méfiance  devait  être  soigneusement  écarté. 

Or  parmi  les  types  que  nous  venons  de  décrire,  quel- 
ques-uns sont  empruntés  au  règne  d'Auguste*  mais  avec 
de  légères  modifications;  les  enseignes  militaires  sont  dé- 
signées sous  le  nom  de  signa  populi  romani;  nous  y  fisom 
comme  sur  les  pièces  d'Auguste  Mars  uttor,  ob  cm$  sef- 
vaios,  etc. ,  mais  la  tête  d'Auguste  est  remplacée  par  celles 
xle  Vulcain  et  de  Mars,  de  la  déesse  Roma,  de  Bonus  Eventas, 
du  Génie  du  peuple  ;  ce  n'est  plus  à  l'empereur,  c'est  à  un 
génie  tutélaire  que  l'on  est  redevable  de  la  conservatioD 
de  Rome,  et  à  Mars  que  l'on  doit  la  gloire  de  ses  armes. 


1  B  primoribus ,  prudintia  atqw  xtaiê  prat$tantibuM,  vêhU  m$imr  Sêmêims,  êi 
quoi  de  majore  re,  quotiee  ojffu  itMt,  referretur,  huUiuii.  (  Sueton.,  Cotts,  10.) 

*  Adceeeit  ad  tanta  dieeHmina  more  Yindicis^  qua  maxime  contltriNilM,  ieeUI»- 
toque  eimilie,  non  muUo  afvit,  qmn  Htee  renmneiarei,  Sed  mpervmitmiUmi  ab  «rfo 
nuntiie,  ut  occieum  Neronem,  cunetoeque  in  ««a  verba  surtUM  eogmotH ,  iepoeilê 
legati,  suecepit  Cmearit  adpelationem,  (  Sneton.,  Ottf.,  U.) 


ET   DISSERTATIONS.  223 

D'autres  sont  renouvelés  de  Néron  ;  on  pourrait  croire  que 
lea  mêmes  coins  ont  servi,  tant  ils  se  ressemblent ,  mais 
cxh  a  choisi  ceux  qui  conviennent  au  nouvel  ordre  de  choses; 
par  exemple  Jupiter  custos^  et  de  l'autre  côté,  à  la  tète  de 
Néron  on  a  substitué  celle  de  Rome  avec  un  casque  tour- 
relé.  Pour  retrouver  l'origine  de  quelques  autres,  il  faut 
remonter  jusqu'à  la  république ,  ou  du  moins  jusqu'à  cet 
jours  de  terreur  qui  suivirent  la  mort  de  César,  par 
exemple  les  médailles  n*«  35,  36  et  Al ,  copiées  sur  celles 
des  fiimilles  Junia  et  Garisia.  Cependant  la  plupart  des 
types  sont  nouveaux;  ils  expriment  les  besoins  actuels 
de  la  société  :  Concordia  provindarum^  concordia  prœto- 
fisnemm,  /Idef  mtliVum,  ou  les  espérances  et  les  aspira- 
tioasde  tout  le  peuple  :  Roma  renascem^  libertas,  Uberlâs 
jiopvlt  fomant,  libertas  resUiula.  D'autres  invoquent  les 
dieux  tntélûres  du  Capitole  :  Jupiter  CapUolinus^  Mar$  ultor^ 
Vuleanus  iittor,  Vesta  Populi  Romani  Quiritium  *  ;  d'autres 
enfin  constatent  la  part  que  les  provinces  prirent  à  cette 
rAvolation.  Beaucoup  de  ces  types  et  de  ces  légendes,  qui 
OMmtrent  ri  bien  la  tendance  républicaine  de  ce  mouvement, 
ont  été,  comme  nous  l'avons  vu,  conservés  par  Galba,  Yitel- 
lins  et  leurs  successeurs.  Tous  les  historiens,  depuis  Tacite, 
«nâent  observé  après  la  mort  de  Néron  un  revirement  dans 
l'esprit  des  institutions  impériales ,  qui ,  d'aristocratiques 
qu'elles  étident,  devinrent  démocratiques  '  ;  et  l'attribution 
que  nous  proposons  comble,  pour  ainsi  dire,  une  lacune 
de  l'histoire  monétaire  en  faisant  coïncider  l'adoption  des 

*  Eckhel  {D,  N,,  VI,  p.  817)  fut  ob8<«nrer  qae  les  noms  de  ces  divinités 
nppdkot  ces  rers  d'Oride  (  Fast.  IV,  827-28)  : 

Vax  fuit  hmc  reifit;  condenii  Jupiter  urbtm, 
Et  gtnitor  Mavwê^  Vettaqm  mater  adti, 

«Taeit.,  I'mI.,1,4. 


22&  MÉMOIRES 

nouveaux  types  avec  l'inauguration  du  nouveau  droit  public. 
D'un  bout  de  l'univers  à  l'autre,  on  saluait  avec  joie  la 
mort  du  tyran  et  l'ère  nouvelle  qu'on  croyait  être  celle  de 
la  liberté,  mais  en  même  temps  toutes  les  ambitions  parti- 
culières, plus  ou  moins  contenues  jusque-là,  commençaient 
à  se  montrer.  Le  mouvement  éclata  tkvec  plus  de  violence 
dans  l'Occident  que  dans  les  provinces  orientales;  la  nu- 
mismatique vient  encore  ici  à  l'appui  des  données  de  l'his- 
toire. Les  médailles  de  Glodius  Macer  constatent  le  soulè- 
vement de  l'Afrique  *•  Sur  ces  pièces  la  forme  du  génitif 

*  !•  L.CLODIVS  MACER.  Tête  nue  à  droite;  dessous,  S.C. 

9H.  PROPRAE.AFRICAE.  Galère.  ir0ml(Cohen,t.I,p.217,  pl.Xm.nflO). 

Poids,  3«»,70,  2»',86. 

2*  L.C.MACRI  CARTHAGO.  Buste  tourrelé  de  Cartliage  à  droite;  der- 
rière, une  corne  d'abondance  ;  dessous,  S.C. 

».  SICIUA.  Tdte  de  Gorgone  au  centre  de  la  triquctra ,  accompagna  ém 
trois  épis.  Argent  (Cohen,  Clodiuê  Maar^  n*  8  ). 

Poids,  8«',30. 

3*  ROMA.  Tête  casquée  de  Rome  à  droite;  dessons,  S.C. 

».  L.CLODI  BIACRI.  Trophée.  Argent. 

Poids,  3s',04.  (Cabinet  de  Copenhague.  Voir  Falbe,  Recherekn  «wr  CartUgr^ 
p.  122,  pi.  VI,  n«  23.  ) 

4*  L.CLODI  MACRI  S.C.  La  Liberté  debout  à  gauche,  tenant  un  bonnet 
et  une  couronne. 

».  LEG.I.LIB.MACRIANA.  Aigle  légionnaire  entre  deux  enseignes  de  ce- 
hortes.  Argent  (Cohen,  n«3). 

Poids,  2»' J9. 

5*  L.CLODI  MACRI  LIBERATRIX  S.C.  Buste  de  F A&îqne  à  droite. 

».  Semblable  au  revers  précédent.  Argent  (Cohen,  n«  7  ). 

6*  Même  légende,  même  buste. 

».  LEG.nT.AVG.LIB.  Même  revers.  Argent, 

Poids,  Cabinet  de  Stockholm,  3i',80. 

7*  Autre  semblable,  derrière  le  buste  de  l'Afrique,  deux  javelots.  Àr§mt 
(  Cohen,  n«  6  ). 

8*  C.(nc)CLODI  MACRI  LIBERA  S.C.  Buste  de  l'Afrique  comme  an  ii*5. 

».  LEG.Tir  AVG.LIB.  Même  revers.  Argent  (Cohen,  n»  3). 

Poids,  3f  ,15. 


ET   DISSERTATIONS.  225 

GLODl  MACRI  (inusitée  sur  les  médailles  des  premiers  em- 
pereurs et  qui  ne  se  retrouve  que  beaucoup  plus  tard  et 
rarement  sur  les  pièces  impériales);  le  titre  de  proprxlor^ 
au  lieu  de  proconsuV;  les  lettres  S.  C  (qui  indiquaient 
riotestion  réelle  on  simulée  de  nagir  que  d'accord  avec  le 
8éDat)«et  les  types  eux-mêmes  (ceux  surtout  des  ptèees 
sans  la  tête),  sont  autant  de  réminisceuces  républicaines 
et  offrent  plus  d'un  rapprochement  curieux  avec  le  mouve- 
ment de  la  capitale  et  avec  les  médailles  dont  nous  nous 
occapons. 

9*  L.  CLODI  MACRI  en  doux  lign<'s  h  droite  et  ik  gauche  d^une  t6te  de 
lîoo  d«  profil  à  droite. 

P-.  Semblable  au  «•  6.  ÀrgerA  (  Col. en,  n"  5). 

Poids,  3<',50. 

10*  Autre  à  peu  près  semblable.  Argmt. 

Poids,  Cabinets  de  France  et  de  Saint-Pétersbourg,  B»',59  et  3s*',22» 

11*  Autre  semblable,  avec  une  différence  dans  la  disposition  de  la  légende. 
Argent. 

Poidd,  3»' ,35  (  Cabinet  Thmnscn,  à  Cop*»nliague  ) . 

13»  Semblable  au  n*  10,  aveo  la  légende  L  C  MACRI    Argent. 

Poids,  »\70  (Cabinet  de  Gotha).  Voyez  Licbe,  Goth.  nvm,,  p.  245. 

13«  L.CLODI. MACRI.  Buste  nilé  de  laA'ictoireàdroito;  danslcchtmp.R.C. 

»-.  Semblable  nu  n*  10.  Argent  (  Cohen,  n"  4). 

Poids,  4<',05  (  Cabinet  dé  France  et  Musée  Britannique;. 

M.  L.  Mttller,  à  qui  nous  empruntons  la  description  de  ces  médailles,  fait 
rwmarqner  leur  ressemblance  avec  les  deniers  romains  de  l'empire  et  celle  de 
leurs  types  avec  ceux  de  la  république;  nous  leur  trouvons  une  ressemblance 
«fficore  plus  frappante  pour  la  foi-mc  des  U'ttres ,  les  types  et  les  poids  avec 
2«s  auionomes.  M.  Millier  u*admet  pas  IVxplicntion  de  M.  Mommsen  (  p.  745, 
note  17],  qui  voit  dans  le  titre  de  proprartor  un  retour  aux  usages  républicains; 
ildémontre  savamment  qne  et*  titro  avait  souvent  été  donné  aux  gouverneurs 
d'Afrique  par  les  empereurs,  ('es  obs^t^rvations  ne  nous  semblent  pas  incompa  • 
Ubies  avec  celle  de  M.  Mommsen  :  les  types  républicains  concordent  avec  un 
titre  républicain,  ce  qui  n'empôcbu  pas  qut^  ce  titre  n'ait  pu,  dans  d'autres 
temps,  être  donné  pour  d'autres  laisotis.  (Vovez  L.  Millier,  Numismatique 
^  f ancienne  Aftique,  t.  II,  p.  170  et  suiv.  i       '-^* 

*   Voyez  Mommsen,  Geschichte  det  Bomisrhtn  Munzutsenët  ch.  VII,  1,  p.  745, 

1862.—  3.  16 


226  MÉMOIRES 

L'insurrection  de  l'Afrique  avait  été  précédée  par  celle 
de  FEspagne;  le  soulèveinent  des  légions  et  l'entreprise 
de  Galba  en  furent  la  cause  et  l'effet  ;  la  Gaule,  déjà  ébran- 
lée par  Vindex,  suivit  la  même  impulsion. 

Les  pièces  décrites  ci-dessus  (n**  5,  25,  52)  avec  les 
légendes  GALLIA  et  HISPANIA,  ainsi  que  les  pièces  analo- 
gues avec  ou  sans  la  tête  de  Galba,  apportent  à  la  série  qui 
nous  occupe  le  contingent  des  provinces  transalpines,  en 
même  temps  qu'elles  viennent  prouver,  une  fois  de  plus, 
le  rôle  que  jouèrent  l'Espagne  et  la  Gaule  dans  la  révolu- 
tion qui  porta  Galba  sur  le  trône  impérial,  rôle  d'autant 
plus  important  à  constater  qu'il  est  le  premier  exemple  de 
l'immixtion  des  provinces  dans  les  destinées  de  l'empire, 
«  omoes  legiones  ducesque  conciverat,  dit  Tacite  \  evulgato 
«  imperii  arcano  posse  principem  alibi  quam  Rom»  fieri.  • 

M.  Hermann  *  donne  à  la  pièce  décrite  sous  le  n*  5  une 
date  un  peu  plus  récente  et  il  la  suppose  frappée  l'an  70  de 
notre  ère,  lors  des  troubles  excités  parla  lutte  entre  les  par- 
tisans de  Vespasien  et  ceux  de  Yitellius,  troubles  à  la  faveur 
desquels  Tutor,  Civilis  et  Classicus  essayèrent  d'affranchir 
leur  patrie  et  de  fonder  ce  que  M.  Amédée  Thierry  appelle, 
d'après  Tacite*,  l'empire  gaulois, /mpmiim  6<i//Mnffli ^ 
Les  raisons  données  par  M.  Hermann  pour  justifier  soo 
attribution  sont  assez  spécieuses  et  méritent  certainement 
d'être  soigneusement  examinées,  d'autant  plus  que  Finsar- 
rection  de  Civilis  fut  une  des  plus  violentes  de  celles  qui 

*  £tfie  Galliicke  Unabhangigkeit'»  Munse  auê  rômiicher  Kais^rieit .  Gwùngn, 
1851,  ÎD -8".  Cette  rare  médaille  uppartieut  à  M.  le  docteur  Bsberliiiy  à  Fniie- 
fort-sur-le-Mein. 

>  Hitt  ,1V,1». 

^  BisCoire  det  Gaulois  df/ui»  les  temps  les  plus  rcruléf  jmsqm'à  mt»  jcmrs^  1.  IXi 
cUt  2,  t.  M,  p.  dis,  de  lu  <^uatr:6ine  édition. 


ET   DISSERTATIONS.  227 

éclatèrent  dans  les  Gaules,  quelle  fut  près  de  réussir, 
et  qu'il  est  fort  probable  que  les  insurgés  auraient  pu 
battre  monnaie  malgré  le  peu  de  temps  qu'elle  dura; 
mais  jusqu'à  présent  nous  n'avons  aucune  pièce  que  nous 
puissions  attribuer  d'une  manière  positive  à  cette  époque; 
celle  qu'a  publiée  M.  Hermann,  par  son  type  et  par  sa  fabri- 
que, se  rapproche  trop  des  pièces  frappées  dans  les  Gaules 
du  temps  de  Galba  pour  qu'il  soit  permis  de  l'en  séparer.  Elle 
a  surtout  une  grande  analogie  avec  la  médaille  du  Cabinet 
de  Vienne  décrite  sous  le  n*  2,  et  sur  laquelle  on  voit  au 
revers  de  la  tête  de  la  Liberté,  LIBERTAS  RESTITVTA, 
la  Concorde,  CONCORDIA,  assise,  tenant  une  enseigne  sur- 
montée du  sus  gallicus.  Ici  nous  voyons  la  Gaule,  GALLIA, 
et  au  revers  deux  mains  jointes  tenant  la  même  enseigne, 
avec  la  légende  FIDES  ;  ces  deux  types  ne  représentent-ils 
pas  une  seule  et  même  idée,  celle  de  la  fidélité  des  peuples 
gaulois  à  l'empire  et  de  leur  concorde  avec  les  légions  ro- 
maines *  ?  De  plus,  il  ne  faut  pas  oublier  que  cette  insurrec- 
tion, plus  germanique  et  batave  que  gauloise,  échoua  préci- 
sément par  l'hésitation  des  principaux  chefs  gaulois,  et  que 
rattachement  des  Séquanais  à  la  cause  romaine  lui  porta  le 
premier  coup.  Enfin  si  des  chefs,  tels  que  Civilis  et  Classicus 
avaient  voulu  mettre  leurs  noms  sur  les  monnaies ,  ils  l'au- 
raient fait  franchement  et  non  par  un  symbole  comme  le 
suppose  M.  Hermann,  qui  voit  dans  la  trompfite  gauloise 
placée  derrière  la  tête  de  la  Gallia  les  armes  parlantes  de 
Classicus. 
Rien  dans  l'histoire  ou  dans  la  situation  de  l'empire  ne 

'  Ce  qnrt  dit  Taciw  I  Mist.,  I,  54)  an  peu  plus  tard  nu  sujet  des  troublen 
militaires  qui  pn'cédèrent  la  chute  de  Galba  peut  servir  à  expliquer  ce  type  : 
•  MUtrut  ciritoê  Unfftmum ,  vetere  iustitutn,  dona  l$gioni(nu,  dextriSy  ho*pilii 


228  MÉMOIRES 

s*opposant  à  rattributîon  que  nous  proposons  pour  les 
médailles  autonomes,  nous  allons  voir  maintenant  si  l'étude 
des  monuments  eux-mêmes  vient  encore  la  confirmer. 

En  examinant  les  pièces  autonomes  d'or  et  d'argent  clas- 
sées jusquici  à  Auguste,  on  remarque  combien  elles  sont 
plus  légères  que  les  pièces  analogues  à  Teffigie  de  ce 
prince,  et  qu  elles  égalent  en  moyenne  le  poids  des  mon- 
naies *  frappées  pendant  la  seconde  moitié  du  règne  de 
Néron  et  sous  Galba. 

M.  Cohen  a  restitué  à  Galba  les  deux  médailles  au  type 
de  la  famille  Junia,  surtout  parce  que  leur  poids  rend  im- 
jKtôsible  de  les  classer  à  Fépoque  républicaine  *.  Pourquoi 
alors  laisser  au  règne  d'Auguste  les  autres  qui  sont  exac- 


t  Sur  les  treize  pièco<^  d'or  de  Néron  de  ma  collection,  six  avec  la  tête  im- 
bcrbc  posent  de  7>',50  i\  7(',70,  et  en  moyenne  7>',60;  les  autres  avec  la  barbe 
appartenant  par  coitséquent  aux  dernières  années  de  son  règne,  pëeent  de 
7»'jl5  à  7«',30,  en  moyenne  environ  7^,25. 

Les  pièces  d'argent  dt?  Néron  pèsent  en  moyenne,  avec  la  tête  jeune,  3^,47, 
av.»c  la  tête  barbue.  3r,aO. 

La  moyenne  de  l'argent,  sous  Galba,  est  de  3«'',25  sansaa  tête,  et  da9i',2S 
avec  sa  tôte  ;  celle  de  l'or  est  de  7»',20. 

*  M.  Coben  fait  observer  en  même  temps  que  ces  pièces  ont  bien  pu  être  frap- 
pées pendant  rintcrrègne  ;  il  cite  même  le  passage  de  Suétone  que  noua  dooMM 
t*ri  tête  de  cet  article  ,  puis  il  s'arrête  là,  et  classe  ces  médailles  avee  les  antres 
autouomcs  à  la  suite  de  Galba.  M.  Tabbé  Cavedoni  (  Bevu$  numiêmotiptê^  IMS, 
p.  74  )  admet  Tattribution  proposée  par  M.  Coben ,  il  la  croit  très-ratioDDelIe, 
cependant  il  ajoute  :  »  Il  me  reste  un  léger  doute  en  considérant  que  Néron 
•  tinit  sa  vie  par  le  suicide,  et  ne  succomba  pas,  comme  Joies  César,  fous  It 
«  poignard  des  conjurés,  r  Ce  scrupule  du  savant  numismatiste  modénaii  ne 
semble  un  peu  exagéré  ;  le  genre  de  mort  est  ici  une  chose  fort  secondaire,  U 
principal  est  Tidée  que  Ton  attachait  à  la  moi-t  du  souverain  ;  cette  idée  était 
celle  de  la  liberté  et  de  l'indépendance  après  le  suicide  forcé  de  Néroo ,  dt 
même  que  quatre-vingt-douze  ans  auparavant  après  rassasainat  de  César.— 
Le  type  des  deux  poignards  fuit  souvenir  aussi  dn  passage  suivant,  relatifs 
la  mort  violente  de  Néron  :  -  Conterritus  cfiios  pugUmtê  qnoa  aecom  eztnlcntt, 
adripuit,  tentnquc  utriusque  ncie,  rursus  condidit.  •*  Suetoo.,  ATuro,  49t 


ET   DISSERTATIONS.  229 

• 

tement  dans  les  mêmes  conditions  ^  ?  Quelques-unes  de  ces 
pièces  sont  plus  légères ,  d'autres  sensiblement  plus  lour- 
des, et  parmi  ces  dernières  on  en  remarque  (comme  le 
n*  73,  par  exemple)  qui  ont  été  attribuées  à  Vitellius.  Si  le 
principe  de  prendre  le  maximum  du  poids  pour  base  du 
classement  était  absolu,  ces  pièces  devraient  être  restituées 
à  larépublique.  Qnelquefc^s  il  existe  une  très-grande  diiïé- 
rence  de  poids  entre  les  exemplaires  de  la  même  pièce.  Les 
médailles  de  Glodius  Macer ,  toutes  frappées  en  Afrique  et 
dans  l'espace  de  quelques  semaines,  offrent  un  exemple 
Irès-remarquable  de  cette  inégalité  dans  le  poids.  Cette 
inégalité  peut  donc  être  considérée  comme  un  des  signes 
caractéristiques  du  monnayage  à  cette  époque  de  pertur- 
bation. 

Le  grand  nombre  de  pièces  fourrées  qu'elle  présente  est 
encore  une  particularité  de  la  série  des  autonomes,  particu- 
larité qui  convient  également  à  un  temps  de  troubles  et  de 
révolution.  Les  règlements  contre  les  faux  monnayeurs  de- 
vaient être  alors  fort  peu  observés  ;  d'ailleurs  le  sénat  autori- 
sait peutrêtre  lui-même  cette  fraude,  qui  profitait  au  trésor 
et  aux  monétaires,  et  à  laquelle  on  avait  déjà  eu  recours  sous 
larépublique  dans  des  moments  de  crise  et  de  pénurie.  Le 
nombre  des  pièces  fourrées  qui  étaient  alors  tolérées  avait 
m6me  été  déterminé  par  des  décrets  spéciaux.  Ainsi ,  pen- 
dant la  seconde  guerre  punique  on  voit  que  la  proportion 
en  avait  été  fixée  à  un  huitième  de  l'émission  totale  *;  le 


«  M.  Arnclh,  conservateur  du  Cabinet  impérial  de  Vienne,  avnît  dcjà  ré- 
loucé  à  la  classificAtioQ  d'Kckbel  pour  les  autonomes  atlrilmées  nu  ri^gnc 
TAugoste,  et,  dacs  8a  .S'yiiopjw,  il  les  partage  toutes  entre  les  règnt'S  de  Gall  a 
)t  de  Vitellius;  il  ne  lui  restait  donc  qu'un  pan  à  fHire  p<>ur  arriver  à  la  mo- 
iifieaiioo  que  je  propose  aujourd'hui,  et  j*of>e  me  flatter  qu'il  l'approuvera. 

*  Voyez  Momm^cn,  Gttehichte  des  Bàmigchen  Atûnsureiem^  p.  386  et  389. 


230  MÉMOIRES 

même  abus  s'est  peut-être  renouvelé  après  la  mort  de 
Néron,  et  justifierait  une  fois  de  plus  l'accusation  de  Tacite  : 
«  Usurpata  libertate  licentius  utebantur.  o 

Pour  ce  qui  est  de  la  fabrique,  il  suffit  d'un  coup  d'en! 
jeté  sur  les  médailles  pour  s'en  rendre  compte;  celles 
mêmes  qui  ont  été  jusqu'ici  classées  au  r^ne  d'Auguste 
ressemblent  beaucoup  moins  aux  médailles  de  ce  prince 
qu'à  celles  de  Galba  pour  l'aspect  métallique,  la  forme  des 
lettres  et  la  disposition  des  légendes.  Sans  en  faire  l'aoar 
lyse,  la  vue  seule  des  pièces  montre  que  le  titre  est  infé- 
rieur à  celui  usité  du  tempe  d'Auguste,  et  certainement 
supérieur  à  celui  de  Septime*  Sévère, 

Il  nous  reste  maintenant  à  étudier  les  motifs  qui  ont  con- 
duit Eckbel  à  adopter  sa  classification  et  à  voir  s'ils  sont 
assez  forts  pour  lutter  avec  tout  l'ensemble  de  faits  et  de 
documents  que  nous  lui  opposons.  Ce  savant  n'assigne  de 
date  précise  qu'aux  pièces  rangées  à  Auguste  S  et  il  lusse 
les  autres  dans  les  nnnit  vagi  *  :  voici  comment  il  motive 
son  opinion  t  «La  plupart,  dit-il,  ont  été  classées  par 
0  Morell  parmi  les  incertaines  des  familles,  mais  leur  aspect 
tt  et  leurs  types  ne  semblent  pas  conGrmer  cette  opinion; 
tt  Pellerin  avait  essayé  de  classer  celles  qui  portent  les  lé- 
((  gendes  MARS  VLTOR  ou  V VCLAN  VS  VLTOR,  après  la  prise 
a  de  Corintbe  ou  de  Cartbage,  ce  qui  n'est  pas  admissible 
«  non  plus  ;  il  est  d'ailleurs  fort  douteux  qu'il  existât  m 
«  temple  dédié  à  Mars  Ultor  sous  la  république,  et  celui 
«  qu'Auguste  lui  consacra  pour  y  déposer  les  armes  recoD- 
«  quises  sur  les  Parthes  fut  probablement  le  premier  i 

s  Cohen,  Dêêcription  de$  monnaies  frappées  iùui  Vempim  romotit ,  1. 1 ,  p.  101. 
—  Eckhel  (  D.  iV.,  VI,  p.  96  et  108)  attribue  les  noes  à  Tan  734 ,  et  les  woM» 
à  Tan  742  de  Rome. 

•  D.^.,VI,p.»6,  sqq. 


ET    DISSERTATIONS.  281 

•  Rome  sous  cette  invocation  ;  ces  médailles  peuvent  donc 
a  parfaitement  avoir  trait  à  ce  dernier  événement  ;  quant  à 
«I  Vulcanus  UUar^  nous  ne  lui  connaissons  ce  titre  que  par  les 
«  médailles.  »  Eckbel  suppose  qu'il  tui  fut  donné  à  Tocca- 
sion  de  la  victoire  partbique;  Vnlcain  éiait  un  des  dieux 
Cutélaires  de  Rome  ;  les  armes  des  Romains  étaient  fabri- 
quées sous  ses  auspices ,  il  était  donc  autant  que  Mars  in- 
téressé à  leurs  succès  et  à  venger  leur  opprobre,  u  De  tout 
«temps,  ajoute  l'illnstre  numismatiste  viennois,  les  armes 
m  des  vaincus  étaient  considérées  comme  une  victime 
m  agréable  à  Vulcain ,  et  on  lit  dans  Servius  *  que  Tarquin 
€  l'Ancien  ayant  défait  les  Sabins  brûla  leurs  armes  en 
c  rhoniieur  de  Vulcain,  exemple  suivi  plus  tard  par  Sem- 
«  proDÎus,  qui  sacrifia  sur  un  immense  bâcber  les  armes 
«enlevées  aux  Sardes '•  Une  inscription  rapportée  par 
«  Gruter  atteste  le  culte  d'un  Vulcanus  Militaris;  une  autre 
«  parle  d'une  statue  consacrée  à  Vulcain  par  Auguste  en 
«  7A5.  »  Eckbel  suppose  que  les  médailles  sur  lesquelles^ 
OD  voit  des  divinités  remplacer  la  tète  du  prince  étaient 
distribuées  au  peuple  dans  des  occasions  solennelles  : 
par  exemple ,  à  la  consécration  des  temples,  des  statues, 
on  dans  les  jeux  du  cirque,  qui,  au  rapport  de  Varron 
et  de  Dion  Gas»us,  se  célébraient  en  l'bonneur  de  Mars  ', 
le  h  des  ides  de  mai,  et  en  l'honneur  de  Vulcain ,  le  10 
des  calendes  de  septembre  \ 

Quant  aux  autres ,  il  ne  les  suppose  frappées  sous  Au- 


»  Ad  Tirg.  y^n.,  VIII,  662. 

*  Tit.-Uv.,  XLI,  12. 

*  M  Solexnnes  ludos  circo  cclcbrate,  Qiiirit« c.  -  Ovid..  Fa$i,  V.  597. 

*  Le  fragment  d'an  ancien  calendrier  indique  pour  le  IV  des  ides  de  mai 
LVDI.MART.IN.CIRC,  et  sur  un  marbre  du  Becwil  de  Gruter,  p.  LXI ,  8,  les 
Yw9canalia  sont  fixées  au  10  des  cnlendes  de  septembre. 


232  IfÉIfOIIIHA 

guste  que  parce  que  leurs  types  se  trouvent  quelquefois  m 
revers  de  la  tète  de  ce  prince.  Le  Genius  Populi  Rotnam  se 
voit  déjà  sur  les  deniers  de  la  famille  Comélia  *  ;  sa  réuoioB 
avec  les  revers  aux  légendes  06  cires  sernalos^  Signa  jHh 
puli  Romani  s^expliqne,  dit  Eckbel,  par  Tintérët  qu'il  de- 
vait porter  à  son  peuple. 

Ces  raisons  nie  semblent  plus  spécieuses  que  solides; 
elles  expliquent  parfaitement  la  présence  de  ces  types  an 
revers  des  médailles  d'Auguste-,  elles  justifieraient  même 
l'attribution  d'Eckbel  si  elles  étaient  seules  de  leurespëcet 
et  qu'il  ne  s'en  trouvit  pas  d'autres  entièrement  analogues 
pour  lesquelles  il  est  obligé  de  chercher  une  place  aux 
règnes  de  Galba  et  de  Vitellius  ;  et  uniquement  cette  fois 
parce  que  des  revers  semblables  se  trouvent  sur  les  mé- 
dailles de  ces  empereurs  ;  pour  être  conséquent ,  il  aurait 
fallu  attribuer  les  pièces  (n""  15, 16, 17,  tS)  à  Néron ,  i 
cause  des  revers  analogues  IVPPITER  LïBERATOR  (Cohen, 
n- 17),  LEIBERTAS»  (Cohen,  n- 18),  IVPPITER  CVSTOS 
(Cohen,  n""*  12  et  13)  et  à  Claude  le  n*  60,  à  cause  du  re- 
vers PACI  AVGVSTAE,  qui  ne  se  rencontre  pas  moins  de 
dix-sept  fois  sur  les  médailles  de  ce  prince. 

M.  Cohen  dit  avec  raison  que  les  pièces  de  Galba  sont 
si  nombreuses,  qu'il  est  in.possibIe  d'admettre  qu'elles 
aient  toutes  été  frappées  depuis  son  retour  à  Rome,  et  que 
beaucoup  ont  dû  être  frappées  en  Espagne.  Je  partage  soa 

•  Cohen,  Médailles  de  la  république  romame^  pi.  XI V",  CameUa,  n—  10 et  II. 

'  Mionnety  en  parlant  de  cet  aureus  de  Néron,  fait  observer  qu'il  est  de  ft* 
brique  barbare.  Voir  Caylug,  Num,  aurea  imp  rom»  «ctinelto  régis  cktistimiiuim^ 
n*  114.  Il  pourrait  donc  bien  avoir  été  frappé  dans  les  Gaules,  à  IVpoque  àt 
la  révolte  de  Vindcx;  le  mot  Leibertas  aurait  été  comme  une  espèce  de  pro- 
testation contre  Néron;  l'orthographe  Leibertas  est  celle  employée  sur  ki 
pièces  républicaines  de  la  famille  Cassia.  Voy.  Cobeo,  pi.  XII,  CaMHi.B**U 
et  15;  pi.  XXin,  Junia^  n*  la  (quinaire),  pi.  XXX  VI  II,  Serr^Oa,  n-  T. 


ET  DISSERTATIONS.  239 

opiDion  et  je  propose  de  classer  immédiatement  après  le 
règne'  de  Néron  les  autonomes  frappées  les  unes  à  Rome 
801»  l'autorité  immédiate  du  sénat,  et  que  Ton  pourrait 
sossi  appeler  par  cette  raison  monnaies  sénatoriales^  et  les 
«otires  en  Espagne  et  dans  les  Gaules.  A  la  suite  des  auto- 
nomes, on  placerait  les  pièces  avec  le  cavalier  et  le  nom  de 
6att>a,  toutes  frappées  hors  de  Rome  et  peut-être  même 
avant  sa  proclamation  par  le  sénat,  enfin  viendraient  celles 
avec  la  tête  de  l'empereur,  qui  sont  les  plus  récentes  de  ce 
règne  si  court. 

Ce  qui  eut  lieu  après  la  mort  de  Néron  ne  se  renouvela 
pas  après  celle  d'Othon.  La  nouvelle  du  changement  de  règne 
tronva  le  peuple  rassemblé  au  théâtre  et  assistant  aux  jeux 
de  Cérès  ^  Elle  fut  accueillie  par  les  applaudissements  de  la 
multitude,  pendant  que  Sabinus,  préfet  de  la  ville,  rassem-- 
tdait  les  troupes  et  leur  faisait  prêter  serment;  il  n'y  eut 
donc  pas  d'interrègne,  et  le  sénat  n'eut  pas  le  temps  de 
Frapper  des  médailles  autonomes^ 

Des  découvertes  ultérieures  nous  apprendront  s  il  existe 
des  pièces  de  grand  bronze  contemporaines;  nous  n'en 
connaissons  pas  encore,  mais  nous  avons  toute  une  série  de 
petits  bronzes  décrits  dans  l'ouvrage  de  M.  Cohen*  à  la  suite 
de  Tespasien  le  Jeune,  et  d'une  attribution  jusqu'ici  incer- 
taine ;  les  types  ne  sont  caractéristiques  pour  aucune  époque 
particulière,  et  ils  peuvent  parfaitement  convenir  à  celle-ci  : 
FuDon,  Pallas,  Jupiter,  Mars,  le  Génie  du  peuple,  la  Liberté  ; 


A  «  At  Rome  nihil  trepidatioiiis  :  Ceiealos  Indi  ex  more  sprctiibantur.  Ut 
«Mine  YÎta  Othoiiem  ctaFlavio  Sabino,  prterectonrbis,  quod  ertit  iii  urbomi- 
itam  sscramento  VitoIIii  adactum ,  certi  auctores  in  theatnim  attulerunt , 

ntelUo  plauscro In  senatu  cuncta  lon^is  aliorum  principatibii»  composita 

tftthn  decernuntur.  »  Tacit.,  HiH.,  I],  55. 

*  Description  kis torique  de»  monnaies  t/e  f  empire  romain^  t.  I ,  p.  463. 


S3&  MÉMOIRES 

au  revers,  une  colombe,  un  trophée,  une  branche  de  laurier, 
une  chouette,  la  louve  avec  Romulus  et  Rémus,  l'aigle  éployé 
sur  un  foudre,  l'aigle  légionnaire  entre  deux  enseignes 
de  cohortes,  la  massue,  le  caducée,  le  trépied  ;  on  D*y  voit 
aucune  légende,  et  seulement  les  lettres  S.  G.  Je  propose* 
rais  donc  de  retrancher  de  la  série,  telle  que  la  donne 
M.  Cohen ,  les  pièces  qui  ne  peuvent  être  classées  à  Tin* 
terrègne,  de  rendre,  par  exemple,  à  Annius  Vérus  la  mé* 
daille  avec  la  tête  d'enfant,  comme  on  l'avait  fait  jusqu'ici, 
de  ranger  avec  les  tessères  toutes  celles  qui  ne  portent  pas 
le  S.  C. ,  et  je  mettrais  toutes  les  autres  à  la  suite  des 
autonomes  que  nous  avons  décrites.  Cette  attribution 
semble  d'autant  plus  raisonnable  que  des  pièces  tout  à  fait 
semblables  se  trouvent  à  divers  règnes  avec  les  noms  des 
empereurs. 

Je  ne  crois  pas  avoir  épuisé  le  sujet;  il  existe  proba- 
blement d'autres  pièces  que  je  ne  connais  pas  qui  pour- 
raient trouver  place  dans  cette  série,  et  qui  sont  con- 
fondues avec  les  incertaines  dans  les  tiroirs  de  quelque 
médaillier.  Mais  j'en  ai  dit  assez  pour  éveiller  l'attention 
des  numismatistes  sur  les  autonomes,  et  peut-être  pour 
soulever  un  coin  du  voile  qui  cachait  encore  cette  partie 
de  la  numismatique. 

Blacas  d^Aulfs. 


Et   DISSERTATIONS.  2S5 


DESCRIPTION 


t>BS 

MONNAIES  MÉROVINGIENNES  DU  LIMOUSIN. 

(PI.  Xn,  XIII,  XIV  et  XV,  1867.— PI.  II.  UI  et  XVIU,  1868.) 
DianèoM   article.  —  Voir  A«rve  numitmatiqw ,    n"  6 ,  1861  ,  p.  318 


▲BNAC-POMPADOUR. 

08. hARTONACO  FI.  Buste  à  droite;  tète  diadémée  ; 

cbevelure  tombant  sur  la  nuque  en  un  seul  rouleau. 

^.  MARIAIO  MOIXI.  Croix  longue,  avec  un  point  ou  glo* 
baie  au  premier  canton;  le  tout  dans  une  couronne  de 
perles. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1^,05.  Deuxième  quart  du 
Tii*  siècle.  —  Médaillier  de  M.  B.  Fillon. 

112.  —  VRTVNACO  VI  {Ariunaco  vico).  Buste  à  droite. 
orné  de  deux  rangées  de  perles  à  la  partie  supérieure  v 
tète  ceinte  d'un  diadème  terminé  par  une  perle  sur  le  front 
et  par  deux  perles  sur  la  nuque. 

^.  NDVI..  Guerrier  muni  d'un  casque  et  d'une 

cuirasse,  armé  d'une  lance,  marchant  à  gauche  sur  une 
bftse* 


23B  MÉMOIRES 

Tiers  de  sou  d*or  inédit.  Deuiiëme  quart  du  vir  siècle. 
—  Cabinet  de  feu  M.  Dassy. 

M.  B.  Fiilon ,  eu  publiant  le  n""  98,  a  proposé  d'abord  de 
l'attribuer  à  Artbon ,  village  du  Poitou  '  s  mais  il  a  reconoii 
depuis  l'analogie  très-remarquable  qui  existe  entre  cette 
pièce  et  celles  de  Briva  vico,  Carovico  et  Maugonaro^ 
dans  lesquelles  il  signale  les  traces  de  Cinfluence  de  fécoU 
limousine.  Gomme  Briva^  CaroviaiS  et  Maugonacum  sont 
incontestablement  des  ateliers  limousine ,  l'analogie  obser- 
vée par  cet  antiquaire  conduit  à  cette  conséquence  natu- 
relle qvLÀrionacum  est  im lieu  limousin.  Le  revers  d*i4rfu- 
nacum ,  qui  représente  un  guerrier  passant ,  se  rapproche 
sensiblement  du  revers  de  notre  trions  du  vice  Briva  ci- 
dessus  décrit  (  n"  62  ) ,  et  le  rattache  au  même  groupe.  U 
transformation  que  Ton  remarque  de  la  deuxième  voyelle 
d*o  en  u,  fait  présager  sa  disparition  dans  le  travail  de 
contraction  qui  s'opère  suivant  l'usage  :  et  le  vocable  réduit 
à  Àrtnacum ,  où  la  prononciation  du  / ,  placé  entre  deux 
consonnes,  est  fort  aflaiblre,  a  dû  former  bien  vite  Amacunu 
C'est  pourquoi  nous  pensons  qu'il  convient  de  placer  cet 
atelier  à  Arnac-Porapadour  •,  qui  possédait  une  église  pa- 
roissiale au  moyen  âge,  et  que  nous  trouvons  fréquemment 
désigné  vers  la  fin  du  xii'  siècle  dans  la  chronique  de 
GeofTroi  de  Vigeois  ',  dont  le  monastère  était  tout  voisin. 


t  Lettrée  à  M.  Dugaat-Matifeux  iur  Us  monnaie*  frsnçoMM,  p.  64* 

*  Canton  de  Lubersac,  arrondissement  de  Brive(CorTèze), 

*  M  Hi  enim  ccclcsiani  de  ArnacOt  qui  olim  fuit  in  honore  rancti  Pétri  pim 
quidem  scd  pnrochialis,  in  mclius  ampliare  stadebant.  i*  —  «  Gnido  qui  Petr» 
gorici  auxilio  comiti»  oppidnm  de  Pompedour  contra  vicecomitem  de  Sfgor 

construxit Engnlcias  vero,uxor  illius,  Jryiaco  monncha  effectn,  in  seoectott 

bona  obiit...  ••  Gaufred.  prior.  Vosiens.  Cbronic.,  dans  Philippe  Labbe,  M». 
Bibliotliec.  mes.,  t.  II,  p.  280-281.  Cf.  «W.,  p.  283,  285,  292,  296. 


ET   DlSSERTATfOnS.  237 

«•L. TE  (licQ  iocoQDU  du  Limouftin.  i. 

113.— ..L TE  FI.  Buste  babillé  à  droite;  tète  oraée 

'qd  loDg  bandeau  perlé. 

$.  ELIAV M  {Eli anus?  m).  Guerrier  muni   d'un 

isque  et  d'une  cuirasse,  armé  d'une  lance,  marchant  à 
rojte  sur  une  base. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Poids,  l*',!©.  Deuxième  quart 
n  ifii* siècle.  —Cabinet de  M.  Ponton  d'Amécourt. 

La  ressemblance  de  l'effigie  avec  celles  d'Yssandon 
o*  115,  ci-dessous  décrit)  et  de  Brive  (n*  63);  le  type 
a  guerrier  imité  de  celui  d'Amac  (  n""  112  ) ,  et  analogue 
1  type  de  la  Victoire  passant  de  Brive  (n*  63),  ainsi  que 
j  personnage  de  Cornil  (n'^ÔA),  démontre  clairement 
je  cette  pièce  provient  du  Limousin  et  appartient  au 
iptième  groupe.  Mais  nous  n'avons  pu  jusqu'ici  restituer 

nom  de  l'atelier,  et  nous  n'avons  aucune  conjecture  à 
x>poser  à  son  égard  ' . 

YSSANDON. 

U6. hESANDONE  FIT.   Buste  perlé  à  droite;  tête 

Qée  d'un  bandeau  perlé,  terminé  sur  le  front  par  une 
•osse  perle. 

i).  +LEDEGYSELO  MON.  Croix  latine  dans  le  champ. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit»  Troisième  quart  du  vip  siècle. 
-  Cabinet  de  M.  le  prince  Grégoire  Gagarine. 


*  ta  finale  TE  pourrait  suggérer  la  leçon  Biaenate;  mah  la  première  dea 
M  lettres  qni  nous  sont  conservées  du  nom  înserit  en  légende ,  qui  devait 
:n  d'après  sa  place  la  première  ou  tout  au  plus  la  seconde,  ne  peut  être  qa'uo 
9  on  C  ou  on  E ,  ce  qui  exclut  Th/pothèse  indiquée. 


258  MÉMOIRES 

Il  serait  superflu ,  en  présence  du  caractère  si  prononcé 
du  style  de  cette  pièce  «  d'en  démontrer  rorigine  limousine. 
Nous  nous  bornerons  à  signaler  l'identité  du  revers  avec 
celui  de  Brive  (n<*  63  ),  et  du  dispositif  du  buste,  de  la 
croisette  et  de  la  couronne  du  droit  avec  ceux  de  Comil 
(nMU). 

Dès  Van  573,  nous  voyons  Tssandon  '  mentionné  dans 
le  célèbre  testament  de  saint  Yrieix  {Aredius)  sous  le  nom 
de  castrum  Issando  \  Aux  ix*  et  x*  siècles,  ce  nom  a  subi 
une  légère  altération ,  et  le  pagus  ainsi  que  la  vicsûrie, 
dont  l'antique  château  était  le  cheMieu«  prirent  le  nom  de 
pagus  et  vicaria  Exandonensis  '  ;  au  xi"  siècle  l'a;  se  change 
en  «,  et  nous  trouvons  dans  plusieurs  actes  de  cette  pé- 
riode la  forme  Essando  et  Essandones  ^,  ou  Essandoneis  \ 
On  est  revenu  peu  à  peu,  depuis  cette  époque,  au  vocable 
hsando  du  testament  de  saint  Yrieix ,  qui  a  prodmt  le 
nom  moderne  d*Yssandon. 

RIVISUM  ?  (  lieu  inconnu  du  Limousin  ). 

65.  —  PLOuRIDO  MOI.  Buste  à  droite;  tête  ornée d'no 
bandeau  terminé  sur  la  nuque  par  une  grosse  perle  ;  le  tout 
dans  un  cercle  perlé. 

*  Canton  d*Ayen,  arrondissement  de  Brive  (  Corrèzo  ). 

*  Le  saint  prêtre  dit  dans  son  testament  qu'il  donne  aox  moines  ê^Âtmmm, 
qni  a  pris  depuis  le  nom  deSalnt-Yrieiz,  notamment  «û»  T9*amâomêcmitrû^uum 
intramnraneam.  »  Ckart»êi  diplomat,^  édit.  Pardessus,  1. 1,  ad  ann.  573. 

*  Cartulaire  de  Bêaulieu,  cb.  X,  ann.  886-887;  LXIV,  ano.  904;  LXZnii 
ann.  967.  Cf.  ch.  IX,  XI,  XU. 

-  Geraldus  d*E*9andoneê,  »  Mss.  Biblioth.  imp.,  oartnl.  135 ,  t.  I«*,  p.  91$, 
Cf.  iMtf.,  p.  649  et  557. 

«Totnm  onorem  {tic)  de  Eâtmdontiê.  m  Charte  de  Hognes  d«  Castelnaa, 
abbé  laïque  de  Bêaulieu ,  en  FaYenr  de  Tabbé  de  Clony,  ann.  1076  ;  dans  aotri 
Introduction  au  cartulairt  de  Btauliêu^  p.  XXY,  note,  ool.  2. 


ET   DISSERTATIOIfS.  239 

^.  RIV1...AVT.  Croix  latine  sur  deux  degrés,  dans  uo 
eerde  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Troisième  quart  du  vu*  siècle.  — 
Cabinet  des  méddiles  de  la  Bibliothèque  impériale. 

L*effigie  qui  est  au  droit  de  cette  pièce  *  rappelle  le  beau 
profil  des  n**  62  et  113,  ci-dessus  décrits.  Le  seul  nom  de 
lieu  limousin  que  nous  ayons  pu  jusqu'ici  rapprocher  de 
la  légende  du  revers  est  celui  de  Rivisum,  mentionné  dans 
une  charte  écrite  vers  l'an  1058  '.  La  position  de  cette 
localité  ne  nous  est  pas  connue  :  nous  savons  seulement 
qu'elle  était  dans  le  voisinage  de  Cbamboulive  ',  de  la 
Ticairle  duquel  elle  dépendait.  Au  nord  de  Cbamboulive, 
il  y  a  un  hameau  nommé  la  Rivière ,  mais  ce  dernier  vo* 
cable  provient  vraisemblablement  de  Ribeira  ou  Riberxa^ 
et  non  de  Atrûum. 

SEÎLHAC. 

06.  —  BOSOLENO.  Tète  à  droite,  ceinte  d'un  bandeau 
terminé  sur  \e  front  et  sur  la  nuque  par  deux  bandelettes; 
le  col  orné  d'un  double  collier  de  perles. 

^.  +SA..II..CO  FITO.  Croix  égale,  potencée,  sur  un 
double  degré,  surmontée  d'un  point  ou  globule;  dans  une 
couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or.  Troisième  quart  du  \\V  siècle.  —  Ca- 
binet des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale. 

*  Ce  trient  est  peut-être  celni  qo»  M.  Conbrouse  a  reproduit  dans  sod 
Uemil  éê  monét.  mérov,,  pi.  XXV,  n»  1 ,  et  où  il  a  1*  an  droit  FLADOALDO 
MOI,  et  M  reTen  RISI...I\IoI. 

*  m  Ugo  et  Willelmus  Sancti  Aredii  conoessemnt  unnm  mansnni  qui  vo- 
Mtur  JIMfwm,  in  vicaria  Cambolivense ,  audiente  Ebulo  vicecoroite ,  régnant» 
JUnrioo  rege.  -  Mw.  Biblioth.  impér.,  cart.  135,  t.  l",  p.  566. 

*  Chamboolive  est  dans  le  eantou  de  Seilbac,  arrondissement  de  TuU» 
Corrèae}. 


*2h0  MÉMOIRES 

Le  type  de  ce  trieos  est  méridional  :  ii  rappelle  les  n**  65 
et  62  (Brive);  le  double  collier  de  perles  est  analogue  i 
celui  du  n"  112  (  Arnac-Pompadour);  enfin  la  croix  et  les 
deux  degrés  du  revers  le  rapprochent  du  n*  dô  ^  Le  lien 
d'émission  est  peut-être  Salliarum^  aujourd'hui  Seilhac, 
chef  lieu  de  canton  dans  l'arrondissement  de  Tulle  (Cor- 
rëze),  qui,  au  xi* siècle,  avait  donné  son  nom  à  une  cir- 
conscription administrative  appelée  viraria  SaUiacensu  *. 

Il  existe  au  Cabinet  des  médailles,  parmi  les  incertaines, 
un  autre  triens  qui  n'a  pas  été  gravé  sur  nos  planches  et 
qui  provient,  suivant  nous,  comme  le  précédent,  du  bourg 
de  Seilhac.  Voici  la  description  de  cette  pièce,  que  nous 
croyons  inédite. 

-f-BOcrELlNAc/3.  Buste  à  droite  habillé;  tète  au  long  col, 
omée  d'un  bandeau  prolongé  au  sommet. 

^.  c/:A..i.l..CO  FIT  (5aHiaco?).  Croix  dont  les  branches 
sont  fourchues,  et  dont  le  montant  s'élargit  à  son  extré- 
mité supérieure,  posée  sur  un  degré  au-dessous  duquel 
est  un  globule ,  et  entourée  d'une  couronne  de  feuillage. 

Le  travail  de  cette. monnaie  est  assez  barbare  pour  qu'il 
convienne  de  ]a  faire  descendre  à  la  fin  du  vu*  siècle. 

Vllh  GROUPE. 

TURENNE  ». 

67.  —  CLODOVPO.  Tête  nue  tournée  à  droite  ;  cheveox 
hérissés  ;  buste  habillé,  sans  ornement. 

>  M.  B.  Fillon  ,  qui  a  édit«^  c«tte  monnaie  \  Revue  nvm,y  ann.  1855,  p.  403, 
pi.  XIII,  u*  6),  Ta  attribuée  à  Saillj^  bourg  de  Saône-et- Loire;  maU  eUeoooi 
paratt  avoir  une  origine  méridionale  qui  ne  se  concilie  pas  aveooette  attribation. 

Ch.  circa  ann.  10B8.  Mss.  Biblioth.  impér  ,  inter  Baluz.  sekedas.  ans. 
incert.,  paq.  2,  n"3. 

Chef-Hou  de  canton  dans  Tarrondisseroent  da  Brive  (Corrëxe). 


KT    DISSERTATIONS.  2A1 

^  ....  RIiNiSAi.  Croix  longue  haussée  par  un  degré,  avec 
un  R  suspendu  à  la  haste,  accostée  de  deux  globules  ou 
gros  points  sous  les  bras. 

Tiers  de  sou  d'or.  Or  jaune.  Poids,  Is'^lô.  An  638-656. 
—  Cftbinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale. 

M.  Adrien  de  Longpérier,  qui  le  premier  a  publié  cette 
curieuse  monnaie,  quand  elle  faisait  partie  de  la  coUecUon 
de  M.  J.  Rousseau,  a  lu  seulement  au  droit  ..LODOYEI,  et 
au  revers  ....INN A  I.  Quant  à  la  position  de  Tatelier,  guidé 
par  le  type  méridional  de  la  pièce,  il  a  fait  remarquer  que  la 
l^nde  du  revers  était  peut-être  [VESjVNNA,  Périgueux, 
ou  [VIE]NNA ,  Vienne  en  Dauphiné ,  ou  [BA]NNA[CIACO], 
Bannassac  en  Gévaudan  \ 

Il  est  à  remarquer  d'abord  que  ces  attributions  ne  se  con- 
cilieraient guère  avec  les  deux  syllabes  INN  A  de  la  légende. 
En  second  lieu ,  on  voit  distinctement  au  droit  de  notre 
triens  la  base  d'un  C  initial  et  de  YO  Hnal  de  CLODOVEO. 
En  troisième  lieu,  nous  observons  au  revers,  en  avant  de 
INNA,  la  partie  inférieure  d'une  lettre  à  deux  jambages, 
dont  le  second,  celui  de  droite,  oblique  au  premier,  indique 
nécessairement  un  R,  ce  qui  donne  le  fragment  de  légende 
RINNA.  A  l'égard  de  TI  qui  terminerait  la  légende,  suivant 
M.  de  Longpérier,  nous  ne  voyons  que  la  partie  inférieure 
d'une  lettre  qui  peut  être  un  F. 

Parmi  les  types  méridionaux,  celui  du  Limousin  nous 
paraît  convenir  à  cette  pièce  ;  et  le  célèbre  et  antique  cas- 
trum  TORINNA  ou  THORINNA ,  situé  dans  la  partie  sud  de 
cette  province,  doit  en  recevoir  mieux  que  toute  autre 
localité,  à  notre  connaissance,  l'attribution  géographique. 


>  Notice  àwr  U§  monnaies  françaùei  de  la  collection  Rousseau ,  p.  35  ,  pi.  1, 
H-  102. 

1862.  — 4.  17 


2A2  MÊM0IBE8 

La  syllabe  initiale  TO  ou  TIIO  et  la  croiselle  qui  devait  la 
précéder  rempliraient  parfaitement  l'espace  laissé  vide 
autour  de  la  croix  du  champ. 

Le  castrum  Torinna  est  cité  pour  la  première  fois  dans 
les  Annales  de  Metz ,  d'après  lesquelles  le  roi  Pépin  le 
Bref,  dans  la  guerre  contre  le  duc  des  Gascons  Waifer  et 
contre  l'Aquitaine  insurgée,  prit  les  trois  forteresses  d'Es- 
coraille  {Scoralia),  de  Turenne  [Torinna)  et  de  Pey russe 
(  Pelrocia)  \ 

Aux  ix*etx*  siècles,  le  château  de  Turenne,  possédé  par 
des  seigneurs  décorés  du  titre  de  comte  et  plus  tard  de 
vicomte,  et  affranchis  du  payement  d'impôts ,  souveraios 
sur  leur  terre  et  ne  relevant  que  du  roi,  était  le  chef-lie^ 
d'une  vicairie  et  d'un  pagus  du  Limousin,  qui.  du  nom  de 
ce  castrum^  s'appelèrent  Torinensis,  Tornensis  ou  Torero 
nensis  et  puis  Turennensis  *. 

Le  nom  de  Clodoveo,  qui  est  inscrit  au  droit  de  notre 
triens,  est  assurément,  comme  l'a  pensé  M.  de  Longpérier, 
celui  du  roi  Clovis  II  (an  638  650),  ce  qui  donne  à  cette 
pièce  une  date  assez  précise.  Mais ,  à  la  différence  d'une 
monnaie  de  notre  série  précédemment  décrite  (n»4),  qni 
présente  également  le  nom  de  Clovis  H  en  légende,  la  tête 
ceinte  d'un  bandeau  perlé  et  le  col  orné  d'un  collier  de 
])erles,  Teffigie  encadrée  dans  la  légende  du  droit  ne  nous 
offre  ici  qu'une  tùtc  nue  et  un  buste  sans  ornement.  Ce  ne 


^  «  MuUns  munitioiios  adquisivit ,  castrum  videlicet  Scoraliaxn ,  foi 
(nîias  Thorinnam)  et  Pe*rociam.  .  -  Annal.  Francor,  Mett*n$,;  dmns  D.  Bouquet, 
Histor.  de  France  ,  t.  V,  p.  339,  et  dans  Pertt,  Monument.  German.  kUtwk. 
S5.,  t.  I,  p.  74-75. 

t  Cartulairede  Beaulien.  cli.  I,  IX,  XII,  XXIT,  XXXIII,  LXV,  LXM.  CVÏll 
CXI,  CXXVll,  CXXXII  et  CXLV.  —  Chartes  dn  Cartniuirtf  Ue  Tulle,  danf 
Baluze,  Histor,  Tutel,,  appriid.,  col.  341,  348,  354  et  3S2. 


ET   DISSERTATIONS.  2A3 

peut  être  celle  du  roi  Clovis,  encore  moins  celle  du  mon- 
nayer; ne  faut-il  donc  pas  y  voir  la  représentation  d'un  de 
ces  leudes,  qui,  en  possession  de  Torinna  et  du  grand  béné- 
fice que  ce  castrum  commandait,  y  faisait  frapper  monnaie 
à  son  effigie,  tout  en  maintenant  le  nom  du  prince  dans  la 
légende  circulaire  '  7 

IX*  GROUPE. 

BEYNAT. 

68. 1- BIAENATE  PAGO.  Tète  à  droite,  casquée  et 

ceinte  d*un  bandeau  perlé  se  prolongeant  sur  la  nuque  ; 
buste  babillé. 

ig.  +  SECONE  foONETA.  Croix  à  branches  égales,  can- 
tonnée des  lettres  L.E.Of).0,  accostée  à  l'une  de  ses  bran- 
ches d'un  gros  point  ou  globule,  et  entourée  d'un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  l8%15.  Deuxième  tiers 
du  VII*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  le  docteur  Voillemier,  à 
Senlis. 

L'origine  limousine  de  cette  pièce,  attestée  par  les  lettres 
qui  sont  dans  le  champ  du  revers,  n'a  pas  besoin  d'être 
démontrée.  M.  de  Longpérier  l'a  (dubitativement,  il  est 

'  Il  n*est  pas  sans  intérêt  de  ûiire  remarquer  que,  sur  la  monnaie  frappée 
dans  le  premier  Uers  du  xiii*  siècle  au  nom  des  vicomtes  de  Turenne,  la  croix 
da  rvrers  était  cantonnée  de  deux  annelets  sous  les  bras,  comme  celle  de  notre 
trt«naest  cantonnée  de  deax  globules  on  gros  points  (voir  une  obole  publiée 
par  M.  Fillon,  Études  nwniimatiq,^  p.  69,  pi.  II ,  n<*  16).  Le  droit  que  les  soi- 
gneurs de  Turenne  avaient  de  battre  monnaie  est  constaté  non- seulement 
par  une  sentence  de  la  reine  Blanche  de  1250  (Cf.  notre  introduction  au 
Cartolaîre  de  Beaulieu  ,  publié  dans  la  Collection  de*  documents  inédtU  defhii- 
fotr«  de  France  f  p.  xxzi,  not.),  mnis  par  un  passage  de  la  Chronique  do 
Geoffiroi  de  Vigeois  écrite  an  zii*  siècle  (Ph.  Labb.,  Nor.  BibUoth.  mes., 
t.  n,  p.  290). 


hk  MÊliOlEES 

vrai)  attribuée  à  Beynat,  chef-lieu  de  cantou  de  l'arrcDd»- 
sèment  de  Brive  (Corrèze)  '.  Cette  attribution  est  exacte,  et 
nous  croyons  pouvoir  la  justifier.  Le  vicomte  Adémar,  abbé 
laïque  de  Saint-Martin  de  Tulle,  fait  mention  dans  son  tes- 
tament, dressé  vers  Tan  930,  d'une  vicairie  du  Limousin, 
dont  Beynat  était  le  chef-lieu,  et  qui  s'appelait  ticaria 
Beennatensis  '.  La  différence  qui  existe,  dans  la  première 
syllabe,  entre  ce  nom  et  celui  qui  est  inscrit  sur  notre  triens 
provient  de  l'emploi  de  l't  pour  Te,  dont  nous  avons  tant 
d'exemples  dans  la  numismatique  et  dans  l'épigraphie,  en 
sorte  qu'il  y  a  identité  entre  Bienale  et  Beenale;  quant  aux 
lettres  AE  de  notre  légende,  elles  représentent  en  réalité  la 
diphthongue  œ  on  l'y;  des  Grecs ,  ce  qui  achève  de  nous  au- 
toriser à  retrouver  cette  légende  dans  le  nom  de  BeennaU 
du  testament  du  vicomte  Adémar. 

L'importance  et  l'antiquité  de  Beynat  (qui  a  toujours  été 
en  possession  d'une  église  paroissiale  et  dont  le  château  a 
joué,  du  reste,  dans  la  période  féodale  un  rôle  assez  consi- 
dérable )  résultent  bien  suffisamment  de  ce  fait ,  qu'il  était 
au  X'  siècle  chef-lieu  d'une  circonscription  judiciaire  et 
administrative. 

La  monnaie  ci  dessus  décrite  offre  un  intérêt  particulier 
en  ce  qu'il  n'existe  dans  la  numismatique  mérovingienne 
que  sept  pièces  (la  nôtre  comprise)  portant  des  noms  de 
pagi  :  ces  noms  sont  les  suivants  :  Àlbiviienfe  pago.  — 
Austrebanto.  —  Biaenate  pago.  —  Briennone  pago.—  Cam- 
bortese  pago.  —  Gavaielano.  —  Velecassino  '. 

<  Annuaire  de  la  Soci»'  </e  Vhiàtoirt  de  France^  année  1841,  p.  217. 

*  Chartes  du  Cartulaire  de  Tulle,  dans  Baloze,  BUt,  TWlef.,  appeod., 
col.  334. 

s  On  a  cru  voir  aussi  dans  Brionno  le  nom  d*un  poffuê  qui  serait  la  Broane 
duui  l'ancien  Berry  ;  mais  cette  opinion  me  sembli»  douteuM. 


ET  DISSERTATIONS.  2A5 

Le  type  de  la  tète  casquée  qui  caractérise  le  neuvième 
groupe  de  dos  monoaies  se  retrouve  :  1*  dans  ud  trieos  de 
Sarrou  qui  porte  sur  nos  plaoches le  n"  69  {Seroenno)^.e% 
que  nous  avons  décrit  à  propos  du  deuxième  groupe,  parce 
que  Tune  des  espèces  sorties  de  cet  atelier  se  rattache  au 
type  de  face  qui  distingue  ce  dernier  groupe  ;  2«  dans  un 
triens  d'Espagnac,  Espaniaco  (n"  70),  qui  porte  sur  le  front 
un  débris  du  type  casqué,  et  que  nous  décrirons  plus  bas. 
Ajoutons  que  ces^  deux  pièces,  ainsi  que  celle  de  Beynat,. 
(Mit  le  type  et  Tinscription  du  revers  identiques. 

ESPAGNAC: 

70.  —  E  wPANIACO  FI.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  ban- 
deau perlé,  terminé  au  sommet  par  une  grosse  perle,  et 
sur  la  nuque  par  deux  bandelettes;  buste  babillé;  un  fleu- 
ron devant  la  face. 

i.  +GONPOLENOc«  fo  {Gondolenos  m)..  Croix  latine 
poteocée,  cantonnée  des  lettres  L.E.OO.O. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l8',261.  Deuxième  tiers 
du  vu*  siècle»  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

71. 1-  SPANIACO  F.  Tète  à  droite,  ceinte  d'un  dia- 
dème de  perles  terminé  sur  la  nuque  par  trois  bandelettes 
perlées;  buste  nu  ;  sous  le  buste  une  rangée  de  cinq  perles. 

^.  —  T»RTEWINDVS  o>01  {Tirtewindus  moV).  Croix  la- 
tine potencée. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Or  fin.  Poids,  1«',20.  Troi- 
sième  quart  du  vu*  siècle.  —  Médaillier  de  M.  Ponton  d'A- 
mécourt. 

1  Le  premier  des  deux  V  a  été  gravé  sur  nos  plaueBcs  comme  u»  P  ;  mais 
«efct  bien  un  double  W  qui  cM  Inscrit  «ur  notre  pièce. 


2&6  MÉMOIRES 

Les  lettres  qui  cantonnent  la  croix  du  n*  70  en  fixent 
avec  certitude  le  lieu  de  fabrication  en  Limousin  ;  en  Fab- 
sence  de  cette  marque ,  le  type  de  nos  deux  pièces  en  dé- 
terminerait le  pays  d'origine.  M.  A.  de  Longpérier,  qui  a 
décrit  le  trions  d'Espaniaro  \  Ta  attribué  à  Espagnac*,  et 
cette  attribution,  non  plus  que  celle  du  triens  de  Spaniaco^ 
ne  peut  être  un  instant  douteuse  en  présence  des  nom- 
breuses chartes  des  ix%  x*"  et  xi*"  siècles,  où  il  est  fait  men- 
tion de  la  vicaria  Spaniacensis ,  subdivision  administrative 
de  Tancien  comté  de  Limousin  •. 

Il  est  à  remarquer,  d*une  part,  que  la  forme  Espantaco^ 
où  figure  la  prostesthétique  que  nous  trouvons  dans  le  vo- 
cable moderne  d'Espagnac ,  que  cette  forme  dégénérée  et 
sans  doute  usitée  dans  le  langage  vulgaire ,  a  été  employée 
par  les  graveurs  des  coins  de  nos  deux  monnaies  concur- 
remment avec  la  forme  primitive  de  Spaniaco  ;  d'autre  part, 
que,  d'après  les  monuments  précités,  plusieurs  siècles 
après  rémission  de  ces  pièces ,  on  se  servait  encore  exchx- 
sivement  dans  les  actes  écrits  de  la  forme  primitive  Spa- 
niacum^  Spaniacensis  ;  et  que  c'est  seulement  au  xiv*  siècle, 
en  13&3,  que  nous  trouvons  la  première  mention  de  la 
localité  dont  il  s'agit  sous  le  nom  d!E$panhacum  %  d'oft 
provint,  au  commencement  du  xvi*  siècle^  Espanhac^  et 
un  peu  plus  tard  Espagnac. 

<  Notice  sur  Us  monnaUt  de  la  collection  Roui»ea»i  p.  81,  pi.  Il,  n*  187. 

*  Canton  de  Laroche-Canillac,  arrondissement  de  Tulle  (  Corrèce  ). 

s  Cartulaire  de  Beaulieu,  chartes  CXLIY,  GLYI,  CLXX  ei  CLXIQI.  - 
Chartes  da  Cartulaire  de  Tulle,  dans  Baluze,  Hist.TuUL,  append.^  col.  332, 
366  ,  407  et  passim, 

*  Mss.  Biblioth.  imp.,  cart.  135,  1. 11,  p.  9. 


ET   DISSERTATIONS.  2A7 

X«  GROUPE. 

VALLIÈRES. 

72.  —  VALLARIA  VIGO  FI.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un 
bandeau  perlé;  buste  vêtu  du  pallium  muni  de  sa  fibule, 
WÏ9Î  que  du  lambrequin. 

i^.  +  GLAYIO  MONITARL  Croix  latine  à  branches  iné- 
gales,  cantonnée  sous  les  bras  des  deux  lettres  L.  E.,  sé- 
parée de  la  légende  circulaire  par  un  grënetis. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  1«%15.  Premier  quart 
du  vn*  siècle. — Ancienne  collection  de  M.  de  Reicbel,  con- 
seiller d*État  à  Saint-Pétersbourg, aujoiu-d'hui  à  l'Ermitage 
impérial. 

118. h  VALLARIA.  Tète  informe,  adroite,  ceinte  d'un 

bandeau  terminé  au  sommet  par  une  double  bandelette 
a&ctant  la  forme  d'un  V;  buste  orné  de  perles. 

Q.  +  GLAYIONE  MON.  Croix  latine  renversée. 

Eers  de  sou  d'or  inédit.  Poids,  l6',16.  Fin  du  vii«  siècle 
jovL  commencement  du  viii*.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'A- 
mécourt. 

Outre  ces  deux  trions  de  Vallaria^  il  en  existe  au  Cabinet 
des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale  un  troisième, 
qui  n'a  pas  été  reproduit  sur  nos  planches,  et  dont  la  lé- 
gende, quoiqu^en  partie  rognée,  permet  de  retrouver 
toutes  les  lettres  de  notre  n**  72  ^ 

1  M.  Gonbrotise  Ta  décrit  une  première  fois  avec  la  leçon  VALK.... 
VICO  n.  — t.  V+LLAVIO  MONITARI  [Alla*  dès  monn,  nntion.  Cntalnq. 
^M  mHwingimnes  ,  n«  840  ),  et  une  deuxième  fois  avec  la  leçon  VA  I.KNCIA 
VICO  (  Jfonel.  mérocing,,  pi.  XLVII,  n*  10).  Mais  la  publication  du  trions  de 
M.  de  Reichel ,  dans  le  tome  V  des  Mémoires  jfe  la  Société  arcluologique  de 
SaétU-Pétertbourg  (pi.  I ,  n"  11  ,  a  fait  cesser  tout  doute  au  sujet  do  la  légende 
iê  cette  pièce. 


SAS  MÉMOIRES 

Le  pays  d'origine  de  nos  trois  monnaies  est  détermioé 
par  le  type  du  revers  et  par  les  deux  lettres  LE,  initiales 
de  Lemovices.  Aussi  Duchalais,  en  reproduisant  la  première 
de  ces  pièces,  avait  cherché,  mais  vainement,  en  Limouân 
l'atelier  d'où  elle  était  sortie*.  Nous  croyons  pouvoir,  k 
Taide  de  documents  que  notre  regrettable  confrère  et  ami 
n'a  pas  connus  ou  qu'il  avait  négligé  de  consulter,  fixer 
avec  certitude  la  position  de  Vallaria  *  à  Vallières,  cbeMien 
de  canton,  arrondissement  d'Aubusson  (Creuse).  Cette  lo- 
calité de  l'ancien  diocèse  de  Limoges  donna  son  nom  à  ub 
petit  pays  appelé ,  dans  une  charte  de  Tan  631 ,  termimu 
VALLARIENSIS  ',  et  plus  tard ,  au  x*  siècle ,  d'une  circon- 
scription judiciaire  et  administrative  nommée  vicaria 
VALLARENSIS'.  Dès  le  xr  siècle,  le  vocable  de  Valiaria 
est  changé  eu  falieira  ',  qui  prépare  sensiblement  la  forme 
moderne  de  Vallière  ou  Vallières. 

Vallières  eut  également  de  Tiraportance  dans  Tordre 
ecclésiastique ,  car  on  le  voit  durant  le  moyen  ftge  en  pos- 
session d'une  église  paroissiale  et  d'un  prieuré  •. 

Nous  n'omettrons  pas  d'observer  deux  particularités  : 
la  première  relative  au  buste  du  n*  72,  qui  nous  offre 

<  Bevw  fitfmttm.,  année  1852,  p.  253,  pi.  VIII,  n<>  ISf. 

*  M.  de  Reichel ,  qai  avait  lu  V  ALLA  Kl  A  sur  le  n«  72,  a  propoeé  Yal-^»- 
(^oux  (  Vallis  Caulium  ) ,  diocèse  de  Langres ,  oa  Vaujour  (  ValKs  Gmmàm)  « 
diocèse  d'Angers ,  ou  bien  Yaucouleurs  (  Vallis  Cohr  )  ;  mais  la  Téritable  leçoa 
(  Vallaria  )  comme  le  type  s'opposent  à  ces  attribations. 

'  Charta  dicisionit  ftrsediorwn  Thêodilanm  matranse^  dans  la  CoUêcUom  eu 
chartes  et  diplômes ^  édition  de  M.  Fardessas^  t.  Il,  p.  9";  dans  Mabîlloo,  Oi  ff 
diplomatica,  t.  I,  p.  464. 

*  Mss.  Biblioth.  impér.,  collection  Dn  Chcsne,  t.  XXII,  fol.  220. 

*  «  Ecclesia  de  Valieira^  videlicet  sanctSB  Mari»  et  saneti  Martim.  •  Bulle 
du  pape  Urbain  de  Tan  1097.  Mss.  de  la  Biblioth.  impér.y-oolleetioii  Gi^ 
gniëros,  t.  186,  fol.  104. 

<  /6«/.,  t.  183  184  ,  fol.  lO.*),  «t  fonds  Saint-Germain  français  n*  878,  t  li 


ET   DlSSEaTATlONS.  HO 

le  rare  exemple  parmi  les  monnaies  mérovingiennes  du 
vêtement  antique,  lequel  atteste  une  fabrication  voisine 
de  la  fin  du  vr  siècle  ;  la  deuxième,  qui  est  relative  au 
nom  du  monnayer  Glavio  inscrit  sur  les  trois  pièces  de 
Valliëres  :  est-ce  ime  famille  de  monnayers,  dont  les  mem- 
bres ont  successivement  et  à  la  distance  de  trois  quai*ts  de 
siècle  fait  frapper  ces  triens  ?  ou  bien  est-ce  un  nom  qui 
s'est  immobilisé  sur  les  produits  de  Tatelier?  Il  est  difficile 
de  se  prononcer  sur  ce  sujet,  mais  je  pencherais  vers  la 
seconde  solution. 

Xh  GROUPE. 

BLON. 

78.  —  BLAT(K»>[A]GO.  Tète  à  droite,  ornée  d'un  ban- 
deau ;  buste  habillé. 

^.  -fSAVELONE  roONE[TA].  Croix  latine,  dans  une  cou- 
ronne de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d*or  pur.  Poids,  1<',16.  Dernier  tiers  du 
TU*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

74.  —  BLATOr^AGO.  Tète  à  droite,  ornée  d'un  bandeau, 
et  semblable  à  celle  du  n""  73  ;  le  buste  est  nu. 

^.  +  SAVELONE  coONETA.  Croix  latine,  dans  une  cou- 
ronne semblable  à  celle  du  n*  73. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  1»',26.  Dernier  tiers  du 
Tii*  »ècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

75.  —  BLATOMAGO  FIT.  Tète  à  droite,  ornée  d'un  ban- 
deau perlé  se  prolongeant  sur  la  nuque  ;  buste  nu  ;  derrière 
Tépaule  une  baguette  ornée  de  deux  rangées  de  quatre 
perles  chacune. 


!250  MÈMOmES 

^  ........  MONETARIO.  Croix  caDtoonée  des  lettres  LE. 

M.0. 9  et  séparée  de  la  légende  par  une  couroDne  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or.  Dernier  tiers  du  vn*  siècle.  —  Du 
cabinet  de  M.  Lambert,  cette  pièce  parait  avoir  passé  dans 
le  médaillier  de  M.  Cartier.  Car  Lelewel,  qui  Ta  publiée, 
annonce  que  M.  Cartier  lui  en  a  communiqué  le  des»n  '. 

76.  —  BLATOMO  SEl  M\RT  *.  Tète  adroite,  ceinte ffno 
bandeau  ;  le  col  et  le  buste  ornés  de  perles  ;  une  palme 
dans  le  champ  devant  le  buste. 

Si.  AEOLENO  m  ^  0.  Croix  latine  potencée,  ancrée,  avec 
un  I  ou  une  barre  posée  au-dessus  de  Tangle  formé  par  les 
deux  branches,  la  branche  de  droite  formant  un  R  ;  sous 
le  bras  les  deux  lettres  L  et  N  ;  le  tout  séparé  de  la  légende 
par  une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d*or  pur.  Poids,  1«',80.  Deuxième  tiers 
du  y II*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliotbëque 
impériale. 

Les  lettres  L.E.M.O.  qui  cantonnent  la  croix  du  n*  76 
prouvent  d'une  manière  irrécusable  Forigine  limousine  des 
pièces  de  Blatamago.  Quant  à  celle  de  Blatomo^  forme  cor- 
rompue de  Blatomagoy  les  lettres  L.N.  sont  très-vraisem- 
blablement les  .deux  consonnes  de  Le  No  que  nous  trouvons 
sur  notre  triens de fir^miltaco ,  Jumillac  (n*  15).  En  outre, 
le  type  et  le  style  de  fabrication  des  unes  et  des  autres  les 
font  attribuer  sans  hésitation  au  Limousin.  C'est  là,  du 


'  NumiJtmatiq.  du  moyen  dge^  1. 1,  p.  74,  pi.  IIl,  n*  61. 

*  Le  T  pincé  à  la  suite  de  la  légende  et  formant  HAUT,  pourrait  êtr» 
dérô  comme  représentant  une  partie  de  la  croisette  qui  cidtte  anoai  fréqnem* 
ment  en  tête  des  légendes  circulaires.  Mais  il  est  à  remarquer,  d'une  part, 
que  les  trois  autres  monnaies  de  Blon  (n**  73,  74  et  75)  ne  portent  pu  ao 
droit  cette  croisette ,  et ,  d*autre  part ,  que  les  initiales  MarU  s'accordent  trH- 
bien  avec  le  nom  du  patron  de  l'église,  qui  est  saint  Martin. 


ET  DISSERTATIONS.  261 

>iis  les  Dumismatistes  ont  cherché  Tatelier  d'où 

rties. 

i¥el  '  et  Cartier  '  ont  proposé  de  placer  l'atelier 

à  Saint-Priest-le-Bétoux,  qui  reçoit  aussi  quel- 

lom  de  Saint-Priest-le-Blétoux.  Ce  dernier  root 

ait  dériver  de  Blalomago  ou  Blatomo. 

"ouse  a  adopté  cette  proposition'.  Duchalais 

enté  de  dire  que  c'était  «  un  lieu  inconnu  du 

qui  frappait  des  espèces  au  nom  et  probable- 

•refit  de  saint  Martial  de  Limoges  ^  ;  »  et  notre 

avait  fait  observer  avec  raison  que  Sainte- 
Hùux  ne  pouvait  convenir  h  la  légende  Blatomo 
ut  supposait  nécessairement  un  autre  vocable 
t  saint  Priest  {sanctas  Projecius  ) ,  mais  il  n'était 
i  à  conclure  que  ce  vocable  fût  celui  de  saint 
nous  allons  montrer  qu'il  fallait  y  voir  celui 
-tin  de  Tours. 
la  localité  désignée  a  porté  au  moyen  âge  les 

de  Beto$ ,  Betono  et  Bethorio  %  et  dans  les 
rvi*  et  XVII*  siècles ,  ceux  de  Lobeiaus  ou  de 
-le-Bitoux.  Il  faut  descendre  au  xviii^  siècle 
r  la  forme  Blétoux^  qui  a  été  employée  par 
le  Dictionnaire  d'Expilly  et  dans  la  Géographie 


■I.,  année  1838,  p.  260-261,  pi.  IX,  n«*  3,  6  et  7. 

mn.  naUonn,  Catalog.  dea  Méroving,,  n**  159, 169  Mf ,  159  tmr  «t 

Uê  vumét.  méroving.,  pi.  XY,  n""  5  et  6;  pi.  XLI,  n"  8. 

M.,  année  1842,  p.  31. 

de  Bttos,  canoQÎcus  Lemo\ic.  Kcc]e8ia>.  >*  Acte  de  J399.  —  lo. 

diaconae  de  Benevento.  ><  Acte  de  1403  —  **  Petrus  de  Btthorio 

I ,  canonicus  Lemovic.  Eccleua:.  •«  143 1*  1438, 1444  et  1451. 

II.  impér.,  collection  Gaiguières,  t.  186,  p.  49,  50,  61  et  53^ 


352  MÉMOIRES 

de  la  France  de  DumouliD^  forme  toute  moderne  qui  ne 
saurait  autoriser  un  rapprochement  avec  la  légende  BlaUh 
mago  on  Blalomo. 

Cest  à  Blond  ou  plutôt  Bien,  chef-lieu  de  commune  dan» 
le  canton  de  Bellac  (Haute-Vienne),  qu'il  faut  attribuer 
nos  triens. 

Ce  bourg  est  mHnmé,  vers  1177^  Blahanium*  où  Hk 
remplace  le  l  de  Blalomum;  et  en  1238,  jBIaomttini ',  et 
persiste  encore  Y  m  initiale  de  la  troisième  syllabe  ;  et  aux 
xv*  et  xvr  siècles,  Blon  ou  Blonium  '.  C'est  encore  à  Du- 
moulin et  Expilly  qu'on  doit  l'addition  du  d  qui  termine  le 
vocable  moderne  de  Blond. 

On  voit,  d'après  ce  qui  précède ,  que  le  nom  de  l'atelier 
dont  il  s'agit  a  été  d'abord  Jff/a/omagta,  qui  s'est  contracté 
en  Blatomum^  comme  Cassinamagus  en  Cassanamus  ou 
Cassanomum ,  Argenîamagus  en  Argentomm  ou  Argenlo- 
mum;  que  Blatomum  a  fait  Blatomium  ou  Blatannm 
comme  Argeniomum  a  fait  Argenianium  ;  que  la  consonne 
médiane  s'est  d'abord  affaiblie  et  a  disparu  pour  laisser  le 
mot  Blaomium  et  puis  Blaonium  se  contracter  en  BUmium 
et  Blon. 

Quant  au  saint  sous  l'invocation  duquel  l'élise  de  Non 
est  placée,  son  patron  ancien  et  moderne  est  saint  Martin 
de  Tours,  ce  qui  s'accorde  parfaitement  avec  la  légoide 

'  •«  Gnido  sive  Guîgo  de  Blahonio.  <i  Nommé  à  cette  date  pArmi  les  abbéi  àt 
Saint-Junien.  —  Mss.  Biblioth.  impér^  collection  Gaignièrea,  U  lSS-19li 
p.  229  et  238.  —  D.  Estiennot  le  fait  vivre  vers  1170  <m  1175.  Aniiq.  twiAcl.y 
t.  I'%  fol.  222.  Ce  dernier  cite  un  6.  de  B(aùn,Mbé  du  Dorât  en  120e.  Mi,, 
foU  601.  Nov,  Gall,  chrût.^  t.  II,  col.  550. 

*  «  Umbertns  de  Blaomio.  »  Collection  Gaignières,  1. 186,  fol.  353  «i  363. 

*  ••  Dauphin  de  Blon,  »  Acte  de  1480.  Mss.  Biblioth.  impér.,  coUectioB  Gii* 
gniëres,  t.  1B3-184,  fol.  334.  —  «  Ecclesia  parroehialis  de  Blamio,  »  Acte  4» 
1502,  dans  la  môme  collection,  t.  186,  fol.  103. 


ET  DISSERTATIONS.  253 

de  notre  n*  76  (SCI  MART.  ),  et  nous  donne  en  même  temps 
sa  véritable  interprétation. 

Blon  est  une  localité  ancienne,  auprès  de  laquelle  on  a 
reconnu  les  débris  de  l'ancienne  voie  romaine  qui  faisait 
communiquer  Limoges,  l'antique  Augustorilumy  avec  Poi- 
tiers, l'ancienne  Limonum.  Une  tradition  indique  à  côté  du 
bourg  actuel  l'emplacement  d'une  ville  détruite,  dont  on  a 
aignalé  de  remarquables  vestiges  '. 

Notre  attribution  est  donc,  sous  tous  les  rapports,  com- 
plètement justifiée. 

NOVIC  ou  NOUÏC. 

77. hFLAVLFO  MON.  Tète  à  droite,  ceinte  d'un  ban- 
deau perlé  terminé  sur  la  nuque  par  un  rouleau  ou  anneau 
de  perles;  le  col  orné  dune  rangée  de  perles;  buste 
babUlé. 

^.  NOYOVICO  FIT  OOON.  Croix  latine  surmontée  d'un 
demi-cercle  qui  rappelle  la  forme  de  la  croix  ancrée ,  sépa- 
rée de  la  légende  par  une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  l*',Oô.  Fin  du  deuxième 
tiers  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale  *. 

78. [-FLAVLFAS  M.  Tête  à  droite,  coiffée  d'un  cha- 
peron, et  ceinte  d'un  bandeau  perlé  terminé  au  sommet 
par  une  grosse  perle  et  se  prolongeant  sur  la  nuque;  le  col 
orné  d'un  collier  de  grosses  perles;  buste  babillé. 

R.  +  NOVOVICO  FIT.  Croix  latine  posée  sur  un  globule  » 
portant  un  R  et  un  G  attachés  chacun  à  un  côté  delahaste, 

*  Alloa,  De»cript.  an  iiionwm.  dt  U  HatUe-Vienne^  p.  307  et  320. 

•  Cette  monnnie  a  «té  claeeée  parmi  le»  incertaines  (  tiroir  21  '  ;  mais  o»  l'a 
fort  à  tort  attribuée,  par  une  étiquette,  à  la  eité  angninê. 


2Ô&  MÉMOIRES 

et  sous  le  bras  gauche  un  A  '  ;  autour  de  la  légende  une 
couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  i^^26.  Fin  du  deuxième 
tiers  du  vn«  siècle.  —  Cabinet  des  médiûlles  de  la  ttblio- 
thèque  impériale  '. 

Le  n""  77  présente  au  droit  une  efligie  qu'il  suffit  de 
rapprocher  de  celles  de  Blatùmago  (n**  73  et  7 à)  pour 
prouver  que  ces  pièces  sont  sorties  du  même  pays.  La  cou- 
ronne et  l'anneau  de  perles  qui  la  terminent  d'une  manière 
si  caractéristique  sont  identiques  avec  ceux  d'une  monnaie 
de  Limoges  (n°  7).  Le  revers  est  du  style  limousin  le  plus 
accentué.  Quant  au  n**  78 ,  il  porte ,  avec  le  même  nom 
d'atelier,  celui  du  même  monétaire,  et  il  suit  dès  lors lat- 
tribution  du  n*»  77.  Il  a  seulement  au  droit  un  buste  ana- 
logue à  ceux  des  pièces  poitevines  ;  mais  cette  circonstance 
ne  fait  qu'ajouter  à  la  force  de  notre  démonstration  :  car 
Blon  {Blatomagus)  et  le  lieu  auquel  nous  proposons  d'at- 
tribuer nos  deux  pièces  sont  très-voisins  du  Poitou. 

Il  existe  en  Limousin  plusieurs  localités  du  nom  de 
Neuvic ,  Novic  ou  Nouïc ,  qui  dérivent  également  du  latin 
Novo  vico.  Nous  citerons  Neuvic,  chef-lieu  de  canton  dans 
l'arrondissement  d' Ussel  (Corrèze) ,  et  voisin  de  l'Auvergne  •; 
Neuvic,  simple  hameau  situé  au  centre  du  Limousin,  dans 
la  commune  de  Saint-Vit,  canton  de  Chàteauneuf,  arrondis- 

*  Nons  avonB  expliqué  pins  hant,  chap.  I*',  {  2  (  t  jpe  du  rêver* ),  k  miao- 
gramme  formé  do  la  croix  et  des  lettres  susmentiano^es  par  la  fonondt 
Crus  Gloriosa. — M.  Guillemot  y  a  vu  sans  raison  le  monogramme  dA  GootrtB. 
Catalogne  des  monn.  méroving.^  publié  en  1845. 

*  Où  cette  pièce  est  également  rangée  parmi  les  incertaines. 

s  II  y  avait  au  xiii'  siècle  un  prieuré,  comme  le  prouTo  un  acte  de  1MS| 
tiré  des  archives  de  Saint- Angol,  près  Yentadour.  —  Msa.  Biblioth.  impér., 
cnrtttl.  135^  t.  Il,  p.  53.  —Voir  aussi  collection  Gaignièrea ,  t.  m*  184, 
p.  195. 


ET    DISSEBTATIONS.  266 

sèment  de  Limoges  (Haute-Vienne)  ^  Mais  nous  leur  pré  - 
ferons  «sans  hésiter  Novic  ou  Nouïc,  chef-lieu  de  commune 
dans  le  canton  de  Mézières,  arrondissement  de  Bellac 
(Haute-Vienne)  et  situé  près  de  Blon  {Blalomagus),  dont 
nos  triens  reproduisent  le  type  d'une  manière  si  accen- 
tuée. 

La  voie  romaine  de  Limoges  à  Poitiers,  qui  passait  à 
Blon,  traversait  le  bourg  de  Novic  ou  Nouïc  '  :  on  a  trouvé 
anr  son  territoire  des  tumulus  qui  contribuent  à  prouver  son 
antique  origine',  et  nous  sommes  assuré  qu'au  moyen 
âge  il  eut  une  église  paroissiale  et  un  prieuré  de  femmes  \ 

n  existe ,  outre  nos  deux  triens,  une  monnaie  de  Novic 
qui  ne  flgure  pas  sur  nos  planches  et  qu'il  importe  de  dé- 
crire ici  d'après  la  gravure  qu'en  a  donnée  M.  Conbrouse  '. 

+  NOVO  VIEO.  Tête  coiffée  d'un  chaperon  ou  diadème 
de  perles  fermé,  et  terminé  sur  la  nuque  par  un  rouleau 
ou  anneau  de  perles;  le  buste  habillé  orné  de  perles  au 
pourtour;  une  croix  sur  le  visage. 

^.  FFANVFFVA  {Flanulfus) .  Croix  latine  potencée,  fichée 
sur  un  globe. 


*  Ce  lunneaii  était  au  x'  siècle  ohef-Iieu  d'une  vicairie  appel<^e  vicaria  >o- 
wémeemêiê  ou  Noticenêis.  Nov,  Gall.  Chritt.^  t.  Il,  instrum.,  col.  170.  —  Mss. 
BiUiatb.  impér.,  cartul.  135,  t.  I,  p.  109,  233  et  275. 

*  Cette  Toie,  qui  est  aseez  bien  coueervée  sur  une  certaine  étendue,  passait 
par  le  Mas  Vergne,  SaintGenee,  Mortemart,  Novic,  Gajouben  et  le  bourg  de- 
Liale-Jonrdain ,  à  trots  quarts  de  lieue  duquel  les  traces  ont  <'tc  perdues. 
AUon,  Dtêcript,  de»  monum.  de  la  HnntB-Vitnne^  p.  277  et  307. 

s  Bulletin  d»  ta  Société  des  ariê  et  science»  de  la  Creuse ,  1856 ,  p.  370.  On  tk 
iéeonvert  de  nombreux  tombeaux  dans  la  rue  principale  qui  aboutit  à  Téglise» 
AUoa,  lot.  cit.,  p.  334. 

*  •  Domina  Ben aia ,  prîorissa  de  Noico.  »•  Acte  de  1237.  Mi«.  Bibliotb. 
impér.t  collection  Gnignière^,  t.  186,  p.  459. 

*  lUeueil  des  monnétaires  mérovingiens j  pi.  XXXlll,  n*  23. 


266  MÉMOIRES 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids.  1«',20.  Deuxième  tiers  du 
>ir  siècle.  —  Médaillier  de  M.  de  Saulcy  \ 

Le  monnayer  qui  a  signé  cette  pièce  est  évidemment  le 
même  que  le  monnayer  FlaulfuSj  dont  le  nom  est  inscrit 
sur  les  n*'  77  et  78.  Les  ornements  de  la  tète  et  du  buste 
reproduisent  d'une  manière  remarquable  ceux  du  n*  78. 
Le  vocable  de  l'atelier  est  identique  à  celui  de  nos  triens. 
Il  n*y  a  donc  pas  à  douter  que  ce  ne  soit  une  monnaie  de 
Novic  '.  D  un  autre  côté,  la  croix  gravée  sur  le  visage  da 
droit  et  la  croix  du  revers  la  différencient  des  deux  autres. 

On  connaît  d'autres  triens  à  la  légende  Novo  rtco,  mab 
avec  d'autres  '  monétaires  (  Theodiricus  ,  Evosim ,  Tk0- 
vald^  etc.  )  et  avec  d'autres  types  que  celui  de  Novic  en 
Limousin,  et  par  conséquent  étrangers  à  notre  série  '. 

MONTIGNAC. 

79.  —  MONTINIAGO.  Tète  à  droite  ceinte  d'un  banéeau 
perlé,  terminé  au  sommet  par  une  grosse  perle  ;  collier  de 
perles  ;  buste  habillé. 

^.  +  EODVLFO  MOiVE.  Croix  égale,  cantonnée  aux  pre- 
mier et  deuxième  cantons  des  lettres  L.E.  La  croix  et  b 
légende  entourées  chacune  d'une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«',10.  Fin  du  deuxième  tiers 
du  VII*  siècle.  —  Médaillier  de  M.  Ponton  d' Amécourt  \ 


*  Conbroaie,  Atlas  deê  monn.  franc.  Catalog.  dês  Méroting,.,  n*  574  ttr. 

*  Cest  donc  à  tort  qu'on  l'a  attribuée  à  Nenfvy  cm  Kenfvîc  en  Lofrainc. 
Conbrousc,  loc.  cit, 

*  Les  nuDiismatistes  en  ont  laissé  la  position  indécise  ;  ils  se  sont  contenta 
dMndiquer  Nêutic  ou  Neuty^  sans  préciser  autrement  remplacement  on  voltm 
la  province. 

*  Cette  pièce ,  après  avoir  appartenu  à  M.  de  Roncy,  juge  à  CompiègMf  • 
été  acquise  par  M.  J.  Rousseau,  qui  Ta  cédée  au  possesseur  ««tiid. 


£T   DISSERTATIONS.  257 

L* origine  limousine  de  ce  triens  est  attestée  à  la  fois  par 
les  initiales  LE  inscrites  au  revers,  et  par  le  style  de  fabri- 
cation. 

II  existe  en  Limousin  plusieurs  localités  du  nom  de 
Montignac  :  Tune  au  N.  E.  d'Aubusson  et  au  S.  E.  de  Saint- 
Alpinien;  une  deuxième  à  TE.  S.  E.  et  près  de  Limoges, 
sur  la  rive  gauche  de  la  route  de  Limoges  à  Cleimont  par 
les  AUois;  une  troisième  au  N.  N.  E.  de  Limoges,  à  droite 
de  la  route  de  Limoges  à  Paris,  à  la  hauteur  de  Beaune  ^ 
C'est  le  premier  de  ces  villages  qui  me  pai'aît  devoir  être 
préféré  parce  qu'il  se  trouve  dans  la  zone  occupée  au  nord 
de  l'ancien  Limousin  par  le  type  secondaire  dont  nous  dé- 
crivons le  groupe,  et  que  de  plus  le  monnayer  Eodulfus  dont 
le  nom  est  inscrit  sur  notre  triens  est  sans  doute  le  même 
qui  a  frappé  non  loin  de  là,  à  Nouhant  {IS'ovoanlruy  n*  120). 

II  n'est  pas  douteux  que  ce  lieu  a  porté,  comme  les  autres 
du  même  nom,  le  vocable  latin  Monliniacum.  C*est  p(3Ut- 
ètre  là  qu'il  faut  voir  le  MonUmacum  désigné  dans  une 
charte  du  cartulaire  dMîzerche  de  117A  '. 

XOriîAXT. 

120.  —  NOVOANTRV.  Tête  barbare  à  droite,  couronnée; 
buste  habillé  et  orné  au  pourtour. 

A  EODVLFO  MONET  '.  Croix  latine ,  légèrement  po- 
tencée  ,  avec  une  pointe  au  sommet  de  la  baste  ;  le  tout 
dans  un  grèneti?. 

•  Caâsini,  n»  33,  f.  14. 

'M^s.  Bibliotli.  impér.f  collection  GuigniiTcs,  t.  185,  p.  66. 

•  On  pourrait  lire  au*? i  TEODVLFO  MONE.  Mais  la  leçon  Fcâvifo  mouef, 
Dooa  ft  paru  préférable  parce  qu*uii  triens  de  In  nn.^ine  rt^gion  (  Montittiaro, 
n*  79    est  signé  d'un  monnayer  du  m^me  nom. 

1862.  —  4.  '18 


258  MÉMOIRES 

Tiers  de  sou  d*or.  Fin  du  vu*  ou  commencement  du 
Yiir  siècle.  —  Cabinet  de  M.   le  comte  de  Gourgue. 

Le  revers,  avec  sa  croix  gravée  dans  un  champ  bien 
espacé,  est  du  style  limousin  ;  et  quant  à  l'efligie,  malgré 
la  grossièreté  du  dessin,  qui  fait  descendre  cette  pièce  au 
viii«  siècle,  elle  rappelle  encore  le  travail  des  gravures  de 
coins  de  notre  province. 

M.  le  comte  de  Gourgue ,  qui  a  lu  au  droit  Novousiru  au 
lieu  de  Novoaniruy  a  proposé,  dubitativement  d'ailleurs, 
de  rattr'd)uer  à  Nontron.  «En  prononçant  Noanu»lru^  il  y 
a  a,  suivant  Thonorable  archéologue,  presque  identité  de 
a  nom;  dans  un  titre  «ancien,  ajoute-t-il ,  ce  nom  est  écrit 
(«  Nunlrum\  » 

Nontron  ,  localité  importante  de  Tancien  Limousin ,  con- 
viendrait, sous  ce  rapport,  à  Tattribution  proposée  :  nous 
possédons  un  titre  du  mois  de  mai  785,  le  testament  du 
comte  Roger,  où  elle  est  appelée  caslrum  Nunlroneme^  et 
cette  forme  n*est  pas  en  effet  très-éloignée  de  celle  de  No- 
vnanlru.  Mais  nous  croyons  pouvoir  indiquer  une  position 
(jui  est  à  nos  yeux  préférable  :  c'est  Nouhant.  Si  l'on  pro- 
nonce la  légende  de  notre  triens  Nouomitru ,  on  voit  que 
oan  s'est  simplement  contracté  en  la  forme  han ,  ou  1* 
remplace  Yo  disparu  '. 

iNouhant,  qui  est  situé  dans  l'ancien  diocèse  de  Limoges, 
avait  au  moyen  âge  une  église  paroissiale  ',  et  est  aujour- 


»  Revue  numism. ,  année  1841 ,  p.  187-188,  pi.  X,  n-  20.  —  Cf.  Conbrou8e,K^ 
cueil  des  monêt.  méroving.,  pi.  XXXIÎI,  n*  18. 

*  NOVOan/rum  a  Tait  NOUhniit ,  ooimne  XOVOnVoa  fait  NO Cïc  Voir  ce 
qnî  est  dit  ci-dessus  touchant  les  n"*!!  ft  70. 

3  ••  Ecclesia  parrochiaiis  de  Nolmnto  ad  priesfnlfttionein  al.batis  Burgiclo- 
liensis.  t*  Acte  de  1483.  Mss.  Bibliotb.iinpêr.,  ccr.ection  Onignitres,  t.  183-184, 

p.  lin. 


tT   DISSERTATIONS.  259 

(Thui  chef-lieu  de  commune  dans  le  canton  de  Boussac, 
arroDdissement  de  Chambon  (Creuse). 

Le  monnayer  Eodulfus,  qui  a  signé  notre  triens,  parait 
avoir  également  frappé  non  loin  de  là,  à  Montignac 
(n-79). 

AJAIN  K 

80.  —  AGENNO  FIT.  Tète  à  droite,  ceinte  d'un  bandeau 
perlé  terminé  au  sommet  imr  deux  perles,  et  sur  la  nuque 
par  trois  bandelettes  i)erlées  ;  buste  habillé  et  orné. 

^.  +  bObbOLO  MO  •-  N.  Croix  latine  surmontée  d'un 
demi-cercle  qui  rappelle  la  forme  de  la  croix  ancrée  ;  le 
tout  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  l8%30.  Deuxième  tiers  du 
VII*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
impériale. 

L'effigie  de  cette  pièce  reproduit  d'une  manière  frap- 
pante le  type  an  front  démesurément  bombé  qui  caracté- 
rise les  triens  du  onzième  groupe ,  et  particulièrement 
ceux  de  Blon  (n**  73,  7 à  et  75)  et  de  Novic  ou  Nouïc 
(n*  77)  ;  la  croix  du  revers  est  identique  à  celle  du  n*  77  : 
c'est  pourquoi  nous  pensons  qu'elle  doit  être  rangée  dans 
notre  série  et  dans  le  groupe  susindiqué  ;  or,  dans  le  ter- 
ritoire occupé  par  ce  groifpe,  il  existe  une  ancienne  localité 
appelée  de  nos  jours  Ajaiiu  au  moyen  âge  Aginnum^  ou 
Augentêum  ',  et  qui ,  d'après  ces  deux  formes  combinées, 

«  Chef-lien  do  commnne  ,  dans  les  canton  et  arrondwsenîent  de  Guérct 
(  Crenwî  ). 

«  «  Fulcheriuii  de  Aginno.  »  Mm.  Bibliotli.  iinpér.,  c.irt.  135  ,  t.  I ,  p.  317. 
Cf.  i6«f.,  p.  98. 

•  -  Kasales  qui  snnt  inter  ecclesiam  et  Lcbeouia  et  eFsachas  colliberlorum 
monasterîi  de  Augmno  condamina  m  solidos  et  dimidium.  h  Ibid  ,  p.  311. 


2(50  MÉMOIRES 

a  bien  pu  porter  sous  les  Mérovingiens  le  nom  iYAgennum. 

Ajain  a  eu  de  tout  temps  une  église  paroissiale  :  il  avait 
au  plus  tard,  au  xn*  siècîe,  un  monastère  qui,  dans  des 
temps  plus  récents,  fut  remplacé  par  un  prieuré.  Son  im- 
portance et  son  antiquité,  comme  sa  position,  rendent 
donc  assez  vraisemblable  Tatlribution  que  nous  indiquons 
ici. 

La  ville  d'Agen,  qui  s'est  appelée  dans  les  temps  anciens 
et  au  moyen  âge  Aginnum  et  Agentium,  semblait,  au  pre- 
mier abord,  être  en  droit  de  revendiquer  notre  triens.  Mais 
nous  rappellerons  le  principe  posé  dans  plusieurs  endroits 
de  notre  travail,  à  savoir  qu'en  présence  de  l'existence  sur 
le  sol  de  la  Gaule  de  plusieurs,  parfois  même  de  nombreuses 
localités  du  même  nom,  il  faut  avant  tout  consulter  le  type 
et  le  style  de  la  monnaie  pour  en  déterminer  l'attribution, 
et  qu'à  cette  considération  doivent  être  subordonnées 
toutes  les  autres,  même  celle  de  l'importance  de  telle  ou 
telle  des  localités  concurrentes. 

M.  Adrien  de  Longpérier,  qui  le  premier  a  publié  cette 
pièce  \  a  fait  remarquer  avec  raison  le  nom  du  monétaire 
Bobbolo,  dans  lequel  on  trouve  nettement  accusée  la  forme 
cursive  du  6,  et  qui  est  un  premier  diminutif  de  Bobo  :  le 
deuxième  est  Bobolenus  ou  Bobbolenm. 

BrGIIJOKE  ou  SAGILIONE.  (Lien  inconim  «hi  Limonsini) 

81. \-  8VGILI0N€  VI.  Tête  à  droite  ceinte  d'un  ban- 
deau perlé,  terminé  sur  la  nuque  par  deux  bandelettes; 
buste  babillé. 

fi.  AGV..  VON  +  20  MON.  Croix  égale  potencée ,  haus- 

•  .Yurice  sur  la  coUtction  Bousneau,  p.  87,  pi.  IJ,  n*  197. 


KT    DISSERTATIONS.  26 1 

sée  sur  uu  degré  ,  dans  une  couronne  de  perles  ;  la  légende 
est  également  entourée  d'une  couronne  de  perles. 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  1«%05.  Fin  du  deuxième 
tiers  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale. 

Cette  pièce  nous  offre,  principalement  au  droit,  le  type 
et  le  style  de  fabrication  du  Limousin  -,  la  petite  houppe 
sur  le  front,  la  forme  du  bandeau  et  la  croisette  {)osée  sous 
les  bandelettes  qui  le  terminent ,  les  vêtements  du  buste, 
la  font  attribuer  avec  la  plus  grande  vraisemblance  à  cette 
^  province.  Toutefois  nous  n'avons  trouvé  jusqu'à  présent 
aucune  localité  appelée  Sugilio  ou  Sagilio  :  la  seule  dont 
le  nom  se  rapproche  un  peu  de  notre  légende  est  une 
villa  Sagia  mentionnée  dans  un  ancien  titre  du  Limousin  ; 
mais  nous  ne  voyons  pas  dans  ce  rapprochement  un  motif 
suffisant  pour  proposer,  même  conjecturalement ,  cette  at- 
tribution \ 

FURSAC. 

82.  —  +  FERRVCIACO.  Tète  nue  à  droite  ^  buste  ha- 
billé. 

^.  -fTEODOALDa  ^.  Croix  égale,  ayant  une  pointe  fichée 
à  chacune  des  deux  extrémités  de  là  haste  ;  accostée  d'un 
point  à  îa  branche  droite  et,  sous  lés  bras,  dés  lettres  l.K. 
(LE)  ;  le  tout  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  en  électrum.  Poids,  1«',25.  Fin  du  deuxième 
tiers  du  vir  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale. 

•  Le»  TiamUmatiïtu»  n'ont  encore  indiqué  aucmic  position.  Voir  ConbrouH» , 
il«c.  des  monél.  méroring.,  où  notre  monnaie  est  mal  reproduite  (pi.  XLÎX, 
u*  20).  —  Guillemot  [Calalog,  )  et  Fillon  (  Hevue  numism.,  année  1815,  p.  25.  ) 


262  SiÉMOlRES 

88. h  FERRVCIA.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  ban- 

deau  prolongé  sur  la  nuque  par  deux  bandelettes  ;  buste 
habillé  ;  le  tout  dans  un  grënetis. 

1$.  4-  GVNDOALDO  M.  Croix  cantonnée  des  lettres 
L.E.^.O.  ;  le  tout  dans  un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or  fin.  Poids,  1»',20.  Dernier  tiers  du 
\iV  siècle.  —  Médaillier  de  M.  le  comte  de  Gourgue. 

84. h  FIRRVCIAC.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  ban- 

deau  prolongé  sur  la  nuque;  buste  habillé  et  orné  de 
perles  ;  le  tout  dans  un  cercle  de  perles. 

^.  +  GVNDOALDO  X.  Croix  longue  potencée  ;  le  tout 
dans  une  couronne  de  perles  ou  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  lp',05.  Deuxième  tiers  du 
Tii*  siècle. —  Médaillier  de  M.  le  prince  de  FQrstemberg ,  à 
Donauesc&ingen  ^ 

Il  serait  superflu  de  chercher  à  démontrer  l'otigine  li- 
mousine des  deux  pièces  de  Ferruciacus  (n**  82  et  83)  :  les 
lettres  inscrites  dans  le  champ  de  leur  revers  Tattesteot 
suffisamment.  A  Tégard  du  n*  8i ,  nous  ferons  remarquer 
le  style  des  deux  côtés,  si  franchement  limousin ,  Teffigie, 
les  ornements  et  la  croisette  du  droit,  identiques  à  ceux  de 
Brive  (n*  63) ,  et  qui  à  eux  seuls  détermineraient  l'attri- 
bution à  notre  province;  enfin,  la  signature  du  même  moné- 
taire {GundoaldtLs) ^  dont  le  nom  est  gravé  au  pourtour  de 
notre  n""  83.  On  avait  lu  dans  le  principe,  au  droit  du  n*  8i 
rtrructaco,  et  on  l'avait  attribué  à  Troucey,  près  deToul, 

1  M.  Guillemot  possède  dans  sa  colloction  un  triens  qui  porte  ao  druit 
FERRV,  au  revers  GENARDO  {^Catalogue  de»  monn,  meran'nyteniiM  ) ,  et 
qui  est  peut-être  une  quatrième  pièce  soriie  do  Tatelier  de  Farsac  Kaii 
n'ayant  pas  eu  encore  le  moyen  d'en  vérifier  le  type ,  nons  noua  bornons 
à  en  indiquer  l'existence ,.  sans  rien  conjecturer  touchant  aoo  attrilm* 
tion. 


HT    DISSERTATIONS.  263 

en  Lorraine*;  mais  la  gravure  que  nous  en  donnons  ne 
laisse  aucun  doute  à  ce  sujet  :  la  lettre  initiale  est  un  F 
dont  la  barre  transversale  supérieure  a  été  prolongée  en 
arrière  de  manière  à  suggérer  Tidée  d'un  T. 

MM  Adr.  de  Longpérier,  Gonbrouse  et  Guillemot'  ont  in- 
diqué dubitativement  la  position  de  Ferruciacus  à  Ferrussac, 
dont  le  nom  moderne  conviendrait  bien,  mais  qui  est  situé 
€u  Auvergne,  et  doit   par  cette  seule  raison,  être  écarté, 

M.  le  comte  de  Gourgue  a  pensé  qu'il  fallait  y  voir  peut* 
être  le  faubourg  de  la  ville  de  Limoges  appelé  Ferrerie  ', 
Mais  ce  nom  provient  évidemment  du  latin  Ferraria. 

Nous  croyons  être  en  mesure  de  démontrer  que  noire 
triens  doit  être  attribué  à  Fursac. 

La  plus  ancienne  mention  que  nous  connaissions  de 
cette  localité  remonte  au  x*  siècle,  et  nous  Ty  voyons 
chef-lieu  d'une  circonscription  administrative  du  Limousin, 
appelée  vicaria  Firciaceiws  \  ce  qui  suppose  le  substantif 
Firciams. 

Une  charte  du  chapitre  canonical  de  Bénévent,  qui  re- 
monte au  xiii'  siècle ,  nous  offre  la  forme  de  Furciacus  ^  ; 
peu  d'années  auparavant,  le  chroniqueur  Geoifroi  de  Vi- 

>  Jd.  de  Sauloy,  Obêertatioru  numtsmatiqw*  ^  Metz ,  1834,  n*  IL;  Jiccue  ttutn. 
ann^  1836,  p.  128-129. — Cf.  Conbrouae  ,  Bec.  des  monit,  mêrocing.^  pi.  XI.IV, 
n*  12. 

*  Annuaire  de  la  Société  de  Vhitt.  de  France  ^  année  1844,  Liste  des  atelier» 
mtonét,  mérovingiens.  —  Atlas  des  monnaies  nationales,  ('atalogue  des  méroriny. , 
n*  425,  p.  28.  —  Catalog.  des  metnn.  méroving.^  année  1845. 

>  Bwue  numism.,  année  1851,  p.  258  260,  pi.  XIV,  n«  16. 

^  «  Cedo  alodiim  meam....  in  pago  Lemovicino,  in  vicaria  Firciacense  :  \iov. 
cet  cunem  mcam  Âsfac,  etc.  »  Charte  rédigée  vers  Fan  960.  Ms».  BiblioiL. 
Unpér.,  cartuL  135, 1. 1,  p.  146.  Cf.  ibid.,  p.  233. 

*■  L*s  prévôt  ûu  monastère  de  la  Souterraine  et  ses  moines  donnent  à  Béué- 
Y0ot  •<  terras  qua^dum  iii  purrochia  du  Marciano  pro  eeclesia  S.  Pétri  de  Fur. 
cioco.  •»  Mm.  Biblioth.  imp.,  coUcct.  Gaigniëre>,  1. 183-184,  p.  lOJ. 


26A  MÉMOIRES 

geois  (an  1180)  désignait  le  même  bourg  sous  le  nom  de 
Fursacitë  *  ;  et  depuis,  aux  xiii%  xivet  x\*  siècles,  c'est 
ce  vocable  qui  subsista ,  dégagé  même  de  la  termioaison 
latine ,  c'est-à-dire  sous  sa  forme  actuelle  Fursae  *. 

D'après  nos  triens  et  les  citations  qui  précèdent ,  le  lieu 
qui  nous  occupe  a  été  successivement  appelé  Ferruciacus 
(n"  82  et  83),  Firruciacus  (n*84),  par  contraction  Fircia- 
eus ,  par  changement  de  la  première  voyelle ,  Furciacus , 
puis,  suivant  la  transformation  habituelle  de  àa  en  $a\ 
Fursactis  et  Fursae. 

L'antiquité  de  ce  bourg  est  attestée  :  par  la  découverte 
qui  y  a  été  faite  de  dolmens  et  de  nombreux  deniers  dont 
le  type  s'est  perpétué  jusqu'au  \v  siècle  *  ;  par  son  titre 
de  chef-lieu  de  vicairie  aux  ix*  et  x*  siècles,  et  de  prieuré 
dans  les  âges  suivants. 

Fursae  a  donné  son  nom  à  deux  communes*,  et  a 
possédé  de  temps  immémorial  deux  églises  dédiées,  l'une 
à  saint  Pierre  et  l'autre  à  saint  Etienne  *.  C'est  à  cette 
dernière  qu'il  faut  attribuer  de  préférence  nos  triens,  parce 
que  le  vocable  de  saint  Etienne,  comme  celui  de  saint 
Martin,  annonce  à  priori  une  plus  haute  antiquité  que 

*  M  Secns  flaraen  de  Gartempa^  vicuê  qui  dicitur  Furâacu*,  ~  Dans  Philippe 
Labbe,  Nov.  Bihliothec.  mM.,  t.  II,  p.  285. 

>  u  Parrocbîa  S.  Stephaui  de  Fwâac.  »  Acte  de  I25(y,  ms».  Bibliotb.  imp., 
cart.  135^  1. 1,  p.  52. —  «<  Guill.  Âdemarus  de  Fwr$aco,  *•  An  1334,  ibid,,  eol- 
leet.  Gaignières,  t.  186,  p.  5.  —  Cf.  t.  183-184,  p.  188. 

'  Comme  dans  Màrciacus ,  Marsac;  Curciacuê,  Carsac;  PotenHaau^  Po- 
densac. 

*  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  et  arti  de  la  Creuse ,  année  1847,  p.  82,  et 
1857,  p.  57. 

*  Saint  Étieune- de -Fursae  etSaint-Pierre-de  Fursae^  situés  dans  le  cantoD 
de  Grand -Bourg-Salagnac,  arrondissement  de  Guéret  (Creuse). 

*  M  Duas  rctinct  basilicas  quarum  nna  in  honore  S.  Pétri  sab  potestate  S.  )(t^ 
tialis  de  Subterranea.  •»  Chronic.  Gaufred.  Vosiensis  dans  Ph.  Labbe,  toc  oK 


£T   DISSERTATIONS.  269 

de  aaunt  Pierre ,  et  que  nous  y  trouvons  à  la  fois, 
le  moyen  âge  ,  une  paroisse  et  un  prieuré  *. 

XIP  GROUPE. 

douzième  groupe,  que  nous  avons  caractérisé  dans  le 
ième  chapitre  du  présent  travail ,  mais  qui  n*a  pas 
istlngué  sur  nos  planches,  présente  un  type  remar- 
ie en  ce  qu'il  participe  du  limousin  et  du  poitevin , 
li  s'explique  naturellement  par  l'influence  du  voisi- 
de  l'ancien  diocèse  de  Poitiers  :  il  comprend  Bril- 
t  Booœil  (  n°*  85  et  86  )  et  même  Nouïc  (  Novus  vicus  ) 
'une  de  ses  monnaies  (n**  78),  qui  reproduit  la  façon 
ffigies  et  des  bustes  poitevins. 

BRILLAC. 

. h  BRILLIACO.  Tète  à  droite,  ceinte  d'un  double 

eau  perlé  terminé  sur  la  nuque  par  une  grosse  perle 
ir  un  fermoir  ;  buste  habillé  et  orné  de  plusieurs  rangs 
îfles. 

+  EPERINO.  Croix  latine  potencée,  haussée  sur  un 
),  et  accostée  sous  les  bras  des  sigles  C.G.;  aux  deux 

du  globe,  les  chifl^res  V.  et  II. 

vcs  de  sou  d'or  fin.  Poids,  1«%25.  Fin  du  deuxième  tiers 
immencement  du  dernier  tiers  du  vu"  siècle.  —  Ca- 

de  M.  de  Saulcy. 

Cartier,  en  publiant  ce  triens  dans  l'ancienne  Revue 
imatique,  a  fait  observer  que  deux  localités  peuvent 

'rioratU8  caratu»  S.  Stephaiii  do  Fursaco,  ad  prïcsentationem  abbati» 
levento.  »  Acte  de  1471;  Mss.  Biblioth.  imper.,  collect.  Gaîgnières, 
184,  p.  188. 


S66  MKMOIRES 

S  en  disputer  rattribution ,  savoir  :  Brillac,  dans  Tarron- 
dissement  de  Confolens  (Charente)  et  Brillac  dansTarron- 
dissement  de  Saint-Claude  (Jura),  u  Plus  tard,  ajoutait 
»«  ce  regrettable  antiquaire  ,  lorsque  nos  monnaies  méro- 
«  vingiennes  seront  mieux  connues,  l'analogie  de  fabrique 
«  viendra  décider  la  question  *•.» 

Les  nombreux  triens  édités  depuis  cette  époque  ont  dé- 
terminé une  certaine  quantité  de  types  diocésains,  et  nous 
pouvons  faire  remarquer  que,  d'une  part,  la  pièce  ce  BriU 
iiacum  est  d'un  style  méridional  qui  exclut  la  position  du 
village  de  Franche-Comté,  ou  toute  autre  localité  de  riions 
du  nord  de  la  France  ;  que,  d'autre  part,  le  buste  du  droit 
est  de  style  poitevin  bien  accentué ,  tandis  que  le  double 
bandeau  perlé  est  essentiellement  limousin  (Voir  n*»  20, 
87,  90,  104  et  110.) 

Quant  au  revers ,  il  reproduit  exactement,  avec  toutes 
ses  particularités,  celui  d'un  triens  de  Limoges  même 
(n**  8)  :  la  croix  potencée  sur  un  globe,  accostée  des  lettres 
C.  G.,  et  deschifires  romains  V.  II.  Notre  monnaie  pré- 
sente ainsi  un  mélange  des  types  et  des  styles  limousins  et 
poitevins ,  provenant  évidemment  de  la  fabrication  de- 
l'atelier  sur  les  confins  des  deux  cités.  Or,  c'est  là  préci- 
sément le  cas  du  Brillac  de  l'arrondissement  de  Confolens, 
paroisse  ancienne  et  importante  du  diocèse  de  Limoges  ', 
toute  voisine  du  Poitou ,  célèbre  par  une  défaite  que  les 
Normands  firent  subir  en  852  aux  comtes  de  Poitiers  et 
d'Herbauge  réunis';  elle  est  mentionnée  dès  cette  époqne 

^  Revue  numism.^  anuée  1838,  p.  268,  pi.  X,  n*  3. — Conbrouse  ne  préeUe  pa*^ 
non  plus  la  situation  de  Brillac  ;  il  attribue  inexactement  à  notre  triens  le  poids 
de  24  grains  seulement  au  lien  de  25  [Atlas  de»  monn.  natitm.  CaiaL  dee  mt' 
roving.f  p.  15,  no  176.— Rec.  de  monél,  méroting.,  pi.  XV,  u«  23). 
.    '  Brillac  avait  en  outre  une  cbapellenie. 

'  "  Rarauulfus  qnoque  comed  Pictaveu^id  et  Raino  ArbatUicen^i»,  eonsaogni- 


ET  WSSERTATlOi^S.  267 

8ouslenom  de  Briliacum,  en  1226,  sou»  le  uom  de  Bril- 
hacum\  et,  en  1246,  avec  la  dénomination  de  Brillac^ 
qu'elle  porte  aujourd'hui. 

BOXŒIL  «. 

86. h    irAVLTVc/2     (Ftaulfun?),   Tête  à  droite, 

ceinte  d'un  bandeau  perlé  ;  le  col  orné  d'un  collier  de 
perles  ;  buste  orné  d'une  rangée  de  perles 

â.  BONEEVLIAS  {lioneculius  ou  BonecuUas).  (Iroix  à 
branches  égales. 

Tiers  de  sou  d'or.  Fin  du  deuxième  tiers  du  vu*  siècle. 
— Cabinet  de  M.  Guillemot  *. 

Si  l'on  considère  que  le  nom  du  monnayer  est  ici  le 
même  que  celui  qui  est  inscrit  sur  nos  triens  de  Nouîc  ; 
que  le  collier  qui  se  rattache  au  bandeau  perlé  est  un  or- 
nement usité  dans  le  monnayage  limousin  ;  que  le  buste 
présente,  comme  notre  n"  78,  un  caractère  poitevin  très- 
prononcé  ,  on  reconnaît  combien  il  est  vraisemblable  que 
cette  pièce  soit  sortie  d'un  atelier  de  la  province  limousine, 
voisin  de  Nouîc  et  du  Poitou. 


I  ejna,  cura  Nortmanuis  in  Briliaco  tilla  dimicaveniut  et  victi  fuga  Jibc- 
rmntar.  ••  Chronic  Adeniari  Cabanens  ,  dans  Pb.  Labbe,  JVor.  Biblioth  mss,, 
t.  II,  p.  162.— Cr.  Bebly,  BitUÀre  de»  duc»  de  Guyenne  et  comte»  de  Poitou^  p.  14. 

*  "  Eligitur  dominus  Durandus  de  linlfuico,  archidinconuR  de  Ecclesia 
Lemovicensi.  >*  Mss.  Bibliotli.  iinp<^ri,  collect.  Gaignièrcs,  t.  1B3-1B4  ,  p.  240- 
941. 

•  -  Gnido  de  Brillar,  canouicus  de  Benevento.  n  Ibid,,  p.  90.  Cf.  p.  104,  289 
et  445. 

•  Dans  le  cantun  de  SHint-SuIpice-lcft-feuilIes ,  arrondissonicnt  di»  Ik-llac 
(Haute- Vienne }. 

*  M.  Guillemot,  qui  a  publiv  ce  triens  dans  Tancienne  Rerue  numismatique 
(année  1839,  p.  202,  pi.  IX  ,  n°  8),  laib^e  incertaine  la  position  du  lien  d'émis- 
sion; il  se  contente  do  dire  que  cw  pourrait  ôtre  Bonneuil,  près  Paris;  mais  il 


268  MÉMOIRES 

Le  lieu  auquel  elle  nous  paraît  pouvoir  èlre  attribuée 
avec  une  grande  probabilité,  est  Bonœil,  qui,  au  moyen 
âge ,  possédait  un  prieuré  et  une  église  paroissiale  dé* 
pendante  de  Farchiprêtié  de  Rançou  (diocèse  de  Li- 
moges) *. 

L'antiquité  de  cette  bourgade  est  attestée  par  la  quan- 
tité considérable  de  médailles  gauloises  qui  y  ont  été  dé- 
couvertes ». 

Bonœil  est  désigné,  vers  l'an  li7A,  sous  le  nom  de  Bonus 
oculus  ',  mais  c'est  là,  sans  doute,  la  forme  primitive  du 
mot,  que  les  rédacteurs  de  chartes,  ainsi  que  nous  Tavons 
constaté,  à  propos  de  notre  Espaniaco  (n"  70  >,  reprodui- 
saient encore  longtemps  après  qu'elle  avait  disparu  de  la 
langue  vulgaire,  à  laquelle  les  graveurs  de  coins  moué- 
taires  se  conformaient  assez  généralement.  La  première 
forme  du  vocable  se  sera  changée  en  Bonus  ocuUus  et 
puis  en  Boneculius  ou  Boneculias^  d'où  le  nom  rooderoe 
BonœiL 


ne  justifie  aacanemeiit  une  indication  déterminée  sans  doute  exelusivemeot 
par  l'analogie  des  noms.  —  Cf.  Conbrouse,  Rec,  de*  monét.  mérot.,  pi.  XV, 
n»  25. 

*  **  Ecclebia  parrochialis  de  Bono  oculo ,  ad  presentationem  abbatis  Bnrgido- 
liensis  n  Ann.  1474-1482;  Mss.  Biblioth.  iropér.,  coUert.  Gaignières,  1. 183- 
18-1,  p.  193. 

*  Voir  la  description  de  ces  médailles  dans  rancienue  Rev^ê  nvnNMMfifM^ 
années  1838,  p.  74,  et  1841,  p.  227. 

'  Mss.  Biblioth.  impér.,  coUcct.  Gaignicres,  ubi  tupra. 


ET   DISSERTATIONS.  2M 

SUPPLÉMENT  ET  INCERTAINES. 

V   SUPPLÉilBNT. 

HOUFFIAC  K 

117. h  RVFIACV  F.  Tête  à  droite,  ceinte  d^m  long 

baodeau  perlé  et  se  divisant  sur  la  nuque  en  deux  bande- 
lettes de  perles  ;  buste  orné  de  perles. 

i.  LEOŒSIVS  M.  {Leodesius  m.).  Croix  latine,  portant 
ao  sommet  de  la  haste  une  croisette,  et  aux  deux  bras 
deux  gros  clous  ;  haussée  sur  un  support  formé  de  quatre 
perles. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Or  pur.  Poids,  1«',20.  Commern 
cement  du  deuxième  tiers  du  vii<>  siècle.  —  Cabinet  de  feu 
M.  de  Mourcin ,  à  Périgueux  '. 

Le  style  limousin  de  cette  pièce  frappe  tout  d'abord. 

Le  dessin  du  droit  est,  par  la  couronne,  par  la  croisette 
posée  d'une  manière  si  caractéristique  au  point  de  partage 
dès  deux  bandelettes  perlées ,  et  par  le  buste  aux  trois 
rangées  de  perles,  identique  aux  triensde  Limoges,  Ghervix, 
Magnac,  Ambazac,  Brive  et  Issandon  (voir  (a  bonne  gravure 
du  n'  6  sur  la  planche  publiée  dans  la  Uevueen  1858,  et  les 
n»*  5, 18, 19,  30,  63  et  115.)  L'origine  Ihnousine  de  notre 
triens  n'est  conséquemment  pas  douteuse  à  nos  yeux. 

Nous  proposons  de  l'attribuer  à  Rouffiac,  qui  fi>t,  aux 

»  CTiefliou  de  cominnno  dans  le  canton  de  la  Roquebroa,  arrwidissement 
a*AarilIac  (  Cantal  . 

■  Cest  à  M.  L.  Lapeyre,  le  «avant  et  obligeant  bibliothécaire  de  Périgueux, 
qiM  DOUA  soronic  redevable  de  reinpn'intc  de  cette  monnaie,  qui  est  très- bii*n 
«"«nm-  M>n>  le  coin  i-t  dont  l'état  de  conservation  est  reinarqnab'.e. 


270  MÉMOIEES 

IX'  et  X*  siècles ,  le  chef-lieu  d'une  circonscription  admim»- 
trative  du  Limousin,  appelée  vicaria  Rofiacen$i$\  ce  qui 
suppose  le  substantif  Rofiacum. 

'  Nous  le  trouvons  mentionné  dans  deux  chaites  de  Beau- 
lieu  datées  l'une  et  Tautre  de  Tan  885,  sous  le  nom  de 
Rvfiagucium  *,  dont  les  quati-e  premières  syllabes  Rufiagu 
reproduisent  exactement  la  légende  de  notre  triens|(on 
sait  que  le  g  n*est  qu*un  adoucissement  du  c,  et  s'emploie 
indifféremment  pour  lui).  Une  charte  de  Gluny,  du  xi*  siècle, 
désigne  un  petit  pays  auquel  Rouffiac  avait  comnHiniqQé 
son  nom  '. 

C'est  peut-être  là  la  villa  royale  de  Rufiacum  ou  Ao/lii- 
oim,  dont  le  bénédictin  dom  Germain,  dans  sa  dissertation 
sur  les  palais  et  maisons  des  rois  francs  qui  forme  le 
IV**  livre  de  la  Diplomatique  de  Mabillon,  a  recherché  la 
position  *  • 

BAR. 

88.  —  MARIVCEOS.  Deux  petites  figures  debout  ;  em- 
preinte effacée  ;  couronne  de  perles  ou  de  feuillage. 

^.  BARRO  CASTnO.  (Ca/s/ro).  ^Empreinte  effacée  d'une 
tête  probablement  de  très-petite  dimension  ;  couronne  de 
perles  ou  de  feuillage. 

»  «  Ro8...  quie  sunt  in  pago  Limovicino,  în  vicaria  Ao/iocfruf.  -  Cartmlamét 
Beauliêu,  chartes  LU,  CLX  et  CLXIV.  Poêtéricurement  à  la  période  cariorin- 
gîenne,  Rouffiac  et  «on  territoire  paasèrcnt  dans  le  comté  d*AavergDe  et  dam  le 
diocèse  de  Clermont. 

»  Ibid.,  chartes  LV  et  CLXVI. 

•  «  Et  totum  honorcm  in  Santria  et  in  Hofiacttue.  n  Cette  charte  est  repro- 
duite en  entier  dans  une  note  de  notre  Introduction  au  CartuUùre  éê  BnuUn, 

p.  XXT. 

*  -  Bofiacum  «ou  Bufiacum  villnm  in  Lvmovicis  partilms  aium  dicit  Erimbertu 
in  viu  S.  Vincentiani,  et  post  illum  Tabulunum  BellilocenRc.  «  Mabill.,  ft  « 
éiplùtnatira,  \\h.  IV,  cap.  cxxii,  «-dit.  de  1681,  p.  320. 


ET   DISSERTATIONS.  271 

Tiers  de  sou  cVor.  Poids,  l'^^SO.  viir  siècle.  —  iMùce 
provenant  du  médaillier  de  M.  Maurice  Ardant  '. 

Ce  trions  a  été,  suivant  le  témoignage  de  M.  Ardant,  trouvé 
au  château  de  Bar-sur-Corrëze,  très-ancienne  localité  du  bas 
Limousin  '.  D'après  cette  circonstance,  et  faute  de  pouvoir 
juger  du  type  d'une  monnaie  de  fabrication  aussi  grossière 
et  aussi  fortement  altérée,  nous  nous  croyons  autorisé  à 
Tattribuer  au  lieu  où  elle  a  été  trouvée ,  de  préférence  aux 
nombreuses  localités  du  même  nom  qui  existent  sur  divers 
points  du  territoire  de  l'ancienne  Gaule  '. 

Le  château  de  Bar  était,  au  ix*  et  x*  siècles,  le  chef-lieu 
d'une  circonscription  administrative  du  Limousin,  appelée 
vicaria  Barinsis  ou  Barrensis  *.  Il  fut  toujours  en  posses- 
sion d'une  église  paroissiale.  Son  antiquité  et  son  impor- 
tance, jointes  à  la  circonstance  rappelée  plus  haut,  rendent 
tout  au  moins  très-vraisemblable  l'atti'ibution  que  nous 
indiquons  ici. 

Si  elle  était  adoptée,  il  faudrait  rattacher  notre  triens 
au  V*  groupe  où  domine  le  monnayage  d'Uzerche  qui  est 
peu  distant  du  château  de  Bar  et  dont  deux  pièces  (n*'  A7 
et  119)  ponent  au  droit,  comme  celle-ci,  des  personnages 
debout  dans  le  champ. 


•  Kovui  croyons  MToir  qu'elle  a  viA  ncquîpo  par  un  magistrat  r^^sidant  à  Bar- 
WDuc  oïl  à  Bar-sur-Seine. 

*  Berw  numUm.,  année  1851,  p.  252,  pi.  XIV,  n*4. 

»  Notamment  Bar- sur- Soi  ne,  Bar-sur-Aube  ,  Bar-»nr-Ornaîn ,  etc.  Bar- le- 
Due  ne  peut  entrer  en  concours  pnisqn'il  ne  date  qne  du  x*  siècle. 

^  «•  In  territorio  Lemozino,  m  riraria  Barinse^  hoc  est  «-cclesiam  nostrnm  qui^ 
seeuB  flnvinm  nomine  <  orreziam  «dlHcata  et  constnicta  est.  •»  Cartulairt  d« 
Bmmtieu,  charte  XVII.  —  -  In  orl»e  Lemovicino.  in  ricaria  Darrerift,  «  Ibid.^ 
éUmrtfm  LV,  (  i,XVI.  (î,  rnrUi].  «le  Tulle,  dans  Baluzc,  llist.  Tutti,,  append.^ 
col.  360,  3«i9  et  pnfiiM. 


272  MÉMOIRES 


CHATEAU-PONSAT  «. 


95.  —  POTENTO  FIT.  Tête  à  droite»  couronnée:  buste. 
nu  ;  le  tout  dans  une  couronne  de  feuillage. 

Si.  +  LAVNEGV  I..EI.  Petite  croix  égale .  avec  deux 
points  sous  les  deux  bras  ;  la  légende  et  la  croix  entourées 
chacune  d'une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d*or  pâle.  Poids,  l6%03.  Fin  du  deuxième 
tiers  du  vir  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Biblio- 
thèque impériale. 

Notre  regrettable  confrère  Duchalais  avait  remarqué  et 
nous  avait  signalé  le  style  limousin  de  cette  monnaie. 
L'effigie  rappelle  le  faire  des  triens  d'Abriac,  Sarasac  et 
Arnac  (n^**  37,  AO,  112).  Le  col  et  le  buste  sont  semblables 
à  ceux  du  n°  âO. 

Quant  au  revers,  sa  petite  croix  égale  cantonnée  aux  8* 
et  4°  cantons,  reproduit  celles  de  l'église  de  Limoges,  de 
Jumillac,  d'Uzerche,  d'Eyburie,  de  Comil,  etc.  (n**  8,  14, 
50, 53,  6i.  67  et  01).  Il  nous  semble  dès  lors  qu'on  doit  y 
reconnaître  une  espèce  frappée  en  Limousin  *• 

La  petite  ville  de  Château-Ponsat ,  à  laquelle  nous  pro- 
posons de  l'attribuer,  est  mentionnée  pour  la  première 
fois  dans  la  chronique  d'Adémar  de  Chabanais  (  première 
moitié  du  xi*  siècle),  sous  le  nom  de  castrum  Potentia', 

*  Cbt^f-lieu  de  canton  dnns  l^arrondissemeot  de  BeUac  (  Hanto-Yienne}. 

*  M.  Fillon  a  conjecturé  que  notre  triens  sortait  des  environs  de  RooAi; 
mais  il  n*a  point  justifié  cette  conjecture,  et  n*a  indiqué,  même  dubitativeinent, 
aucune  position.  Lettres  à  M.  Dugast-Matifeux,  p.  82. 

Dans  Ph.  Labbe,  Aor.  Biblioth.  mê».^  t.  II,  p.  272.  et  dans  D.  BoaqMC, 
tUstor.  de  France,  U  X,  p.  151  ;  on  trouve  dans  les  Itinéraires  plusieurs  li«B 
aiiis  appfl«''j«  :  Potentia  {LucanUe],  Potenlia  [Piceni). 


ET   DISSERTATIONS.  27S 

dont  Tanalogie  avec  le  Potenlum  mérovingien  n'a  pas  be- 
soin d'être  démontrée. 

De  Potenlum  et  Polenlia  s'est  formé  au  xii*  siècle  l'ad- 
jectif Potentianum  ou  Potencianum  castrum  ' ,  dont  la  dé- 
sinence, dans  l'usage,  a  été  quelquefois  changée  en  celle  de 
ocufii,  et  qui  s'est  contracté  au  xiii*  siècle  en  Poenciacum  *, 
puis  Ponciacum  %  et  enfin  Ponsac  ou  Château-Ponsac. 

La  haute  antiquité  de  ce  lieu  est  attestée  par  la  présence 
de  tumulus  de  grande  dimension  dans  son  voisinage  immé- 
diat ^f  et  par  quatre  inscriptions  romaines  que  l'on  peut 
voir  encore  sur  les  piles  d'un  pont  construit  sur  la  Gar- 
tempe,  en  aval  de  la  ville  actuelle  *. 

EYJEAUX. 

m. l-CGArO  MVNIN  {Egalomunin).  Tête  adroite, 

ceinte  d'un  bandeau  perlé  se  prolongeant  sur  la  nuque  ;  le 
col  orné  d'un  collier  de  perles  qui  se  rattache  au  bandeau  ; 
buste  orné. 

^.  +  coAVErO  MONE  (  Savelo  mone).  Croix  égale  dans 
le  champ. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Deuxième  tiers  du  vu*  siècle. — 
Pièce  communiquée  par  M.  Feuardent. 

^  M  Apad  caste  Hum  Potentianum  honoratur  Tyni  martyris  corpas.  ••  Gaafridi 
VoueosÎB  Chrunicon  ;  dans  Ph.  Labbe.  /oc.  ctf.,  p.  287. 

*  *i  Sancti  Thyrsi  martyris  corpas  apud  castrum  Poenciacum  honoratur  in 
ei^iu  honore  dicti  loci  ecclesia  est  fundata.  »  Bernard!  Guidonis  Oputcula 
kiêiarie.,  dans  Ph.  Labbe,  Nov.  Bibliotk.  mss.,  t.  I,  p.  635.  —  «  Gaufridus  de 
Poeneiaeo.  n  Acte  de  l'an  1235,  dans  Jnstel,  Ifist.  yénéalogiq,  de  la  mai$on  de 
TWtiMM,  pr.  p.  45. 

*  Dans  un  pouillé  du  diocèse  de  Limoges.  Mss.  Biblioth.  impér.,  fonds 
SaÎDt-Germaiu.  n*  878,  t.  IL 

*  Alloa,  Detcript.  de»  monum.  de  la  Haute-  Vienne,  p.  305. 
»  /6irf.,  p.  312. 

1862. —4.  19 


27&  MÉMOIRES 

L'habile  et  obligeant  numismatisle  à  qui  nous  deTons 
la  connaissance  de  cette  pièce ,  en  avait  remarqué  le  type 
limousin  très-prononcé.  Au  simple  aspect  de  la  gravure  que 
nous  en  donnons  ici,  le  lecteur  sera  amené  à  partager  cette 
opinion.  Nous  n'avons  donc  qu'à  rechercher  la  position  de 
l'atelier  limousin  dont  est  sorti  le  triens  qui  nous  occupe. 

Nous  ferons  observer  d'abord  qu'elle  se  rapproche  sen- 
siblement, par  le  dessin,  des  pièces  du  groupe  de  Limoges 
même  (n""  1),  dont  le  n""  6  notamment  a  une  efligie  et  une 
croix  à  peu  près  identiques  à  ce)les  de  notre  monnaie. 

Or,  à  18  kilomètres  à  l'est  de  Limoges ,  dans  l'ancien 
archiprêtré  de  Saint-Paul,  existait  une  paroisse  appelée, 
dans  les  anciens  pouillés,  cura  de  Esgallo  ou  desgalo\  et, 
de  nos  jours,  Eyjaud  ou  Eyjecux^,  On  a  découvert  dans 
le  territoire  de  cette  commune  :  1"  un  menhir  en  granit': 
2*  un  tumuliis*;  S'»  les  débris  d'un  aqueduc  romain  formé 
de  briques  à  rebords*;  4®  des  traces  de  voie  romaine*; 
ô*»  deux  triens  d'Uzerche  plus  haut  décrits^. 

Toutes  ces  circonstances  réunies  démontrent  l'identité 
d'Eyjeaux  et  de  la  localité  mérovingienne  d'Egalum. 
(La  suite  à  un  autre  numéro.)  Max.  Deloghe. 

1  Mâs.  Biblioth.  impér.,  fondi  Saint-Gennain  Français,  n*  878, t. II, et 
cart.  135,  t.  VII.— On  trouve  dans  un  titre  limonsin  du  moyen  âge  le  nom  d'un 
u  Petrus  de  Eagallo.  «  Ubi  suprà,  cart.  135, 1. 1**,  p.  76, 

*  Chef-lieu  de  commune,  canton  de  Pierre- BufSière ,  arrondissement  de  Li- 
moges (  Haute-Vienne  ). 

'  Ce  menhir,  trouvv  au  lieu  dit  leê  Métayas^  a  •à'*,33  de  hauteur  et  5^,15  d« 
diamètre.  (  Bulletin  de  la  Société  archéologiq,  du  Umouanif  t.  III,  p,  96  à  102: } 

*  Trouvé  au  Mas-Neuf,  commune  d'Eyjeaux.  Loc.  cit. 

*  Voir,  sur  les  débris  de  cet  ouvrage  qui  est  enfoui  k  G*,;*©  de  profondeor, 
ubi  sufirà, 

6  Ibid. 

7  Ibid.  11  convient  d'ajouter  ici  qu'Eyjeaus  était,  au  moyin  âge, en  p«»e4- 
sion  d'une  église  paroissiale  et  d'un  prieur**. 


ET  DISSERTATIONS.  275 


MONNAIE  DE  GDARLES  VIII, 

FRAPPÉE  A  MARSEILLE. 


Toi  depnis  longtemps  dans  mon  médaillier  une  monnaie 
qui  appartient  évidemment  au  règne  de  Charles  VIII,  mais 
qui  offre  cela  de  tout  particulier  qu'elle  est  de  cuivre,  et 
que  cependant  elle  n'a  été  émise  dans  aucun  des  ateliers 
du  royaume  de  Naples,  qui  frappèrent  tant  de  pièces  de  ce 
métal  au  nom  du  prince  français  après  sa  prise  de  pos- 
session, au  mois  de  février  1&96. 

Dans  le  champ,  K  couronné  ;  autour,  +  :KAROLVS:F:REX. 
(Dn  défaut  de  fabrication  a  doublé  la  lettre  L  et  pourrait 
fture  croire  que  le  graveur  avait  écrit  KAROLLVS.) 

Revers.  +  :CIVITAS:MASSIL1E:  croix  entre  les  bras  de 
laquelle  sont  placés  deux  K  alternant  avec  deux  fleurs  de 
Us.  Poids,  18  grains. 

Les  deux  S  ont  presque  la  forme  du  chiffre  8. 

Il  existe  à  la  vérité  dans  l'Abruzze  citérieure,  près  du  lac 
Celano,  un  lieu  nommé  Marsiglia,  auquel  on  pourrait  vou- 
loir rapporter  notre  monnaie;  mais  cette  localité  n'était 
pas  unévêché  et  n'avait  pas  droit  au  titre  de  civitas.  Mal- 


276  MÉMOIBES 

gré  Tanalogie  de  nom,  malgré  Tapparence  italienne  d'un 
flan  de  cuivre,  ce  n'est  donc  pas  à  Marsiglia  que  nous  de- 
vons penser.  J'ajoute  que  MM.  G.  V.  Fusco  et  V.  Lazari,  à 
qui  l'on  doit  de  si  intéressantes  recherches  sur  les  mon- 
naies italiennes  de  Charles  VIII,  n'ont  pas  trouvé  de  pièces 
semblables  à  la  mienne,  et  n'ont  découvert  aucun  docu- 
ment indiquant  que  Marsiglia  ait  possédé  un  atelier.  Nous 
sommes,  d'un  autre  côté,  habitués  à  lire  la  légende  CI  VITAS 
MASSILIE  sur  les  deniers  des  comtes  de  Provence. 

Je  remarque  dans  le  Traité  de  T.  Duby,  tome  II,  page  806, 
ce  passage  :  <  Il  parait  par  les  archives  de  Thôtel  de  ville 
«  de  Marseille  qu'en  liM  les  consuls  donnnèrent  des 
a  lettres  de  maîtrise  à  un  Marseillois  pour  fabriquer  de  la 
c  monnoie  ;  et  le  roi  Charles  VIII,  par  ses  lettres  patentes 
«  de  1A92,  confirma  la  ville  de  Marseille  dans  le  privilège 
«  de  battre  monnoie.  La  monnoie  que  l'on  y  fabriquoit  de- 
c  voit  être  au  coin  des  comtes  de  Provence.  >  (M.  de  Saint- 
Vincent,  Mémoires  sur  les  monnaies  de  Provence.) 

J*avais  cru  d'abord  trouver  là  l'explication  que  je  cher- 
chais ;  mais  persuadé  qu'il  ne  faut  jamais  s'en  rapporter  à 
un  texte  tronqué,  j'ai  eu  recours  au  Mémoire  de  Saint-Vin- 
cent, inséré  dans  le  tome  III  de  Y  Histoire  de  Provence  de 
Papou,  et  voici  ce  que  j'ai  relevé  aux  pages  623  et  625  : 

c  On  fit  en  14S6  une  proclamation  qui  se  trouve  dans 
le  registre  de  la  chambre  des  comptes.  Elle  contient  l'éDQ- 
mération  des  monnoies  qui  dévoient  avoir  cours  en  Pro- 
vence et  leur  évaluation.  Le  titre  de  cette  proclamation  est 
en  latin  :  le  reste  est  en  françois  et  mêlé  de  quelques  mots 
provençaux.  On  n*y  donne  point  à  Charles  VIII  le  titre  de 
roi  de  France  ;  mais  seulement  celui  de  très-chrétien  comte 
de  Provence. 

«  En  1492,  là  communauté  de  Marseille  délibéra  de 


ET  DISSERTATIONS.  277 

demander  au  grand  sénéchal  de  Provence  la  permission  de 
faire  battre  à  Marseille  des  quarts  d'écus  et  des  demi-gros; 
qu'aux  quarts  d'écus  on  mettroit  la  légende  KAROLVS  REX 
FRANCORVM,  et  au  revers  DOMLNVS  MASSILI^E  avec  une 
croix  et  quatre  fleurs  de  lis.  Le  motif  de  cette  délibération 
fut  qu'on  ne  voyoit  dans  le  commerce  que  des  petites 
momioies  comme  patacs  et  deniers,  et  que  les  grosses 
pièces  manquoient.  Cette  fonte  de  monnoie  n'eut  pas  lieu. 
Registre  de  L.  Gilli^  secrélaire.  —  Ruffi,  Histoire  de  Mar- 
uille^  t.  II,  p.  327.  » 

Recourons  donc  c^  Ruffi.  Cet  historien  s'exprime  ainsi  : 
«  En  ce  même  temps-là  (li92),  il  y  avoil  dans  Marseille 
une  si  grande  quantité  de  deniers  et  d'une  petite  monnoie 
qu'on  appeloit  palas^  qu'il  fut  résolu  dans  un  conseil  de  la 
communauté  de  demander  au  grand  sénéchal  la  permission 
de  faire  battre  de  la  monnoie  dans  Marseille,  sçavoir  de 
quarts  d'escu  et  de  demi-gros;  qu'aux  quarts  d'escu  il  y 
auroit  d'un  côté  cette  inscription,.  Carolus  rex  Francorum, 
el  de  l'autre  côté.  Dominas  MassilicB^  et  au  mitan  une  croix 
avec  quatre  fleurs  de  lys.  » 

On  voit  dès  lors  que  l'analyse  de  ces  passages  fournie 
par  Duby  est  insufiisante,  et  à  quel  point  même  elle  pour^ 
vait  nous  égarer. 

H  s'agissait,  en  eflet,  non  pas  de  petites  monnaies  de 
euivre  pur  comme  est  la  mienne,  mais  de  grosses  mon- 
naies d'argent,  et  encore  Saint-Vincent  nous  apprend-jl. 
que  la  fabrication  n'eut  pas  lieu. 

En  1.496,  les  aflaires  des  Français  dans  le  royaume  de 
?iaples  étaient  en  fort  mauvais  état.  Charles  VllI  en  quit- 
tant la  capitale,  le  24  mai  1495,  pour  s'en  retourner  en 
France,  avait  laissé  comme  vice-roi' Gilbert  de  Bourbon, 
comte  de  Montpensier,  av^c  une  armée  de  quelques  milliers 


278  MÉMOIRES 

d'hommes.  Mais  la  ligue  formée  entre  les  Milanais,  les  Vé- 
Dîtiens,  le  Pape,  le  roi  des  Romains,  le  roi  d'Espagne, 
donna  bientôt  à  Ferdinand  d'Aragon  la  faculté  de  rentrer 
dans  la  cité  la  plus  inconstante  qui  existe  au  monde. 

Le  comte  de  Hontpensier  et  quelques-uns  de  ses  capi- 
taines tinrent  cependant  un  certain  temps  encore  dans 
les  villes  de  province.  Ils  demandèrent  des  secours  à 
Charles  VIII  qui  résidait  à  Lyon,  et,  en  1496,  le  roi  envoya 
des  ordres  dans  les  ports  de  France  pour  faire  passer  U^nte 
vaisseaux  à  Marseille,  auxquels  on  devait  joindre  vingt  ou 
trente  galères  pour  porter  un  renfort  d'hommes  et  de  ïar- 
gtnt  à  l'armée  laissée  dans  le  royaume  de  Naples.  Ainsi 
e'était  à  Marseille  que  l'expédition  se  préparait,  et  l'on  com- 
prendrait fort  bien  qu'on  eût  alors  fait  frapper  pour  la  paye 
des  soldats  de  la  monnaie  de  cuivre  du  même  poids,  du 
même  style  que  celle  qui  avait  cours  dans  les  places  de 
r  Italie  méridionale  occupées  par  les  Français.  L'expédition 
neut  pas  lieu;  il  est  donc  possible  que  i'émissicm  moné- 
taire ordonnée  ait  été  arrêtée,  ou  que  les  pièces  frappées 
aient  été  mises  à  la  fonte  parce  qu'elles  n*étaient  pas  de 
nature  à  circuler  sur  notre  territoire.  Gela  expliquerait 
comment  l'exemplaire  que  je  possède  est  le  seul  que  l'on 
connaisse  encore;  car  depuis  trente  ans  que  l'on  recueille 
les  monnaies  nationales  avec  tant  de  soin,  tant  d'ardeor,. 
qu'on  explore  toutes  les  collections  avec  une  si  grande, 
persévérance  pour  former  des  monographies,  le  qtMllrùio 
marseillais  de  Charles  VIII  n'a  pas  encore  été  signalé. 

Febnand  IIaixet. 


tT    DISSERTATIONS.  279 


QUELQUES  MONNAIES  RARES  OU  INÉDITES 
DE  U  BIBLIOTHÈQOE  DE  MARSEILLE 

ET  DE  LA  COLLECTION  DE  M.  LE  COMTE  DE  GLAPIEKS 

'.  PI.  XL) 


N*  1.  SIRVS.  Profil  droit  orné  de  bandelettes  perlées. 
Les  ornements  au-dessous  de  la  tète  aflectent  la  forme  d*un 
grand  M. 

â.  ....VRIA  PAT....  Croix  à  pied  avec  les  lettres  MA. 
Tier$  de$ou  d'or.  (PL  XI ,  n*^  1.) 

Le  nom  de  Sirus,  comme  monétaire*  m'est  inconnu. 
Malgré  les  lettres  MA  qui  accostent  la  croix ,  je  n'oserais 
aflirmer  que  cette  pièce ,  qui  se  trouve  dans  le  cabinet  de 
II.  de  Clapiers),  appartienne  à  Marseille.  Peut-être  est-elle^ 
de  Mâcon.  La  lecture  de  la  légende  du  revers  est  malheu- 
reusement difficile. 

N*  2.  +  .K.  DEl.  GRA.  lERLm'.  SICILIE.  REX,  Écu 
ordinaire  du  salut  d'or. 

H.  +  AVE.  GRACIA  PLENA.  DNS.  TECVM.  Salutation 
angélique. 

Demi-sahU  d'or.  Poids,  2f%20.  (PI.  XI,  n°  2.) 

Au  nombre  des  acquisitions  les  plus  intéressantes  ([uc 
nous  avons  pu  faire  récemment,  il  faut,  sans  contredit,. 


280  UÉMOIRES 

placer  le  demi-salut  d'or  de  Charles  I**,  dont  je  donne  ici  le 
dessin. 

M.  Poey  d'Avant  (Monnaies  féodales,  tome  11.  n*  3937), 
en  décrivant  le  demi-salut  d'argent  do  même  prince,  ne 
cite  que  les  spécimens  du  musée  de  Marseille  et  de  la  collec- 
tion Rousseau  ;  puis  il  ajoute  :  a  Les  demi  saluts  sont  ez- 
<c  cessivement  rares.  L'exemplaire  du  musée  de  Marseille 
tt  est  fruste ,  tandis  que  celui  de  la  collection  Rousseau  est 
«  fort  bien  conservé.  » 

Depuis  que  cette  note  a  été  publiée,  le  musée  de  Mar- 
seille, qui  ne  néglige  aucune  occasion  de  s*enricbir,  a  eu 
la  bonne  fortune  de  rencontrer  cette  monnaie  dans  un  état 
qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Mais  la  publication  que  je  fais 
aujourd'hui  a  une  tout  autre  importance,  puisqu'il  s'agit 
du  demi-salut  éPor,  pièce  dont  aucun  écrivain  n'a  soup- 
çonné, je  crois,  l'existence  jusqu'à  ce  jour,  et  qui,  par 
conséquent,  est  entièrement  inédite.  En  comparant  notre 
dessin  avec  ceux  donnés  pour  l'or  et  pour  l'argent  par 
M.  Poey  d'Avant,  sous  les  n"**  6  et  7  de  sa  planche  89, 
aussi  bien  qu'avec  ceux  de  la  planche  95  de  Duby,  on 
verra  que  notre  pièce  porte  toute  l'ornementation  du  sahtt 
d'or  autour  de  l'écusson,  et  que,  dès  lors,  elle  ne  peut  pas 
être  prise  pour  une  monnaie  d'argent  frappée  sur  un  flan 
d'or. 

11  est  remarquable ,  en  outre,  que  le  poids  du  salut 
étant  A^,AO,  le  demi  que  nous  décrivons  en  pèse  la  moitié 
avec  une  exactitude  toute  mathématique.  Gela  tient  à  ce 
que  nos  exemplaires  sont  de  la  conservation  la  plus  com- 
plète et  la  plus  entière. 

N<»  3.  +  lObÂNNA  DEI  GRATIA.  Ecu  en  losange  ren- 
fermant quatre  lis  en  croix,  surmontés  d'un  lambel. 

^.  +  I£RL  ET  SICIL  REGIN.  Croix  féuUlée  on  fleur- 


BT  DISSERTATIONS.  281 

delisée,  cantonnée  de  quatre  points  et  renfermée  dans  un 
losange. 

Billon  à  bas  titre.  Poids,  0«',70.  (PI.  XI,  n»  3.) 

C'est  pour  la  première  fois  que,  dans  les  monnaies  de 
la  maison  d'Anjou,  je  rencontre  Técu  en  losange. 

IL  Henri  Morin,  dans  sa  Numismatique  du  Dauphinè^  a 
décrk,  sous  les  n""  60  et  61,  au  nom  de  Louis,  duc  de 
Soyenne ,  et,  sous  le  n""  68,  au  nom  de  Charles  Vil,  comme 
Bb  aîné  de  France  et  dauphin  (PI.  16,  n"**  1  et  2  et  pL  16, 
D*  1),  trois  pièces  delphinales  au  même  type.  Il  est  remar- 
]iiaMe  que  la  nôtre  serait  antérieure  à  celles-ci,  dont  la 
[ilos  ancienne  aurait  été  frappée  de  1A09  à  1A15,  tandis 
gue  Jeanne  était  morte  dès  1382. 

La  monnaie  de  Savoie,  avec  écu  en  losange,  frappée  au 
Dom  d'Amédée  VIII,  par  sa  grand'mëre  Bonne  de  Bourbon, 
!Sl  de  1393.  Mais  celles  d'Yolande  de  Bar,  au  nom  de  son 
Bs  Bobert,  que  MM»  de  Saulcy  et  Maxe  ont  publiées ,  re- 
iKmtent  à  1356  ^  Notre  denier  a  été  fabriqué  à  Naples,  et 
très-certainement  pendant  un  des  trois  veuvages  de  la  reine. 

N^4....D0VIC  Z  lOhAN  {Ludovicus  et  Johanna).... 
Sea  mi-parti  de  Jérusalem  et  de  Provence. 

^.  +  BE lEBL'  Z  SIGIL'.  {Rexetregina  lerusalem 

4  Sieilix).  CrcMX  potencée,  cantonnée  de  quatre  lis. 

^iflon.  — Poids,  0»',72.  (PI.  XI,  n*  4.) 

Encore  une  pièce  nouvelle  de  Louis  et  Jeanne  qm  vient 
i  Fappui  de  mon  observation  sur  le  nombre  des  variétés 
Donétaires  de  cette  époque.  Celle-ci  est  encore  italienne. 

«•6. h  ALFONSV.  D.  G.  Les  mots  sont  séparés 

lar  des  rosaces.  Buste  couronné  de  face. 

^  +  G— h— AB— S— C— V— B.  Chaque  lettre  est  sé- 

1  Tojei  plu  haut  p.  145,  et  Aémm  numitm,,  1859,  p.  209. 


^82  MÊMOIBKS 

parée  par  une  rosace.  Armes  de  Jérusalem ,  de  ProveDoei 
de  Hongrie  et  d'Aragon. 

Binon  noir.  —  Poids,  0»',60.  (PL  XI,  n*  5.) 

Jeanne  II ,  petite-nièce  de  Jeanne  1**  de  Provence,  sonir 
de  Ladislas,  de  la  maison  de  Duras,  succéda  à  son  frère 
mort  en  141&«  sur  le  trône  de  Naples.  Cette  reine  fut,  du 
côté  des  femmes ,  la  dernière  de  la  première  maison  d'An- 
jou qui  régnait  à  Naples  depuis  Tan  1265. 

Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici  des  troubles  qui,  sons 
son  règne  et  à  son  époque ,  eurent  lieu  à  Naples  et  en 
Provence.  Rapportons  seulement  que  cette  princesse,  veuve 
de  Guillaume  d'Autriche ,  et  n'ayant  pas  d'enfants,  crai- 
gnant de  perdre  ses  États  ,  que  le  pape  Martin  V  offrait  à 
Louis  III ,  comte  de  Provence ,  crut  trouver  un  auxiliaire 
puissant  dans  Alphonse  Y,  roi  d'Aragon ,  qu'elle  adopta  en 
1A20.  Mais  celui-ci ,  appelé  à  titre  d'allié ,  ne  tarda  pas 
à  vouloir  agir  en  maître.  La  reine  offensée,  fit  part  de  ses 
craintes  à  son  favori  Caraccioli,  et  la  révocation  de  l'adop- 
tion fut  résolue.  Alphonse  alors  leva  le  masque  et  demanda 
au  pape  l'investiture  du  royaume  de  Naples  qui  lui  fut 
refusée.  Il  se  saisit  de  Caraccioli  qui  fut  jeté  en  prison  \ 
mais  Jeanne  eut  le  temps  de  se  fortifier  dans  le  château 
Capouan ,  et  d'appeler  à  son  secours  Sforze ,  brave  ca|^- 
taine ,  tige  des  seigneurs  de  Milan ,  qui  la  délivra  de  son 
ennemi.  Alphonse,  vaincu,  fut  remplacé  dans  l'adoption 
par  Louis  III,  qui  se  rendit  à  Naples.  Mais  la  ville  de 
Marseille  éprouva  toutes  les  fureurs  de  sa  vengeance. 

Dépourvue  de  ses  plus  braves  citoyens  qui  avaient  suivi 
Louis  en  It«nlie,  elle  fut  surprise  le  23  novembre  iA23  et 
livrée  à  toutes  les  horreurs  d'un  pillage  qui  s'étendit  jus- 
qu'aux hôpitaux. 

La  légende  de  notre  petit  billon,  qui  offre  une  tAie  de 


ET  DISSERTATIONS.  288 

face  tonte  semblable  à  celle  de  la  figure  assise  des  carlins 
du  même  prince,  doit  se  lire  : 

ALFONSVs  Dei  Gratia  Gerusalem,  Hnngariae ,  ARago- 
nom ,  Sicilias  Citra  (et)  Ultra  Rex. 

Cette  transcription  est  assurée  par  diverses  monnaies 
sur  lesquelles  les  mots  sont  écrits  en  toutes  lettres  ;  elles 
ont  été  décrites  par  Vergara,  Mader  et  autres  auteurs. 

On  trouvera  dans  un  mémoire  de  M.  Joseph-Marie  Fusco 
nn  grand  carlin  d'Alphonse,  frappé  à  Aquila,  pièce  qui 
nons  montre  des  lettres  initiales  isolées  séparées  par  des 
rosaces  *  Il  paraît  bien  probable  que  notre  billon  est 
nne  division  de  cette  monnaie  ;  sa  fabrique  italienne  est 
évidente;  mais  je  le  rattache  à  la  série  de  Provence  comme 
ayant  été  émis  par  un  prétendant  à  la  possession  de  ce 
comté. 

ReslUulion  à  t atelier  monétaire  d^Aix  des  A  gothiques  pla- 
cés sur  des  monnaies  de  Charles  VIII  et  attribués  à  Anne 
de  Bretagne. 

En  général,  on  a  voulu  voir  jusqu'à  ce  jour  les  initiales 
d*Anne  de  Bretagne  dans  les  deux  A  gothiques  qui  can- 
tonnent la  croix  sur  le  magnifique  blanc  frappé  par 
Charles  VIII,  et  décrit  à  l'état  de  piéfort  par  Leblanc,  Saint- 
Yincent,  Duby,  et  en  dernier  lieu  par  Conbrouse,  sous  le 
n*  àà9  des  monnaies  tournois  de  son  catalogue.  La  Bi- 
bliothèque impériale  possède  ce  piéfort,  et  le  musée  de 
HarseiUe,  lors  de  la  vente  du  cabinet  Rousseau,  a  fait  l'ac- 
quisiUon  d'un  exemplaire  de  la  monnaie  simple.  J'en  donne 

*  JfUorno  ad  alcune  monete  aragomsi  ed  a  varie  città  che  teniiero  zecca  in  quella 
êtagiona  (  Atti  deir  Âecademia  PonUniana,  vol.  V}.  Napoli,  18-16,  in-4t 


S8i  MÉMOIRES 

le  dessin  (quoiqu'il  soit  bien  connu)  pour  faciliter  un  rap* 
prochenaent,  et  pour  épargner  aux  lecteurs  la  peine  de  k 
chercher  dans  les  ouvrages  cités  : 

N«  1.  +  .  KAROLVS  :  DE1:GRACIA  :  FRANCORVM  :  REl 
Heaume  orné,  aux  lambrequins  retombant  sur  Técu  royal 
penché  à  gauche. 

Hj.  +ET:FOR:CALQVERII:COMES:PROVINCIE:.  Croil 
simple  fleurdelisée ,  cantonnée  de  deux  A  gothiques  et  de 
deux  couronnes. 

Billon.  Poids,  2»',75.  (PL  XI,  n*  8.) 

Je  crois  que  notre  exemplaire  est  le  seul  connu  jusqu'à 
présent  à  l'état  de  monnaie. 

Cette  attribution  à  Anne  de  Bretagne  s'étendait  aussi 
aux  deux  A  qui  accostent  le  grand  K  couronné  placé  dans 
le  champ  du  piéfort  en  or  du  demi-blanc  de  Provence,  éga- 
lement possédé  par  la  Bibliothèque  impériale,  dessiné  par 
les  auteurs  que  j'ai  nommés  et  décrit  par  Gonbrouse  sous 
len«450. 

En  1855,  lorsque  je  publiais  dans  une  revue  locale  dèr 
lettres  sur  l'histoire  monétaire  de  Marseille,  je  m'élevais 
instinctivement  contre  cette  opinion,  me  basaot  sur  ce 
simple  raisonnement  qu'Anne  de  Bretagne  u'avait  rien  à 
voir  en  Provence,  et  que,  si  son  royal  époux  avait  voulu 
lui  faire  la  galanterie  de  placer  ses  initiales  sur  une  mon- 
naie, il  eût  été  plus  rationnel  de  les  inscrire  sur  des  pièces 
émises  pour  la  Bretagne  elle-même,  telles  que  celles  don- 
nées par  Gonbrouse  sous  les  n"**  436,  A37,  438,  445  et  466 
de  son  catalogue,  où  ces  lettres  ne  se  trouvent  pas;  ou 
bien  encore  de  l'associer  plus  largement  à  l'autorité  sou- 
veraine en  continuant  à  laisser  cette  princesse  frapper  la 
monnaie  semi -royale  et  ducale,  décrite  par  Duby  et  des^ 


ET  DISSERTATIONS.  285 

sioée  sous  les  n**  ô  et  6  de  sa  planche  67  *.  Je  me  disars 
surtout  que  si  Tintention  de  Charles  VIII  avait  été  telle 
qu'on  la  suppose,  les  deux  A  qui  accostent  le  K  couronné 
sur  le  piéfort  en  or  du  demi- blanc  de  Provence  auraient 
été  bien  plus  rationnellement  placés  aux  côtés  de  la  même 
lettre  sur  le  Karoius  de  Bretagne  ;  enfin  il  me  semblait  alors 
que  l'initiale  du  roi  est  couronnée  sur  toutes  ces  pièces,  que 
l'hommage  rendu  à  la  reine  eût  exigé  le  même  honneur 
pour  être  complet.  Or  il  est  remarquable  que  sous 
Charles  VIII  ces  A  gothiques  ne  sont  pas  couronnés  et  ne  se 
trouvent  uniquement  placés  que  sur  les  deux  seules  pièces 
frappées  pour  la  Provence  à  l'exclusion  de  toutes  les  autres, 
même  pour  la  Bretagne. 

Sous  Louis  XII,  il  est  vrai,  nous  trouvons  un  écu  d'or 
évidemment  frappé  avec  l'intention  d'y  placer  le  chiffre 
de  la  reine;  mais  aussi  cet  écu,  décrit  sous  le  n**  519  de 
Conbrouse  et  fabriqué  à  Nantes,  appartient  au  fief  de  cette 
princesse;  en  outre  les  deux  A  sont  couronnés,  et  cette 
circonstance  révèle  l'observation  de  l'espèce  de  conve- 
nance que  je  signalais  tout  à  l'heure.  Mais,  en  dehors  de 
cette  pièce,  toutes  celles  sorties  des  ateliers  monétaires  au 
titre  de  la  Provence  sous  ce  règne,  ne  portent  la  lettre  A 
que  dans  la  légende,  exactement  à  la  même  place  et  de  la 
même  manière  que  le  T  gothique  pour  Tarascon. 

Aussi,  après  avoir  bien  examiné  ces  diverses  monnaies, 
je  repoussai  l'anomalie  qui  aurait  accordé  en  quelque 
sorte  les  honneurs  monétaires  à  la  reine  Anne  précisément 
dans  une  province  qui  ressentait  encore  le  contre-coup  de 
son  annexion  au  royaume  et  qui,  par  le  fait,  se  trouvait  la 
plus  éloignée  de  son  duché  héréditaire  et  presque  en  rivalité 

1  B§t^  muRûm.,  1847,  pi.  XX,  n*  1. 


286  MÉMOIRES 

de  mœurs  et  de  langage.  J'acceptais  sans  conteste  son 
droit  sur  l*écu  d'or  frappé  à  Nantes;  msds  je  ne  voulais  voir 
dans  les  A  placés  sur  les  monnaies  de  Provence  que  les 
initiales  des  ateliers  d'Âix,  mises  en  évidence  comme  un 
reste  d'autonomie. 

Comme  je  ne  raisonnais  alors  que  par  induction,  je  n'ai 
pas  voulu  laisser  cette  opinion  sortir  de  la  province  qu'elle 
concernait;  mais  aujourd'hui  je  suis  assez  heureui  pour 
appuyer  mes  observations  sur  une  pièce  unique  peut-être, 
dont  je  me  suis  liâté  de  faire  l'acquisition.  C'est  un  grand 
blanc  de  Louis  XI  frappé  pour  la  Provence  et  sur  lequel  U 
lettre  A  se  trouve  placée  en  abîme  sur  le  point  de  jonction 
des  branches  de  la  croix  du  revers. 

N°  2.  CouronneUe.  LVD0V1GVS::D:G:FRANC0RVM:B: 
PROVINClEiG:.  Trois  lis  (2  et  1)  dans  trois  lobes  de 
cercles,  un  petit  soleil  sur  la  couronnelle.  Type  du  blanc 
au  soleil. 

^.  Couronnelle.  SlT:KOx\lEN:DOMINl:BENEDICTVM:. 
Croix  pattée  dans  un  entourage  à  quatre  lobes.  A  gothique 
placé  au  centre  de  la  croix. 

Billon.  Poids,  2«',85.  (PI.  XI,  n<»  7.) 

A  l'appui  de  mon  raisonnement,  je  dois  d'abord  chercher 
à  établir  que  cette  pièce  appartient  incontestablement  an 
règne  auquel  je  l'attribue. 

Le  type  général  est  indubitablement  celui  de  monnaies 
bien  connues  de  Louis  XI,  un  type  spécial  à  ce  prince  etqm 
n'a  pas  dépassé  Charles  VIII  :  c'est  le  grand  blanc  au  soleil 
que  Louis  XII  n'a  pas  adopté.  Et,  pour  éloigner  tout  con- 
teste, un  fait  plus  caractéristique  vient  justifier  cette  attri- 
bution :  c'est  la  comparaison  de  notre  pièce  avec  celtes 
frappées  par  le  même  prince  à  Perpignan.  En  eflFet,  si  les 
numismatistes  qui  n'en  possèdent  pas  de  spécimens  veulent 


ET   DISSERTATIONS.  287 

examiner  le  dessin  des  n°'  3  à  8  de  la  planche  V  de  la 
Revue  numismatique  pour  1867,  ils  verront  que  la  lettre  P, 
indicative  de  Tatelier  monétaire,  se  trouve  placée  et  frap- 
pée exactement  de  la  même  manière  que  l'A  sur  notre 
monnaie.  En  outre  l'analogie  est  frappante  entre  elle  et  le 
D*  6  an  même  type.  Il  n'y  a  donc  pas,  à  mon  avis,  d'hési- 
tation possible,  le  signe  monétaire  n'ayant  jamais,  à  une 
autre  époque,  été  inscrit  de  cette  manière.  Et  comme,  sous 
Louis  XI,  il  ne  pouvait  être  question  d'Anne  de  Bretagne^ 
je  me  crois  fondé  à  dire  que  la  lettre  A,  quelle  que  soit  la 
place  qu'elle  occupe,  doit  être,  pour  toutes  les  monnaies, 
restituée  à  l'atelier  d'Aix,  malgré  toute  la  poésie  que  l'on 
pourrait  rencontrer  dans  l'ancienne  attribution.  Et  si,  sur 
les  piéforts  de  Charles  YIII,  ces  lettres  affectent  une  forme 
plus  solennelle,  il  faut  penser  qu'il  s'agit  ici  de  pièces  d'un 
dessin  tout  exceptionnel,  en  quelque  sorte  de  plaisir,  et 
qui,  par  le  fait,  n'ont  jamais  eu  cours. 

Aix  a  conservé  son  initiale  pour  lettre  monétaire  jusqu'à 
Tordonnance  du  ià  janvier  1539,  qui  a  donné  à  Tate- 
lier  de  Paris  la  première  lettre  de  l'alphabet.  Cette  ville  a 
pris  ensuite  la  marque  &  et  l'a  conservée  jusqu'en  1786, 
époque  où  elle  a  été  dépossédée  de  son  hôtel  des  monnaies 
tnmsféré  à  Marseille. 


Au  moment  où  je  venais  de  terminer  cet  article,  il  m'est 
tombé  entre  les  mains  un  blanc  de  haut  billon  de  René 
portant  également  la  lettre  A  au  bas  de  la  barre  de  sépara- 
tion placée  entre  les  armes  de  Provence  et  celles  de  Jéru- 
^em  (pi.  XI,  n*  6).  Cette  circonstance  vient  d'une  ma- 
nière irrécusable  à  l'appui  de  l'opinion  que  j'ai  exposée, 
3t prouve  non-seulement  que  cette  lettre  appartient,  pendant 


288  UÉMOIRËS 

cette  période  du  xv*  siècle,  uniquement  à  Tatelier  d' Aiz,  nuûs 
encore  que  Charles  VIII,  comme  son  père  Loub  XI  et  son 
successeur  Louis  XII,  n'a  fait  que  continuer  ce  qui  existait 
déjà  à  l'époque  de  René.  Seulement  il  résulte  de  la  pièce 
que  je  publie  aujourd'hui  que  l'usage  d'une  lettre  moné- 
taire était  en  vigueur  pour  la  Provence  antérieurement  à 
1A80,  comme  pour  la  Catalogne  sous  Louis  XI,  avant  d'être 
adopté  en  France  par  l'ordonnance  du  1 A  janvier  1539,  qui 
retira  la  lettre  A  à  Aix  pour  la  donner  à  Paris  et  la  rem- 
placer par  le  &  que  cet  atelier  a  conservé  jusqu'à  sa  fer- 
meture en  1786*. 

Enfin  M.  le  comte  de  Clapiers*,  dont  la  collecUon  renferme 
aussi  bon  nombre  de  pièces  intéressantes,  m'a  communi- 
qué une  monnaie  de  Louis  XII,  grand  blane  au  type  de 
Charles  \III ,  sur  lequel  la  lettre  A,  toujours  dans  le 
champ,  se  trouve  placée  au  bas  et  au-dessous  de  la  crmi 
potencée  du  revers  (pi.  XI,  n*  10),  Pour  compléter  l'en- 
semble, j'ajoute  encore  la  figure  de  l'écu  d'or  de  Louis  XII, 
dont  la  légende  se  termine  par  A  (pi.  XI,  n*  9). 

Ces  trois  nouvelles  pièces  venant  à  l'appui  de  mes  ob- 
senations,  je  n'ai  garde  de  les  négliger,  car  il  en  ressort 
que  cette  lettre  ayant  été  employée  dès  avant  1480,  et  tou- 
jours placée  dans  le  champ  comme  signe  monétaire  jusqu'à* 
près  le  commencement  et  presque  le  milieu  du  xvi*  siècle 
par  René  de  Provence,  Louis  XI  et  Louis  XII,  il  serait  ao 
moins  étrange  qu'elle  eût  perdu  sa  signification  pendant  le 
règne  intermédiaire  de  Charles  VIII.  Que  l'on  ait  profité, 

>  Sous  le  règne  de  Charles  VI  déjà  une  ordonnance  dn  danpbin  avah  pm* 
crit  rasage  des  lettres  initiales  ponr  marquer  la  monnaie  des  ateliers  d'Orléans* 
Loches ,  Chinon ,  Montaiga,  Niort,  Fontenay,  Parthenay,  Fîgeac,  Boiufai, 
Saumur,  Montferrand  et  Lyon.  Revue  num.,  1838,  p.  378. 

*  La  bibliothèque  de  Marseille  vient  de  faire  Tacquisition  d*ane  pièce identiqiM. 


KT      DISSKKTATIONS.  2li9 

peut-être  après  coup,  de  la  double  application  que  présen- 
tait cette  initiale  pour  vouloir  en  faire  l'objet  d'une  galan- 
terie à  Anne  de  Bretagne,  c'est  possible;  mais  je  n'en  crois 
pas  moins  devoir  revendiquer  la  propriété  pour  l'atelier 
d'Aix. 

Maintenant  je  vais  essayer  de  répondre  par  avance  à 
quelques  unes  des  objections  qui  pourront  m'être  faites, 
et  sur  la  voie  desquelles  je  suis  déjà  mis  psu*  mon  obli- 
geant ami  M.  de  Longpérier. 

Ainsi  l'on  me  dira  que  lés  A  redoublés,  et  non  plus  un  A 
seul,  alternant  avec  les  couronnes,  ne  sauraient  que  diffici- 
lement être  pris  pour  une  marque  de  monnaierie,  et  qu'il 
D'y  a  rien  de  choquant,  comme  fait  illogique,  dans  la  pré- 
sence des  initiales  de  la  reine  Anne  sur  des  monnaies  de 
Provence;  et  à  l'appui  de  ce  raisonnement  on  invoquera  la 
valeur  de  celles  placées  entre  les  branches  de  ia  croix 
sur  bon  nombre  de  monnaies  des  seigneurs  du  Béam,  des 
rois  de  Navarre,  des  comtes  de  Provence  eux-mêmes,  des 
papes  d'Avignon,  des  marquis  de  Saluées,  etc.,  comme  sur 
quelques-unes  de  nos  pièces  royales.  Enfin  la  même  cir- 
constance du  redoublement  de  lettre  se  représentant,  si- 
non d'une  manière  identique,  du  moins  avec  la  même  in- 
tention, dans  la  petite  pièce  de  Charles  VllI,  sur  laquelle 
OD  voit  A.K.  A,  faire  le  procès  à  l'une  de  ces  monnaies  serait 
aussi  le  faire  à  l'autre. 

Je  ferai  d'abord  remarquer,  en  ce  qui  concerne  les  ini- 
tiales princières  ou  royales  inscrites  entre  les  branches  de 
la  croix,  que  cet  usage  était  à  peu  près  circonscrit  aux 
contrées  méridionales,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  le  nom 
des  fiefs  que  je  citais  tout  à  l'heure.  C'était  une  sorte  de 
signature  que  les  seigneurs  n'employaient  que  pour  leurs 
domaines  spéciaux .  Mais  il  y  a  loin  de  là  à  en  avoir  fait  l'ap- 

1862.— 4.  20 


290  MÉMOIRHS 

pHcntion  à  une  princesse  du  nord-ouest  de  la  France,  et 
surtout  à  titre  royal,  alors  qu  à  une  seule  exception  près 
peut-être,  cette  mode  n'a  été  adoptée  que  postérieurement 
pour  nos  monnaies  nationales,  et  seulement  sous  le  règne 
de  Louis  XII;  et  si  Ton  eût  voulu  réellement  appeler  ici  le 
souvenir  ou  la  pensée  d*Anne  de  Bretagne  au  lieu  de  faire 
alterner  dans  les  cantons  de  la  croix  les  A  avec  des  cou- 
ronnes, n* aurait-il  pas  été  plus  naturel  de  leur  adjoindre 
les  hermines  dont  la  duchesse  était  si  Gère,  et  qui  auraient 
clairement  manifesté  l'intention? 

Puis,  en  dehors  de  ce  que  j'ai  déjà  dit  sur  TaDomalie 
d'attribuer  à  la  princesse  bretonne  une  sorte  de  suze- 
raineté et  de  droit  régalien  sur  une  autre  province,  ne 
serait-il  pas  étrange  qu'on  ait  précisément  choisi  k 
Provence ,  cette  contrée  vis-à  vis  de  laquelle  existait 
l'antipathie  réciproque  et  nationale  des  ponentais?  Cette 
dernière  observation  aura  plus  de  force  encore  lors- 
qu'on réfléchira  que  cet  honneur  monétaire  ne  lui  a  été 
rendu  dans  aucun  des  autres  grands  fiefs  de  la  couronne. 
En  définitive,  si  Charles  Y 111  avait  du  moins  annexé  lui- 
même  la  Provence  à  la  France,  on  pourrait  compreodre 
qu'il  eût  voulu  faire  hommage  de  sa  conquête  à  la  belle 
reine  qui,  de  son  côté,  lui  avait  apporté  la  Bretagne.  Mas 
cet  hommage  illusoire  d'une  province  déjà  acquise  pou- 
vait-il avoir  lieu  en  présence  de  l'opposition  encore  si  vive 
de  la  noblesse  bretonne  à  la  reconnaissance  du  roi  de 
France  comme  son  suzerain  ?  Dévouée  à  ses  princes,  elle 
ne  voulait  reconnaître  que  leur  autorité,  en  même  temps 
qu'elle  maintenait  tous  leurs  droits.  Le  duc  François  II, 
promoteur  de  la  ligue  du  bien  f7u6(/c,  qui  batUX  Louis  XI  à 
Montlhéry,  n'avait  pas  légué  à  ses  pairs  l'amour  de  la  dy- 
iwsUe  royale;  aussi,  après  sa  mort,  sa  fille  Anne,  qui 


ET    DISSERTATIONS.  291 

D* était  alors  âgée  que  de  quatorze  ans ,  continua-t-elle  à 
user  de  ses  droits  dans  toute  leur  plénitude,  et  le  mariage 
à  main  armée  et  par  droit  de  conquête,  imposé  à  cette 
princesse  en  1491  avec  le  roi  de  France,  suffit  à  peine  à 
la  fiëre  Bretagne  pour  lui  faire  reconnaître  la  suprématie 
royale. 

Après  la  mort  de  Charles ,  Anne,  retirée  dans  son  du- 
ché, frappait  encore  à  Nantes  en  1498,  comme  duchesse 
de  Bretagne  et  reine  douairière  de  France,  cette  belle  ca- 
dière  d'or  si  rare  aujourd'hui ,  et  il  fallut  son  second 
mariage  avec  Louis  XII  en  1499  pour  assurer  Tadjonc- 
tîoa  définitive  de  la  province. 

On  s'attendrait  plutôt  à  trouver  sur  les  pièces  frappées 
après  la  conquête  de  Naples ,  les  initiales  de  la  reine  unies  à 
celles  du  roi  qu'on  y  voit  inscrites  :  nous  n'aurions  pas 
alors ,  comme  sur  la  monnaie  conservée  à  la  Bibliothèque 
impériale ,  un  écu  d'or  (n*"  494  du  Catalogue  de  Conbrouse) 
portant  un  écusson  accosté  à  droite  d'un  K,  et  à  gauche 
d'une  croisette  à  la  place  de  laquelle  figurerait  si  bien  l'ini- 
tiale de  la  reine. 

Enfin ,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'il  ne  s'est  pas  agi 
ici  de  monnaies  courantes ,  mais  bien  de  piéforts  ou  d'es- 
sais sur  lesquels  je  crois  pouvoir  persister  à  voir  les  initiales 
de  l'atelier  d'Aix  mises  en  évidence  à  côté  des  honneurs 
royaux ,  comme  une  fiche  de  consolation  accordée  à  cette 
capitale  récemment  détrônée. 

Ad.  Carpentin. 


20â  UÉMOIRIIS 


MONNATKURS  FRANÇAIS 

DANS  U  GRANDE-BRETAGNE  AUX  XII*  ET  XIII^SIECI.ES. 


On  n'a  pas  encore  retrouvé  de  monnaies  frappées  par 
Louis  de  France,  père  de  saint  Louis,  pendant  son  règne 
de  quinze  mois  en  Angleterre,  du  18  juin  1216  à  la  fin  de 
septembre  1217.  On  est  en  droit  de  s'en  étonner;  le  jeune 
prince  résidait  dans  la  capitale,  et  il  pouvait  employer 
dans  plusieurs  villes  des  monnayeurs  français  déjà  établis, 
disposés  à  reconnaître  sa  souveraineté  et  à  travaiUer  pour 
lui  dans  leurs  ateliers  *. 

La  présence  des  monnayeurs  français  en  Angleterre  et 
en  Ecosse  au  x\V  et  au  xiir  siècles  est  un  fait  curieux  qui 
n'a  guère  été  étudié  de  l'autre  côté  du  détroit,  et  qui  a  été 
encore  plus  négligé  chez  nous.  II  y  aursdt  là  matière  à  Caire 
un  nouveau  chapitre  pour  l'histoire  des  artistes  français  à 
r  étranger. 

En  17A5,  Stephen  Martin  Leake,  auteur  d'une  histoire  de 
la  monnaie  anglaise,  s'exprimait  ainsi  : 

«  Stow  mentionne  les  deniers  du  Conquérant  portant  LE 
REY  WILAM  que  quelques-uns  de  nos  antiquaires  pensent 
appartenir  plutôt  à  Guillaume  premier  d'Ecosse.  Maispour- 

*  Il  fant  remarquer  toutefois  que  pour  Richard  Cœur  de  Lion  on  n*a  que  des 
<)enier8  fabriqués  en  Guienne,  en  Poitou,  k  Issondnn,  et  qne  les  deniers  et 
QboleA  ClfC  Jean  sans  Tvrre  sortent  dv  Tatclier  dt  Dublin. 


ET    DISSERTATIO.NS.  29S 

quoi  UD  roi  d* Ecosse  aurai t-ii  parlé  français  sur  sa  mon- 
naie, plutôt  que  le  conquérant  qui  mit  cette  langue  en 
usage  parmi  nous?  Je  ne  le  comprendrais  pas,  spéciale- 
ment, comme  (si  je  ne  trompe  pas)  on  ne  connaît  rien  de 
semblable  sur  la  monnaie  écossaise.  Cela  est  certainement 
plus  naturel  de  la  part  du  Normand  qui  a  peut-être  fait 
frapper  ces  monnaies  en  Nprmandie,  et  d'autant  plus  pro- 
bable qu'un  de  ces  deniers,  en  ma  possession,  représente 
une  tète  imberbe,  suivant  la  mode  normande  ^  » 

Wise,  l'auteur  du  catalogue  de  la  collection  Bodléienne 
d'Oxford,  impressionné  par  cette  doctrine,  a  d'abord  classé 
le  denier  [>ortant  la  légende  LE  REl  WILAM  au  règne  de 
Guillaume  le  Conquérant,  ajoutant  :  a  Comme  les  Écossais 
eux-mêmes  paraissent  répudier  cette  monnaie^  j^  ne  ferai 
pas  de  difficulté  de  la  placer  en  tête  de  la  série  angIo-fran<- 
çaise.  n  Deux  pages  plus  loin  cependant,  il  la  décrit  une 
seconde  fois,  parmi  les  deniers  écossais;  il  en  donne  de 
nouveau  la  figure  tout  en  renvoyant  à  sa  première  attribu- 
tion adoptée,  dit-il,  haud  invitis  antiquariU^  avec  rassenii^ 
ment  des  antiquaires*. 

Adam  de  Cardonnel  ne  parait  pas  avoir  connu  l'ouvrage 
de  Wise,  et  dans  ses  Numismaia  5ro/t>,  il  ne  s'applique 
pas  à  le  réfuter  en  particulier,  mais  il  fait  allusion  à  une 
opinion  assez  commune  lorsqu'il  dit  : 

a  Des  inscriptions  si  inusitées  dans  ce  royaume  peuvent, 
à  première  vue,  frapper  le  lecteur  de  l'idée  qu'elles  ne  sont 
pas  écossaises  ;  mais  si  l'on  examine  les  revers,  le  douio 
s'évanouira.  » 

«  Guillaume  le  Lion  qui  succéda  à  son  frère  Malcolni  IV 

An  historiral  acrount  of  English  monej/,  é<lit.  «le  1745,  ou  troi^it'ino  rtiit. 
4e  1793,  p.  42. 

<  A'vfnmor.  ant,  êcri»,  Bodltianis  recond.  catal.,  17âO,  [>.  241,  ?13. 


29  A  MÉMOIRES 

en  1165,  ayant  été  fait  prisonnier  par  l'armée  d'Henri  II, 
roi  d'Angleterre,  fut  conduit  près  de  ce  prince,  alors  en 
Normandie,  et  retenu  jusqu'à  ce  qu'il  eût  payé  une  rançon 
de  A0,000  marcs  écossais.  Il  sera  donc  permis  de  supposer 
que  pendant  qu'il  résidait  hors  de  son  pays,  il  aurait  engagé 
et  envoyé  en  Ecosse  des  artistes  étrangers  chargés  de  frapper 
la  monnaie  nécessaire  pour  payer  celte  rançon.  Ce  qui  ex- 
pliquerait pourquoi  ce  premier  monnayage  est  français. 
D'ailleurs,  quatre  des  localités  affectées  à  ce  monnayage 
étaient  des  places  fortes  (Roxburgb,  Berwick,  Edinburgh  et 
Stirling)  livrées  en  gage  jusqu'à  ce  que  la  somme  stipulée 
fût  payée  *.  » 

M.  John  Lindsay,  dans  son  ouvrage  intitulé  A  vietc  ofthe 
eoinage  ofScotland  (1845),  adopte  pleinement  Topinon  de 
Cardonnel;  mais  il  n'ajoute  aucun  détail  concernant  les 
monnayeurs  français  ;  cependant  on  peut  dire  qu'il  est  au- 
jourd'hui universellement  admis  que  les  légendes  LE  BEI 
WILâM  et  LE  BEI  WILLAME  appartiennent  à  Guillaume  le 
Lion  d'Ecosse. 

Les  légendes  des  revers  nous  donnent  : 

1.  HVE  WALTEB,  variante  HVE  WATEB. 

2.  HVE  DE  EDENEBV  (Edinburgh) 

3.  FOLPOLT  DE  PERT  (Perth). 

4.  PIERES  ON  ROC  (Roxburgb). 

5.  PERES  ADAM  ON  ROK,  variante  ON  ROKES. 
a.  HENRI  LE  RVS. 

7.  HENRI  LE  RVS  PERT. 

8.  RAVL  DE  ROCESBV,  variante  DE  ROCEBVRG. 

9.  BAVL  BERVIG  (Berwick). 

*  Nnm,  Seoti»  or  a  stries  of  the  Scottish  comugt.  Edinburgh,  1786,  p.  40. 


I:T    DISSKftïATIONS.  295 

Les  monnaies  d* Alexandre  II,  successeur  de  Guillaume  le 
LÎOD  (12U-12Ï0) ,  fournissent  les  noms  des  monnayeurs  : 

10.  ALAIN  ANDRV  DE  RO  (Roxburgli). 

11.  ANDRV. 

12.  PIERES  ON  ROC. 

Le  n»  1  est,  je  crois,  frappé  à  Roxburgh  ;  déjà  M.  Lindsay 
a  publié  (pi.  II,  n*  30).  un  petit  denier  sur  lequel  on  lit, 
au  droit  et  au  revers  :  HVE.WAL.RO.  Mais  je  possède  une 
pièce  encore  plus  explicite,  car  au  revers  de  la  légende 
LE  REI  WILAM,  on  voit  HVE  WATER  ON  RO. 

Hue  est  une  forme  bien  française;  c'est  la  traduction  de 
Hugo,  et  si  on  l'écrit  fort  souvent  //ue5,  cela  tient  à  cette 
préoccupation  grammaticale  dont  j*ai  plusieurs  fois  déjà 
rappelé  les  effets  \  C'est  ainsi  qu'on  lit  le  nom  de  Tarchi- 
tecte  MAISTRE  HYES  LIRERGIERS  (12(13),  sur  une  dalle 
tumulaire  de  Reims,  et  qu'on  observe  Hues  à  chaque  pujjje 
du  célèbre  roman  de  Huon  de  Rordeaux  *,  H  rois  Unes  dans 
le  roman  de  Parise  la  duchesse  '.  Mais  on  trouve  aussi  le 
duc  Uue  de  Lan  grès  dans  le  roman  de  Gui  de  Rourgognc  \ 
messire  Ilue  conte  de  la  Marche  dans  la  chronique  de  Saint- 
Denis,  Hue  de  Tabarié  dans  YEsloxre  de  Eracles  empereur  *. 

Pères  et  sa  variante  Piercs  ne  sont  pas  moins  conims. 
Outre  la  céU»bre  abbaye  de  Saint-Père  de  Chartres,  nous 
avons  cinq  bourgs  ou  villages  dont  le  nom  conserve  la 
même  orthographe.  Pères  c'est  Petrus  après  chute  de  la 
consonne  dure-,  Pierre  n'est  qu'une  forme  corrompue. 

«   Bévue  numism,.  1859,  p.  268;  1860,  p.  330. 

«  Lei  Âneieni  poètes  de  la  France,  éd.  de  M.  Guesaard,  publ.  i«ar  le  n;in.  lic 
rinMroction  publique,  t.  V. 
»  /6fJ.,t.  IV,  p.  30. 

*  Tbid.,t.  I,  p.  37. 

*  Hûêorimu  des  rrmsades ,  Occi<i..  II.  p.  222. 


29Ù  MÉMOIRES 

M.  John  Lindsay  avait  lu  sur  les  d**  6  et  7  HËiNKILERVS 
(pages  10  et  274)  ;  mais  nous  ne  pourrions  admettre  uo 
nom  si  extraordinaire,  et  Ton  n'hésitera  pas  à  diviser  cette 
longue  série  de  caractères  en  trois  parties.  HENRI  LE  RVS, 
c'est-à-dire  Henri  U  Roux,  rappelle  en  même  temps  le  roi 
Guillaume  le  Roux,  fils  du  Conquérant,  le  garde  de  la  mon- 
naie anglaise  Nigel  RufFus  (121i),  le  graveur  des  monnaies 
Ralph  le  Blund  (1267),  et  les  gardes  des  coins  Willelmus 
Rufus  et  Adam  Blundus  (1221)  \  Les  surnoms  alors  étaient 
communs.  Dans  RVS,  RÂVL,  TU  avait  le  son  de  oti.  L'ad- 
verbe oiiy  la  conjonction  ou  ont  été  longtemps  écrits  avec 
un  simple  u.  Au-dessous  d'une  vignette  peinte  dans  un 
beau  manuscrit  de  1125  *,  on  lit  : 

ICI  SIENT  LI  APOSTLE  PVR  IVIER  (pour  juger). 

Guillaume  le  Lion  est-il  le  plus  ancien  roi  d'Ecosse  qui 
ait  empldyé  des  monnayeurs  français?  C'est  là  une  question 
à  examiner.  Le  denier  attribué  par  Wise  a  David  I  (1124- 
1153),  pièce  qui  porte  HVKWATAR.  soulève  bien  des 
doutes.  D'un  autre  côté,  les  monnaies  d'Alexandre  I  et 
d'Henry  de  Northumberland ,  qui  ont  été  publiées  par 
M.  Lindsay,  n'offrent  pas  toujours  des  inscriptions  lisibles. 

Mais  si  d'Ecosse  nous  passons  en  Angleterre,  nous  ren- 
controns les  noms  français,  dès  le  commencement  du 
xii«  siècle.  GERAVD  ON  BRIST  sous  Henri  I  (1100-1136), 
FERRIS  sous  Etienne  (11351154),  ROGIER  ON  EX  sous 
Henri  II  (1154-1189).  C'est  toutefois  pendant  le  règne  de 
Henri  111  (1216-1272)  que  les  noms  français  abondent,  et 
je  citerai  comme  exemples  : 

1  Ruding,  Ânnah  of  the  cotnagf  of  Gr.-Bnt.,  t.  I,  p.  26,  44  et  46, 
«  Archxol^gm,  t.  XXXVII,  r-  37Ç>. 


ET   DISSERTATIONS.  297 

1.  ALAIN  ON  GARD  (Carliste) . 

2.  AUS ANDRE  ON  R  (Rochester). 

3.  ALISANDRE  ON  C  (Canterbury) . 
h.  ARNAVD  ON  CAN. 

"6.  BENEIT  ON  LVND  (London). 
0.  ERNAYD. 

7.  GILEBERT. 

8.  HERNAVD. 

9.  HVE  ON  NICOLE  (Lincoln). 

10.  HVGON. 

11.  ILGIER  ON  LV  (London). 

ii.  lOHAN  B  ON  CAN  (Canterbury). 

IJ.  lOHAN  M  ON  CAN. 

14.  lOHAN  ON  EXE  (Exeter). 

16.  lOHAN  ON  LVNDE  (London). 

16.  lOHAN  ON  NOR  (Norwicb). 

17.  lOHAN  ON  WINC  (Winchester). 

18.  MILES  ON  WINCE. 

19.  NICOLE  ON  LEN  (Lynn). 

20.  NICOLES  ON  LVND  (London).  (CoU.  Reichel). 

21.  PIERES  ON  CICE  (Chichester) . 

22.  PIERES  ON  DVRE  (Durham). 

25.  RAINAVD. 

24.  RAVF  ON  NICOL  (Lincoln). 

26.  RAVL  ON  NORHT  (Northampton). 

26.  REINIER  ON  WINC. 

27.  RENAVD  ON  EVER  (York). 

28.  RENAVD  ON  NOR  (Norwicb). 

29.  RICHARD  LE  ESPBE  (Canterbury). 

30.  RICHARD  DE  NEKETON  (London)  '. 

>  Vovezles  listes  de  monétaires  don nce^  pur  Radiiig,  Annaés,  In  coilcciion 


298  MÉMOIRES 

Je  ne  puis  rien  affirmer,  on  le  comprendra,  relalivemeDt 
à  la  nationalité  des  raonnayeurs  Abel,  Adam,  Bartelme. 
Ëverard,  Fulke,  Henri,  Jacob,  Jurdan,  Paul,  Robert,  Sa- 
muel, Simon,  Tomas,  parce  leurs  noms  appartiennent  aussi 
bien  à  l'anglais  qu'au  français. 

Rogier,  Hgier,  Reinier  sont,  comme  Piefes,  des  altéra- 
tions toutes  françaises  de  même  que  bergier,  vergier^  mon^ 
fjier^  forgier,  messagier,  Bérengiers,  Ys^el,  Aagletierre, 
Gériaumes,  etc. 

On  trouve  dans  nos  vieux  textes  Robiers  de  Flandres, 
Itogiers  de  Mortaigne,  K  daneis  Ogierê^  AngeUer$  de  Bw- 
dale  \  et  tant  d'autres  exemples  qu'on  ne  saurait  les  citer. 

FERRIS  est  la  forme  française  bien  connue  de  Frede- 
ricus. 

Au  n*  5  nous  trouvons  le  monnayeur  BENEIT  dont  le 
nom  appartient  à  ce  système  orthographique  suivant  lequel 
on  écrivait  Het,  Franceis.  Daneis,  GaufreU  Peitevins,  cur- 
leis  (courtois),  peis  (poids),  treis,  orfreis^  mei,  êeil.  etc. 

Beneit  est  la  contraction  très-sensible  de  Benedictus,  par 
voie  de  suppression  des  consonnes  dures  intérieures.  Siron 
a  plus  tard  écrit  Benoit,  c'est  que  la  dipbthongue  01  ai  ait 
le  même  son  que  El  : 

Benéeîtc  scies  Marie 

Kt  benéAÎK  li  frais  de  tei  *. 

Au  n**  10,  HVGON  devrait  logiquement  être  considéré 

du  Sumiitmatic  rhronicle,  éditée  par  M.  J.  Y.  Akeman,  et  dans  la  noavelîs 
»M*i  de  ce  recueil  les  Notices  de  MM.  U.  Sainthill  et  Assbeton  Pownall,  t.  h 
p  204  et  206. 

«  Chron.  atlrib.  àBaud.  (TAcesnes.  Bisi^r.  de  France^  t.  XXI,  p.  Î72,  174.— 
Homan  d'OiiineL  Ane.  portes  de  la  Fr  ^  t.  I.  p,  25.  --  Roman  Je  Floorani,  iW., 
p.  44. 

•  Wace,  In  Vif  df  la  ritrgt  MarU,  éd.  Lurarcbe.  p.  46. 


ET   DISSEBTATIONS.  299 

ôomme  un  dérivé  de  Tablatif  d*Hugo.  Mais  quand  on  se 
reporte  à  nos  anciens  textes  français  on  s*aperrx)it  de  l'exis- 
tence d'nne  série  de  diminutifs  employés  concurremment 
avec  les  noms  à  l'état  simple,  dans  la  prose  aussi  bien  que 
dans  les  vers;  c'est  ainsi  qu'on  lit  le  roi  Philippon,  le  roi 
Pierron,  le  roi  Charlon  dans  les  chroniques  les  plus  sé- 
rieuses ^ 

Les  chansons  de  geste  nous  montrent  dans  les  mêmes 
pages  Karles  et  Karlon,  Kalles  etKallon,  Challes  etCballon, 
Gileset  Gillon,  Guis  et  Guion,  Nales  et  Nalon  ;  enfin  Hues, 
Dges,  Hugues,  Huon,  Hugon  et  Hugons  '.  Challon  et  Cha- 
lon,  en  tant  que  noms  d'homme,  viennent  de  Charles  et 
n'ont  qu'un  rapport  fortuit  et  extérieur  avec  le  nom  de  nos 
viUes. 

lOHANest  parfaitement  français;  des  monnayeurs anglais 
d'Henri  HI  signent  lOHN.  Voyez,  entre  autres  textes,  la  vie 
de  la  Vierge  Marie  par  Wace  où  Johan  est  sans  cesse  répété. 

MILES  et  NICOLES  appartiennent  bien  encore  à  notre 
pays;  je  renonce  à  démontrer  un  fait  qui  ressort  de  la  lec- 
ture de  tant  de  textes. 

Les  monétaires  HVË  et  RAYF  (en  anglais  on  écrit  Hugh 
et  Ralph) ,  travaillaient  à  Lincoln  dont  ils  font  Nicole,  ce 
qn'on  peut  considérer  comme  un  trait  de  caractère  suffisant 
pour  révéler  l'origine  de  ces  personnages.  L'ignorance  de  la 
langue  parlée  dans  le  pays  étranger  qu'on  habite  a  toujours 
été  le  fut  de  nos  compatriotes. 

*  Chron.  anon.  Hittor.  de  Fr.^  t.  XXI,  p.  132, 133,  134.—  Chron.  attrib.  à 
Bawd,  d'Àtanes,  i&td.,  p.  172  à  181. 

«  Girart  de  Rossillon,  éd.  Mignard.  1R58.  p.  73,  75,  84,  137, 148,  204,  225. 
^  Doon  de  Mayence,  Âne.  poètes  franc,,  1. 11,  p.  186, 187,  189,  242.  —  Huon  de 
Bordeaux,  iWd.,  t.  V,  p.  2.  8,  7,11.—  Gaufrey,  tbid.,  t.  III,  p.  1,  2,  3,  5, 19, 
23.  —  Fierabras,  ibid.,  t.  IV,  p.  2,  3,  6,  7,  9,  11  —  Gui  de  yanteuil,  ibid  , 
t.  VI,  p.  10,  12,  13,  67.  —  Àye  d'Àrignon,  ibid.,  t.  VI,  p.  32,  33,  49,  •te. 


300  «ÉMOÎIIES 

Que  dans  YEsloire  de  Eraclés  empereur  on  trouve  :  k  coure 
do  Perches  qui  fa  ods  à  Nicole  (Thomas,  comte  de  Perche, 
qui  périt  à  la  bataille  de  Lincoln  en  1217)  \  qu'au  xiv  siècle 
un  notaire  de  Guienne  fasse  signer  à  un  prince  anglais 
une  charte  française  dans  laquelle  il  est  intituiô  fib  du  roi 
d' Angleterre.. r..  comte  de  PerbU  et  Nicole  ",  cela  se  conçoit 
encore.  Mais  que  dans  la  Grande-Bretagne  même,  qu'à 
Lincoln,  des  employés  du  roi  Henri  III  altèrent  le  nom  de 
la  ville  où  ils  travaillent,  cela  paraîtrait  incroyable  de  la 
part  de  tout  autres  que  de  Français. 

Aux  n*"*  6  et  8  ERNAUD  se  présente  sous  deux  formes  et 
dans  le  Roman  de  Gaufrey  on  remarque  le  nom  d'Emaud 
de  Biaulande  (p.  6)  écrit  Hernaud  aux  pag.  11, 12,17,  21. 

Tous  ces  noms  comme  ARNAVD,  ERNAVD,  RAINA VD, 
RAVF,  GERAVD,  ont  en  anglais  conservé  TL  que  le  français 
remplace  par  un  U.  D'Alfbnse  nous  avons  fait  Avfous;  d'Al* 
bigeois,  Àubegois;  d'Almeria,  Àumerie^  et  ce  qui  est  plus 
fort,  d'Alsace,  Auçoi.  Raoul  d'Auçoi,  dans  la  chronique  de 
Saint-Denis,  c'est  Rodolfe  de  Habsbourg. 

Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  la  discussion  de  ces  noms; 
on  pourra  facilement  trouver  à  l'aide  des  textes  que  j'ai  in- 
diqués la  solution  de  toutes  les  difficultés  qu'ils  pourraient 
faire  naître  dans  l'esprit  des  lecteurs.  Il  nous  a  suffi  de  si- 
gnaler à  l'attention  des  numismatistes  français  cette  série 
de  monnayeurs  qui  ont  été  dans  la  Grande-Bretagne  les 
précurseurs  des  Nicolas  Briot,  des  Simon,  des  Dassier. 

AdR.    de   LONGPÉRIEll. 

'  Hislor.  des  croisades,  Occïd.,  1. 11,  p.  521. 
Venutî,  Dissert,  sur  les  anr,  '.vonum,  de  Bordeaux^  1754,  p.  17^.. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


LuDWiG  MûLLEB.  Undersôgelsc  af  graeske  Mynter  med 
Tegnet  Tau  til  Typ.  (Examen  des  monnaies  grecques 
ayant  pour  type  le  signe  tau.)  Kjôbenbavn.  1859.  In-8**, 
une  planche  gravée* 

L'étude  des  caractères  isolés  qui  servent  de  type  à  un  certain 
nombre  de  monnaies  ç;recques  a  déjà  fourni  à  notre  savant  col- 
laborateur, M.  le  docteur  Mûller,  le  sujet  d'un  mémoire  inséré 
dans  notre  recueil  (  4859,  p.  i  ).  Dan»  le  travail  écrit  en  danois 
que  je  vais  essayer  de  faire  connaître,  l'a«teur  de  la  Numisma- 
tique d'Alexandre  a  réuni  les  dessins  de  quatorze  pièces  qui 
toutes  portent  un  T  au  revers,  et  il  y  a  joint  quatre  petites  mon- 
naies sur  lesquelles  trois  T  sont  rapprochés  par  la  base.  Voici 
b  description  de  tous  ces  momiments  : 

1 .  —  Tète  du  fleuve  Achéloiis  tauriforme.  i}\  T  dans  le  champ. 
JR.  Poids,  4 •',06. 

2.  —  Même  tête.  ri.  T  entre  deux  rameaux  de  chêne  av(c 
glands;  au-dessous,  KAA.  j^.  Poids,  0*'',87. 

3.  —  Casque.  ij\  T  dans  le  champ.  J^.  Poids,  0*',74 , 

4.  —  Casque  tourné  h  gauche.  i}\  Amphore  sur  la  panse  dtr 
laquelle  est  tracé  un  T.  J^.  Poids,  0'',2(k 

5.  —  ^ûKKOiN.  Trois  bucranes  avec  bandelettes,  ij.  Un  T  au 
milieu  d'une  couronne  de  laurier  (  Phocide  ).  j¥j.  Poids,  9  gr, 
rt  8  gr. 

6.  —  Tête  de  nègre.  i(.  Trois  T  réunis  par  la  base  (Delphi  ), 
J!^.  P(»ids,  0*',G9. 


302  BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

7.  —  4>  occupant  le  champ,  if.  Carré  creux  dans  lequel  est 
lin  T  entre  deux  points  (  Phlius).  ^.  Poids,  0*%59. 

8.  —  NAM;  ces  caractères  sont  pla«és  entre  trois  glands. 
i{.  Trois  T  réunis  par  la  base  (  Mantinea  ).  AV*  Poids,  (f^fil. 

9.  —  Tête  diadémée  de  Jupiter.  K.  faa  ,  caractères  placés 
entre  trois  T  réunis  par  la  base  (Elis  ).  J^.  Poids.  0^,49. 

10.  —  Tête  de  Méduse  de  face.  r\  KPA;  caractères  placés 
entre  trois  T  réunis  par  la  base  (  Cranium  ).  ,1\.  Poids,  0",68. 

a,  —Tête  dHerciile  tournée  à  gauche,  ij;.  IR  rétrogrades el 
T  entre  deux  glands  ou  deux  grappes.  J^.  Poids,  0^,70. 

12. —  Tê?e  d'Apollon?  couronnée  de  laurier,  à  gaucho. 
ij.  T  dans  dans  le  champ.  JR.  Poids,  0*%92. 

13.  —  Même  télé,  de  style  plus  récent,  r  .  T  dans  le  champ. 
/R.  Poids,  0",8I. 

14.  —  Coquille  pocten.  fj\  T  accompagné  de  trois  points  dans 
un  grcnctis.  JR,  Poids,  0*%154. 

15.  —  Mêrniî  type.  r\  T  accompagné  de  trois  points. 

16.  —  Taccouipagné  de  trois  points,  grèiietis.  ij-.  Tavec 
trois  points  sans  grènetis. 

17.  —  T  avec  trois  points ,  type  réi)été  sur  les  deux  faces  de 
la  monnaio.  ,fV.  Poiils,  O^.Si,  0*',128. 

18.  —  Même  lype  avec  un  N  au-dessus  du  T.  ^.  Poids, 
CM  8. 

Que  signifie  ce  T  reproduit  sur  tant  de  pièces?  Représente-t- 
il  un  nom  de  lieu? 

Non ,  répond-on ,  puisque  les  monnaies  qui  le  portent  appar- 
tiennent évi  Jenunent  à  des  localités  différentes,  dont  quelques- 
unes,  caractérisées  par  dus  légendes ,  avaient  un  nom  commen- 
çant par  M ,  K,  *,  etc. 

Ce  caractère  exprime-t-il  le  nom  de  la  monnaie  ou  sa  valeur? 

Non  ,  dit-on  encore ,  puisqu'on  le  trouve  sur  des  pièces  de 
cuivre  au>si  bien  que  sur  dos  pièces  d'argent .  el  que  ces  der- 
nières sont  de  poids  très-divers. 

Cependant ,  les  systèmes  monétaires  oflrant  de  grandes  va- 


BULLETLN  uiiujo<;rapiiiqiîe.  303 

rîanles^  il  faudra,  avant  d'admettre  ce  dernier  raisonnement, 
examiner  une  à  une  toutes  ces  pièces  pour  reconnaître  si  elles 
ne  peuvent  se  rapporter  n  des  multiples  ou  à  des  divisions  dont 
les  facteurs  pourraient  être  Tivzapa  ou  Tpâc. 

Il  ne  peut  être  question  ici  du  TtTpàSpo^^v,  ni  du  Trrpc&6oXov 
on  du  Tpib>6oXov^  dont  le  poids  dépasserait  à  coup  sûr  celui  des 
pièces  qui  viennent  d'être  décrites.  Uais  on  remarquera  déjà 
quel  e  Tpcv^iuo&^tov,  c'est-à-dire  la  pièce  d'une  obole  et  demie  ou 
quart  de  drachme,  devrait  peser  suivant  le  système  attiqne,  le 
plus  généralement  employé,  i'^^OGâ,  comme  la  pièce  n*  I. 

Le  Tpixi)(iôpiov,  ou  trois  quarts  d'obole,  serait  de  0'%53l;  le 
Tpaj|iitapT8|A<5piov,  OU  trois  huitièmes  d'obole,  de  0'',265;  le 
^vz9Çfv^[lApio^f,  ou  quart  d'obole,  de  0,177. 

Or,  quand  on  tient  compte  des  diversités  de  système  qui  p<ir- 
tageaient  le  monde  antique,  de  la  difficulté  d'étalonner  les  très- 
petites  divisions  monétaires,  du  nombre  restreint  de  pièces 
pesées  et  de  leur  plus  ou  moins  mauvais  état  de  conservation  , 
ou  voit  qu'il  ne  faut  pas  rejeter  trop  absolument  l'explication 
du  T  par  les  valeurs  mon^'taires,  tout  en  avouant  qu'une  même 
marque  représentant  des  fractions  si  différentes  constitue  une. 
singularité  fort  étonnante. 

On  ue  peut  raisonnablement  supposer  que  ce  T  soit  i'initialr 
d*un  nom  dliomnie  ;  mais  pour  les  n'*  14, 45, 16,  17  et  18,  qui 
appartiennent  à  la  numismatique  de  Tarente ,  il  est  difficile  (]<> 
ne  pas  établir  un  rapprochement  entre  le  caractère-type  et  le^ 
lieu  d'émission. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Mûller  pense  que  le  T  a  un  sens  religieux,. 
et  il  s'explique  ainsi  l'adoption  qui  en  a  été  faite  par  un  assez. 
grand  nombre  de  peuples  et  de  villes.  Ce  tau  une  fois  considéré 
comme  un  symbole,  M.  MùUer  s'attache  à  montrer  sou  analogie 
avec  la  croix  ansée  qui  se  trouve  sur  les  monnaies  de  Tarse  en 
Cilicie  et  de  Cypre;  il  le  compare,  lorsqu'il  est  trois  fois  répété 
{  voyez  plus  haut  la  description  des  n"*  6,8,  Il  et  10),  à  la  (n's- 
kFie  ou  triquetra  des   monnaies    lyciennes,  considérée  pa? 


30&  BULLETIN   DIBLIOGRAPRIQUE* 

d'éniinenls  antiquaires  comme  un  symbole  de  la  triple  Hécate. 
Le  triple  tau ,  avf  c  une  valt^ur  de  signe  de  vie  analogue  à  celle 
que  mentionne  Étéchiel ,  ou  à  colle  que  les  Égyptiens  attribuaient 
à  la  croix  ansée^  pourrait  représenter  une  trinité  masculine,  celle 
des  trois  Jupiter.  M.  MûUer  fait  remarquer  que  la  valeur  reli- 
gieuse du  signe  T  a  été  admise  par  les  chrétiens,  qui  ont  considéré 
ce  caractère  comme  une  figure  de  la  croix  ou  patiMwn^  et  t 
ce  propos  il  cite  le  T  qui  se  voit  sur  les  monnaies  d'or  d« 
Roger  II ,  grand  comte  de  Sicile;  mais  le  rapprochement  n'est 
pas  parfaitement  juste.  Les  monnaies  d'or  dont  il  est  ici  ques- 
tion ont  été  fabriquées  à  Messine  par  des  musulmans  qui  y  ont 
inscrit  la  formule  :  Mohammed  est  V envoyé  de  Dieu^  et  qui*  pour 
imiter  la  monnaie  dos  chrétiens  sans  déroger  à  lenrs  propres 
croyances,  employaient  un  T  qui  ressemble  à  une  croix ,  et  qui 
cependant ,  dans  leur  opinion ,  n'en  était  pas  du  tout  l'équiva* 
lent.  C'est  ce  qu'avait  déjà  fait  Mouça  ben  Nocéir  qui  avait 
voulu  imiter,  soit  en  Afrique,  soit  en  Espagne,  les  monnaies 
d'Béraciius,  et  cette  dernière  particularité  n'a  pas  échappé  à  la 
sagacité  de  M.  de  Saulcy,  quand  il  nous  a  fait  connaître  d'une 
façon  si  intéressante  les  premières  monnaies  des  musulmans. 

L'idée  de  M.  Mùller^  attribuant  une  valeur  religieuse  au  te» 
signalé  par  lui  sur  tant  de  monnaies,  nous  parait  ingénieuse^ 
et  nous  croyons  qu'elle  pourrait  être  complétée  encore  par 
l'élude  comparative  de  quelques  autres  monuments.  On  cooniU 
cette  belle  monnaies  des  Épirotrs  publiée  par  M.  Ametb,  et  qui 
porte  au  revers  un  chêne  chargé  de  trois  glands  et  accompagné 
de  trois  colombes 

Ce  type  est ,  comme  Ta  très-bien  montré  le  savant  conserva- 
teur du  Cabinet  des  médailles  de  Vienne,  destiné  à  rappeler  la 
célèbre  forêt  de  Dodone  et  l'oracle  du  Jupiter  des  Pélasges.  On 
a,  à  la  vérité,  révoqué  en  doute  rauthonticité  de  celte  médaille; 
mais  cVst  là  un  point  contesté  (  et  fort  contestable,  à  ce  que  j'ai 
entendu  dire,  car  je  n'ai  jamais  vu  la  monnaie  originale).  Dans 
tous  les  caS;  de  belles  et  authentiques  monnaies  de  l'Ëpire  nous 


BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE.  306 

montrent  Jupitor  Dodonéen  couronné  de  chêne  (  voyez  Mionnet, 
t.  lUf  Suppl.,  pi.  XIII).  Je  serais  donc  disposé  à  croire  que  les 
T  accompagnés  de  glands  représentent  le  l'an  antique;  le  grand 
dieu  dont  les  monnaies  Cretoises  portant  la  double  légende  TAN 
KPHTArENHS  et  ZETS  KPUTÀrENHS,  assocléc  à  une  même 
figure,  établissent  si  clairement  Tidentité.  Ce  nom  de  Tan  a  sur- 
vécu à  rintroduction  de  formes  différentes.  Non-seulement  nous 
pouvons  citer  les  médailles  de  Polyrrhenium  et  d'Hierapytna 
frappées  sous  Auguste,  mais  dans  une  inscription  de  Tile  de 
Philé,  tracée  en  l'honneur  du  même  empereur,  nous  trouvons 
ce  vers  : 

TANI  TÛI  EK  TANOS  DATPOS  EAErOEPIÛ  *, 

On  peut  objecter  que  Tàv  est  une  forme  dialectique  pour  Zàv  ; 
mais  les  dialectes  dans  toutes  les  langues  conservent  les  formes 
les  plus  antiques,  et  d'ailleurs  l'existence  de  Tan  en  Crète  fait 
présumer  son  origine  pélasgique,  et  fournit  un  lien  de  plus  avec 
le  Jupiter  do  Dodone^  dont  loracle,  il  est  bon  de  le  remarquer, 
conserva  pendant  bien  longtemps  la  direction  des  institutions 
religieuses  chez  les  peuples  helléniques. 

Mais  toutefois  il  me  semble  important  de  ne  pas  attribuer  in- 
distinctement une  valeur  mystique  à  tous  les  T  qui  occupent  le 
champ  des  médailles  grecques.  11  faut  se  garder  des  explica- 
tions trop  générales.  Une  étude  attentive  des  monuments  nous 
montre  que  dans  l'antiquité,  aussi  bien  que  pendant  le  moyen 
ftge ,  des  figures  identiques  ont  eu ,  suivant  les  temps,  les  lieux 
et  la  nature  des  objets  qui  les  portent ,  des  valeurs  fort  diffé- 
rentes. A.  L. 

>  HmmiltOD ,  ^yypttaca,  p  52.  —  Journal  de$  jaranft ,  1831 ,  p.  305.  —  LuU 
Utin  des  êcifnces  historiquei^  de  FérussAc,  mai  1823,  p.  397.  Dans  la  copie  de 
M.  HamiltOD,  publiée  par  M.  Letronne ,  les  T  ont  été  figurés  eoxDmu  de»  I. 
(  dêi  inscriptionê  de  VÉgypte,  t.  11^  p.  142. 


1862.^4.  21 


306  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Description  historique  des  monnaies  frappées  sous  Fempire 
romain,  communément  appelées  médailles  impériales, 
par  Henry  Cohen.  Paris,  C.  RoUin,  1859.  Tomes  1  et II, 
in-S**,  38  planches. 

Troisièrao   article  '. 
Antonin  lb  Piehx. 

J'ai  tâché  de  fixer  les  années  des  neuf  libéralités  d'Antoiiin 
le  Pieux  (voyez  Bull,  arch.  Nap.^  ann.  V,  p.  25),  elles  dûtes 
que  j'ai  assignées  à  chacune  de  ces  libéralités  se  trouvent  con- 
firmées par  la  description  de  M.  Cohen,  excepté  pourtant  que 
la  septième  libéralité  (UBERALITAS  VII),  qui,  selon  moi, 
tombe  en  l'année  154,  devrait  être  avancée  de  deux  ans,  si  les 
légendes  TR.  P.  XV  et  TR.  P.  XVI  sont  exactes.  M.  Cohen  a 
rencontré  ces  deux  chifl*res  sur  des  monnaies  qui  portent  l'indi* 
cation  de  la  septième  libéralité  (LIBERALITAS  VII),  tandis 
que  sur  deux  autres  il  a  lu ,  comme  sur  la  pièce  que  j'ai  eue 
sous  les  yeuX)  TR.  P.  XVII.  Je  serais  donc  porté  à  croire  que 
sur  les  deux  premières  pièces  une  des  unités  ou  bien  les  deux 
dernières  unités  du  chiffre  XVII  ont  pu  avoir  disparu  par  suite 
dn  frottement.  Que  si  la  légende  TR.  P.  XV  est  complète  et 
certaine,  il  en  résulterait  que  la  mention  de  la  même  libéralité 
continuait  à  être  rappelée  sur  la  monnaie  pendant  trois  ou 
plusieurs  années  de  suite  *. 

Une  remarque  importante  do  l'auteur  (p.  323,n*' 359)  est  celle 

*  Voyez  Reçue  num,,  18H1,  p.  479  et  suiv.,  et  1862,  p  70  et  eulv 

*  Voici  l'ordre  chronologique  des  libéralités  d* Antonin  le  Pieux ,  d*apr^ 
M.  Tabbé  Cavedoui  : 

UB.  I,  an  139.  —  LIB.  II,  an  140.-  UB.  III,  an  144  ?—  UB.  IIII,  an  145. 
—  un.  V,  an  148.  —  LIB.  VI,  an  151.  -  LlB.  VII,  an  154.  —  LIB.  VDI, 
au  158.  -  LIB.  VIIII  et  CONG.  AVG.  VIIJI,  an  161.  —  Maintenant  (jnaat  à 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE.  307 

<iui  a  rapport  aux  légendes  VOTA  SVSCEPTA  et  VOTA  SOLVTA  ; 
quand  il  s*agit  sur  les  nnonnaies  impériales  des  vœux  formés^ 
VOTA  SVSCEPTA,  on  y  voit  l'empereur  faisant  une  libation 
sur  un  trépied,  sans  qu'on  aperçoive  une  victime  destinée  au 
sacrifice;  quand  il  s'agit  au  contraire  de  vœux  accomplis,  VOTA 
SOLVTA,  la  victime  est  étendue  par  terre  auprès  du  trépied. 
Cette  remarque  est  sujette  cependant  à  quelques  rares  excep- 
tions. Cohen,  Antoniriy  n®  408,  où  un  victimaire  assomme  un 
taureau,  VOT.  SVSC.  DEC.  HI. 

4.  ANTONINVS  AVG.  PIVS  P.  P.TR.  P.  XL  COS.  IIÏL  Buste 
nu,  avec  le  paludamentum,  à  gauche. 

rf.  Tema  du  cirque^  traînée  par  quatre  chevaux  marchant  len- 
tement et  ornée  de  festons,  portant  la  légende  ROM.  sur  le  devant 
et  la  louve  allaitant  les  jumeaux  sur  le  côté  droit  y  qui  est  visible^ 
avec  la  statue  de  Borne  assise  sur  la  partie  antérieure,  la  plus 
élevée  en  forme  de  petit  fronton  triangulaire ,  entre  deux  palmes 
aux  angles.  —  M.  M.  M. 

Ce  magnifique  médaillon  de  bionze  de  la  collection  de 
H.  Dupré,  décrit  et  gravé  dans  l'ouvi-age  de  M.  Cohen  (pi.  XII, 
D*  450),  est  des  plus  remarquables.  Antonin  le  f^icux  avait  cé- 
lébré, en  I4(),  Tannée  900  de  la  fondation  de  Rome  (Aurel. 
Victor,  De  Cœsaribus yXW).  Sur  un  autre  médaillon^ où  se  trouve 
marquée  la  douzième  puissance  tribunilienne,  est  figuré  le  cir- 
que avec  sa  pompe,  s(»s  chars  (tensx)  et  ses  athlètes.  (Voir 
BulL  arch.  Nap.,  ann.  V^  p.  14-16).  Il  résulte  de  l'examen  du 
niédaîllon  décrit  plus  haut  que  dans  Tannée  1 48  Antonin  avait 
dédié  à  Rome  un  char  (tensa)  qui  était  destiné  à  figurer  dans 
les  pompes  du  cirque  avec  ceux  des  divinités  du  Capitole  et  des 

la  Mptièm«  libérHlhé(LIBLRALlTAS  VU),  que  M.  Cohen  indique  avec  la 
quinzième  puissance  tribuniticnne  (TR.  P.  XV,  n**  183)  et  avec  la  seizième 
(TB,  P.XVI,  n»»  178  et  185),  il  est  certain  que  sur  l'exemplaire  d*or  du 
Cabinet  il  n'y  a  jamais  eu  que  TR.  P.  XVI.  Quant  aux  deniers  d'argent,  il 
■erait  possible  que  le  chiffre  ne  fût  paé  complet  et  qne  les  unités  eussent  dis- 
paru ^n  partie.  J.  W. 


508  BULLETIll   BinUOGRAPBIQCE. 

personnages  divinisés^  prédécesseurs  ou  ancêtres  deTempe- 
reur. 

2.  ANTONINVS  AVG.  PIVS  P.  P.  TR.  P.  COS.  III.  Tètt 
iaurée. 

f{.  DISCIPLINA  AVG.  S.  C.  Antonin  marchant  à  droite,  suivi 
d'un  héraut  (accensus)  et  de  trois  soldats  portant  des  enseignes 
militaires;  le  dernier  portant  de  plus  une  trompette  recourbée. 
—  M.l. 

Ce  revers  montre  qu'Antonin  s'appliquait  à  maintenir  la  dis- 
cipline militaire  établie  par  Hadrien.  Je  n'oserais  aflSrmer  avec 
M.  Cohen  (n»  579)  que  le  chef  de  ces  soldats  soit  Antonin  en 
personne ,  plutôt  qu'un  de  ses  lieutenants  ;  nous  savons  par 
Capitolin  que  cet  empereur^  d'un  caractère  des  plus  paciOques, 
ne  fit  aucune  expédition  militaire  ;  il  se  rendait  à  ses  champs 
en  Campanie  :  Nec  ullas  expeditiones  ohiity  nisi  quod  ad  agros 
suos  profectus  est  ad  Campaniam.  Capitolin.,  in  Anton, y  7. 

3.  ANTONINVS  AVG.  PIVS  P.  P.  TR.  P.  COS.  III.  Tête 
Iaurée. 

i^\  MONETA  AVG.  S.  C.  Femme  vêtue  y  debout,  tenant  dans  la 
main  droite  des  balances  et  un  objet  en  forme  de  cœur,  et  dans  la 
gauche  une  corne  d^abondance,  —  JE,  I. 

Selon  M.  Cohen  (n*  691),  la  Monnaie  personnifiée  tient  dans 
la  main  droite  des  balances  surmontées  d'une  grenade.  Mais, 
sans  nier  que  l'attribut  de  la  gi*enade  ne  puisse  être  accepté, 
sur  un  exemplaire  que  j'ai  sous  les  yeux,  l'objet  en  question  a 
tout  à  fuit  la  forme  d'un  petit  sac  destiné  à  contenir  des  mon- 
naies, sacculus  nummarius,  crumena^  serré  étroitement  par  on 
lien  à  la  partie  supérieure,  de  manière  que  l'ouverture  du  sac 
s'élargit  au-dessus  du  lien  et  donne  l'apparence  de  ce  que  l'au- 
teur a  pu  prendre  pour  la  couronne  de  la  grenade^  couronne  qui 
d'ailleurs  serait  disproportionnée  quant  à  la  grandeur  avec  le 
fruit  lui-même.  Mazzabarba  regarde  cet  objet  comme  une 
bourse,  crvmena,  et  tout  le  monde  conviendra  que  la  bourse  ou 
sac,  crumcna,  sacculus  nummarius  est  un  attribut  des  mieux 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE.  300 

appropriés  k  la  Monnaie,  l)*Hillciirs,  il  est  constant  que  chez  les 
anciens  les  petits  sacs  destinés  h  renfermer  la  monnaie  y  sacculi 
nummariij  avaient  précisément  la  forme  que  donne  la  pièce 
d'Antonin,  décrite  sous  le  n'  691.  Cf.  Bull.  deVInst.  areh., 
1844,  p.  25  >. 

4.  Légende  et  tête  comme  au  n"*  3. 

ij?.  OPÏ  AVG.  S.  C.  Femme  vêtue^  assise,  dans  Faction  de  tou- 
cher de  la  main  droite  un  globe  et  d'appuyer  son  coude  gauche 
sur  un  second  globe,  tandis  qu^elle  tient  dans  la  main  gauche  un 
sceptre,  —  JE.  I. 

M.  Cohen  (n*  698)  reconnaît  dans  la  femme  assise  la  Richesse 
personnifiée,  ou  la  déesse  Ops,  qui  présidait  aux  richesses. 
Je  préfère  le  nom  d'Ops,  épouse  de  Saturne,  fille  du  Ciel  et 
de  Vesta  ou  de  la  Terre.  (Voir  Forcellini^  «.  v.  Ops.)  Les  deux 
globes,  le  globe  céleste  et  le  globe  terrestre,  sont  ses  attributs. 
Ajoutons  que  dans  le  temple  d'Ops  on  conservait  l'argent 
(peeunia).  Forcellini,  loc.  cit. 

Faustinb  ïSkKE. 

Parmi  les  nombreux  médaillons  de  Faust ine  mère  décrits  par 
Tauteur,  les  trois  types  suivants  me  paraissent  particulièrement 
remarquables  (n*^  126, 132, 133). 

i.  Mars  nu  casqué,  le  bouclier  et  la  chlamyde  sur  le  bras  gau- 
che, potant  la  main  droite  sur  un  tronc  d* arbre  et  regardant 
Rhéa  Sylvia  couchée  sur  le  sein  d'un  homme  qui  lève  la  main 
droite  et  tient  de  la  gauche  un  roseau;  auprès  une  urne  à  rentrée 
éTun  antre^  derrière  lequel  est  un  arbre. 

Rhéa  serait  ici  appuyée  sur  le  sein  de  son  père  le  Tibre,  ou 
bien  du  Sommeil,  qui  l'endort  '. 

I  Voyez  une  monnaie  de  la  fomille  Lollia,  sur  laqaeUe  >L  Tabbé  Cavcdoai 
a  aussi  reconnu  un  petit  sac.  Riccio ,  le  Monete  delU  ant,  famiglù  di  Homa , 
laT.  LX,n*2.  J.  VV. 

*  \oyez  Texplication  du  tableau  ik*  Tompéi  donnée  par  llaoul  Uooliottu , 


310  BULLETIN   BIBIJOGRAPHIQUE. 

2.  Faustine  sous  la  forme  de  Vesta^  assise,  tenant  le  Palladium 
dans  la  main  droite  et  un  sceptre  dans  la  gauche  ;â  ses  pieds  une 
vestale  debout,  avec  un  vase  sur  la  tête. 

La  vestale  debout  en  face  de  la  déesse  Vesta  ou  de  Faustine 
divinisée  fait  peut-être  allusion  à  la  dédicace  du  sol  du  temple  de 
rimpératrice  :  il  est  certain  que  quand  il  s'agissait  de  la  consécra- 
tion d'un  temple^  au  nombre  des  cérémonies  prescrites»  les  ves- 
tales purifiaient  le  sol  en  y  versant  de  l'eau  puisée  aux  sources 
vives  et  aux  rivières  :  Virgines  vestales,  cum  pueris  puellisque 
patrimis  matrimisque  aqua  vivis  e  fontibus  amnibusque  hausia, 
perluere  (aream  ).  Tacit.^  ffist.,  IV,  53.  Cependant  on  pourrait 
également  voir  ici  la  vestale  Tuccia^  faussement  accusée, /wr/ân/ 
de  Veau  dans  un  crible,  en  preuve  de  sa  chasteté,  et  invoquant  la 
déesse  de  la  manière  suivante  :  Vesta ,  si  sacris  tuis  castas  sem- 
per  admovi  manus^effke,  m/ Aoc  (crihro)  hauriam  e  Tiberi  aqufjm, 
et  in  œdem  tuam  per  feront.  Plin  ,If.  IV.,  XXVHÏ,  2, 3.  —  Valcr. 
Max.,  YUf,  i,  5.  Le  crible,  dans  ce  cas  particulier,  était  em- 
ployé à  la  place  de  Thydrie  que  l'on  portait  sur  la  tète  '.  Sur 
un  autre  médaillon  de  Faustine  déiGée  (Cohen,  n**  i28)  est  figu- 
rée la  vestale  Claudia,  en  faveur  de  laquelle  il  arriva  également 
un  prodige;  pour  prouver  sa  chasteté  elle  conduisit  au  rivage^ 
au  moyen  de  sa  ceinture,  le  vaisseau  qui  portait  le  simulacre  de 
Cybèle^  arrivé  de  Pessinunte.  Ces  deux  types  peuvent  se  rap- 
porter à  la  prétendue  vertu  de  Faustine,  que  Ion  cherchait, 
aux  yeux  du  vulgaire,  à  faire  passer^  après  sa  mort,  pour  uue 
princesse  de  mœurs  irréprochables. 

3.  Femme  voilée,  accompagnée  d'un  homme  tenant  un  attribut 
incertain  et  assise  dans  un  char  traîné  par  deux  boeufs,  préeédit 
par  un  homme  en  habit  court  qui  les  conduit  vers  un  temple  rond, 
surmonté  d*urœ  coupole. 

Mmum.  inéd, ,  p.  36-42,  114.—  Cf.  Ann.  de  VJntt.  arch.,  1829 , 1. 1 ,  p.  247.- 

Muaeo  Borbonico,  t.  IV,  tav.  II.  J.  W. 

1  De  nombreuses  peintures  de  vases  montrent  de«  vierges  hydropboret  an- 

près  d*nne  fontaine.  Voir  Gerhard,  Voienbilder,  pi.  CCCVII-OCCIX.     J.  W. 


BULLETIN    BIBLTOGRAPHIQUE.  311 

M.  Cohen^  tout  en  mainf<?stant  dos  doutes,  pense  que  Ton  doit 
voir  ici  Vesta,  et  que  l'homme  assis  h  côlé  de  la  déesse  tient 
dans  la  main  le  lituus  augurai.  Mais  Garonni  [Mus»  Wiczay 
Hedervary  t.  II,  p.  157-158),  qui  avait  sous  les  yeux  ce  mé- 
daillon, bien  qu'il  dise  qu'il  est  assez  fruste  et  usé,  reconnaît 
dans  Tobjet  tenu  par  le  personnage  placé  auprès  de  la  déesse, 
Bon  un  lituus  y  mais  un  pedum  à  Tusage  des  bergers;  et  le 
dessin  joint  à  la  description  de  Garonni  (Impp.  arg.y  tab.  l,  8) 
donne  en  effet  la  forme  d'un  pedum  ;  d'où  il  me  semble  assez 
probable  que  la  déesse  doit  è\re  Ct/bèle  [Mater  Deum  salutaris)^ 
qui,  sur  un  autre  médaillon  de  Faustine  déifiée,  est  représentée 
assise  dans  son  temple ,  à  côté  duquel  se  tient  debout  son  cher 
Attfs  (Eckhel,  D.  TV.,  VII,  p.  39-40).  Le  pedum  est  l'attribut 
d'Atys,etle  tholus  ou  coupole  convient  parfaitement  au  temple 
de  Cybèle  aussi  bien  qu'à  celui  de  Vesta.  Gf.  Martial,  !. 
ejngr.  71, 10. 

Et  Cybelet  pklo  slat  Corybanle  tholus. 

Il  est  vrai  que  Gybèle  est  ordinairement  représentée  assise  sur 
lin  char  tiré  par  deux  lions;,  mais  les  bœufs  soumis  au  joug  con- 
Tiennent  également  à  cette  déesse,  puisque  Virgile  {Aitt.y  III, 
m  )  lui  donne  Tépithète  de  Mater  cultrix  * . 

M.    AURELE. 

I.  M.  ANTONINVS  AVG.  GERM.  SARM.  Tête  laurée. 

t).  FORT.  DVGI  TR.  P.  XXX  IMP.  VHK  COS.  III.  La  Fortune 
muisêf  tenant  la  corne  d'abondance  dam  la  main  gauche  et  dans* 
la  droite  le  gouvernail  posé  sur  un  globe;  une  roue  som  le  siège, 
—  tR. 

L)i  mé  daillM  de  Mastaura  en  Lydie  ont  pour  type  un  Imircou.  Eckliel , 
D.  A'.,  III,  p,  108.  Or,. diaprés  Etienne  de  Byzance  (v.  Mdoraupa  ),  le  culte  de 
31s,  la  môme  que  C'ybële  ou  Rhéa,  florissuit  dans  cette  ville,  et  on  lui  sacrifiait 
des  taureaux.  J.  W. 


312  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE. 

M.  Cohen  (  n*  78  )  semble  mettre  en  doute  la  lecture  DVCI  ; 
mais  Eckbel  (D.  N.^  \l\,  p.  63)  a  prouvé  d'une  manière  positive 
que  la  lecture  DVCi  est  incontestable^  en  faisant  connaître  que 
cette  épithète  se  trouve  sur  plusieurs  monnaies  de  Marc-Aorèle 
et  de  Ck)mmode.  L'inscription  de  Telesia  consacrée  à  la  Fortune 
qui  conduit,  FORTVNAE  DVCI  (Orelli,  n*  5790),  est  entièremeot 
d'accord  avec  la  légende  des  monnaies  ^  et  comme  cette  épithète 
de  la  Fortune  ne  se  trouve  qu'à  Tépoque  des  Antonins,  il  est 
vraisemblable  que  l'inscription  de  Telesia  appartient  à  cet  âge. 

2.  P.  M.  TR.  P.  XVIII.  IMP.  II.  COS.  III.  Femme  debout  ré- 
pandant les  richesses  de  la  corne  d* abondance  dans  un  autre  vase. 

—  A. 

M.  Cohen  (nM60,  cf.  n"'  174,  402)  laisse  le  lecteur  dans 
l'incertitude,  si  Ton  a  voulu  ici  représenter  V Abondance.  Il  me 
semble  plus  probable  que  c'est  la  Bienfaisance ,  Benefkentia, 
EÛEpYsa^  déesse  nouvelle  à  Rome  et  ainsi  dénommée  par  le 
bienfaisant  M.  Aurèle.  Dio  Cass.,irw/.,  LXXI,  3A.—  CI.BulL 
arck.  Nap.,  ann.  V,  p.  79,  n»  16. 

3.  M.  ANTONINVS  AVG.  TR.  P.  XXIX.  Buste  lauré  avec  le 
paludamentum, 

jj.  IMP.  VU.  COS.  III.  Apollon  assis  ^  vu  de  face^  tenant  le 
plectrum  dans  la  main  droite  et  la  lyre  dans  la  gauche;  près  de 
lui  un  arbre.  —  M.  M.  M. 

L'Apollon  figuré  sur  ce  médaillon  est  probablement  l'Apollon 
des  jardins  impériaux,  rappelé  par  Jules  Capitolin  (  in  Marco 
Ant.,  6}  :  Quum  Lucillam  matrem  Marciin  Viridario  venerantem 
siKULACRUH  ApoLLiifis  vidissct.  L'arbrc  indique  ici  les  jardins. 
(  Cf.  Bull.  arch.  Nap.,  ann.  V,.  p.  77^  n*  10.)  Sur  les  médail- 
lons d'Antonin  le  Pieux,  on  voit  également  les  types  de  plu- 
sieurs divinités  accompagnées  d'arbres  et  d'autres  objets  qui 
indiquent  des  lieux  champêtres  (voir  Cohen,  n^  405,  409, 411, 
415,  417,  419,  422,  424, 425,  428,  430,  433),  et  ainsi  se  trouve 
confirmé  l'avis  d'Eckhel  et  d'autres  numographes  qui  considè- 
rent les  médaillons  impériaux  de  coin  romain  comme  ayant 


BULLETIN  BIDUOGRAPIIIQUE.  313 

été  frappés  spécialement  à  Toccasion  des  fôtes  publiques  et  par- 
ticulières de  la  cour  impériale,  d'autant  plus  qu'Antonin  le 
PieiUL  aimait  beaucoup  à  se  reposer  à  la  campagne ,  et  se  plai- 
MÎt  dans  les  retraites  champêtres.  Capitolin.,  in  Antonino,  11. 
.  4.  AVRELIVS  CAES.  ANTON.  A  VG.  PU  F.  Buste  nu  à  droite, 
avec  le  paludamentum, 

^.  TR.  POT.  XIU .  COS.  II.  Neptune  nu  debout,  le  pied  gauche 
posé  sur  une  proue  de  vaisseau ,  appuyé  de  la  main  gauche  sur  le 
trident  et  la  main  droite  étendue  vers  la  porte  d*une  ville  entou- 
rée de  hautes  murailles  crénelées  ;  derrière  lui  des  flots  et  un  dau- 
phin qui  saute.  —  i£.  M.  M. 

M.  Ck)hen  reconnaît  dans  le  type  de  ce  magnifique  médaillon 
de  bronze  de  la  collection  de  M.  Dupré  (  pi.  XVI,  n'  385  )  Nep- 
tune auprès  des  murs  de  Troie,  et  derrière  lui  un  monstre  marin; 
mais  dans  la  gravure  parait  un  dauphin.  Si  sur  la  pièce  originale 
on  voit  réellement  un  monstre  marin,  on  pourrait  penser  au 
monstre  auquel  fut  exposée  Hésione,  et  la  muraille  qu'on  voit 
en  face  de  Neptune  serait  le  mur  élevé  par  Hercule ,  son  libé- 
rateur, le  TôT^^oc  <îjjL<p(pTov ,  près  duquel  se  tient  Neptune 
(  lliad.y  XX,  145).  Si  au  contraire  c*est  un  dauphin,  il  vaudrait 
mieux  penser  à  quelque  ouvrage  romain  sur  le  littoral  du 
Latiuni  ou  de  la  Grande  Grèce. 

5.  AVRELIVS  GAESAR  AVGVSTI  PII  F.  Buste  nu,  avec  le 
paludamentum. 

t).  Cavalier  au  galop  ^  lançant  un  javelot  contre  un  sanglier 
courant.  —  M.  M.  M. 

M.  Cohen  (  n*"  408,  dans  une  note)  dit  que  M.  Curt  reconnaît 
ici  le  jeune  César  poursuivant  un  sanglier,  tandis  que  M.  Dupré, 
.qui  possède  ce  beau  médaillon,  est  porté  à  voir  plutôt  dans 
le  cavalier  Méléagre  ou  un  autre  héros  de  la  mythologie, 
parce  que  le  caractère  et  les  fortes  études  de  Marc-Aurèlc 
devaient  le  tenir  éloigné  des  jeux  ou  chasses  (venationes). 
Mais  en  faveur  de  la  première  explication,  qui  reconnaît  Marc- 
Aurèle  lui-môme  dans  ce  cavalier,  se  présente  le  témoignage 


31  A  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE. 

positif  de  rhistorien  Dion  Cassîus  [ffisi.^LXXl,  36)^  qui  atteste 
que  le  jeune  César  avait  l'habitude,  grftce  à  sa  force  prodigieuse 
et  à  son  adresse^  de  tuer  les  sangliers  d'un  seul  coup  de  jaTeioi, 
quand  il  se  mettait  à  les  poursuivre  à  cheval.  Le  rapport  entre  ce 
type  et  les  paroles  de  l'historien  est  si  frappant,  qu'autrefois 
j'avais  conçu  quelques  doutes  sur  Tauthenticité  de  cette  pièce 
(voir  Bull.  arch.  Map.,  ann.  V,  p.  76,  n*  4);  aujourd'hui  je  ré- 
tracte très-volontiers  ce  que  j'ai  pu  dire  contre  l'authenticité  de  ce 
médaillon.  Fronton  [ad  M.  Cxs,,  HI,  Epist.,  20)  écrivait  à  soi> 
élève  :  Ubi  vivarium  dedicabitis ,  mémento  quam  diltgentissime, 
si  feras  percuties,  equum  admittere.  Et  le  jeune  César  adressait  à 
son  maître  les  paroles  suivantes  (IV  Epist.,  5)  :  Ad  venatùmem 
profecti  sumus,  fortia  facinora  fecimus  :  apros  captas  esse  fando 
audimus  ;  nam  videndi  quidem  nulla  facultas  fuit. 

6.  AVRELIVSCAESARAVG.  PII  F.  Buste  jeune,  le  plus  sou- 
vent avec  le  paludamentum, 

I)).  HONOS.  S.  C.  L'Honneur  debout  vêtu  delà  toge^  tenant  dans 
la  main  droite  un  rameau  garni  de  feuilles  et  dans  la  gauche  une 
corne  d* abondance.  —  JE.  I  et  II. 

Une  observation  heureuse  et  importante  de  M.  Cohen  (note, 
n**  50^)  est  que  sur  les  monnaies  impériales,  à  partir  du  règne 
d'Antonin  le  Pieux,  V Honneur  est  représenté  vêtu  de  la  toge,  la 
tête  tantôt  nue.  tantôt  radiée,  d'où  il  paraît  résulter  qu'on  avait 
l'intention,  au  moyen  d'une  adulation  fine  et  spirituelle,  de  repré- 
senter TAuguste  ou  le  César  comme  personnifiant  l'Honneur.  Et 
cette  observation  se  trouve  confirmée  de  la  manière  la  plus  sa- 
tisfaisante, parce  que,  dit  Tauteur,  sur  les  monnaies  de  Marc- 
Aurèle  César,  VHonrieur  a  la  tête  radiée,  seulement  sur  les  pièces 
de  moyen  bronze,  où  la  tête  du  prince,  figurée  au  droit^  est  éga- 
leniont  radiée.  Je  ne  saurais  accepter  de  même  l'opinion  de  l'att- 
teur(/oc.  cit.)  relative  à  \2l  figure  virile  vêtue  de  la  toge  qu'on  est 
convenu  d'appeler  le  Génie  du  Sénat.  M.  Cohen  dit  que  ce  n'est 
pas  un  vrai  génie,  mais  bien  plutôt  un  sénateur  ou  le  sénat  loi- 
même  représenté  sous  I  habit  d'un  des  membres  de  ce  corps. 


BCLLETI?!    BIBUOGRAPHIQCE.  315 

Cette  opinion  est  tout  à  fait  en  opposition  avec  ce  que  dit  Dion 
Cassius  (Hist.  LXVUI,  5)  :  ÈUtlh  àv8pa  TpsaSuxT^v  Iv  l|xax(<|>  xal 
loT^Ti  iTspi7cop^rSp<|),  £xt  cl  xal  OT&cpdivq),  iaToXiajjivov^  oTa  tiou  xal 
tijv  Tepouaiav  ^paçouai,  x  t.  X.  Il  s'agit  dans  le  passage  de  Thisto- 
rien  d'un  songe  de  Trajan  qui  avait  cru  voir  un  vieillard  dans 
le  costume  que  les  artistes  donnent  au  Sénat  personnifie.  (Cf. 
Bull.  arch.  Nap.,  ann.  V,  p.  13,  n'9'.) 

7.  M.  ANTOMNVS  AVG.  TR.  P.  XXVI.  Tête  laurée. 

^.  PROVIDENTIA  AVG.  LMP.  VL  COS.  llï  S.  C.  Marc-Avrèle 
twee  un  autre  personnage  à  côté  de  lui  sur  une  estrade,  dans  r ac- 
tion de  haranguer  quatre  soldats,^  uE,  1. 

JU.  Cohen  (n*  611)  croit  reconnaître  dans  ce  revers  Marc- 
Aurèle  qui  présente  pour  la  première  fois  à  Tarmée  son  fils 
Commode  alors  âgé  de  onze  ans.  Mais  cette  explication  ne  uic 
parait  guère  admissible.  La  pièce  a  été  frappée  en  Tan  172, 
et  le  jeune  César  Commode  ne  se  Rendit  auprès  de  son  père^ 
occupé  de  la  guerre  en  Germanie  que  trois  ans  plus  tard,  c'est- 
à-dire  au  mois  de  mai  175.  Cf.  Eckhel,  D.  N.,  VII,  p.  102. 
Ajoutons  que  le  personnage  placé  à  côté  de  Marc-Aurèle  doit 
être  un  homme,  puisque  Vaillant  y  reconnaît  le  préfet  des  préto- 
rioDS)  tandis  que  si  c'était  Commode,  enfant  de  onze  ans  seule- 
ment, H  devrait  être  d'une  taille  beaucoup  au-dessous  de  celle 
de  son  père. 

La  i^ende  PROVIDENTIA  AWGusti  du  revers  peut  se  rap- 
porter à  une  allocution  faite  d'une  façon  opportune  ou  à  un 
autre  fait  qui  indiquait  la  haute  prévoyance  de  l'empereur  phi- 
ioeophe.  Cf.  Bull.  arch.  Nap.,  ann.  V,  p.  79. 

Enfin  je  ferai  remarquer  le  mot  latin  LAETFTAS  pour  LAE- 
TITIA, que  l'auteur  a  trouvé  sur  uu  grand  bronze  de  Faustine 
jeune  (n*  i86)  mot  qui  est  à  ajouter  aux  lexiques,  ainsi  que  le 
mot  ITkRO  pour  ITERVM  qu'on  lit  sur  une  monnaie  d'Hadrien 
(n*  98).  Cf.  Eckhel,  D.  /V.,  VI,  p.  477.  C.  Cavbdoni. 

*  Voir  ce  que  j'ai  dit  (suprà  ,  p.  106  et  suiv.  )  sur  los  rcpréscntatiuiis  du 
Smai  ptrionnifié.  J.  W, 


316  BCLL&TUf  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Description  générale  des  monnaies  byzantines  frappées  sons 
les  empereurs  d'Orient  depuis  Ârcadius  jusqu'à  la  prise 
de  Constantinople  par  Mahomet  II ,  par  J.  Sabatieb. 
1"  vol.  in-8«,  avec  33  pi.  gravées  représentant  840  mon- 
naies. Paris,  RoUin  et  Feuardent,  1862. 

Voici  le  premier  des  deux  volumes  dans  lesquels  H.  Sabatier 
se  propose  de  publier  le  catalogue  méthodique  des  moonaief 
byzantines.  Les  travaux  antérieurs  de  ce  numismatiste  loi 
donnent  qualité  pour  entreprendre  ce  travail  qui ,  avec  les  cinq 
volumes  dus  à  M.  Cohen  sur  le  Haut-Empire,  forme  un  imr 
portant  corps  d'ouvrage  pour  la  numismatique  romaine. 
M.  Sabatier  a  eu  la  bonne  chance  d'avoir  lklM.[RoUin  et  Feu- 
ardent  pour  éditeurs  ;  les  abonnés  de  la  Jtevue  savent  tous  avec 
quel  zèle  désintéressé  ces  deux  messieurs,  depuis  quelques 
années^  ont  facilité  la  publication  d'ouvrages  de  numismatique 
aussi  précieux  pour  les  savants  que  pour  les  collectionneurs. 

Tant  d'archéologues  se  sont  occupés  de  l'étude  des  monnaies 
et  des  médailles  romaines ,  qu'il  faut  avoir  une  grande  recon- 
naissance aux  personnes  qui  ont  la  patience ,  par  des  cata- 
logues soigneusement  élaborés^  de  coordonner  les  travaux, 
un  peu  disséminés  partout.  Avec  les  ouvrages  de  MM.  Cohen 
et  Sabatier,  on  peut  savoir  à  peu  près  exactement  quelles  sont 
les  ressources  de  la  science  jusqu'en  i862  ;  on  a  aussi  moins  à 
craindre  de  faire  des  découvertes  dans  lesquelles  on  aurait  été 
prévenu  à  son  insu. 

Tous  les  archéologues  et  les  numismatisies  qui  se  sont  oc- 
cupés de  la  période  byzantine  connaissent  les  travaux  multipliés 
du  baron  Marchant;  dans  toutes  les  bibliothèques  des  savants  on 
trouve  aussi  le  bel  ouvrage  dans  lequel  M.  de  Saulcy,  il  y  a  vingt- 
trois  ans ,  entreprenait .  le  premier,  le  classement  des  monnaies 
byzantines, et  le  catalogue  avec  prix  publié  par  M.Soleirol.  Il  est 


BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE.  317 

donc  temps  aujourd'hui  d'entreprendre  la  description  de  toutes 
les  pièces  connues  de  cette  série,  et  aussi ^  en  fixant  la  valeur 
Ténale  de  ces  monuments^  de  faire  cesser  l'arbitraire  du  com- 
merce. 

La  Description  générale  s'ouvre  par  quatre-vingt-quatorze 
pages  dans  lesquelles  M.  Sabatier  résume  les  principales  dates 
des  annales  de  l'empire  d'Orient^  ainsi  que  ce  que  Ton  a  retrouvé 
jusqu'ici  sur  l'histoire  de  la  monnaie  depuis  Arcadius  jusqu'à 
Constantin  XI  Paléologue.  Notre  collaborateur  passe  en  revue 
les  types  principaux ,  les  ateliers^  les  systèmes  de  For^  de  Tar- 
gent  et  du  cuivre,  les  légendes,  les  dates,  les  monogrammes  et 
les  imitations  faites  par  des  peuples  étrangers  à  l'Empire  :  il 
restitue  judicieusement  aux  monnaies  elles-mêmes  les  dénomi- 
nations  qu'elles  portaient  légalement.  Cette  introduction  forme 
un  naanuel  utile  pour  le  numismatiste  qui  désire  classer  et  étu- 
dier sa  collection» 

Lingue  le  second  volume  aura  paru ,  nous  nous  réservons 
d'examiner  la  description  elle-même,  ainsi  que  les  attributions 
nouvelles  et  les  rectifications  proposées  par  M.  Sabatier. 

Ce  D*est  certes  pas  l'art  qu'il  faut  chercher  dans  les  monnaies 
des  empereurs  de  Constantinople  ;  ce  n*est  pas  non  plus  Tin- 
téréi  qui  s'attache  à  ces  beaux  types  historiques  ou  monumen- 
taux de  la  Grèce  et  du  Haut-Empire  :  la  monnaie  byzantine  n'a 
de  TaleuF  scientifique  que  par  les  dates  qu'elle  révèle,  par  les 
l^endes  qui  sont  des  inscriptions  authentiques  et  contempo- 
raines des  faits  étudiés  par  l'historien.  N'oublions  pas  non  plus 
que  cette  série  numismatique,  dans  laquelle  il  y  a  encore  tant 
de  problèmes  à  résoudre,  est  la  transition  entre  le  monnayage 
antique  et  celui  des  rois  barbares  et  des  Mérovingiens. 

La  monnaie  byzantine  résume  les  abus  de  la  centralisalio» 
administrative  exagérée:  l'art  disparaît;  à  certains  moments ♦ 
lorsque  la  main  du  souverain  n*est  plus  assez  vigoureuse,  le 
désordre  se  révèle  et  prend  promptcmcnt  de  larges  proportions, 
La  monnaie  byzantine  émane  du  Bas- Empire.  Pendant  quête 


318  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUB. 

souverain  était  entouré  d*bonimages  qui  le  plaçaient  presque  an 
rang  des  anciens  dieux ,  Tesprit  envahissant  d'une  armée  de 
fonctionnaires  étouffait  son  autorité;  TEmpire  se  divisait  :  loin 
de  la  capitale,  l'unité  tendait  à  s'évanouir.  C'était  le  règne 
égoïste  des  parvenus  :  du  luxe,  beaucoup  d'or^  rien  que  de 
l'or,  et  plus  d'art.  Par  suite  du  vm\  adage  qui  veut  que  les 
extrêmes  se  touchent,  il  semblait,  qu'à  l'exemple  de  la  déma- 
gogie, la  trop  grande  centralisation  amenait  le  règne  de  la  mé- 
diocrité :  on  ne  cherchait  plus  que  la  jouissance  matérielle  ci 
immédiate,  sans  se  soucier  beaucoup  des  savants  ni  des  artistes. 

A.  Di  B. 


Numismatique  béthunoise,  recueil  des  monnaies,  méreaux, 
médailles  et  jetons  de  la  ville  et  de  l'arrondissement  de 
Béthune,  par  L.  Dancotsne.  Un  volume  in-8»,  avec  26  pi. 
Arras,  Brissy,  1859. 

Malgré  la  date  qu'il  porte,  le  nouveau  travail  de  M.  DineoîsDe 
n'est  guère  en  vente  que  depuis  quelques  mois.  Nous  devions 
celte  petite  explication  avant  de  commencer  le  compte-rendu 
que  nous  allons  faire,  lequel  pourrait,  de  prime  abord^  paraître 
bien  tardif. 

L'auteur  aborde  son  sujet  à  la  période  mérovingienue  et  le  pou^ 
suit  jusqu'à  nos  jours.  Les  divers  monuments  numismaUques 
qu'il  publie,  au  nombre  de  185,  sont  classés  d'après  les  localités 
auxquelles  ils  appartiennent,  Béthune,  Allouagne,  Amettes, 
Garvin-Épinoy,  Henin-Liétard,  Isbergue,  Labeuvrière,  Lambres, 
Lens,  Lillers,  le  Locon,  et  Saint- Venant.  De  ces  localités,  d'ail- 
leurs, cinq  seulement  sont  représentées  par  des  monnaies,  des 
méreaux  ou  des  médailles  qui  ne  soient  pas  uniquement  de  dé- 
votion. 

M.  Dancoisne  laisse  à  Béthune,  mais  non  sans  exprimer  ses 
doutes,  un  tiers  de  sou  aux  légendes  BERTVNO  FIT  et  BBjO 


BULLETIN    BinUOGRAPHIQLE.  310 

MONETAR,  attribué  à  cette  ville  par  M.  de  Reichel.  II  en  fciit 
connaître  un  second ,  trouvé  à  Béthune  même ,  et  sur  lequt^l 
semble  bien  être  le  mot  BITYNIA;  mais  c'est  à  peu  près  tout  ce 
qu'on  y  Ut;  le  nom  du  monétaire,  dont  presque  toutes  les  lettres 
n'ont  marqué  qu'incomplètement  sur  le  flan  trop  petit,  est  tout 
à  fait  indéchiffrable.  Trois  autres  tiers  de  sou  figurent  dans  Ton- 
vrage  :  ce  sont  ceux  aux  légendes  LENNA  CAS  et  AEGOÀLDO 
110^  généralement  attribués  à  Lens  depuis  quelque  temps 
déjà  (i). 

Les  monnaies  carlovingiennes  ne  sont  représentées  dans  le 
travail  de  M.  Dancoisne  que  par  trois  deniers  de  Charles  le 
Chauve  frappés  à  Lens  [Lennis  fisco). 

Les  monnaies  seigneuriales,  des  xii*  et  xm'  siècles,  sont  plus 
nombreuses.  Elles  ont  été  frappées  pour  la  plupart  à  Béthune  ; 
quelques-unes  l'ont  été  à  Saint- Venant.  Ce  sont  presque  tous 
petits  deniers  d'argent,  forgés  dans  le  système  artésien;  c*(*st 
dire  que^  par  leurs  dimensions^  ces  pièces  feraient  presque  la 
concurrence  aux  lentilles.  Quelques  deniers  de  Béthune  avaient 
déjà  été  publiés  par  Lelewel^  par  M.  Hermand  et  par  M.  Dan- 
coisne. lui-même.  Nous  en  comptons ,  cette  fois,  jusqu'à  onze 
variétés  réunies  sur  une  même  planche,  plus  une  obole,  et  rou- 
teur déclare  qu'il  s'est  attaché  à  ne  faire  dessiner  que  les  variétés 
les  mieux  caractérisées. 

Dans  l'œuvre  de  noire  confrère,  la  portion  vraiment  neuve,  vu 
même  temps  que  riche  en  remarques  curieuses,  est  celle  qui 
traite  des  méreaux  relatifs  à  Béthune.  Parmi  ceux  ci ,  les  nié- 
reaux  communaux,  qui  étaient  de  petites  pièces  d'étain  mélangt^ 
de  plomb,  frappées  aux  armes  de  la  ville,  et  d'une  valeur  no- 

1  A  la  page  183  de  son  ouvrage,  M,  Dnncoisne  exprime  le  regret  de  n'avo'r 
pai  trouvé  dau»  le  catulogue  des  monnaies  mérovingiennes  de  M.  Cartier  l'in- 
dication de  la  collection  où  existait  la  variété  du  tiers  de  sou  de  Lens  portant 
le  nom  du  monétaire  ^Egoaldus  du  côté  de  la  tAte.  Une  note  de  1838 ,  que 
noiis  conservons  dans  nos  documents ,  nous  apprend  qu'à  cette  date  le  triens 
appartenait  à  M.  Bénassis. 


320  BULLETIN   BIBUOGRAPHIQUE. 

mînale  de  1  et  2  deniers ,  appellent  tout  particulièrement  Tat- 
tention  par  le  rôle  illégal  qu'ils  ont  presque  constamment  joué^ 
c'est-à-dire  par  l'emploi  qui  en  était  fait  comme  de  monnaies 
courantes. 

M.  Dancoisne  a  fort  bien  fait  voir  comment  ces  méreaux  com- 
munaux^ dont  l'usage  remonte  au  xiv*  siède^  après  avoir  d'abord 
servi  exclusivement  à  établir  entre  les  commerçants  en  grains  et 
les  portefaix  le  compte  de  ce  qui  était  dft  à  ceuxH^i  pour  leur 
labeur,  ont  ensuite^  par  la  tolérance  un  peu  aveugle  des  repré- 
sentants du  pouvoir  dans  la  localité^  fini  par  devenir  une  sorte 
de  monnaie  fictive  ayant  cours  par  toute  la  ville.  Il  y  a  là  un 
curieux  rapprochement  à  faire  entre  ces  méreaux  et  d'autres 
monnaies  fictives  qui  eurent  cours  également  dans  certaines  lo« 
calités  des  Pays-Bas ,  tels  que  les  deniers  de  laiton  de  Notre- 
Dame  de  Termonde,  les  monnaies  javns  de  Notre-Dame  de 
Cambrai  et  les  deniers  de  plomb  de  l'abbesse  de  Maubeuge.  Ce 
rapprochement ,  que  nous  avions  indiqué  sommairement  dans 
la  Ilevue  numismatique,  en  1849,  pourrait  être  fait  aujourd'hui 
d'une  manière  beaucoup  plus  complète. 

Les  méreaux  communaux  furent  parfois,  pour  la  ville  deBé- 
thune,  un  moyen  de  se  créer  des  ressources,  au  moins  momeo- 
tanément.  Elle  payait  avec  ces  méreaux  les  ouvriers  qu'dle 
employait  en  1*^10  et  en  1511  à  la  construction  d'un  de  ses 
ponts,  et  en  1519  à  la  réparation  de  ses  fortifications.  Mais  avec 
un  semblable  système  la  ville  arriva  à  se  trouver  infestée  de  ses 
propres  méreaux ,  et  les  gens  de  la  campagne  qui  approvision- 
naient de  vivres  son  marché  les  recevaient  en  payement  avec 
d'autant  plus  de  répugnance,  qu'il  y  en  avait  de  faux.  Il  fallut 
en  venir  à  la  suppression  générale  des  méreaux  communaux,  oo 
qui  eut  lieu  en  1531.  On  est  fondé  à  supposer,  par  Timportanoe 
des  sommes  que  la  ville  dut  alors  afiecter  au  rachat  des  méreaux, 
que  le  nombre  de  ceux-ci  fi'était  pas  de  moins  de  cent  mille. 

Outre  les  monnaies  fictives  dont  il  vient  d'être  question, 
M.  Dancoisne  publie  d'autres  méreaux  de  Béthune,  se  rappor- 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE.  321 

tant  à  diverses  institutions  civiles  ou  religieuses.  L  auteur  ne  se 
dissimule  pas  que  plusieurs  de  ses  attributions  pourront  être 
contestées,  et  l'on  doit  reconnaître  qu'il  ne  peut  guère  en  être 
autrement^  quand  il  s'agit  de  pièces  de  cette  nature^  qui  parlent 
souvent  si  peu  par  elles-  mémes^  et  au  sujet  desquelles  on  man- 
que le  plus  souvent  du  moindre  renseignement. 

Nous  laissons  de  côté  les  médailles  historiques  relatives  à 
Bétbune,  à  Hénin-Liétard,  à  Lens  et  à  Saint- Venant,  que  M.  Dan- 
coisne  a  reproduites  dans  son  recueil,  et  qui  sont  pour  la  plu- 
part bien  connues;  mais  nous  devons  indiquer  encore  en 
passant  un  méreau  jusqu'ici  unique  du  chapitre  de  Lillers, 
Capitulum  sancti  Audomati  in  urbe  Lileriensi,  et  les  rares  mon- 
naies de  nécessité  auxquelles  donna  Heu  le  siège  de  Saint- Venant , 
parTurenne,  en  4657.  Quant  aux  médailles  de  dévotion,  en 
très-grand  nombre  dans  Touvrage^  elles  ont,  généralement,  un 
intérêt  tout  local ,  et  nous  ne  nous  y  arrêterons  pas  ici  plus 
qu'elles  ne  peuvent  le  comporter.  Il  en  est  doux  cependant  qui 
méritent  une  nfention  particulière  par  leur  ancienneté.  Ce  sont 
des  plaques  unifaces  en  plomb,  du  genre  dit  enseigne,  remon- 
tant pour  le  moins  au  xv'  siècle,  et  rappelant  le  pèlerinage  de 
saintOruon,  le  prince  berger  dont  deux  localités  se  partageaient 
particulièrement  le  culte ,  Ëpinoy-les-Carvin ,  où  il  était  né ,  et 
8ebourg-en-Hainaut,  où  il  mourut.  Seize  autres  médailles  moins 
anciennes  rappellent  la  même  dévotion  dans  le  recueil  de 
11.  DancoisnCf  mais  nous  ne  sommes  pas  bien  sur  qu'il  ne  faille 
pas  en  retrancher  une,  le  n»  1  de  la  planche  xvii,  où  le  saint 
représenté,  indiqué  par  les  initiales  S.D,  est  entouré  de  nuages 
que  sillonne  la  foudre.  Cette  pièce,  du  xvu'  ou  du  xvui'  siècle» 
nous  parait  être  une  médaille  de  saint  Donat,  et  non  pas  de  saint 
Druon.  Saint  Donat,  on  le  sait,  était  invoqué  contre  le  péril  des 
orages.  Des  médailles  de  saint  Donat  se  vendaient  en  grand 
nombre  à  Arlon,  où  il  existait  de  ses  reliques;  mais  ceci  nous 
conduit  un  peu  loin  de  Béthune. 

M.  Dancoisne,  prévoyant  le  cas  où  Ton  pourrait  lui  reprocher 

1862.-.  4.  22 


322  BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

de  ne  s'être  pas  occupé  des  monnaies  de  Maximilien  de  Bétlione, 
le  célèbre  Sully,  ainsi  que  des  monnaies  et  jetons  de  Maximilien- 
François  de  Béthune^  son  petit-fils,  a  fait  remarquer  avec  raison 
que  ces  pièces  ont  été  frappées  pour  la  principauté  d'Henriche- 
mont  et  Boisbelle,  et  qu'elles  n'ont  rien  de  commun  avec  Bé- 
Ihune.  On  doit  ajouter,  d'ailleurs^  que  depuis  très-longtemps 
déjà,  à  l'époque  dont  il  s'agit,  Béthune  n'était  plus  la  propriété 
delà  famille  qui  en  tirait  son  nom.  Mais  nous  ne  saurions  être 
d'accord  avec  l'auteur  lorsqu'il  fait  connaître  qu'il  a  cru  devoir 
également  ne  pas  comprendre  dans  la  numismatique  de  Béthune, 
«  à  cause^dit-il,  de  son  origine  tournaisienne,  d  un  jeton  frappé 
en  1785  aux  armes  et  au  nom  d'Eugène-François-Léon,  pfince 
de  Béthune,  marquis  d'Hesdigneul  et  comte  de  Noyelles. 

Nous  ne  contestons  pas  que  le  jeton  en  question ,  publié  par 
M.  Chalon  dans  \^ Revue  numismafique  belge  de  i855,  pi.  xni,  ne 
puisse  se  rattacher  à  la  numismatique  deTournay  par  les  consi- 
dérations que  M.  Chalon  a  très  bien  fait  valoir,  considérations 
tirées  en  partie  de  la  résidence  qu'avait  choisie  leppersonnage  que 
le  jeton  concerne.  Mais  on  ne  peut  perdre  de  vue,  d'autre  part, 
que  ce  personnage,  l'un  des  descendants  de  Sully,  était,  lui,  véri- 
tablement prince  de  Béthune,  comme  la  légende  du  jeton  le  rap- 
pelle, et  que  le  domaine  de  Béthune  lui  avait  été  attribué  en  1778, 
en  compensation  partielle  de  la  cession  que  son  père  avait  faite 
à  la  couronne,  sous  Louis  XV,  de  la  terre  souveraine  d'Henri- 
ohemont  et  Boisbelle.  I.e  jeton  qui  consacre  un  semblable  évé- 
nement nous  paraît,  en  définitive,  faire  essentiellement  corps 
avec  la  numismatique  béthunoise. 

Cette  question,  au  surplus,  n'est  pas  de  celles  sur  lesquelles 
les  avis  ne  puissent  être  partagés  sans  inconvénient.  Mais  m 
point  sur  lequel  nous  pensons  que  l'opinion  sera  générale,  c'est 
que  la  monographie  que  vient  de  nous  donner  M.  Dancoisne 
satisfera  jusqu'aux  lecteurs  les  plus  difficiles,  par  le  soin  et  le 
savoir  avoc  lesquels  il  a  traité  son  sujet.  J.  R. 


CHRONIQUE. 


Découverte  de  monnaies  d'or  du  XVP  siècle  dans  la  chapelle 
de  CaudecôiCy  près  Dieppe. 

Al.  l'abbé  Cochet  a  exploré  dans  l'intérêt  de  la  science  ar- 
chéologique et  de  l'histoire ,  la  vieille  chapelle  de  Saint-Nicolas 
de  Caudecôte^  située  derrière  la  citadelle  de  Dieppe  et  à  un  kilo- 
mètre environ  de  cette  ville.  Cette  chapelle,  qui  fut  autrefois  un 
prieuré  dépendant  de  Tabbaye  de  Sainte-Catherine- du-Mont  de 
Rouen^  avait  été,  comme  tant  d'autres,  confisquée  à  la  révolu- 
tion. Le  génie  militaire  qui  en  avait  fait  une  caserne  de  canon- 
aiers  pendant  la  guerre^  la  démolit  lui-même  en  i84i. 

M.  l'abbé  Cochet  avait  complété  l'exploration  de  la  chapelle 
si  il  allait  terminer  la  fouille  du  sanctuaire ,  lorsque  le  mardi 
}  décembre  4864 ,  à  huit  heures  du  matin,  un  ouvrier  rencontra, 
m  niveau  des  fondations  du  chœur,  un  groupe  de  monnaies  d'or 
lont  la  vue  l'éblouit  un  moment.  Ces  pièces  n'étaient  point  ren- 
érmées  dans  un  vase  comme  cela  arrive  ordinairement  dans  ces 
OTÎes  de  cas.  Elles  avaient  probablement  été  déposées  dans  une 
x>tte  en  bois,  dans  un  sac  d'étoffe  ou  dans  une  bourse  de  cuir. 
loni  il  ne  restait  plus  la  moindre  trace.  Elles  étaient  au  nombre 
le  35 ,  généralement  bien  conservées  et  paraissant  avoir  peu 
irculé.  Leur  poids  métallique,  d'environ  125  grammes,  repré- 
ente  une  valeur  intrinsèque  d'à  peu  près  375  fr. 

Toutes  ces  monnaies  doivent  appartenir  au  xvi*  siècle  ;  quel- 
[ues-unes  au  plus  pourraient  remonter  jusqu'à  la  fin  du  xv^ 
.es  plus  récentes  en  date  portent  les  millésimes  de  1 567  et  de 


32Â  CHRONIQUE. 

1568.  Il  y  en  a  12  de  France,  14  d'Espagne,  A  de  Portugal, 
3  d'Italie,  1  de  Suisse  et  1  de  Hongrie. 

Les  princes  dont  on  lit  les  noms  et  dont  on  voit  les  eflBgîes, 
sont,  pour  la  France,  Louis  XII  (U98-15io],  François  I''  (1515], 
Henri  II  (1547-1559)  et  Charles  IX  (une  seule  de  1567).;  pour 
l'Espagne,  Ferdinand  V  et  Isabelle  (1474-1504),  Jeanne  et 
Charles  (  i 506-1 516),  Charles-Quint,  empereur  et  roi  (  1 51 6  1 556), 
et  Philippe  H  (1556-1598);  pour  le  Portugal,  Jean  III  (1521- 
1557)  et  Sébastien  I*'  (1557-1578);  pour  la  Hongrie,  Mathias 
Corvin  (  1490-1504)  ;  pour  l'IUlie,  Alphonse  I*'  (1505-1534)  et 
Hercule  II  (1534-1597),  ducs  de  Ferrare;  la  Suisse  est  repré- 
sentée par  une  seule  pièce  de  la  cité  de  Genève  (1568). 

Maintenant  à  quelle  époque  faire  remonter  cette  cachette? 
Généralement,  en  Normandie,  on  a  caché  des  trésors  à  la  fin  du 
xvi'  siècle,  pendant  les  guerres  de  la  Ligue  et  surtout  au  moment 
delà  bataille  d'Arqués  et  du  siège  de  Dieppe,  en  1589. 

Les  cachettes  de  cette  dernière  époque  renferment  ordinaire- 
ment un  bon  nombre  de  pièces  de  Charles  IX  et  de  Henri  IIl, 
parfois  même  de  Charles  X,  roi  de  la  Ligue.  Ici,  au  contraire, 
pas  une  pièce  française  n'est  postérieure  à  1567,  et  encore  la 
seule  qui  soit  de  Charles  IX  est  à  fleur  de  coin. 

Sans  repousser  absolument  l'époque  de  la  Ligue,  M.  l'abbé 
Cochet  est  plus  disposé  à  attribuer  cette  cachette  au  temps  de 
la  Saint-Barthélémy.  J.  W. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


LETTRES  A  M.  A.  DE  LONGPÉRIER 

LA  NUMISMATIQUE  GAULOISE. 

Douzième  article.  —  Voir  plus  linut,  p.  177. 


XVI. 

VOTOMAPATIS,    ROI    DES   NiTIOBRIGES. 

Mon  cher  Adrien , 

Je  crois  tenir  une  excellente  attribution  nouvelle ,  et  je 
me  bâte  de  t'en  faire  part.  Je  serai  ravi  si  tu  juges  qu'il  y 
a  là  un  véritable,  6«n  trovalo. 

Tu  te  rappelles  quau  VII*  livre  des  Commentaires 
(cbap.  XXXI)»  César  raconte  conament  Vercingétorix  s'y 
prit  pour  combler  les  vides  que  les  revers  d'Avaricum 
avaient  faits  dans  les  rangs  de  son  armée.  Il  termine  son 
bref  récit  par  les  phrases  suivantes  :  «  Ilis  rébus  celeriter 
id,  quod  Avarici  deperierat,  expletur.  Intérim  Teutomatus 
OUoviconis  filius,  rex  Nitiobrigum,  cujus  pater  ab  sena'tu 
nostro  amicus  erat  appellatus ,  cum  magno  equitum  suo- 
rum  numéro,  et  quos  ex  Aquitania  conduxerat,  ad  eum 
pervenit.  n 

1062.^  5.  23 


:M>.6  Mf-MOCRKS 

Il  est  encore  question  du  même  personnage  un  peu  plus 
loin,  à  propos  du  malencontreux  coup  de  main  que  César 
tenta  devant  Gergovia;  coup  de  main  qui  faillit  un  instact 
réussir,  mais  qui  n'aboutit  qu  à  une  sérieuse  défaite.  Le 
bon  roi  des  Nitiobriges  avait  ses  habitudes,  à  ce  qu'il  paraît, 
puisqu'il  manqua  tomber  aux  mains  des  légionnaires,  au 
moment  où  il  faisait  la'sieste  dans  sa  tente,  et  au  beau  mi- 
lieu de  son  camp.  Voici  comment  César  mentionne  ce  fait 
curieux  (même  livre,  chap.  XLVI)  :  «  Ac  lanta  fuit  in 
castris  capiendis  celeritas,  ut  Teutomatus,  rex  Nitiobrigum, 
subito  in  tabernaculo  oppressus,  ut  meridîe  conquieverat, 
superiore  corporis  parte  nudata  ,  vulncrato  equo,  vix  se  ex 
inanibus  prcnedantium  militum  eriperet.  »  Tu  vois  que  notre 
personnage  put  se  vanter  de  Tavuir  échappé  belle,  comnje 
nous  dirions  en  pareille  occurrence. 

Le  nom  du  roi  dos  Nitiobriges  nous  a-t-il  été  consené 
intact,  sons  cette  furme  germanirpie?  Il  est  permis  d'en 
douter.  Ne  sommes-nous  pas  édifiés  déjà  sur  le  respect 
des  noms  pr()i)res  gaulois  pratiqué  chez  les  écrivains  ro- 
mains ,  par  les  étranges  altéiations  qu'a  subies  le  nom 
d'Adietuanus,  le  roi  des  Sotiates,  ou.  pour  être  plus  correct, 
des  Sotiotes?  Si  Adietuanus  est  devenu,  sous  la  plume  des 
copistes  de  César,  Adcantuanniis  nous  avons  bien  le  droit 
de  supposer  que  la  forme  Teutomatus  n'a  pas  plus  de  res- 
semblance avec  la  véritable  forme  du  nom  que  portait  le 
roi  des  Nitiobriges. 

Tu  vas  voir,  du  reste,  que  j'ai  mieux  à  t'offrir  qu'une 
pure  hypothèse  sur  ce  point.  Mais  avant,  permets-moi  de  te 
rappeler  que  le  nom  d'Adietuanus  se  rencontre ,  suivant  les 
manusciits  que  Ton  consulte ,  sous  les  formes  par  trop  di- 
verses :  Adiatnnnus,  Adiatonnus,  Adcatuannus,  et  enfin 
Adcantuanus.  Pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même  du  nom 


ET    DISSERTATIONS.  827 

propre  caché  sous  la  fornie  Teutoinatus?  Voyons  donc  les 
variantes  que  nous  rournisseut  les  manuscrits  comparés  par 
Nipperdey. 

Pour  le  pi-euiier  passage  (VU,  31),  le  manuscrit  B 
(Parisinum  primum)  donne  Teutomatus.  Le  manuscrit  G 
(  Vossianum  primum  ),  Tautoiiialus;  et  tous  les  autres  Teu- 
tomotus. 

On  devrait  croire,  ce  semble,  que  les  copistes  ont,  pour 
le  second  passage  (Vil.  AO),  respecté  la  forme  qu'ils 
avaient  adoptée  pour  le  premier  ;  il  n'en  est  vraiment  rien, 
Aussi  le  manuscrit  A  (Bongai^ianum  primum)  et  le  ma- 
uuscrit  a  (Parisinum  secundum)  donnent  Votomatus.  Le 
uanuscrit  d  (Cujaciauum),  Vitomatus,  et  le  manuscrit  B 
(Parisinum  primum),  Votomapatus.  D'autres,  ajoute  Nip* 
perdey,  sans  les  désigner  d'une  manière  plus  précise, 
offrent  les  leçons  Notomatus,  Vocomapatus,  Vatomapatus, 
Notomapatus.  Tu  vois  que  nous  avons  à  choisir.  De  toutes 
ces  formes  du  même  nom,  quelle  est  la  bonne?  Il  serait 
plus  que  difficile  de  le  deviner.  Toutefois,  si  nous  observons 
que  la  forme  Votomapatus  nous  est  piésentée  par  le  ma- 
nuscrit B  (  Parisinum  primum  ) ,  qui  donne,  pour  le  nom  si 
complètement  défiguré  Adcanluannus,  la  forme  Adiatunnus, 
qui  est  celle  qui  se  rapproche  le  plus  du  vrai  nom  Adietuanus 
du  roi  des  Sotiotes,  que  de  plus  le  manuscrit  G  (Vossia- 
num primum  ) ,  qui  à  lui  tout  seul  porte  les  deux  variantes 
à  peu  près  correctes,  Adiatonnus  et  Adiatunnus,  nous  offre 
aussi,  dans  le  second  passage  (Vil ,  A6) ,  la  forme  Voto- 
matus, nous  serons  amenés  à  supposer  que  le  nom  du  roi 
des  Nitiobriges  devait  présenter  une  forme  assez  voisine 
des  deux  variantes  Votomatus  et  Votomapatus. 

Ceci  posé,  rappelle  toi  la  charmante  pièce  de  la  trouvaille 
de  Chantenay,  sur  laquelle  on  lit  du  côté  de  la  tête  les 


3*28  MÉMOIRES 

noms  GAIV.IVLI...  et  îiu  revers  la  iin  de  la  légende 
.. ..OMAPATIS  au-dessus  du  cheval  qui  galope  à  gauche,  en 
franchissant  un  oiseau  marchant  en  sens  inverse  \  A  mon 
avis ,  nous  avons  là  une  monnaie  du  roi  des  Nitiohriges 
qui  faillit  se  laisser  enlever  par  les  Romains,  sous  les  mors 
de  Gergovia.  A  mon  avis  encore,  ce  personnage  se  nommait 
en  réalité  Votomapatis  ou  Votomapatiis,  et  il  n'y  a  rien  que 
de  naturel  à  préférer  à  toutes  les  variantes  fournies  par  les 
manuscrits,  celle  qui  nous  a  conser\é  la  leçon  Votoma- 
patus.  De  la  sorte  nous  sommes  délivrés  de  la  forme  germa- 
nique Teutomatus,  si  embarrassante  et  si  invraisemblable, 
lorsqu'il  s*agit  d'un  prince  des  Nitiobriges,  d'un  Aquitaio 
pur  sang. 

Ollovicon,  père  de  Votomapatus,  avait  été  déclaré  parle 
sénat,  ami  du  peuple  romain.  Son  fils  ne  fit  que  céder  à 
Tentraînement  général  et  certes  bien  justifié,  qui  poussa 
loutes  les  peuplades  des  trois  Gaules  sous  l'étendard  victo- 
rieux de  Yercingétorix.  Mais  après  la  catastrophe  d*AIesia, 
l>on  nombre  de  ces  chefs  n'hésitèrent  pas  à  faire  leur  sou- 
mission :  témoin  Togirix  et  Duratius  qui  s'affilièrent  à  h 
gens  Julia.  et  dont  les  monnaies  ornent  nos  collections; 
témoin  encore  l'Éduen  Époredirix  et  tant  d'autres  dont 
les  inscriptions  nous  ont  transmis  le  souvenir  et  l'entrée 
dans  la  même  famille.  N'oublions  pas  d'ailleurs  qu'Épore- 
dirix  fut  l'auteur  du  massacre  des  citoyens  romains  de 
iNoviodunum,  pendant  le  blocus  de  Gergovia,  qu'il  fat  fait 
prisonnier  par  les  Romains  à  la  bataille  dans  laquelle  Ver- 
cingétorix  fut  vaincu,  avant  d'aller  s'enfermer  à  Alesia,  et 
(|u'il  n'en  rentra  pas  moins  en  grâce,  puisqu'il  prit  pour 
lui  et  pour  sa  descendance,  le  nom  de  Julius,  ainsi  que  le 

^  Recw  Mtmism,  1862,  pi.  1,  n*  6,  p.  27. 


ET   DISSERTATIONS.  S20 

constate  la  belle  inscription  d'Autun.  11  en  peut  donc  être 
exactement  de  môme  de  Votomapatus,  et  ceci  nous  conduit 
à  penser  que  César,  loin  de  conserver  une  rancune  fort  vive 
contre  les  chefs  puissants  qui  l'avaient  combattu ,  s'em- 
pressa de  les  accueillir  et  de  se  les  attacher  par  toutes  les 
faveurs  compatibles  avec  les  intérêts  du  peuple  romain. 
D'ailleurs,  le  souvenir  de  son  jwre  Ollovicon  servit  proba- 
blement à  la  réhabilitation  de  Votomapatus,  qui  ne  se  con- 
tenta pas  de  prendre  le  nom  de  famille  de  César,  mais  y 
joignit  aussi  son  prénom.  Votomapatus  devint  donc,  après 
la  conquête  accomplie,  Caïus  Julius  Votomapatus. 

Voilà  une  grande  et  regrettable  lacune  comblée  dans  la 
suite  des  monnaies  gauloises ,  et  la  civitas  des  Nitiobriges 
sera  enfin  représentée  par  une  belle  et  bonne  pièce.  Serait- 
il  impossible ,  maintenant  que  nous  avons  planté  un  j«alon 
sur  la  route  à  suivre  pour  trouver  le  contingent  numisma- 
tique de  cette  peuplade,  de  démêler  dans  le  chaos  de  ce 
qui  reste  encore  de  pièces  anépigraphes  à  classer,  quel- 
que pièce  à  joindre  à  celle  de  Votomapatus?  Je  ne  sais. 
Toutefois,  je  ne  veux  pas  terminer  cette  lettre  sans  te 
soumettre  une  idée  que  tu  prendras  pour  ce  qu'elle  vaut , 
c'est-à-dire,  je  le  confesse  humblement,  pour  une  idée 
en  l'air.  Je  t'ai  déjà  dit  quelque  part ,  je  ne  sais  plus  où , 
qu'à  mon  avis  la  série  si  nombreuse  des  pièces  d'or  et 
d'argent  qui  se  rattachent  étroitement  au  système  moné- 
taire de  Vercingétorix,  pourraient  bien  n'être  que  des  mo- 
neiœ  caslrenses^  frappées  en  même  temps  et  dans  un  sys- 
tème uniforme  à  Gergovia,  par  tous  les  chefs  des  peuplades. 
qui  avaient  répondu  à  l'appel  du  héros  arverne.  Ainsi  s'ex- 
pliquerait de  la  manière  la  plus  facile  et ,  j'ose  le  dire ,  la 
plus  satisfaisante,  la  multiplicité  des  emblèmes  secondaires 
qui  se  rencontrent  sur  les  beaux  statèrcs  des  trouvailles 


330  MÉMOIRES 

d'Orcines  et  de  Pionsat,  statëres  que  la  préseDce  seule  de 
ces  emblèmes  attribuerait  plausiblement  à  tel  ou  tel  peuple, 
plutôt  qu'à  tout  autre.  Or  nous  connaissons  de  jolies  petites 
pièces  d'argent  sur  lesquelles  on  voit  un  oiseau  au-dessous 
du  cheval  en  course,  et  ces  pièces  sont  les  plus  comniunes 
de  celles  que  Ton  découvre  de  temps  à  autre  à  Gergovia  et 
à  Corent.  Seraient-ce  des  monnaies  des  Nitiobriges,  frappées 
dans  le  camp  de  l'armée  confédérée,  par  le  corps  nombreux 
de  cavalerie  que  Yotomapatus  avait  amené  d'Aquitaine 
sous  les  drapeaux  de  l'insurrection?  Cela  est  fort  possible; 
mais  je  me  garderais  bien  de  l'affirmer,  tout  en  m'avouast 
fort  disposé  à  le  croire.  Il  est  vrai  que  Ton  rencontre  assez 
souvent  à  Corent  des  pièces  globuleuses  de  bronze,  sur 
lesquelles  on  voit  un  oiseau,  probablement  un  paon,  placé 
sur  le  dos  du  cheval*,  mais  celles-ci  me  semblent  d'un 
système  tout  différent,  et  elles  pourraient  bien  être  pure- 
ment arvemes.  C'est  là  un  problème  que  les  découvertes 
ultérieures  nous  permettront  seules  de  résoudre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  tiens  fort  à  ma  découverte  du  denier 
de  Yotomapatus ,  et  je  suis  enchanté  de  t'en  offrir  la  pri- 
meur. 

Tout  à  toi  de  cœur, 

F.  DE  Saclgy. 


€T    DISSERTATIONS, 


,^31 


TKTnADIlACnME  INÉDIT 
DE    PTOLÉMÉE   PlllL ADELPHE 


Dans  notre  Essai  sur  le  clafaernent  des  monnaies  d'argent 
des  LagideSj  nous  avons  fait  voir  que  la  masse  du  numéraire 
de  ce  métal,  monnayé  dans  les  domaines  des  rois  d'Egypte 
sous  les  trois  premiers  Ptolémées,  portait  uniformément 
l'eflBgie  de  Soter,  fondateur  de  la  dynastie.  Rien  n*est  plus 
rare  que  des  tétradrachmes  d'argent  marqués  de  la  tête 
d*autre.s  souverains  avant  l'avènement  de  Pbilopator.  Jus- 
qu'à présent  môme  nous  ne  connaissions  qu'une  pièce  de 
ce  genre  offrant  les  traits  de  Ptolémée  III  Évergète  dans  sa 
jeunesse,  pièce  qui  est  au  Musée  Britannique  et  que  nous 
avons  publiée  dans  notre  ouvrage. 

C'est  cette  circonstance  qui  donne  un  véritable  intérêt  au 

tétradrachme  gravé  en  tête  du  présent  article,  et  emprunté 

aux  riches  cartons  de  MM.  UoUin  et  Feuardent.  Cette  monnaie 

appartient  évidemment  aux  premiers  âges  de  l'empire  la- 

gide,  et  la  tête  qui  en  décore  le  droit  n'est  ni  celle  de  Soter 


332  UÉMOIBES 

ni  celle  d'É vergeté.  Mais  en  se  reportant  aux  beaux  té- 
trastères  d  or  à  la  légende  0EI2N-AAEA$nN  et  aux  quatre 
elTigies  de  Soter  et  de  Bérénice,  de  Pbiladelphe  etd'Arsinoé, 
il  devient  impossible  de  ne  pas  reconnaître  sur  notre  té- 
tradracbme  l'image  dePtolémée  II  Pbiladelphe.  Pour  rendre 
ce  fait  manifeste  aux  yeux  du  lecteur,  nous  avons  fait  placer 
en  face  du  dessin  de  la  pièce  que  nous  publions  pour  la 
première  fois,  le  côté  d'un  des  médaillons  d*or  où  sont  re- 
présentés le  fils  de  Ptolémée  Soter  et  la  reine ,  qui  étsdt  à 
la  fois  sa  sœur  et  son  épouse.  L'identité  des  deux  effigies 
ressort  si  évidente  de  la  confrontation,  qu'elle  ne  demande 
pas  de  longs  commentaires.  Les  traits  sont  semblables  et 
l'expression  du  visage  est  la  même.  En  recourant  aux  plan- 
ches de  Y  Iconographie  grecque  de  Visconti  *  ou  du  Trésor 
de  numiêmatique^^  on  sera  également  frappé,  nous  n'en 
doutons  pas,  de  l'analogie  qui  existe  entre  la  tête  de  notre 
monnaie  et  celle  du  roi  représentée  sur  l'admirable  camée 
du  Cabinet  de  Vienne ,  où  Eckbel  '  et  Visconti  *  ont  déjà 
proposé  de  reconnaître  Ptolémée  Pbiladelphe. 

Le  tétradrachme  de  MM.  RoUin  et  Feuardent  présente 
deux  monogrammes  dans  le  champ  du  revers,  des  deux 
côtés  de  l'aigle.  Le  premier,  composé  manifestement  des 
lettres  KITP,  est  celui  des  Cypriens,  que  nous  avons  déjà 
fait  connaître  dans  notre  travail  et  qui  se  retrouve  avec 
quelques  légères  variantes  sur  des  pièces  aux  effigies  de 
Soter*,  d'Épiphane*  et  de  la  célèbre  Gléopâlre',  ainsi  que 

«  PI.  LXIV  A,!!»!. 

•  Numismatique  des  rois  grecs,  pi.  LXXXIII. 

*  Choix  de  pierres  gravées  du  Cabinet  impérial  d&  Vienne,  p.  2B. 

*  Iconographie  grecque,  t.  III,  p.  211. 
»  Kevue  num.,  1853,  pi.  XVII,  n-  5. 

•  Ibid.,  p.  333. 
ri6i(i.,  pi.  XVII,  uo2. 


ET   DISSERTATIONS.  3S3 

sur  des  bronzes  incertains  qui  doivent  dater  des  derniers 
r^nes  de  la  dynastie  lagide  ^  Cependant  cette  monnaie 
n'est  évidemment  pas  de  fabrique  cypriote  ;  elle  ne  res- 
semble ni  par  le  style  ni  par  la  nature  du  métal  aux  tétra- 
drachmes  si  multipliés  qui  portent  les  marques  des  ate- 
liers de  Paphos,  Salamis  et  Cittium.  Les  caractères  de  la 
fabrique,  du  style  et  du  métal  reportent  le  tétradracbme 
que  nous  publions  vers  la  région  de  la  Phénicie .  de  la 
Palestine  ou  de  la  Basse -Egypte.  Le  monogramme  des  Cy- 
priens  ne  doit  donc  y  figurer  que  comme  m<irquant  une 
alliance  monétaire,  et  l'indication  du  véritable  lieu  d'émis- 
sion doit  être  cherchée  dans  le  second  monogramme;  et, 
en  effet,  ce  dernier  *est  celui  même  que,  le  rencontrant 
sur  des  tétradrachmes  à  la  tète  de  Soter,  nous  avons  dé- 
composé en  <t>AT  et  attribué  à  la  ville  de  Phatmis,  laquelle 
donnait  son  nom  à  Tune  des  embouchures  les  plus  orientales 
du  NiL 

Si  l'on  pouvait  se  fier  absolument  au  dessin,  exécuté 
d'après  une  médaille  très-mal  conservée,  qui  se  rencontre 
dans  le  bel  ouvrage  de  iM.  L.  MûUer  sur  la  Numismatique 
de  t ancienne  Afrique  *,  le  Cabinet  de  Vienne  posséderait  un 
didrachme  dont  l'effigie ,  entièrement  analogue  à  celle  de 
la  pièce  de  MM.  RoUin  et  Feuardent,  devrait  être  attribuée 
à  Philadelpbe.  Seulement  ce  didrachme  est  originaire  d'une 
tout  autre  contrée  que  notre  tétradracbme.  La  plante  du 
silphium  qu'on  y  voit  dans  le  champ  en  reporte  avec  certi- 
tude le  lieu  de  fabrication  dans  la  Cyrénaïque. 

François  Lenormant. 

«   Retue  num.,  1863,  pi.  XVII,  n»  4. 
«  T.  I,  p    137,  n«  361. 


3SA  MÉMOIRES 


LETTRE  A  M    A.  DE  LONGPERIER 

SLR  OUELQUES   MONNAIES    FRANÇAISES 

RARES  OU  iXÉDITES. 
(  PI.  XII.) 


Lorsqu'à  mon  dernier  séjour  à  Paris,  au  mois  de  septem- 
bre de  l'année  passée,  j'eus  le  plaisir  de  vous  soumetue, 
cher  ami,  quelques  monnaies  rares  et  inédites  de  mes 
séries  françaises,  vous  avez  bien  voulu  m'encourager  à  les 
publier  dans  votre  excellente  Revue.  Voici  donc  la  descrij>- 
tion  de  ces  pièces  :  vous  le  voyez,  j'ai  franchement  proflté  des 
notes  savantes  que  vous  avez  bien  voulu  me  communiquer 
sur  plusieurs  de  mes  monnaies.  J'ai  saisi  cette  occasion 
pour  joindre  quelques  monnaies  curieuses  conservées  dans 
d'autres  collections  hyperboréennes  et  j'ai  même  répété  la 
description  de  plusieurs  deniers  illustrés  déjà  dans  les 
Mémoires  de  la  Sociélé  d'archéologie  de  Sainî-Péienbourg^ 
ouvrage  peu  répandu  en  France.  Privé  de  l'avantage  de 
consulter  tous  les  ouvrages  parus  sur  la  numismatique  frao* 
çaise  du  moyen-âge,  je  vous  prie  d'agréer  ces  lignes  avec 
indulgence  et  d'excuser  si  vous  y  trouvez  quelques  mon- 
naies mieux  publiées  dans  les  livres  français  que  je  n'ai 
pas  été  à  même  de  me  procurer. 

Tout  à  vous  de  cœur. 


ET    DISSERTATIONS.  335 

Mérovingiennes, 

1.  +  AVEILANOL.  Tête  diadémée,  à  droite. 

^.  +  AVEILANOL.  Croix.  —  Tiers  de  sou  d'or.  (PI.  XII, 
n*  1.) 

Le  dernier  caractère  sur  chaque  face  est  coupé  par  le 
haut,  mais  parait  être  un  G,  comme  celui  qui  figure  au 
troisième  rang.  On  devrait  donc  lire  Aucilauo  castro. 
Hais  où  trouver  cet  endroit?  II  existe  au  département  du 
Pas-de-Calais,  un  village  nommé  Awhel  et  dans  la  Drôme 
un  lieu  nommé  Àuccellon.  Mais  notre  tiers  de  sou,  d'après 
son  style,  parait  appartenir  au  centre  ou  au  sud  de  la 
France  plutôt  qu'à  Test. 

e.  AVLMVNDV.  Buste  diadème  à  droite. 

1^.  TYMVNViL.  Croix.  —  Tiers  de  sou  d'or. 

Cette  belle  pièce  est  tout  à  fait  énigmatique.  Le  nom  du 
monétaire  est  inscrit  rétrograde.  Mais  quel  est  le  lieu  où  a 
été  frappée  la  monnaie  et  dont  le  nom  se  lit  au  revers?  En 
quel  point  devons-nous  même  commencera  le  lire? 

Javouh. 

3.  GAVALORVM.  Buste  diadème,  à  droite. 

^.  Deux  figures  debout,  dans  une  couronne  de  feuillage. 
—  Tiers  de  sou  d'or.  (PI.  XII,  n"*  2.) 

Une  pièce  semblable,  mais  rognée,  a  été  publiée  par 
Lelewel,  Numism.  du  moyen  âge^  atlas,  pi.  IV,  n*"  26,  qui 
lisait  dans  sa  légende  HVA...  LORVM  et  ne  lui  a  pas  moins 
donné  une  bonne  attribution  que  mon  exemplaire  confirme. 

JavouLs,  Javoulx,  Javols  (Andenixim),  ancienne  ville  du 
Gévaudan  (Languedoc) ,  est  représentée  dans  la  numisma- 


336  UÉUOIRES 

tique  encore  par  un  autre  tiers  de  sou  d'or,  portant  la  lé- 
gende GAVALOIIVU  et  sur  le  revers,  sans  légende,  un  ca- 
lice dans  une  couronne  de  feuillage.  V.  Conbrouse,  Moni- 
taives  des  rois  mérovingiens,  pi.  XLIX,  n*  21,  et  Fillon,  dans 
la  Retme  num.^  18Aô,  p.  18,  pi.  I,  n*"  3. 

Le  type  du  revers  de  notre  pièce,  ressemblant  à  celui  de 
l'exemplaire  conservé  au  musée  de  Metz,  publié  par  Lelewel, 
paraît  être  Timitation  grossière  d'une  monnaie  romaine. 

Neuty  en  Sullias. 

4.  +  NOVOVICO.  Tête  à  droite. 

1^  +  LAVNVLFVS.  Croix  ancrée.  —  Tiers  de  sou  d'or. 
(PI.  XII,  n*»  3.) 

La  ressemblance  de  cette  monnaie  avec  celle  d'Orléaos, 
permet  de  la  classer  à  Neuvy  en  Sullias,  bourg  situé  à  cioq 
kilomètres  du  chef-lieu  du  département  du  Loiret. 

C'est  près  de  ce  lieu  qu'on  vient  de  faire  la  découverte 
d'une  très -grande  quantité  de  bronzes  antiques,  parmi  les- 
quels un  cheval  d'assez  grande  dimension  dont  le  soubas- 
sement porte  une  inscription  contenant  des  noms  gaulois. 
Au  village  antique  dont  le  nom  primitif  paraît  être  men- 
tionné dans  l'inscription,  aura  succédé  un  notus  viens, 
dont  le  nom  figure  siu*  notre  monnaie. 

Auxonne. 

ô.  Tête  de  Saint  Pierre  avec  la  tonsure,  à  gauche,  aui 
côtés  :  S.  —  P. 

H.  +  AVSOiNA.  Croix  dans  un  gréuetis. —Obole.  (PI.  XII, 
n'i). 

Mémoires  de  la  Société  impériale  d'archéologie  de  Saint- 


ET    DISSERTATIONS.  SS7 

Pétenbourg,  t.  III,  pi.  XVI,  n"  7,  et  IV,  p.  10A.  Collection 
de  M.  le  comte  Al.  Stroganoiï  et  trouvée  à  RostolT. 

6.  Type  semblable. 

A.  Croix  pattée^  caatof>Qée  du  mot  AV,  SO^  MA  et  d'un 
astre.  —  Obole  dorée.  (PI.  XH,  n»  5.) 
Même  collection. 

7.  Obole  semblable,  mais  avec  caractères  et  astre  [dus 
petits. 

Ma  collection. 

La  première  monnaie  connue  d*Auxonne  est  de  Hu- 
gues IV,  duc  de  Bourgogne,  qui  en  1237,  reçut  d'Etienne 
comte  de  Bourgogne  et  de  Jean,  comte  de  Châlon,  la  Sei- 
gneurie d'Auxonne,  en  échange  des  fiefs  de  Bracon,  Villefans 
et  Omans.  V.  Barthélémy,  Alonnaies  des  ducs  de  Bourgo- 
gne, p.  19  et  21.  Mais  nos  pièces  sont  beaucoup  plus  an- 
ciennes, la  première  appartient  sans  contredit  au  milieu 
du  XII*  siècle.  Les  deux  autres  exemplaires  ressemblent 
pour  le  type  de  la  croix,  à  deux  deniers  de  Metz,  publiés 
par  notre  savant  ami  M.  de  Saulcy  dans  son  supplément 
aux  Recherches  sur  les  monnaies  des  évéques  de  Mflz, 
pL  III,  ir*  92  et  9i,  pièces  attribuée»  avec  beaucoup  de 
raison,  à  Tévê^nue  Etienne  de  Bar,  de  1119  à  1163,  ainsi 
qu'à  un  denier  anonyme  de  la  même  ville,  trouvé 
en  1832,  à  Tronville  et  que  cet  éminent  numismatiste  a 
décrit  sous  le  n*  26  dans  une  notice  spéciale  et  sous  les 
n**  1  à  6  dans  ses  recherches  sur  les  monnaies  de  la  cité 
de  Metz.  Le  trésor  de  Tronville  paraît  avoir  été  enfoui 
avant  1107.  Nos  deux  demières  monnaies  d*  A uxon ne  sont  St 
peu  près  de  la  mèine*  éporjue,  savoir  du  commeneemenc 
du  XII*  siècle. 

Quoique  Auxonne  et  Sfetz  n'appartiennent  pas  à  la  même 
province,  ces  villes  n'en  sont  pas  moins  sltuées^  dans  ht 


3S8  MÉMOIRES 

même  région  de  la  France  orientale  et  reliées  par  Épinal, 
situé  à  peu  près  à  égale  distance  de  chacune  d'elles. 

Aussi  ne  penserai-je  pas  à  Vich  en  Catalogne,  nommé  au- 
trefois  Ausa,  Ausonia,  \icus  Ausonîae,  ville  épiscopale, 
dont  une  monnaie  k  la  légende  EPISCOPI  VICl-SANTI 
PETRI  a  été  publiée  par  M.  Poey  d'Avant  {3tonnaies  féoda- 
les, II,  p.  200,  pi.  LXXVI).  Notre  première  pièce  provient 
du  sol  de  la  Russie  qui  n'a  jamais  recelé  des  pièces  espa- 
gnoles ou  du  midi  de  la  France,  mais  bien  souvent  des 
monnaies  messines,  belges  et  rhénanes. 

La  terre  d'Auxonne,  ville  située  sur  la  rive  gauche  de  la 
Saône  fut  donnée  vers  la  fin  du  ix*"  siècle  h,  l'abbaye  de 
Saint-Vivent  sous  Vergy,  près  de  Belley,  par  Agîlman,  fils 
du  comte  d'Amons.  En  103â.  cette  terre  appartenant  alors 
à  la  maison  de  Brienne,  fut  déclarée  souveraine  dans  un 
traité  conclu  entre  Henri  T'  de  France  et  l'Empereur 
Conrad  II.  En  1135,  Guillaume,  seigneur  d'Auxonne, 
s'obligea  envers  Burkard,  prieur  de  Saint-Vivent,  de  con- 
slruire  la  \ille  d'Auxonne.  Nos  monnaies  donc  doivent 
avoir  été  frappées  au  château  d'Auxonne  qui  a  existé  long- 
temps avant  la  fondation  de  la  ville.  Nous  avons  vu 
comment  en  1237,  Auxonne  fut  réuni  au  ducbé  de  Bour- 
gogne avec  lequel  il  passa  plus  tard  sous  la  domination  de 
la  France. 

Màcon . 

Phiuppk  1"  (1060-llOS.) 

8.  -f  FILIPVS  REX.  Croix  avec  un  r^rré  au  milieu  elcan- 
tonnée  de  quatre  globules. 

i\.  +  MATISCON.  Croix  cantonnée  de  quatre  globules. 
—  Obole. 


ET    DISSl-RTATIONS.  339 

M.  Poey  d* Avant  [Monnaies  fcûjnenriales,  p.  30A)  décrit 
plusieurs  deniers  d'un  type  pareil,  qu'il  attribue  aux  comtes 
.  de  Mâcon.  Ils  portent  la  légende  +PH1PVS  REX,  tandis  que 
notre  obole  offre  distinctement  FILIPVS,  et  dans  le  mot  RKX 
la  lettre  E  jointe  au  R.  Ce  même  savant  cite  l'obole  comme 
étant  très-rare,  mais  sans  en  donner  la  gravure. 

3Hz. 

Thierry  II  (1(VOA-10A6). 

9.  DE....Vc/)[4c/3  (DeodericHS  es).  Croix  cantonnée  de 
quatre  globules. 

A  MAR. 

SAL.  —Denier.  (PI.  XII,  n«  G.) 

L'ne  monnaie  semblable,  mais  avec  la  légende  +I)rOI)E- 
RICVS  P,  se  trouve  dans  la  riche  collection  de  M.  le  comte 
Alexandre  Stroganoff,  et  est  publiée  dans  les  Mémoires  de 
la  Société  iVarchéolnçie  de  Sainl-Pcteisbourg,  vol.  IV,  p.  54. 
Un  troisième  exemplaire,  avec  la  légende  D....V  cfiEI  ce, 
faisant  partie  d'un  petit  trésor  déterré  en  Pomér<auie ,  est 
décrit  par  M.  Dannenberg,  MUiheilungen  der  mimisma- 
tischen  GescUschafl  in  Berlin,  111,  p.  185. 

On  conn«iît  de  ce  même  évêque  plusieurs  monnaies  frap- 
pées à  iMeiz,  et  il  me  paraît  qu'il  faut  lui  attribuer  aussi  le 
denier  publié  par  M.  J.  Laurent  (Revue  fïim?.,  J8â8, 
t.  XIII,  pi  XIV,  n»  1).  Cette  monnaie,  portant  sur  le  revers 
le  nom  de  saint  Pierre  ,  est  i)robab!efnent  frai)pée  à  Ren)i- 
remont.  Vous  avez ,  cher  ami ,  le  mérite  d'avoir  introduit 
Marsal  dans  la  numismatique  en  publiant  le  denier  de 
Louis  de  Saxe  avec  +  MAR  S  ALLO  VICO  [Monnaies  fran- 
çaises de  la  collection  Rousseau,  p.  229,  n"  565). 


(  Il 


;  »» 


3&0 


MÉMOIRES 


IIÉRIMAN   (1072-109 


1 


10.- s NVS.  Buste  de  saint  Éiien 

H.  4-  H N  VSE. .  Dans  le  champ 

mot  M  I  a  I  T  I  IS.— Denier.  (PI.  XII 

Cette  monnaie,  dont  Tétat  de  cons 
coup  à  désirer,  est  conservée  au  Cabii 
Helsingfors  ;  elle  a  été  trouvée  en  Fini 

Le  style  du  travail  et  les  traces  de 
que  ce  denier  doit  appaitenir  à  l'évèqi 
successeur  d'Adalbéron  III,  comte  de 
M.  de  Saulcy  (Supplément,  pi  II, 
denier  qui  porte  également  une  croix  < 
METE.  Dans  le  même  savant  ouvraj 
deniers  du  même  évêque  Hériman,  ïi 
avec  une  croix  cantonnée  du  nom  de 
N  I  AL  I  ,  et  Tautre  de  Marsal,  avec 
de  M  I  AR  I  S  I  AL  I  . 


Marsal. 


M.   SANCTV  STEPHANYS.  Buste 
gauche. 

S).  +  MARSAL.  Dans  un  grènetis , 
quatre  globules. — Denier.  (PL  XII, 

Cette  pièce ,  déterrée  également  en 
vaut  au  même  Musée,  a'  quelque  ret 
monnaies  d'Etienne  de  Bar;  cependant 
ancienne  et  appartenir  à  l'époque  de 
compétiteurs,  Burchard ,  Poppon  de  B 
ron  IV  se  disputèrent  le  siège  épiscopi 


ET      DISSERTATIONS.  SAl 

la  ville  de  xMarsal  jouit-elle  pendant  quelque  temps  d'une 
certaine  indépendance  qui  lui  permit  de  battre  monnaie 
sans  le  nom  de  Tévêque ,  ou  faut-il  considérer  notre  denier 
comme  frappé  sede  impedifa  ? 

Êpinal. 

12.  Buste  de  Tévèque  mitre  et  bénissant,  à  gauche;  de- 
vant, une  rosace. 

bJ.  ESPIRAVS  (sic).  Croix  pattée.— Denier.  (PL  XII,  n^d.) 

Le  nom  d'Épinal,  écrit  ESPiriAVS,  se  lit  sur  une  monnaie 
de  Renaud  de  Bar,  évèque  de  i302  à  1316  (de  Saulcy, 
Supplément,  pi.  IV,  n**  132),  et  sur  une  autre  que  notre 
savant  ami  attribue  à  Ademar  de  Monthil,  évêque  de  1327 
à  1861  (ibid.y  n»  làO).  Notre  denier  est  évidemment  plus 
ancien  que  la  seconde  de  ces  pièces. 

Après  la  mort  de  Renaud,  empoisonné  comme  ou  pense, 
le  siège  de  Metz  resta  vacant  pendant  presque  deux  ans, 
jusqu'à  ce  que  le  pape  Jean  XXII  le  conféra  à  Henri  I,  dau- 
phin de  Viennois,  frère  de  Humbert.  Cet  évêque  Henri  I,  à 
ce  qu'assure  Dom  Calmet  dans  sa  dissertation  sur  la  mon- 
naie de  Metz,  céda,  par  lettres  patentes  de  1321,  l'admi- 
uistration  de  sa  monnaie  d'Épinal  à  un  bourgeois  de  cette 
ville.  «Il  existe  donc,  dit  M.  de  Saulcy,  une  monnaie 
d'Henri  frappée  à  Épinal  ;  je  ne  la  connais  pas ,  non  plus 
que  celle  qu'il  a  pu  faire  faire  à  Metz  »   (p.  56). 

Notre  monnaie  anonyme  remplit  cette  lacune.  Si  elle 
appartenait  à  l'époque  du  siège  vacant,  elle  offrirait  sans 
doute  le  buste  ou  la  figure  de  saint  Etienne;  mais  la  figure 
de  l'évêque  indique  que  nous  avons  là  un  denier  fabriqué 
sous  le  gouvernement  d'un  évêque,  et  qui  nous  paraît  bien 
répondre  à  Tidée  qu'on  peut  se  faire  de  monnaies  aban- 

1862.  "  5.  24 


342  MÉMOIRES 

données  à  l'exploitation  d'un  particulier.  Nous  ne  voyons 
ici  ni  les  types  guerriers  du  belliqueux  Renaud ,  ni  la  croix 
cléchée  empruntée  aux  armes  de  Montbil  pour  le  denier 
d'Ademar.  Henri  I  résigna  Tévêché  après  le  24  novem- 
bre 132â  ;  il  eut  pour  successeur,  en  1325,  Louis  I  de  Poi- 
tiers, comte  de  Valentinoîs  et  de  Dié. 

Espinaus  est  une  vieille  forme  française  '.  Le  cinquième 
caractère  est  distinctement  un  R,  ce  qui  donnerait  Espiravt^ 
mais  il  paraît  que  le  graveur  du  coin  s'est  trompé  de  poin- 
çon en  prenant  un  R  au  lieu  d'un  n.  Si  cette  explication 
n'était  pas  admise,  il  faudrait  chercher  quel  mot  un  imita- 
teur a  pu  trouver  pour  approcher  autant  que  possible  de 
la  légende  ESPlnAVS.  A  cette  époque  si  fertile  en  copies 
monétaires,  on  avait  recours  à  de  singulières  combinaisons 
pour  tromper  l'œil  du  public. 

Rambervillers. 

13.  Buste  mitre  d'un  évèque  tenant  le  livre  des  Évangiles 
et  la  crosse ,  à  gauche. 

^.  +RAMBERVILL'.  Croix  pattée.  —Denier.  (PL  XII, 
n*  10.  ) 

Rambervillers,  Remberviller,  RemberU  villare,  petite 
ville  des  Vosges,  à  28  kilomètres  d' Spinal ,  est  un  lieu  fort 
ancien  où  les  rois  de  France  avaient  une  maison  au  u*  siècle. 
Elle  était  chef-lieu  d'une  châtellenie  du  temporel  des  éfè- 
ques  de  Metz.  Etienne  do  Bar  l'entoura  de  palissades  en 
1125,  et  Jacques  de  Lorraine  y  ajouta,  en  1260,  vingt- 
quatre  tours  et  des  murailles  dont  on  voit  encore  quelques 

*  Voy.  plus  haut,  p.  300,  les  exemples  de  syllabe  AL  changée  en  AV. et 
pour  rS|  marque  dn  nominatif  singulier,  Bicue  num.,  1859,  p.  268;  18C0, 
p.  330,  et  1869,  p.  295. 


ET   DISSERTATIONS.  3^3 

vestiges.  Nous  ne  savons  rien  concernant  le  droit  de  mon- 
nayage exercé  dans  cette  ville,  et  dont  notre  monnaie  est 
l'unique  preuve.  Elle  appartient  au  commencement  du 
xrv*  siècle,  et  paraît  être  contemporaine  du  denier  avec  la 
légende  Espiraus. 

D'autres  monnaies  de  Metz  sont  publiées  dans  les  Mé^ 
tnoire$  de  Sainl-Pétersbourg^  111,  pi.  XI  et  IV,  p.  52  et  suiv. 
Comme  ces  Mémoires  ne  sont  pas  trop  connus  en  France,  je 
répète  ici  une  courte  description  des  monnaies  en  question. 

14.  IN»  267.)  ..ST..HANVS.  Tête  diadémée  à  gauche. 
j$.       »M» 

ETTI 
S      —  Denier. 

15.  (N»268  )  +S.STEPHAN.  Buste  avec  tonsure  et  crosse. 
^.  Main  bénissante  sur  une  croix ,  à  côté  de  laquelle 

sont  placées  les  lettres  A  —  n>.  —  Denier. 

Le  premier  denier  (n"267),  imitation  des  monnaies 
anglaises  d'Aethelred  II  ou  de  Canut  le  Grand,  parait 
appartenir  à  l'époque  du  siège  vacant  entre  Thierry  II  et 
Adalbéron  III,  en  10A6.  Le  second  est  peut-être  frappé  du 
temps  des  troubles  pendant  le  séjour  d'Hériman  en  Italie, 
de  1085  à  1088. 

16.  (N»269.)  +  aEOaER...  Croix  cantonnée  de  quatre 
globules. 

^.   oi^INAL.  Portail  avec  coupole.  —  Denier. 

17.  (N*  270.)  aEOaE...co.  Croix  cantonnée  de  globules 
an  second  et  quatrième  cantons. 

^.   03?.  NA.  Même  édifice.  —  Denier. 

Ces  deux  pièces  sont  de  Thierry  I,  de  965  à  984.  Les 
légendes  sont  rétrogrades;  celle  du  revers  du  n»  270  com- 
mence au-dessous  du  portail.  L'atelier  monétaire  d'Épinal, 


34A  UÉMOIRES 

d'où  proviennent  ces  monnaies,  a  été  confirmé  en  983,  par 
une  charte  d'Othon  II. 

18.  (N*271.)  -L  ADELBERO  PRESEV  (Praesul).  Têle  à 
gauche. 

Ri.  +  SANC  MAETTIS.  Édifice  dans  lequel  est  une  croix. 
—  Denier. 

19.  (  N»  272.  )+ ADELBERO  PRESVL. 

â.  METTIS.  Type  semblable  au  précédent.  —  Denier. 

Ces  pièces  sontd'Adelbérou  11,  de  984  à  1004;  une  pièce 

semblable  est  décrite  par  M.  de  Saulcy ,  Suppl. ,  pi.  I,  n*  20. 

20.  (N»273.)  +DE0DER1CVS  P(raesul).  Croix  alezée, 
avec  un  globule  au  second  et  au  troisième  cantons. 

iÇ.      MET 

ÏIS      —  Denier. 

21.  (N*274.)   Môme  type  au  droit. 
^.       MAR 

SAL      —  Denier. 
Ces  deux  deniers  faisaient  partie  du  trésor  de  Zwénigo- 
rod  ;  ils  sont  conservés  dans  la  collection  de  M.  le  comte 
Alexandre  Stroganoff  et  sont  de  Thierry  II ,  de  1004  à  1016. 
l^e  second  est  déjà  mentionné  p.  339. 

Porcien. 

Gaucher  de  Chattllon,  1303-1329. 

22.  +  GALChS  COMES  POR.  Tête  couronnée  de  face. 
R).  MON  I  ET'oF  I  LOR  |  inS.  Grande  croix  divisant  la 

légende  et  cantonnée  de   douze  globules.   —  Esterlin. 
(PL  XII,  n»  11.) 

Cette  belle  monnaie  fait  partie  de  la  coUeciion  d*un  ama- 
teur à  Rével.  Une  pièce  semblable»  mais  avec  la  l^ende 


ET   DISSERTATIONS.  3A5 

Moneta  nova  Yre^  ainsi  qu'une  troisième  frappée  à  Neuf- 
cbiteau  en  Lorraine,  ont  été  publiées  par  Duby  (pL  CIH, 
n~  4  et  6)  et  M.  Poey  d'Avant  {Monnaies  seigneuriales j 
p.  334  et  335).  Neufchâteau  appartint  au  douaire  de  la 
femme  du  connétable  Gaucher,  Isabelle  de  Rumigny,  veuve 
de  Thibaut  11  et  mère  de  Ferry  III,  duc  de  Lorraine.  Gau- 
cher fit  battre  dans  cette  petite  ville  encore  d'autres  mon- 
naies portant  le  type  lorrain.  (Voir  Revue  fium.,  1836,  t.  I. 
p.  189  et  1842,  t.  VII,  p,  276.)  M.  Poey  d'Avant  me  sait  pas 
où  chercher  la  localité  Yve,  indiquée  sur  l'esterlin  de  sa  col- 
lection. Mais  Yves  et  Florennes  sont  deux  localités  pour  les- 
quelles Thibaut  II,  duc  de  Lorraine,  obtint  en  1298  le  droit 
de  battre  monnaie,  du  roi  Albert  I*'  d'Allemagne,  son  com- 
père, puisque  son  fils  Ferry  IV  était  marié  plus  tard  à  la  fille 
d'Albert,  Elisabeth  d'Autriche.  Ce  droit  fut  reconnu  et  ap- 
prouvé en  1300,  par  Hugues  de  Châlon,  évêque  de  Liège, 
suzerain  de  Thibaut.  M.  Chàlon,  qui  donne  ces  renseigne- 
ments dans  son  savant  article  sur  le  gros  de  Thibaut  de  Bar 
{Revue  belge,  II'  série,  V,  p.  35  ')  dit,  que  l'évêque  Thibaut 
de  Bar,  voulant  empêcher  le  duc  de  Lorraine  de  battre 
monnaie  à  Florennes  et  à  Yves,  signa  avec  lui,  en  1307,  une 
transaction  qui  paraît  avoir  fait  cesser  le  monnayage  kFlo- 


*  Voici  une  variété  da  gros  do  Tiiibaut,  publié  par  notre  savant  ami  : 

Légende  intérieure  :  -f  ThB  EPISCOPVS. 

Légende  extérieure  :  +  BEnEDICT Vm : SIT : nOmEn : DnI i  DEI  nRI.  Au 
milieu,  croix  dans  un  grènetis. 

4.  TVInVS  MONETA.  Type  ordinaire  de  Tours.  —  Gros  tournois. 

L*exeniplaire  de  M,  Chalou  diffère  du  nôtre  par  deux  feuilles  de  trè6e  sé- 
pttrftnt  les  mots  ThB  et  EPISCOPVS^  ainsi  que  par  la  légende  Binenedictum 
sii  Homen  DnI :IhV:XPI, tandis  que  notre  gros  offre  DnliDEI  nHI.  Thibaut 
occupa  le  siège  de  Liège  de  1303  à  1312.  Thuin,  où  ce  gros  a  été  frappé,  est 
une  petite  ville  sur  la  Sambre  qui  jusqu'en  1794  à  fait  partie  des  terres  de 
l'érêcbé  de  Liège. 


Si6  MÉMOIRES 

rennes,  appartenant  au  duc  du  chef  de  sa  femme  Isabelle 
de  Rumigny.  Ce  même  savant  fût  mention  d'un  gros  de 
Florennes,  frappé  par  le  duc  ;  il  ne  connaît  pas  encore  une 
monnaie  ducale  d'Yves.  Thibaut  II  mourut  en  1312,  sa 
veuve  épousa  en  1313  le  connétable  de  France  qui,  du  cbef 
de  sa  femme,  devint  seigneur  de  Florennes,  d'Yves  et  de 
Neufchâteau.  Nos  monnaies  prouvent  que  Gaucher  ne  re- 
connut pas  valable  la  transaction  de  1307,  puisqu'il  exerça 
le  droit  de  monnayage  à  Florennes  et  à  Yves. 

L'esterlin  d'Yves  que  je  possède  offre  une  petite  variété 
de  celui  publié  par  M.  Poey  d'Avant.  On  y  lit  sur  le  revers: 
MON  I  €TN  I  OVA  |  YVe  |  ,  tandis  que  les  exemplaires 
connus  de  Duby  et  M.  Poey  d'Avant  portent  M0N6TA 
NOVA  YV6.  Une  pièce  semblable  à  la  mienne  est  dé- 
crite dans  l'ouvrage  de  Snelling  :  English  Princes,  slruA 
in  France  and  counlerfeit  sterlingi^  Londres,  1769,  et  dans 
le  Numismatic  Chronicle^  vol.  XVIII,  p.  126. 

Tonnerre. 
ÉLÉoifORE  DE  Savoie,  tdtrice,  130i-1308. 

23.  +  ALieNORixCOM....  Croix  à  douze  pointes  avec 
une  rosace  au  premier  canton. 

^.  4.  foONGTA  TORNOD.  Croix  semblable,  mais  sans 
rosace.  —  Denier.  (PI.  XII,  n»  12.) 

M.  V.  Duhamel  a  le  mérite  d'avoir  introduit  Éléonore 
dans  la  numismatique  {Revue  ^  1843,  t.  VIII,  pi.  XYIII, 
n*  â).  Mais  la  pièce  publiée  par  ce  savant  et  reproduite 
par  M.  A.  de  Barthélémy,  Revue,  nouv.  série,  1861,  t  VI, 
pi.  XVI,  n»  9,  diffère  de  la  nôtre  par  les  légendes,  qui 
sont  +ALieNORD.D.SÀBAD.  et  MONETA.TORnODORVet 


ET  DISSERTATIONS.  SA? 

par  la  croix  clechée  jdeine  et  au  droit,  cantonnée  d'une 
roeace  au  second  canton.  Sur  notre  denier  le  second  mot 
de  la  légende  au  droit  parait  être  cornes. 

Éléonore,  fille  d'Amédée  V  le  Grand,  comte  de  Savoie  et 
veuve  de  Guillaume  de  Châlon,  comte  d'Auxerre  et  de  Ton- 
nerre, gouverna  ces  comtés  pour  son  fils  mineur  Jean  II, 
jusqu'en  130&,  époque  où  elle  contracta  un  second  mariage. 

Tournvi. 

Henri  P*  de  France,  1031  à  1060. 

24.  +  HINRICVS  RX.  Dans  un  grènetis,  croix  cantonnée 
de  quatre  globules. 

i^.  -VALERIAN.  Croix  ancrée.  —  Obele.  (  PI.  Xll , 
n*  18.  ) 

Le  nom  qu'on  lit  au  revers  de  cette  obole  pourrait 
être  celui  d'un  monétaire  comme  Gislebert  qui  d'après  les 
recherches  d'un  numismatiste  distingué,  M.  G.  Robert,  fa^ 
briquait  à  Màcon  des  deniers  pour  le  roi  de  France 
Henri  I**.  Cependant  je  suis  plus  porté  à  croire  que  le  nom 
en  question  indique  le  saint,  patron  de  l'abbaye  de  Tour- 
nns-sur-Saône  et  qu'en  conséquence,  notre  monnaie  a  été 
frappée  à  Toumus.  Dans  l'ancien  style  ecclésiastique  on^ 
supprime  assez  souvent  le  mot  sanctm,  et  actuellement  en^ 
core  la  cour  de  Rome  emploie  le  terme  Chaire  de  Pierre 
pour  désigner  le  Saint-Siège.  Toutefois  je  pease  que  le 
module  exigu  de  notre  obole  a  pu  être  une  cause  détermi- 
nante de  la  suppression  du  mot  sanctus. 

L'abbaye  de  Toumus  est  très-ancienne  :  le  roi  Eude&  hii 
accorda  déjà  en  889  le  droit  de  monnayage.  On  en  eonnatt 


*     u 


SAS  MÉMOIRES 

des  moDDaies  rarissimes  avec  le  nom  de  saint  Philibert  c 
d'autres,  avec  celui  de  saint  Valérien.  Ces  dernières 
d'après  un  exemplaire  de  ma  collection  que  j'ai  sous  le 
yeux,  paraissent  être  de  la  fin  du  xii*  ou  du  commence 
ment  du  xiii^  siècle  ;  leur  type  est  très-grossier.  Notr 
obole  porte  le  nom  d'un  roi  Henri  ;  nous  ne  pensons  pa 
que  ce  soit  Henri  HI  de  Bourgogne,  fils  de  Conrad  H,  1 
Salique,  mort  en  1050,  et  dont  on  connaît  des  monnaie 
frappées  à  Lyon,  mais  bien  Henri  I*'  de  France,  duc  d 
Bourgogne  déjà  en  1015,  roi  co-régent  en  1026  et  sev 
en  1031  ;  il  fit  battre  monnaie  à  Cbâioo,  à  Mâcon  et 
Sens. 


Verdun. 


Richard  1039-10A6. 


26.   +  RICHA  coBPIS.  Main  bénissante. 

1^.  HATTONIS  CAS.  Portail  à  cinq  colonnes  et  avec  uo 
coupole  devant  laquelle  est  un  fronton.  —  Denier.  (PI.  Xll 
n»  14.  ) 

J'ai  déjà  publié  ce  dernier  dans  les  Mémoires  de  Saim 
Pétersbourg^  III,  pi.  XI,  n«  8,  et  IV,  p.  61  ;  mais  cetlc  pu 
blication  n'est  pas  assez  connue  des  antiquaires  lorrains 
car  M.  Clouet,  dans  ses  Recherches  sur  les  monnaies  frai 
pfesà  Verdun  sur  Meuse^  imprimées  enlSôO,  dit,  p.  il 
qu'on  n'a  pas  de  monnaies  des  évèques  Raimbert  i 
Richard,  successeurs  d'Heimon  de  1025  à  1046. 

Les  monnaies  de  Thierry,  successeur  de  Richard  < 
publiées  par  MM.  Lelewel  (Numism.  du  moyen  âge,  pL  XI] 
n***  27  et  28) ,  de  Saulcy,  et  Clouet  sont  d'un  tout  auti 
style  et  caractère  que  notre  denier,  déterré  en  Russie  < 


BT   DISSERTATIONS.  3/i9 

conservé  pendant  quelque  temps  dans  la  collection  Reichel, 
avec  laquelle  il  a  passé  à  l'Ermitage. 

Le  denier  de  Tévêque  Heirao.  de  988  à  1024,  décrit  par 
H.  Glouet,  porte  le  nom  de  l'empereur  Othon  III  ;  nous 
▼oyons  que  le  second  successeur  d'Heimo ,  Richard ,  se 
dispensa  de  mettre  sur  ses  monnaies  le  nom  du  roi  alle- 
mand. Hatton  Chatel  {Ualtonis  Castrum),  dont  on  con- 
naît aussi  des  monnaies  de  l'évêque  Richer  (de  1089 
à  1107),  est  une  ville  située  surnn  rocher,  elle  eut  au- 
trefois un  château  fortifié,  fut  cédée  en  1564  par  l'évêque 
Nicolas  II,  Pseaume,  au  duc  de  Lorraine  et  érigée  en  mar- 
quisat par  l'empereur  Maximilien  II. 

Verdun. 
Louis  II  d'Haraugourt,    14.^0-1437  et  J449-J456. 

26.  +  LVDOVICVSo  CPS'»  VlRDVnS'.  Dans  un  encadre- 
ment composé  de  trois  angles  et  autant  d'arcs  de  cercle, 
un  écu  écartelé  portant  un  lion  au  premier  et  au  quatrième, 
et  plein  aux  deux  autres  quailiers. 

S).  <^0n  I  eiA^  I  ^VIR  I  DVn'^  |  .  Croix  cantonnée  de 
quatre  astres  à  six  rayons.' —  Demi-gros  (?).  (PI.  XII, 
n*15) 

Les  monnaies  des  évèques  de  Verdun  sont  très-rares. 
M.  Pœy  dAvant  ne  connaît  que  des  pièces  de  Thierry 
(1047-1088),  de  Richer  (1088-1107),  puis  d'Éric  de 
Lorraine  Vaudemont  (1593-1610)  et  de  Charles  II  de  Lor- 
raine Chaligny  (1610-1622) .  La  nôtre  sert  à  remplir  la 
lacune  de  presque  cinq  siècles  entre  Richer  et  Éric;  elle 
ne  peut  pas  être  de  Louis  III  de  Lorraine  qui  succéda  le 


360 


MÉMOIRES 


12  juin  1508  à  Warich  de  Dammarlin  et  résigna  l'év 
en  1622,  puisqu'on  n'y  voit  pas  les  armes  de  la  maiso 
Lorraine ,  et  doit  être  attribuée  à  la  seconde  époqu 
Louis  II ,  d'Haraucourt,  entre  le  2  avril  1430  et  le  i 
tobre  1A&6. 

Ne  connaissant  l'ouvrage  de  M.  Glouet  que  par  le  coi 
rendu  qu'en  a  fait  M.  A.  de  Barthélémy,  Revue^  1 
t.  XVIII,  p.  1&8  et  suiv.»  f  ignore  si  une  pièce  semb 
y  est  décrite. 

B.    DE  KOEHHI 


ET   DISSERTATIONS.  351 


ESSAI 

SOR 

L'HISTOIRE  MONÉTAIRE  DES  COMTES  DE  FLANDRE 
DE  LA  MAISON  DE  BOURGOGNE, 

ET  DESCRIPTION  DE  LEURS  MONNAIES  D'OR  ET  D'ARGENT. 

(Pi.xm.) 

Cinquième  article.  —  Voir  page  117. 


Charles  le  Téméraire  (1A67-1A77). 

L'esprit  de  révolte  des  Gantois  contre  leur  souverain, 
que  Philippe  le  Bon  avait  apaisé,  se  réveille  après  la  mort 
de  ce  prince.  Ils  demandent  à  son  fils,  Charles,  de  leur 
rendre  les  privilèges  que  Philippe  le  Bon  leur  avait  enlevés. 
Ils  excitent  des  séditions  à  ce  sujet,  en  sorte  que  Charles 
est  obligé  de  céder  pour  les  apaiser.  Mais  il  sort  de  Gand 
outré  de  colère,  et  révoque  ce  que  les  Gantois  lui  avaient 
extorqué.  On  conçoit  que  dans  ces  dispositions,  il  n'ait 
pas  maintenu  à  Gand  l'hôtel  des  monnaies  que  son  père 
y  avait  rétabli.  En  effet,  le  7  décembre  1A67,  lors  du  bail 
de  la  monnaie  de  Flandre,  il  est  positivement  spéciCé  que 
les  fermiers  battront  monnaie  à  Bruges  et  non  ailleurs. 


1 


352  MÉMOIRES 

Préalablement  à  cette  mise  en  adjudication,  le  duc  a 
donné,  le  13  octobre  1A67,  une  instruction  ^  pour  h 
brication  de  ces  monnaies,  qui  contient  les  pas» 
suivants  '  : 

«  Premièrement  est  ordonné  estre  fait  un  florin 
«  appelé  florin  de  Bourgongne,  qui  sera  à  dix-neuf  ka 
«  d'or  fin  en  aloy,  nobles  d'Engleterre  ouvrez  par  le 
«  Henry  comptés  pour  fin,  à  ung  douzame  de  karat 
V  remède  en  aloy,  de  lxxii  de  taille  ou  marc  de  Troye 
((  demy  esterlin  de  remède  en  poix  pour  marcqd'euvre 
«  quelz  remèdes  que  le  maistre  particulier  ne  porra  exci 
u  tant  en  poix  comme  en  aloy,  se  ledit  maistre  partiel 
((  s'en  aide,  appartiendront  à  mondit  seigneur;  du( 
<  denier  qui  aura  cours  pour  quarante-deux  gros  de  laqu 
«  monuoye  blanche  cy  après  déclairée,  mon  avant 
tf  seigneur  prendra  pour  son  seignourage  de  chacun  n 
tt  dudit  or  fin  quatorze  gros  de  Flandres.  » 

«  Item  ung  demi  denier  d'or,  de  ce  mesme  aloy  et 
«  sept  vins  et  quatre  de  taille  oudit  marcq,  a  telz  remé 
((  que  dessus  qui  aura  cours  pour  vingt  et  ung  gros 


1  M.  Pîot  a  donné ,  dans  la  Rmsuê  mmUmatique  belge ,  1**  série,  t.  U,  p. 
ane  analyse  de  cette  instruction. 

*  J'ai  eu  sous  les  yeux  deux  copies  de  rinstruction  en  question  :  Tune 
un  cahier  de  papier  de  douze  feuillets,  est  incomplète;  Vautre,  qui  exîs 
copie  dans  les  cartulairesde  la  chambre  des  comptes,  est  celle  que  je  repn 
Bien  que  celle-ci  porte  à  la  fin  le  protocole  :  Philippe,  0fc.,  à  Um$  eems  f« 
présentée., „,/i\  est  certain  qu'elle  ne  peut  êtrede  Philippe  le  Bon  ;  eardam 
dication  des  monnaies  ayant  cours  qui  se  trouve  à  lafin,  on  remarque  lamei 
du  florin  et  autres  monnaies  de  feu  monseigneur  le  duc,  L*instnictioii  est 
bien  émanée  de  Charles  le  Téméraire,  et  il  y  a  en  erreur  de  la  part  dn  OQ 
de  la  chambre  des  comptes,  erreur  qui  s'explique  par  la  proximité  delà  da 
la  mort  de  Philippe  le  Bon.  Je  dois  d'ailleurs  faire  remarquer  que  les  c 
des  cartulaires  du  ladite  chambre  sont  loin  d'ôtre  exactes,  et  que  j'ai  été  o 
maintes  fois  de  les  corriger,  sans  y  avoir  toujours  réussi. 


ET   DISSERTATIONS.  35S 

«  ladite  monnoye  blanche,  duquel  demy  denier  d'or  inondit 
c  seigneur  prendra  pour  son  seignourage  de  chacun  marc 
■  d'or,  quatorze  gros  de  Flandres  comme  dessus.  )> 

«  Desquelz  deniers  la  traitte  dudit  marc  d*or  fin,  tel  que 
c  dessus,  est  quinze  livres  dix-huit  solz  trois  deniers  dii- 
a  huit  mites  et  dix-huit  dixneufiesme  de  mites  gros  dont 
«  Ton  donra  aux  changeurs  et  matchans  pour  chacun 
a  marc  d'or  tel  que  dit  est  quatre  vingz  huit  desdis  florins 
«  et  ung  quart,  qui  valent  à  quarante-deux  gros  pièce, 
a  quinze  livres  huit  solz  dix  deniers  et  ob.  gros  ;  ainsi  de- 
«  meure  pour  seignourage  et  ouvrage  pour  chacun  marc 
c  dudit  or  fin,  neuf  sous,  cinq  deniers  dix -huit  mites  et 
«  dix-huit  dix  neufîesmes  de  mite  gros  dont  laloy  montera 
a  cinq  sols  trois  deniers  gros,  reste  qu'il  demeure  pour 
«  ledit  seignourage  et  ouvrage,  quatre  solz  deux  deniers, 
flc  dix-huit  mites  et  dix-huit  dix-neufiesmes  de  mites  gros.  » 

«  Item  est  ordonné  estre  fait  ung  denier  d'argent  fin  à 
u  ODze  deniers  argent  le  roy  et  de  soixante-dix-sept  et 
«  demi  d'iceulx  deniers  de  taille  ou  marc  de  Troyes  qui 
«  aura  cours  pour  quatre  gros  de  Flandres»  dont  la  traitte 
«  est  vingt-huit  solz  ii  d.  gros  dont  l'on  donra  au  marchant 
«  pour  chacun  marc  d'argent  le  roy  vint  et  sept  solz  quatre 
«  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage  et  ouvrage  dix 
«  deniers  huit  mites  m  quars  de  mite  '  gros  dont 
«  inondit  seigneur  aura  pour  son  seignourage  ung  gros  et 
«  demi,  pour  remède  ung  grain  en  aloy  et  ung  demi  d'iceux 
«  deniers  eu  poix  sur  chacun  marc  d'euvre  et  non  plus  les- 
a  quelz  remèdes  appartendront  à  mondit  seigneur  comme 
a  dessus.  » 

i  II  y  a  ici  une  errear  de  calcul  que  j'ai  préféré  laisser  subaibter,  ne  sachant 
où  dtfTftit  porter  la  correction. 


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35A  MÉMOIRES 

«  Item  ung  autre  denier  à  six  deniers  d'aloy  argent 
(i  roy,  de  quatre-vings-quatre  et  demi  d'iceulx  deniers 
«  taille  audit  marc  de  Troies  ayant  cours  pour  deux  gr 
((  de  Flandres  pièce  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  ( 
((  vingt-huit  solz  deux  deniers  gros,  et  dont  Ton  donra  ai 
«  marchans  de  chacun  marc  d'argent  le  roy,  vingt  et  se 
(1  solz  gros ,  demeure  pour  seignourage  et  ouvrage  qu 
«  torze  deniers  gros  ;  à  ung  grain  de  remède  en  aloy 
((  demi  denier  en  poix  sur  le  marc  d'euvre,  lesdits  remèd 
«  pour  mondit  seigneur  comme  dessus  et  desquelz  dénie 
«  mondit  seigneur  aura  pour  son  seignourage,  de  cbaci 
<(  marc  d'argent  ung  gros  et  demi.  » 

«  Item  ung  autre  denier  ayant  cours  pour  ung  gros  ( 
«  Flandres  à  quatre  deniersdouze  grains  d'aloy  argent  le  n 
«  et  de  six  vings  dix-huit  d'iceux  deniers  en  t;dlle,  do 
((  la  traitte  du  marc  d'argent  est  vingt-huit  solz  dix  dénie 
«  deux  esterlin  gros,  dont  l'on  donra  aux  marchans  ving 
((  six  solz  onze  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage 
«  ouvrage  ung  solz  unze  deniers  deux  esterlins  gros;  à  ui 
«  grain  de  remède  en  aloy  et  demi  denier  d'iceuk  en  po 
((  sur  le  marc  d' ouvre  appartenantà  mondit  seigneur  comr 
<(  dessus,  et  aura  mondit  seigneur  pour  seignourage  decb 
«  cun  marc  d'argent  le  roy,  1  gros  et  demi  comme  dessus 

((  Item  encore  ung  autre  denier  à  quatre  deniers  d'ah 
«  argent  le  roy,  ayant  cours  pour  demi  gros  de  Flandr 
((  et  de  dix-neuf  solz  six  deniers  en  taille  dont  la  tndttec 
«  marc  d'argent  est  vingt  et  neuf  solz  trois  dénie 
«  gros,  dont  l'on  donra  aux  marchans  vingt-six  solz  on 
«  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage  et  ouvrage  n 
(I  iiii  d.  gros  ;  à  ung  grain  de  remède  en  aloy  et  quat 
((  d'iceux  deniers  en  poix  pour  marc  d'euvre  appartena 
u  à  mon  avant  dit  seigneur,  comme  dessus.  » 


ET   DISSERTATIONS.  355 

«  Et  ung  auti'e  denier  nommé  quart  de  gros  à  deux 
«  deniers  XYi  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  vingt  et 
■  sept  solz  en  taille;  duquel  denier  la  traitte  est  trente 
«  solz  quatre  deniers  ob.  gros,  dont  Ton  donra  au  marchant 
«  vingt  et  six  soli  onze  deniers  gros,  ainsi  demeure  pour 
«  seignourage  et  ouvrage  trois  solz  cinq  dmiers  gros,  à 
«  ung  grain  de  remède  en  aloy  et  à  huit  d*iceulx  deniers 
«  en  poix  pour  marc  d'euvre,  appartenant  à  mondit  se^neur 
«  comme  dessus.  » 

«  Item  a  esté  aussi  ordonné  estre  fait  ung  noir  denier 
«  nommé  courte  ou  double  mite  qui  sera  à  dix  grains  d'aloy 
«  aident  le  roy  et  de  dix  et  sept  solz  en  taille  au  marc  de 
«  Troyes,  à  ung  grain  de  remède  en  aloy  et  à  douze 
«  deniers  en  poix  pour  marc  d'euvre,  duquel  denier  les 
«  douze  auront  cours  pour  ung  gros  de  Flandres  et  dont  la 
«  trûtte  du  marc  d'argent  est  quarante  solz  neuf  deniers 
«  quatorze  mites  gros,  et  si  donra  len  au  marchant  vingt- 
«  six  solz  onze  deniers  du  marc  d'argent  comme  dessus, 
«demeure  pour  seignourage  et  ouvrage  quatorze  solz  dix 
«  deniers  quatorze  mites  *  gros,  lesdits  remèdes  appar- 
«  tenant  à  mondit  seigneur  comme  dessus.  » 

«  Item  ung  autre  denier  noir  aj^Iémite  qui  sera  à  six 
«  grains  d'aloy  argent  le  roy  et  de  vingt  deux  solz  en 
«  taille,  à  ung  grain  de  remède  en  aloy  eti  vingt  et  quatre 
«d'iceulx  deniers  en  poix  pour  marc  d'euvre,  duquel 
«  denier  les  vingt  et  quatre  auront  cours  pour  ung  gros  de 
«  Flandres,  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  est  de  quarante 
a  quatre  solz  sept  deniers  gros,  demeure  pour  seignourage 
«  et  ouvrage  dix  et  sept  solz  huit  deniers  gros  '  lesdits 

i  Encore  erreur  de  calcul. 

*  On  s  omis  Tindication  du  prix  à  donuer  aux  marchands  ,  qui  est,  comme 
dam  les  autres,  xxti  t.  xi  d.  gros. 


35(5  MÉMOIRES 

a  remèdes  appartenant  à  icellui  seigneur  comme  des 
«  et  à  tel  seignourage  de  gros  etdemy  pour  marc  d*ar{ 
«  le  roy,  comme  dessus.  » 

Cette  instruction  est  suivie  d'une  indication  des  esp 
ayant  cours  dans  Fétendue  des  États  du  duc,  qui  i 
apprend  que  les  florins  frappés  par  Philippe  le  Bon  2 
que  ceux  à  émettre  étaient ,  malgré  les  termes  précis 
l'instruction ,  de  72  et  72  et  demi  de  taille  au  mar 
Troyes,  tout  en  ayant  coui's  pour  42  gros.  Cette  petite 
riation  de  poids ,  environ  un  demi-grain ,  était  sans  d< 
indiquée  pour  qu'on  ne  refusât  pas  les  pièces  dun  p 
un  peu  inférieur  provenant  de  la  tolérance  accordé< 
maître  de  la  monnaie  pour  la  fabrication.  Presque 
même  temps  le  duc  adresse  une  recommandation  aux  | 
de  son  conseil,  dans  laquelle  il  fixe  la  valeur  de  la  mon 
d'or  qui  était  augmentée ,  et  avise  aux  moyens  de  pour 
au  manque  de  monnaies  d'argent  qui  en  résulterait,  si 
n'équilibrait  le  marc  d'or  et  celui  de  l'argent. 

Les  documents  monétaires  pour  le  règne  de  Charle 
Téméraire  ne  sont  pas  nombreux.  Les  discussions  i 
cesse  renaissantes  qu'il  eut  avec  ses  sujets,  et  les  gue 
étrangères  qu'il  entreprit  pour  augmenter  ses  États  le 
tournèrent  peut-être  des  soins  qu'apportèrent  ses  prt 
cesseurs  àcette  partie  si  importante  de  leur  administrât! 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  archives  de  la  chambre  des  c(Hn] 
de  Lille,  si  riches  jusqu'à  l'époque  où  je  suis  parvenu, 
nous  fournissent  plus  que  peu  de  renseignements  som 
rapport. 

L'inspection  des  monnaies  de  Charles  le  Téméraire  te 
à  prouver  qu'il  n'y  eut  pas  de  nouveaux  types  émis,  en 
les  monnaies  qui  firent  l'objet  de  l'instruction  de  1167 
les  nouvelles  dont  le  duc  annonça  la  fabrication  par  une  ( 


ET   DISSERTATIONS.  357 

doDDance  rendue  à  Malinesle  27  octobre  1A74.  Après  avoir 
réglé  le  taux  des  monnaies  ayant  cours  ^ ,  il  ordonne  rémis- 
sion de  nouvelles  monnaies  d'argent,  savoir  :  !•  un  denier 
ayant  d'un  côté  deux  lions  et  de  l'autre  côté  ses  armes, 
courant  pour  quatre  gros  ;  2*»  un  denier  ayant  d'un  côté  un 
lion  tenant  l'écusson  de  Bourgogne-Flandre,  et  de  l'autre 
une  croix  accostée  de  deux  fusils,  et  des  enseignes  du  pays 
où  ils  auront  été  faits ,  lesquels  deniers  auront  cours  pour 
deux  gros  :  3"*  un  autre  denier  ayant  d'un  côté  une  tète  de 
lion  et  de  l'autre  une  croix ,  ayant  cours  pour  un  gros.  Il 
n'est  pas  question  de  monnaies  d'or;  mais  l'instruction 
donnée  en  suite  de  cette  ordonnance  les  mentionne  positi- 
vement. Voici,  du  reste,  les  passages  de  cette  instruction 
qui  ont  trait  à  la  fabrication  des  monnaies  : 

«  Primo,  le  maistre  particulier  de  la  monnoye  fera  ou- 
a  vrer  le  florin  de  Bourgogne  tel  que  par  ci  devant  a  esté 
«  fait  en  la  manière  qui  s'ensuit.  Assavoir,  à  xix  caras  no- 
«  blés  d'Angleterre  Henricus  comptez  pour  fins  aliés  de 
Cl  quatre  caras  d'argent  et  ung  carat  de  cuivre  de  six  solz 
H  au  marc  de  taille  dont  l'esguille  qui  se  baillera  audit 
«  maistre  est  allée  au  mesnie  aloy  au  remède  de  ung  grain 
«  et  demi  d'or  en  aloy  et  de  demi  estrelin  en  pois  sur 
«  chacun  marc  d'euvre^  lesquelz  deniers  il  fera  beaulz  et 
«  rons  et  tailliez  de  bons  recours  :  c'est  assavoir  que  le  plus 
o  foible  sera  taillié  à  ung  assequin  plus  fort  que  le  droit  au 
tt  remède  de  trois  fors  et  de  trois  foibles;  lesdiz  trois  foi- 

*  Le  prix  de  Tor  s'était  élevé;  on  exportait  les  deniers  du  duc,  et  Ton  en 
importait  d*autre8  de  moindre  valeur;  il  en  résultait  que  la  monnaie  blanche, 
fabriquée  pour  avoir  cours  en  même  temps  que  le  florin ,  restait  sans  être 
employée.  Aus^i  le  duc  augmente-t-il  dans  cette  ordonnance  la  valeur  du 
double  patard  et  du  simple  patard.  Le  premier,  au  lieu  de  courir  pour  4  gros, 
vaudra  4  gros  1/3,  et  le  second,  au  lieu  d'être  estimé  2  gros,  le  sera  pour 
2  gros  6  mites. 

1862.  —  5.  25 


:\hS 


MÉMOIRES 


«  bles,  trois  viii*  de  frelin  cl  non  plus,  et  lesdiz  trois  fors, 
u  trois  viir  de  frelin  sans  quelconque  autre  remède  de  fors 
«  ni  de  foibles.  » 

if  Item  ledit  maistre  devra  aux  marchans  de  leur  marc 
«  d'or  tel  que  dessus  im"vin  I.  cinq  s.  d'empirance,  et  à 
«  leur  donra  de  chacun  marc  d'aloy  v  I.  xiiii  s.  dite  mon- 
«  noyé  d'empirance.  » 

«  Iiem  ledit  maistre  payera  au  prouffit  de  monseigneur 
((  le  duc  tous  les  remèdes  qu'il  aura  prins  en  pois  et  en 
«  aloy,  et  si  payera  au  prouffit  de  mondit  seigneur  pour  son 
«  droit  de  seignourage  de  chacun  marc  d'or  fin  qu'il  fera 
«  ouvrer  en  ladite  monnoye  xviii  d.  gros.  » 

Il  lifni  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  denier  à  x  d.  d'ar- 
«  gent  le  roy  et  de  vi  s.  vin  d.  au  marc  de  taille  au  remède 
a  de  ung  grain  en  aloy  et  d'un  demi  d'iceulx  deniers  en 
«  pois  sur  le  marc  d'euvre  lesquelz  deniers  il  fera  ouvrer 
«  beaulx  et  rons  et  tailliez  de  bon  recours;  c'est  assavoir, 
«  le  plus  foible  sera  taillié  à  ung  viir  de  frellin  près  dt 
«  droit,  et  le  plus  fort  à  ung  viii*  de  frellin  plus  fort  que  le 
«  droit,  au  remède  de  quatre  foibles  et  quatre  fors;  qui 
<(  pourront  estre  plus  foibles,  lesdits  quatre  foibles.  demi 
((  frellin  et  non  plus,  et  lesdits  quatre  fors  demi  frellin  sans 
«  quelconque  autre  remède  de  fors  ni  de  foibles;  et  doom 
«  ledit  m^tre  aux  marchans  du  marc  d'argent  le  roy  xxx  s. 
«  VIII  d.  gros.  » 

«  hem  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  denier  à  v  d.  argent 
«  le  roy  et  de  vi  s.  viii  d.  au  marc  de  taille,  au  remède  de 
«  ung  grain  en  aloy  et  d'un  demi  d'iceulx  deniers  en  pois 
«  sur  le  marc  d'euvre,  lesquelz  deniers  il  fera  ouvrer  beauk 
a  et  rons  et  tailliez  de  bon  recours,  c'est  assavoir,  que  le 
u  plus  foible  sera  taillié  à  ung  viii*  de  frellin  près  du  droit, 
t:  et  le  plus  fort  sera  taillié  à  ung  viii*  de  frellin  plus  fort 


ET    DISSERÏATIOiNS.  359 

Cl  que  le  droit;  au  remède  de  quatre  fors  et  quatre  foibles, 
u  qui  pourront  estrc  plus  foibles,  lesdits  quatre  foibles,  ung 
«  demi  frellin,  et  non  plus  et  lesdits  quatre  fors,  ung  demi 
a  frellin ,  sans  quelconque  autre  remède  de  fors  ni  de  foi- 
«  blés  et  donra  ledit  maistre  aux  marcbans  du  marc  d'ar- 
ec gent  le  roi  xxx  s.  un  d.  gros  » 

ce  Iiem  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  autre  denier  à  un  d. 
«  argent  le  roy  et  de  x  s.  xi  d.  au  marc  de  taille,  au  re- 
cc  mède  de  ung  grain  en  aloy  et  de  deulx  d'iceuk  deniers 
0  en  pois  sur  chacun  marc  d'euvre  lesquelz  deniers  il  fera 
«  ouvrer  beaulx  et  rons,  et  tailliés  de  bon  recours  ;  c'est 
a  assavoir,  que  le  plus  foible  sera  taillié  à  ung  quart  de 
«  frellin  près  du  droit,  et  le  plus  fort  sera  taillié  à  ung  quart 
«  de  frellin  plus  fort  que  le  droit  au  remède  de  six  fors  et 
Cl  six  foibles ,  qui  pourront  estre  plus  foibles  lesdits  six 
Cl  foibles,  ung  frellin  et  demi  et  non  plus,  et  lesdits  six  fors, 
ce  ung  frellin  et  demi  sans  quelconque  autre  remède  de  fors 
fi  ni  de  foibles  et  donra  ledit  maistre  aux  marcbans  du 
a  marc  d'argent  le  roy  xxx  s.  lui  d.  gros.  Et  se  ledit  maistre 
•c  excède  lesdits  remèdes,  ce  sera  sur  telle  pugnicion  et 
ce  correction  qu'il  appartiendra.  » 

ce  Item  payera  ledit  maistre  pour  le  droict  de  seignourage 
Ci  de  mondit  seigneur,  de  chacun  marc  d'argent  le  roy  qui 
«  sera  ouvré  à  ladite  monnoye,  vi  d.  gros;  et  ne  sera  faite 
a  icy  nulle  mention  des  deniers  de  demi  gros,  quars  de  gros 
«  ne  autre  noire  monnoie,  mais  s'il  venoit  bas  billon  à  la 
Cl  monnoie,  les  gardes  le  signifieront  aux  généraux  maîstres, 
M  lesquels  y  pourveoieront  lors  comme  il  sera  besoin  pour 
ce  le  bien  de  la  chose  \  » 


*  Le  dernier  passage  de  cette  instruction  Pât  cité  par  M.  J.  Rcuyer,  Revue 
,1848,  p.  430. 


In 


360  MÉMOIRES 

Il  résulte  par  conséquent  de  ce  passage  qu'on  ne  defaii 
plus  fabriquer  de  monnaie  noire  jusqu'à  nouvel  ordre.  Pro- 
bablement que  la  quantité  en  circulation  était  suflisanu 
pour  les  besoins  du  commerce. 

L'instruction  que  nous  venons  de  voir  est  du  8  man 
1474  (v.  st.).  Depuis  cette  époque  jusqu'à  la  mort  d€ 
Charles  le  Téméraire,  nous  ne  trouvons  plus  d*autres  do- 
cuments monétaires,  si  ce  n'est  une  ordonnance  du  8  sep 
tembre  1475,  par  laquelle  le  duc  interdit  dans  ses  États, 
et  notamment  dans  la  ville  et  les  foires  d  Anvers,  le  cours 
des  deniers  d'or  et  d'argent,  tant  anciens  que  nouveaux 
sortant  des  forges  d*Utrecbt  et  de  Frise.  Ces  monnaies 
étaient  d'un  aloi  inférieur.  Il  défend  en  même  temps  de 
hausser  le  prix  des  espèces  tolérées  par  les  précédentes 
ordonnances. 

Les  monnaies  de  Charles  le  Téméraire  ne  sont  pas  dif- 
ficiles à  classer.  Il  est  évident  que  celles  émises  en  vertu 
de  l'instruction  de  1467  devaient  être  semblables  aux 
deniers  de  Philippe  le  Bon.  Ce  sont  d'ailleurs  les  seules  de 
la  série  qui  nous  occupe  que  l'on  puisse  attribuer  à  cette 
époque  ;  celles  de  1474  sont  parfaitement  définies  par  l'or- 
donnance qui  en  prescrit  la  fabrication.  Aussi  nous  ne 
pouvons  ici  retomber  dans  les  mêmes  incertitudes  que  nous 
avons  rencontrées  pour  les  monnaies  des  prédécesseurs  da 
duc  Charles. 

61.  SANCTVS:ANDREAS.  Saint  André  occupant  le  champ 
de  la  pièce, 

ij.  Ecusson  à  sept  quarts  placé  sur  une  croix  pâtée  tra- 
versant la  légende:  KAROLVS:DEI:GRA:CO.FUND. 

Florin  d'or,  poids  62  grains  forts    (PI.  IV,  n*  57  *.  ) 


>  Le  poids  légnl  est  de  64  graim  1/3.  —  V.  Daby,  pi,  LVUl,  n*  2. 1,6  poîiU 


'î 


ET   DISSERTATIONS.  361 

62.  SANCTVS: .ANDREAS:  Saint.  André  dans  une  position 
un  peu  différente  du  précédent. 

U.  Identique  au  n"*  61. 
Florin  d'or,  poids  63  grains.  (PL  IV,  n»  68.) 
Ce  second  florin  d'or  pourrait  bien  être  celui  fabriqué 
en  vertu  de  l'ordonnance  de  1474. 

63.  Même  type  et  même  légende  qu'au  n'  61 . 

â.  Écusson  à  sept  quarts  dans  un  entourage  d'arc  de 
cercle.  Légende  +  KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO'FLA. 
Demi-florin  d'or  :  Poids  ;  31  grains.  (PL  IV,  n»  59  \ ) 

64.  Écu  à  sept  quarts,  ent^ré  de  la  légende  +  ^A- 
R0LVS:DE1:GRA:DVX:BVRG:G0:FLA'. 

^.  Croix  fleuronnée  portant  en  cœur  une  fleur  de  lis.  — 
Légende  +  SlT:iNOMEN:DOMINI:BENEDICTVM:  (briquet). 
Double  patard  ;  poids  :  60  grains*  (  PL  IV,  n*»  60  V  ) 

65.  Armoiries  à  sept  quarts  occupant  tout  le  champ,  en- 
tourées de  la  légende  +  KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BG':COM: 
FL. 

^.  Croix  longue  portant  en  cœur  une  fleur  de  lis,  can-- 
toDoée  de  deux  fleurs  de  lis  et  de  deux  lions.  La  croix  pair> 
tage  la  légende  en  quatre  parties:  +  MONETA:NA:C0MIT: 
FLAND. 

Double  gros  ;  Poids,  54  grains.  (  PL  IV,  n"  61  '.  ) 

indiqué   par   cet  aateur   est   63    grains. —  Voy.  aussi  Serrure ,  op.    cit., 
p.  f49. 

*■  Poids  légal ,  32  grains  fort.  •»  Dessiné  par  Dubj,  pi.  LVIII ,  n»  5,  dia- 
prés Van  Alkemade.  —  V.  Serrure,  p.  249,  et  Den  Duyts,  pi.  XII,  n»  72. 

•  Poids  légal,  6o  grains  faible.  —  V.  Serrure,  p.  249,  et  Den  Duyts, 
pi.  Xni,  n»  75.  —  Duby  donne,  pi.  LVIII,  n»*  8  et  9,  deux  dessins  da  double 
patard,  dont  la  différence  consiste  en  ce  que,  sur  le  premier,  la  légende  du 
revers  n*est  pas  terminée  par  un  briquet.  Cette  pièce  ne  parait  pas  reproduite 
d'après  l'original. 

Serrure,  op.  cil.  —  Den  Duyts,  pi.  XllI,  n''76,  —  Poids  légal,  54.  grains 
trois  quarts. 


S62  MÉMOIRES 

66.  Même  type.  —  Légende  +  KAROLVS:DEI:GRA:DVX: 
BG:GO:FL. 

i^.  Même  type  qu'au  n»65.  —  Légende  +  MONETA: 
NOVA:GOMIT:FLAD. 

Gros  :  Poids,  30  grains.  (PL  XIII,  n«  62".  ) 

67.  Armoiries  à  sept  quarts  occupant  tout  le  cbamp,  en- 
tourées de  la  légende  +  KAROL:DEI:GRA:DVX:BG:GO:FL 

S).  Même  type  et  même  légende  qu'au  numéro  précédent. 
Demi-gros.  —  Poids  :  15  grains,  (PL  XIII,  n-  68".) 

68.  Même  type  qu'aux  numéros  précédents,  entouré  de 
la  légende  +  KAROL:DI:GRA:DX:BG:CO:FL. 

^.  Groix  portant  en  cœur  une  fleur  de  lis,  cantonnée  de 
deux  fleurs  de  lis  et  de  deux  lions.  Elle  est  entourée  de  la 
*     î  I  légende  MONETA:NOA:COMITI:FLAD. 

Quart  de  gros.  —  Poids  d'un  exemplaire  rogné,  9  grains. 
(PL  XIII,  n»6â».) 

Ainsi  que  le  faisait  remarquer  M.  J.  Rouyer,  dans  son 
article  sur  les  monnaies  noires  de  Flandre,  on  ne  connaît 
que  la  double  mite  de  ce  système,  et  bien  que  la  simple 
mite  soit  mentionnée  positivement  dans  l'instruction  de 
1A67,  on  est  encoœ  à  la  retrouver.  Je  n'ai  pas  été  plus 
heureux  sous  ce  rapport  que  cet  auteur. 

Les  pièces  qui  vont  suivre  sont  celles  émises  en  vertu 
de  l'ordonnance  de  1A7A.  Elles  sont  identiques,  à  quelques 
variantes  près,  avec  les  types  décrits  dans  ladite  ordon- 
nance. Ces  monnaies  sont  les  premières  qui  portent  la  date 
de  leur  fabrication,  du  moins  pour  les  États  des  ducs  de 
Bourgogne. 

1  Serrure,  td.,  p.  250.  ~  Id.,  id.,  n*  77.  —  Poids  légal ,  33  graios  et  demi 

*  Den  DiiytB,  pi.  XIII,  n»  78.  --  Poids  légal,  19  grains  troia  qnarts. 

*  Idem,  i6iJ.,  n»  79.  — Poids  légal.  14  grains  fort.  —  Tous  les  «xemplairtr 
sont  généralement  usés  et  rognés  pour  toutes  les  divisions. 


ET   DISSERTATIONS.  3t5S 

69  Deax  lions  assis  en  regard  séparés  par  un  briquet 
d'où  s'échappent  des  étincelles,  sous  )a  plinthe  inférieure, 
une  molette  d'éperon.  —  Légende  +  KAROLVS:DEI:GRA: 
DVX:BORG:GO:FLAN. 

^  Écusson  à  sept  quarts  sur  une  croix  dont  les  extré- 
mités fleuronnées  traversent  la  légende,  SALVVM  FAG:PO- 
PVLV.TVV.DNE:  1474. 

Double  briquet.  —  Poids  57  grains.  (PL  XHI,  n»  65  *.  ) 

Il  existe  beaucoup  de  variétés  de  coins  pour  cette  pièce. 
Voici  celles  qui  sont  venues  à  ma  connaissance. 

70.  Même  type  avec  quelques  variétés  dans  le  dessin 
des  lions.  —  Légende  +  KAROLVSrDElKÎRA:D\X:BVRG: 
<]0:F. 

$.  Quelques  différences  dans  les  ornements  de  la  croix. 
—  Poids  67  grains. 

71.  Gomme  ci-dessus.  —  Légende  +  KAR0LVS:DE1: 
GRA:DVX:BORG:GO:FLA. 

^.  Gomme  le  précédent.  —  Poids,  52  grains. 

72.  Semblable  aux  précédentes,  sauf  quelques  variétés 
de  coin.  —  Légende  +  KAROLVS:DEI:GRA:l)VX:BVfiG: 
CO.FL. 

Sj.  Gomme  ci-dessus.  —  Même  poids. 

78.  Une  autie  variété  de  Tannée  1475,  avec  GO:FL  au 
droit 

74.  Une  autre  variété  de  la  même  anuée  1475  avec  GO:^ 
¥\ 

•  Serrure,  op.  cit.^  p.  251.  —  Poids  légal,  57  grains  trwîs  quarts  environ. 

*  M.  Serrure ,  p  251 ,  indique  un  double  briquet  de  1476  avec  la  légende  du 
revers  SALVVM.FACtPOPVL.TVV.DNE. 

Den  Duyts,  pi.  Xll,  u"  3,  donne  un  double  briquet  arec  la  date  1477.  Je 
présume  qu'il  y  a  erreur  dans  la  lecture.  Charles  le  Téméraire  étant  mort  le 
5  janvier  1476  (v.  st.]  et  Tannée  commençant  à  Pâques,  il  ne  peut  y  avoir  de 
monaaies  frappées  à  son  nom  k  la  date  de  1477. 


36&  MÉMOIRES 

75.  Lion  assis  tenant  Técusson  du  duc,  à  sept  quai 
Légende  :  +  KAR0LV8:DEI:GRA:DVXB0RG:C0:FLAND. 

j^.  Croix  dont  les  extrémités  sont  formées  par  des  flei 
de  lis  et  des  feuillages  très-épanouis,  et  portant  au  cen 
une  fleur  de  lis.  Légende  :  +:BENEDIC:HEREDITAT1:T1 
1474: 

Double  gros.  Poids,  54  grains.  (PI.  XIII,  n»  66  *.  ) 

L'ordonnance  indiquait  que  la  croix  du  revers  de  < 
monnaies  devait  être  accostée  de  deux  fusils  et  des  enseig 
du  pays  où  elles  auraient  été  faites.  Au  lieu  de  ce 
nous  ne  voyons  que  la  fleur  de  lis  au  centre  de  la  cro 
indiquant  que  cette  pièce  a  été  frappée  pour  la  Fland 
J'ignore  pourquoi  ces  monnaies  n'ont  pas  été  fabriqui 
conformément  à  l'ordonnance  précitée. 

Il  existe  plusieurs  variétés  de  coin  de  cette  monnaie ,  m 
aucune  de  celles  que  j'ai  eues  sous  les  yeux  ne  porte  i 
autre  année  que  1474  Les  variétés  consistent  surtout  di 
la  pose  des  lions  au  droit,  et  les  ornements  de  la  croix 
revers.  J*ai  donc  jugé  inutile  de  la  faire  dessiner.  Qui 
aux  légendes,  ce  sont  les  suivantes  : 

76.  +  KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO:FLAN  \ 

77.  +  KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:GO:FL. 

78.  Lion  à  mi-corps,  ayant  sous  la  traverse  d'où 
émerge,  et  en  exergue  une  molette  d'éperon  accostée 
deux  croisettes.  Légende  :  +  KAROLVS  :  DEI  :  GRA  :  D\ 
BV:CO:F. 

^.  Croix  dont  les  extrémités  sont  fleuronnées;  au  ceDi 


<  Duby  donne,  pi.  UX,  n*  7,  on  dessin  de  cette  pièce  d*après  TonTrag» 
Joachimi.  U  est  très-ineorrect,  et  il  y  a  erreur  de  date  ^  c'est  1474  et  non  H 
qu'on  doit  lire.  —  V.  aussi  Sermrey  op.  ctl.,  p.  251.  La  pièce  indiquée  psr  < 
auteur  ne  porte  pas  de  date,  sans  doute  par  oiibli. 

»  Den  Dujis,  pi.  XII,  n"  74. 


ET   DISSERTATIONS.  365 

est  une  fleur  de  lis.  Légende:  +  Bi\EDlG:AlA:MEA:DNO: 
147A: 

Simple  briquet  ou  gros.  Poids,  35  grains.  (PI.  XIII, 
11»67*.) 

79.  Variété  de  la  même  pièce ,  dans  laquelle  il  y  a  à 
Texergue  au  droit  cinq  roses  ou  molettes  d'éperon,  et  dont 
la  légende  du  même  côté  commence  par  une  fleur  de  lis, 
indice  certain  de  Tatelier  de  Bruges. 

II  existe  un  piedfort  de  cette  monnaie  pour  Tannée  1475, 
au  Cabinet  impérial  de  Vienne. 

Louis  Deschamps  de  Pas. 

«  Den  DoyU,  pi.  XIII,  n*  80.  —  Poids  légal,  35«%33. 


366 


MÉMOIRES 


MONNAIES  DU  MOYEN  AGE  INÉDITES. 


(PI.  XIV.) 


Ferrano  de  Majorque,  prince  d'Aghaîe. 


M.  de  Saulcy,  dans  son  ouvrage  sur  la  Numiimati{ 
dfs  Croisades^  a  publié  un  denier,  égaré  plus  tard ,  d( 
la  perte  est  d'autant  plus  regrettable  qu'il  eût  été  asî 
important  de  comparer  ses  légendes  avec  celles  des  exei 
plaires  dont  je  vais  parler  *.  Voici  la  description  que  j'ei 
prunte  à  mon  savant  ami  •  :  ' 

+  FNANS.P.D.MA10R1G.  Croix. 

Sj.  DE  CLARENCIA.  Ghâtel,  à  gauche  un  annelet. 

Les  deniers  que  j'ai  vus  et  soigneusement  étudiés  pc 
tent  IFANS  F  D  MAIORIK ,  et  cette  leçon  est  conforme  a 
textes  officiels  (pi.  XIV,  n*"  1).  En  effet,  dans  la  conventi< 
passée  en  1306,  à  Mellazzo,  entre  Frédéric  III,  roi  de  Sicil 
et  Ferrand  de  Majorque,  celui-ci  est  désigné  ainsi  :  a  Illi 
((  tris  dominus  infans  Ferrandus,  filius  illustris  domini  i 
((  gis  Majoricorum  ;  »  dans  le  cours  de  l'acte ,  il  est  < 
tantôt  «  dominus  infans  Ferrandus,  »  tantôt,  plus  ûmpl 


-1 


*  L*nn  de  ces  exemplaires  est  au  Cabinet  impérial  de  France  ;  Tantre  i 
partie  de  ma  collection.  Le  denier  qu'étala  M.  de  Saoloy  appartenait 
S.  A.  le  prince  de  Furstenberg. 

•  Numismatique  des  Croisades,  p.  149,  pi.  XVI,  fig.  16. 


i:t  Dissi-nTATioNs.  307 

ment,  a  dominus  infans.  »  En  février  1313,  dans  Tactc  de 
mariage  de  ce  prince,  il  est  à  plusieurs  reprises  appelé 
«  dominus  Ferrandus  infans  ^  » 

Les  monnaies  de  Ferrand  de  Majorque,  comme  prince  de 
Horée,  ne  peuvent  manquer  de  rester  assez  rares,  car  elles 
n'ont  été  forgées  qu'entre  le  mois  de  mai  1315  et  le  mois 
de  juillet  de  Tannée  suivante.  Je  rappellerai  brièvement 
ici  la  vie  très-agitée,  de  ce  prince  qui  ne  fui  qu'un  chef 
d'aventuriers  auquel  manqua  le  succès. 

Ferrand  de  Majorque  était  fils  puîné  de  Jacques  I  d'Ara- 
gon, roi  de  Majorque,  et  de  Sclaramonde  de  Foix  :  dès 
1305,  nous  le  voyons  paraître  dans  l'histoire  :  à  cette 
époque,  du  côté  de  Garcassonne  et  de  Lirooux  il  tentait  de 
se  mettre  à  la  tête  des  populations  méridionales  peu  favo- 
rables aux  conquêtes  des  Français  '. 

Deux  ans  après ,  à  la  tête  de  quelques  galères ,  il  par- 
courait la  Méditerranée ,  cherchant  à  supplanter  en  Grèce 
les  conquérants  français  :  il  combattait  alors  pour  l'empe- 
reur d'Orient.  Défait  à  Negrepont,  il  fut  livré  par  les  Fran- 
çais au  duc  d'Athènes,  qui  l'enferma  dans  une  forteresse 
voisine  de  Thèbes  :  cédant  ensuite  aux  instances  des  rois 
d'Aragon  et  de  Majorque ,  le  duc  d'Athènes  confia  la  garde 
du  captif  à  Robert,  roi  de  Naples,  qui  bientôt  le  rendit  à 
son  père.  Ferrand,  en  1309,  se  distinguait  an  siège  d'Al- 
mérie  :  à  cette  époque,  on  songeait  à  lui  faire  épouser 
Clémence  de  Hongrie,  qui  monta  sur  le  trône  de  France  en 
donnant  sa  main  au  roi  Louis  X.  —  Il  avait  la  seigneurie 
de  Montpellier,  et  le  roi  Robert  de  Naples,  en  1313,  lui 
avait  donné  viagèrement  celle  de  Gatane. 

1  'Buchon  ,  Nouvelles  recherches  historiques  sur  la  principauté  de  Morée ,  t.  Il , 
p.  385  et  390. 
*  BuUet'n  de  la  Sot\  scientif,  agricole^  etc.,  des  PtjrênêeS'fJrientahs,  t.  IX. 


368  MÉMOIRES 

En  1315,  Ferrand  de  Majorque  épousa  à  Messine  Isatx 
petite-fille  de  Florent  de  Hainaut  et  d'Isabelle  de  Villel 
douin  ;  cette  princesse  n'était  pas ,  comme  on  l'a  rép 
héritière  directe  de  la  principauté  de  Morée  :  elle  moi 
en  avril  1315,  un  mois  après  avoir  donné  le  jour  à  un 
nommé  Jayme,  qui  fut  porté  à  Perpignan  :  Jayme  de 
roi  de  Majorque  en  132i ,  à  la  mort  de  son  oncle  San< 
sous  le  nom  de  D.  Jayme  II. 

Peu  après  1315,  Ferrand,  à  la  tête  de  chevaliers  a 
lans,  se  dirigeait  vers  la.  Morée  pour  l'enlever  à  Mahaui 
Hainaut,  cousine  germaine  de  sa  femme  et  descendant 
la  fille  aînée  de  Florent  de  Hainaut  et  d'Isabelle  de  Vi 
hardouin.  Mahaut  de  Hainaut  avait  épousé  Louis  de  Bc 
gogne  :  le  prince  et  la  princesse  de  Morée  étaient  eucoi 
Venise  en  novembre  1315  :  c'est  donc  postérieuremei 
cette  date  que  Louis  de  Bourgogne  venait  prendre  poss 
sion  de  l'Achaîe,  où  Ferrand  s'était  établi,  pendant  qi 
France  on  cherchait  à  dépouiller  de  fait  Mahaut  au  pi 
de  son  second  époux. 

Ferrand,  en  effet,  s'était  emparé  de  quelques  pL 
fortes,  et  avait  été  reconnu  prince  d'Achaîe  par  plusi< 
barons  de  Morée  ;  il  était  établi  à  Clarentza  lorsque  L 
de  Bourgogne  débarqua  :  trahi  par  ses  nouveaux  vass 
et  même  par  ses  Catalans,  Ferrand  fut  battu  dans  une 
taille  sanglante  qu'il  livra  à  son  antagonbte,  le  h  ju 
1316,  à  Espero  ;  dans  la  mêlée  il  tomba  de  cheval,  fut 
et  décapité  :  son  corps,  rapporté  à  Perpignan ,  fut  inhi 
dans  l'église  des  frères  prêcheurs. 

Pendant  son  court  triomphe,  Ferrand  avsdt  contr 
un  second  mariage,  octobre  1315,  avec  Isabelle  d'Ybc 
fille  de  Philippe,  sénéchal  de  Chypre  :  celle-ci,  devc 
veuve,  épousa  Hugues  d'Ybelin,  comte  de  Jafla.  De  la  i 


.1 

i 


ET    DISSERTATIONS.  30f> 

nîère  union  de  Ferrand  était  né  un  fils,  du  mên)C  nom  que 
son  père,  qui  fut  vicomte  d'Aumelas  (arrondissement  de 
Lodève,  Hérault)  ^ 

Louis  DE  Savoie,  roi  de  Chypre. 

S  DEI  GRACIA.E.  Personnage  couronné,  tenant  un 

sceptre  et  un  globe  crucigère,  assis  sur  un  trône;  h  sa 
droite,  S  ;  à  sa  gauche,  E. 

k SALEM.  CIPRI.  ET.  ARME....  Type  ordinaire  des 

besants de  Chypre.  (PI.  XIV,  n«  2.) 

LVD0V...S...G...1ARE.  Même  type. 

«.  +IERVSAL ET..MEN..  Même  type  des  besants. 

Cette  pièce  a  été  dorée  :  la  lecture  de  ses  légendes  serait 
complète  si  quatre  contremarques  ne  les  avaient  pas  cou- 
pées. (PL  XIV,  n*  3.) 

Ces  deux  monnaies  se  complètent  Tune  par  l'autre,  et 
îl  est  facile  de  reconnaître  qu'il  s'agit  ici  d'un  roi  de 
Chypre,  de  Jérusalem  et  d'Arménie  nommé  Louis;  tout 
s'accorde,  du  reste,  pour  confirmer  mon  attribution  :  les 
légendes  écrites  en  latin ,  l'absence  d'écusson  armorié  au- 
près du  personnage  assis,  enfin  la  désignation  du  royaume 
d'Arménie,  qui  panit  seulement  après  l'année  1393  :  ce 

I  M  J*ai  veu,  dit  Dacange,  des  lettres  de  Sanciii,  reine  do  Hienisalem  et  de 
M  Sicile,  données  à  Naplei  le  15  de  mars  1338,  par  lesqnell^^s  eette  reine 
«  donne  à  Fernand  de  Moiorqu^s ,  vicomte  d'Omellafe ,  frère  du  roi  de  Ma- 
«  jorqne,  qni  avoit  ('*pousé  depuis  peu  Ecive,  fille  du  roi  de  Cipre,  et  quVlIe 

•  avoit  élevé  en  sa  maison,  une  somme  de  50,000  florins  d'or  pour  employer 
«  en  rachat  d'une  terre.  Quelques  autres  ni<^moircs  de  la  chambre  de« 
«  comptes  de  Paris  portent  que  Hugues,  roi  de  Cîpre,  donna  30,000  besans 

*  d*or  de  rente  à  sa  fille  Eschive ,  qui  avoit  épousé  Fernand ,  infant  de  Ma- 
«  jorqney  et  les  assigna  sur  un  casai  près  de  Nicosie,  Tan  1340.  >•  (Ms.  de  Du- 
ctDge,  cité  par  M.  de  Mas-Latrie,  dans  son  Uisioirt  de  Vile  dt  Chyjiri.) 


370 


MÉMOIRES 


fut  à  cette  date  en  effet  que,  par  suite  de  la  mort  de  I 
roi  d'Arménie ,  Jacques  !•»  de  Chypre  prit  et  tra 
à  ses  successeurs  le  titre  purement  honorifique  d 
d' Arménie.  Jusqu'à  ce  jour  il  n'était  connu,  dans  la  n 
matique  chypriote,  que  par  une  pièce  de  billon  attrit 
Jacques  II  par  M.  de  Saulcy.  —  Notons  que  le  roi 
(1898-1432)  est  le  premier  qui  supprima  l'écu  ar 
auprès  de  l' effigie,  et  que  le  roi  Jean  II  est  aussi  le  pi 
qui  ait  repris  les  légendes  ktines.  Depuis  Hugo 
(1267-1284) ,  les  rois  de  Chypre ,  sur  les  monnai 
genre  de  celles  dont  je  m'occupe  n'avaient  emplo; 
la  langue  romane  \ 

J'avoue  l'impossibité  de  donner  le  sens  des  lettr 
accostent    l'effigie  :    sont- ce   les   initiales   d'un 
monétaire    ou   d'un    saint   particulièrement   hono; 
Chypre? 

Louis  de  Savoie,  comte  de  Genevois  et  de  Romont, 
avoir  répudié  la  fille  du  roi  d'Ecosse,  avait  obtenu  h 
de  Charlotte  de  Lusignan,  fille  unique  de  Jean  II  et 
seconde  femme,  Hélène,  elle-même  fille  de  Théodore 
logue ,  despote  de  Misithra  :  à  peine  si  Charlotte  pu 
deux  années  de  l'héritage  paternel,  de  1458  à  1460. 

Charlotte  et  Louis  avaient  fait  des  démarches  pour 
cher  la  nomination  de  Jacques,  frère  naturel  de  la  n 
l'archevêché  de  Nicosie  :  Jacques  s'en  vengea  en 
demander  des  secours  au  Soudan  de  Babylone  :  il  dét 
à  Nicosie  en  septembre  1460,  et  força  bientôt,  les  ar 
la  main,  sa  sœur  et  son  beau-frère  à  chercher  un  asih 
le  château  de  Cérines.  Le  Soudan  prétendait  quil  n's 
tenait  pas  à  une  femme  de  succéder  à  la  couroDi 


Sum.  dts  Croisades,  p.  103,  108  et  109,  pi  XII,  l  et  8, 


ET    DISSERTATIONS.  37J 

Chypre;  mais  au  fond,  les  iiilrigues  des  Vénitiens  ei  des 
Florentins  n'étaient  pas  étrangères  à  ces  désordres. 

Laissant  à  son  époux  le  soin  de  prolonger  la  lutte  en 
Chypre,  Charlotte  de  Lusignan  se  rend  à  Rome,  puisa 
Florence,  à  Bologne  et  en  Savoie  pour  obtenir  des  troupes, 
de  l'argent  et  des  vivres  :  ses  efforts  multipliés,  sans  être 
complètement  nuls,  ne  semblent  pas  cependant  avoir  eu 
des  résultats  bien  efficaces.  Le  roi  Louis  quitta  Chypre  et 
se  retira  à  Rhodes  en  14^2  :  il  faut  rendre  aux  chevaliers 
hospitaliers  la  justice  de  reconnaître  qu'ils  soutinrent  de 
tout  leur  pouvoir  la  cause  des  Lusignan.  Il  était  d'ailleurs 
assez  naturel  que  les  chevaliers  de  Rhodes  tinssent  contre 
l'usurpateur  qui  comptait  un  souverain  musulman  parmi 
ses  principaux  alliés. 

Le  château  de  Cerines  capitula  en  1Â63.  -  Le  roi  Louis, 
retiré  en  Savoie,  se  vit  obligé  de  recourir  à  l'empereur 
d'Allemagne  pour  essayer  de  rentrer  en  possession  d'une 
parcelle  de  l'héritage  paternel  qui  lui  revenait  :  à  la  mort 
de  son  compétiteur  le  roi  Jacques  II,  en  1473,  il  essaya 
encore  de  rentrer  en  Chypre  ;  mais  le  concours  des  Génois 
De  semble  pas  avoir  pu  aider  assez  puissamment  le  faible 
parti  qui  le  rappelait  dans  l'île  :  il  mourut  paurre  à  Ripaille 
en  1 A82,  et  y  fut  enterré. 

En  1&86,  le  25  février,  la  reine  Charlotte  céda  à  soi> 
neveu  Charles  1",  duc  de  Savoie,  tous  ses  droits  sur  Chypre 
moyennant  une  pension  viagère  de  A, «^00  florins  assignés 
sur  les  gabelles  de  la  ville  de  Nice.  C'est  par  suite  de  cette 
cession  que,  jusqu'à  nos  jours,  les  ducs  de  Savoie,  depuis 
rois  de  Sardaigne,  ont  persisté  à  porter  les  titres  de  Chypre 
et  de  Jérusalem  *. 

>  Hiêt.  de  Vile  de  Chypre  sous  le  rèqfte  des  prinres  de  la  maison  de  Lustyruin*  par 


372 


MÉMOIRES 


M.  le  chevalier  D.  Promis  a  bien  voulu  me  commun! 
l'empreinte  d'un  besant  blanc  attribué  à  Louis  de  Sa 
conservé  dans  la  riche  collection  dont  il  est  conserva 
Cette  monnaie,  d'un  autre  coin  que  celles  que  je  publi 
a  été  frappée  deux  fois,  de  sorte  que  les  légendes  sont 
ciles  à  déchiffrer  :  le  personnage  assis  au  droit  n'esi 
accompagné  des  initiales  SE;  les  lettres,  de  forme 
moderne,  sont  plutôt  analogues  à  celles  des  monnaie 
Jacques  II ,  et  je  serais  porté  à  croire  que  le  besan 
Cabinet  de  Turin ,  postérieur  à  ceux  que  je  possède 
rattache  à  la  seconde  tentative  du  roi  Louis  de  Savoie 
reconquérir  l'île  de  Chypre  en  1473. 

Dans  les  publications  spéciales ,  je  n'ai  pas  retrou^ 
besants  blancs  des  successeurs  de  Louis  de  Savoie  : 
existe  probablement  dans  les  collections,  et  il  serait 
ressaut  de  comparer  ceux  du  roi  Jacques  II,  par  exeii 
avec  les  variétés  que  je  signale  dans  cette  note. 


Sous  les  n^'  à  et  5,  je  donne  deux  vaiûétés  inédite 
monnaies  qui  font  partie  de  la  numismatique  des  cr 
des  :  ces  pièces,  qui  ont  une  certaine  rareté,  n'ajoi 
aucun  fait  nouveau  à  ce  que  l'on  sait  déjà  au  point  d€ 
historique,  je  me  borne  donc  à  donner  la  description  < 
denier  tournois  et  de  ce  demi-besant  ^ 

NICOLA Châtel  tournois:    au  commencemen 

la  légende  on  aperçoit  une  fleur  de  lis.   - 

î^.  +  iNICOLA Croix  :  la  légende  commence  et 

par  une  étoile.  (PL  XIV,  n«  A.) 

M.  de  Ma»-Latrif,  t.  III,  p.  82  à  152.—  Voy.  aussi  Honumenla  hûtorixpa 
scriptorum,  t.  III. 

*  Ces  pièces  in*ont  été  coinmonîqnécs  par  M.  Obarvet,  aÎDsi  que  len*6. 


ET    DISSERTATIONS.  373 

C'est  une  variété  des  monnaies  de  Nicolas,  comte  de 
Campibassi,  sur  l'identité  duquel  on  n'a  pas  encore  de  cer- 
titude :  M.  de  Saulcy,  très-judicieusement,  penche  à  croire 
qu'il  faut  le  chercher  au  commencement  du  xiv*  siècle 
dans  l'Italie  méridionale. 

PIER REID.  Le  roi  assis  sur  un  trône,  à  sa  gauche, 

son  écu. 

^.  +  DIER EDCIPRE.  Croix  dit«   de  Jérusalem. 

Cette  division  n'a  pas  été  connue  de  M.  de  Saulcy  ^ 
(PI.  XIV,  n«  5.) 

Monnaie  obsidionale  de  Nice. 

Duby,  dans  ses  Récréations  numismaiiqws^  a  gravé, 
pi.  21/ n*  3,  une  pièce  obsidionale  d'or,  frappée  à  Nice, 
dont  voici  la  description  : 

KROLVS.SECVNDVS.DVX.SABAVDL  Écu  portant  la  croix 
de  Savoie  et  timbré  d'une  couronne  ducale. 

Hj.  Dans  le  champ,  NIC.  A.TVRC  ET.GAL.OBS.  1543. 

Voici  une  monnaie  d'argent  qui  a  la  même  origine. 
Dans  le  champ  KROLVS.II  D.SABAVDI,  entre  deux  roses. 

«.  NIC.A  TVRC.ET.GAL.OBS.  1543.  (PI.  XIV,  n»  6.) 
Cette  pièce,  forgée  négligemment  ou  frappée  deux  fois, 
n'est  pas  parfaitement  nette. 

Le  siège  de  Nice  dura  environ  deux  mois  et  demi,  depuis 
le  16  juin  jusqu'au  7  septembre  1543  :  le  comte  d'Enguien, 
qui  commandait  les  troupes  françaises,  avait  d'abord  espéré 
s'emparer  de  cette  place  par  une  surprise  ;  mais  ses  projets 
ayant  été  dévoilés  au  prince  de  Piémont,  il  fallut  faire  un 
siège  en  règle  :  malgré  le  concours  d'un  nombreux  renfort 

*  Attin.  des  Croisades ^  pi.  XI. 

1B62.— i>.  26 


57A  MÉMOIRES 

turc,  les  Français  ne  purent  s^emparer  du  château; 
22  août,  la  ville  avait  capitulé,  mais  la  forteresse  défen 
vaillamment  tint  jusqu'au  moment  où  un  secours  env 
par  l'empereur  força  les  assiégeants  à  se  retirer. 

Pierre  Lambert,  seigneur  de  la  Croix,  président  di 
chambre  des  comptes  de  Savoie,  a  laissé  un  journal 
taillé  de  ce  siège  qui  est  inséré  dans  le  Monumenta  hi 
riœ  palrisF,  tome  III,  col.  912  et  seq. 

Il  est  à  remarquer  que  dans  presque  tous  les  ouvra 
que  j'ai  consultés,  le  duc  de  Savoie  alors  régnant  est 
signé  sous  le  nom  de  Charles  III  ;  sur  les  monnaies 
Nice,  nous  lisons  sur  Tune,  en  toutes  lettres,  Karolus 
cundus^  sur  l'autre  Karolus  II  :  cette  confusion  vient 
ce  que  certains  auteurs  ont  donné  le  nom  de  Charles  1 
Charles-Jean-Amédée  (1490-1496),  qui  mourut  d'i 
chute  âgé  de  six  ans.  La  numismatique  ici  vient  fixer  la 
signation  officielle  du  malheureux  duc  de  Savoie  qui 
tant  à  souffrir  des  luttes  de  l'empereur  Charles-Quint 
(lu  roi  François,  ainsi  que  des  intrigues  intéressées  de 
propres  parents. 

La  monnaie  obsidionale  de  Nice,  en  rappelant  natui 
lement  le  vif  désir  que  François  l"  avait  conçu  de  réu 
ce  comté  à  la  Provence,  est  une  preuve  de  plus  que  les  h 
les  plus  récents  de  notre  histoire  sont  la  réalisation 
projets  séculairement  conçus  par  la  monarchie  fra 
çaise'. 


*  Cette  notice  était  imprimée  lorsque  j*ai  »a  que  U  roonDAÎe  obsidionale 
Nico  avait  déjà  été  publiée  par  M.  le  chevalier  Promis  dans  le  tome  XX 
des  Mémoires  de  V Académie  des  sciences  de  Turin.  Mes  lecteurs  voudront  bi( 
pardonner  ma  réédition  :  je  pourrais  alléguer  en  ma  faveur  Topportunité  < 
faiirc  figurer  dans  un  recueil  français  une  monnaie  devenue  française,  et  qi 
n'était  encore  connue  que  par  des  pnbl  îcations  italiennes. 


ET   DISSERTATIONS.  375 

(jUILI.AUMË   II,  SJRE    0£    ViERZON. 

+  GVILLERMVS.  Type  imité  de  celui  des  deniers  de 
Nivernais  qui  portent  une  faucille  et  une  molette  d'é- 
peron. 

rI.  +  VIRSIONIS.  Croix  nivernaise  cantonnée  au  second 
d'un  croissant  et  au  troisième  d'une  molette  d'éperon. 
(PI.   XIV,  n<»  7.) 

Voici  un  denier  précieux  placé  depuis  peu  dans  les  col- 
lections du  Cabinet  impérial,  qui  me  semble  être  d'un 
grand  secours  pour  la  classification  des  monnaies  de 
Vierzon;  son  type  est  une  imitation,  presque  un  calque,  des 
monnaies  forgées  à  Nevers  par  Henri  de  Donzy,  de  H09  à 
1 223  ;  il  permet  donc  de  l'attribuer  à  Guillaume  11  qui 
avait  Vierzon  dans  la  première  moitié  du  xiii*  siècle. 

Je  donnerais  volontiers  au  même  personnage  les  trois 
deniers  que  M.  Poey  d'Avant  attribue  à  un  autre  Guillau- 
me qui  fut  seigneur  de  Vierzon  dans  les  premières  années 
du  XIV"  siècle. 

En  effet,  ceux-ci  portent  un  type  de  croix  ancrée  qui  fut 
trèvpopulaire  en  Bretagne  et  dans  une  partie  de  la  France, 
au  commencement  du  xiii*  et  à  la  fm  du  xii*  siècle  :  or  il 
me  semble  logique  de  classer  en  général  les  imitations 
monétaires  de  manière  à  ce  qu'elles  soient  à  peu  près  con- 
temporaines des  pièces  qui  leur  ont  servi  de  prototypes. 
C'était  lorsqu'une  monnaie  était  le  plus  répandue,  lorsque 
le  commerce  s'en  servait  avec  une  certaine  préférence,  que 
les  seigneurs  voisins  avaient  le  plus  d'intérêt  à  la  copier. 
Ces  imitations,  qui  n'avaient  pas  d'autre  motif  que  de 
faire  passer  une  monnaie  faible  au  moyen  d'un  type  dans 
lequel  le  peuple  avait  une  certaine  confiance,  ces  imita- 


fl 


376  UÉMOIBES 

lions,  dis-je,  auraient  manqué  leur  but  si  elles  avaient 
faites  un  demi-siècle  ou  un  siècle  plus  tard. 

Testen  de  Charies  IX  frappé  par  les  huguenots  à  Orlk 
Un  mimismatisle  à  la  fin  du  XVP  siècle. 

Le  n*  8  de  la  planche  XIV  représente  un  teston 
Charles  IX  frappé  en  1563  :  il  diffère  des  monnaies 
même  genre  par  le  buste  qui  est  exceptionnellement  ton 
h  droite,  et  par  la  lettre  A  comprise  dans  un  0  que  Ton 
marque  sous  l'effigie  royale.  Ce  teston  a  été  décrit  d 
u  le  Catalogue  raisonné  des  monnaies  de  France  »  soui 
n*  898,  avec  la  date  de  156-2. 

Nous  trouvons  une  interprétation  du  monogramme 
dans  le  Kegistre-Journal  de  Pierre  de  TEstoile  :  il  é 
gravé  sur  des  testons  qui,  alors,  étaient  désignés  soui 
nom  de  morveus.  Les  testons  morveus  furent  fabriqués 
les  protestants,  et  Pierre  de  TEstoile  recherchait  cette 
riosité  pour  sa  collection  :1e  19  juillet  1608.  il  crut  a^ 
trouvé  ce  qu'il  convoitait,  mais  il  eut  une  déception  nui 
matlque  qu'il  raconte  ainsi  :  «  M.  de  Montant  m'a  fait 
«couvrir  un  teston  morveus  forgé  à  Saint-Messans  par 
«  huguenos,  comme  il  apparoist  par  la  lettre  de  T  qui 
(f  la  marque  de  la  monnoie  de  ladite  ville ,  fntj 
«  l'an  1573  après  la  Saint-Bertbelemi,  en  dettestatlou 
«  massacre  de  ladite  journée  et  dérision  du  roy  Charles 
«  qu'ils  apeloient  morveus  ;  que  j'ay  serré  avec  les  aut 
«  pour  mémorial  et  marque  de  nos  fureurs  civiles.  J 
ft  baillé  audit  Montant,  en  trocqdudit  teston,  deux  de  n 
«  petites  médalles  d'argent  des  familles;  mais  depuis  j' 
«sceu  que  ledit  teston  n'est  point  de  ceux-là,  et  ne  lepei 
«estre,  tant  pour  ce  que  les  huguenos  en  ladite  année  i 


ET   l>15SERTÀTI0^S.  377 

«  tenoîeni  pas  Satnt-Messans,  que  pour  ce  que  lesdits  tes- 
if  tons  morveus  furent  fabriqués  par  les  huguenos  à 
«  Orléans,  au  commencement  des  troubles,  1562,  et  depuis 
«  ne  s'en  est  point  fait  -,  et  ay  trouvé  entre  mes  pièces  un 
«  demi  teston  morveus  de  ce  temps  et  an  1662,  dont  j'ay 
<i  l'envolé  audit  Montant  son  teston,  qui  demeure  toute- 
a  fois  opiniastre  en  son  opinion  encores  qu'elle  soit  nolot- 
«  rement  fausse.  »  Le  22  avril  1609,  l'Estoile  avait  enfin 
un  vrai  teston  morveux,  et  il  fournit  un  détail  qui  nous 
permet  de  donner  l'attribution  de  celui  que  je*  publie  au- 
jourd'hui. <'  J'ai  recouvert  ung  teston  du^feuroy  Charles  IX, 
«  de  ceux  que  les  huguenos  firent  forger  à  Orléans,  pen- 
a  dant  les  premiers  troubles.  //  a  la  leste  tournée  autre- 
a  ment  que  les  autres,  et  d'un  meilleur  argent  beaucoup, 
«  parce  qu'ils  ont  esté  faits  de  ces  ustensiles  et  reliques  des 
c  (églises  que  les  huguenos  firent  fondre  en  ladite  ville  ;  et 
my  a  au  Lont  dudit  teston  un  petit  A  et  un  0,  qui  veut 
u  dire  à  Orléans,  dont  peu  de  gens  s'aviseroient.  • 

Puisque  je  viens  de  parler  de  Pierre  de  l'Estoile,  et  de 
son  goût  pour  les  pièces  curieuses,  mes  lecteurs  me  per- 
mettront de  mettre  sous  leurs  yeux  un  aperçu  de  ce  qu'était 
sa  collection,  d'après  son  journal 

Pierre  de  l'Estoile,  né  en  1546  et  mort  en  1611  avait 
acheté  en  1569  la  charge  de  grand  audiencier  de  la  Chan- 
cellerie, de  France,  qu'il  conserva  jusqu'en  1601  :  je  ne 
parlerai  pas  de  ses  écrits  qui  sont  entre  les  mains  de  tous 
ceux  qui  s'occupent  de  l'histoire  des  xvi'  et  xvii^  siècles  : 
ici,  je  ne  veux  le  considérer  que  comme  numismatiste,.biea 
qu'il  ait  été  plutôt  collectionneur  qu'érudit.  Aujourd'hui 
encore  le  simple  collectionneur  qui  n'a  d'autre  occupation 
que  d'acheter,  se  qualifie  de  numismatiste  comme  celui 
qui»  à  force  de  travail,  ne  cherche  dans  l'étude  des  vieilles 


;i 


378  MÉMOIRES 

monnaies  que  des  matériaux  authentiques  pour  Thistoin 

L*Estoile  était  en  rapport  avec  les  antiquaires  de  so 

temps,  MM.    du  Pui,   de   Peiresc,   d'Aix   en    Provenc< 

Pétau  \  Ménestrier,  de  Dijon,  «  grand  médailiste  qui  ps 

«  raissoit  préférer  les  pièces  d'or  et  d'argent  à  celles  <] 

«  cuivre,»  Courtin,  LeCocq,  Guittart,  de  Montaut avocat 

la  cour  et  référendaire  en  la  chancellerie.  Il  achetait  o 

échangeait  parfois  avec  un  sieur  Aveline,  et  Richard  Tuti 

«  marchand  orfére  sur  le  pont,  homme  curieus  et  amatei 

«  de  médalles  antiques  et  de  toutes  autres  belles  choses. 

L'Estoiletenait  à  être  bien  avec  R.  Tutin,  chez  qui  il  s 

procurait  des  jetons  d'argent,    à   mesure  qu'ils  étaiei 

frappés  ;  aussi  en  janvier  1608  il  lui  donnait  une  tète  i 

marbre  de  Faustine,  «  Taiant  voulu  obliger  par  ceste  p( 

«  tite  libéralité  et  courtoisie  à  quelque  chose  que   d( 

a  longtemps  j'ay  envie  de  tirer  de  luy.  »  Une  autre  foi 

le  2  juillet,  il  donnait  une  petite  Bible  in-8»,  édition  1 

Etienne ,  reliée  en  «  maroquin  incarnat  et  qui  est  tr* 

«  belle  et  s'en  recouvre  rarement ,  »    à  M.  Guittart  q 

lui   avait  fait  don  d'une  médaille  d'argent  de  la  reii 

de  Navarre  '  :  cependant  il   n'aimait  pas    beaucoup  li 


1  u  6  octobre  1609.  Je  fus  voir  M.  Pétau,  conseiller  en  la  conr,  le  pins  rie 
■  aujhourdai  (des  gens  de  sa  qualité)  en  médalles  antiques  d'or  et  d'argent 
i  antres  belles  pièces  tant  étrangères  que  françoises,  dont  il  nous  en  fist  v 

•  très-grande  quantité  ;  entre  autre  nous  monstrant  le  ducat  du  roi  Louis  X 

<  tronvasmes  dans  Ésale,  au  XIV'  chapitre ,  la  devise  qui  eet  à  Tentoar  dm 

*  ducat  en  mesmes  mot8,p<rdam  Babylonis  nomen.  En  aiant  esté  avisés,  M  Go 
«  tin,  M.  de  Montaut  et  moy  par  ledit  Pétau,  sans  que  pas  ung  de  nous  j  e 
>  pris  garde  ni  remarqué  en  lisant  ceste  devise  qu'on  trouve  au  susdit  pastâj 
4  Au  sortir  de  son  logis  nous  allasmes  en  celui  de  M.  de  Montant  où  il  im 

<  monstra  force  belles  pièces  dont  il  est  extrêmement  enriens.  » 

•  «  M.  Guittart  m'a  donné  de  son  cabinet  une  petite  médalle  d'argent 

<  la  feue  royne  de  Navarre,  mère  de  nostre  roy  à  présent  régnant,  oh  i 
(  ponrtraiot  est  d^un  costé  ;  et  de  Tautre  un  anehre  sur  nn  rocher  bsttn  < 


ET    DISSERTATIONS.  379 

échanges  ;  ainsi,  en  octobre  1609,  il  se  réjouissait  d'avoir 
obtenu  de  M.  de  Montaut  la  compensation  d'une  certaine 
«  bourse  de  vieilles  médalles  de  bronze  qu'il  lui  avoit 
«  baillées  il  y  a  longtemps  à  la  charge  de  lui  en  bailler 
«  d'autres  à  la  première  veûe  et  commodité  qui  se  présen- 
«  teroit.  Il  m'a  donné  deux  getons  d'argent,  dont  il  y  en  a 
<t  un  où  sont  gravées  des  faucilles,  assez  rares  et  curieu- 
«  ses,  avec  une  autre  petite  pièce  d'argent  que  je  neconuois 
«  pas  non  plus  que  lui  :  En  lels  (rocqs  on  perd  toujours  à 
«  faire  Vhontieste,  ce  qui  m'est  avenu  asses  de  fois  aussi 
«  bien  que  celle  cy.  »  C'est  sans  doute  dans  un  autre  mo- 
ment où  ce  chroniqueur,  assez  frondeur  de  caractère,  re- 
grettait encore  d'être  trop  honnête  qu^^il  écrivait  ces  mots 
que  plusieurs  de  nos  contemporains  penseraient,  mais  ne 
diraient  pas  aussi  franchement  :  <«  J'ai  vendu  (le  9  mai  lôli) 
tiàM.  de  Montaut,  la  plupart  de  mes  petites  médalles  d'or 
a  qu'on  disoit  estre  antiques  ;  et  ce  à  raison  de  36  livres 
c  l'once  ausquelles  je  n'ay  antre  regret,  sinon  pour  ne  les 
«  avoir  assez  vendues,  et  tiré  de  la  bourse  dudit  Montaut, 
¥  comme  mien  ami,  au  pris  de  40  livres  l'once  (qui  est  le  bout 
«  toutefois  de  tout  ce  qui  s'en  peult  tirer  des  plus  curieus, 
a  quelques  belles  et  antiques  que  soient  les  médalles)  : 
«  car  on  m'a  dit  que  j'en  eusse  eu  autant  de  lui  si  j'eusse  eu 
tt  un  peu  plus  de  patience,  encore  que  lesdites  pièces  ne  le 
(c  valussent  pas;  mais  bien  pour  lui,  qui  m'a  desia  affiné 


X  vens  de  tous  coatis  ;  et  y  a  escrit  numine  fréta,  iicet  rumpert  infracta  maneboi 
M  Et  à  l'entour  de  ladite  pi^ce  sont  gravés  ces  mots  du  psaume  101  fort  délj- 
-  eatement  et  lisiblement  :  pour  estre  à  moy  qtii  droite  voie  ira  me  «frw'ni.  Klle 
**  fust  forgi^î  Tan  1566,  lorsque  le  pape,  à  raison  de  la  profession  de  la  reli- 
M  gion  et  e3tablissement  dMcelle  en  les  pays  de  Navarre  et  de  Béarn ,  publia 
N  une  moDîtion  contre  laditte  royne  à  laquelle  le  roy  Charles  ]X  s'opposa,  la 
•«  prenant  en  sa  protection  comme  sa  sujette  et  parente,  n 


380  MÉMOIRES 

((  deux  fois  de  ce  costé  là  ;  ce  ne  sera  pas  à  la  troisiesin 
«  qu'il  y  reviendra,  si  je  puis.  » 

On  a  déjà  pu  voir  que  l'Estoile  ne  faisait  pas  grand  ca 
des  médailles  antiques  *  :  il  préferait  les  monnaies  et  mé 
dailles  modernes,  et  surtout  les  jetons  d'argent  qu'il  collée 
tionnait  depuis  vingt  années,  et  dont  il  avait  228  variétés 
il  avait  aussi  des  statuettes  :  j'ai  cité  le  buste  de  Faustine 
il  parle  aussi  d*un  bronze  grec  qu'il  échangea  avec  1 
sieur  Ménestrier,  contre  une  médaille  de  Maximilien  et  s 
femme  valant  35  ou  &0  s.  d'argent  au  poids,  et  d'un  peti 
Baccbus  de  cuivre  fort  antique  qui  portait  une  inscriptioi 
xerpcTTopio:,  que  ni  Casaubou,  ni  Guischard,  ni  Du  Pui  n 
pouvaient  traduire. 

Parmi  les  médailles,  nous  remarquons  dans  le  jouma 
de  l'Estoile  la  mention  de  celle  de  Diane  de  Poitiers  que  lu 
avait  donnée  Peiresc.  «  D'un  costé  est  la  figure  de  ladit 
«  dame  avec  cette  inscription  Diana  duc.  Valenlinorm 
«  clarissima  ;  de  l'autre  avec  un  beau  revers  est  escri 
«  omnium  victorem  vici.  »  Nous  voyons  aussi  les  médaille 
de  Charles  IX  pour  la  Saint-Bartbélemy,  de  Grégoire  XII 
en  1572  pour  le  même  événement',  et  le  portrait  de  Jeai 


'  L'Estoile  dit  quelque  part,  avec  assez  de  franchise  <«  Le  mardi  dernier  d 
M  ce  mois  (31  août  1610  ),  j*ay  vendu  à  un  curieus,  id  est  à  nu  fol  comme  roo 
M  pour  50  frans  de  vieilles  médalles  de  bronze  et  de  cuivre  qu'on  tenoit  poi 
»»  antiques  :  car  de  moi  je  confesse  que  je  n'y  connois  rien  du  font,  et  n'y 
**  que  l'opinion  en  cela.  » 

'  A  propos  de  cette  médaille,  il  est  curieux  de  transcrire  le  passage  d 
journal  de  l'Estoile  :  les  sentiments  anti  ligueurs  du  bourgeois  parinen  per 
cent  dans  ces  lignes,  et  lui  fout  faire  tout  simplement  une  fausse  pièce  4'or 
«  Le  lundi  30  juin,  je  rencontrai  par  hasard  sur  un  fondeus  où  noos  étioi 
«  allés  M.  Courtin  et  moi,  le  plomb  de  la  pièce  que  le  pape  Grégoire  XDl  fit 
M  faire  à  Romme  en  1572  à  la  Saint-Berthelemi  pour  approbation  et  congrats 
«  lation  du  massacre  fait  en  ceste  journée  à  Paris  et  par  tome  la  France  d< 
•(  huguenos.  Le  pourtraict  du  pape  avec  sou  inscription  y  est  d'un  corté;  et  c 


ET   DISSERTATIONS.  381 

Hus  en  argent  «  avec  son  dicton,  arrest  et  supplice,   et 
a  est  ladite  pièce  singulière  et  origînalle.  » 

Les  monnaies  curieuses  de  TEstoile  étaient  le  teston 
morveux  d'Orléans,  dont  j'ai  parlé  au  commencement  de 
ce  paragraphe,  le  quart  d'écu  frappé  à  Saint-Quentin, 
pro  Christo  et  rege,  en  1589  par  le  duc  de  Longue  ville -, 
le  teston  de  Henri  11  frappé  à  La  Rochelle  sur  lequel 
«  l'esclat  de  la  lance  dont  il  fust  frappé  en  Yœil  s'y  void 
«emprainte'  >.  le  pistolet  du  pape  Jules  II,  à  la  légende 
«  Bonia  paier  Julius  a  tyranno  libérât^  que  FEstoile  con- 
«  sidère  comme  la  réponse  au  perdam  Babyhmis  nomen  de 
a  Louis  XI Ij  laquelle  pièce,  ajoute-t-il,  qui  est  rare  et  se 
a  trouve  à  grande  difficulté ,  j*ay  dès  longtemps  et  la  garde 
«  soigneusement  ;  mais  désirerois  bien  que  le  pistolet  de 
a  Jules  lui  tinst  compagnie  (que  je  ne  crois  pas  estre  si  mal- 
«  sdsé  à  recouvrir  que  le  ducat  du  perdam)  ;  et  pourtant  ay 
a  mis  gens  en  besongne  pour  le  trouver.  M.  de  Montaut  en 
«  a  recouvert  depuis  peu  de  temps  un  par  hasard,  d'un 
«  orfèvre  qui  ne  scavoit  que  c'estoit  non  plus  que  lui,  des 
«  mains  duquel  (il  le  vouloit mettre  au  rebut),  ilseroitbien 
«  malaisé  aujhourdui  de  le  tirer.  »  Notons  encore  la 
pièce  d*or,  pesant  3  écus  du  roi  d'Angleterre  Jacques  I", 
avec  la  légende  faciam  eos  in  yentem  unam  autour  des 
armes  de  France,  d'Ecosse  et  d'Irlande,  et  la  pièce  des 

M  Paatre  au  revers  de  ladite  pièce  y  a  un  ange  figuré  tenant  d'une  main  la 
••  croix  et  de  Tautre  une  espée  avec  laquelle  il  tue  et  assasaine  force  gens,  et  y 

-  a  escrit  :  Ug<motorum  strage»  1572.  J'ai  trouve  cette  pi^ce  si  paj>ale  et  si  rc- 
«•  marquabUf  qu*aiaDt  acheté  eu  plomb  un  teston,  V&y  fait  nioult^r  en  or  an  dit 
«  fondent,  et  baillé  six  escus  que  j*ay  retirés  de  la  vente  de  quelques  ptrtites 
••  pièces  d*or  et  d'argent  que  j'avois.  »• 

1  «  Ce  que  pensant  estre  avenu  fortuitement  par  défaut  de  coing,  ni  appris 
M  certainement  des  changeurs  et  autres  des  nionnoies  qu'il  a  esté  fait  exprès,  et 

-  qu'il  en  aes»té  frappé  et  forgé  desdits  testons  à  Lu  Koclieih;  en  1550.  » 


382  MÉMOIRES    ET   DISSERTATIONS. 

gtAeus  de  Flandre^  à  la  légendre /!dë/fs  au  royjusques  à 
bezace. 

'  Outre  les  jetons  d'argent  de  chaque  année  renfem 
dans  une  bourse  de  velours  vert,  TEstoile  recueillait  au 
des  jetons  de  cuivre  ou  d'argent  des  familles  :  ainsi  il 
avait  un  a  fort  ancien,  sur  lequel  on  lisait  GuilL  de  Ho 
moranci  premier  baron  de  France  ;  d'autres  d'Anne  de  B 
lagne  «  où  les  fleurs  de  lis  s'y  voient  mi-partis  d'heri 
nes;  »  des  présidents  de  Thou  dont  l'un  avec  la  légec 
redde  rationem  vUlicatiofm  îux;  de  la  reine  Élisab 
femme  de  Charles  IX,  avec  la  légende  spe$  mea  Deus 
œlernum  ;  d'Henri  IV,  en  1600  avec  la  légende  quœ  Cxi 
ris  Cœsari  et  quœ  Dei  Deo^  et  au  revers  m  numeris  orc 
de  G.  du  Bosc  de  Montreville  avec  ses  armes  et  les  m 
au  victorieux  '. 

Je  n'ai  trouvé  aucun  détail  numismatique  dans  le  fn 
ment  du  journal  de  PieiTe  de  l'Estoile  que  vient  d'édi 
M.  E.  Halphen,  et  qui  comprend  l'intervalle  entre  1£ 
et  1602. 

Anatole  de  Barthélémy. 


*  Ce  jeton  qui,  ainsi  que  celui  de  Guillaame  de  Montmorenoj,  fait  p 
de  la  série  du  Cabinet  impérial,  porte  un  cartouche  chargé  d*iine  cnùx  i 
tonnée  de  quatre  lions  ou  léopards. 


■t 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Numismatique  de  Cambrai,  par  C.  Robert.  Paris,  Rollin  et 
Feuardent,  1861,  in-4"  de  48  feuilles  et  56  planches 
gravées. 

M.  Charles  Robert  paraît  s'être  spécialement  appliqué  à  Té- 
tude  de  Thistoire  monétaire  des  villes  françaises  qui,  jadis, 
furent  soumises  à  l'empire  d'Allemagne.  La  Revue  numismatique 
a  déjà  eu,  à  plusieurs  reprises^  occasion  de  signaler  à  ses  lec- 
teurs les  remarquables  travaux  de  notre  savant  collaborateur  : 
nous  avons  vu  paraître  d'abord  les  Recherches  sur  les  monnaies 
des  évêques  de  Toul,  puis  les  Études  numismatiques  sur  une  partie 
du  nord-est  de  la  Fronce;  aujourd'hui,  c'est  Cambrai,  et  nous 
avons  l'espoir  de  voir  un  peu  plus  tard  le  Cambroisis.  puis  une 
nouvelle  édition  des  Monnaies ^  médailles  et  jetons  des  évêques  de 
Metz;  et  enfin  ce  Traité  de  numismatique  gauloise  f  que  tous  les 
archéologues  attendent,  et  qui  réunira  aussi  les  recherches  de 
deux  érudits  dont  les  noms  sont  chers  aux  savants,  MM.  Robert 
et  de  Saulcy. 

Il  n'y  a  pas  d'exagération  à  aflirmer  ici  que  la  Numismatique 
de  Cambrai  forme  une  des  plus  splendides  monographies 
monétaires  que  nous  ayons  vues  depuis  le  beau  volume  de 
M.  H.  Morin-Pons  sur  les  monnaies  du  Dauphiné.  Los  études 
historiques,  les  recherches  numismatiques  spéciales,  la  collec- 
tion des  textes,  le  classement  et  la  description  des  pièces,  enfin 


-à 


38A  nULLETIN    RIBUOGRAPHIQUE. 

la  pei'feclion  des  planches  dues  aux  dessins  originaux  do  l'a 
U*\}v,  tout  concourt  à  justifier  la  distinction  que  rAcadémic  d 
inscriptions  et  belles-lettres  a  décernée  à  cet  ouvrage. 

Cambrai  offre  un  ensemble  de  monuin»^nts  métalliques  i\ 
forment  une  suite  complète  et  variée  comme  son  bisti>ire  mén: 
depuis  répoque  franque  jusqu'à  nos  jours  :  (f  abord  les  tiers 
sou  d'or  mérovingiens,  puis  Tempire  de  Charlemagne.  puis  1 
rois  gprmains.  Viennent  ensuite  les  cvéques  à  dater  du  coi 
mencement  du  x*  siècle  jusqu'au  milieu  du  xvi';  le  chapitre  c 
frappait  monnaie  depuis  1252  pendant  les  vacances  du  siég 
les  monnaies  obsidionales  de  1581,  1595,  1649  et  1657 
monnaies  françaises  de  4588  et  lo89,  le  papi<  r-monnaîe  de 
Révolution;  rien  n'a  échappé  aux  investigations  de  M.  Robe 
qui  a  aussi  recueilli  les  médailles,  les  jetons  et  les  mérea 
relatifs  à  l'histoire  numismatique  de  Cambrai. 

Les  questions  si  délicates  qui  touchent  au  monnayage  ci 
lovingien  et  au  commencement  du  mon^ay^e  féodal,  se 
traitées  par  M.  Rt)bert  avec  une  lucidité  et  une  sobriété  i 
marquables  :  l'auteur  sait  rappeler  les  opinions  contradicteîi 
de  ses  devanciers,  les  discuter  et  exposer  ensuite  son  opin» 
personnelle  avec  cette  courtoisie  académique  que  l'on  aime 
rencontrer  dans  les  livres  sérieux. 

Je  hasarderai  une  observation  au  sujet  d'une  opinion  qui  i 
très-généralement  répandue,  et  que  je  retrouve  dans  la  Nwm 
maiique  de  Cambrai  :  cest  qu'à  dater  du  capùulaire  de  Kki 
qui  consacra  r hérédité  des  offices  et  des  bénéfices^  la  fabricati 
de  la  monnaie  commença  à  s'éparpiller. 

Le  ciipitulaire  de  Kiersi,  en  877,  à  mon  avis,  n'avait  d'ani 
but  que  de  reconnaître,  dans  certains  cas^  V hérédité  des  f<m 
lions  amovibles  f  sans  que  la  transmission  héréditaire  de  la  digni 
donnât  de  droits  sur  la  propriété  du  sol.  C'était  quelque  cho 
d'analogue  à  ce  que  l'on  désignait  par  le  nrK>t  survivance  ai 
xvu*  et  xvui'  siècles.  En  feuilletant  les  anciens  historiens,  i 
l'Art  de  vérifier  les  dates,  on  peut  faciloment  constater  que  Th 


^ii 


BULLETIN    lURLlOCRAPHIQUE.  385 

redite  des  fondions  amovibles  existait  bien  avant  8"7.—  A  cetie 
date,  Charles  le  Chauve  partait  pour  Titalie  pour  secourir  le  pape 
contre  les  musulmans  :  il  voulait  auparavant  pourvoir  à  l'admi- 
nistration et  à  la  sûreté  de  ses  États  pendant  son  absence.  Dans 
ce  but  il  convoqua  une  assemblée  solennelle  de  ses  barons,  et 
l'un  des  articles  du  capitulaire  qui  fut  arrêté  dans  cette  réunion 
est  ainsi  conçu  : 

«  Si  un  comte  de  notre  royaume  vient  à  mourir  et  si  son  fils 
«  est  avec  nous,  notre  fils  et  nos  fîdèles  veilleront  à  choisir  parmi 
a  les  plus  proches  parents  du  défunt  la  personne  qui  adminis- 
«  trera  le  comté  de  concert  avec  les  officiers  et  Tévéqne  jusqu'à 
«  ce  que  y  averti  du  fait,  nous  ayons  pu  confier  à  l'héritier  du 
«  défunt,  notre  compagnon,  les  dignités  de  son  père.  Si  le  dé- 
a  funt  a  un  fils  puîné,  celui-ci  administrera  de  concert  avec  les 
«  officiers  du  comté  et  Févéque  jusqu'à  ce  que  nous  en  ayons 
a  décidé.  Si  le  défunt  ne  laisse  pas  d*hérit»er,  notre  fiis  et  nos 
«  fidèles  choisissent  Tadministrateur  du  comté  qui  fonctionnera 
«  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  avisé  :  et  celui  qui  aura  ainsi  exercé 
«  un  mandat  temporaire,  ne  devra  pas  avoir  de  ressentiment  si 
«  nous  choisissons  ensuite  un  autre  que  lui.  » 

Un  autre  article  du  même  capitulaire  édicté  que  «  si  un  de 
«  nos  fidèles  veut  renoncer  au  monde,  et  s'il  a  un  fils  ou  un 
«proche  parent  qui  puisse  dignement  servir  Tlitat,  il  cou- 
«  viendra  de  donntT  ses  dignités  à  celui  qu'il  préfén  ra.  Et  s'il 
«  veut  se  retirer  paisiblement  dans  son  aieu,()n  ne  doit  y  mettre 
«  aucun  empêchement,  ni  exiger  dorénavant  de  lui  d'autre  obli- 
a  gaUon  que  celle  de  défendre  le  pays.  » 

Nerésulte-til  pas  de  ces  textes  que  le  capitulaire  de  Kiersi 
mentionne  simplement  une  faveur  destinée  à  récompenser  les 
compagnons  d'armes  de  Charles  le  Chauve,  et  par  conséquenl 
une  exception?  Remarquons  aussi  que  le  roi,  en  admettant  le 
cas  où  le  fils  peut  succéder  aux  dignités  du  père,  se  réserve 
expressément  le  droit  d'investiture  qui  maintient  à  la  fonction 
son  caractère  d'amovibilité. 


380  BULLETIN    BIBUOGRAPHIQUE. 

La  thèse  que  je  propose  dans  les  lignes  qui  précèdent  i 
étudiée  plus  tard  avec  détail  :  subsidiairement  j*essayerai 
fixer  le  véritable  point  de  départ  du  monnayage  féodal  :  je 
hâte  d'ajouter  que  cette  divergence  d'opinion  que  je  soume 
mon  savant  confrère  ne  porte,  par  le  fait^  que  sur  un  point  1 
secondaire  de  son  beau  travail  ;  en  le  suppliant  de  me  pardoi 
mon  importunité,  il  me  permettra  de  rendre  encore  utie 
hommage  au  mérite  de  son  livre  et  à  la  sûreté  de  ses  ap 
ciations. 

Anatolb  db  Barthblem' 


t 


CHRONIQUE.  387 


CHRONIQUE. 


PRIX  DE  NUMISMATÏQUE. 

Dans  sa  séance  du  3  août,  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles  lettres  a  décerné  le  prix  annuel  de  numismatique  fondé 
par  Allier  de  Haute  roche  à  M.  Henry  Colien  pour  son  ouvrage 
intitulé  :  Description  historique  des  monnaies  frappées  sohs  rem- 
pire  romain. 

Elle  a  aussi,  dans  le  concours  des  antiquités  nationales,  dé- 
cerné une  médaille  à  M.  Ch.  Robert  pour  sa  Numismatique  de 
Cambrai. 


MONNAIES  AUTONOMES  ROMAINES  DE  UÉPOQUE 
IMPÉRIALE. 

Depuis  rimpressibn  de  mon  travail  sur  les  monnaies  auto- 
aomes  de  l'époque  impériale  ',  j'ai  reçu  quelques  communica- 
tions de  Rome  et  de  Turin.  Quoique  les  empreintes  de  médailles 
]iii  m'ont  été  adressées  d'Italie  ne  fournissent  que  deux  types 

»  Voyez  iuprày  p.  197  et  suiv. 


■m 

■  M 

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7tî 


388  CHRONIQUE. 

nouveaux,  j'ai  cru  utile  dVn  donner  ici  l'indication  et  le  poii 
m  me  référant  aux  numéros  d'ordre  de  mon  mémoire. 

3.  —  FIDES  EXtRClTVVM.  Deux  mains  jointes. 

ij).  CONCORDIA  PRAETORIANORVM.  La  Concorde  deboi 

^. 

Poids ^  Turin,  collection  du  roi,  3'',3o\  pièce  fourrée,  cli 
M.  Hoffmann. 

7.  -  FIDES  EXERCITVVM.  Deux  mains  jointes. 

ij\  FIDES  PRAETORIANORVM.  Même^ype.  Jfi. 

Poids,  Rome,  bibliothèque  du  Vatican,  3«% 37,  3«%40,  3»% 
et3«s46;—  Turin,  collection  du  roi,  S^'jlO. 

8.—  VESTA  P.R.QVIRITiVM.  Buste  de  Vesta. 

^\  FIDES  EXERCITVVM.  Deux  mains  jointes.  M> 

Poids,  Rome.  3«',I6;  —  Turin,  collection  du  roi,  3«',29. 

i<i.  —  VESTA  P.R.QVIRITIVM.  Buste  de  Vesta. 

îf.  Ï.O.MAX.CAPITOLINVS.  Ju  piter  assis  dans  un  temple.  ,J 

Poids,  Turin,  collection  du  roi,  2'%50. 

17.  —  ROM  A  RESTITVTA.  Buste  de  Rome. 

if.  IVPPITER  U(be)Rk(tor).  Jupiter  assis.  ^. 

Poids,  Turin,  collection  du  roi,  3*^55. 

23  —  GENIO  P.  R.  Tête  du  Génie  du  peuple. 

ij\  MARTI  VLTORI.  Mars.  Jfi. 

Poids,  ma  collection,  3'%35,  pièce  récemmnient  achetée 
M.  Hoffmann. 

30.  —  BON.EVENT.  Tête  de  la  Félicité. 

ij;\  PACI  P.R.  Deux  mains  join'es  tenant  un  caducée.  M. 

Poids,  Turin,  musée  Lavy,  3«',I0.  Museo  numism.  Lai 
vol.  II.  p.  78,  n-  846. 

36.  —  LIBERC^oj)  P.R.  Buste  de  la  Liberté  à  droite. 

])).  RESTITVTA.  Bonnet  de  la  Liberté  entre  deux  poignan 

Poids,  Rome,  3«',22. 

Cette  pièce  ne  se  trouvant  pas  au  Cabinet  de  France ,  ni 


CHRONIQUE.  389 

Vienne,  ni  à  Londres ,  nous  n'en  avions  pu  indiquer  le  poids 
(suprày  p.  310).  Nous  en  mettons  ici  un  dessin  sous  les  yeux 
des  lecteurs. 


39.  —  BON  E(v€rU).  Tête  de  Bonus  Eventus. 

1)1.  ROM.RËNASG.  Rome  debout. 

Poids,  Turin,  collection  du  roi,  3*%5I . 

të.—  MARS  VLTOR.  Tête  casquée  de  Mars. 

^.  SIGNA  P.R  Aigle  romaine  près  d'un  autel,  entre  deux 
enseignes  militaires.  M- 

Poids,  Rome,  3«',10,  2«%12  *  et  3«%26;  —  Turin,  collection 
du  roi,  2«%95,  pièce  usée; — tbid.,  musée  Lavy,  2«',70.  Museo 
nttmism,  Lavy,  vol.  II,  p,  78,  n°  847. 

55.  —  LIBERTA8  RESTITVTA.  Tête  de  la  Liberté. 

f^.  S.P.Q.R.  sur  un  bouclier  dans  une  couronne  de  chêne.  M» 

Poids,  Rome,  3«',58. 

62.  —  ROMA.  Tête  nue  de  Rome  à  droite. 

ij,  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  chêne.  ifV.. 

Poids,  Turin,  collection  du  roi,  3«%17. 

Cette  pièce  n'a  été  décrite  [suprà,  p.  217)  que  d'après  Mo- 
rell;  nous  en  mettons  un  dessin  sous  les  yeux  du  lecteur. 


^  Je  swB  porté  à  croire  qae  Texemplaire  pesant  seulement  21^,12  doit  être 
une  pièce  fonrrée,  à  moins  que  ce  ne  soit  un  exemplaire  rogné  et  us^ 

1862.-5.  27 


391)  CHRONIQUE. 

Cl.  —  SALVS  GENERÎS  HVMANl.  Victoire  à  gauche. 

ij\  S.P.Q.R.  dans  une  couronne  de  chêne.  J^. 

Poids,  Rome,  3«%27;  —  Turin,  collection  du  roi,  3*^,4 

73.  —  i.o  M  .CAPITOLINVS.  Ruste  de  Jupiter. 

r\  VESTA  P.R.QVIRITïVM.  Vesta  assise.  J^. 

l»oids,  Rome,  3«%48. 

Toutes  les  pièces  décrites  ci -dessus  con^me  existant  à 
font  partie  des  coilectii>ns  du  Vatican.  Les  empreintes  obt 
de  la  complaisance  de  M.  Tessieri,  conservateur  du  métlj 
pontific4d,  nronl  été  envoyées  par  M.  Joseph  Lovatti,  qui 
sure  que  toutes  ci*s  pièces  sont  d'argent  et  non  fourrées, 
me  reste  des  doutes  que  relativement  k  un  des  denit-rs  d 
sous  le  n*  4.%.  Quant  au  deuiir  n*  8,  gravé  pi.  Vil,  n*  7,d< 
connaissais  déjà  trois  exemplaires  d*argent,  à  Vienne,  à  ' 
et  à  Berlin,  il  est  égalcuunt  d'argent.   M.  Cohen  (  Vile 
n"  102),  ne  l'ayant  décrit  que  d'af>rès  Morell,  supposai 
c'était  une  pièce  fourrée. 

Quant  aux  médailles  des  diverses  collections  de  Turin 
dois  la  communication  à  M  A.  Fabretti. 

Les  quatre  pièces  de  Turin  indiquées  dans  mon  mémoir 
n**  3,  7,  8  et  48,  font  partie  du  médaillicr  de  TUniversii 
Turin.  Dlacas  d^Vcl 


Ayant  nçu  de  M.  Vabhé  Cavedoni  quelques  observs 
nouvelles  sur  les  niédailles  autonomes  romaines,  je  me  sui: 
pressé  de  traduir»^  ces  observations  de  Titalien  en  français 
les  communiquer  aux  lecteurs  de  la  Revue.  J.  ^ 


J  ai  lu  avec  un  véritable  plaisir  le  mémoire  numisnia 
de  M.  le  duc  de  Dlacas ,  intitulé  :  Essai  sur  les  médailles  < 
nomes  romaines  de  iépoqae  impériale.  Ce  travail, ren) pli  ded 
et  judicieuses  remarques,  m'a  d'autant  plus  intéressé  que 
m^me  j'avais  parlé  de  ces  médailles  à  deux  reprises  diffère 


CHRONIQUE.  â9l 

trabord  «lans  le  Bulletin  archéologique  de  Naples^nnnée  V,  1847. 
p*  8 ,  et  ensuite  dans  les  Annales  de  f  institut  de  correspon- 
dance archéologique,  t.  XXUI,  1851,  p.  44»  251. 

En  tous  points  je  ine  range  à  Tavis  du  savant  auteur,  même 
quand  il  dit  que  j'ai  eu  tort  de  manifester  qb  léger  scrupule  h 
rencontre  d'un  avis  de  M.  Cohen  qui  restitue  à  l'époque  de 
(jalba  deux  deniers  au  type  do  la  famille  Junia  *.  Toutefois  je 
ne  saurais  admettre  la  supposition  de  M.  Mommsen,  adoptéo 
par  M.  le  duc  de  Blacas,  qu'une  partie  des  monnaies  fourrées 
de  cette  série  aurait  été  émise  avec  l'autorisation  du  sénat 
romain  (  cf.  Bull.  arch.  italiano,  anno  I,  p.  58). 

Ce  qui  est  remarquable  daus  celte  séi  ie,  c'est  l'imitation  ser- 
vile  des  tètes  et  drs  types  des  monnaies  de  la  république,  imi- 
tation que  je  serais  tenté  d'appeler  un  plagiat  numismatique. 
Ces  types  appartiennent  pour  la  plupart  au  vu*  siècle  de  Rome  et 
aux  premières  années  du  siècle  suivant.  L'auteur  a  déjà  fait  cette 
remarque;  j'ajouterai  ici  quelqiK^s  autres  observations  à  l'appui 
de  ses  raisonnements  pour  prouver  les  emprunts  dont  il  s'agit, 

16.  —  VIRT.  Tête  de  la  Valeur  roitféc  d'un  casque  décoré  de 
deux  ornements  en  forme  de  spirale.  Ce  type  ressemble  beau- 
coup à  celui  des  deniers  qui  portent  les  légendes  L.IVLI.L.F. 
CAESAR  et  Q.THERM.M.F.,  sinon  que  sur  ces  deniers  le  casque 
est  orné  en  plus  de  deux  plumes. 

17.  —  ROM  A  RESTITVTA.  Buste  de  Rome  avec  un  casque  à 
crinière.  Ce  casque  ressemble  tout  à  fait  à  celui  de  la  tête  qui  fîgun^ 
sur  les  deniers  portant  la  légende  M.  POBLICLLEG.PRO  PR. ,  frap- 
pés en  Espagne  Tan  679  pour  le  service  de  l'armée  de  Pompée. 

^.  —  La  corne  d'abondance  placée  près  de  l'épaule  droite  du 
Génie  du  peuple  romain  est  un  attribut  pris  de  la  figure  debout 
du  même  Génie  représenté  sur  les  deniers  de  P.  Lentulus  : 
P.LENT.P.F. 

28  et  29. — ROM  A.  Tête  de  la  déesse  Rome  avec  les  cheveux, 

>  Suprà,  p.  228. 


*  m 


392  CHRONIQUE. 

tressés,  relevés  et  réunis  par  un  nœud  sur  le  sommet.  Cette  d 
position  est  une  imitation  de  la  tète  de  Rome  des  deniers 
Caton  :  M.GATO  PRO  PR.,  frappés  en  Afrique  en  l'an  707  f 
Caton  d'Utique. 

39.  —  BON.EVENT.  Tête  de  Bonus  Eventus  avee  un  lar 
bandeau  sur  le  front.  La  légende  et  la  tète  sont  copiées  des  d 
niers  de  Scribonius  Libo.  Ce  bandeau  sur  le  front  donne  à  co 
naître  que  la  statue  de  Bonus  Eventus  était  dans  l'origine  i 
ouvrage  de  travail  étrusque.  Cf.  Ragguaglio  dei  ripoBiig> 
p.  128. 

40.  —  SALVS  PVULICA.  La  tète  laitrée  de  la  Santé  est  copi 
de  celle  qui  se  voit  sur  les  deniers  de  H.  Acilius,  ACILIVS 
VIR,  magistrat  monétaire  vers  Tân  700  de  Rome. 

54  et  55.  —  LIBERTAS  RESTITYTA.  La  disposition  des  ek 
veux  de  la  Liberté  est  celle  qui  se  voit  sur  le  denier  de  M.  Brut 
ayant  au  revers  le  consul  marchant  accompagné  de  trois  l; 
teurs. 

Maintenant  je  dirai  quelques  mots  des  types  et  des  symbo 
particuliers. 

9.  —  Le  sanglier  désigné  sous  le  nom  de  sus  gallicus  devn 
ce  me  semble,  être  nommé  plutôt  sus  celiibertcuSf  par  la  rais 
que  le  sanglier  était  l'enseigne  propre  à  la  Tarragonaise  et  p 
ticulièrement  à  la  ville  de  Clunia*.  Cf.  Borghesi,  Decad.y^ 
oss.,  9,  10. 

1  C'est  ravis  d*Kckhel  {D,  N,,  VI,  p.  298},  et  Vên  ne  peut  BÎer  <iae  le  p 
ne  soit  an  emblème  de  la  Tarragonaise  ;  il  figure  sur  les  médailles  colonii 
de  Clonia.  Flqrez,  MedalUu  de  Espana,  Ub.  XX,  n*  4*  Ce  fat  à  Clnnia  < 
Galba  reçut  les  auspices  et  les  présages  les  plus  favorables  poor  l'engage 
prendre  les  rênes  de  Tempire.  Sueton.^  Galba ,  9.  Il  existe  une  médaille 
grand  bronze  dont  le  type  fait  allusion  à  ce  fait  :  HISPANIA  CLVJs 
SVL.S.C.  L*emperear  assis  tenant  le  parazoniam  ;  en  face ,  VEuptiffiB  f 
sonnifiée  debout,  la  tête  toarrelée  et  tenant  une  corne  d'abondance» 
présente  la  Victoire.  Eckhel ,  D.  iV.,  VI,  p. 294.—  Cohen,  JfofMioéM  dt  fm 
romain,  1. 1^  p.  232,  et  pL  XIII,  n*  130.  —  Flores  {L  cil.,  tak.  LVHI ,  n*  t 
publié  une  médaille  à  légende  celtlbérienne,  au  reven  de  laqneUe  est  rsf 


/ 


CHRONIQUE.  393 

5.  —  Le  lituus  à  large  ouverture  placé  derrière  la  tète  de  la 
Gaule  paraît  être  Tinstrument  qu'on  désignait  sous  le  nom  de 
x^ov,  xdipvuC,  et  qui  est  appelé  (toLk-Kv^fi  ISuxpui?^^  par  Diodore  de 
Sicile,  Bisi.,  V,  30.  Cf.K.O.  Mûller,  DieEtrusker,  t.  II,  p.  207, 
909,  211. 

14.  —  VESTA  P.R.QVlRmVM.  Vesta  se  trouve  naturelle- 
meot  associée  à  Jupiter  Capitolin,  I.0.M.CAPIT0L1NVS,  parce 
que  les  Romains  avaient  l'habitude  de  jurer  par  Jupiter  Capitolin, 
par  Vesta  et  par  Mars  Pater.  Cf.  Bull.  arch.  Nap.,  ann.  V, 
p.  8. 

52.  —  S.P.Q  R.  Légende  inscrite  autour  d*un  bouclier  rond 
posé  sur  deux  hastes  croisées  en  forme  d'X.  L'auteur  a  oublié, 
dans  sa  description,  de  signaler  les  deux  hastes  croisées  placées 
sous  le  bouclier,  quoique  dans  le  dessin  (pi.  IX,  n*39)  elles 
soient  bien  visibles,  et  encore  plus  distinctement  indiquées  sur 
la  médaille  correspondante  de  Galba»  dans  la  gravure  de  Morell. 
(Fam.  Sul/ncia^  tab.  II,  F.  — Cf.  Cohen,  Médailles  impérialeSf 
1. 1,  p.  219,  n*"  9).  Le  bouclier  joint  aux  deux  hastes  ou  à  la 
haste  et  au  parazonium  étalent  les  insignes  distinctifs  du  prince 
de  la  jeunesse,  princeps  juventutù,  titre  donné  à  Auguste  après 
la  bataille  d'Actium  et  qui  aura  été  probablement  conféré  aussi 
à  Galba,  quoique  déjà  avancé  en  ftge,  dans  le  moment  où  il 
86  contenta  de  changer  le  titre  de  legaius  en  celui  de  César. 

■enté  un  cavalier  portant  renseigne  snrmontée  dn  sanglier.  Le  sanglier  figure 
aoMÎ  sur  lee  deniers  de  la  famille  Cœlia,  près  d*une  enseigne  qui  porte  la 
légende  HIS(pama}.  Voir  Cohen,  Médaillée  de  la  république  romaine^  pi.  XIII, 
CaUa,  n**  5  et  sniv.  —  Cf.  oe  que  dit  M.  de  la  Saussaye  {Revue  mm  ,  1840, 
p,  SS9)  sur  les  rares  médailles  de  Celti,  d'Obulco  et  d^Ostur  au  type  du  san- 
glier. —  Cest  Tanalogie  du  type  de  la  médaille  de  Vienne  n*  2  avec  celui 
da  denier  n*  5,  où  l'on  voit  aussi  renseigne  surmontée  du  pore  au  revers  du 
bnate  de  la  Qaule,  qni  a  engagé  M.  le  duo  de  Blacas  à  reconnaître  de  préfé- 
rence sur  les  deux  pièces  le  eue  galUcue^  et  en  se  fondant  sur  les  recherches 
de  M.  de  la  Saussaye,  Revue  uum.,  1840,  p.  240  et  suiv.  Tout  en  inclinant 
phitdt  pour  la  Gaule,  il  se  pourrait  toutefois  qu*un  des  sangliers  se  rapportât 
à  l'Espagne,  tandis  que  Tautre  serait  l'emblème  de  la  Gaule.  J.  W. 


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39A  CURONIQUE. 

Suelon,  ea/6a,  41.  —  Cf.  Annales  de  l'Institut  arch.,  t.  XVIII, 
4846,  p.  425-128,  elt.  XXHl,  p  250,  n'  9. 

63.  —  SALVS  GENERIS  UVMANI.  Galba  fut  acclamé  pai 
raccord  du  genre  humain ,  coi»er»ttô  generis  humani^  dit  Tacite 
{Hht.y  1,  30);  et  dans  une  inscription  de  la  grande  Oasis 
{Corpus  inscr.  gr.,  n*  4957,  vs.  7  et  65),  il  est  dit  qu'il  parut 
pour  le  salut  de  tout  le  genre  humain ,  in\  t^  ot^n^pt^  toû  rsvto^ 
(iveptiTTcov  Yévouc.  —  Cf.  Ann.  de  VhiSt.  arch.yi.  XXllI,  4854, 
p.  249,  n°  6. 

69.  —  SALVS  ET  LIBERTAS.  Pallas  debout,  tenant  une  hastc 
dans  la  main  droite  et  de  la  gauche  appuyée  sur  un  bouclier, 
peut  recevoir  Tépithète  de  Pallas  Hygie  (Vy^^**)  o"  Medica,  Toii 
Paciaudi,  Monum.  Pelopon,,  t.  II,  p.  455. —Cf.  Corp.  inser, 
gr.,  n°  475. 

73.  — I.O.M.CAPITOLINVS.  Buste  de  Jupitrr  barbu  et  dia- 
dème, avec  une  petite  palme  placée  sur  la  poitrine.  Cette  parti- 
cnlaritésc  rapporte  à  un  rite  sacré;  le  triomphateur  devait  au 
Capitole  poser  une  palme  ou  une  branche  de  laurier  sur  tes 
genoux  de  Jupiter,  laurum  aut  palmam  deponebat  in  Capitolio, 
palmam  dabat ,  lauream  in  gremio  Jovis  Capitolini  collocabat, 
Marini,  Fratres  Arvaies,  p.  642. 

Puissent  ces  courtes  observations  être  agréées  par  Fauteur  du 
mémoire  sur  les  médailles  autonomes  romaines  comme  un 
hommage  rendu  à  ses  recherches  pleines  de  sagacité  et  d'éru- 
dition ! 

C.  Cavedori. 


NÉCROLOGIE. 


La  fieme  vi^nt  de  perdre  un  de  ses  plus  anciens  et  plus  zélé 
collaborateurs,  M.  le  baron  de  Crazannes,  décédé  à  Castelsar 
razin  lé  15  août  dernier,  alors  qu'il  venait  de  voir  s'accomplii 
sa  quatre-vingtième  année. 


CHRONIQUE.  305 

Jean-Marie-César-Al  xandre  Chaudruc  de  Crazan nos  était  né 
au  château  de  Grazannes,  près  de  Saintes^  le  31  juilH  n82.  H 
fit  ses  études  au  collège  militaire  de  Sorrèze;  mais  il  embrassa 
une  carrière  civile.  D'abord  secrétaire  du  préfet  du  Gers,  il 
devint  ensuite  secrétaire  général  de  la  préfecture  d'Orléans, 
puis  sous  préfet  à  Figeac,  à  Lodève,  à  (^stelsarrazin ,  maître 
des  requêtes  au  conseil  d'État. 

Il  avait  été  aussi  inspecteur-conservateur  du  musée  d'Antiqurs 
de  la  Rochelle,  et  eut  toujours  pour  l'archéologie  une  passion 
qui  survécut  à  ses  emplois.  Nommé  chevalier  de  la  Légion 
d*honneur  en  1814,  il  fut,  trente  et  un  ans  plus  tard,  promu  au 
grade  d'officier.  11  était,  depuis  le  9  mars  1808 ,  correspondant 
de  la  Société  impériale  des  antiquaires  de  France,  et  depuis 

1837.  correspondant  de  Tlnstitut,  Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres. 

Outre  divers  écrits  littéraires,  M.  de  Grazannes  a  publié  un 
travail  intitulé  :  Antiquités  de  la  ville  de  Saintes  et  du  déjmrte- 
ment  de  la  Charente-Inférieure,  1820,  et  des  articles  nombreux 
dans  la  Revue  arcliéologique ,  la  Revue  d* Aquitaine  et  autres  re- 
cueils périodiques.  Geux  qu'il  a  donnés  à  notre  Revue  se  classent 
ainsi  : 

1838.  Nouveaux  éclaircissements  sur  P attribution  d  une  monnaie 
de  Béam.  —  Triens  mérovingiens  des  villes  d'Auch ,  Bazas  et 
Saintes.  —  Médailles  gauloises  trouvées  à  Saintes.  —  Lettre  sur 
les  médailles  des  Saiitons, 

1839.  Lettre  sur  les  monnaies  gauloises  au  type  de  la  roue  ou  de 
la  croix.  —  Monnaies  mérovingiennes  de  Cahors.  —  Monnaies 
épiscopales  et  municipales  de  Cahors,  —  Notice  sur  un  piéfort 
frappé  à  Figeac  par  le  Prince  Noir. 

1842.  Médaille  Contoutos. 

1844.  Attribution  à  Solonium,  Solonum  ou  Solo  de  la  médaille 

avec  la  légende  SOLLOS.  —  Sur  la  monnaie  des  évêques  de 

Lodève. 


306  CHRONIQUE. 

1845.  Notice  sur  une  médaille  inédite  de  LucteriuSj  chej 
Cadurci. 

1847.  Attribution  aux  Elusates  d'Aquitaine  d'une  monnaie 
vie  sur  leur  territoire. 

1848.  Sur  une  médaille  d'André  Grittiy  doge  de  Venise. 

1849.  Médailles  de  Marseille.—  Triens  de  Toulouse. 

1850.  Cabellioet  Abellio. 

1851.  Deniers  de  Cahors. 

1854.  Denier  d'Amauri  II,  comte  de  Fezensac. 

1855.  Monuments  graphiques  sur  le  protestantisme. 

1856.  Du  cheval-enseigne  sur  les  médailles  gauloises,  et  p 
culièrement  sur  celles  de  F  Aquitaine. 

1857.  Note  sur  la  découverte  faite  en  Normandie  d'une  moi 
d'or  classée  parmi  les  médailles  de  Pannonie. — Lettre  â  A 
Witte  sur  quelques  médailles  des  deuxTétricus.  —  Lettt 

à  M.  Adr.  de  Longpérier}  au  sujet  de  sa  dissertation  sw 
barré  de  Henri  IV. 

1858.  Sur  un  statère  d'or  de  Philippe  II,  roi  de  Maeédi 
découvert  en  Saintonge. 

1859.  De  l'emploi  alternatif  de  deux  différentes  monnaies 
gneuriales  du  moyen  âge  dans  les  mêmes  actes. 

1860.  Lettre  sur  un  médaillon  d'or  de  Constantin  le  Jeune. 

M.  le  baron  Chaudnic  de  Crazannes  portait  à  notre  re 
UD  vif  intérêt  qu'il  n'a  cessé  de  manifester  jusqu'à  la  fin  ( 
vie,  tant  par  sa  constante  collaboration  que  dans  la  vaste 
respondance  qu'il  entretenait  avec  les  anciens  et  nouvi 
directeurs  de  la  Revue,  et  un  grand  nombre  de  savants  i 
quaires  de  tous  les  pays. 

A.  L. 


MÉMOIRES  ET  DISSERTATIONS. 


DISTATËRE  D'OR  DE  PHILIPPE  II, 

ROI  DE  MACÉDOINE. 


Dans  son  bel  ouvrage  sur  la  Numismatique  SAlérmndre 
et  de  Philippe^  M.  Muller  dit,  à  propos  des  monnaies  de 
ce  dernier  prince  :  «  Il  n'existe  point  de  doubles  statëres 
«  de  Philippe  H  comme  il  en  existe  d* Alexandre  le  Grand. 
«Une  pièce  d*or  fourrée  qui  se  trouve  dans  le  musée 
((  Tborwaldsen  '  fait  pourtant  conclure  que  de  telles  mon- 
if  naies  avaient  été  frappées  '.  » 

La  magnifique  pièce  que  nous  publions  aujourd'hui  et 
qoi  Be  trouve  entre  les  mains  de  MM.  Rollin  et  Feuardent, 
vient  combler  la  lacune  que  le  savant  antiquaire  de  Co- 
penhague signalait  dans  la  série  monétaire  du  premier 

*  Millier,  Description  des  médailles  du  musée  Tltorwald^en^  p.  101,  n*  608. 

*  Numismatique  d* Alexandre ^  p.  336,  note  7. 

1862.  ~  6.  28 


S98  MÉMOIRES 

auteur  de  la  puissance  macédoni 
au  nom  et  aux  types  de  Philippe 
travail  et  indubitablement  frappé  < 
prince  dont  il  porte  la  légende.  C< 
tfaenticité  ne  saunût  être  mise  ui 
ne  pèse,  dans  Tétat  actuel,  que 
simples  statères  de  Philippe  donnei 
pour  le  taux  normal  du  distatère , 
celui  que  le  père  d'Alexandre  emp 
d*or  ;  mais  elle  a  notablement  per 
par  suite  du  trou  dout  elle  est  per 
lime  qui  se  remarque  sur  le  bord 
la  tète  d* Apollon. 

Le  lieu  d'émission  est  indiqué  p 
que  Ton  voit  au  revers  sous  les 
traînent  le  bige  allusif  aux  victoi 
jeux  d'Olympie.  M.  Mùller  *  îitlriL 
de  Tbessalie,  ville  célèbre  par  le  h 
attirait  constamment  un  grand  cou 
daos  le  peiit  type  du  serpeni ,  figu 
grand  nombre  de  pièces  de  Philipj 
porte,  selon  nous,  de  distinguer 
cliiïérenles,  que  M.  Mûlleracoofo 
est  représenté  dressant  sa  tète  et  i 
sur  sa  queue  enroulée  en  un  seul 
lude  de  vigilance  qui  est  donné 
monuments  antiques  au  serpent  à*. 
sur  notre  distatère,  il  déroule  ses 
un  mouvement  presque  horizontal 


*  ^s'umiivialiqu'  d'Al^randre^  p.  18H. 

«  Sirab.,  LX,  p.  437.  —  Themisl.,  Orat.,  S 


£T   DISSERTATIONS.  S09 

eDDemi,  attitude  qui  ne  saurait  convenir  à  la  couleuvre 
sacrée  du  dieu  de  la  médecine.  Ce  sont  deux  symboles 
distincts  et  qui  ne  doivent  pas  désigner  le  même  atelier 
monétaire.  Entre  les  deux,  il  y  a  au  moins  autant  de  diffé- 
rence qu'entre  les  deux  casques  qui,  sur  les  pièces  des 
mêmes  rois  désignent,  l'un  Scioné  de  Macédoine  ',  l'autre 
Mésembria  de  Thrace  ',  qu'entre  les  deux  tridents  qui  dé- 
signent, l'un  Pbalasarna  de  Crète*,  et  l'autre  Priène 
d'Ionie*.  Le  serpetit  d'Esculape  se  retrouvant  comme  sym- 
bole accessoire  sur  les  monnaies  de  rois  de  Macédoine 
postérieurs  au  partage  de  l'empire  d'Alexandre  •,  ne  peut 
être  que  la  marque  d'une  ville  de  la  Macédoine  proprement 
dite  ou  de  la  Thessalie,  et  par  conséquent  on  doit  y  recon-> 
naître  avec  M.  MûUer  l'indication  de  l'atelier  de  Tricca^ 
Le  serpent  s  élançant  sur  sa  proie  se  rappoite  à  une  cité  où 
Philippe  II,  Alexandre  et  Philippe  Arrhidée  ont  seuls  battu 
monusâe,  c'est-à-dire  à  une  cité  de  la  Grèce  ou  de  la 
Thrace.  Mais  la  véritable  attribution  de  ce  symbole  est 
fournie  par  les  pièces  de  Philippe  •  et  d'Alexandre  ',  où 
Dous  le  trouvons  associé  au  bouclier  béotien.  C'est  une 
seconde  manière  de  désigner  l'atelier  de  Thèbes,  et  on 
doit  y  reconnaître  le  fameux  serpent  de  Mars  qui  gardait 
la  fontaine  de  Dircé  en  dévorant  tous  ceux  qui  en  appro-^ 
cbaient,  que  combattit  et  tua  Cadmus,  et  dont  les  dents, 
semées  en  ferre,  produisii*ent  les  Spartes,  premiers  habi*^ 


1  MUUer,  Alêjondn,  n*  191. 
»  /bl<l.,D- 431-486. 
»  /Wd.,  n»  909. 

*  IbùL,  n-  1026-1032. 

»  MuUer,  atla»,  p.  XXXIV. 

•  Millier,  Philippe,  n«*  203  et  204. 
"î  MiiUer,  Alexandre,  n*  7Ô4. 


AOO 


MÉMOIRES 


tant  S  de  Thëbes  *.  Bien  que  la  plupart  du  temps  les  vill 
n'eussent  qu'une  seule  et  constante  figure  pour  marque  < 
leurs  ateliers  dans  la  numismatique  des  rois  grecs,  il  < 
est  cependant  quelques-unes  que  nous  trouvons  en  possc 
sion  d'un  double  et  triple  symbole,  qui  s'exprime  tant 
par  la  réunion  de  ces  divers  objets  sur  une  même  pièc 
tantôt  par  l'un  ou  l'auti^e  exprimé  isolément.  Ainsi  Amph 
polis  se  désignait  tantôt  par  un  flambeau  de  courte ,  tant 
par  un  bucrane  dont  une  corne  est  élevée  et  Vautre  abahêée 
C'est  de  la  même  manière  que  nous  croyons  que  le  $erpe\ 
de  Mars  et  le  bouclier  étaient  deux  symboles  appartena 
l'un  et  l'autre  à  l'officine  monétaire  de  Tbëbes.  Nous  pei 
sous  même  qu'il  faut  donner  à  cette  ville  le  statëre  < 
Pbilippe  II  '  et  les  deux  drachmes  d'Alexandre  ^,  où  l'on  vg 
un  thyrse  exactement  disposé  comme  sur  le  tétradrachn 
d'Alexandre  %  où  il  est  uni  au  bouclier  béotien^  ne  dés 
gnant  pas  l'alliance  monétaire  avec  une  autre  cité,  ma 
faisant  allusion  au  culte  du  Dionysus  thébain. 

Nous  considérons  donc  le  distatëre  de  MM.  Rollin  < 
Feuardent  comme  frappé  à  Thëbes,  et  cette  attribution  e 
confirmée  par  deux  circonstances  importantes.  La  pn 
miëre,  que  le  style  de  cette  pièce  n'est  eu  aucune  façc 
celui  des  monnaies  de  Pbilippe  fi-appées  en  Macédoine,  c 
Tbrace  ou  en  Tbessaliea  Cette  particularité  se  remarqi 
surtout  dans  la  tète  du  droit,  où  l'on  reconnaît  à  des  sigm 


îfâ 


*  Hellanio.  et  Pherccyd.,  ap.  Schol.  ad  Euripid.,  PhflmïM.,  ▼,  657  et  662.. 
ApoUodoT.,  111,  4,  l.—  Ovid  ,  Metam.,  111,  v.  60  et  seq.  ~  Pansan., IX  5. 
^  Hygin..  Fab.  178. 

»  MttUer,  p.  127-132. 

»  Miiner,  PhUip^^,  n«  268. 

^  MUller,  Alexandre,  n**'  662  et  C63. 

»  /fttJ.,n-75«. 


ET   DISSERTATIONS.  &01 

incontestables  le  travail  d'un  artiste  peu  habitué  à  retracer 
le  type  de  T Apollon  à  cheveux  courts  d^khisœ  dans  la 
Piérie  \  dieu  national  des  Macédoniens,  et  pins  familiarisé 
avec  l'image  de  l'Apollon  intomus  des  Hellènes.  La  seconde 
considération ,  encore  plus  puissante  qne  la  première,  est 
que  l'or  de  cette  pièce  n'est  ni  l'or  rouge  à  0,99  de  fin  que 
Ton  monnayait  tel  qu*il  sortait  des  mines  du  mont  Pangée  ', 
ni  l'or  jaune  à  0,98  de  fui,  que  l'on  distingue  facilement  du 
premier  et  que  l'on  tirait  probablement  des  mines  ouvertes 
par  Philippe  en  Thessalie  '.  C'est  au  contraire  l'or  blanc  et 
fortement  allié  d'argent  des  statères  de  Thèbes,  fabriqués 
peu  de  temps  avant  l'invasion  an  conquérant  macédonien. 
Le  lieu  d'émission  étant  ainsi  déterminé  d'une  manière 
qui  nous  semble  incontestable,  notre  distatère  prend  une 
date  certaine  et  se  rapporte  à  un  événement  historique 
précis.  Ce  fut,  en  effet,  en  338  avant  l'ère  chrétienne,  qu'à  la 
suite  de  la  bataille  de  Chéronée  Philippe  entra  dans  Thèbes, 
qu'il  traita  en  ville  conquise,  et  mit  une  garnison  macédo- 
nienne dans  la  citadelle  de  la  Cadmée  \  C'est  seulement  entre 
cette  date  et  celle  de  336  où  il  mourut,  c'est-à-dire  dans 
un  intervalle  de  deux  années,  que  des  monnaies  purent 
être  frappées  en  son  nom  dans  la  grande  cité  de  la  Béotie. 

François  Lenobmant. 

«  Hi^rodot.,  VII,  123.  —  Ilesycb.,  Suid»  et  Stopb.  Byz.,  v.  i/valo;. 

•Diod.Sic,  XV1,8. 

>  Justin..  YIII,  3. 

♦  Diod.  Sic,  XVI,  87.—  Justin.,  IX,  4. 


&02 


ItfÊUOIRES 


NOTICE  SUR  QUELQUES  PLOMBS  ANTIQUI 


(PI.  XV  et  XVI.) 


Parmi  les  milliers  de  plombs  anliques  qui  m*ont 
sous  les  yeux  depuis  quatorze  ans  «  il  m'a  paru  que 
que  je  publie  ici  ont  quelque  intérêt.  Ils  sont  presqui 
inconnus  et  ils  joignent  à  ce  mérite  celui  d*apparti 
des  classes  diverses,  ce  qui  me  fournira  roccasâon  d 
peler  quelquefois  les  observations  que  j'ai  faites  dans 
ouvrage,  intitulé  :  Piomfn  antirhi,  publié  à  Rome  en 
et  de  corroborer  par  de  nouvelles  preuves  ou  de  dl 
les  opinions  que  j'y  ai  émises. 

Et  d'abord  je  dois  supposer  comme  fait  snffisan 
connu  que  les  anciens  se  servaient  du  plomb  pour  s 
les  actes  publics  ou  particuliers,  pour  faire  des  poids 
tessères  ou  billets  d'entrée  aux  spectacles,  pour  amu 
(ryuXaxr/ipux);  nous  avons  sur  ces  diverses  classes  de  pi 
des  témoignages  indubitables,  et  je  crois  en  avoir  dit 
dans  mes  Plombs  antiques  déjà  cités.  Toutefois  c'est 
que  j'ai  cherché  à  établir  que  les  petits  disques  de  ] 
qu'on  trouve  habituellement  en  si  grand  nombre  da 
terres  aux  environs  de  Rome,  étaient  tous  des  tessè: 
que  j'ai  rangé  parmi  les  essais  de  coins  une  classe  | 
culiëre  de  p1onU)s  qui  pour  les  types  ne  difl^re  en 


ET    DISSËHTATIONS.  A03 

des  monnaies  ;  en  consér^uence  j*étais  d'avis  que  jamais  à 
Rome,  ni  en  Grèce  on  n'avait  frappé  de  monnaie  de  plomb. 
D'ailleurs  je  me  trouvais  précédé  dans  cette  opinion  par 
E.  Q.  Visconti,  Eckhel,  Sesiini,  Labus  et  Stieglitz,  qui  ont 
soutenu  que  tous  les  petits  disques  de  plomb  sans  excep- 
tion aucune  étaient  des  tessères ,  tandis  que  le  plus  grand 
nombre  des  antiquaires  donne  le  nom  d'essais  de  coin  aux 
plombs  portant  des  types  connus  par  les  monnaies.  Je  ne 
savais  pas  que  le  seul  Stieglitz  avait  adopté  une  manière 
de  voir  qui  tient  en  quelque  sorte  le'milieu  entre  ces  opi- 
nions extrêmes.  Il  était  porté  à  cnxire  que  quelques-uns  de 
ces  plombs  pouvaient  avoir  servi  comme  tessères,  non- 
obstant qu'ils  reproduisent  des  types  identiques  à  ceux 
qu'on  trouve  sur  les  monnaies. 

Le  fait  est  que  nous  sommes  obligés  de  reconnaître  dans 
certains  de  ces  plombs  des  monnaies  véritables,  quand 
même  les  types  ne  se  voient  sur  aucun  des  trots  mélaux, 
l'or,  l'argent  et  le  bronze.  Il  est  donc  positif  que  chez 
quelques  peuples  on  frappait  des  monnaies  de  plomb,  que 
ces  monnaies  tenaient  Heu  de  la  monnaie  légale,  soit  que 
certaines  familles  eussent  le  privilège  d'en  frapper,  soit 
que  ce  droit  fût  réservé  aux  smintendants  de  la  monnaie 
pour  un  temps  déterminé  jusqu'à  ee  que,  devenue  nuisible 
au  commerce,  une  telle  mesure  eût  été  supprimée  par  une 
loi.  Nous  trouverons  quelques  exemples  de  ces  plombs 
parmi  ceux  que  je  vais  tâcher  d'expliquer  \  Je  ne  veux  pas 
pour  cela  dire  que^  quelques-uns  de  ces  plombs  ne  sont  pa.s 
l'ouvrage  de  fïiussaires  anciens  dont  le  travail  est  facile 

•  M.  Devillo  {Revue  numigm.,  1846,  p.  165  )  a  dôjà  publié  doux  moniiuies  «l^^ 
plomb  appartenant  aux  anciens  Gaulois.—  Voir  nnssi  svprà,  p.  169  et  170.— 
H.  do  Longpérier  a  signalé  Texistonce  d'autres  monnaies  de  plomb,,  dans  In 
firr<i«  nutnùnnatiqw!  de  ljB61 ,  p.  253  et  408  et  suiv.  J.  W. 


A0&  MÉMOIRES 

à  reconnaître  aux  erreurs  dans  les  légendes  et  à  la  juxl 
position  d'nn  type  au  droit  et  d'un  revers  appartenant 
des  époques  différentes;  je  crois  pouvoir  fournir  de 
exemples  de  ces  plombs  fabriqués  par  des  faussaires. 


I. 


Je  connais  deux  plombs  de  Jules  César  dont  les  rev< 
n'ont  rien  de  commun  avec  ceux  de  ses  monnaies.  Le  pi 
mier  de  ces  plombs  a  été  signalé  par  Stieglitz  *  et  po 
au  droit  la  tête  du  dictateur,  tournée  à  droite;  devj 

DIV ;  derrière,  le  lituus  augurai.  Que  si  Ton  conip: 

ce  type  avec  la  pièce  de  Voconius  Vitulos,  monétaire 
César  •,  on  voit  qu'il  faut  compléter  la  légende  en  lia 
DlVt  JuV.  Stieglitz  lisait  au  revers  SEX.P.IMP.  et  croyai 
voir  une  femme  nue,  plicée  près  d'un  autel  allumé,  ten; 
dans  la  main  droite  deux  cornes  d'abondance,  et  dans 
gauche  un  flambeau  renversé  ;  à  droite  dans  le  champ 
autre  flambeau.  Hais  quelle  que  soit  la  figure,  l'objet  pi; 
dans  le  champ  paraît  plutôt  être  un  carquois  accompaf 
de  Tare  et  non  un  flambeau. 

Le  second  plomb  montre  la  tète  laurée  de  Jules  Ces 

tournée  à  droite;  devant  la  légende  tronquée Dli 

PERPE et  autour  un  grènetis  de  globules  ou  de  perl 

Quant  à  la  légende,  on  doit  la  compléter,  ce  me  seml 
en  la  comparant  avec  Tes  deniers  frappés  par  les  mo 
taires  Lucius  Buca,  Caïus  Maridianns,  Publius  Macer,  el 
la  manière  suivante  :  Caesar  DICT.PCRPEitio  '.  Le  re^ 


'  Arck,  Uuttrsuch.y  pi.  IX,  5. 

'  Cohniif  itonnaies  de  la  république  romaine,  pi.  XLÎI,  Voconia,  n*  2. 

'  Cf.  Cohen,  Monnaies  de  la  république  romaine,  p.  160. 


ET    DISSERTATIONS.  A05 

également  entouré  d*un  grènetis  montre  un  aigle  placé 
sur  un  autel  oméd*une  guirlande  et  au  moment  de  s'en- 
lever de  terre  pour  prendre  son  vol  ;  à  côté  de  lui  est  une 
palme  qui  semble  s'élever  de  l'autel  et  s'incline  vers  la 
droite;  à  côté,  à  droite,  on  litCON.  ou  CONS.  Ce  plomb 
appartient  à  M.  L.  Saulini  (pi.  XV,  n*  1  ). 

Je  remarque  sur  la  première  comme  sur  la  seconde  pièce 
des  abréviations  ou  sigles  insolites.  On  devrait  lire  SEX. 
PIVS IMP.  ou  SEX.POMP.  et  nous  trouvons  au  contraire 
SEX.P.1MP.  et  sur  le  second  plomb  COV,  mot  qui  ne  peut 
avoir  aucun  sens  raisonnable  si  on  ne  le  rapporte  au  cin- 
quième consulat  de  César  qui  tombe  dans  l'année  même 
dans  laquelle  il  se  fit  proclamer  dictateur  perpétuel,  et  qui 
fut  la  dernière  de  sa  vie. 

Je  crains  bien  que  ces  deux  plombs  n'aient  été  fabriqués 
par  des  faussaires  anciens,  et  ce  qui  me  confirme  dans  cette 
opinion  c'est  l'étrange  association  d'un  portrait  de  Jules 
Gésar  divinisé  sur  le  premier  avec  le  nom  de  Sextus  Pompée 
et  les  symboles  de  la  paix,  à  moins  pourtant  qu'on  ne  doive 
mettre  cette  prétendue  monnaie  à  l'année  715,  année  dans 
laquelle  la.  paix  fut  conclue  entre  Octave  et  Sextus 
Pompée. 

Quant  au  second  plomb,  si  Ton  veut  que  la  dernière  des 
trois  lettres  du  revers  soit  un  N  qui  a  perdu  le  jambage 
de  gauche,  le  plomb  ayant  en  effet  souffert  de  ce  côté,  et 
que  par  conséquent  il  faille  lire  CON.^ecra/to,  je  ferai  ob- 
server que  la  légende  du  droit  s'oppose  à  cette  lecture, 
car  avec  la  consécration  se  trouve  toujours  l'épitbète  de 
divus.  Dans  ce  cas  il  faudrait  donc  admettre  que  les  deux 
faces  de  la  monnaie  sont  en  désaccord.  Et  d'ailleurs  il  me 
parait  hors  de  toute  vraisemblance  de  supposer  que  la  lé- 
gende CONSECRATIO  commence,  contre  le  bon  sens,  là  où 


A06  MÉ1I01BES 

elle  devrait  fiDir  ^  D'après  ces  considérations  il  est  ( 
probable  que  les  trois  lettres  COV  doivent  s'interph 
par  GOS.V  ou  bien  encore  que  cette  pièce  est  une  roono 
illégale. 

II. 

Le  plomb  suivant  (pi.  XV,  n*"  2)  appartient  à  H.  U 
Nardoni.  On  y  voit  la  tète  de  Vitellius,  accompagnée 
la  légende  A.VITELUVS  GERM.IMP.AVG.TR.P.  Au  rev 
sont  placés  en  regard  les  portraits  de  ses  deux  fils  ;  aut< 
on  lit  :  LIBERI  IMP.GERH.AVG.  Il  est  singulier  mais  nul 
ment  nouveau  dans  la  numismatique  que  les  deux  chan 
du  droit  et  du  revers  soient  de  diamètres  dilTérents  ; 
droit  c*est  le  module  trois,  au  revers  le  module  cinq.  Je 
terai  comme  exemple  la  monnaie  attribuée  à  Palaciam 
publiée  par  Sestini  \  et  une  pièce  incertaine  de  l'Étru 
dans  la  collection  Kircher  *.  Une  telle  disposition 
rencontre  fréquemment  sur  les  monnaies  frappées 
Sicile  par  les  proconsuls  romains.  Spanheim^  a  I 
graver  un  aureus  aux  mêmes  types  que  le  plomb  que 
publie  ici  ;  mais  le  coin  n'en  est  pas  exactement  semblal] 


1  A  moins  pourtant  qu'il  n^y  ait  eu  là  la  légende  Juppiler  contfrcalor  <m 
consercatori.  J.  W. 

*  Deêcript,   nummorvm    r«<er, ,  tab.   I ,  «•  2.  —  Cf.    Carelli ,  tab.  5 

*  G.  Marclii  e  P.  Te98Îeri,  VuEi  gravt  del  tntiteo  Kirchêrianù^  ineerte,  taT. 
A,n*4. 

*  DeTprr.it,  et  u<u  numt«m.,  II,  p.  327,  <»d.  Amstel.,  1717. —  Xon-tenifir 
le  plomb  publié  ici  o.st  semblable  à  la  pièce  d*or  du  recueil  de  Spanheîm,  n 
aux  autri'8  pièces  d'or  et  d*argent  qui  existent  dans  plusieurs  colleelic 
Voir  Cohen,  Deicriptioix  historique.de»  monnaiet  frappées  êouê  C empire  r^mi 
l,  I,  p.  268.  J.  W 


ET    DISSERTATIONS.  A07 

III. 

Le  plomb  (pi.  XV,  n*  3)  dessiné  par  les  soins  de  Millingen, 
en  la  possession  duquel  il  était ,  appartient  à  Adana  de  la 
Cilide,  ville  dont  les  noédailles  ont  été  illustrées  dans  un 
mémoire  de  l'abbé  Belley  *.  Ce  savant  pense  qu' Adana  est 
la  ville  que  les  anciens  géographes  ont  désignée  sous  le 
nom  A*Antiochia  ad  Sarum.  Il  n'a  connu  aucune  monnaie 
portant  les  types  de  notre  plomb  où  l'on  voit  au  droit  la 
tête  de  Sérapis  et  au  revers  le  fleuve  Sarus  nageant',  ac- 
compagné de  la  légende  :  AAAN€ilN.  Sur  une  autre 
monnaie  de  l'époque  de  Maximin ,  on  voit  la  ville  d'An- 
tioche  de  Cilicie  assise,  ayant  à  ses  pieds  le  fleuve  Sarus  ', 
figurée  comme  Antioche  sur  TOronte.  La  légende  se  lit  : 
HAEIMEINIAN^N  AAANE^N.  Il  me  paraît  hors  de  doute 
que  les  monnaies  que  je  viens  de  décrire,  celle  de  Yitellius 
et  celle  d' Adana,  n'ont  pas  été  frappées  avec  les  coins  lé- 
gaux comme  le  sont  au  contraire  les  nombreuses  pièces  de 
plomb  grecques  et  romaines  qu'on  trouve  chaque  jour  aux 
environs  de  Rome.  Je  me  rappelle  avoir  vu  récemment 
parmi  ces  plombs,  un  entre  autres  à  l'effigie  d'Hiéron,  sem- 
blable à  la  pièce  d'or  gravée  dans  l'ouvrage  de  Torremuzza  * , 
et  un  de  Crotone,  analogue  au  didracbme  d  argent  avec  la 
tète  de  Junon  Lacinienne  au  droit  et  l'Hercule  assis  au  re- 
vers, pièce  publiée  dans  les  planches  de  Carelli  *.  J'ai  fait 

«  Mémoires  de  VAcad.  dee  inscript.  et  belUs-lettref,  t   XXXV,  p.  610  et  8uiv. 
'  Mionnet  (t*  in,p.  562,  n»  121  bis)  décrit  une  pièce  de  bronze  du  mo* 
dule  3,  tout  à  Tait  semblable.  J .  W. 

»  Museo  Tiepolo,  11,  p.  1035.  -  Cf,  Mionnet,  t.  111,  p.  563,  n"  132. 
*  TftH.  XCVIIl,nM. 
»  T»b.  CLXXXIV. 


A08 


MÊMOIBES 


le  catalogue  de  ces  pièces  et  d'un  grand  nombre  d'autres 
dans  le  supplément  que  je  me  propose  de  donner  à  me:d 
plombs  antiques  (Appendice  ai  piombi  ar>(tcAt) ,  ouvrage  déjà 
préparé  pour  Timpression. 


IV. 


;  i 


\fl 


r^a 


■^-1 


La  darique  de  plomb  (pL  XV,  n""  h)  tirée  des  dessins 
préparés  par  Millingen  et  restée  inédite  comme  la  pièce 
précédente,  est  une  chose  tout  à  fait  nouvelle.  J*ignore  eo 
quelles  mains  ont  passé  les  originaux;  car  c'est  d'une 
épreuve  de  planche  gravée  qui  m'a  été  communiquée  par 
M.  Bossi  que  j'ai  tiré  les  dessins  des  deux  plombs  ayant 
appartenu  à  Millingen.  Nous  apprenons  d'Hérodote  *  que 
Darius  ùi  frapper  la  première  monnaie  d'or  pur  qui  prit 
de  lui  le  nom  de  darique,  et  que  la  pièce  d'argent  pur  fut 
fabriquée  par  Aryandès ,  gouvenieur  de  l'Egypte  pour  le 
roi  de  Perse,  et  se  nomma  aryandique.  Les  écrivains* 
donnent  le  nom  d'archer  à  la  figure  que  Darius  fit  mettre 
sur  cette  monnaie,  et  pour  cette  raison  on  appelait  ces 
pièces  également  ro^orac  Mais  cette  figure  est  l'image 
même  du  roi  Darius.  Les  pièces  d'or  qui  nous  ont  été  ap- 
portées de  la  Perse  sont  en  général  globuleuses  et  épsûsses, 
d'une  configuration  presque  informe  et  oblongues,  et  mar- 
quées d'un  côté  de  la  figure  de  l'archer  royal.  On  y  dis- 


*  IV,  166.  —  Cf.  oe  quo  dit  M.  Waddiogton  (Aevw  mMiùm.,  1856,  p.  49) 
sur  rhistoire  d'Aryandés.  Le  crime  du  satrape,  aux  yeux  de  Darius,  n'aurait 
pas  été  d'avoir  fait  frapper  des  monnaies,  mais  d'avoir  attaché  son  nom  à  use 
monnaie  qui  rivalisait  par  sa  pureté  avec  celle  qui  portait  le  nom  de  Dariw. 

J.  W. 

*  Pluturch.,  J[/e«t/.,  15  et  Apophlkêgm,  Aacon.,  p.  211.  •  JiUian..  Vew. 
hi9tor.,  I,  22.  —  Cf.  Eckhcl,  D,  A'.,  111,  p.  551. 


ET   DISSERTATIONS.  A09 

tîngue  clairement  la  cidaris  radiée  comme  sur  notre  plomb; 
au  revers  est  un  carré  incus.  Sur  quelques-unes  d'une  fa- 
brique plus  récente  et  frappées  pour  les  satrapies ,  on  voit, 
au  lieu  du  simple  carré  creux ,  Tempreinte  d'une  proue  de 
navire;  sur  la  darique  publiée  par  M.  le  duc  de  Luynes  *, 
l'objet  figuré  dans  le  carré  est  incertain  ;  le  savant  interprète 
croit  y  reconnaître  un  large  bassin  dans  lequel  s'agitent 
des  (lots,  et  il  attribue  cette  pièce  à  quelque  cité  maritime 
de  rionie  ou  de  la  Carie.  Notre  darique  de  plomb  offre  donc 
une  représentation  nouvelle  :  on  y  a  figuré,  à  ce  qu'il 
semble,  un  bassin  carré  dans  l'intérieur  duquel  on  voit 
des  boules,  qui  peut-être  font  allusion  au  tribut  de  dariques 
d'or  payé  au  roi  par  les  peuples  soumis  à  son  empire  *. 


Je  ne  connais  aucune  monnaie  ni  italiote  ni  sicilienne 
qui  se  ra|)proche  davantage  du  plomb  gravé  sous  le  n""  5 
que  la  monnaie  d'IIiméra,  sur  laquelle  est  figuré  ordinai- 
rement un  coq;  mais  cependant  il  faut  convenir  que  si  les 
monnaies  d'IIiméra  ressemblent  par  le  type  et  par  les  glo- 
bules à  ce  plomb,  elles  en  diffèrent  dans  d'autres  parties. 
Car  si  sur  ces  pièces  le  corj  occupe  le  droit  et  les  globules 
le  revers,  sur  le  plomb,  au  contraire ,  le  coq  et  les  globules 
sont  figurés  fiu  droit,  et  le  revers  ne  montre  qu'un  seul 
globule  placé  au  milieu  et  le  reste  du  champ  est  lisse.  De 
plus,  sur  les  monnaies  connues  d  Himéra,  les  globules  sont 
au  nombre  de  six,  disposés  sur  deux  lignes,  tandis  que  le 

»  Annaltë  de  VInst.  arch.,i.  XIII,  1841,  p.  165,  et  Monum.  inéditi ,  t.  III, 
pi.  XXXV,  n-  33. 

•  Cette  ezplicntîon  nous  semble  du  moins  douteuse.  J.  W. 


AlO  MÉMOIRES 

plomb  en  fait  Toir  pour  la  première  fois  dix^  tous  n 
dans  le  champ  dont  le  milieu  est  occupé  par  la  figu] 
coq.  Quant  au  module,  les  bronzes  d'Hîméra  soi 
sixième  module  et  le  plomb  du  àeptiëme.  Voyous  ou 
nant  ce  qui  résulte  du  poids. 

Arîstote,  d* après  le  témoignage  de  Pollux  \  disait, 
son  ouvrage  sur  les  républiques,  que  les  habitants 
Sicile  ne  divisaient  pas,  comme  les  autres  Grecs,  l'ob 
en  six  ni  en  huit  chalques,  mais  en  douze.  Le  Père  Ron 
fait  observer  qu'Aristote  peut-être  n'a  voulu  parler  qu 
seuls  habitants  d'Himéra,  et  promet  de  démontrer 
ment,  dès  les  commencements,  la  ville  d*Himéra  suivit 
son  monnayage  dautres  règles  que  le  système  mon< 
de  Syracuse,  dont  elle  ne  se  rapprocha  que  plus  tard,  i 
avoir  émis  des  monnaies  d'argent  et  de  bronze  dai 
système  particulier.  Comme  j'ignore  quel  système  le 
religieux  compte  exposer,  je  suis  toutefois  charmé  à 
offrir,  dans  le  plomb  gravé  pi.  XV,  n*  5,  un  monumei 
ne  peut  laisser  que  d'avoir  une  certaine  importance 
l'histoire  monétaire  de  la  Sicile  *• 


VI. 


Ce  sixième  plomb  (pi.  XV,  n*  6)  est  tiré  de  la  coUe 
choisie  de  M.  l'avocat  Joseph  Lovatti.  Je  serai  obligé  c 


1  Onomoêt.y  LX ,  6,  87.  —  Le  pMttge  d*ArUtot«  mentioBné  pur  P^U 
peu  clair,  et  il  ue  me  semble  pas  possible  d*eu  tirer  les  eoDclnsiont  que 
leur  y  cherche.  J. 

'  DH  ptsi  e  delk  moneie  «taie  in  «mo  antic,  in  StciUa,  art.  III ,  p.  15. 

'  Rien  ne  prouve  qne  ce  plomb  appartienne  à  Uiméra.  Le  coq  te  ¥« 
s<fulement  sur  les  médailleà  d*Hadrif^  du  Picenum ,  mais  encore  sor  les 
Aaies  do  plusieurs  villes  de  la  Campanic,  Cales,  Teoovm,  Yesafrum.    « 


ET   DISSERTATIONS.  414 

Irer  dans  quelques  développements  au  sujet  de  ce  plomb, 
attendu  la  grande  importance  qu'il  a  pour  la  numismatique, 
n  me  parait  qu'en  niant  le  monnayage  légal  du  plomb 
et  de  l'étain ,  on  est  trop  porté  à  aflirmer  que  jamais  il  n'y 
a  eu  de  monnaie  fabriquée  avec  ces  deux  métaux.  U  fau- 
drait passer  sous  silence  la  loi  Comelia  de  faUo ,  promul- 
guée par  Sylla  en  678 ,  par  laquelle  il  est  prouvé  qu'on 
frappait  pour  servir  de  monnaie  le  plomb  et  l'étain  en 
même  temps  que  les  trois  autres  métaux  reconnus  d'une 
manière  légale..  Cette  loi  défendait  d'acheter  ou  de  vendre 
des  monnaies  d'étain  ou  de  plomb ,  et  puisque  cette  dé- 
fense y  est  exprimée,  il  en  résulte  forcément  qu'on  en 
frappait  de  temps  en  temps  dans  ces  deux  métaux  et  que 
ces  monnaies  entraient  dans  la  circulation ,  et  si  Ton  n'a- 
vait pas  eu  en  vue  de  réprimer  un  abus  de  cette  espèce, 
il  n'aurait  pas  été  nécessaire  de  faire  une  loi.   Dlpien  * 

dit  :  Lege]Comelia exprimitur^  ne  guis  nummos  slagneox 

plumbeos  emere  venderedoïo  malo  vellet.  Or,  ici  nous  avons 
un  fait,  et  la  question  de  savoir  si  l'émission  de  cette  mon- 
naie était  légale  ou  non  n'entre  pour  rien  dans  cette  dis- 
cussion. On  a  encore  une  autre  considération  à  faire  valoir. 
n  ne  me  paraît  nullement  prouvé  que  les  Romains  n'aient 
paâ  fondu  ou  frappé  des  monnaies  de  plomb  ou  d'étain  dans 
certaines  circonstances  extraordinaires,  quand  le  bronze  ou 
l'argent  venîiient  à  manquer.  Nous  savons  que  dans  ces 
circonstances  on  diminuait  la  valeur  effective  de  la  mon- 
naie par  la  dimifmtion  du  poids  ou  par  Talliage  de  métaux. 
à  bas  Ùtve.  D'ub  autre  côté ,  la  diminution  du  poids  et  le* 
métal  de  baa  atoi  ne  constituaient  pas  seulement  une  valeur 
temporaife,  mais  permcinente  ;  et  quand  on  veut  démontrer 

»  L.  1,  IV  lege  Corn.  Je  fuho. 


&12  MÉMOIRES 

r impossibilité  des  monnaies  d*étain  et  de  plomb,  il 
nécessaire  de  démontrer  en  même  temps  qu*à  i 
époque  une  valeur  temporaire  en  métal  ou  en  tout 
matière  n'a  été  substituée  à  la  monnaie  courant 
exemple  dans  les  temps  modernes  nous  avons  le 
monnaie  que  les  gouvernements  mettent  en  circu 
non  pour  toujours,  mais  dans  des  moments  de  crise 
cela  même  cette  monnaie  fictive  est  d'une  valeur  pi 
Il  convient  de  rappeler  que  nous  trouvons  dans  l'ai 
plus  d'un  exemple  de  ces  expédients;  Aristote  en  par 
ce  nombre  est  l'exemple  de  Denys  tyran  de  Syracu 
fit  frapper  des  monnaies  d'élain;  l'Athénien  Timotli< 
de  la  monnaie  de  bronze,  et  l'un  et  l'autre  eropk 
ce  moyen  pour  remplacer  l'argent,  et  en  prometi 
clumger  cette  monnaie  contre  de  la  monnaie  légale  s 
que  le  besoin  de  cette  émission  temporaire  viendrait  à 
Après  ces  observations  préliminaires,  examin 
plomb  gravé  sur  la  pi.  XV,  n*"  6.  Dans  le  territi 
Viterbe  *  ou  dans  les  terres  qui  s'étendent  un  peu  a 
on  a  trouvé  tout  récemment  treize  pièces  de  m 
dont  une  seule  de  bronze,  neuf  de  plomb  et  trois  c 
Toutes  les  treize  ont  au  droit  une  tète  barbue ,  et  au 
un  cheval  en  course  ;  mais  sur  la  pièce  de  bronze  la  i 
ceinte  du  diadème ,  tandis  que  sur  les  autres  elle  est 


«  Œcon.,  n,  2.  —  Cf.  Poil.,  Onomoêt.,  IX,  ê,  79. 

>  On  pourrait  avoir  quelques  doutes  sur  rantbeaticiié  de  cette  tr 
car  il  peut  se  faire  qoe  ces  pièces  aient  été  apportées  d'Afrique  et  enl 
comment  dans  les  environs  deViterbe.  Ces  sortes  de  pièces,  soit  en  bn 
^n  plomb,  se  trouvent  par  milliers  aux  environs  de  Constantine.Voir  Di 
Jf^iNioirss  de  la  Société  é§§  onlifiMirM  âê  Prane»,  t.  XIX ,  p.  429  et  tniv. 
qa'a  dit  M.  le  docteur  Judas,  dans  la  Bente  nrnmiêm,,  ltt56,  p.  3f  1  et  i 
pi.  XIII;  cf.pl.  IV,  n- 3. 


ET   DISSERTATIONS.  A 13 

et  au  revers  on  voit  de  plus  une  palme  placée  au-dessus 
du  cheval  et  inclinée  vers  la  droite.  Parmi  les  pièces  d'é- 
tain  «  une  seule  a  au  droit  un  entourage  de  globules  ou  de 
perles;  il  y  a  également  un  globule  au  revers  à  la  place 
où  sur  les  autres  on  voit  une  légende  en  caractères  puni- 
<Ioes  composée  de  deux  lettres,  plus  ou  moins  bien  conser- 
vée sur  les  différents  exemplaires.  11  est  évident  par  là 
qu'on  avait  fabriqué  plus  d*un  coin  à  ce  type. 

Beger  ^  et  d'Orville  *  ont  publié  une  pièce  de  bronze  qui, 
quant  aux  types  et  aux  autres  particularités,  correspond 
tout  à  fait  à  la  pièce  d'étain  que  j*ai  décrite  plus  haut  en 
disant  qu*il  ne  s'y  trouvait  pas  de  légende ,  et  qu*à  la  place 
de  la  légende  il  y  avait  un  globule.  Les  deux  érudits  que 
je  viens  de  nommer  pensent  que  la  pièce  qu'ils  publient  a 
été  frappée  en  Sicile  ;  ils  regardent  la  tète  comme  repré- 
sentant le  héros  Panormus  ou  bien  Jupiter  Êleuthùrius^ 
et  Havercamp  *  se  range  presque  entièrement  à  leur  avis 
en  publiant  un  troisième  exemplaire  de  cette  médaille. 
Un  quatrième  se  trouve  gravé  dans  le  recueil  d'Arigoni  ^. 
La  tète  est  laurée,  et  au  revers,  au-dessous  du  cheval,  on 
voit  les  deux  lettres  Y<f|.  Mais  aucun  de  ces  auteurs 
ne  s'est  rendu  compte,  ce  tue  semble,  du  caractère  de  cette 
tête ,  qui  a  le  front  déprimé  et  plein  de  rides,  les  cheveux 
courts  et  crépus ,  la  barbe  sèche  et  frisée,  de  manière  à  ce 
que  l'ensemble  s'éloigne  trop  de  la  configuration  des  habi- 
tants de  la  Sicile,  et  montre  plutôt  un  type  parfaitement 
africain  '.  Et  cette  observation  se  trouve  pleinement  confir- 

1  Thêêamru*  Braitd.^  I,  p.  369. 
«  Skuia,  p.  470,  Ub.  XYIII. 

*  Ad  Ft^niiMy  Skilia  numismatica,  tab.  XVIII,  n*  175  p.  83. 

*  m,  Nunrni  jmnici,  Ub.  III,  n-  17. 

*  Il  u*ttst  pat  possible  que  cette  xHe  soit  celle  de  Ztù;  É^cti6é;io{,  nom  pi^ 

1862.— 6.  29 


m 


UÉyOiRES 


mée  par  la  préseiïce  des  letu-es  pu 
nos  pièces,  se  lisent  plus  ou  moin 
on  veut  croire  que  ces  pièces  ont 
on  doit  admettre  qu'elles  ont  été  fi 
Mais  il  me  semble  que  ceci  ne  pei 
considère  que  les  tiaits  du  visage 
portrait;  et  un  personnage  tantô 
ne  peut  être  qu*un  roi  *,  et  ainsi 
que  les  monnaies  dont  il  est  questi 
de  la  Sicile.  Qui  ne  sait  que  les  r 
sont  toujours  représentés  sans  bar 
Tiennes,  tandis  qu  au  contraire  le£ 
que  toujours  figurés  avec  la  barb( 
déjà  comiues  que  sur  les  pièces 
que  les  rois  africains,  tantôt  ont 
dèmc,  tantôt  ont  uno  couronne  de 
du  cheval  au  galop  i>aralt  souv( 
exemple  sur  la  médaille  encore 
d'après  la  lecture  de  M.  le  duc  de 
sède  pas  la  notice  *. 

Par  toutes  ces  considérations  c 
ginois  ne  se  servaient  pas  de  n 
blique  *  et  n'eurent  jamais  ni  rois  i 


po«c  par  B«ger,  parce  qm*  sur  une  vi«UiiJIie  d' 
f  t  laoi^  tooniêe  à  gauche  et  au  revers  un 
par  M.  le  dne  do  Lnynet  'Choix  de  wtédailUt 
/cuZ  EABu6tpco<, 

•  Dachalais  (loc.  cit.,  p,  434  et  sniv.)  y  rec 
-^ocienr  Jo'las  (  loc.  eit.  )  se  range  do  l'avis  d 

>  Un  exemplaire  de  cette  rare  médaille  d' 
taDftifM. 

*  Il -est  jreconnn  aujourd'hui  que  les  Garthi 
es  ïfir,  tn  argent  et  «n  hronie.  Voir  le  bel  ou 


ET      DISSERTATIONS.  A 15 

gouvernement,  nous  sommes  amenés  à  ranger  nos  treize 
jHècesdans  la  classe  des  monnaies  des  rois  de  Numidîe  dont 
on  possède  des  médailles.  Mais  nous  aurons  une  plus  grande 
difficulté  à  déterminer  le  sens  du  mot  ]1D  \  tant  qu'on  ne 
sera  pas  certain  que  la  légende  indique  un  nom  de  roi  ou 
un  nom  de  ville»  et  si  l'absence  du  mot  nsScon  suffit  pour 
décider  la  question.  D*un  autre  côté,  nous  pouvons  affirmer 
en  toute  sûreté  que  nos  monnaies  ont  précédé  les  temps 
de  Jugurtha,  époque  où  s'élait  déjà  introduit  en  Numidie 
le  nouvel  alphabet  que  nous  voyons  exclusivement  employé 
sur  les  monnaies  du  roi  Juba.  C'est  guidé  par  ces  considé- 
rations que  M.  le  duc  de  Luynes  a  démontré  de  la  manière  la 
plus  complète, contre  le  sentiment  de  Gesenius,  que  les  mon- 
naies attribuées  par  le  savant  allemand  à  Juba  II  *  ne  peu- 
vent lui  appartenir.  Dans  uue  lettre  qu'il  m'a  fait  l'honneur 
de  m'adresser,  il  rectifie  la  lecture  de  la  légende  et  attribue 
ces  pièces  au  roi  Syphax.  Le  caph  et  le  noun  inscrits  sur  nos 
pièces  ressemblent  aux  caractères  que  Gesenius  désigne 
sous  le  nom  d'athéniens  de  la  seconde  époque,  aux  carac- 
tères des  monnaies  de  Cilium  et  aux  légendes  asmonéennes 
qu'on  peut  voir  dans'  louvrage  de  M.  de  Saulcy  '.  Cepen- 
dant je  ne  dois  pas  omettre  de  dire  que  quant  h  l'épaisseur 


miimntiiifàf  de  l^ancienne  Afriqtêê ,  t.  II,  p.  6ff  et  sniv.  —  Cf.  Httve  fivmrVm., 
1056,  p.  109.  J.  W. 

>  Mina  ëuil  iibii  vilU  île  la  Mauritanie  Cêearienne,  situ^  entre  Cala  etRn- 
raoonrnm.  Voir  Morœlli,  Afriea  ekriât.^  p.  230.  M.  Judas  {Langm  phénie., 
p.  156)  lit  sur  des  plombs  semblables  Sk  on  TlQ ,  et  attribue  les  prenîéfi  à 
loi  on  Gésarée,  en  se  fondant  sur  la  d^eonvorte  d*iin  grand  nombre  d«  ces 
»  faite  en  1842  à  Coastantine,  et  les  f^econds  à  Cirta.  Tontefois  je  ne 
I  admettre  que  rémission  de  ces  monnaies  ait  eu  lieu  an  temps  de  Juba  II, 
Tn  qu'à  cette  époque  Talphabet  qui  s*y  voit  n*était  pas  en  vfage. 

*  Monum,  phœntc,  tab.  XLII. 

*  Numi9mntique  judaïque  y  pi.  11^  n"*  1  et  2. 


A 16  yÉnoiRES 

fies  traits  et  à  la  manière  dont  les  lettres  se  temiîiie 
pointe,  ces  caractères  ont  une  grande  ressemblance 
ceux  des  monnsùes  de  la  Sicile.  Tontes  ces  considén 
concourent  à  démontrer  que  ces  monn^es  doivent 
appartenu  aux  soldats  africains  employés  dans  la  se< 
guerre  punique  qui  seront  venus  en  Étrurie,  et  très- 
semblablement  avec  Hannibal  en  5A1,  quand  le  gé 
carthaginois  pilla  le  temple  de  la  déesse  Feronia  aux 
rons  de  Capène  \  Maintenant,  en  réfléchissant  à  ce  qui 
dit  plus  haut ,  ce  n'est  pas  le  pressant  besoin  de  numé 
destiné  à  payer  la  solde  de  ses  soldats  qui  aurait  forcé 
nibal  de  frapper  des  monnaies  de  plomb  et  d'étain  ;  U 
ces  monnaies ,  au  contraire,  ont  été  fabriquées  en  Afri 
d'où  il  sera  démontré  qu'aux  temps  anciens  ces  deux 
taux  étaient  employés  pour  le  monnayage  par  les  Numi 
(le  même  que  les  nègres  actuels  de  la  Libye  ont  une  i 
Qiie  de  plomb  à  laquelle  ils  donnent  le  nom  de  maiyli 


VU. 


Parmi  les  intéressantes  anecdotes  racontées  par  Suét 
CHi  lit  que  Tibère,  lorsqu'il  servait  dans  les  armées,  < 
grand  buveur,  et  que  ses  camarades,  en  changeant  n 
rieusement  quelques  lettres,  lui  donnaient  le  nom 
Bîberius  Caldius  Jfi  ro.  Voici  le  texte  :  /«  casiris  tiro  ei 
hêêH  propler  nim'om  r/rti  aridilatfm  pro  Tiberio  Kibef 
pro  Claudio  Caldius^  pro  Xerome  Mero  vocabaiur  *. 

Millingeo  possédait  un  plomb  que  fai  fait  graver  \± 
a*  7,  d'après  un  dessin  qui  m'esl  tombé  entre  les  uia 
Ce  plomb  est  précieux  parce  qu'il  confimie  la  véracité 

•  T.  U%.  XXVl,  II. 

•  S«Ntoa^  THerims,  42. 


ET   DiSSERTAllONS.  Al 7 

récit  que  nous  devons  à  cet  historien,  auquel  on  voudrait 
aujourd'hui  qu'on  n'accordât  pas  en  général  grande  con- 
fiance. Au  droit  on  voit  la  tête  de  Tibère  et  les  lettres  P. M.  ; 
au  revers  on  lit  :  HOC  VALET  AD  BIBERRIVM,  nous  lais- 
sant dans  l'incertitude  si  Ton  doit  rapporter  cette  légende 
à  l'objet  qui  y  est  représenté  ou  bien  au  plomb  lui-même, 
qui  aurait  eu  une  certaine  valeur  aux  yeux  de  Tibère.  Cela 
pourra  se  décider  quand  on  saura  quelle  espèce  d'objet  est 
ici  figuré;  il  semblerait ,  d'après  les  appendices  ou  espèces 
de  nœuds  qui  y  sont  attachés,  que  ce  n'est  pas  un  buffet 
ou  armoire  de  bois ,  comme  on  pourrait  le  croire  d'après  le 
dessin,  mais  plutôt  quelque  objet  qui  ressemble  à  une 
pbalère  Quant  au  portrait  représenté  au  droit,  on  ne  sau- 
rait douter  qu'il  ne  soit  celui  de  Tibère.  Ceci  établi,  on  se 
demande  quel  sens  peuvent  avoir  les  deux  lettres  qui  se 
trouvent  placées  dans  le  champ  de  chaque  côté.  Personne 
ne  pensera  d'interpréter  ces  deux  lettres  P.  M.  psiv  Pontifcx 
MaximnSi  titre  que  ne  pouvait  prendre  Tibère  du  vivant 
d'Auguste.  D'autre  part,  pourquoi  ce  titre  ^là  où  l'on  aurait 
dû  indiquer  le  nom  du  personnage  qu'on  avait  voulu  re- 
présenter? J'avoue  qu'en  supposant  véritable  la  lecture  de 
Millingen ,  je  ne  saurais  deviner  le  sens  de  ces  deux  sigles; 
on  pourrait  croire,  dans  une  matière  aussi  fragile  que  le 
plomba  qiue  l'endroit  où  se  trouve  la  lettre  P  a  pu  avoir 
souffert,  et  à  dire  mon  avis,  au  lieu  d'un  P,  il  aurait  pu  y 
avoir  un  B.  En  ce  cas,  les  sigles  B.  M.   s'expliqueraient 
pacfaitement  par  Biberius  Mero. 

VIII. 

Ce  plomb  remarquable  a  été  trouvé  à  Ostie,  et  c'est  grâce 
à  l'obligeance  de  M.  le  commandeur  P.  E.  Visconti  qu'il 


r 


A18  UÉMOIIIES 

in*a  été  permis  d'en  faire  prendre  un  dessin.  On  y  volt  li 
tète  couronnée  de  laurier  de  Commode ,  tournée  à  droite 
et  autour  se  lit  la  légende  STAT.FERR.FOR.OST.  Ce  plomi 
est  de  l'espèce  de  ceux  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  sceaux 
on  y  voit  distinctement  le  trou  par  lequel  passait  le  cordoi 
qui  attachait  le  sceau.  Un  témoignage  ancien  très^singuliei 
nous  guidera  pour  proposer  une  explication  de  la  légende 
car  si  le  sens  des  deux  premiers  mots  est  clair  et  prouvé 
et  qu'on  puisse  les  compléter  par  STATtonts  FERRana?,  h 
leçon  FEURan'drum  ne  pouvant  être  proposée  pour  Ostie 
on  pourrait  avoir  des  doutes,  au  contraire,  pour  savoir  s 
ici  par  les  mots  FOR.  OST  on  a  voulu  indiquer  le  forum  oi 
un  autre  endroit  de  la  ville.  Mais  nous  apprenons  par  nrn 
inscription  latine,  répétée  sur  quelques  cippes  sculpté 
sous  le  règne  des  deux  empereurs  Marc-Aurèle  et  Com 
mode  S  et  ensuite  de  Commode  seul  et  de  Sévère  Alexan 
dre  •,  qu'on  avait  établi  un  droit  pour  l'entrée  des  marcbao 
dises,  droit  qui  était  payé  une  seule  fois  aux  fermiers,  quant 
les  marchands  faisaient  un  dépôt  dans  les  magasins  appelé 
foricx  ou  foriculi^  d'où  cet  impôt  prenait  le  nom  de  furi 
cw/artum,  comme  qui  dirait  droit  d'emmagasinage.  Notn 
plomb  nous  apprend,  comme  d'ailleurs  c'est  tout  naturel 
qu'il  se  trouvait  de  ces  magasins,  foriculi,  k  Ostie,  et  d( 
plus  que  l'introduction  du  fer  comptait  à  part,  quand  i 
était  expédié  pour  la  ville  étemelle  et  qu'on  se  servait  dam 
ce  cas  d'un  sceau  particulier  portant  l'image  du  prince  e 
la  légende  SlalionU  fmariœ  foriculorum  OstîtMium.  L'an 
cien  Scholiaste  de  Juvénal  *  a  parlé  de  ces  magasins  au 
mots  condiAcuvU  foricasj  mais  d'une  manière  confuse,  réu 


»  OrtlU,  InêCfipt.  taL  aUei.,  n»8S47. 

»  Henien,  dans  le  troisième  volume  du  rtcneil  d*Orelîi,  p.  929,  ad  b*8947 

»  Àd  Satir,  III,  r.  38. 


ET   DISSEBTATIONS.  41^ 

nissant  les  explications  diverses  qui  appartenaient  à  des 
commentateurs  plus  anciens;  parmi  ces  explications,  il  est 
à  remarquer  que  par  foricœ  d'autres  entendaient  que  ces 
sortes  de  magasins  étaient  situés  dans  le  voisinage  du 
forum  :  Afii  taberna$  dicunt  foro  vidnas.  (PI.  XV.  n*  8.) 


IX. 


C'est  à  la  belle  collection  de  plombs  antiques,  rassemblée 
par  M.  Tavocat  Lovatti,  qu'appartient  le  soeau  reproduit 
pi.  XVIf  n*  0,  et  qui  certes  est  un  des  monuments  les  plus 
singuliers  de  cette  collection  ;  il  est  très-bien  conservé  à 
Texception  de  l'efligie  impériale  du  revers.  Quant  à  Tempe- 
remr,  représenté  au  droit,  on  ne  saurait  avoir  des  doutes; 
on  reconnaît  facilement  les  traits  de  Septime  Sévère  ;  et  ceci 
posé,  il  est  probable  que  le  second  buste  est  celui  de  son  fils 
Garacalla.  Celui  qui  s'est  servi  de  ce  sceau  était  chargé,  h 
ce  qu'il  parait,  d'envoyer  à  Rome  le  grain.  Ceci  semble  ré- 
sulter de  la  légende  :  RAT.FR.  si  on  lit  Ralionis  frumentarise. 
La  charge  dite  ratio  frumentaria  se  trouve  indiquée  dans 
le  fragment  H,  $2,  du  Digeste  de  Justinien,  qui  porte  pour 
titre  :  De  administratiane  rerum  ad  twitaien  pertinentium. 


X. 


U  est  rare  de  trouver  des  plombs  sur  lesquels  sont  écrits 
des  noms  propres  ou  en  entier  ou  en  abrégé,  de  manière 
à  ce  qu'il  soit  facile  de  les  compléter.  De  ce  nombre  est  le 
beau  plomb  gravé  pi.  XVI  sous  le  n*  10,  lequel  peut  se  lire  de 
deux  manières  :  Felici  Sabinae  Auytistse  Hadriani  $aluUm 
ou  Félix  Sabinx  Auguste  Hadriani  salve.  Le  mot  salutem 
ou  salve  n'est  pas  moins  latin  que  le  mot  féliciter  placé  sur 


A20  MÉMOIRES 

un  plomb  publié  par  Ficoroni  \  et  que  j*ai  vu  dans  plu 
sieurs  collections  avec  les  légendes  :  G  PR  FELICITER,  i 
sur  un  autre  publié  par  Visconti  *  :  S0DAL16iij(  VELITERi» 
YELiciler  GERANO  CVRACori  YELlcUer,  et  sur  un  troisîèm 
plomb  plusieurs  fois  publié,  mais  d'une  manière  inexacte 
avec  la  légende  Sentiam  féliciter^  et  où  l'on  doit  lir 
SENTIANAE  FELICITER.  Mais  sur  notre  plomb,  il  paraîtra 
qu'on  a  mis  SAL  à  cause  de  la  rencontre  du  nom  de  FELi 
que  portait  raiTranchi  de  Sabine  auquel  on  voulait  adresse 
une  acclamation.  Je  n'ai  trouvé  jusqu'ici  qu'un  seul  exen 
pie  d'aflrancbis  honorés  de  cette  manière  sur  des  plombs 
c'est  celui  qui  est  gravé  dans  Ficoroni  •  :  TI F  AVG  LE,  o 
il  est  nécessaire  de  changer  Jes  lettres  TIF  en  TFL  pou 
trouver  le  sens  :  Ti(o  FLavio  AVGusft  Liberlo  B....*;  car 
n'y  a  pas  parmi  les  empereurs  un  seul  Auguste  qui  à  l'in 
tiale  du  nom  de  famille  ¥[lavia]  joigne  le  prénom  tVferim 
Le  plomb  qui  semble  mentionner  un  esclave  dans  la  h 
gende  :  PRIMI CAESAR  SËRFO  AGR  est  très-singulier  ;  qu  o 

lise  soit  PRIMI  CAESARm  SERvi  FO.AGR soit  plut^ 

PRIMUtvo  CAESARm  SERFO  KGRippiano,  où  Mrfo  sera 
écrit  pour  SKRiO,  d'après  la  nouvelle  orthographe  d 
temps  de  Claude.  11  est  possible  que  les  affranchis  ou  k 
esclaves  de  la  maison  impériale  recevaient  ces  honneurs 


*  I  piombi  anlichi,  p.  II,  tav.  VII,  1. 
«  Operê  varie,  t.  II,  tav.  IV,  2. 

»  Loc.  cit„  p.  n.  tav.  XXV,  10. 

*  La  légende  doit  se  lire  peut  être  sant  aucun  changement  llfp  Ylat 
AVGmK  L/Berto.  On  a  des  monnaies  k  légendes  grecques  qui  donnent 
forme  TI  pour  Titut,  prénom  d*Antonin  le  Pieux.  TI  pour  Titu$  se  IK  nir  I 
médailles  de  Samo8ate,de  Zeugma  de  la  Commagène  et  de  Laodieée  de  Sjri 
Mionnct,  t.  V,  p.  118,  n»  49,  ArTO.KAI.TI.AIA.AAPl.ANTU>N€M)C  C€ 
CrcC.et  p.  125,  n»  82,  ATTO.K.AI.Tf.AAP.ANTCONINOC  C€B.,  et  p.  25 
n- 737,  740,  etc.  J,  W, 


ET   DISSERTATIONS.  h9A 

roccasioD  de  fêtes  qu'il»  faisaient  célébrer  à  leurs  frais, 
ou  parce  qu'ils  remplissaient  quelque  charge  r]ans  les  col- 
lées de  jeunes  gens,  ce  qui  nous  est  impossible  de  déter- 
miner. 

XI. 

J'ai  publié  dans  mes  Plombs  antiques  *,  un  plomb  du  re- 
cueil de  Ficoroni  qui  fait  mention  de  deux  consuls  ;  mais 
ce  plomb  appartient  à  une  classe  assez  analogue  à  celle 
des  sceaux  ou  cachets;  celui  que  je  publie  ici  est  du  nombre 
de  ceux  auxquels  on  donne  le  nom  de  tessères,  et  il  semble, 
si  je  ne  me  trompe,  rappeler  dans  les  deux  sigles  V  "Q  qui 
précèdent  le  mot  COSS.  deux  surnoms  de  consuls.  En  effet, 
si  l'on  cherche  dans  les  Fastes  deux  noms  de  consuls  parmi 
ceux  que  l'on  connaît,  on  trouve  à  l'an  167  de  l'ère  chré- 
tienne, Vero  UT  et  Quadrato  coss.  et  à  Tan  *i72,  Fa/dtim- 
fitano  et  Quieto  coss.  Les  initiales  de  ces  noms  repondent 
aux  sigles  T.1^.  marqués  sur  le  plomb.  Je  m'en  tiens  aux 
deux  premiers  consuls  Verus  et  Quadratus,  nonobstant  le 
mot  coss.  qui  est  écrit  ici  avec  deux  s,  parce  que  je  connais 
un  exemple  de  ce  redoublement  de  Ys  appartenant  à  une 
époque  antérieure  '.  D'autre  part,  l'omission  du  troisième 
consulat  de  Verus  n'est  pas  un  obstacle,  parce  que  la  men- 
tion en  est  également  omise  dans  les  inscriptions.  Quant  à 
la  forme  énigmatique  des  sigles ,  je  remarquerai  d'après 
Marini  *,  et  d'autres  l'ont  déjà  fait  observer  aussi,  qu'il  était 
d'usage  d'indiquer  seulement  le  nombre  des  consulats,  en 
supprimant  entièrement  les  noms  des  consuls  ;  par  exemple  : 

'  'Piombi  antichi,  Vs/oma,  1847. 

•  Voir  mes  Graffiti  di  Pompei^  p.  57. 

»  hrriz.  a (6.,  p.  49. 


422 


MÉUOIRES 


.  ■  '• 


1 


t 


DD.NN.X  ET  III. COS.  c'est-à-dire  Dominis  nostrù  (0 
stantio)  X  et  (Ckiadio  Juliano  Csesare)  HT  eonsutUms. 
an  360.  Un  fabricant  de  tuiles  du  pays  des  Marses  empl 
une  autre  méthode,  marquant  seulement  les  acclamati( 
impériales  et  le  nombre  des  consulats,  sans  faire  ment 
du  nom  de  l'empereur.  L'inscription  imprimée  en  en 
au  rêvera  et  au  milieu  d'une  tuile  se  trouve  à  Vico,  pi 
village  sur  le  lac  Fucin  :  II  ZOO  IIIX.qMI.  Il  faut,  ce 
semble,  dans  la  copie  de  cette  inscription  qui  m'a  été  adr 
sée,  corriger  le  chiffre  XIII  et  mettre  en  place  XII,  ce  < 
nous  reporte  à  l'an  19A ,  quand  Sévère  avec  Albin, 
commencementde  l'année,  réunit  à  son  second  consulat 
douzième  puissance  tribunitienne ,  circonstance  qui  d'i 
leurs  ne  se  rencontre  pour  aucun  autre  empereur  ;  il  n'exi 
aucun  exemple  qui  donne  la  réunion  du  second  consu 
avec  la  treizième  puissance  tribunitienne. 


XII. 


Depuis  Morell  et  Séguin  personne  n'avait  vu  le  ploi 
reproduit  sous  le  n*  12  de  la  pi.  XVI.  Séguin,  qui  en  doi 
la  description  à  la  page  200  de  ses  Selecta  nummi$mai 
a  oublié  la  légende  qui  est  au  droit.  Dans  la  gravure 
Morell  41  y  a  au  revers  un  jeune  houmie  nu  et  casqué, 
nant  une  haste  de  la  main  gauche  et  un  rameau  de 
droite,  tandis  que  réellement  on  y  voit  un  Jupiter  barb 
avec  le  sceptre  et  l'aigle.  Séguin  le  premier  a  cru  que  di 
le  nom  de  PAVLLIN  inscrit  au  revers,  on  doit  reconnal 
Suetonius  Paullinus ,  le  vainqueur  des  Bretons,  sous 

»  The$.,  misccllanca,  tab.  VI,  20. 


ET   DISSERTATIONS.  A23 

règne  de  Néro»  '.  C'est  également  l'avis  d'Eckhol  '  et  de 
M.  l'abbé  Cavedoni  *. 

XIII. 

Le  seul  plomb  connu  qui  représente  Britannicus  est 
l'exemplaire  qui  a  appartenu  à  Ficoroni,  et  que  cet  anti- 
quaire a  fait  graver  dans  la  pi.  III ,  n""  6 ,  de  la  seconde 
partie  de  son  ouvrage.  Mais  ce  plomb  ne  se  voit  pas  dans 
la  collection  de  Ficoroni  aujourd'hui  au  Vatican,  et  la 
raison  en  est  que  le  possesseur  en  avait  fait  don  au  che- 
valier Fontana*  comme  il  dit  à  la  page  91.  Cela  fait  que  ce 
plomb  se  trouve  actuellement  entre  les  mains  de  M.  Depo- 
letti.  Le  nom  de  Britannictis  est  écrit  avec  deux  t,  non- 
8eulement  sur  ce  plomb,  mais  cette  même  forme  se  voit  sor 
deux  médailles  de  moyen  bronze  à  l'effigie  d'Hadrien, 
BRITTANNIA  \  et  sur  un  autre  de  grand  bronze  à  l'efligie 
de  Septime  Sévère,  VICTORIAE  BRITTANNIGAE  •.  Et  ce- 
pendant les  poètes  emploient  la  première  syllabe  comme 
brève,  et  les  savants  établissent  une  différence  entre  les 
mots  Brittones  et  Britanni^  le  premier  servant  à  désigner 
les  Bretons,  et  le  second  indiquant  les  habitants  de  la 
Grande-Bretagne. 

XIV. 

Le  plomb  gravé  pi.  XVI ,  n"*  lA ,  doit  avoir  une  certaine 
importance,  ce  me  semble,  parce  qu'il  sert  à  confirmer  ce 

•  Tttit.,  Amal.,  XIV,  87. 

«  D  N.,  VI,  p.  265;  VIII ,  p.  320. 
>  BulUt.  areh.  Nap.,  1860,  p.  7. 

*  Cohen ,  Dtêcripiùm  KUtoriquê  th»  tnonnaies  frappée»  »ou»  Cempin  romain , 
t.  II,  p.  185,  n-  678  et  679. 

»  Cohen,  /.  ci/.,  t.  III,  pi.  VU  et  p.  318,  n»  650. 


420 


MÉMOIRES 


LËTTRK  A  U.  A.  DK  LONGPfiRIER 


) 


MONUMENT  NUMISMATIQUE  INÉDIT,  DU  RÈGNl 
EMPEREURS  DIOCLÉTIEN  ET  MAXIMIEN- 


Mon  cher  Adrien , 

La  Saône,  vous  le  savez,  offrait  naguère  dans  se 
cours  à  travers  la  ville  de  Lyon,  et  précisément  s< 
arches  médianes  du  pont  de  Nemours,  un  banc  de  r 
aussi  nuisible  à  la  navigation  que  favorable  aux  ii 


ET    DISSERTATIONS.  425 

prescrit  la  mciniëre  de  faire  les  statues  de  ces  divinités,  ce 
qui  donna  lieu  d'attribuer  le  surnom  de  tusculanes  à  ces  di- 
vinités spéciales  figurées  d'après  les  prescriptions  des  rites 
de  Tusculum.  Le  plomb  que  nous  avons  sous  les  yeux 
(pi.  XVI,  n*  16)  en  présente  un  exemple  dans  la  Vénus  qui, 
enveloppée  à  moitié  dans  une  draperie,  se  regatde  dans  un 
miroir  et  arrange  ses  cheveux,  déesse  qui  prend  rang  au 
nombre  des  divinités  tusculanes  honorées  par  des  rites  par- 
ticuliers ;  car  sur  le  revers  de  ce  plomb,  on  lit  VEN.TVSC. 
On  sera  disposé  à  mettre  en  rappoil  avec  cette  déesse  le 
collège  des  femmes  qui  sont  nommées  sur  les  plombs 
SODALES  TVSCVLANAE.  Aucune  autre  inscription  ne  nous 
avait  jnsqu'à  ce  jour  appris  ce  que  uous  enseigne  ce  plomb  ; 
d'où  il  résulte  qu'aucun  monument  antique  n'est  à  dédai- 
gner, puisque  les  plus  humbles  peuvent  fournir  d'utiles 
renseignements. 

R.  Gajirucci. 


A*28  MÉMOIRES 

bien  voulu  m* aider  vous-même  à  la  trouver,  en  me  four 
nissant  les  rapprochements  suivants  : 

La  légende  SAEGVLI  FELICITAS  se  voit  sur  la  monnaie  d 
divers  personnages  impériaux ,  tels  que  Faustine  la  Jeune 
Sep .  Sévère,  Julia  Domna,  Maesa,  Mamœa,  Gordien  III,  Trébo 
nien-Galle,  Valérien,  Gallien,  Postume,  Marius,  Victoria 
Aurélien,Probus,  Carus,  Carin,  Constance-Chlore,  Haxence 
Constantin  et  Crispus  Caesar,  son  fils ,  mort  avant  lui.  EI1< 
s* arrête  donc  au  règne  de  Constantin. 

Sur  une  médaille  d*or  que  possède  le  musée  impérial  d< 
Vienne,  on  lit  d'un  côté,  autour  du  buste  de  Maximien 
Hercule,  MAXIMIANVS  P.F.AVG,  et  de  l'autre,  FELICITA! 
SAECVLI  AVGG.  NiN. ,  accompagnant  deux  Vteloires  soute- 
nant une  couronne  de  laurier  dans  laquelle  sont  inscrits  cei 
mots  :  VIC.AVGG.  Ce  type  se  retrouve  sur  une  monnai< 
d*or  de  Sévère  portant  la  qualité  iïaugusie^  c'est-à-din 
frappée  en  806*.  On  voit  donc  là  la  légende  Feliciiai 
s^Tculi  appliquée  à  la  victoire  remportée  par  deux  empe- 
i*eurs,  dont  Tun  est  Maximien-Hercule.  C'est  un  premiei 
pas  de  fait  vers  l'explication  de  notre  médaillon. 

Le  nimbe  qui  décore  la  tête  de  nos  empereurs  existe 
déjà  sur  une  médaille  d'Antonin  le  Pieux;  on  le  trouve 
dans  les  peintures  de  Pompeî,  antérieurement,  par  consé- 
quent, à  Tan  79;  il  ne  peut  donc  fournir  d'époque,  ou, 
pour  mieux  dire,  le  nimbe  est  de  toutes  les  époques.  Il  est 
vrai  qu'on  le  trouve  employé,  avec  une  certaine  persis- 
tance, sur  cinq  médaillons  d'or  de  Valeus,  conservés  at 
musée  de  Vienne  ^  Nous  voyons  encore  le  nimbe  sur  un 
médaillon  d*Arcadius  et  sur  le  grand  disque  d'argent  qui 

'  Tanini,  Aw/n.  imper,  roin.,  snppl.,  p.  206,  233  et  tab.  IV. 
«  Steiiibuchel ,  Not,  sur  les  médaiUons  tnor  du  musée  L§t  R.  de  Vienne.  —  Ci 
Vaillant,  t.  III,  p.  259^,  et  Taiiini,  tab.  VII. 


MÉMOIUCS  A29 

représente  Théodose  et  ses  fils,  monument  découvert  à 
Almendralejo  et  publié  par  notre  bon  ami  et  confrère  de 
l'Académie  royale  de  Madrid,  don  Antonio  Delgado  \ 

Le  pont,  uni  à  une  tour  de  défense,  couverte  d'un  toit 
hémisphérique ,  est  connu  sur  le  grand  médaillon  de 
bronze  de  Constantin  le  Grand,  conservé  au  musée  impérial 
de  Vienne.  On  lit  au-dessous  :  DANVVIVS  ".  La  dimension 
de  ce  médaillon  (55  milliin.  )  le  rapproche  singulièrement 
de  notre  plomb ,  dont  le  grènetis  a  75  millimètres  de  dia- 
mètre. Le  sujet  offre  aussi  beaucoup  d'analogie.  Les  mé- 
daillons d'or  de  Valens  ont  72,  75  et  97  millimètres.  Vous 
vous  rappelez  le  grand  Teiricns  et  le  grand  Justinien  de 
8/k  millimètres  '  qui  existaient  au  Cabinet  des  médailles 
avant  le  vol  de  4831.  La  dimension  du  plomb  de  Lyon 
convient  donc  bien  à  un  médaillon. 

Les  monnaies  d'argent  de  Maximien-Hercule,  de  Dioclé- 
tien,  de  Constance-Chlore  nous  montrent  le  camp  prétorien 
avec  des  tours  surmontées  de  toits  semblables  à  ceux  que 
nous  voyons  ici. 

M.  François  Lenormant ,  qui  avait  examiné  notre  plomb 
chez  M.  Vaganay,  il  y  quelques  mois,  n'avait  pas  hésité  à 
voir  dans  les  deux  personnages  nimbés,  Dioclétien  et  Maxi^ 
mien-Hercule.  Sans  avoir  <:té  averti  de  cette  circonstance. 


<  Memoria  historico-critica  sobre  el  gran  ditco  de  Thêdlosie  enc<mtrado  m 
Almendrntejo.  Madrid,  1849,  în-4*.  —  Cf.  ponr  les  empereurs  ayant  le  nimbe 
avtour  de  la  tête,  le  travail  spécial  de  M.  Lndplf  Stepbani,  Ntmlmê  nnd 
SirakUnkrans  in  d^  Wtken  der  altm  Kunst^  p.  131  et  sniv.  Saint-Pétersbourg, 
M59,  in-4*,  extrait  des  Himoire»  de  V Académie  impériale  des  sciences, 

^  Josepb  de  France,  Numism,  eimelii  Cacsarei  reffii,  pars  II,  pi.  105. 

s  Le  méd.  de  Tetricns,  dans  an  mémoire  de  G.  de  Bi>$e«  Acad,  des  inscript,, 
tome  XXVI,  p.  504 ,  — reproduit  par  H.  Cohen,  Descripi,  desmùnn.  imper,, 
tome  V,  pi.  VI;—  et  celui  de  .Tustinioa,  publié  par  G.  do  Boxe,  Jfem.  de 

1862—  a.  30 


430  3^IÉM01RES 

Vous  le8  avez  i-econnus  également  sur  l'empreinte  que 
vous  ai  apportée,  et  en  l'étudiant  à  la  loupe,  on  ne  peut  n 
connaître,  en  effet,  les  profils  de  ces  deux  empereurs.  C'< 
bien  l'époque  qu'indique  le  style  du  monument;  no 
allons  voir  que  les  événements  de  T histoire  ne  s'y  rappt 
tent  pas  moins.  . 

L'an  288  de  notre  ère,  Maximien-Hercule,  qui  venait 
repousser  des  bandes  de  barbares,  venues  presque  so 
les  murs  de  Trêves,  où  il  résidait  alors,  résolut  de  1 
poursuivre  jusque  sur  leur  territoire.  11  passa  le  Rhin,  i 
vagea  par  le  fer  et  par  le  feu  la  Germanie,  y  fit  de  noi 
breux  captifs,  et  si  l'on  en  croit  Mamertin,  son  panégyris 
fioumit  ttne  grande  partie  du  pays  ^ 

Vous  verrez  avec  moi,  je  pense,  dans  le  tableau  i 
férieur  de  notre  plomb ,  Maximien ,  guidé  par  la  Vi 
toire,  traversant  le  Rhin,  au  retour  de  son  expédiiioi 
et  sortant  de  Cassai,  CASTELIam,  château -fort  bi 
par  Drusus  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  FLRENVS\  po 
f«rvir  de  tôte-de-pont  à  la  place  fortifiée  de  Mayenc 
MOGONTIACVM  \ 

Le  tableau  supérieur  nous  montre  la  Ville  de  Rome,  a 
4]uée,  présentant  aux  deux  empereurs  les  prisonniers  gf 
mains. 


VAcdd.  du  ifiscr.,  tome  XXVI  (1759),  p.  523.  —  et  reproduit  par  Piiider 
Fnedllnder,  Dit  Mûnzin  Jtt«ftfUan«.  Berlin,  1843,  pi.  II. 

*  V.  Mamert.f  ap.  Faneg,  v«l. 

*  K«\  iTtcov  (  f  po6f  lov,  caêUUvm)  iv  Xdrtot;  mp*  aOr^  t^  I^v^.  Dio  Ou 
Hist.,  LIV,  33. 

*  Cétait  presque  tonjoars  par  le  pont  de  Mayence  qoe  s^effeetnah  le  p 
gage  dn  Rhin  quand  nne  expédition  était  entreprise  contre  les  Gennaini.  ' 
voit  encore,  dans  le  lit  dn  flenve,  les  mines  de  oe  pont,  dont  rorigîne  4 

■  remonter  à  i^pciqne  de  la  Tondatlon  de  la  ville  forte  de  Majence  pir  CU 
dins-Dnitns  Oermanicns. 


Mil. 


ET   DISSERTATIONS.  &31 

Je  serais  bien  heureux ,  mon  cher  Adrien ,  si  le  curieux 
monument  dont  je  viens  d'essayer  l'explication  recevait  sa 
première  publicité  dans  le  recueil  que  j'ai  édité  si  long- 
temps, et  qui  doit  à  notre  excellent  confrère  J.  deWitte  et 
k  vous  une  nouvelle  vie  et  une  autorité  qui  grandit  tous 
les  jours. 

Agréez,  je  vous  prie,  l'assurance  de  mon  perdiu*able 
attachement  pour  vous  et  pour  notre  chère  Revue. 

L.  DE  Lk  Saussate. 

Parin,  22  décembre  1862. 


■-  t 


i 


1 


À 


AS?  MÉIIOIIIES 


DESCRIPTION 


MONNAIES  MÉROVINGIENNES  DU  LIMOUS 

(PI.  XVll.) 
Onzième  et  dernier  article.  ->  Voir  p.  235. 


ig  LIMOGES. 

122.  LIM0VEGA2  \  Tête  adroite,  ceinte  d'un  lon| 
deau  perlé  ;  buste  habillé  et  orné  de  trois  rangs  de  p 
le  tout  dans  un  grènetis. 
!    .  fi.  +ANS01N10  MONETAL  Croix  potencée;  la  lé 

I  est  gravée  entre  deux  ceiTles  de  grènetis. 

Tiers  de  son  d*or  fin.  Poids,  1»',25.  Deuxième  qn 
i!  vif*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d*Amécourt« 

Nous  avons  décrit,  sous  le  n*  9,  un  triens  de  Li: 
signé  du  monét^re  Ansoinaus';  malgré  la  ressemJ 

«  On  pourrait  lire  LIM01VEGA2  ou  LIMOTVEGA?,  si  on  ne  eoi 
pas  la  barre  perpendiculaire  gravée  à  la  suite  de  la  syllabe  MO  eomim 

j  partie  du  vêtement  du  buste. 

i  *  Cette  pièce,  qui  appartenait  naguère  à  M.  Maurice  Ardant ,  est  a 

ment  dans  le  beau  médaillier  de  M.  d'Aniëcourt.  Uexcellente  emprei 

f  (loos  avons   sous  les  jeux  nous  fait  voir  que  la  gravure  que  nous  ci 


ET   DISSERTATIONS.  A33 

OU  plutôt  ridentité  des  noms  qui  figurent  sur  les  deux 
pièces,  il  nous  parait  manifeste,  d'après  la  fabrique,  que 
colle  que  nous  donnons  ici  est  de  beaucoup  antérieure  à 
Fautre,  et  n'a  guère  pu  être  frappée  par  le  même  moné- 
taire qui  a  signé  le  n*  9. 

A  regard  du  nom  de  Limovegas^  on  remarquera  qu  en 
adoucissant  le  c  en  9,  te  graveur  du  coin  a  rapproché  ce 
vocable  de  la  forme  Limotgai  de  la  période  féodale  et  du 
nom  actueT  de  Limoges. 

KOUÏC  ou  NOVIC  (localité  déjà  inentionnce\ 

12s.  +FLAVLI'Va5  {Flaulfus).  Tête  à  droite,  ceinte 
d'un  bandeau  perlé;  le  col  orné  d'un  collier;  le  buste 
babillé. 

ft.  +  NOVOVIGO.  Monogramme  posé  sur  un  globule  et 
composé  d'une  croix,  à  la  haste  de  laquelle  sont  appendus, 
d'un  côté  un  R,  et  de  l'autre  un  G. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Poids,  1«',15.  Troisième  quart 
du  Tii*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'Amécourt, 

C'est  là  une  nouvelle  et  curieuse  monnaie  de  Mouïc  ou 
Novic.  En  décrivant  plus  haut  deux  triens  à  la  légende 
Nawvico  et  signés  du  même  monétaire  Flaulfus  (n**  77  et 
78),  nous  avons  expliqué  le  monogramme  qui  remplit  le 
champ  du  n"*  78,  par  Crux  yloriosa  :  le  monogramme  ci- 
dessus  lui  serait  identique,  s'il  n'y  manquait  un  A  plac^; 
dans  le  n*  78  sous  la  deuxième  branche  de  la  croix  i  il  n'en 
doit  pas  moins  recevoir  la  même  interprétation. 

donnée  nela  reproduit  pas  avec  une  fidélité  complète.  On  n'y  trouve,  en  efl'et^ 
ni  la  houppe  sur  le  front  de  Teffigie,  ni  la  croix  fourchue  du  reversf  que  la 
pièce  présente.  Cest  pourquoi  nous  croyons  devoir  la  faire  graver  sur  notre 
planche  supplémentaire  sous  Iv  n*  ^. 


&S&  MÉMOIRES 

CISSAC. 

124.  GICIVD+O..OI  {Ciciacomoi).  Tète  à  droite,  o 
d*un  long  diadème  perlé  recourbé  à  son  extrémité. 

^.  TEVDOVALDO  M.  Croix  longue,  cantonnée  des 
très  L.  E.  M.  0,  posée  sur  un  point,  et  séparée  de  la  lég 
par  une  couronne  de  feuillage. 

Tiers  de  sou  d*or  pur.  Poids,  1^,20.  Fin  du  trois 
quart  du  vu*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'Améc 

L'origine  limousine  de  cette  pièce  est  attestée  pa 
lettres  inscrites  dans  le  champ  du  revers,  et  qui  soi 
initiales  de  LEMO {vices).  Le  Ciciacum  de  la  légend 
parait  être  le  même  que  la  villa  Ciciagum  mentionnée, 
une  charte  de  Tan  861,  comme  dépendant  de  la  vi< 
\  [  J  d'Espagnac  %  et  appelée  de  nos  jours  Cissac  ;  c'est  un 

meau  situé  au  sud-est  et  dans  la  commune  de  Saint-Syl 
canton  d*Argentat,  arrondissement  de  Tulle  (Corrèze). 
à  peine  besoin  de  faire  observer  que  le  g  du  vocable 
lovingien  n'est  qu'un  adoucissement  du  e  de  Cicia 
tel  que  celui  qui  s'est  produit  pour  Lemovecas^  chanj 
Limovegas  '• 

CHOISS(?). 

125.  CHOIca«cor-f-,  Tète  à' droite,  ceinte  d'un 
deau  ;  buste  habillé ,  dans  un  grènetis. 

â.  THlbAIO  a>  FICl  {Thibaio  m.  fin).  Croix  ^le 
une  couronne  de  feuillage,  cantonnée  des  lettres  L.E 

•  M  Cedo....  hoe  est  ecdesîun  in  honore  S.  SiWani  msrtîriê,  in  pagol 
cino,  in  Ticaria  Spaniacense,  in  loco  qui  est  utns  super  fluvinm  SnmoM 
in  Cici€Lgo  simHiter  cedo,  etc.  >'  Cartulaire  de  âeauUeUy  charte  CLXXI. 

•  Voirci-dcssu»,  n*  122. 


ET   DISSERTATIONS.  &35 

Tiers  de  sou  d'or  pâle.  Poids,  1*%25.  Fin  du  vu*  siècle, 
—  CabiDetde  M.  Ponton  d'Amécourt. 

Les  lettres  qui  sont  dans  le  champ  du  i*evers  nous  dis- 
()ensent  de  démontrer  l'origine  limousine  de  cette  monnaie. 
On  pourrait  rapprocher  de  la  légende  fboiiss  les  noms  de 
lieux  suivants  :  Chouès  le  haut  et  Chouès  le  bas,  situés 
au  sud-ouest  de  La-Forest-du-Temple,  dans  la  partie  nord* 
est  de  Fancien  diocèse  de  Limoges';  le  Chez,  au  nord- 
ouest  du  même  bourg  '  ;  le  Chès-de-Lavaud ,  près  et  au 
nord-ouest  d'Ajain*;  Chauseix,  au  sud  de  Toy-Viam*: 
Cbeix,  au  sud-est  de  Thorion  et  de  Bostmorand,  au  sud- 
est  de  Bourg -Salagnac  *,  et  le  Gbeissou  '.  Nous  ne  connais- 
sons point  d'ailleurs  de  mention  de  ces  localités  dans  les 
titres  du  moyen  âge  :  le  seul  terme  latin  qui  s'en  rapproche 
dans  les  chartes  limousines  est  Chauci  '';  mais  ce  nom 
désigne  une  dépendance  de  la  vicairie  de  Puy-d'Arnac, 
appelée  de  nos  jours  Chauses,  commune  et  canton  de 
Meyssac,  arrondissement  de  Brive  (Gorrèzé). 

GLANKE  ou  GLÉNY  (?). 

126.  GFANOiNNO  (Glanonito).  Tête  à  droite,  ceinte 
d'^nn  long  bandeau  terminé  au  sommet  par  une  grosse 
perle;  le  col  orné  d'un  collier  qui  se  rattache  sous Foreille 
au  bandeau^  l'effigie  est  séparée  de  la  légende  jinr  jnix 

'  Ca«iiiui,  feuille  ii"  12. 

>  IM. 

'  Ibid. 

»  /Wd.,f.n-13. 

•  Ibtd.,  f.  u-  32. 

*  CommtiDe  de  Biyalcuf  (  Haute- Vienne  ). 

V  CartuUiitê  di  Beaulitu^  charLe  CLXXVIJl,  hod.  936. 


A36  MÉMOiBES 

points  rangés  le  long  de  la  face,  et  par  un  nombre 
rangé  du  côté  opposé;  le  buste  est  habillé. 

R.  +  t..DICHlSlLO  M.  Croix  latine  poiencée. 

Tiers  de  sou  d'or  pur.  Poids,  l^'.Oô.  Dernier  tie 
vil*  siècle.  —  Cabinet  de  M.  Ponton  d'Amécourt. 

Le  style  de  cette  pièce  ne  semble  permettre  aucun  i 
sur  son  origine.  L'effigie,  semblable  à  celle  du  n" 
(  Cormito)  ;  le  long  bandeau  dont  elle  est  ornée*  a 
dans  les  monnaies  de  Limoges  et  d' Yssandon  (n**  5  et 
sa  croix  allongée  dans  un  champ  bien  espacé ,  conim 
les  trions  de  Limoges,  Chervix,  Magnnc,  Ambazac,  1 
Espagnac,  Fursac,  etc.  (n**8,  18,  19,  30,  31,  63, 
en  déterminent  l'attribution  au  Limousin. 

Nous  connaissons  deux  noms  de  lieux  de  TaRcien 
cèse  de  Limoges  qu'on  peut  rapprocher  de  la  légende 
nonno  :  !•  Glény,  mentionné  dans  une  charte  de  l'ai 
sous  le  nom  de  Glauigo  \  et  situé  près  et  à  l'ouest  de 
vières,  arrondissement  de  Tulle  (Corrère);  2»  Glanm 
pelé  Glanna  dans  une  charte  de  l'an  893  ',  et  situé  dî 
canton  de  Bretenoux,  arrondissement  de  Figeac  ( 
Nous  préférons  cette  dernière  localité,  malgré  la  ten 
son  féminine  de  son  vocable,  parce  qu'il  a  pu  être  a^ 
temps  abrégé  de  G/anonniim,  tandis  que  Gfanigum  i 
nom  très-vraisemblablement  conservé  dans  son  étal 

*  "  In  pago  Tornînse,  in  TÎcaria  Spaniaceu»e.  îu  vilia  Campaniaco 
cediinns  in  ipso  loco,  in  ipsa  patria,  in  villa  que  dicitur  Glouigo^  cam  ma 
Charte  de  Tabbaye  de  Charroux.  Mss.  Biblioth.,  împér.  D<?put  des 
mss.  sub  aon  875. —  Métnoireê  de  la  Société  dtt  antiqftairu  de  rChteett  t.  Y 
—  Le  pagu»  Tommtis  et  la  vicaria  Spamacensi»  désignent  le  pays  de  T 

k  f  et  la  vicairie  d*£spagnae. 

•  t  Similiter  in  ipsa  \icaria  (Vertedensi),  et  in  alio  loco^  in  TÎlla  qn» 
Glanna^  mansum  ubi  Ganzbcrtus  manct ,  et  alium  mansum,  etc.  »  Ca 
de  BeauUeUy  charte  LXIII. 


I 


ï'£ 


ET    DISSERTATIONS.  437 

mitif ,  et  ne  saurait  guère  être  identifié  avec  celui  de  notre 
légende.  Ajoutons  que  reffigie  a  de  la  ressemblance  avec 
celle  du  triens  n*  117,  de  Roufliac,  qni  est  non  loin  de 
Glanne.  Néanmoins,  nous  ne  croyons  pas  pouvoir  nous  pro- 
noncer définitivement  sur  l'attribution  de  la  monnaie  dont  il 
s*agit. 

SALâGNAC  (localité  déjà  mentionnt^e). 

127.  +  SELANIACO.  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  bandeau 
prolongé  sur  la  nuque  où  il  est  recourbé  en  volute  ;  che- 
velure rejetée  en  arrière  ;  buste  habillé. 

A.  ..ADO  MON..  {-\-Ado  monelarius?).  Croisette  à 
branches  égales,  pâtée,  accostée  de  deux  points  sous  les 
bras,  et  séparée  par  un  grènetis  de  la  légende,  qui  est  elle- 
même  entourée  d'un  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«',28.  Troisième  quart  du 
VII*  siècle.  —  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  im- 
périale. 

Cette  pièce  porte  le  nom  d'un  atelier  inscrit  déjà  sur 
notre  n*  SS ,  et  il  suffit  de  la  rapprocher  de  cette  dernière 
monnaie  ainsi  que  des  n""*  84  à  &2,  pour  reconnaître  tout 
aussitôt  qu'elle  donne,  sur  les  deux  faces,  un  nouveau 
spécimen  du  type  de  notre  cinquième  groupe.  Nous  n'avons 
donc  rien  à  ajouter  pour  justifier  son  classement  dans  la 
série  limousine. 

BKRCHAT  ouBERSAfVî' 

128.  +  BREClAi.O  FI.  Tête  h  droite,  buste  nu,  sur 
lequel  est  le  T  renversé  qui  termine  le  mot  FIT. 

Ri.  +  VR:z>VLFO  riO.  Croix  latine  dans  le  champ. 
Tiers  de  sou  d'or  inédit    —  Collection  de  M.  Triniolet, 
à  Lyon, 


1 


ft38  MÉMOIEES 

Ce  trieos ,  que  M.  Martin  Daussigoy ,  conservatei 
musée  de  Lyon  a  communiqué  à  M.  Adrien  deLongf 
et  dont  ce  dernier  a  eu  Tobtigeance  de  nous  transi 
l'empreinte,  présente,  surtout  au  revers,  le  type  lia 
bien  caractérisé.  Voyez  le  dessin  de  cette  pièce  pi. 
n*  128.  La  partie  supérieui-e  du  second  G  est  conpée 
bord  du  flan. 

Nous  ne  connaissons  jusqu'ici  dans  l'ancien  d 
de  Limoges  aucun  lieu  du  nom  de  Breciacus.  Nous 
la  mention  de  deux  localités  appelées  :  1*  Bersac,  c 
de  Bessines ,  arrondissement  de  Bellac  (  Haute- Vie 
qui ,  d'après  les  pouillés  du  diocèse ,  eut  de  toute  ai 
neté  une  église  paroissiale  dépendante  de  l'archii 
de  Rançon  '  ;  Bersac  est  l'exacte  traduction  de  B 
€u$,  comme  Tersac  de  Terciactu^  Marsac  de  Jfarci 
â*  Berchat,  commune  de  Sainte-Feréolle,  canton  de  l 
nac,  près  Brive  (Corrëze),  et  qui  est  désigné  avec  1< 
de  rt7(a  (  village  )  dans  une  charte  du  ix*  ou  x*  si 
Ne  peut-on  pas  admettre  que,  dans  la  gravure  de 
i  gendc  de  AOtre  monnaie,  Fouvrier  aura  interverti  1 

I  des  lettres  et  placé  l'R  de  Breeiaco  avant  l'E,  au  lieu 

;1  mettre  après?  Dans  ce  cas ,  les  mots  Bersac  et  B 

I  traduiraient  exactement  le  nom  de  la  légende. 

On  ne  peut  néanmoins  accueillir  cette  attributioi 
titre  conjectural,  et  il  nous  parait  prudent  de  réservi 
core  la  question  d'attribuUon  définitive. 

*  M»;».  Biblioth.  imp.,  fou(U  Saint- Geraoain  français,  n*  878,  u  II. 

*  •*  El  in  alia  vicaria  Bri^'on&e  »  in  villa  qoae  dicitur  Berciaco^  m*m 
Cofrtavolus  nianet.  -  rarfu/aire  it  rubbaye  4e  BêomHeu,  eh.  CLX 
p.  263. 


ET    DISSERTATIONS.  A  89 

UZËRCHË  (  localité  déjà  mentionnée }. 

129,  +T..EA1O.  Tête  à  droite  ornée  d'un  chaperon 
perlé;  buste  habillé. 

^.  V...RGA.  Croix  égale  polencée,  cantonnée  de  quatre 
points. 

130.  +  TEEAiO.  Tête  à  droite ,  avec  un  chaperon 
perlé;  buste  habillé. 

^.  A2..RGÀ.  Petite  croix  à  branches  égales,  potencée, 
cantonnée  de  quatre  points. 

Deniers  d'argent  inédits,  pesant,  le  premier,  1«',10,  le 
deuxième,  1«',10  fort,  viii»  siècle.—  Médaillier  de  M.  Morel 
Fatio,  à  Paris. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps  nous  ne  connaissions  que  des 
monnaies  d'or  dans  la  série  mérovingienne  du  Limousin. 
Grflce  à  l'obligeance  de  M.  Morel  Fatio,  qui  a  bien 
voulu  nous  communiquer  la  riche  trouvaille  faite  dans 
l'ancien  comté  de  Nice,  et  récemment  acquise  par  lui, 
nous  pouvons  éditer  aujourd'hui  les  deux  pièces  d'argent 
ci-dessus  décrites. 

Ces  pièces  ont  été  frappées  à  Uzerche ,  qui  possède  déjà 
sept  tiers  de  sou  d'or  (voir  les  n"  47  à  52  et  119).  En 
combinant  leurs  légendes,  on  trouve  au  revers  de  la  pre- 
mière VS..RGA,  et  au  revers  de  la  seconde  VS..RGA,  où 
le  6  représente  une  forme  adoucie  du  G.  Or  nous  ne  con- 
naissons pas  d'autre  localité  que  le  caiXtum  mérovingien 
d*{/serca  qui  puisse  en  revendiquer  l'attribution. 

Le  chaperon  perlé  de  l'effigie  est,  il  est  vrai ,  étranger 
au  type  limousin  ;  mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'au 
Tju*  siècle  les  types  locaux  ont  à  peu  près  disparu ,  ou  du 
moins  ont  perdu  avec  leur  caractère  tranché  leur  împoi- 
tance  primitive. 


hkO  MÉMOIRE!! 

^  PlècSS   INOSIITAIIIKS. 
ARGKKTAT?». 

87.  ARG&NTAfI3I.    Tête  à  droite,  ornée  d'un 
bandeau  perlé  ;  buste  orné  de  plusieurs  rangs  de  per 

i.  C0S1A...UNI  (Coslantiani?).  Aigle  aux 
éployées,  la  tète  tournée  à  droite;  posé  sur  un  d< 
une  console  ',  accostés  chacun  d'un  point  à  leurs 
mités. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  l^'^SO.  Vers  le  rail 
vir  siècle. 

Bouteroue ,  Recherchas  curieuses  des  monnoieê  de  I 
p.  18&. 

D'après  les  énonciations  des  numismatistes  ',  cett( 
naie  appartiendrait  au  Cabinet  des  médailles  de  la 
tbèque  impériale  :  mais  nous  n'avons  pu  Ty  découd 
nous  avons  dû  nous  borner  à  reproduire  sur  nos  pi 
la  gravure  qu'en  a  donnée  Bouteroue.  Quant  à  son  c 
nous  Terons  remarquer  :  1*  la  houppe  sur  le  front , 
si  commune  sur  nos  triens  (2,  5, 1&.  15,  iS,  25,  l 
70,  81  )  ;  2*  le  double  bandeau  perlé,  semblable  à  ce 
u-  20,  85.  90,  10&  et  110;  3*  les  ornements  du 
identiques  avec  ceux  de  Limoges,  de  Chervix ,  de  M 
du  Palais  et  surtout  de  RoufCac  (n"*  6  sur  la  planche 
de  1858,  18,  19,  21  et  117).  Les  monnaies  du  nord 

*  ilief-lWu  de  canton,  urondissement  de  Tulle  (Corrèxe). 

*  On  on  M  que  Bouteroue  et  MM.  Cartier  et  Conbrouse  y  ont  vi 
serait  naturellement  Tinîtiale  de  Jf OA^f a rnu. 

*  MM.  Cartier  et  Gnniemol,  diin«  les  liste»  on'il?  ont  pnh1i^ei,etCo 
Àtitit  i<f5  m/>f*f.  Nitftofi.  CtitmL  étf  iirrttriny  .  u*  76. 


ET   DISSERTATIONS.  44  ^ 

en  particulier  du  pays  alsacien,  auquel  on  a  \oulu  attri- 
buer notre  pièce  \  ne  nous  présentent  point  de  types  ainsi 
ornés,  et  n'autorisent  guère  cette  opinion  ;  son  dessin  rap- 
pelle assez  bien ,  au  contraire ,  la  manière  des  ouvriers 
limousins,  et  nous  permet  d'y  voir,  tout  au  moins  avec 
quelque  vraisemblance,  un  produit  de  cette  province. 

De  plus,  la  légende  Àrgenta  vie  ou  vici  ne  peut  s'accor- 
der ni  avec  le  nom  ancien  de  Colmar,  qui  est  Argentuaria 
et  plus  tard  Àrgentaiia^  ni  avec  celui  de  Strasbourg,  qui 
fut  d'abord  Àrgentoratum  '  seul,  puis  au  vi*  siècle,  dans  Gré- 
goire de  Tours,  concurremment  avec  Slrasburgm.  Nous 
savons  d'ailleurs,  quant  à  cette  dernière  ville,  d'après  un 
triens  publié  par  J.  Lelewel,  que  les  monnayers  qui  y  frap- 
paient dans  les  temps  mérovingiens  inscrivaient  sur  les 
espèces  tantôt  Àrgenioral  *,  tantôt  Siradiburg^  et  que  ce 
dernier  vocable  fut  usité  dès  le  milieu  du  viii*  siècle  simulta- 
nément avec  Argentortituin;  la  forme  Argetitina  civitas  ap- 
partient au  X*  siècle  \ 

En  outre,  le  titre  de  viens  (bourgade),  qui  est  gravé  à  la 
suite  ^Argenla^  ne  saurait  convenir  à  Golmar,  qui  est  qua- 
lifié au  moyen  âge  eastrum  Argentariense^^  et  encore 
moins  à  Strasbourg,  ville  épi.scopale,  mentionnée  comme 


*  Boufceroue  dit  que  c^est  peut-être  là«*  le  nom  de  Colmar  en  Al&ace,  sur  la 
Tire  d*£ll,  appelé  en  latin  Argentuaria  ,  peut-être  aussi  Strasbourg ,  Argento- 
ratum. n  Loc.  cit. 

'  Dans  la  Géographie  de  Ptolt^mée,  où  il  est  nommé  'AffCvtdpaTOv  ;  dansl7/i- 
we^ir»  d'Autcnhi  et  sur  la  Table  de  Peutinger  Argentoratum.—Cf.  la  Notice  de» 
(iauUê  d^Adrien  de  Valois,  p.  41,  col.  2. 

*  Numismatiqve  du  moyen  dge^  pi.  IV,  n«  62. 

*  Cf.  à  ce  sujet  un  mémoire  de  M.  Adr.  de  Longpéricr  sur  les  Monnaiee 
épiêcopalee  de  Strasbourg  et  de  Constance,  dans  la  Bévue  numism.,  nonv,  série, 
année  1857,  p.  319  à  326. 

>  Voir  dans  Valois,  ubi  nipnk,  col.  1. 


kki  yÉMOlBËS 

civilaê  dans  la  Notice  des  provinces  romaÎDes  de  Tan  3 
On  aurait ,  il  est  vrai ,  la  ressource  de  prétendre  qu*au 
de  vie  la  légende,  dans  le  sens  rétrograde,  ferait 
mais  il  faudrût  supposer  que  le  premier  mot  de 
scription  doit  être  lu  de  gauche  à  droite  «  et  le  deui 
de  droite  à  gauche.  Cette  interprétation  n'est  pas  inad 
sibie  ;  mais  on  reconnaîtra  qu*â  prtori  elle  n'est  point 
semblable.  Et  même  dans  ce  cas  il  faudrait  que  la  moi 
portât  Argenlorat^  Argeniora  ou  du  moins  Àrgenlor^  ei 
pas  Argenta^  qui  n'en  représente  nullement  la  forme 
tractée. 

Quant  à  Argenton  en  Berry  et  Argentan  en  Normal 
que  Ton  a  indiqués  concurremment  comtoB  pouvant 
le  lieu  d'émission  de  notre  triais,  nous  fenins  ob&ar 
1*  qu  Argenton  est  appeM,  dans  les  Itinéraires  romam 
sur  OM  monnaie  mérovingienne  ',  Argenîomogus  ;  qt 
vocable  a  formé  par  contraction  Argentomus  on  Argi 
mum^  d'où  sont  provenus  Argenionium  et  le  nom  aci 
2^  que  le  monnayage  du  nord-ouest  et  spécialement 
de  Normandie  n'offre  point  d'affinité  avec  le  type 
d'Argenta;  qu'Argentan  reçoit  tour  à  tour  au  moyen  âg 
dénominations  à'Argeniomus  et  d* Argenionium  castn 
ce  qui  est  en  désaccord  avec  la  légende  Argenia  et 
la  qualité  de  vicm  assignée  à  ce  lieu  par  notre  triens. 


*  «  Civitas  Argentoratensiam.  »  Voir  rëdition  de  oett«  Notice  pnbÎM 
M.  B.  Gaérard,  £««ai  iur  le  tyitètnê  du  divù,  terril.^  p.  19. 

*  Sur  la  Toie  d^Auiritum  (  contracté  à'Aui^torUmm)  Limoges,  à  Àmi 
Bonrges,  voir  les  différentes  éditions  de  Vltinérairt  d*Antonin  et  la  foi 
Peutinger,  notamnent  dans  VAmnuiir^  de  ia  Société  dee  antéf^atm  de  Ft 
ann,  1850,  p.  250. 

t  Conbroose,  Rtcuêil  iupplémmi.,  pi.  XUX,  n*  13. 
«  Orderio  Vital,  Cknmiq.  du  dvts  d$  Sormandù,  liv.  Xl^  XII  et  XIH.  • 
Vnlois,  loc»  çit. 


^1 


KT    DISSERTAT  I0?i5.  A  A3 

II  existe  en  Limousin  une  petite  ville  fort  ancienne, 
qui  semble  pouvoir  revendiquer  plus  justement  peut-être 
l'attribution  de  la  pièce  dont  il  s* agit.  C'est  Argentat,  qui 
était  déjà  à  l'état  de  village ,  viUa ,  au  commencement  du 
VI*  siècle,  lorsque  saint  Sadroc  (Sacerdos),  évèque  de 
Limoges,  vint  y  mourir  *  ;  qui,  aux  ix*  et  x»  siècles,  était  le 
cbef-lieu  d'une  circonscription  administrative  du  Limousin, 
nommée  vicaria  Argentadensis  *  ;  qui  à  la  fin  du  x'  siècle 
est  qualifié  de  tîctM,  comme  sur  notre  triens  *  ;  et  qu'enfin 
une  notice  du  même  temps  mentionne  sous  cette  forme, 
Ârgentat  \  qu'il  a  toujours  conservée  depuis. 

On  peut  objecter  à  notre  proposition  que  :  !•  la  légende 
porte  le  mot  Argenta^  et  non  Argentat;  2*  que  cette  légende 
étant  connue  seulement  par  la  gravure  que  Bouteroue  nous 
en  a  transmise,  il  est  permis  de  supposer  que  le  dessina- 
teur ou  le  graveur  ont  ajouté  au  deuxième  A  la  barre 
transversale,  et  on  aurait  peut-être  ainsi ,  au  lieu  des  let- 
tres liées  A/  (AV),  les  lettres  liées  N  (1  N),  ce  qui  don- 
nerait la  légende  Argentini  ci{vitatt')^  laquelle  désignerait 
Strasbourg. 

Nous  répondrons  :  1*  que  le  t  final  d' Argentat  a  pu  être 
omis  comme  cela  arrive  fréquemment  dans  les  légendes^ 
mérovingiennes  ;  2*  qu'il  est  dangereux  de  substituer  à  Ta 
l^nde  reproduite  par  Bouteroue  une  légende  conjecturale^, 
et  qu'on  serait  par  là  engagé  dans  la  voie  des  suppositions^ 
les  plus  arbitraires  ;  &*  que  jusqu'ici  l'ujsage  de  (a  forme 


<  Vit,  S.  Saeerdot.,  apad  BoHand.  Acta  S$.,  mens.  Mai!,  t  n«  p.  16. 

*  Car  flaire  de  Bêauiieu,  chartes  LXXV  tstCLXXVI.—  Cartulairade  Tolle^ 
dans  Balnze,  Bui,  TuUl,,  append.,.con.  334  et  34^. 

*  Vit,  B.  (hraldi  Aurtliac,,  apnd  Biblioth.  Clmiiac,  col.  101. 

*  Balnze,  Hitt.  Tutti ,  col.  347.—  Cf.  un  acte  d^  IS63,.  diins.  Jnjittf)  ^  Hisk^ 
§énéalo^itfue  dt  la  maiton  de  Turtnn^t  pr.  p.  5(S« 


hhk  MÉMOIRES 

ilu  nom  de  Strasbourg ,  Argenlina  ciiilas^  n*a  été  ca 
qu*à  partir  du  x*  siècle  *  ;  que  Ton  n'a  trouvé  su 
deuxième  race,  et  particulièrement  dans  le  monii 
mérovingien,  que  les  vocables  Argeniorat  et  Stradiln 
que  dès  lors  on  n'est  guère  autorisé  à  y  ajouter  sans  | 
celui  à\-irgentina. 

Toutefois  «  nous  devons  reconnaître  Timportanc 
objections  que  soulève  notre  attribution ,  et  c'est  poi 
nous  avons  rangé  la  pièce  dont  il  s'agit  parmi  nos 
taines. 

MOXTCnXi?;. 


À 


i 


89.  IN  LEc/^EM.  Tète  diadémée  et  buste  barbares;  1 
dans  un  grènetis. 

K.  +  LEODARDQ  N.  Croix  égale:  le  tout  dans  um 
ronne  ou  grènetis. 

Tiers  de  sou  d'or.  Poids»  l»^20.  Fia  du  vu*  siè< 
commencement  du  \iii*. — Cabinet  de  M.  Hyrvoix. 

M.  Fillon ,  en  publiant  cette  pièce  y  a  proposé  de  1 
buer  à  Souesme ,  bourg  du  département  de  Loir-et-( 
Mais,  d'une  part,  ce  nom  ne  parait  pas  être  une  tradi 
vraisemblable  de  Cesem;  d'autre  part,  le  revers,  a^ 
croix  au-dessus  d'une  croisette,  dans  un  cbamp  bien  e^ 
rappelle  assez  bien  la  fabrique  limousine.  II  existe 
l'ancien  diocèse  de  Limoges,  archiprëtré  de  la  Porc 


r 

■T 
il 


I 


>  Voir  le  mémoire  précité  de  M.  Adr.  de  Longpérier  ivr  les  J 
copaUê  de  Straêbomrg  et  de  Constance  (  Bev^Êe  mmfsm.,  ann.  Itt57,  p.  31' 

*  Uttre*  à  M  Dugtut-Matifeuj:  sur  quel(iMe*  monnaies  françaises,  p.  84 
n*  6.  —  Cf.  Lelewel,  Nmn,  du  moyen  âge,  pi  lll.n*  43.  -^  M.  Fillon  faitn 
d'an  triens  du  musée  de  U  ville  de  Saintes  portant  au  droit  In  Cestmo^ 
revers  BoseUno  m,  et  qui ,  suivant  cet  habile  antiquaire,  se  rapprocher 
le  style  des  monnaies  d'Orléans  ;  mais  nous  n'avons  pu  nous  en  pr 
d'empreinte. 


ET  DISSERTATIONS.  Ai5 

sur  la  rive  droite  de  la  Soudène ,  à  6  kilomètres  environ 
an  nord-nord-est  de  Chambéret  S  un  lieu  actuellement  ap- 
pelé Montceix  (Saint-Nicolas-de-) ,  et  à  la  fin  du  moyen  Age, 
Mantcese*^  qui  est  évidemment  formé  des  deux  mots  ifofil 
et  Ce»e  ',  comme  cela  a  lieu  dans  Monte-Mediano^  Monte^ 
Bêllo^  Mante-Broallo  ;  si  Ton  replace  les  mêmes  mots  dans 
un  ordre  inverse  qui  est  plus  usité*  comme  dans  Bellth- 
Mante  ^  Mediano-Uonte ,  on  trouve  la  légende  de  notre 
uiens^Césf'il{onte).  Montcèse  ou  Montceix  possédait  un 
prieuré  qui  est  mentionné  dans  le$  anciens  pouillés  du 
Limousin.  Ce  n'est  cependant  qu'à  titre  conjectural  que 
nous  proposons  cette  attribution. 

NONTi:ON  t?). 

91.  NONTROy  {Nonironu  ou  Nontroni).  Tête  barbare 
à  droite. 

^.  AYILALDVco  .  Croix  ancrée  à  branches  égales,  poten* 
cée,  avec  deux  points  sous  les  bras. 

$.  Tiers  de  sou  d'or.  Poids,  1«',20.  Commencement  du 
VIII'  siècle.  —  Cabinet  de  M.  le  comte  de  Gourgue. 

Cette  pièce,  qui  a  été  découverte  à  la  Beau^âère  en 
Vendée,  est  attribuée  par  M.  Fillon,  qui  l'a  publiée,  à  la 
▼ille  de  Nontron  ,  aujourd'hui  chéf-lieu  d'arrondissement 

I  Canton  ck  Treigsao,  arrcDdiMement  de  Tulle  (Corrëze). 

*  Mss  Biblioth.  impér.,  fonds  Saint-Germain  français,  n*  878 ,  t.  II ,  et 
emri.  135  Ce  lieu  est  nommé,  eu  1303,  Montcetigo,  Mu.  BIblioth.  impér., 
coneot.  Gaîgnières,  1. 185,  p.  25. 

*  Ct99  dibigne  peut-  être  ici  une  montagne  coupée,  tranchée,  dans  un  but  de 
fortification,  comme  cela  a  lieu  au  Puy-d*Ai:iiao  et  au  Puy-Saint-Clair  à 
Tulle,  où  existent  deux  coupures  profondes  pour  isoler  )e  promontoire  qui' 
portait  le  eosfrtim,  et  qu*on  appelle  encore  dans  let  deux  endroits  Cci  du 
Tranrhat, 

1862.  —  2.  SI 


I 


.'il 


àh(&  UÉMOIRES 

dans  le  déparlement  de  la  Dordogne,  avant  1789  cbef- 
d'archiprëtréet  d'archidiaconé  dans  le  diocèse  de  Lim<^ 

Nontron  est  un  lieu  fort  ancien,  mentionné,  dès  785  ( 
le  testament  du  comte  Roger,  avec  le  titre  de  easirum  l 
tronense^  et  au  commencement  du  xu*  siècle,  dans 
bulle  du  pape  Urbain  II ,  sous  le  nom  de  castrum  de  / 
iron  \  c'est-à-dire  sous  sa  dénomination  actuelle,  identi 
avec  celle  de  la  légende  de  notre  triens.  11  fut,  au  x"  sié 
le  chef-lieu  d'une  centaine,  circonscription  judiciaire 
Limousin',  et  il  n'a  cessé  d'avoir  depuis  une  certaine 
portance  dans  l'ordre  administratif  comme  dans  Toi 
ecclésiastique. 

Malgré  ces  considérations,  nous  ne  pouvons  attribue 
monnaie  dont  il  s'agit  à  Nontron  en  Limousin  qu'avec 
serve  et  à  titre  de  conjecture,  par  le  motif  que  l'effigie 
d'un  style  Orléanais  très-caractérisé ,  et  que  ce  n*est  i 
défaut  de  position  géographique  convenable  dans  ce  | 
que  nous  l'admettons  provisoirement  dans  notre  série. 


/  i!  J 


■  n 


rii 


P AULl AC    (  Corrèze  on  Charent**  )  V 

02.  PA0L1A<0.  +  Tête  à  droite,  ceinte  d'un  double  1 

deau  perlé  terminé  sur  la  nuque  par  une  double  ban 

lette;  buste  habillé,  orné  d'un  rang  de  perles. 

lï.  GVNDOVALD— (?).  Croix  ancrée,  fichée  sur  un  gl< 

Tiers  de  sou  d'or.  Fin  du  deuxième  tiers  du  rii*  siè 


*  M  Duno  etiaxn  in  Lcmovicen^i  pago  castrum  Nunirontnm^  »  Dani  B 
Hifi,  et»  comtes  d»  Poitou  et  dnc*  de  GMyenn» ,  appemlice  ;  et  cUna  Mahi 
Analêcla  actor,  veter,  —  Mabitlon,  Àcta  SS,  ordi»,  S.  Amm^.,!.  n,p. • 
écrit  Netrone»ni castrum), 

s  Ezcbartnl.  S.  Martini  Turon.,  cb.  an.  921.  Mas.  Bibliotk.  imp^r.,  r 
Saint-Germain,  r.«  960,  fol.  98-99. 


ET   DISSERTATIONS.  AA7 

GoDbrouse,  Recueil  des  monétaireê  des  rois  mérovingiens^ 
pi.  XXXVl ,  !)•  2.  —  Allax  des  tnonn.  nalion.  de  France 
(mérovingieDnès),  p).  CLYIII ,  lettre  E,  n*  2. 

Getia  pièce,  que  ûous  oe  connaissons  que  par  la  gravure 
qti^en  a  fournie  M.  Conbrouse,  rappelle  assez  peu  les  espèces 
limousines  pour  que  nous  hésitions  à  la  réunir  à  notre 
série.  Mais,  d*un  autre  côté,  on  n'y  voit  pas  de  signe  ca- 
ractéristique du  moDoayage  d'un  autre  diocèse,  et  nous 
devons  dès  lors  produire  les  témoignages  écrits  concernant 
deux  lieux  anciens  du  Limousin  qui  ont  porté  le  nom  de 
l'atelier  inscrit  en  légende  sur  ce  trions.  C'est  d* abord 
la  tiUa  PaoHacus ,  mentionnée  au  x*  siècle  comme  étant 
contenue  dans  la  vlcairie  de  Brive,  et  donnée  au  monas- 
tère de  Tulle  :  «  Et  villam  quae  est  in  vicaria  Brivensi,  Pa(h 
R  Kacum  dictam ,  cum  vineis  et  omnibus  ad  ipsam  perti- 
«nentibud...  quae  omnia  in  comitatu  Lemovicensi,  dono 
«  sanctoMartino  et  monachis  ejùsV  n  Ce  village  est  Pauliac« 
près  et  au  nord  d'Aubazine,  à  l'est-nordest  de  Brive  (Cor- 
rèze).  Il  est  une  autre  localité  appelée  Pauliagas  dans  nn6 
chiarte  du  ix""  ou  du  x^  siècle .  et  désignée  comme  faisant 
partie  de  la  vicairie  de  Cbassenon  en  Limousin  :  «  In  urbè 
«  Lemovicino,  in  vicaria  Cassanommense. ...  Pauliagvs  villa 
•  major  *.  »  C'est  de  nos  jours  Pauliac,  village  au  sud-ouest 
de  Cbassenon.  Chacun  sait  que  PaoKacus  et  Pauliacus  ou 
PauUagm  ne  sont  qu'un  seul  et  même  mot  ',  et  qu'il  n'y  a 
pas  beaucoup  d'importance  à  ajouter  à  ceâ  orthographes 


*  Testament.  Adeinari  vicccoxnitis.  circa  ann.  930, dans Baluzr.,  Hitt,  Tutel,^ 
nfftiÈd,,  col.  334. 

*  Mm.  Bîblioth.  impér.,  cart.  135,  1. 1*%  p.  \2*J. 

>  NoiM  avons  la  prenTe  directe  de  Tidentité  de  Paoliaeui  et  de  PamUoew  dans 
ee  fait  qne  Pauliac  sni  Dordogne  (canton  de  Bretenouz,  arrondissement  de 
Figeae  (Lot)  ),  est  appelé  Pauliacus  dans  deux  chartes  du  x*  siècle  [Carhtlairê 


A&8  MÉttOtBES 

différenies.  Aussi,  quoique  la  seconde  des  localités  ci-d< 
indiquées  ne  porte  pas,  comme  la  première,  un  \(h 
absolument  identique  au  nom  de  notre  atelier,  nous  crc 
devoir  la  préférer  par  le  motif  :  l""  que  les  ornement 
buste  se  rapprochent  de  ceux  des  bustes  poitevins,  el 
Chassenon  est  voisin  du  diocèse  de  Poitiers  ;  2*  qu*îl  € 
déjà  deux  triens  du  Limousin  (n°*  83  et  8A)  signés 
Gondovald  comme  celui  de  Pauliac ,  et  qu'ils  ont  été  I 
pés  à  Fursac,  dans  le  nord  du  Limousin,  c'est  à-d 
Textrémité  opposée  à  celle  où  se  trouve  le  Paulia 
Varrondissement  de  Brive. 

Mais  ces  indications,  cette  préférence,  nous  ne  les 
duisons  qu'à  titre  de  conjectures ,  et  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  permis  de  vérifier  sur  le  métal  même  on  sur  une  l 
empreinte  le  style  de  la  pièce  dont  il  s'agit,  nous  n'ei 
dons  point  exclure  les  lieux  du  même  nom  qui  soi 
grand  nombre  dans  l'ancienne  Gaule  K  Nous  croyons 
voir  seulement  restreindre  la  concurrence  entre  les  ' 
et  villages  du  Midi  ;  car,  autant  qu'on  peut  en  juger  d'j 
la  gravure  de  M.  Conbrouse,  notre  triens  est  de  fabi 
méridionale, 

4t  Beaulieu ,  cli.  XXXVUI  et  LXXIII  ),  et  qu'un  mjtnse  tout  voUin  et  < 
dant  de  Pauliac  prend ,  dans  une  eharte  du  xi*  siècle ,  le  nom  de  Gt 
-•  PAOLiÀCOt  qui  est  évidemment  une  variante  du  nom  de  Pauliac. 

«h.  Lxxxn.  ) 

*  Nous  citerons  entre  beaucoup  d'antres  : 

1"  Pauliac  sur  Dordogne,  dans  le  Qnercy  septentrional ,  qui  a  été  cl 
d'une  vicairie  aux  ix*  et  X*  siècles  [Cartulaire  de  Beaulieu,  ch.  XXX 
LXXIU  )  ; 

2*  Pauline  sur  la  Gironde,  qui  a  une  importance  cominereUUe  o 
rable  ; 
;    ^*  Paulhac,  arrondÎMement  et  canton  de  Saint- Flour  (Osntal). 


ET   DISSERTATIONS.  AAP 

FAGEAS  (  V  ). 

9S.  4- PATICASO  VIGO.  Tète  barbare  à  droite  »  ceinte 
d'une  couronne  terminée  par  trois  bandelettes  au  sommet 
et  deux  bandelettes  sor  la  mique  ;  buste  babillé. 

^.  RAGNVLïO  M.  +  Croix  longue,  ancrée,  posée  sur  un 
point  ou  globule. 

Tiers  de  sou  d'or.  Rn  du  vir  siècle  ou  commencement 
du  viir.  —  Cabinet  de  M.  Poey  d'Avant  '. 

94.  +PATIGAc/:0.  Tête  nue  à  droite. 

$.  DEORRICILO.  Croix  égale,  avec  un  point  aux  quatre 
cantons ,  dans  une  couronne  de  perles  d'où  s'échappent 
deux  bandelettes. 

Tiers  de  sou  d'or.  Fin  du  vu*  siècle  ou  commencement 
du  vnr. 

Revue  numiêm.^  année  18^,  p.  272,  pi.  X,  n"*  13* 

M.  de  Saulcy,  en  publiam  la  deuxième  de  ces  pièces 
dans  la  Revue^  n'a  pas  cru  pouvoir  en  déterminer  l'attribu- 
tion ;  il  a  seidement  indiqué  comme  pouvant  la  recevoir, 
Pageas,  près  de  Chftlus  en  Limousin  (Raute-Yienne),  et 
Patinges  en  Berrf  ,  arrondissement  de  Saint-Amand  (Clier)  '. 

En  présence  de  dessins  si  grossiers ,  qui  annoncent  Tap* 
proche  du  vin*  siècle,  il  est  bien  difficile  de  démêler  le 
type  de  nos  deux  pièces.  Le  mot  de  Patinges  en  Berry 
convient  assez  bien,  car  il  ne  nous  offre  qu'une  n  de  plus 
que  la  légende  du  n*  9i.  Mais  PageaSy  chef-lieu  de  paroisse 

'  Le«  légendtss  «euI««ODt  été  éditée:!  par  M.  Filloii  daiia  ses  Étudts  uumUm.y 
p.  139. 

*  M.  <x>nbrou8«  parait  avoir  préféré  Paiingtt  ;  toutefoi»  il  accompagne  c« 
nom  da  signe  du  doate  (?)•  Bec.  dtt  monét.  mérov.,  pU  XXXVI,  n*  1.  — 
Àilat,  pi.  158»  lettre  £,  u«  1.  —  Catal.  rais,,  p.  39,  u*  612^ 


\ 
\ 


A50  MÉMOIR£S 

de  rancien  diocèse  de  Limoges,  ne  conviendrait  pas  me 
car  suivant  la  loi  générale ,  le  nom  primitif  de  Paligi 
se  serait  naturellement  contracté  en  Patgasum^  puis  F 
et  Pageai. 

SOX....CNOX  (?)  (lifu  inconnu  «in  LimcHisin). 

116.  +  201. . . .  CNOT  (  rétrograde  ) .  Tête  à  droite,  c 
d'un  bandeau  perlé  terminé  au  sommet  par  une  gi 
perle  ;  buste  orné  de  perles. 

+  AOErEMARYc»  {Adele$naru$).  Croix  longue  an 
haussée  sur  deux  degrés;  le  tout  dans  une  couronne. 

Tiers  de  sou  d'or  inédit.  Or  pur.  Poids,  Is'^SO.  Fi 
deuxième  tiers  du  vit*  siècle  —  Cabinet  de  M.  Pc 
d'Amécourt. 

Le  légende  du  droit  de  ce  triens  donne,  dans  le 
rétrogade  (qui  me  parait  le  plus  vraisemblable),  SoL. 
f  (7),  et  dans  l'antre  Lonc.JosouTonc.Jos  {!). 
ne  pouvons  indiquer  même  conjecturalement  son  \ 
bution  géographique.  Néanmoins  »  l'effigie ,  la  couron 
le  buste  présentent,  plus  encore  que  ne  le  ferait  ju( 
gravure  que  nous  reproduisons,  le  style  de  la  fab 
limousine.  Les  ornements  ayant  de  la  ressemblance 
ceux  d'une  monnaie  de  Brilliau-Fa  (  n*  108  )  et  su 
d'une  pièce  de  Vallière(n''  118),  nous  serions  disp 
penser  que  le  lieu  d'émission  de  notre  triens  n'est  pa 
éloigné  de  cette  dernière  boui^ade. 

Arrivé  au  terme  de  notre  description,  nous  devons  p 
rapidement  en  revue  les  pièces  qui  ont  été  attril 
au  Limousin  par  quelques  auteurs,  et  que  nous  rej< 
de  notre  série. 


■.';-■; 


ET   DlSSERFAtlONS,  Aôt 

1*  Les  trois  trîBns  qui  portent,  dans  la  légende  dti  droit, 
le  nom  iYAreduno  vico,  et,  au  revers,  les  noms  des  moné- 
taires Fantolenus^  JUagnoaldus  et  Teodulfus  \  ont  été,  dans 
le  principe,  attribués  à  Saint-Yrieix.  Mais,  d'une  party  noua 
savons  que  cette  ville  du  Limousin  a  été  appelée  primitive* 
ment  Âtanum,  et  sur  les  pièces  mérovingiennes  Sctcj  [Sanc" 
tu$)  Ârediuf  '  ;  d'autre  part,  on  a  reconnu  que  le  vocable  du 
droit  désignait  Ardin  en  Poitou  (département  des  Deux* 
Sèvres),  et  c'est  un  point  qui  parait  aujourd'hui  irrévoca- 
blement fixé. 

2*  Nous  avons  montré,  à  propos  de  nos  triens  de  Saint- 
Yrieix,  que  l'on  ne  pouvait  pas  non  plus  attribuer  à  cette 
localité  la  monnaie  qui  port«,  d'nn  côté  le  nom  de  Clo- 
taire  II,  et  de  l'autre  celui  à'Aredi*  :  celui-ci  désigne,  à 
notre  sens,  un  monnayer  et  non  une  localité. 

3*  Deux  triens  dé  Bellomonte^  avec  les  monétaires  Au-- 
diernviê  et  Ertnoaldus  \  On  a  cru  pouvoir  placer  dans  Tune 
d^  localités  limousines  appelées  Belmont  ou  Beaumont 
Tateber  d'où  sont  sorties  ces  deux  pièces  '•  Des  chartes 
de  la  deuxième  race  signalent  en  eflet  dans  notre  province 
des  bourgades  nommées  BfUusmons.  Mais  ce  vocable  et  les 
noms  modernes  qui  y  correspondent eont  très-répandus  sur 
toute  la  surface  de  l'ancienne  tiaule,  et,  si  l'on  s'en  tenait 
à  cette  ressemblance  ou  même  à  l'identité  de  nom,  on  tom- 
berait dans  un  embarras  inextricable.  C'est  alors,  nous  ne 


«  Bevu»  nymi»m.,  t.  V.  1840,  p.   105,  pi.  VI;  t.  VII,  1842,  p.  435.  pi.  XII  ; 
1.  IX,  1844,  p.  387  et  vignettes. 

*  Voir  oi-dessni,  danà  le  V*  f;roupe,  lu  description  des  o5>*  42,  43  et  44. 
s  C/M  tuprà, 

*  Pièces  du  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  impériale.  Cf.  Bnr- 
thélemy*  Mmtml  At  mimitmalifiM  modernt,  atlas  des  monu.  néroviog.,  n*  192. 

>  Bulletin  de  ia  SociiU  historiqu»  tt  liltérairt  du  Limousin,  t.  IVt  p.  176. 


452  11ÉI101RK9 

saurions  trop  le  répéter,  que  l'étude  des  types  et  des  st 
diocésains  est  du  plus  grand  secours.  Or,  dans  Tesp 
les  triens  de  Bellomonte  ne  présentent  point  le  carac 
de  la  fabrication  limousine,  et  Ton  a  eu  tort  de  les  f 
provenir  de  cette  cité. 

A*  Nous  avons  montré,  à  propos  de  Briva  vico  S  ( 
par  suite  d'une  mauvaise  leçon  de  lettres  liées,  ou  ai 
buait  inexactement  au  bourg  de  Brive-la-Gaillarde 
pièce  qui,  en  réalité,  portait  au  droit  Brivate^  et  soi 
de  Brioude  en  Auvergne. 

5*  La  monnaie  qui  porte  Bri+i$  {Brixis)^  que  Ton 
Briliê^  a  été  attribuée  à  Bridiers^  dans  la  Creuse  {m 
est  du  Limousin).  Msds,  en  premier  lieu,  Bridiers  i 
appelé  Brider iis  ou  Brideris^  et  non  Brilis;  en  second  1 
ce  n'est  pas  ce  mot  qu*il  faut  lire,  mais  Brixis^  Yx  é 
représenté  par  la  croix  qui  vient  après  le  premier  t 
existe  une  autre  pièce  frappée  à  Brexis  ',  dont  Brixis  i 
qu'une  variante;  et  ce  mot,  qui  s'écarte  tout  à  fait 
Bridiers,  s'appliquç  très-bien  à  Brèche  (Indre-et-Lo 
dans  la  Touraine. 

&"  On  connaît  deux  tiers  de  sou  d'or  au  nom  de  Baeic 
M.  Maurice  Ardant,  qui  en  a  acquis  un  récemment,  c 
qu'il  est  originaire  de  Razé,  bourg  situé  eu  Limousin, 
nord  de  Limoges  '  :  c'est  là,  suivant  nous ,  une  opii 


>  Voir  plus  haut  la  description  du  Vil*  groupe^  et  u^taBuneat  é»  n 
et  63. 

•  Cf.  RêWie  nunUêm.,  1840,  p.  103,  pi.  TI. 

»  Ibid.,  1839,  p.  437,  pi.  XVm. 

^  Urid.,  1845|  p.  314,  vignette.  —  FiUon,  CotuidératiofU  kist.  «1  arfwC  » 
monn.  d$  France  et  Lettrée  à  M.  Dugaet'Matifeux  eur  qttel^ueâ  moim.  fraa) 
inédites, 

■  Compte  rendu  dee  eéanees  du  congrèe  ecientifupie  de  Fremce  (session  de  l 
t.  !•»,  p.  275-276. 


ET   DISSERTATIONS.  453 

tout  à  fait  erronée.  D'un  côté  Razé  n'est  connu,  dans  les 
titres  du  xi*  ou  du  xii*  siècle,  que  sous  le  nom  de  Rase$. 
La  petite  ville  de  Rézé  en  Poitou ,  sur  la  rive  gauche  de  la 
Loire,  est  incontestablement  le  Ratiaium  (PaT(aTov),que 
Ptolémée  place  chez  les  Pictones^  et  le  RatiaUn$i$  vkus  de 
Grégoire  de  Tours  au  vi*  siècle.  Mais  ce  qui  est  à  mes  yeux 
plus  décisif  encore,  c'est  le  style  de  la  pièce,  qui  n'a  rien 
du  Limousin,  et  présente ,  au  contraire,  le  style  du  Poitou 
dans  sa  période  de  dégradation  la  plus  avancée. 

7*  La  monnaie  qui  porte  en  légende  Silaniaco  —  Abun- 
iantiu»  (n""  97)  est,  ainsi  que  nous  l'avons  expliqué  à 
propos  du  cinquième  groupe  et  de  Selaniaco  (  n*  33  ) ,  com- 
plètement étrangère  à  notre  série. 

Max.  Deloçhe. 


ibh 


MÉMOIRE» 


TABLB  ALPHABÉTiQOË  DES  NOMS  DE  LIEUX 
tnscrilten  légende  nur  les  monnaie*  mérotingienne*  du  Limoi 


MUMiÊBOS 

KOM  LATIN. 

des  places  sur 

les  planche» 

et  dans  le  texte. 

POSITION  DS  L'ATELlCtt. 

Abrianaco  *     (  dans    le 

oliHnjp  Lêmo),  .  .  . 

f« 

Abriao  (Corrèxa)? 

Peut  -  ocre    le    même 

qu'ilpnafico. 

Ag9nno 80 

Ajaiii  'Creuse). 
Ambaae  (  Hante- V1emie>. 

Ambadaco 

30,31 

Analiaco 

27 

NailUc(CÎreu«e). 

Ajprianco 

37 

Abriae(CoiT^M>. 

Ptiut  -  être    le   même 

qvC  Abrianaco. 

Argfnta  vie 

87 

Argentat  (  Corrèze  }  ?. 

Artonaco 

Arlvnaco  vico 

98 
112 

Baracitlo 

Le  même  que  Brit^Uoo, 

1^;?^!ÎÎ0   ÎBrilUau.Fa(Creu«,). 

Barro  cattro 

88 

Bar-êur-Corrèxe  (  Corrèxe  ). 

Biaenate  pago.'  .... 

68 

Beynat(Corrëx6). 

Blatomago 

71,74.75 

Blon  on  Blond  (Haute -Vienne) 

Blatomo  Sci Mart{ini). 

76 

Blon  on  Blond  (  Église  de  )  (  Haï 

Bonêculiat  ou  Bonecu- 

Vienne  i. 

liUê 

86 

Bonœil  (  Indre  ). 

Berchat  (Corrèze)  ou  Beraao  (Haï 

Breciaco  (pour  Berciaco 

128 

Vienne). 

BnciUoo 

108,109.110 

Voir  plus  haut  Baraeillo^  le  mi 

qne  Briciiloo. 
Brillac  (  Charente). 

Bnlliaco 

85 

Brioita,   , 

32             Brioune  (  Creuse  ). 
62,63         1  Brivu-la-Gaillarde  (  Corrèxe  ). 

Brioa    rico. 

Caban  iêio 

46              Chabauais  (  Cbareuie  ). 

Cabiriaco  vico 

^            4  Cliabrac  (  Corrèxe  ).  Voir  Canin 
^           \      n-  55  et  Curisiaco  u"  5-. 

Cabrianeco 

35, 36           Cbabrignac  (  Corrèze  ). 

Cantriacocico 

55 

Pour  Cabiriaco  rico  ?  . 

Voir  Cabiriaco. 

Carovicus 

18             CbervU  (  Haute- Vienne  y. 

Ctêt  monU  (/n)?.  .  .  . 

89            \yoir  In Cesêmionti)? 

1  Deux  tiers  de  Ma  appartenant  k  M.  le  comte  de  Chaeieiffaer,  de  Berdei 

portent  cette  intcriptton  en  lëgeade.  Com  me  noue  n'en  avon*  pae  «i  lee  emptdi 

k  notre  dlepoeltion,  nous  n'aTou  pu  ni  Ice  décrire  ni  les  faire  grarer  sor  ■«  pi 

chet.  Notu  les  indiquons  d'aprè»  le  Compte  rendu  d*  congrèt  tcitmti/qmê  de  fVi 

(session  de  1850).  t.  !•',  i 

?.  379. 

,11 1 


n  DISSERTATIONS. 


A55 


NOX  LATIN. 


Choiêëir 

Cidaco 

CttUint9C0 

CmUinaeo 

Codaco 

CoitpHniaeo 

ContiUo  contra 

Oitritioco  vtco.  »... 

Danacohi  vie.  (  Dahinaco) 

B^wriocaatro  E.R.  dans 
le  champ,  Eccle$ix 
Ratio) 

Egaio 

£»cmdcn€ 

Etpaniaeo , 

Le  même  que  SfMniaeo. 

Evira  vico 

Firruciaco , 

Le  même  que  Firruciac. 

Oêmtliaco 

Le  même  que  GemiliMo 

Gianonno. 

In  Ct4«  m{(mte?),  ,  . 

Lêmotêcai 

[Lt]mùfBictê 

el 
Um cirv , 

•C 

IMnodecas 

iÀmovegoê 

Umovix  (Ratio  Eeiiêiae) 

Loco  Sancto 

Le  même  que  Vjco 
Santco 

et 

LoeoSanto 

Marciaco , 

Mangonaco,  .... 

Mêdianocta 

JfonftfMoco 

NotUronu  on  Nonlrofii? 
Noooantru, 


de»  i»l^ces  ëur 

les  ptaacHet 

et  dmnsle  texte. 


125 

104 

38 

Mèee  décrite  d'à- 

r«eC4Mikro«e. 

34 

11 

64J14 

56,57,58 

104 


53 
121 
115 

70 

71 

61 

82.83 

84 

16.90,99 

14,15 

126 

89 

5,6.7,8  t 

10 


POSmOK  DE  L'ATTUiJl. 


Lien  încxmou  du  LiœouMu. 
Ciwo  (  Oorwige  ). 

Ghignae  (Corr&ze  i . 

Cousaac-Bonneral  (Haute-Vienne). 
OmpreifliAc  (  Haute- Vienne). 

CursRC  (  Haute- Vienne). 
Dagnac  on  Dignao  (Corrèze  )  ? 

Eyburie  (  Corrère.  ) 
Eyjaux  (  Hante -Vienne). 
Yssandon  (  Corrèze  ). 

!  Espagnac  (  Corrèze). 

I  Lieu  inconnu  dn  Limousin ,  dans  le 
f     voisinage  de  Naves  (  Corrèze  ). 

{  Fursac  (  Creuse  ). 

}  Jnmillac  (  Grand-  )  (  Dordogne  ). 

I  Glanne  (Lot)  ou  Glény  (Corrèze). 
I  Montceix  (St.Nicolas-ae-)  (Corrèze)' 


}  Limoges  (  Haute- Vienne). 


9  • 
122 

1 
23 


f  Limoges  (  Egli^^e  de). 
24, 101       >  Lieu  inconnu  du  Limousin. 


22. 102. 103 
20,105 
19 
17 
79 
91 
120 


Marsac  (Creuse ). 
Mag;nac-Bourg  (  Hante- Vienne). 
Maisonnais  (  Charente). 
Montignac  (  Creuse  ). 
Nontron  (Dordogne)? 
Nonhant  (Creuse). 


i  neaisterait  es  entre,  d'après  le  tëmolgaaice  de  XM.Conbronae  et  OnlUeBot. 
deaxIrleBS  de  Imimmcos  «ni  m  sont  pas  gravés  dana  nos  planches.  Le  n*  <  fl<(ure 
denz  fols  snr  nos  ptanelisa  :  la  kenne  graTnre  est  sur  l'avant-deniièie  planefee. 

*  Cette  ptèee  tgtire  deux  fois  sor  nos  planebes  :  la  Immbs  gra«nie  cal  dan»  Is 
dernière  plaaebe. 


&66 


UËUOIRK»     - 


13 


NOM  LATIN. 


Nota  vieo  * 

Palathtm  [Ecliê\iae]  ffa- 

tio) 

Paoliaco, « 

Paticatorigo , 

Le  même  que  Pàtigato, 

Petraficta 

Pino 

Potei^o 

Racio  Aecliê'L.E.M.O. 
Aocio   Aeciaim$   (  lisez 

Aêcliêioê) 

Ratto  Aeclit.-Lemotix. 
R.E.  [Racio  EccleiUt), 
Riêo  Ihmin.  .  .  ,  .  . 

Ilttwum(?) 

Rufiacu 

Sagilionê   ou   Sugiliont 

vico 

Sagfaciaco 

Le  même  que  Saraciac» 

SiigraciacoÇf) 

Douteux  qu'il    soit  le 

mdme  que  Saracitico, 
Sa.„.co  (Salliaco?)^ 

Salviaco 

Saraciaco 

Le  même  que  Sagra- 

ciaco,  ...... 

S. . ,  .niaco  {Saviniaco  ou  ' , 

Selaniaco 


MCMÉROS 

des  pièces  rar 
le*  filaaches. 
•tdftnsletazte. 


Set  Jfar(iini)  Blatomo.  . 

Sco  Argdio 

Le  même  que  Sco  Aro- 

dio  » 

Selaniaco 

Sennamauro  * 

Serotennum 

Seroenno 

•t 
Sirouno 


Silaniaco. 


77,  7a,  123 

21 
92 
93 
94 
25 
106,107 
95 
2 

3 

1 

93 

45 

65 

117 

81 
40 

m 

96 


66 
26 
39 

40 
41 

76 
42,43 

44 
33,127 
12 
13 
69 

100 

97 


POSITION  U£  L'ATELIKR. 


Noulo  ou  NoYic  (  Hsnte-VienDe}. 

Le  Palais  (Haute- Vienne. 
Pauiîao  (  Gorrèze  )  ? 

'  Pageas  (  Hante-Vienne  )  ? 

Peyrafiche  (Haute- Vienne). 
Pineau  (  Haute-Vienne  ). 
Chftteau-Ponsat  (  Haute* Vienne  ). 

[  Eglise  de  Limoges. 

Voir  Eburio. 

RieuprèsDun  (Creuse). 
Lien  inconnu  situé  dans  la  Corrèse 
Ronffiac  (  Cantal  ). 

Voir  Smgiliont, 

Voir  Samdaco'. 


Seilbao  (  Corrèse). 
Sauviac  (  Haute- Vienne  ). 

Sarazae  (Dordogne  ). 

â  Savignao  (  Dordogne  )  ou  Salagna 
J     (  Corrtec  ).  Voir  Seiamiaco, 
^  Eglise  de  Blon  ou  Blond.  Voir  Blctc 
I      mago. 

Saint- Yrieix  (  Haute- Vienne  ]. 

Salagnac  (Corrère).  Voir  S....m%acc 
Sennur  (Morterol-)  (Haute- Vienue] 


Sarrou  (  Corrèze) . 


(Lieu  étranger  au  Limousin,  probi 
blement  en  Orléanais. 


I  II  existe  aue  quatrième  pièce  de  NtRlXo  (  Novovieo  )  signée  da  mta» 
que  les  !!«•  77, 78  et  ISS  et  décrite  par  CoDènrase  (AtloM  d*9  WÊOim.  mat, 
t  La  BibUothèqae  impériale  poasèle  on  second  triaas  dderitdana  aotra 
*'  U  7  a  aoasi  ane  pièce  k  la  légende  Scuê  Arêdi,  décrite  d'après  BonlermM. 
h  Va  deuxième  triens,  décrit  dans  le  texte,  est  absent  de  nos 


Bétail 


ET    DISSERTATIONS. 


NOM  LATIN. 


NUMÉROS 

des  pièces  sur 

les  planches 

etdsniletexte. 


Soi.. ..mo  oa  Sof....eno. 

Sjpaniaco 

L«    même  qu^    Espa- 

niaco 

Sugilione   ou  Sagiliont 

vico 

Talilo  Castro 

[Toln'nna 

I 
Uierca 

Uarra  caitrum 

Usêalia  C.  [naatrum).  , 
Vallana  tico  *.  .  . 
...t.. .Je 


116 
71 

70 

81 
60 
67 


POSITION  DE  LATELIE 


Locftlîté  dn  Limoamn  encore  i 
nae. 


\  Voir  Etpaniaeo. 


Lieu  ÎDConnu  du  Limousin . 
|Teillol(Corrèzo). 
I  Tnrenne  (  Corrèze  i . 


47  48,49,50,1 
^^ et?30^   }  Uierche  (  Corrèw  ). 


51 

59 

72,118 

113 


(u* 


Usael  (Corrète). 

Vallîèr6(  Creuse). 

Lieu  inconnu  dn  Limousin. 


t  n  exbte  sa  ettbl»et  des  médailles  un  troisième  tricns  arec  la  mvme  U 


&Ô8 


MÉMOIRES 


TABLE  DBS  NOMS  DE  PERSONNAGES 

Inscrits  sur  les  monnaies  mérovingiennes  du  Limousin. 

Nota.  Sauf  le  ■•m  Clodovew  inscrit  sur  les  n*«  4  et  67,  et  qui  désigne  le  roi 
Clovis  II,  tons  les  noms  de  personnages  doivent  être,  suivant  nous,  considérés 
comme  étant  ceux  de  monnajers. 


6l 


NOMS 

DES   fBKSONMAOKS. 


AImndantiua.. 
AcoUnns,  .  . 
Acu...v<mBof  . 
Adelemaru*. . 

Ado 

Aegulfo».,  .  . 
AnsotnauM  .  . 
Ansoinius,  .  . 
ArrUoréui..  . 
Atnaricut.  .  . 
AmioaUm..  , 
Awiobodu»..  . 
Auêoniuê  .  . 
Authariuê  .  . 
Aoilalduê.  .  . 
Baidenus.  .  . 
Baselianus  .  . 
Batitianw..  . 
Baudegiêelus. 

et 
Baudigiêtlm». 
BaudoUfiMt  K 
Baudotenu*.  . 
Bêii^  .... 
Bobhoèmg.  .  . 


Bottfinuê  s 

Joso 

Bosolenu» 

CadoUfiut  (gravé  à  tort 

pour  BatM/o(e/liw)  .  . 

Ctanim 


NUMÉKOS 
des  pR«M  sar 
les  planches. 


»7  » 

76 

91 

116 

12B 

29 

9 

122 

8 

7 

38 

27 

14 

35  36,37 

91 

51,55, 66 

50 

49 

100 

13e»<t» 
43 
42 
39 

80 

39 

34 

64,114 

N 

10 
66 

43 
20,105 


NOMS 
PEa  raasovsAoas. 


CharvaHcut 

Clodontuê,  rtx,  .  . 

Clodoveut 

Coêta..,ian%u  {CmHan- 
Hamu»).  ...'.. 

Cudocatdus    .... 

Cundovalduê  ou  G^ndo- 
valduM.  Voir  Gwndo- 
vakku 

Oocoa^tw 

[Doe«]alémê{7) 

I>acocaldus 

Daocotum 

Oaulfiu 

fhorridluê 

Diacioaidio    poof    Da- 


Donmifnê.  . 
S..dêekinhu 

Biiei  pumr  KÊgk»  dana 
le     • 


fiSMl  IM« .    *    •    ■ 

£|pfrtfnM.  .  .  . 

E,,..udnut   ou 

drtiM   .  .  .  • 

FaUo 

FUu»ulf%u^,  •  . 

FUulfMs.   .  .  . 

Fracardui..  .  • 
Glovto.  .  .  . 
GondoUnos,  .  . 


F....II- 


KUKÉROS 
des  pièces  sar 
les  pluches. 


32 

4 
67 

87 
124 


17 

23,24.103 

103 

101 

69 

5 

94 


2 
126 
113 

4 

79.120 

96 

85 

44 

63 

77,78,  123  et 

peut-être  86 

57,58 

72,118 

70 


t  Cette  pièce  n'a  pas  été  frappée  en  LimoosSa  (  voir  daas  la  taUe  prtfe<Jeate  aa 
mot  SUaniaoo  ). 
>  On  a  graTé  CadoU/u$,  mais  k  tort. 

'  Pftee  décrite  daas  le  texte,  mais  non  gravte  snr  nos  plaadies. 
«  Pièce  décrite  dans  le  tcite,  mais  absente  de  nos  plaaches. 


KT    D1SS£ATAT10?IS. 


NOMS 

DSfl   PKI801 


GmrllM  o«  Grtullo, 


Omtéorald 

QuitdoraUlus  ou  Cundo- 

val^luM 

Haulfuê  (ponr   Flavl- 

f^?) 

Ildêbodua 

lUriwM  (?) 

Lttunecu 

Lêdeguseluê 

Uodardu* 

Leodesiua 

Leodo 

LêodHlfus 

Madelinuê 

MantU 

Blariaiut 

ÊlarinvifÈUê 

Mariuceoi 

Maurus 

Modêratuê 

Mod  „.wu    (  corrompu 

de  Moderahu).  .  . 
NailMwl...  \Nantoald?) 
Sectariui»  ...... 

ifora^eiiM  (?) 

Omarku 

Pûftenciut.    ^  .  .  ^  ^ 


NnxÉMW 
4«»pf^eet  SOT 
Tel  planches. 


61 

83,84 

92 

17 

86 
106^07 

41 

95 
116 

89 
117 

52 

46 

26 

48 

96 
1 

88 

51 
28,108,109 

111 

404 

16,90.99 

21 

3 

30 


NOMS 

DR8   PBRtOXNAOES. 


PastinduM 

Plooriduê 

Racnulfut 

Ridulfut 

Satomtu,  ..... 

Satumus 

Savelo 

Seco..  .  ,  

Tilaiuê  ou  Ttlafui. 

Ttodoaldui 

Teodolenui 

Teodulfuê 

TtudovalduA 

Thêodolenut 

Thibaiuê 

Thibaiuê  * 

TirUwindmê 

Ugo 

Vnio 

Ufulfuê 

UriU9 

Url 

Vadolenuê  * 

KifiooW  » 


mun  won., 

UlU9.,   .    . 

...  .nduû.  .  .  , 


NUMÉUO 
des  plbces 
les  plaitchi 


31 

65 

93 

53 

12 
6.11 
73,74,12 

68 
129,  I3( 

82 
18,40 

19 
124 

45 
125 

71 

47 

62 
128 

15 
119 


25 

60 

110 

112 


I,  t  et  s.  Plëçti*  mcBtionoées  dans  notre  deseriptinn.  mkisabssntes  de  nos  plancl 


1 


&dO 


Mf'.MOIRE 


ESSA 


L'HISTOIRE  MONÉTAIRE  DES 
DE  LA  MAISON  DE 

ET  WCSCRIPTION  DE  LEURS  MON! 

(PI.  XVII 

Sixième  et  deniier  article. 


Marie   (1A77- 

A  la  mort  de  Charies  le  Téroéraî 
des  ducs  de  Bourgogne  devinre 
fille,  Marie,  qui  se  trouvait  ains 
face  aux  nombreuses  complicatic 
cet  événement  inattendu.  Je  n's 
dans  le  détail  des  moments  diffi< 


t  Depuis  la  publication  du  chapîtr»  sur 
raire,  M.  Dewismes  est  devenu  possesseur  < 
qui  e«t  une  variété  notable  des  n**  69  à  7 
consiste  en  ce  que.  du  côté  des  deux  lions  ai 
PAC :POPVLV:TW: DOMINE:  1474:  et 
est:  KâROLVS.DEI:GRA:.DVX:BORG:C 
les  mêmes ,  il  a*/  a  que  la  transposition  dei 
donc  un  coin  essentieUcment  différent  des  ai 
je  le  pense,  ceux  qne  je  viens  de  rmppoler. 


ET   DISSERTATIONS.  461 

à  traverser  dans  le  commencement  de  son  règne  ni  des 
avanies  que  lui  firent  subir  les  Flamands  révoltés  et  parti- 
culièrement les  Gantois  ;  cela  sortirait  entièrement  de  mon 
sujet  11  parait  d'ailleurs  peu  probable  qu'au  milieu  de  tous 
ces  troubles  et  des  chagrins  qu'ils  lui  causaient ,  Marie  ait 
eu  le  loisir  et  même  la  pensée  de  s'occuper  de  ses  monnaies. 
Il  pourrait  même  se  faire  que  les  Gantois,  un  moment  vic- 
torieux après  la  mort  d'Hugonnet  et  d'Himbercourt,  aient 
pris  sur  eux  de  faire  continuer  le  système  monétaire  adopté 
par  Charles  le  Téméraire  en  changeant  seulement  le  nom. 
Cependant  tel  n'est  pas  mon  avis,  et  je  pense  que  les  ré- 
voltés eussent  regardé  à  deux  fois  à  usurper  des  attribu- 
tions appartenant  essentiellement  au  souverain;  je  crois 
aussi  que  la  princesse,  vu  les  embarras  nombreux  dont  elle 
était  assaillie ,  ne  put  s'occuper  qu'assez  tard  de  ses  mon- 
naies. Du  moins  jusqu'à  présent  nous  ne  connaissons  pas 
de  pièces  au  nom  de  Marie  portant  la  date  de  1A7Ô,  ce  qui 
aurait  pu  être  à  la  rigueur,  son  avènement  ayant  eu  lieu 
i  la  mort  de  son  père ,  le  5  janvier,  et  l'année  finissant  à 
Pâques,  c'est-à-dire  le  6  avril.  D'un  autre  côté,  il  me  parait 
également  certain  que  la  reprise  du  monnayage  au  nom 
de  la  duchesse  eut  lieu  avant  son  mariage  avec  Maximilien, 
archiduc  d'Autriche,  dans  le  mois  d'août  1A77,  car  nous 
trouvons  dans  les  registres  aux  mémoires  de  la  chambre 
des  comptes  de  Lille  la  mention  suivante  :  «  Le  12  juin 
1A77,  Gérart  Soyet,  maître  général  des  monnaies  de  la 
duchesse,  avertit  messieurs  des  comptes  qu'il  ne  pourra 
assister  à  la  journée  du  15  assignée  aux  monnayeurs  pour 
être  présent  à  l'ouverture  des  bottes,  qu'il  demande  de 
remettre  au  1"  juillet',  » 

*  Registre  côté  M  24  (  1473- 1600  ),  f.  xxn  Y», 

1862.-6.  32 


A62  UÉMOIBES 

Les  documents  monétaires  relatifs  à  la  période  que  n 
examinons  en  ce  moment  sont  trës*i*ares.  Les  archives 
la  chambre  des  comptes  de  Lille,  qui  aviûent  été  d'ui 
grand  secours  jusqu'ici ,  nous  laissent  presque  compl 
ment  sans  ressources.  Ce  fait  s'explique  lorsque  l'on  sa 
que  depuis  le  mois  de  février  1A73  (v.  st.  ))  les  chamt 
des  comptes  de  Lille  et  de  Bruxelles  se  trouvèrent  réui 
i  Malines  jusqu'au  mois  de  juillet  1&79.  Durant  en 
période*  on  comprend  que  l'envoi  des  instructions  moi 
tiûres  et  autres  documents  du  même  genre  dut  être  fai 
la  nouvelle  chambre  des  comptes  et  non  aux  anciennes  ^ 

Bien  que  nous  n'ayons  pas  la  première  instruction  à 
vrée  aux  maîtres  particuliers  de  la  monnaie  de  Fland 
sous  le  gouvernement  de  Marie  de  Bourgogne*  comme  1' 
spection  des  monnaies  de  cette  princesse,  où  désonr 
les  dates  d'émission  sont  indiquées,  nous  permet  de  m 
assurer  qu'elle  ne  changea  pas  de  types  ni  de  système  t 
qu'elle  vécut,  il  n'est  pas,  je  pense,  téméraire  d'avan 
que  cette  instruction  devait  être  identique,  sinon  par 
termes,  du  moins  pour  le  fond,  à  celle  du  h  déceraJ[>re  lil 
dont  je  parlerai  plus  loin  en  son  lieu  et  place.  Ce  mè 
examen  des  monnûes  nous  fait  connaître  qu'elles  porti 
toutes  exclusivement  le  nom  de  Marie,  et  jaoïais  celui 
Maximilien.  Il  n'est  pas  probable  que  les  États  de  Fland 
à  l'instigation  desquels  ce  mariage  s'était  accompli,  eussi 

*  Que  sont  devenues  les  arcliives  des  deox  chambres  réunies  ?  Cast  ce 
JMgnore  :  elles  ne  sont  pM  aux  arohires  do  royaume,  à  Bruxelles,  car  M.  i 
cliard,  direoteor  général  desdites  arohives,  n*a  pa  nous  fournir  ^iial*lBdiaM 
d'ordonnances  monétaires  relatÎTes  an  Brabant,  en  date  dn  10  novmbre  I 
et  da  1**  avril  1479.  Je  lui  dois  néanmoins  des  remercUnents  pow  ToUlfea 
qu*il  a  eue  en  cette  occasion.  Peut-être  que  le  renseignement  que  je  don 
puisé  dans  lo  registre  aux  mémoires  précités ,  mettra-t*!!  sar  la  ¥oie  de  la 
couverte  des  archives  de  cette  période. 


; 


ET   DISSERTATIONS.  tfiZ 

toléré  qu'un  nom  autre  que  celui  de  leur  souveraine  parût 
sur  les  monnaies,  contrairement  au  précédent  qu'avait 
établi  Philippe  le  Hardi  lors  de  son  avènement  au  comté  de 
Flandre.  Mais  ce  fait  n'empêchait  pas  que  les  ordonnances 
nonétaires,  de  même  que  toutes  les  autres,  fassent  rendues 
au  nom  de  Maximilien  et  de  Marie.  C'est  en  effet  ce  que 
nous  voyons  dans  celle  du  12  octobre  li78,  où  le  duc  et 
la  duchesse  fixent  le  cours  des  monnaies  d'or  et  d'argent 
dans  toute  l'étendue  de  leur  domination.  Cette  ordonnance, 
qui  relatait  l'indication  et  la  valeur  des  monnaies  dans 
leurs  États,  contenait  en  outre  plusieurs  mesures  de  police 
destinées  à  empêcher  le  renchérissement  arbitraire  du  prix 
des  espèces,  et  l'exportation  du  billon.  Voici,  du  reste, 
quelques-unes  des  dispositions  principales  qui  y  sont  ren- 
fermées. 

Les  officiers  du  souverain  sont  autorisés  à  faire  des  visites 
domiciliaires  chez  ceux  que  l'on  soupçonnerait  capables  de 
changer  le  coin  de  la  monnaie,  ou  de  se  livrer  à  l'exporta- 
tion du  billon.  —  Les  changeurs  auront  publiquement  sur 
leur  comptoir  ou  table  d'échange  des  rasoirs  pour  couper 
immédiatement  les  pièces  hors  de  cours  qui  leur  seront 
présentées.  —  L'achat  du  billon  en  petite  quantité  ne  sera 
plus  permis  sans  des  lettres  spéciales  du  souverain,  et 
Ç0UX  qui  se  livreront  à  ces  opérations  seront  tenus  de 
porter  sur-le-champ  Iç  billon  à  la  monnaie.  —  Les  mon- 
môet»  déclarées  hors  de  cours  seront  conûdérées  comme 
4^pooétifiées  par  le  fut  même  et  le  jour  de  la  publication 
de  Tordonnance.  ~  Une  amende  assez  forte,  outre  la 
conffscation  des  pièces,  est  prononcée  contre  ceux  qui 
mettraient  en  circulation  les  monnaies  prohibées.  Si  les 
Cfintrevenants  sont  trésoriers,  receveurs,  aubergistes, 
changeurs,  etc.,  etc.,  ils  payeront  un  tiers  en  sus  de 


ACA  MÉMOIRES 

Tamende.  En  cas  de  récidive ,  "la  peine  est  le  doubl 
Tamende,  etle  bannissement  pour  dix  ans.  —  Tous 
qui  exporteraient  du  billon  en  fraude  seront  punis  d 
amende  de  1 2  livres  de  gros  par  marc  d'or,  et  de  6  ûi 
de  Bourgogne  par  marc  d'argent.  L'action  judiciaire  ce 
eux  pourra  s'étendre  pendant  un  an  et  un  jour,  pen 
laquelle  durée  ils  seront  passibles  de  l'amende  s'ils 
convaincus  du  fait,  et  de  plus  bannis  pendant  cinq 
s'ils  ne  retrouvent  pas  le  billon.  —  L'introduction  des  i 
naies  étrangères  prohibées,  et  leur  mise  en  circulation 
une  valeur  plus  grande  est  défendue  sous  peine  d'ame 
outre  la  confiscation»  —  Il  en  sera  de  même  à  Tégar 
ceux  qui  transporteraient  ou  seraient  soupçonnés  tr 
porter  aux  monnaies  étrangères  les  espèces  ayant  ce 
—  Les  maîtres  particuliers  des  monnaies  qui  n'ont 
encore  fourni  ^e  cautionnetnent,  seront  tenus  d*en  v( 
un  entre  les  -nmins  du  président  de  la  chambre 
comptes  '. 

Tel  est  sommairement  ce  règlement,  qui  montre 
portance  qu'attachaient  le  duc  et  la  duchesse  au 
maintien  des  monnaies  dans  leurs  États ,  et  fait  conn 
les  mesures  qu'ils  croyaient  devoir  prendre  dans  Tin 
du  commerce, 

La  ferme  des  monnaies  avait  lieu  ordinairement 
trois  ans ,  et  il  est  naturel  de  penser  que  le  bail  passé  p< 
temps  après  l'avènement  de  Marie  de  Bourgogne  était  ei 
dans  le  cours  de  l'année  1A80.  En  effet,  nous  trouvons 
les  registres  aux  mémoires  de  la  chambre  des  coropU 
mention  suivante  :  «  17  novembre  liSO  :  La  monnoi 


*  Archives  d«  la  chambre  des  comptes  de  Bruxelles,  reg.  135,  ^  136  ( 
$10  fiaMOMnd  ). 


ET  DISSERTATIONS.  A6Ô 

a  Flandres  der.  forgée  à  Bruges  «  à  présent  vacant ,  a  esté 
«  publyée  tant  aud.  Bruges  que  en  ceste  ville  de  Lille  et 
a  ailleurs  à  baùller  à  ferme,  et  demourer  au  dernier  rabais- 
«  sant  icelle  à  la  cbandeille  que  pour  ce  sera  allumée  en 
«  ceste  chambre  des  comptes  le  xxyu*  jour  de  novembre 
«mil  im""  mi^'  prochainement  pour  y  entrer  xv  jours 
«  après  \  »  Mention  qui  est  bientôt  suivie  d'une  autre 
constatant  que  l'adjudication  de  ladite  monnaie  a  eu  lieu 
le  5  décembre  à  Nicolas  le  Vingneteur,  fils  de  Marc,  bour- 
geois demeurant  à  Bruges,  au  prix  de  xxm  gros  par  marc 
d'or,  et  vu  gros  par  marc  d'argent,  pour  droit  de  seigneu- 
rage.  Le  bail  était  fait  pour  trois  ans,  à  moins,  est -il  ajouté, 
que  Mons'  fasse  faire  un  nouveau  pied  de  monnaie  d'or  et 
d'argent,  auquel  cas,  ladifte  ferme  cesserait. 

Ce  fut  ea  suite  de  cette  adjudication  que  fut  donnée 
l'inslructtoii^  suivante,  qui  porte,  je  ne  sais  trop  pourquoi, 
éans  le  registre  de  la  chambre  des  comptes  la  date  du 
h  décembre  ;  à  moins  que  ce  ne  soit  celle  qui  ait  servi  de 
base  à  l'adjudication  -,  ce  qui  pourrait  être,  vu  la  dififéreoce 
que  Ton  remarque  entre  le  droit  de  seigneurage  pour  la 
monnaie  d'argent  et  celui  mentionné  dans  la  note  rap- 
portée ci-dessus.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  cette  instruc- 
tion : 

Cl  Premièrement  lemaistre  particulier  de  ladite  monnoye 
<i  fera  ouvrer  le  florin  de  Bourgoigne  tel  que  papcy  devant 
a  en  la  manière  que  s'ensiet  :  Assavoir  à  dix  neuf  karas, 
«  nobles  d'Angleterre  Henricus  comptez  pour  fin,  aliéz  de 
«  quatre  karas  d'argent  et  ung  karat  de  cuivre;  de  six  sols 
«  au  marc  de  taille  dont  l'aguille  se  baillera  audit  maistre 
n  et  allée  au  mesme  aloy  et  au  remède  d'ung  grain  et  deniy 

^  Registre  M-,  cité  ci-deisns,  t'«  LZiiii; 


AM 


HÊMOIRES 


;   f 


«  en  aloy  et  de  demy  esterlin  en  poix  sur  chacun  m 
a  d*œuvre.  Lesquelz  deniers  il  fera  ouvrer  beaux  et  rom 
«  taillé  de  bon  recours  ;  c'est  assavoir  que  le  plus  fe 
0  sera  taillé  à  ung  asquin  près  du  droit,  et  le  plus  foi 
«  ung  asquin  plus  fort  que  le  droit,  au  remède  de  U 
tt  fors  et  trois  febles,  qui  pourront  estre  plus  febles,  1 
a  dits  trois  febles  trois  mîV  de  ferlin  et  non  plus,  et  lesc 
a  trois  fors,  trois  vm*  de  ferlin  sans  quelconque  autre 
a  mède  de  fort  ne  de  feble.  » 

«  Iiem  ledit  maistre  donnera  aux  marcbans  de  leur  m 
a  d'or  tel  que  dessus  iiu"  viii  I.  v  s.  d'empirance  et  si  1( 
«  donnera  de  chacun  marc  d'aloy  v  L  xiiii  s.  dite  monn< 
«  d'empirance.  » 

«  Item  ledit  maistre  payera  au  prouffit  de  monseign 
«  le  duc  tous  les  remèdes  qu'il  aura  prins  en  poix  et 
«  aloy  et  si  pdera  au  prouffit  de  mondit  seig'  pour  : 
«  droit  de  seignouraigc  de  chacun  marc  d'or  fin  qu'il  » 
«  ouvré  en  ladite  monnoye  xxiii  gros  compté  ledit  flc 
«  de  Bourgoigne  pour  quatre  sols  gros.  >• 

c  Item  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  denier  blanc  nom 
«  double  patart  &  dix  deniers  argent  le  roy  el  de  six  s 
«  huit  deniers  au  marc  de  taille  au  remède  d'ung  gr 
«  en  aloy  et  d'ung  demy  d'iceulx  deniers  en  poix  sui 
«  marc  d'œuvre,  lequel  denier  il  fera  ouvrer  bel  et  ron 
«  taillier  de  bon  recours  :  c'est  assavoir  le  plus  feble  s 
«  taiUié  à  ung  vui*  de  ferlin  près  du  droit,  et  le  {dus  foj 
«  ung  vui*  de  ferlin  plus  fort  que  le  droit,  au  remède 
«  quatre  fors  et  quatre  febles»  qui  pourront  estre  p 
«  febles,  lesdits  quatre  febles  demy  fSerlin  et  non  j^ust 
«  lesdits  quatre  fors  demy  ferlin  sans  quelconque  au 
ce  remède  de  fort  ne  de  feble  ;  et  donnera  ledit  mais 
«  aux  marchans,  d'ung  marc  d'argent  le  roy,  trente  i 


i/i- 


à 


ET   DISSERTATIONS.  iS07 

«  huit  deniers  gros,  à  compter  ledit  àtnwr  pour  quatre.  > 
«  lîem  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  denier  blanc  nommé 
a  patart  à  cinq  deniers  argent  le  roy,  et  de  six  sols  liuît 
u  deniers  au  marc  de  uille.  au  remède  d'ung  grain  en  aloy 
<i  et  d*ung  demy  d'iceulx  deniers  en  poix  pour  le  marc: 
«  d'œuvre*  lequel  denier  il  fera  ouvrer  bel  et  rontet  taillier 
a  de  bon  recours.  C'est  assavoir  que  le  plus  feble  sera 
Il  taillié  à  ung  viu*  de  ferlin  près  du  droit  et  le  plus  fort 
«  sera  taillié  à  ung  viii*  plus  fort  que  le  droit  au  remède  de- 
Cl  quatre  fors  et  quatre  febles ,  qui  pourront  estre  plus 
«  febles  lesdils  quatre  fébles  demy  ferlia  et  non  plut,  et 
«  lesdits  quatre  fors  demy  ferlin  sans  quetonnque  initiée 
«  remède  de  fort  ne  de  feble,  et  donnera  ledit  maistre  aux 
«  marcfaans  du  marc  d'argent  le  roy  qui  est  au  dessoubz  de 
«six  deniers  d'aloy,  trente  sols  quatre  denkfs  gros,  à 
«  compter  ledit  denier  pour  i  1  gros.  » 

«  Iieni  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  aultre  denier  blanc 
«  nommé  gros  à  trois  deniers  xii  grains  d'argent  le  roy  et 
«de  dix  sols  onze  deniers  au  marc  de  taille  au  remède 
«  d'ung  gr^  m  aloy  et  de  deux  d'iceulx  deniers  en  poix 
«  sur  chacun  marc  d'œuvre  en  taille,  lequel  denier  it  fera 
«  ouvrer  bel  et  ront  et  taillier  de  bon  recours  ;  c'est  assavoir 
«  que  le  plus  feble  sera  taillié  à  ung  quart  de  ferlin  près  du 
u  droit  et  le  plus  fort  sera  taillié  à  uog  quart  de  ferlin 

•  plus  fort  que  le  droit,  au  ren^e  de  six  fors  et  de  six 

•  febles,  qui  pourront  estre  plus  febles  lesdits  six  febles, 
«  ung  ferlin  et  demy  et  non  plus,  et  lesdits  six  fors  nng 
«  ferlin  et  demy  saiis  quelconque  autre  remède  de  fort  ne 
«  de  feble  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  le  roy  sera  de 
H  xxxin  s.  m  d.  v  mittes  et  ung  tiers  laqueDe  traitte  rêvar 
■m  luée  à  monnoye  courant  à  cause  du  ix*  denier  de  creue 
«  qui  monta  xxxvii  s.  v  d.  ui  miites  gros  pour  équipoler 


i68  HÉMOIRES 

«  ledit  denier  gros  qui  depuis  le  denier  du  double  et  sim[ 
«  patart  a  esté  fait  à  cause  de  ladite  creue  :  ledit  mais! 
i(  donnera  aux  marchans  de  ladite  monnoye  coun 
(t  xxxiiu  s.  I  d.  ob.  courans.  > 

((  Item  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  autre  denier  bla 
((  nommé  demy  gros  à  trois  deniers  d'aloy  argent  le  roy 
«  de  dix  buit  solz  ung  denier  en  taille  pour  ehacun  mai 
u  au  remède  d'ung  grain  en  aloy  et  de  buit  d'iceulx  deni< 
«  en  poix  pour  cbacun  marc  d' œuvre  lequel  denier  il  U 
((  ouvrer  bel  et  ront  et  tsdllier  de  bons  recours;  c'est  asî 
«  voir  que  le  plus  feble  sera  taillié  à  ung  quart  de  fer 
«  près  du  droit  et  le  plus  fort  sera  taillié  à  ung  quart 
a  ferlin  plus  fort  que  le  droit,  au  remède  de  buit  fors 
«  buit  febles,  qui  pourront  estre  plus  febles  lesdits  viii  : 
R  blés,  demy  ferlin  et  non  plus,  et  lesdits  buit  fors  dei 
a  ferlin  sans  quelconque  autre  remède  de  fort  ne  de  feb 
<(  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  Je  roy  sera  de  xxxiu 
tt  vu  d.  XIII  mites  et  ung  tiers,  laquelle  traitte  revaluéi 
f(  monnoye  courant  à  cause  dudit  ix*  denier  de  creue,  me 
«  tant  XXXVII  s.  x  -  d.  gros  pour  équipoler  ledit  den 
«  comme  dessus ,  qui  depuis  le  denier  du  double  et  sim| 
t!  patart  a  esté  fait  à  cause  de  ladite  creue  :  ledit  mais 
«t  donnera  au  marcbant  de  ladite  monnoye  courant  xxxiui 
«  I  d.  ob.  courans»  » 

u  Item  ledit  maistre  feiti  ouvrer  ung  autre  denier  bk 
u  nommé  gigot  à  deux  deniers  d'aloy  argent  le  roy  et 
H  XXV  s.  VI  d.  en  taille  pour  cbacun  marc  au  remède  d*u 
«f  grain  en  aloy  et  de  dix  d'iceulx  deniers  en  poix  ;  leqi 
<f  denier  il  fera  ouvrer  bel  et  ront  et  taillier  de  bon  recoui 
«  C'est  assavoir  que  le  plus  feble  sera  taillié  à  ung  qui 
Cl  de  ferlin  près  du  droit,  et  le  plus  fort  sera  taillié  pi 
0  fort  que  le  droit  ung  quart  de  ferlin  au  remède  dé  i 


ET   DISSEHTATIONS.  A09 

a  fors  et  de  dix  febles  qui  pourront  estre  plusfebles,  lesdits 
0  febles  deux  ferlius  et  demy,  et  lesdits  fors  plus  fort  deux 
«  ferlins  et  demy  sans  quelconque  autre  remède  de  fort 
«  ne  de  feble;  dont  la  traitte  du  marc  d'argent  le  roy  sera 
a  de  xxxiiii  s.  V  d.  vin  mittes  ;  laquelle  traitte  revaluée  à 
o  monnoye  courant  à  cause  dudit  ix*  denier  de  creue  mon- 
«  tant  xxxviii  s.  ix  d.  gros  pour  équipoler  ledit  denier 
«  gros  comme  dessus  qui  depuis  le  denier  du  double  et 
a  simple  patart  a  esté  fait  à  cause  de  ladite  creue;  ledit 
0  maistre  donnera  au  marchant  «  de  ladite  monnoye  cou- 
a  rant  xxxiiii  s.  i  d.  ob.  gros.  » 

a  Item  ledit  maistre  fera  ouvrer  ung  denier  noir  nommé 
«  courte  en  valeur  de  deux  mittes  à  viii  grains  de  loy  argent 
t  le  roy  et  de  xviii  s.  en  taille  pour  chacun  marc  d'œuvre 
if  au  remède  d'ung  grain  en  aloy  et  de  douze  d'iceulx  de- 
«  niers  en  poix  ;  lequel  denier  il  fera  ouvrer  bel  et  ront  et 
«  taillier  de  bon  recours;  c'est  assavoir  que  le  plus  feble 
«  sera  taillié  à  ung  qnart  de  ferlin  près  du  droit  et  le  plus 
«  fort  sera  taillié  plus  fort  que  le  droit  ung  quart  de  ferlin, 
«  au  remède  de  douze  fors  et  douze  febles  sans  plus;  dont 
a  la  traitte  du  marc  d'argent  le  roy  sera  de  xlviii  s.  ,  la- 
u  quelle  traitte  revaluée  à  monnoye  courant  à  cause  du 
0 IX*  denier  de  creue  montant  un  s.  gros  pour  équipoler 
(f  ledit  IX*  denier  gros  comme  dessus  qui  depuis  le  denier 
a  du  double  et  simple  patart  a  esté  fait  à  cause  de  ladite 
a  creue  ;  ledit  maistre  donnera  au  marchant  de  ladite  mou- 
(f  «oye  xxxnii  s.  i  d.  ob.  gros  monnoye  courant.  » 

«  Item  ledit  maistre  sera  tenu  de  paier  à  monseigneur 
tt  le  duc  tous  les  remèdes  qu'il  aura  prins  en  poix  et  en 
«  aloy  sur  tous  les  deniers  et  si  paiera  au  proufiit  de  mondit 
«  seigneur,  pour  son  droit  de  seignouraige  de  chacun  mai*c 
«  d'argent  le  roy  qui  sera  ouvré  en  ladite  monnoye,  sept 


&70  UÊUOIALS 

«  gros  six  mittes  à  compter  le  doizble  et  simple  pata 
«  pour  iiii  et  pour  ii  gros.  » 

On  remarquera,  dans  cette  instnictkm,  les  noms  adopt 
généralement  pour  la  désignation  des  monnaies,  ce  qi 
nous  n'avions  pas  encore  vu  jusqu'à  présent.  De  plus,  af 
d'empêcher  la  disproportion  qui  pourrait  sargir  entre 
nombre  des  monnaies  mises  en  circulation ,  le  duc  et 
duchesse  ont  soin  de  stipuler  ce  qui  suit  : 

«  Ilem  et  affin  que  chacun  puist  estre  sorty  desdit 
«  menues  monnoyes  et  aussy  que  l'on  n'en  soit  trop  rouit 
«  plié  ne  foumy .  ledit  maistre  ne  pourra  forgier  que  cont 
a  cent  mars  de  semples  patars,  cinquante  mars  de  gros, 
a  contre  cinquante  mars  de  gros  dix  mars  de  demy  gn 
«  et  à  rencontre  de  dix  mars  de  demy  gros,  cinq  mars  < 
«  gigos  et  ce  jusques  à  ce  que  aultrement  y  soit  ordoni 
«  par  les  généraulx  maistres  desdites  monnoyes  qui  lors 
«  pourvoiront  selon  les  bas  billoos  qui  lors  viendront 
«  ladite  monnoye  pourveu  toutevoyes  que  ledit  maist 
M  pourroit  bien  forgier  plus  lai^ment  de  semples  pata 
a  sans  forgier  des  gros  ne  autre  menue  monnoye  à  l'avi 
(t  nant  se  bon  luy  semble ,  mais  ne  pourroit  forgier  iœl 
«  menue  monnoye  sans  forgier  à  l'avenant  iceuh  ce 
Cl  mars  de  semples  patars  comme  dit  est.  » 

Le  bail  fait  avec  le  maître  particijdier  Nicolas  le  Vingn 
teùr  ne  put  avoir  toute  sa  durée,  puisque  la  duchesse  Mai 
mourut  des  suites  d'une  chute  de  cheval,  le  27  mars  iki 
(  1A81  v.  st.).  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  elle  avait  r 
nouvelé,  conjointement  avec  son  mari ,  l'archiduc  Maxim 
lien,  les  ordonnances  antérieures  relatives  au  cours  d 
monnaies.  L'ordonnance  nouvelle  est  du  1*^  mars,  ma 
elle  ne  fut  publiée  à  Lille  que  dans  le  coinraot  d'avril,  pi 
conséquent  après  le  décès  de  la  duchesse. 


HA 


£T   UISSERT▲TIO^S.  £71 

Il  nous  reste  maintenaot  à  examiner  les  monnaies  frap- 
pées an  nom  de  Marie  de  Bourgogne. 

80.  :SANCTYS:.ANDR£AS:  Saint  André,  vu  de  face. 

f^.  Écusson  à  sept  quarts  posé  sur  une  croix  patéc,  par- 
tageant la  légende  MARIA  DVGISSA:BG'.CO:FLAD\.. 

OR.  Florin  au  saint  André.  Poids  d'un  exemplaire  un  peu 
usé,  61  grains  faibles  K  (Pi.  XIII,  u^  68.  ) 

81.  Variété,  arec  quelques  différence  de  coin  et  de  lé- 
gende, au  revers,  ainsi  conçue  :  MARIA  DVCISSA.BG*:CO. 
FLAN. 

82.  Mêmes  type  et  légende  qu'au  n""  80. 

n^.  Écusson  à  sept  quarts  entouré  de  la  légende  :  (  fleur  de 
lis)  :  MARIA.DVGISSA.B6.C0.F. 

OR.  Demi-florin.  Poids,  32  grains  fort.  (PL  XllI, 
n-69.) 

L'instruction  de  1A80  ne  fait  psa  mention  des  demi-flo 
rins.  Je  ferai  à  ce  sujet  remarquer  que  l'ordonnance  du 
12  octobre  1A78,  dont  j'ai  parlé  ci-dessus,  en  rappelant  les 
pièces  dont  la  circulation  est  autorisée,  ne  parle  jamûs  des 
cUvisions  des  monnaies  d'or  qui  n'étaient  pourtant  pas  dé- 
monétisées. 

83.  Deux  lions  affrontés,  séparés  par  un  briquet  d'où 
s'échappent  des  étincelles.  Légende:  +MARIA:DVCISSA: 
BG'.COMIT'.FLAD'. 

^.  Écusson  à  sept  quarts  sur  une  croix  dont  on  ne  voit 
que  les  extrémités  fleuronnées.  Légende  :  SALVV.  FAC: 
PPLM'.TVrDNE1477. 

Jfi.  Double  briquet,  désigné  dans  l'instruction  sous  le 


^  L'initnietion  de  1480  donue  63s',30  pour  le  poids  du  florin  de  Bourgogne 
AU  Saint-Audrc. 


&72  HÉuoinEs 

nom  de  double  patard.  Poids,  55  à  57  grains»  suivant 
exemplaires.  (PI.  XVIU,  n»  70  '.  ) 

Beaucoup  de  variétés  existent  de  cette  pièce.  Eu  voie 
description  : 

84.  +MARIA:DVC1SSA:BG:C0M1T:F:  Mênie  type  qu 
numéro  précédent. 

i).  +SALVV.FAC:PPLM\TVV'DNE1A78.  VaFÎétésA 
les  fleurons  de  la  croix. 

85.  Autre  de  la  même  année  avec  la  Tègende  du^dr 
se  terminant  par  les  mots  C0M1T:FLAD  '. 

86.  Autre  de  la  même  année  avec  COMIT  FL,  les  in 
séparés  par  deux  étoiles  au  lieu  de  deux  croisettes  '. 

87.  Émission  de  i&79,  comme  le  n*  86,  sauf  la  date. 
88  et  89.  Deux  variétés  de  Tannée  1  &80,  avec  C0MI1 

et  COMIT:FL. 

Les  pièces  des  trois  années  1A78,  1A79  et  1480  n^ 
aucune  marque  au-dessous  des  deux  lions  comme  celle  < 
se  trouve  reproduite  au  n*»  70  de  la  pi.  XVllI. 

90  et  91.  Deux  variétés  pour  l'année  lASl  semblable 
celles  de  1 A80  :  sous  les  deux  lions,  il  y  a  un  trèfle  ou  nce 
comme  celui  qui  se  trouve  auprès  du  lion  dans  les  piè< 
suivantes. 

*  Le  poids  fixé  par  rinstruetîon  est  de  57(^,86.  Ces  pièces  sont  iétigo 
dkos  les  plscards  olt^enn  sons  le  nom  de  <kmbUê  fuMtcqt. 

Ce  double  briquet  a-t-il  en  une  division  ?  c'«*8t  ce  qu'on  ne  peut  affioD 
cependant  cela  semblerait  résulter  du  passage  suivant  de  rordoDoaoee 

police  de  14B1  : Le  double  patart  Karolue  et  h  dofnbU  Marié  à  deux  'y« 

tous  deux  à  quatre  grog  et  dêmi^  le  gimple  ificelui  à  deux  gros  six  miltfr,  les  à 
d^iceulx  dsfnourant  à  ung  gros,  ïl  peut  se  faire  néanmoins  qu'il  soit  ici  qaesti 

>^  du  demi-patard  dont  on  parlera  plus  loin. 

f  •  Serrure,  op.  ctl.,  p.  252,  n*  118. 

1  «Serrure,  op.  cil.,p.  252,  n*  119:  —  DenDuyts,  pli  XlIIl,  a*  81. 

Duby,  pi.  LXXXII ,  n*  1. 


ET   DISSERTATIONS.  4-73 

92.  4-MARIA:DVGISSA:BG:C0MIT:FL.  Lion  ,  la  tête  vue 
de  face,  tenant  un  écusson  à  sept  quarts.  Au  bas,  entre 
Vécusson  et  les  pattes  de  derrière,  un  noeud  ou  trèfle. 

î$.  Croix  fleuronnée  portant  au  centre  une  fleur  de  lis. 
Légende  ;  +BENEDIC:HEREDITATI:TVE  1480. 
;ï\.  Patard.  Poids,  5â  grains.  (PL  XVIII,  n»  71  K) 

93.  Autre  variété  du  même,  avec  seulement  GOMITrF. 

94.  +MARIA:DVC1SSA:BG:C0MIT:FLA.  Lion  assis,  la 
tète  tournée  de  profil  à  gauche,  et  tenant  un  écusson  à 
sept  quarts. 

6.  Comme  le  précédent. 

A.  Variété  du  n«  93.  (PL  XVIII,  n*  72.) 

Il  est  trèS'difficile  de  dire,  à  moins  d'en  faire  l'essai, 
laquelle  des  pièces  aux  types  précédents  est  le  double 
patard  et  le  simple  patard  des  instructions  monétaires,  la 
taille  étant  la  même.  Seulement  les  monnaies  que  l'on 
connaît  sous  le  nom  de  doubles  briquets  paraissant  plus 
blanches  d*aspect,  j'ai  cru  pouvoir  leur  appliquer  la  dési- 
gnation de  double  patard.  Une  preuve  à  l'appui  de  mon 
appréciation,  c'est  que  dans  le  placard  de  1633  pour  les 
changeurs ,  les  doubles  briquets  figurent  parmi  les  pièces 
pour  lesquelles  on  est  tenu  de  payer  à  l'avenant  de  neuf 
deniers  treize  grains,  et  que  les  autres  désignées  sous  le 
nom  de  vieux  lions  de  Flandre,  sont  comprises  dans  la 
catégorie  de  celles  pour  lesquelles  on  paye  à  l'avenant  de 
quatre  deniers  seize  grains;  ce  qui  est  bien  en  rapport, 
dans  les  deux  cas,  avec  l'aloi  fixé  par  l'instruction  de  1&80. 

95.  +MARIA:DVCISSA:BG:CO:FLA.  Grand  M  gothique 
dans  un  entourage  de  quatre  arcs  de  cercle  accompagnés 
d'angles  à  leurs  points  de  rencontre. 

'  Le  poids  légal  deTsit  fttr«  57«»,86. 


J  A7A  IIÉMOIBES 

*  î^.  Croix  ornée  portant  en  cœur  une  flenr  de  lis,  et 

!  tonrée  de  la  légende  +  BENEDIG:AIA:HEA:DNO  lATS. 

\  M.   Gros.    Pmds   moyen   de   plosieurs   exemidaû 

Si  grains.  (PL  XVIII,  n*  78  \) 

96.  Variété  avec  les  ionots  GO  FL  terminant  la  1^ 
du  droit,  dont  les  mots  sont  séparés  par  une  étoile  au  I 
de  deux  croisettes.  Le  revers  est  le  même  que  le  précède 

97.  Variété  avec  CO  F.  Les  mots  du  droit  et  du  rei 
sont  séparés  par  une  étoile. 

98  et  99.  Deux  autres  pièces  de  l'année  li79  offi 
les  variétés  de  légendes  indiquées  ci*dessus»  et  les  n 
séparés  par  une  étoile. 

100.  Gros  semblable  de  1A80,  avec  la  l^nde  termi 
par  CO  FL. 

J*ai  jugé  convenable  de  reproduire  la  date  de  o 
pièce  sous  le  n*  7 à  de  la  pi.  XVIIl,  à  cause  de  la  foi 
du  h  qui  est  tout  à  fait  celle  en  usage  aujourd'hui,  ce 
est  au  moins  rare  à  cette  époque. 

loi.  +MARIA.DVCISSA.BG.GOMIT.F.  Le  reste  cou 
aux  précédents,  mais  avec  la  date  de  l&Sl  '. 

Je  ne  connais  pas  de  gros  à  l'M  portant  la  date  de  là 
Tout  me  porte  à  croire  que  ces  pièces  ne  furent  ém 
qu'après  le  mariage  de  la  duchesse  de  Bourgogne  a 
l'archiduc  Maximilien.  Auparavant,  et  pendant  le  tei 
qui  suivit  la  mort  de  Charles  le  Téméi-aire,  Marie  se  o 
tenta  probablement  d'émettre  des  pîèoes  semblable 
celles  de  son  père,  où  les  légendes  pieuses»  extraites 
eantique  de  saint  Ambroise,  semblaient  aj^Ier  la  prot 
tion  du  ciel  sur  l'orpheline  assaillie  de  tous  côtés  par 

1  Dnby,  pi.  LXXXII ,  n'  2.—  Serrure,  op.  ci*.,  p.  292  et  2S^  n*  ISTct 
—  Den  Dnyts,  pi.  XIIIl»  n-  82. 
»  D«»n  Duyts,  pi.  XIIII,  n*  83. 


! 


/r/ 


ET   DJSSI-RTATIONS.  ft75 

ennemis  du  dedans  et  dn  dehors.  La  légende  des  nouveaux 
gros,  Benedic  anima  mea  Domino^  témoigne  au  contraire 
de  sa  gratitude,  lorsque,  après  son  mariage,  elle  se  yoyaît 
sûre  d'un  appui  qui  pourrait  la  protéger  et  la  défendre,  et 
qu'elle  entrevoyait  dans  son  union  avec  un  époux  préféré 
un  avenir  plus  heureux. 

Les  divisions  du  système  monéture  que  nous  examinons 
ne  contiennent,  du  reste,  plus  de  légendes  significatives  ; 
il  me  reste  à  les  décrire. 

102.  (Fleur  de  lis)  MARIA. COMIT. FLAND ,  entourant 
une  M  majuscule,  dont  il  faut  remarquer  la  forme  ;  car  elle 
est  la  même  que  celle  qui  commence  la  signature  du  fa- 
meux peintre  flamand,  MemUng^  et  vient  ainsi  à  l'appui  de 
la  véritable  lecture  de  son  nom. 

îv.  Croix  aux  extrémités  fleuronnées,  entourée  de  la  lé- 
gende :  (fleur  de  lis)  :  IN.NOMINE.DOMINLA. 

yR.  Demi-gros   Poids,  21  grains*.  (PI.  XVIIl,n»75.  ) 

103.  M  majuscule,  entourée  de  la  légende  :  (fleur  de  lis)  : 
MARIA.GOMIT.FLAN. 

^.  Croix  très-simple,  avec  la  légende  :(  fleur  de  lis)  : 
1N.N0MINE.D0MIN. 

Jfi.  Gigot.  Poids,  13  grains*.  (PI.  XVlll,  n»  76.) 
Enfin,  j'ajouterai  à  la  description  qui  précède  celle  d'une 
monnaie  noire  ou  couite^  qui  a  échappé  à  M.  J.  Rouyer.  Cet 
auteur  disait  que  la  monnaie  noire  de  Marie  de  Bourgogne 
ressemblait  à  celle  de  Louis  de  Mâle,  en  ce  sens  que  le  nom 
était  inscrit  dn  côté  de  la  croix,  et  que  sur  le  côté  opposé 
.se  trouvait  l'initiale  dndit  nom  '.  La  pièce  que  je  donne 

1  Le  poids  légal  est  21  grains  1/3.  La  pièce  que  j*ai  dessinée  e«t  trës-nt^. 
<  Le  poids  légal  est  15  grains  fort.  —  V.  Den  Duytn,  pi.  XIUI,  n*  84. 
s  Bnue  nvmt^maftftie,  année  1848,  p.  434. 
On  pourrait  peut-être  admettre  qne  ce  retonr  an  type  de  Lonis  de  M&le  avnit 


mu 

r  ^   f 


&76  MÉMOIRES 

porte,  au  contraire,  comme  les  monnaies  d* argent,  le  n 
autour  de  l'initiale.  En  voici  la  description  : 

10&.  M  gothique,  entourée  de  la  l^ende  :  MAB 
COMIT.FLAN. 

^.  Croix  courte,  avec  la  légende  :  (  fleur  de  lis)  : 
N0MINE.D0M1N1. 

Billon  noir,  courte.  Poids ,  20  grains  3/4.  (  PL  XV 
n*  77.  ) 

Je  donne  en  mêooe  temps,  sous  le  n*  78,  comme  p< 
de  comparaison ,   le  dessin    de  la   courte  publiée 
M.  Rouyer,  et  pris  sur  l'exemplaire  de  la  Bibliothè 
impériale. 

Les  monnaies  d^argent  précédentes ,  sauf  le  double  i 
quet,  portent  toutes  Tindice  monétaire  de  l'atelier 
Bruges  ;  la  fleur  de  lis. 

A  la  mort  de  Marie,  finit  la  série  des  comtes  de  Flan 
de  la  maison  de  Bourgogne.  Son  fils,  Philippe  le  Beau, 
partie  de  la  maison  d'Autriche.  Ici  donc  s'arrête  le  tra 
que  j'avais  entrepris.  Puisse-t-il  avoir  intéressé  quel 
peu  les  lecteurs  de  la  Revue}  S'il  en  était  ainsi,  peut-* 
cela  m'encouragerait-il  à  faire  une  suite  à  ce  travail, 
essayant  également  l'histoire  monétaire  des  comtes 
Flandre  de  la  maison  d'Autriche,  si  toutefois  mes  loi 
me  le  permettent. 

L.  Desghamfs  de  Pas. 

ici  an  autro  but.  La  duchesse  peut  «Toir  voulu  profiter  de  U  circonst 
présentée  par  le  nom  de  son  mari  qui  avait  Ja  même  initiale  que  le  âen , 
tromper  la  défiance  des  Flamands  et  faire  figurer  rarchiduc  avec  eUe  » 
monnaies.  Ceci  n'est,  au  reste ,  qu'une  hypothèse  que  je  doone  tous  tout 
serves. 


.  / 


KT    DISSFRTATlOiNS.  4' 

TABLEAU  RÉCAPITULATIF 

Des  monnaies  d'or  et  d argent  émises  par  les  comtes  de  Flanc 
de  la  maison  de  Bourgogne^  de  1384  à  1481. 


DATE 

ANNÉE 

MDMiRO 

des  ordoTinnncos 

probable 
oà  s'est 

DÉSIGNATION  DES  PIÈCES. 

des 

oo 

terminée 

Instructionsroonétaire». 

rëmiasinn. 

planche 

PHILIPPE  LE  HARDI. 

1384 

Deniers  d*or  de  convention  frappés 
aux  noms  de  Philippe  le  Hardi  et 

n 

n 

de  Jeanne  de  Brabant.  •  .  .  •  . 

1 

1 

Doubles  gros,  gros  et  demi-gros 
du  même  système 

2.3,4 

18  avril  1385  (?). 

1386 

Chaise  ou   réal  d'or  au  nom  de 

Philippe  le  Hardi 

6,6 

" 

Double  gros  botdraeger 

(  Le  gros  et  le  demi  gros  man 
quent  ) 

7 

3  avril 

Doubles  heaumes  d'or 

8 

29  octobre  1386. 

1386 

Doubles  gros  avec  deux  écussons 

(V.    8t.)? 

surmontés  du  mot  FLADRES.  . 

9 

Gros  nu  mfime  type 

10 

{  Le  demi-gros  manque.) 

3  nvi-il    1386. 

1389 

Anpes  et  demi-anges  d'or,  .... 

11,12 

— 

1390 

Double  gros  et  gros  à  l'aigle  tenant 

deux  écussons 

13,14 

!•'  octobre  1388. 

1404 

Nobles ,  demi-nobles  et  quart  de 

nobles  de  Flandre 

15,16, 

Double  gros  au  lion  assis ,  portant 
à  son  col  une  mante  om  volet  aux 

armes  de  Bourgogne 

18 

Gros  et  demi-gros  au  même  type. 

19,20 

Double  mite» 

21 

JEAN  SANS  PEUR. 

Ii06 

1409 

Doubles   écus  d'or,  deroi-écus  et 
quarts   d'écu  (ces  pièces  man 

quent  ). 
Double  gros  (manque). 
Gro*  au  lion  debout ,  surmonté  de 

l'écu    de   Bourgogue,  entouré 
d'une  bordure  de  neurs  de  lis.  . 

22 

Demi-gros   et  quart   de  gros  du 

m@me  sj'stème 

23.24 
25 

17  août  1409. 

1410 

1416  (?) 

Noble  de  Flandre.  . 

Deniers  d'or  de  53  de  taîTle  au 

marc  de  Troyes  (  manquent). 

1862.-6. 


33 


478 


MÉMOIRES 


-4^ 


DATE 

«des  ordonnances 

ou 

in^trnctions  monétaires. 


ANNEE 
probable 
oit  s'rnt 
terminée 
l'émissipii 


17  août  1409. 


23  déc<'inbre  1410. 


2l(l«iceTnbreU12. 


6  décembre  1416. 


10  avril  1418. 


Novembre  1419. 


22  juin  1425. 


8  Dovembre  1426. 


1416  (?) 


1418 


1419 


1425 


1426 


1427 


DÉSIGNATION  DES  PIÈCES. 


JEAN  SANS  PEUR  (suite). 

Double  gros  aax  d«*ux  écus  sar 
montés  d*un  heunnie 

Gros,  demi  gros  et  quart  de  gros 
du  môme  système 

Deniers  d*or  appelés  écos  de  Jeban 
et  demi-deniers  d'or;  doubles 
gros,  demi-gros  et  quart  de  gros. 

Doubles  mites  et  miles. 

(  Toutes  ces  pièces  n'ont  pas 
été  retrouvées.') 

Monnaies  frappées  dans  le  système 
parisis  ,  en  vertu  de  l'octroi  de 
Charles  VI ,  de  cette  date  { au- 
cune n'existe  aujourd'hui  ). 

Nobles  d'or,  demi-nobles  et  quarts 
de  noble  (semblables  pour  le  type 
à  ceux  de  1409,  et  différents  seu 
lement  par  le  poids  ) 

Doubles  gros,  gros,  demi  gros  et 
quarts  de  gros  (semblables  à 
ceux  de  Vannée  1409;  la  diffé- 
rence pour  les  monnaies  d'argent 
de  cette  émission  consiste  en  ce 
que  tous  les  A  soni  barrés  ). 

Heaume  d'or 

Double  gros  kromstaert ,  an  type 
du  lion  debout,  portant  l'écusson 
de  Bourgogne  sur  le  flanc.  .  . 

Gros  et  quart  de  gros 

(  Le  demi-gros  manque.  | 

PHILIPPE  LE  BOx\. 

Heaume  d'or  et  demi-beaume  (  ce 
dernier  manque) 

Double  groe  kromstaert,  gros, 
demi-gros  (  manque)  et  quart  de 
gros 

Nobles  d'or  semblables  à  ceux  de 
Philippe  le  Hardi ,  sauf  les  ar 
moines 

Demi -nobles  et  Quarts  de  noble 
(voiries  placaros). 

Double  gros  aux  deux  écos  sur- 
montés d'un  heaume. 

Ecus  d'or  de  Hollande,  dits  klin- 
koerts 

Demi-klinkaert  d*or • 


KUMSac 

d«-s 
planche 


2t> 


27,28,S 


30 


31 
32,33 


34 


35,36,3 


38 


41 

39 
40 


ET    DISSERTATIONS. 


DATE 

ANNÉE 

VUMS 

de*  ordonniinces 

probable 
oh  s'e»t 

DÉSIGNATION  DES  PIÈCES. 

de 

on 

terminée 

lutraeiloot  monëtalren. 

l'émUaion. 

plane 

PHILIPPE  LE  BON  (suite). 

14  dpptemhrp  1427 

1428 

Nobles  d'or,  demi-nobles  et  quarts 
de  noble  ;  la  différence  avec  les 
premiers  de    Philippe  le   Bon 
était  que,  sur  la  face,  il  y  avait 
un  lion  sortant  de  la  poupe  du 
vaisseau,  et,  au  revers,  le  centre 
de  lu  croix  devait  se  trouver  com- 
plètement vide.  (Ces  pièces  man- 
quent totalement.) 

Doubles  gros,  gros,  domi-gros  et 
quarts  de  gros^  identiques ,  sui- 
vant tonte  apparence,  à  ceux  de 

1419. 

uaa 

Noble  d'or  et  demi-noble,  sembla- 
bles à  ceux  de  rémission  précé- 
dMO*»  sauf  que  le  milieu  de  la 
eraîa  «uitient  une  rose,  et  que 

du  cM  dftU  face  VA  d«  FLAN- 

DRIA  est  ban^ 

42.  < 

(  Le  quart  de  nM»  n'a  pas  été 

^■*i 

retrouvé,  i 

Double  gros,  gros,  dami^ma  et 
quart   de    gros,  seroblablea   à 

ceux   émi.H  en    1419,  sauf  qnt 

tous   les  A  des   légendes  sont 

barn's. 

12  octobre  1433 

1453 

Deniers  d'or   Philippus,  appelés 
ridders,  et  demi-ridders  d'or.  . 

44.^ 

— 

1467 

Double    gros    vierlander,    gros, 
demi  -gros  quart  de  gros,  double 

IBjanv.  14531V.  si). 

1466 

mite  et  mite.  .......... 

46  i 

Lion  d'or  et  lionceau  (  double  tiers 

l"  iuiUet  1456. 

1466 

de  lion  ) 

5hi 

Lion  d'or,  lionceau  (double  tiers 
de  lion  )  et  tiers  de  lion,  i Le  tiers 

de  lion  avait  été  déjà  frappé  à 
Malines,  en  vertu  de  l'instruc- 

tion du  11  juin  1454) 

51, 5Î 

23  mai  1466. 

1467 

Florin  d'or  de  Bourgogne 

Demi-florin  d'or.  (Cette  pièce  n'est 
pas  parvenue  a    ma   connais- 

5- 

SAiiCe). 

Double  patard  d'argent 

W.i 

CHARLES  LE  TÉMÉRAIRE. 

1467 

1477 

Florin  et  demi-florin  d'or 

57.5 

Double  patard 

6 

&80 


MÉMOIRES 


«Kl 


i 


DATE 

des  ordonnances 

ou 

instructions  monétaires 

ANNICK 
piobable 

ohs'i'Kt 
terminée 
l'émission. 

nÉSIOKATION  DES  PIÎICES. 

XCMS 

de 

pland 

1467 
27  octobre  .1474 

1477 

1474 
1477 

1481 

CHARLES  LE  TÉMÉRAIRE  (suite). 

gros  et  quart  de  gros 

Florin  d'or  i  peut-être  le  n*  58  pré- 
cédent) et  demi-florin  d'or. 

Double  patard  d*aruent,  connu  sous 
le  nom  de  double  briquet.  .  .  • 

Double  gros  au  lion  tenant  un  écn»- 
son 

61, f 
63,  ( 

65 
66 

Gros  ou  simple  briquet 

MARIE. 

Florin  d'or  et  demi-florin 

briquet.  • •••. 

67 

68,6 
70 

Patard ,  on  double  gros 

Gros  à  rM 

Demi-gros  à  TM 

71,7 
73 

75 

Gigot,  ou  quart  de  gros 

Courte  ou  double  mite. 

75 
77,7 

'« 


;.:f 


i: 


KT   DISSERTATIONS*  A8t 


MÉREAUX  DE  LA  SAINTE  CBAPELLE  DE  PARIS. 

(  PI.  XIX  et  XX.) 


Aucun  souvenir  de  la  sainte  (Thapelle  n*est  dépourvu 
d'iutérèt.  11  n'est  pas  jusqu'à  ses  uiéreaux  qui  ne  soient 
recherchés  avec  une  sorte  de  prédilection.  Le  hasard  noBs 
permettant  d'en  faire  connaître  plusieurs  dont  l'existence 
n'avait  pas  été  signalée,  ou  dont  l'origine  n'avait  pas  été 
déterminée ,  nous  profitons  de  l'occasion  pour  donner  à 
leur  sujet  une  courte  monographie. 

Nous  n'apprendrons  à  personne  dans  quelles  circon- 
stance» sakit  Louis  réédifia  la  chapelle  du  palais  de  Paris 
pour  en  faire  la  sainte  Chapelle,  dont  on  admire  encore 
aujourd'hui  l'élégante  structure.  Mais  le  roi  pieux  ne  se 
borna  pas  à  élever  ce  monument  à  la  gloire  de  la  couronne 
d'épines,  d'une  portion  de  la  croix,  et  des  autres  reliques 
de  la  passion  du  Sauveur  qu'il  avait  obtenues  de  l'empereur 
de  Constantinople,  Baudouin  de  Courtenay  :  il  attacha,  de 
plus,  à  l'établissement  un  certain  nombre  d'ecclésiastiques 
pour  la  garde  des  reliques  et  l'accomplissement  du  ser- 
vice divin. 

Ces  ecclésiastiques,  d'après  les  ordonnances  d'institution 
de  1245  et  1248,  et  si  l'on  s'en  tient  à  une  esquisse  trts- 
sommaire  de  la  composition  du  personnel,  étaient  des  cha- 
l)elains  prêtres  ou  chapelains  principaux,  des  sous-chape- 


482  MÉMOIRES 

lains  prêtres,  et  des  clercs  diac 
chapelaÎD-msdtre  avait  la  surveilh 
Plus  tard,  sous  Philippe  le  Long 
changèrent.  Le  chapelain-maître 
chapelains  principaux  devinrent  c 
chapelains  devinrent  des  chapela 
le  nom  de  chapelains  perpétuels 
bénéfices  fondés  postérieurement 
Philippe  le  Long  porta  de  huit  à  1 
noines,  et  augmenta  en  même  h 
pelains  et  des  clercs. 

Le  collège  que  formaient  les  c 
qtt*un  dignitaire,  qui  était  le  trési 
à  la  sainte  Chapelle  un  chantre  c 
le  savent  assez  tous  ceux  qui  o 
ehanirerie  était  mmns  une  dignitc 
chantre,  pendant  longtemps,  n 
choisi  parmi  les  chanoines. 

En  dernier  lieu,  et  lorsque  arri 
vait  le  disperser,  le  personnel  d 
qu'ayant  successivement  subi  pli 
portait  encore  un  trésorier,  un 
Doines,  vingt  chapelains  et  clen 
tuels,  et  un  certain  nombre  de  si 
pas  à  nous  occuper. 

Pour  plus  de  renseignements 
nous  renvoyons  à  Touvrage  qu*2 
pelle  le  chanoine  Morand  * ,  trav 
serviront  particulièrement  pour  ( 

Les  ecclésiastiques  de  la  saii 


>  Hittotrt  de  !a  Sainte  ChapiUe  roynU  eu  f 


ET   DISSERTATIONS.  A8S 

moyens  d'existence  qui  leur  étaient  assurés  ^  ont  joui  pen- 
dant très-longtemps  de  distributions  quotidiennes  pour 
assistance  aux  oflices.  Voici,  d'après  les  ordonnances  de 
saint  Louis  et  modification  faite  des  dénominations  des 
membres,  les  sommes  auxquelles  chacun  avait  droit  pour 
assistance  aux  offices  primitivement  fondés  ^  : 


DISTRIBUTIONS 

1 

POUR     ABSIBTAHCK 

[^        -^ 

TOTAL 

1                                           Chanoines . 

Leyjoartordinajres.  .    Cbapelams. 

(Clercs.  .  . 

i  aatit'i 

Urrct. 
Knti'mnm 

et  «nie. 

è   MM. 

FAB  jooa.' 

2 

1 

ifi.  flHiii. 
3 

1 
1 

3 

4M.Miii.; 

12 

4 

3 

Lesdimancîheself&te.    îî^^j^f*' 
àa^ufleçon.....    ^{^H-s- 

8 
4 
2 

4 

1 
1 

16 
6 
4 

/Chanoines. 

Les  fîtes  semi-doubles .  '  Cliapelains 

Clercs .  .  . 

8 
4 
4 

5 
2 

1 

18 
8 

/  Chanoîiiei . 

Les  r^es  doubles.  .  .  { Chapelains. 

(Clercs.  ,  . 

12 
6 
4 

6 
2 
2 

2 
2 

24 

10 
8 

(  Chanoines . 
Los  fÈtes  annuelles.  .  j  Chapelains, 
t Clercs.  .  . 
l 

24 
8 

3 
2 

6 
3 
2 

36 
14 
10 

Tout  chanoine,  chapelain  ou  clerc  pouvait  manquer  par 
jour  à  deux  des  heures  autres  que  matines  sans  rien  perdre 
des  distributions.  Le  droit  aux  distributions  était  égale- 
ment conservé  à  ceux  qui  ne  pouvaient  assister  aux  offices, 
pour  cause  de  maladie  on  d'empêchement  légitime. 

*  Il  résulte  d*un  règlement  de  François  I*',  de  l'année  1520,  dont  il  wtn 
question  pins  bas,  que  les  distributions  pour  assistance  aux  offices  d'ancienne 
fondation  étaient  encore  à  cette  époque  les  mêmes  qu'au  temps  de  saint  hom% 
MU  moins  en  ce  qui  ooncernait  les  chapelains  et  les.  clercs. 


'i 


hSà  MÉMOIRE 

Le  trésorier,  dans  les  distribi 

d'un  chanoine.  Quant  au  cbantr 

ciales  avaient  été  affectées  à  son 

de  Philippe  le  Long,  de  1S20.  Il 

sence  aux  offices,  à  2  sols  h  den 

6  deniers  pour  matines,  A  pour 

près,  et  3  deniers  poor  chacune  c 

tierce,  sexte,  none  et  compiles. 

doublées  aux   vingt-deut  fêtes 

augmentées  de  12  deniers  aux  s< 

et  de  6  deniers  aux  dix  fêtes  sem 

En  1401,  Charles  VI  institua  c 

spéciales  aux  petites  heures,  et  ( 

est  pour  la  première  fois  ques 

titres  que  nous  connaissons  de 

des  lettres  du  18  juillet  de  cette  ; 

tait  l'intention  de  faire  exécuter 

de  son  testament,  ainsi  conçue  ' 

(C  Item ,  voulons  et  ordonnons 

plir  la  fondation  de  la  saincte  Cl 

Paris,  et  pour  remédier  aux  fa 

sont  maintefois  en  icelle,  fonder 

pour  les  heures  non  fondées  %  c' 

*  Cette  olaose  est  reproduite ,  mai»  ave 
deux  diplômes  différeutSf  relatifs  aux  petit 
ses  preuves,  celui  de  1401  dont  il  vient  d*êtn 
occuperons  bientôt,  du  6  octobre  1402.  II  e 
de  Ducange  et  dans  les  reoheiches  de  M.  1 
les  môreanx  :  c*est  jusqu'ici  le  titre  le  plus  i 
explicitement  question  de  Tusage  de»  mère 

*  Après  les  détails  donnés  plus  haut,  on 
entendre  au  juste  par  heures  non  fotid^e^.  l 
point^  qui  n'est  pas,  du  reste,  d'un  intérêt  es 


'*N 


i^ 


.? 


ET    DISSERTATIONS.  AS5 

midi,  uoiie  el  complies,  selon  la  forme  et  manière  c|ui  se- 
ront plus  à  plain  exprimées  es  lettres  qui  sur  ce  seront 
faites;  et  que  auxdittes  heures  et  chacune  d'icelles  les 
chantre  ^  chapelains  et  clercs  de  notre  chapelle  fassent 
entrée  dedans  le  premier  Gloria  Patrie  et  demeurent  jus- 
qu'à la  fin;  et,  outre  ce,  que  le  distributeur,  qui  pour  ce 
faire  aura  par  chacun  an  trente  sols  parisis,  ne  baille  les 
mereaux  jusqu'à  la  fin  des  heures  de  Notre-Dame,  quand 
on  les  dira  à  notte  au  chœur;  et  que  les  deflautz  desdites 
heures  soient  comptés  au  samedy  avec  les  autres  deflautz, 
suivant  Tordonnance  que  monsieur  sainct  Louis  fist  en 
ce  cas....  » 

Dans  ses  lettres  précitées,  connues  sous  le  titre  de  pre- 
mière réforraation  de  la  sainte  Chapelle,  Charles  Vl  entrait 
dans  de  grands  détails  pour  stimuler  l'assiduité  des  chape- 
lains et  clercs  aux  matines  et  aux  autres  heures.  uStaïui' 
mus  insupery  y  disait  le  roi ,  quod  omves  ex  frsrdictis  iu 
choro,  dum  ibi  divina  ceUbrabuhtur^  debitum  Shum  facùndi 
négligentes  j  dormienles  aui  itihove^lè  fabulavtes^  sen  eiiam 
chorum  sine  raiionabili  causa  aut  Ucendà  excuntes,  el  in 
thesauro  seu  recesiiario  se  tenentes^  commodo  horœ  priven- 
lur;  dislribulori  merellorvm  in  vim  prœslUi  ptr  eum  jura- 
menti  inhibenies  ve  personis  h/rc  commitlenlUus  pro  horis 
quibtis  aliqua  prxmissorum  commitient  liislributiones  cli- 
gu€U  exsolvere  prœsumal  ;  qui  si  conlrarium  feceril ,  ipsum 
super  hoc  per  vos  puniri  prœcipimus.  » 

Les  lettres  mêmes  de  fondation  de  distributions  spéciales 
aux  petites  heures  sont  du  6  octobre  1&02.  Il  y  était  réglé 
que  les  distributions  aux  présents  seraient ,  pour  chacune 


*  Le  mot  chantre ,  dans  la  rcproducticj»  do  ce  paj.?ngf.  a    parfois*  clc  im- 
pvimé  au  pluriel ,  ce  qui  altère  enlièreuîent  le  bcns. 


hW  MLyxoïK 

de  ces  heures ,  de  deux  deniers 
de  deux  deniers  parisis  égaleme 
nier  parisis  à  chaque  chapelain  < 
pour  jouir  des  distributions  des 
lains  et  les  clercs  étaient  tenus 
le  Gioria  Patri  du  premier  psau 
fin,  tandis  que  les  chanoines  po 
la  collecte.  Le  roi,  en  réglant 
particulièrement  égard  à  ce  qu 
fois  retenus  pour  les  aflfaires 
Chapelle ,  et  aussi  à  ce  que ,  dai 
drales  ou  collégiales  du  royaume 
d'honneurs  et  prérogatives  les  di 
siastiques,  leurs  inférieurs.  Quî 
par  la  fondation  de  son  oITice, 
divin  de  jour  et  de  nuit,  il  était 
distributions  de  chacune  des  p 
conditions  de  présence  que  le^ 
lesquels  il  exerçait  sa  surveillan 
Un  statut  dont  on  ne  connaît 
que  cependant  on  doit  croire  c 
suit  '  : 

^Scpmdum  esl  quod  in  qua 
canofiîci,  capeUani  et  clerici  conn 
et  debent  mereUos  suos  ibi  asporta 
eorum  unusquisque  fuerit  lucrat\ 
ascribatur,  pro  sibi  soJutione  de  / 
inde  ^equeniem^  et  quid  in  deferiv 


I  Suuut  de  Cliarles  VI,  de  1407  :  «  Ik  tnli 
^   -  ik   éefêclibms  qui  distrUmumlur    tnie 
p.  225.  ) 


4r 


ET    DISSERTATIONS.  /|87 

que  non  venerii  ilià  horà^  videlicet  ante  conclusionem  com- 
pati^ perdeî  sex  denarins  in  hebdomaià  seqttenU »> 

On  a  de  François  I*'  un  règlement  de  i620,  qualifié  de 
seconde  réformation  de  la  sainte  Chapelle ,  qui  est  en  gé- 
néral un  rappel  aux  disposition  antérieures  pour  assistance 
aux  offices,  nécessité  par  le  défaut  d'assiduité  des  cha- 
noines, des  chapelains  et  des  clercs,  qu'on  voyait  à  cette 
époque  plus  occupés  de  différends  qui  les  divisaient  que 
du  régulier  accomplissement  de  leurs  obligations  reli- 
gieuses. 11  résulte  de  ce  titre  que  les  distributions  ma- 
nuelles instituées  par  saint  Louis  et  par  Charles  YI  exis- 
taient toujours  \  Deux  articles  y  font  mention  des  méreaux. 
Il  est  dit  dans  l'un  que  les  méreaux  gagnés  par  les  cha- 
noines, les  chapelains  et  les  clercs  pour  assistance  aux 
heures  doivent  être  distribués  au  chœur,  et  qu'il  ne  doit 
être  rien  payé  des  distributions  à  chacun  qu'à  raison  des- 
dits méreaux,  «  de  quitus  justa  et  œqua  fiel  computatio  un- 
tequam  ad  soludonem  procedalur  effertualem.  »  L'autre 
article  spécifie  que  le  payement  des  distributions  de  cer- 
taine procession  fondée  par  le  chantre  Jean  Mortis  *  sera 
fait  au  moyen  de  méreaux  :  «  Fiel  tamen  xoluiio  di$tribu- 
tionutn  processionis  fundata*  in  dicfà  Caprllâ  aanciâ  per 
defunctum  magistrum  Joannem  Mortis^  cantorem  illius^  per 

*  L«  règlement  de  Francis  I*',  qui  reproduit  le  détail  des  distribiitionii  aux- 
quelles avaient  droit  les  chapelains  et  les  clercs ,  n'en  fait  pas  autant  pour 
celles  des  chanoines,  ce  qui  avait  sans  doute  été  jugé  moins  nécessaire:  mai» 
cette  même  pièce  contient  un  article  ainsi  conçu  : 

•*  Irnuper^  canonici  dictât  iacroêantx  CaptlUs  nihil  percipient  de  dûlrilmtionibu» 
•nUnatis  pro  magnU  et  parvis  Korie  dicêndiêy  niei  intereint  in  Hlie.  n 

'  Reçu  chanoine  de  la  sainte  Chapelle  en  1438,  Jean  Mortis  fut  fait  chantre 
de  cette  église  Tannée  suivante;  il  devint  plus  tard  conseiller  au  parlement. 
Mortis  décéda  en  1481,  laissant  par  son  testament  tous  ses  biens  à  la  saiatr 
Chapelle  pour  être  employé»  à  Tentretien  du  service  divin. 


Hli 


AS8  MÉMOIRES 

merellos  et  prr  dislribuforem  dictx  Capellœ.  »  Le  règlei 
ne  fait  pas  connaître  $*il  existait  des  roéreaux  spé( 
pour  cette  procession.  Quant  au  distributeur  des  mér 
de  la  sainte  Chapelle ,  on  y  voit  qu'il  était  commis  p 
trésorier,  qui  devait  le  choisir  parmi  les  habitués,  c*e 
dire  parmi  les  chapelains  ou  les  clercs. 

Nous  devons  maintenant  examiner  ce  qu'étaient  u 
riellement  les  méreaux  de  la  sainte  Chapelle. 

Ceux  qui  nous  sont  connus  sont  en  cuivre ,  ou  plut^ 
laiton. 

Ils  représentaient  diverses  valeurs,  combinées  de 
nière  à  faciliter  les  comptes  quotidiens ,  et  ceux  empi 
pour  les  chanoines  et  le  chantre  étaient  différents  de 
employés  pour  les  chapelains  et  les  clercs,  comme 
résulte  notamment  de  l'acte  suivant,  extrait  d'un  reg 
capltulaire  de  la  sainte  Chapelle  *  : 

((  Le  penultiesme  jour  de  mars  III^XLVIII  après  Pas 
furent  bailliez  à  messire  Jehan  Rigolet,  chapelain  pc 
tuel  de  la  saincte  Chapelle  du  Palais  de  Paris  et  disti 
teur  des  mereaulx  la  somme  dé  VIII^^IX  niereaulx  pou 
prébendes  et  pour  la  chantrerie  d'icelle,  qui  ont  en  la 
chacun  une  croiz  longue  et  à  l'entour  une  couronne 
pine.  C'est  assavoir  : 

<(  Du  nombre  de  II  d.,  XIIII  douzaines; 

«  Du  nombre  de  III  d. ,  VII  douzaines  III  roereaubi  ; 

«  Du  nombre  de  VI  d.,  VIII  douzaines  III  mereaulx 

(I  Du  nombre  de  VII  d.,  VI  douzaines  IX  mereaulx; 

*  Ce  registre,  des  années  1409  à  1449,  est  conservé  anx  ArcliÎTM  de 
pire,  sou«  la  cote  LL,  587. 

Nous  devons  à  Tobligeance  de  M.  Donet  d*Ârcq  la  connais9ance  du 
ment  que  nous  reproduisons,  tout  particulièrement  intéressant  pour  la 
tication  des  m<^rcnux  d«  la  sainte  ChapHle. 


tr    DISSERTATIONS.  481) 

u  Du  nombre  de  VIII  d.,  Xllll  doiizciines  ; 

«  Du  nombre  de  X  d.,  VII  douzaines; 

a  Du  nombre  de  XII  d. ,  X  douzaines  II  mereaulx. 
Cl  Somme  toute  LXVII  douzaines  et  cinq  mereaulx. 

n  Item  cedit  jour  furent,  oultre  ce  que  dit  est,  bailliez 
audit  distributeur  pour  les  chapelains  et  clercz  de  Féglise, 
ung  cent  et  demi  de  mereaulx  qui  ont  en  la  pille  chacun 
une  couronne  de  roy,  differans  de  ceulz  de  mess"  les  pre- 
bendez  et  de  la  chantrerie.  C'est  assavoir  : 

«  Du  nombre  de  six,  ung  cent; 

((  Et  du  nombre  de  IIII  d.,  demi  cent. 

«  Et  paravant  avoient  oultre  ce  esté  bailliez  audit  distri- 
buteur pour  lesdits  chapelains  et  clercz,  et  à  semblable 
pille  de  couronne  de  roy,  cinq  cens  et  cinquante  mereaulx 
de  divers  nombre, 

«  Somme  toute  des  mereaulx  des  chapelains  et  clercz 
est  VU*  mereaulx. 

«  Et  est  h,  scavoir  que  par  exprez  a  esté  defiendu  que 
desoresmaiz  tous  autres  mereaulx  anciens  et  d'auti'es  pilles 
que  les  dessusdiz,  tant  pour  les  prébendes,  ch<intrerie,  que 
chapelains  et  clercz  d'icelle,  n'auront  en  quelque  manière 
cours  ne  lieu  doresneavant,  maiz  seront  tous  fonduz. 

«  Fait  ledit  penuUiesme  de  mars  llll*^  XLVIll  aprez  Pas- 
ques.  » 

Nous  considérons  comme  ayant  été  faits  pour  le  service 
de  la  sainte  Chapelle,  de  cet  établissement  éminemment 
royal,  divers  méreaux  que  Ton  rencontre  dans  les  collec- 
tions parisiennes,  présentant  d*un  côté,  pour  type,  des 
fleurs  de  lis,  et  de  l'autre  côté  une  indication  de  valeur. 
Nous  donnons  comme  spécimen ,  pi.  XIX ,  fig.  1  à  A ,  une 
série  assez  curieuse  de  méreaux  de  ce  genre ,  ayant  valu 
un,  deux,  trois  et  quatre  deniers,  et  où  le  nombre  de  fleurs 


&90 


MÈ]M01R£S 


II 


de  lis  gravées  au  droit  coiTespond  au  chiffre  de  la  vi 
indiquée  au  revers*.  Le  méreau,  fig.  6,  où  l'on  voit 
côté  Técu  de  France,  à  trois  fleurs  de  lis  et  au  rêve 
chiffre  11  II,  fait  partie  d'une  autre  série.  Celle-ci  i 
(bailleurs  avoir  cours  eil  même  temps  que  celle  do 
vient  d'être  question ,  mais  elle  était  sans  doute  affe( 
ainsi  que  donnent  lieu  de  le  penser  les  initiales  N  F  gra 
autour  du  chiffre,  à  certaine  ofiices'  compris  dans  la  ( 
gorie  dite  des  nouvelles  fondations,  nwsp  fundaîiones, 
dationes  de  novo  fartsp^  dans  les  titres  de  la  sainte  Cbap 
Un  méreau  semblable  à  notre  flg.  ô  pour  le  droit,  port 
revfei^S'le  chiffre  11,  avec  les  mêmes  initiales  N  F. 

Nous  n'avons  pas  de  preuve  Wen  concluante  à  do 
à  l'appui  de  l'attribution  des  six  méreaux  que 
venons  de  décrire,  et  nous  le  reconnaissons  9M»  pi 
mais  on  remarquera  qu'il  n'était  guère  d'ustge  au  m 
âge  de  mettre  d'indication  de  valeur  sur  les  mér 
qu'autant  que  ce  fussent  des  méreaux  d'église;  et  i 
peut  paraître  plus  surprenaiK  que  Ton  ait  choisi  les  fl 
de  lis  ou  Vécu  de  France  pour  type  de  méreaux  de  la  s; 
Chapelle,  que  1*  CKmronne,  cet  autre  irtsigue  royal  qui 
mait  en  4AA8  le  type  des  méreaux  des  chapelains  et 
clercs  *. 


i 


*  La  ferme  des  chiffres,  au  revert,  tantôt  imif  et  tantôt  remplit  de  ka< 
eroisëes,  fait  supposer  que  les  quatre  méreaux  représentés  en  tête 
planche  XIX  ont  dû  appartenir  à  deux  émissions  différentes. 

*  Nous  ne  confondrons  pas  avec  les  méreaux  d'attribution  plus  ou 
probable  à  la  sainte  Chapelle  de  Paris  ceux  où  est  repréaeniéfl,  i 
vers  de  l'indication  de  la  valeur,  une  fleur  de  lis  brochant  sur  deus 
chênes.  Nous  avons  quelque  raison  de  penser  que  ces  derriers,  don 
publié  le  chiffr^  II  comme  émanant  de  la  ville  de  Mantes,  et  dont  nous 
dons  les  chiflres  I  et  VIII,  proviennent  de  la  sainte  Chapelle  de  Vinc 
fondée  par  Charles  V  en  1379. 


ET    DISSEKTATIO.VS.  49 1 

Les  méreaux  au  type  des  fleurs  de  lis  étainil  sans  doute 
de  ceux  dont  le  cours  fut  supprimé  par  l*acle  de  1448 
transcrit  ci-dessus.  Nous  pensons  qu'ils  étaient  affectés  au 
service  des  chapelains  et  des  clercs.  Mais  il  existe  quelques 
méreaux  d'un  tout  autre  genre,  échappés  aussi  à  la  Tonte 
ordonnée  parle  même  acte,  et  qui,  si  on  les  rapproche  de 
ceux  qu'on  sait  positivement  avoir  été  affectés  à  Tusage 
des  chanoines,  ont  avec  eux  trop  d'analogie  pour  qu'on 
puisse  ne  pas  lenr  reconnaître  le  même  objet. 

C'est  dans  la  collection  de  M.  Legras  que  nous  avons 
rencontré  le  plus  ancien  des  méreaux  dont  nous  voulons 
parier.  Il  remonte  facilement,  pour  le  moins,  à  l'époque 
de  Charles  VI.  11  est  sans  légende  et  présente,  du  côté  prin- 
cipal, une  croix  longue,  accostée  d'un  fer  de  lance  et  d'un 
clou,  posés  en  pal.  (PI.  XIX,  fig.  0.) 

Dans  un  document  du  xiv*"  siècle,  où  il  est  question  de 
la  sainte  Chapelle  *,  il  est  fait  mention ,  parmi  les  reliques 
que  l'on  y  conservait ,  de  quelques-uns  des  instruments  de 
la  passion  de  Jésus-Christ  : 

••  Sa  croix,  sa  couronne  et  li  dm 
-  Lniens  sont  mis  en  noble  lieu.  » 

De  passage  suffirait  pour  expliquer  la  présence  d'un  des 
clous  de  la  passion  sur  notre  méreau,  si  l'on  ne  savait  aussi 
que  la  sainte  Chapelle  portait  trois  clous  sur  ses  armoiries  V 

f  Pifcce  de  vers  reniontntit  à  1325,  publiée  pnr  M.  BcH'dier  dans  lus  Églitetet 
monastère»  d$  Paris. 

*  Nous  devons  cependant  faire  remarquer  que  les  oloas  de  la  Passion  ne 
sont  pas  au  nombre  des  reliqnes  de  la  s.iinte  Chapelle  le  plus  souvent  citées 
pour  leur  célébrité.  On  n'en  voit  même  figurer  aucun  comme  faisant  partie 
de  son  trésor  dans  les  vingt-cinq  qui  étaient  censés  provenir  de  la  vraie  croix  et 
qu'énumèrc  Kontanini  dans  sa  Dissertatio  de  Coronâ  ferrcâ.  Romir,  1717. 


.^02  MEMOIRES 

Quant  à  la  lance,  un  fragment  en  a  toujours  nomméni 
au  nombre  des  reliques  cédées  par  Baudouin  de  Coi 
à  saint-Louis,  et  déposées  par  celui-ci  à  la  sainte  Ch 

La  pièce  dont  nous  venons  d'examiner  le  type  pi 
revers  le  chiffre  VI ,  formé  au  moyen  de  caractères  i 
de  hachures  croisées,  comme  aux  fig.  1  et  2.  C 
croire  qu  elle  faisait  partie  d'une  suite  dont  les 
chiffres  restent  à  retrouver.  Il  en  est  de  même  du  i 
suivant  : 

+  CAPELLA:REGAL1S.  Croix  à  double  traverse,  a< 
d'un  fer  de  lance  et  d'un  clou,  posés  en  pal. 

R.  Même  légende,  entourant  le  chiffre  VI.  (PI 
f.g.  7.) 

Ce  méreau,  que  nous  pensons  appartenir  aux  sér 
ont  immédiatement  précédé  les  émissions  dont  il  est 
tion  dans  l'acte  de  4AA8 ,  est,  dans  l'état  de  nos  c( 
sauces,  celui  qui  présente  le  plus  d'analogie  avec  1 
des  anciens  sceaux  de  la  sainte  Chapelle ,  publi 
M.  Douet  d'Arcq  '  et  par  M.  Troche  '.  Comme  sur  lesî 
la  croix  y  est  à  double  traverse  '  et  accostée  de  re 
Mais  sur  ceux-ci ,  où  le  champ  est  moins  rétréci,  h 
est  entourée  d'un  plus  grand  nombre  des  instrument 
Passion,  à  savoir,  de  la  lance,  de  l'éponge ,  de  la  coi 
d'épines  et  de  deux  clous,  sans  compter  cinq  autres  re 
(|ui  devaient  sans  doute ,  comme  presque  toutes  celh 
il  vient  d'être  question,  faire  partie  des  objets  de  d^ 
donnés  par  Baudouin  à  saint  Louis. 

*  Rtvtu  archéologique,  1848. 

*  La  sainU  Ckap$lU  dé  ParUy  notice  historique^  1851. 

'  Cette  forme  était  également  celle  du  reliquaire  daas  lequel  ê 
5«f>rvée,  à  la  mainte  Chapelle,,  la  portion  la  pin»  roii8id«^rab)e  du  bois  d< 
croix. 


7 
/ 


ET   DISSERTATIONS.  495 

L'acte  de  ihhS  mentionne,  pour  l'usage  des  chanoines, 
et  comme  ayant  en  la  pile  «  une  croiz  longue  et  à  l'entour 
une  couronne  d'espines,  »  des  méreaux  aux  chiffres  II,  III, 
VI,  VII,  VIII,  X  et  XII.  Nous  n'avons  encore  Teucontré 
aucun  méreau  de  cette  série  aux  chiffres  II,  III  et  VII. 
Voici  la  description  des  méreaux  aux  autres  chiffres  : 

1.  +  GAPELLA  REGVALIS.  Croix  longue  avec  une  cou- 
ronne d'épines  passée  entre  les  branches. 

«.  +  PALACII  PARISIENSIS.  Le  chiffre  VI  surmonté 
d'une  couronne  et  entouré  de  trois  fleurons.  (PL  XIX, 
fig.  8.  ) 

2.  Exemplaire  avec  le  chiffre  VIII ,  au  lieu  du  chiffre  VI. 
(PL  XIX,  fig.  0.) 

3.  Autre  avec  le  chiffre  X. 

4.  Autre  avec  le  chiffre  XII.  (PL  XIX,  fig.  10.) 

Les  méreaux  au  type  général  que  nous  venons  de  dé- 
crire nous  paraissent  avoir  eu  un  cours  très-long.  On  en 
connaît  des  variétés  de  coins.  M.  Uucher*  en  a  publié  une 
où  le  chiffre  VI  est  accosté  de  deux  couronnes ,  substituées 
aux  fleurons  qu'on  remarque  le  plus  ordinairement  à  la 
même  place.  M.  d'Affry  possède  une  variété  du  chiffre  XII, 
sur  laquelle  ce  chiffre  n'est  accosté  d'aucun  ornement. 

Pour  ce  qui  concerne  les  méreaux  des  chapelains  et 
clercs  en  usage  en  1448 ,  on  voit,  par  l'acte  que  nous  avons 
déjà  si  souvent  cité ,  qu'ils  avaient  pour  type  une  «  cou- 
ronne de  roy,  »  et  qu'ils  étaient  de  valeurs  diverses,  mal- 
heureusement non  désignées,  à  l'exception  de  celles  de 
quatre  et  de  six  deniers.  Nous  en  avons  retrouvé  les  deux 
exemplaires  suivants,  l'un  de  trois  deniers  et  l'autre  de 
quatre  : 

<-  Revue  numisnuriirmey  \M^,  pLXVi. 
1862.  —  &.  34 


n 


1 


i  : 


A9A  MÉMOIRES 

1.  Couronne  royale. 

Sj.  Le  chiffre  III  entre  deux  lignes.  Des  rinceaux  dans 
j        U  champ.  (PL  XX,  fig.  11.) 

I     ■  l  2.  Pièce  semblable  à  la  précédente ,  sauf  le  chiffre,  q 

estTllL  (PL  XX,  fig.  12.) 

Nous  considérerions  encore  volontiers  comme  ayant  é 
frappée  avant  la  fin  du  x\' siècle,  pour  les  chapelains' 
clercs ,  la  pièce  suivante ,  dont  on  retrouvera  sans  dou 

Iles  analogues  avec  indication  d'autres  valeurs. 
Le  chiffre  V  entre  deux  filets,  accompagné  de  fleuroi 
ouvragés  comme  on  en  voit  sur  d'autres  méreaux  de 
sainte  Chapelle  et  de  deux  fleurs  de  lis.  Tune  au  dessu 
l'autre  au-dessous .  dont  la  première  est  couronnée.  Ce  ty] 
est  répété  des  deux  côtés  de  la  pièce.  (PL  XX,  fig.  18.  ) 

L'ordre  chronologique  appelle  de  nouveau  l'attention  si 
des  méreaux  faits  pour  le  service  des  chanoines.  Nous  pe 
sons  qu'il  s'agit  cette  fois  de  pièces  de  l'époque  de  Frai 
çois  1",  Les  coins  du  droit,  où  la  légende  est  en  caractèn 
romains ,  ont  seuls  été  gravés  pour  cette  émission  ;  l 
revers  sont  encore  à  légende  gothique,  comme  dans  1 
émissions  antérieures  : 

1 .  +CAPELLA.REGALIS.  Croix  longue,  ornée  de  la  coi 
ronne  d'épines;  dans  le  champ,  le  chiffre  X. 

n.  +PALACILPAR1SIENSIS.  Le  chiffre  X  surmonté  d'ui 
couronne  et  accompagné  de  fleurons. 

2.  Exemplaire  ne  différant  guère  du  précédent  que  p 
le  chiffre  XII,  qui  remplace  des  ('eux  côtés  le  chiffre  ] 
(PL  XX,  fig.  là  ) 

On  remarque  que  dans  cette  série,  qui  ne  reste  que  tn 
à  compléter,  le  chiffre  de  la  valeur  gravé  au  revers  ( 
chaque  méreau  est  reproduit  du  côté  de  la  croix.  Cet 
innovation  dans  la  disposition    des   méreaux  aflectés 


ET    DISSERTATIONS.  A95 

r  usage  des  chanoines  avait  évidemment  pour  objet  d'ob- 
vier à  r  inconvénient  que  présentait  dans  les  séries  pré- 
cédentes l'emploi,  pour  l'un  des  côtés,  d'un  coin  commun 
aux  méreanx  des  diiïérentes  valeurs,  qui  pouvaient  ainsi 
être  trop  aisément  confondus  les  uns  avec  les  autres,  et 
donner  lieu  à  des  erreurs  de  compte. 

Sous  le  règne  de  Charles  IX,  les  méreaux  de  la  sainte 
Chapelle  furent  encore  une  fois  changés.  De  cette  époque, 
ceux  à  Tusage  des  chanoines  que  nous  avons  jusqu'ici  ren- 
contrés sont  de  sept  valeurs  différentes  : 

1.  CAPELLA  REGALIS.  Croix  longue,  ornée  de  la  cou- 
ronne d'épines ,  et  percée  de  trois  clous  à  l'extrémité  des 
bras  et  du  pied.  Dans  le  champ,  le  chiffre  Illl  et  la  date 
1570. 

^.  PALACll  PARISIENSIS.  Le  chiffre  llll,  surmonté  d'une 
couronne  royale  fermée;  au-dessous,  une  fleur  de  lis'. 
(PI.  XX,  fig.  15.) 

2.  Exemplaire  avec  le  chiffre  V,  remplaçant  des  deux 
côtés  le  chiffre  llll ,  sans  autre  différence  bien  notsd^le. 

3.  Autre,  avec  le  chiffre  VI  *. 

4.  Autre,  avec  le  chiffre  VIII. 

5.  Autre,  avec  le  chiffre  X.  (  PJ.  XX,  fig.  16.  ) 

6.  Autre,  avec  le  chiffre  XI. 

7.  Autre,  avec  le  chiffre  XII.  (PI.  XX,  fig.  17.) 

^  Avec  des  clichés  en  étain  de  ce  méreau  de  quatre  deniers,  des  amateurs 
ont  en  la  malencontreuse  idée ,  en  grattant  et  enlevant  en  partie  l'indication 
de  la  valeur,  et  en  bronzant  ensuite  le  métal ,  de  s'amuser  à  simuler  des  mé- 
reaux de  trois  et  de  deux  deniers  Nous  ne  notons  le  fait  que  pour  prévenir 
des  méprises,  et  sans  préjuger  d'ailleurs  la  question  de  savoir  s'il  peut  ou  non 
exister  des  méreaux  de  trois  et  de  deux  deniers  avec  la  date  de  1570  parfaite- 
ment authentiques. 

*  Ce  méreau  a  été  publié  par  M.  de  Fontenay  dans  son  Manuel  dt  Vamattur 
de  jetons. 


496  MÉMOIRES 

Nous  croyons,  à  cause  de  leur  air  de  famille,  de  la 
Chapelle  et  du  uifme  temps  que  ceux  dont  il  vient  < 
immédiatement  question ,  mais  spéciaux  aux  cbapela 
clercs,  les  méreaux  dont  nous  donnons  deux  spéci 
pi.  XX,  fig.  18  et  19.  On  y  trouve  Tindication  de  1; 
leur,  accompagnée,  au-dessus,  d'une  couronne  ferm^ 
d'une  fleur  de  lis  au-dessou?.  Le  même  type  est  r 
des  deux  côtés.  Nous  connaissons  de  ces  pièces  aux 
fresIII,  VI,  VII,  VllletVIIII. 

Nous  ne  savons  pas  d*une  manière  bien  exacte  q 
Tusage  des  méreaux  a  cessé  à  la  sainte  Chapelle; 
on  peut  croire  qu*il  était  abandonné  dès  l*époqu 
Louis  XIV,  et  que  les  présences  ou  les  absences  aux  o 
ne  furent  plus  désormais  constatées  qu'au  moyen 
pointage  \  Les  distributions  elles-mêmes,  qui  avaien 
en  pai'tie  supprimées,  ne  furent  rétablies  qu'avec  des 
difications  considérables  dans  leurs  bases  et  dans  leur  ta 

La  pièce  qui  termine  nos  planches  (  fig.  20)  a  moir 
caractères  d*un  méreau  que  d'une  médaille  de  dévotio 
d'un  jeton  capitulaire  : 

0.GRVX.AVE.SPES.VN1CA.  Croix  longue,  aux  bran 
terminées  en  fleurs  de  lis,  et  haussée  sur  trois  degrés. 

îi.  0  BONE.  lESV.  1700.  Clou  posé  en  pal  et  entouré  ( 
couronne  d'épines. 

Les  coins  de  cette  pièce,  dont  il  existe  d'anciens  ei 
jS  ptaires  en  argent  et  un  bien  plus  grand  nombre  en  cui 

'i 

sont  encore  conservés  à  la  Monnaie  de  Paris.  Elle  a  déji 
(ittribuée  à,  la  ss^inte  Chapelle  par  M.  de  Fontenay,et  i 

1  Voir  Tarrêt  de  règlement  da  19  mai  1681,  produit  par  Morand  dai 
^rmttet,  p.  223  et  suiv. 

•  Voir  le  même  arrêt  de  règlement  de  1681  et  celui  du  28  janvier 
;  Iforand,  Preutes,  p.  230  et  231.) 


ET   DISSERTATION^.  ÂP? 

pensons  que  c'est  avec  toute  raison.  La  crbix  âeurdelisée  et 
haussée^  que  Ton  trouve  d'un  côté,  kiâippelle  le  dernier  sceau 
de  cet  établissemenl  tel  que  Morand  l'a  reproduit.  Quant  au 
type  de  la  couronne  d'épines  entourant  un  clou  mis  en  pal, 
il  présente,  avec  les  armoiries  que  la  sainte  Chapelle  por- 
tait à  cette  époque,  un  rapport  trop  évident  pour  pouvoir 
être  méconnu. 

Les  collections  particulières  de  Paris,  riches  eu  méreaux 
de  la  sainte  Chapelle,  sont,  outre  celle  de  M.  Legras, 
dont  les  exemplaires  ont  servi  à  composer  presque  entière- 
ment nos  planches ,  celles  de  M.  d'Affry  et  de  M.  Duleau. 
Le  n»  10,  pi.  XIX,  fait  partie  de  la  collection  de  M.  d'Affry. 
Les  n**  7,  pi.  XIX,  et  11 ,  pi.  XX,  nous  appartiennent. 

J.  RouYEft. 


CHRONIQUE. 


COLLECTIONS  DE  M.  LE  DUC  DE  LUYNES. 


^•-f. 
'\'\ 


Le  Moniteur  du  3  décembre  annonçait  que  la  Bibliothèque  im- 
périale venait  d'être  autorisée  par  un  décret  rendu  sur  la  propo- 
sition du  ministre  d'État^  le  30  novembre  \S6%  à  accepter  le  don 
que  M.  le  duc  de  Luynes  lui  a  fait  de  ses  magniliques  collections. 

n  appartient  à  la  lievue  numismatique  de  rendre  un  hommage 
tout  particulier  à  cette  grande  et  patriotique  générosité;  c'est  un 
devoir  que  nous  accomplissons  avec  empressement.  Jamais  don 
pareil  n'a  été  fait  en  France  à  une  collection  publique.  Nous  ne 
voulons  en  parler  que  sous  le  rapport  scientifique  ;  à  ce  point 
de  vue,  les  collections  de  M.  le  duc  de  Luynes  ont  une  valeur 
inappréciable;  il  convient  pourtant  d'ajouter  que  l'importance 
de  ce  don^  tout  à  fait  exceptionnel,  est  portée,  sans  exagéra- 
tion, à  environ  deux  millions  de  francs. 

M.  le  duc  de  Luynes  est  un  des  plus  anciens  et  des  plus  sa- 
vants collaborateurs  de  notre  recurri;  nombre  de  ses  articles 
ont  été  imprimés  dans  la  Bévue.  Si  ses  collections  sont  célè- 
bres^ son  nom  ne  l'est  pas  moins^  car  ses  travaux  archéologi- 
ques Font  placé  au  rang  des  premiers  savants  de  l'Europe. 

Les  collections  de  M.  le  duc  de  Luynes  se  composent,  d'après 
la  note  du  Moniteur^  de  6,893  médailles  antiques,  373  pierres 
gravées,  camées  et  intaiiles,  y  compris  les  cylindres,  les  cônes  et 
autres  pierres  de  travail  oriental/ 188  bijoux  d'or,  39  statuettes 
de  bronze,  43  armures  et  armes  antiques,  85  vases  peints  de  tra- 
vail grec  et  étrusque  et  d'un  grand  nombre  d'autres  monuments 
de  nature  diverse. 

On  sait  avec  quel  goût  et  quelle  rare  intelligence  ont  été  choi- 
sies et  rassembicos  les  rirhesses  archôolopiques  qui  composent 


CHRONIQUE.  h{)9 

les  collections  du  donateur.  La  Revue  doit  se  iKN'iior  à  signaler 
les  suites  monétaires,  parnu  lesquelles  on  remarque  particulière- 
ment : 

V  Les  médailles  de  la  Grande-Grèce  et  de  la  Sicile,  suite  ad- 
mirable tant  par  la  beauté  des  types  que  par  la  conservation  dea 
pièces  ; 

3*  Les  médailles  des  rois  grecs  de  Macédoine,  de  Thrace,  de 
Syrie,  du  Pont,  d*Ëgypte.  Il  y  a  dans  cette  série  des  pièces  de  la* 
plus  grande  rareté  ; 

3"*  Les  séries  à  légendes  phéniciennes^  les  rois  d'Orient,  les 
princes  nabatéens;   , 

■i*  lies  monnaies  cypriotes  ; 

5°  La  suites  gauloise.  C'est  la  totalité  de  la  collection  de  notre 
regrettable  collaborateur  M.  le  marquis  de  Lagoy. 

Les  amis  de  la  science  se  réjouissent  de  voir  ces  trésors  con- 
servés à  la  France  dans  leur  intégrité.  Le  Cabinet  des  médailles, 
qui  à  juste  titre  est  regardé  connue  la  première  collection  nu- 
mismatique du  monde  entier,  va  s'enrichir  d*une  manière  no- 
table par  ce  don.  Puisse  ce  noble  exemple  avoir  des  imitateurs  ! 
On  n'aurait  pas  la  douleur  de  voir  dos  collections  formées  avec 
goût  et  savoir  dispersées  après  la  moi*t  de  leurs  possesseurs. 
Maïs  à  côté  de  la  satisfaction  qu'on  éprouve  en  songeant  à  l'ave- 
nir des  collections  de  M.  le  duc  de  Luynes,  il  y  a  des  regrets 
qu'il  me  sera  permis  d'exprimer  ici.  Cet  abandon  de  ses  collec- 
tions ne  peut-il  pas  faire  craindre  que  l'illustre  donateur  ne  re- 
nonce entièrement  à  des  études  si  fécondes  par  les  progrès 
qu'elles  ont  fait  faire  à  la  science,  études  auxquelles  pendant 
plus  de  trente  ans  il  a  pris  une  part  si  active?  Espérons  que  ces 
suppositions  seront  déineniies. 

Nous  pensons  faire  une  chose  agréable  aux  lecteurs  de  la 
Revue  en  donnant  ici  les  titres  des  travaux  numismatiques  publiés 
par  M.  le  duc  de  Luynes;  cette  liste  peut  donner  une  idée  de  l'uti- 
lité des  collections  recueillies  par  l'illustre  et  éminent  académi- 
cien ;  c'est  la  façon  la  plus  positive  et  la  plus  éloquente  de 


500  CHBONIQCE. 

montrer  la  fécondité  de  pareilles  riche 
médailles  ayant  été  acquises  dans  le 
travaux.  Cette  liste  d'ailleurs  offrira 
plusieurs  de  ces  précieux  ouvrages  tii 
trouvables  dans  le  commerce. 

Métaponte.  Paris,  1833,  in-fol.  — 
U  culte  d'Hécate,  1835,  in-4«.  —  O 
17  pi.,  1840,  in-fol.  *.  —  Essai  sur  U 
pies  et  de  la  Phénicie^  sous  les  rois  A 
in-i*.  —  Numismatique  et  inscription 
in-4». 

Void  maintenant  la  liste  des  artic 
par  M.  le  duc  de  Luynes  dans  les  d( 
rhabitude  de  les  adresser  :  les  Annale 
dance  archéologique  et  la  Revue  numisi 

ArUâLES  de   L'mSTITFT   A 

f8M,  p.  f50.  Sur  quelques  niè 
Sicile.  —  1830,  p.  81.  Du  Démarétioi 
de  Touvrage  :  Ancient  coins  ofgreek 
Blillingen.  —  P.  337.  Médailles  de  T 
Hyacinthien.  —  1833,  p.  1.  Rechorcl 
—  18il.  p.  f29.  MédaiUes  inédites* 
delpbe  '.  —  1855,  p.  92.  Rechercl 
l'ancienne  ville  de  Molya. 

Nouvnxis  AïoiALBS  publiées  par  la  set 
archéologique 

1837,  p.  37i.  Monnaies  incuses 

*  Voir  le  compte  rendu  de  cet  oavnige 

>  Compte  rendu  de  cet  article,  Rews,  numù 
p.  61. 

•  Compte  rendu,  lie^ut  numiim.^  1846,  p.  (i 
k  Compte  rendu,  Revue  numUm.,  1B44,  p.  1 


CHRONIQUE.  501 

4938,  p.  85.  Mémoire  sur  l'ouvrage  intitulé  :  Sylloge  ofancient 
tmedited  coins ofgreek  citiesand  kings  de  M.  J.  Millingen. 

RbVITB  IfUMISMATIQCK. 

1838,  p.  33-1.  Remarques  sur  les  symboles  et  les  noms 
propres  que  l'on  voit  sur  les  drachmes  de  Dyrrachium.  —  1840, 
p.  31.  Médailles  de  Syracuse.  -^  P.  85.  Médailles  d'Emporium. 
—  1843,  p.  \ .  Numismatique  de  Syracuse.  —  1845,  p.  253.  Mé- 
dailles inédites  d'Amyntas  roi  de  Galatie.  —  1850,  p.  309.  Mé- 
dailles grecques.  —  1858,  p.  292  et  362.  Monnaies  des  Naba- 
téens.  —  1859,  p.  322.  Le  nummus  de  Servius  Tullius. 

Je  ne  parlerai  pas  ici  des  autres  travaux  de  l'éminent  académi- 
cien, de  tant  d'ouvrages  historiques  et  archéologiques  entrepris 
sous  ses  auspices.  Je  dois  ajouter  pourtant  que  c'est  M.  le  duc 
de  Luynes  qui  a  signalé  le  premier  les  noms  d'artistes  qu'on  lit 
sur  quelques  belles  médailles  grecques  et  entre  autres  ceux  de 
Cimon  et  d'Évenète  qui  ont  gravé  les  magnifiques  et  incompa- 
rables médaillons  de  Syracuse  ^  J.  de  Wittr. 


L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  de  Tlnstitut  im- 
périal de  France,  dans  sa  séance  du  vendredi  19  décembre,  a 
élu  correspondant,  en  remplacement  de  M.  le  baron  Chaudruc 
de  Crazannes.  notre  collaborateur  M.  G.  Robert,  intendant  mili- 
taire de  la  cinquième  division,  à  Metz.  Tous  les  lecteurs  de  la 
Revue  seront  heureux  avec  nous  de  cette  justice  rendue  à  un 
numismatiste  éprouvé ,  aussi  distingué  par  son  caractère  que 
par  son  savoir. 

*  Voir  Raoul -Rochette ,  Uttrt  à  M,  U  duc  de  Luynes  sur  les  graveur  $  de» 
monnaiee  gncquee.  Paris,  lB3i,  in-4*.  — On  connaissait  le  nom  de  Nèvanlus 
sur  les  médailles  de  Cydonîa  de  Crète.  Eckliel ,  D.  iV.,  II,  p.  309. 


ii 


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1 


TABLE 

MÉTHODIQUE  DES  MATIÈR 

CONTEXUEA 

DANS  LÀ  REVUE  NUMISMATIQUE. 

ANNÉE  1862 

NOUVELLE  SÉRIE.   TOME  SEPTIÈME. 

IM0I.1 

tturnsMATiçuE  Awonanm. 

Il^dalllet  étu  Peaplet,  ¥I1Im  et  Bote. 

Lettres  à  M.  de  Longpérier  sur  la  numismatique 
gauloise,  par  F.  db  Saulct.  XIV.  Trouvaille  de 
Chantenay  (pi.  i) J— 31,      g9- 

—  XV.  Monnaies  des  Lixoviates  (pi.  vi) 177- 

—  XVï.  Votomapatis ,  roi  des  Nitiobriges.  .  .'.  .    325- 
Distatère  d'or  de  Philippe  H ,  roi  de  Macédoine,  par 

Fr.  Lenorvant  (  vignette) 397- 

Médailles  inédites  frappées  par  Démétrius  l*'  Soter, 
avec  les  noms  de  deux  villes  de  Syrie,  par  Feu- 
ardent  (vignettes) 190- 

Télradrachnic  inédit  de  Ptolémée  Philadelphe,  par 
Fr.  Lenormant( vignettes) 331 

Anneaux  et  rouelles  des  Gaulois,  157-164.  —  Médaille  à  la 
légende  KAACTCAOr,  161-166.  —  Monnaies  de  plomb  gallo- 


TABLE   MÉTHODIQUE    DES   MATIÈRES.  50K 

romaines,  167-170  (vignette).  —  Monnaies  grecques  ayant 
pour  type  le  signe  Tau,  301-305.  —  Médailles  grecques  trou- 
vées à  Zougra  en  Achaïe,  170-171.  —  Monnaie»  d'or  d'Aga- 
thocle ,  d'argent  de  Larissa  de  Thessalie,  de  bronze  de  Meli- 
bœ»,  d'iEgosthènes,  de  Cyanea?,  171.— Plombs  d'Adana,  d*une 
darique,  d'Himera  ou  d'Hadria  du  Pîcenum,  de  l'Afrique, 
407-416,  pi.  XV,  n-  3.  4,  5  et  6. 


HMalIlM  romalset. 

De  quelques  médailles  de  Marcus  Vipsanius  Agrippa, 
par  Adr.  de  Longpérier 32 —  40 

Médailles  romaines ,  par  J.  de  Witte.  Agrippa  et 
Auguste,  Vespasien,  Hadrien  et  iElius  César, 
Faustine  la  jeune,   Caracalla  (pi.  m) lOi— H2 

Essai  sur  les  médailles  autonomes  romaines  de  l'é- 
poque impériale,  par  le  duc  de  Blacas  (pi.  vii^  vin. 
ixetx) 197—234 

Médailles  de  Cologne  [Colonia  Agrippinensis),  par 
J.  de  Witte  (vignettes) 41 —  50 

Notice  sur  quelques  plombs  antiques,  par  R.  Gar- 
Rccci  (  pi.  XV  et  XVI  ) 402—425 

Lettre  de  M.  L.  de  la  Saussaye  à  M.  Adrien  de 
Longpérier  sur  un  monument  numismatique  iné- 
dit du  règne  des  empereurs  Dioclétien  et  Maxi- 
mien (vignette) 426—431 

Monnaies  autonomes  romaines  de  Tëpoque  impériale ,  387- 
394  (vignettes).  —  Médailles  impériales  (Néron,  Clodius  Macer, 
Galba,  Yitellius,  Yespasien,  Domitien,  Trajan,  Hadrien,  J^lius 
César,  Antonin  le  Pieux ,  Faustine  mère ,  Marc-Aurële  ) , 
70-82,  306-315.  —  Monnaies  de  Clodius  Macer,  224-225.  ^ 
Monnaies  d'or  romaines  trouvées  à  Pourville  (  Seine-Infé- 
rieure) (Valentinien  I",  Valens,  Théodose,  Arcadlus,  llono- 
rius),  171-172.  —  Monnaies  byzantines,  316—318. 


504 


TABLE   MÉTHODIQUE    DES  MATIÈBES. 


Y 


mnraniATiçuB  bu  i 


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^«1 


PREMIÈRE  RACE. 

Description  (fcs  monnaies  mérovingiennes  du  Li- 
mousin, par  Max.  Deloche.  X.  Arnac-Pompa- 
dour,  Yssandon^  Rivisum,  Seilhac,  Turenne» 
Beynal,  Espagnac,  Vallière,  Blon,  Novic  ou 
Nouïc^  Montrgnac,  Nouhanty  Ajain ,  Parsac^  BriN 
lac,  Ek)nœil^  Roiiffiac^  Bar,  Chftteau-Ponsaf,  Ey- 
jaux.  .  .  • 235 

—  XL  Limoges^  Nouic  ou  Novic,  Cissac,  Choiss, 
Glanne  ou  Glény,  Salagnac^  Berchat  ou  Bersac, 
Uzerche,  Argentat^  Montceix,  Nontron,  Pau- 
liac,  Pageas  (  pL  tvii  ). «  .  .  .   .     43^ 

Monnaies  mérovingiennes  ,  51-52,  f\.  H,  n«  1  ;  279,  pi.  XI, 
n*  1  ;  334-336.  pi.  XII  ,n**\,  2,  3. 

8BCON0Ê    RACE. 

Notice  sur  diverses  mondaies  du  vni*  au  xv*  siècle  > 
par  FeuardëNt.  (  Pépin,  Charlemagne ,  Louis  le 
Débonnaire,  Lothaire,  Robert.  )  (  pi.  n,  n'»  2,  3, 
6,  7,  8) , 51 

TROISIEME   RACE# 

Monnaie  de  Charles  VIII  frappée  à  Marseille,  par 
Fernand  Mallbt  (  vignette  ) 27^ 

Deuxième  lettre  de  M.  Ch«  Robert  à  M.  Adr.  de. 
Longpérier  sur  des  collections  d'Italie  (Louis  Xtl, 
François  \'*)  (vignettes) 03 

Monnaies  de  Philippe  I*^  et  d'Henri  I",  338,  34t,  pi.  XII, 
n*  13.  —  Dénéraux  du  xiii»  siècle ,  113-116  { vignettes).  — 
Essai  de  monnaie  ou  piéfort  de  Charles  VII,  60-62,  pi.  Il,  n*  11. 
^Monnaie»  de  Louis  XI,  Charles  VIII,  Louis  XII,  283-291, 


TABLE   MÉTHODIQUE    DES   MAT1ÈBES.  505 

pi.  XI,  n«»  7,  8,  9,  10.  -^  Monnaies  d'or  de  Louis  XII,  Fran- 
çois I*',  Charles  IX,  trouvées  à  Candecôte  (Seine-Infi^rienrc), 
324.  —  Teston  de  Charles  IX,  376-382,  pi.  XIV,  n*  8. 

Mowuilca  pr«YliieJ«lca. 

Quelques  monnaies  rares  ou  inédites  de  la  biblio- 
thèque de  Marseille  et  de  la  collection  de  M.  le 
comte  de  Clapiers,  par  A.  Carpbhtin  (pi.  xi).  .  .    279 — 291 

Lettre  de  M.  le  baron  de  Kœhne  à  M.  A.  de  Long- 
périer  sur  quelques  monnaies  françaises  rares  ou 
inédiles  (pi.  xu) 334-^50 

Essai  sur  l'histoire  monétahre  des  comtes  de  Flandre 
de  la  maison  de  Bourgogne  et  description  de  leurs 
monnaies  d'or  et  d'argent,  par  L.  Dbschampsde  Pas. 
m.  Philippe  le  Bon  (suite)  (pi.  iv) 117— U3 

—  IV.  Charlea  le  Téméraire  (pL  xni) 351—365 

—  V.  Marie  (pi.  xyui) 460—480 

Notice  sur  quelques  monnaies  et  mércaux  de  Bar, 

de  Lorraine  et  de  Champagne ,  par  Léon  Maxe- 

Wbrlt(pI.  v) iu-ir>r> 

Denier  de  Mireconrt,  83-87  (vignette).  — Numismatique  bé- 
thunoise,  318-322.  —  Numismatique  de  Cambrai,  383-386.  — 
Monnaie  de  Guillaume  II,  sire  de  Vierzon,  375,  pi.  XIV,  n"  7. 

Monnalca  éirangèrf  a. 

Monnayeurs.  français  dans  la  Grande-Bretagne  aux 

xu^  et  wji^  siècles,  par  Adrien  de  Longpérier.  .  .  202—300 

Monnaies  du  moyen  &ge  inédites  >  par  Anatole  de 

BAaT«iLEHY  (pi.  xiv) 3GG— 382 

Monnaies  des  rois  longbards  Astolfe  et  Didier,  55-57,  pi.  II, 
n»»  4  et  5.  —  D*£douard  III  et  de  Henri  V,  rois  d'Angleterre, 
68-60,  pi.  II,  n»»»  9  et  10.  —  De  Louis  XII  et  de  François  !•' 
frappées  à  Milan,  63-69,  vignettes. -^  Monnaies  d'or  de  Fer- 
dinand V  et  dlsabelle,  de  Jeanne  et  Charles,  de  Charles-Quint, 
de  Philippe  II,  de  Jean  lll  et  de  Sébastien  I*'  de  Portugal ,  de 


506 


TABLE   MÉTHODIQUE   DES  MAT1ÈEE8. 


Mathias  Corvin,  d'Alphonse  I"  et  d'Hercule  II,  dacs  de  Fer- 
rare,  de  Genève,  trouvées  à  CandecOte  (  Seine-Infénewre),  S24. 
—  Histoire  métallique  des  Pars  Bas,  87«48»  «^  Besançon  et 
Riga,  172-174. 


Sur  deux  déncraux-da  xiu*  «èele^  par  Ed.  Lambbiit 

(vignettes) 14 

*Méreaux   de  la    Sainte-Chapelle ,  par  J.  Router 
(pi.  XIX  et  XX ) 48 

Méreaux  de  Reims,  155-156,  pi.  V,  n**  9  et  10.  —  Méreaux 
des  corporations  de  métiers,  174-176.  —  Histoire  sigillaire  de  la 
ville  de  Saint-Ouen,  88.  —  Sceaux  ot  bulles  conservés  dans  les 
archives  des  Bouches  du  Rhône ,  88.  —  Méreaux  de  Bcthune , 
S18-322. 


BULLETIN  BIBUOGRAPHIQUE. 

Des  anneaux  et  des  rouelles ,  antique  monnaie  des 
Gaulois.  Notice  par  le  comte  Hippolyte  deWi- 
dranges,  et  note  sur  la  médaille  à  la  légende 
KAAcrCAOr.  (Article  de  M.  E.  Hucher) IS 

Examen  des  monnaies  grecques  ayant  pour  type  le 
signe    Tauj   par   Ludwig  Mûller.  (Article  de 

M.  AdR.    de  LONGPBRIER.) 30 

Description  historique  des  monnaies  frappées  sous 
l'empire  romain^  par  M.  Henry  Cohen.  (Articles 
de  M.  Tabbé  Cavedoni.  ) 70—82,    30 

Description  générale  des  monnaies  byiantines  frap- 
pées sous  les  empereurs  d'Orient,  par  J.  Sabaticr. 
(Article  de  M.  Anatole  de  Barthélémy.) 31 

Numismatique  béthunoise,  par  L.  Dancoisno.  (Ar- 
ticle de  M.  J.  Router.) 31 

Numismatique  de  Cambrai ,  par  Ch.  Robert  (article 
de  iM»  A.  de  Barthélbmt) 3t 


TABLE    MÉTHODIQUE    DES   MATIÈRES.  507 

CHRONIQUE. 

Prix  de  numismatique 387 

Collections  de  H.  le  duc  de  Luynes.  (J.  W.).  .  .  .  498— 50i 
Lettre  à  M.  de  Witte  sur  uûe  monnaie  de  plomb 

gallo-romaine,  par  M  Gustave .d'ÀMBCOfiai  (vign.).  167 — 170 

Collection  nationale  des  médailles  à  Athènes.  (J.W.)  170— f71 
Monnaies  d'or  romaines  trouvées  à  Pourville,  près 

de  Dieppe  (Seine-Inférieure).  (J.  W.).  .  .  .  171 — 172 
Monnaies  autonomes  romaines  de  l'époque  impériale 

(vignettes)  (duc  de  Blagas^  C.  Cavbdoni).  .  .  .  387 — 394 
Rectification  numismatique.    Besançon  et  Riga. 

(A.L.) 172— 174 

Lettre  de  M.  Laprevote  à  M.  Ch.  Robert  sur  un  de- 
nier de  Mirecourt  (vignette) 83-87 

Découverte  de  monnaies  d'or  du  xvi*  siècle  dans  la 

chapelle  de  Caudecûte,  près  Dieppe.  (J.  W.).  •  .  323— 3i4 
Continuation  de  l'ouvrage  de  Van  Loon^  Histoire 

métallique  des  Pays-Bas 87 —  88 

Histoire  sigillaire  de  la  ville  de  Saint-Omer^  par 

Louis  Deschabips  de  Pas 88 

Iconographie  des  sceaux  et  bulles  conservés  dans 

les  archives  des  Bouches-du-Rhône,  par  Blancarp.  88 

Méreaux  des  corporations  de  métiers.  (  A.  L.  )•  .  •  174 — 170 
M.  Ch.  Ro!)ert  nommé  correspondant  de  l'Académie 

des  Inscriptions  et  belles-lettres TiOl 


NÉCROLOGIE. 
Le  baron  Chaudruc  de  Crazannes.  (A.  L.) 394— 39ft 


ERRATA 
DE   LA  REVUE  NUMISMATIQUJ 


Page    41,  ligne  II,  trente-sà  aus,  Um  trente-iept  ans. 

—  81,    —    la,  La  disputn  de  Palla,  liais  de  PaUas. 

—  141.    —    8,  19,  20,  pi.  V,  lisez  pi.  IV. 

—  204,    —    9  et  snivantes,  rétabli8$$x  anm  : 
1.0.M.CAP1T0L1NVS.  Jupiter  assis  à  gancbe  daos  un  temple  à 

loMMs  et  tenant  «n  fondre  et  on  sioefM/Alt 
Poids^  'tienne,  Ss',46,  et  pièœ  fourrée;  —  ma  colleetion.  pSèoe  foi 
12.  —  Pièce  semblable  avec  I.O.MAX.  au  revers.  AR.  (Cohen , 

n»  103). 
Poids,  France,  3»%85,  3»',87  ;  —  I*ondres,  3«',62v  —  Berlin,  »»,3 

penbague,  3*',  10. 

Page  216,  ligne  12^  debout  à  gauche^  liêtt  marcbant  k  droite^ 


HEVUZ  NUMISMATIQUE 


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REVUE  NïïillSMATigïïE 


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1862. 


REVUE  NUMISMATIQUE 


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REVUE  NinCISMATIQUE 


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1^62 


REVUE   NUMISMATIQUE 


PL.  IV. 


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REVUE   NUMISMATIQUE 


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1802. 


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PL.  II 


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