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K
NN
Com
REVUE
NUMISMATIQUE
Collaborateurs dent les articles ont paru dans la Revue numismatique
(nouvelle série, 1856 — 1870).
MM.
ABBADIE (Ant. d’), à Paris. ,
ACY (Ernest d’), à Villere-aux-Era-
bles (Somme).
AFFRY DE LA MONNOYE (A. d’),
à Paris.
ALLEN (E. A.), à Porto.
BARTHELEMY (Anat. de), à Cha-
lons-sur-Marne.
BECKER (P.), & Dresde.
BEULE (Ernest), à Paris.
BLACAS D’AULPS (Le duc de), à
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BLANCARD (L.), & Paris.
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BRUGIÈRE DE LAMOTTE, à Mont-
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COMNOS (S.), à Athènes.
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de), à Castel-Sarrazin.
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(Nord).
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- DESCHAMPS DE PAS (Louis), à
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DEVILLE (Achille), à Paris.
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GAULTIER DU MOTTAY, à Plérin
(Côtes-du-Nord).
GAYRAUD DE SAINT-BENOIT, à
Saint-Benoît ( Aude),
GERY (R.), & Voiron (Isère).
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Paris.
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POEY D'AVANT (F.), à Maillezais
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POY DENOT He Bayonne.
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ROBERT (C.), à Paris. |
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SALIS (Comte J. F. G. de),& Londres.
SAULCY (F. de), & Paris.
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SAUVAIRE (H.), & Alexandrie
Egypte).
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TOULMOUCHE (D*), à Rennes.
TRACHSEL (C.F.), & Berlin.
VALLIER (Gustave), & Grenoble.
VANNAIRE (D*), à Gannat (Allier).
VATTEMARE (Alexandre), à Paris.
VAZQUEZ-QUEIPO (V.), à Madrid.
VÉRY (A.), à Vienne,
VOGUE ( Le comte Melchior de), à
Constantinople.
WADDINGTON (W.H.), à Bourne-
ville ( Aisne ).
WITTE (J. de ), & Paris.
ZOBEL DE ZANGRONIZ (J.), à Ma-
drid.
2174. Paris. — Imprimerie Annous pe Riviènë et C°, 26, rue Racine.
REVUE
NUMISMATIQUE
PUBLIEE
PAR
J. DE WITTE
Membre de l'Institut et de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux Arts
de Belgique,
Correspondant de la Société des Antiquaires
France,
ar
ADRIEN DE LONGPERIER
Membre de l'Institut et de la Société des Antiqusires de France,
Associé étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique,
Ustendite mihi numisma census.… Cujus
ext imago hee, et superscriptio ?
MATTH., Xxit, 19-20
NOUVELLE SÉRIE. TOME QUATORZIÈME.
v
AU BUREAU DE LA REVUE
CHEZ mm. CAN
ROLLIN ET FEUABDENT
PARIS LONDR
GREAT RUSSELL-STREET
12, RUE VIVIENNE (Bloomebury’.
1869-1870 J
wo.
(ees
MEMOIRES BT DISSERTATIONS.
90 $000
LETTRES A M. A. DE LONGPERIER
SUR
LA NUMISMATIQUE GAULOISE.
(Vingt-quatrieme article. —Voir Revue, 1868, p. 405.)
XXX.
Révision des letires XI — XXVIII.
Letire XI (1860, p. 409).
Mon cher ami, cette lettre concerne les monnaies émises
par la ligue gauloise contre l’envahissement des Germains.
Je vois plusieurs choses à modifier dans ce que j'ai dit des
attributions ; ainsi.je mets radicalement à néant tout ce
qui regarde Ambiorix et les Éburons. Tu sais en effet que
le Musée de Lyon possède un bel exemplaire sur lequel on
lit EBVROV. Il s’agit bien certainement d'un chef nommé
Eburovix. Quant à la légende AMBIL et à ses variétés, elle
nous donne assurément le nom d’une peuplade Ambiliates
ou Ambiluaretes ; peu importe. Mais à coup sûr c'était une
1869, — 1. | 1
2 MEMOIRES
peuplade du midi et bien voisine des Alpes; c’est tout ce
que je puis dire. Cependant comme on trouve le même
nom EBVRO sur une pièce à la légende DVRNAC et que cette
légende m’a bien définitivement l'air de désigner les peu-
ples des bords de la Durance, il y a tout lieu de croire
que la peuplade gouvernée par Eburovix était bien près de
cet immense torrent.
Il résulte de ce que je viens de dire que RICA7 doit dé-
signer une peuplade puisqu’au revers des monnaies qui
portent cet ethnique on retrouve le nom d’Eburovix. A plus
forte raison tout ce que j'ai échafaudé d’hypothéses sur la
monnaie portant DVRNAC et EBVRO croule de lui-même.
Les pièces à la légende DVRNACOS-AVSGRO ou AVSCROCOS,
et DVRNACVS-DONNVS ne sont en aucune façon frappées
par deux chefs alliés. Durnacus est un ethnique et les
noms propres d'hommes offerts par ces monnaies sont Aus-
crocus et Donnus. Donnus est certainement le père du
Cottus qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes ; il aura
été précédé par Auscrocus et par Eburovix, celui-ci n’ayant
possédé qu’accidentellement le territoire de la peuplade
désignée par le mot Durnacus. La remarque que je faisais
dans cette lettre sur les terminaisons qui se sont succé-
dées OS et VS subsiste dans toute sa force; ce qui est bien
curieux, c'est que j'ai entre les mains un beau denier por-
tant les deux légendes DVRNACVS et AVSCROCVS en toutes
lettres. C'est évidemment la dernière variété émise par ce
chef, immédiatement avant l'accession au trône de Donnus.
ET DISSERTATIONS. 3
crocus et Donnus se soient succédé de pére en fils, ce qui
n'a rien que de vraisemblable ; nous savons que Cottus, fils
de Donnus, a construit vers l’an 9 avant Jésus-Christ la
route qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes. Si Donnus
son père a vécu le temps d’une génération, c’est-à-dire
environ trente-trois ans, nous aurions l'an 42 pour le com-
mencement du règne de Donnus, et avec la même suppo-
sition, l’an 75 pour le début du règne d’Auscrocus et pour
la fin de celui d'Eburovix. N’y a-t-il pas une trés-curieuse
coincidence entre cette date initiale et l'intervalle compris
entre les années 77 et 57 que j'ai assigné à la création de
la ligue contre les Germains? Il en résulterait que ce type,
une fois admis par les peuplades des Alpes, aurait été con-
servé bien longtemps encore après les événements qui en
avaient motivé l'adoption. Remarque d’ailleurs que la plus
ancienne de toutes ces jolies monnaies est certainement
celle à la légende AABILL et EBYRO, ce qui s'accorde trés-
bien avec les hypothèses que j'ai émises tout à l’heure sur
la succession des chefs de la peuplade désignée par l’eth-
nique Durnacus*.
Je ne suis pas plus en mesure maintenant d'expliquer
les diverses légendes géographiques BR; BRI, BRICO,
COSII, VIID et COOV que je ne l’étais lorsque j’écrivais ma
lettre XI. Quelque jour, il faut l'espérer, on y verra clair.
1 Tl ne faut pas oublier que la date d'émission de toutes ces curieuses
monnaies remonte forcément aussi haut, puisque : 1° dans le trésor de Beau.
voisin (Drôme), dont le denier romain le plus récent a été frappé ‘entre 27
et 25 avant Jésus-Christ, il se trouvait 40 deniers usés de Durnacus-Auscro
et de Durnacus-Donnus; 2° dans le trésor de Chantenay, dont Ia monnaie
la plas récente parmi Jes romaines date de 34 à 27 avant Jésus-Christ, il se
trouvait un très-grahd nombre de deniers de cette classe ayant couru long:
temps et fort usés; 3° dans les fouilles du champ de bataille de Grésigny,
devant Alésia, il s’est trouvé 2 de ces deniers également très-usés.
4 MEMOIRES
Je ne doute plus que le CALITIX de la pièce à la légende
COSIT (pièce dont, soit dit entre parenthèses, je possède
aujourd'hui un exemplaire trouvé au bord de Ja Saône,
près Mâcon) ne soit le CAL des monnaies qui portent la lé-
gende habituelle MOR ou bien plus souvent ROVV. Mais
que signifie cette légende? Je n'en sais rien en vérité, et
je répugne toujours à y voir le nom de Rome; l’attribution
de cet ethnique aux Morins n’a pas le sens commun. Biffons
donc tout ce que j'en ai dit.
La monnaie aux légendes VIRODV et TVROCA me semble
maintenant du chef TVROCA portant un nom analogue au
ROVECA des Meldes, qui aurait frappé pour la peuplade
désignée par le nom VIRODV. Ce mot cache-t-il l'ethnique
d’une peuplade habitant les bords du Verdon, rivière pro-
vençale ? C'est bien possible.
La monnaie aux légendes PETRVCORI ou PERRVCORI du
chef ACINCOVEPVS ne saurait être des Pétrucoriens. Peut-
être nous donne-t-elle une dénomination nouvelle de la
population du Vercors.
Le vœu que j'émettais en terminant cette onzième
lettre a été exaucé, la pièce DVRNAC-EBVRON, décrite par
M. de Lagoy, s’est retrouvée. Seulement elle ne porte pas
EBVRON, mais bien EBVROV.
Lettre XII (486A, p. 77.)
Cette lettre est consacrée a l'étude des monnaies des
Éduens. En général, ce que j'ai dit me paraît encore tout
à fait de mise. Seulement j'ai, faute des points de com-
paraison qui me sont arrivés depuis à foison, fait entiè-
rement fausse route, quant à l’origine des deux ou trois
seuls exemplaires connus jusqu'alors, et dont les légendes
ET DISSERTATIONS. 5
incomplétes se sont manifestées depuis, sous les formes
indubitables ANORBOS et DVBNORIX. J’ai donné plus tard,
je le crois du moins, la véritable explication de ces jolies
monnaies, et je dois me borner à dire que ce que j écri-
vais à leur sujet dans ma lettre XII doit être mis à néant.
Jai de méme, en étudiant la merveilleuse trouvaille de la
Villeneuve-au-Roi, reconnu qu'il n’était plus possible d’at-
tribuer à Convictolitavis les jolies petites monnaies que
tu connais à merveille et qu'il me suffit de te désigner.
Enfin les légendes ATPILI et DVBNOCOV ne me semblent
plus du tout former les noms des pères d’Orgetirix et de
Divitiac. Quant aux monnaies de Q.SAM., de Q. DOCI.SAM.F.
et de TOGIRIX, presque toutes les hypothèses que j’émet-
tais sur leur compte, en publiant ma douzième lettre, se sont
de plus en plus implantées dans mon esprit, et le travail
que j'ai récemment publié dans la Revue archéologigue sur
les monnaies des Éduens et des Séquanes en fait foi.
Lettre XIII (4861, p. 165).
Dans ce travail, je m'occupe des belles monnaies des
Lixoviales. J'y accepte l'attribution proposée par La
Saussaye de la pièce sur laquelle il croyait retrouver le
nom de Viridovix. Tu sais à merveille aujourd’hui que cette
lecture est fautive et que la pièce en question porte sur ses
deux faces l'ethnique correct LIXOVIATIS de la peuplade
dont il s’agit. Mes trouvailles de Berthouville ne peuvent
laisser subsister le moindre doute à cet égard. Je croyais
encore, lorsque j'ai rédigé cette lettre, que le mot Arcan-
todan était un nom propre d’ homme. J'ai surabondamment
répété déjà, dans cette révision, que je regarde Arcantodan
6 MEMOIRES
comme un titre honorifique. Quant 4 donner Maufennus
pour successeur à Cisiambos, c’est tout le contraire qui
doit être la vérité, et je ne doute pas que Cisiambos n'ait
en réalité succédé à Maufennus.
Lettre XIV (1862, p. 1 et p. 89).
Cette lettre est consacrée tout entière à l'étude du trésor
de Chantenay. La première chose que j'aie à faire est de
corriger une énorme faute qui s’est glissée dans I’ énumé-
ation des 81 deniers de la ligue des peuplades des Alpes
contre l'invasion germaine. On y lit:
DVRNACVS — ESIANNI — 2.
c'est ESIANNI — DONNVS — 2 qu'il faut lire. Du reste,
cette rectification ressort nettement du paragraphe consa-
cré à l'étude de cette rare monnaie dont l’origine, géogra-
phiquement parlant, reste toujours assez mystérieuse,
S'agit-il des Esubiani de Pline, Vesubiani de l'arc de Suze?
je n’oserais l’affirmer. Tout ce que je dis cette fois des
monnaies d’Auscrocus et de Donnus me paraît encore bien
plus certain aujourd’hui qu'alors. En m’occupant des mon-
naies d'argent éduennes qui faisaient partie du trésor de
Chantenay, j'ai considéré les anépigraphes comme les plus
anciennes : c'était une erreur complète, que l'examen de
la trouvaille de la Villeneuve-au-Roi m'a forcé de répu-
dier. J'ai commencé dans cette XIV° lettre à entrevoir la
vérité sur les monnaies à la légende ANORBO — DVBNORIX.
Depuis, j'ai dit dans le travail inséré dans la Revue archéo-
logique ce que je pensais définitivement de ces curieuses
monnaies,
ET DISSERTATIONS. 7
En m’occupant du trésor de Chantenay, je devais natu-
rellement parler de la pièce à la légende GAIV.IVLI — OMA-
PATIS, et de celle à la légende DIASVLOS. Je ne pouvais
alors en rien dire de positif : aussi l’hésitation et l'incerti-
tude se manifestent-elles à chaque ligne. Depuis lors, les
“faits qui concernent ces deux pièces se sont éclaircis poar
moi. J'aurai même à revenir sur la première espèce à pro-
pos de ma lettre XVI. Je n'en parlerai pas plus longue-
ment ici. Quant au Diasulos, une inspiration heureuse m’a
fait depuis lors y lire en toutes lettres DIVISATOS, et par
suite j'ai dû restituer ces pièces si communes au vergobret
Divitiac des Commentaires. Cette lecture, qui n’était pas
trop facile à deviner d’ailleurs, m'a été suggérée par l'étude
des monnaies identiques de type, sur lesquelles les beaux
exemplaires provenant de la Villeneuve-au-Roi m'ont fait
-retrouver le nom de Dubnorix, frére de Divitiac. Tout ce
que j'ai dit de ces monnaies jusqu'à ma dernière explica-
tion doit donc être mis à néant, et leur attribution aux Bi-
turiges n'a plus aucune raison d'être,
Tout bien considéré, je suis venu à attribuer défi-
nitivement aux Calétes les monnaies du chef ATEVLA
aussi bien que celles du chef SENODON accompagné du
nom CALEDV. Parmi les conséquences que j'ai tirées de
l'examen comparatif des poids des monnaies composant
le trésor de Chantenay, il en est quelques-unes, en assez
petit nombre heureusement, auxquelles il m'a fallu re-
noncer lorsque j'ai pu étudier à l'aise l'immense trésor
de la Villeneuve:au-Roi. Ainsi, par exemple, j’admettais
que les pièces de SOLIMA avaient été émises vers l’année
qui a vu s'effectuer ‘les siéges de Gergovia et d’Alésia :
c'est une grave erreur. Ces pièces sont antérieures de sept
ou huit ans. Je n'insisterai pas sur ces modifications à in-
8 MEMOIRES
troduire dans l’ordre chronologique d'émission des variétés
du trésor de Chantenay ; comme elles ressortent pleinement
de l'étude d’une masse bien autrement considérable de
monnaies soumises à l'examen, elles sont pour ainsi dire
certaines.
Letire XV (1862, p. 177).
Cette lettre roule tout entière sur la numismatique des
Lixoviates. La première remarque que sa lecture me sug-
gère, c'est que j’altère le nom de l’Arcantodan Maufenn que
j'écris Maufennius, je ne sais en vérité pour quelle raison,
cette forme ne s'étant présentée nulle part. Je biffe, défini-
tivement cette fois, de la liste des chefs gaulois cités dans les
Commentaires de César et dont les monnaies ont été re-
trouvées, le nom de l’Unelle Viridovix. Où La Saussaye
avait supposé, grâce à une légende très-défectueuse, que
se trouvait le nom de ce chef illustre, il y avait à lire en
réalité l’ethnique Lixoviatis. Cette fois encore, j'ai cherché
dans le titre Arcantodan, le nom du carnute Conétodun, et
je base sur ce fait impossible toute une théorie qui n’a plus
de raison d’être, dès qu'il faut renoncer au point de dé-
part. Enfin cette lettre est terminée par la description de
la charmante petite monnaie sur laquelle on lit : KPO.RE,
et que je m'efforçais d'attribuer au Viridovix, qui venait
forcément d'être dépossédé de la monnaie qui lui avait été
attribuée. Ai-je été plus heureux que La Saussaye? Au-
jourd’hui je n’en crois plus rien, et, dans le prétendu Vi-
ridovix de ma façon, je ne vois plus maintenant que l'É-
duen Virdomar, ainsi que je l'ai dit l'an dernier dans
l’apercu sur la numismatique des Éduens, adressé à notre
ami À. de Barthélemy dans la Revue archéologique. Cette
ET DISSERTATIONS. 9
nouvelle attribution a l'avantage, comme tu le vois, de ne
plus être en opposition flagrante avec le style, la fabrique
et les types de la pièce, comme elle l'aurait été manifeste-
ment en maintenant son attribution à l’Unelle Viridovix.
Lettre XVI (1862, p. 325).
Je maintiens avec une entière confiance l'attribution à
Votomapatis, roi des Nitiobriges, du charmant denier pro-
venant de Chantenay avec les légendes GAIV IVLI....OMA-
PATIS. Quant à l'opinion qui ferait des statères arvernes
anépigraphes des trésors d’Orcines et de Pionsat des sortes
de monetz castrenses frappées pour les besoins de la résis-
tance contre l’envahissement romain, elle peut être vraie;
mais elle a grandement besoin de démonstration.
Lettre XVII (1863, p. 153).
Je constate dans cette lettre que les prétendues mon-
naies des Libeci, des Ricomagenses et des Oxybii appar-
tiennent incontestablement aux Gaulois Cisalpins, mais
sans rien préciser sur leur origine. Tu as, mon cher Adrien,
fait faire un grand pas à la question, en publiant ton ex-
cellente monographie des statéres frappés par les Salasses.
Tu penches à voir dans nos vieux deniers cisalpins des
monnaies du méme peuple, et je crois que tu as en cela
parfaitement raison. Pour moi du moins la solution est
trouvée. Je maintiens plus que jamais que les drachmes
aux légendes OKIPT (des Tricorii ou Tricolli), et CET'OBI
(des Ségobriges) ne peuvent avoir été frappées que par des
peuplades du voisinage de Marseille. L’attribution à Crest
40 MÉMOIRES
de la pièce à la légende KPIZ30 a été contestée avec toute
raison. Et c'est par suite de je ne sais quelle préoccupa-
tion que j'ai substitué le nom de Crest, localité de la
Drôme, à celui de Géreste qui est une petite ville voisine
de la Ciotat et que j'avais en vue. Quant à l'attribution à
Gréoulx, j'aurais bien de la peine à l’admettre. J'ai revu
avec soin mon exemplaire, et la lettre double == ainsi
formée est bien plutôt un double sigma qu'un double zéta,
à cause de la presque impossibilité de trouver un mot grec
offrant le redoublement d'une lettre double par essence
comme le Z. Enfin l'O terminal de la légende KP1220 se
trouve bien réellement sur mon exemplaire et je suis à
peu près sûr qu'il existe de même sur ceux de M. Ricard.
Puisque j'en trouve l’occasion, je donnerai la figure d’un
exemplaire de cette rare monnaie offrant derrière | effigie
du droit des signes dont je ne devine pas la valeur.
Cette dernière monnaie est-elle bien celle à la légende
KPIZ20? Je le crois, sans néanmoins oser I affirmer.
Lettre XVIII (1864, p. 169).
La restitution des prétendues oboles des Auscii au cher
Auscrocus est désormais admise par tout le monde. Aus-
crocus, dont nous connaissons aujourd hui Je nom latinisé,
grâce à la belle monnaie que je t’aicommuniquée plus
haut, a certainement été le grand-père du roi Cottus, et
ET DISSERTATIONS. A1
sa série monétaire est devenue aujourd'hui une des plus
intéressantes et des plus complètes de la numismatique
gauloise, Je n’ai rien à y ajouter pour le moment.
Lettres XIX et XX (1864, p. 249, et 1865, p. 133).
Nul doute possible quant à l'attribution au roi carnute
Tasgéce de la pièce si rare qu’à la vue d’un exemplaire
défectueux, notre ami La Saussaye avait proposé, en
désespoir de cause, de classer à Uzés. Je n’ai rien à chan-
ger non plus à ce que j'ai dit des pièces aux légendes
ANDVGOVONI-CELECORIX, pas plus qu'à ce qui concerne
les monnaies de Sédullus, le chef des Lémoviques, tué de-
vant Alésia.
Lettre XXI (1865, p. 140).
Je maintiens également au Rème Antebrogius des Com-
mentaires dont le nom a été manifestement altéré par les
copistes, les monnaies carnutes d'argent à la légende
ANDECOM. Comme notre ami Hucher publie en ce moment
même quelques nouveaux éclaircissements qu'il a bien
voulu confier à mon amitié, je me garderai de déflorer
ses observations qui tendent toutes à prouver que j'ai eu
raison.
Lettre XXII (1865, p. 147).
Les monnaies de Conetodubnus, décrites dans cette lettre,
me paraissent déterminées avec la plus satisfaisante certi-
tude. Quant à la pièce des Essui ou Sagii, ma lecture peut
être bonne; mais aussi elle peut être contestée. Il faut
donc attendre sur ce point de nouvelles lumières.
49 MÉMOIRES
Lettre XXITI (1866, p. 229).
Cette lettre de longue haleine est consacrée à l'étude
du trésor de la Villeneuve-au-Roi. J'ai donné subsidiaire-
ment la figure d’une rare monnaie des Bituriges Cubes.
Comparaison faite, j'ai reconnu depuis lors que c'était
exactement la monnaie lue VBIOS par Duchalais, et attri-
buée à tout risque aux Ubiens. J’en ai conclu que la lé-
gende devait étre complétée CUBIOS, et un second exem-
plaire aujourd’hui dans mes cartons, et provenant de
l'ancienne collection Soulages, de Toulouse, m'a donné
raison. Je croyais encore en écrivant cette lettre que les
noms DVBNOCOV et ANORBOS étaient ceux de deux an-
cétres de Dubnorix. Maintenant, je suis bien convaincu du
contraire.
Les deux personnages en question n'étaient très-proba-
blement que des alliés et les complices de Dubnorix.
"J'ai abandonné définitivement la pensée que Q.DOCI et
IVLIVS TOGIRIX pouvaient être un seul et même per-
sonnage. Quant à la légende DIASVLOS, c'est, comme je
l'ai dit plus haut, le nom du vergobret Divitiac DIVISATOS,
frère de l'ambitieux Dubnorix, dont les monnaies, iden-
tiques de fabrique et de types, offrent une énorme série
de variétés. Somme toute, il n'y a presque rien à changer
au contenu de cette vingt-troisième lettre.
Lettre XXIV (1866, p. A02).
Jl y a erreur sur le compte des peiits bronzes à la tête
tourrelée que je me refusais à classer à Avenio. J'ai ac-
ET DISSERTATIONS. 13
quis depuis la certitude que cette attribution était bonne.
Enfin, il y a eu erreur de gravure, sur la jolie pièce au
type marseillais que j'attribue à Lambesc et qui est plus
probablement de Lamanon; on y a dessiné AOM et il y a
très-certainement AOM.
Lettres XXV à XXVIII (1867, p. 4, 169 et 329;
| 1868, p. 1).
Rien à retrancher ni à ajouter. Voilà qui est fini! et
maintenant, mon cher Adrien, je vais me remettre en chasse
avec l'espérance de ne pas trop tarder à rencontrer du
gibier digne de t’étre offert.
Tout à toi de cœur, F. DE SAULCY.
25 octobre 1868.
14 MÉMOIRES
LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPÉRIER
SUR QUELQUES MONNAIES CELTIQUES.
(PI. let Il.)
Mon cher ami, en 1865, M. Domenico Promis, le savant
bibliothécaire et conservateur du médaillier du roi d'Italie,
fit connaître, dans les Mémoires del’ Académie de Turin, trois
médailles celtiques inédites, trouvées dans les environs de
Vercelli : « Ricerche sopra alcune monele scoperle nel Ver-
« cellese. » Ces médailles sont du nombre de celles nom-
mées en Allemagne Regenbogenschüsseln (sculellæ iridis),
décrites et expliquées par feu le docteur Streber, dans son
ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions, livre
dont vous avez rendu compte dans la Revue ’.
Ce qui rendait remarquable la publication de M. Promis,
c'est que l’une de ces pièces était à légende, et que Streber,
dans le grand nombre de celles qu'il avait publiées, n’en
connaissait aucune à légende; il mettait même en garde
contre l'envie d’y vouloir parfois lire ce qui n’y était pas:
on regardait donc toutes ces pièces comme muettes; mais,
après la publication de M. Domenico Promis, il fallut
1 1863, p. 141.
ET DISSERTATIONS. 45
bien admettre que parmi elles on en pouvait trouver por-
tant des légendes :.
La pièce dont il est ici question est identique, à la lé-
gende près, à celles décrites par Streber dans son deuxième
groupe, tab. II, n° 49 (Revue, 1863, pl. IV, n° 6).
M. Domenico Promis, s'appuyant sur ce que cette mé-
daille et d’autres pareilles, mais sans légende, avaient été
trouvées dans la haute Italie, dans les environs de Ver-
celli, la donnait aux Cimbres qui avaient été vaincus dans
les Campi Raudii par Marius, en | l'an 101 avant Jésus-
Christ.
Cette pièce, unique jusqu'alors, attira l'attention des
amateurs de la numismatique celtique.
M. Julius Friedlænder, dans le troisième volume des
Blatter für Münz-Siegel und Wappenkunde, Berlin, 1866,
décrivit et publia une autre pièce avec l’épigraphe CVR
écrite à rebours, au milieu du côté concave; cette mé-
daille se trouve au Cabinet de Berlin sans que l’on en
connaisse la provenance : on sait seulement qu’elle y fut
vendue par un marchand de médailles de Vienne, ce qui
pourrait bien lui faire donner la même origine qu’à la mé-
daille de M. Promis. Je n’ai point à m'en occuper ici.
M. Julius Friedlænder, dans le même article, parle de
la pièce de M. Dom. Promis, et il croit avec raison, à mon
avis, ces espèces de monnaies plus anciennes que ne le
suppose le savant antiquaire de Turin; moins anciennes
cependant que ne le dit Streber, qui les croyait d'environ
500 ans avant J.-C. Un extrait de cette publication se
trouve dans la Revue de 1868, p. 129.
Les plus anciennes de ces monnaies, celles sans légende,
? Voyez Revue, 1868, p. 303.
16 MÉMOIRES
ont été évidemment frappées avant que les Celtes n’eussent
des relations suivies avec les Romains; celles à légende
sont d’une époque plus rapprochée; elles furent proba-
blement émises après que les Celtes eurent pu assez con-
naître leurs voisins pour leur emprunter leur alphabet.
Voici la description de la médaille publiée par M. Dom.
Promis.
Droit. Au milieu du côté concave, une étoile à quatre
rayons; au-dessous, trois globules en triangle (le troisième
est à peine visible) ; près du globule de gauche, un signe
carré qui est un 0; à gauche de ce signe un autre, f; au-
dessus de l'étoile, un double fleuron ressemblant à deux S,
dont l’un renversé’. M. Dom. Promis considère les deux
premiers signes comme des lettres grecques; mais, suivant
M. Friedlænder, le signe carré ne serait pas une lettre, et
l'autre signe qui, d’après M. Promis, ressemble à un f cur-
sif, se rencontre souvent comme fleuron sur ces espèces de
monnaies. À droite, on trouve la légende ATV; M. Promis
croit que l’U est un Y. Le revers porte dans une couronne la
téte d'oiseau si souvent représentée sur ces monnaies.
Jugez, mon cher ami, du plaisir que j’éprouvai, ily a
quelque temps, en acquérant une petite collection de mon-
paies celtiques pour le médaillier du prince de Fürstenberg
d’y trouver, parmi les pièces d'or, un autre exemplaire
de cette rarissime médaille, avec une légende beaucoup
plus complète : au lieu de ATV ou ATY, cette pièce par-
faitement bien conservée porte lisiblement les lettres
ATVLLOS, ce qui donne bien un nom celtique.
Je me fais une véritable fête, mon cher ami, de vous
1 Relativement au sens dans lequel ce type doit être placé, voy. Rev. num.,
1863, p. 149.
ET DISSERTATIONS. 17
présenter cette médaille fort précieuse, persuadé qu'elle
vous intéressera et qu’elle fera plaisir aux amateurs. |
Elle pèse 75,30. (Pl. I, n° 4.)
J'y joins le dessin d'une autre pièce identique, mais sans
légende, comme élément de comparaison ; elle est du même
cabinet et a juste le même poids. (PI. I, n° 2.)
Maintenant à quel peuple appartient cette belle monnaie?
Streber donne les pièces sans légende à plusieurs peu-
plades : celles trouvées au sud du Danube aux Vindéli-
ciens ; celles trouvées au nord aux Tectosages et aux Hel-
vétiens; celles trouvées en Bohème aux Boïens.
Streber ne parle pas des Boiens d'Italie, des Boïens Ci-
_salpins; il ne connaissait pas leurs monnaies, et dans l’énu-
mération des endroits où l’on a trouvé des Regenbogenschüs-
sein, il ne parle pas de la Haute-Italie.
Cependant les Boïens (ot-Bolo.) étaient le peuple le
plus puissant de toute l'Italie celtique; leurs migrations
dans la Haute-Italie, même en regardant avec Niebuhr et
d'autres savants; l'expédition de Bellovèse comme fabu-
leuse, eurent déjà lieu au commencement du iv‘ siècle
avant J.-C., et depuis ce temps ils furent souvent renforcés
par d’autres migrations. Quand je vois la facilité avec la-
quelle ils traversèrent les Alpes, je ne puis m'empêcher d’être
persuadé que toutes les peuplades Alpines de l’un et de
l'autre versant étaient celtiques et établies là ab antiquo.
Ce sont eux que les anciens nomment veteres Galli; c'est
leur présence et leur coopération toute fraternelle, qui a
seule pu faciliter aux grandes invasions celtiques la con-
quête de toute la plaine nord de l'Italie. Si des Celtes
n’eussent pas occupé les cols et les vallées dépendantes
et n’eussent pas aidé les nouveaux venus, qui probable-
ment parlaient la même langue, à passer, comment ceux-
1869. —1. 2
48 MÉMOIRES
la auraient-ils jamais pu franchir ces défilés redoutables ?
Ils y seraient restés jusqu'au dernier. Ges nouvelles migra-
tions fondèrent en Italie de puissants établissements ; réu-
nis aux Lingons, ils passèrent le Pd, chassèrent les Étrus-
ques et les Ombriens, conquirent la Romagne. Ils fondèrent
Lodi et plusieurs autres villes, donnèrent à Felsina le nom
de Bojonia (Bononia) et furent presque toujours en
guerre avec les Romains, qui finirent par les vaincre avec
les Senons qui s'étaient avancés jusque vers Ancône, et par
les repousser enfin jusque dans le nord de l'Italie, princi-
palement dans la plaine entre le Mincio et la Sesia (notez
bien que Vercelli est situé sur la Sesia); c'est-à-dire la
Lombardie, qui fut longtemps appelée Boicus ager: « qui
« fuit Bojonum Gallorum in Gallia citra Alpes, in quo sunt
« Mediolanenses, » dit Festus.
Enfin, les Romains ne voulant point avoir pour voisins
un peuple si belliqueux, les guerres continuèrent et les
Boïens furent presque anéantis par Claudius Marcellus en
l'an 531 de Rome; et en 564 et 562, environ 191 ans avant
J.-C., le reste de ce peuple fut obligé d'abandonner le sol
de l'Italie,
Les Boïens avaient. donc habité la Haute-Italie durant
plus de deux siècles, pendant lesquels ils furent en guerres
presque continuelles avec les Romains, auxquels ils ne
cédèrent qu'après une résistance acharnée.
La pièce que je viens de décrire a été achetée à Gênes
il y a environ trente ans par son précédent possesseur; je
la crois donc sans nul doute, comme celles décrites par
MM. Dom. Promis et Julius Friedlænder, trouvée dans la
Haute-Italie, Peut-être ces trois pièces faisaient-elles partie
de la même trouvaille, et je n’hésite pas à les donner en
toute sécurité aux Boiens Cisalpins.
ET DISSERTATIONS. 49
Quant à dire quel était le chef ATVLLOS, à quelle époque
il vivait, etc., c’est ce que je ne sais pas. Je me garde bien
de faire des conjectures ; nous connaissons trop peu l’his-
toire de ces peuples, et de leurs chefs, pour affirmer quel-
que chose,
Outre cette belle médaille italo-celtique, j'ai encore, mon
cher ami, quelques autres pièces celtiques et germano-
celtiques à vous communiquer ; je les crois toutes inédites.
Avant cependant de vous en faire part, je dois vous dire
que j'avais vu dans le riche médaillier gallo-celtique de
notre ami commun M, de Saulcy, quelques pièces à peu
près pareilles ; je le priai de m’en envoyer des empreintes,
afin de les comparer; M. de Saulcy avec la grande com-
plaisance qui le caractérise, ne m’envoya pas seulement
les empreintes désirées, mais il y en ajouta encore quel-
ques autres, qu'il jugea pouvoir venir en aide à mon tra-
vail; il poussa même l'amabilité jusqu’à me permettre de
les publier avec les miennes, si je le jugeais à propos;
c'était beaucoup plus que je n’attendais, même d’une ami-
tié de plus de trente-deux ans; je lui en exprime ici ma
vive gratitude; il verra que je profite largement de sa
permission, d'autant plus que ces pièces ne se rattachent
pas au système des pièces gauloises que notre savant ami
sait si bien expliquer dans les lettres qu'il vous adresse
dans la Revue; mais qu'elles appartiennent à un système
germano-celtique, qui n’est pas encore bien étudié, et que
malheureusement, faute de savoir les lieux de provenan-
ces, on ne connait pas assez.
Déjà, en 4840, M. le professeur Henri Schreiber, de
Fribourg, en Brisgau, le savant explorateur des antiquités
celtiques du sud de l’ Allemagne écrivait, qu’il était enfin
temps de sauver du creuset ces « nummi barbarorum » si
20 MEMOIRES
méprisés et qui sont néanmoins les documents les plus cer-
tains de l’histoire de nos ancêtres ; il ajoutait à d'autres
endroits, qu'on ne pouvait assez insister sur la nécessité
de connaître les lieux, où se sont faites des trouvailles
de monnaies celtiques, si l'on voulait parvenir, comme
en Angleterre et en France, à les classer et les attri-
buer aux différentes peuplades auxquelles elles peuvent
appartenir; malheureusement les marchands de mé-
dailles, et même la plupart des collectionneurs, s'occupent
en général fort peu de la provenance de ce qu'ils mettent
dans leurs cartons.
Je reviens à nos médailles.
Quart de statère du même système.
Droit. Côté convexe. Ornement singulier, difficile à dé-
crire, mais que la gravure fera mieux connaître; il res-
semble à une palmette, et à la rigueur on pourrait lui
trouver une certaine analogie, avec un mufile de lion de
face. |
Revers. Côté concave. Pelta, ou bouclier scythique,
sur lequel paraissent trois globules, un et deux. Collection
du prince de Fürstenberg.
Poids, 4,85 (pl. I, n° 3.). Ce quart de statère n'a pas
été connu de Streber.
Parmi les empreintes communiquées par M. de Saulcy,
je trouve un statère du même système concave, que Stre-
ber aussi ne connaissait pas, et qu'on pourrait classer dans
son sixième groupe‘ : je le trouve assez curieux pour vous
en faire part.
1 Voy. Revue, 1863, pl. V, n°° 26 et 27.
ET DISSERTATIONS. 24
Droit. Gôté convexe; un triangle terminé à chaque
pointe par trois espèces de fleurs de lys; un point au mi-
lieu. .
Revers. Côté concave; même représentation sans point
au milieu, mais avec grènetis à l'entour.
Poids : 6°,90. (PI. I, n° 4.).
Les statères de ce système pe sés par Streber donnaient
76, 61, —7#,63 et 75,714, La pièce que je décris aurait
donc environ deux tiers du poids du statére; c’est une sin-
gulière coupure, bien insolite.
Encore un quart de statère du même système concave :
Droit. Côté convexe; lisse, avec quelques renflements
impossibles à décrire; je ne ‘sais pas même si ce ne sont
pas des imperfections du coin.
Revers. (Côté concave ; espèce de cheval à longues
oreilles, à gauche. |
Cabinet de Saulcy.
Poids, 15,95. (PI. I, n° 5.)
C’est bien ici le cas de regretter vivement de ne pas sa-
voir où cette pièce a été trouvée. |
Statère frappé peul-êlre par Arioviste, en Séquanie.
Droit. Homme nu, vu par derrière, regardant à gauche:
il porte une espèce de toque sur le sommet de la tête; il a
les bras étendus, et tient dans chaque main une épée nue;
à droite et à gauche un long fleuron, avec une boule à
chaque bout (n'est-ce pas un arc sans corde) ? Dans le
champ, à la hauteur des hanches, à droite et à gauche, un
globule. |
Revers. Sanglier, au poil hérissé, tourné à gauche ; sous
22 MEMOIRES
le cou, un globule; entre les jambes, un fleuron en forme
d'un V renversé, ou d’un lambda.
Cabinet Fürstenberg. (PI. I, n° 6.)
Un autre exemplaire de ce statère est conservé daus les
cartons de M. de Saulcy.
Chacune de ces pièces pèse, 75,90.
M. de Saulcy possède en outre une division de cette
monuaie, qui diffère un peu du statére. Au droit, les
deux fleurons ont disparu, et au revers le fleuron entre les
jambes du sanglier a une autre forme.
Poids, 2,70. (Pl. I, n° 7.)
C'est donc un tiers de statère, et par conséquent une di-
vision qui n’est pas d'accord avec la plus grande partie des
monnaies gauloises, qui comportent des statères et des
quarts de statéres. Cette division, et le fait que le san-
glier du revers est séquanien, m’engagent à regarder ces
pièces comme frappées par Arioviste, pendant son séjour
en Séquanie; qu'en dites-vous, mon cher ami? J'aime à
croire que vous serez de mon opinion.
Autre statére, du même système que les deux pièces
précédentes,
Droit. Homme nu, vu de profil, courant à droite, il tient
dela main droite deux bâtons en croix, dont chaque ex-
trémité semble garnie d'une petite boule; il porte au bras
gauche, ou mieux sur le dos, un bouclier avec un umbo
trés-saillant; sa tête est nue, ses cheveux courts.
Revers. Lisse, avec trois protubérances, dont l’une, de
forme semilunaire, paraîtrait chargée d'un arc bandé, si
la corde de l'arc n'était pas aussi grosse que l'arc lui-
ET DISSERTATIONS. 93
méme*: cette protubérance pourrait aussi représenter un
vase, dont ce que je viens de nommer arc, serait l’ouver-
ture; enfin, ce que je crois plus probable, elle pourrait
être la représentation d’un bateau.
Je ne connais qu'un second exemplaire de cette monnaie,
il est dans les cartons de M. de Saulcy. La pièce du ca-
binet du prince de Fürstenberg pèse 85,30, celle de M. de
Saulcy, un peu usée, pèse 76°,70. (PI. I, n° 8.)
M. de Saulcy possède une division de cette pièce, sur
laquelle au droit, il y a le même homme nu aux deux bâtons,
seulement l’umbo du bouclier y est encore plus saillant;
le revers ne présente que les trois faibles protubérances,
séparées par trois lignes creuses formant un triangle.
(Pl. I, n° 9.)
Cette division est du poids de 25,40, c'est donc encore un
tiers de statère , et cette coupure insolite, entièrement pa-
reille à celle du tiers de statère d’ Arioviste, faitque je regarde
ces jolies et rares pièces comme frappées par les Celtes
qui habitaient la Germanie. Malheureusement encore, leur
provenance inconnue ne permet pas de déterminer la peu-
plade celtique à laquelle elles pourraient appartenir. J’ose
croire pourtant qu elles ont été frappées près des frontières
de la Gaule.
Une autre division plus petite, également conservée dans
les cartons de M. de Saulcy, avec le même homme courant
à droite au droit, et lisse au revers, ne pèse que 0¢*,90; ce
doit donc être quelque chose comme un huitième de sta-
tére; encore une division que je ne connais pas dans les
Gaules. (PI. I, n°10.)
1 Voir le statère aux trois arcs trouvé à Gagers, Revue, 1863, pl. V,
n° 22.
2h MEMOIRES
Autre pièce germano-celtique.
Droit. Tête barbue à gauche.
Revers. Buste étrange de face, la tête tournée à gauche,
sonnant du cor; les cheveux représentés par de petites
boules; il semble avoir les bras étendus et tenir de la
main droite un cercle, ou une couronne avec un point au
milieu ; le vêtement est formé de traits perpendiculaires,
un collier de perles descend sur sa poitrine, sous la cou-
ronne, pend une guirlande. Une protubérance qui ressem-
ble à une cassure du coin, part de l’œil et de la bouche
jusqu’au bas du cou. (Je dois vous faire remarquer que la
pièce pareille de M. de Saulcy, que je n’ai qu'en empreinte,
porte exactement cette mème protubérance ou cassure de
coin.)
La pièce du cabinet Fürstenberg pèse 55,94, celle du
cabinet de Saulcy 66,90. (PI. II, n° 44.) Encore un autre
système monétaire, ce serait deux tiers de statère, bien
singulière division.
Le médaillier du prince de Fürstenberg renferme en
outre une pièce de cuivre, pareille aux deux que je viens
de vous décrire; elle n’a que quelques légères différences,
entre autres celle que le cor ressemble ici à un torques :
vous en jugerez par le dessin; je la regarde comme une
pièce défourrée. (Pl. II, n° 42.)
Monnaie d argent germano-celtique.
Encore une pièce qui me paraît se rattacher au système
des précédentes :
Droit. Tête laurée à joue bouffe, tournée à gauche, elle
ET DISSERTATIONS. . 25
porte sous le menton et autour da cou un torques à plu-
sieurs cordons; grénetis. |
Revers. Guerrier nu debout, vu par derrière, la tête de
profil, tournée à gauche, est barbue et à longue chevelure :
de la droite il tient une épée nue, levée comme pour frap-
per; de la gauche le bouclier celtique, sur lequel il y a
du haut en bas des signes que l’on serait tenté de prendre
pour des lettres, et que je ne puis déchiffrer. Le dessin en
donnera une idée. Poids, 35,30. (Pl. II, n°. 48.)
Imilation armoricaine, prototype des pièces du Luxembourg.
Statère de bas or.
Droit. Tête d’Apollon à droite, couronnée de laurier, un
peu usée; assez bon style.
Revers. Cheval androcéphale galopant à gauche avec
une coiffure singulière, dont les pointes de derrière vont
jusqu'à la croupe du cheval : l’aurige tient dé la main
droite un stimulus, de l'extrémité duquel part un cordon
de perles, auquel est suspendu une sorte de tableau carré,
formé de lignes verticales, parallèles : derrière l’aurige,
la roue du char est représentée par une série de globules
de fortes dimensions ; sous le cheval, un génie ailé, couché
la face en bas.
Cette monnaie a une analogie tellement frappante avec
les statères et quarts de statères de style armoricain, pro-
venant constamment du Luxembourg, qu'il n’est pas pos-
sible de ne pas réunir ces différentes monnaies en un seul
groupe dont celle-ci serait incontestablement la plus an-
cienne : d’un autre côté, cette belle monnaie a une
analogie de type si étroite avec les monnaies des Aulerkes
26 MEMOIRES
Cénomans et des Osismiens, que l’on peut croire qu’elle a
été fabriquée par des gens de ces peuplades, émigrés après
la conquête de César, au delà de l'extrême frontière orien-
tale de la Gaule.
Cabinet du prince de Fürstenberg. Poids, 6F,8, (PI. II,
n° 44).
De mème, la pièce d'or suivante me fait l’effet d'avoir été
frappée par des Pictons, émigrés à la suite de la même
conquête.
PICTONS.
Statère d'or bas.
Droit. Tête barbare à droite, avec une coiffure impos-
sible à décrire; la figure suppléera à la description ; grè-
netis.
Revers. Cheval galopant à gauche; il est conduit par
une figure ailée avec longue chevelure, agenouillée sur la
croupe du cheval : devant la téte et le poitrail, une espéce
de croissant fermé, exactement semblable à celui qui se re-
marque sur les statères de basse époque des Santons et
des Pictons ; sous le cheval deux signes en forme d’S ados-
sés et séparés à la base par un signe à demi-effacé, dont
il ne reste que le sommet angulaire.
Cabinet Fürstenberg. Poids, 65,65 (PI. II, n°. 45).
L’analogie des symboles du revers, avec ceux que l’on
remarque sur des monnaies des Pictons, ne permet pas de
conserver de doute sur l’origine de cette rare monnaie.
Statère gallo-belge des Ménapiens.
Droit. Cheval galopant à gauche; sur sa croupe l'aurige
est assis, tenant un stimulus de la main droite et les rênes
ET DISSERTATIONS. 27
de la main gauche. La roue est représentée par un cercle
de gros points; la queue du cheval est en forme de palme:
sous le cheval une lyre renversée; devant l’aurige, à par-
tir du dos du cheval, entre sa tête et l’aurige s’élève une
barre inclinée en avant; une cassure parait la doubler ;
cette cassure forme une grosse élévation en arriére de la
lyre, et sur les deux jambes de derrière du cheval; cette
élévation provient probablement d'un fragment du coin
qui aura sauté pendant la frappe. Le terrain sur lequel
chemine le bige est figuré par une ligne de points.
Revers. Il semble qu'on ait voulu figurer une tige, de
laquelle part une série de longues pointes, représentant
peut-être les branches d’un sapin ; à droite, quelques lignes
droites tracées dans des sens différents complètent la figure
qui semble tracée au hasard.
Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,8. (Pl. II, n° 46.)
Une pièce se rapprochant de ce type est figurée dans
Lelewel, Type gaulois, pl. VIII, n° 24.
Un second exemplaire de cette rare monnaie, provenant
du cabinet Huxtable, est aujourd’hui dans les cartons de
M. de Saulcy.
Le quart de statére à ce type se trouve trés-fréquem-
ment dans le pays des Ambiens, des Atrébates, des Morins
et des Ménapiens. Feu M. Hermand en a publié une grande
quantité; mais je ne trouve pas qu'il ait fait connaître un
statère, ce qui en prouverait la rareté.
HELVETIENS.
Statére fortement scyphate.
Droit. Face convexe, Tête à droite trés-oblitérée.
28 MEMOIRES
Revers. Face concave. Bige galopant à gauche, aurige,
roue à quatre rayons; au-dessous du cheval, triquetra
formée de trois S réunis; devant le poitrail du cheval
et au-dessous de la triquetra, des globules; de la
bouche du cheval partent deux rubans aboutissant à des
globules,
Cette monnaie qui présente beaucoup d’analogie de style
et de fabrique avec les quarts de statéres que l'on trouve
habituellement dans les environs de Zürich, appartient
très-probablement aux Helvétiens.
Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,4. (Pl. II, n° 47.)
J'allais finir, mon cher ami, mais je trouve encore parmi
les empreintes de M. de Saulcy deux pièces que je ne puis
résister à vous faire connaître, d'autant plus qu'elles ont
un rapport indirect avec le n° 8 de la pl. I.
L'une de ces pièces, qui sont du système des Regenbogen-
schiisseln, a du côté convexe, c'est-à-dire au droit, une
figure que je ne veux pas entreprendre de décrire, mais
que le dessin vous fera bien connaître : au revers, un ba-
teau avec ses agrès, d’où partent des rayons.
Poids, 45,80. (Pl. II, n° 48.)
Ce statère, d'or faible, a été trouvé à Utrecht, et son
type du bateau est extrêmement remarquable, en le rap-
prochant des monnaies carlovingiennes de Quentovic et de
Duerstede. Le bateau sur les monnaies des contrées du
Nord était donc déjà en usage dans les temps les plus re-
culés, et le bateau carlovingien n'est plus que la conti-
nuation d’un type. Il existe des monnaies mérovingiennes,
avec le bateau; vous avez restitué à Cambon en Bretagne,
celles qui portent la légende Cambidonno et vous avez fait
remarquer qu'en breton le mot Cambon est le nom de la
varangue, pièce de bois courbe qui se pose sur la quille
ET DISSERTATIONS. 29
dans la construction d'un navire‘. Cette attribution a en-
suite été reproduite par M. Bigot’.
Une seconde pièce du même cabinet a, du côté convexe
au droit, qui est presque lisse, une espéce de fleuron, et
au revers, côté concave, encore le bateau, mais cette fois
avec son habitacle.
Poids, 55,90. (Pl. II, fig. 49.)
Provenance inconnue, mais qui peut étre des mémes
lieux : ces statères doivent donc appartenir aux Gallo-
Belges, aux Ménapiens par exemple, qui habitaient les rives
de la Meuse, dans les environs d’Utrecht et de Duerstede.
La forme de ces bateaux me fait croire que la représen-
tation sur la pièce n° 8 pourrait bien aussi n’être autre
chose qu'un bateau.
Cela me fait examiner de plus près des pièces de la trou-
vaille de Podmokl en Bohème, monnaies que Streber a cor-
rectement attribuées aux Boïens. « Manet adhuc nomen,
« quamvis mutatis cultoribus, » dit Tacite (Germ.).
Sur ces statères d’or très-fin, les uns ont voulu voir le
soleil et la lune, d’autres une coquille; quant à moi, il me
semble plus probable maintenant qu’il y faut voir la repré-
sentation d’un bateau; d’autant plus que la forme est exac-
tement la même que sur les pièces que je viens de décrire.
(PI. II, n° 20), pèse 75,16. (Pl. II, n° 24), pèse 65,64.
Elles sont toutes deux tirées du cabinet du prince de
Fürstenberg.
À cette occasion, je voudrais vous faire remarquer que
ces pièces ont au côté convexe une figure pour laquelle je
vous propose une explication différente de celles de mes
~-
1 Notice de La collection des monnaies de M. J. Rousseau, 1847, p. 49.
2 Essat sur les monnaies de Bretagne, 1857, p. 8, pl. 1, n° 7 et 8,
30 MEMOIRES
prédécesseurs, de ceux, du moins, que je connais. Streber,
qui en décrit et dessine une, pl. IX, fig. 444, y voit une
boule d’où sortent cinq rayons : d'autres y voient une
main étendue; sur celle dont je vous donne le dessin, je
crois voir une tête de paon, tournée agauche ; d'autant plus
que sur la figure 21, où il ya une boule au-dessus de la tête
de l’oiseau, le bec est si bien marqué qu'on en distingue la
fente,
Voilà, mon cher ami, les pièces celtiques que je voulais
soumettre à votre critique; je les crois inédites ; cependant
si l’une ou l’autre avait déjà été publiée, j'espère que vous
voudrez bien me le pardonner; n'est-il pas en effet impos-
sible de connaître toutes les publications antérieures ?
Tout à vous de cœur, F, DE PFAFFENHOFFEN,
Donaueschingen, octobre 1868.
ET DISSERTATIONS. 34
MEDAILLES
RELATIVES AUX OEMIAES DE L'ASIE MINEURE.
( Pl. 111.)
Il existe dans différentes collections numismatiques un
certain nombre de médailles grecques impériales qui for-
ment une petite série extrémement intéressante, lorsque
leurs types sont rapprochés, mais qui jusqu'à présent pa-
raissent avoir été tout à fait négligées par les antiquaires;
je veux parler de médailles de bronze frappées en Asie
Mineure, et fort rares, sur lesquelles apparaît le mot Oéyic,
dont je vais expliquer le sens particulier.
Mais avant d'en arriver là, je dois entrer dans quelques
détails sur l'institution des Geparixot éyüves, à laquelle se
rattache le type de ces médailles. Je n'aurai pas besoin
de rappeler longuement le rôle si important que jouèrent
chez les populations helléniques les grands concours pu-
blics qui, sous le nom de jeux, àyüves, attiraient à certaines
époques et sur un point donné tous ceux qui, dans les con-
trées baignées par la Méditerranée, voulaient donner une
preuve éclatante de leur force corporelle, de leur adresse
dans les exercices, de leurs talents littéraires, de leur ha-
bileté dans les arts,
32 MÉMOIRES
A l'origine, les jeux eurent un caractère religieux ou
plutôt sacré: on en fit aux funérailles des personnages
considérables, dont on voulait honorer la mémoire. Tels
par exemple furent ceux que donna Hercule en l'honneur
de Pélias, ceux qu’Achille célébra lors des funérailles de
Patrocle, ou ceux qui, sur la terre sicilienne, signalérent
les fètes anniversaires de la mort d’Anchise. Je considère,
on le comprend, la légende comme l'expression de faits
généraux.
L'état de civilisation à ces époques reculées ne permettait
pas encore de faire consister les prix en une marque hono-
rifique privée de valeur intrinsèque ; mais la monnaie n’était
pas encore inventée, et de simples lingots de métaux pré-
cieux, qui en tenaient lieu dans l’ancien monde, n'auraient
pas produit, s'ils n’eussent été accompagnés d’autre chose,
un effet suffisant sur l'esprit des peuples. On décernait
donc en récompense aux vainqueurs dans les jeux, des tré-
pieds, des armes éclatantes, des attelages luxueux, des
vases dont le travail soigné relevait la valeur, auxquels on
ajoutait parfois de l'or non travaillé. Et, à cet égard, les
monuments de toutes classes aussi bien que les textes nous
fournissent des témoignages circonstanciés’. C’étaitle temps
4 Homère, Iliad, VIII, v. 290; IX, v. 122; XI, v. 700; XXII, v. 164;
XXIII, v. 259, eto. — Pindare, Nem., ode X, antistr. 3. — Olymp., VII, an-
tiste. 6; ode IX, stroph. 4.— Jathm., ode I, épode I, et stroph. 2.— Athénée,
Deipnosoph., lib, II, 37. — Pausanias, Eliac,, V, cap. XXVII, 10; Achatc.,
‘VIL, cap. IV, 18. — Strabon, Geograph., lib. VIII, p. 362 et 355, — Virgile,
Zineid., V, v. 110 sq., 247, 259, 266; IX, v. 268-6, — Pour les monuments
figurés : Monum, det’ Instit, archeol., vol. IV, 1848, pl. LIV.— Gerhard,
Auseri, gr. Vasenbilder, 1. IV, pl. CCXLVII, CCLVI, CCLVII. — Mionnet,
‘Suppl., t. VI, pl. VIL, n° 2 (cf. Cavedoni, Annal. dell’ Instit. archeol., t. VII,
1835, p. 259,)— Cette coutume en ce qui regarde les trépieds peut s'être pro-
longée, grâce à l'usage de consacrer à la Divinité le trépied obtenu en prix.
ET DISSERTATIONS. $3
où les transactions s’opéraient encore au moyen d'échanges,
où l’on voyait Chrysés apporter de beaux vases comme
rançon de sa fille‘, où Priam, pour racheter le corps
d'Hector, venait proposer à Achille les objets les plus pré- .
cieux de son trésor; et c'est ainsi que le cadavre du
héros troyen pouvait être obtenu au poids de l'or, suivant
la tradition qu'Eschyle avait mise sur la scène, et qui a
le plus communément inspiré les artistes grecs *.
Longtemps après, lorsque la monnaie récemment in-
Voy. Schol. ad Pind. Isthm., I, v. 26. — Pausanias, I, cap. XXI, 5, — Plu-
tarque, Arist., cap. 1.— Decem orat. vîtæ, Andocid., § 14. — Voir encore l'a-
necdote caractéristique rapportée par Hérodote sur Agasiclés d’Halicarnasse :
Hist., lib. I, cap. CXLIV, 2. — Et pour les représentations figurées : Ch. Le-
normant et J. de Witte, Élite des monum, céramogr., t. I, pl. XCVI et XCVII.
— Panofka, Musée Blacas, pl. I. — Musée Pourtalés, pl. VI.— D’Hancarville,
Ant. du Cabinet Hamilton, t. II, pl. 37. — Gerhard, Ausert. gr. Vasend., t. Il,
pl. LXXXI.—Stuart, Antiquities of Athens, II, p. 29 et 36.—Curtius, Gerhard’s
archæolog. Zeitung, 1867, pl. CCXVI.
1 Homère, Iliad., I, v. 13. — Cf. un fragment de Table Iliaque, dans les
Annal, dell Instit. archeol., XXXV, 1863, pl. N, où la rançon indiquée par
Homère est exprimée au moyen de vases en forme d’amphores.
2 Eschyle, fragm. Phryg., n° 54.— Tzetzes, Schol. ad Lycophr., v. 569:
Gpnpos pèv drding dopé onar tip AyrAAct Gobivar Ürèp Extopoc, Auxdppuwv at
mat GhAo. civic CuyoorzOprbévea adtdv tsov ypuodv Bobnvar cod Répouc. —
Homère, Iliad., XXIV, v. 579, — Euetathe in Jliad., 1273, 25. — Scholiast.
Venet. in Iliad., XXII, 35. — Hygin, fab. CVI, Hectoris lytra.— Les artistes
grecs céramographes, ciseleurs ou sculpteurs, ont représenté constamment
la masse d’or équivalant au poids du corps, non par des lingots de forme
annulaire, tels que ceux que les Égyptiens employaient dans leurs transac-
tions, comme on le voit par leurs peintures et leurs bas-reliefs, mais au
moyen de vases, de bassins et d'objets travaillés de différentes sortes, Voir :
Le Prévost, Coll. de vases antiques trouvés à Berthouville, 1832, pl. V. —
Raoul-Rochette, Monuments inéd., pl. LIT. — Monum. dell’ Instit. archeol.,
vol. VI, pl. LII, n° 4, et vol. VIII, pl. XX VII.— Inghirami, Galleria Omeric.,
t. II, pl. 226, 227, 233, 237 à 239 et 242,—Overbeck, Gallerie heroischer Bildw.,
pl. XX, n*3, 5, 11, 12, 13.—Winckelmann, Monum. ined., n° 134, 135. —
Clarac, Mus. de sculpt., t. II, pl. 111, n° 243; pl. 194, n° 244, etc.
1869. — 1. 3
84 MÉMOIRES
ventée empruntait encore à la nature de ses types un
caractère sacré, elle figura parmi les récompenses décer-
nées à la suite des jeux publics. Solon, au dire de Plu-
_ tarque’, fixa à 500 drachmes le prix des jeux olympiques,
à 100 drachmes, celui des jeux isthmiques. La même asser-
tion est exactement reproduite par Diogène Laërce ?.
Le témoignage du biographe grec se trouve corroboré
par l'existence d’une très-rare monnaie de Métaponte qui
porte, avec l'image du fleuve Achéloüs, l'inscription
AYEAOSO AEQAON’. C'est un didrachme qui bien
certainement servit à acquitter le montant de prix donnés
dans l'Italie méridionale. Il est important de rapprocher
la légende qu'il offre de l'inscription TON AOENEOGEN
AOLON (rüv Aôfvntev OAwv) inscrite sur les amphores pa-
nathénaïques, sur celles mêmes dont le style indique une
très-haute antiquité.
Nous lisons encore dans Plutarque* que l'orateur Ly-
curgue, environ deux siècles après Solon, institua au Pirée
des solennités en l'honneur de Neptune, et prescrivit que
les chœurs recevraient des récompenses de trois valeurs,
à savoir, de dix, de huit et de six mines : « de tod Mosstdavoe
dyüva moutv tv [etpaut, xvxAlwy yopüv obx Darrov pi, xal
SiSoobar pv totic vexivary oÙx Éatrov déxa pvc, tots 8 Seutkporc, xt,
Es 8& voie tpltorg xpideïauv, D
1 In Solon., cap. XXIII, 5,
2 Lib. I, cap. 2 : Solon, n° 8.
3 Duc de Luynes, Choix de médailles grecques, pl. V, n° 10, — Millingen,
Ancient coins of greek cities and kings, pl, I, n° 21.— Numism. de l’anc. Italie,
pl. I, ne 1.—On ne doit vraisemblablement pas interpréter de la même manière
l'inscription A@AA qui se lit, sur quelques décadrachmes de Syracuse, auprès
des armes représentées à l’exergue, et qui, par sa position, paraît se rap-
porter à l’armure offerte en prix.
4 Script. moral. : Decem orat. vite. — Lycurgus, 8 13,
ET DISSERTATIONS. 35.
Mais en même temps, les mœurs s'étaient peu à peu
raffinées; les jeux avaient acquis une si grande renommée,
des avantages si considérables étaient attachés à la victoire
disputée par les plus grands personnages, et dont l'ob-
tention devenait un titre de gloire pour une ville tout en-
tière, que le véritable prix ne consistait plus précisément
dans l'&lov, mais plutôt dans le fait de l'avoir conquis.
Alors, les jeux sacrés, pot àyovec devinrent orsouvirur OU
gvddirar’, c'est-à-dire qu’une simple couronne de feuillage
remplaça les armes et les meubles les plus précieux; et
c'est sans doute pour rehausser encore l'éclat de cette dis-
tinction qu’on en attribua l'institution à Hercule, version
généralement reproduite. Nous n'envisageons du reste ce
renseignement que comme une donnée chronologique ap-
proximative.
Diodore de Sicile, par exemple*, raconte que le héros,
pour célébrer ses victoires sur Augeas et le taureau de
Crète, fonda les jeux olympiques sur les bords du fleuve
Alphée ; il concourut lui-même et obtint tous les prix, quel-
que différents que fussent entre eux les exercices. Mais
comme il avait toujours comblé les hommes de bienfaits,
ajoute l’historien, sans jamais en recevoir de salaire, il ne
voulut proposer en réccmpense qu'une couronne : « Ztege-
véenv 6’ abtov xateoxedacev, Ste xai abtds ednpystycs td YÉvos tiv
GvOpwrev obdéva Auowv probdy, p
Or Strabon a trés-judicieusement révoqué en doute la
véracité de cette assertion. I] démontre, en effet, ce qui est
d'accord avec les monuments, que les jeux funèbres seuls
ont été connus d'Homère, et que ceux dont le prix consistait
1 Voy. Pollux, Onomasticon, III, 30, 3 8.
2 Lib. LV, oap. XIV. — Cf. Pausanias, lib, V, cap. VII, 7.
86 MEMOIRES
en une couronne étaient postérieurs à son époque. Ses obser-
vations à cet égard me paraissent si justes et d’un si grand
poids que je demande la permission d’en donner une courte
analyse. Ce sont les Éléens, dit-il', qui ont institué les
jeux olympiques: car il faut laisser de côté ces anciennes
traditions sur la fondation des jeux par Hercule, tout cela
est rapporté de différentes manières et ne mérite pas grande
confiance (<2 yap cotta xoddayinc Abystat, xal où advo niotsbstær).
Voici ce qui est le plus probable : depuis la première olym-
piade où Coræbus remporta le prix de la course jusqu'à
la vingt-sixième, les Éléens avaient à la fois l’intendance
des jeux et celle du temple. Mais soit qu'au temps des
Troyens, il n’exist&t point d’éyav otepavirns, soit que les jeux
olympiques, ou aucun des autres qui sont maintenant cé-
lébres (isthmiques, pythiques, néméens), n’eussent encore
acquis leur renommée, il est constant qu’ Homére ne fait
pas mention de jeux de cette sorte, mais quil ne parle
que de jeux funèbres : ëmméç. Quelques-uns cependant,
continue Strabon, prétendent qu'il a voulu parier des jeux
olympiques, lorsqu'il dit qu’ Augeas retint les quatre cour-
siers envoyés par Nélée pour disputer le prix, et qui
avaient été vainqueurs,
tésoapes &0)opéoo Error abroinv dyespiv,
thOdvee¢ per’ &cOAa. Ilspè tplnodos yap EueXkov
Gedcecbat, (XI, 699 sq.)
Et au nombre des raisons qui lui font rejeter une telle opi-
pion, l’'éminent géographe n’a garde d'oublier celle-ci que
le prix de la course avait été un trépied, qu'il ne s'agissait
pas par conséquent d'un combat ctepavitne.
1 Geogr., lib. VIII, cap. 8, p. 354 ad cale., 355.
ET DISSERTATIONS, 37
Cet ordre de succession dans la nature des prix nous est
encore attesté par les marbres de Paros', dont la mention,
alors même qu'elle pourrait être contestée dans sa pré-
cision, n’en montre pas moins, tout aussi bien que le scho-
liaste de Pindare*, que la couronne honorifique se présente
comme un progrès, relativement aux rémunérations d'une
grande valeur intrinsèque consistant en objets fabriqués,
et que nous croyons pouvoir considérer comme étant celles
des éyüve qualifiés yonparira ou Yenpatixol.
C’est 14 une doctrine qui ressort aussi trés-clairement
de deux passages de Pausanias. Parlant d’un aulète, il
dit® : «Il remporta d’abord le prix qui n’était pas encore
stéphanite, dans les jeux institués par les Amphyctions, et
vainquit ensuite deux fois quand le prix fut une couronne. »
Ailleurs*, on lit : « Ala deuxième célébration des jeux py-
thiques, on cessa de donner des prix en nature, et l’on ne
proposa plus qu’une couronne. » Les expressions sont en-
core plus précises dans le texte grec, mais il est difficile
de les rendre exactement. | |
Les dates chronologiques que ces documents fournissent
nous montrent que les combats stéphanites existaient dès le
commencement du vi* siècle. Aussi, lors de l'expédition de
Xerxès, lorsque les Perses demandèrent à quelques trans-
fuges arcadiens qui étaient passés dans leur camp, quel
prix se disputaient les Grecs dans les jeux qu'ils étaient
en train de célébrer, il leur fut répondu que c'était une
couronne d'olivier. Alors Tritanteechmés, fils d’Artabane,
4 Lign..53-654, paragr. 38-39 (Marmor. Ozoniens., p. 157 6q.— Ad Fragm.
histor. græc., Didot, édit. Müller, p, 548).
* Schol. in Pindar. Argum. II, in Pyth.; Argum. IV, in Pyth.
* Lib. VI, Eliac., cap. XIV, 10.
* Lib. X, Phocid., cap. VII, 5.
38 MÉMOIRES
entendant, dit Hérodote’, que le prix du combat était une
couronne et non des dons en nature (ypfuata), ne put s em-
pêcher de s’écrier devant tout le monde: « O dieux,
Mardonius, contre quels hommes nous mènes-tu combattre ?
Ce ne sont point des richesses, mais l'honneur, qu'ils re-
cherchent dans la victoire. » Le barbare eût peut-être été
moins émerveillé s’il avait su que cette couronne valait à
celui qui pouvait en ceindre son front d’être nourri pour le
reste de ses jours aux frais du trésor public.
Cette anecdote, prise entre beaucoup d'autres, se place à
une époque postérieure à l’édit de Solon, mais antérieure
à l'institution de l’orateur Lycurgue. On est donc en droit
de croire que même avant l’époque romaine, les prix en
argent ont existé parallèlement aux récompenses purement
honorifiques des grands jeux.
Sous les empereurs, en même temps que s’accroissaient
le luxe et la richesse, les jeux se multiplièrent considéra-
blement; et pour ceux dont le nom seul ne constituait pas
un attrait suffisant, on fut obligé de recourir à des appâts
d'une nature spéciale,
C'est alors que l’on fonda sur un grand nombre de
points du vaste empire quantité d’éyüves épyupira Si nous
nous en rapportons au rang qu'ils occupent dans les
monuments épigraphiques, si nous observons en outre
la façon particulière dont on les désigne, à savoir à l’aide
du nom seul de ja ville où ils étaient donnés, et sans
appellation de forme adjective, sans aucun de ces surnoms
célèbres qui frappaient l'attention publique, nous pouvons
conjecturer qu'ils étaient loin d’être aussi honorables que
les autres. Mais en même temps, aux yeux des gens posi-
1 Hist., lib, VIII, cap. XX VI.
ET DISSERTATIONS. 39
tifs, ils rachetaient ce défaut par l'avantage d’être fort
lucratifs pour les vainqueurs. —
Les àyüvee dpyopira, ainsi relégués dans une classe infé-
rieure, furent donc, pour ainsi dire, spéciaux à la province.
On les désigna de différentes manières, telles que : éyovec
Geparixol', Oeparira: OU deuaretræ* ; et suivant la valeur de la
rémunération : takavriaior” OU Aprradaveraior®.
Ils reçurent enfin le nom de etès, forme dialectique
spéciale à la partie méridionale de l’Asie Mineure qui s'étend
depuis le fleuve Calbis jusqu'au delà du Calycadnus, entre
la mer et les ramifications de la chatne du Taurus; c’est-à-
dire la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie. Voilà du
moins quelles sont les régions qui, jusqu'à présent, nous
ont fourni les exemples épigraphiques et numismatiques
de ce terme.
En outre des inscriptions qui sont les documents les plus
officiels, de fréquentes allusions à l’usage de décerner des
prix d'argent se trouvent dans les textes, car les occasions
de rapprochement ne sont pas rares. Dans un remarquable
passage de Plutarque”, où cet auteur compare ceux qui
1 Pollux, Onomasticon, III, 30, § 8. — Cf. Corp. inscript, græc., n°* 247,
1720, 3208, 8209. — Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 99 et pl. G. —
Voir encore le mot @¢ya dans les inscriptions suivantes : Corp. inscript. grec.,
n°° 2758, 2759, 2811 b, 3493, 4352, etc.— Pococke, Inscript., p. 34.
3 Gruter, p. CCCXIV, n° 1.— Corp. inscript. græc., n° 5913.
3 Corp. inscript. græc., n° 247, 2741, 2759, 2810, 2810 b, 3208, 3209, 3676,
4472. — Henzen, Denkmæler und Forschungen, 1851, p. 397. — Orell., Suppi.,
n° 6156.
* Cette expression associée à la précédente se trouve dans deux inscriptions
provenant l’une d’Aphrodisias et l’autre de Cyzique. (Bosckh, n° 2610 et
3676, t. II, p. 526 et 937),
§ Moral. precept. gerend, reip., cap. XXVII, p. 820 D. (Edit. Didot, t. II,
p. 1001.)
A0 MÉMOIRES
ont entre les mains le gouvernement d'une cité, aux
hommes « oëx dpyuplrny ob8 Swplmy dyHva dyuvkouivoc, &XAà
tepdv de dln dade xal etegavirmy », On reconnaît l'intention mani-
feste d’opposer aux jeux dans lesquels une simple couronne
était le prix de la victoire, ceux où les récompenses consis-
taient soit en argent, dpyupim<, soit en présents, ainsi que
le fait entendre |’expression &wptinc'. Athénée emploie des
termes analogues”; et Diogenianus nous a conservé le
proverbe : « OdpedAlac à äywv olov où otepavitms ddAd ypnpa-
senc *, » qui repose sur une comparaison du même ordre.
Enfin, les écrits inspirés par le christianisme ne sont pas
restés étrangers à ce genre d'emprunt au langage agonis-
tique. Ainsi, dans les Oracles Sibyllins nous trouvons ces
vers sur le prix que promet le Rédempteur à ceux qui auront
vaillamment lutté :
aütap Oia päéprua Sacer
Addvarov, &ypr xal Oavétou tov &yüva notodct,
Tapbevinote 88 Spapotor xakwç &pbaptov debov
Awest tod Obpatos ?,
1 Voy., pour cette interprétation des mots êdsux et &wpov : Pindare, Pyth.,
ode VIII, stroph. IV; ode X, stroph. II, — Schol. ad Pindar., Olymp., VIII,
101, — Clément d’Alexandrie, Pædag., lib. II, cap. VIII, fol. 49.— Athénée,
Deipnosoph., lib. X, c. 6, édit. Schweighæuser, t. IV, p. 12. — Petrus
Faber, Agonisticon, lib. II, cap. 9. (Gronovius, Thes. ant.,t. VIII, p. 1973
E, 1975, )
2 Deipnosoph., lib. XIII, cap. 6, édit. Schweighæuser, t. V, p. 111, — On
voit encore Mithridate, parodiant ces concours, instituer un dyav roAupaylzc
xat woAuxostac, dont le prix est un talent d’argent (ibid., X, cap. 9); ou bien
Alexandre dans les Indes proposer pour une lutte du même genre trois récom-
penses de valeurs décroissantes, à savoir : d’un talent, de trente mines et de
dix mines.
4 Tapousta, ÉXAAnvexal, Edit. d’André Schott, Anvers, 1612, Diogenian.,
cent. VII, 41.
+ Lib, II, v. 46 aq., édit. Alexandre, t. I, p. 66.
ET DISSERTATIONS. kt.
Mais ici je ne crois pas inutile de prévenir une objection.
Après les distinctions que nous venons d’établir, on pourrait
aussi penser, en se fondant sur la formule de certaines in-
scriptions lapidaires :
« OEMATIKOYZ KAI TAAAN IAIOYZ »
que les àyüves tadaverator ne comptent pas parmi les &pyupirat
OU Oepormol, mais qu'il faut les ranger parmi les ypnuxtirer
Ou Swpiræ. En effet, c'est évidemment avec ce dernier sens
qu'il faut entendre +ékavra dans Homère qui mentionne
des prix en ces termes? :
Ent’ érôpouc tplroBac, Béxa 88 ypuacio télavte,
Altwvas 88 Alôntac Belxoor, x. 7. À.
Virgile, dont nous devons bien souvent relier le témoignage
à celui des auteurs grecs beaucoup plus anciens, dit par
reminiscence homérique”* :
Et tripodas geminos, auri duo magna talenta,
Cratera antiquum, etc.
1 Marmora Oxoniensia, n° III, p. 70 sq. — Wheler, Voyage de Dalmatie,
Grèce, Levant, etc., 1723, t. II, p. 150. — Spon, Miscell. erud. ant. X, n°-CXIIL,
366 et 367. — Gronovius, Thesaur, ant. græc., t. VII, p. 869 et 870.— Mura-
tori, t. II, p.647. — Corp. inscript. græc., n°* 247 et 3208. |
2 Iliad. , 1X, v. 122 et 264.—Les métaux travaillés ou simplement en lingots
apparaissent toujours chez les peuples primitifs dans les présents faits à des
hôtes, dans les rançons : Odyss., VIII, v. 393, — Iliad., V1, v. 48 : Adraste
propose, pour avoir la vie sauve, du bronze, de l'or et du fer. — Cf. Virgile,
Æreid,, X, v. 526, Magus implorant Énée en ces termes :
Est domus alta : jacent penitus defossa talenta
Cœlati argenti; sunt auri pondera facti
Infectique mihi...
Voir encore ibid., III, v. 466; XI, v. 333, etc.
5 Eneid,, IX, v. 265.
a2 MEMOIRES
et ailleurs: :
Sacri tripodes, viridesque corone,
Et palme, pretium victoribus, armaque, et ostro
Perfnsæ vestes, argenti aurique talenta.
Homère encore parle d'un demi-talent d'or donné en
prix à Antiloque dans les jeux célébrés par Achille :
OÙ pv tot péleoc elphostar alvoc
AdA& tor Auttéhavrov kyo ypuood ExOrjew *,
En ce qui concerne le sens de tadaveaioc dans les inscrip-
tions, il me suffira de rappeler un des marbres copiés 4
Aphrodisias de Carie, sur lesquels sont inscrites des listes
de concours en regard des sommes affectées à leur rému-
nération. Le texte de celui-là débute par ces mots :
a Ayüvos tahavtialou Opera... »
et l'on voit au-dessous le détail de ces @épaca évalués en
deniers’.
J'ai déjà cru reconnaître sur les médailles impériales,
dont les types sont relatifs aux jeux, un détail qui se rap-
portait aux sommes d'argent données en prix, et mes obser-
vations à cet égard ont été consignées dans un travail im-
-primé en 1868 sous le titre de Recherches sur les insignes
de la questure et sur les récipients monétaires (chap. X).
Cependant, me renfermant dans le cadre que je m'étais
tracé, j'ai dû naturellement me borner à envisager les types
1 Æneid. V, v. 110-112. On remarquera cependant que l’idée des couronnes
et des palmes est empruntée aux coutumes d’uue époque postérieure.
2 Jliad., XXIII, v. 796. ,
3 Bœckh, n° 2759, — Leake, Transact. Royal Society of Literature, 1843,
p. 244 et 303, — Le Bas et Waddington, Voyage en Asie Minewre, n° 1620 d.
ET DISSERTATIONS. 43
numismatiques qui offrent l'image de sacs servant à con-
tenir des pièces de monnaie. Aujourd'hui, je vais au con-
traire m'occuper plus spécialement des médailles qui rap-
peilent les récompenses agonistiques, non plus seulement
au moyen de figures exprimant d'une manière sensible les
prix en espèces, mais bien par des inscriptions.
Les médailles de cette seconde catégorie sont relatives à
la classe particulière des àyüve désignés par l'expression
topique 6épuôsc.
La signification particulière de ce mot dans les inscrip-
tions lapidaires de l’Asie Mineure est bien connue mainte-
nant des épigraphistes; il nous reste donc à en faire l'ap-
plication à la numismatique, et l'on verra que 6tux s'y
explique aussi très-clairement, de façon à compléter le
sens des types.
Ne I.
Paléopolis de Lycie. Elagabale.
AYT.K.M.AY.ANTONEINOC. Tête radiée d’Elagabale a
droite, le buste couvert d’un paludamentum.
¥. TIAAEOTIOAEITON O€MIC. Trois athlètes nus, grou-
pés autour d’une amphore posée à terre, et dans laquelle
l’un d'eux plonge le bras. Dans le champ, au-dessus de
cette composition, est placée l’urne des jeux, de laquelle
surgissent deux palmes. — Æ. 9 4/2. |
Le seul exemplaire connu, je crois, de ce médaillon pré-
Cieux et intéressant à tant de titres divers, se trouvait en
4861 entre les mains de M. Webster, à Londres. C'est à
l’obligeance de MM. Feuardent que je dois d'avoir pu en
donner la gravure.
Le type du revers, tout a fait semblable à celui d’une |
ka MÉMOIRES
médaille de Gallien frappée à Perga de Pamphylie.et décrite
par Sestini d’après un exemplaire du Cabinet de Munich,
parait représenter les athlètes tirant au sort pour connaître
quel doit être leur adversaire. Dans un vase qai, sur les
médailles, affecte tantôt la forme d’une amphore ou diota,
tantôt celle d'une calpis avec une anse et deux poignées
latérales, on plaçait autant de boules qu'il y avait d’athlètes.
Tl faut lire à ce sujet l'explication que Lucien met dans la
bouche d'Hermotimus*. Il y a là, dit celui-ci, une calpis
d'argent consacrée à la divinité; on y jette des boules de
sort, grosses comme des fèves, et qui portent un caractère.
Sur deux de ces boules est tracée la lettre A; deux autres
portent chacune un B, deux autres un I’, et ainsi de suite,
s'il y a un plus grand nombre d’athlètes ; mais toujours
de façon qu'il y ait deux boules portant la même lettre.
Puis chaque athlète s’avance à son tour, et se recomman-
dant à Jupiter, il plonge la main dans la calpis, et tire une
des tessères; un autre le suit, qui en fait autant. Et il ya
là un surveillant armé d’un fouet qui leur retient la main
-pour qu'il ne leur soit pas possible de voir la lettre qu'ils
tirent. Cette opération terminée, l'alytarque ou l’un des
hellanodiques les dispose par couple de manière à faire
lutter ensemble les deux individus qui ont tiré la même
lettre... Lorsque le nombre des concurrents est impair, il
se trouve une lettre qui n’a pas de correspondante; mais
la boule sur laquelle elle est inscrite n'en est pas moins
jetée avec les autres. Celui qui la tire attendra que ses
compagnons aient fini de combattre; et c'est une bonne
| 4 Lettere di continuas., t. VIII, 1820, pl. II, n° 9.— Dans le texte, on lit
cette description fautive : « Medius in vas adstitutum calculum miéétit. »
. 2 Lucien, Hermotimus, § 40,
a
a. eee oe - ee ee i _
. à
ET DISSERTATIONS. AS
fortune pour celui & qui elle échoit, car ensuite, lui tout
frais encore, Sera mis aux prises avec un antagoniste déja
fatigué.
A ce passage de Lucien se rattache un bas-relief antique
du musée de Florence dont le commentaire ne saurait trou-
ver place ici, et que d’ailleurs je décris dans un autre
travail.
C'est probablement le vase des sorts que l’on voit au
musée de Vérone, sculpté sur une stèle d’un gymnasiarque’.
Identique à celui que montrent les deux pièces de Paléo-
polis et de Perga, il est accompagné d'une palme. Nous le
trouvons avec le même symbole sur une pierre gravée* et
sur des petits bronzes de Commode frappés à Nicée*. Cette
ville nous fournit aussi une pièce émise sous Septime Sé-
vère, où ce vase est représenté près d'un personnage assis
tenant l’urne des jeux‘. Au revers d'un petit bronze de
Philippopolis de Thrace, il est placé aux pieds d’un athlète
debout qui se couronne". Un type de même nature nous
est connu sur une médaille d’Augusta de Cilicie‘, C’est ce
même vase que l’on distingue très-fréquemment, déposé
sous la table, dans les types numismatiques relatifs aux
jeux; disposition qu'offre encore une mosaïque découverte
à Tusculum’. Mais malheureusement, il est parfois difficile
1 Maffei, Museum Veronense, tab. II à la p. xxix, fig. 7.
2 Éd. Gerhard, Archæologische Zeitung, neue folge, 1848, pl. XXII,
n° 2.
__ # Mionnet, Descript., t. II, p. 457, n° 254; Suppl., t. V, p. 106, n°° 570 et
675.
+ Érasme Frœlich, Quatuor tentam., p. 236, fig. 1.
5 Mionnet, Suppl., t. II, pl. I, n° 1. — Cf. un médaillon contorniste, Saba-
tier, Contorn., pl. VIII, n° 6.
© Viczay, Musée Hedervar, n° 518, pl. XXIV.
¥ Monumenti dell’ Instit, archeolog., vol. VI et VII, pl. LAXXII,
46 MÉMOIRES
de reconnaître s'il s'agit du vase destiné à tirer les sorts,
ou d’une amphore panathénaïque remplie d’huile sacrée.
Ainsi, c'est fort probablement ce dernier vase, accom-
pagné d’une palme et muni d’un couvercle, que nous
montrent certains bronzes athéniens de trés-petit module’.
Mais d’autres de moyenne grandeur frappés dans la même
ville représentent un vase de forme semblable relégué sous
la trapèze*, C'est au contraire sur ce meuble qu'est posée
l'amphore qui figure dans le type des monnaies de Néron
frappées à l'occasion des jeux quinquennaux. Un vase placé
au sommet d’une colonne, près de la table des jeux, paraît
au revers des pièces de moyen bronze de l'époque romaine
qui portent la tête casquée d'Alexandre le Grand’.
Nous éprouvons la mème incertitude au sujet de l’am-
phore posée à terre au milieu de palestrites peints sur un
vase signé de l'artiste Andocide et conservé au musée de
Berlin’.
Byzance de Thrace, sous les règnes de Septime-Sévère,
d'Élagabale et de Gordien', Sardes de Lydie, à l'époque de
Septime-Sévére*, Héliopolis de Ccelésyrie, au temps de
4 Beulé, Monnaies d'Athines, p. 87, 176 ot 180, vignettes. — Voir aussi un
type fort intéressant, Archeologische Zeitung, 1846, pl XLI, n° 15, qu'il faut
rapprocher, à l’aide des figures gravées p. 392 des Monnaies d’dthines, de la
pièce gravée à gauche en bas dela vignette à la p. 391 du même ouvrage.
* Boulé, Monnaies d'Athines, p. 892.
3 Pellerin, vol. 1, Rots, pl. Il, p. 28; vol. Il, Peuples of villes, 1, pl. XXXI,
n° 29, p. 184. — Cf, un bas-relief gravé dans le Museum Veronense et Tauri-
nemse do Maffei, planche à Ia page CCXXIII, fig. 4. — Voir encore Zoëge,
irilievi, II, pl. XC. — Monum, Mattheiana, III, pl. XLVII, ete.
jerhard, Trinkschalon w, Gofmess des K, Musume su Berlin, 1860,
+ inefol, pl. XX.
® Sestini, Letters di continuas., t, Il, 1817, pl. 1, n° 6.— Mionnet, Suppl,
t. 1, p. 416, n° 1267; p. 428, u° 1341; p. 439, n° 1404,
© Pellerin, Mélanges, t II, pl. XXVIL, n° 10. Le type est ainsi déerit : « Une
ET DISSERTATIONS, h7
Valérien père‘, nous offrent des monnaies sur lesquelles
paraît l’image d’un athlète nu plongeant son bras dans une
urne; c'est, comme on le voit, la simplification du type de
notre beau médaillon.
Notons aussi qu’une des figures en bas-relief qui déco-
rent un autel de pierre trouvé au Châtelet, près Saint-
Dizier (Haute-Marne)*, et qui représente la déesse Sors,
est caractérisée par des boules qu’elle tient dans la main
droite et un vase déposé à ses pieds, lequel est tout à fait
semblable à l'amphore gravée sur la monnaie de Paléo-
polis. Sur la face opposée de cet autel est l'image de la
Victoire.
L'usage qui consiste à déterminer par la voie du sort le
rang de chaque combattant se trouve rappelé sur un marbre
de Xanthus que nous citons de préférence, parce qu’il offre
précisément un frappant rapport avec la médaille de Paléo-
polis; il est en effet dit dans cette inscription que Quintus,
fils d'Apollonius, citoyen de la ville, ayant pris part à la
lutte dans la troisième célébration d’une ôtux, avait tiré
au sort à quatre reprises :
_¢ o2- -Aywvisdpsvov avopay xddny év tip Excredeobbves dyiove Obut50¢
y tx Seabjxns TO, KA. Kacravod Ayplana, vextoavea xat éx6iBdcavea
xhijpovg 6, Sywvoletodvtoc tic OE psdoc...., » etc. ?.
Ceci s’explique par la coutume qu’avaient les Grecs de
cette époque de faire lutter successivement les vainqueurs
figure d'homme nu se baisse pour prendre un vase qui est à ses pieds. » Mais
dans la gravure on reconnaît aisément le véritable sujet.
1 Mionnet, Descr., t. V, p. 304, n° 136.-— Mussi Sanclement. num. sel.,
pl. XXIV, n° 384; type décrit fautivement t. JII, p. 124 : « Athleta nudus
« vas in certaminis premium aceeptum retinet, »
3 Grivaud de la Vincelle, Arts st métiers des anciens, pl. CXI.
3 Fellows, Travels in Lycia, Appendir par Wiener, p. 412, n° 166.-— Bailie,
48 MÉMOIRES
entre eux, jusqu'à ce qu’un seul eût triomphé de tous les
autres !.
Le nom de Paléopolis appartient à diverses localités, et
cela se comprend facilement, puisque cette appellation si-
gnificative, tout comme Néapolis, pouvait être employée
partout où un déplacement de la population avait créé deux
groupes d'habitation voisins.
Dans la partie sud-ouest de l’Asie Mineure, nous trou-
vons une Paléopolis dépendante de l'archèvéché d’Éphèse,
dans l'Éparchie d’Asie; une autre, évéché suffragant de
Perga, éparchie de Pamphylie’.
Non-seulement les deux Paléopolis sont mentionnées
dans les souscriptions épiscopales des conciles”, mais elles
figurent encore dans la notice d’Hiéroclès*, et dans celle
d’Epiphanius, archevêque de Chypre, dont le texte nous a
été transmis par Constantin Porphyrogénète". Dans la no-
tice de Léon le Sage’, la Paléopolis d’ Asie seule est citée.
Dioscoride, à propos de l’agate (Aloe yayarhc), identifie
Fasc, inscr., t. Ill, p. 102 et t. I, p. 111. — Bœckh, n° 4274.— Waddington,
Voyage archéol. en Asie Minewre, n° 1257.
1 Cf. Pindare, Olymp., VII, v. 90.—Henri de Valois, ad Euseb. Hist. eccles.,
V, 1,p. 162 À. — Faber, Agonisticon, lib. ], cap. XXIV.
2 Apparatus Concil, Breviarium geogr. episcop., p. 29-30, paragr. I et XI.—
Le Quien, Oriene christianus, t. I, p. 729-732, et p. 1021.
8 Palæopolis Pamphyliæ secundæ sub Perge metropoli : Libanius in Synodo
generali Ephesino, ann. 431,t. Ill, p. 548 et 692, — Porphyrius in Concil,
Chalcedonensi, ann. 451, t. IV, p. 937 A.— Palæopolis provincia Asiæ sub
Epheso metropoli, ann. 431, 451, 536, 787; t. II], p. 488 a, 537 d, 992; t. IV,
p. 87 b, 284 c, 332 «, 376 b, 440 c, 790 c, eto, |
+ Edition Wesseling, p. 660 et 680.— On y trouve les deux formes
Tiakark x et Ilakadgrokç. On dit de même Néapolis, Hiérapolis, Olbia,
Rhodiapolis ; et Néopolis, Hiéropolis, Olbiopolis, Rhodiopolis.
8 De Cerim., lib. II, cap. 54, n* 36 de l’éparchie d'Asie, et 7 de l’éparchie
de Pamphylie, édit. Reiske, p. 795 et 796.
6 Lib. III, cap. I, paragr. 2.
ET DISSERTATIONS. AY
la ville de Gages en Lycie avec Ddayrodts (ILAayiourékews)!,
nom que Claude Saumaise* et Luc Holstein’ ont cru devoir
corriger en Hakmérow, opinion fort ingénieuse et conforme
à ce que les voyages et les récentes découvertes nous ont
appris.
Il faut remarquer toutefois qu Hiéroclés, tout en citant
les deux Paléopolis, n’en laisse pas moins Gage dans la
province de Lycie’.
Les divisions et les réunions de territoires effectuées sous
Justinien et sous d'autres empereurs jettent sur la géo-
graphie des bas temps une obscurité que les recherches
des voyageurs et la numismatique dissipent bien lente-
ment. Le site de Gagæ a été retrouvé, et les médailles
viennent à leur tour nous montrer que Paléopolis appar-
tenait à la même région de l'Asie Mineure. |
En effet, j'ai dit que le revers de notre monnaie offrait
une composition identique à celui d'une pièce de Perga.
Le rapprochement de ces deux monuments ne laisse aucune
hésitation sur le choix que nous avons à faire entre les
deux Paléopolis. C’est bien à celle dont Perga était la mé-
tropole que nous nous arrêtous. Sans compter le style de
fabrique et le type, nous avons encore pour étayer cette
opinion la présence du mot ot dont l'usage est, ainsi que
cela ressort de la présente étude, spécial à la région du
Taurus. .
M. Waddington a publié une médaille autonome de
Gage’. La pièce unique qui porte le nom de Paléopolis
1 Mat. med., lib. V, cap. 14.
? In Caji Julii Solini polyhistora, Utrecht, 1689, p. 178, col, 2 B.
3 In Steph. Byzantii de urbibus, 8. v.
+ Edition Wesseling, p. 683.
7 5 Revue numismatique, 1858, p. 169,
1869, — 1. 4
50 MEMOIRES
appartient au commencement du 111° siècle. Le long espace
de temps qui s’est écoulé entre les émissions de ces deux
précieuses monnaies ne nous permet malheureusement pas
de fixer avec exactitude le moment où la ville a pu chan-
ger de nom. Mais nous croyons que les remaniements
administratifs par suite desquels Paléopolis fut rattachée à
la Pamphylie après avoir appartenu à la Lycie, sont posté-
rieurs au temps d’Elagabale.
Ne II,
Aspendus de Pamphylie. Gordien III.
AYT.K.M.ANT.FOPAIANOC CEB, Tête laurée de Gordien
à droite, avec un paludamentum. Dans le champ, une
contre-marque.
y. ACTIENAION. Couronne, au centre de laquelle on lit
en deux lignes la légende OEMIAOC TO B. — Æ. 9.
Ne Il.
Méme ville. Salonine.
KOPNHAIA CAAQNINA. Tête de Salonine à droite, le
buste vétu. Dans le champ, I.
à. ACTIENAION. Couronne au centre de laquelle on lit
en trois lignes : OEMIAOC TO €. Huit têtes alternant avec
les lettres de l’ethnique sont disposées à l’entour de la cou-
ronne. — Æ,. 8.
Ces têtes qui, par leur arrangement, rappellent assez
l'autel des douze dieux du musée du Louvre’, paraissent
1 Clarac, Musée de sculpture, t. II, pl. 171, n° 381.
ET DISSERTATIONS. 51
étre yues de face; mais le mauvais état de conservation des
exemplaires que j'ai pu étudier ne permet pas d’apprérier
exactement ce que le graveur a voulu représenter. Je ferai
donc observer seulement que cette composition se rattache
à un ensemble de monuments numismatiques sur lesquels
nous remarquons soit des figures entières placées en cercle,
comme sur un bronze de Béryte offrant au droit la tête
d’Elagabale, soit seulement des bustes, comme dans les
combinaisons multiples des pièces impériales de Tarse.
Plusieurs auteurs, parmi lesquels je citerai Frelich'’, et en
dernier lieu M. Cohen* ont reconnu, dans les têtes rangées
autour des couronnes, des personnages de la famille impé-
riale.
Cette opinion se trouve corroborée, en ce qui concerne
les pièces de Tarse, par les différences dans le nombre des
têtes, variations qui doivent tenir à l’état particulier de
chaque famille.
Elle est encore appuyée par le type de certaines mon-
paies des villes d’Asie Mineure, Nicée *, Cyzique’, etc., qui
nous montrent des bustes- d’empereurs placés au-dessus
de la table des jeux et gravés d'une manière plus distincte.
Ce sont là des images de protecteurs empruntées à la Domus
divina, et nous savons par les monnaies d’Athènes?, de Del-
phes* et d’Argos", par exemple, que l'on placait sur la
1 Quatuor tentam., 1737, p. 451.
2 Médailles grecques de la collection Gréau, n° 1945.
2 Sous Commode, voy, Séguin, Num. mazim, mod., pl. 16, n° 4, — Et sous
Septime Sévère, avec les bustes de Caracalla et de Géta sur la table: Mus.
Theupol., t. II, p. 941. — Mionnet, Suppl., t. V, p. 111, n° 603.
* Pellerin, 1X, Lettres et additions, pl. III, fig. 12.
5 Beulé, Monnaies d'Athènes, p. 392.
6 Sestini, Descr. nun, vet., pl. IV, n°5.
1 Pellerin, IV, Peupl, et vilt., t. IH, fig. à la p. 154 — Mionnet, Deser ,
52 ' MÉMOIRES
table des jeux soit le buste de la divinité locale, soit les
animaux symboliques qui lui étaient consacrés.
Nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher ces types
antiques de ceux de quelques sceaux du moyen âge, sur
lesquels on voit, soit des têtes de chanoïnes, comme à
Arles’, soit des têtes d'échevins, comme à Amiens’, à
Troyes et à Dijon; toutes ces effigies rayonnant avec régu-
larité autour d’un bezant ou d’une rosace.
Un certain nombre d'autres sceaux, tels que ceux de
Meulan, de Saint-Omer, Nismes, etc., offrent la réunion
des têtes qui représentent les magistrats principaux’.
Sur d’autres encore, on voit une assemblée d’échevins
assis’; ce qui n'est pas sans analogie avec le type de
la monnaie de Béryte citée plus haut; lequel se compose de
quatre groupes de personnages siégeant deux à deux, de
même que sur des deniers romains les figures des édiles
Fannius et Critonius® et celles d'Auguste et d'Agrippa tri-
buns du peuple‘,
Les anciens auteurs proposaient deux systèmes d’expli-
cations pour nos pièces pamphyliennes de Gordien et de
Salonine. Les uns, tels que Belley” et Sanclemente*, ont
t. II, p. 234, no 44. Voir aussi le buste placé sur la table, dans la mosaique
de Tusculum : Monum, dell’ Instit, archeol., vol, VI et VII, pl. LXXXII.
1 L. Blancard, Sceaux et bulles des arch, des Bouches-du-Rhône, pl. 65, n° 3.
2 Aug. Thierry, Docum. inédits de l'Histoire du Tiers-Etat,t. 1, p. 62 note,
et fig. 1 de la planche,
3 Par ex. : Millin, Antig. nationales, t. IV, n° XLIX, pi. I, p. 12, fig. 3.
4 Natalis de Wailly, Éléments de paléogr., t. 11, pl. Q, n° 6. — Hermand et
Deschamps de Pas, Hist. sigill, de Saint-Omer, pl. I, fig. 2.
# Riccio, Mon, consolari, pl. XX, Fannia, n° 1.
6 Jbid., pl. XLV, n° 9.— Cohen, Méd, consulaires, pl. XXXVIII, Sulpicia,
no 1.— Cf. Rech. sur les insignes de la questure, ch. II, p. 16. |
1 Acad, des inscript. et belles-lettres, Hist., t. XLII, p. 59.
8 Mus. Sanclement, num. sel., pl. XXXI, n° 338; t. III, p. 77.
ee ee"
ET DISSERTATIONS. 53
vu dans les légendes OEMIAOC TO B et OEMIAOC TO €
l'indication d’une fête célébrée dans le temple de Thémis,
ou de jeux consacrés à cette divinité. D’autres, comme
Eckhel*, ont supposé que Thémis était un nom de femme,
et qu'il désignait une prêtresse. Sestini, dans ses Classes
generales, inscrit les deux légendes (avec une faute à la
première lettre) sous la. rubrique : Magistratus. Cavedoni
dans son Spicilegio*, sans prendre de parti bien arrêté,
préfère l'opinion de Belley à celle d'Eckhel.
Robert Walpole, qui le premier a rapporté la copie de
quelques inscriptions relatives aux @épidsc, avait bien pensé
à les rapprocher de la légende inscrite sur l’une des mon-
naies d’ Aspendus. Mais il n’avait pas été aussi heureusement
inspiré, lorsqu'il cherchait dans ces expressions un équiva-
lent de @copads tepdc OU Oiopra, rites sacrés.
M. Hermann Wiener dans le commentaire des inscrip-
tions rapportées de Lycie par M. Fellows’, a donné du
mot 6éue qui paraît sur un marbre de Telmissus une inter-
prétation déjà bien préférable. etuuc, dit-il, paraît remplacer
le dép habituel, d’où vient l'expression Qepatixol dyives. Le
colonel Leake et le révérend J. K. Bailie ont fourni un
sens plus complétement exact en reconnaissant que Qyt
désigne non le prix, mais la solennité dans laquelle le btua
était décerné. Cet avis a été depuis généralement accepté.
C’est d’ailleurs ce qui ressort très-clairement d’une sé-
rie d'inscriptions recueillies à Sidé de Pamphylie, et dans
lesquelles l'emploi simultané des mots ôlu et épa ne peut
laisser subsister aucune incertitude sur leurs significations
1 Doctr., t. II, p. 9.
2 1838, in-8°, p- 199. | ;
3 Discoveries in Lycia, appendix, p. 373.
5h MEMOIRES
respectives. Voici, d'après l’une d’entre elles qui nous est
parvenue intacte, quelles sont les formes usitées au com-
mencement et à la fin des textes de cette intéressante col-
lection :
Aywvobstoüvros 8:2 flou AdpnÀ.
Hauovelvou Tounaravoë, xal i-
omivehovvtes Obuiv Ilaupolaxiv
Tooneravetov émbathpiov Ocinv
Aônväc xx Andddwvos dE lov
ypnpatwv, Évelxnoav nrelôwy
néAnv ouvotipavmbévres Ap.
Kovewviavdg Neontédeoc
xal Adphlioe Epummuvdg Eppir-
-mog viog Shear, Aabévrsc
GOAov ré re Oiya xal
tov dvôpiévré abv ty
Bace À,
On le voit, le prix (46kov) de la téue célébrée aux frais
et sous l’agonothésie d’Aurelius Pæoninus Tuesianus est
une Opa, c'est-à-dire une somme d'argent, ainsi qu’une
statue munie d’un piédestal (av3piae obv tH Béon). Or, c’est
précisément sur des blocs de marbre destinés à supporter
une statue, que sont tracées certainement la plupart des
inscriptions dont nous nous occupons en ce moment”.
Nous avons là cette Bas indiquée par le texte. Quant aux
images des héros vainqueurs, on peut leur appliquer cette
parole du grand satirique :
Descendunt statuæ restemque sequuntur.
1 Walpole, Travels in various countries of the East, n° 17, — Bockh,
n° 4353, t. 111, p. 174.
? Nous manquons de renseignements précis à cet égard pour quelques-
uues d’entre elles.
™ ~ * © pe ss CR gee — pe — ete 7
fe
i
pure |
ET DISSERTATIONS. 55
Deux jeunes athlétes natifs de Sidé, Aurelius Cononianus
Neoptolemus et Aurelius Hermippianus Hermippus, se sont
partagés le prix de la lutte (xédy). Un fragment d’inscrip-
tion provenant également de Sidé contient une opposition
au cas qui se présente ici: on y déchiffre, en effet, cette
fin de phrase bien maltraitée :
a... THS Happudeax}iic? Oéuudoc [4]0[A]fuaros avôpov, éradà cfc
pôvos &0Ar[Tic] rapoôeucev !. » |
Un autre monument de la série de Tuesianus donne à la
place des deux noms précités celui d'un jeune habitant
d’Aspendus, Aurelius Artémon, fils et petit-fils de deux
Dionysius (évelengev naldwv nvypiy AdpiAvos Aptiwwy Sic Atovuatou
Aoxtvdioc, Aabdv dbhov, etc.)*, vainqueur au pugilat dans
cette thémis qui reçoit les appellations de Happudcxy, du
nom de la province, de Tovysaveiog, du nom du fondateur,
enfin, un surnom religieux : EmGacpioc Ociv Abnvag xat Anda-
Awvoc?,
Cette dernière formule s'accorde on ne peut mieux avec
le type des antiques monnaies autonomes de Sidé, lesquelles
offrent au droit Minerve, et an revers Apollon’. Ce rappro-
chement, duquel il paraîtrait résulter qu'il existait un ordre
consacré pour nommer ou pour représenter les deux pro-
tecteurs de la ville jouissant toutefois d’un culte commun,
ne sera peut-être pas sans intérêt pour l'étude des cultes
locaux de ces divinités.
1 Bœckh, n° 4357.
2 Walpole, Travels, etc., n° 18. — Bœckh, n° 4352,
$ Suivant Pausanias (lib, 1], cap. XXXII, 2), Diomède fonda à Trézène
un temple à Apollon Ér6atfpuoe, pour avoir échappé à la tempête, et institua
les jeux pythiens en l’honneur du dieu protecteur.
+ Mionnet, Suppl., t. VII, pl. IE, 4-5; IV, 1-3.
56 MÉMOIRES
À propos des récompenses accordées par le fondateur de
la thémis pamphylienne, il vient naturellement 4 l'esprit de
citer le décret honorifique en faveur d’un citoyen d'Éphèse
qui avait, sur sa cassette, augmenté les prix en numéraire
et fait élever des statues aux vainqueurs :
exalt ta Oluata voic dywvierats abbicaves, val avôpuévras tv
vexnodvewy dvacricavea 1. »
Qu'il me soit aussi permis de rappeler à ce sujet la vé-
hémence éloquente avec laquelle Tertullien (Scorpiac. ) s’é-
lève contre l'usage d'encourager par l'appât des récom-
penses, de combler de faveurs, d'argent, d’honorer par des
statues (dotem, stipendia publica, imagines, statuas) des
hommes qui ont mis tout leur talent & se déchirer, toute
leur gloire à satisfaire, par la vue du sang répandu et de
criminelles horreurs qui partout ailleurs que dans le stade
appelleraient l'intervention de la justice, les plus grossières
passions d'un peuple avide de ces fêtes hideuses.
Pour en finir avec cette premiére suite de textes épi-
graphiques, je dirai seulement que l’un d'eux présente une
mention numérale analogue pour la forme à celles des piè-
ces d’Aspendus : «6kuuv TO AEYTEPON Dapquvkaxhy, x.7.À, ,n
et qu’un autre offre de la même manière : TO Fr’.
Ce dernier prix a été gagné par Glaucippus, fils d’Her-
mippus, de Perga, vainqueur au pancrace des enfants.
Dans un autre”, on lit qu'Aurelius Euthychianus Eutychès,
de Sidé, avait triomphé au pugilat des hommes. Ainsi, l’on
1 Poeocke, Inscript., p. 34.— J. K. Bailie, Fascioul. inscript. græc., t. I,
p. 27.— Le Bas et Waddington, Voyage archéol, en Asie Mineure, n° 139,
2 Beckh, n°* 4354 et 4355.
3 Jbid., n° 4356, — Walpole, Trarels, etc., n° 23.
ET DISSERTATIONS. 97
a pu constater que divers genres de concours étaient com-
pris dans la thémis de Sidé, et que les habitants de Perga
et d’Aspendus, tout aussi bien que ceux de Sidé, étaient
admis à concourir. a 7
On a déjà vu plus haut, à propos de la pièce de Paléo-
polis, une thémis célébrée pour la troisième fois à Xanthus
(£u8oc 7). À Telmissus de Lycie, nous trouvons l'indication
d'une même solennité reproduite pour la quatrième fois’ :
a tiv tetaptyy OEpuv, »
et dans plusieurs inscriptions de Termessus de Pisidie, les
mentions :
a ŒEpuv dywvos &yBévroc TO At — Dépuiv Tv ayOcicav TO A’.
— Oéquv viv &ydeïoav TO C(?)*.» — Et avec une combinaison
qui n’est peut-être qu'un jeu de mots : a Oéuiv mél avèpüv
naAny 5. »
La forme génitive des légendes monétaires pourrait s’ex-
pliquer si l'on sous-entend àyuv; Car on trouve éyadv 6éudoc
dans l’inscription de Xanthus qui vient d’être rappelée.
Mais je suis porté à croire qu'il conviendrait de supposer.
plutôt que nous avons là un génitif absolu, et que l'auteur
de Ja légende a sous-entendu dyopivns OU &y@eionc.
Par exemple, dans une petite série d inscriptions copiées
à Balbura, et qui se rapporte aux jeux en question *, ceux-ci
1 Fellows, Discov, in Lycia, p 408 et 373, n° 100. — Boeckh, n° 4198..
2 Boeckh, n° 4366 b. | |
® Henzen, Annal. dell Instit. arch., 1852, p. 169, ne III.
* Bœckh, n° 4366 g. — Voir encore n° 4365 : le chiffre manque, mais la
forme numérale est néanmoins sensible, |
5 Jbid., n° 4366.
* Hoskyn, Forbes et Leake, Journal of the R. Geoyr. Society, 1842, vol. Xl.
p. 160-161, n° 7, 8, 9 et 11. — Boeckh, n° 4380 e, f, g, h.
58 MÉMOIRES
fondés par Thoantianus, fils de Méléagre, d’après la vo-
lonté et le legs de son père, on observe une première thé-
mis dont le chiffre ordinal n’est naturellement pas marqué :
« Exi éywvolitov rpurou ba Blov Goavriavoë bic Msedypou Kao-~
topos, Okuiboc dyouivme tx Gwpeñc MeAcdypou Kdatopos tod narrou
avtou,
Odac Eppalov Odavroc tplc, takewe tic mpwtevodenc, veuniouc dvSpaov
RAVAPATIOV TMPWTOSG. D
Puis une sixième indiquée ainsi :
a Ent &ywvollrou rpurou a Blov Goavemavod Ole Mehedypoo Kdo-
topos, Bépidog dy Oelons xal cic C ex Swpete Mehedypou Kaotopos tod
NANTOV AUTO,
Movoaiog tpl¢ Tpwthov Mougalov Dodudedxouc, 6 xal Kadavokov, dvip
tx tüv mpowtwy tv tH mO[Aet,.....0
Puis une septième :
a Ent dywvobjtov npurou Sid flou @ozveravod Sic Meledypou Kao-
topos, Otprdos dybelonc xat vie Tx Swpeae Medcdypov Kéoropos tod
TATTNOD AOTOD,
TpoxAtavde Epualou Âprépuvos Épuaiou Aptéwovec Käotopoc xal
Moucañioc T[pw|tAo[u] Mousalou dywviadpevor évddgwe xa[i] cvotepbévees
n[at}owv néA[y]v. »
Enfin une onzième : celle-ci est célébrée par un nouvel
agonothète, Aurelius, fils du premier Thoantianus :
a Adpn. Tpwihov alc.
Ent dywvobétov rpwrou 4 Blou Adp. Goavtravod viod Goavriavoÿ
MeActypou Kdotopos, luèoc aybelons xat vis at Ex dwpes Mededypov
Kdotopos tod narrou abtod,
Adp. Tpwthos Ole, BadGovpeds, verrioug nalôwv ravepätiov |, »
1 Voir encore une inscription de la même série : Henzen, Ann. dell’ Instit.
archeol., 1852, p. 189, n° VI.— Waddington, Voyage en Asie Mineure, n° 1223.
ET DISSERTATIONS. 59
Nes IV et Y.
Corycus de Cilicie. Valérien père.
AY.K.TIO.AIK.OYAAEPIANOC. Tête radiée de Valérien à
droite, avec lorica et paludamentum.
8. KOPYKIOTON AY.NAYAPXIC. Bacchus debout, tourné
à gauche, tient de la main gauche un thyrse orné d'une
bandelette et de la droite abaissée une cenochoé, vers
laquelle lève la tête une panthére placée aux pieds du dieu.
Celui-ci porte un vétement court et des brodequins. Devant
lui, une grande urne des jeux repose sur une table à trois
pieds ornés de tétes de lion entées sur une griffe du méme
animal’. Un caducée, et autant qu’on en peut juger, une
palme et un acrostolium sortent de l’urne sur la panse de
laquelle on lit OEMIA. Æ. 9 1/2 (rognée 8 1/2).
Notre description est faite à l’aide des deux exemplaires
gravés dans la planche jointe à cette dissertation. La lé-
gende circulaire du n° À est la mieux conservée; mais le
second exemplaire nous offre l'inscription complète O€MIA,
dont la fin est peu distincte sur la première médaille; et
son exergue porte le commencement de l’ethnique, KOPY
tout à fait intact.
Après ce qui vient d'être dit des légendes d’Aspendus, on
ne sétonnera pas de nous voir considérer le mot OEMIA
comme exprimant un cas de Oépic : Oéuidos au génitif absolu,
ou plutôt déu:8e¢ au pluriel.
1Cf. Real Museo Borbonico, t. II], pl. 30.
60 MÉMOIRES
Il est vrai que Vaillant’ avait lu sur l'urne du grand
bronze de Corycus OEOTAMIA, guidé sans doute par le
nom des Théogamies qui se trouve sur les monnaies de
Nysa de Carie et de Tarse. C'est par la même raison que
le rédacteur du Museo Tiepolo* avait cru distinguer O€OFA,
et que Mazzoleni écrit: OEM potius GEO". Eckhel n'hésite
pas à admettre la lecture de Vaillant. Sestini et Mionnet
voient O€MIA ; et Cavedoni comprenant que ce groupe de
caractères ne peut pas être une abréviation de @coyux a
cherché une autre explication. Suivant lui, c'est un mot
indiquant une féte de Thémis.
Mais l’analogie nous conduit à croire que des jeux insti—
tués en l'honneur de cette déesse se seraient appelés eepiea,
de même que les fêtes consacrées à Diane portent le nom
Q’Apreplore’, Quoi qu’il en soit, la forme suffisamment claire
du A final nous oblige à sortir du cercle dans lequel se
mouvaient les anciennes interprétations.
La grande urne des monnaies de Sidé porte inscrite sur
un bandeau qui entoure la panse l'inscription IEPOC, et
celle de quelques variétés des bronzes d’Ancyre en Ga-
latie : IEPOC AON; indice des jeux sacrés auxquels les
OEMIA:s font un pendant presque nécessaire. Certaines
médailles de Gallien émises à Nicée fournissent cet exemple
de l'emploi du pluriel : AFQNEE IEPOI. |
Un bronze d'Adana à l'effigie d’Aquilia Severa a pour
type une urne sur laquelle on lit : IEP.OIK, fepa otxoupevixa,
abréviation tout à fait analogue à @€MIA. On voit cette
1 Num. græc., p. 215.
? Mus. Theupol., p. 1078.
% Mus. Pisan. olim Corrar., pl. LXVI, 1, comment, p. 178.
+ Elles se célébraient principalement à Delphes et à Syracuse.
ET DISSERTATIONS. 61
autre abréviation : OYAAEP., sur l’urne d'une momnaie
d’ Aphrodisias, et ACKAHTT. TTYO, à Ancyre. |
Bacchus apparaît ici à titre de protecteur des jeux, de
même que l’on peut voir, sur les médailles de plusieurs
autres villes, une figure en pied et debout près de la table,
représentant une divinité ou un héros 4 qui la fête était
consacrée. |
Tels sont Latone portant ses enfants dans les bras, sur
les grands bronzes de Tripolis de Carie relatifs aux Antwet ;
Apollon lyricine couronné par la Victoire, quand il s’agit
des 0x (à Hiérapolis de Phrygie)'. Tel est Alexandre le
Grand tenant un glaive, et une patère en qualité de divi-
nité tutélaire, et présidant à Berhéa, en Macédoine, aux
jeux du KOINON MAKEAONON, auxquels son nom était
attaché : AkÆdvèperx, Il est donc clair que la fête de Corycus
était placée sous le patronage de Bacchus, comme la dy
de Sidé célébrée par Tuesianus relevait de Minerve et
d’ Apollon.
N° VI.
Syedra de Cilicie. Valérien.
AYT.KAL.TIO.AIK.OYAAEPIANON. Tête laurée de Valé-
rien, à droite ; le buste drapé. Dans le champ, IA.
1 Il existe au Cabinet des médailles de Paris un exemplaire fort bien con-
servé de ce médaillon. Mionnet n’en a donné qu'une description fautive
(Descr., t. IV, p. 304), désignant la figure comme « une femme trnant dans
la main droite un volume déroulé, et dans la gauche un autre volume roulé. »
C’est la lyre et le plectrum. — On retrouvera plus loin la mention de ces
deux mêmes pièces de Tripolis et d’Hi¢rapolis parmi celles dont le type rap-
pelle les prix en espèces monnayées, |
62 MEMOIRES
®. CYEAPENN GEMIC. Deux athlètes nus se tenant par
les poignets et luttant. — Æ 9.
Cette médaille représente la lutte proprement dite, An,
su,et fort commun dans les peintures céramographi-
ques, les bas-reliefs, et qui nous est également offert
par les monnaies d'argent autonomes d’Aspendus et de
Selgé, au revers de quelques bronzes impériaux émis dans
la première de ces deux villes, ainsi que sur une pièce de
Gallien frappée à Thessalonique, et sur un petit bronze des
Locri-Opuntii ‘. On a vu précédemment que la lutte occu-
pait une place considérable parmi les exercices proposés
aux concurrents appelés dans les 6kuudec.
Aussi trouvons-nous dans les inscriptions de Termessus :
vextauc réÂn Oépuv naldav*, — Obuiv dvdpioy nady bx puoreuuiac,
TA, 3, — Oluuv avepiov addy dy0siouv éx muonulac!, ou tiv
dy Ozioav, xt. A. ©. — Oyu dvôpav addy dyüvos tod xatalegbiveos
dx qihotztplac, x. t. A. % — Okey àvôpov xdAny, thy ayOsicay dx cay
xatahedetuevov yor,pdtwv, x, t.A.7,
On ne sait trop pourquoi Sestini, s écartant au sujet de
cette pièce des anciens modes d'interprétation acceptés
par lui-même lorsqu'il décrit les monnaies d’Aspendus et
de Corycus, a préféré voir sur le bronze de Syedra, qu'il
aurait dû naturellement rapprocher des autres, une épi-
thète de la ville.
Il avait d’abord, il est vrai, fait de GEMIC le nom d’une
1 Mus. Hunter, pl. XL, n° 21.
? Boeckh, n° 4365,
3 [bid., n° 4366 c, d, ¢.
+ [bid., n° 4366 h.
5 Bœckh, n° 4366 g. — Henzen, Ann. dell’ Instit, archeol., 1852, p. 169,
170, n°° Ill et IV.— Waddington, Voy. en Asie Min., n° 1209 et 1210.
6 Bockh, n° 4366 b,
1 {bid., n° 4866.
ET DISSERTATIONS. 63
prétresse *. Mais, dans ses Classes generales, il insére cette
note : forsan OEMICTHC, jusia ; revenant ainsi à l’idée
qu'il avait indiquée en la repoussant, et qui consistait à
considérer @€MIC comme un abrégé de OEMICTOPAC.
La disposition circulaire de la légende Xvedpéwv Eu m'a
donné lieu de croire que, sur la pièce de Paléopolis, Ma-
A[aJorokelrwv dus forme un tout complet, et que cette
inscription ne doit pas être divisée, bien que l’un des
mots soit placé à l’exergue. D'ailleurs nous voyons, dans
plusieurs inscriptions, des noms patronymiques au génitif
pluriel :
Aoxknnelwv Oéutc 2. — TpoxAniavelwv Odprc ?.
sans compter un marbre où Oéuic Edapestetwy ne se lit que
d’après une restauration ingénieuse *. La même tournure
pouvait être adoptée lorsqu'il s'agissait d’un nom de ville ;
car on a vu que les marbres de Sidé donnent à la eux à
la fois un nom de fondateur : Tounstavetos, et un nom de
PAYS : Mapovdraxy.
C’est ainsi que sur des monnaies de Nicée, de Perga,
d’Hiéropolis associée à Castabala, etc., on lit autour d’une
urne : NIKAIEON IEPOC ATON — TIEPTAION ACYAOY
IEPOC — IEPOTIO.KACTABA IEPOC. Tous les numisma-
tistes sont d'accord pour reconnaître qu'il s’agit là des
jeux sacrés donnés par les habitants des villes dont le nom
est écrit au génitif pluriel, et que la légende circulaire ne
doit pas être divisée.
1 Lett, 1805, t. VII, p. 62.
2 Annal, dell’ Instit, archuol., 1852, p. 169.
3 Bœckh, n° 4198.
à Bœckh, n° 4380 m.— Cf. 4380 n. — Œnonanda.
64 ‘MÉMOIRES
Ne Vil.
Ancyre de Galatie. Valérien.
TIOYB.AIK.OYAAEPIAN.... Tête radiée de l'empereur, à
droite.
$. MHTPO.B.N.ANKYPAC. Vase à panse cannelée conte-
nant deux palmes, placé sur une table à trois pieds entre
deux sacs d’argent dont le col est serré par un lien très-
apparent. — Æ. 7.
Je donne, comme spécimen d’une série considérable, le
revers de cette jolie monnaie dessiné d’après l'exemplaire
conservé au Cabinet des médailles de Paris, et ce choix se
fonde sur la présence du lien ou cordon, signe caracté-
ristique qui ne permet plus désormais de reconnaître autre
chose que des bourses ou des sacs d'argent dans les deux
petits objets qu’on appelait autrefois des vases, sans essayer
d'expliquer à quoi ils pouvaient servir.
Ce type se rencontre encore à Ancyre au temps de Cara-
calla. Puis : en Thrace, sur les monnaies de Byzance frap-
pées sous les règnes de Caracalla, d'Élagabale, d’ Alexandre
Sévère, de Gordien, et sur celles de Périnthe portant les
deux profils en regard de Caracalla et de Géta, ou bien le
buste d'Alexandre Sévère. — En Bithynie, sur celles de
Nicée offrant l'image de Julia Domna. — En Mysie, sur
un moyen bronze originaire de Cyzique et appartenant à
Alexandre Sévère, ainsi que sur les grands médaillons
frappés & Pergame aux temps de Caracalla et de Valérien
père. — En Carie, à Antioche, sous Gordien, à Aphrodisias
soit avec la tête du Sénat, soit avec l'effigie de Gordien, et
& Tripolis, avec la téte du Sénat. — La Pamphylie est re-
ET DISSERTATIONS. 65
présentée par Sidé, sous Philippe pére. — Pour la Lydie,
nous trouvons des bronzes de Philadelphie portant l'image
de Julia Domna, un grand médaillon de Valérien pére frappé
à Thyatira, et un autre de Caracalla émis à Tralles.—Enfin,
Hiérapolis de Phrygie, sous Caracalla, — Damas de Cœlé-
syrie, sous Gallien, — et Sidon de Phénicie, suus Elagabale,
fournissent aussi l’exemple de bourses placées sur la table
des jeux.
La disposition n’est pas toujours la méine; tantôt on voit
une urne entre deux bourses, tantôt une seule bourse entre
deux urnes. Une autre fois, deux bourses au milieu, et une
urne à chaque extrémité de la table. Ailleurs, les bourses
sont reléguées sous la table qui ne supporte que deux urnes
et quelquefois aussi une couronne. Ce type indique alors
que dans la méme ville on célébrait des jeux sacrés et des
jeux thématiques. |
L'aspect des sacs d'argent n'est pas non plus constam-
ment identique. Plus ou moins inclinés, plus ou moins
aplatis sur le fonds, ou plus ou moins serrés et plissés à
leur orifice, ces sacs, avec toutes leurs variétés, me pa-
raissent d'autant plus autoriser l'opinion que j’émets ici,
qu'ils reproduisent presque toutes les formes des bourses
dont j'ai dernièrement étudié les divers rôles dans certaines
représentations antiques de plusieurs autres catégories.
Il y a de grandes probabilités pour que cet accessoire, qui
ne se rapporte pas seulement aux 6huèee, comme on le voit
par les différentes régions qui nous en ont fourni lesexemples
numismatiques, mais à la classe tout entière des Ospatte!
éyove, représente le prix lui-même de ces jeux.
Il est placé sur la table de la même manière que celui
des dyivec otegavixar, et cède à celui-ci dans l’arrangement
dn type monétaire, lorsqu'ils concourent tous deux à le
1969, — 1. 5
66 MÉMOIRES
composer, une place prépondérante’ conforme à celle que
ce dernier occupait aussi dans l'opinion publique.
Les àyüvsc otsoaviru sont indiqués par des inscriptions
souvent trés-développées*; mais l'image des bourses suffit
pour rappeler les Gsuatreol.
En effet, on n'aurait pas représenté de cette façon la
Swesd* OU edonula, libéralité d'un empereur ou d'un riche
citoyen destinée à la célébration d'une fête, et dont le mon-
tant était consacré aux frais de la solennité, mais souvent
sans comporter de prix en argent monnayé.
On sait d'ailleurs que les prix étaient exposés sur la
table‘, de même que, dans une plus haute antiquité, les
trépieds, les lébès, cados, etc., offerts en appâts aux con-
currents des äyüves ypnuztica étaient toujours placés en
vue; ainsi qu'en témoignent la plupart des textes et des
peintures céramographiques cités au début de cette disser-
tation.
Et puisque j'en suis à parler de prix d'argent déposés sur
la table des jeux, pourquoi ne pas citer une anecdote ra-
contée par Diogène Laërce, et qui paraît bien contenir une
allusion à une telle coutume?
Midias, raconte le biographe’, avait souffleté Diogène le
cynique, en lui disant : «Il y a pour toi trois mille (drachmes?)
déposées sur la table, cprcyfAral oo néîvear ri ci rpanétn »,
propos qui faisait probablement allusion au métier d’Hicé-
1 Voy. Rech. sur les ins. de la quest. et récip. monét., ch. X, p. 68, fig 2.
1 Jbid., fig. 3.— Cf. Pellerin, t. IV, fig. à la p. 260, etc.
* On lit sur plusieurs médailles l'inscription AQPEA. Sidé : Sanclemente,
Num. sel., pl. XXXII, n° 335. — Sestini, Descript. num. cet., pl. IX, n° 25, —
Ægée : Mionnet, Descr., t. II], p. 547, n° 53. — Mopsueste : Sestini, Lett. di
tontinuas., t. V, 1818, p. 54, n° 10. — Mus. Chaudoir, p. 103, n° 2.
© Pausanias, lib. V, cap. XII, 5, et XX, 1.
® Lib. VI, cap. II, 42.
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—_—— — - ad on mnie
!
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ET DISSERTATIONS. 67
sius, père de Diogéne, changeur à Sinope (rpaetirne) et
faussaire. Le disciple d’Antisthène revint le lendemain avec
des cesies, et assénant à son adversaire un coup mortel
Crruxtinods 2260v tudvras, xat matahotsxc adrév), lui répéta ces
mêmes paroles: « cpreyideal cor xtra ini th tpanétn », qui cette
fois, on peut le penser, se rapportaient à la récompense
proposée anx lutteurs.
On reconnaît dans les listes malheureusement rares
d’éyüves deuarwot qui nous ont été conservées, les noms d’un
assez grand nombre de villes par lesquelles ont été émises
les monnaies dont nous nous occupons.
Le plus souvent, tandis que les jeux stéphanites sont soi-
gneusement enregistrés dans les textes épigraphiques, les
prix rémunérés en argent ny sont mentionnés que pour
mémoire en quelque sorte, et indiqués par une formule
générale telle que celle-ci, cui a bien aussi, à vrai dire, son
côté ambitieux :
« ENIKA ATIANTAZ OYZ HEONIZATO. »
ou cette autre :
« TIANTAZ OZOYZ HEONIZATO. »
Cependant, une inscription funéraire de Laodicée en
donne une série assez considérable”, et après avoir rappelé
les ayfoveg otspavitat, dans lesquels s était distingué Aurelius
Septimius Irénéus, fils d’Eutychés, colon de la métropole
de Laodicée et citoyen d’autres villes, le rédacteur passe
aux talavaior. Je les reproduis comme ils sont énoncés :
1 Chandler, Inscr., append., p. 92.— Pococke, Inecr.,p. 5, n° 20.— Francke,
Richtersche Inschr., p. 167. — Bœckh, n° 4472, addenda, p, 1172, — Le Bas
et Waddington, Voy, arch, en Asie Mineure, n° 1889.
68 “
« Jeux talantiéens : à
trois fois ; à Tripolis deux
gilat, la course; à Hierapi
le pancruce ; à Béroé deux
mee trois fois; à Chalcis,
trois fous; à Cilium, le g
deux fois; à Iconium, le]
Patrz, le pugilat, lu cours
deux fois; à Adana deux |
A cette première liste,
une autre copiée à Aphre
tement publié d'abord p
entier par le colonel La
parties.
La première qti cont
Peuple et du Sénat en I’ho
se termine par ces mots :
x mAciajroue äAoue éqüvac,
La seconde partie qui
remportées par le citoyer
demment aux jeux sacrés
gnations célèbres qu’on
isthmiques, balbilléens, f
thiques, capitolins’, jeux +
La troisième partie, ¢
préambule, devra nécessa
de la seconde catégorie,
1 Transact. It, Society of literat
Waddington, oue. cit, n° 1620 b.
+ Voy., au sujet de la forme d
toujours a, Hérodote, lib, 1, eap.
ET DISSERTATIONS. 69
sera d'autant plus facilement acceptée qu'on remarquera
“les données que ce texte présente en commun avec l'in-
scription qui précède :
« Étant le premier des citoyens d Aphrodisias, il est sorti
vainqueur du pancrace des hommes * aux jeux de la corpo-
ration d Asie, à Mitylène, à Adramytlium,..... à Nicomédie,
à Nicée, à Prusias, à Claudiopolis deux fois, à Ancyre de
Galatie, à Pessinonte, à Damas deux fois, à Béryle, à Tyr,
à Césarée de Straton, a Néapolis de Samarie, à Scythopolis,
a Gaza, à Césarée Panias deux fois, à Hiéropolis, à Ana-
zarbe, d Mopsuesie, à Tripolis de Syrie, à Philadelphie
d'Arabie, à Zeugma sur l'Euphrate, à Cibyra. »
La fracture qui altère le commencement de l'inscrip-
tion ne permet pas de savoir si, comme la précédente,
elle débutait par le mot cadavtico. Entre Adramyttium et
Nicomédie, il y a aussi une lacune qui supprime les noms
d’au moins deux villes. |
On: trouve encore dans un marbre provenant du palais
Farnèse, à Rome, cités « entre autres» les jeux eury-
cléens à Lacédémone, et les jeux donnés à Mantinée : xai
Bepateltag mAelovas év ot¢ Edpôxheux év Aaxcdalpovt xul Mavttvitay nai
aÀdovc *.
1'L’expression « dvds@v navxpdtiv » se trouve régulièrement répétée après
le nom de chagne ville d’un bout à l’autre de cette partic de l’inscription.
Nous l'avons mise une seule fois et en tête de la liste, brevilatis causa.
? Falconieri, Inscr, athlet., p. 100. — Gruter, p. CCCXIV, n°). — Beckh,
n° 5933.— Cf., au sujet du second nom de jeu, l'inscription de Beeckh,
n° 3208, ligne 19, et Marmora Ozoniensia, p. 70 et 76 — Ceci tendrait à
prouver une fois de plus qu’en comparant, daus les inscriptions, les listes
d’äywves Geparixol bien certaines avec d’autres listes dans lesquelles les jeux
ne sont pas spécifiés d’une maniére particulière, on pourrait encore attri-
buer à plusienrs villes le genre de récompense qui nous occupe,
70 MEMOIRES
Ceux-là même qui n'ont pas jugé à propos de donner le
catalogue de leurs succès dans les éyavec 6supatexol, n'ont
quelquefois pas cependant négligé d'en indiquer le nombre :
« trente-cinq » victoires de ce genre sont notées sur une
stèle funéraire athénienne'; «plus de cent », sur un marbre
de Smyrne’*.
Enfin, sur une grande stèle découverte à Naples *, tandis
que dans un premier dénombrement les victoires des jeux
sacrés ne s'élèvent qu'à vingt- neuf, plus uo prix aux olym-
piques de Pise et dix-huit autres couronnes que notifie
une ligne additionnelle, tracée postérieurement à l'exécution
de la sculpture, la quotité des prix thématiques est de
« cent vingt-sept », chiffre énorme pour la vie d'un seul
homme.
Voilà qui suffit pour prouver la fréquence des concours
de ce genre, et pour nous autoriser à penser qu'il en a
existé dans toutes les villes dont les monnaies portent des
types analogues à celui de notre n° 7. Qu'on ajoute à ces
données que les inscriptions ont été fournies en grand
nombre par le sol d’Aphrodisias, puis par Ephése, Smyrne,
Thyatira, Cyzique, Antioche, Sidé, Laodicée, etc., et l’on
reconnaîtra que les monuments numismatiques s'accordent
déjà d'une manière très-satisfaisante avec les documents
épigraphiques, surtout si nous tenons compte de la rareté
relative des renseignements dont nous pouvons disposer.
HENRI DE LONGPÉRIER,
1 Spon, Miscell, erud, ant,, X, n° CXIII, p. 366. — Gronovius, Thes. ant.
grec,, t. VII, p. 870. — Muratori, t. 1], p. 647. — Bœckh, n° 247.
? Bœckh, n° 3209.
3 Henzon, Annal, dell’ Inst, arch., 1865, p. 99 et pl. G,
— ———- - eee ee age
ms A
ET DISSERTATIONS, 71
LOUIS D’OUTRE-MER EN NORMANDIE.
TROUVAILLE D’EVREUX.
(PI. IV et V.)
Le 18 mars 1869, en fouillant près de l'église Saint-
Taurin d’Evreux, on découvrit, dans un trou infect, un
petit trésor composé d'une cinquantaine de deniers et
d'oboles d’argent recouverts d'une couche assez épaisse
de sulfure ‘. Ces monnaies furent portées à un orfèvre qui
les vendit à M. J. Charvet, et c'est à l’obligeance de ce
dernier que nous en devons la communication.
Sept pièces sont restées à Évreux, parmi lesquelles on
remarquait trois deniers au monogramme de Charles,
portant les noms de Rouen, d Orléans, de Blois, et une
pièce de Bourges à la légende CARLVS IMP AVG. Je n’ai
pas vu ces monnaies, et je n'en dirai rien par conséquent;
mais je vais donner un catalogue très-détaillé des qua-
rante pièces que M. Charvet a bien voulu m'apporter au
moment même où il arrivait d’Evreux, et de cinq autres
qui ont été recueillies quelques jours plus tard.
. Les plus anciennes pièces parmi celles que j'ai tenues
1 M. Alph. Chassant, en annonçant cette découverte dans le Progrès de
l'Eure du 24 mars, dit que les monnaies ont été recueillies n.êlées à la terre,
au milieu de sarosphages et d’ossements, sans aucuns débris de vase.
72 MÉMOIRES
sont évidemment frappées sous le règne de Charles le
Simple. Leur peu d'épaisseur et de relief, la forme nette
du monogramme, leur poids, sont autant d'indices qui
nous autorisent à adopter cette classification.
Voici la description de ces monnaies :
Baugency. + GRATIA D 1 REX. Monogramme de Ka-
rolus.
à. + BALGENTI CASTRO. Croix. Deux exemplaires
usés. Poids, 48,15; 46,12.
Blois. + GRATIA D'1 REX. Monogramme de Karolus.
À. + BLESIANIS CASTRO. Croix. Obole; deux exem-
plaires usés. Poids, 05,55; 06,43.
Châteaudun. GRATIA D°I REX. Monogramme de Ka-
rolus.
R. +DVNIS CASTLLOI (sic). Croix. Denier usé. Poids,
45,02.
Vendôme. + GRATIA DI REX. Monogramme de Ka-
rolus.
À. + VENDEHIS CASTRO. Croix. Denier usé. Poids,
4,06.
Autre. VINDEIIIS CASTRO. Poids, 45,20.
Toutes ces piéces sont usées et ont perdu une partie de
leur poids par suite du frai.
Les deniers de Baugency (pl. IV, n° 1) sont des variétés
(sans besants dans les cantons de la croix) de la rarissime
monnaie publiée il y a trente ans par Duchalais (Rev.
num., 1839, p. 204). Les oboles de Blois sont aussi des
piéces fort remarquables; leur poids correspond actuelle-
ment à des deniers de 48,10 et de 05,86, mais cela tient
aux ravages causés par le temps. (PI. IV, n° 2.)
Viennent ensuite trente-sept deniers et cinq oboles of-
ET DISSERTATIONS. 73
frant vingt variétés. Un examen attentif permet de recon-
naître divers groupes dans lesquels on compte jusqu’à
sept exemplaires portant l'empreinte exacte d'un même
coin. Toutes ces pièces sont remarquablement bien conser-
vées; les différences de poids ne proviennent pas de l’u-
sure, mais de l’imperfection de la taille ou de la couche
de sulfure qui recouvrait encore plusieurs pièces lorsque
je les ai examinées. Le poids de ce sulfure peut être évalué
quelquefois à 5 ou 6 centigrammes, et c'est à sa présence
qu il faut attribuer les poids de 44,50 et approchant. Les
monnaies que je vais maintenant décrire doivent avoir été
enfouies très-peu de temps après leur émission.
Louis IV pOutre-Mer.
4. + VLOTVICI REX. Croix cantonnée d’un croissant.
R. + ROTOM CIVITA. Dans le champ, AS@.— Argent.
Poids, 45,25. (Pl. IV, n° 3.)
2. + VLOTVICI REX. Croix.
8. + ROTOM CIVITI. Dans le champ, AS. — Argent.
Poids, 4*°,46. (PI. IV, n° 4.) ©
3. + YLOTYICI REX. Croix cantonnée de deux points.
à, ROTOM CIYITA. Dans le champ, AS. — Argent.
Poids, 45,40.
Autre exemplaire, collection Chassant. Poids, 15,30.
(PI, IV, n° 5.)
A. + VLOTVICI REX. Croix.
R. + ROTOM CIVIT. Dans le champ, AS.— Argent,
trois exemplaires. Poids, 4*,44, 45,42, 15,40. (Pl. IV, n°6.)
. 5. + WLODVICI REX. Croix.
R. -++ ROGOM CIFIT 9. Dans le champ, A-S.— Argent,
deux exemplaires. Poids, 15,37, 48,27. (PI. IV, n° 7.)
74 MÉMOIRES
6. -+- yLODVICI REX. Croix.
&. ROGOM CIFIT. Dans le champ, AS (Aavec barre).
— Argent. Poids, 15,83. (PI. IV, n° 8.)
Une variété de cette monnaie offre, avec les O accom-
pagnés de points, une autre combinaison des lettres AS
placées au centre. L’A a une barre brisée. Collection Chas-
sant. Poids, 15,30, (Pl. IV, n° 9.)
7. + YLOGVICI REX. Croix.
N. + RGQGOM CIFIT. Dans le champ, AS.— Argent,
sept exemplaires. Poids, 1,87, 45,36, 4°,82, 45,30,
46,28, 46,28, 46,48, (PI. IV, n° 40.)
8. + WLOGVICI REX. Croix.
R. +ROGOM CIFIT. Dans le champ, A"S.— Argent.
Poids, 45,17. (PI. V, n° 41.)
9. + WLOCVICI REX. Croix.
R. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, AS. — Argent,
six exemplaires. Poids, 45,47, quatre à 46,42, 45,40.
(PI. V, n° 12.)
10. + wLOGVICI RIX. Croix.
À. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, A-S. — Argent,
sept exemplaires. Poids, deux à 15,50, 1,40, 15,39;
deux à 16,38, 46,25. (PI. V, n° 43.)
44. + WLOGVICI RIX. Croix.
à. ROGOM CIFIT-. Dans le champ, A-S. — Argent.
Poids, 14,47. (Pl. V, n° 44.)
42. + WLOCVICI R°X. Croix.
à. + ROGOM CIFITA. Dans le champ, A:S. — Argent,
deux exemplaires. Poids, 15,35, 46,25. (PI. V, n° 46.)
43. + YLOGVYICI RIX. Croix.
à. RVOGOM CFITA. Dans le champ, A%S. — Argent.
Poids, 45,42. (Pl. V, n° 46.)
48. +. WLOGVICI R'X. Croix.
ET DISSERTATIONS, 76
À. —+ RVOGOM CFITA. Dans le champ, A:S. — Argent,
Poids, 45,40. (PI. V, n° 17.)
15. + VVLCVICI M+0, légende tracée de droite à
gauche. Croix cantonnée de quatre points.
R. —+ XPICTIANA REO, de gauche à droite. Temple.—
Argent, obole; collection Chassant. Poids, 05,65. (PI. V,
n° 48.)
46. + VVLOCVICI MN. Croix cantonnée de quatre
points.
R. + XPISTIANA REO, de droite à gauche. Temple. —
Obole. Poids, 05,76. (PI. V, n° 49.)
47. + VVLOCVICI MN, de gauche à droite. Croix can-
tonnée de quatre points.
à. —+ XPISTIANA REO, de gauche à droite. Temple. —
Obole. Poids, 05,65. (Pl. V, n° 20.)
48. + VLOCVICI...... , de gauche à droite. Croix can-
tonnée de quatre points
à. XPISTIANA REO, de gauche à droite. — Obole; col-
lection Chassant. Poids, 05,66, (Pl. V, n° 21.)
19. + EVIOVICI MI. Croix cantonnée de quatre points.
à, XPISTIAII... REO, de gauche à droite. Temple.-—
Obole. Poids, 05,62. (PI. V, n° 22.)
Le nom du roi offre des variantes, VLOTVIGI, VLODVICI,
VLOGVICI, VLOCVICI, VVLOCVICI, EVIOVICI, qui doivent
être attribuées 4 diverses causes parallèles. L’échange du
T et du D, comme dans ROTOM et ROOM, peut tenir à la
prononciation. Le D retourné, , produit le C par confu-
sion de formes ; mais la présence du V et du VV en tête de
la légende paraît bien positivement indiquer que les de-
niers ont été frappés après d’autres pièces qui portent le
nom VVILELMVS, c’est-à-dire après les monnaies de Guil-
laume-Longue-Epée (927-942) auxquelles la population
76 MÉMOIRES
rouennaise était déjà accoutumée. Je reviendrai plus loin
sur ce fait; mais pendant que je m'occupe des légendes, il
me faut encore relever, du côté où se trouve le nom de la
ville, les variantes CIVITA, CIVIT, CIFIT, CFITA, certai-
nement fort extraordinaires à cause de l'échange tudesque
de V et de F. Le V en forme d'A renversé, avec barre brisée
ou chevron intérieur, est un caractère tout à fait singulier *.
An centre du revers, on remarque les caractères AS
très-diversement posés et quelquefois accompagnés d'une
petite barre qu'il ne faut pas prendre pour une lettre. Ces
deux caractères doivent être le complément de CIVIT AS *.
Que la portion de légende qui n'a pu trouver place
dans le pourtour soit transportée dans Je champ central,
cela ne peut nous étonner. Je ne rappelerai pas seulement
ces deniers de Paris, de Langres, d’Autun, de Toulouse,
de Nevers, de Verdun, qui portent au centre le titre de
REX, complément de la légende circulaire ; ceux de Bre-
tagne, de Bourgogne, de Guienne, qui nous montrent le
titre DVX dans les mêmes conditions. Il s’agit d’un mot
coupé; mais je puis indiquer des légendes telles que celles-
ci : LVDOVICV(S) °, — CARCASONA CIVI(TATE),— VGO
4 Le V contenant un petit trait vertical, comme on le voit sur le denier
n° 12, est, au contraire, déjà connu sur quelques deniers de Guillaume Tail-
lefer, comte de Toulouse ( 950-1087).
3 On doit remarquer que deux des deniers portent au centre un À à barre
droite et à barre brisée, ce qui exclut la lecture LS à l’aide de laquelle on
pourrait chercher un abrégé du nom de Louis; mais, de plus, il faut, en gé-
néral, éviter d'admettre des combinaisons formées de la première ct de la
dernière lettre d’un nom. On peut voir (Rev. num , 1868, pl. XIX, n° 27)
comment on comprenait l’abréviation du nom de Louis d'Outre-Mer.
® Les lettres placées ici entre parenthèses sont celles qui occupent le
champ central des monnaies. La première pièce citée est un denier de Louis
d'Outre-Mer.
a a a ee — ——
ere mn - ae
ue ST
ET DISSERTATIONS. 77
GOMES MAR(CHE),— TVRENE VICEC(OMES), — C.EN-
GOLIMEN SiS) *. Sur des deniers anglais du 1x° siècle,
très-utiles à comparer à des monnaies de Normandie,
EANBALD.MONE(TA) et DOROBERNIA.CIBI(TAS). Et puis,
si nous avons recours aux monpaies italiennes, les exem-
ples abondent ; je n’en citerai qu’une partie: S. VINCEN-
TIV(S), — MARTIN PAP(A), — R.SFORTI(A), — DE.
EVGVBI(A), — DE.PERVSI(A), — DE.ANCON(A), — DE.
MVTIN(A),—-BONONI(A),—-DE. FERARI(A),—S. IVLIA(NVS),
— S.BARTOLOM(EVS), — S.QVIRIA(CVS) , — ARCHIEPIS-
CO(PVS) ,— RECAN (ET!) ,—Dk. PLACEN (CIA) ,— S. VENAN-
(TIVS), — MATER.STVDI(ORVM), — F.S. VICEC(OMES) ,—
SANTVS.SAV(INVS), — VRBS.CAME(RINA) ,— ALBERTVS.
MAR(CHIO), — COMES. FEDER (ICVS;, — DOMINVS. PI-
S(AVRI), — S.EMID. DE. ES(CVLO), — CQNSTANTIVS.
SFO(RTIA) ,—EVG.PP.QVA(RTVS) ,—M.PAPA.QVA(RTVS),
—M.PAPA.QVI(NTVS), etc., etc. On peut dire que les gra-
veurs de monnaies n'ont éprouvé aucune répugnance à
continuer dans le champ la légende commencée au pour-
tour. Sur quelques-uns des deniers trouvés à Evreux, l'A
du centre est muni de sa barre (pl. IV, n°° 8 et 9). Le
petit trait qui accompagne AS sur un assez grand nombre
d'exemplaires n’est pas plus une letire que les points qui
1 On peut aussi peut-être citer les monnaies de Chalon-sur-Saône. dont
Ja légende est CAVILONIS CIVITAS) suivant la lecture de Duchalais, Je ne
sais pourquoi M. Poey d’Avant, en renvoyant au Catalogue de la collection
Faure, n° 41, prétend que j’ai lu les trois derniers caractères LVS. Je n'ai
jamais eu à décrire ces monnaies de Chalon, et quant au catalogue des mon-
naies françaises de M. Faure, de Villefranche (1846), dans lequel le denier
de Chalon est en effet décrit sous le n° 41, avec Ja lecture L.V.S., il porta
le nom de son auteur, et je n'ai à aucun degré contribué à sa rédaction.
Avec un peu d'attention, M. Poey d'Avant aurait pu s’épargner la peine de
me critiquer sans aucun fondement (Monn, féod., t. III, p: 185 + :
78 MÉMOIRES
se combinent avec lui, car en certains cas ses dimensions
sont tout à fait en disproportion avec les deux caractères
près desquels ilesttracé !, Sur le n° 3 (pl. IV), I'S qui com-
plète le mot CIVITA(S) est placé au-dessus de deux signes
qui représentent peut-être a/pha et oméga. Ce type n'est pas
sans rapport avec celui d'un denier de Rennes sur lequel
on voit aussi l'O circulaire flanqué de quatre points, mon-
naie que M. Bigot attribue avec juste raison à la seconde
moitié du x° siècle”. Il se pourrait que les deniers nor-
mands et bretons eussent une certaine parenté. Il ne serait
pas impossible non plus que les deux caractères AS ac-
compagnés de la petite barre un peu allongée (voy. pl. IV,
n° 5) eussent donné naissance à cette combinaison de si-
gnes placée dans le champ des deniers bretons de Geoffroy,
comte de Rennes (1084), et de Conan, qu'on a lue IVS ou
VIS *. Un numismatiste distingué a cru voir dans les ca-
ractéres IVS une altération du monogramme de Conan,
servant de transition pour arriver au mot DVX‘; mais
cette dernière allégation surtout se fait difficilement ac-
cepter, puisque les caractères IVS se trouvent sur [a mon-
naie de comles, au temps desquels on ne prévoyait pas
l'avénement du mot DVX. L’altération du monogramme
n'offre pas un grand degré d’évidence.
Sur deux deniers gravés dans notre planche V (n° 16 et
47), le nom de Rouen commence par un monogramme
4 Voir les petits traits qui figurent sur des monnaies anglaises, Ruding,
Annals of the coinage of Gr. Brit., pl. XIV, Ethelw. 4; pl. XV, 5; pl. XXX,
21. — Hawkins, Silver coins of England, n° 98, 166, 196, 201.
2 Essai sur les monn. du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. V, n° 11.
® Lelewel, Atlas du moyen âge, pl. IX, n° 85, — Bigot, op. laud., pl. VII,
n° 3 à 6.
* Rev, num., 1946, p; 141;
ET DISSERTATIONS. 7%
formé des caractères RV, en sorte que ce nom se lit
RVODOM. 1] ne faut pas s'en étonner, J'ai déjà fait remar-
quer, à propos du nom de l'évêque de Strasbourg, Uoton
(950 955), et de celui de saint Ulrich, évêque d’Augsbourg
(923-973), écrit Uodalricus sur un denier, qu'au x° siècle
on faisait fréquemment usage de la diphthongue UO, par
exemple dans les noms Chuonradus, Ruotbertus, Ruo-
thardus, etc.'. Ruodom est donc tout simplement un
germanisme qui s'explique aisément quand on se reporte
aux conditions politiques dans lesquelles se trouvait la
Neustrie.
Je dois maintenant examiner comment des monnaies
royales peuvent avoir été fabriquées à Rouen au cours du
x° siècle et postérieurement à l'établissement des ducs de
Normandie.
On sait que Rollon, duc de Neustrie depuis 912, ayant:
abdiqué en 927, son fils Guillaume lui succéda. Celui-ci
employa une dizaine d'années à guerroyer contre les Bre-
tons; puis en 936, le roi Raoul, qu'il avait reconnu pour
suzerain, étant mort, il alla, accompagné de Hugues le
Grand et d'Herbert, comte de Vermandois, recevoir à Bou-
logne, Louis d'Outre-Mer qu ils avaient tait revenir d’Angle-
terre, l’accompagna à Laon et assista à son couronnement.
De 938 à 940, Guillaume fut, à l'instigation de son beau-père
Herbert, tantôt en guerre, tantôt en paix avec le roi Louis;
mais en 942 il se réconcilie avec ce prince, qui se rendit &
Rouen, où il fut reçu magnifiquement. Puis le duc de Nor-
mandie, ayant rétabli la paix entre Louis et Otton, roi
de Germanie, vint à Laon tenir sur les fonts de baptème
le jeune Lothaire. Bientôt après il fut assassiné à Picqui-
1 Rev, num., 1857, p, 338 et 340,
80 MÉMOIRES
gny-sur-Somme, par ordre d’Arnoul, conte de Flandre.
Richard, fils de Guillaume, âgé de huit ou neuf ans, fut
proclamé duc à Rouen. Louis d'Outre-Mer arrive dans cette
ville dont il s'empare, et enlève le jeune duc qu’il emmène
d’abord à Evreux, où il lui fit taire hommage par les gens du
pays; puis il retourne à Rouen, où il gagne l'affection des Nor-
mands en promettant de venger la mort du duc Guillaume,
et il en profite pour conduire Richard à Laon. Cette espèce
de captivité du jeune duc déplaisait fortement à ses com-
patriotes, et en 944, le roi s'étant avancé en Normandie
avec une armée, Rouen fit une tentative de révolte bientôt
suivie d'une soumission complète. Ea lisant les chroni-
ques de Dudon de Saint-Quentin et de Guillaume de Ju-
miéges, on voit que, pendant toute l’année 944, Louis
d'Outre-Mer fit de fréquents séjours à Rouen, et qu'il
croyait avoir attaché les seigneurs normands à son parti.
Cependant Bernard le Danois. gouverneur de la ville et
l'un des tuteurs de Richard, s'était secrètement entendu
avec Harold, roi de Danemark, qui fit une descente sur
les côtes de France; après une tentative d'entrevue qui
aboutit à un combat, Louis fut fait prisonnier par trahison,
et ce ne fut qu'en 946 que ce prince, mis enfin en liberté,
jura, à Saint-Clair-sur-Epte, qu'il cédait et confirmait à
Richard tout ce qui avait été cédé à Rollon, son aïeul. Les
seigneurs normands et bretons vinrent rendre hommage au
jeune duc en qualité de vassaux, et le conduisirent à Rouen, |
dont les habitants l’accueillirent avec acclamations ‘.
1 Dudon de Saint-Quentin, De snorib. Norm., tout le livre III, apud Du-
chesne, Hist. Norm. script, — Guillaume de Jumiéges, Hist, norm., livre IT,
à partir du chap. 10, et livre IV jusqu’au chap. 7, apud Bouquet, Rec. des
hist, de Fr., t. VIIT. — Richer, Histor., lib, If, cap. 35 à 42, et-les obser-
ET DISSERTATIONS. 81
_ On voit, par l'exposé succinct qui vient d’être fait, que
pendant plusieurs années les relations de Louis d’Outre-
Mer avec Rouen furent très-fréquentes, et l’on comprend
facilement que, soit à l'époque où Herloin, comte de Pon-
thieu, gouvernait cette ville au nom du roi, soit lorsque
Bernard le Danois y exerçait le commandement, et s’effor-
çait par des semblants de fidélité de cacher ses menées
hostiles, un assez grand nombre de monnaies aient pu être
fabriquées portant, avec le nom de Louis, quelques restes
du type de Guillaume Longue Épée. Le poids des deniers
découverts à Évreux convient parfaitement au règne de
Louis d'Outre-Mer. Les pièces figurées dans notre plan-
che V, sous les n* 18 à 22, sont des oboles; leur poids
doublé fournirait des deniers de 44,52, 46,30, 48°,24.
Une des deux oboles restées à Évreux, et dont je dois les
empreintes à l’obligeance de M. Alph. Chassant, a pour
légendes : + VVLCVICI IM+0 et XPICTIANA REO; nous
avons là des imitations extrêmement dégénérées du type
de Louis le Débonnaire.
Il y a plus de vingt ans, on a trouvé à Coudres (canton
de Saint-André-la-Marche, département de l'Eure), avec
des deniers de Charles le Simple frappés à Chinon, un
certain nombre de deniers au temple sur quelques-uns
desquels on lit : VLODVVICI SIT, — VLOGVIHNIHI, —
VLODVIHWRH, — VVICVICIS RE. Une de ces pièces porte
une croix cantonnée de deux points dans deux cantons et
de deux groupes de trois points dans les deux autres. Je
comparais deux de ces deniers à celui que Lelewel attribue
à Udalric, évéque d’Augsbourg (923-9738), un contempo-
rain de Louis d’Outre-Mer (Num. du moyen âge, t Il,
vations sur les faits bistoriques de 942 & 946 présentées par Depping, Hist.
des ezpéd. magis. des Normands, édit. de 1844, p. 304 à 315.
1869. — 2. 6
82 MEMOIRES
p. 142). Coudres n'est qu'à 22 kilomètres d’Evreux, et il
est bien permis de considérer les deniers au temple qui y
ont été recueillis comme formant avec ceux qui viennent
d'être retrouvés près de l'abbaye de Saint-Taurin un même
groupe normand appartenant au milieu du x’ siècle '.
On n'oubliera pas que le denier de Richard 1°" au type du
temple porte une croix cantonnée de quatre groupes de
trois points *.
J'ai parlé à diverses reprises du type de Guillaume
Longue Épée, c’est-à-dire de -celui qui se trouve sur le
denier avec les légendes VVILELMVS,—ROTOMALS que j'ai
publié dans la Revue en 1843 (pl. V, n° 1), alors que
cette pièce, conservée au Cabinet des médailles, était en-
core coinplète. M. Poey d'Avant, qui en a donné un
dessin défectueux, la classe à Guillaume d’Hyémes (lisez
d’Exmes) ‘, fils naturel de Richard I‘, qui, en $97, ayant
fait cause commune avec les Francs de la frontière, fut
fait prisonnier et fut incarcéré dans la tour de Rouen ‘.
1 Voy. Not, des monn. franç. de la collect, Rousseau, 1847, p. 138,139 et 207.
2 Rec. num., 1843, pl. V, n° 2 —Le type du temple et de la croix cantonnée
du groupe de trois points s'étend très-loin, au milieu du x° siècle, Voir la
monnaie de Boleslas J, duc de Bohême, frappée à Prague (938.967), publiée
par M. Cappe, Mittheilungen der num. Gesellschaft in Berlin, 2° cahier, 1850,
pl. V, n° 12. On ne peut réellement se faire une juste idée de l'influence du
siècle sur le style des monnaies qu’en comparant des monuments appartenant
à divers points de l’Europe.
* Exmes (Oximus) dans l'évêché de Séez et chef-lieu de canton du dépar-
tement de l'Orne; Uismes dans le Roman de Row (vers 6123).
4 Ce qu'on sait de la rébellion de Guillaume se trouve résumé dans ces vers
de Wace :
La guerre ama e paiz hui,
A cels des marches s’alia,
Li homes Richart guerréia
E meintes feiz le manaca.
. Roman de Row; vers 6132 et shiv , édit. Pluquet, 1827, t. I, p. Sie.
ET DISSERTATIONS. 83
Mais ce Guillaume ne s'était pas fait proclamer duc de
Normandie, mais il n’a jarnais en aucun droit sur Rouen,
et quoique M. Poey d'Avant considère la légende ROTOMALS
comme représentant la Normandie tout entière, je me
garderai bien de me rendre à son avis. D'ailleurs le type
du denier de Guillaume est celui des East Angles de la fin
du 1x* siècle, Eadmund, Ethelstan et Æthelward (855 à
895); on conçoit qu'il fut usité en Normandie au commen-
cement du x° siècle. M. Poeÿ croyait avoir trouvé un ar-
gument dans la citation de deniers de Richard I* avec le
monogramme de Charles, lesquels auraient constitué le
premier type normand. Mais au milieu du x° siècle le mo-
nastére d' York plaçait le monogramme de Charles sur ses
monpaies, et quant aux deniers avec ce même monogramme
attribués à Richard I‘, je dois dire que ce sont des pièces
plus que suspectes. Bien avant qu’on eût tiré de leur type
des conséquences numismatiques, j'avais dissuadé M. Bar-
thélemy Lecarpentier de les faire entrer dans sa belle col-
lection.
Maintenant tenons compte de la nouvelle découverte
d'Évreux. Louis d'Outre-Mer mourut quarante-trois ans
avant la défection de Guillaume, comte d’Exmes, évére-
ment que précéda de dix ans la mort de Louis V. Si les
pièces de Rouen au nom de Louis, qui ne sont certainement
pas émises par Louis VI, présentent, ainsi que cela semble
probable, une légende commençant par un V ou un VV
à limitation des monnaies au nom de VVILELMVS, ces der-
niéres doivent avoir été fabriquées avant 942, ce qui, du
reste, s accorde bien avec la fabrique et le style de l’exem-
plaire appartenant au Cabinet des médailles. Placer cette
pièce en la seconde année du règne de Robert, fils de
Hugues Capet, me paraît chose impossible. D'un autre
84 MÉMOIRES
côté, on ne pourra admettre que les deniers offrant avec
le nom de Louis tous les caractères du style carlovingien,
aient été émis au temps du comte d'Exmes, après 997, et
avec l'intention de rappeler le type d'un seigneur vaincu
par son suzerain et enfermé dans la tour de Rouen. D’ail-
leurs les deniers de la trouvaille pèsent en moyenne
45,35 ', ce qui est inférieur à la moyenne des deniers de
Charles le Simple et conforme à celle du deuxième type
de Raoul, par conséquent tout à fait convenable pour des
monnaies frappées sous Louis d'Outre-Mer.
J'ai autrefuis refusé d'attribuer à ce prince les beaux de-
niers à la légende MARSALLO VICO et METTIS CIVITAS qui
lui avaient été accordés sans aucune apparence de raison.
Le poids moyen de ces pièces est de 15,60, et quelques-
unes d’entre elles montent à 45,70 et 18,75. Je les ai don-
nées au roi de Lorraine, Louis de Saxe (876-882). Le grand
trésor de Glisy, près Amiens, contenait un de ces deniers
frappé à Marsal, et l'on sait que le dépôt était composé de
monnaies de Charles le Chauve et de Louis le Bègue (877-
879). C'était déjà une première confirmation. La décou-
verte de Saint-Taurin d’Evreux, en nous montrant une
certaine masse de monnaies de Louis d'Outre-Mer, permet
d'établir une comparaison qui m'autorise à persévérer dans
l'opinion que j'ai adoptée en 1847 *. Je demande pardon
au lecteur de revenir sur ce point avec insistance ; mais,
après une trés-longue étude des monuments carlovingiens,
il m’est permis de parler avec quelque connaissance de
cause, et jose aflirmer qu il est impossible de confondre
1 J’ai déjà dit que le poids d'un certain nombre de ces deniers se trouve
augmenté par le sulfure; la moyenne de 16,35 est donc évidemment un peu
supérieure au poids normal.
2 Notice de la collection Rousseau, p. 229, n° 565 et 566.
ET DISSERTATIONS. 85
les deniers que j'attribue à Louis de Saxe avec des mon-
naies du milieu du x° siècle. Si l’on veut voir un bel et bon
échantillon de la monnaie de Louis d'Outre-Mer, on le
trouvera dans le denier de Toulouse de la collection Dassy
dont notre Revue a publié la gravure (1868, pl. XIX,
n° 27). Or, en faisant la part de l'influence provinciale,
on ne pourra méconnaitre la liaison qui existe entre le
denier toulousain (942) et ceux qui, fort peu de temps
après, ont été émis à Rouen.
D'un autre côté, les deniers et oboles avec les légendes
VLODVVICI,—VVLOCVICI et le type du temple, renouvelés
sous Louis d'Outre-Mer en raison même du nom de ce
prince, auront dû préparer l'émission des deniers de Ri-
chard qui portent le même type. Il me semble que la trou-
vaille d’Evreux, qui nous fait entrevoir bien des faits nu-
mismatiques, est digne de la plus grande attention.
ADR. DE LONGPÉRIER.
86 MEMOIRES
ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D'AUTRICHE
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES.
(1482 — 1556. )
Dans un précédent Essai sur l'histoire monétaire des
comtes de Flandre de la maison de Bourgogne’, j'ai pris en
quelque sorte l'engagement de soumettre aux lecteurs de
la Revue, la suite de ce travail, concernant la maison d’Au-
triche. C'est cet engagement que je viens remplir aujour-
d’hui. Des circonstances indépendantes de ma volonté
m'ont empêché de donner plus tôt le résultat de mes re-
cherches, qui ont du reste été assez longues. De même que
pour le travail précédent, M. Dewismes a mis à ma dispo-
sition sa riche collection, et en me permettant de prendre
mes dessins sur les beaux exemplaires qu’il possède, il m'a
donné la possibilité d'achever ce que j'avais entrepris. Je
n’eusse certainement pu espérer rencontrer ailleurs une
1 Revue num., 1861, p. 106 et suiv., p. 211 et suiv., p. 458 et suiv. : #bid.,
1362, p. 117 et suiv., p. 351 et suiv., p. 460 et suiv.
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ET DISSERTATIONS. 87
réunion aussi compléte de piéces de premier choix, jointe
à une obligeance aussi parfaite, Je le prie de recevoir ici
l'expression de ma gratitude.
PHILIPPE-LE-Beau (1482-1506).
Peu d’époques, dans l’histoire monétaire des comtes de .
Flandre, présentent une aussi grande variété de types que
celle du règne de Philippe-le-Beau. Les troubles auxquels
donnèrent lieu sa longue minorité, et les révoltes des Fla-
mands contre son père, Maximilien, au sujet de la tutelle,
viennent donner un intérêt tout particulier à cette période,
où chaque parti crut devoir signaler son autorité passa-
gère par l'émission de monnaies. L'histoire monétaire de
cette époque est donc le reflet exact des passions politiques
qui l’agitèrent. Le classement de ces monnaies n’est pas
toujours facile, aussi, croyons-nous qu'il est indispensable
de faire précéder cet essai d’un résumé historique des
événements ,
A la- mort de Marie de Bourgogne, Maximilien voulut
s'emparer de la tutelle de ses enfants et du gouvernement
du pays. Cependant les stipulations de l'acte du 18 août
4h77, dressé sous la surveillance jalouse des Flamands,
étaient formelles. Après la mort d’un des époux, toute l’au-
torité devait passer aux enfants, sans que le survivant pat
prétendre au moindre partage de cette autorité. Le 8 avril
4482, les États de Flandre s’assemblent à Bruges pour s’oc-
cuper des affaires publiques. Maximilien, voulant obtenir
~ la tutelle de ses enfants, fit des promesses et des conces-
1 Ce résumé est extrait de l’excellente Histoire de Flandre de M. Kervyn
de Lettenhove,
88 MEMOIRES
sions; et en effet, le 8 mai suivant, les Etats lui recon-
naissaient le titre de bail et mainbour, mais à la condition
que la Flandre « serait gouvernée soubz le nom de mon-
« seigneur Philippe, par l’advis de ceux de son sang et de
« son conseil estans et ordonnez de lez luy. »
Après la conclusion du traité d’Arras le 10 janvier 1482
(v. st.), Philippe-le-Beau avait été inauguré, à Gand,
comte de Flandre; et aussitét aprés les Etats avaient con-
stitué le gouvernement par le choix de quatre conseillers
qui devaient le diriger au nom du jeune prince, tant que
durerait sa minorité. Maximilien n’osa pas s’y opposer, et
lorsqu'il dut se rendre au siége d'Utrecht, ce ne fut qu'a-
près avoir conclu avec les seigneurs de Beveren, de la Gru-
thuise et Jean de Witte, bourgmestre de Bruges, un ac-
cord par lequel il confirmait, moyennant une pension de
2h,000 écus, l'autorité déférée aux conseillers par les
États (5 juin 1483).
Après la capitulation d’Utrecht, Maximilien déclara qu’il
révoquait les pouvoirs donnés précédemment. Les con-
seillers de Philippe protestèrent le 15 octobre 1483 et
déniérent à l’archiduc d’Autriche ‘ tout droit de mainbour-
nie, et l’accusérent d'avoir pris illégalement le titre et les
armes du comté de Flandre. Le 28 octobre suivant, Maxi-
milien répondit par un mémoire à cette protestation, en
retournant les accusations contre ses adversaires. Je ne
suivrai pas ces contestations dans tous leurs détails, ils
sont inutiles pour l’objet que j'ai en vue. Constatons seule-
ment que Bruges et Gand, siéges des deux ateliers moné-
taires de la Flandre, restaient aux mains des communes
qui ne reconnaissaient pas l'autorité de l'archiduc. Le
4 C'était le titre que prenait Maximilien, ou plutôt qu’on lui donnait.
— -- > SO a De en pe
ET DISSERTATIONS. 89
49 mai 1484, le grand Bâtard de Bourgogne vint à Bruges,
chargé par le roi Charles VIII de tâcher de rétablir la
paix.
Cependant ni les négociations niles conférences ne purent
aboutir. Maximilien répétait qu'il saurait bien, malgré les
rebelles de Gand, recouvrer la tutelle de son fils, et il
ne resta aux communes flamandes qu’à s'assurer l’al-
liance du roi de France, ce qui eut lieu par le traité signé
le 25 octobre 1484. .
Les hostilités commencèrent de part et d'autre. Maxi-
milien, pour obtenir la neutralité de ceux de Bruges et du
Franc (il n’en voulait alors qu’à Gand), négocia avec les
échevins un traité où l'on inséra la condition que tout se
ferait au nom de Philippe-le-Beau et que lui, Maximilien, se-
rait tenu de jurer d'entretenir, garder et observer les
droits, prééminence et seigneurie de Monseigneur le duc Phi-
lippe. |
Après la retraite du seigneur de Crévecceur qui, envoyé
à Gand par Charles VIII et appelé par les habitants, s’était
vu forcé de quitter cette ville en butte aux hostilités
sourdes provenant de l’antipathie des Gantois contre les
Français, Maximilien rentre à Bruges le 24 juin 1485 et se
fait reconnaître comme mainbour. Le traité définitif avec
les Gantois et autres révoltés fut passé le 28 du même
mois. Maximilien y était aussi reconnu comme mainbour
de la personne de son fils et du comté de Flandre :.
À peine la paix faite que les troubles éclatent de nou-
veau à Gand par la maladresse de Maximilien, qui intro- :
duit dans la ville plus de soldats qu'il n'était convenu.
1 Maximilien déclare dans ce traité qu’il recoit en grâce les habitants de
la Flandre, voulant mettre ainsi fin aux troubles qui, à propos de la main-
bournie, désolaient le pays depuis la mort de Marie de Bourgogne.
90 MÉMOIRES
Cependant l’archiduc d'Autriche s'était fait élire roi des
Romains à Francfort, le 16 février 1485 (v. st.). Espérant
que ce nouveau titre lui rendrait l'appui de l'Empire, i
reprend les hostilités avec la France. Après avoir remporté
quelques succès, il se trouve obligé de se retirer en im-
plorant le secours des villes de ses États.
Eo 4487, Maximilien, qui avait épuisé son trésor pour
faire triompher la cause du prétendant d'Angleterre, mis
en avant par Marguerite d'York (Lambert Simnel), se re-
tire en Brabant. Non content d’altérer les monnaies’, il
écrit aux États de Flandre pour réclamer des subsides. Les
États refusent de contrevenir au traité d’Arras et de faire
la guerre à la France. Bientôt après, les discussions avec
les Gantois se renouvellent. 1ls se révoltent ouvertement,
marchant contre Anvers, Courtrai et Bruxelles. Ils s'em-
parent de Courtrai le 9 janvier 4487 (v. st.). Pendant ce
temps Maximilien était à Bruges, essayant encore de trai-
ter avec les révoltés. Le 24 janvier, ses députés revien-
pent et apportent les griefs des habitants de Gand. Le roi
des Romains refuse d’y satisfaire, et enfermé dans Bruges,
il tâche d'en faire approcher une armée pour marcher
contre les Flamands. Mais ses intentions, découvertes par
les Brugeois, achévent de les indisposer contre lui, et peu
de temps après, Maximilien se voit retenu prisonnier dans
Bruges. Le 5 février, le Craenenburg lui est assigné pour
résidence. Les Brugeols se réunissent aux Gantois et
le feu de la révolte se répand de nouveau dans toutes les
- Flandres.
En se révoltant ouvertement contre le roi des Romains
1 En exhaussant leur valeur, comme nous le verrons plus loin, et non
en changeant le titre.
ET DISSERTATIONS. 91
et avant de s'emparer de l'autorité souveraine, les Fla-
mands avaient eu soin de s'assurer l'appui du suzerain
du pays. Sur leur demande, dès le 17 janvier, Charles VIII
avait autorisé le magistrat de Gand à battre monnaie d'or
et d'argent, au nom de Philippe-le-Beau. La charte fut pu-
bliée à Bruges le 13 février suivant, ainsi que d'autres
concernant le maintien des droits de suzeraineté du roi de
France, et le soutien des communes flamandes.
À la suite de ces circonstances, une autre résidence
avait été assignée à Maximilien. En s’y rendant, après avoir
harangué les métiers réunis sur la place, il put entendre,
ajoute l'historien que nous analysons, « les acclamations
du peuple auquel les magistrats faisaient faire, en signe
d’allégresse, une distribution de la nouvelle monnaie d’ar-
gent portant les mots: æqua libertas Deo grata.»
Cependant Maximilien négociait toujours avec les ré-
voltés et leur renouvelait ses promesses. L'assemblée des
Etats généraux de toutes les provinces est convoquée a
Gand le 9 avril 1488, et dans cette réunion, on finit par
conclure un traité au terme duquel le roi des Romains re-
nonce à être mainbour du comté de Flandre et consent à
ce que ledit comté, pendant la minorité de son fils, soit
régi et gouverné sous son nom, par l'avis et le consente-
ment des trois États du pays*. Il renonceen même temps
à porter les armes et le titre de comte de Flandre (16 mai
4488). Maximilien jura, sur la place du marché, l’obser-
vation dudit traité, ajoutant que dans le cas où il l’en-
1 En considération de cette renonciation, les trois membres de Flandre
payeront annuellement au roi des Romains, pendant la minorité de l’archiduc,
1000 livres de gros à 40 gros la livre annuellement; de son côté, le roi des
Romains renonce à tous les arriérés d'anciens subsides ou aides qui lui
seraient fus.
92 MÉMOIRES
freindrait, il déchargeait ceux de Flandre du serment qu’ils
lui avaient fait comme mainbour.
L’archiduc sortit de Bruges le cœur ulcéré. Les humilia-
tions que lui avaient fait subir les révoltés n'étaient pas
de nature à rendre stable la paix qu'ils lui avaient imposée.
Aussi trois jours après, le 19 mai, il fait connaître, par
un manifeste aux provinces flamandes, qu'il était résolu à
ne pas tenir les conditions de ladite paix’. Philippe de
Clèves, qui figurait parmi les otages donnés par Maximi-
lien pour le maintien du traité, proteste contre sa dé-
loyauté. Philippe de Bourgogne, site de Beveren, et le sire
de Chantereine suivent son exemple, et le parti des com-
munes de Flandre se reconstitue. Maximilien invoque le
secours de l’empereur ; mais celui-ci étant obligé de s'é-
loigner et Charles VIII soutenant les communes flamandes,
il se trouve forcé de se retirer en Zélande au commence-
ment d'août.
Il est inutile, pour le sujet que nous avons en vue, de
suivre toutes les péripéties de cette guerre que Maximilien
ne soutint que grâce au secours de l'Angleterre. Un pre-
mier succès pour lui fut le traité de Francfort (19 juillet
4489) par lequel il se réconciliait avec le roi de France.
En même temps, le roi des Romains était réintégré comme
mainbour de Flandre; les magistrats des villes de Gand,
Bruges et Ypres devaient aller lui demander pardon,
1 11 faut bien peu connaître le cœur humain pour s'étonner du manque de
foi de Maximilien. Abreuvé d’humiliations comme il l'avait été, il devait
briler de se venger. Aussi ne nous expliquons-nous pas que M. C. À. Ser-
rure trouve ce fait extraordinaire, Tout en blamant le roi des Romains, dont
nous reconnaissons que la conduite était peu loyale, nous sommes forcé de
ne pas nous en étonner, Voir, au surplus, l’article précité de M. Serrure,
intitulé : Beknopte scheis eener geschiedenis van het muniicezen in Vlaenderen, pu-
blié dans le Studenten-Almanak de Gund, année 1855. |
ET DISSERTATIONS. 93
vêtus de noir. Une somme de 50,000 livres tournois lui
serait payée pour congédier les soldats allemands.
Les difficultés recommencèrent pour le payement de
cette amende. Philippe de Cléves s était retiré au château
de l’Écluse, en hostilité avec Maximilien. Ypres se soumit
d’abord ; Gand vint ensuite, puis Bruges, contraint de céder
devant la famine, les communications étant interceptées
par le comte de Nassau. La soumission de Gand ne fut que
momentanée ; bientôt de nouveaux désordres y éclatent.
Maximilien obtient de nouveau l'appui de l'Angleterre. Les
Flamands espéraient celui de la France, mais Charles VIII,
occupé de mener à bonne fin son mariage avec Anne de
Bretagne, ne donne point le secours promis, et les révol-
tés se trouvent réduits a leurs propres forces. Enfin, le
parti de la paix l'emporte, et les principaux opposants
périssent par la main du bourreau (16 juin 1492). Le
29 juillet suivant les Gantois se décident à traiter.
Philippe de Cléves seul ne se soumettait pas. Renfermé
dans le château de l’Écluse, il représentait que Maximilien
lui avait fait jurer que s'il violait la paix, lui, Philippe,
devait soutenir les Flamands, et qu'il croyait avoir rempli
son serment. Le siége fut mis devant l’Écluse, et le feu
ayant pris aux poudres des assiégés, Philippe fut obligé
de capituler, et obtint une paix honorable. |
Par cette capitulation, les troubles de Flandre étaient
terminés, et le roi des Romains était enfin en paisible pos-
session du titre qu'il avait tant ambitionné, celui de main-
bour du pays de Flandre, qu'il gouverna au nom de son
fils. Il n’en jouit pas longtemps; car, le 26 décembre 1494,
Philippe-le-Beau, âgé de seize ans, fut reconnu majeur,
et prit le gouvernement du comté. Il épousa Jeanne d’A-
ragon, héritière de Castille, le 18 octobre 1496. |
94 MÉMOIRES
Le reflet des cvénements que nous venons de rappeler
se reconnaît sur les monnaies émises par les divers partis
qui se trouvèrent successivement au pouvoir, mais qui
adininistraient tous au nom de Philippe-le-Beau, le véri-
table souverain de la Flandre. Les deux périodes distinctes
auxquelles se rapportent ces monnaies peuvent être étu-
diées séparément. J'ai cru devoir en conséquence effectuer
la division dans le travail qui va suivre.
PH:LIPPE-LE-BEAU; MINORITÉ (1482-1494).
Contrairement à l'opinion des auteurs qui ont écrit avant
moi, et notamment de M. J. Rouyer', je pense qu'après
la mort de Marie de Bourgogne, Maximilien fit frapper des
monnaies tant en son nom qu'au nom de son fils. Remar-
quons en effet que le 3 mai 1482, les Etats de Flandre le
reconnaissaient pour bail et mainbour, et que cela dura
jusque vers le milieu de 1483, où il dénia l'autorité com-
mise par lesdits Etats aux membres du conseil de tutelle
établi par eux. Pendant cette période, il put facilement
user des droits souverains que lui donnait cette qualité,
tout en cherchant à sortir du cercle restreint dans lequel
la jalousie des Flamands l'avait renfermé. Quelles étaient
ces monnaies? Une pièce du 40 juillet 4482 * va nous aider
à les trouver. Gette pièce est un ordre des trois membres
de Flandre, assemblés à Gand, au maître particulier de la
monnaie, Colart Bunqueteur, fils de Marc, contenant que
contrairement aux prescriptions de l'instruction du 5 dé-
1 Recherches sur la numismatique du comté de Flandre, considérée dans les
Monnaies noires, par M; J. Rouyer, Revue numismatique, années 1848 et 1849.
? En flamand, au registre aux mémoires côté M 24, fol. 97 v° (Chambre
des comptes de Lille ).
ET DISSERTATIONS. 95
cembre 1480, touchant le droit de seigneurage par marc
d'argent, lequel était de 7 gros 6 mites, ledit droit ne de-
vait plus étre désormais que 3 gros 6 mites '; le surplus de
A gros étant réservé pour étre donné aux marchands, afin,
y est-il dit, qu’ils soient plus attachés au profit du seigneur,
et engagés à porter leurs matières d'argent à la monnaie
qui en manquait, de manière que le bail commencé puisse
être tenu en état conformément aux leltres et aux instruc-
tions précitées. I] en résulte que l'instruction de 1480 con-
tinua à être en vigueur. Nous devons donc retrouver la
même série de pièces que sous Marie de Bourgogne ?,
Les mêmes types furent-ils conservés ? La chose n'était
pas indispensable, puisqu'il fallait graver de nouveaux
coins. Bien que la série relative au Brabant nous montre
un gros à |'M avec la date de 1482, et la légende : Moneta
archiducum, etc., je pense que Maximilien évita de faire
la même chose pour la Flandre, où il avait éprouvé des
difficultés qu'il n'avait pas rencontrées dans le sein des
autres États relativement à sa désignation comme bail et
mainbour. Les gros à l’M, frappés pour la Flandre, portant
en légende Mazimilianus et Philippus, ne peuvent, par
conséquent, suivant moi, être attribués à cette première
période. Je crois donc qu’il faut admettre que le père de
Philippe-le-Beau écarta en cette circonstance tout ce qui
aurait été de nature à élever dès le principe un conflit qu’il
avait intérêt à éviter, La légende générale, Moneta archi-
1 Cette réduction est faite dans le coiupte du maître particulier, du 18
juillet 1482 au 17 mars 1483 (v. st.).
? Voici la série des dernières monnaies de Marie de Bourgogne : Florin
d'or ét demi-florin au Saint-André; double patard d’argent aux deux lions
assis; patard ou double gros au lion tenant un écu; gros à 1’M; demi-gros 4
PM; gigot ou quart de gros au même type; courte ou double mite.
96 MEMOIRES
ducum, elc., ne contenant aucuue indication personnelle
lui parut vraisemblablement la plus propre à empêcher
tout conflit sous ce rapport.
Nous ne possédons pas toutes les monnaies frappées dans
cette période. Le compte du maitre particulier cité ci-
dessus, ne mentionne pas d'ailleurs le demi-florin, le demi
et le quart de gros, qui n'ont par conséquent pas été
frappés; mais le floria d'or au Saint-André, qui l’a été, n'a
pas encore été retrouvé.
Le bail de la monnaie accordé à Nicolas le Bunqueteur'
en 1480, expirait le 5 décembre 1483. Il fut prorogé de trois
mois, sur l'avis du conseil de régence, qui était alors rep-
tré dans la plénitude des attributions souveraines que lui
avaient conférées les États de Flandre. C'est ce que nous
fait connaître une note indiquant que l'ouverture des
boîtes, qui devait avoir lieu le 5 décembre, serait égale-
ment prorogée.
A l'expiration de ce nouveau délai, nous trouvons une
instruction, en date du 4 avril 1484 après Pâques, donnée
par le grand conseil de régence, résidant à Gand *. Elle
contient les dispositions suivantes :
4° Le maitre particulier fera faire le florin de Flandre de
la manière qu'on le fit dernièrement à Gand, à 19 carats,
nobles Henricus d'Angleterre comptés pour fin, alliés de
A carats d'argent, et À carat de cuivre, de 72 de taille au
marc de Troyes, au remède d'un grain et demi en aloi et
1 Le même que Culart Bunqueteur cité plus haut.
? La commission de maître particulier donnée, au nom de Phiiippe d’Au-
triche, duc de Bourgogne, comte de Flandre, etc., à maître Jean Clays, en
remplacement de Nicolas le Bunqueteur, démissionnaire par suite d’expira-
tion de bail, est du 28 avril 1484. L’instruction est rédigée en flamand; je
n’en donne qu'une traduction.
ET DISSERTATIONS. 97
d'un demi-noble en poids par marc d'œuvre. Lesdits deniers
seront ouvrés beaux et ronds et d’égale taille, en sorte
que le plus léger ne pèsera pas un asquin moins que le
poids, et que le plus fort ne pésera pas plus d’un asquin
au delà dudit poids, au remède de trois forts et trois fai-
bles, lesdits trois faibles pesant trois huitièmes de freling
de moins, et lesdits trois forts, trois huitièmes de freling de
plus, sans autre remède. Le prix du marc d’or à donner au
marchand sera 88 1. 5s. de gros, et celui du marc d’aloi
5 1. 44s. de gros. Le droit de seigneurage est 28 gros
18 mites par marc. Ledit florin courra pour 5 sous de gros.
- 2°Le maître fera ouvrer un denier d’argentappelé double
patard à 10 deniers argent le roi, et de 80en taille au marc,
au remède d'un grain en aloi et d'un demi-denier en poids
sur chaque marc d'œuvre; il les fera faire beaux, ronds et
de méme taille, en sorte que le plus fort ne pése pas
plus d'un huitième de ferlinc plus gue le poids nor-
mal, et que le plus faible ne soit pas de la méme quantité
inférieur audit poids, au reméde de quatre forts et quatre
faibles, en sorte que les quatre forts peuvent avoir un demi-
ferlinc plus que le poids, et les quatre faibles, un demi-
ferlinc en moins. Il payera au marchand 38 s. 9 d. de gros
de chaque marc d'argent. Le double patard courra pour
5 gros. |
3° Un autre denier d'argent sera fait à 5 deniers ar-
gent le roi, et de 80 en taille au marc, les remèdes en poids
et en aloi étant les mêmes que pour les précédents. Le
marchand recevra 38 s. 4 d. de gros par marc. Ce denier,
appelé simple patard, vaudra 2 gros 12 mites.
he Le gros de Flandre sera à 3 deniers trois grains ar-
gent le roi et de 134 en taille au marc. Le maître pourra
prendre de remède un grain en aloi, et deux desdits deniers
1869, — 2. 7
#8 MÉMOIRES
en poids par marc d'œuvre. La tolérance sera de un quart
de ferline au-dessus ou au-dessous du poids normal pour
chaque pièce, mais seulement au remède de six forts et de
six faibles, qui ne devront pas peser les premiers plus d'un
ferline et demi en plus, et les seconds plus d'un ferline et
demi en moins. De chaque marc argent le roi, le maître fera
2 1.1 s. 11 deniers gros de ladite monnaie.
5° L'on fera aussi un denier de 12 mites à 2 deniers
46 grains argent le roi et de 220 en taille au marc, aux re-
mèdes de un grain en aloi et de 5 deniers en poids par
chaque marc d'œuvre. Dans un marc argent le roi on
fabriquera 2 1. 2 s. 4 d. 12 mites gros desdits de-
niers.
6° Un denier valant 6 mites sera forgé également. Il
sera à À denier 48 grains argent le roi, et de 306 au marc,
au remède d’un grain en aloi et de dix desdits deniers en
poids par marc d'œuvre. D'un marc argent le roi on fabri-
quera 2 1. 3 s. 8 d. 15 mites gros en deniers de six
mites.
7° Le maître fera faire un denier noir valant quatre mi-
tes, qui tiendra dix grains argent le roi, et sera de 438 de
taille au marc. Il pourra prendre de remède un grain en
aloi, et 8 deniers en poids. De chaque marc argent le roi,
il fera en deniers de quatre mites 55 s, 2 d. 9 mites
gros.
8° Le denier noir, appelé courte et valant 2 mites,
tiendra six grains argent le roi, et sera de 186 au marc,
au reméde de un grain en aloi et de douze desdits deniers
en poids par marc d'œuvre.
ge Enfin l’on émettra aussi un denier noir valant une
mite tenant 4 grains argent le roi et de 308 au marc, au
remède d’un grain en aloi et de seize desdits deniers en
oo . _ c ~ _ — —_ a ——
ET DISSERTATIONS. 99
poids. De chaque marc argent le roi, on fera en mites 3 |.
47 s. gros.
Le prix du marc d'argent pour toutes les monnaies à
partir du gros est fixé à 38 s. 4 d.
Le maitre sera tenu de payer au comte de Flandre tous
les remèdes qu’il aura pris en poids et en aloi, et de lui
donner pour droit de seigneurage, par chaque marc d'ar-
gent monnayé, 4 gros une mite et demie.
Pour la premiére fois, nous rem?rquons la fixation de la
proportion qui devait exister entre le nombre des monnaies
de chaque espéce émises par le maitre particulier. Cette
précaution était prise afin que le menu peuple se trouvât suf-
fisamment fourni de la petite monnaie, et aussi afin qu'on
n’en délivrât pas une trop grande quantité à la fois. “Cette
jroportion est la suivante : Pour 100 marcs de patards, on
fera 50 marcs de gros; 10 marcs d'argent seront employés
en deniers de 12 mites, et 5 marcs en deniers de 6 mites,
jusqu'à ce qu'il en soit ordonné autrement.
Le conseil de régence, dans cette instruction, conti-
nuait le système monétaire en usage. Cependant quelques
mod.fications se font jour. Elles sont pourtant plus appa-
rentes que réelles pour la plupart des monnaies. Ainsi la
pièce de 12 mites n’est autre que le demi-gros et celle de
5 mites que le quart de gros; mais la véritable innovation
est la pièce de 4 mites, que l’on -n’avait pas encore vue et
qui fait ici son apparition dans le système flamand. Nous
la retrouverons fréquemment plus tard.
Sur les monnaies de cette émission, nous devons nous
atiendre à retrouver la trace des préoccupations politiques.
Le nom de Philippe-le-Beau apparaît seul ; c’était lui qui,
aux yeux des populations, était le véritable souverain de la
Flandre. Mais, coutrairement à l'opinion des auteurs qui
100 MÉMOIRES
n'ont précédé, je pense que les seigneurs qui compo-
saient le conseil de régence durent conserver à ce prince,
sur les monnaies, son titre d’archiduc, qu’on retrouve dans
les titres écrits et sur les pièces émises, même au moment
le plus fort de la révolte par les communes flamandes.
Nous verrons d'ailleurs plus loin, à la description des mon-
naies qui nous sont parvenues, quelles sont les pièces que je
crois pouvoir attribuer à cette période.
Un peu plus d’un an après la rédaction de l'instruction
précédente, le conseil de régence était renversé, et Maxi-
milien était reconnu par le traité du 28 juin 4485 main-
bour de la personne de son fils et du comté de Flandre. Un
des premiers actes de l’archiduc fut de transporter à
Brugé l'atelier monétaire de Gand. Une lettre du 8 août
de cette année, adresse aux gens de la chambre des
comptes, leur enjoignait de faire porter 4 Bruges toutes les
‘choses appartenant à la monnaie de Gand et de les déli-
vrer à Pieter de Waelhem, maître particulier, afin qu'il
pôt travailler immédiatement. Les monnaies à forger se-
raient conformes à celles renseignées dans les instructions
données pour Malines et la Hollande. On devait y faire des
doubles et simples patards, et des quarts de patards aux
armes du prince *. La chambre des comptes devait pour-
voir provisoirement à la nomination des autres officiers de
ladite monnaie.
A cette lettre était jointe, ainsi qu'il était annoncé, la
copie de l'instruction servant à Ja monnaie de Malines. J'en
1 Voy. M. Rouyer, op. cit.
? Le maitre particulier étant du Brabant, l’archiduc lui accorde de dé-
poser sa caution entre les mains des gens des comptes de Bruxelles. Les let-
tres de caution sont du 12 août 1485 : elles sont pour la somme de 600 livres
de gros.
* =o i a eel —— ~
a
_—_
et
ET DISSERTATIONS. 404
reproduis ci-après les articles concernant Ja fabrication des
espèces !.
« Premièrement est ordonné par mondit seigneur estre
« fait ung denier à dix deniers argent le roy, de six solz
« huit deniers de taille au marc de Troyes, qui aura cours
« pour six gros de Flandres au reméde de ung grain en
« alloy et de ung demi diceulx deniers en poix sur le marc
« deuvre. Lesquelz deniers il fera ouvrer beaulx et ronds
« de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera tail-
« lié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort à
« un quart de fellin plus fort que le droit, au reméde de
« quatre fors et de quatre foibles, qui pourront estre plus
« foibles, lesdis quatre foibles ung fellin et non plus et
« lesdis quatre fors ung fellin, sans quelconque autre re-
« méde de fort ne de foible, de quoy lon donra aux mar-
« chands du marc dargent le Roy quarante-cinq solz gros,
« dont mondit seigneur prendra pour son seigneuraige,
« vingt-quatre groz, ledit denier compté pour six gros, de
« chacun marc argent le Roy.
« Item, ung autre denier à cing deniers argent le roy, de
« six solz huit diceulx deniers de taille audit marc de
« Troyes, qui aura cours pour trois gros de Flandres au re- |
« méde de ung grain en aloy et de ung demy diceulx deniers
« en poix sur chacun marc deuvre. Lesquelz deniers il fera
« ouvrer beaulx et ronds et taillier de bon recours, cest as-
« savoir que le foible sera taillié & ung quart de fellin prés
« du droit et le plus fort sera taillié à ung quart de felin
« plus fort que le droit, au reméde de quatre fors et de
« quatre foibles comme devant. De quoy lon donra aux
3 L’instruction est donnée au nom de Munsetgneur le duc d’Austrice, de
Bourgoingne, du Brabant, etc., et elle est signée Mazimilianus.
402 MEMOIRES
« marchans de chascnn marc argent leroy quarante- quatre
« solz six deniers gros, et mondit seigneur prendra pour
« son droit de scigneuraige vingt-quatre gros comme des-
« sus de chascun marc argent le roy. »
« Et si est encore ordonné par mondit seigneur estre fait
«ung aultre denier à quatre deniers argent le roy, ayant
«cours pour uog gros et demy flandres, de dix solz unze
«deniers au marc de taille, au reméde dung grain en aloy
a et de deux diceulx deniers en poix sur chascun marc
« deuvre; lequel denier il fera ouvrer bel et rond et tail-
a lier de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera
« taillié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort
« sera taillié à ung quart de fellin plus fort que le droit,
« au remède de six fors et de six foibles, qui pourront
« estre plus foibles, les six foibles, ung fellin et demy et
« non plus et lesdis six fors ung fellin et demy sans quel-
« conque autre remède de fort ne de foible ; et donra ledit
« maitre au marchant du marc argent le roy, quarante
« quatre solz six deniers, et mondit seigneur aura pour
«son seigneuraige de chacun marc argent le roy comme
« des autres deux parties, assavoir vingt-quatre gros. »
Les monnaies qui ont été frappées en vertu de cette ins-
truction me paraissent devoir être celles au type du vier-
lander avec la légende Moneta archiducum, etc. Au reste le
compte du maître particulier nous apprend qu'on ne forgea
que les pièces de six gros et d’un gros et demi. Un fait
qui frappe en lisant la pièce précédente, c'est l’augmenta-
tion énorme de valeur attribuée aux espèces. Elles sont
d'un aloi et quelquefois d'un poids inférieur à celles de
Charles-le-Téméraire, et cependant elles sont évaluées un
tiers en sus.
Peu de temps après la translation de l'atelier monétaire
= - Le ” | 7 7 °
em —
un
ET DISSERTATIONS, 403
a Bruges, le 6 novembre de Ja méme année, parut une or-
donnance au nom des archiducs, fixant la valeur des mon-
naies ayant cours, et devant n'avoir d'effet qu'à partir du
2h décembre suivant’. Elle prohibe complétement les flo-
-rins d Utrecht, le postulat de Liége, ainsi que les monnaies
blanches de ces deux villes.. Elle ajoute, en ce qui concerne
les deniers d'argent que l'on fabriquait alors, qu'ils cesse-
ront d'être forgés à partir de la veille de Noël. A cette
époque, on reprendra la fabrication des florins à la croix
de Saint-André, «de mesnic pois et alloy que par cy de-
«vant ils ont esté forgiez, » des doubles et simples pa-
tards et des gros aux lions. Les marchands devaient rece-
voir, pour les matières d'or et d'argent, le prix fixé par les
ordonnances, lorsque le florin fut évalué à cinq sous de
gros, les doubles patards à deux lions, à cinq gros, le
simple à deux gros et demi et le gros à l'avenant.
Cette ordonnance vient à l'appui de ce que j'ai dit ci-
dessus, des types adoptés à la suite du transfert de l’ate-
lier monétaire à Bruges, puisqu'on y mentionne que les
nouvelles monnaies devront être au type du lion, comme
celle de la princesse Marie et les dernières de Charles-le-
Téméraire. Une autre conséquence à tirer, c'est qu'une
1 Les monnaies flamandes sont évaluées ainsi qu'il suit, savoir : Parmi les
monnaies d’or, le florin à la croix de Saint-André, 5s, de gros; les lyons,
7 8.6 d, ; les Ryders, 6 8. 4.; les nobles de Flandre, 128.; et, parmi les mon-
naies d'argent, les doubles patards Philippus et Karolus, 5 gros et demi; les
simples, 2 gros 18 mites; les doubles patards Karolus et Maria, 5 gros; les
simples, 2 gros et demi ; et tous les gros faits alors devront coriserver la va-
leur d’un gros. L'augmentation de valeur se fait surtout remarquer, ainsi
qu’on le voit, sur les monnaics d’argent supérieures au gros.
Il est prescrit aussi aux changeurs d’avoir une cisaille sur leur banc, ex-
posée publiquement, afin de couper immédiatement les pièces reconnues pour
billon qui leur seraient présentées.
404 MÉMOIRES
partie des monnaies avec la légende Moneta archidu-
cum, etc., doit être attribuée à cette époque. Peut-être doit -
on lui donner surtout celles où les noms de Maximilien et
Philippe sont inscrits.
L'émission de ces monnaies dut être trés-courte; Maxi-
milien ayant été élu roi des Romains le 16 février 4485
(v. st.), il devait avoir hâte de faire figurer ce nouveau
titre sur son numéraire. Aussi trouvons-nous, à la date du
21 du méme mois, une instruction relative à la fabrication
des monnaies pendant l'année 1486 *, dont voici les prin-
cipaux passages :
« Premièrement les maîtres particuliers de la monnoie
« feront ouvrer les flourins de Buurgoingoe, tel que parci-
« devant, en la manière quy sensuit : assavoir à xIx caras
« noble d'Engleterre Hendricus comptéz pour fin, alyéz de
a quatre. caras dargent fin et ung carat de cuivre, de six solz
« au marc de taille, dont lesguille est alyé au mesme aloy,
« au remède d'un grain et demy en aloy, et demy esterlin
«en poiz sur chascun marc deuvre; lesquelz deniers ilz
« feront ouvrer beaux et ronds et tailliéz de bon recours,
« cest assavoir que le plus feble sera taillié à ung asquin
« près du droit, et le plus fort à un asquin plus fort que
« le droit, au remède de trois fors et de trois febles, lesdis
« trois febles à trois vin de ferlin et les trois fors à trois
« viu* de ferlin, sans quelconques autres remede de fors
« ne de febles. »
« Item, lesdis maistres donront aux marchans de leur
« marc dor, tel que dessus, uu'* vi! v* dempiranche,
1 L’instruction avait été rédigée dans la Chambre des monnaies à Bruges,
par Gérard Loyet, maître général de toutes les monnaies, et Philippe Van
den Berghe, maître général de celles de Flandre. Les maitres particuliers
étaient Pietre de Waelhem et Mahieu de Tilli.
ET DISSERTATIONS. 105
« et si leur donront de chascun marc daloy v' xx1111° dicte
« monnoiye dempiranche. »
Les maîtres payeront au profit du comte tous les remèdes
qu’ils auront pris en poids et en aloi, et 2 sous A deniers
48 mites gros pour droit de seigneurage.
a Item, lesdis maîtres feront ouvrer un denier blanc
« nommé double patart, à dix deniers argent le roi, et de
« six solz vid. au marc de taille, au remède d’un grain
« en aloy et dun demy diceulx deniers en poiz sur le marc
« deuvre, lequel denier ils feront ouvrer bel et rond et
« taillié de bon recours, cest assavoir que le plus feble
« sera taillié à ung huytiesme de ferlin, près du droit, et
« le plus fort à un huitiesme de ferlin plus fort que le
« droit, au remède de quatre fors et quatre febles qui pour-
« ront estre plus febles lesdits quatre febles demy ferlin
a et non plus, et lesdis quatre fours demy ferlin, sans quel-
« concque autre remède de fort ne de feble, et donront
« lesdis maistres aux marchans de leur marc dargent le
« roi, XXVIL solz 1x d. gros à compter ledit denier pour
« CINnCq gros. »
« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier blanc
« nommé patart à cincq deniers argent le roi et de vi solz
« Vili d. au marc de taille, au remède d’un grain en aloy
«et d’un demy diceulx deniers en poix pour le marc
« deuvre, lequel denier sera ouvré bel et rond et taillié de
« bon recours.» Le reste est exactement la même chose que
pour le double patard, mais le prix du marc d'argent à
donner aux marchands serait 38 s. 4 d. de gros. Le dit de-
nier devant courir pour deux gros et demi.
« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier
« blanc nommé gros, à trois deniers quatre grains de loy
« argent le roy, et de dix solz x1 d. au marc de taille au
4068 MÉMOIRES
« remède d'un grain en aloy et deux diceulx demesne
« poiz sur chacun marc deuvre, lequel denier 11 feront «
« vrer bel et rond et taillié de bon recours, cest assavot
« que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin prs
« du droit et le plus fort sera taillié à ung quart ferlp
« plus fort que le droit, au remède de six fors et dest
« febles, qui pourront estre plus febles lesdis six febles
a ung ferlin et demy et non plus, et lesdis six fors um
aferlin et demy, sans quelconcques autre remède 2
«de fors ne de febles, et donront lesdis maistres au
« marchans de leur marc d'argent le roy Je prix qu
« dessus, »
a Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier
« blanc nommé demy gros à deux deniers xvi graius de loy
« argent le roy, et dix huyt solz six deniers de taille pour
« chacun marc, au remède dun grain en aloy et de but
« diceulx deniers en poiz sur chacun marc deuvre, lequel
« denier il feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re-
« cours, cest assavoir que le plus fèble sera taillié à ung
« quart de ferlin près du droit, et le plus fort sera taillié à
« ung quart de ferlin plus fort que le droit, au remède de
«huyt fors et de huyt fèbles, qui pourront estre plus
u febles, lesdits huyt fébles demy esterlin, sans quelqu
« autre remède, et donront lesdis maistres aux marchans,
a dun marc dargent le roy, au pris que dessus. »
« Item, les maistres feront ouvrer ung autre denier blanc
a nommé gigot à ung denier xx greins de loy argent le
«roy et de xxvi solz de taille au marc, au remède dun
« grein en aloy et de dix diceulx deniers en poiz, lequel
« denier ilz feront ouvrer bel et rond et donront aux
« marchans de leurs marcs dargent le roy, le prix que
« dessus. » |
ET DISSERTATIONS. 407
« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en
« valeur de quatre mittes de Flandres, à dix greins de loy
« argent le roy et de x1 solz v deniers de taille pour cha-
« cun marc deuvre, au remède d'un grain en aloy et de
« huyt diceulx deniers en poiz; lequel denier ilz feront
« ouvrer bel et rond et taillier de bon recours, et donront
« aux marchans, de leur marc dargent le roy, le pris
« comme dessus. »
« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en
« valeur de deux mittes de Flandres, à six grains de loy,
« et de xvi solz deux deniers de taille au marc, en reméde
« dun grain en aloy et de x1 diceulx deniers en poiz, lequel
« denier ilz feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re-
« cours; il donront aux marchans de leurs marcs dargent
« le roy, le pris comme dessus. »
Les maîtres doivent payer au comte tous les remèdes
qu’ils prendront en poids et en aloi, et 5 gros 6 mites par
marc d'argent monnayé pour droit de seigneurage.
Les monnaies émises en vertu de cette instruction sont
estimées moins haut que dans celle du 8 août 1485, et ce-
pendant l’aloi et la taille sont les mêmes. Nonobstant cette
réduction dans leur évaluation, le roi de France Charles VIII,
par ses lettres en date du 26 mars 1486 (v. st.), juge con-
venable de décrier certaines monnaies blanches appelées
Mazximiens, faites en Flandre par le duc Maximilien d Au-
triche pour six deniers parisis, tandis qu'elles n’en valent
que trois. Il ordonne en conséquence de les cisailler et de
les porter aux hôtels de monnaies. Il est évident que cette
mesure était prise dans des vues hostiles à l’archiduc, au
moment où ses démélés avec les communes flamandes, bien
qu'apaisés momentanément, n'étaient pas complétement
408 MEMOIRES
terminés. Pour être rationnelle, la même prohibition eut
dû comprendre les anciens deniers de Flandre, dont la va-
leur avait été si fortement élevée par l'ordonnance de 1485
et non pas seulement jes nouvelles monnaies.
La fabrication de ces dernières ne fut du reste pas de
longue durée. Le 20 avril 1487, Maximilien rend une or-
donnance, tant en son nom qu'en celui de Philippe-le-Beau,
par laquelle il prescrit la mise en circulation de tout un
nouveau système de monnaies. Rompant franchement avec
le passé, il crée non-seulement de nouveaux types, mais
encore assigne aux dites monnaies des valeurs compléte-
ment en désaccord avec celles en usage, en conservant
toutefois l’unité monétaire de Flandre, le gros. C’est à cette
ordonnance que nous devons, en fait de monnaies d’or, le
* grand réal d’Autriche, magnifique pièce, où l’on sent déjà
le faire des artistes de la renaissance, et parmi les mon-
paies d'argent, le grand réal d'argent, le double et le
simple griffon, dont le type et les légendes sont si singu-
liers. L'instruction délivrée au maître particulier le 4 mai
suivant, et que je transcris textuellement, nous fera con-
paître plus en détail les monnaies dont il s’agit ‘.
« Premièrement, le maistre particulier fera forgier un de-
« nier à xx karas dor fin appelé Réal, qui aura cours
« pour xx1v réaulx dargent, telz que le Roy nostre sire fera
1 Cette instruction reproduit la description des pièces insérée dans l'or-
donnance précitée. L’intitulé porte qu’elle est délivrée au maître particulier
de la monnaie de Flandre. Le bail fut passé pour trois ans en faveur de Ber-
nard Warneveke. Mais il paraît probable qu'il jugea convenable de ne pas
le garder, car nous trouvons, par une autre mention, que le maître parti-
culier fut Ambroise Diergarde, et que la fabrication des monnaies avait lieu
à Bruges. Ce maître particulier prête serment le 3 mai 1487, et fournit une
caution de 200 livres de gros.
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m=" . - ue —_—
ET DISSERTATIONS. 409
« présentement forgier, lequel réal dor fin à ce pris se fera
« à lavenant du double patart, icellui compté pour v gros
« et demy, et (vaudra?) mx vi patars de deux gros, mon-
« noye de Flandre, et tiendra xxiv karas dor fin, au re-
« mède de deux grains dor fin sur chacun marc deuvre, et
« par ainsi sera ledit réal aussi bon que ung noble dor
« Henricus, forgié en Engleterre, et en poix xvi diceulx
« deniers au marc de Troyes, au reméde dun demy ester-
« linc sur le marc dor; lequel denier ledit maistre fera
a ouvrer bel et rond et de bon poix, et pourra avoir ung
« légier et ung fort sur chacun marc, assavoir que le lé-
« gier pourra peser un aeskin prés du droit et ung fort
« ung aeskin plus fort que le droit, sans aucun aultre re-
« méde en poix ne en aloy. »
« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier de fin
« or appellé noble de Bourgoingne, qui aura cours pour
« douze réaulx dargent monnoye dite et tiendra xxiv karas
« dor, au remède de deux grains comme dessus et de xxx1v
« deniers en taille au marc, au reméde dun demy esterlin
« sur le marc deuvre. Lequel denier il fera faire bel et
« rond et de bon poix, et pourra avoir de remède deux
« fors et deux foibles sur chacun marc; assavoir que cha-
« cun fort pourra peser ung aeskin plus fort que le droit,
« et le plus foible ung aeskin prés du droit, sans aucun
« autre remède nen poix nen aloy. »
« Item, ledit maistre fera ouvrer ung autre denier dor
« appelé florin de Bourgoingue dor fin, qui aura cours pour
« six réaulx dargent, monnoye dessusdite, à xxIv karas, au
« remède de deux grains comme dessus, et de v* vin“ de
« taille au marc de Troyes, au remède dun demy esterlin sur
« le marc deuvre, lequel denier il fera ouvrer bel et rond et
« de bon pois au remède de trois fors et de trois foibles,
110 MÉMOIRES
a assavoir que chacun fort pourra peser ung aeskin plus
« fort que le droit et le légier à ang aeskin près du droit,
« Sans autre remède en poix ne en aloy. »
« Item, ledit maistre donnera aux marchands et chan-
« geurs de chacun marc dor fin à xxiv karas, Lx vir livres
« YIS. vid. dempirance chacun desdits florins comptés
« pour une livre dempirance revalué chacun florin à vir. s.
« 1x. den. monnoye de Flandres, et rabatra ledit maistre aux
« marchans sur chacun marc de Nobles Henricus, Salus,
« Ducas, florins de Hongerie, riders et semblables deniers
« VIS, viii d. dempirance, ainsi demeure pour seignouraige
«et ouvraige xi. s. 1. d. dempirance. »
« Item, ledit maistre donra aux marchans et chan-
« geurs de chacun marc daloy, m livres dempirance net,
a car en ce est rabatu le sallaire que ledit maistre doit avoir
« pour son droit de cyinentaige. »
« Ledit maistre fera forgier ung denier dargent fin ap-
« pellé Réal dargent, dont les xxiv vauldront ung réal dor,
« et seront à onze deniers quatre grains dargent fin en aloy
«et de xxxv deniers en taille au marc de Troyes, à deux
« grains de reméde en aloy et de ung estrelin en pois sur
« chacun marc deuvre ; lequel denier il fera forgier bel et
« rond et de bon poix, au reméde de deux fors et de deux
« foibles, assavoir que chacun fort pourra peser ung deus-
« kin plus fort que le droit et les foibles chacun ung
« deuskin prés du droit, sans autre reméde nen poix nen
« aloy. n
« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dargent
« fin appellé Double Griffon dont les xtvm« vauldront ung
« réal dor, et seront à onze deniers 1111 grains dargent finen
« aloy et de v. s. x. d. en taille au marc de Troyes à deux
—- ne
ET DISSERTATIONS. ALA
« grains de reméde en aloy, et dun demi diceulx deniers en
« taille sur chacun marc deuvre; lequel denier il fera faire
« bel et rond et de bon poix, au remède de trois fors et de
« trois foibles sur chacun marc deuvre, assavoir chacun
« des foibles à ung deuskin près du droit et les trois fors à
« ung deuskin plus fort que le droit, sans autre reméde en
« poix nen aloy. » :
« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dar-
« gent fin appellé sengle Griffon, dont les 1111** et xvi vaul-
« dront ung réal dor et seront 4x1. d. ust gr. dargent et de
« XI. s. vit. d. de taille au marc de Troyes, lequel denier
« il fera faire bel et rond et de bon poix, et pourra avoir de
« remède vi fors et six foibles sur chacun marc deuvre,
a assavoir que chacun fort pourra peser a ung deuskin
« plus fort que le droit, et chacun foible ung deuskin près
« du droit, sans autre reméde en poix nen aloy. »
« Item, ledit maistre fera forgier un autre denier dur,
« dont les six vauldront ung sengle griffon à deux deniers
« douze grains daloy dargent fin, et de xvi. s. vi. d. de
« taille au marc de Troyes à deux gr. fin de remède en
«aloy et de vii diceulx deniers de taille au marc de
« Troyes (sic), lequel denier il fera faire bel et rond et de
«bon poix, et pourra avoir de remède huit fors et huit
«foibles sur chacun marc deuvre, assavoir que chacun
«fort pourra peser à ung deuskin plus fort que le droit, et
« chacun foible à un deuskin près du droit, sans autre
« remède en poix ne en aloy. »
« Item, ledit maître fera encore forgier ung autre denier
« dur dont les douze vauldront ung sengle griffon, et sera
«al. d. xu.'gr. en aloy dargent fin et de xxx. s. Iv. d.
« de taille au marc de Troyes, à 11 gr. fin de remède en aloy
«et de douze diceulx deniers en poix sur le marc deuvre,
112 MÉMOIRES
« lequel denier il fera faire bel et rond et de poix égal,
« sans prendre aucun autre remède en poix ne en aloy. »
« Item, ledit maître fera ouvrer ung autre denier dur
« dont les xx1v vauldront ung sengle griffon etseront à ung
« denier douze grains dargent fin et de xt. 8. de taille au
« marc de Troyes, à deux grains de remède en aloy et de
« xvi diceulx deniers en pois sur chacun marc deuvre, le-
« quel denier il fera faire bel et rond et de bon poix et
« égal sans prendre aucun autre remède en poix ne en
«aloy. »
Le prix du marc d'argent fin à donner aux marchands
est fixé à 44 simples griffons et demi, ce qui équivaut à
46. 1. 8. d. de gros’.
Cette instruction renferme en outre quelques prescrip-
tions qui sont la reproduction de celles contenues dans
l'ordonnance du 20 avril 1487 qui l’a précédée, et que je
crois également utile de faire connaître. La première est
relative à la proportion qui doit exister entre le nombre
des diverses monnaies émises par l'atelier de Bruges. « Le-
1 Voici encore quelques autres mesures comprises dans l'instruction :
« Item, toute dure matière au dessoubz de vid. daloy dargent fin qui sera
« délivré à la monnoye sera convertie en telz deniers que la matière le re-
« querra, et se lon avoit a faire de plus petits deniers ledit maistre en fera
« par l'ordonnance du gouverneur et généraulx maistre, gardes et contre-
« gardes. »
Quant sux bas billons qui seront apportés, si les marchands veulent être
payés en deniers d'argent fin, ils donneront pour affinage, savoir : de l'argent
à 6 deniers, 6 gros du marc; à 7 deniers, 5 gros; à 8 deniers, 4 gros; à 9 de-
niers, 3 gros, et rien de l’argent à 10 deniers.
Les remèdes en poids et en sloi seront au profit du roi sans que le mattre
puisse y rien prétendre.
Le fnaître ne pourra fermer la monnaie faute d’ouvrage; mais il devra tou-
jours y maintenir le nombre de personnes suffisant pour recevoir les matières
qu’on y apporterait. |
ee een — ee ee ee gee | ee ee "0
ET DISSERTATIONS. 413
« dit maistre sera tenu de faire forgier de chacun vingt
« marcs dor, ung marc de royaulx dor et deux marcs de
« nobles de Bourgoingne et les autres dix-sept marcs en
« fin florins de Bourgoingne, se ce n’estoit que par lesdits
«gouverneurs et généraulx maistres lui fut ordonné
« de forgier plus desdits royaulx ou nobles, pour la com-
« modité et à la requeste desdits marchans, ce qui en
ace cas il pourra faire... . ..,...,......
ess ee + es Item, Gra faire de chacun cent marc
‘a dargent, qui lui seront délivrés, dix marcs de royaulx,
« vingt marcs de doubles griffons et les autres soixante dix
« marcs en sengles griffons se ce nestoit que par les gou-
« verneurs et généraulx maistres, lui fust ordonné de for-
« gier plus desdis grands deniers pour la commodité et
« requeste desdits marchans, ce que en ce cas il pourra
« faire. » Le roi des Romains ordonne aussi, pour parer
aux fraudes que commettent les maîtres particuliers, que
désormais la ferme des monnaies se baillera au plus offrant
et dernier enchérisseur, et que, dans je cas où l’on recon-
naitrait qu’il y a eu des fraudes commises, le maître par-
ticulier sera puni par la confiscalion de son corps pour en
faire la justice du chaudron.
L’ordonnance évalue aussi les monnaies dont le cours
est autorisé en Flandre. Cette évaluation, faite en gros,
n'étant pas donnée par l'instruction ci-dessus, pour les
nouvelles monnaies, je crois utile de la transcrire :
«. . . Le royal d’or à cent quaire vingt six patars qui
« revient à trente et 1 solz gros, monnoye de Flandres; le
« noble de Bourgoingne à quatre vingt treize patars valant
« dix-sept sols neuf deniers gros. . . . . les florins à la
« croix de Saint-Andrieu, à trente-trois patars . . . . le
« réal d'argent à quinze gros et demy, les doubles griffons
1869, — 2. 8
414 MEMULRES
« à sept gros dix huit mittes, le sengle griffon, trois gros
« vingt et une mittes, le petit dur denier appelé le denier
« du roy, dont les six vauldront ung sengle griffon, les de-
« miz deniers du roy, dont les douze vauldront ung sengle
« griffon, et le quart dont les vingt quatre vaudront ung
ssengle griffon, . . . . »
Ladite ordonnance ajoute que les deniers d’or ayant
cours seront reçus quand ils auront leur poids et non au-
trement. La valeur des monnaies anciennes inférieures au
gros, et des monnaies noires forgées dans les quatre mon-
naies des Etats des archiducs, devaient conserver lear an-
cienne valeur.
Louis Deschamps DE Pas.
(Sera continué.)
ET DISSERTATIONS. , 445
EXAMEN DE DIVERSES MONNAIES ITALIENNES
ATTRIBUEES
A MADEMOISELLE DE MONTPENSIER.
Dans son ouvrage intitulé Monnaies féodales de France,
M. Poey d'Avant, qui n’admet pas ordinairement la des-
cription des monnaies étrangères imitées des pièces fran-
çaises, a fait cependant de rares exceptions pour quelques
deniers romains ‘ et pour la série des douzièmes d’écu ou
oftavetti copiés en Italie d'après ceux qu'avait fait fabriquer
à Trévoux Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston
d'Orléans. Nous ne discuterons pas cette fantaisie, mais nous
ferons remarquer qu'outre les luigini donnés comme étant
émis par des ateliers étrangers (n°* 5254 à5267), cet auteur
introduit dans son catalogue une vingtaine de pièces qui
ne représentent pas réellement la princesse de Dombes,
comme sa classification donnerait lieu de le croire, et
comme il le dit d'ailleurs en propres termes.
Il est quelques-unes de ces monnaies dont l’origine est
1 Voy. t. IIL, pl. CXXXIX, n° 1 à 6, les deniers romains frappés à l’imi-
tation de la monnaie provinoise. D’autres monnaies imitant les deniers de
Bretagne, de Bourgogne, etc., et fahriqués dans l'Europe septentrionale,
ont été passées sous silence. Elles mériteraient cependant une mention, car
la barbarie de leurs légendes embarrasse quelquefois les collectionneurs, et
tout le monde ne sait pas le secret de leur origine.
116 | MÉMOIRES
sans doute encore difficile à déterminer; mais ce n’est pas
une raison pour les faire entrer dans la série française,
et, de plus, il serait bon de les publier d’une façon plus
correcte, ou de fournir au lecteur quelques explications
qui ne lui seraient pas inutiles.
Prenons, par exemple, les n° 5248 et 5249.
4° ARETH.PROL.AILANTI (sic). Buste de femme, à
droite.
®. HESPERIDVM DECVS. Écu couronné, chargé de
trois tiges d’oranger simulant des fleurs de lis. Dans le
champ, 1668. — Douziéme d’écu. Collection Morin-Pons
(aujourd'hui médaillier de la ville de Lyon).
2° Variété avec PRO.ATLANT. — Douziéme d’écu. Col-
lection Nogent Saint-Laurent.
« Que dire, ajoute M. Poey d'Avant, de ces singulières
pièces dont les légendes bizarres sont quelquefois intra-
duisibles ? » (T. III, p. 414.)
Nous ignorons, à la vérité, quelles sont spécialement
les monnaies qui ont inspiré cette opinion à l’auteur des
Monnaies féodales. La façon dont les légendes de quel-
ques-unes sont transcrites par lui pouvait contribuer à
faire naître certaines difficultés; mais encore n'y a-t-il
pas là un obstacle bien sérieux.
Quant aux deux pièces de 5 sols après la description des-
quelles M. Poey d'Avant a inséré sa remarque ou sa ques-
tion, leur légende n’est pas fort embarrassante.
Si, par exemple, on consent à lire avec nous : Arethusa
proles Atlantis, Hesperidum decus, il sera facile de faire
accorder ce texte si clair et si court avec le type composé
de trois tiges d'oranger.
Aréthuse est une des nymphes Hespérides. Fille d’ Atlas
et de sa nièce Hespéris, fille d’Hespérus, elle était une
ET DISSERTATIONS. 417
des sept sœurs dont Diodore de Sicile a dit: « Elles fu-
rent appelées Atlantides à cause de leur père, et Hespé-
rides à cause de leur mère, && ard pèv tod natpd¢ Athaveldac,
xd & cig untpds Horapidac dvoprzebiva:*. » Diodore ne nomme
pas Aréthuse, il est vrai, dans ce passage; mais cette
nymphe est citée par Apollodore *. Le xvii‘ siècle savait
parfaitement tout cela *.
Nous n'avons pas besoin de rappeler que, comme tout
beau verger africain, le jardin des Hespérides renfermait
de superbes orangers dont Hercule déroba les pommes
d’or. À ces fruits célèbres s'appliquent encore ces mots :
HESPERIDVM DECVS. Mais les jardins des Alpes-Mari-
times et de la Ligurie sont aussi trés-fournis d’orangers,
et c'est dans cette contrée que nous pouvons chercher
l’origine de lAréthuse représentée sur les pièces de
5 sols‘. Mademoiselle de Montpensier n'a rien à pré-
tendre en cette affaire.
Les légendes LILIA SPINAS QVIS DICET (n° 5245) et
IN SPINES (sic) CERVLEA FLORENT (n° 5237) rappellent
Maria Maddalena Malaspina, femme du marquis de Fos-
dinovo. Comment est-il possible que uous trouvions les
monnaies qui les portent parmi celles de Trévoux ?
Nous savons, du reste, par un document publié en 1859
dans un ouvrage de M. Agostino Olivieri, que la légende
1 Diod. Sic., lib. II, c. zx, 2, et lib. IV, ce. xxwvas, 1, 2.
2 Bibliotheca, lib. II, v, 11, édit. de Westermann, 1843, p. 60.
3 Lorsqu'on veut se faire une idée des ressources que le public avait à
cette époque pour connaître les particularités de la mythologie, même sans
faire des recherches dans les auteurs originaux, il faut lire les ouvrages de
Noël Conti (Natalis Comes), et de Bachet de Meziriac qui étaient alors dans
toutes les mains,
* Au xvil* siècle, les familles italiennes faisaient encore usage d’une foule
de noms antiques, tels que Polyxène, Zénobie, Artémise, Livie, etc.
118 MÉMOIRES
SIMVL TVTANTVR ET ORNANT (Poey d'Avant, n° 5236)
était attribuée à l'atelier de Torriglia par ordre d’Yolande
Lomellina, princesse Doria, tout comme la légende
SANCTAE SIT TRIAD] LAVS devait être adoptée par l'a-
telier de Loano *.
Un ottavetto de Jean André Doria (1665) porte au revers
DEVS PROTECTOR MEVS; un autre d’Yolande Lomellina
(1666), PVLCHRA VIRTVTIS IMAGO du côté de la téte; alors
donc que nous trouvons au milieu des monnaies attribuées
à Mademoiselle, une pièce de même valeur offrant les lé-
gendes HÆC EST PALANTIS IMAG et DEVS MEVS ET
REDEMPTOR, 1668, nous voyons bien qu'il s'agit encore
là d’un produit de quelque zecca italienne, d’autant plus
que la lettre C placée sous l’écu ne saurait être prise pour
le différent de l’atelier de Trévoux ; mais conviendrait fort
bien, tout comme la date, à celui de Campi dans le val de
la Trebbia *.
Sous le n° 5267, l’auteur des Monnaies féodales décrit
la pièce que voici :
IVL.M.S.R.I.PRINC.SOVV.DOM. Tête de femme.
à. MELLIBAT.EX.LILIIS. Écu couronné, 4669. — Dou-
zième d'écu. Pl. CXIX, n° 10. « À qui appartient ce
douzième d’écu (ajoute M. Poey d'Avant) dont la légende
semble indiquer un prince allemand? » (P. 417.)
Mellibat est un mot latin que M. Poey d'Avant paraît
avoir rangé, non sans raison, parmi les intraduisibles. Il
1 Monete medaglie e sigilli dei principi Doria, p. 66 et 73; documents datés
de.1665 et 1666.
2 Agost. Olivieri, Monete ¢ sigilli dei principi Centurioni-Scotti, Gènes, 1862,
p. 2l et suiv. A la page 27, M. Olivieri déclare qu’il n’avait pu retrouver quel _
était le type des otfaretti fahriqnés à Campi par Joan et Laurent Massaure,
d'Avignon.
ET DISSERTATIONS. 419
était cependant parfaitement libre de couper la légende
comme bon lui semblait, puisqu'elle ne contient pas les
points qu'il y a introduits tout à fait arbitrairement. Mel
libat ex liliis paraîtra probablement plus facile à com-
prendre. Quant au prince allemand, on se demande par
suite de quelle préoccupation il a pu être amené dans
cette série monétaire tout à fait italo-française.
Il est impossible de ne pas rapprocher la légende que
porte le luigino qui vient d’être cité de celle qui entoure,
sur de belles pièces d'or et d’argent, les bustes de Jean
Baptiste I Centurione, marquis de Campi, et de sa femme
Julie Spinola (1668), 10. BAPT. CENTVRIO. ET.IVL.M.MAR.
CAMP.ET.SAC.ROM.IMP.PRINCIPES, et il devient alors
aisé de lire sur la pièce de 5 sols: Iulia marchionisa,
sacri romani imperû princeps, sovvrana domina. Je ne puis
pas demander au lecteur de me croire sur parole si je lui
dis que cette transcription m'avait été suggérée par la
premiére lecture que jai faite du trés-bon mémoire de
M. Ag. Olivieri, intitulé : Monete, sigilli dei principi Cen-
turioni-Scotti, Génes, 1862 ; mais je suis heureux de pou-
voir indiquer l’explication fournie par le même savant,
deux ans plus tard, en 4864, dans la Rivista della numis-
matica, p. 59. Peu importe que mes notes soient restées,
avec beaucoup d’autres, dans mes cartons; l'essentiel est
que la vérité apparaisse. La transcription que j'ai donnée
diffère à peine, du reste, de celle qu’a imprimée M. Oli-
vieri. J'ai écrit marchionisa et non Maria parce que ce
dernier nom ne figure pas dans les tables généaologiques
publiées par M. Olivieri lui-même, et j'ai complété SOVV.
DOM., mots qui certainement ont été tracés pour imiter le
titre de souveraine de Dombes, mais qui ont un sens ita-
lien, qui ne peuvent pas avoir été gravés pour n’étre pas
4,20 MEMOIRES
lus. Je ne sais pourquoi M. Olivieri les abandonne. En
parlant des luigini d’' Yolande Lomellina, princesse Doria, il
refuse à deux reprises différentes d’expliquer une légende
qui n’offre pourtant rien d’extraordinaire.
DON. VI.LO.PRINCI.S.VED.D. ( Donna Violante Lomel-
lina, principessa sovrana, vedova Doria). « Cet S., disait-
il en 1859, n'a pas de sens et n'admet pas d'explica-
tion’. » « Légende en grande partie inexplicable,» ajoute-
t-il en 1864 *, André III Doria, mort en 1654, avait épousé
Yolande Lomellina en 1652, et l’ottavetto porte la date
de 1665. Ce titre de sovrana faisait partie de limitation
des pièces de 5 sols de Mademoiselle. M. Poey d'Avant,
qui a reproduit la monnaie d’ Yolande d'après M. Olivieri,
n’a pas pu combler la petite lacune dont s'est effrayé son
prédécesseur. Ce même numismatiste a cru devoir donner
dans ses Monnaies féodales de France la description des
ottavetii de Fosdinovo ; mais il s’est borné à copier le tra-
vail de M. Mantellier, et il a négligé de consulter Viani
(Memorie della famiglia Cybo e delle monete di Massa di
Lunigiana, 1808, in-h°), ce qui l'a privé de connaître la
variété la plus importante, le luigino à la légende M.MAD.
MAL.MAR.SOVV.DI.FOSD., 1667 ( Maria Maddalena Ma-
laspina marchesana sovurana di Fosdinovo) (tab. XIV,
n° 4), pièce dont la légende est décisive. Il en existe an
bon exemplaire au Cabinet des médailles de la Biblio-
thèque impériale °. |
1 Monete, etc., dei principt Doria, p. 36.
2 Rivista della numismatica, Asti, 1864, t. 1, p. 59,
3 Cette dame était marquise de Ponsanello et de Marciaso (MARCHION.
PONSAN.ET.MARC.), et non pas de Ponzano et de Montemarcello, Voir à
ce sujet les observations de M. A. Remedi, dans le Bullettino di numismatica
italiana, anno II, 1867, p. 4.
ET DISSERTATIONS. 494
Sous le n° 5231, M. Poey d'Avant donne la description
suivante :
AN.MA.LIV.COM.PALAT.SOVV.DOM. Tête à droite.
_ À. DNS.ILLVMINAT.ET.SALVS.MEA. Écu couronné,
4658 ; à l'exergue, A. Collection Norblin. (PI. CXVIIT, n° 43.)
Si l'on recourt à la planche indiquée, on trouve MAR.
LIV.COMPA.LAT.SOW.DOM. Ainsi, d’abord, la planche et
la description ne sont pas conformes, Mais M. Poey d’ Avant
renvoie à la monographie de M. Mantellier à laquelle il
paraît avoir emprunté son dessin, Or, à l’endroit cité,
dans la pl. XI, n° 3, de ce dernier ouvrage, on trouve un
luigino portant MAR.LIV.COM.PA. LAT.SOW.DOM. La leçon
AN.MA.LIV. est donc purement imaginaire, et nous n’a-
vons pas à nous en occuper. M. Poey d Avant repousse la
traduction Marie Louise Julienne, comtesse palatine, pro-
posée par M. Mantellier; mais il croit que «le mot LIV.
n’est pas autre chose que le nom de Louise» (p. 412), et
{a encore il se trompe tout à fait. Comment n'a-t-il pas
été mis sur la voie par la légende de l'oftavetto qu'il dé-
crit sous le n° 5234 ?
LIV.MA.PRI.SP.COM.T.SOW.DOM (1666), évidemment
Livia marchionisa, princeps Spinula, comitissa Tassaroli,
sovvrana domina.
Philippe, fils de Maximilien Spinola et d’Yolande Spi-
nola, né en 1606, inscrit au livre d’or en 1628, mort
en 1688, avait épousé Livia Centurione Oltramarini, fille
d'Adam Centurione. Il était comte de Tassarolo, et nous
connaissons la monnaie qu'il frappait à son propre nom
en cette qualité. Le T inscrit au-dessous de l’écu sur la
pièce de la collection Morin est l'indice de Tassarolo.
L’ ottavetto ou luigino de 1658 porte la légende Marchio-
nisa Livia, comitissa palatina, sovvrana domina. Cela est
122 MÉMOIRES
fort naturel, puisque sur sa monnaie de 1637 Philippe,
époux de Livie, prend le titre de comte palatin : PHILIPPVS.
SP.D.G.COM.PAL; de même que sur ses belles monnaies
de 1606 Agostino Spinola est nommé : AVGVS.SPIN.COM.
PALATINVS, et sur une pièce d’or de 1642 : AVGustinus SPi-
nula, COMes PALatinus Sacri Romani Imperii '. On doit se
garder de confondre ces comtes palatins d'Italie avec les
électeurs de la Pfalz du Rhin. Il n’y a là ni intention iro-
nique, ni allusion à des projets de mariage de Mademoi-
selle de Montpensier avec un palatin de Neubourg. I faut
bien se dire, une fois pour toutes, que ces légendes : Hanc
Asia mircem querit. — De procul pretium ejus. — Partes
voluptali orientalium dicatz, etc. , se rapportent uniquement
à l'engouement que les ottavetti avaient fait naître en
Orient, et au commerce considérable qni s'en suivait. Il n'y
a rien de satirique à y chercher.
On pourrait peut-être, si l’on savait définitivement dans
quel atelier a été fabriquée la pièce n° 5240, trouver dans
la légende HÆC EST PALANTIS IMAGo, non pas seulement
le nom de Pallas, mais une allusion au titre de palatine.
Vers le milieu du xvii‘ siècle une nasale s’est introduite dans
ce dernier mot, et l’on a écrit conte palentin et pallentin *.
Nous ne savons si cette singulière orthographe fut adoptée
en Italie, et nous n’insistons pas sur ce sujet. Palantis de
1668 n’est peut-être qu'une imitation de Virtutis de 1666.
L’enchevétrement de copies produit par la fabrication des
otlavetti doit toujours être pris en considération.
1 Agostino Olivieri, Monete ¢ medaglie degli Spinola, Gênes, 1860, pl. V,
n° 5; pl. IV, n° 2, 3; pl. II, n™ 2, 4,
2 Voir à ce sujet le Journal de Jean Bauchez, greffier de Plappeville (1551-
1651), publié par MM. Ch. Abel et E, de Bouteiiler, Metz, 1868, p. 1, 278
279, |
ET DISSERTATIONS. 423
Sous les n** 5238 et 5246, M. Poey d'Avant classe, tou-
jours parmi les monnaies portant l’efligie de Mademoiselle,
deux pièces de 5 sols au revers desquelles on lit BONITATIS.
VNC.QVATVOR et BONITATIS VNCIARVM.QVINQ, c’est-a-
dire accusant un titre de quatre et de cing douzièmes d’ar-
gent fin. Or c’est là de la fausse monnaie s'il en fut jamais,
et la responsabilité d’une pareille fabrication doit être
laissée tout entière aux copistes sans vergogne qui contre-
faisaient les monnaies françaises en dehors de nos fron-
tières. L'attribution de ces pièces à l'atelier de Trévoux
pourrait donner lieu à des assertions calomnieuses. Nous
ne devons pas oublier que nous préparons des documents
pour les historiens.
Enfin, sous les n°’ 5262 et 5265, l’auteur des Monnaies
féodales a reproduit les fautes d’impressions échappées à
M. Mantellier décrivant deux luigini de Fosdinovo, à savoir:
M.MADAL.MAI (au lieu de MAL qu'offre bien réellement la
pièce de la Bibliothèque impériale), et MARC.FOSD., leçon
à laquelle M. Poey d'Avant croyait si bien, qu'au numéro
suivant (5266) il indique une variété avec MARCH, appar-
tenant au Musée de Saint-Omer. M. Poey d'Avant, censé
avoir étudié attentivement notre collection publique, et
attester l'existence de tel ou tel monument relevé par lui,
n’a fait, en somme, que compiler les ouvrages de ses de-
vanciers, et il ne faudrait pas s'appuyer sur son témoi-
gnage pour réclamer des monnaies qui n’ont jamais existé.
J'en conclus que tout son chapitre sur la numismatique de
Mademoiselle de Montpensier est à refaire d’un bout à
l'autre.
AD. DE LONGPERIER.
Se cm. que made que we - enue
42h MEMOIRES
LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPERIER
SUR
LES MONNAIES DE L'ABBAYE DE DISENTIS
DANS LE CANION DES GRISONS EN SUISSE.
Monsieur, la découverte d’une monnaie inédite, surtout
lorsqu'elle émane d'un prince dont aucun monument nu-
mismatique n'était connu jusqu'alors, est toujours un petit
événement qui fait époque dans nos études. Une trouvaille
faite aux environs de Mayence, il y a quelques années, mais
qui malheureusement, comme cela arrive presque toujours,
est tombée entre les mains d'un marchand qui en a dispersé
les pièces, contenait une monnaie du plus haut intérêt pour
Ja numismatique du canton dont je m'occupe spécialement
depuis plusieurs années. Cette nouvelle acquisition m'a
engagé à passer en revue tout ce que nous possédons pour
Disentis, localité à laquelle elle appartient. La rareté des
monnaies de cette abbaye, et l'importance qu'il y a à com-
ET DISSERTATIONS. 425
pléter la liste des personnages qui ont joui du droit de
battre monnaie, me font supposer que le sujet, quoique
étranger à la France, ne manquera pas cependant d’inté-
resser les numismatistes de votre pays. Si je ne me suis pas
trompé à cet égard, je vous prie, monsieur, de vouloir bien
faire à mon petit travail l'honneur de l'insérer dans votre
Revue.
Commençons par un apérçu succinct de l’histoire des
origines de l’abbaye. Les historiens en font remonter la
fondation au commencement du vil* siècle de l’ère chré-
_ tienne, et l’attribuent à Sigebert, missionnaire irlandais,
venu du monastère de Bangor’, où l'abbé Camogall avait
attiré trois mille moines, dont l’un, nommé Luanus, fonda à
lui seul ceut autres monastères”.
Vers la fin du vi* siècle, Columbanus le jeune quitta le
monastère de Bangor, et se rendit sur le continent avec
douze disciples et compagnons au nombre desquels se trou-
vaient Gallus, fondateur de l'abbaye de Saint-Gall, et Sige-
bert qui, après de longs voyages se dirigea enfin vers la
Rétie, où il arriva en 614, dans le pays des Ætuates, dont
le nom s'est conservé sous la forme Tavetsch, adoptée
aujourd'hui dans la contrée. Là, il entreprit la conversion
des païens. Un noble rétien nommé, Placidus, lui céda un
coin de terrre pour y établir un couvent. Victor, comte de
Coire, jaloux de ce don, fit mettre Placidus à mort; mais
peu de temps après, ce comte s'étant noyé par accident, sa
mort fut considérée comme l'effet d’un jugement de Dieu. ©
Ses fils, dont l’un nommé Thello était évêque de Coire, pour
1 Bangor est dans le comté de Down; il y avait en Angleterre, dans le pays
de Galles (comté de Caernarvon), un autre monastère qui portait le même
nom.
? Nagel, Geschichte des Klosters Si. Gallen.
126 MÉMOIRES
sauver l'âme de leur père, restitutrent à Sigebert le don
que lui avait fait Placidus, et lui prètèrent leur assistance.
Telle fut l'origine de l'abbaye de Disentis, dont on fait
dé:iver le nom de Desrrlinensis, l'abbaye du désert; c’est
du moins l'opinion de Guler de Weineck, auteur d'une His-
toire de la Rétie publiée en 1616 et dédiée à Louis XIII.
Le sceau de l'abbé actuel porte la légende : GALLUS Il
ABBAS MONS:DESERT:0.S.B. (ordinis sancti Benedicti) *.
Suivant Haller, l'abbaye prétend avoir obtenu le privi-
lége de frapper monnaie de l'empereur Frédéric III en
1466°.
Chrétien de Castelberg fut nommé prince du Saint-Em-
pire par l’empereur Maximilien II qui, en 1574, renouvela
en faveur de l'abbaye le droit de battre monnaie.
Jusqu'à présent, on ne connaissait aucune monpaie
frappée par cet abbé. La trouvaille de Mayence vient de
nous en fournir une. Ce petit monument, si intéressant
malgré son exiguité, m’a éé communiqué par M. Jules
Isenbeck, de Wiesbaden, qui a eu l'extrêine obligeance de
me le céder avec un désintéressement que je me fais un
devoir de signaler en lui en témoignant publiquement ma
vive reconnaissance. Un siècle et demi plus tard, l'abbé
Gallus de Florin frappa des pfennings qui étaient inconnus
il y a quelques années, et dont je trouvai dans la belle
collection de Lohner à Thoune un exemplaire que j'ai pu-
blié dans le Journal numismatique de Weissensee, 1867,
n° 7.
1 Ou peut noter que Disenberg (dans le diocèse de Mayence) se nommait
Disibodi-Mons, et tirait son nom de celui de saint Disibod, évêque irlandais,
venu près du Rhin au vni° siècle pour y propager le christianisme. Suivant
le géographe Baudrand, au xvii* siècle Disentis se nommait Discentium,
2 Beschreib, Schweizer. Manz., t. II, p. 373,
ET DISSERTATIONS. 427
Le troisième et dernier abbé qui exerça le droit de battre
monnaie fut Marianus de Castelberg qui, en 1729, émit des
creutzers dont on connaît maintenant plusieurs variétés.
Peu de temps après, la fabrication de eette petite monnaie,
qui est d'une rareté si grande qu'on la paye jusqu'à 45 fr.,
le comte Thomas de Schauenstein, craignant la concur-
rence, porta plainte à l’empereur et fit retirer à l’abbaye
l'ancien privilége dont elle avait été en possession depuis
plusieurs siècles'. Passons à la description des monnaies
si peu nombreuses que nous avons retrouvées.
Chrétien de Castelberg (1566 à 1584).
Pfenning d'argent uniface un peu concave. Armes écar-
telées de l’abbaye et de la famille de son supérieur, dans
un écu de forme espagnole; aux premier et dernier quar-
tiers, la croix de Saint-André pour l'abbaye; aux second
et troisième, une tête de pélican, armes de Castelberg. Au-
dessus de l’écu, la lettre C initiale du nom de baptéme
de l’abbé; le tout dans un cercle de perles. Diamètre, |
13 millimètres; poids, 05,23. (Vignette n° 4.)
Gallus de Florin (1716 à 1724).
Pfenning de billon uniface et plat. Armes de la famille
de Florin dans un écu de forme allemande, entouré des
lettres initiales G-A-D, c’est-à-dire Gallus abbas Deserti-
{ À cette époque, dans le petit pays des Grisons, l’évêque de Coire, le
seigneur d'Haldenstein et le comte de Schauenstein-Reichenau émettaient
simultanément des monnaies. Si l’on ajoute à cela les monnaies des faus-
saires établis dans la Valteline, on aura une idée du numéraire alors en
circulation et de la confusion qui devait nécessairement en résulter,
428 MEMOIRES
nensis, le tout dans un cercle formé de petits traits rayon-
nants. (Vignette n° 2.)
Marianus de Castelberg (1724 à 1742).
Creutzer. Au droit, MAR. D.G.A-B.D.S.R LP, c’est-à-dire
Marianus Dei gratia abbas Desertinensis, sacri Romani im-
perit princeps. Armes écartelées de l’abbaye et de la famille
de Castelberg dans un écu ovale posé sur un cartel con-
tourné et surmonté d’une mitre avec fanon, et d’une crosse;
mais sans glaive. Revers, CAR. VI.D.G.R.I.S.A. 1729, c’est-
à dire Carolus sextus Dei gratia Romanorum imperator sem-
per augustus, L’aigle impériale à deux têtes portant sur la
poitrine un petit écu ovale dans lequel le chiffre 4 indique
la valeur de la monnaie. (Vignette n° 3.)
Il existe cinq variétés de cette pièce rare. Poids, Os',55.
Comme elle a été fabriquée à l'aide d'un cylindre, il est
à présumer qu'il en existe une sixième variété. Depuis le
commencement du xvi‘ siècle jusque vers la fin du xvi",
on s’est servi en Suisse et en Allemagne d'un procédé de
fabrication qui devait être fort expéditif et qui consistait
dans l'emploi d’un cylindre ou rouleau d'acier sur lequel
le type de la monnaie était gravé en creux et répété plusieurs
fois sur la surface courbe, en sorte que la fabrication était
un laminage. Mais comme les empreintes étaient gravées
à la main, elles produisaient autant de variétés qu’elles
se trouvaient de fois reproduites sur le rouleau d'acier.
M. Morel-Fatio a déjà parlé de ce procédé dans son inté-
ressant Essai sur le mot querne (Lausanne, 1866).
Espérons que des trouvailles futures viendront accroitre
la modeste série que je vous présente aujourd hui.
C: F. TRACHSEL.
Berlin, 19 avril 1869.
ET DISSERTATIONS. 429
NOTE SUR TROIS MEREAUX
RELATIFS A LA CONSTRUCTION DU CANAL DE BRIARE.
L’usage de la monnaie fiduciaire ou de convention, con-
nue sous le nom de méreau, n'était pas particulier aux
chapitres des églises cathédrales et collégiales. I] s’étendit
aussi aux confréries, aux corpurations industrieiles, aux
sociétés ouvriéres, et les tendances économiques, qui cher-
chent à prévaloir aujourd'hui, sont plus propres à le re-
mettre en vigueur qu'à le faire oublier.
Parmi les différents exemples de l'application des mé-
reaux à l’industrie, nous citerons l'usage qu'on en fit dans
Ja construction du canal de Briare, commencée dans les
premières années du xvu° siècle, interrompue à la mort
de Henri IV, reprise et terminée à la fin du règne de son
successeur. Voici ce qu'en raconte Dom Guillaume Morin,
dans son Histoire générale des pays de Gastinois, Sénonois
et Hurpois' : «Or, lorsque l'on travailloit audit canal, l’on
« bailloit aux ouvriers qui estoient au nombre de plus de
« douze mille, des méreaux de cuivre, pour avoir leurs
« nécessitez par livre, sçavoir la chair et le pain, et le vin
« par mesure : et les méreaux qui estoient pour avoir du
« vin portoient d'un côté ces mots, via Ligeris in Sequa-
4 Paris, Chevalier, 1630, in-4°.
1869. — 2, 9
130 MÉMOIRES
a nam, et de l'autre, laboris recreativ, et une grappe de
« raisin; pour la chair, il y avoit d’un costé du méreau
« ces mots, necessitalis supplementum, et un porc gravé;
« pour le pain, estoit une gerbe de blé, et autour ces mots
a écrits, fulcimentum laboris'.» Dom Morin ajoute que le
canal fut commencé en 1607, ce que semble démentir la
date de 1606 que portent nos méreaux.
Dans les QEconomies royales ou Mémoires de Sully, on
trouve, à l’année 1604, le passage suivant, dans lequel un
des secrétaires du ministre lui dit : |
« Gette année fut poursuivie l’entreprise par vous de
longtemps projettée, pour practiquer un Canal, qui joignist
les navigations de Seine et Loire, et vous transportastes
plusieurs fois sur les lieux, pour en recognoistre les com-
moditez, et prendre les hauteurs et desclins des montagnes;
En quoi vous estiez souvent interrompu par l'importance
des autres affaires, desquelles bien peu se résolvoient sans
vous; pour preuve de quoi, nous transcrirons icy seulement
une lettre entre plusieurs autres que le Roi vous escrivit
sur ce sujet, de laquelle la teneur ensuit :
« Mon amy, Je vous fais ce mot, et vous dépesche ce
courrier exprez, pour vous dire que le Connestable de Cas-
tille, arrive dimanche à Paris, où l'on croit qu'il sera pour
faire la feste, pour incontinent après se rendre icy, ce qui
pourra estre mercredy ou jeudy au plus tard; c'est pour-
quoy je vous prie de remettre vostre visite du Canal jusques
à une autre fois, et vous rendre ici mardy de bonne heure;
Adieu, mon amy, ce vendredy matin, 23 novembre, à
Fontainebleau, Henry. »
1 Page 30.
A
ET DISSERTATIONS. 431
Ainsi qu’on le voit, nos méreaux représentaient le droit,
qu’en raison de leurs travaux, les ouvriers avaient à une
distribution quotidienne des trois choses les plus utiles à
la vie : le pain, qui est le soutien du travail, FULCIMENTUM
LABORIS; le vin, quien est la joie, RECREATIO LABORIS; la
viande, distribuée sous forme de lard ou de porc salé pour
réparer les forces épuisées, comme un supplément de nour-
riture dû à un travail pénible: NEGESSITAS (pour NECESSI-
TATIS?) SUPLEMENTU (si).
Ges pièces ont un revers commun, exprimant le but du
canal, qui est d'ouvrir une route entre la Loire et la Seine :
VIA LIGERIS IN SEQUANAM. 1606,
Tels sont ces trois méreaux qui étaient probablement
fort répandus autrefois et qui sont devenus assez rares au-
jourd'hui pour que leur reproduction et leur description
aient quelque intérét.
Pour réunir ici tout ce qui se rapporte à la numismatique
du canal de Briare, nous ajouterons la description du jeton
qui fut gravé en 1742, dans le but de rappeler et de con-
sacrer le centième anniversaire de l'achèvement du canal
qui avait été ouvert à la navigation en 1642. Ce beau jeton
432 MÉMOIRES
chef d'œuvre de Duvivier, présente d’un côté trois fleuves
_personnifiés sous la figure d'une femme et de deux hommes
appuyés sur leur urne penchante d'où s'échappe leau
destinée à l'alimentation du canal. Ce sujet est ingénieu-
sement commenté par la légende : CONCORDIA CRESCENT.
L'exergue détermine plus spécialement l'intention commé-
morative du jeton : NVMISMA SÆCULARE. Au revers, le champ
est occupé par un écu qui porte d'argent à trois fasces
ondées de gueules, et qui est entouré de cette simple légende :
CANAL DE BRIARE. 1742. Cette pièce fournit une preuve du
respect comme de l'affection que la postérité conserva pour
ce premier instrument de navigation intérieure.
ANATOLE DE CHARMASSE.
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Lune melee
CHRONIQUE.
eee 0 n——
TRÉSOR DE TARSE.
Les quatre magnifiques médaillons d'or dont la Revue a
publié la gravure (1868, pl. X,-XI, XII, XIII) viennent
d'entrer dans notre collection nationale. MM. Rollin et Feuar-
dent ont été assez heureux pour les faire revenir en France,
et l'Empereur voulant que des monuments si importants
pour la numismatique, pour l’histoire de l’art, fussent défi-
nitivement livrés à l’examen du public studieux, s’est empressé
de les acquérir au prix de 50,000 francs payés sur sa cassette
particulière, et les a faits immédiatement déposer au Cabinet
des médailles de la Bibliothèque impériale. Les journaux, en
annonçant cet acte de munificence véritablement scientifique,
ont reproduit divers détails empruntés à notre recueil qu’ils
ont oublié de citer. L'essentiel est que nous ayions réussi à faire
concevoir quelques idées exactes sur des monuments si pré-
cieux.
L’ATTRIBUT D'UBERITAS.
L’attribut que porte la personnification de la Fertilité ou de
la Fécondité, Uberitas, au revers des monnaies frappées au
temps de l'empire romain a été expliqué de plusieurs façons.
Les uns y ont reconnu une bourse, les autres une grappe de
raisin; Cavedoni enfin a prétendu que cet objet n’était autre
chose qu’un pis de vache (uber, ubera), et ce savant a rappelé en
134 CHRONIQUE.
cette occasion qu’au revers de certaines pièces de Carausius,
on voit une femme occupée à traire une vache et accompagnée
de la légende VBERITAS ou VBERTAS (Cohen, Zm périales,
t. V, p. 535, n° 253, et p. 508, n° 43).
M. H. Cohen n’a pas hésité à adopter l'opinion de Cavedoni,
et dans le septième volume de sa Description historique des
monnaies frappées sous l'empire romain (p.54), en parlant
d’un aureus et d’un denier d'argent de Vespasien, décrits dans le
premier volume de son ouvrage (p. 286, n* 443-445), il dit
qu’on voit sur un trépied, placé auprès de la Paix, PAX AVG.,
tenant le caducée et une branche d’olivier, non la bourse de
Mercure, comme il l’avait imprimé, mais un pis de vache. Il
résulte de cette observation que la Fécondité, Uberitas, porte-
rait le même attribut.
Dès l’année 1862, M. Cohen s’était prononcé en faveur de
l'opinion du célèbre numismatiste de Modène, et, je l’avoue,
sans trop réfléchir, j'avais admis avec empressement cette ex-
plication qui me paraissait d'autant plus ingénieuse que, rap-
prochée du type figuré au revers de Carausius, elle semblait se
justifier d'elle-même. (Voir Revue num., 1862, p. 76, note '. )
Dans mon ouvrage récemment publié : Recherches sur les em-
pereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de l'ère
chrétienne, j'ai suivi la même inspiration, et l’on trouvera l’ex-
plication proposée par Cavedoni pour le type de la Fécondité,
Uberitas. p. 73, Postume, pl. XIX, n* 300, 301, 302; p. 113,
Pictorin, pl. XXIX, n° 89; p. 155 et 156, Zétricus père,
pl. XXXIX, n°% 146-149; p. 196, Tétricus fils, pl. XLVIII,
n°’ 85, 86.
Que la vache, à l’époque de Carausius, figure la Fertilité ou
la Fécondité, emblème de la prospérité de l'empire, c’est Ja
une chose incontestable ; la légende VBERITAS l’indique d’une
1 Dans le Bullettino archeologico italiano, 1862, p. 146, Cavedoni a émis la
même opinion, mais sans mentionner les médailles de Carausius.
a we ee ee eo ee
CHRONIQUE. 436
manière précise; mais ce n’est que vers la fin du m° siècle
après Jésus-Christ que ce type paraît pour la première fois sur
la monnaie. On aurait pu s’imaginer que le prototype de la vache
a été réduit au pis de vache, à une époque postérieure. Supposer
que la mamelle a précédé le type de la vache fournissantun lait
abondant, que cet objet a pu être employé seul et isolé pour
symboliser la fécondité et l'abondance avant l’image de la
vache, c’est là un raisonnement qui manque de solidité, c’est
là une supposition gratuite. Et d’ailleurs on pourrait se de-
mander si le savant numismatiste de Modène s’était bien rendu
compte de l’objet qu'il avait en vuc. L’organe animal ne se se-
rait pas prêté facilement à être tenu dans la main.
Le caducée aux mains de la Paix, sur les médailles de Ves-
pasien, indique que l’objet placé sur le trépied ne peut être
que la bourse (crumena, marsupium), et c’est faute d’avoir
comparé entre elles les diverses formes de bourses, représentées
sur un très-grand nombre de monuments, que l'on a méconnu
Pattribut porté par Uberitas,
M. Henri de Longpérier vient de faire des recherches éten-
dues sur les diverses formes de bourses, employées aux temps
anciens, dans un savant travail : Recherches sur les insignes de la
questure et sur les récipients monétaires, et, entre autres bonnes
observations, il a fait voir de la manière la plus évidente qu’au
revers d’un certain nombre de monnaies impériales frappées à
Perga de Pamphylie, depuis l’époque des empereurs Philippe
jusqu’à Gallien et Salonine, on voit la représentation d'un
coffre-fort (arca), au-dessus duquel sont placées trois bourses
(sacculi) destinées à indiquer les trois métaux en circulation,
l'or, l’argent et le cuivre. Or la forme trilobée de ces bourses,
que l’on a prises tantôt pour des vases, tantôt pour des clo-
chettes (finfinnabula), est exactement celle de la bourse de
Mercure’. M. Henri de Longpérier, examinant à son tour les
1 Voy. Revue arch., février 1869, p. 131 et 132, et dans l'extrait, p. 59 ct 60,
CRAONIQUE.
a Fertilité, Uberitas, a parfait
‘orne d'abondance, la déesse qt
l'empire, tient une bourse plein
mieux faire que de revenir à
a eu le tort de rejeter sans e
ncu par les rapprochements |
complétement à l’avis de mon.
moindre hésitation que l'objet
chose qu’une bourse. J.
DAILLON D’OR FAUX.
archéologiques dont la presse q:
vons remarqué dernièrement ur
» divers ordres. Il n’est pas inu
ipèce assez rare, dit un journal d
n émoi une savante compagnie.
posé de médailles antiques d’c
ble 1,100 grammes. Ces mét
ité pour la plupart trouvées en |
its eurent fini de partager leur 4
nbre et la valeur des médailles,
remarquer que la grande pièc
collier, et dépassait les dimensi
» était unique; que depuis l'in
médailles, elle avait disparu d
it dans un parfait état de con
134, et dans l'extrait, p. 62.
CHRONIQUE. 437
Grande liesse et grande convoitise parmi les numismates.
Ils dévorent des yeux la précieuse médaille, qui porte, d’un
côté, la figure de l’empereur Hadrien, de l’autre, l’image com-
mémorative des jeux séculaires célébrés sous son règne; ils
supputèrent sa valeur que les plus modérés estiment à
4,000 écus...
« Tout cela a fini par une catastrophe. Un malencontreux
personnage vient de démontrer que la pièce d’Hadrien était
fausse; elle est bien en or, mais le travail est une imitation
faite au xvi* siècle par les Padouans. »
Un autre journal, lequel, peu de temps auparavant, parlait de
a M. de Marcellus qui rapporta à Paris la statue de la Fénus
de Milo, découverte dans l'ile de Candie, » raconte aussi l’anec-
dote du médaillon d'or qu’il attribue à Dioclétien.
Ce que nous pouvons dire à ce sujet, c’est qu’en effet on a
montré à Paris, pendant le mois de janvier, un collier orné de
médailles dont quelques-unes avaient été apportées de Valachie,
tandis que quelques autres avaient été achetées rue Vivienne.
Parmi les premières, se trouve un médaillon d’or de Domttien
avec le type des jeux séculaires, pièce frappée par les Padouans
à l’aide de coins qui sont conservés au Cabinet des médailles !.
Une empreinte de cette pièce ayant été présentée aux deux
numismatistes qui publient la Revue, il a été, à première
inspection, déclaré qu’il s’agissait d’une œuvre moderne très-
connue et très-facile à apprécier, même pour ceux qui ne sont
pas habitués au style des médailles antiques, à cause de la faute
singulière commise par les graveurs qui ont réuni sur leur
coin le XVII* consulat et la VIII° puissance tribunitienne. Il
n'est pas nécessaire d’être bien profondément versé dans la
connaissance de l’histoire pour savoir qu’en l’année 844 de
Rome, Domitien était consul pour la quatorzième fois et pour
: C. du Molinet, Cabinet de Sainte -Genevière, pl. 24, n° XIX.
138 CHRONIQUE.
la huitième fois tribun, lorsqu'il fit célébrer les jeux séculaires,
fête qui n’eut point lieu sous le règne d'Adrien. C'est élémen-
taire.
Les Padouans ont probablement confondu le XVII* impéra-
toriat avec le consulat, mais tous les antiquaires savent bien
qu’ils n’ont pas fabriqué de médaillons de Dioclétien. U faut
espérer que la catastrophe causée par cette simple observation
est aussi réelle que l'incendie du Cabinet des médailles.
DOCUMENT MONÉTAIRE
RELATIF AUX SEIGNEURS DE NESLES.
Longtemps on a ignoré l'existence de la monuaie de Nesles.
En 1841, M. Nomophile a publié dans la Revue numismatique,
p. 206, un denier sur lequel on lit, sans aucun doute possible,
MONETA IN NIGELLA, et la pièce a été reproduite par
M. Poey d'Avant dans ses Monnaies féodules (t. Ill, p. 357,
pl. CLII, n° 13). L'aspect de ce denier est tout à fait royal, et
il provient évidemment d’un atelier établi dans la ville de
Nesles sous la seconde race; mais jusqu'ici on n’a pu retrouver
les produits de ce même atelier émis postérieurement, soit en
vertu d'ordres royaux, soit par la prescription des seigneurs de
ce pays. Cependant l'existence de la monnaie de Nesles est con-
stalée par Jes documents; car nous ne pouvons admettre, avec
Du Cange, que lPexpression moneta nigella soit l'équivalent de
moneta nigra. Pour nous, il est évident que dans le passage
qu’il cite de la charte de la commune de Crépy en 41223:
a Dicta vero communia pro his omnibus tenetur reddere bal-
« livis nostris apud Crespiacum singulis annis trecentas et
a septuagenta libras Nigellorum, » il s’agit de la monnaie de
Nesles. Crépy, dans le diocèse de Laon, n’était pas éloigné
CHRONIQUE. 439
de Nesles, et il n’y avait rien d’étonnant que le payement
des droits ou des amendes ait été stipulé en monnaie de
ce dernier pays, surtout si elle avait une certaine réputa-
tion. Il en est de même de cet autre extrait rapporté par
le méme auteur d’aprés une charte de 1242, tirée des preuves
de l'Histoire de l’Église de Meaux : « Damus et concedi-
«mus in puram et perpetuam eleemosinam sexaginta libras
« Nigellorum. » Nous sommes persuadé qu’il s’agit encore ici
de la monnaie de Nesles. Quoi qu’il en soit, nous venons faire
connaître un document qui prouve, sinon que l’on a fabriqué
des monnaies dans cette localité, du moins que le seigneur de
cette ville faisait battre monnaie à son profit. En voici la
transcription :
Lettre de la comtesse d’Artois, — « M. comtesse d’Artois et
de Bourgogne, palatine et dame de Salins, à nos amés et féals
les maiieurs et eschevins de nostre ville de Saint Omer, salut:
Haus hons et nobles mos’ Jehan signeur de Neelle nous a fais
mostrer en sen dolant que Simon Hellin borgois de Saint Omer
a diffamé et diffame en pluisieurs lieus sa monoie qu’il fait à
alloes comment que ladite monnoie soit asses convenable et
souffizant si comme on nous a dit, Se vous mandons quelle que
ladite monnoie soit que vous deffendes audit Simon qu’il se cesse -
de ladite monnoie blasmer en telle maniere qu’il n’ait cause de
sen doloir ent plus que vraiement. S’il le fait plus, nous y me-
terions reméde; Dieux vous gart. Donné & Arras, le mardi
aprés la Saint Denis. »
Réponse du magistrat de Saint-Omer. — a Très haute, très
noble, très poissans, très redoutée droiturière Dame, nous
avons receut les lettres de votre hautèce que haus homs et no-
bles mons. Jehan s. de Neele vous a fait mostrer en soi dolant
que Simon Hellins borgois de Saint Omer a diffamé et diffame
en pluseurs lieus sa monnoie que il a fait à alloes comment que
elle soit assez souffizant comme on a dit, se nous commandes
440 CHRONIQUE.
que nous deffendemes audit Simon que il cesse d
noie blasmer, car se il le faisoit plus vous y met
très chière droiturière Dame nous avons mandé
lui avons fait la deffence en manière que comm:
quelz Simon sesculse moult loialment et dist qu
blasma ladite monnoie ne volonté nen ot, et qt
tort et à péchiet on l’avoit accusé par devers |
Neele, de quoy il ala à S. Bertin comme vous fu:
et sen escuza soffizamment en la présence dudi
ment droiturière Dame nous en avons enquis le |
ment que nous poons et trouvons selonc nos ens
Simon en est innocens et que à maise cause et ]
accusé par devers ledit seigneur. Très haute, trè:
Ce document n’est pas daté, mais comme il s’s
haut. comtesse d'Artois de 1302 à 1329, nous av
e l’on peut encore réduire «
‘es que présente le registre;
late de la seconde lettre à :
eur de Nesles, dont il est que
It devoir être le même que Je
secondes noces d’Alix de Cle
audun, qui était devenu sire
2elle-ci mourut en 1317*.
‘lettres, peut donner lieu à ¢
ésignation de la monnaie don
tte monnaie est faite à allo
un atelier monétaire? Dans c.
van de Châlon l'aurait fait ét:
d'Artois et la réponse des échevins
sun registre du commencement dt
3 listes annuelles des officiers mur
3 devant le magistrat, les extraits é
repose aux Archives municipales d
CHRONIQUE. AAA
du privilége que lui avait accordé l’empereur d’Allemagne, en
4291, de frapper dans ses terres; mais comme huit ans après,
l'empereur Albert l’autorisa à monnayer à Besançon même, ce
à quoi l’archevéque de cette ville ne paraît pas s'être opposé !,
il n’est pas probable qu’il ait conservé son atelier monétaire
d’Arlai. Ce ne peut donc être de cette monnaie qu’il est ques-
tion ici. Nous ne connaissons d’ailleurs dans les environs de Nesle
aucun lieu dont le nom puisse approcher de ce mot. Tous ceux
qui, d’après leur ancienne orthographe, auraient quelque ana-
logie s’en trouvent trop éloignés, dans le Beauvoisis ou le Pon-
thieu *. Nous sommes donc forcé de chercher une autre expli-
cation du mot qui nous intrigue. En consultant le Glossaire de
la langue romane de Roquefort, on trouve :
4° Allaier, battre monnaie par ordre du souverain; allier.
2° Allower, allouer, allier.
3° Alloer, allouer, placer, louer, approuver.
4° Allouté, approuvé, accordé, donné.
5° Alloyé, qui est porté dans la loi, arrêté par les règlements
du souverain.
6° Aloer, louer, donner des louanges.
7° Aloer, allouer, payer, affermer.
8° Aloet, sorte de redevance.
De tous ces mots qui se rapprochent plus ou moins de celui
qui nous arrête, le premier ou Je cinquième nous paraissent
plutôt représenter la véritable signification du mot alloes em-
ployé dans les documents transcrits ci-dessus. Jean de Nesles
voulait dire ainsi, suivant nous, que sa monnaie élait frappée
légalement, conformément aux ordres et aux règlements du sou-
verain. En ajoutant qu’elle est assez convenable et souffizant, il
affirme d’ailleurs qu’il s’est conformé auxdites prescriptions,
5 V..M. A. de Barthélemy, Manuel de numismatique moderne, p. 245.
2 J. Garnier, Dictionnaire topographique du département de la Somme.
442 CHRONIQUE.
et qu'il n’y a aucun motif pour la refuser. Quoi qu’il en soit, il
résulte de la discussion précédente que nous avions raison
d'annoncer que nous ne pouvions assurer qu'il s’agit ici de la
monnaie de Nesles proprement dite, mais que les documents
mentionnent probablement celle-là seulement qui était frappée
par le titulaire de cette seigneurie.
Quant à la nature de la monnaie dont il s'agit, nous nous
abstiendrons de toute hypothèse, le nombre des monnaies ayant
cours en Artois à cette époque étant si considérable qu’il serait
superflu de faire des recherches qui risqueraient beaucoup de
n’aboutir à rien. Toutefois nous nous estimerons heureux d’a-
voir fait connaître des documents qui pourront peut-être mettre
sur la trace de monnaies encore inconnues jusqu'à ce jour, ou
permettre de classer une de ces pièces que l’on n’a. pu parvenir
à déchiffrer et dont le nombre est encore si grand.
L. Descuawes pe Pas.
Saint-Omer.
PRIX DE VENTE DE QUELQUES MÉDAILLES ANTIQUES.
. M. H. Hoffmann a eu l’obligeance de nous remettre l’indication
des prix auxquel sont été adjugées les médailles vendues par ses
soins, lesquelles provenaient des cabinets de M. Gréau et de
M. Colson. L’abondance des matières nous a jusqu’à présent
empéchés de signaler à nos lecteurs les faits les plus marquants
qui se sont produits à ces ventes très-importantes ; mais Pes-
sentiel est de constater, de temps à autre, les valeurs attribuées
par les collectionneurs eux-mêmes aux médailles qui leur sont
offertes.
Vente de la collection Gréau. (Novembre 1867.)
Ne, Fr.
19. Romula, G. B. Tête d'Auguste.— 1. Tête de Livie, 60
21. Urso. M. B. Tête d’Auguste. — ». Ours. . 95
49, Rhodanusia. AR. Tête de Rhodé, — ». Rose, 21
CHRONIQUE.
Nos.
122. Ancona. P. B. Tête de Vénus. — 5. Bras. |
123. Segnia. AR. Tête de Mercure. — ». Tête de sanglier.
135. Corfinium. AR. Téte de Pallas. — ». Serment de deux
guerriers.
145. Acerra. M. B. Tête de Jupiter. — ». Quadrige.
189. Nuceria. AR. Téte avec corne de bélier. — ». Homme
tenant un cheval.
191. Phistelia. AR. Tête de face. — ». Taureau.
193. Campania. OR. Double tête. —Serment de deux guerriers.
225. Teanum. AR. Tête d’Hercule.—». Victoire dans un char.
266. Tarentum. AR. Taras sur un dauphin.— ». Même type
en creux.
362. Heraclea. AR. Tête de Pallas. — #. Hercule et le lion.
419. Metapontus. AR. Tête de Mars. — ». Epi.
502. Thurium. AR. Tête de Palas. — #. Taureau.
559. Bruttium. AR. Tétes des Dioscures. — ». Dioscures à
cheval.
602. Croton. AR Hercule assis.—». Apollon, trépied, serpent.
603. Id. AR. Méme type. — ». Trépied. |
609. Jd. AR. Tête de Junon, de face. —#. Hercule assis.
634. Rhegium. AR. Tête de lion. — ». Homme assis.
636. Id. AR. Tête de lion. — » Tête d’Apollon.
703. Camarina. AR. Tête d’Hercule. — ». Quadrige.
704. Id. AR. Tête barbue. — ». Quadrige.
711. Catana. AR. Téte d'Apollon. — ». Quadrige.
738. Himera. AR. Nymphe. — s. Bige.
747. Leontini. AR. Tête d'Apollon. — ». Tête de lion.
790. Naxos. AR. Téte de Bacchus. — ». Siléne.
793. Panormus. G. B. Tête casquée. — ». Tête de Cérès.
8t2. Selinus. AR. Le fleuve debout. — ». Apollon et Diane
dans un bige.
824. Syracusæ. OR, Tête de Proserpine.— ». Hercule et le lion.
864. Id, AR. Décadrachme d’Evénéte.
876. Id. AR. Tétradrachme portant SPYTIAAOS.
952. Hiéron. OR. Téte de Proserpine. — ». Bige.
954. Id. AR. Tête d’Hiéron. — ». Quadrige.
145
144 CHRONIQUE.
N*™*,
974. Himera. AR. Tite de Proserpine. — ». Légende phé-
nicienne. Quadrige.
1016. Abdera. AR. Griffon. — ». Carré creux.
1023, Ænus. AR. Tête de Mercure. — ». Bouc.
1038. Maronea. AR. Cheval. — Cep de vigne.
1090. Pæonia. Au:doléon. AR, Tête de Pallas. — Cheval.
1098. Macedonia. AR Tête de Diane sur le bouclier.— ». LEG.
MAKEAONON.
1114 Ampbhipolis. AR. Tête d’Apollon, deface.— ». Flambeau.
1120. Chalcis. AR. Téte d'Apollon. — » Lyre.
_ 1222, Antigonus. AR. Téte de Neptune. — ». Apollon sur
la proue.
1224. Demetrius. AR. Téte du roi. — ». Neptune assis.
1278. Epirus. AR. Jupiter et Junon. — ». Taureau.
1281. Id. AR, Tête de Pallas. — ». Aigic.
1289. Pyrrhus. AR. Téte d’Achille. — ». Thétis.
1316. Ætolia. AR. Tête d'Hercule, — ». Guerrier assis.
1317. Id. AR. Tête laurée. — p. Homme debout, le pied
sur un rocher.
1521. Elis. AR. Aigle déchirant un lièvre. — ». Foudre.
1532. Jd. AR. Aigle. — ». Femme ailée.
1557. Cnossus. AR. Tête barbue. — ». Labyrinthe.
510
1598. Mithridates VI. OR. Téte du roi. — ». Cerf paissant. 1850
1599. Id. AR. Téte du roi. — » Pégase.
1647. Cyzicus. OR. Tête barbue. — ». Carré creux.
1697. Pergamus. G. B. Commode. — ». Diane d'Éphèse et
Esculape.
1702. Abydus. G. B. Septime Sévère. — ». Héro et Léandre.
1766. Ephesus. G. B. Adrien. — ». Latone.
1767. Id. G. B. Antonin. — ». Jupiter Pluvius.
1883. Rhodus. AR. Téte d’Apollon, de face. — », Rose.
1930. Celenderis. AR. Cavalier. — ». Bouc.
1945. Tarsus. G. B. Tarse assise. — ». Couronne entourée
de huit têtes.
1992. Apamea. G. B. Philippe père. — ». L’arche de Noé.
2369. Antiochus Dionysius. AR. Tête du rvi.—». Dioscures.
350
620
CHRONIQUE. 145
N°. Fr.
2378. Tryphon. AR. Téte du roi. — ». Casque. 826
2323. Antiochus Grypus. AR. Tête du roi. —». Monument
d’Hercule. 310
2442. Démétrius IIL AR. Téte du roi. — ». Déesse en gaine. 220
2600. Sidon. M. B. Elagabale. — ». Didon. 66
2763. Pacorus. AR. Tête du roi. — ». Le roi à cheval. 225
2797. Eucratides. AR. Téte casquée. — ». Dioscures. 320
2812. Ptolemæus Soter. OR. Téte du roi. — ». Aigle. 310
2834. Bérénice. AR. Téte de la reine.— ». Corne d’abondance. 1150
2838. Arsinoe. AR. Tête de la reine. — p. Corne d’abondance. 400
2840. Ptolemæus Evergetes. OR. Tête du roi. — ». Corne d’a-
bondance. 700
2862. Cleopatra et Marcus Antonius. AR. 150
8111. Alexandria. POT. Téte d’Adrien.— ». Tête de Sabine. 141
3112. Id. PLOMB. Téte d’Antinotis.— ». Le même à
cheval. 261
8122. Id. G. B. Téte d’Antonin.— ». Tête de Jupiter. 101
3425. Carthago. AR. Téte de Cérès.—». Lég. phén. Pégase. 420
On le voit par le relevé ci-dessus, deux pièces seulement ont
atteint et dépassé le prix de 1,000 fr.; mais il est à remarquer
que les bronzes intéressants ont été bien payés, et c’est une
bonne tendance. Le catalogue, rédigé par M. Cohen, est ac-
compagné de 5 planches gravées, contenant 56 pièces.
Vente de la collection Colson. (Février 1868.)
N°. Fr.
40. Vercingétorix. Statère d’or. ..NGETORI..... 400
69. Roveca. Statère d’or. ROVE. . 420
84. Verotal. AR. Tête de Diane.— ». Lion. 130
94. Redones. OR. Cavalier armé d’un bouclier. 200
1138. Statére d'or. Œil.— ». LVCOTIO. Cheval. 170
135. Buste. AR.—». HENNOOTINAOC. Cavalier. 100
167. Théodebert I**. Sou d’or; dans le champ, RE. 500
168. Id. Tiers de sou; dans le champ, RE. 200
1869. —2. 10
146 CHAONIQUE.
Nes, Fr.
170. Dagubert. Sou d'or de Marscille. 775
171. Id. Tiers de sou. ELIGIVS MONE. 410
172. Id. Tiers de sou. ELIGI. 248
174. Clovis IT. Tiers de sou. ELIGIV. 230
176. Sigebert IT. Sou d'or de Marseille. 1700
179. Childéric IL. Sou d'or de Marseille. 1501
160. Childebert III. Sou d'or de Marseille. 1710
190. Tiers de sou de Bordeaux. 100
193. Tiers de sou de Cahors. 180
194. Tiers de sou de Compreignac. 150
195. Tiers de sou de Chalons-sur-Marne. 116
196. Tiers de sou de Cannacum. (Cabinet des médailles.) 115
199. Tiers de sou à la légende TARANTASIA. 108
200. Tiers de sou. DVRNACO. 175
203. Tiers de sou de Noyon. CHARISILLO. 125
206 Tiers de sou. CASTRI FVSI.—». FRAMIGILLVS. 204
215. Tiers de sou de Saint-Denis. EBREGISILO. 171
255. Pépin le Bref. PIPI et hache.— ». RX.F. 320
257. Id. Denier. RP.—». Monogramme d'Angers. 505
258. Id. Denier. Monogramme. 265
259. Carloman. CARLM en monogramme. — ». RX F. 1550
262. Charlemagne. Denier. SC MARIA PLD. 125
263. Id. CARO-LVS.—». CHOGIS en deux lignes. 150
267. Id. Denier de Laon. LAVDVN. 125
271. Id. K.RX.F.— ». MGOC entre les bras d’une
croix. Mayence. 140
304. KAROLVS IMP.AVG, Buste.— p. Temple. 500
305. Id. >. TREVERIS. Porte de Trèves. 300
315. Louis le Débonnaire. Buste. — ». TVRONES, 115
356. Pépin d'Aquitaine. Buste. — ». BITVRIGES. 320
359. Lothaire. Buste.—». Temple. 295
360. Id. LOTAPIVS IMP AVGV. Buste.—». Temple. 350
389. Charles le Chauve. Denier de Jouarre. 124
493. Id. Soissons. SCI SEBASTIANLM. 112
438. Carloman. Denier d'Auxerre. 140
465. Eudes. Denier de Saint-Denis. 76
CHRONIQUE. 447
Ne. Fr.
481. Louis de Saxe, roi de Lorraine. Denier de Marsal. 165
502. Hugues, duc de France. Denier de Senlis. 380
504. Robert. Obole de Macon. 120
549. Saint-Louis. Royal d’or. (Retiré.) 1000
550. Id, Aignel d’or. 130
554. Philippe III. Royal ou mantelet d’or. 500
561. Philippe IV. Petit royal d'or. 600
597. Philippe de Valois. Couronne d'or. 510
601. Id. Florin Georges (type grossier). 280
602. Id. Gros parisis d’argent. 15
603. Id. Piéfort du petit parisis. 15
608. Id. Piéfort du double tournois. 33
641. Charles VI. Salut d’or. 1100
644 Id. Cadiére du Dauphiné. Le roi assis. 50
687 et 688. Jd. Pattachina de Gênes (2 variétés). 29
_ 667. Charles VII. Gros. Écu entouré de neuf fleurs de lis. 121
686. Id. Gros d'argent de Génes. IHS. 169
692 et 693. Charles VIII. Deux monnaies de cuivre frappées
à Aquila, dans les Abruzzes. 26
694. Anne de Bretagne. Écu d'or. 1100
696. Louis XII. Écu d'or au porc-épic frappé à Nantes. 50
697. Jeton de cuivre de Charles d'Orléans, 1441. 8
698. Teston de Louis d'Orléans frappé à Asti. 110
705. Louis XII. Teston frappé en or. (Retiré.) 600
709. Id. Piéfort du douzain au porc-épic. 200
712. Id. Demi-gros frappé à Lyon. 19
714. Id. Teston d'argent frappé à Tours. 75
715. Id. Écu d’or au Soleil frappé à Génes. A.C. 40
716. Id. Ducat d'argent de Gênes. Marque, I.C. 140
717. Id. Autre de la même ville. Marque, S.B. 150
718. Id. Double ducat de la même ville. Marque, A.C. 150
719. Id. Demi-ducat de la même ville. 180
720. Id. Quart de ducat de la même ville. 110
721. Id. Duceton d'argent de Milan. 150
722. Id. Cavallotto de la méme ville. 50
723. Id. Ducaton d’argent au saint Ambroise assis. 75
148 CHRONIQUE.
N®. Fr.
732. Pièce de billon au nom de Louis XII et du maréchal Jean-
Jacques Trivulzio, marquis de Vigevano. 18
736. Parpaillole d’Asti au porc-épic. 90
739. Grande pièce d'or avec tête, et le point secret de Chi-
lons-sur-Marne. (Retiré.) 600
740. Écu d'or. Perdam Babilonis nomen. . 500
761. François I‘. Petit teston. Non nobis, etc. 128
768. Id. Écu d'or au Soleil de Milan. 500
769. Id. Teston d'argent au saint Ambroise assis. 150
771. Id. Demi-gros à la salamandre, Milan. 100
776. Henri II. Double Henri d'or, 1551, Toulouse. 180
797. Id. Henri d'or. Saint-Lô. 100
781. Id. Demi-Henri d'or, 1549. 100
788. Id. Demi-teston au croissant. 120
802. Marie-Stuart. Teston d'Écosse, 156]. 165
810. Charles IX. Essai du petit teston, 1573. | 86
840. Ecu d'or au Soleil, 1562, sans nom de roi. 100
845. Charles X, cardinal de Bourbon. Ecu d'or, 1590. 100
857. Henri IV. Écu d'or au Soleil, 1599. 60
862. Piéfurt du demi-franc, 1607. 6]
863. Essai du demi-franc. 150
882. Louis XIII. Essai du demi-franc. 105
883. Id. Piéfort du quart de franc. _ 100
884. Id. Piéfort du quart d’écu. 81
889. Id. Pièce de huit louis d'or, 1640. 260
912. Louis XIV. Piéfort du quart de louis d'argent, 1644. 101
913. Id. Piéfort du douzième. 62
925. Id. Jeton d'or du sacre, 1655. 60
A ces prix il faut ajouter 5 pour 100 si l’on veut se faire
une idée exacte de la dépense faite par les acquéreurs, Les ar-
ticles marqués retirés n’ont pas trouvé d’enchéres sur la mise
à prix. Le catalogue, rédigé par M. Hoffmann, est accompagné
de 2 planches comprenant 32 pièces.
A. L.
MEMOIRES ET DISSERTATIONS.
eee
TETRADRACHME INEDIT DE DELPHES.
ATTRIBUTION DE DIVERSES MONNAIES A LA MEME VILLE,
Les médailles de grand module frappées dans la Gréce
proprement dite, c’est-à-dire au sud du Pinde et de
Olympe, antérieurement à la plus belle époque de l’art,
sont d’une excessive rareté. A ce titre déjà, la monnaie que
je vais décrire se recommande tout particulièrement à
l'attention des archéologues. L'intérêt de ses types, dont
l'antique facture est pleine de grandeur, l'importance et la
nouveauté de l'inscription, tout enfin concourt à augmenter
encore la valeur de ce remarquable monument.
Nl offre, d’un côté, l'image de deux têtes dé béliers juxta-
posées verticalement, surmontées de deux dauphins en
regard, et accompagnées de la légende hémicirculaire
AAAIKON, le tout dans un grènetis. La laine est exprimée
au moyen d’une série de points, et la section du col est
1869, — 3. u
4150 MÉMOIRES
bordée d'une rangée de perles entre deux filets : le modelé
de ces têtes est très-énergique.
Le revers est occupé par un carré creux divisé en quatre
parties égales, contenant chacune un dauphin, dont la tête
est tournée vers le centre, et une petite palmette ou bou-
ton de fleur, placée dans un angle au-dessous du dauphin.
Chacun de ces compartiments est entouré de trois de-
grés.
Cette canformation particulière du carré creux provient
de l'emploi d’une pile à quatre dents, taillées chacune à
plusieurs degrés de manière à pouvoir s’enfoncer dans le
flan sans le percer. Ce procédé avait l'avantage de repousser
fortement le métal dans le coin supérieur, et de lui faire
ainsi produire au droit de la pièce une empreinte d’une
netteté remarquable.
Le poids est de 178,90, chiffre considérable, mais qui
cependant ne permet pas de ranger la pièce que nous pu-
blions aujourd'hui ailleurs que parmi les tétradrachmes.
Ses divisions fourniraient un didrachme de 8,95, une
drachme de 4*,475, un triobole de 25,237, et ce sont là
des poids que l'on retrouve communément dans la numis-
matique du Péloponnèse, poids dont le savant M. Vazquez
Queipo* déclare n’avoir pu reconnaître le système, et qui
en effet occupent une place intermédiaire entre le système
attique et le système olympique,
Cette médaille unique et d’une bonne conservation fait
partie du précieux médaillier de M. Giovanni de Demetrio,
à Alexandrie.
La forme de la légende est à coup sûr digne d’examen.
1 Systèmes métriques el monbtaires des ans ens peuples, tables; prem. part.
p. 127.
ET DISSERTATIONS. 154
Elle se rattache à une petite série qui comprenait, d'une part,
des noms appartenant à des villes de l'Asie Mineure :
TEPZIKON pour Tarse', ou quelquefois en abrégé TERI’;
puis 1AOX*, ZOAIK, ZOAIKON pour Soli*, NATIAI* et
NATIAIKON pour Nagidus‘, noms auxquels il faut ajouter
TEPMEPIKON pour Termera de Carie’ dont M. Wad-
dipgton nous a fait connaître la monnaie; et, d'autre part,
offrait dans la numismatique européenne les légendes
V.OWITAAZIG pour les Bisaltes *, HOYMITMIAI pour Phestus
de Crète”, MOPIGANAA, APKADIPON”*, ARKAAIKOH pour
l Arcadie **, OENIKON pour Pheneus de la mème province ‘”,
et OESTIIKON pour Thespiæ de Béotie‘?. Quelques petites
pièces d'argent de la Phocide de style fort ancien portent la
légende [NO ‘* dans laquelle nous ne pouvons pas voir
le commencement de l’ethnique ®NKEON, génitif plu-
t Pellerin, Peupl., et cill., t. IJ, pl. XLI, n°4. — Eckhel, Num. vet, anec-
_dot., p. 235.—- Mionnet, Suppl., t. VII, pl. VII, n° 3, — Due de Luynes,
Numism. des satrapies, pl. XI.
"2 Waddington, Revue num., 1860, pl. XVHI, n° 7, p. 453,
3 Mus. Hunt., pl. LI, n°* 27 et 29.
* Millingen, Recueil de med. ined , 1812, pl. IV, n° 6. — Duc de Luynes,
Numism. des satrap., pl. VII, n° 1,
® Burgon, Catal. Th.-Thomas, n° 2391, — Catal, of the Northwick collect ,
n° 1181, p. 117. .
6 Eckhel, Num, vet. anecd., pl. XIV, n° 1.
? Revue numism., 1856, pl. Il, no 1,
® Cousinéry, Voyage en Macédoine, pl. VI, n° 18.
% Pinder, Ant. Munzen des k. Museums zu Berlin, pl. I, n° 6,
10 Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., 1814, p. 143, n°’ 1 et 2, pl. VIII, n° 6.
11 Avec la tête de profil: Mionnet, Descr., t, H, p. 243, n° 3, pl. XXXV,
n° 139. — E. Curtius, dans les Beitr, 3. xlter, Munzk., 1851, p: 87, — Avecla
tête de trois quarts: Cohen, Cat, des méd. grecques de la collect. Gréau, n° 1549,
12 Mionnet, Descr.,t. II, p. 252, n° 50.
45 Mionnet, Suppi., t IJ, pl. XVH, n°7.
18 Mionnet, Descr., t: II, p. 94, n°° 3, 4 et 6 ; Supp?., t. IH, p. 498, n° 11,
452 MÉMOIRES
riel de éwx<, qui se lit sur des médailles de fabrique plus
récente. 11 faut donc y reconnaître encore le possessif Sw-
xév, tel qu'il nous est indiqué par Étienne de Byzance‘.
Lorsqu’en 1775, Eckhel commentait la monnaie de Na-
gidus, il faisait remarquer que la terminaison en [KON on
possessive existait sur les monnaies d'un certain nombre de
villes, concurremment avec l'ethnique ou nom du peuple,
et il n'hésitait pas à reconnaître que l'adjectif possessif se
rapportait à un nom de monnaie tel que Gfpzyuov, tetpa-
Spzypov, etc. Rien, dans les découvertes qui ont été faites
depuis l’époque à laquelle écrivait le célèbre antiquaire,
n'est venu détruire son hypothèse. Au contraire, des lé-
gendes telles que ZEYOA APTVPION *, et ZEVOA KOMMA’,
ou bien une phrase comme celle-ci : « le type est celui de
Gortyne » l'oprévos <3 rdiua* ; enfin l'adjectif AAEZANAPEIOZ
sur un statère d'argent”, démontrent maintenant d’une
manière suffisaument claire que les anciens ont, dans leurs
légendes, fait plus ou môins elliptiquement allusion à la
monnaie même et à sa Valeur * .
On se rappellera aussi ces inscriptions tracées sur des
t J’enregistrerai encore ici pour mémoire seulement un tétradrachme aux
types de Catane, sur lequel on liVJOITIM......., et que M. Fr. Imhoof
Blumer attribue à Panorme en le publiant dans une livraison des Rerliner
Blatter für Münzkunde qui vient de paraître (XIII* cahier, 1869, pl. LIV, n° 1],
et p. 53). L’authenticité de cette pièce n’est pas snflisamment établie jusqu’à
présent : c’est un document à examiner; mais qui paraît bien suspect.
? Duc de Luynes, Satrapies, pl. VI.
3 Birch, Numism, Chronicle, 1860, t, XX, p. 151.
+ Fr. Lenormant, Revue num., 1864, p. 103.
3 Adr. de Longpérier, Reoue num., 1859, p. 109, pl. II], n° 1.
¢ Dans un ouvrage récent sur les poids des médailles grecques, M. J. Bran-
dis considère aussi l’adjectif comme se rapportant à dpyüpuov, véuuoua ou
xouua. Das Müns-Mass-und Gewichtswesen in Vorderasion, Berlin, 1866,
p. 330, 336, etc.
ET DISSERTATIONS. 453
poids antiques: AEITPA ITAAIKH’, AIAEITPON ITAAIKON?
et TPIOYNKI[O]N ITAAIKON?, lesquelles dans leur ensemble,
et précisément à cause de la présence d’un substantif neutre
en accord avec l'adjectif, ou du possessif au nominatif
féminin, nous apportent une utile démonstration; car on
ne saurait y chercher une forme dialectique du génitif plu-
riel. 7
Le possessif (+o xrnzixôv), appliqué à des pièces de mon-
naie ou à des sommes d'argent, est une forme des plus ordi-
naires. Aux divers talents tirant leur nom, soit d’une pro-
vince, soit d’une dynastie, e260ix5v, oxedmdv, nrokeuaixév, etc.,
ainsi qu’au talent des îles (vnstorév), désignation qui indique
une convention monétaire entre plusieurs territoires voisins,
et au talent commercial (ëäxroptxév), originaire d'Athènes’,
.vientse joindre le talent des alliés que nous permet de citer
une inscription amphictionique de Delphes copiée et sa-
vamment commentée par M. Carle Wescher*. L'expression
1 Musée de Berlin. Voy. R. Schillbach, De ponderibus aliq. antig., dans les
Annual, dell Instit, archeolog., 1865, p. 191 et 209 ; Monum., vol. VIH, pl. XIV,
n° 90.
2 Musée Kircher.—Giampietro Secchi, Di un campione d'ant, bilibra romana
in piombo, etc, Rome, 1835, in-4°.
8 Cette légende se rencontre sur deux poids du Musée du Louvre, qui n’of-
frent aucun autre type et pèsent l’un 78:",13, d'autre 756° 43 (Adr. de Long-
périer, Bulletin archéol, de ! Athenzum français, 1856, p. 24.) — Deux autres
sont cités par le P. Secchi dans la dissertation déjà indiquée, intitulée Di un
campione, etc., p. 2 et 27. — Un cinquième poids, qui se trouve au Musée de
Berlin, présente aussi la même légende, mais fort maltraitée. La principale
différence qui s’y remarque consiste dans l'écriture en monogramme de l’OY
du premier mot. I] offre, en outre, pour types une amphore et un caducé
(Voy. Sehillbach, op. laud. dans les Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 190
et 209; Monum., vol. VIII, pl. XIV, no 88.)
® Voy. par ex. Corpus Inscr, græc., t. I, n° 123, p. 168, § 4.
® Etude sur le monument bilingue de Delphes, 1868, in-4°, p. 56 et 110.
468 MÉMOIRES
de télavtev cuspeyody devra désormais avoir aussi ga place
dans la numismatique.
La légende que porte notre tétradrachme, tellement clairé
qu'elle ne laisse subsister aucune incertitude, offre encore
l'avantage de donner une explication indubitable pour celles
des petites monnaies divisionnaires sur lesquelles on lit
AAA, et, par suite d'un rapprochement bien naturel, pour
les variétés anépigraphes qui présentent un type analogue.
Le colonel de Bosset n'avait, à la vérité, pas hésité à at-
tribuer à Delphes les pièces d'argent de petit module qu'il
s'était procurées sur le site mème de cette ville, et qui por-
tent d’un côté une tête de bélier accompagnée d'un dauphin,
au revers une rencontre de chèvre entre deux dauphins, au
milieu d'un carré creux peu profond '. Mais son opinion,
enregistrée cependant par Mionnet’, Sestini, Cavedoni,
Panofka”, etc., souleva des contradictions, et M. le duc
de Luynes, en faisant graver dans son Choix de médailles
grecques * un beau trihémiobole d'argent du poids de 15,30
qui offre les plus étroits rapports de style avec notre tétra.
drachme, le désigne par cette brève mention : « Delos?
Delphi? »
Maintenant la série de Delphes formera un tout insépa-
rable, et ainsi se trouve définitivement tranchée la ques-
4 Kesai sur les mdd, ant, des ties de Céphal. ef d'Ithaque, 1815, p. 7, 30, et
pl. V, n° 1 et 2. — Les n° 3 et 4 de la même planche, qui portent au droit
une tête de nègre, se rattachent immédiatement à ces deux premières par
l'identité de leurs revers.
2 Outre les pièces décrites à Delphes, il s’en trouve une égarée parmi les
monnaies de Cranium (Suppl, t. IV, p. 184, n° 10), — Trois autres sont re-
léguées aux inoertaines (Descr., t. VI, p. 636, n° 158; et Suppl., t. IX, p. 236,
n° 61, p. 238, n° 76).
3 Delphi und Melaine (Zum Winokelmennefest, 1849), p, 7, n°? 5, 6 et 7.
+ 1840, in-fol., pl. X, n° 4.
ET DISSERTATIONS, | 456
tion débattue entre un antiquaire de Saint-Pétersbourg,
Koehler, qui soutenait que les monnaies au type du bélier
et à la légende AAA appartenaient à Délos ‘, et Raoul-Ro-
chette qui s’appuyait sur l'étude des monuments et sur le
témoignage des voyageurs pour maintenir ces monnaies à
Delphes *. L'opinion du savant russe avait probablément
impressionné M. de Luynes, dont le sentiment est toujours
si respectable ; et c'est 14 surtout ce qui nous paraît donner
une grande importance à la solution qu'apporte le tétra-
drachme du cabinet Demetrio.
Cette suite numismatique ne doit pas être restreinte aux
types publiés par M. de Bosset. Il faut y comprendre un
diobole assez globuleux, inédit à ce que je crois, et qui fut
acquis en 4842 de M. Rollin par le Cabinet des médailles
de Paris. Il pèse 45,44, et présente au droit une tête de
bélier au-dessous de laquelle est un dauphin. Ce dernier
symbole surtout caractérise les espèces delphiques et les
distingue de la monnaie émise par d’autres villes qui
avaient aussi adopté le bélier. — La série s augmente
encore d’un diobole de la collection de M. Soutzo, portant
au droit une tête de bélier et au revers un buste de chèvre
de profil à droite dans un carré perlé”. — Ajoutons une —
t Abhandlung über die geschnittenen Steine mit den Namen der Künsiler
(Réimpr., Saint-Pétersbourg, 1851), p. 63.
2 Lettre à M. Schorn sur quelques noms dartisies, 1832, p. 25, — Suppl. au
catalogue des artistes, 1845, p. 112. — Mémoires de numism. et d’antiq. : Méd.
siciliennes de Pyrrhus, 1840, p. 102.
3 Revue num., 1869, pl. VI, n° 14.
156 MÉMOIRES
pièce du Musée Britannique, aux types de la tête de bélier
avec un dauphin et de deux têtes de chèvres affrontées et
A
ET,
surmontées d'un dauphin. Elle a été attribuée à l'île de Cé-
phallénie par Taylor Combe'; mais désormais on ne
pourra plus hésiter à la restituer aux Delphiens.
Quant à l’âge du précieux tétradrachme qui vient main-
tenant se placer en tète des produits monétaires de la ville
sacrée d’Apollon, il peut, dans une certaine mesure,
s’établir à l'aide de comparaisons.
La pièce, par son style, son mode de fabrication, son
grènetis, l'aspect de ses carrés creux, se rapproche tout à la
fois des plus anciennes monnaies d'Acanthus de Macédoine,
_ des tétradrachmes de Syracuse sur lesquels paraît la lettre
Koppa, et, malgré la différence de module, de certains té-
tradrachmes de la Cyrénaïque *, sur lesquels on remarque
un type connu aussi dans la numismatique d’ lalysus de
Rhodes *.
Les tétes de béliers offrent une analogie trés-marquée
avec celle qui forme le type principal de ces belles et an-
tiques monnaies cypriotes que M. le duc de Luynes classe
1 Vet, pop. et reg. num. 1814, Addend., p. 245.
2 Voy. Revue num., 1° sér., 1850, pl. VII, n° 3. — L. Müller, Num, de
Vanc, Afrique, t. I, p. 11, n° 22. M. Müller (p. 18) pense que le style du
tétradrachme de 17 gr., 23 (attique) avec la tête d’aigle et la tête de lion
convient à l’époque d’Arcésilas I, se réfugiant à Samos et recouvrant sou
royaume grâce au secours des habitants de cette île (529-525).
3 Duc de Luynes, Monum. dell’ Instit. areheot., 1841, vol. HI, pl. XXXV,
n° 18, — Revue num., 1656, pi. II], n° 8
—
—
——
ET DISSERTATIONS. 457
à Amathonte ‘. Même puissante musculature, même cordon
de perles à la section du cou, même exécution empreinte
de cette hardiesse qui donne aux œuvres de la haute anti-
quité un si grand et si noble caractère de vérité. |
De tout cela il résulte qu'on peut, sans se faire de scru-
pule, attribuer à la fin du vi‘ siècle avant notre ère le
monument que vient d'acquérir M. de Demetrio, ou du
moins placer son émission vers l'an 500.
Des deux éléments dont est composé le type, ilen est un,
le dauphin, qui semble si exactement approprié à la ville
de Delphes que c’est à peine s'il doit nous arrêter quelques
instants. I] suffira de rappeler qu'un des surnoms donnés
à Apollon en Crète et en Cyrénaique était Askglvus et non pas
AsAodc, et qu’ Etienne de Byzance dit : «#ExAZOnoav 8 AsÂvot, dtt
Axddhwv auvémhouce SzAgive elnaBels’ xal Tôpurar AnddAdwve lepdv ?, »
— Et en effet, Homère, dans son Hymne à Apollon, rap-
porte la tradition suivant laquelle le dieu arriva à Delphes
sous la forme d’un dauphin : Sép2¢ Gekpive és *, Le héros
Castalius à la tête d'une colonie de Crétois vint aborder
au golfe de Crissa, mystérieusement guidé par Apollon
métamorphosé en dauphin *, et s'établit à Delphes où le
1 Numism. et inscript. cypriotes, 1852, p. 5 et pl. I, n°° 1 à 4 et 12; voir
encore pl. VI, n° 10; pl. XII, n° 1.
2 De urb. et pop. 8. v. Ashool.
3 In Apoll,, v. 400. — Cf. Tzetz., ad Lycophr. Cassandr. 208, — Schol. ad
Pindar., Nem. V, 81.
+ Dans un autre récit (Plutarch., De solert. animal., cap. XXXVI, 2),
on voit les envoyés de Ptolémée Soter qui se rendaient à Sinope pour en
rapporter une image de Sérapis, errer en mer et se croire perdus, lorsqu'un
dauphin paraît au devant de la proue ; ils le suivent et, grâce à ce secours
inespéré, peuvent enfin aborder à Cirrha. Il n’est pas étonnant que les Grecs,
frappés de l'habitude qu'ont les dauphins d'accompagner les navires, aient,
en certaines occasions, cherché à l'expliquer par l'intervention d’un dieu.
468 MÉMOIRES
dieu qui avait repris la forme divine se fit connaître, et
ordonna qu’un sanctuaire lui fut élevé et qu'on l'y adorät
sous le nom de AsAgives,
de pdv tym cd npovov dv Aepoudét révep
elddusvoc SeAgive, Gofc ext vnèç bpovea,
de tol cdysobar Atdgivip’ adtadp à Beds
ausdg Aédperos al métros Escetar alel 1.
Un souvenir de cette croyance religieuse se retrouve
dans la curieuse inscription crétoise * où les jeunes hommes
de Dréros prennent toutes les divinités à témoin d'un ser-
ment de fidélité aux alliés de la patrie, et de leur haine
contre ses ennemis. On remarque particulièrement dans ce
texte la mention d’Apollon Delphinius.
Les habitants de l'île de Théra avaient donné à l’un des
mois de leur calendrier le nom de Delphinios * en l'honneur
de leur dieu protecteur, Apollon conducteur des colonies
(4pynyémms) et fondateur des villes (okrtic) ; l'une des mon-
naies autonomes qui leur sont attribuées représente la tête
de face du dieu, et au revers, trois dauphins placés au-
dessus les uns des autres avec la légende OH*. C'est bien
probablement en tenant compte de ce fait que M. François
Lenormant s'est décidé à classer à Théra une monnaie
1 Homer., In Apoll., v. 493-6.
® Ph, le Bas dans l’Hist, de U Académie des Inscript, et bell, lett., t. XX,
1861, p. 115.
3 Également usité chez les Éginètes et chez les Cyrénéens : Schol, ad Pind.,
Nem.V,81.— Corp. Inscript. græc., n° 2448, = Geoponica, lib. 1, cap. IX, 2.
— Thrige, Res Cyrenensium (Hafn. 1828), p. 283. — Otf. Müller, Ægin.,
p. 150; Dorier, I, p. 331. — Maury, Annuaire de la Soc. des Antiquaires de
France, 1852, p. 169.
* Pellerin, Peupl. st vill., III, pl. XCI1I, n° 10. — Mionnet, Deser., t. Il,
p. 331, n° 160.
—- A pm — —
' i ee Lu
ET DISSERTATIONS. 4159
globuleuse de très ancien style qui a pour type deux dau-
phins, avec un carré creux au revers,
Un trépied placé entre deux dauphins à l’exergue de
‘certains rares et beaux tétradrachmes frappés à Thurium"
me paraît une allusion suffisamment claire à f’établisse-
ment de la nouvelle ville sur les ruines de l'antique Syba-
ris, par suite de l’oracle apollinien qui avait désigné une
contrée «où l’on pit boire peu d'eau, mais manger outre
mesure *». Une seconde fois encore les Thuriens durent
consulter le dieu : De tous les peuples qui avaient concouru
à la fondation de la cité de la Lucanie, il s'agissait de
savoir à qui appartenait le droit de colonie. On résolut de
s'en remettre à la décision de l’oracle qui coupa court à
toute discussion en répondant qu'Apollon se réservait ce
droit pour lui seul. L'introduction de trépieds, de lyres, de
dauphins dans la composition des types numismatiques est
donc doublement autorisée pour les espèces monnayées de
Thurium. A ce sujet, il ne paraîtra pas hors de propos de
citer l'explication excellente que M. Brunet de Presle a don-
née des figures de dauphins qui encadrent si harmonieu-
sement la tête des monnaies de Syracuse. Évidemment ces
mammifères de l’ordre des cétacés ne peuvent en aucune
façon être confondus avec des poissons, et par conséquent
ils ne sauraient se rapporter à la fontaine Aréthuse, ni à la
fontaine Cyané. M. Brunet de Presle* pense qu'ils sont
1 Descript. des med. du cabinet Behr, pl. I, n° 3, p, 49, n° 285.
2 Magnan (Miscell, num., t. 1, pl. 49, n° II et III) trompé par le module
exigu de ces pièces, les indique comme ez argento medio; celle du Cabinet des
médailles de Paris est épaisse et son poids en fait indubitablement un tétra-
drachme. I] existe des didrachmes de la même ville avec une tête d’Apollon,
qui présentent aussi à l’exergue du revers la figure d’un trépied.
3 Died. Sic., lib. XII, cap. X, 5 et sq.
% Rech. sur les établies, des Grecs en Sicile, p. 621.
160 MÉMOIRES
relatifs au culte d'Apollon Delphinien, Syracuse ayant été
fundée d’après un oracle de Delphes. Il est à désirer que
les numismatistes fassent usage dans leurs écrits de l'opi-
nion du savant helléniste.
Ainsi, l'influence de cet oracle si puissant apparaît
partout. La figure de dauphin placée sur une petite pièce
d'argent des Phocéens ‘, l'épi de blé des médailles de
Métaponte, le trépied de Crotone, la feuille de laurier
sur la monnaie de. Rhegium, etc., etc., sont autant de
témoignages très-précis des rapports continuels établis
entre les populations colonisatrices et le grand sanc-
tuaire de la Phocide. Il intervient surtout à propos de
la naissance des villes. Et si l'on voit deux dauphins sur
une monnaie cyrénéenne de très-ancien style, c'est aussi
que la cité qui les a émises a été fondée par les Théréens,
en vertu d'un ordre émané de l'oracle de Delphes *. En
outre, la fontaine qui avait déterminé le choix de l'empla-
cement où devait s'élever la nouvelle ville était consacrée
à Apollon : c'est du moins ce que laissèrent croire aux
colons grecs les indigènes qui leur servaient de guides. On
ne doit pas oublier la tradition légendaire relative à la
nymphe Cyréne transportée en Libye par le fils de Latone *.
_ Je me permettrai encore d'appeler l'attention sur quel-
ques autres pièces qui se rattachent au sujet que j'examine.
M. Charles Fellows‘ a attribué à la Lycie trois monnaies
1 La Saussaye, Num. de la Gaule Narbon., pl. I, n° 1.
2 Mionnet, Suppl.,t. IX, pl. VII, n° 2.— Duchalais, Revue num., 1° série,
1850, pl. VII, n° 3 et p. 265. — L. Müller, Numism. de l'anc. Afrique, t. I,
p. 17, et p. 11, n° 21. — Cf. Herod., 1V, cap. CL, sq. — Pindar., Pyth.,
IV, 294. — Thrige, Res Cyren., p. 43, note 5.
3 Voy. Otf. Müller, Gesch. hellen. Stzmme, 11, p. 268. — Thrige, Res
Cyren., p. 55-56. — Pindar., Pyth., IX, 5-75, — Apoll, Rhod., 1], 500 sq
4 Coins of auciens Lycia, 1855, pl. VIII, n‘° 5, 6, 7.
ET DISSERTATIONS. 461
dont la première porte le type de trois dauphins (non pas
de trois poissons, comme l’a cru le savant voyageur), ac-
compagnés de fleurons ou palmettes placés dans les angles
d’un carré, tandis que les deux autres, beaucoup plus mo-
dernes, offrent d’un côté une tête d'homme vue de trois
quarts, et, au revers, deux dauphins dans un carré creux
aux angles duquel on remarque encore deux fleurons :.
Nous avons peut-être 14, comme sur la monnaie de Théra
dont il a été question plus haut, une tête d’Apollon, qui
pourrait à la vérité appartenir à la Lycie, mais qui serait
tout aussi légitimement donnée à Delphes, si les monnaies
convenaient du reste à cette localité. Les trois médailles
qui viennent d'être citées font partie des collections du
Musée Britannique, et de M. le général Fox. Il serait bon
de les examiner avec soin.
La relation du dauphin avec Apollon s'établit facile-
ment, quand on tient compte d'une donnée mythologique
fréquemment exprimée dans les compositions céramogra-
phiques, et suivant laquelle le soleil dans son mouvement
1 Sans attacher plus d'importance qn’il ne convient à un détail secon-
daire, on aurait encore à faire remarquer que la plante figurée près des
dauphins, tant sur le tétradrachme de Delphes que sur les pièces attribuées
à la Lycie, pourrait être une représentation du de/phinium décrit par Diosco-
ride (lib. LI, cap. 84). Il est vrai que Mattioli considère le passage relatif à
cette plante comme une interpolation, par la raison que Gallien et Paul
d@’Egine n'ont point parlé du delphinium; mais toutefois il est bon d’ob-
server qu'on trouve dans le lexique d’Hésychius : « Aeplvos elôoc Bordvnc, »
et que cette plante est aussi mentionnée dans les Geoponica (lib. XX,
cap. II, 2). 11 est remarquable que Linné assimile la plante en question à
l’hyacinthe décrite par Pline (lib. XXI, cap. 98, 1), car cette dernière plante
eit un des attributs d’Apollon. (Voir duc de Luynes, Annal. de l'Instit, ar-
chéol., t. 11, 1830, p. 341.) Mais je n’en dirai pas plus sur un sujet encore
très-obscur. Ut
162 MEMOIRES
diurne était si souvent en contact avec la mer‘. Alors
mème que le dieu est représenté assis sur le trépied fati-
dique, les artistes l'entourent de dauphins qui symbolisent
ce rapport”. Parfois enfin la barque ou dar: qui, suivant
une croyance peut-être empruntée à l'Égypte, supporte le
char du Soleil, affecte la forme d’un dauphin’.
Dans l'esprit des anciens, ce cétacé se trouvait aussi rat-
taché à Apollon par l'attrait pour les sons de la ‘musique
qu ils lui attribuaient, croyance qui existe encore parmi les
marins de la Méditerranée: « Il est naturel, dit Plu-
tarque *, que le penchant musical de cet animal soit
agréable au dieu. »
1 Voir le quadrige du Soleil entouré de dauphins, peinture d’une amphore
à figures noires conservée au Cabinet des médailles: Laborde, Vases ds
Lamberg, t. I, p. 13, fig. 3; Dubois Maisonneuve, Introd, à Pétude des vus,
pl. XXIX; Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monem. céramogr., t. II,
pl. CXV. — Un dauphin placé sous le char du Soleil, pinax du Musée du
Louvre : Elite, t. Il, pl. CXIII. — Sous celui de l’Aurore : Millin, Tombsaur
de Canose, pl. V; Gerhard, Ueber die Lichtgottheiten, 1840, pl, III, n° 1. — Un
autre: J. de Witte, Catalogue Durand, n° 231; Elite, t. I, pl. CIX ; Gerhard,
Auserl. gr. Vasenbilder, t. 11, pl. LXXX.
2 La peinture d’un beau vase du Musée Grégorien, à Rome, nous montre
Apollon lyricine et armé du carquois, assis sur un trépied ailé qui est placé
au-dessus des flots; à droite et à gauche on voit deux dauphins: Monum dell
Instit, archeol., vol. 1, pl. XLVI; Museum etr. Gregor., t. 11, pl. XV; Ch. Lenor-
mant et de Witte, Elite des monum. céramogr., t. Il, pl. VI; Gerhard, Ueber dis
Lichtgottheiten, pl. 1, n° 3.— Sur les monnaies romaines, le trépied surmonté
d'un dauphin est le symbole des quindécemvirs, — Voir aussi le Génie local
de Delphes tenant un dauphin dans chaque main, figure qui décore le manche
d’un miroir étrusque sur lequel est représenté Apollon-Hélius entre Neptune
et Aurore: Monum, de l'Instit. archéol., vol. II, pl. LX; Gerhard, Etrus-
kische Spiegel, pl. LAX VI; J. de Witte, Mém. de la Soc. des Antiq. de France,
t. XX, 1850, p. 337.
8 Musée du Louvre: Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monum. céf.;
t. 11, pl. CXIV ; Gerhard, Lichtgottheiten, pl. III, n° 3, eto,
+ De solert. animal., cap. XXXVI, 4.
ET DISSERTATIONS. 463
La fable d’Arion sauvé par un dauphin, aprés avoir
chanté, sur le tillac du vaisseau qui le ‘portait, un nome
orthien, était. une des expressions de cette idée à laquelle
Aristophane fait allusion par ces mots : 6 glauhos sedgls !,
Pmdare se compare lui-même au dauphin «qu’émeut, sur
-la surface de l’onde tranquille, la suave harmonie des
flûtes’. » Les naturalistes, Pline’, Élien*, n’ont pas
manqué d'enregistrer dans leurs écrits la citation d’un fait
_ Si curieux.
Dans un fragment inséré par Dibner parmi ses Adno-
tationes in Aristophanem, on trouve la mention d’un &ov
pavtxée qui était gardé à Delphes près du lieu où le dieu
rendait ses oracles *,
Les têtes de bélier ne conviennent pas moins, comme
type monétaire, à la localité où se trouvait le sanctuaire
d’ Apollon.
Ce dieu, en effet, portait précisément dans laGréce divers
surnoms tels que Kzpvetoc, Emprjdtoc, Noptoc, Iloluvtoc, Apvoxd—
une, Madders, Kepedtec, Tpzytoc, T'ahd£toc, qui tous font allusion
à son caractère pastoral. Quelle que soit l'origine réelle du
surnom Kapveios, qu'on a voulu faire dériver d'un nom
d’homme et qui était un des plus fréquemment donnés
au dieu de la lumière à Thèbes, à Corinthe, en Laconie,
en Messénie, dans les îles voisines du Péloponnèse, en
1 Ranz, v. 1817.
-% Fragm., n° 259, édit, Beeckh, Leipzig, 1821, t. II, 2° part., p. 679. —
Vers cités par Plutarque : Quæst, conviv., lib. VIII, cap. II, 5, et De sotert.
animal., cap. XXXVI.
3 Lib. IX, cap. VII, 1.
4 De animal., lib. VII, cap. XLV.
5 Paris, Didot, 1842, p. 536 : Ot & Adyour bt nAnglov toû pavælou tou
ArdAkwvOs Fv Aluvy tué, Ev H xavepuer Sergiy pavrixéc + eloepyouevors oÙv eo
pevevndc, 6 8e hp nepl tiv npiopav parvopsvos pavselasÉkeye nat ypnoyous, x. ©. À
164 MEMOIRES
Cyrénaique et généralement chez tous les Doriens, Aespiia
phy coic r&n*, il n’en demeure pas moins constant que le
mot xdpvoc, équivalent de Pésxnua, de xpébarov *, devait
naturellement autoriser l'emploi du type qui nous occupe.
Non seulement des temples, des statues s’élevaient de
tous côtés en l'honneur d’Apollon Kapvsioc*, mais ce
surnom servait encore à désigner le mois* pendant
lequel on célébrait des fêtes appelées Käpveux que prési-
daient, avec le titre de Kapmäta, cinq citoyens pris dans
toutes les tribus et nommés pour quatre ans*. Apollon,
lorsqu'il était exilé de l'Olympe, fut, disent les mytho-
graphes, pendant neuf années conducteur des troupeaux
d'Admète, roi de Phere en Thessalie. De là les surnoms de
Néytog (protecteur des troupeaux) chez les Arcadiens ‘, de
Molsviog (pasteur de brebis) chez les Naxiens ‘, d'Apvoxéunc
1 Pausanias, lib, II, cap. XIU, 4.
2 Hesychius, ¢, 9. xdp vos.
8 Voy. Pausan., lib. II, oap. X, 2, XI, 2; lib. IM, cap. XIV, 6, XXI, 8,
XX1V,8, XXV, 10, XXVI,5et 7; lib. IV, cap. XXXI, 1, XXXIII, 4. —
Le Spartiate qui introduisit le culte d’Apollon Carnéus dans sa patrie et qui
avait érigé dans sa propre maison un autel consacré à ce dieu se nommait
Kpios (id., IN, XU, 3).
4 Thucydid., lib. V, cap. LIV. — Euripid., Alcest., v. 450. — Plutarch.,
Nicias, cap. 18. — Boeckh, Corpus Inscr. græc., t. Il], p. 677. — Maury,
Annuaire de la Soc, des Antiquatres de France, 1852, p. 167.
5 Herodot., lib. VII, cap. CCVI; VIII, cap. LXII. — Thucydid., lib. V,
cap. LXXV. — Pindar., Pyth., V, 8. — Theocrit., Idyll., V, 83. — Cal-
limach., Hymn, in Apoll., v. 71 sq.— Plutarch., Quest. convival., cap. VII. —
Athen., Deipnosoph., lib. 1V. — Cf. P. Castellanus, De fest. Græcorum, et
Meursius, Græciæ feriatæ, lib. IV, dans le Thes. Ant. Gree. de Gronovius,
t. VH, p. 676 et 808. — Welcker, Griechische Gatterlehren, t. 1, p. 469.
6 Pindar., Pyth., IX, 67. — Serv. ad Virgil. Georg., I], 2, — Macrob.,
Saturn., lib. I, cap. XVII.
¥ Macrob., loc. est.
——— a
a ee ee eee
eee Sem]
ET DISSERTATIONS. | 405
à Lesbos’, de raïato, en Béotie’, de Made”, Kepe-
trac’, Tpdyoc *, qui tous expriment plus ou moins direc-
tement ia même idée; enfin d'Exipydtoc (qui préside aux
brebis) chez ces Camiriens de l’tle de Rhodes * où le
culte d’Apollon-Hélius resta en honneut jusqu’aux derniers
temps du paganisme. Et multa sunt, dit Macrobe, cogno-
mina per diversas civilates ad dei pastoris officium tendentia.
Quapropter universi pecoris antistes et vere pastor agiios-
cilur.
De 1a provient sans doute aussi la grande analogie de
certaines figures de Päri$ berger avec Apollon dont il em-
prunte et le costume et la lyre, comme lui couronné dé
hurier-êt laissant flotter sur-ses épaules sa longue cheve-
jure. Les animaux qui l'entourent sont tantôt des chèvres
et tantôt des brebis ’. La chèvre, l'ibex, le mouton, étaient
1 Macrob., doc. cit.
* Plutarch., de Pyth. orac., cap. XXIX. — Proolus, in Photii Bibléoth.,
p. 321, 31.— Cf. Welcker, Griechische Getterlehren, t. I, p. 485.
$ Thucydid., lib. III, cap. III, 3
+ Pausanias, lib. VIII, cap. XXXIV, 8. Temple d’Apollon Céréates près
du fleuve Kzpvlwv.
8 Steph. Byzant., s. 0. Tpayata. Cf. Weleker, op. laud,
e Macrob., Saturn., lib. J, cap. XVII.
T Voy. Gerhard, Trinkschalen wu. Gef. des k. Museams su Berlin, pl. Xt. —
Auserlesene gr. Vasend., t. Ill, pl. CLXX1V. — Antike Bildwerke, pl, XXX].
— Overbeck, Gall. heroisch. Bildw., pl. 1X, n° 8; et X, n°° 1 et 4.—Cf.J. de
Witte, Catal. Canino, n* 129 et 130. — Sur d'autres vases encore on voit
Pris tenant la lyre, mais sens troupeaux; par ex. : Gerhard, Auserl. gr.
Vasenb., t, 111, pl. CLXXÏII.— Antike Bildwerke, pl. XXXI1I. — J. de Witte,
Catal. Durand, n° 375. — Overbeck, Gall. heroiech. Bildw., pl. 1X, n°° 4,5,
6; X, n° 3. — Cf. O. Jahn, Budlett. ded?’ Instit. archeol., 1842, p..26. —
(Toutefois rien ne prouve que sur les miroirs gravés pl. CCX] et CCXII des
Etruskische Spiegel de Gerhard, le personnage qui tient une lyre et un ra-
mean puisse être considéré comme l'image de Paris.) — Ailleurs Apollon
‘lui-même assiste au jugement; un bélier se voit près du dieu ot de Paris
assis: Gerhard, Apulische Vasenb., pl. VI; Overbeck, op. laud., pl. X, n° 5.
1869. — 3. 12.
166 MÉMOIRES
facilement confondus par les anciens, confusion qui est en
accord avec les lois de la classification scientifique. Des
têtes de béliers et des têtes de chèvres sont figurées sur les
pièces de Delphes’, et l'on trouve ces deux genres de ru-
minants alternativement attribués, dans les représentations
antiques, à Mercure qui partage avec Apollon les épithètes
de Nomius * et d’Epaméiias *.
D'ailleurs Pausapias nous apprend que Mercure avait dé-
livré les habitants de Tanagra de la peste, en portant ut
bélier autour des murs de la ville, ce qui lui avait valu le
surnom de Criophorus : « 0 Epnñs agloiv äxotphpat vésov Ao-
yubdy mp to cio xptdy aipurepauw’. » Il est possible que
quelque croyance analogue ait existé au sujet d’ Apollon,
dieu médical *.
Le voyageur rapporte encore que dans les environs de
Messène, au milieu d’un bois très-épais de cyprès qu'on
appelait de son temps Carnasius ‘, et dans lequel on célé-
brait les mystères de la Mère des dieux’, se trouvaient
associées les images d’Apollen Carnéus et de Mercure por-
3 Les têtes de chèvres rappellent aussi la tradition suivant laquelle des
animaux de cette espèce firent découvrir l'emplacement d'où sortaient des
émanations inspiratrices, et sur lequel fut érigé le trépied fatidique. C'est à
cette croyance que se rapportait la coutume établie de sacrifier des chèvres
quand on voulait consulter l’oracle (Diodor. Sicul., lib. XVI, cap, ¥XVI-
— Pausan., lib. X, cap. V, 7).
2 Aristophan., Theamosphor., v. 977.
3 Pausanias, lib. IX, cap. XXXIV, 3. — Cf. lib. H, cap. IH, 4.
+ [bid., IX, cap. XXII, 1.
8 Voy. Friederichs et Gerhard, Apolton mit dem Lamm (zum Winckelmanns-
fest, 1861). — Et pour les rapports médicaux de Mercure avec Apollon, Pa-
notka, Heilgætter der Griechen, Berlin, 1845, p. 11,
* Pausan., lib. IV, cap. XXXIHI, 4, — C'était aussi l’ancien nom d’une prey
vince ; ibid., cap. Il, 2.
7 cf. Pausan., lib. If, cap. 11}, 4.
ET DISSERTATIONS. 167
tant un bélier. Ce sanctuaire n’était pas probablement sans
analogie avec celui qui fut découvert, il y a une vingtaine
d'années, par M. Peretié à Rimat près Saïda, et qui ren-
fermait une statue d'enfant criophore accompagnée de
deux bustes radiés. Les figures de bronte recueillies en
ce lieu furent acquises par M. le duc de Luynes, et sont
actuellement conservées à la Bibliothèque impériale ‘. On
sait aussi qu'un autel du Musée Gapitolin* représente un
buste solaire et un enfant criophore sortant du feuillage
d’un cyprès, sajet qui offre de frappants rapports avec la
description du bois Carnasius. Toutes ces représentations,
‘dont je ne prétends pas épuiser la liste, concourent à nous
montrer la relation du bélier avec Apollon-Hélims.
Au temps où furent composés les hymnes homériques,
Apollon paraît conférer à Mercure le gouvernement des trou-
peaux de toutes les espèces. Ge n’est point seulement les
bœufs dérobés au dieu armé d'un arc d'argent, les cavales
qu'il nourrissait sur le mont Piéris *, les bêtes fauves, qui
devront wbéir au rusé fils de Mafa; son empire s’étendra
encore sur les chiens, les brebis, les troupeaux de moutons
qui couvrent la surface de la terre :
wat vu) xal pékorarv, Soa tpivet edpeta yÜv,
naa. 8 int rpoërrornv évasanv xdcrpov Eppijy *.
Mais, ainsi que le fait observer M. Alfred Maury :
« comme divimté pastorale, le fils de Latone déposséta
1 Lajard, Rech. sar le cuite du cyprès pyramidal, 1854, p. 28, ‘et pl. T3
fig. 1. — Archæol. Anasiger zur Archwol, Zeit., mai 1851, p. 50.
4 Lajard, op. laud., p. T9 sq, et pl. I. — Monum. ined. de l'Instit. archéot.y
+. IV, pl. XXXVIIL.
8 Homer., Hymn. in Mercur , v. 70,— Hidd., Mb. 1}, v 763 7,
+ Hymn, in Mercur., vy. 570 sq.
168 MÉMOIRES
peu à peu complétement Hermès. A mesure que ce dernier
fut confiné davantage dans ses fonctions de messager des
dieux, Apollca prit sur les troupeaux un empire de moins
en moins contesté... Ce qui frappe dans l'hymne homé-
rique, c'est la supériorité morale d’Apollon sur la divinité
arcadienne..... Herinés garde encore le droit de protéger
les troupeaux ; mais son emploi n'est: plus que subalterne,
et le fils de Latone domine de toute la hauteur et de tout
l'éclat de sa divinité. Apollon ne partageait pas senlement
avec Hermès, son ancien rival, les attributs de dieu pastoral,
il avait encore presque tous ceux qui caractérisaient le fils
de Maia’.
Toute question mythologique mise à part, les archéo-
logues qui cherchent sur les monuments des souvenirs de
faits positifs, pourraient encore alléguer que Y Apollon de
Delphes possédait des troupeaux réels qui paissaient sur les
pentes verdoyantes du Parnasse, et produisaient pour le
sanctuaire un revenu considérable qu ‘adrninistraient les
Amphictions’.
Ce n'est pas exclusivement la monnaie de Delphes qui
montre le bélier rattaché au culte d'Apollon : Les petits
bronzes de l'île de Péparéthus*, ceux de Clazomène*, et
ceux qui ont été attribués à Céphallénie par Pellerin, Chris-
tian Ramus, Mionnet, et à Cébren de Troade par MM. H. P.
Borrell*® et Waddington‘ nous offrent une tête de bélier
* 4 Fist. des religions de la Grèce ant., t. 1, p. 445 et 446, °
3 Voy. Carle Wescher, Étude sur ls monum. bilingue de Delphes, p. 56,
ligne 57, et p. 68, 115 et 120.
3 Mus. Hunter, pl. 42, n° 8.— Mionnet, Descy., t. H, p. 27, n° 187; Suppl.,
+ IN, p. 313, n° 3
+ Mionnet, Suppl. t. VI, p. 89, u° 54.
« + Numisin, Chronicle, t. VI, 1844, p. 187.
6 Revue num., 1858, p!. V, n 2,3 et 4,
ee a a
ET DISSERTATIONS. 169
au revers de ja téte lauréé du dieu. L'image de la même
divinité alterne dans la série des médailles impériales dé
Colophon avec celle d'un bélier.
Sur les autonomes de Nésus de Céphallénie ', on trouve
üne petite tête. de bélier que l'on peut regarder, je pense;
aussi bien que d’autres types de la même ville, lyre, tré-
pied, dauphin”, comme étant relative à Apollon dont l'ef-
figie se voit au droit, peut-être même au sarcluaire de
Delphes spécialement‘. |
A Cranium enfin *, le bélier apparaît associé à un arc; et
l'on peut, sans trop de témérité, chercher dans ces derniers
types une intention de rapprochement entre le surnom du
dieu : Kzpvziog, et le nom de la cité : Kpaviov.
En effet, près de Corinthe, il y avait un bois de cyprès
qui se nommait, non pas Kapvacwv, comme à Messène, ou
Käpvwov, comme un lieu consacré en Laconie*, mais Kpd-
veov* : on a déjà remarqué la relation des cyprès avec les
divinités criophores. |
Pausanias, torsqu'il rapporte les diverses étymologics
données au surnom apoilinien Kapveioc, dit qu’on le faisait
dériver de 4 xpaveia, à cause des cornouillers que les Grecs
avaient coupés dans un bois sacré d’Apollon sur le mont Ida,
pour la construction du Cheval de Troie, Bientôt ils recon-
1 Revue num,, première série, 1845, p. 413, vignette.
2 Numism. Chronicle, t. VII, p. 60. — Annal. dell” Instit. archeol., 1861,
p. 146. Avec des attributions fautives.
3 Voir, sur ce point, Pausan., hb. 1, cap. XXXVI!, 7, et lib. X, cap. XIX, 3.
* Bosset, Essai sur tes med. de Céphal. et d'Ithaque, pl. It, n 18 à 25 et 30.
—Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., pl. VII, u° 21,—Postolacca, Katadoyvo
tiv dpyalev vous. tw vicwy, 1868, n'° 901 à 904 et 908 à 911,
5 Polyb., Bell. soc. Ach , lib, V, cap. XIX, 3. et 4, os
* Pausan., lib. JI, cap. 1,4. — Cf. un bois consacré à Apollon Carnéus,
id. lib. IV, cap. XXXI, 1. | |
470 MÉMOIRES
aurent que cette action avait attiré sur eux la colère du
dieu : pour l’apaiser, ils instituèrent des sacrifices, et donnt-
rent alors à Apollen le surnom Kapwäioc, dérivé de xpzvlz,
au moyen de la transposition du rho, suivant un precédé ar-
ehaique : xd sûv xpavuiov, bapQivess 50 fib xevk bof tt Zpyaiey '.0
Les habitants de Cranium ont eu probablement recours
à la même métathèse. Cest ainsi que lle de Carpathus,
située près de la Crète, dont le nom est écrit &äpraîec par
Hérodote*, Strabon*, Étienne de Byzance, était appelée
poétiquement Kpératec dans Homèse *.
L'arc, représenté aw revers des monnaies de Cranium
qui portent au droit un bélier, s’expliquera par une double
allusion au culte apollinien et aa nom de la ville : l’em-
blème du dieu x)urérofes est aussi l'arme faite de bois de
eornouiller = ré£ov xpavêivor *.
Je ne dois pas oublier de mentionner une circonstance
archéologique fort intéressante, Le type du tétradrachme
delphique a été reproduit sur la base d’un cône de ealcé-
doiae qui probablement a servi de sceau à un habitant de
Tune des provinces maritimes de I’ Asie Mineure, et qui fait
aujourd'hui partie de la collection de M. James Cove Jones,
ancien secrétaire de la Société numismatique de Lendres,
* Pauean,, lib.., III, cap. XIN, 5.
* Lib, I, cap. XLV.
# Lib. X, p. 488; XIV, p. 681.
* Miad., lib. I], v. 676.
5 Voy. Pausan., lib. 1, eap. EX, 5
ET DISSERTATIONS. 47)
à Loxley (comté de Warwick). La seule différence qu'on
puisse con3tater entre le type monétaire et celui de l’in-
taille, est que cette dernière offre au-dessus des têtes de
bélier géminées trois dauphins au lieu de deux. M. le comte
de Vogüé, en publiant ce curieux monument d’après une
empreinte‘ que Jui avait donnée M. le duc de Luynes, a
trés-ingénieusement fait observer que le styie des figures
qu'il ne croit pas antérieures au v° siècle, est inspiré de
d'art grec. La découverte du tétradrachme de M. de Deme-
trio lui donne complétement raison.
Avons-nous dans ce sceau un souvenir de quelque péleri-
nage ou de quelque réponse heureuse obtenue de l’oracle
de Delphes ? On sait que les Asiatiques le consultaient aussi
bien que les Grecs. Serait-ce le cachet d'un négociant
étranger habitué des marchés de la Phocide? On bien les
symboles apolliniens se rapportaient-ils à l'un des noms
inscrits sur le sceau ?
M. de Vogüé a lu: ww "2 wars nn, Soeau de Nergasch
fils de Scheresch. Le second de ces noms est connu dan; la
Bible *. Mais si nous remarquons que dans k nom du père
de Nergasch, le deuxième caractère est exactement sem-
blable à celui qui commence le nem du fils, c'est-à-dire un
moun ; que le troisième et dernier est un beth comme la
première lettre du mot 2, il en résultera qu'il faut lice
mon pas wiw, mais 230, Schenab, nom qui se rencontre dans
la Genèse* porté par un roi d’Adama près de la mer
Morte. Là il se présente sous la forme 2n3w, tandis que
1 Mélangrs d'archéologie orientale, 1868, pl. VI, n° 33, et p. 130. — Rer.
arehcol., 1868, pl. XV et p. 445.
3 Paralip., lib. 1, cap. VII, 16.
8 Cap. XIV, 2.
472 . MEMOIRES
le groupe inscrit sur le sceau né contient pas de voyelle,
conformément à l'usage phénicien.
La signification du nom Nergasch n'a pas été indiquée
par M. de Vogaé. Quant à Sehenab, dont les Septante ont fait
Yevvadp, les interprètes ont donné à ce nom des étymolo-
gies fort diverses que je ne me perniettrai pas de dis-
cuter. Nous savons par les stéles bilingues d'Athènes et
de Malte que les Phéniciens établissaient une synonymie
entre leurs dieux et les dieux de la Grèce ; puisqu'ils tra-
duisaient wowTAay par H)dswpoc, el IORTAY par Atovéne.
Le nom d’Apollon-Hélius avait sans doute chez les Sémites
plus d'un équivalent; mais il y a là matière à examen et à
discussion. Je me contente donc de doaner une: nouvelle
copie du sceau aux têtes de béliers, prise sur une excel-
lente empreinte, et de signaler l'identité de son type et de
son style avec ceux de la monnaie qui doit avoir servi de
modèle.
Henri DE LONGPÉRIER.
io | ET DISSERTATIONS. 473
MEDAILLES GRECQUES INEDITES
DE EA COLLECTION SOUTZO
(Pi. VI, VU, VII.)
4. Ælnæi de Sicile. Tête dApollon, à gauche. —
Hh. AITN. Ornement en forme de double palmette, dont
les deux feuilles supérieures ressemblent à celles de l'a-
canthe. — Æ 5. (D’après M. Th. Heldrich, botaniste, à
Athènes, et conservateur du Musée d'histoire naturelle.)
2. Bizya de Thrace. M.IOYA.@IAITITIOL KAIL. Buste de
Philippe le Jeune, 4 droite ; la tête nue. — à. BIZYHNON.
Ciste entr’ouverte d'où s'élance un serpent, à gauche. —
Æ. A. La ville de Bizya est située dans Ia partie de la
Thrace que les anciens appelaient le royaume ou le peuple
des Astæ. |
3. Byllis d'Illyrie, Tête casquée de Minerve, à droite;
derrière, monogramme. — À. BYAAIZ. Aigle, à droite,
debout sur un foudre : le tout dans un cercle de grènetis.
— #. 2. Cette ville maritime d'Illyrie passe pour avoir
été fondée par les Myrmidons, compagnons de Néoptolème.
h, Methone de Macédoine. Téte de femme, à gauche, les
cheveux retroussés. — R. MEOQ à l'exergue. Lion, à gau-
che, brisant une lance. Lettres AV liées au-dessus du lion.
— Æ,. 2. Méthone est sur la frontière de la Thrace. C'est
la seconde médaille connue de cette ville; la première se
trouve dans la collection nationale d'Athènes : elle a été
474 MÉMOIRES
publiée par mon ami M. A. Postolacca, conservateur du
Cabinet des médailles d'Athènes, dans les Annali dell
Instituto di corrispondenza archeologica, t. XXX VIII, Rome,
1866, p. 330 et Monum, vol. VIII, pl. XXXII, n° 2. Mais on y
remarque certaines différences. Dans la première le lion est
tourné à droite, occupé à dévorer sa proie, et il n’y a pas
de monogramme.
5. Larissa de Thessalie. Tête de bœuf, de face, avec le
cou à droite; le tout dans un cercle de grènetis. — ®. AA
rétrograde: la lettre A n'a pas été imprimée. Tête de
cheval bridée avec le cou, à droite ; le tout dans un carré
creux en partie visible. — MR. 1 4/2. Poids, 0s,898.
6. Melibæa de Thessalie. Tête de femme, à droite ; les
cheveux réunis en touffe au sommet du crane.—s#. MEAL.
Grappe de raisin avec deux feuilles. — Æ. 2.
7. Elzade Thesprotie. Tête de Cérés de trois quarts, à
gauche, couronnée d'épis; les cheveux pendants. —
À. EAEAI au-dessus de Cerbère en arrêt, à gauche, sur
une ligne horizontale ; entre les pieds du chien, A : le tout
dans un champ concave. — Æ. 4 1/2. Le comte Michel
Wiczay, dans la description de son cabinet ', attribue cette
pièce à Pisaurum d'Ombrie, en la comparant à la mon-
naie au type de Cerbére décrite par Pellerin”. Mais,
en 4824, M. Mionnet, qui la croyait inédite, la classait aux
Celtæ-Aidonites de l'Épire, d'après un renseignement que
lui avait fourni M. Pouqueville*. Quelques années plus
tard, Éd. de Cadalvène, ayant trouvé un exemplaire sur
1 Musei Hedercarti num. ant., 1814, t. I, p. 17, n° 344.
3 Recueil de méd., t. I, pl. IX, n° 40, p. 59. — Mionnet, Descript., t. I,
p. 104, n° 64, et Suppl., t. IX, p. 242. |
# Voy. Vuyage en Grèce, 1.1, préface, p. xvi et p. 471. — Mionnet, Suppl,
t. 111, p. 418, pl. XI, n° 5.
=
ET DISSERTATIONS. 478
Tequel il croyait lire EAEQ, proposa uve restitution à
Éleon de Béotie‘. La médaille est incontestablement de
fabrique thesprotienne, comme l’avait, du reste, reconnu
Pouqueville. Thucydide fait mention (1. I, 46) d’un canton
ele la Thesprotie qui s'appelait Elæatis. Ptolémée (1. III,
Cap. 14) dit que le port de ce canton où se jette le fleuve
Achéron s'appelait Elæa. M. P. Lambros n'hésite pas à ac-
cepter cette attribution, d'autant plus que la médaille a
été recueillie en Épire. Le savant conservateur du Musée
numismatique de Berlin, M. Friedlender, admet aussi
cette attribution, et il pense, en outre, que la légende
EAEAI pourrait, sans être nullement forcée, se compléter
par EAEAION, c'est-à-dire habitants d'Elæa.
8. Acarnanie. AKAPNANON. Tête d’Achéloiis, à droite.
— À. PEPEAAOS. Apollon nu assis, à gauche, sur un
siége sans dossier, tenant de Ja main droite un arc, et ap-
puyant la gauche sur le siége. — AX. 5. Poids, 85,805. Je
n'ai jamais rencontré le nom de D9EPEAAOS sur les mé-
dailles de l’Acarnanie. Je remarquerai encore qu’habituel-
lement le nom de l’archonte est placé toujours du côté
de la tête de l’Achéloüs et la légende AKAPNANON du
côté du revers où l’on voit Apollon. |
9. Alyzia d Acarnanie. Tête de Diane, à droite, la che-
velure retenue par un bandeau et formant une touffe au
sommet, avec boucles d'oreille à trois pendants.— &. AA.
Arc; le tout dans un champ concave. — Æ. 2. Poids,
08,933.
40. Téte de Diane, a droite, les cheveux retroussés.
— À. AA. Arc posé horizontalement. — #. 2 41/2.
41. Medeon d Acarnanie. Tête laurée d’Apollon, à gau-
1 Recueil de méd grecques, 1828, p. 154 et vignette du titre.
170 MÉMOIRES
che, les cheveux pendants par derrière. — &. ME. Trépied
placé entre les lettres. — Æ. 4. M. P. Lambros restitue à
Médéon, ville de l’Acarnanie, située vers la frontière de
l'Étolie (voy. Thucydide, 1. III, 406), et qu'il ne faut pas
confondre avec Médéon de Macédoine, une médaille attri-
buée jusqu'à présent à Métapontum d'Italie, ayant c’un
côté une tête de Minerve, et au revers, IME, chocette
debout. La médaille que je publie doit être attribuée 4
cette même ville avec d'autant plus de raison, qu'elle
a été trouvée en Acarnanie, et que celui qui a l'habitude
de discerner les différentes fabriques ne peut pas mécon-
naître le type acarnanien de cette médaille. M. P. Lam-
bros et M. A. Postolacca n'hésitent pas à admettre cette
attribution. _
42. Stratus d Acarnanie. Tête d'Acliéloüs, à droite, —
À. FTX dans un champ concave peu profond. — A. 2.
Poids, 15,170. L'attribution de cette médaille unique à
Stratus a été contestée par la seule raison que la lettre T
est plus grande que les deux autres et que l’on rencontre,
quoique fort rarement, une médaille ayant le même type
avec la lettre T isolée. Je pense que cette médaille doit
être considérée comme acarnanienne, et en outre qu’elle
doit être attribuée à Stratus. J'ai dans ma collection deux
médailles des OEniades, dont une d'argent et l'autre
fourrée, ayant absolument la méme tête d’Achéloüs. Il est
vrai que la lettre T isolée se trouve sur d’autres médailles
de la même contrée indiquant, d'après mon opinion, le
poids’, mais il est plus que probable, que les habitants
de Stratus, capitale de l’Acarnanie, ont ajouté à Ja lettre T
indiquant le poids de la monnaie, les lettres ST pour
1 Voy. Reeve numism., 1867, p. 301 et 303.
__ — - ea -
ET DISSERTATIONS. 477
indiquer en même temps le nom de la ville par les trois
initiales. J'ai aussi en ma possession une médaille en bronze
de Stratus, la seconde connne jusqu’à présent, et portant
une tête d'Achéloüs semblable à celle de la médaille
d'argent.
43. Phocide? Casque, à gauche. — À. T dans un carré
creux.—Æ. 1. Poids, 0s",420. Cette pièce a été classée par
moi, à cause de Ja lettre T, parmi les médailles de Tégée.
Mais ayant été convaincu plus tard par la belle découverte
de mon ami M. P. Lambros, gue les lettres isolées, A, E,T,
ne sont Je plus souvent que des indications du pois (j'y
reviendrai plus tard à propos du n° 26), jen’ai pu classer
nulle part cette médaille avec certitude, et c’est avec hési-
tation que je la place parmi les médailles de la Phocide,
car je ne me fonde que sur une médaille de cette contrée
qui porte un casque semblable. Je laisse à la perspicacité
des savants numismatistes à donner une explication plus
satisfaisante.
4h. Delphi de Phocide. Téte de bélier, à gauche. —
i. Tête de bouc, à droite, dans un carré creux. — AM. 2,
Poids, 44,422,
_ 45. Ismene de Béolie. Bouclier béotien,—À. HI. Grappe
de raisin placée entre les lettres. —Æ. 1/2. Poids, Osr,299.
Cette petite médaille est attribuée par M. P. Lambros à là
ville béotienne d'Ismène. La lettre H indiquant que F1 est
-aspiré ne l'a point arrêté; il est en effet prouvé par une
foule d'inscriptions grecques que j'ai sous les yeux que
le même mot était aspiré ou non aspiré indifféremment,
et cela à la même époque; par conséquent, je pense que
l'attribution de cette petite médaille à la ville d’Ismène est
très- juste.
46. Tanagra de Béotie. APOYCOC. Téte de Drusus nue,
178 MÉMOIRES
à droite. — R. TANA. Branche de palmier. — Æ. 2 1/2.
C'est à cause de Drusus que je place cette médaille parmi
tes inédites, n'ayant jamais rencontré le nom de Drusus
sur les médailles de cette ville,
47. Athenz. Tête de Thésée, les cheveux courts, à
droite; derrière la tête, massue. — f. AOH à gauche de
la médaille. Vase à deux anses; à droite du vase, une
branche de palmier : le tout dans un grènetis.—Æ. 4 41/2,
48. Dyme d Achaie. Cerf debout, à droite. — &. Poisson,
à gauche; au-dessus, symbole incertain; ke tout dans un
carré creux.— MR. 4, Poids, 11,021, Cette médaille, ainsi
que les deux autres qui suivent, quoique sans légende,
ne pcuvent être attribuées qu'à Dymé, d'abord à cause
du poisson qu'on trouve sur les médailles de la Ligue
achéenne de la même ville, et, en second lieu, à cause de
la fabrique. MM. P. Lambros et Postolacca sont du même
avis.
49. Paytie antérieure d’une biche courant, à droite. —
à. Poisson posé transversalement, à gauche; au-dessus,
petit poisson, et au-dessous, étoile ; le tout dans un carré
creux dentelé, — MR. 4, Poids, 05,095.
20. Partie antérieure d'une biche courant, à gauche.—
à. Poisson posé transversalement, à droite; au-dessus,
un Q; le tout dans un carré creux avec un encadrement.—
A. T. Poids, 0,039. |
21. Pellene d Achase. Tête d'Apollon laurée, à gauche,
la chevelare pendant par derrière en boucles. —à. TIEAAA
dans une couronne de laurier. — M. 2. Poids, 2,533.
22. Argos d Argolide. Téte de femme, à droite, la che-
velure pendant par derriére en boucles et retenue par un
bandeau. — i. Harpé et massue placées horizontalement
dans une couronne. — Æ. 3. Poids, 2,412. Cette belle
M —_— ep ee ————<
au
a
ET DISSERTATIONS. 479
meédaille, d’une conservation parfaite, peut être attribuée
à Argos, à cause de la harpé et de la massue qui compo-
sent le revers de cette médaille. MM. P. Lambros et A.
Postolacca n’hésitent pas à considérer cette attribution
comme juste et fondée.
23. Argos et Thyrea. Tête de loup, à droite. — f. A et
© en monogramme dans un champ concave. — M. 1 1/2.
Poids, O8',769. Les anciennes médailles de ces deux villes
que nous rencontrons assez souvent ont, en général, le théta
carré, et l'A se trouve au revers dans un carré creux. La
médaille que je publie paraît être d'une fabrique bien
postérieure, à cause du © rond et du style de la médaille
beaucoup plus élégant.
2h. Cleonz d’Argolide. Tête de lion, àgauche.—à. x dans
un carré creux.— /R. 4. Poids, 05,454. La tête du lion est :
d'un beau style. |
25. Heræa a Arcadie. Téte de femme, à gauche, les
cheveux retroussés. — À. AQH. Au milieu, un grand E;
le tout dans un champ peu concave. — M. 4. Poids,
Or 845,
26. Mantinea d'Arcadie. MA. Gland placé entre les
lettres ; le tout dans un grénetis. — à. Grand E devant la
légende MAN. Champ concave. — M. 4. Poids, 0#*,480.
Les médailles portant la lettre E et quelquefois trois E
ont été attribuées pendant bien longtemps à la ville
d'HPAIA d’Arcadie, en admettant préalablement qu'on
prononçait EPAIA au lieu d'HPAIA, c’est-à-dire l’éta avec
le son de l’epsilon. Cette explication ne m’a jamais satisfait,
bien que je n’eusse pas d'arguments assez solides pour la
combattre. L’acquisition de cette petite médaille de Man-
tinée, appartenant incontestablement à cette ville, puis-
qu’elle porte une double légende, MA avee le gland d'un
380 MÉMOIRES
côté, et MAN avec la lettre E au revers', ne me laissait
plus de doute que cette lettre signifiait tout autre chose, et
que les médailles portant un ou bien trois E ne devaient
pas être attribuées exclusivement à la ville d’Heræa. Plu-
sieurs de mes amis qui soutenaient l'opinion contraire
ont été obligés de se rendre devant l'argument palpable,
la double légende de Ja petite médaille de Mantinée. On a
soutenu alors que la lettre E était un signe d'alliance entre
la ville d'Heræa et celle de Mantinée. Cette nouvelle supposi-
tion a jeté quelques doutes dans monesprit, sans cependant
me convaincre, lorsque l'acquisition de la petite médaille
d'Heræa m'a donné complétement raison; mais la lettre E
restait toujours inexplicable. Mon ami M. P. Lambros,
d'une perspicacité reconnue pour tout ce qui a rapport aux
médailles, a résolu le problème, la balance à la main, de
la manière la plus satisfaisante, et va bientôt publier le
résultat de ses observations. I] prouve, dans un travail
très-ingénieux, que Jes lettres isolées E, A, T que nous
rencontrons souvent sur les médailles indiquent le poids
de la monnaie. Un E, par exemple, signifie la sixième
partie d'une drachme ; la médaille qui en porte trois, est
la moitié d’une drachme, soit les trois sixiémes, et ainsi
de suite. J’ai dans ma collection une trés-belle médaille de
la Phocide; on y voit d'un côté trois têtes de bœuf et au
revers un T. Cette médaille pèse un trichalcon. M. P. Lam-
bros a été plus loin encore : il veut prouver que ce n'est
pas par pur caprice et sans raison que les anciens mettaient
sur leurs monnaies tantôt un bouclier et tantôt trois bou-
cliers, comme on en rencontre souvent sur les
Voir la monnaie attriouës à Mantia‘e pa: M. L. Müller, Revue numism.;
1862, p. 302, n° 4,
ET DISSERTATIONS. 4181
béotiennes, ou bien un ou trois glands, comme sur les
médailles de Mantinée. J'ai, en effet, en ma possession deux
médailles de cette dernière ville, dont une a un gland et
l'autre a trois glands; la première ne pèse qu’une obole,
tandis que la seconde en pèse trois.
27. Chersonesus de Crète, Tête, à droite, probablement
de Diane laurée. — À. Les lettres XE liées dans un champ
concave. — AM. 2. Poids, 45,647. .
28. Priansus de Crète. Tête de femme, à droite, les
cheveux retroussés en rouleau autour de la tête. —
à. IIPIAN. Neptune debout, à gauche, lançant son trident.
— Æ, 4. | |
29. Eubæa in genere. Tête de bœuf de face. — . EY-
BOEQN. Gouvernail. — Æ, 2.
80, Carystus d'Eubée. KA. Homme debout, à gauche,
tenant un cheval par la bride. — À. KA. Tête de bœuf
de face, le cou à droite, avec des bandelettes. —
Æ. 34/2 .
34. Thera, tle. Téte de Mercure, à droite, dans un grè-
netis, — À. OH. Caducée placé entre les lettres. — Æ, 4.
32. Jos, tle AOYKIAAA CEBA. Buste de Lucille, à
droite, les cheveux disposés en chignon. — À. IHTON.
Pallas debout, à droite, tenant de la main droite une haste
transversale, de la gauche, un bouclier. — Æ, 4.
33. Paros, ile. Tête de Cérès couronnée, à gauche, la
chevelure pendant en boucles dans un cercle. — À. IIAP
en monogramme, au-dessus d’une proue; le tout dans un
cercle. — 4. 2 3/4. — Autre semblable, H. 1 3/4.
3h. Méme tête, à gauche, dans un cercle de grènetis. —
à. [JAP en monogramme, au-dessus d’une colombe au
repos, à droite. — M. 2.
35. Antandrus de Mysie. Tête d’Hercule barbue, à gau-
1869, — 3. 13
182 MÉMOIRES
"che, coiffée de la peau du lion. — à. AN. Entre les lettres,
une MAssu6. — Æ. 4.
86. Miletopolis de Mysie. Tête d'Apollon, à droite. —
à. MIA. Bœuf marchant à gauche, — Æ, 1 1/2.
37. Eresus de Lesbos. Épi.«— à. EPESI. Caducée, à
droite; dans le champ, AE en monogramme. — Æ. 2.
88. AY.KA.KOMOAOC. Buste lauré de Commode, à
droite, avec le paludamentum. — f. EPECIQN. Modius
posé sur une base, — Æ, &.
89. Apollonia d'Ionie. Partie antérieure de Pégase, les
ailes recoquillées ; derrière le Pégase, AI; dessous, A: le
tout dans un cercle dentelé. — f. AIIO écrit horizontale-
ment au-dessus d'une lyre hexacorde; le tout dans un
encadrement formé par une branche de laurier. — Æ. 1 1/2.
40. Priene d'Ionte. Tête de Minerve, à gauche. Der-
rière, une branche d’olivier, — à. IPI. Epi; le tout dans
un cercle formé par les détours du Méandre. — Æ, 4.
Gette petite médaille est d'une belle fabrique.
41. Teos d'Ionie. Griffon assis, à droite. — À. Osselet
dans un carré creux. — Æ. 3/4. Poids, 05,225,
42. Mylasa de Carie. Téte de femme, à gauche, les che-
veux réunis en haut de Ja téte.—f}. MYAA. Diota.— A. 4.
h3. Myra de Lycie. MY. Buste d’Apollon, à droite, la
chevelure pendant en boucles. — à. Lyre à trois cordes
dans une couronne de laurier. — A. 4.
hh. Andeda de Pisidie. QTAKIAIA CEOYHPA. Buste
drapé et diadémé d'Otacilia, à droite, dans un croissant. —
à. ANAHAEQN. Fortune debout, à gauche, tenant un gou-
vernail et une corne d’abondance. — Æ. 4.
Ab. Anazarbus de Cilicie. AYTOK.... AOMITIANOS SE.
Tète de Domitien laurée, à droite. — à. KAISAPEON
ANAZAPBQ..... Tête, à droite, voilée et tourrelée de la
ville personnifiée. — Æ. 7.
ET DISSERTATIONS. 183
A6. Seleucia de Cilicie. Mouche. — À. SEAEYKEQN
Epi. — &. 1 1/2. |
h7. Tarsus de Cilicie. IOYAIA AOMNA CEBACTH.
Buste drapé et diadémé de Julia Domna posé sur un
croissant, à droite. — À. KIAIK.APX.TAPGEON. TOY
EQ@NOYG. Figure debout, à gauche, vêtue de la toge, sa-
crifiant sur un autel. — Æ,. 54/3. Poids, 4,705, Cette
médaille est digne d'attirer l'attention des numismatistes ;
c’est pour la première fois que je rencontre sur une mé-
daille le mot EONOC, c’est-à-dire peuple ou nation.
48. Magnesia de Lydie. F.IOY.OYH.MAZIMOC KAI.
Buste lauré de Maxime, à droite, avec le paludamentum.
— À. CIII FP.AYP.TYXIKOT MAFNHTON. Victoire mar-
chant à droite, tenant de la main droite une couronne etde
la gauche une palme. Dans le champ, Z. — &. 8,
49. Amorium de Phrygie. AYT.K.II.CE.FETAC AYT.
Buste nu de Géta, à droite, la tête laurée. — à. AMO-
PIANON. Pallas debout, à droite, tenant de la main
droite une patère et de la gauche une lance ; à ses piéds,
un bouclier ovale, — Æ, 7.
50. Dorylzum de Phrygie. M. ANT.TOPAIANOC AYTO.
Buste lauré de Gordien III, à droite, avec le paludamentum.
À. EV] ATTIKOY APX.TO B AOPYAAEQN. Pallas de-
bout, à droite, tenant de la main droite une lance renversée
et appuyant la gauche sur un bouclier posé à terre.—Æ. 8.
51. Sebaste de Phrygie. AHMOC. Buste du Démos, à
droite. à. GEBACTHNQN. La Fortune debout, à gauche,
la tête surmontée du modius, tenant de la main droite un
gouvernail et de la gauche une corne d’abondance.— Æ, 6.
| ALEXANDRE G. Sourzo.
Athènes, 11 mars 1869.
184 MÉMOIRES
MONNAIES ET BULLES INÉDITES
DE NÉOPATRAS ET DE CARYTÆNA.
(Pl. IX)
Lorsque, après la conquête, les Croisés se partagèrent
l'État byzantin, Michel-Ange-Comnéne Ducas établit en
Epire le despotat grec, qui, s'étant agrandi avec le temps,
comprenait l'Étolie, la Naupactie, la Doride, la Parnasside,
la Phtiotide, l’Acarnanie, l'Épire et une partie de la Thes-
salie. Son successeur Michel II (1237-1271) partagea en
mourant l’État entre ses deux fils, Nicéphore et Jean le
Bâtard, laissant au premier l’Épire, I’ Acarnanie et l’Étolie,
et au second la Thessalie et la Phtiotide, qui étaient alors
connues sous le nom commun de Mégalovlachie, et les
contrées qui environnent le Parnasse.
NICÉPHOBE, DESPOTE D'ÉPIRE (1274-4296).
Jusqu'à présent je n'ai pu découvrir de monnaies frap-
pées au nom de Nicéphore; mais je conserve dans ma
collection une bulle de plomb dont voici la description :
Dans un cercle, buste de face et nimbé de la Vierge,
—
ee I ————
= ey
ET DISSERTATIONS. 485
les mains levées, et ayant sur la poitrine un médaillon
à l’effigie de l’enfant Jésus ; dans le champ, MP—OV.
À. Dans un cercle, + COPATIC CEBACTS NIKHGOPS
TS A8K en quatre lignes’, — Plomb. (Pl. IX, n° 1.)
JEAN IT, DESPOTE DE Néopataas (1271-1296).
Jean I:, seigneur de Thessalie ou de Mégalovlachie, ou
seigneur de Néopatras, avait pour capitale Néopatras (Hy-
pate). Il est représenté par les chroniqueurs comme un
homme ambitieux, et par conséquent se trouvant en
guerres continuelles avec les Paléologues, qui avaient
repris Byzance, mais il tachait de conquérir leur territoire,
voisin de son État; de sorte que lorsqu'il prit le gouver-
nement, il contracta une alliance avec le duc d'Athènes et
les tierciers de Négrepont, qui sans cesse étaient en guerre
avec Byzance, et étant parvenu aussi à attirer dans son
parti le roi de Naples Charles I*, il attendait l’occasion de
la rupture avec les Paiéologues, qui ne tarda pas à se pro-
duire. Son gendre Andronic Tarchaniote, gouvernant au
nom de l’empereur Michel VIII l’Orestiade et autres contrées
de l'Hæmus, irrité contre l’empereur qui avait donné la pré-
férence à son jeune frère Michel pour l’élever à la dignité
de grand domestique, et après avoir appelé les Coumans
dans les contrées qu'il gouvernait, se réfugia chez son beau-
père qu'il excita à la guerre. Le despote, se confiant dans :
le secours des Latins et de son frère Nicéphore, se jette sur
les contrées voisines. Michel ayant appris ce qui se passait,
envoya aussitôt contre lui une nombreuse armée sous le
1 Quant aux monnaies de Michel Is, despote d’Epire, et à une bulle de
plomb, voir mes dissertations dans la Mavôwpæ (vol. V, p. 237), et dans le
Xpovexdv évéxGotov Tadakerdlov Oxd K. Lada. Abyvar, 1865, p. 229.
186 MÉMOIRES
commandement de son frère Jean et du maréchal Alexis Ca-
rallarius, qui chassèrent l’envahisseur et l’assiégèrent étroi-
isment dans le château fort de Néopatras. Quelques jours
après, Jean ne voyant pas les alliés accourir à son secours,
et doutant de la fidélité de ses soldats découragés, recourt à
un trait d’audace. Ala faveur d’une nuit obscure il s’échappe
du château à l’aide d'une corde, et déguisé en paysan, passe
à travers le camp ennemi, feignant de chercher son cheval
qu'il disait avoir perdu; sous ce déguisement, il arrive
bientôt à Thèbes, capitale du duché d'Athènes, demande le
secours du duc Jean de la Roche, auquel il offre la main
de sa fille, la belle Hélène. Le duc, atteint de la goutte,
proposa comme gendre, à sa place, son frère Guillaume de
la Roche, seigneur de Livadie, et ainsi, aussitôt que la dot
fut fixée et les fiançailles célébrées, Jean prend avec lui
800 braves chevaliers commandés par le duc lui-même, et
se jettant à l’improviste sur les Impériaux qui assiégeaient
Hypate, les met en déroute et les chasse de son territoire
(1275). ..
Trois ans après (1278), Jean, aidé par le duc lui-même
et par les tierciers de Négrepont, renouvelle la guerre, et
après avoir livré une sanglante bataille à Pharsale, défait
l'armée de l’empereur beaucoup plus nombreuse que la
sienne, et fait prisonnier le maréchal Jean Synadinos.
L'empereur Michel VIII, cédant aux continuelles exhorta-
tions et aux instigations du pape Jean XXI, et aidé par le
patriarche Beccus, reconnut enfin la suprématie de l'Église
romaine. À cette nouvelle, Jean I*, d'accord avec son frère
Nicéphore, lève l’étendard de l'orthodoxie contre l'empereur
schismatique. Les armées qui avaient été envoyées contre
. Jean se réunirent à lui, et plusieurs habitants de la capi-
tale, fuyant la persécution, cherchent asile sur son terri-
Re A ee ee
ET DISSERTATIONS. 487
toire. Jean tint à Thessalie un concile ecclésiastique qui
désavoua l’Église romaine, excommunia l’empereur, le
patriarche et tous ceux qui avaient embrassé l'union, et
persécuta durement les métropolitains de Triccala et de
Néopatras qui s’opposaient à ses ordres (1279). En 1282,
Jean rentra de nouveau sur le territoire impérial, tandis
que Michel, méditant contre lui une horrible vengeance,
mourut au milieu des préparatifs de la guerre.
Deux ans après (1284), le despote Jean, se proposant
de faire une nouvelle excursion dans les pays impériaux,
fut arrêté pour quelque temps par les mesures actives
d Andronic II, qui essaya par la flatterie et la force de s’at-
tacher le turbulent despote, mais en vain; car Jean, après
quelque temps, ayant enrôlé les braves montagnards de
la Parnasside et de la Doride, déclara la guerre et livra
une sanglante .bataille dans les plaines de Zitouni; mais
ayant été vaincu, il prit la fuite, et son pays resta en
proie aux Coumans et autres barbares mercenaires de
l'empereur.
Jean mourut en l'an 1296. De ses trois fils, le premier,
Michel, retenu prisonnier à Constantinople, mourut misé-
rablement ; le second, Constantin, lui succéda au despotat,
et le troisième, mentionné simplement sous le nom d’Ange,
ne fit rien, à ce qu'il paraît, qui fût digne d’être relaté
par l’histoire *.
C'est à ce Jean, despote de Néopatras, je pense, qu'on
peut attribuer les monnaies et la bulle de plomb dont voici
la description :
4. Iw AGCIIO. Le despote, de face, assis sur un trône,
1 Hopf, Griechische Geschichte (Allgemeine Encyklopädie, von Ersch und
Grüber, 1867, Th. LXXV, p. 306, 334-336).— Ldôa Xpovixdv dvexdorev l'ada-
&eilou, ged. 140-144. |
488 MÉMOIRES
tenant une croix de Ja main droite et le volumen dans la
gauche; en haut, à droite, une main divine bénissant.
Dans le champ, à gauche, une aile d'ange.
à. A—M. Buste de l'archange Michel nimbé, de face,
tenant de la main droite une épée nue, et dans la gauche
le globe crucigère. — Cuivre. Du Cabinet national des
médailles à Athènes. (Pl. IX, n° 2.)
2, lw AECIIOTHCO. Le despote, de face et debout,
tenant le labarum dans la main droite et le volumen dans
la gauche; dans le champ, à gauche, une aile d’ange.
à. M-P—OY. Buste de face et nimbé de la Vierge ;
dans le champ, une petite croix de chaque côté.—Cuivre.
Du même Cabinet. (PI. IX, n° 3.)
Cette monnaie est décrite et dessinée par M. Sabatier ‘,
mais elle a été attribuée à l'empereur Jean II Comnéne.
L’aile d'ange, qui est dans le champ de la monnaie, est
prise par lui pour une porte de ville.
8, CHPAFIG — CEBAGO[Y] — IWANNS TS — ASKA
en quatre lignes,
8. PIZAN — FENOYC—[CIXONTOG—EK BACCI—
AEWN en cing lignes. — Plomb. De la belle et riche col-
lection de M. Photiades-Bey, ministre de la Porte en —
Grèce. (Pl. IX, n° 4.)
Je croyais, il y a quelques années, d’accord avec mon
savant ami M. Fr. Lenormant, que les deniers tournois
qui portent au droit la légende ANGELVS SAB.C, et au
revers DELLA PATRA ou NEOPATRIE, pouvaient étre at-
tribués à Jean I‘, despote de Néopatras *; mais après la
découverte des monnaies décrites ci-dessus et de la bulle
1 T. II, p. 198, n°9, pl. LILI, n° 19,
* Fr. Lenormant, Revue numism., 1864, p. 45-48.
nn —— +
a ee ee ee ee
—_~
ET DISSERTATIONS. 189
de plomb, et après de nouvelles recherches, je suis per-
suadé qu’il est impossible que ces monnaies aient été frap-
pées par ce prince.
Le despote Jean I** s’allia avec Guillaume de la Roche
en lui donnanten mariage sa fille Hélène, et en méme temps
dans ses guerres contre les empereurs de Byzance il con-
tracta des traités avec d’autres Francs; mais il ne faisait
tout cela que pour la réussite de ses ambitieux desseins.
Cependant il était impossible qu’un homme si impérieux
(qui, pour la défense de l’orthodoxie, déclara la guerre au
puissant Michel Paléologue, et convoqua un concile qui dé-
savoua l’Église romaine et excommunia l’empereur, le pa-
triarche et tous les partisans de l’Union) abjurât son sen-
timent grec et frappât des monnaies à légendes latines. Ces
monnaies appartiennent donc certainement à son petit-fils
Jean II, comme nous le verrons plus bas.
L’aile d'ange qui est sur les deux monnaies de cuivre
fait allusion sans doute au surnom Ange; mais l'empereur
de Thessalonique, qui était de la même maison, s'appelait
aussi Jean. Auquel donc des deux personnages peut-on
attribuer les susdites monnaies? Les monnaies de Jean de
Thessalonique, celles de son père Manuel et de son oncle
Théodore, non-seulement celles publiées par M. Sabaiier,
mais encore plusieurs autres inédites qui forment déjà une
riche et intéressante série, et que je me propose de publier
plus tard, ont une finesse particulière de fabrique et une
perfection d'art que n’offrent point nos monnaies. Je re-
marque aussi que les empereurs de Thessalonique, outre
le Christ, la Vierge, saint Démétrius, protecteur de la ville,
saint Georges et saint Théodore, ajoutent très-souvent
l’archange Michel par allusion à l’origine de la famille des
Anges, tandis que l’aile d'ange ne paraît sur aucune de
190 MÉMOIRES
leurs monnaies, Donc le type de l'aile, faisant allusion à
ce surnom, convient à un autre Jean de la même maison,
et non à celui de Thessalonique, qui suivit le système mo-
pétaire de son père et de son oncle. II résulte de ces ob-
servations qu'il convient d’attribuer les deux monnaies ci-
dessus décrites à Jean I**, despote de Néopatras, qui, fils
bâtard du despote d’Epire, voulut peut-être rendre plus
évident son surnom d’Ange par la représentation de l'aile.
La pompeuse légende de la bulle de plomb, PIZAN
reENOVG EXONTOC EK BACCIAEWN, s'accorde avec
cette intention, tandis que la bulle de son frère Nicéphore,
fils légitime de Michel, porte une légende très-simple.
CONSTANTIN (1294-1303).
Dès que Constantin eût pris les rênes du gouvernement,
il se trouva en guerre avec son oncle Nicéphore, despote
d’Epire, et occupa les châteaux forts de Naupacte et d’A-
chéloüs, qu'il fut bientôt obligé d'abandonner. De son
premier mariage avec Anne Evagionastiki Ducaena, il n'eut
qu'un fils nommé Jean. Comme il voyait approcher sa fin
(1303), il nomma tuteur du jeune prince son neveu,
fils de sa sœur, Guy II, duc d'Athènes, et ordonna aux
barons de prêter aussitôt le serment. Une garnison grecque
devait rester dans les châteaux forts ; mais tout le reste
demeurait sous la domination de Guy de la Roche jusqu'à
la majorité de l'enfant *.
1 Hopf, loc. laud., p. 355.
2 Hopf, loc. laud., p. 360.
De, — ee ee ee ee ee - —_—_—_—_——s
ET DISSERTATIONS. 491
Jean II (1308-1318).
Guy ayant appris par des ambassadeurs qu'il avait été
nommé tuteur de son cousin mineur Jean II, duc de Néo-
patras et sébastocrator de Mégalovlachie, accepta volon-
tiers ce titre, et étant parti de Thèbes avec une nombreuse
escorte pour Zitouni, y reçut le serment des feudataires
du despotat; il jura aussi de garder les coutumes du pays,
et de laisser dans les châteaux forts une garnison grecque,
selon la dernière volonté du feu despote. Puis étant allé
à Néopatras, où il prit soin de Jean II comme d’un fils de
roi, et de là étant retourné à Zitouni, il mit en ordre l’ad-
ministration militaire et financière, et organisa le tout
complétement suivant la manière franque. Après avoir
nommé des gouverneurs dignes de sa confiance, il retourna
à son duché vers la fin de l’an 1303. D'après le récit dé-
taillé du Livre de la Conqueste’, Guy gouverna paternelle-
ment le despotat, et le mit à l’abri de toute incursion des
despotes d’Epire et des autres voisins jusqu’à sa mort, ar-
rivée en l’an 1308, époque à laquelle probablement Jean II,
parvenu à sa majorité, prit lui-même le gouvernement.
En l'an 1318, mourut Jean II, et avec lui disparut le
despotat de Néopatras, après une durée de quarante-sept
ans.
: C’est donc à ce Jean 11 Ange-Comnène, duc de Néopatras
et sébastocrator de Mégalovlachie, qu'il faut attribuer les
deniers tournois qui portent au droit la légende ANGELVS
SAB.C., et au revers NEOPATRIE ou DELLA PATRA, et
1 Buchon, Recherches historiques, etc., p. 406-420, — Hopf, loc. laud.
p. 360-361.
3
192 MÉMOTRES
qui ont embarrassé jusqu'à présent tous les numismatistes.
Ces deniers ont été certainement frappés par le duc d’A-
thènes Guy Il pendant qu'il était tuteur de son cousin
mineur, et après, qu'il eut organisé le despotat de Néopa-
tras tout à fait suivant le système franc. Ces monnaies
sont, en effet, conformes au numéraire franc qui alors
avait cours en Grèce. Le professeur Hopf mentionne aussi
une légende monétaire ainsi conçue : ANGELVS DE
SAB.D, l’expliquant par ANGELVS DEspotus SABastocrator
Ducas'. Dans ma collection, se trouvent quinze différentes
monnaies du susdit despote, mais pas une d'elles ne porte
une semblable légende. J'ajoute ici la description de
trois importantes variétés inédites de ces monnaies :
1. -+ ANGELVS SAB.Q. Croix.
à. DALLA PATGR.A. Chastel. — Billon. (PI. IX, n° 5.)
2, + DVX ANGGLYS et une petite fleur de lis. Croix.
QR. DALA PATPIA. Chastel.— Billon. (Pl. IX, n° 6.)
3. DVX ANG@&LVS et la petite fleur de lis. Croix.
ñ. D&LLA PATRIA. Chastel. Dans le champ, à droite;
et à gauche, un croissant. — Billon. (PI. IX, n° 7.)
De ma collection.
HELENE, DAME DE CARYTENA (1294 -....).
Hélène, fille du sébastocrator Jean I‘, mariée, comme
nous l’avons déjà dit, à Guillaume de la Roche, seigneur
de Livadie, et qui, après la mort de son frère Jean, lui
succéda au duché d'Athènes (1280), recut en dot les cha-
teaux forts de Zitouni, de Gravià et de Sidérokastron.
Guillaume étant mort en 1287, laissa sa jeune femme tu-
4 Hopf, loc. laud., p. 361.
ee ee i ee ee ee
E uy “ Lu . ee eT
ET DISSERTATIONS. 193
trice de son fils Guy, duc présomptif d’Athénes. Quelque
temps aprés revint de Naples en Gréce Hugues de Brienne,
comte de Lecce et seigneur de la moitié de Carytæna du Pélo-
ponnèse, lequel était marié à Isabelle, sœur de Guillaume
de la Roche, dont il eut un fils, Gauthier, qui devint en-
suite duc d'Athènes. Hugues, étant devenu veuf, convola
à de secondes noces avec Hélène (1294), à laquelle il
donna la moitié du fief de Carytæna qui lui appartenait et
quelques possessions qu’il avait à Naples, et il reprit la
tutelle de Guy II de la Roche, duc d'Athènes, jusqu'à sa
majorité en 1294,
Hugues de Brienne retourné à Naples, et ayant brave-
ment combattu pour la maison d'Anjou, périt au combat
de Gagliano en Sicile en l'an 1297*, Hélène, restée en
Grèce, entra dans de petites querelles avec son fils Guy,
et résidait le plus souvent dans le monastère de Saint-
Lucas en Béotie. On sait qu'elle vivait encore en l’an-
née 1299,
Hélène donc, par suite de son mariage avec Hugues,
étant entrée en possession des droits qui lui avaient été
accordées, reçut le titre de Dame de la moitié du fief de
Carytzna, et frappa la monnaie suivante :
+ bELENA,D'I.GRA. Croix.
R. CLARICTIA.SF, Chastel. — Billon. (Pl. IX, n° 8.)
De ma collection.
La légende se lit ainsi: HELENA Del GRAtia CLARICTIAe
Semis Feudi (domina). PL
. LAMBROS.
Athènes, 13 mai 1869.
1 Hopf, loc. laud., p. 347.
9 Buchon, Recherches historiques, I, p. 273, note. Cf. Muntaner, ch. CXCI.
2 Hopf, loc. laud., p. 360.
194 MÉMOIRES
MONNAIES INÉDITES DE JEAN IV,
DUC DE BRETAGNE.
(PI. x.)
Deux découvertes de monnaies viennent de jeter un
nouveau jour sur la numismatique du duc Jean IV.
La première a été faite au bourg d’Arradon (Morbihan,
arrondissement de Vannes), le 29 mars 1867, par
M. Galles. Cette trouvaille a fourni deux pièces inédites
et plusieurs variétés de types déjà connus. Elle a aussi
révélé un fait archéologique curieux, en fixant la date d'un
tombeau dont la forme est particulière au Morbihan. C'est
une preuve de plus que la numismatique, en donnant une
grande probabilité à des dates, est souvent, dans des ques-
tions controversées, d’un puissant secours pour l’archéo-
logie.
Aussi croyons-nous utile, avant de décrire ces pièces,
d'exposer en quelques mots la nature des monuments où
elles ont été trouvées, et les différents systèmes proposés
pour les expliquer.
Dans un mémoire lu à la Sorbonne en 1863, M. Louis
Rosenzweig, archiviste du Morbihan, avait signalé 70 à
80 pierres tumulaires ayant la forme d’une demi-sphère,
dont le diamètre varie entre 0",60 ou 4 mètre, reposant
sur une base enfouie, brute ou équarrie, sans inscription,
sans croix gravée ni aucun ornement pour la plupart. Il
ET DISSERTATIONS. - 495
les désignait sous le nom de lec’hs-bas, et il en faisait une
classe particulière des monuments décrits pour la première
. fois par M. de Keranflec’h, sous le nom de grands lec’hs;
on les avait confondus jusqu'alors avec les menhirs, et
M. de Keranflec’h, d'accord avec la Société Cambrienne,
y voyait des tombes de guerriers datant du vl’ au
x° siècle !,
Contrairement à cette opinion, M. Rosenzweig regarde
ces deux espèces de monuments comme deux tombeaux
du xu° au xin' siècle dont l'usage, limité presque exclusi-
vement aux régions granitiques, semble avoir été parti-
culièrement répandu dans les possessions des ordres reli-
gieux du Temple et de l'Hôpital. Le 18 mars 1867, M. L.
Galles, accompagné de MM. de Cussé et Rosenzweig, se
rendit à Arradon pour étudier un de ces monuments situé
dans le cimetière de cette paroisse et relevé par ce der-
nier, La première fouille n'ayant presque rien donné,
M. Galles revint le 29 mars. Voici, d’après le rapport qu'il
fit à la Société polymathique du Morbihan, le résultat
des travaux : « A 1,20 de profondeur, la pioche a rencon-
« tré de la chaux et de grandes ardoises posées horizon-
« talement et mêlées de fragments de briques romaines.
« Nous avons enlevé ces ardoises avec précaution, et après
«en avoir détruit un lit d'environ 0,30 d’épaisseur,
uw nous constatames que quatre corps au moins avaient
a été déposés dans une espèce de coffre : le squelette
« trés-grand et très-fort d’un homme d'au moins soixante
«ans; près de lui, et les têtes se touchant, un autre
« squelette moins grand; sur les cuisses du premier un
«crâne; enfin sur les tibias de ce premier squelette
a un autre crâne, Tous les quatre paraissaient couchés sur
1 Builetin de l'association bretonns, Congrès de Redon, 1857.
106 MEMOIRES
« le dos, allongés, la téte au nord-ouest et les pieds au
« sud-est, et entourés dessus, dessous et sur les côtés
« d’une enveloppe protectrice en ardoises liées entre elles
« par de la chaux.
« Entre les deux crânes qui étaient juxtaposés nous
a avons rencontré neuf monnaies, une francaise et
« huit bretonnes; elles étaient collées entre elles par
« l'oxyde !, »
Voici la description de ces pièces :
A. Louis IX (1226-1272), un double tournois.
2, Charles de Blois (1341-1363), un double de billon
noir *.
3. Jean IV (période d'imitation), deux doubles de billon
noir, le premier frappé à Vannes, le second, à Guérande *.
A. + 10b..NES, Au centre, DVX entre deux mouche-
tures mouvant de la légende.
à, + BRITAMIE. Croix à bras égaux. — Denier de
billon noir, |
M. Hucher, dans un mémoire sur la monnaie noire de
Bretagne *, fait remarquer que ce prince copia servilement
les types de son compétiteur. Bigot (n° 470, pl. XIX, n°5)
donne la pièce analogue émise par Charles de Blois; mais
les hermines, au lieu de mouvoir de la légende, meuvent du
centre, C’est une imitation du denier parisis de Jean Il *.
5. + I0hA/...DVX°,.ITAPIE, Dans le champ entre
deux barres, VEHET, surmonté d’un trait abréviatif cur-
1 Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1867, p. 4i.
3 Bigot, Essai sur les monn, du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. XIX,
n* 1, 2, 3,
> Bigot, Essai sur les monnaies de Bretagne,pl. XXIII bis, n°7 et 11,
+ Revue numism., 1847, p. 331.
® Le Blanc, pl. XX VII, n° 10. TON
~ * —— — oe =e ee 7
- — a cy eee
ae P07
ae
eo
ee
+
ET DISSERTATIONS 497
viforme accosté de deux points, et accompagné d’un
troisième dans sa partie concave ; dessous, cinq mouche-
tures posées 3, 2.
À. + OOD || FO.. || BRIT || ADIE. Croix anglaise can-
tonnée de deux mouchetures mouvant du grénetis, et de
deux losanges formés de trois besants et d’un gros point
chacun. — Demi-gros de billon.
Cette piéce est la monnaie forte du demi-gros publié par
Bigot (appendice ne 46, pl. XXIII bis, n° 3).
Elle semble indiquer une réforme des monnaies faite
- par Jean IV pendant la guerre de succession. En effet,
lorsque par l’altération du métal un type avait perdu une
partie de sa valeur, on frappait de nouvelles pièces à un
titre plus élevé. Ces dernières prenaient le nom de monnaie
forte, par opposition aux anciennes qui devenaient la
monnaie faible. Le but de cette seconde émission n’aurait-
il pas été de faire tomber en discrédit la monnaie de Charles
de Blois qui était aussi faible que possible au point de vue
du métal ?
Période bretonne.
6. + 10 || RAS || DVX || BR. || Croix anglaise cantonnée
d’une moucheture au 2° et d’un triangle formé de trois be-
sants aux 1°, 3° et 4°.
R. + COOE[SRICHEM]OT. Dans le champ, sept mou-
chetures 2, 3, 2. — Demi-gros de billon.
Cette monnaie est une variante du type publié par Bigot
(ne 820, pl. XXVI, n° 6) et par la Revue numismatique —
(1855, pl. I, ne 6), dont le droit porte IORES ; celle que
nous donnons a pour légende IOhAS. Le Cabinet des mé-
dailles de la Bibliothèque impériale possède une pièce
1869. — 3. 14
108 MÉMOIRES
analogue sur laquelle les croix qui précèdent les légendes
sont remplacées par des molettes d'éperon.
7. + 10hAHDES.DVX. Dans le champ, une hermine.
&. + BR |} ITA || HN (| 1€. Croix anglaise cantonnée aux
4e et À° d’une moucheture d’hermine; aux 2° et 3° d’un
triangle formé de trois besants.—Gros de billon. (PL X,
n° 1.)
Ce type est inédit; la seconde trouvaille dont nous allons
parler nous en fournit un autre exemplaire. L'originalité
da droit nous ja fait ranger parmi les pièces d'émission
purement bretonne. Elle ne porte aucune marque d'atelier
monétaire, et appartient à ces types nombreux dont l'ori-
gine est incertaine. (Ces monnaies ont été déposées par
M. L. Galles au Musée de la Société polymathique du
Morbihan.)
La deuxième trouvaille se compose en partie de pièces
frappées à Brest. Les monnaies provenant de cet atelier
sont d'une très-grande rareté et n'ont pas encore été si-
gnalées. Aussi nous avons cherché avec le plus grand soin
des renseignemens précis sur le lieu et la date de leur
découverte; mais nos efforts ont été stériles. Elles ont été
achetées par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque
impériale à M. Eléouét, de Lambézellec (Finistère), le
14 février 1867. La découverte avait été faite vers la fin
d’octobre ou au commencement de novembre 1866.
M. Eléouét écrivait le 12 novembre 1866 à M. le conser-
vateur :
« Une découverte de monnaies vient d’être faite dans
« notre voisinage. Elles appartiennent à la France, la Bre-
« tagne et le moment le plus marqué de l'influence anglaise
« dans notre pays. Les monnaies anglaises sont des gros
ET DISSERTATIONS. 499
~ « d’Édouard III frappés en Aquitaine‘.» Quant aux mon-
naies frangaises faisant partie de ce trésor, il n’en parle
pas malheureusement.
Nous ajouterons à ces pièces un gros de Jean IV qui est
au Musée de la Société polymathique du Morbihan; nous
l’attribuons également à Brest. I] fut trouvé avec de nom-
breuses monnaies dans les fondations de la nouvelle pré-
fecture de Vannes, bâtie sur l'emplacement de l’ancien
couvent des Jacobins. Les ouvriers se partagèrent cette dé-
couverte; la Société en acheta une partie; les autres furent
dispersées dans les collections particulières de la ville.
Nous les avons vues presque toutes.
C’ étaient des deniers de Jean III (Bigot, pl. XIV, nee ha8),
des doubles deniers de Jean IV (pl. XXII, no 9, et
pl. XXIII, n° 7 à 10), des gros et des doubles deniers à la
fleur de lis de Charles VI, un gros et une obole d’É-
douard III, roi d'Angleterre, frappés en Guienne (Poey
d'Avant, pl. LXII, n° 2).
Mais avant de décrire les pièces de Brest, il serait in-
téressant de chercher à déterminer les villes de Bretagne
où les ducs ont frappé monnaie. La découverte d’un nou-
vel atelier nous en fournit une occasion toute naturelle.
Les auteurs qui ont traité de la numismatique de cette
province se sont toujours tenus dans le vague. Cependant
on connaît assez de types et les documents sont assez nom-
breux pour permettre de préciser davantage ce point im-
portant de la numismatique en Bretagne.
Quelquefois nos conclusions paraîtront hasardées ; nous
avons cherché à les établir en donnant toutes les preuves
dont nous avons pu disposer. Si nos efforts ne nous ont
| Poey d'Avant, pl. LXII, 2; pl. LXIII, 7.
200 MÉMOIRES
pas toujours préservé de l'erreur, nous serons heureux d'a- |
voir provoqué une discussion de laquelle sortira la vérité.
Jusqu'à la mort de Jean III, les ducs de Bretagne ne
battirent monnaie probablement qu'à Nantes et à Rennes.
Pierre Mauclerc et ses snccesseurs émirent plusieurs deniers
anonymes au nom de la ville de Guingamp ; mais ces pièces
proviennent-elles de cet atelier? Un coup d'œil jeté sur la
numismatique dans l'Ouest de Ja France au x1r° siècle,
semble faire naître quelques doutes sur cette origine. En
effet, la monnaie courante de cette époque était surtout
composée des deniers de saint Martin de Tours, d’Herbert,
comte du Mans, de Foulques d'Anjou, d'Henri II, roi d’An-
gleterre, et du comte Étienne de Guingamp. L’ordonnance
du roi d’ Angleterre en 1158, pour la Normandie (Le Blanc,
p. 163, et Bigot, p. 354), en est une preuve. Tous ces
types furent souvent copiés, et M. Lecointre-Dupont', en
voyant la grande quantité des deniers guingampois décou-
verts dans ces provinces, est porté à croire que les ducs de
Normandie en faisaient battre, ou du moins que les faux
monnayeurs en ont émis sur une grande échelle a bas
titre.
C'était donc un des types immobilisés au xn° siècle. En
Bretagne, Guingamp ne fut pas la seule ville où elles
furent frappées, car Geoffroy-Botherel, aprés avoir forcé
son père à lui céder le Penthi¢vre, dont Lamballe était la
capitale, ne put émettre que dans cette derniére ville les
types qui lui sont attribués. Enfin, sur deux pièces trés-
rares on lit au droit Quimperli, et au revers soit GVIM-
GAMPI, soit DVX BRITANNE ou BRITANIE *. On a toujours
1 Lettres sur hist. mon. dela Normandie et du Perche, p. 22.
2 Bigot, n° 205, 206, pl. VIII bis, n° 9. — Revue num., 1844, pl. XX,
n° 1; 1868, pl. XIX, n° 28. — Catal. Dassy, n° 1237.
ET DISSERTATIONS. 204
cru qu’elles provenaient de Quimperlé, bien que les annales
de cette ville soient complétement muettes sur un mon-
nayage établi dans ses murs à cette époque. Nous nous
proposons de traiter cette question dans une autre étude.
Pierre Mauclerc, maître de la Bretagne, ne put pas faire
disparaître brusquement un type si répandu dans les pro-
vinces du Nord-Ouest de la France. Bigot attribue, non
sans quelques doutes, à ce prince deux deniers guingam-
pois (nos 224, 222, pl. VIII bis, n° 44. — Revue numisma-
tique, 1844, pl. XI, ne 2. — Poey d'Avant, pl. VI, n° 8), à
cause, dit-il, de la similitude des caractères de leurs lé-
gendes avec ceux de quelques-uns des anonymes bien
connus de Rennes et de Nantes. Ne pourrait-on pas les
considérer comme ayant été émis dans ces ateliers, con-
jointement avec les anonymes de Nantes et de Rennes?
Nous donnerions également à ces villes la série des pièces
citées par Bigot, p. 63, n° 183-195. Elles ont toutes au
droit la croix ancrée avec la légende +DVX BRITANIE, et
au revers, les unes STEPhANCOM, les autres GVINGANP,
GVINGANPIS ou GVINGANHIS, car ne serait-il pas plus
simple de dire que Pierre Mauclerc ferma l'atelier de
Guingamp, mais rencontrant de grandes difficultés à chan-
ger le système monétaire de la province, fit faire cette
transition par les ouvriers de Rennes et de Nantes, en leur
ordonnant d'effacer la tête si caractéristique des deniers
guingampois ? Ce signe, selon la remarque de Bigot, lui
rappelait une maison rivale et par conséquent odieuse. Il
aurait été remplacé par la croix ancrée et la légende DVX
BRITANIE. Cette croix et cette légende appartenaient ex-
clusivement aux anonymes de Nantes et de Rennes. Les
nouvelles pièces conservèrent d’abord le revers de la
monnaie de Guingamp sans en altérer la légende, puis
MAMOIRES
ement le nom da comte, et celui
ésigner cette monnaie lui fat su
‘IS sont postérieurs aux ST€Phi
intimement convaincu. Mais Pic
ussi, préparer un type particulier.
croix du revers, y mit ses arme:
en celle de CASTRIGIGANPI; c’é
e titre de deniers guingampois.
nt en émettant conjointement :
ms. Les deniers guingampois devi
plus rares, et, de l'avis de tous
iraient complétement disparu s
1 document ne parle d'atelier mo
amp sous ces ducs. Ceux-ci dispos
s de Nantes et de Rennes devai
ance; nous les voyons d’ailleurs fc
t sous Pierre Mauclerc, et cepend
ent pas de pièces portant leur n
nce.
. X, ne 2) publie un double dei
Jean I* à Vannes; un atelier 1
e époque dans cette ville, et la Ch
nnée 4259, le confirme ; mais suiy
ide rareté est une preuve suflisa
8 monnayage. Du reste le duc de B
inds feudataires, ne pouvait, d’ap
5, frapper que des deniers et :
lu émettre une autre monnaie, j
wnnes cette innovation qui n'eut |
zment à Saint-Brieuc et à Jugon «
rtant au revers : les premières, 1
D
ET DISSERTATIONS. 203
croix #’queue cantonnée au 2° d'un B (n° 342, pl. XI, n° 9);
les secondes, une croix simple cantonnée au 2° d’un I
(n° 347, pl. XI, n° 6), et à Evran, des pièces de Jean III
dont la croix est cantonnée d’un € (n° 342 et suiv., pl. XIII,
n 8 et 9). Aucun texte ne vient confirmer cette assertion;
‘aussi préférons-nous voir dans ces lettres une simple
_ marque de monnayeur. Car si nous examinons les pièces
décrites par Bigot, sous la rubrique ateliers inconnus, nous
trouvons des types identiques ayant au lieu du B, de l'E
et de l'I une moucheture d’hermine ou un annelet, et ces
derniers signes sont évidemment des marques monétaires.
Les pièces justificatives citées par Bigot parlent très-sou-
vent des ateliers de Nantes et de Rennes, et nous trouvons
dans ses planches des pièces dont la croix est cantonnée
d’un N. Sous Jean I*", Arthur II et Jean III, une seule obole
de Jean I* (pl. X, n° 7) porte un R. Pas une de ces lettres
ne se voient sur les monnaies de Jean Il, et cependant ces
deux villes ont frappé monnaie sous ces princes. Enfin
lorsque Charles de Blois et Jean de Montfort établiront de
nouveaux ateliers, ils le feront pour subvenir aux nécessités
de la guerre. Aussi aucune autre ville de Bretagne, à ce
que nous croyons, ne battit monnaie depuis Pierre Mau-
clerc jusqu’à la guerre de succession. Il faut en excepter
Vannes sous Jean I*, et cet atelier, comme nous l’avons
dit plus haut, fonctionna accidentellement.
Mais aussitôt que la guerre civile éclate en Bretagne, le
système monétaire est complétement changé. Les ducs
font frapper de la monnaie d'or, d'argent et de billon. Le
désir d'accroître leurs ressources pour pouvoir faire face
aux grandes dépenses occasionnées par l'entretien des
troupes justifie la création de nombreux ateliers. Cepen-
dant il ne faudrait pas trop étendre le nombre des villes
MÉMOIRES
oit. Il serait même pru
lont l'existence est cor
: Blois, Nantes, Renne:
es dont nous ayons de:
nt presque toute la gue
leurs ateliers existaien
tait la capitale du com
tdu chef de sa femme.
le Saint-Brieuc et de Di
Bigot, ne 373-374) ; il]
urs légendes, et, d’apr
les ont fait attribuer à
il lues, ne pouvant sei
s ateliers sous ce princ
aus d’autres villes? M.
pte de l’ouvrage de By
269), fait remarquer ¢
encieuses, il avait omis
+ chapelains de l’évéq
font savoir à leur évéq
ic contre ses droits.
dans Dom Morice (pret
nous fait assister à une
a duc, envoyés à Quim
les vicaires de l’évêque
1t leur pouvoir.
de la ville vers le mois
rrès les officiers du duc
positions et un hôtel des
oie un certain Barthéler
amp, muni de lettres pa
ET DISSERTATIONS. 205
tant que: à cause de la guerre i] est obligé de faire battre
monnaie sur le territoire de l’évêque, tout en protestant
qu'il ne voulait point acquérir un droit nouveau. Le
45 août, Charles vient à Quimper et prie les vicaires de
l’évêque de le laisser établir cet atelier. Ceux-ci, lui est-il
répondu, ne peuvent rien faire sans le consentement du
Pape et de leur évêque. Huit jours après les officiers du
duc font de nouvelles tentatives, mais se voyant toujours
repoussés, ils passent outre, cherchent un endroit où ils
puissent s'établir, et choisissent une grande maison avec
ses dépendances, située dans la rue des Cordonniers. Aus-
sitôt les vicaires de l’évêque se transportent sur les lieux
et défendent au maître de la Monnaie de faire travailler,
le menaçant, en cas de désobéissance, d’une amende de
mille marcs d'argent. Cette défense est également notifiée
à un certain Guibomar, chargé de lever les nouvelles im-
positions à Hervé Payen ou Péan et à Rioc de Keralhen,
choisis, disait on, pour installer la Monnaie.
Mais cette menace ne produisit aucun effet. Aussitôt les
vicaires de l’évêque, en vertu des pouvoirs conférés par le
coucile provincial et les statuts synodaux, excommunient
les délinquants.
L'interdit dura jusqu'au mois de mars. Fatigués par
une lutte si longue, les principaux habitants de la ville
s’entendirent pour faire cesser cette querelle, et un accord
eut lieu près du pont Sainte-Marie-sous-Kemper. On y
décida, devant presque tous les habitants de la ville, que
les officiers du duc n'établiraient point d'Hôtel des Mon-
naies sur le territoire de l'évêque sans sa permission. Les
vicaires levèrent alors l’interdit.
Nous ne savons point si l'évêque accorda au duc cette
permission; il n’y aurait là rien d'étonnant. Nous pouvons
206 MEMOIRES
toujours conclure de cette charte, que pendant la guerre de
succession la difficulté des moyens de communication forca
les deux compétiteurs d'établir dans différents centres des
ateliers, mais ce n'était qu'après avoir vaincu une ré-
sistance énergique opposée par les seigneurs de ces
villes.
Cette charte fait également supposer que Charles cher.
chait à user de ce droit surtout dans les cités les plus im-
portantes du duché. Ceci nous amène à parler d’une
monnaie atribuée à Auray par Bigot (n°372, pl. XVIII,
n° 1), et qui fait aujourd'hui partie de Ja collection de
M. Lecoq-Kerneven. Cette pièce est un double de billon
dont la légende, au revers, serait AREG...CIVIS ; or, d’a-
près le Dictionnaire topographique du Morbihan de M. Ro-
senzweig, les différentes variantes du nom de cette ville
au moyen âge ont été Alrae (1069), Alrai (1168), Aurai
(1178), Elraium (1241), Elraeyum (4280), Aurray (1282),
Elray et Aurey (4309), Alraium et Alrayum (1373), Aulray
(1429). En breton, cette ville porte le nom d’Alre. Donc
depuis le x1* siècle la première syllabe a présenté seule-
ment les variantes al, el, au, et cette derniére est la
contraction des deux autres. Aucune de ces formes ne
présente quelque chose d’approchant d’un mot commen-
cant par Areg, et rien surtout ne paraît motiver la pré-
sence du g. Suivant les règles de la philologie, cette
lettre aurait influé sur la formation populaire de ce mot, et
il ne se serait point transformé en Auray. Le titre civis,
terminant la légende, fournit, il nous semble, un argu-
ment plus fort; il montre, en effet, que cette piéce a di
être frappée dans une cité, c’est-à-dire dans un siége
d’évéché. Auray ne nous présente aucune de ces condi-
tions, et appartient à cette catégorie de bourgades dési-
ET DISSERTATIONS. 207
gnées au moyen âge par les mots villa, castrum ou op-
pidum :.
Cette monnaie, d'après la planche de Bigot, est assez
frusie, et la première lettre de la légende paraît un peu
effacée ; nous ne sommes pas éloigné de croire qu'au lieu
d'un A il y aurait un T; ces deux lettres, à cause de la
barre placée au-dessus de l’À, se ressemblent assez au
XIv° siècle, et nous proposerions de lire ainsi cette légende :
TREGoris CIVIS. Nous attribuerions cette monnaie à Tré-
guier, ville épiscopale. Nous avons soumis ces conjectures
à M. Lecoq-Kerneven, qui a bien voulu vérifier la pièce
elle-même; mais il semble tenir à l'opinion de Bigot. Ce-
pendant, ajoute-t-il, on saisit un peu le trait supérieur
horizontal de 1’A; cette lettre pourtant peut paraître dou-
teuse. Il nous dit aussi : Charles de Blois aurait pu frapper
monnaie à Auray pendant les longs siéges d’ Hennebond.
Jean de Montfort s'étant emparé d’Auray et d'Hennebond
en 14341, Charles de Blois vint mettre le siége devant cette
dernière ville au commencement de 1342. Ayant été forcé
de se retirer, il attaqua Auray, et s’empara de cette place.
Quelques mois après, il se présenta de nouveau devant les
murs d’Hennebond; mais avant la fin de l’année 13492, il
avait levé le siége. Cette dernière tentative dura trop peu
de temps pour lui permettre d'établir un atelier à Auray.
Quant à la pièce dont nous nous occupons, elle n’a pu
être frappée dans cette occasion : c'est une imitation du
double parisis du roi de France Jean II (Le Blanc, p. 247,
pl. XXVII, n° 6), et ce prince commença à régner en 1350.
Quelle est donc la raison pour laquelle Charles de Blois
1 Il faut dire cependant que depuis l'institution du gros tournois et de ses
divisions, Je mot CIVIS a été quelquefois employé sans un grand discerne-
ent; c’est ainsi qu'on a fini par écrire OBOLVS CIVIS.
208 . MÉMOIRES
aurait créé un atelier à Auray ? D'après sa tentative à Qt
per, il semblait préférer les grands centres; c’est ce
nous fait pencher pour Tréguier.
Charles de Blois a donc frappé des pièces en son noi
Rennes, Nantes et Guingamp. De plus, ila fait plusie
tentatives pour établir ce droit dans quelques autres vill
mais elles ne paraissent pas avoir été toujours couronn
de succès. Il n’est pas étonnant de ne plus trouver auct
trace de ces ateliers après la mort de ce prince ; car Jean
fit disparaître, autant que cela fut en son pouvoir, t
ce qui rappelait son compétiteur; de telles marques
son autorité en Bretagne devaient attirer son attentic
Jean IV, poussé par les nécessités de la guerre, voul
avoir ses ateliers; mais il semble choisir de préférence d
forteresses sûres et défendues par une garnison imposant
Bigot reconnaît qu'il ne put faire frapper monnaie à Nanc
et à Rennes, car ses deniers et doubles deniers au nomt
ces villes sont imités de ceux de Jean II, roi de Franc
et pendant tout le règne de ce prince elles furent ent
les mains de Charles de Blois. Les autres pièces provier
nent des ateliers de Vannes, Guérande, Quimperlé, Bres
Beaucoup de ces types dénotent une fabrication anglaise
Édouard III avait envoyé en Bretagne des monnayeurs ar
glais *; ils furent placés probablement dans ces dernière
villes par le roi d’ Angleterre et le duc de Bretagne. La pre
vision de la capitainerie de Quimperlé donnée par Édouar
{avec l'agrément du duc) à Roger David, en 1354, con
firme cette assertion *. Il est tout naturel de voir ces ou.
vriers suivre leurs compatriotes dans les places qu'ils dé.
1 Bigot, Pièces justifieatives, n° 23, — D. Mor., Preuv., t: I, col. 1436-37.
* Bigot, Pièces justificatives, n° 24. — D. Mor., Pr.,t. I, cul. 1494.
ET DISSERTATIONS. 209
fendaient. En s’établissant ainsi dans des châteaux forts
occupés militairement, par une garnison étrangère, ils
n’avaicnt point à craindre les vexations des seigneurs
dépossédés, ni les susceptibilités du clergé. De plus,
toutes les fois qu’une de ces villes vient à tomber entre
\es mains de leurs adversaires, l'atelier cesse de fonc-
tionner. Brest nous fournit une autre preuve : le duc de
Lancastre, lieutenant-général du roi d Angleterre en Bre-
tagne, avec l'agrément du duc, confia, en 1357, ce château
à Mathieu de Gournay, capitaine anglais, et lui permit
d’ user de tous les droits et, entre autres, du droit de battre
monnaie, tant que le duc de Lancastre serait gouverneur.
Voici les termes même de l'acte : « Castrum de Brest cum
« toto dominio eidem castro et simul cum moneta, redemp-
« tionibus, confiscationibus et omnibus aliis proficiis ad dic-
« tum castrum spectantibus". » Bigot avait oublié de men-
tionner ce titre, comme le fait remarquer M. de Barthélemy ’.
Brest, par sa position, était un des postes les plus im--
portants pour les Anglais pendant cette guerre. Aussi se ha-
tèrent-ils d’en réclamer la garde auprès de Jean IV.
Une fois maîtres de cette forteresse ils l’occupérent, non-
seulement jusqu'à la fin des hostilités, mais encore pen-
dant tout le règne de ce prince. Ils consentirent enfin à la
lui remettre, le 28 mars 1397, vingt-et-un ans après le
traité de Guérande qui avait mis fin à la guerre de succes-
sion. Le duc fut obligé de payer à la garnison anglaise
10,400 livres en or dune part, 24,600 d'une autre et
400 livres pour le fret des vaisseaux qui devaient la trans-
porter en Angleterre *.
1 Dom Morice, Preuv., t. I, col. 1521,
1 Reoue num., 1858, p. 269.
5 Lovot, Hist. de Brest, t. J, p. 37.
210 MEMOIRES
Les Anglais ont donc pu, pendant ce séjour de quarante
années, user du droit de battre monnaie. Les décou-
vertes dont nous avons parlé nous permettent de décrire
six pièces de cet atelier.
L’acquisition faite par le Cabinet des médailles compre-
nait huit monnaies.
4. Charles de Blois, — Double de billon noir frappé à
Nantes *.
2. Jean IV. — Gros de billon (pl. X, n° 2).
3. + IORANNES DVX. Dans le champ, dix mouche-
tures posées 3, 4, 3. |
R. BRITANNIE. Croix cantonnée d’un D au 2*. (PI. X,
n° à.)
Bigot (n° 384, pl. XIX, n° 4) publie un double de billon
noir frappé au nom de Charles de Blois, dont la croix est
cantonnée au 3° d’un D; il fait de cette pièce une imitation
du denier de Jean II, cantonné au 2° d’un annelet (pl. XI,
n° 8). Nous signalerons un autre denier du même prince,
faisant partie de la collection de Mademoiselle de Limur.
Les croix placées au commencement des légendes de la
pièce donnée par Bigot sont remplacées sur cette monnaie
par des molettes d’éperons, et l’annelet qui cantonne la
croix par un D. Ces signes particuliers dénotent une fa-
brication postérieure de quelques années au denier déjà
connu. Quant au double denier qui nous occupe, d'après
le système de M. Hucher, on devrait le considérer comme
une copie du type émis par le compétiteur de Charles de
Blois. Ces deux monnaies appartiennent au Cabinet des
médailles, et la pièce de Jean IV est inférieure comme
exécution à celle de Charles de Blois.
1 Bigot, n° 377, pl. XVIII, n° 9.
ET DISSERTATIONS. 211
A. Brest. Deux mouchetures d’hermine. 10... DVX.
Dans le champ, BRITAN en deux lignes, non séparé de la
légende par un grénetis.
FR. O)......REST. Croix trifoliée à pied. — Double de
billon noir. (P]. X, n° 4.)
Bigot (Appendice, n° 39, pl. XXIII bis, n° 4) publie une
pièce au même type, frappée à Guérande. C'est, dit-il,
une imitation du double parisis de Philippe VI, émis en
4346 par Jean, lieutenant du royaume de France, à 3 de-
niers 4/3. A; de 180 au marc, pied 412, figuré par Le
Blanc, (Pl. XXIV, n° 6).
5. + IOhMAHDES:DVX:BRITANE. Dans le champ, BREST
sous un trait abréviatif curviforme, accosté de deux points;
dessous, une barre et cing mouchetures posées 3, 2.
8. OOM || FORT || BRIT || ANIE. Croix anglaise canton-
- née aux 1“ et h° de trois besants en triangle; aux 2° et 3°
d’une moucheture mouvant du centre. — Gros de billon.
(PI. X, n° 5.)
6. + I0OhANDEC:-DVX: BRITADIE. Dans le champ, BREC
sous un trait abréviatif curviforme; dessous, une barre et
cinq mouchetures posées 3, 2.
à. MOD || FORT || BRIT || ADIE. Croix anglaise can-
tonnée aux 4° et 4° d’une moucheture mouvant la pre-
mière, du centre, la seconde, du grènetis ; aux 2° et 3° de
trois besants en triangle. — Gros de billon. (PI. X, n° 6.)
Bigot (Appendice, n* 36, hA et A6, pl. XXIII bis, n°° 4,
2, 3) publie des pièces analogues frappées à Guérande,
Quimperlé et Vannes. Ces types, à ce qu'il pense, sont dus
à l'influence probable des monnayeurs envoyés en Bre-
tagne par Édouard III. Nous irons plus loin en affirmant
que les ateliers établis par le roi d'Angleterre, avec le
consentement du duc, dans les châteaux de Quimperlé et
242 MEMOIRES
Brest, étaient composés d'ouvriers anglais. D*aillears ils
ne se firent point défaut de copier les monnaies de Charles
de Blois et des rois de France les plus répandues dans Ia
province. La présence du mot Fortis dans la légende du
revers nous les fait ranger parmi les pièces dues à l’émis-
sion dont nous avons parlé en décrivant le n° 5 de la trou-
vaille d’Arradon.
Des différences notables existent entre ces deux pièces;
le n° 6 est d’une grande pureté d'exécution; le n° 6, au
contraire, est barbare, les S sont retournés, les lettres ne
se suivent pas régulièrement.
Nous préférons donver la priorité de date au n° 6; ila
dd être émis dans les premières années de l’occupation,
lorsque la garnison cherchait à gagner la confiance du
duc. Mais les Anglais se virent bientôt en possession pour
longtemps des droits qu'on leur avait accordés. Ils exer-
cèrent alors de nombreuses vexations contre les habitants
des villages environnants, les traitèrent en vaincus et
non en alliés. Après le traité de Guérande, ces tracasseries
devinrent de plus en plus criantes. Les plaintes journalières
portées par leurs victimes au conseil du duc lui firent hater
leur sortie; mais il ne put l'obtenir, comme nous l'avons
vu, que vingt ans après la paix. Se voyant ainsi maîtres
de ce château, ils mirent le même zèle à soigner leur mon-
naie et à sauvegarder les droits de ceux qu'ils devaient
défendre.
7. + IORADE:DVX:BRI: TAPIE, Dans le champ, cinq
hermines posées. 3, 2.
à. x HO || DET || ABR || EST. Croix anglaise cantonnée
de quatre triangles formés de trois besants. — Gros de
billon. (PL X, n°7.)
Ce type est nouveau. Le revers dénote un travail an-
en on ee ee ee ee —
_—
re
| i
F
ET DISSERTATIONS. 243
glais; son exécution est assez mauvaise : aussi nous le
rangeons parmi les monnaies de la dernière émission dont
nous avons parlé au sujet des n°’ 5 et 6 de la trouvaille
de Lambézellec.
8. 4° + IObADNES DVX; 2° + BNDICTV:SIT:NOOVENDI.
Croix.
À. MONETA BRES. Châtel tournois à la croix. Bordure
de douze lobes séparés par des I, et contenant chacun
une fleur de lis. — Gros de billon noir. (PI. X, n° 8.)
C'est une imitation du gros tournois de Jean II (Le
Blanc, p. 217, pl. XXV, n°10). Nous ne connaissons au-
cune reproduction de cette monnaie exécutée dans les
autres ateliers de Bretagne, ni par les ouvriers de Jean IV,
ni par ceux de Charles de Blois.
La pièce suivante a été découverte à Vannes.
9. 4° IOhANE DVX:BR; 2° + B....TV:SIT I.....1E:
DDI. Croix à queue.
fh. OJONETA BRET. Châtel au fronton orné d’une cou-
ronne rehaussée de trois mouchetures commençant la lé-
gende, trois voûtes sous le portail; bordure de douze
lobes séparés par des I, et contenant chacun une fleur de
lis. — Gros de bas billon. (PI. X, n° 9.)
Les ateliers de Quimperlé, Guérande et Vannes fournis-
sent des types analogues '. Ce sont des imitations du Poile-
vilain à la queue de Jean II, émis en juillet 1355 (Le Blanc,
p. 217, pl. XXVI, n° 9). Le nom de la ville de Brest ne s’y
rencontre pas en entier ; nous ne doutons pas cependant que
cette monnaie ne lui appartienne. Le n° 8 donne un exemple
d'une abréviation analogue, le T y est supprimé. On pourrait
peutêtre voir dans les lettres bret le commencement du mot
1 Bigot, n° 476, 482, 486, 505, pl. XXI, n°° 6,7; pl. XXII, n° 2.
1869, — 4, 15
214 MÉMOIRES
bretannie; or dans aucune charte de cette époque, le nom de
la province ne paraît ainsi défiguré. Cette manière de lé-
crire se rencontre une fois, sur le n° 4 de la planche XX de
Bigot; mais il l'a copié dans Duby, et aucun exemplaire
n'en est connu. Le n° 7 de la planche XXII porte breito;
c'est la forme s'en rapprochant le plus. Or la pièce qui
nous occupe est d’une bonne exécution, pourquoi supposer
ici une faute, lorsque le nom de la province est écrit cor-
rectement sur des monnaies certainement d'émission an-
glaise? Enfin les pièces semblables citées par Bigot ont
toutes après moneta le nom de l'atelier d'où elles provien-
nent : tout donc fait croire qu’on a voulu y mettre le nom
de la ville de Brest.
Aussitôt après le traité de Guérande, les ouvriers anglais
se retirérent sans doute avec les garnisons qui occupaient
les forteresses du duché. Le duc, de son côté, n’était plus
pressé par la guerre; le grand nombre des ateliers en ren-
dait la surveillance plus difficile. Il réduisit à trois les
villes pouvant user du droit de battre monnaie; ce furent
Nantes, Rennes et Vannes, Pendant tout le règne de
Jean IV, ces ateliers fonctionnèrent régulièrement. La
grande quantité de pièces portant leur nom en est une
preuve. Charles V, maître de la province, ordonna, en 1374,
de faire frapper de nouveaux types pour remplacer ceux
_ de Jean IV, et il mentionne seulement ces trois villes’,
Mais, contrairement à l'opinion de Bigot, ce dernier ate-
lier, pensons-nous, fut définitivement fermé en 1414.
L'abbé Travers et M. de Courcy * avaient émis cette asser-
tion en s'autorisant du passage de la Réforme des mon-
1 Bigot, Pièces justificatives, n° 25, == Ordonnances des rois de la iroisième
race, t. VI, p. 40.
2 Revue num., 1847, p. 38.
EL DISSERTATIONS. 215
naies de Monsieur le Duc’, où il est dit : « Les monnaies de
« Vannes et de Rennes n’euvrent point.» De plus, dans
son parlement général tenu à Vannes le 30 septembre 1420,
Jean V accorda des priviléges aux monnayeurs de Rennes
et de Nantes *. Si l’atelier de Vannes avait fonctionné, ses
ouvriers se seraient joints aux premiers pour obtenir les
mêmes libertés, cependant il n’en est point fait mention.
Enfin M. Rosenzweig, archiviste du Morbihan, a eu l'obli-
geance de nous communiquer deux notes confirmant cette
opinion ; dans la première il est dit : En 1455, la ‘chambre
des comptes, alors à Vannes, occupe l'ancienne monnoierie ;
dans la seconde, extraite des archives du château du Bros-
sais en Saint-Gravé (Morbihan), en 1470, la chambre des
comptes est installée dans le manoir de Clèze où avait été
précédemment la Monnaie. Douc à partir de 1414, les ate-
liers de Nantes et de Rennes seuls fonctionnèrent réguliè-
rement *.
Les causes citées plus haut existaient toujours. Ainsi
nous avons vu quelles résistances rencontra Charles de Blois,
après avoir chargé ses officiers d'établir un atelier à Quim-
per. Jean V voulant donner à Redon une plus grande im-
portance, envoya des monnayeurs dans cette ville; aussitôt
. Pabbé de Saint-Sauveur s’y opposa; mais ayant obtenu du
prince la promesse qu'après deux ans l'atelier n’ouvrerait
plus, il laissa les ouvriers s’y installer.
1 Dom Morice, Preuv., t, II, col. 901.
3 Dom Morice, Preuo., t. II, col. 1046-1048, — Bigot, Pièces justificatives,
- he 29, p. 376.
3 Bigot, cite, p. 217, deux monnaies de François II frappées à Vannes; il
fixe la date de leur émission après 1486. Les troubles encore peu connus qüi
agitaient alors la Bretagne permettent de penser qu'il y eut 530omentanément,
pendant le siége de Nantes par les Français, un atelier breton à Vannes,
216 MEMOIRES
Un bon nowbre de pièces ont à la fin de leurs légendes
un (1 ou un D qui pourraient faire supposer qu'ici ces
initiales indiquent les villes de Morlaix et de Dinan, aux-
quelles on n'a pas manqué de les attribuer. En effet, Bigot
cite une requête des religieuses de Sainte-Claire de Dinan
au comte de Toulouse en 1707, dans laquelle elles lui font
observer que leur couvent a été fondé par François II, duc
de Bretagne, en 1480. Il leur donna sa chapelle et la pièce
où il faisait batre monois. Aucune pièce frappée dans cette
ville au nom de ce prince ne nous est parvenue, mais Bigot
(p. 170 et 210) donne à cet atelier des monnaies de Jean IV
et de Jean V portant la lettre D. Nous sommes convaincu
que l'atelier de Dinan était éphémère et n'avait pas de
marque distincte ; suivant cette conjecture, les ducs de
Bretagne auraient imité les ducs de Bourgogne. Ceux-ci
envoyaient les ouvriers de Dijon à Châlon-sur-Saône pen-
dant les grandes foires de cette ville, afin de faciliter les
échanges entre les marchands des différents pays; je ne
crois pas que Châlon ait eu dans cette circonstance un
autre différent que celui de Dijon.
Si l'on accepte ma conjecture, les monnaies ducales pa-
reilles à celles de Rennes ont été émises pendant les foires
de Dinan, si célèbres au moyen âge ; celles-ci sont 1rès-
souvent mentionnées dans les chartes du xm: siècle comme
date de payement. Ainsi plusieurs actes de Saint-Aubin
parlent de ces Nundinæ Dinani en 1227, 1236, 1237 ‘, On
les voit également citées dans les chartes du prieuré de
Lehon en 1262, 1294, 1295 *, et dans beaucoup d’autres
titres des seigneuries environnantes ; il serait trop long de
les énumérer tous.
1 Anciens évéchés de Bretagne, t. 111, p. 63, 85, 86.
2 Ibid, t. IV, p. 871, 379.
ET DISSERTATIONS. 247
‘La nouvelle édition d’Ogée dit'à ‘propos de ces foires :
« Elles se tiennent le 2° jeudi de caréme, le jeudi de la
« mi-caréme, le dernier jeudi de caréme, le 3° jeudi de mai,
« le lundi après la Trinité, le 3° jeudi de juillet, le 1° sep-
« tembre; mais la principale de ces foires est celle du
« 2° jeudi de caréme; elle dure 15 jours, et se tient à l’en-
« tour de la place du Champ. Cette foire est connue dans
« tout le pays sous le nom du Liège, mais les huit premiers
«jours prennent plus spécialement ce rom, et les huit
« derniers s'appellent le Deliège. » Au xn1r° siècle, on la nom-
mait aussi le Liage ; l'acte de 1295 porte : « Trente souz
« dedenz la foire à Dynan et les autres trente souz dedenz
« le liage de Dynan prochain ensevant.» Au temps d'Ogée,
ils y vendait pour plus de déux millions de toile, indépen-
damment des autres marchandises. Cette foire attirait non-
seulement les commerçants du duché, mais encore ceux
des provinces voisines, d'Angleterre et de Flandre. En:
présence d'un si grand concours d'étrangers, les ducs de
Bretagne se virent sans doute obligés de faire à Dinan ce
que les ducs de Bourgogne avaient établi à Châlon-sur-
Saône, car rien ne nous empêche de croire que pendant la
célèbre foire du Liège les ouvriers de Rennes se transpor-
taient à Dinan.
Nous n'avons pu trouver aucun renseignement précis
sur Morlaix. D’après M. Lemière, les archives de cette
ville ne contiennent rien d’antérieur au siècle. actuel. Il
nous parle de la foire haute qui attirait à cette époque pen-
dant huit jours un grand concours de commerçants; elle
commençait le 45 ou le 16 octobre. Nous avouons franche-
ment que nous ne croyons pas à l'existence de l'atelier imo-
nétaire de Morlaix, fondé sur un seul texte qui a été publié
par dom Morice (Preuves, t. II, col. 1103); de manière à
219 MÉMOIRES
ne pas laisser deviner ce qu'il y avait dans l'original qui a
été malheureusement détruit en 14792. Nous en dirons au-
tant de la monnaie de Fougères dont ce document nous
parle; car, en considérant la rareté des pièces attribuées, .
à cause des initiales, à cette ville, à Jugon et à Ploërmel,
et devant le silence de tout autre preuve, nous préférons
rejeter l'existence de ces ateliers sous Jean V.
Ses successeurs, Francois II, Pierre Il et Arthur III, ne se
sont servis, à ce qu'il paraît, que des ateliers de Rennes et
de Nantes.
Françuis II publia, dès la première année de son règne,
une ordonnance par laquelle il défendait de frapper mon-
paie ailleurs que dans ces deux villes ‘,
Une autre ordonnance de 1483 confirme les priviléges
accordés aux monnayeurs par Jean V. Elle est adressée « à
a tous nos dits ouvriers... de nos dites monnoyes de
« Rennes et de Nantes et autres monnoyes de nostre pays
« et duché”. » Ces paroles ne sont point contraires à ce
que nous avançons. I] pouvait encore exister, dans les
villes où il y avait eu autrefois un atelier, des ouvriers, et
ces ouvriers, bien que chômant, profitaient des privilèges
accordés à la corporation.
Après la mort de ce prince, Nantes et Rennes semblent
user, à l'exclusion de tout autre ville, de ce droit; l’inva-
sion de la Bretagne par l'armée française l'avait compléte-
ment ruinée.
Les calamités qui suivirent arrétérent pour longtemps .
cette activité comme-ciale, source de ja grande prospérité
dont la Bretagne jouit sous ses derniers ducs. D'ailleurs les -
Dom Morice, Prew., t, II, col. 1739-1740,— Bigot, Pièces justificatives,
n° 34, p. 383.
3 Bigot, Pièces justif,, n° 39, p. 389,
ET DISSERTATIONS. 2419
rois de France cherchèrent à restreindre le plus qu'ils purent
les priviléges d'une province si jalouse de son indépen-
dance. |
Un moment, pendant la Ligue, les ouvriers de Rennes,
chassés par les troubles, se réfugièrent à Dinan, Mais aus-
sitôt que la paix leur eut ouvert les portes de leur an-
cienne résidence, ils y revinrent, et cet atelier fonetionna
jusqu'à la révolution,
Nous croyons donc pouvoir conclure de toutes ces consi-
dérations, que les ducs de Bretagne se servirent seulement
des ateliers de Nantes et de Rennes jusqu'à la mort de
Jean. III. Il faut faire une exception pour Vannes sous
Jean I.
Enfin, pendant la guerre de Succession, le triste état de
la province nécessita la création d'un assez grand nombre
d'ateliers; Charles de Blois semble chercher les grands
centres, comme s'il voulait donner par là une nouvelle
preuve de ses droits sur la province; Jean IV, au con-
traire, préfère les forteresses, où il installe les mon-
nayeurs anglais envoyés par Édouard III.
Mais après le traité de Guérande, il n y a que trois hô-
tels des monnaies en Bretagne, à Rennes, à Nantes et à
Vannes, et, à partir de 4414, les deux premiers seulement
sont conservés.
Les ducs de Bretagne ont fait quelques tentatives pour
en établir d’autres ; mais leur existence n'a point été in-
dépendante, et on peut même les considérer comme des
succursales des ateliers de Nantes et de Rennes. Ils n'ont
donc point eu de signes caractéristiques, et les lettres qui
se voient sur des types nombreux ne peuvent être consi-
dérées comme les initiales du nom de la ville d’où elles
proviennent. Car lorsque les ducs de Bretagne frappaient
monnaie dans une ville qui ne jouissait pas encore de ce
droit, ils y faisaient inscrire en entier le nom de cette lo-
calité. Aucun ouvrier n'était attaché spécialement à ces
ateliers éphémères, conséquence toute naturelle de cet
ordre de choses, mais des monnayers de Rennes ou de
Nantes se transportaient dans ces villes lorsque leur pré-
sence était demandée par quelque grande circonstance.
On peut donc affirmer qu'il n'y eut au xv° siècle que
deux cités en Bretagne à posséder un atelier, Rennes et
Nantes. Nous soumettons ces conjectures à la critique, et
nous espérons que bientôt les archives de notre province,
mieux connues, pourront nous fournir des détails curieux
sur ces usages, et qu'ainsi, par des recherches patientes,
plus d’un point de la numismatique bretonne sera éclairci.
L. CHAUFFIER.
ET DISSERTATIONS. 224
MELANGES NUMISMATIQUES.
TROUVAILLE DE MONNAIES DU XIV: SIÈCLE.
FRANCE, BOURGOGNE, Bar, Savors, Vaup ET BRETAGNE.
(PI. XI.)
J'ai acheté l'automne dernier à Montpellier, chez un
marchand d’antiquités, une trouvaille ou une partie de
trouvaille qui m'a paru au premier abord ne renfermer que
des gros à la couronne et des doubles deniers parisis
de Philippe de Valois, mais dans laquelle j'ai bientôt.
reconnu plusieurs monnaies baronales plus ou moins ser-
vilement copiées sur l’un ou l’autre de ces deux types.
Les gros et les doubles deniers royaux sont remarquables
par la variété de ces détails accessoires et de ces signes
que l’on changeait à chaque émission. Quant aux monnaies .
baronales, elles sont ou nouvelles ou assez rares, et mé-
ritent également une rapide description.
FRANCE.
Philippe de Valois (1828-1350).
Gros à la couronne. Le gros de Philippe de Valois,
au type des tournelles surmontées d’une couronne, se
222 MÉMOIRES
frappa pour la première fois en 1336, si l’on en croit
Le Blanc'. C'était une pièce de bas aloi, dont la valeur
nominale était exagérée et dont l'émission procurait par
conséquent de grands bénéfices; aussi sa fabrication
fut-elle prolongée et considérable”, Les exemplaires que
nous allons examiner sont presque tous de coins différents et
de fabrication médiocre. Ils se classent en plusieurs groupes
caractérisés par les accessoires du type et se subdivisent,
dans chaque groupe, par les signes séparatifs et les abré-
viations des mots de la légende du droit ou par ce qu’on
a appelé plus tard des points secrets.
4° Groupe. Un anneau destiné sans doute à figurer une
ouverture se voit au centre de l'édifice.
N° 4. + BNDICTV : SIT ; NOME : DNI : NRI : DEI : entre
deux grènetis; au centre : PH! LIP PVS REX, dans les can-
tons d’une croix dont les bras sont pattés et se rattachent
au grènetis par des annelets.
&. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne;
1 Traité des monnoiss de France, édition de Paris, table à la p. 405.
3 On jugera de l'importance de ces bénéfices, en comparant le titre, la
taille et le cours légal dn gros à la couronne créé en 1336 et du gros tour-
nois qui l’avait précédé en 1380. Le premier était, en effet, réglé à 10 d.
16 g. de loi, à 96,2 par marc, et valait 10 deniers tournois, tandis que le se-
cond atteignait 11 d. 12 gr. de loi, se taillait seulement à raison de 60 au
marc, et n'avait été émis que pour 2 deniers de plus, c’est-à-dire pour 12 tour-
nois. Le Blanc, id., ib.
3 Au moyen Age, les monnaies, et souvent les moins bonnes, arrivaient à
un chiffre de fabrication trés-élevé, parce que le numéraire n'était pas,
comme aujourd’hui, un simple appoint, mais représentait la plus grande
partie de la richesse mobilière, et supportait, par les cours forcés et par les
surprises de tarifs, les hausses et les baisses dont les valeurs fiduciaires ont
eu, depuis, le monopole. Cette remarque explique pourquoi on trouve encore
tant de pièces anciennes, et pourquoi il y a souvent un si grand écart entre
le titre de deux exemplaires d’une même monnaie, lors même que cette mon-
naie n’est pas Je produit d’un atelier clandestin,
ee Ge ee
ET DISSERTATIONS. 223
au centre un anneau, et, sous le pignon central, une base
terminée par deux anneaux, La bordure qui entoure la
piéce est formée de lis avec une croisette dans le haut. Un
exempl. pesant 28,00 (PI, XI, n° 4).
N° 2. Même pièce où les trois points placés entre le
mot DEI et la croisette ont disparu. Sept exemplaires de
coins très différents pesant en moyenne 45,99. |
N° 38. Variété du n° 2, avec un point secret, au revers,
sous le premier R. Un exempl. pesant 25,10.
"N° 4. Même pièce que le n° 2, mais où le dernier mot de
la légende extérieure du droit est écrit en deux lettres,
DE, par abréviation. Trois exemplaires de coins variés
pesant en moyenne 25,00,
N° 5. Variété portant D] au lieu de DE. Sept exemplaires
pesant en moyenne 25,01.
Ne 6. Autre dans laquelle le mot DEI est simplement re-
présenté par son initiale D. Quatre exemplaires pesant
en moyenne 45°,98.
N° 7. Autre où DEI est complétement supprimé et où
par conséquent le mot NRI termine la légende. Trois exem-
plaires, pesant en moyenne 25,02.
N°8. Pièce semblable au n° 7, sauf que le premier P,
dans Philippus, est surmonté d’un signe semblable à celui
qu'on place d'ordinaire à côté et au-dessus de la dernière
lettre d’un mot abrégé. Un exemplaire, poids, 25,03.
Outre les vingt-sept pièces précédentes, il y en avait
dans la trouvaille dix-sept autres appartenant au même
groupe, mais plus mal conservées et difficiles à répartir
entre les diverses subdivisions. Ces derniers gros ont un
poids moyen de-2",04.
2° Groupe. Outre l'anneau représentant une ouverture
224 MÉMOIRES
au centre de l'édifice, un autre anneau se voit sous le
degré.
N°4. + BNDICTV : SIT : NOME: DNI : NRI : DEI entre
deux grénetis, et PH] LIP PVS REX, dans les cantons d'une
croix, dont les bras sont pattés et se relient au grénetis par
des annelets. La lettre L, dans Philippus, supporte un
annelet. |
& FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne;
anneaux au centre de l'édifice et sous le degré. La bor-
dure, composée de lis, ne commence pas par une croisette,
comme dans le premier groupe. Un exemplaire pesant
45,90.
N° 2, Même type avec DE au droit, au lieu de DEI;
deux exemplaires pesant en moyenne 25,02.
Ne 3. Autre semblable au n° 4, mais où le mot DEI est
entièrement supprimé, tandis que le revers ne porte point
d'annelet avant l'F de Francorum et montre une croisette
au centre de la bordure de lis ; un exemplaire pesant 25°,04.
3° Groupe. Deux croisettes au centre de l’édifice, au lieu
d’un anneau; une petite sphère sous le degré.
Ne 1. + BNDICTV : SIT: NOME ; DNI : NRI : DEI. Au
centre, une croix dont les bras sont pattés et reliés au
grènetis par des annelets; dans les cantons, PH] LIP PVS
REX. La lettre L porte un annelet.
8. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne,
croisettes et petite sphère. La bordure est entièrement
composée de lis. Un exemplaire pesant 25,01
N° 2. Même pièce, avec DE au droit au lieu de DEI,
deux exemplaires pesant en moyenne 1:',89.
Ne 3. Autre très-bien conservée au revers, mais dont la
légende extérieure, au droit, est mal venue et semble
ET DISSERTATIONS. 225
néanmoins ne porter que D au lieu de DE; un exemplaire
pesant 25°,00 (PI. XI, n° 2).
Doubles parisis. Les doubles deniers parisis sont
très-nombreux dans la trouvaille; leur titre est plus bas
que celui des gros. Ils peuvent se répartir en trois groupes
suivant que la croix fleuronnée du revers est accostée d’an-
nelets, de petites couronnes ou d'étoiles.
1% Groupe. La croix est accompagnée de deux annelets.
N° 4, + PHILIPPVS.D:GoREX ; au centre, deux lis l’un
sur l’autre avec les lettres FRAN disposées à droite et à
gauche et séparées horizontalement par deux annelets.
À. + MONETA DVPLEX; la croix longue fleuronnée dont
le pied est patté, repose sur un annelet et coupe la légende
en deux; deux annelets accostent la croix dans le champ.
Ginq exemplaires de divers coins pesant, en moyenne,
46,24 (Pl. XI, n° 3).
N° 2. Même pièce où les annelets, qui se voient au droit
entre les mots de la légende circulaire, sont remplacés
par de petits points; trente-huit exemplaires pesant en
moyenne 48,20.
Ne 3. Autre variété du n° 2. Les deux annelets qui
séparent horizontalement les lettres isolées, dans le champ
du droit, sont remplacés par de petits globes; l’anneau qui
se voit au revers, sous le pied de la croix, a également
fait place à un petit globe; vingt-sept pièces pesant en
_moyenne. 1°, 20.
N° 4. Troisième variété du n° 2 avec + PHILLIPPVS.
D. G. REX; un exemplaire, poids, 45,13.
Ne 5. Pièce qui serait la même que le n° 4, si le point
placé entre le D et le G ne semblait avoir disparu; un
exemplaire pesant 15,15.
226 MEMOIRES
N° 6. Quatrième variété du n° 2 dans Is
voit plus sous le pied de la croix ni l’annele
globe. Il est possible que cette variété ne soi
tat d'une frappe insuffisante; un exemplaire
2° Groupe. La croix est accompagnée de
couronnes,
Ne 1. + PHILIPPVS. D : G. REX; au c
superposés et les lettres FRAN éparées pa
globes; c'est le droit du n° 3 du premier gr
&. + MONETA DVPLEX; croix fleuronné
celle des doubles précédents, mais accompa
et à gauche, d'une sorte de petite couro
lemnisques ou, si l’on veut, d’un annelet :
dents. Le pied de la croix est entouré de
placés deux et un. Douze exemplaires pesani
4,21 (Pl. XI, n° 4).
N° 2. Mème type; seulement, au droit
entre les deux lis superposés. Trois exem
en moyenne 45, 13.
3° Groupe. La croix est accompagnée de di
N° 1 + PHILIPPVS. D: G. REX; au ce
superposés, avec les lettres FRAN disposées
gauche et séparées par deux petits globes;
du n° 3, .
8. Même revers qu’au n° 1 et au n° 2 dus
sauf que les anneaux à deux dents sont rempl
par des étoiles à cinq pointes. Trois exem)
en moyenne 15,07.
N°2. + PHILIPPVS. D+G. REX; les lettr
toujours disposées dans le champ à droite et
ET DISSERTATIONS. 227
~ deux lis superposés, mais on ne voit plus entre elles les
deux points du numéro précédent, tandis que deux étoiles
sont placées, l'une au-dessus de l'F, l’autre au-dessus de I’ R.
f. Commie au numéro précédent. Dix exemplaires pesant
en moyenne 0:,96.
N° 8 + PHILIPPVS. D:G..,... Dans le champ les lettres
FRAN séparées par deux lis superposés et surmontés de
deux étoiles.
~ À. + MONETA DVPLEX ; croix accostée de deux étoiles
& cing pointes et sous le pied de laquelle se voient trois
annelets disposés horizontalement. Un exemplaire pesant
45,18 (Pl. XI, n° 5).
Outre les 102 pièces réparties dans les trois groupes
précédents, la trouvaille renfermait 121 doubles parisis,
en général plus mal conservés et moins complets, apparte-
nant, pour la plupart, au deuxième et au troisième numéro
du premier groupe, et pesant en moyenne 45,18,
BOURGOGNE.
Eudes IV (1315-1350).
Gros à la couronne. Ce que j'ai dit au commence-
ment de cet article permet de juger combien les barons
avaient intérêt à contrefaire le gros royal à la couronne,
dont l’émission était rendue si lucrative par les conditions
méme de sa fabrication et dont on pouvait encore abaisser
’aloi, car dès qu’il s’agit de billon le public ne peut plus
juger, au simple aspect, de l'importance de la fraude * ;
1 Le xiv° siècle est peut-être celui où l’on se livra le plus de combats à
eoupde tarifs monétaires, où l’on décria le plus vite les émissions succes-
928 MEMOIRES
aussi le comte Eudes ajouta-t-il aux types monétaires de
son pays celui du gros à la couronne. + BNDICTV : SIT:
NOME: DNI : NRI : DEl entre deux grénetis; au centre,
entre Jes bras d’une croix pattée, EVD DEI GRA DVI.
k. BVRGVD.MONETA; tournelles surmontées d'une cou-
ronne; bordure de lis. Un exemplaire pesant 1:"25.
Cette pièce, servilement copiée sur le gros de Philippe
de Valois, a déjà été décrite par M. A. de Barthélemy" et
d’après lui par M. Poey d'Avant*. Le roi s'était plaint des
contrefaçous de sa monnaie auxquelles se livraient les ate-
liers de Bourgogne; le duc viut à Vincennes, le 3 oc-
tobre 1337, et promit de changer les coins dont il usait;
mais il se réserva de faire circuler les espèces de type
français sur le territoire d’Auxonne, où il échappait au
contrôle des officiers royaux ?.
Ban.
Henri 1V (1337-1344).
HERICVS..... entre deux grènetis. Dans le champ, les
deux lis superposés du double de Philippe de Valois; à
gauche et à droite, séparées par deux annelets, les lettres
BRRI; au-dessous du lis inférieur et coupant la légende
en deux, l'écu du comte aux deux bars adossés.
La seconde partie de la légende circulaire est malheu-
sives, et où, par conséquent, les contrefnçons et Jes altérations de titre furent
les plus nombreuses,
1 Essai sur les monnaies des duce de Bourgogne, in-4°, 1848, p. 40, pl. Ill,
fig. 13.
2 Monnaies féodales de France, t. 11], p. 200, pl. 132, n° 2,
3 Barthélemy, op. laud., p. 38.
ET DISSERTATIONS. 229
reusement trop fruste pour étre lue avec quelque certi-
tude. Elle devrait se composer de six ou sept lettres ; c’est
plus qu’il n’en faut pour COMES, mais ce mot était peut-
être allongé par l’interposition d’un signe analogue à celui —
que présentaient d'autres monnaies du méme trésor.
À + MONETA DVBLEX, croix longue à bras fleuris coupant
la légende dans le bas; à droite et à gauche un annelet.
On peut remarquer la substitution toute germanique du
B au P par le graveur du coin.
Cette monnaie est inédite; un exemplaire pesant 45,02
(PI. XI, n° 6).
On connaissait déjà un gros du comte de Bar, semblable
à celui qui a été décrit plus haut au nom de Eudes et copié
également sur le type royal *.
SAVOIE.
Aimon (1329-1343). .
Gros à la couronne. AIMO COMS SAB; tournelles
surmontées d’une couronne; au centre de l'édifice, un petit
globe, sous la base un anneau. La bordure de lis, qui en-
cadre la pièce, n'est pas coupée par une croisette.
à + BNDICTV : SIT: NOME: DNI : NRI : DE entre deux
grènetis ; au centre dans les cantons d’une croix pattée et
autour d'un troisième grènetis, on lit INI TAL MAR CIO, fin
de la légende du droit.
Cette imitation du gros de Philippe de Valois est com-
1 Voir plus loin les doubles deniers d'Aimon, comte de Savoie.
3 F. de Saulcy, Recherches sur les monnaies des comtes de Bar, p. 24, pl. I,
fig. 8.
1969. — 4,
16
230 MÉMOIRES
plétement inédite; elle n’était représenté dans la trouvaille
que par un exemplaire pesant 25,02 (PI. XI, n° 7).
Imitation du double parisis. N° 1. AIMO écrit dans
le champ de la pièce. Ces quatre lettres sont séparées verti-
calement par deux lis et horizontalement par deux anne-
lets; c’est toujours la disposition du double de Philippe. Le
titre du personnage COMES SABAVDIE, se développe en
légende circulaire.
À + IN ITAL MARCIO; au centre une croix fleurie ac-
costée de deux annelets. Un exemplaire pesant 47,31
(PI. XI, n° 8).
Cette monnaie n’était pas connue de M. Promis, lorsqu'il
fit paraître son ouvrage intitulé Monete dei Reali di Savoia’ ;
mais on la trouve, avec de légéres différences*, dans un
travail supplémentaire sur les mémes monnaies de Savoie,
que l’auteur a publié en 1866, en lui donnant un nouveau
titre assez peu justifié : Monete inedite del Piemonte *. Sui-
vant le savant bibliothécaire du Roi, à Turin, les imita-
tions du double denier parisis auraient été émises à
Chambéry de 1340 à 1341, à la taille de 150 au marc’,
ce qui leur aurait constitué en mesures actuelles un poids
de 45,617,
1 Deux volumes in-4°, Turin, 1841,
8 D'après le dessin de M. Promis, il y aurait des globules au lieu d’an-
nelets dans le champ du droit, et le revers porterait Marcho au lieu de Marcio,
qui paraît être la bonne leçon; les annelets auraieht, en outre, disparu du
champ du revers, tandis que la croix reposerait stir un petit globe dont la
présence ne peut être accusée par notre exemplaire, attendu que le flan a
justement fait défaut au coin en cet endroit.
3 Grand in-8°, 6 planches, Turin, 1866.
A Monete dei reali di Savoia, t. I], p, 445.
v ~ | nn.
a nt nes — ee -——— ae — one
ET DISSERTATIONS. 931
M. A. de Longpérier’ a fait connaître cette monnaie aux
lecteurs de la Revue, et après avoir relevé l'erreur de
M. Promis qui croyait la piéce imitée d'une monnaie de
Philippe le Bel, il ajoute : «Ge qui prouve combien l'étude
_« des monnaies des princes voisins de la France est indis-
« pensable pour la connaissance de nos monnaies royales,
« c'est que celle-ci nous montre {le comte Aimon étant
« mort en 1343) qu'une émission de doubles parisis aux
« deux fleurs de lis superposées avait eu lieu avant celle
« de 4346, signalée par Le Blanc (table chronologique) et
« appliquée par Delombardy * au type qui nous occupe. »
Ne 2. AYMO; ces quatre lettres sont séparées par deux
figures qui ressemblent plutôt a des fers de pertuisane
qu'à des lis * et qui rendent moins complète limitation de
la monnaie royale. Il n’y a pas d’annelets entre les deux
lignes. En légende extérieures : CO&MS : SABAVDIE.
à. +. : IN ITAL’ MARCIO; croix fleuronnée avec deux
petits globes dans le champ; variété inédite. Un exem-
plaire pesant 1,35 (Pl. XI, n° 9).
Autre très-usé par l’oxyde, où le trèfle, qui coupe en
deux le mot COMS au numéro précédent, n’est pas visible,
et où un signe semblable se montre entre le B et l’A au
mot SABAVDIE. Un exemplaire pesant 15,35.
N° 3. Variété du n° 2 présentant au revers deux petits
tréfles dans la légende + IN ITAL’ MA&RCIO. Deux exem-
plaires pesant en moyenne 45,01.
1 Revue num., 1867, p. 79.
2 Catalogue des monnaies françaises de le collect. Rignauit, 1848, p. 10,
n° 76.
3 « Ad fiorem lilii habentem parvai crücém pro fede, » suivant l'expression
même employée par le comte Aymon. Promis, Mon. dei reali di Sav., t. Jr,
p. 85.
232 ut
Banonn!
Louis II
+ LYDOVICVS:DE SA. D
deux lis superposés, les qua
la légende, et que le graveu
manière à les faire ressemb]
royal. Il y a un annelet sou
R. + MON PET CASTR
ronnée dont le pied coupe |
à gauche, un annelet.
Un exemplaire rogné, pes
profondément attaqués pal
gangue, ne pesant plus en
n° 40.)
La monnaie qui vient d'
du comte Aimon, une imitat
Philippe de Valois; elle ap
Vaud, qui succéda à son pè
en 1343, à la mort d’Aimon
Cette pièce, sortie des atel
assez grande rareté. M. Pre
plément*, un exemplaire mz
quel il lisait LV, en sorte q
écrit deux fois, ce qui est in
vait pu en restituer la légen
1 On connaît des monnaies de ce |
VAVDI TVTI.— Cf. Promis, Mon.
coll.
2 Moneta inedite del Piemonte, p. 16
ET DISSERTATIONS, _ 933
M. Adr. de Longpérier’, ayant reçu du Musée de Lyon
l'empreinte de deux exemplaires de la même monnaie se
complétant l'un l’autre, en avait déjà reconstitué les lé-
gendes telles qu'elles sont.
BRETAGNE.
Jean de Montfort (1344-1345).
- Ne 4. IOHAN NES DVX. Dans le champ, BRIT en deux
lignes. Deux mouchetures d’hermine en pal, superposées
et séparées par un annelet, coupent en deux la légende
circulaire et le mot BRIT.
À. SIGNVM DEI VIVI. Au centre, une croix de proces-
sion, à branches fleuronnnées, à hampe épaisse et terminée
en fer de lance. Dans le haut de la pièce, l’écu aux trois
hermines séparant le commencement de la légende de sa
fin. Neuf exemplaires en billon pesant en moyenne 165,14
(Pl. XI, n° 41.)
Cette pièce reproduit le dispositif général du double de-
nier parisis de Philippe de Valois, sans en être, comme les
précédentes, une sorte de contrefaçon. Elle a déjà été pu-
bliée par M. Bigot* et par M. Poey d'Avant *, qui l’attri-
buent à Jean IV.
Ne 2. + IOHANNES DVX entre deux grènetis. Au
centre, deux mouchetures superposées; entre elles le mot
BRIT en deux lignes ; un annelet entre le B et l'T; un point
entre les deux mouchetures et un annelet entre l’R et le T.
x. SIGNVM DEI VIVI. Croix fleuronnée et à queue. Deux
1 Revue num., 1867, p. 78.
.2 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, pl. XXII}, fig. 10.
3 Monn, féod. de France, p. 100, pl. XVIII, n° &,
SRES
pesant en moyenne 1°,12.
ne de Jean IV.
tre deux grémetis; dans le
er, écrit en deux lignes que
deux croissettes.
it écu à trois mouchetures
lé entre l'A et l’N de la lé-
de 15,22, est frappé sur un
lans la trouvaille. M. Bigot le
Bretagne, qui viennent d'être
autres baïonales du trésor,
de Philippe de Valois (4328-
nt d'ailleurs l'aspect général
. |
ls sont les ducs qui ont gou-
tte période. Le premier est
n avril 1341, et que je crois
type monétaire presque tou-
tére tout particulier qu'on ne
les pièces qui nous occupent.
vi, en 1339, pour avoir fait des
celles du roi « il y a si petite
iple ne le peut connaistre ‘ ;»
pl. XXI1I, fig. 8.
+99, pl. XVII, n° 7,
P
e, adopts pour armoiries, parti au 1*
de Limoges, au 2° de Dreux. (Anat,
182.) a ,
) de Bretagne, Van 1633. (Preuves du
—
a a!
ee ee ee ee ee
ET DISSERTATIONS. 235
mais |’ émission incriminée' sortait de l’atelier de Limoges, -
où le corps du délit fut saisi par les officiers royaux’.
Après Jean III vient Charles de Blois, qui ne meurt que
six ans après la mort de Philippe de Valois; or avec Charles
commence une série d’imitations parmi lesquelles se trouve
un double denier identique, sauf le nom du prince, à notre
ne 3°. Si l’on remarque maintenant que ce prince, pen-
dant que vivait le roi Philippe, a eu successivement pour
compétiteurs, de 1341 à 1345, Jean de Monfort, et de
4345 à 1350, le fils de celui-ci, devenu, quatorze ans
plus tard, seul maître du duché sous le nom de Jean IV,
on en conclura que les monnaies bretonnes de la trouvaille
de Montpellier sont ou de Jean de Montfort ou de son fils.
S'appuyant sur une observation faite par mon savant
ami, Anatole de Barthélemy‘, M. Bigot renonce à attribuer
aucune monnaie au premier de ces princes et fait descen-
dre au règne du second, 4345 à 4364, la pièce de Nantes,
calquée sur celle de Charles de Blois, amsi que nos n°’ 4 et
2. Quant à M. Poey d’Avant, il donne également ces divers
billons à Jean IV, avec qui il paraît avoir confondu Jean de
Montfort. En somme, les hommes les plus compétents n’ont
fait honneur d’aucune monnaie à Jean de Montfort, et ce-
pendant on ne saurait douter qu'il en ait frappé". En effet,
entre les années 1341 et 1345, il a été successivement
maitre de Brest, Rennes, Henriebon, Vannes, Auray et Car-
1 Il s'agissait sans doute de deniers tournois semblables à celui reproduit
par M. Poey d’Avant, op. laud., t. I, p. 360, pl. LI, n° 2.
2 Réponses faites aux gens du duc de Bretagne, loc. cit.
3 Bigot, op. laud., pl. XVIII, fig. 9 et 10,
+ Revue num., 1847, p. 428.
+ Je ne parle pas des monnaies dont M, Bigot fait, & bon. droit, justice,
op. laud., p. 133. . |
236 MÉMOIRES
haix. C'est même à Nantes, où fut émise
naies, qu'il se fit « reconnaître par sept
que contenait la province et les seigneur
Si la lutte ne fut pas toujours à son avai
plus d’une défaite, il ne faut pas oublier ¢
bon, dans une forteresse bretonne, qu'il
4345. Son fils, au contraire, était en basä
gua des droits contestés, et plus tard, à
lippe de Valois mourut, l'héritier de Mon
âgé de neuf ans et n'avait pas quitté l’A
donc nullement démontré qu'il ait eu d
dant cette première partie de sa vie, et il
dans tous les cas de se borner à lui
nombreuses pièces que caractérise un t
personne ne lui conteste,
On peut ajouter que les monnaies roy:
ralement imitées peu de temps après lei
double denier parisis de Philippe de Vi
vient de le voir, servait déjà de type, À
le comte Aimon, c’est-à-dire entre 1337
lait donc en France’, et se voyait contr
rons du vivant de Jean de Montfort; de ]
contient une monnaie de Eudes antérieur
tations bretonnes au nom de Jean sembl
toutes ces raisons, appartenir plutôt a
Disons enfin que la présence de la léger
VIVI milite en faveur de l'ancienneté (
elle est en effet empruntée à des deniers
fabrication remontait fort loin et semble a
1 Le double parisis aux lis superposés existait assur
moi-même publié une monnaie de ce type frappée à
Guillaume (1337-1342). (Num, de Cambrai, p. 101, pl
=
KT DISSERTATIONS. 237
milieu du xtv* siècle ‘. Je ne pousserai pas plus loin cette
discussion; il appartient aux numismatistes de la Bretagne
de revoir le classement des nombreux types monétaires du
x1v° siècle, au nom de Jean, et de rendre définitivement à
Jean de Montfort la part à laquelle il a droit.
RECAPITULATION,
Gros à lacouronne...... 52
Double denier parisis, . . , 223
Eupes px Bourcoene. 1315 à 1340. . Copie du gros à la couronne, 1
Henri px Bar. 1337 à 1344. . . . . . Copie du double denier parisis. 1
Id, du gros à la courunne.. 1
5
4
PHILIPPE DE Vatols, 1828 à 1350.
Amon DE SAVOIE. 1329 à 1343...
Id. du double parisis....
Louis px Vaup. 1302.......... Id. id,
Juan ps Montrort? 1341 à 1345 . . Imitation du double parisis. . 12
Cu. ROBERT.
E. Hacher, Essai sur les monnaiss du Maine, p. 44, col. 2.
3S MÉMOIRES
FLORINS DE BAR
ÉMIS SOUS LE DUC ROBERT.
Duby, dans son Traité des monnaies des barons, avait
attribué à Robert II, duc de Bourgogne, un florin, imitation
de ceux de Florence, portant au droit autour de la grande
fleur de lis, la légende ROBERTVS DVX sans indication
de seigneurie, et au revers, le saint Jean en pied de face,
entouré de la légende ordinaire S. IOHANNES.B, suivie d’une
couronne semblable à celle placée pour différent sur les
florins attribués au roi de France, Charles V. Depuis lors,
M. de Saulcy, dans ses Recherches sur les monnaies des
comies et ducs de Bar’, a cru pouvoir restituer cette pièce
au duc Robert qui régna de 1352 à 1414, n’appuyant à la
vérité cette assertion que sur ce que «ce prince ayant
copié déja un grand nombre des monnaies émises par les
rois de France, Jean II et Charles V, il n’y avait rien de
bien audacieux à admettre à priori que ce prince, s'il
avait fait frapper des espèces d'or à son nom, a choisi
parmi les types adoptés par le monarque dont il calquait
servilement les monnaies celui qui était accueilli le plus
favorablement dans toute l’Europe, celui que tous les
princes imitaient à l’envi, celui enfin des florins de Flo-
rence. »
1 Paris, 1843, p. 34.et 41, pl. IV, n° 11.
A a en me en —
ET DISSERTATIONS, 239
« Si maintenant nous ajoutons, continue M. de Saulcy,
à ce qui n’était qu'une supposition, le fait certain que Ro-
bert, dans un traité fait en 1354, et lorsqu'il n’était encore
que conte, avec Guillaume de Nancy, fermier de la mon-
naie du Barrois, lui donna le pouvoir de fabriquer des petits
florins à son nom à la taille de 70 au marc de Troyes et au
titre de 14 karats et demi, nous aurons changé en certitude
ce qui n’était encore qu'une hypothèse, »
Cette nouvelle attribution des florins au nom d’un ROBER-
TVS DVX, toute ingénieuse et spécieuse qu’elle était, ne
reposait pas sur des preuves assez positives pour être admise
sans réserve par un grand nombre de numismatistes; plu-
sieurs pensaient que si le duc Robert de Bar avait émis des
florins, ces pièces devaient au moins porter les armes du
prince pour différent, et une récente découverte faite dans
les environs d'Épinal, vient de donner raison, en partie du
moins à ces derniers, en mettant au jour un florin d'or à
- haut titre et du poids de 3,37, qui maintenant fait partie
des collections numismatiques de notre Musée départe-
mental. Cette pièce a aussi au droit la légende ROBERT
DVX entourant la grande fleur de lis et au revers, autour
de la figure de saint Jean debout, est la légende ordinaire
S.IOHANNES.B suivie, non d’une couronne, mais d’un bar
à deux tétes sur un semis de croisetles ab pied fiché, repré-
sentation incontestable des armes de Bar qui probablement
n'ont pas été plus exactement reproduites parce que la
place manquait, ou que plutôt on a voulu imiter l'aigle à
240 MÉMOIRES
deux têtes qui se voit sur quelques florins frappés à cette
mème époque aux environs du Rhin‘, tant était grand le
désir de Robert et de ses monnayeurs de faciliter I’ écoule-
ment des monnaies émises par les ateliers du duché.
Cependant, de ce qu'il était maintenant certain que le
duc Robert avait fait frapper un florin sur lequel ses armes
étaient ostensiblement placées, devait-on conclure que
M. de Saulcy s'était complétement trompé en donnant su
même prince une autre pièce aux mêmes types portant
aussi les mêmes légendes, mais n'ayant pour différent
qu'une couronne qui ne pouvait aider à reconnaître de quel
atelier la pièce était sortie, et cette pièce devait-elle
rentrer dans la catégorie de celles auxquelles il est impos-
sible de donner une attribution certaine ?
Je ne le pense pas, bien au contraire, je suis convaincu
que M. de Saulcy à deviné juste, et à l'appui de son at-
tribution, je puis apporter une preuve toute matérielle,
ignorée lorsqu'il publiait ses recherches sur les mon-
naies de Bar, car alors la trouvaille de Buissoncourt n’é-
tait pas faite et l'on ne connaissait pas le précieux
forin d'or du duc de Lorraine, Jean I, contemporain
et allié de Robert; rarissime monnaie dont notre Musée
possède un des trois exemplaires connus. J’ai donc pu
+ Par exemple, les florins de Boémond, archevéque de Trèves, 1354-1363;
de Cuno, titalaire du même siége (1382-1888). Voir Joachim, Das nev wif
‘Monzcab,, 1161, t. 1, pl. XX, n°10.—Bohl, Dis trisrisch, Manson, 1823, p.45
et 48, oto,
ET DISSERTATIONS. 241
comparer à loisir ce florin du duc Jean avec les exem-
plaires de celui de Robert au différent de la couronne
qui sont aussi dans la même collection, et m'assurer
que ces pièces aux noms de Robert et de Jean étaient
tellement identiques qu'il était impossible de ne pas recon-
naître que non seulement elles étaient de la même époque,
mais qu'elles avaient dû être gravées par le même artiste :
différents, lettres, fleurs de lis, figures de saint Jean sont
semblables, à tel point que, dans les deux figures du saint,
les cheveux et la barbe sont divisés en un même nombre de
mèches de même forme, en sorte qu'un seul dessin paraît
avoir servi pour les deux coins. La forme du T est aussi
identique sur les florins de Bar et de Lorraine.
Ce fait ne paraîtra pas incroyable, si l’on se rappelle
que Guillaume, le maître de la monnaie. de Saint-
‘Michel, depuis 1365 jusque vers 4377', était de Nancy,
et que d'ailleurs des pièces aux deux noms des ducs
Jean et Robert ayant été frappées d'un commun accord
à la monnaie de Nancy, il ne serait nullement impossible
de croire que le coin du florin de Robert eut été fourni
par cet atelier.
La représentation exacte de ces florins en fera mieux
comprendre la similitude.
A l’époque où l’on frappait à Nancy des monnaies com-
munes aux ducs de Lorraine et de Bar, la pénurie d'argent
était grande dans le trésor de Bar, vidé pour le payement
de la somme énorme à cette époque de 140,000 florins que
Robert avait été obligé de faire aux Messins pour prix de
sa rançon. C'est probablement pour remplir de nouveau
ses coffres que ce prince autorisa, par untraité passé en
1 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I, p. 174,
242 MÉMOIRES
septembre 1872’, son maître de la monnaie Gnillaum
de Nancy, à émettre ces petits florins d'or à la taille &
70 au marc de Troyes et au titre de 14 karats et demi dont
le musée possède un exemplaire *.
C'était du reste une ancienneet mauvaise habitude du duc
Robert de permettre de frapper dans ses ateliers monétaires
des monnaies à bas titre; car dès 1355 il autorisait son maître
de la monnaie de Saint-Mihiel, Humbelet de Gondrecourt,
à émettre des monnaies blanches et noires imitées de celles
du roi de France à son choix, à la condition que les blanches
auraient un denier d'aloi de moins que les monnaies de
France et les noires à proportion *.
Quant au florin au bar à deux têtes nouvellement décou-
vert, le travail en est si différent de celui à la couronne
qu'il est évident qu'il n’a pu être gravé ni à la même époque
ni par Je même artiste que ce dernier ; l’aurait-il été lorsque
Humbelet de Gondrecourt était maître de la monnaie de
Saint-Mihiel, c'est-à-dire de 1354 à 1365, ou faudrait-il le
donner à Bernard de Lucques * qui, vers 1380, remplaca
Guillaume de Nancy, et conserva sa charge jusqu’à la mort
du duc Robert en 1411?
JULES LAURENT.
1 Un autre exemplaire de la même collection est à bon titre.
2 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I*, p. 238.
3 Joid,,t. Le", p. 36, et D. Calmet, Hist. de Lorr,, t. IT, Prewoes, p. DCxxi
et DOXXITI.
4 T, I, p. 2%.
a ia ee ee eee
LE 4 D ati
Pl
ET DISSERTATIONS. 2h3
ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’ AUTRICHE
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES.
(1482 — 1556. )
(Voir plus haut, p. 86.)
Depuis que Maximilien avait repris, du consentement
des Etats, la tutelle de son fils et la mainbournie de la
Flandre, il avait, dans toutes ses ordonnances monétaires,
conservé l'ancien titre des monnaies, ainsi que leurs poids,
du moins à très-peu près. Les nouvelles même ne leur
étaient pas inférieures sous ce rapport. Mais, par contre,
il en avait augmenté singulièrement la valeur. L’augmen-
tation, surtout pour les pièces d'argent, s'élevait jusqu'au
tiers de la valeur primitive. C’est probablement de ce fait
qu’il est question dans les historiens quand ils parlent de
l’altération des monnaies par le roi des Romains. Au reste, -
celui-ci semblait prendre à tâche de justifier de plus en
plus les accusations portées contre lui.
L’ordonnance du 20 avril 1487 portait que le florin à
la croix de Saint-André serait reçu pour 33 patards et les
autres pièces à l'avenant. Soit qu’il y ait eu connivence de
la part de l’archiduc, soit simple négligence, toujours est-il
2hh MÉROIRES
qu'au bout de peu de temps ledit florin courait pour 36 pa-
tards. Profitant de cette circonstance, Maximilien s’em-
presse de faire paraître un mandement, daté du 8 janvier
1487 (v. st.), dans lequel il adopte officiellement le taur
de $6 patards pour le florin, fixant la valeur des autres
monnaies à l'avenant. Celles émises récemment devaient
naturellement être aussi augmentées, ce qui a lieu en effet
comme il suit: «..... J/em les deniers dor que nous avons
« fait forgier en noz monnoyes par maniere de provision,
« se metteront assavoir le grant royal dor, pour xxxvis
« gros; le noble pour xvi s.; le ducat de Bourgoingne
« pour 1x 8.; et les deniers dargent se metteront et rece-
« vront assavoir le grant royal dargent pour xvii d.
« gros, le double griffon pour 1x d. gros; et le sengle
« griffon 1111 d. ob. gros;.......»
Bien que l’archiduc affecte de gourmander trés-fort ses
officiers, le gouverneur de Lille, Douay et Orchies, et au-
tres à qui le mandement est adressé, et qu’il leur dise :
«.…. Mais par faulte de vous et autres noz officiers ledit
utaux (de 33 patards pour le florin) na esté entretenu,
u ains les marchans estrangers et autres ayant proufit
« audit désordre, ont mis et haulcié lesdites monnoyes
« jusques audit prix de xxxvi patards pour ledit florin à la
« croix et les autres à l'avenant, et pour ce que ledit dé-
« sordre est beaucoup plus préjudiciable à nous, nosdits
« pays et subjés que n’est la guerre qui desja y a eu cours
« longuement;.......» personne ne fut dupe de ses pro-
testations, et la désaffection qu’avaient causée les mesures
précédentes ne put que s’en accroître. Il annonçait, il est
vrai, qu'il allait faire régulariser les choses par l’assem-
blée générale des États, qu'il désirait, disait-il, voir réunir
promptement. | |
ET DISSERTATIONS. 2h5
Maximilien était-il de bonne foi en faisant cette pro-
messe, et l’assemblée des États était-elle bien dans ses
adées ? C'est ce qu'il est impossible d'affirmer. Les événe-
_ ments qui se précipitaient ne donnèrent pas le temps de
s'assurer de sa bonne volonté. ll était d'usage, au reste,
. d’assembler les États lorsqu'on voulait changer le pied de
la monnaie, et de leur faire accepter les changements pro-
jetés. Les prédécesseurs de Maximilien y avaient rarement
manqué. Les États partageaient ainsi, à l'égard du pays,
avec le prince la responsabilité des mesures adoptées.
Dans les circonstances présentes, l’omission de cette for-
malité, et l'affectation du roi des Romains d'émettre les
monnaies en son nom seul, bien qu'il n’usurpat point le
titre de comte de Flandre, étaient de nature à irriter des
_ gens moins pointilleux au point de vue de leurs priviléges
que les Flamands. Les conséquences ne se firent point
longtemps attendre.
Les communes flamandes s'étaient de nouveau révol-
tées, et le mouvement s'était étendu beaucoup plus que
la première fois. La ville de Gand qui le dirigeait, com-
prenant qu'elle ne pouvait usurper l'autorité souveraine
sans un appui, 8’était adressée au roi de France, suzerain
du comté de Flandre, et avait obtenu de lui le droit de
battre monnaie au nom de Philippe-le-Beau, « présente-
« ment absent et hors de sondit pays et conté de Flandres
« es mains et puissance du duc d’Autrice. » La charte est
du 17 janvier 1487 (v. st.) et fut promptement publiée ‘.
1 Bien que cette charte ait été donnée par M. J. Rouyer, op. cit., je crois
utile de la reproduire ici de nouveau.
« Charles par la grace de Dieu roy de France a tous ceulx qui ces pré-
« sentes lettres verront, salut : Lumble supplication de noz tres chiers ct
« bien amez les eochevins des deux bancqs deux doyens et communaulté de
1869, — 4. 17
246 MÉMOIRES
Les Gantois profitérent-ils de suite de l'octroi que ve
nait de leur faire Charles VIII? cela est probable. L'exi
tence des monnaies dont parle M. Kervyn de Lettenhove,
qui portent toutes la date de 1488, est une preuve cer-
« la vitle de Gand, premier membre et chef ville du pays et conté de Fian-
« dres, avons receu, contenant que nostre tres chier et tres amé frere et cost
« le duc Philippe dAustrice, conte de Flandres cst presentement absent ¢
+ hors de sondit pays et conté de Flandres, esmaine et puissance du dx
« dAustrice, son père, lequel en enfraignant notoiremcent Je traictié de pai:
« dentre nous êt luy nous a commancié la guerre, et pareillement ausdits
e cschevins doyeus et communaulté de Gand, et autres villes de leur sliance
# qui se sunt déclaréz vouloir entretenir ledit traitié de paix, pourquoy nous
« loist comme seigneur souverain dudit pays et conté de Flandres pourvoir
# aux choses nécessaires pour lutillité publicque dicelluy pays, et pour tt
“ que entre autres choses leur estoit expédient et nécessaire faire et forger
« monnoye blanche et fleurins dor ainsi que les contes de Flandres ont ac-
“ coustumé faire et forger, et quil a esté fait pour le temps que ledit pays ¢
« conté de Flandres a esté régy et gouverné soubz le nom de notre dit frère
« lay estant audit pays, il nous ont supplié et requis que nostre plaisir soit
« leur on octroyer noz lettres de permission et licence, et sur ce leur im
« partir notre grace et libéralité, savoir faisons que nous ce considéré, vol
« lant pourvoir à lutillité publicque dudit pays et conté de Flandres, ¢é
“ singulièrement de ladite ville de Gand, nous avons donné, octroyé et æ-
« cordé, et par ces présentes donnons, octroyons et accordons ausdits eschevins
« et doyens de ceste ville de Gand, congyé et auctorité de soubz le nom et
« coing de nostre dit frère le conte de Flandres, faire et forgier audit lieu
« de Gand, bonne et loyalle monnoye tant dor et dargent, tout ainsi quilz
« feroient se nostre frère estait dans laditte ville, et ce par maniere de pro-
« vision et Jusques à ce que par icelluy nostre frère venu en icelle ville au-
“ trement y soit pourvu. Si donnons en mandement à tous nos justiciers,
“ officiers et subgetz que lesdits suppliants ils facent, seuffrent et laissent joyt
“ etuser de nos présens grace, octroy, et permission, et saucun empesche:
« ment leur estoit fait au contraire le facent oster et mettre incontinent ou
« sans délay au premier état et deu, car ainsi nous plaist-il estre fait; er
« tesmoing de ce, nous avons fait mectre notre scel à tes présentes, donné à
a Paris le xv11° jour de janvier lan de grace mil cect quatre vingts et sept,
« et de nostre regne le cinquiesme. » | |
« Ainsi signé sur ie ploy : Par le roy, le conte de Clermont, les seigueurt
« de la Trémoille, de Graville, admiral de France, de Rennes, de l'Isle et
tt DISSER TATIONS. 2h,
taine a l'appui de cette hypothèse. Des florins d’or, au
ty pe de saint Jean-Baptiste, doivent. être rapportés à le
même émission, Qeékgees-unes des variétés portent aussi
cette mème date de 1488. Le type du revers est d’ailleurs
identique à celui des doubles patards. Fut-il alors frappé
d’autres pièces que celles dont nous venons de parler ?
C’est ce qu il est impossible de déterminer ; les recherches
qui ont été faites aux archives de Gand n’ont fourni aucun
renseignements à cet égard *, Je ferai remarquer seulement
que les doubles patards, touten étant des monnaies, ont
_plutôt par leur légende le caractère de pièces révolution-
naires ou de circonstance. Quant. aux florins, la repré-
sentation de. saint Jean-Baptiste, patron de la cité, les
_plagçait naturellement dans la même catégorie *.
Cette période de crise, au point de vue monétaire, ne
_tarda pas à cesser.. Dès l'année suivante, les révoltés com-
prirent que, dans leur intérêt, ils devaient revenir à une
marche -plus régulière, et, tout en émettant des mon-
_naies au nom seul de Philippe-le-Beau, écarter toute allu-
sion aux causes qui avaient motivé cette révolution, et une
_iustruction rendue dans le commencement de 1489. nous
= autres présens et par le secrétaire Robertau ; dicelle en double quene en
« chiere gaune. »
Extrait des archives de la ville de Gand, registre G, fol. 65 v°.
Communication de M,C, P. Serrure. .
_ Aucun document relatif à cette première émission n’a été retrouvé.
Qu'il me soit permis ici de remercier M, C. P. Serrure qui a bien voulu faire
Pour moi ces recherches.
? L'émission de ces types tout à fait houveaux fut peut être l’une des causes
qui empêchèrent que ces monnaies fussent reçues hors de la Flandre. II est
positif que les coppenolles, comme on les appelait du nom du fameux doyen
des métiers de Gand, étaient probibés, Ce fut sans doute un des motifs qui
amena la modification résultant de l’instruction monétaire suivante, _
248 MÉMOIRES
renseigne sur les monnaies que l'on devait forger dus
l'atelier de Gand durant cette année, ainsi que sur Jews
types. Voici en quoi consiste cette instraction ‘ :
4° Premièrement on fera un denier d’or comme on ke ft
à Gand sous le duc Philippe, au type du lion heaumé,i
49 carats le noble Henricus compté pour fin, allié de 4c
rats d'argent fin et d'un carat de cuivre, de 6 sous de
taille au marc, au remède d'un grain en aloi et d’un demi
esterlin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Ces deniers
seront faits beaux, ronds ét de bonne taille, de manitre
que le plus léger ne diffère pas de plus d’un asquin du
poids légal, au remède de trois forts et de trois faibles,
la différence en plus ou en moins pour ceux-ci étant ar
plus trois huitièmes de fierlin, en comparaison du poids
légal, et sans aucun autre remède en poids et a |
aloi.
2° On fera de mème un demi-florin dans les mêmes |
conditions,
Le maître particulier donnera au marchand, de chaque
marc d'or, 88 livres 15 sous, et 5 livres 14 sous de chaque
marc d’alliage. I] payera au profit du comte tous les re-
mèdes qu'il aura pris en poids et en aloi, et de plus
48 gros pour droit de seigneurage. Ledit florin aura cous
pour 8 sous gros.
1 Cette instruction, ainei que les denx suivantes, est en flamand, ¢ #
trouve dans les registres de la chambre des comptes de Lille, Le seul ml
qui ait pu los faire insérer dans ce recueil, c'est qu'on les aura considérés
comme faites en vertu de l'autorisation régulière du roi de France.
4 Le texte flamand porte halcen inghelschen, traduction littérale, un di
anglais. Le mot ssterlin étant le nom d’une monnaie anglaise, j'ai pensé git
c'était de terme qu'avait’ voulu désigner le rédacteur de l'instraction, Ont
d'ailleurs conduit à cette explication par l'analogie avec les autres isin
tions,
ET DISSERTATIONS. 2h9
L'on fera l'essai des monnaies chaque jour que l'on tra-
vaillera, avant même de mettre les deniers en boîte.
3° Le maître fera faire un denier blanc appelé double
Patard, au type de deux lions, de 40 deniers argent le
roi et de 6s. 8d. en taille au marc au remède d’un grain
en aloi et d'un demi-denier en poids sur chaque marc
d'œuvre; ces deniers seront beaux, ronds et de bon re-
cours, en sorte que la différence entre les poids du plus
léger et du plus lourd et le poids normal ne soit pas plus
d’un huitième de fierlin, au remède de quatre forts et
quatre faibles, pesant ensemble un demi-fierlin en plus ou
en moins que le poids légal, sans autres remédes de forts
ni de faibles. Le marchand recevra pour chaque marc
d'argent tenant au-dessus de 7 deniers, 3 1. 2 s. 8 d. gros.
Ce denier aura cours pour 8 gros.
4° L’on fera aussi un autre denier blanc appelé patard,
à 5 deniers argent le roi et de 6 s. 8 d. de taille au marc.
Les remèdes sont les mêmes que pour le double patard.
Le marchand recevra par marc d'argent tenant moins de
7 deniers, 3 1. 2 s. 3 d. Ce denier aura cours pour 4 gros.
5° Un autre denier blanc, appelé gros, sera fait à 2 de-
niers 3 grains argent le roi et de 12 s. 7 d. en taille au
marc, au remède d’un grain en aloi et de deux desdits de-
niers en poids par marc d'œuvre. La différence entre le
poids normal et celui du plus lourd ou du plus léger ne
sera pas de plus d'un quart de fierlin ; au remède de six
forts et de six faibles, dont le poids total pour chacune des
deux catégories ne différera que d'un fierlin et demi en plus
ou en moins du poids légal, sans autre remède de forts ni
de faibles. Vu la hausse qui avait eu lieu pour les deniers
de 8 gros et de 4 gros, lesquels étaient montés à 8 gros 1/2
et à À gros @ mites depuis la reddition de l'ordonnance
250 MÉMOIRES
concernant lesdits deniers ‘, on donnera, au marchand,
marc d'argent le roi, en matières au-dessons de 7 deniers
d’aloi converties en gros, 31. 6 s. 4 d. 6 mites.
6 L'on fera ensuite un denier blanc de 12 mites à 8
grains argent le roi et de 208 9 d. de taille au marc de
Troyes, au remède d'un grain en aloi et de 8 desdits de-
niers en poids par marc d'œuvre. Il sera beau, rond et de
bonne taille, au remède de huit forts et de huit faibles,
pesant ensemble, les huit forts un demi-esterlin de plus
que le poids normal, et les huit faibles un demi-esterlin en
moins, sans autres remèdes de fort ou de faible. Pour le
même motif que pour le gros, le marchand recevra pour
chaque marc d'argent le roi, en matières contenant moins
de 7 deniers d'aloi, le même prix que précédemment.
7° Enfin l'on fabriquera un denier noir de 2 mites, à
4 grains 1/4 argent le roi et de 18 s. 10 d. de taille au
marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et de 42 des-
dits deniers en poids, sans autre remède. Le prix donné
aux marchands est le même que dans les deux cas précé-
dents.
8 Le maitre particulier payera au profit du comte tous
les remèdes qu'il prendra en poids et en aloi, et 3 gros
48 mites pour droit de seigneurage. — Ce droit sera payé
en doubles patards à deux lions. — Le maître sera tenu de
fabriquer telle quantité de monnaies de chaque espèce qui
lui sera ordonnée.
9 Comme le prix du marc d'argent était différent, sui-
vant qu'il s'agissait de fabriquer les divisions supérieures
au gros ou bien les autres, il est dit que le maître parti-
t Ce passage nous fait connaître qu’il existait une instruction antérieurs
qui ne nous est pas parvenue, et que la hausse des monnaies s'était déjà
fait sentir.
ET DISSERTATIONS. 251
culier ne sera tenu de recevoir des matières fondues en
grenaille qu’autant qu'elles seront supérieures au titre de
4 O deniers 12 grains; que pour les autres matières on les
fondra à la monnaie, le marchand payant le prix convenu
pour la fonte :.
Les monnaies d'argent, par leur empreinte, rappelaient
celles émises depuis Charles-le-Téméraire. Mais il faut
remarquer que l'aloi du double patard et du patard étant
conservé, la valeur de ces pièces est doublée. Comme
conséquence, l’aloi du gros, unité monétaire, est diminué
d'environ un denier d'argent. Dans les circonstances où
l’on se trouvait, cette augmentation de valeur est parfai-
tement justifiée. Et cependant elle ne devait pas s'arrêter
là. Déjà, au moment où cette instruction était donnée au
maître particulier, le double patard valait 8 gros 4/2, ainsi
que nous venons de le voir. Bientôt après, le 8 juillet de
la même année, paraît une autre instruction pour les
courtes (doubles mites) forgées audit Gand, dans laquelle
on fait connaître que le double patard étant porté à 9 gros
au lieu de 8 gros 1/2, il devenait nécessaire de changer la
traite de cette monnaie inférieure. Beaucoup de monde,
dans le peuple, se plaignant de l'insuffisance des menues
monnaies, il devenait donc nécessaire d’y pourvoir. Il est
alors enjoint au maître particulier, nonobstant le contenu
.de sa première instruction, de faire, pour la commodité du
pauvre et commun peuple, la quantité de vingt à vingt-cinq
marcs d'argent en courtes ou pièces de 2 mites, au même
1 L’instruotion est donnée au maître particulier de la monnaie de Flandre
par Nicolas le Bunqueteur, maître général, Liévin De Moor, garde, suivant
_ l'ordonnance de messeigneurs du sang et du grand conseil de Varchiduc d'Autriche,
duc de Bourgogne, comte de Flandre, pour travailler en 14 monnaie de Gand
une année entière, |
262 MÉMOIRES
aloi que précédemment, de 49 sols 7 denic
marc de Troyes, pesant conséquemment
précédentes. Les remèdes en poids et en
mêmes. Vu la hausse du double patard de
9 gros, chaque marc d'argent converti e
estimé 5 livres 40 sous 7 deniers gros et une
somme les marchands devaient recevoir 8 |
gros ; le reste, soit 2 1. 6s. 6 d. 16 mites
droit de seigneurage, la façon et le cuivre.
Cette instruction ne modifiait que la co
mite, et cependant toutes les autres divisit
eussent dû l'être également : c’est ce do
pas à s'apercevoir. Une ordonnance de Phil
seigneur de Winendale, gouverneur de F
du 16 octobre de la même année, et une at
membres du pays de Flandre, prescriviren
mède à cet état de choses, et le 28 octc
maître général des monnaies détivrait une i
faire ouvrer des gros, des deniers de 4
courtes à l'avenant du double patard à de:
à 9 gros. Il est dit dans le préambule qu
la hausse du double patard de 8 à 9 gros
ticulier n’avait pu faire de la petite mom
ment à la première instruction; que cep
indispensable qu’il y en eût, à cause de la
prouve le commun peuple à acheter et venc
d'épiceries, petites marchandises et vivre
difiant ladite première instruction dans le s
existante, on pouvait espérer être pourvu
naie, le maître particulier ne se trouvant
par leur fabrication. Voici les passages de
instruction qui modifient la première :
ET DISSERTATIONS. 253:
4° Le maître particulier fera ouvrer un denier blauc de,
2.4 mites (ou gros) à 2 deniers 8 grains argent le roi, et,
de 14s. 5d. en taille au marc de Troyes, aux remèdes d’un
grain en aloi et de 2 deniers en poids sur chaque marc.
d'œuvre; la différence entre le poids du plus léger ou du
plus fort et le poids légal ne pourra pas être de plus d’un
quart de felin; au remède de six forts et de six faibles ;
pourront peser les six premiers ensemble un felin et demi
en plus, et les six autres un felin et demi en moins que le
poids légal. Le marchand recevra pour le marc d'argent le
roi 3 1. 10s. 9 mites, le double à deux lions étant compté
pour 9 gros.
2° Le denier de 12 mites sera à 4 denier 22 grains ar-
gent le roi, et de 13 s, 41 d. en taille au marc de Troyes,
au remède d’un grain en aloi et de huit desdits deniers en
poids sur chaque marc d'œuvre. Ce denier sera fait beau,
rond et de bonne taille, aux remédes de huit forts et de
huit faibles, pouvant peser, les huit premiers un demi-
esterlin en plus, et les huit seconds un demi-esterlin en
moins que le poids légal.
3° La courte ou pièce de 2 mites sera à 4 grains.et 1/h
argent le roi, et de 49 s. 7 d. en taille au marc de Troyes,
aux remèdes d'un grain en aloi et de douze desdits deniers
en poids par marc d'œuvre.
Le prix donné aux marchands pour chaque marc a’ ar-
gent sera le même que dans le cas du gros, __
On peut juger, d'après ces détails, que les communes
flamandes ne se trouvaient guère plus .favorisées sous le
rapport de la valeur du numéraire qu'avant leur révolte
contre Maximilien. C'est malheureusement là un résultat
inévitable des révolutions, quelque juste que puisse être
le motif qui les a fait éclore, et ce sont les premiers effets
254 MÉMOIRES
que le peuple en ressent. La rareté de l'argent, qui x
cache, amène le renchérissement des denrées et toutes le
conséquences qui s'ensuivent. Ce n'est que lorsque laré-
volution parvient à triompher sans obstacle que les choses
finissent par revenir peu à peu à leur état normal, Tel
n'était malheureusement pas le cas pour les Flamands. Et
cependant le roi de France avait fait son possible pour les
soutenir. Indépendamment des secours en hommes qu'il
leur avait envoyés, il avait, peu de temps après la conces-
tion faite aux Gantois de battre monnaie, rendu une or-
donnance en date du 29 janvier 4487 (v. st. \, par laquelle
il indiquait les monnaies qui devaient avoir cours en Ar-
tois et en Picardie et les prix auxquels on devait les re-
cevoir. Les anciennes monnaies de Flandre, noble, ridder,
florin à la croix de Saint-André, etc., y figurent ; mais 00
n'y trouve aucune des monnaies des archiducs qui, ainsi
que les autres, sont considérées comme billon. Mais cette
sévérité ne pouvait pas tenir longtemps; ces deux pro-
vinces étaient trop voisines de la Flandre, où les monnaies
de Maximilien avaient cours, et les rapports entre les
deux pays étaient trop fréquents pour qu'il ne résultat
pas une gêne notable de cette prohibition pour le com-
merce. Aussi trouvons-nous, à la date du 46 octobre 1488,
un mandement de Philippe de Crèvecæur, maréchal d'Es-
querdes, donnant une nouvelle évaluation des diverses
monnaies blanches étrangères. I] avait préalablement
réuni à Aire les députés des villes d’Artois et de Picardie;
on s'était livré à l'essai desdites monnaies, et l'on avait
reconnu qu'il y avait grant empirance ‘ entre les anciennes
1 J'ai dit précédemment que l’empirance tenait surtout à Ja valeur exa-
gérée affectée aux monnaies, et non au poids et à l’aloi qui étaient restés à
peu près les mêmes,
ET DISSERTATIONS. 255
et les nouvelles. Il avait été décidé que jusqu'à nouvel
ordre on prendrait :
Le simple gros pour 4 deniers obole ;
Le demi pour 2 deniers,
Et le quart pour 1 denier tournois ;
Les doubles gros au lion de Flandre, que l'on nomme
coppenolles, ‘ pour 18 deniers;
Le double gros au griffon pour 20 deniers,
Et le double dudit griffon pour 4 sols 4 deniers tournois.
Ces lettres du maréchal d’Esquerdes, où l’on voit que
les monnaies émises par les révoltés étaient estimées moins
haut que celles de même valeur du roi des Romains, in-
diquaient une tendance du roi de France à ne pas faire
longtemps cause commune avec les Gantois. Des événe-
ments survenus dans l'intervalle des deux mandements
précédents avaient en effet dû modifier la manière de voir
ou d'agir de Charles VIII. Le 16 mai 1488, Maximilien
était parvenu à sortir de Bruges au prix d’un serment
qu'on lui avait arraché, et qu'il savait d'avance ne pas
devoir tenir. Il se remit bientôt en campagne contre les
révoltés. Aucun document ne nous est parvenu qui in-
dique que, pendant cette guerre, ce prince .ait fait battre
monnaie dans une autre ville de Flandre, à défaut des
ateliers de Bruges et de Gand qui lui étaient fermés *. Ce
n’est qu'après sa réconciliation avec Charles VIII, suivant
le traité de Francfort du 49 juillet 4489, que nous trou-
vons, à la date du 26 novembre de la même année, une
lettre close de Charles de Croy, prince de Chimay, lieute-
1 Les doubles gros désignés sous les noms de coppenolles sont ceux portant
la légende : Æqua libertas Deo grata et la date 1488,
3 Il est probable que les ateliers du Brabant fournissaient à Maximilien le
numérsire nécessaire pour solder ses troupes.
256 MÉMOIRES
nant de Maximilien et de Philippe-le-Beau, et leur capitaine
général au pays de Hainault et de West-Flandre, pour faire
forger des monnaies dans la ville de Furnes.
Il n'est pas hors de propos de rapporter ici les consi-
dérants qui précèdent l'instruction. « ..... Comme pour
« furair aux grans frais et despens que mesdis seigneurs
« et leurs léaux subgeets audit pais de West -Flandres ont
«et soustiennent journellement en lentretenement des
a gens de guerre estans audit pais, et autres charges en
« diverses manières, il soit besoing de grans finances
« et deniers, et que à cause des guerres ledit pais soit fort
« dépourveu dor et dargent monnoié; nous au nom de
« mesdis seigneurs, pour pourveoir à ce que dit est, et
« que lesdis gens de guerre puissent tant mieulx et plus-
« tot estre payés et contentés, et à la requeste des villes
« dudit pais, avons par grande et meure délibéracion et a
« lhonneur et prouffit de mesdis seigneurs ouvert en la
« ville de Furnes une monnoie, et y. par nos lettres pa-
« tentes commis officiers souffisans et à ce pertinens. Et...
«commetons par ces présentes Ambroise Dieregard
« maistre particulier de ladite monnoie..... pour... faire
« ouvrer et monnoyer..... telz deniers dor et dargent et à
« telz noms et armes que est le patron a luy baillié, et
«comme les papiers en lieu de patron contiennent, qui
« sont en noz mains, a tout tel prix et alloy que on a fait
« en Ghelre, et Hollande et à Malines..... »
L'atelier de Furnes n'était donc que temporaire et des-
tiné seulement à fournir le numéraire nécessaire pour
payer les troupes du roi des Romains. Quelles étaient ces
monnaies? C’est ce qu'il n’est guère possible de savoir.
Il est probable qu'elles devaient être identiques à celles
émises par Maximilien lui-même, en vertu de l'ordonnance
ET DISSERTATIONS. 257
de 1487. Je ne connais d’ailleurs aucune pièce que l’on
puisse attribuer à cet atelier temporaire. L'absence de
différent indiqué dans l'instruction empéchera longtemps
de les reconnaître. Voici du reste le texte de ladite in-
struction : |
« Premièrement ledit maistre particulier fera ouvrer des
« deniers dor appelés demy nobles, lesquelz deniers seront
« de vingt trois caras de fin or en alloy et de six solz en
_« taille à la remede dun grain dor fin en alloy et dun demy
« estrelin sur le marcq de Troyes, et seront lesdits deniers
« ouvrez beaux et rondz, tailliés de bon recours à la re-
« mede de trois fors et trois febles sur chacun marcq
« deuvre assavoir que le plus fort pesera ung quart de
« fierlin plus que le droit, et le feble ung quart de fierlin
« moins que le droit, sans quelque autre remede de fort
«ou de feble, desquelz deniers ledit maistre particulier
« sera tenu de payer à mesdis seigneurs pour leur droit et
« seignouraige de chacun marcq dor fin, quatre livres
a dempirance. » |
« Item, ledit maitre particulier sera tenu de recevoir les
‘a marchans et chambgeurs sur telz empirances qui leur a
« esté ordonné des généraulx et payera ausdis marchans
« et chambgeurs pour chacun marcq dor fin soixante cinq
« livres six solz huit deniers d’empirance, compté ies
a vingt livres pour vingt et une livre dix solz d'empirance. »
« Item, ledit maistre fera ouvrer des deniers dargent de
« douze gros la pièce lesquelz seront de neuf deniers et
" « seize grains fin en alloy et de cinq solz six deniers en
« taille sur le marcq de Troyes, à la remède d’un grain
« fin et dun demy diceux deniers sur le marcq d'œuvre,
« et seront lesdits deniers beaux et rondz et tailliés de
« bon recours, au remède de quatre fors et quatre foibles
258 MEMOIRES
« sur chacun marc deuvre, assavoir le plus fort pesera
« ung quart de fierlinc plus que le droit, et le plus foible
« ung quart de fierlinc préz le droit, sans quelque autre
« remède de fort ou de foible. »
« Item, ledit maistre fera ouvrer autres deniers dargent
« de six gros la pieche et de six deniers dargent fin en
« alloy et de six solz dix deniers en taille sur chacun
« marcq de Troyes à la remède d'un grain fin en alloy et
« dun estrelin en taille sur chacun marcq deuvre. Les-
« quelz deniers il fera ouvrer beaux et rondz tailliés de
« bon recours au remède de quatre fors et de quatre foi-
« bles sur chacun marcq; assavoir le plus fort pesera ung
« quart de fierlin plus que le droit, et le plus foible ung
« quart de fierlin préz Je droit, sans quelque autre reméde
« de fors ne de foibles. »
« Item, ledit maistre fera ouvrer encoires autres deniers
« dargent de trois gros la pièce estans de trois deniers
« dargent fin en alloy et de six solz et onze deniers en
« taille sur le marcq de Troyes, & la reméde d’un grain
« fin en alloy et dun des susdits deniers en poix sur chacun
« marcq deuvre, deniers lesquelz il fera ouvrer beaux et
« ronds, tailliés de bon recours au reméde de quatre fors et
« quatre forbles sur chacun marcq, assavoir le plus fort
« pesera ung quart de fierlin prés du droit, et le plus foible
« ung quart de fierlin moins que le droit, sans quelque
« autre reméde de fort ou de foible. »
« Item, et touchant d'autres petites et noires monnoyes se
« fera par l’ordonnance et considération du général maistre,
« se mestier en est. »
Le droit de seigneurage est par marc d'argent fin de
8 s. 6d. de gros. Le maître particulier payera en outre, au
profit du comte, tous les remèdes qu’il aura pris tant en
ET DISSERTATIONS. 259
poids qu'en aloi. Les marchands recevront trois livres
douze sous de gros par marc d'argent fin.
L’exagération de la valeur et le titre inférieur de la
monnaie, ce dont il est aisé de s apercevoir en comparant
cette instruction avec celle de 1487 ‘, font voir qu'il s agit
bien ici de pièces de circonstance ou de nécessité; dès
lors, il n'est pas étonnant qu’on ait cherché à les retirer
plus tard de la circulation et qu'on n’en retrouve plus.
Le traité de Francfort rendait à Maximilien la mainbour-
nie de son fils et était un acheminement vers la paix.
Éclairé par l'expérience, ce prince essaya d’adoucir les
Flamands par des concessions. Au point de vue que nous
examinons ici, c'est-à-dire sous le rapport des monnaies,
les résolutions qu’il adopta furent remarquables. Une or-
donnance monétaire du 14 décembre 1489 prescrit }’émis-
sion de nouvelles monnaies, estimées à un taux régulier,
" ainsi que nous le verrons par l'instruction délivrée au maître
particulier, transcrite ci-après. Mais il y a encore plus:
le roi des Romains diminue d’une manière notable l'éva-
uation exagérée à laquelle avaient été portées les monnaies
frappées par ses prédécesseurs et par lui-même antérieu-
rement à cette date. Ainsi, pour ne parler que des mon-
naies le plus récemment faites, les florins à la croix de
Saint-André devaient avoir cours comme anciennement
pour 20 patards, soit 50 gros; les demi-nobles d'Autriche,
de 72 à 72 4/2 au marc pour 48 gros *, Et parmi les mon-
naies d'argent :
-« Le grand réal d'argent est avantaigé en cours à cause
1 Ilest évident que la pièce de 12 gros n’est autre chose que le double pa-
tard et celle de 6 gros le simple patard.
2 Il n’est pas parlé du grand réal d'Autriche.
200 MÉMOIRES
« que c'est ung denier de parement ', et aura cours pou
« quatre patars et demy. »
« Item, les doubles griffons, pour 44 patars. »
« Jiem, les sengles griffons, pour 1 patart. »
« Item, les doubles deniers à deux heaulmes * que l'on
« forge maintenant, pour 11 patars. »
e Et les demi dyceulx pour 1 patart. »
« Et les saingles diceux pour 1 gros. »
Les monnaies des prédécesseurs de Philippe le Beau se
trouvent naturellement estimées à un prix moins élevé,
comme il suit :
a Les grands doubles Karolus pour 3 gros 1/2. »
« Les singles Karolus pour 1 gros 18 mites, et les demy
« Karolus diceulx pour 20 mites. »
« Item, les doubles à deux lyons que feu M. le duc
« Charles de Bourgogne fit forgier, pour 3 gros un estrelin,
« et les singles diceulx auront cours pour I gros 11 es-
« trelins. » |
« Item, les doubles malines pour 111 gros 1 estrelin et
« Jes saingles diceulx 1 gros 11 estrel. et les demi diceulx
« XX mites, n
« Item, tous gros de Maria et ceulx qui depuis ont esté
« forgiés ès monnoies auront cours pour vil mites de
« Flandres, »
« Item, les demy gros fais semblablement au mesme
1 Ceci vent dire probablement que bien que le grand réal fût une monnaie,
ce n’était pas une monnaie usuelle proprement dite. Le grand réal d'or devait
être dans le même cas.
3 Je ne connais de doubles patards aux deux heaumes que ceux frappés
pour le Brabant; est-ce de cette monnaie qu'il s’agit? C’est probable, car
je ne vois pas sa place dans la monnaie de Flandre.
ET DISSERTATIONS. 261
« temps et aussi forgiés es monnoies du -Roy nestre sire
« auront cours pour III mites. » |
a Item, les gigoz semblablement faiz ou mesmes temps
© pour ni mites de Flandres. » -
L’ordonnance ajonte: « Et généralement toutes noires
« monnoies quelles quelles soient qui présentement ont
« Cours, seront réduites tellement que en recepvant ou en
« payant, les trois pièces ne vauldraient que une, et en-
u coires tant seulement n’auront cours que jusques à ce que
« la nouvelle noire monnoie sera forgié à bonne quantité
« pour en sortir le commun peuple. »
On ne pouvait plus loyalement reconnattre ses torts et
tacher de les réparer en abaissant le taux des monnaies
ayant cours à leur véritable valeur. La mème préoccupation
se fait remarquer dans l'instruction qui suivit la reddition
de cette ordonnance, et dont voici la partie concernant la
fabrication des monnaies *.
4° Premièrement, le maître particulier fera uo denier
d'or fin appelé double florin au Saint-André, le noble Hen-
ricus compté pour fin, de 3 s. 8 d. 3/4 de taille au marc de
Troyes, au remède d’un grain en aloi et d’un demi-ester-
lin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Il pourra y avoir
par marc deux forts et deux faibles, dont la différence de
poids avec le poids normal ne dépassera pas pour chacun
* Cette instruction, sans date, est en flamand; elle est donnée, au nom du
roi des Romains et de l’archiduc Philippe, son fils, au maître particulier de
la monnaie de Flandre.
2 Je traduis, comme précédemment, Aalcen enghelsche par un demi-es-
terlin. On pourrait aussi supposer sous-entendu le mot nobelen et traduire
haleen enghelsche nobelen par un demi- noble. Comme on vient de parler du
titre des nobles Henricus, cela n’aurait rien d'étonnant. Je laisse < ce point à
décider aux linguistes flamands.
1869, — 4° ee | tr
262 MÉMOIRES
un asquin en plus ou en moins, sans autre remède en poids
et en aloi. Ce denier aura cours pour 40 patards de lanou-
velle monnaie. Le prix du marc d’or donné aux marchands
sera de 44 lb 44 8. 2 d, gros, et le droit de seigneuraget
la façon seront payés 4 s. 2 d. gros.
2 Ledit maître fera faire aussi le florin de Bourgogne’
la croix de Saint-André, semblable en poids et sn alià
ceux frappés adis par les ducs Philippe et Charles de
Bourgogne, pendant leur vie, savoir, à 49 carats d'or fi,
allié à 4 carats d'argent et 4 carat de mire ot do & enn
de taille au marc de Troyes, au rem
et d’un demi-esterlin en poids sur :
Il pourra y avoir par marc trois for
sorte que la différence de poids de
normal ne soit pas plus d’un aeskin
sans aucun autre remède en poids et
cours pour 20 patards de la nouve
du marc d'or fin sera de 46 lb 3s,
de mites gros. Les marchands rece
gros; il restera donc pour droit des
8 s. 11 d. 21 mites et 9/19 de mit
trouve dans ledit florin est estimé
3° Le demi-florin de Bourgogne
florin sera taillé à raison de 12 s. a
remède d’un grain en alloi et d’un:
par chaque marc d'œuvre. Il pour:
six forts et six faibles, dont la diffi
moins pour chacun avec le poids nor
aeskin. La traite du marc de fin or,
marchands, etc, etc., sont les mém
L'on payera aux marchands le m
quatorze sous d’empirance.
ET DISSERTATIONS. 268
Le droit de seigneurage par mare d’or fin est fixé à
23 gros, et par marc d'argent le roi à cinq gros dix-
huit mites. Le matire particulier payera d’ailleurs au profit
du comte tous les remèdes qu'il aura pris en poids ou en
aloi. :
_ 4" Le maître fera un denier d'argent appelé le grand
double, à onze deniers dix-huit grains argent le roi et de
3 s. 3 d. de taille au marc de Troyes, au remède d’un
grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre.
Il pourra y avoir par marc deux forts et deux faibles, dont.
la différence en plus ou en moins avec le poids normal
sera pour chacun d'un deuskin au plus. Ce denier aura:
cours pour quatre patards. La traite du marc d'argent est
fixée à 26 s. 6 d. 15 mites et quinze quarante-huitièmes.
de mite gros. L'on donnera aux marchands 25 s, 6 d. gros,
il restera par conséquent pour seigneurage et brassage.
12 deniers 15 mites et 15/48 de mite gros.
5° Le double patard sera fait à 10 deniers argent le roi,
et de 6 s. 6 d. de taille au marc de Troyes au remède d’un
grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre.
Il pourra y avoir par marc trois forts et trois légers, dont la
différence en plus ou en moins avec le poids normal ne-
dépassera pas pour chacun plus d'un deuskin. Ce.
denier aura cours pour deux patards. La traite du marc:
d'argent le roi est fixée à 26 s. 7 d. 4 mites 4/2 gros; le
marchand en recevra 25 s. 6 d. gros, le reste sera pour:
seigneurage et brassage. |
6° Un autre denier d’argent nommé patard sera à six des
niers argent le roi et de 6 s. 8 d. en taille au marc de.
Troyes au même remède que pour le double patard. II.
pourra y avoir par marc quatre forts et quatre faibles, dont
la différence de poids en plus ou en moins avec le poids
264 MÉmoins
légal ne dépassera pas un deusk
du marc d'argent est fixée à 27:
le marchand recevra le même
double patard.
« Et parce que ladite traite d
le roi a ordonné que ledit maître
méde en poids et en aloi, parce
tenu de faire plus de patards f
comwum peuple, bien entendu |
et nul autre, »
7° L'on frappera aussi un deni
qui vaudra un demi-patard, à ci
roi et de 41 8. 4 d. en taille au
mède d'un grain en aloi et de
en poids sur chaque marc d'œ1
d'argent le roi sera de 27 8. 2 «
gros, sur lesquels le marchand aur
étant pour seigneurage et ouvrage
8° Un demi-gros sera aussi émi
le roi et de 18 8. Ad. en taille a
mède d’un grain en aloi et de six de
sur chaque marc d'œuvre. La tr
roisera de 27 8. 6 d. gros, sur lesq
encore 26 s. 6 d. gros.
9 Le quart de gros sera fait à t
et de 28 s. en taille au marc de
grain en aloi et de huit des mém
chaque marc d'œuvre. La traite (
sera de 28 sous gros. Le marchant
ci-dessus, le reste étant pour seigr
40° Le maître particulier fera fe
ET DISSERTATIONS. 265
d'argent nommé denier, dont les douze feront un patard °,.
à deux deniers argent le roi et de 29 s. 6 d. en taille au
marc de Troyes, au reméde d’un grain en aloi et de neuf
des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. Ii
aura cours pour quatre mites de Flandre. La traite du marc
d’argent le roi sera de 29 s, 8 d. gros, et le marchand ‘Tee.
cevra le même prix que dans les cas précédents.
. 44° L'on fera aussi un denier nommé courte, ayant cours
pour deux mites, et dont vingt-quatre vaudront un patard,
Il sera & douze grains argent le roi et de 19 s. en taille au
marc de Troyes, au remède d'un grain en aloi et de huit
des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. La
traite du marc d’argent sera de 38 sous gros, sur lesquels
le marchand recevra encore 25 s. 6 d. gros.
42° Enfin ij sera fait un autre denier noir nommé mite,
ayant cours pour une mite, et dont 24 vaudront un gros.
Il sera à six grains argent le roi et de 25 sous de taille au
marc, au remède d’un grain en aloi et de dix desdits de-
niers en poids sur chaque marc d'œuvre. La traite du marc
d'œuvre sera de cinquante gros sous, le marchand recevant
le même prix que ci-dessus *,
Nous voyons apparaître ici une nouvelle espèce de mon-
naie, le double florin d’or. L'ancien type dudit florin est
du reste abandonné; au lieu du saint André debout, l’on ne
voit plus ce saint qu'à mi corps, tenant devant lui l’écu aux
1 Le texte flamand dit: ... eenen selveren penninc ghehesten pennyng.
? Les pièces frappées en vertu de cette instruction sont celles sur lesquelles
Maximilien prend simplement le titre de père de Philippe le Beau que l'on
ne pouvait certes lui contester. S’il en efit toujours agi ainsi, il se serait
certainement épargné bien des désagréments.
On est étonné de voir reparaître ici la mite dont il n’est plus fait mention
depuis longtemps. Cette division ne s’est pas retrouvée : elle n’est d’ailleurs
pas indiquée dans les comptes des maîtres particuliers.
266 MEMOIRES
armes de Maximilien et de Philippe le Beau. Les monnaies
de cette émission sont les mémes pour toutes les provinces
des Pays-Bas, et celles de Brabant, qui sont datées, peuvent
aider par conséquent à leur classement. L’ordonnance du
44 décembre 1489 était en effet applicable à toutes les
possessions des archiducs, et l'on y désigne les lieux où
l'on ouvrira des ateliers monétaires. « ..... 7fem, et affin
« que les pays soient mieulx sortys des deniers qui nou-
« vellement se forgeront, et que les marchans et changeurs
« nayent cause de porter leurs matières dor et dargent
« hors du pays du roy et de mondit seigneur larchiduc son
a fils, est advisé et conclu que des maintenant seront ou-
« vertes cinq Monnoies, assavoir : une en Brabant, une en
« Gheldres, une en Flandres, une en Hollande et une en
« Haynnau, en tels lieux qu'il sera advisé..... »
Louis Deschamps DE Pas.
(Sera continué.)
= m0" @ =H CD ap
CHRONIQUE.
MONNAIE DE RAIDAN
Le Jecteur pourra se rappeler qu’en publiant la premiére mon-
naie connue des Homérites d’Arabie (Revue, 1868, p. 469),
j'exposais les difficultés qu’offre la lecture du second nom tracé
sur le revers de cette piéce.« Pour lire Iousef*, disais-je, il faut
admettre que le sixième caractère qui se présente à nous comme
un gros point, était divisé par une barre verticale, et par consé-
quent était un 5. S'il avait été évidé en annelet, il aurait la va-
leur d’un y. Le septième caractère offre plusieurs apices indis-
tincts à la partie supérieure, il n’en faudrait qu’un sur le centre
pour qu’il eût la valeur d’un S. Il serait trop long de passer en
revue les diverses formes de nom que ces combinaisons fourni-
raient; comme aussi celles que feraient naître la valeur 3 attri-
buée au septième caractère si un apex s'élevait à la gauche de
son sommet. La découverte d’un second exemplaire de la mon-
naie peut venir nous donner en un instant la solution que nous
cherchons. »
Je dois maintenant dire, pour tenir les numismatistes au cou-
rant de la question, qu’un savant orientaliste, M. Joseph Halévy,
connu par ses voyages sur la mer Rouge et en Abyssinie, après
avoir examiné mon travail, se décide, tout en approuvant la lec-
ture du nom de ville, Raïdan, et du premier nom d'homme Aran,
à voir dans le second nom le y au lieu du \, et le > au lieu du &;
par la raison que les Himyarites devaient omettre dans l'écriture ©
le 1 quiescent que les Arabes plus modernes employaient, En‘ —
268 CHRONIQUE.
conséquence, il lit le second nom Iacaf= au lieu
nom, du reste inconnu, serait analogue au apy
juifs. Je pense qu'une monnaie mieux conservée d
son à M. Joseph Halévy, et je signale son ingénieu:
(LE DENTANOÏMION BYZANTIN.
Les monnaies de bronze frappées à Kherson, et qu
tent Maurice-Tibère, Constantine et leur fils Théodc
deux modules. Les unes de grand bronze portent au
dice de valeur représenté par un M ou un H; les at
coup plus petites offrent un 4, La valeur numérale
ractères est bien connue; c’est l’équivalent de 4
Cependant les pièces qui portent M (40) sont de mé
et de même poids que celles sur lesquelles on lit H (£
aumismatistes ont cru se tirer d'embarras en disar
médailles prouvent que le système monétaire de KI
fère de celui des autres provinces de l'empire. Mais :
dans le système monétaire que se trouve la diverg
seulement du mode de notation qu’il faut s'occuper.
M. Paul Lambros vient de publier à Athènes une ç
intéressante note sur ce sujet. Voici comme il résun
nion. « En fait cependant, la monnaie qui a l'indic
follis aussi bien que la monnaie qui porte H. Celle ¢
est un demi-follis; l'explication en est trés-facile. La!
gnifie 40 nummia, l’H8 pentanummia, et le A 4 pentan:
8 pentanummia font 40 nummia; les 4 pentanus
20 nummia. Par conséquent la monnaie qui porte H
valeur que celle qui porte M; cette valeur est d’un /
est d’un demi-follis pour la monnaie qui porte 4.
connait le demi-follis de l'indice H, portant 4, il es!
CHRONIQUE. 269
bable qu’on découvrira plus tard le demi-follis de l’indice M,
portant K, valant 20 nummia, » '.
À joutons que parmi nos monnaies modernes, on trouve, dans
le même système, des pièces qui offrent avec le même poids
et le même module : demi-franc et 50 centimes ; quart de franc
et 25 centimes; un décime et 10 centimes, ce qui n'empêche pas
en outre le public de les appeler des pièces de 40 sous, de
5 sous, de 2 sous, sans que des noms si divers produisent la
moindre hésitation, la moindre confusion dans les transactions
de chaque jour.
On peut donc admettre que l’on a fait usage concurremment
d’un follis de 40 nummia à la marque M, et d’un follis de 8
pentanummia à la marque H. A. L,
DENIER DE REMELANGE.
Dans le dernier cahier du Bulletin de la Société d’archéologie
et d’histoire de la Moselle (x année), recueil qui contient des
travaux fort intéressants, nous trouvons (pages 19 et suivantes),
une communication de M. V. Jacob, sur la découverte faite aux
environs de Marsal d’un certain nombre de monnaies messines.
L'auteur décrit et commente divers deniers, et entre autres ceux
qui offrent an droit la légeude S’ STEPHAN9 autour d’un buste,
et au revers, * RIMVLIGIS autour d’une croix. Il se refuse à
croire que ce dernier mot représente le nom de Remilly, loca-
lité qui jadis appartenait à l'évêché de Metz, et serait plus dis-
posé à y chercher un nom de monétaire épiscopal. M. V. Jacob
ne paraît pas avoir eu connaissance du travail publié par M.
Ch. Robert (Revue numismatique, 1863, p. 199) dans lequel
sont étudiées les variantes RVMELINGIS, RVMILINGIS, RVO-
MILINGIS, RIMVLIGIS. Il y eût trouvé la description accompa-
1 Bulletin de l'École franc, d'Athènes, 1868, p. 80.
270
gnée d'un bon det
Vindication fort im
réalité RVMELINC
disposé en trois lig
Vattribution de tor
ages nommés Re
ement de la Mose
bourg, l'antre à of
Les conjectures in
dignes d’un sérieu
dela Moselle, on t
méring, Rémelfin
l'évêque de Metz b
ment à l’aide de dc
’origine des monn
LIS st
Notre savant col
de ses collégues d
publication d’une
avec les types que
Au droit, MX.40
pereur debout de {
près de laquelle se
grande fleur de lis.
C’est ce dernier
naie que M. Vidal-
(1261-1282). Le
que la fleur de lis ¢
nic I* Comnène (411
4 Bulletin de l'École |
CHRONIQUE. 271
de Jean Ducas Vatatzès (1222-1255), de Jean [°° de Trébizonde
(4235-1238), de Théodore III de Nicée (1255-1259), d’Alexis II
Comnène (1297-1330) et sur une pièce de Michel VIII déjà con-
nue, monuments auxquels nous pouvons ajouter le curieux
bronze publié par M. de Pfaffenhoffen qui Pattribue à Théo-
dore II (1225-1930) *.
M. Vidal-Lablache pense que cette figure. de la fleur de lis
@ ou plus justement du fer de lance » doit être considérée d’une
façon générale comme un des nombreux emblèmes qui, dans la
minutieuse variété du cérémonial byzantin, caractérisaient la *
puissance impériale, et qu’elle paraît avoir été envisagée comme
un des signes attributifs du souverain. Puis, après avoir re-
marqué que l'apparition de la fleur de lis sur la monnaie byzan-
tine a suivi de trés-prés son emploi sur la monnaie des rois de
France, l’auteur ajoute qu’il est naturel de s’arréter à cette con-
clusion que si la fleur de lis figure antérieurement à titre d’em-
blème byzantin, il faut pourtant mettre au nombre des imitations
de l'Occident sa présence sur les monnaies de quelques empee.
reurs. |
Il est évident que l’antiquité de la fleur de lis numismatique |
est très-grande en Occident. A partir de l’empereur Otton I’
(950-965), nous la voyons sur la monnaie germanique pendant
les X°, XI° et XIT° siècles, En France, elle se montre sur les de-
niers des archevéques de Reims Gervais (4053-67), Manassès
(4069-1081), Renaud (1083-1096), Raoul (4406-4124); et enfin
sur ceux de Philippe-Auguste (1180-1203). Les sceaux royaux.
en offrent la figure constante à partir du règne de Henri I*
(1031-1060). Sur la monnaie anglaise, elle remonte au temps de
Caut (1016-1035) et d’Harold (1035-1040), et se multiplie sous
Henri I (1100-1135) et Etienne (4135-1154).
En Hongrie, nous la voyons dans la main des rois Béla Il
(4431-1141), Béla IL (1174-1196) et dans la main de la Sainte-
Revue num., 1865, pl. XII, n° 5.
272 CHRONIQUE.
Vierge représentée sur les monnaies de Béla IV (1235-1270)',
par conséquent bien avant toute allianceavecla maison d’ Anjos.
Je n’entreprends pes ici de faire l’histoire de la fleur de lis;
il me suffit de rappeler rapidement quelques points essentiei,
et surtout de dire que ce symbole n’est ni un fer de lance, ni
la copie altérée d'un crapaud, comme le pensait Fauchet, oa
d'une abeille, comme l’a cru Chifflet*. La chose est plus sim-
ple (serait-elle nour cela plus difficile à admettre ?) ; la fleur de
lis est une fleur de lis. C’est l’attribut de la Vierge Marie; et
‘c'est en l’honneur de la mère du Sauveur qu'elle a été adoptée,
tant per les rois de France que par divers autres seigneurs. lest
tout naturel que ce symbole se voie sur la monnaie et sur les
sceaux des villes qui, comme Strasbourg, Reims, Paris, Florence
Senlis, etc., ont une cathédrale dédiée à Notre-Dame.
La vénération des Byzantins pour la Panagia suffit pour ex
pliquer l'apparition de la fleur de lis sur leur monnaie dès le
XI!° siècle. Cette fleur deux fois répétée, accostant une croix,
se voit per exemple sur des tombeaux de marbre du V° siècle,
comme ceux que renferment les églises de Saint-Ambroise et de
Saint-Laurent, à Milan. Il est bien facile de constater qu'il ne
s’agit pas là d’un fer de lance.
M. Vidal-Lablache a fort bien remarqué que, suivant Codinus,
les empereurs de Constantinople, lors de la fête de la Nativité,
à Poffice du soir, se couvraient la tête d’une coiffure xpivevia,
c'est-à-dire décorée de lis. Quoique le texte de l'écrivain byzan-
tin ne précise pas davantage, il n’en est pas moins vrai que l'u-
1 Steph. Schônvisner, Catal. num. Hungariæ, Pesth, 1807. Atlas, p). Il,
Béla I, n° 4; Béla III, n° 7; Béla IV, n® 5 et 6; pl. NI, n°° 6a 10.
2 On a été jusqu’à croire que «Ja vue des lotus sculptés sur les ruines de
Thèbes ou de Memphis avait inspiré aux princes français l’idée d’adopter
l'emblème mystérieux des Pharaons. » Adalb. de Beaumont, Orig. du blason,
1853, cité dans |’ Hist, des comtes de Forez, de Lamure, publiée par M. de Chante-
lauze, t. I, p. 374, note. Il s’agit sans doute de princes français qui avaient
pris part à l'expédition d'Égypte avec Kléber et Bonaparte.
CHRONIQUE. 273
age qu'ilénonce s’expliquerait très-bien par un sentiment de
lévotion à la Sainte-Vierge. À. L.
eee pp RE
FRANC D'OR DE GUILLAUME D’ARLES.
Sous le titre de monnaie inédite des archevéques d’ Arles nous
trouvons dans le 4° numéro du Bulletin de la Société archéo-
logique de Tarn-et-Garonne (juillet 1869), la description d’un
franc à pied d’or de Guillaume de la Garde (4359-1375) qui vient
\Vétre acheté par le Cabinet des médailles de Marseille. Nous
pouvons ajouter que cette précieuse piéce a fait partie d’un trésor
composé de douze kilogrammes de monnaies du xiv‘ siècle qui
ont été apportées à Paris au mois d'avril dernier, et qui ont été
triées par M. J. Charvet. Grâce à Pobligeance de ce dernier nous
avons pu voir un spécimen de chacune des variétés, lesquelles
comprenaient les types suivants.
Franc à cheval de Jean II.
Franc à pied de Charles V.
Franc à pied de Raymond IV prince d'Orange.
Franc à cheval de Pierre archevêque de Cambray (1 ex).
Franc à pied de Robert arch. de Cambray (1 ex).
Franc à pied de Guy de Ligny (4 ex).
Franc à pied de Jeanne comtesse de Provence. PRO. FOLC.
etc., autre avec la lég. commençant par IOANNA.
Franc à pied de Louis I, KALAB.
Franc à pied de Guillaume archevêque d’ Arles ({ ex). .
Écu de Louis comte de Flandre.
Écu de Philippe comte de Flandre.
Écu à la couronne de Charles VI.
Écu à la couronne de Louis II d’Anjou.
Le rédacteur de la note insérée dans le Bulletin de Montau-
ban pense que le franc à pied de Guillaume appartenant à la
27h CHRONIQUE.
ville de Marseille diffère cn plusieurs points de celui qua
conservé à la Bibliothéque impériale. Mais cette opinion repe
sur l'usage qu'il a fait de l'ouvrage de M. Poey d'Avant a
l'on trouve (t. fl, p. 342, ne 4114) une figure imaginaire &
franc à pied avec un champ semé de fleurs de lis, et le mi
ARE (ARC dans le texte). La pièce du Cabinet des médails
offre en réalité un semé de trèfles et le mot PRC (princeps),
tout comme l’exemplaire de Marseille.
Si M. Poey avait jeté les yeux sur le gros de Guillaume del
Garde publié par M. Huron (Rev. num, 1856, p. 193), la pré
sence des trèfles dans le champ de cette pièce eût éveillé so
attention, et l’eût empêché de voir des fleurs de lis sur le dro!
du franc à pied. Dans son texte la légende du revers est aussi
transcrite inexactement, et en désaccord avec sa gravure.
A. L.
FLORIN EPISCOPAL DE METZ.
Le musée de la ville de Metz s’est enrichi d’un Morin do
épiscopal dont M. V. Jacob a donné la description dans le Bul-
letin de la Société d'Archéologie de la Moselle (XI° année, p. 66.]
Cette pièce d'une très-belle fabrique a pour types : au droit:
S . STEPHA . PROTHOM, saint Etienne debout; au revers:
+ FLORENVS EP! METEDSIS, écu de la ville de Metz, pari
d’argent et de sable dans un entourage élégant formé de trois
ogives trilobées et de trois cintres.
M. V. Jacob attribue ce florin à l’évêque Robert de Lenon-
court (1551-1555) dont on connaît une monnaie, semblable -
quant aux légendes, mats portent les srmes du préfat (Sraicy;
Reck. sur les mon. des év. de Metz, pl. IV, n° 89). Cette attribu-
tion n’est pas accompagnée de preuves. M. de Saulcy (Suppl. aux
Rech., p. 86, pl. V, n° 172) a publié, d’après le Recueil de Mory
d’Elvange, le dessin d’un coin pareil au revers du florin qui
vient d’être si heureusement retrouvé; mais en l'absence. de’
CHRONIQUE. 275
toute indication positive, il n’avait pas osé décider si ce coin
avait été gravé à l’époque du cardinal Charles ou pendant l'é-
piscopat de Robert. A. L.
VENTE DE LA COLLECTION C. J. DASSY.
Les médailles de la collection Dassy, dont nous avons an-
noncé la vente (Æevue, 1868, p. 485), ont été mises aux en-
chères, le 3 mai et jours suivants. Cette réunion extraordinaire
de pièces rares, dans laquelle on remarquait, outre un grand
nombre d'essais, soixante-treize piéforts, a trouvé des acqué-
reurs très-empressés, ainsi qu’on en peut juger par les prix
qui suivent :
Not. Fr.
6. Nimes. Tête casquée, — ». . NEM. COL. Hygiée. Æ. 44
12. Avignon. Tête d’Apollon. — ». AOYA. Sanglier, AR. 65
23. Vergasillaunus. VERGA. — ». Cheval. Æ. 13.
42. Véliocasses. Téte. — ». Cheval et grand fleuron. OR. 82
54. Venectos? Traces de légende.—». Cheval à tête humaine.
AR, — 122
68. Ambiani. Tête d’Apollon. — ». Gaulois tenant un torques,
conduisant un cheval. Oiseau à long bec; fleur. OR, 180
62. Vocaran. Grand œil, — ». VOCARAN, Cheval, OR. 100
72. Reccarède, roi goth. Tiers de sou de Narbonne. | 220 °
73. Tiers de sou de Théodebert I*". | 306
74. Tiers de sou de Clotaire. — ». LIONCIVS MONE (Gravé,
Revue, 1868, pl. XVIII, n° 2). 370
76. Clotaire. Revue 1868, pl. XVIII, n° 3, 630
76. Sigebert II: Sou de Marseille. 460
77, Autre, VICTVRIA. 400
78. Tiers de sou de Marseille, Sigebert: 125
81. Charibert de Bannassac, tiers de sou. 300
82. Autre exemplaire de la même pièce. 335
125
83. Clotaire. — ». Croix ancrée,
Dagobert. Tiers de sou au nom de Gemellus. 825
CHRONIQUE.
. Tiers de sou de Micon MATACONE F.
100, Autre exemplaire. IVSE MONETARIVS FICT.
118, Baiocas. Fleur, et croix. Tiers de sou.
116. Rennes. RACIO FIS, Denier d'argent.
120. Nantes. Tiers de sou. Croix ancrée.
123, Chartres. Tiers de sou BLIDOMVNDO.
144. Paris. Tiers de sou ELIGIVS M.
148, ARCIACAS-MA VRINOS. Tiers de sou.
153, BAVDISILVS-ALFECO. Tiers de sou.
154. Saint Denis. EBREGISILO. Tiers de sou.
162. Mets. Revue, 1868, pl. XVIII, n° 4.
166. Verdun. MAVRACHARIVS. Tiers de sou, pl. XVILI, 26. | J
166. Id. BODO MVNET. Tiers de sou. ]
174. Cambray. Tiers de sou. a
194. Namur. — ». ADELEO M. Tiers de sou. 1
195. Autre exemplaire. NAMVCO C. 1
206. Sion. AETIVS MO. Tiers de sou. . L
207. Vienne. Tiers de sou DE OFFICINA LAVRENTI 4
217. Clermont, ARVERNO CIVITATIFIT. Guerrier armé d’un
bouclier. il
235. Gabali. GAVALORVM.— », VOR Archer. Tiers de sou. 10
240. Brioude, BRIVAT. —MAGNOALDO MO. Tiers de sou. 101
244. Bordeaux. Tiers de sou. 1%
250. TEODEBERCIACO F. Tiers de sou. 10
257. Auch, AVSCIVS — ROMVLFVS, 21C
258. BEGORRA FIT — TAVRECVS MO. Tiers de sou. 130
265. ATVNDERIX. — ». Monogramme. Revue, pl XVIII,
n°8. 15
212. BVRDIALE. Gravée, Revue, pl. XVII, n°9. 1%
274. CALLACO. Gravée. Revue, pl. XVIII, n° 10. 190
275. CAMBARISIO FIT. Revue, pl. XVIII, n° 11. 130
284. CRISTOIALO. — ». IOANNIS PORTO. Tiers de sou. 100
220. GENTILIACO. Tiers de sou. 135
292. Entrains, INTERAMNI. Gravée. Revue, pl. XVIIL, n°15. ,113
293. LANTICIACO VIC. Tiers de sou, pl. XVIII, n° 17. Uz
300. Namur. — NAMV... Tiers de sou. 10
332, TVFIINAS. Tiers de sou, 105
CHRONIQUE.
19
277
Ne: Fr.
333. Vandeuvre. Tiers de sou. 202
379. Jumièges, GEMEDICO. Fleur. Denier d'argent. 102
398. Pépin, avec le nom du monétaire Auttramnus. 120
394. Autre exemplaire. | 160
395. Zd. Chartres. CARN. Gravée. Revue, pl. XIX, n° 19. 1200
397. Id. Revers monogramme. 495
398. Id. Saint-Géry de Cambray. SCI. GAV. 175
402. Charlemagne. Avesne. Gravée. Revue, pl. XIX, n° 20. 200
403. Id. Bonn. BONA et francisque. 340
404. Id. Chartres. Denier. 172
413. Id. CARLVSIMP AVG.—». Temple.Gravé. Revue,
pl. XIX, n°21. 132
414. Id. Piéceimitée de l'antique. Gravée. Revue, pl. XIX,
n° 21. 150
415. Id. Lucques. FLAVIA LVCA. Or pâle. 595
416. Id. Id. Denier, LVCA. Au centre rosace, 360
417. Id. Parme. Gravée. Revue 1856, pl. V, n° 12. 699
418. “Id. Trévise.CAROLVS endeuxlignes. TARVISIVS. 185
433. Louis le Débonnaire. Sou d'or gravé. Revue, pl. XIX, n° 23. 395
437. Id, Obole. AQVIS, pl. XIX, ne 23. 202
* 439. Id. Arles. Denier. ARELATVM. 115
440. Id. Buste lauré. ARELATVM. Porte
de cité. 255
442. Id, Coire. CVRIA en une ligne. 231
"461. Id. Nantes. NAMNETVM en deux |
lignes. 185
455. Id. Rouen. ROTVMAGVS. 120
457. Id. Toulouse. Téte laurée. Gravée.
. Revue, pl. XIX, n° 24. 225
458. Id. Id. Oboleau mémetype. 200
459. Id. TOLOSA CIVITAS. Denier. 101
461. Id. Vienne. VIENNA en une ligne.
Denier. 130
462. Id. Ampurias. IMPURIAS en deux
lignes. 409
463. Id. Barcelone. BARCINONA en trois
lignes. 395
461. Id. Lucques, LVCA en une ligne. 185
1869, — 4,
278 CHAONIQUE -
Ne.
468. Louis le Déhonnaire. Trévise. TARV:
gnes.
474. Lothaire emprreur. Trèves. Temple, :
476. Id. Venise. VENECIA en une li
480 bis. Benoît III, pape, avec le nom de L
482. Pépin II, d'Aquitaine. Melle, denier.
483. Id. Obole au méme type.
424. Charles le Chauve. Aix. Denier.
419. Id. Trévise, au monogi
432. Id. Autre. TARVISauto
504. dd. Cassel. Obole.
506. Id. Melun. CASTELLO
514. Id. GENCLIACO POF
pl.IV,n° 4.
616. Id. Jouarre. IOTRENS
529. Id, Saint Andoche, Ru
n°9.
651 bis. Lothaire IT, roi de Lorraine. Trèves
n° 26.
478. Interrègne. Venise (877-880). Christe
555. Carloman. Obole d'Arles.
557. Louis III. Provins. Denier.
549. Charles le Gros. Nimes. CARLVS IMI
688. Denier de Paris. Dans le champ. EO]
595. Charles le Simple. Baugency, denier.
605, Raoul. Saint-Denis, denier.
607. Louis d'Outremer. Paris. LVDOVIC «
nier.
608. Id. Toulouse; gravé
pl. XIX, n°27.
613. Benoît VIII avec le nom d'Otton II.
624. Denier portant d'un côté le monogram
». OTTO REX.
629. Philippe 1**. Châlon-sur-Saône, denier
652. Saint-Louis. Ecu d'or.
653. Id. Aignel d'or.
659. Philippe III. Royal d'or-mantelet.
665. Philippe IV. Piéfort du double parisis.
CHRONIQUE.
Ne. ,
668. Philippe IV. Piéfort de l'obole tournois.
672. Philippe V. Piéfort d'argent, gravé, Revue, pl. XX,
n° 33,
686. Philippe VL Florin Georges. Beau type.
685. Id. Autre florin Georges avec le type grossier.
693. Id. Piéfort du double parisis.
705. Jean II. Piéfort du mouton d'or. Billon doré.
708. Id. Piéfort du gros tournois.
712. Id. Piéfort du demi-gros d'argent.
713. Jd. Piéfort du gros à la couronne.
714. Piéfort d'un gros blanc à la couronne.
715. Piéfort d’un autre gros blanc. Croix avec deux trèfles.
719. Piéfort du double parisis.
728. Charles VI. Chaise d'or.
729. Id. Demi-heaume d'or.
730. Id. Salut d’or
732. Id. Piéfort de V'écu d’or à la couronne ; billon doré. 200
762. Id. Pattachina frappée à Gênes.
734. Henri V, roi d'Angleterre, mouton d’or.
745. Charles VII. Grande médaille d'argent, au K couronné.
771. Louis XIL Demi-teston.
774. Id. Ducat d’or de Gênes.
776. Id. Double ducat d'or de Milan {à demi-rompu).
778. Id. Ducaton de Milan.
783. Id. Gros de Milan.
785. Id. Écu d'or de Naples PERDAM BABILONIS
NOMEN (fendu).
789. Francois I. Essai de l'écu d'or à la tête.
790. Id. Demi-écu d'or au cavalier, gravé, Revue, pl.
XX, n° 36."
812. Id. Demi-gros de Génes.
818 Henri I. Ecu d'or au soleil. Essai au balancier.
$2). Id. Écu dor à la tête; Lyon.
821. Jd. Autre, type différent ; Bayonne.
833. Id. DONEC TOTUM COMPLEAT ORBEM. 1558.
Poids 0, gr. 24.
834 Id. Teston d'essai.
836. Id. Piéfort du demi-teston.
80
240
640
115
400
180
166
300
148
280
CHRONIQUE.
Ne.
346. Henri II. Teston de Montalcino près de Sienne, 1556.
Fr.
350
850. François LI. Jeton d'argent du Sacre. 1m
887. Maric Stuart. Teston; écu mi-parti de France et d'É-
cosse, 1562. 131
862. Charles IX. Piéfort de teston ASSERTORI VERE RE-
LIGIONIS, 1573. Éd
863. Id. Piéfort de demi-teston. 160
860. Id. Piéfort du denier tournois. 12
878. Henri IU. Piéfort de teston, PACI QVIETI AC FELI-
CITATI PVBLICÆ. 150
879. Id. Piéfort du demi-teston. 20
880 Jd. Piéfort du franc de 1576. 56 grammes. 610
#81. 7d. Autre à la date 1577. 400
#2. Id. Autre de moitié moinsépais, 28 grammes. 415
883. Zd. Piéfort du demi-franc. 150
88$. Jd. Piefort du quart de franc. 245
865. Id. Piéfort du quart d'écu CONSTIFVTÆ REI
NVMMARLÆ EXEMPLYM. 160
890. Zd. Quart d'écu de Saint-Quentin avec Je nom
d'Henri d'Orléans. 355
894. Charles X, cardinal de Bourbon. Franc d'argent de 1590. 1033
901. Henri IV. Essai du Franc d'argent. 220
902. Id. Pléfort de la même pièce, 6 grammes. 250
903 Id. Essai du demi-franc, 12
904 Id. Piéfort de la même pièce, 28 grammes, 145
205. Id. Essai du quart de franc. 190
907. Id. Piéfort du quart d'écu. 105
908. Id. Piéfort du huitième d'écu. 100
912. Louis XIIL Pièce de dix louis. 970
913 Id. Pièce de huit louis. 260
914 Id. Pièce de six louis. 665
915 Id. Pièce de quatre louis. 454
927 Id. Essai du franc d'argent, 1618. 660
928 Id. Piéfort de la même pièce PERENNITATI
IVSTISSIMI REGIS. 210
929. Id. Essai du demi-franc. 330
930. Id. Piéfort de la même pièce, 28 gremmes. 162
934. Id. Essai du quart de franc. 25
CHRONIQUE. 284
Nes. Fr.
932. Louis XIII. Piéfort de la même pièce, 14 grammes. 120
933. Id. Essai sur flan mince de la méme pièce, 1625. 275
934. Id. Piéfort du quart d’écu EXEMPLVM PRO-
| BATI NVMISMATIS, 38 grammes. 100
939. Id. Essai. ESPREUVE FAITE PAR LE COM-
MANDEMENT DU ROI 1616 180
944. Id. Piéfort de l’écu blanc, 1643, 109 grammes. 215
945. Id. Piéfort du demi-écu, 1643, 55 grammes. 334
949. Id. Quart de lis d'argent de 1641. 175
951. Id. Monnaie obsidionale d'Aire, 1641. 110
955. Pièce de plaisir, or. Buste de Louis XIII de 1643. » buste
de Louis XIV de 1644. 749
958. Louis XIV. Piéfort de l'écu d’or au soleil. 545
960. Id. Piéfort du louis d’or de 1644. 650
961. Id. Piéfort du demi-louis. 700
962. Id. Double louis à Ja longue mèche de cheveux. 140
969. Id. Louis aux armes de France, Béarn et Navarre. 345
966. Id. Piéfort de l’écu de 1644, 110 grammes. 452
987. Id. Piéfort du demi-écu, 55 grammes. 270
988. Id. Piéfort du quart d’écu 27 grammes. 101
990. Id. Piéfort du douzième d'écu. EXEMPLVM
PROBATI NUMISMATIS. 135
995. Id. Essai du lis d'argent LILIA NON NENT
1653. 565
1046. Louis XV. Essai d'or de l'écu au bandeau. 220
1070. Louis XVI. Essai d’or de l'écu de Droz au deux L. 400
1071. Id. Ecw d'argent de Droz, gravé, Revue, 1868,
pl. XX, n° 38. 360
1072. Id. Essai d’un écu de 6 livres de Duvivier. 440
4073. Id. Essai de l’écu de 6 livres d’Andrieu, 1791. 300
1079. Id. Essai de la pièce de 24 livres, 1792. Billon. 110
1097. Bonaparte premier consul, essai de la piéce de 5 fr. 245
1101. Trois monnaies de Saint-Domingue. 2 escalins, 1 esc.,
demi-esc. 275
1109. Piéce de 96 lire de la République ligurienne, an VII. 103
1126. Doppia d’or de Bonaparte président de la Rép. italienne. 690
1170. Louis XVIII. Essai de la pièce de 40 francs 1816. 181
1171, Id. Essai de la pièce de 40. Tête du roi nue. 140
282 CHRONIQUE.
we, Fe.
1174. Louis XVIII. Essai de la nièce de 5 francs, Tiolier. 135
1176. Id. Autre avec l'écu entouré du collier des
ordres. 14]
1176. Id. Autre avec la marque de valeur 5 F. 1%
177, Id. Autre de 1814 avec SIT. NOMEN. DOM.
BENED. 130
1178. Id. Autre de Michaut. 199
1167. Charles X. Essai d'or de la pièce de 5 francs, signée T. 155
1188. Jd. Autre sans signature (Tiolier). 190
1207. Louis-Philippe. Essai de la piéce d’or de 100 francs 1831. 205
1210. Charles d'Orléans. Ecu d'or. Revue num., 1861, p. 451. 320
1213. Charles le mauvais roi de Navarre, écu d'or. 380
1294. Charles de Blois duc de Bretagne, royal d'or. 350
1226. Jean IV Id. Franc à cheval d'or. 210
1248. Denier de la seigneurie de Romorantin; gravé, Revue
pl. XIX, n° 90. 112
1268. Gui de Nevers, denier d‘Iseondun. 95
96
1281. Mahaut de Nevers. Piéfort du denier.
1325. Charles de France, duc de Guienne. Fort d'or. Gravé,
Revue, 1868, pl. XX, n° 35. 1220
1331. Gaston de Foix, seigneur de Béarn, franc a cheval. 225
1833. François Pheebus, écu d'or. 175
1341. Jean et Catherine de Navarre, ducat d'or. 225
1342, Ferdinand de Navarre, double ducat d'or. 232
1348. Id. ducat d'or. | | 214
1345. Henri d’Albret, écu d'or. 150
1346. Id. écu à la croisette. 160
1347. Id. écu d’or à la croix fleurdelisée. 165
1350. Jeanne d’Albret, écu d’or, 1571. 232
1352. Henri II et Marguerite, double écu d'or. 372
1353. Jd. autre H et M sous les bustes. 145
1888. Charles I d'Anjou, réale d'or (augustale). 640
1397 bis. Id. Demi-gros du Piémont frappé a Cuneo. 240
1421. Clément VIII, écu d'or d'Avignon. 240
1424. Paul-V, écu d’or d'Avignon. . 390
1496. Innocent X, écu d'Avignon gravé, Revue, pl. XX, n°37. 149
1433. Raimond IV prince d'Orange, Florin d'or à Pécu. 485
1438. Jean II de Ch&lon. Florin d'or. 310
CHRONIQUE. 283
No. Fr.
2439. Frédéric-Henri pr. d'Orange, quadruple éeu d'or. 120
2453. Guillaume de la Voulte. Gros de Valence. 142
1489. Besancon. Quadruple pistolet d'or, 1579. 202
1491. Id. Double pistolet, 1666. 182
1492. Id. Autre de 1652. 110
1516. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Gros touruois
d'argent. 105
1553 et 1554, Guillaume de la Marck. Quart et huitième d’écu
de Sédan. 299
1555. Henri de Latour et Charlotte. Pistole d'or. 460
1556. Id. Grand écu d'argent. 1614. 200
1596. Robert, archevêque de Cambray. Franc à cheval d'or. 108
1623. Jean sans Peur, comte de Flandre. Noble d'or. 240
1625. Philippe Je Bon. Id. Noble d'or. 290
1626. Id. Demi-noble d'or. 710
1628. Id. Demi-cavalier (ridder) d'or. 215
4630. Id. Deux tiers du lion d’or. 105
1635. Philippe le Beau. Florin d’or au saint André. 350
1651. Guillaume IV, comte de Hainaut. Écu d'or. 130
1665. Jean IV, duc de Brabant. Mouton d'or. 174
1678. François d'Alençon. FOVET ET DISCVTIT. 1582. Ar-
gent. , 112
4700. René II, duc de Lorraine. Florin d'or. 96
1701. Id. Demi-florin d’or. 100
1703, Antoine. Florin d'or. 4526. 295
4704 Td. Double écu d'argent aux neuf écus. 120
1709. Charles III. Ducat d'or de Nancy. 196
1710, Id. Demi-ducat d'or. 200
1711. 7d. Demi-ducat d’or. DA MIHI VIRTU CONTRA
HOSTES. 160
1718. Henri le Bon. Ducat d’or. 122
1719. Id. Florin d'or au saint Nicolas. 116
4722. Charles IV. Quart de teston. 1629. 126
1734. François III. François d’or. 1736. 215
1779. Hugues de Bar, évêque de Verdun. Revue num., 1859,
pl. XXI, n° 7. 48
1780. Éric de Lorraine. Id. Florin d’or, 1608, 180
1812. Haguenau. Ducat d’or de 1609. 290
284 a
Ne.
1817. Thann. Double thaler de 1514.
1839. Honoré II, prince de Monaco; Dop
1858. Adrien I*, pape. Denier de Rome.
1992. Ferdinand de Mantoue. Double pist
1994. Alberico Cybo de Massa. Temple; 0
1907. Philippe IV. Double pistole de Mila
1916. Louis, marquis de Saluce. Sequin.
1923. Marguerite de Foix, marquise de S
1515.
1931. Henri IV, roi de Castille; écu d'or.
1949. Monnaie obsidionale de Casale; éct
2057. Théodose III, empereur d'Orient. A.
gent.
IQUE.
Le catalogue, rédigé par M. Feuard:
3 planches gravées. Aux chiffres que ni
faut ajouter 5 pour 100 afin d'établir li
les acquéreurs. La place ncus manqu
davantage ; et cependant après les gros:
des monnaies de première importance
prix relativement très-forts auxquels on
de peu d'apparence. En fin de compte, «
de M. Colson dont ‘nous avons parlé da
montre que le zèle pour nos monnaies |
et c’est fort heureux, car si quelques-u
des beautés incontestables qui doivent s
toutes sont intéressantes pour notre hi:
notre attention. Notre série royale frai
plus variée parmi toutes les séries qu’
trer, ne saurait subir les caprices de |.
toujours de bons esprits pour l’appréc
elle le mérite.
MEMOIRES ET DISSERTATIONS.
Dee
LETTRE À M. A. DE LONGPÉRIER
SUR
DES MONNAIES D'OR CONCAVES
DITES REGENBOGEN-SCHÜSSELN, AVEC LÉGENDES. :
(PI. XII.)
Mon cher ami, depuis que je vous ai envoyé ma dernière
lettre sur quelques monnaies celtiques en partie inédites,
dont l'une surtout, avec une légende me paraissait digne
de vous être communiquée , j'ai découvert d’autres sta-
tères, aussi munis de légendes, et qui me semblent encore
plus dignes d'attirer votre attention.
Je suis persuadé qu’en recherchant bien dans les
diverses collections, — en étudiant avec soin les enfouisse -
ments (ce que soit dit entre parenthèses, on commence à
bien faire en Autriche), -on en trouvera encore quelques
autres, et que l’on parviendra à mieux classer ces monnaies
si mal connues jusqu'à présent.
L'inconnu a eu de tous temps une grande puissance
1 Voy. Revue, 1869, p. 14. - |
1869. — 5. ° 20
286 MEMOIRES
d'attraction; on cherche à ledéchiffrer, — on se trompe p
fois, — l'erreur mème est profitable, elle appelle u
rectification, celle-là une discussion, et de discussion
discussion on parvient à trouver la vérité.
Voyez les progrès qu'a faits depuis cinquante ans
numismatique des Gaules ! C'est à des essais et à des discu
sions qu'on en est redevable: espérons que nos essais
nous seront aussi fructueux, et que dans quelques année
le chaos qui obscurcit l'étude des pièces pannoniennes
autres, pièces malheureusement encore appelées barbare
se débrouillera, pour nous donner des résultats satisfaisant:
En attendant, voici ce que je voulais vous communiquer
Il y a quelques mois, un ami m'apprit qu’il existait a
Cabinet impérial de Vienne un Biatec d'or. J'en écrivis
M. Joseph de Bergmann, directeur de ce Cabinet : M. de Berg
mann, qui a quelque amitié pour moi, eut la complaisanct
de m'envoyer les empreintes non-seulement de ce statère
mais de toutes les pièces de Biatec, tant en or qu’en argen
qui se trouvent au Cabinet impérial ; il m’indiqua le lieu de
provenance d'une partie de ces pièces, et m’accorda la per-
mission de les publier. Que M. de Bergmann veuille bien
me permettre de lui en exprimer mes remerciments et ma
reconnaissance.
En mai 4835, un ouvrier trouva à Jahrendorf (Némét-
Ujuar) village situé dans le comitat de Wieselbourg en
. Hongrie, 26 monnaies d'or du poids de 38 ducats et 104
monnaies d'argent du poids de 98 loths. Ces monnaies
: étaient «lans un pot de terre qui fut brisé: 18 pièces
Wor et 26 d'argent devinrentla propriété du Cabinet impé-
rial des médailles de Vienne. Il y avait parmi les monnaies
d'or desstatères an nom de Biatec, et parmi les monnaies
d'argent des tétradrachmes au même nom.
ee ee
ET DISSERTATIONS. 287
“M. Jean Gabriel Seidl, dans les Beitndge zu einer Chro-
nik der archaelogischen Funde in der oesterreichischen Monar-
chie, imprimés dans le quinzième volume de I Archiv für
Kunde der Oesterreichischer Geschichis-Quellen, par l'Acadé- |
mie impériale des sciences de Vienue, 1856, parle de la
découverte de Jahrendorf, sans entrer dans de grands
détails. M. le D' Kupido, dans les Wiener numismatische
Monatshefte, vol. H, page 98, est plus détaillé, et décrit les
monnaies d'argent de cette trouvaille, qui contenait des
tétradrachmes de Biatec, de Devius, de Cobrovomarus, de
Coisa, de Nonnos, de Bussumarus, de Savumarus, et de
Evoirix. Tl ne parle des pièces d'er qne pour mémpire et
sans les décrire.
La connaissance de ce trésor, dans lequel étaient mé-
langées des monnaies de Biatec, tant d'or que d'argent,
nous donne un résultat bien curieux : elle nous prouve que
les Regenbogen-Schasseln au bateau, et aux rayons de
soleil, sont beaucoup moins anciennes qu'on ne le croyait
jusqu’à présent *. En effet, les tétradrachmes de Biatec,
à deux têtes, sont une imitation palpable d'un denier de
Ja République romaine, de la famille Fafia, de celui de
Fufius Kalenus avec les deux têtes de Virtus et Hones: ces
deniers furent frappés vers l'an 62 avant J.-C. et certaine-
ment pas avant cette année. Voilà donc une date précise,
en deca de laquelle il faut, d’absolue nécessité, placer Ja
date d'émission des tétradrachmes de Biatec, donc aussi de
ses statères ; mais nous ne pouvons pas non plus aller plus
Join que vers l’année 8 après J.-C., puisque ce fut
1 Je dis en Allemagne, car jo n'ignore pas que vous avez fonrni des argu.
ments contre la haute antiqnité attribuée aux Schitsseln, Rerue numismatique,
1863 p. 145 et 150, | |
238 MÉMOIRES
l'année dans laquelle la Pannonie fut incorporée à l'Empire
et devint province romaine,
Cela posé, passons maintenant à la description des sia-
teres de Biatec et de ses divisions.
Stavére du Cabinet impérial de Vienne.
Droit : Coté convexe, au milieu d’une élévation bombé
BIATEC, au-dessus, une main étendue, les doigts tournés
vers l'inscription.
Dans ma dernière lettre sur quelques monnaies d'or
celtiques, je croyais cette représentation une tête de paon,
et assurément on pouvait aisément s'y tromper, ce sigte
variant de forme sur presque toutes les pièces. Sur celle-ci
parfaitement conservée, je vois bien exactement la forme
d’une main étendue ; une tête d'oiseau aurait le grand in-
convénient d'être dessinée renversée; je maintiens donc
la main étendue malgré ce que j'en ai dit précédemment.
Revers: la prétendue demi-lune, que je regarde toujours
avec plus de confiance comme un bateau, si je n'en avais
pas été persuadé auparavant, ce statère de Biatec me l’au-
rait prouvé; en effet, on y voit au milieu un mât; dans
Je lointain le disque du soleil à l'horizon, lançant ses rayons:
à droite, parmi les rayons, je vois sur ce statère un signe
que.je preuds pour une petite demi-lune, ce qui corrobore
mon opinion: que la principale représentation n’est pas
une demi-lune, qui serait alors beaucoup plus grande
que le soleil.
Ceptatére pèse 65, AAS. (Pl. XIL n°4.)
Sur Yes statères anépigraphes de cette espèce, les formes
“des objets représentés varient beaucoup, et il n'est pas
étonnant que les différents auteurs qui ont parlé de ces
wonnaies les aient vues et décrites d’une façon différente.
Da côté convexe, tantôt lisse, tantôt avec la main: :
| ~~ = os — © — es ey es
“= a _ _ —-
en
a
ET DISSERTATIONS. 969
4° Dachalais voit un astre à cinq rayoos, tournés du
même côté ;
2° Balbin y voit l’image du soleil ;
3° Mionnet un disque radié, ou étoile, au milieu d'un
‘champ bombé ;
ay
a
he Lambert, un astre rayonnant, le soleil au haut d'un
disque bombé et allongé, représentant vraisemblablement
la terre;
5° Pour Streber, c’est une boule d’où partent des rayons,
ce qui, avec la représentation de la coquille extérieure,
qu'il croit voir au-dessous, lui dunne le symbole d'A-
phrodite ; |
6° Le Dt H. Schreiber y voit une main prétant le ser-
“ment.
Du côté coneave :
4° Duchalais voit un croissant dont les cornes sont tour-
nées à droite, et au centre duquel convergent de petits
rayons fort nombreux ;
.’. 2° Streber y voit l’intérieur d'une coquille ;
3° Mionnet, un croissant radié, .ou l’intérieur d’une
- coquille ;
J Balbin y voit la lune ;
° Lambert et la Saussaye, une demi-lune d'où t partent
dee rayons ;
6 L'auteur du Catalogue de Wiczay parle de rayons de
.sokil, placés au-dessus de la lune; il voit même des
taches dans les rayons : «intra solis radios quasi macula. »
Vous le voyez: tot capita, lot sensus.
Outre ce magnifique statère, le Cabinet de Vienne possède
‘encore trois autres statères de ce. même Biatec,: un peu
moins bien conservés, et qui n'offrent que de fort: petites
variétés de coin; entre autres le mat si visible sur lapiéce
200 BEMOIRES
que je viens de decrire n'y est représenté que par une
seule petite barre, parfois même par un simple point
Les poids sont de 65,450, — 65,460, — 6#",A95, et deux
de ces statères proviennent de la trouvaille de Jahrendorf.
Le mème Cabinet posséde, provenant de la même trou-
vaille, deux tiers de statères de ce mème Biatec dont voici
la description :
Droit: Partie convexe, sur une élévation bonrbée, BIAT.
Revers: Partie coucave, deux figures oblongues bombées;
peut-être deux boucliers, entourés d’an feston.
Cette piece, gravée dans l'ouvrage de Neumann (Popul.
eC reg. num. vet., Vienne, 1779, t. I, p. 140), décrite par
Eckhel (Wus. Vindobon., 1779, p. 290, n° 17), puis par
Mionnet (t. VI, p. 717, n° 2), est la même dont park
Duchalais, et que vous avez, vous aussi, citée à propos de
l'âge des Schüsselchen ( Rev. num., 1863, p. 149).
Elle pèse 2+, 120. (Pl. XII, n° 2.)
Autre tiers de statère du même Cabinet :
Droit : Coté convexe, sur une élévation BIAT. lei je vois,
au-dessous du nom, des signes qui me paraissent être des
chiffies romains XXII}: que signifient-ils? je n'en sais
absolument rien. ,
Revers: parcil au précédent.
Poids, 25, 125. (PI. XIE, n° 3.)
Ce sont bren deux tiers de statères ; mais voici une autre
petite pièce du aième Cabinet et de Ja même trouvaille,
qui nous offre une division bien plus insojite : c'est nn
huitième de statére.
Droit: Côté convexe : BIAT.
Rezers : Côté concave 3€. Cela représente-t-il par hasard
deux quarts de roues ? je nen sais rien.
Poids, 0:',800. (PI. XII, n° 4.)
ET DISSERTATIONS. 291
Nous avons donc ici des statères, des tiers de staiéres,
et un huitième de statère: ce ne sont pas là les divisions
en demis et en quarts, comme pour les statères des Gaules;
© est un tout autre système que j'ai déjà signalé dans mon
deraier article.
Maintenant à quel peuple faut-il attribuer ces rares
monnaies?
Et d’abord nous avous le lieu de provenance, Jahrendorf,
dans le comitat de Wieselbourgen Hongrie, et puis nous
avons vu que les pièces de Biatec ne peuvent avoir été
frappées que dans Ja seconde moitié du premier siècle
avant J.C.
Quel peuple habitait alors cette contrée?
‘Les Boiens Cisalpins, après avoir occupé la haute Italie
près de trois siècles, furent enfin vaincus par les Romains ;
al ne leur restait d'autre alternative que l'assujettissement
ou l'émigration. Ilsaimaient trop leur liberté pour accepter
le premier, ils préférèrent abaadenner leur patrie et en
chercher une autre en deca des Alpes ; ils devinrent voisius
des Taurisques ou Noriques. Pline dit: « Quorndam Taurisci
appellati nune Nerici. » (Hist. nal. IH, xx, 24). Cf. Strabon,
V, p. 212-215), et s'établirent près du lac Pelso, aujour-
d’hui Plattensee.
Tite Live ne dit rien de cette migration, et voilà pour-
quoi le D' Zeuss en doute. Tenons-nous-en à l'opiniou de
Strabon. Les Boïens, tranquillement établis dans leur nou-
velle patrie, commencèrent bientôt à y prospérer; mais les
Gètes, anciens habitants de la contrée entre le Danube ei
l'Héœmus, qui, chassés par les Bastarnes, s étaient réfugiés
chez leurs amis les Daces, parvinrent, réunis à eux, sous
leur roi Boirébistas, à une puissance qu'ils n'avaient jamais
eue auparavant ; ils attaquèrent les Boïens et leurs alliés
292 MÉMOIRES
les Taurisques, et dans une grand
Pathissus, les Bolens furent de nou1
relevèrent jamais de leur défaite et ces
indépendant; leur pays fut même t
pendant plus d’un siècle on ne l'app
tum Boïcorum. Cette bataille eût lie
et 40 avant J.-C.
Il n'y a aucun doute que le non
nom celtique, la terminaison TEC le
Les légendes sur ces pièces en ca
rien qui puisse étonner. Velléius
cap. 110) nous apprend qu'avant le
la connaissance du latin était répanc
celtes : « In omnibus autem Paonon
« tummodo, sed linguæ quoque not
« etiam litterarum usus, et familiari
« citatio. »
Je crois donc pouvoir donner les :
peuple des Boïens, et je vois avec
teur Kupido est tout à fait de la mêr
aote sur la trouvaille de Jahrendorf i
avant cette lettre, ce n’est pourtant q
que je la connais, et mon opinion
déjà formulée avant de l'avoir lue.
Le savant Mommsen dans son G
Münzwesens, page 696, en parlant
statères de Biatec, propose de les :
ou aux Quades. Malgré mon profond
de M. Mommsen, j'avoue que je ne
nion.
+ Zeuss, Grummatica cells, p. 13.
ET DISSERTATIONS. 293
M. le docteur Fr. Pichler, dans son Repertorium für
Steyerische Münzkunde, propose dans une note (vol. I,
page 14h,) de regarder le nom de Biatec comme un nom
générique appartenant 4 plusieurs personnes, ou méme de
le considérer comme le nom d'une dignité ; je ne puis non
plus accepter cette hypothèse.
Tiers de statère avec revers semblable aux tiers de
statère de Biatec.
Droit : Côté convexe : sur une élévation ronde, des
espèces de lettres ou chiffres que je crois être XXI.
Revers : les deux boucliers entourés de festons.
Poids, 25.250. (PI. XII, n° 5.)
Que signifient les signes marqués sur le côté droit?
serait-ce une altération de la légende BIAT?
Droit : élévation en forme de cœur, à l’entour des fes-
tons peu visibles.
Revers : les deux boucliers, au-dessous desquels des
signes bien ressemblants aux lettres AIK (?) sont-ce bien
des lettres? et alors que signifieraient-elles ?
Poids, 2:".655. (PI. XII, n° 6.)
Il existe un assez grand nombre de petites pièces aux
mèmes revers, mais anépigraphes. Le Cabinet impérial de
Vienne, et le médaillier du prince de Fürstenberg, en ren-
_ ferment plusieurs ; elles me semblent provenir de l'ancienne
trouvaille de Podmokl en Bohème ; comme elles sont muettes,
je ne les décris pas ‘; cependant je ne puis résister au
plaisir de vous communiquer un autre statére au bateau,
quoiqu'il soit aussi anépigraphe ; il est tiré du Cabinet de
Vienne.
1 Cela est d'autant moins nécessaire que dans la Rerue de 1863, (p. 149) vous-
même avez indiqué celles de ces monnaies qui sont figurées dans l'ouvrage de
Voigt a San-Germano, Beschretb. der Bomischen Munzen, Prag.1771,p, 47 et 63.
0
204 MÉMOIRES
Droit: Côté convexe : sur une élévation pyrifurme +
carré creux oblong, au-dessous duquel uu signe en fori
de croissant : est-ce un torques? Je tout dans un feston.
C'est probablement ce que 1. F. G. Hagen dans son (1
ginalmünz-Cabinet, page k91, appelie une montagne av
une porte.
Revers : Coté concave: le bateau avec le soleil rayonna
sur lequel au lieu du mat, on voit une figure trifurqaé
Le graveur de la pièce a-t-il voulu représenter des agrè
Au-dessous du bateau, le même feston qu’au côté droit.
Poids 65", 450. (PI. XII, n° 7).
Ce statère trouvé dans les états autrichiens, sans qi
je puisse dire dans quelle province, me paraît extrêmeme
curieux.
Statère tiré du Cabinet du Prince de Fürstenberg.
Droit : Côté convexe; la tête d'oiseau à gauche; du côt
du bec la guirlande habituelle, puis au-dessous et au-dessus
un globule; sous la tète, des caractères, après lesquels il y
encore place pour plusieurs lettres ou signes, mais à cé
endroit la pièce est si usée qu'il est impossible d'y rien dé
chiffrer : il y a bien là une vraie et bonne légende; mais
qu'est-ce qu'elle dit? Je n’en sais rien, et je crains qu'il ne
se passe bien du temps avant qu'on y voie clair: il fau-
drait pour cela retrouver quelques bons exemplaires en weil-
leur état, et ilne me paralt pas probable que cela arrive de
sitôt, car la pièce est jusqu’à présent unique.
Revers : type du groupe II de Streber ; l'étoile à quatre
rayons, au-dessus deux S obliques, au-dessous trois disques
(Streber, pl. II, fig. 19). Cette pièce de Streber, anépigraphe,
paraît aussi usée et mal conservée; d’après lui ces pièces
ont été trouvées en Bavière; malheureusement je ne connais
ET DISSERTATIONS. 299
pas la provenance de celle du Cabinet du Prince de Fürs-
tenberg ; je dois cependant vous faire remarquer sa par-
faite analogie avec le statère au nom de ATYLLOS que je
vous aifait connaître dans ma première lettre sur les
monnaies celtiques et qui provenait de la haute Italie.
Poids : 7#.30. (PI. XII, n° 8).
Passons maintenant à une autre espèce de statères,
avec d’autres signes qui ressemblent aussi à des lettres.
Droit : Côté convexe : tête d'oiscau à gauche dans ure
couronne de feuillage.
Rerers : un torques entourant cinq boules, une, deux
et deux : entre les boules de gauche et le torques on voit
en monogramme (AM). Type de Streber, pl. 1V, fig. 44 et 45.
Poids, 6: 980 et Ge 318.
Le Cabinet impérial de Vienne possède deux piéces
pareilles, du poids de 65. 845, et 7*.340.
M. de Saulcy en conserve aussi deux dans sa riche
collection. "
Je crois qu'il suffit de vous en dessiner une, les diffé-
rences étant trés-minimes (pl. XII, n° 9).
Ces pièces se trouvent en Bohème, sur le Main et dans
l'ancienne Vindélicie.
Si ‘es signes qu’on y voit sont véritablement des lettres,
ils peuvent à la rigueur nous donner MA, et Ja première
idée est de lire, Marbod, Marodunum ou Marcomanni.
Mais ces signes sont-ils véritablement des lettres? et
supposé que le graveur de ces monnaies ait effective-
ment voulu graver des lettres, ces lettres sont-elles bien
M, ou MA?
Pour les attribuer à Mur bod, iL mc semble d'abord
qu'elles devraicnt être un peu mieux gravées,
294 MÉMOIRES
En effet, Marbod, un Marcoman de noble extraction,
élevé à la cour d’Auguste, y avait appris les mœurs et l'ur-
banité romaines. Les Romaius en s’avançant jusqu'au Dr
nube, avaient mis les Marcomans dans une position précaire
et fort difficile. Déjà battus par Drusus, Marbod leur fi
quitter leur séjour habituel sur le Main, et les conduisit er
Bohéme, Bojchemum, entourée de toutes parts de montagnes.
Là il fonda un grand royaume. Ce n’est pas lui, ni ces pet-
ples germains qui chassèrent les Boiens de la Bohème; il ;
avait longtemps qu'ilsnel'habitaient plus. Tacite (Germ. 42)
dit: « pulsis olim Boiis» et cet «olim » prouve assez qu'l
n'y avait plus de Boïens en Bohème, quand Marbod se
empara; le nom seul en était resté.
L'éducation que Marbod avait reçue à Rome, l'avait pre-
paré à devenir autocrate; il aimait à imiter la manière
romaine de gouverner; il avait éloigné ses peuples du voi-
sinage des Romains, et voulait, loin d'eux, être lui-même
le premier, le plus puissant : dans sa nouvelle patrie, el
tourée de la forêt Hercyniennc, il se bâtit une résidence,
Boviapov, il s'entoura de gardes, et après avoir enseigné
à ses sujets l’art de la guerre, comme il l'avait appris
chez les Romains, il s'assujettit les peuples voisins, tels
que les Lugii, les Zoduo, les Bottovec, les Mouyidwvss, les
EiGvol et les Sivvwse, de la forte race des Suèves °:
Sa puissance devint formidable ; son arinée était compe-
sée d’environ 70,000 fantassins et de 4000 cavaliers; il
commençait à porter ombrage aux Romains, qui avaient déjà
rassemblé pour l’attaquer 12 légions environ, en l'an 6 de
J.-C. Cette attaque projetée ne fut empêchée que par une
insurrection en Pannonie, et la puissance de Marbod ne ful
1 Strab., Geogr., lib. VIT, éd. Casaub., p. 201.
ET DISSERTATIONS. 297
brisée que par la jalousie des chefs mêmes de la nation,
principalement par Arminius, le Prince des Chérusques,
aussi élevé comme lui à la cour de Rome; Marbod vaincu se
retira à Ravenne, où Tibère lui accorda un asile, et où il
vécut encore environ 18 ans.
Si nous examinons avec attention tous ces faits histo-
riques, nous voyons que, comme peuple, les Marcomans
étaient alors peu considérables; on parle à peine d'eux,
on ne parle que de leur chef, de Marbod, qui les gouver-
nait despotiquement : certum imperium vimque regiam com-
plexus *.
Si Marbod avait fait frapper monnaie, c'eût été dans le
fort de sa puissance, lorsqu'il régnait en Bohême ; et alors
il anrait fait frapper à Boïæmum, et il aurait imité les lé-
gendes romaines. Les pièces dont nous nous occupons
n'ont aucune ressemblance quant aux lettres avec la mon-
naie romaine; et puis, on ne trouve pas seulement ces mon- |
naies en Bohème ou sur le Main, on les recueille principa-
lement en Vindélicie, et Marbod n'a jamais rien possédé en
Vindélicie, où il n’a jamais pénétré; les Romains en étaient
déjà les maîtres, que Marbod était encore à la cour d’ Auguste.
Ces pièces sont indubitablement beaucoup plus an-
ciennes, _
_ .Tacite nous fait entendre que les peuples germains
n'avaient pas de monnaies propres, mais que ceux des
frontières se servaient des monnaies romaines ; « quam-
«quam proximi, ob usum commerciorum, aurum et
-« argentum in pretio habent, formasque quasdam nostræ
« pecuniæ agnoscunt atque eligunt; interiores simplicius
«et antiquius permutatione mercium utuntur. Pecuniam
4 Consultez Tacit., Annal., 11, 26, 44, 46, 62, 63,
208
+ probant veterem et
(De morib. Germ., 5.)
Or les Marcomans ét
vivait après Marbod.
Vous m'objecterez qu
buer à Arioviste, qui ét
ce n'était pas un staté
statère frappé dans |
Séquanie, et lorsque es
imitait les usages et la 1
Les monnaies sur le:
tout à fait les mêmes qu
Les Germains toujours
ils donc frappé la mème
La trouvaille de Jah
statères de Biatec sont
l'avait cru, est presque
aujet; mais cela ne du
pièces ont été fabriquée
experts dans l’art d’ext
étaient, il est vrai, en gr
mais ils ne formaient qu
lant probablement tous
mêmes monnaies. Je ct
pendant des siècles de 1:
du mème poids, et qu
ayant appris à connai
ployèrent pour inscrire
M. Ad. Soëtbeer, dar
Geld und des Münzwese
des Regenbogen-Schüss
« monnaies provenaicn
ET DISSERTATIONS. 299
« d'autres peuples d'origine germanique, n’a plus besoin
« de réfutation, depuis les progrès faits par la science
« numismatique ; tous les connaisseurs savent maintenant
« queles Regenbogen-Schüsseln sont d’origine celtique. »
Vous voyez que je suis loin d’être le seul de mon opinion.
Il y a encore quelques autres pièces dont parle Streber,
sur lesquelles on trouve des signes ressemblant à des
lettres. |
Sur la pièce n° 34 pl. Ill, il y a dans l'œil de l'oiseau un
signe À, qu'on pourrait prendre pour un À ou pour un V.
Sur celles n° 28 pl. II, et n° 71 pl. VI, le même signe se
trouve du côté des boules; et sur la pièce n° 69, pl. VI, on
voit un signe Ff ; mais tous ces signes sont-ils bien des let-
tres? il est permis d'en douter.
Je ne vous ai rien dit des pièces avec ATVLLOS, et ATV,
décrites par M. Promis et par moi, ni de eelle avec CVR
décrite par M. J. Friedlander; elles vous sont connues par
la Revue.
Voila, je crois, mon cher ami, toutes les monnaies dites
Regenbogen-Schüsseln avec légendes qui aient été décou-
vertes jusqu’à présent. |
Tout à vous de cœur,
Fr. de PFAFFENHOFFEN.
Donaueschingen, décembre 1868,
LES CONTRE
A L'ÉPO
On appelle contrema
flan d'une monnaie, à
sion, et à l'aide d'un p
relief, et plus raremen
L'emploi des centre:
antiquité très-reculée,
Jusqu'à nos jours.
IL est évident « prie:
que n'a jamais pu êtr
cette application s'effet
pétente quelconque. S
sans autorité a parfoi
quant, à l'aide de poinç
figures ou des mots q'
toire monétaire de la
rejette tout à fait en d
proprement dite ces c
vie d'étudier.
Mest donc bien ente
ne concerne que les
ET DISSERTATIONS. 304
anodifié forcément soit le cours, soit l'attribution géogra-
pique des monnaies qui en ont été revétues.
Pour cette fois je laisse de côté les contre-marques appli-
quées:
Par les Grecs sur des monnaies autonomes grecques.
Par les Gaulois sur des monnaies gauloises, etc., etc.
Et j'entends ne m'occuper que des contre-marques ap-
pliquées sur les monnaies impériales romaines, du haut
Empire, c'est-à-dire depuis Auguste jusqu'à Trajan.
Recherchons avant tout, en nous laissant guider par le
simple bon sens, quels ont pu être les motifs justifiant
l'emploi d'une contre-marque, sur une monnaie impériale
ou coloniale romaine.
Les monnaies nationales étaient, en quelque sorte, chose
sacrée chez les Romains: on ne devait donc songer à les
altérer, dans tous les lieux soumis à l'autorité impériale, ©
qu'avec une grande réserve et que poussé par de très-
bonnes raisons. Ce sont ces raisons qu'il nous importe de
rechercher et de déterminer.
I.
La fabrication des monnaies émises hors des ateliers
impériaux, devait être très-coûteuse ; si donc il y avait une
sorte de gloriole à user d'un privilége accordé à une co-
lonie, par exemple, celle-ci pouvait se voir par la crainte
de la dépense, condamnée à ne pas exercer le droit d’é-
mettre des monnaies à son nom.
En Grèce nous voyons fréquemment des villes autonomes
s'approprier les monnaies d’autres villes, en y appliquant,
à l’aide d’un poinçon peu coûteux a’ graver, un type
local reconnaissable pour tous. C'était s'affranchir des
1869. — 5. 21
302
frais
toute
satisf
ploye
ne
la mé
d'aut
ou le
Da
contr:
tous |
Un
natur
allons
Eo
de pli
pénur
de pu
avoir
quil
retiré
circon
toire ¢
il sinc
nomb
lon €
monni
lle
ET DISSERTATIONS. 303
leur circulation passagère comporter une valeur de béau-
coup supérieure à leur valeur intrinsèque; car sans cela il
serait parfaitement inutile de les créer. Ce sont à vrai dire
purement et simplement des assignats métalliques et rien
de plus. °
Pendant la période du haut Empire, les armées romaines
partout en mouvement, guerroyant au loin et sans commu-
‘nications promptes ou faciles avecla métropole, ont dû
plus d’une fois se trouver exposées à la disette de numéraire ;
delà a dû fréquemmentsortir la nécessité de créer rapidement
et à moins de frais possible, un numéraire de convention,
permettant de faire face aux besoins les plus pressants. Le
chef de l’armée ne pouvait se permettre d’empiéter sur les
droits du souverain et inscrire son nom sur Îles poinçons
que les fabri légionnaires pouvaient fabriquer prompte-
ment. Le titre IMP. pour Imperator pouvait seul pa-
raître isolément, dans le cas où le nom du souverain
n'était pas employé lui-même, pour constater que c était
avec son assentiment que la monnaie de convention était
créée. Nous verrons que Tibère s'est permis souvent de
faire poinçonner son nom sur des monnaies de guerre, et.
nous serons forcé de reconnaître que cette usurpation
d'autorité a mécontenté Auguste, au point de décider celui-
ci à contre-marquer à son tour, et à son nom, les monnaies
que Tibère avait osé faire siennes, en quelque sorte.
Comme les contre-marques de Tibère offrent le plus sou-
vent le type TIB. isolé, puis assez fréquemment le type TIB.
CAES. et en dernier lieu, mais rarement, le type TIB.
AVG. nous serons forcé de conclure, que les deux pre-
miers types ont été employés par ce prince avant la mort
d’ Auguste.
D'un autre côté, comme nous trouverons parfois le nom
304 ut
de TIB. sur des monnaies
mort de Tibére, nous seron
ces dernières contre-marqu
Il est une dernière raisor
contre-marque sur des mon
nouvel empereur a été accle
Rome, ou par une populati
venait de disparaitre. C’es
monnaies de Néron contre-
formule républicaine S. P. (
nom de Vespasien, et, à Trip
successives IMP. GAL(ba),
(pasianus).
Cela posé, pour nous n
connaissance de cause, lat
tre-marques appliquées s
haut Empire, nous devons
sion des différentes monna
contre-marques ont été ren:
ment un tableau chronolog
devenir la cause détermina
ques. Nous allons donc dr:
contentant pour le moment
ques appliquées sur des
constamment ‘ :
4° Sur des monétaires «
* Jo mets de côté cette fois les m
quées en Espagne; elles devront &
7°
8°
ET DISSERTATIONS.
Caligula ;
9° Sur des monnaies de Claude;
40° Sur des monnaies de Néron :
44° Etenfin sur un très-petit nombre de pièces de Trajan.
Av. J.-C.
709. 44.
710. 43.
711. 42
712. 41.
713. 40.
714, 39.
715. 38.
716. 37.
717, 36.
718. 35.
719. 34,
720. 33.
721. 32,
722, 81.
723. 30.
724. 29.
725. 28.
726. 27,
727. 26.
728. 25.
729. 24.
730. 23.
305
Sur des monnaies d'Auguste frappées à Lyon;
Sur des monnaies d'Auguste frappées après sa mort;
Sur des monnaies d’Agrippa ;
Sur des monnaies de la colonie de Nixes;
Sur des monnaies de Tibère frappées à Lyon ;
Sur des monnaies de Caligula:
Sur des monnaies de Germanicus,
frappées par
TABLEAU DES DATES.
César meurt ; Octave lui suc-
cède.
Naissance de Tibère.
Octave Imperator.
Livie, mère de Tibère,
épouse Octave. Drusus,
frère de Tibère, naît
3 mois après.
Bataille d’Actium.
Octave recoit le nom d’Au-
ste. Atelier monétaire
e Lyon fondé.
Agrippa est consul J11.
1e TR.POT. d’ Auguste.
(mort à la XXxVII® ).
Av. J.-C.
Agrippa épouse Julie, fille
d'Auguste.
731. 22.
732. 21.
733. 20. Tibére part pour l'Arménie.
734.
735.
736.
737.
738.
739.
740.
741.
742.
743.
744.
19.
18. Agrippa reçoit la puissance
ribunitienne.
17.
‘16. Tibère préteur en Gaule
avec Auguste. Germani-
cus naît.
15. Tibère gucrroie contre les
Rhètes, avec son frère
Drusus.
14.
13.
12. Autel de Lyon consacré.
Auguste PONT.MAX. Ti-
bere soumet la Pannonie.
Agrippa meurt au retour
de cette guerre.
11. Tihère épouse Julie, fille
d’ Auguste. Elle l'accom-
pagne en Pannonie.
10.
9. Tibère triomphe. Fin des
campagnes de Drusus
306 MÉMOIRES
frère de Tibère, qui meurt
d’ane chute de cheval.
745. 8. Tibère souinet; les Germains;
il est Imperator ; il triom-
phe.
718. 7.
747. 6. Tihère reçoit la TR.POT. pour
5 ans, et se retire à Rhodes,
748. 5.
719. 4.
750 3.
751. 2.
752. 1. Auguste recoit le titre de Pa-
deJ.-G. ter Patris.
753. 1.
7%4. 2.
755, 3.
756. 4. Tibère adopté par Auguste
reçoit la TR. POT. pour 10
ans. Tibère par l'ordre d’Au-
guste adopte Germanicus.
757. 5.
758. 6. Germanicns questeur gou-
verne Ja Dalmatie,
759. 7.
760. 8. Guerres dirigées par Tibère
en Germanie, en Jllyrie et
en Pannonie.
761. 9.
762. 10. Germanicus triomphe. Va-
rus écrasé en Germanie.
763. 11. Drusus, fils de Tibère,
questeur. Germanicus ,
proconsul en Germanie.
764. 12. Germanicus consul.
765. 13. S. C. conférant à Tibère
l'administration des pro-
vinces en commun avec
Auguste. TR.POT. renou-
velee.
766. 14. Auguste meurt. Tihère prend
le titre d’ Auguste etenvoie
son fils Drusus comman-
767. 15.
76P. 16.
769, 17.
770. 18.
771. 19.
772. 20.
773. 21.
774, 22.
775. 23.
776. 24.
777. 25.
778. 26.
779. 27.
780. 28.
781. 29,
782. 30.
783, 81.
784. 32.
785. 33.
786. 34.
787. 35.
788. 36.
789. 37.
790. 38.
791, 39.
792, 40.
793. 41.
794. 42.
795. 43.
796. 44,
797. 45.
der l'armée de Pannonk.
Germanicus reprend les e
seignes de Varus.
Tibere fait campagne a
Syrie. Germanicus trion-
phe des Cattes et des Chi
rusques; part pour la Syrie.
Germanicus réunit |s Csp-
padoce et la Commagin
aux provinces romaine, |
Germanicus est empoisonne
à Daphné près d’ Antioche.
Drusus, fils de Tibère, rentre
à Rome et triomphe.
Drusus fils de Tibére meurt
empoisonné.
Tibère se retire à Caprée.
Livie meurt.
Caligula pontife.
Caligula questeur.
Tibère assassiné par Cali-
gula, qui lui succéde.
Expédition à Boulogne.
Caligula assassiné. Claude
lui succède.
DATES DES MONNAIES CONTRE-MARQUÉES.
AUGUSTE.
Les pièces d’ Auguste avec CAESAR PONT. MAX. frappés
avec l'autel de Lyon ont commencé an 42 av. J.-C.
Les mêmes avec Pater Patriae, n’ont pu être frappées que
depuis l'an 4 av. J.-C.
ET DISSERTATIONS. 307
Les pièces avec DIVVS AVGVSTVS, sont postérieures à
Van 14 de J.-C.
TIBERE.
Les pièces de Lyon avec IMP. V. et IMP. VII. et AVGVST.
F. sont antérieures à l’an 14 de J.-C. et postérieures à
Van 4 de J.-C. (adoption de Tibére par Auguste).
Les pièces de Lyon avec DIVI FIL. AVGVSTVS sont posté-
rieures à la mort d'Auguste (an 44 de J.-C).
AUGUSTE ET AGRIPPA.
La colonie de Nîmes est fondée en 28 av. J.-C.
Agrippa est mort en 42 av. J.-C.
Le monnayage aux deux têtes est donc antérieur à l'an 12
av. J.-C.
Les lettres P.P. ne peuvent signifier Pater Patriæ, mais
bien Patroni, puisque Auguste n’a reçu le titre de Pater
Patriz qu'en 4 av. J.-C.
AÂGRIPPA.
M. AGRIPPA. L. F. COS. III.
Agrippa a été consul pour la troisième fois en 728, avec
Auguste pour la septième fois, c'est donc en 25 av. J.-C.
Donc ses monnaies sont frappées de 25 av. J.-C. à 12,
année de sa mort.
CALIGULA.
Les pièces avec Vesta au revers portant TR. POT.
sont forcément de l’an 37 de J.-C. — TR. POT. ITER, de
308 MÉMOIRES
38 ou 39, TR. POT. Ill. de 40. TR. POT. IIIL. de 40 où
51. — COS. HI. de 41, COS. Ill, de 40, COS. de 37 à 38.
GERMANICUS.
Les unes frappées sous Caligula de 37 a 44 de J.-C.
Celle avec SIGNIS RECEPTIS, DEVICTIS GERM. en 16
ou 47 sous Tibère.
Celles sous Claude sont de 41 de J.-C.
CLAUDE.
M.B. Ceres Augusta, 41 de J.-C.
M.B. Constantiæ Augusti, 41 de J.-C.
G.B. Ob civis servatos, 41 de J.-C.
M.B. Libertas Augusta, A1 de J.-C.
G.B. Nero Claudius Drusus, § arc de triomphe, Ai de
J.-C.
G.B. Pallas, S.C. 44 de J.-C.
M.B. — — —
G.B. Spes Augusta, 41 de J.-C.
Pas d’autres dates pour les pièces de cuivre.
Les dates postérieures ne se trouvent que sur l'or et sur
l'argent.
Le Sénat après les émissions de la première année de
règne n’en a donc plus ordonné. La plus récente est de
54 de J.-C. (Claude est mort en 54.)
Nous pouvons maintenant commencer nos recherches
sur les contre-marques appliquées aux monnaies romaines.
ET DISSERTATIONS. 309
AVG. et IMP. AVG.
Cette contre-marque se rencontre, soit seule, soit répétée,
soit accompagnée d'une autre contre-marque.
Il est évident à priori qu'elle n’a pu être appliquée que
du vivant d’Octave Auguste. Pour tout autre que lui on
n’eiit pas manqué d’ajouter à ce nom quelques lettres dis-
tinctives.
Nous la trouvons isolée, 4° sur des monnaies d’ Auguste '
frappées à Lyon. (Toulmouche, fouilles de la Vilaine, à
Rennes).
2° Sur des piéces de la colonie de Nimes (Toulmouche).
Dans la trouvaille du gué de Saint-Léonard (prés Mayenne)
elle s'est rencontrée sur un MB. d Auguste frappé à Lyon,
avec la légende Caesar Pont. Max. :
Elle est écrite sur un MB. de Tibére Imp. VII, frappé
à Lyon, sous la forme (ne 4).
M. Toulmouche l’a reneontrée redoublée sur un Auguste
extrait de la Vilaine.
Je posséde les variétés suivantes dela contre-marque AVG
isolée :
Sur un MB. d’Auguste de Lyon. Caesar Pont. Max. (n° 2).
Sur un GB. d’Auguste frappé à Lyon (Pater Patriae)
(n° 3).
Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 4).
Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 5).
On le voit, cette contre-marque isolée ne se rencontre en
général que sur les premières pièces d’Auguste frappées-à
Lyon, de l’an 12 à l’an 4 av. J.-C.
Les formes (n° 4 et n° 3), me paraissent plus récentes
que la forme (n° 2); elles se’trouvent sur un MB. de Ti-
310 MÉMOIRES
bère Imp. VII, frappé à Lyon, antérieur à l'an 44 de J.-C.
et sur un GB. d’Auguste, sorti du même atelier, et de
l'an 4 av. J.-C. à l'an 14 de J.-C.
La forme (n° 4) se complique de deux traits dont j Je ne
saisis pas la signification.
Octave avait reçu du Sénat le nom d’Auguste en 27 av.
J.-C. Les premières monnaies frappées à Lyon pour ce
prince ne lui donnaient que le nom de César et le titre de
Pontifex Maximus qu'il ne reçut qu’en l’an 12 av. J.-C. Ilest
donc fort possible que, par ordre, ces monnaies aient été
contre-marquées du nom officiel AVGustus, lorsqu'elles se
représentaient dans l'atelier monétaire de Lyon, à partir
d'un moment que nous ne saurions déterminer d'une ma-
nière précise.
Passons maintenant aux groupes de contre-marques dans
lesquels on voit celle dont nous nous occupons.
M. Toulmouche se contente de constater sur des mon-
naies d’ Auguste, tirées dela Vilaine, les contre-marques (n°6)
ou (n° 7), (n° 8) et (n° 46), accompagnant le (n° 2).
Le gué de Saint-Léonard, ne paraît pas avoir fourni de
ces contre-marques accouplées ; du moins ne s'en trouve-t-
il pas parmi celles qui ont été publiées.
J'en possède quatre variétés.
4° Avec n° 47, sur un MB. de Tibère frappé à Lyon, pro-
venant de la collection Dassy. Impossible d’en lire limpé-
ratorat ; au revers se voient Jes traces indéchiffrables d'une
troisième contre-marque.
2° Avec n° 48, sur une pièce de Nimes, de la même col-
lection.
3° Avec n° 9, sur un MB. d’Auguste (Caesar Pont. Max.)
de la collection Dassy.
~~ ——<—— RS
ee
ET DISSERTATIONS. 341
A° Et enfin, avec n° 49, au revers d’un MB. de Tibére,
Imp. VII, frappé a Lyon.
La contre-marque isolée AVG. (n° 2) se rencontrant fré-
quemment, il y aurait tout lieu de croire qu'elle a eté ap-
pliquée la première, pour la raison que j'ai suggérée plus
haut.
La différence palpable de taille des lettres composant les
contre-marques accouplées, prouve sans réplique, qu'elles
ont été employées successivement et non simultanément.
Ne se pourrait-il pas que Tibère, dans ses expéditions
militaires, eût imaginé soit par pure gloriole, soit pour
fabriquer des sortes de monetz castrenses, ayant une
valeur supérieure à la valeur courante, d'imprimer son
nom TIB. ou son titre militaire IMP. sur un certain nombre
de pièces usuelles? ces contre-marques, en ce cas, auraient
pu donner aux monnaies ordinaires qui en étaient mu-
nies une valeur fictive, comme cela a eu lieu aux époques
relativement modernes, pour les monnaies obsidionales,
ou de nécessité. Cette façon d'agir aurait pu déplaire en haut
lieu, cela se conçoit, et dès lors ordre aurait été donné
d'imprimer à l’aide d'une nouvelle contre-marque, le
nom de l'empereur régnant, en conservant à la pièce sa
valeur fictive, pendant la guerre, ou en la lui retirant par
l'emploi seul de cette nouvelle empreinte, lorsque les néces-
sités de la guerre avaient disparu.
A partir de l'an 16 jusqu'à l’an 8 avant J.-C., Tibère
n’a cessé de commander, en différents pays de l'Europe,
les armées romaines qu’il conduisit bien souvent à la vic-
toire. Souvent aussi, le besoin d'argent, pour le service de
la solde des troupes, a dû se faire sentir dans les camps, et
dès lors il n’y a rien d'improbable à ce que I’Imperator, le
312 MEMOIRES
général en chef, ait cherché par un moyen aussi simple à
se procurer le numéraire dont il avait besoin.
De l'an 5 à l'an 12 de J.-C., Tibère, qui avait quitté sa
retraite de Rhodes, dirigea des guerres incessantes en Ger-
manie, en Illyrie et en Pannonie; voilà donc sept années
de plus pendant lesquelles les mêmes faits ont pu se
reproduire.
En 44 de l'ère chrétienne, Auguste est mort; iln y a donc
pas lieu de chercher dans les événements postérieurs à
cette date fixe, ceux qui auraient pu nécessiter l'emploi de
la contre-marque AVG.
Quant à la contre-marque (n° 9) qui accompagne une fois
la contre-marque AVG., je n’éprouve aucun embarras à
déclarer qu'elle reste lettre close pour moi.
Parmi les contre-marques que jemprunte au livre de
M. Toulmouche, l’une porte le n° 46, si toutefois elle a été
bien déchiffrée, ce dont je doute; elle doit se lire proba-
blement : TIB. IM. ou IM., et rentre tout à fait dans la
classe de celles que je viens d’exaininer.
Quant à la grande étoile (n° 8), je ne sais qu’en dire.
Reste enfin le monogramme (n° 7), dont la forme varie
souvent; nous nous en occuperons plus tard; et je me
bornerai pour le moment à dire que ce monogramme
cache ou un nom de ville, ou un nom d'homme.
Il nous reste à examiner maintenant les contre-marques
plus complètes sur lesquelles le nom AVG se complique du
titre officiel IMP.
Énumérons-les :
1° (n°10). Ce monogramme s'est rencontré deux fois au
gué de Saint-Léonard, sur des MB. d’ Auguste, à la légende
Caesar Pont. Max.
D eee Le —
ET TT
ET DISSERTATIONS. 313
2° (n° 10). Y a paru une fois avec (n° 41) sur la même
monnale.
3° Et une fois avec (n° 12), sur un MB. illisible d’un
monétaire d’ Auguste. |
Le numéro 40 me semble comporter une nouvelle expli-
cation. En effet la présence de la contre-marque IMP. AVG.
employée sur une monnaie d’Auguste lui-même, ne peut
guère se justifier qu'en admettant que l'application de
cette contre-marque surhaussait conventionnellement la
valeur de la monnaie qui la recevait. Nous avons donc Ia
très-probablement une véritable monnaie de nécessité ou
de guerre; une moneta castrensis. Il en est certainement
de même d’une pièce que je possède et qui provient du
cabinet du prince de San-Giorgio.
Ae C'est un monétaire d’ Auguste (gens Licinia) sur lequel
la contre marque IMP. AVG. a été appliquée de chaque côté,
La pièce mentionnée en second lieu avec les contre-mar.
ques n°’ 10 et 44 me paraît rentrer tout à fait dans la classe
des pièces contre-marquées deux fois de AVG. et de TIB.
Seulement Tibère y a pris le titre de Tiberius Caesar, et Au-
guste celui d’ Imperator.
Quant à la 3° variété offrant le monogramme (n° 12),
celui-ci pourrait à la rigueur se lire CAES. pour Caesar ;
nous y reviendrons. Contentons-nous pour le moment de
constater que cette contre-marque (n° 42) s'est trouvée isolée
au gué de Saint-Léonard six fois sur des MB. d Auguste,
frappés à Lyon avec la légende Caesar. Pont. Max. ; une fois
sur Je MB. d’un monétaire (gens Mæcilia) etenfin sur un MB.
de Claude au revers de Pallas. Or comme cette dernière
monnaie n'a été frappée qu'en l'an 44 de J.-C., la contre-
marque en question est postérieure à Auguste et à Tibère,
314 MÉMOIRES
et n’a pu être employée au plus-tôt qu’à partir du règne de
Claude. Je le repète ; nous y reviendrons plus tard.
5° Je possède, provenant du cabinet San-Giorgio, un
monétaire d’Auguste (gens Salvia) offrant les deux contre-
marques (n° 10) et (n° 47); la seconde y est évidemment
d'application moins fraîche que la première, puisque celle-
ci a empiété sur l'encadrement de l’autre. Cette fois encore
nous devons nous en tenir à l'explication probable des
doubles contre-marques d'Auguste et de Tibére.
6° M. Toulmouche nous a fait connaître une pièce d'Au-
vuste portant les trois contre-marques (n° 50, 54 et 52).
Les deux premières doivent probablement se lire : INP.
AVG. et TIB. AVG.
Quant à la troisième, les lettres CA peuvent sinterpréter -
de bien des façons; comme CAstra, CAesar, Colonia Arau-
sio, ou Arelate, etc. Il est donc plus prudent de s'abstenir.
Remarquons que le nom de Tibère est accompagné cette
lois du titre Augustus; dès lors forcément cette contre-
marque n'a pu être employée que postérieurement à
l'an 44 de J.-C., date de la mort d’Auguste, et par consé-
quent la contre-marque INP. AVG, a précédé sur la pièce
en question celle de Tibére.
Nous devons encore à M. Toulmouche la contre-marque
n° 53 trouvée sur un MB. d’ Auguste extrait du lit de la Vi-
laine, à Rennes. Il faut certainement la lire IMP. AVG.; elle
appartient infailliblement à la classe des monetæ castrenses
du règne d Auguste. Quant aux lettres CN, il est plus pru-
dent de pas essayer d'en deviner le sens, car elles peuvent
aussi bien recouvrir le nom d’un personnage tel que Caius
Norbanus (qui fut préfet de Rome sous Jules-Cæsar), ou
celui d’une colonie, comme Colonia Narbonna, que les mots
Castrensis numus. Ne nous arrétons donc pas à des inter-
ET DISSERTATIONS. 315
prétations de ce genre, bonnes tout au plus pour le
P. Hardouin.
Reste enfin une contre-marque publiée par M. Toulmouche
et qui se présente sous la forme (n° 13); elle se trouve sur
un MB. d’ Auguste; on serait tenté d'y trouver le nom
d’un Forum Augusti; malheureusement il n’y a pas de
Forum Augusti dans toute |’étendue de la Gaule. Quant à
la lecture Filius AVgusti, ellene saurait étre admise, puis-
que la bonne latinité exigerait AVF., en ne tenant méme
pas compte de l'abréviation insolite AV. pour AVG.
Nous étudierons plus loin, sous la rubrique Imperator
une contre-marque double publiée par M. Toulmouche et qui
se présente sous la forme (n° 44) et (n° 48).
F. DE SAULCY.
(La suite au prochain cahier.)
316 MÉMOIRES
MÉDAILLON INÉDIT DE CONSTANTIN LE GRAND
Après la description des médailles impériales donnée par
M. Henri Cohen, c’est un bonheur pour un numismatiste
d’avoir à signaler une rareté qui a échappé aux recherches
si patientes et si complètes de ]’éminent auteur. Aussi est-
ce avec plaisir que nous allons décrire dans la Revue nu-
mismatique un grand médaillon d’or de Constantin I“,
inédit et unique jusqu'ici, dont nous avons fait l’acquisi-
tion, il y a peu de temps.
Cette précieuse médaille, d’un travail remarquable, a
été trouvée en Flandre ; elle a 32 millimètres de diamètre
(module 9) et pèse 20 grammes 90 centigrammes (1). Elle
1 Le bel ouvrage de don Vincent Vazquez Queipo sur les poids des mon-
naies antiques et les observations aussi savantes que judicienses de MM, Robert
et Fr. Lenormant, insérées dans la Reoue numismatique (1866, p. 116 et 1867,
ET UISSERTATIONS. 917
porte une large bélière à trois bandes, soigneusement sou-
dée. Voici la description de ce bijou : D.N. CONSTANTINVS
MAXIMVS AVG. Buste Jauré à gauche de Constantin le
Grand, avec une cuirasse en égide au centre de laquelle se
voit le gorgonium ou tête de Méduse. L'empereur tient
dans Ja main droite un globe surmonté d’une Victoire.
à. CRISPVS ET CONSTANTINVS NOBB. CAESS. COSS.
IL. (4) Bustes laurés en regard des deux filsde Constantin I",
Crispus et Constantin le Jeune, revétus de la toge. Les
deux Césars tiennent chacun un sceptre terminé par un
aigle, insigne des consuls. Le second porte un globe ou |
une bulle sur la poitrine. A l’exergue on lit SIRM., indice
de l'atelier de Sirmiun.
Comme on le voit par la légende du revers, ces deux
priuces sont consuls pour la seconde fois, consules ile-
rum. Notre médaillon ne peut donc avoir été frappé
avant l’an 324, et il est très-probable qu'il l'aura été cette
nnée même pour célébrer la procession consulaire des deux
Césars dont le premier avait vingt et un ans et le second,
cinq ans à peine. Sans doute cette médaille fut aussi des-
tinée à consacrer le souvenir des victoires du grand empe-
p. 127), ont suffisamment prouvé que les médaillons sont des multiples exacts
de la monnaie. Notre médaille vient encore confirmer cette règle; sa pesée
donnant 205,90, le quart est de 58°,225. 1] est vrai que Ja moyenne du poids
du premier aureus de Constantin le Grand est de 55°,314, ce qui semblerait
établir une différence de 35 centigrammes. Mais si l’on considère que la bé-
litre de notre médaille eompense à peine la perte de poids résultant d’un leng .
usage, on verra facilement que notre médaillon est bien le quadruple de
Paureus.
1 Si les jeunes consuls ne reçoivent pas ici le titre de Domini nostri que
Jeur donnent les inscriptions et plusieurs de leurs monnaies, c'est à cause de
ia présence, au droit, de leur père, le Dominus noster par excellence en qua-
lité d’ Auguste. .
1869. — 5. 22
313 MÉMOIRES —
renr et de celle que son fils Constantin avait remportée
sur les Francs, l'année précédente.
La bélière'et la faible conservation de notre médaillon
disent assez qu'il a été porté longtemps comme ornement:
peut-être a-t-il servi de décoration.
On connaissait déjà cinq médailles représentant Cons-
tantin le Grand et ses fils Crispus et Constantin le Jeune;
elles ont été décrites soit par Mionnet (De la rareté et du
prix des médailles romaines, t. II, p. 229}, soit par
Meynaerts (Revue de la numismafique belge, t. I, p: 334),
ou par M. H. Cohen (Description historique, t. VI, p. 229).
Ces médailles qui comprennent deux petits médaillons d'or,
un aureus, un denier et un moyen bronze, diffèrent sous
beaucoup de rapports de notre curieux et intéressant mé-
daillon qui n’en reste pas moins une nouveauté numisma-
tique d’an haut intérêt:
DANCOISNE.
ET DISSERTATIONS. 519
ESSAI SUR L'HISTOIRE MONÉTAIRE
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE
f
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. |
(1482 — 1556.)
(Véir plas haut, p. 86 et 243.)
nee
La réduction considérable dans, le taux des monañies |
résultant de l'ordonnance précédente et de l'instruction
qui la suivit, devait amener une perturbation dans le
payement des rentes et des dettes contractées sous l'em-
pire des précédentes évaluations. Aussi une partie de la-
dite ordonnance est consacrée aux prescriptions relatives
à cet article. Ce n’est certes.pas une des phases les moins
curieuses d’une histoire monétaire que cette nécessité où
l’on se trouvait de prescrire par voie d'ordonnances les
rapports.entre les débiteurs et les créanciers, et d’'inter-
venir à chaque instant, pour ainsi dire, dans les transac-
tions commerciales. C'était une conséquence forcée de Ja
variation incessante de la valeur des monnaies, digne dat: .
tirer l'attention de l’historien et de l'économiste. C’est & ce
titre que je transcris textuellemeat ce passage : « Tiem;-
« est ordonné que toutes manières de debtes, faictés et ="
« contractées auparavant lentrée de ceste ordonnance, à
« cause des deniers prestéz ou de vendicion de denrées,
320 | MÉMOIRES
« marchandises, terres, héritaiges, louaiges de maisons,
« arriéraiges de rentes et autres semblables, dont les ter-
a mes de payement sont escheuz ou eschéront avant len-
« trée de ceste ordonnance, se payeront et remboursæroni
«en la maniere que sensicult, assavoir : celles dont les
« payements sont escheuz avant le jour Saint Jehan, quatre
« vings et sept, se payeront en florins de vingt patars
« pièce de la nouvelle inonnoie qui sera forgée par ces-
« dites ordonnances. Item, les debtes desquelles les paye-
« mens sont écheuz depuis ledit jour Saint Jehan mir™vit
« jusques au Noël ensievant audit an, se payeront esdits
« florins dor au pris de vi solz gros monnoie de Flandres
u pièce. Item, celles dont les payemens sont escheuz de-
« puis le Noël 1111°* et sept jusques à la Saint Jehan quatre
« vings huit se payeront esdis florins au pris de sept solz
u gros dite monnoie pièce. Item, celles qui sont escheues
« depuis ledit jour de Saint Jehan ini™vin jusques au Noël
« ensievant audit se payeront esdis florins au pris de
« huit solz gros monnvie que dessus pièce. hem, cehés qui
~ « sont escheues depuis ledit jour de Noël ‘ir huit jasques
«A la Saint Jehan mi" neuf se payeront esdis florins au
« pris de neuf solz gros pièce. Item, et celles qui sont es-
« cheues depuis ledit jour Saint Jehan inv neuf jusques
« au jour de ceste dite ordonnance, se payeront esdiis
« florins au pris de dix solz gros dicte monnoie pièce ;
« saulf toutes fois que se és lieux ou ledit florin dor naura
« point eu cours pour lesdis dix solz gros durant ce dit
« darrain demy an, se payeront Iesdites’ debtes es-
” « cheues en icellui demy an seullement selon et à tel pris
« que lit florin dor aura eu cours ‘esdits lieux et
| u saulf’ aussi que se les obligations et convenances des-
« dites débies estoient autrement faictes, lon entretiendroit
de ee
pe Rs mm eee ee ee —
ge ne
«
ET DISSERTATIONS, 321
les formes dicelles obligations et convenances touchant
leadis payemenset sront tenus de ce faire les debteurs.
Iiem' on cas que: lesdites debtes. escheues depuis: ladit
« jour saint Jehan ini'vi ne sont: payées en dedans le
«
à
terne dun mois après la publication de ces ordomiances,
les debteurs seront tenus après ledit terme dun mois
expiré, payer icelles debtes au pris de ladite nouxelle
monnoie, Îlem se pareidevant aucunes terres, maisobs,
héritaiges, préz, bois, mourez, dismes ou autres sem-
blables biens, ont été bailliés à ferme ou admodiacian à
livres, solz et deniers, dont les arriéraiges ou- partie
diceulx escheirent avant le jour de Saint Jean ir et
sept sont encoires a présent deubz par les censiers fer-
Mers en admodiateurs, seront tenus de payer les-
dis arriéraiges escheus et deubz comme dit est, en
flerin. dor dudit pris de vingt patiars de ‘Ja nouvelle mon-
noie ou aultre monnoie ayant cours par ladite ordonnance, -
à la valeur dudit floria dor. Et quant aux arriéraiges
diceulx biens qui sont deubs et escheus depuis ledit jour
Saint Jean un" sept jusques au jour de ceste publication
il en sera fait comme des debtes contenues és articles
« précédens. Et au regard des fruiz prouffis et émolumens
« desdites terres, maisons, héritaiges, prez, bois, mourez,
: dismes et: autres semblables biens, qui sont à présent, ct
seront cy après bailliés à ferme ou admodiacion à: la
manière dicte, dont le terme de payement eschera aprés
ladicte. entrée et publication de ces présentes ordon-
nances, lesdis debteurs, fermiers, censters.ou admodia-
« teurs seront tenus de payer lesdites fepnies ou admodia-
cion desdis termes advenir, esdis florins de vingt pattars
de la nouvelle monnot pièce ou en aultre monnoie ayant
cours par icelle ordonnance, à Ja valleur dudit florin
322 MÉMOIRES
« dor. Item que a lentrée de ceste ordonnance, toutes les
« rentes héritables et viaigières qui ont esié vendues à
« levre de gros moanoie de Flandres, devant le Saint Jehan
« Livni se payeront en cours à livre de gros assavoir :
« six florins dor tels quils serent forgiez par ceste ordon-
« nance; et sil advenoit que cy apres lon en vaulsit aucane
« rachatter, lon payera pour chacune livre de gros six
« florins dor, et se cestoient aucunes rentes sur maisons ou
« corps de villes, ow personnes particulières qui fussent
- a Chargées à livres de quarante gros, lon payera pour le
« cours de ladite rente de quarante gros la Livre, wng flo-
« rin dor: et aussy se aucunes rentes estoient vendnes
« comme dessus à livres parisis dite monnoie, pour la
« livre lon sera tenu de payer demy -fforia dor pour le
« cours de la rente de chacune livre parists et aussy de
« toutes autres rentes à l'avenant. Hem que toutes les
« rentes héritables et viaigères qui sont vendues :au pays
« de Hollande Mellande et Frise à Guillermus dor se
« payeront decy er avant pour chacun Guillermus ung
« florin dor ow vingt pattars de la nouvelle monnoie pour
« ce qu'il est dit par ceste ordonnance que ledit Guillermus
« aura plus cours. J{em des rachas de toutes manières de
« rentes lesquelles ont esté vendues depuis le jour de Saint
« Jehan mus” et sept et que par comvenanches lon peut
« rachetter, payera lon en telle mennoie, comme furent
« achetées.lesdites rentes ou la valeur en aultre monnaie,
-« ayant cours par ceste ordonnance; Item-et au regard dur
« cours desdites rentes pour le temps advenir, après la
-«. publication desdites ordonnances, ees se payeront de
« telz deniers qui auront cours par ceste dicte ordonnance,
«’ meismement est à entendre que les rentes achetées à
.« denier dor, se payeront' à telz denieys dor. comme le.
ET DISSERTATIONS. 323
« contiennent les lettres desdits achats, ou en aultres
« deniers à la valeur et selon icelle ordonnance, Item et
« au regard des payemens des termes advenir après la-
« dite publicatien, deubz pour raison de marchandise,
« deniers empruntés, deniers de change, deniers promis et
«. aulires choses semblables, ilz se payeront. à florin dor
« ou la valeur en autres deniers dor et dargent au pris
« qu'il avoit cours au jour de da vendicion desdites mar-.
« chandises, pretz fais, que lesdis deniers de change
« furent bailliés et que les promesses -desdis deniers pro-
« mis furent faictes, saulf toutefois que se par aucunes
« lettres et convenances bailliés, i} estoit autrement dit et
« traicüé; en ce cas lon sera tenu de payer selon la teneur
« desdites lettres et convenances '.,... ».
1 L’ordonnance du 14 décembre 1489 contient encore diverses prencrip-.
tions relatives tant aux orfévres qu'aux changeurs, et quelques autres que
voici, concernant spécialement la fabrication des monvaies. oo
Les maîtres particuliers, avant de commencer à travailler, donneront cau-
tion et recevront des maîtres généraux le patron du marc; et, en rendant
les boîtes, jureront qu'ils n’ont rien délivré, si ce n’est conformément à ce
patron. |
Les boîtes seront fermées à trois clefs qui seront gardées dans la chambre
des comptes. Elles seront ouvertes une fois l’an, en présence du maître gé-
néral de toutes les monnaies, de celui des monnaies du pays, et de crux des
villes où Pon fera la monnaie.
Le maître particulier a droit à un grain de remède ; s’il prend deux grains,
il payera quatre grains d'amende; s'il prend trois grains, il sera ‘puni par la
justice du chaudron. Il aura droit à un esterlin en poids par marc d'œuvre de
remède sur les grands deniers d'argent, et sur les petits à proportion. S'il
prend deux esterlins, il en payera quatre d'amende; s’il en prend trois, il
sera puni par la justice du chaudron. Sur les deniers d'or, il y aura un
demi-esterlin de telérance; s’il prend un esterlin, il sera à l'amende de
deux esterlius; et pour un esterlin et demi, ce sera par la justice du
chaudron. _ 2
Les gardes peseront les florins et autres deniers par trois mares, et chacun
éselément, de manière à s'assurer que chacun ue dépasse pas le remède
524 MÉMOIRES
Gand n'avait pas adhéré à Ja paix de Plessis-lés-Tours,
signée le $0 octobre 1489, et continuait à se tenir en hos-
tilité contre Je roi des Romains, malgré les efforts qu'avait
faits le comte de Nassau, lieutenant de Maximilien, pour
calmer les révoltés. Cependant, comme Ia résistance venait’
surtout du désir d'échapper aux conditions humiliantes et
onéreuses que contenait ce traîté, et que l’on pouvait espé-
rer voir le prince revenir à des sentiments plus bienveil-
Jants, il est à présumer que les Gantois s’abstinremt, à par-
tir de 1490, de continuer à user de l'octroi que le roi de
France leur avait fait, et qu’ils n’émirent aucune monnaie
pendant le courant de cette année. Du moins if ne nous er
est parveñu aucune. Mais iln’enest pas de même de l’année
4491. Le 11 juin. Gand se déclare de nouveau en révolte
ouverte, et le fameux doyen des métiers, Jean Copenholle,
prescrit. Les deniers trop fuibles seront coupés et refundus, l'ouvrier perdra
son salaire, payera dix florins d'amende, et ne pourra travailler dans aucune
monuaie jusqu'a ce qu'il uit corrigé son ouvrage.
Un ooutre-garde sera nommé par ceux de /a loi des villes où se fuit la mon-
raie, qui certifiera que les deniers sont conformes aux ordonnances,
Le garde et le contre-garde assisteront à Ja délivrance du hillon. |
Tovs les officiers des monnaies ne seront reçus qu'après examen passé de-
vant le maltre général de toutes les monnaies.
Défense de recevoir et fuire circuler des monnaies n'ayant pas le poids. A
cet effet, dans chaque ville, on nommera denx ou trois personnes au plus,
payées par la ville, chargées de peser les deniers qu'on lenr présentera, sans
pouvoir en vendre ni en acheter. Quand elles en trouveront de trop légers,
elles Jes rendront à leur possesseur, en le prévenunt dela faute qui s’y trouve.
Pour satisfaire aux besoins de cette charge, ils feront faire des petits bicquets
garnis des poids du lion, du ridder, du florin, et autres, pour que chacun
puisse s'assurer si les deniers d’or ont le poids voulu.
Jusqu'au 1‘ mars 1490, les deniers désignés à la présente ordonnance
pourront avoir cours pour les prix fixés, et pourvu qu'ils soient beaux et non
soudés. Passé cette époque, on ne sera plus tenu de les recevoir, mnis ceux
qui voudront le faire le potrront jusqu'à Pâques. sans contravention. Après
cette époque, on ne les considérern que eomme billon.
em Ce eee eee on ae -
ET DISSERTATIONS. 325
est mis à la tête, comme capitaine de la ville. Pendant
cette nouvelle levée de boucliers qui dura jusqu'au 20 juil-
let 1492, nous voyons par. deux patards portant la date de
1491, et le nom de la ‘ville de Gand, que le magistrat de
cette ville fit de nouveau travailler dans l'atelier monétaire,
conformément à l'octroi qui lui avait été fait. Bien que
cette division. seule nous soit parvenue; il est vraisem-
blable ‘qu'elle était accompagnée de toutes les autres
pièces du même système, telles que double -patard, gros,
pièces de 12, 6 et A mites, etc., etc. L'absence de l'instruc-
tion monétaire qui dut-étre alors délivrée au maître parti-,
culier, et que je n’ai pu retrouver, m’empéche d'aflirmer
l'exactitude de cette hypothèse.
La révolte s'était étendue beaucoup moins que la pre-
mière fois, grâce aux efforts des lieutenants de Maximilien.
Peu de villes avaient fait cause commune avec Gand. Bru-
ges était rentrée dans l’obéissance, dans le courant de dé-.
cembre 1490. Aussi le roi des Romains put-il, sams attendre
la réduction de Gand, convoquer,. vers la fin de 41491,
les États généraux non-seulement de la Flandre, mais aussi
du Brabant et des autres pays, qui se réunirent dans la
ville de Malines. Cette assemblée s'occupa des monnaies,
et trouvant peut-être que la réduction fixée par l'ordon-
nance du 14 décembre 4489 était exagérée, vu les circon-
stances, elle demanda que le florin d'or à Ja croix de Saint-.
André fat évalué à 24 patards, au lieu de 20, et les autres
monnaies à l'avenant. Maximilien s’empressa de se rendre
au désir qui lui était manifesté, et rendit en conséquence
une ordonnance à la date du 4" avril 4494, avant Pâques
. (1492), * dans laquelle, après avoir désigné les monnaies
* C’est par le préambule de l'ordonnauce que nous avons appris ce qui
précede.
$26 MÉMOIRES
nouvelles dont ja Fabrication était endennce, i rappelle ies
monnaies tat d'er que dengent dent le cours était toléré.
Parmi celles-ci nous trouvons le patart forgié à Gand di
Coppenolle évalué deux gros et ung gigot. Ce fait dit assez
que Maximilien reconnaissait que les Gantoig avaient agi
légalement, lorsqu'ils avaient émis cette monpaie en vertu
d'une autorisation régulière du suzerain ’, sans quoi
nul doute qu'il n'eût relégué cesdites monnaies parmi celles
classées comme billon *.
Les monnaies nouvelles indiquées dans l’ordennance
précitée, devaient être aux types adoptés en 1474, par:
Charles le Téméraire, et suivis en grande partie par sa fille.
Leurs désignations n'étaient que la reproduction de celles
contenues dans une instruction antérieure en date du 24
mars 4491 (v. st.), et dont voici les extraits, en ce qui con-
cerne les monnaies d'argent, les conditions pour la fabri-
cation du florin d'or, seule pièce de ce métal qui y figure,
étant les mêmes que précédemment , et n'y ayant que la
valeur qui soit changée, étant portée à 24 patards.
« Îiem le maistre fera forgier le double pattart à deux
* $1 faut rapporter au même motif Je pardon qui fat accordé par le traité de
Casant aux ouvriers qui avaient travaillé à la fabrication des monnaies gan-
toises, ainsi que le mentionne l’article suivant de ce traité :
« Les francz monnoïieurs, quy, durant les divisions ont furgé à Gand sans
« le congé et ordonnance du prince, demenrerout en leurs fran@ses et
« libertéz, et leur sera le fait pardonné. » (V. J. Rouyer, op, cit, Recue
numism,, année 1849, p. 139.)
2 La hnusse des monnaies nécessitait de nouve'les prescriptions pour le
piyement des dettes ou des rentes de toute espèce. Maximilien ne manque
pas à cette obligation. Il décide qu'à partir du jour de Ja publication de l'or-
donnance de 1489 jusqu'au jour de l'apparition de la nouvelle, les dettes,
rentes, etc., seront payées suivant l'énumération fixéc à l'ordonnance de 1489,
et que, à partir de la publication de celle de 1491, l’on règlera au taux indiqué
pour les monnaies par cette dernicre,
ET DISSERTATIONS. 327
« lyons & dix deniers argent le Roy et de sept solz en taille
« au marc deuvre qui. aura cours pour quatre gros au
« reméde d'un grain en alloy et d'un diceulz deniers en
« poix sur chascun marc deuvréd, lequel il fera ouvrer bel
« et ront et tailler de bon pois, assavoir que le plus foible
« sera taillié à ung aëskin près du droit, et le plus fort
«à ung aeskin plus fort que le droit, au remède de quatre
« fors et quatre foibles et non plus. »
a Item ledit maistre fera forgier ung autre denier blanc
« à ung lyon, qui aura cours pour deux gros à cincq deniers |
« argent le Roy, et de sept solz ung denier de taille au
« marc deuvre, au remède don grain en alloy et dun
« demy diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre,
« lequel denier il fera ouvrer bel et rond et taillier de bon
« poix, assavoir, le plus foible sera taillié à ung aeskin près
« da droit, et le plus fort à ung aeskin plus fort que le
« droit, au remède de cincq fora et de ened foibles et non
a plus, » ’
« Item, ledit maistre fera forgier encores ung autre de-
« nier blanc à ung demy lyon à quatre deniers argent le
a Roy et de x1.s. v.d. de taille au marek qui aura cours pour
« ung gros, au remède dung grain en alloy et de deux
« diceulx deniers en poix stir chascun marc deuvre; lequel
« denier il fera ouvrer bel et ront ét taillier de bon poix,
« assavoir : que le plus foible sera taillié à ung deuskin
‘« près du droit, et le plus fort sera taillié à ung deuskin
‘« plus fort que le droit, au reméde de six fors et six foibles
« qui pourront estre plus foibles lesdicts six foibles ung
« ferlin et demy, et lesdicts six fors un ferlin et demy
__« Sans autre remède. »
Cette instruction ne tarda pas à être modifiée par une
autre rendue le 48 juillet 4492, La nouvelle comprenait
328 MÉMOIRES
un changement apporté dans l'intérêt du maître particu-
lier, et ordonnait en même temps la fabrication des divi-
sions monétaires inférieures au gros qui n étaient pas pré-
vues dans la précédente. La transcription qui est donnée
ci-dessous, apprendra mieux que toute autre chose le motif
(qui a amené le prince à consentir à Jadite modification.
« Pour pdurveoir aux doléances que nous a fait le
maistre particulier de ladicte monnoie de Flandres, en
remonstrant quil ne lui est bonnement possible de forgier
le denicr de gros selon le brassaige qui leur est tauxé
par sa derrenière instruction, pour ce que son sallaire
est trop petit, toutesfois leurs charges et. despences sont
beaucoup ples grandes en toutes choses que par cidevani
nont esté, et aussi les matières tant cuyvre, charbon,
wynsien (tartre) etautres plusieurs choses servant ou faict
de la monnoye, ces choses considérées, avons pour le
bien du Roy et de Mons’. lArchiduc et de la marchandise;
et affin que les marchans puissent mieulx faire payemens
les ungs avec les autres et que chascun soit mieulx sorty
desdis deniers, consenty et accordé audit maistre que
dycy en avant il forgera les deniers de gros à sui. d. de
loy argent le roy et de x1. s. v. d. de taille. au marc de
Troyes, ainsi que sadicte instruction le contient, au
remède de deux grains en aloy et de deux diceulx deniers
« en poix sur chacun marc deuvre. Et pour subvenir aux
« charges quil a de crue en ladicte monnoie, ledit maistre
« aura et prendcra à son prouflit ung diceulx grains de
« remède sur chacun marc deuvre à celle fin, afin qui! .
« puisse faire-forgier lesdits deniers pour le bien de la
chose publicque. »
« Item ledit maistre fera forgier ung denier blanc nommé
« demy gros a- trois deniers de loy argent le roy, et
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ET’ DISSERTATIONS, . 829
dé xvii. s. x. d: de taille ou marc de Troyes, au remède
de deux grains en aloy et de huit diceulx deniers en poix
sur chascun marc deuvre, lesquelz deniers il fera oavrer
‘beaux et ronds et taillier de bon poix. Et devra ledit
-maistre aux marchans de chascun marc dudit argent le
FOY: XXXII‘ 8:11. d. gros. »
«a? Jiem ledit maistre fera forgier ung denier blanc nom-
mé quart de gros à deux deniers le roy et de Xxif!. s. x.
(I, de tailleau marc de Troyes, au remède de deux grains
en aloy et de dix diceulx deniers en poix sur chascun
marc dœuvre; lesquelz deniers il fera ouvrer beaux et
ronds et taillier de bon poix..... » |
« Item lédit maistre fera ouvrer ung denier noi nommé
courte à huit grains de loy et de xvirt. s. de taille au
« mare de Troyes, au remède dun grain en alloy et de
“huit diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre... »
« Hem ledit maistre fera forgier ung autre denier noir
nommé mitte à six grains de loy argent le Roy, et
‘de xxx s. de taille au marc de Troyes, au remède dun
grain en alloy et de xm diceulx deniers e en » poix sur chas-
cun marc deuvre... »
Le prix à payer aux marchands par marc d'argent le roy
était le même que pour le: densi-gros, trente deux sous
‘! trois deniers gros.’
‘Peu de temps après cette dernière instruction, nous trou-
--vens dans les registres de la chambre de Lille une autre
. datée du 12- octobre 4492, qui contient de notables diffé-
rences avec léBprécédentes; non-seulement dans l'aloi,
mais aussi dung l’évaluation de Ia valeur des monnaies, no-
tamment pour le florin. On en jugera par les extraits que
. jen donne ci -après.
« Premiers est ordonné par. le roy nostredit sire, estre fait
$30 MÉMOIRES
« wng denier dur, de dixhuit quarats et demy or fin,
« qui sera alloyé de trois quarats et demy argent fin et de
« deux quarats de cuivre, et de six solz trois deniers en
« taille au marc de Troyes, qui aura cours pour trois solz
« six deniers de gros monnoie de Flandres, au remède dun
« grain en alloy et dun demy estrelin en poix sur le marc
« deuvre; lesqnels deniers il fera ouvrer beaulx et ronds
« ct de bon recours, au remède de trois furs et de trois
« foibles; cest assavoir que le plus fort pesera à ung ase-
« kia plus fort que Je droit et le plus foible a ung asekin
« près le droit sans quelque autre remède de fors ne de
« foibles, dont la traicte dor fin sera quatre vings dix-sept
« livres cinq solz uoze deniers huit mittes et une quart
« large dempirance. »
Les marchands recevaient pour le marc d'or fin 94 livres
et demie d'empirance ', et par marc d'aloi six livres. Le
droit de seigneurage est établi à dix sols gros par marc;
le surplus demeurant au maître particulier pour son tra-
vail « ainsi quil se fait es monnoies des électeurs de
lempire. »
« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung denier
« dargent de dix deniers argent le roy et de sept solz ung
« denier au marc de Troyes, qui aura cours pour quatre
« gros monnoie de Flandres, au remède d'un grain en alloy
« et dun estrelin en poix sur le marc deuvre lesquelz
« deniers il fera faire beaulx et ronds et de bon recours,
« au remède de trois fors et de trois foibles, cest assavoir
« que le plus fort sera a ung quart de fephin plus fort que .
« le droit, et le plus foible aung quart de ferlin près du .
1 Le mot empirance est employé ici avec sa véritable signification, car il y a
à la fois, pour le florin et le double patard, diminution du titre et du poids, et
augmentation de valeur, da moins en ce qui concerne Ia monnaie d’or.
ee Te ER ee Ce ee
ET DISSERTATIONS, 331
é droit, sans quelconque autre reméde de fors nede foibles,
« de quoy lou donnera aux marchans pour chacun marc
« argent le roy, trente deux 8oh ‘trois deniers pros. Le
« Roy aura pour son droit de seignourage de .cliascun
« arc argent le roy, douze gros monnoie dite, et la reste
« demourra audit maistre particulier pour son ouvrage et
a brassaige. »
« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung aaltre
« denier de cincq deniers argent le roy et de sept solz ung
« denier au mare de Troyes. comme lon fait présentement
« qui aura cours pour deux gros monnoie de Flandtes la
« piècé au remède dun grain en alloy et dun estrelin
« en poix sur le marc deuvre; lesquelz deniers il fera
« ouvrer beaulx et ronds et dé bons recours, au rembde de
« trois fors et trois foibles sur le marc deuvre; cest assavoir
« que le plus fort pesera ung quart de ferlin plus que: le
« droit, et le plas foible ung quart de ferlin près du droit,
« sang quélconque autre remède de fors. ne de foibles; de
« quoy lon donnera aux marchans et changears de cba-
« cum marc argent le roy tenant huit deniers et en dessoubz,
« trente ung solz unze deniers gros. Le Roy aura pour
- « chascun marc argent le roy douse deniers gros ét : la
« reste denjourra audit maistre particulier pour son ou-
a vrâige et brassaige. » .
ll n’y a pas de conditions particulières pour les gres et
les monnaies divisionnaires inférieures ‘au gros. Il est dit
seulemetit : « Item et touchant les groz, demi-proz, quart
« de proz et autre noire monnoie se fera par les généraux
1 Cette instruction est délivrée à Cornille van Halle, maître particulier de
ja monnaie de Flandre, pour fabriquer dans l'atelier de Bruges, tant qu'il
plaira au roi des Romains à commencer à la première délivranee.
33° MÉMOIRFTS
« à lavenant de cr présent pied en chacun pois selon sa
« nature et condicion. »
Cette instroction fut-elie exécutée ? Cela est douteux :
toujours est-il que je ne trouve pas dans les comptes des
maitres particuliers, l'indication des monnaies dont il y
eat fait mention. Le nom du maitre Cornille Van Halle ne
figure pas non plus dans ces comptes qui sont rendus
par Mabieu de Tolly. Aussi suis-je obligé de ne voir dans
ce fait qu'une tentative malheureuse de Maximilien à la-
quelle il fut obligé de renoncer immédiatement.
feu de temps avant la date de l'instruction précédente
le roi des Romains, gracc à son lieutenant le comte de Nas-
sau, avait enfin obtenu lacapitulation de l'Écluse que déte-
nait Philippe de Clèves. Ce seigneur, après la soumission
des Gantois, avait soutenu à lui seul pendant deux mois les
efor:s des armées de Maximilien. A l'imitation des. bour-
geois de Gand, pour la cause desquels il combattait, le sire
de Ravenstein, pour payer ses soldats, fit forger des mon-
naies avec sa vaisselle. Ainsi qu'on devait s'y attendre, ces
monnaies sont émises au pom de Philippe le Beau et por-
tent l'indication du lieu où elles ont été faites'. Je n’ai pu
retrouyer aucun détail relatif à leur fabrication.
Maximilien se trouvait enfin en paisible possession du
titre qu'il avait tant ambitionné, de mainbour de son fils,
et reconnu comme tel par tous ses États. Il pouvait donc
continuer comme il l'avait déjà fait, à mettre son nom sur
la monnaie en même temps que celui de Philippe le Beau ;
mais il semble qu'il avait reconnu qu'il ne pouvait plus y
figurer au même titre; car ce n’était plus sous le nom de
1 Pontus Heuteius accuse à faux le sire de Ravensiein d’avoir nis sur ces
pièces son effig'e et ses armes (Opera historica omnia, lib. IV, eap. IX).
ET DISSERTATIONS. 333
monnaie des archidues qu’il émettait son numéraire, mais
bien au nom de son fils, en inscrivant seulement de l’autre
côté le sien accompagné de la qualification de père de
l’archiduc Philippe. Il me semble qu'il y a là une nuance
que n’ont pas assez remarquée les auteurs qui ont écrit
avant moi, et que Maximilien avait cru devoir observer
pour ne plus froisser la.juste susceptibilité de ses sujets *.
Quoi qu'ilen soit, la fin de cette période paraît s'être
écoulée assez paisiblement, même au point de vue moné-
taire,.car nous ne voyons pas apparaître d'ordonnances
prescrivant la fabrication de nouvelles monnaies depuis
celle de 1492 (n. st.), rappelée ci-dessus, jusqu'à la procla-
mation de Philippe le Beau comme comte de Flandre le
26 décembre 1494°. Cependant une instruction du 26 no-
vembre 1493 modifie la taille et l’aloi des divisions moné-
taires inférieures au gros et du gros lui-même. Voici en quoi
consistent ces modifications, renseignées également par le
compte du maître particulier à cette date. 4° Le gros sera
à trois deniers douze grains de loi argent le roi, et de 14's,
5 d. de taille au marc. 2° Le demi-gros est à deux
deniers seize grains de loi argent le roi, et de 17. s. 8d.
de taille au marc. 3° Le quart de gros sera à un denier
dix-huit grains deloi argent le roi et de 24 sous de taille au
marc. 4° Enfin la courte ou double mite devait être à huit
1 M. C. A, Serrure avait déjà fait la même observation, op. cit.
2 Cette période est fréquente en changements de maître particuliers de la
monnaie de Flandre. L’instruction du 12 octobre 1492 était délivrée à Cor-
nille van Halle. Le 15 janvier suivant, Hermann Cobbe, fils de Hans Cobbe,
est nommé maître particulier à la place de Cornille van Halle, qui s’en était
déporté de son plein gré. Et je 21 avril 1494, Mathieu de Tilly prête serment
en cette dite qualité en remplacement d’Hermann Cobbe qui avait résigné sa
charge. Peut être le métier était-il devenu peu lucratif par suite des réduc-
tions que le prince avait été obligé de faire et des exigences des Flamands,
1869. — 5. 23
$34 MEMOIRES
grains de loi argent le roi, et de 19 sous de taille au marc.
En faisant la comparaison avec l'instruction du 28 juil-
let 1492, on verra facilement en quoi consistent les
différences.
Mentionnons aussi une ordonnance du 2 novembre 1493,
fixant le taux des monnaies ayant cours en Flandre. Elle
consacre une nouvelle hausse. Ainsi, pour citer deux exem-
ples, le florin à Ja croix de Saint-André est évalué à
64 gros au lieu de 48 porté dans l'ordonnance de 1492.
Le grand réal d'Autriche 28 s, de gros au lieu de 24. Parmi
les monnaies d'argent, les doubles patards émis pour 4 gros,
sont estimés 5 gros; les doubles griffons sont même portés
à 5 gros 6 mites, les simples et les quarts à l’avenant.
Mais l'ordonnance ajoute que «ales groz qui à présent sont
« forgiez, les demi-gros et autres moindres deniers, demour-
« ront et auront cours au meisme pris qu'ils valent pré-
« sentement. » C'est probablement pour cela que fut ren-
due l'instrucfion du 26 novembre dont nous venons de
parler. Une autre remarque à faire, c’estque nous trouvons
mentionnés parmi les monnaies ayant cours le florin de
Gand à l'image Suint-Jehan évalué 4 sous de gros, et les
Coppenolles, c'est-à-dire les doubles patards fabriqués à
Gand en 1488, dont il a été question ci-dessus ; nouvelle
preuve de l'apaisement des esprits.
(Sera continué.) Louis DESCHAMPS DE Pas.
ee _
Fo Re en ee ee ee ee ——
as
ET DISSERTATIONS. 335
MONNAIE INEDITE DE SARUKHAN
ÉMIR D'IONIE
frappée à Éphèse (1299-1346).
Lorsque Genghizkhan détruisit le royaume de Kha-
risme, plusieurs émirs Kharismiens réfugiés en Syrie rui-
nèrent et ravagèrent toutes les villes de cette contrée, en
servant comme mercenaires, tantôt sous les ordres d’un
prince, tantôt sous les drapeaux d’un satrape plus libéral,
contre le prince qui jusqu'alors les salariait. Ces terribles
envahisseurs, qui portaient avec eux la terreur et la ruine,
faisaient une guerre acharnée méme aux Latins de Pales-
tine et aux princes, leurs coreligionnaires de Damas,
@Halep, d’'Iconium, de Moussoul, d'Édesse et d'Égypte.
Mais enfin tous ces princes ayant formé une alliance,
tombérent sur ces ravageurs qui, dans un combat acharné
livré dans les environs de Gaza (1246), furent écrasés.
Ceux qui se sauvèrent furent dispersés çà et là. Parmi ces
336 MEMOIRES
émirs Kharismiens, se distinguait Sarukhan, aïeul de son
homonyme, émir de Magnésie, dont il s’agit ici '.
Lors de la destruction du grand empire Seldjoukide
d’Iconium par les Mongols et la mort de son dernier prince
Alaeddin III (1299), les Kharismiens, descendus des mon-
tagnes avec d'autres Turcomans, occupèrent ses vastes
possessions et fondèrent dix principautés indépendantes,
dont les plus renommées étaient celles de Karaman et de
Sarukhan*.
Il existe diverses opinions et contradictions sur l’état du
Sarukhan dans les chroniqueurs byzantins. Selon Grégoras
et Chalcondile, un autre prince, nommé Sisan, étant ar-
rivé en même temps que Sarukhan, occupa les contrées
situées autour de Magnésie, de Priène et d’Ephése *. Mais,
selon Pachymère, ce Sisan ou Sasan, étant gendre et sujet
de Mantescha, prince de Phrygie (Karamanie), se révolta,
forma une armée à lui, et occupa les châteaux forts de
Thyrée et d’Ephése en l’année 1308 *, c’est-à-dire quel-
ques années après le partage des contrées de l’État d’Ico-
nium entre Sarukhan et les autres princes. Mais l'occupa-
tion de Magnésie et d’Ephése par Sisan fut, à ce qu'il
paraît, momentanée, parce que le contemporain arabe
Shehab-Eddin, racontant l'établissement de ces principau-.
tés, ne mentionne pas Sisan comme occupant ces contrées ;
il dit, au contraire, que Sarukhan régnait en Kas-Kerdik
1 Deguignes, Histoire des Huns, t. III, p. 61, 63, 287, ett. V, p. 112.
2 Katécyov odv 6 piv Kapudvos Aooûpros tk mAclo tH pesoyelou Pouylac
xat Et ca péypt Prrasergelac xal tiv Éyyiota mavewy and the mept Malavdpov tov
novapdv “Avtioyelacs tk Ceyeldev péype Dpupvng xal civ vrèc mapadtov ci
’Iwvlas Étepos ôvoua Lapydvyc. Pachymère, t. II, p. 589, édit. de Bonn.
* Nicéphore Grégoras, I, p. 214, édit. Bonn, — Chalcondile, p. 15 et 66.
* Loc. cit.
ET DISSERTATIONS. 337
(Magnésie), et décrit un peu plus loin, d’une manière plus
détaillée, cette principauté qui, ayant pour capitale la ville
homonyme, était bornée du côté de la mer par Mitylène,
au nord-ouest par la principauté de Jakschi, au sud par
Tinghislou, et comptait quinze villes, vingt châteaux forts
et une armée de dix mille cavaliers formés à la guerre. En
mème temps, le frère de Sarukhan, Ali-Pacha, gouvernait
Nicée *. |
Sarukhan, ayant accru sa puissance par ses fréquentes
guerres, imposait d'énormes tributs au duc de Naxie et
aux Génois de Chio et de Phocée *. Au siége de Phocée
(1335-1336), ce prince, ayant fait alliance avec l’empe-
reur Andronic III, fit la guerre aux Génois qui avaient pris
par surprise peu de temps auparavant son fils Suleiman, et
le tenaient en otage avec vingt-quatre autres nobles. Lors
de ce siége, Sarukhan offrit à l’empereur vingt-quatre
vaisseaux, une assez grande armée de terre, et il approvi-
sionnait de vivres l’armée impériale; ce qui nous montre
ses grandes richesses et sa force *.
En l'année 1341, ayant rompu ses traités avec Byzance,
il prépara une flotte pour la piraterie ; mais le régent Jean
Gantacuzène ayant appris cela, envoya contre lui le géné-
ral Sénacherim, qui mit au pillage les terres de Sarukhan,
et le força à faire la paix, et à se tenir tranquille *. Puis,
ayant eu un différend relatif aux frontières avec le prince
Omar, son voisin, il saisit une occasion favorable pour
1 Notices et extraits des manuscr, de la Bibliothèque du Roi, t. XIII, p. 339 et
368,
* Heyd, Le colonie commercials degli Italiani in Oriente, t. I, p. 437. . |
3 Cantacuzéne, t. I, p. 480, 482,493, — Grégoras, p. 629. — Heyd, Loc.
cit. t. I, p. 380 et 381.
* Cantacuzène, t. II, p. 65 et 77.
338 MEMOFRES
le forcer à lui céder la contrée qu'il revendiquait. Puis,
ayant conclu la paix avec lui, il lui envoya son fils Sulei-
man afin que celui-ci l'accompagnât à la guerre, et se
portät au secours de Byzance. Mais comme le fils de Sa-
rukhan, atteint par la fièvre, mourut à Apamée, Omar,
redoutant la colère du père, se hata de se présenter devant
lui pour l'assurer que Suleiman n'était pas mort empoi-
sonné comme on le prétendait '.
Anne, veuve d'Andronic, qui faisait opposition à Canta-
cuzène, poussa en 1346 Sarukhan à rompre ses traités avec
Byzance; celui-ci sempressant de réunir une excellente
armée, en confia le commandement au grand maréchal de
camp Georges Tagaris. Mais Omar, qui était l'ami de Can-
tacuzène, déjoua les projets des conjurés *.
En l’an 4389, Bajazet-lidirim, ayant conquis Philadelphie,
occupa avec les autres principautés celle de Sarukhan ?,
laquelle alors, selon toutes les probabilités, était gouver-
née par le fils de Sarukhan, Ichak-Tchelebi, mentionné par
Hadji-Khalfa *. Mais après la défaite d'Angora et la capture
de Bajazet-Ildirim, Tamerlan succéda aux princes de Saru-
khan et d’Aidin dans les contrées qu'il avait conquises.
Enfin, en l’année 1426, Amurat I chassa les princes de Sa-
rukhan et d’Aidin, et s’empara de leurs possessions °.
Quelques auteurs, trompés par ces mots de Cantacuzéne :
Zapxévne Avilac catpdrnc (Sarkhan, satrape de Lydie) °, ont
pensé que la Magnésie, capitale de Sarukhan, qui jusqu'à
1 Cantacuzéne, t. Il, p. 529 et 530.
2 Ibid., p. 591.
3 Chalcondile, p. 65.
+ Vivien de Saint-Martin, Descr. hist. et géogr. de l'Asie Mineure, t. II, p. 692
5 Chalcondile, p. 244.
6 Cavtacuzine, t, II, p. 65.
ET DISSERTATIONS. 339
nos jours chez les Turcs a conservé le nom du prince, est
celle qui est située prés du mont Sipyle *. Mais cela n’est
pas exact, le méme chroniqueur, mentionnant souvent
Sarukhan, l’appelle jyepev tic ‘Iwvlas (prince d’Ionie), et
une fois seulement satrape de Lydie, parce qu'il gouver-
pait aussi une partie de cette province. Mais Pachymère,
Grégoras, Frantzès et Chalcondile le nomment expressé-
ment prince d’lonie *. De plus, l’Arabe Shehäb-Eddin,
contemporain de Cantacuzène, décrit en détail la princi-
pauté de Sarukhan en Ionie. Mais, ce qui est plus impor-
tant, c’est que le vilaiet, qui porte jusqu’aujourd hui le nom
de Sarukhan, est celui de la Magnésie d’Jonie et non de
celle de Lydie °.
Des quinze villes qui appartenaient à la principauté de
Sarukhan, les plus célèbres étaient Magnésie et Éphèse ;
cette dernière, dont la position avantageuse était fort
connue, possédait une célèbre église de Saint-Jean-
Théologue, qui lui fit perdre son ancien nom d’Ephése et
prendre celui d’Aghios Theologos. Éphèse, en ce temps,
était très-florissante et regardée comme une des villes
commerciales les plus importantes de l'Asie Mineure; elle
était en relations très-étroites, non-seulement avec les
Génois qui occupaient Phocée et Chio, mais encore avec
les Vénitiens qui y envoyaient leur consul particulier *. Les
1 Friedlaender, Beiträge zur dlteren Münzkunde, p. 59.
2 Pachymére, p. 589, — Grégoras, IJ, p, 214. — Frantzès, p. 17. — Chal-
condile, p. 15 et 66.
3 Leunclavius et les savants Scholiastes de Grégoras ont dit cela avant
nous. « Ab illo Sarcania dicta Ionia, cujus vocis meminit Turcis Sarucan-ili,
id est regio Saruchania, ut scribit Leunclavius in Onomastico Turcico et in
Pandecte, » Annotationes ad Gregoram, p. 1199, édit. de Bonn.
* Heyd, loc. cit., t. JI, p. 91.
340 MEMOIRES
Italiens, ne pouvant bien prononcer ce nom, changèrent
le Aghios Theologos en Altoluogo, et les Turcs, en le
corrompant encore davantage, nomment encore aujour-
d’hui Éphèse : Aiasoluk.
C'est M. J. Friedlaender qui, le premier, a publié deux
très-curieux gillats d'argent de la collection Borrell, frap-
pés à Magnésie par Sarukhan ‘. Depuis, M. A. de Long-
périer nous a appris que, dans le Cabinet des médailles de la
Bibliothèque impériale, on trouve deux autres monnaies
semblables. I] a donné le dessin de l'une qui est plus com-
plète que celle qui a été publiée par M. Friedlaender, et
seulement la légende de l’autre *?.
Les trois monnaies connues du prince susdit portent les
légendes suivantes :
4. + MONETA.QVE.FIT.IN MANGLASIA.DE
à + VOLVNTATE.SARCANI. DNI.DICT.LOCI.
2. + MONETA QVE FIT MANGLASIE 0.
à + DE VOLVNTE DNI EIVSDEM OI.
3. + MONETA : QVE: FIT : MNGLASIE : 0 :
à + DE VOLVNTE.DNI EIVSDEM : OI :
Nous publions aujourd'hui un autre gillat de Sarukhan,
tiré de notre collection, trés-précieux et peut-être unique, .
frappé à Éphèse, dont voici la description :
+ : MONGTA QUG. FIT. IN. Th@OLOGOS : Sarou-
khan, la tête ceinte d’une couronne fleurdelisée, assis de
face sur un siége orné de protomes de lion. Il tient de la
main droite un sceptre terminé par une fteur de lis, et de
la gauche un globe crucigére.
1 Lateinische Münsen des Sarcan, dans le recueil : Beiträge, etc., p. 52.
2 Revue numism., 1860, p. 59.
_. —— - ——_—— — —___ —
ees —_—— TTS um
ET DISSERTATIONS. 3h4
à +: DG MADDATO DDI: GIUSDA : LOCI:-: Croix
fleuronnée, cantonnée de quatre fleurs de lis (Æ, Poids,
71 : grains vénitiens — 35.681),
Nous connaissons des monnaies des princes Zenghides,
Ortokides et Seldjoukides, qui sont des imitations des
monnaies Seleucides, Romaines, Byzantines et des Croisés ;
mais toutes ces monnaies portent des légendes arabes et
ont un caractère oriental particulier '. Mais d'imitation si
parfaite des monnaies chrétiennes faite par les musulmans,
on n'en connaît jusqu'à présent d'autre que celle faite par
Sarukhan. Il faut donc supposer que les relations étroites
que ce prince avait avec les chrétiens ont tellement contre-
balancé ses convictions religieuses qu’il fit usage sans re-
mords de la langue latine, qu’il plaça sur ses monnaies la
croix, et qu'il s'y fit représenter lui-même assis sur le
trône et tenant le sceptre et le globe crucigère. Sarukhan
voulut néanmoins que la formule de la légende restât seu-
lement tout à fait mahométane ; les mots de notre monnaie
DE MANDATO DomiNI équivalent tout à fait aux mots
arabes Ya ef Le, par ordre du Prince, que les Khali-
_ fes avaient commencé à placer sur leurs monnaies Abbas-
sides dès le milieu du second siècle de |’ Hégire *.
D'autre part, il est facile d'expliquer pourquoi Sarukhan
imita les gillats des rois de Naples. Ces belles monnaies,
frappées en grand nombre par Charles II (1285-1309) et
son fils Robert (1309-1342), acquirent un tel crédit dans
le commerce de I’ Orient, qu'on les préférait même aux gros
matapans de Venise. Voilà pourquoi Sarukhan imita ces
monnaies copiées aussi par les grands maîtres de Rhodes
1 Castiglioni, Monsie Cufiche dell’ I. R. Museo dé Milano, 1819.
3 Monete Cufiche dell I. R. Museo di Milano, n* XX, XX VIII, XXX.
342 MEMOIRES
de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et par les Giustiniani
qui, en 1346, conquirent Chio.
Voici ce que dit Pegolotti sur les gillats de Naples :
« La Zecca a ragione della lega del gigliato, e i gigliati
« sono di lega d'once 11 e ster]. 3 d’ariento fine, cioé teri 3,
« ed entrane nella lib. di Napoli, quando escono della zecca,
« sol. 6d. 8 di gigliati coniati a conto, a ragione di teri A
« e grani 10 peso il gigliato. e tanto dee pesare, e cosi pesa
« quando escono della zecca del Re. »
Ailleurs il dit: « Marchio 1 ! d’argento e d’oro al peso di
Venezia torna in Napoli once 13 d. 12. » De sorte que treize
onces et demie de Naples équivalent à 42 onces de Venise.
Donc la livre de Naples, divisée en 42 onces, chaque once
en 30 teri et chaque tero en 20 grains, équivaut à 6,144
grains vénitiens. Lorsque chaque livre, comme le dit Pe-
golotti, contenait en argent pur 14 onces et 3 teri, et que
80 gillats faisaient une livre, il résulte que le poids exact
des gillats de Naples doit être de 76 2% grains vénitiens, et
que, dans chaque livre composée de 6444 grains vénitiens,
5,683 + grains sont d'argent pur et 460 2% grains de cuivre.
Si nous ramenons ces analogies, pour plus de clarté, au sys-
téme décimal, il résulte que chaque gramme contient 929
milligrammes d'argent pur.
Dans mon mémoire sur les monnaies de Rhodes, j'ai
prouvé que les gillats des Grands Maîtres doivent peser
75 grains vénitiens ‘ ; de sorte que les gillats de Naples
sont plus lourds d'un grain seulement. Nous ignorons
combien pèsent les gillats de Sarukhan publiés par M. Fried-
laender et les gillats conservés au Musée numismatique de
1 P. Lambros, Monete inedite dei Gran Maestri dell’ Ordine di S. Giovanni di
Gerusalemme in Rodi, p. 20,
ET DISSERTATIONS. 343
la Bibliothèque impériale ; mais le poids de notre monnaie,
qui est de 74 4 grains vénitiens, montre que les gillats de
Sarukhan furent frappés selon le systéme des gillats des
Grands Maîtres de Rhodes, comme aussi les gillats de Chio,
ainsi que nous le montrerons dans une prochaine disserta-
tion sur quelques monnaies inédites de Chio, qui sera in-
sérée dans cette Revue.
Athènes, 1869.
P. LAMBROS.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
One
Manuel de Numismatique (Atlas).
Lorsque M. Hennin publia en 1830 son Manuel de numisma-
tique ancienne (2 vol. in-8°), plusieurs antiquaires lui firent ob-
server que les principes exposés par lui seraient mieux compris
de ses lecteurs si le livre était accompagné d'un atlas dont les
éléments eussent été choisis avec méthode. M. Hennin ne perdit
pas le souvenir du conseil. Mais ce fut seulement vers la fin
de sa carrière qu’il se décida à en profiter. Lorsqu’il mourut,
le recueil de planches était incomplet. MM. Rollin et Feuar-
dent viennent enfin de mettre en vente un volume de 70
planches qui aurait eu besoin d’un petit texte, indiquant dans
quelles collections ou dans quels ouvrages ont été puisées les
monnaies représentées, qu’on pourrait avoir besoin de con-
suller. Néanmoins |’ Atlas du manuel de numismatique ancienne
qui contient un très-grand nombre de types intéressants, aura
son genre d’utilité. Son apparition rappelera l’existence du
corps d'ouvrage dont il reste beaucoup d’exemplaires à vendre
et contribuera à faniliariser les archéologues avec des mo:
numents dont la connaissance est indispensable.
Obole duno-vendômoise, par M. Ch. Boucaer. Vendôme,
4869, in-8°, vignette.
La piéce dont il est question ici, est une maille au type tour-
nois altéré, c’est-à-dire composé d’une grande fleur de lis entre
deux tournelles, le tout au-dessus d’un croissant renversé.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. BY D)
Les légendes sont, au droit : CASTRIDVNI, au revers :
VIDOCINENSIS. La croix qui occupe le centre de la seconde
face est accompagnée d’une petite fleur de lis.
Cette maille singulière présente donc la réunion des types
de Chateaudun, — à l’époque de Raoul de Clermont (fin du
x1u° siècle) époux d’Alix, fille du vicomte Robert, — et de Ven-
dôme, sous Jean V (1271-1315).
M. Bouchet fait remarquer que les deux seigneuries n’ont
point été réunies, et qu’il ne trouve dans les textes historiques
aucune trace d’une tutelle qui eût permis au seigneur de l’un des
deux fiefs de battre monnaie avec le nom de l’autre.
Rien n'autorise à croire que les seigneurs de Châteaudun
et ceux de Vendôme aient fait frapper leurs monnaies particu-
lières dans un même atelier, ce qui fournirait le moyen d’ex-
pliquer par une confusion de coins le double type de l’obole
nouvellement découverte. En conséquence le savant bibliothé-
caire est conduit à croire que cette pièce est le produit d’une
association comme celle qui a donné naissance aux monnaies
de Louis de Flandre et de Jean de Brabant (1), de Jean de
Luxembourg et de Henri de Bar (2) ; de Philippe de Bourgogne et
de Jeanne de Brabant (3); de‘Henri de Brabant et de Jean évé-
que de Liége (4); de Jean de Lorraine et de Robert de Bar (5), etc. .
M. Bouchet, par des considérations historiques, par des dé-
tails numismatiques fort bien exposés a su accroître l'intérêt
qu'offre déjà par elle-même, une petite monnaie qui, malgré les
savants efforts de son éditeur, n’en offre pas moins encore un
problème à résoudre.
A. L.
1 J. Rouyer, Revue num., 1851, p. 263, vignette.
2 Saulcy, Revue num., 1836, pl. I, n°° 1 à 7.
3 Deschamps de Pas, Revue num., 1861, pl. VI, n°* 1 à 4.
+R. Chalon, Revue num., 1841, p. 40, vignette n° 2.
5 Saulcy, Rech. sur les monn, de Lorr., 1841, pl. VI, n°° 11, 12.— Rech.
sur les monn, de Bar, 1843, pl, IV, n°° 7 à 9.
846 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Notre collaborateur M. J. Chautard, professeur à la Faculté
des sciences de Nancy, publie un grand travail sur les mon-
naies imilées plus ou moins servilement du denier sterling
anglais, Déjà les deux premières parties, comprenant les pro-
duits des ateliers de Flandre, de Brabant et autres provinces
belges, de Hollande, de Lorraine, de Hainaut, de Cambrai et
autres seigneuries de France, ont paru dans les Mémoires de
l'Académie de Stanislas. Il ne reste plus, pour terminer, qu’à
étudier les esterlings des provinces Rhénanes, ainsi que ceux
de quelques États du Nord et du Midi de l’Europe. Désirant
mettre la dernière main à cet ouvrage important, et le rendre
aussi complet que possible, M. Chautard fait appel à l’obligeance
des numismatistes qui possèdent des variétés rares du type
esterling. Il recevrait avec reconnaissance les communications
qu'on voudrait bien lui adresser sur ce sujet et les insérerait
dans son travail sous le nom de leurs auteurs. Nous serions
heureux d'apprendre que l'appel de M. J. Chautard ait produit
un résullat proportionné à l'utilité de son entreprise.
A Guide to the study and arrangement of English Coins,
from the conquest to the present time, par Henry Wil-
liam Henfrey, 1869-1870, in-8°.
Les ouvrages relatifs à la numismatique anglaise publiés
depuis la moitié du xvm° siècle jusqu’à nos jours sont assez
nombreux, et quelques-uns d’entre eux sont fort importants.
A côté de ces livres considérables, on avait besoin d’un guide
que ses dimensions et son prix rendissent d'un usage populaire.
Le beau volume de M. Edward Hawkins est exclusivement
consacré à la monnaie d’argent; le charmant petit volume de
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 3h7
M. Henri-Noël Humphreys, qui a déjà eu six éditions, donne
une revue de toute la numismatique britannique accompagnée
de pittoresques planches en couleur; mais on n’y trouve point
la description détaillée des monnaies, et c’est d’ailleurs un livre
très-coûteux. M. Henfrey a donc trouvé convenable, et nous
devons l'en remercier, de nous doter d’un guide tout plein
d'indications ponctuelles, et qu’il a su réduire en un petit
volume du prix de 6 shellings. Malheureusement son travail
ne commence qu’à la conquête, ce qui répond au besoin le
plus pressant des collectionneurs ordinaires, mais ce qui laisse
de côté la partie véritablement érudite de la numismatique an-
glaise. Le Guide contient, à partir de 1066, la description et la
dénomination des monnaies, avec des renseignements sur leur
rareté et sur les particularités qui distinguent les diverses émis-
sions. Tout cela est fort utile, mais ne nous console cependant
pas de l’absence de ces curieuses monnaies saxonnes, si fécondes
en notions sur les noms d'hommes et de lieux, et qui offrent
des types et des combinaisons épigraphiques si utiles pour la
numismatique générale. Si M. Henfrey est satisfait, comme
nous lespérons, de l’accueil fait à son Guide, il ne pourra
manquer de compléter son entreprise en nous fournissant un
travail analogue pour la numismatique antérieure à la con-
quête. Nous sommes donc doublement intéressé à son succès
actuel, et il nous sera permis de faire remarquer aux anti-
quaires du continent que le petit volume de M. Henfrey, exécuté
avec beaucoup de soin, leur offre un excellent moyen d’appré-
cier à bon marché une numismatique qui présente de nom-
breux points de contact avec la nôtre. A. L.
CHRONIQUE.
RAPPORT
UNE COMMUNICATION DE M. RLANCARD RELATIVE A LA DÉCOUVERTE
A AUBIOL, EN 1867, D'UNE MONNAIE GRECQUE D'ARGENT,
lu au comité des travaux historiques et des societes savantes.
A la séance du 44 janvier 1869, M. Blancard, archiviste des
Bouches-du-Rhône, adressait à la section le dessin d’une petite
monnaie grecque d'argent, trouvée en octobre 1868 à Auriol, sur
l'emplacement même où l’on a découvert en1867 un trésor de
petites monnaies grecques d’argent qui n’ont pas encore été
publiées.
Avec la permission de la section qui m’a chargé de lui faire
un rapport sur la communication de M. Blancard, je commen-
cerai par consigner ici l’expression de ma gratitude énvers
M. l'abbé Bargès et M. Levert, préfet du département des
Bouches-du-Rhône, qui m'ont obligeamment facilité les moyens
de traiter, pour le Cabinet des médailles, de l’acquisition d’un
lot comprenant presque toutes les variétés de cette importante
trouvaille.
J'exposerai ensuite les conjectures que m’a suggérées l’étude
de ces précieux monuments, mais, avant tout, je décrirai la
pièce acquise par le musée de Marseille, dont on voit plus bas
la reproduction. |
= f
CHRONIQUE. 349
Téte de lion, la gueule béante, les poils hérissés, tournée
vers la gauche. Type gravé en relief occupant tout le champ.
Revers : petite tête d'Hercule, coiffée de la peau de lion,
placée à droite dans le champ, qu’elle est loin de remplir. Ce
type est gravé en creux.
Argent. Poids : 2 gr. 749 milligr. Module : 12 millimètres.
Cetle pièce n’est pas unique, comme on l’a cru d’abord;
toutefois elle est fort rare. Indépendamment de celle-ci, de celle
qui est échue à M. de Saulcy, il n’en existe pas plus de deux
ou trois exemplaires, et, par malheur, il ne s’en est pas trouvé
dans le lot échu à la Bibliothèque impériale, dont la direction
n’a pu faire son choix elle-même. Fort curieuse par cette cir-
constance qu'elle a deux types et non pas un seul, comme
c'est le cas pour la presque totalité des pièces trouvées à Auriol,
celte monnaie n’éclaircira cependantpas àelle seule le problème
posé par cette découverte, dont le retentissement fut très-grand
parmi les numismatistes, malgré les attractions de l'Exposition
universelle, qui était dans tout son éclat au moment où on
l'annonça à Paris.
C'était en effet un événement que la découverte, sur le sol
de la Gaule, de 2,130 petites monnaies d’ancien style grec,
‘toutes anépigraphes, d’argent pur, ce qui leur donne un aspect
blanchâtre, et, à deux ou trois exceptions près, n’ayant d’autre
type au revers qu’un carré creux uniformément divisé en quatre
aires, mais offrant environ vingt à vingt-cinq types différents,
pour ne pas parler des simples variantes.
Où avaient été frappées ces énigmatiques monnaies? Avait-
on là des spécimens du monnayage primitif de Marseille ou des
villes de sa dépendance, ou bien, en raison de la diversité des
1869. — 5, 24
350 CHRONIQUE.
types de ces monnaies, dont plusieurs présentaient les symboles
des villes de l’Asie ou de la Grèce, fallait-il supposer qu'elles
avaient été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule
grecque, soit en totalité, soit en partie?
Les partisans de la première de ces deux hypothèses rappe-
laient que, depuis plus de trente ans, feu le marquis Roger de
Lagoy avait trouvé en Provence, particulièrement à Saint-Remy,
un certain nombre de monnaies d'argent, de petit module,
pour la plupart anépigraphes, n’ayant de type que d’un côté,
avec un carré creux au revers, dont plusieurs spécimens se
retrouvaient dans le trésor d’Auriol, et que le savant numisma-
tiste, en publiant ces monuments alors tout à fait nouveaux,
n'avait pas hésité à les attribuer à Massilia. La découverte de
1867 venait donc contirmer cette attribution, qui, si elle n’avait
pas obtenu tout d’abord l’assentiment général, ainsi que nous
l’apprend M. de Lagoy lui-même ’, avait fini par se faire accep-
ter, surtout lorsqu'elle eut été consacrée par l’approbation de
M. de La Saussaye, qui plaça toutes les pièces inédites du pre-
mier travail de M. de Lagoy en tête de sa Numismatique de la
Gaule narbonnaise. L’ouvragedeM. de La Saussaye paruten 1842.
Quatre ans plus tard, M. de Lagoy ajouta deux médailles à cette
série. Est-il certain, comme semblent le croire les savants
auxquels je fais allusion, que la découverte d’Auriol nous ait
apporté la pleine confirmation du système de M. de Lagoy?
C’est ce que je voudrais rechercher le plus rapidement pos-
sible.
M. de Lagoy a traité deux fois du monnayage primitif de
Marseille, d’abord en 1834, dans un cpuscule intitulé Descrip-
tion de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum, etc. ;
secondement, dans un article publié en 1846 par la Revue
numismatique, sous le titre de Monnaies primitives de Massilia ?.
1 Revue num. année 1846, article cité plus bas.
2 Cf. 1° Description de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum,
des Cænicenses et des Auscti, par M. le marquis de Lagoy, 1 vol. in-4° de
CHRONIQUE. $54
M. de Lagoy n’ignorait pas qu’en fait d’attributions numisma-
tiques, pour que la provenance puisse être légitimement invo-
quée, il est nécessaire d’avoir à citer des trouvailles répétées et
authentiquement constatées; aussi n’avait-il pas basé son sys-
tème uniquement sur la provenance des neuf pièces par lui
publiées dans son premier ouvrage. Ce qui détermina sa con-
viction, c’est que, sur ces neuf pièces, il en était quatre qu'il
pensa, non sans raison, pouvoir donner avec certitude à
Marseille. Il s’agit des pièces n° 6, 7, 8 et 9 de la planche II* de
sa Description, qui, ayant toutes pour type, d’un côté, une téte
tmberbe a gauche (Diane ?), et au revers, un crabe, ne pouvaient
être refusées à Marseille, puisque, si la première est anépigraphe
les trois dernières ont la lettre M au revers. Mais de ce que ces
quatre pièces sont de Marseille, de ce que l’on peut aussi donner
à cette ville les nes 4 et 5 de la planche qui ont le type de
Diane ', s’ensuit-il nécessairement que les n° 4, 2 et 3 soient
aussi de cette ville, ainsi que l’a cru M. de Lagoy sur la foi de
l’analogie qui, dit-il, les lie toutes entre elles*. C’est ce dont je
doute, et c’est ce que je suis en mesure de rechercher, attendu que
le Cabinet de France possède aujourd’hui, indépendamment du
60 pages avec 2 planches, Aix, 1834; 2° dans la Revue numismatique, année
1846, l’article intitulé Monnaies primitives de Massilia, avec deux bois dans le
texte à la page 85. C'est dans cet article, à cette même page 85, que M. de
Lagoy nous apprend que, si son attribution a reçu l’approbation de M, de
La Saussaye, plusieurs. autres numismatistes éminents, dont il tenait aussi à
obtenir le suffrage, ne regardaient pas encore à ce moment comme certaine
la classification des trois plus anciennes médailles par lui publiées,
1 Tl existait un spécimen de ces pièces au Cabinet de France depuis une
époque indéterminée, et on l’y avait classé parmi les incertaines. Cette pièce
et ses analogues ont été placées en tête de la série de Marseille, après les pu:
blications de MM. de Lagoy et de La Saussaye. On les trouve à cette place
dans la Description des médailles gauloises de la Bibliothèque royale, de Ducha-
lais, publiée en 1846. (Voyez p. 27, n° 55.)
2 « Je crois trouver à ces médailles une certaine analogie qui les lie toutes
« les unes aux autres, et que je regarde comme la prouve qu'elles appar-
« tenaient au meme peuple. » (Description, etc. p. 4.)
352 CHRONIQUE.
lot important des monnaies d’Auriol dont on a parlé plus haut,
toutes les pièces publiées par M. de Lagoy ‘, ainsi que d’autres
acquises par le regrettable savant depuis 1846, mais qu’il n'eut
pas le temps ou l'occasion de faire connaître *.
L’analogie remarquée par M. de Lagoy entre les neuf pièces
inédites publiées dans son premier ouvrage est réelle, mais non
pas autant qu'elle lui a paru l’être. Ainsi l’on remarquera que
les pièces au crabe, n° 6, 7, 8 et 9 (c'est-à-dire les seules qui
appartiennent avec une certitude complète à Marseille, en
raison de la présence du M), ont deux types en relief, tandis que
les n° 4, 2, 4 et 5 n’en ont qu’un seul, et que le n° 3, qui ena
deux, est visiblement d’une autre fabrique que les n° 6, 7,8
et 9, puisque l’un de ses types est inscrit dans un carré creux,
circonstance qui manque à ces quatre dernières monnaies *.
1 La riche collection de monnaies gauloises formée à Saint -Remy par le
marquis de Lagoy, acquise de ses héritiers par feu le duc de Luynes, est
entrée dans le Cabinet de France par suite de la mémorable donation faite à
cet établissement en 1862 par l'illustre académicien, quelques annécs avant sa
mort.
2 Voici la description de ces dernières pièces, ainsi que celle des deux
pièces qui figurent dans l'article cité de la Revue numismatique de 1846. —
Article de 4816: 1° tête de phocena, ou marsouin, animal que M. de Lagoy
distingue du phoque (veau marin), et qui en effet diffère notablement du pho-
que gravé n° 3 de la planche Il‘ de la Description ; 2° tête casquée à droite.
—Pièces de la collection de M. de Lagoy non publiées parce savant : 1° tête de
nègre ; 2° tête de Diane, avec une coquille au revers. Si je suis bien rensei-
gné, à l'exception de cette dernière pièce, qui est remarquable par la présence
de deux types en relicf, toutes ces pièces qui ont le carré creux au revers ont
reparu à Auriol.
3 Pour plus de clarté, je donne ici la description des cinq pièces n°° 1 à 5
de M. de Lagoy d’après son propre texte : 1° partie antérieure d’un lion dé-
vorant une proie; 2° tête de phoque à droite ; au-dessous, poisson (voyez
Pellerin, Rec.,t. 111, pl. CXV, n° 3, une médaille d’or qui paraît au même
type et que Mionnet a décrite parmi les éncertaines, t. VI, p. 614, n° 12, et
dont on trouvera la gravure pl. XLIII, 6) ; 3° tête de griffon à droite; revers,
ans un carré creux, tête de lion, en relief comme la tête de droite; 4° et
5* tête imberbe à gauche (Diane ?). A l’exoeption du n°3, au revers de ces
pièces paraît le carré creux divisé en quatres sires.
CHRONIQUE. 353
Toutefois je n’insisterai pas sur ces minuties ; on me répon-
drait que ces pièces peuvent n’étre pas du même temps; l’on
expliquerait aussi les différences de fabrique que je signale par
la méme raison. Ces différences ne sont pas d’ailleurs ma prin-
cipale objection contre attribution des pièces incertaines pu-
bliées par M. de Lagoy et de leurs similaires, soit de la trou-
vaille d’Auriol de 1867, soit de trouvailles antérieures ou
postérieures à cette date ‘, faites soit à Auriol même, comme
celle de M. Blancard, soit en d’autres endroits de la Provence;
l’objection que je crois digne de toute l’attention des numisma-
tistes, c’est la diversité des types de ces monnaies, diversité qui
me paraît difficile à concilier avec une origine exclusivement
marseillaise.
Je l’avoue, j'aurais peine à reconnaître pour des témoignages
du monnayage primitif de Marseille une série monétaire com-
prenant vingt à vingt-cinq types variés, lorsque nous savons
que la cité phocéenne, aux temps de son monnayage incontes-
table, s’était contentée de deux ou trois types, Apollon casqué
où non casqué, avec la roue au revers, et Diane avec le lion ?.
D'ailleurs, toutes ces petites monnaies, malgré leur air de
famille, que je ne conteste pas, n’accusent pas cependant une
seule et même fabrique. Si, sans exception, toutes celles qu’on
a trouvées à Auriol sont anépigraphes, il en est, parmi celles
qu’a publiées M de Lagoy ou qu’on a retrouvées depuis, qui
ne le sont pas; ainsi les pièces au M; ensuite si la plupart des
pièces d’Auriol ont au revers un carré creux divisé en quatre
aires, il en est cependant plusieurs qui offrent des types des
1 J'apprends qu'on a trouvé à Cavaillon diverses petites pièces anépigra-
phes analogues à certaines pièces d’Auriol, et aussi des pièces au crabe et au
p qui sont certainement de Marseille. On a aussi trouvé récemment en Es- .
pagne de petites pièces de monnaie qui offrent une certaine analogie avec
celles d’Auriol.
2 Un troisième type massaliote est Minerve et l'aigle; mais il n’a pas duré,
ainsi que l’a fait remarquer M. de La Saussaye, qui n’en a reconnu que deux
émissions, (Voyez Numismatique de la Gaule narbonnaise, p. 75 et 76.)
$54 CHRONIQUE.
deux côtés, entre autres celle dont M. Blancard nous a donné
le dessin, une qui est semblable au n° 3 de la planche II* de la
Description de M. de Lagoy ‘, et deux ou trois autres encore.
Mais cc n'est pas tout; certains faits qu'on ne pouvait deviner
eu 1834 ni en 1846, date du dernier travail de M. de Lagoy sur
cette question, tendent à montrer qu’en dépit de leur décou-
verte sur le sol de la Provence, telles des pièces d’Auriol ont
pu être frappées loin de la Gaule. Parmi ces faits, je note d’a-
bord la présence, dans le trésor trouvé en 1867, d’une petite
monnaie portant d’un côté une forfue et de l'autre un carré
creux à quatre aires, qui se distingue des autres par sa couleur
noirâtre, circonstance qui n’a pas peu contribué à la faire con-
sidérer, dès le premier moment, même par les partisans de
l'attribution en masse à Marseille, comme ayant été fabriquée à
Egine *. N’est-il pas vrai que, si l’on m’accorde qu’une seule
des pièces trouvées à Auriol n’est pas originaire de la Gaule
grecque, j'ai le droit d'en attribuer un certain nombre à des
villes de l’Asie ou de la Grèce dont les symboles paraissent
dans ce trésor, et qui, aussi bien que la pièce d’Egine, peuvent
avoir été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule?
Que viennent faire là l’hsppocampe de Lampsaque, le lion de
Velta, la téte de bélier de Clazomène ou de Colophon, la téfe de
lion avec la gueule béante de Cyzique ou d’ailleurs ?, le joli cas-
1 J'en ai vu un exemplaire dans le lot acquis par M. de Sauicy au lende-
main de la trouvaille d’Auriol et à peu près en même temps que le Cabinet de
France acquérait le sien.
* Je parlais au singulier de cette monnaie, parce que je u’en ai vu qu’une
seule, celle du Cabinet de France; mais M. de Saulcy m’apprend qu'il en
existe un second exemplaire à Marseille ; j'ignore s’il est noir ou blanc.
3 On conserve au Cabinet de France une petite pièce analogue à celle-ci,
dont la provenance est évidemment orientale : je veux parler d’une pièee don-
née au Cabinet des médailles par l'Empereur en 1862, avec toute la collection
formée en Égypte par feu Saïd-Pacha, qui l'avait offerteà Sa Majesté. Je copie
la description de cette pièce sur le registre de la Bibliothèque impériale :
Téte de lion à d. B. Carré creux, Classée aux incertaines. Reg. H, n° 687. On a
CHRONIQUE. 355
que fermé qu'on rencontre parmi les hectés cyzicènes d’or ', le
phoque et le griffon de Phocée? Supposera-t-on que la présence
sur la monnaie marseillaise de ces types, dont quelques-uns,
comme le lion de Velia, fille de Phocée ainsi que Marseille, et
le phoque de Phocée, pourraient s’expliquer par la parenté de:
ces villes, est due à ce que les Marseillais, avant de se donner.
un type propre, commencèrent par copier tous les types qui
jouissaient d’une bonne renommée? Cette explication aurait
quelque chose de spécieux, mais je n’ai pas épuisé les faits qui.
m'obligent à douter de son exactitude.
La série de Lesbos, si pauvre dans Mionnet, mais fort riche,
depuis quelques années, en pièces inédites au Cabinet de France,
fournirait à elle seule, contre l'attribution radicale à Marseille,
des arguments qui m’ont surpris moi-méme, malgré le scepti-
cisme à cet égard qui a priori m’a poussé à les rechercher.
Qu’on examine nos tablettes de Lesbos, et l’on y trouvera des
pièces d’argent avec carré creux, de différents modules, mais
dont certaines, anépigraphes comme celles d’Auriol et aussi
petites, offrent des types fréquents dans ce trésor, par exemple
la tête de lion gueule béante, dont notre exemplaire ne diffère que
par la couleur de ses similaires d’Auriol. Je ne crois pas que
Von refuse ces pièces à l’île de Lesbos, lorsque l’on saura
également cinssé au Cabinet des médailles, dans la série des incertaines, une
autre pièce de la même collection qui, quoique relativement de grand mo-
dule (elle a 15 millimètres), offre une certaine analogie avec le type de cer-
taines médailles aurioliennes. Portée au même registre H sous le n° 681, cette —
pièce représente une tête de face, allongée; au revers figure un carré creux
divisé en quatre aires, On peut aussi comparer les médailles d’Auriol au
masque avec les pièces que Mionnet a décrites à la suite de Pestum, au
tome Ier de son Supplément, p, 318, sous les n°* 822 et suiv., et que l’on at-
tribue à Phistelia de Campanie.
1 Parmi les médailles de la collection de Luynes donnée à la Bibliothèque
impériale en 1864, avant la découverte d’Auriol, figure une monnaie d’argent,
au casque fermé semblable à celles de la trouvaille d'Auriol, que M. de Luynes
avait classée à Calymna, île dela côte de Carie, etiamsi in Calabria inventum
fuerit, a-t-il écrit sur l'étiquette. |
356 CHRONIQUE.
qu'elles y ont été recucillies dans une exploration faite par un
amateur éclairé dont les vétérans de ja numismatique n'ont pas
oublié le nom, feu Garriri (de Smyrne), qui les a cédées en 1852
à la Bibliothèque impériale. On sera encore plus certain de
l'exactitude de cette attribution, lorsque j'aurai ajouté que dans
cette riche série de Lesbos, acquise de Garriri, figurent des pe-
tites pièces à la tête de nègre, type fréquent dans le trésor
d’Auriol', qui, ainsi que celles dont je viens de parler, ne dif-
ferent de leurs sceurs de provenance provencale que par leur
couleur noirâtre et par l’importante addition de lettres qui
indiquent leur origine, un A sur celles d’Antissa de Lesbos, et
AE, >B et AES sur celles qui appartiennent soit à l’île de
Lesbos elle-méme in genere, soit & une ville de ce nom dont
les abréviations significatives pourraient faire supposer l’exis-
tence*.
De ces faits et d’autres analogues que l'on rassemblerait fa-
cilement *, je conclus que la multiplicité des types, combinée
4 On a vu plus haut que l’on trouve aussila pièce Ala téte de nègre dans
la collection Lagoy.
3 Sur ce sujet, voyez dans le tome V de la nouvelle série du Numismatic
Chronicle, publié en 1865, un article de M. Maximilien Borrell, intitulé :
Coins of Lesbos-Lesbi, considered as a city distinct front that of Mytilene, p. 336
à 341.
8 Malgré mon désir de ne pas dépasser les bornes raisonnables d'un rap-
port, je crois devoir signaler encore d’intéressantes analogies entre certaines
monnaies aurioliennes et telles autres qui n'ont pas été trouvées surle sol de
la Gaule. La série des cyzicènes d'or, si riche au Cabinet de France, devra
être étudiée tout particulièrement ; entre autresexemples bons à citer, je note
une microscopique pièce d’or, rapportée d'Orient par feu Garriri (de Smyr-
ne), le connaisseur dont je viens de parler. Cette pièce, que je crois inédite,
est décrite sur notre registre D, n° 2634; elle offre le même type que les
pièces aurioliennes, où l'on reconnaît la partie antérieure d’un phoque, et
dont il existe au Cabinet deux spécimens décrits au registre E, n°* 3593 et
3694. La pièce d'or pèse 05,15; les pièces d'argent, 05,14 et 05,13. On peut
aussi rapprocher ces dernières de pièces de plus grand module classées non
sans quelque hésitation à Cherronesos; cependant je dois dire que le carré
,
CHRONIQUE. 357
avec l’analogie de fabrique qui fait l’intérêt des monnaies de la
trouvaille d’Auriol, peut s’expliquer autrement que par l'ori-
gine exclusivement marseillaise que l’on a voulu leur attribuer.
Après tout, pareille singularité n’est pas sans antécédents dans
la numismatique grecque.
On sait par maints exemples, et surtout par celui que nous
offre la célèbre série des statères de Cyzique ou cyzicènes, qui
n’ont certainement pas été frappés tous à Cyzique *, que les
villes et les peuples de lantiquité s’unissaient souvent par des
conventions afin de frapper à tour de rôle des monnaies d’après
un étalon commun. Pourquoi les monnaies d'Auriol et leurs
similaires antérieurement ou postérieurement découvertes en
Provence n’auraient-elles pas été, je ne dis pas toutes, mais
en partie, frappées dans des conditions analogues? Si nous
voyons sur les pièces d’Auriol des types variés et pas de légen-
des, circonstance qui se remarque sur beaucoup de cyzicènes,
si nous voyons sur certaines de'ces pièces des types incus au
revers, toujours comme sur certaines petites monnaies d’or dites
cyzicènes, ne Serait-ce pas que nous avons affaire à des pro-
duits d’une hanse commerciale, ou plutôt d’une confédération
monétaire, dont auraient fait partie les villes diverses dont nous
y retrouvons les symboles ?
Cette hypothèse, qui se présente naturellement à l'esprit
pour peu que l’on ait dans la mémoire les planches du livre de
creux de celles-ci diffère de celui d’Auriol, et qu’on pourrait encore signaler
d’autres différences entre ces pièces. On en. trouvera un beau spécimen du
module de 15 millimètres sous le n° 5, pl. XLI, dans le Recueil de planches de
Mionnet, qui le décrit parmi les incertaines, t, VI, p. 629, n° 119.
1 On sait que le nom de cyzicénes est autorisé par divers textes de l’anti-
quité, et Charles Lenormant a fort bien montré, dans la Revue numismatique,
que, comme l'avait indiqué auparavaut Sestini dans son livre sur les statéres,
les monnaies d’or dites cyzicénes n'avaient pas toutes été frappées à Cyzique.
(Voyez Domenico Sestini, Descrizione degli stateri illustrati con le medaglie,
Florence, in 4°, 1817; et Ch. Lenormant, Essai sur les statères do Cyzique,
Revue numismatique, année 1856.)
358 CHRONIQUE.
Sestini cité dans la note qui précède, reçoit, si je ne me trompe,
une sérieuse confirmation d’un autre fait trés-intéressant que
nous révèle une inscription grecque récemment découverte à
Mytilène. Publiée d’abord en 4865 par un savant allemand,
M. Conze !, cette inscription, sur laquelle M. Newton lisait en
1866 un excellent mémoire à la Royal Society of literature",
n'est pas arrivée entiére jusqu’à nous; mais ce qui en reste
suffit pour que l’on y reconnaisse un traité conclu entre Myti-
lène et Phocée, afin de régler les conditions de la fabrication
d’une monnaie d'or commune à ces deux villes, qui devaient
monnayer l’une pour l’autre à tour de rôle.
Évidemment, dans cette précieuse inscription, il s’agit de
monnaies analogues aux cyzicenes et aux phocaites qui furent
frappées pendant les v° et 1v° siècles avant Jésus-Christ particu-
lièrement à Cyzique et à Phocée, ainsi que l’indiquent ces noms
que nous trouvons chez les anciens *, mais qui se fabriquaient
aussi ailleurs, puisque nous voyons mentionner sur un marbre
une association entre Phocée et Mytilène. Certainement ces as-
sociations devaient se dénouer ou se resserrer selon les événe-
ments, et, si Mytilène et Phocée étaient unies monétairement
vers la 96° olympiade (396 à 393 avant Jésus-Christ), date, se-
lon M. Newton, de l'inscription découverte par M. Conze, à
une époque antérieure ces deux villes ont bien pu faire partie
d'une association plus nombreuse, qui aurait compris la mon-
naie d'argent dans ses opérations, et peut-être à celle-là même
dont je crois reconnaître des témoignages dans la trouvaille
d’Auriol.
Ai-je besoin de faire remarquer que Phocée, la métropole de
Marseille, figure précisément dans le traité monétaire dont
1 Voy. Conze, Reise auf den Insel Lesbos, in-4*, 1865, pl. VI, n° 1, et p. 42.
2 Voy. Transactions of the Royal Society of literature, 1868, 2° série, t. VII,
3° partie, p. 549 à 558,
*Le mot phocaïtes, ainsi que celui de cystcénes, est autorisé par des
textes et même par des inscriptions,
=
CHRONIQUE. 359
nous devons la connaissance à M. Conze? L’association qui a
frappé les petites pièces anépigraphes d’Auriol, que je serais
tenté de nommer des phocaïtes d'argent, puisque nous y ren-
controns des types de Phocée et de ses deux célèbres filles Velia
et Marseille, avait-elle un atelier fixe, Marseille par exemple, ou
bien, ce que je croirais plus volontiers, imitant ce que nous ve-
nons de voir à Mytilène et à Phocée, frappait-elle tantôt dans
une ville, tantôt dans une autre, ou bien frappait-on partout à
ces types divers, sans indication de localité, par la raison même
que ces pièces étaient fédérales? C’est ce que je n’ai pas la pré-
tention de décider. Ce que j'ose dire dès à présent, c’est qu’il
me paraît difficile de soutenir, en dépit de ces faits, que toutes
les pièces aurioliennes aient été frappées à Marseille et nous
fassent connaître le monnayage primitif de cette ville.
En les supposant frappées à Marseille, les monnaies aurio-
liennes devraient-elles être considérées comme les plus anciennes
qu’ait frappées la colonie phocéenne, ainsi que l’aurait pensé
M. de Lagoy, d’après ce qu’il a dit des types analogues publiés
par lui? C'est une étude qui m’entrainerait trop loin; je me con-
tenterai de faire remarquer que, si l’on admettait notre hypo-
thèse d’une hanse monétaire à laquelle on pourrait les rattacher,
leur mutisme et leurs carrés creux ne seraient peut-être pas
des marques de haute antiquité. On expliquerait ces deux cir-
constances par les conditions mêmes de ces sociétés. Les cy-
zicenes, bien que frappées à des époques différentes, ne sont-
elles pas généralement aussi anépigraphes et décorées d’un
carré creux, qui souvent n’est là que par archaïsme, ou plutôt,
pour perpétuer un type de bon renom et ne pas déranger les
habitudes routinières du commerce ?
Grâce aux prix élevés qu’obtiennent aujourd’hui les médailles,
grâce au retentissement de la petite fortune que le trésor
d’Auriol a valu à ses inventeurs, nous sommes certains d’être
tenus au courant des découvertes de monnaies analogues qui
peuvent se produire dans l’avenir, soit dans la Gaule grecque,
soit ailleurs; on peut donc espérer que quelque jour on possé-
360 CRRONIQUE.
dera assez de faits authentiquement constatés pour qu’il devi
possible de se prononcer sans témérité sur les diverses q
tions soulevées par ces énigmatiques monuments. En atten
il est à souhaiter que quelque numismatiste veuille bien pre
la peine de faire connaître la totalité des types trouvés à A
ou ailleurs, avant et depuis la découverte de 1867. Que:
qui entreprendra cette tâche résolve définitivement ce probli
ou seuleinent qu'il décrive scrupuleusement toutes les mon!
et discute toutes les conjectures qu’elles peuvent lui suggi
il aura rendu un service signalé à la numismatique.
Il est un point sur lequel je ne me suis pas arrêté à des
dans ce rapport, de peur de me laisser entraîner trop loin : «
la recherche du système pondéral, auquel il convient
rattacher les monnaies d’Auriol. S’il est une série qui e:
pareille recherche, c'est certainement celle sur laquelle M. BI
card a appelé l'attention du Comité. En recommandant c
étude spéciale à celui qui se chargera de la publication «
j'appelle de tous mes vœux, qu’il me soit permis de rapp
qu'il faut aborder les pesées sans système préconçu, sous pe
de trouver dans les plateaux de ses balances, non pas ce qu
est, mais ce qu’on voudrait y trouver.
Ainsi qu’on doit le penser d’après les réflexions qui précéde
je ne proposerai pas dès à présent d'attribution pour la médai
gravée ci-dessus; il ne me reste donc qu'à remercier le savé
archiviste des Bouches-du-Rhône d’avoir bien voulu la comm
niquer au Comité. A. CnaBouiLcer.
CHRONIQUE. 361
SUR QUELQUES MONNAIES GRECQUES DE PANORMUS
Dans les Berliner Blatter fir Münzkunde de 1869, j'avais
publié une série de monnaies de la Grande Grèce et de la
Sicile. Tout en remerciant M. Henri de Longpérier de s’étre
intéressé à cet article, j’ai à me défendre contre une note qu’il
a insérée dans la Revue numismatique de Ja même année, p. 152.
Cette note fait suspecter l’authenticité de mon tétradrachme de
Panorme gravé sous le n° 44 de la planche LIV des Blätter,
pièce qui porte les types de Catane, avec la légende rétrograde
TIANOPMITIKON autour de la tête d’Apollon.
Heureusement, les craintes de M. H. L. à ce sujet pourront
être totalement dissipées. En effet, l’état de la médaille ne per-
met aucunement de douter de son authenticité on de supposer
que sa légende soit le résultat d’une retouche. La forte patine
antique brunâtre dont les deux côtés de la pièce sont en grande
partie recouverts et sous laquelle ressortent les lettres de la
légende également oxydées, garantit de tous points l'originalité
de la monnaie. Ces faits ont été constatés par des connaisseurs
dont la longue pratique ne saurait être mise en doute. En un
mot, le tétradrachme est excellent, et l’on y distingue même
d’une manière indubitable les traces des cinq premiers carac-
tères de la légende que la planche n’a pas reproduites.
Si je cherche quelles sont les raisons qui ont pu faire naître
les soupçons du jeune archéologue, je suis porté à croire que
c'est qu’il n’a pas eu connaissance d’un autre tétradrachme de
Panorme conservé à la Bibliothèque impériale (duc de Luynes,
Choix de médailles grecques, pl. IV, n° 14) dont voici la des-
cription :
HANORML .. Tête laurée d’Apollon à droite, ») Quadrige
conduit par un homme debout dans son char, une Victoire
couronne les chevaux.
362 CHRONIQUE.
En comparant le dessin de cette pièce portant une légende .
dont la terminaison est indécise avec celui d’une autre mon-
naie publiée par Torremuzza (4uct. II, pl. V, n° 4), je suppose
que les deux gravures représentent le même exemplaire, et
dans ce cas, la légende IANOPMITAN donnée par Torremuza
aurait été complétée arbitrairement. Cependant, je ne veux
point contester que les deux formes de légendes aient pu être em-
ployées à des époques fort rapprochées. L’importante pièce du
duc de Luynes montre que les types de Catane, adaptés pour mon
tétradrachme de Panorme, ne doivent point étonner; et quant
à la forme de la légende en IKON, qui, à la vérité, était encore
inconnue sur des monnaies de la Sicile, on pourrait la compa-
rer à l’adjectif possessif ITAAIKON inscrit sur des poids que
M. Henri de Longpérier a rappelés.
Je passe maintenant à un autre article concernant également
certaines monnaies de Panorme. M. Alex.-G. Soutzo, d’Athènes,
a publié (Revue numismatique, 1869, p. 173 et suiv.) une jolie
série de médailles grecques sur quelques-unes desquelles je
présenterai des observations dans un travail que je prépare;
mais les monnaies de la Sicile ne rentrant plus dans le cadre
de ce travail, je saisis l'occasion qui se présente de combattre
brièvement l’attribution des ne 33 et 34 que M. Soutzo donne
à Paros, sans se prononcer sur les raisons qui lui ont suggéré
l’idée de ce classement. Voici d’abord la description d’une
série de monnaies de la même fabrique et de même prove-
nance.
1. Æ 31,2 — 4 1/2 (poids, 3,62 — 4,90). Tête voilée de
Cérès à gauche, couronnée d’épis; derrière, une charrue.
Monogramme composé des caractères IAP au-dessus d’une
proue de navire (Torremuzza, pi. LIX, n 4 et 5).
2. Æ2—11/2 (poids, 1",70 — 15,10). Buste de femme à
gauche diadémé et couronné, les épaules drapées. 3 Mémes
types.
3. Æ A 1/2 (poids, 4,80 — 4,40). Types semblables, mais
la tête tournée à droite.
CHRONIQUE. 363
4. Æ 14 (45,70, 46,30). Tête imberbe casquée à droite.
#) Même type et même monogramme.
5, Æ2 et 1 (4“,15, 15,05). Tête diadémée de femme à
droite avec un collier. 5). Même monogramme au-dessus d’une
colombe (Soutzo, pl. VII, n° 34).
6. Æ 4 (15,30). Tête imberbe radiée à droite. n} Même
monogramme devant un aigle posé sur un foudre, et la tête
abaissée.
7. 4241 (45,40 — 1*,30). Autre, la tête radiée et tournée à
gauche.
8. Æ 2 (2,60). Ancre et gouvernail. à Monogramme for-
mant type, composé des lettres IIANP. Au-dessous, L.GN.
(Voy. Torremuzza, pl. LX, n° 20) ‘. La forme de ce der-
nier monogramme est plus explicite que celle des sept numéros
précédents.
Tous ces petits bronzes, parmi lesquels figurent les deux
pièces de la collection Soutzo, sont, à mon avis, siciliens, et,
cela admis, le monogramme qu'ils portent doit les faire resti-
tuer à Panorme. Je suis certain que M. Soutzo a obtenu ces
monnaies de notre ami commun, M. P. Lambros, à qui j’en
avais cédé autrefois un certain nombre. J’avais acquis ces
pièces de la collection Fischer, de Palerme, qui se les était pro-
curées en assez grand nombre dans les fouilles de Solus. Ce
renseignement me dispense de discuter l'attribution de ces
monnaies à Paros. Au reste, nous espérons trouver des détails
précis sur ces bronzes dans la Numismatique sicilienne que
M. A. Salinas prépare avec tant de soin et qui contiendra sans
doute des détails nouveaux et précieux.
Winterthur. F. Imnoor BLumer.
1 Mionnet, soit dans sa description, soit dans son supplément, n’a attribué à
Palerme aucune de ces monnaies, bien que quelques-unes d’entre elles aient
été décrites par Torremuzza et Hunter.
364 CHRONIQUE.
Si les éditeurs de la Revue ont été empressés d'insérer ls
note qu'on vient de lire, je n'étais pas moins qu'eux désireux
de la voir paraître: car les intérêts de la vérité me préoccupent
avant toute autre chose. Je n’ai point, on le comprend, à pré-
senter d'observations sur ce qui concerne les monnaies publiées
par M. Soutzo, et me bornerai donc à faire remarquer que
l'existence bien constatée d’une monnaie de Panorme avec
la légende HANORMITIEON ne pouvait modifier en aucune
facon les résultats d'un travail que j'avais entrepris au sujet
d’un tétradrachme de Delphes.
C'est afin de ne rien omettre de ce qui avait été décrit que
j'ai cité la monnaie connue de moi par la gravure des Berli-
ner Blatter seulement . Si j'ai fait des réserves à l'égard d'une
pièce que les antiquaires français n’avaient jamais vue en na-
ture, c'est que son aspect a quelque chose d’insolite; non pas
toutefois que le type de Catane employé à Panorme m’ait sur-
pris, Torremuzza et M. le duc de Luynes ayant publié des té-
tradrachmes panormitains à ce type.
Nous avons tous présent à la mémoire la note par laquelle
M. A. Salinas nous a fait remarquer qu’un didrachme parfaite-
ment antique de la collection de M. le duc de Luynes, porte
l'inscription NAXION entièrement gravée au burin, tout à fail
en désaccord avec le type de cette monnaie (Bull. Inst, arch,
1865, p. 33).
Le génitif pluriel dorique HANOPMITAN qu’offrent cer-
taines monnaies n'apporte aucune espèce de preuve à l'ap-
pui de l'authenticité de la légende à la forme possessive
qui, du reste, est tracée dans le sens opposé, ce qui exclut
toute identification des exemplaires. Quant aux poids sur
lesquels on lit AEITPA ITAAIKH, AIAEITPON ou TPIOYNKI[ON
ITAAIKON, leurs légendes suffiraient à démontrer qu'ils ont été
fabriqués en dehors de l’Italie, dont, précisément pour cela,
ils mentionnent le système par opposition à un système grec
local. D'ailleurs la langue dans laquelle leurs inscriptions sont
conçues démontre encore leur origine étrangère, de même que
CHRONIQUE. 365
lear style se rapporte à une époque toute différente de celle
qui vit émettre les monnaies dont nous nous sommes ocoupés.
J'ai naturellement toute la confiance possible dans les lumières
de M. Imhoof Blumer, et j’ai tout espoir qu’un examen atten-
tif de sa monnaie confirmera l'opinion qu’ a de l’antiquité
de ce monument.
Hex pa Loncrtamn.
PRIX DE VENTE DES MEDAILLES ROMAINES
DE LA COLLECTION DE M. J. GREAU.
N® Fe.
1. Lingot quadrilatère. Pégase, à gaucbe. » Aigle
sur un foudre. Long., 172 mill.; larg., 0,145 mill.
Poids, 1542 gr. 1050
28. Grand as. Æ 18. Tête de Vénus sur chaque face. 175
50. Rutules. Dupondius. Æ 19. Tête de Vénus etroue. 630
51. Id. As. Æ 17. Mémes types. 110
85. Perusia..As. Æ 18, Bipenne et roue. 225
86. Id. Semis. Æ 13 1/3, Mémes types. 165
90. Hatria. As. Æ 19. Tête de Bacchus. » Chien. 250
105, Lieu incertain. As. Æ 17. Tête à gauche. » Coq. 120
283. Famille Julia. Or. Buste de Diane, > IMP. CAESAR,
temple. 165
618. Cesar et Auguste. Or. Téte laurée de César à droite.
» Tête d'Auguste. 900
518 bis. DIVVS IVLIVS. Tête de César. » Tête d’Au-
guste. G. BR. 300
520. Brutus. Or. Tête de M. Brutus. » Tète de L. Brutus. 2500
522, Sextus Pompeius. AR. Phare. » Scylla. 100
523. _ Id, pe Têtes de Pompeius Magnus et
| de Cn. Pompeius. Or. 650
366 CHRONIQUE.
Ne.
S32. Caius Antonias. s Simpulum ct hache. Denier.
640. Augustus. AR. s Sphinx. Cistophore d'Asie.
658. Id. Or. Téte nue. » AVGYSTVS. Vache.
Gt. 74. DIVVS AVGVSTVS PATER. Auguste
assis. » Noms de Pibére. 6. H.
622. Même médaille presque d'égale beauté.
645. Tête d Auguste couronnée par la Victoire. ». Noms
de Salvius Otho. Frappée sur un flan de grande
dimension. Bronze.
667. Téte d'Auguste. » C. MARIVS TRO. III VIR. Têtes
de Julie, de Gaivs et de Lucius. Denier.
680, Tiberius. Tête de Tibére. » Autel de Lyon. G. B.
631. Jd. Autre marqué du poincon de la collection
d' Este.
693. Drusus Junier. Têtes d'enfants eur des cornes d'a-
bondance. » Les noms de Drusus. G. B.
702. Germanicus. Type du retour des aigles de Varus.
M.B. |
703. Id. Mémes types avec Ia conteemarque
N. CAPR.
711. Caligula. » ADLOCVT COR. Gr. bronze.
Id. Autre exemplaire au méme type.
73% Claudius. » EX. SC. OB, CIVES SERVATOS.
Grand bronze. |
738. Id. Autre exemplaire avec la contremarque
N. CAPR.
739. Id. Autre avec la contremarque PROB.
744. Id. » SPES AVGVSTA. avec IMP. P. P. au
droit, G. B.
750. Claudius et Britannicus. Petit bronze avec les deux
têtes, frappé à lium.
753. Agrippina. Buste voilé. x Tête de Néron. AR. Cisto-
phore d’ Asie.
766. Nero. ». ADLOCVT. COH. Grand bronze.
773 Id. Le port d’Ostie. Phare et sept navires. G, B.
775. Fd. Méme lég. Port d'Ostie vec onze navires.
125
CHRONIQUE. 367
WN". ; Fr.
783. Néro. 3 CONG, IL. DAT. POP. R. Grand bronze. 100 ©
787. Id. x DECVRSIO. Grand bronze. 130
803. Id. Temple de Jarius, Grand bronze. — 150 —
820. Jd. ROMA. Rome assise. Grand bronze. 110
858. Popæa au revers de Néron, M. B. Lég. grecque. 200
875. Galba. ADLOCVTIO. Grand bronze. . 260
986. Otho. SECVRITAS P. R. Or. ; 215
956 bis. Vitellius. HONOS TE Ge VERTYS. ° Grand
bronze. 150
965. Lucius Viteläus Censor. Denser. | ' 206
986. Vespasianus. TRIVMP. AVG. Char. Or. 210
4025. : 44. . ROMA. Rome aésise. Grand bronze. 103 —
1028. Id. ROMA. Rome debout. Grand bronze. 200
1061. Domitilla. FORTVNA AVGVWST. Argent. 15 -
1962. Domitia. CONCORDIA AVGYST. Paon. Or. 500
4449. Trajanus. Rome assise à droite sur des armes;
Trajan lui présente une Victoire; à ses piods un
captif. G. B. inédit. 110
1454. Plotina. Vesta assise à gauche. Argent. 155
1455. Id. FIDES AVGVST. S.C. Figure debout. G.B. 345
1456. Marciana. Aigle éployé, sur un sceptre. Argent. 115
$457. %Id. EX SENATVS CONSYLTO. Char trainé
par des éléphants. Arg. 325
1459. Matidia. PIETAS AVGVST. Matidie debout avec ses |
filles. G. B. 200
1460. Trajanus pater. Au revers de Trajan. Or. 1006
L46L Trajanus pater et Nerva. Au revers de Trajan. Or. 275
1465. Hadrianus. AFRICA. L'Afrique couchée. Or. 120
1467, Id. ANN. DCCCLXXIIIT. NAT. VRB. P.
_ CIR. CON. Or, 255
1496. Id. Jupiter debout, de face, Or. 140
1498. Id. Hercule debout, de face. Or. | 135
4511. id. SAEC. AVR. Figure debout dans un
‘ nimbe céleste, Or. 100
1522. Id. » Sans légende. Le Nil couché. Or. 170
368 CHRONIQUE.
Ne Fr.
1523. Hadrianus. » Sens légende. Rome et Adrien dc- :
bout, la Terre, l'Océan couchés. Mé-
daillon de bronze. 215
1657. Id. LIBERALITAS AVG. Adrien sur une
estrade. Grand bronze. 100
1763. Sebina. VENERI GENETRICI. Grand bronze. 170.
1768. Ælius. PIETAS. La Piété debout. Or. 305
1783. Ælius. Au revers d’Adrien. Moyen bronze (Bibl.
impériele ). 420
1801. Antonius. Cos. JI. Diane debout ( Revue num.
1861, pi. IV, n° 1). Médaillon.. 1030
1802. Jd. Cos. Til. Heculape debout. Médailion .
de bronze. 100
1803. Id. » Sans légende. Antonin écrivant sur :
un bouclier que soutiens une Victoire
poece sur un cippe. Il est aecompa-
gné de Faustine et de ses enfants.
Médaillon. | 280
31861. Id. GENIO SENATVS. Le Génie du Sénat
debout. G. B. 150
1948. dd. » Sans légende. Hercule debout près
d’un autel. Moyen bronze (Biblioth.
impériale). | 57
1951. Marcus Aurelius. Au revers d'Antonin. Or. 110
1972. Faustina senior. p AVGVSTA. Diane tenant deux
torches, . 150
2037. Galerius Antoninus. Au revers de Faustine. M. B. :
Lég. grecques. . 125
2049. Marcus Aurelius. VIRTVS AVG. M. Aurèle traver-
sant le pont du Danube, suivi de
soldats. Or (Bibl. impériale). 600
2050. Id. » Sans légende. Argus construi-
sant le vaisseau en présence de
Mincrve. Médaillon de bronze
{Bibl. impériale). __ 25
CHRONIQUE.
Ne . |
2173. Marcus Aurelius. VOTA PVBLICA. Marc Aurelc et
Faustine se donnant la main. G. B. |
2254. Lucius Verus. Marc Aurèle et Vérus couronnés
chacun par une Victoire. Deux fleuves et un
captif. Médaillon de bronze.
2326. Commodus. CONC. MIL. Commode entre’ quatre
soldats. Or.
2337. Id. Jupiter -debout tenant un disque sur
lequel on voit les Génies des quatre
Saisons, et Génie tenant une corne
d’abondance. Médaillon de bronze.
2484. Pertinax. PROVID. DEOR. COS II. Or.
2187. Id. PROVIDENTIAE DEORVM COS II.
‘Grand bronze.
2488. Id. VOT. DECENN. Pertinax sacrifiant. G. B.
2492. Manlia Scantilla. IVNO REGINA. Argent.
2493. Id. Méme revers. Grand bronze.
2495 bis. Didia Clara. HILAR. TEMPOR. Grand bronze.
2497. Pescennius Niger. VIRTVTI AVG. Argent, iné-
dite.
2504. Albinus. FELICITAS COS. II. Grand bronze.
2505. Id. Même type. Buste nu à drôite.
2508. Jd.. MINER. PACIF. Grand bronze.
2569. Sept. Severus. VIRTVS AVGVSTORVM. Les trois
princes à cheval. Or.
2615. Id. VOTA SVSCEP. DECEN. Grand br.
2617. Id » Bustes de Julie, de Caracalla, de
Géta. Or.
2645. Julia Domna. FECVNDITATI AVG. Médaillon br.
2748: Caracalla. PONTIFEX. TR. P. X. COS II. Victoire.
Médaillon, bronze.
2790. Id. Même légende. Vaisseau. M. B
2813 ‘© Id CONCORDIAE AETERNAE. Buste de .
Sévère et de Julie. Or.
2842 Geta. FORT CORDIAE AVGG. (sic). Grand bronze.
2848 Id. PONTIF. COS. If. Minerve assise. .
‘
A
369
480
320
385
300
220
180
360
180
215
$70 CRRONIQUE.
No, _.
2851. Geta. Méme légende. Caracalla, Géla et trois sold ats.
G. B.
2851 Diedumenianus. PRINC. IVVENTVTIS. Diadumé-
nicn debout. G. B.
2860. Helagabel. CONSERVATOR AVG. Pierre conique
sur un quadrige. Or.
2942. Julia Paula. Concordia assise. Grend bronze.
2086. Sev. Alexander. JOVI. VICTORI. Jupiter dans un
temple. Médailion de bronze.
3062, id. P. M. TR.P. V. COS. IT. Thermes.
M. B. inédit.
3134. Gordianus Africanus. ROMAE AETERNAE. Arg.
3135. Id. PROVIDENTIA AVG. Grand bronze.
3137. Gordianus Afr. junior. VIRTVS AVGG. Argent.
3138. isd. ROMAE AETERNAE. Grand bronze.
3187. Gordianus Pius. ADLOCVTIO AVGVSTL Gordien
sur une estrade. Médaillon de bronze.
3344. Pacatianus. PAX AETERNA. La Paix debout. Arg.
3393. Herennius. PRINCIPI IVVENTYTIS. Moyen br.
3416. Treb. Gallus. FORTVNAE REDVCI. Gallus et Vo-
lusien sacrifant. Médaillon de bronze.
3451. Emilianus. VIRTVS AVG. Grand bronze.
3453 Cornelia Supera. VESTA, debout. Argent.
3493. Valerianus. » Bustes de Gallien et de Valérien jeune.
Médaillon de bronze.
3502. Gallienus. OB CONSERVATIONEM SALVTIS.
Médailion d'argent.
3550. Id. LEG. VII. VI. P. VI. F, Victoire.
Billon.
3590, Id. VICTORIA. AVG. Gallien couronné par
la Victoire. Or.
3690. Saloninus. CONSECRATIO. Bacher funèbre. Mé-
daillon de bronte.
3715. Postumus. HERCVLI NEMAEO. Hercule étouffant
le lion. Or.
3854. Aurelianus. FIDES MILIT. La Fidélité tenant deux
enseignes. Or.
275.
115
115 -
510
250 |
170
4133. Magnia Urbica. PVDICITIA AVG. L'impératrice
A 197.
4198,
4280.
4573.
CHRONI IQUE.
assise. Wédailfon de bronze.
M aximianus Herculius. VIRTVS AVG. Hercule sai-
sissant la biche aux cornes d’or. Or.
Id. VIRTVTI AVG. Hercule portant le
sanglier. Or.
Constantius Chlorus. ADLOCVTIO AVG.N. Cons-
tance sur l'estrade, Médaillon de bronze (Bit.
impér.).
. Helena, PIETAS AVGVSTA. Hélène et deux en-
fants, Médaifion de bronze.
. Maximinus Daza. SOLE INVICTO. Or.
Td. ‘SOLI INVICTO. Le soleil de face. Or.
. Maxentius. TEMPORVM FELICITAS. La louve,
Argent.
. Constantinus. FELICIA TEMPORA. Quatre eh-
fants. Or. —
105
840
115
110
Id. FELICITAS PERPETVA SAECVLI. |
Or.
Id. GAVDIVM ROMANORVM. FRAN-
CIA. Or, |
Id. VIRTVS EXERCITVS GALL. Mars.
Or.
Id. Téte sans légende. » CONSTANTI-
NVS. Quatré enseignes. Médail-
lon. Argent.
Id, GLORIA SAECVLI VIRTVS
CAESS, Médaillon de bronze.
. Constantinopolis. » VICTORIA AVG. Vaisseau.
Médaillon de bronze.
. Constantinus junior. VOTA CAESS. Deux Victoi-
res. Médaillon de bronze (Bibl. impér.).
. Nepotianus. GLORIA ROMANORVM. Moyen br.
Id. VRBS ROMA. Rome assise. M. B (Bibl.
impér.).
Julianus. » D.N.IVLIANVS CAES. Trois enseignes.
Médaillon d'argent.
240
230
165
451
285
148
135
126
26}
150
72 CHRONIQUE,
X= Fr.
4617. Eugenius. VICTORIA AVGG. Deux empereurs
assis. Or. 470
4656. Placidia. SALVS REIPVBLICAE. Victoire assise.
Or. 155
4660. Johannes. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout.
Or. 125
4664. Avitus. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout.
Or. 199
Aux prix qui viennent d'être indiqués, il faut ajouter 5 pour cent
de droit de vente. La collection a été livrée aux enchères sous la
direction de M. Henri Hoffmann. Le catalogue, rédigé par M. H.
Cuben, est orné de sept planches gravées. Nous avons signalé les
prix les plus élevés, mais nous indiquons aussi parfois des prix
beaucoup moins considérables attribués à d'autres exemplaires
d'une moins .bunne conservation. Ce genre de renseignement aurait
pu recevoir beaucoup d'extension; mais i] nous suffira de dire que
les grandes valeurs sont le plus souvent déterminées par l'état re-
marquable des pièces. C'est Jt, à Paris, comme à Londres, un ré-
sultat de la préoccupation de notre époque.. A. L.
re. EEE EEE ana
Be Gérant, J. Cusser. - Paris. — Typog. Cusset et C*, 26, rne Racine,
mm i ee ee ee ee ee Gr - - - - - —— fe — eee — ns nn
MEMOIRES ET DISSERTATIONS.
——
MONNAIES RHÉTIENNES
Le statère et l’hémistatère de travail barbare, imités des
monnaies d'or d'Alexandre le Grand, dont la représenta-
tion figure en tête de cet article, ont été dessinés, il y a
deux ans, chez MM. Rollin et Feuardent.
Ce qui fait leur intérêt et ce qui les distingue de toutes
les autres imitations barbares des pièces du conquérant
macédonien, assez multipliées, est cette circonstance que
leurs légendes ne sont pas, comme d'ordinaire sur les
monnaies analogues, composées de traits sans suite et sans
signification. Elles appartiennent à un alphabet bien connu,
1869-1870. — 6, 2
7h ; MEMOIRES
celui que M. Mommsen a appelé nord-éérusque, et auquel
il a consacré un important et célèbre mémoire ‘.
La légende du statère se lit :
EUNO
Celle de l’hémistatère, en deux lignes :
EPO
HCMTR
les voyelles brèves étant omises dans ce dernier mot, sui-
‘vant l’habitude étrusque. Ce sont probablement des noms
de chefs inconnus à l'histoire.
L'alphabet nord-étrusque, avec quelques légères va-
riantes locales, était en usage dans trois régions occupant
une assez vaste étendue de territoire :
1° Chez les populations euganéennes des bords du Pi.
Deux inscriptions à Vicence, une à Vérone, une à Cone-
gliano, une à Limone sur le lac de Garde, sept à Padoue,
quatre à Este et une dernière découverte auprès d’ Hadria,
constituent toute sa littérature dans cette région, qui a été
recueillie en un seul corps par M. Mommsen.
2° Chez les populations gauloises des Alpes et de leur
versant italien. Le principal monument de l'alphabet nord-
étrusque chez ces peuples est l'inscription en langue cel-
tique, découverte en 1864 par le comte Eugène Tornielli
Brusati sur le territoire de San Bernardino, fraction de la
commune de Briona, petit village du Novarais, situé au
pied de collines qui se lient à la chaîne des Alpes, entre la
vallée de la Sesia et celle du lac d’Orta. Elle a été publiée
et expliquée de la manière la plus ingénieuse, d’abord par
un savant turinois, M. Giovanni Flechia, dans une disser-
1 Die Nordetruskische Alphabete auf Inschriften und Münsen, dans les Mitthei-
lungen der Antiquarischen Gesellschaft in Zurich, t. VII, p. 199-259.
ET DISSERTATIONS. 375
tation spéciale et éditée séparémeni, puis par M. Alfred
Maury dans un article de la Revue archéologique *. C’est
aussi le même alphabet que nous retrouvons dans les
légendes des pièces d'or et des pièces d’argent imitées de
la monnaie de Marseille, que M. de Longpérier a si savam~
ment attribuées aux Salasses *. Nous le reconnaissons enfin
sur les petites monnaies d’ argent imitées des pièces romaines:
de la Campanie, qui portent d’un côté une tête imberbe
laurée, et de l’autre un cheval en course ou une tête de
cheval, avec les inscriptions SENAS, IANKOVESI ou KA-
SIOS *. Ges monnaies se découvrent constamment dans les
parties de la Provence voisines des Alpes et dans le Com-
tat; on doit donc supposer que le peuple qüi les frappa
habitait le revers occidental de la grande chaîne qui nous
sépare de l'Italie.
3° Dans la Rhétie, où l'alphabet nord-étrusque servait à
écrire une troisième langue, dont les monuments sont réunis -
dans la planche Ite du mémoire de M. Mommsen. Ce sont
les inscriptions de deux pierres à Arano et à Dravesco, dans
_le Tessin, d’un vase de bronze trouvé à Trente et de deux
casques découverts à Negan, dans la Styrie.
Entre les trois contrées que nous venons d'indiquer comme
constituant le domaine de l'alphabet nord-étrusque, je ne
crois pas gu’ily ait d’hésitation possible pour attribuer nos
monnaies.. Elles ne sont certainement frappées ni dans
l'Italie du Nord, ni dans les Alpes celtiques. La Rhétie leur
convient, au contraire, fort bien comme pays d’origine, car
elle touche au bassin du Danube, fleuve sur les bords du-
1-Nouv. sér.,t. X, p. 453-459,
2 Revue numismatique, 1861, p. 383-347; pl. XV.
8 Dureau de la Malle, Rev. num., 1839, p. 321, pl. XIV. — Duchalais, Me-
dailles gauloises de la Bibliothèque Royale, n°* 342-346, — Mommsen, Die Norde-.
truskische Alphabdete, pl. HI, n°* 36-38.
376 MÉMOIRES
quel paraît avoir été concentrée l'imitation des statères
d'Alexandre. Aussi est-ce à la Rhétie que nous proposons
avec confiance de les rapporter.
On nous permettra une dernière observation pour ter-
miner.
En voyant un alphabet d'origine incontestablement
étrusque en usage dans la Rhétie et dans les contrées
alentour, on ne saurait empécher sa pensée de se reporter
à toutes les discussions qui se sont soulevées autour de la
question de la parenté des deux populations de l’Étrurie
et de la Rhétie, ainsi qu’autour du passage fameux où
Denys d’Halicarnasse dit que les Étrusques .se donnaient
à eux-mêmesle nom de Rasena. Chacun sait que sur cetle
grave question, qui constitue la première base de toute
étude des origines étrusques, deux systèmes différents
ont partagé les savants. Les uns, attachant une importance
prépondérante au témoignage de Tite-Live, qui nous
montre les Etrusques, établis d'abord sur le rivage de la
Méditerranée, envoyant ensuite des colonies à travers le
chaîne centrale de l'Italie pour envahir le pays au delà du
PO, considèrent les Rhétiens comme un rameau de cette
migration étrusque vers le Nord, lancé plus avant que les
autres jusqu'au milieu des Alpes. Les autres, comme
Clavier, Heyne, Fréret et surtout Niebubr, préférant leurs
propres spéculations aux témoignages des écrivains an-
tiques, retournent absolument les données que l’on peut
puiser chez ces écrivains; ils croient les Étrusques origi-
naires de la Rhétie, les font descendre des Alpes, conqué-
rir d’abord les plaines qui séparent la chaîne des Alpes de
l’Apennin, puis, après avoir fondé leur empire dans la
vallée du PO, traverser l’Apennin pour s'emparer du val
d’Arno, du val di Chiana et des Maremmes jusqu’au Tibre.
—_—
=e ee ee
ee gg ee — ee
FT
ET DISSERTATIONS, 377
Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans la discussion de la
valeur respective de ces deux systémes et de chercher 4
notre tour à nous former une opinion motivée sur l’ori-
gine des Étrusques, recherche qui serait un véritable hors-
d'œuvre à propos de nos deux petites monnaies, et qui
nous entrainerait, d’ailleurs, à d'énormes développements. —
Mais nous ne croyons cependant pas possible de laisser
entièrement de côté, sans le signaler en passant, l’argu-
ment d’une véritable importance que l'étude de la paléo-
graphie comparative fournit à l’histoire dans cette ques-
tion. La filiation incontestable de l'alphabet nord-étrusque
révèle en effet, par des marques matérielles et sensibles,
entre l’Etrurie et la Rhétie, un grand courant d’influences
marchant du Sud au Nord, d’Etrurie en Rhétie, en sens
inverse du courant de migration qu’admettait Niebuhr.
En cela les données fournies par les alphabets sont confir-
mées par les monuments d'art étrusque que l’on a décou-
verts aussi en Rhétie, monuments d'un art dont le berceau
et le foyer n’ont pu être que dans l'Étrurie italienne, qui
est remonté ensuite du Sud au Nord jusque dans les val-
lées des Alpes, et que les objets si précieux trouvés dans
les tombes d’Allstatt nous montrent enfin, après son intro.
duction dans la Rhétie, rayonnant, comme l'alphabet
nord-étrusque, sur les populations voisines de la Styrie ét
même de la haute Autriche. Il serait vraiment extraordi-
naire que ce courant d'influences, impossible à nier, eût
précisément remonté le courant des migrations de races.
La vraisemblance indique beaucoup plutôt qu'il a dû le
suivre, et qu’en l'absence d’autres indications il nous en
révèle aujourd'hui la marche.
FRANÇOIS LENORMANT.
Es
378 MEMOIRES
BIAS DE PRIÈNE
M. le lieutenant-général Charles R. Fox, un des hommes
les plus aimables et les plus instruits de l’armée anglaise,
a formé depuis longtemps une magnifique collection de
médailles grecques Il ne s'est pas contenté de renfermer
dons son médaillier les plus beaux et les plus rares monu-
ments de la numismatique antique; il a voulu permettre
aux archéologues qui ne peuvent aller visiter sa collection
en Angleterre d'en profiter néanmoins pour leurs études,
et il nous a donné deux fascicules fort importants conte-
nant les gravures et la description d'environ 300 pièces
inédites ‘. Cette publication est déjà bien connue; les do-
cuments qu'elle renferme ont été souvent utilisés par les
antiquaires; cependant, il me semble que l'on n'a pas en-
core examiné avec une application suffisante une monnaie
de bronze, pourtant très-remarquable, qui, dans la seconde
partie de l'ouvrage, porte le n° 82. Je crois qu'il est bon
d’en reprendre encore l'étude après M. le général Fox qui
l'a décrite ainsi : (p.14).
BIA. Buste d'homme barbu, drapé sur l'épaule gauche,
tourné à droite ; derrière II,
1 Engravings of unpublished or rare greek coins with descriptions, part. ], Eu-
rope, 1856 et 2° édit., 1862, — Part. II, Agia and Africa, 1862, 4°,
ET DISSERTATIONS. 379
8. IPIHNEON, Figure (Lunus), à gauche avec une lance
ou un sceptre dans la main droite ; la gauche étendue. Æ. 8.
Quand on examine attentivement le beau buste barbu
représenté sur le droit de cette médaille, on reconnaît qu'il
ne peut être attribué ni à Jupiter, ni à Neptune, ni à Escu-
lape. Malgré la grandeur presque idéale de ses traits, il
offre un caractère d’individualité qui nous indique un per-
sonnage appartenant à l'humanité.
En outre, la légende doit être lue d'une manière plus
complète et plus exacte. Le caractère placé derrière la tête
et qui a été pris pour un IT, est bien certainement un sigma
carré, tel qu’on en voit sur diverses monnaies de l'Asie
Mineure, parmi lesquelles on doit citer, pour la ville de
Priène d’Ionie, les pièces qui offrent les noms AEQNTOL,
....AXOL (incomplet), et le titre APXONTOL'. Au lieu
donc de BIA plus I, il faut évidemment lire BIAL. Ce groupe
de caractères coustitue le nom du personnage représenté
sur la médaille.
Avant d'aller plus loin, je dois fairé observer que |’ usage
d'isoler la première ou la dernière lettre d'un nom sur un
des côtés de la monnaie, derrière une tête ou une figure
entière, pendant que le reste du nom occupe la partie op-
posée du champ, devant le type, est établi par d’autres
monuments. Je me bornerai à citer, comme exemples
faciles à vérifier : |
1° AHMO—C, sur un petit bronze d’ Azani de Phrygie, ap-
partenant au British Museum et publié par Taylor Combe
(Veter. popul. et reg. Numi, 1814, tab. XI, n° 14).
2° KPONO—%, sur une monnaie d’argent d'Himéra, de la
1 Mionnet, Descript., t. III, p. 188, n° 904. — Suppl, t. VI, p. 298, n°* 1379,
1381.— C. Combe, Mus. Hunt., pl. 44, n° 6,
380 MÉMOIRES
collection de M. Imhoof-Blamer, et publiée par lui dans
les Berliner Blatter für Münzk. 1869, pl. LIIT, n° 9.
3° OMIIPO—C, petit bronze de Chio du musée Hunter de
Glasgow, publié par Charles Combe (Num. vet. popul et
urb. 1782, tab. XVII, n° 22).
4° O—MHPOC, petit bronze de la même ville; musée
de Vienne, publié par Eckhel (Sylloge 1, num. vet. anecd.,
1786, tab. IV, n° 7); M. J. Kofod Whitte décrit ces deux
dernières pièces dans sa monographie sur Chio (De reb.
Chior. publ., Copenhague, 1838, p. 105); mais il ne pa-
ralt pas avoir compris la disposition des légendes; car il
indique un = (croissant renversé) et un 0 post tergum Ho-
meri, après avoir mentionné le nom de OMHPOC complet.
5° A—NTIOC, sur un petit bronze d’Antioche de Pisidie,
de la collection du général Fox (Engravings of unpubl.
greek coins, 2° partie, pl, VI, n° 120).
On me pardonnera d’insister sur ces détails; mais dans
l'étude de la numismatique, il importe de ramener à la série
toute particularité qui, prise isolément, pourrait faire naître
un doute.
Si la monnaie qui représente Bias était frappée à Argos,
on pourrait supposer qu'elle a pour type un buste de l'an-
cien roi, frère du devin Melampus, dont il est question
dans l'Jliade' et dans plusieurs chapitres de Pausanias”;
car les peuples de langue grecque ont assez souvent adopté
pour types de leurs monnaies des figures de personnages
homériques.
Mais l’origine de la monnaie ne permet pas d’hésitation.
Ce bronze fournit un excellent portrait de Bias, le sage de
Priéne; et l’on peut dire que ce portrait, exécuté dans la
1 Jiiad. A, 296. — N, 691.
2 Pausan., 1], 18,4. — IV, 34, 4 et 36, 3.
- a ee i ee a
[el 7 ee ee gg pee — oe
ET DISSERTATIONS. 381
patrie même de cet homme considérable dans les annales de
1’Jonie, et vraisemblablement d’après une statue qui lui avait
été consacrée par ses compatriotes, en ce sanctuaire qu'ils
avaient nommé Teutameum, « xal ot Hpemveïic % adtip cépevoc
aeabtépwoay nd Tevtdctov Acyépevov'n, offre beaucoup plus de ga-
ranties, en ce quiconcerne la ressemblance, que les hermés
recueillis en Italie.
L'un de ces derniers, trouvé en 1780, près de Tivoli,
dans la maison de campagne de Cassius *, porte le nom :
BIAZ IIPHNEVS (sic), suivi de la sentence OI HAEIS-
TOI ANOPQIIOI KAKOI, cet apophthegme favori du sage
de Priène que Diogène Laërce reproduit deux fois dans sa
biographie. Un autre hermès, découvert à Rome sur le
mont Cælius, a été attribué à Bias par assimilation”, car il
ne porte pas d'inscription. Tous deux étaient enfouis avec
d'autres sculptures de la même catégorie représentant des
sages et des poëtes. C’est assez dire qu'ils avaient appartenu
à ces collections iconographiques préparées pour l’orne-
mentation des bibliothèques romaines, et où nécessaire-
ment le besoin de former des séries complètes, des pen-
dants réguliers, des antithéses littéraires devait introduire
des images plus ou moins inexactes *. C’est ainsi que, de
nos jours, on peut voir des édifices publics de construction
récente, décorés de statues et de bustes plus ou moins apo-
cryphes d’hommes célébres dont les contemporains n’a-
1 Diog. Laert., I, V, 88.
3 Visconti, Iconogr. grecque, t. I, p. 110, pl. X, no 1.
® Ibid. p. 113, pl. X, n° 3.
* Les Romains instruits ne se faisaient pas d'illusions à cet égard, témoin
le texte de Pline : « Siquidem nunc....... in bibliothecis dicantur illi » quorum
immortales anime in locis iisdem loquuntur. Quin immo etiam que non sunt,
finguntur, pariuntque desideria non traditos vultus sicut in Homero evenit. »
Hist, nat., XXXV, 2, 6.
382 MÉMOIRES
vaient pas reproduit les traits, et que nos sculpteurs font
revivre à l’aide d’un compromis entre leur imagination et
l'étude qu'ils ont faite de la physionomie et du costume
d’autres hommes du même temps. Les hermès ou bustes de
bibliothèques se rattachent les uns aux autres par un cer-
tain air de famille, une certaine conformité de style quien
atténue un peu la valeur. Les monnaies, au contraire, gra-
vées par des artistes divers de patrie et d'âge, appartenant
à des écoles indépendantes, nous donnent certainement
des portraits plus librement exécutés et par conséquent
préférables.
Au reste, malgré des différences notables dans le travail,
l'effigie de la monnaie de Priéne et les hermès de Bias pré-
sentent, notamment en ce qui concerne une disposition
très-particulière de la chevelure, des rapports de ressem-
blance tout à fait frappauts.
Sur le revers de cette monnaie parait un personnage de-
bout, en habit militaire, autant qu'on en peut juger d’après
la gravure qu'a publiée M. le général Fox. Cet antiquaire
propose dubitativement de voir là une image du dieu Lunus,
quoiqu'on n'aperçoive dans le dessin aucun des symboles
qui caractérisent ce dieu. C’est peut-être une figure en pied
de Bias que Chariton, l'auteur du roman de Chæreas et
Callirhoé, mentionne avec le titre de & otpatyyd<¢ Dpmyinv.
Sur une autre monnaie de bronze de Priéne, Millingen
avait reconnu la présence de Bias, et il avait communiqué
une description de cette monnaie à M. Mionnet, qui l'a
insérée dans le V]° volume du Supplément de son grand
recueil.
N° 4380. — Tête imberbe casquée, à droite.
Revers. LIPIHNEON. Bias, debout marchant, à droite,
la tête nue et barbue, vêtu d’une longue robe; la main
re i le —— ee ee Oe ee ee eee ee ee ee eLp > 777 eee eee
ET DISSERTATIONS. ' 383
gauche sur un b&ton; derriére, un trépied et quelques
lettres effacées, forte AIIOS. Æ. At.
Quoique cette description ne soit accompagnée d'aucune
note, il est facile de voir que le savant Millingen avait
donné le nom de Bias à la figure représentée au revers de
la monnaie, en raison du trépied qui est près d'elle.
L’éminent archéologue anglais s’était rappelé les récits
de Plutarque et de Diogène Laërce ‘, suivant lesquels des
pêcheurs, ayant retiré de la mer un trépied d'or (Plut.), ou
de bronze (Diog.), sur lequel on lisait l’inscripiion Te
cop, ce trépied fut envoyé à Bias, qui ne voulut point l'ac-
cepter, disant que c était Apollon qui était le sage. Mal-
heureusement nous ne connaissons aucun dessin de la mé-
daille autrefois en la possession de Millingen; il eût été
intéressant de placer ce monument en regard de celui que
nous devons au général Fox.
Alors qu’il est question des documents numismatiques
relatifs à Bias et à Priéne, il sera permis d’ajouter une
courte remarque au sujet d'un passage de Valère Maxime,
qui concerne à la fois la ville ionienne et le sage auquel elle
avait donné le jour. L'écrivain latin s'exprime ainsi :
« Bias autem, cujus sapientia diuturnior inter homines
est, quam patria Priene fuit (siquidem hic etiam nunc spi-
rat, illius perinde atque extinctæ vestigia tantummodo ex-
tant), ita aiebat, etc.?. »
Quoique, en général, le désir de faire une antithése en-
traîne certains auteurs à sortir des limites de la vérité, et
qu'à la rigueur on puisse supposer que Valère Maxime ne
possédait pas de notions sur Priéne, qu il croyait détruite;
cependant, il est bon de noter que l'on a retrouvé des mon-
1 Plut., Solon, 4. — Diog. Laert., I, V, 82,
2 Val, Max., VII, 3.
384 MÉMOIRES
paies frappées par cette ville sous le règne des empereurs,
depuis Auguste jusqu'à Valérien, et, conséquemment, fort
longtemps après la mort de l'écrivain latin.
On pourrait donc supposer que Valère Maxime n’a voulu
parler que du renom de Bias survivant à celui de Priène,
et que la phrase incidente : « siquidem hic etiam, etc»,
placée entre parenthèses par les éditeurs, est une glose,
‘une note marginale introduite dans le texte original à une
époque relativement récente, postérieure même à celle où
fut rédigée la Notice d'Hiéroclès, dans laquelle figure encore
le nom de Priène parmi les villes de l’éparchie d’Asie. C'est
là une question que les philologues pourront examiner, si
l'emploi d'un argument tiré de la numismatique ne leur
inspire pas une trop profonde aversion.
ADRIEN DE LONGPÉRIES.
ET DISSERTATIONS. 385
LES CONTRE-MARQUES MONETAIRES
A L'ÉPOQUE DU HAUT-EMPIRE.
(Suite : Voir plus haut, p. 300.)
Passons maintenant aux contre-marques qui contiennent
manifestement le nom Tiberius.
Naturellement, je ne reviendrai pas sur celles de ces
contre-marques qui se trouvent associées aux suivantes :
AVG. (n° 2) ou IMP. AVG. (n° 10); elles ont été déjà étu-
diées, à propos des contre-marques de l'empereur Auguste.
Nous devons, dans ce paragraphe, nous borner exclusi-
vement aux différentes formes employées par ou pour Ti-
bère lui-même.
La plus fréquente et la plus simple de toutes ne com-
porte que la syllabe TIB. (n° 47), placée tantôt dans un
poinçon carré, tantôt dans un poinçon rond muni à gau-
che et en avant du T initial, d'une petite dent qui se dé-
tache du contour et s’avance sur le champ de la contre- |
" marque (n° 45).
M. Toulmouche, sans se préoccuper de la forme du
poinçon, cite la contre-marque TIB. isolée comme trouvée
sur les MB. d’Auguste, extraits du lit de la Vilaine, à
Rennes. .
Le gué de Saint-Léonard a fourni la contre-marque TIB.
(n° 47) : -
sus ane A1 visas fra-ce a Lyon, avec Cesar.
Peete stow Tics. fox VI. frappé à Lyon.
rss cs tt crie ie rare sous Caligula, et
meee roe Ce tom ST à 41 de LD.
ee tne ti sb a Lininæe:
fo owes 4h stlrciuns Cesar Pont. Mar.
fo o.ss.c ah mt ois Nevin om 2<taire d’ Auguste).
~ ase ad t+ Pers, Loi. Vil, frappé à Lyon.
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A Less ae Fac EL ous sus smbablement dans
SS PV VSS Bes LR BUY Uavesement de Caligula.
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dément, Jo re vas TL TR sag etpucaiion possible de
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he en hu men ek ole Sein Sète ement, depuis un
dope tation, et sat poovais ètre assez éloigné de
ie
VN oe sent DL À Ce
— —— .
ET DISSERTATIONS. 7 387
Rome pour que. la nouvelle de la mort de Tibère n’y fat
pas encore officiellement connue, lorsque déjà une mon-
naie émise par l'ordre de son successeur avait pu y arri-
ver. Il y a là, je l'avoue, une difficulté trés-sérieuse et
dont je ne me dissitnule pas la gravité.
Comme je n'ai jamais vu la contre-marque TIB. appli-
‘quée sur une monnaie de la colonie de Nimes, il est assez
probable que ce n’est pas en Gaule qu’elle a été employée ;
et effectivement, c'est presque toujours en Rhétie, en
Pannonie, en Germanie et en Illyrie que Tibère a com-
mandé les armées d’ Auguste. °
I] existe des pièces sur lesquelles on trouve d'un côté la
contre-marque n° 47, et de l’autre la contre-marque n° 16.
I] est donc bien clair que la pièce en question a été sou-
mise deux fois à l'application d’un signe qui devait très-
probablement, ainsi que nous l'avons déjà dit, en élever
la valeur, par suite d'une nécessité de guerre quelconque.
Je possède un exemplaire du MB. d’ Auguste, Cæsar Pont.
Max., provenant de la collection de San Giorgio et présen-
tant cette rare particularité : la contre-marque ronde, que
je crois la plus ancienne, a été appliquée au revers, et la
carrée devant la face d’ Auguste.
Il ena été extrait un semblable du gué de Saint-
Léonard. |
Tiberius Cæsar.
Passons maintenant aux contre-marques qui donnent
à Tibère le titre de Gæsar. En voici la liste d'après les re-
cueils de M. Toulmouche et des fouilles du gué de: Saint-
Léonard.
4. TIB. C. (Toulmouche), sur le MB. d’ Auguste
2. TI CH. Id. °
888 MÉMOIRES
8. TIBER C. Id.
S'est trouvé 2 fois à
Saint-Léonard, sur des
MB. d Auguste, Cesar
Pont. Max.
A. (Ne 14) (Toulmouche) S'est trouvé 2 fois à
5. TI. CAESAR. Id.
Saint-Léonard, sur la
méme espéce de mon-
paie,
Sur un Germanicus.
6. TI CA. Saint-Léonard. Sur un Caligula (type
de Vesta).
7. TIB. C. Id. 5 fois sur Cesar Pont.
Max. et une fois sur
Tibère, Imp. V. (Autel
de Lyon).
J'en possède un exem-
plaire sur l’Auguste de
Lyon. Un deuxième
exemplaire appliqué
surune pièce semblable
n'offre pas de point
après la lettre C.
8 TIB C. (Toulmouche). Sur le MB. de Lyon
" MI d’ Auguste
9. (N° 46 et 17) Id. Id.
40. T. G. P. A. Id. Imprimé en creux sur
le MB. d’Auguste ,
Pont. Max.
TIB.
44. CA, Id. Id.
42, (N°18) Saint-Léonard. Id.
13. TCNIM. Id.
— oe a ee i i i ee ee
Sur le MB. d’ Auguste, à
ee — ee nn
ET DISSERTATIONS, 389
. la légende consensu
etc. (Divus Augustus). -
44. TC. | RA. (Toulmouche). Sur le MB. d’Auguste,
Cesar Pont. Max.
15. (N° 49) Saint-Léonard. 1 fois sur le MB. de
Claude (Pallas).
16. (N° 20) . Id. 2 fois sur le MB. d’ Au-
guste, Cesar Pont.
Max.
17. (N° 24) Id. 5 fois sur des MB. de
| - Germanicus (sous Ca-
ligula).
Les n* 4, 2; 3, 4 et 7 se lisent sans incertitude et
rentrent sans difficulté dans la classe des monete cas-
trenses de Tibére, frappées du vivant d’ Ayguste. Toutes les
autres ont besoin d’étre étudiées avec soin.
Le n° 5 serait bien étrange s'il concernait le MB. frappé .
par l’ordre de Caligula. M. Toulmouche a oublié de nous
dire si cette contremarque est appliquée au MB. à la légende
SIGNIS RECEPTIS etc. ; mais je suis convaincu qu'il en est.
ainsi. Cette monnaie a été frappée en l'an 16 ou 17 de l’ère
chrétienne, après la victoire de Germanicus sur les Ger-
mains, et la reprise des enseignes perdues par Varus, vic-
toire qui eut lieu en l’an 16 de J.-C. Alors Auguste était
mort depuis deux ans et Tibère était Auguste. Il ne
prend toutefois sur nôtre contremarque que le titre de
Cesar, ce qui n’a rien d extraordinaire, d'ailleurs.
Le n° 6 TI CA a été trouvé sur un MB. de Caligula au
type de Vesta. Nous sommes obligé de nous en tenir,
pour cette pièce, à la même explication que nous avons
proposée, lorsqu'il s'agissait de la contremarque n° 47 TIB.
appliquée à un MB. de Germanicus, frappé en 37 de J.-C., .
1869-10. — 6. | 27
390 MÉMOIRES
par l'ordre de Caligula. Je ne dissimulerai pas toutefois
que cette explication ne me satisfait pas pleinement.
Le n° 8 est très-intéressant et doit être rapproché du
n° 9. Je n'hésite pas à y lire Tiberius Cæsar, militibus, et à
y voir une véritable pièce de guerre, affectée à la solde de
l’armée avec une valeur conventionnelle. Quant à la figure
étrange (n° 17) qui accompagne la contremarque n° 9, je
ne sais qu'en dire.
Le n° 10 ne comporte que des lettres imprimées en
creux. Faut-il les lire Tiberius Cæsar Paterna Arelate, ou
Tiberius Colonia Paterna Arelate? Je laisse à de plus hardis
le soin de le décider, et je me borne à mentionner ces
deux lectures possibles ‘; toutefois, l'absence du titre J ulia
m’embarrasse.
Le n° 11 est ggalement de lecture incertaine. Faut-il
' Nous savons qu'en 48 avant J.-C., trois colonies militaires furent décré-
tees par Jules Cæsar et fondées par Tiberius Claudius Nero, c'étaient :
Colonia Julia Paterna Decumanorum, à Narbonne (X° légion) ;
Colonia Julia Paterna Arelate (VI® légion), à Arles;
et Colonia Julia Paterna Biterra (VII° légion), à Béziers.
En méme temps était fondée une colonie maritime & Forum Julii (Fréjus).
Vingt ans plus tard, Auguste fondait, au nom de son pére adoptif et au sien,
un certain nombre de nouvelles colonies telles que :
Colonia Julia Secundanorum (XI° légion) à Arausio (Orange).
En même temps, Forum Julii recevait les colons de la VII* légion, et
beaucoup d'autres villes recevaient les priviléges du droit romain, avec le titre
de colonie, c'étaient :
Julia Carpentoracte. . . . .... so. Carpentras.
Cabellio, ,...,........,.,.,. e Cavaillon.
Julia Valentia, , ....,.., eee eee eee Valence.
Nemausus, ...-..,........... Nimes.
Julia Vienne. .,................... Vienne.
Julia Augusta Aquæ-Sextig, . . ,,. .. ... o.. Aix.
Augusta Tricastinorum........ e+, + Aouste,
Apta Julia... .......,..,....... Apt.
Alba Augusta Helviorum. seu... ÂÀps
ET DISSERTATIONS. 30F
y voir simplement Tiberius Cesar? Mais le mot Cesar
abrégé en CA. me paraît bien invraisemblable. S'agit-il
d’Arles, colonia Arelate, ou de Cabellio, sans son titre de
colonia, etc., etc. ? J'avoue que je ne saurais le deviner.
Les n* 142 et 14 doivent peut-être se comparer au n° 40
examiné plus haut. Le n° 42 semblerait donner raison à
la lecture Tiberius Colonia Paterna Arelate ; mais peut-être
sommes-nous à cent lieues du véritable sens de ces lettres.
Si M. Toulmouche a bien copié le n° 44, il y faut lire
toute autre chose. La première partie semble bien signifier
Tiberius Cesar ; mais la seconde RA.? je ne me charge pas
de l'expliquer.
Le n°13 nous offre encore une-enigme bien embrouillée.
Si chaque lettre est une initiale, nous serions tenté de les
compléter ainsi : Tiberius Cesar. numus inter milites
Mais c’est là, hâtons-nous de le dire, une interprétation
bien digne du P. Hardouin, de fantastique mémoire. Cette
contremarque est appliquée sur le MB. frappé après la mort
d'Auguste, avec la légende : Consensu, etc., c'est-à-dire
postérieurement à l'an 14 de J.-C.
Le n° 15 appliqué à un MB. de Claude, frappé en l’an 41
de J.-C., ne peut plus évidemment concerner Tibère. Peut-
être pourrait-on à la rigueur y trouver les noms de Tibe-
rius Claudius lui-même. Mais n’ayant pas vu cette contre-
marque en nature, je n'ose m'en occuper plus longuement.
Le n° 16 se lit bien au commencement Tiberius Cesar.
Mais que signifie la derniére ligature (n° 22)? Est-ce
Augustus? cela est bien incertain. S'il en est ainsi, cette
contremarque aurait été employée entre l'an 14 et l’an 37
de J.-C.
Enfin, le n° 17 est si extraordinaire à cause des ligatures
qu’il présente, que j'aime mieux ne pas m'en occuper
$92 | MEMOIRES
avant d'avoir pu l'étudier de visu Qu'elle contienne
les éléments des mots Tiberius Cæsar, cela ne fait pas
question. Comme cette contremarque s'est rencontrée,
sur 5 des MB. de Germanicus émis par l'ordre de Caligula,
elle a été certainement employée en 37 de J.-C., avant
notification officielle de la mort de Tibère; mais en quel
lieu? je lignore.
Tiberius imperator.
La contremarque TIB.IM. a été rencontrée par M. Toul-
mouche sur le MB. d’ Auguste, frappé à Lyon avec la lé-
gende Cesar Pont. Max. A Saint-Léonard, cette contre-
marque s'est trouvée deux fois sur la même monnaie
d’Auguste, et une fois sur le MB. de Tibère Imp. VII,
frappé à Lyon.
Moi-même je possède un exemplaire de cette dernière
monnaie, provenant de la collection Dassy, et elle ma
donné Ja certitude que les exemplaires de Rennes et de
Saint-Léonard avaient été bien lus. Il n’y a pas moyen, en
effet, d'y voir la contremarque (n° 23), au lieu de IM.
Pas d’hésitation possible sur l'attribution de cette con-
tremarque. Le titre IMperator, qui suit le nom Tiberius,
ne peut être que celui qui était décerné aux généraux
heureux. C'est donc entre l'an 4 et l'an 14, ou plutôt l’an
42 de J.-C, qu'il faut placer l'emploi de cette contremarque.
Nous savons, en effet, que pendant ces huit années Tibère
n’a pour ainsi dire pas cessé de commander les armées
romaines, en Germanie, en Illyrie et en Pannonie.
Tiberius Augustus.
Nous arrivons maintenant aux contremarques sur {es-
ET DISSERTATIONS. 393
quelles Tibère reçoit le titre d’Auguste et qui, par consé-
quent, sont postérieures à l'an 14 de J.-C., date de la
mort d'Auguste. |
Énumérons celles de ces éontremarques qui ont été
trouvées jusqu'à ce jour. |
4° TIB. et TIB. AVG. Cette contremarque double a été
trouvée par M. Toulmouche sur le MB. d’Auguste, frappé à
Lyon. Il en est de même de la double contremarque sui-
vante :
2 TI AVG: et S.P.Q.R.
3° (N° 24) rencontrée deux fois à Saint-Léonard;
* l'une sur le MB. lyonnais de Tibére Imp. VII; l’autre sur
le MB. d'Auguste divinisé, avec la légende consensu senat. .
eteq. ordin. P.Q.R., frappé postérieurement à la mort
d’Auguste (14 de J.-C.).
he (N° 25) Saint-Léonard, sur un MB. de Tibére
Imp. VII (de Lyon).
5° (N° 26) Saint-Léonard, sur un MB. de Germanicus,
signis receptis, etc.
6° (N° 27) et BON. Saint-Léonard sur un MB. de
Claude, au type de Constantia.
7° (N° 27) sur un GB. de Claude (R. S.C.P.P. ob cives
servatos), qui m'est venue de la collection San Giorgio.
Interrogeons maintenant ces div2rses contremarques.
La présence, sur le n°4. des types TIB. et TIB. AVG. nous
prouve que cette pièce a été deux fois mise en usage
comme moneta castrensis, La premiére, lorsque Tibére
commandait les armées d’Auguste, et la seconde, lorsqu’il
était devenu lui-méme empereur.
Le n° 2 est très-curieux. La contremarque S.P.Q.R.
que nous trouvons comme formule de réprobation sur les
monnaies de Néron, ne peut plus jouer ici le même rôle,
894 MÉMOIRES
puisqu'elle est appliquée sur une monnaie d’ Auguste. Nous
savons qu'à la mort de Néron, le Sénat et le peuple romain
crurent à une renaissance de la République : de 1a les
rares deniers autonomes si bien décrits par feu le duc de
Blacas ', et les monnaies de Néron si fréquemment contre-
marquées de la formule S.P.Q,R. Il y a tout lieu de croire
que notre monnaie d'Auguste, déjà contremarquée du
type TI AVG. aura subi le même sort, et probablement à
cause de cette contremarque même relative à un souverain
voué à l’exécration publique. Si cettecontremarque ne s'est
rencontrée qu'une seule fois jusqu'ici, c est qu’ apparem-
ment les monnaies émises à Lyon au type de |’autel de .
Rome et d’Auguste ne franchissaient guére les Alpes. Le
spécimen qui nous occupe, apporté à Rome par le hasard,
aura reçu à l'officine monétaire le stigmate destiné plus
spécialement aux monnaies de Néron.
Le n° 3, postérieur à la mort d’Auguste, se trouve effec-
tivement sur un Tibère frappé à Lyon avant cette année, et
sur un Auguste frappé après sa mort; il n’y a donc là rien
que de trés-naturel.
Il en est de même du n° À qui est certainement posté-
rieur à l’année 14 de J.-C., dans laquelle Tibère prit le
” titre d’ Auguste.
Le n° 5, appliqué sur une monnaie de Germanicus,
frappée du vivant de Tibére, en l'an 16 ou 17 de J.-C., n'a
rien qui doive nous étonner.
Je n’en saurais dire autant des n° 6 et 7.
Les monnaies de cuivre de Claude paraissent toutes avoir
été frappées en A1 de J.-C., lors de son avènement à l'em-
pire. On n’y rencontre pas une seule date différente. Le
Sénat se serait donc borné en quelque sorte à une seule
1 Revus numism., 1862, p. 197 et suiv.
ET DISSERTATIONS. 396
émission des monnaies, dont la création lui appartenait,
pour toute la durée du règne de Claude. Les monnaies d’or
et d'argent, dont le droit d’émission appartenait à l’em-
pereur, sont dans un tout autre cas; les dates différentes
de celle de l'avénement y abondent; mais la plus récente
rencontrée jusqu'à ce jour est de l’an 51 de J.-C. (Claude
est mort en 54.)
De ce qui précéde il résulte que toute contremarque
appliquée à une monnaie de cuivre de l'empereur Claude.
_ ne peut l'avoir été que postérieurement à la mort de Cali-
gula, an 44 de J.-C. Que dire alors de la présence du
type (n° 27) Tiberius Augustus, sur des monnaies de
cette classe? Qu'en aucun cas, cette contremarque n’a pu
concerner Tibère qui était mort depuis quatre ans. Comme
Claude et Néron se nommaient tous les deux Tibére, le
premier, parce qu'il était fils de Néron, fils de Tibère
. Drusus et d’Antonia; le second, parce qu'il prit le nom de
Tibère, en même temps que le titre de Cæsar, lors de son
adoption par Claude, en l'an 50, la contremarque pourrait
à la grande rigueur convenir à l’un et à l’autre. Je pense
cependant que c’est plutôt Claude que Néron qui y a des
droits, parce que jamais Néron n'a pris sur ses monnaies
le nom de Tibère, tandis que Claude l’a fait constamment.
Dès lors nous sommes porté à croire que ce fut l'expédi-
tion de l'armée romaine en Angleterre, qui donna lieu à
l'emploi des contremarques en question. Et ici se place
l'appréciation d’une particularité assez singulière. Sur le
n° 6, la contremarque (n° 27) est accompagnée de la
contremarque BON. Or, il paraît bien difficile d'admettre
que ce mot signifie tout simplement Bonus (numus sous-
entendu) ; ce serait en effet du latin bien digne d'être
appelé : latin de cuisine. J'aime bien mieux y voir le nom
896 MÉMOIRES
Bononia, Boulogne, port d'embarquement de l'expédition
d'abord tentée par Caligula et, plus tard, effectuée par
Claude.
Je reviendrai sur le compte de cette curieuse contre-
marque.
Quoiqu'il en soit, je considère les monnaies de Claude
contremarquées du type TIA/ (n° 27) comme des monetz cas-
trenses de l'expédition militaire faite en Angleterre, sous le
règne de cet empereur.
Imperator.
Nous n’avons pas à revenir sur lescontremarques offrant
le titre Imperator accolé aux noms d’Auguste et de Tibére;
elles ont été suffisamment étudiées.
Dressons donc la liste de celles qui offrent le titre Impe-
rator isolé, ou rapproché de lettres dont l'interprétation ne
saurait fournir un nom propre d'Empereur.
4. IM. Toulmouche. Sur une monnaie
de la colonie de Nimes.
2, IMP. Toulmouche. Sur une monnaie
de lacolonie de Nimes.
3. (N°28) et entre les Sur une pièce de la colonie de
- deux têtes (n° 29). Nimes, provenant du cabinet
Dassy. Ma collection.
k. (N° 28). Ma collection : sur une pièce de
Nimes, 2 exemplaires.
5. (N°°28 et 30). Saint-Léonard, Sur une pièce de
Nimes.
6. (N° 30) et au À Sur une pièce de Nimes. Ma
une contremar- collection. |
que peu lisible,
peut être II M II.
=
ET DISSERTATIONS. 397
7. (N° 34). Toulmouche. Sur une piéce de
. Nimes.
8. (N° 32). Saint Léonard. Sur un MB. de
Claude au type de Cérés, et
Toulmouche, sur une monnaie
de Claude.
9. (N°88) et TIN PRO. Sur un GB. de Claude, de ma
collection, provenant du cabi-
net San Giorgio (Il faut pro-
bablement lire TIA/).
10. MP. Toulmouche. Sur une pièce de
Claude.
11. M PRO. Toulmouche. Sur une pièce de
Claude.
12. (N°34) et PRO BON. Saint-Léonard. Sur un MB. de
Claude, au type de Cérés.
13. (N° 35) et IM. Toulmouche. Sur un MB. d’Au-
guste, frappé à Lyon.
14. (N° 36). Toulmouche. Sur un MB. d’Au-
guste, frappé à Lyon.
45. Il. M. II. Toulmouche. Sur un MB. d'A-
grippa.
16. PM et MAC Toulmouche. Sur un MB. d'Au-
guste.
Les numéros 1, 8, 10, 14, 12, et 13 ont ils été bien lus?
j'en doute, et je suis tout disposé à penser qu’il faut y
voir les contremarques n* 32, 33 ou 34. Cela posé, ces
pièces ont été contremarquées par un chef d'armée, Im-
perator. Le n° 13, pourrait toutefois offrir le sens. IMPe-
rator Augustus ce qui n'aurait rien que de naturel, puisque
cette contremarque se présente sur un MB. d’Auguste,
frappé à Lyon. On me pardonnera de ne pas trop appuyer
¢
308 MÉROTRES
sur l'explication de contremarques que je n'ai pas vues en
nature, et dont la lecture ne m'est pas absolument dé-
montrée.
Passons aux détails.
Le n° 4, à supposer qu'il doive se lire IMP. comme la
contremarque n° 28 du tubleau, a été contremarqué par un
général d'armée, autre que Tibère, postérieurement à l'an
42 avant J.-C. Il en est de même des n° 2, 3, 4 et 5.
La rouelle du n° 8 (n° 29 du tableau) me semble carac-
tériser un type gaulois.
La pièce qui porte cette double contremarque pourrait
donc avoir tour à tour servi de monnaie de guerre aux
Gaulois et aux Romains. La grande révolte de Sacrovir et de
Florus, a bien pu faire employer la rouelle (an 21 de J.-C).
Les n°* 5, 6 et 7, nous offrent des pièces de Nimes por-
tant une contremarque particulière, plus ou moins com-
plète, plus ou moins mal reproduite, et qui me paraît
devoir se lire G. IMP. Galba Imperator. L'emploi de cette
contremarque trouve admirablement sa place au milieu de
la nation gauloise en ébullition, lors de la révolte de Galba
et de la mort de Néron.
La contremarque du revers du n° 6 est beaucoup trop
incertaine pour que j'ose en aborder l'explication.
Le n° 8 est un Claude au type de Gérès de l’an Ai de
J.-C.; si la contremarque qui lui est appliquée doit se lire
IMP. le cours forcé de cette pièce a pu avoir lieu pendant
l'expédition de la Grande-Bretagne.
Le n° 9 est très-intéressant et me paraît avoir également
pris naissance en Grande-Bretagne. La contremarque (n° 33
du tableau) est l'empreinte du général d'armée; le mot
PRO., se lit plus complètement PROB. sur d'autres pièces
de Claude (gr. bronze : S. C. ob cives servatos, de ma collec-
ET DISSERTATIONS. 399
tion), et signifie sans aucun doute PROBatus numus, Pièce
approuvée, reconnue. Cela nous permettrait jusqu'à un cer-
tain point de lire les ne 8, 40, 14, et 12, Militibus prohatus
(numus), monnaie approuvée pour les troupes.
Reste au n° 9 la contremarque TIN appliqué sur le coin
de l'effigie; que peut-elle signifier? il est assez difficile de
le deviner; on pourrait être tenté d'y voir le nom de Tin-
comius fils de Comius, prince des Celtes Bretons à l’époque
d’ Auguste. Mais ce Tincomius ne vivait certainement plus,
lors de l'expédition de Claude en Grande-Bretagne. Cette
explication est donc imaginaire. Aussi aimé-je bien mieux
ne voir là que le type TIA’ un peu altéré, lequel, ainsi que
je l'ai montré plus haut, convient bien à une armée de
Tibérius Claudius, guerroyant contre les Bretons.
Le n° 12 est compliqué de la présence de la contremarque
BON. que j'explique avec plus de confiance que jamais par
Bononia, Boulogne.
Les n* 413, 14et16 auraient grand besoin d’être examinés
de trés-prés; j'aime bien mieux ne pas m’en occuper, de
peur de fournir un nouvel exemple dela dent d’or.
Enfin le n° 15, s'il a été bien copié, peut s'expliquer par
la valeur TITI as au lieu de I as attribuée à la pièce en ques-
tion par nécessité de guerre, et pour le service de l’armée,
Militibus.
S.P.Q.R.
Voici l’énumération des variétés de cette coutremarque :
1. S.P.Q.R. Saint-Léonard; 16 fois sur dif-
férentes monnaies de Néron.
M. Toulmouche en a également
rencontré dans les fouilles de
la Vilaine,
A00 MÉMOIRES
2. S.P.Q.R et TI.AVG. Toulmouche. Sur un MB. d'Au-
guste.
8. PQR. Saint-Léonard. Sur un MB. de
Claude, Libertas., etc.
A. QPS. | Saint-Léonard. Sur un MB. de
Néron.
5. (N° 87). Saint-Léonard. Sur un MB. de
Néron.
6. (N° 38). Saint-Léonard. Sur un MB. de .
Tibère, frappé à Lyon, imp. V.
Nous n'avons que peu de choses à dire de ces différentes
contremarques. Nous avons déjà émis l'opinion qu'elles
avaient été appliquées sur les monnaies de Néron, comme
marque de réprobation; nous la maintenons.
Les n°* 3, 4, 5 et 6 nous paraissent incomplets.
Quant au n° 2, nous nous en sommes déjà expliqué:
inutile donc d'y revenir.
Vespasien.
Le gué de Saint-Léonard a fourni deux monnaies de Né-
ron portant la contremarque n° 39 du tableau, dans la-
quelle on devine le nom de Vespasien.
Je possède une monnaie semblable, qui m’est venue de
la collection San Giorgio, et qui offre le type suivant :
Toutes les lettres VESPAS.AV., n° 40, s’y retrouvent
très-aisément. |
Je pense que cette contremarque a été employée par les
légions de Meesie ét de Germanie, dans leur marche contre
Vitellius.
D.D. Decreto Decurionum.
Il est évident que nous avons ici le signe d’une disposi-
ET DISSERTATIONS. AOL
tion monétaire décrétée par les décurions d'une colonie
militaire.
_ Cette contremarque n’est pas rare; mais elle se ren-
contre toujours, sans exception, sur les monnaies de la
colonie de Nimes.
Voyons quelles sont les variétés de ce type.
4. (Ne Af) Saint-Léonard ; 2 exemplaires.
2 (Ne 44 incomplet). Saint-Léonard; 1 exemplaire.
3. (N° 41 incomplet). Au droit d'une pièce de Né-
° ron; de ma collection.
h. (Ne Ad). Sur la figure d’Agrippa, et
une autre contremarque il-
| lisible: de ma collection.
5. C-I-C-(n° 42). à D D.
(n° 41). Ma collection.
6. DD (n° 41) À... D et
C-I-C- (n° 42) Ma collection.
Les formes suivantes, qui évidemment rentrent toutes
dans celles que je viens d’énumérer, nous sont fournies par
M. Toulmouche.
DD (n° 43), D (n° 44), D D (ne M), et D.
Reste enfin le type suivant ;
7. Au droit, deux fois la contremarque (n° 29), dont
une a treflé sous le poinçon ; la contremarque (n° 28)
fort usée, placée sur la joue de l'effigie d’Agrippa.
__ 8. (N° 29), entre les deux effigies, sur 2 pièces de ma
collection.
9. (N° 29) entre les deux têtes et (n° 28) sur la nuque
d’Auguste ; ma collection.
Il est fort curieux de constater que presque toujours ces
diverses contremarques sont appliquées sur l'effigie
d’ Agrippa, tandis que celle d’Auguste est presqu invaria-
402 MEMOIRES
blement respectée. Je suis presque tenté d'en conclure que
l'effigie d'Auguste conservait en quelque sorte un carac-
tère inviolable et sacré. Peut-être était-il encore vivant
lorsque ces contremarques ont été appliquées sur des
monnaies de Nimes.
je pense être tout à fait dans le vrai en admettant que
ces contremarques, dont l'emploi a été décrété par les
décurions d’une colonie, n'ont eu d'autre effet que de
s'approprier les monnaies de Nimes, autrement dit de
fabriquer à bon marché des espèces de la colonie en:
question.
Quelle est cette colonie C. I. G.? trés-probablement la
colonia Julia Carpentoracte, Carpentras.
Toutefois, comme nous ne connaissons de Cabellio que
de petites monnaies de cuivre, peut-être la colonie de Cabel-
lio pourrait-elle revendiquer la propriété de ces contre-
marques. Nous devons toutefois faire remarquer qu'il n'y
a pas encore d'exemple de l’emploi numismatique de la
formule colonia Julia Cabellio. Tout bien considéré, je
penche pour Carpentoracte.
La formnle C. I. C. n'a rien d’insolite; elle est pure-
ment l'analogue des formules indubitables C. I. V. de
Vienne, et C. I. S. (Secundanorum), d'Orange, (arcade
centrale supérieure de la grande façade du théâtre).
J'ai déjà eu l’occasion de parler de la rouelle tracée en
contremarque, je n’y reviendrai donc pas ; mais je persiste
à croire que cette contremarque a été en usage parmi les
Gaulois. |
(La suite à un autre cahier.)
F. DE SauLcy.
ET DISSERTATIONS. AO
MONNAIES ROMAINES DE L'ÉPOQUE IMPERIALE
(Pl. XIII.)
Des six médailles romaines gravées pl. XIII quatre m’ont
été communiquées par MM, Camille Rollin et Feuardent
que je ne saurais assez remercier de leur obligeance; ce sont
les pièces n°’ 1, 2, 3 et 6. Je dois la connaissance des deux
autres, n° 4 et 5 à MM. H. Hoffmann et Henri Brunn.
Les six pièces réunies sur la pl. XIII sont toutes inédites et
de la plus grande rareté. En voici la description, accom-
pagnée de quelques remarques :
N° 4. GERMANICVS CAESAR. TI. AVG. F. DIVI AVG. N.
Buste nu de Germanicus à droite.
à. TI CLAVDIVS CAESAR AVG GERM P M TR P IMP P P.
Au milieu S. C. Grand bronze. — Collect. Wigan a
Londres. |
Les pièces de moyen bronze à l'effigie de Germanicus
sont communes, et dans l'ouvrage de M. Henri Cohen
(Description historique des monnaies frappées sous l'Empire
romain, t. I, p. 139, n° 6) on trouve un moyen bronze
absolument semblable au grand bronze pl. XIII, n° 4; ce
sont les mêmes types et les mêmes légendes. La seule
pièce de grand bronze décrite par M. Cohen, sous le n° 7
est un exemplaire mal conservé, comme le dit l’auteur dans
une note. Cette médaille se trouvait dans la collection de
M. Spannlang, à Paris, et M. Cohen la regardait comme
AOA MÉMOIRES
étant d'une authenticité indubitable : il ajoutait que l'exem-
plaire du Cabinet de France, avec la tête à gauche, et dont
Vaillant (Numism. imp. rom. præst. t. 1, p. 45) avait déjà
dit nisi suspectus haberelur, paraît être « un Néron Drusus
déguisé en Germanicus, et refait des deux cotés ».
Eckhel ', en parlant del'exemplaire du Cabinet de France,
s'exprime ainsi : « Æneum I formz a Claudio in Germa-
« nici honorem signatum prodidere Vaillantius* et Mo-
« rellius”, sed de hujus fide dubitat ipse Vaillantius cum
« aliis. »
Mais si la piécede grand bronze au Cabinet de France,
avec la tête à gauche est une pièce refaite, on ne comprend
pas trop comment d'un Néron Drusus, comme le dit
M. Cohen, on aurait pu faire un Germanicus. La légende
du côté de la téte, sur les pièces de Néron Drusus, est toute
différente : NERO CLAVDIVS DRVSVS GERMANICVS IMP.
et au revers dans la légende de l'empereur Claude, il ya
aussi des différences ; mais ce qui est surtout à remarquer,
c'est qu'au lieu des deux lettresS. C. gravées dans le champ,
le type montre Claude assis sur la chaise curule et entouré
d'armes. Ce qui me parait probable c’est que le grand
bronze du Cabinet de France, regardé comme suspect par Vail-
lant et par d’autres savants, est un coin moderne; en fabri-
quant cette pièce, on a pu se servir pour le droit d'une tête
de Néron Drusus et pour le revers d'un type d’ Agrippine
mère, femme de Germanicus; la légende qui accompagne
la tête aurait été prise d'un moyen bronze à l'effigie de
Germanicys; il n'y avait rien à changer dans la légende du
revers. D'ailleurs la tête est celle de Néron Drusus, et vue à
1 D. N.,t. Vi, p. 210.
2 L. cit.
3 Thesaurus numism., t. I, p. 527.
ET DISSERTATIONS. A05
la loupe, on y reconnaît, surtout dans les cheveux, des re-
touches faites au moyen du burin'.
M. Feuardent m'a communiqué l’empreinte d’un second,
exemplaire absolument semblable, sorti du même coin et
qui se trouverait, à ce qu'il paraît, à Florence.
Quant à la pièce autrefois de la collection de M. Spann-
lang, grâce à l’obligeance de M. Hoffmann, j'ai eu le loisir
de l’examiner à mon aise et je puis assurer de la manière
la plus positive qu'elle est fausse. C’est une pièce de cuivre
jaune, peu épaisse, coulée sur un Néron Drusus; la tête
tournée à gauche est mutilée et les traits sont méconnais-
sables; les lettres de la légende ont été refaites et, au re-
vers, on s’est contenté de retoucher la légende et de faire
disparaître le type de l'empereur Claude assis; le champ
est complétement libre, il n’y a aucune trace des deux lettres
S. C. et on y distingue à l'œil nu des marques de l'outil
qui a servi à effacer le type.
Germanicus, on le sait, était le fils de Néron Drusus,
désigné aussi sous le nom de Drusus Senior, frére
de Tibére; sa mére se nommait Antonia. Drusus avait
reçu le surnom de Germanicus, à la suite des nombreuses
victoires qu'il avait remportées sur les Germains * et, comme
le dit Suétone ”, le Sénat, par un décret, lui avait fait élever,
sur la voie Appienne, un arc de triomphe de marbre avec
des trophées et lui avait décerné ainsi qu’à ses descendants
le titre de Germanicus. L’arc de triomphe, comme le fait re-
1 Patin, qui a possédé cette pièce dans sa collection l’a fait graver dans son
ouvrage : Thesaurus numism., p. 141, imprimé en 1672, sans indication de
lieu. Cette gravure prouve que le coin a été fait avant cette date,
2 Tacit’, Annales, XIII, 53.
3 In Claudio, 1. Præterea Senatus in alia complura marmoreum arcum cum
tropæis via Appia decrevit et Germanici cognomen ipsi (Druso) posterisque ejus.
1869-70. — 6. 28
406 MEMOIRES
marquer Eckhel' se voit sur ses médailles, accompagné
de la légende DE GERM. ou DE GERMANIS. Germanicus
son fils justifia par ses exploits contre les Germains le sur-
nom qui lui avait été transmis”.
La rare pièce gravée pl. XIII, n° 1 a été frappée sous le
règne de Claude, frère de Germanicus, c’est-à-dire après
l'an 41 de notre ère.
N° 2. TI CLAVDIVS CAESAR AVG. F BRITANNICVS. Buste
nu de Britannicus à droite.
R. Mars barbu marchant à gauche, armé d'un casque, d'un
bouclier et d’une haste. Dans le champ S.C. Grand bronze —
Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet de France.
On ne connaissait jusqu'à ce jour qu’une médaille uni-
que de grand bronze et de coin romain à l'effigie de Bri-
tannicus, c'est l'exemplaire de la collection Dupré, publié
par M. Cohen (/mpériales, t. 1, pl. x1, n° 4 et décrit p. 474).
Cette pièce, dit Eckhel *, parut à Rome en 1773 et excita
l'admiration générale. Elle a été gravée dans les Mélanges
numismatiques de Magnan *, et au frontispice du troisième
volume de l'Histoire de l’art de Winckelmann, traduite en
italien par Carlo Fea (Rom., 1784, in-4°. Cf. p. 464 où se
trouve la description). Un exemplaire semblable habile-
ment fait, mais évidemment faux, se trouvait dans la col-
lection de Neumann, à Vienne. Morell * a publié un moyen
bronze sur lequel est représenté Britannicus 4 cheval, mais
Havercamp ‘ dit lui-même que c’est un coin inventé par
1 D. N.,t. VI, p. 177.
2 Dio Cass., LVI, 17. — Tacit., Annales, I], 25 et 41.
3 D.N.,t. VI, p. 264.
+ Miscellanea numismatica, t. THI, pl. 18. Roms, 1774. — Cf. Guattani,
Mon. inediti per l'anno 1784, p. 27. |
5 Thesaurus numism., Claud., tab. XIII, 16.
6 Jbid., t. II, p. 6Y.
ET DISSERTATIONS. 407
Goltzius. Eckhel finit en disant : Certe akibi conspectus
hactenus non est. Comme Magnan ajoute de son côté que
l’exemplaire vu par lui, à Rome, dans la collection de
l'abbé J.-B. Visconti, est d’une très-bonne conservation
(optimæ conservationis), on serait porté à croire que le
Britannicus de la collection Dupré n’est pas le même que
celui qui est décrit par Eckhel. Quoiqu'on ne puisse
rien affirmer à cet égard, il est bien probable que c’est
cependant le même exemplaire. Du reste, on ne connaît au-
jourd’ hui que les deux seuls grands bronzes conservés, l'un
dans la collection Wigan, l'autre au Cabinet de France, et
ils ne sont pas du même coin. L’exemplaire que nous pu-
blions, d’une meilleure conservation que celui de la col-
lection Dupré, diffère de cette dernière pièce par la po-
sition de la tête ; sur la médaille de la collection Dupré,
la tête du jeune César, fils de Claude et de Messaline, est
tournée à gauche, tandis qu'ici elle paraît à droite. Le re-
vers est exactement le même.
On connaît des monnaies coloniales à l'effigie de Britan-
nicus, ainsi que des pièces grecques frappées à Alabanda,
à Assus, dans le Bosphore, à Ilium, à Nicomédie, à Thes-
salonique, à Thyatire, etc. * Sa tête est quelquefois associée
à celles de Claude ou de Néron.
N° 3. IMP C M AVR EV{sic) ALEXAND AVG. Buste lauré
et légèrement barbu de Sévère Alexandre à droite.
1 Voy. Cohen, Description historique des monnaïes frappées sous l'em-
pire romain, t. I, p. 172. — Cf. Mionnet (Alabanda), t. LE], p. 307, n° 22
et 28; t. VE, suppl., p. 439, n° 94 et 25. — (Assus), t. I], p. 523, n° 60. —
(Bosphore), t. 1V, suppl., p. 496 et 497, n°° 70-72. — (Ilium), t. Il, p. 661,
n° 209; t, V, suppl., p. 560, n° 413 et 414, — (Nicomédre), t. II, p. 467,
n°* 808 et 309, — (Thessalonique), t. I, p. 497, n° 363 et 364; t. IN, suppil.,
p. 133, ne 858—860. — (Thyatire), t. 1V, p. 156, n° 890.
408 MEMOIRES
W. MAISAI(sic) AVG. Mesa debout à gauche, appuyé -
sur un cippe, tenant un sceptre de la main gauche et sa-
crifiant sur un petit autel. Argent. — Collect. de l’auteur,
Julia Mesa était sœur de Julia Domna, femme de Septime
Sévère et mère de Julia Soæmias et de Julia Mamza, la
première, mère d'Élagabale, la seconde, mère de Sévère
Alexaodre '.
Les monnaies de coin romain à l'effigie de Mæsa sont
trés-communes. Mais on ne connaissait jusqu'à ce jour que
des monnaies de bronze, frappées à Marcianopolis, ville de
la Mesie inférieure, où l'on voit les têtes affrontées de
Sévère Alexandre et de Julia Mæsa, de la même manière
qu'Élagabale s’est fait représenter avec son aïeule sur des
pièces de la même ville, ainsi que sur des monnaies colo-
niales de Tyr. La légende qui se lit sur les monnaies de
Marcianopodis est la suivante : AYT.K.M AYP.CEYH. AAE-
ZANAPOC IOYAIA MAICA AYT*.
Quant à la pièce gravée, pl. XIII, n° 8, c’est la première
que l'on rencontre à légende latine, montrant Mesa,
l’aïeule de Sévére Alexandre, figurée au revers de l’efligie
de son petit-fils. La légende est écrite sous la forme grec-
que MAISAI® pour MAESAE et au datif, ce qui est un
signe d'apothéose. En effet, Hérodien * raconte que Mesa
mourut très-âgée, qu'elle avait joui des honneurs royaux,
c'est-à-dire du titre d’Auguste, et qu'après sa mort elle fut
mise au rang des Dieux. En outre, plusieurs de ses mon-
1 Herodian, V, 4 et 5.
* Mionnet, t. Il, suppl., p. 107 et 108, n°* 309—315.
3 On connaît des inscriptions latines dans lesquelles on retrouve cette
forme du datif. Mais dans ce cas, cette orthographe appartient à l’aneienne
Jangue latine.
+ VI,2. H pèv Maté, mpeoGüis Kôn odca, dvemaügaro tou flou étuyé ve
BacrAtxaov téov, xal dç vououor Pwuaior celeron.
ET DISSERTATIONS. 409
naies, tant en argent qu’en bronze, portent les légendes :
DIVA MAESA AVGVSTA et CONSECRATIO et les types de
l’aigle ou du paon emportant la princesse au ciel, ou bien
encore le bucher (rogus). Gomme Mesa est représentée ici au
revers de son petit-fils, Sévére Alexandre, on doit en con-
clure que sa mort et sa consécration n'arrivèrent que sous
le règne de ce prince, c'est-à-dire après l'an 222 de notre
ère. La pièce est de fabrique syrienne; du reste, on con-
naît plusieurs monnaies de cette fabrique à l'époque des
règnes d'Élagabale et de Sévère Alexandre.
N° 4. POSTVMVS PIVS FELIX AVG. Bustes laurés et
accolés de Postume et d'Hercule à gauche.
à. POSTVMVS AVGVSTVS. Buste de Postume couvert
de la péau du lion, les pattes nouées sur la poitrine, à droite,
dans une couronne de laurier. Billon — Collect. de l’auteur.
On connaît un certain nombre de deniers, quelques
pièces d’or et quelques monnaies de bronze, sur lesquels
_la tête de Postume est associée à celle d'Hercule ‘, sous
la protection duquel il s’était-placé. En 4844, j'ai publié
dans cette Revue *, un travail sur les monnaies de Pos-
tume qui portent au revers les travaux d’Hercule. Mais
depuis cette époque, cette série s'est enrichie de plusieurs
types nouveaux, comme on peut s’en convaincre en jetant
un coup d'œil sur les planches de mon ouvrage : Re-
. cherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au
in° siècle de l'ère chrétienne”.
1 Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de
l'ère chrétienne, pl. I, n* 6 et 15; pl II, n° 18, 21, 22, 24; pl. III, n°* 34, 35,
45; pl. IV, n™ 46, 47; pl, V, n* 67-72, 74; pl. VI, n™ 91-93, 95; pl. VII,
n° 97, 100, 106, 109; pl. XII, n° 178; pl. XV, n° 234; pl. XXIII, n° 359.
3 P. 330 et suiv. et pl. VIII, IX et X.
3 PI. V, n° 67, 68, 69, 70 et 72; pl. VI, n° 91-95 ; pl. VII, n° 96, 97,
100, 106, 109, 110 et 111; pl. XXIII, n° 367 et 368.
h40 MEMOIRES
Le culte que Postume avait voué à Hercule lui faisait
multiplier les types monétaires où l'on voit tantôt son
efligie jointe à celle de son dieu protecteur, tantôt l'em-
pereur lui-même vêtu de la dépouille du lion et quelques
fois armé de la massue ’.
On remarquera la beauté du type de ce denier. Des ar-
tistes habiles ont gravé les coins destinés aux pièces d'or
et à quelques deniers de billon, frappés dans les Gaules,
à l'époque de Postume et de ses successeurs *.
N°5. POSTVMV... PIVS AVG. Buste lauré de Postume
à droite.
&. ANNONA AVG. L’Abondance debout à gauche, tenant
la corne et des épis ; à ses pieds une corbeille remplie
d'épis, posée sur un petit trépied. Or.—Cabinet de Munich.
Ce magnifique aureus, complétement inconnu à Banduri,
à Mionnet, à M. Cohen et à tous ceux qui ont écrit sur la
numismatique romaine, ne ma été communiqué par
M. Henri Brunn qu'en 1868, quelques mois après la publi-
cation de mon ouvrage, lorsque au mois de juillet, j’eus
occasion de visiter la riche collection de médailles de
Munich.
La représentation de la déesse de l’Abondance ou de la
Récolte (Annona), se rencontre sur un grand nombre de
monnaies romaines, depuis le règne de Néron. On y lit
quelquefois la légende ANNONA AVGVSTI CERES, auprès de
Cérès assise et de l’Abondance debout”, ce qui montre
bien que l’Abondance ou l’Annone est une des acolytes de
la déesse des moissons.
1 Loc. cit., planches citées dans la note 1 de la page 409 et pl. VII, n™ 108 et
111; pl. VIN, n° 128; pl. XII, n° 179; pl. XV, n° 237.
2 Cf. Revue numism., 1244, p. 364 et 365.
3 Eckhel, D, N.,t. VI, p. 268.
-ET DISSERTATIONS. AAA
No 6. IM. C. VHABALATHVS AVG. Buste radié de Va-
balathe à droite. |
à. IVENTVS (sic) AVG. Hercule debout à droite appuyé
sur sa massue, la peau du lion sur le bras gauche et tenant
trois pommes. Dans le champ, une étoile à sept rayons.
Æ, — Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet
de France.
Le mot IVENTVS est évidemment écrit ici pour Ju-
ventus. On a déjà un exemple de cette manière d’écrire
sur des pièces d'or et d'argent, frappées sous le règne de
Vespasien et sur lesquelles sont représentés Titus et Do-
mitien, galopant à cheval à droite, ou bien les deux jeunes
princes assis à gauche sur des chaises curules. La légende
est : TITVS ET DOMITIAN. PRIN. IVEN. vel IVIN. vel IV'. |
Banduri* décrit deux monnaies de bronze à l'effigie de
Claude le Gothique, au revers desquelles paraît Hercule,
accompagné de la légende IVVENTVS ou IVVENTAS AVG.
Les deux formes Juventus, juventas et même juventa se
retrouvent dans les auteurs anciens’. IVVENTAS et
IVVENTVS sont des légendes qui se lisent sur des monnaies
de Marc Aurèle *, et Eckhel*® a fait observer que ces lé-
1 Rasche, Lezicon rei num., t. II, 2, p. 1042. — Eckhel, Cat, Musei Cæs.
Vindob., t. II, p. 120. — Cohen, Description historique des monnaies frappées
sous l'empire romain, t. VII, p. 60, n° 32, et t. I, p. 291, n°° 185-188.
2 Num. imp. rom,, t. J, p. 343 et 344.
3 T. Liv. V, 54; XXXVI, 36. — Cic. de Nat. Deorwm, I, 40; in Bruto,
XVIII; Tusc. 1, 26. — Ovid. de Ponto, 1, Epist. X, 12. — Plin. H. N. XXIX, 4,
14; XXXV, 10, 36. — S. Augustin. de Civ, Dei, IV, 11 et 23, — Festus, v. Ju-
ventutis sacra. — Servius (ad Virg. Ain. IV, 32) dit: Nam JUVENTA, dea illius
ætatis est; JUVENTAS, ætas ipsa juvenilis; JUVENTUS, juvenum muliitudo.
* Banduri, Num. imp. rom., t. 1, p. 343, note 4. — Cohen, Description histo-
rique des monnaies frappées sous l'empire romain, t. Il, p. 471, n° 132-134;
p. 534, n° 561.
$ D. N.,t. VU, p. 45 et 46.
412 MÉMOIRES
gendes accompagnent tantôt une femme mettant un grain
d’encens dans le thuribulum, tantôt un jeune homme;
dans le premier cas, c'est la déesse Juventas, Juventus ou
Juventa (Ntémc, “H6n); dans le second, c'est le jeune
prince, Princeps Juventutis. Le titre de prince de la jeu-
nesse était donné aux fils des empereurs, du vivant du
père, quand même le fils n’était plus jeune ‘; c'était pour
exprimer une fonction, celle de commandant de la-cavalerie.
Quant à la pièce publiée sous le n° 6, le père Banduri'
l'a décrite, mais sans l'avoir vue, puisqu'il n’en connais-
sait ni le métal, ni le module. Vabalathus, numm., incerli
metalli ac moduli.
IMP. C. VHABALAT.
R. IVEN... SPC. Hercules nudus, etc. C’est la pièce re-
1 Voy. Eckhel, D. N., t. VII, p. 408. Je transoris ici les paroles d'Eckhel :
De Juventate, Juventuts, Jucenta imperit egi in numis M. Aurelii adhuc Cæsaris,
et Caracallæ, in quos sane magis quadrabat juventus, quam in Gallienum, qu
saliem annos natus XXXIV, imperium auspicatus est, si cerum est, quod refer!
Victor, ewm xtatis annos L decessisse, et Trobellius (In Galilieno, XI), qui ewm nepo-
les oz fratribus jam matrimonio idonsos habuisse refert. At enim et de Trajano,
qui cum adoptatus est, saltem annum XLIV egit, sic Plinius (Panegyr. 8):
Nerva tua jucents, tuo robore invaluit, Ergo et nunc Gallienus cum sene Valeria-
no comparatus juvenis dici potuit, — Of. ce que dit Eckhel (2. cit., p. 472) sur
les monnaies de Claude le Gothique qui portent la légende : IVVENTAS ou
IVVENTVS AVG, Là, ce n'est pas la jeunesse réelle ou relative du prince
à laquelle la légende fait allusion. Claude était seul empereur, il avait cin-
quante-six ans, ajoute Eckhel. Le type du revers semble destiné à célébrer,
quoique Claude fut âgé, sa vigueur juvéuile, au moyen de laquelle il savait
vaincre et dompter les ennemis de l’empire ; or, la femme d’Hercule s'appelle
Juventas, la même qu'Hébé. |
Valérien donne l’épithète de puer à Gallien, âgé de trente-cinq ans, dans
une lettre adressée à son ami le consul Antoninus .Gallus. Vèopisc. Aure-
lian., VIII. — Plutarque (Artax., XXVIII), appelle Darius, fils d’Artaxerce
Mnémon, qui se révolta-contre son père, un jeune homme (veavicxoc), quoiqu'il
eût cinquante ans.
2 L, eit.,t. I, p. 397.
ee oe ee ee ee oe cee eees—‘“i‘“‘“‘(‘(‘( )sCit*”! : D
ET DISSERTATIONS. h13
trouvée, publiée ici sous le n° 6 et imitée, aussi bien quant
au type et à la légende, d'une des monnaies de Claude le .
Gothique, dont Vabalathe était contemporain.
Hunc nummum Mediobarbus exhibet, ajoute Banduri,
velut exscriptum ex Tristano apud quem tamer non extat.
Rasche, dans son Lezicon (t. II, 2, p. 1042; cf., t. V,
p. 627), enregistre la légende du revers, d’après Mezzabarba
(p. 386 de l'édition d’Argelati, Mediolani, 1730), en repro-
duisant la réflexion de Banduri.
Ni Corsini (Epistolæ tres quibus Sulpicie Dryantillz,
Aureliani ac Vaballathi augustorum nummi explicantur et
tllustrantur. Liburni, 1761, in-A° *), ni Frelich (de Familia
Vaballathi numis inlustrata. Vindob, 1762, in-A°) n’ont
parlé de cette pièce.
Eckhel, de son côté, a gardé le silence, et cet exemple
a été suivi par Mionnet, par Ackerman et en dernier lieu
par M. H. Cohen. En somme, c’est Mezzabarba, à cela près,
qu'il a lu P. C. au lieu d'AVG., qui le premier a fourni un
bon renseignement.
J. DE WITTE.
1 P. 67, De Hermiz Vaballathi nummis imperio atque ætate.
LU] MÉMOIRES
AMÉDÉE DE SALUCES
ADMINISTRATEUR DES RVECHRS DE VALENCE ET DE DIE.
La monnaie d'argent que MM. Rollin et Feuardent ont
confiée à mon examen était, il y a peu d'années encore,
extrèmement rare. M. Poey d'Avant, lorsqu'il rédigeait ses
Monnaies féodales, n’en avait connu qu'un exemplaire, et il
en donne un dessin peu satisfaisant; car on voit, au revers,
une légende composte des caractères BCCAR : ZCOMIII.
DVEVLENEDD (pl. CHI, n° 16). Dans le texte (t. III, p. 14°,
on trouve une autre leçon : BACAR : ZCOMITAT. D. VALE
EDN; et l’auteur ajoute : « Je ne sais pas si cette curieuse.
pièce appartient bien aux évêques de Valence, et s’il ne
faudrait pas les renvoyer à la fin du monnayage comtal.
Amédée de Saluces a bien été évêque de Valence et de Die;
mais, sur cette monnaie, il ne prend que le titre d’admi-
- nistrateur des comtés de Valence et de Die. Quant aux cinq
premières lettres de la légende du revers, que pourtant je
crois avoir bien lues, j'ignore complétement leur significa-
ET DISSERTATIONS. | hid
tion. Une pièce mieux conservée viendra, je l'espère, lever
tous les doutes. »
Sur l’exemplaire dont nous donnons ici la gravure, on
lit d’un côté : + A: DE SALUC : ADMISTRATOR : (Ame-
deus de Saluctis administrator), et de l'autre : + EC-
CAR’ Z COICTAT : UAL : ZDYED (Ecclesiarum et comicta-
tuum Valentinensis et Dyensis).
A dire le vrai, je crois bien que ceci ne constitue pas une
variété nouvelle, et que les différences qu’on peut noter
dans les anciennes transcriptions tiennent à une apprécia-
tion insuffisante des formes paléographiques. Au lieu de
BCCAR ou BGCAR, on reconnaîtra, sans beaucoup de peine,
que la monnaie porte ECCAR avec un R traversé par un
signe d’abréviation, ce qui indique le génitif pluriel eccle-
siarum. On voit donc qu'Amédée de Saluces s'intitule
administrateur des églises, c'est-à-dire des deux évéchés et
des comtés de Valence et de Die. La monnaie est bien épis-
copale ; on ne saurait en douter.
En 1383, Guillaume de la Voûte fut nommé évêque d’ Albi
et laissa vacant le siége de Valence. On lui donna pour suc-
cesseur, la même année, Amédée, fils de Frédéric de Saluces
et de Béatrix de Genève. Mais, toujours la même année, le
23 décembre, Clément VII (Robert de Genève), parent de
ce dernier, le nomma cardinal-diacre'. Amédée était élu
évêque, mais non consacré. On lit, en effet, dans la Vie de
Clément VII, par Baluze : « Duos etiam diaconos ordinavit, :
videlicet dominos Amedeum de Saluciis, Pedemontanum,
tunc electum Valentinensem, nepotem vel consanguineum
suum proximum, et predictum magistrum Petrum de Fiti-
niaco, licet grandævum *, »
1 Gallia christiana, cont. par B. Hauréau, t. XVI, col. 327,
2 Vitæ paparum Avenionensium, 1693, in-4°, t. 1, col, 509.
h16 | MÉMOIRES
Ainsi donc, à la fin de 1383, Amédée de Saluces se trou-
vait en même temps éréque élu de Valence et cardinal-
diacre.
Dès lors, on comprend que de simples évèques n’osassent
pas donner la consécration épiscopale à un personnage
auquel le pape venait de conférer la pourpre. D'un autre
côté, on sait bien que les cardinaux ne jouissaient pas,
pendant le moyen âge, de ces émoluments spéciaux que la
politique administrative des temps modernes leur a attri-
bués. Ils vivaient de leurs bénéfices ecclésiastiques.
Amédée de Saluces, pour concilier ses intérêts temporels
avec sa situation canonique, n'avait rien de mieux à faire
que de gouverner les diocèses de Valence et de Die sous le
titre d'administrateur. C’est le parti qu'il prit; et il est
probable que M. Poey d'Avant n’edt pas hésité sur Ie ca-
ractère épiscopal de la monnaie qui nous occupe s’il s'était
donné le temps d'étudier la question qu'elle soulève.
Amédée de Saluces eut diverses contestations avec les
chapitres de Die et de Valence, et, peu après, le 19 juin
1389, date de l'accord qu'il accepta, par suite de la média:
tion de Pierre, cardinal de Sabine, il abandonna l'évêché
de Valence, et se contenta du décanat de Bayeux :.
Le droit de la monnaie a pour type l’aigle impériale de
Valence ; au revers M. Poey d'Avant indique simplement
«un écu entre trois croisettes ». Il convient de faire re-
marquer que cet écu porte les armes de Saluces : d'argent
au chef d'azur, et que ce que l’auteur des Monnaies féo-
dales prend pour des croisettes est un emprunt aux armes
de Genève.
Dans l’armorial, composé vers 1450, par Gilles Le Bou-°
1 Gall. christ,, ubi supra. — Cf. t. XI, col. 401.
ET DISSERTATIONS. hA7
vier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, dont
le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale et qui
a été publié par un membre de la Société des antiquaires de
France, M. Vallet de Viriville, on trouve aux folios 143
et 145, les écus coloriés de « messire Guillaume de Ge-
nève » (cing points d’or équipolés à quatre d’azur) et du
« conte de Genève» (quatre points d'or, équipolés à cinq
d'azur en croix)‘. C'est à cause de cette variante que je
cite ici l'armorial de Berry, car les armes des comtes de
Genève sont bien connues, et la numismatique nous en
offre divers exemples ; en premier lieu, sur les monnaies
de ces seigneurs, fabriquées au xiv° siècle *, en second
lieu, sur les monnaies des ducs de Savoie, à commencer par
celles que grava, en 1634, Stefano Mongini, lesquelles
portent aussi au dernier quartier les armes de Saluces *-
Sur la monnaie de Valence, l’azur du chef des armes de
Saluces est exprimé à l'aide de hachures croisées qui,
au xIv° siècle, ne représentaient pas une couleur spéciale,
mais servaient seulement à indiquer que ce chef n'était pas
de métal comme le champ de l’écu. Ces mêmes hachures
croisées, à la même époque, distinguent le chef de
gueules des armes des Montferrat, autres seigneurs de la
même souche". Les diverses branches d’une famille va-
riaient leur écu sans y introduire des brisures. Sur le
1 Vallet (de Viriville), Armorial de France, etc., comp. par Gilles le Bouvier,
dit Berry, texte complet publié pour la première fois d'après le manuscrit original,
1866, in-8°, p. 144, n° 1038, et p. 145, n° 1045.
3 Frédéric Soret, Lettre à M. Zardetti sur des monnaies irouvées aux environs -
de Genève. Genève, 1843, pl. n°1 à 6, dans les Mémoires de la Société d'histoire
et d'archéologie de Genève, t. II, p. 402 et suiv.
3 Dom. Promis, Monete dei reali di Savoia, pl. XXXXI, n° 12, et pl. suiv.
+ Dom. Promis, Monste dei Paleologi march. di Monferrato. Turin, 185$,
pl. I. Giov., n° 2, et pl. suiv.
hiS WEMOIRES
sceau d'Albert, marquis d'Incisa, qui était, comme les
Montferrat et les Saluces, un Aléramide, on voit un écu au
chef emmanché '.
La forme comictatus, employée par le graveur de la
monnaie valentinoise me paraît être le résultat, d’un écart
de logique. Habitué à la syncope du C en ces mots français
provenant de mots latins dans lesquels cette lettre précède
un T, comme Diter de Dictare ; Saint, Sainteit, Sainteur
de Sanctus, Sanctitas, Sanctuarius; Feit de Factum; Dou-
(rinement de Doctrina ; Amit d'Amictus ; Peitavin de Pic-
taviensis ; Point de Punctum, etc., etc. ; lisant d’ailleurs
sur les monnaies des comtes de Valence de la maison de
Poitiers tantôt DE PICTAVIA, tantôt DE PITAVIA, cet artiste
aura pensé que pour restituer à la Conteit sa physionomie
latine, il devait écrire comictatus. L'intention était bonne,
et il faut en tenir compte.
ADRIEN DE LONGPÉRIER.
* Cost. Gazzera, Delle zerche degli ant. march. di Ceva, d'Incisa, etc. Turin,
1833, in-4°. Vign. de la p. 3 et p. 71. M. l'abbé Gazzera a supposé que ce chef
emmanché était la moitié d'une étoile à huit rayons.
ET DISSERTATIONS. h19
ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES.
(1482 — 1556. )
(Voir plus haut, p. 86, 243 et 319.)
(PI. XIV, XV, XVI, XVII et XVIII.)
Avant de continuer notre étude, je crois devoir décrire
les monnaies relatives à cette période si agitée de l'histoire
de Flandre, qui finit à la majorité de Philippe le Beau.
4. + MO:.: ARCHIDVCV:.: AVST-.: BG:.: CO-.: FL.
Deux lions assis, affrontés; entre eux et au-dessus, le bri-
quet de la toison d’or : à l’exergue, trois tréfles.
À. Ecu écartelé au 4° d'Autriche moderne, au 2° de
Bourgogne ancien, au 3° de Brabant, au 4° d'Allemagne,
et ayant en surtout Técusson au lion de Flandre; le tout
_posé sur une croix fleuronnée. Légende: +-SALVV:.: FAG:.:
PPLM.:. TVV.-. DNE. -. *.
Argent. Double briquet. Poids 58 grains + (grammes
3,10), — Pl. XIV, n° 4.
1 Toutes les monnaies, dont je donne la description, se trouvent dans le
beau cabinet de M. Dewismes. Je n’indiquerai la provenance que pour celles
qui se trouvent dans d’autres cabinets, et dont les empreintes m'ont été com-
muniquées. |
A20 MEMOIRES
2. Varicté, la légende du droit se terminant par CO.-.F.
3. + MO: ARCHIDVCV:.: AVST-.- BG-.- CO’. FLA
Lion assis, la tête tournée à droite et tenant un écu sem-
blable à celui qui est sur le revers du précédent.
&. Croix aux extrémités fleuronnées, ayant en cœur une
fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-. ANIMA-.- MEA:
DOMINO:.:'
Argent. Patard ou double gros. Poids 56 grains ;
(grammes 8,00). — PI, XIV, n° 2
4. Variété de la même pièce avec CO. F dans la lé-
gende du droit, fort usée. Poids 54 grains ? (grammes
2,80).
5. + MO.-. ARCHIDVCV-.- AVST:.: BG.+. CO-.° F. Lion
debout, à gauche.
&, Croix semblable à celle du n° 8, portant en cœur une
fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-:. AlA.-. MEA.°.
DOMINO.:.
Argent. Simple briquet ou gros. Poids 35 grains ;
(grammes 41,90). — Pl. XIV, n° 3.
6. + MO.-. ARCHIDV.:. AVST.-. BG.-. CO.:. F. Lion de-
bout, à gauche.
À. Croix évidée, ayant au centre um leur de lis. Lé-
gende : + IN.*. NOMINE.:. DOMINI.-.
Billon noir. Double mite ou courte. poids 28 grains ;
(grammes 1,50). — PI. XIV, n° 4.
Les monnaies que je viens de décrire ont dû être faites
jusque versle milieu de 1483. Les types du double patard,
du patard et du gros ayant été repris ultérieurement, ainsi
qu'il résulte de l'ordonnance du 3 novembre 1485, quel-
1 M, Serrure (Cabinet du prince de Ligne, p. 254), décrit une variété termi-
née par CO. FL. -
2 J. Rouyer, Rev, num., 1848, pl. XVII, n°7,
ET DISSERTATIONS. A2i
_ques-unes de ces pièces peuvent avoir été émises à cette
époque.
7. + PHS.:. ARCHID:.- AVST-.* BVRG:.: CO. FLAND.
Type du double briquet : à l’exergue, une fleur de lis.
à. Écu à huit quartiers, portant en cœur un petit écu
mi-parti au lion de Flandre et à l'aigle d'Allemagne; le
tout posé sur une croix dont on n'aperçoit que les extré-
mités fleuronnées et fleurdelisées. Légende : + SALVVM.-.
FAC... POPVLVM.:. TVV.-. DOMINE.:.
Argent. Double patard. Poids 54 grains (grammes
2,71). — Pl. XIV, n° 5.
8. Variété où la légende du droit commence par un
lion et se termine par le mot FLANDRI.
Poids 50 grains (grammes 2,65). — Pl. XIV, n°6.
9. Variété du n° 8, où la légende du droit se termine
par COM:.+ FLANDRI.
10. Variété du n° 7, consistant en ce que la légende du
revers se termine par TVVM.:. DOMINE. :.
44. (Lion). PHS.:. ARCHID.-. AVST.-. BVRG.:. COM...
FLA. Armoiries à dix quartiers occupant tout le champ.
à. Croix longue, portant en cœur une fleur de lis, can-
tonnée d’un lion, d’une fleur de lis et de deux annelets.
Légende : BENEDIC — ANIMA — .*. MEA— DOMINO’.
Argent. Gros. Poids 26 grains : + (grammes 1,40).
Pl. XIV, n° 7
Bien que le poids légal et celui qui est indiqué par le
compte du maître particulier soit de 35 grains et plus,
4 Serrure , Cabinet du prince de Ligne, p. 262, n° 144, — Den Duyts,
pl. XVI, n° 8. Je n'ai pas retrouvé la variété de cet auteur où la croix est
cantonnée de deux Jions et de deux fleurs de lis. Duby (pl. LX XXIII, n° 7)
donne une pièce où la croix est cantonnée de deux fleurs de lis et de deux
annelets.
1869-10. — 6. 29
422 MÉMOIRES
je classe ces pièces ici, faute d'une place plus convenable.
D'ailleurs, en voici une autre dont le poids se rapproche
davantage du poids légal, ce qui prouve de nouveau l'ex-
tréme inégalité de la taille des monnaies à cette épo-
que.
42. Variété du n° 11 dans laquelle l’ordre des pièces
placées dans les cantons du revers est différent.
Poids 32 grains (grammes 1,70). — PI. XIV, n° 8.
Le compte du maitre particulier pour cette période n'in-
dique plus parmi les divisions du gros que la pièce de
quatre mites qui nous manque et la pièce de deux mites
qui me parait être la suivante.
43. (Lion). PHS’.-. ARCHID.*. AVST.°. BO.:. CO.:. FL...
Graod P couronné dans le champ.
&. Croix portant, au centre, une fleur de lis. Légende :
(Lion). IN.°. NOMINE.*. DOMINI.-. AMEN :.
Billon noir. Double mite. Poids moyen de plusieurs
exemplaires 18 grains + (grammes 1,00). — Pl. XV, n° 9.
J'attribue l'émission de ces pièces à l'époque où le con-
seil de régence avait la tutelle de Philippe le Beau, à l’ex-
clusion de son père, période qui se termine au 44 juin
4485. Cependant elles pourraient également appartenir au
commencement du règne de Philippe le Beau, seul; car
nous verrons plus loin que dans une ordonnance du 26
décembre 1495, il est question du florin de Bourgogne, et
du double à deux lions, comme se forgeant à cette
époque. Cette dernière monnaie, le double patard, ne figu-
1 Le classement de cette pièce me paraît résulter de sa ressemblance avec
les doubles mites de Marie de Bourgogne; on a changé l'initiale qui figure
dans le champ. — Voy. Serrure, op. cit., p. 268, n° 149. — M. Ronyer (op.
cit.) décrit aussi une double mite dont la légende, au revers, commence
par un lion. Rev. numismatique, 1848. pl. XVII, n°° 11 et 12,
|
{
ne d
_ |
ET DISSERTATIONS. 423
rant pas néanmoins alors dans les comptes des mattres
particuliers, nous sommes forcé de le maintenir à la place
où nous l'avons mis (n°* 7 à 10).
44. + MO’.:. ARCHIDVCV.:. AVST’.-. BG:: CO". +. FLA.-.
Écu à huit quartiers, portant en cœur le petit écu au lion
de Flandre.
à. Croix ornée et évidée, ayant au centre une fleur de
lis. Légende : + SIT:: NOMEN‘: DNI: BENEDICTVM :.
Argent. Double patard ou pièce de six gros. Poids 58
grains 2 (grammes 3,10). — PI. XV, n° 40.
Les types de cette monnaie sont identiques à ceux des
monnaies semblables de Philippe le Bon et de Charles le
Téméraire.
45. + MO.:. ARCHIDVCV.:. AVST.-. BG.:. CO.: FL.
Armoiries 4 neuf quartiers, occupant tout le champ.
À. Croix évidée au centre, où se trouve une fleur de lis,
et dont les branches traversent la légende. Elle est can-
tonnée de deux fleurs de lis et de deux lions. Légende :
. BENE— DIC.°. A—IA.*. ME— A. DNO.
Argent. Demi-patard, pièce d'un gros et demi. Poids
33 grains 2, (grammes 1,80). — PI. XV, n° 41.
_ 46. Variété avec la légende du droit se terminant par
CO... F.
Cette série, à laquelle manque le patard ou pièce de
3 gros, fait partie des monnaies émises en vertu de l’ordon-
nance du 5 août 1485. Elle ne devait pas avoir de pièces
d'or, d’après l'instruction remise au maître particulier, ni
de monnaies inférieures à la pièce d’un gros et demi. Ce
sont d’ailleurs les deux seules monnaies mentionnées dans
1 M. Serrure (p, 255), décrit une variété avec MOMEN (sic) dans la légende
du revers.
42h MEMOIRES
le compte du 44 octobre 4485 au 44 décembre suivant,
et qui devaient peser respectivement 57 grains À et
35 grains §.
47. (Fleur de lis). MAXIMILIANVS# ET? PHS’. Grand
M gothique, dans un entourage de quatre lobes, dont les
points de rencontre sont occupés par quatre angles.
à. Croix fleuronnée, dont le centre est évidé en quatre
feuilles. Légende : + CVSTODI.-. (fleur de lis). NOS?
DOMINE 3 .
Argent. Gros. Poids 28 grains ? (grammes 41,52). Pièce
très-fruste. — Pl. XV, ne 42.
18. Variété avec un lion au commencement des légendes.
Celle du droit a les mots séparés par des quintefeuilles et
celle du revers par des fleurs de lis Cette pièce est très-
usée et paraît de fort mauvais aloi.
Poids 23 grains + (grammes 1,22).
49. Autre variété; la légende du droit commençant par
une croix, celle du revers par une fleur de lis.
20. + MAXIMILIANVS ET PHS’, les mots séparés par
une fleur de lis. M majuscule semblable à celle des mon -
naies de Marie de Bourgogne.
R. Croix fleuronnée. Légende : + CVSTODI NOS DOMINE,
les mots séparés par une fleur de lis.
Argent, demi-gros. Poids : 22 grains : (grammes 1,20).
— Pl. XV, n° 13.
24. + MO.:.ARCHID.:.AVST.:.C.°.F. Dans le champ,
M majuscule.
f. Croix fleurdelisée. Légende : IN-.-NOMINE:-. -DOMINI.
Billon, quart de gros. Poids : 18 grains : (grammes
0,70). — PI. XV, n° 44.
Ainsi que je l'ai dit précédemment, le double patard et
le patard de cette émission, qui paraît avoir eu lieu en —
ET DISSERTATIONS. A25
vertu de l’ordonnance du 5 novembre 1485, doivent être
les mêmes que ceux que j'ai déjà décrits sous les n°*1a A’.
Mais je n’ai pas retrouvé les florins à la croix de Saint-
André qui devaient être forgés en même temps et qui,
suivant toute apparence, étaient semblables à ceux qu'on
retrouve pour la même époque pour le Brabant’.
Je ne connais pas de monnaies que je puisse attribuer
avec certitude à l'émission de 1486, faite en vertu de
l'instruction rappelée ci-dessus. Peut-être continua-t-on
simplement les précédentes, et doit-on considérer celles
portant les noms de Maximilien et Philippe comme en fai-
sant partie. Cependant, je dois faire observer que le compte
du maitre particulier pour la période qui s'étend du 10 mars
4h85 (v. st.) au 30 mars 1486 (v. st.) ne mentionne pas
le demi-gros décrit précédemment n° 49. Il peut se faire
d’ailleurs que la valeur exagérée à laquelle étaient nortées
les monnaies de cette émission les ait fait retirer de la cir- :
culation, lorsque Maximilien fut revenu à des idées plus
modérées sous ce rapport.
1 Peut-être portaient-ils une légende plus explicite analogue à celle des
pièces décrites ci-dessus. Dans ce cas, ils n’unt pas été retrouvés.
2 Voy. Van der Chijs, Monnaies de Brabant, et ies placards édités à diverses
époques. Voici la description de ce florin :
*SANCTVS ** ANDREAS* , 1482. Saint André debout, tenant la croix
caractéristique de ce saint.
R Ecussun à ciug quartiers posé sur une croix coupant la légende : MON’
AR-—-DV.AVS-TR.BRA—BANCIE.
Le demi-florin, représenté sur Ja wéme planche XXXV de l’ouvrags de
Van der Chijs, est à peu près semblable, sauf quel,ues variétés dans les lé-
gendes, l’omissiou de la date, et de la croix du revers, .
Que l’onsubstitue au mot BRABANCIE les mots CO.FLAN , l’onaura très-
probablement le florin et le demi-florin frappés pour la Flandre, qui ne nous
sont pas parvenus. Lu date, seulement, ne devait pas s’y trouver, les monnuies
du comté de Flandre étant datées benucoup moins généralement que ce'les
du Brabant.
826 MEMOIRES
Nous voici arrivés & cette série de monnaies remarqua-
bles, émises en vertu de l’ordonnance du 20 avril 4487,
ayant des types et des légendes si singuliers pour les piéces
d'argent et inaugurant un système monétaire nouveau en
Flandre, du moins en grande partie.
22. + MAXIMILIAN :: DEI :: GRA :: ROMAR : REX :
SEMPER.:.AVGV. Maximilien assis sur un trône, portant
dans la main droite un sceptre fleurdelisé et la main gauche
appuyée sur un globe. A l'exergue, une fleur de lis, marque
de l'atelier de Bruges.
&. Écu à l'aigle surmonté d'une couronne fermée. Lé-
gende: + TENE‘:MENSVRAM:ET:'RESPICE::FINEM : 4 487.
Réal d'or. Poids : 279 grains + (grammes 14,85). —
Pl. XV, n° 15.
Cabinet royal de la Haye’.
Le noble de Bourgogne frappé pour la Flandre ne nous
est pas parvenu. On connaît celui pour la Hollande ; en
voici la description d'après les placards.
M. D. G. RO. REX. ET. PHS. ARCHIDVCES, AV. B. CO’. HO.
Maximilien dans un vaisseau à trois mats. Il porte dans
sa main droite un sceptre fleurdelisé, et dans la gauche le
globe. La cuirasse est blasonnée de l'aigle d'Allemagne et
il a sur la tête une couronne fermée.
à. Écu mi-parti aux armes de Maximilien (l'aigle d’AI-
lemagne) et de Philippe le Beau, posé sur une croix fleu-
ronnée, cantonnée de deux couronnes et de deux aigles ;
1 L’empreinte de cette pièce m’a été communiquée trés-obligeamment par
le savant conservateur du Musée de La Haye, M. L. Meyer, qui m'a fait con-
naître également les pièces uniques que contient ce riche cabinet, et qui
pouvaient se rapporter à mon travail. Je le prie d’agréer ici l'expression de
ma vive gratitude. — Depuis que cet artic'e est écrit, un exemplaire de cette
pièce est entré duns le cabinet de M. Dewismes.
ET DISSERTATIONS. 427
let utdans un entourage épicycloidal. Légende : (couronne)
MO’. AVREA.RO. REGIS . ET. PH]. ARCHIDY’. AV. B’. CO’.
HOL. |
En substituant le mot FLA à HOL, on aura vraisembla-
blement la description du noble frappé pour la Flandre‘.
Le florin de Bourgogne, qui est la troisième pièce d’or
indiquée par l'ordonnance de 1487, ne nous est pas non
plus connu en nature. J’emprunte également aux placards
sa description. |
SANCT. ANDREA. FILIOS. P’TEGE. TVOS. 4487. Saint
André debout, de face, ayant sa croix derriére lui.
À. Ecu mi-parti, comme au précédent, posé sur une croix.
fleuronnée. Légende : (couronne) AMA.JVSTICIA. PACE.
ET. DEFENDE.1IM .TVVY.
Rien ne dit ici que cette pièce ait été frappée plutôt pour
la Hollande que pour la Flandre. M. Van der Chijs l’a re-
produite dans ses monnaies de Brabant, mais il ne l’a pas
davantage connue en nature.
23. (Briquet). CVSTODIAT :: CRATOR :: OMNIV’ .-. HV-
MILE’.:. SERVY’.-. SVV. Buste à mi-corps de Maximilien
revêtu d'une cuirasse, la tête ceinte d'une couronne fer-
1 Un passage du chroniqueur Despars, cité par M. C. A, Serrure (op. cit.),
semble faire croire qu’en effet ces nobles de Bourgogne, appelés barques par le
peuple à cause de leur type, ont été frappés. Voici ce passage. 11 s'agit de
l'entrée de Maximilien à Bruges, le 16 décembre 1487 :
« Pendant la même nuit, devant la Monnaie, fut élevée une porte triom-
phale où on avait peint un aigle noir sur une chaudière (zeepketel) dorée avec
les armoiries du roi des Romains à droite, et celles de Philippe de Bour-
gogne, son fils, à gauche; portant en bas l'inscription suivante : Dans cette
chaudière se trouve la monnaie du roi des Romains et du duc Philippe, son fils.
Aussi, dans cet endroit, on ne battait tous les jours, de la part du roi des
Romains, que des réaux, heaumes, schuttkens ou barques, etc. »
Voy. Cronijcke van den lands en de graefscepe van Vlanderen, gemacht door Jac.
Nicolas Despars, publiée par J. De Jonghe, Bruges, 1240,
428 MÉMOIRES
méc. Il tient une épée de la main droite, et de la gauche un
globe crucigére.
k. Grand monogramme dans Jequel on retrouve les élé-
ments des mots MAX et PHS. Au-dessus et au-dessous, un
des éléments constitutifs du collier de la Toison d'Or (le
caillou), accompagné d’étincelles. Légende : (Briquet) DET:
TIBI: MTR’:VIRTV’ (briquet) ET :: IN :: CELIS :: GLORIA.
Grand réal d'argent. Poids, 134t",4 (grammes 7,20). —
PI, XV, n° 46.
24. Variété de la mème pièce consistant surtout dans le
monogramme représenté pl. XV, n° 17. La légende du droit
se termine par les mots SERV’.+. SV’. Poids, 132 grains
(grammes 7,01).
Bien que ces pièces ne portent pas d'indication de l'ate-
lier où elles ont été forgées, les trèfles qui séparent les
mots sont la marque indiquant qu'elles sont destinées à la
Flandre.
25. (Couronne) MO.*. ARGE'TEA .-. RO’.-. REG’ .:. ET...
PH}'.:. ARCID’.-. AVS’. Deux griffons affrontés soutenant
d'une patte le briquet et de l'autre le caillou.
À. Écu à trois quartiers sur une croix dont on n’aper-
çoit que les extréinités fleuronnées. Légende : (couronne)
SALVVM.-. FAC. +. DOMINE. +. POPVLVM.:.TVV’.
Argent. Double griffon. Poids, 658, (grammes 3,46).
— PI. XVI, n° 48.
26. Variété avec la légende du droit MO.:. ARGENTEA.'.
RO’. >. REG’.:.ET.*.PHI’.-.ARC’.-. AV’.
Poids, 65 grains (grammes 3,45).
27. Autre variété avec la légende du droit, comme au
n° 25, sauf les trois derniers mots, qui sont : PHS’. -. ARC."
AV’. La légende du revers se termine aussi par TVVM.
Poids, 655," (grammes 3,50).
ET DISSERTATIONS. 429
Le même motif que j'ai indiqué pour le réal me fait attri-
buer ces pièces à la Flandre. En voici d'autres qui sortent
certainement de l'atelier de Bruges.
28. (Couronne) MO :: ARGEN :: RO::REG:: ET ::PHI : ARC: :
AVS::BG. Même type qu'au n° 25; seulement il y a une
fleur de lis entre les deux griffons.
Méme revers qu'au n° 25.
Poids, 656,7 (grammes 3,49). — PI. XVI, n° 19.
29. Variété avec le mot ARGENT. Poids, 65,5 (gram-
mes 3,90
30. (Couronne) DENARI.:. SIMPLEX .*. GRIFON.-. NO-
MIN. Griffon tourné à gauche, tenant dans une de ses pattes
antérieures le briquet et dans l’autre le caillou.
À. Écu à trois quartiers posé sur une croix de Saint-
André. Légende : (couronne) DEVM.:. PLVS .. AMA .:
QUAM. -.ARGENT’. |
Argent. Simple griffon. Poids, 33,7 (grammes 1,80) .—
PI. XVI, n° 20. |
Les autres divisions de ce système, savoir le sixième, le
douzième et le vingt- quatrième du simple griffon, ne nous
sont pas connues.
Certes, on re pouvait imaginer des légendes plus propres
à désarmer la susceptibilité des Flamands : elles sont par-
faitement insignifiantes et banales. De plus, à part celles
du noble de Bourgogne, qui toutefois n’est qu’ hypothétique,
puisque nous ne le connaissons pas, il faut remarquer que,
nulle part, Maximilien n’a employé le titre de comte de
Flandre. Cependant, pour surcroit de précautions, il est
probable qu'il prit le parti de faire disparaître compléte-
ment les légendes nominatives, au moins sur la monnaie
d'argent. Gette idée m'est suggérée par l'examen des pièces
suivantes.
£30 MÉMOIRES
81. (Couronne) DENARIVS. -. SIMPLEX. -. NOMINATVS. -.
GRIF. Type du n° 30.
à. Ecu à trois quartiers posés sur une croix longue tra-
versant la légende : DEV.°.PL — VS.-.AMA.-. — QVA.:.
AR — GENTV.
Argent. Poids, 58**,! (grammes 3,20).— PI. XVI, n° 24,
32, 33. Deux variétés consistant dans la forme plus ou
moins complète du dernier mot de la légende du droit GRIFO,
GR.
34. Autre variété dont la légende du droit est DENARI.-.
SIMPLEX.:. NOIAT.°. GRIFON. Poids, 545,5 (grammes,
2,90). Pièce dont l'alliage est assez fort.
35. Type et légende du n° 34.
R. Type du n° 30 avec la légende : (couronne) DEVM.:.
PLVS.-.AMA.:.QVAM. >. ARGENTV.
Poids, 58 *,! (grammes 3,20). — PI. XVI, n° 22.
36. Variété consistant en ce qu'à la légende du revers le
dernier mot est moins complet ; il n'y a que ARGENT.
Le poids de ces pièces est à quelques grains près, diffé-
rence provenant de leur titre inférieur, le même que celui
des n** 25 à 29, décrits ci-dessus. Elles doivent les avoir
remplacées dans une émission postérieure dont je n’ai pas
retrouvé la trace. Quant au moindre titre auquel se trouve
l'argent, il n'y a pas lieu de s'en étonner : c'est un résultat
tout simple de ces temps de troubles et de modifications
successives que le roi des Romains faisait subir à ses mon-
naies dans la vue d'alimenter son trésor.
Le type du simple griffon ayant été adopté pour le double
griffon, il en fallait créer un autre qui remplaçât le premier.
C'est ce qui, vraisemblablement, a donné naissance aux
pièces suivantes :
ET DISSERTATIONS. h31
37. + DENARI’.:.SIMPLEX. -.GRIFON.:.MED. Grand M
surmontée d'une couronne fermée.
À. Écu à trois quartiers posé sur une croix dont on ne
voit que les extrémités fleurdelisées. Légende : + DEVM.-.
PLYS.:.AMA.-.QVAM. :. ARGEN.
Argent. Demi-griffon, comme l'indique la légende. Poids,
32 grains (grammes 1,70) *. — Pl. XVI, n° 23.
Les variétés de coin sont nombreuses. Je vais les énumérer
le plus succinctement possible. Elles consistent toutes dans
la légende.
38. + DENARIVS. +. SIMPLEX..:.GRIFON.:.ME.
R. + DEVM.-.PLVS.-. AMA.-.QVAM.-. ARGENT.
39. Le dernier mot de la légende du droit est MED.
À. + DEV’.°.PLVS.°.AMA.°.QVAM. : ARGENTV.
A0. Comme au droit du n° 38.
R. Comme au n° 37*.
e A1. Comme au droit des n°* 38 et 40.
R. Comme au n° 39.
A2. Comme au droit du n° 37.
R. + DEV’.-.PLVS. :. AMA. -.QVAM.:.ARGE.
h3. Comme au droit du n° 37,
À. Le dernier mot ainsi écrit : ARGET *.
hh. Le droit comme au n° 38 et le revers comme au n° 42.
45. Légende du droit du n° 38 et du revers du n° 37.
A6. Le droit comme au n° 39, et le revers comme au n° 42.
h7. La légende du droit est terminée par GRIFON.:.
MEDIV. Celle du revers est semblable au n° 42.
La présence des trèfles qui séparent les mots sur ces
i Je ne connais pas de demi-griffon au type de l’entier, comme semble
Vaffirmer M. C. A. Serrure dans son travail précité. |
3 Den Duyts, pl. XV, n° 88.
3 Décrit par M. C. A. Serrure, op. cit., p. 255.
AS? MÉMOIRES
pièces, détermine leur attribution à la Flandre, sans indi-
cation d'atelier. En voici d'autres qui sortent de celui de
Bruges.
h8. + DENARI.:. SIMPLEX.:. GRIFON.: ME.-. Grand
M surmonté d'une couronne fermée, au- dessous une fleur
de lis.
&. Comme au n° 37.
Poids 295,2 (grammes, 1,58). — Pl. XVI, n° 24.
AY. Variété avec MED pour le dernier mot de la légende
du droit.
Deux autres variétés consistent en ce que le dernier mot
de la légende du revers n'est pas accompagné du signe
d’abréviation, et qu'il y a des différences insignifiantes
dans la légende du droit.
Le poids de toutes ces pièces qui se rapproche de celui
du n° 40, et du poids réglementaire indiqué par l'instruc-
tion du 4 mai 1487, confirme inon attribution. Seulement, *
dans cette émission, il n'y aurait plus eu de double grif-
fon, mais seulement des simples et des demi griffons. De
même, du reste, que dans l'émission précédente, les divi-
sions inférieures manquent".
Les pièces que nous allons examiner mainteuant sont
1 On pourrait dire encore peut-être que Maximilien, abandonnant le nou-
veau système monétaire qu'il avait voulu inaugurer par l'ordonnance de 1487,
serait revenu à celui en usage pour les monnaies d'argent qui comprenaient le
simple et le double patard et le gros. Le double griffon eût été ulors la pre-
miere de ces divisions; le simple griffon eût été l'équivalent du simple patard
qui était du même poids, à peu de chose près, que le double patard, et n’en
différait que par le titre; enfin le demi-griffon efit représenté le gros qui était
la moitié du patard. Au reste, je n’ai pas davantage -trouvé trace de ce chan -
gement. Dans cette hypothèse, le premier simple griffon n° 30 n’aurait été
émis que pendant un laps de temps trés-court, ce qui expliquerait sa grande
rareté, tandis que les autres, de 31 à 36, sont relativement communs.
a
ET DISSERTATIONS. A33
presques toutes datées, et ont été frappées à Gand pen-
dant Ja révolte contre Maximilien.
50. * BAPTISTA ¥ PROSPER *Ÿ ADESTO # 1488*. Saint-
Jean-Baptiste portant de la main gauche l'agneau pascal,
qu il montre de la main droite. Devant lui, l’écu au lion de
Gand.
À. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les ex-
trémités fleuronnées traversent la légende, et cantonné des
lettres G-A-N-D. Légende : PHS’ ¥ — D'*G*D’ —B*CO*—
FLA’. |
Florin d’or. Poids, 60 grains (grammes, 3,19).— PI. XVI,
n° 25,
51. BAPTISTA * PRO —SPER * ADESTO *. Type comme
au numéro précédent, avec quelques variétés. L'agneat est
posé sur un livre.
à. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les
extrémités fleurdelisées traversent la légende et cantonné
aussi des lettres G-A-N-D. Légende : * PHS'* D'* — G'*
ARC*, — AVST'*, B'— CO'*, FLA.
Variété du florin d'or. Poids, 575,5 (grammes, 3,05),
— PI. XVI, n° 26.
52. Mémes type et légende qu'au n° 50.
R. Même type qu'au numéro précédent, sauf que l'écu
n’est pas cantonné du mot GAND. Légende : *PHS’ *— D'*
G’*D' — * B’* CO. — FLA’.
Variété des précédents. Poids, 605,1 (grammes, 3,21).
— P]. XVI, n° 27.
Dans toutes ces pièces, les mots sont séparés par de
petites roses.
53. + EQVA * LIBERTAS * DEO * GRATA * 1488. Lion
debout à gauche.
à. Écu à neuf quartiers, posé sur nne croix dont les ex-
Q34 MÉMOIRES
trémités sont fleurdelisées, et cantonné des lettres G-A-N-D.
La croix partage la légende : PHS’ * D'— G'*D* B*-
CO* FL. —ADRIE :.
Argent. Double patard. Poids, 525,2 (grammes, 2,86).
— Pl. XVII, n° 28.
Dans les variétés de cette pièce, le droit reste toujours
le même, sauf quelques différences dans la gravure du coin
qui sont réellement fort insignifiantes. Je ne décrirai en
conséquence que les revers.
54. Différence dans les ornements des extrémités des
bras de la croix. La lettre D., dans le champ, est munie du
signe d'abréviation : sic D’.
Poids, 565, (grammes, 2,98). — PI. XVII, n° 29.
55. Autre disposition des lettres cantonnant l’écu. Quel-
que différence dans la croix, et omission de quelques-unes
des quintefeuilles séparant les mots *.
Poids, 59*,* (grammes, 3,13). — Pl. XVII, n° 30.
56. Variété du type du n° 53, le mot GAND étant diffé-
remment disposé. Légende : PHS * D — GRA * D— B* C0*
— FLAN *.
Poids, 58*,} (grammes, 3,10). — PI. XVII, n° 31.
57. Écu à neuf quartiers, non cantonné, posé sur une
croix semblable à celle du numéro précédent. Légende :
PHS :: D — GRA: D‘ — B-:C0.— FLAN ‘.
Poids, 585,1 (grammes, 3,08). — Pl. XVII, n° 32.
Les mots dans cette dernière variété sont séparés par
des trèfles : dans toutes les autres, ils le sont par de pe-
tites roses.
1 Serrure, p. 256, n° 129. — Den Duyts, pl. XV, n° 91.
2 Serrure, p. 256, n° 130.
8 Duby, pl. LXXXIII, n° 5,
« Serrure, p. 256, n° 128.
. - ————
we ee ee ee ie 00 ee
EEE, sen
ET DISSERTATIONS. A35
58. + PHS * DEI * GRA * DVX * B * COMES * F. Lion
heaumé assis à gauche. En exergue, GANDA.
à. Écu au lion sur une croix partageant la légende :
FIAT * P — AX * IN * — VIRTVT. — E * TVA * ET?
Florin d'or de Gand. Poids, 625,1 (grammes, 3,31). —
Pl. XVII, n° 33.
59. PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLA. Même type et
même exergue qu'au précédent.
à. Écu au lion sur une croix partageant la légende :
FIAT * P—AX * IN—VIRTV—TE * TVA.
Demi-florin d'or. Poids, 30", (grammes, 1,62). —
PI. XVII, n° 34.
60. + PHS * DEI * GRA * DVX * B'* COMES * FLA. Type
du double briquet. En exergue, GANDA.
à. Écu au lion sur une croix fleuronnée et fleurdelisée.
Légende : + FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA ET * HAB*
1489.
Argent. Double patard. Poids, 545,5 (grammes, 2,90).
— Pl. XVII, n° 35.
61. Mémes type et légende.
à. Méme type qu'au précédent. Quelques différences
dans la croix. Légende : + FIAT * PAX * IN* VIRTVTE*TVA*
ET*H'**. |
Variété du précédent. Poids, 56 grains } (grammes, 3,00).
~~ Pl. XVII, n° 36.
1 Duby, pl. LXXXI, n° 7. La pièce, dessinée d’après le placard de Charles-
Quint de 1548, offre des variétés dans les légendes : au droit, elle se termine
par FLANDRIE, et, au revers, elle est: FIAT.P — AX.IN. VIRTV — TE.
TVA. — ET.HAB.
2 Serrure, p. 257, n° 131.
436 MÉMOIRES
62. Variété du n° 61: la légende, du droit, étant ter-,
ininée par COMES * FLAN, et celle du revers par HAB.
63. Autre variété, dont la légende du revers est ter-
minée seulement par HA’. ”
64. Autre variété, la légende du droit terminée par
COMES * FLAND, et celle du revers par HABV'*.
65. + PHS.- DEI-.*GRA.+, DVX.:-. BY. -. COMES.-. FLA.
Lion assis, la tête tournée à droite, tenant l’écu au lion de
Gand,
K. Croix fleuronnée ayant en cœur une fleur de lis, et
cantonnée des quatre lettres G-A-N-D. Légende : +
FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA * ET * HA*.
Argent. Patard. Poids, 54 grains } (grarumes, 2,90). —
Pl. XVII, n° 37.
66, Variété de la même pièce, où la légende du droitæ
termine par FLAND.
67. + PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLAN. Lion debout
à gauche : à l’exergue, une rose accostée de deux croi-
settes.
R. Croix semblable à celle du numéro précédent, ayatl
en cœur une fleur de lis. Légende : + FIAT * PAX *I\°
VIRTVTE * TVA.
Argent. Gros ou simple briquet. Poids, 32 grains
(grammes, 1,70). — PI. XVIL, n° 38.
68. Variété dans la légende du droit qui se termine
ainsi:.... DVX * ET * CO * FLA.
Poids, 33 grains { (grammes, 1,78).
1 Serrure, p. 257, n* 132. — Duby, pl. LXXXI, n° 8. La légende du re-
vers se termine par ET.H’.
2 Duby, pl. LXXXI, n° 6. La légeude du droit se termine par FLAN, ¢
celle du revers par HAB’.
ET DISSERTATIONS. h37
69. Variété du n° 67, où la légende du droit est termi-
née par le mot FLA'.
Poids, 33 grains + (grammes, 1,78).
70. Encore une autre variété où il n'y a plus dans ladite
légende que CO.:. F.
71. PHS * DEI * GRA * DVX * B*C *F. Lion debout à
gauche.
n. Croix ayant au centre une fleur de lis. Légende : +
_ IN.-. DOMINO.:. GONFIDO.
Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids, 21
grains (grammes, 1,12). — Pl. XVIII, n° 39.
72. + PHS* DEI *GRA*DVX * CO*F. Type du précédent.
À. Type et légende du précédent.
Billon noir. Double mite ou courte. Poids moyen de six
exemplaires, 20 grains ; (grammes, 1,08)°. — Pl. XVIII,
n° 40.
Une variété décrite par M. Piot dans la Revue numisma-
tique belge, année 1855, PI. VIII, n° 16, a la légende du
droit terminée par CO. FL.
73. + PHS * DEI # GRA *% CO # FLA... . Type du n°71.
à. Type et légende du n° 71, sauf que les mots sont
séparés par deux croisettes, au lieu de petites roses, et que
la croix est plus grossière.
Variété de la double mite. Poids, 22 grains (grammes,
4,16). — Pl. XVIII, n° 41°.
7h. +-PHS * DEI * GRA * DVX *B'* CO * FLA. Écu au lion,
dans un entourage de quatre arcs de cercle.
1 Den Duyts, pl. XV, n° 93.
2 Serrure, p. 263, n° 148. — Den Duyts, pl. XVI, n° 98. Les poids sont
extrêmement variables : les pièces que Les pesées variaient entre 15 et 25
ains.
- Extrait de l'ouvrage de M. Rouyer sur les monnaies noires de Flandre.
Rev. num., 1848, pl. XVII, n™ 4 et 6.
1869-70. — 6
a
£38 MÉMOIRES
f. Croix fleurdelisée cantonnéedes quatre lettres G-A-N-D.
Légen‘le : + IN. D—OMIN—O : CON—FIDO :.
Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids,
28 grains (grammes, 1,22). — Pl. XVIII, n° 42.
75. + PHS.:. DEI. GRA.-. DVX.-. CO.”. FLAN. Ecu au
lion.
&. Croix longue, dont le centre est évidé et porte une
fleur de lis. Légende : + I1N*—DNO—CON—FIDO.
Bill ‘n noir. Pièce de quatre mites (?) Poids, 22 grains :
(grammes, 1,20) *. — Pl. XVIII, n° 43.
76. + PHS' *DEI* GRA* DVX* B’* CO! *FL'. Écu au lion.
R. Croix portant en cœur une fleur de lis. Legende: +
IN * DOMINO * CONFIDO. 1489 °.
Billon noir. Double mite ou courte. Poids d’un exem-
plaire très-bien conservé, 49 grains * (grammes. 1,05). —
PI. XVIII, n° 44.
Le classement des dernières pièces, de 74 à 76, offre
une certaine difficulté. Aussi n'est-ce pas sans une grande
hésitation que je propose celui indiqué ci-dessus. L’iden-
tité de la légende du revers, qui est la même dans toutes,
me porte à penser qu'elles sont de la même époque. À la
rigueur, et suivant le système adopté par M. Rouyer, les.
n® 74, 72 et 73 pourraient être attribués à l'année 1484,
époque où fonctionnait le conseil de régence nommé par
les communes flamandes. Mais il restera toujours le n° 75,
qui est indubitablement d’origine gantoise, et frappé en
1 Serrure, p. 258, n° 134. — Den Duyts, pl. XV, n° 92,
$ Les poids fournis par M. J. Rouyer, op. cit., d’après d’autres exem-
plaires, sont de 29 à 31 grains. Voy. Rev. num., 1848, pl. XVII, n° 8. — Cf.
Duby, pl. LXXXI, n° 9.
8 Serrure, p. 258, ne 135. — Den Duyts, pl. XIV, n° 87. — Rouyer, loc.
oit., pl. XVU. n° 9.
ET DISSERTATIONS. 139
même temps que les pièces sar lesquelles figure le nom de
la ville: quelle place lui assigner? Son poids, surtout
celui des exemplaires publiés par M. Rouyer, indique que
c'est une pièce de quatre mites. Mais cette division n’est
pas énoncée dans les instructions de l’année 1489 que j'ai
transcrites ci-dessus. Peut-être appartient-elle à l'émission
de 1488, ou aux émissions postérieures faites par la ville
de Gand, avant sa soumission complète à Maximilien, et
dont les instructions ne nous sont pas parvenues. Aussi,
laissant cette pièce de côté, et me référant à ce que j'ai dit
précédemment, je rapporterai les n* 71, 72 et 73 à la pre-
mière émission de 1489 et les n°’ 74 et 76 à la seconde,
faite en vertu de l'instruction modifiée du 2A octobre de la
même année.
77. + PHS °D8 G 8 ARCHID 8 AVST 8 DG8 Z8CO 8
FLA’ 3 1491. Armoiries à neuf quartiers, remplissant tout
le champ. |
À. Écu an l'on, sur une croix fteuronnée, cantonné des
lettres G-A-N-D. Légende : FIAT°—° PAX 8 Jo — VIRTVT
—E TVA 8.
Argent. Double gros ou patard. Poids, 54 grains 4
(grammes, 2,88). — Pl, XVIII, n° 45 !.
4 Duby, pl. LXXXIII, n° 4, donne, d’après Van Alkemade et les placards,
un dessin de cette pièce où se trouvent quelques différences de légendes,
mais surtout où l’on remarque la date 1498. Il y a évidemment erreur du des-
sinateur des placards; cette pièce ne peut être que de 1491, ou au plus de
1492, puisque la révolte était terminée le 12 juillet de cette année, Voici ce
qu’en dit Duby : « Pièce d'argent de onze duites nommée double sassener ou
seksener, frappée sous le gouvernement général du duc Albert de Saxe pen-
dant la minorité et l'absence du due: ainsi cette pièce = emprunté son nom
su gouverneur, Alkemade, fol. 157, n° 3. Ordonnance de Charles-Quint,
pe 69, n° 1. » Bien que Duby ne le dise pas, il semblerait que cette pièce a
été émise par l’ordre d’Albert de Saxe, qui commandait, aw contraire, pour
Maximi‘ien, les troupes dirigses contre lcs Gantois, Ce'a n'empêche pas, du
440 MEMOIRES
78. Variété du même. + PHS * D § G*ARCHID * AVST *
B*Z* CO * FLA, 1491. Même type qu'au n° 77.
hk. Même type; l'écu un peu plus grand et les lettres G
— À — N — D placés différemment. Légende : FIAT — *
+ PAX* 1 — VIRTV — TE * TVA‘.
Double gros ou patard. Poids, 58 grains ;‘; (grammes,
2,82). — PI. XVIII, n° 46.
Louis DescHAMPS DE Pas.
(Sera continué.)
reste, qu'elle n'ait emprunté à ce général, comme souvenir de l’époque d’é-
mission, la désignation qu'on lui donnait.
Cette pièce et la suivante viennent détruire l'opinion émise par M. C. A. Ser-
rure, que les Gantois ne donnèrent jamais, sur leurs monnaies, le titre d’ar-
chiduc d'Autriche à Philippe le Beau, se contentant de celui de duc de Bour-
gogne, et surtout de comte de Flandre. Cette assertion peut être vraie pour
la première partie de la révolte de la ville de Gand; et encore y a-t-il une
variété du florin an saint Jean-Baptiste qui porte aussi ce titre. Voy. plus
haut, n° 61,
1 Je crois devoir reproduire ici l'explication que donne M. C. A. Serrure
(op. cit.) des trois légendes caractéristiques employées par les Gantois sur les
monnaies qu'ils émirent pendant leur révolte. Quelques réserves sont peut-
être à faire à cette explication; néanmoins elle m'a paru-bien caractériser Is
situation des esprits aux diverses époques de la révolte.
« Sur l'argent que les Gantois, dit-il, mirent en circulation à cette
occasion, on rencontre tour à tour l’une des trois devises religieuses sui-
vantes : Æqua libertas Deo grata; Fiat pax in virtute tua; ou bien : In Domino
confido, Il est peut-être permis de considérer ces trois phrases comme l'expres-
sion des changements qui s’opérèrent dans la situation des Gantois. Il est po-
sitif que la légende Aqua libertas, etc., dénote un peuple dans le premier feu
de la révolte. Aucune révolution ne s'opère sans que le mot diberté résonne
dans les rangs des mécontents, comme un cri ravissant; mais, à la fin, le
peuple se lasse de s’agiter et de se battre, et, exténué, il soupire après la
paix. Fist paz, eto., nous rend parfaitement une situation semblable. Enfin,
in Domino confido, nous semble devoir être la devise des Gantois, lorsqu'en
1489, ils virent s'approcher le moment où tout secours du côté de la France
allait leur manquer, et qu’ainsiils ne pouvaient mettre leur confiance que
dans leur courage et la grâce du Tout-Puissant. »
etl
ET DISSERTATIONS, hi
MELANGES NUMISMATIQUES
VI
MONNAIES MUNICIPALES DE METZ SOUS LES ROIS DE FRANCE
e
(Pl. XIX.)
4
§ Ir. — Norions GÉNÉRALES ; ORIGINES.
On sait que les prélats qui administraient ies anciennes
cités gallo-romaines des deux Belgiques et des Germanies
cisrhénanes, avaient obtenu, au x° siècle ou au x1°, le droit
de frapper monnaie ‘ ; mais si les divers ateliers épisco-
paux ainsi créés devaient recevoir au début à peu près le
même développement, protégés qu'ils étaient à l’envi par
les derniers Carlovingiens et par les princes de la maison
de Saxe, ils devaient dans l'avenir subir des chances bien
diverses. En effet, dans les villes qui demeurèrent à la cou-
ronne de France, ils furent contrecarrés d'assez bonne heure
ou même fermés par la centralisation gouvernementale,
tandis qu'ils prirent une place définitive et constitution-
1 Quelques rares monnaies de comtes laïques ont aussi été frappées à cette
époque dans les antiques chefs-lieux des cités belges devenues villes épis-
copales, et par exemple à Verdun; mais elles ont rapidement disparu devant
le monnayage des évêques élus ou nummés. C’est dans les châteaux ,méro-
vingiens et dans les villes qui se sont groupées plus tard autour deux, que
s’est principale:nent développé le monnayage des barons héréditaires,
6h2 MEM_IRES
nelle dans celles qui firent partie, comme Metz, de l'empire
germanique ‘. Toutefois dans les villes mêmes où le mon-
nayage épiscopal devait durer le plus longtemps, il ren-
contra, environ deux siècles après sa naissance, les plus
redoutables adversaires chez les bourgeois qui entraient
ou rentraient violemment alors dans la vie politique ; seu-
lement il fant faire encore ici une distinction, car les
choses ne se passérent pas de la même manière dans les
cités de l'empire où dominait l'élément gaulois et dans
celles qui, plus à l’est, étaient devenues complétement
allemandes, depuis que le flot des barbares avait renversé
les barrières séculaires du monde romain. Dans les pre-
mières, en effet, si les insurrections des bourgeois, long-
temps renouvelées, souvent sanglantes, finirent par ébran-
ler le pouvoir féodal des évéques-comtes, les chartes
octroyées ou arrachées, qui ont constitué les communes,
sauvegardèrent en général une partie des droits régaliens
du prélat et notamment l'un des plus importants, celui
de fabriquer le signe d'échange et d’en fixer le cours.
C'est ainsi que la monnaie épiscopale de Cambrai, ville de
langue romane, a duré jusqu'à l'entrée des Français en
1581, celle de Verdun jusqu à Richelieu, celle de Liége
(ancien évéché de Tungres), jusqu'à la Révolution fran-
çaise, etc. Au contraire, dans les cités qui s'étaient déve-
loppées sur le Rhin par l'élément tudesque, 14 où s’éle-
vaient autrelois les camps fortifiés des légions roimaines,
on vit apparaître une monnaie municipale, gage des
droits politiques retrouvés ou conquis par les bourgeois? ;
1 Cf. mes Etudes numismatiques sur une partie du nord est de la France, p. 280
et suiv.
a
4 L'est des Gaules, qui avait si longtemps servi de siége à la puissance
romaine, n’avait pus perdu, malgré tant de bouleversements, la tradition des
ET DISSERTATIONS. hA8
cette monnaie, fabriquée parfois d'abord côte à côte avec
la monnaie épiscopale, finit en général par absorber com-
plétement l'atelier, comme par exemple à Strasbourg, à
Mayence ou à Cologne, et l’évéque fut réduit à faire forger
ses propres espèces dans les domaines ruraux de son
église.
Metz, après avoir, sous l'empire romain, servi de chef-
lieu à l’une des grandes divisions de la Gaule, était devenu
la capitale du royaume d'Austrasie. Aussi, quoique la
langue romane se parlat exclusivement dans ses murs,
était-elle sous certains rapports au moyen âge dans des
conditions analogues à celles des villes épiscopales si-
tuées plus à l'est. Cette remarque explique comment l'oli-
garchie des paraiges messins arriva rapidement à une
grande puissance et comment les évêques durent abandon-
ner à ja ville leur atelier monétaire‘. Ce fut l’évèque
Thierry de Boppart qui, contraint par les événements,
vendit à la cité, le 23 septembre 1383, avec droit de
rachat”, la monnaie messine déjà engagée temporairement
antiques libertés municipales; on ne saurait donc attribuer exclusivement à
l'influence germanique le développement qu’y obtinrent au moyen âge ces
mêmes libertés,
1 À Trèves, toutefois, il n’y a jamais eu de monnaie municipale, encore
bien que cette métropole ait été attribuée à Louis le Germanique par le cé-
lèbre traité de 843, et qu’on y parlât allemand au moyen âge. Cette etception
à une règle à peu près générale se justifie peut-être par ce fait, que l'élément
indigène avait assez longtemps persisté dans Je haut pays de la cité des Tré-
vires, pour que saint Jérôme y eût retrouvé la langue gauloise (ex prologo in
lib. II, Commentar, in epistol. ad Galatas, cap. I1]).
2 Titre déjà publié d’après l’histoire Bénédietine, par M. de Sa@loy (Re-
cherches sur les monnaies des évêques de Metz, p. 67). L'original de cet acte
n'existe plus. Un recueil de documents monétaires que j’ai acquis à la vente
du comte Emmery en reuferme une copie prise sans doute sur un ancien
vidimus, et qui paraît plus exacte que celle de D. François et de D, Ta-
bouillot. ;
BAS MÉMOIRES
aut bourgeois par ses prédécesseurs Bouchard d'Avesnes
et Adhémar de Monthil. L'atelier épiscopal, banni de Metz,
fonctionna tant bien que mal à Marsal et plus tard à Vic,
places de l'évêché.
La cité de Metz furgea d'abord des pièces épiscopales au
type même de l'évèque Thierry; mais elle se sentit bientôt
assez forte pour avoir sa monnaie propre d'argent et
même sa monnaie d'or; sur la première, elle fit graver
d’un côté l'image traditionnelle de Saint-Étienne, de l'autre
une croix; sur la seconde, la croix était remplacée par l'écu
municipal. Les unes et les autres portaient des légendes
indiquant leur nom ou leur origine messine ; la ville, lors-
qu'elle se désignait elle même dans ces légendes, s’intitu-
lait simplement ciritas, car elle ne fut jamais ville libre
comme Strasbourg, qui écrivait sur ses flans monétaires :
Respublica Argentinensis.
Les monnaies autonomes de la cité de Metz se composent
de florins d'or, de gros d'argent et de menues espèces qui
se frappaient encore à peu près à, leurs types primitifs
au moment où la ville rentra dans le giron de la vieille
Gaule, en ouvrant ses portes à Henri II.
§ IT. — MONNAIE MUNICIPALE APRÈS 1552.
À l’arrivée des Français, en 1552, l'évèque Robert de
Lénoncourt, qui avait rendu de grands services au roi,
acquit beaucoup d'influence et pensa un moment devenir
le maître véritable de Metz, sous l'autorité de la France.
Un de ses premiers actes fut d'invoquer les termes, depuis
longtemps oubliés, du contrat de 1383, et d’obliger la cité,
en octobre 1553, à lui rétrocéder ses droits monétaires !.
1 Titre déjà reproduit d'après Meurisse, par M. de Sauloy, Recherches sur
les monnaies des éréques de Metz, p. 83.
ET DISSERTATIONS, h45
Le prélat ne paraît pas néanmoins avoir eu, dès le début,
_l’intention de forger monnaie à Metz; il se contenta, et les
bénéfices étaient les mêmes pour lui, de faire accepter
dans la ville ses espèces de Vic, ce qu’il n’avait pu obtenir
jusque-là, malgré d'instantes démarches’. Les magistrats
écrivirent alors au roi une lettre curieuse*, dans laquelle
ils se plaignent amèrement des procédés du cardinal qui,
en faisant évaluer à sa guise le franc d’or de 1383, avait
trouvé moyen de ne pas payer à la ville tout ce qui lui
était dû pour la rétrocession du coin monétaire et ne s était
pas fait faute néanmoins de mettre ses propres espèces en
circulation sur le territoire messin. Au reste, les rêves
d’ambition du cardinal de Lénoncourt et ses luttes avec la
ville devaient être de courte durée ; le roi exigea en effet
de lui, dès 1554°, l'abandon complet au profit dé la cou-
ronne de tous les droits régaliens concédés autrefois au
siége épiscopal par les princes de la maison de Saxe.
Henri II néanmoins, et malgré cette précaution, ne jugea pas
que le moment fût venu pour lui de renoncer à son rôle de
protecteur et de sortir de la politique prudente qu'il suivait
dans les Trois-Evéchés. Il eut même pour la cité plus de
ménagements que pour l’évèque et laissa le corps munici-
pal exercer la plupart de ses anciens droits et particulière-
ment celui de frapper monnaie. L'atelier municipal se rou-
vrit donc et prit même une activité qui lui avait été inconnue
jusque-là: On vit alors la cité de Metz, qui n'avait ja-
mais eu qu'un type monétaire local, étaler sur le flan
de ses monnaies l'aigle à deux têtes, emblème de l'empire.
1 Voir pièces à l'appui, n° 1.
2 Voir pièces à l’appui n° 2. |
3 La cession fut confirmée le 19 décembre 1555 par le cardine] de Lor-
raine, titulaire de l'évêché.
446 MÉMOIRES
En agissant ainsi, elle avait surtout en vue le développement
de la circulation monétaire et l'acceptation de ses nouvelles
espèces, À l'aide de leur déguisement, sur les marchés
des bords du Rhin et dans les villes allemandes, où elle
avait un trafic important. En même temps, à l’ancien gros
d'argent et à des monnaies plus légères encore fut subs-
titué un système fort complet, comprenant de lourdes
pièces dont l'unité principale était le thaler. C’est au droit
de ces pièces, au lieu de la croix, que se montrait l'aigle à
deux têtes, chargée en cœur de l’écu de la cité et entourée
des mots : Moneta nova metensis ‘, tandis que le revers
continuait à représenter le saint patron avec la légende :
Sanctus Stephanus protomartir.
La ville, en adoptant des monnaies dont le système et
le type facilitaient la circulation chez ses voisins *, faisait
use opération d'autant plus lucrative, que les gros écus de
Metz et leurs subdivisions, malgré les termes de leur loi
écrite *, étaient par le fait moins pesants en général que
1 Les espèces d'or ne changèrent pas ; elles consistèrent toujours en florins
au type habituel.
2 Les thalers des villus @empize ont convtitué une des monnaies les misut
contrôlées du XVI° et du XVII° siècle ; ils étaient soumis à des règles étroites,
et notamment à un titre et à un poids constants, Ces monnaies subissaient
l'essai de leur type et la vérification de leur poids dans les chefs lieux des cer-
cles; leur émission n'était permise que si l'épreuve avait constaté qu’on avai
pas dépassé les tolérances légales (Cf. Hirsch, Des tentschen Reichs Manz-Archir,
Nürnberg, 1761). Metz, devenue ville française, avait tout intérêt à imiter les ©
thalers de l'Empire dans une fabrication dont les produits étaient par le fait
sans contrôle extérieur. Au reste, quelques princes voisins rendaient Ja ps
reille à la riche cite; c'est ainsi qu’elle dut, le 27 juillet 1631, interdire sous
les peines d'usage la mise en circulation des thalors de l'abbé de Gorse (Of.
mon article sur les monnaies de Charles de Rémoneount, 1970, in-4, p, 7}. -
3 Voir les contrats passés par le maître échevin ot les treize avec les maîtres
de la monnaie pour la fabrication des thalers.
ET DISSERTATION . kh7
ceux des villes de l'empire, et'si la différence n'était pas
assez élevée pour qu'on pit l’apprécier sans le secours
d’une balance, elle ne laissait pas que d'atteindre quel-
ques décigrammes.
Cette fabrication messine au type de l'aigle ne paraît
pas toutefois avoir commencé immédiatement. Le plus an-
cien spécimen qu'on en connaisse ne remonte qu à l'année
4574.
Charles IX eut le projet de s'emparer de l’atelier de Metz
et de le faire contribuer à la fabrication des espèces royales;
mais les magistrats, après avoir consulté à Paris la cour
des monnaies *, exposèrent de nouveau que la ville n'avait
pas été complétement remboursée des 4000 francs d'or
qu'elle avait payés en 1383 à Thierry de Boppart. La re-
quête des Messins fut soumise le 8 août 1561 aux inten-
dants des finances, qui firent un rapport sur lequel le
conseil privé siégeant à Saint-Germain-en-Laye fixa, le 18
du même mois, lereliquat au chiffre de 8620 francs ; l'arrêt
portait en outre « qu’icelle somme sera mise au cahier des
debtes du Roy pour en estre baillé assignation auxdits ha-
bitans de Metz, lorsque le Roy commencera à faire battre
monnoye en la dicte vilie de Metz» °. La somme dué à la
ville comme complémeut de payement fut ainsi reconnue,
mais ne fut point acquittée, et la fabrication municipale
poursuivit son cours. |
Au commencement de 1582 on reprit l'affaire de la mon-
1 Comparez par exemple le poids des thalers de Metz (Saulcy, op. laud.,
p. 81 et suiv.) et celui des thalers semi-impériaux, semi-épiscopaux de Maxi-
milien de Berghes et de Louis de Berlaymont, dans ma Numismatique de Cam-
brai, p. 168 et 182.
2 Pièces à l'appui, n° 3.
3 Pièces à l'appui, n° 4.
448 - MÉMOIRES
paie de Metz, et Henri 111, n’acceptant pas ce qui avait été
fait avant lui, écrivit au magistrat le 27 février pour qu'il
eût à lui communiquer la copie de l'acte par lequel l’évèque
Thierry avait engagé son coin à la ville‘. Le roi annon-
çait d'ailleurs l'intention de rembourser la somme due.
Cependant rien ne fut changé à la situation des choses. Le
20 juillet 1804 Henri IV, par lettres patentes en forme de
commission, enjoignit au sieur Viard, seigneur de Ville-
cazin et de Candé, président royal à Metz, Toul et Verdun,
de réclamer, et cette fois en original, le contrat de 1383, et,
s’il était produit, d'exécuter l'arrêt de remboursement de
1561 et de faire fabriquer des monnaies au profit de la cou-
ronne. Ces monnaies devaient conserver « le titre et la loi
accoutumés à Metz», mais porter le nom du roi*. Le
président ne noufia toutefois la volonté de Sa Majesté au
maltre-échevin, aux treize et aux conseillers pour l’expé-
dition des procès, que le 2 juillet 1603*, c’est-à-dire
quatre mois après que le roi, dans son voyage à Metz, eut
jugé par ses yeux de l'importance et de la variété du numé-
raire qui circulait dans cette ville. On avait eu en effet
Yimprudence de lui offrir, dans un vase de vermeil riche-
ment ciselé, un spécimen de toutes les monnaies de la cité,
dont les coins avaient été gravés à neuf pour la circons-
tance *. Dans la notification du 2 juillet 1603, le président
Viard, après avoir réclamé l'acte original, promettait le rem-
boursement du reliquat, à moins qu'il ne fût agréable à la
1 Pièces à l'appui, n° 5.
3 Pièces à l’appui, n° 6.
8 Pièces à l'appui, n° 7. _
* Les monnaies que contenait ce vase, et parmi elles un thaler à l'aigle
d’empire, sont gravées dans le récit du voyage et séjour de Henri IV à Metz,
par Abraham Fabert, p. 58 et 61.
ET DISSERTATIONS. ° hA9
ville de l'abandonner au roi pour les bienfaits qu’elle en
avait reçus. En résumé la ville ne produisit pas l'acte original
et ne fit pas le cadeau qu'on lui demandait, en sorte quela |
monnaie municipale ne fut pas supprimée et que, si l’on
cessa momentanément de la frapper, elle reparut un peu
plus tard. |
En 1633, une création d’une grande importance, déjà
projetée par Henri IV, fut réalisée par Richelieu. Le par-
lement fut installé à Metz le 26 août, et dès lors le pouvoir
judiciaire, qui aboutissait encore par les appels à la chambre
de Spire, fut complétement mis aux mains de la France.
La cour souveraine avait pour mission de détruire successive-
ment les institutions féodales, qui subsistaient encore dans
les Trois-Evéchés, et de développer partout les idées fran-
çaises; elle prit de suite des mesures efficaces, encore bien
qu’elle fût contrecarrée dans son action par le cardinal de
la Vallette, gouverneur de Metz. Parmi ces mesures on peut
citer la suppression, en mai 1634, des emblèmes de l'empire
sur les sceaux des justices ordinaires et leur remplacement
par les lis de France’. Des changements analogues, mais
moins radicaux, paraissent avoir eu lieu vers la méme
époque dans les coins monétaires, d’où l'aigle double dis-
parut également, mais sans être remplacée par l'écu de
France. Les thalers qui furent frappés quelques années
après, en 1638, sur une autorisation de Louis XIII, solli-
citée et obtenue par le gouverneur”, ne portent plus en
effet qu'un emblème local ; quant aux espèces moins impor -
tantes, au type de l'aigle, telles que le teston, elles ces-
sèrent d'être frappées. En même temps et comme signe
d'une intervention plus directe du gouvernement dans l'ad-
1 Cf. ma Sigillographie de Toul, p. 282.
3 Pièces à l'appui, n° 8 et n° 9.
450 ° MÉVOIRES
ministration de la monnaie, les tarifs des espèces locales et
étraogères, établis jusque-là au nom du maître échevin et
des treize, commencent à l'être au nom du roi.
Le 7 mai 1658 le parlement, poursuivant sa campagne
contre les priviléges de la cité, notifie aux officiers de l'hôtel
de ville et à ceux des trois ordres qu'ils n’useront plus que
par provision du droit de battre monnaie; puis dans un
factum ainpoulé' la cour souveraine, après avoir signalé
le mauvais vouloir des maîtres échevins qui, lorsque l'aigle
d’empire eut été supprimée, y avaient substitué dans les
coins monétaires non pas l’écu de France, mais celui de leur
ville, proposa à Louis XIII de racheter définitivement l'atelier
municipal, ou, si les affaires urgentes de Sa Majesté ne le
permettaient pas pour le moment, de contraindre au moins
le magistrat À mettre les armes du roi sur les espèces
courantes. Rien encore ne fut payé à Ja ville et l’on se
borna à lui faire entendre de nouveau qu'on verrait avec
plaisir qu'elle renonçât à sa créance; mais l'atelier muni-
cipal n'en continua pas moins à exister, et, sil n'émit
plus de lourdes pièces telles que les thalers, il fit encore
des francs au type local pendant deux ou trois ans.
Enfin en 1662 Je parlement, par un arrét rendu sur
le réquisitoire de son procureur général Paul Legendre
de Lormoy, supprima virtuellement la monnaie messine,
comme institution féodale, et en fit déposer les divers coins
au greffe de la cour. La vilte s’adressa au roi, mais le
44 janvier 1663 la décision du parlement fut confirmée *.
Cependant la monnaie royale ne se frappa point encore
dans l'atelier de Metz; on représenta que le bon aloi des
1 Pièces à l'appui, n° 10.
2 Titre déjà publié par Sauley. op laud , p. 71,
ET DISSERTATIONS. - A51
espèces de France, si onlesexposait sur le marché messin,
les ferait exporter et mettre au billon dans les contrées
voisines, où le signe d'échange renfermait beaucoup plus
d'alliage. Ce fut seulement en 1666 que parurent, sous le
différent du double A, les pièces messines au nom et aux.
armes de Louis XIV. Comme dernière concession à l'amour
des Messins pour leur monnaie autonome et pour satisfaire
aux besoins de l’appoint, on fabriqua encore pendant quel-
que temps. au type de la cité, une certaine quantité de mo-
destes liards*. La ville continua à se plaindre, mais ses
réclamations ne tendaient plus qu’à obtenir des sursis au
décri onéreux pour elle de l'ancien numéraire local. Ce
décri fixé d’abord, sur les instances du parlement *, au
25 octobre 1679, n'eut lieu en fait que le 5 mai 1693.
La plupart des détails qui précèdent étaient connus °;
il m'a paru intéressant néanmoins de les réunir, de les
compléter au moyen des documents dont je dispose, et de
montrer comment se sont transformées à Metz les institu-
tions de la haute féodalité et avec quelle lenteur disparut,
au profit du pouvoir royal, l’autonomie monétaire de la
cité, qui avait dépossédé elle-même celle de l’évêque.
Quelque chose d’analogue en ce qui concerne la vitalité de
la monnaie municipale se produisit à Strasbourg où
Louis XIV, qui avait effacé dans le royaume les dernières
1 Il existe un liard de 1668.
? La question du retrait de la monnaie de Metz donna lieu à de longues con-
troverses. On peut consulter à ce sujet le Traité de la monnaie de Metz avec
tarif de réduction en monnaie de France, par M. Le Noble, procureur général
au parlement de Metz, vol. in-32 de 165 pages, Paris, 1675.
8 Cf. Sauley, Recherches sur les monnaies municipales de Metz. — Chabert, la
Moselle, par une société de gens de lettres et d'artistes, p. 12.— Abel, Mémoire sur
le franc de Mets, brochure in-8°, Metz, 1855. :
A5 MÉMOIRES
traces du monnaycge féodal, consentit & soumetire ses
éspèces à l’ancien type local, en y faisant simplement
remplacer les mots : Respublica Argentinensis par Civitas
Argentinensis '.
SU. — TYPES NE THALFRS MUNICIPAUX ET DE 1/2 THALERS.
Pour compléter les notions que je viens de réunir sur la
monnaie municipale de Metz pendant la domination fran-
çaise, et particulièrement sur les thalers, je vais décrire,
d'après des exemplaires de ma collection, trois de ces
pièces présentant soit un dispositif, soit des dates qui
n'avaient pas encore été rencontrés, en 1836, lorsque
M. de Saulcy écrivit son livre.
N° 4. S. STEPHANVS @ & PROTHOMART., entre un gre-
netis et un filet; dans le champ, au centre d’un double
contour elliptique, saint Étienne debout en costume de
diacre, la tête nimbée, tient une longue palme de la main
gauche et, de la droite, les caïlloux de son martyre.
À + MONETA.NOVA.METENSIS. 1698, entre un grenetis
et un filet concentriques ; au centre l'aigle double por-
tant en cœur l'écu de la cité, mi-partie argent et sable.
Ma collection; argent, 27 grammes 89; pl. XIX,
fig. 1°°.
N° 2, En 1638, lorsque le parlement fit supprimer
l’aigle de l'empire, la ville résolut d'y substituer ses armes,
mais il y eut des tâtonnements ét l'on frappa des thalers
dont le type fut ensuite modifié. Ces sortes d'essai sont des
plus rares ; déjà M. de Saulcy en a fait connaître un où
l'on voit un écu de forme ovale. Le thaler suivant est en-
1 Levrault, Essai sur l'ancienne monnaie de Strasbourg, in-8°, 1842, p. 359.
4"
ET DISSERTATIONS. 4538
core un spécimen de transition; publié seulement depuis
quelques années, par M. Chabert, dans les Mémoires de
l'Académie de Metz, il est nouveau pour la plupart des
lecteurs de la Revue.
S. STEPHANVS & & PROTOMARTIR. Type semblable à
celui du thaler de 1628.
À. & MONETA CIVITATIS METEN. 1638, entre un grenetis
et un filet ; dans le champ, l'écu de la cité de forme ordi-
naire, mais trés-large, encadré par une double épicycloide,
avec roses dans les angles et fleurons aux pointes.
Ce spécimen différe peut-étre moins des anciens thalers
à l'aigle double que la pièce de 1638 déjà publiée par
M. de Saulcy * ; c’est sans doute le premier essai qui eut
lieu lors du changement de type.
Ma collection; argent, 28 grammes, 59°; pl. XIX, fig. 2.
Au moment de la suppression de l’aigle d’empire, Ra-
phaël Braconnier était maître de la monnaie de Metz. Il fit
deux fois des thalers pendant l’année 1638, la première en
vertu d'une déeision prise par le grand conseil, le 7 mai °,
la seconde à la suite d’une nouvelle autvrisation en date
du 26 du même mois*. On peut donc supposer que les
deux coins de transition datés de 1638, c’est-à-dire celui
qui précède et celui décrit par M. de Saulcy, correspondent
aux deux émissions de ce maître monnayeur.
N° 3. Il existe, toujours sous la date de 1638, une troi-
sième variété de thaler dont le type fut adopté définitive-
ment, car on le retrouve sur les spécimens des années sui-
1 Cf. op. laud., pl. I, fig. 3.
2 Les thalers de 1638 {Pièces à l'appui, n° 9) devaient peser 7 trae
zeaux 1/2, soit 540 grains ou 28 grammes 62.
8 Pièces à l'appui, n° 9.
4 Saulcy, op. laud., p. 66.
1869-70. — 6. 31
Bb MÉMOIRES
vantes. Or, comme Rapheël Braconnier fut remplacé au
mois d'août par. les orfévres David de Marsal et Jean de
la Cloche, qui avaient offert de meilleures conditions à la
ville’, on ue saurait douter que cette troisième variété ne
fût l'œuvre de ces derniers.
Les nouveaux thalers comportèrent des divisions par
moitié et par quarts, inconnues à Metz jusque-là; en
même temps on supprima le teston messin, pièce qui se
fabriquait, également au type de l'aigle, depuis le retour
de la ville à la France.
Les demi-thalers sont fort rares ; M. de Saulcy n’en a fait
connaître que trois, portant les dates de 1638, 1641 et
4642 ; j'ai choisi dans ma collection celui de 1643 pour
donner un spécimen du type définitif de ces mon-
paies.
+ S. STEPHANVS PROTOMARTIR., entre un grenetis
et un filet; au centre, on voit l'image du patron, non plus
debout comme dans les pièces antérieures à 1634, mais en
buste et regardant à gauche. Au-dessus de la téte un
nimbe et, à l’exergue, le chiffre 4/2 indiquant la valeur.
à. & MONETA CIVITA. METENSIS. 41643, entre un grenetis
et un filet; dans le champ l’écu de la cité, de forme alle-
mande, se montre au centre d'une courbe élégante formée
de six lobes tangents au filet et dont les extrémités reliées
par des anneaux se terminent en forme de lis; d’autres
lis occupent les angles rentrants ; des lignes de points al-
1 Raphaël Braconnier était depuis longtemps maître de la monnaie ; il avait
succédé à son père dans cette charge qu'il considérait comme inféodée à sa
famille. 11 fit réclamations sur réclamations, et ne put être expulsé que par la
force. Voir aux pièces à l'appui, n° 11, une lettre qi adressait au maître
échevin et au grand conseil. .
ET DISSERTATIONS. h55
lant du centre à la circonférence complètent l’ornemen
tation. h
Ma collection ; argent, 14 grammes, 40; pl. XIX, fig. 8.
TYPES DE MONNAIES DES MAITRES-ÉCHEVINS.
Mais la création des lourds thalers de la cité et d’autres
pièces municipales moins pesantes n'avait pas été le
seul fait monétaire nouveau qui se fût produit à Metz,
sous l'autorité de la France. En effet, sinon dès le
début, du moins après la renonciation de l’évèque en
1554, on vit apparaître des pièces de peu de valeur, mais
insolites, que l’on frappa au nom et aux armes des
maîtres-échevins. J'ai consacré en 1853 un. travail spécial
à cette curieuse série’. La plus ancienne pièce de maître-
échevin connue jusqu’à ce jour est de Jean Braconnier ou
le Braconnier *, aïeul du maître de la monnaie dont nous
venons de parler. Il est possible qu’on rencontre ‘quelque
jour des mofinaies de son prédécessear Pierre de la Maixe*,
‘ qui entra en charge le 24 juin 1557, quelques mois à
peine après le désistement de l'évêque, et qui inaugura la
” série des maîtres-échevins nommés par le gouverneur en
dehors des anciennes règles”. _
1 Recherch. sur les monn, et les jetons des maîtres échevins de Metz, in-4°.
2 Recherch, sur les monn, et les jetons des maitres échevins de Metz, p. 23 et
pl. I, fig. 1. |
3 Des auteurs étrangers à la numismatique ont supposé que la monnaie
échevinale remontait aussi loin que la monnaie municipale elle-même. C'est
une hérésie que condamne la natare des relations qui existaient au temps de
l’omnipotence des paraiges, entre cette oligarchie jalouse et un magistrat
tenu en tutelle. ; .
+ Le maître échevin était choisi jadis dans les paraiges par l'abbé de Gorse
et par les cing abbés bénédictins de Metz. Dans les derniers temps de l’autto-
486 MÉMOIRES
Hatons-nous toutefois de le dire, le monnayage des
maîtres-échevins paraît n'avoir donné lieu à aucune ré-
glementation écrite et n’a jamais eu pour but de concourir
sérieusement à la production du signe d'échange néces-
saire aux besoins de la cité. Les menues espèces qu'il a
produites n'étaient peut-être même destinées qu'à signaler
chaque entrée du magistrat en fonctions. On ne saurait
toutefois faire de toutes ces pièces de simples jetons, car,
dans les premiers temps de leur existence, plusieurs ont
porté explicitement la déclaration de leur valeur : Quartus
denar., et plus tard, l'indication générale de leur carac-
tère : Moneta metensis'. Quant aux pièces échevinales que
leur légende n'indique pas comme ayant été des signes
d'échange, s'il en est qui sont évidemment des jetons,
d’autres par leur type, leur diamètre et leur poids se rap-
prochent assez de certaines monnaies de la cité, pour qu'on
puisse supposer qu'elles ont circulé dans la ville sur le
même pied que celles-ci et concurremment avec elles. La
dernière pièce échevinale portant Moneta est de 1638,
date où apparurent les thalers sans aigle et où le parle-
ment accomplit ses premières réformes monétaires. Cette
coincidence n’est sans donte pas due au hasard.
Les trois monnaies suivantes sont différentes de celles
que j'ai publiées en 1853.
nomie messine, ce droit était devenu illusoire, et les anciens électeurs ne
faisaient plus qu’installer le nouveau magistrat. Quoi qu'il en soit, ces digni-
taires durent renoncer officiellement le 23 février 1557 & ce privilége, encore
bien qu'ils ne l’exerçassent plus à proprement parler.
1 Ces menues espèces des maîtres échevins de Metz peuvent être rappro-
chées des méreaux capitulaires qu'on désignait à Cambrai, au XVIe siècle,
sous le nom de monnaie blanche, et qui n’ont cessé de circuler dans le pays
qu'à une époque assez voisine do nous. Cf. ma Numismatique de Cambrai,
p. 191.
ET DISSERTATIONS. 457
JEAN BERTRAND DE S.-JURE.
D'argent, à la croix alaisée de gueules, coupé d'azur à
deux flammes d’or en chevron; à la fasce en devise de sable
brochant sur le coupé’.
M. de Saint-Jure, écuyer, seigneur de Mercy-le-Haut, fut.
maitre-échevin en 1602 et en 1608; il exerça aussi la
charge de seigneur treize, qui n’était pas incompatible avec
celle de premier magistrat de la cité. La relation du voyage
de Henri IV parle de lui comme d’un magistrat distingué *..
* ESPOIR ET POEVR, entre un grenetis et un filet:
concentriques; dans le champ, les armes du magistrat.
R X METIS AN. DOMINI. 1608, écu de la cité entre un
grenetis et un filet.
On ne connaissait jusqu'à ce jour qu'une pièce à la
date de 1602 où les flammes mal venues ressemblaient
à un cœur ?.
Le spécimen que nous venons de décrire ne porte pas le
titre de monnaie; mais son type et son poids le rappro-
chaient assez des liards de la cité pour lui avoir permis de
circuler sur le même pied qu'eux.
Ma collection; billon, Os,81; pl. XIX, fig. 4.
Nicocas MAGUIN.
D’azur* à six mollettes à huit pointes d'or, 3, 2 et 1.
1 Épith. de Metz, p. 88 et 192; ms. de la bibliothèque de la ville.
2 Rel. du voyage de Henri IV à Metz, par Abraham Fabert,
8 Recherch. sur les monnaies et les jetons des maîtres échevins, p. 29, et pl. Ie
fig. 8. , |
+ Ces émaux sont indiqués par le manuscrit de la bibliothèque municipal:
458 MEMUIKES
M. Magnin fut plusieurs fois mattre-échevin entre les
années 1602 et 1608. C'est à Henri IV qu'il dut ses lettres
de noblesse.
% CRAIN. DIEV ET FAY IVSTI, entre un grenetis et un
filet ; au centre, l’écu de famille. Cette devise était brodée
sur Je guidon d'une cornette de cavalerie, équipée en 1603
par Je maltre-échevin pour l'escorte de Henri IV, pendant
son séjour À Metz’.
&. % METIS. AN. DOMINI, 1609; au centre, l'écu de la
cité.
Ma collection; billon, 05,82; pl. XIX, fig. 5.
La monnaie gravée dans mon premier travail portait d’un
CÔÉ : a Crains Dieu et fuis jus. 1602; .de l’autre : « Moneta
nora met.» Un exemplaire avec fais, au lieu de fay, a ap-
partenu à M. de Saulcy.
ABRAHAM FABERT.
D'azur à l'Hercule de carnation, couvert d’une peau de
lion et soulevant de la dextre sa massue, le tout d’or: à
l'orle de dix grenades tigées à feuilles du même, et à la
bordure de gueules, cannelée d'argent’.
Fabert, célèbre imprimeur messin, seigneur de Moulin,
avait exercé, après son père, la charge de directeur de l'im-
de Metz; mais la famille Magnin, dans la déclaration qu'elle eut à faire, en
vertu de I’édit fiscal de novembre 1696, adopta un champ de gneules.
1 Notice sur Nicolas Maguin, par M. Chabert, broch. in 8°, 1853, p. 9.
2? Ces armes compliquées avaient été inexactement décrites dans mon pre-
mier travail. L’Hercule en pal, suivant M. de Sailly, paraît une allnsion à Ja
famille des Bernards d’Allamont, dont faisait partie Anne des Bernards, fémme
d'Abraham. Le second fils du maître échevin, le maréchal Fabert, trouva.
plus simple de prendre d’or à la croir de gueul's.
KT DISSERTATIONS. A59
primerie ducale de Nancy. Le roi lui donna en 1630 le
cordon de Saint-Michel. Il fut maître-échevin de 1610 à
4614, de 1618 à 1620, de 1624 à 1625, de 1632 à 1638,
et enfin de 1637 à 1638 '.
ABR.FABERTM. ESCHEVIN, entre un grenetis et un filet,
au centre un Hercule debout appuyé sur sa massue; dans
Je champ, huit grenades. Ce type monétaire, en raison
sans doute du peu d'espace, ne reproduit, comme on le
voit, qu'une partie du blason de famille.
À. MONETA.NOVA METEN.; dans le champ, l'écu de
Metz; à l’exergue, 1638.
Ma collection ; arg., belle conservation, 44,02 ; pl. XIX,
fig. 7.
Les deux pièces suivantes sont de simples jetons; je les
place:-ici pour compléter la planche.
JEAN-BAPTISTE DE VILLERS.
Au 4* canton et au 4°, de gueules à la fasce d'argent,
accompagnée en chef de deux étoiles du même, qui est
Villers-sur-Genivaux *; au 2° et au 3°, d'azur à la bande
d’or, chargée d’une tour de sable entre deux coquilles
de même, qui est Mondelange.
M. de Villers, seigneur de Saulny, fut maître-échevin
1 Cette dernière date ne figure pas dans ie Recusi] des épitaphes ; elle est
connue par un jeton déjà publié.
2 Les Villers-sur-Genivaux, auxquels appartient le maître échevin de Metz, :
n'étaient pas devenus Champenois, bien que leur généalogie ait été donnée par
Gaumartin, dans la Recherche de Champagne. Dans les autres branches de cette
famille, le champ de l’écu reste de gueules et les meubles d’argent, mais log
étoiles sont remplacées tantôt par deux Anneléts, tantôt par deux besants.
(Notes de M. de Sailly.) |
460 MEMOIRES
du mois de juillet 1620 au 31 mars 1624; du 4** décembre
4626 au 1° juillet 1630, et enfin du 5 décembre 1634 au
22 juillet 1632. Il était gentilhomme ordinaire de la
chambre de Louis XIII et chevalier de Saint-Michel.
1. BAP™ de VILLER Mer ESCHEVIN DE METZ, entre
uo grenetis et un filet; dans Je champ, l'écu ovale de la
cité.
À. IVSTITIA ET MARTE; au centre l'écu de famille
timbré d'un casque avec ses lambrequins et ses aïles, à
la mode allemande; à l'exergue : 1629.
Ma collection, argent; 10 grammes; pl. XIX, fig. 6.
Cette pièce frappée pendant le premier maître-échevi-
nat de M. de Villers est d'un module plus grand que la
monnaie déjà publiée * avec la légende : moneta nova
metens ; son type, au droit, la rapproche du franc messin °,
mais elle n’a avec lui aucun rapport de poids. C’est une
variété du type de 1622.
BERNARD DE PELLARD DE GIVAY.
D'or à l’aigle éployée de sable *.
Bernard de Pellart, seigneur de Givry, fut maître-échevin
du 13 mars 1667 au 45 avril 4678.
B. DE GIVRY M. ESCHEVIN DE METZ; au centre de la
pièce, les armes de Metz sur un cartouche.
à. META MIHI METAE; dans le champ, l’écu de Givry,
timbré d'une couronne de comte et entouré de palmes.
1 Recherches sur les monnaies of les jetons des maitres échevins, p. 37, et pl. I,
fig. 2.
Cf. Saulcy, op. laud., n° 1 de la planche.
Création des maîtres-échevins ; ms in-folio de la ville de Metz, 81.
ET DISSERTATIONS, . AGL
Cette piéce, assez mal conservée et sans date visible, est
nécessairement postérieure à l’année 1638; elle ne paraît
pas avoir di servir régulièrement de monnaie, bien que
son diamètre la rapproche des menues espèces de la cité
qui n’ont été retirées de la circulation qu’en 1693.
Ma collection; argent, flan mince; 0*,95; pl. XIX,
fig. 8.
M. de Givry a multiplié sur ses pièces les devises, telles
que : «oculatus ubique; rostro tud et ungue tuebor ; partes
« inlenlus in omnes; semper in excubiis; undique solem ».
La légende du jeton que nous venons de décrire « meta
mihi metz » est un jeu de mots dans le goût du temps‘.
CH. ROBERT.
1 Le vrai nom de Metz était Mettis, mais D. Cajot (Antig. de Mets, p. 42)
prétend qu’on disait aussi Metz.
AGÈ MÉMUIRES
PIECES JUSTIFICATIVES.
Letire originale sur papier, avec signature et cachet.
Messeigneurs afin que vous entendiez qu'il a esté loisible a
mes prédécesseurs euesques de Metz faire forger monnoye de-
puis l’engaigement du coing d’icelle. Et que congnoissiez le peu
de respect qu’auez eua moy aussi le grand tort que m’auez faict
d’empescher et défendre le cours de la mienne. J’ay bien voulu
vous enuoyer ce porteur expressément pour vous monstrer de
celle que ont faict monnoyer au lieu de Marsal fueux de bonne
mémoire messeigneurs Raoul de Coussy et Conrad Bayer deux
de mesdictz prédécesseurs. Lesquels ont régné longtemps après
Thiederich de Boppart qui engaigea ledict coing au corps de la
cité de Metz. Et pour ce je vous prie y voulloir penser et aduiser
et souffrir que ma dicte monnoye ait son cours et se puisse em-
ployer et despendre en vostre cité. Faisants aultrement je ne me
pourray persuader que n'ayez enuye de traicter toute chose irai-
sonnable contre moy qui assés de foys vous ay demonstré l’af-
fection que je porte au bien repos et utilité de vostre dicte cité.
Au demourant i’ay donné charge a ce dict porteur maistre de
madicte monnnoye vous dire aulcunes choses de ma partsur le
contenu en la présente, desquelles vous le croirez comme moy-
mesmes. À tant je prye le créateur vous auoir en sa saincte garde.
Escript a Vy ce xxj° jour de mars uv‘]j auant Pasques.
Vostre bon prélat et pasteur,
ROBERT CARD4t DE LENONCOURT.
(Suscription) : À messeigneurs les maistre escheuin et treize
jurés en la cité de Metz.
ET DISSERTATIONS. h63
H
Expédition du temps sur papier.
_ C'est queles depputez de Metz remonstreront au roy pour
Vintérest qu’ilz prétendent a la monnoye qui se faict à Vy et au
raichapt qui a esté faict du coing de ladicte monnoye en l'an
4553. ; |
En premier lieu ilz remonstrent que en lan mil uj‘ mj" iij ung
euesque de Metznommé Thiedrich vandist à la cité le coing de
la monnoye premièrement pour dix ans et depuis trois ans
auant que lesdictz premier dix ans fuissent escheuz icelluy sei-
gneur euesque Thiedrich leur vandist ledict coing de monnoye
a rachapt perpétue] moyennant la somme de quatre mil frans .
d'or coing du Roy de France payables a un seul et enthier
payement.
Or monseigneur le cardinal de Lenoncourt si tost quil fust
euesque et auant la venue du roy il entreprit forger monnaye
à Vy ce que les parrages et seigneurs de lacite qui estoient pour
lors ont tousiours empesche et contredit maintenantz que le
dicl seigneur euesque ne pouuoit forger acause que le coing et
droict de forger estoit engaigez el vendu a la cité et ne pouuoit
ledict seigneur euesque forger au préiudice de la dicte vendi-
tion et estoient en délibération les dicts seigneurs den faire une.
grande poursuicte en l'empire contre ledict seigneur cardinal de
Lenoncourt et sans la venue du roy en la cité ilen fust aduenu:
de grandes querelles et divisions ainsi que les choses estoient
eschauffées. |
Il y a plus detrois cens ans quil y en a eu accord entre le sei-
gneur duc de Lhorraine et le seigneur euesque de Metz et ait par
auant ladicte vendition et engaigement dudict coing de monnoye
portant de quel pied chascun debuoit besoingner et le lieu ou il
debuoit forger qui estoit chascun es villes capitales l’une du duché
et l’autre de l'euesché.
&64 MÉMOIRES
Et ayant engaigé et vendu ledict seigneur Thiedrich ledict
droict et coing de monnoye qui se faisoit a Metz et ne se pou-
uoit faire ailleurs les aultres euesques après luy ne pouuoient
plus rien prétendre audict droict de monnoye sinom qu’il fust
premièrement rachapté.
Ledict seigneur cardinal de Lenoncourt voulant faire le ra-
chapt créa en premier lieu nouuelle justice usant de plusieurs
menasses et fortes mesures de rompre toutes les arches et tré-
sors publicques et emporter tous les preuileges tiltres atours et
escriptz de la cité dont encores a present il dethient les cleifz.
Et sur cela ledict seigneur cardinal se fist accordeir le ra-
chapt de ladicte monnoye moyennant la somme de quatre mil
frans messain qui vallent deux mil huict cens quatre vingt liures
tournois faisant eualuer a sa guyse le frant dor combien que —
lon sache assez que le fran dor du coing du royde France
comme il est contenu audict contract reuient a ung ducat et plus
et qui se debuoit payer en espece dor actendu que par ledict con-
tract est spécifié que lesdictz nt) mil frans dor seront de poix et
du coing du roy de France. Car par atour de la ville faict en lan
mil trois cens quatre vingt et trois qui est la propre année que
ledict engaigement fuist faict. Il est ordonné que les rachaptz et
payementz de debtes se feront es espèces dénommées es con-
tractz et escriptz. Et de jouyr dudict coing en vertu dudict ra-
chapt tel quel soub correction ce nest pas chose raisonnable
pour le payement faict par ledict seigneur cardinal de Lenon-
court qui ne reuient pas a une quarte partie de ce qu’il appar-
thient. Ceque ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a bien sceu.
Et aussi par une lectre appert que touttes fois il na vollu passer
que soubz son seau il a promis suppléer le juste prix en cas que
par apres il se trouuast que le fran dor du pois et coing du roy
de France soit de plus grand valleur que le franc messain. Et
pour monstrer de quel pris est ledict franc dor et que cest que ceulx
de Metz ont appellé ung franc dor du coing du roy de France se
trouue une ordonnance et cry de monnoye faict en ladicte ville
lan mil nj° wi” et trois qui est la mesme année que ledict coing
ET DISSERTATIONS, | h65
fuit engaigé. Par laquelle appert que ledict franc dor est de
pareille valleur que lescu de France et moindre que le vieil escn
de France de 1 solz vi deniers. Et oultre par aultre ordonnance
et cry de monnoye faict et imprimé en ladicte ville lan mil
v°xxxix ledict franc dor du coing du roy de France y est spécifié
en deux sortes scauoir est ung a pied et l’aultre a cheval. Et est
celluy a pied du poix de deux deniers vingt grains qui est le
poix des Henrys que de nouveau sa maiesté a faict faire pour
cinquante solz.
Et dauantage ledict rachapt fait les dictz seigneurs de la cité
debuoient jouyr dudict coing encores trois ans apres. Lesquelz
trois ans ne commencent point a courir et auoir lieu sinon du
jour et aprez que lesdictz quatre mil frans dor auroient esté payez
a ung seul payement comme le tout peult apparoir par la sim-
ple lecture dudict contract de vente.
Lesdictz trois ans auroient estez accordez den jouyr apres le-
dict rachapt parce quil restoient du précédent contract denga-
. gement qui estoit de dix ans.
Le contract dallienation faict par ledict seigneur Thiedrich
dudict coing de monnoye a rachapt perpétuel confére auec le
eontract de rachapt faict par ledict seigneur cardinal de Lenon-
court monstrent assez l’intérest de la cité et conséquemment
linterest du roy protecteur dicelle et soubz la main duquel la-
dicte cité jouyst et est conseruée en ses préuiléges et droictz.
Chascun congnoist assez quel intérest et perte cest de bailler
deux mil vuj° inj™ liures tournois pour quatre mil ducatz qui
vallent lesditz quatre mil frans doret plus. Et que nayant ledict
seigneur cardinal de Lenoncourt faict lenthier payement des-
dictz iiij mil frans dor il ne pouuoit faire forger monnoye ce
quil a faicta Vy. En quoy ladicte cité a eu aultant d’intérest que
ledict seigneur cardinal de Lenoncourt en a receu de proffict par
chascun an qui est de quatre cing et six mil livres par an et
aussi ila grandement préjudicié a la cité faisant forger a Vy ce
que ce debuoit et pouuoit faire seullement en ladicte cité de Metz
par l’accord cy dessus déclaré.
466 MÉMOIRES
Et dauantaige on voit assez comme ledict seigneur cardiail
de Lenoncourt sa faict quicter et remectre ledict temps de trois
ans quil dict estre usuraire et ce pour les bons plaisirs et fa-
ueurs quil a faict a ia cité dont dieu et tout le monde peult
porter assez tesmoingniage de ce qui en est. Et luy a esté faict
ce don par ceulx qu'il auoit mis a la justice pour ceste année la
parce que de puissance absolue il le vouloit ainsi. Et se disoit
prince régalien seigneur spirituel et temporel en ladicte cité.
Quelque rachapt que ledict seigneur cardinal de Lenoncourt
ayt faict jamais le roy na permis quil en ayt jouy ny forgé en
ladicte cité.
Et dauantaige ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a fait
forger des florins de Metz desquelz le coing apparthient a la cité
et ne se trouuera que jamais euesque ayt faict faire ny forger
aucuns florins.
{ll
Expédition du temps sur papier.
Les généraulx conseillers du roy nostre sire tenans sa court
des monnoies veu par ladicte court la requeste a elle presentée
par Claude Daboncourt lun des treize et depputé de la ville de
Metz affin davaluer les francs dor qui auoient cours en lannée
mil trois cens quatre vingtz et trois a la monnoie de France qui
a de présent cours et de ce luy bailler certification pour sen ay-
der comme de raison, veu aussi une coppie collationnée a son
original par Mangin le Coullon secrétaire et greffier de ladicte
ville de Metz et Pierre Jolly notaire publicq oudict Metz de cer-
tain contract et lectres obligatoires du vingtroisiesme de sep-
tembre oudict an mil trois cens quatre vingtz et trois par Jef
quelles appert Thiedry lors euesque de Metz et du consente-
ment des prince doyen et chappitre de l’église dudict Metz
s’estre obligé aux m° escheuin treize jurez et communaulté de
la cité dudict Metz pour et au non de ladicte cité pour quatre
ET DISSERTATIONS. 467
mil francs de fin or et de iuste poix du coing du roy de France
qui ont esté prestés audict Thiedry pour les causes contenues
audict contract par lesdictz m° eschevin treize et communaulté
de ladicte cité de Metz et pour asseurance d’icelle somme ledict
_Thiedry comme euesque dudict Metz et du consentement des-
dictz prince doyen et chappitre auoir engaigé et obligé tout le
droict et toutte la puissance quil auoit et pouuoit auoir en ladicte
cité de Metz auec toutes ses apartenances de faire monnoie
jusques a tant que icelluy Thiedry ou ses successeurs eus-
sent rendu et restitué ausdictz m° eschevin treize et commu-
naulté ou a leurs successeurs reallement entierement et touttea
une fois ladicte somme de quatre mil francs de bon or et de
juste poix du coing du roy de France. Pour lesquelz quatre
mil francs ledict Thiedri et ses successeurs pourroient rachap-
ter ladicte obligation et engagement toutesfois et quantes quil
leur plairoit comme plus æ plain est contenu dudict contract et
lectres obligatoires certiffient a tous quil appartiendra que les
francs dor faictz et forgés es monnoies du roy et qui auoient
cours en ladicte année mil trois cens quatre vingtz et trois val-
lent de la monnoye de France qui a de présent cours a raison
de cinquante solz tournois lescu sol cinquante sept solz neuf de-
niers tournois piece faict en la court des monnoiesle deuziesine
jour de may lan mil cinq cens soixante et ung. |
. | Signé : Hotmay.
IV
Copie du dernier siècle.
Au Roy Et a Nosseigneurs de Son Conseil.
SIRE,
Le Maistre Eschevin Conseil et Treizes de la Ville de Metz vous
supplient très-humblement les vouloir faire expédier en vostre
conseil sur le faict de la Monnoye dont ils ont faict remons-
trance a vôtre Majesté du droict qui appartient à la ditte Ville
468 MEMUIRES
de Metz en la monnoye pour le reachapt qui en a esté faict par
feu Monseigneur le Cardinal de Lorraine lors euesque dudit Metz
pour lexpédition duquel affaire qui est de grande importance
pour la dicte Ville ils ont tousjours heu homme exprès a la suitte
de votre dit conseil depuis un an et les supplians prieront Dieu
pour vostre Majesté. .
La présente Requeste est renvoyée & Messieurs les Intendans
des finances pour entendre et ouyr sur le contenu en jcelle
l'homme envoyé icy a cette fin et veoir les Mémoires qu'il porte
pour en tout faire leur rapport au Conseil du Roy et sera sur
ce pourveu comme de raison. Faict au dit Conseil tenu a Sainct-
Germain en Laye le viij* jour d’Aoust 1361.
Signé : pe LAUBESPINE.
Ouy le rapport des Intendants des finances veu le Vidi-
mus d’une lettre du mois de septembre 1383 par les-
quelles Thiederic Euesque de Metz du consentement des Princier
Doyen et Chapitre du dit lieu s'est obligé envers les habitans de
la ditte ville en quatre mil francs d’or du jusle prix du coing de
France, et pour asseurance d’iceux leur engage tout le droict
qu’il avait de faire monnoie en la ditte ville, autre vidimus de
lettres du vij’. octobre 1553, par lesquelles apres que Robert
Cardinal de Leuoncourt faisant le reachapt d’icelle monnoye
pour quatre mil francs dus a raison de xiij. groz monnoye
coursable au change dudit Metz promect que s’il se trouve
qu’il y ait autre recharge sur la valleur desdits quatre mil
francs dy satisfaire de point en point et certifications de la cour
des monnoyes à Paris en datte du ij’ may 1561 par laquelle cha-
cun des dits francs d’or est eualué sur le prix de cinquante solz
tournois pour escu soleil a Lvij. S. 1x. d. Pour ce et veu le
calcul faict par lesdits Intendans des finances par lequel apert
iceulx 4000 francs a laditte raison de Lvij. S. 1x. deniers pieces
vallent xj™ v° livres et à raison de douze gros dudit Metz dont
vingt vallent vingt quatre solz tournois qui est le prix auquel
ledit reachapt a este fait deux mil vij° nrj” livres seulemert
ee gee ee eee
ET ‘DISSERTATIONS, h69
parquoy reste deub par le Roy ayant le droict des dits Euesques
de Metz la somme de huict mil vse Lxx° a esté ordonné
qu'icelle somme sera mise au cahier des debtes pour en
estre baillé assignation auxdits habitans de Metz lorsque le
Roy commencera a faire battre monnoye en la dicte Ville de
Metz. Faict au Conseil privé du Roy tenu a Saint Germain en
laye le xvij* jour d’Aoust 1561.
Signé : BureLusis.
V
Lettre originale avec signature et cachet.
Tres chers et bons amys. Desirans veoir le contract dengaige-
ment de la monnoie de Metz faict à la ville et cite dudict Metz
par lun des predecesseurs euesques dudict Metz, Nous vous
prions de nous enuoier au plustost la coppie dudict contract.
Affin d’aluiser au moien que nous pourrons auoir de faire le
ramboursement dudict engaigement ainsy que nous en auons
* Ta volunté. Et nestant la presente a aullre fin nous supplierons
Dieu tres chers et bons amys quil vous ayt en sa S“ garde.
Escript à Paris le xxvis" jour de feburier 1582.
Henry,
v Brulart.
(Suscription) Noz tres chers et bons amys les M° escheuin con-
seil et treize de la ville et cite de Metz.
VI
Expédition du XVII siècle.
Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre,
a notre améet féal Conseiller de nôtre Conseil d’Estat, et privé,
M° Jacques Viard, seigneur de Candé président à Metz, Toul
et Verdun, Salut. Notre très-cher et bien amé cousin le deffunt
1869-70. — 6. | 32
470 MÉMOIRES
Cardinal de Lorraine Euesque de Metz ayant dans le dixnieu-
fième Décembre mil cinq cens cinquante cinq, ceddé et trans-
porté au deffunt Roy Henry second notre très-honoré sieur et
père, tous les droits souverains qui luy appartiennent en la dite
cité de Metz, de créer par chacun an la justice du M° Eschevin
et treizes de battre et forger monnoye et a ses successeurs, le-
quel droit de battre et forger monnoye auroit esté pour subve-
nir aux affaires du clergé auparavant engagé par les prédeces-
seurs Euesques au corps de la dite cité de Metz, pour la somme
de trois mil florins d'or du coing de France, a faculté de ra-
chapt perpetuel, ainsi -qu’il nous auroit esté représenté, les-
quelles cessions et transport d’eslors, furent agréés et ratiffides
tant par le clergé et tousles abbez et autres equités qu'il appar-
tenoit que par le dit M° Eschevin Treizes et Conseil, en l’année
mil cinq cens cinquante six et suivant icelui nos très-chers et
très-aimez frères les Roys deffunts Charle et Henry, auroient
par chacun an créé et establis ledit M° Eschevin et treizes de la
justice, fait et presté le serment en mains des Gouverneurs et
Lieutenants au dit Gouvernement en présence du Président du
dit Metz. mais pour les grandes et importantes affaires, et
guerres continuelles survenues dans le Royaume depuis les
dites cessions et transport, n’auroient permis aux Roys deffuns
nos prédecesseurs de jouir librement des moyens ordinaires et
osté les commodités de dégager ledit droit, et rembourcer ladite
cité de la somme contenue au dit contract, de laquelle desirant
leur estre satisfaits, et maintenir a nous et a nos successeurs en
cette couronne, ledit droit et principal marque de souveraineté
très-utille et nécessaire suivant ledit transport, et que pour exe-
cuter ledit rembourcement et establir les Officiers qui sont requis
pour l’exercice et fabrication de ladite monnoye qui seront par
nous crés et pourveus, il soit requis commettre un personnage
digne, et d’integrité. Nous a pleine confiance de vôtre prudence
loyauté et longue expérience que vous avez acquis des affaires
dudit Gouvernement, Nous vous avons commis et deputez, com-
mettons et deputons avec pouvoir exprès de faire et accomplir
ET DISSERTATIONS. A71
l’execution dudit rembourcement et establissement de ladite
monnoye et desdits Officiers, et pour cet effet faire commande-
ment audit M° Eschevin et Treizes de vous representer ledit con-
tract d’engagement en vertu duquel ils ont joui cy devant du
droit ; voir et recognoistre a quelle somme ledit engagement a
esté fait pour estre lesdits deniers qu’ils montreront avoir four-
nys audit sieur Euesque rembourcer par nous, sans que le laps
du temps quelqu’il soit puisse empêcher la faculté dudit rachapt
et rembourcement qui ne se peut prescrire, et ledit payement
fait, establir ladite monnoye en notre nom et profit et au titre
et loy accoutumée en ladite cité, et qu’il sera advisé le plus
apropos semblablement tous les officiers requis pour la fabri-
cation, direction et distribution de ladite monnoye, sous notre
nom, et authorité, lesquels officiers seront par nous pourveus
de leur office taxés en nos parties casuelles, dont nous vous en-
voyons le Rolle et taxe pour lesdits deniers qui en proviendront,
estre employés en l’acquit et payement d’aucunes de nos debtes,
et les emoluments qui proviendront cy après des droits seigneu-
riaux et fabrication de ladite monnoye estre baillié a ferme ou en
recepte a mil florins, sur lesquels seront pris les gages desdits
officiers et généralement pour la parfaite execution de ce que
dessus circonstances et depandances vous emploirez tout ce ~
_ que vous cognoisteré et jugeré estre requis et nécessaire tout
ainsi que nous ferions si nous estions en personnes, ors qu’il y
eut chose qui requist mandement plus spécial qui ne fut con-
tenu en ces présentes signées de notre main, promettant en
bonne foy et parole de Roy avoir agréable, et tenir ferme et
stable et tousiours tout ce qui sera par vous fait, et arresté, et
de tout entretenir, garder et observer sans jamais aller au con-
traire en quelque sorte que ce soit, car tel est nôtre plaisir,
donné à Paris le vingtiesme jour de Juillet l’an de grâce mil six
cens un, et de notre règne le douzième. Signé : Henry et plus
bas : Par le Roy, Potier, et scellées du grand sceau a queüe
pendante. |
Az? MEMOIRES ‘
Vu
Extrait des registres de la justice royale de Metz
(xvu° siècle).
Du deuxiesme juillet 1603. Pardevant nous Jacques Viart,
Consviller du Roy et Président à Metz.
Et le dit jour deuxiesme de juillet audit an le Sieur Président
de Metz a faict lire present Le Maistre Eschevin les Treizes et
Conseillers estants au Conseil pour l’expédition des procès, les
lettres patentes du Roy dattées du xx° juillet 4601, signé Henry
et contresignées Potier et scellées au grand sceau a luy adres-
sces. Qu'il a ordonné estre registrées au greffe et enjoint audit
sieur Maistre Eschevin de représenter l’original des lettres d’en-
gagement du droict de battre et forger monnoye du 23° sep-
tembre 1383. Que le deffunct Euesque de Metz Thiedric avail
engagé au corps à la ditte cité de Metz pour la somme de 4000
francs d'or au coin de France, lequel droict avait esté ceddé
par le deffunct Seigneur Cardinal de Lorraine au Roy Henry
Second l’an 4556 et à la couronne de France ainsi qu’il appert
par les Lettres de cession enregistrées au Greffe en la ditte an-
née et dont souventes fois il avait sommé le S' Bertrand de
Saint Jure estant M° Eschevin en lannée dernière de mettre au
Greffe de ceans l'original des dittes lettres d'engagements, et de
rechef a admonesté le dit M° Eschevin d’user de toute diligence
de representer les dittes lettres d’engagements affin de procéder
à lexécution dicelles, et leur a faict veoir au dit Conseil la copie
d’une Requeste presentée au Roy Charles, par le M° Eschevin
de Metz qui lors estoit, et l’ordonnance du dit Conseil d’État du
8° d’Aoust 1564 par laquelle après qu'il a été recognu que le
deffunct Robert Cardinal de Lenoncourt Euesque de Metz avait
payé au corps de la dite cité 2880*. Et que de l’entier payement
n’en restoit plus que 8670" que Sa Majesté mettroit peine de
faire rembourser au corps de la ditte cité ou bien de s’obliger de
.
2 ——— mm D A - 2 — ee tent
ET DISSERTATIONS. h73
la ditte somme s’ils n’avoient aggréable d’en faire présent a
Sa ditte Majesté pourtant de bienfaict qu’ils ont receu et recoi-
vent par chacun an d’icelle, lequel Sieur Maistre Eschevin a
dict qu’il avoit faict rechercher longtemps les dittes lettres
d’engagements qu’il n’avoit pu encore recouvrer, et que de
-rechef il useroit de toute diligence pour les mettre au Greffe.
VI
Copie du temps.
De par le Roy,
Tres chers et bien amez, celle cy est pour vous dire que nous
treuuons bon sur la remontrance qui nous a esté faicte de vostre
part que vous continuiez à faire battre fabriquer de la monnoye
en nostre ville de Metz en la mesme sorte et manière qu’il s’est
tousiours pratiqué, ce que nous vous accordons d’autant plus
volontiers que nous avons esgard à la nécessité présente. Donné
à Saint-Germain en Laye le 22° jour de Mars 1638. Signé à l’o-
riginal Louis, et plus bas. Bouthillier avec paraphe.
IX
Minute du temps.
Du Septiesme May, mil six centz trente huit, à Metz, en l’as-
semblée du grand Conseil.
Sur ce qui a esté représenté, que pour ne pas négliger la
grace, qu’il a pleu a Monseigneur l’Eminentissime Cardinal de la
Vallette nostre Gouuerneur, obtenir du Roy, en faueur de ceste
ville, à laquelle Sa Majesté continue les droits et usages qui luy
appartiennent de fabriquer monnoye, il importe d’y faire tra-
vailler incessamment et sans délay; l'affaire ayant esté mise en
délibération après avoir examiné les raisons du sieur Bracon-
474 MÉMOIRES .
nier, et autres personnes versées et bien entendues au faict des
dites monnoyes et ouy le procureur du Roy;
Il a esté arresté et résolu que le dict sieur Braconnier M° de
la Monnoye fera fabriquer incessamment et sans intermission,
sous les coings dont les modèles ont été représentés, des Reis-
talars du poids de sept trezeaux et demy qui tiendront dix de-
niers, quatorze grains de fin, comme aussy des demis quarts
et vinctiesme a l’equipolent; et afin que le peuple puisse tirer
du soulagement de la fabrique des dites monnoyes, sera noti-
fié par affiches publiques, à tons ceux qui ont du Billon de s’en
accommoder avec le dict S' M° de la Monnoye sy bon leur sem-
ble pour en tirer des espéces. Faict comme dessus.
Signé : Praitton.
X
Copte du xvi° siècle.
Projet des remontrances faictes au Roy le 30 mai 4658 par le
Parlement de Metz contre les officiers de l’hôtel de ville au
sujet de la monnoye qui se battoit encore au coin et armes
de la ville.
La seconde chose sur laquelle les officiers de votre cour de
parlement sont obligés de vous faire leurs très-humbles remon-
trances concerne le droit de battre monnoye au coin de la ville
dont la connoissance et jurisdiction est attribuée aux M° Esche-
vin et Eschevins de notre ville de Metz ensemble sur ses officiers
de la monnoye pour laquelle par arrêt du 7 may dernier il a
été ordonné que les officiers de l’hôtel de ville et ceux des trois
ordres ne jouiront de ce droit que par provision et jusqu’à ce
qu’autrement il en ait été ordonné par Votre Majesté sur les re-
montrances qui vous seront faites
et quoique les M** Eschevins
ET DISSERTATIONS. 475
deussent reconnoître le droit de Votre Majesté, ils ont profité
de la négligence de vos officiers, et par un attentat contre votre
authorité et le respect qu’ils vous doivent, ils ont continué à
battre monnoye, et ce qui est de plus étrange, quoique d’un
côté, ils eussent accoutumé de mettre un S‘ Etienne et de
l’autre les armes de l’Empire, ils ont mis en leur place celles de —
la ville au lieu des vôtres, témoignant par cette nouvelle entre-
prise que si la force de leur devoir les contraignoit de renoncer
aux aigles de l'Empire ils ne pouvoient consentir à porter les
fleurs de lys, de sorte que les étrangers chez lesquels la mon-
noye de Metz a cours s’étonnent avec justice de voir qu’une
grande ville sujette à son. roy ait la hardiesse de battre mon-
noye a autre coin que le sien.
C’est ce qui ne se peut nidoit se souffrir, et les officiers de votre
parlemeut ne le peuvent plus longtemps dissimuler sans préva-
riquer à leur charge.
Ils supplient très-humblement Votre Majesté de considérer
qu’une des plus belles marques de votre souveraineté et un des
plus beaux fleurons de votre couronne, est celuy que les Etran-
gers ont reconnu avoir appartenu à vos prédécesseurs lors de
l'établissement de la monarchie francoise, est de faire battre de
la monnoye de leur or et argent d’y mettre leur effigie signam-
ment en la monnoye d’or. Les autres princes que les romains
nominaient barbares, n’avoient pas ce droit, ou s’ils en usoient
leurs monnoyes n'avaient eu cours ez terres de l’Empire. L’ori-
gine de cette anthorité est très-avantageuse à la nation françoise
puisque c’est une marque de son ancienne valeur, pour avoir
vaincu les romains et secoué le joug de leur domination.
Vos prédécesseurs ont été très-jaloux de ce droit qui ne peut
être séparé de la puissance souveraine sans luy donner
atteinte. |
Le Philosophe dit que la monnoye est la mesure de toutes
choses, c’est la caution qui répond pour nous de tout ce qui
nous est nécessaire, c’est le sceau du commerce, la marque de
la foye publique qui ne peut dépendre que de la police géné-
76 MEMOIRES
rale de l'État dont le Prince est le maître absolu autant par son
authorité que par la tendresse qu’il a pour ses sujets.
Aussy, il n'appartient qu’au Prince de prescrire la manière,
la forme, le cours, le poid et le prix de la monnoye qui est la
cause pour laquelle son nom en langue grecque vient de celui
qui signifie Loy ce que nous suivons en votre royaume, appe-
lant la monnoye alloi et loy quelquefois purement et simple-
ment.
D'ou s’en suit que les M° Eschevin et Eschevins de votre ville
de Metz ne doivent jouir plus longtems du droit de battre mon-
noye au coin de la ville, autrement ils partageroient votre puis-
sance, ils donneroient la loy au commerce, et par les mau-
vaises espèces qu'ils forgeroient dont il y en a eu cy devant
plusieurs plaintes desserviroient votre monnoye dans les pays
étrangers. Votre Majesté doit user du droit qui luy est acquis
par l'arrêt de 1561 et par les lettres patentes du feu roy Henry
quatre, et en les remboursant de la somme de 8620", ils doi-
vent luy tenir compte des interrets de 2880" qu’ils ont reçu du
Cardinal de l'Enoncourt.
Que si les affaires urgentes de Votre Majesté ne luy permet-
tent pas de faire a présent ce remboursement, au moins Elle
doit faire exécuter définitivement ce qui a été ordonné pour
provision par vôtre parlement, et leur enjoindre de mettre vos
armes à l'endroit où ils mettoient celles de l’Empire, sauf à ceux
de mettre les armes de la ville à l'endroit qu’il vous plaira
ordonner.
Cette sorte de fabrique de monnoye est trop injurieuse à Votre
Majesté, elle ne doit porter aucune marque que celle de Votre
Image et Votre nom, c’est le seul moyen de vous rendre ce qui
vous appartient, c’est le tribut de la reconnoissance qui vous
est due par eux à qui vous donnez le privilège de forger mon-
noye ; en un mot c'est une vénération qui étant rendue à vôtre
sacrée personne par vos sujets doit passer jusqu'aux Etrangers
Lorsque la nécessité du commerce en souffre le transport hors
vôtre Royaume.
ET DISSERTATIONS. A77
La troisième et dernière chose sur laquelle les officiers de
Votre Cour de parlement sont obligés de vous faire leurs très-
humbles remontrances regarde la connoissance et jurisdiction
sur la morfhoye battue au coin de la ville et le tarif et le règle-
ment des monnoyes qui est accordé aux officiers de l’hétel de
ville.
Cette justice ne leur peut plus appartenir, d’autant que soit
que Votre Majesté fasse le remboursement de la somme de
8620" présentement ou que par la nécessité de ses affaires Elle
Jes diffère encore a un autre temps. Ils ne peuvent ni doi-
vent avoir aucune connoissance et jurisdiction sur la monnoye
laquelle par Parrét de votre Parlement du 6 may dernier devant
être battue à vôtre coin, c’est un cas royal dont la connoissance
appartient à vos juges primativement à tous autres, à l’égard du
tarif et règlement de la monnoye quoique par les règles ordi-
naires de la justice il ne leur doive appartenir, néanmoins si
Votre Majesté leur veut faire cette grâce que de les maintenir
encore en ce droit, ils ne le doivent faire publier et exécuter
que suivant le dit arrêt après Pavoir envoyé et fait enregistrer
en sa Cour de Parlement. |
Ce sont, Sire, les très-humbles remontrances que les vfliciers
de Votre Cour de Parlement de Metz sont obligés de vous faire
sur l’arrêt de Votre Conseil et Lettres de déclarations fait en Par-
lement le trentième May mil six cent cinquante huit.
XI
Copie du temps.
A Monsieur, |
Monsieur le M° Escheuin et à M™ du grand Conseil.
Le M° de la monnoye qui a eu la communication par lecture
de la proposition faicte contre luy par la Cloche et Marsal son -
voisin orpheure dit qu’il ne peut qu’il ne s’eitonne grandement
de ce quapres trente ans de seruices rendus en sa charge au-
tant fidelement qu'aucun autre eut sçeu faire, y ayant par ce
A78 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.
moyen usé toute sa jeunesse. Apres aultres quinze ou dix huict
annees de seruices rendus par deffunct le S' Didier Bracon-
nier son pere qui non seulement a eu l’honneur de posseder la
dicte charge mais aussy celle de conseiller un long temps et qui
a exposé et perdu bonne partie de ses biens en rendant seruice
au public, desireux qu'il estoit du bien de sa patrie, a l’imita-
tion de ses pere et grand pere en la charge de M° Escheuin.
Lors qu'ils ont eu l'honneur de la posseder. Et qu'ayant esté
establi en sa dicte charge de M° de Monnoye si solemnellement
par M" vos deuancivrs en la magistrature , il semble que
vueilliés presentement escouter ses ennemis sans cause, ou
enuieux pour innouer plusieurs choses a son préjudice, ou bien
l’en expulser du tout, ce qui ne se peut faire sans mettre tous
les autres officiers de ville en pareil danger a l’aduenir, chose
qui heurte non seulement les commodités, mais aussy leur
honneur. Qui oblige ledict remonstrant de vous supplier M"
qu'en renucyant tous ses enuieux qui se trouueront plaindre à
tort, il vous plaise le maintenir es ns et coustumes de la dicte
monnoye, et il continuera a vous y rendre tidel service.
CHRONIQUE.
MONNAIES DE BRETAGNE.
Dans un travail publié au mois d'août 1869 (Voy. supra,
p. 194.) sur quelques monnaies inédites de Jean IV, duc de Bre-
tagne, nous avions donné la description de neuf pièces breton-
nes trouvées à Lambezelec (Finistére) au mois de novembre 1866.
Nous regrettions de ne pouvoir fournir de plus amples détails
sur cette importante découverte. Le plus grand nombre des
monnaies bretonnes qui composaient celte trouvaille ayant été .
acheté par MM. Rollin et Feuardent, ils ont bien voulu nous
les communiquer, et nous croyons étre agréable aux lecteurs
de cette Revue en donnant la liste de cés pièces.
Charles de Blois.
4. Double de billon noir, frappé à Rennes. (Bigot , n° 386,
pl. XVIII, n° 10.) |
2. Variante du n° 4 de la pl. XIX de Bigot, la croix can-
tonnée au 3° d’un R. |
3. Deux variantes du n°2 de la pl. XIX.
4° La croix cantonnée au 3° d’un D.
2 + BRITANHIE, la croix cantonnée au 3° d’un R.
4. Trois variantes du denier de billon noir. Bigot, n° 470,
pl. XIX, n° 5.
Trois types :
1 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, 1857, 8°.
ARO CHRONIQUE
i + © KAROLVSS. Dans le champ DVX entre deux her-
mines mouvant de la légende.
1. + BRITAHHIE. Croix pattée.
2° Les hermines mouvant du centre.
3° L’hermine supérieure mouvant du centre, l’hermine infé-
ricure de la lézende.
Jean IV.
5. +- IObANHES DVX. Dans le champ, sept hermines, 2,3,2,
celle du centre très-évasée.
R + BRITAHHIE. Croix pattée cantonnée au 2° d’un R.
Cette pièce est inédite. Bigot donne pl. XIX, n° 2, la même
pièce au nom de Charles de Blois.
6. + oLOPAHNES DVXo. Dans le champ PANT écrit en
deux lignes que séparent un quintefeuille et deux croisettes; les
denx D séparées de l’A et du T par deux mouchetures.
A... RITAOG OHHIEO. Croix fleuronnée. Entre les deux anne-
lets qui suivent l'A, un petit écu chargé de trois mouchetures.
Variante du n° 76 de la pl. XXIII de Bigot. |
7. & IODADE: VX: BRI: TADIE.
Dans le champ, cing hermines, 3, 2.
8! || * HO-|| DET || A: BR || EST.
Croix pattée coupant la légende cantonnée de 4 trèfles formés
de 3 besants. Gros de billon.
8. ooo IORANE : DVX : BRITADI.
Dans le champ, cinq hermines, 3,2.
[| fe HO || D.T || A: BR || EST. |
Croix anglaise coupant la légende aux 1°, 2° et 4° de trèfles
formés de 3 besants; au 3°, de 3 besants et un point.
Ces monnaies sont des variantes du n° 7 de la trouvaille de
Lambezelec (Rev. num., 1869, p. 212, pl. X, n°7).
Gros de billon.
9. X IOHAIINES : [DVX]: BR [ITAH)D...
CHRONIQUE. | ABA
Dans le champ, BREST sous un trait curviforme; dessous, une
barre et cinq mouchetures posées 3,2.
R || *... [| FORT || BRIT || ADE. Croix anglaise cantonnée
aux 1 et 4° d’une moucheture mouvant de la légende, aux 2°
et 3° de trois besants en triangle.
Gros de billon.
10. + IOhAHDES : DVX : BRITAHI. Dans le champ BREST
sous un trait curviforme accosté de deux points. Dessous, une
barre et cinq mouchetures posées 3, 2.
* à + MON || FORT || BRIT || AHIE. Croix anglaise can-
tonnée aux 4° et 4° d’une moucheture mouvant du centre aux
2° et 3° de trois besants en triangle.
Gros de billon.
11. OIOP[ANNES] : DVX : BRITADIE. Dans le champ
BREL sous un trait curviforme; dessous, une barre et cing
mouchetures posées, 3, 2. |
R ||... || ORT || BR.. {| .... {| Croix anglaise cantonnée aux 1°
et 4° de trois besants en triangle, au 2° d'une moucheture mou-
vant de la légende, au 3° d’une moucheture mouvant du centre.
Gros de billon.
42, TIORAHNES[DVXBR]ITADIE. Dans le champ BRE2L
sous un trait curviforme, etc.
R) Ï MON || .... || RIT || ADIE. Croix anglaise cantonnée aux
4° et 4° de trois besants en triangle, au 4° d’une moucheture
mouvant du centre, au 3° d’une moucheture mouvant de la lé-
gende.
Gros de billon. . |
Ces gros sont des variantes des nv 5 et 6 de la trouvaille de
Lambezelec (Rev. numismatique, 1869, p. 244, pl. X, n° 5 et 6).
Guérande,
13. % IO[AHD]JES DVX.BRITAD. Dans le champ cing her-
mines, 3,2.
482 CHRONIQUE.
5 & (MOD || ETAG || VERA || DDIE. Croix anglaise can-
tonnée de quatre tréfles formés de trois besants. :
Gros de billon inédit.
Quimperlé.
14. + IOhbAHES.DVX.BRITANE. Dans le champ cinq
hermines 3, 2. ‘
N + (NON || ETAK || EPER || ELE. Croix anglaise can-
tonnée de quatre trèfles formés de trois besants.
Gros de billon inédit.
Vannes.
15... OhARN'ES)DVX. BRL.. Dans le champ, cinq her-
mines, 3, 2.
5 + MON || ETAV | EDET |} .... Croix anglaise cantonnée
de quatre tréfles formés de trois besants.
Gros de billon inédit.
16. Sept variantes du demi-gros de billon dela pl. XXVI, n°6
de Bigot.
1°10 || RES || DVX || BRI.
8 COMES RIChEMOT.
2° (Variante de ce type, les extrémités de la croix sont ter-
minées par des annelets.)
3° 2° 10 || RAS || DVX || BRI.
KF + COMES RICREMOT.
4e + 10 || DAS {| DVX |] ..
à a COMES RIChEMOT.
[| BAS || D.. || BRI.
1 CO..SRI..EMO, hermines très-évasées.
6° Étoile à six rayons : IO || PAS || DVX || BRI.
n Idem: COMES RICHEMOT.
7° Idem : 10 || DAS || DVX || BRI.
# {dem : COMES RICHEMOT : l'étoile placée sur le côté.
A. Cuaorrizr.
TABLE
METHODIQUE DES MATIERES
CONTENUES
DANS LA REVUE NUMISMATIQUE.
ANNEE 1869-1870.
NOUVELLE SERIE. TOME QUATORZIEME.
_
NUMISMATIQUE ANCIENNE.
Médaities des Peuples, Villes et Rois.
Lettres à M. Adr. de Longpérier sur la numisma-
tique gauloise, par F. de Sauccrx. XXX. Révision
des lettres x1 à xxv (2 vignettes)... . . .. .
Lettre à M. Adr. de Longpérier sur quelques mon-
naies celtiques, par F. pe PFAFFENHOFFEN (pl. 1
Monnaies rhétiennes, par F. Lenormant (2 vignettes).
Lettre à M. Adr. de Longpérier sur des monnaies
d'or concaves, dites Regenbogen-Schüsseln, avec
légendes, par F. pg Prarrenuorren (pl. xi)... .
Médailles grecques inédites de la collection Soutzo,
par ALEXANDRE G. SouTzo (pl. vi, vil, vi). . . . .
Tétradrachme inédit de Delphes, attribution de di-
verses monnaies à la même ville, par Henri pe
LoncrÉRIER (4 vignettes). . . . . . . . . . . ..
Bias de Priène, par Apr. pe Lonertnien (vignette).
1— 13
14— 30
373—377
285—299
473—183
449—172
378—384
~
ANA TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.
Médailles relatives aux épsdes de l'Asie Mineure, par
Hanas ne Loxcréaime fol. in) . . . . . . . . . ..
Mona grecque tronvée à Auriol, 348-360. — Monnaies
grec pues de Pancrmus, 361-365, — Monnaie de Raidan, 267-
23, == Vente des medailles grecques et autres des collections
foreaet Coteon, 142-148,
Médailles romaines et byzantines.
Les contremarques monétaires à l’époque du Haut-
Empire, par F. pg Sacucyx (pl. annexée). 300-315,
Monnaies romaines de l'époque impériale (Germa-
nicus, Britannicus, Mæsa, Postume, Vabalathe),
par J. og Witte (pl. xu. 2... we
Médaillon inédit de Constantin le Grand, par Dan-
coisne (vignette)... . . . .. su... eee
Mecailion d'or faux de Domitien, 136-)38, — Trésor de
Tarse, 133. — L'attrivut d'Uberitas, 133-136. — Le pentanu-
mium byzantin, 268-269, — Prix de vente des médailles romai-
nes de Wo A. Grean, 305-372.
WUMISMATIQUE DU MOYEN AGE.
,
Monnaies françaises.
SECONDE RACE.
Louis d’Outremer en Normandie. Trouvaille d’É-
vreux, par Apr. De LoncPéRiIER (pl. 1v et v). . .
TROISIÈME RACE.
Mélanges de numismatique. V. Trouvaille de mon-
naies du xiv’ siècle, France (Philippe de Valois),
par Cu. Ropeat (pl. xr)... 2... ee ee ee
Vente des médailles de la première, de la seconde et de la
troisième race, de la collection de M. Colson, 145-148.
RE ar Vu gr
31— 10
385 — 402
403—413
316 —318
7i— 85
291 — 237
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.
4
Monnaies provinciales.
Monnaies inédites de Jean IV, duc de Bretagne, par
L. Caaurrier (pl. x)... .............
Trouvaille de monnaies du xiv° siècle, Bourgogne,
Bar, Savoie, Vaud, Bretagne, par Ch. Rosert
Examen de diverses monnaies italiennes attri-
buées à M" de Montpensier, par A. pe Loncré-
imédée de Saluces, administrateur des évêchés de
Valence et de Die, par A. pe LoncpEnigr (vignette).
Florin d’or de Bar émis sous le duc Robert, par
J. Laurent (3 vignettes)... . . . . . . . . . ..
Mélanges de numismatique. VI. Monnaies muni-
cipales de Metz sous les rois de France, par Cu.
RoperT (pl. xx)... . . . . . . . .. . . . ee
Denier de Remelange, 269-270. — Franc d'or de Guillaume
d'Arles, 273-274. — Florin épiscopal de Metz, 274-275. — Mon-
naies de Bretagne, 479-482. — Vente des médailles du moyen
âge et modernes, de la collection de M. Colson, 145-148. —
Vente de la collection de médailles de M, C. J. Dassy,
215-284. .
Monnaies étrangères.
Monnaies et bulles inédites de Néopatras et de Cary-
tena, par P. Lampnos (pl. 1x). . . . . . . . . . ‘
Essai sur l’histoire monétaire des comtes de Flan-
dre de la maison d’Autriche et classement
de leurs monnaies (1482-4556), par Louis Dss-
cæamrs DE Pas (pl. xiv, xv, xvi, xvu et xvu).
86—114, 243—266, 319—334,
Monnaie inédite de Sarukhan, émir d’Ionie, par
P. Lampnos (vignette). . . . . . . . . . . . ,..
1869-70, — 6. _
485
194—220
221—237
445—123 |
414—418
238—242
‘4M—AT8
184—193
\
A19—440
335—343
33
ASG TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES.
Lettre à M. Adrien de Longpérier sur les monnaies
de l'abbaye de Disentis, dans le canton des Gri-
sons, en Suisse, par C. F. Taacusuz (3 vignettes). 124—198
Méreaax et Jetons.
Note sur trois méreaux relatifs à la construction du
canal de Briare, par Axatote pe Caarmasse (3 vi-
gnettes).. .................... 129—132
eee. Re D
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Manuel de numismatique, par Hennin (atlas). . . . 344
Obule duno-venddmoise, par M. Cu. Boucuer (A. L.). 344—345
Ouvrage de M. Chauturd sur les imitations du denier
sterling anglais. . . . . . . . . . . . . . . aes 346
A guide to the study and arrangement of English
Coins from the conquest to the present time, par
Hexar Wicuian Henrrer, 1869-1870, in-8° (A. L.). - 346—347
CHRONIQUE.
Rapport sur une communication de M. Blancard
relative à la découverte à Auriol d’une monnaie
grecque d’argent (vignette), article de M. A. Cna-
BOUILLET. . « «ee ee + + + + « ss... 348—360
Sur quelques monnaies grecques de Panormus (F.
Iuaoop BLuxer, Henri pe LONGPÉRIER). . . . . .. 361 — 365
Monnaie de Raïdan (A. L.). . . . . . . . . . . ... 267—268
Trésor de Tarse.. . . - 2 2. ee ee te ee . . .. 133
L’attribut d’Uberitas (J. pp WitTE). . . . . . . . .. 133—136
Médaillon d’or faux. . . . . . . . . . . . . . .. + 136—138
Le pentanumium byzantin (A. L.). . , . . . . .. 268 —269
TABLE MÉIHODIQUE DES MATIÈRES. h87
Lis sur la monnaie byzantine (A. L.). . . . . . .. 270—273
Document monétaire relatif\ aux seigneurs de
Nesles (L. Descaamps De Pas). . . . . oe... + 138—142
Denier de Remelange (A. L.). ........... 269—270
Franc d’or de Guillaume d’Arles (A. L.). . . . .. 273-274 ©
Florin épiscopal de Metz (A. L.). . . . . . . .. . 2174-9275
Monnaies de Bretagne (article de M. A. CHaAurrIER). . 479—482
Prix de vente de quelques médailles. Ventes des
médailles grecques, romaines, du moyen âge et
modernes des collections Gréau et Colson. . . . 142—148
_Vente de la collection de médailles de M. C. J.
Dassy (A. L.).. ................. 275—9284
Prix de vente des médailles romaines de M. J. Gréau
(A L)...:......... 4... 365—372
ERRATA
DE LA REVUE NUMISMATIQUE.
1869-70.
Page 41, ligne 5, au lieu de TAAAN JAIOYS, lises TAAANTIAIOTS.
— 68, — 19,
— 58, — 25,
— 89 — 5,
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— Œnonanda, lises Œnonnda.
2174, Paris. Imp. ARNOUS DE RIVIERE ET C*, 26, rue Racine.
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