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Full text of "Revue numismatique"

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NN 





Com 





REVUE 


NUMISMATIQUE 


Collaborateurs dent les articles ont paru dans la Revue numismatique 
(nouvelle série, 1856 — 1870). 


MM. 

ABBADIE (Ant. d’), à Paris. , 

ACY (Ernest d’), à Villere-aux-Era- 
bles (Somme). 

AFFRY DE LA MONNOYE (A. d’), 
à Paris. 

ALLEN (E. A.), à Porto. 

BARTHELEMY (Anat. de), à Cha- 
lons-sur-Marne. 

BECKER (P.), & Dresde. 

BEULE (Ernest), à Paris. 

BLACAS D’AULPS (Le duc de), à 
Vérignon (Var). 

BLANCARD (L.), & Paris. 

BOILLEAU (L.), & Tours. 

BOMPOIS ( Ferd.), à Marzy (Nièvre). 

BOUDARD , à Beziers. 

BOUTARIC (Edgard), à Paris. 

BRETAGNE, à Nancy. 

BRUGIÈRE DE LAMOTTE, à Mont- 


eon 

CAMPANER (Alvaro), à Barcelone. 

CARPENTIN (A.), à Paris. 

CAVEDONI (L'abbé C.), à Modène. 

CHABOUILLET (A.), à Paris. 

A. de CHARMASSE. 

CHARVET (J. ), à Paris. 

CHAUFFIER (L.), & Vannes. 

COCHET (L’abbé), à Dieppe. 

COHEN (Henry), à Paris. 

COLSON (Le docteur A.}, à Noyon. 

COMNOS (S.), à Athènes. 

COURTOIS (Alfred de), à Vabres 
(Aveyron). 

CRAZANNES (Le baron Chaudruc 
de), à Castel-Sarrazin. 

CUMANO (J.), à Faro (Portugal). 

DANCOISNE, à Hénin - Liétard 


(Nord). 

DAUBAN ( Alfred ), à Paris. 

DELOCHE ( Maximin), à Paris. 

DENIS LAGARDE, à Brest. 

- DESCHAMPS DE PAS (Louis), à 
Saint-Omer. 

DEVILLE (Achille), à Paris. 

DUMONT (Albert), & Athénes. 

DUPRE (Prosper), à Montjay (Seine- 
et-Marne ). 

DUQUENELLE, à Reims. 

EVANS (J.), à Londres. 

FEUARDENT, à Montmartre. 

FRIEDLÆNDER (Julius), à Berlin. 

GAILLARD (J.),à Cursan (Gironde). 

GARRUCCI (R.), à Rome. 

GAULTIER DU MOTTAY, à Plérin 
(Côtes-du-Nord). 

GAYRAUD DE SAINT-BENOIT, à 
Saint-Benoît ( Aude), 

GERY (R.), & Voiron (Isère). 

HUCHER | Eugène), au Mans. 

HUILLARD-BREHOLLES (A.), à 
Paris. 


HURON (£.), à Montoire-sur-Loir. 
JUDAS (Le docteur A. ), à Paris. 
KŒHNE (Le baron Bernard de), à 


Saint-Pétersbourg. 
LAGOY (Le marquis de), à Aix 
(Bouches-du-Rhône ). 
LAMBERT (Edouard , à Bayeux, 
LAMBROS (P.), à Athènes. 
LAPREVOTE, à Mirecourt (Vosges). 


MM. 
LA SAUSSAYE (Louis de), à Lyon. 
LAURENT (Jules), à Epinal. 
LELEWEL (Joachim ) , à Bruxelles. 
LENORMANT ( Charles ), & Paris. 
LENORMANT ( François), à Paris. 
LONGPÉRIER ( Adrien de), à Paris. 
LONGPÉRIER-GRIMOARD ( Alfred 
de), & Longpérier ( Oise ). 
LONGPERIER (Henri de), & Paris. 
LUYNES (Le duc de), à Dampierre. 
MALLET (Fernand), & Amiens. 
MANTELLIER, & Orléans. 
MARTIN-REY (P.), & Lyon. 
MASSAGLI ( D.), à Lucques. 
MAXE-WERLY (Léon), à Reims. 
MILLER ( Emmanne} , à Paris. 
MORBIO (Carlo), à Milan. 
MOREL FATIO (A.), à Lausanne. 
MORIN-PONS (Henri), à Lyon. 
MULLER ( Louis), à Copenhague. 
NAMUR, à Luxembourg. 
PETIGNY (Jules de), à Clénor (Loir- 
et-Cher ). 
PFAFFENHOFFEN (Le baron Franz 
de), à Donaueschingon. 
PICHON (Le baron Jérôme), à Paris. 
POEY D'AVANT (F.), à Maillezais 
AAC EE 
PONTHIEUX (N.), à Beauvais. 
PONTON D’AMECOURT (Gustave), 
à Trilport (Seine-et-Marne). 


4+ PORRO (Comte Jules), à Milan. a 


POY DENOT He Bayonne. 
PROKESCH-OSTEN (Baron de), a 
Constantinople. 
PROMIS (Chev. Dom. ), à Turin. 
PROMIS (Vincenzo), à Turin. 
RAUCH (Adolphe de), à Berlin. 
RETHAAN MACARE(J. C. A.), à 
Utrecht. 
ROBERT (C.), à Paris. | 
RONDIER,, à Melle ( Deux-Sèvres). 
ROUCY (Albert de), à Compiègne. 
ROUYER (J.), à Mézières. 
SABATIER (Jean ), à Batignolles. 
SALINAS (Antonino), & Palerme. 
SALIS (Comte J. F. G. de),& Londres. 
SAULCY (F. de), & Paris. 
SAUVADET, & Montpellier. 
SAUVAIRE (H.), & Alexandrie 


Egypte). 
SORT" F.), à Genève. 
SOUTZO (Alex. G.), à Athènes. 
TEIXEIRA (A. N.), & Porto. 
TONINI (LeP. Pelegrino), à Florence. 
TOULMOUCHE (D*), à Rennes. 
TRACHSEL (C.F.), & Berlin. 
VALLIER (Gustave), & Grenoble. 
VANNAIRE (D*), à Gannat (Allier). 
VATTEMARE (Alexandre), à Paris. 
VAZQUEZ-QUEIPO (V.), à Madrid. 
VÉRY (A.), à Vienne, 


VOGUE ( Le comte Melchior de), à 
Constantinople. 

WADDINGTON (W.H.), à Bourne- 
ville ( Aisne ). 

WITTE (J. de ), & Paris. 

ZOBEL DE ZANGRONIZ (J.), à Ma- 
drid. 


2174. Paris. — Imprimerie Annous pe Riviènë et C°, 26, rue Racine. 


REVUE 


NUMISMATIQUE 


PUBLIEE 


PAR 


J. DE WITTE 


Membre de l'Institut et de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux Arts 
de Belgique, 
Correspondant de la Société des Antiquaires 





France, 


ar 


ADRIEN DE LONGPERIER 


Membre de l'Institut et de la Société des Antiqusires de France, 
Associé étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique, 


Ustendite mihi numisma census.… Cujus 
ext imago hee, et superscriptio ? 
MATTH., Xxit, 19-20 


NOUVELLE SÉRIE. TOME QUATORZIÈME. 
v 


AU BUREAU DE LA REVUE 
CHEZ mm. CAN 





ROLLIN ET FEUABDENT 








PARIS LONDR 
GREAT RUSSELL-STREET 
12, RUE VIVIENNE (Bloomebury’. 


1869-1870 J 


wo. 


(ees 
MEMOIRES BT DISSERTATIONS. 


90 $000 


LETTRES A M. A. DE LONGPERIER 


SUR 


LA NUMISMATIQUE GAULOISE. 


(Vingt-quatrieme article. —Voir Revue, 1868, p. 405.) 


XXX. 


Révision des letires XI — XXVIII. 


Letire XI (1860, p. 409). 


Mon cher ami, cette lettre concerne les monnaies émises 
par la ligue gauloise contre l’envahissement des Germains. 
Je vois plusieurs choses à modifier dans ce que j'ai dit des 
attributions ; ainsi.je mets radicalement à néant tout ce 
qui regarde Ambiorix et les Éburons. Tu sais en effet que 
le Musée de Lyon possède un bel exemplaire sur lequel on 
lit EBVROV. Il s’agit bien certainement d'un chef nommé 
Eburovix. Quant à la légende AMBIL et à ses variétés, elle 
nous donne assurément le nom d’une peuplade Ambiliates 
ou Ambiluaretes ; peu importe. Mais à coup sûr c'était une 

1869, — 1. | 1 


2 MEMOIRES 


peuplade du midi et bien voisine des Alpes; c’est tout ce 
que je puis dire. Cependant comme on trouve le même 
nom EBVRO sur une pièce à la légende DVRNAC et que cette 
légende m’a bien définitivement l'air de désigner les peu- 
ples des bords de la Durance, il y a tout lieu de croire 
que la peuplade gouvernée par Eburovix était bien près de 
cet immense torrent. 

Il résulte de ce que je viens de dire que RICA7 doit dé- 
signer une peuplade puisqu’au revers des monnaies qui 
portent cet ethnique on retrouve le nom d’Eburovix. A plus 
forte raison tout ce que j'ai échafaudé d’hypothéses sur la 
monnaie portant DVRNAC et EBVRO croule de lui-même. 
Les pièces à la légende DVRNACOS-AVSGRO ou AVSCROCOS, 
et DVRNACVS-DONNVS ne sont en aucune façon frappées 
par deux chefs alliés. Durnacus est un ethnique et les 
noms propres d'hommes offerts par ces monnaies sont Aus- 
crocus et Donnus. Donnus est certainement le père du 
Cottus qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes ; il aura 
été précédé par Auscrocus et par Eburovix, celui-ci n’ayant 
possédé qu’accidentellement le territoire de la peuplade 
désignée par le mot Durnacus. La remarque que je faisais 
dans cette lettre sur les terminaisons qui se sont succé- 
dées OS et VS subsiste dans toute sa force; ce qui est bien 
curieux, c'est que j'ai entre les mains un beau denier por- 
tant les deux légendes DVRNACVS et AVSCROCVS en toutes 
lettres. C'est évidemment la dernière variété émise par ce 
chef, immédiatement avant l'accession au trône de Donnus. 














ET DISSERTATIONS. 3 


crocus et Donnus se soient succédé de pére en fils, ce qui 
n'a rien que de vraisemblable ; nous savons que Cottus, fils 
de Donnus, a construit vers l’an 9 avant Jésus-Christ la 
route qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes. Si Donnus 
son père a vécu le temps d’une génération, c’est-à-dire 
environ trente-trois ans, nous aurions l'an 42 pour le com- 
mencement du règne de Donnus, et avec la même suppo- 
sition, l’an 75 pour le début du règne d’Auscrocus et pour 
la fin de celui d'Eburovix. N’y a-t-il pas une trés-curieuse 
coincidence entre cette date initiale et l'intervalle compris 
entre les années 77 et 57 que j'ai assigné à la création de 
la ligue contre les Germains? Il en résulterait que ce type, 
une fois admis par les peuplades des Alpes, aurait été con- 
servé bien longtemps encore après les événements qui en 
avaient motivé l'adoption. Remarque d’ailleurs que la plus 
ancienne de toutes ces jolies monnaies est certainement 
celle à la légende AABILL et EBYRO, ce qui s'accorde trés- 
bien avec les hypothèses que j'ai émises tout à l’heure sur 
la succession des chefs de la peuplade désignée par l’eth- 
nique Durnacus*. 

Je ne suis pas plus en mesure maintenant d'expliquer 
les diverses légendes géographiques BR; BRI, BRICO, 
COSII, VIID et COOV que je ne l’étais lorsque j’écrivais ma 
lettre XI. Quelque jour, il faut l'espérer, on y verra clair. 


1 Tl ne faut pas oublier que la date d'émission de toutes ces curieuses 
monnaies remonte forcément aussi haut, puisque : 1° dans le trésor de Beau. 
voisin (Drôme), dont le denier romain le plus récent a été frappé ‘entre 27 
et 25 avant Jésus-Christ, il se trouvait 40 deniers usés de Durnacus-Auscro 
et de Durnacus-Donnus; 2° dans le trésor de Chantenay, dont Ia monnaie 
la plas récente parmi Jes romaines date de 34 à 27 avant Jésus-Christ, il se 
trouvait un très-grahd nombre de deniers de cette classe ayant couru long: 
temps et fort usés; 3° dans les fouilles du champ de bataille de Grésigny, 
devant Alésia, il s’est trouvé 2 de ces deniers également très-usés. 


4 MEMOIRES 


Je ne doute plus que le CALITIX de la pièce à la légende 
COSIT (pièce dont, soit dit entre parenthèses, je possède 
aujourd'hui un exemplaire trouvé au bord de Ja Saône, 
près Mâcon) ne soit le CAL des monnaies qui portent la lé- 
gende habituelle MOR ou bien plus souvent ROVV. Mais 
que signifie cette légende? Je n'en sais rien en vérité, et 
je répugne toujours à y voir le nom de Rome; l’attribution 
de cet ethnique aux Morins n’a pas le sens commun. Biffons 
donc tout ce que j'en ai dit. 

La monnaie aux légendes VIRODV et TVROCA me semble 
maintenant du chef TVROCA portant un nom analogue au 
ROVECA des Meldes, qui aurait frappé pour la peuplade 
désignée par le nom VIRODV. Ce mot cache-t-il l'ethnique 
d’une peuplade habitant les bords du Verdon, rivière pro- 
vençale ? C'est bien possible. 

La monnaie aux légendes PETRVCORI ou PERRVCORI du 
chef ACINCOVEPVS ne saurait être des Pétrucoriens. Peut- 
être nous donne-t-elle une dénomination nouvelle de la 
population du Vercors. 

Le vœu que j'émettais en terminant cette onzième 
lettre a été exaucé, la pièce DVRNAC-EBVRON, décrite par 
M. de Lagoy, s’est retrouvée. Seulement elle ne porte pas 
EBVRON, mais bien EBVROV. 


Lettre XII (486A, p. 77.) 


Cette lettre est consacrée a l'étude des monnaies des 
Éduens. En général, ce que j'ai dit me paraît encore tout 
à fait de mise. Seulement j'ai, faute des points de com- 
paraison qui me sont arrivés depuis à foison, fait entiè- 
rement fausse route, quant à l’origine des deux ou trois 
seuls exemplaires connus jusqu'alors, et dont les légendes 


ET DISSERTATIONS. 5 


incomplétes se sont manifestées depuis, sous les formes 
indubitables ANORBOS et DVBNORIX. J’ai donné plus tard, 
je le crois du moins, la véritable explication de ces jolies 
monnaies, et je dois me borner à dire que ce que j écri- 
vais à leur sujet dans ma lettre XII doit être mis à néant. 
Jai de méme, en étudiant la merveilleuse trouvaille de la 
Villeneuve-au-Roi, reconnu qu'il n’était plus possible d’at- 
tribuer à Convictolitavis les jolies petites monnaies que 
tu connais à merveille et qu'il me suffit de te désigner. 
Enfin les légendes ATPILI et DVBNOCOV ne me semblent 
plus du tout former les noms des pères d’Orgetirix et de 
Divitiac. Quant aux monnaies de Q.SAM., de Q. DOCI.SAM.F. 
et de TOGIRIX, presque toutes les hypothèses que j’émet- 
tais sur leur compte, en publiant ma douzième lettre, se sont 
de plus en plus implantées dans mon esprit, et le travail 
que j'ai récemment publié dans la Revue archéologigue sur 
les monnaies des Éduens et des Séquanes en fait foi. 


Lettre XIII (4861, p. 165). 


Dans ce travail, je m'occupe des belles monnaies des 
Lixoviales. J'y accepte l'attribution proposée par La 
Saussaye de la pièce sur laquelle il croyait retrouver le 
nom de Viridovix. Tu sais à merveille aujourd’hui que cette 
lecture est fautive et que la pièce en question porte sur ses 
deux faces l'ethnique correct LIXOVIATIS de la peuplade 
dont il s’agit. Mes trouvailles de Berthouville ne peuvent 
laisser subsister le moindre doute à cet égard. Je croyais 
encore, lorsque j'ai rédigé cette lettre, que le mot Arcan- 
todan était un nom propre d’ homme. J'ai surabondamment 
répété déjà, dans cette révision, que je regarde Arcantodan 


6 MEMOIRES 


comme un titre honorifique. Quant 4 donner Maufennus 
pour successeur à Cisiambos, c’est tout le contraire qui 
doit être la vérité, et je ne doute pas que Cisiambos n'ait 
en réalité succédé à Maufennus. 


Lettre XIV (1862, p. 1 et p. 89). 


Cette lettre est consacrée tout entière à l'étude du trésor 
de Chantenay. La première chose que j'aie à faire est de 
corriger une énorme faute qui s’est glissée dans I’ énumé- 
ation des 81 deniers de la ligue des peuplades des Alpes 
contre l'invasion germaine. On y lit: 


DVRNACVS — ESIANNI — 2. 


c'est ESIANNI — DONNVS — 2 qu'il faut lire. Du reste, 
cette rectification ressort nettement du paragraphe consa- 
cré à l'étude de cette rare monnaie dont l’origine, géogra- 
phiquement parlant, reste toujours assez mystérieuse, 
S'agit-il des Esubiani de Pline, Vesubiani de l'arc de Suze? 
je n’oserais l’affirmer. Tout ce que je dis cette fois des 
monnaies d’Auscrocus et de Donnus me paraît encore bien 
plus certain aujourd’hui qu'alors. En m’occupant des mon- 
naies d'argent éduennes qui faisaient partie du trésor de 
Chantenay, j'ai considéré les anépigraphes comme les plus 
anciennes : c'était une erreur complète, que l'examen de 
la trouvaille de la Villeneuve-au-Roi m'a forcé de répu- 
dier. J'ai commencé dans cette XIV° lettre à entrevoir la 
vérité sur les monnaies à la légende ANORBO — DVBNORIX. 
Depuis, j'ai dit dans le travail inséré dans la Revue archéo- 
logique ce que je pensais définitivement de ces curieuses 
monnaies, 











ET DISSERTATIONS. 7 


En m’occupant du trésor de Chantenay, je devais natu- 
rellement parler de la pièce à la légende GAIV.IVLI — OMA- 
PATIS, et de celle à la légende DIASVLOS. Je ne pouvais 
alors en rien dire de positif : aussi l’hésitation et l'incerti- 
tude se manifestent-elles à chaque ligne. Depuis lors, les 
“faits qui concernent ces deux pièces se sont éclaircis poar 
moi. J'aurai même à revenir sur la première espèce à pro- 
pos de ma lettre XVI. Je n'en parlerai pas plus longue- 
ment ici. Quant au Diasulos, une inspiration heureuse m’a 
fait depuis lors y lire en toutes lettres DIVISATOS, et par 
suite j'ai dû restituer ces pièces si communes au vergobret 
Divitiac des Commentaires. Cette lecture, qui n’était pas 
trop facile à deviner d’ailleurs, m'a été suggérée par l'étude 
des monnaies identiques de type, sur lesquelles les beaux 
exemplaires provenant de la Villeneuve-au-Roi m'ont fait 
-retrouver le nom de Dubnorix, frére de Divitiac. Tout ce 
que j'ai dit de ces monnaies jusqu'à ma dernière explica- 
tion doit donc être mis à néant, et leur attribution aux Bi- 
turiges n'a plus aucune raison d'être, 

Tout bien considéré, je suis venu à attribuer défi- 
nitivement aux Calétes les monnaies du chef ATEVLA 
aussi bien que celles du chef SENODON accompagné du 
nom CALEDV. Parmi les conséquences que j'ai tirées de 
l'examen comparatif des poids des monnaies composant 
le trésor de Chantenay, il en est quelques-unes, en assez 
petit nombre heureusement, auxquelles il m'a fallu re- 
noncer lorsque j'ai pu étudier à l'aise l'immense trésor 
de la Villeneuve:au-Roi. Ainsi, par exemple, j’admettais 
que les pièces de SOLIMA avaient été émises vers l’année 
qui a vu s'effectuer ‘les siéges de Gergovia et d’Alésia : 
c'est une grave erreur. Ces pièces sont antérieures de sept 
ou huit ans. Je n'insisterai pas sur ces modifications à in- 


8 MEMOIRES 


troduire dans l’ordre chronologique d'émission des variétés 
du trésor de Chantenay ; comme elles ressortent pleinement 
de l'étude d’une masse bien autrement considérable de 
monnaies soumises à l'examen, elles sont pour ainsi dire 
certaines. 


Letire XV (1862, p. 177). 


Cette lettre roule tout entière sur la numismatique des 
Lixoviates. La première remarque que sa lecture me sug- 
gère, c'est que j’altère le nom de l’Arcantodan Maufenn que 
j'écris Maufennius, je ne sais en vérité pour quelle raison, 
cette forme ne s'étant présentée nulle part. Je biffe, défini- 
tivement cette fois, de la liste des chefs gaulois cités dans les 
Commentaires de César et dont les monnaies ont été re- 
trouvées, le nom de l’Unelle Viridovix. Où La Saussaye 
avait supposé, grâce à une légende très-défectueuse, que 
se trouvait le nom de ce chef illustre, il y avait à lire en 
réalité l’ethnique Lixoviatis. Cette fois encore, j'ai cherché 
dans le titre Arcantodan, le nom du carnute Conétodun, et 
je base sur ce fait impossible toute une théorie qui n’a plus 
de raison d’être, dès qu'il faut renoncer au point de dé- 
part. Enfin cette lettre est terminée par la description de 
la charmante petite monnaie sur laquelle on lit : KPO.RE, 
et que je m'efforçais d'attribuer au Viridovix, qui venait 
forcément d'être dépossédé de la monnaie qui lui avait été 
attribuée. Ai-je été plus heureux que La Saussaye? Au- 
jourd’hui je n’en crois plus rien, et, dans le prétendu Vi- 
ridovix de ma façon, je ne vois plus maintenant que l'É- 
duen Virdomar, ainsi que je l'ai dit l'an dernier dans 
l’apercu sur la numismatique des Éduens, adressé à notre 
ami À. de Barthélemy dans la Revue archéologique. Cette 








ET DISSERTATIONS. 9 


nouvelle attribution a l'avantage, comme tu le vois, de ne 
plus être en opposition flagrante avec le style, la fabrique 
et les types de la pièce, comme elle l'aurait été manifeste- 
ment en maintenant son attribution à l’Unelle Viridovix. 


Lettre XVI (1862, p. 325). 


Je maintiens avec une entière confiance l'attribution à 
Votomapatis, roi des Nitiobriges, du charmant denier pro- 
venant de Chantenay avec les légendes GAIV IVLI....OMA- 
PATIS. Quant à l'opinion qui ferait des statères arvernes 
anépigraphes des trésors d’Orcines et de Pionsat des sortes 
de monetz castrenses frappées pour les besoins de la résis- 
tance contre l’envahissement romain, elle peut être vraie; 
mais elle a grandement besoin de démonstration. 


Lettre XVII (1863, p. 153). 


Je constate dans cette lettre que les prétendues mon- 
naies des Libeci, des Ricomagenses et des Oxybii appar- 
tiennent incontestablement aux Gaulois Cisalpins, mais 
sans rien préciser sur leur origine. Tu as, mon cher Adrien, 
fait faire un grand pas à la question, en publiant ton ex- 
cellente monographie des statéres frappés par les Salasses. 
Tu penches à voir dans nos vieux deniers cisalpins des 
monnaies du méme peuple, et je crois que tu as en cela 
parfaitement raison. Pour moi du moins la solution est 
trouvée. Je maintiens plus que jamais que les drachmes 
aux légendes OKIPT (des Tricorii ou Tricolli), et CET'OBI 
(des Ségobriges) ne peuvent avoir été frappées que par des 
peuplades du voisinage de Marseille. L’attribution à Crest 


40 MÉMOIRES 


de la pièce à la légende KPIZ30 a été contestée avec toute 
raison. Et c'est par suite de je ne sais quelle préoccupa- 
tion que j'ai substitué le nom de Crest, localité de la 
Drôme, à celui de Géreste qui est une petite ville voisine 
de la Ciotat et que j'avais en vue. Quant à l'attribution à 
Gréoulx, j'aurais bien de la peine à l’admettre. J'ai revu 
avec soin mon exemplaire, et la lettre double == ainsi 
formée est bien plutôt un double sigma qu'un double zéta, 
à cause de la presque impossibilité de trouver un mot grec 
offrant le redoublement d'une lettre double par essence 
comme le Z. Enfin l'O terminal de la légende KP1220 se 
trouve bien réellement sur mon exemplaire et je suis à 
peu près sûr qu'il existe de même sur ceux de M. Ricard. 
Puisque j'en trouve l’occasion, je donnerai la figure d’un 
exemplaire de cette rare monnaie offrant derrière | effigie 
du droit des signes dont je ne devine pas la valeur. 





Cette dernière monnaie est-elle bien celle à la légende 
KPIZ20? Je le crois, sans néanmoins oser I affirmer. 


Lettre XVIII (1864, p. 169). 


La restitution des prétendues oboles des Auscii au cher 
Auscrocus est désormais admise par tout le monde. Aus- 
crocus, dont nous connaissons aujourd hui Je nom latinisé, 
grâce à la belle monnaie que je t’aicommuniquée plus 
haut, a certainement été le grand-père du roi Cottus, et 


ET DISSERTATIONS. A1 


sa série monétaire est devenue aujourd'hui une des plus 
intéressantes et des plus complètes de la numismatique 
gauloise, Je n’ai rien à y ajouter pour le moment. 


Lettres XIX et XX (1864, p. 249, et 1865, p. 133). 


Nul doute possible quant à l'attribution au roi carnute 
Tasgéce de la pièce si rare qu’à la vue d’un exemplaire 
défectueux, notre ami La Saussaye avait proposé, en 
désespoir de cause, de classer à Uzés. Je n’ai rien à chan- 
ger non plus à ce que j'ai dit des pièces aux légendes 
ANDVGOVONI-CELECORIX, pas plus qu'à ce qui concerne 
les monnaies de Sédullus, le chef des Lémoviques, tué de- 
vant Alésia. 


Lettre XXI (1865, p. 140). 


Je maintiens également au Rème Antebrogius des Com- 
mentaires dont le nom a été manifestement altéré par les 
copistes, les monnaies carnutes d'argent à la légende 
ANDECOM. Comme notre ami Hucher publie en ce moment 
même quelques nouveaux éclaircissements qu'il a bien 
voulu confier à mon amitié, je me garderai de déflorer 
ses observations qui tendent toutes à prouver que j'ai eu 
raison. 

Lettre XXII (1865, p. 147). 


Les monnaies de Conetodubnus, décrites dans cette lettre, 
me paraissent déterminées avec la plus satisfaisante certi- 
tude. Quant à la pièce des Essui ou Sagii, ma lecture peut 
être bonne; mais aussi elle peut être contestée. Il faut 
donc attendre sur ce point de nouvelles lumières. 


49 MÉMOIRES 


Lettre XXITI (1866, p. 229). 


Cette lettre de longue haleine est consacrée à l'étude 
du trésor de la Villeneuve-au-Roi. J'ai donné subsidiaire- 
ment la figure d’une rare monnaie des Bituriges Cubes. 
Comparaison faite, j'ai reconnu depuis lors que c'était 
exactement la monnaie lue VBIOS par Duchalais, et attri- 
buée à tout risque aux Ubiens. J’en ai conclu que la lé- 
gende devait étre complétée CUBIOS, et un second exem- 
plaire aujourd’hui dans mes cartons, et provenant de 
l'ancienne collection Soulages, de Toulouse, m'a donné 
raison. Je croyais encore en écrivant cette lettre que les 


noms DVBNOCOV et ANORBOS étaient ceux de deux an- 


cétres de Dubnorix. Maintenant, je suis bien convaincu du 
contraire. 

Les deux personnages en question n'étaient très-proba- 
blement que des alliés et les complices de Dubnorix. 
"J'ai abandonné définitivement la pensée que Q.DOCI et 
IVLIVS TOGIRIX pouvaient être un seul et même per- 
sonnage. Quant à la légende DIASVLOS, c'est, comme je 
l'ai dit plus haut, le nom du vergobret Divitiac DIVISATOS, 
frère de l'ambitieux Dubnorix, dont les monnaies, iden- 
tiques de fabrique et de types, offrent une énorme série 
de variétés. Somme toute, il n'y a presque rien à changer 
au contenu de cette vingt-troisième lettre. 


Lettre XXIV (1866, p. A02). 


Jl y a erreur sur le compte des peiits bronzes à la tête 
tourrelée que je me refusais à classer à Avenio. J'ai ac- 








ET DISSERTATIONS. 13 


quis depuis la certitude que cette attribution était bonne. 
Enfin, il y a eu erreur de gravure, sur la jolie pièce au 
type marseillais que j'attribue à Lambesc et qui est plus 
probablement de Lamanon; on y a dessiné AOM et il y a 
très-certainement AOM. 


Lettres XXV à XXVIII (1867, p. 4, 169 et 329; 
| 1868, p. 1). 


Rien à retrancher ni à ajouter. Voilà qui est fini! et 
maintenant, mon cher Adrien, je vais me remettre en chasse 
avec l'espérance de ne pas trop tarder à rencontrer du 
gibier digne de t’étre offert. 

Tout à toi de cœur, F. DE SAULCY. 


25 octobre 1868. 


14 MÉMOIRES 


LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPÉRIER 


SUR QUELQUES MONNAIES CELTIQUES. 


(PI. let Il.) 


Mon cher ami, en 1865, M. Domenico Promis, le savant 
bibliothécaire et conservateur du médaillier du roi d'Italie, 
fit connaître, dans les Mémoires del’ Académie de Turin, trois 
médailles celtiques inédites, trouvées dans les environs de 
Vercelli : « Ricerche sopra alcune monele scoperle nel Ver- 
« cellese. » Ces médailles sont du nombre de celles nom- 
mées en Allemagne Regenbogenschüsseln (sculellæ iridis), 
décrites et expliquées par feu le docteur Streber, dans son 
ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions, livre 
dont vous avez rendu compte dans la Revue ’. 

Ce qui rendait remarquable la publication de M. Promis, 
c'est que l’une de ces pièces était à légende, et que Streber, 
dans le grand nombre de celles qu'il avait publiées, n’en 
connaissait aucune à légende; il mettait même en garde 
contre l'envie d’y vouloir parfois lire ce qui n’y était pas: 
on regardait donc toutes ces pièces comme muettes; mais, 
après la publication de M. Domenico Promis, il fallut 


1 1863, p. 141. 





ET DISSERTATIONS. 45 


bien admettre que parmi elles on en pouvait trouver por- 
tant des légendes :. 

La pièce dont il est ici question est identique, à la lé- 
gende près, à celles décrites par Streber dans son deuxième 
groupe, tab. II, n° 49 (Revue, 1863, pl. IV, n° 6). 

M. Domenico Promis, s'appuyant sur ce que cette mé- 
daille et d’autres pareilles, mais sans légende, avaient été 
trouvées dans la haute Italie, dans les environs de Ver- 
celli, la donnait aux Cimbres qui avaient été vaincus dans 
les Campi Raudii par Marius, en | l'an 101 avant Jésus- 
Christ. 

Cette pièce, unique jusqu'alors, attira l'attention des 
amateurs de la numismatique celtique. 

M. Julius Friedlænder, dans le troisième volume des 
Blatter für Münz-Siegel und Wappenkunde, Berlin, 1866, 
décrivit et publia une autre pièce avec l’épigraphe CVR 
écrite à rebours, au milieu du côté concave; cette mé- 
daille se trouve au Cabinet de Berlin sans que l’on en 
connaisse la provenance : on sait seulement qu’elle y fut 
vendue par un marchand de médailles de Vienne, ce qui 
pourrait bien lui faire donner la même origine qu’à la mé- 
daille de M. Promis. Je n’ai point à m'en occuper ici. 

M. Julius Friedlænder, dans le même article, parle de 
la pièce de M. Dom. Promis, et il croit avec raison, à mon 
avis, ces espèces de monnaies plus anciennes que ne le 
suppose le savant antiquaire de Turin; moins anciennes 
cependant que ne le dit Streber, qui les croyait d'environ 
500 ans avant J.-C. Un extrait de cette publication se 
trouve dans la Revue de 1868, p. 129. 

Les plus anciennes de ces monnaies, celles sans légende, 


? Voyez Revue, 1868, p. 303. 


16 MÉMOIRES 


ont été évidemment frappées avant que les Celtes n’eussent 
des relations suivies avec les Romains; celles à légende 
sont d’une époque plus rapprochée; elles furent proba- 
blement émises après que les Celtes eurent pu assez con- 
naître leurs voisins pour leur emprunter leur alphabet. 

Voici la description de la médaille publiée par M. Dom. 
Promis. 

Droit. Au milieu du côté concave, une étoile à quatre 
rayons; au-dessous, trois globules en triangle (le troisième 
est à peine visible) ; près du globule de gauche, un signe 
carré qui est un 0; à gauche de ce signe un autre, f; au- 
dessus de l'étoile, un double fleuron ressemblant à deux S, 
dont l’un renversé’. M. Dom. Promis considère les deux 
premiers signes comme des lettres grecques; mais, suivant 
M. Friedlænder, le signe carré ne serait pas une lettre, et 
l'autre signe qui, d’après M. Promis, ressemble à un f cur- 
sif, se rencontre souvent comme fleuron sur ces espèces de 
monnaies. À droite, on trouve la légende ATV; M. Promis 
croit que l’U est un Y. Le revers porte dans une couronne la 
téte d'oiseau si souvent représentée sur ces monnaies. 

Jugez, mon cher ami, du plaisir que j’éprouvai, ily a 
quelque temps, en acquérant une petite collection de mon- 
paies celtiques pour le médaillier du prince de Fürstenberg 
d’y trouver, parmi les pièces d'or, un autre exemplaire 
de cette rarissime médaille, avec une légende beaucoup 
plus complète : au lieu de ATV ou ATY, cette pièce par- 
faitement bien conservée porte lisiblement les lettres 
ATVLLOS, ce qui donne bien un nom celtique. 

Je me fais une véritable fête, mon cher ami, de vous 


1 Relativement au sens dans lequel ce type doit être placé, voy. Rev. num., 
1863, p. 149. 








ET DISSERTATIONS. 17 


présenter cette médaille fort précieuse, persuadé qu'elle 
vous intéressera et qu’elle fera plaisir aux amateurs. | 

Elle pèse 75,30. (Pl. I, n° 4.) 

J'y joins le dessin d'une autre pièce identique, mais sans 
légende, comme élément de comparaison ; elle est du même 
cabinet et a juste le même poids. (PI. I, n° 2.) 

Maintenant à quel peuple appartient cette belle monnaie? 

Streber donne les pièces sans légende à plusieurs peu- 
plades : celles trouvées au sud du Danube aux Vindéli- 
ciens ; celles trouvées au nord aux Tectosages et aux Hel- 
vétiens; celles trouvées en Bohème aux Boïens. 

Streber ne parle pas des Boiens d'Italie, des Boïens Ci- 
_salpins; il ne connaissait pas leurs monnaies, et dans l’énu- 
mération des endroits où l’on a trouvé des Regenbogenschüs- 
sein, il ne parle pas de la Haute-Italie. 

Cependant les Boïens (ot-Bolo.) étaient le peuple le 
plus puissant de toute l'Italie celtique; leurs migrations 
dans la Haute-Italie, même en regardant avec Niebuhr et 
d'autres savants; l'expédition de Bellovèse comme fabu- 
leuse, eurent déjà lieu au commencement du iv‘ siècle 
avant J.-C., et depuis ce temps ils furent souvent renforcés 
par d’autres migrations. Quand je vois la facilité avec la- 
quelle ils traversèrent les Alpes, je ne puis m'empêcher d’être 
persuadé que toutes les peuplades Alpines de l’un et de 
l'autre versant étaient celtiques et établies là ab antiquo. 
Ce sont eux que les anciens nomment veteres Galli; c'est 
leur présence et leur coopération toute fraternelle, qui a 
seule pu faciliter aux grandes invasions celtiques la con- 
quête de toute la plaine nord de l'Italie. Si des Celtes 
n’eussent pas occupé les cols et les vallées dépendantes 
et n’eussent pas aidé les nouveaux venus, qui probable- 
ment parlaient la même langue, à passer, comment ceux- 


1869. —1. 2 


48 MÉMOIRES 


la auraient-ils jamais pu franchir ces défilés redoutables ? 
Ils y seraient restés jusqu'au dernier. Ges nouvelles migra- 
tions fondèrent en Italie de puissants établissements ; réu- 
nis aux Lingons, ils passèrent le Pd, chassèrent les Étrus- 
ques et les Ombriens, conquirent la Romagne. Ils fondèrent 
Lodi et plusieurs autres villes, donnèrent à Felsina le nom 
de Bojonia (Bononia) et furent presque toujours en 
guerre avec les Romains, qui finirent par les vaincre avec 
les Senons qui s'étaient avancés jusque vers Ancône, et par 
les repousser enfin jusque dans le nord de l'Italie, princi- 
palement dans la plaine entre le Mincio et la Sesia (notez 
bien que Vercelli est situé sur la Sesia); c'est-à-dire la 
Lombardie, qui fut longtemps appelée Boicus ager: « qui 
« fuit Bojonum Gallorum in Gallia citra Alpes, in quo sunt 
« Mediolanenses, » dit Festus. 

Enfin, les Romains ne voulant point avoir pour voisins 
un peuple si belliqueux, les guerres continuèrent et les 
Boïens furent presque anéantis par Claudius Marcellus en 
l'an 531 de Rome; et en 564 et 562, environ 191 ans avant 
J.-C., le reste de ce peuple fut obligé d'abandonner le sol 
de l'Italie, 

Les Boïens avaient. donc habité la Haute-Italie durant 
plus de deux siècles, pendant lesquels ils furent en guerres 
presque continuelles avec les Romains, auxquels ils ne 
cédèrent qu'après une résistance acharnée. 

La pièce que je viens de décrire a été achetée à Gênes 
il y a environ trente ans par son précédent possesseur; je 
la crois donc sans nul doute, comme celles décrites par 
MM. Dom. Promis et Julius Friedlænder, trouvée dans la 
Haute-Italie, Peut-être ces trois pièces faisaient-elles partie 
de la même trouvaille, et je n’hésite pas à les donner en 
toute sécurité aux Boiens Cisalpins. 


ET DISSERTATIONS. 49 


Quant à dire quel était le chef ATVLLOS, à quelle époque 
il vivait, etc., c’est ce que je ne sais pas. Je me garde bien 
de faire des conjectures ; nous connaissons trop peu l’his- 
toire de ces peuples, et de leurs chefs, pour affirmer quel- 
que chose, 

Outre cette belle médaille italo-celtique, j'ai encore, mon 
cher ami, quelques autres pièces celtiques et germano- 
celtiques à vous communiquer ; je les crois toutes inédites. 

Avant cependant de vous en faire part, je dois vous dire 
que j'avais vu dans le riche médaillier gallo-celtique de 
notre ami commun M, de Saulcy, quelques pièces à peu 
près pareilles ; je le priai de m’en envoyer des empreintes, 
afin de les comparer; M. de Saulcy avec la grande com- 
plaisance qui le caractérise, ne m’envoya pas seulement 
les empreintes désirées, mais il y en ajouta encore quel- 
ques autres, qu'il jugea pouvoir venir en aide à mon tra- 
vail; il poussa même l'amabilité jusqu’à me permettre de 
les publier avec les miennes, si je le jugeais à propos; 
c'était beaucoup plus que je n’attendais, même d’une ami- 
tié de plus de trente-deux ans; je lui en exprime ici ma 
vive gratitude; il verra que je profite largement de sa 
permission, d'autant plus que ces pièces ne se rattachent 
pas au système des pièces gauloises que notre savant ami 
sait si bien expliquer dans les lettres qu'il vous adresse 
dans la Revue; mais qu'elles appartiennent à un système 
germano-celtique, qui n’est pas encore bien étudié, et que 
malheureusement, faute de savoir les lieux de provenan- 
ces, on ne connait pas assez. 

Déjà, en 4840, M. le professeur Henri Schreiber, de 
Fribourg, en Brisgau, le savant explorateur des antiquités 
celtiques du sud de l’ Allemagne écrivait, qu’il était enfin 
temps de sauver du creuset ces « nummi barbarorum » si 


20 MEMOIRES 


méprisés et qui sont néanmoins les documents les plus cer- 
tains de l’histoire de nos ancêtres ; il ajoutait à d'autres 
endroits, qu'on ne pouvait assez insister sur la nécessité 
de connaître les lieux, où se sont faites des trouvailles 
de monnaies celtiques, si l'on voulait parvenir, comme 
en Angleterre et en France, à les classer et les attri- 
buer aux différentes peuplades auxquelles elles peuvent 
appartenir; malheureusement les marchands de mé- 
dailles, et même la plupart des collectionneurs, s'occupent 
en général fort peu de la provenance de ce qu'ils mettent 
dans leurs cartons. 
Je reviens à nos médailles. 


Quart de statère du même système. 


Droit. Côté convexe. Ornement singulier, difficile à dé- 
crire, mais que la gravure fera mieux connaître; il res- 
semble à une palmette, et à la rigueur on pourrait lui 
trouver une certaine analogie, avec un mufile de lion de 
face. | 

Revers. Côté concave. Pelta, ou bouclier scythique, 
sur lequel paraissent trois globules, un et deux. Collection 
du prince de Fürstenberg. 

Poids, 4,85 (pl. I, n° 3.). Ce quart de statère n'a pas 
été connu de Streber. 

Parmi les empreintes communiquées par M. de Saulcy, 
je trouve un statère du même système concave, que Stre- 
ber aussi ne connaissait pas, et qu'on pourrait classer dans 
son sixième groupe‘ : je le trouve assez curieux pour vous 
en faire part. 


1 Voy. Revue, 1863, pl. V, n°° 26 et 27. 





ET DISSERTATIONS. 24 


Droit. Gôté convexe; un triangle terminé à chaque 
pointe par trois espèces de fleurs de lys; un point au mi- 
lieu. . 

Revers. Côté concave; même représentation sans point 
au milieu, mais avec grènetis à l'entour. 

Poids : 6°,90. (PI. I, n° 4.). 

Les statères de ce système pe sés par Streber donnaient 
76, 61, —7#,63 et 75,714, La pièce que je décris aurait 
donc environ deux tiers du poids du statére; c’est une sin- 
gulière coupure, bien insolite. 

Encore un quart de statère du même système concave : 

Droit. Côté convexe; lisse, avec quelques renflements 
impossibles à décrire; je ne ‘sais pas même si ce ne sont 
pas des imperfections du coin. 

Revers. (Côté concave ; espèce de cheval à longues 
oreilles, à gauche. | 

Cabinet de Saulcy. 

Poids, 15,95. (PI. I, n° 5.) 

C’est bien ici le cas de regretter vivement de ne pas sa- 
voir où cette pièce a été trouvée. | 


Statère frappé peul-êlre par Arioviste, en Séquanie. 


Droit. Homme nu, vu par derrière, regardant à gauche: 
il porte une espèce de toque sur le sommet de la tête; il a 
les bras étendus, et tient dans chaque main une épée nue; 
à droite et à gauche un long fleuron, avec une boule à 
chaque bout (n'est-ce pas un arc sans corde) ? Dans le 
champ, à la hauteur des hanches, à droite et à gauche, un 
globule. | 

Revers. Sanglier, au poil hérissé, tourné à gauche ; sous 


22 MEMOIRES 


le cou, un globule; entre les jambes, un fleuron en forme 
d'un V renversé, ou d’un lambda. 

Cabinet Fürstenberg. (PI. I, n° 6.) 

Un autre exemplaire de ce statère est conservé daus les 
cartons de M. de Saulcy. 

Chacune de ces pièces pèse, 75,90. 

M. de Saulcy possède en outre une division de cette 
monuaie, qui diffère un peu du statére. Au droit, les 
deux fleurons ont disparu, et au revers le fleuron entre les 
jambes du sanglier a une autre forme. 

Poids, 2,70. (Pl. I, n° 7.) 

C'est donc un tiers de statère, et par conséquent une di- 
vision qui n’est pas d'accord avec la plus grande partie des 
monnaies gauloises, qui comportent des statères et des 
quarts de statéres. Cette division, et le fait que le san- 
glier du revers est séquanien, m’engagent à regarder ces 
pièces comme frappées par Arioviste, pendant son séjour 
en Séquanie; qu'en dites-vous, mon cher ami? J'aime à 
croire que vous serez de mon opinion. 


Autre statére, du même système que les deux pièces 
précédentes, 


Droit. Homme nu, vu de profil, courant à droite, il tient 
dela main droite deux bâtons en croix, dont chaque ex- 
trémité semble garnie d'une petite boule; il porte au bras 
gauche, ou mieux sur le dos, un bouclier avec un umbo 
trés-saillant; sa tête est nue, ses cheveux courts. 

Revers. Lisse, avec trois protubérances, dont l’une, de 
forme semilunaire, paraîtrait chargée d'un arc bandé, si 
la corde de l'arc n'était pas aussi grosse que l'arc lui- 


ET DISSERTATIONS. 93 


méme*: cette protubérance pourrait aussi représenter un 
vase, dont ce que je viens de nommer arc, serait l’ouver- 
ture; enfin, ce que je crois plus probable, elle pourrait 
être la représentation d’un bateau. 

Je ne connais qu'un second exemplaire de cette monnaie, 
il est dans les cartons de M. de Saulcy. La pièce du ca- 
binet du prince de Fürstenberg pèse 85,30, celle de M. de 
Saulcy, un peu usée, pèse 76°,70. (PI. I, n° 8.) 

M. de Saulcy possède une division de cette pièce, sur 
laquelle au droit, il y a le même homme nu aux deux bâtons, 
seulement l’umbo du bouclier y est encore plus saillant; 
le revers ne présente que les trois faibles protubérances, 
séparées par trois lignes creuses formant un triangle. 
(Pl. I, n° 9.) 

Cette division est du poids de 25,40, c'est donc encore un 
tiers de statère , et cette coupure insolite, entièrement pa- 
reille à celle du tiers de statère d’ Arioviste, faitque je regarde 
ces jolies et rares pièces comme frappées par les Celtes 
qui habitaient la Germanie. Malheureusement encore, leur 
provenance inconnue ne permet pas de déterminer la peu- 
plade celtique à laquelle elles pourraient appartenir. J’ose 
croire pourtant qu elles ont été frappées près des frontières 
de la Gaule. 

Une autre division plus petite, également conservée dans 
les cartons de M. de Saulcy, avec le même homme courant 
à droite au droit, et lisse au revers, ne pèse que 0¢*,90; ce 
doit donc être quelque chose comme un huitième de sta- 
tére; encore une division que je ne connais pas dans les 
Gaules. (PI. I, n°10.) 


1 Voir le statère aux trois arcs trouvé à Gagers, Revue, 1863, pl. V, 
n° 22. 


2h MEMOIRES 


Autre pièce germano-celtique. 


Droit. Tête barbue à gauche. 

Revers. Buste étrange de face, la tête tournée à gauche, 
sonnant du cor; les cheveux représentés par de petites 
boules; il semble avoir les bras étendus et tenir de la 
main droite un cercle, ou une couronne avec un point au 
milieu ; le vêtement est formé de traits perpendiculaires, 
un collier de perles descend sur sa poitrine, sous la cou- 
ronne, pend une guirlande. Une protubérance qui ressem- 
ble à une cassure du coin, part de l’œil et de la bouche 
jusqu’au bas du cou. (Je dois vous faire remarquer que la 
pièce pareille de M. de Saulcy, que je n’ai qu'en empreinte, 
porte exactement cette mème protubérance ou cassure de 
coin.) 

La pièce du cabinet Fürstenberg pèse 55,94, celle du 
cabinet de Saulcy 66,90. (PI. II, n° 44.) Encore un autre 
système monétaire, ce serait deux tiers de statère, bien 
singulière division. 

Le médaillier du prince de Fürstenberg renferme en 
outre une pièce de cuivre, pareille aux deux que je viens 
de vous décrire; elle n’a que quelques légères différences, 
entre autres celle que le cor ressemble ici à un torques : 
vous en jugerez par le dessin; je la regarde comme une 
pièce défourrée. (Pl. II, n° 42.) 


Monnaie d argent germano-celtique. 
Encore une pièce qui me paraît se rattacher au système 


des précédentes : 
Droit. Tête laurée à joue bouffe, tournée à gauche, elle 





ET DISSERTATIONS. . 25 


porte sous le menton et autour da cou un torques à plu- 
sieurs cordons; grénetis. | 

Revers. Guerrier nu debout, vu par derrière, la tête de 
profil, tournée à gauche, est barbue et à longue chevelure : 
de la droite il tient une épée nue, levée comme pour frap- 
per; de la gauche le bouclier celtique, sur lequel il y a 
du haut en bas des signes que l’on serait tenté de prendre 
pour des lettres, et que je ne puis déchiffrer. Le dessin en 
donnera une idée. Poids, 35,30. (Pl. II, n°. 48.) 


Imilation armoricaine, prototype des pièces du Luxembourg. 
Statère de bas or. 


Droit. Tête d’Apollon à droite, couronnée de laurier, un 
peu usée; assez bon style. 

Revers. Cheval androcéphale galopant à gauche avec 
une coiffure singulière, dont les pointes de derrière vont 
jusqu'à la croupe du cheval : l’aurige tient dé la main 
droite un stimulus, de l'extrémité duquel part un cordon 
de perles, auquel est suspendu une sorte de tableau carré, 
formé de lignes verticales, parallèles : derrière l’aurige, 
la roue du char est représentée par une série de globules 
de fortes dimensions ; sous le cheval, un génie ailé, couché 
la face en bas. 

Cette monnaie a une analogie tellement frappante avec 
les statères et quarts de statères de style armoricain, pro- 
venant constamment du Luxembourg, qu'il n’est pas pos- 
sible de ne pas réunir ces différentes monnaies en un seul 
groupe dont celle-ci serait incontestablement la plus an- 
cienne : d’un autre côté, cette belle monnaie a une 
analogie de type si étroite avec les monnaies des Aulerkes 


26 MEMOIRES 


Cénomans et des Osismiens, que l’on peut croire qu’elle a 
été fabriquée par des gens de ces peuplades, émigrés après 
la conquête de César, au delà de l'extrême frontière orien- 
tale de la Gaule. 

Cabinet du prince de Fürstenberg. Poids, 6F,8, (PI. II, 
n° 44). 

De mème, la pièce d'or suivante me fait l’effet d'avoir été 
frappée par des Pictons, émigrés à la suite de la même 
conquête. 

PICTONS. 


Statère d'or bas. 


Droit. Tête barbare à droite, avec une coiffure impos- 
sible à décrire; la figure suppléera à la description ; grè- 
netis. 

Revers. Cheval galopant à gauche; il est conduit par 
une figure ailée avec longue chevelure, agenouillée sur la 
croupe du cheval : devant la téte et le poitrail, une espéce 
de croissant fermé, exactement semblable à celui qui se re- 
marque sur les statères de basse époque des Santons et 
des Pictons ; sous le cheval deux signes en forme d’S ados- 
sés et séparés à la base par un signe à demi-effacé, dont 
il ne reste que le sommet angulaire. 

Cabinet Fürstenberg. Poids, 65,65 (PI. II, n°. 45). 

L’analogie des symboles du revers, avec ceux que l’on 
remarque sur des monnaies des Pictons, ne permet pas de 
conserver de doute sur l’origine de cette rare monnaie. 


Statère gallo-belge des Ménapiens. 


Droit. Cheval galopant à gauche; sur sa croupe l'aurige 
est assis, tenant un stimulus de la main droite et les rênes 





ET DISSERTATIONS. 27 


de la main gauche. La roue est représentée par un cercle 
de gros points; la queue du cheval est en forme de palme: 
sous le cheval une lyre renversée; devant l’aurige, à par- 
tir du dos du cheval, entre sa tête et l’aurige s’élève une 
barre inclinée en avant; une cassure parait la doubler ; 
cette cassure forme une grosse élévation en arriére de la 
lyre, et sur les deux jambes de derrière du cheval; cette 
élévation provient probablement d'un fragment du coin 
qui aura sauté pendant la frappe. Le terrain sur lequel 
chemine le bige est figuré par une ligne de points. 

Revers. Il semble qu'on ait voulu figurer une tige, de 
laquelle part une série de longues pointes, représentant 
peut-être les branches d’un sapin ; à droite, quelques lignes 
droites tracées dans des sens différents complètent la figure 
qui semble tracée au hasard. 

Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,8. (Pl. II, n° 46.) 

Une pièce se rapprochant de ce type est figurée dans 
Lelewel, Type gaulois, pl. VIII, n° 24. 

Un second exemplaire de cette rare monnaie, provenant 
du cabinet Huxtable, est aujourd’hui dans les cartons de 
M. de Saulcy. 

Le quart de statére à ce type se trouve trés-fréquem- 
ment dans le pays des Ambiens, des Atrébates, des Morins 
et des Ménapiens. Feu M. Hermand en a publié une grande 
quantité; mais je ne trouve pas qu'il ait fait connaître un 
statère, ce qui en prouverait la rareté. 


HELVETIENS. 
Statére fortement scyphate. 


Droit. Face convexe, Tête à droite trés-oblitérée. 


28 MEMOIRES 


Revers. Face concave. Bige galopant à gauche, aurige, 
roue à quatre rayons; au-dessous du cheval, triquetra 
formée de trois S réunis; devant le poitrail du cheval 
et au-dessous de la triquetra, des globules; de la 
bouche du cheval partent deux rubans aboutissant à des 
globules, 

Cette monnaie qui présente beaucoup d’analogie de style 
et de fabrique avec les quarts de statéres que l'on trouve 
habituellement dans les environs de Zürich, appartient 
très-probablement aux Helvétiens. 

Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,4. (Pl. II, n° 47.) 

J'allais finir, mon cher ami, mais je trouve encore parmi 
les empreintes de M. de Saulcy deux pièces que je ne puis 
résister à vous faire connaître, d'autant plus qu'elles ont 
un rapport indirect avec le n° 8 de la pl. I. 

L'une de ces pièces, qui sont du système des Regenbogen- 
schiisseln, a du côté convexe, c'est-à-dire au droit, une 
figure que je ne veux pas entreprendre de décrire, mais 
que le dessin vous fera bien connaître : au revers, un ba- 
teau avec ses agrès, d’où partent des rayons. 

Poids, 45,80. (Pl. II, n° 48.) 

Ce statère, d'or faible, a été trouvé à Utrecht, et son 
type du bateau est extrêmement remarquable, en le rap- 
prochant des monnaies carlovingiennes de Quentovic et de 
Duerstede. Le bateau sur les monnaies des contrées du 
Nord était donc déjà en usage dans les temps les plus re- 
culés, et le bateau carlovingien n'est plus que la conti- 
nuation d’un type. Il existe des monnaies mérovingiennes, 
avec le bateau; vous avez restitué à Cambon en Bretagne, 
celles qui portent la légende Cambidonno et vous avez fait 
remarquer qu'en breton le mot Cambon est le nom de la 
varangue, pièce de bois courbe qui se pose sur la quille 


ET DISSERTATIONS. 29 


dans la construction d'un navire‘. Cette attribution a en- 
suite été reproduite par M. Bigot’. 

Une seconde pièce du même cabinet a, du côté convexe 
au droit, qui est presque lisse, une espéce de fleuron, et 
au revers, côté concave, encore le bateau, mais cette fois 
avec son habitacle. 

Poids, 55,90. (Pl. II, fig. 49.) 

Provenance inconnue, mais qui peut étre des mémes 
lieux : ces statères doivent donc appartenir aux Gallo- 
Belges, aux Ménapiens par exemple, qui habitaient les rives 
de la Meuse, dans les environs d’Utrecht et de Duerstede. 

La forme de ces bateaux me fait croire que la représen- 
tation sur la pièce n° 8 pourrait bien aussi n’être autre 
chose qu'un bateau. 

Cela me fait examiner de plus près des pièces de la trou- 
vaille de Podmokl en Bohème, monnaies que Streber a cor- 
rectement attribuées aux Boïens. « Manet adhuc nomen, 
« quamvis mutatis cultoribus, » dit Tacite (Germ.). 

Sur ces statères d’or très-fin, les uns ont voulu voir le 
soleil et la lune, d’autres une coquille; quant à moi, il me 
semble plus probable maintenant qu’il y faut voir la repré- 
sentation d’un bateau; d’autant plus que la forme est exac- 
tement la même que sur les pièces que je viens de décrire. 

(PI. II, n° 20), pèse 75,16. (Pl. II, n° 24), pèse 65,64. 

Elles sont toutes deux tirées du cabinet du prince de 
Fürstenberg. 

À cette occasion, je voudrais vous faire remarquer que 
ces pièces ont au côté convexe une figure pour laquelle je 
vous propose une explication différente de celles de mes 


~- 


1 Notice de La collection des monnaies de M. J. Rousseau, 1847, p. 49. 
2 Essat sur les monnaies de Bretagne, 1857, p. 8, pl. 1, n° 7 et 8, 


30 MEMOIRES 


prédécesseurs, de ceux, du moins, que je connais. Streber, 
qui en décrit et dessine une, pl. IX, fig. 444, y voit une 
boule d’où sortent cinq rayons : d'autres y voient une 
main étendue; sur celle dont je vous donne le dessin, je 
crois voir une tête de paon, tournée agauche ; d'autant plus 
que sur la figure 21, où il ya une boule au-dessus de la tête 
de l’oiseau, le bec est si bien marqué qu'on en distingue la 
fente, 

Voilà, mon cher ami, les pièces celtiques que je voulais 
soumettre à votre critique; je les crois inédites ; cependant 
si l’une ou l’autre avait déjà été publiée, j'espère que vous 
voudrez bien me le pardonner; n'est-il pas en effet impos- 
sible de connaître toutes les publications antérieures ? 


Tout à vous de cœur, F, DE PFAFFENHOFFEN, 


Donaueschingen, octobre 1868. 


ET DISSERTATIONS. 34 


MEDAILLES 


RELATIVES AUX OEMIAES DE L'ASIE MINEURE. 
( Pl. 111.) 


Il existe dans différentes collections numismatiques un 
certain nombre de médailles grecques impériales qui for- 
ment une petite série extrémement intéressante, lorsque 
leurs types sont rapprochés, mais qui jusqu'à présent pa- 
raissent avoir été tout à fait négligées par les antiquaires; 
je veux parler de médailles de bronze frappées en Asie 
Mineure, et fort rares, sur lesquelles apparaît le mot Oéyic, 
dont je vais expliquer le sens particulier. 

Mais avant d'en arriver là, je dois entrer dans quelques 
détails sur l'institution des Geparixot éyüves, à laquelle se 
rattache le type de ces médailles. Je n'aurai pas besoin 
de rappeler longuement le rôle si important que jouèrent 
chez les populations helléniques les grands concours pu- 
blics qui, sous le nom de jeux, àyüves, attiraient à certaines 
époques et sur un point donné tous ceux qui, dans les con- 
trées baignées par la Méditerranée, voulaient donner une 
preuve éclatante de leur force corporelle, de leur adresse 
dans les exercices, de leurs talents littéraires, de leur ha- 
bileté dans les arts, 


32 MÉMOIRES 


A l'origine, les jeux eurent un caractère religieux ou 
plutôt sacré: on en fit aux funérailles des personnages 
considérables, dont on voulait honorer la mémoire. Tels 
par exemple furent ceux que donna Hercule en l'honneur 
de Pélias, ceux qu’Achille célébra lors des funérailles de 
Patrocle, ou ceux qui, sur la terre sicilienne, signalérent 
les fètes anniversaires de la mort d’Anchise. Je considère, 
on le comprend, la légende comme l'expression de faits 
généraux. 

L'état de civilisation à ces époques reculées ne permettait 
pas encore de faire consister les prix en une marque hono- 
rifique privée de valeur intrinsèque ; mais la monnaie n’était 
pas encore inventée, et de simples lingots de métaux pré- 
cieux, qui en tenaient lieu dans l’ancien monde, n'auraient 
pas produit, s'ils n’eussent été accompagnés d’autre chose, 
un effet suffisant sur l'esprit des peuples. On décernait 
donc en récompense aux vainqueurs dans les jeux, des tré- 
pieds, des armes éclatantes, des attelages luxueux, des 
vases dont le travail soigné relevait la valeur, auxquels on 
ajoutait parfois de l'or non travaillé. Et, à cet égard, les 
monuments de toutes classes aussi bien que les textes nous 
fournissent des témoignages circonstanciés’. C’étaitle temps 


4 Homère, Iliad, VIII, v. 290; IX, v. 122; XI, v. 700; XXII, v. 164; 
XXIII, v. 259, eto. — Pindare, Nem., ode X, antistr. 3. — Olymp., VII, an- 
tiste. 6; ode IX, stroph. 4.— Jathm., ode I, épode I, et stroph. 2.— Athénée, 
Deipnosoph., lib, II, 37. — Pausanias, Eliac,, V, cap. XXVII, 10; Achatc., 
‘VIL, cap. IV, 18. — Strabon, Geograph., lib. VIII, p. 362 et 355, — Virgile, 
Zineid., V, v. 110 sq., 247, 259, 266; IX, v. 268-6, — Pour les monuments 
figurés : Monum, det’ Instit, archeol., vol. IV, 1848, pl. LIV.— Gerhard, 
Auseri, gr. Vasenbilder, 1. IV, pl. CCXLVII, CCLVI, CCLVII. — Mionnet, 
‘Suppl., t. VI, pl. VIL, n° 2 (cf. Cavedoni, Annal. dell’ Instit. archeol., t. VII, 
1835, p. 259,)— Cette coutume en ce qui regarde les trépieds peut s'être pro- 
longée, grâce à l'usage de consacrer à la Divinité le trépied obtenu en prix. 





ET DISSERTATIONS. $3 


où les transactions s’opéraient encore au moyen d'échanges, 
où l’on voyait Chrysés apporter de beaux vases comme 
rançon de sa fille‘, où Priam, pour racheter le corps 
d'Hector, venait proposer à Achille les objets les plus pré- . 
cieux de son trésor; et c'est ainsi que le cadavre du 
héros troyen pouvait être obtenu au poids de l'or, suivant 
la tradition qu'Eschyle avait mise sur la scène, et qui a 
le plus communément inspiré les artistes grecs *. 
Longtemps après, lorsque la monnaie récemment in- 


Voy. Schol. ad Pind. Isthm., I, v. 26. — Pausanias, I, cap. XXI, 5, — Plu- 
tarque, Arist., cap. 1.— Decem orat. vîtæ, Andocid., § 14. — Voir encore l'a- 
necdote caractéristique rapportée par Hérodote sur Agasiclés d’Halicarnasse : 
Hist., lib. I, cap. CXLIV, 2. — Et pour les représentations figurées : Ch. Le- 
normant et J. de Witte, Élite des monum, céramogr., t. I, pl. XCVI et XCVII. 
— Panofka, Musée Blacas, pl. I. — Musée Pourtalés, pl. VI.— D’Hancarville, 
Ant. du Cabinet Hamilton, t. II, pl. 37. — Gerhard, Ausert. gr. Vasend., t. Il, 
pl. LXXXI.—Stuart, Antiquities of Athens, II, p. 29 et 36.—Curtius, Gerhard’s 
archæolog. Zeitung, 1867, pl. CCXVI. 

1 Homère, Iliad., I, v. 13. — Cf. un fragment de Table Iliaque, dans les 
Annal, dell Instit. archeol., XXXV, 1863, pl. N, où la rançon indiquée par 
Homère est exprimée au moyen de vases en forme d’amphores. 

2 Eschyle, fragm. Phryg., n° 54.— Tzetzes, Schol. ad Lycophr., v. 569: 
Gpnpos pèv drding dopé onar tip AyrAAct Gobivar Ürèp Extopoc, Auxdppuwv at 
mat GhAo. civic CuyoorzOprbévea adtdv tsov ypuodv Bobnvar cod Répouc. — 
Homère, Iliad., XXIV, v. 579, — Euetathe in Jliad., 1273, 25. — Scholiast. 
Venet. in Iliad., XXII, 35. — Hygin, fab. CVI, Hectoris lytra.— Les artistes 
grecs céramographes, ciseleurs ou sculpteurs, ont représenté constamment 
la masse d’or équivalant au poids du corps, non par des lingots de forme 
annulaire, tels que ceux que les Égyptiens employaient dans leurs transac- 
tions, comme on le voit par leurs peintures et leurs bas-reliefs, mais au 
moyen de vases, de bassins et d'objets travaillés de différentes sortes, Voir : 
Le Prévost, Coll. de vases antiques trouvés à Berthouville, 1832, pl. V. — 
Raoul-Rochette, Monuments inéd., pl. LIT. — Monum. dell’ Instit. archeol., 
vol. VI, pl. LII, n° 4, et vol. VIII, pl. XX VII.— Inghirami, Galleria Omeric., 
t. II, pl. 226, 227, 233, 237 à 239 et 242,—Overbeck, Gallerie heroischer Bildw., 
pl. XX, n*3, 5, 11, 12, 13.—Winckelmann, Monum. ined., n° 134, 135. — 
Clarac, Mus. de sculpt., t. II, pl. 111, n° 243; pl. 194, n° 244, etc. 

1869. — 1. 3 


84 MÉMOIRES 


ventée empruntait encore à la nature de ses types un 
caractère sacré, elle figura parmi les récompenses décer- 
nées à la suite des jeux publics. Solon, au dire de Plu- 
_ tarque’, fixa à 500 drachmes le prix des jeux olympiques, 

à 100 drachmes, celui des jeux isthmiques. La même asser- 
tion est exactement reproduite par Diogène Laërce ?. 

Le témoignage du biographe grec se trouve corroboré 
par l'existence d’une très-rare monnaie de Métaponte qui 
porte, avec l'image du fleuve Achéloüs, l'inscription 
AYEAOSO AEQAON’. C'est un didrachme qui bien 
certainement servit à acquitter le montant de prix donnés 
dans l'Italie méridionale. Il est important de rapprocher 
la légende qu'il offre de l'inscription TON AOENEOGEN 
AOLON (rüv Aôfvntev OAwv) inscrite sur les amphores pa- 
nathénaïques, sur celles mêmes dont le style indique une 
très-haute antiquité. 

Nous lisons encore dans Plutarque* que l'orateur Ly- 
curgue, environ deux siècles après Solon, institua au Pirée 
des solennités en l'honneur de Neptune, et prescrivit que 
les chœurs recevraient des récompenses de trois valeurs, 
à savoir, de dix, de huit et de six mines : « de tod Mosstdavoe 
dyüva moutv tv [etpaut, xvxAlwy yopüv obx Darrov pi, xal 
SiSoobar pv totic vexivary oÙx Éatrov déxa pvc, tots 8 Seutkporc, xt, 


Es 8& voie tpltorg xpideïauv, D 


1 In Solon., cap. XXIII, 5, 

2 Lib. I, cap. 2 : Solon, n° 8. 

3 Duc de Luynes, Choix de médailles grecques, pl. V, n° 10, — Millingen, 
Ancient coins of greek cities and kings, pl, I, n° 21.— Numism. de l’anc. Italie, 
pl. I, ne 1.—On ne doit vraisemblablement pas interpréter de la même manière 
l'inscription A@AA qui se lit, sur quelques décadrachmes de Syracuse, auprès 
des armes représentées à l’exergue, et qui, par sa position, paraît se rap- 
porter à l’armure offerte en prix. 

4 Script. moral. : Decem orat. vite. — Lycurgus, 8 13, 








ET DISSERTATIONS. 35. 


Mais en même temps, les mœurs s'étaient peu à peu 
raffinées; les jeux avaient acquis une si grande renommée, 
des avantages si considérables étaient attachés à la victoire 
disputée par les plus grands personnages, et dont l'ob- 
tention devenait un titre de gloire pour une ville tout en- 
tière, que le véritable prix ne consistait plus précisément 
dans l'&lov, mais plutôt dans le fait de l'avoir conquis. 
Alors, les jeux sacrés, pot àyovec devinrent orsouvirur OU 
gvddirar’, c'est-à-dire qu’une simple couronne de feuillage 
remplaça les armes et les meubles les plus précieux; et 
c'est sans doute pour rehausser encore l'éclat de cette dis- 
tinction qu’on en attribua l'institution à Hercule, version 
généralement reproduite. Nous n'envisageons du reste ce 
renseignement que comme une donnée chronologique ap- 
proximative. 

Diodore de Sicile, par exemple*, raconte que le héros, 
pour célébrer ses victoires sur Augeas et le taureau de 
Crète, fonda les jeux olympiques sur les bords du fleuve 
Alphée ; il concourut lui-même et obtint tous les prix, quel- 
que différents que fussent entre eux les exercices. Mais 
comme il avait toujours comblé les hommes de bienfaits, 
ajoute l’historien, sans jamais en recevoir de salaire, il ne 
voulut proposer en réccmpense qu'une couronne : « Ztege- 
véenv 6’ abtov xateoxedacev, Ste xai abtds ednpystycs td YÉvos tiv 
GvOpwrev obdéva Auowv probdy, p 

Or Strabon a trés-judicieusement révoqué en doute la 
véracité de cette assertion. I] démontre, en effet, ce qui est 
d'accord avec les monuments, que les jeux funèbres seuls 

ont été connus d'Homère, et que ceux dont le prix consistait 


1 Voy. Pollux, Onomasticon, III, 30, 3 8. 
2 Lib. LV, oap. XIV. — Cf. Pausanias, lib, V, cap. VII, 7. 


86 MEMOIRES 


en une couronne étaient postérieurs à son époque. Ses obser- 
vations à cet égard me paraissent si justes et d’un si grand 
poids que je demande la permission d’en donner une courte 
analyse. Ce sont les Éléens, dit-il', qui ont institué les 
jeux olympiques: car il faut laisser de côté ces anciennes 
traditions sur la fondation des jeux par Hercule, tout cela 
est rapporté de différentes manières et ne mérite pas grande 
confiance (<2 yap cotta xoddayinc Abystat, xal où advo niotsbstær). 
Voici ce qui est le plus probable : depuis la première olym- 
piade où Coræbus remporta le prix de la course jusqu'à 
la vingt-sixième, les Éléens avaient à la fois l’intendance 
des jeux et celle du temple. Mais soit qu'au temps des 
Troyens, il n’exist&t point d’éyav otepavirns, soit que les jeux 
olympiques, ou aucun des autres qui sont maintenant cé- 
lébres (isthmiques, pythiques, néméens), n’eussent encore 
acquis leur renommée, il est constant qu’ Homére ne fait 
pas mention de jeux de cette sorte, mais quil ne parle 
que de jeux funèbres : ëmméç. Quelques-uns cependant, 
continue Strabon, prétendent qu'il a voulu parier des jeux 
olympiques, lorsqu'il dit qu’ Augeas retint les quatre cour- 
siers envoyés par Nélée pour disputer le prix, et qui 
avaient été vainqueurs, 


tésoapes &0)opéoo Error abroinv dyespiv, 
thOdvee¢ per’ &cOAa. Ilspè tplnodos yap EueXkov 
Gedcecbat, (XI, 699 sq.) 


Et au nombre des raisons qui lui font rejeter une telle opi- 
pion, l’'éminent géographe n’a garde d'oublier celle-ci que 
le prix de la course avait été un trépied, qu'il ne s'agissait 
pas par conséquent d'un combat ctepavitne. 


1 Geogr., lib. VIII, cap. 8, p. 354 ad cale., 355. 


ET DISSERTATIONS, 37 


Cet ordre de succession dans la nature des prix nous est 
encore attesté par les marbres de Paros', dont la mention, 
alors même qu'elle pourrait être contestée dans sa pré- 
cision, n’en montre pas moins, tout aussi bien que le scho- 
liaste de Pindare*, que la couronne honorifique se présente 
comme un progrès, relativement aux rémunérations d'une 
grande valeur intrinsèque consistant en objets fabriqués, 
et que nous croyons pouvoir considérer comme étant celles 
des éyüve qualifiés yonparira ou Yenpatixol. 

C’est 14 une doctrine qui ressort aussi trés-clairement 
de deux passages de Pausanias. Parlant d’un aulète, il 
dit® : «Il remporta d’abord le prix qui n’était pas encore 
stéphanite, dans les jeux institués par les Amphyctions, et 
vainquit ensuite deux fois quand le prix fut une couronne. » 
Ailleurs*, on lit : « Ala deuxième célébration des jeux py- 
thiques, on cessa de donner des prix en nature, et l’on ne 
proposa plus qu’une couronne. » Les expressions sont en- 
core plus précises dans le texte grec, mais il est difficile 
de les rendre exactement. | | 

Les dates chronologiques que ces documents fournissent 
nous montrent que les combats stéphanites existaient dès le 
commencement du vi* siècle. Aussi, lors de l'expédition de 
Xerxès, lorsque les Perses demandèrent à quelques trans- 
fuges arcadiens qui étaient passés dans leur camp, quel 
prix se disputaient les Grecs dans les jeux qu'ils étaient 
en train de célébrer, il leur fut répondu que c'était une 
couronne d'olivier. Alors Tritanteechmés, fils d’Artabane, 


4 Lign..53-654, paragr. 38-39 (Marmor. Ozoniens., p. 157 6q.— Ad Fragm. 
histor. græc., Didot, édit. Müller, p, 548). 

* Schol. in Pindar. Argum. II, in Pyth.; Argum. IV, in Pyth. 

* Lib. VI, Eliac., cap. XIV, 10. 

* Lib. X, Phocid., cap. VII, 5. 


38 MÉMOIRES 


entendant, dit Hérodote’, que le prix du combat était une 
couronne et non des dons en nature (ypfuata), ne put s em- 
pêcher de s’écrier devant tout le monde: « O dieux, 
Mardonius, contre quels hommes nous mènes-tu combattre ? 
Ce ne sont point des richesses, mais l'honneur, qu'ils re- 
cherchent dans la victoire. » Le barbare eût peut-être été 
moins émerveillé s’il avait su que cette couronne valait à 
celui qui pouvait en ceindre son front d’être nourri pour le 
reste de ses jours aux frais du trésor public. 

Cette anecdote, prise entre beaucoup d'autres, se place à 
une époque postérieure à l’édit de Solon, mais antérieure 
à l'institution de l’orateur Lycurgue. On est donc en droit 
de croire que même avant l’époque romaine, les prix en 
argent ont existé parallèlement aux récompenses purement 
honorifiques des grands jeux. 

Sous les empereurs, en même temps que s’accroissaient 
le luxe et la richesse, les jeux se multiplièrent considéra- 
blement; et pour ceux dont le nom seul ne constituait pas 
un attrait suffisant, on fut obligé de recourir à des appâts 
d'une nature spéciale, 

C'est alors que l’on fonda sur un grand nombre de 
points du vaste empire quantité d’éyüves épyupira Si nous 
nous en rapportons au rang qu'ils occupent dans les 
monuments épigraphiques, si nous observons en outre 
la façon particulière dont on les désigne, à savoir à l’aide 
du nom seul de ja ville où ils étaient donnés, et sans 
appellation de forme adjective, sans aucun de ces surnoms 
célèbres qui frappaient l'attention publique, nous pouvons 
conjecturer qu'ils étaient loin d’être aussi honorables que 
les autres. Mais en même temps, aux yeux des gens posi- 


1 Hist., lib, VIII, cap. XX VI. 


ET DISSERTATIONS. 39 


tifs, ils rachetaient ce défaut par l'avantage d’être fort 
lucratifs pour les vainqueurs. — 

Les àyüvee dpyopira, ainsi relégués dans une classe infé- 
rieure, furent donc, pour ainsi dire, spéciaux à la province. 
On les désigna de différentes manières, telles que : éyovec 
Geparixol', Oeparira: OU deuaretræ* ; et suivant la valeur de la 
rémunération : takavriaior” OU Aprradaveraior®. 

Ils reçurent enfin le nom de etès, forme dialectique 
spéciale à la partie méridionale de l’Asie Mineure qui s'étend 
depuis le fleuve Calbis jusqu'au delà du Calycadnus, entre 
la mer et les ramifications de la chatne du Taurus; c’est-à- 
dire la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie. Voilà du 
moins quelles sont les régions qui, jusqu'à présent, nous 
ont fourni les exemples épigraphiques et numismatiques 
de ce terme. 

En outre des inscriptions qui sont les documents les plus 
officiels, de fréquentes allusions à l’usage de décerner des 
prix d'argent se trouvent dans les textes, car les occasions 
de rapprochement ne sont pas rares. Dans un remarquable 
passage de Plutarque”, où cet auteur compare ceux qui 


1 Pollux, Onomasticon, III, 30, § 8. — Cf. Corp. inscript, græc., n°* 247, 
1720, 3208, 8209. — Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 99 et pl. G. — 
Voir encore le mot @¢ya dans les inscriptions suivantes : Corp. inscript. grec., 
n°° 2758, 2759, 2811 b, 3493, 4352, etc.— Pococke, Inscript., p. 34. 

3 Gruter, p. CCCXIV, n° 1.— Corp. inscript. græc., n° 5913. 

3 Corp. inscript. græc., n° 247, 2741, 2759, 2810, 2810 b, 3208, 3209, 3676, 
4472. — Henzen, Denkmæler und Forschungen, 1851, p. 397. — Orell., Suppi., 


n° 6156. 


* Cette expression associée à la précédente se trouve dans deux inscriptions 
provenant l’une d’Aphrodisias et l’autre de Cyzique. (Bosckh, n° 2610 et 
3676, t. II, p. 526 et 937), 

§ Moral. precept. gerend, reip., cap. XXVII, p. 820 D. (Edit. Didot, t. II, 
p. 1001.) 


A0 MÉMOIRES 


ont entre les mains le gouvernement d'une cité, aux 
hommes « oëx dpyuplrny ob8 Swplmy dyHva dyuvkouivoc, &XAà 
tepdv de dln dade xal etegavirmy », On reconnaît l'intention mani- 
feste d’opposer aux jeux dans lesquels une simple couronne 
était le prix de la victoire, ceux où les récompenses consis- 
taient soit en argent, dpyupim<, soit en présents, ainsi que 
le fait entendre |’expression &wptinc'. Athénée emploie des 
termes analogues”; et Diogenianus nous a conservé le 
proverbe : « OdpedAlac à äywv olov où otepavitms ddAd ypnpa- 
senc *, » qui repose sur une comparaison du même ordre. 

Enfin, les écrits inspirés par le christianisme ne sont pas 
restés étrangers à ce genre d'emprunt au langage agonis- 
tique. Ainsi, dans les Oracles Sibyllins nous trouvons ces 


vers sur le prix que promet le Rédempteur à ceux qui auront 
vaillamment lutté : 


aütap Oia päéprua Sacer 
Addvarov, &ypr xal Oavétou tov &yüva notodct, 
Tapbevinote 88 Spapotor xakwç &pbaptov debov 
Awest tod Obpatos ?, 


1 Voy., pour cette interprétation des mots êdsux et &wpov : Pindare, Pyth., 
ode VIII, stroph. IV; ode X, stroph. II, — Schol. ad Pindar., Olymp., VIII, 
101, — Clément d’Alexandrie, Pædag., lib. II, cap. VIII, fol. 49.— Athénée, 
Deipnosoph., lib. X, c. 6, édit. Schweighæuser, t. IV, p. 12. — Petrus 
Faber, Agonisticon, lib. II, cap. 9. (Gronovius, Thes. ant.,t. VIII, p. 1973 
E, 1975, ) 

2 Deipnosoph., lib. XIII, cap. 6, édit. Schweighæuser, t. V, p. 111, — On 
voit encore Mithridate, parodiant ces concours, instituer un dyav roAupaylzc 
xat woAuxostac, dont le prix est un talent d’argent (ibid., X, cap. 9); ou bien 
Alexandre dans les Indes proposer pour une lutte du même genre trois récom- 
penses de valeurs décroissantes, à savoir : d’un talent, de trente mines et de 
dix mines. 

4 Tapousta, ÉXAAnvexal, Edit. d’André Schott, Anvers, 1612, Diogenian., 
cent. VII, 41. 

+ Lib, II, v. 46 aq., édit. Alexandre, t. I, p. 66. 





ET DISSERTATIONS. kt. 


Mais ici je ne crois pas inutile de prévenir une objection. 
Après les distinctions que nous venons d’établir, on pourrait 
aussi penser, en se fondant sur la formule de certaines in- 
scriptions lapidaires : 


« OEMATIKOYZ KAI TAAAN IAIOYZ » 


que les àyüves tadaverator ne comptent pas parmi les &pyupirat 
OU Oepormol, mais qu'il faut les ranger parmi les ypnuxtirer 
Ou Swpiræ. En effet, c'est évidemment avec ce dernier sens 
qu'il faut entendre +ékavra dans Homère qui mentionne 
des prix en ces termes? : 


Ent’ érôpouc tplroBac, Béxa 88 ypuacio télavte, 
Altwvas 88 Alôntac Belxoor, x. 7. À. 


Virgile, dont nous devons bien souvent relier le témoignage 
à celui des auteurs grecs beaucoup plus anciens, dit par 
reminiscence homérique”* : 


Et tripodas geminos, auri duo magna talenta, 
Cratera antiquum, etc. 


1 Marmora Oxoniensia, n° III, p. 70 sq. — Wheler, Voyage de Dalmatie, 
Grèce, Levant, etc., 1723, t. II, p. 150. — Spon, Miscell. erud. ant. X, n°-CXIIL, 
366 et 367. — Gronovius, Thesaur, ant. græc., t. VII, p. 869 et 870.— Mura- 
tori, t. II, p.647. — Corp. inscript. græc., n°* 247 et 3208. | 

2 Iliad. , 1X, v. 122 et 264.—Les métaux travaillés ou simplement en lingots 
apparaissent toujours chez les peuples primitifs dans les présents faits à des 
hôtes, dans les rançons : Odyss., VIII, v. 393, — Iliad., V1, v. 48 : Adraste 
propose, pour avoir la vie sauve, du bronze, de l'or et du fer. — Cf. Virgile, 
Æreid,, X, v. 526, Magus implorant Énée en ces termes : 


Est domus alta : jacent penitus defossa talenta 
Cœlati argenti; sunt auri pondera facti 
Infectique mihi... 


Voir encore ibid., III, v. 466; XI, v. 333, etc. 
5 Eneid,, IX, v. 265. 


a2 MEMOIRES 
et ailleurs: : 


Sacri tripodes, viridesque corone, 
Et palme, pretium victoribus, armaque, et ostro 
Perfnsæ vestes, argenti aurique talenta. 


Homère encore parle d'un demi-talent d'or donné en 
prix à Antiloque dans les jeux célébrés par Achille : 


OÙ pv tot péleoc elphostar alvoc 
AdA& tor Auttéhavrov kyo ypuood ExOrjew *, 


En ce qui concerne le sens de tadaveaioc dans les inscrip- 
tions, il me suffira de rappeler un des marbres copiés 4 
Aphrodisias de Carie, sur lesquels sont inscrites des listes 
de concours en regard des sommes affectées à leur rému- 
nération. Le texte de celui-là débute par ces mots : 


a Ayüvos tahavtialou Opera... » 


et l'on voit au-dessous le détail de ces @épaca évalués en 
deniers’. 

J'ai déjà cru reconnaître sur les médailles impériales, 
dont les types sont relatifs aux jeux, un détail qui se rap- 
portait aux sommes d'argent données en prix, et mes obser- 
vations à cet égard ont été consignées dans un travail im- 
-primé en 1868 sous le titre de Recherches sur les insignes 
de la questure et sur les récipients monétaires (chap. X). 
Cependant, me renfermant dans le cadre que je m'étais 
tracé, j'ai dû naturellement me borner à envisager les types 


1 Æneid. V, v. 110-112. On remarquera cependant que l’idée des couronnes 
et des palmes est empruntée aux coutumes d’uue époque postérieure. 

2 Jliad., XXIII, v. 796. , 

3 Bœckh, n° 2759, — Leake, Transact. Royal Society of Literature, 1843, 
p. 244 et 303, — Le Bas et Waddington, Voyage en Asie Minewre, n° 1620 d. 





ET DISSERTATIONS. 43 


numismatiques qui offrent l'image de sacs servant à con- 
tenir des pièces de monnaie. Aujourd'hui, je vais au con- 
traire m'occuper plus spécialement des médailles qui rap- 
peilent les récompenses agonistiques, non plus seulement 
au moyen de figures exprimant d'une manière sensible les 
prix en espèces, mais bien par des inscriptions. 

Les médailles de cette seconde catégorie sont relatives à 
la classe particulière des àyüve désignés par l'expression 
topique 6épuôsc. 

La signification particulière de ce mot dans les inscrip- 
tions lapidaires de l’Asie Mineure est bien connue mainte- 
nant des épigraphistes; il nous reste donc à en faire l'ap- 
plication à la numismatique, et l'on verra que 6tux s'y 
explique aussi très-clairement, de façon à compléter le 
sens des types. 

Ne I. 


Paléopolis de Lycie. Elagabale. 


AYT.K.M.AY.ANTONEINOC. Tête radiée d’Elagabale a 
droite, le buste couvert d’un paludamentum. 

¥. TIAAEOTIOAEITON O€MIC. Trois athlètes nus, grou- 
pés autour d’une amphore posée à terre, et dans laquelle 
l’un d'eux plonge le bras. Dans le champ, au-dessus de 
cette composition, est placée l’urne des jeux, de laquelle 
surgissent deux palmes. — Æ. 9 4/2. | 

Le seul exemplaire connu, je crois, de ce médaillon pré- 
Cieux et intéressant à tant de titres divers, se trouvait en 
4861 entre les mains de M. Webster, à Londres. C'est à 
l’obligeance de MM. Feuardent que je dois d'avoir pu en 
donner la gravure. 
Le type du revers, tout a fait semblable à celui d’une | 


ka MÉMOIRES 


médaille de Gallien frappée à Perga de Pamphylie.et décrite 
par Sestini d’après un exemplaire du Cabinet de Munich, 
parait représenter les athlètes tirant au sort pour connaître 
quel doit être leur adversaire. Dans un vase qai, sur les 
médailles, affecte tantôt la forme d’une amphore ou diota, 
tantôt celle d'une calpis avec une anse et deux poignées 
latérales, on plaçait autant de boules qu'il y avait d’athlètes. 
Tl faut lire à ce sujet l'explication que Lucien met dans la 
bouche d'Hermotimus*. Il y a là, dit celui-ci, une calpis 
d'argent consacrée à la divinité; on y jette des boules de 
sort, grosses comme des fèves, et qui portent un caractère. 
Sur deux de ces boules est tracée la lettre A; deux autres 
portent chacune un B, deux autres un I’, et ainsi de suite, 
s'il y a un plus grand nombre d’athlètes ; mais toujours 
de façon qu'il y ait deux boules portant la même lettre. 
Puis chaque athlète s’avance à son tour, et se recomman- 
dant à Jupiter, il plonge la main dans la calpis, et tire une 
des tessères; un autre le suit, qui en fait autant. Et il ya 
là un surveillant armé d’un fouet qui leur retient la main 
-pour qu'il ne leur soit pas possible de voir la lettre qu'ils 
tirent. Cette opération terminée, l'alytarque ou l’un des 
hellanodiques les dispose par couple de manière à faire 
lutter ensemble les deux individus qui ont tiré la même 
lettre... Lorsque le nombre des concurrents est impair, il 
se trouve une lettre qui n’a pas de correspondante; mais 
la boule sur laquelle elle est inscrite n'en est pas moins 
jetée avec les autres. Celui qui la tire attendra que ses 
compagnons aient fini de combattre; et c'est une bonne 


| 4 Lettere di continuas., t. VIII, 1820, pl. II, n° 9.— Dans le texte, on lit 
cette description fautive : « Medius in vas adstitutum calculum miéétit. » 
. 2 Lucien, Hermotimus, § 40, 


a 
a. eee oe - ee ee i _ 
. à 


ET DISSERTATIONS. AS 


fortune pour celui & qui elle échoit, car ensuite, lui tout 
frais encore, Sera mis aux prises avec un antagoniste déja 
fatigué. 

A ce passage de Lucien se rattache un bas-relief antique 
du musée de Florence dont le commentaire ne saurait trou- 
ver place ici, et que d’ailleurs je décris dans un autre 
travail. 

C'est probablement le vase des sorts que l’on voit au 
musée de Vérone, sculpté sur une stèle d’un gymnasiarque’. 
Identique à celui que montrent les deux pièces de Paléo- 
polis et de Perga, il est accompagné d'une palme. Nous le 
trouvons avec le même symbole sur une pierre gravée* et 
sur des petits bronzes de Commode frappés à Nicée*. Cette 
ville nous fournit aussi une pièce émise sous Septime Sé- 
vère, où ce vase est représenté près d'un personnage assis 
tenant l’urne des jeux‘. Au revers d'un petit bronze de 
Philippopolis de Thrace, il est placé aux pieds d’un athlète 
debout qui se couronne". Un type de même nature nous 
est connu sur une médaille d’Augusta de Cilicie‘, C’est ce 
même vase que l’on distingue très-fréquemment, déposé 
sous la table, dans les types numismatiques relatifs aux 
jeux; disposition qu'offre encore une mosaïque découverte 
à Tusculum’. Mais malheureusement, il est parfois difficile 


1 Maffei, Museum Veronense, tab. II à la p. xxix, fig. 7. 

2 Éd. Gerhard, Archæologische Zeitung, neue folge, 1848, pl. XXII, 
n° 2. 
__ # Mionnet, Descript., t. II, p. 457, n° 254; Suppl., t. V, p. 106, n°° 570 et 

675. 

+ Érasme Frœlich, Quatuor tentam., p. 236, fig. 1. 

5 Mionnet, Suppl., t. II, pl. I, n° 1. — Cf. un médaillon contorniste, Saba- 
tier, Contorn., pl. VIII, n° 6. 

© Viczay, Musée Hedervar, n° 518, pl. XXIV. 

¥ Monumenti dell’ Instit, archeolog., vol. VI et VII, pl. LAXXII, 


46 MÉMOIRES 


de reconnaître s'il s'agit du vase destiné à tirer les sorts, 
ou d’une amphore panathénaïque remplie d’huile sacrée. 

Ainsi, c'est fort probablement ce dernier vase, accom- 
pagné d’une palme et muni d’un couvercle, que nous 
montrent certains bronzes athéniens de trés-petit module’. 
Mais d’autres de moyenne grandeur frappés dans la même 
ville représentent un vase de forme semblable relégué sous 
la trapèze*, C'est au contraire sur ce meuble qu'est posée 
l'amphore qui figure dans le type des monnaies de Néron 
frappées à l'occasion des jeux quinquennaux. Un vase placé 
au sommet d’une colonne, près de la table des jeux, paraît 
au revers des pièces de moyen bronze de l'époque romaine 
qui portent la tête casquée d'Alexandre le Grand’. 

Nous éprouvons la mème incertitude au sujet de l’am- 
phore posée à terre au milieu de palestrites peints sur un 
vase signé de l'artiste Andocide et conservé au musée de 
Berlin’. 

Byzance de Thrace, sous les règnes de Septime-Sévère, 
d'Élagabale et de Gordien', Sardes de Lydie, à l'époque de 
Septime-Sévére*, Héliopolis de Ccelésyrie, au temps de 


4 Beulé, Monnaies d'Athines, p. 87, 176 ot 180, vignettes. — Voir aussi un 
type fort intéressant, Archeologische Zeitung, 1846, pl XLI, n° 15, qu'il faut 
rapprocher, à l’aide des figures gravées p. 392 des Monnaies d’dthines, de la 
pièce gravée à gauche en bas dela vignette à la p. 391 du même ouvrage. 

* Boulé, Monnaies d'Athines, p. 892. 

3 Pellerin, vol. 1, Rots, pl. Il, p. 28; vol. Il, Peuples of villes, 1, pl. XXXI, 
n° 29, p. 184. — Cf, un bas-relief gravé dans le Museum Veronense et Tauri- 
nemse do Maffei, planche à Ia page CCXXIII, fig. 4. — Voir encore Zoëge, 

irilievi, II, pl. XC. — Monum, Mattheiana, III, pl. XLVII, ete. 
jerhard, Trinkschalon w, Gofmess des K, Musume su Berlin, 1860, 






+ inefol, pl. XX. 


® Sestini, Letters di continuas., t, Il, 1817, pl. 1, n° 6.— Mionnet, Suppl, 
t. 1, p. 416, n° 1267; p. 428, u° 1341; p. 439, n° 1404, 
© Pellerin, Mélanges, t II, pl. XXVIL, n° 10. Le type est ainsi déerit : « Une 





ET DISSERTATIONS, h7 


Valérien père‘, nous offrent des monnaies sur lesquelles 
paraît l’image d’un athlète nu plongeant son bras dans une 
urne; c'est, comme on le voit, la simplification du type de 
notre beau médaillon. 

Notons aussi qu’une des figures en bas-relief qui déco- 
rent un autel de pierre trouvé au Châtelet, près Saint- 
Dizier (Haute-Marne)*, et qui représente la déesse Sors, 
est caractérisée par des boules qu’elle tient dans la main 
droite et un vase déposé à ses pieds, lequel est tout à fait 
semblable à l'amphore gravée sur la monnaie de Paléo- 
polis. Sur la face opposée de cet autel est l'image de la 
Victoire. 

L'usage qui consiste à déterminer par la voie du sort le 
rang de chaque combattant se trouve rappelé sur un marbre 
de Xanthus que nous citons de préférence, parce qu’il offre 
précisément un frappant rapport avec la médaille de Paléo- 
polis; il est en effet dit dans cette inscription que Quintus, 
fils d'Apollonius, citoyen de la ville, ayant pris part à la 
lutte dans la troisième célébration d’une ôtux, avait tiré 
au sort à quatre reprises : 

_¢ o2- -Aywvisdpsvov avopay xddny év tip Excredeobbves dyiove Obut50¢ 
y tx Seabjxns TO, KA. Kacravod Ayplana, vextoavea xat éx6iBdcavea 
xhijpovg 6, Sywvoletodvtoc tic OE psdoc...., » etc. ?. 


Ceci s’explique par la coutume qu’avaient les Grecs de 
cette époque de faire lutter successivement les vainqueurs 


figure d'homme nu se baisse pour prendre un vase qui est à ses pieds. » Mais 
dans la gravure on reconnaît aisément le véritable sujet. 

1 Mionnet, Descr., t. V, p. 304, n° 136.-— Mussi Sanclement. num. sel., 
pl. XXIV, n° 384; type décrit fautivement t. JII, p. 124 : « Athleta nudus 
« vas in certaminis premium aceeptum retinet, » 

3 Grivaud de la Vincelle, Arts st métiers des anciens, pl. CXI. 

3 Fellows, Travels in Lycia, Appendir par Wiener, p. 412, n° 166.-— Bailie, 


48 MÉMOIRES 


entre eux, jusqu'à ce qu’un seul eût triomphé de tous les 
autres !. 

Le nom de Paléopolis appartient à diverses localités, et 
cela se comprend facilement, puisque cette appellation si- 
gnificative, tout comme Néapolis, pouvait être employée 
partout où un déplacement de la population avait créé deux 
groupes d'habitation voisins. 

Dans la partie sud-ouest de l’Asie Mineure, nous trou- 
vons une Paléopolis dépendante de l'archèvéché d’Éphèse, 
dans l'Éparchie d’Asie; une autre, évéché suffragant de 
Perga, éparchie de Pamphylie’. 

Non-seulement les deux Paléopolis sont mentionnées 
dans les souscriptions épiscopales des conciles”, mais elles 
figurent encore dans la notice d’Hiéroclès*, et dans celle 
d’Epiphanius, archevêque de Chypre, dont le texte nous a 
été transmis par Constantin Porphyrogénète". Dans la no- 
tice de Léon le Sage’, la Paléopolis d’ Asie seule est citée. 

Dioscoride, à propos de l’agate (Aloe yayarhc), identifie 


Fasc, inscr., t. Ill, p. 102 et t. I, p. 111. — Bœckh, n° 4274.— Waddington, 
Voyage archéol. en Asie Minewre, n° 1257. 

1 Cf. Pindare, Olymp., VII, v. 90.—Henri de Valois, ad Euseb. Hist. eccles., 
V, 1,p. 162 À. — Faber, Agonisticon, lib. ], cap. XXIV. 

2 Apparatus Concil, Breviarium geogr. episcop., p. 29-30, paragr. I et XI.— 
Le Quien, Oriene christianus, t. I, p. 729-732, et p. 1021. 

8 Palæopolis Pamphyliæ secundæ sub Perge metropoli : Libanius in Synodo 
generali Ephesino, ann. 431,t. Ill, p. 548 et 692, — Porphyrius in Concil, 
Chalcedonensi, ann. 451, t. IV, p. 937 A.— Palæopolis provincia Asiæ sub 
Epheso metropoli, ann. 431, 451, 536, 787; t. II], p. 488 a, 537 d, 992; t. IV, 
p. 87 b, 284 c, 332 «, 376 b, 440 c, 790 c, eto, | 

+ Edition Wesseling, p. 660 et 680.— On y trouve les deux formes 
Tiakark x et Ilakadgrokç. On dit de même Néapolis, Hiérapolis, Olbia, 
Rhodiapolis ; et Néopolis, Hiéropolis, Olbiopolis, Rhodiopolis. 

8 De Cerim., lib. II, cap. 54, n* 36 de l’éparchie d'Asie, et 7 de l’éparchie 
de Pamphylie, édit. Reiske, p. 795 et 796. 

6 Lib. III, cap. I, paragr. 2. 


ET DISSERTATIONS. AY 


la ville de Gages en Lycie avec Ddayrodts (ILAayiourékews)!, 
nom que Claude Saumaise* et Luc Holstein’ ont cru devoir 
corriger en Hakmérow, opinion fort ingénieuse et conforme 
à ce que les voyages et les récentes découvertes nous ont 
appris. 

Il faut remarquer toutefois qu Hiéroclés, tout en citant 
les deux Paléopolis, n’en laisse pas moins Gage dans la 
province de Lycie’. 

Les divisions et les réunions de territoires effectuées sous 
Justinien et sous d'autres empereurs jettent sur la géo- 
graphie des bas temps une obscurité que les recherches 
des voyageurs et la numismatique dissipent bien lente- 
ment. Le site de Gagæ a été retrouvé, et les médailles 
viennent à leur tour nous montrer que Paléopolis appar- 
tenait à la même région de l'Asie Mineure. | 

En effet, j'ai dit que le revers de notre monnaie offrait 
une composition identique à celui d'une pièce de Perga. 
Le rapprochement de ces deux monuments ne laisse aucune 
hésitation sur le choix que nous avons à faire entre les 
deux Paléopolis. C’est bien à celle dont Perga était la mé- 
tropole que nous nous arrêtous. Sans compter le style de 
fabrique et le type, nous avons encore pour étayer cette 
opinion la présence du mot ot dont l'usage est, ainsi que 
cela ressort de la présente étude, spécial à la région du 
Taurus. . 

M. Waddington a publié une médaille autonome de 
Gage’. La pièce unique qui porte le nom de Paléopolis 


1 Mat. med., lib. V, cap. 14. 
? In Caji Julii Solini polyhistora, Utrecht, 1689, p. 178, col, 2 B. 
3 In Steph. Byzantii de urbibus, 8. v. 
+ Edition Wesseling, p. 683. 
7 5 Revue numismatique, 1858, p. 169, 


1869, — 1. 4 


50 MEMOIRES 


appartient au commencement du 111° siècle. Le long espace 
de temps qui s’est écoulé entre les émissions de ces deux 
précieuses monnaies ne nous permet malheureusement pas 
de fixer avec exactitude le moment où la ville a pu chan- 
ger de nom. Mais nous croyons que les remaniements 
administratifs par suite desquels Paléopolis fut rattachée à 
la Pamphylie après avoir appartenu à la Lycie, sont posté- 
rieurs au temps d’Elagabale. 


Ne II, 
Aspendus de Pamphylie. Gordien III. 


AYT.K.M.ANT.FOPAIANOC CEB, Tête laurée de Gordien 
à droite, avec un paludamentum. Dans le champ, une 
contre-marque. 

y. ACTIENAION. Couronne, au centre de laquelle on lit 
en deux lignes la légende OEMIAOC TO B. — Æ. 9. 


Ne Il. 


Méme ville. Salonine. 


KOPNHAIA CAAQNINA. Tête de Salonine à droite, le 
buste vétu. Dans le champ, I. 

à. ACTIENAION. Couronne au centre de laquelle on lit 
en trois lignes : OEMIAOC TO €. Huit têtes alternant avec 
les lettres de l’ethnique sont disposées à l’entour de la cou- 
ronne. — Æ,. 8. 

Ces têtes qui, par leur arrangement, rappellent assez 
l'autel des douze dieux du musée du Louvre’, paraissent 


1 Clarac, Musée de sculpture, t. II, pl. 171, n° 381. 


ET DISSERTATIONS. 51 


étre yues de face; mais le mauvais état de conservation des 
exemplaires que j'ai pu étudier ne permet pas d’apprérier 
exactement ce que le graveur a voulu représenter. Je ferai 
donc observer seulement que cette composition se rattache 
à un ensemble de monuments numismatiques sur lesquels 
nous remarquons soit des figures entières placées en cercle, 
comme sur un bronze de Béryte offrant au droit la tête 
d’Elagabale, soit seulement des bustes, comme dans les 
combinaisons multiples des pièces impériales de Tarse. 
Plusieurs auteurs, parmi lesquels je citerai Frelich'’, et en 
dernier lieu M. Cohen* ont reconnu, dans les têtes rangées 
autour des couronnes, des personnages de la famille impé- 
riale. 

Cette opinion se trouve corroborée, en ce qui concerne 
les pièces de Tarse, par les différences dans le nombre des 
têtes, variations qui doivent tenir à l’état particulier de 
chaque famille. 

Elle est encore appuyée par le type de certaines mon- 
paies des villes d’Asie Mineure, Nicée *, Cyzique’, etc., qui 
nous montrent des bustes- d’empereurs placés au-dessus 
de la table des jeux et gravés d'une manière plus distincte. 
Ce sont là des images de protecteurs empruntées à la Domus 
divina, et nous savons par les monnaies d’Athènes?, de Del- 
phes* et d’Argos", par exemple, que l'on placait sur la 


1 Quatuor tentam., 1737, p. 451. 

2 Médailles grecques de la collection Gréau, n° 1945. 

2 Sous Commode, voy, Séguin, Num. mazim, mod., pl. 16, n° 4, — Et sous 
Septime Sévère, avec les bustes de Caracalla et de Géta sur la table: Mus. 
Theupol., t. II, p. 941. — Mionnet, Suppl., t. V, p. 111, n° 603. 

* Pellerin, 1X, Lettres et additions, pl. III, fig. 12. 

5 Beulé, Monnaies d'Athènes, p. 392. 

6 Sestini, Descr. nun, vet., pl. IV, n°5. 

1 Pellerin, IV, Peupl, et vilt., t. IH, fig. à la p. 154 — Mionnet, Deser , 


52 ' MÉMOIRES 


table des jeux soit le buste de la divinité locale, soit les 
animaux symboliques qui lui étaient consacrés. 

Nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher ces types 
antiques de ceux de quelques sceaux du moyen âge, sur 
lesquels on voit, soit des têtes de chanoïnes, comme à 
Arles’, soit des têtes d'échevins, comme à Amiens’, à 
Troyes et à Dijon; toutes ces effigies rayonnant avec régu- 
larité autour d’un bezant ou d’une rosace. 

Un certain nombre d'autres sceaux, tels que ceux de 
Meulan, de Saint-Omer, Nismes, etc., offrent la réunion 
des têtes qui représentent les magistrats principaux’. 
Sur d’autres encore, on voit une assemblée d’échevins 
assis’; ce qui n'est pas sans analogie avec le type de 
la monnaie de Béryte citée plus haut; lequel se compose de 
quatre groupes de personnages siégeant deux à deux, de 
même que sur des deniers romains les figures des édiles 
Fannius et Critonius® et celles d'Auguste et d'Agrippa tri- 
buns du peuple‘, 

Les anciens auteurs proposaient deux systèmes d’expli- 
cations pour nos pièces pamphyliennes de Gordien et de 
Salonine. Les uns, tels que Belley” et Sanclemente*, ont 


t. II, p. 234, no 44. Voir aussi le buste placé sur la table, dans la mosaique 
de Tusculum : Monum, dell’ Instit, archeol., vol, VI et VII, pl. LXXXII. 

1 L. Blancard, Sceaux et bulles des arch, des Bouches-du-Rhône, pl. 65, n° 3. 

2 Aug. Thierry, Docum. inédits de l'Histoire du Tiers-Etat,t. 1, p. 62 note, 
et fig. 1 de la planche, 

3 Par ex. : Millin, Antig. nationales, t. IV, n° XLIX, pi. I, p. 12, fig. 3. 

4 Natalis de Wailly, Éléments de paléogr., t. 11, pl. Q, n° 6. — Hermand et 
Deschamps de Pas, Hist. sigill, de Saint-Omer, pl. I, fig. 2. 

# Riccio, Mon, consolari, pl. XX, Fannia, n° 1. 

6 Jbid., pl. XLV, n° 9.— Cohen, Méd, consulaires, pl. XXXVIII, Sulpicia, 
no 1.— Cf. Rech. sur les insignes de la questure, ch. II, p. 16. | 

1 Acad, des inscript. et belles-lettres, Hist., t. XLII, p. 59. 

8 Mus. Sanclement, num. sel., pl. XXXI, n° 338; t. III, p. 77. 


ee ee" 


ET DISSERTATIONS. 53 


vu dans les légendes OEMIAOC TO B et OEMIAOC TO € 
l'indication d’une fête célébrée dans le temple de Thémis, 
ou de jeux consacrés à cette divinité. D’autres, comme 
Eckhel*, ont supposé que Thémis était un nom de femme, 
et qu'il désignait une prêtresse. Sestini, dans ses Classes 
generales, inscrit les deux légendes (avec une faute à la 
première lettre) sous la. rubrique : Magistratus. Cavedoni 
dans son Spicilegio*, sans prendre de parti bien arrêté, 
préfère l'opinion de Belley à celle d'Eckhel. 

Robert Walpole, qui le premier a rapporté la copie de 
quelques inscriptions relatives aux @épidsc, avait bien pensé 
à les rapprocher de la légende inscrite sur l’une des mon- 
naies d’ Aspendus. Mais il n’avait pas été aussi heureusement 
inspiré, lorsqu'il cherchait dans ces expressions un équiva- 
lent de @copads tepdc OU Oiopra, rites sacrés. 

M. Hermann Wiener dans le commentaire des inscrip- 
tions rapportées de Lycie par M. Fellows’, a donné du 
mot 6éue qui paraît sur un marbre de Telmissus une inter- 
prétation déjà bien préférable. etuuc, dit-il, paraît remplacer 
le dép habituel, d’où vient l'expression Qepatixol dyives. Le 
colonel Leake et le révérend J. K. Bailie ont fourni un 
sens plus complétement exact en reconnaissant que Qyt 
désigne non le prix, mais la solennité dans laquelle le btua 
était décerné. Cet avis a été depuis généralement accepté. 

C’est d’ailleurs ce qui ressort très-clairement d’une sé- 
rie d'inscriptions recueillies à Sidé de Pamphylie, et dans 
lesquelles l'emploi simultané des mots ôlu et épa ne peut 
laisser subsister aucune incertitude sur leurs significations 


1 Doctr., t. II, p. 9. 
2 1838, in-8°, p- 199. | ; 
3 Discoveries in Lycia, appendix, p. 373. 





5h MEMOIRES 
respectives. Voici, d'après l’une d’entre elles qui nous est 
parvenue intacte, quelles sont les formes usitées au com- 
mencement et à la fin des textes de cette intéressante col- 
lection : 
Aywvobstoüvros 8:2 flou AdpnÀ. 
Hauovelvou Tounaravoë, xal i- 
omivehovvtes Obuiv Ilaupolaxiv 
Tooneravetov  émbathpiov Ocinv 
Aônväc xx Andddwvos dE lov 
ypnpatwv,  Évelxnoav  nrelôwy 
néAnv ouvotipavmbévres  Ap. 
Kovewviavdg  Neontédeoc 
xal Adphlioe Epummuvdg Eppir- 
-mog viog Shear, Aabévrsc 
GOAov ré re Oiya xal 
tov dvôpiévré abv ty 


Bace À, 


On le voit, le prix (46kov) de la téue célébrée aux frais 
et sous l’agonothésie d’Aurelius Pæoninus Tuesianus est 
une Opa, c'est-à-dire une somme d'argent, ainsi qu’une 
statue munie d’un piédestal (av3piae obv tH Béon). Or, c’est 
précisément sur des blocs de marbre destinés à supporter 
une statue, que sont tracées certainement la plupart des 
inscriptions dont nous nous occupons en ce moment”. 
Nous avons là cette Bas indiquée par le texte. Quant aux 
images des héros vainqueurs, on peut leur appliquer cette 
parole du grand satirique : 


Descendunt statuæ restemque sequuntur. 


1 Walpole, Travels in various countries of the East, n° 17, — Bockh, 
n° 4353, t. 111, p. 174. 

? Nous manquons de renseignements précis à cet égard pour quelques- 
uues d’entre elles. 


™ ~ * © pe ss CR gee — pe — ete 7 


fe 
i 
pure | 


ET DISSERTATIONS. 55 


Deux jeunes athlétes natifs de Sidé, Aurelius Cononianus 
Neoptolemus et Aurelius Hermippianus Hermippus, se sont 
partagés le prix de la lutte (xédy). Un fragment d’inscrip- 
tion provenant également de Sidé contient une opposition 
au cas qui se présente ici: on y déchiffre, en effet, cette 
fin de phrase bien maltraitée : 


a... THS Happudeax}iic? Oéuudoc [4]0[A]fuaros avôpov, éradà cfc 
pôvos &0Ar[Tic] rapoôeucev !. » | 


Un autre monument de la série de Tuesianus donne à la 
place des deux noms précités celui d'un jeune habitant 
d’Aspendus, Aurelius Artémon, fils et petit-fils de deux 
Dionysius (évelengev naldwv nvypiy AdpiAvos Aptiwwy Sic Atovuatou 
Aoxtvdioc, Aabdv dbhov, etc.)*, vainqueur au pugilat dans 
cette thémis qui reçoit les appellations de Happudcxy, du 
nom de la province, de Tovysaveiog, du nom du fondateur, 
enfin, un surnom religieux : EmGacpioc Ociv Abnvag xat Anda- 
Awvoc?, 

Cette dernière formule s'accorde on ne peut mieux avec 
le type des antiques monnaies autonomes de Sidé, lesquelles 
offrent au droit Minerve, et an revers Apollon’. Ce rappro- 
chement, duquel il paraîtrait résulter qu'il existait un ordre 
consacré pour nommer ou pour représenter les deux pro- 
tecteurs de la ville jouissant toutefois d’un culte commun, 
ne sera peut-être pas sans intérêt pour l'étude des cultes 


locaux de ces divinités. 


1 Bœckh, n° 4357. 

2 Walpole, Travels, etc., n° 18. — Bœckh, n° 4352, 

$ Suivant Pausanias (lib, 1], cap. XXXII, 2), Diomède fonda à Trézène 
un temple à Apollon Ér6atfpuoe, pour avoir échappé à la tempête, et institua 
les jeux pythiens en l’honneur du dieu protecteur. 

+ Mionnet, Suppl., t. VII, pl. IE, 4-5; IV, 1-3. 


56 MÉMOIRES 


À propos des récompenses accordées par le fondateur de 
la thémis pamphylienne, il vient naturellement 4 l'esprit de 
citer le décret honorifique en faveur d’un citoyen d'Éphèse 
qui avait, sur sa cassette, augmenté les prix en numéraire 
et fait élever des statues aux vainqueurs : 


exalt ta Oluata voic dywvierats abbicaves, val avôpuévras tv 
vexnodvewy dvacricavea 1. » 


Qu'il me soit aussi permis de rappeler à ce sujet la vé- 
hémence éloquente avec laquelle Tertullien (Scorpiac. ) s’é- 
lève contre l'usage d'encourager par l'appât des récom- 
penses, de combler de faveurs, d'argent, d’honorer par des 
statues (dotem, stipendia publica, imagines, statuas) des 
hommes qui ont mis tout leur talent & se déchirer, toute 
leur gloire à satisfaire, par la vue du sang répandu et de 
criminelles horreurs qui partout ailleurs que dans le stade 
appelleraient l'intervention de la justice, les plus grossières 
passions d'un peuple avide de ces fêtes hideuses. 

Pour en finir avec cette premiére suite de textes épi- 
graphiques, je dirai seulement que l’un d'eux présente une 
mention numérale analogue pour la forme à celles des piè- 
ces d’Aspendus : «6kuuv TO AEYTEPON Dapquvkaxhy, x.7.À, ,n 
et qu’un autre offre de la même manière : TO Fr’. 

Ce dernier prix a été gagné par Glaucippus, fils d’Her- 
mippus, de Perga, vainqueur au pancrace des enfants. 
Dans un autre”, on lit qu'Aurelius Euthychianus Eutychès, 
de Sidé, avait triomphé au pugilat des hommes. Ainsi, l’on 


1 Poeocke, Inscript., p. 34.— J. K. Bailie, Fascioul. inscript. græc., t. I, 
p. 27.— Le Bas et Waddington, Voyage archéol, en Asie Mineure, n° 139, 

2 Beckh, n°* 4354 et 4355. 

3 Jbid., n° 4356, — Walpole, Trarels, etc., n° 23. 


ET DISSERTATIONS. 97 


a pu constater que divers genres de concours étaient com- 
pris dans la thémis de Sidé, et que les habitants de Perga 
et d’Aspendus, tout aussi bien que ceux de Sidé, étaient 
admis à concourir. a 7 

On a déjà vu plus haut, à propos de la pièce de Paléo- 
polis, une thémis célébrée pour la troisième fois à Xanthus 
(£u8oc 7). À Telmissus de Lycie, nous trouvons l'indication 
d'une même solennité reproduite pour la quatrième fois’ : 


a tiv tetaptyy OEpuv, » 


et dans plusieurs inscriptions de Termessus de Pisidie, les 
mentions : 


a ŒEpuv dywvos &yBévroc TO At — Dépuiv Tv ayOcicav TO A’. 
— Oéquv viv &ydeïoav TO C(?)*.» — Et avec une combinaison 
qui n’est peut-être qu'un jeu de mots : a Oéuiv mél avèpüv 
naAny 5. » 


La forme génitive des légendes monétaires pourrait s’ex- 
pliquer si l'on sous-entend àyuv; Car on trouve éyadv 6éudoc 
dans l’inscription de Xanthus qui vient d’être rappelée. 
Mais je suis porté à croire qu'il conviendrait de supposer. 
plutôt que nous avons là un génitif absolu, et que l'auteur 
de Ja légende a sous-entendu dyopivns OU &y@eionc. 

Par exemple, dans une petite série d inscriptions copiées 
à Balbura, et qui se rapporte aux jeux en question *, ceux-ci 


1 Fellows, Discov, in Lycia, p 408 et 373, n° 100. — Boeckh, n° 4198.. 

2 Boeckh, n° 4366 b. | | 

® Henzen, Annal. dell Instit. arch., 1852, p. 169, ne III. 

* Bœckh, n° 4366 g. — Voir encore n° 4365 : le chiffre manque, mais la 
forme numérale est néanmoins sensible, | 

5 Jbid., n° 4366. 

* Hoskyn, Forbes et Leake, Journal of the R. Geoyr. Society, 1842, vol. Xl. 
p. 160-161, n° 7, 8, 9 et 11. — Boeckh, n° 4380 e, f, g, h. 





58 MÉMOIRES 


fondés par Thoantianus, fils de Méléagre, d’après la vo- 
lonté et le legs de son père, on observe une première thé- 
mis dont le chiffre ordinal n’est naturellement pas marqué : 


« Exi éywvolitov rpurou ba Blov Goavriavoë bic Msedypou Kao-~ 
topos, Okuiboc dyouivme tx Gwpeñc MeAcdypou Kdatopos tod narrou 
avtou, 

Odac Eppalov Odavroc tplc, takewe tic mpwtevodenc, veuniouc dvSpaov 
RAVAPATIOV TMPWTOSG. D 

Puis une sixième indiquée ainsi : 


a Ent &ywvollrou rpurou a Blov Goavemavod Ole Mehedypoo Kdo- 
topos, Bépidog dy Oelons xal cic C ex Swpete Mehedypou Kaotopos tod 
NANTOV AUTO, 

Movoaiog tpl¢ Tpwthov Mougalov Dodudedxouc, 6 xal Kadavokov, dvip 
tx tüv mpowtwy tv tH mO[Aet,.....0 


Puis une septième : 


a Ent dywvobjtov npurou Sid flou @ozveravod Sic Meledypou Kao- 
topos, Otprdos dybelonc xat vie Tx Swpeae Medcdypov Kéoropos tod 
TATTNOD AOTOD, 

TpoxAtavde Epualou Âprépuvos Épuaiou Aptéwovec Käotopoc xal 
Moucañioc T[pw|tAo[u] Mousalou dywviadpevor évddgwe xa[i] cvotepbévees 
n[at}owv néA[y]v. » 


Enfin une onzième : celle-ci est célébrée par un nouvel 

agonothète, Aurelius, fils du premier Thoantianus : 
a Adpn. Tpwihov alc. 

Ent dywvobétov rpwrou 4 Blou Adp. Goavtravod viod Goavriavoÿ 
MeActypou Kdotopos, luèoc aybelons xat vis at Ex dwpes Mededypov 
Kdotopos tod narrou abtod, 

Adp. Tpwthos Ole, BadGovpeds, verrioug nalôwv ravepätiov |, » 


1 Voir encore une inscription de la même série : Henzen, Ann. dell’ Instit. 
archeol., 1852, p. 189, n° VI.— Waddington, Voyage en Asie Mineure, n° 1223. 


ET DISSERTATIONS. 59 
Nes IV et Y. 


Corycus de Cilicie. Valérien père. 


AY.K.TIO.AIK.OYAAEPIANOC. Tête radiée de Valérien à 
droite, avec lorica et paludamentum. 


8. KOPYKIOTON AY.NAYAPXIC. Bacchus debout, tourné 
à gauche, tient de la main gauche un thyrse orné d'une 
bandelette et de la droite abaissée une cenochoé, vers 
laquelle lève la tête une panthére placée aux pieds du dieu. 
Celui-ci porte un vétement court et des brodequins. Devant 
lui, une grande urne des jeux repose sur une table à trois 
pieds ornés de tétes de lion entées sur une griffe du méme 
animal’. Un caducée, et autant qu’on en peut juger, une 
palme et un acrostolium sortent de l’urne sur la panse de 
laquelle on lit OEMIA. Æ. 9 1/2 (rognée 8 1/2). 


Notre description est faite à l’aide des deux exemplaires 
gravés dans la planche jointe à cette dissertation. La lé- 
gende circulaire du n° À est la mieux conservée; mais le 
second exemplaire nous offre l'inscription complète O€MIA, 
dont la fin est peu distincte sur la première médaille; et 
son exergue porte le commencement de l’ethnique, KOPY 
tout à fait intact. 

Après ce qui vient d'être dit des légendes d’Aspendus, on 
ne sétonnera pas de nous voir considérer le mot OEMIA 
comme exprimant un cas de Oépic : Oéuidos au génitif absolu, 
ou plutôt déu:8e¢ au pluriel. 


1Cf. Real Museo Borbonico, t. II], pl. 30. 


60 MÉMOIRES 


Il est vrai que Vaillant’ avait lu sur l'urne du grand 
bronze de Corycus OEOTAMIA, guidé sans doute par le 
nom des Théogamies qui se trouve sur les monnaies de 
Nysa de Carie et de Tarse. C'est par la même raison que 
le rédacteur du Museo Tiepolo* avait cru distinguer O€OFA, 
et que Mazzoleni écrit: OEM potius GEO". Eckhel n'hésite 
pas à admettre la lecture de Vaillant. Sestini et Mionnet 
voient O€MIA ; et Cavedoni comprenant que ce groupe de 
caractères ne peut pas être une abréviation de @coyux a 
cherché une autre explication. Suivant lui, c'est un mot 
indiquant une féte de Thémis. 

Mais l’analogie nous conduit à croire que des jeux insti— 
tués en l'honneur de cette déesse se seraient appelés eepiea, 
de même que les fêtes consacrées à Diane portent le nom 
Q’Apreplore’, Quoi qu’il en soit, la forme suffisamment claire 
du A final nous oblige à sortir du cercle dans lequel se 
mouvaient les anciennes interprétations. 

La grande urne des monnaies de Sidé porte inscrite sur 
un bandeau qui entoure la panse l'inscription IEPOC, et 
celle de quelques variétés des bronzes d’Ancyre en Ga- 
latie : IEPOC AON; indice des jeux sacrés auxquels les 
OEMIA:s font un pendant presque nécessaire. Certaines 
médailles de Gallien émises à Nicée fournissent cet exemple 
de l'emploi du pluriel : AFQNEE IEPOI. | 

Un bronze d'Adana à l'effigie d’Aquilia Severa a pour 
type une urne sur laquelle on lit : IEP.OIK, fepa otxoupevixa, 
abréviation tout à fait analogue à @€MIA. On voit cette 


1 Num. græc., p. 215. 

? Mus. Theupol., p. 1078. 

% Mus. Pisan. olim Corrar., pl. LXVI, 1, comment, p. 178. 

+ Elles se célébraient principalement à Delphes et à Syracuse. 


ET DISSERTATIONS. 61 


autre abréviation : OYAAEP., sur l’urne d'une momnaie 
d’ Aphrodisias, et ACKAHTT. TTYO, à Ancyre. | 

Bacchus apparaît ici à titre de protecteur des jeux, de 
même que l’on peut voir, sur les médailles de plusieurs 
autres villes, une figure en pied et debout près de la table, 
représentant une divinité ou un héros 4 qui la fête était 
consacrée. | 

Tels sont Latone portant ses enfants dans les bras, sur 
les grands bronzes de Tripolis de Carie relatifs aux Antwet ; 
Apollon lyricine couronné par la Victoire, quand il s’agit 
des 0x (à Hiérapolis de Phrygie)'. Tel est Alexandre le 
Grand tenant un glaive, et une patère en qualité de divi- 
nité tutélaire, et présidant à Berhéa, en Macédoine, aux 
jeux du KOINON MAKEAONON, auxquels son nom était 
attaché : AkÆdvèperx, Il est donc clair que la fête de Corycus 
était placée sous le patronage de Bacchus, comme la dy 
de Sidé célébrée par Tuesianus relevait de Minerve et 
d’ Apollon. 


N° VI. 
Syedra de Cilicie. Valérien. 


AYT.KAL.TIO.AIK.OYAAEPIANON. Tête laurée de Valé- 
rien, à droite ; le buste drapé. Dans le champ, IA. 


1 Il existe au Cabinet des médailles de Paris un exemplaire fort bien con- 
servé de ce médaillon. Mionnet n’en a donné qu'une description fautive 
(Descr., t. IV, p. 304), désignant la figure comme « une femme trnant dans 
la main droite un volume déroulé, et dans la gauche un autre volume roulé. » 
C’est la lyre et le plectrum. — On retrouvera plus loin la mention de ces 
deux mêmes pièces de Tripolis et d’Hi¢rapolis parmi celles dont le type rap- 
pelle les prix en espèces monnayées, | 


62 MEMOIRES 

®. CYEAPENN GEMIC. Deux athlètes nus se tenant par 
les poignets et luttant. — Æ 9. 

Cette médaille représente la lutte proprement dite, An, 
su,et fort commun dans les peintures céramographi- 
ques, les bas-reliefs, et qui nous est également offert 
par les monnaies d'argent autonomes d’Aspendus et de 
Selgé, au revers de quelques bronzes impériaux émis dans 
la première de ces deux villes, ainsi que sur une pièce de 
Gallien frappée à Thessalonique, et sur un petit bronze des 
Locri-Opuntii ‘. On a vu précédemment que la lutte occu- 
pait une place considérable parmi les exercices proposés 
aux concurrents appelés dans les 6kuudec. 

Aussi trouvons-nous dans les inscriptions de Termessus : 
vextauc réÂn Oépuv naldav*, — Obuiv dvdpioy nady bx puoreuuiac, 
TA, 3, — Oluuv avepiov addy dy0siouv éx muonulac!, ou tiv 
dy Ozioav, xt. A. ©. — Oyu dvôpav addy dyüvos tod xatalegbiveos 
dx qihotztplac, x. t. A. % — Okey àvôpov xdAny, thy ayOsicay dx cay 
xatahedetuevov yor,pdtwv, x, t.A.7, 

On ne sait trop pourquoi Sestini, s écartant au sujet de 
cette pièce des anciens modes d'interprétation acceptés 
par lui-même lorsqu'il décrit les monnaies d’Aspendus et 
de Corycus, a préféré voir sur le bronze de Syedra, qu'il 
aurait dû naturellement rapprocher des autres, une épi- 


thète de la ville. 
Il avait d’abord, il est vrai, fait de GEMIC le nom d’une 


1 Mus. Hunter, pl. XL, n° 21. 

? Boeckh, n° 4365, 

3 [bid., n° 4366 c, d, ¢. 

+ [bid., n° 4366 h. 

5 Bœckh, n° 4366 g. — Henzen, Ann. dell’ Instit, archeol., 1852, p. 169, 
170, n°° Ill et IV.— Waddington, Voy. en Asie Min., n° 1209 et 1210. 

6 Bockh, n° 4366 b, 

1 {bid., n° 4866. 


ET DISSERTATIONS. 63 


prétresse *. Mais, dans ses Classes generales, il insére cette 
note : forsan OEMICTHC, jusia ; revenant ainsi à l’idée 
qu'il avait indiquée en la repoussant, et qui consistait à 
considérer @€MIC comme un abrégé de OEMICTOPAC. 

La disposition circulaire de la légende Xvedpéwv Eu m'a 
donné lieu de croire que, sur la pièce de Paléopolis, Ma- 
A[aJorokelrwv dus forme un tout complet, et que cette 
inscription ne doit pas être divisée, bien que l’un des 
mots soit placé à l’exergue. D'ailleurs nous voyons, dans 
plusieurs inscriptions, des noms patronymiques au génitif 
pluriel : 


Aoxknnelwv Oéutc 2. — TpoxAniavelwv Odprc ?. 


sans compter un marbre où Oéuic Edapestetwy ne se lit que 
d’après une restauration ingénieuse *. La même tournure 
pouvait être adoptée lorsqu'il s'agissait d’un nom de ville ; 
car on a vu que les marbres de Sidé donnent à la eux à 
la fois un nom de fondateur : Tounstavetos, et un nom de 
PAYS : Mapovdraxy. 

C’est ainsi que sur des monnaies de Nicée, de Perga, 
d’Hiéropolis associée à Castabala, etc., on lit autour d’une 
urne : NIKAIEON IEPOC ATON — TIEPTAION ACYAOY 
IEPOC — IEPOTIO.KACTABA IEPOC. Tous les numisma- 
tistes sont d'accord pour reconnaître qu'il s’agit là des 
jeux sacrés donnés par les habitants des villes dont le nom 
est écrit au génitif pluriel, et que la légende circulaire ne 
doit pas être divisée. 


1 Lett, 1805, t. VII, p. 62. 

2 Annal, dell’ Instit, archuol., 1852, p. 169. 

3 Bœckh, n° 4198. 

à Bœckh, n° 4380 m.— Cf. 4380 n. — Œnonanda. 


64 ‘MÉMOIRES 
Ne Vil. 
Ancyre de Galatie. Valérien. 


TIOYB.AIK.OYAAEPIAN.... Tête radiée de l'empereur, à 
droite. 

$. MHTPO.B.N.ANKYPAC. Vase à panse cannelée conte- 
nant deux palmes, placé sur une table à trois pieds entre 
deux sacs d’argent dont le col est serré par un lien très- 
apparent. — Æ. 7. 

Je donne, comme spécimen d’une série considérable, le 
revers de cette jolie monnaie dessiné d’après l'exemplaire 
conservé au Cabinet des médailles de Paris, et ce choix se 
fonde sur la présence du lien ou cordon, signe caracté- 
ristique qui ne permet plus désormais de reconnaître autre 
chose que des bourses ou des sacs d'argent dans les deux 
petits objets qu’on appelait autrefois des vases, sans essayer 
d'expliquer à quoi ils pouvaient servir. 

Ce type se rencontre encore à Ancyre au temps de Cara- 
calla. Puis : en Thrace, sur les monnaies de Byzance frap- 
pées sous les règnes de Caracalla, d'Élagabale, d’ Alexandre 
Sévère, de Gordien, et sur celles de Périnthe portant les 
deux profils en regard de Caracalla et de Géta, ou bien le 
buste d'Alexandre Sévère. — En Bithynie, sur celles de 
Nicée offrant l'image de Julia Domna. — En Mysie, sur 
un moyen bronze originaire de Cyzique et appartenant à 
Alexandre Sévère, ainsi que sur les grands médaillons 
frappés & Pergame aux temps de Caracalla et de Valérien 
père. — En Carie, à Antioche, sous Gordien, à Aphrodisias 
soit avec la tête du Sénat, soit avec l'effigie de Gordien, et 
& Tripolis, avec la téte du Sénat. — La Pamphylie est re- 


ET DISSERTATIONS. 65 


présentée par Sidé, sous Philippe pére. — Pour la Lydie, 
nous trouvons des bronzes de Philadelphie portant l'image 
de Julia Domna, un grand médaillon de Valérien pére frappé 
à Thyatira, et un autre de Caracalla émis à Tralles.—Enfin, 
Hiérapolis de Phrygie, sous Caracalla, — Damas de Cœlé- 
syrie, sous Gallien, — et Sidon de Phénicie, suus Elagabale, 
fournissent aussi l’exemple de bourses placées sur la table 
des jeux. 

La disposition n’est pas toujours la méine; tantôt on voit 
une urne entre deux bourses, tantôt une seule bourse entre 
deux urnes. Une autre fois, deux bourses au milieu, et une 
urne à chaque extrémité de la table. Ailleurs, les bourses 
sont reléguées sous la table qui ne supporte que deux urnes 
et quelquefois aussi une couronne. Ce type indique alors 
que dans la méme ville on célébrait des jeux sacrés et des 
jeux thématiques. | 

L'aspect des sacs d'argent n'est pas non plus constam- 
ment identique. Plus ou moins inclinés, plus ou moins 
aplatis sur le fonds, ou plus ou moins serrés et plissés à 
leur orifice, ces sacs, avec toutes leurs variétés, me pa- 
raissent d'autant plus autoriser l'opinion que j’émets ici, 
qu'ils reproduisent presque toutes les formes des bourses 
dont j'ai dernièrement étudié les divers rôles dans certaines 
représentations antiques de plusieurs autres catégories. 

Il y a de grandes probabilités pour que cet accessoire, qui 
ne se rapporte pas seulement aux 6huèee, comme on le voit 
par les différentes régions qui nous en ont fourni lesexemples 
numismatiques, mais à la classe tout entière des Ospatte! 
éyove, représente le prix lui-même de ces jeux. 

Il est placé sur la table de la même manière que celui 
des dyivec otegavixar, et cède à celui-ci dans l’arrangement 
dn type monétaire, lorsqu'ils concourent tous deux à le 

1969, — 1. 5 


66 MÉMOIRES 


composer, une place prépondérante’ conforme à celle que 
ce dernier occupait aussi dans l'opinion publique. 

Les àyüvsc otsoaviru sont indiqués par des inscriptions 
souvent trés-développées*; mais l'image des bourses suffit 
pour rappeler les Gsuatreol. 

En effet, on n'aurait pas représenté de cette façon la 
Swesd* OU edonula, libéralité d'un empereur ou d'un riche 
citoyen destinée à la célébration d'une fête, et dont le mon- 
tant était consacré aux frais de la solennité, mais souvent 
sans comporter de prix en argent monnayé. 

On sait d'ailleurs que les prix étaient exposés sur la 
table‘, de même que, dans une plus haute antiquité, les 
trépieds, les lébès, cados, etc., offerts en appâts aux con- 


currents des äyüves ypnuztica étaient toujours placés en 


vue; ainsi qu'en témoignent la plupart des textes et des 
peintures céramographiques cités au début de cette disser- 
tation. 

Et puisque j'en suis à parler de prix d'argent déposés sur 
la table des jeux, pourquoi ne pas citer une anecdote ra- 
contée par Diogène Laërce, et qui paraît bien contenir une 
allusion à une telle coutume? 

Midias, raconte le biographe’, avait souffleté Diogène le 
cynique, en lui disant : «Il y a pour toi trois mille (drachmes?) 
déposées sur la table, cprcyfAral oo néîvear ri ci rpanétn », 
propos qui faisait probablement allusion au métier d’Hicé- 


1 Voy. Rech. sur les ins. de la quest. et récip. monét., ch. X, p. 68, fig 2. 
1 Jbid., fig. 3.— Cf. Pellerin, t. IV, fig. à la p. 260, etc. 
* On lit sur plusieurs médailles l'inscription AQPEA. Sidé : Sanclemente, 


Num. sel., pl. XXXII, n° 335. — Sestini, Descript. num. cet., pl. IX, n° 25, — 


Ægée : Mionnet, Descr., t. II], p. 547, n° 53. — Mopsueste : Sestini, Lett. di 
tontinuas., t. V, 1818, p. 54, n° 10. — Mus. Chaudoir, p. 103, n° 2. 

© Pausanias, lib. V, cap. XII, 5, et XX, 1. 

® Lib. VI, cap. II, 42. 


ee ee ee 


—_—— — - ad on mnie 





! 
— a 
SS —————— 


ET DISSERTATIONS. 67 


sius, père de Diogéne, changeur à Sinope (rpaetirne) et 
faussaire. Le disciple d’Antisthène revint le lendemain avec 
des cesies, et assénant à son adversaire un coup mortel 
Crruxtinods 2260v tudvras, xat matahotsxc adrév), lui répéta ces 
mêmes paroles: « cpreyideal cor xtra ini th tpanétn », qui cette 
fois, on peut le penser, se rapportaient à la récompense 
proposée anx lutteurs. 

On reconnaît dans les listes malheureusement rares 
d’éyüves deuarwot qui nous ont été conservées, les noms d’un 
assez grand nombre de villes par lesquelles ont été émises 
les monnaies dont nous nous occupons. 

Le plus souvent, tandis que les jeux stéphanites sont soi- 
gneusement enregistrés dans les textes épigraphiques, les 
prix rémunérés en argent ny sont mentionnés que pour 
mémoire en quelque sorte, et indiqués par une formule 
générale telle que celle-ci, cui a bien aussi, à vrai dire, son 
côté ambitieux : 


« ENIKA ATIANTAZ OYZ HEONIZATO. » 
ou cette autre : 


« TIANTAZ OZOYZ HEONIZATO. » 


Cependant, une inscription funéraire de Laodicée en 
donne une série assez considérable”, et après avoir rappelé 
les ayfoveg otspavitat, dans lesquels s était distingué Aurelius 
Septimius Irénéus, fils d’Eutychés, colon de la métropole 
de Laodicée et citoyen d’autres villes, le rédacteur passe 
aux talavaior. Je les reproduis comme ils sont énoncés : 


1 Chandler, Inscr., append., p. 92.— Pococke, Inecr.,p. 5, n° 20.— Francke, 
Richtersche Inschr., p. 167. — Bœckh, n° 4472, addenda, p, 1172, — Le Bas 
et Waddington, Voy, arch, en Asie Mineure, n° 1889. 


68 “ 
« Jeux talantiéens : à 
trois fois ; à Tripolis deux 
gilat, la course; à Hierapi 
le pancruce ; à Béroé deux 
mee trois fois; à Chalcis, 
trois fous; à Cilium, le g 
deux fois; à Iconium, le] 
Patrz, le pugilat, lu cours 
deux fois; à Adana deux | 


A cette première liste, 
une autre copiée à Aphre 
tement publié d'abord p 
entier par le colonel La 
parties. 

La première qti cont 
Peuple et du Sénat en I’ho 
se termine par ces mots : 
x mAciajroue äAoue éqüvac, 

La seconde partie qui 
remportées par le citoyer 
demment aux jeux sacrés 
gnations célèbres qu’on 
isthmiques, balbilléens, f 
thiques, capitolins’, jeux + 

La troisième partie, ¢ 
préambule, devra nécessa 
de la seconde catégorie, 


1 Transact. It, Society of literat 
Waddington, oue. cit, n° 1620 b. 
+ Voy., au sujet de la forme d 
toujours a, Hérodote, lib, 1, eap. 





ET DISSERTATIONS. 69 


sera d'autant plus facilement acceptée qu'on remarquera 
“les données que ce texte présente en commun avec l'in- 
scription qui précède : 


« Étant le premier des citoyens d Aphrodisias, il est sorti 
vainqueur du pancrace des hommes * aux jeux de la corpo- 
ration d Asie, à Mitylène, à Adramytlium,..... à Nicomédie, 
à Nicée, à Prusias, à Claudiopolis deux fois, à Ancyre de 
Galatie, à Pessinonte, à Damas deux fois, à Béryle, à Tyr, 
à Césarée de Straton, a Néapolis de Samarie, à Scythopolis, 
a Gaza, à Césarée Panias deux fois, à Hiéropolis, à Ana- 
zarbe, d Mopsuesie, à Tripolis de Syrie, à Philadelphie 
d'Arabie, à Zeugma sur l'Euphrate, à Cibyra. » 


La fracture qui altère le commencement de l'inscrip- 
tion ne permet pas de savoir si, comme la précédente, 
elle débutait par le mot cadavtico. Entre Adramyttium et 
Nicomédie, il y a aussi une lacune qui supprime les noms 
d’au moins deux villes. | 


On: trouve encore dans un marbre provenant du palais 
Farnèse, à Rome, cités « entre autres» les jeux eury- 
cléens à Lacédémone, et les jeux donnés à Mantinée : xai 


Bepateltag mAelovas év ot¢ Edpôxheux év Aaxcdalpovt xul Mavttvitay nai 


aÀdovc *. 


1'L’expression « dvds@v navxpdtiv » se trouve régulièrement répétée après 
le nom de chagne ville d’un bout à l’autre de cette partic de l’inscription. 
Nous l'avons mise une seule fois et en tête de la liste, brevilatis causa. 

? Falconieri, Inscr, athlet., p. 100. — Gruter, p. CCCXIV, n°). — Beckh, 
n° 5933.— Cf., au sujet du second nom de jeu, l'inscription de Beeckh, 
n° 3208, ligne 19, et Marmora Ozoniensia, p. 70 et 76 — Ceci tendrait à 
prouver une fois de plus qu’en comparant, daus les inscriptions, les listes 
d’äywves Geparixol bien certaines avec d’autres listes dans lesquelles les jeux 
ne sont pas spécifiés d’une maniére particulière, on pourrait encore attri- 
buer à plusienrs villes le genre de récompense qui nous occupe, 


70 MEMOIRES 


Ceux-là même qui n'ont pas jugé à propos de donner le 
catalogue de leurs succès dans les éyavec 6supatexol, n'ont 
quelquefois pas cependant négligé d'en indiquer le nombre : 
« trente-cinq » victoires de ce genre sont notées sur une 
stèle funéraire athénienne'; «plus de cent », sur un marbre 
de Smyrne’*. 

Enfin, sur une grande stèle découverte à Naples *, tandis 
que dans un premier dénombrement les victoires des jeux 
sacrés ne s'élèvent qu'à vingt- neuf, plus uo prix aux olym- 
piques de Pise et dix-huit autres couronnes que notifie 
une ligne additionnelle, tracée postérieurement à l'exécution 
de la sculpture, la quotité des prix thématiques est de 
« cent vingt-sept », chiffre énorme pour la vie d'un seul 
homme. 

Voilà qui suffit pour prouver la fréquence des concours 
de ce genre, et pour nous autoriser à penser qu'il en a 
existé dans toutes les villes dont les monnaies portent des 
types analogues à celui de notre n° 7. Qu'on ajoute à ces 
données que les inscriptions ont été fournies en grand 
nombre par le sol d’Aphrodisias, puis par Ephése, Smyrne, 
Thyatira, Cyzique, Antioche, Sidé, Laodicée, etc., et l’on 
reconnaîtra que les monuments numismatiques s'accordent 
déjà d'une manière très-satisfaisante avec les documents 
épigraphiques, surtout si nous tenons compte de la rareté 
relative des renseignements dont nous pouvons disposer. 


HENRI DE LONGPÉRIER, 


1 Spon, Miscell, erud, ant,, X, n° CXIII, p. 366. — Gronovius, Thes. ant. 
grec,, t. VII, p. 870. — Muratori, t. 1], p. 647. — Bœckh, n° 247. 

? Bœckh, n° 3209. 

3 Henzon, Annal, dell’ Inst, arch., 1865, p. 99 et pl. G, 


— ———- - eee ee age 
ms A 








ET DISSERTATIONS, 71 


LOUIS D’OUTRE-MER EN NORMANDIE. 


TROUVAILLE D’EVREUX. 


(PI. IV et V.) 


Le 18 mars 1869, en fouillant près de l'église Saint- 
Taurin d’Evreux, on découvrit, dans un trou infect, un 
petit trésor composé d'une cinquantaine de deniers et 
d'oboles d’argent recouverts d'une couche assez épaisse 
de sulfure ‘. Ces monnaies furent portées à un orfèvre qui 
les vendit à M. J. Charvet, et c'est à l’obligeance de ce 
dernier que nous en devons la communication. 

Sept pièces sont restées à Évreux, parmi lesquelles on 
remarquait trois deniers au monogramme de Charles, 
portant les noms de Rouen, d Orléans, de Blois, et une 
pièce de Bourges à la légende CARLVS IMP AVG. Je n’ai 
pas vu ces monnaies, et je n'en dirai rien par conséquent; 
mais je vais donner un catalogue très-détaillé des qua- 
rante pièces que M. Charvet a bien voulu m'apporter au 
moment même où il arrivait d’Evreux, et de cinq autres 
qui ont été recueillies quelques jours plus tard. 

. Les plus anciennes pièces parmi celles que j'ai tenues 


1 M. Alph. Chassant, en annonçant cette découverte dans le Progrès de 
l'Eure du 24 mars, dit que les monnaies ont été recueillies n.êlées à la terre, 
au milieu de sarosphages et d’ossements, sans aucuns débris de vase. 


72 MÉMOIRES 


sont évidemment frappées sous le règne de Charles le 
Simple. Leur peu d'épaisseur et de relief, la forme nette 
du monogramme, leur poids, sont autant d'indices qui 
nous autorisent à adopter cette classification. 

Voici la description de ces monnaies : 


Baugency. + GRATIA D 1 REX. Monogramme de Ka- 
rolus. 

à. + BALGENTI CASTRO. Croix. Deux exemplaires 
usés. Poids, 48,15; 46,12. 

Blois. + GRATIA D'1 REX. Monogramme de Karolus. 

À. + BLESIANIS CASTRO. Croix. Obole; deux exem- 
plaires usés. Poids, 05,55; 06,43. 

Châteaudun. GRATIA D°I REX. Monogramme de Ka- 
rolus. 

R. +DVNIS CASTLLOI (sic). Croix. Denier usé. Poids, 
45,02. 

Vendôme. + GRATIA DI REX. Monogramme de Ka- 
rolus. 

À. + VENDEHIS CASTRO. Croix. Denier usé. Poids, 
4,06. 

Autre. VINDEIIIS CASTRO. Poids, 45,20. 


Toutes ces piéces sont usées et ont perdu une partie de 
leur poids par suite du frai. 

Les deniers de Baugency (pl. IV, n° 1) sont des variétés 
(sans besants dans les cantons de la croix) de la rarissime 
monnaie publiée il y a trente ans par Duchalais (Rev. 
num., 1839, p. 204). Les oboles de Blois sont aussi des 
piéces fort remarquables; leur poids correspond actuelle- 
ment à des deniers de 48,10 et de 05,86, mais cela tient 
aux ravages causés par le temps. (PI. IV, n° 2.) 

Viennent ensuite trente-sept deniers et cinq oboles of- 





ET DISSERTATIONS. 73 


frant vingt variétés. Un examen attentif permet de recon- 
naître divers groupes dans lesquels on compte jusqu’à 
sept exemplaires portant l'empreinte exacte d'un même 
coin. Toutes ces pièces sont remarquablement bien conser- 
vées; les différences de poids ne proviennent pas de l’u- 
sure, mais de l’imperfection de la taille ou de la couche 
de sulfure qui recouvrait encore plusieurs pièces lorsque 
je les ai examinées. Le poids de ce sulfure peut être évalué 
quelquefois à 5 ou 6 centigrammes, et c'est à sa présence 
qu il faut attribuer les poids de 44,50 et approchant. Les 
monnaies que je vais maintenant décrire doivent avoir été 
enfouies très-peu de temps après leur émission. 


Louis IV pOutre-Mer. 


4. + VLOTVICI REX. Croix cantonnée d’un croissant. 

R. + ROTOM CIVITA. Dans le champ, AS@.— Argent. 
Poids, 45,25. (Pl. IV, n° 3.) 

2. + VLOTVICI REX. Croix. 

8. + ROTOM CIVITI. Dans le champ, AS. — Argent. 
Poids, 4*°,46. (PI. IV, n° 4.) © 

3. + YLOTYICI REX. Croix cantonnée de deux points. 

à, ROTOM CIYITA. Dans le champ, AS. — Argent. 
Poids, 45,40. 

Autre exemplaire, collection Chassant. Poids, 15,30. 
(PI, IV, n° 5.) 

A. + VLOTVICI REX. Croix. 

R. + ROTOM CIVIT. Dans le champ, AS.— Argent, 
trois exemplaires. Poids, 4*,44, 45,42, 15,40. (Pl. IV, n°6.) 
. 5. + WLODVICI REX. Croix. 

R. -++ ROGOM CIFIT 9. Dans le champ, A-S.— Argent, 
deux exemplaires. Poids, 15,37, 48,27. (PI. IV, n° 7.) 


74 MÉMOIRES 


6. -+- yLODVICI REX. Croix. 

&. ROGOM CIFIT. Dans le champ, AS (Aavec barre). 
— Argent. Poids, 15,83. (PI. IV, n° 8.) 

Une variété de cette monnaie offre, avec les O accom- 
pagnés de points, une autre combinaison des lettres AS 
placées au centre. L’A a une barre brisée. Collection Chas- 
sant. Poids, 15,30, (Pl. IV, n° 9.) 

7. + YLOGVICI REX. Croix. 

N. + RGQGOM CIFIT. Dans le champ, AS.— Argent, 
sept exemplaires. Poids, 1,87, 45,36, 4°,82, 45,30, 
46,28, 46,28, 46,48, (PI. IV, n° 40.) 

8. + WLOGVICI REX. Croix. 

R. +ROGOM CIFIT. Dans le champ, A"S.— Argent. 
Poids, 45,17. (PI. V, n° 41.) 

9. + WLOCVICI REX. Croix. 

R. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, AS. — Argent, 
six exemplaires. Poids, 45,47, quatre à 46,42, 45,40. 
(PI. V, n° 12.) 

10. + wLOGVICI RIX. Croix. 

À. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, A-S. — Argent, 
sept exemplaires. Poids, deux à 15,50, 1,40, 15,39; 
deux à 16,38, 46,25. (PI. V, n° 43.) 

44. + WLOGVICI RIX. Croix. 

à. ROGOM CIFIT-. Dans le champ, A-S. — Argent. 
Poids, 14,47. (Pl. V, n° 44.) 

42. + WLOCVICI R°X. Croix. 

à. + ROGOM CIFITA. Dans le champ, A:S. — Argent, 
deux exemplaires. Poids, 15,35, 46,25. (PI. V, n° 46.) 

43. + YLOGVYICI RIX. Croix. 

à. RVOGOM CFITA. Dans le champ, A%S. — Argent. 
Poids, 45,42. (Pl. V, n° 46.) 

48. +. WLOGVICI R'X. Croix. 








ET DISSERTATIONS, 76 


À. —+ RVOGOM CFITA. Dans le champ, A:S. — Argent, 
Poids, 45,40. (PI. V, n° 17.) 

15. + VVLCVICI M+0, légende tracée de droite à 
gauche. Croix cantonnée de quatre points. 

R. —+ XPICTIANA REO, de gauche à droite. Temple.— 
Argent, obole; collection Chassant. Poids, 05,65. (PI. V, 
n° 48.) 

46. + VVLOCVICI MN. Croix cantonnée de quatre 
points. 

R. + XPISTIANA REO, de droite à gauche. Temple. — 
Obole. Poids, 05,76. (PI. V, n° 49.) 

47. + VVLOCVICI MN, de gauche à droite. Croix can- 
tonnée de quatre points. 

à. —+ XPISTIANA REO, de gauche à droite. Temple. — 
Obole. Poids, 05,65. (Pl. V, n° 20.) 

48. + VLOCVICI...... , de gauche à droite. Croix can- 
tonnée de quatre points 

à. XPISTIANA REO, de gauche à droite. — Obole; col- 
lection Chassant. Poids, 05,66, (Pl. V, n° 21.) 

19. + EVIOVICI MI. Croix cantonnée de quatre points. 

à, XPISTIAII... REO, de gauche à droite. Temple.-— 
Obole. Poids, 05,62. (PI. V, n° 22.) 

Le nom du roi offre des variantes, VLOTVIGI, VLODVICI, 
VLOGVICI, VLOCVICI, VVLOCVICI, EVIOVICI, qui doivent 
être attribuées 4 diverses causes parallèles. L’échange du 
T et du D, comme dans ROTOM et ROOM, peut tenir à la 
prononciation. Le D retourné, , produit le C par confu- 
sion de formes ; mais la présence du V et du VV en tête de 
la légende paraît bien positivement indiquer que les de- 
niers ont été frappés après d’autres pièces qui portent le 
nom VVILELMVS, c’est-à-dire après les monnaies de Guil- 
laume-Longue-Epée (927-942) auxquelles la population 


76 MÉMOIRES 


rouennaise était déjà accoutumée. Je reviendrai plus loin 
sur ce fait; mais pendant que je m'occupe des légendes, il 
me faut encore relever, du côté où se trouve le nom de la 
ville, les variantes CIVITA, CIVIT, CIFIT, CFITA, certai- 
nement fort extraordinaires à cause de l'échange tudesque 
de V et de F. Le V en forme d'A renversé, avec barre brisée 
ou chevron intérieur, est un caractère tout à fait singulier *. 
An centre du revers, on remarque les caractères AS 
très-diversement posés et quelquefois accompagnés d'une 
petite barre qu'il ne faut pas prendre pour une lettre. Ces 
deux caractères doivent être le complément de CIVIT AS *. 
Que la portion de légende qui n'a pu trouver place 
dans le pourtour soit transportée dans Je champ central, 
cela ne peut nous étonner. Je ne rappelerai pas seulement 
ces deniers de Paris, de Langres, d’Autun, de Toulouse, 
de Nevers, de Verdun, qui portent au centre le titre de 
REX, complément de la légende circulaire ; ceux de Bre- 
tagne, de Bourgogne, de Guienne, qui nous montrent le 
titre DVX dans les mêmes conditions. Il s’agit d’un mot 
coupé; mais je puis indiquer des légendes telles que celles- 
ci : LVDOVICV(S) °, — CARCASONA CIVI(TATE),— VGO 


4 Le V contenant un petit trait vertical, comme on le voit sur le denier 
n° 12, est, au contraire, déjà connu sur quelques deniers de Guillaume Tail- 
lefer, comte de Toulouse ( 950-1087). 

3 On doit remarquer que deux des deniers portent au centre un À à barre 
droite et à barre brisée, ce qui exclut la lecture LS à l’aide de laquelle on 
pourrait chercher un abrégé du nom de Louis; mais, de plus, il faut, en gé- 
néral, éviter d'admettre des combinaisons formées de la première ct de la 
dernière lettre d’un nom. On peut voir (Rev. num , 1868, pl. XIX, n° 27) 
comment on comprenait l’abréviation du nom de Louis d'Outre-Mer. 

® Les lettres placées ici entre parenthèses sont celles qui occupent le 
champ central des monnaies. La première pièce citée est un denier de Louis 
d'Outre-Mer. 


a a a ee — —— 
ere mn - ae 
ue ST 


ET DISSERTATIONS. 77 


GOMES MAR(CHE),— TVRENE VICEC(OMES), — C.EN- 
GOLIMEN SiS) *. Sur des deniers anglais du 1x° siècle, 
très-utiles à comparer à des monnaies de Normandie, 
EANBALD.MONE(TA) et DOROBERNIA.CIBI(TAS). Et puis, 
si nous avons recours aux monpaies italiennes, les exem- 
ples abondent ; je n’en citerai qu’une partie: S. VINCEN- 
TIV(S), — MARTIN PAP(A), — R.SFORTI(A), — DE. 
EVGVBI(A), — DE.PERVSI(A), — DE.ANCON(A), — DE. 
MVTIN(A),—-BONONI(A),—-DE. FERARI(A),—S. IVLIA(NVS), 
— S.BARTOLOM(EVS), — S.QVIRIA(CVS) , — ARCHIEPIS- 
CO(PVS) ,— RECAN (ET!) ,—Dk. PLACEN (CIA) ,— S. VENAN- 
(TIVS), — MATER.STVDI(ORVM), — F.S. VICEC(OMES) ,— 
SANTVS.SAV(INVS), — VRBS.CAME(RINA) ,— ALBERTVS. 
MAR(CHIO), — COMES. FEDER (ICVS;, — DOMINVS. PI- 
S(AVRI), — S.EMID. DE. ES(CVLO), — CQNSTANTIVS. 
SFO(RTIA) ,—EVG.PP.QVA(RTVS) ,—M.PAPA.QVA(RTVS), 
—M.PAPA.QVI(NTVS), etc., etc. On peut dire que les gra- 
veurs de monnaies n'ont éprouvé aucune répugnance à 
continuer dans le champ la légende commencée au pour- 
tour. Sur quelques-uns des deniers trouvés à Evreux, l'A 
du centre est muni de sa barre (pl. IV, n°° 8 et 9). Le 
petit trait qui accompagne AS sur un assez grand nombre 
d'exemplaires n’est pas plus une letire que les points qui 


1 On peut aussi peut-être citer les monnaies de Chalon-sur-Saône. dont 
Ja légende est CAVILONIS CIVITAS) suivant la lecture de Duchalais, Je ne 
sais pourquoi M. Poey d’Avant, en renvoyant au Catalogue de la collection 
Faure, n° 41, prétend que j’ai lu les trois derniers caractères LVS. Je n'ai 
jamais eu à décrire ces monnaies de Chalon, et quant au catalogue des mon- 
naies françaises de M. Faure, de Villefranche (1846), dans lequel le denier 
de Chalon est en effet décrit sous le n° 41, avec Ja lecture L.V.S., il porta 
le nom de son auteur, et je n'ai à aucun degré contribué à sa rédaction. 
Avec un peu d'attention, M. Poey d'Avant aurait pu s’épargner la peine de 
me critiquer sans aucun fondement (Monn, féod., t. III, p: 185 + : 


78 MÉMOIRES 


se combinent avec lui, car en certains cas ses dimensions 
sont tout à fait en disproportion avec les deux caractères 
près desquels ilesttracé !, Sur le n° 3 (pl. IV), I'S qui com- 
plète le mot CIVITA(S) est placé au-dessus de deux signes 
qui représentent peut-être a/pha et oméga. Ce type n'est pas 
sans rapport avec celui d'un denier de Rennes sur lequel 
on voit aussi l'O circulaire flanqué de quatre points, mon- 
naie que M. Bigot attribue avec juste raison à la seconde 
moitié du x° siècle”. Il se pourrait que les deniers nor- 
mands et bretons eussent une certaine parenté. Il ne serait 
pas impossible non plus que les deux caractères AS ac- 
compagnés de la petite barre un peu allongée (voy. pl. IV, 
n° 5) eussent donné naissance à cette combinaison de si- 
gnes placée dans le champ des deniers bretons de Geoffroy, 
comte de Rennes (1084), et de Conan, qu'on a lue IVS ou 
VIS *. Un numismatiste distingué a cru voir dans les ca- 
ractéres IVS une altération du monogramme de Conan, 
servant de transition pour arriver au mot DVX‘; mais 
cette dernière allégation surtout se fait difficilement ac- 
cepter, puisque les caractères IVS se trouvent sur [a mon- 
naie de comles, au temps desquels on ne prévoyait pas 
l'avénement du mot DVX. L’altération du monogramme 
n'offre pas un grand degré d’évidence. 

Sur deux deniers gravés dans notre planche V (n° 16 et 
47), le nom de Rouen commence par un monogramme 


4 Voir les petits traits qui figurent sur des monnaies anglaises, Ruding, 
Annals of the coinage of Gr. Brit., pl. XIV, Ethelw. 4; pl. XV, 5; pl. XXX, 
21. — Hawkins, Silver coins of England, n° 98, 166, 196, 201. 

2 Essai sur les monn. du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. V, n° 11. 

® Lelewel, Atlas du moyen âge, pl. IX, n° 85, — Bigot, op. laud., pl. VII, 
n° 3 à 6. 

* Rev, num., 1946, p; 141; 


ET DISSERTATIONS. 7% 
formé des caractères RV, en sorte que ce nom se lit 
RVODOM. 1] ne faut pas s'en étonner, J'ai déjà fait remar- 
quer, à propos du nom de l'évêque de Strasbourg, Uoton 
(950 955), et de celui de saint Ulrich, évêque d’Augsbourg 
(923-973), écrit Uodalricus sur un denier, qu'au x° siècle 
on faisait fréquemment usage de la diphthongue UO, par 
exemple dans les noms Chuonradus, Ruotbertus, Ruo- 
thardus, etc.'. Ruodom est donc tout simplement un 
germanisme qui s'explique aisément quand on se reporte 
aux conditions politiques dans lesquelles se trouvait la 
Neustrie. 

Je dois maintenant examiner comment des monnaies 
royales peuvent avoir été fabriquées à Rouen au cours du 
x° siècle et postérieurement à l'établissement des ducs de 
Normandie. 

On sait que Rollon, duc de Neustrie depuis 912, ayant: 
abdiqué en 927, son fils Guillaume lui succéda. Celui-ci 
employa une dizaine d'années à guerroyer contre les Bre- 
tons; puis en 936, le roi Raoul, qu'il avait reconnu pour 
suzerain, étant mort, il alla, accompagné de Hugues le 
Grand et d'Herbert, comte de Vermandois, recevoir à Bou- 
logne, Louis d'Outre-Mer qu ils avaient tait revenir d’Angle- 
terre, l’accompagna à Laon et assista à son couronnement. 
De 938 à 940, Guillaume fut, à l'instigation de son beau-père 
Herbert, tantôt en guerre, tantôt en paix avec le roi Louis; 
mais en 942 il se réconcilie avec ce prince, qui se rendit & 
Rouen, où il fut reçu magnifiquement. Puis le duc de Nor- 
mandie, ayant rétabli la paix entre Louis et Otton, roi 
de Germanie, vint à Laon tenir sur les fonts de baptème 
le jeune Lothaire. Bientôt après il fut assassiné à Picqui- 


1 Rev, num., 1857, p, 338 et 340, 


80 MÉMOIRES 


gny-sur-Somme, par ordre d’Arnoul, conte de Flandre. 
Richard, fils de Guillaume, âgé de huit ou neuf ans, fut 
proclamé duc à Rouen. Louis d'Outre-Mer arrive dans cette 
ville dont il s'empare, et enlève le jeune duc qu’il emmène 
d’abord à Evreux, où il lui fit taire hommage par les gens du 
pays; puis il retourne à Rouen, où il gagne l'affection des Nor- 
mands en promettant de venger la mort du duc Guillaume, 
et il en profite pour conduire Richard à Laon. Cette espèce 
de captivité du jeune duc déplaisait fortement à ses com- 
patriotes, et en 944, le roi s'étant avancé en Normandie 
avec une armée, Rouen fit une tentative de révolte bientôt 
suivie d'une soumission complète. Ea lisant les chroni- 
ques de Dudon de Saint-Quentin et de Guillaume de Ju- 
miéges, on voit que, pendant toute l’année 944, Louis 
d'Outre-Mer fit de fréquents séjours à Rouen, et qu'il 
croyait avoir attaché les seigneurs normands à son parti. 
Cependant Bernard le Danois. gouverneur de la ville et 
l'un des tuteurs de Richard, s'était secrètement entendu 
avec Harold, roi de Danemark, qui fit une descente sur 
les côtes de France; après une tentative d'entrevue qui 
aboutit à un combat, Louis fut fait prisonnier par trahison, 
et ce ne fut qu'en 946 que ce prince, mis enfin en liberté, 
jura, à Saint-Clair-sur-Epte, qu'il cédait et confirmait à 
Richard tout ce qui avait été cédé à Rollon, son aïeul. Les 
seigneurs normands et bretons vinrent rendre hommage au 
jeune duc en qualité de vassaux, et le conduisirent à Rouen, | 
dont les habitants l’accueillirent avec acclamations ‘. 


1 Dudon de Saint-Quentin, De snorib. Norm., tout le livre III, apud Du- 
chesne, Hist. Norm. script, — Guillaume de Jumiéges, Hist, norm., livre IT, 
à partir du chap. 10, et livre IV jusqu’au chap. 7, apud Bouquet, Rec. des 
hist, de Fr., t. VIIT. — Richer, Histor., lib, If, cap. 35 à 42, et-les obser- 





ET DISSERTATIONS. 81 
_ On voit, par l'exposé succinct qui vient d’être fait, que 
pendant plusieurs années les relations de Louis d’Outre- 
Mer avec Rouen furent très-fréquentes, et l’on comprend 
facilement que, soit à l'époque où Herloin, comte de Pon- 
thieu, gouvernait cette ville au nom du roi, soit lorsque 
Bernard le Danois y exerçait le commandement, et s’effor- 
çait par des semblants de fidélité de cacher ses menées 
hostiles, un assez grand nombre de monnaies aient pu être 
fabriquées portant, avec le nom de Louis, quelques restes 
du type de Guillaume Longue Épée. Le poids des deniers 
découverts à Évreux convient parfaitement au règne de 
Louis d'Outre-Mer. Les pièces figurées dans notre plan- 
che V, sous les n* 18 à 22, sont des oboles; leur poids 
doublé fournirait des deniers de 44,52, 46,30, 48°,24. 
Une des deux oboles restées à Évreux, et dont je dois les 
empreintes à l’obligeance de M. Alph. Chassant, a pour 
légendes : + VVLCVICI IM+0 et XPICTIANA REO; nous 
avons là des imitations extrêmement dégénérées du type 
de Louis le Débonnaire. 

Il y a plus de vingt ans, on a trouvé à Coudres (canton 
de Saint-André-la-Marche, département de l'Eure), avec 
des deniers de Charles le Simple frappés à Chinon, un 
certain nombre de deniers au temple sur quelques-uns 
desquels on lit : VLODVVICI SIT, — VLOGVIHNIHI, — 
VLODVIHWRH, — VVICVICIS RE. Une de ces pièces porte 
une croix cantonnée de deux points dans deux cantons et 
de deux groupes de trois points dans les deux autres. Je 
comparais deux de ces deniers à celui que Lelewel attribue 
à Udalric, évéque d’Augsbourg (923-9738), un contempo- 
rain de Louis d’Outre-Mer (Num. du moyen âge, t Il, 
vations sur les faits bistoriques de 942 & 946 présentées par Depping, Hist. 


des ezpéd. magis. des Normands, édit. de 1844, p. 304 à 315. 
1869. — 2. 6 





82 MEMOIRES 


p. 142). Coudres n'est qu'à 22 kilomètres d’Evreux, et il 
est bien permis de considérer les deniers au temple qui y 
ont été recueillis comme formant avec ceux qui viennent 
d'être retrouvés près de l'abbaye de Saint-Taurin un même 
groupe normand appartenant au milieu du x’ siècle '. 

On n'oubliera pas que le denier de Richard 1°" au type du 
temple porte une croix cantonnée de quatre groupes de 
trois points *. 

J'ai parlé à diverses reprises du type de Guillaume 
Longue Épée, c’est-à-dire de -celui qui se trouve sur le 
denier avec les légendes VVILELMVS,—ROTOMALS que j'ai 
publié dans la Revue en 1843 (pl. V, n° 1), alors que 
cette pièce, conservée au Cabinet des médailles, était en- 
core coinplète. M. Poey d'Avant, qui en a donné un 
dessin défectueux, la classe à Guillaume d’Hyémes (lisez 
d’Exmes) ‘, fils naturel de Richard I‘, qui, en $97, ayant 
fait cause commune avec les Francs de la frontière, fut 
fait prisonnier et fut incarcéré dans la tour de Rouen ‘. 


1 Voy. Not, des monn. franç. de la collect, Rousseau, 1847, p. 138,139 et 207. 

2 Rec. num., 1843, pl. V, n° 2 —Le type du temple et de la croix cantonnée 
du groupe de trois points s'étend très-loin, au milieu du x° siècle, Voir la 
monnaie de Boleslas J, duc de Bohême, frappée à Prague (938.967), publiée 
par M. Cappe, Mittheilungen der num. Gesellschaft in Berlin, 2° cahier, 1850, 
pl. V, n° 12. On ne peut réellement se faire une juste idée de l'influence du 
siècle sur le style des monnaies qu’en comparant des monuments appartenant 
à divers points de l’Europe. 

* Exmes (Oximus) dans l'évêché de Séez et chef-lieu de canton du dépar- 
tement de l'Orne; Uismes dans le Roman de Row (vers 6123). 

4 Ce qu'on sait de la rébellion de Guillaume se trouve résumé dans ces vers 


de Wace : 
La guerre ama e paiz hui, 
A cels des marches s’alia, 
Li homes Richart guerréia 
E meintes feiz le manaca. 


. Roman de Row; vers 6132 et shiv , édit. Pluquet, 1827, t. I, p. Sie. 


ET DISSERTATIONS. 83 


Mais ce Guillaume ne s'était pas fait proclamer duc de 
Normandie, mais il n’a jarnais en aucun droit sur Rouen, 
et quoique M. Poey d'Avant considère la légende ROTOMALS 
comme représentant la Normandie tout entière, je me 
garderai bien de me rendre à son avis. D'ailleurs le type 
du denier de Guillaume est celui des East Angles de la fin 
du 1x* siècle, Eadmund, Ethelstan et Æthelward (855 à 
895); on conçoit qu'il fut usité en Normandie au commen- 
cement du x° siècle. M. Poeÿ croyait avoir trouvé un ar- 
gument dans la citation de deniers de Richard I* avec le 
monogramme de Charles, lesquels auraient constitué le 
premier type normand. Mais au milieu du x° siècle le mo- 
nastére d' York plaçait le monogramme de Charles sur ses 
monpaies, et quant aux deniers avec ce même monogramme 
attribués à Richard I‘, je dois dire que ce sont des pièces 
plus que suspectes. Bien avant qu’on eût tiré de leur type 
des conséquences numismatiques, j'avais dissuadé M. Bar- 
thélemy Lecarpentier de les faire entrer dans sa belle col- 
lection. 

Maintenant tenons compte de la nouvelle découverte 
d'Évreux. Louis d'Outre-Mer mourut quarante-trois ans 
avant la défection de Guillaume, comte d’Exmes, évére- 
ment que précéda de dix ans la mort de Louis V. Si les 
pièces de Rouen au nom de Louis, qui ne sont certainement 
pas émises par Louis VI, présentent, ainsi que cela semble 
probable, une légende commençant par un V ou un VV 
à limitation des monnaies au nom de VVILELMVS, ces der- 
niéres doivent avoir été fabriquées avant 942, ce qui, du 
reste, s accorde bien avec la fabrique et le style de l’exem- 
plaire appartenant au Cabinet des médailles. Placer cette 
pièce en la seconde année du règne de Robert, fils de 
Hugues Capet, me paraît chose impossible. D'un autre 


84 MÉMOIRES 


côté, on ne pourra admettre que les deniers offrant avec 
le nom de Louis tous les caractères du style carlovingien, 
aient été émis au temps du comte d'Exmes, après 997, et 
avec l'intention de rappeler le type d'un seigneur vaincu 
par son suzerain et enfermé dans la tour de Rouen. D’ail- 
leurs les deniers de la trouvaille pèsent en moyenne 
45,35 ', ce qui est inférieur à la moyenne des deniers de 
Charles le Simple et conforme à celle du deuxième type 
de Raoul, par conséquent tout à fait convenable pour des 
monnaies frappées sous Louis d'Outre-Mer. 

J'ai autrefuis refusé d'attribuer à ce prince les beaux de- 
niers à la légende MARSALLO VICO et METTIS CIVITAS qui 
lui avaient été accordés sans aucune apparence de raison. 
Le poids moyen de ces pièces est de 15,60, et quelques- 
unes d’entre elles montent à 45,70 et 18,75. Je les ai don- 
nées au roi de Lorraine, Louis de Saxe (876-882). Le grand 
trésor de Glisy, près Amiens, contenait un de ces deniers 
frappé à Marsal, et l'on sait que le dépôt était composé de 
monnaies de Charles le Chauve et de Louis le Bègue (877- 
879). C'était déjà une première confirmation. La décou- 
verte de Saint-Taurin d’Evreux, en nous montrant une 
certaine masse de monnaies de Louis d'Outre-Mer, permet 
d'établir une comparaison qui m'autorise à persévérer dans 
l'opinion que j'ai adoptée en 1847 *. Je demande pardon 
au lecteur de revenir sur ce point avec insistance ; mais, 
après une trés-longue étude des monuments carlovingiens, 
il m’est permis de parler avec quelque connaissance de 
cause, et jose aflirmer qu il est impossible de confondre 


1 J’ai déjà dit que le poids d'un certain nombre de ces deniers se trouve 
augmenté par le sulfure; la moyenne de 16,35 est donc évidemment un peu 
supérieure au poids normal. 

2 Notice de la collection Rousseau, p. 229, n° 565 et 566. 





ET DISSERTATIONS. 85 


les deniers que j'attribue à Louis de Saxe avec des mon- 
naies du milieu du x° siècle. Si l’on veut voir un bel et bon 
échantillon de la monnaie de Louis d'Outre-Mer, on le 
trouvera dans le denier de Toulouse de la collection Dassy 
dont notre Revue a publié la gravure (1868, pl. XIX, 
n° 27). Or, en faisant la part de l'influence provinciale, 
on ne pourra méconnaitre la liaison qui existe entre le 
denier toulousain (942) et ceux qui, fort peu de temps 
après, ont été émis à Rouen. 

D'un autre côté, les deniers et oboles avec les légendes 
VLODVVICI,—VVLOCVICI et le type du temple, renouvelés 
sous Louis d'Outre-Mer en raison même du nom de ce 
prince, auront dû préparer l'émission des deniers de Ri- 
chard qui portent le même type. Il me semble que la trou- 
vaille d’Evreux, qui nous fait entrevoir bien des faits nu- 
mismatiques, est digne de la plus grande attention. 


ADR. DE LONGPÉRIER. 


86 MEMOIRES 


ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE 
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D'AUTRICHE 
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. 


(1482 — 1556. ) 


Dans un précédent Essai sur l'histoire monétaire des 
comtes de Flandre de la maison de Bourgogne’, j'ai pris en 
quelque sorte l'engagement de soumettre aux lecteurs de 
la Revue, la suite de ce travail, concernant la maison d’Au- 
triche. C'est cet engagement que je viens remplir aujour- 
d’hui. Des circonstances indépendantes de ma volonté 
m'ont empêché de donner plus tôt le résultat de mes re- 
cherches, qui ont du reste été assez longues. De même que 
pour le travail précédent, M. Dewismes a mis à ma dispo- 
sition sa riche collection, et en me permettant de prendre 
mes dessins sur les beaux exemplaires qu’il possède, il m'a 
donné la possibilité d'achever ce que j'avais entrepris. Je 
n’eusse certainement pu espérer rencontrer ailleurs une 


1 Revue num., 1861, p. 106 et suiv., p. 211 et suiv., p. 458 et suiv. : #bid., 
1362, p. 117 et suiv., p. 351 et suiv., p. 460 et suiv. 


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ET DISSERTATIONS. 87 


réunion aussi compléte de piéces de premier choix, jointe 
à une obligeance aussi parfaite, Je le prie de recevoir ici 
l'expression de ma gratitude. 


PHILIPPE-LE-Beau (1482-1506). 


Peu d’époques, dans l’histoire monétaire des comtes de . 
Flandre, présentent une aussi grande variété de types que 
celle du règne de Philippe-le-Beau. Les troubles auxquels 
donnèrent lieu sa longue minorité, et les révoltes des Fla- 
mands contre son père, Maximilien, au sujet de la tutelle, 
viennent donner un intérêt tout particulier à cette période, 
où chaque parti crut devoir signaler son autorité passa- 
gère par l'émission de monnaies. L'histoire monétaire de 
cette époque est donc le reflet exact des passions politiques 
qui l’agitèrent. Le classement de ces monnaies n’est pas 
toujours facile, aussi, croyons-nous qu'il est indispensable 
de faire précéder cet essai d’un résumé historique des 
événements , 

A la- mort de Marie de Bourgogne, Maximilien voulut 
s'emparer de la tutelle de ses enfants et du gouvernement 
du pays. Cependant les stipulations de l'acte du 18 août 
4h77, dressé sous la surveillance jalouse des Flamands, 
étaient formelles. Après la mort d’un des époux, toute l’au- 
torité devait passer aux enfants, sans que le survivant pat 
prétendre au moindre partage de cette autorité. Le 8 avril 
4482, les États de Flandre s’assemblent à Bruges pour s’oc- 
cuper des affaires publiques. Maximilien, voulant obtenir 
~ la tutelle de ses enfants, fit des promesses et des conces- 


1 Ce résumé est extrait de l’excellente Histoire de Flandre de M. Kervyn 
de Lettenhove, 


88 MEMOIRES 


sions; et en effet, le 8 mai suivant, les Etats lui recon- 
naissaient le titre de bail et mainbour, mais à la condition 
que la Flandre « serait gouvernée soubz le nom de mon- 
« seigneur Philippe, par l’advis de ceux de son sang et de 
« son conseil estans et ordonnez de lez luy. » 

Après la conclusion du traité d’Arras le 10 janvier 1482 
(v. st.), Philippe-le-Beau avait été inauguré, à Gand, 
comte de Flandre; et aussitét aprés les Etats avaient con- 
stitué le gouvernement par le choix de quatre conseillers 
qui devaient le diriger au nom du jeune prince, tant que 
durerait sa minorité. Maximilien n’osa pas s’y opposer, et 
lorsqu'il dut se rendre au siége d'Utrecht, ce ne fut qu'a- 
près avoir conclu avec les seigneurs de Beveren, de la Gru- 
thuise et Jean de Witte, bourgmestre de Bruges, un ac- 
cord par lequel il confirmait, moyennant une pension de 
2h,000 écus, l'autorité déférée aux conseillers par les 
États (5 juin 1483). 

Après la capitulation d’Utrecht, Maximilien déclara qu’il 
révoquait les pouvoirs donnés précédemment. Les con- 
seillers de Philippe protestèrent le 15 octobre 1483 et 
déniérent à l’archiduc d’Autriche ‘ tout droit de mainbour- 
nie, et l’accusérent d'avoir pris illégalement le titre et les 
armes du comté de Flandre. Le 28 octobre suivant, Maxi- 
milien répondit par un mémoire à cette protestation, en 
retournant les accusations contre ses adversaires. Je ne 
suivrai pas ces contestations dans tous leurs détails, ils 
sont inutiles pour l’objet que j'ai en vue. Constatons seule- 
ment que Bruges et Gand, siéges des deux ateliers moné- 
taires de la Flandre, restaient aux mains des communes 
qui ne reconnaissaient pas l'autorité de l'archiduc. Le 


4 C'était le titre que prenait Maximilien, ou plutôt qu’on lui donnait. 


— -- > SO a De en pe 


ET DISSERTATIONS. 89 


49 mai 1484, le grand Bâtard de Bourgogne vint à Bruges, 
chargé par le roi Charles VIII de tâcher de rétablir la 
paix. 

Cependant ni les négociations niles conférences ne purent 
aboutir. Maximilien répétait qu'il saurait bien, malgré les 
rebelles de Gand, recouvrer la tutelle de son fils, et il 
ne resta aux communes flamandes qu’à s'assurer l’al- 
liance du roi de France, ce qui eut lieu par le traité signé 
le 25 octobre 1484. . 

Les hostilités commencèrent de part et d'autre. Maxi- 
milien, pour obtenir la neutralité de ceux de Bruges et du 
Franc (il n’en voulait alors qu’à Gand), négocia avec les 
échevins un traité où l'on inséra la condition que tout se 
ferait au nom de Philippe-le-Beau et que lui, Maximilien, se- 
rait tenu de jurer d'entretenir, garder et observer les 
droits, prééminence et seigneurie de Monseigneur le duc Phi- 
lippe. | 

Après la retraite du seigneur de Crévecceur qui, envoyé 
à Gand par Charles VIII et appelé par les habitants, s’était 
vu forcé de quitter cette ville en butte aux hostilités 
sourdes provenant de l’antipathie des Gantois contre les 
Français, Maximilien rentre à Bruges le 24 juin 1485 et se 
fait reconnaître comme mainbour. Le traité définitif avec 
les Gantois et autres révoltés fut passé le 28 du même 
mois. Maximilien y était aussi reconnu comme mainbour 
de la personne de son fils et du comté de Flandre :. 

À peine la paix faite que les troubles éclatent de nou- 
veau à Gand par la maladresse de Maximilien, qui intro- : 
duit dans la ville plus de soldats qu'il n'était convenu. 


1 Maximilien déclare dans ce traité qu’il recoit en grâce les habitants de 
la Flandre, voulant mettre ainsi fin aux troubles qui, à propos de la main- 
bournie, désolaient le pays depuis la mort de Marie de Bourgogne. 


90 MÉMOIRES 


Cependant l’archiduc d'Autriche s'était fait élire roi des 
Romains à Francfort, le 16 février 1485 (v. st.). Espérant 
que ce nouveau titre lui rendrait l'appui de l'Empire, i 
reprend les hostilités avec la France. Après avoir remporté 
quelques succès, il se trouve obligé de se retirer en im- 
plorant le secours des villes de ses États. 

Eo 4487, Maximilien, qui avait épuisé son trésor pour 
faire triompher la cause du prétendant d'Angleterre, mis 
en avant par Marguerite d'York (Lambert Simnel), se re- 
tire en Brabant. Non content d’altérer les monnaies’, il 
écrit aux États de Flandre pour réclamer des subsides. Les 
États refusent de contrevenir au traité d’Arras et de faire 
la guerre à la France. Bientôt après, les discussions avec 
les Gantois se renouvellent. 1ls se révoltent ouvertement, 
marchant contre Anvers, Courtrai et Bruxelles. Ils s'em- 
parent de Courtrai le 9 janvier 4487 (v. st.). Pendant ce 
temps Maximilien était à Bruges, essayant encore de trai- 
ter avec les révoltés. Le 24 janvier, ses députés revien- 
pent et apportent les griefs des habitants de Gand. Le roi 
des Romains refuse d’y satisfaire, et enfermé dans Bruges, 
il tâche d'en faire approcher une armée pour marcher 
contre les Flamands. Mais ses intentions, découvertes par 
les Brugeois, achévent de les indisposer contre lui, et peu 
de temps après, Maximilien se voit retenu prisonnier dans 
Bruges. Le 5 février, le Craenenburg lui est assigné pour 
résidence. Les Brugeols se réunissent aux Gantois et 
le feu de la révolte se répand de nouveau dans toutes les 

- Flandres. 
En se révoltant ouvertement contre le roi des Romains 


1 En exhaussant leur valeur, comme nous le verrons plus loin, et non 
en changeant le titre. 


ET DISSERTATIONS. 91 


et avant de s'emparer de l'autorité souveraine, les Fla- 
mands avaient eu soin de s'assurer l'appui du suzerain 
du pays. Sur leur demande, dès le 17 janvier, Charles VIII 
avait autorisé le magistrat de Gand à battre monnaie d'or 
et d'argent, au nom de Philippe-le-Beau. La charte fut pu- 
bliée à Bruges le 13 février suivant, ainsi que d'autres 
concernant le maintien des droits de suzeraineté du roi de 
France, et le soutien des communes flamandes. 

À la suite de ces circonstances, une autre résidence 
avait été assignée à Maximilien. En s’y rendant, après avoir 
harangué les métiers réunis sur la place, il put entendre, 
ajoute l'historien que nous analysons, « les acclamations 
du peuple auquel les magistrats faisaient faire, en signe 
d’allégresse, une distribution de la nouvelle monnaie d’ar- 
gent portant les mots: æqua libertas Deo grata.» 

Cependant Maximilien négociait toujours avec les ré- 
voltés et leur renouvelait ses promesses. L'assemblée des 
Etats généraux de toutes les provinces est convoquée a 
Gand le 9 avril 1488, et dans cette réunion, on finit par 
conclure un traité au terme duquel le roi des Romains re- 
nonce à être mainbour du comté de Flandre et consent à 
ce que ledit comté, pendant la minorité de son fils, soit 
régi et gouverné sous son nom, par l'avis et le consente- 
ment des trois États du pays*. Il renonceen même temps 
à porter les armes et le titre de comte de Flandre (16 mai 
4488). Maximilien jura, sur la place du marché, l’obser- 
vation dudit traité, ajoutant que dans le cas où il l’en- 


1 En considération de cette renonciation, les trois membres de Flandre 
payeront annuellement au roi des Romains, pendant la minorité de l’archiduc, 
1000 livres de gros à 40 gros la livre annuellement; de son côté, le roi des 
Romains renonce à tous les arriérés d'anciens subsides ou aides qui lui 
seraient fus. 


92 MÉMOIRES 


freindrait, il déchargeait ceux de Flandre du serment qu’ils 
lui avaient fait comme mainbour. 

L’archiduc sortit de Bruges le cœur ulcéré. Les humilia- 
tions que lui avaient fait subir les révoltés n'étaient pas 
de nature à rendre stable la paix qu'ils lui avaient imposée. 
Aussi trois jours après, le 19 mai, il fait connaître, par 
un manifeste aux provinces flamandes, qu'il était résolu à 
ne pas tenir les conditions de ladite paix’. Philippe de 
Clèves, qui figurait parmi les otages donnés par Maximi- 
lien pour le maintien du traité, proteste contre sa dé- 
loyauté. Philippe de Bourgogne, site de Beveren, et le sire 
de Chantereine suivent son exemple, et le parti des com- 
munes de Flandre se reconstitue. Maximilien invoque le 
secours de l’empereur ; mais celui-ci étant obligé de s'é- 
loigner et Charles VIII soutenant les communes flamandes, 
il se trouve forcé de se retirer en Zélande au commence- 
ment d'août. 

Il est inutile, pour le sujet que nous avons en vue, de 
suivre toutes les péripéties de cette guerre que Maximilien 
ne soutint que grâce au secours de l'Angleterre. Un pre- 
mier succès pour lui fut le traité de Francfort (19 juillet 
4489) par lequel il se réconciliait avec le roi de France. 
En même temps, le roi des Romains était réintégré comme 
mainbour de Flandre; les magistrats des villes de Gand, 
Bruges et Ypres devaient aller lui demander pardon, 


1 11 faut bien peu connaître le cœur humain pour s'étonner du manque de 
foi de Maximilien. Abreuvé d’humiliations comme il l'avait été, il devait 
briler de se venger. Aussi ne nous expliquons-nous pas que M. C. À. Ser- 
rure trouve ce fait extraordinaire, Tout en blamant le roi des Romains, dont 
nous reconnaissons que la conduite était peu loyale, nous sommes forcé de 
ne pas nous en étonner, Voir, au surplus, l’article précité de M. Serrure, 
intitulé : Beknopte scheis eener geschiedenis van het muniicezen in Vlaenderen, pu- 
blié dans le Studenten-Almanak de Gund, année 1855. | 


ET DISSERTATIONS. 93 


vêtus de noir. Une somme de 50,000 livres tournois lui 
serait payée pour congédier les soldats allemands. 

Les difficultés recommencèrent pour le payement de 
cette amende. Philippe de Cléves s était retiré au château 
de l’Écluse, en hostilité avec Maximilien. Ypres se soumit 
d’abord ; Gand vint ensuite, puis Bruges, contraint de céder 
devant la famine, les communications étant interceptées 
par le comte de Nassau. La soumission de Gand ne fut que 
momentanée ; bientôt de nouveaux désordres y éclatent. 
Maximilien obtient de nouveau l'appui de l'Angleterre. Les 
Flamands espéraient celui de la France, mais Charles VIII, 
occupé de mener à bonne fin son mariage avec Anne de 
Bretagne, ne donne point le secours promis, et les révol- 
tés se trouvent réduits a leurs propres forces. Enfin, le 
parti de la paix l'emporte, et les principaux opposants 
périssent par la main du bourreau (16 juin 1492). Le 
29 juillet suivant les Gantois se décident à traiter. 

Philippe de Cléves seul ne se soumettait pas. Renfermé 
dans le château de l’Écluse, il représentait que Maximilien 
lui avait fait jurer que s'il violait la paix, lui, Philippe, 
devait soutenir les Flamands, et qu'il croyait avoir rempli 
son serment. Le siége fut mis devant l’Écluse, et le feu 
ayant pris aux poudres des assiégés, Philippe fut obligé 
de capituler, et obtint une paix honorable. | 

Par cette capitulation, les troubles de Flandre étaient 
terminés, et le roi des Romains était enfin en paisible pos- 
session du titre qu'il avait tant ambitionné, celui de main- 
bour du pays de Flandre, qu'il gouverna au nom de son 
fils. Il n’en jouit pas longtemps; car, le 26 décembre 1494, 
Philippe-le-Beau, âgé de seize ans, fut reconnu majeur, 
et prit le gouvernement du comté. Il épousa Jeanne d’A- 
ragon, héritière de Castille, le 18 octobre 1496. | 


94 MÉMOIRES 


Le reflet des cvénements que nous venons de rappeler 
se reconnaît sur les monnaies émises par les divers partis 
qui se trouvèrent successivement au pouvoir, mais qui 
adininistraient tous au nom de Philippe-le-Beau, le véri- 
table souverain de la Flandre. Les deux périodes distinctes 
auxquelles se rapportent ces monnaies peuvent être étu- 
diées séparément. J'ai cru devoir en conséquence effectuer 
la division dans le travail qui va suivre. 


PH:LIPPE-LE-BEAU; MINORITÉ (1482-1494). 


Contrairement à l'opinion des auteurs qui ont écrit avant 
moi, et notamment de M. J. Rouyer', je pense qu'après 
la mort de Marie de Bourgogne, Maximilien fit frapper des 
monnaies tant en son nom qu'au nom de son fils. Remar- 
quons en effet que le 3 mai 1482, les Etats de Flandre le 
reconnaissaient pour bail et mainbour, et que cela dura 
jusque vers le milieu de 1483, où il dénia l'autorité com- 
mise par lesdits Etats aux membres du conseil de tutelle 
établi par eux. Pendant cette période, il put facilement 
user des droits souverains que lui donnait cette qualité, 
tout en cherchant à sortir du cercle restreint dans lequel 
la jalousie des Flamands l'avait renfermé. Quelles étaient 
ces monnaies? Une pièce du 40 juillet 4482 * va nous aider 
à les trouver. Gette pièce est un ordre des trois membres 
de Flandre, assemblés à Gand, au maître particulier de la 
monnaie, Colart Bunqueteur, fils de Marc, contenant que 
contrairement aux prescriptions de l'instruction du 5 dé- 


1 Recherches sur la numismatique du comté de Flandre, considérée dans les 
Monnaies noires, par M; J. Rouyer, Revue numismatique, années 1848 et 1849. 

? En flamand, au registre aux mémoires côté M 24, fol. 97 v° (Chambre 
des comptes de Lille ). 





ET DISSERTATIONS. 95 


cembre 1480, touchant le droit de seigneurage par marc 
d'argent, lequel était de 7 gros 6 mites, ledit droit ne de- 
vait plus étre désormais que 3 gros 6 mites '; le surplus de 
A gros étant réservé pour étre donné aux marchands, afin, 
y est-il dit, qu’ils soient plus attachés au profit du seigneur, 
et engagés à porter leurs matières d'argent à la monnaie 
qui en manquait, de manière que le bail commencé puisse 
être tenu en état conformément aux leltres et aux instruc- 
tions précitées. I] en résulte que l'instruction de 1480 con- 
tinua à être en vigueur. Nous devons donc retrouver la 
même série de pièces que sous Marie de Bourgogne ?, 

Les mêmes types furent-ils conservés ? La chose n'était 
pas indispensable, puisqu'il fallait graver de nouveaux 
coins. Bien que la série relative au Brabant nous montre 
un gros à |'M avec la date de 1482, et la légende : Moneta 
archiducum, etc., je pense que Maximilien évita de faire 
la même chose pour la Flandre, où il avait éprouvé des 
difficultés qu'il n'avait pas rencontrées dans le sein des 
autres États relativement à sa désignation comme bail et 
mainbour. Les gros à l’M, frappés pour la Flandre, portant 
en légende Mazimilianus et Philippus, ne peuvent, par 
conséquent, suivant moi, être attribués à cette première 
période. Je crois donc qu’il faut admettre que le père de 
Philippe-le-Beau écarta en cette circonstance tout ce qui 
aurait été de nature à élever dès le principe un conflit qu’il 
avait intérêt à éviter, La légende générale, Moneta archi- 


1 Cette réduction est faite dans le coiupte du maître particulier, du 18 
juillet 1482 au 17 mars 1483 (v. st.). 

? Voici la série des dernières monnaies de Marie de Bourgogne : Florin 
d'or ét demi-florin au Saint-André; double patard d’argent aux deux lions 
assis; patard ou double gros au lion tenant un écu; gros à 1’M; demi-gros 4 
PM; gigot ou quart de gros au même type; courte ou double mite. 


96 MEMOIRES 


ducum, elc., ne contenant aucuue indication personnelle 
lui parut vraisemblablement la plus propre à empêcher 
tout conflit sous ce rapport. 

Nous ne possédons pas toutes les monnaies frappées dans 
cette période. Le compte du maitre particulier cité ci- 
dessus, ne mentionne pas d'ailleurs le demi-florin, le demi 
et le quart de gros, qui n'ont par conséquent pas été 
frappés; mais le floria d'or au Saint-André, qui l’a été, n'a 
pas encore été retrouvé. 

Le bail de la monnaie accordé à Nicolas le Bunqueteur' 
en 1480, expirait le 5 décembre 1483. Il fut prorogé de trois 
mois, sur l'avis du conseil de régence, qui était alors rep- 
tré dans la plénitude des attributions souveraines que lui 
avaient conférées les États de Flandre. C'est ce que nous 
fait connaître une note indiquant que l'ouverture des 
boîtes, qui devait avoir lieu le 5 décembre, serait égale- 
ment prorogée. 

A l'expiration de ce nouveau délai, nous trouvons une 
instruction, en date du 4 avril 1484 après Pâques, donnée 
par le grand conseil de régence, résidant à Gand *. Elle 
contient les dispositions suivantes : 

4° Le maitre particulier fera faire le florin de Flandre de 
la manière qu'on le fit dernièrement à Gand, à 19 carats, 
nobles Henricus d'Angleterre comptés pour fin, alliés de 
A carats d'argent, et À carat de cuivre, de 72 de taille au 
marc de Troyes, au remède d'un grain et demi en aloi et 


1 Le même que Culart Bunqueteur cité plus haut. 

? La commission de maître particulier donnée, au nom de Phiiippe d’Au- 
triche, duc de Bourgogne, comte de Flandre, etc., à maître Jean Clays, en 
remplacement de Nicolas le Bunqueteur, démissionnaire par suite d’expira- 
tion de bail, est du 28 avril 1484. L’instruction est rédigée en flamand; je 
n’en donne qu'une traduction. 





ET DISSERTATIONS. 97 
d'un demi-noble en poids par marc d'œuvre. Lesdits deniers 
seront ouvrés beaux et ronds et d’égale taille, en sorte 
que le plus léger ne pèsera pas un asquin moins que le 
poids, et que le plus fort ne pésera pas plus d’un asquin 
au delà dudit poids, au remède de trois forts et trois fai- 
bles, lesdits trois faibles pesant trois huitièmes de freling 
de moins, et lesdits trois forts, trois huitièmes de freling de 
plus, sans autre remède. Le prix du marc d’or à donner au 
marchand sera 88 1. 5s. de gros, et celui du marc d’aloi 
5 1. 44s. de gros. Le droit de seigneurage est 28 gros 
18 mites par marc. Ledit florin courra pour 5 sous de gros. 

- 2°Le maître fera ouvrer un denier d’argentappelé double 
patard à 10 deniers argent le roi, et de 80en taille au marc, 
au remède d'un grain en aloi et d'un demi-denier en poids 
sur chaque marc d'œuvre; il les fera faire beaux, ronds et 
de méme taille, en sorte que le plus fort ne pése pas 
plus d'un huitième de ferlinc plus gue le poids nor- 
mal, et que le plus faible ne soit pas de la méme quantité 
inférieur audit poids, au reméde de quatre forts et quatre 
faibles, en sorte que les quatre forts peuvent avoir un demi- 
ferlinc plus que le poids, et les quatre faibles, un demi- 
ferlinc en moins. Il payera au marchand 38 s. 9 d. de gros 
de chaque marc d'argent. Le double patard courra pour 
5 gros. | 

3° Un autre denier d'argent sera fait à 5 deniers ar- 
gent le roi, et de 80 en taille au marc, les remèdes en poids 
et en aloi étant les mêmes que pour les précédents. Le 
marchand recevra 38 s. 4 d. de gros par marc. Ce denier, 
appelé simple patard, vaudra 2 gros 12 mites. 

he Le gros de Flandre sera à 3 deniers trois grains ar- 
gent le roi et de 134 en taille au marc. Le maître pourra 
prendre de remède un grain en aloi, et deux desdits deniers 

1869, — 2. 7 


#8 MÉMOIRES 
en poids par marc d'œuvre. La tolérance sera de un quart 
de ferline au-dessus ou au-dessous du poids normal pour 
chaque pièce, mais seulement au remède de six forts et de 
six faibles, qui ne devront pas peser les premiers plus d'un 
ferline et demi en plus, et les seconds plus d'un ferline et 
demi en moins. De chaque marc argent le roi, le maître fera 
2 1.1 s. 11 deniers gros de ladite monnaie. 

5° L'on fera aussi un denier de 12 mites à 2 deniers 
46 grains argent le roi et de 220 en taille au marc, aux re- 
mèdes de un grain en aloi et de 5 deniers en poids par 
chaque marc d'œuvre. Dans un marc argent le roi on 
fabriquera 2 1. 2 s. 4 d. 12 mites gros desdits de- 
niers. 

6° Un denier valant 6 mites sera forgé également. Il 
sera à À denier 48 grains argent le roi, et de 306 au marc, 
au remède d’un grain en aloi et de dix desdits deniers en 
poids par marc d'œuvre. D'un marc argent le roi on fabri- 
quera 2 1. 3 s. 8 d. 15 mites gros en deniers de six 
mites. 

7° Le maître fera faire un denier noir valant quatre mi- 
tes, qui tiendra dix grains argent le roi, et sera de 438 de 
taille au marc. Il pourra prendre de remède un grain en 
aloi, et 8 deniers en poids. De chaque marc argent le roi, 
il fera en deniers de quatre mites 55 s, 2 d. 9 mites 
gros. 

8° Le denier noir, appelé courte et valant 2 mites, 
tiendra six grains argent le roi, et sera de 186 au marc, 
au reméde de un grain en aloi et de douze desdits deniers 
en poids par marc d'œuvre. 

ge Enfin l’on émettra aussi un denier noir valant une 
mite tenant 4 grains argent le roi et de 308 au marc, au 
remède d’un grain en aloi et de seize desdits deniers en 


oo . _ c ~ _ — —_ a —— 


ET DISSERTATIONS. 99 


poids. De chaque marc argent le roi, on fera en mites 3 |. 
47 s. gros. 

Le prix du marc d'argent pour toutes les monnaies à 
partir du gros est fixé à 38 s. 4 d. 

Le maitre sera tenu de payer au comte de Flandre tous 
les remèdes qu’il aura pris en poids et en aloi, et de lui 
donner pour droit de seigneurage, par chaque marc d'ar- 
gent monnayé, 4 gros une mite et demie. 

Pour la premiére fois, nous rem?rquons la fixation de la 
proportion qui devait exister entre le nombre des monnaies 
de chaque espéce émises par le maitre particulier. Cette 
précaution était prise afin que le menu peuple se trouvât suf- 
fisamment fourni de la petite monnaie, et aussi afin qu'on 
n’en délivrât pas une trop grande quantité à la fois. “Cette 
jroportion est la suivante : Pour 100 marcs de patards, on 
fera 50 marcs de gros; 10 marcs d'argent seront employés 
en deniers de 12 mites, et 5 marcs en deniers de 6 mites, 
jusqu'à ce qu'il en soit ordonné autrement. 

Le conseil de régence, dans cette instruction, conti- 
nuait le système monétaire en usage. Cependant quelques 
mod.fications se font jour. Elles sont pourtant plus appa- 
rentes que réelles pour la plupart des monnaies. Ainsi la 
pièce de 12 mites n’est autre que le demi-gros et celle de 
5 mites que le quart de gros; mais la véritable innovation 
est la pièce de 4 mites, que l’on -n’avait pas encore vue et 
qui fait ici son apparition dans le système flamand. Nous 
la retrouverons fréquemment plus tard. 

Sur les monnaies de cette émission, nous devons nous 
atiendre à retrouver la trace des préoccupations politiques. 
Le nom de Philippe-le-Beau apparaît seul ; c’était lui qui, 
aux yeux des populations, était le véritable souverain de la 
Flandre. Mais, coutrairement à l'opinion des auteurs qui 


100 MÉMOIRES 


n'ont précédé, je pense que les seigneurs qui compo- 
saient le conseil de régence durent conserver à ce prince, 
sur les monnaies, son titre d’archiduc, qu’on retrouve dans 
les titres écrits et sur les pièces émises, même au moment 
le plus fort de la révolte par les communes flamandes. 
Nous verrons d'ailleurs plus loin, à la description des mon- 
naies qui nous sont parvenues, quelles sont les pièces que je 
crois pouvoir attribuer à cette période. 

Un peu plus d’un an après la rédaction de l'instruction 
précédente, le conseil de régence était renversé, et Maxi- 
milien était reconnu par le traité du 28 juin 4485 main- 
bour de la personne de son fils et du comté de Flandre. Un 
des premiers actes de l’archiduc fut de transporter à 
Brugé l'atelier monétaire de Gand. Une lettre du 8 août 
de cette année, adresse aux gens de la chambre des 
comptes, leur enjoignait de faire porter 4 Bruges toutes les 
‘choses appartenant à la monnaie de Gand et de les déli- 
vrer à Pieter de Waelhem, maître particulier, afin qu'il 
pôt travailler immédiatement. Les monnaies à forger se- 
raient conformes à celles renseignées dans les instructions 
données pour Malines et la Hollande. On devait y faire des 
doubles et simples patards, et des quarts de patards aux 
armes du prince *. La chambre des comptes devait pour- 
voir provisoirement à la nomination des autres officiers de 
ladite monnaie. 

A cette lettre était jointe, ainsi qu'il était annoncé, la 
copie de l'instruction servant à Ja monnaie de Malines. J'en 


1 Voy. M. Rouyer, op. cit. 

? Le maitre particulier étant du Brabant, l’archiduc lui accorde de dé- 
poser sa caution entre les mains des gens des comptes de Bruxelles. Les let- 
tres de caution sont du 12 août 1485 : elles sont pour la somme de 600 livres 
de gros. 


* =o i a eel —— ~ 
a 
_—_ 


et 


ET DISSERTATIONS. 404 


reproduis ci-après les articles concernant Ja fabrication des 
espèces !. 

« Premièrement est ordonné par mondit seigneur estre 
« fait ung denier à dix deniers argent le roy, de six solz 
« huit deniers de taille au marc de Troyes, qui aura cours 
« pour six gros de Flandres au reméde de ung grain en 
« alloy et de ung demi diceulx deniers en poix sur le marc 
« deuvre. Lesquelz deniers il fera ouvrer beaulx et ronds 
« de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera tail- 
« lié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort à 
« un quart de fellin plus fort que le droit, au reméde de 
« quatre fors et de quatre foibles, qui pourront estre plus 
« foibles, lesdis quatre foibles ung fellin et non plus et 
« lesdis quatre fors ung fellin, sans quelconque autre re- 
« méde de fort ne de foible, de quoy lon donra aux mar- 
« chands du marc dargent le Roy quarante-cinq solz gros, 
« dont mondit seigneur prendra pour son seigneuraige, 
« vingt-quatre groz, ledit denier compté pour six gros, de 
« chacun marc argent le Roy. 

« Item, ung autre denier à cing deniers argent le roy, de 
« six solz huit diceulx deniers de taille audit marc de 
« Troyes, qui aura cours pour trois gros de Flandres au re- | 
« méde de ung grain en aloy et de ung demy diceulx deniers 
« en poix sur chacun marc deuvre. Lesquelz deniers il fera 
« ouvrer beaulx et ronds et taillier de bon recours, cest as- 
« savoir que le foible sera taillié & ung quart de fellin prés 
« du droit et le plus fort sera taillié à ung quart de felin 
« plus fort que le droit, au reméde de quatre fors et de 
« quatre foibles comme devant. De quoy lon donra aux 


3 L’instruction est donnée au nom de Munsetgneur le duc d’Austrice, de 
Bourgoingne, du Brabant, etc., et elle est signée Mazimilianus. 


402 MEMOIRES 


« marchans de chascnn marc argent leroy quarante- quatre 
« solz six deniers gros, et mondit seigneur prendra pour 
« son droit de scigneuraige vingt-quatre gros comme des- 
« sus de chascun marc argent le roy. » 

« Et si est encore ordonné par mondit seigneur estre fait 
«ung aultre denier à quatre deniers argent le roy, ayant 
«cours pour uog gros et demy flandres, de dix solz unze 
«deniers au marc de taille, au reméde dung grain en aloy 
a et de deux diceulx deniers en poix sur chascun marc 
« deuvre; lequel denier il fera ouvrer bel et rond et tail- 
a lier de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera 
« taillié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort 
« sera taillié à ung quart de fellin plus fort que le droit, 
« au remède de six fors et de six foibles, qui pourront 
« estre plus foibles, les six foibles, ung fellin et demy et 
« non plus et lesdis six fors ung fellin et demy sans quel- 
« conque autre remède de fort ne de foible ; et donra ledit 
« maitre au marchant du marc argent le roy, quarante 
« quatre solz six deniers, et mondit seigneur aura pour 
«son seigneuraige de chacun marc argent le roy comme 
« des autres deux parties, assavoir vingt-quatre gros. » 

Les monnaies qui ont été frappées en vertu de cette ins- 
truction me paraissent devoir être celles au type du vier- 
lander avec la légende Moneta archiducum, etc. Au reste le 
compte du maître particulier nous apprend qu'on ne forgea 
que les pièces de six gros et d’un gros et demi. Un fait 
qui frappe en lisant la pièce précédente, c'est l’augmenta- 
tion énorme de valeur attribuée aux espèces. Elles sont 
d'un aloi et quelquefois d'un poids inférieur à celles de 
Charles-le-Téméraire, et cependant elles sont évaluées un 
tiers en sus. 

Peu de temps après la translation de l'atelier monétaire 





= - Le ” | 7 7 ° 
em — 
un 


ET DISSERTATIONS, 403 


a Bruges, le 6 novembre de Ja méme année, parut une or- 
donnance au nom des archiducs, fixant la valeur des mon- 
naies ayant cours, et devant n'avoir d'effet qu'à partir du 
2h décembre suivant’. Elle prohibe complétement les flo- 
-rins d Utrecht, le postulat de Liége, ainsi que les monnaies 
blanches de ces deux villes.. Elle ajoute, en ce qui concerne 
les deniers d'argent que l'on fabriquait alors, qu'ils cesse- 
ront d'être forgés à partir de la veille de Noël. A cette 
époque, on reprendra la fabrication des florins à la croix 
de Saint-André, «de mesnic pois et alloy que par cy de- 
«vant ils ont esté forgiez, » des doubles et simples pa- 
tards et des gros aux lions. Les marchands devaient rece- 
voir, pour les matières d'or et d'argent, le prix fixé par les 
ordonnances, lorsque le florin fut évalué à cinq sous de 
gros, les doubles patards à deux lions, à cinq gros, le 
simple à deux gros et demi et le gros à l'avenant. 

Cette ordonnance vient à l'appui de ce que j'ai dit ci- 
dessus, des types adoptés à la suite du transfert de l’ate- 
lier monétaire à Bruges, puisqu'on y mentionne que les 
nouvelles monnaies devront être au type du lion, comme 
celle de la princesse Marie et les dernières de Charles-le- 
Téméraire. Une autre conséquence à tirer, c'est qu'une 


1 Les monnaies flamandes sont évaluées ainsi qu'il suit, savoir : Parmi les 
monnaies d’or, le florin à la croix de Saint-André, 5s, de gros; les lyons, 
7 8.6 d, ; les Ryders, 6 8. 4.; les nobles de Flandre, 128.; et, parmi les mon- 
naies d'argent, les doubles patards Philippus et Karolus, 5 gros et demi; les 
simples, 2 gros 18 mites; les doubles patards Karolus et Maria, 5 gros; les 
simples, 2 gros et demi ; et tous les gros faits alors devront coriserver la va- 
leur d’un gros. L'augmentation de valeur se fait surtout remarquer, ainsi 
qu’on le voit, sur les monnaics d’argent supérieures au gros. 

Il est prescrit aussi aux changeurs d’avoir une cisaille sur leur banc, ex- 


posée publiquement, afin de couper immédiatement les pièces reconnues pour 
billon qui leur seraient présentées. 


404 MÉMOIRES 


partie des monnaies avec la légende Moneta archidu- 
cum, etc., doit être attribuée à cette époque. Peut-être doit - 
on lui donner surtout celles où les noms de Maximilien et 
Philippe sont inscrits. 

L'émission de ces monnaies dut être trés-courte; Maxi- 
milien ayant été élu roi des Romains le 16 février 4485 
(v. st.), il devait avoir hâte de faire figurer ce nouveau 
titre sur son numéraire. Aussi trouvons-nous, à la date du 
21 du méme mois, une instruction relative à la fabrication 
des monnaies pendant l'année 1486 *, dont voici les prin- 
cipaux passages : 

« Premièrement les maîtres particuliers de la monnoie 
« feront ouvrer les flourins de Buurgoingoe, tel que parci- 
« devant, en la manière quy sensuit : assavoir à xIx caras 
« noble d'Engleterre Hendricus comptéz pour fin, alyéz de 
a quatre. caras dargent fin et ung carat de cuivre, de six solz 
« au marc de taille, dont lesguille est alyé au mesme aloy, 
« au remède d'un grain et demy en aloy, et demy esterlin 
«en poiz sur chascun marc deuvre; lesquelz deniers ilz 
« feront ouvrer beaux et ronds et tailliéz de bon recours, 
« cest assavoir que le plus feble sera taillié à ung asquin 
« près du droit, et le plus fort à un asquin plus fort que 
« le droit, au remède de trois fors et de trois febles, lesdis 
« trois febles à trois vin de ferlin et les trois fors à trois 
« viu* de ferlin, sans quelconques autres remede de fors 
« ne de febles. » 

« Item, lesdis maistres donront aux marchans de leur 
« marc dor, tel que dessus, uu'* vi! v* dempiranche, 


1 L’instruction avait été rédigée dans la Chambre des monnaies à Bruges, 
par Gérard Loyet, maître général de toutes les monnaies, et Philippe Van 
den Berghe, maître général de celles de Flandre. Les maitres particuliers 


étaient Pietre de Waelhem et Mahieu de Tilli. 


ET DISSERTATIONS. 105 


« et si leur donront de chascun marc daloy v' xx1111° dicte 
« monnoiye dempiranche. » 

Les maîtres payeront au profit du comte tous les remèdes 
qu’ils auront pris en poids et en aloi, et 2 sous A deniers 
48 mites gros pour droit de seigneurage. 

a Item, lesdis maîtres feront ouvrer un denier blanc 
« nommé double patart, à dix deniers argent le roi, et de 
« six solz vid. au marc de taille, au remède d’un grain 
« en aloy et dun demy diceulx deniers en poiz sur le marc 
« deuvre, lequel denier ils feront ouvrer bel et rond et 
« taillié de bon recours, cest assavoir que le plus feble 
« sera taillié à ung huytiesme de ferlin, près du droit, et 
« le plus fort à un huitiesme de ferlin plus fort que le 
« droit, au remède de quatre fors et quatre febles qui pour- 
« ront estre plus febles lesdits quatre febles demy ferlin 
a et non plus, et lesdis quatre fours demy ferlin, sans quel- 
« concque autre remède de fort ne de feble, et donront 
« lesdis maistres aux marchans de leur marc dargent le 
« roi, XXVIL solz 1x d. gros à compter ledit denier pour 
« CINnCq gros. » 

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier blanc 
« nommé patart à cincq deniers argent le roi et de vi solz 
« Vili d. au marc de taille, au remède d’un grain en aloy 
«et d’un demy diceulx deniers en poix pour le marc 
« deuvre, lequel denier sera ouvré bel et rond et taillié de 
« bon recours.» Le reste est exactement la même chose que 
pour le double patard, mais le prix du marc d'argent à 
donner aux marchands serait 38 s. 4 d. de gros. Le dit de- 
nier devant courir pour deux gros et demi. 

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier 
« blanc nommé gros, à trois deniers quatre grains de loy 
« argent le roy, et de dix solz x1 d. au marc de taille au 






4068 MÉMOIRES 


« remède d'un grain en aloy et deux diceulx demesne 
« poiz sur chacun marc deuvre, lequel denier 11 feront « 
« vrer bel et rond et taillié de bon recours, cest assavot 
« que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin prs 
« du droit et le plus fort sera taillié à ung quart ferlp 
« plus fort que le droit, au remède de six fors et dest 
« febles, qui pourront estre plus febles lesdis six febles 
a ung ferlin et demy et non plus, et lesdis six fors um 
aferlin et demy, sans quelconcques autre remède 2 
«de fors ne de febles, et donront lesdis maistres au 
« marchans de leur marc d'argent le roy Je prix qu 
« dessus, » 

a Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier 
« blanc nommé demy gros à deux deniers xvi graius de loy 
« argent le roy, et dix huyt solz six deniers de taille pour 
« chacun marc, au remède dun grain en aloy et de but 
« diceulx deniers en poiz sur chacun marc deuvre, lequel 
« denier il feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re- 
« cours, cest assavoir que le plus fèble sera taillié à ung 
« quart de ferlin près du droit, et le plus fort sera taillié à 
« ung quart de ferlin plus fort que le droit, au remède de 
«huyt fors et de huyt fèbles, qui pourront estre plus 
u febles, lesdits huyt fébles demy esterlin, sans quelqu 
« autre remède, et donront lesdis maistres aux marchans, 
a dun marc dargent le roy, au pris que dessus. » 

« Item, les maistres feront ouvrer ung autre denier blanc 
a nommé gigot à ung denier xx greins de loy argent le 
«roy et de xxvi solz de taille au marc, au remède dun 
« grein en aloy et de dix diceulx deniers en poiz, lequel 
« denier ilz feront ouvrer bel et rond et donront aux 
« marchans de leurs marcs dargent le roy, le prix que 
« dessus. » | 





ET DISSERTATIONS. 407 


« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en 
« valeur de quatre mittes de Flandres, à dix greins de loy 
« argent le roy et de x1 solz v deniers de taille pour cha- 
« cun marc deuvre, au remède d'un grain en aloy et de 
« huyt diceulx deniers en poiz; lequel denier ilz feront 
« ouvrer bel et rond et taillier de bon recours, et donront 
« aux marchans, de leur marc dargent le roy, le pris 
« comme dessus. » 

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en 
« valeur de deux mittes de Flandres, à six grains de loy, 
« et de xvi solz deux deniers de taille au marc, en reméde 
« dun grain en aloy et de x1 diceulx deniers en poiz, lequel 
« denier ilz feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re- 
« cours; il donront aux marchans de leurs marcs dargent 
« le roy, le pris comme dessus. » 

Les maîtres doivent payer au comte tous les remèdes 
qu’ils prendront en poids et en aloi, et 5 gros 6 mites par 
marc d'argent monnayé pour droit de seigneurage. 

Les monnaies émises en vertu de cette instruction sont 
estimées moins haut que dans celle du 8 août 1485, et ce- 
pendant l’aloi et la taille sont les mêmes. Nonobstant cette 
réduction dans leur évaluation, le roi de France Charles VIII, 
par ses lettres en date du 26 mars 1486 (v. st.), juge con- 
venable de décrier certaines monnaies blanches appelées 
Mazximiens, faites en Flandre par le duc Maximilien d Au- 
triche pour six deniers parisis, tandis qu'elles n’en valent 
que trois. Il ordonne en conséquence de les cisailler et de 
les porter aux hôtels de monnaies. Il est évident que cette 
mesure était prise dans des vues hostiles à l’archiduc, au 
moment où ses démélés avec les communes flamandes, bien 

qu'apaisés momentanément, n'étaient pas complétement 


408 MEMOIRES 


terminés. Pour être rationnelle, la même prohibition eut 
dû comprendre les anciens deniers de Flandre, dont la va- 
leur avait été si fortement élevée par l'ordonnance de 1485 
et non pas seulement jes nouvelles monnaies. 

La fabrication de ces dernières ne fut du reste pas de 
longue durée. Le 20 avril 1487, Maximilien rend une or- 
donnance, tant en son nom qu'en celui de Philippe-le-Beau, 
par laquelle il prescrit la mise en circulation de tout un 
nouveau système de monnaies. Rompant franchement avec 
le passé, il crée non-seulement de nouveaux types, mais 
encore assigne aux dites monnaies des valeurs compléte- 
ment en désaccord avec celles en usage, en conservant 
toutefois l’unité monétaire de Flandre, le gros. C’est à cette 
ordonnance que nous devons, en fait de monnaies d’or, le 
* grand réal d’Autriche, magnifique pièce, où l’on sent déjà 
le faire des artistes de la renaissance, et parmi les mon- 
paies d'argent, le grand réal d'argent, le double et le 
simple griffon, dont le type et les légendes sont si singu- 
liers. L'instruction délivrée au maître particulier le 4 mai 
suivant, et que je transcris textuellement, nous fera con- 
paître plus en détail les monnaies dont il s’agit ‘. 

« Premièrement, le maistre particulier fera forgier un de- 
« nier à xx karas dor fin appelé Réal, qui aura cours 
« pour xx1v réaulx dargent, telz que le Roy nostre sire fera 


1 Cette instruction reproduit la description des pièces insérée dans l'or- 
donnance précitée. L’intitulé porte qu’elle est délivrée au maître particulier 
de la monnaie de Flandre. Le bail fut passé pour trois ans en faveur de Ber- 
nard Warneveke. Mais il paraît probable qu'il jugea convenable de ne pas 
le garder, car nous trouvons, par une autre mention, que le maître parti- 
culier fut Ambroise Diergarde, et que la fabrication des monnaies avait lieu 
à Bruges. Ce maître particulier prête serment le 3 mai 1487, et fournit une 


caution de 200 livres de gros. 


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ET DISSERTATIONS. 409 


« présentement forgier, lequel réal dor fin à ce pris se fera 
« à lavenant du double patart, icellui compté pour v gros 
« et demy, et (vaudra?) mx vi patars de deux gros, mon- 
« noye de Flandre, et tiendra xxiv karas dor fin, au re- 
« mède de deux grains dor fin sur chacun marc deuvre, et 
« par ainsi sera ledit réal aussi bon que ung noble dor 
« Henricus, forgié en Engleterre, et en poix xvi diceulx 
« deniers au marc de Troyes, au reméde dun demy ester- 
« linc sur le marc dor; lequel denier ledit maistre fera 
a ouvrer bel et rond et de bon poix, et pourra avoir ung 
« légier et ung fort sur chacun marc, assavoir que le lé- 
« gier pourra peser un aeskin prés du droit et ung fort 
« ung aeskin plus fort que le droit, sans aucun aultre re- 
« méde en poix ne en aloy. » 
« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier de fin 
« or appellé noble de Bourgoingne, qui aura cours pour 
« douze réaulx dargent monnoye dite et tiendra xxiv karas 
« dor, au remède de deux grains comme dessus et de xxx1v 
« deniers en taille au marc, au reméde dun demy esterlin 
« sur le marc deuvre. Lequel denier il fera faire bel et 
« rond et de bon poix, et pourra avoir de remède deux 
« fors et deux foibles sur chacun marc; assavoir que cha- 
« cun fort pourra peser ung aeskin plus fort que le droit, 
« et le plus foible ung aeskin prés du droit, sans aucun 
« autre remède nen poix nen aloy. » 
« Item, ledit maistre fera ouvrer ung autre denier dor 
« appelé florin de Bourgoingue dor fin, qui aura cours pour 
« six réaulx dargent, monnoye dessusdite, à xxIv karas, au 
« remède de deux grains comme dessus, et de v* vin“ de 
« taille au marc de Troyes, au remède dun demy esterlin sur 
« le marc deuvre, lequel denier il fera ouvrer bel et rond et 
« de bon pois au remède de trois fors et de trois foibles, 


110 MÉMOIRES 


a assavoir que chacun fort pourra peser ung aeskin plus 
« fort que le droit et le légier à ang aeskin près du droit, 
« Sans autre remède en poix ne en aloy. » 
« Item, ledit maistre donnera aux marchands et chan- 
« geurs de chacun marc dor fin à xxiv karas, Lx vir livres 
« YIS. vid. dempirance chacun desdits florins comptés 
« pour une livre dempirance revalué chacun florin à vir. s. 
« 1x. den. monnoye de Flandres, et rabatra ledit maistre aux 
« marchans sur chacun marc de Nobles Henricus, Salus, 
« Ducas, florins de Hongerie, riders et semblables deniers 
« VIS, viii d. dempirance, ainsi demeure pour seignouraige 
«et ouvraige xi. s. 1. d. dempirance. » 
« Item, ledit maistre donra aux marchans et chan- 
« geurs de chacun marc daloy, m livres dempirance net, 
a car en ce est rabatu le sallaire que ledit maistre doit avoir 
« pour son droit de cyinentaige. » 
« Ledit maistre fera forgier ung denier dargent fin ap- 
« pellé Réal dargent, dont les xxiv vauldront ung réal dor, 
« et seront à onze deniers quatre grains dargent fin en aloy 
«et de xxxv deniers en taille au marc de Troyes, à deux 
« grains de reméde en aloy et de ung estrelin en pois sur 
« chacun marc deuvre ; lequel denier il fera forgier bel et 
« rond et de bon poix, au reméde de deux fors et de deux 
« foibles, assavoir que chacun fort pourra peser ung deus- 
« kin plus fort que le droit et les foibles chacun ung 
« deuskin prés du droit, sans autre reméde nen poix nen 
« aloy. n 
« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dargent 
« fin appellé Double Griffon dont les xtvm« vauldront ung 
« réal dor, et seront à onze deniers 1111 grains dargent finen 
« aloy et de v. s. x. d. en taille au marc de Troyes à deux 


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ET DISSERTATIONS. ALA 


« grains de reméde en aloy, et dun demi diceulx deniers en 
« taille sur chacun marc deuvre; lequel denier il fera faire 
« bel et rond et de bon poix, au remède de trois fors et de 
« trois foibles sur chacun marc deuvre, assavoir chacun 
« des foibles à ung deuskin près du droit et les trois fors à 
« ung deuskin plus fort que le droit, sans autre reméde en 
« poix nen aloy. » : 

« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dar- 
« gent fin appellé sengle Griffon, dont les 1111** et xvi vaul- 
« dront ung réal dor et seront 4x1. d. ust gr. dargent et de 
« XI. s. vit. d. de taille au marc de Troyes, lequel denier 
« il fera faire bel et rond et de bon poix, et pourra avoir de 
« remède vi fors et six foibles sur chacun marc deuvre, 
a assavoir que chacun fort pourra peser a ung deuskin 
« plus fort que le droit, et chacun foible ung deuskin près 
« du droit, sans autre reméde en poix nen aloy. » 

« Item, ledit maistre fera forgier un autre denier dur, 
« dont les six vauldront ung sengle griffon à deux deniers 
« douze grains daloy dargent fin, et de xvi. s. vi. d. de 
« taille au marc de Troyes à deux gr. fin de remède en 
«aloy et de vii diceulx deniers de taille au marc de 
« Troyes (sic), lequel denier il fera faire bel et rond et de 
«bon poix, et pourra avoir de remède huit fors et huit 
«foibles sur chacun marc deuvre, assavoir que chacun 
«fort pourra peser à ung deuskin plus fort que le droit, et 
« chacun foible à un deuskin près du droit, sans autre 
« remède en poix ne en aloy. » 

« Item, ledit maître fera encore forgier ung autre denier 
« dur dont les douze vauldront ung sengle griffon, et sera 
«al. d. xu.'gr. en aloy dargent fin et de xxx. s. Iv. d. 
« de taille au marc de Troyes, à 11 gr. fin de remède en aloy 
«et de douze diceulx deniers en poix sur le marc deuvre, 


112 MÉMOIRES 


« lequel denier il fera faire bel et rond et de poix égal, 
« sans prendre aucun autre remède en poix ne en aloy. » 

« Item, ledit maître fera ouvrer ung autre denier dur 
« dont les xx1v vauldront ung sengle griffon etseront à ung 
« denier douze grains dargent fin et de xt. 8. de taille au 
« marc de Troyes, à deux grains de remède en aloy et de 
« xvi diceulx deniers en pois sur chacun marc deuvre, le- 
« quel denier il fera faire bel et rond et de bon poix et 
« égal sans prendre aucun autre remède en poix ne en 
«aloy. » 

Le prix du marc d'argent fin à donner aux marchands 
est fixé à 44 simples griffons et demi, ce qui équivaut à 
46. 1. 8. d. de gros’. 

Cette instruction renferme en outre quelques prescrip- 
tions qui sont la reproduction de celles contenues dans 
l'ordonnance du 20 avril 1487 qui l’a précédée, et que je 
crois également utile de faire connaître. La première est 
relative à la proportion qui doit exister entre le nombre 
des diverses monnaies émises par l'atelier de Bruges. « Le- 


1 Voici encore quelques autres mesures comprises dans l'instruction : 


« Item, toute dure matière au dessoubz de vid. daloy dargent fin qui sera 
« délivré à la monnoye sera convertie en telz deniers que la matière le re- 
« querra, et se lon avoit a faire de plus petits deniers ledit maistre en fera 
« par l'ordonnance du gouverneur et généraulx maistre, gardes et contre- 
« gardes. » 


Quant sux bas billons qui seront apportés, si les marchands veulent être 
payés en deniers d'argent fin, ils donneront pour affinage, savoir : de l'argent 
à 6 deniers, 6 gros du marc; à 7 deniers, 5 gros; à 8 deniers, 4 gros; à 9 de- 
niers, 3 gros, et rien de l’argent à 10 deniers. 

Les remèdes en poids et en sloi seront au profit du roi sans que le mattre 
puisse y rien prétendre. 

Le fnaître ne pourra fermer la monnaie faute d’ouvrage; mais il devra tou- 
jours y maintenir le nombre de personnes suffisant pour recevoir les matières 
qu’on y apporterait. | 


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ET DISSERTATIONS. 413 


« dit maistre sera tenu de faire forgier de chacun vingt 
« marcs dor, ung marc de royaulx dor et deux marcs de 
« nobles de Bourgoingne et les autres dix-sept marcs en 
« fin florins de Bourgoingne, se ce n’estoit que par lesdits 
«gouverneurs et généraulx maistres lui fut ordonné 
« de forgier plus desdits royaulx ou nobles, pour la com- 
« modité et à la requeste desdits marchans, ce qui en 
ace cas il pourra faire... . ..,...,...... 
ess ee + es Item, Gra faire de chacun cent marc 
‘a dargent, qui lui seront délivrés, dix marcs de royaulx, 
« vingt marcs de doubles griffons et les autres soixante dix 
« marcs en sengles griffons se ce nestoit que par les gou- 
« verneurs et généraulx maistres, lui fust ordonné de for- 
« gier plus desdis grands deniers pour la commodité et 
« requeste desdits marchans, ce que en ce cas il pourra 
« faire. » Le roi des Romains ordonne aussi, pour parer 
aux fraudes que commettent les maîtres particuliers, que 
désormais la ferme des monnaies se baillera au plus offrant 
et dernier enchérisseur, et que, dans je cas où l’on recon- 
naitrait qu’il y a eu des fraudes commises, le maître par- 
ticulier sera puni par la confiscalion de son corps pour en 
faire la justice du chaudron. 

L’ordonnance évalue aussi les monnaies dont le cours 
est autorisé en Flandre. Cette évaluation, faite en gros, 
n'étant pas donnée par l'instruction ci-dessus, pour les 
nouvelles monnaies, je crois utile de la transcrire : 

«. . . Le royal d’or à cent quaire vingt six patars qui 
« revient à trente et 1 solz gros, monnoye de Flandres; le 
« noble de Bourgoingne à quatre vingt treize patars valant 
« dix-sept sols neuf deniers gros. . . . . les florins à la 
« croix de Saint-Andrieu, à trente-trois patars . . . . le 
« réal d'argent à quinze gros et demy, les doubles griffons 

1869, — 2. 8 


414 MEMULRES 

« à sept gros dix huit mittes, le sengle griffon, trois gros 
« vingt et une mittes, le petit dur denier appelé le denier 
« du roy, dont les six vauldront ung sengle griffon, les de- 
« miz deniers du roy, dont les douze vauldront ung sengle 
« griffon, et le quart dont les vingt quatre vaudront ung 
ssengle griffon, . . . . » 

Ladite ordonnance ajoute que les deniers d’or ayant 
cours seront reçus quand ils auront leur poids et non au- 
trement. La valeur des monnaies anciennes inférieures au 
gros, et des monnaies noires forgées dans les quatre mon- 
naies des Etats des archiducs, devaient conserver lear an- 
cienne valeur. 

Louis Deschamps DE Pas. 

(Sera continué.) 


ET DISSERTATIONS. , 445 


EXAMEN DE DIVERSES MONNAIES ITALIENNES 


ATTRIBUEES 


A MADEMOISELLE DE MONTPENSIER. 


Dans son ouvrage intitulé Monnaies féodales de France, 
M. Poey d'Avant, qui n’admet pas ordinairement la des- 
cription des monnaies étrangères imitées des pièces fran- 
çaises, a fait cependant de rares exceptions pour quelques 
deniers romains ‘ et pour la série des douzièmes d’écu ou 
oftavetti copiés en Italie d'après ceux qu'avait fait fabriquer 
à Trévoux Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston 
d'Orléans. Nous ne discuterons pas cette fantaisie, mais nous 
ferons remarquer qu'outre les luigini donnés comme étant 
émis par des ateliers étrangers (n°* 5254 à5267), cet auteur 
introduit dans son catalogue une vingtaine de pièces qui 
ne représentent pas réellement la princesse de Dombes, 
comme sa classification donnerait lieu de le croire, et 
comme il le dit d'ailleurs en propres termes. 

Il est quelques-unes de ces monnaies dont l’origine est 


1 Voy. t. IIL, pl. CXXXIX, n° 1 à 6, les deniers romains frappés à l’imi- 
tation de la monnaie provinoise. D’autres monnaies imitant les deniers de 
Bretagne, de Bourgogne, etc., et fahriqués dans l'Europe septentrionale, 
ont été passées sous silence. Elles mériteraient cependant une mention, car 
la barbarie de leurs légendes embarrasse quelquefois les collectionneurs, et 
tout le monde ne sait pas le secret de leur origine. 





116 | MÉMOIRES 


sans doute encore difficile à déterminer; mais ce n’est pas 
une raison pour les faire entrer dans la série française, 
et, de plus, il serait bon de les publier d’une façon plus 
correcte, ou de fournir au lecteur quelques explications 
qui ne lui seraient pas inutiles. 

Prenons, par exemple, les n° 5248 et 5249. 

4° ARETH.PROL.AILANTI (sic). Buste de femme, à 
droite. 

®. HESPERIDVM DECVS. Écu couronné, chargé de 
trois tiges d’oranger simulant des fleurs de lis. Dans le 
champ, 1668. — Douziéme d’écu. Collection Morin-Pons 
(aujourd'hui médaillier de la ville de Lyon). 

2° Variété avec PRO.ATLANT. — Douziéme d’écu. Col- 
lection Nogent Saint-Laurent. 

« Que dire, ajoute M. Poey d'Avant, de ces singulières 
pièces dont les légendes bizarres sont quelquefois intra- 
duisibles ? » (T. III, p. 414.) 

Nous ignorons, à la vérité, quelles sont spécialement 
les monnaies qui ont inspiré cette opinion à l’auteur des 
Monnaies féodales. La façon dont les légendes de quel- 
ques-unes sont transcrites par lui pouvait contribuer à 
faire naître certaines difficultés; mais encore n'y a-t-il 
pas là un obstacle bien sérieux. 

Quant aux deux pièces de 5 sols après la description des- 
quelles M. Poey d'Avant a inséré sa remarque ou sa ques- 
tion, leur légende n’est pas fort embarrassante. 

Si, par exemple, on consent à lire avec nous : Arethusa 
proles Atlantis, Hesperidum decus, il sera facile de faire 
accorder ce texte si clair et si court avec le type composé 
de trois tiges d'oranger. 

Aréthuse est une des nymphes Hespérides. Fille d’ Atlas 
et de sa nièce Hespéris, fille d’Hespérus, elle était une 





ET DISSERTATIONS. 417 


des sept sœurs dont Diodore de Sicile a dit: « Elles fu- 
rent appelées Atlantides à cause de leur père, et Hespé- 
rides à cause de leur mère, && ard pèv tod natpd¢ Athaveldac, 
xd & cig untpds Horapidac dvoprzebiva:*. » Diodore ne nomme 
pas Aréthuse, il est vrai, dans ce passage; mais cette 
nymphe est citée par Apollodore *. Le xvii‘ siècle savait 
parfaitement tout cela *. 

Nous n'avons pas besoin de rappeler que, comme tout 
beau verger africain, le jardin des Hespérides renfermait 
de superbes orangers dont Hercule déroba les pommes 
d’or. À ces fruits célèbres s'appliquent encore ces mots : 
HESPERIDVM DECVS. Mais les jardins des Alpes-Mari- 
times et de la Ligurie sont aussi trés-fournis d’orangers, 
et c'est dans cette contrée que nous pouvons chercher 
l’origine de lAréthuse représentée sur les pièces de 
5 sols‘. Mademoiselle de Montpensier n'a rien à pré- 
tendre en cette affaire. 

Les légendes LILIA SPINAS QVIS DICET (n° 5245) et 
IN SPINES (sic) CERVLEA FLORENT (n° 5237) rappellent 
Maria Maddalena Malaspina, femme du marquis de Fos- 
dinovo. Comment est-il possible que uous trouvions les 
monnaies qui les portent parmi celles de Trévoux ? 

Nous savons, du reste, par un document publié en 1859 
dans un ouvrage de M. Agostino Olivieri, que la légende 


1 Diod. Sic., lib. II, c. zx, 2, et lib. IV, ce. xxwvas, 1, 2. 

2 Bibliotheca, lib. II, v, 11, édit. de Westermann, 1843, p. 60. 

3 Lorsqu'on veut se faire une idée des ressources que le public avait à 
cette époque pour connaître les particularités de la mythologie, même sans 
faire des recherches dans les auteurs originaux, il faut lire les ouvrages de 
Noël Conti (Natalis Comes), et de Bachet de Meziriac qui étaient alors dans 
toutes les mains, 

* Au xvil* siècle, les familles italiennes faisaient encore usage d’une foule 
de noms antiques, tels que Polyxène, Zénobie, Artémise, Livie, etc. 





118 MÉMOIRES 


SIMVL TVTANTVR ET ORNANT (Poey d'Avant, n° 5236) 
était attribuée à l'atelier de Torriglia par ordre d’Yolande 
Lomellina, princesse Doria, tout comme la légende 
SANCTAE SIT TRIAD] LAVS devait être adoptée par l'a- 
telier de Loano *. 

Un ottavetto de Jean André Doria (1665) porte au revers 
DEVS PROTECTOR MEVS; un autre d’Yolande Lomellina 
(1666), PVLCHRA VIRTVTIS IMAGO du côté de la téte; alors 
donc que nous trouvons au milieu des monnaies attribuées 
à Mademoiselle, une pièce de même valeur offrant les lé- 
gendes HÆC EST PALANTIS IMAG et DEVS MEVS ET 
REDEMPTOR, 1668, nous voyons bien qu'il s'agit encore 
là d’un produit de quelque zecca italienne, d’autant plus 
que la lettre C placée sous l’écu ne saurait être prise pour 
le différent de l’atelier de Trévoux ; mais conviendrait fort 
bien, tout comme la date, à celui de Campi dans le val de 
la Trebbia *. 

Sous le n° 5267, l’auteur des Monnaies féodales décrit 
la pièce que voici : 

IVL.M.S.R.I.PRINC.SOVV.DOM. Tête de femme. 

à. MELLIBAT.EX.LILIIS. Écu couronné, 4669. — Dou- 
zième d'écu. Pl. CXIX, n° 10. « À qui appartient ce 
douzième d’écu (ajoute M. Poey d'Avant) dont la légende 
semble indiquer un prince allemand? » (P. 417.) 

Mellibat est un mot latin que M. Poey d'Avant paraît 
avoir rangé, non sans raison, parmi les intraduisibles. Il 


1 Monete medaglie e sigilli dei principi Doria, p. 66 et 73; documents datés 
de.1665 et 1666. 

2 Agost. Olivieri, Monete ¢ sigilli dei principi Centurioni-Scotti, Gènes, 1862, 
p. 2l et suiv. A la page 27, M. Olivieri déclare qu’il n’avait pu retrouver quel _ 
était le type des otfaretti fahriqnés à Campi par Joan et Laurent Massaure, 
d'Avignon. 


ET DISSERTATIONS. 419 


était cependant parfaitement libre de couper la légende 
comme bon lui semblait, puisqu'elle ne contient pas les 
points qu'il y a introduits tout à fait arbitrairement. Mel 
libat ex liliis paraîtra probablement plus facile à com- 
prendre. Quant au prince allemand, on se demande par 
suite de quelle préoccupation il a pu être amené dans 
cette série monétaire tout à fait italo-française. 

Il est impossible de ne pas rapprocher la légende que 
porte le luigino qui vient d’être cité de celle qui entoure, 
sur de belles pièces d'or et d’argent, les bustes de Jean 
Baptiste I Centurione, marquis de Campi, et de sa femme 
Julie Spinola (1668), 10. BAPT. CENTVRIO. ET.IVL.M.MAR. 
CAMP.ET.SAC.ROM.IMP.PRINCIPES, et il devient alors 
aisé de lire sur la pièce de 5 sols: Iulia marchionisa, 
sacri romani imperû princeps, sovvrana domina. Je ne puis 
pas demander au lecteur de me croire sur parole si je lui 
dis que cette transcription m'avait été suggérée par la 
premiére lecture que jai faite du trés-bon mémoire de 
M. Ag. Olivieri, intitulé : Monete, sigilli dei principi Cen- 
turioni-Scotti, Génes, 1862 ; mais je suis heureux de pou- 
voir indiquer l’explication fournie par le même savant, 
deux ans plus tard, en 4864, dans la Rivista della numis- 
matica, p. 59. Peu importe que mes notes soient restées, 
avec beaucoup d’autres, dans mes cartons; l'essentiel est 
que la vérité apparaisse. La transcription que j'ai donnée 
diffère à peine, du reste, de celle qu’a imprimée M. Oli- 
vieri. J'ai écrit marchionisa et non Maria parce que ce 
dernier nom ne figure pas dans les tables généaologiques 
publiées par M. Olivieri lui-même, et j'ai complété SOVV. 
DOM., mots qui certainement ont été tracés pour imiter le 
titre de souveraine de Dombes, mais qui ont un sens ita- 
lien, qui ne peuvent pas avoir été gravés pour n’étre pas 


4,20 MEMOIRES 


lus. Je ne sais pourquoi M. Olivieri les abandonne. En 
parlant des luigini d’' Yolande Lomellina, princesse Doria, il 
refuse à deux reprises différentes d’expliquer une légende 
qui n’offre pourtant rien d’extraordinaire. 

DON. VI.LO.PRINCI.S.VED.D. ( Donna Violante Lomel- 
lina, principessa sovrana, vedova Doria). « Cet S., disait- 
il en 1859, n'a pas de sens et n'admet pas d'explica- 
tion’. » « Légende en grande partie inexplicable,» ajoute- 
t-il en 1864 *, André III Doria, mort en 1654, avait épousé 
Yolande Lomellina en 1652, et l’ottavetto porte la date 
de 1665. Ce titre de sovrana faisait partie de limitation 
des pièces de 5 sols de Mademoiselle. M. Poey d'Avant, 
qui a reproduit la monnaie d’ Yolande d'après M. Olivieri, 
n’a pas pu combler la petite lacune dont s'est effrayé son 
prédécesseur. Ce même numismatiste a cru devoir donner 
dans ses Monnaies féodales de France la description des 
ottavetii de Fosdinovo ; mais il s’est borné à copier le tra- 
vail de M. Mantellier, et il a négligé de consulter Viani 
(Memorie della famiglia Cybo e delle monete di Massa di 
Lunigiana, 1808, in-h°), ce qui l'a privé de connaître la 
variété la plus importante, le luigino à la légende M.MAD. 
MAL.MAR.SOVV.DI.FOSD., 1667 ( Maria Maddalena Ma- 
laspina marchesana sovurana di Fosdinovo) (tab. XIV, 
n° 4), pièce dont la légende est décisive. Il en existe an 
bon exemplaire au Cabinet des médailles de la Biblio- 
thèque impériale °. | 


1 Monete, etc., dei principt Doria, p. 36. 
2 Rivista della numismatica, Asti, 1864, t. 1, p. 59, 

3 Cette dame était marquise de Ponsanello et de Marciaso (MARCHION. 
PONSAN.ET.MARC.), et non pas de Ponzano et de Montemarcello, Voir à 
ce sujet les observations de M. A. Remedi, dans le Bullettino di numismatica 


italiana, anno II, 1867, p. 4. 





ET DISSERTATIONS. 494 


Sous le n° 5231, M. Poey d'Avant donne la description 
suivante : 

AN.MA.LIV.COM.PALAT.SOVV.DOM. Tête à droite. 

_ À. DNS.ILLVMINAT.ET.SALVS.MEA. Écu couronné, 
4658 ; à l'exergue, A. Collection Norblin. (PI. CXVIIT, n° 43.) 

Si l'on recourt à la planche indiquée, on trouve MAR. 
LIV.COMPA.LAT.SOW.DOM. Ainsi, d’abord, la planche et 
la description ne sont pas conformes, Mais M. Poey d’ Avant 
renvoie à la monographie de M. Mantellier à laquelle il 
paraît avoir emprunté son dessin, Or, à l’endroit cité, 
dans la pl. XI, n° 3, de ce dernier ouvrage, on trouve un 
luigino portant MAR.LIV.COM.PA. LAT.SOW.DOM. La leçon 
AN.MA.LIV. est donc purement imaginaire, et nous n’a- 
vons pas à nous en occuper. M. Poey d Avant repousse la 
traduction Marie Louise Julienne, comtesse palatine, pro- 
posée par M. Mantellier; mais il croit que «le mot LIV. 
n’est pas autre chose que le nom de Louise» (p. 412), et 
{a encore il se trompe tout à fait. Comment n'a-t-il pas 
été mis sur la voie par la légende de l'oftavetto qu'il dé- 
crit sous le n° 5234 ? 

LIV.MA.PRI.SP.COM.T.SOW.DOM (1666), évidemment 
Livia marchionisa, princeps Spinula, comitissa Tassaroli, 
sovvrana domina. 

Philippe, fils de Maximilien Spinola et d’Yolande Spi- 
nola, né en 1606, inscrit au livre d’or en 1628, mort 
en 1688, avait épousé Livia Centurione Oltramarini, fille 
d'Adam Centurione. Il était comte de Tassarolo, et nous 
connaissons la monnaie qu'il frappait à son propre nom 
en cette qualité. Le T inscrit au-dessous de l’écu sur la 
pièce de la collection Morin est l'indice de Tassarolo. 

L’ ottavetto ou luigino de 1658 porte la légende Marchio- 
nisa Livia, comitissa palatina, sovvrana domina. Cela est 


122 MÉMOIRES 


fort naturel, puisque sur sa monnaie de 1637 Philippe, 
époux de Livie, prend le titre de comte palatin : PHILIPPVS. 
SP.D.G.COM.PAL; de même que sur ses belles monnaies 
de 1606 Agostino Spinola est nommé : AVGVS.SPIN.COM. 
PALATINVS, et sur une pièce d’or de 1642 : AVGustinus SPi- 
nula, COMes PALatinus Sacri Romani Imperii '. On doit se 
garder de confondre ces comtes palatins d'Italie avec les 
électeurs de la Pfalz du Rhin. Il n’y a là ni intention iro- 
nique, ni allusion à des projets de mariage de Mademoi- 
selle de Montpensier avec un palatin de Neubourg. I faut 
bien se dire, une fois pour toutes, que ces légendes : Hanc 
Asia mircem querit. — De procul pretium ejus. — Partes 
voluptali orientalium dicatz, etc. , se rapportent uniquement 
à l'engouement que les ottavetti avaient fait naître en 
Orient, et au commerce considérable qni s'en suivait. Il n'y 
a rien de satirique à y chercher. 

On pourrait peut-être, si l’on savait définitivement dans 
quel atelier a été fabriquée la pièce n° 5240, trouver dans 
la légende HÆC EST PALANTIS IMAGo, non pas seulement 
le nom de Pallas, mais une allusion au titre de palatine. 
Vers le milieu du xvii‘ siècle une nasale s’est introduite dans 
ce dernier mot, et l’on a écrit conte palentin et pallentin *. 
Nous ne savons si cette singulière orthographe fut adoptée 
en Italie, et nous n’insistons pas sur ce sujet. Palantis de 
1668 n’est peut-être qu'une imitation de Virtutis de 1666. 
L’enchevétrement de copies produit par la fabrication des 
otlavetti doit toujours être pris en considération. 


1 Agostino Olivieri, Monete ¢ medaglie degli Spinola, Gênes, 1860, pl. V, 
n° 5; pl. IV, n° 2, 3; pl. II, n™ 2, 4, 

2 Voir à ce sujet le Journal de Jean Bauchez, greffier de Plappeville (1551- 
1651), publié par MM. Ch. Abel et E, de Bouteiiler, Metz, 1868, p. 1, 278 
279, | 





ET DISSERTATIONS. 423 


Sous les n** 5238 et 5246, M. Poey d'Avant classe, tou- 
jours parmi les monnaies portant l’efligie de Mademoiselle, 
deux pièces de 5 sols au revers desquelles on lit BONITATIS. 
VNC.QVATVOR et BONITATIS VNCIARVM.QVINQ, c’est-a- 
dire accusant un titre de quatre et de cing douzièmes d’ar- 
gent fin. Or c’est là de la fausse monnaie s'il en fut jamais, 
et la responsabilité d’une pareille fabrication doit être 
laissée tout entière aux copistes sans vergogne qui contre- 
faisaient les monnaies françaises en dehors de nos fron- 
tières. L'attribution de ces pièces à l'atelier de Trévoux 
pourrait donner lieu à des assertions calomnieuses. Nous 
ne devons pas oublier que nous préparons des documents 
pour les historiens. 

Enfin, sous les n°’ 5262 et 5265, l’auteur des Monnaies 
féodales a reproduit les fautes d’impressions échappées à 
M. Mantellier décrivant deux luigini de Fosdinovo, à savoir: 
M.MADAL.MAI (au lieu de MAL qu'offre bien réellement la 
pièce de la Bibliothèque impériale), et MARC.FOSD., leçon 
à laquelle M. Poey d'Avant croyait si bien, qu'au numéro 
suivant (5266) il indique une variété avec MARCH, appar- 
tenant au Musée de Saint-Omer. M. Poey d'Avant, censé 
avoir étudié attentivement notre collection publique, et 
attester l'existence de tel ou tel monument relevé par lui, 
n’a fait, en somme, que compiler les ouvrages de ses de- 
vanciers, et il ne faudrait pas s'appuyer sur son témoi- 
gnage pour réclamer des monnaies qui n’ont jamais existé. 
J'en conclus que tout son chapitre sur la numismatique de 
Mademoiselle de Montpensier est à refaire d’un bout à 
l'autre. 


AD. DE LONGPERIER. 


Se cm. que made que we - enue 


42h MEMOIRES 


LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPERIER 


SUR 


LES MONNAIES DE L'ABBAYE DE DISENTIS 


DANS LE CANION DES GRISONS EN SUISSE. 





Monsieur, la découverte d’une monnaie inédite, surtout 
lorsqu'elle émane d'un prince dont aucun monument nu- 
mismatique n'était connu jusqu'alors, est toujours un petit 
événement qui fait époque dans nos études. Une trouvaille 
faite aux environs de Mayence, il y a quelques années, mais 
qui malheureusement, comme cela arrive presque toujours, 
est tombée entre les mains d'un marchand qui en a dispersé 
les pièces, contenait une monnaie du plus haut intérêt pour 
Ja numismatique du canton dont je m'occupe spécialement 
depuis plusieurs années. Cette nouvelle acquisition m'a 
engagé à passer en revue tout ce que nous possédons pour 
Disentis, localité à laquelle elle appartient. La rareté des 
monnaies de cette abbaye, et l'importance qu'il y a à com- 


ET DISSERTATIONS. 425 


pléter la liste des personnages qui ont joui du droit de 
battre monnaie, me font supposer que le sujet, quoique 
étranger à la France, ne manquera pas cependant d’inté- 
resser les numismatistes de votre pays. Si je ne me suis pas 
trompé à cet égard, je vous prie, monsieur, de vouloir bien 
faire à mon petit travail l'honneur de l'insérer dans votre 
Revue. 

Commençons par un apérçu succinct de l’histoire des 
origines de l’abbaye. Les historiens en font remonter la 
fondation au commencement du vil* siècle de l’ère chré- 
_ tienne, et l’attribuent à Sigebert, missionnaire irlandais, 
venu du monastère de Bangor’, où l'abbé Camogall avait 
attiré trois mille moines, dont l’un, nommé Luanus, fonda à 
lui seul ceut autres monastères”. 

Vers la fin du vi* siècle, Columbanus le jeune quitta le 
monastère de Bangor, et se rendit sur le continent avec 
douze disciples et compagnons au nombre desquels se trou- 
vaient Gallus, fondateur de l'abbaye de Saint-Gall, et Sige- 
bert qui, après de longs voyages se dirigea enfin vers la 
Rétie, où il arriva en 614, dans le pays des Ætuates, dont 
le nom s'est conservé sous la forme Tavetsch, adoptée 
aujourd'hui dans la contrée. Là, il entreprit la conversion 
des païens. Un noble rétien nommé, Placidus, lui céda un 
coin de terrre pour y établir un couvent. Victor, comte de 
Coire, jaloux de ce don, fit mettre Placidus à mort; mais 
peu de temps après, ce comte s'étant noyé par accident, sa 
mort fut considérée comme l'effet d’un jugement de Dieu. © 
Ses fils, dont l’un nommé Thello était évêque de Coire, pour 


1 Bangor est dans le comté de Down; il y avait en Angleterre, dans le pays 
de Galles (comté de Caernarvon), un autre monastère qui portait le même 
nom. 

? Nagel, Geschichte des Klosters Si. Gallen. 


126 MÉMOIRES 


sauver l'âme de leur père, restitutrent à Sigebert le don 
que lui avait fait Placidus, et lui prètèrent leur assistance. 
Telle fut l'origine de l'abbaye de Disentis, dont on fait 
dé:iver le nom de Desrrlinensis, l'abbaye du désert; c’est 
du moins l'opinion de Guler de Weineck, auteur d'une His- 
toire de la Rétie publiée en 1616 et dédiée à Louis XIII. 
Le sceau de l'abbé actuel porte la légende : GALLUS Il 
ABBAS MONS:DESERT:0.S.B. (ordinis sancti Benedicti) *. 

Suivant Haller, l'abbaye prétend avoir obtenu le privi- 
lége de frapper monnaie de l'empereur Frédéric III en 
1466°. 

Chrétien de Castelberg fut nommé prince du Saint-Em- 
pire par l’empereur Maximilien II qui, en 1574, renouvela 
en faveur de l'abbaye le droit de battre monnaie. 

Jusqu'à présent, on ne connaissait aucune monpaie 
frappée par cet abbé. La trouvaille de Mayence vient de 
nous en fournir une. Ce petit monument, si intéressant 
malgré son exiguité, m’a éé communiqué par M. Jules 
Isenbeck, de Wiesbaden, qui a eu l'extrêine obligeance de 
me le céder avec un désintéressement que je me fais un 
devoir de signaler en lui en témoignant publiquement ma 
vive reconnaissance. Un siècle et demi plus tard, l'abbé 
Gallus de Florin frappa des pfennings qui étaient inconnus 
il y a quelques années, et dont je trouvai dans la belle 
collection de Lohner à Thoune un exemplaire que j'ai pu- 
blié dans le Journal numismatique de Weissensee, 1867, 
n° 7. 


1 Ou peut noter que Disenberg (dans le diocèse de Mayence) se nommait 
Disibodi-Mons, et tirait son nom de celui de saint Disibod, évêque irlandais, 
venu près du Rhin au vni° siècle pour y propager le christianisme. Suivant 
le géographe Baudrand, au xvii* siècle Disentis se nommait Discentium, 

2 Beschreib, Schweizer. Manz., t. II, p. 373, 





ET DISSERTATIONS. 427 
Le troisième et dernier abbé qui exerça le droit de battre 
monnaie fut Marianus de Castelberg qui, en 1729, émit des 
creutzers dont on connaît maintenant plusieurs variétés. 
Peu de temps après, la fabrication de eette petite monnaie, 
qui est d'une rareté si grande qu'on la paye jusqu'à 45 fr., 
le comte Thomas de Schauenstein, craignant la concur- 
rence, porta plainte à l’empereur et fit retirer à l’abbaye 
l'ancien privilége dont elle avait été en possession depuis 
plusieurs siècles'. Passons à la description des monnaies 
si peu nombreuses que nous avons retrouvées. 


Chrétien de Castelberg (1566 à 1584). 


Pfenning d'argent uniface un peu concave. Armes écar- 
telées de l’abbaye et de la famille de son supérieur, dans 
un écu de forme espagnole; aux premier et dernier quar- 
tiers, la croix de Saint-André pour l'abbaye; aux second 
et troisième, une tête de pélican, armes de Castelberg. Au- 
dessus de l’écu, la lettre C initiale du nom de baptéme 
de l’abbé; le tout dans un cercle de perles. Diamètre, | 
13 millimètres; poids, 05,23. (Vignette n° 4.) 


Gallus de Florin (1716 à 1724). 


Pfenning de billon uniface et plat. Armes de la famille 
de Florin dans un écu de forme allemande, entouré des 
lettres initiales G-A-D, c’est-à-dire Gallus abbas Deserti- 


{ À cette époque, dans le petit pays des Grisons, l’évêque de Coire, le 
seigneur d'Haldenstein et le comte de Schauenstein-Reichenau émettaient 
simultanément des monnaies. Si l’on ajoute à cela les monnaies des faus- 
saires établis dans la Valteline, on aura une idée du numéraire alors en 
circulation et de la confusion qui devait nécessairement en résulter, 


428 MEMOIRES 


nensis, le tout dans un cercle formé de petits traits rayon- 
nants. (Vignette n° 2.) 


Marianus de Castelberg (1724 à 1742). 


Creutzer. Au droit, MAR. D.G.A-B.D.S.R LP, c’est-à-dire 
Marianus Dei gratia abbas Desertinensis, sacri Romani im- 
perit princeps. Armes écartelées de l’abbaye et de la famille 
de Castelberg dans un écu ovale posé sur un cartel con- 
tourné et surmonté d’une mitre avec fanon, et d’une crosse; 
mais sans glaive. Revers, CAR. VI.D.G.R.I.S.A. 1729, c’est- 
à dire Carolus sextus Dei gratia Romanorum imperator sem- 
per augustus, L’aigle impériale à deux têtes portant sur la 
poitrine un petit écu ovale dans lequel le chiffre 4 indique 
la valeur de la monnaie. (Vignette n° 3.) 

Il existe cinq variétés de cette pièce rare. Poids, Os',55. 
Comme elle a été fabriquée à l'aide d'un cylindre, il est 
à présumer qu'il en existe une sixième variété. Depuis le 
commencement du xvi‘ siècle jusque vers la fin du xvi", 
on s’est servi en Suisse et en Allemagne d'un procédé de 
fabrication qui devait être fort expéditif et qui consistait 
dans l'emploi d’un cylindre ou rouleau d'acier sur lequel 
le type de la monnaie était gravé en creux et répété plusieurs 
fois sur la surface courbe, en sorte que la fabrication était 
un laminage. Mais comme les empreintes étaient gravées 
à la main, elles produisaient autant de variétés qu’elles 
se trouvaient de fois reproduites sur le rouleau d'acier. 
M. Morel-Fatio a déjà parlé de ce procédé dans son inté- 
ressant Essai sur le mot querne (Lausanne, 1866). 

Espérons que des trouvailles futures viendront accroitre 
la modeste série que je vous présente aujourd hui. 


C: F. TRACHSEL. 
Berlin, 19 avril 1869. 








ET DISSERTATIONS. 429 


NOTE SUR TROIS MEREAUX 
RELATIFS A LA CONSTRUCTION DU CANAL DE BRIARE. 


L’usage de la monnaie fiduciaire ou de convention, con- 
nue sous le nom de méreau, n'était pas particulier aux 
chapitres des églises cathédrales et collégiales. I] s’étendit 
aussi aux confréries, aux corpurations industrieiles, aux 
sociétés ouvriéres, et les tendances économiques, qui cher- 
chent à prévaloir aujourd'hui, sont plus propres à le re- 
mettre en vigueur qu'à le faire oublier. 

Parmi les différents exemples de l'application des mé- 
reaux à l’industrie, nous citerons l'usage qu'on en fit dans 
Ja construction du canal de Briare, commencée dans les 
premières années du xvu° siècle, interrompue à la mort 
de Henri IV, reprise et terminée à la fin du règne de son 
successeur. Voici ce qu'en raconte Dom Guillaume Morin, 
dans son Histoire générale des pays de Gastinois, Sénonois 
et Hurpois' : «Or, lorsque l'on travailloit audit canal, l’on 
« bailloit aux ouvriers qui estoient au nombre de plus de 
« douze mille, des méreaux de cuivre, pour avoir leurs 
« nécessitez par livre, sçavoir la chair et le pain, et le vin 
« par mesure : et les méreaux qui estoient pour avoir du 
« vin portoient d'un côté ces mots, via Ligeris in Sequa- 


4 Paris, Chevalier, 1630, in-4°. 
1869. — 2, 9 


130 MÉMOIRES 


a nam, et de l'autre, laboris recreativ, et une grappe de 
« raisin; pour la chair, il y avoit d’un costé du méreau 
« ces mots, necessitalis supplementum, et un porc gravé; 
« pour le pain, estoit une gerbe de blé, et autour ces mots 
a écrits, fulcimentum laboris'.» Dom Morin ajoute que le 
canal fut commencé en 1607, ce que semble démentir la 
date de 1606 que portent nos méreaux. 

Dans les QEconomies royales ou Mémoires de Sully, on 
trouve, à l’année 1604, le passage suivant, dans lequel un 
des secrétaires du ministre lui dit : | 


« Gette année fut poursuivie l’entreprise par vous de 
longtemps projettée, pour practiquer un Canal, qui joignist 
les navigations de Seine et Loire, et vous transportastes 
plusieurs fois sur les lieux, pour en recognoistre les com- 
moditez, et prendre les hauteurs et desclins des montagnes; 
En quoi vous estiez souvent interrompu par l'importance 
des autres affaires, desquelles bien peu se résolvoient sans 
vous; pour preuve de quoi, nous transcrirons icy seulement 
une lettre entre plusieurs autres que le Roi vous escrivit 
sur ce sujet, de laquelle la teneur ensuit : 


« Mon amy, Je vous fais ce mot, et vous dépesche ce 
courrier exprez, pour vous dire que le Connestable de Cas- 
tille, arrive dimanche à Paris, où l'on croit qu'il sera pour 
faire la feste, pour incontinent après se rendre icy, ce qui 
pourra estre mercredy ou jeudy au plus tard; c'est pour- 
quoy je vous prie de remettre vostre visite du Canal jusques 
à une autre fois, et vous rendre ici mardy de bonne heure; 
Adieu, mon amy, ce vendredy matin, 23 novembre, à 
Fontainebleau, Henry. » 


1 Page 30. 


A 


ET DISSERTATIONS. 431 

Ainsi qu’on le voit, nos méreaux représentaient le droit, 
qu’en raison de leurs travaux, les ouvriers avaient à une 
distribution quotidienne des trois choses les plus utiles à 
la vie : le pain, qui est le soutien du travail, FULCIMENTUM 
LABORIS; le vin, quien est la joie, RECREATIO LABORIS; la 
viande, distribuée sous forme de lard ou de porc salé pour 
réparer les forces épuisées, comme un supplément de nour- 
riture dû à un travail pénible: NEGESSITAS (pour NECESSI- 
TATIS?) SUPLEMENTU (si). 


Ges pièces ont un revers commun, exprimant le but du 
canal, qui est d'ouvrir une route entre la Loire et la Seine : 
VIA LIGERIS IN SEQUANAM. 1606, 

Tels sont ces trois méreaux qui étaient probablement 
fort répandus autrefois et qui sont devenus assez rares au- 
jourd'hui pour que leur reproduction et leur description 
aient quelque intérét. 

Pour réunir ici tout ce qui se rapporte à la numismatique 
du canal de Briare, nous ajouterons la description du jeton 
qui fut gravé en 1742, dans le but de rappeler et de con- 
sacrer le centième anniversaire de l'achèvement du canal 
qui avait été ouvert à la navigation en 1642. Ce beau jeton 


432 MÉMOIRES 


chef d'œuvre de Duvivier, présente d’un côté trois fleuves 
_personnifiés sous la figure d'une femme et de deux hommes 
appuyés sur leur urne penchante d'où s'échappe leau 
destinée à l'alimentation du canal. Ce sujet est ingénieu- 
sement commenté par la légende : CONCORDIA CRESCENT. 
L'exergue détermine plus spécialement l'intention commé- 
morative du jeton : NVMISMA SÆCULARE. Au revers, le champ 
est occupé par un écu qui porte d'argent à trois fasces 
ondées de gueules, et qui est entouré de cette simple légende : 
CANAL DE BRIARE. 1742. Cette pièce fournit une preuve du 
respect comme de l'affection que la postérité conserva pour 
ce premier instrument de navigation intérieure. 


ANATOLE DE CHARMASSE. 


elit EE a Re ea a I EE | —————— 
a ee 
Lune melee 


CHRONIQUE. 


eee 0 n—— 


TRÉSOR DE TARSE. 


Les quatre magnifiques médaillons d'or dont la Revue a 
publié la gravure (1868, pl. X,-XI, XII, XIII) viennent 
d'entrer dans notre collection nationale. MM. Rollin et Feuar- 
dent ont été assez heureux pour les faire revenir en France, 
et l'Empereur voulant que des monuments si importants 
pour la numismatique, pour l’histoire de l’art, fussent défi- 
nitivement livrés à l’examen du public studieux, s’est empressé 
de les acquérir au prix de 50,000 francs payés sur sa cassette 
particulière, et les a faits immédiatement déposer au Cabinet 
des médailles de la Bibliothèque impériale. Les journaux, en 
annonçant cet acte de munificence véritablement scientifique, 
ont reproduit divers détails empruntés à notre recueil qu’ils 
ont oublié de citer. L'essentiel est que nous ayions réussi à faire 
concevoir quelques idées exactes sur des monuments si pré- 
cieux. 


L’ATTRIBUT D'UBERITAS. 


L’attribut que porte la personnification de la Fertilité ou de 
la Fécondité, Uberitas, au revers des monnaies frappées au 
temps de l'empire romain a été expliqué de plusieurs façons. 
Les uns y ont reconnu une bourse, les autres une grappe de 
raisin; Cavedoni enfin a prétendu que cet objet n’était autre 
chose qu’un pis de vache (uber, ubera), et ce savant a rappelé en 


134 CHRONIQUE. 


cette occasion qu’au revers de certaines pièces de Carausius, 
on voit une femme occupée à traire une vache et accompagnée 
de la légende VBERITAS ou VBERTAS (Cohen, Zm périales, 
t. V, p. 535, n° 253, et p. 508, n° 43). 

M. H. Cohen n’a pas hésité à adopter l'opinion de Cavedoni, 
et dans le septième volume de sa Description historique des 
monnaies frappées sous l'empire romain (p.54), en parlant 
d’un aureus et d’un denier d'argent de Vespasien, décrits dans le 
premier volume de son ouvrage (p. 286, n* 443-445), il dit 
qu’on voit sur un trépied, placé auprès de la Paix, PAX AVG., 
tenant le caducée et une branche d’olivier, non la bourse de 
Mercure, comme il l’avait imprimé, mais un pis de vache. Il 
résulte de cette observation que la Fécondité, Uberitas, porte- 
rait le même attribut. 

Dès l’année 1862, M. Cohen s’était prononcé en faveur de 
l'opinion du célèbre numismatiste de Modène, et, je l’avoue, 
sans trop réfléchir, j'avais admis avec empressement cette ex- 
plication qui me paraissait d'autant plus ingénieuse que, rap- 
prochée du type figuré au revers de Carausius, elle semblait se 
justifier d'elle-même. (Voir Revue num., 1862, p. 76, note '. ) 

Dans mon ouvrage récemment publié : Recherches sur les em- 
pereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de l'ère 
chrétienne, j'ai suivi la même inspiration, et l’on trouvera l’ex- 
plication proposée par Cavedoni pour le type de la Fécondité, 
Uberitas. p. 73, Postume, pl. XIX, n* 300, 301, 302; p. 113, 
Pictorin, pl. XXIX, n° 89; p. 155 et 156, Zétricus père, 
pl. XXXIX, n°% 146-149; p. 196, Tétricus fils, pl. XLVIII, 
n°’ 85, 86. 

Que la vache, à l’époque de Carausius, figure la Fertilité ou 
la Fécondité, emblème de la prospérité de l'empire, c’est Ja 
une chose incontestable ; la légende VBERITAS l’indique d’une 


1 Dans le Bullettino archeologico italiano, 1862, p. 146, Cavedoni a émis la 
même opinion, mais sans mentionner les médailles de Carausius. 


a we ee ee eo ee 





CHRONIQUE. 436 


manière précise; mais ce n’est que vers la fin du m° siècle 
après Jésus-Christ que ce type paraît pour la première fois sur 
la monnaie. On aurait pu s’imaginer que le prototype de la vache 
a été réduit au pis de vache, à une époque postérieure. Supposer 
que la mamelle a précédé le type de la vache fournissantun lait 
abondant, que cet objet a pu être employé seul et isolé pour 
symboliser la fécondité et l'abondance avant l’image de la 
vache, c’est là un raisonnement qui manque de solidité, c’est 
là une supposition gratuite. Et d’ailleurs on pourrait se de- 
mander si le savant numismatiste de Modène s’était bien rendu 
compte de l’objet qu'il avait en vuc. L’organe animal ne se se- 
rait pas prêté facilement à être tenu dans la main. 

Le caducée aux mains de la Paix, sur les médailles de Ves- 
pasien, indique que l’objet placé sur le trépied ne peut être 
que la bourse (crumena, marsupium), et c’est faute d’avoir 
comparé entre elles les diverses formes de bourses, représentées 
sur un très-grand nombre de monuments, que l'on a méconnu 
Pattribut porté par Uberitas, 

M. Henri de Longpérier vient de faire des recherches éten- 
dues sur les diverses formes de bourses, employées aux temps 
anciens, dans un savant travail : Recherches sur les insignes de la 
questure et sur les récipients monétaires, et, entre autres bonnes 
observations, il a fait voir de la manière la plus évidente qu’au 
revers d’un certain nombre de monnaies impériales frappées à 
Perga de Pamphylie, depuis l’époque des empereurs Philippe 
jusqu’à Gallien et Salonine, on voit la représentation d'un 
coffre-fort (arca), au-dessus duquel sont placées trois bourses 
(sacculi) destinées à indiquer les trois métaux en circulation, 
l'or, l’argent et le cuivre. Or la forme trilobée de ces bourses, 
que l’on a prises tantôt pour des vases, tantôt pour des clo- 
chettes (finfinnabula), est exactement celle de la bourse de 
Mercure’. M. Henri de Longpérier, examinant à son tour les 


1 Voy. Revue arch., février 1869, p. 131 et 132, et dans l'extrait, p. 59 ct 60, 





CRAONIQUE. 
a Fertilité, Uberitas, a parfait 
‘orne d'abondance, la déesse qt 
l'empire, tient une bourse plein 
mieux faire que de revenir à 
a eu le tort de rejeter sans e 
ncu par les rapprochements | 
complétement à l’avis de mon. 
moindre hésitation que l'objet 
chose qu’une bourse. J. 


DAILLON D’OR FAUX. 


archéologiques dont la presse q: 
vons remarqué dernièrement ur 
» divers ordres. Il n’est pas inu 


ipèce assez rare, dit un journal d 
n émoi une savante compagnie. 
posé de médailles antiques d’c 
ble 1,100 grammes. Ces mét 
ité pour la plupart trouvées en | 


its eurent fini de partager leur 4 
nbre et la valeur des médailles, 
remarquer que la grande pièc 
collier, et dépassait les dimensi 
» était unique; que depuis l'in 
médailles, elle avait disparu d 
it dans un parfait état de con 


134, et dans l'extrait, p. 62. 





CHRONIQUE. 437 


Grande liesse et grande convoitise parmi les numismates. 
Ils dévorent des yeux la précieuse médaille, qui porte, d’un 
côté, la figure de l’empereur Hadrien, de l’autre, l’image com- 
mémorative des jeux séculaires célébrés sous son règne; ils 
supputèrent sa valeur que les plus modérés estiment à 
4,000 écus... 

« Tout cela a fini par une catastrophe. Un malencontreux 
personnage vient de démontrer que la pièce d’Hadrien était 
fausse; elle est bien en or, mais le travail est une imitation 
faite au xvi* siècle par les Padouans. » 


Un autre journal, lequel, peu de temps auparavant, parlait de 
a M. de Marcellus qui rapporta à Paris la statue de la Fénus 
de Milo, découverte dans l'ile de Candie, » raconte aussi l’anec- 
dote du médaillon d'or qu’il attribue à Dioclétien. 

Ce que nous pouvons dire à ce sujet, c’est qu’en effet on a 
montré à Paris, pendant le mois de janvier, un collier orné de 
médailles dont quelques-unes avaient été apportées de Valachie, 
tandis que quelques autres avaient été achetées rue Vivienne. 
Parmi les premières, se trouve un médaillon d’or de Domttien 
avec le type des jeux séculaires, pièce frappée par les Padouans 
à l’aide de coins qui sont conservés au Cabinet des médailles !. 
Une empreinte de cette pièce ayant été présentée aux deux 
numismatistes qui publient la Revue, il a été, à première 
inspection, déclaré qu’il s’agissait d’une œuvre moderne très- 
connue et très-facile à apprécier, même pour ceux qui ne sont 
pas habitués au style des médailles antiques, à cause de la faute 
singulière commise par les graveurs qui ont réuni sur leur 
coin le XVII* consulat et la VIII° puissance tribunitienne. Il 
n'est pas nécessaire d’être bien profondément versé dans la 
connaissance de l’histoire pour savoir qu’en l’année 844 de 
Rome, Domitien était consul pour la quatorzième fois et pour 


: C. du Molinet, Cabinet de Sainte -Genevière, pl. 24, n° XIX. 


138 CHRONIQUE. 


la huitième fois tribun, lorsqu'il fit célébrer les jeux séculaires, 
fête qui n’eut point lieu sous le règne d'Adrien. C'est élémen- 
taire. 

Les Padouans ont probablement confondu le XVII* impéra- 
toriat avec le consulat, mais tous les antiquaires savent bien 
qu’ils n’ont pas fabriqué de médaillons de Dioclétien. U faut 
espérer que la catastrophe causée par cette simple observation 
est aussi réelle que l'incendie du Cabinet des médailles. 


DOCUMENT MONÉTAIRE 
RELATIF AUX SEIGNEURS DE NESLES. 


Longtemps on a ignoré l'existence de la monuaie de Nesles. 
En 1841, M. Nomophile a publié dans la Revue numismatique, 
p. 206, un denier sur lequel on lit, sans aucun doute possible, 
MONETA IN NIGELLA, et la pièce a été reproduite par 
M. Poey d'Avant dans ses Monnaies féodules (t. Ill, p. 357, 
pl. CLII, n° 13). L'aspect de ce denier est tout à fait royal, et 
il provient évidemment d’un atelier établi dans la ville de 
Nesles sous la seconde race; mais jusqu'ici on n’a pu retrouver 
les produits de ce même atelier émis postérieurement, soit en 
vertu d'ordres royaux, soit par la prescription des seigneurs de 
ce pays. Cependant l'existence de la monnaie de Nesles est con- 
stalée par Jes documents; car nous ne pouvons admettre, avec 
Du Cange, que lPexpression moneta nigella soit l'équivalent de 
moneta nigra. Pour nous, il est évident que dans le passage 
qu’il cite de la charte de la commune de Crépy en 41223: 
a Dicta vero communia pro his omnibus tenetur reddere bal- 
« livis nostris apud Crespiacum singulis annis trecentas et 
a septuagenta libras Nigellorum, » il s’agit de la monnaie de 
Nesles. Crépy, dans le diocèse de Laon, n’était pas éloigné 





CHRONIQUE. 439 


de Nesles, et il n’y avait rien d’étonnant que le payement 
des droits ou des amendes ait été stipulé en monnaie de 
ce dernier pays, surtout si elle avait une certaine réputa- 
tion. Il en est de même de cet autre extrait rapporté par 
le méme auteur d’aprés une charte de 1242, tirée des preuves 
de l'Histoire de l’Église de Meaux : « Damus et concedi- 
«mus in puram et perpetuam eleemosinam sexaginta libras 
« Nigellorum. » Nous sommes persuadé qu’il s’agit encore ici 
de la monnaie de Nesles. Quoi qu’il en soit, nous venons faire 
connaître un document qui prouve, sinon que l’on a fabriqué 
des monnaies dans cette localité, du moins que le seigneur de 
cette ville faisait battre monnaie à son profit. En voici la 
transcription : 


Lettre de la comtesse d’Artois, — « M. comtesse d’Artois et 
de Bourgogne, palatine et dame de Salins, à nos amés et féals 
les maiieurs et eschevins de nostre ville de Saint Omer, salut: 
Haus hons et nobles mos’ Jehan signeur de Neelle nous a fais 
mostrer en sen dolant que Simon Hellin borgois de Saint Omer 
a diffamé et diffame en pluisieurs lieus sa monoie qu’il fait à 
alloes comment que ladite monnoie soit asses convenable et 
souffizant si comme on nous a dit, Se vous mandons quelle que 
ladite monnoie soit que vous deffendes audit Simon qu’il se cesse - 
de ladite monnoie blasmer en telle maniere qu’il n’ait cause de 
sen doloir ent plus que vraiement. S’il le fait plus, nous y me- 
terions reméde; Dieux vous gart. Donné & Arras, le mardi 
aprés la Saint Denis. » 


Réponse du magistrat de Saint-Omer. — a Très haute, très 
noble, très poissans, très redoutée droiturière Dame, nous 
avons receut les lettres de votre hautèce que haus homs et no- 
bles mons. Jehan s. de Neele vous a fait mostrer en soi dolant 
que Simon Hellins borgois de Saint Omer a diffamé et diffame 
en pluseurs lieus sa monnoie que il a fait à alloes comment que 
elle soit assez souffizant comme on a dit, se nous commandes 


440 CHRONIQUE. 


que nous deffendemes audit Simon que il cesse d 
noie blasmer, car se il le faisoit plus vous y met 
très chière droiturière Dame nous avons mandé 
lui avons fait la deffence en manière que comm: 
quelz Simon sesculse moult loialment et dist qu 
blasma ladite monnoie ne volonté nen ot, et qt 
tort et à péchiet on l’avoit accusé par devers | 
Neele, de quoy il ala à S. Bertin comme vous fu: 
et sen escuza soffizamment en la présence dudi 
ment droiturière Dame nous en avons enquis le | 
ment que nous poons et trouvons selonc nos ens 
Simon en est innocens et que à maise cause et ] 
accusé par devers ledit seigneur. Très haute, trè: 


Ce document n’est pas daté, mais comme il s’s 
haut. comtesse d'Artois de 1302 à 1329, nous av 
e l’on peut encore réduire « 
‘es que présente le registre; 
late de la seconde lettre à : 
eur de Nesles, dont il est que 
It devoir être le même que Je 
secondes noces d’Alix de Cle 
audun, qui était devenu sire 
2elle-ci mourut en 1317*. 
‘lettres, peut donner lieu à ¢ 
ésignation de la monnaie don 
tte monnaie est faite à allo 
un atelier monétaire? Dans c. 
van de Châlon l'aurait fait ét: 


d'Artois et la réponse des échevins 
sun registre du commencement dt 
3 listes annuelles des officiers mur 
3 devant le magistrat, les extraits é 
repose aux Archives municipales d 





CHRONIQUE. AAA 


du privilége que lui avait accordé l’empereur d’Allemagne, en 
4291, de frapper dans ses terres; mais comme huit ans après, 
l'empereur Albert l’autorisa à monnayer à Besançon même, ce 
à quoi l’archevéque de cette ville ne paraît pas s'être opposé !, 
il n’est pas probable qu’il ait conservé son atelier monétaire 
d’Arlai. Ce ne peut donc être de cette monnaie qu’il est ques- 
tion ici. Nous ne connaissons d’ailleurs dans les environs de Nesle 
aucun lieu dont le nom puisse approcher de ce mot. Tous ceux 
qui, d’après leur ancienne orthographe, auraient quelque ana- 
logie s’en trouvent trop éloignés, dans le Beauvoisis ou le Pon- 
thieu *. Nous sommes donc forcé de chercher une autre expli- 
cation du mot qui nous intrigue. En consultant le Glossaire de 
la langue romane de Roquefort, on trouve : 


4° Allaier, battre monnaie par ordre du souverain; allier. 

2° Allower, allouer, allier. 

3° Alloer, allouer, placer, louer, approuver. 

4° Allouté, approuvé, accordé, donné. 

5° Alloyé, qui est porté dans la loi, arrêté par les règlements 
du souverain. 

6° Aloer, louer, donner des louanges. 

7° Aloer, allouer, payer, affermer. 

8° Aloet, sorte de redevance. 


De tous ces mots qui se rapprochent plus ou moins de celui 
qui nous arrête, le premier ou Je cinquième nous paraissent 
plutôt représenter la véritable signification du mot alloes em- 
ployé dans les documents transcrits ci-dessus. Jean de Nesles 
voulait dire ainsi, suivant nous, que sa monnaie élait frappée 
légalement, conformément aux ordres et aux règlements du sou- 
verain. En ajoutant qu’elle est assez convenable et souffizant, il 
affirme d’ailleurs qu’il s’est conformé auxdites prescriptions, 


5 V..M. A. de Barthélemy, Manuel de numismatique moderne, p. 245. 
2 J. Garnier, Dictionnaire topographique du département de la Somme. 





442 CHRONIQUE. 


et qu'il n’y a aucun motif pour la refuser. Quoi qu’il en soit, il 
résulte de la discussion précédente que nous avions raison 
d'annoncer que nous ne pouvions assurer qu'il s’agit ici de la 
monnaie de Nesles proprement dite, mais que les documents 
mentionnent probablement celle-là seulement qui était frappée 
par le titulaire de cette seigneurie. 

Quant à la nature de la monnaie dont il s'agit, nous nous 
abstiendrons de toute hypothèse, le nombre des monnaies ayant 
cours en Artois à cette époque étant si considérable qu’il serait 
superflu de faire des recherches qui risqueraient beaucoup de 
n’aboutir à rien. Toutefois nous nous estimerons heureux d’a- 
voir fait connaître des documents qui pourront peut-être mettre 
sur la trace de monnaies encore inconnues jusqu'à ce jour, ou 
permettre de classer une de ces pièces que l’on n’a. pu parvenir 
à déchiffrer et dont le nombre est encore si grand. 


L. Descuawes pe Pas. 
Saint-Omer. 


PRIX DE VENTE DE QUELQUES MÉDAILLES ANTIQUES. 


. M. H. Hoffmann a eu l’obligeance de nous remettre l’indication 
des prix auxquel sont été adjugées les médailles vendues par ses 
soins, lesquelles provenaient des cabinets de M. Gréau et de 
M. Colson. L’abondance des matières nous a jusqu’à présent 
empéchés de signaler à nos lecteurs les faits les plus marquants 
qui se sont produits à ces ventes très-importantes ; mais Pes- 
sentiel est de constater, de temps à autre, les valeurs attribuées 
par les collectionneurs eux-mêmes aux médailles qui leur sont 
offertes. 


Vente de la collection Gréau. (Novembre 1867.) 


Ne, Fr. 
19. Romula, G. B. Tête d'Auguste.— 1. Tête de Livie, 60 
21. Urso. M. B. Tête d’Auguste. — ». Ours. . 95 


49, Rhodanusia. AR. Tête de Rhodé, — ». Rose, 21 





CHRONIQUE. 

Nos. 

122. Ancona. P. B. Tête de Vénus. — 5. Bras. | 

123. Segnia. AR. Tête de Mercure. — ». Tête de sanglier. 

135. Corfinium. AR. Téte de Pallas. — ». Serment de deux 
guerriers. 

145. Acerra. M. B. Tête de Jupiter. — ». Quadrige. 

189. Nuceria. AR. Téte avec corne de bélier. — ». Homme 
tenant un cheval. 

191. Phistelia. AR. Tête de face. — ». Taureau. 

193. Campania. OR. Double tête. —Serment de deux guerriers. 

225. Teanum. AR. Tête d’Hercule.—». Victoire dans un char. 

266. Tarentum. AR. Taras sur un dauphin.— ». Même type 
en creux. 

362. Heraclea. AR. Tête de Pallas. — #. Hercule et le lion. 

419. Metapontus. AR. Tête de Mars. — ». Epi. 

502. Thurium. AR. Tête de Palas. — #. Taureau. 

559. Bruttium. AR. Tétes des Dioscures. — ». Dioscures à 
cheval. 

602. Croton. AR Hercule assis.—». Apollon, trépied, serpent. 

603. Id. AR. Méme type. — ». Trépied. | 

609. Jd. AR. Tête de Junon, de face. —#. Hercule assis. 

634. Rhegium. AR. Tête de lion. — ». Homme assis. 

636. Id. AR. Tête de lion. — » Tête d’Apollon. 

703. Camarina. AR. Tête d’Hercule. — ». Quadrige. 

704. Id. AR. Tête barbue. — ». Quadrige. 

711. Catana. AR. Téte d'Apollon. — ». Quadrige. 

738. Himera. AR. Nymphe. — s. Bige. 

747. Leontini. AR. Tête d'Apollon. — ». Tête de lion. 

790. Naxos. AR. Téte de Bacchus. — ». Siléne. 

793. Panormus. G. B. Tête casquée. — ». Tête de Cérès. 

8t2. Selinus. AR. Le fleuve debout. — ». Apollon et Diane 
dans un bige. 

824. Syracusæ. OR, Tête de Proserpine.— ». Hercule et le lion. 

864. Id, AR. Décadrachme d’Evénéte. 

876. Id. AR. Tétradrachme portant SPYTIAAOS. 

952. Hiéron. OR. Téte de Proserpine. — ». Bige. 

954. Id. AR. Tête d’Hiéron. — ». Quadrige. 


145 


144 CHRONIQUE. 
N*™*, 

974. Himera. AR. Tite de Proserpine. — ». Légende phé- 
nicienne. Quadrige. 

1016. Abdera. AR. Griffon. — ». Carré creux. 

1023, Ænus. AR. Tête de Mercure. — ». Bouc. 

1038. Maronea. AR. Cheval. — Cep de vigne. 

1090. Pæonia. Au:doléon. AR, Tête de Pallas. — Cheval. 

1098. Macedonia. AR Tête de Diane sur le bouclier.— ». LEG. 
MAKEAONON. 

1114 Ampbhipolis. AR. Tête d’Apollon, deface.— ». Flambeau. 

1120. Chalcis. AR. Téte d'Apollon. — » Lyre. 

_ 1222, Antigonus. AR. Téte de Neptune. — ». Apollon sur 
la proue. 

1224. Demetrius. AR. Téte du roi. — ». Neptune assis. 

1278. Epirus. AR. Jupiter et Junon. — ». Taureau. 

1281. Id. AR, Tête de Pallas. — ». Aigic. 

1289. Pyrrhus. AR. Téte d’Achille. — ». Thétis. 

1316. Ætolia. AR. Tête d'Hercule, — ». Guerrier assis. 

1317. Id. AR. Tête laurée. — p. Homme debout, le pied 
sur un rocher. 

1521. Elis. AR. Aigle déchirant un lièvre. — ». Foudre. 

1532. Jd. AR. Aigle. — ». Femme ailée. 

1557. Cnossus. AR. Tête barbue. — ». Labyrinthe. 


510 


1598. Mithridates VI. OR. Téte du roi. — ». Cerf paissant. 1850 


1599. Id. AR. Téte du roi. — » Pégase. 

1647. Cyzicus. OR. Tête barbue. — ». Carré creux. 

1697. Pergamus. G. B. Commode. — ». Diane d'Éphèse et 
Esculape. 

1702. Abydus. G. B. Septime Sévère. — ». Héro et Léandre. 

1766. Ephesus. G. B. Adrien. — ». Latone. 

1767. Id. G. B. Antonin. — ». Jupiter Pluvius. 

1883. Rhodus. AR. Téte d’Apollon, de face. — », Rose. 

1930. Celenderis. AR. Cavalier. — ». Bouc. 

1945. Tarsus. G. B. Tarse assise. — ». Couronne entourée 
de huit têtes. 

1992. Apamea. G. B. Philippe père. — ». L’arche de Noé. 

2369. Antiochus Dionysius. AR. Tête du rvi.—». Dioscures. 


350 
620 











CHRONIQUE. 145 


N°. Fr. 
2378. Tryphon. AR. Téte du roi. — ». Casque. 826 
2323. Antiochus Grypus. AR. Tête du roi. —». Monument 

d’Hercule. 310 
2442. Démétrius IIL AR. Téte du roi. — ». Déesse en gaine. 220 
2600. Sidon. M. B. Elagabale. — ». Didon. 66 
2763. Pacorus. AR. Tête du roi. — ». Le roi à cheval. 225 
2797. Eucratides. AR. Téte casquée. — ». Dioscures. 320 
2812. Ptolemæus Soter. OR. Téte du roi. — ». Aigle. 310 


2834. Bérénice. AR. Téte de la reine.— ». Corne d’abondance. 1150 
2838. Arsinoe. AR. Tête de la reine. — p. Corne d’abondance. 400 
2840. Ptolemæus Evergetes. OR. Tête du roi. — ». Corne d’a- 
bondance. 700 
2862. Cleopatra et Marcus Antonius. AR. 150 
8111. Alexandria. POT. Téte d’Adrien.— ». Tête de Sabine. 141 
3112. Id. PLOMB. Téte d’Antinotis.— ». Le même à 
cheval. 261 
8122. Id. G. B. Téte d’Antonin.— ». Tête de Jupiter. 101 
3425. Carthago. AR. Téte de Cérès.—». Lég. phén. Pégase. 420 


On le voit par le relevé ci-dessus, deux pièces seulement ont 
atteint et dépassé le prix de 1,000 fr.; mais il est à remarquer 
que les bronzes intéressants ont été bien payés, et c’est une 
bonne tendance. Le catalogue, rédigé par M. Cohen, est ac- 
compagné de 5 planches gravées, contenant 56 pièces. 


Vente de la collection Colson. (Février 1868.) 


N°. Fr. 
40. Vercingétorix. Statère d’or. ..NGETORI..... 400 
69. Roveca. Statère d’or. ROVE. . 420 
84. Verotal. AR. Tête de Diane.— ». Lion. 130 
94. Redones. OR. Cavalier armé d’un bouclier. 200 
1138. Statére d'or. Œil.— ». LVCOTIO. Cheval. 170 
135. Buste. AR.—». HENNOOTINAOC. Cavalier. 100 
167. Théodebert I**. Sou d’or; dans le champ, RE. 500 
168. Id. Tiers de sou; dans le champ, RE. 200 


1869. —2. 10 


146 CHAONIQUE. 


Nes, Fr. 
170. Dagubert. Sou d'or de Marscille. 775 
171. Id. Tiers de sou. ELIGIVS MONE. 410 
172. Id. Tiers de sou. ELIGI. 248 
174. Clovis IT. Tiers de sou. ELIGIV. 230 
176. Sigebert IT. Sou d'or de Marseille. 1700 
179. Childéric IL. Sou d'or de Marseille. 1501 
160. Childebert III. Sou d'or de Marseille. 1710 
190. Tiers de sou de Bordeaux. 100 
193. Tiers de sou de Cahors. 180 
194. Tiers de sou de Compreignac. 150 
195. Tiers de sou de Chalons-sur-Marne. 116 
196. Tiers de sou de Cannacum. (Cabinet des médailles.) 115 
199. Tiers de sou à la légende TARANTASIA. 108 
200. Tiers de sou. DVRNACO. 175 
203. Tiers de sou de Noyon. CHARISILLO. 125 
206 Tiers de sou. CASTRI FVSI.—». FRAMIGILLVS. 204 
215. Tiers de sou de Saint-Denis. EBREGISILO. 171 
255. Pépin le Bref. PIPI et hache.— ». RX.F. 320 
257. Id. Denier. RP.—». Monogramme d'Angers. 505 
258. Id. Denier. Monogramme. 265 
259. Carloman. CARLM en monogramme. — ». RX F. 1550 
262. Charlemagne. Denier. SC MARIA PLD. 125 
263. Id. CARO-LVS.—». CHOGIS en deux lignes. 150 
267. Id. Denier de Laon. LAVDVN. 125 
271. Id. K.RX.F.— ». MGOC entre les bras d’une 
croix. Mayence. 140 
304. KAROLVS IMP.AVG, Buste.— p. Temple. 500 
305. Id. >. TREVERIS. Porte de Trèves. 300 
315. Louis le Débonnaire. Buste. — ». TVRONES, 115 
356. Pépin d'Aquitaine. Buste. — ». BITVRIGES. 320 
359. Lothaire. Buste.—». Temple. 295 
360. Id. LOTAPIVS IMP AVGV. Buste.—». Temple. 350 
389. Charles le Chauve. Denier de Jouarre. 124 
493. Id. Soissons. SCI SEBASTIANLM. 112 
438. Carloman. Denier d'Auxerre. 140 
465. Eudes. Denier de Saint-Denis. 76 


CHRONIQUE. 447 


Ne. Fr. 
481. Louis de Saxe, roi de Lorraine. Denier de Marsal. 165 
502. Hugues, duc de France. Denier de Senlis. 380 
504. Robert. Obole de Macon. 120 
549. Saint-Louis. Royal d’or. (Retiré.) 1000 
550. Id, Aignel d’or. 130 
554. Philippe III. Royal ou mantelet d’or. 500 
561. Philippe IV. Petit royal d'or. 600 
597. Philippe de Valois. Couronne d'or. 510 
601. Id. Florin Georges (type grossier). 280 
602. Id. Gros parisis d’argent. 15 
603. Id. Piéfort du petit parisis. 15 
608. Id. Piéfort du double tournois. 33 
641. Charles VI. Salut d’or. 1100 
644 Id. Cadiére du Dauphiné. Le roi assis. 50 
687 et 688. Jd. Pattachina de Gênes (2 variétés). 29 

_ 667. Charles VII. Gros. Écu entouré de neuf fleurs de lis. 121 

686. Id. Gros d'argent de Génes. IHS. 169 

692 et 693. Charles VIII. Deux monnaies de cuivre frappées 
à Aquila, dans les Abruzzes. 26 

694. Anne de Bretagne. Écu d'or. 1100 
696. Louis XII. Écu d'or au porc-épic frappé à Nantes. 50 
697. Jeton de cuivre de Charles d'Orléans, 1441. 8 
698. Teston de Louis d'Orléans frappé à Asti. 110 
705. Louis XII. Teston frappé en or. (Retiré.) 600 
709. Id. Piéfort du douzain au porc-épic. 200 

712. Id. Demi-gros frappé à Lyon. 19 
714. Id. Teston d'argent frappé à Tours. 75 
715. Id. Écu d’or au Soleil frappé à Génes. A.C. 40 
716. Id. Ducat d'argent de Gênes. Marque, I.C. 140 
717. Id. Autre de la même ville. Marque, S.B. 150 

718. Id. Double ducat de la même ville. Marque, A.C. 150 

719. Id. Demi-ducat de la même ville. 180 
720. Id. Quart de ducat de la même ville. 110 
721. Id. Duceton d'argent de Milan. 150 
722. Id. Cavallotto de la méme ville. 50 


723. Id. Ducaton d’argent au saint Ambroise assis. 75 


148 CHRONIQUE. 


N®. Fr. 
732. Pièce de billon au nom de Louis XII et du maréchal Jean- 
Jacques Trivulzio, marquis de Vigevano. 18 
736. Parpaillole d’Asti au porc-épic. 90 
739. Grande pièce d'or avec tête, et le point secret de Chi- 
lons-sur-Marne. (Retiré.) 600 
740. Écu d'or. Perdam Babilonis nomen. . 500 
761. François I‘. Petit teston. Non nobis, etc. 128 
768. Id. Écu d'or au Soleil de Milan. 500 
769. Id. Teston d'argent au saint Ambroise assis. 150 
771. Id. Demi-gros à la salamandre, Milan. 100 
776. Henri II. Double Henri d'or, 1551, Toulouse. 180 
797. Id. Henri d'or. Saint-Lô. 100 
781. Id. Demi-Henri d'or, 1549. 100 
788. Id. Demi-teston au croissant. 120 
802. Marie-Stuart. Teston d'Écosse, 156]. 165 
810. Charles IX. Essai du petit teston, 1573. | 86 
840. Ecu d'or au Soleil, 1562, sans nom de roi. 100 
845. Charles X, cardinal de Bourbon. Ecu d'or, 1590. 100 
857. Henri IV. Écu d'or au Soleil, 1599. 60 
862. Piéfurt du demi-franc, 1607. 6] 
863. Essai du demi-franc. 150 
882. Louis XIII. Essai du demi-franc. 105 
883. Id. Piéfort du quart de franc. _ 100 
884. Id. Piéfort du quart d’écu. 81 
889. Id. Pièce de huit louis d'or, 1640. 260 
912. Louis XIV. Piéfort du quart de louis d'argent, 1644. 101 
913. Id. Piéfort du douzième. 62 
925. Id. Jeton d'or du sacre, 1655. 60 


A ces prix il faut ajouter 5 pour 100 si l’on veut se faire 
une idée exacte de la dépense faite par les acquéreurs, Les ar- 
ticles marqués retirés n’ont pas trouvé d’enchéres sur la mise 
à prix. Le catalogue, rédigé par M. Hoffmann, est accompagné 
de 2 planches comprenant 32 pièces. 


A. L. 


MEMOIRES ET DISSERTATIONS. 


eee 


TETRADRACHME INEDIT DE DELPHES. 


ATTRIBUTION DE DIVERSES MONNAIES A LA MEME VILLE, 


Les médailles de grand module frappées dans la Gréce 
proprement dite, c’est-à-dire au sud du Pinde et de 
Olympe, antérieurement à la plus belle époque de l’art, 
sont d’une excessive rareté. A ce titre déjà, la monnaie que 
je vais décrire se recommande tout particulièrement à 
l'attention des archéologues. L'intérêt de ses types, dont 
l'antique facture est pleine de grandeur, l'importance et la 
nouveauté de l'inscription, tout enfin concourt à augmenter 
encore la valeur de ce remarquable monument. 

Nl offre, d’un côté, l'image de deux têtes dé béliers juxta- 
posées verticalement, surmontées de deux dauphins en 
regard, et accompagnées de la légende hémicirculaire 
AAAIKON, le tout dans un grènetis. La laine est exprimée 
au moyen d’une série de points, et la section du col est 

1869, — 3. u 


4150 MÉMOIRES 


bordée d'une rangée de perles entre deux filets : le modelé 
de ces têtes est très-énergique. 

Le revers est occupé par un carré creux divisé en quatre 
parties égales, contenant chacune un dauphin, dont la tête 
est tournée vers le centre, et une petite palmette ou bou- 
ton de fleur, placée dans un angle au-dessous du dauphin. 
Chacun de ces compartiments est entouré de trois de- 
grés. 

Cette canformation particulière du carré creux provient 
de l'emploi d’une pile à quatre dents, taillées chacune à 
plusieurs degrés de manière à pouvoir s’enfoncer dans le 
flan sans le percer. Ce procédé avait l'avantage de repousser 
fortement le métal dans le coin supérieur, et de lui faire 
ainsi produire au droit de la pièce une empreinte d’une 
netteté remarquable. 

Le poids est de 178,90, chiffre considérable, mais qui 
cependant ne permet pas de ranger la pièce que nous pu- 
blions aujourd'hui ailleurs que parmi les tétradrachmes. 
Ses divisions fourniraient un didrachme de 8,95, une 
drachme de 4*,475, un triobole de 25,237, et ce sont là 
des poids que l'on retrouve communément dans la numis- 
matique du Péloponnèse, poids dont le savant M. Vazquez 
Queipo* déclare n’avoir pu reconnaître le système, et qui 
en effet occupent une place intermédiaire entre le système 
attique et le système olympique, 

Cette médaille unique et d’une bonne conservation fait 
partie du précieux médaillier de M. Giovanni de Demetrio, 
à Alexandrie. 

La forme de la légende est à coup sûr digne d’examen. 


1 Systèmes métriques el monbtaires des ans ens peuples, tables; prem. part. 
p. 127. 


ET DISSERTATIONS. 154 


Elle se rattache à une petite série qui comprenait, d'une part, 
des noms appartenant à des villes de l'Asie Mineure : 
TEPZIKON pour Tarse', ou quelquefois en abrégé TERI’; 
puis 1AOX*, ZOAIK, ZOAIKON pour Soli*, NATIAI* et 
NATIAIKON pour Nagidus‘, noms auxquels il faut ajouter 
TEPMEPIKON pour Termera de Carie’ dont M. Wad- 
dipgton nous a fait connaître la monnaie; et, d'autre part, 
offrait dans la numismatique européenne les légendes 
V.OWITAAZIG pour les Bisaltes *, HOYMITMIAI pour Phestus 
de Crète”, MOPIGANAA, APKADIPON”*, ARKAAIKOH pour 
l Arcadie **, OENIKON pour Pheneus de la mème province ‘”, 
et OESTIIKON pour Thespiæ de Béotie‘?. Quelques petites 
pièces d'argent de la Phocide de style fort ancien portent la 
légende [NO ‘* dans laquelle nous ne pouvons pas voir 
le commencement de l’ethnique ®NKEON, génitif plu- 


t Pellerin, Peupl., et cill., t. IJ, pl. XLI, n°4. — Eckhel, Num. vet, anec- 
_dot., p. 235.—- Mionnet, Suppl., t. VII, pl. VII, n° 3, — Due de Luynes, 
Numism. des satrapies, pl. XI. 

"2 Waddington, Revue num., 1860, pl. XVHI, n° 7, p. 453, 

3 Mus. Hunt., pl. LI, n°* 27 et 29. 

* Millingen, Recueil de med. ined , 1812, pl. IV, n° 6. — Duc de Luynes, 
Numism. des satrap., pl. VII, n° 1, 

® Burgon, Catal. Th.-Thomas, n° 2391, — Catal, of the Northwick collect , 
n° 1181, p. 117. . 

6 Eckhel, Num, vet. anecd., pl. XIV, n° 1. 

? Revue numism., 1856, pl. Il, no 1, 

® Cousinéry, Voyage en Macédoine, pl. VI, n° 18. 

% Pinder, Ant. Munzen des k. Museums zu Berlin, pl. I, n° 6, 

10 Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., 1814, p. 143, n°’ 1 et 2, pl. VIII, n° 6. 

11 Avec la tête de profil: Mionnet, Descr., t, H, p. 243, n° 3, pl. XXXV, 
n° 139. — E. Curtius, dans les Beitr, 3. xlter, Munzk., 1851, p: 87, — Avecla 
tête de trois quarts: Cohen, Cat, des méd. grecques de la collect. Gréau, n° 1549, 

12 Mionnet, Descr.,t. II, p. 252, n° 50. 

45 Mionnet, Suppi., t IJ, pl. XVH, n°7. 

18 Mionnet, Descr., t: II, p. 94, n°° 3, 4 et 6 ; Supp?., t. IH, p. 498, n° 11, 


452 MÉMOIRES 


riel de éwx<, qui se lit sur des médailles de fabrique plus 
récente. 11 faut donc y reconnaître encore le possessif Sw- 
xév, tel qu'il nous est indiqué par Étienne de Byzance‘. 

Lorsqu’en 1775, Eckhel commentait la monnaie de Na- 
gidus, il faisait remarquer que la terminaison en [KON on 
possessive existait sur les monnaies d'un certain nombre de 
villes, concurremment avec l'ethnique ou nom du peuple, 
et il n'hésitait pas à reconnaître que l'adjectif possessif se 
rapportait à un nom de monnaie tel que Gfpzyuov, tetpa- 
Spzypov, etc. Rien, dans les découvertes qui ont été faites 
depuis l’époque à laquelle écrivait le célèbre antiquaire, 
n'est venu détruire son hypothèse. Au contraire, des lé- 
gendes telles que ZEYOA APTVPION *, et ZEVOA KOMMA’, 
ou bien une phrase comme celle-ci : « le type est celui de 
Gortyne » l'oprévos <3 rdiua* ; enfin l'adjectif AAEZANAPEIOZ 
sur un statère d'argent”, démontrent maintenant d’une 
manière suffisaument claire que les anciens ont, dans leurs 
légendes, fait plus ou môins elliptiquement allusion à la 
monnaie même et à sa Valeur * . 

On se rappellera aussi ces inscriptions tracées sur des 


t J’enregistrerai encore ici pour mémoire seulement un tétradrachme aux 
types de Catane, sur lequel on liVJOITIM......., et que M. Fr. Imhoof 
Blumer attribue à Panorme en le publiant dans une livraison des Rerliner 
Blatter für Münzkunde qui vient de paraître (XIII* cahier, 1869, pl. LIV, n° 1], 
et p. 53). L’authenticité de cette pièce n’est pas snflisamment établie jusqu’à 
présent : c’est un document à examiner; mais qui paraît bien suspect. 

? Duc de Luynes, Satrapies, pl. VI. 

3 Birch, Numism, Chronicle, 1860, t, XX, p. 151. 

+ Fr. Lenormant, Revue num., 1864, p. 103. 

3 Adr. de Longpérier, Reoue num., 1859, p. 109, pl. II], n° 1. 

¢ Dans un ouvrage récent sur les poids des médailles grecques, M. J. Bran- 
dis considère aussi l’adjectif comme se rapportant à dpyüpuov, véuuoua ou 
xouua. Das Müns-Mass-und Gewichtswesen in Vorderasion, Berlin, 1866, 
p. 330, 336, etc. 





ET DISSERTATIONS. 453 


poids antiques: AEITPA ITAAIKH’, AIAEITPON ITAAIKON? 
et TPIOYNKI[O]N ITAAIKON?, lesquelles dans leur ensemble, 
et précisément à cause de la présence d’un substantif neutre 
en accord avec l'adjectif, ou du possessif au nominatif 
féminin, nous apportent une utile démonstration; car on 
ne saurait y chercher une forme dialectique du génitif plu- 
riel. 7 

Le possessif (+o xrnzixôv), appliqué à des pièces de mon- 
naie ou à des sommes d'argent, est une forme des plus ordi- 
naires. Aux divers talents tirant leur nom, soit d’une pro- 
vince, soit d’une dynastie, e260ix5v, oxedmdv, nrokeuaixév, etc., 
ainsi qu’au talent des îles (vnstorév), désignation qui indique 
une convention monétaire entre plusieurs territoires voisins, 
et au talent commercial (ëäxroptxév), originaire d'Athènes’, 
.vientse joindre le talent des alliés que nous permet de citer 
une inscription amphictionique de Delphes copiée et sa- 
vamment commentée par M. Carle Wescher*. L'expression 


1 Musée de Berlin. Voy. R. Schillbach, De ponderibus aliq. antig., dans les 
Annual, dell Instit, archeolog., 1865, p. 191 et 209 ; Monum., vol. VIH, pl. XIV, 
n° 90. 

2 Musée Kircher.—Giampietro Secchi, Di un campione d'ant, bilibra romana 
in piombo, etc, Rome, 1835, in-4°. 

8 Cette légende se rencontre sur deux poids du Musée du Louvre, qui n’of- 
frent aucun autre type et pèsent l’un 78:",13, d'autre 756° 43 (Adr. de Long- 
périer, Bulletin archéol, de ! Athenzum français, 1856, p. 24.) — Deux autres 
sont cités par le P. Secchi dans la dissertation déjà indiquée, intitulée Di un 
campione, etc., p. 2 et 27. — Un cinquième poids, qui se trouve au Musée de 
Berlin, présente aussi la même légende, mais fort maltraitée. La principale 
différence qui s’y remarque consiste dans l'écriture en monogramme de l’OY 
du premier mot. I] offre, en outre, pour types une amphore et un caducé 
(Voy. Sehillbach, op. laud. dans les Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 190 
et 209; Monum., vol. VIII, pl. XIV, no 88.) 

® Voy. par ex. Corpus Inscr, græc., t. I, n° 123, p. 168, § 4. 

® Etude sur le monument bilingue de Delphes, 1868, in-4°, p. 56 et 110. 


468 MÉMOIRES 


de télavtev cuspeyody devra désormais avoir aussi ga place 
dans la numismatique. 

La légende que porte notre tétradrachme, tellement clairé 
qu'elle ne laisse subsister aucune incertitude, offre encore 
l'avantage de donner une explication indubitable pour celles 
des petites monnaies divisionnaires sur lesquelles on lit 
AAA, et, par suite d'un rapprochement bien naturel, pour 
les variétés anépigraphes qui présentent un type analogue. 

Le colonel de Bosset n'avait, à la vérité, pas hésité à at- 
tribuer à Delphes les pièces d'argent de petit module qu'il 
s'était procurées sur le site mème de cette ville, et qui por- 
tent d’un côté une tête de bélier accompagnée d'un dauphin, 
au revers une rencontre de chèvre entre deux dauphins, au 
milieu d'un carré creux peu profond '. Mais son opinion, 
enregistrée cependant par Mionnet’, Sestini, Cavedoni, 
Panofka”, etc., souleva des contradictions, et M. le duc 
de Luynes, en faisant graver dans son Choix de médailles 
grecques * un beau trihémiobole d'argent du poids de 15,30 
qui offre les plus étroits rapports de style avec notre tétra. 
drachme, le désigne par cette brève mention : « Delos? 
Delphi? » 

Maintenant la série de Delphes formera un tout insépa- 
rable, et ainsi se trouve définitivement tranchée la ques- 


4 Kesai sur les mdd, ant, des ties de Céphal. ef d'Ithaque, 1815, p. 7, 30, et 
pl. V, n° 1 et 2. — Les n° 3 et 4 de la même planche, qui portent au droit 
une tête de nègre, se rattachent immédiatement à ces deux premières par 
l'identité de leurs revers. 

2 Outre les pièces décrites à Delphes, il s’en trouve une égarée parmi les 
monnaies de Cranium (Suppl, t. IV, p. 184, n° 10), — Trois autres sont re- 
léguées aux inoertaines (Descr., t. VI, p. 636, n° 158; et Suppl., t. IX, p. 236, 
n° 61, p. 238, n° 76). 

3 Delphi und Melaine (Zum Winokelmennefest, 1849), p, 7, n°? 5, 6 et 7. 

+ 1840, in-fol., pl. X, n° 4. 


ET DISSERTATIONS, | 456 


tion débattue entre un antiquaire de Saint-Pétersbourg, 
Koehler, qui soutenait que les monnaies au type du bélier 
et à la légende AAA appartenaient à Délos ‘, et Raoul-Ro- 
chette qui s’appuyait sur l'étude des monuments et sur le 
témoignage des voyageurs pour maintenir ces monnaies à 
Delphes *. L'opinion du savant russe avait probablément 
impressionné M. de Luynes, dont le sentiment est toujours 
si respectable ; et c'est 14 surtout ce qui nous paraît donner 
une grande importance à la solution qu'apporte le tétra- 
drachme du cabinet Demetrio. 

Cette suite numismatique ne doit pas être restreinte aux 
types publiés par M. de Bosset. Il faut y comprendre un 
diobole assez globuleux, inédit à ce que je crois, et qui fut 
acquis en 4842 de M. Rollin par le Cabinet des médailles 
de Paris. Il pèse 45,44, et présente au droit une tête de 
bélier au-dessous de laquelle est un dauphin. Ce dernier 





symbole surtout caractérise les espèces delphiques et les 
distingue de la monnaie émise par d’autres villes qui 
avaient aussi adopté le bélier. — La série s augmente 
encore d’un diobole de la collection de M. Soutzo, portant 
au droit une tête de bélier et au revers un buste de chèvre 
de profil à droite dans un carré perlé”. — Ajoutons une — 


t Abhandlung über die geschnittenen Steine mit den Namen der Künsiler 
(Réimpr., Saint-Pétersbourg, 1851), p. 63. 

2 Lettre à M. Schorn sur quelques noms dartisies, 1832, p. 25, — Suppl. au 
catalogue des artistes, 1845, p. 112. — Mémoires de numism. et d’antiq. : Méd. 
siciliennes de Pyrrhus, 1840, p. 102. 

3 Revue num., 1869, pl. VI, n° 14. 


156 MÉMOIRES 


pièce du Musée Britannique, aux types de la tête de bélier 
avec un dauphin et de deux têtes de chèvres affrontées et 


A 
ET, 


surmontées d'un dauphin. Elle a été attribuée à l'île de Cé- 
phallénie par Taylor Combe'; mais désormais on ne 
pourra plus hésiter à la restituer aux Delphiens. 

Quant à l’âge du précieux tétradrachme qui vient main- 
tenant se placer en tète des produits monétaires de la ville 
sacrée d’Apollon, il peut, dans une certaine mesure, 
s’établir à l'aide de comparaisons. 

La pièce, par son style, son mode de fabrication, son 
grènetis, l'aspect de ses carrés creux, se rapproche tout à la 
fois des plus anciennes monnaies d'Acanthus de Macédoine, 
_ des tétradrachmes de Syracuse sur lesquels paraît la lettre 
Koppa, et, malgré la différence de module, de certains té- 
tradrachmes de la Cyrénaïque *, sur lesquels on remarque 
un type connu aussi dans la numismatique d’ lalysus de 
Rhodes *. 

Les tétes de béliers offrent une analogie trés-marquée 
avec celle qui forme le type principal de ces belles et an- 
tiques monnaies cypriotes que M. le duc de Luynes classe 





1 Vet, pop. et reg. num. 1814, Addend., p. 245. 

2 Voy. Revue num., 1° sér., 1850, pl. VII, n° 3. — L. Müller, Num, de 
Vanc, Afrique, t. I, p. 11, n° 22. M. Müller (p. 18) pense que le style du 
tétradrachme de 17 gr., 23 (attique) avec la tête d’aigle et la tête de lion 
convient à l’époque d’Arcésilas I, se réfugiant à Samos et recouvrant sou 
royaume grâce au secours des habitants de cette île (529-525). 

3 Duc de Luynes, Monum. dell’ Instit. areheot., 1841, vol. HI, pl. XXXV, 
n° 18, — Revue num., 1656, pi. II], n° 8 


— 


— 


—— 


ET DISSERTATIONS. 457 


à Amathonte ‘. Même puissante musculature, même cordon 
de perles à la section du cou, même exécution empreinte 
de cette hardiesse qui donne aux œuvres de la haute anti- 
quité un si grand et si noble caractère de vérité. | 

De tout cela il résulte qu'on peut, sans se faire de scru- 
pule, attribuer à la fin du vi‘ siècle avant notre ère le 
monument que vient d'acquérir M. de Demetrio, ou du 
moins placer son émission vers l'an 500. 

Des deux éléments dont est composé le type, ilen est un, 
le dauphin, qui semble si exactement approprié à la ville 
de Delphes que c’est à peine s'il doit nous arrêter quelques 
instants. I] suffira de rappeler qu'un des surnoms donnés 
à Apollon en Crète et en Cyrénaique était Askglvus et non pas 
AsAodc, et qu’ Etienne de Byzance dit : «#ExAZOnoav 8 AsÂvot, dtt 
Axddhwv auvémhouce SzAgive elnaBels’ xal Tôpurar AnddAdwve lepdv ?, » 
— Et en effet, Homère, dans son Hymne à Apollon, rap- 
porte la tradition suivant laquelle le dieu arriva à Delphes 
sous la forme d’un dauphin : Sép2¢ Gekpive és *, Le héros 
Castalius à la tête d'une colonie de Crétois vint aborder 
au golfe de Crissa, mystérieusement guidé par Apollon 
métamorphosé en dauphin *, et s'établit à Delphes où le 


1 Numism. et inscript. cypriotes, 1852, p. 5 et pl. I, n°° 1 à 4 et 12; voir 
encore pl. VI, n° 10; pl. XII, n° 1. 

2 De urb. et pop. 8. v. Ashool. 

3 In Apoll,, v. 400. — Cf. Tzetz., ad Lycophr. Cassandr. 208, — Schol. ad 
Pindar., Nem. V, 81. 

+ Dans un autre récit (Plutarch., De solert. animal., cap. XXXVI, 2), 
on voit les envoyés de Ptolémée Soter qui se rendaient à Sinope pour en 
rapporter une image de Sérapis, errer en mer et se croire perdus, lorsqu'un 
dauphin paraît au devant de la proue ; ils le suivent et, grâce à ce secours 
inespéré, peuvent enfin aborder à Cirrha. Il n’est pas étonnant que les Grecs, 
frappés de l'habitude qu'ont les dauphins d'accompagner les navires, aient, 
en certaines occasions, cherché à l'expliquer par l'intervention d’un dieu. 


468 MÉMOIRES 


dieu qui avait repris la forme divine se fit connaître, et 
ordonna qu’un sanctuaire lui fut élevé et qu'on l'y adorät 
sous le nom de AsAgives, 


de pdv tym cd npovov dv Aepoudét révep 
elddusvoc SeAgive, Gofc ext vnèç bpovea, 
de tol cdysobar Atdgivip’ adtadp à Beds 
ausdg Aédperos al métros Escetar alel 1. 


Un souvenir de cette croyance religieuse se retrouve 
dans la curieuse inscription crétoise * où les jeunes hommes 
de Dréros prennent toutes les divinités à témoin d'un ser- 
ment de fidélité aux alliés de la patrie, et de leur haine 
contre ses ennemis. On remarque particulièrement dans ce 
texte la mention d’Apollon Delphinius. 

Les habitants de l'île de Théra avaient donné à l’un des 
mois de leur calendrier le nom de Delphinios * en l'honneur 
de leur dieu protecteur, Apollon conducteur des colonies 
(4pynyémms) et fondateur des villes (okrtic) ; l'une des mon- 
naies autonomes qui leur sont attribuées représente la tête 
de face du dieu, et au revers, trois dauphins placés au- 
dessus les uns des autres avec la légende OH*. C'est bien 
probablement en tenant compte de ce fait que M. François 
Lenormant s'est décidé à classer à Théra une monnaie 


1 Homer., In Apoll., v. 493-6. 

® Ph, le Bas dans l’Hist, de U Académie des Inscript, et bell, lett., t. XX, 
1861, p. 115. 

3 Également usité chez les Éginètes et chez les Cyrénéens : Schol, ad Pind., 
Nem.V,81.— Corp. Inscript. græc., n° 2448, = Geoponica, lib. 1, cap. IX, 2. 
— Thrige, Res Cyrenensium (Hafn. 1828), p. 283. — Otf. Müller, Ægin., 
p. 150; Dorier, I, p. 331. — Maury, Annuaire de la Soc. des Antiquaires de 
France, 1852, p. 169. 

* Pellerin, Peupl. st vill., III, pl. XCI1I, n° 10. — Mionnet, Deser., t. Il, 
p. 331, n° 160. 


—- A pm — — 
' i ee Lu 


ET DISSERTATIONS. 4159 


globuleuse de très ancien style qui a pour type deux dau- 
phins, avec un carré creux au revers, 

Un trépied placé entre deux dauphins à l’exergue de 
‘certains rares et beaux tétradrachmes frappés à Thurium" 
me paraît une allusion suffisamment claire à f’établisse- 
ment de la nouvelle ville sur les ruines de l'antique Syba- 
ris, par suite de l’oracle apollinien qui avait désigné une 
contrée «où l’on pit boire peu d'eau, mais manger outre 
mesure *». Une seconde fois encore les Thuriens durent 
consulter le dieu : De tous les peuples qui avaient concouru 
à la fondation de la cité de la Lucanie, il s'agissait de 
savoir à qui appartenait le droit de colonie. On résolut de 
s'en remettre à la décision de l’oracle qui coupa court à 
toute discussion en répondant qu'Apollon se réservait ce 
droit pour lui seul. L'introduction de trépieds, de lyres, de 
dauphins dans la composition des types numismatiques est 
donc doublement autorisée pour les espèces monnayées de 
Thurium. A ce sujet, il ne paraîtra pas hors de propos de 
citer l'explication excellente que M. Brunet de Presle a don- 
née des figures de dauphins qui encadrent si harmonieu- 
sement la tête des monnaies de Syracuse. Évidemment ces 
mammifères de l’ordre des cétacés ne peuvent en aucune 
façon être confondus avec des poissons, et par conséquent 
ils ne sauraient se rapporter à la fontaine Aréthuse, ni à la 
fontaine Cyané. M. Brunet de Presle* pense qu'ils sont 


1 Descript. des med. du cabinet Behr, pl. I, n° 3, p, 49, n° 285. 

2 Magnan (Miscell, num., t. 1, pl. 49, n° II et III) trompé par le module 
exigu de ces pièces, les indique comme ez argento medio; celle du Cabinet des 
médailles de Paris est épaisse et son poids en fait indubitablement un tétra- 
drachme. I] existe des didrachmes de la même ville avec une tête d’Apollon, 
qui présentent aussi à l’exergue du revers la figure d’un trépied. 

3 Died. Sic., lib. XII, cap. X, 5 et sq. 

% Rech. sur les établies, des Grecs en Sicile, p. 621. 


160 MÉMOIRES 


relatifs au culte d'Apollon Delphinien, Syracuse ayant été 
fundée d’après un oracle de Delphes. Il est à désirer que 
les numismatistes fassent usage dans leurs écrits de l'opi- 
nion du savant helléniste. 

Ainsi, l'influence de cet oracle si puissant apparaît 
partout. La figure de dauphin placée sur une petite pièce 
d'argent des Phocéens ‘, l'épi de blé des médailles de 
Métaponte, le trépied de Crotone, la feuille de laurier 
sur la monnaie de. Rhegium, etc., etc., sont autant de 
témoignages très-précis des rapports continuels établis 
entre les populations colonisatrices et le grand sanc- 
tuaire de la Phocide. Il intervient surtout à propos de 
la naissance des villes. Et si l'on voit deux dauphins sur 
une monnaie cyrénéenne de très-ancien style, c'est aussi 
que la cité qui les a émises a été fondée par les Théréens, 
en vertu d'un ordre émané de l'oracle de Delphes *. En 
outre, la fontaine qui avait déterminé le choix de l'empla- 
cement où devait s'élever la nouvelle ville était consacrée 
à Apollon : c'est du moins ce que laissèrent croire aux 
colons grecs les indigènes qui leur servaient de guides. On 
ne doit pas oublier la tradition légendaire relative à la 
nymphe Cyréne transportée en Libye par le fils de Latone *. 
_ Je me permettrai encore d'appeler l'attention sur quel- 
ques autres pièces qui se rattachent au sujet que j'examine. 
M. Charles Fellows‘ a attribué à la Lycie trois monnaies 


1 La Saussaye, Num. de la Gaule Narbon., pl. I, n° 1. 

2 Mionnet, Suppl.,t. IX, pl. VII, n° 2.— Duchalais, Revue num., 1° série, 
1850, pl. VII, n° 3 et p. 265. — L. Müller, Numism. de l'anc. Afrique, t. I, 
p. 17, et p. 11, n° 21. — Cf. Herod., 1V, cap. CL, sq. — Pindar., Pyth., 
IV, 294. — Thrige, Res Cyren., p. 43, note 5. 

3 Voy. Otf. Müller, Gesch. hellen. Stzmme, 11, p. 268. — Thrige, Res 
Cyren., p. 55-56. — Pindar., Pyth., IX, 5-75, — Apoll, Rhod., 1], 500 sq 

4 Coins of auciens Lycia, 1855, pl. VIII, n‘° 5, 6, 7. 


ET DISSERTATIONS. 461 


dont la première porte le type de trois dauphins (non pas 
de trois poissons, comme l’a cru le savant voyageur), ac- 
compagnés de fleurons ou palmettes placés dans les angles 
d’un carré, tandis que les deux autres, beaucoup plus mo- 
dernes, offrent d’un côté une tête d'homme vue de trois 
quarts, et, au revers, deux dauphins dans un carré creux 
aux angles duquel on remarque encore deux fleurons :. 
Nous avons peut-être 14, comme sur la monnaie de Théra 
dont il a été question plus haut, une tête d’Apollon, qui 
pourrait à la vérité appartenir à la Lycie, mais qui serait 
tout aussi légitimement donnée à Delphes, si les monnaies 
convenaient du reste à cette localité. Les trois médailles 
qui viennent d'être citées font partie des collections du 
Musée Britannique, et de M. le général Fox. Il serait bon 
de les examiner avec soin. 

La relation du dauphin avec Apollon s'établit facile- 
ment, quand on tient compte d'une donnée mythologique 
fréquemment exprimée dans les compositions céramogra- 
phiques, et suivant laquelle le soleil dans son mouvement 


1 Sans attacher plus d'importance qn’il ne convient à un détail secon- 
daire, on aurait encore à faire remarquer que la plante figurée près des 
dauphins, tant sur le tétradrachme de Delphes que sur les pièces attribuées 
à la Lycie, pourrait être une représentation du de/phinium décrit par Diosco- 
ride (lib. LI, cap. 84). Il est vrai que Mattioli considère le passage relatif à 
cette plante comme une interpolation, par la raison que Gallien et Paul 
d@’Egine n'ont point parlé du delphinium; mais toutefois il est bon d’ob- 
server qu'on trouve dans le lexique d’Hésychius : « Aeplvos elôoc Bordvnc, » 
et que cette plante est aussi mentionnée dans les Geoponica (lib. XX, 
cap. II, 2). 11 est remarquable que Linné assimile la plante en question à 
l’hyacinthe décrite par Pline (lib. XXI, cap. 98, 1), car cette dernière plante 
eit un des attributs d’Apollon. (Voir duc de Luynes, Annal. de l'Instit, ar- 
chéol., t. 11, 1830, p. 341.) Mais je n’en dirai pas plus sur un sujet encore 
très-obscur. Ut 


162 MEMOIRES 


diurne était si souvent en contact avec la mer‘. Alors 
mème que le dieu est représenté assis sur le trépied fati- 
dique, les artistes l'entourent de dauphins qui symbolisent 
ce rapport”. Parfois enfin la barque ou dar: qui, suivant 
une croyance peut-être empruntée à l'Égypte, supporte le 
char du Soleil, affecte la forme d’un dauphin’. 

Dans l'esprit des anciens, ce cétacé se trouvait aussi rat- 
taché à Apollon par l'attrait pour les sons de la ‘musique 
qu ils lui attribuaient, croyance qui existe encore parmi les 
marins de la Méditerranée: « Il est naturel, dit Plu- 
tarque *, que le penchant musical de cet animal soit 
agréable au dieu. » 


1 Voir le quadrige du Soleil entouré de dauphins, peinture d’une amphore 
à figures noires conservée au Cabinet des médailles: Laborde, Vases ds 
Lamberg, t. I, p. 13, fig. 3; Dubois Maisonneuve, Introd, à Pétude des vus, 
pl. XXIX; Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monem. céramogr., t. II, 
pl. CXV. — Un dauphin placé sous le char du Soleil, pinax du Musée du 
Louvre : Elite, t. Il, pl. CXIII. — Sous celui de l’Aurore : Millin, Tombsaur 
de Canose, pl. V; Gerhard, Ueber die Lichtgottheiten, 1840, pl, III, n° 1. — Un 
autre: J. de Witte, Catalogue Durand, n° 231; Elite, t. I, pl. CIX ; Gerhard, 
Auserl. gr. Vasenbilder, t. 11, pl. LXXX. 

2 La peinture d’un beau vase du Musée Grégorien, à Rome, nous montre 
Apollon lyricine et armé du carquois, assis sur un trépied ailé qui est placé 
au-dessus des flots; à droite et à gauche on voit deux dauphins: Monum dell 
Instit, archeol., vol. 1, pl. XLVI; Museum etr. Gregor., t. 11, pl. XV; Ch. Lenor- 
mant et de Witte, Elite des monum. céramogr., t. Il, pl. VI; Gerhard, Ueber dis 
Lichtgottheiten, pl. 1, n° 3.— Sur les monnaies romaines, le trépied surmonté 
d'un dauphin est le symbole des quindécemvirs, — Voir aussi le Génie local 
de Delphes tenant un dauphin dans chaque main, figure qui décore le manche 
d’un miroir étrusque sur lequel est représenté Apollon-Hélius entre Neptune 
et Aurore: Monum, de l'Instit. archéol., vol. II, pl. LX; Gerhard, Etrus- 
kische Spiegel, pl. LAX VI; J. de Witte, Mém. de la Soc. des Antiq. de France, 
t. XX, 1850, p. 337. 

8 Musée du Louvre: Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monum. céf.; 
t. 11, pl. CXIV ; Gerhard, Lichtgottheiten, pl. III, n° 3, eto, 

+ De solert. animal., cap. XXXVI, 4. 


ET DISSERTATIONS. 463 


La fable d’Arion sauvé par un dauphin, aprés avoir 
chanté, sur le tillac du vaisseau qui le ‘portait, un nome 
orthien, était. une des expressions de cette idée à laquelle 
Aristophane fait allusion par ces mots : 6 glauhos sedgls !, 
Pmdare se compare lui-même au dauphin «qu’émeut, sur 
-la surface de l’onde tranquille, la suave harmonie des 
flûtes’. » Les naturalistes, Pline’, Élien*, n’ont pas 
manqué d'enregistrer dans leurs écrits la citation d’un fait 
_ Si curieux. 

Dans un fragment inséré par Dibner parmi ses Adno- 
tationes in Aristophanem, on trouve la mention d’un &ov 
pavtxée qui était gardé à Delphes près du lieu où le dieu 
rendait ses oracles *, 

Les têtes de bélier ne conviennent pas moins, comme 
type monétaire, à la localité où se trouvait le sanctuaire 
d’ Apollon. 

Ce dieu, en effet, portait précisément dans laGréce divers 
surnoms tels que Kzpvetoc, Emprjdtoc, Noptoc, Iloluvtoc, Apvoxd— 
une, Madders, Kepedtec, Tpzytoc, T'ahd£toc, qui tous font allusion 
à son caractère pastoral. Quelle que soit l'origine réelle du 
surnom Kapveios, qu'on a voulu faire dériver d'un nom 
d’homme et qui était un des plus fréquemment donnés 
au dieu de la lumière à Thèbes, à Corinthe, en Laconie, 
en Messénie, dans les îles voisines du Péloponnèse, en 


1 Ranz, v. 1817. 

-% Fragm., n° 259, édit, Beeckh, Leipzig, 1821, t. II, 2° part., p. 679. — 
Vers cités par Plutarque : Quæst, conviv., lib. VIII, cap. II, 5, et De sotert. 
animal., cap. XXXVI. 

3 Lib. IX, cap. VII, 1. 
4 De animal., lib. VII, cap. XLV. 

5 Paris, Didot, 1842, p. 536 : Ot & Adyour bt nAnglov toû pavælou tou 
ArdAkwvOs Fv Aluvy tué, Ev H xavepuer Sergiy pavrixéc + eloepyouevors oÙv eo 
pevevndc, 6 8e hp nepl tiv npiopav parvopsvos pavselasÉkeye nat ypnoyous, x. ©. À 


164 MEMOIRES 


Cyrénaique et généralement chez tous les Doriens, Aespiia 
phy coic r&n*, il n’en demeure pas moins constant que le 
mot xdpvoc, équivalent de Pésxnua, de xpébarov *, devait 
naturellement autoriser l'emploi du type qui nous occupe. 
Non seulement des temples, des statues s’élevaient de 
tous côtés en l'honneur d’Apollon Kapvsioc*, mais ce 
surnom servait encore à désigner le mois* pendant 
lequel on célébrait des fêtes appelées Käpveux que prési- 
daient, avec le titre de Kapmäta, cinq citoyens pris dans 
toutes les tribus et nommés pour quatre ans*. Apollon, 
lorsqu'il était exilé de l'Olympe, fut, disent les mytho- 
graphes, pendant neuf années conducteur des troupeaux 
d'Admète, roi de Phere en Thessalie. De là les surnoms de 
Néytog (protecteur des troupeaux) chez les Arcadiens ‘, de 
Molsviog (pasteur de brebis) chez les Naxiens ‘, d'Apvoxéunc 


1 Pausanias, lib, II, cap. XIU, 4. 

2 Hesychius, ¢, 9. xdp vos. 

8 Voy. Pausan., lib. II, oap. X, 2, XI, 2; lib. IM, cap. XIV, 6, XXI, 8, 
XX1V,8, XXV, 10, XXVI,5et 7; lib. IV, cap. XXXI, 1, XXXIII, 4. — 
Le Spartiate qui introduisit le culte d’Apollon Carnéus dans sa patrie et qui 
avait érigé dans sa propre maison un autel consacré à ce dieu se nommait 
Kpios (id., IN, XU, 3). 

4 Thucydid., lib. V, cap. LIV. — Euripid., Alcest., v. 450. — Plutarch., 
Nicias, cap. 18. — Boeckh, Corpus Inscr. græc., t. Il], p. 677. — Maury, 
Annuaire de la Soc, des Antiquatres de France, 1852, p. 167. 

5 Herodot., lib. VII, cap. CCVI; VIII, cap. LXII. — Thucydid., lib. V, 
cap. LXXV. — Pindar., Pyth., V, 8. — Theocrit., Idyll., V, 83. — Cal- 
limach., Hymn, in Apoll., v. 71 sq.— Plutarch., Quest. convival., cap. VII. — 
Athen., Deipnosoph., lib. 1V. — Cf. P. Castellanus, De fest. Græcorum, et 
Meursius, Græciæ feriatæ, lib. IV, dans le Thes. Ant. Gree. de Gronovius, 
t. VH, p. 676 et 808. — Welcker, Griechische Gatterlehren, t. 1, p. 469. 

6 Pindar., Pyth., IX, 67. — Serv. ad Virgil. Georg., I], 2, — Macrob., 
Saturn., lib. I, cap. XVII. 

¥ Macrob., loc. est. 


——— a 
a ee ee eee 
eee Sem] 





ET DISSERTATIONS. | 405 


à Lesbos’, de raïato, en Béotie’, de Made”, Kepe- 
trac’, Tpdyoc *, qui tous expriment plus ou moins direc- 
tement ia même idée; enfin d'Exipydtoc (qui préside aux 
brebis) chez ces Camiriens de l’tle de Rhodes * où le 
culte d’Apollon-Hélius resta en honneut jusqu’aux derniers 
temps du paganisme. Et multa sunt, dit Macrobe, cogno- 
mina per diversas civilates ad dei pastoris officium tendentia. 
Quapropter universi pecoris antistes et vere pastor agiios- 
cilur. 

De 1a provient sans doute aussi la grande analogie de 
certaines figures de Päri$ berger avec Apollon dont il em- 
prunte et le costume et la lyre, comme lui couronné dé 
hurier-êt laissant flotter sur-ses épaules sa longue cheve- 
jure. Les animaux qui l'entourent sont tantôt des chèvres 
et tantôt des brebis ’. La chèvre, l'ibex, le mouton, étaient 


1 Macrob., doc. cit. 

* Plutarch., de Pyth. orac., cap. XXIX. — Proolus, in Photii Bibléoth., 
p. 321, 31.— Cf. Welcker, Griechische Getterlehren, t. I, p. 485. 

$ Thucydid., lib. III, cap. III, 3 

+ Pausanias, lib. VIII, cap. XXXIV, 8. Temple d’Apollon Céréates près 
du fleuve Kzpvlwv. 

8 Steph. Byzant., s. 0. Tpayata. Cf. Weleker, op. laud, 

e Macrob., Saturn., lib. J, cap. XVII. 

T Voy. Gerhard, Trinkschalen wu. Gef. des k. Museams su Berlin, pl. Xt. — 
Auserlesene gr. Vasend., t. Ill, pl. CLXX1V. — Antike Bildwerke, pl, XXX]. 
— Overbeck, Gall. heroisch. Bildw., pl. 1X, n° 8; et X, n°° 1 et 4.—Cf.J. de 
Witte, Catal. Canino, n* 129 et 130. — Sur d'autres vases encore on voit 
Pris tenant la lyre, mais sens troupeaux; par ex. : Gerhard, Auserl. gr. 
Vasenb., t, 111, pl. CLXXÏII.— Antike Bildwerke, pl. XXXI1I. — J. de Witte, 
Catal. Durand, n° 375. — Overbeck, Gall. heroiech. Bildw., pl. 1X, n°° 4,5, 
6; X, n° 3. — Cf. O. Jahn, Budlett. ded?’ Instit. archeol., 1842, p..26. — 
(Toutefois rien ne prouve que sur les miroirs gravés pl. CCX] et CCXII des 
Etruskische Spiegel de Gerhard, le personnage qui tient une lyre et un ra- 
mean puisse être considéré comme l'image de Paris.) — Ailleurs Apollon 
‘lui-même assiste au jugement; un bélier se voit près du dieu ot de Paris 
assis: Gerhard, Apulische Vasenb., pl. VI; Overbeck, op. laud., pl. X, n° 5. 


1869. — 3. 12. 


166 MÉMOIRES 


facilement confondus par les anciens, confusion qui est en 
accord avec les lois de la classification scientifique. Des 
têtes de béliers et des têtes de chèvres sont figurées sur les 
pièces de Delphes’, et l'on trouve ces deux genres de ru- 
minants alternativement attribués, dans les représentations 
antiques, à Mercure qui partage avec Apollon les épithètes 
de Nomius * et d’Epaméiias *. 

D'ailleurs Pausapias nous apprend que Mercure avait dé- 
livré les habitants de Tanagra de la peste, en portant ut 
bélier autour des murs de la ville, ce qui lui avait valu le 
surnom de Criophorus : « 0 Epnñs agloiv äxotphpat vésov Ao- 
yubdy mp to cio xptdy aipurepauw’. » Il est possible que 
quelque croyance analogue ait existé au sujet d’ Apollon, 
dieu médical *. 

Le voyageur rapporte encore que dans les environs de 
Messène, au milieu d’un bois très-épais de cyprès qu'on 
appelait de son temps Carnasius ‘, et dans lequel on célé- 
brait les mystères de la Mère des dieux’, se trouvaient 
associées les images d’Apollen Carnéus et de Mercure por- 


3 Les têtes de chèvres rappellent aussi la tradition suivant laquelle des 
animaux de cette espèce firent découvrir l'emplacement d'où sortaient des 
émanations inspiratrices, et sur lequel fut érigé le trépied fatidique. C'est à 
cette croyance que se rapportait la coutume établie de sacrifier des chèvres 
quand on voulait consulter l’oracle (Diodor. Sicul., lib. XVI, cap, ¥XVI- 
— Pausan., lib. X, cap. V, 7). 

2 Aristophan., Theamosphor., v. 977. 

3 Pausanias, lib. IX, cap. XXXIV, 3. — Cf. lib. H, cap. IH, 4. 

+ [bid., IX, cap. XXII, 1. 

8 Voy. Friederichs et Gerhard, Apolton mit dem Lamm (zum Winckelmanns- 
fest, 1861). — Et pour les rapports médicaux de Mercure avec Apollon, Pa- 
notka, Heilgætter der Griechen, Berlin, 1845, p. 11, 

* Pausan., lib. IV, cap. XXXIHI, 4, — C'était aussi l’ancien nom d’une prey 
vince ; ibid., cap. Il, 2. 

7 cf. Pausan., lib. If, cap. 11}, 4. 


ET DISSERTATIONS. 167 


tant un bélier. Ce sanctuaire n’était pas probablement sans 
analogie avec celui qui fut découvert, il y a une vingtaine 
d'années, par M. Peretié à Rimat près Saïda, et qui ren- 
fermait une statue d'enfant criophore accompagnée de 
deux bustes radiés. Les figures de bronte recueillies en 
ce lieu furent acquises par M. le duc de Luynes, et sont 
actuellement conservées à la Bibliothèque impériale ‘. On 
sait aussi qu'un autel du Musée Gapitolin* représente un 
buste solaire et un enfant criophore sortant du feuillage 
d’un cyprès, sajet qui offre de frappants rapports avec la 
description du bois Carnasius. Toutes ces représentations, 
‘dont je ne prétends pas épuiser la liste, concourent à nous 
montrer la relation du bélier avec Apollon-Hélims. 

Au temps où furent composés les hymnes homériques, 
Apollon paraît conférer à Mercure le gouvernement des trou- 
peaux de toutes les espèces. Ge n’est point seulement les 
bœufs dérobés au dieu armé d'un arc d'argent, les cavales 
qu'il nourrissait sur le mont Piéris *, les bêtes fauves, qui 
devront wbéir au rusé fils de Mafa; son empire s’étendra 
encore sur les chiens, les brebis, les troupeaux de moutons 
qui couvrent la surface de la terre : 


wat vu) xal pékorarv, Soa tpivet edpeta yÜv, 
naa. 8 int rpoërrornv évasanv xdcrpov Eppijy *. 


Mais, ainsi que le fait observer M. Alfred Maury : 
« comme divimté pastorale, le fils de Latone déposséta 


1 Lajard, Rech. sar le cuite du cyprès pyramidal, 1854, p. 28, ‘et pl. T3 
fig. 1. — Archæol. Anasiger zur Archwol, Zeit., mai 1851, p. 50. 

4 Lajard, op. laud., p. T9 sq, et pl. I. — Monum. ined. de l'Instit. archéot.y 
+. IV, pl. XXXVIIL. 

8 Homer., Hymn. in Mercur , v. 70,— Hidd., Mb. 1}, v 763 7, 

+ Hymn, in Mercur., vy. 570 sq. 


168 MÉMOIRES 


peu à peu complétement Hermès. A mesure que ce dernier 
fut confiné davantage dans ses fonctions de messager des 
dieux, Apollca prit sur les troupeaux un empire de moins 
en moins contesté... Ce qui frappe dans l'hymne homé- 
rique, c'est la supériorité morale d’Apollon sur la divinité 
arcadienne..... Herinés garde encore le droit de protéger 
les troupeaux ; mais son emploi n'est: plus que subalterne, 
et le fils de Latone domine de toute la hauteur et de tout 
l'éclat de sa divinité. Apollon ne partageait pas senlement 
avec Hermès, son ancien rival, les attributs de dieu pastoral, 
il avait encore presque tous ceux qui caractérisaient le fils 
de Maia’. 

Toute question mythologique mise à part, les archéo- 
logues qui cherchent sur les monuments des souvenirs de 
faits positifs, pourraient encore alléguer que Y Apollon de 
Delphes possédait des troupeaux réels qui paissaient sur les 
pentes verdoyantes du Parnasse, et produisaient pour le 
sanctuaire un revenu considérable qu ‘adrninistraient les 
Amphictions’. 

Ce n'est pas exclusivement la monnaie de Delphes qui 
montre le bélier rattaché au culte d'Apollon : Les petits 
bronzes de l'île de Péparéthus*, ceux de Clazomène*, et 
ceux qui ont été attribués à Céphallénie par Pellerin, Chris- 
tian Ramus, Mionnet, et à Cébren de Troade par MM. H. P. 
Borrell*® et Waddington‘ nous offrent une tête de bélier 


* 4 Fist. des religions de la Grèce ant., t. 1, p. 445 et 446, ° 
3 Voy. Carle Wescher, Étude sur ls monum. bilingue de Delphes, p. 56, 
ligne 57, et p. 68, 115 et 120. 
3 Mus. Hunter, pl. 42, n° 8.— Mionnet, Descy., t. H, p. 27, n° 187; Suppl., 
+ IN, p. 313, n° 3 
+ Mionnet, Suppl. t. VI, p. 89, u° 54. 
« + Numisin, Chronicle, t. VI, 1844, p. 187. 
6 Revue num., 1858, p!. V, n 2,3 et 4, 


ee a a 





ET DISSERTATIONS. 169 


au revers de ja téte lauréé du dieu. L'image de la même 
divinité alterne dans la série des médailles impériales dé 
Colophon avec celle d'un bélier. 

Sur les autonomes de Nésus de Céphallénie ', on trouve 
üne petite tête. de bélier que l'on peut regarder, je pense; 
aussi bien que d’autres types de la même ville, lyre, tré- 
pied, dauphin”, comme étant relative à Apollon dont l'ef- 
figie se voit au droit, peut-être même au sarcluaire de 
Delphes spécialement‘. | 

A Cranium enfin *, le bélier apparaît associé à un arc; et 
l'on peut, sans trop de témérité, chercher dans ces derniers 
types une intention de rapprochement entre le surnom du 
dieu : Kzpvziog, et le nom de la cité : Kpaviov. 

En effet, près de Corinthe, il y avait un bois de cyprès 
qui se nommait, non pas Kapvacwv, comme à Messène, ou 
Käpvwov, comme un lieu consacré en Laconie*, mais Kpd- 
veov* : on a déjà remarqué la relation des cyprès avec les 
divinités criophores. | 

Pausanias, torsqu'il rapporte les diverses étymologics 
données au surnom apoilinien Kapveioc, dit qu’on le faisait 
dériver de 4 xpaveia, à cause des cornouillers que les Grecs 
avaient coupés dans un bois sacré d’Apollon sur le mont Ida, 
pour la construction du Cheval de Troie, Bientôt ils recon- 


1 Revue num,, première série, 1845, p. 413, vignette. 

2 Numism. Chronicle, t. VII, p. 60. — Annal. dell” Instit. archeol., 1861, 
p. 146. Avec des attributions fautives. 

3 Voir, sur ce point, Pausan., hb. 1, cap. XXXVI!, 7, et lib. X, cap. XIX, 3. 

* Bosset, Essai sur tes med. de Céphal. et d'Ithaque, pl. It, n 18 à 25 et 30. 
—Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., pl. VII, u° 21,—Postolacca, Katadoyvo 
tiv dpyalev vous. tw vicwy, 1868, n'° 901 à 904 et 908 à 911, 

5 Polyb., Bell. soc. Ach , lib, V, cap. XIX, 3. et 4, os 

* Pausan., lib. JI, cap. 1,4. — Cf. un bois consacré à Apollon Carnéus, 
id. lib. IV, cap. XXXI, 1. | | 


470 MÉMOIRES 


aurent que cette action avait attiré sur eux la colère du 
dieu : pour l’apaiser, ils instituèrent des sacrifices, et donnt- 
rent alors à Apollen le surnom Kapwäioc, dérivé de xpzvlz, 
au moyen de la transposition du rho, suivant un precédé ar- 
ehaique : xd sûv xpavuiov, bapQivess 50 fib xevk bof tt Zpyaiey '.0 

Les habitants de Cranium ont eu probablement recours 
à la même métathèse. Cest ainsi que lle de Carpathus, 
située près de la Crète, dont le nom est écrit &äpraîec par 
Hérodote*, Strabon*, Étienne de Byzance, était appelée 
poétiquement Kpératec dans Homèse *. 

L'arc, représenté aw revers des monnaies de Cranium 
qui portent au droit un bélier, s’expliquera par une double 
allusion au culte apollinien et aa nom de la ville : l’em- 
blème du dieu x)urérofes est aussi l'arme faite de bois de 
eornouiller = ré£ov xpavêivor *. 

Je ne dois pas oublier de mentionner une circonstance 
archéologique fort intéressante, Le type du tétradrachme 
delphique a été reproduit sur la base d’un cône de ealcé- 
doiae qui probablement a servi de sceau à un habitant de 


Tune des provinces maritimes de I’ Asie Mineure, et qui fait 
aujourd'hui partie de la collection de M. James Cove Jones, 
ancien secrétaire de la Société numismatique de Lendres, 


* Pauean,, lib.., III, cap. XIN, 5. 
* Lib, I, cap. XLV. 

# Lib. X, p. 488; XIV, p. 681. 

* Miad., lib. I], v. 676. 

5 Voy. Pausan., lib. 1, eap. EX, 5 





ET DISSERTATIONS. 47) 


à Loxley (comté de Warwick). La seule différence qu'on 
puisse con3tater entre le type monétaire et celui de l’in- 
taille, est que cette dernière offre au-dessus des têtes de 
bélier géminées trois dauphins au lieu de deux. M. le comte 
de Vogüé, en publiant ce curieux monument d’après une 
empreinte‘ que Jui avait donnée M. le duc de Luynes, a 
trés-ingénieusement fait observer que le styie des figures 
qu'il ne croit pas antérieures au v° siècle, est inspiré de 
d'art grec. La découverte du tétradrachme de M. de Deme- 
trio lui donne complétement raison. 

Avons-nous dans ce sceau un souvenir de quelque péleri- 
nage ou de quelque réponse heureuse obtenue de l’oracle 
de Delphes ? On sait que les Asiatiques le consultaient aussi 
bien que les Grecs. Serait-ce le cachet d'un négociant 
étranger habitué des marchés de la Phocide? On bien les 
symboles apolliniens se rapportaient-ils à l'un des noms 
inscrits sur le sceau ? 

M. de Vogüé a lu: ww "2 wars nn, Soeau de Nergasch 
fils de Scheresch. Le second de ces noms est connu dan; la 
Bible *. Mais si nous remarquons que dans k nom du père 
de Nergasch, le deuxième caractère est exactement sem- 
blable à celui qui commence le nem du fils, c'est-à-dire un 
moun ; que le troisième et dernier est un beth comme la 
première lettre du mot 2, il en résultera qu'il faut lice 
mon pas wiw, mais 230, Schenab, nom qui se rencontre dans 
la Genèse* porté par un roi d’Adama près de la mer 
Morte. Là il se présente sous la forme 2n3w, tandis que 


1 Mélangrs d'archéologie orientale, 1868, pl. VI, n° 33, et p. 130. — Rer. 
arehcol., 1868, pl. XV et p. 445. 

3 Paralip., lib. 1, cap. VII, 16. 

8 Cap. XIV, 2. 


472 . MEMOIRES 
le groupe inscrit sur le sceau né contient pas de voyelle, 
conformément à l'usage phénicien. 

La signification du nom Nergasch n'a pas été indiquée 
par M. de Vogaé. Quant à Sehenab, dont les Septante ont fait 
Yevvadp, les interprètes ont donné à ce nom des étymolo- 
gies fort diverses que je ne me perniettrai pas de dis- 
cuter. Nous savons par les stéles bilingues d'Athènes et 
de Malte que les Phéniciens établissaient une synonymie 
entre leurs dieux et les dieux de la Grèce ; puisqu'ils tra- 
duisaient wowTAay par H)dswpoc, el IORTAY par Atovéne. 
Le nom d’Apollon-Hélius avait sans doute chez les Sémites 
plus d'un équivalent; mais il y a là matière à examen et à 
discussion. Je me contente donc de doaner une: nouvelle 
copie du sceau aux têtes de béliers, prise sur une excel- 
lente empreinte, et de signaler l'identité de son type et de 
son style avec ceux de la monnaie qui doit avoir servi de 
modèle. 

Henri DE LONGPÉRIER. 


io | ET DISSERTATIONS. 473 


MEDAILLES GRECQUES INEDITES 
DE EA COLLECTION SOUTZO 


(Pi. VI, VU, VII.) 


4. Ælnæi de Sicile. Tête dApollon, à gauche. — 
Hh. AITN. Ornement en forme de double palmette, dont 
les deux feuilles supérieures ressemblent à celles de l'a- 
canthe. — Æ 5. (D’après M. Th. Heldrich, botaniste, à 
Athènes, et conservateur du Musée d'histoire naturelle.) 

2. Bizya de Thrace. M.IOYA.@IAITITIOL KAIL. Buste de 
Philippe le Jeune, 4 droite ; la tête nue. — à. BIZYHNON. 
Ciste entr’ouverte d'où s'élance un serpent, à gauche. — 
Æ. A. La ville de Bizya est située dans Ia partie de la 
Thrace que les anciens appelaient le royaume ou le peuple 
des Astæ. | 

3. Byllis d'Illyrie, Tête casquée de Minerve, à droite; 
derrière, monogramme. — À. BYAAIZ. Aigle, à droite, 
debout sur un foudre : le tout dans un cercle de grènetis. 
— #. 2. Cette ville maritime d'Illyrie passe pour avoir 
été fondée par les Myrmidons, compagnons de Néoptolème. 

h, Methone de Macédoine. Téte de femme, à gauche, les 
cheveux retroussés. — R. MEOQ à l'exergue. Lion, à gau- 
che, brisant une lance. Lettres AV liées au-dessus du lion. 
— Æ,. 2. Méthone est sur la frontière de la Thrace. C'est 
la seconde médaille connue de cette ville; la première se 
trouve dans la collection nationale d'Athènes : elle a été 


474 MÉMOIRES 


publiée par mon ami M. A. Postolacca, conservateur du 
Cabinet des médailles d'Athènes, dans les Annali dell 
Instituto di corrispondenza archeologica, t. XXX VIII, Rome, 
1866, p. 330 et Monum, vol. VIII, pl. XXXII, n° 2. Mais on y 
remarque certaines différences. Dans la première le lion est 
tourné à droite, occupé à dévorer sa proie, et il n’y a pas 
de monogramme. 

5. Larissa de Thessalie. Tête de bœuf, de face, avec le 
cou à droite; le tout dans un cercle de grènetis. — ®. AA 
rétrograde: la lettre A n'a pas été imprimée. Tête de 
cheval bridée avec le cou, à droite ; le tout dans un carré 
creux en partie visible. — MR. 1 4/2. Poids, 0s,898. 

6. Melibæa de Thessalie. Tête de femme, à droite ; les 
cheveux réunis en touffe au sommet du crane.—s#. MEAL. 
Grappe de raisin avec deux feuilles. — Æ. 2. 

7. Elzade Thesprotie. Tête de Cérés de trois quarts, à 
gauche, couronnée d'épis; les cheveux pendants. — 
À. EAEAI au-dessus de Cerbère en arrêt, à gauche, sur 
une ligne horizontale ; entre les pieds du chien, A : le tout 
dans un champ concave. — Æ. 4 1/2. Le comte Michel 
Wiczay, dans la description de son cabinet ', attribue cette 
pièce à Pisaurum d'Ombrie, en la comparant à la mon- 
naie au type de Cerbére décrite par Pellerin”. Mais, 
en 4824, M. Mionnet, qui la croyait inédite, la classait aux 
Celtæ-Aidonites de l'Épire, d'après un renseignement que 
lui avait fourni M. Pouqueville*. Quelques années plus 
tard, Éd. de Cadalvène, ayant trouvé un exemplaire sur 


1 Musei Hedercarti num. ant., 1814, t. I, p. 17, n° 344. 

3 Recueil de méd., t. I, pl. IX, n° 40, p. 59. — Mionnet, Descript., t. I, 
p. 104, n° 64, et Suppl., t. IX, p. 242. | 

# Voy. Vuyage en Grèce, 1.1, préface, p. xvi et p. 471. — Mionnet, Suppl, 
t. 111, p. 418, pl. XI, n° 5. 


= 


ET DISSERTATIONS. 478 


Tequel il croyait lire EAEQ, proposa uve restitution à 
Éleon de Béotie‘. La médaille est incontestablement de 
fabrique thesprotienne, comme l’avait, du reste, reconnu 
Pouqueville. Thucydide fait mention (1. I, 46) d’un canton 
ele la Thesprotie qui s'appelait Elæatis. Ptolémée (1. III, 
Cap. 14) dit que le port de ce canton où se jette le fleuve 
Achéron s'appelait Elæa. M. P. Lambros n'hésite pas à ac- 
cepter cette attribution, d'autant plus que la médaille a 
été recueillie en Épire. Le savant conservateur du Musée 
numismatique de Berlin, M. Friedlender, admet aussi 
cette attribution, et il pense, en outre, que la légende 
EAEAI pourrait, sans être nullement forcée, se compléter 
par EAEAION, c'est-à-dire habitants d'Elæa. 

8. Acarnanie. AKAPNANON. Tête d’Achéloiis, à droite. 
— À. PEPEAAOS. Apollon nu assis, à gauche, sur un 
siége sans dossier, tenant de Ja main droite un arc, et ap- 
puyant la gauche sur le siége. — AX. 5. Poids, 85,805. Je 
n'ai jamais rencontré le nom de D9EPEAAOS sur les mé- 
dailles de l’Acarnanie. Je remarquerai encore qu’habituel- 
lement le nom de l’archonte est placé toujours du côté 
de la tête de l’Achéloüs et la légende AKAPNANON du 
côté du revers où l’on voit Apollon. | 

9. Alyzia d Acarnanie. Tête de Diane, à droite, la che- 
velure retenue par un bandeau et formant une touffe au 
sommet, avec boucles d'oreille à trois pendants.— &. AA. 
Arc; le tout dans un champ concave. — Æ. 2. Poids, 
08,933. 

40. Téte de Diane, a droite, les cheveux retroussés. 
— À. AA. Arc posé horizontalement. — #. 2 41/2. 

41. Medeon d Acarnanie. Tête laurée d’Apollon, à gau- 


1 Recueil de méd grecques, 1828, p. 154 et vignette du titre. 


170 MÉMOIRES 


che, les cheveux pendants par derrière. — &. ME. Trépied 
placé entre les lettres. — Æ. 4. M. P. Lambros restitue à 
Médéon, ville de l’Acarnanie, située vers la frontière de 
l'Étolie (voy. Thucydide, 1. III, 406), et qu'il ne faut pas 
confondre avec Médéon de Macédoine, une médaille attri- 
buée jusqu'à présent à Métapontum d'Italie, ayant c’un 
côté une tête de Minerve, et au revers, IME, chocette 
debout. La médaille que je publie doit être attribuée 4 
cette même ville avec d'autant plus de raison, qu'elle 
a été trouvée en Acarnanie, et que celui qui a l'habitude 
de discerner les différentes fabriques ne peut pas mécon- 
naître le type acarnanien de cette médaille. M. P. Lam- 
bros et M. A. Postolacca n'hésitent pas à admettre cette 
attribution. _ 

42. Stratus d Acarnanie. Tête d'Acliéloüs, à droite, — 
À. FTX dans un champ concave peu profond. — A. 2. 
Poids, 15,170. L'attribution de cette médaille unique à 
Stratus a été contestée par la seule raison que la lettre T 
est plus grande que les deux autres et que l’on rencontre, 
quoique fort rarement, une médaille ayant le même type 
avec la lettre T isolée. Je pense que cette médaille doit 
être considérée comme acarnanienne, et en outre qu’elle 
doit être attribuée à Stratus. J'ai dans ma collection deux 
médailles des OEniades, dont une d'argent et l'autre 
fourrée, ayant absolument la méme tête d’Achéloüs. Il est 
vrai que la lettre T isolée se trouve sur d’autres médailles 
de la même contrée indiquant, d'après mon opinion, le 
poids’, mais il est plus que probable, que les habitants 
de Stratus, capitale de l’Acarnanie, ont ajouté à Ja lettre T 
indiquant le poids de la monnaie, les lettres ST pour 


1 Voy. Reeve numism., 1867, p. 301 et 303. 


__ — - ea - 






ET DISSERTATIONS. 477 


indiquer en même temps le nom de la ville par les trois 
initiales. J'ai aussi en ma possession une médaille en bronze 
de Stratus, la seconde connne jusqu’à présent, et portant 
une tête d'Achéloüs semblable à celle de la médaille 
d'argent. 

43. Phocide? Casque, à gauche. — À. T dans un carré 
creux.—Æ. 1. Poids, 0s",420. Cette pièce a été classée par 
moi, à cause de Ja lettre T, parmi les médailles de Tégée. 
Mais ayant été convaincu plus tard par la belle découverte 
de mon ami M. P. Lambros, gue les lettres isolées, A, E,T, 
ne sont Je plus souvent que des indications du pois (j'y 
reviendrai plus tard à propos du n° 26), jen’ai pu classer 
nulle part cette médaille avec certitude, et c’est avec hési- 
tation que je la place parmi les médailles de la Phocide, 
car je ne me fonde que sur une médaille de cette contrée 
qui porte un casque semblable. Je laisse à la perspicacité 
des savants numismatistes à donner une explication plus 
satisfaisante. 

4h. Delphi de Phocide. Téte de bélier, à gauche. — 
i. Tête de bouc, à droite, dans un carré creux. — AM. 2, 
Poids, 44,422, 

_ 45. Ismene de Béolie. Bouclier béotien,—À. HI. Grappe 
de raisin placée entre les lettres. —Æ. 1/2. Poids, Osr,299. 
Cette petite médaille est attribuée par M. P. Lambros à là 
ville béotienne d'Ismène. La lettre H indiquant que F1 est 
-aspiré ne l'a point arrêté; il est en effet prouvé par une 
foule d'inscriptions grecques que j'ai sous les yeux que 
le même mot était aspiré ou non aspiré indifféremment, 
et cela à la même époque; par conséquent, je pense que 
l'attribution de cette petite médaille à la ville d’Ismène est 
très- juste. 
46. Tanagra de Béotie. APOYCOC. Téte de Drusus nue, 


178 MÉMOIRES 


à droite. — R. TANA. Branche de palmier. — Æ. 2 1/2. 
C'est à cause de Drusus que je place cette médaille parmi 
tes inédites, n'ayant jamais rencontré le nom de Drusus 
sur les médailles de cette ville, 

47. Athenz. Tête de Thésée, les cheveux courts, à 
droite; derrière la tête, massue. — f. AOH à gauche de 
la médaille. Vase à deux anses; à droite du vase, une 
branche de palmier : le tout dans un grènetis.—Æ. 4 41/2, 

48. Dyme d Achaie. Cerf debout, à droite. — &. Poisson, 
à gauche; au-dessus, symbole incertain; ke tout dans un 
carré creux.— MR. 4, Poids, 11,021, Cette médaille, ainsi 
que les deux autres qui suivent, quoique sans légende, 
ne pcuvent être attribuées qu'à Dymé, d'abord à cause 
du poisson qu'on trouve sur les médailles de la Ligue 
achéenne de la même ville, et, en second lieu, à cause de 
la fabrique. MM. P. Lambros et Postolacca sont du même 
avis. 

49. Paytie antérieure d’une biche courant, à droite. — 
à. Poisson posé transversalement, à gauche; au-dessus, 
petit poisson, et au-dessous, étoile ; le tout dans un carré 
creux dentelé, — MR. 4, Poids, 05,095. 

20. Partie antérieure d'une biche courant, à gauche.— 
à. Poisson posé transversalement, à droite; au-dessus, 
un Q; le tout dans un carré creux avec un encadrement.— 
A. T. Poids, 0,039. | 

21. Pellene d Achase. Tête d'Apollon laurée, à gauche, 
la chevelare pendant par derrière en boucles. —à. TIEAAA 
dans une couronne de laurier. — M. 2. Poids, 2,533. 

22. Argos d Argolide. Téte de femme, à droite, la che- 
velure pendant par derriére en boucles et retenue par un 
bandeau. — i. Harpé et massue placées horizontalement 
dans une couronne. — Æ. 3. Poids, 2,412. Cette belle 


M —_— ep ee ————< 
au 


a 


ET DISSERTATIONS. 479 


meédaille, d’une conservation parfaite, peut être attribuée 
à Argos, à cause de la harpé et de la massue qui compo- 
sent le revers de cette médaille. MM. P. Lambros et A. 
Postolacca n’hésitent pas à considérer cette attribution 
comme juste et fondée. 

23. Argos et Thyrea. Tête de loup, à droite. — f. A et 
© en monogramme dans un champ concave. — M. 1 1/2. 
Poids, O8',769. Les anciennes médailles de ces deux villes 
que nous rencontrons assez souvent ont, en général, le théta 
carré, et l'A se trouve au revers dans un carré creux. La 
médaille que je publie paraît être d'une fabrique bien 
postérieure, à cause du © rond et du style de la médaille 
beaucoup plus élégant. 

2h. Cleonz d’Argolide. Tête de lion, àgauche.—à. x dans 
un carré creux.— /R. 4. Poids, 05,454. La tête du lion est : 
d'un beau style. | 

25. Heræa a Arcadie. Téte de femme, à gauche, les 
cheveux retroussés. — À. AQH. Au milieu, un grand E; 
le tout dans un champ peu concave. — M. 4. Poids, 
Or 845, 

26. Mantinea d'Arcadie. MA. Gland placé entre les 
lettres ; le tout dans un grénetis. — à. Grand E devant la 
légende MAN. Champ concave. — M. 4. Poids, 0#*,480. 
Les médailles portant la lettre E et quelquefois trois E 
ont été attribuées pendant bien longtemps à la ville 
d'HPAIA d’Arcadie, en admettant préalablement qu'on 
prononçait EPAIA au lieu d'HPAIA, c’est-à-dire l’éta avec 
le son de l’epsilon. Cette explication ne m’a jamais satisfait, 
bien que je n’eusse pas d'arguments assez solides pour la 
combattre. L’acquisition de cette petite médaille de Man- 
tinée, appartenant incontestablement à cette ville, puis- 
qu’elle porte une double légende, MA avee le gland d'un 


380 MÉMOIRES 


côté, et MAN avec la lettre E au revers', ne me laissait 
plus de doute que cette lettre signifiait tout autre chose, et 
que les médailles portant un ou bien trois E ne devaient 
pas être attribuées exclusivement à la ville d’Heræa. Plu- 
sieurs de mes amis qui soutenaient l'opinion contraire 
ont été obligés de se rendre devant l'argument palpable, 
la double légende de Ja petite médaille de Mantinée. On a 
soutenu alors que la lettre E était un signe d'alliance entre 
la ville d'Heræa et celle de Mantinée. Cette nouvelle supposi- 
tion a jeté quelques doutes dans monesprit, sans cependant 
me convaincre, lorsque l'acquisition de la petite médaille 
d'Heræa m'a donné complétement raison; mais la lettre E 
restait toujours inexplicable. Mon ami M. P. Lambros, 
d'une perspicacité reconnue pour tout ce qui a rapport aux 
médailles, a résolu le problème, la balance à la main, de 
la manière la plus satisfaisante, et va bientôt publier le 
résultat de ses observations. I] prouve, dans un travail 
très-ingénieux, que Jes lettres isolées E, A, T que nous 
rencontrons souvent sur les médailles indiquent le poids 
de la monnaie. Un E, par exemple, signifie la sixième 
partie d'une drachme ; la médaille qui en porte trois, est 
la moitié d’une drachme, soit les trois sixiémes, et ainsi 
de suite. J’ai dans ma collection une trés-belle médaille de 

la Phocide; on y voit d'un côté trois têtes de bœuf et au 

revers un T. Cette médaille pèse un trichalcon. M. P. Lam- 

bros a été plus loin encore : il veut prouver que ce n'est 

pas par pur caprice et sans raison que les anciens mettaient 

sur leurs monnaies tantôt un bouclier et tantôt trois bou- 

cliers, comme on en rencontre souvent sur les 


Voir la monnaie attriouës à Mantia‘e pa: M. L. Müller, Revue numism.; 


1862, p. 302, n° 4, 





ET DISSERTATIONS. 4181 


béotiennes, ou bien un ou trois glands, comme sur les 
médailles de Mantinée. J'ai, en effet, en ma possession deux 
médailles de cette dernière ville, dont une a un gland et 
l'autre a trois glands; la première ne pèse qu’une obole, 
tandis que la seconde en pèse trois. 

27. Chersonesus de Crète, Tête, à droite, probablement 
de Diane laurée. — À. Les lettres XE liées dans un champ 
concave. — AM. 2. Poids, 45,647. . 

28. Priansus de Crète. Tête de femme, à droite, les 
cheveux retroussés en rouleau autour de la tête. — 
à. IIPIAN. Neptune debout, à gauche, lançant son trident. 
— Æ, 4. | | 

29. Eubæa in genere. Tête de bœuf de face. — . EY- 
BOEQN. Gouvernail. — Æ, 2. 

80, Carystus d'Eubée. KA. Homme debout, à gauche, 
tenant un cheval par la bride. — À. KA. Tête de bœuf 
de face, le cou à droite, avec des bandelettes. — 
Æ. 34/2 . 

34. Thera, tle. Téte de Mercure, à droite, dans un grè- 
netis, — À. OH. Caducée placé entre les lettres. — Æ, 4. 

32. Jos, tle AOYKIAAA CEBA. Buste de Lucille, à 
droite, les cheveux disposés en chignon. — À. IHTON. 
Pallas debout, à droite, tenant de la main droite une haste 
transversale, de la gauche, un bouclier. — Æ, 4. 

33. Paros, ile. Tête de Cérès couronnée, à gauche, la 
chevelure pendant en boucles dans un cercle. — À. IIAP 
en monogramme, au-dessus d’une proue; le tout dans un 
cercle. — 4. 2 3/4. — Autre semblable, H. 1 3/4. 

3h. Méme tête, à gauche, dans un cercle de grènetis. — 
à. [JAP en monogramme, au-dessus d’une colombe au 
repos, à droite. — M. 2. 

35. Antandrus de Mysie. Tête d’Hercule barbue, à gau- 

1869, — 3. 13 


182 MÉMOIRES 


"che, coiffée de la peau du lion. — à. AN. Entre les lettres, 
une MAssu6. — Æ. 4. 

86. Miletopolis de Mysie. Tête d'Apollon, à droite. — 
à. MIA. Bœuf marchant à gauche, — Æ, 1 1/2. 

37. Eresus de Lesbos. Épi.«— à. EPESI. Caducée, à 
droite; dans le champ, AE en monogramme. — Æ. 2. 

88. AY.KA.KOMOAOC. Buste lauré de Commode, à 
droite, avec le paludamentum. — f. EPECIQN. Modius 
posé sur une base, — Æ, &. 

89. Apollonia d'Ionie. Partie antérieure de Pégase, les 
ailes recoquillées ; derrière le Pégase, AI; dessous, A: le 
tout dans un cercle dentelé. — f. AIIO écrit horizontale- 
ment au-dessus d'une lyre hexacorde; le tout dans un 
encadrement formé par une branche de laurier. — Æ. 1 1/2. 

40. Priene d'Ionte. Tête de Minerve, à gauche. Der- 
rière, une branche d’olivier, — à. IPI. Epi; le tout dans 
un cercle formé par les détours du Méandre. — Æ, 4. 
Gette petite médaille est d'une belle fabrique. 

41. Teos d'Ionie. Griffon assis, à droite. — À. Osselet 
dans un carré creux. — Æ. 3/4. Poids, 05,225, 

42. Mylasa de Carie. Téte de femme, à gauche, les che- 
veux réunis en haut de Ja téte.—f}. MYAA. Diota.— A. 4. 

h3. Myra de Lycie. MY. Buste d’Apollon, à droite, la 
chevelure pendant en boucles. — à. Lyre à trois cordes 
dans une couronne de laurier. — A. 4. 

hh. Andeda de Pisidie. QTAKIAIA CEOYHPA. Buste 
drapé et diadémé d'Otacilia, à droite, dans un croissant. — 
à. ANAHAEQN. Fortune debout, à gauche, tenant un gou- 
vernail et une corne d’abondance. — Æ. 4. 

Ab. Anazarbus de Cilicie. AYTOK.... AOMITIANOS SE. 
Tète de Domitien laurée, à droite. — à. KAISAPEON 
ANAZAPBQ..... Tête, à droite, voilée et tourrelée de la 
ville personnifiée. — Æ. 7. 





ET DISSERTATIONS. 183 

A6. Seleucia de Cilicie. Mouche. — À. SEAEYKEQN 
Epi. — &. 1 1/2. | 

h7. Tarsus de Cilicie. IOYAIA AOMNA CEBACTH. 
Buste drapé et diadémé de Julia Domna posé sur un 
croissant, à droite. — À. KIAIK.APX.TAPGEON. TOY 
EQ@NOYG. Figure debout, à gauche, vêtue de la toge, sa- 
crifiant sur un autel. — Æ,. 54/3. Poids, 4,705, Cette 
médaille est digne d'attirer l'attention des numismatistes ; 
c’est pour la première fois que je rencontre sur une mé- 
daille le mot EONOC, c’est-à-dire peuple ou nation. 

48. Magnesia de Lydie. F.IOY.OYH.MAZIMOC KAI. 
Buste lauré de Maxime, à droite, avec le paludamentum. 
— À. CIII FP.AYP.TYXIKOT MAFNHTON. Victoire mar- 
chant à droite, tenant de la main droite une couronne etde 
la gauche une palme. Dans le champ, Z. — &. 8, 

49. Amorium de Phrygie. AYT.K.II.CE.FETAC AYT. 
Buste nu de Géta, à droite, la tête laurée. — à. AMO- 
PIANON. Pallas debout, à droite, tenant de la main 
droite une patère et de la gauche une lance ; à ses piéds, 
un bouclier ovale, — Æ, 7. 

50. Dorylzum de Phrygie. M. ANT.TOPAIANOC AYTO. 
Buste lauré de Gordien III, à droite, avec le paludamentum. 
À. EV] ATTIKOY APX.TO B AOPYAAEQN. Pallas de- 
bout, à droite, tenant de la main droite une lance renversée 
et appuyant la gauche sur un bouclier posé à terre.—Æ. 8. 

51. Sebaste de Phrygie. AHMOC. Buste du Démos, à 
droite. à. GEBACTHNQN. La Fortune debout, à gauche, 
la tête surmontée du modius, tenant de la main droite un 
gouvernail et de la gauche une corne d’abondance.— Æ, 6. 


| ALEXANDRE G. Sourzo. 
Athènes, 11 mars 1869. 


184 MÉMOIRES 


MONNAIES ET BULLES INÉDITES 
DE NÉOPATRAS ET DE CARYTÆNA. 


(Pl. IX) 


Lorsque, après la conquête, les Croisés se partagèrent 
l'État byzantin, Michel-Ange-Comnéne Ducas établit en 
Epire le despotat grec, qui, s'étant agrandi avec le temps, 
comprenait l'Étolie, la Naupactie, la Doride, la Parnasside, 
la Phtiotide, l’Acarnanie, l'Épire et une partie de la Thes- 
salie. Son successeur Michel II (1237-1271) partagea en 
mourant l’État entre ses deux fils, Nicéphore et Jean le 
Bâtard, laissant au premier l’Épire, I’ Acarnanie et l’Étolie, 
et au second la Thessalie et la Phtiotide, qui étaient alors 
connues sous le nom commun de Mégalovlachie, et les 
contrées qui environnent le Parnasse. 


NICÉPHOBE, DESPOTE D'ÉPIRE (1274-4296). 


Jusqu'à présent je n'ai pu découvrir de monnaies frap- 
pées au nom de Nicéphore; mais je conserve dans ma 
collection une bulle de plomb dont voici la description : 


Dans un cercle, buste de face et nimbé de la Vierge, 


— 


ee I ———— 
= ey 





ET DISSERTATIONS. 485 


les mains levées, et ayant sur la poitrine un médaillon 
à l’effigie de l’enfant Jésus ; dans le champ, MP—OV. 

À. Dans un cercle, + COPATIC CEBACTS NIKHGOPS 
TS A8K en quatre lignes’, — Plomb. (Pl. IX, n° 1.) 


JEAN IT, DESPOTE DE Néopataas (1271-1296). 


Jean I:, seigneur de Thessalie ou de Mégalovlachie, ou 
seigneur de Néopatras, avait pour capitale Néopatras (Hy- 
pate). Il est représenté par les chroniqueurs comme un 
homme ambitieux, et par conséquent se trouvant en 
guerres continuelles avec les Paléologues, qui avaient 
repris Byzance, mais il tachait de conquérir leur territoire, 
voisin de son État; de sorte que lorsqu'il prit le gouver- 
nement, il contracta une alliance avec le duc d'Athènes et 
les tierciers de Négrepont, qui sans cesse étaient en guerre 
avec Byzance, et étant parvenu aussi à attirer dans son 
parti le roi de Naples Charles I*, il attendait l’occasion de 
la rupture avec les Paiéologues, qui ne tarda pas à se pro- 
duire. Son gendre Andronic Tarchaniote, gouvernant au 
nom de l’empereur Michel VIII l’Orestiade et autres contrées 
de l'Hæmus, irrité contre l’empereur qui avait donné la pré- 
férence à son jeune frère Michel pour l’élever à la dignité 
de grand domestique, et après avoir appelé les Coumans 
dans les contrées qu'il gouvernait, se réfugia chez son beau- 
père qu'il excita à la guerre. Le despote, se confiant dans : 
le secours des Latins et de son frère Nicéphore, se jette sur 
les contrées voisines. Michel ayant appris ce qui se passait, 

envoya aussitôt contre lui une nombreuse armée sous le 


1 Quant aux monnaies de Michel Is, despote d’Epire, et à une bulle de 
plomb, voir mes dissertations dans la Mavôwpæ (vol. V, p. 237), et dans le 
Xpovexdv évéxGotov Tadakerdlov Oxd K. Lada. Abyvar, 1865, p. 229. 


186 MÉMOIRES 


commandement de son frère Jean et du maréchal Alexis Ca- 
rallarius, qui chassèrent l’envahisseur et l’assiégèrent étroi- 
isment dans le château fort de Néopatras. Quelques jours 
après, Jean ne voyant pas les alliés accourir à son secours, 
et doutant de la fidélité de ses soldats découragés, recourt à 
un trait d’audace. Ala faveur d’une nuit obscure il s’échappe 
du château à l’aide d'une corde, et déguisé en paysan, passe 
à travers le camp ennemi, feignant de chercher son cheval 
qu'il disait avoir perdu; sous ce déguisement, il arrive 
bientôt à Thèbes, capitale du duché d'Athènes, demande le 
secours du duc Jean de la Roche, auquel il offre la main 
de sa fille, la belle Hélène. Le duc, atteint de la goutte, 
proposa comme gendre, à sa place, son frère Guillaume de 
la Roche, seigneur de Livadie, et ainsi, aussitôt que la dot 
fut fixée et les fiançailles célébrées, Jean prend avec lui 
800 braves chevaliers commandés par le duc lui-même, et 
se jettant à l’improviste sur les Impériaux qui assiégeaient 
Hypate, les met en déroute et les chasse de son territoire 
(1275). .. 

Trois ans après (1278), Jean, aidé par le duc lui-même 
et par les tierciers de Négrepont, renouvelle la guerre, et 
après avoir livré une sanglante bataille à Pharsale, défait 
l'armée de l’empereur beaucoup plus nombreuse que la 
sienne, et fait prisonnier le maréchal Jean Synadinos. 
L'empereur Michel VIII, cédant aux continuelles exhorta- 
tions et aux instigations du pape Jean XXI, et aidé par le 
patriarche Beccus, reconnut enfin la suprématie de l'Église 
romaine. À cette nouvelle, Jean I*, d'accord avec son frère 
Nicéphore, lève l’étendard de l'orthodoxie contre l'empereur 
schismatique. Les armées qui avaient été envoyées contre 

. Jean se réunirent à lui, et plusieurs habitants de la capi- 
tale, fuyant la persécution, cherchent asile sur son terri- 


Re A ee ee 





ET DISSERTATIONS. 487 


toire. Jean tint à Thessalie un concile ecclésiastique qui 
désavoua l’Église romaine, excommunia l’empereur, le 
patriarche et tous ceux qui avaient embrassé l'union, et 
persécuta durement les métropolitains de Triccala et de 
Néopatras qui s’opposaient à ses ordres (1279). En 1282, 
Jean rentra de nouveau sur le territoire impérial, tandis 
que Michel, méditant contre lui une horrible vengeance, 
mourut au milieu des préparatifs de la guerre. 

Deux ans après (1284), le despote Jean, se proposant 
de faire une nouvelle excursion dans les pays impériaux, 
fut arrêté pour quelque temps par les mesures actives 
d Andronic II, qui essaya par la flatterie et la force de s’at- 
tacher le turbulent despote, mais en vain; car Jean, après 
quelque temps, ayant enrôlé les braves montagnards de 
la Parnasside et de la Doride, déclara la guerre et livra 
une sanglante .bataille dans les plaines de Zitouni; mais 
ayant été vaincu, il prit la fuite, et son pays resta en 
proie aux Coumans et autres barbares mercenaires de 
l'empereur. 

Jean mourut en l'an 1296. De ses trois fils, le premier, 
Michel, retenu prisonnier à Constantinople, mourut misé- 
rablement ; le second, Constantin, lui succéda au despotat, 
et le troisième, mentionné simplement sous le nom d’Ange, 
ne fit rien, à ce qu'il paraît, qui fût digne d’être relaté 
par l’histoire *. 

C'est à ce Jean, despote de Néopatras, je pense, qu'on 
peut attribuer les monnaies et la bulle de plomb dont voici 
la description : 


4. Iw AGCIIO. Le despote, de face, assis sur un trône, 
1 Hopf, Griechische Geschichte (Allgemeine Encyklopädie, von Ersch und 


Grüber, 1867, Th. LXXV, p. 306, 334-336).— Ldôa Xpovixdv dvexdorev l'ada- 
&eilou, ged. 140-144. | 


488 MÉMOIRES 


tenant une croix de Ja main droite et le volumen dans la 
gauche; en haut, à droite, une main divine bénissant. 
Dans le champ, à gauche, une aile d'ange. 

à. A—M. Buste de l'archange Michel nimbé, de face, 
tenant de la main droite une épée nue, et dans la gauche 
le globe crucigère. — Cuivre. Du Cabinet national des 
médailles à Athènes. (Pl. IX, n° 2.) 

2, lw AECIIOTHCO. Le despote, de face et debout, 
tenant le labarum dans la main droite et le volumen dans 
la gauche; dans le champ, à gauche, une aile d’ange. 

à. M-P—OY. Buste de face et nimbé de la Vierge ; 
dans le champ, une petite croix de chaque côté.—Cuivre. 
Du même Cabinet. (PI. IX, n° 3.) 

Cette monnaie est décrite et dessinée par M. Sabatier ‘, 
mais elle a été attribuée à l'empereur Jean II Comnéne. 
L’aile d'ange, qui est dans le champ de la monnaie, est 
prise par lui pour une porte de ville. 

8, CHPAFIG — CEBAGO[Y] — IWANNS TS — ASKA 
en quatre lignes, 

8. PIZAN — FENOYC—[CIXONTOG—EK BACCI— 
AEWN en cing lignes. — Plomb. De la belle et riche col- 
lection de M. Photiades-Bey, ministre de la Porte en — 
Grèce. (Pl. IX, n° 4.) 

Je croyais, il y a quelques années, d’accord avec mon 
savant ami M. Fr. Lenormant, que les deniers tournois 
qui portent au droit la légende ANGELVS SAB.C, et au 
revers DELLA PATRA ou NEOPATRIE, pouvaient étre at- 
tribués à Jean I‘, despote de Néopatras *; mais après la 
découverte des monnaies décrites ci-dessus et de la bulle 


1 T. II, p. 198, n°9, pl. LILI, n° 19, 
* Fr. Lenormant, Revue numism., 1864, p. 45-48. 


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ET DISSERTATIONS. 189 


de plomb, et après de nouvelles recherches, je suis per- 
suadé qu’il est impossible que ces monnaies aient été frap- 
pées par ce prince. 

Le despote Jean I** s’allia avec Guillaume de la Roche 
en lui donnanten mariage sa fille Hélène, et en méme temps 
dans ses guerres contre les empereurs de Byzance il con- 
tracta des traités avec d’autres Francs; mais il ne faisait 
tout cela que pour la réussite de ses ambitieux desseins. 
Cependant il était impossible qu’un homme si impérieux 
(qui, pour la défense de l’orthodoxie, déclara la guerre au 
puissant Michel Paléologue, et convoqua un concile qui dé- 
savoua l’Église romaine et excommunia l’empereur, le pa- 
triarche et tous les partisans de l’Union) abjurât son sen- 
timent grec et frappât des monnaies à légendes latines. Ces 
monnaies appartiennent donc certainement à son petit-fils 
Jean II, comme nous le verrons plus bas. 

L’aile d'ange qui est sur les deux monnaies de cuivre 
fait allusion sans doute au surnom Ange; mais l'empereur 
de Thessalonique, qui était de la même maison, s'appelait 
aussi Jean. Auquel donc des deux personnages peut-on 
attribuer les susdites monnaies? Les monnaies de Jean de 
Thessalonique, celles de son père Manuel et de son oncle 
Théodore, non-seulement celles publiées par M. Sabaiier, 
mais encore plusieurs autres inédites qui forment déjà une 
riche et intéressante série, et que je me propose de publier 
plus tard, ont une finesse particulière de fabrique et une 

perfection d'art que n’offrent point nos monnaies. Je re- 
marque aussi que les empereurs de Thessalonique, outre 
le Christ, la Vierge, saint Démétrius, protecteur de la ville, 
saint Georges et saint Théodore, ajoutent très-souvent 
l’archange Michel par allusion à l’origine de la famille des 
Anges, tandis que l’aile d'ange ne paraît sur aucune de 


190 MÉMOIRES 


leurs monnaies, Donc le type de l'aile, faisant allusion à 
ce surnom, convient à un autre Jean de la même maison, 
et non à celui de Thessalonique, qui suivit le système mo- 
pétaire de son père et de son oncle. II résulte de ces ob- 
servations qu'il convient d’attribuer les deux monnaies ci- 
dessus décrites à Jean I**, despote de Néopatras, qui, fils 
bâtard du despote d’Epire, voulut peut-être rendre plus 
évident son surnom d’Ange par la représentation de l'aile. 
La pompeuse légende de la bulle de plomb, PIZAN 
reENOVG EXONTOC EK BACCIAEWN, s'accorde avec 
cette intention, tandis que la bulle de son frère Nicéphore, 
fils légitime de Michel, porte une légende très-simple. 


CONSTANTIN (1294-1303). 


Dès que Constantin eût pris les rênes du gouvernement, 
il se trouva en guerre avec son oncle Nicéphore, despote 
d’Epire, et occupa les châteaux forts de Naupacte et d’A- 
chéloüs, qu'il fut bientôt obligé d'abandonner. De son 
premier mariage avec Anne Evagionastiki Ducaena, il n'eut 
qu'un fils nommé Jean. Comme il voyait approcher sa fin 
(1303), il nomma tuteur du jeune prince son neveu, 
fils de sa sœur, Guy II, duc d'Athènes, et ordonna aux 
barons de prêter aussitôt le serment. Une garnison grecque 
devait rester dans les châteaux forts ; mais tout le reste 
demeurait sous la domination de Guy de la Roche jusqu'à 
la majorité de l'enfant *. 


1 Hopf, loc. laud., p. 355. 
2 Hopf, loc. laud., p. 360. 


De, — ee ee ee ee ee - —_—_—_—_——s 





ET DISSERTATIONS. 491 
Jean II (1308-1318). 


Guy ayant appris par des ambassadeurs qu'il avait été 
nommé tuteur de son cousin mineur Jean II, duc de Néo- 
patras et sébastocrator de Mégalovlachie, accepta volon- 
tiers ce titre, et étant parti de Thèbes avec une nombreuse 
escorte pour Zitouni, y reçut le serment des feudataires 
du despotat; il jura aussi de garder les coutumes du pays, 
et de laisser dans les châteaux forts une garnison grecque, 
selon la dernière volonté du feu despote. Puis étant allé 
à Néopatras, où il prit soin de Jean II comme d’un fils de 
roi, et de là étant retourné à Zitouni, il mit en ordre l’ad- 
ministration militaire et financière, et organisa le tout 
complétement suivant la manière franque. Après avoir 
nommé des gouverneurs dignes de sa confiance, il retourna 
à son duché vers la fin de l’an 1303. D'après le récit dé- 
taillé du Livre de la Conqueste’, Guy gouverna paternelle- 
ment le despotat, et le mit à l’abri de toute incursion des 
despotes d’Epire et des autres voisins jusqu’à sa mort, ar- 
rivée en l’an 1308, époque à laquelle probablement Jean II, 
parvenu à sa majorité, prit lui-même le gouvernement. 

En l'an 1318, mourut Jean II, et avec lui disparut le 
despotat de Néopatras, après une durée de quarante-sept 
ans. 

: C’est donc à ce Jean 11 Ange-Comnène, duc de Néopatras 
et sébastocrator de Mégalovlachie, qu'il faut attribuer les 
deniers tournois qui portent au droit la légende ANGELVS 
SAB.C., et au revers NEOPATRIE ou DELLA PATRA, et 


1 Buchon, Recherches historiques, etc., p. 406-420, — Hopf, loc. laud. 
p. 360-361. 


3 


192 MÉMOTRES 


qui ont embarrassé jusqu'à présent tous les numismatistes. 
Ces deniers ont été certainement frappés par le duc d’A- 
thènes Guy Il pendant qu'il était tuteur de son cousin 
mineur, et après, qu'il eut organisé le despotat de Néopa- 
tras tout à fait suivant le système franc. Ces monnaies 
sont, en effet, conformes au numéraire franc qui alors 
avait cours en Grèce. Le professeur Hopf mentionne aussi 
une légende monétaire ainsi conçue : ANGELVS DE 
SAB.D, l’expliquant par ANGELVS DEspotus SABastocrator 
Ducas'. Dans ma collection, se trouvent quinze différentes 
monnaies du susdit despote, mais pas une d'elles ne porte 
une semblable légende. J'ajoute ici la description de 
trois importantes variétés inédites de ces monnaies : 

1. -+ ANGELVS SAB.Q. Croix. 

à. DALLA PATGR.A. Chastel. — Billon. (PI. IX, n° 5.) 

2, + DVX ANGGLYS et une petite fleur de lis. Croix. 

QR. DALA PATPIA. Chastel.— Billon. (Pl. IX, n° 6.) 

3. DVX ANG@&LVS et la petite fleur de lis. Croix. 

ñ. D&LLA PATRIA. Chastel. Dans le champ, à droite; 
et à gauche, un croissant. — Billon. (PI. IX, n° 7.) 

De ma collection. 


HELENE, DAME DE CARYTENA (1294 -....). 


Hélène, fille du sébastocrator Jean I‘, mariée, comme 
nous l’avons déjà dit, à Guillaume de la Roche, seigneur 
de Livadie, et qui, après la mort de son frère Jean, lui 
succéda au duché d'Athènes (1280), recut en dot les cha- 
teaux forts de Zitouni, de Gravià et de Sidérokastron. 
Guillaume étant mort en 1287, laissa sa jeune femme tu- 


4 Hopf, loc. laud., p. 361. 


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ET DISSERTATIONS. 193 


trice de son fils Guy, duc présomptif d’Athénes. Quelque 
temps aprés revint de Naples en Gréce Hugues de Brienne, 
comte de Lecce et seigneur de la moitié de Carytæna du Pélo- 
ponnèse, lequel était marié à Isabelle, sœur de Guillaume 
de la Roche, dont il eut un fils, Gauthier, qui devint en- 
suite duc d'Athènes. Hugues, étant devenu veuf, convola 
à de secondes noces avec Hélène (1294), à laquelle il 
donna la moitié du fief de Carytæna qui lui appartenait et 
quelques possessions qu’il avait à Naples, et il reprit la 
tutelle de Guy II de la Roche, duc d'Athènes, jusqu'à sa 
majorité en 1294, 

Hugues de Brienne retourné à Naples, et ayant brave- 
ment combattu pour la maison d'Anjou, périt au combat 
de Gagliano en Sicile en l'an 1297*, Hélène, restée en 
Grèce, entra dans de petites querelles avec son fils Guy, 
et résidait le plus souvent dans le monastère de Saint- 
Lucas en Béotie. On sait qu'elle vivait encore en l’an- 
née 1299, 

Hélène donc, par suite de son mariage avec Hugues, 
étant entrée en possession des droits qui lui avaient été 
accordées, reçut le titre de Dame de la moitié du fief de 
Carytzna, et frappa la monnaie suivante : 

+ bELENA,D'I.GRA. Croix. 

R. CLARICTIA.SF, Chastel. — Billon. (Pl. IX, n° 8.) 

De ma collection. 

La légende se lit ainsi: HELENA Del GRAtia CLARICTIAe 


Semis Feudi (domina). PL 
. LAMBROS. 


Athènes, 13 mai 1869. 


1 Hopf, loc. laud., p. 347. 
9 Buchon, Recherches historiques, I, p. 273, note. Cf. Muntaner, ch. CXCI. 


2 Hopf, loc. laud., p. 360. 


194 MÉMOIRES 


MONNAIES INÉDITES DE JEAN IV, 


DUC DE BRETAGNE. 


(PI. x.) 





Deux découvertes de monnaies viennent de jeter un 
nouveau jour sur la numismatique du duc Jean IV. 

La première a été faite au bourg d’Arradon (Morbihan, 
arrondissement de Vannes), le 29 mars 1867, par 
M. Galles. Cette trouvaille a fourni deux pièces inédites 
et plusieurs variétés de types déjà connus. Elle a aussi 
révélé un fait archéologique curieux, en fixant la date d'un 
tombeau dont la forme est particulière au Morbihan. C'est 
une preuve de plus que la numismatique, en donnant une 
grande probabilité à des dates, est souvent, dans des ques- 
tions controversées, d’un puissant secours pour l’archéo- 
logie. 

Aussi croyons-nous utile, avant de décrire ces pièces, 
d'exposer en quelques mots la nature des monuments où 
elles ont été trouvées, et les différents systèmes proposés 
pour les expliquer. 

Dans un mémoire lu à la Sorbonne en 1863, M. Louis 
Rosenzweig, archiviste du Morbihan, avait signalé 70 à 
80 pierres tumulaires ayant la forme d’une demi-sphère, 
dont le diamètre varie entre 0",60 ou 4 mètre, reposant 
sur une base enfouie, brute ou équarrie, sans inscription, 
sans croix gravée ni aucun ornement pour la plupart. Il 








ET DISSERTATIONS. - 495 


les désignait sous le nom de lec’hs-bas, et il en faisait une 
classe particulière des monuments décrits pour la première 
. fois par M. de Keranflec’h, sous le nom de grands lec’hs; 
on les avait confondus jusqu'alors avec les menhirs, et 
M. de Keranflec’h, d'accord avec la Société Cambrienne, 
y voyait des tombes de guerriers datant du vl’ au 
x° siècle !, 

Contrairement à cette opinion, M. Rosenzweig regarde 
ces deux espèces de monuments comme deux tombeaux 
du xu° au xin' siècle dont l'usage, limité presque exclusi- 
vement aux régions granitiques, semble avoir été parti- 
culièrement répandu dans les possessions des ordres reli- 
gieux du Temple et de l'Hôpital. Le 18 mars 1867, M. L. 
Galles, accompagné de MM. de Cussé et Rosenzweig, se 
rendit à Arradon pour étudier un de ces monuments situé 
dans le cimetière de cette paroisse et relevé par ce der- 
nier, La première fouille n'ayant presque rien donné, 
M. Galles revint le 29 mars. Voici, d’après le rapport qu'il 
fit à la Société polymathique du Morbihan, le résultat 
des travaux : « A 1,20 de profondeur, la pioche a rencon- 
« tré de la chaux et de grandes ardoises posées horizon- 
« talement et mêlées de fragments de briques romaines. 
« Nous avons enlevé ces ardoises avec précaution, et après 
«en avoir détruit un lit d'environ 0,30 d’épaisseur, 
uw nous constatames que quatre corps au moins avaient 
a été déposés dans une espèce de coffre : le squelette 
« trés-grand et très-fort d’un homme d'au moins soixante 
«ans; près de lui, et les têtes se touchant, un autre 
« squelette moins grand; sur les cuisses du premier un 
«crâne; enfin sur les tibias de ce premier squelette 
a un autre crâne, Tous les quatre paraissaient couchés sur 


1 Builetin de l'association bretonns, Congrès de Redon, 1857. 


106 MEMOIRES 


« le dos, allongés, la téte au nord-ouest et les pieds au 
« sud-est, et entourés dessus, dessous et sur les côtés 
« d’une enveloppe protectrice en ardoises liées entre elles 
« par de la chaux. 

« Entre les deux crânes qui étaient juxtaposés nous 
a avons rencontré neuf monnaies, une francaise et 
« huit bretonnes; elles étaient collées entre elles par 
« l'oxyde !, » 

Voici la description de ces pièces : 

A. Louis IX (1226-1272), un double tournois. 

2, Charles de Blois (1341-1363), un double de billon 
noir *. 

3. Jean IV (période d'imitation), deux doubles de billon 
noir, le premier frappé à Vannes, le second, à Guérande *. 

A. + 10b..NES, Au centre, DVX entre deux mouche- 
tures mouvant de la légende. 

à, + BRITAMIE. Croix à bras égaux. — Denier de 
billon noir, | 

M. Hucher, dans un mémoire sur la monnaie noire de 
Bretagne *, fait remarquer que ce prince copia servilement 
les types de son compétiteur. Bigot (n° 470, pl. XIX, n°5) 
donne la pièce analogue émise par Charles de Blois; mais 
les hermines, au lieu de mouvoir de la légende, meuvent du 
centre, C’est une imitation du denier parisis de Jean Il *. 

5. + I0hA/...DVX°,.ITAPIE, Dans le champ entre 
deux barres, VEHET, surmonté d’un trait abréviatif cur- 


1 Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1867, p. 4i. 

3 Bigot, Essai sur les monn, du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. XIX, 
n* 1, 2, 3, 

> Bigot, Essai sur les monnaies de Bretagne,pl. XXIII bis, n°7 et 11, 

+ Revue numism., 1847, p. 331. 

® Le Blanc, pl. XX VII, n° 10. TON 


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ET DISSERTATIONS 497 


viforme accosté de deux points, et accompagné d’un 
troisième dans sa partie concave ; dessous, cinq mouche- 
tures posées 3, 2. 

À. + OOD || FO.. || BRIT || ADIE. Croix anglaise can- 
tonnée de deux mouchetures mouvant du grénetis, et de 
deux losanges formés de trois besants et d’un gros point 
chacun. — Demi-gros de billon. 

Cette piéce est la monnaie forte du demi-gros publié par 
Bigot (appendice ne 46, pl. XXIII bis, n° 3). 

Elle semble indiquer une réforme des monnaies faite 
- par Jean IV pendant la guerre de succession. En effet, 
lorsque par l’altération du métal un type avait perdu une 
partie de sa valeur, on frappait de nouvelles pièces à un 
titre plus élevé. Ces dernières prenaient le nom de monnaie 
forte, par opposition aux anciennes qui devenaient la 
monnaie faible. Le but de cette seconde émission n’aurait- 
il pas été de faire tomber en discrédit la monnaie de Charles 
de Blois qui était aussi faible que possible au point de vue 
du métal ? 


Période bretonne. 


6. + 10 || RAS || DVX || BR. || Croix anglaise cantonnée 
d’une moucheture au 2° et d’un triangle formé de trois be- 
sants aux 1°, 3° et 4°. 

R. + COOE[SRICHEM]OT. Dans le champ, sept mou- 
chetures 2, 3, 2. — Demi-gros de billon. 

Cette monnaie est une variante du type publié par Bigot 
(ne 820, pl. XXVI, n° 6) et par la Revue numismatique — 
(1855, pl. I, ne 6), dont le droit porte IORES ; celle que 
nous donnons a pour légende IOhAS. Le Cabinet des mé- 
dailles de la Bibliothèque impériale possède une pièce 

1869. — 3. 14 


108 MÉMOIRES 


analogue sur laquelle les croix qui précèdent les légendes 
sont remplacées par des molettes d'éperon. 

7. + 10hAHDES.DVX. Dans le champ, une hermine. 

&. + BR |} ITA || HN (| 1€. Croix anglaise cantonnée aux 
4e et À° d’une moucheture d’hermine; aux 2° et 3° d’un 
triangle formé de trois besants.—Gros de billon. (PL X, 
n° 1.) 

Ce type est inédit; la seconde trouvaille dont nous allons 
parler nous en fournit un autre exemplaire. L'originalité 
da droit nous ja fait ranger parmi les pièces d'émission 
purement bretonne. Elle ne porte aucune marque d'atelier 
monétaire, et appartient à ces types nombreux dont l'ori- 
gine est incertaine. (Ces monnaies ont été déposées par 
M. L. Galles au Musée de la Société polymathique du 
Morbihan.) 


La deuxième trouvaille se compose en partie de pièces 
frappées à Brest. Les monnaies provenant de cet atelier 
sont d'une très-grande rareté et n'ont pas encore été si- 
gnalées. Aussi nous avons cherché avec le plus grand soin 
des renseignemens précis sur le lieu et la date de leur 
découverte; mais nos efforts ont été stériles. Elles ont été 
achetées par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque 
impériale à M. Eléouét, de Lambézellec (Finistère), le 
14 février 1867. La découverte avait été faite vers la fin 
d’octobre ou au commencement de novembre 1866. 

M. Eléouét écrivait le 12 novembre 1866 à M. le conser- 
vateur : 

« Une découverte de monnaies vient d’être faite dans 
« notre voisinage. Elles appartiennent à la France, la Bre- 
« tagne et le moment le plus marqué de l'influence anglaise 
« dans notre pays. Les monnaies anglaises sont des gros 





ET DISSERTATIONS. 499 


~ « d’Édouard III frappés en Aquitaine‘.» Quant aux mon- 
naies frangaises faisant partie de ce trésor, il n’en parle 
pas malheureusement. 

Nous ajouterons à ces pièces un gros de Jean IV qui est 
au Musée de la Société polymathique du Morbihan; nous 
l’attribuons également à Brest. I] fut trouvé avec de nom- 
breuses monnaies dans les fondations de la nouvelle pré- 
fecture de Vannes, bâtie sur l'emplacement de l’ancien 
couvent des Jacobins. Les ouvriers se partagèrent cette dé- 
couverte; la Société en acheta une partie; les autres furent 
dispersées dans les collections particulières de la ville. 
Nous les avons vues presque toutes. 

C’ étaient des deniers de Jean III (Bigot, pl. XIV, nee ha8), 
des doubles deniers de Jean IV (pl. XXII, no 9, et 
pl. XXIII, n° 7 à 10), des gros et des doubles deniers à la 
fleur de lis de Charles VI, un gros et une obole d’É- 
douard III, roi d'Angleterre, frappés en Guienne (Poey 
d'Avant, pl. LXII, n° 2). 

Mais avant de décrire les pièces de Brest, il serait in- 
téressant de chercher à déterminer les villes de Bretagne 
où les ducs ont frappé monnaie. La découverte d’un nou- 
vel atelier nous en fournit une occasion toute naturelle. 

Les auteurs qui ont traité de la numismatique de cette 
province se sont toujours tenus dans le vague. Cependant 
on connaît assez de types et les documents sont assez nom- 
breux pour permettre de préciser davantage ce point im- 
portant de la numismatique en Bretagne. 

Quelquefois nos conclusions paraîtront hasardées ; nous 
avons cherché à les établir en donnant toutes les preuves 
dont nous avons pu disposer. Si nos efforts ne nous ont 


| Poey d'Avant, pl. LXII, 2; pl. LXIII, 7. 


200 MÉMOIRES 


pas toujours préservé de l'erreur, nous serons heureux d'a- | 
voir provoqué une discussion de laquelle sortira la vérité. 

Jusqu'à la mort de Jean III, les ducs de Bretagne ne 
battirent monnaie probablement qu'à Nantes et à Rennes. 
Pierre Mauclerc et ses snccesseurs émirent plusieurs deniers 
anonymes au nom de la ville de Guingamp ; mais ces pièces 
proviennent-elles de cet atelier? Un coup d'œil jeté sur la 
numismatique dans l'Ouest de Ja France au x1r° siècle, 
semble faire naître quelques doutes sur cette origine. En 
effet, la monnaie courante de cette époque était surtout 
composée des deniers de saint Martin de Tours, d’Herbert, 
comte du Mans, de Foulques d'Anjou, d'Henri II, roi d’An- 
gleterre, et du comte Étienne de Guingamp. L’ordonnance 
du roi d’ Angleterre en 1158, pour la Normandie (Le Blanc, 
p. 163, et Bigot, p. 354), en est une preuve. Tous ces 
types furent souvent copiés, et M. Lecointre-Dupont', en 
voyant la grande quantité des deniers guingampois décou- 
verts dans ces provinces, est porté à croire que les ducs de 
Normandie en faisaient battre, ou du moins que les faux 
monnayeurs en ont émis sur une grande échelle a bas 
titre. 

C'était donc un des types immobilisés au xn° siècle. En 
Bretagne, Guingamp ne fut pas la seule ville où elles 
furent frappées, car Geoffroy-Botherel, aprés avoir forcé 
son père à lui céder le Penthi¢vre, dont Lamballe était la 
capitale, ne put émettre que dans cette derniére ville les 
types qui lui sont attribués. Enfin, sur deux pièces trés- 
rares on lit au droit Quimperli, et au revers soit GVIM- 
GAMPI, soit DVX BRITANNE ou BRITANIE *. On a toujours 


1 Lettres sur hist. mon. dela Normandie et du Perche, p. 22. 
2 Bigot, n° 205, 206, pl. VIII bis, n° 9. — Revue num., 1844, pl. XX, 
n° 1; 1868, pl. XIX, n° 28. — Catal. Dassy, n° 1237. 








ET DISSERTATIONS. 204 


cru qu’elles provenaient de Quimperlé, bien que les annales 
de cette ville soient complétement muettes sur un mon- 
nayage établi dans ses murs à cette époque. Nous nous 
proposons de traiter cette question dans une autre étude. 

Pierre Mauclerc, maître de la Bretagne, ne put pas faire 
disparaître brusquement un type si répandu dans les pro- 
vinces du Nord-Ouest de la France. Bigot attribue, non 
sans quelques doutes, à ce prince deux deniers guingam- 
pois (nos 224, 222, pl. VIII bis, n° 44. — Revue numisma- 
tique, 1844, pl. XI, ne 2. — Poey d'Avant, pl. VI, n° 8), à 
cause, dit-il, de la similitude des caractères de leurs lé- 
gendes avec ceux de quelques-uns des anonymes bien 
connus de Rennes et de Nantes. Ne pourrait-on pas les 
considérer comme ayant été émis dans ces ateliers, con- 
jointement avec les anonymes de Nantes et de Rennes? 
Nous donnerions également à ces villes la série des pièces 
citées par Bigot, p. 63, n° 183-195. Elles ont toutes au 
droit la croix ancrée avec la légende +DVX BRITANIE, et 
au revers, les unes STEPhANCOM, les autres GVINGANP, 
GVINGANPIS ou GVINGANHIS, car ne serait-il pas plus 
simple de dire que Pierre Mauclerc ferma l'atelier de 
Guingamp, mais rencontrant de grandes difficultés à chan- 
ger le système monétaire de la province, fit faire cette 
transition par les ouvriers de Rennes et de Nantes, en leur 
ordonnant d'effacer la tête si caractéristique des deniers 
guingampois ? Ce signe, selon la remarque de Bigot, lui 
rappelait une maison rivale et par conséquent odieuse. Il 
aurait été remplacé par la croix ancrée et la légende DVX 
BRITANIE. Cette croix et cette légende appartenaient ex- 
clusivement aux anonymes de Nantes et de Rennes. Les 
nouvelles pièces conservèrent d’abord le revers de la 
monnaie de Guingamp sans en altérer la légende, puis 


MAMOIRES 


ement le nom da comte, et celui 
ésigner cette monnaie lui fat su 
‘IS sont postérieurs aux ST€Phi 
intimement convaincu. Mais Pic 
ussi, préparer un type particulier. 
croix du revers, y mit ses arme: 
en celle de CASTRIGIGANPI; c’é 
e titre de deniers guingampois. 
nt en émettant conjointement : 
ms. Les deniers guingampois devi 
plus rares, et, de l'avis de tous 
iraient complétement disparu s 
1 document ne parle d'atelier mo 
amp sous ces ducs. Ceux-ci dispos 
s de Nantes et de Rennes devai 
ance; nous les voyons d’ailleurs fc 
t sous Pierre Mauclerc, et cepend 
ent pas de pièces portant leur n 
nce. 

. X, ne 2) publie un double dei 
Jean I* à Vannes; un atelier 1 
e époque dans cette ville, et la Ch 
nnée 4259, le confirme ; mais suiy 
ide rareté est une preuve suflisa 
8 monnayage. Du reste le duc de B 
inds feudataires, ne pouvait, d’ap 
5, frapper que des deniers et : 
lu émettre une autre monnaie, j 
wnnes cette innovation qui n'eut | 


zment à Saint-Brieuc et à Jugon « 
rtant au revers : les premières, 1 


D 





ET DISSERTATIONS. 203 


croix #’queue cantonnée au 2° d'un B (n° 342, pl. XI, n° 9); 
les secondes, une croix simple cantonnée au 2° d’un I 
(n° 347, pl. XI, n° 6), et à Evran, des pièces de Jean III 
dont la croix est cantonnée d’un € (n° 342 et suiv., pl. XIII, 
n 8 et 9). Aucun texte ne vient confirmer cette assertion; 
‘aussi préférons-nous voir dans ces lettres une simple 
_ marque de monnayeur. Car si nous examinons les pièces 
décrites par Bigot, sous la rubrique ateliers inconnus, nous 
trouvons des types identiques ayant au lieu du B, de l'E 
et de l'I une moucheture d’hermine ou un annelet, et ces 
derniers signes sont évidemment des marques monétaires. 
Les pièces justificatives citées par Bigot parlent très-sou- 
vent des ateliers de Nantes et de Rennes, et nous trouvons 
dans ses planches des pièces dont la croix est cantonnée 
d’un N. Sous Jean I*", Arthur II et Jean III, une seule obole 
de Jean I* (pl. X, n° 7) porte un R. Pas une de ces lettres 
ne se voient sur les monnaies de Jean Il, et cependant ces 
deux villes ont frappé monnaie sous ces princes. Enfin 

lorsque Charles de Blois et Jean de Montfort établiront de 

nouveaux ateliers, ils le feront pour subvenir aux nécessités 

de la guerre. Aussi aucune autre ville de Bretagne, à ce 

que nous croyons, ne battit monnaie depuis Pierre Mau- 

clerc jusqu’à la guerre de succession. Il faut en excepter 

Vannes sous Jean I*, et cet atelier, comme nous l’avons 

dit plus haut, fonctionna accidentellement. 

Mais aussitôt que la guerre civile éclate en Bretagne, le 
système monétaire est complétement changé. Les ducs 
font frapper de la monnaie d'or, d'argent et de billon. Le 
désir d'accroître leurs ressources pour pouvoir faire face 
aux grandes dépenses occasionnées par l'entretien des 
troupes justifie la création de nombreux ateliers. Cepen- 
dant il ne faudrait pas trop étendre le nombre des villes 


MÉMOIRES 


oit. Il serait même pru 
lont l'existence est cor 


: Blois, Nantes, Renne: 
es dont nous ayons de: 
nt presque toute la gue 
leurs ateliers existaien 
tait la capitale du com 
tdu chef de sa femme. 
le Saint-Brieuc et de Di 
Bigot, ne 373-374) ; il] 
urs légendes, et, d’apr 
les ont fait attribuer à 
il lues, ne pouvant sei 
s ateliers sous ce princ 
aus d’autres villes? M. 
pte de l’ouvrage de By 
269), fait remarquer ¢ 
encieuses, il avait omis 
+ chapelains de l’évéq 
font savoir à leur évéq 
ic contre ses droits. 
dans Dom Morice (pret 
nous fait assister à une 
a duc, envoyés à Quim 
les vicaires de l’évêque 
1t leur pouvoir. 
de la ville vers le mois 
rrès les officiers du duc 
positions et un hôtel des 
oie un certain Barthéler 
amp, muni de lettres pa 





ET DISSERTATIONS. 205 


tant que: à cause de la guerre i] est obligé de faire battre 
monnaie sur le territoire de l’évêque, tout en protestant 
qu'il ne voulait point acquérir un droit nouveau. Le 
45 août, Charles vient à Quimper et prie les vicaires de 
l’évêque de le laisser établir cet atelier. Ceux-ci, lui est-il 
répondu, ne peuvent rien faire sans le consentement du 
Pape et de leur évêque. Huit jours après les officiers du 
duc font de nouvelles tentatives, mais se voyant toujours 
repoussés, ils passent outre, cherchent un endroit où ils 
puissent s'établir, et choisissent une grande maison avec 
ses dépendances, située dans la rue des Cordonniers. Aus- 
sitôt les vicaires de l’évêque se transportent sur les lieux 
et défendent au maître de la Monnaie de faire travailler, 
le menaçant, en cas de désobéissance, d’une amende de 
mille marcs d'argent. Cette défense est également notifiée 
à un certain Guibomar, chargé de lever les nouvelles im- 
positions à Hervé Payen ou Péan et à Rioc de Keralhen, 
choisis, disait on, pour installer la Monnaie. 

Mais cette menace ne produisit aucun effet. Aussitôt les 
vicaires de l’évêque, en vertu des pouvoirs conférés par le 
coucile provincial et les statuts synodaux, excommunient 
les délinquants. 

L'interdit dura jusqu'au mois de mars. Fatigués par 
une lutte si longue, les principaux habitants de la ville 
s’entendirent pour faire cesser cette querelle, et un accord 
eut lieu près du pont Sainte-Marie-sous-Kemper. On y 
décida, devant presque tous les habitants de la ville, que 
les officiers du duc n'établiraient point d'Hôtel des Mon- 
naies sur le territoire de l'évêque sans sa permission. Les 
vicaires levèrent alors l’interdit. 

Nous ne savons point si l'évêque accorda au duc cette 
permission; il n’y aurait là rien d'étonnant. Nous pouvons 


206 MEMOIRES 


toujours conclure de cette charte, que pendant la guerre de 
succession la difficulté des moyens de communication forca 
les deux compétiteurs d'établir dans différents centres des 
ateliers, mais ce n'était qu'après avoir vaincu une ré- 
sistance énergique opposée par les seigneurs de ces 
villes. 

Cette charte fait également supposer que Charles cher. 
chait à user de ce droit surtout dans les cités les plus im- 
portantes du duché. Ceci nous amène à parler d’une 
monnaie atribuée à Auray par Bigot (n°372, pl. XVIII, 
n° 1), et qui fait aujourd'hui partie de Ja collection de 
M. Lecoq-Kerneven. Cette pièce est un double de billon 
dont la légende, au revers, serait AREG...CIVIS ; or, d’a- 
près le Dictionnaire topographique du Morbihan de M. Ro- 
senzweig, les différentes variantes du nom de cette ville 
au moyen âge ont été Alrae (1069), Alrai (1168), Aurai 
(1178), Elraium (1241), Elraeyum (4280), Aurray (1282), 
Elray et Aurey (4309), Alraium et Alrayum (1373), Aulray 
(1429). En breton, cette ville porte le nom d’Alre. Donc 
depuis le x1* siècle la première syllabe a présenté seule- 
ment les variantes al, el, au, et cette derniére est la 
contraction des deux autres. Aucune de ces formes ne 
présente quelque chose d’approchant d’un mot commen- 
cant par Areg, et rien surtout ne paraît motiver la pré- 
sence du g. Suivant les règles de la philologie, cette 
lettre aurait influé sur la formation populaire de ce mot, et 
il ne se serait point transformé en Auray. Le titre civis, 
terminant la légende, fournit, il nous semble, un argu- 
ment plus fort; il montre, en effet, que cette piéce a di 
être frappée dans une cité, c’est-à-dire dans un siége 
d’évéché. Auray ne nous présente aucune de ces condi- 
tions, et appartient à cette catégorie de bourgades dési- 








ET DISSERTATIONS. 207 
gnées au moyen âge par les mots villa, castrum ou op- 
pidum :. 

Cette monnaie, d'après la planche de Bigot, est assez 
frusie, et la première lettre de la légende paraît un peu 
effacée ; nous ne sommes pas éloigné de croire qu'au lieu 
d'un A il y aurait un T; ces deux lettres, à cause de la 
barre placée au-dessus de l’À, se ressemblent assez au 
XIv° siècle, et nous proposerions de lire ainsi cette légende : 
TREGoris CIVIS. Nous attribuerions cette monnaie à Tré- 
guier, ville épiscopale. Nous avons soumis ces conjectures 
à M. Lecoq-Kerneven, qui a bien voulu vérifier la pièce 
elle-même; mais il semble tenir à l'opinion de Bigot. Ce- 
pendant, ajoute-t-il, on saisit un peu le trait supérieur 
horizontal de 1’A; cette lettre pourtant peut paraître dou- 
teuse. Il nous dit aussi : Charles de Blois aurait pu frapper 
monnaie à Auray pendant les longs siéges d’ Hennebond. 

Jean de Montfort s'étant emparé d’Auray et d'Hennebond 
en 14341, Charles de Blois vint mettre le siége devant cette 
dernière ville au commencement de 1342. Ayant été forcé 
de se retirer, il attaqua Auray, et s’empara de cette place. 
Quelques mois après, il se présenta de nouveau devant les 
murs d’Hennebond; mais avant la fin de l’année 13492, il 
avait levé le siége. Cette dernière tentative dura trop peu 
de temps pour lui permettre d'établir un atelier à Auray. 
Quant à la pièce dont nous nous occupons, elle n’a pu 
être frappée dans cette occasion : c'est une imitation du 
double parisis du roi de France Jean II (Le Blanc, p. 247, 
pl. XXVII, n° 6), et ce prince commença à régner en 1350. 
Quelle est donc la raison pour laquelle Charles de Blois 


1 Il faut dire cependant que depuis l'institution du gros tournois et de ses 
divisions, Je mot CIVIS a été quelquefois employé sans un grand discerne- 
ent; c’est ainsi qu'on a fini par écrire OBOLVS CIVIS. 


208 . MÉMOIRES 


aurait créé un atelier à Auray ? D'après sa tentative à Qt 
per, il semblait préférer les grands centres; c’est ce 
nous fait pencher pour Tréguier. 

Charles de Blois a donc frappé des pièces en son noi 
Rennes, Nantes et Guingamp. De plus, ila fait plusie 
tentatives pour établir ce droit dans quelques autres vill 
mais elles ne paraissent pas avoir été toujours couronn 
de succès. Il n’est pas étonnant de ne plus trouver auct 
trace de ces ateliers après la mort de ce prince ; car Jean 
fit disparaître, autant que cela fut en son pouvoir, t 
ce qui rappelait son compétiteur; de telles marques 
son autorité en Bretagne devaient attirer son attentic 

Jean IV, poussé par les nécessités de la guerre, voul 
avoir ses ateliers; mais il semble choisir de préférence d 
forteresses sûres et défendues par une garnison imposant 
Bigot reconnaît qu'il ne put faire frapper monnaie à Nanc 
et à Rennes, car ses deniers et doubles deniers au nomt 
ces villes sont imités de ceux de Jean II, roi de Franc 
et pendant tout le règne de ce prince elles furent ent 
les mains de Charles de Blois. Les autres pièces provier 
nent des ateliers de Vannes, Guérande, Quimperlé, Bres 
Beaucoup de ces types dénotent une fabrication anglaise 
Édouard III avait envoyé en Bretagne des monnayeurs ar 
glais *; ils furent placés probablement dans ces dernière 
villes par le roi d’ Angleterre et le duc de Bretagne. La pre 
vision de la capitainerie de Quimperlé donnée par Édouar 
{avec l'agrément du duc) à Roger David, en 1354, con 
firme cette assertion *. Il est tout naturel de voir ces ou. 
vriers suivre leurs compatriotes dans les places qu'ils dé. 


1 Bigot, Pièces justifieatives, n° 23, — D. Mor., Preuv., t: I, col. 1436-37. 
* Bigot, Pièces justificatives, n° 24. — D. Mor., Pr.,t. I, cul. 1494. 








ET DISSERTATIONS. 209 


fendaient. En s’établissant ainsi dans des châteaux forts 
occupés militairement, par une garnison étrangère, ils 
n’avaicnt point à craindre les vexations des seigneurs 
dépossédés, ni les susceptibilités du clergé. De plus, 
toutes les fois qu’une de ces villes vient à tomber entre 
\es mains de leurs adversaires, l'atelier cesse de fonc- 
tionner. Brest nous fournit une autre preuve : le duc de 
Lancastre, lieutenant-général du roi d Angleterre en Bre- 
tagne, avec l'agrément du duc, confia, en 1357, ce château 
à Mathieu de Gournay, capitaine anglais, et lui permit 
d’ user de tous les droits et, entre autres, du droit de battre 
monnaie, tant que le duc de Lancastre serait gouverneur. 
Voici les termes même de l'acte : « Castrum de Brest cum 
« toto dominio eidem castro et simul cum moneta, redemp- 
« tionibus, confiscationibus et omnibus aliis proficiis ad dic- 
« tum castrum spectantibus". » Bigot avait oublié de men- 
tionner ce titre, comme le fait remarquer M. de Barthélemy ’. 

Brest, par sa position, était un des postes les plus im-- 
portants pour les Anglais pendant cette guerre. Aussi se ha- 
tèrent-ils d’en réclamer la garde auprès de Jean IV. 

Une fois maîtres de cette forteresse ils l’occupérent, non- 
seulement jusqu'à la fin des hostilités, mais encore pen- 
dant tout le règne de ce prince. Ils consentirent enfin à la 
lui remettre, le 28 mars 1397, vingt-et-un ans après le 
traité de Guérande qui avait mis fin à la guerre de succes- 
sion. Le duc fut obligé de payer à la garnison anglaise 
10,400 livres en or dune part, 24,600 d'une autre et 


400 livres pour le fret des vaisseaux qui devaient la trans- 
porter en Angleterre *. 


1 Dom Morice, Preuv., t. I, col. 1521, 
1 Reoue num., 1858, p. 269. 
5 Lovot, Hist. de Brest, t. J, p. 37. 


210 MEMOIRES 


Les Anglais ont donc pu, pendant ce séjour de quarante 
années, user du droit de battre monnaie. Les décou- 
vertes dont nous avons parlé nous permettent de décrire 
six pièces de cet atelier. 

L’acquisition faite par le Cabinet des médailles compre- 
nait huit monnaies. 

4. Charles de Blois, — Double de billon noir frappé à 
Nantes *. 

2. Jean IV. — Gros de billon (pl. X, n° 2). 

3. + IORANNES DVX. Dans le champ, dix mouche- 
tures posées 3, 4, 3. | 

R. BRITANNIE. Croix cantonnée d’un D au 2*. (PI. X, 
n° à.) 

Bigot (n° 384, pl. XIX, n° 4) publie un double de billon 
noir frappé au nom de Charles de Blois, dont la croix est 
cantonnée au 3° d’un D; il fait de cette pièce une imitation 

du denier de Jean II, cantonné au 2° d’un annelet (pl. XI, 
n° 8). Nous signalerons un autre denier du même prince, 
faisant partie de la collection de Mademoiselle de Limur. 
Les croix placées au commencement des légendes de la 
pièce donnée par Bigot sont remplacées sur cette monnaie 
par des molettes d’éperons, et l’annelet qui cantonne la 
croix par un D. Ces signes particuliers dénotent une fa- 
brication postérieure de quelques années au denier déjà 
connu. Quant au double denier qui nous occupe, d'après 
le système de M. Hucher, on devrait le considérer comme 
une copie du type émis par le compétiteur de Charles de 
Blois. Ces deux monnaies appartiennent au Cabinet des 
médailles, et la pièce de Jean IV est inférieure comme 
exécution à celle de Charles de Blois. 


1 Bigot, n° 377, pl. XVIII, n° 9. 


ET DISSERTATIONS. 211 


A. Brest. Deux mouchetures d’hermine. 10... DVX. 
Dans le champ, BRITAN en deux lignes, non séparé de la 
légende par un grénetis. 

FR. O)......REST. Croix trifoliée à pied. — Double de 
billon noir. (P]. X, n° 4.) 

Bigot (Appendice, n° 39, pl. XXIII bis, n° 4) publie une 
pièce au même type, frappée à Guérande. C'est, dit-il, 
une imitation du double parisis de Philippe VI, émis en 
4346 par Jean, lieutenant du royaume de France, à 3 de- 
niers 4/3. A; de 180 au marc, pied 412, figuré par Le 
Blanc, (Pl. XXIV, n° 6). 

5. + IOhMAHDES:DVX:BRITANE. Dans le champ, BREST 
sous un trait abréviatif curviforme, accosté de deux points; 
dessous, une barre et cing mouchetures posées 3, 2. 

8. OOM || FORT || BRIT || ANIE. Croix anglaise canton- 
- née aux 1“ et h° de trois besants en triangle; aux 2° et 3° 
d’une moucheture mouvant du centre. — Gros de billon. 
(PI. X, n° 5.) 

6. + I0OhANDEC:-DVX: BRITADIE. Dans le champ, BREC 
sous un trait abréviatif curviforme; dessous, une barre et 
cinq mouchetures posées 3, 2. 

à. MOD || FORT || BRIT || ADIE. Croix anglaise can- 
tonnée aux 4° et 4° d’une moucheture mouvant la pre- 
mière, du centre, la seconde, du grènetis ; aux 2° et 3° de 
trois besants en triangle. — Gros de billon. (PI. X, n° 6.) 

Bigot (Appendice, n* 36, hA et A6, pl. XXIII bis, n°° 4, 
2, 3) publie des pièces analogues frappées à Guérande, 
Quimperlé et Vannes. Ces types, à ce qu'il pense, sont dus 
à l'influence probable des monnayeurs envoyés en Bre- 
tagne par Édouard III. Nous irons plus loin en affirmant 
que les ateliers établis par le roi d'Angleterre, avec le 
consentement du duc, dans les châteaux de Quimperlé et 


242 MEMOIRES 


Brest, étaient composés d'ouvriers anglais. D*aillears ils 
ne se firent point défaut de copier les monnaies de Charles 
de Blois et des rois de France les plus répandues dans Ia 
province. La présence du mot Fortis dans la légende du 
revers nous les fait ranger parmi les pièces dues à l’émis- 
sion dont nous avons parlé en décrivant le n° 5 de la trou- 
vaille d’Arradon. 

Des différences notables existent entre ces deux pièces; 
le n° 6 est d’une grande pureté d'exécution; le n° 6, au 
contraire, est barbare, les S sont retournés, les lettres ne 
se suivent pas régulièrement. 

Nous préférons donver la priorité de date au n° 6; ila 
dd être émis dans les premières années de l’occupation, 
lorsque la garnison cherchait à gagner la confiance du 
duc. Mais les Anglais se virent bientôt en possession pour 
longtemps des droits qu'on leur avait accordés. Ils exer- 
cèrent alors de nombreuses vexations contre les habitants 
des villages environnants, les traitèrent en vaincus et 
non en alliés. Après le traité de Guérande, ces tracasseries 
devinrent de plus en plus criantes. Les plaintes journalières 
portées par leurs victimes au conseil du duc lui firent hater 
leur sortie; mais il ne put l'obtenir, comme nous l'avons 
vu, que vingt ans après la paix. Se voyant ainsi maîtres 
de ce château, ils mirent le même zèle à soigner leur mon- 
naie et à sauvegarder les droits de ceux qu'ils devaient 
défendre. 

7. + IORADE:DVX:BRI: TAPIE, Dans le champ, cinq 
hermines posées. 3, 2. 

à. x HO || DET || ABR || EST. Croix anglaise cantonnée 
de quatre triangles formés de trois besants. — Gros de 
 billon. (PL X, n°7.) 
Ce type est nouveau. Le revers dénote un travail an- 


en on ee ee ee ee — 
_— 


re 


| i 


F 


ET DISSERTATIONS. 243 


glais; son exécution est assez mauvaise : aussi nous le 
rangeons parmi les monnaies de la dernière émission dont 
nous avons parlé au sujet des n°’ 5 et 6 de la trouvaille 
de Lambézellec. 

8. 4° + IObADNES DVX; 2° + BNDICTV:SIT:NOOVENDI. 
Croix. 

À. MONETA BRES. Châtel tournois à la croix. Bordure 
de douze lobes séparés par des I, et contenant chacun 
une fleur de lis. — Gros de billon noir. (PI. X, n° 8.) 

C'est une imitation du gros tournois de Jean II (Le 
Blanc, p. 217, pl. XXV, n°10). Nous ne connaissons au- 
cune reproduction de cette monnaie exécutée dans les 
autres ateliers de Bretagne, ni par les ouvriers de Jean IV, 
ni par ceux de Charles de Blois. 

La pièce suivante a été découverte à Vannes. 

9. 4° IOhANE DVX:BR; 2° + B....TV:SIT  I.....1E: 
DDI. Croix à queue. 

fh. OJONETA BRET. Châtel au fronton orné d’une cou- 
ronne rehaussée de trois mouchetures commençant la lé- 
gende, trois voûtes sous le portail; bordure de douze 
lobes séparés par des I, et contenant chacun une fleur de 
lis. — Gros de bas billon. (PI. X, n° 9.) 

Les ateliers de Quimperlé, Guérande et Vannes fournis- 
sent des types analogues '. Ce sont des imitations du Poile- 
vilain à la queue de Jean II, émis en juillet 1355 (Le Blanc, 
p. 217, pl. XXVI, n° 9). Le nom de la ville de Brest ne s’y 
rencontre pas en entier ; nous ne doutons pas cependant que 
cette monnaie ne lui appartienne. Le n° 8 donne un exemple 
d'une abréviation analogue, le T y est supprimé. On pourrait 
peutêtre voir dans les lettres bret le commencement du mot 


1 Bigot, n° 476, 482, 486, 505, pl. XXI, n°° 6,7; pl. XXII, n° 2. 
1869, — 4, 15 


214 MÉMOIRES 


bretannie; or dans aucune charte de cette époque, le nom de 
la province ne paraît ainsi défiguré. Cette manière de lé- 
crire se rencontre une fois, sur le n° 4 de la planche XX de 
Bigot; mais il l'a copié dans Duby, et aucun exemplaire 
n'en est connu. Le n° 7 de la planche XXII porte breito; 
c'est la forme s'en rapprochant le plus. Or la pièce qui 
nous occupe est d’une bonne exécution, pourquoi supposer 
ici une faute, lorsque le nom de la province est écrit cor- 

rectement sur des monnaies certainement d'émission an- 

glaise? Enfin les pièces semblables citées par Bigot ont 

toutes après moneta le nom de l'atelier d'où elles provien- 

nent : tout donc fait croire qu’on a voulu y mettre le nom 

de la ville de Brest. 

Aussitôt après le traité de Guérande, les ouvriers anglais 
se retirérent sans doute avec les garnisons qui occupaient 
les forteresses du duché. Le duc, de son côté, n’était plus 
pressé par la guerre; le grand nombre des ateliers en ren- 
dait la surveillance plus difficile. Il réduisit à trois les 
villes pouvant user du droit de battre monnaie; ce furent 
Nantes, Rennes et Vannes, Pendant tout le règne de 
Jean IV, ces ateliers fonctionnèrent régulièrement. La 
grande quantité de pièces portant leur nom en est une 
preuve. Charles V, maître de la province, ordonna, en 1374, 
de faire frapper de nouveaux types pour remplacer ceux 

_ de Jean IV, et il mentionne seulement ces trois villes’, 
Mais, contrairement à l'opinion de Bigot, ce dernier ate- 
lier, pensons-nous, fut définitivement fermé en 1414. 
L'abbé Travers et M. de Courcy * avaient émis cette asser- 
tion en s'autorisant du passage de la Réforme des mon- 


1 Bigot, Pièces justificatives, n° 25, == Ordonnances des rois de la iroisième 


race, t. VI, p. 40. 
2 Revue num., 1847, p. 38. 





EL DISSERTATIONS. 215 


naies de Monsieur le Duc’, où il est dit : « Les monnaies de 
« Vannes et de Rennes n’euvrent point.» De plus, dans 
son parlement général tenu à Vannes le 30 septembre 1420, 
Jean V accorda des priviléges aux monnayeurs de Rennes 
et de Nantes *. Si l’atelier de Vannes avait fonctionné, ses 
ouvriers se seraient joints aux premiers pour obtenir les 
mêmes libertés, cependant il n’en est point fait mention. 
Enfin M. Rosenzweig, archiviste du Morbihan, a eu l'obli- 
geance de nous communiquer deux notes confirmant cette 
opinion ; dans la première il est dit : En 1455, la ‘chambre 
des comptes, alors à Vannes, occupe l'ancienne monnoierie ; 
dans la seconde, extraite des archives du château du Bros- 
sais en Saint-Gravé (Morbihan), en 1470, la chambre des 
comptes est installée dans le manoir de Clèze où avait été 
précédemment la Monnaie. Douc à partir de 1414, les ate- 
liers de Nantes et de Rennes seuls fonctionnèrent réguliè- 
rement *. 

Les causes citées plus haut existaient toujours. Ainsi 
nous avons vu quelles résistances rencontra Charles de Blois, 
après avoir chargé ses officiers d'établir un atelier à Quim- 
per. Jean V voulant donner à Redon une plus grande im- 
portance, envoya des monnayeurs dans cette ville; aussitôt 
. Pabbé de Saint-Sauveur s’y opposa; mais ayant obtenu du 
prince la promesse qu'après deux ans l'atelier n’ouvrerait 
plus, il laissa les ouvriers s’y installer. 


1 Dom Morice, Preuv., t, II, col. 901. 
3 Dom Morice, Preuo., t. II, col. 1046-1048, — Bigot, Pièces justificatives, 
- he 29, p. 376. 

3 Bigot, cite, p. 217, deux monnaies de François II frappées à Vannes; il 
fixe la date de leur émission après 1486. Les troubles encore peu connus qüi 
agitaient alors la Bretagne permettent de penser qu'il y eut 530omentanément, 
pendant le siége de Nantes par les Français, un atelier breton à Vannes, 


216 MEMOIRES 
Un bon nowbre de pièces ont à la fin de leurs légendes 
un (1 ou un D qui pourraient faire supposer qu'ici ces 
initiales indiquent les villes de Morlaix et de Dinan, aux- 
quelles on n'a pas manqué de les attribuer. En effet, Bigot 
cite une requête des religieuses de Sainte-Claire de Dinan 
au comte de Toulouse en 1707, dans laquelle elles lui font 
observer que leur couvent a été fondé par François II, duc 
de Bretagne, en 1480. Il leur donna sa chapelle et la pièce 
où il faisait batre monois. Aucune pièce frappée dans cette 
ville au nom de ce prince ne nous est parvenue, mais Bigot 
(p. 170 et 210) donne à cet atelier des monnaies de Jean IV 
et de Jean V portant la lettre D. Nous sommes convaincu 
que l'atelier de Dinan était éphémère et n'avait pas de 
marque distincte ; suivant cette conjecture, les ducs de 
Bretagne auraient imité les ducs de Bourgogne. Ceux-ci 
envoyaient les ouvriers de Dijon à Châlon-sur-Saône pen- 
dant les grandes foires de cette ville, afin de faciliter les 
échanges entre les marchands des différents pays; je ne 
crois pas que Châlon ait eu dans cette circonstance un 
autre différent que celui de Dijon. 
Si l'on accepte ma conjecture, les monnaies ducales pa- 
reilles à celles de Rennes ont été émises pendant les foires 
de Dinan, si célèbres au moyen âge ; celles-ci sont 1rès- 
souvent mentionnées dans les chartes du xm: siècle comme 
date de payement. Ainsi plusieurs actes de Saint-Aubin 
parlent de ces Nundinæ Dinani en 1227, 1236, 1237 ‘, On 
les voit également citées dans les chartes du prieuré de 
Lehon en 1262, 1294, 1295 *, et dans beaucoup d’autres 
titres des seigneuries environnantes ; il serait trop long de 
les énumérer tous. 


1 Anciens évéchés de Bretagne, t. 111, p. 63, 85, 86. 
2 Ibid, t. IV, p. 871, 379. 


ET DISSERTATIONS. 247 

‘La nouvelle édition d’Ogée dit'à ‘propos de ces foires : 
« Elles se tiennent le 2° jeudi de caréme, le jeudi de la 
« mi-caréme, le dernier jeudi de caréme, le 3° jeudi de mai, 
« le lundi après la Trinité, le 3° jeudi de juillet, le 1° sep- 
« tembre; mais la principale de ces foires est celle du 
« 2° jeudi de caréme; elle dure 15 jours, et se tient à l’en- 
« tour de la place du Champ. Cette foire est connue dans 
« tout le pays sous le nom du Liège, mais les huit premiers 
«jours prennent plus spécialement ce rom, et les huit 
« derniers s'appellent le Deliège. » Au xn1r° siècle, on la nom- 
mait aussi le Liage ; l'acte de 1295 porte : « Trente souz 
« dedenz la foire à Dynan et les autres trente souz dedenz 
« le liage de Dynan prochain ensevant.» Au temps d'Ogée, 
ils y vendait pour plus de déux millions de toile, indépen- 
damment des autres marchandises. Cette foire attirait non- 
seulement les commerçants du duché, mais encore ceux 
des provinces voisines, d'Angleterre et de Flandre. En: 
présence d'un si grand concours d'étrangers, les ducs de 
Bretagne se virent sans doute obligés de faire à Dinan ce 
que les ducs de Bourgogne avaient établi à Châlon-sur- 
Saône, car rien ne nous empêche de croire que pendant la 
célèbre foire du Liège les ouvriers de Rennes se transpor- 
taient à Dinan. 

Nous n'avons pu trouver aucun renseignement précis 
sur Morlaix. D’après M. Lemière, les archives de cette 
ville ne contiennent rien d’antérieur au siècle. actuel. Il 
nous parle de la foire haute qui attirait à cette époque pen- 
dant huit jours un grand concours de commerçants; elle 
commençait le 45 ou le 16 octobre. Nous avouons franche- 
ment que nous ne croyons pas à l'existence de l'atelier imo- 
nétaire de Morlaix, fondé sur un seul texte qui a été publié 
par dom Morice (Preuves, t. II, col. 1103); de manière à 


219 MÉMOIRES 

ne pas laisser deviner ce qu'il y avait dans l'original qui a 
été malheureusement détruit en 14792. Nous en dirons au- 
tant de la monnaie de Fougères dont ce document nous 
parle; car, en considérant la rareté des pièces attribuées, . 
à cause des initiales, à cette ville, à Jugon et à Ploërmel, 
et devant le silence de tout autre preuve, nous préférons 
rejeter l'existence de ces ateliers sous Jean V. 

Ses successeurs, Francois II, Pierre Il et Arthur III, ne se 
sont servis, à ce qu'il paraît, que des ateliers de Rennes et 
de Nantes. 

Françuis II publia, dès la première année de son règne, 
une ordonnance par laquelle il défendait de frapper mon- 
paie ailleurs que dans ces deux villes ‘, 

Une autre ordonnance de 1483 confirme les priviléges 
accordés aux monnayeurs par Jean V. Elle est adressée « à 

a tous nos dits ouvriers... de nos dites monnoyes de 
« Rennes et de Nantes et autres monnoyes de nostre pays 
« et duché”. » Ces paroles ne sont point contraires à ce 
que nous avançons. I] pouvait encore exister, dans les 
villes où il y avait eu autrefois un atelier, des ouvriers, et 
ces ouvriers, bien que chômant, profitaient des privilèges 
accordés à la corporation. 

Après la mort de ce prince, Nantes et Rennes semblent 
user, à l'exclusion de tout autre ville, de ce droit; l’inva- 
sion de la Bretagne par l'armée française l'avait compléte- 
ment ruinée. 

Les calamités qui suivirent arrétérent pour longtemps . 
cette activité comme-ciale, source de ja grande prospérité 
dont la Bretagne jouit sous ses derniers ducs. D'ailleurs les - 


Dom Morice, Prew., t, II, col. 1739-1740,— Bigot, Pièces justificatives, 
n° 34, p. 383. 
3 Bigot, Pièces justif,, n° 39, p. 389, 


ET DISSERTATIONS. 2419 


rois de France cherchèrent à restreindre le plus qu'ils purent 
les priviléges d'une province si jalouse de son indépen- 
dance. | 

Un moment, pendant la Ligue, les ouvriers de Rennes, 
chassés par les troubles, se réfugièrent à Dinan, Mais aus- 
sitôt que la paix leur eut ouvert les portes de leur an- 
cienne résidence, ils y revinrent, et cet atelier fonetionna 
jusqu'à la révolution, 

Nous croyons donc pouvoir conclure de toutes ces consi- 
dérations, que les ducs de Bretagne se servirent seulement 
des ateliers de Nantes et de Rennes jusqu'à la mort de 
Jean. III. Il faut faire une exception pour Vannes sous 
Jean I. 

Enfin, pendant la guerre de Succession, le triste état de 
la province nécessita la création d'un assez grand nombre 
d'ateliers; Charles de Blois semble chercher les grands 
centres, comme s'il voulait donner par là une nouvelle 
preuve de ses droits sur la province; Jean IV, au con- 
traire, préfère les forteresses, où il installe les mon- 
nayeurs anglais envoyés par Édouard III. 

Mais après le traité de Guérande, il n y a que trois hô- 
tels des monnaies en Bretagne, à Rennes, à Nantes et à 
Vannes, et, à partir de 4414, les deux premiers seulement 
sont conservés. 

Les ducs de Bretagne ont fait quelques tentatives pour 
en établir d’autres ; mais leur existence n'a point été in- 
dépendante, et on peut même les considérer comme des 
succursales des ateliers de Nantes et de Rennes. Ils n'ont 
donc point eu de signes caractéristiques, et les lettres qui 
se voient sur des types nombreux ne peuvent être consi- 
dérées comme les initiales du nom de la ville d’où elles 
proviennent. Car lorsque les ducs de Bretagne frappaient 


monnaie dans une ville qui ne jouissait pas encore de ce 
droit, ils y faisaient inscrire en entier le nom de cette lo- 
calité. Aucun ouvrier n'était attaché spécialement à ces 
ateliers éphémères, conséquence toute naturelle de cet 
ordre de choses, mais des monnayers de Rennes ou de 
Nantes se transportaient dans ces villes lorsque leur pré- 
sence était demandée par quelque grande circonstance. 

On peut donc affirmer qu'il n'y eut au xv° siècle que 
deux cités en Bretagne à posséder un atelier, Rennes et 
Nantes. Nous soumettons ces conjectures à la critique, et 
nous espérons que bientôt les archives de notre province, 
mieux connues, pourront nous fournir des détails curieux 
sur ces usages, et qu'ainsi, par des recherches patientes, 
plus d’un point de la numismatique bretonne sera éclairci. 

L. CHAUFFIER. 








ET DISSERTATIONS. 224 


MELANGES NUMISMATIQUES. 
TROUVAILLE DE MONNAIES DU XIV: SIÈCLE. 


FRANCE, BOURGOGNE, Bar, Savors, Vaup ET BRETAGNE. 


(PI. XI.) 


J'ai acheté l'automne dernier à Montpellier, chez un 
marchand d’antiquités, une trouvaille ou une partie de 
trouvaille qui m'a paru au premier abord ne renfermer que 
des gros à la couronne et des doubles deniers parisis 
de Philippe de Valois, mais dans laquelle j'ai bientôt. 
reconnu plusieurs monnaies baronales plus ou moins ser- 
vilement copiées sur l’un ou l’autre de ces deux types. 
Les gros et les doubles deniers royaux sont remarquables 
par la variété de ces détails accessoires et de ces signes 
que l’on changeait à chaque émission. Quant aux monnaies . 
baronales, elles sont ou nouvelles ou assez rares, et mé- 
ritent également une rapide description. 


FRANCE. 
Philippe de Valois (1828-1350). 


Gros à la couronne. Le gros de Philippe de Valois, 
au type des tournelles surmontées d’une couronne, se 


222 MÉMOIRES 


frappa pour la première fois en 1336, si l’on en croit 
Le Blanc'. C'était une pièce de bas aloi, dont la valeur 
nominale était exagérée et dont l'émission procurait par 
conséquent de grands bénéfices; aussi sa fabrication 
fut-elle prolongée et considérable”, Les exemplaires que 
nous allons examiner sont presque tous de coins différents et 
de fabrication médiocre. Ils se classent en plusieurs groupes 
caractérisés par les accessoires du type et se subdivisent, 
dans chaque groupe, par les signes séparatifs et les abré- 
viations des mots de la légende du droit ou par ce qu’on 
a appelé plus tard des points secrets. 

4° Groupe. Un anneau destiné sans doute à figurer une 
ouverture se voit au centre de l'édifice. 

N° 4. + BNDICTV : SIT ; NOME : DNI : NRI : DEI : entre 
deux grènetis; au centre : PH! LIP PVS REX, dans les can- 
tons d’une croix dont les bras sont pattés et se rattachent 
au grènetis par des annelets. 

&. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne; 


1 Traité des monnoiss de France, édition de Paris, table à la p. 405. 

3 On jugera de l'importance de ces bénéfices, en comparant le titre, la 
taille et le cours légal dn gros à la couronne créé en 1336 et du gros tour- 
nois qui l’avait précédé en 1380. Le premier était, en effet, réglé à 10 d. 
16 g. de loi, à 96,2 par marc, et valait 10 deniers tournois, tandis que le se- 
cond atteignait 11 d. 12 gr. de loi, se taillait seulement à raison de 60 au 
marc, et n'avait été émis que pour 2 deniers de plus, c’est-à-dire pour 12 tour- 
nois. Le Blanc, id., ib. 

3 Au moyen Age, les monnaies, et souvent les moins bonnes, arrivaient à 
un chiffre de fabrication trés-élevé, parce que le numéraire n'était pas, 
comme aujourd’hui, un simple appoint, mais représentait la plus grande 
partie de la richesse mobilière, et supportait, par les cours forcés et par les 
surprises de tarifs, les hausses et les baisses dont les valeurs fiduciaires ont 
eu, depuis, le monopole. Cette remarque explique pourquoi on trouve encore 
tant de pièces anciennes, et pourquoi il y a souvent un si grand écart entre 
le titre de deux exemplaires d’une même monnaie, lors même que cette mon- 
naie n’est pas Je produit d’un atelier clandestin, 


ee Ge ee 





ET DISSERTATIONS. 223 


au centre un anneau, et, sous le pignon central, une base 
terminée par deux anneaux, La bordure qui entoure la 
piéce est formée de lis avec une croisette dans le haut. Un 
exempl. pesant 28,00 (PI, XI, n° 4). 

N° 2. Même pièce où les trois points placés entre le 
mot DEI et la croisette ont disparu. Sept exemplaires de 
coins très différents pesant en moyenne 45,99. | 

N° 38. Variété du n° 2, avec un point secret, au revers, 
sous le premier R. Un exempl. pesant 25,10. 

"N° 4. Même pièce que le n° 2, mais où le dernier mot de 
la légende extérieure du droit est écrit en deux lettres, 
DE, par abréviation. Trois exemplaires de coins variés 
pesant en moyenne 25,00, 

N° 5. Variété portant D] au lieu de DE. Sept exemplaires 
pesant en moyenne 25,01. 

Ne 6. Autre dans laquelle le mot DEI est simplement re- 
présenté par son initiale D. Quatre exemplaires pesant 
en moyenne 45°,98. 

N° 7. Autre où DEI est complétement supprimé et où 
par conséquent le mot NRI termine la légende. Trois exem- 
plaires, pesant en moyenne 25,02. 

N°8. Pièce semblable au n° 7, sauf que le premier P, 
dans Philippus, est surmonté d’un signe semblable à celui 
qu'on place d'ordinaire à côté et au-dessus de la dernière 
lettre d’un mot abrégé. Un exemplaire, poids, 25,03. 

Outre les vingt-sept pièces précédentes, il y en avait 
dans la trouvaille dix-sept autres appartenant au même 
groupe, mais plus mal conservées et difficiles à répartir 
entre les diverses subdivisions. Ces derniers gros ont un 
poids moyen de-2",04. 


2° Groupe. Outre l'anneau représentant une ouverture 


224 MÉMOIRES 


au centre de l'édifice, un autre anneau se voit sous le 
degré. 

N°4. + BNDICTV : SIT : NOME: DNI : NRI : DEI entre 
deux grénetis, et PH] LIP PVS REX, dans les cantons d'une 
croix, dont les bras sont pattés et se relient au grénetis par 
des annelets. La lettre L, dans Philippus, supporte un 
annelet. | 

& FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne; 
anneaux au centre de l'édifice et sous le degré. La bor- 
dure, composée de lis, ne commence pas par une croisette, 
comme dans le premier groupe. Un exemplaire pesant 
45,90. 

N° 2, Même type avec DE au droit, au lieu de DEI; 
deux exemplaires pesant en moyenne 25,02. 

Ne 3. Autre semblable au n° 4, mais où le mot DEI est 
entièrement supprimé, tandis que le revers ne porte point 
d'annelet avant l'F de Francorum et montre une croisette 
au centre de la bordure de lis ; un exemplaire pesant 25°,04. 


3° Groupe. Deux croisettes au centre de l’édifice, au lieu 
d’un anneau; une petite sphère sous le degré. 

Ne 1. + BNDICTV : SIT: NOME ; DNI : NRI : DEI. Au 
centre, une croix dont les bras sont pattés et reliés au 
grènetis par des annelets; dans les cantons, PH] LIP PVS 
REX. La lettre L porte un annelet. 

8. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne, 
croisettes et petite sphère. La bordure est entièrement 
composée de lis. Un exemplaire pesant 25,01 

N° 2. Même pièce, avec DE au droit au lieu de DEI, 
deux exemplaires pesant en moyenne 1:',89. 

Ne 3. Autre très-bien conservée au revers, mais dont la 
légende extérieure, au droit, est mal venue et semble 


ET DISSERTATIONS. 225 


néanmoins ne porter que D au lieu de DE; un exemplaire 
pesant 25°,00 (PI. XI, n° 2). 


Doubles parisis. Les doubles deniers parisis sont 
très-nombreux dans la trouvaille; leur titre est plus bas 
que celui des gros. Ils peuvent se répartir en trois groupes 
suivant que la croix fleuronnée du revers est accostée d’an- 
nelets, de petites couronnes ou d'étoiles. 

1% Groupe. La croix est accompagnée de deux annelets. 

N° 4, + PHILIPPVS.D:GoREX ; au centre, deux lis l’un 
sur l’autre avec les lettres FRAN disposées à droite et à 
gauche et séparées horizontalement par deux annelets. 

À. + MONETA DVPLEX; la croix longue fleuronnée dont 
le pied est patté, repose sur un annelet et coupe la légende 
en deux; deux annelets accostent la croix dans le champ. 
Ginq exemplaires de divers coins pesant, en moyenne, 
46,24 (Pl. XI, n° 3). 

N° 2. Même pièce où les annelets, qui se voient au droit 
entre les mots de la légende circulaire, sont remplacés 
par de petits points; trente-huit exemplaires pesant en 
moyenne 48,20. 

Ne 3. Autre variété du n° 2. Les deux annelets qui 
séparent horizontalement les lettres isolées, dans le champ 
du droit, sont remplacés par de petits globes; l’anneau qui 
se voit au revers, sous le pied de la croix, a également 
fait place à un petit globe; vingt-sept pièces pesant en 
_moyenne. 1°, 20. 

N° 4. Troisième variété du n° 2 avec + PHILLIPPVS. 
D. G. REX; un exemplaire, poids, 45,13. 

Ne 5. Pièce qui serait la même que le n° 4, si le point 
placé entre le D et le G ne semblait avoir disparu; un 
exemplaire pesant 15,15. 


226 MEMOIRES 

N° 6. Quatrième variété du n° 2 dans Is 
voit plus sous le pied de la croix ni l’annele 
globe. Il est possible que cette variété ne soi 
tat d'une frappe insuffisante; un exemplaire 


2° Groupe. La croix est accompagnée de 
couronnes, 

Ne 1. + PHILIPPVS. D : G. REX; au c 
superposés et les lettres FRAN éparées pa 
globes; c'est le droit du n° 3 du premier gr 

&. + MONETA DVPLEX; croix fleuronné 
celle des doubles précédents, mais accompa 
et à gauche, d'une sorte de petite couro 
lemnisques ou, si l’on veut, d’un annelet : 
dents. Le pied de la croix est entouré de 
placés deux et un. Douze exemplaires pesani 
4,21 (Pl. XI, n° 4). 

N° 2. Mème type; seulement, au droit 
entre les deux lis superposés. Trois exem 
en moyenne 45, 13. 


3° Groupe. La croix est accompagnée de di 

N° 1 + PHILIPPVS. D: G. REX; au ce 
superposés, avec les lettres FRAN disposées 
gauche et séparées par deux petits globes; 
du n° 3, . 

8. Même revers qu’au n° 1 et au n° 2 dus 
sauf que les anneaux à deux dents sont rempl 
par des étoiles à cinq pointes. Trois exem) 
en moyenne 15,07. 

N°2. + PHILIPPVS. D+G. REX; les lettr 
toujours disposées dans le champ à droite et 


ET DISSERTATIONS. 227 


~ deux lis superposés, mais on ne voit plus entre elles les 
deux points du numéro précédent, tandis que deux étoiles 
sont placées, l'une au-dessus de l'F, l’autre au-dessus de I’ R. 

f. Commie au numéro précédent. Dix exemplaires pesant 
en moyenne 0:,96. 

N° 8 + PHILIPPVS. D:G..,... Dans le champ les lettres 
FRAN séparées par deux lis superposés et surmontés de 
deux étoiles. 

~ À. + MONETA DVPLEX ; croix accostée de deux étoiles 
& cing pointes et sous le pied de laquelle se voient trois 
annelets disposés horizontalement. Un exemplaire pesant 
45,18 (Pl. XI, n° 5). 

Outre les 102 pièces réparties dans les trois groupes 
précédents, la trouvaille renfermait 121 doubles parisis, 
en général plus mal conservés et moins complets, apparte- 
nant, pour la plupart, au deuxième et au troisième numéro 
du premier groupe, et pesant en moyenne 45,18, 


BOURGOGNE. 
Eudes IV (1315-1350). 


Gros à la couronne. Ce que j'ai dit au commence- 
ment de cet article permet de juger combien les barons 
avaient intérêt à contrefaire le gros royal à la couronne, 
dont l’émission était rendue si lucrative par les conditions 
méme de sa fabrication et dont on pouvait encore abaisser 
’aloi, car dès qu’il s’agit de billon le public ne peut plus 
juger, au simple aspect, de l'importance de la fraude * ; 


1 Le xiv° siècle est peut-être celui où l’on se livra le plus de combats à 
eoupde tarifs monétaires, où l’on décria le plus vite les émissions succes- 


928 MEMOIRES 


aussi le comte Eudes ajouta-t-il aux types monétaires de 
son pays celui du gros à la couronne. + BNDICTV : SIT: 
NOME: DNI : NRI : DEl entre deux grénetis; au centre, 
entre Jes bras d’une croix pattée, EVD DEI GRA DVI. 

k. BVRGVD.MONETA; tournelles surmontées d'une cou- 
ronne; bordure de lis. Un exemplaire pesant 1:"25. 

Cette pièce, servilement copiée sur le gros de Philippe 
de Valois, a déjà été décrite par M. A. de Barthélemy" et 
d’après lui par M. Poey d'Avant*. Le roi s'était plaint des 
contrefaçous de sa monnaie auxquelles se livraient les ate- 
liers de Bourgogne; le duc viut à Vincennes, le 3 oc- 
tobre 1337, et promit de changer les coins dont il usait; 
mais il se réserva de faire circuler les espèces de type 
français sur le territoire d’Auxonne, où il échappait au 
contrôle des officiers royaux ?. 


Ban. 


Henri 1V (1337-1344). 

HERICVS..... entre deux grènetis. Dans le champ, les 
deux lis superposés du double de Philippe de Valois; à 
gauche et à droite, séparées par deux annelets, les lettres 
BRRI; au-dessous du lis inférieur et coupant la légende 
en deux, l'écu du comte aux deux bars adossés. 

La seconde partie de la légende circulaire est malheu- 


sives, et où, par conséquent, les contrefnçons et Jes altérations de titre furent 
les plus nombreuses, 

1 Essai sur les monnaies des duce de Bourgogne, in-4°, 1848, p. 40, pl. Ill, 
fig. 13. 

2 Monnaies féodales de France, t. 11], p. 200, pl. 132, n° 2, 

3 Barthélemy, op. laud., p. 38. 





ET DISSERTATIONS. 229 


reusement trop fruste pour étre lue avec quelque certi- 
tude. Elle devrait se composer de six ou sept lettres ; c’est 
plus qu’il n’en faut pour COMES, mais ce mot était peut- 
être allongé par l’interposition d’un signe analogue à celui — 
que présentaient d'autres monnaies du méme trésor. 

À + MONETA DVBLEX, croix longue à bras fleuris coupant 
la légende dans le bas; à droite et à gauche un annelet. 
On peut remarquer la substitution toute germanique du 
B au P par le graveur du coin. 

Cette monnaie est inédite; un exemplaire pesant 45,02 
(PI. XI, n° 6). 

On connaissait déjà un gros du comte de Bar, semblable 
à celui qui a été décrit plus haut au nom de Eudes et copié 
également sur le type royal *. 


SAVOIE. 


Aimon (1329-1343). . 


Gros à la couronne. AIMO COMS SAB; tournelles 
surmontées d’une couronne; au centre de l'édifice, un petit 
globe, sous la base un anneau. La bordure de lis, qui en- 
cadre la pièce, n'est pas coupée par une croisette. 

à + BNDICTV : SIT: NOME: DNI : NRI : DE entre deux 
grènetis ; au centre dans les cantons d’une croix pattée et 
autour d'un troisième grènetis, on lit INI TAL MAR CIO, fin 
de la légende du droit. 


Cette imitation du gros de Philippe de Valois est com- 


1 Voir plus loin les doubles deniers d'Aimon, comte de Savoie. 


3 F. de Saulcy, Recherches sur les monnaies des comtes de Bar, p. 24, pl. I, 
fig. 8. 


1969. — 4, 


16 


230 MÉMOIRES 


plétement inédite; elle n’était représenté dans la trouvaille 
que par un exemplaire pesant 25,02 (PI. XI, n° 7). 


Imitation du double parisis. N° 1. AIMO écrit dans 
le champ de la pièce. Ces quatre lettres sont séparées verti- 
calement par deux lis et horizontalement par deux anne- 
lets; c’est toujours la disposition du double de Philippe. Le 
titre du personnage COMES SABAVDIE, se développe en 
légende circulaire. 

À + IN ITAL MARCIO; au centre une croix fleurie ac- 
costée de deux annelets. Un exemplaire pesant 47,31 
(PI. XI, n° 8). 

Cette monnaie n’était pas connue de M. Promis, lorsqu'il 
fit paraître son ouvrage intitulé Monete dei Reali di Savoia’ ; 
mais on la trouve, avec de légéres différences*, dans un 
travail supplémentaire sur les mémes monnaies de Savoie, 
que l’auteur a publié en 1866, en lui donnant un nouveau 
titre assez peu justifié : Monete inedite del Piemonte *. Sui- 
vant le savant bibliothécaire du Roi, à Turin, les imita- 
tions du double denier parisis auraient été émises à 
Chambéry de 1340 à 1341, à la taille de 150 au marc’, 

ce qui leur aurait constitué en mesures actuelles un poids 
de 45,617, 


1 Deux volumes in-4°, Turin, 1841, 

8 D'après le dessin de M. Promis, il y aurait des globules au lieu d’an- 
nelets dans le champ du droit, et le revers porterait Marcho au lieu de Marcio, 
qui paraît être la bonne leçon; les annelets auraieht, en outre, disparu du 
champ du revers, tandis que la croix reposerait stir un petit globe dont la 
présence ne peut être accusée par notre exemplaire, attendu que le flan a 
justement fait défaut au coin en cet endroit. 

3 Grand in-8°, 6 planches, Turin, 1866. 

A Monete dei reali di Savoia, t. I], p, 445. 


v ~ | nn. 


a nt nes — ee -——— ae — one 


ET DISSERTATIONS. 931 


M. A. de Longpérier’ a fait connaître cette monnaie aux 
lecteurs de la Revue, et après avoir relevé l'erreur de 
M. Promis qui croyait la piéce imitée d'une monnaie de 
Philippe le Bel, il ajoute : «Ge qui prouve combien l'étude 
_« des monnaies des princes voisins de la France est indis- 
« pensable pour la connaissance de nos monnaies royales, 
« c'est que celle-ci nous montre {le comte Aimon étant 
« mort en 1343) qu'une émission de doubles parisis aux 
« deux fleurs de lis superposées avait eu lieu avant celle 
« de 4346, signalée par Le Blanc (table chronologique) et 
« appliquée par Delombardy * au type qui nous occupe. » 

Ne 2. AYMO; ces quatre lettres sont séparées par deux 
figures qui ressemblent plutôt a des fers de pertuisane 
qu'à des lis * et qui rendent moins complète limitation de 
la monnaie royale. Il n’y a pas d’annelets entre les deux 
lignes. En légende extérieures : CO&MS : SABAVDIE. 

à. +. : IN ITAL’ MARCIO; croix fleuronnée avec deux 
petits globes dans le champ; variété inédite. Un exem- 
plaire pesant 1,35 (Pl. XI, n° 9). 

Autre très-usé par l’oxyde, où le trèfle, qui coupe en 
deux le mot COMS au numéro précédent, n’est pas visible, 
et où un signe semblable se montre entre le B et l’A au 
mot SABAVDIE. Un exemplaire pesant 15,35. 

N° 3. Variété du n° 2 présentant au revers deux petits 
tréfles dans la légende + IN ITAL’ MA&RCIO. Deux exem- 
plaires pesant en moyenne 45,01. 


1 Revue num., 1867, p. 79. 

2 Catalogue des monnaies françaises de le collect. Rignauit, 1848, p. 10, 
n° 76. 

3 « Ad fiorem lilii habentem parvai crücém pro fede, » suivant l'expression 
même employée par le comte Aymon. Promis, Mon. dei reali di Sav., t. Jr, 
p. 85. 





232 ut 
Banonn! 
Louis II 


+ LYDOVICVS:DE SA. D 
deux lis superposés, les qua 
la légende, et que le graveu 
manière à les faire ressemb] 
royal. Il y a un annelet sou 

R. + MON PET CASTR 
ronnée dont le pied coupe | 
à gauche, un annelet. 

Un exemplaire rogné, pes 
profondément attaqués pal 
gangue, ne pesant plus en 
n° 40.) 

La monnaie qui vient d' 
du comte Aimon, une imitat 
Philippe de Valois; elle ap 
Vaud, qui succéda à son pè 
en 1343, à la mort d’Aimon 
Cette pièce, sortie des atel 
assez grande rareté. M. Pre 
plément*, un exemplaire mz 
quel il lisait LV, en sorte q 
écrit deux fois, ce qui est in 
vait pu en restituer la légen 


1 On connaît des monnaies de ce | 
VAVDI TVTI.— Cf. Promis, Mon. 
coll. 

2 Moneta inedite del Piemonte, p. 16 


ET DISSERTATIONS, _ 933 


M. Adr. de Longpérier’, ayant reçu du Musée de Lyon 
l'empreinte de deux exemplaires de la même monnaie se 
complétant l'un l’autre, en avait déjà reconstitué les lé- 
gendes telles qu'elles sont. 


BRETAGNE. 
Jean de Montfort (1344-1345). 


- Ne 4. IOHAN NES DVX. Dans le champ, BRIT en deux 
lignes. Deux mouchetures d’hermine en pal, superposées 
et séparées par un annelet, coupent en deux la légende 
circulaire et le mot BRIT. 

À. SIGNVM DEI VIVI. Au centre, une croix de proces- 
sion, à branches fleuronnnées, à hampe épaisse et terminée 
en fer de lance. Dans le haut de la pièce, l’écu aux trois 
hermines séparant le commencement de la légende de sa 
fin. Neuf exemplaires en billon pesant en moyenne 165,14 
(Pl. XI, n° 41.) 

Cette pièce reproduit le dispositif général du double de- 
nier parisis de Philippe de Valois, sans en être, comme les 
précédentes, une sorte de contrefaçon. Elle a déjà été pu- 
bliée par M. Bigot* et par M. Poey d'Avant *, qui l’attri- 
buent à Jean IV. 

Ne 2. + IOHANNES DVX entre deux grènetis. Au 
centre, deux mouchetures superposées; entre elles le mot 
BRIT en deux lignes ; un annelet entre le B et l'T; un point 
entre les deux mouchetures et un annelet entre l’R et le T. 

x. SIGNVM DEI VIVI. Croix fleuronnée et à queue. Deux 


1 Revue num., 1867, p. 78. 
.2 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, pl. XXII}, fig. 10. 
3 Monn, féod. de France, p. 100, pl. XVIII, n° &, 


SRES 

pesant en moyenne 1°,12. 
ne de Jean IV. 

tre deux grémetis; dans le 
er, écrit en deux lignes que 
deux croissettes. 

it écu à trois mouchetures 
lé entre l'A et l’N de la lé- 





de 15,22, est frappé sur un 
lans la trouvaille. M. Bigot le 


Bretagne, qui viennent d'être 
autres baïonales du trésor, 
de Philippe de Valois (4328- 
nt d'ailleurs l'aspect général 
. | 

ls sont les ducs qui ont gou- 
tte période. Le premier est 
n avril 1341, et que je crois 
type monétaire presque tou- 
tére tout particulier qu'on ne 
les pièces qui nous occupent. 
vi, en 1339, pour avoir fait des 
celles du roi « il y a si petite 
iple ne le peut connaistre ‘ ;» 


pl. XXI1I, fig. 8. 

+99, pl. XVII, n° 7, 

P 

e, adopts pour armoiries, parti au 1* 
de Limoges, au 2° de Dreux. (Anat, 
182.) a , 

) de Bretagne, Van 1633. (Preuves du 


— 
a a! 
ee ee ee ee ee 


ET DISSERTATIONS. 235 
mais |’ émission incriminée' sortait de l’atelier de Limoges, - 
où le corps du délit fut saisi par les officiers royaux’. 
Après Jean III vient Charles de Blois, qui ne meurt que 
six ans après la mort de Philippe de Valois; or avec Charles 
commence une série d’imitations parmi lesquelles se trouve 
un double denier identique, sauf le nom du prince, à notre 
ne 3°. Si l’on remarque maintenant que ce prince, pen- 
dant que vivait le roi Philippe, a eu successivement pour 
compétiteurs, de 1341 à 1345, Jean de Monfort, et de 
4345 à 1350, le fils de celui-ci, devenu, quatorze ans 
plus tard, seul maître du duché sous le nom de Jean IV, 
on en conclura que les monnaies bretonnes de la trouvaille 
de Montpellier sont ou de Jean de Montfort ou de son fils. 
S'appuyant sur une observation faite par mon savant 
ami, Anatole de Barthélemy‘, M. Bigot renonce à attribuer 
aucune monnaie au premier de ces princes et fait descen- 
dre au règne du second, 4345 à 4364, la pièce de Nantes, 
calquée sur celle de Charles de Blois, amsi que nos n°’ 4 et 
2. Quant à M. Poey d’Avant, il donne également ces divers 
billons à Jean IV, avec qui il paraît avoir confondu Jean de 
Montfort. En somme, les hommes les plus compétents n’ont 
fait honneur d’aucune monnaie à Jean de Montfort, et ce- 
pendant on ne saurait douter qu'il en ait frappé". En effet, 
entre les années 1341 et 1345, il a été successivement 
maitre de Brest, Rennes, Henriebon, Vannes, Auray et Car- 


1 Il s'agissait sans doute de deniers tournois semblables à celui reproduit 
par M. Poey d’Avant, op. laud., t. I, p. 360, pl. LI, n° 2. 

2 Réponses faites aux gens du duc de Bretagne, loc. cit. 

3 Bigot, op. laud., pl. XVIII, fig. 9 et 10, 

+ Revue num., 1847, p. 428. 

+ Je ne parle pas des monnaies dont M, Bigot fait, & bon. droit, justice, 
op. laud., p. 133. . | 


236 MÉMOIRES 


haix. C'est même à Nantes, où fut émise 
naies, qu'il se fit « reconnaître par sept 
que contenait la province et les seigneur 
Si la lutte ne fut pas toujours à son avai 
plus d’une défaite, il ne faut pas oublier ¢ 
bon, dans une forteresse bretonne, qu'il 
4345. Son fils, au contraire, était en basä 
gua des droits contestés, et plus tard, à 
lippe de Valois mourut, l'héritier de Mon 
âgé de neuf ans et n'avait pas quitté l’A 
donc nullement démontré qu'il ait eu d 
dant cette première partie de sa vie, et il 
dans tous les cas de se borner à lui 
nombreuses pièces que caractérise un t 
personne ne lui conteste, 

On peut ajouter que les monnaies roy: 
ralement imitées peu de temps après lei 
double denier parisis de Philippe de Vi 
vient de le voir, servait déjà de type, À 
le comte Aimon, c’est-à-dire entre 1337 
lait donc en France’, et se voyait contr 
rons du vivant de Jean de Montfort; de ] 
contient une monnaie de Eudes antérieur 
tations bretonnes au nom de Jean sembl 
toutes ces raisons, appartenir plutôt a 
Disons enfin que la présence de la léger 
VIVI milite en faveur de l'ancienneté ( 
elle est en effet empruntée à des deniers 
fabrication remontait fort loin et semble a 

1 Le double parisis aux lis superposés existait assur 


moi-même publié une monnaie de ce type frappée à 
Guillaume (1337-1342). (Num, de Cambrai, p. 101, pl 


= 


KT DISSERTATIONS. 237 


milieu du xtv* siècle ‘. Je ne pousserai pas plus loin cette 
discussion; il appartient aux numismatistes de la Bretagne 
de revoir le classement des nombreux types monétaires du 
x1v° siècle, au nom de Jean, et de rendre définitivement à 
Jean de Montfort la part à laquelle il a droit. 


RECAPITULATION, 


Gros à lacouronne...... 52 
Double denier parisis, . . , 223 
Eupes px Bourcoene. 1315 à 1340. . Copie du gros à la couronne, 1 
Henri px Bar. 1337 à 1344. . . . . . Copie du double denier parisis. 1 
Id, du gros à la courunne.. 1 

5 

4 


PHILIPPE DE Vatols, 1828 à 1350. 


Amon DE SAVOIE. 1329 à 1343... 
Id. du double parisis.... 


Louis px Vaup. 1302.......... Id. id, 
Juan ps Montrort? 1341 à 1345 . . Imitation du double parisis. . 12 





Cu. ROBERT. 


E. Hacher, Essai sur les monnaiss du Maine, p. 44, col. 2. 


3S MÉMOIRES 


FLORINS DE BAR 
ÉMIS SOUS LE DUC ROBERT. 


Duby, dans son Traité des monnaies des barons, avait 
attribué à Robert II, duc de Bourgogne, un florin, imitation 
de ceux de Florence, portant au droit autour de la grande 
fleur de lis, la légende ROBERTVS DVX sans indication 
de seigneurie, et au revers, le saint Jean en pied de face, 
entouré de la légende ordinaire S. IOHANNES.B, suivie d’une 
couronne semblable à celle placée pour différent sur les 
florins attribués au roi de France, Charles V. Depuis lors, 
M. de Saulcy, dans ses Recherches sur les monnaies des 
comies et ducs de Bar’, a cru pouvoir restituer cette pièce 
au duc Robert qui régna de 1352 à 1414, n’appuyant à la 
vérité cette assertion que sur ce que «ce prince ayant 
copié déja un grand nombre des monnaies émises par les 
rois de France, Jean II et Charles V, il n’y avait rien de 
bien audacieux à admettre à priori que ce prince, s'il 
avait fait frapper des espèces d'or à son nom, a choisi 
parmi les types adoptés par le monarque dont il calquait 
servilement les monnaies celui qui était accueilli le plus 
favorablement dans toute l’Europe, celui que tous les 
princes imitaient à l’envi, celui enfin des florins de Flo- 
rence. » 


1 Paris, 1843, p. 34.et 41, pl. IV, n° 11. 


A a en me en — 


ET DISSERTATIONS, 239 

« Si maintenant nous ajoutons, continue M. de Saulcy, 

à ce qui n’était qu'une supposition, le fait certain que Ro- 

bert, dans un traité fait en 1354, et lorsqu'il n’était encore 
que conte, avec Guillaume de Nancy, fermier de la mon- 
naie du Barrois, lui donna le pouvoir de fabriquer des petits 
florins à son nom à la taille de 70 au marc de Troyes et au 
titre de 14 karats et demi, nous aurons changé en certitude 
ce qui n’était encore qu'une hypothèse, » 

Cette nouvelle attribution des florins au nom d’un ROBER- 
TVS DVX, toute ingénieuse et spécieuse qu’elle était, ne 
reposait pas sur des preuves assez positives pour être admise 
sans réserve par un grand nombre de numismatistes; plu- 
sieurs pensaient que si le duc Robert de Bar avait émis des 
florins, ces pièces devaient au moins porter les armes du 
prince pour différent, et une récente découverte faite dans 
les environs d'Épinal, vient de donner raison, en partie du 
moins à ces derniers, en mettant au jour un florin d'or à 

- haut titre et du poids de 3,37, qui maintenant fait partie 
des collections numismatiques de notre Musée départe- 
mental. Cette pièce a aussi au droit la légende ROBERT 
DVX entourant la grande fleur de lis et au revers, autour 
de la figure de saint Jean debout, est la légende ordinaire 
S.IOHANNES.B suivie, non d’une couronne, mais d’un bar 
à deux tétes sur un semis de croisetles ab pied fiché, repré- 


sentation incontestable des armes de Bar qui probablement 
n'ont pas été plus exactement reproduites parce que la 
place manquait, ou que plutôt on a voulu imiter l'aigle à 


240 MÉMOIRES 


deux têtes qui se voit sur quelques florins frappés à cette 
mème époque aux environs du Rhin‘, tant était grand le 
désir de Robert et de ses monnayeurs de faciliter I’ écoule- 
ment des monnaies émises par les ateliers du duché. 

Cependant, de ce qu'il était maintenant certain que le 
duc Robert avait fait frapper un florin sur lequel ses armes 
étaient ostensiblement placées, devait-on conclure que 
M. de Saulcy s'était complétement trompé en donnant su 
même prince une autre pièce aux mêmes types portant 
aussi les mêmes légendes, mais n'ayant pour différent 
qu'une couronne qui ne pouvait aider à reconnaître de quel 
atelier la pièce était sortie, et cette pièce devait-elle 
rentrer dans la catégorie de celles auxquelles il est impos- 
sible de donner une attribution certaine ? 

Je ne le pense pas, bien au contraire, je suis convaincu 
que M. de Saulcy à deviné juste, et à l'appui de son at- 
tribution, je puis apporter une preuve toute matérielle, 
ignorée lorsqu'il publiait ses recherches sur les mon- 
naies de Bar, car alors la trouvaille de Buissoncourt n’é- 
tait pas faite et l'on ne connaissait pas le précieux 
forin d'or du duc de Lorraine, Jean I, contemporain 
et allié de Robert; rarissime monnaie dont notre Musée 
possède un des trois exemplaires connus. J’ai donc pu 


+ Par exemple, les florins de Boémond, archevéque de Trèves, 1354-1363; 
de Cuno, titalaire du même siége (1382-1888). Voir Joachim, Das nev wif 
‘Monzcab,, 1161, t. 1, pl. XX, n°10.—Bohl, Dis trisrisch, Manson, 1823, p.45 


et 48, oto, 





ET DISSERTATIONS. 241 


comparer à loisir ce florin du duc Jean avec les exem- 
plaires de celui de Robert au différent de la couronne 
qui sont aussi dans la même collection, et m'assurer 
que ces pièces aux noms de Robert et de Jean étaient 
tellement identiques qu'il était impossible de ne pas recon- 
naître que non seulement elles étaient de la même époque, 
mais qu'elles avaient dû être gravées par le même artiste : 
différents, lettres, fleurs de lis, figures de saint Jean sont 
semblables, à tel point que, dans les deux figures du saint, 
les cheveux et la barbe sont divisés en un même nombre de 
mèches de même forme, en sorte qu'un seul dessin paraît 
avoir servi pour les deux coins. La forme du T est aussi 
identique sur les florins de Bar et de Lorraine. 
Ce fait ne paraîtra pas incroyable, si l’on se rappelle 
que Guillaume, le maître de la monnaie. de Saint- 
‘Michel, depuis 1365 jusque vers 4377', était de Nancy, 
et que d'ailleurs des pièces aux deux noms des ducs 
Jean et Robert ayant été frappées d'un commun accord 
à la monnaie de Nancy, il ne serait nullement impossible 
de croire que le coin du florin de Robert eut été fourni 
par cet atelier. 


La représentation exacte de ces florins en fera mieux 
comprendre la similitude. 

A l’époque où l’on frappait à Nancy des monnaies com- 
munes aux ducs de Lorraine et de Bar, la pénurie d'argent 
était grande dans le trésor de Bar, vidé pour le payement 
de la somme énorme à cette époque de 140,000 florins que 
Robert avait été obligé de faire aux Messins pour prix de 
sa rançon. C'est probablement pour remplir de nouveau 
ses coffres que ce prince autorisa, par untraité passé en 


1 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I, p. 174, 


242 MÉMOIRES 


septembre 1872’, son maître de la monnaie Gnillaum 
de Nancy, à émettre ces petits florins d'or à la taille & 
70 au marc de Troyes et au titre de 14 karats et demi dont 
le musée possède un exemplaire *. 

C'était du reste une ancienneet mauvaise habitude du duc 
Robert de permettre de frapper dans ses ateliers monétaires 
des monnaies à bas titre; car dès 1355 il autorisait son maître 
de la monnaie de Saint-Mihiel, Humbelet de Gondrecourt, 
à émettre des monnaies blanches et noires imitées de celles 
du roi de France à son choix, à la condition que les blanches 
auraient un denier d'aloi de moins que les monnaies de 
France et les noires à proportion *. 

Quant au florin au bar à deux têtes nouvellement décou- 
vert, le travail en est si différent de celui à la couronne 
qu'il est évident qu'il n’a pu être gravé ni à la même époque 
ni par Je même artiste que ce dernier ; l’aurait-il été lorsque 
Humbelet de Gondrecourt était maître de la monnaie de 
Saint-Mihiel, c'est-à-dire de 1354 à 1365, ou faudrait-il le 
donner à Bernard de Lucques * qui, vers 1380, remplaca 
Guillaume de Nancy, et conserva sa charge jusqu’à la mort 
du duc Robert en 1411? 

JULES LAURENT. 


1 Un autre exemplaire de la même collection est à bon titre. 
2 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I*, p. 238. 
3 Joid,,t. Le", p. 36, et D. Calmet, Hist. de Lorr,, t. IT, Prewoes, p. DCxxi 





et DOXXITI. 
4 T, I, p. 2%. 


a ia ee ee eee 


LE 4 D ati 
Pl 


ET DISSERTATIONS. 2h3 


ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE 
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’ AUTRICHE 
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. 


(1482 — 1556. ) 


(Voir plus haut, p. 86.) 


Depuis que Maximilien avait repris, du consentement 
des Etats, la tutelle de son fils et la mainbournie de la 
Flandre, il avait, dans toutes ses ordonnances monétaires, 
conservé l'ancien titre des monnaies, ainsi que leurs poids, 
du moins à très-peu près. Les nouvelles même ne leur 
étaient pas inférieures sous ce rapport. Mais, par contre, 
il en avait augmenté singulièrement la valeur. L’augmen- 
tation, surtout pour les pièces d'argent, s'élevait jusqu'au 
tiers de la valeur primitive. C’est probablement de ce fait 
qu’il est question dans les historiens quand ils parlent de 
l’altération des monnaies par le roi des Romains. Au reste, - 
celui-ci semblait prendre à tâche de justifier de plus en 
plus les accusations portées contre lui. 

L’ordonnance du 20 avril 1487 portait que le florin à 
la croix de Saint-André serait reçu pour 33 patards et les 
autres pièces à l'avenant. Soit qu’il y ait eu connivence de 
la part de l’archiduc, soit simple négligence, toujours est-il 


2hh MÉROIRES 


qu'au bout de peu de temps ledit florin courait pour 36 pa- 
tards. Profitant de cette circonstance, Maximilien s’em- 
presse de faire paraître un mandement, daté du 8 janvier 
1487 (v. st.), dans lequel il adopte officiellement le taur 
de $6 patards pour le florin, fixant la valeur des autres 
monnaies à l'avenant. Celles émises récemment devaient 
naturellement être aussi augmentées, ce qui a lieu en effet 
comme il suit: «..... J/em les deniers dor que nous avons 
« fait forgier en noz monnoyes par maniere de provision, 
« se metteront assavoir le grant royal dor, pour xxxvis 
« gros; le noble pour xvi s.; le ducat de Bourgoingne 
« pour 1x 8.; et les deniers dargent se metteront et rece- 
« vront assavoir le grant royal dargent pour xvii d. 
« gros, le double griffon pour 1x d. gros; et le sengle 
« griffon 1111 d. ob. gros;.......» 

Bien que l’archiduc affecte de gourmander trés-fort ses 
officiers, le gouverneur de Lille, Douay et Orchies, et au- 
tres à qui le mandement est adressé, et qu’il leur dise : 
«.…. Mais par faulte de vous et autres noz officiers ledit 
utaux (de 33 patards pour le florin) na esté entretenu, 
u ains les marchans estrangers et autres ayant proufit 
« audit désordre, ont mis et haulcié lesdites monnoyes 
« jusques audit prix de xxxvi patards pour ledit florin à la 
« croix et les autres à l'avenant, et pour ce que ledit dé- 
« sordre est beaucoup plus préjudiciable à nous, nosdits 
« pays et subjés que n’est la guerre qui desja y a eu cours 
« longuement;.......» personne ne fut dupe de ses pro- 
testations, et la désaffection qu’avaient causée les mesures 
précédentes ne put que s’en accroître. Il annonçait, il est 
vrai, qu'il allait faire régulariser les choses par l’assem- 
blée générale des États, qu'il désirait, disait-il, voir réunir 
promptement. | | 





ET DISSERTATIONS. 2h5 


Maximilien était-il de bonne foi en faisant cette pro- 
messe, et l’assemblée des États était-elle bien dans ses 
adées ? C'est ce qu'il est impossible d'affirmer. Les événe- 
_ ments qui se précipitaient ne donnèrent pas le temps de 
s'assurer de sa bonne volonté. ll était d'usage, au reste, 
. d’assembler les États lorsqu'on voulait changer le pied de 
la monnaie, et de leur faire accepter les changements pro- 
jetés. Les prédécesseurs de Maximilien y avaient rarement 
manqué. Les États partageaient ainsi, à l'égard du pays, 
avec le prince la responsabilité des mesures adoptées. 
Dans les circonstances présentes, l’omission de cette for- 
malité, et l'affectation du roi des Romains d'émettre les 
monnaies en son nom seul, bien qu'il n’usurpat point le 
titre de comte de Flandre, étaient de nature à irriter des 
_ gens moins pointilleux au point de vue de leurs priviléges 
que les Flamands. Les conséquences ne se firent point 
longtemps attendre. 

Les communes flamandes s'étaient de nouveau révol- 
tées, et le mouvement s'était étendu beaucoup plus que 
la première fois. La ville de Gand qui le dirigeait, com- 
prenant qu'elle ne pouvait usurper l'autorité souveraine 
sans un appui, 8’était adressée au roi de France, suzerain 
du comté de Flandre, et avait obtenu de lui le droit de 
battre monnaie au nom de Philippe-le-Beau, « présente- 
« ment absent et hors de sondit pays et conté de Flandres 
« es mains et puissance du duc d’Autrice. » La charte est 
du 17 janvier 1487 (v. st.) et fut promptement publiée ‘. 


1 Bien que cette charte ait été donnée par M. J. Rouyer, op. cit., je crois 
utile de la reproduire ici de nouveau. 
« Charles par la grace de Dieu roy de France a tous ceulx qui ces pré- 
« sentes lettres verront, salut : Lumble supplication de noz tres chiers ct 
« bien amez les eochevins des deux bancqs deux doyens et communaulté de 
1869, — 4. 17 


246 MÉMOIRES 


Les Gantois profitérent-ils de suite de l'octroi que ve 
nait de leur faire Charles VIII? cela est probable. L'exi 
tence des monnaies dont parle M. Kervyn de Lettenhove, 
qui portent toutes la date de 1488, est une preuve cer- 


« la vitle de Gand, premier membre et chef ville du pays et conté de Fian- 
« dres, avons receu, contenant que nostre tres chier et tres amé frere et cost 
« le duc Philippe dAustrice, conte de Flandres cst presentement absent ¢ 
+ hors de sondit pays et conté de Flandres, esmaine et puissance du dx 
« dAustrice, son père, lequel en enfraignant notoiremcent Je traictié de pai: 
« dentre nous êt luy nous a commancié la guerre, et pareillement ausdits 
e cschevins doyeus et communaulté de Gand, et autres villes de leur sliance 
# qui se sunt déclaréz vouloir entretenir ledit traitié de paix, pourquoy nous 
« loist comme seigneur souverain dudit pays et conté de Flandres pourvoir 
# aux choses nécessaires pour lutillité publicque dicelluy pays, et pour tt 
“ que entre autres choses leur estoit expédient et nécessaire faire et forger 
« monnoye blanche et fleurins dor ainsi que les contes de Flandres ont ac- 
“ coustumé faire et forger, et quil a esté fait pour le temps que ledit pays ¢ 
« conté de Flandres a esté régy et gouverné soubz le nom de notre dit frère 
« lay estant audit pays, il nous ont supplié et requis que nostre plaisir soit 
« leur on octroyer noz lettres de permission et licence, et sur ce leur im 
« partir notre grace et libéralité, savoir faisons que nous ce considéré, vol 
« lant pourvoir à lutillité publicque dudit pays et conté de Flandres, ¢é 
“ singulièrement de ladite ville de Gand, nous avons donné, octroyé et æ- 
« cordé, et par ces présentes donnons, octroyons et accordons ausdits eschevins 
« et doyens de ceste ville de Gand, congyé et auctorité de soubz le nom et 
« coing de nostre dit frère le conte de Flandres, faire et forgier audit lieu 
« de Gand, bonne et loyalle monnoye tant dor et dargent, tout ainsi quilz 
« feroient se nostre frère estait dans laditte ville, et ce par maniere de pro- 
« vision et Jusques à ce que par icelluy nostre frère venu en icelle ville au- 
“ trement y soit pourvu. Si donnons en mandement à tous nos justiciers, 
“ officiers et subgetz que lesdits suppliants ils facent, seuffrent et laissent joyt 
“ etuser de nos présens grace, octroy, et permission, et saucun empesche: 
« ment leur estoit fait au contraire le facent oster et mettre incontinent ou 
« sans délay au premier état et deu, car ainsi nous plaist-il estre fait; er 
« tesmoing de ce, nous avons fait mectre notre scel à tes présentes, donné à 
a Paris le xv11° jour de janvier lan de grace mil cect quatre vingts et sept, 
« et de nostre regne le cinquiesme. » | | 

« Ainsi signé sur ie ploy : Par le roy, le conte de Clermont, les seigueurt 
« de la Trémoille, de Graville, admiral de France, de Rennes, de l'Isle et 





tt DISSER TATIONS. 2h, 


taine a l'appui de cette hypothèse. Des florins d’or, au 
ty pe de saint Jean-Baptiste, doivent. être rapportés à le 
même émission, Qeékgees-unes des variétés portent aussi 
cette mème date de 1488. Le type du revers est d’ailleurs 
identique à celui des doubles patards. Fut-il alors frappé 
d’autres pièces que celles dont nous venons de parler ? 
C’est ce qu il est impossible de déterminer ; les recherches 
qui ont été faites aux archives de Gand n’ont fourni aucun 
renseignements à cet égard *, Je ferai remarquer seulement 
que les doubles patards, touten étant des monnaies, ont 
_plutôt par leur légende le caractère de pièces révolution- 
naires ou de circonstance. Quant. aux florins, la repré- 
sentation de. saint Jean-Baptiste, patron de la cité, les 
_plagçait naturellement dans la même catégorie *. 
Cette période de crise, au point de vue monétaire, ne 
_tarda pas à cesser.. Dès l'année suivante, les révoltés com- 
prirent que, dans leur intérêt, ils devaient revenir à une 
marche -plus régulière, et, tout en émettant des mon- 
_naies au nom seul de Philippe-le-Beau, écarter toute allu- 
sion aux causes qui avaient motivé cette révolution, et une 
_iustruction rendue dans le commencement de 1489. nous 


= autres présens et par le secrétaire Robertau ; dicelle en double quene en 
« chiere gaune. » 
Extrait des archives de la ville de Gand, registre G, fol. 65 v°. 
Communication de M,C, P. Serrure. . 
_ Aucun document relatif à cette première émission n’a été retrouvé. 
Qu'il me soit permis ici de remercier M, C. P. Serrure qui a bien voulu faire 
Pour moi ces recherches. 

? L'émission de ces types tout à fait houveaux fut peut être l’une des causes 
qui empêchèrent que ces monnaies fussent reçues hors de la Flandre. II est 
positif que les coppenolles, comme on les appelait du nom du fameux doyen 
des métiers de Gand, étaient probibés, Ce fut sans doute un des motifs qui 
amena la modification résultant de l’instruction monétaire suivante, _ 


248 MÉMOIRES 


renseigne sur les monnaies que l'on devait forger dus 
l'atelier de Gand durant cette année, ainsi que sur Jews 
types. Voici en quoi consiste cette instraction ‘ : 

4° Premièrement on fera un denier d’or comme on ke ft 
à Gand sous le duc Philippe, au type du lion heaumé,i 
49 carats le noble Henricus compté pour fin, allié de 4c 
rats d'argent fin et d'un carat de cuivre, de 6 sous de 
taille au marc, au remède d'un grain en aloi et d’un demi 
esterlin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Ces deniers 
seront faits beaux, ronds ét de bonne taille, de manitre 
que le plus léger ne diffère pas de plus d’un asquin du 
poids légal, au remède de trois forts et de trois faibles, 
la différence en plus ou en moins pour ceux-ci étant ar 
plus trois huitièmes de fierlin, en comparaison du poids 
légal, et sans aucun autre remède en poids et a | 
aloi. 
2° On fera de mème un demi-florin dans les mêmes | 
conditions, 

Le maître particulier donnera au marchand, de chaque 
marc d'or, 88 livres 15 sous, et 5 livres 14 sous de chaque 
marc d’alliage. I] payera au profit du comte tous les re- 
mèdes qu'il aura pris en poids et en aloi, et de plus 
48 gros pour droit de seigneurage. Ledit florin aura cous 
pour 8 sous gros. 


1 Cette instruction, ainei que les denx suivantes, est en flamand, ¢ # 
trouve dans les registres de la chambre des comptes de Lille, Le seul ml 
qui ait pu los faire insérer dans ce recueil, c'est qu'on les aura considérés 
comme faites en vertu de l'autorisation régulière du roi de France. 

4 Le texte flamand porte halcen inghelschen, traduction littérale, un di 
anglais. Le mot ssterlin étant le nom d’une monnaie anglaise, j'ai pensé git 
c'était de terme qu'avait’ voulu désigner le rédacteur de l'instraction, Ont 
d'ailleurs conduit à cette explication par l'analogie avec les autres isin 
tions, 


ET DISSERTATIONS. 2h9 


L'on fera l'essai des monnaies chaque jour que l'on tra- 
vaillera, avant même de mettre les deniers en boîte. 

3° Le maître fera faire un denier blanc appelé double 
Patard, au type de deux lions, de 40 deniers argent le 
roi et de 6s. 8d. en taille au marc au remède d’un grain 
en aloi et d'un demi-denier en poids sur chaque marc 
d'œuvre; ces deniers seront beaux, ronds et de bon re- 
cours, en sorte que la différence entre les poids du plus 
léger et du plus lourd et le poids normal ne soit pas plus 
d’un huitième de fierlin, au remède de quatre forts et 
quatre faibles, pesant ensemble un demi-fierlin en plus ou 
en moins que le poids légal, sans autres remédes de forts 
ni de faibles. Le marchand recevra pour chaque marc 
d'argent tenant au-dessus de 7 deniers, 3 1. 2 s. 8 d. gros. 
Ce denier aura cours pour 8 gros. 

4° L’on fera aussi un autre denier blanc appelé patard, 
à 5 deniers argent le roi et de 6 s. 8 d. de taille au marc. 
Les remèdes sont les mêmes que pour le double patard. 
Le marchand recevra par marc d'argent tenant moins de 
7 deniers, 3 1. 2 s. 3 d. Ce denier aura cours pour 4 gros. 

5° Un autre denier blanc, appelé gros, sera fait à 2 de- 
niers 3 grains argent le roi et de 12 s. 7 d. en taille au 
marc, au remède d’un grain en aloi et de deux desdits de- 
niers en poids par marc d'œuvre. La différence entre le 
poids normal et celui du plus lourd ou du plus léger ne 
sera pas de plus d'un quart de fierlin ; au remède de six 
forts et de six faibles, dont le poids total pour chacune des 
deux catégories ne différera que d'un fierlin et demi en plus 
ou en moins du poids légal, sans autre remède de forts ni 
de faibles. Vu la hausse qui avait eu lieu pour les deniers 
de 8 gros et de 4 gros, lesquels étaient montés à 8 gros 1/2 
et à À gros @ mites depuis la reddition de l'ordonnance 





250 MÉMOIRES 


concernant lesdits deniers ‘, on donnera, au marchand, 
marc d'argent le roi, en matières au-dessons de 7 deniers 
d’aloi converties en gros, 31. 6 s. 4 d. 6 mites. 

6 L'on fera ensuite un denier blanc de 12 mites à 8 
grains argent le roi et de 208 9 d. de taille au marc de 
Troyes, au remède d'un grain en aloi et de 8 desdits de- 
niers en poids par marc d'œuvre. Il sera beau, rond et de 
bonne taille, au remède de huit forts et de huit faibles, 
pesant ensemble, les huit forts un demi-esterlin de plus 
que le poids normal, et les huit faibles un demi-esterlin en 
moins, sans autres remèdes de fort ou de faible. Pour le 
même motif que pour le gros, le marchand recevra pour 
chaque marc d'argent le roi, en matières contenant moins 
de 7 deniers d'aloi, le même prix que précédemment. 

7° Enfin l'on fabriquera un denier noir de 2 mites, à 
4 grains 1/4 argent le roi et de 18 s. 10 d. de taille au 
marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et de 42 des- 
dits deniers en poids, sans autre remède. Le prix donné 
aux marchands est le même que dans les deux cas précé- 
dents. 

8 Le maitre particulier payera au profit du comte tous 
les remèdes qu'il prendra en poids et en aloi, et 3 gros 
48 mites pour droit de seigneurage. — Ce droit sera payé 
en doubles patards à deux lions. — Le maître sera tenu de 
fabriquer telle quantité de monnaies de chaque espèce qui 
lui sera ordonnée. 

9 Comme le prix du marc d'argent était différent, sui- 
vant qu'il s'agissait de fabriquer les divisions supérieures 
au gros ou bien les autres, il est dit que le maître parti- 

t Ce passage nous fait connaître qu’il existait une instruction antérieurs 


qui ne nous est pas parvenue, et que la hausse des monnaies s'était déjà 
fait sentir. 





ET DISSERTATIONS. 251 


culier ne sera tenu de recevoir des matières fondues en 
grenaille qu’autant qu'elles seront supérieures au titre de 
4 O deniers 12 grains; que pour les autres matières on les 
fondra à la monnaie, le marchand payant le prix convenu 
pour la fonte :. 
Les monnaies d'argent, par leur empreinte, rappelaient 
celles émises depuis Charles-le-Téméraire. Mais il faut 
remarquer que l'aloi du double patard et du patard étant 
conservé, la valeur de ces pièces est doublée. Comme 
conséquence, l’aloi du gros, unité monétaire, est diminué 
d'environ un denier d'argent. Dans les circonstances où 
l’on se trouvait, cette augmentation de valeur est parfai- 
tement justifiée. Et cependant elle ne devait pas s'arrêter 
là. Déjà, au moment où cette instruction était donnée au 
maître particulier, le double patard valait 8 gros 4/2, ainsi 
que nous venons de le voir. Bientôt après, le 8 juillet de 
la même année, paraît une autre instruction pour les 
courtes (doubles mites) forgées audit Gand, dans laquelle 
on fait connaître que le double patard étant porté à 9 gros 
au lieu de 8 gros 1/2, il devenait nécessaire de changer la 
traite de cette monnaie inférieure. Beaucoup de monde, 
dans le peuple, se plaignant de l'insuffisance des menues 
monnaies, il devenait donc nécessaire d’y pourvoir. Il est 
alors enjoint au maître particulier, nonobstant le contenu 
.de sa première instruction, de faire, pour la commodité du 
pauvre et commun peuple, la quantité de vingt à vingt-cinq 
marcs d'argent en courtes ou pièces de 2 mites, au même 


1 L’instruotion est donnée au maître particulier de la monnaie de Flandre 
par Nicolas le Bunqueteur, maître général, Liévin De Moor, garde, suivant 
_ l'ordonnance de messeigneurs du sang et du grand conseil de Varchiduc d'Autriche, 
duc de Bourgogne, comte de Flandre, pour travailler en 14 monnaie de Gand 
une année entière, | 


262 MÉMOIRES 


aloi que précédemment, de 49 sols 7 denic 
marc de Troyes, pesant conséquemment 
précédentes. Les remèdes en poids et en 
mêmes. Vu la hausse du double patard de 
9 gros, chaque marc d'argent converti e 
estimé 5 livres 40 sous 7 deniers gros et une 
somme les marchands devaient recevoir 8 | 
gros ; le reste, soit 2 1. 6s. 6 d. 16 mites 
droit de seigneurage, la façon et le cuivre. 
Cette instruction ne modifiait que la co 
mite, et cependant toutes les autres divisit 
eussent dû l'être également : c’est ce do 
pas à s'apercevoir. Une ordonnance de Phil 
seigneur de Winendale, gouverneur de F 
du 16 octobre de la même année, et une at 
membres du pays de Flandre, prescriviren 
mède à cet état de choses, et le 28 octc 
maître général des monnaies détivrait une i 
faire ouvrer des gros, des deniers de 4 
courtes à l'avenant du double patard à de: 
à 9 gros. Il est dit dans le préambule qu 
la hausse du double patard de 8 à 9 gros 
ticulier n’avait pu faire de la petite mom 
ment à la première instruction; que cep 
indispensable qu’il y en eût, à cause de la 
prouve le commun peuple à acheter et venc 
d'épiceries, petites marchandises et vivre 
difiant ladite première instruction dans le s 
existante, on pouvait espérer être pourvu 
naie, le maître particulier ne se trouvant 
par leur fabrication. Voici les passages de 
instruction qui modifient la première : 





ET DISSERTATIONS. 253: 


4° Le maître particulier fera ouvrer un denier blauc de, 
2.4 mites (ou gros) à 2 deniers 8 grains argent le roi, et, 
de 14s. 5d. en taille au marc de Troyes, aux remèdes d’un 
grain en aloi et de 2 deniers en poids sur chaque marc. 
d'œuvre; la différence entre le poids du plus léger ou du 
plus fort et le poids légal ne pourra pas être de plus d’un 
quart de felin; au remède de six forts et de six faibles ; 
pourront peser les six premiers ensemble un felin et demi 
en plus, et les six autres un felin et demi en moins que le 
poids légal. Le marchand recevra pour le marc d'argent le 
roi 3 1. 10s. 9 mites, le double à deux lions étant compté 
pour 9 gros. 

2° Le denier de 12 mites sera à 4 denier 22 grains ar- 
gent le roi, et de 13 s, 41 d. en taille au marc de Troyes, 
au remède d’un grain en aloi et de huit desdits deniers en 
poids sur chaque marc d'œuvre. Ce denier sera fait beau, 
rond et de bonne taille, aux remédes de huit forts et de 
huit faibles, pouvant peser, les huit premiers un demi- 
esterlin en plus, et les huit seconds un demi-esterlin en 
moins que le poids légal. 

3° La courte ou pièce de 2 mites sera à 4 grains.et 1/h 
argent le roi, et de 49 s. 7 d. en taille au marc de Troyes, 
aux remèdes d'un grain en aloi et de douze desdits deniers 
en poids par marc d'œuvre. 

Le prix donné aux marchands pour chaque marc a’ ar- 
gent sera le même que dans le cas du gros, __ 

On peut juger, d'après ces détails, que les communes 
flamandes ne se trouvaient guère plus .favorisées sous le 
rapport de la valeur du numéraire qu'avant leur révolte 
contre Maximilien. C'est malheureusement là un résultat 
inévitable des révolutions, quelque juste que puisse être 
le motif qui les a fait éclore, et ce sont les premiers effets 


254 MÉMOIRES 

que le peuple en ressent. La rareté de l'argent, qui x 

cache, amène le renchérissement des denrées et toutes le 
conséquences qui s'ensuivent. Ce n'est que lorsque laré- 
volution parvient à triompher sans obstacle que les choses 
finissent par revenir peu à peu à leur état normal, Tel 
n'était malheureusement pas le cas pour les Flamands. Et 
cependant le roi de France avait fait son possible pour les 
soutenir. Indépendamment des secours en hommes qu'il 
leur avait envoyés, il avait, peu de temps après la conces- 
tion faite aux Gantois de battre monnaie, rendu une or- 
donnance en date du 29 janvier 4487 (v. st. \, par laquelle 
il indiquait les monnaies qui devaient avoir cours en Ar- 
tois et en Picardie et les prix auxquels on devait les re- 
cevoir. Les anciennes monnaies de Flandre, noble, ridder, 
florin à la croix de Saint-André, etc., y figurent ; mais 00 
n'y trouve aucune des monnaies des archiducs qui, ainsi 
que les autres, sont considérées comme billon. Mais cette 
sévérité ne pouvait pas tenir longtemps; ces deux pro- 
vinces étaient trop voisines de la Flandre, où les monnaies 
de Maximilien avaient cours, et les rapports entre les 
deux pays étaient trop fréquents pour qu'il ne résultat 

pas une gêne notable de cette prohibition pour le com- 

merce. Aussi trouvons-nous, à la date du 46 octobre 1488, 

un mandement de Philippe de Crèvecæur, maréchal d'Es- 

querdes, donnant une nouvelle évaluation des diverses 

monnaies blanches étrangères. I] avait préalablement 

réuni à Aire les députés des villes d’Artois et de Picardie; 

on s'était livré à l'essai desdites monnaies, et l'on avait 

reconnu qu'il y avait grant empirance ‘ entre les anciennes 


1 J'ai dit précédemment que l’empirance tenait surtout à Ja valeur exa- 
gérée affectée aux monnaies, et non au poids et à l’aloi qui étaient restés à 
peu près les mêmes, 


ET DISSERTATIONS. 255 


et les nouvelles. Il avait été décidé que jusqu'à nouvel 
ordre on prendrait : 

Le simple gros pour 4 deniers obole ; 

Le demi pour 2 deniers, 

Et le quart pour 1 denier tournois ; 

Les doubles gros au lion de Flandre, que l'on nomme 
coppenolles, ‘ pour 18 deniers; 

Le double gros au griffon pour 20 deniers, 

Et le double dudit griffon pour 4 sols 4 deniers tournois. 

Ces lettres du maréchal d’Esquerdes, où l’on voit que 
les monnaies émises par les révoltés étaient estimées moins 
haut que celles de même valeur du roi des Romains, in- 
diquaient une tendance du roi de France à ne pas faire 
longtemps cause commune avec les Gantois. Des événe- 
ments survenus dans l'intervalle des deux mandements 
précédents avaient en effet dû modifier la manière de voir 
ou d'agir de Charles VIII. Le 16 mai 1488, Maximilien 
était parvenu à sortir de Bruges au prix d’un serment 
qu'on lui avait arraché, et qu'il savait d'avance ne pas 
devoir tenir. Il se remit bientôt en campagne contre les 
révoltés. Aucun document ne nous est parvenu qui in- 
dique que, pendant cette guerre, ce prince .ait fait battre 
monnaie dans une autre ville de Flandre, à défaut des 
ateliers de Bruges et de Gand qui lui étaient fermés *. Ce 
n’est qu'après sa réconciliation avec Charles VIII, suivant 
le traité de Francfort du 49 juillet 4489, que nous trou- 
vons, à la date du 26 novembre de la même année, une 
lettre close de Charles de Croy, prince de Chimay, lieute- 


1 Les doubles gros désignés sous les noms de coppenolles sont ceux portant 
la légende : Æqua libertas Deo grata et la date 1488, 

3 Il est probable que les ateliers du Brabant fournissaient à Maximilien le 
numérsire nécessaire pour solder ses troupes. 





256 MÉMOIRES 
nant de Maximilien et de Philippe-le-Beau, et leur capitaine 
général au pays de Hainault et de West-Flandre, pour faire 
forger des monnaies dans la ville de Furnes. 
Il n'est pas hors de propos de rapporter ici les consi- 
dérants qui précèdent l'instruction. « ..... Comme pour 
« furair aux grans frais et despens que mesdis seigneurs 
« et leurs léaux subgeets audit pais de West -Flandres ont 
«et soustiennent journellement en lentretenement des 
a gens de guerre estans audit pais, et autres charges en 
« diverses manières, il soit besoing de grans finances 
« et deniers, et que à cause des guerres ledit pais soit fort 
« dépourveu dor et dargent monnoié; nous au nom de 
« mesdis seigneurs, pour pourveoir à ce que dit est, et 
« que lesdis gens de guerre puissent tant mieulx et plus- 
« tot estre payés et contentés, et à la requeste des villes 
« dudit pais, avons par grande et meure délibéracion et a 
« lhonneur et prouffit de mesdis seigneurs ouvert en la 
« ville de Furnes une monnoie, et y. par nos lettres pa- 
« tentes commis officiers souffisans et à ce pertinens. Et... 
«commetons par ces présentes Ambroise Dieregard 
« maistre particulier de ladite monnoie..... pour... faire 
« ouvrer et monnoyer..... telz deniers dor et dargent et à 
« telz noms et armes que est le patron a luy baillié, et 
«comme les papiers en lieu de patron contiennent, qui 
« sont en noz mains, a tout tel prix et alloy que on a fait 
« en Ghelre, et Hollande et à Malines..... » 

L'atelier de Furnes n'était donc que temporaire et des- 
tiné seulement à fournir le numéraire nécessaire pour 
payer les troupes du roi des Romains. Quelles étaient ces 
monnaies? C’est ce qu'il n’est guère possible de savoir. 
Il est probable qu'elles devaient être identiques à celles 
émises par Maximilien lui-même, en vertu de l'ordonnance 


ET DISSERTATIONS. 257 


de 1487. Je ne connais d’ailleurs aucune pièce que l’on 
puisse attribuer à cet atelier temporaire. L'absence de 
différent indiqué dans l'instruction empéchera longtemps 
de les reconnaître. Voici du reste le texte de ladite in- 
struction : | 
« Premièrement ledit maistre particulier fera ouvrer des 
« deniers dor appelés demy nobles, lesquelz deniers seront 
« de vingt trois caras de fin or en alloy et de six solz en 
_« taille à la remede dun grain dor fin en alloy et dun demy 
« estrelin sur le marcq de Troyes, et seront lesdits deniers 
« ouvrez beaux et rondz, tailliés de bon recours à la re- 
« mede de trois fors et trois febles sur chacun marcq 
« deuvre assavoir que le plus fort pesera ung quart de 
« fierlin plus que le droit, et le feble ung quart de fierlin 
« moins que le droit, sans quelque autre remede de fort 
«ou de feble, desquelz deniers ledit maistre particulier 
« sera tenu de payer à mesdis seigneurs pour leur droit et 
« seignouraige de chacun marcq dor fin, quatre livres 
a dempirance. » | 
« Item, ledit maitre particulier sera tenu de recevoir les 
‘a marchans et chambgeurs sur telz empirances qui leur a 
« esté ordonné des généraulx et payera ausdis marchans 
« et chambgeurs pour chacun marcq dor fin soixante cinq 
« livres six solz huit deniers d’empirance, compté ies 
a vingt livres pour vingt et une livre dix solz d'empirance. » 
« Item, ledit maistre fera ouvrer des deniers dargent de 
« douze gros la pièce lesquelz seront de neuf deniers et 
" « seize grains fin en alloy et de cinq solz six deniers en 
« taille sur le marcq de Troyes, à la remède d’un grain 
« fin et dun demy diceux deniers sur le marcq d'œuvre, 
« et seront lesdits deniers beaux et rondz et tailliés de 
« bon recours, au remède de quatre fors et quatre foibles 


258 MEMOIRES 


« sur chacun marc deuvre, assavoir le plus fort pesera 
« ung quart de fierlinc plus que le droit, et le plus foible 
« ung quart de fierlinc préz le droit, sans quelque autre 
« remède de fort ou de foible. » 
« Item, ledit maistre fera ouvrer autres deniers dargent 
« de six gros la pieche et de six deniers dargent fin en 
« alloy et de six solz dix deniers en taille sur chacun 
« marcq de Troyes à la remède d'un grain fin en alloy et 
« dun estrelin en taille sur chacun marcq deuvre. Les- 
« quelz deniers il fera ouvrer beaux et rondz tailliés de 
« bon recours au remède de quatre fors et de quatre foi- 
« bles sur chacun marcq; assavoir le plus fort pesera ung 
« quart de fierlin plus que le droit, et le plus foible ung 
« quart de fierlin préz Je droit, sans quelque autre reméde 
« de fors ne de foibles. » 
« Item, ledit maistre fera ouvrer encoires autres deniers 
« dargent de trois gros la pièce estans de trois deniers 
« dargent fin en alloy et de six solz et onze deniers en 
« taille sur le marcq de Troyes, & la reméde d’un grain 
« fin en alloy et dun des susdits deniers en poix sur chacun 
« marcq deuvre, deniers lesquelz il fera ouvrer beaux et 
« ronds, tailliés de bon recours au reméde de quatre fors et 
« quatre forbles sur chacun marcq, assavoir le plus fort 
« pesera ung quart de fierlin prés du droit, et le plus foible 
« ung quart de fierlin moins que le droit, sans quelque 
« autre reméde de fort ou de foible. » 
« Item, et touchant d'autres petites et noires monnoyes se 
« fera par l’ordonnance et considération du général maistre, 
« se mestier en est. » 
Le droit de seigneurage est par marc d'argent fin de 
8 s. 6d. de gros. Le maître particulier payera en outre, au 
profit du comte, tous les remèdes qu’il aura pris tant en 





ET DISSERTATIONS. 259 


poids qu'en aloi. Les marchands recevront trois livres 
douze sous de gros par marc d'argent fin. 

L’exagération de la valeur et le titre inférieur de la 
monnaie, ce dont il est aisé de s apercevoir en comparant 
cette instruction avec celle de 1487 ‘, font voir qu'il s agit 
bien ici de pièces de circonstance ou de nécessité; dès 
lors, il n'est pas étonnant qu’on ait cherché à les retirer 
plus tard de la circulation et qu'on n’en retrouve plus. 

Le traité de Francfort rendait à Maximilien la mainbour- 
nie de son fils et était un acheminement vers la paix. 
Éclairé par l'expérience, ce prince essaya d’adoucir les 
Flamands par des concessions. Au point de vue que nous 
examinons ici, c'est-à-dire sous le rapport des monnaies, 
les résolutions qu’il adopta furent remarquables. Une or- 
donnance monétaire du 14 décembre 1489 prescrit }’émis- 
sion de nouvelles monnaies, estimées à un taux régulier, 
" ainsi que nous le verrons par l'instruction délivrée au maître 
particulier, transcrite ci-après. Mais il y a encore plus: 
le roi des Romains diminue d’une manière notable l'éva- 
uation exagérée à laquelle avaient été portées les monnaies 

frappées par ses prédécesseurs et par lui-même antérieu- 
rement à cette date. Ainsi, pour ne parler que des mon- 
naies le plus récemment faites, les florins à la croix de 
Saint-André devaient avoir cours comme anciennement 
pour 20 patards, soit 50 gros; les demi-nobles d'Autriche, 
de 72 à 72 4/2 au marc pour 48 gros *, Et parmi les mon- 
naies d'argent : 


-« Le grand réal d'argent est avantaigé en cours à cause 


1 Ilest évident que la pièce de 12 gros n’est autre chose que le double pa- 
tard et celle de 6 gros le simple patard. 
2 Il n’est pas parlé du grand réal d'Autriche. 


200 MÉMOIRES 
« que c'est ung denier de parement ', et aura cours pou 
« quatre patars et demy. » 
« Item, les doubles griffons, pour 44 patars. » 
« Jiem, les sengles griffons, pour 1 patart. » 
« Item, les doubles deniers à deux heaulmes * que l'on 
« forge maintenant, pour 11 patars. » 
e Et les demi dyceulx pour 1 patart. » 
« Et les saingles diceux pour 1 gros. » 


Les monnaies des prédécesseurs de Philippe le Beau se 
trouvent naturellement estimées à un prix moins élevé, 
comme il suit : 


a Les grands doubles Karolus pour 3 gros 1/2. » 

« Les singles Karolus pour 1 gros 18 mites, et les demy 
« Karolus diceulx pour 20 mites. » 

« Item, les doubles à deux lyons que feu M. le duc 
« Charles de Bourgogne fit forgier, pour 3 gros un estrelin, 
« et les singles diceulx auront cours pour I gros 11 es- 
« trelins. » | 

« Item, les doubles malines pour 111 gros 1 estrelin et 
« Jes saingles diceulx 1 gros 11 estrel. et les demi diceulx 
« XX mites, n 

« Item, tous gros de Maria et ceulx qui depuis ont esté 
« forgiés ès monnoies auront cours pour vil mites de 


« Flandres, » 
« Item, les demy gros fais semblablement au mesme 


1 Ceci vent dire probablement que bien que le grand réal fût une monnaie, 
ce n’était pas une monnaie usuelle proprement dite. Le grand réal d'or devait 
être dans le même cas. 

3 Je ne connais de doubles patards aux deux heaumes que ceux frappés 
pour le Brabant; est-ce de cette monnaie qu'il s’agit? C’est probable, car 
je ne vois pas sa place dans la monnaie de Flandre. 


ET DISSERTATIONS. 261 


« temps et aussi forgiés es monnoies du -Roy nestre sire 
« auront cours pour III mites. » | 

a Item, les gigoz semblablement faiz ou mesmes temps 
© pour ni mites de Flandres. » - 

L’ordonnance ajonte: « Et généralement toutes noires 
« monnoies quelles quelles soient qui présentement ont 
« Cours, seront réduites tellement que en recepvant ou en 
« payant, les trois pièces ne vauldraient que une, et en- 
u coires tant seulement n’auront cours que jusques à ce que 
« la nouvelle noire monnoie sera forgié à bonne quantité 
« pour en sortir le commun peuple. » 

On ne pouvait plus loyalement reconnattre ses torts et 
tacher de les réparer en abaissant le taux des monnaies 
ayant cours à leur véritable valeur. La mème préoccupation 
se fait remarquer dans l'instruction qui suivit la reddition 
de cette ordonnance, et dont voici la partie concernant la 
fabrication des monnaies *. 

4° Premièrement, le maître particulier fera uo denier 
d'or fin appelé double florin au Saint-André, le noble Hen- 
ricus compté pour fin, de 3 s. 8 d. 3/4 de taille au marc de 
Troyes, au remède d’un grain en aloi et d’un demi-ester- 
lin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Il pourra y avoir 
par marc deux forts et deux faibles, dont la différence de 
poids avec le poids normal ne dépassera pas pour chacun 


* Cette instruction, sans date, est en flamand; elle est donnée, au nom du 
roi des Romains et de l’archiduc Philippe, son fils, au maître particulier de 
la monnaie de Flandre. 

2 Je traduis, comme précédemment, Aalcen enghelsche par un demi-es- 
terlin. On pourrait aussi supposer sous-entendu le mot nobelen et traduire 
haleen enghelsche nobelen par un demi- noble. Comme on vient de parler du 
titre des nobles Henricus, cela n’aurait rien d'étonnant. Je laisse < ce point à 
décider aux linguistes flamands. 

1869, — 4° ee | tr 


262 MÉMOIRES 

un asquin en plus ou en moins, sans autre remède en poids 
et en aloi. Ce denier aura cours pour 40 patards de lanou- 
velle monnaie. Le prix du marc d’or donné aux marchands 
sera de 44 lb 44 8. 2 d, gros, et le droit de seigneuraget 
la façon seront payés 4 s. 2 d. gros. 

2 Ledit maître fera faire aussi le florin de Bourgogne’ 
la croix de Saint-André, semblable en poids et sn alià 
ceux frappés adis par les ducs Philippe et Charles de 
Bourgogne, pendant leur vie, savoir, à 49 carats d'or fi, 
allié à 4 carats d'argent et 4 carat de mire ot do & enn 
de taille au marc de Troyes, au rem 
et d’un demi-esterlin en poids sur : 

Il pourra y avoir par marc trois for 
sorte que la différence de poids de 
normal ne soit pas plus d’un aeskin 
sans aucun autre remède en poids et 
cours pour 20 patards de la nouve 
du marc d'or fin sera de 46 lb 3s, 
de mites gros. Les marchands rece 
gros; il restera donc pour droit des 
8 s. 11 d. 21 mites et 9/19 de mit 
trouve dans ledit florin est estimé 

3° Le demi-florin de Bourgogne 
florin sera taillé à raison de 12 s. a 
remède d’un grain en alloi et d’un: 
par chaque marc d'œuvre. Il pour: 
six forts et six faibles, dont la diffi 
moins pour chacun avec le poids nor 
aeskin. La traite du marc de fin or, 
marchands, etc, etc., sont les mém 

L'on payera aux marchands le m 
quatorze sous d’empirance. 


ET DISSERTATIONS. 268 

Le droit de seigneurage par mare d’or fin est fixé à 
23 gros, et par marc d'argent le roi à cinq gros dix- 
huit mites. Le matire particulier payera d’ailleurs au profit 
du comte tous les remèdes qu'il aura pris en poids ou en 
aloi. : 
_ 4" Le maître fera un denier d'argent appelé le grand 
double, à onze deniers dix-huit grains argent le roi et de 
3 s. 3 d. de taille au marc de Troyes, au remède d’un 
grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre. 
Il pourra y avoir par marc deux forts et deux faibles, dont. 
la différence en plus ou en moins avec le poids normal 
sera pour chacun d'un deuskin au plus. Ce denier aura: 
cours pour quatre patards. La traite du marc d'argent est 
fixée à 26 s. 6 d. 15 mites et quinze quarante-huitièmes. 
de mite gros. L'on donnera aux marchands 25 s, 6 d. gros, 
il restera par conséquent pour seigneurage et brassage. 
12 deniers 15 mites et 15/48 de mite gros. 

5° Le double patard sera fait à 10 deniers argent le roi, 
et de 6 s. 6 d. de taille au marc de Troyes au remède d’un 
grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre. 
Il pourra y avoir par marc trois forts et trois légers, dont la 
différence en plus ou en moins avec le poids normal ne- 
dépassera pas pour chacun plus d'un deuskin. Ce. 
denier aura cours pour deux patards. La traite du marc: 
d'argent le roi est fixée à 26 s. 7 d. 4 mites 4/2 gros; le 
marchand en recevra 25 s. 6 d. gros, le reste sera pour: 
seigneurage et brassage. | 

6° Un autre denier d’argent nommé patard sera à six des 
niers argent le roi et de 6 s. 8 d. en taille au marc de. 
Troyes au même remède que pour le double patard. II. 
pourra y avoir par marc quatre forts et quatre faibles, dont 
la différence de poids en plus ou en moins avec le poids 


264 MÉmoins 


légal ne dépassera pas un deusk 
du marc d'argent est fixée à 27: 
le marchand recevra le même 
double patard. 

« Et parce que ladite traite d 
le roi a ordonné que ledit maître 
méde en poids et en aloi, parce 
tenu de faire plus de patards f 
comwum peuple, bien entendu | 
et nul autre, » 

7° L'on frappera aussi un deni 
qui vaudra un demi-patard, à ci 
roi et de 41 8. 4 d. en taille au 
mède d'un grain en aloi et de 
en poids sur chaque marc d'œ1 
d'argent le roi sera de 27 8. 2 « 
gros, sur lesquels le marchand aur 
étant pour seigneurage et ouvrage 

8° Un demi-gros sera aussi émi 
le roi et de 18 8. Ad. en taille a 
mède d’un grain en aloi et de six de 
sur chaque marc d'œuvre. La tr 
roisera de 27 8. 6 d. gros, sur lesq 
encore 26 s. 6 d. gros. 

9 Le quart de gros sera fait à t 
et de 28 s. en taille au marc de 
grain en aloi et de huit des mém 
chaque marc d'œuvre. La traite ( 
sera de 28 sous gros. Le marchant 
ci-dessus, le reste étant pour seigr 


40° Le maître particulier fera fe 


ET DISSERTATIONS. 265 


d'argent nommé denier, dont les douze feront un patard °,. 
à deux deniers argent le roi et de 29 s. 6 d. en taille au 
marc de Troyes, au reméde d’un grain en aloi et de neuf 
des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. Ii 
aura cours pour quatre mites de Flandre. La traite du marc 
d’argent le roi sera de 29 s, 8 d. gros, et le marchand ‘Tee. 
cevra le même prix que dans les cas précédents. 

. 44° L'on fera aussi un denier nommé courte, ayant cours 
pour deux mites, et dont vingt-quatre vaudront un patard, 
Il sera & douze grains argent le roi et de 19 s. en taille au 
marc de Troyes, au remède d'un grain en aloi et de huit 
des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. La 
traite du marc d’argent sera de 38 sous gros, sur lesquels 
le marchand recevra encore 25 s. 6 d. gros. 

42° Enfin ij sera fait un autre denier noir nommé mite, 
ayant cours pour une mite, et dont 24 vaudront un gros. 
Il sera à six grains argent le roi et de 25 sous de taille au 
marc, au remède d’un grain en aloi et de dix desdits de- 
niers en poids sur chaque marc d'œuvre. La traite du marc 
d'œuvre sera de cinquante gros sous, le marchand recevant 
le même prix que ci-dessus *, 

Nous voyons apparaître ici une nouvelle espèce de mon- 
naie, le double florin d’or. L'ancien type dudit florin est 
du reste abandonné; au lieu du saint André debout, l’on ne 
voit plus ce saint qu'à mi corps, tenant devant lui l’écu aux 


1 Le texte flamand dit: ... eenen selveren penninc ghehesten pennyng. 

? Les pièces frappées en vertu de cette instruction sont celles sur lesquelles 
Maximilien prend simplement le titre de père de Philippe le Beau que l'on 
ne pouvait certes lui contester. S’il en efit toujours agi ainsi, il se serait 
certainement épargné bien des désagréments. 

On est étonné de voir reparaître ici la mite dont il n’est plus fait mention 
depuis longtemps. Cette division ne s’est pas retrouvée : elle n’est d’ailleurs 
pas indiquée dans les comptes des maîtres particuliers. 


266 MEMOIRES 


armes de Maximilien et de Philippe le Beau. Les monnaies 
de cette émission sont les mémes pour toutes les provinces 
des Pays-Bas, et celles de Brabant, qui sont datées, peuvent 
aider par conséquent à leur classement. L’ordonnance du 
44 décembre 1489 était en effet applicable à toutes les 
possessions des archiducs, et l'on y désigne les lieux où 
l'on ouvrira des ateliers monétaires. « ..... 7fem, et affin 
« que les pays soient mieulx sortys des deniers qui nou- 
« vellement se forgeront, et que les marchans et changeurs 
« nayent cause de porter leurs matières dor et dargent 
« hors du pays du roy et de mondit seigneur larchiduc son 
a fils, est advisé et conclu que des maintenant seront ou- 

« vertes cinq Monnoies, assavoir : une en Brabant, une en 

« Gheldres, une en Flandres, une en Hollande et une en 

« Haynnau, en tels lieux qu'il sera advisé..... » 


Louis Deschamps DE Pas. 
(Sera continué.) 


= m0" @ =H CD ap 








CHRONIQUE. 


MONNAIE DE RAIDAN 


Le Jecteur pourra se rappeler qu’en publiant la premiére mon- 
naie connue des Homérites d’Arabie (Revue, 1868, p. 469), 
j'exposais les difficultés qu’offre la lecture du second nom tracé 
sur le revers de cette piéce.« Pour lire Iousef*, disais-je, il faut 
admettre que le sixième caractère qui se présente à nous comme 
un gros point, était divisé par une barre verticale, et par consé- 
quent était un 5. S'il avait été évidé en annelet, il aurait la va- 
leur d’un y. Le septième caractère offre plusieurs apices indis- 
tincts à la partie supérieure, il n’en faudrait qu’un sur le centre 
pour qu’il eût la valeur d’un S. Il serait trop long de passer en 
revue les diverses formes de nom que ces combinaisons fourni- 
raient; comme aussi celles que feraient naître la valeur 3 attri- 
buée au septième caractère si un apex s'élevait à la gauche de 
son sommet. La découverte d’un second exemplaire de la mon- 
naie peut venir nous donner en un instant la solution que nous 
cherchons. » 

Je dois maintenant dire, pour tenir les numismatistes au cou- 
rant de la question, qu’un savant orientaliste, M. Joseph Halévy, 
connu par ses voyages sur la mer Rouge et en Abyssinie, après 
avoir examiné mon travail, se décide, tout en approuvant la lec- 
ture du nom de ville, Raïdan, et du premier nom d'homme Aran, 
à voir dans le second nom le y au lieu du \, et le > au lieu du &; 
par la raison que les Himyarites devaient omettre dans l'écriture © 
le 1 quiescent que les Arabes plus modernes employaient, En‘ — 


268 CHRONIQUE. 


conséquence, il lit le second nom Iacaf= au lieu 
nom, du reste inconnu, serait analogue au apy 
juifs. Je pense qu'une monnaie mieux conservée d 


son à M. Joseph Halévy, et je signale son ingénieu: 


(LE DENTANOÏMION BYZANTIN. 


Les monnaies de bronze frappées à Kherson, et qu 
tent Maurice-Tibère, Constantine et leur fils Théodc 
deux modules. Les unes de grand bronze portent au 
dice de valeur représenté par un M ou un H; les at 
coup plus petites offrent un 4, La valeur numérale 
ractères est bien connue; c’est l’équivalent de 4 
Cependant les pièces qui portent M (40) sont de mé 
et de même poids que celles sur lesquelles on lit H (£ 
aumismatistes ont cru se tirer d'embarras en disar 
médailles prouvent que le système monétaire de KI 
fère de celui des autres provinces de l'empire. Mais : 
dans le système monétaire que se trouve la diverg 
seulement du mode de notation qu’il faut s'occuper. 

M. Paul Lambros vient de publier à Athènes une ç 
intéressante note sur ce sujet. Voici comme il résun 
nion. « En fait cependant, la monnaie qui a l'indic 
follis aussi bien que la monnaie qui porte H. Celle ¢ 
est un demi-follis; l'explication en est trés-facile. La! 
gnifie 40 nummia, l’H8 pentanummia, et le A 4 pentan: 
8 pentanummia font 40 nummia; les 4 pentanus 
20 nummia. Par conséquent la monnaie qui porte H 
valeur que celle qui porte M; cette valeur est d’un / 
est d’un demi-follis pour la monnaie qui porte 4. 
connait le demi-follis de l'indice H, portant 4, il es! 





CHRONIQUE. 269 


bable qu’on découvrira plus tard le demi-follis de l’indice M, 
portant K, valant 20 nummia, » '. 

À joutons que parmi nos monnaies modernes, on trouve, dans 
le même système, des pièces qui offrent avec le même poids 
et le même module : demi-franc et 50 centimes ; quart de franc 
et 25 centimes; un décime et 10 centimes, ce qui n'empêche pas 
en outre le public de les appeler des pièces de 40 sous, de 
5 sous, de 2 sous, sans que des noms si divers produisent la 
moindre hésitation, la moindre confusion dans les transactions 
de chaque jour. 

On peut donc admettre que l’on a fait usage concurremment 
d’un follis de 40 nummia à la marque M, et d’un follis de 8 
pentanummia à la marque H. A. L, 


DENIER DE REMELANGE. 


Dans le dernier cahier du Bulletin de la Société d’archéologie 
et d’histoire de la Moselle (x année), recueil qui contient des 
travaux fort intéressants, nous trouvons (pages 19 et suivantes), 
une communication de M. V. Jacob, sur la découverte faite aux 
environs de Marsal d’un certain nombre de monnaies messines. 
L'auteur décrit et commente divers deniers, et entre autres ceux 
qui offrent an droit la légeude S’ STEPHAN9 autour d’un buste, 
et au revers, * RIMVLIGIS autour d’une croix. Il se refuse à 
croire que ce dernier mot représente le nom de Remilly, loca- 
lité qui jadis appartenait à l'évêché de Metz, et serait plus dis- 
posé à y chercher un nom de monétaire épiscopal. M. V. Jacob 
ne paraît pas avoir eu connaissance du travail publié par M. 
Ch. Robert (Revue numismatique, 1863, p. 199) dans lequel 
sont étudiées les variantes RVMELINGIS, RVMILINGIS, RVO- 
MILINGIS, RIMVLIGIS. Il y eût trouvé la description accompa- 


1 Bulletin de l'École franc, d'Athènes, 1868, p. 80. 


270 

gnée d'un bon det 
Vindication fort im 
réalité RVMELINC 
disposé en trois lig 
Vattribution de tor 
ages nommés Re 
ement de la Mose 
bourg, l'antre à of 
Les conjectures in 
dignes d’un sérieu 
dela Moselle, on t 
méring, Rémelfin 
l'évêque de Metz b 
ment à l’aide de dc 
’origine des monn 


LIS st 


Notre savant col 
de ses collégues d 
publication d’une 
avec les types que 

Au droit, MX.40 
pereur debout de { 
près de laquelle se 
grande fleur de lis. 

C’est ce dernier 
naie que M. Vidal- 
(1261-1282). Le 
que la fleur de lis ¢ 
nic I* Comnène (411 


4 Bulletin de l'École | 


CHRONIQUE. 271 


de Jean Ducas Vatatzès (1222-1255), de Jean [°° de Trébizonde 
(4235-1238), de Théodore III de Nicée (1255-1259), d’Alexis II 
Comnène (1297-1330) et sur une pièce de Michel VIII déjà con- 
nue, monuments auxquels nous pouvons ajouter le curieux 
bronze publié par M. de Pfaffenhoffen qui Pattribue à Théo- 
dore II (1225-1930) *. 
M. Vidal-Lablache pense que cette figure. de la fleur de lis 
@ ou plus justement du fer de lance » doit être considérée d’une 
façon générale comme un des nombreux emblèmes qui, dans la 
minutieuse variété du cérémonial byzantin, caractérisaient la * 
puissance impériale, et qu’elle paraît avoir été envisagée comme 
un des signes attributifs du souverain. Puis, après avoir re- 
marqué que l'apparition de la fleur de lis sur la monnaie byzan- 
tine a suivi de trés-prés son emploi sur la monnaie des rois de 
France, l’auteur ajoute qu’il est naturel de s’arréter à cette con- 
clusion que si la fleur de lis figure antérieurement à titre d’em- 
blème byzantin, il faut pourtant mettre au nombre des imitations 
de l'Occident sa présence sur les monnaies de quelques empee. 
reurs. | 
Il est évident que l’antiquité de la fleur de lis numismatique | 
est très-grande en Occident. A partir de l’empereur Otton I’ 
(950-965), nous la voyons sur la monnaie germanique pendant 
les X°, XI° et XIT° siècles, En France, elle se montre sur les de- 
niers des archevéques de Reims Gervais (4053-67), Manassès 
(4069-1081), Renaud (1083-1096), Raoul (4406-4124); et enfin 
sur ceux de Philippe-Auguste (1180-1203). Les sceaux royaux. 
en offrent la figure constante à partir du règne de Henri I* 
(1031-1060). Sur la monnaie anglaise, elle remonte au temps de 
Caut (1016-1035) et d’Harold (1035-1040), et se multiplie sous 
Henri I (1100-1135) et Etienne (4135-1154). 
En Hongrie, nous la voyons dans la main des rois Béla Il 
(4431-1141), Béla IL (1174-1196) et dans la main de la Sainte- 


Revue num., 1865, pl. XII, n° 5. 


272 CHRONIQUE. 


Vierge représentée sur les monnaies de Béla IV (1235-1270)', 
par conséquent bien avant toute allianceavecla maison d’ Anjos. 

Je n’entreprends pes ici de faire l’histoire de la fleur de lis; 
il me suffit de rappeler rapidement quelques points essentiei, 
et surtout de dire que ce symbole n’est ni un fer de lance, ni 
la copie altérée d'un crapaud, comme le pensait Fauchet, oa 
d'une abeille, comme l’a cru Chifflet*. La chose est plus sim- 
ple (serait-elle nour cela plus difficile à admettre ?) ; la fleur de 
lis est une fleur de lis. C’est l’attribut de la Vierge Marie; et 
‘c'est en l’honneur de la mère du Sauveur qu'elle a été adoptée, 
tant per les rois de France que par divers autres seigneurs. lest 
tout naturel que ce symbole se voie sur la monnaie et sur les 
sceaux des villes qui, comme Strasbourg, Reims, Paris, Florence 
Senlis, etc., ont une cathédrale dédiée à Notre-Dame. 

La vénération des Byzantins pour la Panagia suffit pour ex 
pliquer l'apparition de la fleur de lis sur leur monnaie dès le 
XI!° siècle. Cette fleur deux fois répétée, accostant une croix, 
se voit per exemple sur des tombeaux de marbre du V° siècle, 
comme ceux que renferment les églises de Saint-Ambroise et de 
Saint-Laurent, à Milan. Il est bien facile de constater qu'il ne 
s’agit pas là d’un fer de lance. 

M. Vidal-Lablache a fort bien remarqué que, suivant Codinus, 
les empereurs de Constantinople, lors de la fête de la Nativité, 
à Poffice du soir, se couvraient la tête d’une coiffure xpivevia, 
c'est-à-dire décorée de lis. Quoique le texte de l'écrivain byzan- 
tin ne précise pas davantage, il n’en est pas moins vrai que l'u- 


1 Steph. Schônvisner, Catal. num. Hungariæ, Pesth, 1807. Atlas, p). Il, 
Béla I, n° 4; Béla III, n° 7; Béla IV, n® 5 et 6; pl. NI, n°° 6a 10. 

2 On a été jusqu’à croire que «Ja vue des lotus sculptés sur les ruines de 
Thèbes ou de Memphis avait inspiré aux princes français l’idée d’adopter 
l'emblème mystérieux des Pharaons. » Adalb. de Beaumont, Orig. du blason, 
1853, cité dans |’ Hist, des comtes de Forez, de Lamure, publiée par M. de Chante- 
lauze, t. I, p. 374, note. Il s’agit sans doute de princes français qui avaient 
pris part à l'expédition d'Égypte avec Kléber et Bonaparte. 








CHRONIQUE. 273 


age qu'ilénonce s’expliquerait très-bien par un sentiment de 
lévotion à la Sainte-Vierge. À. L. 


eee pp RE 


FRANC D'OR DE GUILLAUME D’ARLES. 


Sous le titre de monnaie inédite des archevéques d’ Arles nous 
trouvons dans le 4° numéro du Bulletin de la Société archéo- 
logique de Tarn-et-Garonne (juillet 1869), la description d’un 
franc à pied d’or de Guillaume de la Garde (4359-1375) qui vient 
\Vétre acheté par le Cabinet des médailles de Marseille. Nous 
pouvons ajouter que cette précieuse piéce a fait partie d’un trésor 
composé de douze kilogrammes de monnaies du xiv‘ siècle qui 
ont été apportées à Paris au mois d'avril dernier, et qui ont été 
triées par M. J. Charvet. Grâce à Pobligeance de ce dernier nous 
avons pu voir un spécimen de chacune des variétés, lesquelles 

comprenaient les types suivants. 

Franc à cheval de Jean II. 

Franc à pied de Charles V. 

Franc à pied de Raymond IV prince d'Orange. 

Franc à cheval de Pierre archevêque de Cambray (1 ex). 

Franc à pied de Robert arch. de Cambray (1 ex). 

Franc à pied de Guy de Ligny (4 ex). 

Franc à pied de Jeanne comtesse de Provence. PRO. FOLC. 
etc., autre avec la lég. commençant par IOANNA. 

Franc à pied de Louis I, KALAB. 

Franc à pied de Guillaume archevêque d’ Arles ({ ex). . 

Écu de Louis comte de Flandre. 

Écu de Philippe comte de Flandre. 

Écu à la couronne de Charles VI. 

Écu à la couronne de Louis II d’Anjou. 


Le rédacteur de la note insérée dans le Bulletin de Montau- 
ban pense que le franc à pied de Guillaume appartenant à la 


27h CHRONIQUE. 


ville de Marseille diffère cn plusieurs points de celui qua 
conservé à la Bibliothéque impériale. Mais cette opinion repe 
sur l'usage qu'il a fait de l'ouvrage de M. Poey d'Avant a 
l'on trouve (t. fl, p. 342, ne 4114) une figure imaginaire & 
franc à pied avec un champ semé de fleurs de lis, et le mi 
ARE (ARC dans le texte). La pièce du Cabinet des médails 
offre en réalité un semé de trèfles et le mot PRC (princeps), 
tout comme l’exemplaire de Marseille. 

Si M. Poey avait jeté les yeux sur le gros de Guillaume del 
Garde publié par M. Huron (Rev. num, 1856, p. 193), la pré 
sence des trèfles dans le champ de cette pièce eût éveillé so 
attention, et l’eût empêché de voir des fleurs de lis sur le dro! 
du franc à pied. Dans son texte la légende du revers est aussi 


transcrite inexactement, et en désaccord avec sa gravure. 
A. L. 





FLORIN EPISCOPAL DE METZ. 


Le musée de la ville de Metz s’est enrichi d’un Morin do 
épiscopal dont M. V. Jacob a donné la description dans le Bul- 
letin de la Société d'Archéologie de la Moselle (XI° année, p. 66.] 
Cette pièce d'une très-belle fabrique a pour types : au droit: 
S . STEPHA . PROTHOM, saint Etienne debout; au revers: 
+ FLORENVS EP! METEDSIS, écu de la ville de Metz, pari 
d’argent et de sable dans un entourage élégant formé de trois 
ogives trilobées et de trois cintres. 

M. V. Jacob attribue ce florin à l’évêque Robert de Lenon- 
court (1551-1555) dont on connaît une monnaie, semblable - 
quant aux légendes, mats portent les srmes du préfat (Sraicy; 
Reck. sur les mon. des év. de Metz, pl. IV, n° 89). Cette attribu- 
tion n’est pas accompagnée de preuves. M. de Saulcy (Suppl. aux 
Rech., p. 86, pl. V, n° 172) a publié, d’après le Recueil de Mory 
d’Elvange, le dessin d’un coin pareil au revers du florin qui 
vient d’être si heureusement retrouvé; mais en l'absence. de’ 





CHRONIQUE. 275 


toute indication positive, il n’avait pas osé décider si ce coin 
avait été gravé à l’époque du cardinal Charles ou pendant l'é- 
piscopat de Robert. A. L. 





VENTE DE LA COLLECTION C. J. DASSY. 


Les médailles de la collection Dassy, dont nous avons an- 
noncé la vente (Æevue, 1868, p. 485), ont été mises aux en- 
chères, le 3 mai et jours suivants. Cette réunion extraordinaire 
de pièces rares, dans laquelle on remarquait, outre un grand 
nombre d'essais, soixante-treize piéforts, a trouvé des acqué- 
reurs très-empressés, ainsi qu’on en peut juger par les prix 
qui suivent : 


Not. Fr. 

6. Nimes. Tête casquée, — ». . NEM. COL. Hygiée. Æ. 44 
12. Avignon. Tête d’Apollon. — ». AOYA. Sanglier, AR. 65 
23. Vergasillaunus. VERGA. — ». Cheval. Æ. 13. 


42. Véliocasses. Téte. — ». Cheval et grand fleuron. OR. 82 
54. Venectos? Traces de légende.—». Cheval à tête humaine. 


AR, — 122 
68. Ambiani. Tête d’Apollon. — ». Gaulois tenant un torques, 
conduisant un cheval. Oiseau à long bec; fleur. OR, 180 
62. Vocaran. Grand œil, — ». VOCARAN, Cheval, OR. 100 
72. Reccarède, roi goth. Tiers de sou de Narbonne. | 220 ° 
73. Tiers de sou de Théodebert I*". | 306 
74. Tiers de sou de Clotaire. — ». LIONCIVS MONE (Gravé, 
Revue, 1868, pl. XVIII, n° 2). 370 
76. Clotaire. Revue 1868, pl. XVIII, n° 3, 630 
76. Sigebert II: Sou de Marseille. 460 
77, Autre, VICTVRIA. 400 
78. Tiers de sou de Marseille, Sigebert: 125 
81. Charibert de Bannassac, tiers de sou. 300 
82. Autre exemplaire de la même pièce. 335 
125 


83. Clotaire. — ». Croix ancrée, 
Dagobert. Tiers de sou au nom de Gemellus. 825 


CHRONIQUE. 


. Tiers de sou de Micon MATACONE F. 


100, Autre exemplaire. IVSE MONETARIVS FICT. 

118, Baiocas. Fleur, et croix. Tiers de sou. 

116. Rennes. RACIO FIS, Denier d'argent. 

120. Nantes. Tiers de sou. Croix ancrée. 

123, Chartres. Tiers de sou BLIDOMVNDO. 

144. Paris. Tiers de sou ELIGIVS M. 

148, ARCIACAS-MA VRINOS. Tiers de sou. 

153, BAVDISILVS-ALFECO. Tiers de sou. 

154. Saint Denis. EBREGISILO. Tiers de sou. 

162. Mets. Revue, 1868, pl. XVIII, n° 4. 

166. Verdun. MAVRACHARIVS. Tiers de sou, pl. XVILI, 26. | J 

166. Id. BODO MVNET. Tiers de sou. ] 

174. Cambray. Tiers de sou. a 

194. Namur. — ». ADELEO M. Tiers de sou. 1 

195. Autre exemplaire. NAMVCO C. 1 

206. Sion. AETIVS MO. Tiers de sou. . L 

207. Vienne. Tiers de sou DE OFFICINA LAVRENTI 4 

217. Clermont, ARVERNO CIVITATIFIT. Guerrier armé d’un 
bouclier. il 

235. Gabali. GAVALORVM.— », VOR Archer. Tiers de sou. 10 

240. Brioude, BRIVAT. —MAGNOALDO MO. Tiers de sou. 101 

244. Bordeaux. Tiers de sou. 1% 

250. TEODEBERCIACO F. Tiers de sou. 10 

257. Auch, AVSCIVS — ROMVLFVS, 21C 

258. BEGORRA FIT — TAVRECVS MO. Tiers de sou. 130 

265. ATVNDERIX. — ». Monogramme. Revue, pl XVIII, 
n°8. 15 

212. BVRDIALE. Gravée, Revue, pl. XVII, n°9. 1% 

274. CALLACO. Gravée. Revue, pl. XVIII, n° 10. 190 

275. CAMBARISIO FIT. Revue, pl. XVIII, n° 11. 130 

284. CRISTOIALO. — ». IOANNIS PORTO. Tiers de sou. 100 

220. GENTILIACO. Tiers de sou. 135 

292. Entrains, INTERAMNI. Gravée. Revue, pl. XVIIL, n°15. ,113 

293. LANTICIACO VIC. Tiers de sou, pl. XVIII, n° 17. Uz 

300. Namur. — NAMV... Tiers de sou. 10 

332, TVFIINAS. Tiers de sou, 105 


CHRONIQUE. 


19 


277 


Ne: Fr. 
333. Vandeuvre. Tiers de sou. 202 
379. Jumièges, GEMEDICO. Fleur. Denier d'argent. 102 
398. Pépin, avec le nom du monétaire Auttramnus. 120 
394. Autre exemplaire. | 160 
395. Zd. Chartres. CARN. Gravée. Revue, pl. XIX, n° 19. 1200 
397. Id. Revers monogramme. 495 
398. Id. Saint-Géry de Cambray. SCI. GAV. 175 
402. Charlemagne. Avesne. Gravée. Revue, pl. XIX, n° 20. 200 
403. Id. Bonn. BONA et francisque. 340 
404. Id. Chartres. Denier. 172 
413. Id. CARLVSIMP AVG.—». Temple.Gravé. Revue, 
pl. XIX, n°21. 132 

414. Id. Piéceimitée de l'antique. Gravée. Revue, pl. XIX, 
n° 21. 150 
415. Id. Lucques. FLAVIA LVCA. Or pâle. 595 
416. Id. Id. Denier, LVCA. Au centre rosace, 360 
417. Id. Parme. Gravée. Revue 1856, pl. V, n° 12. 699 
418. “Id. Trévise.CAROLVS endeuxlignes. TARVISIVS. 185 

433. Louis le Débonnaire. Sou d'or gravé. Revue, pl. XIX, n° 23. 395 

437. Id, Obole. AQVIS, pl. XIX, ne 23. 202 

* 439. Id. Arles. Denier. ARELATVM. 115 
440. Id. Buste lauré. ARELATVM. Porte 

de cité. 255 

442. Id, Coire. CVRIA en une ligne. 231 
"461. Id. Nantes. NAMNETVM en deux | 

lignes. 185 

455. Id. Rouen. ROTVMAGVS. 120 

457. Id. Toulouse. Téte laurée. Gravée. 

. Revue, pl. XIX, n° 24. 225 

458. Id. Id.  Oboleau mémetype. 200 

459. Id. TOLOSA CIVITAS. Denier. 101 

461. Id. Vienne. VIENNA en une ligne. 

Denier. 130 

462. Id. Ampurias. IMPURIAS en deux 

lignes. 409 
463. Id. Barcelone. BARCINONA en trois 
lignes. 395 
461. Id. Lucques, LVCA en une ligne. 185 
1869, — 4, 


278 CHAONIQUE - 
Ne. 
468. Louis le Déhonnaire. Trévise. TARV: 


gnes. 
474. Lothaire emprreur. Trèves. Temple, : 
476. Id. Venise. VENECIA en une li 
480 bis. Benoît III, pape, avec le nom de L 
482. Pépin II, d'Aquitaine. Melle, denier. 
483. Id. Obole au méme type. 
424. Charles le Chauve. Aix. Denier. 


419. Id. Trévise, au monogi 
432. Id. Autre. TARVISauto 
504. dd. Cassel. Obole. 
506. Id. Melun. CASTELLO 
514. Id. GENCLIACO POF 
pl.IV,n° 4. 
616. Id. Jouarre. IOTRENS 
529. Id, Saint Andoche, Ru 
n°9. 


651 bis. Lothaire IT, roi de Lorraine. Trèves 
n° 26. 

478. Interrègne. Venise (877-880). Christe 

555. Carloman. Obole d'Arles. 

557. Louis III. Provins. Denier. 

549. Charles le Gros. Nimes. CARLVS IMI 

688. Denier de Paris. Dans le champ. EO] 

595. Charles le Simple. Baugency, denier. 

605, Raoul. Saint-Denis, denier. 

607. Louis d'Outremer. Paris. LVDOVIC « 
nier. 

608. Id. Toulouse; gravé 
pl. XIX, n°27. 

613. Benoît VIII avec le nom d'Otton II. 

624. Denier portant d'un côté le monogram 
». OTTO REX. 

629. Philippe 1**. Châlon-sur-Saône, denier 

652. Saint-Louis. Ecu d'or. 

653. Id. Aignel d'or. 

659. Philippe III. Royal d'or-mantelet. 

665. Philippe IV. Piéfort du double parisis. 





CHRONIQUE. 
Ne. , 
668. Philippe IV. Piéfort de l'obole tournois. 


672. Philippe V. Piéfort d'argent, gravé, Revue, pl. XX, 


n° 33, 

686. Philippe VL Florin Georges. Beau type. 

685. Id. Autre florin Georges avec le type grossier. 
693. Id. Piéfort du double parisis. 

705. Jean II. Piéfort du mouton d'or. Billon doré. 

708. Id. Piéfort du gros tournois. 

712. Id. Piéfort du demi-gros d'argent. 

713. Jd. Piéfort du gros à la couronne. 

714. Piéfort d'un gros blanc à la couronne. 

715. Piéfort d’un autre gros blanc. Croix avec deux trèfles. 
719. Piéfort du double parisis. 

728. Charles VI. Chaise d'or. 

729. Id. Demi-heaume d'or. 

730. Id. Salut d’or 


732. Id. Piéfort de V'écu d’or à la couronne ; billon doré. 200 


762. Id. Pattachina frappée à Gênes. 

734. Henri V, roi d'Angleterre, mouton d’or. 

745. Charles VII. Grande médaille d'argent, au K couronné. 
771. Louis XIL Demi-teston. 

774. Id. Ducat d’or de Gênes. 

776. Id. Double ducat d'or de Milan {à demi-rompu). 
778. Id. Ducaton de Milan. 

783. Id. Gros de Milan. 
785. Id.  Écu d'or de Naples PERDAM BABILONIS 

NOMEN (fendu). 
789. Francois I. Essai de l'écu d'or à la tête. 
790. Id. Demi-écu d'or au cavalier, gravé, Revue, pl. 
XX, n° 36." 

812. Id. Demi-gros de Génes. 

818 Henri I. Ecu d'or au soleil. Essai au balancier. 

$2). Id.  Écu dor à la tête; Lyon. 

821. Jd. Autre, type différent ; Bayonne. 

833. Id.  DONEC TOTUM COMPLEAT ORBEM. 1558. 

Poids 0, gr. 24. 

834 Id.  Teston d'essai. 

836. Id.  Piéfort du demi-teston. 


80 
240 
640 
115 
400 

180 
166 
300 


148 





280 


CHRONIQUE. 


Ne. 
346. Henri II. Teston de Montalcino près de Sienne, 1556. 


Fr. 


350 
850. François LI. Jeton d'argent du Sacre. 1m 
887. Maric Stuart. Teston; écu mi-parti de France et d'É- 
cosse, 1562. 131 
862. Charles IX. Piéfort de teston ASSERTORI VERE RE- 
LIGIONIS, 1573. Éd 
863. Id. Piéfort de demi-teston. 160 
860. Id. Piéfort du denier tournois. 12 
878. Henri IU. Piéfort de teston, PACI QVIETI AC FELI- 
CITATI PVBLICÆ. 150 
879. Id. Piéfort du demi-teston. 20 
880 Jd.  Piéfort du franc de 1576. 56 grammes. 610 
#81. 7d. Autre à la date 1577. 400 
#2. Id. Autre de moitié moinsépais, 28 grammes. 415 
883. Zd.  Piéfort du demi-franc. 150 
88$. Jd. Piefort du quart de franc. 245 
865. Id. Piéfort du quart d'écu CONSTIFVTÆ REI 
NVMMARLÆ EXEMPLYM. 160 
890. Zd. Quart d'écu de Saint-Quentin avec Je nom 
d'Henri d'Orléans. 355 
894. Charles X, cardinal de Bourbon. Franc d'argent de 1590. 1033 
901. Henri IV. Essai du Franc d'argent. 220 
902. Id.  Pléfort de la même pièce, 6 grammes. 250 
903 Id. Essai du demi-franc, 12 
904 Id.  Piéfort de la même pièce, 28 grammes, 145 
205. Id. Essai du quart de franc. 190 
907. Id.  Piéfort du quart d'écu. 105 
908. Id.  Piéfort du huitième d'écu. 100 
912. Louis XIIL Pièce de dix louis. 970 
913 Id. Pièce de huit louis. 260 
914 Id. Pièce de six louis. 665 
915 Id. Pièce de quatre louis. 454 
927 Id. Essai du franc d'argent, 1618. 660 
928 Id. Piéfort de la même pièce PERENNITATI 
IVSTISSIMI REGIS. 210 
929. Id. Essai du demi-franc. 330 
930. Id. Piéfort de la même pièce, 28 gremmes. 162 
934. Id. Essai du quart de franc. 25 


CHRONIQUE. 284 
Nes. Fr. 
932. Louis XIII. Piéfort de la même pièce, 14 grammes. 120 
933. Id. Essai sur flan mince de la méme pièce, 1625. 275 
934. Id. Piéfort du quart d’écu EXEMPLVM PRO- 


| BATI NVMISMATIS, 38 grammes. 100 
939. Id. Essai. ESPREUVE FAITE PAR LE COM- 
MANDEMENT DU ROI 1616 180 


944. Id.  Piéfort de l’écu blanc, 1643, 109 grammes. 215 
945. Id. Piéfort du demi-écu, 1643, 55 grammes. 334 


949. Id. Quart de lis d'argent de 1641. 175 
951. Id. Monnaie obsidionale d'Aire, 1641. 110 

955. Pièce de plaisir, or. Buste de Louis XIII de 1643. » buste 
de Louis XIV de 1644. 749 
958. Louis XIV. Piéfort de l'écu d’or au soleil. 545 
960. Id. Piéfort du louis d’or de 1644. 650 
961. Id. Piéfort du demi-louis. 700 
962. Id. Double louis à Ja longue mèche de cheveux. 140 
969. Id. Louis aux armes de France, Béarn et Navarre. 345 
966. Id. Piéfort de l’écu de 1644, 110 grammes. 452 
987. Id. Piéfort du demi-écu, 55 grammes. 270 
988. Id. Piéfort du quart d’écu 27 grammes. 101 

990. Id. Piéfort du douzième d'écu. EXEMPLVM 
PROBATI NUMISMATIS. 135 

995. Id. Essai du lis d'argent LILIA NON NENT 
1653. 565 
1046. Louis XV. Essai d'or de l'écu au bandeau. 220 


1070. Louis XVI. Essai d’or de l'écu de Droz au deux L. 400 
1071. Id. Ecw d'argent de Droz, gravé, Revue, 1868, 
pl. XX, n° 38. 360 
1072. Id. Essai d’un écu de 6 livres de Duvivier. 440 
4073. Id. Essai de l’écu de 6 livres d’Andrieu, 1791. 300 
1079. Id. Essai de la pièce de 24 livres, 1792. Billon. 110 
1097. Bonaparte premier consul, essai de la piéce de 5 fr. 245 
1101. Trois monnaies de Saint-Domingue. 2 escalins, 1 esc., 
demi-esc. 275 
1109. Piéce de 96 lire de la République ligurienne, an VII. 103 
1126. Doppia d’or de Bonaparte président de la Rép. italienne. 690 
1170. Louis XVIII. Essai de la pièce de 40 francs 1816. 181 
1171, Id. Essai de la pièce de 40. Tête du roi nue. 140 


282 CHRONIQUE. 


we, Fe. 

1174. Louis XVIII. Essai de la nièce de 5 francs, Tiolier. 135 
1176. Id. Autre avec l'écu entouré du collier des 

ordres. 14] 

1176. Id. Autre avec la marque de valeur 5 F. 1% 
177, Id. Autre de 1814 avec SIT. NOMEN. DOM. 

BENED. 130 


1178. Id. Autre de Michaut. 199 
1167. Charles X. Essai d'or de la pièce de 5 francs, signée T. 155 
1188. Jd. Autre sans signature (Tiolier). 190 
1207. Louis-Philippe. Essai de la piéce d’or de 100 francs 1831. 205 
1210. Charles d'Orléans. Ecu d'or. Revue num., 1861, p. 451. 320 
1213. Charles le mauvais roi de Navarre, écu d'or. 380 
1294. Charles de Blois duc de Bretagne, royal d'or. 350 


1226. Jean IV Id. Franc à cheval d'or. 210 

1248. Denier de la seigneurie de Romorantin; gravé, Revue 
pl. XIX, n° 90. 112 
1268. Gui de Nevers, denier d‘Iseondun. 95 
96 


1281. Mahaut de Nevers. Piéfort du denier. 
1325. Charles de France, duc de Guienne. Fort d'or. Gravé, 


Revue, 1868, pl. XX, n° 35. 1220 
1331. Gaston de Foix, seigneur de Béarn, franc a cheval. 225 
1833. François Pheebus, écu d'or. 175 
1341. Jean et Catherine de Navarre, ducat d'or. 225 
1342, Ferdinand de Navarre, double ducat d'or. 232 
1348. Id. ducat d'or. | | 214 
1345. Henri d’Albret, écu d'or. 150 
1346. Id. écu à la croisette. 160 
1347. Id. écu d’or à la croix fleurdelisée. 165 
1350. Jeanne d’Albret, écu d’or, 1571. 232 
1352. Henri II et Marguerite, double écu d'or. 372 
1353. Jd. autre H et M sous les bustes. 145 
1888. Charles I d'Anjou, réale d'or (augustale). 640 
1397 bis. Id. Demi-gros du Piémont frappé a Cuneo. 240 
1421. Clément VIII, écu d'or d'Avignon. 240 

1424. Paul-V, écu d’or d'Avignon. . 390 
1496. Innocent X, écu d'Avignon gravé, Revue, pl. XX, n°37. 149 
1433. Raimond IV prince d'Orange, Florin d'or à Pécu. 485 


1438. Jean II de Ch&lon. Florin d'or. 310 


CHRONIQUE. 283 


No. Fr. 
2439. Frédéric-Henri pr. d'Orange, quadruple éeu d'or. 120 
2453. Guillaume de la Voulte. Gros de Valence. 142 
1489. Besancon. Quadruple pistolet d'or, 1579. 202 
1491. Id. Double pistolet, 1666. 182 
1492. Id. Autre de 1652. 110 
1516. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Gros touruois 
d'argent. 105 
1553 et 1554, Guillaume de la Marck. Quart et huitième d’écu 
de Sédan. 299 
1555. Henri de Latour et Charlotte. Pistole d'or. 460 
1556. Id. Grand écu d'argent. 1614. 200 
1596. Robert, archevêque de Cambray. Franc à cheval d'or. 108 
1623. Jean sans Peur, comte de Flandre. Noble d'or. 240 
1625. Philippe Je Bon. Id. Noble d'or. 290 
1626. Id. Demi-noble d'or. 710 
1628. Id. Demi-cavalier (ridder) d'or. 215 
4630. Id. Deux tiers du lion d’or. 105 
1635. Philippe le Beau. Florin d’or au saint André. 350 
1651. Guillaume IV, comte de Hainaut. Écu d'or. 130 
1665. Jean IV, duc de Brabant. Mouton d'or. 174 
1678. François d'Alençon. FOVET ET DISCVTIT. 1582. Ar- 
gent. , 112 
4700. René II, duc de Lorraine. Florin d'or. 96 
1701. Id. Demi-florin d’or. 100 
1703, Antoine. Florin d'or. 4526. 295 
4704 Td. Double écu d'argent aux neuf écus. 120 
1709. Charles III. Ducat d'or de Nancy. 196 
1710, Id. Demi-ducat d'or. 200 
1711. 7d. Demi-ducat d’or. DA MIHI VIRTU CONTRA 
HOSTES. 160 
1718. Henri le Bon. Ducat d’or. 122 
1719. Id. Florin d'or au saint Nicolas. 116 
4722. Charles IV. Quart de teston. 1629. 126 
1734. François III. François d’or. 1736. 215 
1779. Hugues de Bar, évêque de Verdun. Revue num., 1859, 
pl. XXI, n° 7. 48 
1780. Éric de Lorraine. Id. Florin d’or, 1608, 180 


1812. Haguenau. Ducat d’or de 1609. 290 


284 a 
Ne. 
1817. Thann. Double thaler de 1514. 
1839. Honoré II, prince de Monaco; Dop 
1858. Adrien I*, pape. Denier de Rome. 
1992. Ferdinand de Mantoue. Double pist 
1994. Alberico Cybo de Massa. Temple; 0 
1907. Philippe IV. Double pistole de Mila 
1916. Louis, marquis de Saluce. Sequin. 
1923. Marguerite de Foix, marquise de S 
1515. 
1931. Henri IV, roi de Castille; écu d'or. 
1949. Monnaie obsidionale de Casale; éct 
2057. Théodose III, empereur d'Orient. A. 
gent. 





IQUE. 


Le catalogue, rédigé par M. Feuard: 
3 planches gravées. Aux chiffres que ni 
faut ajouter 5 pour 100 afin d'établir li 
les acquéreurs. La place ncus manqu 
davantage ; et cependant après les gros: 
des monnaies de première importance 
prix relativement très-forts auxquels on 
de peu d'apparence. En fin de compte, « 
de M. Colson dont ‘nous avons parlé da 
montre que le zèle pour nos monnaies | 
et c’est fort heureux, car si quelques-u 
des beautés incontestables qui doivent s 
toutes sont intéressantes pour notre hi: 
notre attention. Notre série royale frai 
plus variée parmi toutes les séries qu’ 
trer, ne saurait subir les caprices de |. 
toujours de bons esprits pour l’appréc 
elle le mérite. 


MEMOIRES ET DISSERTATIONS. 


Dee 


LETTRE À M. A. DE LONGPÉRIER 


SUR 


DES MONNAIES D'OR CONCAVES 


DITES REGENBOGEN-SCHÜSSELN, AVEC LÉGENDES. : 


(PI. XII.) 


Mon cher ami, depuis que je vous ai envoyé ma dernière 
lettre sur quelques monnaies celtiques en partie inédites, 
dont l'une surtout, avec une légende me paraissait digne 
de vous être communiquée , j'ai découvert d’autres sta- 
tères, aussi munis de légendes, et qui me semblent encore 
plus dignes d'attirer votre attention. 

Je suis persuadé qu’en recherchant bien dans les 
diverses collections, — en étudiant avec soin les enfouisse - 
ments (ce que soit dit entre parenthèses, on commence à 
bien faire en Autriche), -on en trouvera encore quelques 
autres, et que l’on parviendra à mieux classer ces monnaies 
si mal connues jusqu'à présent. 

L'inconnu a eu de tous temps une grande puissance 


1 Voy. Revue, 1869, p. 14. - | 
1869. — 5. ° 20 


286 MEMOIRES 


d'attraction; on cherche à ledéchiffrer, — on se trompe p 
fois, — l'erreur mème est profitable, elle appelle u 
rectification, celle-là une discussion, et de discussion 
discussion on parvient à trouver la vérité. 

Voyez les progrès qu'a faits depuis cinquante ans 
numismatique des Gaules ! C'est à des essais et à des discu 
sions qu'on en est redevable: espérons que nos essais 
nous seront aussi fructueux, et que dans quelques année 
le chaos qui obscurcit l'étude des pièces pannoniennes 
autres, pièces malheureusement encore appelées barbare 
se débrouillera, pour nous donner des résultats satisfaisant: 

En attendant, voici ce que je voulais vous communiquer 

Il y a quelques mois, un ami m'apprit qu’il existait a 
Cabinet impérial de Vienne un Biatec d'or. J'en écrivis 
M. Joseph de Bergmann, directeur de ce Cabinet : M. de Berg 
mann, qui a quelque amitié pour moi, eut la complaisanct 
de m'envoyer les empreintes non-seulement de ce statère 
mais de toutes les pièces de Biatec, tant en or qu’en argen 
qui se trouvent au Cabinet impérial ; il m’indiqua le lieu de 
provenance d'une partie de ces pièces, et m’accorda la per- 
mission de les publier. Que M. de Bergmann veuille bien 
me permettre de lui en exprimer mes remerciments et ma 
reconnaissance. 

En mai 4835, un ouvrier trouva à Jahrendorf (Némét- 
Ujuar) village situé dans le comitat de Wieselbourg en 

. Hongrie, 26 monnaies d'or du poids de 38 ducats et 104 
monnaies d'argent du poids de 98 loths. Ces monnaies 

: étaient «lans un pot de terre qui fut brisé: 18 pièces 
Wor et 26 d'argent devinrentla propriété du Cabinet impé- 
rial des médailles de Vienne. Il y avait parmi les monnaies 
d'or desstatères an nom de Biatec, et parmi les monnaies 
d'argent des tétradrachmes au même nom. 


ee ee 





ET DISSERTATIONS. 287 


“M. Jean Gabriel Seidl, dans les Beitndge zu einer Chro- 
nik der archaelogischen Funde in der oesterreichischen Monar- 
chie, imprimés dans le quinzième volume de I Archiv für 
Kunde der Oesterreichischer Geschichis-Quellen, par l'Acadé- | 
mie impériale des sciences de Vienue, 1856, parle de la 
découverte de Jahrendorf, sans entrer dans de grands 
détails. M. le D' Kupido, dans les Wiener numismatische 
Monatshefte, vol. H, page 98, est plus détaillé, et décrit les 
monnaies d'argent de cette trouvaille, qui contenait des 
tétradrachmes de Biatec, de Devius, de Cobrovomarus, de 
Coisa, de Nonnos, de Bussumarus, de Savumarus, et de 
Evoirix. Tl ne parle des pièces d'er qne pour mémpire et 
sans les décrire. 


La connaissance de ce trésor, dans lequel étaient mé- 
langées des monnaies de Biatec, tant d'or que d'argent, 
nous donne un résultat bien curieux : elle nous prouve que 
les Regenbogen-Schasseln au bateau, et aux rayons de 
soleil, sont beaucoup moins anciennes qu'on ne le croyait 
jusqu’à présent *. En effet, les tétradrachmes de Biatec, 
à deux têtes, sont une imitation palpable d'un denier de 
Ja République romaine, de la famille Fafia, de celui de 
Fufius Kalenus avec les deux têtes de Virtus et Hones: ces 
deniers furent frappés vers l'an 62 avant J.-C. et certaine- 
ment pas avant cette année. Voilà donc une date précise, 
en deca de laquelle il faut, d’absolue nécessité, placer Ja 
date d'émission des tétradrachmes de Biatec, donc aussi de 
ses statères ; mais nous ne pouvons pas non plus aller plus 
Join que vers l’année 8 après J.-C., puisque ce fut 


1 Je dis en Allemagne, car jo n'ignore pas que vous avez fonrni des argu. 
ments contre la haute antiqnité attribuée aux Schitsseln, Rerue numismatique, 
1863 p. 145 et 150, | | 


238 MÉMOIRES 


l'année dans laquelle la Pannonie fut incorporée à l'Empire 
et devint province romaine, 

Cela posé, passons maintenant à la description des sia- 
teres de Biatec et de ses divisions. 

Stavére du Cabinet impérial de Vienne. 

Droit : Coté convexe, au milieu d’une élévation bombé 
BIATEC, au-dessus, une main étendue, les doigts tournés 
vers l'inscription. 

Dans ma dernière lettre sur quelques monnaies d'or 
celtiques, je croyais cette représentation une tête de paon, 
et assurément on pouvait aisément s'y tromper, ce sigte 
variant de forme sur presque toutes les pièces. Sur celle-ci 
parfaitement conservée, je vois bien exactement la forme 
d’une main étendue ; une tête d'oiseau aurait le grand in- 
convénient d'être dessinée renversée; je maintiens donc 
la main étendue malgré ce que j'en ai dit précédemment. 

Revers: la prétendue demi-lune, que je regarde toujours 
avec plus de confiance comme un bateau, si je n'en avais 
pas été persuadé auparavant, ce statère de Biatec me l’au- 
rait prouvé; en effet, on y voit au milieu un mât; dans 
Je lointain le disque du soleil à l'horizon, lançant ses rayons: 
à droite, parmi les rayons, je vois sur ce statère un signe 
que.je preuds pour une petite demi-lune, ce qui corrobore 
mon opinion: que la principale représentation n’est pas 
une demi-lune, qui serait alors beaucoup plus grande 
que le soleil. 

Ceptatére pèse 65, AAS. (Pl. XIL n°4.) 

Sur Yes statères anépigraphes de cette espèce, les formes 
“des objets représentés varient beaucoup, et il n'est pas 
étonnant que les différents auteurs qui ont parlé de ces 
wonnaies les aient vues et décrites d’une façon différente. 

Da côté convexe, tantôt lisse, tantôt avec la main: : 


| ~~ = os — © — es ey es 
“= a _ _ —- 
en 
a 


ET DISSERTATIONS. 969 


4° Dachalais voit un astre à cinq rayoos, tournés du 
même côté ; 


2° Balbin y voit l’image du soleil ; 
3° Mionnet un disque radié, ou étoile, au milieu d'un 


‘champ bombé ; 


ay 
a 


he Lambert, un astre rayonnant, le soleil au haut d'un 
disque bombé et allongé, représentant vraisemblablement 
la terre; 
5° Pour Streber, c’est une boule d’où partent des rayons, 
ce qui, avec la représentation de la coquille extérieure, 
qu'il croit voir au-dessous, lui dunne le symbole d'A- 
phrodite ; | 
6° Le Dt H. Schreiber y voit une main prétant le ser- 
“ment. 
Du côté coneave : 
4° Duchalais voit un croissant dont les cornes sont tour- 
nées à droite, et au centre duquel convergent de petits 
rayons fort nombreux ; 
.’. 2° Streber y voit l’intérieur d'une coquille ; 
3° Mionnet, un croissant radié, .ou l’intérieur d’une 
- coquille ; 

J Balbin y voit la lune ; 

° Lambert et la Saussaye, une demi-lune d'où t partent 
dee rayons ; 

6 L'auteur du Catalogue de Wiczay parle de rayons de 
.sokil, placés au-dessus de la lune; il voit même des 
taches dans les rayons : «intra solis radios quasi macula. » 

Vous le voyez: tot capita, lot sensus. 

Outre ce magnifique statère, le Cabinet de Vienne possède 


‘encore trois autres statères de ce. même Biatec,: un peu 


moins bien conservés, et qui n'offrent que de fort: petites 
variétés de coin; entre autres le mat si visible sur lapiéce 


200 BEMOIRES 
que je viens de decrire n'y est représenté que par une 
seule petite barre, parfois même par un simple point 

Les poids sont de 65,450, — 65,460, — 6#",A95, et deux 
de ces statères proviennent de la trouvaille de Jahrendorf. 

Le mème Cabinet posséde, provenant de la même trou- 
vaille, deux tiers de statères de ce mème Biatec dont voici 
la description : 

Droit: Partie convexe, sur une élévation bonrbée, BIAT. 

Revers: Partie coucave, deux figures oblongues bombées; 
peut-être deux boucliers, entourés d’an feston. 

Cette piece, gravée dans l'ouvrage de Neumann (Popul. 
eC reg. num. vet., Vienne, 1779, t. I, p. 140), décrite par 
Eckhel (Wus. Vindobon., 1779, p. 290, n° 17), puis par 
Mionnet (t. VI, p. 717, n° 2), est la même dont park 
Duchalais, et que vous avez, vous aussi, citée à propos de 
l'âge des Schüsselchen ( Rev. num., 1863, p. 149). 

Elle pèse 2+, 120. (Pl. XII, n° 2.) 

Autre tiers de statère du même Cabinet : 

Droit : Coté convexe, sur une élévation BIAT. lei je vois, 
au-dessous du nom, des signes qui me paraissent être des 
chiffies romains XXII}: que signifient-ils? je n'en sais 
absolument rien. , 

Revers: parcil au précédent. 

Poids, 25, 125. (PI. XIE, n° 3.) 

Ce sont bren deux tiers de statères ; mais voici une autre 
petite pièce du aième Cabinet et de Ja même trouvaille, 
qui nous offre une division bien plus insojite : c'est nn 
huitième de statére. 

Droit: Côté convexe : BIAT. 

Rezers : Côté concave 3€. Cela représente-t-il par hasard 
deux quarts de roues ? je nen sais rien. 

Poids, 0:',800. (PI. XII, n° 4.) 


ET DISSERTATIONS. 291 


Nous avons donc ici des statères, des tiers de staiéres, 
et un huitième de statère: ce ne sont pas là les divisions 
en demis et en quarts, comme pour les statères des Gaules; 
© est un tout autre système que j'ai déjà signalé dans mon 
deraier article. 


Maintenant à quel peuple faut-il attribuer ces rares 
monnaies? 

Et d’abord nous avous le lieu de provenance, Jahrendorf, 
dans le comitat de Wieselbourgen Hongrie, et puis nous 
avons vu que les pièces de Biatec ne peuvent avoir été 
frappées que dans Ja seconde moitié du premier siècle 
avant J.C. 

Quel peuple habitait alors cette contrée? 

‘Les Boiens Cisalpins, après avoir occupé la haute Italie 
près de trois siècles, furent enfin vaincus par les Romains ; 
al ne leur restait d'autre alternative que l'assujettissement 
ou l'émigration. Ilsaimaient trop leur liberté pour accepter 
le premier, ils préférèrent abaadenner leur patrie et en 
chercher une autre en deca des Alpes ; ils devinrent voisius 
des Taurisques ou Noriques. Pline dit: « Quorndam Taurisci 
appellati nune Nerici. » (Hist. nal. IH, xx, 24). Cf. Strabon, 
V, p. 212-215), et s'établirent près du lac Pelso, aujour- 
d’hui Plattensee. 

Tite Live ne dit rien de cette migration, et voilà pour- 
quoi le D' Zeuss en doute. Tenons-nous-en à l'opiniou de 
Strabon. Les Boïens, tranquillement établis dans leur nou- 
velle patrie, commencèrent bientôt à y prospérer; mais les 
Gètes, anciens habitants de la contrée entre le Danube ei 
l'Héœmus, qui, chassés par les Bastarnes, s étaient réfugiés 
chez leurs amis les Daces, parvinrent, réunis à eux, sous 
leur roi Boirébistas, à une puissance qu'ils n'avaient jamais 
eue auparavant ; ils attaquèrent les Boïens et leurs alliés 





292 MÉMOIRES 


les Taurisques, et dans une grand 
Pathissus, les Bolens furent de nou1 
relevèrent jamais de leur défaite et ces 
indépendant; leur pays fut même t 
pendant plus d’un siècle on ne l'app 
tum Boïcorum. Cette bataille eût lie 
et 40 avant J.-C. 

Il n'y a aucun doute que le non 
nom celtique, la terminaison TEC le 

Les légendes sur ces pièces en ca 
rien qui puisse étonner. Velléius 
cap. 110) nous apprend qu'avant le 
la connaissance du latin était répanc 
celtes : « In omnibus autem Paonon 
« tummodo, sed linguæ quoque not 
« etiam litterarum usus, et familiari 
« citatio. » 

Je crois donc pouvoir donner les : 
peuple des Boïens, et je vois avec 
teur Kupido est tout à fait de la mêr 
aote sur la trouvaille de Jahrendorf i 
avant cette lettre, ce n’est pourtant q 
que je la connais, et mon opinion 
déjà formulée avant de l'avoir lue. 

Le savant Mommsen dans son G 
Münzwesens, page 696, en parlant 
statères de Biatec, propose de les : 
ou aux Quades. Malgré mon profond 
de M. Mommsen, j'avoue que je ne 
nion. 


+ Zeuss, Grummatica cells, p. 13. 


ET DISSERTATIONS. 293 


M. le docteur Fr. Pichler, dans son Repertorium für 
Steyerische Münzkunde, propose dans une note (vol. I, 
page 14h,) de regarder le nom de Biatec comme un nom 
générique appartenant 4 plusieurs personnes, ou méme de 
le considérer comme le nom d'une dignité ; je ne puis non 
plus accepter cette hypothèse. 

Tiers de statère avec revers semblable aux tiers de 
statère de Biatec. 

Droit : Côté convexe : sur une élévation ronde, des 
espèces de lettres ou chiffres que je crois être XXI. 

Revers : les deux boucliers entourés de festons. 

Poids, 25.250. (PI. XII, n° 5.) 

Que signifient les signes marqués sur le côté droit? 

serait-ce une altération de la légende BIAT? 

Droit : élévation en forme de cœur, à l’entour des fes- 
tons peu visibles. 

Revers : les deux boucliers, au-dessous desquels des 
signes bien ressemblants aux lettres AIK (?) sont-ce bien 
des lettres? et alors que signifieraient-elles ? 

Poids, 2:".655. (PI. XII, n° 6.) 

Il existe un assez grand nombre de petites pièces aux 
mèmes revers, mais anépigraphes. Le Cabinet impérial de 
Vienne, et le médaillier du prince de Fürstenberg, en ren- 

_ ferment plusieurs ; elles me semblent provenir de l'ancienne 
trouvaille de Podmokl en Bohème ; comme elles sont muettes, 
je ne les décris pas ‘; cependant je ne puis résister au 
plaisir de vous communiquer un autre statére au bateau, 
quoiqu'il soit aussi anépigraphe ; il est tiré du Cabinet de 
Vienne. 


1 Cela est d'autant moins nécessaire que dans la Rerue de 1863, (p. 149) vous- 
même avez indiqué celles de ces monnaies qui sont figurées dans l'ouvrage de 
Voigt a San-Germano, Beschretb. der Bomischen Munzen, Prag.1771,p, 47 et 63. 


0 


204 MÉMOIRES 

Droit: Côté convexe : sur une élévation pyrifurme + 
carré creux oblong, au-dessous duquel uu signe en fori 
de croissant : est-ce un torques? Je tout dans un feston. 

C'est probablement ce que 1. F. G. Hagen dans son (1 
ginalmünz-Cabinet, page k91, appelie une montagne av 
une porte. 

Revers : Coté concave: le bateau avec le soleil rayonna 
sur lequel au lieu du mat, on voit une figure trifurqaé 
Le graveur de la pièce a-t-il voulu représenter des agrè 
Au-dessous du bateau, le même feston qu’au côté droit. 

Poids 65", 450. (PI. XII, n° 7). 

Ce statère trouvé dans les états autrichiens, sans qi 
je puisse dire dans quelle province, me paraît extrêmeme 
curieux. 

Statère tiré du Cabinet du Prince de Fürstenberg. 

Droit : Côté convexe; la tête d'oiseau à gauche; du côt 
du bec la guirlande habituelle, puis au-dessous et au-dessus 
un globule; sous la tète, des caractères, après lesquels il y 
encore place pour plusieurs lettres ou signes, mais à cé 
endroit la pièce est si usée qu'il est impossible d'y rien dé 
chiffrer : il y a bien là une vraie et bonne légende; mais 
qu'est-ce qu'elle dit? Je n’en sais rien, et je crains qu'il ne 
se passe bien du temps avant qu'on y voie clair: il fau- 
drait pour cela retrouver quelques bons exemplaires en weil- 
leur état, et ilne me paralt pas probable que cela arrive de 
sitôt, car la pièce est jusqu’à présent unique. 

Revers : type du groupe II de Streber ; l'étoile à quatre 
rayons, au-dessus deux S obliques, au-dessous trois disques 
(Streber, pl. II, fig. 19). Cette pièce de Streber, anépigraphe, 
paraît aussi usée et mal conservée; d’après lui ces pièces 
ont été trouvées en Bavière; malheureusement je ne connais 


ET DISSERTATIONS. 299 


pas la provenance de celle du Cabinet du Prince de Fürs- 
tenberg ; je dois cependant vous faire remarquer sa par- 
faite analogie avec le statère au nom de ATYLLOS que je 
vous aifait connaître dans ma première lettre sur les 
monnaies celtiques et qui provenait de la haute Italie. 


Poids : 7#.30. (PI. XII, n° 8). 


Passons maintenant à une autre espèce de statères, 
avec d’autres signes qui ressemblent aussi à des lettres. 

Droit : Côté convexe : tête d'oiscau à gauche dans ure 
couronne de feuillage. 

Rerers : un torques entourant cinq boules, une, deux 
et deux : entre les boules de gauche et le torques on voit 
en monogramme (AM). Type de Streber, pl. 1V, fig. 44 et 45. 

Poids, 6: 980 et Ge 318. 

Le Cabinet impérial de Vienne possède deux piéces 
pareilles, du poids de 65. 845, et 7*.340. 

M. de Saulcy en conserve aussi deux dans sa riche 
collection. " 


Je crois qu'il suffit de vous en dessiner une, les diffé- 
rences étant trés-minimes (pl. XII, n° 9). 

Ces pièces se trouvent en Bohème, sur le Main et dans 
l'ancienne Vindélicie. 

Si ‘es signes qu’on y voit sont véritablement des lettres, 
ils peuvent à la rigueur nous donner MA, et Ja première 
idée est de lire, Marbod, Marodunum ou Marcomanni. 

Mais ces signes sont-ils véritablement des lettres? et 
supposé que le graveur de ces monnaies ait effective- 
ment voulu graver des lettres, ces lettres sont-elles bien 
M, ou MA? 

Pour les attribuer à Mur bod, iL mc semble d'abord 
qu'elles devraicnt être un peu mieux gravées, 


294 MÉMOIRES 


En effet, Marbod, un Marcoman de noble extraction, 
élevé à la cour d’Auguste, y avait appris les mœurs et l'ur- 
banité romaines. Les Romaius en s’avançant jusqu'au Dr 
nube, avaient mis les Marcomans dans une position précaire 
et fort difficile. Déjà battus par Drusus, Marbod leur fi 
quitter leur séjour habituel sur le Main, et les conduisit er 
Bohéme, Bojchemum, entourée de toutes parts de montagnes. 
Là il fonda un grand royaume. Ce n’est pas lui, ni ces pet- 
ples germains qui chassèrent les Boiens de la Bohème; il ; 
avait longtemps qu'ilsnel'habitaient plus. Tacite (Germ. 42) 
dit: « pulsis olim Boiis» et cet «olim » prouve assez qu'l 
n'y avait plus de Boïens en Bohème, quand Marbod se 
empara; le nom seul en était resté. 

L'éducation que Marbod avait reçue à Rome, l'avait pre- 
paré à devenir autocrate; il aimait à imiter la manière 
romaine de gouverner; il avait éloigné ses peuples du voi- 
sinage des Romains, et voulait, loin d'eux, être lui-même 
le premier, le plus puissant : dans sa nouvelle patrie, el 
tourée de la forêt Hercyniennc, il se bâtit une résidence, 
Boviapov, il s'entoura de gardes, et après avoir enseigné 
à ses sujets l’art de la guerre, comme il l'avait appris 
chez les Romains, il s'assujettit les peuples voisins, tels 
que les Lugii, les Zoduo, les Bottovec, les Mouyidwvss, les 
EiGvol et les Sivvwse, de la forte race des Suèves °: 
Sa puissance devint formidable ; son arinée était compe- 
sée d’environ 70,000 fantassins et de 4000 cavaliers; il 
commençait à porter ombrage aux Romains, qui avaient déjà 
rassemblé pour l’attaquer 12 légions environ, en l'an 6 de 
J.-C. Cette attaque projetée ne fut empêchée que par une 
insurrection en Pannonie, et la puissance de Marbod ne ful 


1 Strab., Geogr., lib. VIT, éd. Casaub., p. 201. 


ET DISSERTATIONS. 297 


brisée que par la jalousie des chefs mêmes de la nation, 
principalement par Arminius, le Prince des Chérusques, 
aussi élevé comme lui à la cour de Rome; Marbod vaincu se 
retira à Ravenne, où Tibère lui accorda un asile, et où il 
vécut encore environ 18 ans. 

Si nous examinons avec attention tous ces faits histo- 
riques, nous voyons que, comme peuple, les Marcomans 
étaient alors peu considérables; on parle à peine d'eux, 
on ne parle que de leur chef, de Marbod, qui les gouver- 
nait despotiquement : certum imperium vimque regiam com- 
plexus *. 

Si Marbod avait fait frapper monnaie, c'eût été dans le 
fort de sa puissance, lorsqu'il régnait en Bohême ; et alors 
il anrait fait frapper à Boïæmum, et il aurait imité les lé- 
gendes romaines. Les pièces dont nous nous occupons 
n'ont aucune ressemblance quant aux lettres avec la mon- 


naie romaine; et puis, on ne trouve pas seulement ces mon- | 


naies en Bohème ou sur le Main, on les recueille principa- 
lement en Vindélicie, et Marbod n'a jamais rien possédé en 
Vindélicie, où il n’a jamais pénétré; les Romains en étaient 
déjà les maîtres, que Marbod était encore à la cour d’ Auguste. 
Ces pièces sont indubitablement beaucoup plus an- 
ciennes, _ 
_ .Tacite nous fait entendre que les peuples germains 
n'avaient pas de monnaies propres, mais que ceux des 
frontières se servaient des monnaies romaines ; « quam- 
«quam proximi, ob usum commerciorum, aurum et 
-« argentum in pretio habent, formasque quasdam nostræ 
« pecuniæ agnoscunt atque eligunt; interiores simplicius 
«et antiquius permutatione mercium utuntur. Pecuniam 


4 Consultez Tacit., Annal., 11, 26, 44, 46, 62, 63, 


208 


+ probant veterem et 
(De morib. Germ., 5.) 
Or les Marcomans ét 
vivait après Marbod. 
Vous m'objecterez qu 
buer à Arioviste, qui ét 
ce n'était pas un staté 
statère frappé dans | 
Séquanie, et lorsque es 
imitait les usages et la 1 
Les monnaies sur le: 
tout à fait les mêmes qu 
Les Germains toujours 
ils donc frappé la mème 
La trouvaille de Jah 
statères de Biatec sont 
l'avait cru, est presque 
aujet; mais cela ne du 
pièces ont été fabriquée 
experts dans l’art d’ext 
étaient, il est vrai, en gr 
mais ils ne formaient qu 
lant probablement tous 
mêmes monnaies. Je ct 
pendant des siècles de 1: 
du mème poids, et qu 
ayant appris à connai 
ployèrent pour inscrire 
M. Ad. Soëtbeer, dar 
Geld und des Münzwese 
des Regenbogen-Schüss 
« monnaies provenaicn 





ET DISSERTATIONS. 299 


« d'autres peuples d'origine germanique, n’a plus besoin 
« de réfutation, depuis les progrès faits par la science 
« numismatique ; tous les connaisseurs savent maintenant 
« queles Regenbogen-Schüsseln sont d’origine celtique. » 

Vous voyez que je suis loin d’être le seul de mon opinion. 

Il y a encore quelques autres pièces dont parle Streber, 
sur lesquelles on trouve des signes ressemblant à des 
lettres. | 

Sur la pièce n° 34 pl. Ill, il y a dans l'œil de l'oiseau un 
signe À, qu'on pourrait prendre pour un À ou pour un V. 

Sur celles n° 28 pl. II, et n° 71 pl. VI, le même signe se 
trouve du côté des boules; et sur la pièce n° 69, pl. VI, on 
voit un signe Ff ; mais tous ces signes sont-ils bien des let- 
tres? il est permis d'en douter. 

Je ne vous ai rien dit des pièces avec ATVLLOS, et ATV, 
décrites par M. Promis et par moi, ni de eelle avec CVR 
décrite par M. J. Friedlander; elles vous sont connues par 
la Revue. 

Voila, je crois, mon cher ami, toutes les monnaies dites 
Regenbogen-Schüsseln avec légendes qui aient été décou- 
vertes jusqu’à présent. | 


Tout à vous de cœur, 
Fr. de PFAFFENHOFFEN. 


Donaueschingen, décembre 1868, 


LES CONTRE 


A L'ÉPO 


On appelle contrema 
flan d'une monnaie, à 
sion, et à l'aide d'un p 
relief, et plus raremen 

L'emploi des centre: 
antiquité très-reculée, 
Jusqu'à nos jours. 

IL est évident « prie: 
que n'a jamais pu êtr 
cette application s'effet 
pétente quelconque. S 
sans autorité a parfoi 
quant, à l'aide de poinç 
figures ou des mots q' 
toire monétaire de la 
rejette tout à fait en d 
proprement dite ces c 
vie d'étudier. 

Mest donc bien ente 
ne concerne que les 


ET DISSERTATIONS. 304 


anodifié forcément soit le cours, soit l'attribution géogra- 
pique des monnaies qui en ont été revétues. 

Pour cette fois je laisse de côté les contre-marques appli- 
quées: 

Par les Grecs sur des monnaies autonomes grecques. 

Par les Gaulois sur des monnaies gauloises, etc., etc. 

Et j'entends ne m'occuper que des contre-marques ap- 
pliquées sur les monnaies impériales romaines, du haut 
Empire, c'est-à-dire depuis Auguste jusqu'à Trajan. 

Recherchons avant tout, en nous laissant guider par le 
simple bon sens, quels ont pu être les motifs justifiant 
l'emploi d'une contre-marque, sur une monnaie impériale 
ou coloniale romaine. 

Les monnaies nationales étaient, en quelque sorte, chose 
sacrée chez les Romains: on ne devait donc songer à les 
altérer, dans tous les lieux soumis à l'autorité impériale, © 
qu'avec une grande réserve et que poussé par de très- 
bonnes raisons. Ce sont ces raisons qu'il nous importe de 
rechercher et de déterminer. 


I. 


La fabrication des monnaies émises hors des ateliers 
impériaux, devait être très-coûteuse ; si donc il y avait une 
sorte de gloriole à user d'un privilége accordé à une co- 
lonie, par exemple, celle-ci pouvait se voir par la crainte 
de la dépense, condamnée à ne pas exercer le droit d’é- 
mettre des monnaies à son nom. 

En Grèce nous voyons fréquemment des villes autonomes 
s'approprier les monnaies d’autres villes, en y appliquant, 
à l’aide d’un poinçon peu coûteux a’ graver, un type 
local reconnaissable pour tous. C'était s'affranchir des 

1869. — 5. 21 


302 
frais 
toute 
satisf 
ploye 
ne 
la mé 
d'aut 
ou le 
Da 
contr: 
tous | 


Un 
natur 
allons 

Eo 
de pli 
pénur 
de pu 
avoir 
quil 
retiré 
circon 
toire ¢ 
il sinc 
nomb 
lon € 
monni 

lle 


ET DISSERTATIONS. 303 


leur circulation passagère comporter une valeur de béau- 
coup supérieure à leur valeur intrinsèque; car sans cela il 
serait parfaitement inutile de les créer. Ce sont à vrai dire 
purement et simplement des assignats métalliques et rien 
de plus. ° 
Pendant la période du haut Empire, les armées romaines 
partout en mouvement, guerroyant au loin et sans commu- 
‘nications promptes ou faciles avecla métropole, ont dû 
plus d’une fois se trouver exposées à la disette de numéraire ; 
delà a dû fréquemmentsortir la nécessité de créer rapidement 
et à moins de frais possible, un numéraire de convention, 
permettant de faire face aux besoins les plus pressants. Le 
chef de l’armée ne pouvait se permettre d’empiéter sur les 
droits du souverain et inscrire son nom sur Îles poinçons 
que les fabri légionnaires pouvaient fabriquer prompte- 
ment. Le titre IMP. pour Imperator pouvait seul pa- 
raître isolément, dans le cas où le nom du souverain 
n'était pas employé lui-même, pour constater que c était 
avec son assentiment que la monnaie de convention était 
créée. Nous verrons que Tibère s'est permis souvent de 
faire poinçonner son nom sur des monnaies de guerre, et. 
nous serons forcé de reconnaître que cette usurpation 
d'autorité a mécontenté Auguste, au point de décider celui- 
ci à contre-marquer à son tour, et à son nom, les monnaies 
que Tibère avait osé faire siennes, en quelque sorte. 
Comme les contre-marques de Tibère offrent le plus sou- 
vent le type TIB. isolé, puis assez fréquemment le type TIB. 
CAES. et en dernier lieu, mais rarement, le type TIB. 
AVG. nous serons forcé de conclure, que les deux pre- 
miers types ont été employés par ce prince avant la mort 
d’ Auguste. 


D'un autre côté, comme nous trouverons parfois le nom 


304 ut 
de TIB. sur des monnaies 

mort de Tibére, nous seron 
ces dernières contre-marqu 


Il est une dernière raisor 
contre-marque sur des mon 
nouvel empereur a été accle 
Rome, ou par une populati 
venait de disparaitre. C’es 
monnaies de Néron contre- 
formule républicaine S. P. ( 
nom de Vespasien, et, à Trip 
successives IMP. GAL(ba), 
(pasianus). 

Cela posé, pour nous n 
connaissance de cause, lat 
tre-marques appliquées s 
haut Empire, nous devons 
sion des différentes monna 
contre-marques ont été ren: 
ment un tableau chronolog 
devenir la cause détermina 
ques. Nous allons donc dr: 
contentant pour le moment 
ques appliquées sur des 
constamment ‘ : 

4° Sur des monétaires « 


* Jo mets de côté cette fois les m 
quées en Espagne; elles devront & 


7° 
8° 


ET DISSERTATIONS. 


Caligula ; 
9° Sur des monnaies de Claude; 
40° Sur des monnaies de Néron : 
44° Etenfin sur un très-petit nombre de pièces de Trajan. 


Av. J.-C. 
709. 44. 


710. 43. 


711. 42 
712. 41. 
713. 40. 
714, 39. 
715. 38. 


716. 37. 
717, 36. 
718. 35. 
719. 34, 
720. 33. 
721. 32, 
722, 81. 
723. 30. 
724. 29. 
725. 28. 
726. 27, 


727. 26. 
728. 25. 
729. 24. 
730. 23. 


305 


Sur des monnaies d'Auguste frappées à Lyon; 

Sur des monnaies d'Auguste frappées après sa mort; 
Sur des monnaies d’Agrippa ; 

Sur des monnaies de la colonie de Nixes; 

Sur des monnaies de Tibère frappées à Lyon ; 

Sur des monnaies de Caligula: 

Sur des monnaies de Germanicus, 


frappées par 


TABLEAU DES DATES. 


César meurt ; Octave lui suc- 
cède. 


Naissance de Tibère. 
Octave Imperator. 


Livie, mère de Tibère, 
épouse Octave. Drusus, 
frère de Tibère, naît 
3 mois après. 


Bataille d’Actium. 


Octave recoit le nom d’Au- 
ste. Atelier monétaire 
e Lyon fondé. 


Agrippa est consul J11. 


1e TR.POT. d’ Auguste. 
(mort à la XXxVII® ). 


Av. J.-C. 
Agrippa épouse Julie, fille 
d'Auguste. 

731. 22. 

732. 21. 

733. 20. Tibére part pour l'Arménie. 


734. 
735. 


736. 
737. 
738. 


739. 
740. 
741. 


742. 


743. 
744. 


19. 

18. Agrippa reçoit la puissance 
ribunitienne. 

17. 

‘16. Tibère préteur en Gaule 
avec Auguste. Germani- 
cus naît. 

15. Tibère gucrroie contre les 
Rhètes, avec son frère 
Drusus. 

14. 

13. 

12. Autel de Lyon consacré. 
Auguste PONT.MAX. Ti- 
bere soumet la Pannonie. 
Agrippa meurt au retour 
de cette guerre. 

11. Tihère épouse Julie, fille 
d’ Auguste. Elle l'accom- 
pagne en Pannonie. 

10. 

9. Tibère triomphe. Fin des 


campagnes de Drusus 


306 MÉMOIRES 


frère de Tibère, qui meurt 
d’ane chute de cheval. 

745. 8. Tibère souinet; les Germains; 

il est Imperator ; il triom- 
phe. 

718. 7. 

747. 6. Tihère reçoit la TR.POT. pour 
5 ans, et se retire à Rhodes, 

748. 5. 

719. 4. 

750 3. 

751. 2. 

752. 1. Auguste recoit le titre de Pa- 

deJ.-G. ter Patris. 

753. 1. 

7%4. 2. 

755, 3. 

756. 4. Tibère adopté par Auguste 
reçoit la TR. POT. pour 10 
ans. Tibère par l'ordre d’Au- 
guste adopte Germanicus. 

757. 5. 

758. 6. Germanicns questeur gou- 
verne Ja Dalmatie, 

759. 7. 


760. 8. Guerres dirigées par Tibère 
en Germanie, en Jllyrie et 
en Pannonie. 

761. 9. 

762. 10. Germanicus triomphe. Va- 

rus écrasé en Germanie. 

763. 11. Drusus, fils de Tibère, 
questeur. Germanicus , 
proconsul en Germanie. 

764. 12. Germanicus consul. 

765. 13. S. C. conférant à Tibère 
l'administration des pro- 
vinces en commun avec 
Auguste. TR.POT. renou- 
velee. 

766. 14. Auguste meurt. Tihère prend 
le titre d’ Auguste etenvoie 
son fils Drusus comman- 


767. 15. 


76P. 16. 


769, 17. 


770. 18. 


771. 19. 
772. 20. 


773. 21. 
774, 22. 
775. 23. 


776. 24. 
777. 25. 
778. 26. 
779. 27. 
780. 28. 
781. 29, 
782. 30. 
783, 81. 
784. 32. 
785. 33. 
786. 34. 
787. 35. 
788. 36. 
789. 37. 


790. 38. 
791, 39. 
792, 40. 
793. 41. 


794. 42. 
795. 43. 
796. 44, 
797. 45. 


der l'armée de Pannonk. 


Germanicus reprend les e 
seignes de Varus. 
Tibere fait campagne a 
Syrie. Germanicus trion- 
phe des Cattes et des Chi 
rusques; part pour la Syrie. 
Germanicus réunit |s Csp- 
padoce et la Commagin 
aux provinces romaine, | 
Germanicus est empoisonne 
à Daphné près d’ Antioche. 
Drusus, fils de Tibère, rentre 
à Rome et triomphe. 


Drusus fils de Tibére meurt 
empoisonné. 


Tibère se retire à Caprée. 


Livie meurt. 
Caligula pontife. 
Caligula questeur. 


Tibère assassiné par Cali- 
gula, qui lui succéde. 


Expédition à Boulogne. 
Caligula assassiné. Claude 
lui succède. 


DATES DES MONNAIES CONTRE-MARQUÉES. 


AUGUSTE. 


Les pièces d’ Auguste avec CAESAR PONT. MAX. frappés 
avec l'autel de Lyon ont commencé an 42 av. J.-C. 
Les mêmes avec Pater Patriae, n’ont pu être frappées que 


depuis l'an 4 av. J.-C. 


ET DISSERTATIONS. 307 


Les pièces avec DIVVS AVGVSTVS, sont postérieures à 
Van 14 de J.-C. 


TIBERE. 


Les pièces de Lyon avec IMP. V. et IMP. VII. et AVGVST. 
F. sont antérieures à l’an 14 de J.-C. et postérieures à 
Van 4 de J.-C. (adoption de Tibére par Auguste). 

Les pièces de Lyon avec DIVI FIL. AVGVSTVS sont posté- 
rieures à la mort d'Auguste (an 44 de J.-C). 


AUGUSTE ET AGRIPPA. 


La colonie de Nîmes est fondée en 28 av. J.-C. 

Agrippa est mort en 42 av. J.-C. 

Le monnayage aux deux têtes est donc antérieur à l'an 12 
av. J.-C. 

Les lettres P.P. ne peuvent signifier Pater Patriæ, mais 
bien Patroni, puisque Auguste n’a reçu le titre de Pater 
Patriz qu'en 4 av. J.-C. 


AÂGRIPPA. 


M. AGRIPPA. L. F. COS. III. 

Agrippa a été consul pour la troisième fois en 728, avec 
Auguste pour la septième fois, c'est donc en 25 av. J.-C. 

Donc ses monnaies sont frappées de 25 av. J.-C. à 12, 
année de sa mort. 


CALIGULA. 


Les pièces avec Vesta au revers portant TR. POT. 
sont forcément de l’an 37 de J.-C. — TR. POT. ITER, de 


308 MÉMOIRES 


38 ou 39, TR. POT. Ill. de 40. TR. POT. IIIL. de 40 où 
51. — COS. HI. de 41, COS. Ill, de 40, COS. de 37 à 38. 


GERMANICUS. 


Les unes frappées sous Caligula de 37 a 44 de J.-C. 

Celle avec SIGNIS RECEPTIS, DEVICTIS GERM. en 16 
ou 47 sous Tibère. 

Celles sous Claude sont de 41 de J.-C. 


CLAUDE. 


M.B. Ceres Augusta, 41 de J.-C. 

M.B. Constantiæ Augusti, 41 de J.-C. 

G.B. Ob civis servatos, 41 de J.-C. 

M.B. Libertas Augusta, A1 de J.-C. 

G.B. Nero Claudius Drusus, § arc de triomphe, Ai de 
J.-C. 

G.B. Pallas, S.C. 44 de J.-C. 

M.B. — — — 

G.B. Spes Augusta, 41 de J.-C. 

Pas d’autres dates pour les pièces de cuivre. 

Les dates postérieures ne se trouvent que sur l'or et sur 
l'argent. 

Le Sénat après les émissions de la première année de 
règne n’en a donc plus ordonné. La plus récente est de 
54 de J.-C. (Claude est mort en 54.) 

Nous pouvons maintenant commencer nos recherches 
sur les contre-marques appliquées aux monnaies romaines. 








ET DISSERTATIONS. 309 


AVG. et IMP. AVG. 


Cette contre-marque se rencontre, soit seule, soit répétée, 
soit accompagnée d'une autre contre-marque. 

Il est évident à priori qu'elle n’a pu être appliquée que 
du vivant d’Octave Auguste. Pour tout autre que lui on 
n’eiit pas manqué d’ajouter à ce nom quelques lettres dis- 
tinctives. 

Nous la trouvons isolée, 4° sur des monnaies d’ Auguste ' 
frappées à Lyon. (Toulmouche, fouilles de la Vilaine, à 
Rennes). 

2° Sur des piéces de la colonie de Nimes (Toulmouche). 

Dans la trouvaille du gué de Saint-Léonard (prés Mayenne) 
elle s'est rencontrée sur un MB. d Auguste frappé à Lyon, 
avec la légende Caesar Pont. Max. : 

Elle est écrite sur un MB. de Tibére Imp. VII, frappé 
à Lyon, sous la forme (ne 4). 

M. Toulmouche l’a reneontrée redoublée sur un Auguste 
extrait de la Vilaine. 

Je posséde les variétés suivantes dela contre-marque AVG 
isolée : 

Sur un MB. d’Auguste de Lyon. Caesar Pont. Max. (n° 2). 

Sur un GB. d’Auguste frappé à Lyon (Pater Patriae) 
(n° 3). 

Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 4). 

Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 5). 

On le voit, cette contre-marque isolée ne se rencontre en 
général que sur les premières pièces d’Auguste frappées-à 
Lyon, de l’an 12 à l’an 4 av. J.-C. 

Les formes (n° 4 et n° 3), me paraissent plus récentes 
que la forme (n° 2); elles se’trouvent sur un MB. de Ti- 


310 MÉMOIRES 


bère Imp. VII, frappé à Lyon, antérieur à l'an 44 de J.-C. 
et sur un GB. d’Auguste, sorti du même atelier, et de 
l'an 4 av. J.-C. à l'an 14 de J.-C. 

La forme (n° 4) se complique de deux traits dont j Je ne 
saisis pas la signification. 

Octave avait reçu du Sénat le nom d’Auguste en 27 av. 
J.-C. Les premières monnaies frappées à Lyon pour ce 
prince ne lui donnaient que le nom de César et le titre de 
Pontifex Maximus qu'il ne reçut qu’en l’an 12 av. J.-C. Ilest 
donc fort possible que, par ordre, ces monnaies aient été 
contre-marquées du nom officiel AVGustus, lorsqu'elles se 
représentaient dans l'atelier monétaire de Lyon, à partir 
d'un moment que nous ne saurions déterminer d'une ma- 
nière précise. 

Passons maintenant aux groupes de contre-marques dans 
lesquels on voit celle dont nous nous occupons. 

M. Toulmouche se contente de constater sur des mon- 
naies d’ Auguste, tirées dela Vilaine, les contre-marques (n°6) 
ou (n° 7), (n° 8) et (n° 46), accompagnant le (n° 2). 

Le gué de Saint-Léonard, ne paraît pas avoir fourni de 
ces contre-marques accouplées ; du moins ne s'en trouve-t- 
il pas parmi celles qui ont été publiées. 

J'en possède quatre variétés. 

4° Avec n° 47, sur un MB. de Tibère frappé à Lyon, pro- 
venant de la collection Dassy. Impossible d’en lire limpé- 
ratorat ; au revers se voient Jes traces indéchiffrables d'une 
troisième contre-marque. 

2° Avec n° 48, sur une pièce de Nimes, de la même col- 
lection. 

3° Avec n° 9, sur un MB. d’Auguste (Caesar Pont. Max.) 
de la collection Dassy. 


~~ ——<—— RS 


ee 





ET DISSERTATIONS. 341 


A° Et enfin, avec n° 49, au revers d’un MB. de Tibére, 
Imp. VII, frappé a Lyon. 


La contre-marque isolée AVG. (n° 2) se rencontrant fré- 
quemment, il y aurait tout lieu de croire qu'elle a eté ap- 
pliquée la première, pour la raison que j'ai suggérée plus 
haut. 


La différence palpable de taille des lettres composant les 
contre-marques accouplées, prouve sans réplique, qu'elles 
ont été employées successivement et non simultanément. 


Ne se pourrait-il pas que Tibère, dans ses expéditions 
militaires, eût imaginé soit par pure gloriole, soit pour 
fabriquer des sortes de monetz castrenses, ayant une 
valeur supérieure à la valeur courante, d'imprimer son 
nom TIB. ou son titre militaire IMP. sur un certain nombre 
de pièces usuelles? ces contre-marques, en ce cas, auraient 
pu donner aux monnaies ordinaires qui en étaient mu- 
nies une valeur fictive, comme cela a eu lieu aux époques 
relativement modernes, pour les monnaies obsidionales, 
ou de nécessité. Cette façon d'agir aurait pu déplaire en haut 
lieu, cela se conçoit, et dès lors ordre aurait été donné 
d'imprimer à l’aide d'une nouvelle contre-marque, le 
nom de l'empereur régnant, en conservant à la pièce sa 
valeur fictive, pendant la guerre, ou en la lui retirant par 
l'emploi seul de cette nouvelle empreinte, lorsque les néces- 
sités de la guerre avaient disparu. 


A partir de l'an 16 jusqu'à l’an 8 avant J.-C., Tibère 
n’a cessé de commander, en différents pays de l'Europe, 
les armées romaines qu’il conduisit bien souvent à la vic- 
toire. Souvent aussi, le besoin d'argent, pour le service de 
la solde des troupes, a dû se faire sentir dans les camps, et 
dès lors il n’y a rien d'improbable à ce que I’Imperator, le 


312 MEMOIRES 


général en chef, ait cherché par un moyen aussi simple à 
se procurer le numéraire dont il avait besoin. 

De l'an 5 à l'an 12 de J.-C., Tibère, qui avait quitté sa 
retraite de Rhodes, dirigea des guerres incessantes en Ger- 
manie, en Illyrie et en Pannonie; voilà donc sept années 
de plus pendant lesquelles les mêmes faits ont pu se 
reproduire. 

En 44 de l'ère chrétienne, Auguste est mort; iln y a donc 
pas lieu de chercher dans les événements postérieurs à 
cette date fixe, ceux qui auraient pu nécessiter l'emploi de 
la contre-marque AVG. 

Quant à la contre-marque (n° 9) qui accompagne une fois 
la contre-marque AVG., je n’éprouve aucun embarras à 
déclarer qu'elle reste lettre close pour moi. 

Parmi les contre-marques que jemprunte au livre de 
M. Toulmouche, l’une porte le n° 46, si toutefois elle a été 
bien déchiffrée, ce dont je doute; elle doit se lire proba- 
blement : TIB. IM. ou IM., et rentre tout à fait dans la 
classe de celles que je viens d’exaininer. 

Quant à la grande étoile (n° 8), je ne sais qu’en dire. 

Reste enfin le monogramme (n° 7), dont la forme varie 
souvent; nous nous en occuperons plus tard; et je me 
bornerai pour le moment à dire que ce monogramme 
cache ou un nom de ville, ou un nom d'homme. 

Il nous reste à examiner maintenant les contre-marques 
plus complètes sur lesquelles le nom AVG se complique du 
titre officiel IMP. 


Énumérons-les : 


1° (n°10). Ce monogramme s'est rencontré deux fois au 
gué de Saint-Léonard, sur des MB. d’ Auguste, à la légende 
Caesar Pont. Max. 


D eee Le — 
ET TT 





ET DISSERTATIONS. 313 


2° (n° 10). Y a paru une fois avec (n° 41) sur la même 
monnale. 


3° Et une fois avec (n° 12), sur un MB. illisible d’un 
monétaire d’ Auguste. | 


Le numéro 40 me semble comporter une nouvelle expli- 
cation. En effet la présence de la contre-marque IMP. AVG. 
employée sur une monnaie d’Auguste lui-même, ne peut 
guère se justifier qu'en admettant que l'application de 
cette contre-marque surhaussait conventionnellement la 
valeur de la monnaie qui la recevait. Nous avons donc Ia 
très-probablement une véritable monnaie de nécessité ou 
de guerre; une moneta castrensis. Il en est certainement 
de même d’une pièce que je possède et qui provient du 
cabinet du prince de San-Giorgio. 


Ae C'est un monétaire d’ Auguste (gens Licinia) sur lequel 
la contre marque IMP. AVG. a été appliquée de chaque côté, 


La pièce mentionnée en second lieu avec les contre-mar. 
ques n°’ 10 et 44 me paraît rentrer tout à fait dans la classe 
des pièces contre-marquées deux fois de AVG. et de TIB. 
Seulement Tibère y a pris le titre de Tiberius Caesar, et Au- 
guste celui d’ Imperator. 

Quant à la 3° variété offrant le monogramme (n° 12), 
celui-ci pourrait à la rigueur se lire CAES. pour Caesar ; 
nous y reviendrons. Contentons-nous pour le moment de 
constater que cette contre-marque (n° 42) s'est trouvée isolée 
au gué de Saint-Léonard six fois sur des MB. d Auguste, 
frappés à Lyon avec la légende Caesar. Pont. Max. ; une fois 
sur Je MB. d’un monétaire (gens Mæcilia) etenfin sur un MB. 
de Claude au revers de Pallas. Or comme cette dernière 
monnaie n'a été frappée qu'en l'an 44 de J.-C., la contre- 
marque en question est postérieure à Auguste et à Tibère, 


314 MÉMOIRES 


et n’a pu être employée au plus-tôt qu’à partir du règne de 
Claude. Je le repète ; nous y reviendrons plus tard. 

5° Je possède, provenant du cabinet San-Giorgio, un 
monétaire d’Auguste (gens Salvia) offrant les deux contre- 
marques (n° 10) et (n° 47); la seconde y est évidemment 
d'application moins fraîche que la première, puisque celle- 
ci a empiété sur l'encadrement de l’autre. Cette fois encore 
nous devons nous en tenir à l'explication probable des 
doubles contre-marques d'Auguste et de Tibére. 

6° M. Toulmouche nous a fait connaître une pièce d'Au- 
vuste portant les trois contre-marques (n° 50, 54 et 52). 

Les deux premières doivent probablement se lire : INP. 
AVG. et TIB. AVG. 

Quant à la troisième, les lettres CA peuvent sinterpréter - 
de bien des façons; comme CAstra, CAesar, Colonia Arau- 
sio, ou Arelate, etc. Il est donc plus prudent de s'abstenir. 
Remarquons que le nom de Tibère est accompagné cette 
lois du titre Augustus; dès lors forcément cette contre- 
marque n'a pu être employée que postérieurement à 
l'an 44 de J.-C., date de la mort d’Auguste, et par consé- 
quent la contre-marque INP. AVG, a précédé sur la pièce 
en question celle de Tibére. 

Nous devons encore à M. Toulmouche la contre-marque 
n° 53 trouvée sur un MB. d’ Auguste extrait du lit de la Vi- 
laine, à Rennes. Il faut certainement la lire IMP. AVG.; elle 
appartient infailliblement à la classe des monetæ castrenses 
du règne d Auguste. Quant aux lettres CN, il est plus pru- 
dent de pas essayer d'en deviner le sens, car elles peuvent 
aussi bien recouvrir le nom d’un personnage tel que Caius 
Norbanus (qui fut préfet de Rome sous Jules-Cæsar), ou 
celui d’une colonie, comme Colonia Narbonna, que les mots 
Castrensis numus. Ne nous arrétons donc pas à des inter- 





ET DISSERTATIONS. 315 


prétations de ce genre, bonnes tout au plus pour le 
P. Hardouin. 

Reste enfin une contre-marque publiée par M. Toulmouche 
et qui se présente sous la forme (n° 13); elle se trouve sur 
un MB. d’ Auguste; on serait tenté d'y trouver le nom 
d’un Forum Augusti; malheureusement il n’y a pas de 
Forum Augusti dans toute |’étendue de la Gaule. Quant à 
la lecture Filius AVgusti, ellene saurait étre admise, puis- 
que la bonne latinité exigerait AVF., en ne tenant méme 
pas compte de l'abréviation insolite AV. pour AVG. 

Nous étudierons plus loin, sous la rubrique Imperator 
une contre-marque double publiée par M. Toulmouche et qui 
se présente sous la forme (n° 44) et (n° 48). 


F. DE SAULCY. 


(La suite au prochain cahier.) 


316 MÉMOIRES 


MÉDAILLON INÉDIT DE CONSTANTIN LE GRAND 


Après la description des médailles impériales donnée par 
M. Henri Cohen, c’est un bonheur pour un numismatiste 
d’avoir à signaler une rareté qui a échappé aux recherches 
si patientes et si complètes de ]’éminent auteur. Aussi est- 
ce avec plaisir que nous allons décrire dans la Revue nu- 
mismatique un grand médaillon d’or de Constantin I“, 
inédit et unique jusqu'ici, dont nous avons fait l’acquisi- 
tion, il y a peu de temps. 

Cette précieuse médaille, d’un travail remarquable, a 
été trouvée en Flandre ; elle a 32 millimètres de diamètre 
(module 9) et pèse 20 grammes 90 centigrammes (1). Elle 


1 Le bel ouvrage de don Vincent Vazquez Queipo sur les poids des mon- 
naies antiques et les observations aussi savantes que judicienses de MM, Robert 
et Fr. Lenormant, insérées dans la Reoue numismatique (1866, p. 116 et 1867, 


ET UISSERTATIONS. 917 
porte une large bélière à trois bandes, soigneusement sou- 
dée. Voici la description de ce bijou : D.N. CONSTANTINVS 
MAXIMVS AVG. Buste Jauré à gauche de Constantin le 
Grand, avec une cuirasse en égide au centre de laquelle se 
voit le gorgonium ou tête de Méduse. L'empereur tient 
dans Ja main droite un globe surmonté d’une Victoire. 

à. CRISPVS ET CONSTANTINVS NOBB. CAESS. COSS. 
IL. (4) Bustes laurés en regard des deux filsde Constantin I", 
Crispus et Constantin le Jeune, revétus de la toge. Les 
deux Césars tiennent chacun un sceptre terminé par un 
aigle, insigne des consuls. Le second porte un globe ou | 
une bulle sur la poitrine. A l’exergue on lit SIRM., indice 
de l'atelier de Sirmiun. 

Comme on le voit par la légende du revers, ces deux 
priuces sont consuls pour la seconde fois, consules ile- 
rum. Notre médaillon ne peut donc avoir été frappé 
avant l’an 324, et il est très-probable qu'il l'aura été cette 
nnée même pour célébrer la procession consulaire des deux 
Césars dont le premier avait vingt et un ans et le second, 
cinq ans à peine. Sans doute cette médaille fut aussi des- 
tinée à consacrer le souvenir des victoires du grand empe- 


p. 127), ont suffisamment prouvé que les médaillons sont des multiples exacts 
de la monnaie. Notre médaille vient encore confirmer cette règle; sa pesée 
donnant 205,90, le quart est de 58°,225. 1] est vrai que Ja moyenne du poids 
du premier aureus de Constantin le Grand est de 55°,314, ce qui semblerait 
établir une différence de 35 centigrammes. Mais si l’on considère que la bé- 
litre de notre médaille eompense à peine la perte de poids résultant d’un leng . 
usage, on verra facilement que notre médaillon est bien le quadruple de 
Paureus. 

1 Si les jeunes consuls ne reçoivent pas ici le titre de Domini nostri que 
Jeur donnent les inscriptions et plusieurs de leurs monnaies, c'est à cause de 
ia présence, au droit, de leur père, le Dominus noster par excellence en qua- 
lité d’ Auguste. . 

1869. — 5. 22 


313 MÉMOIRES — 


renr et de celle que son fils Constantin avait remportée 
sur les Francs, l'année précédente. 

La bélière'et la faible conservation de notre médaillon 
disent assez qu'il a été porté longtemps comme ornement: 
peut-être a-t-il servi de décoration. 

On connaissait déjà cinq médailles représentant Cons- 
tantin le Grand et ses fils Crispus et Constantin le Jeune; 
elles ont été décrites soit par Mionnet (De la rareté et du 
prix des médailles romaines, t. II, p. 229}, soit par 
Meynaerts (Revue de la numismafique belge, t. I, p: 334), 
ou par M. H. Cohen (Description historique, t. VI, p. 229). 
Ces médailles qui comprennent deux petits médaillons d'or, 
un aureus, un denier et un moyen bronze, diffèrent sous 
beaucoup de rapports de notre curieux et intéressant mé- 
daillon qui n’en reste pas moins une nouveauté numisma- 
tique d’an haut intérêt: 


DANCOISNE. 


ET DISSERTATIONS. 519 


ESSAI SUR L'HISTOIRE MONÉTAIRE 


DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE 


f 


ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. | 
(1482 — 1556.) 


(Véir plas haut, p. 86 et 243.) 


nee 


La réduction considérable dans, le taux des monañies | 


résultant de l'ordonnance précédente et de l'instruction 
qui la suivit, devait amener une perturbation dans le 
payement des rentes et des dettes contractées sous l'em- 
pire des précédentes évaluations. Aussi une partie de la- 
dite ordonnance est consacrée aux prescriptions relatives 
à cet article. Ce n’est certes.pas une des phases les moins 
curieuses d’une histoire monétaire que cette nécessité où 
l’on se trouvait de prescrire par voie d'ordonnances les 


rapports.entre les débiteurs et les créanciers, et d’'inter- 


venir à chaque instant, pour ainsi dire, dans les transac- 
tions commerciales. C'était une conséquence forcée de Ja 


variation incessante de la valeur des monnaies, digne dat: . 


tirer l'attention de l’historien et de l'économiste. C’est & ce 


titre que je transcris textuellemeat ce passage : « Tiem;- 
« est ordonné que toutes manières de debtes, faictés et =" 


« contractées auparavant lentrée de ceste ordonnance, à 
« cause des deniers prestéz ou de vendicion de denrées, 


320 | MÉMOIRES 


« marchandises, terres, héritaiges, louaiges de maisons, 
« arriéraiges de rentes et autres semblables, dont les ter- 
a mes de payement sont escheuz ou eschéront avant len- 
« trée de ceste ordonnance, se payeront et remboursæroni 
«en la maniere que sensicult, assavoir : celles dont les 
« payements sont escheuz avant le jour Saint Jehan, quatre 
« vings et sept, se payeront en florins de vingt patars 
« pièce de la nouvelle inonnoie qui sera forgée par ces- 
« dites ordonnances. Item, les debtes desquelles les paye- 
« mens sont écheuz depuis ledit jour Saint Jehan mir™vit 
« jusques au Noël ensievant audit an, se payeront esdits 
« florins dor au pris de vi solz gros monnoie de Flandres 
u pièce. Item, celles dont les payemens sont escheuz de- 
« puis le Noël 1111°* et sept jusques à la Saint Jehan quatre 
« vings huit se payeront esdis florins au pris de sept solz 
u gros dite monnoie pièce. Item, celles qui sont escheues 
« depuis ledit jour de Saint Jehan ini™vin jusques au Noël 
« ensievant audit se payeront esdis florins au pris de 
« huit solz gros monnvie que dessus pièce. hem, cehés qui 
~ « sont escheues depuis ledit jour de Noël ‘ir huit jasques 
«A la Saint Jehan mi" neuf se payeront esdis florins au 
« pris de neuf solz gros pièce. Item, et celles qui sont es- 
« cheues depuis ledit jour Saint Jehan inv neuf jusques 
« au jour de ceste dite ordonnance, se payeront esdiis 
« florins au pris de dix solz gros dicte monnoie pièce ; 
« saulf toutes fois que se és lieux ou ledit florin dor naura 
« point eu cours pour lesdis dix solz gros durant ce dit 
« darrain demy an, se payeront Iesdites’ debtes es- 
” « cheues en icellui demy an seullement selon et à tel pris 
« que lit florin dor aura eu cours ‘esdits lieux et 
| u saulf’ aussi que se les obligations et convenances des- 
« dites débies estoient autrement faictes, lon entretiendroit 


de ee 
pe Rs mm eee ee ee — 


ge ne 


« 


ET DISSERTATIONS, 321 
les formes dicelles obligations et convenances touchant 
leadis payemenset sront tenus de ce faire les debteurs. 
Iiem' on cas que: lesdites debtes. escheues depuis: ladit 


« jour saint Jehan ini'vi ne sont: payées en dedans le 


« 


à 


terne dun mois après la publication de ces ordomiances, 
les debteurs seront tenus après ledit terme dun mois 
expiré, payer icelles debtes au pris de ladite nouxelle 
monnoie, Îlem se pareidevant aucunes terres, maisobs, 
héritaiges, préz, bois, mourez, dismes ou autres sem- 
blables biens, ont été bailliés à ferme ou admodiacian à 
livres, solz et deniers, dont les arriéraiges ou- partie 
diceulx escheirent avant le jour de Saint Jean ir et 
sept sont encoires a présent deubz par les censiers fer- 


Mers en admodiateurs, seront tenus de payer les- 


dis arriéraiges escheus et deubz comme dit est, en 
flerin. dor dudit pris de vingt patiars de ‘Ja nouvelle mon- 
noie ou aultre monnoie ayant cours par ladite ordonnance, - 
à la valeur dudit floria dor. Et quant aux arriéraiges 
diceulx biens qui sont deubs et escheus depuis ledit jour 
Saint Jean un" sept jusques au jour de ceste publication 
il en sera fait comme des debtes contenues és articles 


« précédens. Et au regard des fruiz prouffis et émolumens 
« desdites terres, maisons, héritaiges, prez, bois, mourez, 


: dismes et: autres semblables biens, qui sont à présent, ct 


seront cy après bailliés à ferme ou admodiacion à: la 
manière dicte, dont le terme de payement eschera aprés 
ladicte. entrée et publication de ces présentes ordon- 
nances, lesdis debteurs, fermiers, censters.ou admodia- 


« teurs seront tenus de payer lesdites fepnies ou admodia- 


cion desdis termes advenir, esdis florins de vingt pattars 
de la nouvelle monnot pièce ou en aultre monnoie ayant 
cours par icelle ordonnance, à Ja valleur dudit florin 


322 MÉMOIRES 


« dor. Item que a lentrée de ceste ordonnance, toutes les 
« rentes héritables et viaigières qui ont esié vendues à 
« levre de gros moanoie de Flandres, devant le Saint Jehan 
« Livni se payeront en cours à livre de gros assavoir : 
« six florins dor tels quils serent forgiez par ceste ordon- 
« nance; et sil advenoit que cy apres lon en vaulsit aucane 
« rachatter, lon payera pour chacune livre de gros six 
« florins dor, et se cestoient aucunes rentes sur maisons ou 
« corps de villes, ow personnes particulières qui fussent 
- a Chargées à livres de quarante gros, lon payera pour le 
« cours de ladite rente de quarante gros la Livre, wng flo- 
« rin dor: et aussy se aucunes rentes estoient vendnes 
« comme dessus à livres parisis dite monnoie, pour la 
« livre lon sera tenu de payer demy -fforia dor pour le 
« cours de la rente de chacune livre parists et aussy de 
« toutes autres rentes à l'avenant. Hem que toutes les 
« rentes héritables et viaigères qui sont vendues :au pays 
« de Hollande Mellande et Frise à Guillermus dor se 
« payeront decy er avant pour chacun Guillermus ung 
« florin dor ow vingt pattars de la nouvelle monnoie pour 
« ce qu'il est dit par ceste ordonnance que ledit Guillermus 
« aura plus cours. J{em des rachas de toutes manières de 
« rentes lesquelles ont esté vendues depuis le jour de Saint 
« Jehan mus” et sept et que par comvenanches lon peut 
« rachetter, payera lon en telle mennoie, comme furent 
« achetées.lesdites rentes ou la valeur en aultre monnaie, 
-« ayant cours par ceste ordonnance; Item-et au regard dur 
« cours desdites rentes pour le temps advenir, après la 
-«. publication desdites ordonnances, ees se payeront de 
« telz deniers qui auront cours par ceste dicte ordonnance, 
«’ meismement est à entendre que les rentes achetées à 
.« denier dor, se payeront' à telz denieys dor. comme le. 





ET DISSERTATIONS. 323 


« contiennent les lettres desdits achats, ou en aultres 
« deniers à la valeur et selon icelle ordonnance, Item et 
« au regard des payemens des termes advenir après la- 
« dite publicatien, deubz pour raison de marchandise, 
« deniers empruntés, deniers de change, deniers promis et 
«. aulires choses semblables, ilz se payeront. à florin dor 
« ou la valeur en autres deniers dor et dargent au pris 
« qu'il avoit cours au jour de da vendicion desdites mar-. 
« chandises, pretz fais, que lesdis deniers de change 
« furent bailliés et que les promesses -desdis deniers pro- 
« mis furent faictes, saulf toutefois que se par aucunes 
« lettres et convenances bailliés, i} estoit autrement dit et 
« traicüé; en ce cas lon sera tenu de payer selon la teneur 
« desdites lettres et convenances '.,... ». 


1 L’ordonnance du 14 décembre 1489 contient encore diverses prencrip-. 
tions relatives tant aux orfévres qu'aux changeurs, et quelques autres que 
voici, concernant spécialement la fabrication des monvaies. oo 

Les maîtres particuliers, avant de commencer à travailler, donneront cau- 
tion et recevront des maîtres généraux le patron du marc; et, en rendant 
les boîtes, jureront qu'ils n’ont rien délivré, si ce n’est conformément à ce 
patron. | 

Les boîtes seront fermées à trois clefs qui seront gardées dans la chambre 
des comptes. Elles seront ouvertes une fois l’an, en présence du maître gé- 
néral de toutes les monnaies, de celui des monnaies du pays, et de crux des 
villes où Pon fera la monnaie. 

Le maître particulier a droit à un grain de remède ; s’il prend deux grains, 
il payera quatre grains d'amende; s'il prend trois grains, il sera ‘puni par la 
justice du chaudron. Il aura droit à un esterlin en poids par marc d'œuvre de 
remède sur les grands deniers d'argent, et sur les petits à proportion. S'il 
prend deux esterlins, il en payera quatre d'amende; s’il en prend trois, il 
sera puni par la justice du chaudron. Sur les deniers d'or, il y aura un 
demi-esterlin de telérance; s’il prend un esterlin, il sera à l'amende de 
deux esterlius; et pour un esterlin et demi, ce sera par la justice du 
chaudron. _ 2 

Les gardes peseront les florins et autres deniers par trois mares, et chacun 
éselément, de manière à s'assurer que chacun ue dépasse pas le remède 


524 MÉMOIRES 
Gand n'avait pas adhéré à Ja paix de Plessis-lés-Tours, 
signée le $0 octobre 1489, et continuait à se tenir en hos- 


tilité contre Je roi des Romains, malgré les efforts qu'avait 
faits le comte de Nassau, lieutenant de Maximilien, pour 


calmer les révoltés. Cependant, comme Ia résistance venait’ 


surtout du désir d'échapper aux conditions humiliantes et 
onéreuses que contenait ce traîté, et que l’on pouvait espé- 
rer voir le prince revenir à des sentiments plus bienveil- 
Jants, il est à présumer que les Gantois s’abstinremt, à par- 
tir de 1490, de continuer à user de l'octroi que le roi de 
France leur avait fait, et qu’ils n’émirent aucune monnaie 
pendant le courant de cette année. Du moins if ne nous er 

est parveñu aucune. Mais iln’enest pas de même de l’année 
4491. Le 11 juin. Gand se déclare de nouveau en révolte 

ouverte, et le fameux doyen des métiers, Jean Copenholle, 


prescrit. Les deniers trop fuibles seront coupés et refundus, l'ouvrier perdra 
son salaire, payera dix florins d'amende, et ne pourra travailler dans aucune 
monuaie jusqu'a ce qu'il uit corrigé son ouvrage. 

Un ooutre-garde sera nommé par ceux de /a loi des villes où se fuit la mon- 
raie, qui certifiera que les deniers sont conformes aux ordonnances, 

Le garde et le contre-garde assisteront à Ja délivrance du hillon. | 

Tovs les officiers des monnaies ne seront reçus qu'après examen passé de- 
vant le maltre général de toutes les monnaies. 

Défense de recevoir et fuire circuler des monnaies n'ayant pas le poids. A 
cet effet, dans chaque ville, on nommera denx ou trois personnes au plus, 
payées par la ville, chargées de peser les deniers qu'on lenr présentera, sans 
pouvoir en vendre ni en acheter. Quand elles en trouveront de trop légers, 
elles Jes rendront à leur possesseur, en le prévenunt dela faute qui s’y trouve. 
Pour satisfaire aux besoins de cette charge, ils feront faire des petits bicquets 
garnis des poids du lion, du ridder, du florin, et autres, pour que chacun 
puisse s'assurer si les deniers d’or ont le poids voulu. 

Jusqu'au 1‘ mars 1490, les deniers désignés à la présente ordonnance 
pourront avoir cours pour les prix fixés, et pourvu qu'ils soient beaux et non 
soudés. Passé cette époque, on ne sera plus tenu de les recevoir, mnis ceux 
qui voudront le faire le potrront jusqu'à Pâques. sans contravention. Après 
cette époque, on ne les considérern que eomme billon. 


em Ce eee eee on ae - 


ET DISSERTATIONS. 325 
est mis à la tête, comme capitaine de la ville. Pendant 
cette nouvelle levée de boucliers qui dura jusqu'au 20 juil- 
let 1492, nous voyons par. deux patards portant la date de 
1491, et le nom de la ‘ville de Gand, que le magistrat de 
cette ville fit de nouveau travailler dans l'atelier monétaire, 
conformément à l'octroi qui lui avait été fait. Bien que 
cette division. seule nous soit parvenue; il est vraisem- 
blable ‘qu'elle était accompagnée de toutes les autres 
pièces du même système, telles que double -patard, gros, 
pièces de 12, 6 et A mites, etc., etc. L'absence de l'instruc- 
tion monétaire qui dut-étre alors délivrée au maître parti-, 
culier, et que je n’ai pu retrouver, m’empéche d'aflirmer 
l'exactitude de cette hypothèse. 

La révolte s'était étendue beaucoup moins que la pre- 
mière fois, grâce aux efforts des lieutenants de Maximilien. 
Peu de villes avaient fait cause commune avec Gand. Bru- 
ges était rentrée dans l’obéissance, dans le courant de dé-. 
cembre 1490. Aussi le roi des Romains put-il, sams attendre 
la réduction de Gand, convoquer,. vers la fin de 41491, 
les États généraux non-seulement de la Flandre, mais aussi 
du Brabant et des autres pays, qui se réunirent dans la 
ville de Malines. Cette assemblée s'occupa des monnaies, 
et trouvant peut-être que la réduction fixée par l'ordon- 
nance du 14 décembre 4489 était exagérée, vu les circon- 
stances, elle demanda que le florin d'or à Ja croix de Saint-. 
André fat évalué à 24 patards, au lieu de 20, et les autres 
monnaies à l'avenant. Maximilien s’empressa de se rendre 
au désir qui lui était manifesté, et rendit en conséquence 
une ordonnance à la date du 4" avril 4494, avant Pâques 
. (1492), * dans laquelle, après avoir désigné les monnaies 


* C’est par le préambule de l'ordonnauce que nous avons appris ce qui 
précede. 


$26 MÉMOIRES 


nouvelles dont ja Fabrication était endennce, i rappelle ies 
monnaies tat d'er que dengent dent le cours était toléré. 
Parmi celles-ci nous trouvons le patart forgié à Gand di 
Coppenolle évalué deux gros et ung gigot. Ce fait dit assez 
que Maximilien reconnaissait que les Gantoig avaient agi 
légalement, lorsqu'ils avaient émis cette monpaie en vertu 
d'une autorisation régulière du suzerain ’, sans quoi 
nul doute qu'il n'eût relégué cesdites monnaies parmi celles 
classées comme billon *. 

Les monnaies nouvelles indiquées dans l’ordennance 
précitée, devaient être aux types adoptés en 1474, par: 
Charles le Téméraire, et suivis en grande partie par sa fille. 
Leurs désignations n'étaient que la reproduction de celles 
contenues dans une instruction antérieure en date du 24 
mars 4491 (v. st.), et dont voici les extraits, en ce qui con- 
cerne les monnaies d'argent, les conditions pour la fabri- 
cation du florin d'or, seule pièce de ce métal qui y figure, 
étant les mêmes que précédemment , et n'y ayant que la 
valeur qui soit changée, étant portée à 24 patards. 

« Îiem le maistre fera forgier le double pattart à deux 


* $1 faut rapporter au même motif Je pardon qui fat accordé par le traité de 
Casant aux ouvriers qui avaient travaillé à la fabrication des monnaies gan- 
toises, ainsi que le mentionne l’article suivant de ce traité : 

« Les francz monnoïieurs, quy, durant les divisions ont furgé à Gand sans 
« le congé et ordonnance du prince, demenrerout en leurs fran@ses et 
« libertéz, et leur sera le fait pardonné. » (V. J. Rouyer, op, cit, Recue 
numism,, année 1849, p. 139.) 

2 La hnusse des monnaies nécessitait de nouve'les prescriptions pour le 
piyement des dettes ou des rentes de toute espèce. Maximilien ne manque 
pas à cette obligation. Il décide qu'à partir du jour de Ja publication de l'or- 
donnance de 1489 jusqu'au jour de l'apparition de la nouvelle, les dettes, 
rentes, etc., seront payées suivant l'énumération fixéc à l'ordonnance de 1489, 
et que, à partir de la publication de celle de 1491, l’on règlera au taux indiqué 
pour les monnaies par cette dernicre, 





ET DISSERTATIONS. 327 


« lyons & dix deniers argent le Roy et de sept solz en taille 
« au marc deuvre qui. aura cours pour quatre gros au 
« reméde d'un grain en alloy et d'un diceulz deniers en 
« poix sur chascun marc deuvréd, lequel il fera ouvrer bel 
« et ront et tailler de bon pois, assavoir que le plus foible 
« sera taillié à ung aëskin près du droit, et le plus fort 
«à ung aeskin plus fort que le droit, au remède de quatre 
« fors et quatre foibles et non plus. » 

a Item ledit maistre fera forgier ung autre denier blanc 
« à ung lyon, qui aura cours pour deux gros à cincq deniers | 
« argent le Roy, et de sept solz ung denier de taille au 
« marc deuvre, au remède don grain en alloy et dun 
« demy diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre, 
« lequel denier il fera ouvrer bel et rond et taillier de bon 
« poix, assavoir, le plus foible sera taillié à ung aeskin près 
« da droit, et le plus fort à ung aeskin plus fort que le 
« droit, au remède de cincq fora et de ened foibles et non 
a plus, » ’ 

« Item, ledit maistre fera forgier encores ung autre de- 
« nier blanc à ung demy lyon à quatre deniers argent le 
a Roy et de x1.s. v.d. de taille au marek qui aura cours pour 
« ung gros, au remède dung grain en alloy et de deux 
« diceulx deniers en poix stir chascun marc deuvre; lequel 
« denier il fera ouvrer bel et ront ét taillier de bon poix, 
« assavoir : que le plus foible sera taillié à ung deuskin 
‘« près du droit, et le plus fort sera taillié à ung deuskin 
‘« plus fort que le droit, au reméde de six fors et six foibles 
« qui pourront estre plus foibles lesdicts six foibles ung 
« ferlin et demy, et lesdicts six fors un ferlin et demy 
__« Sans autre remède. » 

Cette instruction ne tarda pas à être modifiée par une 
autre rendue le 48 juillet 4492, La nouvelle comprenait 


328 MÉMOIRES 


un changement apporté dans l'intérêt du maître particu- 
lier, et ordonnait en même temps la fabrication des divi- 
sions monétaires inférieures au gros qui n étaient pas pré- 
vues dans la précédente. La transcription qui est donnée 
ci-dessous, apprendra mieux que toute autre chose le motif 
(qui a amené le prince à consentir à Jadite modification. 

« Pour pdurveoir aux doléances que nous a fait le 
maistre particulier de ladicte monnoie de Flandres, en 
remonstrant quil ne lui est bonnement possible de forgier 
le denicr de gros selon le brassaige qui leur est tauxé 
par sa derrenière instruction, pour ce que son sallaire 
est trop petit, toutesfois leurs charges et. despences sont 
beaucoup ples grandes en toutes choses que par cidevani 
nont esté, et aussi les matières tant cuyvre, charbon, 
wynsien (tartre) etautres plusieurs choses servant ou faict 
de la monnoye, ces choses considérées, avons pour le 
bien du Roy et de Mons’. lArchiduc et de la marchandise; 
et affin que les marchans puissent mieulx faire payemens 
les ungs avec les autres et que chascun soit mieulx sorty 
desdis deniers, consenty et accordé audit maistre que 
dycy en avant il forgera les deniers de gros à sui. d. de 
loy argent le roy et de x1. s. v. d. de taille. au marc de 
Troyes, ainsi que sadicte instruction le contient, au 
remède de deux grains en aloy et de deux diceulx deniers 
« en poix sur chacun marc deuvre. Et pour subvenir aux 
« charges quil a de crue en ladicte monnoie, ledit maistre 
« aura et prendcra à son prouflit ung diceulx grains de 
« remède sur chacun marc deuvre à celle fin, afin qui! . 
« puisse faire-forgier lesdits deniers pour le bien de la 
chose publicque. » 
« Item ledit maistre fera forgier ung denier blanc nommé 
« demy gros a- trois deniers de loy argent le roy, et 


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2 2» @® RR m@ & n2eee,,eeae2e e& a & 8B 


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ET’ DISSERTATIONS, . 829 
dé xvii. s. x. d: de taille ou marc de Troyes, au remède 
de deux grains en aloy et de huit diceulx deniers en poix 
sur chascun marc deuvre, lesquelz deniers il fera oavrer 


‘beaux et ronds et taillier de bon poix. Et devra ledit 
-maistre aux marchans de chascun marc dudit argent le 


FOY: XXXII‘ 8:11. d. gros. » 


«a? Jiem ledit maistre fera forgier ung denier blanc nom- 


mé quart de gros à deux deniers le roy et de Xxif!. s. x. 
(I, de tailleau marc de Troyes, au remède de deux grains 


en aloy et de dix diceulx deniers en poix sur chascun 


marc dœuvre; lesquelz deniers il fera ouvrer beaux et 
ronds et taillier de bon poix..... » | 

« Item lédit maistre fera ouvrer ung denier noi nommé 
courte à huit grains de loy et de xvirt. s. de taille au 


« mare de Troyes, au remède dun grain en alloy et de 


“huit diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre... » 


« Hem ledit maistre fera forgier ung autre denier noir 
nommé mitte à six grains de loy argent le Roy, et 


‘de xxx s. de taille au marc de Troyes, au remède dun 


grain en alloy et de xm diceulx deniers e en » poix sur chas- 
cun marc deuvre... » 
Le prix à payer aux marchands par marc d'argent le roy 


était le même que pour le: densi-gros, trente deux sous 


‘! trois deniers gros.’ 


‘Peu de temps après cette dernière instruction, nous trou- 


--vens dans les registres de la chambre de Lille une autre 
. datée du 12- octobre 4492, qui contient de notables diffé- 


rences avec léBprécédentes; non-seulement dans l'aloi, 
mais aussi dung l’évaluation de Ia valeur des monnaies, no- 


tamment pour le florin. On en jugera par les extraits que 


. jen donne ci -après. 


« Premiers est ordonné par. le roy nostredit sire, estre fait 


$30 MÉMOIRES 


« wng denier dur, de dixhuit quarats et demy or fin, 

« qui sera alloyé de trois quarats et demy argent fin et de 

« deux quarats de cuivre, et de six solz trois deniers en 

« taille au marc de Troyes, qui aura cours pour trois solz 

« six deniers de gros monnoie de Flandres, au remède dun 

« grain en alloy et dun demy estrelin en poix sur le marc 

« deuvre; lesqnels deniers il fera ouvrer beaulx et ronds 

« ct de bon recours, au remède de trois furs et de trois 

« foibles; cest assavoir que le plus fort pesera à ung ase- 
« kia plus fort que Je droit et le plus foible a ung asekin 
« près le droit sans quelque autre remède de fors ne de 
« foibles, dont la traicte dor fin sera quatre vings dix-sept 
« livres cinq solz uoze deniers huit mittes et une quart 
« large dempirance. » 

Les marchands recevaient pour le marc d'or fin 94 livres 
et demie d'empirance ', et par marc d'aloi six livres. Le 
droit de seigneurage est établi à dix sols gros par marc; 
le surplus demeurant au maître particulier pour son tra- 
vail « ainsi quil se fait es monnoies des électeurs de 
lempire. » 

« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung denier 
« dargent de dix deniers argent le roy et de sept solz ung 
« denier au marc de Troyes, qui aura cours pour quatre 
« gros monnoie de Flandres, au remède d'un grain en alloy 
« et dun estrelin en poix sur le marc deuvre lesquelz 
« deniers il fera faire beaulx et ronds et de bon recours, 
« au remède de trois fors et de trois foibles, cest assavoir 
« que le plus fort sera a ung quart de fephin plus fort que . 
« le droit, et le plus foible aung quart de ferlin près du . 


1 Le mot empirance est employé ici avec sa véritable signification, car il y a 


à la fois, pour le florin et le double patard, diminution du titre et du poids, et 
augmentation de valeur, da moins en ce qui concerne Ia monnaie d’or. 


ee Te ER ee Ce ee 


ET DISSERTATIONS, 331 
é droit, sans quelconque autre reméde de fors nede foibles, 
« de quoy lou donnera aux marchans pour chacun marc 
« argent le roy, trente deux 8oh ‘trois deniers pros. Le 
« Roy aura pour son droit de seignourage de .cliascun 
« arc argent le roy, douze gros monnoie dite, et la reste 
« demourra audit maistre particulier pour son ouvrage et 
a brassaige. » 

« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung aaltre 
« denier de cincq deniers argent le roy et de sept solz ung 
« denier au mare de Troyes. comme lon fait présentement 
« qui aura cours pour deux gros monnoie de Flandtes la 
« piècé au remède dun grain en alloy et dun estrelin 
« en poix sur le marc deuvre; lesquelz deniers il fera 
« ouvrer beaulx et ronds et dé bons recours, au rembde de 
« trois fors et trois foibles sur le marc deuvre; cest assavoir 
« que le plus fort pesera ung quart de ferlin plus que: le 
« droit, et le plas foible ung quart de ferlin près du droit, 
« sang quélconque autre remède de fors. ne de foibles; de 
« quoy lon donnera aux marchans et changears de cba- 
« cum marc argent le roy tenant huit deniers et en dessoubz, 
« trente ung solz unze deniers gros. Le Roy aura pour 
- « chascun marc argent le roy douse deniers gros ét : la 
« reste denjourra audit maistre particulier pour son ou- 
a vrâige et brassaige. » . 

ll n’y a pas de conditions particulières pour les gres et 
les monnaies divisionnaires inférieures ‘au gros. Il est dit 
seulemetit : « Item et touchant les groz, demi-proz, quart 
« de proz et autre noire monnoie se fera par les généraux 


1 Cette instruction est délivrée à Cornille van Halle, maître particulier de 
ja monnaie de Flandre, pour fabriquer dans l'atelier de Bruges, tant qu'il 
plaira au roi des Romains à commencer à la première délivranee. 


33° MÉMOIRFTS 


« à lavenant de cr présent pied en chacun pois selon sa 
« nature et condicion. » 

Cette instroction fut-elie exécutée ? Cela est douteux : 
toujours est-il que je ne trouve pas dans les comptes des 
maitres particuliers, l'indication des monnaies dont il y 
eat fait mention. Le nom du maitre Cornille Van Halle ne 
figure pas non plus dans ces comptes qui sont rendus 
par Mabieu de Tolly. Aussi suis-je obligé de ne voir dans 
ce fait qu'une tentative malheureuse de Maximilien à la- 
quelle il fut obligé de renoncer immédiatement. 

feu de temps avant la date de l'instruction précédente 
le roi des Romains, gracc à son lieutenant le comte de Nas- 
sau, avait enfin obtenu lacapitulation de l'Écluse que déte- 
nait Philippe de Clèves. Ce seigneur, après la soumission 
des Gantois, avait soutenu à lui seul pendant deux mois les 
efor:s des armées de Maximilien. A l'imitation des. bour- 
geois de Gand, pour la cause desquels il combattait, le sire 
de Ravenstein, pour payer ses soldats, fit forger des mon- 
naies avec sa vaisselle. Ainsi qu'on devait s'y attendre, ces 
monnaies sont émises au pom de Philippe le Beau et por- 
tent l'indication du lieu où elles ont été faites'. Je n’ai pu 
retrouyer aucun détail relatif à leur fabrication. 

Maximilien se trouvait enfin en paisible possession du 
titre qu'il avait tant ambitionné, de mainbour de son fils, 
et reconnu comme tel par tous ses États. Il pouvait donc 
continuer comme il l'avait déjà fait, à mettre son nom sur 
la monnaie en même temps que celui de Philippe le Beau ; 
mais il semble qu'il avait reconnu qu'il ne pouvait plus y 
figurer au même titre; car ce n’était plus sous le nom de 


1 Pontus Heuteius accuse à faux le sire de Ravensiein d’avoir nis sur ces 
pièces son effig'e et ses armes (Opera historica omnia, lib. IV, eap. IX). 


ET DISSERTATIONS. 333 


monnaie des archidues qu’il émettait son numéraire, mais 
bien au nom de son fils, en inscrivant seulement de l’autre 
côté le sien accompagné de la qualification de père de 
l’archiduc Philippe. Il me semble qu'il y a là une nuance 
que n’ont pas assez remarquée les auteurs qui ont écrit 
avant moi, et que Maximilien avait cru devoir observer 
pour ne plus froisser la.juste susceptibilité de ses sujets *. 

Quoi qu'ilen soit, la fin de cette période paraît s'être 
écoulée assez paisiblement, même au point de vue moné- 
taire,.car nous ne voyons pas apparaître d'ordonnances 
prescrivant la fabrication de nouvelles monnaies depuis 
celle de 1492 (n. st.), rappelée ci-dessus, jusqu'à la procla- 
mation de Philippe le Beau comme comte de Flandre le 
26 décembre 1494°. Cependant une instruction du 26 no- 
vembre 1493 modifie la taille et l’aloi des divisions moné- 
taires inférieures au gros et du gros lui-même. Voici en quoi 
consistent ces modifications, renseignées également par le 
compte du maître particulier à cette date. 4° Le gros sera 
à trois deniers douze grains de loi argent le roi, et de 14's, 
5 d. de taille au marc. 2° Le demi-gros est à deux 
deniers seize grains de loi argent le roi, et de 17. s. 8d. 
de taille au marc. 3° Le quart de gros sera à un denier 
dix-huit grains deloi argent le roi et de 24 sous de taille au 
marc. 4° Enfin la courte ou double mite devait être à huit 


1 M. C. A, Serrure avait déjà fait la même observation, op. cit. 


2 Cette période est fréquente en changements de maître particuliers de la 
monnaie de Flandre. L’instruction du 12 octobre 1492 était délivrée à Cor- 
nille van Halle. Le 15 janvier suivant, Hermann Cobbe, fils de Hans Cobbe, 
est nommé maître particulier à la place de Cornille van Halle, qui s’en était 
déporté de son plein gré. Et je 21 avril 1494, Mathieu de Tilly prête serment 
en cette dite qualité en remplacement d’Hermann Cobbe qui avait résigné sa 
charge. Peut être le métier était-il devenu peu lucratif par suite des réduc- 
tions que le prince avait été obligé de faire et des exigences des Flamands, 

1869. — 5. 23 


$34 MEMOIRES 


grains de loi argent le roi, et de 19 sous de taille au marc. 
En faisant la comparaison avec l'instruction du 28 juil- 
let 1492, on verra facilement en quoi consistent les 
différences. 

Mentionnons aussi une ordonnance du 2 novembre 1493, 
fixant le taux des monnaies ayant cours en Flandre. Elle 
consacre une nouvelle hausse. Ainsi, pour citer deux exem- 
ples, le florin à Ja croix de Saint-André est évalué à 
64 gros au lieu de 48 porté dans l'ordonnance de 1492. 
Le grand réal d'Autriche 28 s, de gros au lieu de 24. Parmi 
les monnaies d'argent, les doubles patards émis pour 4 gros, 
sont estimés 5 gros; les doubles griffons sont même portés 
à 5 gros 6 mites, les simples et les quarts à l’avenant. 
Mais l'ordonnance ajoute que «ales groz qui à présent sont 
« forgiez, les demi-gros et autres moindres deniers, demour- 
« ront et auront cours au meisme pris qu'ils valent pré- 
« sentement. » C'est probablement pour cela que fut ren- 
due l'instrucfion du 26 novembre dont nous venons de 
parler. Une autre remarque à faire, c’estque nous trouvons 
mentionnés parmi les monnaies ayant cours le florin de 
Gand à l'image Suint-Jehan évalué 4 sous de gros, et les 
Coppenolles, c'est-à-dire les doubles patards fabriqués à 
Gand en 1488, dont il a été question ci-dessus ; nouvelle 
preuve de l'apaisement des esprits. 


(Sera continué.) Louis DESCHAMPS DE Pas. 





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ET DISSERTATIONS. 335 


MONNAIE INEDITE DE SARUKHAN 


ÉMIR D'IONIE 


frappée à Éphèse (1299-1346). 


Lorsque Genghizkhan détruisit le royaume de Kha- 
risme, plusieurs émirs Kharismiens réfugiés en Syrie rui- 
nèrent et ravagèrent toutes les villes de cette contrée, en 
servant comme mercenaires, tantôt sous les ordres d’un 
prince, tantôt sous les drapeaux d’un satrape plus libéral, 
contre le prince qui jusqu'alors les salariait. Ces terribles 
envahisseurs, qui portaient avec eux la terreur et la ruine, 
faisaient une guerre acharnée méme aux Latins de Pales- 
tine et aux princes, leurs coreligionnaires de Damas, 
@Halep, d’'Iconium, de Moussoul, d'Édesse et d'Égypte. 
Mais enfin tous ces princes ayant formé une alliance, 
tombérent sur ces ravageurs qui, dans un combat acharné 
livré dans les environs de Gaza (1246), furent écrasés. 
Ceux qui se sauvèrent furent dispersés çà et là. Parmi ces 


336 MEMOIRES 


émirs Kharismiens, se distinguait Sarukhan, aïeul de son 
homonyme, émir de Magnésie, dont il s’agit ici '. 

Lors de la destruction du grand empire Seldjoukide 
d’Iconium par les Mongols et la mort de son dernier prince 
Alaeddin III (1299), les Kharismiens, descendus des mon- 
tagnes avec d'autres Turcomans, occupèrent ses vastes 
possessions et fondèrent dix principautés indépendantes, 
dont les plus renommées étaient celles de Karaman et de 
Sarukhan*. 

Il existe diverses opinions et contradictions sur l’état du 
Sarukhan dans les chroniqueurs byzantins. Selon Grégoras 
et Chalcondile, un autre prince, nommé Sisan, étant ar- 
rivé en même temps que Sarukhan, occupa les contrées 
situées autour de Magnésie, de Priène et d’Ephése *. Mais, 
selon Pachymère, ce Sisan ou Sasan, étant gendre et sujet 
de Mantescha, prince de Phrygie (Karamanie), se révolta, 
forma une armée à lui, et occupa les châteaux forts de 
Thyrée et d’Ephése en l’année 1308 *, c’est-à-dire quel- 
ques années après le partage des contrées de l’État d’Ico- 
nium entre Sarukhan et les autres princes. Mais l'occupa- 
tion de Magnésie et d’Ephése par Sisan fut, à ce qu'il 
paraît, momentanée, parce que le contemporain arabe 
Shehab-Eddin, racontant l'établissement de ces principau-. 
tés, ne mentionne pas Sisan comme occupant ces contrées ; 
il dit, au contraire, que Sarukhan régnait en Kas-Kerdik 


1 Deguignes, Histoire des Huns, t. III, p. 61, 63, 287, ett. V, p. 112. 

2 Katécyov odv 6 piv Kapudvos Aooûpros tk mAclo tH pesoyelou Pouylac 
xat Et ca péypt Prrasergelac xal tiv Éyyiota mavewy and the mept Malavdpov tov 
novapdv “Avtioyelacs tk Ceyeldev péype Dpupvng xal civ vrèc mapadtov ci 
’Iwvlas Étepos ôvoua Lapydvyc. Pachymère, t. II, p. 589, édit. de Bonn. 

* Nicéphore Grégoras, I, p. 214, édit. Bonn, — Chalcondile, p. 15 et 66. 

* Loc. cit. 


ET DISSERTATIONS. 337 


(Magnésie), et décrit un peu plus loin, d’une manière plus 
détaillée, cette principauté qui, ayant pour capitale la ville 
homonyme, était bornée du côté de la mer par Mitylène, 
au nord-ouest par la principauté de Jakschi, au sud par 
Tinghislou, et comptait quinze villes, vingt châteaux forts 
et une armée de dix mille cavaliers formés à la guerre. En 
mème temps, le frère de Sarukhan, Ali-Pacha, gouvernait 
Nicée *. | 

Sarukhan, ayant accru sa puissance par ses fréquentes 
guerres, imposait d'énormes tributs au duc de Naxie et 


aux Génois de Chio et de Phocée *. Au siége de Phocée 


(1335-1336), ce prince, ayant fait alliance avec l’empe- 
reur Andronic III, fit la guerre aux Génois qui avaient pris 
par surprise peu de temps auparavant son fils Suleiman, et 
le tenaient en otage avec vingt-quatre autres nobles. Lors 
de ce siége, Sarukhan offrit à l’empereur vingt-quatre 
vaisseaux, une assez grande armée de terre, et il approvi- 
sionnait de vivres l’armée impériale; ce qui nous montre 
ses grandes richesses et sa force *. 

En l'année 1341, ayant rompu ses traités avec Byzance, 
il prépara une flotte pour la piraterie ; mais le régent Jean 
Gantacuzène ayant appris cela, envoya contre lui le géné- 
ral Sénacherim, qui mit au pillage les terres de Sarukhan, 
et le força à faire la paix, et à se tenir tranquille *. Puis, 
ayant eu un différend relatif aux frontières avec le prince 
Omar, son voisin, il saisit une occasion favorable pour 


1 Notices et extraits des manuscr, de la Bibliothèque du Roi, t. XIII, p. 339 et 
368, 

* Heyd, Le colonie commercials degli Italiani in Oriente, t. I, p. 437. . | 

3 Cantacuzéne, t. I, p. 480, 482,493, — Grégoras, p. 629. — Heyd, Loc. 

cit. t. I, p. 380 et 381. 

* Cantacuzène, t. II, p. 65 et 77. 


338 MEMOFRES 


le forcer à lui céder la contrée qu'il revendiquait. Puis, 
ayant conclu la paix avec lui, il lui envoya son fils Sulei- 
man afin que celui-ci l'accompagnât à la guerre, et se 
portät au secours de Byzance. Mais comme le fils de Sa- 
rukhan, atteint par la fièvre, mourut à Apamée, Omar, 
redoutant la colère du père, se hata de se présenter devant 
lui pour l'assurer que Suleiman n'était pas mort empoi- 
sonné comme on le prétendait '. 

Anne, veuve d'Andronic, qui faisait opposition à Canta- 
cuzène, poussa en 1346 Sarukhan à rompre ses traités avec 
Byzance; celui-ci sempressant de réunir une excellente 
armée, en confia le commandement au grand maréchal de 
camp Georges Tagaris. Mais Omar, qui était l'ami de Can- 
tacuzène, déjoua les projets des conjurés *. 

En l’an 4389, Bajazet-lidirim, ayant conquis Philadelphie, 
occupa avec les autres principautés celle de Sarukhan ?, 
laquelle alors, selon toutes les probabilités, était gouver- 
née par le fils de Sarukhan, Ichak-Tchelebi, mentionné par 
Hadji-Khalfa *. Mais après la défaite d'Angora et la capture 
de Bajazet-Ildirim, Tamerlan succéda aux princes de Saru- 
khan et d’Aidin dans les contrées qu'il avait conquises. 
Enfin, en l’année 1426, Amurat I chassa les princes de Sa- 
rukhan et d’Aidin, et s’empara de leurs possessions °. 

Quelques auteurs, trompés par ces mots de Cantacuzéne : 
Zapxévne Avilac catpdrnc (Sarkhan, satrape de Lydie) °, ont 
pensé que la Magnésie, capitale de Sarukhan, qui jusqu'à 


1 Cantacuzéne, t. Il, p. 529 et 530. 

2 Ibid., p. 591. 

3 Chalcondile, p. 65. 

+ Vivien de Saint-Martin, Descr. hist. et géogr. de l'Asie Mineure, t. II, p. 692 
5 Chalcondile, p. 244. 

6 Cavtacuzine, t, II, p. 65. 





ET DISSERTATIONS. 339 


nos jours chez les Turcs a conservé le nom du prince, est 
celle qui est située prés du mont Sipyle *. Mais cela n’est 
pas exact, le méme chroniqueur, mentionnant souvent 
Sarukhan, l’appelle jyepev tic ‘Iwvlas (prince d’Ionie), et 
une fois seulement satrape de Lydie, parce qu'il gouver- 
pait aussi une partie de cette province. Mais Pachymère, 
Grégoras, Frantzès et Chalcondile le nomment expressé- 
ment prince d’lonie *. De plus, l’Arabe Shehäb-Eddin, 
contemporain de Cantacuzène, décrit en détail la princi- 
pauté de Sarukhan en Ionie. Mais, ce qui est plus impor- 
tant, c’est que le vilaiet, qui porte jusqu’aujourd hui le nom 
de Sarukhan, est celui de la Magnésie d’Jonie et non de 
celle de Lydie °. 

Des quinze villes qui appartenaient à la principauté de 
Sarukhan, les plus célèbres étaient Magnésie et Éphèse ; 
cette dernière, dont la position avantageuse était fort 
connue, possédait une célèbre église de Saint-Jean- 
Théologue, qui lui fit perdre son ancien nom d’Ephése et 
prendre celui d’Aghios Theologos. Éphèse, en ce temps, 
était très-florissante et regardée comme une des villes 
commerciales les plus importantes de l'Asie Mineure; elle 
était en relations très-étroites, non-seulement avec les 
Génois qui occupaient Phocée et Chio, mais encore avec 
les Vénitiens qui y envoyaient leur consul particulier *. Les 


1 Friedlaender, Beiträge zur dlteren Münzkunde, p. 59. 

2 Pachymére, p. 589, — Grégoras, IJ, p, 214. — Frantzès, p. 17. — Chal- 
condile, p. 15 et 66. 

3 Leunclavius et les savants Scholiastes de Grégoras ont dit cela avant 
nous. « Ab illo Sarcania dicta Ionia, cujus vocis meminit Turcis Sarucan-ili, 
id est regio Saruchania, ut scribit Leunclavius in Onomastico Turcico et in 
Pandecte, » Annotationes ad Gregoram, p. 1199, édit. de Bonn. 


* Heyd, loc. cit., t. JI, p. 91. 


340 MEMOIRES 


Italiens, ne pouvant bien prononcer ce nom, changèrent 
le Aghios Theologos en Altoluogo, et les Turcs, en le 
corrompant encore davantage, nomment encore aujour- 
d’hui Éphèse : Aiasoluk. 

C'est M. J. Friedlaender qui, le premier, a publié deux 
très-curieux gillats d'argent de la collection Borrell, frap- 
pés à Magnésie par Sarukhan ‘. Depuis, M. A. de Long- 
périer nous a appris que, dans le Cabinet des médailles de la 
Bibliothèque impériale, on trouve deux autres monnaies 
semblables. I] a donné le dessin de l'une qui est plus com- 
plète que celle qui a été publiée par M. Friedlaender, et 
seulement la légende de l’autre *?. 

Les trois monnaies connues du prince susdit portent les 
légendes suivantes : 


4. + MONETA.QVE.FIT.IN MANGLASIA.DE 
à + VOLVNTATE.SARCANI. DNI.DICT.LOCI. 
2. + MONETA QVE FIT MANGLASIE 0. 

à + DE VOLVNTE DNI EIVSDEM OI. 

3. + MONETA : QVE: FIT : MNGLASIE : 0 : 
à + DE VOLVNTE.DNI EIVSDEM : OI : 


Nous publions aujourd'hui un autre gillat de Sarukhan, 
tiré de notre collection, trés-précieux et peut-être unique, . 
frappé à Éphèse, dont voici la description : 

+ : MONGTA QUG. FIT. IN. Th@OLOGOS : Sarou- 
khan, la tête ceinte d’une couronne fleurdelisée, assis de 
face sur un siége orné de protomes de lion. Il tient de la 
main droite un sceptre terminé par une fteur de lis, et de 
la gauche un globe crucigére. 


1 Lateinische Münsen des Sarcan, dans le recueil : Beiträge, etc., p. 52. 
2 Revue numism., 1860, p. 59. 


_. —— - ——_—— — —___ — 
ees —_—— TTS um 





ET DISSERTATIONS. 3h4 


à +: DG MADDATO DDI: GIUSDA : LOCI:-: Croix 
fleuronnée, cantonnée de quatre fleurs de lis (Æ, Poids, 
71 : grains vénitiens — 35.681), 

Nous connaissons des monnaies des princes Zenghides, 
Ortokides et Seldjoukides, qui sont des imitations des 
monnaies Seleucides, Romaines, Byzantines et des Croisés ; 
mais toutes ces monnaies portent des légendes arabes et 
ont un caractère oriental particulier '. Mais d'imitation si 
parfaite des monnaies chrétiennes faite par les musulmans, 
on n'en connaît jusqu'à présent d'autre que celle faite par 
Sarukhan. Il faut donc supposer que les relations étroites 
que ce prince avait avec les chrétiens ont tellement contre- 
balancé ses convictions religieuses qu’il fit usage sans re- 
mords de la langue latine, qu’il plaça sur ses monnaies la 
croix, et qu'il s'y fit représenter lui-même assis sur le 
trône et tenant le sceptre et le globe crucigère. Sarukhan 
voulut néanmoins que la formule de la légende restât seu- 
lement tout à fait mahométane ; les mots de notre monnaie 
DE MANDATO DomiNI équivalent tout à fait aux mots 
arabes Ya ef Le, par ordre du Prince, que les Khali- 
_ fes avaient commencé à placer sur leurs monnaies Abbas- 
sides dès le milieu du second siècle de |’ Hégire *. 

D'autre part, il est facile d'expliquer pourquoi Sarukhan 
imita les gillats des rois de Naples. Ces belles monnaies, 
frappées en grand nombre par Charles II (1285-1309) et 
son fils Robert (1309-1342), acquirent un tel crédit dans 
le commerce de I’ Orient, qu'on les préférait même aux gros 
matapans de Venise. Voilà pourquoi Sarukhan imita ces 
monnaies copiées aussi par les grands maîtres de Rhodes 


1 Castiglioni, Monsie Cufiche dell’ I. R. Museo dé Milano, 1819. 
3 Monete Cufiche dell I. R. Museo di Milano, n* XX, XX VIII, XXX. 


342 MEMOIRES 


de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et par les Giustiniani 
qui, en 1346, conquirent Chio. 

Voici ce que dit Pegolotti sur les gillats de Naples : 

« La Zecca a ragione della lega del gigliato, e i gigliati 
« sono di lega d'once 11 e ster]. 3 d’ariento fine, cioé teri 3, 
« ed entrane nella lib. di Napoli, quando escono della zecca, 
« sol. 6d. 8 di gigliati coniati a conto, a ragione di teri A 
« e grani 10 peso il gigliato. e tanto dee pesare, e cosi pesa 
« quando escono della zecca del Re. » 

Ailleurs il dit: « Marchio 1 ! d’argento e d’oro al peso di 
Venezia torna in Napoli once 13 d. 12. » De sorte que treize 
onces et demie de Naples équivalent à 42 onces de Venise. 
Donc la livre de Naples, divisée en 42 onces, chaque once 
en 30 teri et chaque tero en 20 grains, équivaut à 6,144 
grains vénitiens. Lorsque chaque livre, comme le dit Pe- 
golotti, contenait en argent pur 14 onces et 3 teri, et que 
80 gillats faisaient une livre, il résulte que le poids exact 
des gillats de Naples doit être de 76 2% grains vénitiens, et 
que, dans chaque livre composée de 6444 grains vénitiens, 
5,683 + grains sont d'argent pur et 460 2% grains de cuivre. 
Si nous ramenons ces analogies, pour plus de clarté, au sys- 
téme décimal, il résulte que chaque gramme contient 929 
milligrammes d'argent pur. 

Dans mon mémoire sur les monnaies de Rhodes, j'ai 
prouvé que les gillats des Grands Maîtres doivent peser 
75 grains vénitiens ‘ ; de sorte que les gillats de Naples 
sont plus lourds d'un grain seulement. Nous ignorons 
combien pèsent les gillats de Sarukhan publiés par M. Fried- 
laender et les gillats conservés au Musée numismatique de 


1 P. Lambros, Monete inedite dei Gran Maestri dell’ Ordine di S. Giovanni di 
Gerusalemme in Rodi, p. 20, 


ET DISSERTATIONS. 343 


la Bibliothèque impériale ; mais le poids de notre monnaie, 
qui est de 74 4 grains vénitiens, montre que les gillats de 
Sarukhan furent frappés selon le systéme des gillats des 
Grands Maîtres de Rhodes, comme aussi les gillats de Chio, 
ainsi que nous le montrerons dans une prochaine disserta- 
tion sur quelques monnaies inédites de Chio, qui sera in- 
sérée dans cette Revue. 


Athènes, 1869. 
P. LAMBROS. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


One 


Manuel de Numismatique (Atlas). 


Lorsque M. Hennin publia en 1830 son Manuel de numisma- 
tique ancienne (2 vol. in-8°), plusieurs antiquaires lui firent ob- 
server que les principes exposés par lui seraient mieux compris 
de ses lecteurs si le livre était accompagné d'un atlas dont les 
éléments eussent été choisis avec méthode. M. Hennin ne perdit 
pas le souvenir du conseil. Mais ce fut seulement vers la fin 
de sa carrière qu’il se décida à en profiter. Lorsqu’il mourut, 
le recueil de planches était incomplet. MM. Rollin et Feuar- 
dent viennent enfin de mettre en vente un volume de 70 
planches qui aurait eu besoin d’un petit texte, indiquant dans 
quelles collections ou dans quels ouvrages ont été puisées les 
monnaies représentées, qu’on pourrait avoir besoin de con- 
suller. Néanmoins |’ Atlas du manuel de numismatique ancienne 
qui contient un très-grand nombre de types intéressants, aura 
son genre d’utilité. Son apparition rappelera l’existence du 
corps d'ouvrage dont il reste beaucoup d’exemplaires à vendre 
et contribuera à faniliariser les archéologues avec des mo: 
numents dont la connaissance est indispensable. 


Obole duno-vendômoise, par M. Ch. Boucaer. Vendôme, 
4869, in-8°, vignette. 


La piéce dont il est question ici, est une maille au type tour- 
nois altéré, c’est-à-dire composé d’une grande fleur de lis entre 
deux tournelles, le tout au-dessus d’un croissant renversé. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. BY D) 


Les légendes sont, au droit : CASTRIDVNI, au revers : 
VIDOCINENSIS. La croix qui occupe le centre de la seconde 
face est accompagnée d’une petite fleur de lis. 

Cette maille singulière présente donc la réunion des types 
de Chateaudun, — à l’époque de Raoul de Clermont (fin du 
x1u° siècle) époux d’Alix, fille du vicomte Robert, — et de Ven- 
dôme, sous Jean V (1271-1315). 

M. Bouchet fait remarquer que les deux seigneuries n’ont 
point été réunies, et qu’il ne trouve dans les textes historiques 
aucune trace d’une tutelle qui eût permis au seigneur de l’un des 
deux fiefs de battre monnaie avec le nom de l’autre. 

Rien n'autorise à croire que les seigneurs de Châteaudun 
et ceux de Vendôme aient fait frapper leurs monnaies particu- 
lières dans un même atelier, ce qui fournirait le moyen d’ex- 
pliquer par une confusion de coins le double type de l’obole 
nouvellement découverte. En conséquence le savant bibliothé- 
caire est conduit à croire que cette pièce est le produit d’une 
association comme celle qui a donné naissance aux monnaies 
de Louis de Flandre et de Jean de Brabant (1), de Jean de 
Luxembourg et de Henri de Bar (2) ; de Philippe de Bourgogne et 
de Jeanne de Brabant (3); de‘Henri de Brabant et de Jean évé- 
que de Liége (4); de Jean de Lorraine et de Robert de Bar (5), etc. . 

M. Bouchet, par des considérations historiques, par des dé- 
tails numismatiques fort bien exposés a su accroître l'intérêt 
qu'offre déjà par elle-même, une petite monnaie qui, malgré les 
savants efforts de son éditeur, n’en offre pas moins encore un 


problème à résoudre. 
A. L. 

1 J. Rouyer, Revue num., 1851, p. 263, vignette. 

2 Saulcy, Revue num., 1836, pl. I, n°° 1 à 7. 

3 Deschamps de Pas, Revue num., 1861, pl. VI, n°* 1 à 4. 

+R. Chalon, Revue num., 1841, p. 40, vignette n° 2. 

5 Saulcy, Rech. sur les monn, de Lorr., 1841, pl. VI, n°° 11, 12.— Rech. 
sur les monn, de Bar, 1843, pl, IV, n°° 7 à 9. 





846 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Notre collaborateur M. J. Chautard, professeur à la Faculté 
des sciences de Nancy, publie un grand travail sur les mon- 
naies imilées plus ou moins servilement du denier sterling 
anglais, Déjà les deux premières parties, comprenant les pro- 
duits des ateliers de Flandre, de Brabant et autres provinces 
belges, de Hollande, de Lorraine, de Hainaut, de Cambrai et 
autres seigneuries de France, ont paru dans les Mémoires de 
l'Académie de Stanislas. Il ne reste plus, pour terminer, qu’à 
étudier les esterlings des provinces Rhénanes, ainsi que ceux 
de quelques États du Nord et du Midi de l’Europe. Désirant 
mettre la dernière main à cet ouvrage important, et le rendre 
aussi complet que possible, M. Chautard fait appel à l’obligeance 
des numismatistes qui possèdent des variétés rares du type 
esterling. Il recevrait avec reconnaissance les communications 
qu'on voudrait bien lui adresser sur ce sujet et les insérerait 
dans son travail sous le nom de leurs auteurs. Nous serions 
heureux d'apprendre que l'appel de M. J. Chautard ait produit 
un résullat proportionné à l'utilité de son entreprise. 


A Guide to the study and arrangement of English Coins, 
from the conquest to the present time, par Henry Wil- 
liam Henfrey, 1869-1870, in-8°. 


Les ouvrages relatifs à la numismatique anglaise publiés 
depuis la moitié du xvm° siècle jusqu’à nos jours sont assez 
nombreux, et quelques-uns d’entre eux sont fort importants. 
A côté de ces livres considérables, on avait besoin d’un guide 
que ses dimensions et son prix rendissent d'un usage populaire. 
Le beau volume de M. Edward Hawkins est exclusivement 
consacré à la monnaie d’argent; le charmant petit volume de 





BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 3h7 


M. Henri-Noël Humphreys, qui a déjà eu six éditions, donne 
une revue de toute la numismatique britannique accompagnée 
de pittoresques planches en couleur; mais on n’y trouve point 
la description détaillée des monnaies, et c’est d’ailleurs un livre 
très-coûteux. M. Henfrey a donc trouvé convenable, et nous 
devons l'en remercier, de nous doter d’un guide tout plein 
d'indications ponctuelles, et qu’il a su réduire en un petit 
volume du prix de 6 shellings. Malheureusement son travail 
ne commence qu’à la conquête, ce qui répond au besoin le 
plus pressant des collectionneurs ordinaires, mais ce qui laisse 
de côté la partie véritablement érudite de la numismatique an- 
glaise. Le Guide contient, à partir de 1066, la description et la 
dénomination des monnaies, avec des renseignements sur leur 
rareté et sur les particularités qui distinguent les diverses émis- 
sions. Tout cela est fort utile, mais ne nous console cependant 
pas de l’absence de ces curieuses monnaies saxonnes, si fécondes 
en notions sur les noms d'hommes et de lieux, et qui offrent 
des types et des combinaisons épigraphiques si utiles pour la 
numismatique générale. Si M. Henfrey est satisfait, comme 
nous lespérons, de l’accueil fait à son Guide, il ne pourra 
manquer de compléter son entreprise en nous fournissant un 
travail analogue pour la numismatique antérieure à la con- 
quête. Nous sommes donc doublement intéressé à son succès 
actuel, et il nous sera permis de faire remarquer aux anti- 
quaires du continent que le petit volume de M. Henfrey, exécuté 
avec beaucoup de soin, leur offre un excellent moyen d’appré- 
cier à bon marché une numismatique qui présente de nom- 
breux points de contact avec la nôtre. A. L. 


CHRONIQUE. 





RAPPORT 


UNE COMMUNICATION DE M. RLANCARD RELATIVE A LA DÉCOUVERTE 
A AUBIOL, EN 1867, D'UNE MONNAIE GRECQUE D'ARGENT, 


lu au comité des travaux historiques et des societes savantes. 


A la séance du 44 janvier 1869, M. Blancard, archiviste des 
Bouches-du-Rhône, adressait à la section le dessin d’une petite 
monnaie grecque d'argent, trouvée en octobre 1868 à Auriol, sur 
l'emplacement même où l’on a découvert en1867 un trésor de 
petites monnaies grecques d’argent qui n’ont pas encore été 
publiées. 

Avec la permission de la section qui m’a chargé de lui faire 
un rapport sur la communication de M. Blancard, je commen- 
cerai par consigner ici l’expression de ma gratitude énvers 
M. l'abbé Bargès et M. Levert, préfet du département des 
Bouches-du-Rhône, qui m'ont obligeamment facilité les moyens 
de traiter, pour le Cabinet des médailles, de l’acquisition d’un 
lot comprenant presque toutes les variétés de cette importante 
trouvaille. 

J'exposerai ensuite les conjectures que m’a suggérées l’étude 
de ces précieux monuments, mais, avant tout, je décrirai la 
pièce acquise par le musée de Marseille, dont on voit plus bas 
la reproduction. | 


= f 








CHRONIQUE. 349 


Téte de lion, la gueule béante, les poils hérissés, tournée 
vers la gauche. Type gravé en relief occupant tout le champ. 

Revers : petite tête d'Hercule, coiffée de la peau de lion, 
placée à droite dans le champ, qu’elle est loin de remplir. Ce 
type est gravé en creux. 

Argent. Poids : 2 gr. 749 milligr. Module : 12 millimètres. 





Cetle pièce n’est pas unique, comme on l’a cru d’abord; 
toutefois elle est fort rare. Indépendamment de celle-ci, de celle 
qui est échue à M. de Saulcy, il n’en existe pas plus de deux 
ou trois exemplaires, et, par malheur, il ne s’en est pas trouvé 
dans le lot échu à la Bibliothèque impériale, dont la direction 
n’a pu faire son choix elle-même. Fort curieuse par cette cir- 
constance qu'elle a deux types et non pas un seul, comme 
c'est le cas pour la presque totalité des pièces trouvées à Auriol, 
celte monnaie n’éclaircira cependantpas àelle seule le problème 
posé par cette découverte, dont le retentissement fut très-grand 
parmi les numismatistes, malgré les attractions de l'Exposition 
universelle, qui était dans tout son éclat au moment où on 
l'annonça à Paris. 

C'était en effet un événement que la découverte, sur le sol 
de la Gaule, de 2,130 petites monnaies d’ancien style grec, 
‘toutes anépigraphes, d’argent pur, ce qui leur donne un aspect 
blanchâtre, et, à deux ou trois exceptions près, n’ayant d’autre 
type au revers qu’un carré creux uniformément divisé en quatre 
aires, mais offrant environ vingt à vingt-cinq types différents, 
pour ne pas parler des simples variantes. 

Où avaient été frappées ces énigmatiques monnaies? Avait- 
on là des spécimens du monnayage primitif de Marseille ou des 
villes de sa dépendance, ou bien, en raison de la diversité des 

1869. — 5, 24 


350 CHRONIQUE. 


types de ces monnaies, dont plusieurs présentaient les symboles 
des villes de l’Asie ou de la Grèce, fallait-il supposer qu'elles 
avaient été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule 
grecque, soit en totalité, soit en partie? 

Les partisans de la première de ces deux hypothèses rappe- 
laient que, depuis plus de trente ans, feu le marquis Roger de 
Lagoy avait trouvé en Provence, particulièrement à Saint-Remy, 
un certain nombre de monnaies d'argent, de petit module, 
pour la plupart anépigraphes, n’ayant de type que d’un côté, 
avec un carré creux au revers, dont plusieurs spécimens se 
retrouvaient dans le trésor d’Auriol, et que le savant numisma- 
tiste, en publiant ces monuments alors tout à fait nouveaux, 
n'avait pas hésité à les attribuer à Massilia. La découverte de 
1867 venait donc contirmer cette attribution, qui, si elle n’avait 
pas obtenu tout d’abord l’assentiment général, ainsi que nous 
l’apprend M. de Lagoy lui-même ’, avait fini par se faire accep- 
ter, surtout lorsqu'elle eut été consacrée par l’approbation de 
M. de La Saussaye, qui plaça toutes les pièces inédites du pre- 
mier travail de M. de Lagoy en tête de sa Numismatique de la 
Gaule narbonnaise. L’ouvragedeM. de La Saussaye paruten 1842. 
Quatre ans plus tard, M. de Lagoy ajouta deux médailles à cette 
série. Est-il certain, comme semblent le croire les savants 
auxquels je fais allusion, que la découverte d’Auriol nous ait 
apporté la pleine confirmation du système de M. de Lagoy? 
C’est ce que je voudrais rechercher le plus rapidement pos- 
sible. 

M. de Lagoy a traité deux fois du monnayage primitif de 
Marseille, d’abord en 1834, dans un cpuscule intitulé Descrip- 
tion de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum, etc. ; 
secondement, dans un article publié en 1846 par la Revue 
numismatique, sous le titre de Monnaies primitives de Massilia ?. 


1 Revue num. année 1846, article cité plus bas. 
2 Cf. 1° Description de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum, 
des Cænicenses et des Auscti, par M. le marquis de Lagoy, 1 vol. in-4° de 


CHRONIQUE. $54 


M. de Lagoy n’ignorait pas qu’en fait d’attributions numisma- 
tiques, pour que la provenance puisse être légitimement invo- 
quée, il est nécessaire d’avoir à citer des trouvailles répétées et 
authentiquement constatées; aussi n’avait-il pas basé son sys- 
tème uniquement sur la provenance des neuf pièces par lui 
publiées dans son premier ouvrage. Ce qui détermina sa con- 
viction, c’est que, sur ces neuf pièces, il en était quatre qu'il 
pensa, non sans raison, pouvoir donner avec certitude à 
Marseille. Il s’agit des pièces n° 6, 7, 8 et 9 de la planche II* de 
sa Description, qui, ayant toutes pour type, d’un côté, une téte 
tmberbe a gauche (Diane ?), et au revers, un crabe, ne pouvaient 
être refusées à Marseille, puisque, si la première est anépigraphe 
les trois dernières ont la lettre M au revers. Mais de ce que ces 
quatre pièces sont de Marseille, de ce que l’on peut aussi donner 
à cette ville les nes 4 et 5 de la planche qui ont le type de 
Diane ', s’ensuit-il nécessairement que les n° 4, 2 et 3 soient 
aussi de cette ville, ainsi que l’a cru M. de Lagoy sur la foi de 
l’analogie qui, dit-il, les lie toutes entre elles*. C’est ce dont je 
doute, et c’est ce que je suis en mesure de rechercher, attendu que 
le Cabinet de France possède aujourd’hui, indépendamment du 


60 pages avec 2 planches, Aix, 1834; 2° dans la Revue numismatique, année 
1846, l’article intitulé Monnaies primitives de Massilia, avec deux bois dans le 
texte à la page 85. C'est dans cet article, à cette même page 85, que M. de 
Lagoy nous apprend que, si son attribution a reçu l’approbation de M, de 
La Saussaye, plusieurs. autres numismatistes éminents, dont il tenait aussi à 
obtenir le suffrage, ne regardaient pas encore à ce moment comme certaine 
la classification des trois plus anciennes médailles par lui publiées, 

1 Tl existait un spécimen de ces pièces au Cabinet de France depuis une 
époque indéterminée, et on l’y avait classé parmi les incertaines. Cette pièce 
et ses analogues ont été placées en tête de la série de Marseille, après les pu: 
blications de MM. de Lagoy et de La Saussaye. On les trouve à cette place 
dans la Description des médailles gauloises de la Bibliothèque royale, de Ducha- 
lais, publiée en 1846. (Voyez p. 27, n° 55.) 

2 « Je crois trouver à ces médailles une certaine analogie qui les lie toutes 
« les unes aux autres, et que je regarde comme la prouve qu'elles appar- 
« tenaient au meme peuple. » (Description, etc. p. 4.) 


352 CHRONIQUE. 


lot important des monnaies d’Auriol dont on a parlé plus haut, 
toutes les pièces publiées par M. de Lagoy ‘, ainsi que d’autres 
acquises par le regrettable savant depuis 1846, mais qu’il n'eut 
pas le temps ou l'occasion de faire connaître *. 

L’analogie remarquée par M. de Lagoy entre les neuf pièces 
inédites publiées dans son premier ouvrage est réelle, mais non 
pas autant qu'elle lui a paru l’être. Ainsi l’on remarquera que 
les pièces au crabe, n° 6, 7, 8 et 9 (c'est-à-dire les seules qui 
appartiennent avec une certitude complète à Marseille, en 
raison de la présence du M), ont deux types en relief, tandis que 
les n° 4, 2, 4 et 5 n’en ont qu’un seul, et que le n° 3, qui ena 
deux, est visiblement d’une autre fabrique que les n° 6, 7,8 
et 9, puisque l’un de ses types est inscrit dans un carré creux, 
circonstance qui manque à ces quatre dernières monnaies *. 


1 La riche collection de monnaies gauloises formée à Saint -Remy par le 
marquis de Lagoy, acquise de ses héritiers par feu le duc de Luynes, est 
entrée dans le Cabinet de France par suite de la mémorable donation faite à 
cet établissement en 1862 par l'illustre académicien, quelques annécs avant sa 
mort. 

2 Voici la description de ces dernières pièces, ainsi que celle des deux 
pièces qui figurent dans l'article cité de la Revue numismatique de 1846. — 
Article de 4816: 1° tête de phocena, ou marsouin, animal que M. de Lagoy 
distingue du phoque (veau marin), et qui en effet diffère notablement du pho- 
que gravé n° 3 de la planche Il‘ de la Description ; 2° tête casquée à droite. 
—Pièces de la collection de M. de Lagoy non publiées parce savant : 1° tête de 
nègre ; 2° tête de Diane, avec une coquille au revers. Si je suis bien rensei- 
gné, à l'exception de cette dernière pièce, qui est remarquable par la présence 
de deux types en relicf, toutes ces pièces qui ont le carré creux au revers ont 
reparu à Auriol. 

3 Pour plus de clarté, je donne ici la description des cinq pièces n°° 1 à 5 
de M. de Lagoy d’après son propre texte : 1° partie antérieure d’un lion dé- 
vorant une proie; 2° tête de phoque à droite ; au-dessous, poisson (voyez 
Pellerin, Rec.,t. 111, pl. CXV, n° 3, une médaille d’or qui paraît au même 
type et que Mionnet a décrite parmi les éncertaines, t. VI, p. 614, n° 12, et 
dont on trouvera la gravure pl. XLIII, 6) ; 3° tête de griffon à droite; revers, 

ans un carré creux, tête de lion, en relief comme la tête de droite; 4° et 
5* tête imberbe à gauche (Diane ?). A l’exoeption du n°3, au revers de ces 
pièces paraît le carré creux divisé en quatres sires. 


CHRONIQUE. 353 


Toutefois je n’insisterai pas sur ces minuties ; on me répon- 
drait que ces pièces peuvent n’étre pas du même temps; l’on 
expliquerait aussi les différences de fabrique que je signale par 
la méme raison. Ces différences ne sont pas d’ailleurs ma prin- 
cipale objection contre attribution des pièces incertaines pu- 
bliées par M. de Lagoy et de leurs similaires, soit de la trou- 
vaille d’Auriol de 1867, soit de trouvailles antérieures ou 
postérieures à cette date ‘, faites soit à Auriol même, comme 
celle de M. Blancard, soit en d’autres endroits de la Provence; 
l’objection que je crois digne de toute l’attention des numisma- 
tistes, c’est la diversité des types de ces monnaies, diversité qui 
me paraît difficile à concilier avec une origine exclusivement 
marseillaise. 

Je l’avoue, j'aurais peine à reconnaître pour des témoignages 
du monnayage primitif de Marseille une série monétaire com- 
prenant vingt à vingt-cinq types variés, lorsque nous savons 
que la cité phocéenne, aux temps de son monnayage incontes- 
table, s’était contentée de deux ou trois types, Apollon casqué 
où non casqué, avec la roue au revers, et Diane avec le lion ?. 
D'ailleurs, toutes ces petites monnaies, malgré leur air de 
famille, que je ne conteste pas, n’accusent pas cependant une 
seule et même fabrique. Si, sans exception, toutes celles qu’on 
a trouvées à Auriol sont anépigraphes, il en est, parmi celles 
qu’a publiées M de Lagoy ou qu’on a retrouvées depuis, qui 
ne le sont pas; ainsi les pièces au M; ensuite si la plupart des 
pièces d’Auriol ont au revers un carré creux divisé en quatre 
aires, il en est cependant plusieurs qui offrent des types des 


1 J'apprends qu'on a trouvé à Cavaillon diverses petites pièces anépigra- 
phes analogues à certaines pièces d’Auriol, et aussi des pièces au crabe et au 
p qui sont certainement de Marseille. On a aussi trouvé récemment en Es- . 
pagne de petites pièces de monnaie qui offrent une certaine analogie avec 
celles d’Auriol. 

2 Un troisième type massaliote est Minerve et l'aigle; mais il n’a pas duré, 
ainsi que l’a fait remarquer M. de La Saussaye, qui n’en a reconnu que deux 
émissions, (Voyez Numismatique de la Gaule narbonnaise, p. 75 et 76.) 


$54 CHRONIQUE. 


deux côtés, entre autres celle dont M. Blancard nous a donné 
le dessin, une qui est semblable au n° 3 de la planche II* de la 
Description de M. de Lagoy ‘, et deux ou trois autres encore. 
Mais cc n'est pas tout; certains faits qu'on ne pouvait deviner 
eu 1834 ni en 1846, date du dernier travail de M. de Lagoy sur 
cette question, tendent à montrer qu’en dépit de leur décou- 
verte sur le sol de la Provence, telles des pièces d’Auriol ont 
pu être frappées loin de la Gaule. Parmi ces faits, je note d’a- 
bord la présence, dans le trésor trouvé en 1867, d’une petite 
monnaie portant d’un côté une forfue et de l'autre un carré 
creux à quatre aires, qui se distingue des autres par sa couleur 
noirâtre, circonstance qui n’a pas peu contribué à la faire con- 
sidérer, dès le premier moment, même par les partisans de 
l'attribution en masse à Marseille, comme ayant été fabriquée à 
Egine *. N’est-il pas vrai que, si l’on m’accorde qu’une seule 
des pièces trouvées à Auriol n’est pas originaire de la Gaule 
grecque, j'ai le droit d'en attribuer un certain nombre à des 
villes de l’Asie ou de la Grèce dont les symboles paraissent 
dans ce trésor, et qui, aussi bien que la pièce d’Egine, peuvent 
avoir été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule? 
Que viennent faire là l’hsppocampe de Lampsaque, le lion de 
Velta, la téte de bélier de Clazomène ou de Colophon, la téfe de 
lion avec la gueule béante de Cyzique ou d’ailleurs ?, le joli cas- 


1 J'en ai vu un exemplaire dans le lot acquis par M. de Sauicy au lende- 
main de la trouvaille d’Auriol et à peu près en même temps que le Cabinet de 
France acquérait le sien. 

* Je parlais au singulier de cette monnaie, parce que je u’en ai vu qu’une 
seule, celle du Cabinet de France; mais M. de Saulcy m’apprend qu'il en 
existe un second exemplaire à Marseille ; j'ignore s’il est noir ou blanc. 

3 On conserve au Cabinet de France une petite pièce analogue à celle-ci, 
dont la provenance est évidemment orientale : je veux parler d’une pièee don- 
née au Cabinet des médailles par l'Empereur en 1862, avec toute la collection 
formée en Égypte par feu Saïd-Pacha, qui l'avait offerteà Sa Majesté. Je copie 
la description de cette pièce sur le registre de la Bibliothèque impériale : 
Téte de lion à d. B. Carré creux, Classée aux incertaines. Reg. H, n° 687. On a 


CHRONIQUE. 355 


que fermé qu'on rencontre parmi les hectés cyzicènes d’or ', le 
phoque et le griffon de Phocée? Supposera-t-on que la présence 
sur la monnaie marseillaise de ces types, dont quelques-uns, 
comme le lion de Velia, fille de Phocée ainsi que Marseille, et 
le phoque de Phocée, pourraient s’expliquer par la parenté de: 
ces villes, est due à ce que les Marseillais, avant de se donner. 
un type propre, commencèrent par copier tous les types qui 
jouissaient d’une bonne renommée? Cette explication aurait 
quelque chose de spécieux, mais je n’ai pas épuisé les faits qui. 
m'obligent à douter de son exactitude. 

La série de Lesbos, si pauvre dans Mionnet, mais fort riche, 
depuis quelques années, en pièces inédites au Cabinet de France, 
fournirait à elle seule, contre l'attribution radicale à Marseille, 
des arguments qui m’ont surpris moi-méme, malgré le scepti- 
cisme à cet égard qui a priori m’a poussé à les rechercher. 
Qu’on examine nos tablettes de Lesbos, et l’on y trouvera des 
pièces d’argent avec carré creux, de différents modules, mais 
dont certaines, anépigraphes comme celles d’Auriol et aussi 
petites, offrent des types fréquents dans ce trésor, par exemple 
la tête de lion gueule béante, dont notre exemplaire ne diffère que 
par la couleur de ses similaires d’Auriol. Je ne crois pas que 
Von refuse ces pièces à l’île de Lesbos, lorsque l’on saura 


également cinssé au Cabinet des médailles, dans la série des incertaines, une 
autre pièce de la même collection qui, quoique relativement de grand mo- 
dule (elle a 15 millimètres), offre une certaine analogie avec le type de cer- 
taines médailles aurioliennes. Portée au même registre H sous le n° 681, cette — 
pièce représente une tête de face, allongée; au revers figure un carré creux 
divisé en quatre aires, On peut aussi comparer les médailles d’Auriol au 
masque avec les pièces que Mionnet a décrites à la suite de Pestum, au 
tome Ier de son Supplément, p, 318, sous les n°* 822 et suiv., et que l’on at- 
tribue à Phistelia de Campanie. 

1 Parmi les médailles de la collection de Luynes donnée à la Bibliothèque 
impériale en 1864, avant la découverte d’Auriol, figure une monnaie d’argent, 
au casque fermé semblable à celles de la trouvaille d'Auriol, que M. de Luynes 
avait classée à Calymna, île dela côte de Carie, etiamsi in Calabria inventum 
fuerit, a-t-il écrit sur l'étiquette. | 


356 CHRONIQUE. 


qu'elles y ont été recucillies dans une exploration faite par un 
amateur éclairé dont les vétérans de ja numismatique n'ont pas 
oublié le nom, feu Garriri (de Smyrne), qui les a cédées en 1852 
à la Bibliothèque impériale. On sera encore plus certain de 
l'exactitude de cette attribution, lorsque j'aurai ajouté que dans 
cette riche série de Lesbos, acquise de Garriri, figurent des pe- 
tites pièces à la tête de nègre, type fréquent dans le trésor 
d’Auriol', qui, ainsi que celles dont je viens de parler, ne dif- 
ferent de leurs sceurs de provenance provencale que par leur 
couleur noirâtre et par l’importante addition de lettres qui 
indiquent leur origine, un A sur celles d’Antissa de Lesbos, et 
AE, >B et AES sur celles qui appartiennent soit à l’île de 
Lesbos elle-méme in genere, soit & une ville de ce nom dont 
les abréviations significatives pourraient faire supposer l’exis- 
tence*. 

De ces faits et d’autres analogues que l'on rassemblerait fa- 
cilement *, je conclus que la multiplicité des types, combinée 


4 On a vu plus haut que l’on trouve aussila pièce Ala téte de nègre dans 
la collection Lagoy. 

3 Sur ce sujet, voyez dans le tome V de la nouvelle série du Numismatic 
Chronicle, publié en 1865, un article de M. Maximilien Borrell, intitulé : 
Coins of Lesbos-Lesbi, considered as a city distinct front that of Mytilene, p. 336 
à 341. 

8 Malgré mon désir de ne pas dépasser les bornes raisonnables d'un rap- 
port, je crois devoir signaler encore d’intéressantes analogies entre certaines 
monnaies aurioliennes et telles autres qui n'ont pas été trouvées surle sol de 
la Gaule. La série des cyzicènes d'or, si riche au Cabinet de France, devra 
être étudiée tout particulièrement ; entre autresexemples bons à citer, je note 
une microscopique pièce d’or, rapportée d'Orient par feu Garriri (de Smyr- 
ne), le connaisseur dont je viens de parler. Cette pièce, que je crois inédite, 
est décrite sur notre registre D, n° 2634; elle offre le même type que les 
pièces aurioliennes, où l'on reconnaît la partie antérieure d’un phoque, et 
dont il existe au Cabinet deux spécimens décrits au registre E, n°* 3593 et 
3694. La pièce d'or pèse 05,15; les pièces d'argent, 05,14 et 05,13. On peut 
aussi rapprocher ces dernières de pièces de plus grand module classées non 
sans quelque hésitation à Cherronesos; cependant je dois dire que le carré 


, 


CHRONIQUE. 357 


avec l’analogie de fabrique qui fait l’intérêt des monnaies de la 
trouvaille d’Auriol, peut s’expliquer autrement que par l'ori- 
gine exclusivement marseillaise que l’on a voulu leur attribuer. 
Après tout, pareille singularité n’est pas sans antécédents dans 
la numismatique grecque. 

On sait par maints exemples, et surtout par celui que nous 
offre la célèbre série des statères de Cyzique ou cyzicènes, qui 
n’ont certainement pas été frappés tous à Cyzique *, que les 
villes et les peuples de lantiquité s’unissaient souvent par des 
conventions afin de frapper à tour de rôle des monnaies d’après 
un étalon commun. Pourquoi les monnaies d'Auriol et leurs 
similaires antérieurement ou postérieurement découvertes en 
Provence n’auraient-elles pas été, je ne dis pas toutes, mais 
en partie, frappées dans des conditions analogues? Si nous 
voyons sur les pièces d’Auriol des types variés et pas de légen- 
des, circonstance qui se remarque sur beaucoup de cyzicènes, 
si nous voyons sur certaines de'ces pièces des types incus au 
revers, toujours comme sur certaines petites monnaies d’or dites 
cyzicènes, ne Serait-ce pas que nous avons affaire à des pro- 
duits d’une hanse commerciale, ou plutôt d’une confédération 
monétaire, dont auraient fait partie les villes diverses dont nous 
y retrouvons les symboles ? 

Cette hypothèse, qui se présente naturellement à l'esprit 
pour peu que l’on ait dans la mémoire les planches du livre de 


creux de celles-ci diffère de celui d’Auriol, et qu’on pourrait encore signaler 
d’autres différences entre ces pièces. On en. trouvera un beau spécimen du 
module de 15 millimètres sous le n° 5, pl. XLI, dans le Recueil de planches de 
Mionnet, qui le décrit parmi les incertaines, t, VI, p. 629, n° 119. 

1 On sait que le nom de cyzicénes est autorisé par divers textes de l’anti- 
quité, et Charles Lenormant a fort bien montré, dans la Revue numismatique, 
que, comme l'avait indiqué auparavaut Sestini dans son livre sur les statéres, 
les monnaies d’or dites cyzicénes n'avaient pas toutes été frappées à Cyzique. 
(Voyez Domenico Sestini, Descrizione degli stateri illustrati con le medaglie, 
Florence, in 4°, 1817; et Ch. Lenormant, Essai sur les statères do Cyzique, 
Revue numismatique, année 1856.) 


358 CHRONIQUE. 


Sestini cité dans la note qui précède, reçoit, si je ne me trompe, 
une sérieuse confirmation d’un autre fait trés-intéressant que 
nous révèle une inscription grecque récemment découverte à 
Mytilène. Publiée d’abord en 4865 par un savant allemand, 
M. Conze !, cette inscription, sur laquelle M. Newton lisait en 
1866 un excellent mémoire à la Royal Society of literature", 
n'est pas arrivée entiére jusqu’à nous; mais ce qui en reste 
suffit pour que l’on y reconnaisse un traité conclu entre Myti- 
lène et Phocée, afin de régler les conditions de la fabrication 
d’une monnaie d'or commune à ces deux villes, qui devaient 
monnayer l’une pour l’autre à tour de rôle. 

Évidemment, dans cette précieuse inscription, il s’agit de 
monnaies analogues aux cyzicenes et aux phocaites qui furent 
frappées pendant les v° et 1v° siècles avant Jésus-Christ particu- 
lièrement à Cyzique et à Phocée, ainsi que l’indiquent ces noms 
que nous trouvons chez les anciens *, mais qui se fabriquaient 
aussi ailleurs, puisque nous voyons mentionner sur un marbre 
une association entre Phocée et Mytilène. Certainement ces as- 
sociations devaient se dénouer ou se resserrer selon les événe- 
ments, et, si Mytilène et Phocée étaient unies monétairement 
vers la 96° olympiade (396 à 393 avant Jésus-Christ), date, se- 
lon M. Newton, de l'inscription découverte par M. Conze, à 
une époque antérieure ces deux villes ont bien pu faire partie 
d'une association plus nombreuse, qui aurait compris la mon- 
naie d'argent dans ses opérations, et peut-être à celle-là même 
dont je crois reconnaître des témoignages dans la trouvaille 
d’Auriol. 

Ai-je besoin de faire remarquer que Phocée, la métropole de 
Marseille, figure précisément dans le traité monétaire dont 


1 Voy. Conze, Reise auf den Insel Lesbos, in-4*, 1865, pl. VI, n° 1, et p. 42. 

2 Voy. Transactions of the Royal Society of literature, 1868, 2° série, t. VII, 
3° partie, p. 549 à 558, 

*Le mot phocaïtes, ainsi que celui de cystcénes, est autorisé par des 
textes et même par des inscriptions, 


= 


CHRONIQUE. 359 


nous devons la connaissance à M. Conze? L’association qui a 
frappé les petites pièces anépigraphes d’Auriol, que je serais 
tenté de nommer des phocaïtes d'argent, puisque nous y ren- 
controns des types de Phocée et de ses deux célèbres filles Velia 
et Marseille, avait-elle un atelier fixe, Marseille par exemple, ou 
bien, ce que je croirais plus volontiers, imitant ce que nous ve- 
nons de voir à Mytilène et à Phocée, frappait-elle tantôt dans 
une ville, tantôt dans une autre, ou bien frappait-on partout à 
ces types divers, sans indication de localité, par la raison même 
que ces pièces étaient fédérales? C’est ce que je n’ai pas la pré- 
tention de décider. Ce que j'ose dire dès à présent, c’est qu’il 
me paraît difficile de soutenir, en dépit de ces faits, que toutes 
les pièces aurioliennes aient été frappées à Marseille et nous 
fassent connaître le monnayage primitif de cette ville. 

En les supposant frappées à Marseille, les monnaies aurio- 
liennes devraient-elles être considérées comme les plus anciennes 
qu’ait frappées la colonie phocéenne, ainsi que l’aurait pensé 
M. de Lagoy, d’après ce qu’il a dit des types analogues publiés 
par lui? C'est une étude qui m’entrainerait trop loin; je me con- 
tenterai de faire remarquer que, si l’on admettait notre hypo- 
thèse d’une hanse monétaire à laquelle on pourrait les rattacher, 
leur mutisme et leurs carrés creux ne seraient peut-être pas 
des marques de haute antiquité. On expliquerait ces deux cir- 
constances par les conditions mêmes de ces sociétés. Les cy- 
zicenes, bien que frappées à des époques différentes, ne sont- 
elles pas généralement aussi anépigraphes et décorées d’un 
carré creux, qui souvent n’est là que par archaïsme, ou plutôt, 
pour perpétuer un type de bon renom et ne pas déranger les 
habitudes routinières du commerce ? 

Grâce aux prix élevés qu’obtiennent aujourd’hui les médailles, 
grâce au retentissement de la petite fortune que le trésor 
d’Auriol a valu à ses inventeurs, nous sommes certains d’être 
tenus au courant des découvertes de monnaies analogues qui 
peuvent se produire dans l’avenir, soit dans la Gaule grecque, 
soit ailleurs; on peut donc espérer que quelque jour on possé- 


360 CRRONIQUE. 


dera assez de faits authentiquement constatés pour qu’il devi 
possible de se prononcer sans témérité sur les diverses q 
tions soulevées par ces énigmatiques monuments. En atten 
il est à souhaiter que quelque numismatiste veuille bien pre 
la peine de faire connaître la totalité des types trouvés à A 
ou ailleurs, avant et depuis la découverte de 1867. Que: 
qui entreprendra cette tâche résolve définitivement ce probli 
ou seuleinent qu'il décrive scrupuleusement toutes les mon! 
et discute toutes les conjectures qu’elles peuvent lui suggi 
il aura rendu un service signalé à la numismatique. 

Il est un point sur lequel je ne me suis pas arrêté à des 
dans ce rapport, de peur de me laisser entraîner trop loin : « 
la recherche du système pondéral, auquel il convient 
rattacher les monnaies d’Auriol. S’il est une série qui e: 
pareille recherche, c'est certainement celle sur laquelle M. BI 
card a appelé l'attention du Comité. En recommandant c 
étude spéciale à celui qui se chargera de la publication « 
j'appelle de tous mes vœux, qu’il me soit permis de rapp 
qu'il faut aborder les pesées sans système préconçu, sous pe 
de trouver dans les plateaux de ses balances, non pas ce qu 
est, mais ce qu’on voudrait y trouver. 

Ainsi qu’on doit le penser d’après les réflexions qui précéde 
je ne proposerai pas dès à présent d'attribution pour la médai 
gravée ci-dessus; il ne me reste donc qu'à remercier le savé 
archiviste des Bouches-du-Rhône d’avoir bien voulu la comm 
niquer au Comité. A. CnaBouiLcer. 





CHRONIQUE. 361 


SUR QUELQUES MONNAIES GRECQUES DE PANORMUS 


Dans les Berliner Blatter fir Münzkunde de 1869, j'avais 
publié une série de monnaies de la Grande Grèce et de la 
Sicile. Tout en remerciant M. Henri de Longpérier de s’étre 
intéressé à cet article, j’ai à me défendre contre une note qu’il 
a insérée dans la Revue numismatique de Ja même année, p. 152. 
Cette note fait suspecter l’authenticité de mon tétradrachme de 
Panorme gravé sous le n° 44 de la planche LIV des Blätter, 
pièce qui porte les types de Catane, avec la légende rétrograde 
TIANOPMITIKON autour de la tête d’Apollon. 

Heureusement, les craintes de M. H. L. à ce sujet pourront 
être totalement dissipées. En effet, l’état de la médaille ne per- 
met aucunement de douter de son authenticité on de supposer 
que sa légende soit le résultat d’une retouche. La forte patine 
antique brunâtre dont les deux côtés de la pièce sont en grande 
partie recouverts et sous laquelle ressortent les lettres de la 
légende également oxydées, garantit de tous points l'originalité 
de la monnaie. Ces faits ont été constatés par des connaisseurs 
dont la longue pratique ne saurait être mise en doute. En un 
mot, le tétradrachme est excellent, et l’on y distingue même 
d’une manière indubitable les traces des cinq premiers carac- 
tères de la légende que la planche n’a pas reproduites. 

Si je cherche quelles sont les raisons qui ont pu faire naître 
les soupçons du jeune archéologue, je suis porté à croire que 
c'est qu’il n’a pas eu connaissance d’un autre tétradrachme de 
Panorme conservé à la Bibliothèque impériale (duc de Luynes, 
Choix de médailles grecques, pl. IV, n° 14) dont voici la des- 
cription : 

HANORML .. Tête laurée d’Apollon à droite, ») Quadrige 
conduit par un homme debout dans son char, une Victoire 
couronne les chevaux. 


362 CHRONIQUE. 


En comparant le dessin de cette pièce portant une légende . 
dont la terminaison est indécise avec celui d’une autre mon- 
naie publiée par Torremuzza (4uct. II, pl. V, n° 4), je suppose 
que les deux gravures représentent le même exemplaire, et 
dans ce cas, la légende IANOPMITAN donnée par Torremuza 
aurait été complétée arbitrairement. Cependant, je ne veux 
point contester que les deux formes de légendes aient pu être em- 
ployées à des époques fort rapprochées. L’importante pièce du 
duc de Luynes montre que les types de Catane, adaptés pour mon 
tétradrachme de Panorme, ne doivent point étonner; et quant 
à la forme de la légende en IKON, qui, à la vérité, était encore 
inconnue sur des monnaies de la Sicile, on pourrait la compa- 
rer à l’adjectif possessif ITAAIKON inscrit sur des poids que 
M. Henri de Longpérier a rappelés. 

Je passe maintenant à un autre article concernant également 
certaines monnaies de Panorme. M. Alex.-G. Soutzo, d’Athènes, 
a publié (Revue numismatique, 1869, p. 173 et suiv.) une jolie 
série de médailles grecques sur quelques-unes desquelles je 
présenterai des observations dans un travail que je prépare; 
mais les monnaies de la Sicile ne rentrant plus dans le cadre 
de ce travail, je saisis l'occasion qui se présente de combattre 
brièvement l’attribution des ne 33 et 34 que M. Soutzo donne 
à Paros, sans se prononcer sur les raisons qui lui ont suggéré 
l’idée de ce classement. Voici d’abord la description d’une 
série de monnaies de la même fabrique et de même prove- 
nance. 

1. Æ 31,2 — 4 1/2 (poids, 3,62 — 4,90). Tête voilée de 
Cérès à gauche, couronnée d’épis; derrière, une charrue. 
Monogramme composé des caractères IAP au-dessus d’une 
proue de navire (Torremuzza, pi. LIX, n 4 et 5). 

2. Æ2—11/2 (poids, 1",70 — 15,10). Buste de femme à 
gauche diadémé et couronné, les épaules drapées. 3 Mémes 
types. 

3. Æ A 1/2 (poids, 4,80 — 4,40). Types semblables, mais 
la tête tournée à droite. 


CHRONIQUE. 363 


4. Æ 14 (45,70, 46,30). Tête imberbe casquée à droite. 
#) Même type et même monogramme. 

5, Æ2 et 1 (4“,15, 15,05). Tête diadémée de femme à 
droite avec un collier. 5). Même monogramme au-dessus d’une 
colombe (Soutzo, pl. VII, n° 34). 

6. Æ 4 (15,30). Tête imberbe radiée à droite. n} Même 
monogramme devant un aigle posé sur un foudre, et la tête 
abaissée. 

7. 4241 (45,40 — 1*,30). Autre, la tête radiée et tournée à 
gauche. 

8. Æ 2 (2,60). Ancre et gouvernail. à Monogramme for- 
mant type, composé des lettres IIANP. Au-dessous, L.GN. 
(Voy. Torremuzza, pl. LX, n° 20) ‘. La forme de ce der- 
nier monogramme est plus explicite que celle des sept numéros 
précédents. 

Tous ces petits bronzes, parmi lesquels figurent les deux 
pièces de la collection Soutzo, sont, à mon avis, siciliens, et, 
cela admis, le monogramme qu'ils portent doit les faire resti- 
tuer à Panorme. Je suis certain que M. Soutzo a obtenu ces 
monnaies de notre ami commun, M. P. Lambros, à qui j’en 
avais cédé autrefois un certain nombre. J’avais acquis ces 
pièces de la collection Fischer, de Palerme, qui se les était pro- 
curées en assez grand nombre dans les fouilles de Solus. Ce 
renseignement me dispense de discuter l'attribution de ces 
monnaies à Paros. Au reste, nous espérons trouver des détails 
précis sur ces bronzes dans la Numismatique sicilienne que 
M. A. Salinas prépare avec tant de soin et qui contiendra sans 
doute des détails nouveaux et précieux. 


Winterthur. F. Imnoor BLumer. 
1 Mionnet, soit dans sa description, soit dans son supplément, n’a attribué à 


Palerme aucune de ces monnaies, bien que quelques-unes d’entre elles aient 
été décrites par Torremuzza et Hunter. 





364 CHRONIQUE. 


Si les éditeurs de la Revue ont été empressés d'insérer ls 
note qu'on vient de lire, je n'étais pas moins qu'eux désireux 
de la voir paraître: car les intérêts de la vérité me préoccupent 
avant toute autre chose. Je n’ai point, on le comprend, à pré- 
senter d'observations sur ce qui concerne les monnaies publiées 
par M. Soutzo, et me bornerai donc à faire remarquer que 
l'existence bien constatée d’une monnaie de Panorme avec 
la légende HANORMITIEON ne pouvait modifier en aucune 
facon les résultats d'un travail que j'avais entrepris au sujet 
d’un tétradrachme de Delphes. 

C'est afin de ne rien omettre de ce qui avait été décrit que 
j'ai cité la monnaie connue de moi par la gravure des Berli- 
ner Blatter seulement . Si j'ai fait des réserves à l'égard d'une 
pièce que les antiquaires français n’avaient jamais vue en na- 
ture, c'est que son aspect a quelque chose d’insolite; non pas 
toutefois que le type de Catane employé à Panorme m’ait sur- 
pris, Torremuzza et M. le duc de Luynes ayant publié des té- 
tradrachmes panormitains à ce type. 

Nous avons tous présent à la mémoire la note par laquelle 
M. A. Salinas nous a fait remarquer qu’un didrachme parfaite- 
ment antique de la collection de M. le duc de Luynes, porte 
l'inscription NAXION entièrement gravée au burin, tout à fail 
en désaccord avec le type de cette monnaie (Bull. Inst, arch, 
1865, p. 33). 

Le génitif pluriel dorique HANOPMITAN qu’offrent cer- 
taines monnaies n'apporte aucune espèce de preuve à l'ap- 
pui de l'authenticité de la légende à la forme possessive 
qui, du reste, est tracée dans le sens opposé, ce qui exclut 
toute identification des exemplaires. Quant aux poids sur 
lesquels on lit AEITPA ITAAIKH, AIAEITPON ou TPIOYNKI[ON 
ITAAIKON, leurs légendes suffiraient à démontrer qu'ils ont été 
fabriqués en dehors de l’Italie, dont, précisément pour cela, 
ils mentionnent le système par opposition à un système grec 
local. D'ailleurs la langue dans laquelle leurs inscriptions sont 
conçues démontre encore leur origine étrangère, de même que 


CHRONIQUE. 365 


lear style se rapporte à une époque toute différente de celle 

qui vit émettre les monnaies dont nous nous sommes ocoupés. 
J'ai naturellement toute la confiance possible dans les lumières 

de M. Imhoof Blumer, et j’ai tout espoir qu’un examen atten- 


tif de sa monnaie confirmera l'opinion qu’ a de l’antiquité 
de ce monument. 


Hex pa Loncrtamn. 


PRIX DE VENTE DES MEDAILLES ROMAINES 
DE LA COLLECTION DE M. J. GREAU. 


N® Fe. 
1. Lingot quadrilatère. Pégase, à gaucbe. » Aigle 
sur un foudre. Long., 172 mill.; larg., 0,145 mill. 
Poids, 1542 gr. 1050 
28. Grand as. Æ 18. Tête de Vénus sur chaque face. 175 
50. Rutules. Dupondius. Æ 19. Tête de Vénus etroue. 630 


51. Id. As. Æ 17. Mémes types. 110 
85. Perusia..As. Æ 18, Bipenne et roue. 225 
86. Id. Semis. Æ 13 1/3, Mémes types. 165 
90. Hatria. As. Æ 19. Tête de Bacchus. » Chien. 250 
105, Lieu incertain. As. Æ 17. Tête à gauche. » Coq. 120 

283. Famille Julia. Or. Buste de Diane, > IMP. CAESAR, 
temple. 165 

618. Cesar et Auguste. Or. Téte laurée de César à droite. 
» Tête d'Auguste. 900 

518 bis. DIVVS IVLIVS. Tête de César. » Tête d’Au- 
guste. G. BR. 300 
520. Brutus. Or. Tête de M. Brutus. » Tète de L. Brutus. 2500 
522, Sextus Pompeius. AR. Phare. » Scylla. 100 

523. _ Id, pe Têtes de Pompeius Magnus et 
| de Cn. Pompeius. Or. 650 


366 CHRONIQUE. 

Ne. 

S32. Caius Antonias. s Simpulum ct hache. Denier. 

640. Augustus. AR. s Sphinx. Cistophore d'Asie. 

658. Id. Or. Téte nue. » AVGYSTVS. Vache. 

Gt. 74.  DIVVS AVGVSTVS PATER. Auguste 

assis. » Noms de Pibére. 6. H. 

622. Même médaille presque d'égale beauté. 

645. Tête d Auguste couronnée par la Victoire. ». Noms 
de Salvius Otho. Frappée sur un flan de grande 
dimension. Bronze. 

667. Téte d'Auguste. » C. MARIVS TRO. III VIR. Têtes 

de Julie, de Gaivs et de Lucius. Denier. 

680, Tiberius. Tête de Tibére. » Autel de Lyon. G. B. 

631. Jd. Autre marqué du poincon de la collection 

d' Este. 
693. Drusus Junier. Têtes d'enfants eur des cornes d'a- 
bondance. » Les noms de Drusus. G. B. 
702. Germanicus. Type du retour des aigles de Varus. 
M.B. | 
703. Id. Mémes types avec Ia conteemarque 
N. CAPR. 
711. Caligula. » ADLOCVT COR. Gr. bronze. 
Id. Autre exemplaire au méme type. 
73% Claudius. » EX. SC. OB, CIVES SERVATOS. 
Grand bronze. | 
738. Id. Autre exemplaire avec la contremarque 
N. CAPR. 
739. Id. Autre avec la contremarque PROB. 
744. Id. » SPES AVGVSTA. avec IMP. P. P. au 
droit, G. B. 

750. Claudius et Britannicus. Petit bronze avec les deux 

têtes, frappé à lium. 

753. Agrippina. Buste voilé. x Tête de Néron. AR. Cisto- 

phore d’ Asie. 

766. Nero. ». ADLOCVT. COH. Grand bronze. 

773 Id. Le port d’Ostie. Phare et sept navires. G, B. 

775. Fd. Méme lég. Port d'Ostie vec onze navires. 


125 





CHRONIQUE. 367 


WN". ; Fr. 
783. Néro. 3 CONG, IL. DAT. POP. R. Grand bronze. 100 © 
787. Id. x DECVRSIO. Grand bronze. 130 
803. Id. Temple de Jarius, Grand bronze. — 150 — 
820. Jd. ROMA. Rome assise. Grand bronze. 110 
858. Popæa au revers de Néron, M. B. Lég. grecque. 200 
875. Galba. ADLOCVTIO. Grand bronze. . 260 
986. Otho. SECVRITAS P. R. Or. ; 215 
956 bis. Vitellius. HONOS TE Ge VERTYS. ° Grand 
bronze. 150 
965. Lucius Viteläus Censor. Denser. | ' 206 
986. Vespasianus. TRIVMP. AVG. Char. Or. 210 
4025. : 44. . ROMA. Rome aésise. Grand bronze. 103 — 
1028. Id. ROMA. Rome debout. Grand bronze. 200 
1061. Domitilla. FORTVNA AVGVWST. Argent. 15 - 
1962. Domitia. CONCORDIA AVGYST. Paon. Or. 500 


4449. Trajanus. Rome assise à droite sur des armes; 
Trajan lui présente une Victoire; à ses piods un 


captif. G. B. inédit. 110 
1454. Plotina. Vesta assise à gauche. Argent. 155 
1455. Id. FIDES AVGVST. S.C. Figure debout. G.B. 345 
1456. Marciana. Aigle éployé, sur un sceptre. Argent. 115 
$457. %Id. EX SENATVS CONSYLTO. Char trainé 
par des éléphants. Arg. 325 
1459. Matidia. PIETAS AVGVST. Matidie debout avec ses | 
filles. G. B. 200 
1460. Trajanus pater. Au revers de Trajan. Or. 1006 
L46L Trajanus pater et Nerva. Au revers de Trajan. Or. 275 
1465. Hadrianus. AFRICA. L'Afrique couchée. Or. 120 
1467, Id. ANN. DCCCLXXIIIT. NAT. VRB. P. 
_ CIR. CON. Or, 255 
1496. Id. Jupiter debout, de face, Or. 140 
1498. Id. Hercule debout, de face. Or. | 135 
4511. id. SAEC. AVR. Figure debout dans un 
‘ nimbe céleste, Or. 100 


1522. Id.  » Sans légende. Le Nil couché. Or. 170 


368 CHRONIQUE. 
Ne Fr. 
1523. Hadrianus. » Sens légende. Rome et Adrien dc- : 
bout, la Terre, l'Océan couchés. Mé- 


daillon de bronze. 215 
1657. Id. LIBERALITAS AVG. Adrien sur une 
estrade. Grand bronze. 100 
1763. Sebina. VENERI GENETRICI. Grand bronze. 170. 
1768. Ælius. PIETAS. La Piété debout. Or. 305 
1783. Ælius. Au revers d’Adrien. Moyen bronze (Bibl. 
impériele ). 420 
1801. Antonius. Cos. JI. Diane debout ( Revue num. 
1861, pi. IV, n° 1). Médaillon.. 1030 
1802. Jd. Cos. Til. Heculape debout. Médailion . 
de bronze. 100 


1803. Id. » Sans légende. Antonin écrivant sur : 
un bouclier que soutiens une Victoire 
poece sur un cippe. Il est aecompa- 
gné de Faustine et de ses enfants. 


Médaillon. | 280 
31861. Id. GENIO SENATVS. Le Génie du Sénat 
debout. G. B. 150 


1948. dd. » Sans légende. Hercule debout près 
d’un autel. Moyen bronze (Biblioth. 
impériale). | 57 
1951. Marcus Aurelius. Au revers d'Antonin. Or. 110 
1972. Faustina senior. p AVGVSTA. Diane tenant deux 
torches, . 150 
2037. Galerius Antoninus. Au revers de Faustine. M. B. : 
Lég. grecques. . 125 
2049. Marcus Aurelius. VIRTVS AVG. M. Aurèle traver- 
sant le pont du Danube, suivi de 
soldats. Or (Bibl. impériale). 600 
2050. Id. » Sans légende. Argus construi- 
sant le vaisseau en présence de 
Mincrve. Médaillon de bronze 
{Bibl. impériale). __ 25 


CHRONIQUE. 
Ne . | 
2173. Marcus Aurelius. VOTA PVBLICA. Marc Aurelc et 
Faustine se donnant la main. G. B. | 
2254. Lucius Verus. Marc Aurèle et Vérus couronnés 
chacun par une Victoire. Deux fleuves et un 
captif. Médaillon de bronze. 
2326. Commodus. CONC. MIL. Commode entre’ quatre 
soldats. Or. 
2337. Id. Jupiter -debout tenant un disque sur 
lequel on voit les Génies des quatre 
Saisons, et Génie tenant une corne 
d’abondance. Médaillon de bronze. 
2484. Pertinax. PROVID. DEOR. COS II. Or. 
2187. Id. PROVIDENTIAE DEORVM COS II. 
‘Grand bronze. 
2488. Id. VOT. DECENN. Pertinax sacrifiant. G. B. 
2492. Manlia Scantilla. IVNO REGINA. Argent. 
2493. Id. Méme revers. Grand bronze. 
2495 bis. Didia Clara. HILAR. TEMPOR. Grand bronze. 
2497. Pescennius Niger. VIRTVTI AVG. Argent, iné- 
dite. 
2504. Albinus. FELICITAS COS. II. Grand bronze. 
2505. Id. Même type. Buste nu à drôite. 
2508. Jd.. MINER. PACIF. Grand bronze. 


2569. Sept. Severus. VIRTVS AVGVSTORVM. Les trois 


princes à cheval. Or. 


2615. Id. VOTA SVSCEP. DECEN. Grand br. 
2617. Id  » Bustes de Julie, de Caracalla, de 
Géta. Or. 


2645. Julia Domna. FECVNDITATI AVG. Médaillon br. 
2748: Caracalla. PONTIFEX. TR. P. X. COS II. Victoire. 
Médaillon, bronze. 

2790. Id. Même légende. Vaisseau. M. B 


2813 ‘© Id  CONCORDIAE AETERNAE. Buste de . 


Sévère et de Julie. Or. 
2842 Geta. FORT CORDIAE AVGG. (sic). Grand bronze. 
2848 Id. PONTIF. COS. If. Minerve assise. . 


‘ 
A 


369 


480 


320 


385 
300 
220 
180 


360 
180 
215 


$70 CRRONIQUE. 


No, _. 
2851. Geta. Méme légende. Caracalla, Géla et trois sold ats. 


G. B. 
2851 Diedumenianus. PRINC. IVVENTVTIS. Diadumé- 
nicn debout. G. B. 
2860. Helagabel. CONSERVATOR AVG. Pierre conique 
sur un quadrige. Or. 
2942. Julia Paula. Concordia assise. Grend bronze. 
2086. Sev. Alexander. JOVI. VICTORI. Jupiter dans un 
temple. Médailion de bronze. 
3062, id. P. M. TR.P. V. COS. IT. Thermes. 
M. B. inédit. 
3134. Gordianus Africanus. ROMAE AETERNAE. Arg. 
3135. Id.  PROVIDENTIA AVG. Grand bronze. 
3137. Gordianus Afr. junior. VIRTVS AVGG. Argent. 
3138. isd. ROMAE AETERNAE. Grand bronze. 
3187. Gordianus Pius. ADLOCVTIO AVGVSTL Gordien 
sur une estrade. Médaillon de bronze. 
3344. Pacatianus. PAX AETERNA. La Paix debout. Arg. 
3393. Herennius. PRINCIPI IVVENTYTIS. Moyen br. 
3416. Treb. Gallus. FORTVNAE REDVCI. Gallus et Vo- 
lusien sacrifant. Médaillon de bronze. 
3451. Emilianus. VIRTVS AVG. Grand bronze. 
3453 Cornelia Supera. VESTA, debout. Argent. 
3493. Valerianus. » Bustes de Gallien et de Valérien jeune. 
Médaillon de bronze. 
3502. Gallienus. OB CONSERVATIONEM SALVTIS. 


Médailion d'argent. 

3550. Id. LEG. VII. VI. P. VI. F, Victoire. 
Billon. 

3590, Id. VICTORIA. AVG. Gallien couronné par 
la Victoire. Or. 


3690. Saloninus. CONSECRATIO. Bacher funèbre. Mé- 
daillon de bronte. 

3715. Postumus. HERCVLI NEMAEO. Hercule étouffant 
le lion. Or. 

3854. Aurelianus. FIDES MILIT. La Fidélité tenant deux 
enseignes. Or. 


275. 
115 
115 - 
510 
250 | 


170 


4133. Magnia Urbica. PVDICITIA AVG. L'impératrice 


A 197. 


4198, 


4280. 


4573. 


CHRONI IQUE. 


assise. Wédailfon de bronze. 
M aximianus Herculius. VIRTVS AVG. Hercule sai- 
sissant la biche aux cornes d’or. Or. 
Id. VIRTVTI AVG. Hercule portant le 
sanglier. Or. 

Constantius Chlorus. ADLOCVTIO AVG.N. Cons- 
tance sur l'estrade, Médaillon de bronze (Bit. 
impér.). 

. Helena, PIETAS AVGVSTA. Hélène et deux en- 
fants, Médaifion de bronze. 


. Maximinus Daza. SOLE INVICTO. Or. 


Td. ‘SOLI INVICTO. Le soleil de face. Or. 


. Maxentius. TEMPORVM FELICITAS. La louve, 


Argent. 
. Constantinus. FELICIA TEMPORA. Quatre eh- 
fants. Or. — 


105 


840 


115 


110 


Id. FELICITAS PERPETVA SAECVLI. | 


Or. 

Id. GAVDIVM ROMANORVM. FRAN- 
CIA. Or, | 

Id. VIRTVS EXERCITVS GALL. Mars. 
Or. 

Id. Téte sans légende. » CONSTANTI- 
NVS. Quatré enseignes. Médail- 
lon. Argent. 

Id, GLORIA SAECVLI VIRTVS 
CAESS, Médaillon de bronze. 


. Constantinopolis. » VICTORIA AVG. Vaisseau. 


Médaillon de bronze. 


. Constantinus junior. VOTA CAESS. Deux Victoi- 


res. Médaillon de bronze (Bibl. impér.). 


. Nepotianus. GLORIA ROMANORVM. Moyen br. 


Id. VRBS ROMA. Rome assise. M. B (Bibl. 
impér.). 

Julianus. » D.N.IVLIANVS CAES. Trois enseignes. 
Médaillon d'argent. 


240 
230 


165 


451 
285 
148 


135 
126 


26} 


150 


72 CHRONIQUE, 


X= Fr. 
4617. Eugenius. VICTORIA AVGG. Deux empereurs 

assis. Or. 470 
4656. Placidia. SALVS REIPVBLICAE. Victoire assise. 

Or. 155 
4660. Johannes. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout. 

Or. 125 
4664. Avitus. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout. 

Or. 199 


Aux prix qui viennent d'être indiqués, il faut ajouter 5 pour cent 
de droit de vente. La collection a été livrée aux enchères sous la 
direction de M. Henri Hoffmann. Le catalogue, rédigé par M. H. 
Cuben, est orné de sept planches gravées. Nous avons signalé les 
prix les plus élevés, mais nous indiquons aussi parfois des prix 
beaucoup moins considérables attribués à d'autres exemplaires 
d'une moins .bunne conservation. Ce genre de renseignement aurait 
pu recevoir beaucoup d'extension; mais i] nous suffira de dire que 
les grandes valeurs sont le plus souvent déterminées par l'état re- 
marquable des pièces. C'est Jt, à Paris, comme à Londres, un ré- 
sultat de la préoccupation de notre époque.. A. L. 


re. EEE EEE ana 


Be Gérant, J. Cusser. - Paris. — Typog. Cusset et C*, 26, rne Racine, 


mm i ee ee ee ee ee Gr - - - - - —— fe — eee — ns nn 





MEMOIRES ET DISSERTATIONS. 


—— 


MONNAIES RHÉTIENNES 


Le statère et l’hémistatère de travail barbare, imités des 
monnaies d'or d'Alexandre le Grand, dont la représenta- 
tion figure en tête de cet article, ont été dessinés, il y a 
deux ans, chez MM. Rollin et Feuardent. 

Ce qui fait leur intérêt et ce qui les distingue de toutes 
les autres imitations barbares des pièces du conquérant 
macédonien, assez multipliées, est cette circonstance que 
leurs légendes ne sont pas, comme d'ordinaire sur les 
monnaies analogues, composées de traits sans suite et sans 


signification. Elles appartiennent à un alphabet bien connu, 
1869-1870. — 6, 2 


7h ; MEMOIRES 


celui que M. Mommsen a appelé nord-éérusque, et auquel 
il a consacré un important et célèbre mémoire ‘. 
La légende du statère se lit : 


EUNO 
Celle de l’hémistatère, en deux lignes : 


EPO 
HCMTR 


les voyelles brèves étant omises dans ce dernier mot, sui- 
‘vant l’habitude étrusque. Ce sont probablement des noms 
de chefs inconnus à l'histoire. 

L'alphabet nord-étrusque, avec quelques légères va- 
riantes locales, était en usage dans trois régions occupant 
une assez vaste étendue de territoire : 

1° Chez les populations euganéennes des bords du Pi. 
Deux inscriptions à Vicence, une à Vérone, une à Cone- 
gliano, une à Limone sur le lac de Garde, sept à Padoue, 
quatre à Este et une dernière découverte auprès d’ Hadria, 
constituent toute sa littérature dans cette région, qui a été 
recueillie en un seul corps par M. Mommsen. 

2° Chez les populations gauloises des Alpes et de leur 
versant italien. Le principal monument de l'alphabet nord- 
étrusque chez ces peuples est l'inscription en langue cel- 
tique, découverte en 1864 par le comte Eugène Tornielli 
Brusati sur le territoire de San Bernardino, fraction de la 
commune de Briona, petit village du Novarais, situé au 
pied de collines qui se lient à la chaîne des Alpes, entre la 
vallée de la Sesia et celle du lac d’Orta. Elle a été publiée 
et expliquée de la manière la plus ingénieuse, d’abord par 
un savant turinois, M. Giovanni Flechia, dans une disser- 


1 Die Nordetruskische Alphabete auf Inschriften und Münsen, dans les Mitthei- 
lungen der Antiquarischen Gesellschaft in Zurich, t. VII, p. 199-259. 


ET DISSERTATIONS. 375 


tation spéciale et éditée séparémeni, puis par M. Alfred 
Maury dans un article de la Revue archéologique *. C’est 
aussi le même alphabet que nous retrouvons dans les 
légendes des pièces d'or et des pièces d’argent imitées de 
la monnaie de Marseille, que M. de Longpérier a si savam~ 
ment attribuées aux Salasses *. Nous le reconnaissons enfin 
sur les petites monnaies d’ argent imitées des pièces romaines: 
de la Campanie, qui portent d’un côté une tête imberbe 
laurée, et de l’autre un cheval en course ou une tête de 
cheval, avec les inscriptions SENAS, IANKOVESI ou KA- 
SIOS *. Ges monnaies se découvrent constamment dans les 
parties de la Provence voisines des Alpes et dans le Com- 
tat; on doit donc supposer que le peuple qüi les frappa 
habitait le revers occidental de la grande chaîne qui nous 
sépare de l'Italie. 

3° Dans la Rhétie, où l'alphabet nord-étrusque servait à 
écrire une troisième langue, dont les monuments sont réunis - 
dans la planche Ite du mémoire de M. Mommsen. Ce sont 
les inscriptions de deux pierres à Arano et à Dravesco, dans 
_le Tessin, d’un vase de bronze trouvé à Trente et de deux 
casques découverts à Negan, dans la Styrie. 

Entre les trois contrées que nous venons d'indiquer comme 
constituant le domaine de l'alphabet nord-étrusque, je ne 
crois pas gu’ily ait d’hésitation possible pour attribuer nos 
monnaies.. Elles ne sont certainement frappées ni dans 
l'Italie du Nord, ni dans les Alpes celtiques. La Rhétie leur 
convient, au contraire, fort bien comme pays d’origine, car 
elle touche au bassin du Danube, fleuve sur les bords du- 


1-Nouv. sér.,t. X, p. 453-459, 

2 Revue numismatique, 1861, p. 383-347; pl. XV. 

8 Dureau de la Malle, Rev. num., 1839, p. 321, pl. XIV. — Duchalais, Me- 
dailles gauloises de la Bibliothèque Royale, n°* 342-346, — Mommsen, Die Norde-. 
truskische Alphabdete, pl. HI, n°* 36-38. 


376 MÉMOIRES 


quel paraît avoir été concentrée l'imitation des statères 
d'Alexandre. Aussi est-ce à la Rhétie que nous proposons 
avec confiance de les rapporter. 

On nous permettra une dernière observation pour ter- 
miner. 

En voyant un alphabet d'origine incontestablement 
étrusque en usage dans la Rhétie et dans les contrées 
alentour, on ne saurait empécher sa pensée de se reporter 
à toutes les discussions qui se sont soulevées autour de la 
question de la parenté des deux populations de l’Étrurie 
et de la Rhétie, ainsi qu’autour du passage fameux où 
Denys d’Halicarnasse dit que les Étrusques .se donnaient 
à eux-mêmesle nom de Rasena. Chacun sait que sur cetle 
grave question, qui constitue la première base de toute 
étude des origines étrusques, deux systèmes différents 
ont partagé les savants. Les uns, attachant une importance 
prépondérante au témoignage de Tite-Live, qui nous 
montre les Etrusques, établis d'abord sur le rivage de la 
Méditerranée, envoyant ensuite des colonies à travers le 
chaîne centrale de l'Italie pour envahir le pays au delà du 
PO, considèrent les Rhétiens comme un rameau de cette 
migration étrusque vers le Nord, lancé plus avant que les 
autres jusqu'au milieu des Alpes. Les autres, comme 
Clavier, Heyne, Fréret et surtout Niebubr, préférant leurs 
propres spéculations aux témoignages des écrivains an- 
tiques, retournent absolument les données que l’on peut 
puiser chez ces écrivains; ils croient les Étrusques origi- 
naires de la Rhétie, les font descendre des Alpes, conqué- 
rir d’abord les plaines qui séparent la chaîne des Alpes de 
l’Apennin, puis, après avoir fondé leur empire dans la 
vallée du PO, traverser l’Apennin pour s'emparer du val 
d’Arno, du val di Chiana et des Maremmes jusqu’au Tibre. 


—_— 
=e ee ee 
ee gg ee — ee 


FT 


ET DISSERTATIONS, 377 


Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans la discussion de la 
valeur respective de ces deux systémes et de chercher 4 
notre tour à nous former une opinion motivée sur l’ori- 
gine des Étrusques, recherche qui serait un véritable hors- 
d'œuvre à propos de nos deux petites monnaies, et qui 
nous entrainerait, d’ailleurs, à d'énormes développements. — 
Mais nous ne croyons cependant pas possible de laisser 
entièrement de côté, sans le signaler en passant, l’argu- 
ment d’une véritable importance que l'étude de la paléo- 
graphie comparative fournit à l’histoire dans cette ques- 
tion. La filiation incontestable de l'alphabet nord-étrusque 
révèle en effet, par des marques matérielles et sensibles, 
entre l’Etrurie et la Rhétie, un grand courant d’influences 
marchant du Sud au Nord, d’Etrurie en Rhétie, en sens 
inverse du courant de migration qu’admettait Niebuhr. 
En cela les données fournies par les alphabets sont confir- 
mées par les monuments d'art étrusque que l’on a décou- 
verts aussi en Rhétie, monuments d'un art dont le berceau 
et le foyer n’ont pu être que dans l'Étrurie italienne, qui 
est remonté ensuite du Sud au Nord jusque dans les val- 
lées des Alpes, et que les objets si précieux trouvés dans 
les tombes d’Allstatt nous montrent enfin, après son intro. 
duction dans la Rhétie, rayonnant, comme l'alphabet 
nord-étrusque, sur les populations voisines de la Styrie ét 
même de la haute Autriche. Il serait vraiment extraordi- 
naire que ce courant d'influences, impossible à nier, eût 
précisément remonté le courant des migrations de races. 
La vraisemblance indique beaucoup plutôt qu'il a dû le 
suivre, et qu’en l'absence d’autres indications il nous en 
révèle aujourd'hui la marche. 

FRANÇOIS LENORMANT. 


Es 


378 MEMOIRES 


BIAS DE PRIÈNE 





M. le lieutenant-général Charles R. Fox, un des hommes 
les plus aimables et les plus instruits de l’armée anglaise, 
a formé depuis longtemps une magnifique collection de 
médailles grecques Il ne s'est pas contenté de renfermer 
dons son médaillier les plus beaux et les plus rares monu- 
ments de la numismatique antique; il a voulu permettre 
aux archéologues qui ne peuvent aller visiter sa collection 
en Angleterre d'en profiter néanmoins pour leurs études, 
et il nous a donné deux fascicules fort importants conte- 
nant les gravures et la description d'environ 300 pièces 
inédites ‘. Cette publication est déjà bien connue; les do- 
cuments qu'elle renferme ont été souvent utilisés par les 
antiquaires; cependant, il me semble que l'on n'a pas en- 
core examiné avec une application suffisante une monnaie 
de bronze, pourtant très-remarquable, qui, dans la seconde 
partie de l'ouvrage, porte le n° 82. Je crois qu'il est bon 
d’en reprendre encore l'étude après M. le général Fox qui 
l'a décrite ainsi : (p.14). 

BIA. Buste d'homme barbu, drapé sur l'épaule gauche, 
tourné à droite ; derrière II, 


1 Engravings of unpublished or rare greek coins with descriptions, part. ], Eu- 
rope, 1856 et 2° édit., 1862, — Part. II, Agia and Africa, 1862, 4°, 


ET DISSERTATIONS. 379 


8. IPIHNEON, Figure (Lunus), à gauche avec une lance 
ou un sceptre dans la main droite ; la gauche étendue. Æ. 8. 
Quand on examine attentivement le beau buste barbu 
représenté sur le droit de cette médaille, on reconnaît qu'il 
ne peut être attribué ni à Jupiter, ni à Neptune, ni à Escu- 
lape. Malgré la grandeur presque idéale de ses traits, il 
offre un caractère d’individualité qui nous indique un per- 
sonnage appartenant à l'humanité. 

En outre, la légende doit être lue d'une manière plus 
complète et plus exacte. Le caractère placé derrière la tête 
et qui a été pris pour un IT, est bien certainement un sigma 
carré, tel qu’on en voit sur diverses monnaies de l'Asie 
Mineure, parmi lesquelles on doit citer, pour la ville de 
Priène d’Ionie, les pièces qui offrent les noms AEQNTOL, 
....AXOL (incomplet), et le titre APXONTOL'. Au lieu 
donc de BIA plus I, il faut évidemment lire BIAL. Ce groupe 
de caractères coustitue le nom du personnage représenté 
sur la médaille. 

Avant d'aller plus loin, je dois fairé observer que |’ usage 
d'isoler la première ou la dernière lettre d'un nom sur un 
des côtés de la monnaie, derrière une tête ou une figure 
entière, pendant que le reste du nom occupe la partie op- 
posée du champ, devant le type, est établi par d’autres 
monuments. Je me bornerai à citer, comme exemples 
faciles à vérifier : | 

1° AHMO—C, sur un petit bronze d’ Azani de Phrygie, ap- 
partenant au British Museum et publié par Taylor Combe 
(Veter. popul. et reg. Numi, 1814, tab. XI, n° 14). 

2° KPONO—%, sur une monnaie d’argent d'Himéra, de la 


1 Mionnet, Descript., t. III, p. 188, n° 904. — Suppl, t. VI, p. 298, n°* 1379, 
1381.— C. Combe, Mus. Hunt., pl. 44, n° 6, 


380 MÉMOIRES 


collection de M. Imhoof-Blamer, et publiée par lui dans 
les Berliner Blatter für Münzk. 1869, pl. LIIT, n° 9. 

3° OMIIPO—C, petit bronze de Chio du musée Hunter de 
Glasgow, publié par Charles Combe (Num. vet. popul et 
urb. 1782, tab. XVII, n° 22). 

4° O—MHPOC, petit bronze de la même ville; musée 
de Vienne, publié par Eckhel (Sylloge 1, num. vet. anecd., 
1786, tab. IV, n° 7); M. J. Kofod Whitte décrit ces deux 
dernières pièces dans sa monographie sur Chio (De reb. 
Chior. publ., Copenhague, 1838, p. 105); mais il ne pa- 
ralt pas avoir compris la disposition des légendes; car il 
indique un = (croissant renversé) et un 0 post tergum Ho- 
meri, après avoir mentionné le nom de OMHPOC complet. 

5° A—NTIOC, sur un petit bronze d’Antioche de Pisidie, 
de la collection du général Fox (Engravings of unpubl. 
greek coins, 2° partie, pl, VI, n° 120). 

On me pardonnera d’insister sur ces détails; mais dans 
l'étude de la numismatique, il importe de ramener à la série 
toute particularité qui, prise isolément, pourrait faire naître 
un doute. 

Si la monnaie qui représente Bias était frappée à Argos, 
on pourrait supposer qu'elle a pour type un buste de l'an- 
cien roi, frère du devin Melampus, dont il est question 
dans l'Jliade' et dans plusieurs chapitres de Pausanias”; 
car les peuples de langue grecque ont assez souvent adopté 
pour types de leurs monnaies des figures de personnages 
homériques. 

Mais l’origine de la monnaie ne permet pas d’hésitation. 
Ce bronze fournit un excellent portrait de Bias, le sage de 
Priéne; et l’on peut dire que ce portrait, exécuté dans la 


1 Jiiad. A, 296. — N, 691. 
2 Pausan., 1], 18,4. — IV, 34, 4 et 36, 3. 


- a ee i ee a 
[el 7 ee ee gg pee — oe 


ET DISSERTATIONS. 381 


patrie même de cet homme considérable dans les annales de 
1’Jonie, et vraisemblablement d’après une statue qui lui avait 
été consacrée par ses compatriotes, en ce sanctuaire qu'ils 
avaient nommé Teutameum, « xal ot Hpemveïic % adtip cépevoc 
aeabtépwoay nd Tevtdctov Acyépevov'n, offre beaucoup plus de ga- 
ranties, en ce quiconcerne la ressemblance, que les hermés 
recueillis en Italie. 

L'un de ces derniers, trouvé en 1780, près de Tivoli, 
dans la maison de campagne de Cassius *, porte le nom : 
BIAZ IIPHNEVS (sic), suivi de la sentence OI HAEIS- 
TOI ANOPQIIOI KAKOI, cet apophthegme favori du sage 
de Priène que Diogène Laërce reproduit deux fois dans sa 
biographie. Un autre hermès, découvert à Rome sur le 
mont Cælius, a été attribué à Bias par assimilation”, car il 
ne porte pas d'inscription. Tous deux étaient enfouis avec 
d'autres sculptures de la même catégorie représentant des 
sages et des poëtes. C’est assez dire qu'ils avaient appartenu 
à ces collections iconographiques préparées pour l’orne- 
mentation des bibliothèques romaines, et où nécessaire- 
ment le besoin de former des séries complètes, des pen- 
dants réguliers, des antithéses littéraires devait introduire 
des images plus ou moins inexactes *. C’est ainsi que, de 
nos jours, on peut voir des édifices publics de construction 
récente, décorés de statues et de bustes plus ou moins apo- 
cryphes d’hommes célébres dont les contemporains n’a- 


1 Diog. Laert., I, V, 88. 

3 Visconti, Iconogr. grecque, t. I, p. 110, pl. X, no 1. 

® Ibid. p. 113, pl. X, n° 3. 

* Les Romains instruits ne se faisaient pas d'illusions à cet égard, témoin 
le texte de Pline : « Siquidem nunc....... in bibliothecis dicantur illi » quorum 
immortales anime in locis iisdem loquuntur. Quin immo etiam que non sunt, 
finguntur, pariuntque desideria non traditos vultus sicut in Homero evenit. » 
Hist, nat., XXXV, 2, 6. 


382 MÉMOIRES 


vaient pas reproduit les traits, et que nos sculpteurs font 
revivre à l’aide d’un compromis entre leur imagination et 
l'étude qu'ils ont faite de la physionomie et du costume 
d’autres hommes du même temps. Les hermès ou bustes de 
bibliothèques se rattachent les uns aux autres par un cer- 
tain air de famille, une certaine conformité de style quien 
atténue un peu la valeur. Les monnaies, au contraire, gra- 
vées par des artistes divers de patrie et d'âge, appartenant 
à des écoles indépendantes, nous donnent certainement 
des portraits plus librement exécutés et par conséquent 
préférables. 

Au reste, malgré des différences notables dans le travail, 
l'effigie de la monnaie de Priéne et les hermès de Bias pré- 
sentent, notamment en ce qui concerne une disposition 
très-particulière de la chevelure, des rapports de ressem- 
blance tout à fait frappauts. 

Sur le revers de cette monnaie parait un personnage de- 
bout, en habit militaire, autant qu'on en peut juger d’après 
la gravure qu'a publiée M. le général Fox. Cet antiquaire 
propose dubitativement de voir là une image du dieu Lunus, 
quoiqu'on n'aperçoive dans le dessin aucun des symboles 
qui caractérisent ce dieu. C’est peut-être une figure en pied 
de Bias que Chariton, l'auteur du roman de Chæreas et 
Callirhoé, mentionne avec le titre de & otpatyyd<¢ Dpmyinv. 
Sur une autre monnaie de bronze de Priéne, Millingen 
avait reconnu la présence de Bias, et il avait communiqué 
une description de cette monnaie à M. Mionnet, qui l'a 
insérée dans le V]° volume du Supplément de son grand 
recueil. 

N° 4380. — Tête imberbe casquée, à droite. 

Revers. LIPIHNEON. Bias, debout marchant, à droite, 
la tête nue et barbue, vêtu d’une longue robe; la main 








re i le —— ee ee Oe ee ee eee ee ee ee eLp > 777 eee eee 


ET DISSERTATIONS. ' 383 


gauche sur un b&ton; derriére, un trépied et quelques 
lettres effacées, forte AIIOS. Æ. At. 

Quoique cette description ne soit accompagnée d'aucune 
note, il est facile de voir que le savant Millingen avait 
donné le nom de Bias à la figure représentée au revers de 
la monnaie, en raison du trépied qui est près d'elle. 

L’éminent archéologue anglais s’était rappelé les récits 
de Plutarque et de Diogène Laërce ‘, suivant lesquels des 
pêcheurs, ayant retiré de la mer un trépied d'or (Plut.), ou 
de bronze (Diog.), sur lequel on lisait l’inscripiion Te 
cop, ce trépied fut envoyé à Bias, qui ne voulut point l'ac- 
cepter, disant que c était Apollon qui était le sage. Mal- 
heureusement nous ne connaissons aucun dessin de la mé- 
daille autrefois en la possession de Millingen; il eût été 
intéressant de placer ce monument en regard de celui que 
nous devons au général Fox. 

Alors qu’il est question des documents numismatiques 
relatifs à Bias et à Priéne, il sera permis d’ajouter une 
courte remarque au sujet d'un passage de Valère Maxime, 
qui concerne à la fois la ville ionienne et le sage auquel elle 
avait donné le jour. L'écrivain latin s'exprime ainsi : 

« Bias autem, cujus sapientia diuturnior inter homines 
est, quam patria Priene fuit (siquidem hic etiam nunc spi- 
rat, illius perinde atque extinctæ vestigia tantummodo ex- 
tant), ita aiebat, etc.?. » 

Quoique, en général, le désir de faire une antithése en- 
traîne certains auteurs à sortir des limites de la vérité, et 
qu'à la rigueur on puisse supposer que Valère Maxime ne 
possédait pas de notions sur Priéne, qu il croyait détruite; 
cependant, il est bon de noter que l'on a retrouvé des mon- 


1 Plut., Solon, 4. — Diog. Laert., I, V, 82, 
2 Val, Max., VII, 3. 





384 MÉMOIRES 


paies frappées par cette ville sous le règne des empereurs, 
depuis Auguste jusqu'à Valérien, et, conséquemment, fort 
longtemps après la mort de l'écrivain latin. 

On pourrait donc supposer que Valère Maxime n’a voulu 
parler que du renom de Bias survivant à celui de Priène, 
et que la phrase incidente : « siquidem hic etiam, etc», 
placée entre parenthèses par les éditeurs, est une glose, 

‘une note marginale introduite dans le texte original à une 
époque relativement récente, postérieure même à celle où 
fut rédigée la Notice d'Hiéroclès, dans laquelle figure encore 
le nom de Priène parmi les villes de l’éparchie d’Asie. C'est 
là une question que les philologues pourront examiner, si 
l'emploi d'un argument tiré de la numismatique ne leur 
inspire pas une trop profonde aversion. 


ADRIEN DE LONGPÉRIES. 


ET DISSERTATIONS. 385 


LES CONTRE-MARQUES MONETAIRES 


A L'ÉPOQUE DU HAUT-EMPIRE. 


(Suite : Voir plus haut, p. 300.) 


Passons maintenant aux contre-marques qui contiennent 
manifestement le nom Tiberius. 

Naturellement, je ne reviendrai pas sur celles de ces 
contre-marques qui se trouvent associées aux suivantes : 
AVG. (n° 2) ou IMP. AVG. (n° 10); elles ont été déjà étu- 
diées, à propos des contre-marques de l'empereur Auguste. 

Nous devons, dans ce paragraphe, nous borner exclusi- 
vement aux différentes formes employées par ou pour Ti- 
bère lui-même. 

La plus fréquente et la plus simple de toutes ne com- 
porte que la syllabe TIB. (n° 47), placée tantôt dans un 
poinçon carré, tantôt dans un poinçon rond muni à gau- 
che et en avant du T initial, d'une petite dent qui se dé- 
tache du contour et s’avance sur le champ de la contre- | 
" marque (n° 45). 

M. Toulmouche, sans se préoccuper de la forme du 
poinçon, cite la contre-marque TIB. isolée comme trouvée 
sur les MB. d’Auguste, extraits du lit de la Vilaine, à 
Rennes. . 

Le gué de Saint-Léonard a fourni la contre-marque TIB. 
(n° 47) : - 


sus ane A1 visas fra-ce a Lyon, avec Cesar. 


Peete stow Tics. fox VI. frappé à Lyon. 

rss cs tt crie ie rare sous Caligula, et 
meee roe Ce tom ST à 41 de LD. 

ee tne ti sb a Lininæe: 

fo owes 4h stlrciuns Cesar Pont. Mar. 

fo o.ss.c ah mt ois Nevin om 2<taire d’ Auguste). 

~ ase ad t+ Pers, Loi. Vil, frappé à Lyon. 


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— —— . 


ET DISSERTATIONS. 7 387 


Rome pour que. la nouvelle de la mort de Tibère n’y fat 
pas encore officiellement connue, lorsque déjà une mon- 
naie émise par l'ordre de son successeur avait pu y arri- 
ver. Il y a là, je l'avoue, une difficulté trés-sérieuse et 
dont je ne me dissitnule pas la gravité. 

Comme je n'ai jamais vu la contre-marque TIB. appli- 
‘quée sur une monnaie de la colonie de Nimes, il est assez 
probable que ce n’est pas en Gaule qu’elle a été employée ; 
et effectivement, c'est presque toujours en Rhétie, en 
Pannonie, en Germanie et en Illyrie que Tibère a com- 
mandé les armées d’ Auguste. ° 

I] existe des pièces sur lesquelles on trouve d'un côté la 
contre-marque n° 47, et de l’autre la contre-marque n° 16. 
I] est donc bien clair que la pièce en question a été sou- 
mise deux fois à l'application d’un signe qui devait très- 
probablement, ainsi que nous l'avons déjà dit, en élever 
la valeur, par suite d'une nécessité de guerre quelconque. 

Je possède un exemplaire du MB. d’ Auguste, Cæsar Pont. 
Max., provenant de la collection de San Giorgio et présen- 
tant cette rare particularité : la contre-marque ronde, que 
je crois la plus ancienne, a été appliquée au revers, et la 
carrée devant la face d’ Auguste. 

Il ena été extrait un semblable du gué de Saint- 
Léonard. | 

Tiberius Cæsar. 


Passons maintenant aux contre-marques qui donnent 
à Tibère le titre de Gæsar. En voici la liste d'après les re- 
cueils de M. Toulmouche et des fouilles du gué de: Saint- 
Léonard. 

4. TIB. C. (Toulmouche), sur le MB. d’ Auguste 
2. TI CH. Id. ° 


888 MÉMOIRES 
8. TIBER C. Id. 


S'est trouvé 2 fois à 
Saint-Léonard, sur des 
MB. d Auguste, Cesar 
Pont. Max. 


A. (Ne 14) (Toulmouche) S'est trouvé 2 fois à 


5. TI. CAESAR. Id. 


Saint-Léonard, sur la 
méme espéce de mon- 
paie, 

Sur un Germanicus. 


6. TI CA. Saint-Léonard. Sur un Caligula (type 


de Vesta). 
7. TIB. C. Id. 5 fois sur Cesar Pont. 
Max. et une fois sur 
Tibère, Imp. V. (Autel 
de Lyon). 
J'en possède un exem- 
plaire sur l’Auguste de 
Lyon. Un deuxième 
exemplaire appliqué 
surune pièce semblable 
n'offre pas de point 
après la lettre C. 
8 TIB C. (Toulmouche). Sur le MB. de Lyon 
" MI d’ Auguste 
9. (N° 46 et 17) Id. Id. 
40. T. G. P. A. Id. Imprimé en creux sur 
le MB. d’Auguste , 
Pont. Max. 
TIB. 
44. CA, Id. Id. 
42, (N°18) Saint-Léonard. Id. 


13. TCNIM. Id. 


— oe a ee i i i ee ee 


Sur le MB. d’ Auguste, à 


ee — ee nn 


ET DISSERTATIONS, 389 


. la légende consensu 
etc. (Divus Augustus). - 
44. TC. | RA. (Toulmouche). Sur le MB. d’Auguste, 
Cesar Pont. Max. 

15. (N° 49) Saint-Léonard. 1 fois sur le MB. de 

Claude (Pallas). 

16. (N° 20) . Id. 2 fois sur le MB. d’ Au- 
guste, Cesar Pont. 
Max. 

17. (N° 24) Id. 5 fois sur des MB. de 

| - Germanicus (sous Ca- 

ligula). 

Les n* 4, 2; 3, 4 et 7 se lisent sans incertitude et 
rentrent sans difficulté dans la classe des monete cas- 
trenses de Tibére, frappées du vivant d’ Ayguste. Toutes les 
autres ont besoin d’étre étudiées avec soin. 

Le n° 5 serait bien étrange s'il concernait le MB. frappé . 
par l’ordre de Caligula. M. Toulmouche a oublié de nous 
dire si cette contremarque est appliquée au MB. à la légende 
SIGNIS RECEPTIS etc. ; mais je suis convaincu qu'il en est. 
ainsi. Cette monnaie a été frappée en l'an 16 ou 17 de l’ère 
chrétienne, après la victoire de Germanicus sur les Ger- 
mains, et la reprise des enseignes perdues par Varus, vic- 
toire qui eut lieu en l’an 16 de J.-C. Alors Auguste était 
mort depuis deux ans et Tibère était Auguste. Il ne 
prend toutefois sur nôtre contremarque que le titre de 
Cesar, ce qui n’a rien d extraordinaire, d'ailleurs. 

Le n° 6 TI CA a été trouvé sur un MB. de Caligula au 
type de Vesta. Nous sommes obligé de nous en tenir, 
pour cette pièce, à la même explication que nous avons 
proposée, lorsqu'il s'agissait de la contremarque n° 47 TIB. 


appliquée à un MB. de Germanicus, frappé en 37 de J.-C., . 
1869-10. — 6. | 27 


390 MÉMOIRES 


par l'ordre de Caligula. Je ne dissimulerai pas toutefois 
que cette explication ne me satisfait pas pleinement. 

Le n° 8 est très-intéressant et doit être rapproché du 
n° 9. Je n'hésite pas à y lire Tiberius Cæsar, militibus, et à 
y voir une véritable pièce de guerre, affectée à la solde de 
l’armée avec une valeur conventionnelle. Quant à la figure 
étrange (n° 17) qui accompagne la contremarque n° 9, je 
ne sais qu'en dire. 

Le n° 10 ne comporte que des lettres imprimées en 
creux. Faut-il les lire Tiberius Cæsar Paterna Arelate, ou 
Tiberius Colonia Paterna Arelate? Je laisse à de plus hardis 
le soin de le décider, et je me borne à mentionner ces 
deux lectures possibles ‘; toutefois, l'absence du titre J ulia 
m’embarrasse. 

Le n° 11 est ggalement de lecture incertaine. Faut-il 


' Nous savons qu'en 48 avant J.-C., trois colonies militaires furent décré- 
tees par Jules Cæsar et fondées par Tiberius Claudius Nero, c'étaient : 
Colonia Julia Paterna Decumanorum, à Narbonne (X° légion) ; 
Colonia Julia Paterna Arelate (VI® légion), à Arles; 
et Colonia Julia Paterna Biterra (VII° légion), à Béziers. 
En méme temps était fondée une colonie maritime & Forum Julii (Fréjus). 
Vingt ans plus tard, Auguste fondait, au nom de son pére adoptif et au sien, 
un certain nombre de nouvelles colonies telles que : 
Colonia Julia Secundanorum (XI° légion) à Arausio (Orange). 
En même temps, Forum Julii recevait les colons de la VII* légion, et 
beaucoup d'autres villes recevaient les priviléges du droit romain, avec le titre 
de colonie, c'étaient : 


Julia Carpentoracte. . . . .... so. Carpentras. 
Cabellio, ,...,........,.,.,. e Cavaillon. 
Julia Valentia, , ....,.., eee eee eee Valence. 
Nemausus, ...-..,........... Nimes. 
Julia Vienne. .,................... Vienne. 
Julia Augusta Aquæ-Sextig, . . ,,. .. ... o.. Aix. 
Augusta Tricastinorum........ e+, + Aouste, 
Apta Julia... .......,..,....... Apt. 


Alba Augusta Helviorum. seu... ÂÀps 














ET DISSERTATIONS. 30F 


y voir simplement Tiberius Cesar? Mais le mot Cesar 
abrégé en CA. me paraît bien invraisemblable. S'agit-il 
d’Arles, colonia Arelate, ou de Cabellio, sans son titre de 
colonia, etc., etc. ? J'avoue que je ne saurais le deviner. 

Les n* 142 et 14 doivent peut-être se comparer au n° 40 
examiné plus haut. Le n° 42 semblerait donner raison à 
la lecture Tiberius Colonia Paterna Arelate ; mais peut-être 
sommes-nous à cent lieues du véritable sens de ces lettres. 

Si M. Toulmouche a bien copié le n° 44, il y faut lire 
toute autre chose. La première partie semble bien signifier 
Tiberius Cesar ; mais la seconde RA.? je ne me charge pas 
de l'expliquer. 

Le n°13 nous offre encore une-enigme bien embrouillée. 
Si chaque lettre est une initiale, nous serions tenté de les 
compléter ainsi : Tiberius Cesar. numus inter milites 
Mais c’est là, hâtons-nous de le dire, une interprétation 
bien digne du P. Hardouin, de fantastique mémoire. Cette 
contremarque est appliquée sur le MB. frappé après la mort 
d'Auguste, avec la légende : Consensu, etc., c'est-à-dire 
postérieurement à l'an 14 de J.-C. 

Le n° 15 appliqué à un MB. de Claude, frappé en l’an 41 
de J.-C., ne peut plus évidemment concerner Tibère. Peut- 
être pourrait-on à la rigueur y trouver les noms de Tibe- 
rius Claudius lui-même. Mais n’ayant pas vu cette contre- 
marque en nature, je n'ose m'en occuper plus longuement. 

Le n° 16 se lit bien au commencement Tiberius Cesar. 
Mais que signifie la derniére ligature (n° 22)? Est-ce 
Augustus? cela est bien incertain. S'il en est ainsi, cette 
contremarque aurait été employée entre l'an 14 et l’an 37 
de J.-C. 

Enfin, le n° 17 est si extraordinaire à cause des ligatures 
qu’il présente, que j'aime mieux ne pas m'en occuper 


$92 | MEMOIRES 


avant d'avoir pu l'étudier de visu Qu'elle contienne 
les éléments des mots Tiberius Cæsar, cela ne fait pas 
question. Comme cette contremarque s'est rencontrée, 
sur 5 des MB. de Germanicus émis par l'ordre de Caligula, 
elle a été certainement employée en 37 de J.-C., avant 
notification officielle de la mort de Tibère; mais en quel 
lieu? je lignore. 


Tiberius imperator. 


La contremarque TIB.IM. a été rencontrée par M. Toul- 
mouche sur le MB. d’ Auguste, frappé à Lyon avec la lé- 
gende Cesar Pont. Max. A Saint-Léonard, cette contre- 
marque s'est trouvée deux fois sur la même monnaie 
d’Auguste, et une fois sur le MB. de Tibère Imp. VII, 
frappé à Lyon. 

Moi-même je possède un exemplaire de cette dernière 
monnaie, provenant de la collection Dassy, et elle ma 
donné Ja certitude que les exemplaires de Rennes et de 
Saint-Léonard avaient été bien lus. Il n’y a pas moyen, en 
effet, d'y voir la contremarque (n° 23), au lieu de IM. 

Pas d’hésitation possible sur l'attribution de cette con- 
tremarque. Le titre IMperator, qui suit le nom Tiberius, 
ne peut être que celui qui était décerné aux généraux 
heureux. C'est donc entre l'an 4 et l'an 14, ou plutôt l’an 
42 de J.-C, qu'il faut placer l'emploi de cette contremarque. 
Nous savons, en effet, que pendant ces huit années Tibère 
n’a pour ainsi dire pas cessé de commander les armées 
romaines, en Germanie, en Illyrie et en Pannonie. 


Tiberius Augustus. 


Nous arrivons maintenant aux contremarques sur {es- 


ET DISSERTATIONS. 393 


quelles Tibère reçoit le titre d’Auguste et qui, par consé- 
quent, sont postérieures à l'an 14 de J.-C., date de la 
mort d'Auguste. | 

Énumérons celles de ces éontremarques qui ont été 
trouvées jusqu'à ce jour. | 

4° TIB. et TIB. AVG. Cette contremarque double a été 
trouvée par M. Toulmouche sur le MB. d’Auguste, frappé à 
Lyon. Il en est de même de la double contremarque sui- 
vante : 

2 TI AVG: et S.P.Q.R. 

3° (N° 24) rencontrée deux fois à Saint-Léonard; 
* l'une sur le MB. lyonnais de Tibére Imp. VII; l’autre sur 
le MB. d'Auguste divinisé, avec la légende consensu senat. . 
eteq. ordin. P.Q.R., frappé postérieurement à la mort 
d’Auguste (14 de J.-C.). 

he (N° 25) Saint-Léonard, sur un MB. de Tibére 
Imp. VII (de Lyon). 

5° (N° 26) Saint-Léonard, sur un MB. de Germanicus, 
signis receptis, etc. 

6° (N° 27) et BON. Saint-Léonard sur un MB. de 
Claude, au type de Constantia. 

7° (N° 27) sur un GB. de Claude (R. S.C.P.P. ob cives 
servatos), qui m'est venue de la collection San Giorgio. 

Interrogeons maintenant ces div2rses contremarques. 

La présence, sur le n°4. des types TIB. et TIB. AVG. nous 
prouve que cette pièce a été deux fois mise en usage 
comme moneta castrensis, La premiére, lorsque Tibére 
commandait les armées d’Auguste, et la seconde, lorsqu’il 
était devenu lui-méme empereur. 

Le n° 2 est très-curieux. La contremarque S.P.Q.R. 
que nous trouvons comme formule de réprobation sur les 
monnaies de Néron, ne peut plus jouer ici le même rôle, 


894 MÉMOIRES 

puisqu'elle est appliquée sur une monnaie d’ Auguste. Nous 
savons qu'à la mort de Néron, le Sénat et le peuple romain 
crurent à une renaissance de la République : de 1a les 
rares deniers autonomes si bien décrits par feu le duc de 
Blacas ', et les monnaies de Néron si fréquemment contre- 
marquées de la formule S.P.Q,R. Il y a tout lieu de croire 
que notre monnaie d'Auguste, déjà contremarquée du 
type TI AVG. aura subi le même sort, et probablement à 
cause de cette contremarque même relative à un souverain 
voué à l’exécration publique. Si cettecontremarque ne s'est 
rencontrée qu'une seule fois jusqu'ici, c est qu’ apparem- 
ment les monnaies émises à Lyon au type de |’autel de . 
Rome et d’Auguste ne franchissaient guére les Alpes. Le 
spécimen qui nous occupe, apporté à Rome par le hasard, 
aura reçu à l'officine monétaire le stigmate destiné plus 
spécialement aux monnaies de Néron. 

Le n° 3, postérieur à la mort d’Auguste, se trouve effec- 
tivement sur un Tibère frappé à Lyon avant cette année, et 
sur un Auguste frappé après sa mort; il n’y a donc là rien 
que de trés-naturel. 

Il en est de même du n° À qui est certainement posté- 
rieur à l’année 14 de J.-C., dans laquelle Tibère prit le 
” titre d’ Auguste. 

Le n° 5, appliqué sur une monnaie de Germanicus, 
frappée du vivant de Tibére, en l'an 16 ou 17 de J.-C., n'a 
rien qui doive nous étonner. 

Je n’en saurais dire autant des n° 6 et 7. 

Les monnaies de cuivre de Claude paraissent toutes avoir 
été frappées en A1 de J.-C., lors de son avènement à l'em- 
pire. On n’y rencontre pas une seule date différente. Le 
Sénat se serait donc borné en quelque sorte à une seule 


1 Revus numism., 1862, p. 197 et suiv. 


ET DISSERTATIONS. 396 


émission des monnaies, dont la création lui appartenait, 
pour toute la durée du règne de Claude. Les monnaies d’or 
et d'argent, dont le droit d’émission appartenait à l’em- 
pereur, sont dans un tout autre cas; les dates différentes 
de celle de l'avénement y abondent; mais la plus récente 
rencontrée jusqu'à ce jour est de l’an 51 de J.-C. (Claude 
est mort en 54.) 

De ce qui précéde il résulte que toute contremarque 
appliquée à une monnaie de cuivre de l'empereur Claude. 
_ ne peut l'avoir été que postérieurement à la mort de Cali- 
gula, an 44 de J.-C. Que dire alors de la présence du 
type (n° 27) Tiberius Augustus, sur des monnaies de 
cette classe? Qu'en aucun cas, cette contremarque n’a pu 
concerner Tibère qui était mort depuis quatre ans. Comme 
Claude et Néron se nommaient tous les deux Tibére, le 
premier, parce qu'il était fils de Néron, fils de Tibère 
. Drusus et d’Antonia; le second, parce qu'il prit le nom de 
Tibère, en même temps que le titre de Cæsar, lors de son 
adoption par Claude, en l'an 50, la contremarque pourrait 
à la grande rigueur convenir à l’un et à l’autre. Je pense 
cependant que c’est plutôt Claude que Néron qui y a des 
droits, parce que jamais Néron n'a pris sur ses monnaies 
le nom de Tibère, tandis que Claude l’a fait constamment. 
Dès lors nous sommes porté à croire que ce fut l'expédi- 
tion de l'armée romaine en Angleterre, qui donna lieu à 
l'emploi des contremarques en question. Et ici se place 
l'appréciation d’une particularité assez singulière. Sur le 
n° 6, la contremarque (n° 27) est accompagnée de la 
contremarque BON. Or, il paraît bien difficile d'admettre 
que ce mot signifie tout simplement Bonus (numus sous- 
entendu) ; ce serait en effet du latin bien digne d'être 
appelé : latin de cuisine. J'aime bien mieux y voir le nom 


896 MÉMOIRES 


Bononia, Boulogne, port d'embarquement de l'expédition 
d'abord tentée par Caligula et, plus tard, effectuée par 
Claude. 

Je reviendrai sur le compte de cette curieuse contre- 
marque. 

Quoiqu'il en soit, je considère les monnaies de Claude 
contremarquées du type TIA/ (n° 27) comme des monetz cas- 
trenses de l'expédition militaire faite en Angleterre, sous le 
règne de cet empereur. 


Imperator. 


Nous n’avons pas à revenir sur lescontremarques offrant 
le titre Imperator accolé aux noms d’Auguste et de Tibére; 
elles ont été suffisamment étudiées. 

Dressons donc la liste de celles qui offrent le titre Impe- 
rator isolé, ou rapproché de lettres dont l'interprétation ne 
saurait fournir un nom propre d'Empereur. 

4. IM. Toulmouche. Sur une monnaie 


de la colonie de Nimes. 
2, IMP. Toulmouche. Sur une monnaie 


de lacolonie de Nimes. 
3. (N°28) et entre les Sur une pièce de la colonie de 
- deux têtes (n° 29). Nimes, provenant du cabinet 
Dassy. Ma collection. 
k. (N° 28). Ma collection : sur une pièce de 
Nimes, 2 exemplaires. 
5. (N°°28 et 30). Saint-Léonard, Sur une pièce de 


Nimes. 
6. (N° 30) et au À Sur une pièce de Nimes. Ma 
une contremar- collection. | 


que peu lisible, 
peut être II M II. 


= 


ET DISSERTATIONS. 397 


7. (N° 34). Toulmouche. Sur une piéce de 
. Nimes. 
8. (N° 32). Saint Léonard. Sur un MB. de 


Claude au type de Cérés, et 
Toulmouche, sur une monnaie 
de Claude. 

9. (N°88) et TIN PRO. Sur un GB. de Claude, de ma 
collection, provenant du cabi- 
net San Giorgio (Il faut pro- 
bablement lire TIA/). 


10. MP. Toulmouche. Sur une pièce de 
Claude. 

11. M PRO. Toulmouche. Sur une pièce de 
Claude. 


12. (N°34) et PRO BON. Saint-Léonard. Sur un MB. de 
Claude, au type de Cérés. 

13. (N° 35) et IM. Toulmouche. Sur un MB. d’Au- 
guste, frappé à Lyon. 


14. (N° 36). Toulmouche. Sur un MB. d’Au- 

guste, frappé à Lyon. 

45. Il. M. II. Toulmouche. Sur un MB. d'A- 
grippa. 

16. PM et MAC Toulmouche. Sur un MB. d'Au- 
guste. 


Les numéros 1, 8, 10, 14, 12, et 13 ont ils été bien lus? 
j'en doute, et je suis tout disposé à penser qu’il faut y 
voir les contremarques n* 32, 33 ou 34. Cela posé, ces 
pièces ont été contremarquées par un chef d'armée, Im- 
perator. Le n° 13, pourrait toutefois offrir le sens. IMPe- 
rator Augustus ce qui n'aurait rien que de naturel, puisque 
cette contremarque se présente sur un MB. d’Auguste, 
frappé à Lyon. On me pardonnera de ne pas trop appuyer 


¢ 


308 MÉROTRES 


sur l'explication de contremarques que je n'ai pas vues en 
nature, et dont la lecture ne m'est pas absolument dé- 
montrée. 

Passons aux détails. 

Le n° 4, à supposer qu'il doive se lire IMP. comme la 
contremarque n° 28 du tubleau, a été contremarqué par un 
général d'armée, autre que Tibère, postérieurement à l'an 
42 avant J.-C. Il en est de même des n° 2, 3, 4 et 5. 

La rouelle du n° 8 (n° 29 du tableau) me semble carac- 
tériser un type gaulois. 

La pièce qui porte cette double contremarque pourrait 
donc avoir tour à tour servi de monnaie de guerre aux 
Gaulois et aux Romains. La grande révolte de Sacrovir et de 
Florus, a bien pu faire employer la rouelle (an 21 de J.-C). 

Les n°* 5, 6 et 7, nous offrent des pièces de Nimes por- 
tant une contremarque particulière, plus ou moins com- 
plète, plus ou moins mal reproduite, et qui me paraît 
devoir se lire G. IMP. Galba Imperator. L'emploi de cette 
contremarque trouve admirablement sa place au milieu de 
la nation gauloise en ébullition, lors de la révolte de Galba 
et de la mort de Néron. 

La contremarque du revers du n° 6 est beaucoup trop 
incertaine pour que j'ose en aborder l'explication. 

Le n° 8 est un Claude au type de Gérès de l’an Ai de 
J.-C.; si la contremarque qui lui est appliquée doit se lire 
IMP. le cours forcé de cette pièce a pu avoir lieu pendant 
l'expédition de la Grande-Bretagne. 

Le n° 9 est très-intéressant et me paraît avoir également 
pris naissance en Grande-Bretagne. La contremarque (n° 33 
du tableau) est l'empreinte du général d'armée; le mot 
PRO., se lit plus complètement PROB. sur d'autres pièces 
de Claude (gr. bronze : S. C. ob cives servatos, de ma collec- 


ET DISSERTATIONS. 399 


tion), et signifie sans aucun doute PROBatus numus, Pièce 
approuvée, reconnue. Cela nous permettrait jusqu'à un cer- 
tain point de lire les ne 8, 40, 14, et 12, Militibus prohatus 
(numus), monnaie approuvée pour les troupes. 

Reste au n° 9 la contremarque TIN appliqué sur le coin 
de l'effigie; que peut-elle signifier? il est assez difficile de 
le deviner; on pourrait être tenté d'y voir le nom de Tin- 
comius fils de Comius, prince des Celtes Bretons à l’époque 
d’ Auguste. Mais ce Tincomius ne vivait certainement plus, 
lors de l'expédition de Claude en Grande-Bretagne. Cette 
explication est donc imaginaire. Aussi aimé-je bien mieux 
ne voir là que le type TIA’ un peu altéré, lequel, ainsi que 
je l'ai montré plus haut, convient bien à une armée de 
Tibérius Claudius, guerroyant contre les Bretons. 

Le n° 12 est compliqué de la présence de la contremarque 
BON. que j'explique avec plus de confiance que jamais par 
Bononia, Boulogne. 

Les n* 413, 14et16 auraient grand besoin d’être examinés 
de trés-prés; j'aime bien mieux ne pas m’en occuper, de 
peur de fournir un nouvel exemple dela dent d’or. 

Enfin le n° 15, s'il a été bien copié, peut s'expliquer par 
la valeur TITI as au lieu de I as attribuée à la pièce en ques- 
tion par nécessité de guerre, et pour le service de l’armée, 
Militibus. 


S.P.Q.R. 


Voici l’énumération des variétés de cette coutremarque : 

1. S.P.Q.R. Saint-Léonard; 16 fois sur dif- 
férentes monnaies de Néron. 
M. Toulmouche en a également 
rencontré dans les fouilles de 
la Vilaine, 


A00 MÉMOIRES 
2. S.P.Q.R et TI.AVG. Toulmouche. Sur un MB. d'Au- 


guste. 

8. PQR. Saint-Léonard. Sur un MB. de 
Claude, Libertas., etc. 

A. QPS. | Saint-Léonard. Sur un MB. de 
Néron. 

5. (N° 87). Saint-Léonard. Sur un MB. de 
Néron. 

6. (N° 38). Saint-Léonard. Sur un MB. de . 


Tibère, frappé à Lyon, imp. V. 

Nous n'avons que peu de choses à dire de ces différentes 
contremarques. Nous avons déjà émis l'opinion qu'elles 
avaient été appliquées sur les monnaies de Néron, comme 
marque de réprobation; nous la maintenons. 

Les n°* 3, 4, 5 et 6 nous paraissent incomplets. 

Quant au n° 2, nous nous en sommes déjà expliqué: 
inutile donc d'y revenir. 


Vespasien. 


Le gué de Saint-Léonard a fourni deux monnaies de Né- 
ron portant la contremarque n° 39 du tableau, dans la- 
quelle on devine le nom de Vespasien. 

Je possède une monnaie semblable, qui m’est venue de 
la collection San Giorgio, et qui offre le type suivant : 

Toutes les lettres VESPAS.AV., n° 40, s’y retrouvent 
très-aisément. | 

Je pense que cette contremarque a été employée par les 
légions de Meesie ét de Germanie, dans leur marche contre 
Vitellius. 


D.D. Decreto Decurionum. 


Il est évident que nous avons ici le signe d’une disposi- 





ET DISSERTATIONS. AOL 


tion monétaire décrétée par les décurions d'une colonie 
militaire. 
_ Cette contremarque n’est pas rare; mais elle se ren- 
contre toujours, sans exception, sur les monnaies de la 
colonie de Nimes. 
Voyons quelles sont les variétés de ce type. 
4. (Ne Af) Saint-Léonard ; 2 exemplaires. 
2 (Ne 44 incomplet). Saint-Léonard; 1 exemplaire. 
3. (N° 41 incomplet). Au droit d'une pièce de Né- 
° ron; de ma collection. 
h. (Ne Ad). Sur la figure d’Agrippa, et 
une autre contremarque il- 


| lisible: de ma collection. 
5. C-I-C-(n° 42). à D D. 


(n° 41). Ma collection. 
6. DD (n° 41) À... D et 
C-I-C- (n° 42) Ma collection. 


Les formes suivantes, qui évidemment rentrent toutes 
dans celles que je viens d’énumérer, nous sont fournies par 
M. Toulmouche. 

DD (n° 43), D (n° 44), D D (ne M), et D. 

Reste enfin le type suivant ; 

7. Au droit, deux fois la contremarque (n° 29), dont 
une a treflé sous le poinçon ; la contremarque (n° 28) 
fort usée, placée sur la joue de l'effigie d’Agrippa. 

__ 8. (N° 29), entre les deux effigies, sur 2 pièces de ma 
collection. 

9. (N° 29) entre les deux têtes et (n° 28) sur la nuque 
d’Auguste ; ma collection. 

Il est fort curieux de constater que presque toujours ces 
diverses contremarques sont appliquées sur l'effigie 
d’ Agrippa, tandis que celle d’Auguste est presqu invaria- 


402 MEMOIRES 


blement respectée. Je suis presque tenté d'en conclure que 
l'effigie d'Auguste conservait en quelque sorte un carac- 
tère inviolable et sacré. Peut-être était-il encore vivant 
lorsque ces contremarques ont été appliquées sur des 
monnaies de Nimes. 

je pense être tout à fait dans le vrai en admettant que 
ces contremarques, dont l'emploi a été décrété par les 
décurions d’une colonie, n'ont eu d'autre effet que de 
s'approprier les monnaies de Nimes, autrement dit de 
fabriquer à bon marché des espèces de la colonie en: 
question. 

Quelle est cette colonie C. I. G.? trés-probablement la 
colonia Julia Carpentoracte, Carpentras. 

Toutefois, comme nous ne connaissons de Cabellio que 
de petites monnaies de cuivre, peut-être la colonie de Cabel- 
lio pourrait-elle revendiquer la propriété de ces contre- 
marques. Nous devons toutefois faire remarquer qu'il n'y 
a pas encore d'exemple de l’emploi numismatique de la 
formule colonia Julia Cabellio. Tout bien considéré, je 
penche pour Carpentoracte. 

La formnle C. I. C. n'a rien d’insolite; elle est pure- 
ment l'analogue des formules indubitables C. I. V. de 
Vienne, et C. I. S. (Secundanorum), d'Orange, (arcade 
centrale supérieure de la grande façade du théâtre). 

J'ai déjà eu l’occasion de parler de la rouelle tracée en 
contremarque, je n’y reviendrai donc pas ; mais je persiste 
à croire que cette contremarque a été en usage parmi les 
Gaulois. | 


(La suite à un autre cahier.) 
F. DE SauLcy. 


ET DISSERTATIONS. AO 


MONNAIES ROMAINES DE L'ÉPOQUE IMPERIALE 


(Pl. XIII.) 


Des six médailles romaines gravées pl. XIII quatre m’ont 
été communiquées par MM, Camille Rollin et Feuardent 
que je ne saurais assez remercier de leur obligeance; ce sont 
les pièces n°’ 1, 2, 3 et 6. Je dois la connaissance des deux 
autres, n° 4 et 5 à MM. H. Hoffmann et Henri Brunn. 

Les six pièces réunies sur la pl. XIII sont toutes inédites et 
de la plus grande rareté. En voici la description, accom- 
pagnée de quelques remarques : 

N° 4. GERMANICVS CAESAR. TI. AVG. F. DIVI AVG. N. 
Buste nu de Germanicus à droite. 

à. TI CLAVDIVS CAESAR AVG GERM P M TR P IMP P P. 
Au milieu S. C. Grand bronze. — Collect. Wigan a 
Londres. | 

Les pièces de moyen bronze à l'effigie de Germanicus 
sont communes, et dans l'ouvrage de M. Henri Cohen 
(Description historique des monnaies frappées sous l'Empire 
romain, t. I, p. 139, n° 6) on trouve un moyen bronze 
absolument semblable au grand bronze pl. XIII, n° 4; ce 
sont les mêmes types et les mêmes légendes. La seule 
pièce de grand bronze décrite par M. Cohen, sous le n° 7 
est un exemplaire mal conservé, comme le dit l’auteur dans 
une note. Cette médaille se trouvait dans la collection de 
M. Spannlang, à Paris, et M. Cohen la regardait comme 


AOA MÉMOIRES 

étant d'une authenticité indubitable : il ajoutait que l'exem- 
plaire du Cabinet de France, avec la tête à gauche, et dont 
Vaillant (Numism. imp. rom. præst. t. 1, p. 45) avait déjà 
dit nisi suspectus haberelur, paraît être « un Néron Drusus 
déguisé en Germanicus, et refait des deux cotés ». 

Eckhel ', en parlant del'exemplaire du Cabinet de France, 
s'exprime ainsi : « Æneum I formz a Claudio in Germa- 
« nici honorem signatum prodidere Vaillantius* et Mo- 
« rellius”, sed de hujus fide dubitat ipse Vaillantius cum 
« aliis. » 

Mais si la piécede grand bronze au Cabinet de France, 
avec la tête à gauche est une pièce refaite, on ne comprend 
pas trop comment d'un Néron Drusus, comme le dit 
M. Cohen, on aurait pu faire un Germanicus. La légende 
du côté de la téte, sur les pièces de Néron Drusus, est toute 
différente : NERO CLAVDIVS DRVSVS GERMANICVS IMP. 
et au revers dans la légende de l'empereur Claude, il ya 
aussi des différences ; mais ce qui est surtout à remarquer, 
c'est qu'au lieu des deux lettresS. C. gravées dans le champ, 
le type montre Claude assis sur la chaise curule et entouré 
d'armes. Ce qui me parait probable c’est que le grand 
bronze du Cabinet de France, regardé comme suspect par Vail- 
lant et par d’autres savants, est un coin moderne; en fabri- 
quant cette pièce, on a pu se servir pour le droit d'une tête 
de Néron Drusus et pour le revers d'un type d’ Agrippine 
mère, femme de Germanicus; la légende qui accompagne 
la tête aurait été prise d'un moyen bronze à l'effigie de 
Germanicys; il n'y avait rien à changer dans la légende du 
revers. D'ailleurs la tête est celle de Néron Drusus, et vue à 


1 D. N.,t. Vi, p. 210. 
2 L. cit. 
3 Thesaurus numism., t. I, p. 527. 


ET DISSERTATIONS. A05 


la loupe, on y reconnaît, surtout dans les cheveux, des re- 
touches faites au moyen du burin'. 

M. Feuardent m'a communiqué l’empreinte d’un second, 
exemplaire absolument semblable, sorti du même coin et 
qui se trouverait, à ce qu'il paraît, à Florence. 

Quant à la pièce autrefois de la collection de M. Spann- 
lang, grâce à l’obligeance de M. Hoffmann, j'ai eu le loisir 
de l’examiner à mon aise et je puis assurer de la manière 
la plus positive qu'elle est fausse. C’est une pièce de cuivre 
jaune, peu épaisse, coulée sur un Néron Drusus; la tête 
tournée à gauche est mutilée et les traits sont méconnais- 
sables; les lettres de la légende ont été refaites et, au re- 
vers, on s’est contenté de retoucher la légende et de faire 
disparaître le type de l'empereur Claude assis; le champ 
est complétement libre, il n’y a aucune trace des deux lettres 
S. C. et on y distingue à l'œil nu des marques de l'outil 
qui a servi à effacer le type. 

Germanicus, on le sait, était le fils de Néron Drusus, 
désigné aussi sous le nom de Drusus Senior, frére 
de Tibére; sa mére se nommait Antonia. Drusus avait 
reçu le surnom de Germanicus, à la suite des nombreuses 
victoires qu'il avait remportées sur les Germains * et, comme 
le dit Suétone ”, le Sénat, par un décret, lui avait fait élever, 
sur la voie Appienne, un arc de triomphe de marbre avec 
des trophées et lui avait décerné ainsi qu’à ses descendants 
le titre de Germanicus. L’arc de triomphe, comme le fait re- 


1 Patin, qui a possédé cette pièce dans sa collection l’a fait graver dans son 
ouvrage : Thesaurus numism., p. 141, imprimé en 1672, sans indication de 
lieu. Cette gravure prouve que le coin a été fait avant cette date, 

2 Tacit’, Annales, XIII, 53. 

3 In Claudio, 1. Præterea Senatus in alia complura marmoreum arcum cum 
tropæis via Appia decrevit et Germanici cognomen ipsi (Druso) posterisque ejus. 

1869-70. — 6. 28 


406 MEMOIRES 


marquer Eckhel' se voit sur ses médailles, accompagné 
de la légende DE GERM. ou DE GERMANIS. Germanicus 
son fils justifia par ses exploits contre les Germains le sur- 
nom qui lui avait été transmis”. 

La rare pièce gravée pl. XIII, n° 1 a été frappée sous le 
règne de Claude, frère de Germanicus, c’est-à-dire après 
l'an 41 de notre ère. 

N° 2. TI CLAVDIVS CAESAR AVG. F BRITANNICVS. Buste 
nu de Britannicus à droite. 

R. Mars barbu marchant à gauche, armé d'un casque, d'un 
bouclier et d’une haste. Dans le champ S.C. Grand bronze — 
Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet de France. 

On ne connaissait jusqu'à ce jour qu’une médaille uni- 
que de grand bronze et de coin romain à l'effigie de Bri- 
tannicus, c'est l'exemplaire de la collection Dupré, publié 
par M. Cohen (/mpériales, t. 1, pl. x1, n° 4 et décrit p. 474). 
Cette pièce, dit Eckhel *, parut à Rome en 1773 et excita 
l'admiration générale. Elle a été gravée dans les Mélanges 
numismatiques de Magnan *, et au frontispice du troisième 
volume de l'Histoire de l’art de Winckelmann, traduite en 
italien par Carlo Fea (Rom., 1784, in-4°. Cf. p. 464 où se 
trouve la description). Un exemplaire semblable habile- 
ment fait, mais évidemment faux, se trouvait dans la col- 
lection de Neumann, à Vienne. Morell * a publié un moyen 
bronze sur lequel est représenté Britannicus 4 cheval, mais 
Havercamp ‘ dit lui-même que c’est un coin inventé par 


1 D. N.,t. VI, p. 177. 

2 Dio Cass., LVI, 17. — Tacit., Annales, I], 25 et 41. 

3 D.N.,t. VI, p. 264. 

+ Miscellanea numismatica, t. THI, pl. 18. Roms, 1774. — Cf. Guattani, 
Mon. inediti per l'anno 1784, p. 27. | 

5 Thesaurus numism., Claud., tab. XIII, 16. 

6 Jbid., t. II, p. 6Y. 


ET DISSERTATIONS. 407 


Goltzius. Eckhel finit en disant : Certe akibi conspectus 
hactenus non est. Comme Magnan ajoute de son côté que 
l’exemplaire vu par lui, à Rome, dans la collection de 
l'abbé J.-B. Visconti, est d’une très-bonne conservation 
(optimæ conservationis), on serait porté à croire que le 
Britannicus de la collection Dupré n’est pas le même que 
celui qui est décrit par Eckhel. Quoiqu'on ne puisse 
rien affirmer à cet égard, il est bien probable que c’est 
cependant le même exemplaire. Du reste, on ne connaît au- 
jourd’ hui que les deux seuls grands bronzes conservés, l'un 
dans la collection Wigan, l'autre au Cabinet de France, et 
ils ne sont pas du même coin. L’exemplaire que nous pu- 
blions, d’une meilleure conservation que celui de la col- 
lection Dupré, diffère de cette dernière pièce par la po- 
sition de la tête ; sur la médaille de la collection Dupré, 
la tête du jeune César, fils de Claude et de Messaline, est 
tournée à gauche, tandis qu'ici elle paraît à droite. Le re- 
vers est exactement le même. 

On connaît des monnaies coloniales à l'effigie de Britan- 
nicus, ainsi que des pièces grecques frappées à Alabanda, 
à Assus, dans le Bosphore, à Ilium, à Nicomédie, à Thes- 
salonique, à Thyatire, etc. * Sa tête est quelquefois associée 
à celles de Claude ou de Néron. 

N° 3. IMP C M AVR EV{sic) ALEXAND AVG. Buste lauré 
et légèrement barbu de Sévère Alexandre à droite. 


1 Voy. Cohen, Description historique des monnaïes frappées sous l'em- 
pire romain, t. I, p. 172. — Cf. Mionnet (Alabanda), t. LE], p. 307, n° 22 
et 28; t. VE, suppl., p. 439, n° 94 et 25. — (Assus), t. I], p. 523, n° 60. — 
(Bosphore), t. 1V, suppl., p. 496 et 497, n°° 70-72. — (Ilium), t. Il, p. 661, 
n° 209; t, V, suppl., p. 560, n° 413 et 414, — (Nicomédre), t. II, p. 467, 
n°* 808 et 309, — (Thessalonique), t. I, p. 497, n° 363 et 364; t. IN, suppil., 
p. 133, ne 858—860. — (Thyatire), t. 1V, p. 156, n° 890. 


408 MEMOIRES 
W. MAISAI(sic) AVG. Mesa debout à gauche, appuyé - 

sur un cippe, tenant un sceptre de la main gauche et sa- 

crifiant sur un petit autel. Argent. — Collect. de l’auteur, 

Julia Mesa était sœur de Julia Domna, femme de Septime 
Sévère et mère de Julia Soæmias et de Julia Mamza, la 
première, mère d'Élagabale, la seconde, mère de Sévère 
Alexaodre '. 

Les monnaies de coin romain à l'effigie de Mæsa sont 
trés-communes. Mais on ne connaissait jusqu'à ce jour que 
des monnaies de bronze, frappées à Marcianopolis, ville de 
la Mesie inférieure, où l'on voit les têtes affrontées de 
Sévère Alexandre et de Julia Mæsa, de la même manière 
qu'Élagabale s’est fait représenter avec son aïeule sur des 
pièces de la même ville, ainsi que sur des monnaies colo- 
niales de Tyr. La légende qui se lit sur les monnaies de 
Marcianopodis est la suivante : AYT.K.M AYP.CEYH. AAE- 
ZANAPOC IOYAIA MAICA AYT*. 

Quant à la pièce gravée, pl. XIII, n° 8, c’est la première 
que l'on rencontre à légende latine, montrant Mesa, 
l’aïeule de Sévére Alexandre, figurée au revers de l’efligie 
de son petit-fils. La légende est écrite sous la forme grec- 
que MAISAI® pour MAESAE et au datif, ce qui est un 
signe d'apothéose. En effet, Hérodien * raconte que Mesa 
mourut très-âgée, qu'elle avait joui des honneurs royaux, 
c'est-à-dire du titre d’Auguste, et qu'après sa mort elle fut 
mise au rang des Dieux. En outre, plusieurs de ses mon- 


1 Herodian, V, 4 et 5. 

* Mionnet, t. Il, suppl., p. 107 et 108, n°* 309—315. 

3 On connaît des inscriptions latines dans lesquelles on retrouve cette 
forme du datif. Mais dans ce cas, cette orthographe appartient à l’aneienne 
Jangue latine. 

+ VI,2. H pèv Maté, mpeoGüis Kôn odca, dvemaügaro tou flou étuyé ve 
BacrAtxaov téov, xal dç vououor Pwuaior celeron. 





ET DISSERTATIONS. 409 


naies, tant en argent qu’en bronze, portent les légendes : 
DIVA MAESA AVGVSTA et CONSECRATIO et les types de 
l’aigle ou du paon emportant la princesse au ciel, ou bien 
encore le bucher (rogus). Gomme Mesa est représentée ici au 
revers de son petit-fils, Sévére Alexandre, on doit en con- 
clure que sa mort et sa consécration n'arrivèrent que sous 
le règne de ce prince, c'est-à-dire après l'an 222 de notre 
ère. La pièce est de fabrique syrienne; du reste, on con- 
naît plusieurs monnaies de cette fabrique à l'époque des 
règnes d'Élagabale et de Sévère Alexandre. 

N° 4. POSTVMVS PIVS FELIX AVG. Bustes laurés et 
accolés de Postume et d'Hercule à gauche. 

à. POSTVMVS AVGVSTVS. Buste de Postume couvert 
de la péau du lion, les pattes nouées sur la poitrine, à droite, 
dans une couronne de laurier. Billon — Collect. de l’auteur. 

On connaît un certain nombre de deniers, quelques 
pièces d’or et quelques monnaies de bronze, sur lesquels 
_la tête de Postume est associée à celle d'Hercule ‘, sous 
la protection duquel il s’était-placé. En 4844, j'ai publié 
dans cette Revue *, un travail sur les monnaies de Pos- 
tume qui portent au revers les travaux d’Hercule. Mais 
depuis cette époque, cette série s'est enrichie de plusieurs 
types nouveaux, comme on peut s’en convaincre en jetant 
un coup d'œil sur les planches de mon ouvrage : Re- 
. cherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au 
in° siècle de l'ère chrétienne”. 


1 Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de 
l'ère chrétienne, pl. I, n* 6 et 15; pl II, n° 18, 21, 22, 24; pl. III, n°* 34, 35, 
45; pl. IV, n™ 46, 47; pl, V, n* 67-72, 74; pl. VI, n™ 91-93, 95; pl. VII, 
n° 97, 100, 106, 109; pl. XII, n° 178; pl. XV, n° 234; pl. XXIII, n° 359. 

3 P. 330 et suiv. et pl. VIII, IX et X. 

3 PI. V, n° 67, 68, 69, 70 et 72; pl. VI, n° 91-95 ; pl. VII, n° 96, 97, 
100, 106, 109, 110 et 111; pl. XXIII, n° 367 et 368. 


h40 MEMOIRES 


Le culte que Postume avait voué à Hercule lui faisait 
multiplier les types monétaires où l'on voit tantôt son 
efligie jointe à celle de son dieu protecteur, tantôt l'em- 
pereur lui-même vêtu de la dépouille du lion et quelques 
fois armé de la massue ’. 

On remarquera la beauté du type de ce denier. Des ar- 
tistes habiles ont gravé les coins destinés aux pièces d'or 
et à quelques deniers de billon, frappés dans les Gaules, 
à l'époque de Postume et de ses successeurs *. 

N°5. POSTVMV... PIVS AVG. Buste lauré de Postume 
à droite. 

&. ANNONA AVG. L’Abondance debout à gauche, tenant 
la corne et des épis ; à ses pieds une corbeille remplie 
d'épis, posée sur un petit trépied. Or.—Cabinet de Munich. 

Ce magnifique aureus, complétement inconnu à Banduri, 
à Mionnet, à M. Cohen et à tous ceux qui ont écrit sur la 
numismatique romaine, ne ma été communiqué par 
M. Henri Brunn qu'en 1868, quelques mois après la publi- 
cation de mon ouvrage, lorsque au mois de juillet, j’eus 
occasion de visiter la riche collection de médailles de 
Munich. 

La représentation de la déesse de l’Abondance ou de la 
Récolte (Annona), se rencontre sur un grand nombre de 
monnaies romaines, depuis le règne de Néron. On y lit 
quelquefois la légende ANNONA AVGVSTI CERES, auprès de 
Cérès assise et de l’Abondance debout”, ce qui montre 
bien que l’Abondance ou l’Annone est une des acolytes de 
la déesse des moissons. 


1 Loc. cit., planches citées dans la note 1 de la page 409 et pl. VII, n™ 108 et 
111; pl. VIN, n° 128; pl. XII, n° 179; pl. XV, n° 237. 

2 Cf. Revue numism., 1244, p. 364 et 365. 

3 Eckhel, D, N.,t. VI, p. 268. 


-ET DISSERTATIONS. AAA 


No 6. IM. C. VHABALATHVS AVG. Buste radié de Va- 
balathe à droite. | 

à. IVENTVS (sic) AVG. Hercule debout à droite appuyé 
sur sa massue, la peau du lion sur le bras gauche et tenant 
trois pommes. Dans le champ, une étoile à sept rayons. 
Æ, — Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet 
de France. 

Le mot IVENTVS est évidemment écrit ici pour Ju- 
ventus. On a déjà un exemple de cette manière d’écrire 
sur des pièces d'or et d'argent, frappées sous le règne de 
Vespasien et sur lesquelles sont représentés Titus et Do- 
mitien, galopant à cheval à droite, ou bien les deux jeunes 
princes assis à gauche sur des chaises curules. La légende 
est : TITVS ET DOMITIAN. PRIN. IVEN. vel IVIN. vel IV'. | 

Banduri* décrit deux monnaies de bronze à l'effigie de 
Claude le Gothique, au revers desquelles paraît Hercule, 
accompagné de la légende IVVENTVS ou IVVENTAS AVG. 

Les deux formes Juventus, juventas et même juventa se 
retrouvent dans les auteurs anciens’. IVVENTAS et 
IVVENTVS sont des légendes qui se lisent sur des monnaies 
de Marc Aurèle *, et Eckhel*® a fait observer que ces lé- 


1 Rasche, Lezicon rei num., t. II, 2, p. 1042. — Eckhel, Cat, Musei Cæs. 
Vindob., t. II, p. 120. — Cohen, Description historique des monnaies frappées 
sous l'empire romain, t. VII, p. 60, n° 32, et t. I, p. 291, n°° 185-188. 

2 Num. imp. rom,, t. J, p. 343 et 344. 

3 T. Liv. V, 54; XXXVI, 36. — Cic. de Nat. Deorwm, I, 40; in Bruto, 
XVIII; Tusc. 1, 26. — Ovid. de Ponto, 1, Epist. X, 12. — Plin. H. N. XXIX, 4, 
14; XXXV, 10, 36. — S. Augustin. de Civ, Dei, IV, 11 et 23, — Festus, v. Ju- 
ventutis sacra. — Servius (ad Virg. Ain. IV, 32) dit: Nam JUVENTA, dea illius 
ætatis est; JUVENTAS, ætas ipsa juvenilis; JUVENTUS, juvenum muliitudo. 

* Banduri, Num. imp. rom., t. 1, p. 343, note 4. — Cohen, Description histo- 
rique des monnaies frappées sous l'empire romain, t. Il, p. 471, n° 132-134; 
p. 534, n° 561. 

$ D. N.,t. VU, p. 45 et 46. 


412 MÉMOIRES 


gendes accompagnent tantôt une femme mettant un grain 
d’encens dans le thuribulum, tantôt un jeune homme; 
dans le premier cas, c'est la déesse Juventas, Juventus ou 
Juventa (Ntémc, “H6n); dans le second, c'est le jeune 
prince, Princeps Juventutis. Le titre de prince de la jeu- 
nesse était donné aux fils des empereurs, du vivant du 
père, quand même le fils n’était plus jeune ‘; c'était pour 
exprimer une fonction, celle de commandant de la-cavalerie. 

Quant à la pièce publiée sous le n° 6, le père Banduri' 
l'a décrite, mais sans l'avoir vue, puisqu'il n’en connais- 
sait ni le métal, ni le module. Vabalathus, numm., incerli 
metalli ac moduli. 

IMP. C. VHABALAT. 

R. IVEN... SPC. Hercules nudus, etc. C’est la pièce re- 


1 Voy. Eckhel, D. N., t. VII, p. 408. Je transoris ici les paroles d'Eckhel : 
De Juventate, Juventuts, Jucenta imperit egi in numis M. Aurelii adhuc Cæsaris, 
et Caracallæ, in quos sane magis quadrabat juventus, quam in Gallienum, qu 
saliem annos natus XXXIV, imperium auspicatus est, si cerum est, quod refer! 
Victor, ewm xtatis annos L decessisse, et Trobellius (In Galilieno, XI), qui ewm nepo- 
les oz fratribus jam matrimonio idonsos habuisse refert. At enim et de Trajano, 
qui cum adoptatus est, saltem annum XLIV egit, sic Plinius (Panegyr. 8): 
Nerva tua jucents, tuo robore invaluit, Ergo et nunc Gallienus cum sene Valeria- 
no comparatus juvenis dici potuit, — Of. ce que dit Eckhel (2. cit., p. 472) sur 
les monnaies de Claude le Gothique qui portent la légende : IVVENTAS ou 
IVVENTVS AVG, Là, ce n'est pas la jeunesse réelle ou relative du prince 
à laquelle la légende fait allusion. Claude était seul empereur, il avait cin- 
quante-six ans, ajoute Eckhel. Le type du revers semble destiné à célébrer, 
quoique Claude fut âgé, sa vigueur juvéuile, au moyen de laquelle il savait 
vaincre et dompter les ennemis de l’empire ; or, la femme d’Hercule s'appelle 
Juventas, la même qu'Hébé. | 

Valérien donne l’épithète de puer à Gallien, âgé de trente-cinq ans, dans 
une lettre adressée à son ami le consul Antoninus .Gallus. Vèopisc. Aure- 
lian., VIII. — Plutarque (Artax., XXVIII), appelle Darius, fils d’Artaxerce 
Mnémon, qui se révolta-contre son père, un jeune homme (veavicxoc), quoiqu'il 
eût cinquante ans. 

2 L, eit.,t. I, p. 397. 


ee oe ee ee ee oe cee eees—‘“i‘“‘“‘(‘(‘( )sCit*”! : D 








ET DISSERTATIONS. h13 


trouvée, publiée ici sous le n° 6 et imitée, aussi bien quant 
au type et à la légende, d'une des monnaies de Claude le . 
Gothique, dont Vabalathe était contemporain. 

Hunc nummum Mediobarbus exhibet, ajoute Banduri, 
velut exscriptum ex Tristano apud quem tamer non extat. 

Rasche, dans son Lezicon (t. II, 2, p. 1042; cf., t. V, 
p. 627), enregistre la légende du revers, d’après Mezzabarba 
(p. 386 de l'édition d’Argelati, Mediolani, 1730), en repro- 
duisant la réflexion de Banduri. 

Ni Corsini (Epistolæ tres quibus Sulpicie Dryantillz, 
Aureliani ac Vaballathi augustorum nummi explicantur et 
tllustrantur. Liburni, 1761, in-A° *), ni Frelich (de Familia 
Vaballathi numis inlustrata. Vindob, 1762, in-A°) n’ont 
parlé de cette pièce. 

Eckhel, de son côté, a gardé le silence, et cet exemple 
a été suivi par Mionnet, par Ackerman et en dernier lieu 
par M. H. Cohen. En somme, c’est Mezzabarba, à cela près, 
qu'il a lu P. C. au lieu d'AVG., qui le premier a fourni un 
bon renseignement. 

J. DE WITTE. 


1 P. 67, De Hermiz Vaballathi nummis imperio atque ætate. 


LU] MÉMOIRES 


AMÉDÉE DE SALUCES 


ADMINISTRATEUR DES RVECHRS DE VALENCE ET DE DIE. 


La monnaie d'argent que MM. Rollin et Feuardent ont 
confiée à mon examen était, il y a peu d'années encore, 
extrèmement rare. M. Poey d'Avant, lorsqu'il rédigeait ses 
Monnaies féodales, n’en avait connu qu'un exemplaire, et il 
en donne un dessin peu satisfaisant; car on voit, au revers, 
une légende composte des caractères BCCAR : ZCOMIII. 
DVEVLENEDD (pl. CHI, n° 16). Dans le texte (t. III, p. 14°, 
on trouve une autre leçon : BACAR : ZCOMITAT. D. VALE 
EDN; et l’auteur ajoute : « Je ne sais pas si cette curieuse. 
pièce appartient bien aux évêques de Valence, et s’il ne 
faudrait pas les renvoyer à la fin du monnayage comtal. 
Amédée de Saluces a bien été évêque de Valence et de Die; 
mais, sur cette monnaie, il ne prend que le titre d’admi- 

- nistrateur des comtés de Valence et de Die. Quant aux cinq 
premières lettres de la légende du revers, que pourtant je 
crois avoir bien lues, j'ignore complétement leur significa- 





ET DISSERTATIONS. | hid 


tion. Une pièce mieux conservée viendra, je l'espère, lever 
tous les doutes. » 

Sur l’exemplaire dont nous donnons ici la gravure, on 
lit d’un côté : + A: DE SALUC : ADMISTRATOR : (Ame- 
deus de Saluctis administrator), et de l'autre : + EC- 
CAR’ Z COICTAT : UAL : ZDYED (Ecclesiarum et comicta- 
tuum Valentinensis et Dyensis). 

A dire le vrai, je crois bien que ceci ne constitue pas une 
variété nouvelle, et que les différences qu’on peut noter 
dans les anciennes transcriptions tiennent à une apprécia- 
tion insuffisante des formes paléographiques. Au lieu de 
BCCAR ou BGCAR, on reconnaîtra, sans beaucoup de peine, 
que la monnaie porte ECCAR avec un R traversé par un 
signe d’abréviation, ce qui indique le génitif pluriel eccle- 
siarum. On voit donc qu'Amédée de Saluces s'intitule 
administrateur des églises, c'est-à-dire des deux évéchés et 
des comtés de Valence et de Die. La monnaie est bien épis- 
copale ; on ne saurait en douter. 

En 1383, Guillaume de la Voûte fut nommé évêque d’ Albi 
et laissa vacant le siége de Valence. On lui donna pour suc- 
cesseur, la même année, Amédée, fils de Frédéric de Saluces 
et de Béatrix de Genève. Mais, toujours la même année, le 
23 décembre, Clément VII (Robert de Genève), parent de 
ce dernier, le nomma cardinal-diacre'. Amédée était élu 
évêque, mais non consacré. On lit, en effet, dans la Vie de 
Clément VII, par Baluze : « Duos etiam diaconos ordinavit, : 
videlicet dominos Amedeum de Saluciis, Pedemontanum, 
tunc electum Valentinensem, nepotem vel consanguineum 
suum proximum, et predictum magistrum Petrum de Fiti- 
niaco, licet grandævum *, » 


1 Gallia christiana, cont. par B. Hauréau, t. XVI, col. 327, 
2 Vitæ paparum Avenionensium, 1693, in-4°, t. 1, col, 509. 


h16 | MÉMOIRES 


Ainsi donc, à la fin de 1383, Amédée de Saluces se trou- 
vait en même temps éréque élu de Valence et cardinal- 
diacre. 

Dès lors, on comprend que de simples évèques n’osassent 
pas donner la consécration épiscopale à un personnage 
auquel le pape venait de conférer la pourpre. D'un autre 
côté, on sait bien que les cardinaux ne jouissaient pas, 
pendant le moyen âge, de ces émoluments spéciaux que la 
politique administrative des temps modernes leur a attri- 
bués. Ils vivaient de leurs bénéfices ecclésiastiques. 

Amédée de Saluces, pour concilier ses intérêts temporels 
avec sa situation canonique, n'avait rien de mieux à faire 
que de gouverner les diocèses de Valence et de Die sous le 
titre d'administrateur. C’est le parti qu'il prit; et il est 
probable que M. Poey d'Avant n’edt pas hésité sur Ie ca- 
ractère épiscopal de la monnaie qui nous occupe s’il s'était 
donné le temps d'étudier la question qu'elle soulève. 

Amédée de Saluces eut diverses contestations avec les 
chapitres de Die et de Valence, et, peu après, le 19 juin 
1389, date de l'accord qu'il accepta, par suite de la média: 
tion de Pierre, cardinal de Sabine, il abandonna l'évêché 
de Valence, et se contenta du décanat de Bayeux :. 

Le droit de la monnaie a pour type l’aigle impériale de 
Valence ; au revers M. Poey d'Avant indique simplement 
«un écu entre trois croisettes ». Il convient de faire re- 
marquer que cet écu porte les armes de Saluces : d'argent 
au chef d'azur, et que ce que l’auteur des Monnaies féo- 
dales prend pour des croisettes est un emprunt aux armes 
de Genève. 

Dans l’armorial, composé vers 1450, par Gilles Le Bou-° 


1 Gall. christ,, ubi supra. — Cf. t. XI, col. 401. 





ET DISSERTATIONS. hA7 


vier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, dont 
le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale et qui 
a été publié par un membre de la Société des antiquaires de 
France, M. Vallet de Viriville, on trouve aux folios 143 
et 145, les écus coloriés de « messire Guillaume de Ge- 
nève » (cing points d’or équipolés à quatre d’azur) et du 
« conte de Genève» (quatre points d'or, équipolés à cinq 
d'azur en croix)‘. C'est à cause de cette variante que je 
cite ici l'armorial de Berry, car les armes des comtes de 
Genève sont bien connues, et la numismatique nous en 
offre divers exemples ; en premier lieu, sur les monnaies 
de ces seigneurs, fabriquées au xiv° siècle *, en second 
lieu, sur les monnaies des ducs de Savoie, à commencer par 
celles que grava, en 1634, Stefano Mongini, lesquelles 
portent aussi au dernier quartier les armes de Saluces *- 
Sur la monnaie de Valence, l’azur du chef des armes de 
Saluces est exprimé à l'aide de hachures croisées qui, 
au xIv° siècle, ne représentaient pas une couleur spéciale, 
mais servaient seulement à indiquer que ce chef n'était pas 
de métal comme le champ de l’écu. Ces mêmes hachures 
croisées, à la même époque, distinguent le chef de 
gueules des armes des Montferrat, autres seigneurs de la 
même souche". Les diverses branches d’une famille va- 
riaient leur écu sans y introduire des brisures. Sur le 


1 Vallet (de Viriville), Armorial de France, etc., comp. par Gilles le Bouvier, 
dit Berry, texte complet publié pour la première fois d'après le manuscrit original, 
1866, in-8°, p. 144, n° 1038, et p. 145, n° 1045. 

3 Frédéric Soret, Lettre à M. Zardetti sur des monnaies irouvées aux environs - 
de Genève. Genève, 1843, pl. n°1 à 6, dans les Mémoires de la Société d'histoire 
et d'archéologie de Genève, t. II, p. 402 et suiv. 

3 Dom. Promis, Monete dei reali di Savoia, pl. XXXXI, n° 12, et pl. suiv. 

+ Dom. Promis, Monste dei Paleologi march. di Monferrato. Turin, 185$, 

pl. I. Giov., n° 2, et pl. suiv. 


hiS WEMOIRES 


sceau d'Albert, marquis d'Incisa, qui était, comme les 
Montferrat et les Saluces, un Aléramide, on voit un écu au 
chef emmanché '. 

La forme comictatus, employée par le graveur de la 
monnaie valentinoise me paraît être le résultat, d’un écart 
de logique. Habitué à la syncope du C en ces mots français 
provenant de mots latins dans lesquels cette lettre précède 
un T, comme Diter de Dictare ; Saint, Sainteit, Sainteur 
de Sanctus, Sanctitas, Sanctuarius; Feit de Factum; Dou- 
(rinement de Doctrina ; Amit d'Amictus ; Peitavin de Pic- 
taviensis ; Point de Punctum, etc., etc. ; lisant d’ailleurs 
sur les monnaies des comtes de Valence de la maison de 
Poitiers tantôt DE PICTAVIA, tantôt DE PITAVIA, cet artiste 
aura pensé que pour restituer à la Conteit sa physionomie 
latine, il devait écrire comictatus. L'intention était bonne, 
et il faut en tenir compte. 

ADRIEN DE LONGPÉRIER. 


* Cost. Gazzera, Delle zerche degli ant. march. di Ceva, d'Incisa, etc. Turin, 
1833, in-4°. Vign. de la p. 3 et p. 71. M. l'abbé Gazzera a supposé que ce chef 
emmanché était la moitié d'une étoile à huit rayons. 


ET DISSERTATIONS. h19 


ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE 
DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE 
ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. 
(1482 — 1556. ) 


(Voir plus haut, p. 86, 243 et 319.) 


(PI. XIV, XV, XVI, XVII et XVIII.) 





Avant de continuer notre étude, je crois devoir décrire 
les monnaies relatives à cette période si agitée de l'histoire 
de Flandre, qui finit à la majorité de Philippe le Beau. 

4. + MO:.: ARCHIDVCV:.: AVST-.: BG:.: CO-.: FL. 
Deux lions assis, affrontés; entre eux et au-dessus, le bri- 
quet de la toison d’or : à l’exergue, trois tréfles. 

À. Ecu écartelé au 4° d'Autriche moderne, au 2° de 
Bourgogne ancien, au 3° de Brabant, au 4° d'Allemagne, 
et ayant en surtout Técusson au lion de Flandre; le tout 
_posé sur une croix fleuronnée. Légende: +-SALVV:.: FAG:.: 
PPLM.:. TVV.-. DNE. -. *. 

Argent. Double briquet. Poids 58 grains + (grammes 
3,10), — Pl. XIV, n° 4. 


1 Toutes les monnaies, dont je donne la description, se trouvent dans le 
beau cabinet de M. Dewismes. Je n’indiquerai la provenance que pour celles 
qui se trouvent dans d’autres cabinets, et dont les empreintes m'ont été com- 
muniquées. | 


A20 MEMOIRES 


2. Varicté, la légende du droit se terminant par CO.-.F. 

3. + MO: ARCHIDVCV:.: AVST-.- BG-.- CO’. FLA 
Lion assis, la tête tournée à droite et tenant un écu sem- 
blable à celui qui est sur le revers du précédent. 

&. Croix aux extrémités fleuronnées, ayant en cœur une 
fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-. ANIMA-.- MEA: 
DOMINO:.:' 

Argent. Patard ou double gros. Poids 56 grains ; 
(grammes 8,00). — PI, XIV, n° 2 

4. Variété de la même pièce avec CO. F dans la lé- 
gende du droit, fort usée. Poids 54 grains ? (grammes 
2,80). 

5. + MO.-. ARCHIDVCV-.- AVST:.: BG.+. CO-.° F. Lion 
debout, à gauche. 

&, Croix semblable à celle du n° 8, portant en cœur une 
fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-:. AlA.-. MEA.°. 
DOMINO.:. 

Argent. Simple briquet ou gros. Poids 35 grains ; 
(grammes 41,90). — Pl. XIV, n° 3. 

6. + MO.-. ARCHIDV.:. AVST.-. BG.-. CO.:. F. Lion de- 
bout, à gauche. 

À. Croix évidée, ayant au centre um leur de lis. Lé- 
gende : + IN.*. NOMINE.:. DOMINI.-. 

Billon noir. Double mite ou courte. poids 28 grains ; 
(grammes 1,50). — PI. XIV, n° 4. 

Les monnaies que je viens de décrire ont dû être faites 
jusque versle milieu de 1483. Les types du double patard, 
du patard et du gros ayant été repris ultérieurement, ainsi 
qu'il résulte de l'ordonnance du 3 novembre 1485, quel- 


1 M, Serrure (Cabinet du prince de Ligne, p. 254), décrit une variété termi- 
née par CO. FL. - 
2 J. Rouyer, Rev, num., 1848, pl. XVII, n°7, 


ET DISSERTATIONS. A2i 


_ques-unes de ces pièces peuvent avoir été émises à cette 
époque. 

7. + PHS.:. ARCHID:.- AVST-.* BVRG:.: CO. FLAND. 
Type du double briquet : à l’exergue, une fleur de lis. 

à. Écu à huit quartiers, portant en cœur un petit écu 
mi-parti au lion de Flandre et à l'aigle d'Allemagne; le 
tout posé sur une croix dont on n'aperçoit que les extré- 
mités fleuronnées et fleurdelisées. Légende : + SALVVM.-. 
FAC... POPVLVM.:. TVV.-. DOMINE.:. 

Argent. Double patard. Poids 54 grains (grammes 
2,71). — Pl. XIV, n° 5. 

8. Variété où la légende du droit commence par un 
lion et se termine par le mot FLANDRI. 

Poids 50 grains (grammes 2,65). — Pl. XIV, n°6. 

9. Variété du n° 8, où la légende du droit se termine 
par COM:.+ FLANDRI. 

10. Variété du n° 7, consistant en ce que la légende du 
revers se termine par TVVM.:. DOMINE. :. 

44. (Lion). PHS.:. ARCHID.-. AVST.-. BVRG.:. COM... 
FLA. Armoiries à dix quartiers occupant tout le champ. 

à. Croix longue, portant en cœur une fleur de lis, can- 
tonnée d’un lion, d’une fleur de lis et de deux annelets. 
Légende : BENEDIC — ANIMA — .*. MEA— DOMINO’. 

Argent. Gros. Poids 26 grains : + (grammes 1,40). 

Pl. XIV, n° 7 

Bien que le poids légal et celui qui est indiqué par le 

compte du maître particulier soit de 35 grains et plus, 


4 Serrure , Cabinet du prince de Ligne, p. 262, n° 144, — Den Duyts, 
pl. XVI, n° 8. Je n'ai pas retrouvé la variété de cet auteur où la croix est 
cantonnée de deux Jions et de deux fleurs de lis. Duby (pl. LX XXIII, n° 7) 
donne une pièce où la croix est cantonnée de deux fleurs de lis et de deux 
annelets. 

1869-10. — 6. 29 


422 MÉMOIRES 


je classe ces pièces ici, faute d'une place plus convenable. 
D'ailleurs, en voici une autre dont le poids se rapproche 
davantage du poids légal, ce qui prouve de nouveau l'ex- 
tréme inégalité de la taille des monnaies à cette épo- 
que. 

42. Variété du n° 11 dans laquelle l’ordre des pièces 
placées dans les cantons du revers est différent. 

Poids 32 grains (grammes 1,70). — PI. XIV, n° 8. 

Le compte du maitre particulier pour cette période n'in- 
dique plus parmi les divisions du gros que la pièce de 
quatre mites qui nous manque et la pièce de deux mites 
qui me parait être la suivante. 

43. (Lion). PHS’.-. ARCHID.*. AVST.°. BO.:. CO.:. FL... 
Graod P couronné dans le champ. 

&. Croix portant, au centre, une fleur de lis. Légende : 
(Lion). IN.°. NOMINE.*. DOMINI.-. AMEN :. 

Billon noir. Double mite. Poids moyen de plusieurs 
exemplaires 18 grains + (grammes 1,00). — Pl. XV, n° 9. 

J'attribue l'émission de ces pièces à l'époque où le con- 
seil de régence avait la tutelle de Philippe le Beau, à l’ex- 
clusion de son père, période qui se termine au 44 juin 
4485. Cependant elles pourraient également appartenir au 
commencement du règne de Philippe le Beau, seul; car 
nous verrons plus loin que dans une ordonnance du 26 
décembre 1495, il est question du florin de Bourgogne, et 
du double à deux lions, comme se forgeant à cette 
époque. Cette dernière monnaie, le double patard, ne figu- 


1 Le classement de cette pièce me paraît résulter de sa ressemblance avec 
les doubles mites de Marie de Bourgogne; on a changé l'initiale qui figure 
dans le champ. — Voy. Serrure, op. cit., p. 268, n° 149. — M. Ronyer (op. 
cit.) décrit aussi une double mite dont la légende, au revers, commence 
par un lion. Rev. numismatique, 1848. pl. XVII, n°° 11 et 12, 


| 

{ 

ne d 
_ | 


ET DISSERTATIONS. 423 


rant pas néanmoins alors dans les comptes des mattres 
particuliers, nous sommes forcé de le maintenir à la place 
où nous l'avons mis (n°* 7 à 10). 

44. + MO’.:. ARCHIDVCV.:. AVST’.-. BG:: CO". +. FLA.-. 
Écu à huit quartiers, portant en cœur le petit écu au lion 
de Flandre. 

à. Croix ornée et évidée, ayant au centre une fleur de 
lis. Légende : + SIT:: NOMEN‘: DNI: BENEDICTVM :. 

Argent. Double patard ou pièce de six gros. Poids 58 
grains 2 (grammes 3,10). — PI. XV, n° 40. 

Les types de cette monnaie sont identiques à ceux des 
monnaies semblables de Philippe le Bon et de Charles le 
Téméraire. 

45. + MO.:. ARCHIDVCV.:. AVST.-. BG.:. CO.: FL. 
Armoiries 4 neuf quartiers, occupant tout le champ. 

À. Croix évidée au centre, où se trouve une fleur de lis, 
et dont les branches traversent la légende. Elle est can- 
tonnée de deux fleurs de lis et de deux lions. Légende : 
. BENE— DIC.°. A—IA.*. ME— A. DNO. 

Argent. Demi-patard, pièce d'un gros et demi. Poids 
33 grains 2, (grammes 1,80). — PI. XV, n° 41. 

_ 46. Variété avec la légende du droit se terminant par 
CO... F. 

Cette série, à laquelle manque le patard ou pièce de 
3 gros, fait partie des monnaies émises en vertu de l’ordon- 
nance du 5 août 1485. Elle ne devait pas avoir de pièces 
d'or, d’après l'instruction remise au maître particulier, ni 
de monnaies inférieures à la pièce d’un gros et demi. Ce 
sont d’ailleurs les deux seules monnaies mentionnées dans 


1 M. Serrure (p, 255), décrit une variété avec MOMEN (sic) dans la légende 
du revers. 


42h MEMOIRES 


le compte du 44 octobre 4485 au 44 décembre suivant, 
et qui devaient peser respectivement 57 grains À et 
35 grains §. 

47. (Fleur de lis). MAXIMILIANVS# ET? PHS’. Grand 
M gothique, dans un entourage de quatre lobes, dont les 
points de rencontre sont occupés par quatre angles. 

à. Croix fleuronnée, dont le centre est évidé en quatre 
feuilles. Légende : + CVSTODI.-. (fleur de lis). NOS? 
DOMINE 3 . 

Argent. Gros. Poids 28 grains ? (grammes 41,52). Pièce 
très-fruste. — Pl. XV, ne 42. 

18. Variété avec un lion au commencement des légendes. 
Celle du droit a les mots séparés par des quintefeuilles et 
celle du revers par des fleurs de lis Cette pièce est très- 
usée et paraît de fort mauvais aloi. 

Poids 23 grains + (grammes 1,22). 

49. Autre variété; la légende du droit commençant par 
une croix, celle du revers par une fleur de lis. 

20. + MAXIMILIANVS ET PHS’, les mots séparés par 
une fleur de lis. M majuscule semblable à celle des mon - 
naies de Marie de Bourgogne. 

R. Croix fleuronnée. Légende : + CVSTODI NOS DOMINE, 
les mots séparés par une fleur de lis. 

Argent, demi-gros. Poids : 22 grains : (grammes 1,20). 

— Pl. XV, n° 13. 

24. + MO.:.ARCHID.:.AVST.:.C.°.F. Dans le champ, 
M majuscule. 

f. Croix fleurdelisée. Légende : IN-.-NOMINE:-. -DOMINI. 

Billon, quart de gros. Poids : 18 grains : (grammes 

0,70). — PI. XV, n° 44. 

Ainsi que je l'ai dit précédemment, le double patard et 
le patard de cette émission, qui paraît avoir eu lieu en — 


ET DISSERTATIONS. A25 


vertu de l’ordonnance du 5 novembre 1485, doivent être 
les mêmes que ceux que j'ai déjà décrits sous les n°*1a A’. 
Mais je n’ai pas retrouvé les florins à la croix de Saint- 
André qui devaient être forgés en même temps et qui, 
suivant toute apparence, étaient semblables à ceux qu'on 
retrouve pour la même époque pour le Brabant’. 

Je ne connais pas de monnaies que je puisse attribuer 
avec certitude à l'émission de 1486, faite en vertu de 
l'instruction rappelée ci-dessus. Peut-être continua-t-on 
simplement les précédentes, et doit-on considérer celles 
portant les noms de Maximilien et Philippe comme en fai- 
sant partie. Cependant, je dois faire observer que le compte 
du maitre particulier pour la période qui s'étend du 10 mars 
4h85 (v. st.) au 30 mars 1486 (v. st.) ne mentionne pas 
le demi-gros décrit précédemment n° 49. Il peut se faire 
d’ailleurs que la valeur exagérée à laquelle étaient nortées 
les monnaies de cette émission les ait fait retirer de la cir- : 
culation, lorsque Maximilien fut revenu à des idées plus 
modérées sous ce rapport. 


1 Peut-être portaient-ils une légende plus explicite analogue à celle des 
pièces décrites ci-dessus. Dans ce cas, ils n’unt pas été retrouvés. 

2 Voy. Van der Chijs, Monnaies de Brabant, et ies placards édités à diverses 
époques. Voici la description de ce florin : 

*SANCTVS ** ANDREAS* , 1482. Saint André debout, tenant la croix 
caractéristique de ce saint. 

R Ecussun à ciug quartiers posé sur une croix coupant la légende : MON’ 
AR-—-DV.AVS-TR.BRA—BANCIE. 

Le demi-florin, représenté sur Ja wéme planche XXXV de l’ouvrags de 
Van der Chijs, est à peu près semblable, sauf quel,ues variétés dans les lé- 
gendes, l’omissiou de la date, et de la croix du revers, . 

Que l’onsubstitue au mot BRABANCIE les mots CO.FLAN , l’onaura très- 
probablement le florin et le demi-florin frappés pour la Flandre, qui ne nous 
sont pas parvenus. Lu date, seulement, ne devait pas s’y trouver, les monnuies 
du comté de Flandre étant datées benucoup moins généralement que ce'les 
du Brabant. 


826 MEMOIRES 


Nous voici arrivés & cette série de monnaies remarqua- 
bles, émises en vertu de l’ordonnance du 20 avril 4487, 
ayant des types et des légendes si singuliers pour les piéces 
d'argent et inaugurant un système monétaire nouveau en 
Flandre, du moins en grande partie. 

22. + MAXIMILIAN :: DEI :: GRA :: ROMAR : REX : 
SEMPER.:.AVGV. Maximilien assis sur un trône, portant 
dans la main droite un sceptre fleurdelisé et la main gauche 
appuyée sur un globe. A l'exergue, une fleur de lis, marque 
de l'atelier de Bruges. 

&. Écu à l'aigle surmonté d'une couronne fermée. Lé- 
gende: + TENE‘:MENSVRAM:ET:'RESPICE::FINEM : 4 487. 

Réal d'or. Poids : 279 grains + (grammes 14,85). — 

Pl. XV, n° 15. 

Cabinet royal de la Haye’. 

Le noble de Bourgogne frappé pour la Flandre ne nous 
est pas parvenu. On connaît celui pour la Hollande ; en 
voici la description d'après les placards. 

M. D. G. RO. REX. ET. PHS. ARCHIDVCES, AV. B. CO’. HO. 
Maximilien dans un vaisseau à trois mats. Il porte dans 
sa main droite un sceptre fleurdelisé, et dans la gauche le 
globe. La cuirasse est blasonnée de l'aigle d'Allemagne et 
il a sur la tête une couronne fermée. 

à. Écu mi-parti aux armes de Maximilien (l'aigle d’AI- 
lemagne) et de Philippe le Beau, posé sur une croix fleu- 
ronnée, cantonnée de deux couronnes et de deux aigles ; 


1 L’empreinte de cette pièce m’a été communiquée trés-obligeamment par 
le savant conservateur du Musée de La Haye, M. L. Meyer, qui m'a fait con- 
naître également les pièces uniques que contient ce riche cabinet, et qui 
pouvaient se rapporter à mon travail. Je le prie d’agréer ici l'expression de 
ma vive gratitude. — Depuis que cet artic'e est écrit, un exemplaire de cette 
pièce est entré duns le cabinet de M. Dewismes. 





ET DISSERTATIONS. 427 


let utdans un entourage épicycloidal. Légende : (couronne) 
MO’. AVREA.RO. REGIS . ET. PH]. ARCHIDY’. AV. B’. CO’. 
HOL. | 

En substituant le mot FLA à HOL, on aura vraisembla- 
blement la description du noble frappé pour la Flandre‘. 

Le florin de Bourgogne, qui est la troisième pièce d’or 
indiquée par l'ordonnance de 1487, ne nous est pas non 
plus connu en nature. J’emprunte également aux placards 
sa description. | 

SANCT. ANDREA. FILIOS. P’TEGE. TVOS. 4487. Saint 
André debout, de face, ayant sa croix derriére lui. 

À. Ecu mi-parti, comme au précédent, posé sur une croix. 
fleuronnée. Légende : (couronne) AMA.JVSTICIA. PACE. 
ET. DEFENDE.1IM .TVVY. 

Rien ne dit ici que cette pièce ait été frappée plutôt pour 
la Hollande que pour la Flandre. M. Van der Chijs l’a re- 
produite dans ses monnaies de Brabant, mais il ne l’a pas 
davantage connue en nature. 

23. (Briquet). CVSTODIAT :: CRATOR :: OMNIV’ .-. HV- 
MILE’.:. SERVY’.-. SVV. Buste à mi-corps de Maximilien 
revêtu d'une cuirasse, la tête ceinte d'une couronne fer- 


1 Un passage du chroniqueur Despars, cité par M. C. A, Serrure (op. cit.), 
semble faire croire qu’en effet ces nobles de Bourgogne, appelés barques par le 
peuple à cause de leur type, ont été frappés. Voici ce passage. 11 s'agit de 
l'entrée de Maximilien à Bruges, le 16 décembre 1487 : 

« Pendant la même nuit, devant la Monnaie, fut élevée une porte triom- 
phale où on avait peint un aigle noir sur une chaudière (zeepketel) dorée avec 
les armoiries du roi des Romains à droite, et celles de Philippe de Bour- 
gogne, son fils, à gauche; portant en bas l'inscription suivante : Dans cette 
chaudière se trouve la monnaie du roi des Romains et du duc Philippe, son fils. 
Aussi, dans cet endroit, on ne battait tous les jours, de la part du roi des 
Romains, que des réaux, heaumes, schuttkens ou barques, etc. » 

Voy. Cronijcke van den lands en de graefscepe van Vlanderen, gemacht door Jac. 
Nicolas Despars, publiée par J. De Jonghe, Bruges, 1240, 


428 MÉMOIRES 


méc. Il tient une épée de la main droite, et de la gauche un 
globe crucigére. 

k. Grand monogramme dans Jequel on retrouve les élé- 
ments des mots MAX et PHS. Au-dessus et au-dessous, un 
des éléments constitutifs du collier de la Toison d'Or (le 
caillou), accompagné d’étincelles. Légende : (Briquet) DET: 
TIBI: MTR’:VIRTV’ (briquet) ET :: IN :: CELIS :: GLORIA. 

Grand réal d'argent. Poids, 134t",4 (grammes 7,20). — 
PI, XV, n° 46. 

24. Variété de la mème pièce consistant surtout dans le 
monogramme représenté pl. XV, n° 17. La légende du droit 
se termine par les mots SERV’.+. SV’. Poids, 132 grains 
(grammes 7,01). 

Bien que ces pièces ne portent pas d'indication de l'ate- 
lier où elles ont été forgées, les trèfles qui séparent les 
mots sont la marque indiquant qu'elles sont destinées à la 
Flandre. 

25. (Couronne) MO.*. ARGE'TEA .-. RO’.-. REG’ .:. ET... 
PH}'.:. ARCID’.-. AVS’. Deux griffons affrontés soutenant 
d'une patte le briquet et de l'autre le caillou. 

À. Écu à trois quartiers sur une croix dont on n’aper- 
çoit que les extréinités fleuronnées. Légende : (couronne) 
SALVVM.-. FAC. +. DOMINE. +. POPVLVM.:.TVV’. 

Argent. Double griffon. Poids, 658, (grammes 3,46). 
— PI. XVI, n° 48. 

26. Variété avec la légende du droit MO.:. ARGENTEA.'. 
RO’. >. REG’.:.ET.*.PHI’.-.ARC’.-. AV’. 

Poids, 65 grains (grammes 3,45). 

27. Autre variété avec la légende du droit, comme au 
n° 25, sauf les trois derniers mots, qui sont : PHS’. -. ARC." 
AV’. La légende du revers se termine aussi par TVVM. 

Poids, 655," (grammes 3,50). 


ET DISSERTATIONS. 429 


Le même motif que j'ai indiqué pour le réal me fait attri- 
buer ces pièces à la Flandre. En voici d'autres qui sortent 
certainement de l'atelier de Bruges. 

28. (Couronne) MO :: ARGEN :: RO::REG:: ET ::PHI : ARC: : 
AVS::BG. Même type qu'au n° 25; seulement il y a une 
fleur de lis entre les deux griffons. 

Méme revers qu'au n° 25. 

Poids, 656,7 (grammes 3,49). — PI. XVI, n° 19. 

29. Variété avec le mot ARGENT. Poids, 65,5 (gram- 
mes 3,90 

30. (Couronne) DENARI.:. SIMPLEX .*. GRIFON.-. NO- 
MIN. Griffon tourné à gauche, tenant dans une de ses pattes 
antérieures le briquet et dans l’autre le caillou. 

À. Écu à trois quartiers posé sur une croix de Saint- 
André. Légende : (couronne) DEVM.:. PLVS .. AMA .: 
QUAM. -.ARGENT’. | 

Argent. Simple griffon. Poids, 33,7 (grammes 1,80) .— 

PI. XVI, n° 20. | 

Les autres divisions de ce système, savoir le sixième, le 
douzième et le vingt- quatrième du simple griffon, ne nous 
sont pas connues. 

Certes, on re pouvait imaginer des légendes plus propres 
à désarmer la susceptibilité des Flamands : elles sont par- 
faitement insignifiantes et banales. De plus, à part celles 
du noble de Bourgogne, qui toutefois n’est qu’ hypothétique, 
puisque nous ne le connaissons pas, il faut remarquer que, 
nulle part, Maximilien n’a employé le titre de comte de 
Flandre. Cependant, pour surcroit de précautions, il est 
probable qu'il prit le parti de faire disparaître compléte- 
ment les légendes nominatives, au moins sur la monnaie 
d'argent. Gette idée m'est suggérée par l'examen des pièces 
suivantes. 


£30 MÉMOIRES 


81. (Couronne) DENARIVS. -. SIMPLEX. -. NOMINATVS. -. 
GRIF. Type du n° 30. 

à. Ecu à trois quartiers posés sur une croix longue tra- 
versant la légende : DEV.°.PL — VS.-.AMA.-. — QVA.:. 
AR — GENTV. 

Argent. Poids, 58**,! (grammes 3,20).— PI. XVI, n° 24, 

32, 33. Deux variétés consistant dans la forme plus ou 
moins complète du dernier mot de la légende du droit GRIFO, 
GR. 

34. Autre variété dont la légende du droit est DENARI.-. 
SIMPLEX.:. NOIAT.°. GRIFON. Poids, 545,5 (grammes, 
2,90). Pièce dont l'alliage est assez fort. 

35. Type et légende du n° 34. 

R. Type du n° 30 avec la légende : (couronne) DEVM.:. 
PLVS.-.AMA.:.QVAM. >. ARGENTV. 

Poids, 58 *,! (grammes 3,20). — PI. XVI, n° 22. 

36. Variété consistant en ce qu'à la légende du revers le 
dernier mot est moins complet ; il n'y a que ARGENT. 

Le poids de ces pièces est à quelques grains près, diffé- 
rence provenant de leur titre inférieur, le même que celui 
des n** 25 à 29, décrits ci-dessus. Elles doivent les avoir 
remplacées dans une émission postérieure dont je n’ai pas 
retrouvé la trace. Quant au moindre titre auquel se trouve 
l'argent, il n'y a pas lieu de s'en étonner : c'est un résultat 
tout simple de ces temps de troubles et de modifications 
successives que le roi des Romains faisait subir à ses mon- 
naies dans la vue d'alimenter son trésor. 

Le type du simple griffon ayant été adopté pour le double 
griffon, il en fallait créer un autre qui remplaçât le premier. 
C'est ce qui, vraisemblablement, a donné naissance aux 
pièces suivantes : 


ET DISSERTATIONS. h31 


37. + DENARI’.:.SIMPLEX. -.GRIFON.:.MED. Grand M 
surmontée d'une couronne fermée. 

À. Écu à trois quartiers posé sur une croix dont on ne 
voit que les extrémités fleurdelisées. Légende : + DEVM.-. 
PLYS.:.AMA.-.QVAM. :. ARGEN. 

Argent. Demi-griffon, comme l'indique la légende. Poids, 
32 grains (grammes 1,70) *. — Pl. XVI, n° 23. 

Les variétés de coin sont nombreuses. Je vais les énumérer 
le plus succinctement possible. Elles consistent toutes dans 
la légende. 

38. + DENARIVS. +. SIMPLEX..:.GRIFON.:.ME. 

R. + DEVM.-.PLVS.-. AMA.-.QVAM.-. ARGENT. 

39. Le dernier mot de la légende du droit est MED. 

À. + DEV’.°.PLVS.°.AMA.°.QVAM. : ARGENTV. 

A0. Comme au droit du n° 38. 

R. Comme au n° 37*. 

e A1. Comme au droit des n°* 38 et 40. 

R. Comme au n° 39. 

A2. Comme au droit du n° 37. 

R. + DEV’.-.PLVS. :. AMA. -.QVAM.:.ARGE. 

h3. Comme au droit du n° 37, 

À. Le dernier mot ainsi écrit : ARGET *. 

hh. Le droit comme au n° 38 et le revers comme au n° 42. 

45. Légende du droit du n° 38 et du revers du n° 37. 

A6. Le droit comme au n° 39, et le revers comme au n° 42. 

h7. La légende du droit est terminée par GRIFON.:. 
MEDIV. Celle du revers est semblable au n° 42. 

La présence des trèfles qui séparent les mots sur ces 


i Je ne connais pas de demi-griffon au type de l’entier, comme semble 
Vaffirmer M. C. A. Serrure dans son travail précité. | 

3 Den Duyts, pl. XV, n° 88. 

3 Décrit par M. C. A. Serrure, op. cit., p. 255. 


AS? MÉMOIRES 


pièces, détermine leur attribution à la Flandre, sans indi- 
cation d'atelier. En voici d'autres qui sortent de celui de 
Bruges. 

h8. + DENARI.:. SIMPLEX.:. GRIFON.: ME.-. Grand 
M surmonté d'une couronne fermée, au- dessous une fleur 
de lis. 

&. Comme au n° 37. 

Poids 295,2 (grammes, 1,58). — Pl. XVI, n° 24. 

AY. Variété avec MED pour le dernier mot de la légende 
du droit. 

Deux autres variétés consistent en ce que le dernier mot 
de la légende du revers n'est pas accompagné du signe 
d’abréviation, et qu'il y a des différences insignifiantes 
dans la légende du droit. 

Le poids de toutes ces pièces qui se rapproche de celui 
du n° 40, et du poids réglementaire indiqué par l'instruc- 


tion du 4 mai 1487, confirme inon attribution. Seulement, * 


dans cette émission, il n'y aurait plus eu de double grif- 
fon, mais seulement des simples et des demi griffons. De 
même, du reste, que dans l'émission précédente, les divi- 
sions inférieures manquent". 

Les pièces que nous allons examiner mainteuant sont 


1 On pourrait dire encore peut-être que Maximilien, abandonnant le nou- 
veau système monétaire qu'il avait voulu inaugurer par l'ordonnance de 1487, 
serait revenu à celui en usage pour les monnaies d'argent qui comprenaient le 
simple et le double patard et le gros. Le double griffon eût été ulors la pre- 
miere de ces divisions; le simple griffon eût été l'équivalent du simple patard 
qui était du même poids, à peu de chose près, que le double patard, et n’en 
différait que par le titre; enfin le demi-griffon efit représenté le gros qui était 
la moitié du patard. Au reste, je n’ai pas davantage -trouvé trace de ce chan - 
gement. Dans cette hypothèse, le premier simple griffon n° 30 n’aurait été 
émis que pendant un laps de temps trés-court, ce qui expliquerait sa grande 
rareté, tandis que les autres, de 31 à 36, sont relativement communs. 


a 


ET DISSERTATIONS. A33 


presques toutes datées, et ont été frappées à Gand pen- 
dant Ja révolte contre Maximilien. 

50. * BAPTISTA ¥ PROSPER *Ÿ ADESTO # 1488*. Saint- 
Jean-Baptiste portant de la main gauche l'agneau pascal, 
qu il montre de la main droite. Devant lui, l’écu au lion de 
Gand. 

À. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les ex- 
trémités fleuronnées traversent la légende, et cantonné des 
lettres G-A-N-D. Légende : PHS’ ¥ — D'*G*D’ —B*CO*— 
FLA’. | 

Florin d’or. Poids, 60 grains (grammes, 3,19).— PI. XVI, 
n° 25, 

51. BAPTISTA * PRO —SPER * ADESTO *. Type comme 
au numéro précédent, avec quelques variétés. L'agneat est 
posé sur un livre. 

à. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les 
extrémités fleurdelisées traversent la légende et cantonné 
aussi des lettres G-A-N-D. Légende : * PHS'* D'* — G'* 
ARC*, — AVST'*, B'— CO'*, FLA. 

Variété du florin d'or. Poids, 575,5 (grammes, 3,05), 
— PI. XVI, n° 26. 

52. Mémes type et légende qu'au n° 50. 

R. Même type qu'au numéro précédent, sauf que l'écu 
n’est pas cantonné du mot GAND. Légende : *PHS’ *— D'* 
G’*D' — * B’* CO. — FLA’. 

Variété des précédents. Poids, 605,1 (grammes, 3,21). 
— P]. XVI, n° 27. 

Dans toutes ces pièces, les mots sont séparés par de 
petites roses. 

53. + EQVA * LIBERTAS * DEO * GRATA * 1488. Lion 
debout à gauche. 

à. Écu à neuf quartiers, posé sur nne croix dont les ex- 


Q34 MÉMOIRES 


trémités sont fleurdelisées, et cantonné des lettres G-A-N-D. 
La croix partage la légende : PHS’ * D'— G'*D* B*- 
CO* FL. —ADRIE :. 

Argent. Double patard. Poids, 525,2 (grammes, 2,86). 
— Pl. XVII, n° 28. 

Dans les variétés de cette pièce, le droit reste toujours 
le même, sauf quelques différences dans la gravure du coin 
qui sont réellement fort insignifiantes. Je ne décrirai en 
conséquence que les revers. 

54. Différence dans les ornements des extrémités des 
bras de la croix. La lettre D., dans le champ, est munie du 
signe d'abréviation : sic D’. 

Poids, 565, (grammes, 2,98). — PI. XVII, n° 29. 

55. Autre disposition des lettres cantonnant l’écu. Quel- 
que différence dans la croix, et omission de quelques-unes 
des quintefeuilles séparant les mots *. 

Poids, 59*,* (grammes, 3,13). — Pl. XVII, n° 30. 

56. Variété du type du n° 53, le mot GAND étant diffé- 
remment disposé. Légende : PHS * D — GRA * D— B* C0* 
— FLAN *. 

Poids, 58*,} (grammes, 3,10). — PI. XVII, n° 31. 

57. Écu à neuf quartiers, non cantonné, posé sur une 
croix semblable à celle du numéro précédent. Légende : 
PHS :: D — GRA: D‘ — B-:C0.— FLAN ‘. 

Poids, 585,1 (grammes, 3,08). — Pl. XVII, n° 32. 

Les mots dans cette dernière variété sont séparés par 
des trèfles : dans toutes les autres, ils le sont par de pe- 
tites roses. 


1 Serrure, p. 256, n° 129. — Den Duyts, pl. XV, n° 91. 
2 Serrure, p. 256, n° 130. 

8 Duby, pl. LXXXIII, n° 5, 

« Serrure, p. 256, n° 128. 


. - ———— 
we ee ee ee ie 00 ee 
EEE, sen 


ET DISSERTATIONS. A35 

58. + PHS * DEI * GRA * DVX * B * COMES * F. Lion 
heaumé assis à gauche. En exergue, GANDA. 

à. Écu au lion sur une croix partageant la légende : 
FIAT * P — AX * IN * — VIRTVT. — E * TVA * ET? 

Florin d'or de Gand. Poids, 625,1 (grammes, 3,31). — 
Pl. XVII, n° 33. 

59. PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLA. Même type et 
même exergue qu'au précédent. 

à. Écu au lion sur une croix partageant la légende : 
FIAT * P—AX * IN—VIRTV—TE * TVA. 

Demi-florin d'or. Poids, 30", (grammes, 1,62). — 
PI. XVII, n° 34. 

60. + PHS * DEI * GRA * DVX * B'* COMES * FLA. Type 
du double briquet. En exergue, GANDA. 

à. Écu au lion sur une croix fleuronnée et fleurdelisée. 
Légende : + FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA ET * HAB* 
1489. 

Argent. Double patard. Poids, 545,5 (grammes, 2,90). 
— Pl. XVII, n° 35. 

61. Mémes type et légende. 

à. Méme type qu'au précédent. Quelques différences 
dans la croix. Légende : + FIAT * PAX * IN* VIRTVTE*TVA* 
ET*H'**. | 

Variété du précédent. Poids, 56 grains } (grammes, 3,00). 


~~ Pl. XVII, n° 36. 


1 Duby, pl. LXXXI, n° 7. La pièce, dessinée d’après le placard de Charles- 
Quint de 1548, offre des variétés dans les légendes : au droit, elle se termine 
par FLANDRIE, et, au revers, elle est: FIAT.P — AX.IN. VIRTV — TE. 
TVA. — ET.HAB. 

2 Serrure, p. 257, n° 131. 


436 MÉMOIRES 


62. Variété du n° 61: la légende, du droit, étant ter-, 
ininée par COMES * FLAN, et celle du revers par HAB. 

63. Autre variété, dont la légende du revers est ter- 
minée seulement par HA’. ” 


64. Autre variété, la légende du droit terminée par 
COMES * FLAND, et celle du revers par HABV'*. 

65. + PHS.- DEI-.*GRA.+, DVX.:-. BY. -. COMES.-. FLA. 
Lion assis, la tête tournée à droite, tenant l’écu au lion de 
Gand, 

K. Croix fleuronnée ayant en cœur une fleur de lis, et 
cantonnée des quatre lettres G-A-N-D. Légende : + 
FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA * ET * HA*. 

Argent. Patard. Poids, 54 grains } (grarumes, 2,90). — 
Pl. XVII, n° 37. 

66, Variété de la même pièce, où la légende du droitæ 
termine par FLAND. 


67. + PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLAN. Lion debout 
à gauche : à l’exergue, une rose accostée de deux croi- 
settes. 

R. Croix semblable à celle du numéro précédent, ayatl 
en cœur une fleur de lis. Légende : + FIAT * PAX *I\° 
VIRTVTE * TVA. 

Argent. Gros ou simple briquet. Poids, 32 grains 
(grammes, 1,70). — PI. XVIL, n° 38. 

68. Variété dans la légende du droit qui se termine 
ainsi:.... DVX * ET * CO * FLA. 

Poids, 33 grains { (grammes, 1,78). 


1 Serrure, p. 257, n* 132. — Duby, pl. LXXXI, n° 8. La légende du re- 
vers se termine par ET.H’. 

2 Duby, pl. LXXXI, n° 6. La légeude du droit se termine par FLAN, ¢ 
celle du revers par HAB’. 





ET DISSERTATIONS. h37 


69. Variété du n° 67, où la légende du droit est termi- 
née par le mot FLA'. 

Poids, 33 grains + (grammes, 1,78). 

70. Encore une autre variété où il n'y a plus dans ladite 
légende que CO.:. F. 

71. PHS * DEI * GRA * DVX * B*C *F. Lion debout à 
gauche. 

n. Croix ayant au centre une fleur de lis. Légende : + 
_ IN.-. DOMINO.:. GONFIDO. 

Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids, 21 
grains (grammes, 1,12). — Pl. XVIII, n° 39. 

72. + PHS* DEI *GRA*DVX * CO*F. Type du précédent. 

À. Type et légende du précédent. 

Billon noir. Double mite ou courte. Poids moyen de six 
exemplaires, 20 grains ; (grammes, 1,08)°. — Pl. XVIII, 
n° 40. 

Une variété décrite par M. Piot dans la Revue numisma- 
tique belge, année 1855, PI. VIII, n° 16, a la légende du 
droit terminée par CO. FL. 

73. + PHS * DEI # GRA *% CO # FLA... . Type du n°71. 

à. Type et légende du n° 71, sauf que les mots sont 
séparés par deux croisettes, au lieu de petites roses, et que 
la croix est plus grossière. 

Variété de la double mite. Poids, 22 grains (grammes, 
4,16). — Pl. XVIII, n° 41°. 

7h. +-PHS * DEI * GRA * DVX *B'* CO * FLA. Écu au lion, 
dans un entourage de quatre arcs de cercle. 

1 Den Duyts, pl. XV, n° 93. 

2 Serrure, p. 263, n° 148. — Den Duyts, pl. XVI, n° 98. Les poids sont 
extrêmement variables : les pièces que Les pesées variaient entre 15 et 25 

ains. 

- Extrait de l'ouvrage de M. Rouyer sur les monnaies noires de Flandre. 


Rev. num., 1848, pl. XVII, n™ 4 et 6. 
1869-70. — 6 


a 


£38 MÉMOIRES 


f. Croix fleurdelisée cantonnéedes quatre lettres G-A-N-D. 
Légen‘le : + IN. D—OMIN—O : CON—FIDO :. 

Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids, 
28 grains (grammes, 1,22). — Pl. XVIII, n° 42. 

75. + PHS.:. DEI. GRA.-. DVX.-. CO.”. FLAN. Ecu au 
lion. 

&. Croix longue, dont le centre est évidé et porte une 
fleur de lis. Légende : + I1N*—DNO—CON—FIDO. 

Bill ‘n noir. Pièce de quatre mites (?) Poids, 22 grains : 
(grammes, 1,20) *. — Pl. XVIII, n° 43. 

76. + PHS' *DEI* GRA* DVX* B’* CO! *FL'. Écu au lion. 

R. Croix portant en cœur une fleur de lis. Legende: + 
IN * DOMINO * CONFIDO. 1489 °. 

Billon noir. Double mite ou courte. Poids d’un exem- 
plaire très-bien conservé, 49 grains * (grammes. 1,05). — 
PI. XVIII, n° 44. 

Le classement des dernières pièces, de 74 à 76, offre 
une certaine difficulté. Aussi n'est-ce pas sans une grande 
hésitation que je propose celui indiqué ci-dessus. L’iden- 
tité de la légende du revers, qui est la même dans toutes, 
me porte à penser qu'elles sont de la même époque. À la 


rigueur, et suivant le système adopté par M. Rouyer, les. 


n® 74, 72 et 73 pourraient être attribués à l'année 1484, 
époque où fonctionnait le conseil de régence nommé par 
les communes flamandes. Mais il restera toujours le n° 75, 
qui est indubitablement d’origine gantoise, et frappé en 


1 Serrure, p. 258, n° 134. — Den Duyts, pl. XV, n° 92, 

$ Les poids fournis par M. J. Rouyer, op. cit., d’après d’autres exem- 
plaires, sont de 29 à 31 grains. Voy. Rev. num., 1848, pl. XVII, n° 8. — Cf. 
Duby, pl. LXXXI, n° 9. 

8 Serrure, p. 258, ne 135. — Den Duyts, pl. XIV, n° 87. — Rouyer, loc. 
oit., pl. XVU. n° 9. 


ET DISSERTATIONS. 139 


même temps que les pièces sar lesquelles figure le nom de 
la ville: quelle place lui assigner? Son poids, surtout 
celui des exemplaires publiés par M. Rouyer, indique que 
c'est une pièce de quatre mites. Mais cette division n’est 
pas énoncée dans les instructions de l’année 1489 que j'ai 
transcrites ci-dessus. Peut-être appartient-elle à l'émission 
de 1488, ou aux émissions postérieures faites par la ville 
de Gand, avant sa soumission complète à Maximilien, et 
dont les instructions ne nous sont pas parvenues. Aussi, 
laissant cette pièce de côté, et me référant à ce que j'ai dit 
précédemment, je rapporterai les n* 71, 72 et 73 à la pre- 
mière émission de 1489 et les n°’ 74 et 76 à la seconde, 
faite en vertu de l'instruction modifiée du 2A octobre de la 
même année. 

77. + PHS °D8 G 8 ARCHID 8 AVST 8 DG8 Z8CO 8 
FLA’ 3 1491. Armoiries à neuf quartiers, remplissant tout 
le champ. | 

À. Écu an l'on, sur une croix fteuronnée, cantonné des 
lettres G-A-N-D. Légende : FIAT°—° PAX 8 Jo — VIRTVT 
—E TVA 8. 

Argent. Double gros ou patard. Poids, 54 grains 4 
(grammes, 2,88). — Pl, XVIII, n° 45 !. 


4 Duby, pl. LXXXIII, n° 4, donne, d’après Van Alkemade et les placards, 
un dessin de cette pièce où se trouvent quelques différences de légendes, 
mais surtout où l’on remarque la date 1498. Il y a évidemment erreur du des- 
sinateur des placards; cette pièce ne peut être que de 1491, ou au plus de 
1492, puisque la révolte était terminée le 12 juillet de cette année, Voici ce 
qu’en dit Duby : « Pièce d'argent de onze duites nommée double sassener ou 
seksener, frappée sous le gouvernement général du duc Albert de Saxe pen- 
dant la minorité et l'absence du due: ainsi cette pièce = emprunté son nom 
su gouverneur, Alkemade, fol. 157, n° 3. Ordonnance de Charles-Quint, 
pe 69, n° 1. » Bien que Duby ne le dise pas, il semblerait que cette pièce a 
été émise par l’ordre d’Albert de Saxe, qui commandait, aw contraire, pour 
Maximi‘ien, les troupes dirigses contre lcs Gantois, Ce'a n'empêche pas, du 


440 MEMOIRES 


78. Variété du même. + PHS * D § G*ARCHID * AVST * 
B*Z* CO * FLA, 1491. Même type qu'au n° 77. 

hk. Même type; l'écu un peu plus grand et les lettres G 
— À — N — D placés différemment. Légende : FIAT — * 
+ PAX* 1 — VIRTV — TE * TVA‘. 

Double gros ou patard. Poids, 58 grains ;‘; (grammes, 
2,82). — PI. XVIII, n° 46. 

Louis DescHAMPS DE Pas. 


(Sera continué.) 


reste, qu'elle n'ait emprunté à ce général, comme souvenir de l’époque d’é- 
mission, la désignation qu'on lui donnait. 

Cette pièce et la suivante viennent détruire l'opinion émise par M. C. A. Ser- 
rure, que les Gantois ne donnèrent jamais, sur leurs monnaies, le titre d’ar- 
chiduc d'Autriche à Philippe le Beau, se contentant de celui de duc de Bour- 
gogne, et surtout de comte de Flandre. Cette assertion peut être vraie pour 
la première partie de la révolte de la ville de Gand; et encore y a-t-il une 
variété du florin an saint Jean-Baptiste qui porte aussi ce titre. Voy. plus 
haut, n° 61, 

1 Je crois devoir reproduire ici l'explication que donne M. C. A. Serrure 
(op. cit.) des trois légendes caractéristiques employées par les Gantois sur les 
monnaies qu'ils émirent pendant leur révolte. Quelques réserves sont peut- 
être à faire à cette explication; néanmoins elle m'a paru-bien caractériser Is 
situation des esprits aux diverses époques de la révolte. 

« Sur l'argent que les Gantois, dit-il, mirent en circulation à cette 
occasion, on rencontre tour à tour l’une des trois devises religieuses sui- 
vantes : Æqua libertas Deo grata; Fiat pax in virtute tua; ou bien : In Domino 
confido, Il est peut-être permis de considérer ces trois phrases comme l'expres- 
sion des changements qui s’opérèrent dans la situation des Gantois. Il est po- 
sitif que la légende Aqua libertas, etc., dénote un peuple dans le premier feu 
de la révolte. Aucune révolution ne s'opère sans que le mot diberté résonne 
dans les rangs des mécontents, comme un cri ravissant; mais, à la fin, le 
peuple se lasse de s’agiter et de se battre, et, exténué, il soupire après la 
paix. Fist paz, eto., nous rend parfaitement une situation semblable. Enfin, 
in Domino confido, nous semble devoir être la devise des Gantois, lorsqu'en 
1489, ils virent s'approcher le moment où tout secours du côté de la France 
allait leur manquer, et qu’ainsiils ne pouvaient mettre leur confiance que 
dans leur courage et la grâce du Tout-Puissant. » 





etl 


ET DISSERTATIONS, hi 


MELANGES NUMISMATIQUES 
VI 


MONNAIES MUNICIPALES DE METZ SOUS LES ROIS DE FRANCE 


e 





(Pl. XIX.) 


4 


§ Ir. — Norions GÉNÉRALES ; ORIGINES. 


On sait que les prélats qui administraient ies anciennes 
cités gallo-romaines des deux Belgiques et des Germanies 
cisrhénanes, avaient obtenu, au x° siècle ou au x1°, le droit 
de frapper monnaie ‘ ; mais si les divers ateliers épisco- 
paux ainsi créés devaient recevoir au début à peu près le 
même développement, protégés qu'ils étaient à l’envi par 
les derniers Carlovingiens et par les princes de la maison 
de Saxe, ils devaient dans l'avenir subir des chances bien 
diverses. En effet, dans les villes qui demeurèrent à la cou- 
ronne de France, ils furent contrecarrés d'assez bonne heure 
ou même fermés par la centralisation gouvernementale, 
tandis qu'ils prirent une place définitive et constitution- 


1 Quelques rares monnaies de comtes laïques ont aussi été frappées à cette 
époque dans les antiques chefs-lieux des cités belges devenues villes épis- 
copales, et par exemple à Verdun; mais elles ont rapidement disparu devant 
le monnayage des évêques élus ou nummés. C’est dans les châteaux ,méro- 
vingiens et dans les villes qui se sont groupées plus tard autour deux, que 
s’est principale:nent développé le monnayage des barons héréditaires, 


6h2 MEM_IRES 


nelle dans celles qui firent partie, comme Metz, de l'empire 
germanique ‘. Toutefois dans les villes mêmes où le mon- 
nayage épiscopal devait durer le plus longtemps, il ren- 
contra, environ deux siècles après sa naissance, les plus 
redoutables adversaires chez les bourgeois qui entraient 
ou rentraient violemment alors dans la vie politique ; seu- 
lement il fant faire encore ici une distinction, car les 


choses ne se passérent pas de la même manière dans les 


cités de l'empire où dominait l'élément gaulois et dans 
celles qui, plus à l’est, étaient devenues complétement 
allemandes, depuis que le flot des barbares avait renversé 
les barrières séculaires du monde romain. Dans les pre- 
mières, en effet, si les insurrections des bourgeois, long- 
temps renouvelées, souvent sanglantes, finirent par ébran- 
ler le pouvoir féodal des évéques-comtes, les chartes 
octroyées ou arrachées, qui ont constitué les communes, 
sauvegardèrent en général une partie des droits régaliens 
du prélat et notamment l'un des plus importants, celui 
de fabriquer le signe d'échange et d’en fixer le cours. 
C'est ainsi que la monnaie épiscopale de Cambrai, ville de 
langue romane, a duré jusqu'à l'entrée des Français en 
1581, celle de Verdun jusqu à Richelieu, celle de Liége 
(ancien évéché de Tungres), jusqu'à la Révolution fran- 
çaise, etc. Au contraire, dans les cités qui s'étaient déve- 
loppées sur le Rhin par l'élément tudesque, 14 où s’éle- 
vaient autrelois les camps fortifiés des légions roimaines, 
on vit apparaître une monnaie municipale, gage des 
droits politiques retrouvés ou conquis par les bourgeois? ; 


1 Cf. mes Etudes numismatiques sur une partie du nord est de la France, p. 280 
et suiv. 


a 


4 L'est des Gaules, qui avait si longtemps servi de siége à la puissance 
romaine, n’avait pus perdu, malgré tant de bouleversements, la tradition des 





ET DISSERTATIONS. hA8 


cette monnaie, fabriquée parfois d'abord côte à côte avec 
la monnaie épiscopale, finit en général par absorber com- 
plétement l'atelier, comme par exemple à Strasbourg, à 
Mayence ou à Cologne, et l’évéque fut réduit à faire forger 
ses propres espèces dans les domaines ruraux de son 
église. 

Metz, après avoir, sous l'empire romain, servi de chef- 
lieu à l’une des grandes divisions de la Gaule, était devenu 
la capitale du royaume d'Austrasie. Aussi, quoique la 
langue romane se parlat exclusivement dans ses murs, 
était-elle sous certains rapports au moyen âge dans des 
conditions analogues à celles des villes épiscopales si- 
tuées plus à l'est. Cette remarque explique comment l'oli- 
garchie des paraiges messins arriva rapidement à une 
grande puissance et comment les évêques durent abandon- 
ner à ja ville leur atelier monétaire‘. Ce fut l’évèque 
Thierry de Boppart qui, contraint par les événements, 
vendit à la cité, le 23 septembre 1383, avec droit de 
rachat”, la monnaie messine déjà engagée temporairement 


antiques libertés municipales; on ne saurait donc attribuer exclusivement à 
l'influence germanique le développement qu’y obtinrent au moyen âge ces 
mêmes libertés, 

1 À Trèves, toutefois, il n’y a jamais eu de monnaie municipale, encore 
bien que cette métropole ait été attribuée à Louis le Germanique par le cé- 
lèbre traité de 843, et qu’on y parlât allemand au moyen âge. Cette etception 
à une règle à peu près générale se justifie peut-être par ce fait, que l'élément 
indigène avait assez longtemps persisté dans Je haut pays de la cité des Tré- 
vires, pour que saint Jérôme y eût retrouvé la langue gauloise (ex prologo in 
lib. II, Commentar, in epistol. ad Galatas, cap. I1]). 

2 Titre déjà publié d’après l’histoire Bénédietine, par M. de Sa@loy (Re- 
cherches sur les monnaies des évêques de Metz, p. 67). L'original de cet acte 
n'existe plus. Un recueil de documents monétaires que j’ai acquis à la vente 
du comte Emmery en reuferme une copie prise sans doute sur un ancien 
vidimus, et qui paraît plus exacte que celle de D. François et de D, Ta- 
bouillot. ; 


BAS MÉMOIRES 


aut bourgeois par ses prédécesseurs Bouchard d'Avesnes 
et Adhémar de Monthil. L'atelier épiscopal, banni de Metz, 
fonctionna tant bien que mal à Marsal et plus tard à Vic, 
places de l'évêché. 

La cité de Metz furgea d'abord des pièces épiscopales au 
type même de l'évèque Thierry; mais elle se sentit bientôt 
assez forte pour avoir sa monnaie propre d'argent et 
même sa monnaie d'or; sur la première, elle fit graver 
d’un côté l'image traditionnelle de Saint-Étienne, de l'autre 
une croix; sur la seconde, la croix était remplacée par l'écu 
municipal. Les unes et les autres portaient des légendes 
indiquant leur nom ou leur origine messine ; la ville, lors- 
qu'elle se désignait elle même dans ces légendes, s’intitu- 
lait simplement ciritas, car elle ne fut jamais ville libre 
comme Strasbourg, qui écrivait sur ses flans monétaires : 
Respublica Argentinensis. 

Les monnaies autonomes de la cité de Metz se composent 
de florins d'or, de gros d'argent et de menues espèces qui 
se frappaient encore à peu près à, leurs types primitifs 
au moment où la ville rentra dans le giron de la vieille 
Gaule, en ouvrant ses portes à Henri II. 


§ IT. — MONNAIE MUNICIPALE APRÈS 1552. 


À l’arrivée des Français, en 1552, l'évèque Robert de 
Lénoncourt, qui avait rendu de grands services au roi, 
acquit beaucoup d'influence et pensa un moment devenir 
le maître véritable de Metz, sous l'autorité de la France. 
Un de ses premiers actes fut d'invoquer les termes, depuis 
longtemps oubliés, du contrat de 1383, et d’obliger la cité, 
en octobre 1553, à lui rétrocéder ses droits monétaires !. 


1 Titre déjà reproduit d'après Meurisse, par M. de Sauloy, Recherches sur 
les monnaies des éréques de Metz, p. 83. 








ET DISSERTATIONS, h45 


Le prélat ne paraît pas néanmoins avoir eu, dès le début, 
_l’intention de forger monnaie à Metz; il se contenta, et les 
bénéfices étaient les mêmes pour lui, de faire accepter 
dans la ville ses espèces de Vic, ce qu’il n’avait pu obtenir 
jusque-là, malgré d'instantes démarches’. Les magistrats 
écrivirent alors au roi une lettre curieuse*, dans laquelle 
ils se plaignent amèrement des procédés du cardinal qui, 
en faisant évaluer à sa guise le franc d’or de 1383, avait 
trouvé moyen de ne pas payer à la ville tout ce qui lui 
était dû pour la rétrocession du coin monétaire et ne s était 
pas fait faute néanmoins de mettre ses propres espèces en 
circulation sur le territoire messin. Au reste, les rêves 
d’ambition du cardinal de Lénoncourt et ses luttes avec la 
ville devaient être de courte durée ; le roi exigea en effet 
de lui, dès 1554°, l'abandon complet au profit dé la cou- 
ronne de tous les droits régaliens concédés autrefois au 
siége épiscopal par les princes de la maison de Saxe. 
Henri II néanmoins, et malgré cette précaution, ne jugea pas 
que le moment fût venu pour lui de renoncer à son rôle de 
protecteur et de sortir de la politique prudente qu'il suivait 
dans les Trois-Evéchés. Il eut même pour la cité plus de 
ménagements que pour l’évèque et laissa le corps munici- 
pal exercer la plupart de ses anciens droits et particulière- 
ment celui de frapper monnaie. L'atelier municipal se rou- 
vrit donc et prit même une activité qui lui avait été inconnue 
jusque-là: On vit alors la cité de Metz, qui n'avait ja- 
mais eu qu'un type monétaire local, étaler sur le flan 
de ses monnaies l'aigle à deux têtes, emblème de l'empire. 


1 Voir pièces à l'appui, n° 1. 

2 Voir pièces à l’appui n° 2. | 

3 La cession fut confirmée le 19 décembre 1555 par le cardine] de Lor- 
raine, titulaire de l'évêché. 


446 MÉMOIRES 


En agissant ainsi, elle avait surtout en vue le développement 
de la circulation monétaire et l'acceptation de ses nouvelles 
espèces, À l'aide de leur déguisement, sur les marchés 
des bords du Rhin et dans les villes allemandes, où elle 
avait un trafic important. En même temps, à l’ancien gros 
d'argent et à des monnaies plus légères encore fut subs- 
titué un système fort complet, comprenant de lourdes 
pièces dont l'unité principale était le thaler. C’est au droit 
de ces pièces, au lieu de la croix, que se montrait l'aigle à 
deux têtes, chargée en cœur de l’écu de la cité et entourée 
des mots : Moneta nova metensis ‘, tandis que le revers 
continuait à représenter le saint patron avec la légende : 
Sanctus Stephanus protomartir. 

La ville, en adoptant des monnaies dont le système et 
le type facilitaient la circulation chez ses voisins *, faisait 
use opération d'autant plus lucrative, que les gros écus de 
Metz et leurs subdivisions, malgré les termes de leur loi 
écrite *, étaient par le fait moins pesants en général que 


1 Les espèces d'or ne changèrent pas ; elles consistèrent toujours en florins 
au type habituel. 

2 Les thalers des villus @empize ont convtitué une des monnaies les misut 
contrôlées du XVI° et du XVII° siècle ; ils étaient soumis à des règles étroites, 
et notamment à un titre et à un poids constants, Ces monnaies subissaient 
l'essai de leur type et la vérification de leur poids dans les chefs lieux des cer- 
cles; leur émission n'était permise que si l'épreuve avait constaté qu’on avai 
pas dépassé les tolérances légales (Cf. Hirsch, Des tentschen Reichs Manz-Archir, 


Nürnberg, 1761). Metz, devenue ville française, avait tout intérêt à imiter les © 


thalers de l'Empire dans une fabrication dont les produits étaient par le fait 
sans contrôle extérieur. Au reste, quelques princes voisins rendaient Ja ps 
reille à la riche cite; c'est ainsi qu’elle dut, le 27 juillet 1631, interdire sous 
les peines d'usage la mise en circulation des thalors de l'abbé de Gorse (Of. 
mon article sur les monnaies de Charles de Rémoneount, 1970, in-4, p, 7}. - 
3 Voir les contrats passés par le maître échevin ot les treize avec les maîtres 
de la monnaie pour la fabrication des thalers. 


ET DISSERTATION . kh7 


ceux des villes de l'empire, et'si la différence n'était pas 
assez élevée pour qu'on pit l’apprécier sans le secours 
d’une balance, elle ne laissait pas que d'atteindre quel- 
ques décigrammes. 

Cette fabrication messine au type de l'aigle ne paraît 
pas toutefois avoir commencé immédiatement. Le plus an- 
cien spécimen qu'on en connaisse ne remonte qu à l'année 
4574. 


Charles IX eut le projet de s'emparer de l’atelier de Metz 
et de le faire contribuer à la fabrication des espèces royales; 
mais les magistrats, après avoir consulté à Paris la cour 
des monnaies *, exposèrent de nouveau que la ville n'avait 
pas été complétement remboursée des 4000 francs d'or 
qu'elle avait payés en 1383 à Thierry de Boppart. La re- 
quête des Messins fut soumise le 8 août 1561 aux inten- 
dants des finances, qui firent un rapport sur lequel le 
conseil privé siégeant à Saint-Germain-en-Laye fixa, le 18 
du même mois, lereliquat au chiffre de 8620 francs ; l'arrêt 
portait en outre « qu’icelle somme sera mise au cahier des 
debtes du Roy pour en estre baillé assignation auxdits ha- 
bitans de Metz, lorsque le Roy commencera à faire battre 
monnoye en la dicte vilie de Metz» °. La somme dué à la 
ville comme complémeut de payement fut ainsi reconnue, 
mais ne fut point acquittée, et la fabrication municipale 
poursuivit son cours. | 

Au commencement de 1582 on reprit l'affaire de la mon- 


1 Comparez par exemple le poids des thalers de Metz (Saulcy, op. laud., 
p. 81 et suiv.) et celui des thalers semi-impériaux, semi-épiscopaux de Maxi- 
milien de Berghes et de Louis de Berlaymont, dans ma Numismatique de Cam- 
brai, p. 168 et 182. 

2 Pièces à l'appui, n° 3. 

3 Pièces à l'appui, n° 4. 


448 - MÉMOIRES 


paie de Metz, et Henri 111, n’acceptant pas ce qui avait été 
fait avant lui, écrivit au magistrat le 27 février pour qu'il 
eût à lui communiquer la copie de l'acte par lequel l’évèque 
Thierry avait engagé son coin à la ville‘. Le roi annon- 
çait d'ailleurs l'intention de rembourser la somme due. 
Cependant rien ne fut changé à la situation des choses. Le 
20 juillet 1804 Henri IV, par lettres patentes en forme de 
commission, enjoignit au sieur Viard, seigneur de Ville- 
cazin et de Candé, président royal à Metz, Toul et Verdun, 
de réclamer, et cette fois en original, le contrat de 1383, et, 
s’il était produit, d'exécuter l'arrêt de remboursement de 
1561 et de faire fabriquer des monnaies au profit de la cou- 
ronne. Ces monnaies devaient conserver « le titre et la loi 
accoutumés à Metz», mais porter le nom du roi*. Le 
président ne noufia toutefois la volonté de Sa Majesté au 
maltre-échevin, aux treize et aux conseillers pour l’expé- 
dition des procès, que le 2 juillet 1603*, c’est-à-dire 
quatre mois après que le roi, dans son voyage à Metz, eut 
jugé par ses yeux de l'importance et de la variété du numé- 
raire qui circulait dans cette ville. On avait eu en effet 
Yimprudence de lui offrir, dans un vase de vermeil riche- 
ment ciselé, un spécimen de toutes les monnaies de la cité, 
dont les coins avaient été gravés à neuf pour la circons- 
tance *. Dans la notification du 2 juillet 1603, le président 
Viard, après avoir réclamé l'acte original, promettait le rem- 
boursement du reliquat, à moins qu'il ne fût agréable à la 


1 Pièces à l'appui, n° 5. 

3 Pièces à l’appui, n° 6. 

8 Pièces à l'appui, n° 7. _ 

* Les monnaies que contenait ce vase, et parmi elles un thaler à l'aigle 
d’empire, sont gravées dans le récit du voyage et séjour de Henri IV à Metz, 
par Abraham Fabert, p. 58 et 61. 


ET DISSERTATIONS. ° hA9 


ville de l'abandonner au roi pour les bienfaits qu’elle en 
avait reçus. En résumé la ville ne produisit pas l'acte original 
et ne fit pas le cadeau qu'on lui demandait, en sorte quela | 
monnaie municipale ne fut pas supprimée et que, si l’on 
cessa momentanément de la frapper, elle reparut un peu 
plus tard. | 
En 1633, une création d’une grande importance, déjà 
projetée par Henri IV, fut réalisée par Richelieu. Le par- 
lement fut installé à Metz le 26 août, et dès lors le pouvoir 
judiciaire, qui aboutissait encore par les appels à la chambre 
de Spire, fut complétement mis aux mains de la France. 
La cour souveraine avait pour mission de détruire successive- 
ment les institutions féodales, qui subsistaient encore dans 
les Trois-Evéchés, et de développer partout les idées fran- 
çaises; elle prit de suite des mesures efficaces, encore bien 
qu’elle fût contrecarrée dans son action par le cardinal de 
la Vallette, gouverneur de Metz. Parmi ces mesures on peut 
citer la suppression, en mai 1634, des emblèmes de l'empire 
sur les sceaux des justices ordinaires et leur remplacement 
par les lis de France’. Des changements analogues, mais 
moins radicaux, paraissent avoir eu lieu vers la méme 
époque dans les coins monétaires, d’où l'aigle double dis- 
parut également, mais sans être remplacée par l'écu de 
France. Les thalers qui furent frappés quelques années 
après, en 1638, sur une autorisation de Louis XIII, solli- 
citée et obtenue par le gouverneur”, ne portent plus en 
effet qu'un emblème local ; quant aux espèces moins impor - 
tantes, au type de l'aigle, telles que le teston, elles ces- 
sèrent d'être frappées. En même temps et comme signe 
d'une intervention plus directe du gouvernement dans l'ad- 


1 Cf. ma Sigillographie de Toul, p. 282. 
3 Pièces à l'appui, n° 8 et n° 9. 


450 ° MÉVOIRES 


ministration de la monnaie, les tarifs des espèces locales et 
étraogères, établis jusque-là au nom du maître échevin et 
des treize, commencent à l'être au nom du roi. 

Le 7 mai 1658 le parlement, poursuivant sa campagne 
contre les priviléges de la cité, notifie aux officiers de l'hôtel 
de ville et à ceux des trois ordres qu'ils n’useront plus que 
par provision du droit de battre monnaie; puis dans un 
factum ainpoulé' la cour souveraine, après avoir signalé 
le mauvais vouloir des maîtres échevins qui, lorsque l'aigle 
d’empire eut été supprimée, y avaient substitué dans les 
coins monétaires non pas l’écu de France, mais celui de leur 
ville, proposa à Louis XIII de racheter définitivement l'atelier 
municipal, ou, si les affaires urgentes de Sa Majesté ne le 
permettaient pas pour le moment, de contraindre au moins 
le magistrat À mettre les armes du roi sur les espèces 
courantes. Rien encore ne fut payé à Ja ville et l’on se 
borna à lui faire entendre de nouveau qu'on verrait avec 
plaisir qu'elle renonçât à sa créance; mais l'atelier muni- 
cipal n'en continua pas moins à exister, et, sil n'émit 
plus de lourdes pièces telles que les thalers, il fit encore 
des francs au type local pendant deux ou trois ans. 

Enfin en 1662 Je parlement, par un arrét rendu sur 
le réquisitoire de son procureur général Paul Legendre 
de Lormoy, supprima virtuellement la monnaie messine, 
comme institution féodale, et en fit déposer les divers coins 
au greffe de la cour. La vilte s’adressa au roi, mais le 
44 janvier 1663 la décision du parlement fut confirmée *. 

Cependant la monnaie royale ne se frappa point encore 
dans l'atelier de Metz; on représenta que le bon aloi des 


1 Pièces à l'appui, n° 10. 
2 Titre déjà publié par Sauley. op laud , p. 71, 





ET DISSERTATIONS. - A51 


espèces de France, si onlesexposait sur le marché messin, 
les ferait exporter et mettre au billon dans les contrées 
voisines, où le signe d'échange renfermait beaucoup plus 
d'alliage. Ce fut seulement en 1666 que parurent, sous le 
différent du double A, les pièces messines au nom et aux. 
armes de Louis XIV. Comme dernière concession à l'amour 
des Messins pour leur monnaie autonome et pour satisfaire 
aux besoins de l’appoint, on fabriqua encore pendant quel- 
que temps. au type de la cité, une certaine quantité de mo- 
destes liards*. La ville continua à se plaindre, mais ses 
réclamations ne tendaient plus qu’à obtenir des sursis au 
décri onéreux pour elle de l'ancien numéraire local. Ce 
décri fixé d’abord, sur les instances du parlement *, au 
25 octobre 1679, n'eut lieu en fait que le 5 mai 1693. 


La plupart des détails qui précèdent étaient connus °; 
il m'a paru intéressant néanmoins de les réunir, de les 
compléter au moyen des documents dont je dispose, et de 
montrer comment se sont transformées à Metz les institu- 
tions de la haute féodalité et avec quelle lenteur disparut, 
au profit du pouvoir royal, l’autonomie monétaire de la 
cité, qui avait dépossédé elle-même celle de l’évêque. 
Quelque chose d’analogue en ce qui concerne la vitalité de 
la monnaie municipale se produisit à Strasbourg où 
Louis XIV, qui avait effacé dans le royaume les dernières 


1 Il existe un liard de 1668. 

? La question du retrait de la monnaie de Metz donna lieu à de longues con- 
troverses. On peut consulter à ce sujet le Traité de la monnaie de Metz avec 
tarif de réduction en monnaie de France, par M. Le Noble, procureur général 
au parlement de Metz, vol. in-32 de 165 pages, Paris, 1675. 

8 Cf. Sauley, Recherches sur les monnaies municipales de Metz. — Chabert, la 
Moselle, par une société de gens de lettres et d'artistes, p. 12.— Abel, Mémoire sur 
le franc de Mets, brochure in-8°, Metz, 1855. : 


A5 MÉMOIRES 


traces du monnaycge féodal, consentit & soumetire ses 
éspèces à l’ancien type local, en y faisant simplement 
remplacer les mots : Respublica Argentinensis par Civitas 
Argentinensis '. 


SU. — TYPES NE THALFRS MUNICIPAUX ET DE 1/2 THALERS. 


Pour compléter les notions que je viens de réunir sur la 
monnaie municipale de Metz pendant la domination fran- 
çaise, et particulièrement sur les thalers, je vais décrire, 
d'après des exemplaires de ma collection, trois de ces 
pièces présentant soit un dispositif, soit des dates qui 
n'avaient pas encore été rencontrés, en 1836, lorsque 
M. de Saulcy écrivit son livre. 

N° 4. S. STEPHANVS @ & PROTHOMART., entre un gre- 
netis et un filet; dans le champ, au centre d’un double 
contour elliptique, saint Étienne debout en costume de 
diacre, la tête nimbée, tient une longue palme de la main 
gauche et, de la droite, les caïlloux de son martyre. 

À + MONETA.NOVA.METENSIS. 1698, entre un grenetis 
et un filet concentriques ; au centre l'aigle double por- 
tant en cœur l'écu de la cité, mi-partie argent et sable. 

Ma collection; argent, 27 grammes 89; pl. XIX, 
fig. 1°°. 

N° 2, En 1638, lorsque le parlement fit supprimer 
l’aigle de l'empire, la ville résolut d'y substituer ses armes, 
mais il y eut des tâtonnements ét l'on frappa des thalers 
dont le type fut ensuite modifié. Ces sortes d'essai sont des 
plus rares ; déjà M. de Saulcy en a fait connaître un où 
l'on voit un écu de forme ovale. Le thaler suivant est en- 


1 Levrault, Essai sur l'ancienne monnaie de Strasbourg, in-8°, 1842, p. 359. 


4" 


ET DISSERTATIONS. 4538 


core un spécimen de transition; publié seulement depuis 
quelques années, par M. Chabert, dans les Mémoires de 
l'Académie de Metz, il est nouveau pour la plupart des 
lecteurs de la Revue. 

S. STEPHANVS & & PROTOMARTIR. Type semblable à 
celui du thaler de 1628. 

À. & MONETA CIVITATIS METEN. 1638, entre un grenetis 
et un filet ; dans le champ, l'écu de la cité de forme ordi- 
naire, mais trés-large, encadré par une double épicycloide, 
avec roses dans les angles et fleurons aux pointes. 

Ce spécimen différe peut-étre moins des anciens thalers 
à l'aigle double que la pièce de 1638 déjà publiée par 
M. de Saulcy * ; c’est sans doute le premier essai qui eut 
lieu lors du changement de type. 

Ma collection; argent, 28 grammes, 59°; pl. XIX, fig. 2. 

Au moment de la suppression de l’aigle d’empire, Ra- 
phaël Braconnier était maître de la monnaie de Metz. Il fit 
deux fois des thalers pendant l’année 1638, la première en 
vertu d'une déeision prise par le grand conseil, le 7 mai °, 
la seconde à la suite d’une nouvelle autvrisation en date 
du 26 du même mois*. On peut donc supposer que les 
deux coins de transition datés de 1638, c’est-à-dire celui 
qui précède et celui décrit par M. de Saulcy, correspondent 
aux deux émissions de ce maître monnayeur. 

N° 3. Il existe, toujours sous la date de 1638, une troi- 
sième variété de thaler dont le type fut adopté définitive- 
ment, car on le retrouve sur les spécimens des années sui- 


1 Cf. op. laud., pl. I, fig. 3. 
2 Les thalers de 1638 {Pièces à l'appui, n° 9) devaient peser 7 trae 
zeaux 1/2, soit 540 grains ou 28 grammes 62. 
8 Pièces à l'appui, n° 9. 
4 Saulcy, op. laud., p. 66. 
1869-70. — 6. 31 


Bb MÉMOIRES 


vantes. Or, comme Rapheël Braconnier fut remplacé au 
mois d'août par. les orfévres David de Marsal et Jean de 
la Cloche, qui avaient offert de meilleures conditions à la 
ville’, on ue saurait douter que cette troisième variété ne 
fût l'œuvre de ces derniers. 

Les nouveaux thalers comportèrent des divisions par 
moitié et par quarts, inconnues à Metz jusque-là; en 
même temps on supprima le teston messin, pièce qui se 
fabriquait, également au type de l'aigle, depuis le retour 
de la ville à la France. 

Les demi-thalers sont fort rares ; M. de Saulcy n’en a fait 
connaître que trois, portant les dates de 1638, 1641 et 
4642 ; j'ai choisi dans ma collection celui de 1643 pour 
donner un spécimen du type définitif de ces mon- 
paies. 

+ S. STEPHANVS PROTOMARTIR., entre un grenetis 
et un filet; au centre, on voit l'image du patron, non plus 
debout comme dans les pièces antérieures à 1634, mais en 
buste et regardant à gauche. Au-dessus de la téte un 
nimbe et, à l’exergue, le chiffre 4/2 indiquant la valeur. 

à. & MONETA CIVITA. METENSIS. 41643, entre un grenetis 
et un filet; dans le champ l’écu de la cité, de forme alle- 
mande, se montre au centre d'une courbe élégante formée 
de six lobes tangents au filet et dont les extrémités reliées 
par des anneaux se terminent en forme de lis; d’autres 
lis occupent les angles rentrants ; des lignes de points al- 


1 Raphaël Braconnier était depuis longtemps maître de la monnaie ; il avait 
succédé à son père dans cette charge qu'il considérait comme inféodée à sa 
famille. 11 fit réclamations sur réclamations, et ne put être expulsé que par la 
force. Voir aux pièces à l'appui, n° 11, une lettre qi adressait au maître 
échevin et au grand conseil. . 





ET DISSERTATIONS. h55 


lant du centre à la circonférence complètent l’ornemen 
tation. h 


Ma collection ; argent, 14 grammes, 40; pl. XIX, fig. 8. 


TYPES DE MONNAIES DES MAITRES-ÉCHEVINS. 


Mais la création des lourds thalers de la cité et d’autres 
pièces municipales moins pesantes n'avait pas été le 
seul fait monétaire nouveau qui se fût produit à Metz, 
sous l'autorité de la France. En effet, sinon dès le 
début, du moins après la renonciation de l’évèque en 
1554, on vit apparaître des pièces de peu de valeur, mais 
insolites, que l’on frappa au nom et aux armes des 
maîtres-échevins. J'ai consacré en 1853 un. travail spécial 
à cette curieuse série’. La plus ancienne pièce de maître- 
échevin connue jusqu’à ce jour est de Jean Braconnier ou 
le Braconnier *, aïeul du maître de la monnaie dont nous 
venons de parler. Il est possible qu’on rencontre ‘quelque 
jour des mofinaies de son prédécessear Pierre de la Maixe*, 
‘ qui entra en charge le 24 juin 1557, quelques mois à 

peine après le désistement de l'évêque, et qui inaugura la 
” série des maîtres-échevins nommés par le gouverneur en 
dehors des anciennes règles”. _ 


1 Recherch. sur les monn, et les jetons des maîtres échevins de Metz, in-4°. 

2 Recherch, sur les monn, et les jetons des maitres échevins de Metz, p. 23 et 
pl. I, fig. 1. | 

3 Des auteurs étrangers à la numismatique ont supposé que la monnaie 
échevinale remontait aussi loin que la monnaie municipale elle-même. C'est 
une hérésie que condamne la natare des relations qui existaient au temps de 
l’omnipotence des paraiges, entre cette oligarchie jalouse et un magistrat 
tenu en tutelle. ; . 

+ Le maître échevin était choisi jadis dans les paraiges par l'abbé de Gorse 
et par les cing abbés bénédictins de Metz. Dans les derniers temps de l’autto- 


486 MÉMOIRES 


Hatons-nous toutefois de le dire, le monnayage des 
maîtres-échevins paraît n'avoir donné lieu à aucune ré- 
glementation écrite et n’a jamais eu pour but de concourir 
sérieusement à la production du signe d'échange néces- 
saire aux besoins de la cité. Les menues espèces qu'il a 
produites n'étaient peut-être même destinées qu'à signaler 
chaque entrée du magistrat en fonctions. On ne saurait 
toutefois faire de toutes ces pièces de simples jetons, car, 
dans les premiers temps de leur existence, plusieurs ont 
porté explicitement la déclaration de leur valeur : Quartus 
denar., et plus tard, l'indication générale de leur carac- 
tère : Moneta metensis'. Quant aux pièces échevinales que 
leur légende n'indique pas comme ayant été des signes 
d'échange, s'il en est qui sont évidemment des jetons, 
d’autres par leur type, leur diamètre et leur poids se rap- 
prochent assez de certaines monnaies de la cité, pour qu'on 
puisse supposer qu'elles ont circulé dans la ville sur le 
même pied que celles-ci et concurremment avec elles. La 
dernière pièce échevinale portant Moneta est de 1638, 
date où apparurent les thalers sans aigle et où le parle- 
ment accomplit ses premières réformes monétaires. Cette 
coincidence n’est sans donte pas due au hasard. 

Les trois monnaies suivantes sont différentes de celles 
que j'ai publiées en 1853. 


nomie messine, ce droit était devenu illusoire, et les anciens électeurs ne 
faisaient plus qu’installer le nouveau magistrat. Quoi qu'il en soit, ces digni- 
taires durent renoncer officiellement le 23 février 1557 & ce privilége, encore 
bien qu'ils ne l’exerçassent plus à proprement parler. 

1 Ces menues espèces des maîtres échevins de Metz peuvent être rappro- 
chées des méreaux capitulaires qu'on désignait à Cambrai, au XVIe siècle, 
sous le nom de monnaie blanche, et qui n’ont cessé de circuler dans le pays 
qu'à une époque assez voisine do nous. Cf. ma Numismatique de Cambrai, 
p. 191. 


ET DISSERTATIONS. 457 


JEAN BERTRAND DE S.-JURE. 


D'argent, à la croix alaisée de gueules, coupé d'azur à 
deux flammes d’or en chevron; à la fasce en devise de sable 
brochant sur le coupé’. 


M. de Saint-Jure, écuyer, seigneur de Mercy-le-Haut, fut. 
maitre-échevin en 1602 et en 1608; il exerça aussi la 
charge de seigneur treize, qui n’était pas incompatible avec 
celle de premier magistrat de la cité. La relation du voyage 
de Henri IV parle de lui comme d’un magistrat distingué *.. 

* ESPOIR ET POEVR, entre un grenetis et un filet: 
concentriques; dans le champ, les armes du magistrat. 

R X METIS AN. DOMINI. 1608, écu de la cité entre un 
grenetis et un filet. 

On ne connaissait jusqu'à ce jour qu'une pièce à la 
date de 1602 où les flammes mal venues ressemblaient 
à un cœur ?. 

Le spécimen que nous venons de décrire ne porte pas le 
titre de monnaie; mais son type et son poids le rappro- 
chaient assez des liards de la cité pour lui avoir permis de 
circuler sur le même pied qu'eux. 

Ma collection; billon, Os,81; pl. XIX, fig. 4. 


Nicocas MAGUIN. 


D’azur* à six mollettes à huit pointes d'or, 3, 2 et 1. 


1 Épith. de Metz, p. 88 et 192; ms. de la bibliothèque de la ville. 

2 Rel. du voyage de Henri IV à Metz, par Abraham Fabert, 

8 Recherch. sur les monnaies et les jetons des maîtres échevins, p. 29, et pl. Ie 
fig. 8. , | 

+ Ces émaux sont indiqués par le manuscrit de la bibliothèque municipal: 


458 MEMUIKES 


M. Magnin fut plusieurs fois mattre-échevin entre les 
années 1602 et 1608. C'est à Henri IV qu'il dut ses lettres 
de noblesse. 

% CRAIN. DIEV ET FAY IVSTI, entre un grenetis et un 
filet ; au centre, l’écu de famille. Cette devise était brodée 
sur Je guidon d'une cornette de cavalerie, équipée en 1603 
par Je maltre-échevin pour l'escorte de Henri IV, pendant 
son séjour À Metz’. 

&. % METIS. AN. DOMINI, 1609; au centre, l'écu de la 
cité. 

Ma collection; billon, 05,82; pl. XIX, fig. 5. 

La monnaie gravée dans mon premier travail portait d’un 
CÔÉ : a Crains Dieu et fuis jus. 1602; .de l’autre : « Moneta 
nora met.» Un exemplaire avec fais, au lieu de fay, a ap- 
partenu à M. de Saulcy. 


ABRAHAM FABERT. 


D'azur à l'Hercule de carnation, couvert d’une peau de 
lion et soulevant de la dextre sa massue, le tout d’or: à 
l'orle de dix grenades tigées à feuilles du même, et à la 
bordure de gueules, cannelée d'argent’. 


Fabert, célèbre imprimeur messin, seigneur de Moulin, 
avait exercé, après son père, la charge de directeur de l'im- 


de Metz; mais la famille Magnin, dans la déclaration qu'elle eut à faire, en 
vertu de I’édit fiscal de novembre 1696, adopta un champ de gneules. 

1 Notice sur Nicolas Maguin, par M. Chabert, broch. in 8°, 1853, p. 9. 

2? Ces armes compliquées avaient été inexactement décrites dans mon pre- 
mier travail. L’Hercule en pal, suivant M. de Sailly, paraît une allnsion à Ja 
famille des Bernards d’Allamont, dont faisait partie Anne des Bernards, fémme 
d'Abraham. Le second fils du maître échevin, le maréchal Fabert, trouva. 
plus simple de prendre d’or à la croir de gueul's. 





KT DISSERTATIONS. A59 


primerie ducale de Nancy. Le roi lui donna en 1630 le 
cordon de Saint-Michel. Il fut maître-échevin de 1610 à 
4614, de 1618 à 1620, de 1624 à 1625, de 1632 à 1638, 
et enfin de 1637 à 1638 '. 

ABR.FABERTM. ESCHEVIN, entre un grenetis et un filet, 
au centre un Hercule debout appuyé sur sa massue; dans 
Je champ, huit grenades. Ce type monétaire, en raison 
sans doute du peu d'espace, ne reproduit, comme on le 
voit, qu'une partie du blason de famille. 

À. MONETA.NOVA METEN.; dans le champ, l'écu de 
Metz; à l’exergue, 1638. 

Ma collection ; arg., belle conservation, 44,02 ; pl. XIX, 
fig. 7. 

Les deux pièces suivantes sont de simples jetons; je les 
place:-ici pour compléter la planche. 


JEAN-BAPTISTE DE VILLERS. 


Au 4* canton et au 4°, de gueules à la fasce d'argent, 
accompagnée en chef de deux étoiles du même, qui est 
Villers-sur-Genivaux *; au 2° et au 3°, d'azur à la bande 
d’or, chargée d’une tour de sable entre deux coquilles 
de même, qui est Mondelange. 


M. de Villers, seigneur de Saulny, fut maître-échevin 


1 Cette dernière date ne figure pas dans ie Recusi] des épitaphes ; elle est 
connue par un jeton déjà publié. 

2 Les Villers-sur-Genivaux, auxquels appartient le maître échevin de Metz, : 
n'étaient pas devenus Champenois, bien que leur généalogie ait été donnée par 
Gaumartin, dans la Recherche de Champagne. Dans les autres branches de cette 
famille, le champ de l’écu reste de gueules et les meubles d’argent, mais log 
étoiles sont remplacées tantôt par deux Anneléts, tantôt par deux besants. 
(Notes de M. de Sailly.) | 


460 MEMOIRES 


du mois de juillet 1620 au 31 mars 1624; du 4** décembre 
4626 au 1° juillet 1630, et enfin du 5 décembre 1634 au 
22 juillet 1632. Il était gentilhomme ordinaire de la 
chambre de Louis XIII et chevalier de Saint-Michel. 

1. BAP™ de VILLER Mer ESCHEVIN DE METZ, entre 
uo grenetis et un filet; dans Je champ, l'écu ovale de la 
cité. 

À. IVSTITIA ET MARTE; au centre l'écu de famille 
timbré d'un casque avec ses lambrequins et ses aïles, à 
la mode allemande; à l'exergue : 1629. 

Ma collection, argent; 10 grammes; pl. XIX, fig. 6. 

Cette pièce frappée pendant le premier maître-échevi- 
nat de M. de Villers est d'un module plus grand que la 
monnaie déjà publiée * avec la légende : moneta nova 
metens ; son type, au droit, la rapproche du franc messin °, 
mais elle n’a avec lui aucun rapport de poids. C’est une 
variété du type de 1622. 


BERNARD DE PELLARD DE GIVAY. 
D'or à l’aigle éployée de sable *. 


Bernard de Pellart, seigneur de Givry, fut maître-échevin 
du 13 mars 1667 au 45 avril 4678. 
B. DE GIVRY M. ESCHEVIN DE METZ; au centre de la 
pièce, les armes de Metz sur un cartouche. 
à. META MIHI METAE; dans le champ, l’écu de Givry, 
timbré d'une couronne de comte et entouré de palmes. 


1 Recherches sur les monnaies of les jetons des maitres échevins, p. 37, et pl. I, 
fig. 2. 
Cf. Saulcy, op. laud., n° 1 de la planche. 
Création des maîtres-échevins ; ms in-folio de la ville de Metz, 81. 


ET DISSERTATIONS, . AGL 


Cette piéce, assez mal conservée et sans date visible, est 
nécessairement postérieure à l’année 1638; elle ne paraît 
pas avoir di servir régulièrement de monnaie, bien que 
son diamètre la rapproche des menues espèces de la cité 
qui n’ont été retirées de la circulation qu’en 1693. 

Ma collection; argent, flan mince; 0*,95; pl. XIX, 
fig. 8. 

M. de Givry a multiplié sur ses pièces les devises, telles 
que : «oculatus ubique; rostro tud et ungue tuebor ; partes 
« inlenlus in omnes; semper in excubiis; undique solem ». 
La légende du jeton que nous venons de décrire « meta 
mihi metz » est un jeu de mots dans le goût du temps‘. 


CH. ROBERT. 


1 Le vrai nom de Metz était Mettis, mais D. Cajot (Antig. de Mets, p. 42) 
prétend qu’on disait aussi Metz. 


AGÈ MÉMUIRES 


PIECES JUSTIFICATIVES. 


Letire originale sur papier, avec signature et cachet. 


Messeigneurs afin que vous entendiez qu'il a esté loisible a 
mes prédécesseurs euesques de Metz faire forger monnoye de- 
puis l’engaigement du coing d’icelle. Et que congnoissiez le peu 
de respect qu’auez eua moy aussi le grand tort que m’auez faict 
d’empescher et défendre le cours de la mienne. J’ay bien voulu 
vous enuoyer ce porteur expressément pour vous monstrer de 
celle que ont faict monnoyer au lieu de Marsal fueux de bonne 
mémoire messeigneurs Raoul de Coussy et Conrad Bayer deux 
de mesdictz prédécesseurs. Lesquels ont régné longtemps après 
Thiederich de Boppart qui engaigea ledict coing au corps de la 
cité de Metz. Et pour ce je vous prie y voulloir penser et aduiser 
et souffrir que ma dicte monnoye ait son cours et se puisse em- 
ployer et despendre en vostre cité. Faisants aultrement je ne me 
pourray persuader que n'ayez enuye de traicter toute chose irai- 
sonnable contre moy qui assés de foys vous ay demonstré l’af- 
fection que je porte au bien repos et utilité de vostre dicte cité. 
Au demourant i’ay donné charge a ce dict porteur maistre de 
madicte monnnoye vous dire aulcunes choses de ma partsur le 
contenu en la présente, desquelles vous le croirez comme moy- 
mesmes. À tant je prye le créateur vous auoir en sa saincte garde. 
Escript a Vy ce xxj° jour de mars uv‘]j auant Pasques. 

Vostre bon prélat et pasteur, 
ROBERT CARD4t DE LENONCOURT. 

(Suscription) : À messeigneurs les maistre escheuin et treize 

jurés en la cité de Metz. 


ET DISSERTATIONS. h63 


H 
Expédition du temps sur papier. 


_ C'est queles depputez de Metz remonstreront au roy pour 
Vintérest qu’ilz prétendent a la monnoye qui se faict à Vy et au 
raichapt qui a esté faict du coing de ladicte monnoye en l'an 
4553. ; | 

En premier lieu ilz remonstrent que en lan mil uj‘ mj" iij ung 
euesque de Metznommé Thiedrich vandist à la cité le coing de 
la monnoye premièrement pour dix ans et depuis trois ans 
auant que lesdictz premier dix ans fuissent escheuz icelluy sei- 
gneur euesque Thiedrich leur vandist ledict coing de monnoye 
a rachapt perpétue] moyennant la somme de quatre mil frans . 
d'or coing du Roy de France payables a un seul et enthier 
payement. 

Or monseigneur le cardinal de Lenoncourt si tost quil fust 
euesque et auant la venue du roy il entreprit forger monnaye 
à Vy ce que les parrages et seigneurs de lacite qui estoient pour 
lors ont tousiours empesche et contredit maintenantz que le 
dicl seigneur euesque ne pouuoit forger acause que le coing et 
droict de forger estoit engaigez el vendu a la cité et ne pouuoit 
ledict seigneur euesque forger au préiudice de la dicte vendi- 
tion et estoient en délibération les dicts seigneurs den faire une. 
grande poursuicte en l'empire contre ledict seigneur cardinal de 
Lenoncourt et sans la venue du roy en la cité ilen fust aduenu: 
de grandes querelles et divisions ainsi que les choses estoient 
eschauffées. | 

Il y a plus detrois cens ans quil y en a eu accord entre le sei- 
gneur duc de Lhorraine et le seigneur euesque de Metz et ait par 
auant ladicte vendition et engaigement dudict coing de monnoye 
portant de quel pied chascun debuoit besoingner et le lieu ou il 
debuoit forger qui estoit chascun es villes capitales l’une du duché 
et l’autre de l'euesché. 


&64 MÉMOIRES 


Et ayant engaigé et vendu ledict seigneur Thiedrich ledict 
droict et coing de monnoye qui se faisoit a Metz et ne se pou- 
uoit faire ailleurs les aultres euesques après luy ne pouuoient 
plus rien prétendre audict droict de monnoye sinom qu’il fust 
premièrement rachapté. 

Ledict seigneur cardinal de Lenoncourt voulant faire le ra- 
chapt créa en premier lieu nouuelle justice usant de plusieurs 
menasses et fortes mesures de rompre toutes les arches et tré- 
sors publicques et emporter tous les preuileges tiltres atours et 
escriptz de la cité dont encores a present il dethient les cleifz. 

Et sur cela ledict seigneur cardinal se fist accordeir le ra- 
chapt de ladicte monnoye moyennant la somme de quatre mil 
frans messain qui vallent deux mil huict cens quatre vingt liures 
tournois faisant eualuer a sa guyse le frant dor combien que — 
lon sache assez que le fran dor du coing du royde France 
comme il est contenu audict contract reuient a ung ducat et plus 
et qui se debuoit payer en espece dor actendu que par ledict con- 
tract est spécifié que lesdictz nt) mil frans dor seront de poix et 
du coing du roy de France. Car par atour de la ville faict en lan 
mil trois cens quatre vingt et trois qui est la propre année que 
ledict engaigement fuist faict. Il est ordonné que les rachaptz et 
payementz de debtes se feront es espèces dénommées es con- 
tractz et escriptz. Et de jouyr dudict coing en vertu dudict ra- 
chapt tel quel soub correction ce nest pas chose raisonnable 
pour le payement faict par ledict seigneur cardinal de Lenon- 
court qui ne reuient pas a une quarte partie de ce qu’il appar- 
thient. Ceque ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a bien sceu. 
Et aussi par une lectre appert que touttes fois il na vollu passer 
que soubz son seau il a promis suppléer le juste prix en cas que 
par apres il se trouuast que le fran dor du pois et coing du roy 
de France soit de plus grand valleur que le franc messain. Et 
pour monstrer de quel pris est ledict franc dor et que cest que ceulx 
de Metz ont appellé ung franc dor du coing du roy de France se 
trouue une ordonnance et cry de monnoye faict en ladicte ville 
lan mil nj° wi” et trois qui est la mesme année que ledict coing 


ET DISSERTATIONS, | h65 


fuit engaigé. Par laquelle appert que ledict franc dor est de 
pareille valleur que lescu de France et moindre que le vieil escn 
de France de 1 solz vi deniers. Et oultre par aultre ordonnance 
et cry de monnoye faict et imprimé en ladicte ville lan mil 
v°xxxix ledict franc dor du coing du roy de France y est spécifié 
en deux sortes scauoir est ung a pied et l’aultre a cheval. Et est 
celluy a pied du poix de deux deniers vingt grains qui est le 
poix des Henrys que de nouveau sa maiesté a faict faire pour 
cinquante solz. 

Et dauantage ledict rachapt fait les dictz seigneurs de la cité 
debuoient jouyr dudict coing encores trois ans apres. Lesquelz 
trois ans ne commencent point a courir et auoir lieu sinon du 
jour et aprez que lesdictz quatre mil frans dor auroient esté payez 
a ung seul payement comme le tout peult apparoir par la sim- 
ple lecture dudict contract de vente. 

Lesdictz trois ans auroient estez accordez den jouyr apres le- 
dict rachapt parce quil restoient du précédent contract denga- 
. gement qui estoit de dix ans. 

Le contract dallienation faict par ledict seigneur Thiedrich 
dudict coing de monnoye a rachapt perpétuel confére auec le 
eontract de rachapt faict par ledict seigneur cardinal de Lenon- 
court monstrent assez l’intérest de la cité et conséquemment 
linterest du roy protecteur dicelle et soubz la main duquel la- 
dicte cité jouyst et est conseruée en ses préuiléges et droictz. 
Chascun congnoist assez quel intérest et perte cest de bailler 
deux mil vuj° inj™ liures tournois pour quatre mil ducatz qui 
vallent lesditz quatre mil frans doret plus. Et que nayant ledict 
seigneur cardinal de Lenoncourt faict lenthier payement des- 
dictz iiij mil frans dor il ne pouuoit faire forger monnoye ce 
quil a faicta Vy. En quoy ladicte cité a eu aultant d’intérest que 
ledict seigneur cardinal de Lenoncourt en a receu de proffict par 
chascun an qui est de quatre cing et six mil livres par an et 
aussi ila grandement préjudicié a la cité faisant forger a Vy ce 
que ce debuoit et pouuoit faire seullement en ladicte cité de Metz 
par l’accord cy dessus déclaré. 


466 MÉMOIRES 


Et dauantaige on voit assez comme ledict seigneur cardiail 
de Lenoncourt sa faict quicter et remectre ledict temps de trois 
ans quil dict estre usuraire et ce pour les bons plaisirs et fa- 
ueurs quil a faict a ia cité dont dieu et tout le monde peult 
porter assez tesmoingniage de ce qui en est. Et luy a esté faict 
ce don par ceulx qu'il auoit mis a la justice pour ceste année la 
parce que de puissance absolue il le vouloit ainsi. Et se disoit 
prince régalien seigneur spirituel et temporel en ladicte cité. 

Quelque rachapt que ledict seigneur cardinal de Lenoncourt 
ayt faict jamais le roy na permis quil en ayt jouy ny forgé en 
ladicte cité. 

Et dauantaige ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a fait 
forger des florins de Metz desquelz le coing apparthient a la cité 
et ne se trouuera que jamais euesque ayt faict faire ny forger 
aucuns florins. 


{ll 


Expédition du temps sur papier. 


Les généraulx conseillers du roy nostre sire tenans sa court 
des monnoies veu par ladicte court la requeste a elle presentée 
par Claude Daboncourt lun des treize et depputé de la ville de 
Metz affin davaluer les francs dor qui auoient cours en lannée 
mil trois cens quatre vingtz et trois a la monnoie de France qui 
a de présent cours et de ce luy bailler certification pour sen ay- 
der comme de raison, veu aussi une coppie collationnée a son 
original par Mangin le Coullon secrétaire et greffier de ladicte 
ville de Metz et Pierre Jolly notaire publicq oudict Metz de cer- 
tain contract et lectres obligatoires du vingtroisiesme de sep- 
tembre oudict an mil trois cens quatre vingtz et trois par Jef 
quelles appert Thiedry lors euesque de Metz et du consente- 
ment des prince doyen et chappitre de l’église dudict Metz 
s’estre obligé aux m° escheuin treize jurez et communaulté de 
la cité dudict Metz pour et au non de ladicte cité pour quatre 


ET DISSERTATIONS. 467 


mil francs de fin or et de iuste poix du coing du roy de France 
qui ont esté prestés audict Thiedry pour les causes contenues 
audict contract par lesdictz m° eschevin treize et communaulté 
de ladicte cité de Metz et pour asseurance d’icelle somme ledict 
_Thiedry comme euesque dudict Metz et du consentement des- 
dictz prince doyen et chappitre auoir engaigé et obligé tout le 
droict et toutte la puissance quil auoit et pouuoit auoir en ladicte 
cité de Metz auec toutes ses apartenances de faire monnoie 
jusques a tant que icelluy Thiedry ou ses successeurs eus- 
sent rendu et restitué ausdictz m° eschevin treize et commu- 
naulté ou a leurs successeurs reallement entierement et touttea 
une fois ladicte somme de quatre mil francs de bon or et de 
juste poix du coing du roy de France. Pour lesquelz quatre 
mil francs ledict Thiedri et ses successeurs pourroient rachap- 
ter ladicte obligation et engagement toutesfois et quantes quil 
leur plairoit comme plus æ plain est contenu dudict contract et 
lectres obligatoires certiffient a tous quil appartiendra que les 
francs dor faictz et forgés es monnoies du roy et qui auoient 
cours en ladicte année mil trois cens quatre vingtz et trois val- 
lent de la monnoye de France qui a de présent cours a raison 
de cinquante solz tournois lescu sol cinquante sept solz neuf de- 
niers tournois piece faict en la court des monnoiesle deuziesine 
jour de may lan mil cinq cens soixante et ung. | 
. | Signé : Hotmay. 


IV 


Copie du dernier siècle. 


Au Roy Et a Nosseigneurs de Son Conseil. 


SIRE, 

Le Maistre Eschevin Conseil et Treizes de la Ville de Metz vous 
supplient très-humblement les vouloir faire expédier en vostre 
conseil sur le faict de la Monnoye dont ils ont faict remons- 

trance a vôtre Majesté du droict qui appartient à la ditte Ville 


468 MEMUIRES 


de Metz en la monnoye pour le reachapt qui en a esté faict par 
feu Monseigneur le Cardinal de Lorraine lors euesque dudit Metz 
pour lexpédition duquel affaire qui est de grande importance 
pour la dicte Ville ils ont tousjours heu homme exprès a la suitte 
de votre dit conseil depuis un an et les supplians prieront Dieu 
pour vostre Majesté. . 

La présente Requeste est renvoyée & Messieurs les Intendans 
des finances pour entendre et ouyr sur le contenu en jcelle 
l'homme envoyé icy a cette fin et veoir les Mémoires qu'il porte 
pour en tout faire leur rapport au Conseil du Roy et sera sur 
ce pourveu comme de raison. Faict au dit Conseil tenu a Sainct- 
Germain en Laye le viij* jour d’Aoust 1361. 


Signé : pe LAUBESPINE. 


Ouy le rapport des Intendants des finances veu le Vidi- 
mus d’une lettre du mois de septembre 1383 par les- 
quelles Thiederic Euesque de Metz du consentement des Princier 
Doyen et Chapitre du dit lieu s'est obligé envers les habitans de 
la ditte ville en quatre mil francs d’or du jusle prix du coing de 
France, et pour asseurance d’iceux leur engage tout le droict 
qu’il avait de faire monnoie en la ditte ville, autre vidimus de 
lettres du vij’. octobre 1553, par lesquelles apres que Robert 
Cardinal de Leuoncourt faisant le reachapt d’icelle monnoye 
pour quatre mil francs dus a raison de xiij. groz monnoye 
coursable au change dudit Metz promect que s’il se trouve 
qu’il y ait autre recharge sur la valleur desdits quatre mil 
francs dy satisfaire de point en point et certifications de la cour 
des monnoyes à Paris en datte du ij’ may 1561 par laquelle cha- 
cun des dits francs d’or est eualué sur le prix de cinquante solz 
tournois pour escu soleil a Lvij. S. 1x. d. Pour ce et veu le 
calcul faict par lesdits Intendans des finances par lequel apert 
iceulx 4000 francs a laditte raison de Lvij. S. 1x. deniers pieces 
vallent xj™ v° livres et à raison de douze gros dudit Metz dont 
vingt vallent vingt quatre solz tournois qui est le prix auquel 
ledit reachapt a este fait deux mil vij° nrj” livres seulemert 


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ET ‘DISSERTATIONS, h69 


parquoy reste deub par le Roy ayant le droict des dits Euesques 
de Metz la somme de huict mil vse Lxx° a esté ordonné 
qu'icelle somme sera mise au cahier des debtes pour en 
estre baillé assignation auxdits habitans de Metz lorsque le 
Roy commencera a faire battre monnoye en la dicte Ville de 
Metz. Faict au Conseil privé du Roy tenu a Saint Germain en 
laye le xvij* jour d’Aoust 1561. 
Signé : BureLusis. 


V 
Lettre originale avec signature et cachet. 


Tres chers et bons amys. Desirans veoir le contract dengaige- 
ment de la monnoie de Metz faict à la ville et cite dudict Metz 
par lun des predecesseurs euesques dudict Metz, Nous vous 
prions de nous enuoier au plustost la coppie dudict contract. 
Affin d’aluiser au moien que nous pourrons auoir de faire le 
ramboursement dudict engaigement ainsy que nous en auons 
* Ta volunté. Et nestant la presente a aullre fin nous supplierons 
Dieu tres chers et bons amys quil vous ayt en sa S“ garde. 
Escript à Paris le xxvis" jour de feburier 1582. 

Henry, 


v Brulart. 


(Suscription) Noz tres chers et bons amys les M° escheuin con- 
seil et treize de la ville et cite de Metz. 


VI 
Expédition du XVII siècle. 


Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, 
a notre améet féal Conseiller de nôtre Conseil d’Estat, et privé, 
M° Jacques Viard, seigneur de Candé président à Metz, Toul 


et Verdun, Salut. Notre très-cher et bien amé cousin le deffunt 
1869-70. — 6. | 32 


470 MÉMOIRES 


Cardinal de Lorraine Euesque de Metz ayant dans le dixnieu- 
fième Décembre mil cinq cens cinquante cinq, ceddé et trans- 
porté au deffunt Roy Henry second notre très-honoré sieur et 
père, tous les droits souverains qui luy appartiennent en la dite 
cité de Metz, de créer par chacun an la justice du M° Eschevin 
et treizes de battre et forger monnoye et a ses successeurs, le- 
quel droit de battre et forger monnoye auroit esté pour subve- 
nir aux affaires du clergé auparavant engagé par les prédeces- 
seurs Euesques au corps de la dite cité de Metz, pour la somme 
de trois mil florins d'or du coing de France, a faculté de ra- 
chapt perpetuel, ainsi -qu’il nous auroit esté représenté, les- 
quelles cessions et transport d’eslors, furent agréés et ratiffides 
tant par le clergé et tousles abbez et autres equités qu'il appar- 
tenoit que par le dit M° Eschevin Treizes et Conseil, en l’année 
mil cinq cens cinquante six et suivant icelui nos très-chers et 
très-aimez frères les Roys deffunts Charle et Henry, auroient 
par chacun an créé et establis ledit M° Eschevin et treizes de la 
justice, fait et presté le serment en mains des Gouverneurs et 
Lieutenants au dit Gouvernement en présence du Président du 
dit Metz. mais pour les grandes et importantes affaires, et 
guerres continuelles survenues dans le Royaume depuis les 
dites cessions et transport, n’auroient permis aux Roys deffuns 
nos prédecesseurs de jouir librement des moyens ordinaires et 
osté les commodités de dégager ledit droit, et rembourcer ladite 
cité de la somme contenue au dit contract, de laquelle desirant 
leur estre satisfaits, et maintenir a nous et a nos successeurs en 
cette couronne, ledit droit et principal marque de souveraineté 
très-utille et nécessaire suivant ledit transport, et que pour exe- 
cuter ledit rembourcement et establir les Officiers qui sont requis 
pour l’exercice et fabrication de ladite monnoye qui seront par 
nous crés et pourveus, il soit requis commettre un personnage 
digne, et d’integrité. Nous a pleine confiance de vôtre prudence 
loyauté et longue expérience que vous avez acquis des affaires 
dudit Gouvernement, Nous vous avons commis et deputez, com- 
mettons et deputons avec pouvoir exprès de faire et accomplir 


ET DISSERTATIONS. A71 


l’execution dudit rembourcement et establissement de ladite 
monnoye et desdits Officiers, et pour cet effet faire commande- 
ment audit M° Eschevin et Treizes de vous representer ledit con- 
tract d’engagement en vertu duquel ils ont joui cy devant du 
droit ; voir et recognoistre a quelle somme ledit engagement a 
esté fait pour estre lesdits deniers qu’ils montreront avoir four- 
nys audit sieur Euesque rembourcer par nous, sans que le laps 
du temps quelqu’il soit puisse empêcher la faculté dudit rachapt 
et rembourcement qui ne se peut prescrire, et ledit payement 
fait, establir ladite monnoye en notre nom et profit et au titre 
et loy accoutumée en ladite cité, et qu’il sera advisé le plus 
apropos semblablement tous les officiers requis pour la fabri- 
cation, direction et distribution de ladite monnoye, sous notre 
nom, et authorité, lesquels officiers seront par nous pourveus 
de leur office taxés en nos parties casuelles, dont nous vous en- 
voyons le Rolle et taxe pour lesdits deniers qui en proviendront, 
estre employés en l’acquit et payement d’aucunes de nos debtes, 
et les emoluments qui proviendront cy après des droits seigneu- 
riaux et fabrication de ladite monnoye estre baillié a ferme ou en 
recepte a mil florins, sur lesquels seront pris les gages desdits 
officiers et généralement pour la parfaite execution de ce que 


dessus circonstances et depandances vous emploirez tout ce ~ 


_ que vous cognoisteré et jugeré estre requis et nécessaire tout 
ainsi que nous ferions si nous estions en personnes, ors qu’il y 
eut chose qui requist mandement plus spécial qui ne fut con- 
tenu en ces présentes signées de notre main, promettant en 
bonne foy et parole de Roy avoir agréable, et tenir ferme et 
stable et tousiours tout ce qui sera par vous fait, et arresté, et 
de tout entretenir, garder et observer sans jamais aller au con- 
traire en quelque sorte que ce soit, car tel est nôtre plaisir, 
donné à Paris le vingtiesme jour de Juillet l’an de grâce mil six 
cens un, et de notre règne le douzième. Signé : Henry et plus 
bas : Par le Roy, Potier, et scellées du grand sceau a queüe 
pendante. | 


Az? MEMOIRES ‘ 


Vu 


Extrait des registres de la justice royale de Metz 
(xvu° siècle). 


Du deuxiesme juillet 1603. Pardevant nous Jacques Viart, 
Consviller du Roy et Président à Metz. 

Et le dit jour deuxiesme de juillet audit an le Sieur Président 
de Metz a faict lire present Le Maistre Eschevin les Treizes et 
Conseillers estants au Conseil pour l’expédition des procès, les 
lettres patentes du Roy dattées du xx° juillet 4601, signé Henry 
et contresignées Potier et scellées au grand sceau a luy adres- 
sces. Qu'il a ordonné estre registrées au greffe et enjoint audit 
sieur Maistre Eschevin de représenter l’original des lettres d’en- 
gagement du droict de battre et forger monnoye du 23° sep- 
tembre 1383. Que le deffunct Euesque de Metz Thiedric avail 
engagé au corps à la ditte cité de Metz pour la somme de 4000 
francs d'or au coin de France, lequel droict avait esté ceddé 
par le deffunct Seigneur Cardinal de Lorraine au Roy Henry 
Second l’an 4556 et à la couronne de France ainsi qu’il appert 
par les Lettres de cession enregistrées au Greffe en la ditte an- 
née et dont souventes fois il avait sommé le S' Bertrand de 
Saint Jure estant M° Eschevin en lannée dernière de mettre au 
Greffe de ceans l'original des dittes lettres d'engagements, et de 
rechef a admonesté le dit M° Eschevin d’user de toute diligence 
de representer les dittes lettres d’engagements affin de procéder 
à lexécution dicelles, et leur a faict veoir au dit Conseil la copie 
d’une Requeste presentée au Roy Charles, par le M° Eschevin 
de Metz qui lors estoit, et l’ordonnance du dit Conseil d’État du 
8° d’Aoust 1564 par laquelle après qu'il a été recognu que le 
deffunct Robert Cardinal de Lenoncourt Euesque de Metz avait 
payé au corps de la dite cité 2880*. Et que de l’entier payement 
n’en restoit plus que 8670" que Sa Majesté mettroit peine de 
faire rembourser au corps de la ditte cité ou bien de s’obliger de 


. 
2 ——— mm D A - 2 — ee tent 


ET DISSERTATIONS. h73 


la ditte somme s’ils n’avoient aggréable d’en faire présent a 
Sa ditte Majesté pourtant de bienfaict qu’ils ont receu et recoi- 
vent par chacun an d’icelle, lequel Sieur Maistre Eschevin a 
dict qu’il avoit faict rechercher longtemps les dittes lettres 
d’engagements qu’il n’avoit pu encore recouvrer, et que de 
-rechef il useroit de toute diligence pour les mettre au Greffe. 


VI 


Copie du temps. 


De par le Roy, 


Tres chers et bien amez, celle cy est pour vous dire que nous 
treuuons bon sur la remontrance qui nous a esté faicte de vostre 
part que vous continuiez à faire battre fabriquer de la monnoye 
en nostre ville de Metz en la mesme sorte et manière qu’il s’est 
tousiours pratiqué, ce que nous vous accordons d’autant plus 
volontiers que nous avons esgard à la nécessité présente. Donné 
à Saint-Germain en Laye le 22° jour de Mars 1638. Signé à l’o- 
riginal Louis, et plus bas. Bouthillier avec paraphe. 


IX 
Minute du temps. 


Du Septiesme May, mil six centz trente huit, à Metz, en l’as- 
semblée du grand Conseil. 

Sur ce qui a esté représenté, que pour ne pas négliger la 
grace, qu’il a pleu a Monseigneur l’Eminentissime Cardinal de la 
Vallette nostre Gouuerneur, obtenir du Roy, en faueur de ceste 
ville, à laquelle Sa Majesté continue les droits et usages qui luy 
appartiennent de fabriquer monnoye, il importe d’y faire tra- 
vailler incessamment et sans délay; l'affaire ayant esté mise en 
délibération après avoir examiné les raisons du sieur Bracon- 


474 MÉMOIRES . 


nier, et autres personnes versées et bien entendues au faict des 
dites monnoyes et ouy le procureur du Roy; 

Il a esté arresté et résolu que le dict sieur Braconnier M° de 
la Monnoye fera fabriquer incessamment et sans intermission, 
sous les coings dont les modèles ont été représentés, des Reis- 
talars du poids de sept trezeaux et demy qui tiendront dix de- 
niers, quatorze grains de fin, comme aussy des demis quarts 
et vinctiesme a l’equipolent; et afin que le peuple puisse tirer 
du soulagement de la fabrique des dites monnoyes, sera noti- 
fié par affiches publiques, à tons ceux qui ont du Billon de s’en 
accommoder avec le dict S' M° de la Monnoye sy bon leur sem- 
ble pour en tirer des espéces. Faict comme dessus. 


Signé : Praitton. 
X 
Copte du xvi° siècle. 


Projet des remontrances faictes au Roy le 30 mai 4658 par le 
Parlement de Metz contre les officiers de l’hôtel de ville au 
sujet de la monnoye qui se battoit encore au coin et armes 
de la ville. 


La seconde chose sur laquelle les officiers de votre cour de 
parlement sont obligés de vous faire leurs très-humbles remon- 
trances concerne le droit de battre monnoye au coin de la ville 
dont la connoissance et jurisdiction est attribuée aux M° Esche- 
vin et Eschevins de notre ville de Metz ensemble sur ses officiers 
de la monnoye pour laquelle par arrêt du 7 may dernier il a 
été ordonné que les officiers de l’hôtel de ville et ceux des trois 
ordres ne jouiront de ce droit que par provision et jusqu’à ce 
qu’autrement il en ait été ordonné par Votre Majesté sur les re- 
montrances qui vous seront faites 


et quoique les M** Eschevins 


ET DISSERTATIONS. 475 


deussent reconnoître le droit de Votre Majesté, ils ont profité 
de la négligence de vos officiers, et par un attentat contre votre 
authorité et le respect qu’ils vous doivent, ils ont continué à 
battre monnoye, et ce qui est de plus étrange, quoique d’un 
côté, ils eussent accoutumé de mettre un S‘ Etienne et de 
l’autre les armes de l’Empire, ils ont mis en leur place celles de — 
la ville au lieu des vôtres, témoignant par cette nouvelle entre- 
prise que si la force de leur devoir les contraignoit de renoncer 
aux aigles de l'Empire ils ne pouvoient consentir à porter les 
fleurs de lys, de sorte que les étrangers chez lesquels la mon- 
noye de Metz a cours s’étonnent avec justice de voir qu’une 
grande ville sujette à son. roy ait la hardiesse de battre mon- 
noye a autre coin que le sien. 

C’est ce qui ne se peut nidoit se souffrir, et les officiers de votre 
parlemeut ne le peuvent plus longtemps dissimuler sans préva- 
riquer à leur charge. 

Ils supplient très-humblement Votre Majesté de considérer 
qu’une des plus belles marques de votre souveraineté et un des 
plus beaux fleurons de votre couronne, est celuy que les Etran- 
gers ont reconnu avoir appartenu à vos prédécesseurs lors de 
l'établissement de la monarchie francoise, est de faire battre de 
la monnoye de leur or et argent d’y mettre leur effigie signam- 
ment en la monnoye d’or. Les autres princes que les romains 
nominaient barbares, n’avoient pas ce droit, ou s’ils en usoient 
leurs monnoyes n'avaient eu cours ez terres de l’Empire. L’ori- 
gine de cette anthorité est très-avantageuse à la nation françoise 
puisque c’est une marque de son ancienne valeur, pour avoir 
vaincu les romains et secoué le joug de leur domination. 

Vos prédécesseurs ont été très-jaloux de ce droit qui ne peut 
être séparé de la puissance souveraine sans luy donner 
atteinte. | 

Le Philosophe dit que la monnoye est la mesure de toutes 
choses, c’est la caution qui répond pour nous de tout ce qui 
nous est nécessaire, c’est le sceau du commerce, la marque de 
la foye publique qui ne peut dépendre que de la police géné- 


76 MEMOIRES 


rale de l'État dont le Prince est le maître absolu autant par son 
authorité que par la tendresse qu’il a pour ses sujets. 

Aussy, il n'appartient qu’au Prince de prescrire la manière, 
la forme, le cours, le poid et le prix de la monnoye qui est la 
cause pour laquelle son nom en langue grecque vient de celui 
qui signifie Loy ce que nous suivons en votre royaume, appe- 
lant la monnoye alloi et loy quelquefois purement et simple- 
ment. 

D'ou s’en suit que les M° Eschevin et Eschevins de votre ville 
de Metz ne doivent jouir plus longtems du droit de battre mon- 
noye au coin de la ville, autrement ils partageroient votre puis- 
sance, ils donneroient la loy au commerce, et par les mau- 
vaises espèces qu'ils forgeroient dont il y en a eu cy devant 
plusieurs plaintes desserviroient votre monnoye dans les pays 
étrangers. Votre Majesté doit user du droit qui luy est acquis 
par l'arrêt de 1561 et par les lettres patentes du feu roy Henry 
quatre, et en les remboursant de la somme de 8620", ils doi- 
vent luy tenir compte des interrets de 2880" qu’ils ont reçu du 
Cardinal de l'Enoncourt. 

Que si les affaires urgentes de Votre Majesté ne luy permet- 
tent pas de faire a présent ce remboursement, au moins Elle 
doit faire exécuter définitivement ce qui a été ordonné pour 
provision par vôtre parlement, et leur enjoindre de mettre vos 
armes à l'endroit où ils mettoient celles de l’Empire, sauf à ceux 
de mettre les armes de la ville à l'endroit qu’il vous plaira 
ordonner. 

Cette sorte de fabrique de monnoye est trop injurieuse à Votre 
Majesté, elle ne doit porter aucune marque que celle de Votre 
Image et Votre nom, c’est le seul moyen de vous rendre ce qui 
vous appartient, c’est le tribut de la reconnoissance qui vous 
est due par eux à qui vous donnez le privilège de forger mon- 
noye ; en un mot c'est une vénération qui étant rendue à vôtre 
sacrée personne par vos sujets doit passer jusqu'aux Etrangers 
Lorsque la nécessité du commerce en souffre le transport hors 
vôtre Royaume. 


ET DISSERTATIONS. A77 


La troisième et dernière chose sur laquelle les officiers de 
Votre Cour de parlement sont obligés de vous faire leurs très- 
humbles remontrances regarde la connoissance et jurisdiction 
sur la morfhoye battue au coin de la ville et le tarif et le règle- 
ment des monnoyes qui est accordé aux officiers de l’hétel de 
ville. 

Cette justice ne leur peut plus appartenir, d’autant que soit 
que Votre Majesté fasse le remboursement de la somme de 
8620" présentement ou que par la nécessité de ses affaires Elle 
Jes diffère encore a un autre temps. Ils ne peuvent ni doi- 
vent avoir aucune connoissance et jurisdiction sur la monnoye 
laquelle par Parrét de votre Parlement du 6 may dernier devant 
être battue à vôtre coin, c’est un cas royal dont la connoissance 
appartient à vos juges primativement à tous autres, à l’égard du 
tarif et règlement de la monnoye quoique par les règles ordi- 
naires de la justice il ne leur doive appartenir, néanmoins si 
Votre Majesté leur veut faire cette grâce que de les maintenir 
encore en ce droit, ils ne le doivent faire publier et exécuter 
que suivant le dit arrêt après Pavoir envoyé et fait enregistrer 
en sa Cour de Parlement. | 

Ce sont, Sire, les très-humbles remontrances que les vfliciers 
de Votre Cour de Parlement de Metz sont obligés de vous faire 
sur l’arrêt de Votre Conseil et Lettres de déclarations fait en Par- 
lement le trentième May mil six cent cinquante huit. 


XI 
Copie du temps. 


A Monsieur, | 
Monsieur le M° Escheuin et à M™ du grand Conseil. 


Le M° de la monnoye qui a eu la communication par lecture 
de la proposition faicte contre luy par la Cloche et Marsal son - 
voisin orpheure dit qu’il ne peut qu’il ne s’eitonne grandement 
de ce quapres trente ans de seruices rendus en sa charge au- 
tant fidelement qu'aucun autre eut sçeu faire, y ayant par ce 


A78 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS. 


moyen usé toute sa jeunesse. Apres aultres quinze ou dix huict 
annees de seruices rendus par deffunct le S' Didier Bracon- 
nier son pere qui non seulement a eu l’honneur de posseder la 
dicte charge mais aussy celle de conseiller un long temps et qui 
a exposé et perdu bonne partie de ses biens en rendant seruice 
au public, desireux qu'il estoit du bien de sa patrie, a l’imita- 
tion de ses pere et grand pere en la charge de M° Escheuin. 
Lors qu'ils ont eu l'honneur de la posseder. Et qu'ayant esté 
establi en sa dicte charge de M° de Monnoye si solemnellement 
par M" vos deuancivrs en la magistrature , il semble que 
vueilliés presentement escouter ses ennemis sans cause, ou 
enuieux pour innouer plusieurs choses a son préjudice, ou bien 
l’en expulser du tout, ce qui ne se peut faire sans mettre tous 
les autres officiers de ville en pareil danger a l’aduenir, chose 
qui heurte non seulement les commodités, mais aussy leur 
honneur. Qui oblige ledict remonstrant de vous supplier M" 
qu'en renucyant tous ses enuieux qui se trouueront plaindre à 
tort, il vous plaise le maintenir es ns et coustumes de la dicte 
monnoye, et il continuera a vous y rendre tidel service. 


CHRONIQUE. 





MONNAIES DE BRETAGNE. 


Dans un travail publié au mois d'août 1869 (Voy. supra, 
p. 194.) sur quelques monnaies inédites de Jean IV, duc de Bre- 
tagne, nous avions donné la description de neuf pièces breton- 
nes trouvées à Lambezelec (Finistére) au mois de novembre 1866. 
Nous regrettions de ne pouvoir fournir de plus amples détails 
sur cette importante découverte. Le plus grand nombre des 
monnaies bretonnes qui composaient celte trouvaille ayant été . 
acheté par MM. Rollin et Feuardent, ils ont bien voulu nous 
les communiquer, et nous croyons étre agréable aux lecteurs 
de cette Revue en donnant la liste de cés pièces. 


Charles de Blois. 


4. Double de billon noir, frappé à Rennes. (Bigot , n° 386, 
pl. XVIII, n° 10.) | 
2. Variante du n° 4 de la pl. XIX de Bigot, la croix can- 
tonnée au 3° d’un R. | 

3. Deux variantes du n°2 de la pl. XIX. 

4° La croix cantonnée au 3° d’un D. 

2 + BRITANHIE, la croix cantonnée au 3° d’un R. 

4. Trois variantes du denier de billon noir. Bigot, n° 470, 
pl. XIX, n° 5. 

Trois types : 


1 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, 1857, 8°. 


ARO CHRONIQUE 


i + © KAROLVSS. Dans le champ DVX entre deux her- 
mines mouvant de la légende. 

1. + BRITAHHIE. Croix pattée. 

2° Les hermines mouvant du centre. 

3° L’hermine supérieure mouvant du centre, l’hermine infé- 
ricure de la lézende. 


Jean IV. 


5. +- IObANHES DVX. Dans le champ, sept hermines, 2,3,2, 
celle du centre très-évasée. 

R + BRITAHHIE. Croix pattée cantonnée au 2° d’un R. 

Cette pièce est inédite. Bigot donne pl. XIX, n° 2, la même 
pièce au nom de Charles de Blois. 

6. + oLOPAHNES DVXo. Dans le champ PANT écrit en 
deux lignes que séparent un quintefeuille et deux croisettes; les 
denx D séparées de l’A et du T par deux mouchetures. 

A... RITAOG OHHIEO. Croix fleuronnée. Entre les deux anne- 
lets qui suivent l'A, un petit écu chargé de trois mouchetures. 

Variante du n° 76 de la pl. XXIII de Bigot. | 

7. & IODADE: VX: BRI: TADIE. 

Dans le champ, cing hermines, 3, 2. 

8! || * HO-|| DET || A: BR || EST. 

Croix pattée coupant la légende cantonnée de 4 trèfles formés 
de 3 besants. Gros de billon. 

8. ooo IORANE : DVX : BRITADI. 

Dans le champ, cinq hermines, 3,2. 

[| fe HO || D.T || A: BR || EST. | 

Croix anglaise coupant la légende aux 1°, 2° et 4° de trèfles 
formés de 3 besants; au 3°, de 3 besants et un point. 

Ces monnaies sont des variantes du n° 7 de la trouvaille de 
Lambezelec (Rev. num., 1869, p. 212, pl. X, n°7). 

Gros de billon. 

9. X IOHAIINES : [DVX]: BR [ITAH)D... 


CHRONIQUE. | ABA 


Dans le champ, BREST sous un trait curviforme; dessous, une 
barre et cinq mouchetures posées 3,2. 

R || *... [| FORT || BRIT || ADE. Croix anglaise cantonnée 
aux 1 et 4° d’une moucheture mouvant de la légende, aux 2° 
et 3° de trois besants en triangle. 

Gros de billon. 

10. + IOhAHDES : DVX : BRITAHI. Dans le champ BREST 
sous un trait curviforme accosté de deux points. Dessous, une 
barre et cinq mouchetures posées 3, 2. 

* à + MON || FORT || BRIT || AHIE. Croix anglaise can- 
tonnée aux 4° et 4° d’une moucheture mouvant du centre aux 
2° et 3° de trois besants en triangle. 

Gros de billon. 

11. OIOP[ANNES] : DVX : BRITADIE. Dans le champ 
BREL sous un trait curviforme; dessous, une barre et cing 
mouchetures posées, 3, 2. | 

R ||... || ORT || BR.. {| .... {| Croix anglaise cantonnée aux 1° 
et 4° de trois besants en triangle, au 2° d'une moucheture mou- 
vant de la légende, au 3° d’une moucheture mouvant du centre. 

Gros de billon. 

42, TIORAHNES[DVXBR]ITADIE. Dans le champ BRE2L 
sous un trait curviforme, etc. 

R) Ï MON || .... || RIT || ADIE. Croix anglaise cantonnée aux 
4° et 4° de trois besants en triangle, au 4° d’une moucheture 
mouvant du centre, au 3° d’une moucheture mouvant de la lé- 
gende. 


Gros de billon. . | 
Ces gros sont des variantes des nv 5 et 6 de la trouvaille de 


Lambezelec (Rev. numismatique, 1869, p. 244, pl. X, n° 5 et 6). 
Guérande, 


13. % IO[AHD]JES DVX.BRITAD. Dans le champ cing her- 
mines, 3,2. 


482 CHRONIQUE. 


5 & (MOD || ETAG || VERA || DDIE. Croix anglaise can- 
tonnée de quatre tréfles formés de trois besants. : 
Gros de billon inédit. 


Quimperlé. 


14. + IOhbAHES.DVX.BRITANE. Dans le champ cinq 
hermines 3, 2. ‘ 

N + (NON || ETAK || EPER || ELE. Croix anglaise can- 
tonnée de quatre trèfles formés de trois besants. 

Gros de billon inédit. 


Vannes. 


15... OhARN'ES)DVX. BRL.. Dans le champ, cinq her- 
mines, 3, 2. 

5 + MON || ETAV | EDET |} .... Croix anglaise cantonnée 
de quatre tréfles formés de trois besants. 

Gros de billon inédit. 

16. Sept variantes du demi-gros de billon dela pl. XXVI, n°6 
de Bigot. 

1°10 || RES || DVX || BRI. 

8 COMES RIChEMOT. 

2° (Variante de ce type, les extrémités de la croix sont ter- 
minées par des annelets.) 

3° 2° 10 || RAS || DVX || BRI. 

KF + COMES RICREMOT. 

4e + 10 || DAS {| DVX |] .. 

à a COMES RIChEMOT. 

[| BAS || D.. || BRI. 

1 CO..SRI..EMO, hermines très-évasées. 

6° Étoile à six rayons : IO || PAS || DVX || BRI. 

n Idem: COMES RICHEMOT. 

7° Idem : 10 || DAS || DVX || BRI. 

# {dem : COMES RICHEMOT : l'étoile placée sur le côté. 


A. Cuaorrizr. 





TABLE 


METHODIQUE DES MATIERES 


CONTENUES 


DANS LA REVUE NUMISMATIQUE. 


ANNEE 1869-1870. 


NOUVELLE SERIE. TOME QUATORZIEME. 


_ 


NUMISMATIQUE ANCIENNE. 


Médaities des Peuples, Villes et Rois. 


Lettres à M. Adr. de Longpérier sur la numisma- 
tique gauloise, par F. de Sauccrx. XXX. Révision 
des lettres x1 à xxv (2 vignettes)... . . .. . 

Lettre à M. Adr. de Longpérier sur quelques mon- 
naies celtiques, par F. pe PFAFFENHOFFEN (pl. 1 


Monnaies rhétiennes, par F. Lenormant (2 vignettes). 
Lettre à M. Adr. de Longpérier sur des monnaies 
d'or concaves, dites Regenbogen-Schüsseln, avec 
légendes, par F. pg Prarrenuorren (pl. xi)... . 
Médailles grecques inédites de la collection Soutzo, 
par ALEXANDRE G. SouTzo (pl. vi, vil, vi). . . . . 
Tétradrachme inédit de Delphes, attribution de di- 
verses monnaies à la même ville, par Henri pe 
LoncrÉRIER (4 vignettes). . . . . . . . . . . .. 
Bias de Priène, par Apr. pe Lonertnien (vignette). 


1— 13 


14— 30 
373—377 


285—299 


473—183 


449—172 
378—384 


~ 


ANA TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


Médailles relatives aux épsdes de l'Asie Mineure, par 
Hanas ne Loxcréaime fol. in) . . . . . . . . . .. 
Mona grecque tronvée à Auriol, 348-360. — Monnaies 

grec pues de Pancrmus, 361-365, — Monnaie de Raidan, 267- 

23, == Vente des medailles grecques et autres des collections 

foreaet Coteon, 142-148, 


Médailles romaines et byzantines. 


Les contremarques monétaires à l’époque du Haut- 
Empire, par F. pg Sacucyx (pl. annexée). 300-315, 
Monnaies romaines de l'époque impériale (Germa- 
nicus, Britannicus, Mæsa, Postume, Vabalathe), 


par J. og Witte (pl. xu. 2... we 
Médaillon inédit de Constantin le Grand, par Dan- 
coisne (vignette)... . . . .. su... eee 


Mecailion d'or faux de Domitien, 136-)38, — Trésor de 
Tarse, 133. — L'attrivut d'Uberitas, 133-136. — Le pentanu- 
mium byzantin, 268-269, — Prix de vente des médailles romai- 


nes de Wo A. Grean, 305-372. 


WUMISMATIQUE DU MOYEN AGE. 


, 


Monnaies françaises. 


SECONDE RACE. 


Louis d’Outremer en Normandie. Trouvaille d’É- 
vreux, par Apr. De LoncPéRiIER (pl. 1v et v). . . 


TROISIÈME RACE. 


Mélanges de numismatique. V. Trouvaille de mon- 
naies du xiv’ siècle, France (Philippe de Valois), 
par Cu. Ropeat (pl. xr)... 2... ee ee ee 


Vente des médailles de la première, de la seconde et de la 
troisième race, de la collection de M. Colson, 145-148. 


RE ar Vu gr 


31— 10 


385 — 402 
403—413 
316 —318 
7i— 85 
291 — 237 


TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


4 


Monnaies provinciales. 


Monnaies inédites de Jean IV, duc de Bretagne, par 
L. Caaurrier (pl. x)... ............. 
Trouvaille de monnaies du xiv° siècle, Bourgogne, 
Bar, Savoie, Vaud, Bretagne, par Ch. Rosert 


Examen de diverses monnaies italiennes attri- 


buées à M" de Montpensier, par A. pe Loncré- 


imédée de Saluces, administrateur des évêchés de 
Valence et de Die, par A. pe LoncpEnigr (vignette). 
Florin d’or de Bar émis sous le duc Robert, par 
J. Laurent (3 vignettes)... . . . . . . . . . .. 
Mélanges de numismatique. VI. Monnaies muni- 
cipales de Metz sous les rois de France, par Cu. 
RoperT (pl. xx)... . . . . . . . .. . . . ee 


Denier de Remelange, 269-270. — Franc d'or de Guillaume 
d'Arles, 273-274. — Florin épiscopal de Metz, 274-275. — Mon- 


naies de Bretagne, 479-482. — Vente des médailles du moyen 


âge et modernes, de la collection de M. Colson, 145-148. — 
Vente de la collection de médailles de M, C. J. Dassy, 
215-284. . 


Monnaies étrangères. 


Monnaies et bulles inédites de Néopatras et de Cary- 
tena, par P. Lampnos (pl. 1x). . . . . . . . . . ‘ 
Essai sur l’histoire monétaire des comtes de Flan- 
dre de la maison d’Autriche et classement 
de leurs monnaies (1482-4556), par Louis Dss- 
cæamrs DE Pas (pl. xiv, xv, xvi, xvu et xvu). 
86—114, 243—266, 319—334, 

Monnaie inédite de Sarukhan, émir d’Ionie, par 


P. Lampnos (vignette). . . . . . . . . . . . ,.. 
1869-70, — 6. _ 


485 


194—220 


221—237 


445—123 | 


414—418 


238—242 


‘4M—AT8 


184—193 


\ 


A19—440 


335—343 
33 


ASG TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES. 


Lettre à M. Adrien de Longpérier sur les monnaies 
de l'abbaye de Disentis, dans le canton des Gri- 
sons, en Suisse, par C. F. Taacusuz (3 vignettes). 124—198 


Méreaax et Jetons. 


Note sur trois méreaux relatifs à la construction du 
canal de Briare, par Axatote pe Caarmasse (3 vi- 
gnettes).. .................... 129—132 


eee. Re D 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Manuel de numismatique, par Hennin (atlas). . . . 344 


Obule duno-venddmoise, par M. Cu. Boucuer (A. L.). 344—345 


Ouvrage de M. Chauturd sur les imitations du denier 
sterling anglais. . . . . . . . . . . . . . . aes 346 
A guide to the study and arrangement of English 
Coins from the conquest to the present time, par 
Hexar Wicuian Henrrer, 1869-1870, in-8° (A. L.). - 346—347 


CHRONIQUE. 


Rapport sur une communication de M. Blancard 
relative à la découverte à Auriol d’une monnaie 
grecque d’argent (vignette), article de M. A. Cna- 


BOUILLET. . « «ee ee + + + + « ss... 348—360 
Sur quelques monnaies grecques de Panormus (F. 

Iuaoop BLuxer, Henri pe LONGPÉRIER). . . . . .. 361 — 365 
Monnaie de Raïdan (A. L.). . . . . . . . . . . ... 267—268 
Trésor de Tarse.. . . - 2 2. ee ee te ee . . .. 133 
L’attribut d’Uberitas (J. pp WitTE). . . . . . . . .. 133—136 
Médaillon d’or faux. . . . . . . . . . . . . . .. + 136—138 


Le pentanumium byzantin (A. L.). . , . . . . .. 268 —269 


TABLE MÉIHODIQUE DES MATIÈRES. h87 


Lis sur la monnaie byzantine (A. L.). . . . . . .. 270—273 


Document monétaire relatif\ aux seigneurs de 

Nesles (L. Descaamps De Pas). . . . . oe... + 138—142 
Denier de Remelange (A. L.). ........... 269—270 
Franc d’or de Guillaume d’Arles (A. L.). . . . .. 273-274 © 
Florin épiscopal de Metz (A. L.). . . . . . . .. . 2174-9275 


Monnaies de Bretagne (article de M. A. CHaAurrIER). . 479—482 
Prix de vente de quelques médailles. Ventes des 

médailles grecques, romaines, du moyen âge et 

modernes des collections Gréau et Colson. . . . 142—148 
_Vente de la collection de médailles de M. C. J. 

Dassy (A. L.).. ................. 275—9284 
Prix de vente des médailles romaines de M. J. Gréau 

(A L)...:......... 4... 365—372 


ERRATA 


DE LA REVUE NUMISMATIQUE. 


1869-70. 


Page 41, ligne 5, au lieu de TAAAN JAIOYS, lises TAAANTIAIOTS. 


— 68, — 19, 
— 58, — 25, 
— 89 — 5, 
— 63, — 30, 


Le Gérant, J, Gusset. 


— À prépovex, lisss À ptépuvoc. 

—  Ulo, lises utov. 

—_— KOPTKIOTON, lisses KOPYKIQTQN. 
— Œnonanda, lises Œnonnda. 





2174, Paris. Imp. ARNOUS DE RIVIERE ET C*, 26, rue Racine. 


— du 


ey 


1869 REVUE NUMISMATIQUE PL 




















EPardl ve. Paris Top Oh Garden and. 


MONNAIES GEÉLTIQUES 


1869. REVUE NUMISMATIQUE PLIL 

















2 Dardet w Fart op Ok Chardon, ai. 


MONNADES CELTIQUES 








1869. 
F 


REVUE NUMISMATIQUE 


PL. 














EDardol re 


JEUX D°’ASIE 


Part Ep A Pardon wine 


39. 








REVUE NUMISMATIQUE PLV. 





CS 


TROUVAILLE 


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Part dnp Oh Chardon wind. 


D'ÉVREUX 


69. 


REVUE NUMISMATIQUE PL.V. 











LDardl se. 


Pré np Oh Chardon winds 


TROUVAILLE D°EYREUX 


1869. REVUE NUMISMATIQUE PL.VL 

















COLLECTION SOUTZO 


» Dardel se 


REVUE NUMISMATIQUE 


COLLECTION SOUTZO 


PL. VIL. 





1869. 


REVUE NUMISMATIQUE 














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COLLECTION SOUTZO 





Paria ip Oh. Chardon mas 


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1869. 


REVUE NUMISMATIQUE PLY. 














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TROUVAILLE D°EYREUX 





1869. REVUE NUMISMATIQUE PLY 

















COLLECTION SOUTZO 


REVUE NUMISMATIQUE PL.XL 











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MONTPELLIER 


1869 REVUE NUMISMATIQUE PLE 

















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MONNAIES D°OR 
CONCAVES 


-70 REVUE NUMISMATICUE PL. XL 











Le Dardel we Pars mp D Charlon ai 


MONNAIES ROMAINES 


0 
3 


REVUE NUMISMATIQUE PL XIV. 














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FLANORE 


59-70 


REVUE NUMISMATIQUE PLV 








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REVUE NUMISMATIQUE 











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FLANDRE 


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FLANDRE 


REVUE NUMISMATIQUE PL XVI 


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1889 -70 REVIJE NUMISMATIQUE PL XVI. 

















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FLANDRE 





REVUE NUMISMATIQUE 


PL. XIK. 





























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