This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journey from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at http : //books .google, com/
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse http://books.google.com
REFLEXIONS
CR ITt QUE S
SUR LA POESIE
E T
SUR LA PEINTURE.
TROISIÈME PARTIE.
. . :— . .. •. . w
:ii'i,:
t. - . ■ « I
I,
. . ,.L
._. . . r.t. _
RÉFLEXIONS
CRITIQUES
SURLAPOËSIE
E T
SUR LA PEINTURE.
Par M. l'Ab'a^pU BÔS , l'un des Quarante, &
Secrétaire perpétuel de l'Académie Françoife.
SEPTIÈME ÉDITION.
TROISIÈME PARTIE.
Ut PiSur* Poëfîs, Hor. de Art. Pptt.
A PARIS»
Chct PI S S OT , Quay de Contï , a la Sageflè,
M, D C C. L X X.
fftfC APPRQBAriON ST PRIVILEGE DU ÂÇ\
/: ;: .1 .. ..
J^;. V»i H'Oï.l*^ ."; "1*. V.'..i
Seftion I. Idée générale ie la Mulîque
des Anciens, £»• des Arts mujfcaux
fubor donnés à cette fcience t .
Sed, 2. De la Muftque Rithmique. 22
Seâ. 3 . Delà Muftque organique ou inf-
trumemale* 45"
Seâ. 4- De CArt ou de la Muftque • pot ci-
que. De la Mélopée i-Qu 1 il y avoir um
Mélopée qui riétokpas un chant mujî-
cal, quoiqu'elle s'écrivît en notes f j8
5e&. j*. Explication deplufieurs endroits-
dufxiéme chapitre delaPowque d'A-
rifiote. Du chant des vtrs Latins ou dt
Caimcn.
374885
■
TABLE.
Seâ. 6. Que » dans les écrits des Anciens ,
le terme de chanter Jignifie fouvent
déclamer , Cr même quelquefois par
1er. Il
St&. 7. Nouvelles preuves que la décla-
mation théâtrale des Anciens étoit
éotnpojl'e, & qk'tlUéèrtïdit tn notes.
Preuve tirée de ce que V Acteur qui la
réciioit eto'st accompagné paf des inf-
irumens. 121
Sect. 8. Des Inflrumens à vent Gr à cor"
de dont onjejervoit dans les accompa*
gnemens. 137
Secr. p. De ta différence qui était entre
la déclamation des Tragédies, & lm
déclamation des Comédies,. Des Com-
pojitewrs de déclamation. Réflexions
concernant l'art de l'écrire en no-
tes. 1
Beft. 10. Continuation des preuves qui
montrent que les Anrims écrivaient
en noies la déclamation. Des change-
ment Jitrvenus vers le tems d'Augufle
da 's la déclamation des Rortiamî.
Compara* fin de ce changement avec
alui qui tji arrivé dans Aùtrt Mu-
il
T A Ë
faut $r -dm ttotre Dàftfk pin LohU
^dV. 167
SeA. 1 1. Les Èmains partageaient fou-
vent la déclamation, théâtrale wtrt
deux ABeurs , dont ïun prononçait ,
tandis que l'autre faifoit dni gtfies,
IB8
Seft. 12. Des Mafques des Comédiens
de F antiquité. ipp
Sect. 13. Oc k Sakation , ou de l'an
dugejte j appelle par quelques auteurs
la Mufiquc Hypocridque. 228
SedL 14. De la Danfe, ou de la Salta-
tion théâtrale. Comment l'Acteur qui
fatfoit Us gejles , pauvoit s'accorder
avec VAéleur qui récitait. De la Danjè
âts Chœurs- 23*3
5e& 1 J .Obfervaùons concernant la ma.~
niere dont les pièces Dramatiques
étaient repré fentes fur le Tîiéâtre des
Anciens. De lapaffîon que les Grecs &
la Romains avaient pour le Théâtre*
£r de V étude que les Acteurs faifoient
ieleur artj & des récotnpenfes qui leur
étaient données. 268
Seâ. 1 6. Des Pantomimes t ou des Ac-
teurs qui jouaient fans parler, 2.86
-
I
TABLE.
Seâ. 17. Quand ont fini Us rcpréjinta»
£ lions fomptueufes des Anciens. De ttx*
cellence de leurs chants. 3 20
Seéh 18. Réflexions fur les avantages
fur les inconvéniens qui réfuliohnt dt
La déclamation compofé* derAnci
33
Fin de la Table*
HÊFLÉX103
REFLEXIONS
CRITIQU ES
SUR LA POESIE
E T
SUR LA PEINTURE.
TROISIÈME PARTIE.
Qui contient une Dijjàrtation fur les Re~
préfent citions Théâtrales des Anciens.
AVANT- PROPOS.
1_jA Mufique des Anciens étoit une
Science bien plus étendue que ne l'eft
notre Mufique. Aujourd'hui la Mufique
n'enfeigne que deux chofes , lacompo-
jfition des chants muficaux , ou des
Terne liT.
A
:
» Réflexions critiques
chanfS proprement dits , & l'exécution
de ces chants , foit avec la voix , foie
fur les inftrumens. La fcïence de la
Mufîque avoit pprmi les Grecs & par-
mi les Romains , un objet bien plus
vafte. Non-feulement elle montroic
tout ce que la nôtre montre ; mais elle
enfeignoit beaucoup de chofes que la
nôtre n'en feigne point , foit parce
que l'pn n'étudie plus aujourd'hui une
partie de ces chofes- là t foit parce que
l'art qui en feigne les autres , n'eft
point réputé faire une partie de la Mu-
jïquei de manière que l'on ne donne
plus le nom de Mufïcien à celui qui le
profefie. Dans l'antiquité , l'art poéti-
que étoit un des arts fubor^onnés à la
JMufiçnie. t & .par conféquenc c*étoit la
Mufîque qui enfeignoit la conftruftion
des vers de touce figurer L'art de la
Saltation , ou l'art du gefte éroic auûl
fnn des airs muficaux, Ainfi ceux qui
enfeignoient les pas & tes attitudes de
notre d#nfe , ou de h danfe proprement
^H
fur la Poëfiè Cffur la Peinture, j?
dite , laquelle faifoit une par rie de l'art
du gefte , étoient appelles Muficiens.
Enfin la Muitque des Anciens enfei-
gnoit à compofer comme à écrire en
notes la finaple déclamation , ce qu'on
ne fçait plus faire aujourd'hui, Artiti-
des Quintilianus nous a laifié un ex-'
ceflent livre. fur la Muftque ; écrit en
langue Grecque ; & cet Auteur vivbiti
le règne de Domitien , ou fouS
«lui de Trajan , comme le conjec-
ture (uc de bonnes raifons Monfîeur.
Muibomius , qui a fait imprimer avec
îe traduction Latine l'ouvrage donc
jt parle. Suivant cet Arifrides, la plu-
part des- Auteurs qui i'avoient précédé,
définiiîaient la Mufique : irrr art qui
enfsigae à fe fervir de la voix ;6ck
foire- tons les mouvemens du corps
avec grâce» An dtcoris in voclbus &
TiKibus (a).
Comme l'on n'a point commanémeoc
de la mufique des Grecs 6c des Ro-
Aij
dnn-
<Ç Réflexions: critiques
mains , l'idée que je viens d'en don-
ner, & comme on. croit qu'elle éto'it
renfermée dans les mimes bornes que
la nôtre , l'on fe trouve e m bar raflé ,
quand on veut expliquer tout ce que
les Auteurs anciens ont dit déleur Mu-
fique s & de l'ufage qui s'en raifolt de
leur tems. Il eft donc arrivé que les
paflages de la Poétique d J Ari(tote ,
que ceux de Cicerorude Quintilien
& des meilleurs Ecrivains de l'anti-
quité , ou il eft tait mention de leur
Mufique, ont été mal entendus par tes
Commentateurs ,. qui s'imaginant quo
dans ces endroits-là il étoit queftion
de notre danfe •& de notre chant ;
c'eft-à-dire, de la danfe &ndu chant
proprement dits , n'ontjamais pu com«
prendre le véritable fens dé leurs paf-
%es. L'explication qu'ils endonnent,
n'eft propre qu'à les rendre plus ob*
fçurs. Elle n'eft propre qu'à nous em-
pêcher de concevoir jamais la maniera
fiont les pièces dramatiques éçoienç
fur la ToïÇiz Cffur la Peinture. f
exécutées fur le théâtre des Anciens.
J'oie entreprendre d'expliquer intel-
ligiblement tous ces paflages , & prin-
cipalement ceux qui parlent des re-
préfentations théâtrales. Voici le plan
ie mon Ouvrage.
En premiei lieu, je donnerai une idée
générale de la Mufique fpéculative &
des arts mulîcaux ; c'eft-à-dire , des
art3 qui parmi les anciens étoient fub-
ordonnés à la feience de la Mufique. Si
je ne dis rien , ou très-peu de chofes
fur la feience , qui enfeignoit les prin-
cipes de coûte force d'accords & de
toute forte d'harmonie , c'eft qu'il ne
m'appartient pas de changer quelque
chofe, ou d'ajouter rien aux explica-
tions que M. MeibomiuSj M. Broflard,
M. Burette , & d'autres Ecrivains mo-
dernes ont faites des ouvrages que le*
anciens ont compofés fur l'harmonie 4
& qui nous font demeurés.
Je ferai voir en fécond lieu que les an-
ciens çompofoient & qu'ils écrivoient
Aiij
$ Réflevhm critiques
en notes leur déclamation théâtrale , de
manière que ceux qui la récitoient *
pouvoient ctre , comme ils l'étoient en
efietjfoatenuspar un accompagnement*
Je montrerai en troifiéme lieu, que
les Anciens avoient lï bien réduit l'art
du gefle ou la Sultaiion , qui étoit un
des arts f^bordonnés àlafcience delà
Mufique , en méthode réglée , que dans
l'exécution de plusieurs fccnes Us pou-
voient partager , &c qu'ils partageoient
en elfet la déclamation théâtrale entr*
deux Aéteurs , dont le premier récitoit ,
tandis que le (econd faifoit les gefte*
convenables au fens des vers récités .
& que même j l fe forma des troupes (U
Pantomimes ou de Comédiens muets
qui jou oient r fans parler , des pièces
fuiVies.
Je finirai mon ouvrage par quelques
observations fur les avantages & fui
les inconvéniens qui pouvoient réTultei
de l'ufage des Ancieas.
fur la Poejk (f fur la Peinture. 7
SECTION PREMIERE.
îàée générale de la Mafique de; Anciens i
& des Arts maficaux Jubordonnés à
cerre Science.
peut regarder le Traité fur la
Mu(!que , écrit en Grec par ArilKdeS
Quintilianus , & traduit en Latin par
Monfieur Meibomius, comme l'ouvra-
ge le plus inftructif que l'antiquité nous
ait laifTé fur cette feience. Il ell à mon
fens le plus méthodique de ces ouvra-
ges ; Se comme fon Auteur , Grec dtf
nation , fréquentoit tous les jours le»
Romains , puifqu'il a vécu dans le tems
que tous les pays habités par les Grecs »
étoient fournis aux fuccefleurs d'Au-
: , il a du fçavoir l'ufage qu'oïl
c de la Mulique à Rome & dans
la Grèce. Ainfi c'eft dans fon livre que
nous prendrons l'idée générale de la
Mufiquedes Anciens. DY'Ueurs la Mu-
fique des Romains étoit la même que
celle des Grecs » dont ils avoient ap-
pris cette feience. Elle avoit chez les
uns & chez les autres la même éten-
Aiv
S Réflexions critiques
due & les mêmes principes , de ma-
nière qu'on peut fe fervir également
pour expliquer l'étendue &c l'ufage de
la Mu (i que des anciens, foit des Au-
teurs Grecs , foit des Auteurs Latins*
Ariftides Quintilianus définit la Mu-
iique (a) un art, mais un art qui dé-
montre les principes fur lefquels il
opère , & qui en feigne tout ce qui con-
cerne l'ufage qu'on peut faire de la
voix, ainfi qu'à faire avec grâce tous
jes mouvemens dont le corps eft ca-
pable. Notre Auteur rapporte auflî
quelques autres définitions de la Ma-
nque un peu différentes de la tienne»
mais qui iuppofent toutes également
que cecce fcience avoit l'étendue qu$
nous lui donnons.
Les Auteurs Latins dilent la mêm*
chofe. La Mufique , c'eft Quintilien
rOrateurqui parle, donne des enfei-
gnemens , non feulement pour régler
routes les inflexions dont la voix eft
fufceptible ; mais encore pour régler
tous les mouvemens du corps. Ces in-
flexions, ces mouvemens veulent être
ménagés fuivant une méthode certaine
& judicieufe. Numéros muficer duplica
l » ) De Mitflc- lïk> prim.
fur la Poë/îL' ër fur la Peinture, p
h.ibet in vocibus & in corpore, utriu.Jq.ue
emm rei aptus quidam motus defîderantr.
{a) Notre Auteur ajoute quelques li-
gnes après : n La décence dans la con-
s tenance & dans le gefte., eft nécef-
v faire à l'Orateur , & il nV a que la
» Mufîque qui puilfe lui enfeigner cet-
» te décence. ^Corporisquoque decens ù"
motus qui dicitur Eurithmia , ejl
nicejfarius , ncc aliunde peti potejl.
Saint Auguftin , dans l'ouvrage qu'il
a comporé fur la Mufîque , dit la même
chofe que Quintilien. Il y écrit que la
^ue donne des préceptes- fur la-
contenance, fur le gefte ; en un mot,
fur tous les mouvemens du corps dont il
avoir été polîible de réduire- la théorie
en fcience, & la pratique en méthode*
Quidquid numerofuatis quce remporum at-
que intervallorum dnmnjîonibusmovetur..+
Mi'.fica ejl fcientia bmz movendi. (b) La
Mufîque des Anciens avoit aflujetti à
une mefure réglée tous les mouvemens
du corps , aln.fi que le font les rhouve-
mens des pieds de nos danfeurs.
La fcience de la Mufîque , ou fi l'on
veut , la Mufique fpéculative > s'appel-
f a ) Inflir. l.i.e.i*, d; Majic, tj ejui ttviihiSm
{b) De Muf.c. !ïb.j>rin±
Av
...
i o R e fexions critique!
loir la Mufique harmonique , parce
qu'elle enfeignoit les principes de coûte
harmonie , & les règles générales de
toute forte d'accords. C'étoit donc elle
qui enfeignoit ce que nous appelions
la compojition. Comme les chants qui
étoient l'ouvrage de la composition ,
fe nommoient alors quelquefois , aînfi
qu'ils fe nomment à préfent , de la mu-
fique abfolument , les Anciens divi-
foient la mufique prife dans le fens
que nous venons de dire , en trois gen-
res ; fçavoir , le genre Diatonique , le
genre Chromatique & le genre Enhar-
monique. Ce qui confticuoit la diffé-
rence qui étoic entre ces trois genres ,
c'efl: que l'un admettoit des fons que
l'autre n'admettoit pas dans les chants.
Dans la mufique Diatonique t le chant
ne pouvoit pas faire fes progreflîons
par des intervalles moindres que les
îemi-tons majeurs. La modulation de
la mufique Chromatique employoit les
fémi-tons mineurs (a); mais dans la
mufique Enharmonique , la progreflîon.
<lu chant fe pouvoit faire par des quarts
de ton. Les Anciens divifoient encore
leurs compofitions mufiçales en plu-
(a) Bro^'ért, DiJioim. de Mufauc.
fur la Po'ijie & fur la Peinture. 1 i
fieurs genres , par rapport au mode ou
au ton dont elles étoient , & ils nom-
moient ces modes du nom des pays oà
ils avoient été mis principalement en
ufage. Ils nommoient donc l'un , le
mode Phrygien j l'autre, le mode Do-
rien , & ainfï des autres. Mais je me
contenterai de renvoyer aux Moder-
nes , qui ont traité à fonds de la mufi-
que harmonique des Anciens, afin de
palier plutôt à ce que j'ai à dire con-
cernant leurs arts muficaux , qui font
l'objet principal de ma difleitarion.
Dès que la Mufique embrafloir un
fujet aulli vaHe , il étoit naturel qu'elle
renfermât plulîeurs arts , dont chacun
«ût fon objet particulier. Aufli voyons-»
nous qu'Arifrides Quintilianus compte
jufquejrà fix arts fubordonnésà la Mu-
fique. De ces fix arrs , il y en avoit trois
qui enfeignoient toute force de com-
pofition. Porro aBivum fecatur in vfuale
quod prωiSlis udtur , & emmtiativam,
Vfualh partes funt Mtlopcùa. , Rrtkmo-
frsia , Pcrjîs j Énuntiatit'i , Organhumi
Odicum J Hypocrïticum (a}*
Ainfi la mufique , par rapport à Iat
composition , fe partageoit en art de
{ * ) Ar'fii» f5« pnrn»
t2 Réflexions criaquer
compofer la mélopée, ou les chants,
en art rithrnique & en arc poétique.
Par rapport à l'exécution , la Mufique
fe partageoit en art de jouer des inftru-
mens, en art du chant &■ en art hypo-
critique , ou en art du gefte.
La mélopée , ou l'art de compofer la
mélodie ..étoit l'art de compofer &c d'é-
crire en notes toute forte de chants i
ç'eflà-dire , non-feulement le chant
mufical ou le chant proprement dit ,.
mais au lli toute forte de récitation ou,
de déclamation. '
L'art rithrnique donnoit dés règles
pour afïujettir, à une mefur-e certaine,
tous les mQuvemens du corps & de.
la voix , de manière qu'on pût en,
battre les tems ,. & les battre du mou-
vement convenable & propre au fujer*.
L'art poétique enfeignoit la mécha-
rjique de la poëfie , & il mon-troit ainfi»
à compofer régulièrement des vers de-
toute forte de rigure..
Nous venons de voir que par rap-
port à l'exécution , .la mufique fe di-
vifoit en trois arts ,. l'art de jouer des
inftrumens , l'art da chant & l'art dix
feue.
r Qa devine bien quelles levons pou-r
fur la Po'dfîe & fur la Pe'tnturel i J
Voient donner & La mufique organique»
qui enfeignoit à jouer des initrumens,
&.' la mufique qui fe nommait l'arc du
chant. Quant à la mufique hypocriti-
que ou cùntrefaifeufe , & qui le nora-
• rooit ainfi , parce qu'elle étoit propre-
ment la mufique des Comédiens que
les Grecs appelloient communément
hypocrites ou cmtrefaifeurs j elle en-
loit l'art du geiîe » & montroit
ainti à exécuter ,. fuivant les règles
d'une méthode établie fur des princi-
pes certains, ce que nous ne faifons
plus aujourd'hui que guidés par l'inP-
tinct , ou tout au plus par une routine
aidée & foutenue de quelques obfer-
vations» Les Grecs nommoienc cet
art mufical Orchsjis , fie les Romains,
Porphyre qui vivoit environ deux.
cens ans après Ariftides Quintilianus ,
èc, qui nous a laifle un Commentaire
fur les Harmoniques de Ptolomée , ne
partage les arts muficaux » qu'en cinq
arts différens (a) , fçavoir , l'art métri-
que , l'art r tthmique , l'art organique »
l'art poctique pris dans toute fon étea-
due, & l'art hypocritique. On trouve
i») Eygmugmtti in Haniu Etol. £• isi.
k;r-
14 Réflexions critiqua
même en comparant la divifion d'A
rides avec celle de Porphyre , que
Porphyre compte deux arts de moins
qu'Ariftides. Ces deux arts font l'art
de compofer la mélopée Si l'art du
chant. Si nonobitant la fuppreflion de
ces deux arts , Porphyre ne laiffe pas
de compter cinq arts muficaux » au
lieu qu'il ne devroit plus , après ce
retranchement 4 en compter que qua-
tre ; c'eft qu'il met au nombre de ces
arts , l'art métrique dont il n'eft pas
fait mention dans Aiiltides. Mais cette
différence dans l'énumération des arts
muficaux , n'empêche pas que nos deux
Auteurs ne difent au fond la même
chofe. Tâchons d'expliquer la difft-.
culte.
Des que Porphyre a dit qu'il pre-
noit l'arc poétique dans fa plus grande
étendue , comme il prend foin de le
dire , il a dû ne point parler de la mé-
lopée, ou de l'art de compofer la mé-
lopée , comme d'un art mufïcal parti-
culier , parce que ce dernier art étoit
renfermé dans l'art poétique , pris dans
toute fon étendue. En effet , fuivanc
l'ufage des Grecs , l'art de compofer
la mélopée faifoic une partie de l'aie
I
fur la Polijte Crficr h Peinture'. « y
poétique. On verra ci-deflous que le*
Portes Grecs compofoient eux-mêmes
la mélopée de leurs pièces. Si au con-
traire Ariftides fait de l'a-st poétique
&: de l'art de compofer la mélopée ,
deux arts diftinéts , c'eft qu'il a eu
J à l'ulage des Romains qui étoit
que les Poètes dramatiques ne com-
pofaffènt point eux-mcmes !a déclama-
tion de leurs vers ; mais qu'ils la fi fient
compofer par des Artifans campofi-
teurs de prafeflîon , & que Quinrilien
appelle : Artifices pronunûandi. C'eft ce
quenous rapporterons plus au long dans
la fuite.
C'eft par la même raifon que Por-
phyre n r a point fuivi Ariftides , ni fait
ta l'art du chant un art mufical parti-
culier. Ceux qui enfeignoient en Grè-
ce l'art poétique dans toute fon éten-
due , enfeignoient auffi apparemment
l'art de bien exécuter toute forte de
chant ou de déclamation.
Si Porphyre fait à fon tour deux
uts-diftincls de l'art rithmique , dont
Ariftides ne fait qu'un feul & même
art ; fi Porphyre divifeen art métrique
k en art rithmique proprement dit ,
Part dont Ariftides ne fait qu'un faul
^ienf
\6 Réflexions critiques
art qu'il appelle Rithmopizia , cela vi
vraifemblablement de la caufe que je
vais dire- Les progrès que l'art des Pan-
tomimes , né fous le règne d'Augufte »
aura fait durant les deux ftécles écou-
lés depuis le tems d'Ariftides jufques
au tems de Porphyre , avoient enga-
gé les gens du théâtre à fubdivifer Tare
rithmique , & par conféquent à en fai-
re deux arts difterens. L'un de ces arcs
qui étoit le métrique ou le mefureur »
enfeignoit à réduire fous une mefure
certaine Se réglée , toute force de gef-
tes en toute forte de fons , qui pou-
voient être aflujettis à fuivre les tems
d'une mefure; & l'art rithmique n'en-
feignoit plus qu'à bien battre cette
mefure , & principalement à la battre
d'un mouvement convenable. Nous
verrons ci-deflous que le mouvement
étoit , au fentiment des Anciens , ce
qu'il y avoit de plus important dans
l'exécution de la mufique , & l'inven-
tion de l'art du Pantomime les aura
encore engagé à faire une étude plus
profonde de tout ce qui pouvoir per-
fectionner l'art du mouvement. 11 elt
certain , comme on le dira , que depuis
Je règne d'Augure jufques au renver-
fur la Poëjie & fur la Peinture. 17
femenc total de l'Empire d'occident ,
les repréfentations des Pantomimes fi-
rent le plaifir le plus cher du peuple Rot
main.
Je conclus donc que la différence qui
fe trouve entre l'énumération des arts
mulicaux que fait Arîftides Quinrilia-
nus, Se celle que fait Porphyre , n'efl
i/j'une différence apparente , & que
ces deux Auteurs ne fe contredifenr.
point quant au fond des chofes.
Je nTinterromprai ici pour faire une
obfervation. Des que la mufique des
Anciens donnoit des leçons méthodi-
ques fur tant de chofes , dès qu'elle
donnoit des préceptes utiles au Gram-
mairien , & néceffaires au Poëte , com-
me à tous ceux qui avoient à parler
en public , on ne doit plus être furpris
que les Grecs & les Romains (a) l'ayent
crue un art nécefTaire , & qu'ils lui
ayent donné tant d'éloges qui ne con-
viennent pas à la nôtre. On ne doit pas
s'étonner qu'Ariftides Quintilianus ait
dit (b) que la Mufique étoit un art né-
cefTaire à tous les âges de la vie , puif-
qu'il enfeignoit également ce que les
<a) Qwni. Zn$. lift, i ■ cap, i; t
(b) Dt Mujiu Ivj. prim»
tl Réflexions critiques
enfans doivent apprendre v & ce que
les perTonnes faites doivent fçavoir.
Quintilien écrit par la même raifon ,'
que non-feulerrent il faut fçavoir la
mufique pour être Orateur , mais qu'on
ne fçauroit même être bon Grammai-
rien fans l'avoir appri e , puWqu'on ne
pouvoit pas bien enfeigner la Gram-
maire fans montrer l'ufage dont y
ctoient le métré & le rithme. (a) Nec
eitra mi/Jîcem Grammanca poiefl efje per-
feSa t cum ei derithmh metrifqne direndam
Ju. Cet Ecrivain judicieux obferve en-
core en un autre endroit <b) que dans
les tems précédens , la profeflîon d'en-
(èigner la Mufique , & celle d'enfei-
gner la Grammaire , avoient été* unies ,
fi: qu'elles e'roienc alors exercées par
le mcme maître.
Enfin Quintilien dir dans le chapitre
de fon Livre où il veut prouver que
l'Orateur eft du moins obligé d'appren-
dre quelque chofe de la Mulique. « On
» ne me refufera point de tomber d'ao-
*> cord que ceux qui prétendent faire la
»> profeilion d'Orateur , doivent lire
» & entendre les Poètes. La Mufique
(a) Jnjlit, lib. prim. cap, j.
(b) tbid* cap* J'exto.
fut la Po'êjfe & fur la Peinture, i <f
•> ne préfide-t'elle pointa la compo-
3i linon des poèmes de quelque nature
3i qu'ils foieru ? Si quelqu'un eft afleï
3> déraifonnable pour dire qu'en genè-
se rai les règles que luit un Pcx-re dans
a la composition de L-s vers , n'appar-
ti Tiennent point à la Mufique , èa
» moins ne Içauroit-il nier que les re-
* pies qu'il faut fuivre dans la com-
r> polltion des vers qui font faire pour
» être récités avec un accompagne-
» ment , n'appartiennent à ce bel art.
Pjras certè légendes futur o Oratori con-
ccjjcrint. Num hijîne Mufica ? At f\ quis
tant ctzcus animi eft ut de aliif dubitct ,
çeftè qui carmina ad lïram compoftte-
runz. Hac d'wtiut, (a) Ce pafTage pa-
2 beaucoup plus clair , lorfqu'on
aura lu ce que fe dois écrire concer-
nant le carmen ou la déclamation notée
des vers faits pour être récités avec
un accompagnement.
En un mot » tous les écrits des An-
ciens font foi (b) que la mulîque pafloit
de leur tems pour un art néceflaire
aux perfonnes polies , & qu'on regar-
doit alors comme des gens fans édu-
(l) In?* l'b- prim. r. ii«
(b) Luckni GymmafL fluiar, it Mifu,
50 Réflexions critiques
cation, & comme on regarde aujour-
d'hui ceux qui ne fçavent point lire ,
les perfonnes qui ne fçavoient pas la
mufique. Je reviens aux arts muficaux.
Malheureufemênt pour nous , il ne
xious eft reflré aucune des méthodes
compofées pour enfeigner la pratique
de ces ans , dont il y avoit tant de
Profefleurs dans la Grèce & dans l'I-
talie. D'ailleurs ceux des Auteurs an-
ciens qui ont écrit fur la Mufique &
dont les ouvrages nous font demeu-
rés, ont très-peu parlé de la mécani-
que des arts liibordonnés à la fcience
de la mulique qu'ils ont regardés corn-
jne des pratiques faciles & communes,
dont l'explication n'étoit bonne qu'à
exercer les talens de quelque maître
à gages* Par exemple , Saint Auguf-
tin qui a compofé fur la mufique un
ouvrage divifé en fix livres , dit qu'il
n'y traitera point de toutes ces prati-
ques , parce que ce font .des chofes
fçues communément par les hommes
de théâtre les plus médiocres. Non
enim taie aliquid hic dicendum eft , qita-
h qudibet Cantons Hiftrioncfque: nove*
runt (a),
( a ) Dt, Idufiii lib. prçm.
fur lu Po'èfiç &fîtr h Peinture, i il
Ainfî les Auteurs dont je parle, one
écrit plutôt en Philofophe qui raifonne
& qui fait des Ipéculations fur les prin-
cipes généraux d'un art dont la prati-
que eft fçue de tous fes contempo— *
rains , que comme un Auteur qui veut
que fon livre puifle , fans aucun autre
fecours ,• enfeigner Tan dont il traite.
Cependant j'efpere , qu'en m'aidant
des faits racontes par les Ecrivains
anciens , qui par occafion ont parlé da
leurs arts mulicaux , je pourrai venir à
bout de .donner une notion , linon
pleine & entière , du moins claire Se
«àift'mcte de ces arts , & d'expliquer
comment les pièces dramatiques éroient
rep ré Tentées fu* le théâtre des An-
ciens.
Nous venons de voir qu'ArilKdes
Quintilianus comptait fix arts mufi-
caux , fç'avoir , l'aïf fkhrnique ,. l'art
de compofer la mélopée , l'art poëti»
que . l'art de jouer des inftiumens ,
l'art du ehanc & l*art du gefte ; mais
nous réduirons ici ces fix à quatre, en
ne comptant l'art poétique , l'art de
composer la mélopée & l'art du chant,
ue pouc un feul & même art. On a
éja vu que l'ait poétique, l'onde
.
Sk2r Réflexions critiques
compofer la mélopée & Part du chant
avoient tant d'affinité , que Porphyre
ne les comptait que pour un feul art *
qu'il nomme l'arc poétique pris dans
toute ion étendue.
SECTION II.
Delà Mufique ritluni^ue.
FS o u s avons déjà die que Ja mu fi que
ïithmique donnoit des règles pour allu-
jettir à. .une mefure certaine tous les
mouvemeiTS du corps & de la voix,
de manière qu'on put en battre les
tems. Le rithme rnufical , dit Arifttr*
des (a) , règle aufli bien le gefte que ta
récitation. Cet ar t'en fet$aai.t donc le
grand ufage qu'on peut là ire de la me-»
fore Oc du mouvement. On verra pa*
ce que nous allons dire fur ce fuje|y
que les Anciens taifoienc wb tiçsi gra^»4
cas de cet art. Saint Auguiftin dit danï
l'endroit de fes rétractations où il par-
le du livre qu'il avoir écit fur la mur
frtque» qu'en l'écrivant, fon objet prin-
cipal 1 avoât été d'y- traiter du fecoura
furlaPoëJîe& fur la Peinture. 25
merveilleux qu'on peut tirer de la me-
fuie Se du mouvement. Et de mufua
ftx voLumiu. quaruum uttinetad eam par-
lent quee rukmus vocatur. (a)
Les Grecs reconnoiHoienc comme
nous q-.iatre choies dans la malique, là
pro^reilion des tons du iujet principal,
01 te chant , l'harmonie , ou l'accord
des dirtérentes parties » la mefure Si
le mouvement. C'étoit donc ces deux
dernières qu'en feignoit l'art rithmique)
qui , comme nous lavons remarqué ûé*
ja , eft partagé par Porphyre en arc
«étriqué , ou melureur , & en art rurn
mique ou art du mouvement.
Platon , pour dire que le mouvement
eft l'acne d'un chant méfuré , dit{u)
que le rithme eft l'ame du métré, x-e
mécre , écrit Ariftote (c) , n'eft encore
qu'une partie du rithme. On lie dans
Quintilien , lî je l'entends bien , qu'il
De faut pas qu'une mefure emprunte
fur l'autre ; mais que ceiui qui bat la
fnefure , a la liberté d'en prefler , ou
d'en rallentir le mouvement, Kithmis
jfatia libéra , metrisjmuAfuai. (À) Arif*
(a) LÀb, prim.
(b) Piir, dt Lc[, l. 1.
(cj foti, chap. +.
(d) Injiji. i, p, cap, 4*
S24 Réflexions critiques
tides Quintilianus écrie , que fuîvafit
plufieurs, le métré différent du rithme,
comme le tout diffère de fa partie. Porra
& pedibus confiant metra, . , dijferreautem
metra À ritkmo , aiunt alii ut à toto par-,
lem (a). Mais comme nous difons quel-
quefois abfolumenrle mouvement pour
dire la mefure 8c le mouvement , les
Grecs diioient aulli quelquefois le
rithme tout court, pour dire le rithme
& le métré : c'eft en prenant le mot de
rithme dans cette acception qu'Arifto-
te a dit dans fa Poétique , que la Mu-
fique fait fes imitations avec. le chant,
l'harmonie & le rithme ; ainfi que la
Peinture fait les tiennes avec les. traits
& avec les couleurs.
Les Romains qui employoient fou-
vent des termes Grecs en parlant de
mufique , en fçavoient certainement
l'étimologiie , & ce que pouvoit chan-
ger dans la lignification propre de ces
termes un ufageautorifé. OrSaiut Au-
gufHn dit politivement qu'il cioit en
ufage de fon tems , de donner le nom
de xithme à tout ce qui régloit la du-
rée , dans l'exécution des compositions.
Rithmi enim nomen in mujîca ufque adeo
(i) Arifi. lib, frim,
£Cttct
fur la, Po'jjïe &fur la Peinture. 1 5*
pkttl , ut hac iota pan ejus qux ad diu &*
nondiuperlinet, ritkmus nominal a fit (a).
Rien n'eft fi commun dans toutes les
langues , que le nom de l'efpèce donné
su genre , & le nom du genre attribue
à l'efpèce en fryle ordinaire. Sans for-
di de notre fujet , nous allons voir qu©
!« Romains don noient au mot modu-
Lma une acception beaucoup plus éten-
due que fa première lignification. Les
Romains appelloient/fvii ou vpeu 4 le
chant ; l'harmonie > concentus; & la me-
fure , nuweri.
Quand Virgile dans une de fesEgfo-
gués, fait direàMœris par Lycidas: Di-
tes-moi aufll les vers que je vous enten-
dis chanter un foir ; Je m'en rappelle-
rais fans peine les nombres , fi je pouvois
me fouvenir des paroles.
lum fub nofle caaen^em
/Il . lemini ,fi vtrba rentran, (b)
Il ne veut faire d're autre chofe à Lycï-
. lî ce n'eft que bien qu'il eut ou-
blié les paroles des vers dont il écoit
quelVion ; il le fouvenoit bien néan-
ts de quels pieds ou de quelles me-
(a) I?f hhfi:. Ub. :.
Tome III. B
ç.6 Réflexions critiques
fures ils étoient compofés, &parcoiï-
féquent de leur cadence. Ainfi Modi ,
terme que les Latins employant fou-
vent en parlant de leur muuque , ne
fîgnifioit proprement que le mouve-
ment. Cependant ils appelloient la me-
iure &l le mouvement du nom feul de
modi s & même ils donnaient encore
quelquefois le nom de modulation à
toute la compofïtion , & cela fans égard
à l'étimologie de modulation.
Montrons donc en premier lieu que
moiulatio ne fignifioit proprement que
Ja mefure & le mouvement , que ce
qui eft appelle rithme dans Porphyre;
& montrons en fécond lieu, que mal-
gré cela , les Romains ont fouvent don-
né le nom de modulation à toute la corn»
pofition mufle a le. Nous aurons befoin
plus d'une fois de fuppofer que les An-
ciens fe font permis cette efpcce d'in*
exactitude.
-Quintilien rapporte qu'Ariftoxene,
que Suidas dit avoir été l'un des difei-
ples d'Ariftote 5 & qui a écrit fur la
jriudque un livre qui fe trouve dans le
jrecqeil de M. Meibomius , divifoit la
mufique qui s'exécute avec la voix en
f jthrae $c en chant, I^ç ric|)rne , ajoucj
fur laPoë(îe& fur la Peinture* 27
Quintilien , eft ce que nous appelions?
modulation } & le chant aflujetti ou no-
té , eft ce que nous appelions le ton &
les fons. Vocis rationes Arifioxenei mu-
ficus dividit in rithmum 6* mélos emme-
trxtm , quorum alterum modulatione * cano-
te alterum acfonïs confiât, (a).
Lorfque Quintilien veut dire qu'il
n'exige point de fon Orateur qu'il fça-
che la mufique à fond , Quintilien dit
qu'il ne lui demande point de fçavoir
aûez bien la modulation pour battre la
mefure des Cantiques ou des Monolo-
gues. C'étoient comme nous le dirons
dans la fuite , les fcènes des pièces de
théâtre dont la déclamation étoit la plus
chantante ; c'eft-à-dire , la plus appro-
chante du chant mufîcal. Nam nec ego
confiant ftudentem his artibus volo , nec
moduletur ut mujicis modis cantica exci-
piat, (b).
Cependant , & c'ell ce que nous
as à dire en fécond lieu , Quinti-
lien appelle fouvent toute la compofî-
fion une modulation , en comprenant
fous ce nom le chant , l'harmonie , la
mefure 8t le mouvement» Par exem-
(3 ) InjVr. lit: prim. cap. \z,
(6j Qu'un, lnjl. lib*prim, c.:p. ij.
28 Reflexions critiqua
pie , cet Auteur , dans le troîfîeme
chapitre du livre onzième de fes JnfK-
turions, où il donne des leçons (1 cu-
rieufes fur le foin, qu'un Orateur doit
avoir de fa voix, & fur la récitation „
dit , en parlant de plusieurs mauvaifes
manières de prononcer:» Il n'y a point
« de défagrément dans la prononciation
m qui me choque autant que d'entendre
î> dans les écoles & dans les Tribu-
3» naux , chanter la modulation théâtrale,
a> C'efl le vice à la mode , j'en con-
m viens , mais il n'en eft pas moins vrai
>ï que ce vice dégrade l'Orateur. Soi
quoeutnque ex his vitium magis tulerim
uàm quo nunc maxime laboratur , in eau-
fa omnibus Scholifque cantandi; quoi inu-
tilius fit an fœdius ignora. Quid enim
Oratori minus convenu quàm modulatio
Scenica? (a) On voit bien que Quinte
lien comprend le chant ou la déclama-
tion compofée dans la modulation dont
il parle. C'eft la compofition entière
que Quintilien appelle ici modulation.
Dans les InfcrLptions qui font à la tè-
te des Comédies de Térçnce , il eft dit ,
que c'efl Flaccus qui en a fait les modes ,
ou qui les a modulées j pour dire qut
(a) tnJUt, lib.xuc. i.
I
fur la Poëjie & fur la Peinture. 1$
ç*ctoit ce Flaccus qui en avoit compo-
féla déclamation. Moàos fecit , modula-
vit Flaccus.
Saint Auguftin rend en quelque for-
te raifon de cet ufage, en difant que
tout ce qu'un Muficien doit faire , eft
prefque renfermé fous le terme de mo-
iklarion. ModuLuio , quo uno perte verbo
laïux difciplina definiûo conrinetur. (a)
Je pourrois encore citer plufieurs
pafiages d'anciens Auteurs Latins qui
ont employé les termes de modi & de
moiulatio dans un fens auflî étendu ;
mais pour convaincre le lecteur qu'on
s'en fervoit communément pour dira
toute la composition , il fuffira de rap-
porter la définition que fait du mot de
modulation , Diomede Grammairien ,
qui a vécu avant la deftrudion de l'Em-
pire Romain. La modulation , die cet
Auteur , eft l'art de rendre la pronon-
ciation d'une récitation fuivie , plut
agréable , & d'en faire un bruit plus
dateur pour l'oreille, (b). Modulatio ejt
continuatifermonis injucundiorem dicen-
di rationem artijîcialis fiexus j in dekftctr^
bilem audit ui formant converfus,
< » ) D' M'ific. lib. prlm,
(b) De ArU Grairm, là, j t çap. *.
Biij
£0 Réflexions critiques
Enfin le terme de modulation avoïc
parmi les Romains , la même lignifica-
tion que Carmen ; mot que nous ne fçau-
jions traduire fuivant fa lignification
précife , qui vouloit dire la mefure &
la prononciation notée des vers , parce
que n'ayant pas la chofe , nous n'a-
vons pas de terme propre pour la figni*
fier. Il fera bientôt parlé de ce Carmen.
Revenons à l'art rithmique , ou à 1»
modulation proprement dire.
Nous fçavons comment les Anciens
mefuroient leur mufique vocale ou
leur mufique compofée fur des paroles.
Comme nous l'avons obfervé déjà en
parlant de la mécanique de la Pocfie ,
les fyllabes avoient une quantité dé-
terminée dans la langue .Grecque &
dans la langue Latine. Cette quantité
ctoit même relative , c'eft-à-dire , que
deux fyllabes brèves ne dévoient point
durer plus longtems dans la pronon-
ciation , qu'une longue; & qu'une fyl-
labe longue devoit durer aulli long-
tems que deux brèves. La fyllabe brè-
ve valoit un tems dans la mefure , Si
la fyllabe longue en valoit deux, Les
enfans n'ignorent pas, dit Quintilien»
que la longue vaut deux tems » & que
fur la Po'éjîe & fur la Peinture. $ t
la brève n'en vaut qu'un. Longuam ejjâ
iuorum temporum , brevem unius etiam
fueri fciunt. (a)
Cette proportion entre les fyllabes
longues & les fyllabes brèves , étoit,
auflî con fiante que la proportion qui eit
aujourd'hui entre les notes de diffé-
rente valeur. Comme deux notes noi-
r« doivent dans notre mufique durée
autant qu'une blanche , dans la mufi-
que des Anciens deux fyllabes brèves
duroient ni plus ni moins qu'une lon-
gue. Ainfi lorfque les Muficiens Grecs
ou Romains mettoîent en chant quel-
que cdmpofition que ce fût , ils n'a-
voient pour la mefurer , qu'à fe confor-
mer à la quantité de la fyllabe furlaquel-
le ils pofoient chaque note. La valeu*
de la note étoit déjà décidée par la va-
leur de la fyllabe. Voilà pourquoi Boë-
ce (b , qui a vécu fous le règne de Théo
doric Roi des Oftrogots , & quand les
théâtres étoient encore ouverts à Ro-
me , dit , en parlant d'un Compofiteur
de mufique qui met des vers en chant:
Que ces vers ont déjà leur mefure en
vertu de leur figure ; c'eft-à-dire , en
. 9 , Ci +.
(bj De Mufic. 1. +.
c 3.
Biv
32 Réflexions critiques
vertu de îa combinaifon des fyllabetf
longues & desfyllabes brèves donc ils
font compofés.. Ut fi. quando melos ali-
quoâ Muftcus voluiflet afcriberefupra ver-
JUm ruhinicâ metri campojitiont diften-
tum , &c.
D'un autre côté , comme nous l'a-
vons dit en parlant de la mécanique
«les vers Grecs & de celle des vers La-
tins , tout le monde fçavoit dès l'en-
fance la quantité de chaque fyllabe.
Chacun fçavoit donc , fans avoir fait
pour cela aucune étude particulière ,
îa valeur de chaque fyllabe , & ce qui
£toit la même chofe, de chaque note.
Quel nombre de tems les Grecs &
les Romains mettoient-ils dans les me»
fiues des chants , compofés fur des pa-
roles de quelque nature que ces chants-
là puflent être ? Je réponds ; Quant aux
chants compofés fur des vers > la me-
fure de ces chants , le nombre des tems
de chaque mefure fe trouvoit être dé-
jà réglé par la figure du vers. Chaque
pied du vers faifoit une mefure. En ef-
fet , on trouvera dans la fuite le mot
de pes * qui lignifie un pied , employé
par Quintilien & par d'autres , pour
dire une mefure. Il y a néanmoins une
fur la Poe'fie & fur la. Peinture. 5 3
objection à faire contre cette explica-
tion ; c'ef! que fuivant fon contenu ,
les mefures du même chant dévoient
être inégales dans leur durée , parce
que les pieds du même vers n'étoient
pas égaux. Les uns n'avoienc que trois
tems » tandis que les autres en avoient
quatre. En effet , les pieds qui n'étoient
compotes que d'une fyllabe longue &
d'une brève, ou de trois fyllabes brè-
ves , ne renfermoient que trois tems ,
au lieu que les pieds compofés de fyl-
labes longues, ou d'une fyllabe lon-
gue & de deux brèves , avoient quatre
tems. Je tombe d'accord que cela ne
.pouvoit pas être autrement. Mais cela
n'empêcnoit point que le bateur de me*
fure ne pût la marquer toujours avec
juftefle.
Quant aux chants compofés fur de
la profe , on voit bien que c'étoic
aulîi la quantité d'une fyllabe qui dé-
cidoit de la valeur de la note placée
fur cette fyllabe. Peut-être les An-
ciens ne mefuroient-ils pas les chants
de cette efpèce-là , & lailîbient-ils à
celui qui battoir., la mefure en fui varie
les principes de l'art rithmique, la li-
berté de marquer la cadence après tel
Bv
34 Réflexions critiques
nombre de tems qu'il jugeûit à propos
de réunir , pour ainu" dire , fous une
même mefure. Depuis quel tems écri-
vons-nous la mefure de notre mufique?
Voilà pourquoi les Anciens mettoient
la Poëlie au nombre des arts muficaux.
Voilà pourquoi la plupart des Auteurs
Grecs & Latins qui ont écrit fur la mu-
fique , traitent fort au long de la quan-
tité des fyllabes , des pieds & des fi-
gures du vers , ainfi que de l'ufage
qu'on en peut faire pour donner plus
d'agrémens & plus d'exprelîîon au dit-
cours. Que ceux qui feront curieux de
connoître à quel point les Anciens
avoient approfondi cette matière , li-
fent ce qu'en a écrit faint Auguftindans
fon livre fur la mufique.
D'ailleurs nous apprenons d'Arifti-
des Quintilianus , 8c nous voyons par
ce qu'en ont dit d'autres Auteurs , que
les Anciens avoient un rithme dans le-
quel chaque pied de vers ne faifoit pas
toujours une mefure , puifqu'il y avoir
des mefures compofées de huit tems
fyliabiques , c'eft à-dire „ de huit brèves
ou de leur valeur. C'étoit un moyen de
remédier à l'inconvénient qui naiflbir
de l'inégalité de durée qui fe rencon-
fur la. To'cjie (s 1 fur lu Pein tare. 3 f
trois dans les pieds du même vers.
Mais comme cela regarde la mufîque
proprement dite , je renvoyerai mon
lecteur à ce qu'en a écrit un fçavant
homme (a) qui joint à une connoiiïance
profonde de cette fcience , une grande
érudition.
Comment les Anciens marquoient-
ils la valeur des notes de leur mufi'
que organique ou inftrumentale , puif-
ces notes ne pouvoient pas y ti-
rer leur valeur de la quantité de fylla-
bes fut lefquelles on les auroit placées?
Je l'ignore ; mais j'imagine comment
on pourroit donner une valeur certai-
ne dans la muiîque initrumentale 3
chaque femeia ou note organique, par
de;, points placés, foit au-deflùs, foie
au-deifous, foit à côté; ou bien met-
tant au-deflùs de chaque note l'un des
deux caractères qui fervoient à mar-
quer fi une fyllabe étoit brève , ou ît
la fyllabe étoit longue , & dont chacun;
a fçu la figure dès les premières claf-
fes. Nous parlerons fort au long de ces
ftmeia , quand nous expliquerons com-
ment les Anciens éerivoient en notes
fa] M. Burrrt , it FAcai. i;i EtUti-Lenres , tome
de jon Rïfi<iif<.
3 6 Réflexions critiques
le chant mufical , ou le chant propre^
ment dit s &c ce chant qui n'étoit qu'une
déclamation.
On fera bien plus curieux d'appren-
dre une autre chofe , je veux dire la
manière dont la mufique métrique mar-
quent les tems dans toute forte de raou-
vemens du corps. Comment , dira-t'on
d'abord , les Anciens écrivoient-ils en
notes les geftes? Comment s'y pre-
noienc ils pour marquer chaque mou-
vement des pieds & des mains , cha-
que attitude & chaque démarche par
une figure particulière qui désignât dif-
\inaement chacun de ces mouvemens?
Je me contenterai de répondre ici , que
l'art d'écrire les notes en geftes ,. ou ,
fi l'on veut , les Dictionnaires des gef-
tes (car nous verrons que les Anciens
avoient de ces Diclionnajres-là, s'il eft
permis d'ufer de cette expreflïon ) n'é-
toient point du fort de la mufique rith-
niique dont il s'agit préfentement. Elle
jTuppofoit l'art d'écrire les geftes en no-
tes , un art déjà trouvé & pratiqué.
C'éroit la mufique hypocritique ou la
Sahation , qui enfeignoit cette efpéce
d'écriture. Ainfi nous remettons à en
parler, que nous traitions de celui des
fur la Poëfn bfur la Peinture, 3J
fcrts muficaux que les Grecs nommoient
Orchefis , & les Romains Saltatio. Com-
ment , répliquera t'on , la mufique rith-
mique s'y prenoit elle pour aflervir à
Une même mefure , & pour faire tom-
ber en cadence , & le Comédien qui
lécitoit, & Je Comédien qui faifoït les
geftes? Je répondrai que c'eft une de
ces chofes dont S. Auguftin dit qu'elles
étoient connues de tous ceux qui mon-
toient fur le théâtre , Se que pour cela
m 'me il dédaigne de l'expliquer. Mais
comme nous n'avons plus fous les yeux
la chofe dont il eft queftion , il ne
nous eft plus bien facile de conce-
voir ce que S. Auguftin , dit que tout
le monde fçavoit de fon rems. Si les
p ail âges des Auteurs anciens que nous
rapporterons ci deflous, prouvent que
l'Acteur qui récitoit, Se l'A&eur qui
faifoit les geftes , s'accordoient très-
bien , & qu'ils tomboient en cadence
avec une grande juirelïe ; ils n'expli-
quent point la manière dont ils s'y pre-
noient pour fuivre exactement l'un &
l'autre, une mefure commune. On trou-
ve néanmoins dans Quimilien quelque
chofe des principes fur lefquels ce
moyen de les accorder , avoit été trou-
vé Ce établi.
3 S Réflexions critiques
II paroît donc , en lifanc un paflagd
de Quinrilien, que pour venir a bouc
de mefurer, pour ainfî dire , l'action ,
& pour mettre en état celui qui faifoit
les gefles , de fuivre celui qui rccitoit,
on avoit imaginé une régie , qui étoît
que trois mots valufient un gefte. Or
comme ces mots avoienc une durée
réglée , le gefte dévoie avoir ainfi une
durée déterminée , & qui pouvoit Ce
mefurer. Voici' le pafifage. (a) Hic *ere-
res Artifices iliud retfè adjecerutu , ut
manus cumfenfu à 1 déponent & inciperet;
alioqui enim aut antevoeem eritgefliiSj aut
pqfî vocem , quod ejl utrumque déforme. In
Mo lapfinimiâ fubtilhate Jiint ,quod ïnter~
vallum motâs cria verba tjje volueruntyquod
nec obfervatur , necjîeri potejl ; feâ Mi
quajîmenfuram tarditatis celeritarifque ali-
quam effè votuerunt .• nec immerho , ne aut
àiu otïofa ejfet manus , aut , quod miihifa-
ciunt , ailionem condnuo motu conciderent.
» Ceux qui les premiers ont fait pro-
» feflîon de compofer la déclamation
» des pièces de théâtre , & de les faire
*> repréfenter fur la fcène , en ont ufé
■n très-fagement quand ils ont réglé que
» chaque gefte commençât avec u»
( aj Injht, L si. c. -u
fur la Poejte & fur la Teinture. 3 p
»> fens ., & qu'il finît en même tems
» que ce fens-là. Ils ont eu raifon d'in-
» troduire cette régie ; car il eft éga-
« lement menant de commencer à
« gefticuler avant que d'avoir ouvert
» la bouche , & de continuer à gefti-
s» culer après avoir ceffé de parler*
» Il eft vrai que nos Artifans, pour
» avoir voulu être trop ingénieux , fe
» font trompés, lorsqu'ils ont réglé que
»» le même tems qu'il falloit pour pro-
» noncer trois mots , feroit le tems de
^ la durée d'un gefte. Voilà ce qui ne
3> fe fait point naturellement , & c'eft
^ même ce que l'art ne peut appren-
» dre à bien pratiquer. Mais nos Arti-
» fans ont cru qu'il falloit , à quelque
» prix que ce fût , prefcrire une mc-
m thode qui réglât la mefure du gefte
» qui déplaît également , (bit qu'il foit
» trop lent , foit qu'il foit trop préci-
» pité , & le principe qu'ils ont établi ,
» eft ce qu'ils ont pu imaginer de
» mieux, ec
J'ai traduit le mot tf Artifices J dont fe
fert ici Quintilien , par ceux qui font
■prnfefftem de cornpnfer la déclamation des
pièces de théâtre , Cr de les faire reprêfen-
ttrfurlafcéne, fondé fur deux raifonî»>
!5fO Réflexions critiques
"La. première, c'eft que Quintilien n'ea-
tend point ici parler des Profeffeurs en
éloquence , qu'il défigne par d'autres
noms dans fon inftitution. La féconde,
c'eft que dans le chapitre où fe trouve le
partage que je viens de rapporter ,
Quintilien parle très-fou vent des ufa-
ges pratiqués par les Comédiens , &
qu'il y appelle Artifices ou Artifices pro'
nuntiandi ceux qui faifoient profefiion
die faire repréfenter les pièces de théâ-
tre. Nous apporterons ci-deflbusun de
ces pafiages dans lequel Quintilien
parle fort au long du foin qu'avoient
ces Artifices pronuntiandi , de donnera
chaque Comédien un mafque aflbrtif-
faut au cara&ere du perfonnage qu'il
devoir repréfenter.
Voici encore un autre endroit de
Quintilien , qui peut fournir quelque
lumière fur les régies que l'art rithmi-
que donnoit pour mefurer les tems des
geftes. » Chaque tems de la mefure
»' pris en particulier , n'afïervit que le
3' rccitateur obligé à prononcer quand
î> on lui bat un tems , la fyîlabe qu'il
*■ doit prononcer fous ce tems - là j
» mais le rithme affiijétit tous les
a» mouvemens du corps. Il faut que
fur la Po'éfie (ffur la Peinture, 4 r
:» celui qui fait les geftes , tombe en
dence à la fin de chaque mefure ,
» quoiqu'il lui foit permis de laifler
3j pafler quelque tems de cette mefu-
S3 re , fans faire aucun gefte , & qu'il
» puifle mettre dans fon jeu muet , auïlt
» fouvent qu'il le veut , de ces fïlences
» ou de ces repos qui fe trouvent ra-
rement dans la partie du Récitateur.
s» Le rithme laifle cette liberté au Gef-
« ticulateur, qui fe contente, lorfqu'il
» s'en fert , de compter les tems qu'il
» laifle vutdes , pour ainfi dire , &
s» qu'il marque même quelquefois pour
» les compter plus fûrement , tantôt
» p«r un mouvement de doigt , tantôt
>> par un mouvement de pied , laidant
*> piller ainfi quatre ou cinq tems fans
3) faire aucun mouvement. C'^/t ce qui
» a donné lieu à dire une paufe, un re-
13 pos de quatre tems ^ un rspos de cinq
» tems. Outre cela , on peut , en fa-
» veur de celui qui fait les geftes , ral-
» Ientir encore fans conféquence le
» mouvement de la mefure ; parce
9* que , nonobflant ce rallentiiTement ,
» chaque (ïgne , chaque frappé , &
» chaque levé que fait le Batteur de
» mefure t n'en vaut pas moins un tems.
5J.2 Réflexions critique t
Et quoà metrum in verbis modo * r'uhmut
etiam in corporis moût eft, Inania quoque
tempora rithmi faciliùs accipiunt , quam-
quam hxc fcV in mûris accidunt. Major
tamen Mis licentia eft , ubi tempora etiam
animo metiuntur & pedum G* digitorum
iBu intcrvalla Jignant quibufdam nous *
atque œflimantquot brèves illitd fpatium
habeat , inde Tetrafemeïon & Pentafe-
meïon. Deinceps longiores fiunt percufio-
nes ." Nom Semeïon tempus eft unum (a) t
Quoique le fait, comme je l'ai dé-
jà dit , foit certain , il ne m'eft pas pof-
lîble d'expliquer pleinement la métho-
de enfeignée par l'art rithmique , pour
faire agir d'un concert fi partait l'Ac-
teur qui parloit , & l'A&eur qui faifoit
les geftes. Peut-être joignoit-on au
caraâère qui défignoit le gefle que de-
voit faire l'Acteur t un autre caractère
qui marquoit le tems que le gefte de-
voit durer*
Quant au mouvement dont les An-
ciens faifoient autant de cas que Mon-
sieur de Lulli , Monfîeur de la Lande
& nos autres bons Muficiens François ,
il meparoît impoflible que les Grecs
& les Romains l'écriviflent , pour ainfi
(a) I/j/F. lib. s. c.+*
fur la Poëjïe &fur la Peinture. îf£'
&
Us pu fient
pre
cire , en noces
crire , par le moyen d'aucun caractère *
la durée précife que devoit avoir cha-
que mefure. Il falloit que , comme
nous , ils s'en rapportaient au goût &
au jugement de celui qui battoic la me-
fure , à celui qui faifoit une profeflîon
particulière de l'Art rithmique. II eft
vrai que quelques MuCciens modernes
ont cru pouvoir trouver le fecret d'en-
feigner autrement que de vive voix ,
la durée que devoit avoir un air , &
d'apprendre par conféquent même à la
poltérité le mouvement dont il falloit
le jouer; mais c'étoit en fe fervanc de
THorlogerie que ces Mufîciens préten-
doient venir à bout de leur projet. Ils
vouloient, par exemple » en marquant
combien de fécondes dévoient durer
les vingt premières mefures de la Cha-
ccnne de Phaëcon , enfeigner le mou-
vement dont il falloit battre la mefure
de cet air de violon. Mais fans difcu-
ter la pofiïbilité de ce projet , je me
contenterai de dire que les Anciens ne
pouvoientpas même l'imaginer» par-
ce que leur Horlogerie étoit trop impar-
faite pour leur laitier concevoir une pa-
reille idée, Cn fçait que loin d'avoir des.
44 Réflexions critiques
Pendules à fécondes , Us n'avoîent par
même d'Horloges à roue , & qu'ils ne
mefuroient le tems que par le moyen
des Cadrans au foleilj des Sables &
des Clepfidres.
Nous fçavons que les Anciens bat-
toient la mefure fur leurs théâtres, &c
qu'ils y marquoient ainfi le rithme que
l'Acte er qui récitoit , l'Acteur qui fai-
foit les geftes , les Chœurs & mêmes
les Inftrumens dévoient fuivre comme
une régie commune. Quintilien , après
avoir dit que les geftes fonr autant af-
"fujettîs à la mefure , que les chants mê-
mes , ajoute que les Acteurs qui font
les geftes , doivent fuivre les lignes
qui marquent les pieds , c'eft-à-dire ,
la mefure qui fe bat , avec autant de
précifion que ceux qui exécutent le»
modulations. Il entend par- là les Ac-
teurs qui prononcent , ôc les inftru-
mens qui les accompagnent. Âcqui cor-
poris motuifua quxdam tempora, & aifi-
gna peium non minus faltationi quâm
modulationibus adhibet ratio mufica nu-
meros.
Nous voyons d'un autre côté deux
partages de celui des ouvrages de 0)Lu-
a) la OrçhtjL
fur la Po'êjîe & fur la Peinture. 45
cie.i , que nous appelions en Fran-
çois le Traité de la Danfe , Ça) & qui
eft Téloge de Tare des Pantomimes ,
qu'il y avoir auprès de l'Adeur qui
reprélentoit , un homme chaufle avec
des fouUers de fer , & qui frappoit du
pied fur le théâtre. Toutes les conve-
nances portent donc à croire que c'é-
toit cet homme-là qui battoir avec la
pied une mefure dont le bruit devoit
fe faire entendre de tous ceux qui dé-
voient la fuivre.
( a ) Viytl le iifiowifur k Rithmt de M. Burette.
SECTION III,
De la Mujique Organique ou ïnflrw
mentale,
I l feroit inutile de traiter ici de la
ftru<5ture des inftrumens à vent ou à
corde dont les Anciens fe fervoient.
La matière à e'té comme épuife'e , foit
par Bartholin le fils, dans for» Traité
des Inftrumens à vent de l'antiquité ,
(bit par d'autres Sçavans. Je crois mé-
gie à propos de remettre ce que j'ai à
46 Réflexions critiques
dire concernant l'ufage que les An-
ciens faifoienc de leurs infrrumens-
pour foutenir par un accompagnement
les Aéteurs qui déclamoient , à l'en-
droit de cet ouvrage où je traiterai de
l'exécution de la déclamation compo-
fée & écrite en notes. En effet , com-
me une des preuves les plus convain-
cantes que je doive apporter pour fai-
re voir que les Anciens compofoient
& qu'ils écrivoient en notes la fimple
déclamation théâtrale , eft de montrer
que cette déclamation étoit foutenue
d'un accompagnement : Je ferois obli-
gé , lorfque je viendrai à traiter de
l'exécution de cette déclamation , à
faire relire les mêmes paflàges s & à
répéter les mêmes réflexions dont je
me ferois déjà fervi , fi je -parfois ici
de l'accompagnement. Je me bornerai
donc à dire quelque chofe des compo-
rtions muficales des Anciens , qui n'é-
toient point faites fur des paroles, &
qui ne dévoient être exécutées que par •
des inftrumens.
Les Anciens avoient la même idée
que nous fur la perfection de la Mufi-
que, & fur l'ufage qu'il étoit poflible
d'en faire, Ariftides Quintilianus , en
ptr la Potjîe & fur la. Peinture. 4.7
parlant de plusieurs divilions que les
Anciens fai (oient de la mufique conli-
dérée fous différens égards , dit que le
chant , que la mufique , par rapport à
l'efprit dans lequel elle a été compofé,
& à l'effet qu'on a voulu lui faire pro-
duire , fe peut partager en mufique qui
nous porte à l'affliction ; en muhque qui
nous rend gais , & nous anime; & en
mufique qui nous calme en appaifant
nos agitations. Nous rapportons ci-del-
fous ie paflage d'Ariftides,
Nous avons obfervé déjà dans le pre-
mier volume de cet ouvrage que les
fymphonies étoient fufceptibles „ ainfi
que le font les chants muficaux com-
pofés fur des paroles , d'un caractère
particulier qui rendent ces fymphonies
capables de nous affecter diversement ,
en nous infpirant tantôt de la gay été ,
tantôt de Ta triftefle , tantôt une ardeur
martiale , 6c tantôt des fentimens de
dévotions : » Le Ion des inftrumens ,
• écrit Quintilien , l'Auteur le plus ca-
» pable de rendre compte du goût de
» l'antiquité, nous affecte, & bien qu'il
:j ne nous faiTe pas entendre aucun
K, il ne laiffe point de nous inf»
r. divers ferjtjraens, 33 Cutn or aanis
'4S Réflexions critiques
quibus ferma exprime non potefl j ajjic,
animai in diverfum habitumfenliamus (a).
*> C'elt en vertu des loix de Ja natu-
m re , dit dans un autre endroit l'Au*
m teur que nous venons de citer , que
sa les tons & la mefure font tant d'effet
>3 fur nous. Si cela n'étoit point , pour-
»3 quoi les chants des fymphonies qui
» ne nous font point entendre aucune
j> parole , pourroient-ils nous émou-
a> voir à leur gré , aind qu'ils le fçavenc
»» faire ? Dira-t'on que c'eft par un pur
s> effet du hafard , que dans les fêtes .
*» certaines fymphonies échauffent î'i-
» maginatîon , en mettant les efprits en
« mouvement , & que d'autres fy mpho-
» nies tes appaifent& les calment/N'eft-
» il pas évident que ces fymphonies ne
« produifent des etfets fi différens , que
3> parce qu'elles font d'un caractère op-
s> pofé. Les unes ont été compofées
3> pour être propres à produire un cer-
r tain effet , & les autres pour être
» propres à produire un effet contraire.
dj A la guerre , lorfqu'il faut faire mar-
33 cher les troupes en avant , les inftru-
sî mens ne jouent pas un air du même
» caradère que celui qu'ils jouent ,
(j) I#r.lï&.jr. cap. i a .
w lorfqu'U
fu r ht Poëfie &fu r la Peinture. 4$
»> lorsqu'il faut qu'efies fe rerirent. L'air
3j que fonnenc nos inftrumens militai-
» res , quand il faut demander quartier »
» ne reflemble point à celui qu'ils fon-
sj nenr quand il faut aller à la charge.
(a) Naturâ ducimur ad modos, neque aliter
tnim ei'eniret ut Mi cfuoque organorumfoni
quanquam verba non exprimunt , in altos
oifue altos ducerent motus auditoremjn csr-
tamïnibusfacris, non eâdem ra'ione conci-
liât animos & remittunt, nec eofdem mo-
is: adhibent cum bellicum tjl canendum »
tut pojito genu fupplicandum , nec idem
jignorum eencemus eft procedente adprcc-
lium exerciru , idem receptui canenre.
Comme les Anciens n'avoient point
d'armes à feu dont le bruit empêchât
les foldats d'entendre , durant l'action ,
le fon des inftrumens militaires dont
on fe fervoit à la fois pour leur faire
connoître le commandement , & pour
les encourager ; les Anciens faifoient
fur cette partie de la guerre , une at-
tention & des recherches qu'il feroit
inutile de faire aujourd'hui. Le fracas
du canon & de la moufqueterie , em-
pêche fouvent qu'on entende même
l«s fignaux que doanent plufieurs tanv
(I) InJI. tib.f, CBjf. +.
Tomt III. C
5*0 Réflexions critiques
bours ou plufîeurs trompettes qui bat*
tent , ou qui Tonnent enfemble. Les
Romains furtout fe piquoienc d'ex-
celler dans les airs militaires.
Quinnlien , après avoir dit que de
grands Généraux n'avoient pas dédai-
gnes de jouer eux-mêmes des inflru-
mens militaires t Se qu^on faifoit un
grand ufage de la mufiqûe dans les ar-
jnées Lacédémoniennes , ajoute : m Les
>> trompettes Se les corps qui font dans
D3 nos Légions fervent-ils à autre cho-
53 fe ? N'eft il pas même permis de croi-
p> re que c'eft au talent de faire ufage
>j desinftrumensdeguerre, lequel nous
»> pofTédons fupérieurement aux autres
» nations , qi^eft due en partie la ré-
s> putation de la Milice Romaine, u Du-
ces maximes &* jîdibus & tibiis ceainiffe
traditum , £r exercitus Laceiemoniorum
Mufuis accenfos moâis î Quid autem
aiiuâ in nojlr'u Legionibus cornua ac tu-
ftx'faciunt, quorum concentus quanta ejl
vehementior , tant à Romana in bellis gIo~
rut exteris prajht ? (a)
Tite-Live raconte un fait très-propre
p. confirmer ce que dit Quinrilien. An-
njbal ayant furprisla ville de Tarer? te •
(5J htf.u, tib.frim, et?. ;.,
fur la Poë/fc Gr far la Peinture.. ; i
far les Romains » il ufa d'un frracagè-
i€ pour empêcher la garni Ton de fe
; la forrerefle de la place, Se
■ prifonniere de guerre*
il avoit découvert que (e quar-
emblée des Romains , en cas
mprévue > étoit le théâtre de
t fonner le même air que
Romains faiiolent tonner pour s'aC-
mbler : mais les Soldats de la garni-
n reconnurent bientôt à la mauvaife
ère avec laquelle la trompette
i'Ouchée j que ce n'étok pas
ta Romain qui en fonnoit , de fe dou-
i de la rufe de l'ennemi , ils fe
la fortereile , au lieu
La place d'armes.
Longïn parle de la mufique organi-
que , (a) comme nous pouvons parler
r>tre mulîque inftrumentale. Il dit
les fymphonies touchent , quoi-
ne foient que de hmples imî-
-13 d'un bruît inarticulé , & s'il
Êrat parler ainfi t des fons qui n'ont
:e demi-vie , que la moitié de leur
fere. Cet Auteur entendoi: par fons
fsrfaixs , auxquels il oppofe les fons
d« fvmphonies qui n'ont qu'un J;rc
-, çhJp, ft.
Cij
ri Réflexions critiques
imparfait , les fons des récits en muG-
que, où le Ton naturel étant adapté à des
mots , fe trouve joint avec un fon articu-
lé. Voici ce qu'ajoute Longin au paflage.
que nous venons de rapporter :Etde vrai
ne voyons-nous pas que le fon des inflru-
mens à vent f remue Came de ceux qui les
entendent * qu'il les tranfporte hors d'eux-
mêmes J 0" qu'il les fait entrer quelquefois
en une efpéce de fureur f Ne voyons- nous
pas quil les contraint de conformer les
jnouvemens de leur corps au mouvement
fit la mefure t £r quil leur arrache fouvent
des dèmonfirations involontaires ? La mu-
Jîque injîrumentale agit donc fenfihltmeni
fur nous , puifquc nous lui voyons faire
X effet que le Compojïteur a voulu qu'elle
prçduidt. Quoique les fons de cette mufi-
que qui ne font point articulés , ne nous
fajfentpas entendre des mofs qui réveillent
en nous des idées précifes , néanmoins fes
fons v fes accords jfon ritfime excitent en
nbus plufîeurs (entiment d'tférens, Ces imi-
tations inarticulées nous remuent autant
que les phrafçs d'un Oraieur nous remue-t
fàient.
Je vais encore rapporter un endroit
et Macrobe qui pourroit paroîtrç inu-
jjjle, parce qu'il ne dit que la rot-mç
fur la Po'èjle Gffur ld Pdntute. $ ?
chofeque les pafTages de Quintilien &
de Longin qu'on vient de lire ; mais il
m'a femblé propre à fermer la bouche
à ceux qui voudroient douter que les
Anciens fongealfent à tirer de la mu-
fique toutes les expreffions que nous
voulons en tirer , & qu'ils euflènt com-
munément de cet art la même idée qu'en
avoient LulH 6c la Lande. Puifqu'on
ne fçauroit produire les fymphonies
des Anciens , perdues par l'injure des
tems , nous ne fçau rions juger du mé-
rire de ces fymphonïes , que fur le
rapport de ceux qui les entendoient
tous les jours , qui voyoient l^efrec
qu'elles produifoient , & qui fcavoienc
encore dans quel efprit elles avoient
été compofées.
?> Le pouvoir que le chant a fur noua
» elt fi grand , c*eft Macrobe qui par-
» le , qu'on fait jouer aux inftrumens
* militaires un air propre à réchauffer
* le courage , lorlqu'il faut aller à la
» charge ; au lieu qu'on leur fait jouer
» un air d'un caractère oppofé , lorf-
» qu'il faut faire une retraite. Les fym-
» phonies nous agitent, elles nous ren-
» dent gais ou inquiets , & même elles
» nous font dormir. Elles nous cal-
Citj
it mem<
J5"4 Réflexions critiques
33 ment , elles nous foulagent
™ dans les maladies du corps. « ha (a,
denique omnishabitus anima cantïbusgu
bernatur, ut Cr ad bdlum progrejfui J 6
item receptui canatur cantuaù 1 excitante
fï rurfus fedanu virnuem. Dat fomm
fldimitqut „ menon curas imminit & rt
trahit J tram J uggerh J clementiamfuadet
corporum quoque morbis medetur.
Comme il arrive quelquefois que le
maladies du corps font caufées ps
les agitations de l'efprit , il n'eft pr
furprenant que la mufique , en foula
géant les maux de l'efprit , aie foulage
& même qu'elle ait guéri en certaine
circonftances les maladies du corp
Que la mufique diminue , qu'elle dit
pe nos chagrins & notre mauvaife h
meur, chacun en eft convaincu par
propre expérience. Je fçai bien qt|
les circonftances où la mufique pe
agir avec efficacité fur les maladied
font rares , & qu'il feroit ridicu
d'ordonner des airs & des chanfon
comme on ordonne les purgations
la faignée. Auflî les Auteurs ancie
qui parlent des guérifons opérées p
la vertu de la mufique , en parient-
( A ) In formu Scijion* lib, a t cajf 1.
fat la Vcefit Zrfur la. Peinture, ff
comme de cures extraordinaires.
Enfin , comme il eft quelquefois ar-
rivé de nos jours des miracles de cet-
te efpéce > les Anciens font pleinement
à couvert du foupçon d'avoir cru ,
concernant les guérifons dont il s'agit ,
ce qui n'étoit pas , ou de nous avoit
débité des fables comme des hiftoires
véritables. Pour le dire en paflant J ce
point-là n'eft pas le feul fur lequel no-
ue propre expérience les ait défendus
contre i'accuiation d'impofture ou de
crédulité". Pline l'Hiftorien n'a-t'il pas
été juftifié contre plufieurs aceufations
de cette nature , que les critiques du
feiziéme fîécles avoient intentées con-
tre lui ? Pour revenir à la guérifon
de quelques maladies parla mufïque ;
les mémoires de l'Académie des Scien~
ces qui ne font point écrits par des
perfonnes qui croyent légèrement ,
font mention fur l'année 1702 & fur
l'année 1707 , de guérifons opérées ré-
cemment par la vertu de la mufique.
On trouve dans Athenéé , dans Mar>
tianus Capella , & dans plufieurs autres
Ecrivains anciens , des récits furpre-
nans de tous les effets prodigieux que
produifoit la mulîque des Grecs & celle
Civ
■
•j 6 Réflexions critiques
des Romains. Quelques modernes ;
comme Monfieur Meibomius & Mon-
fleur Bartholin le fils , ont même ra-
maffé ces faits dans leurs ouvrages.
On peut donc lire à ce fujet le Recueil
de plusieurs Auteurs anciens qui ont
écrit fur la mufïque , publié & com-
menté par le premier j & le livre de
Tibiis veterum , écrie par Gafpard Bar-
tholin. Si Monfieur le Févre de Sau-
mur avoit pu voir ce dernier livre
avant que de faire imprimer fon com-
mentaire fur Térence , peut-être n'y
auroit-il pas inféré les beaux Vers La-
tins qu'il avoit faits contre la Flûte an-
tique, & contre ceux qui veulent en-
treprendre d'en expliquer la ftruclure
& l'ufage.
Il elt bon de fe refïbuvenir, en lifant
les ouvrages dont je viens de faire
mention , que c'étoit fur des Grecs
ou fur leurs voifins que la mufique
produifoit des effets fi merveilleux»
On fçait que les organes de l'ouie ont
plus de fenfibilité dans ces pays-là , que
dans les contrées où le froid & l'humi-
dité régnent huit mois de l'année.
Comme la fenfibilité du cœur eft égale
ordinairement à celle de l'oreille , les
^m
fur la Poëfîe &fur ta Peinture, fy
hàbitans des pays fîtués fur la mer
Egée & fur la mer Adriatique font auflî
naturellement plus difpofcs à fe paf-
fionner que nous. Il n'y a pas fi loin
de l'iïle de France en Italie. Cepen-
dant un François remarque d'abord ,
quand il eft en Italie , qu'on y applau-
dit aux beaux endroits des Opéra,
avec des tranfports qui paroîtroient
dans fon pays les faillies d'une troupe
d'infenfés.
Au contraire , nous avons du côté du
Nord des voifins qui font naturelle-
ment moins fenfibles que nous au plai-
fir d*entendre de la Mufique. A en ju-
ger par les inftrumens qu'ils aiment
davantage , & qui nous font prefquç
infapportables , foît à calife au trop
granû bruit qu'ils font , foit à caulô
de leur peu de juftelTe & leur peu d'é-
tendue, i! faut que ces voilïns ayent
déjà l'oreille plus dure que nous. Trou-
verions-nous , communément parlant ,
un concert exécuté par des Trompet-
tes placés dans le lieu même où nous:
mangerions , un bruit fort agréable?
Aimerions-nous dans un cabinet un
Clavecin dont les touches , au lieu dé
faire raifonner des cordes de'hl-d'ar-
Cv
5 3 Réflexions critiques
chai , feroient fonner des clochettes?
Je dis communément , parce qu'étant fi-
tués entre l'Italie & les pays dont j
viens de parler, il e(t naturel que nous
ayons des compatriotes qui tiennent
les uns des Italiens, & les autres des
peuples qui font à notre Septentrion,
SECTION IV.
De l'Art ou de la Mujîque poétique. De
la Mélopée. Qu*il y avoit une Mélopée ^
qui n'était pas un chant mujîcal v quoi-
qu'elle s'écrivit en notes»
-
\J n a vu , par l'énumératîon & par
la définition des arts muficaux, que la
mufique poétique , prife dans toute
fon étendue , ne faifoit qu'un feu! &
même art parmi les Grecs j mais que
parmi les Romains elle faifoit deux
arts diftin&s ; fçavoir , Tan de com-
pofer des vers métriques de route for-
te de figures i & la mélopée , ou Fart
de compofer la mélodie- Comme dans
notre premier volume nous avons dis-
couru fort au long fur les régies que les
fir U Poëfic y fur la Peinture, yj
Anciens fuivoienc dans Ja conlrruâion
de Jeurs vers „ nous ne parlerons point
ici du premier des ans , compris fous
le nom de rnufique poétique ; & nous
contenterons de traiter du fé-
cond de ces ans, de celui qui enfei-
compofïtion de la mélodie ,
& léchant ou la manière d'exécuter la
mélodie.
AriitidesQuintilianusdit , dzn, î'en-
droic de fon ouvrage où il traite de
la mélopée , qu'elle appienoit à com-
pofer le chant , & qu'elle avoit des
épithétes nés , fuivant le ton
^quel elles étoient compofe'es. Par
m à ce ton une mélopée s'appel-
loic la baffe* l'autre , la moyenne; &
nlïéme, la haute. Nhhpxïa ejt fa-
■nii canrum. Hujus alla, ejî
ttypatotiei , alia Mejoïdet J alia Ne:oï-
its , feeundûm prxâïftas vocis propriétai-
res Anciens ne divi fuient point
comme nous , par Oflavtt , le fyftème
géne'ral de leur rnufique. Leur gamme
compofée de dix- huit fons , donc
chacun avoit un nom particulier , ainfï
nous ferons obligés de le dire dans
Un des plus bas de ces fons
Cvj
6o Réflexions critiqua
s'appelloit Hypaté, & un des plus hauts
s'appelloit Nété. Voilà pourquoi Arifti*
des nomme la mélopée bafle , la Mélo-
pée Hypathoùde ,• & la mélopée haute ,
la mélopée Néto'ide.
Notre Auteur , après avoir donné
quelques règles générales fur la compo-
sition , & qui corn iennent aullï bien aux
chants , qui , pour ainfi dire , ne fe
chantent point , c'eft à-dire , à la lïmple
déclamation , qu'aux chants mu lie aux,
ajoute : Dijfert autem Msiopœia à Melo-
âia , quàd hœc Jît cantâs irtdicium , UU
habitai effeèltvus. Modi Mdopaïtz génère
quidam jïtnt très , Dittiyrambicus , No~
micus ., Tragicus , quorum Nomicus mo-
dui eji Netoides , Dithyrambiais MeÇoi-
des , Tragicus Hypathoïdes i Çpecie verb
reperiuntur plures qui ob Jîmilitudinem ge-
neralibus fubjici pojjimt, Amatoni enim
quidam vocantur ad quos pertinent Nup-
tiales * £r Comici , &* Encomiaftici. (a)
n La différence qui eft entre la mélo-
» pée & la mélodie , confifte en ce que
3' la mélodie efl: le chant même écrit
si en notes ; & la mélopée , l'art de le
*> compofer. La mélopée peut fe divi-
sa fer par rapport au ton fur lequel elle
(si) Lib* prin t p, aj>.
fur la Vo'ifie £rfur la Peinture. <5ï
» compofe , en mélopée Dichyrambi-
« que y en mélopée Nomique , & en
» mélopée Tragique. La mélopée No-
* mique (c'eft , comme on le verra,
» cefle dont on fa i l'oit ufage dans la
>» publication des loix ) cor.pofe fut
» les tons les plus hauts ; la Dithyram-
» bique compofe fur les tons du mi-
» lieu ; & la Tragique, fur les tons les
» plus bas. Voilà les trois genres de
» mélopée > qui peuvent fe fubdivifer
» en plufiaurs efpéces, à caufe de quel-
=? que différence qui fe rencontre entre
» des mélopées comprifes fous le mê-
» me genre. Telle eft la mélopée des
» vers tendres qui comprend celle des
» Epitalames ; telle eft encore la mé-
» Iopée des vers comiques, Se celle des
>j Panégyriques, « Ainfi la mélopée
étoic la caufe , & la métodie l'effet.
A la lettre, mélopée fîgnifioit la com-
pojithndes chants , de quelque nature
qu'ils fuiïènt ; & mélodie , des chants
compofés. Ainfi l'on ne doit pas être
furpris de trouver quelquefois Mélo-
pée , où il auroit fallu écrire Mélodie.
C'eft le nom de la caufe mis pour le
uom de l'effet.
Rapportons» pour commence* l'ex-
^m
62 Réflexions critiques
plication du partage d'Ariftide, quel-
ques endroits du Livre que Mnrtianus
Capella a compofé en latin » concer-
nant les Lettres & la Mulique (a). Cet
Auteur eft véritablement pofrérieur
à Quintilianus Ariftides ; mais il a vé-
cu avant Bocce qui le cite» & cela fuf-
iit pour le rendre d'un grand poids dans
la matière dont il eft queftioiï. Suivant
Capella , Mebs 3 nom d où viennent &
mélopée & mélodie, figiiifioielaliaifon
du Ton aigu avec le fon grave* Melos
efinexus acutioris & gravions font (b). Je
cite le texte de Capella , luivant les
corrections qu'il y faut Taire, au fend-
aient de M. Mei'bomius. Comme la
fïmple déclamation confifte, autîî-bien
que le chant proprement dit , dans une
fuite de tons plus graves ou plus aigus
que le ton qui les a précédés , & qui
(ont liés avec art entr'eux, i! doit y
avoir de la mélodie dans la fimple dé-
clamation auflï bien que dans le chanc
proprement dit ; & par conféquenr une
efpéce de mélopée qui en feigne à bien
faire la liai (on dont parle Capella ,
c'eft-à dire , à bien compofer la décla-
<d) De Nuptiis Pkilalog.
{b) In ncris ad Ariji. p. : +3.
^m
fur la Poëjîe &• fur ta Peinture. 63
rnation. Rapportons de fuite tout le
paiïage où le trouvent les paroles qui
viennent d'être citées. Melopaïa eft ha-
biius modulaiionis ejfèflivus ., Mêles au-
tem ejî nexus acuthris vel gravions foni.
Modulatio ejî foni multiplias expreffio,
Melopxïxjpeciesfunt très ., Hypathoïdes ,
Mefoïdes _, Netoïdes. Et Hypatoïdes ejî
qux appeUatur Tragica , qux per gravio-
ns fonos confiât j Mefoides qux Difky-
rambica nominatur , qux tonos xquales
mediofque cujlodit ; Netoïdes qux & No-
mica confuevit vocari , qux plures fonos
ex ultimis recipit. Sunt etiam & alia dif-
lanùx qux ttopica Mêla dicuntur ., alix
Comiologica ; fed haie aptiùs pro rébus
fubrogantur > necfuas magis poterum divi-
ftones ajferre, Hx autemfpecies etiam tro-
p't dicuntur, Dijjentiunt autem Melopxïx
ipfx modis pluribus interfe ; Et génère +
ut aliajit Enarmonica , alia Chromatica ,
-a lia Diatonica ; Specie quoque *quia alla
ejî Hypatoïdes , alia Mefoides , alia- Ne-
toïdes j Tropis ut Dorio j Lydio * vel exte-
ris. (a) » La mélopée eft l'art de com-
x pofer la modulation. Le melos eft la
» liaifon du Ton aigu avec le Ton gra-
» ve. La modulation eft un chant va?
{a) yiif norni Mcïlora, p. 3i9-
J 1 ?
64 Réflexions critiques
» rié , cômpofé & écrit en notes.
» a trois efpéces de mélopée, La Tra-
îj gique ou l'Hypatoïde qui employé
y communément les fons les plus
ai bas. La Dithyrambique ou la Mefoï*
a» de qui employé les fons mitoyens ,
r> & dans laquelle la progreiïïon du
s» chant fe fait le plus fouvent par des
■*» intervalles égaux ; & la Nomique oa
= la Nttlioïde , qui empbye plufieurs
» fons des plus hauts. Il y a encore
» quelques efpéces de mélopée ., corn-
ai me la Comique , mais qui peuvent
» fe ranger fous les trois genres dont
» il vient d'être parlé , quoique cha-
» cune efpéce ait fon ton propre. Ce
» n'eft pas feulement à l'égard du ton ,
« que les mélopées peuvent être divi-
sa fées en difrérens genres ; car fi par
s» rapport à ce ton , elles fe partagent
3-3 en baffes, en moyennes & en hau-
3> tes, elles fe divifent aufiï par rapport
a> aux intervalles qu'elles obfeivent,
m en Diatoniques , en Chromatiques
a» & en Enarmoniques; & par rapport
a> aux modes , en mélopées Phrygien-
s> nés , en Doriennes , & en Lydien-
s»nes. a
Notre Auteur , après avoir ajouté à
fur la Poëjîe tyfur la Peinture* 6 ç
CC qu'on vient de lire , quelques a\ h
furlacompofition, paffe, comme ayant
dit tout ce qu'il avoit à dire fur la mé-
lopée , à ce qu'il avoit à dire fur le
le.
Pour retourner à Quintilianus Arif-
, voici ce qu'il ajoute avant que
de traiter du rithme , à ce qu'il avoit
déjà dit de la mélopée : Porro Mtlo-
f cette mterfe différant génère , ut Chromati-
co , Enarmonitt « Syflemate , ut Hypa-
lotdes , Mefoides , Netoïiei : Tono t ut
Dorius * Phrygius t Lydius : Modo j ut
Nomico , Dithyrambico , Tragico : More,
ùm dicimus aliam ejfe Syjialticem , per
quam trifles animi affèftus movemus ;
n DuijîciUicem jftf quam animum sx-
■ '■■ tus» ctliammtâiam^per quam animum,
td quietem adducimus, <c Les mélopées
» peuvent à plufieurs égards être divi-
h fées en des genres différens, Jl y en
■ a qui font Diatoniques , d'autres
harmoniques , & d'autres Chroma'
9 tiques. Les mélopées , par rappoi
»au ton du fyflème général fur le-
» quel eltes font compofées , fe parta-
tnt en mélopées dont la modula*
eit hante . en mélopées dont la
»• modulation eft baflc , & en mélo-
66 Réflexions critiques
33 pées dont la modulation eft moyen-
3> ne. Par rapport au mode , les unes
» font Prygiennes , les autres fontDo-
33 riennes , & les autres .font Lydien-
» nés j &c. Par rapport à la manière
.»> dont le mode eft traité, les mélopées
*» fe partagent en mélopées Nomiques ,
3> en Tragiques & en Dithyrambiques.
» Enfin les mélopées , par rapport à l'in*
»» tention du compofiteur , par rapport
3> à l'effet qu'elles veulent produire ,
s> fe peuvent divifer en mélopée Syftal-
» tique , qui eft celle qui nous porte
» à l'affliction ; en Diaftaltique , qui
" eft celle qui nous égayé Fimagi-
» nation , & qui nous anime j & en mé-
" lopée moyenne , qui eft la mélopée
" qui compofe une mélodie propre à
33 calmer notre efprit en appaifant Ces
» agitations. «
De toutes ces différentes divifioni
de la mélopée confidérées fous diver-
fes faces , il n'y en a qu'une à laquelle
il nous convienne de nous arrêter ici ;
celle qui la partage en mélopée baffe
ou tragique ., en mélopée moyenne ou
dithyrambique , & en mélopée haute
ou nomique , & qui par conféquent
partage aufii les mélodies en trois
^m
fur la Pûëfie &fur la Peinture, fij
genres de même nature» Comme ie dit
Arifhdes Quinrilianus , & conime nous
J avons déjà oblervé s la mélopée écoit
la caufe , & la mélodie Ton effet. Il
devoir par conféquent y avoir autant
de genre de mélodie qu'il y avoir de
genre de mélopée.
Dès qu'on lit avec quelque réflexion
les paflàges d'Ariftides & de Capella ,
où la mélopée eft divifée en Nomi-
que , en Dithyrambique & en Tragi-
que , on voit bien que toutes leurs mé-
lodies ne pourroienc point eue des
chants muncaux, & que plufieurs d'en-
tre elles ne dévoient erre qu'une (im-
pie déclamation. On voit qu'il n'y
avoir, que la mélopée Dithyrambique
.qui composât des chants proprement
dit?.
En premier lieu , fuppofé que quel-
ques-unes des mélopées qui étoient les
efpéces du genre Tragique , compo-
iaflent des chants proprement dits , on
ne fçauroit au moins difeonvenir que
quelques-unes de ces efpéces necora-
pofaflent feulement une (impie décla-
mation. Il n'y a point d'apparence que
le chant àes Panégyriques , qui étoient
une des efpéces de mélodies que lamé-
68 Réflexions crhiquei
lopée baffe ou la mélopée tragique corn-
pofoit » fût véritablement un chant
mufical. Quant au chant des Comé-
dies 5 qui étoit une autre efpéce de la
mélodie tragique , nous prouverons in-
vinciblement ci-defïbus que le chant des
pièces Comiques des Anciens.bien qu'il
s'écrivît en notes t & que FAfteur qui
le récitoit fût foutenu d'un accompa-
gnement , n'étoit au fond qu'une décla-
mation , & même une déclamation des
plus unies. Il y a plus. J'efpére de faire
Voir que la mélodie des pièces tragi-
ques des Anciens n'étoit pas un chant
mufical ; mais une (Impie déclamation.
Ainfi il n'y avo'tt peut-être pas dans te
genre des mélopées Tragiques , aucune
efpéce de mélopée qui composât un
chant mufical.
En fécond lieu , la mélodie Nomi-
que ne pouvoit pas être un chant mu-
fical. Son nom de Nomique ou de Lé-
gale lui aura été donné , parce qu'on
s'en fervoit principalement dans la pu-
blication des loix : Se Nomos fignifie
une Loi en langue Grecque, Le ton fur
lequel la mélopée haute , ou la Nomi-
que , compofoit , étoit d'ai'leurs très-
propre à faire encendte plus diftincte-;
fur la Po'djie & fur la Peinture. 6p
ment , & par plus de monde , Je Crieur
public , lorfqu'il récitoit une loi.
Quand on connoît qu'elle étoic la
delicatefle des Grecs en matière d'élo-
quence , & furtout à quel point ils
étoient choqués par une mauvaife pro-
nonciation , on n'a point de peine à
concevoir que quelques-unes de leurs
villes nayent été allez jaloufes de la
réputation de n'avoir en toutes chofes
que des manières élégantes & polies,
pour ne vouloir pas laiffer au Crieur
public chargé de promulguer les loix , la
liberté de les réciter à fa mode , au ha-
fard que fou vent il donnât aux phra-
fes , aux mots mêmes qu'il prononce-
rait , un ton capable de faire rire des
hommes nés moqueurs. Ces Républi-
ques , dans la crainte que les vices de
prononciation dans lefquçls tomberait
leur Ofijcter > ne fiilent rejaillir une
forte de ridicule fur les loix mêmes ,
prenoient donc la précaution de faire
compofer la déclamation de ces loix ;
& même elles vouloient que celui qui
les récîtoit , frit encore foutenu par un
accompagnement capable de le redref-
fer s'il wanquoit. On vouloic qu'il pu-
bliât les loix avec la rocraç aicje , avec
70 Réflexions critiques
le même fecours qu'avoient , comme
nous le verrons , les Atteurs qui par-
taient fur le théâtre. Martianus Capel-
la die , en faifant l'éloge de la Mufi-
que , que dans plusieurs villes de la
Grèce , l'Officier qui publioit les loix,
étoit accompagne par un joueur de Ly-
re. Quid pacis munia ? Nonne nojlris
eamibus cetebrata ? Grœcarum quippe ur-
kium multœ ieges ai lyram recitabant (a\
Il feroic fuperflu d'obferver que le ré-
citateur & le joueur d'inftrument n'au-
roient pu fe concerter , fi la déclama-
tion du récitateur eût été arbitraire.
On voit bien qu'il falloit qu'elle fût
afïujettie , & par conféquent compo-
fée. II ne feroit pas impofiible de trou-
ver encore dans les anciens Auteurs
des faits qui fuppofent l'ufage dont
parle Capelta. On voit , par exemple,
dans Plutarque que lorfque Philippe ,
Roi de Macédoine & le père d'Ale-
xandre le Grand , voulut, après avoir
défait les Athéniens à Chéronée , tour-
ner en ridicule la Loi qu'ils avoient
publiée contre lui , il récita fur le
champ même de la bataille , le com-
mencement de cette loi , & qu'il la ré»
{?) In Nuj>t. Philalog.
fur la Poëfie & fur la Peinture, 7 1
cua comme une déclamation mefurée
&aflujettie. « Or Philippe ( c'elt Piu-
» tarque qui parle ) (a) ayant gagné la
» bataille , en fat fur l'heure Tî fort
Ȏpris de joie, qu'il fe laifla aller juf-
ques à faire quelques infolences :
'Car, après avoir bien bu avec fes
» amis , il s'en alla fur la place de la
» défaite ; & là il fe prit à chanter par
«moquerie le commencement du Dé-
» cret qu'avoit propofé Démofthene ,
'«Cuivant lequel la guerre avoit été
» conclue à Athènes contre lui , hauf-
» fane fa voix , & battant la mefure à
» chaque pied. Démofthene Mis de Dé-
» niofthene Péanien , a mis en avant
» ceci. Mais après , quand il fut reve-
nu de fon y vielle . & qu'il eut un
« peu penfé au danger où il avoit été ,
» les cheveux lui dreflerent à la tête, h
Diodore de Sicile (b) écrit que Philip*
pe , ap-ès avoir pris trop de vin la
journée dont nous venons de parler ,
fit plulleurs chofes indécentes fur le
champ de bataille ; mais que les repre.
fentations de Demadés , Athénien Se
l'un despiilonniers de guerre ,ie firent
l •) fie dï Dimtfik. eh. :.
^H
72 Ré/7<:#K>nj cr iffg'tteJ
lentrer en lui-même ; & que le repe
tir qu'il eut de s'être oublié, le rendi
plus facile , lorfqu'il fut queftion d
traiter avec l'ennemi vaincu.
Certainement Athènes & les autre
villes de la Grèce qui pouvaient avoi
un ufage femblable à celui des Athé
niens , ne faifoit point chanrer leurs
loix , à prendre le terme de chanter dan
la lignification qu'on lui donne corn
m unément dans notre langue, lorfqu'e
les les faifoient publier.
Je crois donc que des trois genres
dans lefquels fe divifoit la mélopée
confidérée par rapport à la manière
dont elle traitoit Ion mode , il n'y en
avoit qu'une , fçavoir la Dithyram-
bique , qui composât des chants mufi
eaux ; tout au plus il y avoit quelques
efpéces de la mélodie Tragique , qui
étoient des chants proprement dits.
Les autres mélodies n'étoient qu'une
déclamation compofée & écrite en
notes.
Comme mon opinion eft nouvelle
dans la République des Lettres , je ne
dois rien omettre pour montrer que
du moins je n'ai pas grand tort de la
fou tenir. Ainfl , avant que de rappor-
ter
fur h Poëfie Gf fur la Peinture. 75
ter les paflages des Auteurs Grecs oit
Latins, qui, en parlant de leur muii-
que par occafion , ont dit des chofes
qui prouvent, s'il eft permis d'ufer de
cette expreflion , i'exiftence de la mé-
lodie , qui n'étoit qu'une fîmple décla-
mation , je prie le lecteur de trouver
bon que je tranfcrive encore ici quel-
ques endroits de ceux des anciens Au-
teurs qui ont traité de leur mufique
dogmatiquement , & qui prouvent cette
exiftence.
M. Wallis , cet Anglois fi célèbre
par fon fçavoir , Qc pour avoir été
l'homme de Lettres de nos jours qui a
v<?cu le plus longtems , fit imprimer en
1699 dans le troifiéme volume de fes
Œuvres Mathémarques , le Com-
mentaire écrit en Grec par Porphyre
far les Harmoniques de Ptolomée , Se
il v joignit une tradudion Latine de
■ mmentaire On voit en le lifant,
que la mufique des Anciens divifoit
d'abord en deux genres routes les opé-
rations que la voix peut taire. Proxi-
ma fiatim loco exhibent ipfas vous diffè-
rent 1 as. Duplex enim eft hujujce motus ^
Çontinuus qui duiiur , &* Diaftematicw. ;
Continua* quidim quo Inttr nos colloqui-
Tome UL D
74 Réflexions critiques
mur , qui Çj* çodemjenfu Sermocinalu di-
citur. Diaflematicus vtrb quo canimus 6*
modulamur, tibiâque & citkarâ ludimus,
unie Melodicus dicitur (a). L'Auteur
traite en fuite de la différence qui fc
trouve entre les fans delà voix. * Un
» de ces fons eft continu , & c'eft ce«
m lui-là que la voix forme dans le dif-
» cours ordinaire t & qu'on appelle, à
» caufe de cela, le langage de la con-
» verfation. L'autre fon qui s'appelle
» le fon mélodique , eft allujetti à des
» intervalles réglés , & c'eft: le fon que
w forment ceux qui chantent , ou qui
»• exécutent une modulation , & qu'i-
a mitent ceux qui jouent des infr.ru mens
» à vent ou des inflrumens à corde. •
Porphyre explique en fuite aflez au
long la différence qui fe trouve entre
ces deux efpéces de fons , après quoi il
ajoute- s» Voilà le principe que Ptolo-
n mée établit au commencement de fes
» réflexions fur fliarmoniî.&quin'eft
m autre que le principe enfeigné, géaé-
• ralement parlant , par les fe&ateuri
p d'Ariftoxene, Cum igitur ab Arifioxz*
mit propè omnibus hirc tradantur * flatim
(a) Perph. ui HfpcmnmdiîttiHari PuLcap.prim.
fur la Poéjte &* fur la Peinture* y ç
àh ituùo traBaiionii de Harmonica Pcole-
mœus eaiem pojiulac. î»{ou.s avons déjà
dit qui étoit Ariftoxene. A in fi cette di-
vifion des fons de la voix en fou con-
tinu, & en fon mélodique ou en fou
génc » aflujetti à fiiivre dans fa progref-
tton des intervalles règles , étoit ua
des premiers principes de la fcience de
la nmlique. Nous allons voir à préfent
3ue ce fon mélodique , que la melo-
ie fe fubdivifoit en deux efpéces ,
Ravoir , en mélodie qui étoit un chant
proprement dit , & en mélodie , qui
u'étoit qu'une (impie déclamation.
Marcianus Capella dit : »j Le fon de la
si voix fe peut divifer en deux genres
* de fons par rapport à la manière dont
» le fon fort de la bouche : fçavoir ,
» en fon continu , Çc en fon divifé par
» des incervalles. Le fon concinu eft
» celui de la prononciation unie des
*converfations ordinaires. Le fon fé-
» paré eft celui de la prononciation
* d'un homme qui exécute une modu-
lation. Entre ces deux genres de fons
* il y a un fon moyen , qui tient &
w du fon continu , & du fon féparé.Ce
•' fon moyen n'eft pas autant interronv
» pu que le chant » mais auflî fon écou-
Dij
7<f Réflexions critiques
» lement n'eft pas aulïi continu qu«
o> l'eft l'écoulement du fon dans la pro-
» nonciation ordinaire. La voix rent
sa ce fon moyen , quand on prononce
» ce que nous appelions Carmen. * (a)
Or, comme nous le'dirons plus bas,
Carmen fignifioit proprement la décla-
mation mefurée des vers qui ne fe
chantoient pas , à prendre le mot de
chanter dans la lignification qu'il a par-
mi nous, (b) Nunc déprima voce vdwt
defonitûs totius parente , dicemus. Omn'a
vox in duo gênera d'màhur , continuum
atque divifum* Continuum ejl velut juge
colloquium : Divifum quoi in modulât io-
nibus fervamus. HJl &" médium quoi «u
utroque permixtum , ac neque alterius coït
tinuum modum fervat , nec alterius fre
quenti divifione prœcedhur ., quo promis
tiandi modo earmina rechantur.
On ne fçauroit mieux décrire notr«
déclamation , qui tient un milieu entre
le criant mufical & la prononciatic
unie des conventions familières , que
la' décrit Capella fous le nom de Son
moyen»
Je ne crois pas qu'on me reproche do
1 g ) y lie Notai Meiï, p. ) I i ■
(b) tffit. Çfipflu . Ut Nuit. itiîliTig, ».
fur la Poe fie & fur la Peiûture. ff*
ire fignifîer ici au terme de Modula*
m le chant mulical uniquement ,
joique je lui donne ailleurs une ac-
ipcion beaucoup plus étendue , en
i fai fan t lignifier toute forte de chants
impofés.Il eft fenllble,par l'oppofî-
>n que Capella fait de la Modula'
m au Carmen , qu'il veut employer
i le terme de modulation dans le fens
i je l'ai entendu , & qu'il veut y fai-
{ignifier à ce mot un chant mufical
:oprement dit.
Bryennius nous apprend même corn-
ent ce fon moyen t ou la déclama-
>n , fe compofoit. Cet Auteur Grec
t un de ceux que Monfieur Wallis
inférés avec une traduction Latine
ins le troifiéme volune de fes (Eu-
es Mathématiques, Voici ce que dit
yennius : m Il y a deux genres de
chant ou de mélodie» L'un eft celui
dont la prononciation ordinaire eft
fufceptible, & l'autre eft le chant
mufical. Le chant , dont la pronon-
ciation ordinaire eft fufceptible , fe
:ompofe avec les accens 3 car natu-
rellement l'on liaufïe & l'on baifle
la voix en parlant. Quant au chant
proprement dit > celui dont traite
Di.j
7$ Réflexions critiques
=» la mufique harmonique , il «ft aflu-
« jetti à des intervalles certains. Il it
n compofe de tons Si d'intervalles, «<
Cdla eft dit par rapport aux règles de
1« mufique Diatonique , de la Chro-
matique & de l'Enarmonique. Ejl au-
rem melos , id ejl camus , aliui Sermoci-
riale , aliud Mujicum. Sermocinale enim
ejl illud quod componititr ex *ocum pro-
jbdiis ; naturale enim ejl inter loaiiendum
intendere & reinitrerc votem. Mujicum au-
tem melos jdequo agit Harmonia , ejl Dia-
fiematicum , illud ex Phtongis &• Diajîc
malis compqfitutn. (a)
Il feroit inutile de faire obferver ici
au lecteur, que , dans la déclamation,
on peut faire fa progreflîon par les
moindres intervalles dont les fons
foient lufceptibles ; ce qui ne peut pas
fe faire en mufique, L'Enarmonique
même n'admet ton que les quarts des
tons.
Non- feulement le pafTage de Bry en-
nius que je viens de rapporter , nous
efifeigne comment fecompofoit la mé-
lopée qui n'étoit qu'une fîmple décla-
mation ; mais il nous apprend encore
comment elle pouvoit s'écrire en no-
{iJLit. tmù , eag. »o, J* JlîïJeptfï*.
fut ta Vo'êfie tir fur U Peinture'. J$
tes* Avant que d'entrer dans cette dif-
cuilion , il ûe fera point mal à-propos
de rapporter un p a liage de Boéce ,
parce qu'il y eft ditpofitivement qu'on
ivoic en notes la déclamation aufli-
bien que le chant mufîcal.
« Les Muficiens de l'antiquité , dit
» Boéce , pour s'épargner la peine d'é-
» crire tout au long le nom de chaque
» note , ont imaginé des caractères
a qui défignalTent chacun un fon par*
» ticulier , & ils ont partagé ces mo-
» nogrammes par genres & par modes.
» Ainfi quand un Compofiteur veut
» écrire un chant fur des vers dont la
■ mefure eft déjà réglée par la valeur
m des fyllabes longues ou brèves donc
» les pieds de ces vers font formés , il
» n'a qu'une chofe à faire , qui efl de
* placer fes notes au-defius des vers :
v C'e/r, ainfi que l'induftrie humaine a
» trouvé le moyen d'écrire , non-feu-
» lement les paroles & la déclamation ,
» mais encore celui d'enfeigner même
» à la poftérité, par le moyen des ca-
» ractères , toute forte de chant, a Vett-
rtt Mufici propter compendium fcriptionis
m intégra n$mina necejfe effet fcmper ap-
poutre > excogitavêre notulas quafdam , qui
Div
to Réflexions critiques
bus verborum vocabda notattnt , eafa
per gênera tnodofque diviferunt , jinu
etiam hac btevitaie captantes 3 utfiquan
do aliquod melos Mujîcus voluijjèt a/cri
berefuper verfum rithmica metri compofi-
tione dijientum hasfonorum notulas afcri-
beret , tant miro modo reperientes ut non
tantùm carmïna verbaque Luteris cxplica-
rent , fed melos ipfum quod his notiâii
fignaretur * in memoriam pojleritateinquc
durare. (a)
Boéee loue donc ici les Mufîciens
des tems antérieurs , d'avoir trouvé
deux inventions ; la première , d'écrire
les paroles, & ce chant qui s'appelloit
Carmen, & qui n'étoit * comme on
verra , qu'une (impie déclamation j la
féconde étoic d'écrire toute forte de
chinr, c'eft-à dire , le chant muiîcal
même , dont Bocce va donner les no-
tes , quand il dit ce qu'on vient de
lire. Ain fi la déclamation s'écrivoit en
noces aufll bien que le chant muiîcal.
A en juger même pat la manière dont
Boéce s'explique , les Anciens avoient
trouvé l'art d'écrire en notes la fim
pie déclamation , avant que de trouvée
l'art d'écrire en notes la mufique. Le
premier et oit , comme ou va le voir
(<Ô £«4fu/Ec> li'o. cap. 4.
wr
fur la Poëfie b.fut la Peinture. 8]
plus facile que l'autre : & la raifon
porre à croire que de deux arts qui
onr à peu près le même objet , celui
dont la pratique eft la plus aifée , a été
trouvé le premier. Voyons préfen ce-
rnent quelle étoit la manière dont la
déclamation s'écrivoit en notes , &
quelle écoit la manière dont s'écrivoit
aullî en notes le chant proprement dit,
ou le chant mufical. On en compren-
dra mieux le fens du palîage de Boéce.
Suivant Bryennius , la déclamation
fe compofoit avec les accens , & par
conféquent on devoir fe fervir pour,
récrire en noces, des caractères mê-
mes qui lervoient à marquer ces accens^
Or les Anciens avoîent huit ou dix ac-
cens , & autant de caractères difFérens
pour les marquer,
Sergius , ancien Grammairien Latin ,
compte huit accens , qu'il définit les
marques d'une inflexion de voix,, 8c
qu'il appelle les aides du chant. \a),
Tenoresjive accentus dicli funt qui natu-
relle m uniufcujufque fermants in vocent
nojlrx elationïs tenorem ferrant. Diflus
mtzm accentus efl quafi ad camus. Suni
eutem omnes accentus Latini o&o.
(«) CcBlM. in .jrr- DdMh
Dv
$2 Reflexions, critiques
Prifcien, un autre Grammairien La-
tin , & qui vivoit à la fin du cinquième
liécle , dit dans Ton Traité des accens,
que l'accent eft la loi ; qu'il eft la rè-
gle certaine qui enfeigne comment il
faut relever ou abaifTer la voix dans
la prononciation de chaque fyllabe.
{a) Atzznius namque ejl certa lex & ré-
gula ad eletandam ùr deprimendam fylla-
bam ur.iufcujufquz partis orationis. Notre
Auteur dit enfuite qu*il y a dix ac-
cens dans la langue latine , & il donne
en meme tems le nom de chaque ac-
cent , Se la figure donc on fe fervoic
pour le marquer, Sunt autem accentus
decern* quos ita huic operi dignum exijiima-
yipernotare. Leurs noms font : Acutus s
gravis j cinumfiexits , l&nga lima 3 brtvis
iinea ., hypken , diajiola , apo/hophos ,
dafaa ^pjyft. On peut voir dans le li-
vre que je cite , la figure propre à
chaque accent. Ifidore de Seville (t)
écrit la même chofe-
Commeortginairement les Latins (c)
n'avoient que trois accens , l'aigu , le
grave & le circonflexe ; comme les au-
«a
(a) Fol. t3 3. utrfo.
(b) Ipi, i'rîg. lib. primt eap. i$>.
( e ) Qu'ot. Ji.fi. iib. prim, cap. 9,
furlaPoëfie&furla Pein turc. 8 3"
tTes n'auront été trouvés qu'en dirre •
icns teras , fie qu'il fe peut faire en-
Cote que quelques accens nouvelle-
ment inventés n'ayent point été gé-
néralement reçus , on ne doit pas être
Surpris que des Grammairiens , les
en comptaient huit feulement ,
quand les autres en comptoient juf-
i'à d;x. Mais ces Auteurs s'accor*
Il fur leur ufage. Ifidore de Séville
dit encore dans fes Origines , que les
accens s'appelloient en Latin tons ou
mars , parce qu'ils marquoient une
iration de la voix & des repos.
Latini aurem kabent & alia nomma*
un acuntus & tonos £r nnores dUuni »
tbifonus crtfcit Gr définit.
Maiheureu fement nous n'avons point
rage dans lequel Prifcien sétoic
réfervé de traiter au long de tous ies
litiges qu'on faifoit des accens. Scd nus
haaurï de partibui , ad accentum , qui in
ii&wnibut nzccffariui eft , trAnfeamus; t w
ju ret myftaium t Deo prabente vitam ,
l&tiùs traSemus. Cet ouvrage que nous
n'avons point, foit qu'il n'ait jamais
été compofé , foit qu'il fe foit perdu ,
nous au roit en feigne appatemmenc
<a ) IJU, Ofif. liK fAm, c. il.
S 4 Réflexions crïttquts
l'ufage qu'en faifoient les composteur:
de déclamation. Ce qu'écrit Ifidon
dans fes Origines fur les dix accen
des Romains, ne fupplée pas au Trai-
té de Prifcien qui nous manque.
Je conçois qu'un compofitdur de
déclamation ne faifoit autre chofe que
de marquer fur les fyllabes , qui » fui"
Vant les règles de la Grammaire , dé-
voient avoir des accens , l'accent ai-
gu , grave ou circonflexe „ qui l^uc
étoit propre en vertu de leurs let-
tres ; & que par rapport à l'expief-
iîon, il marquoit fur les fyllabes vui-
des.en s'aidant des autres accens, le
ton qu'il jugeoit à propos de leur don-
ner , afin de fe conformer au fens du
difcours. Que pouvoient marquer tous
ces accens , fi ce n'efr. différens hauffe-
mens , & différens abaiflemens de la
voix? On faifoit de ces accens à peu
près le même ufage que les Juifs font
aujourd'hui de leurs accens mufieaux,
en chantant les Pfeaumes à leur ma-
nière t ou , pour mieux dire , en les
déclamant-
î\ n'y a guéres de déclamation qu'on
nepuifl~i écrire en notes avec dix ca-
ractères différens , dont chacun mac-
:
fur la Poëjie & fur U Peinture. 8f
ijueroit «ne inflexion de voix particu-
lière ; & comme on apprenoit l'into-
nation de ces accens , en même tems
qu'on apprenoit à lire , il n'y avoir,
prefque perfonne qai n'entendit cette
efpéce de notes. Dans cette fuppofi-
tion , il n'y avoic rien de plus facile à
comprendre que la mécanique de la
compolition & de l'exécution de la
déclamation des Anciens. Saint Au-
guftin aura eu taifon de dire qu'il n'en
txaiteroit point > parce que c'étoit des.
chofes connues du Comédien le plus.
chétif. La mefure étoit , pour ainli di-
re , inhérente aux vers. Le Compofi-
teur n'avoir qu'à les accentuer 6c à
prefciire le mouvement de la mefure,
après avoir fourni au joueur d'inftru-
mens qui devoit accompagner , une
partie des plus fimp'es , & très facile;
a exécuter.
Quant à la mélodie , qui étoit un
chant proprement dit, nous fçavons
précifément comment elle s T écrivoit^
Le fyOcme général , ou , comme l'ap-:
pelle Bocce , la conjlhv.don de la mu-
Cque des Anciens étoit divifée , fui->
vent M^itianus Capella (a) , en dix-:
%6 Réflexions critiques
huit fons , dont chacun avoit ion nom
particulier. II n'eft pas queftion d'ex-
pliquer ici que quelques-uns de ces
fons pouvoient être au fond les mê-
mes. On appelloit l'un Proji&mbemtnasj
&c. A fin, comme le dit Boéce, de n'é-
crire point tout au long le nom de cha-
que ion au-deifus des paroles, ce qui
auroir été même impollible, on avoit'
inventé des caractères ou des efpéces-
de figures qui marquoient chaque ton.
Ces figures s'appelloient feme'ia. ou fi-
gnes. Le mot as feme'ia lignifie bien
toute force de lignes en général ; mais
on en avoit fait le nom propre des
notes ou des figures , dont il efb ici
queftion. Toutes ces figures étoient
compofées d'un monogramme formé
de la première lettre du nom particu-
lier de chacun des dix-huit fons du fy f-
tème général. Nos dix-huit lettres ini-
tiales , bien que quelques-unes fiiifent
les mêmes , étoient deflinées de ma-
nière qu'elles formoient des mono- -
grammes , qu'on ne pouvoit pas pren-
dre l'un pour l'autre- Boéce nous a
donné la figure de ces monogrammes,
ïfaac Voflîus indique encore dans
celui de fes livres dont nous avons dé-
r la JPohfie &fur la Peinture. 87
parlé (a), plusieurs ouvrages des-
nciens, où l'on peut voir comment K
leur tems , les chants muficaux s'é-
voient en notes. Meibomius parle
core de cette matière en diffcrens
droits de fon recueil , d'anciens Au-
irs qui ont écrit: fur la mufique , &
nci paiement dans Ta Préface , où. il
nne le chant du Te Deum , écrit fui-
it la tablature antique & en notes
•dernes. Ainfi je me contenterai de
e que les fîgnes , que les feme'ia ,
1 fervoient dans la mufique vocale j
lî-bien que ceux qui fervoient dans
■nufique inlrrurnentale, s'écrivoienc
-deflus des paroles , & qu'ils y
ient ranges fur deux lignes } dont la
érieure étoit pour le criant, comme
férieure pour l'accompagnement.
5 lignes n'avoient gucres plus d'e-
lle ut que des lignes d'écriture or>
aire. Nous avons même encore
Iques manufcrits Grecs où ces deux
*ces de notes fe trouvent écrites ,
r i que je viens de l'expofer. On en
ré (b) les Hymnes à Calliope.à
1 Dr Poïrm Cent* p. po.
I h fi. dt l'Acad, dis BtUei-Lcrres , Ci me en j , jvj.
rfri ÈStn-.
B8 Réflexions critiqués.
Nemefis & à Apollon , aufli-bien quf
la ftrophe d'une des Odes de Pindare
que M. Burette nous a données avec
la note antique & la note moderne.
On s'efl même fervi des caractères
inventés par les Anciens , pour écrire
les chants mullcaux jufques dans le
onzième fiécle , que Gui d'Arezzo
trouva l'invention de les écrire , com-
me on le fait aujourd'hui , avec des
notes placées fur différentes lignes ,
de manière que la pofition de la note
en marque l'intonation. Ces notes
ne furent d'abord que des points où
il p'y avoit rien qui en marquât la du*
rée ; mais Jean de Meurs , né à Paris ,
& qui vivoit fous le règne du Roi
Jean fa) trouva le moyen de donner à
ces points une valeur inégale par les
différentes figures de rondes, de noi-
res , de croches , de doubles croches
Se autres qu'il inventa , ik qui ont été
adoptées par les Muficiens de toute
l'Europe. Ainfi l'art d'écrire la Muiî-
que , comme nous l'écrivons aujour-
d'hui » eft due à la France auflï-bien
qu'-ù l'Italie.
Il réfulte donc de ce qui vient d'è-
(») En ijjo.
fur lu Poëjie ùfur la "Peinture* 89
tre expofé , que des trois genres de
mélopée , il y en avoic une , fçavoir ,
la Dithyrambique ou Mefoïdes , qui
compofoit àe$ chants mufîcaux ; mais
que les deux aunes, fçavoir, la Tra-
gique généralement parlant, & la No-
mique , compofoient de la déclama-
tion.
Je ne traiterai point ici de la mélo-
die Dithyrambique , quoique beau-
coup plus approchante delà fimple dé-
clamation , que la multque d'à préfent >
& je m'en tiens à ce qu'en a écrit le
fçavant homme {a) qui a traité ce
fujet.
Quant à la mélodie qui n'étoit qu'une
déclamation compofée , je n'ai rien à
dire , concernant la Nomique ou Lé-
gale , de plus que ce que j'en ai dit.
Quant à la mélodie Tragique , je vais
en parler plus particulièrement , &
mime allez au long, pour confirmer
ce que j'ai écrir déjà touchant fon
exiflence , par des faits qui la rendent
indubitable „ en montrant que bien que
la mélodie théâtrale des Anciens fe
composât Qc s'écrivît en notes , elle
fa) M. Burem, is PAcai. des Bellcs-Ltnr.tomt cinj
et rttiji. de cou AcjJi
jpo Réflexions critiquei
n'étoit pas néanmoins un chant pro*
prement dit. C'eft faute d'avoir eu cette
notion de la mélodie théâtrale , &
pour l'avoir crue un chant mufical ,
comme pour n'avoir pas compris que
la Satcacion n'étoit point une dan Ce à
notre manière, mais une fimple Ges-
ticulation , que les Commentateurs
ont fi mal expliqué les Auteurs an-
ciens qui parlent de leur Théâtre.
Ainfi je ne puis appuyer fur trop de
preuves , une opinion toute nouvel-
le concernant la mélopée Tragique ,
& la mélodie Tragique. J'en u ferai
de même à l'égard de mon fenttment
fur lia SaUation antique , lorfque je
viendrai a traiter de la mulîque hypo-
critique. Il eft auflî un fentiment tout
nouveau.
^
fur la Poejîe &fur la Peinture. 5 î
SECTION V.
explication de plujieurs endroits du (îxié-
mt Chapitre de ta Poétique d'ArtJhte.
Du ehant des Vers Latins ou du Car-
men.
J e ne cross pas pouvoir mieux faire
pour confirmer ce que j'ai déjà dit.
concernant la mélopée & la mélodie
Tragique des Anciens ., que de mon-
trer qu'en fuivant mon fentiment, on
comprend très-difHnc~tement le feni
d'un des plus important paflages de la
poétique d'Ariflote , que les Commen-
taires n'ont fait jufqu'ici que rendre
inintelligible, Rien ne prouve mieux
la vérité d'un principe , que de voir
fon application rendre clairs des paf-
fages trcs-oblcurs fans cette lumière.
Voici ce partage fuivant la traduction,
latine de Daniel Henfius(a) à laquelle
je n'ai changé que deux mots pour la
rendre plus conforme au Texte. Tra-
gtdia ergo ejl abfohux & quajujîam m*.-
) Ca/1.1 fixt).
£3 Réflexions critiques
gnitudinem habeat atlionis , imitatio ,fef-
jnont conflans ad voiuptattm fafto , ïut
ittjïngula gênera, in fingulis partïbus ha->
béant locum „ utque non enarrando , fed
per mifericordiam & metumjîmilium per-
turbationum inducat. Per fermonem autent
fdftum ad vdluptatem , eunï intelligo qui
Rithmo confiât , Harmoniâ Ù Métro. Ad'
didi autem utfingulct gênera feorfim,
quia nonnulla Metris folummodo , non-'
nulla vero Melodiaperfîciantur. Qaoniam
ytro agendo in ta imitantur , primo om-
nium mcejfe erit partem aîiqi(am Tragé-
die ejfe ornatum externum .' at intérim
Melopxxam 6* diclionem , his enim
in Tragedia imitantur. Diclionem jam di'
eo ipfam Mctrorum campojltionem .- M e-
jlopjE/mm verà cujus virn fatis omnes
ïntelligunt. » La Tragédie eft l'imita-
» tion d'une action entière & de quel-
t> qu'étendue. Cette imitation fe fait
m fans le fecours de la narration &
» dans un langage préparé pour plaire j
=» mais dont les divers agrémens éma-
» nent de fources différentes. LaTra-
n gédie met donc fous tes yeux les ob-
a> jets même dont elle prétend fe fer-
m vir pour exciter la terreur & la
» compaflîon , fentimens fi propres à
fur la Poëjle &jur la Peinture, $ J 1
»» purger les pallions. Par langage pré-
*> paré pour plaire , j'emens des pnra-
« les réduites & coupées par mefures ,
?j aflujetties à un rithme , & qui font
« harmonie. J'ai die que les divers
* agrémens du langage des Tragédies»
» émanoient de fources différentes »
» parce qu'il y a de ces beautés qui ne
» reluirent que du métré , au lieu que
» d'autres reluirent de la mélodie» Corn»
» me l'imitation tragique s'exécute fur
js un théâtre , il faut joindre encore à
» la diétion Se à la mélopée des orne-
» mens étrangers. On voit bien que
»» j'entens ici par didion les vers mê-
» mes. Quant à la mélopée , tout le
a monde connoît quel eft fon pou-.
»> voir. «
Examinons d'où procédoient ces
beautés du langage préparé pour plai-
re , dont il eft fait ici mention : & nous
trouverons qu'elles n'étoit pas l'ouvra-
ge d'un feul , mais de plufieurs arts
muficaux ; & par conféquent qu'il n'eft
pas fi difficile de bien entendre l'en-
droit de ce paflage > qui dit qu'elles
émanoient de fources différentes. Com-
mençons par le métré & par le ritime
que doit avoir le langage préparé pom:
plaire»
H
Rt
Uxions
crttiq
ues
On fçait Sien que les Anciens n'a-'
voient poinr de pièces dramatiques en
profe : elles étoient toutes écrites e
vers. Ariftote ne veut donc fignifiec
autre chofe , en difant que la diction
doit être coupée par .mefures , fi ce
n'eft que la mefure du vers qui ctoit
l'ouvrage de l'art poétique , dévoie
ferviv de mefure dans la déclamation.'
Quant au rithme , c'étoient les pieds
des vers qui fervoient à régler le
mouvement de la mefure dans la réci»
citation des vers. C'eft même par cette
raifon qu'Ariftote dit dans le chapitre
quatrième de fa Poctique , que les
métrés font les portions du rithme,
c'eft-à dire , que la mefure ré fui tante
de la figure des vers , doit dans la ré-
citation , régler le mouvement. Per-
sonne n'ignore qu'en pluOeurs occa-
sions les Anciens employaient dans
leurs pièces Dramatiques des vers de
différentes figures. Ain fi celui qui bat-
toit la mefure fur le théâtre étoit af-
treînt à marquer les tems de la décla-
mation , fuivant la figure des vers qu'où
recitoit, comme il preflbit ou ralien-
tuToit le mouvement de cette mefure,
fuivant le liens exprimé dans ces mêmes
fur U Poëfie & far la Peinture, py
vers t c'eft- à-dire , fuivant les princi-
pes qu'en feignoit l'arc rithmique, Arif-
tote a donc raifon de dire que la beau-
té du rithme ne venoit pas de la même
caufe qui produiloit les beautés d'har-
monie Ûc les beautés de mélopée C'é-
tait du choix des pieds qu'avoir t'aie
le Poète , par rapport au fujet expri-
mé dans (es vers , que nauToit la beau-
té ou la convenance de la mefure, fit
par conféquent celle du rithme.
Quant à l'harmonie , les Acteurs des
Anciens étoient , ainfi que nous le ver-
rons tantôt » accompagnés par quelque-
inftrumenc dans la déclamation ; Se
comme l'harmonie naît de la rencon-
tre des ions des parties différentes » il
fallait que la mélodie qu'ils récitoient,
&la balte continue qui les foutenoit ,
allaflent bien enfemble. Or ce n'étoit
point la mudque métrique , ni la niulï-
que rithmique , qui enleignoitla feien-
cedes accords ; c'étoit la mufique har-
monique. Ainfi notre Auteur a raifon
de dire que l'harmonie , une des beau-
tés de fon-Ungage préparé pour plaire.
De couioic point des mêmes lources
que la beauté réfuitante de la diction.
ta beauté réfultance de ta diition *c-
'p 5 Réflexions critiques
no»t des principes de l'art poëtî
comme de ceux de l'art métriq
de l'art rithmique ; au lieu que la beau
té résultante de l'harmonie procédoi
des principes de la mufique harmoni
que. Les beautés de la mélodie cou
loîent encore d'une fource particuliè-
re, je veux dire du choix des accens
ou des tons convenables aux paroles
& propres par conféquent à toucher,
le lpedlateur. C'étoient donc des four
ces différentes que venoient les beau-
tés du langage préparé pour plaire. Ain-
fi , c'eft avec raifon qu'Ariftote dit que
ces beautés naiiïbtent féparément, &
s'il eft permis de s'expliquer ainfi , que
leurs berceaux étoient diftérens.
D'autres paffages du fixiéme chapi-
tre de la Poctique d'Ariflote rendront
encore plus claire l'explication qu'on
vient de l'are. Quelques lignes après
l'endroit dont ileftqueffcion , notre Au-
teur écrit : Quart omnis Trâgediœ partes
ejjè fex neccjjeejt, auat ad qualitatetrifa-
ciunt illius. Hte funt autern , fabula , mo-
res, diftîo ,fcntentite , melnpir'h &r appa-
ratus. » Il faut donc fixchofes pour faire
» une Tragédie , (çavoir , la fable ou
» l'action, les mœurs, les maxinafei
j> diction ,
■
fur la Poëfic &fur la Peinture. 97
« di&ion , la mélopée & l'appareil de
sa la repréfen cation. « Ariftote nomme
ici la caufe pour l'effet , en difant mé-
lopée au lieu de dire mélodie. Notre
Auteur dit encore à la fin de ce cha-
pitre , & après avoir difcouru fom-
mairemcnt fur la fable , les moeurs ,
les maximes , la diction & la mélodie
de la Tragédie : " De ces cinq parties ,
» celle qui fait le pi us d'effet , c'eft la mé-
» lopée. L'appareil de larepréfentation
» fait aulîl un fpeétacle impofant ; mais
»» il n'eft point aufîi difficile d'y réuffir
s> que dans la compofition.D'ailleurs la
>» Tragédie a fon effence & fon mérite
» indépendamment des Comédiens Se
=> du théâtre. « Harum vero quinque
partium maxime* obleElat melopaïa. Ap-
piraïus auiem animum obleElat quldern ,
minimum tamert artis habet* ïragedix
quippe natura & virtus etiam extra certa~
rttn &Jïm hijlrionibus confiJlit t Ariftote
ajoute à cela : Prœterea in appa.ra.tu.
toncinnando potius artificis qui eum ton-
fiçitquâm indujlria verfatur. n Outre ce
a que j'ai dit , le Décorateur a ordi-
» nairement plus de pai t que le PoiJte ,
i> dans l'ordonnance de l'appareil delà
» frêne. «
m 6
z
p8 Réflexions critiques
Ainfi l'Auteur étoit chargé , comme
Orateur , d'inventer la fable ou l'ac-
tion de fa pièce; de donner , comme
Philofophe , à fes per Ton nages , les
mœurs & les caractères convenables ,
& de leur faire débiter de bonnes ma-
ximes. En qualité de Poète, l'Auteur
étoit chargé de faire des vers bien
mefurés , d'en prefcrire le mouvement
plus ou moins vite , & d'en compofer
Ja mélodie dont dépendoit en grande
partie le fuccès de la Tragédie. Pour
être furpris de ce que dit Ariftote fur
J'imporrance de la mélopée , il fau-
droit n'avoir jamais vu repréfenter
des Tragédies ; &c pour être étonné
qu'il charge le Pocte de la compoft-
tion de la mélodie , il faudroit avoir
oublié ce que nous avons remarque,
& promis de prouver , comme nous
le ferons ci-deflbus ; fçavoir , que les
Poctes Grecs compofoient eux-mêmes
la déclamation de leurs pièces , au lieu
que les Foëtes Romains fe déchar-
geoient de ce travail fur les Anifanj
oui , n'étant ni Auteurs ni Camé'
'4jens , faifoient profellîon de mettrt
au théâtre les ouvrages dramatiques
ïto JJ Û «? fflérne obfexye q/ae ci-
fur la Poëfie & fur la. Peinture. o <J
toit par cette raifon-là que Porphy-
re ne faifoit -qu'un art de la composi-
tion des vers & de la compolîtion de
la me'lodie , lequel il appelloit l'art
poétique pris dans toute fon étendue,
parce qu'il avoit eu égzsd à l'ufage
des Grecs ; au lieu qu'Ariftides Quin-
lilianus qui avoic eu égard à 'j'ufage
dei Romains , comptôit dans fon énu-
mération des arts muficaux , l'art de
compofcr les vers , & l'art de compo-
: mélodie , pour deux arts diftincls.
Voici ce qu'a écrit , au fujet des en-
droits de la Poétique d'Ariflote que
nous avons tâché d'expliquer , un des
derniers Commentateurs de cet 011-
e (tO dans fes remarques fur le
lixiéme chapitre. » Si la Tragédie peut
b fubfïfter (ans vers , elle ie peut en-
1» core plus fans mufique. Il faut mé-
» me avouer que nous ne compre-
» nons pas bien comment la mufique a
•» pu jamais être conifidérée comme fai-
it en quelque forte partie de laTra-
die ; car s'il y a rien au monde qui
* paroiïTe étranger & contraire même
'ne action tragique , c'eft le chant :
«N'en déplaife aux Inventeurs des
-leur, P«riy. iArifi.p. ..
Eij'.
joo Réflexions
P3 Tragédies en mufique , poèmes
ri ridicules que nouveaux , Se q
p ne pourroit founrir ,, h" l'on ave
• moindre goût pour les pièce
« théâtre , ou que l'on n'eût pa:
•j enchanté Se fédnit par un des
m grands Muficiens qui ayent ja
r> été. Car les Opéra (bnr, li je
« dire , les grotefques de la Po<
m d'autant plus bfupportables , q
pj prétend les faire parler pour
*> ouvrages réguliers, Ariftote :
p> auroit donc bien obligé de i
« marquer comment la mufique
^ être jugée néceflaire à la Tragi
p Au lieu de cela , il s"eft cont
w de dire Amplement , que toute fa
» ce était connue : ce qui marque
pj lement que tout le monde i
p? convaincu de cette nécellité
»? fentoit les effets merveilleux
•» le chant produifoit dans ces i
i» mes , dont il n'occupoir que le
a termedes. J'ai fouvent tâché de c
»> prendre les raifons qui obligée
m des hommes auftî habiles &
ft délicats que les Athéniens , d'i
ï» ciçrfô mufique & la danfe au»
M tioivs tragiques $ ^ «pies biet
fur la Po'èfie &fur la Peinture, iùf
cherches pour découvrir commentî
leur avoir paru naturel & vraifem-*
» blable qu'un chœur qui repréfentoiiJ
■>> les fpedateurs d'une action dansât &s
h chantât furdesévénemens fi touchant
« Se fi extraordinaires , f ai trouve
m qu'ils avoient fuivi en cela leur na-»
a turel , & cherché à contenter leur
» fuperftition. Les Grecs étoienc les
)j hommes du monde les plus fup'eriti-
» tieux & les plus portés a la danfe &
>» à la mufique , & 1 éducation fortifioit
fc cette inclination naturelle, «
Je doute fort que ce raifonnérnent
excusât Je goût des Athéniens, fuppo-
fé que la mufique & la danfe , dont il
eft parlé dans les Auteurs anciens ,
comme d'agrémens absolument nécef-
lâires dans la repréfenration des tra-
gédies, euffent été une danfe & une
mufique pareilles à notre danfe & à
notre mufique ; mais , comme nous
l'avons déjà vu , cette mufique n'étoit
qu'une (impie déclamation ; Si cette
danfe , comme nous le verrons r n'é-
toit qu'un gefte étudié & aiïujetti. Ainfî
ce ne font pas les Athéniens qui onc
in ici d'être exeufés.
eft vrai que M. Dacier rr'eft pas
Eii|
ï02 Réflexiant erititfvcs
lefeul cjui fe Toit mépris Fur cette ma-
tière-là; (es devanciers s'étoient trom-
pés comme lui. Je dirai la même chofc
de M. l'Abbé Gravi na , qui , pour
avoir fuppofé que la mélopée des pie
ces de théâtre étoic un chant mulccal,
& la Saltatian une danfe à notre ma*
niére, a fait dans fon livre ik la Tri*
gedie antique (a), une defeription <k
théâtre des Anciens , à laquelle on ne
comprend rien.
Il eft vrai qu'Ariftore appelle Mufi-
que dans le vingt-iixicme chapitre de fa
Poétique (b) t ce qu'il avoir appelle
mélopée dans fon iîxiéme chapitre.
Neque parvus prœierea Tragedla ex rnufi-
ca & apparatu cumulus accedit,quibujvar
liiijjimè concilïatur voliiptas. = La Tr
3 > gédie ne tire pas un avantage médi
i> cre de la mufique ôc de l'apparei
«de la repréfentation, qui font tai
» de plaifir. « Mais c'eft que l'art de
compofer cette mélodie, qui devoit
régner dans toute la pièce , puifqu'elle
n'étoit pas moins ellentielle que l
mœurs » étoit un des ans muficaux.
Cet Auteur fe demande encore à 1
C a ) Imsrimé en 1 7 1 f .
(b) Bxz, caf» 16.
fur la Poëjît & fur la Peinture, 1 03
même dans un autre ouvrage (a),
pourquoi le chœur ne chante pas dans
les Tragédies fur le mode Hypodo-
rien j ni fur le mode Hypophrygien ,
au lieu qu'on fe fen fouvent de ce*s
deux modes dans les rôles desperfon-
nages , principalement fur la fin dea
fcènes , & lorfque ces perfonnages doi-
vent être dans l'excès de la paûloo. Il
répond à cette queftion , que ces deux
tons font propres à l'exprelîion des
pallions emportées des hommes d'un
grand courage , ou des Héros qui font
ordinairement les premiers rôles dans
les Tragédies , au lieu que les Adeurs
qui conipofeùt le chœur , font fuppo-t
fés être des hommes d'une condition
ordinaire , & dont les paffions ne doi-
vent point avoir fur la fccne le même
aractere que celles des Héros. En
condlieu , continue Ariftore, comme
A&eurs du chœur ne prennent point
ux événemens de la pièce ., le même
ntérét qu'y prennent les principaux
erfonnages , il s'enfuit que le chant
u chœur doit être moins animé Se
lus mélodieux que celui des auteurs
incipaux. Voilà donc pourquoi .con-
ta) frdfr. i9.4ifr.49»
Eiv
■
fl04 Réflexions critiques
dut Ariftote , les chœurs ne chantent
point fur le mode Hypodorien 4 ni fur
le mode Hypophrygien.
Le lecteur peut voir dans le Diction-
naire de Mufique fait par Monfieur
Eroflard > l'explication des modes de
la mufique des Anciens. On ne fçau-
roît dire plus pofitivement que le dit
Ariftote dans & dernier paflage , que
tout ce qui le récitoit fur le théâtre »
étoit aflujetti à une mélodie compo-
fée, & qu'il n'étoit pas libre aux Ac-
teurs des Anciens , comme aux nôtres ,
de débiter les vers de leurs rôles fur
le ton , ni avec les inflexions & les
ports de voix qu'ils jugent à propos
d'employer.
Il n'eft pas bien certain véritable-
ment qu'Ariftote ait rédigé lui-même
par écrit fes problêmes ; mais il doit
fuffire que cet ouvrage ait été compote
par (es difciples , & qu'il ait toujours été
regardé comme un des monumens de
l'antiquité, fie comme étant compofé
par conféquent , quand les théâtres des
Grecs & des Romains étoient encore
ouverts.
Comme lestons fur lefquels on dé-
clame t font différens. les uns des au-
fur la Poëfie &{ur la Peinture. I c*f
es , ainiî que les tons fur lefquels
nous compofons notre mufique , la dé-
clamation compofée devoit fe faire ne-
ceflairement fur différens modes. Il de-
voit y avoir des modes qui convinrent
mieux que d'autres modes, àfexpref-
fion de certaines partions » comme il y
i des modes dans notre mufique plus
propres que d'autres, à les bien expri-
mer.
Ce que les Grecs appelloîenr mélo-
die tragique , les Romains l'appelloient
quelquefois Carmen. Ovide qui étoic
un Poète Latin , & qui par coiiféqinnr
ne compofoit pas-lui-méme la déc ama-
rion de fes pie'ces dramatiques , dit
dans une même phrafe où il parle d'un
de fes ouvrages qu'on reprcfentoit fur
Je théâtre avec fuccés » noire Carmen &*
mes vers.
Car mina cùm plena f ahuri noftra ihtatro ,
>m tf plaudi fcribii , amice , meit, (a)'
)vide dit noflra Carmina , parce qu'if
n'y avoit que le rithme & le métré 6 &
k déclamation qui fuiïenr de lui. L a
mélodie de la déclamation appartenoi^
à un autre. Mais Ovide dit mes vers # .
») Trijt. tH, u El. 7.
ro6 ■ Réflexions critiques
meos ver fus , parce que les pen fées , l'ex-
preflîon , en un mot , les vers confïdé-
rés fur le papier , étoient entièrement
de lui.
Ce qui achèvera de montrer que le
Carmen comprenoit , outre le vers, ,
quelque choie d'écrit au - de (Tus du
vers , pour prefcrire les inflexions de
voix qu'il falloit faire en les récitant ;
ce fera un paflage de Quintilien , l'Au-
teur le plus grave qu'on -punTe citer fur
cette matière. Il dit pofitivement que
les anciens vers des Saliens avoient uû
carmçn. Voici fes paroles. Verfus quo-
que Saliorum habent carmen ., quat cunt
cmnia fint à Rege Numa ïnjîituîa ,f&-
ciunt manifeflum ne Mis qiudem qui ru-
des ac bellicoji videntur , curam Mujites
quantam iita recipiebat eetas j defitijft. (a)
Les vers des Prêtres Saliens ont leur
chant affecté ; Si comme leur inftitut
vient du Roi Numa , ce chant montre
que les Romains , tous féroces qu'ils
étoient alors , ne laifToient pas d'a-
Voir déjà quelque connoiflance de la
Mufique. Comment ce chant auroit-il
été tranfmis depuis le rems de Numa
jufqu'au tems de Quintilien , s'il n'eût
la) InJlU, Hb. prim» cap, 12,
I
far la Poëfîe tffur la Peinture* 1 07
)int été écrit en notes j & d'un autra
côté , s'il étoit un chant mulîcal , pour-
quoi Quintilien l'appelle-t*il carmcn ?
Ignoroit-il que (es contemporains don->
noient tous les jours , quoiqu'abufive--
ment , le nom de carmzn à des vers qui
ne fe chantoient pas , donc la déclama-
tion étoit arbitraire, Se dont les An-
ciens appelaient la récitation une ^ec-
fure , parce que celui qui les lifoit , n'é-
toit aftreinc qu'à fuivre la quantité , Se
qu'il étoit le maître de faire, en les ré-
citant , telles inflexions de voix qu'il
jugeoit à propos ? Pour citer un con-
temporain de Quintilien , Juvenul dit
à un de fes amis qu'il invite à fouper ,.
que durant le repas on lira quelque
chofedes plus beaux endroits de l'Ilia-
de ôc de l'Enéide, Celui qui lira , n'eil
pas , ajoute Juvenal , un lecteur bien
merveilleux ; mais qu'importe : de pa-
reils vers font toujours un grand plat™
fir.
Ccniicor Iliaios cantàbuur attjue Miironis
Airifoni duliam faciuxia termina palmam r
Quid rtftrt talts vcrjiit qm vùct Ugawur. ( i )
Dans un autre endroit , Juvenarappefte
( a ) Juv. Sot, tir
Evj
I
108 Réflexions critiquer
encore carmina la fimple récitation de3
vers Hexamètres de la Thébaïde de
Stace , que Scace devoir lire lui-même
& prononcer à fon gré.
Cwritvr ai voctm jucuniim & carmen attûcit.
Tkébaiies lœtamftcit cumSrariutvrbim*
Promijîtqtu iicm , wnra duhilint captai
Aflîcu ilk uijimts , ranrajitt liliiiiu vulgi
Aadicur. <a)
Or , comme Quintilien s'explique
dogmatiquement dans l'endroit qui
vient d'être cité , il fe feroit bien don-
né de garde de fe fervir du terme car-
men pour dire un chant mufical , &
d'employer ce mot dans un fens aufli
oppofé à la lignification abufive que
l'ufage lui donnoir* Mais carmen origi-
nairement fignifioit autre chofe , &
d'ailleurs il étoit le mot propre pour
lignifier la déclamation , & déterminé
encore à fa première Se véritable ac-
ception , par l'endroit même où il étoit
employé. Enfin Texpretlîon verjus ha-
beat carmen ne laifle aucun doute fur la
lignification que doit avoir le mot car-
men dans le paflage de Quintilien , Se
dans les vers d'Ovide*
(a) Jttv, Sac. 7,.
I
fur la Potjic&fur la Peinture, i Qff
Les Modernes croyant que c armai
toujours la lignification abufive
Çu'il a dans les vers de Juvenal qui
Viennent d'être rapportés , & où il
•'eue dire firoplement des vers , la li-
gnification propre de ce mot leur a
échappé ; & faute d'en avoir eu l'intel-
ligence , ils n'ont pas connu que les
anciens avoientune déclamation corn-
■pofée , & qui s'écrivoit en notes , fans
^tre pour cela un chant mufïcal. Un
autre mot mal interprété , a beaucoup
encore contribué à cacher aux Auteurs
modernes l'exiftence de cette déclama-
tion. J'entends parler du terme camus
& de tous fes dérives. Les Critiques
modernes ont donc entendu connu ,
comme s'il fïgnihoit touk>urs un chant
muiical , quoique dans plufieurs en-
droits il veuille dire feulement un
chant en général , une récitation .aflu-
jerne à fuivre une mélodie écrite en
notes : Ils ont entendu cancre, comme
s'il fignirloit toujours ce que nous ap-
pelions proprement chanter* De-là prin-
cipalement eft venue l'erreur qui leur
a fait croire que le chant des pièces,
dramatiques des anciens étoit un chant
proprement dit , parce que les Auteur*
r 1 2 R (flexions critiquer
après qu'on fe fut mis à compofér «il
profe. Ainfi l'on vint jufques à dire
chanter de la profe, pour dire récitée
de la profe.
Comme nous n'avons point dans no-
tre langue un mot générique qui rende
celui de canere, le ledeur voudra bien
me pardonner les fréquentes périphra-
fes donc je me fuis déjà fervi pour le
Traduite , & celles dont je ferai en-
core obligé de me fervir , afin d'éviter
les équivoques où je tomberois , fi j'ai-
lois employer le mot de chanter abfo-
Iument, tantôt pour dire exécuter un
chant mufrcal , & tantôt pour dire en
général exécuter une déclamation no-
tée.
Rapportons à préfènt les pauages
«Jes anciens Auteurs qui mettent en
évidence j, que quoique les Grecs Se
les Latins donnaient le nom de chant
à la déclamation de leurs pièces de
théâtre j cette déclamation n'étoit pas
néanmoins un chant mufical-
Dans les Dialogues de Cicéron fur
FOrateur » Cradlis un des interlocu-
teurs .après avoir dit que Lœlia fa:
belle mère prononçait uniment & fans
axTeéler , des accéns trop fié que ns Sç
far la Poëfa &furla Peinture, 115
op marqués , ajoute : O) Lorfquç
nds parler Lœlia , je crois enten-
dre jouer les pièces de Plaute & celles
deNsevius. Lepaflage de Cicéron que
"" ne fais que cirer ici , fera rapporté
ns la fuite en entier. Lœlia ne chan-
<oit point en parlant dans fon domelli-
Donc ceux qui récitaient les piè-
ces de Plaute & de Nxvius , ne cnan-
toient pas. Ciceron dit encore dans un
tre ouvrage (b) que les Poètes co-
iques ne faifoient prefque pas fentir
nombre & le rithme de leurs vers ,
afin qu'ils reffembla fient davantage
aux conventions ordinaires. At Co-
miorumfenarii propierjimilïtuâïntm fer-
m<>nis 3 fie fait abjefli ., ut non manquant
yix in his numerus &• verjus intelligi pof-
f\m. Cette attention à imiter le difeours
ordinaire , auroit été perdue , fi l'on
eut chanté ces vers.
Cependant les Auteurs anciens fe
ent du mot de chanter lorfqti'ils
parlenr de la récitation des Comédies,
ainfi qu'ils s'en fervent en parlant de
•citation des Tragédies. Donat 8t
Euthemius , qui ont vécu fous le régne
(1 ) De 0'.f. Hb. ttTVDo
[!>) In Onu
114 Réflexions critiques
de Conftantin le Grand , difent dans
l'écrit intitulé : De Tragedia & Comedia
Commentatiunculœ , que la Tragédie ôc
la Comédie ne confiftoient d'abord que
dans des vers mis en mufique , & que
chantoit un chœur foutenu d'un ac-
compagnement d'inftrumens à vent.
Comedia vêtus ut ipfa quoque olim Trage-
dia t Jîmplex Carmen t quod chorus „ cum
tibicine concinebat. Ifidore de Séville
nomme également Chantres , ceux qui
jouoient les Tragédies , & ceux qui
jouoient les Comédies, (a) Sunt qui an'
tiqua gefta & facinora fceleratorum iïe-
gum luBuofo carminé J fpettante populo ,
cominebanu Comxdifunt ., quipr'watorum
kominum atla dittis aut gejlu exprimunt*
Horace , avant que d'expo fer dans foo
Art Poétique ce qu'il faut faire pouc
compofer une bonne Comédie , défi-
nit une bonne Comédie celle qui re~
tient les fpe&ateurs jufqu'à ce que le
Chantre leur dife applaudiffèç. Donec
Cantor _, vos plaudhe ,-dicat. Qui étoit
ce Chantre ? L'un des Comédiens. L'Ac-
teur qui jouoir la Comédie, Rofcius,
par exemple > étoit foutenu par un ac-
compagnement , auffî bien que i'Acr
<•) Orig. lib. i|. e. *s»
^^m
^H
fur lu PoefieÙ' fur la Peinture. 115*
teur qui jouoic la Tragédie , comme il
te verra par la fuite. On difoit égale-
ment de l'un & de l'autre ; Qu'il chan-
tOÏT.
Quintilien fe plaint que les Ora-
teurs de fon rems plaidafTent au bar-
reau comme on récitoit fur le théâtre.
Nous avons rapporté déjà ce qu'il en
dit. Croit-on que ces Orateurs chan-
taiTent comme on chante dans nos
Opéra ? Dans un autre endroit (a) ,
Quintilien défend à fon Elevé de pro-
noncer les vers qu'il doit lire en par-
ticulier pour étudier la prononciation ,
avec la même empliafe qu'on récitoit
les Cantiques fur le rhéâtre. Nous ver-
rons bientôt que ces Cantiques étoient
les fcènes de la pièce , dont la décla-
mation étoit la plus chantante. Or il
auroit été inutile à Quintilien de dire :
Sit auitm leflio virilis J non tamen in Can-
ticum diffoluta , & de défendre à fon
Elevé d'imiter le chant des Cantiques
dans les circonstances où il le lui dé-
fend , fi ce chant eût été un chant vé-
ritable, fuivant notre manière de par-
ler.
Ce même Auteur dit encore dans un
( j J Lib. prirru c. i o.
1 1 6 I? éflexions crlùquei
partage que j'ai déjà cité , que ceux qui
jouoient les Comédies , ne s'éloi-
gnoient point de la nature dans leur
prononciation , du moins aflez pour la
faire méconnoître dans leur langage ,
mais qu'ils relevoient par les agrémens
que l'art permet , la manière de pro-
noncer ufitée dans les entretiens orr
dinaires, (a) A&ores Comicinec itapror-
fus ut nos loquimur pronuntiant j quoi
effet Jîne arte ; nec procul tamen à natura
recedunc , quov'uio periret imitatio .• Sed
morem commuais hujus fermoms décore
comico exornant. Que le lecteur juge G
c'eft-Ià chanter.
Enfin Quintilien, après avoir dans un
paflage que nous avons rapporté , dé-
fendu à l'Orateur de chanter comme
les Comédiens , ajoute , qu'il eft fore
éloigné de lui interdire une déclama-
tion foutenue, & le chant convenable
à l'éloquence du barreau. Cicéron ,
continue- t'il, a reconnu lui-même la
convenance de ce chant voilé pour
ainlî dire. Quid ergo f nutn -Cicero dicit
eJJ'e aliquem in oratione cantum obfcurio—
rem ? ojïerrdam non multb poji ubi & quate*
nus recipiendusjïc hïcfiexus & camus. (/?)»
ip) Lib. 1 1. c. £ rira. {b} Jji,'f. Ub. XI. c. j>
I
fur la Poëjîe &fur la Peinture. 117
Lorfque Juvenal tait dans fa feptié-
n>e Satyre l'éloge de Quintilien , il y
die entre autres chofes que cet Ora-
teur chant oit très-bien t lorfqu'il avoit
daigné prendre les foins & les précau-
tions que les Romains prenoient pour
fenétoyer les organes de la voix, &
dont nous parlerons cî-deflbus. (a)
pu meximut & jacufatar j
Et fiperjrixir j caïuacbent.
Quintilien , quand il parloit en pu-
blic , chantoit-iî , à prendre le terme
déchanter dans ta îjgnifieation qu'il a
parmi nous?
Mais, dira-t'on , quand les chœurs
des anciens chantoient , c'étott une
véritable mu/îque. Quand les A&eurs
citant oient, ils chantoient comme les
chœurs. Ne voyez-vous pas * dit Se-
neque , combien il entre de fons diffé-
rons dans un chœur. Il y entre des def-
fa s , des tailles &. des baffes. Les inf-
rrumeus à vent s'y mêlent avec les
voix des. hommes 8c des femmes ; ce-
pendant il ne xéfulre qu'un feul con-»
tert de tout ce mélange. C'eft fans difî
linguei ces fons , qu'on les entend tous,
1 1 8 R éftexions critiqua
Non (a) vides quàm multorum vocibus
chorus conflet ; unus tamen ex omnibus
fonus redditur. Cliqua iliic acuta 3 cliqua.
gravis , aliqua média. Accedunt virisjœ-
miniz , interponutitur tibix , jîngulorum
iliic latent voces , omnium apparent. A
quelques termes près , ce paflage fe
trouve encore dans Macrobe (fr).Ily
ajoute même cette réflexion , Fit con-
centra ex dijfonis. Tous ces fons diffé-
rens forment un feul concert»
Je re'ponds en premier Jieu , qu'il
n'eft pas bien certain , en vertu de ce
païïage , que les chœurs chantaflent
une mufique à notre manière. Il eft
vrai qu'il paroîtra d'abord impoffîble
que plufieurs perfonnes piaffent décla-
mer en chœur , même en fuppofant
q\ie leur déclamation fût concertée.
On ne conçoit pas que ces chœurs
puflenc être autre chofe qu'une cohue.
Mais parce que la chofe femble impof-
fîble fur la première appréhenfîcn t il
ne s'enfuit pas qu'elle foit telle réelle-
ment. Il feroit même téméraire d'en
croire fi facilement notre imagination
fur les poflibilitps , parce qu'on prcfu-
Ci) Èflfl. 1.4.
^t») Snfurn. lib.prim, in Prov,
fur la Poejîe &fur la Peinture, I ip
me volontiers que les chofes (ont im-
poflîbles , lorfqu'on ne trouve pas le
moyen de les exécuter , & la plupart
des perfonnes fe contentent même de
donner à la recherche de ce moyen un
demi-quart d'heure d'attention. Peut
être qu'après, un mois de méditation ,
on auroit trouvé les mêmes chofes poiTî-
bles dans la fpéculation , & ilx mois
d'application les auroïent fait encore
trouver poflibles dans la pratique. Un
autre homme peut encore imaginer des
moyens qui ne font point à la portée
de notre efprit. Cette difcufiîon nous
meneroit trop loin. Ainfi je fuppofe
que les chœurs ayent chanté en mufi-
que harmonique une partie de leurs
rolles, mais il ne s'enfuit pas que les
Acteurs y chantafleht aufli.
Nous-mêmes nous avons plufieurs
pièces dramatiques où les Afteurs ne
font que déclamer , quoique les chœurs
y chantent. Telles font FEfter & l'A-
rhalie de Racine. Telle eft Pfyché ,
Tragédie compofce par le grand Cor-
neille bc par Molière. Nous avons mê-
me de; Comédies de cette «fpcce , ÔC
l'on fçait bien pourquoi nous n'en
Avons pas un plus grand nombre, Co
Ï20 Réflexions critiques
n'eft point certainement que cette ma-
nière de repréfenter les pièces drama-
tiques , foit mauvaife.
J'appuyerai même encore cette ré—
ponfe d'une réflexion. C'eft que les an
ciens fe fervoient, pour acccmpagnei
les chœurs , d'inflxumens difterens , de
ceux dont ils fe fervoient pour accom-
pagner les récits. Cet ufage d'employer
clans ces deux accompagnemens des
inftrumens différens , prouve quelque
choie. Quando enim chorus canebat cho~
ricis tibiis * id ejï* choraulicis , artifex con~
cinebat. lis cantkis autem Pythaules Fy-
thicis refpondebat ., dit Diomede. (a)
Quoiqu'il en foit , fuppofé qu'il fallût
entendre le terme de chanter au propre ,
quand il s'agit du chant des chœurs , il
ne s'enfuivroit pas qu'il fallût entendre
ce mot dans la même acception où il
s'agit des récits. Nos preuves & nos
raifonnemens ne laifleroient pas d'être
encore concluans.
(a) De Artt Gramm. lib. 3»
SECTION
fur la Po ïjh &fur U Peinture. 121
SECTION VIL
Nouvelles preuves que la Déclamation
théâtrale des Anciens étoit compofée*
& qiCtllesècrivoiten notes. Preuve ti-
rée de ce que UAfleur qui la récitait *
étoit accompagné par des inftrumenu
I L paroît donc évident que le chant
des pièces dramatiques qui fe réci-
toient fur les théâtres des Anciens ,
n'avoient ni paflages , ni ports de
voix cadencés , ni tremblemens fou-
tenus , ni les autres caractères de no-
tre chant mufîcal : en un mot que ce
chant étoit une déclamation comme la
nôtre. Cette récitation ne laiffbit pas
d'être compofée ., puifqu'elle étoit fou-
tenue d'une baffe continue * dont le
bruit étoit proportionné ., fuivant les
apparences , au bruit que fait un hom-
me qui déclame. Car le bruit qu'une
perfonne fait en déclamant , eft un
bruit moins fort & moins éclatant que
celui que la même perfonne feroic , \l
elle chantoit. Premièrement , on n'é-
branle point , on n'agite point autant
Tome III. F
1 22 Réflexions critiques.
d'air en déclamant qu'en chantant. Se-
condement , lorfque nous déclamons,
nous ne brtfons pas toujours l'air con-
tre des parties qui ayent autant de ref-
fort , 8c qui le froiflenc autant que les
parties contre lefquellès nous les bri-
fons en chantant. Or l'air retentir plus
ou moins , fuivant qu'il a été froifle.
Voilà , pour le dire en paflânt , ce qui
fait que la voix des Muficiens Italiens
fe fait mieux entendre que celle des
Muficiens François. Les Muficiens Ita-
liens forment entièrement avec les car-
tilages voifins du gofier , plufieurs fons
que les Muficiens François n'achèvent
de former qu'avec le fe cours des joues
intérieures.
Je crois donc que la balle continue,
dont la déclamation des Adeurs étoit
accompagnée , ne rendoit qu'un bruit
très-foible. Ainfi qu'on ne s'en forme
pas l'idée fur la balle continue de nos
Opéra. Cette idée ne ferviroit qu'à
faire trouver des difficultés mal- fon-
dées fur une chofe confiante , par le
témoignage des Auteurs les plus ref-
peftables de l'antiquité qui ont écrit
ce qu'ils voyoient tous les jours.
Cicerou dit que les perfonnes
fur la Poëftc & fur la. Peinture. 1 2 3
vantes en raufique , connaifToient , des
qu'elles avaient entendu les premières
notes du prélude des inftrumens , fi l'on
alloit voir Anriope ou bien Androma-
que , quand les autres fpeâateurs n'en
devinoïenc encore rien, (a) Quàm nud-
ta é qux nosfugiunt in cantu ; exaudiunt
in to génère exercitari , qui primo inflattt
tibkinis Amïopem eJJ'aaiunt aut Andromw
diam, cùm id nos ne fufpicemur quidem.
Antiope & Andromaquefont deux Tra-
gédies dont Cîceron parle en difle'rens
endroits de Ces ouvrages.
Ce qui fuit fera voir que les inftru-
mens ne fe taifoient point après avoir
préludé j mais qu'ils contiuuoient Se
qu'ils accompagnoient l'Aâeur. Cice-
ron , après avoir parlé des vers Grecs ,
donrle métré n'eftprefquepasfenfible,
ajoure que les Latins ont auill des vers
que l'on ne reconnoit point être des
vers , que lorfqu'on les entend réciter
avec un accompagnement. Il cite pour
exemple des vers de la Tragédie de
Thyefte, qu'on pourroit prendre, dit-
il , pour de la profe , quand on ne les
entend pas avec leur accompagne-
ent. Quorum fimiUima. funt quœdam
(») Acai. Qujji. lit. ♦•
Fij
124- Reflexions critiques
apud nojlrcs , vdut Ma in Thyejîe.
Qutmnsm u tûidicam quant tarda inftntElutt,
Et quœfequunfur , qux , nift cum Tibiaa
accejftru , funt Orationi folutx fimdli-
tna. (a)
La Tragédie de Thyefte dont Cice-
ron avoit tiré ce vers , étoit celle qu'il
cite fouvent lui-même comme l'ouvra-
ge du Poète Ennius , (b) & non point
celle que Varius compofa depuis fur le
même fujet.
Dans le premier livre des Tufcula-
nes j Ciceron , après avoir rapporté
l'endroit d'une Tragédie où l'ombre de
Polydore fupplie qu'on veuille donner
la fépulture à fon corps , pour faire fi-
nir les maux qu'elle endure : ajoute :
Je ne fçaurois concevoir que cette om-
bre foit auflï tourmentée qu'elle le die,
quand je l'entends réciter des vers dra-
matiques fi correfts , & quand je la
trouve fi bien d'accord avec les inf-
trumens,
tim ! reliquias frmi ajji R gis , de/tviatis ejfibut
Per tiTiamfan.it dtiïbutùm fait divexaritr.
Non intelligo quid meuiat j cùm tain bonos
( a ) I" Cratt ad M, finir»
(b; la Tufç, QiugjZ.
far ta Poe'Jîe G 1 fur la Peinture, t zf
fkptenarios fundat ad tihiam. On peut
voir dans Diomede (a) pourquoi je tra-
duis feptenarios par des vers dramari*
ques. _
L'ombre de Polydore étoit donc
foutenue d'un accompagnement, quand
elle récitait. Mais je vais encore rap-
porter deux partages de Ciceron qui
me femblent fi décifîfs, que peut-être
Je lecteur trouvera t'il que j'ai eu tort
d'en copier d'autres,
Cet Auteur, après avoir dit qu'un
Orateur qui devient vieux , peut raU
lemir fâ déclamation, ajoute : Citons
encore ici Rofcius , ce grand Comé-
dien , que j'ai déjà cité tant de fois
comme un modèle d'après lequel les;
Orateurs pouvoient étudier plufieurs
parties -de leur art. Rofcius dit qu'il
déclamera beaucoup plus lentement,
lorfqu'il fe fentira vieux t & qu'il obli-
gera les chanteurs à prononcer plus
doucement , & les inftrumens à rallert-
lir le mouvement de la mefure. Si le
Comédien aitreint à fuivre une me-
fure réglée , continue Ciceron , pêne
foulager fa vieïllefie en rallentiflant le
mouvement de cette mefure , à plu»
(t) An. Gramm. lib, j t c. ti<
Fiij
r
116 RéflexionscTinques
forte rai (on un Orareur peut- il I
foulager fa caducité. Non feuler,
J'Orateur eft le maître du richme
du mouvement de fa prononciati
mab comme il parle en profe, &
<tre obligé de fe concerter avec
lonne , il eft encore le maître de c
ger à fon gré la mefure de fes phn
de manière qu'il ne prononce ja
d'une haleine qu'autant de fyllabe
en peut prononcer commodément
Quamquam quoniam multa ad I
tor'u jimiiuudinem ab uno artifice J
mus ,Jdet idem Rofcîus dicerejt qw
fibi cetcuis accèdent j ed tibicinls me A
cantus remifjiores cjj'e fatlurum. Qi
Me ajlriâus certa quadam numerorun
deratione & pedum , tamen aliquid i
qùem fine^utii excogitat J quantb
îiùi nos qui non laxafe modes , fed
murare pnffumus ?
Perfonne n'ignore que Rofcid
contemporain & l'ami de Cice
étoit devenu un homme de conf
tion par fes talens & par fa pr<
On étoit fi bien prévenu en fa fa
que lorfqu'il jouoit moins bien
l'ordinaire , on difoit de lai quj
i.» De Orne, lib, prim.
fut la Poëfîe Crfur la Peintute. 1 £7
riégligeoit , ou que par un accident au-
quel les bons A&eurs font fujets volon-
tiers , il avoir fait une mauvaife di-
gçftion. (a) Noluit , inquhmt , agere Rof-
CttUs dut cru.iiorfu.it. Enfin la plus gran-
de louange qu'on donnât aux hommes
qui excelloient dans leur art , c'étoit
de dire qu'ils étoient des Rofcius dans
leur genre, (b) Jam diu conjècutus eji ut
in quo quifquis artifex exceller et j is in fua
génère Rofcius dïceretur.
Ciceron nous apprend dans un autre
endroit de fes ouvrages . que Rofcius
tint parole , lorfqu'il fut devenu vieux,
Rofcius obligea pour lors l'accompa-
gnement & ceux qui prononçoient pour
lui ceruins endroits de la pièce, c'eft
ce que nous expliquerons ci- défions ,
s foutfrir que le mouvement de la me-
fure qu'ils étoient tous obligés de fui-
vre , fût rallenti. Dans le premier li-
vre des Loix, Ciceron fe fait dire par
Atticus. Ut querti admoâum Rofcius fa-
miltaris tuus in fmeclute numéros & cart-
tus remiJJ'crat , ipfafque tardions feterat
tibias. C'eft ainfi que votre ami R«f-
cius en ufoit dans fa vieilleffe; il taU
(a) Df at. nh. t.
(bj L>t Ortt, iib, p-inu
FLv
'Ï28 Réflexions critiques
foit durer plus Iongtems les mefures ;
il obligeoit l'Acteur qui récitoit » à par-
ler plus lentement , & il falloit que les
inftrumens qui les accompagnoient
fuivl-flent ce nouveau mouvement.
Quincilien dit , après avoir parle
contre les Orateurs qui déclamoient
au Barreau comme on déclam oit fur
le théâtre : » Si cet ufage doit avoir
» lieu , il faudra donc aufli que nous
» autres-Orateurs nous nous fanions
» foutenir en déclamant , par des lyres
»» & par des flûtes. « Cela veut dire
que la déclamation théâtrale eft. fi va-
riée , qu'il eft fi difficile d'entrer avec
juftefle dans tous fes différens tons »
qu'on a befoin , lorfqu'on veut décla-
mer comme on déclame fur la fcène ,
de fe faire foutenir par un accompa-
gnement qui aide à bien prendre ces
tons , & qui empêche de faire de fauf-
i'es inflexions de voix, (a) Quodfiom-
nino recipietidum eft ; nihil caufîc eft car
non illam vocis modulationem fidibus an
tibia aâfuvtmus.
C'eft une figure dont Quintilien fe
f<?rt pour montrer qu'un Orateur na
doit pas déclamer comme un Comé-
(3) Inffit Mr* H. cagt
fur la Poëfie & fur la Peinture . 1 29
dien , à caufe de la nécelîîté où il fe
jette en déclamant ainfî. Suivant l'idée
que les Anciens avoient de la dignité
de l'Orateur , cet accompagnement «
dont on ne pouvoir point fe palier en
déclamant comme on déclamoit fur le
nVàrre , lui convenoir, 11 peu , que Ci-
Céron ne lui veut pas même iburrrir
d'avoir Jamais derrière lui , lorfqu'il
le en public 3 un joueur d'inftru-
ment pour lui donner fes tons > quoi-
cfue cette précaution fût autorifée à
Rome par l'exemple de C. Gracchus»
Il eft au-deflbus de l'Orateur ., dit Ci-
céron , d'avoir hefoin d'un pareil fe*
cours pour entrer avec juftefle dans
rous les tons qu'il doit prendre en dé-
clamant. (d)<
En effet, Quintilien rapporte (b) que
ce Gracchus , un des "plus célèbres Ora-
teurs de fon tems , avoir derrière lui ,
lorfqu'il haranguoit* un joueur d'inf-
trumenc à vent qui de terns en tems
lui donnoit le ton. Contemi [ïmus txem-
plo Caii Graccki prarcipui fuorum tempo-
rvm Oratoris , eut conrionami eovfiflens
jpojl eum Muficut jïjlulâ quant Tonorium
la) De Orat. tib, u
(b) &b. prim, cjv tx>
irtundi i
150 iî éfiexiom critiques
vocant ., modos quibus deberet inten
miniflrabat. Il faut que d'autres Ora-
teurs euflent fuivi l'exemple de Grac-
chus y puifque la flûte qui fervoit à
l'ufage dont nous parlons > avoit un
nom particulier. Elle s'appelloit Tono-
rhtm. On ne doit pas trouver C\ étran-
ge après cela que les Comédiens fe
fifient foutenir par un accompagne-
ment, quoiqu'ils ne chantaflent point
à notre manière , & qu'ils ne h (lent
que réciter une déclamation compa-
rée.
Enfin nous voyons dans un des écrits
de Lucien , (a) que Solon , après avoir
parlé au Scythe Ânarchafis des Acteurs
des Tragédies & de ceux des Comé-
dies, lui demande s'il n'a point auflî
remarqué les flûtes & les inftrumens
qui les accompagnoient dans leurs ré-
cits , & pour traduire mot à mot ; qui
chantoient avec eux. Nous venons en-
core de citer un paflage deDiomede,
<jui fait foi qu'on accompagnoit les
Cantiques ou les Monologues, (b) In
Canticis autem Pythaules Pythiùs refpon*
débat.
( I ) lr\ Ci ■mn.
<b> De Arte Crunm. Lib, ).
fur la? o ëjle &fur ta Pdn tut t. 131
Mes conjectures fur la compofition
que pouvoir jouer ]a bafle continue
dont les Acteurs étoient accompagnés
en déclamant , font que cette compo-
firion étoit différente pour les Dialo-
gues & pour les Monologues. Nous
verrons tantôt que les Monologues
s'exécutoient alors d'une manière bien
différente de celle dont les Dialogues
«toient exécutés- Ainlî je crois que
dans l'exécution des Dialogues , 1»
baile continue ne faifoit que jouer
de tems en tems quelques notes lon-
gues , qui fe tai (oient entendre aux
endroits où l'Auteur devoit prendra
des tons dans letquels il étoit diffi-»
eile d'entrer avec juftefte. Le Ton des
inftrumens n'étoit donc pas un fon con*
rinu durant les Dialogues , comme peuc
l'ctre le fon de nos accompagnemens j,
niais il s'échappoit de tems en teraî
pour rendre à l'Acteur le même fer-
vice que C- Gracchus tiroit du Au-
teur , lequel il renoit auprès de lui
lorfqu'il haranguoit , afin que ce Mu-
ficien lui donnât à propos lestons con-
certés. Ce foin occupoit encore Grac-
chus , Iorfqu'U prononçoit (a) ces ter*
{a ) Quîht. I, i, e, i», Aul> CiU U i , e. 1 1.
Fvj
152 Réflexions critiques
ribles harangues qui dévoient armer
les citoyens les uns contre les autres,
& qui a rm oient certainement contre
l'Orateur le parti le plus à craindre dans
Rome.
Quant à la balte continue , qui ac-
compagnolt les monologues ou les can-
tiques , qui étoient la même chofe r
comme nous le dirons, je crois qu'elle
éto't plus travaillée que l'autre* 11»
femble même qu'elle imitât le fujet ,.
& p-jur me fervir de cetre exprellîon r
qu'elle joutât avec lui. Mon opinion-
eft Fondée fur deux pafïàges , le pre~
mier eft de Donat. Cet Auteur dit
dans un endroit qui a déjà été cité (à) »
que ce n-'étoit pas le Poëte , mais ur>
Muficien de profelïîon qui compofoit
le chant des monologues : Modis canti-
cct temperabamur non à Poïta ,fed à pe-
rito artk Mufices faEîis. L'autre paflage
eft tiré de l'écrit contre les fpecracles
que nous avons parmi les ouvrages"
de Saine Cyprien. L'Auteur dit , en.
parlant des joueurs d'initrumens qu'on
entendoit au théâtre :. L'un tire de fa.
flûte des fons lugubres^ L'autre dif-
pute avec les chœurs à qui fe fera eii^
(.» ) lu freg. ù T**g* û Cms*m".
fur la Poëfie & fur la Peinture. 133?
tendre , ou bien il joute contre la voix
de l'Acteur , en s'eftbrçant d'articuler
aufli Ton fouffle à l'aide de la foupleiTe
de les doigts. Alttt lugubres fonos fpi-
r'itu tibiam injlaniz moderatur. AUercunt
choris 6* cum hominis canora voee oonten-
dens fpirintjlia loqui digitis élaborât.
Il eft virai qu'au fenriment des meil-
leurs Critiques , le Traité contre les.
fpeftacles que je viens de citer , n'eft
pas de Saint Cyprien , ainfi fon auto-
rité ne (eroit point d'un poids bien,
confidérable , s'il s'agiflbit d'une quef-
tion de Théologie. Mais dans la ma-
tière que nous tâchons d'éclaircir -, fon
témoignage n'en eft gueres moins au-
tentique. Il fuffit pour cela que l'Au-
teur de cet écrit , qui eft Gonnu de-
puis plufieurs fiécles , air vécu quand
les théâtres des Anciens étoient enco-
re ouverts. Or l'Auteur de cet écrit „
quel qu'il ait été , ne l'a compofé que
pour faire voir qu'un Chrétien ne de-
voir point afiifter aux fpectacles de
ces tems-là-; qu'il ne devoit pas, com-
me le dit Saint Auguftin , participer (a)
aux infamies du théâtre , aux impiétés,
extravagantes du Cirque , ni aux.
(a) Strm, Si»
■*34 Réflexions critiques
cruautés de l'amphithéâtre. Ce que \6
viens de dire du Traité contre les fpec-
tacles que nous avons parmi les ou-
vrages de Saint Cyprien , je puis le
dire auflï , pour ne le point répéter ail-
leurs , de quelques écrits qui nous font
reftés fous le nom de S, Juftin Mar-
tyr , & que les Critiques ne recon-
noifioienr pas pour être de lui. Il fuffit
que ces écrits (a) qui font très-anciens ,
ayent été compofés quand les rhcâtres
ctoient encore ouverts , pour rendrez
les faits que j'appuye de leur témoi-
gnage , des faits avérés.
Cette étude recherchée de tous Ies-
artifices capables de mettre de la for-
ce , & de jetter de l'agrément dans la
déclamation , ces rarinemens fur l'arr
défaire paroître fa voix, ne pafleront
point pour les bizarreries de quelques
rêveurs auprès des perfonnes qui ont
connoiflance de l'ancienne Grèce & de
l'ancienne Rome. Non- feulement l'é-
loquence y menoit aux fortunes les
plus brillantes , mais elle y croit en-
core , pour parler ainfi „ le mérite à la
mode. Un jeune homme de condition,
des plus avant dans le monde > & de
(I) Ep> ad Zenon,
fur la Po ëjte &fur la Pein titre. r 3 y
Ceux qu'on appelle quelquefois en ftyle
enjoué, lafinejlmr de la Cour, fe pi-
quoit de bien haranguer, & même de
parler avec applaudiffement devant les
Tribunaux dans les caufes de fes amis ,
comme il fe pique aujourd'hui d'avoir
un équipage le (le & des habits de bon
goût. On le louoit de bien plaider ,.
dans les vers galands qu'on faifcit pou*
lui.
Namqut b> nobilit G* deccns
Et pra foHicins non e.-ciriu rtis
Et centum pner arrium
Lgcè Jîgna fera milicix tua.
dit Horace (a) en parlant à Venus d'un
de ces hommes du bel air. Qu'on fe fi-
gure que ce monde , à qui les jeunes
gens ont tant d'envie de plaire, fai-
foit du moins autant d'accueilau jeune
homme éloquent qu'au jeune homme
bon Officier. Enfin c'étoit la mode que
les Souverains parlaflent fou vent en
public. Ils fe piquoient de compofer
eux-mêmes leurs difcours , & l'on re-
marque que Néron efl: le premier des
Empereurs Romains qui ait eu befoin
qu'un autre lui rit fes harangues*
{«) Ht. Car. tib. 3. Qi. ppi,
ï%6 Réflexions critiques
Suétone & Dion nous apprennent
que ce Prince étoit Ci fçavant dans Fart
de la déclamation , qu'il avoir joué
les premiers rolles dans les Tragé-
dies de Canacée , d'Orefte » d'tëdipe
& d'Hercule furieux. Le premier ra-
conte même un incident arrivé dan3
une repréferrtation de l'Hercule qui
dût divertir l'affèmblée autant qu'au-
cune fcène de Comédie. Un foldat des
Gardes qui fervoit depuis peu, & qui
étoit en faftion fur le théàrre , Ce mit
en devoir de défendre fon ' mpeieu*
contre les autres Acleurs qui le vou-
loient enchaîner J dans l'endroit de la
pièce où l'on mettoit les fers aux mains
a Hercule. Inter cetera cantai'ii Canj-
cem pj.rturientem , Oreftem matricidam ,
(Edipodem exc&catum , Hefcuîem infa-
num. In qua fabula efl tyrunculutn mili-
tent ad euflodiam adituipojitum , cum qutti
ornarï catenis ac vinciri ., fient aryumen-
tumpojîutabat f vider et i accurriflèferend<e
opis gratiâ.
Je vais alléguer un exempte qui efl:
bien ici d'un autre importance. Thra-
îea Pœtus cet illuftre Sénateur Romain;
que Néron fit mourir , lorlqu'âprèi
avoir fait périr tant d'hommes ver-
fltr h Poëjîe &fur la Peinture. 137
tueux , il voulut extirper la vertu mê-
me , avoit joué dans une Tragédie re-
préfentée fur le théâtre de la ville de
Padoue dont il étoit. Tacite dit dans le
feiiiéme livre de Tes Annales : Quia idem
Thrafea Patai'U undt ortus erat .,. ludis
Cejïicis A Trojano Antcnore injluutis »
habïtu tragico cecinerat.
SECTION VIII.
Des Injîrumens à vent Gr à corde dont on
fe fervoit dans les accompagnement.
J e reviens à la bafle continue. On
voit dans un bas- relief antique ce que
nous avons lu dans Ciceron , je veux
dire que les inftrumens ne fe taifoient
point après avoir préludé , mais qu'ils
continuaient de jouer pour accompa-
gner l'Acteur. Bartholin le fils qui com-
po'a à Rome fon livre fur Us flûtes des
Anciens t place dans ce livre (a) une
planche gravée d'après un bas-relief
antique qui repréfente une fcène de
Comédie , qui fe paCfe entre deux Ac-
(a) Pc Tib. yex. cap, iQ«p. »îo»
ïjB Réflexions critiques
teurs. L'un qui efl vêtu de long » & qui
paroît le maître , faifît fon efclave
d'une main , &c il tient dans l'autre
main une efpéce de fangle dont il veuc
le frapper. Deux autres Acteurs , coëf-
fcs comme les premiers du rnafque que
portoientles Comédiens des Romains,
entrent fur la fcène , au fond de laquelle
on voit un homme debout qui accom-
pagne de fa flûte.
Cette bafie continue étoit compa-
rée ordinairement de flûtes & des tu-
nes inftrumens à vent , que les Ro-
mains comprenoient fous le nom de^
Tibia. On ne laiflbit pas néanmoins d'y"
employer auflî quelquefois de ces inf-
trumens , dont les cordes étolent pla-
cées à vuide dans une efpéce de bor-
dure creufe , & dont la concavité faï-
foit un effet approchant de celui que
fait le ventre de nos violes. Suivant
que cette bordure droit deffînée , fui-
vant qu'elle avoit dans (a partie balle
un ventre configuré d'une certaine ma-
nière, on donnoit un nom diftérentà
ces niflrumens , dont les uns s'appel-
loient Tcftudines , & les autres Ckharx,
c'eft à-dire, Lyres ou Harpes.
Comme on voulut d'abord tirer de
fur la Poéfie Orfur la Peinture. 135?
ces inftrumens plus de tons différens
qu'ils n'avoient de cordes différentes ,
on racourcifl'oit la corde donc on pré'
tendoit tirer un fon plus aigu que ce-
lui qu'elle rendoit J quand on la tou-
cheroit à vuide , en la pinçant avec
deux doigts de la main gauche , armés
apparemment de dez d'yvoire, tandis
qu'on la faifoit réfonner avec la main
droite. C'étoîc dans cette main que les
joueurs de lyre porcoient une efpéce
d'archet court , & qui ne confiftoie
qu'en un morceau d'yvoire ou de quel-
qu'autre matière dure » façonné pour
Tufage qu'on en vouloit faire. Il s'ap-
pellok Peften en Latin. Les Anciens
ajoutèrent dans la fuite tant de cordes
à la lyre, qu'ils n'eurent plus befoin de
cet artifice.
Ammien Marcellin dit {a) que de fon
rems , & cet Auteur vivoit dans le
quatrième fiéde de l'Ere Chrétienne ,
il y avoit des lyres aufli grofles que
des chaifes roulantes. Fabricantur Hy-
draulica. &* Lyrx adfpeciem Carpentorum
inventes. En effet , il paroît que dès le
tems de Quintilien qui a écrit deux fié-
clés avant Ammien Marcellin , chaque
( a ) Amm. hijlcr. I. 14.
I40 Réflexions critiques
fon avoit déjà fa corde particulier*
dans la lyre. Les Muficiens , c'eft Quin-
tilien.qui parle, ayant divifé en cinq
échelles s dont chacune a plufieurs dé-
grés , tous les Tons qu'on peut tirer de
la lyre , ils ont placé entre les cordes
qui donnent les premiers tons de chacu-
ne de ces échelles , d'autres cordes qui
rendent des ions intermédiaires , &
ces cordes ont été fi bien multipliées ,
que pour pafler d'une des cinq maî-
treffes cordes à l'autre > il y a autant de
cordes que de dégrés. Cum in cïthara
quinque conflituerunt fonos , plurima de in*
de variante comptent illa nervorum , atque
is qux interpofuerunt , inférant alios , ut
pauci illi tranfîtus multos gradtts habeant.
Nos inftrumens à corde qui ont un
manche , à l'aide duquel on peut tirer
avec facilité différens tons d'une mê-
me corde qu'on racourcit à fon plaifit,
en la prenant contre la manche , au~
joient été bien plus propres pour un
accompagnement , d'autant plus que
bous les touchons encore d'un archet
fort long & garni de crin , avec le-
quel on unit & on prolonge aifément
les fons > ce que les Anciens ne pou^
voient point faire avec leur archer*.
:
fur la Poëjîe & fur la Peinture. 141
Mais je crois que les Anciens n'ont pas
connu les inftrumens de Mufique à cor-
de & à manche. Du moins tous les
inftrumens que nous trouvons fur les
monumens antiques , 011 l'on en voit
un grand nombre , ont leurs' cordes
placées à vuide. Voilà , fuivant les ap-
parences .pourquoi les Anciens fe fer-
voient plus volontiers dans l'accom-
pagnement de leurs inftrumens à vent,
que de leurs lyres , (a) quoiqu'ils leur
eufïent donné dans la fuite jufqu'à tren-
te & quarante cordes , ou principales ,
ou fubfidiaires. Us avoienc cependant
un grand nombre d'inftrumens a corde ,
dont la conftruftion & Pufage fe font
perdus. Mais les inftrumens à vent font
fi propres pour les accompagnemens ,
que nous nous en fervons dans nos balles
continues , quoique nous ayons des vio-
les & des violons de plufteurs efpéces.
Néanmoins les Anciens ne laiflbient
pas d'employer quelquefois leurs inf-
trumens à corde pour accompagner
ceux qui réçitoient des Tragédies.
Nous voyons qu'ils le faifoient, &pac
les anciennes fcholies fur les Poètes
tragiques Grecs , & par le Traité de
(a) Quamcijl. PolL
142 Réflexions critiqua
Plutarque fur la Mulique. La Poétique
d'Horace fuppofe encore cet ufage,&
Dion raconte que du tems de Néron
on fe fervit dans la repréfentation de
quelques Tragédies d'inftrumens à
corde.
Il eft facile de comprendre , après
ce que nous venons de dire , pourquoi
l'on a marqué avec tant d'exactitude
au bas du titre des Comédies de Té-
rence , le nom des initrumens à vent
dont on s'étoit fervi dans la repréfen-
tation de chaque pièce , comme une
information fans laquelle on ne pou-
voit pas bien comprendre quel effet
plufieurs fcènes dévoient produire dans
l'exécution , ou comme une inftruétian
néceflaire à ceux qui voudraient les
remettre au théâtre. La portée de
chaque efpéce de flûtes étoit très-bor-
née du tems de Térence , parce que
ces initrumens n'étoient encore percés
que d'un petit nombre de trous, (a)
Ainft cet enfeignement empéchoit
qu'on ne fe méprît fur l'efpéce de flûte
dont il falloir fe fervir j, & par confé-
quent qu'on ne fe méprît au ton fur
lequel il falloit déclamer plufieurs
(a) Horot dt Ane Pocr.
fur la Poëfo &[ut la Peinture. 1 4.3
endroits des Comédies de ce Poëte.
Non-feulemencon changeoit de flû-
tes , lorfque les chœurs vendent à
chanter , mais on en changeoit encore
dans les récits» Donat nous apprend
qu'on ie fervoit de l'efpéce de flûtes
que les Anciens appelloient Tibia. dex~
ira, Se don le ton était très bas , pour
accompagner les endroits férieux de
la Comédie. On fe fervoit de deux
efpéces de flûtes que les Anciens ap-
pelloient flûtes gauches Se flûtes Ty-
riennes ou Szrranx , pour accompagner
les endroits de plaifanterie. Ces en-
droits le prononcent naturellement d'un
ton de voix plus élevé que les endroits
férieux. Aulli le ton de ces flûtes étoit-
il plus aigu que le ton des flûtes droi-
tes. Dans les fcènes mêlées de traits
férieux & de bouffonneries , on em-
ployait alternativement toutes ces ef-
peces de flûtes, (a) Dcxtrx Tibia fua
gravitace feriam Com&âiœ AiElionem pre-
nuntïabant. S'miftrx. £r Serrant hoc tft
Tyriet acuminis fuavitate jocum in Comcc-
dit oflendebant. Ubi autem dextra &JÎ-
ùjlra aéia fabula infcribebaïur , miflint
jocos 6" gravitaient denuntiabat. Il me
144 Reflexions critiques
femble que ce partage jette préfente<
ment un grand jour fur le tirre des Co-
médies de Térence , qui fouvent ont
mis à la gêne des fçavans Commenta-
teurs , fans qu'ils y difent rien fur quoi
l'on puifie fonder un jugement ar«
rete.
Comme nous l'avons expofé danî
le premier volume de cet Ouvrage,
les Romains avoient , lorfque Donat
écrivoit, des Comédies de quatre gen-
res différens. Celles du premier genfc
qu'ils appelloient Togatce ou les Comé-
dies à longues robes * étoient trcs-férieu-
fes. Les Tabernarix I'étoient moins.
Les Atdlanes leur étoient apparem-
ment femblables en cela , & les Mima
dévoient être de véritables farces. On
ne doit donc pas être furpris du détail
où entre Donat , en parlant en général
des flûtes dont on fe fervoit pour ac-
compagner la récitation des Comé-
dies.
Le pafiage de Donat explique en-
core un endroit de Pline où cet Hitlo-
rien dit, que pour faire les flûtes gau-
ches , on employoit le bas du même
rofeau , dont le haut fervoit à faire les
flûtes droites. Eam arundinem qux ra-
dicem
fur la. poèfu &fur la Pem titre. l 45"
âxan antecejjerat icevx Tibia converure ,
m n ihxtrœ (a) Le bas duro-
rit plus épais que le haut , il
rendre un Ton plus aigu , & le
hauc du rofeau doit par conféquent
rendre un fon plus grave. Tous les
s de Pliylique en donnent la rai-
fort.
me dira -c'ou , vous femblez
les Acteurs des Anciens, d'une
chofe qui paiîe pour un défaut. En
difont d'un Acteur qu'il chante , on
croit le blâmer. Je reponds que cette
«prellion renferme vérk ': mj
'«proche dans notre ufage , mais c'eil
aement à caule du fens limité dans
kquel nous avons coutume d'em-
ployer le mot de chanter, lor (que nous
*lous en fervons en parlant de la dé-
■ i-, théâtrale." Il eft établi qu'on
teur, qu'il chante, que
■i'il chante mal-à-propos., torfqiril
le Jette fans difeernement dans des
ions peu convenables à ce
qu'il dit ; Se lorîque par des tons em-
portés & remplis d'une emphafe que le
des vers défavoue , il met hors
de propos dans fa déclamation un pa-
-,'• 3 s.
Tome LU. G
_
■
"I4& Réflexions critiques
tetique toujours ridicule , dès qu'il e/i
faux. On ne dit pas d'un Acteur qu'il
chante , lorfqu'il ne place qu'à pro-
pos les foupirs , les accens les plus ai'
gus &c les plus graVes , comme les
tons les plus variés. Enfin , lorfqu'il
employé dans les endroits , où le fens
de, ce qu'il dit le permet , la déclama-
tion la plus approchante du chant mu-
Jîcal, On ne dit point de l'Actrice
qui daigne encore jouer quelquefois
le rôle de Phèdre dans la Tragédie de
Racine , qu'elle chante le récit qui
commence par ces paroles. Jufle ciel!
Quai-je fait aujourd'hui f (a) quoique
■fa déclamation ne foit alors différente
du chant mu'fîcal , que parce que les fons
que forme une perfonne qui déclame i
ne font point frappés féparément , &
'ne reçoivent, pas leur perfection dans
les mêmes parties de l'organe de la pa-
role , que las Tons que forme une pet-
fotine qui chante.
Or on voit bien que le chant Vi-
cieux dont on vient de parler , ne fçan-
roit être imputéarjx Acteurs de l'anti-
quité. Ils avaient tous fait un long
apprenti ilage de leur art , cofnfâ
(aj Treg, de PheJre % '^tcit u
-
fur la Poe fie & fur la Peinture. 147
le dirai plus bas , & prefque toujours
ib ne fàifoient que réciter une décla-
mation compofée par des hommes dont
cette tâche étoit la profeflion parti-
culière.
SECTION IX.
De la différence qui étoit entre la décla-
mation des Tragédies , tV la déclama-
tion des Comédies. Des Compojiieurs
de déclamation- Réflexions concernant
l'art de récrire en note!.
Un ne fçauroit douter que la dé-
clamation tragique des Anciens ne fût
plus grave & plus harmonieule que
leur déclamation comique. Or la dé-
lation comique des Anciens étoin
déjà plus variée & plus chantante que
la prononciation ne l'étoit dans les
converfations ordinaires. Quîntilien
dit que ceux qui jouoient la Comé-
die » imitoient bien en quelque chofe
la prononciation familière j mais qu'ils
ne la copioient pas en tout. Ils relè-
vent , ajoutent-ils , leur prononciation
Gij
"148 Réflexions critiques
par les ornemens & par l'élégance dont
la déclamation comique eft iufcepti*
ble. (a) Quod faciunt Aclores comiciqui
nec ita prorfus m ut nos loquimur , pro-
nunciant , quod effet fins, arte , nec pmul
tamen à natura recedunt t quo vitio péri-
ret imitatio s fid morem communis hujui
fermonis décore comko exornant.
Platon , après avoir dit que les Por-
tes qui vouloienc compofer des Tra-
gédies & des Comédies , n'y réullil^
foient pas également , ajoute : que le
genre tragique & le genre comique de-
mande chacun un tour d'efprit pcvti-
culier , & il allègue même : (b) Qu*
Us Acteurs qui dédament les Tra«édus,
tie font pas les 'mêmes que ceux qui réci-
tent les Comédies. On voit par plufieuO
autres pafTages des Ecrivains de l'an-
tiquité , que la profeflton de jouer des
Tragédies, & celle de jouer des Co-
médies , étaient deux profeflions dit*
tintées , & qu'il étoit rare que le mê*
me homme fe mêlât de toutes les deux.
Quinrilien dit qu'vEfopus déclamoit
beaucoup plus gravement que Rofcius ,
parce qu'iEfopus faifoic fa profeftÏQH
(ȕ Quint. Jn;?. lit, ;. c^g, lia
(.■> > BUmh Hep. /. 3.
•
/
fur la Po'éfie &fur la Peinture. 140
de jouer dans le tragique , au lieu que
Rofcius faifoit la Tienne de jouer dans
le comique. Chacun avoit contracté
les manières de la fccne à laquelle il
s'étoit particulièrement attaché. (a)
Rofcius dtatior , ALfopus gravior fuit ,
qubi hic Tragedias , Me Comedids egit t
C'eft le caractère qu'Horace avoit don-
né au fécond.
QiLt gruh sEfopus , quee doflus Rofcius rgk,
Lucien , dans fon Traité de la dan-
U , dit qu'un Acteur tragique fe dé-
mené fur le ihéâtre ; qu'il s'y tourne
& retourne comme un furieux ; &
qu'il y chante des complaintes Suppor-
tables à peine dans la bouc lie d'une
femme. Peut-on fouftrir , ajoute Lu-
cien , qu'Hercule couvert d'une peau
de Lion , 8c fa mafTue à la main , vien-
ne fredonner fur uni théâtre les vers
qui contiennent le récit de fes travaux.
La définition que les Anciens lai-
foient de la Tragédie & de la Comé-
die , & que nous avons rapportée en
fon lieu , fuffiroit feule pour nous con-
vaincre que leur manière de réciter
ces poèmes , étoit très différence. Ja
(a) Qun;, J.'iJUi, lib. n. tap, 3.
G îij
ï y o J? éflexfons critiques
me contenterai donc d'ajouter à ce
que f'ai déjà dit , que les Adeurs qui
jouoient la Comédie, n'avoient d'au-
tre chaufiure qu'une efpéce de fandale
qu'ils appelloienc focquc , au lieu que
ceux qui déclamoient la Trage'die (a),
montoient fur le cothurne , efpéce de
brodequin dont la femelle étoit de bois
& très épaifle , ce qui les taifoic pa*
roître d'une taille fort élevée au-dellus
de celle des hommes ordinaires , au
rapport de Lucien , de Philoftrate , &:
de plufieurs autres Ecrivains qui les
voyoient tous les jours. Lucien nous
apprend même (b) qu'on leur mate-
laflbit le corps , afin que cette taille
t'iirrme parût du moins proportionnée,
& ce qu'il nous dit fur ce fujet , eic con-
firmé dans une lettre attribuée à S. JuC-
tin , Martyr, (c)
Les habits J les mafques & les orne-
mens dont on fe fervoit pour la repré-
fenration des Tragédies , (d) étoient
encore différens de ceux dont on fe
fervoit dans la repréfentation des Co-
médies. La décoration qui fervoit à la
(a) Vira ApM. h 6.
( b ) In Orthijï.
{ c ) Epift- "i Zmcm & Sareaum*
id) Onam, J*rii. i, 4. mjj. ».
.
fur la Poëfte h 1 fur la Peinture, i jf i
, ne pouvoir pas fer vu à
.die. (d) Celle qui fervott à la
agcdie , dévoie représenter des Pa-
i 'autres édifices fuperbes , au
u que celte qui fervoit à la Comé-
, devok reprefenter des maifons
particuliers & d'autres batiroens
pies- Enrin Horace & tous les Au-
de l'antiquité qui parlent en paf-
de la déclamation tragique des
Anciens , fe fervent d'expreiîions qui
marquent qu'elle étoit ce que nous
«PDellons chantante* C'eft par où l'at-
uent ceux des Auteurs anciens, qui
ur différentes raifons» ne l'aîmoienc
Mk Saint Juftin Martyr „ dans l'écrit
Sue nous venons de citer , la traite da
gttvtile clameur. L'Auteur de l'écrit (b)
acre les fpectatles des Anciens , qui
% pafle pour être de faiut Cypricu .,
Vappelle IUai magnas tragicœ vocis in~
Janias- Tei tullien , dans le périt ouvra-
ge qu'il a compofe Air le même fujet, die
que l'Acteur de Tragédie crie de toute
û force. i ociftrante > & Apu-
lée (O 'e fert des r.^tnçs termes pom
<>) l'rrm; /)'.'■. t. eap, t.
l<) F,.
G iv
IJ*2 Réflexions critiques
dire la même chofe : Comœdusferr
natur , Tragœdus vodftraiur. Le Co
dien récite ; mais celui qui joue la"
gédie , crie à pleine tête. Lucien
nous a confervé une description
rieufe des perfon nages des Tragéc
& des Comédies dans la converfa
qu'il fait avoir à Solon avec Anac
lis, y fait dire à ce Fhilofophe T,
re (a) que les Acteurs de Comédi
déclamoient pas avec autant d'emp
que les Acteurs qui récitoient des '
gédies, *
Aufli voyons nous que Quinrili
fâche , qu'il invective prefque ce
les Profefleurs en éloquence qui
foient chanter ou déclamer leurs
liera , comme on déclamoit fur le i
tre. Il' 's'emporte contre les Ora
qui ptaidoient au barreau de la n
manière. (&) Ce n'eft point par qu(
averllon capricieufe contre les C<
diens que Quintilien défend aux
feurs d'imiter la déclamation théai
Quintilien n'avoit point plus d'i
lion pour eux que Ciceron, II
li _ Efcj» Ai _ . •.. n .Le-
/
far la Po'ëjïe &fur la Peinture. I y 3
au Comédien Andronicus de déclamer
-bien qu'il le fatfoit. Il permet non-
fejlement au jeune homme qui veuc
faire du progrès dans l'éloquence d'ap-
prendre l'arc du gefte; mais il confenc
encore qu'il prenne durant quelque
des leçons d'un Comédien [a) t
& qu'il étudie fous ce maître les prin-
cipes de l'art de la prononciation.
Dandum aliquid Comcedo quoque , dun
tatenus quatenus pronuntiandi fcïsntiaw
futur us Ûrator dejiderat. Dans un autre
endroit , (b) Quintilien dit auffi. ail-
leur? que fon élevé doit fe faire eniei-
gnei: pluheurs choies par un Comé-
dien. Débet etiam docere Comœdus quo-
modo narrandum , tW.
Je vais encore rapporter plufieurs
partages des Auteurs anciens que je
crois propres à prouver mes opinions.
Bu moins éclairciront-its la matière.
On n'y a point fait jufques à préfent
toute l'attention qu'ils méritoient ,
parce qu'ils font comme enfevelis dans
les choies , à ï'occahon defquetles ces
Auteurs les ont écrits. Nos paflages
s'attireront plus d'attention s quand on
(a) Quint. înjlit. lib. prim. ck 3.
(I») ll'il. l'ib. jti/h, çap, 10,
G y
r ï 5*4 Réflexions critiques
les verra raflemblés , à caufe du jour
propre à les bien éclaircir , qu'ils fe
'prêteront réciproquement.
Ceux qui ont quelque habitude avec
l'ancienne Grèce , n*auront pas été fur-
pris de lire que les Poètes y fîHent eux-
mêmes la déclamation de leurs pièces
Mujici qui erant quandam iidem Pocta,
dit Ciceron , (a) en parlant des anciens
Poëtes Grecs qui avoient trouvé le
chant & la figure des vers.
L'art de compoferla déclamation des
pièces de théâtre , faifoit à Rome une
profeflîon particulière. Dans les titres
qui font à la tête des Comédies de
Térence , on voit avec le nom de
l'Auteur du poëme , & le nom du chef
de la troupe de Comédiens qui les
avoit repréientées , Je nom de celui qui
en avoit fait la déclamation , en Latin i
Qui ficerat modos. J'ai déjà prévenu le
leéteur fur l'ufage qu'on faifoit ordi-
nairement de ce terme. C'étoit la cou-
tume , fuivant Donat , (/>) que celui
qui avoit compofé la déclamation d'u^
ne pièce , mît fon nom à la tête avec
ïe nom du Poète qui l'avoit écrite , &
( a ) D< On:- Ul, 3.
(bj Frag, dt Trag, (? Cnwrf,
fur la Po'éfîv (s" fur la Peinture. I j'y
>m du. principal Acteur qui l'avoir,
te. Qui modes faciebat nomen in
pio falulx & feriptoris & aftoris J
ffuum Juperimponebat. Je cite ce pafc
ce fuivanr la correction de Gérard
f is. (à) Surtout la déclamation des
iques ou Monologues qui s'exécu-
loit d'une façon très-finguliere, Se que
pKHis expliquerons , n'étoit jamais mi-
fe en rnufique par le Poète , mais par
des hommes confommes dans la feience
des arts muficaux , & qui faifoient leur
profellion de faire repréfenter les pié-
dramariques compofées par d'au-
. Ce font ces Artifans que Quin-
n appelle Artifices pronunciandi dans
Un partage que nous allons rapporter.
4)onat que nous venons de citer t dit ;
■Modis Cant'ua temperabantuf , non à Ppë-
ta, feâ à perito artis Muficesfaflis.
n fe fert de la même expref-
liod , Faccrc modes ^pout d cligner ceux
ompofoient la déclamation des
es de théâtres. Apres avoir dit que
us déelamoie exprès certains en-
rôle avec un gefte plus
te le chant des vers ne
oit le demander. Apres avoir die
Gvj
lyfj Réflexions critiques
que Rofcius plaçok des ombres daitf
fon aftion pour relever davantage les
endroits qu'il vouloit faire briller , il
ajoute : Le fuccès de cette pratique eil
fi certain , que les Poètes & les Com-
posteurs de déclamation s'en font ap-
perçus comme les Comédiens. Ils fça-
vept tous s'en prévaloir. Numquam.
agit hune verfum Rofcius eo gejlu que
potefi.
Kamfapiias virruti honorent, pr&miurn , haulprxXara-
périr.
Sed abjicit prorfus ut in proximos ,
Ecquid video ? ferrofapCvs pojfidtt te&ftfaCrai , &c
Indicat , afpiùat , admiretur , flupefeat j
Quidilk dur?
Qdd pteam ynrfJii t <3rc.
Quàm leniter , quàm remijfe t quàm non
aëluosè ? injlat enim ,
Pacer ! Pacriaf Priant! demas . f
In que commôieri tant a. aElia non pojfec ',
Ji ejj'et confimpta fuperion motu & exhaufi
m. Neque id a&ores priùs viderum quàm
ipfi Poètes , quàm denique Mi etiam qui
fecçruns modos, à qiùbus utrifque fum-
1H
I
fut la Po'êfu &fu r la Peinture, l ÇJ
imhtuur aliquii , deinde augetur , exu-
fnuatur , infiatur > variatur , diftingui-
'tur.(a)
Ces Compoliteurs de déclamation
Revoient , ils rabaiiToient avec defA
fein , ils varioient avec art la récita-
tion. Un endroit devoit quelquefois fe
prononcer fuivant la note , plus bas
que le fens ne paioidbit le demander ;
mais c'étoit afin que le ton élevé, où.-
F Acteur devoir fauter à deux vers de-
là , frappât davantage. C'eft ainfi
qu'en u (oie l'Actrice à qui Racine avoit
enfeigné lui-même à jouer le rôle de
Monimedans Mithridate. Racine aulîï
grand de'cîamateur que grand Poëre ,
lui avoit appris à bailler la voix en
prononçant les vers fuivans , & cela
encore plus que le fens ne femble le
demander.
Si le fûrt ne m'eut donnée S voitt ,
Mon bonheur , dependoir d; l'avoir pour epour.
Avnnt nue ^orrc amour m'eùc envoyé ce gage,.
Nom roui aimions-. ( a )
Afin qu'elle pût prendre facilement un
ton à l'octave au-deflus de celui lux
<i1 TtCra:, lib. f
iii) rex.ll. ). Sent, 3.
i y 8 R é flexions critiqua
lequel elle avoit dit ces paroles : Nous
nous aimioiu ., pour prononcer à l'octa-
ve, Seigneur , vous change^ il vifage.
Ce port de voix extraordinaire dans la
déclamation , étoit excellent pour
marquer le défendre d'efpiit où Mon li-
me doit être dans l'initant qu'elle ap-
perçoit que fa facilité à croire Mithri-
date , qui ne clierchoit qu'à tirer foa
fecret , vient de jetter , elle & fon
amant dans un péril extrême*
Pour entendre les -paflages des An-
ciens , qui parlent de leurs repréfenta-
tions théâtrales , il me femble nécef-
faire d'avoir connoiffance de ce qui le
paÛe fur les théâtres modernes , 8c
même de confulter les perfonnes qui
profeffent les arts , lefquels ont du
inoins quelque rapport avec les arts
que les Anciens avoient, mais dont
la pratique elt perdue. Tels étoient
l'art du gefte , & l'art de compofçr
& d'écrire en notes la déclamation.
Les Commentaires qu'ont voulu faire
fur ces paflages des Sçavans illuftres ,
mais qui ne connoiflbient bien que leurs
cabinets, les éclairciflent mal. J'aime-
rois autant un Commentaire fur Tacite
'écrit par un Chartreux,
I
fur la Poèfa &fir la Peinture. I ç§f
Nous voyons par le livre de Quinti-
lien , que ceux , Qui faciebant Modos ,
où les Composteurs de déclamation
furent appelles dans la fuite , Artifices
pronuntiandi , mot à mot j des Artifans
en prononciation. Itaque in iis quie adfce*
nam componuntur fabulis , Artifices pro-
nunûandi , &*c. (a) « Voilà pourquoi
* dans les pièces faites pour être re-
*» préfentées fur le théâtre , les Arti-
^ fans en prononciation, &c. « Je rap-
porterai le partage entier , en parlant
<les mafques dont les Comédiens de
l'antiquité fe fervoient.
On n'aura point de peine à concevoir
comment les Anciens venoient à bouc
de coinpofer la déclamation , même
celle des Comédies , quand on fera
réflexion que dans leur mufique les
progreflions fe faifoient par des inter-
valles moindres encore que les inter-
valles les plus petits qui foient en
ufage dans la nôtre. Quant à la ma-
nière d'écrire cette déclamation , nous
avons déjà dit dans la quatrième Sec-
tion de ce volume , qu'il eft très-vrai-
femblable qu'elle fe notoit avec les ca-
ractères des accens.
(a) Quia:, Lijl'u, lit, ii.r. .<•
iCo Réflexions critiques
L'ait d'écrire en notes les chants de
toute efpéce , écoïc déjà très ancien à
Rome dès le tems de Ciceron. 11 y
étoit connu longtems avant qu'on y
ouvrît les théâtres. Ciceron , après
avoir parlé de Fufage que les Pytha-
goriciens îaifoient de la mufique dans
leur régime , pour ainfî dire ; & après
avoir dit que Numa , le fécond Roi des
Romains , tenoit de l'Ecole de Py-
thagore plufieurs ufages qu'il avoit
introduits dans fon petit Etat , cite
comme une preuve de ce qu'il venoit
d'avancer la coutume de chanter ara-
ble les louanges des grands hommes
avec un accompagnement d'infrxumens
à vent. C'eft ce qui prouve , ajoute
cet Auteur , que l'art de noter les
tons des chants & la déclamation des
vers , étoit connu dès-lors. Morem
apud majores tune epulatum fui£è , ut
deinceps qui accubarent , canercm ad tir
biam clarorum virorttm laudes atque vir-
tutes , ex quo pcrfpicuum ejî camus mne
fuijje deferiptos vocum j'onis j &* carmina :
quanquam id quidam etiam duodecim ta-
bula déclarant , condi jam fohtum e/fe
carmen (a). Nous avons explique déjà
(») ÇikpJÎ. ïu/c. lit. 4.
furhPoëfceCr fur la Peinture. t6T
cidelTus ce que les Romains enten-
bient pac le mot Carmen. Cicerort
aulll dans le cinquième livre des
Tufculanes , en parlant des plaifîrs qui
reftent encore à ceux qui ont eu le
malheur de perdre l'ouie : Que s'ils
riment les beaux chants , ils auront
- être plus de plaifîr à les lire ,
n'en auraient eu à les entendre
txccuter. El fi canuts &>s forcé delec-
i dpi pojfe legenlis hii
Uendii i m* Ciceron
. e, généralement parlant, tout
inde en fç&voit affez pour lire du
moins une partie de ces chants > & que
par conséquent ils fuflènc écrits la
tt avec les accens.
£nhn , voici un partage de Tite-
fove, (a) qui fuffirolt feul pour prott-
[ue les Anciens compofoienc la
déclamation des pièces de théâtre ,
; l'écrivoient en notes., & qu'elle
cutoit avec un accompagnement
trumens à vent Cet Auteur a ju-
gea propas de faire dans Ton feptiéme
livre une courte diflertation fur l'ori-
gine S: fur l'hiftoire des repréfenta-
xions théâtrales à Rome. Après a voix
(*> LiV. hijhr. Ub, ;.
i6l Réflexions critiques
dit que l'an de Rome 5^0 , Rome fut
affligée d'une pefte , & que pour l'y
Caire cefler , on y célébra des jeux qui
confiftoient en représentations de pie-
ces de théâtre , il ajoute : L'art de ces
jepréfentations étoic alors nouveau à
Rome , l'on n'y reconnoifïbit que les
fpectacles du Cirque. Ainfi ce furent
des Comédiens qu'on avoir fait venir
d'Etrurie qu'on vit dans ce tems-Jà
fur notre théâtre , où ils repréfentoient ,
(uivant la manière de leur pays ; c'eft-
à-dire, en faifant aflez bien les geftei
à la cadence des inftrumens à vent , Se
en récitant des vers qui n'av oient point
encore aucune déclamation compofée»
à laquelle nos Comédiens fuiTent obli-
gés d'aiïujertir leur action. Mais l'art
des représentations théâtrales ou nos
jeunes gens avoient pris un grand
goût, fe perfectionna avant peu : D'à*
bord on récitoit des vers faits fur le
champ , mais bien-tôt on apprit , con-
tinue Tite-Live J à faire des pièces fui
vies; &: des letems du Pocte Andro-
nicus , la récitation de quelques unes
de ces pièces fe trouvoit dé, a (a être
mefurée, & l'on en écrivoit déjà la nota
(a) L'année de Rvmt ji-f,
fur la Poëfe Crfur la Peinture. 1 63
pour la commodité des Joueurs de flû-
tes. L'action y étoit déjà aflujettie*
Qeterum fine carminé ttilo , fine. imitan*
dorum carminum atlu t ludiones ex Etfu-
ria acclti > ad tibicinis modos faltantes ,
haud indecoros motus more Tufco dabant.
Imitari dtinde eos juventus J Jimul incort-
ihis inter fe jocularia fondent es verfibus ,
expere : nec akfoni à voce motus erant
Nomen hijlrionibus inditum, qui nonficut
artte Fejcennino vertu fîmilcm incompo-
Jîtvmtemerè ac rudem alternis jaciebant,
fid impieras modis faiyras , deferipto jam
ad tibïcïnem cantu , motuque congruenti
peraoebant.
J'ai demandé à plufieursMulîciens,
s'il feroit bien difficile d'inventer des
caractères avec lefquels on pût écrire
en notes la déclamation en ufage fur
notre théâtre. Nous n'avons point af-
fez d'accens pour l'écrire en notes
avec les accens, ainfi que les Anciens
l'écrivoient. Ces Muficiens m'ont ré-
pondu que la chofe étoit poflîble , &
même qu'on pouvoit écrire la décla-
mation en notes , en fe fervant de la
gamme de notre mufîque , pourvu
qu'on ne donnât aux noces que la moi-
tié de l'intonation ordinaire» Par exen>;
l \5% Réflexions critiques
pie , les nores qui ont un femiton d'in-
tonation en mufique , n'auroienr qu'un
quart de ton d'intonation dans la
déclamation. Ainfi on noteroir. les
moindres abaiflemens Si les moindres
élévations de voix qui foient bien fen-
fibles , du moins à nos oreilles.
Nos vers ne portent poinr leur me-
fure avec eux , comme les vers métri*
ques des Grecs & des Romains la por-
toient. Mais on m'a dit aulîi qu'on.
pourroit, dans la déclamation , ne don-
ner aux notes que la moitié de leur
valeur ordinaire. On n'y donneroit à
une blanche que la valeur d'une noire;
à une noire , la valeur d'une croche ,
& on évalueroit les autres notes fui-
vant cette proportion là , ainfi qu'on le
feroit dans l'intonation.
Je fçais bien qu'on ne trouveroit pas
d'abord des personnes capables de lire
couramment cette efpéce de mufique ,
& de bien entonner les notes. Mais
des enfans de quinze ans , à qui l'on
auroit enfeigné cette intonation durant
fiK mois, en viendroient à bout. Leurs
.organes fe plieroient à cette intona--
tion , à cette prononciation de. notes
faites fans chanter, comme ils fe plient
fur U Po'éfs (y fur la Peinture, i Cf
à l'intonation des notes de notre mu-
lîque ordinaire- L'exercice & l'habitu-
de qui fuit l'exercice , font , par rap-
port à la voix , ce que l'archet & la main
du joueur d'inftrument font par rap-
port au violon. Peut on croire que cet-
te intonation fût même difficile ? Il
ne s'agiroit que d'accoutumer la voix
à faire méthodiquement ce qu'elle fait
tous les jours dans la converfation. On
y parle quelquefois vite & quelquefois
lentement. On y employé toutes fortes
de tons , & l'on y fait les progreflîons ,
foit en hauflant la voix , foit en la
baillant par toutes fortes d'intervalles
polîîbles. La déclamation notée ne fe-
roit autre ohofe que les tons & les
mouvemens de la prononciation écri-
te en notes, Certainement la difficul-
té qui fe rencontrerait dans l'exécu-
tion d'une pareille note , n'approche-
roit pas de celle qu'il y a de lire à la
fois des paroles qu'on n'a jamais lues ,
& de chanter & Raccompagner du
clavecin ces paroles fur une note qu'on
n'a pas étudiée. Cependant l'exercice
apprend même à des femmes à faire ces
trois opérations en même tems.
Quant au moyen d'écrire en notes lu
\
Ï66 Réflexions critiques
déclamation, toit celui que nous avons
indiqué , toit un autre , il ne fçauroit
être aulli difficile de le réduire en rè-
gles certaines , & d'en mettre la mé-
thode en pratique , qu'il l'étoit de
trouver l'art d'écrire en notes les pai
& les figures d'une entrée de ballet
danfée par huit perfonnes , principa-
lement les pas étant auflï variés , &
les figures auflï entrelaflees qu'elles le
font aujourd'hui. Cependant Feuillée
eft venu à bout de rrouver cet art (
& fa note en feigne même aux Dan-
feurs comment ils doivent porter leurs
bras. J'ajouterai encore, que quoique
fa Corégraphie n'ait été publiée qu'en
i6"o6* , néanmoins les perfonnes de la
profe/fion , tant en France que dans les
pays étrangers , y fçavent déjà lire
couramment.
^
fur la Poëflc &fur la Peinture, 1 67
SECTION X.
Continuation des preuves qui montrent
que les Anciens écrivaient en notes là
déclamation. Des changemens fur venus
vers le tems £Augufie dans la décla-
mation des Romains. Comparai/on de
ce changement avec celui qui eft arrive
dans notre Mufùjue &* dans notre Danft
fous Louis XIV,
Jaetoubnons aux preuves de
fait y qui montrent que les Ancie»s
écrïvoient en notes la déclamation de
leurs pièces de théâtres. Elles font ici
d'un tout autre poids qu'un raifonne-
ment fondé fur des poïïibilités.
Toutes les fois que Ciceron parle
de la déclamation des vers dramati-
ques : il en parle , non pas comme
nous parlerions de la déclamation des
vers de Corneille qui eft arbitraire.
Ciceron parle de la déclamation des
vers dramatiques comme d'une méLo-
die confiante , fuivant laquelle on pro-
nonçoit toujours ces 1 vers. Il en parle
une d'une beauté , pour. ainiï dire.
•I 68 Réflexions critiques
auiîî inhérente aux vers qu'il cite , qi
Ja beauté qui réfultoit du fens qu'ils
renferment , & du choix des mots dont
ils font compofés. Ciceron , après
avoir rapporté quelques vers d'une
Tragédie , dit , voilà des vers exce!-
lens. Les fentimens , l'expreflion , la
moduiation , tout y refpire le deuil.
(a) Prœclarum carmen , eft enim rébus ,
verhis&modislugubre.CeRa.iniique nous
louerions un récit des Opéra de Lulli.
Ciceron , dans pLuheurs endroits de
fes ouvrages, parle des pièces de théâ-
tre de Livius Andronicus , d'Ennius &
de Nœvius , trois Poètes qui vivoient
environ deux cens ans avant lui» com-
me d'une déclamation compofée, dans
le tems qu'ils avoient mis leurs pièces
au théâtre & laquelle on fuivoit en-
core cependant dans le tems qu'il écri-
voit. Si cette déclamation n'eût point
été couché pat écrit, auroif-elle pu fe
conferver li lpngtems, ? Qu'on juge
iï je change rien au fens de Ciceron.
Nous avons vu, dit-il , inrroduire fut
-la fcène , à la place de la mufique lïm-
-ple & grave s des pièces de Nœvius
& de Livius. Andronicus t une mufique
fur la Poiijîe & fuf la Peinture. 1 6$
pétulante , que les Aéteurs , pour
uivre la mefure , font obligés de s'a-
;iter , de taire des roulemens d'yeux,
le des c on to riions de tête , en un.
not , de fe démener comme des
brcenés. C'eft ainfi qu'il s'explique ,
iprcs avoir dit que Platon n'a point
out-à-faittort,lorfqu'il foutient qu'on,
îe fçauroit changer la multque dans
in pays , fans que ce changement pro-
luiie une altération fenfible dans les
nœurs des habitans. (a) Ego me tant
valdè id limendum > nec plané contemnen-
ium puto. IlLi qu'idem mujîca quœ. foie-
'/at quondam compleÈii feveritatem ju-
:undctm Livianh & Nœvianis modis J nunc
videtis ut eadem exultent , cervices oculop
que pafitef cùm mcdorumjlexiombus tor~
jutant. Nous avons déjà vu que le gef-
te des Comédiens des Anciens étoic
aufli afTujetti à la mefure que la récita^
tion meme.
On commençoit donc du tems dé
Cicéron à changer la déclamation théâ-i
traie. Cent ans après Cicéron , Quin-
tilien trouvoit déjà cette déclamation,
fi remplie de tons efféminés & fi lafci-3
ve , qu'après avoir décidé qu'il faug
< a > Cic. de Ltg. lib, z.
Tome HJ5, H
170 Réflexions critiques
faire apprendre la rnufique aux en-
fans , il ajoute , qu'il n'entend point
dire qu'il faille leur faire prendre le
goût de la rnufique , qui de Ion terns
régnoit fur la fcène. Ses chants , con-
tinue t'il , font fi remplis d'impudence
& de lafcivçté , qu'on les peut accu fer
d'avoir beaucoup contribué à étouffer
le peu de courage viril qui nous ref-
toit, (a) Non hanc à meprtccipi quœ nunc
in /unis ejfeminata & impudicis modis
frafta, non ex parte minima^Ji quid in
nobis pirilis roboris mantbai , excidit.
Tous les Anciens étoient perfuadésque
le caractère de la rnufique qui et oit le
plus en ufage dans un certain pays,
influoit beaucoup fur les mœurs de fes
habitans, Oferons-nous condamner u
opinion fi générale fur des c ho fes à
fait, & qui fe pafloient fous les ye
<Je ceux qui les ont écrites , qua
nous n'avons qu'une connoilfance im.-
Ïarfaiie de la rnufique des anciens ?
'en appellerais à la Philofophie ,
dont notre fiécle fait particulièrement
profeffion. On peut même obierver
aujourd'hui dans les lieux où les habi-
tans font de religions différentes , ou'ill
(a) Ç>nN Jn/. lit, jirifli* f«.t 2«
fur la Poëjïe &fur la Petmure, 1 7 I
ne fortent pas de leurs Eglifes après le
fervice avec la même humeur. Cette
affection paflagere s'y tourne rncme
en habitude. En quelque pays le Sou-
t verain a été obligé d'exciter par des
aétes publics , le peuple devenu Pro-
teftant , à prendre les mêmes divertif-
(emensles jours de Dimanche après la
fetvice , qu'il prenait bien avant que
le culte religieux y eût été changé avec
u confeflîon de foi , fans qu'on l'y ex-
hortât. Quittons une matière qui de-
vie ndroit bientôt trop férié ufe , & re-
venons à notre fujet.
Ceux qui ne connonTent pas d'au-=
très théâtres que le théâtre François ,
ne comprendront pas d'abord tout le
fens du paflage de Quintilien que je
viens de citer. Quoiqu'on y ait vu
quelques pièces allez licentieufes ,
néanmoins on y a toujours obfervé
une grande décence , foie quant aux
tons , foit quant aux geftes. Mais il y
a des théâtres étrangers où les Ac'teurs
tombent tous les jours dans le vice
que Quintilien reprend , en imitanc
tous ,les tons & tous les accens , pour
ne point entrer dans d'autres détails,
que prennent les perfonnes les plus
Hîj
fji Réflexions critiqua
paflionnées , quand elles Te trouvent
enfin en pleine liberté".
En lifant l'art poétique d'Horace ,
on voit bien que le vice reproché par
Quintilien à la déclamation théâtrale
de fon tems , venoit de ce qu'on l'a-
voit voulu rendre plus vive , plus af-
feéfcueufe & plus exprelîïve tant du
côté de la récitation que du coté du
gefte , qu'elle ne l'avoit été dans les
tems antérieurs. Comme Horace a
écrie après Ciceron & avant Quinti-
lien , il eft curieux d'examinerce qu'il
dit fur les changernens arrivés dans la
déclamation théâtrale , & fur la diffé-
rence qu'il y avoit entre la nouvelle
manière de réciter 6c l'ancienne.
Autrefois , dit Horace , on ne fe fer-
voit point pour accompagner , ni pour
foutenir les chœurs , de flûtes d'un
volume égal à celui de nos trompet-
tes J &c qu'il fallût relier avec du fil
de laiton. On n'employoit au théâtre
?[ue des inftrumens à vent des plus
impies , & dont la portée étoit très-
bornée , parce qu'ils n'étoient percés
que d'un petit nombre de trous»
Tibia non ur mine oricalcho vinfli , tuhaqut
fiimil* , /fi cenuii fîmpltxjuc foramint gatut)
fur la Poëjte & fut la Peinture. 173
Âl r pr:r; tr aâcfe choris trat ucilis, (a)
Mais, ajoute Horace s la chofeeft bien
changée. Premièrement , le mouve-
ment a été accéléré , & l'on fe fert
pour le régler , de mefures dont on
ne fe fervoit pas autrefois, ce qui a
fait perdre à la récitation fon ancienne
gravité.
ActfJJi: mimtrlfqut moiijque Iktntia ms'jW*
On a encore donné , continue Ho-
race , aux inftrumens une portée plus
grande que celle qu'ils avoient précé-
demment. Les tons fur lefquels on dé-
clame, s'étant ainfi multipliés , il en-
tre plus de fons differens dans la réci-
tation , qu'il n'y en entroit autrefois.
Il faut que les Acleurs tirent de leurs
poulmons bien des fons qu'ils n'étoient
pas obliges d'en tirer , s'ils veulent
(uivre ces nouveaux initrumens dont
les cordes leur font leur procès avec
révérité, quand ils y manquent. En ef-
fet, plus une déclamation étoit chan-
tante, plus les fautes de ceux qui l'exé-
:utotent, dévoient être fenfibles.
Qu'il me foit permis , pour éclaircir
;e pafTage d'Horace , de me fervir d'ur
(a) H.ira:i de Arte Pot!.
Hiij
ri 74 Réjïexionf critique*
ne comparaison tirée du chant de PE-
glife. Saint Ambroife ne fit entrer
<ians le chant qu'on nomme encore au-
jourd'hui le chant Ambrofien , que
quatre modes , qu'on appelle les Au-
fetitiques. Ce chant en étoit toujours
plus grave , mais il en avoir moins de
beauté & moins d^expreflion. Des
quinze cordes , ou des quinze notes
principales qu'avoit le fyftéme de la
mufique harmonique , il y avoit même
quatre tons ., le ton le plus haut , &
les trois tons les plus bas qui n'en-
tfoient point dans le chant Ambro-
lîen. Quand fa-int Ambroife le compo'
fu (a)., les théâtres étoient encore ou-
verts , & l'on y réeitoit dans la
fnême langue eri laquelle on chantoit
à l'Eglîfe. Ce Saint ne voulut point,
iuivant l'apparence , qu'on entendît à
l'Eglife les tons propres & fréquens
au théâtre. Saint Grégoire qui régla
le chant qu'on appelle Grégorien » en-
viron cinquante ans (b) après que les
Théâtres eurent été fermés y employa
Luit modes , en ajoutant aux quatre
dont fairit Ambroife s'étoit fervi . les
(a) DM. de Mufiq. dt Brjfari,
(b) Vtn i'aa soc.
fut la Poejie &fur la Peintute. t *ff
modes , appelles Pfogaux, A'mCi les
quinze cordes de la mufique ancienne
entrèrent dans le chant Grégorien , de
tout le monde a trouvé que le chant
Grégorien lurpaflbit tellement en beau-
té le chant Ambrofien , cpté «lès le tems
de nos Rois de la feco»o« race , les
Eglifes des Gaules quittèrent l'ufage
du chant Ambrofien pour y fubftituer
le chant Grégorien.
Horace reprend la parole. Les Ac-
teurs fe font encore trouvés en même
tems dans l'obligation de preffer leur
gefte , & de hâter leur prononciation ,
parce que le mouvement avoit été ac-
céléré. Ainfi leur déclamation préci-
pitée a paru une manière de réciter
toute nouvelle. Enfin il efl devenu
nécefiaire que le joueur d'initrument,
qui doit donner des tons fi difficiles à
prendre , pafiat fouvent d'un endroit
ce la fcène à l'autre , afin que les tons
qu'il doiineroit, fuuent mieux enten-
dus des Acteurs, quand il feroit plus
proche d'eux. Ainfi notre déclamation
théâtrale elt devenue fi vive & fi
pallionnée , que l'Acteur qui devroit
réciter le plus pofément , qu'un per-
fonnage qui raifonne fentément fur l'a-
il iv
*
'1^6 Réflexion* critiquer
venir , débite aujpurd'hui les maximes
les plus fages avec autant d'agitation
que la PrêtrefTe de Delphes en pou-
voir montrer , lorfqu'elle rendoit fa
Oracles affife fur le Trépié.
Sic prîfca manunqui t" tuxuriem aldiiir arà
Tibicen , rraxhque vagus ptr pulplta vtftem ;
Sic euarn fidibus t>ocn c/ t v frt Jèvtril ,
E t itdii infoliium tloguium facvndia prir(eps ,
Vntiumqui fagax rerum O 1 divinj futuri ,
Sornltgis non dijcrtpuit fvutnna Delplh.
La gefticulation précipitée de ces
'Adeurs aura paru des mouvemens
convulfifs à ceux qui avoient été &&•
coutumes à une récitation plus unie&
plus lente. C'eft ainfi que le jeu des
Comédiens Italiens paroitroit une dé-
clamation de poflTédés à des fpe<5lateurs
qui n'auroient jamais vu jouer que des
Comédiens Anglois. La nouvelle ma-
nière de réciter , aura donc paru fort
extraordinaire aux Romains dans fes
commencemens ; mais ils s'y feront
habitués dans la fuite , parce qu'on
s'accoutume facilement aux nouveau-
tés , qui mettent plus d'aâion , & qui
jettent plus d'ame dans les repréfen-
tations théâtrales.
Il y a même de bonnes raifons pou*
fur la Po'éjïe &fur la Peinture. 1 77
croire que la première caufe du chan-
gement qui furvint dans la déclamation
théâtrale du tems de Ciceron , venoit
de ce que les Romains , qui depuis
cent ans a voient beaucoup de commer-
ce avec la Grèce où ils alloient même
étudier les arts 8c les fciences , chan-
gèrent alors leur manière de pronon-
cer. Le théâtre n'aura fait qu'imiter le
monde , & copier fon original.
C'eft Ciceron même qui nous ap~
prend que la prononciation des Ro-
mains de fon tems étoit bien différente
de la prononciation de leurs ancêtres.-
Elle étoit devenue chargée d'accens r
d'afpirations & de ports de voix imi-
tés de la prononciation des Etrangers*
Voilà ce que Ciceron appelle une nou-
velle mode venue d'ailleurs. Percgri-
nam infolenùain. Jugeons , fait dire cet"
Auteur à CrafTus , de l'ancienne pro-
nonciation , par la manière dont quelf-
ques femmes prononcent encore aujour-
d'hui. Comme les femmes font moins
fouvent dans le monde que les "hommes „
elles font moins fujettes qu'eux à rien)
altérer dans la prononciation- qu'elles
©nr apprife durant l'enfance; Lorfque
J'entends parlée ma belle-mere Laelia „
lh
m-
Oft
(178 Réflexions critique!
continue Craflus , il me femble que
l'entends réciter les pièces de Plaute &
de Nccvius , car elle prononce uni-
ment, fans emphafe & fans affecter les
accens & les inflexions de voix de»
langues étrangères. Ne fuis - je pat
bien fondé à croire que le père de Lr-
lia prononçoit comme elle prononce*
ia) Equidem cum audio fotrum meamLic
liam j faciliùs enim mulieres incorruptam
emtiquitatem conservant , quod multorum
fermonis expertes tenent femper quœ prima
didicerunt ., fed eamfic audio ut Plauium
mihi ac Ntevium videur audire jfono ipfo
a'ocis ita reêlo ù'jimplici , ut nihii ojitn-
tationis dut imitationis affèrre videatw »
èX quo fia locutum ejus patrem pt
Nous avons déjà cité ce partage pouÉ
montrer que la déclamation des pièces
de théâtre n'étoit point un chant pro»
prennent dit, puifqu'elle étoit fi fenfcr
blabfe à celle des converfations ordi*
aaire?. Les Nations peuvent changer
de prononciation , comme elles peu-
vent changer de langue. Sous le rè-
gne de Henri IV le ton & l'accent dei
Gafcons s'introduifoient à la Cour de
France, Mais la mode de prendre l'an
U) -Cic. àfdftl. j.
fur fit Poëfit &fur U Peinture 1 70
Vautre , y finit avec le régne de ce
Prince , qui aimoit îes Gafcons , & qui
les avançait préférablement à fes au-
tres fujets , parce qu'il ctoit né , & parce
qu'il avoit été élevé dans leur pays.
Il eft comme impoflible que le gefte
des perfonnes qui parlent une langue
dont la .prononciation eft devenue
plus vive & plus accentuée , ne de-
vienne pas aufli & plus vif & plus fré-
quent. Cela s'enfuit de l'organifation
du corps humain. Gejlus cum ipfa ora-
uonis ctlzrhate crebefeit , dit QuintUien.
(a) En effet , cet Auteur , après avoir
loué les préceptes que Ciceron donne
fur le gefte de l'Orateur, ajoute: Nous
fommes accoutumés préfentement à
voir un gefte plus animé. Nous exi-
geons même de nos Orateurs cette ac-
tion plus agitée , pour ainfi dire : Stl
jam rzeepta cjl a&Lopaulb agUatior j uïam.
6* exigicur.
Pline le jeune , qui avoit été difei-
ple de Quintilien , écrit à un de fes
amis , qu'il a honte de lui raconter ce
;nt die les Orateurs qu'il ve-
noit d'entendre, & de l'entretenir des
diminutions efféminées de la voix ,
(1} Qwi.vf. injl. lH, in [, ).
H vj
I
I
l8o Réflexions critiques
dont leur déclamation étoit remplie, (a)
Pudeù referre quce &quàmfrac~lapronuntk-
tione âicantur. Une déclamation où l'on.
veut mettre trop d'exprellîon , doit
tomber dans les deux vices oppofés.
Quelquefois elle doit être trop etn«
portée & remplie de ports de vow
outrés. Quelquefois la récitation doit
être trop énervée. Auffii Pline (b) re-
proche -t*il encore à la déclamation
qu'il cenfure , de dégénérer quelque-
fois en criaillerie» Il l'appelle , Immo-
dicum injolitumque clamorem. Cet Au-
teur raconte encore que Domirius
Afer t Orateur célèbre dans l'Hiftoire
Romaine, & qui pouvoit avoir com-
mencé de plaider environ trente ans
après la mort de Ciceron , appel-
loLt la. nouvelle mode de déclamer ,
la perte de l'éloquence. Artificium hoc
yvriit * diii'it il , après avoir efïtendu.
plaider de jeunes gens. Mais la criti-
que d'Afer étoir peut-être une cen-
fure outrée. Du moins eft-il certain
«jrue cet Orateur déclamoit dans ua
gpût entièrement oppofé à celui qu'il
reprend, ici ,. & qu'il prononçoit grava-
(a) Plih. E'p*. in* £. il.
fur la Poëjte & fur la. Peinture. 1 8 1
ment , & même avec beaucoup de-
lenteur. Cum apud Cmtumviros diceret
graviter & Untè' , hoc enim Mi aftionis ge-
nus erat , dit Pline , en parlant d'Aferv
Auiïï mon intention n'eft elle pas, er*
rapportant tous ces partages , de prou-
ver que les Romains ayent eu tort de
changer leur manière de déclamer ,
mais bien de montrer qu'ils la change^
jent réellement , & que ce fut du tems
de Ciceron qu'ils commencèrent à la.
changer.
Il eft vrai, fuivant les apparences ,
qu'on aura outré les chofes , parce que
la modération eft rare parmi les hom-
mes , & parce que les Compofiteurs
de déclamation , les joueurs d'inftru^
mens & les Aéteuis fe feront piqués de
renchérir les uns fur les autres en fait
d'exprefîîon, C'eft ce qui arrive tou-
jours dans les nouveautés qui font gou*
rées du public. Quelques Artifans refi-
rent en deçà des bornes que la raifon
prefcrit. D'autres les pafTent, &: don*-
nent dans des excès outrés-
La mufique a eu en France depuis
«piatre-vingt ans une deftinée appn>
chante de celle que la déclamation eue
à Rome du tems- de. Ciceioxu 11 y, a. lit
182 Réflexions critiques
vingt ans que les chants qui fe corn-
poloient en France , n'étoient généra-
lement parlant, qu'une fuite de notes
longues , & ce que les Muficiens ap-
pellent quelquefois du gros Fa. Le mou-
vement de l'exécution étoit très-lent.
Les Chantres , ni les joueurs d'infhu-
mens , n'étoient point même capables
d'exécuter une mufique plus difficile.
On ne fonçeoit pas encore à en com-
pofer d'autres. Peut être avoit-on fait
mieux dans les tems antérieurs , mais
on étoit déchu. Ceux qui fçavent le
mieux la mufique & l'hiftoire de qotre
mufique , que j'ai toujours confultés
avant que de rien mettre fur le papier ,
m'ont affûté que l'état de notre mufi-
que étoit , il y a fix vingt ans , tel que
je le décris. La neceflîté n'avoit pas
même encore en feigne à la mefurer
en l'écrivant. Le goût a bien changé
depuis , & la progrelïion de nos chants
eft devenue u accélérée , qu'ils font
quelquefois & fans agrément & fans
fexprefllon.
Ce changement a été l'occafion d'un
changement encore plus grand furve-
nu dans notre danfe , & principalement
dans la danfe du théâtre. Il y a quatre-
fur la Poëfîe &fur U Peinture. 1 83
ans que le mouvement de tous
les airs de ballet e'coit un mouvement
lent , & leur chant , s'il efl: permis
d'ufer de cette expreflion , marchai?
pofément , même dans fa plus grande
gayetë*.
On exécu toit ces airs avec d es Luths ,
«les Théorbes & des Violes qu'on mé-
quelques Violons , & les pas &
les figures de ballets compotes fur les
airs dont je parle s croient lents & iïm~
pies. Les Danfeurs pouvoient gardex
toute la décence poflïble dans leur
f maintien , en exécutant ces ballets ,
1 dont la danfe n'étoit prefque pas dif-
férente de celle des bals ordinaires.
Le petit Molière avoit à peine mon-
tre par deux ou trois airs qu'il étoit
porïible de faire mieux, quand Lulli
parut > & quand il commença de com-
poser pour les ballets $e ces airs qu'on
«pelle des airs de vîteffe. Comme les
Danfeurs qui executoient les ballets
compofés fur ces airs , et oient obligés
4 fe mouvoir avec plus de vïtefle &
plus d'action que les Danfeurs ne l'a-
▼oiem faits jufqu'alors , bien des per-
sonnes dirent qu'on corrompoitle bon
tde la danfe » & qu'on alloit eu
54. Réflexions critiques
faire un Baladinage Les Danfeurs
mêmes n'entrèrent qu'avec peine
ï'efprit des nouveaux airs, & fou
il arriva que Lulli fut obligé de <
pofer lui même les entrées qu'il •
!oit faire dan fer fur les airs doi
parle. Il fut obligé de compofer
même tes pas & les figures de
irée de la Chaconne de- Cadmus ,
ce que Beaucliamps qui faifoit
fes ballets , n'entroit point à for
dans le caractère de cet air de vit
Le fuecès des airs de vîteflTe d
l'idée à l.ulli d'en compofer qui fu
à la fois & vîtes & caractérifés,
appelle communément des airs c
îérifés ceux dont le chant & le ri
imitent le goût d'une mufique r.
culiere , & qu'on imagine avoii
propre à certains peuples , & n
a de certains *perfonnages fabi
de l'antiquité , qui peut-être n'e:
renr jamais. L'imagination fe f
donc cette idée fur le chant & |
mufique > convenable à certains
fonnages , finvant ce qu'on peut
voir du caractère de ces perfoni
a qui le MuGcien prête des airs d
fur h. Po'èfie &fur la Peinture. 1 8 f
airs peuvent avoir avec cette idée ,
laquelle bien qu'elle foit une idée va-
gue , eft néanmoins à peu près la mê-
me dans toutes les têtes , que nous ju-
geons de la convenance de ces mêmes
airs. Comme nous l'avons déjà dit , il
eft un vraifemblable , même pour cette
mufique imaginaire. Quoique nous
n'ayons jamais entendu la mufique de
Pluton , nous ne laiffbns pas de trou-
ver une efpéce de vraifemblance dans
les airs de violon , fur lefquels Lullî
fait danfer la fuite du Dieu des En-
fers dans le quatrième A<5te de l'O-
péra d'Alcefte , parce que ces airs res-
pirent un comentement tranquille &
Jérieux, & comme Lulli le difoit lui-
même , une joie voilée. En effet , des
airs caraétérifés , par rapport aux fan-
tômes que notre imagination s'eft for-
més , font fufceptibles de toutes fortes
d*expreffions comme les autres airs. Us
expriment bien la même chofe que tes
autres airs , mais c'eft dans un goût
particulier & conforme à la vraifem-
blance que nous avons imaginée.
Comme les Compofireurs de ballet
3ont Lulli fe fervoit , ne fe perfeéHon-
noient pas auflî vite que lui > il fut
:ore
1%6 Réflexions critiqua
obligé fouvent de compofer enco
lui-même le ballet des airs d'un carac-
tère marqué. Lulli, fix mois avant que
de mourir, fit lui même le ballet de
l'air fur lequel il vouloit faire danfer
les Ciclopes (a) de Ja fuite de Poli-
phéme. Mais les Danfeurs fe font tel-
lement perfectionnés dans la fuite ,
qu'ils ont renchéri fur les Muficicns .
auxquels ils ont fuggeré quelquefois
l'idée d'airs de violon d'un caractère
nouveau , & propre à des ballets ,
dont nos Danfeurs avoient imaginé
l'idée.
Cette émulation a donné lieu de
mettre dans les ballets & dans les
airs de violon une variété & une élé-
gance qu'on n'y voyoit pas autrefois,
Il y a foixante ans que les Faunes ,
les Bergers , les Payfans, les Ciclopes
& les Tritons danfoient prefque uni-
formément. La danfe eft aujourd'hui
divifée en pluïîeurs caractères. Si je
ne me trompe pas , les gens du métier
en comptent jufqu'à feize f & chacun
de ces caractères a fur le théâtre des
pas , des attitudes & des figures
qui lui font propres. Les femmes mt-
(a) Oasu V Optra dt G'ktii.
fut la Po'tjîe &fur la Peinture. i 87
mes font entrées peu à peu dans ces
caractères. Elles les font fentir dans
leur danfe auflî-bien que les hom-
mes.
Je ne dirai pas qu'on n'ait point
quelquefois gâté notre mufique &
notre danfe à force de les vouloir en-
richir & de vouloir les rendre plus
expreffives. Mais c'eft une deftinée
inévitable à tous les arts qui font un
progrès confidérable. Il fe trouve tou>
jours des Artifans qui paflent le but ,
& qui défigurent leur ouvrage à force
de vouloir le rendre élégant. Lesper-
fonnes qui tiennent pour l'ancien goût ,
allèguent ordinairement les excès où
tombent les Artifans qui outrent ce
qu'ils font , lorfqu'eiïes veulent prou-
ver que le goût nouveau eft vicieux.
Mais le public qui fçait difcerner entre
les défauts de l'art & les fautes de l*Ar-
tifan , ne trouve pas que les inventions
nouvelles foient de mauvaifes chofes,
parce qu'on en abufe. Ainfi le public
s'eft fî bitn accoutumé à la nouvelle
danfe de théâtre > qu'il uouveroit fa-
de aujourd'hui le goût de danfe , le-
quel y regnoit il y a (oixanre ans. Ceux
qui ont vu notre danfe théâtrale arri-
l8S Réflexions Critiques
ver par dégrés à la perfection où elle
eft parvenue , n'en font pas fi frappés ;
mais les Etrangers qui ont été long-
tems fans venir en France , font très*
furpris d'un progrès qui leur femble un
progrès fubit. Après cette digreflion
qui paroît expliquer fenfiblement un
paflage d'Horace fort important , mais
entendu , revenons à la déclamation
théâtrale des Anciens. Ce que je vais
dire fur la manière dont elle s'exécuroit,
fuffiroit feul pour prouver tout ce que
je puis avoir avancé.
SECTION XI.
Les Romains partageaient fouvent la dé-
clamation théâtrale entre les deux Ac-
teurs , dont l'un prononçait , tandis
que Vautre faifoit des gejîes.
J_j A déclamation de plufieurs fcènes
des pièces dramatiques étoit fouvent
partagée entre deux Acteurs, L'un étoic
chargé de prononcer, & l'autre étoit
chargé de faire les geftes. Or comment
auroit-il été poflible que ces deux Ac-
teurs euflent toujours été d'accord ea-
_
fur la Po'êjre &fur la Peinture. 1 89
'eux . & que l'un & l'autre fuflent
cadence avec l'accompagnement ,
fi la déclamation n'avoit pas été con-
tée , de manière que chacun fçût
précifément ce que fon compagnon de-
voit faire , & dans quel efpace de tems
il l'exécuteroit ? Cela pouvoic-il s'ar-
ranger fans qu'il y eût rien d'écrit ?
Entrons en preuve. Tite-Live , après
avoir fait l'hiftoire des premières re-
préfentations théâtrales qu'on vit à
Rome , après avoir dit , concernant
les premiers progrès de ces repréfen-
tations , ce que nous avons rapporté
dans la Seétion précédente , raconte *
en continuant l'hiftoire de la fcètie
Romaine , l'aventure qui donna l'idée
de partager la déclamation , pour ainfi
dire , en deux tâches , 8c il dit même
les raifons qui furent caufe que cet
ufage s'établit comme l'ufage le meil-
leur.
Livius Andronicus , Poète célèbre
& qui vivoit à Rome environ cinq
cens quatorze ans après fa fondation ,
& environ I7x -vingt ans après qu'on
y eut ouvert les théâtres , jouoit lui-
même dans une de fes pièces 1 . C'étoit
aiors la coutume que les Poètes dra-»
;
ÎS lut
iço Réflexions critiques
Hiatiques montaflent eux-mêmes fut
le théâtre , pour y réciter dans leurs
ouvrages. Le peuple qui fe donnoic
la liberté qu'il prend encore en Fran-
ce Si en Italie , de faire répéter les
endroits qui lui plaifent : le peuple »
dis- je , à force de crier Bis, le mot
eft Latin , fit réciter fi long-tems le
pauvre Andronicus , qu'il s ? enroua«
Hors d'état de déclamer davantage ,
il fit trouver bon au peuple qu'un
Efclave placé devant le joueur d'inf-
trument , récitât les vers ; & tan-
dis que cet Efclave récitoit , An-
dronicus rit les mêmes geftes qu'il
avait fait en récitant lui-même. On
remarqua que fon action étoit alors
beaucoup plus animée * parce qu'il
empîoyoit toutes fes forces à faire
les geues , quand c'étott un autre qui
ctoit chargé du foin & de la peine
de prononcer. De là , continue T ite-
Live , naquit fufâge de partager la
déclamation entre deux Adteurs , &
de réciter , pour ainfi dire , à la ca-
dence du gefte des Comédiens; & cet
ufage a fi bien prévalu , que les Comé-
diens ne prononcent plus eux-mêmes
que les vers des dialogues. Lmus..,*idem
r
fur la PoëftcC? fur U Peinture. 191
fâlicet , ^uod omncj func «fart/ ., fuorum
carminum aftor , dicitur cum fxpius revo-
cjuis l'oum obtudijfet , vtnii puïtâ pue-
mm ad canendum antc tïbkintm cumjla-
uàjfet j cantkum egijje aliquanto magis
visent i rnotu , quia niiûl vocis ufus im~
ptdkbat. Inde ad manum cantari hiflrio-
mbus captum 4 diverbiaque tan'ùm ipfo-
rum vocï relifta (a). Je crois qu'il feroit
inutile d'expoferde quel poids eft ici
l'autorité de Tite-Live , & de faire
voir que tous les raifonnemens poflî-
bles ne doivent pas balancer un mo-
ment fa dépodtion. Il n'y aura perfon-
ne qui ne fente bien cette vérité.
Le paflage que je viens de citer ,
n'a pas befoin d'autre Commentaire
que d'une explication autentique des
mots Cantkum & Dherbium, Nous la
Trouvons dans Diomede. Cet ancien
grammairien , après avoir dit que les
pièces de théâtres étoient compofés de
chœurs , de dialogues & de monolo-
gues , ajoute : Les dialogues font les
endroits d'une pièce où plusieurs per-
fonnes converfent enfemble. Les can-
tiques on monologues font les endroits
fPune pièce dans lefquels > un Ac-
t»J Ti;É-t.ii. hijl. M. fy
102 Réflexions critiques
teur parle étant feul , ou dans les-
quels , fuppofé qu'il y ait un fécond
Adteur fur la fcène , le fécond perfon-
nage ne dialogue point avec le pre-
mier j & cela de manière que fa ce fé-
cond perfon nage dit quelque chofe.il
aie le dife qu'en forme d'à parte , c'eft-
à-dire, fans adrefler la parole au pre-
mier (a) Membra. Comadiarum triafunt.
Diverbium , Cantkum & Chorus. Diver*
bia funt partes Comxdiarum in quibus di-
verforum perfonœ verfantur. In Canticis
autem una tantum débet ejfe perfona , aut
jî aux fuerint , ha debent ejfe ut ex oc-
culta una audiat 6" eloquatur j fedjecum*
fi opus fuerit , verba faciat. On fera ré-
flexion que ces endroits d'une pièce
dramatique que les Anciens appel-
aient des Cantiques „ font ordinaire-
ment les endroits les plus paflïon-
nés, parce que l'Acteur qui le croit
dans une entière liberté , y donne
l'eflbrt à fes fentimens les plus fe-
crets & les plus impétueux, qu'il con-
traint, ou qu'il déguife dans les autres
fcènes.
On peut fe faire quelque idée du
chant ou de la déclamation harmo-
( a ) De 4rtc Çramwi, iib, 3 ,
nieufe
fkrhx Po'ijie &fur la Peinture. 193
Meule de ces Cantiques , parce qu'en
dit Quintilien , quoiqu'il n'en parle
que par occafion. Cet Auteur en rai-
fonnancfur un endroit del'Oraifon de
Ciceron pour Milon , quidevoit deve-
nir emphatique dans la prononciation,
ditque cet endroittenoit du Cantique.
On fent bien , ajoute Quintilien , qu'il
eftimpoflïbl.ede le réciter fans renver-
fer un peuîa tête en arriere 3 comme l'on
«ft porté à le faire par un inftinct ma-
chinal »lorfqu'onveutprononcer quel-
que chofe avec emphafe. La voix a une
nTue plus'aifée, lorfqu'on tient la tête
dans cette lituation. (a) Pleniore tamen
kxc canaii fluunt .-Vos Albani tumuli
atque luci , &c. Nam Cantici quiddam
habent ,Jenfimque refupina funt. Quinti-
lien dit encore dans un autre endroit ,
que nous avons déjà cité, quand nous
avons voulu prouver que la déclama-
tion des Anciens n'étoit pas un chanr
mufical tel que les nôtres , qu'il faut
bien qu'un enfant, à qui l'on fait lire
les Poètes „ les life autrement qu'il ne
liroit de la profe , mais qu'il ne faut
pas qu'il laifle échapper fa voix , com-
me s'il récitoit un Cantique , fur le
(a) Quinc. lib. 1 1, cap» iy
Tome If J. I
■
I g 4 ^ ^ear/ on* critiques
théâtre, 'a) Suautem Içclio pirilis & cum
jiiavitate quada.m gravis , non quidein
profce fun'àis , quia carmen ejî & Poëtq,
c.anere efî tefiantur. Non ra,men in Caiiti-
eum dijjhluia.
Comme Tite-Live ne fait que nar-
rer l'origine de l'ufage qui fe prati-
quent de fon tems , je ne fongerois
pointa confirmer fon récit parle té-
moignage d'autres Auteurs , il la cho-
fe qu'il nous apprend , ne devoir point
paroïtre extraordinaire. Mais comme
il eft impodïble que bien des gens ne le
Trouvent pas étrange , je croia à propos
de rapporter encore quelques paflages
des Auteurs anciens, qui difeptla mê-
me chofe que Tite Live.
Valere Maxime qui écrivojt fous
Tibère , raconte l'aventure d'Andro-
rjipus prefque dans les raçmes termes
que Ïite-Live. Il dit , en parlant de ce
Poète ; Andronicus, en jouant dans
une de fes Tragédies , fut obligé par
les Spectateurs à répéter tant de fois
un endroit delà pièce, qu'il s'enroua;
de manière qu'il lut obligé, pour con-
tinuer , à faire réciter les vers par un
de Ces efdaves accompagné du joueur
1
*
fur la Poefe &fur la Peinture. 195*
de flûte , tandis que lui , Andronicus ,
ilfaifoitksgeftes. (a) Isfui operis Ac
tor , cumfœpius àpopulo revocatus vocem
tbtudi[jet , adkibito pueri &r tibicinis cort-
coicu gefiiculationem tacitus peregit.
.Lucien dans l'écrit (b) qu'il a com-
pose fur l'an de la dan le , tel que l'a-
voie nt les Anciens , dit 3 en parlant
des per Tonnages tragiques , qu'on leur
entend prononcée de tems en tems
quelques vers ïambes , & qu'en les
prononçant , ils n'ont attention qui
bien faire fortir leur voix , car les Ar-
tifans ou les Poe tes qui ont mis les pic»
ces au théâtre , ont pourvu au reïte.
Cet Auteur ajoute quelques ligne*
après, autrefois c étaient les mêmes pev
fonnts qui récitaient 6* qui faifoUm la
fzjles; mais comme V action troubloit l& li*
trtéiela refpiration^& nuifaitainjiâlâ.
prononciation >on a donné à ceux qui font
Us gejles des Chanteurs qui prononçaient
pour eux. Aulugelle , contemporain de
Lucien , dit que les Chanteurs , qui
de fon tems récitoient fans fe remuer,
fai l'oient auûi les geftes en récitant
(1) Va\. Max, iïb. f c» 4»
<b; Luciaa. de Orehtf.
lij
196 Réfitxions critiques
fur l'ancien théâtre, (a) Sahabundi au*
tem canebani, qux nuncjlanies canunt.
Tous ces récits font encore appuyés
du témoignage de Donat, qui a écrit
expreffément fur le théâtre. Les Co-
médiens , dit-il , en parlant des pièces
de Térence. prononçoient eux-mê-
mes les dialogues , mais les Cantiques
étoient mis en modulation , non poinr
par le poète, mais par un habile Mfl&
çien» (b) Diverbia hiftriones pronpircid'
tant. Cantica verà temperabantun modit
non à Poïta jfed à perito artis Muftctt
faêtis.
Enfin , Ifidore de Séville , qui du
moins a pu voir des gens qui euiïent
vu représenter fur Jes anciens theâ»
très de Rome tait mention de ce par.
cage de la déclamation entre deux Au-
teurs. Il dit en parlant d'une des par-
ties du théâtre * que c'était -là que les
poètes &t ceux quichantoient des Tra*
géd.ies ou des Comédies, feplacoient
pour prononcer leurs récits , durant
Jefquels d'autres Aéteurs faifoieot les
geftes. Pn voit par rhiftoirc de Liviw
(»> Attlug. lib 10. cap, z. ■• ~
Çk) Ertf'f de Jrag. £r Q««(,
fur la Po'éjîè &far la Peinture. 1 9 ?
Andronicus , rapportée dans Tite-Li-
vc, & par plusieurs autres pafTages des
Auteurs anciens , que les Poètes chan-
taient, fbuvent dans leurs pièces ; c'eft-
à-dire , qu'ils prononçoient eux-mê-«
mes ces endroits que les GefticulateurS
ne prononçoient pas. (a) Ibi enïm Poe-
ttt j, Comcedi & TrOgadie ad ctrtamttl
tonfctndebant * ùfque canentibus jàliigtj"
tus edebant. Quatre vers d'une Epi-
gramme de l'Anthologie Latine, dé-
crivent très-bien un A&eur qui fait les
geftes convenables à ce que récitent
d'aurres A fteurs , après que le chceui
a ceffé de parler.
JngreJfiP Jctnatn j'opulti/n falttuor adorât.
SaUrtifpandcns prttdtre vertu manu :
Nam twn graca cforui iiffudit tanne a dultit
rQwt répntdt etntor morihut ipfc protat.
Nous expoferonsplus bas pourquoi
nous traduifons Sakator par Ââeur.
H eft à propos de faire penfef Ici le
lecteur à trois chofes. L'une eft , que
les théâtres des Anciens étoient bien
plus vaftes que les nôtres , fie qu'ils
étoient encore moins éclairés. Com-
me je le dirai tantôt , le jour qui éclai-
_
») Ifid. Ofig. lit. 1 j. f. ++ ,
ILij
t$8 Réflexions critiques I
roit la fcène antique , n'y pouvoit
pas jetter autant de lumières que nos
illuminations théâtrales en jettent fur
la fcèile des théâtres modernes. Ainfi
les Anciens ne voyoient pas leurs Ac-
teurs d'aufli près , ni auflî distinctement
que nous voyons les nôtres. La fé-
conde eft , que les Acteurs des Ancien!
jouoîenc mafqués , & par conféquent
an ne pouvoir pas voir aux mouve-
mens de la bouche & des mufcles du
vifa'ge , s'ils parloient , ou s'ils ne par*
ïoiëntpas. Ainfi le fpeétateur ne l'en-
toit pas le ridicule qu'on imagine d'a-
bord dans deuxperfonnes , dont l'une
feroït des geftes fans parler » tandis
que l'autre réciteroit fur un ton pa-
thétique les bras croifés. En rroifiérne
lieu , comme les mafques des Comé-
diens fer voient alors pour augmenter
la force de la voix t ainfi que nous 1 ex-
poferons plus bas , ces mafques dé-
voient en altérer le fon alïèz pour ren-
dre difficile de connaître, Ji, par exem»
pld la voix que Micion avo.it eue dans
le Cantique, et oit la même voix que
Micion avoit dans les Dialogues. Sui-
vant les apparences , on choififlbit un
Ckancsur dont la voix approchât , au-
fit la Poëfîe &fur la Peinture. Ï99
tant qu'il ctoit poffible, de la voix du
Comédien, & l'on peut croirequ'il n'é-
toit plus poflible de reconnaître les
deux voix, & de les distinguer., quand
elles avoient paffc par le mafque. Ce
Chanteur fe plaçoit fur une efpcce
d'Eftrade a)> laquelle étoit Vers le ba*
de la fcène,
tr.ffii. Orig. lit. 18.
SECTION XI ï.
Des Mafques des Comédiens de
fAnttyuitéi
J e crois devoir faire ici une efpéCtf
de digre.flîon fur les mafques donc les
Comédiens Grecs & les Comédiens
Romains fe couvraient la tête en
jouant. Elle aidera mieux à encendio
ce qui me refte à dire fur le partage
de la déclamation entre le Gefiicula-
itur & le Chanteur, Efchille avoir in-
troduit en Grèce cet ufage. Diome-
de (a) nous dit bien que ce fut uii.Ro-
fws Gallus, qui le premier porta un
mafque fur le théâtre à Rome, pour
m.d. iib. }■
liv
^02 Réflexions critiquer
ner le deflein du mafque propre à I*
repréfenter. JJs plaçoient donc après
la définition de chaque perfonnage»
telle qu'où a coutume de la mettre»
la tète des pie'ces de théâtre, & fous
le titre de DramatU perfonœ, un deffein
de ce mafque. Cette infïrudion leur
femblpit néceflaire,
En effet, ces mafquesrepréfentoienc
pon- feulement le vifage , mais ils re-
préfentoïent encore la tête entière, ou
ferrée ou large* ou chauve ou couverte
de cheveux, ou ronde ou pointue ,
quoique fe : u M. Perrault ait cru ie con^
traire. Cet Ecrivain plein d'honneur,
fc de probité, étoit de plus h galan;
Jpiomme , que lui même, jl me pardon*
peroit la remarque que je vais faire.
La vénération que je conferve pour
ta mémoire, méfait même croire qu'il
auroit corrigé fa taute,,iionl"ea avoit
averti.
Tout le monde fçait 4a Fable de Phè-
dre (a), dans laque) le un Renards'écrie,
jjprès avoir examiné un mafque de Tra-
gédie : Avec quelle mine on manque dé
cervelle ?
Quanti fptàes , inqidt j certbvmJUa habtt.
fur la Poëjîe & fur la Peinture. 20$
Voici la Critique de M, Perrault (a)
Dans Efope c'eji un (înge ', qui trouvant
une cite chef un Sculpteur j dit j, voilà
une belle tête , cefi dommage quelle man-
que de cervelle. La chofe va fort bien de
ta manière quEfope la raconte , parce
çu' une tête t fi faite p-our avoir de la cer-
velle ,* mais il ny a nulfel à le dire d'art
ma (que ou d'un vif âge qui ne font point
faits pour en avoir , &~à qui' ce riejl point
un reprocfie d*en manquer. Ejl-ce avoir du
goût que d'altérer ainfi une Fable ? Mais
les mafques dont parle Phèdre , étoîent
dans le même cas que h tête d'Efope.
Ces mafques couvrôient toute la tête
de l'Aéteur , & ils paroifloierit fait*
pour avoir de la cervelle. On peut le
voir en ouvrant l'ancien manufcritde
Térence qui eft à la Bibliothèque du
Koi , & métne le Térence de Madame
Dacier.
L'ufage des mafques empêchbit donc
qu'on ne vît fouvent un Acteur déjà;
flétri par l'âge,, jouer le perfonnage
d J un jeune homme amoureux 8c aimé.
Hypolithe , Hercule & Neitor ne pa-
roiitbient fur le théâtre qu'avec une
tête reconnoilTable à l'aidé de fa cotive-
(a) Paraltd, tome 3 , p. 567, '
Ivj
—
U. Lffr
2 04 R éflexiens crîûq ues
nance avec leur caractère connu
vifage fous lequel l'Acteur paroiiToit,— -
étoit toujours aflorti à fon rôle , flc
l'on ne voyoit jamais un Comédierfa— .
jouer le rôle d'un honnêrehommeavec=-
laphyfionomied'un fripon parfait. Les=
Compofiteurs des déclamations , c'elfc-
Quintilien qui parle , lorfqu'ils met-
tent une pièce de théâtre , fçavent ti—
1er des mafques mêmes le pathétique.
Dans les Tragédies , Niobé paroi c avec
un vifage trille , & Médée nous an-
nonce fon caractère par l'air atroce
de fa phylionomie. La force & la fier-
té font dépeintes fur le mafque d'Her-
cule, Le mafque d'Ajax, eft le vifage
d'un homme hors de lui- même. Dans
les Comédies, les mafques des valets,
des marchands d'Efclaves & des Para-
ntes, ceux des perfonnages d'hommes
groflîers , de foldats , de vieille , de
courrifanne & de femme efclave, ont
tous leur caractère particulier. On dis-
cerne par le mafque , le vieillard auf*
tere d'avec le vieillard indulgent i les
jeunes gens qui font fages , d'avec
ceux qui font débauchés ; une jeune
fille d'avec une femme de dignké. Si
le père , des intérêts duquel il s'agît
fur la, Poëfie Cf/ur la Peinture. 20 ?
principalement dans la Comédie , do>t
être quelquefois content & quelque-
fois fâché , il a un des fourcils de ion
mafque froncé, & l'autre rabatu , & il
a une grande attention à montrer aux
fpeétateurs celui des côtés de fon maf-
que , lequel convient à fa (îtuation pré- »
fente. C'eft ainfi que Boindin expli-
que (a) les dernières lignes du paflage
de Qiwntilien , en fuppofant que le
Comédien qui porte ce mafque , fe
tournoit tantôt d'un côté, tantôt d'un,
autre, pour montrer toujours le côté
du vifage qui convenok a fa (ituation.
actuelle , quand on jouoit les fcènes
où il devoir changer d'affection » fans
qu'il pût aller changer de mafque der-
rière le théâtre. Par exemple , fi ce
père entroit content fur la fcèng , il
préfentoit d'abord le côté de fon mat
que dont le fourcil étoic rabatu ; fie
lorfqu'il changeoit de fentiment , il
marchoit fur le théâtre, & il faifoit
fi bien qu'il préfentoit le côté du mat
que dont le fourcil étoic froncé, ûb-
fervant dans l'une & dans l'autre C-
tuation de fe tourner toujours de pro-
(a5 Dans m Mémoire remit à l cadin.ic dcBdlu
Lt'.irts.
■
2o6 Réflexions critiques
fîl. Les Comédipns Romains avoient
Une attention particulière à cette par-
tie de leur jeu. (a) Itaque in lis quœ ad
fcertam componuntur fabulis ., artifices
pronunciandi à perfonis quoque afièflui
mutuantur , ut fit Niobe in tragcedia trif-
tis* atrox Mei*a 3 attonitusAjax ,tru*
culentui Hercules. In Comcediis vcrd preey
zer aliam obfervationem quâ fervi ., tena-
nts , parajiti , rujlici , milites , veiula ,
meretrkula? , ancillœ J fenes aujîeri ac mi-
tes J juvenes feveri ac htxuriofis matrones ,
puella inter fe difeernumur ; pater ille eu-
jus pracipuè partes funt , quia intérim
concitattts * intérim Itnis efl , altero erec~
to j altero compojito efl Juptrcilio. Atquc
idofiendere maxime LatinisAcloribus ma-
ris efl j quoi cum lis quas agunt partibus
congruat. PoMux, dans l'ouvrage que
nous citons (fc),dit quelque chofe qui
me paroît propre a confirmer la con-
jecture ingénieufe & fenfe'e donr je
viens de parler. Cet Auteur , en par-
lant des mafques de caractères , die
que celui du vieillard qui joue le pre-
mier rôle dans Ja Comédie , doit être
chagrin d'un côté, & férain de l'autre»
(a) Quint. Infiit. lib. u. cap, u
(bj Onemaji, /. +, c. u.
fur la Poïfo Cffur la Peinture. 207
Le même Auteur dit aufli , en parlant
des mafques des Tragédies qui doivent
être caraétérifés , que celui deThami-
ris , ce fameux téméraire que les Mu»
fes rendirent aveugle , parce qu'il avoit
ofé lesdéfier , devoit avoir un œil bleu ,
& l'autre noir.
Les mafques des Anciens mettoient
«ncofe beaucoup de vraifembiance
dans ces pièces excellentes , où le
nœud naît de l'erreur qui fait prendre
un perfonnage pour un autre perfon-
nage par une partie des Acteurs. Le
fpeâateur qui fe trompoit lui -même
en voulant difeerner deux Acleurs dont
le mafque étoit aufll reiïemblant qu'on
le .vouloir, concevoit facilement que
les Atfteurs s'y méprifient eux-mêmes.
Il fe livrottdonc fans peineàlafuppo*
fition fur laquelle les incidens de la
pièce font fondés , au lieu que cette
luppofition eft û peu vraifemblable
parmi nous , que nous avons beau-
coup de peine à nous y prêter. Dans
la repréfentation des deux pièces que
Molière 8c Renard ont imitée de Plau-
te (a) , nous reconnoiûbns diftin&e-
mène les perfonnes qui donnent lieu à
ja) Afophitrion. Lt* Afcnecfcm<j,
2o8 Réflexions critiques
l'erreur., pour être des per Ion nages dif-
férons. Comment concevoir que les au-
tres A&eurs qui les voyerrt encore de
plus près que nous , puiflent s'y mé-
prendre > Ce n'eft donc que par l'habi-
tude où nous fommesde nous prêtera
toutes les fuppofit ions établies par l'u-
fage fur le théâtre, que nous entron»
dans celles qui font le nœud de l'Arn*-
phitrion & des Menechmes, & je né
confeillerois à perfonne de compofer
une Comédie Françoife toute neuve ,
dont l'intrigue confiât dans un pareil
embarras T
Ces mafques don noient encore aux
Anciens la commodité de pouvoir
faire jouer à des hommes , ceux des
per fon nages de femmes , dont la dé-
clamation demandoit des poulmons
plus robuftes que ne le font commu-
nément ceux des femmes J furtouc
quand il falloit le faire entendre en
ces lieux aufli vaftes que les théâtres
l'éto-ieitt à Rome. En effet, plufieurs
paflTages des-Ecri vains de l'antiquité (a),
entr'autres le récit que fait Aulugelle
de l'aventure arrivée à un Comédien
nommé Polus , qui jouoit le perfon-,
(«) Ctc. de Qjfic Lpn Aulug, lih, 7 , c*p. 5*
fur la Poëfie Cffur la Peinture. 2c$
âge d'Electre, nous apprennent que
■s Anciens diftribuoienc fouven ta des
Drames des rôles de femme. Aulu-
:11e raconte donc que ce Polus jouant
r le théâtre d'Athènes le rôle d'Elec-
e dans la Tragédie de Sophocle , il
icra fur la fcéne en tenant une urne
i étoient véritablement les cendres
un de fes enfans qu'il venoit de per-
re. Ce fut à l'endroit de la pièce où
falloit qu'Electre parût tenant dans
■s mains l'urne où elle croit que font
s cendres de fon frère Orefte. Com-
1e Poîus fe toucha excefllvement en
poftrophant fon urne, il toucha de
lêroe toute l'aflemblce, Ju verrai die
o) , en invectivant contre Néron ,
u'il falloit mettre aux pieds des ita-
ues de cet Empereur des mafques, des
rhirfes , la robe d'Antigone enfin ,
omme une efpéce de trophée qui con-
;rvât la mémoire de fes grandes ac-
ions. Cela fuppofe manifertement que
s'éron avoit joué le rôle de la feeur
'Eteocle & de Polinice dans quelque
Tragédie.
(s) Anre pedes Domitl longu m «u pone Thyîflss
S , raii vrel Anligom, feu j-cifonam Mcii»iip c cj.
w. Sa:, ï
2 1 o Réflexions critiqués
On introduifit aufli à l'aide de cm
mafques toutes fortes de nations étran-
gères fur le théâtre , avec la pliyfiono»
mie qui leur étoit particulière. Le mal-
que du Batave aux cheveux roux , &
qui eft l'objet de votre rifée , (aie peu!
aux enfans , dit Martial.
Rxfi ptrfina Baravi
Qtiim tu dtridti , Ltc cimet ero pter.
Ces mafques donnoient même lieu
aux amans de faire des galanteries à
leurs maîtreiTes, Suétone nous apprend,
que forfque Néron montoit fur le théâ-
tre pour y repréfenter un Dieu ou un
Héros , il portait un mafque fait d'a-
près fon vifagej mais que lorfqu'il y
répréfentoit quelque Déefle ou quel-
que Héroïne , il portoit alors un mat
que qui refiembloit à la femme qu'il
aimoit actuellement. Heroum Deor uni-
que , item Heroidum perfonis effiflis ai
Jjmiïitudwem orisfui , & feminx prout
quamque diligefet.
Julius Pollux J (a) qui compofa fon
ouvrage pour l'Empereur Commode,
nous allure que dans l'ancienne Corné-
(a) Ofioci. lib. +.f. il.
fur la Poëfle &fur la Ptinture. 211
die Grecque, qui le donnoit la liberté
de caractérifer & de jouer les citoyens
vivans , les Acteurs portbient un maf-
çuequi reffembloità la perfonne qu'ils
repréfemoient dans la pièce. Ainfi So-
crate a pu voir fur le théâtre d'Athè-
nes un Acteur qui portoit un mafque
jui lui reflembloit, lorfqu'Ariftopha-
»e lui fit jouer un perfonnage fous le
propre nom de Socrate , dans la Co-
médie des Nuées. Ce même Pollux
nous donne dans le chapitre de fon
livre que je viens de citer , un détail
trcs-long & très-curieux fur les diffé-
reras caractères des m a fq Lies qui fer-
voient dans les reprcfentations des
Comédies & dans celles des Tragé-
dies.
Mais d'un autre côté , ces mafques
Taifoient perdre aux fpectateurs le plai-
lîr de voir naître les palTions , & de
reconnoître leurs différais fymptômes
fur le vifage des Acteurs. Toutes les
expreflîons d'un hommepafltonné nous
affectent bien ; mais les fignes de la
pafllon qui fe rendent fenfibles fur Ion
filage; nous affectent beaucoup plus
que les fignes de la paflïon qui fe ren-
Kfibles parle moyen de fon gefte
&î± Réflexions critique*
&c par la voix. Dominatur autem maxi-
me vultus , die Quintilien. (a)
Cependant les Comédiens des An-
ciens ne pouvoient pas rendre fenfi-
bles fur leur vifage les lignes des paf-
fions. II étoit rare qu'ils quittaflent !«
mafque , & même il y avoit une ef-
péce de Comédiens qui ne le quittait
jamais. Nous fouffrons bien , il eft vrai,
que nos Comédiens nous cachent au-
jourd'hui la moitié des lignes des paf-
lîons qui peuvent être marqués fur le
vifage. Ces (ignés confident aurant
dans les altérations qui furvtennent à
la couleur du vifage, que dans les al-
térations qui furviennent à fes traies.
Or le xouge . dont il eft à la mode de-
Îfuis vingt ans que les hommes même
e barbouillent avant que de monter
fur le théâtre , nous empêche d'ap*
percevoir les changemens de couleur,
qui dans la nature font une fi grande
impreflîon fur nous. Mais ïe mafque
des Comédiens anciens cachoit encore
l'altération des traits que le rouge nous
laifle voir.
On pourrok dire pour défendre l'u-
fêgedu mafque, qu'il ne cache point
(a)Quîititlibt ii. c. j-
fur U Foëjte & fur la Peinture-, 2î j
aux fpeétateurs les yeux du Comédien,
Or s'il eft vrai de dire que les pallions
fe rendent encore plus fenfibles par les
altérations qui furviennent fur notre
vifage , que pair les altérations qui fur-
vienrient dans notre gefte & dans tou-
tes nos attitudes & dans notre ton de
voix ; H efl: aulîi vrai que les pallions
fe rendent encore plus fenfibles par ce
qui arrive dans nos yeux, que par ce
qui arrive dans les autres parties de
notre vifage. Nos yeux feuls ("ont ca-
pables d'enfeigner diftinérement tout
ce qui fe palïe fur le vifage , $c pour
ufer de cette expreffion , ils le font
voir tout entier malgré le mafque.
(a) Arùmitjl emnis a&io £r imago animi
vidtus eft , ind ces oeulî. L'imagination
Aipple'e, çontinuera-t*on , ce qui nous
eft caché; Si quand nous voyons des
yeux ardensde colère, nous croyons
voir le refte du vifagè allumé du feu
de cette paflion. Nous fom mes auflî
émus que fi nous le Voyons véritable-
ment. Plufieurs paflages de Ciçeroo
êcdeQuintitien , font foi que les Ac-
teurs àes Anciens m arquoient 1 parfai-
tement tous les lignes des paflioni pac
(a) Gif, de Ont. lik. 3,
«14. Réflexions criiiqaet
le mouvement de leurs yeux, aidés &
foutenus par les geftes & par la con-
tenance. On peut dire la même chofe
de ceux des Comédiens Italiens qui
jouent mafqués* (a) In vultu. plurimùm
■valent ocullper quos maxime animas éma-
nât. C'eft fur le vifage que I'ame fe
peint, & les yeux font la partie du vifa-
ge , qui , pour ainfi dire , nous parle Le
plus intelligiblement.
Je m'en tiens au ientîment le plus
(impie , & je penfe que la plupart des
pallions , principalement les pallions
tendres, ne fçauroient çtre aulîl-bien
exprimées par un Àdeur. mafqué que
par un Acteur qui joue à vifage dé-
couvert. Ce dernier peut s'aider de
tous les moyens d'exprimer la pallion
que l'Acteur mafqué peut employer ,
& il petit, encore faire voir des lignes
des paflions „ donc l'autre ne fçauroic
s'aidèt. Je crois donc que les Anciens
qui avoient tant de goût pour la repré-
fentatïon des pièces de théâtre , au-
roient fait quitter le mafque 3 tous les
Comédiens fans une raifon. C'eft que
leurs théâtres étant très-vaftes & fans
voûte, ni. couver ture-folide, les Co-
(l> Quint, iii, u.c. ».
"
r U Poëjie & fur la Peinture. 2 1 f
*ns tiroienr un grand fervjce du
je qui leur donnoit le moyen de
re entendre de tous les Ipecta-
, quand d'un autre cote ce mafque
Eaifoit perdre peu de choie. En
il étoit impomble que les alté-
îs du vifage que le mafque ca-
fulTent appercues diftincienient
>eâ:ateurs > dont plufieursétoient
lés de plus de douze toifes du,
edien qui récitoir. Entrons dans
ication de la raifort que je viens
ilugelle qui écnvoit fous l'Empe»
Adrien , loue l'étimologie que
! Bafïus donnoit au mot Latin per-
qui fignifioit un mafque, en fai-
renjrce terme du verbe perforut-
ui veut dire reformer. En effet,
;-t'il , le vifage & toute la tète
renfermés fous la couverture du
lie , de manière que la voix ne
bit s'échapper que par une fortie
ï encore reQerrée , il s'enfuit que
x atnG contrainte , rend des fons
ortsôc plus diftin&s. Voilà pour-
les Latins ont donné le nom de
ta aux mafgues qui font retentir
tonner {la voix de ceux qui les
ù,i6 Réflexions critiques
portent. Lepidè me Hercules &fcitè Gù'im
Bajfus in libris quos de origine vocabulo-
rum compofuit 3 unde appeUataJitperfo-
na interpretatur , à perfonando enim il
yocabulumfaclum ejjè conjetfat : nam ca-
put a inquit , O os cooperimento perfona
ttBum undique , moque tantum votïs
emittendx via t pervium, quai non vag&
mque dijfufa eft,in unum tantùmmodi
txitum colleBam coaclamque vocan * fr
magis clarosfonorofquefonitusfacit. Quo-
Jiiam igitur indumentum illud orisclartf-
cere & rcfonare vocemfacit* ob eam eau-
fam perfona dicla eft. (a) Que Balïus eût
raifon on non dans fon étimologie , ce-
la nenous faitrien.Ilnous fuffitqu'Au-
lugelle ne l'auroit point louée , fli
adoptée , fi de fon tems les mafques
n'euflent point été une efpéce d'échos.
Boéce confirme encore ici notre fenti-
ment (b) Concaritatz ipfa ., major ne-
cejje eft einictatur fonus , la concavité du
mafque augmente la force de la voix ,
dit ce Philosophe en parlant des maf-
ques.
On ne fçauroit douter , après avoir
lu le partage d'AulugeJle , & celui de
(il Aul. Cdl. Nofi. An. lik. $ , t. 7.
- i,b/ Ifartj de Ptrf. Cfl s f fr,
Boéce»
fur la Poëfie &fur la Peinture. 2 1 J
>éce, qui écrivoient ce qu'ils voyoient
tous les jours, que les Anciens ne fe
fer vi fient des mafques pour augmenter
le fon de la voix des A&eurs. Ma con-
jecture eilque l'on plaçoit dansla bou-
che de ces mafques une incruftation qui
faifoit une efpece de cornet.
On voit par les figures des mafques
antiques qui font dans les anciens ma-
nufcrits , fur les pierres gravées , fur les
médailles, dans les ruines du théâtre
deMarcellus & de plufieurs autres rao-
numens , que l'ouverture de. leur bou-
che étoit excelîïve. C'écoit une efpece
de gueule béante qui faifoit peur aux
tits enfans.
Taniemqut reiic ai pulpira notant
Exodmm', cum ptrfona palltmis hiarwn
In grtmio mitris fonmiar rujiicus infant* { a )
Suivant les apparences , les Anciens
n*auroient pas fouffert ce défagrément
dans les mafques, s'ils n'en avoienc
point tiré quelque avantage ; & je ne
. pas que cet avantage pût êtr^ autre
choie que la commodité d'y mieux
ajufte-r les cornets propres a rendre
plus forte la voix desAéteurs.
(») Jwcn, Sac. ].
Tome III &
2l8 Réflexiom critiques
Nous voyons d'ailleurs par un pa
fage de Quintilien , que le rire fouffroït
une altération fi conlîdérable dans la
bouche du mafque , qu'il en devenait
un bruit défagréable. Cet Auteur, en
confeillant aux Orateurs de bien exa-
miner quels font leur talens naturels ,
afin de prendre un goût de déclama-
tion convenable» ces talens , dit qu'on
peut réunir à plaire avec des qualités
différentes. Il ajoute , qu'il a vu deux
Comédiens célèbres également applau-
dis , quoique leur manière de déclamer
fût bien différente : mais chacun avoit
fuivi Ton naturel dans la manière de
jouer la Comédie qu'il avoit prife, Dé-
jnétrius , i*un de ces Comédiens , le-
quel Juvenal met au nombre des meil-
leurs Aâeurs de fon temps ? & qui a-
voit un fon de voix fort agréable , s'é-
toit attaché à jouer les rôles des divi-
nités, des femmes de dignité, des pères
jndulgens & des amoureux. Stratocles.,
c'eft le nom de l'autre Comédien > de
qui parle aufii Juvenal , (a) avoit une
voix aigre. Il s'étoit donc attaché à
(tt) Nf£ tamcn Antiochus, nce élit mirabilis ilii
Atc Stratocles , a ut cuin molli Dcmcrrlus Hœmo.
fur la Po'êfie & fur îa Peinture. 2 1 o
jouer les perfonnages des pères aufte-
res , des parafites , des valecs fripons ;
en un mot , tous Jes perfonnages qui
demandoient beaucoup d'aâion. Son
gefte écoitvif, fes mouvemens énoient
emprefles , & il hafardoit beaucoup de
chofes capables de faire fifller tout au-
trequelui. Une de ces chofos queStra-
tocles hafardoit , étoic de rire , quoi-
qu'il fçûc très-Bien , dit Quîntilien ,
par quelles raifons le rire fait un effet
ûéfagréable dans le mafque lllum de
cuit curfus £r agiliras, &" vélparum con*
1 miens perfanœ. rifus quem non igiiarus ra-
linnis, populo dabat. (b) Le rire ne dé-
plaît point par lui même fur la fcène
comique, & nous le fentons bien. Mo-
lière lui-même fait rire quelquefois fes
perfonnages à pfufîeurs reprifes. Il faf-
Loit donc que les éclats de rire redou-
blés retentiflent dans la bouche du
mafque , de manière qu'il en fortît un
fon défagréable. C'elt ce qui ne dévoie
pas arriver , il 3a bouche Se les parties
intérieures du mafque les plus voifines
de cette bouche n'euïïentpas été revê-
tues d'un corps dur & refonnant qui
( l> j Quint. Injl. lib- i i,cap. ult,
Kij
&20 Réflexions critiques
changée it quelque chofe au fon natu —
ici de la voix, en augmentant ce fon
Je ha farderai ici une conjecture tout
nouvelle, & qui peut donner l'inrellÊ
gence d'unpaflagede Pline mal enten
dujufques ici j c'efl que les Anciens
après s'etre lervi d'airain pour incrufte
les mafq.ues , y employèrent enfuir-
des lames fort minces d'une efpece d
marbre, Pline j en parlant de pierre s
curieufes , die que la pierre qu'on ap» —
pelle Calcophonos ou fort d'airain, tCh
noire , & que fuivant l'étimologie cLe
fon nom ., elle rend un fon approchant:
du fon de ce métal , lorfqu'on la tou-
che. C'eft pourquoi > ajoute - t'il , on
confeilleaux Comédiens des'enfervir.
(a) Calcophonos nigru efl J fed "dlifa. eeris
tinnicum reddit, Tragœdis ut fuadent ™f-
tanda. Quel ufage veut-on que les Co-
médiens pufTent faire d'une pierre qui
avoit cette propriété, fi ce n'étoit d'en
incrufter une partie de la bouche de
leurs mafques , après qu'elle avoit été
fciée en lames fort minces? Ces mafques
qui étoient de bois , comme nous l'ap.-
prenons dans Les vers que Prudence 4
fi)Ptiiutib. 17. cap. io,
fur la Potjîe & fur la Vdnturt. 2x1
fait contre S^mmaque, étoient propres
à recevoir cette incrustation. Ceux qui
récitent dans les Tragédies , dit notre
Poète , fecouvrent la tête d'un mafque
de bois, & c'eft par l'ouverture qu'on
y a ménagée, qu'ils font entendre leur
déclamation ampoulée.
Ut tragims canCOT ligna régie onî cjvato,
Grande aliqid l cujus per hfotuzn càrmtri anhettt.
Solin qui a écrit quelque tems après
Pline, femble nous apprendre pourquoi
l'ufage de cette pierre étoit à préférée
à celui «ie l'airain dans le revêtement
intérieur d'une partie des mafques.
C'eft qu'en repercutant la voix , elle
n'altère point la clarté du fon, au lieu
que le bruiflement de l'airain met tou-
jours un peu de confufion dans les fons
qu'il renvoyé. Après avoir dit que la
pierre au fon d'airain reforme comm«
ce métal, il ajoute qu'elle neprejudi-
c'ie pointa la nerceré de la voix , lors-
qu'on l'employé avec diferétion. Cal-
mphonos rejouai ut pulfata œra. Pudici
habitus fervai vocis claritatem. (a)
Nous pouvons juger de l'attention
que les Anciens avoient pour tout c*
J») Silin. Si Salmaf. c, yj.
K
»']
22 1 Réflexions critiqua
qu'ils jugeoient capable de mettre de
l'agrément ou de la facilité dans l'exé-
cution de leurs pièces de théâtre , pat
ce que Vitruve(a) nous die fur la ma-
nière d'y placer des Echxa , ou des
vafes d'airain propres à fervir d'échos.
Cet Auteur, en parlant de l'Architec-
ture du théâtre , entre dans un détail
long & méthodique fur la forme de
ces vafes , qui n'étoient apparemment
autre chofe que des plaques d'airain
rondes & un peu caves , ainfî que fur
les endroits où il falloit les placer,
afin que la voix des Acteurs trouvât à
propos des échos confonans. ha hac
rat forte vox àfcenavelutâ centro profufa
fe circum agent taftuqae feriens fingulo-
rwn y a forum cava , ex'citaverit auâlam
clàriatem £r concentu convenientem Jtbi
ccnfonanùam. Vitruve , en nous difant
<jue tous ces vafes dévoient être de
tons difFérens, nous dit aflez que l'ou-
verture & leurs autres dimenfions ne
doivenc pas être les mêmes ; & com-
me ces vafes étoient encore placés
à une diftance différente desAcîeurs,
il falloit bien qu'ils fuflenr des échos
plus ou moins faciles à ébranler ^
(«) ykruv, lib. s , ev s , Grc»
fur la Poëfie & fur la Peinture. Û2j
afin de répondre uniformément. Vi-
truve fe plaine que de Ton temps tes
Romains négJigeaflent de placer ds
ces Echœa dans leurs théâtres , à l'i-
mitation des Grecs , qui étoient foi-
gneux d'en mettre dans les leurs.
Apparemment que les Romains pro-
fitèrent de l'avis de Vitruve , car Pline
fe plaint que ces vafes & les voûtes
dans lefqueîles on les plaçait j abfor-
boient la voix des A&euTS, Il pré'
tend qu'ils faifoient un aufli méchant
effet que le fable & l'orcheftre , c'eft-
à-dire, de l'efpace qui étoit entre le
théâtre & les fpe&ateurs les plusavan-
cés. (a) In theatrorum orchejlrù fcrole
aut arenafuper injetfaj vox ierotautr &
in rudi parietum circumjeElu doliis etiam
inanibus. D'un autre côté, Cafllodore
dit dans l'Epitre cinquante une du li-
vre premier , que la voix de ceux qui
jouent des tragédies , étant fortifiée
par les concavités , rendoit un fon tel
qu'on avoit peine à croire qu'il pût
fortir de Ja poitrine d'un mortel. Tra-
gxdia ex vocis vajlitate neminatur (jum
concavis repercujjïonibus roborata, taiem
(aj Plia, iil, ii j tap. $i.
K iv
124 ^ if exions critiques
fonum videtur ejficere ., ut penè ai hom't'
ne non credatur. Ces concavités ne
pouvoient être que les Echcza. & le
cornet du mafque. On peut juger par
l'attention que les Anciens faifoient
fur toutes ces chofes , s'ils avoient
négligé de chercher des inventions
propres à faire faire aux mafques
de théâtre l'effet , qui , fuivant Au-
lugelle, leur avoit fait donner le nom
de Perfona.
Si les Ecrivains del'antiquitéavoient
pu croire que les générations à ve-
nir, puirent être jamais en peine d'ex-
pliquer des chofes qui étoient fans
difficulté pour eux , fbit parce qu'ils
les voyoient tous les jours , foitjaarce
que tout le monde avoit alors entre
les mains des livres qui expliquoient
méthodiquement ces chofes-là» ilsau-
roient mieux circonflancié leurs nar-
rations. Mais Us ont cruquelapof-
térité feroit toujours au fait des chofes
dont ils parloient , ainfi ils n'en ont
dit le plus fouvent que ce qu'il con-
venoit d'en dire pour appuyer un
raifonnement , pour fonder une cotn-
paraifon , pour expliquer une circoni
fur la Poëfie îffur la. Peinture. 2.25
tance , ou pour rendre raifon d'une
étimologie. Ceux mêmes qui ont écrie
méthodiquement fur la Poëfie» fur
l' Architecture , & fur plufieurs autres
arts , jugeant qu'il étoit inutile de
faire précéder leurs raifonnemens Se
leurs dogmes par des deferiptions ex-
actes de ce qui étoit fous les yeux
de tout le monde , fe jettent d'abord
dans des préceptes & dans des difeuf-
Eons que les contemporains crouvoienc
tics- claires , mais qui font des énig-
mes pour la poftérité , à caufe que 1©
flambeau qui éclairoit les contempo-
rains, s'eft éteint. Par exemple, com-
me les Anciens ne nous ont pas lajffe
la defeription de l'intérieur du Coli-
fée , les Architectes doutent encore
quelle étoit la diftribution intérieure
du troiiîcme étage de cet amphithéâ-
tre , quoique les deux premiers éta-
ges intérieurs foient encore à peuples
dans leur entier. Par la même raifon
il refle encore aux Antiquaires bien
des chofes à expliquer furies mafques»
Peut-être que cela ne feroit point, lï
nous n'avions pas perdu les livresque
Denis d'HalLcamafîe > llufus #t plu-
fieurs autres Ecrivains de Païuiqjiui
226 Réflexions critiques
«voient écrit fur les théâtres &furleï
repréfe'ntations. Ils nous auroient du
moins inftruits de beaucoup de choies
que nous ignorons , s'ils ne nous a-
voient pas tout appris. On peut voir
un catalogue de ces Ecrivains , dont
les livres font perdus , dans le qua-
trième chapitre de la première partie
de l'Ouvrage que le P. Boulanger,
Jéfuke , a compofé fur le Théâtre
des Anciens.
Mais nous en fçavons encore affe7.
pour concevoir. que les Anciens t>
roient un grand fervice des malques
qui iuettoiei.it les Comédiens en état
de fe faire entendre fur des théâtres
fans couverture foiide , & où i! y avoit
plusieurs fpe&ateurs qui éto'.ent éloi-
gnés de douze toifes de la fcene où
l'on récitoit. D'ailleurs, comme nous
l'avons déjà dit , le mafque faifoit
perdre peu de chofe aux fpeciateurs,
dont les trois quarts n'auraient pas été
à portée d'appercevoir l'effet despaf-
iîons fur le vifage des Comédiens»
du moins aflez difl incrément pour les
voir avec plaillr. On ne fçauroit dé-
mêler ces exprelïîons à une diftance
de laquelle on peut néanmoins difcer-
fur la Poëfie & fur la Peintufe. 227
l'âge & les autres traits les plus
marqués du caractère d'un roafquc. H
faudroit qu'une expreflion fût Faite
avec des grimaces horribles, pour erre
fendue fenfïble à des fpeflateurs éloi-
gnés de la feene au-delà de cinq ou
h toifes. Je rcpâerai encore une ob-<
ervation : c'eft que les Acleurs des
anciens ne jouoient pas , comme les
loties, à la clarté des lumières arti-
icielles qui éclairent de tous côc_ ,
nais à la clarté du jour qui devoit
îkfler beaucoup d'ombre fur une fcè-
ie où le jour ne venoit gtieres que
l'en haut. Or la juvtefle de la décla-
nation exige fouvent que l'altération
'.es traits dans laquelle une exprellion
oniifte , ne Toit prefque point mar-
|uée. C'eft ce qui arrive dans les fî-'
uarions où il faut que l'Acteur laifle
•crutpper , malgré lui , quelques lignes
le fa paflîon. Nous avons donc raifori
le finre jouer nos A fleurs à vifage
lécouvert , & les Anciens n'avoienr
>as tort de faire porter des mafque»
ux leurs. Je reviens à mon fujet.
^
V
228 Réflexions critiques
SECTION XIII.
De la Saltathn t ou de l y Art du Gejis ,
appellée par quelques Auteurs la Mifi*
que Hypocr'nique,
_!_} e s qu'on e(i une fois au fait du
partage de la déclamation furie théâ-
tre des Anciens , on en rencontre des
preuves dans bien des livres où l'on
n'en apperçoit pas avant que d'avoir
lété éclairé fur cet ufage. On entend
par exemple di (tin dément le pafiage
où Suétone dit que Caligula aimoit
avec tant de paflion l'art du chant &
l'art deladanle, que même dans les
fpeftacles publics il nes'abfteno't pas
de chanter tout haut avec l'Acteur qui
Î>arloit, ni de faire le même gefte que
'Aéteur qui étoit chargé de la partie
de la gefticulation * foit pour ap-
prouver ce gefte t foit pour y chai
ger quelque chofe. (a) Canendi acfû
tandi voluptate ha ejfcrtbatur ^ut nep
blkis quidem Jpeitaculis tempérant quo-
minus &• rragado pronuntiami corteineret
& geftum Hijlrioms qua laudans £r cor.'
{ a ) Sun- in CaTc Gr,»
»an-
fal-
:pu-
fur la Poëfie &furla Peinture. ii§
rigens „ palam ejfingem. On remarquera
que Suétone employé ici les termes
de chanter & de prononcer comme
des termes fynonimes en langage de
théâtre , & qu'il employé de même
le mot de danfe & celui défaire les
gejhs. Cet Auteur ne fait en cela que
donner à l'efpece le nom du genre.
Comme nous l'avons dit déjà , chez
les Anciens , l'art du gefte éroit une
des efpeces dans lefquelles l'art de la
danfe fe divifoit, Notre danfe n'étoit
qu'une des efpéces de l'art que les
Grecs appelaient Orchejis , & les Ro-
mains, Saltatio. Mais comme les Tra-
ducteurs François rendent ces deux
mots par celui de danfe , cette équi-
voque a donné lieu à bien des idées
fauflès. Voyons ce qu'on peut fçavoii
à ce fujet.
Platon dit que l'art que les Grecs
nomment OrcHefls , (a) confilre dans
l'imitation de tous les geftes &de tous
les mouvemens que les hommes peu-
vent faire. En effeti fuivant Varron ,
le mot de Saltatio ne venoit pas de
Salius , qui fïgniiie Sault, mais du nom
<i*un Arcadien appelle Saiius , qui le
dis Uix.k 7.
2$0 Réflexions critiques
premier enfeigna cet art aux Romains.'
(a) SaUatores autem nominatos Vafto èÀ-
c'a ah arcade Salio qui primus docuit
Romanes rfdolefcemes nobiles falcare. Le
témoignage de Vairon ne fçauroitêtre
balancé par aucun raifonnement fondé
furl'étimologie apparente du mot Sal-
tatio* Ainfî l'on doit fe défaire du pré-
jugé tiré du nom faltation , & qui por-
terait à croire que toute falration tirât
fon origine du mot Sakus qui ligni-
fie un Sault.
On conçoit bien donc que celles
des danfes artificielles des Anciens ,
où l'onimitoit, par exemple, les faults
& les gambades que des Payfans peu-
vent faire après avoir bu, ou les bonds
forcenés des Bacchantes, reflTembloient
à nos danfes ; en un mot qu'on y iri-
pudioit. Mais les autres danfes des An-
ciens , où l'on imitoit l'action des gens
qui ne fautent pas , Si , pour parler il
notre manière, qui ne danfent point ,
n'étoit qu'une imitation des démar-
ches s des attitudes du corps, des gef-
tes t en un mot de toutes les démonf-
trations dont les hommes accompa*
gnent ordinairement leurs difeours,
(a) lfid. oriç.L 13 ,c. io,
fur la Poe/îe &fur la Peinture. 2,31
OU dont ils fe fervent quelquefois pour
lonner leurs fentimens à comprendre
ans parler. C'eft ainfi que David dan-
foit devant l'Arche , en témoignant
par fon attitude comme par des gef-
5c des profrernations , le profond
tefpect qu'il avoir pour le gage de
l'alliance du Seigneur avec le Peuple
Juif. On voit dans le foixante-dix-
"euvieme livre de Dion(d), qu'Eln-
Sabale danfoit non-feulement quand il
^oyoit repréfenter des pièces drama-
tiques de la place où l'Empereur Ce
•**>ettoit, qu'il danfoit encore en mar-
^ liant , lorfqu'il donnoit audience ,
^juand il parloir à fes foldats , & même
^uand il faifoit des facrifices. Quelque
"|jeu iènfé que fût Elagabale , il ne
danfoit point à norre manière dans
les circonftances où Dion dit que cet
Empeieur danfoit. Ii convient donc
de fe faire une idée de l'art appelle
Stkatio, comme d'un art qui com-
prenait non feulement l'art de notre
danfe , mais aufli l'art du gefle . ou
cette danfe dans laquelle on ne dan-
foit point , à proprement parler. Ce
que je vais dire le prouvera encore.
2J2 Réflexions critiqués
Suivant Athénée a), Theleftes avoit
été l'inventeur de cette efpece de jeu
muet, ou de danfe fans faults&lans
pas élevés s & laquelle nous appelle-
rons ici le plus fouvent l'art du gelta
Nous ne ferons en cela que lui don-
ner le même nom que lui donnoient
fouvent les Anciens. Ils l'appeiloient
fouvent Chironomie , & ce mot traduit
littéralement , figntfie la règle de la
main.
Comme l'art du gefte fe fubdivifoit
encore en plufieurs efpéces , on ne
doit pas être furpris qu'il fe foit trou-
vé chez les Anciens un nombre de
danfes différences » aflez grand pour
mettre Meurfius en état de compofer
de leurs noms, rangés fuivant l'ordre
alphabétique! un Dictionnaire entier
(b). C'étoit de tous les- arts muficaux,
celui que les Anciens aimoient le plus,
et par conféquent celui qu'ils av oient
cultivé davantage : ainû" cet art qui
enfeignoit à l'Hiftrion ce qu'il dévoie
faire fur le théâtre , en même tem»
qu'il enfeignoit à l'Orateur à bien faire
fes geftes , s'étoit fubdiviféen plufieurs
( a ) Deipn. iib. prlm.
(h) Orchijl, J, Mturf,
fur la Po'éfie b'fur la Peinture, 1 3 y
îâlens dont quelques-uns convenaient
aux perfonnes les plus graves.
Tous ceux qui ont lu les ouvrages
des Anciens dans les langues où ils
ont été écrits > peuvent fe fouvenir
qu'ils ont vu plufieurs fois le mot
de Saltatio , employé en desoccafîons
où l'on ne fçauroit l'entendre d'une
danfe pareille à la nôtre. J'efpere néan-
moins que je n'ennuierai perfonne en
rapportant encore beaucoup de chofes
qui prouvent que les Anciens avoient
plufieurs Saltatioru où l'on ne danfoit
pas.
Les Auteurs qui ont donné la di-
vifion de la mufîque des Anciens , font
préfider à leur danfe la mufique hy-
pocritique. Elle étoit la même que les
Latins appellent quelquefois la mufique
muette. Nous avons dit que fon nom
venoit de celui d'hypocrite, qui inirn-
fle dans fon fens propre un contrefai*
feur. Mais c'étoit le nom le plus or-
dinaire que les Grecs donnaient à leurs
Comédiens.
Le leéteur voit déjà par le peu que
j'ai dit touchant cet art, que les geftesj
dont il enfeignoit la lignification &
l'ufage , n'étoient pas airrfî que ceux
434 Réflexions critiques
de nos danfeurs le font ordinairement,
des attitudes & des mouvement qui ne
îervifTent que pour la bonne grâce.
Les gefr.es de la danfe antique dévoient
dire, ils devoientfignifierquelque cho
fe. Ils dévoient , pour ufer de cetre ex-
preflîon, être un difcours fuivi. Voici
les preuves que j'ai promifes.
Apulée nous a laifle la defcriptiotl
d'une repréfentation du Jugement de
Paris , exécutée par des Corne
Pantomimes qui jouoient fans parler,
& dont le jeu s'appelloit SaUatio. (a)
Lorfque cet Auteur parle deladéma*»
che de fes Adeurs fut le théâtre , il
employé le terme incedere , qui fignifit
proprement marcher. En un autre en-
droit , pour dire que Venus ne décla-
moit que des yeux , il dit qu'elle ne
danfoit que des yeux. Ft non nunquara
fait are folis oculis. Auffi voyons - nous
que les Anciens ne vantent prefque
jamais les jambes & les pieds des Sal-
tatores _, ou de leurs Danfeurs. Ce font
les bras , ce font principalement les
mains des Danfeurs que les Anciens
louent.-Une Epigramme (b) de l'An-
thologie Greque reproche à un Ac-
(i) AjntL M'r<rm. i. n
(Lj Aazbd. iilr. a.
fur la Po'éjîe tffir la Peinture. 23?
teur qui avoit danfé dans le îôle de
Niobé , qu'il ne s'étoit pas remué plus
que l'auroit fait le rocher dans lequel
Niobé avoit été métamorphofée» en un
mot , qu'il n'étoit pas forti de faplace 3
&par conféquent qu'il n'avoir point
fait un feul pas de danfe. Rien ne
convient moins qu'un habillement long
à un homme qui danfe à notre maniè-
re. Or nous voyons que les Salcarores
des Anciens étoient fouveut vêtus de
long. Suétone dit en parlant de Cali-
guia , qui aimoit la Scdtaûon avec fu-
reur, y Ce Prince ayant mandé au Pa-
» Jais plufîeurs perfonnes des pluscon-
s> fîdérables de l'Etat , il entra brufque-
» ment vêtu d'un habit à la Greque ,
» & qui lui veno^t juiques fur les ta-
» Ions , dans le lieu où fes gens les
« avoient fait entrer; & là il lit devant
aïeux, au bruit des inftrumens , les
» geftes d'un Monologue ; après quoi
» il fe retira fans leur avoir dit un
•> mot. -a Magrto Tibiarum & fcabello-
rum crépine cum paîla tunicacjue talari
profduït , & defah ato candco abiit, Vel-
leius Paterculus {a) , voulant dire que
( 1 ) Lib. Jauni, hijt.
236 Réflexions critiques
P ancus , un des Officiers Romains at-
tachés au parti de Marc-Antoine ,
avoit contrefait Glaucus, célèbre Pê-
cheur que les Anciens croyoient avoir
été métamorphofé en Triton , quand,
après être devenu furieux pour avoir
mangé d'une certaine herbe t il fefut
précipité dans la mer : cet Hiftorien
écrit que Plancus déguifé en Dieu Ma-
rin , & en marchant fur les genoux ,
avoit danfé l'aventure de Glaucus. C«*
ruleatus £f mains, caputqueredimitus arun-
âme & caudam trahtm J eenibta iruiixufy
GLducum faltajfet* Un homme qui au-
roit danfé fur les genoux , auroit été
un for fpeclacle.
Ce que dit Quintilien , en parlant
de la nécellké d'envoyer les enfans
dans les Ecoles où l'on enfeignoit l'art
de la Saltation ^fuffiroit feul pourper-
- fuader que l'art du gefle en étoit la
principale partie. Il ne faut pas , dit
cet Auteur, avoir honte d'apprendre
ce qu'on doit être obligé de faire un
jour. D'ailleurs, ajoute-t'il , la Chiro-
nomiequi proprement fignilie l'art du
gefte , eft un art connu dès les terns
héroïques. Les plus grands hommes de
la Grèce , Se Socrate même l'ont ap-
fur U Poëfte &* far la Peinture, 237
prouvé. Ne voyons nous pas encore par
l'ancienne inftitution des danfes des;
Prêtres Salicns , que nos vieux Romains
n'ont pas dédaigné cec arc ? Enfin Pu*
fage s'en efl: confervé jufqu'à nous ,
fans être blâmé. Mais je veux qu'on
quitte fon maître au lortir de l'en-
fance , Si qu'on ne retienne de cet
exercice que la grâce & l'air aifédans
l'acTion. Le gefte de l'Orateur doit
être très-différent du gefte du Dan-
fmr. (a.) Et c'erti quoi facerc opornat
non indignutn ejl difecre , cùm pr a-fer tim
hxc Ciiironomia qux ejl , ut norninc ipjo
ieclaratur t lex geftih, & ah Mis heroï-
eîi temporibus orta fit f & à fummis Grx~
cïx viris, & ab ipfo ctïam Socrate pro-
bâta. . . .Nequc id veteribus Romanis de^
âecori fuir. Argumemum efl facerdàtum
nomme durans ad hoc tempus* Saltatio.
Cujus etiam difciplinx ufus in noflram
ufque œtatem fine reprehenfîone defeendit.
A me autem non ultra puer les annos re-
retinebitur , nec in hit ipjîs diu. Neque
tnim geftum Oratoris componi ad fhni-
litudinem faltatoris volo ,fedfubeffe ali-
quid ex hac excrâtationt-
Cependant Macrobenous a confW-
(« Quint. Jjift, Ub.pim.cjp. (] r
238 Réflexions critiques
vé le fragment d'une harangue de Sci
pion l'Emilien , dans laquelle U
tructeur de Carthage parle avec cha-
leur contre des inconvéniens qu'il
n'e'toit pas facile d'écarter des Ecoles ,
où Ton enfeignou l'art du gefte. Nos
jeunes gens , dit Scipion , vont dans
l'Ecole des Comédiens apprendre à
réciter, exercice que nos ancêtres re-
gardoient comme une profefllon d'ef-
clave. H y a plus, des garçons, des
filles de condition fréquentent les Eco-
les où l'on enfeigne l'art de la Salta-
livi. En quelle compagnie s'y trou-
vent-ils ? (a) Eunt in ludum hijiriomun,
difcunt cantare j quod majores nojh
getiuii probro duci voluetunt. Eunt in-
2uam, in ludum faltatorium imer CinX-
os j vifgines puerique ingmui. On peuc
voir encore dans l'Oraifon de Cice*
ron pour Mtirena , à qui Caton avoit
reproché d'être un Danftur , que l'u-
fage de la Saltation n'e'toit toléré dans
Jes hommes graves, qu'à la faveur de
frien des circonftances.
Revenons à Quintilien. Cet Auteur
«lit encore , dans un autre endroit ,
«ju'ii ne faut pas qu'un Orateur pro-
nonce comme un Comédien » ni qu'il
Alacrofi. S amr a, Ub. ]. Ujf» I»
fur la Poëjïe &fur la Peinture. 2 3 <?
faffe fes geftes comme un Danfeur. {a)
Non Comœdum in pronuntiadone, nonjal*
tatorem in gejîu facio. Voici , fuivant
les apparences , une de fes raifons.
Les geftes que l'art, appelle Salta-
tio , enfeignoit , n'étaient point tou-
jours des geftes fervans uniquement à
donner bonne grâce ] &c s'il efl per-
mis de s'expliquer ainfi , des geftes
qui dévoient lignifier quelque chofe
intelligiblement , des geftes qui dé-
voient parler. Or les geftes fîgnifica-
tiô font de deux efpeces. Les uns font
des geftes naturels , & les autres font
des geftes artificiels.
Les geftes naturels font ceux donc
on accompagne naturellement fondif-
cours > & dont on fe fert en parlant,
Ce gefte, qui 4 pour ufer d'une ex-
prelîion poccique , parle aux yeux,
donne bien plus de force au difeours.
Il anime à la fois, & laper fonne mê»
me qui parle , 8c celle qui écoute.
Qu'on empêche un homme vifdegef-
ticuler en parlant, fon expreflîon de-
vient languiflante , & le feu de forç
éloquence s'éteint? D'un autre côté ,
l'Orateur que nous voyons, & que nous
(i) Quint, iib. j-n'ra. cap. i-f.
'24° Réflexions critiques
entendons en même rems } nous re-
mue bien davantage , que celui dont
nous entendons la voix , mais dont
nous ne voyons pas les geftes. Mais
il eft rare que le gefte naturel ligni-
fie quelque chofe diftindement , quand
on le fait fans parler . Cela n'arrive
même qu'en deux cas. En premier lieu,
cela arrive , lorfque le gefte naturel
lignifie une ajfeblion , comme un mal
de tête ou de l'impatience. Mais le
gefte naturel ne fuific pas même alors
pour donner à connoître les circonf-
tances de cette affection. En fécond
lieu , le gefte naturel lignifie quelque
chofe fans le fecours de la parole,
lorfqu'on reconnoîtee gefte pour être
la même démoLiftration qui accompa-
gne ordinairement une certaine phrafe.
Alors on fuppofe que celui qui fait
ce gefte, y joint l'intention de dire
ce qu'on dit ordinairement en faifant
cette démon ft ratio ru Le gefte des peu-
ples qui font à notre Midi, étant plus
marqué que le nôtre, il eft beaucoup
plus facile de comprendre fon langa-
ge , quand on le voit fans rien en*
tendre, qu'il ne Peft de concevoir
en une pareille circonftance, ce que
fig'
fur la Poi-Jî<-& fur la Peinture. 24 b
■notre gefle fignifie. Mais ces geftes na-
turels n'ont encore qu'une lignification
toujours imparfaite, & même équivo-
que le plus fouvent.
Ainfi l'homme qui veut exprimer
diftin&ement, fans parler, une autre
chofe qu'une afreclrion , eft obligé d'a-
voir recours à ces démonftrations 8£
à ces geftes arrilîciels, qui ne tirent
pas leur lignification de la nature ,
mais bien de l'inftitution des hommes.
La preuve qu'ils ne lont que des figne*
artificiels ., c'eft que , comme les mots ,
ils ne font entendus que dans un cer-
tain pays. Les plus fimples de ces gef-
tes ne lignifient que dans une certaine
contrée, & l'on fe ferc ailleurs de fi-
gnesdirTérens pour dire la même choie.
Par exemple, le gefte de la main dont
on fe fert en France pour appeller
Îiuelqu'un , n'eft pas le gefte dont on fe
ert en Italie pour le même ufage. Le
François fait figne à ceux qu'il veut
appeler, de s'approcher de lui, en
levant la main droite , dont les doigts
font tournés en haut ,& en la ramenant
plufleurs fois vers fon corps; au lieu
que l'Italien , pour faire le même figne
•baifle la main droite, dont les doigta
Icma III. h
242 Réflexions critiques
font tournés vers la terre. En différera
pays on falue différemment. Les dé-
monflrations & les geftes dont fe ferr
un homme qui ne veut pas, ou qui ne
peut point parler ., ne font donc pas les
mêmes précifément dont on Te fert en
parlant. Celui qui veftt dire par fignes,
& fans proférer aucune parole, mon
père vient de mourir, eft obligé de
fuppléerpar des (ignés étudiés $c diffé-
rens de ceux qu'il employeroiten pro-
nonçant, aux paroles qu'il ne dit pas.
• Ces figues peuvent s'appeller des geftes
artificiels , & en fuivant l'efprit de la
.Logique, des gefies d'inftituiion. On
fçait que la Logique divife tous les
lignes en deux genres , qui font les fi-
,gnes naturels & les lignes d'inftitutions.
La fumée , dit elle, eft le figne naturel
du feu; mais la Couronne n'eft qu'an
figne d'inftitution , un emblème de la
Royauté. Ainfi l'homme qui fe bat la
poitrine , fait un gefte naturel qui mai-
que un faififlement. Celui qui décrit,
en gefticulant , un front ceint du dia-
dème, ne fait qu'un gefte d'inftitu-
tion qui lignifie uae tête couronnée.
Quoiqu'on joignît fur le théâtre la
parole avec le gefte dans les repré-
f
fur la Pocfîe Gr/ùr la Peinture, 243
Tentations ordinaires, l'art du gefte
étoit néanmoins enfeignédans les Eco-
les comme un art qui montroic à s'ex-
primer, même fans parler. Ainlî l'on
peut croire que les Profefieurs qui l'en-
ieignoient , fuggéroient non-feulement
tous les moyens imaginables de fe faire
entendreà l'aide du gefte naturel, mais
qu'ils montraient encore comment on
pouvoît dire fa penfée en fe fervant des
geftes d'inflitution pour*4'exprimer.
L'Orateur qui parloit, n'avoit pas be-
foin d'employer ces geftes artificiels
pour fe faire entendre. D'ailleurs il eft
comme impoflible que plulïeurs de fes
geftes ne fuflènt incompatibles avec la
décence qu'il devoît gardée dans fa dé-
clamation» Voilà, fuivant mon fend-
aient , la raifon pour laquelle Quintilien
défend 11 fouvent à fon Orateur d'imi-
ter la gefticulation des Danfeurs ou des
SaUatores.
Ce que dit Quintilien dans un autre
endroit , femble rendre ma conjecture
une chofe certaine. Tous les geftes
dont je viens de faire mention , c'eft
Quintilien même qu'on entend, partent
naturellement avec la parole. Mais il y a
une autre efpéce degefle&ijui nefigni-
Lij
244- Referions critique*
fient que parce qu'ils décrivent U
■choie qu'on veut exprimer par leui
moyen. Tel eit le gefte repré Tentant
l'action d\m Médecin qui tâte le pouls,
&. dont on fe fert pour lignifier un ma-
lade. Rien Uelt plus vicieux dans uo
Orateur, ajoute Qui ntîlien , que d'em-
ployer dans fa déclamation des geftes
.de cette efpece, La déclamation de
l'Orateur doit être entièrement diffé-
rente de cdle du Danfeur. L'Orateur
doit alTortir fon gefle avec le fenti-
jnent qu'U exprime, & non pas avec
la lignification particulière du mot
qu'il prononce. Nous voyons même,
continue notre Auteur, que les Co-
médiens qui veulent jouer avec décen-
ce , s'affujetti fient à fobferyation de
ce précepte ; c'eft à dire . qu'ils n'em-
ployent pas , oudumoins qu'ils n'em*
ployent que rarement dans leur décla-
mation des geftes d'inftitution. Et ù
quidem de quibus fum locutus cum ipfs
irocibus naturaliter exeunt gejlus.
fum qui res imitaùone Jignijicam , ut fi
segrotum , unfantis venus Medici finir
lùudine oftendai ; quod gejlus quàm Ion?
gijfîmè in oraûone fugiendum. Abejfe
tmm plurimum àfalcatorc débet Orator,
fur la Po'ëfîe & fur la Peinture. 24 f
in fît gejius ad ftnfum magis quàm ad
virba accnmmodatus , quod ttiam hif*
îrionibus pauio graviorihus facere irions
fuit (a).
Ciceron avoir déjà dit à peu près la
même rhofe que Quintilien. Cicerort
veut bien qu'un homme qui fe deftine
à parler en public , tâche d'acquérir la
grâce & l'air aifé de Rofcius j mais
il ne veut pas que cet homme moule
Ton gefte fur le gefte qu'on enfeignoit
aux gens de théâtre (b). Quis neget opus
effeOraiori in hoc oratorio moiUjflatu-
aie Rofcii g&ftu &" venujlate ? Tamen m-
mo fuaferit ftudiofîs dicendi adolefcenti-
bus in gsjiu difeendo hijîrionum ittore ela-
borare. Apparemment que la plupait
des Comédiens ne faifoient pas cora-
me ceux que Quintilien appelle , Hf-
iriones paulà gravures. Pluueurs Hif-
trions aimoient mieux fe fervir des
gefles d'infritution que des gefles na-
turels , parce que les geftes d'infritu-
tion leur paroiflbient plus propres à
faire rire, ]ls penfoient que ces geftes
rendoientl'dftionplus animée. Cepen-
dant les gens de bon goût défapprou-
j . IC. C. 3.
C c. de O/'iif . lib. priffit
Lu)
246 Réflexions critiqxtes
voient cette pratique. Ctcéron dit que
ce qui leur plaît davantage dans le jeu
des Comédiens , ce font les certes (im-
pies & naturels. Les Comédiens dé-
plaifent, ajoute-t'il, lorfqu'ils font des
geftes ineptes , ce qui leur arrive quel-
quefois, (a) Nam Gr Pakftricï mous
fxpè funt odiqfîores > Gr hijlrionum non-
nulli gefius inepti non vacant offenfiont,
& in utroque génère quxfunt rebla &Jim-
plicia lauaantur.
On trouve une defcriptiort curîeufe
de l'arc du gefte dans une Lettre que
Cafljodore écrivit à Albimts, pour lui
donner la commiflion de faire décider
par le peuple , qui de Thodoron ou
de Halandius étoit le meilleur A&eur.
Il étoit queftion d'avancer le plus ha-
bile. Nos Ancêtres, dit Cafliodore, ont
appelle Mufîque muette celui des arts
mufîcaux , qui montre à parler , fans
ouvrir la bouche , à dire tout avec les
geftes > & qui enfeigne même à faire
entendre par certains mouvemensdes
mains , comme par différentes atti-
tudes du corps , ce qu'on auroit bien
de la peine à faire comprendre par ur
difcours fuivi , ou par une page d'écri'
(a) Cif. di Ojjic. i. prim.
fur la Po'éfie & fur la Peinture. iaff
ture. (a) Hanc partent mujicce difcipli-
na muiam majores nofîri nominaverunt ,
fdlicet quœ ore claufo manibus loquitur ?
O quibufdam gefticulationibusfacu intel~
kgi quoi vix narrante linguâ autfcrip-
lurx textu pojjît agnofci. Je crois ce-
pendant que tes geltes d'inftitution ne
iignifioient pas toujours bien diftin&e-
menc ce qu'on vouloir leur faire dire ,
quoiqu'on obfervât , en les inftituant ,
une efpece d'allulfion aux chofes qu'ils
décrivoient, Mimas haliucinatur t dit
Apulée, (b) Nous verrons par ce que
faine Auguftin dit des Pantomimes.que
Je rapport qui étoit entre le gefte & la
choie (rgiiiride, n'etoit pas fi bien mar-
qué , qu'on pûttoujours la deviner fans
interprète, lorfqu'on n'avoit pas ap-
pris le langage de la danfe antique.
Les Orientaux ont encore aujour-
d'hui plufieurs danfes femblables à cel-
les que décrit Caffiodore. Toutes les
relations, principalement celles delà
Perfe, parlent de ces danfes. Les Etats
de l'Alie ont toujours été aulfi lujecs
que les Etats de l'Europe aux révolu-
tions politiques ; mais il femble que les
(ai l 'ariir. tptjl, Ub. jrim, rp. 10.
' "i Flor. Ub. 3.
Liv
'2:qË Réflexions critique!
Etats de l'A lie ayent écé moins fujers
que les Etats de l'Europe J aux révolu-
tions morales. Dans l'A fie, les coutu-
mes , la manière de le vêtir , enfin ki
ufages nationaux, ti'ont jamais été aulU
fujets aux changemens qu'ils l'ont été,
& qu'ils le font encore dans les parties
.Occidentales de l'Europe.
Nous voyons que les Anciens ap-
pelaient indiftindement la même per-
sonne , Danfeur & faifeur de geftes ,
parce que lafaltation étoit le genre,.
& l'art du gefte, l'efpece. L'Orateut
Hortenfius , le contemporain & le ri-
Val de Cicéron , étoit dans fes maniè-
res & dans la façon de iê mettre , ce
que nous appelions précieux. On di-
foic de lui , qu'après avoir été long-
tems un Comédien , il étoit devenu-
une Comédienne , une faifeufe de get
tes , & on nel'appelloitplusqueDyo*
nifta. C'étoit le nom d'une célèbre dan*
feufe, ajoute Aulugelte, qui fait ce ré-
cit, (a) Torquatiu non jam hijîrionem
ejje Honeiiflumdiceret ,fed gejliculciriam,
Dyonijîamque cum nocijfimœ Saluttricu-
l<g nomine appellent. D'un autre côté»
ïaâion du Comédien s'appelloit auili.
^») 4^. Gei»\ Mfi- '4ftk, tit.j>rim c<y. y.
fur la Po'êjîe Cffur la Peinture. 242
gefticulation , comme on peut le voir-
dans le récit de l'avanture du Poète
Andronicus. A in fi non-feulement on
difoit aufîi danfer , pour dire faire des
geftes , mais on difoit aulïi danfer, pour
dire jouer la Comédie. Saltare &ge]-<
tum agere > s'employent fi bien indif-
tinéiement } qu'on difoit danfer une
pièce Dramarique , pour dire la réci-
ter fur le théâtre \ &c cela, non-feule-
ment en parlant des repréfen tarions
des Pantomimes, qui jouoient fans ou-
vrir la bouche , comme nous le dirons
Tantôt-, mais même en parlant des re-
préfen tat ions des Tragédies ou de Co-
médies ordinaires, dans laquelle la ré-
citanon des vers faifoit une partie de'
l'exécution de la pièce.
Quand vous m'écriveç , dit Ovide à
un ami qui lui mandoit que la Médée,-
ou quelque autre pièce de la compo-
sition de ce Poète étoit £ort fuivîe „
que le théâtre ejî plein ,, lorfquon y dartfe
notre pièce, Cr qu'on y applaudit à
vers.
termina awptemfaltari wfjlra ih:
Vtrfibui b 1 | liaudl J cribh , amke , rnch. (■)]
&)0>ii.TnJl,i.EltS-T
2fO Réflexions crhiquts
Aulugelle , pour dire que dans les temj
antérieurs à ceux dont il parle , l'Ac-
teur qui prononçoit , faifoit aufli les
geftes , dit que ceux quichantoient de
fon tem« fans fe remuer , danfoient au-
trefois en chantant, (a) Saltabundi a*-
um canebant qua nunc fiantes canunu
Juvenal nous apprend que l'Ecuyei
tranchant qui coupoit la viande fur le*
bonnes tables, les coupoit en danfant»
On peut bien couper la viande en gesti-
culant , mais non pas en danfan t à no-
tre manière. D'ailleurs ce Poète ajou-
te en plaifantanc , qu'il y* du mérite
à couper la poularde & le lièvre avec
un gefté varié & propre à chaque opé-
ration. Il y avoir, à Rome des Ecoles
particulières pour cette efpéce de Sd*
tation.
Ssrutlortm inttrta , ne çurn inilgnano i'Jît ,
Sdltdrttetnjpe&esfif chironomonta volanti
Culrrllo t iemfftrcgat ditlata magijïri
Omnii j née mbiimofani diferimint refert ;
Qua gefiu hports ,& qua gatlinefecentr. (b)
Enfin Ariflides Quintilianus, aprèJ
avoir parlé de l'amitié de Cicéron
pour Rofcius , qui charmait Ciceioa
O A"L Geil. lib. 10. c. x,
Ibjviy. Sa. j.
fur la Po'ifie ùrfur la Peinture. 2$ I
par fon exactitude à fuïvre la mefure,
8c par l'élégance de fon gefte , appelle
ce Comédien célèbre un Danfeur. Il
le nomme Orcheftam en Grec , c'eft-
à-dire , Saltatorem en Latin. Nous ver-
rons même par un paflage de Calïio-
dore , que le mot Grec avoit été lati-
nité. En effet , quoique Rofcius par-
lât Couvent fur la fcène, c'eft néan-
moins par le gefte queCicéron le loue
prefque toujours. Lorfqu'il le loue
dans fon Oraifon pour Archias , c'eft
par le gefte qu'il le vante. Ergo Me cor-
poris moiu tantum umoremjibi concilia-
rat à nobis omnibus.
Cicéron difputoit même quelque-
fois avec Rofcius , à qui exprimeroie
mieux la même penfée en plufieurs
manieras différentes , chacun des con*
tendans fe fervant des ralens dans les-
quels il excelloit particulierement.Roi-
cius rendoit donc par un jeu muet le
fens de la phrafe que Cicéron venoit
de composer & de récirer. On jugeoit
enfuite lequel des deux avoit réuflî
le mieux dans fa tâche. Cicéron chan-
geoit enfuite les mots ou le tour de la
phrafe , fans que le fens du difcours
en fût énervé ; ôc il falloir que Rofcius
h v;
3$2 Réflexions critiques
à fon tour rendît Je fens par d'autres
geftes.fans que ce changement affoibltt
Texprefllon de fon jeu muet, (a) Et
certè faris confiât contendere eum cum
hifirione folitum , utrum Me fœpius ean-
dem fententiam variis gejlibus efficerett
anipfe per eloquentitz copiam fermone di*
verfopronuntiaret^ ditMaerobe, en par-
lant de Cicéron & de Rofcius.
En voilà fufSfamment fur l'art delà
Saltation corjfidérédans toute fon éten-
due. On voit bien parce que nous en
avons dit, que les Anciens mettoienc
en pratique ces leçons dans les céré-
monies religieufes.à table & en d'au-
tres occafions. Mais notre fujet ne de-
mande pas que nous fuivions la Salta-
tion dans tous les ufages qu'ils en fair
foient. Parlons encore de la Saltation
théâtrale en particulier.
(8) Mt-crob. Salurn. lib. z, cdp. I<v
w
fur la Poëfie b fur la P'énture. 2J$
l
SECTION XIV.
te la Danfeou de la Saltation théâtrale*
Comment VA&eur quifaifoic les-gejïes*.
pouvait s'accorder avec VAtleur qui ré-
citait. De la. Danfe des Chœurs.
L'art du gefte convenable à la dé-
clamation théâtrale , étoit partagé en
trois méthodes. Il ctoit fubdivifé en
trois arts différens. {a ) La première
méthode enfeignoit YEmélie , ou le
geftepropreàla déclamation tragique".
On appelloit Cordàx le recueil des gef-
tes propres à la déclamation des Co-
médies , ër Sicinis celui qui étott pro-
pre à la récitation des pièces drama-
tiques que les Anciens appelloientdes
Satyres. Les perfonnages qui réci-
taient dans ces trois genres de Poëfies,
faifoient plufîeurs geftes qui éroient
propres fpécialement à chaque genre;
Lucien dit néanmoins dans fon Trai-
té de la danfe, qu'en exécutant tes piè-
ce: comiques, on mêloic fouvent ks-
Âihsn».lib.]>nm+
2 f4 Réflexions critiques
geftes propres à la fatyre, avec les gef-
tes propres à la Comédie , les Sirinis
avec le Cordax.
Comment , dira t'on, les Anciens
avoient-ils pu venir à bout de rédiger
ces méthodes par écrit , & de trou-
ver des notes Se des caractères qui ex-
primaflënt toutes les attitudes & tous
les mouvemens du corps? Je n'enfçai
rien , mais la Coregraphie de Feuilléc
dont j'ai déjà parlée montre furBlam-
ment que la chofe étoit pollible. Il
n'eft pas plus difficile d'apprendre par
des notes quels geftes il faut faire ,
que d'apprendre par des notes quels
pas , quelles figures il faut former.C'eft
ce qu'enfeigne très- bien le livre de
Feuillée.
Quoique le gefte ne foit pas re'-
dutt en art parmi nous „ quoique nous
n'ayons pas approfondi cette matière,
Se par conféquent divifé les objets au-
tant que les Anciens l'avoient fait,
nous ne laiflbns pas de fentir que la
Tragédie & la Comédie ont des gsfles
qui leur font propres fpécialenienr.Les
geftes, les attitudes 3 le maintien & la
contenance de nos Aéleurs qui récitent
une Tragédie , ne (ont pas les rnéine»
fur la Poëfie& fur la Peinture. 2ff
ceux des Auteurs qui jouent une.
Comédie. Nos Acteurs guidés pa*
riniKnct, nous font fentir les princi-
pes fur lefquels les Anciens a voient
fondé la divifion de l'art dugefte théar
tral, de l'avoient partagé en trois mé-
thodes. Comme le dit Cicéron , la
nature a marqué à chaque paflïon , à
chaque fentiment fon expreflion furie
vifage , fon ton tu. fon gefteparticulie*
& propre, (a) Omnis mirn motus animi
fuum quemdam ànatura. habet vultum- ,
ùr fonum &* gejlum* Les pallions que
la Tragédie traite le plus ordinaire-
ment, ne font point celles que la Co-,
médie traite le plus communément.
Dans le chapitre où Quintilien par-
le avec plus d'étendue qu'ailleurs, du
gefte convenable à l'Orateur , on trou-
ve bien des chofes qui font voir que
de fon tems les Comédiens avoient
des Ecoles particulières où l'on enfei-
gnoit l'art du gefte propre au théâtre.
Quintilien y détourne quelquefois fon
difciple de fuivre ce que les Comé-
diens enfeignoient fur certains détails»
Quelquefois il les cite comme de bons
maîtres. Ceux qui enfeignent l'art de
(a) Cic. ic Or. I. 3.
àç6 Refitxiom trinqua
la fcène , dic-il , dans un autre endroit
du même chapitre , trouvent que le'
gefte qu'on fait delà tête feule, eftun
mauvais gefte; (a) Solo capite gtjium
facere fcenici quoque doêlores v'ttiofum pur
taverunt. On voit même que ces Pïo*
feffeurs avoient ce qu'on appelle les
termes de l'art. Quintilien , en parlant
de la contenance qu'un Orateur, fur
qui tous les yeux des Auditeurs font
déjà tournés.quoiqu'il n'ait pas encore
commencé à parler, doit tenir durant
Un tems avant que d'ouvrir fa bouche,.
dit que les Comédiens appellent en
leur ftyle ce (ïlence étudié , des re-
tardemens.- (b) In kac cunHatione [uni
qutzdam non indécentes ,. ut votant [tem-
ei > morce.
Comme les gens de théâtre ne dé-
voient guéres fe fervir de cette efpe-"
ce de gefte que nous avons appelles
geftes d'inftitution ; en un mot, com-
me leur Stdtation croit d'une efpéce
particulière, itétoit naturel. qu'ils euf-
fent des Ecotes & des ProfeiFeuis à
part. D'ailleurs il falloit qu'ils fçuiTfent'
nn art qui leur étoit particulier, i:
i»)Quwr, H'., io. caf. i»
fur la Poi-Jîe & fur la Peinture* i%f
veux dire celui de faire tomber leur
gefte en cadence avec la récitation
du Chantre , qui parloit quelquefois
pour eux. Je vais tâcher d'expliquer
encore plus intelligiblement que je ne
Tai fait jufques-ici , comment ils ea
venoient à bout , & comment l'action
de celui qui ge(ticuloit 3 pouvoit s'unir
avec la prononciation de celui qui par-
loir. J'ai dû attendre que mon lecteur
fe fût mis peu à peu au fait pour lui
faire lire cette dernière explication ,
au ha'àrd de tomber dans quelques re-
dites.
Leledeur fe fouviendra de ce que
nous avons déjà dit, que la mufique
Hypocritique préfrdoit à la Saltanom
Or la muiique, dit Quincilien, règle
les mouvemens du corps , comme elle
règle la progreflîon de la voix (a) Nw
rntros mu(ict duplicts kabet , in vocibus &f
in corpore. Ainfr lamufïque Hypocri-
rique enfeignoit à fuivre la mefure en
faifant les geflres , comme la mufique
Métrique enfeignoit à la fuivre en ré-
citant. La m ufîque Hypocritique s'ai-
doit de mufique Rirhmique , car les
arts muficaux ne pouvoient point avait
(al QliÎRS, lib, pritn, cap, ic.
258 R éfiexi&m c riùquts
chacun Ton diftrict fi bien (epar< ,
qu'ils ne fe retrouvaient quelquefois
dans la même leçon. 11 fallait fou-
vent qu'un art mufical empruntât le
fecouis d'un autre. Voilà déjà quelque
chofe.
L'Acteur qui récitent , & l'Acte ut
qui faifoit les geftes , étoient donc obli- ,
gés de fuivre une même mefure , dont
i'un Se l'autre dévoient également ol>
ferver les tems. Nous avons vu dani
Quintilien (a) , qu'on tâchoir d'établiï
une proportion entre les geftes & le$
mots que dtfoit l'Orateur, de manière
que fon a&iôn ne fut ni trop fréquen-
te , ni trop interrompue. On peut croi-
re que cette idée venott de ce qut
l'Acteur qui récitoit fur le théâtre , ne
devoir dire qu'un certain nombre de
mots , tandis que l'autre Acteur chargé
delà geflicularion , faifoit un certsio
gefte. Le premier devoir dire appa-
remment un plus grand nombre de
mots , loifquele fécond faifoit un au-
tre gefte. Quoiqu'il en fait , il ett tou-
jours confiant que l'un & l'autre fui-
voient les tems d'une même mefure
battue par le même homme , qui avoit
(*> Voy\ lafecmùStElion de la pv$imt Pertii»
fur U PoëfU t> fur la Peinture, 2j"p
loos les yeux les vers qui fe récitoi ent
& dont les fyllabes marquaient les
rems , comme on l'a vu. Au-deflus de
ces vers on avoit écrit en notes les
geftes que dévoient faireles Hiftrions
mefure par mefure. Le rithme muh-
cal , dit AriftidesQuintilianus (a), rè-
gle aufli-bien le gefte que la recitation
des vers.
Quoiqu'il en ait été , nous fçavons
«eles Acteurs, dont il eft queftion,
ccordoient bien. Séneque dit qu'on
avec étonnement fur la fcène que
legefte des Comédiens habiles atteint
la parole , & qu'il la joint , pour ainiï
Ère , malgré la vîcefTe de la langue.
ifzri (b) fokmus fczns. peritos quoi in
omnemjignifîcationemrerum & ejfe&uum
parata illorum eft inanus , &■ verborum
ytlocicarem gcjhcs ajjhjuiiur. Certaine-
tent Séneque n'entend point parler
i d'un homme qui parle & qui fait
les geftes en même rems. Il n'y a rien
de moins admirable que de voir fon
gefte aller auili vice que (a pronon-
ciation. La chofe arrive naturelle-
ment. Elle ne peut être admirable, que
(al A'jl.dtmjlc.
;neCtBf, 12 Jt
ïfîo Réflexions trinques
lorfque c'eft un Aéèeur qui parle s U
un autre Acteur qui fait les geftes.
Nous voyons encore qu'un Corné^
dien qui faifoit un gefte hors de médi-
re , n'écoit pas moins (îfflé que celui
qui manquoit dans la prononciation
d'un vers, (a) Htjlriojî paululumftaa*
Vtat extra numentm , aut Jt verfus pro-
nuntiatus ejî Jyllabâ unâ longior aut brt-
rïor exfibilatur &exploditur. Lucien die
de même qu'un gefte hors de mefure,
p/affoit pour une faute capitale dans
un Acteur. C?eft ce qui avoit donné
lieu au proverbe Grec, faire unfolccif-
me avec la main.
L'art de la fa'tation eft, perdu , & il
feroit téméraire d'entreprendre de de-
viner tous les détails d'une pratique'
perfectionnée par l'expérience & pat
les refl ex/ions de vingt mille perfon-
lïes. Ce qui eft de certain , c'eft que
le peuple voyoit bien quand on y man*
quoit. Il eft vrai que l'habitude d'af-
fifrer aux fpedacles , l'avoit rendu (i
délicat qu'il trouvoit à redire même
aux inflexions & accords faux» lorf-
qu'on les répéroic trop fouvent , quoi-
que ces accords pr.oduifent un bon ef'
(a) Cicin Pond,
fur la P&ëfîe &fur la Peinture. 261
lorfqu'Us font ménagés avec arr.
r et Quanto molliores funt Cr delicaùorçs
n cantu fltxiones & f alfa: vocultE -quant
ertœ £r fevera , qucbus tamen non modo
utjleri /ftd. ji ftzpiùs fiant mult'uudo ipfa
ccïamat.
Pour en revenir à l'art du gefte , on
le fçauroit guéres doucer que les Co-
médiens des Anciens n'excellafïent
lans cette partie de la déclamation.
[ls avoient de grandes difpoHtions na-
turelles pour y réullîr , à en juger pac
leurs compatriotes, qui font nos con-
temporains.CesAéleurss'appliquoient
beaucoup à leur profefïîon , comme
nous le dirons tantôt , & s'ils man-
quoient , ou s'ils fe négligeoient , les
fpectateurs qui étoient capables d'en
juger, avoient le foin de les redrefler.
Aufli Tertulien , dit-il, que ce gefte
étoit aulU féduifant que ledifcoursdu
ferpent qui tenta la première femme,
(fr) Ipfe geftus colubrina vis eft.
Si les Critiques qui ont voulu cen-
surer ou éclaire ir la Poétique d'AriG»
tote, euflent fait attention à la fïgni-
£cation de Sokatio , ils n'auroient pas
(«) Cic. if Ont, Hb. j,
tb) Jtùnli,dc SptQ.
26*2 Réflexions critiques
trouvé fi bii'arre que les chœurs des
Anciens danfajjent, même dans les en-
droits les plus'rriftes des Tragédies.
Il eft facile de concevoir que ces dan-
fes n'étoient autre chofe que les gefles
& les démo nftrations que les perfon-
nages des chœurs faifoient pour ex-
primer leurs fenrimens , foit qu'ils par-
lafTent, foit qu'ils témoignafFent pat
«n jeu muet , combien ifs étoient tou-
chés de l'événement auquel il dé-
voient s intéreflèr. Cette déclamation
ôbligeoit fouvent les chœurs à mar-
cher fur la fcène ; & comme les évo-
lutions que plufieurs perfonnes font
en même tems , ne fe peuvent faire
fans avoir été concertées auparavant,
quand on ne veut pas qu'elles dégénè-
rent en une troupe qui fe prefle , les
Anciens avoientprefem certaines rè-
gles aux démarches des chœurs» Ce
font ces évolutions réglées » pour ainh
dire , lefquelies ont beaucoup aidé à
faire prendre aux Critiques la Salta-
tiondes chœurs , pour des ballets à no-
tre mode.
Les chœurs avaient d'abord des
maîtres particuliers qui leur enfei-
gnoient leurs rôles ; mais Ife Potte
fur la Poëjie & fur la Peinture. 2.63
Eîchile (a) qui avoit beaucoup étudié
l'art des repréfentarions théâtrales .
entreprit de les inftruire lui-même,
& il Terrible que Ton exemple ait été
fuivi par les autres Poctes de la
Grèce.
On ne doit donc pas fe faire l'idée
du fpedracle que ces choeurs donnoient
fur" le théâtre d'Athènes & far celui
de Rome , par le fpeéfcaele que nous
imaginons que nous verrions fur nos
théâtres , fi l'on y failoit déclamer
des choeurs. Nous nous figurons d'a-
bord des chœurs immobiles de l'Opé-
ra , compofés de fujets dont la plu-
part ne fçavent point même marcher,
rendre ridicules par une action gau-
che les fcènes les plus louchantes.
Nous nous repréfentons les chœurs
de la Comédie compofés Ce Gagiftes
& des plus mauvais Acteurs, qui jouent
très-mal un rôle auquel ils ne font
point accoutumés. Mais les chœurs
des Tragédie? anciennes étoient exé-
cutés par de bons Acteurs bien exer-
; 6c la dépenfe qui fe failoit pour
les repréfenter .étoit même (i grande ,
que les Athéniens avoient ordonné par
(») A'^sn. lib. frim.
W^^M
acj^. Réflexions critiques
un règlement particulier que les Mfr
giftxats en feroient les frais.
Qu'on ferepréfente donc , pourfe
faire une jufte idée de ces chœurs, un
grand nombre d'Aâeurs excellens,
répondans à un perfonnage qui leur
adreiTe la parole. Qu'on fe repréfente
chacun des Acïeurs du choeur , faifant
les geites & prenant les attitudes coi»
venables à ce qu'il vouloit exprimer
actuellement , & propres encore au
caracîere particulier qu*on lui avoit
donné. Qu'on fe figure le vieillard.,
l'enfant , la femme & le jeune homme
des chceurs témoignans , ou leur joie»
ou leur affliction , ou leurs autres paf-
fions , par des démonftrarions propres
£c particulières à leur âge , comme
à leur fexe. Il me femble qu'un pa«
reil fpeftacle n'étoit pas la fcène h
moins touchante d'une Tragédie. Auf-
fi voyons-nous (a) qu'un des chœurt
d'Efchile fit accoucher plusieurs feai*
mes grofles dans le théâtre d'Athènes»
Cet événement fur même caufe que
les Athéniens réduifirent à quinze ou
vingt perfonnes le nombre des Ac-
teurs de ces chceurs terribles , qui
(.t) Dam U Tragédie des Enmdniiti,
av oient
fur la Poëfîe £r fur la Peinture. 265*
evoient été compofés quelquefois de
cinquante perfonnages. Quelques en-
droits des Opéra nouveaux , où le
Pocte fait adreffer la parole au chœur
par un principal perfonnage, à qui le
chœur répond quelques mots , ont plu
beaucoup , quoique les Aéteurs du
chœur ne déclamaflent point. Je m'é-
tonne que cette imitation des Anciens,
qu'on me permette un jeu de mots ,
n'ait point eu d'imitateurs.
Enfin l'on a vu des chœurs qui ne
parloient pas , fie qui ne fai l'oient
qu'imiter le jeu muet des chœurs de
la Tragédie antique , réuflif fur le
théâtre de l'Opéra , fie même y plaire
beaucoup , tant qu'ils y ont été exé-
cutés avec quelque attention. J'en-
tends -parler de ces ballets prefque
fans pas de danfe } mais compofés de
geftes , de démonflrations ; en un mot
d'un jeu muet , & que Lulli avoic pla-
cés dans la pompe funèbre de Pfy-
ché » dans celle d'Alcefle , dans le fé-
cond acte de Thé fée où le Pocte in-
troduit des vieillards qui danfent , dans
le ballet du quatrième acte d'Atys,
&c dans la première fcène du quatriè-
me aâe d'Ifis , où jQuinault fait vej
Tome III. M
^H
des Ré
L-chcEUïS
3.'66 Réflexions critiques
nir fur le théâtre îeshabitans d
gions Hyperborées. Les demi-
dont je parle , qu'on excufe mon e*
prelïîon, donnoientun fpectacle inté-
refiànt , lorfque Lulli les faifoit exé-
cuter par des Danfeurs qui lui obéit
foient , & qui o (oient au.ïi peu faire
un pas de danfe , lorfqu'il le leur
avoit défçndu , que manquer à faire
le gefte qu'ils dévoient faire , & à le
faire encore dans le tems prefcrit. H
ctoit facile , en voyant exécuter ces
danfes , de comprendre comment la
mefurepouvoit régler le gefte fur les
Théâtres des Anciens. L'homme de
génie dont je viens de parler , avoit
conçu par la ieule force de fan ima-
gination , que le fpectacle pouvoir
tirer du pathétique , même de l'action
muette des choeurs , car je oe penfe
pas que cette idée lui fût venu par la
«oye des écrits des Anciens, dont les
pafTages qui regardent la danfe des
chœurs , n'avoient pas encore été en»
tendus , comme nous venons de les
expliquer.
Lulli faifoit une fi grande attention
fur les ballets dont il s'agit ici , qu'il
fe fervoit pour les cqtnpofer , d'ua
fur la Po'é fie & fur la Peinture. 267
maître de danfe particulier r nommé
d'Olivet. Ce fut lui , & non pas des
Broffes ou Beauchamps , donc Lulli
Te fervoit pour les ballets ordinaires,
qui compofa les ballets de la pomp©
funèbre de Pfyché ôc de celle d'Al-
cefte. Ce fut encore d'Olivet qui fit
e ballet des vieillards de Théfée , des
fonges funeftes d'Atys & des Trern-
bleurs d'ifis. Ce dernier étoit com-
pofé uniquement des geftes & des dé-
mon frrations de gens que le froid fai-
fît. Il n'y entroit point un feul pas de
notre danfe ordinaire. On remarquera
encore que ces ballets qui plurent
dans le tems , étoient exécutés par des
~ anfeurs très- novices dans le métier
ue Lulli leur faifoit (aire. Je reviens
mon fujet.
«tfh--^
Mij
&6B Réflexions critiques
v . ■ -— t
SECTION XV.
Ohfen>citions concernant la manière dont
les pièces Dramatiques étaient repris
(entées fur le Théâtre des Anciens. Dt
la pajjîon que les Grecs & les Rnmains
avaient pour le Théâtre , & de l'étude
que ks Acleurs faifoient de leur art , 6*
des récompenses qui leur éto'fent don-
nées.
l_.'i maginatioh ne fuppléc pa$
au fentiment. Ainfi comme nous n'a-
vons pas vu repréfenter des pièces de
djéâtre, dans lesquelles un Aifteurré-
çjtoit ,. tandis qu'un autre faifoit des
geftes, je crois que nous aurions tort
de louer , & encore plus de tort de blî-
mer déeifivement le partage de la dé-
clamation que faifoient les Anciens.
J'ai déjà dit pourquoi l'on n'y (èntoit
pas le ridicule que nous y concevons
d'abord. Nous ignorons encore quels
agrémens les circonftances & l'habi-
leté des Acleurs pouvoient prêter à ce
fpectacle. Plufieurs Sçavans du Nord,
Qui, fui la foi d'une exposition, a voient
^H
fur la Po'ëjîe&fur la Peinture. l&$
décidés que nos Opéra ne pouvoient
être qu'un fpeétacle ridicule, & pro-
pre feulement pour arfiu fer des en fans,
ont changé d'avis après en avoir vu
quelques repréfencations. L'expérien-
ce les avoit convaincus de ce qu'elle
feule peut përfuader., c'eft qu'une mère
qui pleure en rnuiîque la perce de fes
en! ans, ne laifle point d'être un per-
fonnage capable d'attendrir &. de tou-
cher férieufement.
Les Marionnettes où la déclamation
eft partagée, nous amufent , quoique
l'action n'y foit exécutée que par une
efpéce d'automate. Il ne faut pas dire
que ce fpectacle puérile nous divertit ,
parce que le ridicule de l'exécution
s'y trouve parfaitement bien aflbrti
avec le ridicule du lujet. L'Opéra des
Bamboches , de l'invention de la Gril-
le , & qui fut établi à Paris vers l'an-
née j 674-1 attira tout le monde du-
rant deux hyvers j & ce fpeftacle étoit
un Opéra ordinaire , avec la différence
que la partie de l'aétion s'exécutoit par
une grande Marionnette, qui failbir
fur le théâtre des geftes convenables
aux récits que chantoic un Muilcien ,
dont la voix fort oit par une ouverture
Miij
£70 Réflexions critiques
ménagée dans le plancher de la fccne.
J'ai vu en Italie des Opéra répréfentés
de cette manière , & perfonne ne les
trouvoit un fpeâacle ridicule. Les
Opéra qu'un Cardinal îlluftre fe plai-
foità faire exécuter de cette manière-
là., quand il étoit encore jeune , plai-
foienc même beaucoup, parce que les.
Marionnettes qui avoient près de qua-
tre pieds de hauteur japprochoient du
naturel. Qui nous peut déterminer à
croire que ces mêmes fpectadesau*
roient déplu, fi des Acleurs excellent
&que nous euflàons été déjà dan?
bitude de voir jouer avec un mal
avoient bien exécuté la partie
_ gesticulation qu'une Marionnette ne
pouvoir, qu'exécuter très-mal.
La conduite & les écrits des Ro-
mains font un allez bon témoignage
qu'ils n'étoîent pas un peuple d'infeo-
ies. Lorfque les Romains le défèrent*
lièrent pour le genre de Ja déclama-
tion , où le gefte & la prononciation
5'exécutoient fouvent par des Acteurs
différens; ils connoifloient depuis plus
de fin-vingt ans la manière natureltede
réciter qui eft la nôtre. Ils la quittèrent
cependant pour l'autre bien plus com-
pofée.
fut la Po'èfie & fur la Peinture. 271
D'ailleurs la dépenfe immenfe que
les Grecs & les Romains faifoient pouf
la repréfentation des pièces dramati-
ques, nous eft un bon garant de l'at-
tention qu'ils y donnaient. Or cette
Attention continuée durant huit cens
ans ( les théâtres furent encore ouverts
à Rome durant huit fiée les après l'a-
vanture de Livius Andronicus , ) n'au-
roit elle pas été fufBfame pour defa-
bufer les Romains de fufage de parta-
ger la déclamation entre deux Acteur st
fi cet ufage eût été auflî mauvais
qu'on eft porté à le croire par un pre-
mïer mouvement ? Il faut donc fe dé-
fier de ce premier mouvement 1 autant
que les perfonnes fages fe défient de
celui qui porte à défapprouver d'abord
les modes & les coutumes des pays
étrangers.
La repréfentation de trois Tragédie*
de Sophocle , coûta plus aux Athé-
niens que la guerre du Péloponefe.On
fçait les dépenfes immenfes des Ro-
mains pour élever des théâtres , deg
amphithéâtres 6î des cirques , méms
dans les villes des Provinces, Quel-
ques-uns de ces bâtimens qui fubfif'
tent encore dans leur entier, font les
MLv
^H
272 Réflexiorts critiques
monuraens les plus précieux de l'Ar-
chitecture antique. On admire mîrae
les ruines de ceux qui font tombés*
L'Hiftoire Romaine eft encore rem-
plie de faits qui prouvent la paflioti
démefurée du peuple pour les fpecta-
cles , & que les Princes & les particu-
liers Faifoient des frais immenfes pour
la contenter. Je ne parlerai donc ici que
du payement des Acteurs. Macrobedir
qu'vEfopus j un célèbre Comédien tra-
gique , dont nous avons déjà parlé ,
& le contemporain de Ciceron , laiffa
en mourant à ce fils , dont Horace &
Pline (a) font mention comme d'un
fameux diflîpateur > une fucceffionde
cinq millions qu'il avoit amafles à jouer
la Comédie. On lit dans l'Hiftoirede
Pline , que le Comédien Rofcius ,
l'ami de Ciceron , avoit par an plus
de cent mille francs de gages. 0}
Quippe cum jam apud majores noftm
Rofcius hiftrio fejiertium quingenta m
annua meritajjè prodatur> Il Faut même
qu'on eût augmenté les appointemens
de Rofcius depuis le tems où l'état
que Fline avoit vu , fut drelTé , pujf-
(al Horar. Sat. j. lib. u v. î j 9. Plia, l, 1 0.
0>) Plia, t. 7. c. îS.
far la Poèfie & fur la Peinture. 273
«jueMacrobe dit que notre Comédien
touchoit des deniers publics , près de
neuf cent francs par jour t & que cette
fomme étoit pour lui feul. Iin'en par-
tageoit rien avec fa troupe. Tant a fuit
graiia ut mercedem diurnam de publico
mille denarios Jîne gregalibus folus acce-
périt (a).
L'Oraifon que Ciceron prononça
pour ce même Rofcius , juftifie bien
le rapport de Pline & celui de Ma-
crcbe. Le principal incident du procès
qu'avoit Rofcius , rouloit fur un elcla-
ve qu'on prctendoir queFannius avoit
remis à Rofcius , afin qu'il lui enfei-
gnât à jouer la Come'die : après quoi
Rofcius & Fannius dévoient vendre
cet efclave pour en partager le prix.
Ciceron ne tombe pas d'accord de cet-
te fociété , & il prétend que Panur-^
gus , c'efl le nom de l'efclave , dcvoit
être cenfé appartenir en entier à Rof-
cius qui l'avoit inftruit, parce que la
valeur du Comédien excédoit de bien
loin la valeur de laperfonnede l'Ef-
clave. Laperfonnede Panurgus, ajou-
te Citerôn , ne'vàut-pas trente pif-
coles , mais l'Elevé de Rofcius vaut
L») Macrjb, Suwrn, l, 3, eux*
Mt
274 Réflexions critiques
vingt raille écus. Quana l'Efclave de
Fannius n'auroit pas pu gagner dix-
huit fols par jour, le Comédien inftiuit
par Rofcius , pou voit gagner dix- huit
pi fioles. Croirez - vous , dit Ciceron
dans un autre endroit , qu'un homme
auflï défîntéreffé que Rofcius , veuille
s'approprier a aux dépens de fon hon-
neur un Efclave de trente piftoles , lui
<]ui depuis douze ans joue la Comé-
die pour rien » & qui par cette géné-
rofité, a manqué de gagner deux mil-
lions? Je n'apprétie pas trop haut,
ajoute Ciceron , le falaire que Rof-
cius auroit reçu. Du moins luiauroit-
on donné ce qu'on donne à Dyonifia.
Nous avons déjà parlé de cette Adri-
ce. Voilà comment la République Ro-
maine payoit les gens de théâtre. Mi-
crobe (cl) dit que Jules Céfar donna
vingt mille écus à Laberius , pour en-
gager ce Poète à jouer lui même dans
une pièce qu'il avoit compofee Nous
trouverions bien d'autres profuiîons
fous les autres Empereurs. Enfin l'Em-
pereur Marc-Aurele, (b) qui fou vent
efl défigné par la ■ dénomination d'An-
U) Maet.-8u.-i, i.-o. 7,
lt) Ccjw.ialâ. Açujin
fur la Po'êfie &fur la Peinture. û.yj
onin le Philofophe , ordonna que les
Moeurs qui joueraient dans les fpec-
acles que certains Magiftrats étoienn
enus de donner au peuple s ne pour-
oient point exiger plus de cinq pièces
l'or par repréfentation , & que celui
[ui en faifok les frais ne pourrûit pas
eur donner plus du double. Ces pièces
l'or étoient à peu près de la valeur de
10s Louis de trente au marc, & qui
bnt cours pour vingt -quatre francs 1 ,
rite-Lîve finit fa dilîertation fur l'o-
igine&le progrès des repréfenrations
rhéatrja-les à Rome, par dire qu'un di-
^erciiTement, dont les comniencemens
ivoient été peu de chofe , étoit dégé-
néré en des fpectacles 11 magnifiques
3c fi fomptueux , que les Royaumes
es plus riches auroient eu peine à en
foutenir la dépenfe. (a) Quam abfa.no
nicio res inhancvelopxdentis regniiyix
'olerabilem infaniam vénerie. Comme
es Romains étoient la plupart deve-
nus eux-mêmes des Déclamateurs &
Jes faifeurs de geftes } on ne doit pas
Btreétonnéqu'ilsfiflent un fi grand tas
des gens àe. théâtre. Séneque le père
fit dans Pavant-propos du premier U«
< a J Tic, tiif. lift. fi». 7.
Mvj
276 Réflexions critiques
vre de fes Controverfes : Que les jeu-
neigensde fontemsfaifoient leur plu»
férieufe occupation de ces deux arts.
Malarum rerum indujiria invafu animot.
Cantandi faltandique nunc obfcxna jiu-
dia effkminatos tenent.
Le mal ne fit qu'aller en augmen-
tant. Ammien Marcellin qui vivait fous
le règne de Conftantin le Grand écrit :
?» Dans combien peu de nos maifom
» cultive-t'on encore les arts libé-
» rauxfOn n'y entend plus quechan-
« ter & jouer des inftrumens. On y
ta fait venir , au lieu d'un Philofophe,
» un Chantre ; & au lieu d'un Ora-
m teur , un Profefleur dans les arts qui
33 fervent au théâtre. On ferme les.
» Bibliothèques, comme on ferme les
» tombeaux , pour toujours , & Ton
»? ne fonge qu'à faire faire des hidrauli-
33 ques , des lyres énormes , des flûtes
33 de toutes efpéces & tous les inftru-
»! mens qui fervent à régler les geftes
» des Ailleurs. Quoi cùtn ita funt , pau-
ta. domus jîuiiorum feriis cukibus antta
tdebrats. , nunc ludibriis ignavix tor-
rences exundanc j vocali fono ., perjîabili
tinnitu fidium refukantes. Denique pra
Philofopho t Cantor* 0* in locum Or&to:
fur la Po'éfteb fur la Peinture. 277
rii t DoElor artium ludicrarum accitùr ,
€r Bilrliothecïs fepulchrorum ritu inperpe-
tuum elaafis , fabricamur hydraulica &
lyrœ infpeciem Carpentorum ingénies , ti-
barque &' hijlrioniù gejïus injï(umenta
non levia. (a)
Je dois avertir le leâeur , qu'en éva-
luant la monnoie Romaine par notre
monnoie-de compte, je n'ai pas fuivi
le calcul de Budé, quoique le calcul
fût jufte, lorfque ce fçavant homme le
fit. Mais le même marc d'argent qui
ne valoit pas douze francs , monnoie
de compte, quand Budéécrivok (b),
valoit foixante francs au coin qui avoic
cours , quand cette dernière évalua-
tion a été faite, (c). Ceftà quoi ceux
qui traduifent , ou qui commentent les
Auteurs anciens , doivent avoir égard,
aufli bien qu'à évaluer la fomme donc
jifljle leur Auteur , métail par métail ,
parce que la proportion entre l'or &
l'argent , n'eft plus la même , à beau-
coup près > qu'elle l'étoit du tems de
la République Romaine. Dix onces
d'argent fin payoient alors une once
(•) Amrn. M-irtrt!. hjjî.iii, I+.
(|."1 Sous Frjttgeii 1.
(c) £0 171»»
278 Réflexions critiques
d'or fin ; & pour payer aujourd'hui
en France une once d'or fin , il faut
donner près de quinze onces d'argent
fin. Il y a même plusieurs Etats en Eu-
iope où l'or eft encore plus cher.
Entîn il me paroît raifonnable déju-
ger du progrès qu'une certaine nation
pouvoit avoir fait dans les arts qui ne
laiflent point de monument durable
fur lequel on puifïe afleoir unedécifion
folide , par le progrès que cette même
nation avoit fait dans ces arts qui laif-
fent de tels monumens. Or les monu*
mens de la Poëfie , de l'art Oratoire ,
de la Peinture , de la Sculpture & de
l'Architecture des Anciens qui nous
font demeurés , font connoître que les
Anciens étoient très-habiles dans tous
ces arts , & qu'ils les avoient portés i
une grande perfeétten, Puifqu'il nous
en faut tenir au préjugé fur leur habi<
Jeté dans Part des repréfentations théâ-
trales; ce préjugé ne doit -il point être
eju/ilsy réuflïflbient , & que nous don-
nerions à ces repréfentations , fi nous
les voyions , les mêmes louanges que
nous donnons à leurs bâtimens^ à leurs
ftatues & à leurs écrits.
Ne pouvons-nous pas même tim de
fur la Po'èfie Gr fur la Peinture. 275»
Texcellence des poèmes des Anciens
un préjugé fur le mérite de leurs Ac-
teurs ? Ne fçavons-nous pas encore
par les conjectures les plus certaines,
que ces Acteurs dévoient être excel-
lens ? La plupart étoient nés dans la
condition d'Efdave , & fournis par
conféquent dès l'enfance à faire un ap-
prentnîage au Aï long & auflî rigoureux
que leurs Patrons le jugeoient à pro-
pos. Ils étoient encore allures de de-
venir un jour libres » opulens & con-
fïdérés, s'ils fe rendaient habiles. En
Grèce les Comédiens illuitres étoient
réputés des perfonnages , Se l'an y a
vu même des Ambau r adeurs& des Mir
niirres d'Etat tirés de cette profelBon.
Quoique (a) les Loix Romaines enflent
exclu la plupart des gens de théâtre
de l'état de Citoyen, on avoit néan-
moins à Rome beaucoup de confidé"-
ration pour eux , & nous en citerons
tantôt de bonnes preuves. Ils y fei-
foient impunément les importans , du
moins autant que les Eunuques qui
chantent aujourd'hui en Italie.
Nons fçavons par des faits que l'ap-
(a) Ùv. ùijf.lib. î+.Aug,&eùvit. I. i.e w.Artu
edv.Gtn.lib. 7.
T
280 Réflexions critiques.
prentiflage des gens de théâtre qu'on
choififlbic apparemment avec de la
difpofition à réuflîr, étoit un appren-
tiflage très-long. Suivant le récit de
Ciceron , ceux qui jouoient des Tra-
gédies » s'exerçoient des années en-
tières avant que de monter fur le théâ-
tre. Ils faifoient même une partie de
leur apprentiflage en déclamant ailïs ,
afin qu'ils y trouvaient enfuite plus
de facilité à déclamer fur le théâtre où
ils parloientde bout. Quand on eft ac-
coutumé une fois à faire une chofe
plus difficile que les fonctions ordinai-
res de fon emploi,one.nremplit mieux
& de meilleure grâce ces fondions.
Or la poitrine fe trouve plus à fon aife
dans un homme qui eft de bout, que
dans un homme aflïs.
Voilà pourquoi lion exerçoit alors les
Gladiateurs avec des armes plus pelan-
tes que les armes avec lefquelles ils
dévoient combattre, (a) DijfîtUiora
tnim debeni ejfequx exercent quofîc ievius
ipfum Mud in quoi exercent. Jl faut que
les travaux auxquels on nous aflûjettit
pour nous faire faire un. apprentifla-
ge, foient plus difficiles que le travail
(a) Qtditt. lib, u.c. i.
fur la Po'tjîe &fur la Peinture. 281
dont on veut nous rendre capables.
(d) Giadiatores gravioribus armis âif-
cunt quam pugnant , dit Séneque le
père.
Les grands Aâeurs n'auraient pas
voulu prononcer un mot le matin ,
avant que d'avoir , pour s'exprimer
ainfi , développé méthodiquement leur
voix , en la faifant fortir peu à peu , Ôc
en lui donnant l'effbr comme par de-
gré , afin de ne pas offenfer fes orga-
nes en les déployant précipitamment
& avec violence. Ils obfervoient mê-
me de fe tenir couchés durant cet
exercice. Après avoir joué , ils s'af-
feyoient; & dans cette pofture ils re-
plioient , pour ainfi dire les organes
"~Oe leur voix , en refpirant fur le ton
Je plus haut où ils fufient montés en
déclamant, & en refpirant enfuite fuc-
cellivement fur tous les autres tons ,
jufqu'à ce qu'ils fufTent enfin parvenus
au ton le plus bas où ilsfuflent defcen-
dus. Quelque avantage que l'éloquen-
ce procurât à Rome y quelque luftre
qu'une belle voix donne à l'éloquen-
ce , Ciceron ne veut pas qu'un Ora-
teur fe rende l'efclave de fa voix ,
{») Sineq. coiktov* lib, +.
î8a Réflexions critiques
ainiî que le faifoienc ces Comédî
Me aucore (a) nemo dicendi Jluàïo }
Grcecorum & Tragctdorum more voci
iàet qui & annos complures fedentes
clamitant a 6* quo-tidie. antequampronun-
tient jfocem cubantes fenjtm excitant:
eamdem cùm egerent J ah acutijjïmo fona
ufque ad gravijjïmum fonum recolliguni.
Il paroîr néanmoins, que peu de tems
après la mort de Ciceron , lequel Sé-
neque le père avoit pu voir , à ce
qu'il dit Lui-même , les Orateurs Ro«
mains mettoient en ufage , pour con-
ferver leur voîx , les pratiques les
plus fuperititieufes des Adeurs.Séne-
tjue écrit donc comme une choie rare,
en parlant de Porcius Latro , un Ora-
teur fon compatriote, fon ami & fon
camarade d'étude : Que ce Porcius qui
avoit été élevé en Efpagne , & qui
ctoit accoutumé à la vie fobre & la-
borieufe qu'on menoit encore dans
les Provinces , ne faifoit aucun re-
mède pour conferver fa voix , qu'il
n'obfervoit pas la pratique de la dé-
ployer méthodiquement, depuis le ton
le plus haut jusqu'au plus bas, & de
la replier de même. Nil vocis caufafa-
(a) O'ic. iî Onu lïb. frim.
fur la Poe (te ùffut la Peinture,' 2S3
être (a), noniLlampergraduspaidatimab
imo ufque ad fummum perducere ., non
rurjîts àfumma contentions paribus inter-
vallis defandere* nonfudorem. unftione
difcutere.
Perfe , lorfqu il parle de ceux qui fe
difpofentàharanguer.ouàrécice^quel-
que chofe en public , met au nombre
des précautions qu'ils prennent, celle
defe laver la gorge avec quelque con>
)ficion faite exprès.
rande allqwd, quoipulmt tninut pralargvj enhilttt
niicev hac populo .- pexsfqui xogaqut rectmi ,
. . • . tiçui do ctim plijmûte guttur
Habile eon/aerii. (b)
Ariftote (c) avoit dit la même cho-
fe que Ciceron , fur les foins que les
Afteurs , 8: ceux qui chantoient dans
les chœurs , apportoient pour con'èr-
ver leur voix. Apulée nous apprend
encore que les Afteurs de Tragédie
déclamoient tous les jours quelque
chofe, afin que leurs organes ne s'en-
jouïllaflent pas a pour ainfidire. (d) De-
fuetudo omnibus pigritiam , pigriùa verer*
(il SflKJi Convw, Hb. prim.
(li 1 Ptrf. Sût. pr.
(c'. Arïfl. P-ovviïb. ia«
(dj Flur. tib, 2.
D
284 ' Réflexions critiques
îtum parit, Tragxdi adeo ni quaûdhpro*
clament clarhudo arteriis objolefàt. Jgi-
tur iddentidem boanlo purgant ravim.
Les écrits des Anciens font remplis
de faits qui prouvent que leur atten-
tion fur tout ce qui pouvoit (ervir à
fortifier , ou bien à embellir la voix ,
alloit jufqu'à la fuperftition. On peut
voir dans le troifiéme chapitre de
l'onzième livre de Quintilieu , que
par rapport à tout genre d'éloquence,
les Anciens avoient fait de profondes
réflexions fur la nature de la voix hu-
maine , & fur toutes les pratiques pro-
pres à la fortifier en l'exerçant. L'art
d'enfeigner à fortifier & à ménager fa
voix , devint même uneprofeflion par-
ticulière. Pline indique dans diffe'rens
endroits de fon hiftoire une vingtai»
ne de plantes , de fpécifiques , ou de
récentes propres à fortifier la voix.
Ce foin faifoit une partie des occu-
pations férieufes de toutes les perfon-
nes qui parloient _, ou qui récitoiem
en public. Je ne citerai que Néron ,
cet homme de théâtre à qui les Dieux
trouvèrent bon de donner le monde
à gouverner, Pline rapporte que ce
■
fur la Po'èfie &fur la Peinture. 285
'rince fut l'auteur d'une nouvelle
méthode pour fe fortifier la voix 1 .
Elle confiftoit à déclamer de toute fa
force en portant une lame de plomb
fur la poitrine, (a) Nero _, quonUm ita
dits placuit princeps * lamina peëlori i/n-
pvjïtafub eu Cantiea exclamant alendis
vocïbus iemonfiravït rationem. Suétone
ajoute mënoe quelques particularités
aflez curieufes , au récit de Pline.
Après avoir parlé du régime dont
on ufoit , & des remèdes dont on
le fervoit pour avoir la voix plus
belle , il raconte que Néron , après
qu'il fut de retour de fon voyage
de la Grèce , avoit tant d'attention
à fa voix , qu'il faifoit beaucoup de
remèdes afin de la conferver ; & que
pour l'épargner il ne voulut plus ,
îorfqu'il faifoit une revue des trou-
pes , appeller ■> fuivant Tufage des
Romains , chaque foldat par fon nom.
Il les faifoit appeller par ce domeftique
que les Romains tenoient auprès de
leurs perfonnes , pour parler pour
eux dans les occafions où il falloit
parler haut , afin de fe faire enten-
dre. Nec eorum quidquam omUtcre qwz
iS 6 R ejlexions critiques
generis ejus artifices, vel canfervandd ro-
cis caufa vel augendx fa&itarent, Sed &
plumbeam cartham fupinus peBorefufii-
nere &" cliftere vomituque purgafij &* ab-
Jlinerepomis cibifque ojfickntibus,Acpojl
kac tantùm abfuit à remittendo laxando-
quejiudio , ut confervandce vocis gratis
rteque milites unquam niji alto verba pra*
nunciante appellaret. De tout tems un
peu de vifion tut l'appanage des gens
de théâtre. Mais les vidons même de
Néron & de fes pareils , montrent en
quelle conHdération tous les arcs où
la beauté de la voix efk d'un grand
avanrage 3 fe trouvoienc dans ces
tems -là,
SECTION XVI.
Des'Pantomimes > ou des AReurs qui
jouaient fans parler,
\_j es Anciens, non-contens d'avoir
réduit lamufique hypocritiqueoul*art
du gefteen méthode , l'avoient telle-
ment perfectionné, qu'il fe trouva des
Comédiens qui oferent entreprendre
^m
fur la Po'èfie 6* Jur la Peinture* 287
de jouer toutes fortes de pièces de
théâtre, fans rien prononcer. Ce fu-
rent les Pantomimes qui exprimoient
tout ce qu'ils vouloient dire avec les
geftes qu ? «nfeignok l'art de la Salta-
ûon. Eft ce une raifon pour Venus de
s'appaifer , dit Arnobe dans fon ou-
vrage contre les fuperftitions des
payens , qu'un Pantomime ait repré-
fenté Adonis, en fe fervant des geftes
qu'enfeigne l'art de la danfe i (a) Obli*
terabit ojfenjam Venus t Ji Adonis in ha~
bitu gejîum agere videritfaltatoriis inmo-
tibus Pantomimum ? C'étoit donc fans
parler que les Pantomimes fe Faifoient
entendre communément, (b) Hiftrioms
quafdam in theatro fabulas fine verbisfal~
tando , plerumque aperium & exponunr»
Les Hiftrions nous expofent, Us nous
font entendre une'Fable ordinairement
fans parler.
En effet, il femblc en lifant Lu-
cien (c) > qu'on chantoit quelquefois
le fujet que le Pantomime exécutoit;
mais il eft auflî conltant par plufieurs
paflages que je citerai plus bas , que
s
) Amoh> idvtrf. GtnU i. ?
te) L":ian t de Orch»
i 8 8 R éflexions critiques
le Pantomime repréfentoit fouventi
fans que perfonne chantât ou pronon-
çât, les vers des fcènes qu'il déda-
in oit en fon jeu muet. Le nom de
Pantomimes qui fîgnifie imitateur de
tout , étoit donné à cette efpéce de
Comédiens, apparemment parce qu'ils
îmitoient, & parce qu'ils expliquèrent
toutes fortes de fujers avec leur gefte.
Nous allons voir que non- feulement
le Pantomime repréfentoit quelque-
fois un perfonDage, comme le lai-
foientles autresComédiens;maisr,uil
peignoit quelquefois , qu'il décrivoit
avec fon gefte l'action de pluileurs per-
fonnages, Par exemple , u quelquefois
on partageoit entre deux Pantomimes
la Icène de Mercure & de Sofie dans
la Comédie d'Amphitrion ; fi quel-
quefois un Acteur y jouoit le rôle
de Sofie , & un autre Acteur le rô-
le de Mercure , quelquefois aulîî le
même Acteur jouoit les deux rôles ,
en faifant alternativement le perfon-
nage de Mercure & le perfonnage de
Sofie.
Nous avons dit ci-deflus que l'art
du geite étoic compofé de géftes na-
turels & de geftes- d'inftitution. On
peut
fur la Poëjîe bfur la Peinture, nËp
peut bien croire que les Pantomi-
mes fe fervoient des uns & des au-
tres , & qu'ils n'avoient pas encore
trop de moyens pour fe faire enten-
dre. Aufli , comme le dit Saint Au-
guitin , tous les mouvemens d'un Pan-
tomime fïgnirioient quelque chofe.
Tous fes geftes étoienc des phrafes ,
pour ainfi dire, mais feulement pour
ceux qui en avoient la clef, (a) Hif*
monts omnium membrorum motibus dam
Jigna quxdam fcimtibus & 1 cum ocuïis eo~
rum fabulantur.
Comme les Pantomimes employoient
Î>lufieurs geftes d'inftitution dont la
ignification étoit arbitraire, il falloit
du moins être habitué à les entendre ,
pour ne rien perdre de tout ce qu'ils;
vouloient dire. En effet, Saint Au-;
guftin nous apprend dans le même li-
vre qcti vient d'être cité , que lorf-
que les Pantomimes eurent commen-
cé à jouer fur le théâtre de Carthage >
il fallut durant longtems que le Crieuc
public inftruisît le peuple à haute voix
du fujet qu'ils alloientrepréfenteravec
leur jeu muet. Même encore aujour-
d'hui , ajoure ce Père , il y a des vieil-
(a) Avg, de DoR. Crh, 1. 1.
Tomi M, K
200 Réflexions critiques
lards qui fe fouviennent , à ce quMi
m'ont dit , d'avoir vu pratiquer cet
ufage. D'ailleurs nous voyons que
ceux qui ne font pas initiés aux imi-
ter es de ces fpeclacles , n'entendent
guéres ce que les Pantomimes veulent
dire , à moins que celui auprès de qui
ils font placés , ne le leur explique.
Jïrimis temporibus faltante Pantomimo ,
prœco pronuntiabat populis Carthaginis
quod faitator vdkt intelligi, Quod ai'
hue multi meminerunt ferres quorum relu-
tu hœcfblemus auiire. Quod. ideo crtAcn*
du m eji , quia nunc quoque fi quis talium
jiv.garum imperitus intraverit* nifizi di-
çatur ab altéra quid ■iîli motus Jignificent
frujlr a intérims efl. Mais l'ufage appre-
nait à entendre le langage muet des
Pantomimes à ceux qui ne l'avaient
pas étudié par méthode , à peu prés
comme il apprend la lignification de
tous les mots d'une langue étrangère,
dont on fçait déjà plulîeurs termes,
quand on vit au milieu d'un peuplequi
parle cette langue-là. Le mot qu'on
£çait , fait deviner le mot qu'on na
fçait pas, & celui-là fait; à fon tout
deviner un autre mot. Quand on avoit
jine fçji§ ^'intelligence de ce langage
far la Poëjït 6*/«r la Peinture, 1$ i
les geftes qu'on connoiflbit , faifoient
deviner les nouveaux geftes que les
Pantomimes inventaient , fuivant les
apparences , de tems en tems , & ces
geftes fervoient dans la fuite pour en
deviner encore de plus nouveaux.
Le Pocmede Sidonius Apollinaris,
qui a pour titre Narbonne , & qui eft
adrefFé à Confentius citoyen de cette
ville-là , fait foi que pluheurs Panto-
mimes jouaient leurs pièces fans pro-
noncer un feul mot. Sidonius y dit à
fon ami : » Lorfqu'aprcs avoir ter-
as miné vos affaires , vous alliez vous
sa délaffer au théâtre , tous les Coraé-
« diens tremblaient devant vous. Il
si fembloit qu'ils dulfent jouer devant
n Apollon & les neuf Mufes. Vous
sa étiez d'abord au fait de ce que Cara-
»> maLus 8c Phabaton repréfencoient,'
a> fans prononcer une parole , en le
s> faifant entendre par un gefle par-
» lant , pour amfi dire ,èc en s'expri-
» mant tantôt d'un ligne de tête, tan-
» tôt de la main , & tantôt par un
=» autre mouvement du corps. Vous
» fç aviez d'abord II c'étoit Jafon ,
*>Thyeftej ouquelqu'autrê perfon-
Ni]
H
2Q£ Réflexions critiques
s? nage qu'ils vouloient repréfenter, â
G r m rr Carsmalus eut Phabcton
CL-.ufufauabus &• loqurntt gejln ,
tfum , crwt , grnu , manu , rotant , (fc. fa)
CeCaramalus&cePhabatonétoienr,'
comme nous l'apprend le Père Sir-
mond dans fes notes fur (b) Sida-
nius t deux Pantomimes iJIuftres, &
dont il efï fait mention dans les let-
tres d'Ariftenete & dans Leontius
le Sçolaftique. Le Commentateur de
Sidonius rapporte même à ce fujet
3'Epigramme ancienne qu'on va lire,
& dont on ne connoît point l'Au:
teur?
I
2br lingwt quof mcmbrq vïro , imrobilU rjltrSj
Quttftcït articulas, orcJUeiac loqui.
Tous les membres du corps d'un Pan*
tomime font autant de langues , à l'ai*
de defquelles il parle fans ouvrir la
bouche.
On conçoit bien comment les Pan-
tomimes pouvoient venir à bout de
décrire intelligiblement une action,
Si de donner à entendre par le. gefte ,
<a) Siion- Car. zt. Vers iS*.
[i>) Sirm> in mt. ai Sidça. £ . i s 7j
■
'fur la Poëjïe & fur la Peinture. 1Ç$
les mots pris dans le fens propre ,
comme le ciel, la terre, un homme,
&c. auflî-bien que les verbes qui mac-
quoîent des actions, ou des affections*
Mais , dita-t'on , comment pouvoient*
il-s donner à encendreles mots pris dans
le fens figuré , qui font fi fréquens dans
le ftyle poctique ? Je répondrai en pre-
mier Heu , que le fens de la phrafe don*
noit quelquefois l'intelligence de ces
mots pris au fens figurée
En fécond lieu , Macrobe {a) nous
donne l'idée de la manière dont les
Pantomimes s'y prenoient % lorfqu'ils
avoient quelqu'un de ces mots à ex-
primer. Il raconte qu'Hilas , l'Elevé
& le concurrent de Pylade , qui fut
l'inventeur de Fart des Pantomimes ,
comme nous Talions dire , exécutent
à fa manière un monologue qui finif-
foir par ces mots, Agamemnon le Grand*
Hilas, pour les exprimer , fit tous les
geftes d'un homme qui veut mefurer
un autre homme plus grand que lui.
Pylade lui cria du parterre , mon ami ,
tu fais bien de ton Agamemnon un
homme grand , mais tu n'en fais pas
un grand homme. Le peuple voulut
(a) Ifacrçb, Satura, i, c. 7.
Niij
H
ap4 Ré flexions critiques
que dans l'inftant Pylade joua le mê-
me rôle. Augufte , fous le règne de qui
cette aventure arriva, aimoit mieux
que le peuple fût le maître au théâtre
que dans le champ de Mars. Le peuple
fut donc obéi" ; & lorfque Pylade exé-
cuta l'endroit où il avoit repris fi hau-
tement ton Eleve.il repréfentaparfon
gefte & par fon attitude la contenan-
ce d'un jiomme plongé dans une pro-
fonde méditation , pour exprimer le
caractère propre du grand homme. Il
n'ctoir pas difficile de concevoir qu'il
vouloic dire par-là qu'un homme plus
grand homme que les autres , c'était
un homme qui penfoit plus profondé-
ment qu'eux.L'émulation étoit fi gran-
de entre Pylade, & Bathylle un autre
Pantomime, qu'Augufte, à qui elle
donnoit quelquefois de l'embarras ,
crut qu'il devoit en parler à Pylade,
& l'exhorter à bien vivre avec fon
concurrent que Mécenas protégeoir.
Pylade (a) fe contenta de lui répondre
que ce qui pouvoit arriver de mieux
à l'Empereur , c'étoit que le peuple
s'occupât de Bathylle & dePylade.Ûn
croit bien qu'Augufte ne trouva point
(a) Dion, lib, j+.
fur la Poe fie &fur la Peinture. 2pf
à propos de réplique w à cette réponse.
Parlons de la perfonne des Panto-
mimes. L'Auteur du Traité contre les
fpetlacles des Anciens,quenou$avon9
dans les Œuvres de Saint Cyprien i
définit le Pantomime, un monftre qui
n'eft ni homme ni femme , dont toutes
les manières font plus lafeives que
celles d'aucune courtifanne., & dont
l'art confifle à prononcer avec fon gef-
te. Cependant , ajoute t'il , toute la
ville fe met en mouvement pour lui
voir repréfenter, en gefHculant , les
infamies de l'antiquité fabuleufe. Huic
dedecori condignum dedecusfupef induci-
tur j homù fraftus omnibus membris * £r>
vit ultra mulïebrem mollitiem diffblutus.
Cui ars efl verba manibus expelire , £r
propter unum nefeio quem nec virum. née
fœminam , commovetur civitas , ut defal-
tentur fabulofx amiquitatis libidines. Il
falloit que les Romains fe fufTent mis
en tête que l'opération qu'on feroit à
leurs Pantomimes , pour les rendre
Eunuques, leur conferveroit dans tout
le corps une fouplefle que des hommes
ne peuvent avoir. Cette idée * ou , fi
l'on veut, le caprice faifoit exercer fu*
les enfans qu'on deftinoit à ce métier ,
N iv
2so 6 R éjîexïons critiques
la même cruauté qu'on exerce encoie
dans quelques pays furies enfans, dont
on ne veut point que la vont mue.Sainc
Cyprién , dans la lettre qu'il écrivit à
Donat pour lui rendre compte desmo-
tifs de fa conversion à la Religion Chré-
tienne, dit que les fpeclacles qui font
une partie du culte des Payens, font
pleins d'infamie & de barbarie. Après
avoir cité les horreurs de l'amphitnéâ-
rre, il ajoute , en parlant des Pantomi-
mes, qu'on dégrade les mâles de leur
fexe pour les rendre plus propres à fai-
re un métier fi deshpnnête, & que le
maître qui a fçu faire reflembler davan-
tage un homme à une femme , eft celui
qui paffe pour avoir fait le meilleur dif-
ciple. Eviranturmarehomnislionorù'vi'
gorfexus enervati corporis dedecore. tmol-
litur , plufque iïlic placet quifquis virum in
fœminam magis fregerit. Combien , dit
Tertulien dans fon Traité contre les
fpe&acles, un Pantomime eft il obligé
de foufftïr de maux dans fon corps ,
afin qu'il puifle devenir un Comédien?
Quce denique Pantomimus à pueritia pa-
titur in corpore t ur artifex ejjè pojjïr.
4 En effet > Lucien dit (a) que rien
(a) Lucien, de Orch,
s
fur la Poëfie& fur la Peinture. 197
n'étoit plus difficile que de trouver un
bon fujet pour faire un Pantomime*
Après avoir parlé de la taille , de la
foupiefle , de la légèreté & de l'oreille
qu'il doit avoir, il ajoute, qu'il n'eifc
pas plus difficile de trouver un vifage
à la fois doux & majelîueux. Il veut
en fui te qu'on en feigne à cet Acteur la
mulique , lMitfroire , & je ne fçai com-
bien d'autres chofes capables de faire
mériter le nom d'homme de lettres à
celui qui les auroit apprifes.
Nous lifons dans Zozime Se dans
Suidas (a) , que l'art des Pantomimes
naquit à Rome fous l'empire d'Au-
gufte > & c'eft ce qui fait dire à Lu-
cien queSocrate (b) n'avoit vu la danjè
que dans fon berceau, Zozime compte
même l'invention de l'ait des Panto-
mimes parmi les caufes de la corruption
des mœurs du peuple Romain , & des
malheurs del'Empire.Mzm &Pamomi-
orum fait ado prias incognïta _, tempori-
ut lis in ufu ejf'e cœpit, Pylade ac Ba-
tyllo primïs eju; auioribus ., &* prœcerea
quœdam alla quœ muliis hue ufgue malis
caujam preebuerunt. En effet , les Ro-
l b) Ludan. i: Creh.
Ny
2p8 Réflexions critiques
mains , comme on va le voir,, devint
renc fous de cette efpece de fpectacle,
Les deux premiers Inftituteurs du
nouvel art , furent donc Pylade & Ba-
thylle , qui ont rendu leurs nomsauflî
célèbres dans l'Hiftoire Romaine , que
le peut être dans l'Hiftoire moderne
le nom de Fondateur de quelque cta-
bliflTement que ce foit. Pylade avoit
compofc fon recueil, de geftes tirés s
pour m 5 exprimer ainlî , de trois Re-
cueils de geftes dont nous avons déjà
parlé , 6c qui fervoient pour la Tra-
gédie , pour la Comédie » &c pour ce
Pocme dramatique que les Anciens
appelloient Satyres, (a) Pylade avoit
nommé Ylcalique , l'art du gefte pro-
pre aux Pantomimes» Ainfi depuis le
tems de Pylade il y eut quatre recueils
de geftes propres au théâtre: \Emme-
lie qui fervoit à jouer la Tragédie ; le
Cordax qui fervoit pour la Comédie j
le Sicinis qui fervoit pour la Satyre -,
& Vhalique qui fervoit pour les pièces
exécutées par les Pantomimes. Cal-
liachy , Candiot > mort vers Tannée
1708 (b) , Profefleur en^ Belles Let-
( a ) A'htn. Drip. I. pr.
( b ; Le Luiiifccn. c . s. &■ J o.
fur la Poëfie Cffur la Peinture. 29$
tTes dansl'Univeifitéde Padoue, pré-
tend que l'art des Pantomimes fût plus
ancien qu'Augufte , mais il prouve
mal (on opinion. Cet Auteur prend
pour l'art des Pantomimes , qui con-
îîitoit à réciter une pièce ou une fcène
fuivie fans parler , ce que Tite-Live
(a) appelle imhandorumCarminum ac-
tion y l'art d'exprimer à fon gré & arbi-
trairement en danfam t quelques paf-
fions , art qui étoit certainement plus
ancien qu'Augufte.
Nous rapporterons dans la fuite un
paflage de Séneque le père qui avoir
pu voir Pylade & Bathylle ., dans le-
quel il eft dit que Pylade réulïiflbit
beaucoup mieux que Bathylle , dans
les fujets tragiques; mais que dans les
fujets comiques _, Bathylle réuflîfloit
beaucoup mieux que Pylade. Athénée
nous donne la même idée de ces deux
Pantomimes. Nous trouvons la même
remarque dans un grand nombre d'an-
ciens Ecrivains.
Pour dire que les Pantomimes
jouoientune pièce, on difoit Fabulam
faltabant , mais nous en avons déjà
expofé les raifdns. On fe fervoit dans
(•) Tûc-Li?. Ht, 7.
Nvj
£ 00 R éjlexions trkiqueS
ces repréfentations de flûtes d'une ef-
péce particulière , & qu'on appelloic
Tibia Dafidica (a). Apparemment que
le fon de cette flûte imitoit le fonde
la voix humaine mieux que Jes autres,
& de la manière dont l'imitent nos
flûtes t rave r fi ères. Elle en étoit plus
propre à jouer le fujet, c'eft à-dire,
luivant ma conjecture » le chant noté
des vers , ou la de'clamation qui de-
voit fe réciter dans les repréfenta-
tions ordinaires : car on voit par un
partage de Cafiiodore rapporté ci def-
lus (b) que la flûte Daftilica étoir foi»
tenue par d'autres inltrumens qui 1er-
voient apparemment de baffe continue
à fon chant*
Ce qui paroîtra furprenant., c'eft
que ces Comédiens qutentreprenoienc
de repréfenter des pièces fans parler»
ne pouvoient pas s'aider des mouve-
mens du vifage dans leur déclama-
tion. Qu'on me permette cette phrafe.
Il falloir qu'ils euflent de l'expreflioa
de refte. Mais il eft toujours confiant
qu'ils jouoient mafqués, ainfi que les
autre s Comédiens. Lucien dit dans ion
(9) Or.arn. P,if. I!b. +. c. 10.
<b) Gajwi. Epijl. sulib.*.
•
fur la Poëfîe & fur la Peinture. 301'
Traité de la Danfe _, que le mafque du
Pantomime n'avoit pas une bouche
béante , comme les mafques des Co-
médiens ordinaires ,6c. qu'il étoit beau-
coup plus agréable. Macrobe raconte
que Pylade fe fâcha un jour qu'il
jouoit le rôle d'Hercule furieux , de
ce que les fpectateurs Trouvaient à
redire à fon gefle trop outré , fuivanc
leur fentiment. Il leur cria donc ,
après avoir ôté fon mafque : Fous »
que vous êtes , je repréfente un plus
grand fou que vous. Macrobe (a) rap-
porte encore dans le même endroit
d'autres traits de ce fameux Instituteur
des Pantomimes.
Il eft à croire que ces Comédiens
commencèrent d'abord par exécuter,
à leur manière , les fccnes des Tragé-
dies & des Comédies , qui s'appet-
loient des cantiques. Je fonde cette?
conjecture fur deux raifons. La pre-
mière ell que les Ecrivains de l'an-
tiquité, qui ont vécu avant Apulée,
ne parlent point., autant qu'il m'enr
fouvient , de pièces dramatiques exé*
cutées par une troupe de Comédiens
Pantomimes. Ils ne font mention que
le ) fyîatrgb, Saiurn, £2>« 2. thap. 7»
5 02 Réflexions critiques
de Monologues ou de Cantiques dan*
fus par ces Comédiens muets. Nous
trouvons même dans L'ouvrage de Lu>
cien , qui vient d'être cité ., qu'un
étranger voyant cinq habits prépares
pour un même Pantomime qui devoir
jouer fucceflîvement cinq rôles diflé-
rens , demanda fi la même perfonr.e
les porteroittous cinq. Il femble qu'il
n'y auroit pas eu lieu à faire cette
queftion , 11 l'on avoit vu dès-lors des
troupes de Comédiens Pantomimes.
La féconde raifon , c'eft que vraifera-
blablemenc la chofe a dû arriver ain-
iî. Il aura fallu que les premiers Pan-
tomimes , pour erre goûtés par les
fpecîareurs , s'en fi (lent entendre j &
nos Comédiens , pour être plus aifé-
ment entendus , auront commencé
par exécuter en déclamation muette ,
les plus belles fcènes des pièces drama-
tiques les plus connues. S'il fe formoit
des Pantomimes à Paris , ne conçoit-
on pas qu'ils débuteroient par exécu-
ter dans leur jeu muet les belles (cè-
nes du Cid & des autres pièces les
plus connues , en choifuTant celles
où l'aé'tion demande que le Comédien
prenne plufieurs attitudes fingulieres.
far la Foëfît ZrfLr la Peinture. 503
«Ju'il fade plusieurs geftes faciles à re-
marquer , 6c qu'on puiiïe reconnoître
aifément , quand on les voit faire fans
entendre le difcours dont ils font l'ac-
compagnement naturel. Ils débute-
roient , par exemple, en repréfentant
la fcène qui fe pafle entre Mercure &
Sofie dans le premier Acle d'Amphi-
irion. Si les Pantomimes vouloient
exécuter les fcènes de nos Opéra , ils
débuteroient par la dernière fccnedu
quatrième Acte de Roland^où ceHéros
devient furieux.
Peut être fut-ce du tems de Lucien
même qu'il fe forma des troupes com-
plettes de Pantomimes , &c qu'ils com-
mencèrent à jouer des pièces fuivies»
Apulée qui a pu voir Lucien , nous
rend un compte exa«ft de la repréfen-
tation du Jugement de Paris , faite par
une troupe de Pantomimes, (<z) On
voit dans ce récit curieux que Junon ,
Pallas Se Vénus parlèrent Tune après
l'autre à Paris , & qu'elles lui firent
les promeïïes que tout le monde fçait f
en s'expliquant par des geftes & par
des démonftrations concertées avec
lesinftrumens quiles acçompagnoieat»
504 Réflexions critiquer
Apulée remarque même plufieurs fois
que c'étoienten gefbiculant qu'elles fe
faifoient entendre nutibus , ou gejîibus,
Apulée dit en parlant de Junon : Hœc
puella varias modulas continente tibia 3
prœ cxteris quia â & inajfecïatii geflicu*-
iatione, nutibus konsjlis pajlori pollue*
tur , fîjïbi prxmium decoris addixijjet,
& fefe regnum totius Afice tributuram.
Pour Minerve ; Hcec inqu'eto capite &
oculis in afpeflum .minacibus citato 6*
intort génère gefîiculationis alacer , de-
monjirabat paridi ,fi jibi forma vifl>
riam tradidijjet J fortemtropha:ifque bel*
licis indytum fuis adminiculis futurum.
Quant à Venus : Senfim annutame ci-
pue cœpit incedere, mollique tibianunfo-
no délie atis refpondere gejiïbus * £r non
nunquam faltare folis oculis. Hœc ut pri-
mumante confpeBumjudicisfs^Li efi ni-
fu brachiorum polliceri videbatur , &T.
Chaque Déefis avoir encore fa fuite
particulière Se compofée de plufieurs
Acteurs.
Comme les Pantomimes étoient
difpenfés de rien prononcer ; 6c com-
me ils n'avoient que desgeftes à faire,
on conçoit aife'ment que toutes leurs
dérjionftrations ctoient plus vives , &
^m
' fur la Poëjie drfur la Peinture, j ùf
que leur action étoîc beaucoup plus
animée que celle des Comédiens or-
dinaires. Ces derniers ne pouvaient
dans les Dialogues donner à la gefti-
culation qu'une partie de leur atten-
tion & de leurs forces , parce qu'a-
lors ils parloient eux- mêmes, &
qu'ils étoient obligés dans les Monolo-
gues où ils ne parloient pas , à faire
tomber en cadence leur jeu muet avec
la récitation de celui qui prononçoit
pour eux. Le Pantomime au contraire
ctoit entièrement le maître de fon ac-
tion , & fon unique foin étoit de ren-
dre intelligiblement ce qu'il vouloir,
exprimer. Audi Cafliodore appelle-
t'il les Pantomimes , des hommes donc
les mains difertes avoient , pour ainfi
dire , une langue au bout de chaque
doigt ; des hommes qui parloient en
gardant le (îlence , & qui fçavoiene
faire un récit entier fans ouvrir la bou-
che ; enfin des hommes que Polym-
nie , la Mufe qui préfidoit à la mutï-
que , avoit formés , afin de montrer
qu'il n'étoit pas befoin d'articuler des
mots pour faire entendre fa penfée»
C'eft ainfî qu'il s'en explique dans la
lettre qu'il écrit au nom de Théodoiic
$o6 Réflexion* tr taquet
Roi des Oftrogots, à Simmaque Vrl-
fec de Rome , pour lui ordonner de
fairerépaier le théâtrede Pompée aux
dépens de ce Prince. Caflîodore après
y avoir parlé des Tragédies & des Co-
médies qui fe repréfentoient fur ce
théâtre t ajoute donc ; (a) Orchejïarum
loquacijjima. manus , linguojî digiti ,JÎ-
hmium clamofum J expojitio tacira^quam
Mufa Polymnia rcperïjje narratur , ojleiï
dens hommes pojjèjine oru affiatu vtll(
fuum declarare.
Si Ton en croit Martial &: quelques
autres Poètes t les Pantomimes fai-
foient des imprefilons prodigieufes fui
les fpe&ateurs. On fçait les vers de J*
vénal.
Cuironmum Ladam molli faltdnte Bathylla
Titcdd, 6v.
Mais la plupart de ces partages font
tels qu'on ne fçauroit les citer même
en Latin. D'ailleurs les Poètes font
fufpedts d'exagération, Ainfî conten-
tons- nous de citer les Ecrivains en
profe.
Séneque le père qui exerçoit une
proie (fion des plus graves qui. fuCTent
(aj yarisr. Epi/f. I, +■ £/$, s i«
fitr la Poèjîe tf fut la Peinture. 307
Ton tems. , confefle que fon goût
pour les repréfentations des Pantomi-
mes , écoitune véritable paflïon. Pour
citer ma folie , ce font fes termes ,
Pylade n'éroit plus le même Ac"teur
dans le Comique , ni Bathylle dans le
tragique. Quand Séneque die ce qu'on
vient de lire » il parle de la difficulté
Îju'il y a de réufiir dans pluileurs pro-
èffions. (a) Et ut ad morbum te mtum
vocem > Pylades in Comœdia , Batyllus
m Tragadia multùm à fe aberant. Lu-
cien dit qu'on pleuroit aux repréfenta-
tions des Pantomimes , comme à celles
des autres Comédies.
L'arc desPantomimes auroit euplus
de peine à réuffir parmi les Nations
Septentrionales de l'Europe, dont l'ac-
tion naturelle n'eft pas fort éloquente,
ni allez marquée pour être reconnue
bien facilement, lorfqu'onla voit fans
entendre le difeours dont elle doit être
l'accompagnement naturel. La copie
eft toujours moins animée que fon ori-
ginal. Mais , comme nous l'avons ob-
fervé déjà, les converfations de toute
efpéce font plus remplies de démon f-
trations , elles font bien plus parlantes
Stnt y. in Coniroi: 2.
308 Réflexions critiques
aux yeux , s'il eft permis d'ufçr de
cette expreffion , en Italie, que dans
nos contrées. Un Romain qui veut
bien quitter la gravité de fon main-
tien étudié j & qui laiflè agir fa viva-
cité naturelle , eft fertile en geftesj
il eft fécond en démonftrations, qui
fîgnifient prefque autant que des para-
fes entières. Son action rend intelligi-
ble bien des chofes que notre action ne
feroit pas devinef ; & fes geftes font
encore fî marqués , qu'ils font faciles
à reconnoître lorfqu'on les revoit. Un
Romain qui veut parler en fecret à
fon ami , d'une affaire importante ,
ne fe contente pas de ne fe point met-
tre à portée d'être entendu , il a en-
core la précaution de ne fe point met-
tre à portée d'être vu , craignant avec
xaifon que fes geftes & que les mou-
vemens de fon vifage ne fiflent deviner
ce qu'il va dire.
On remarquera que la même viva-
cité d'efprit. que le même feu d'ima-
gination , qui fait faire par un mouve-
ment naturel des geftes animés, va-
riés , expreflifs & cara&érifés , en fait
encore comprendre facilement la li-
gnification , lorfqu il eft queftion d'en-
fur la Poëfie & fur la Peinture. 309
tendre le fens des geftes des autres. On
entend facilement un langage qu'on
parle. Mais le langage des muets du
Grand Seigneur, que leurs compatrio-
tes n'ont pas de peine à comprendre,
& qui leur femble un langage difrinc-
tement articulé ., ne parpîtroit qu'un
bourdonnement confus aux peuples du
Nord de l'Europe, Joignons à ces re-
marques la réflexion qu'on fait ordi-
nairement, qu'il y a des nations dont
le naturel eft plus fenfible que celui
d'autres nations ; & l'on n'aura pas
de peine à comprendre que des Comé-
diens qui ne parloient point., puffenc
toucher infiniment des Grecs & des
Romains , dont ils imitoient l'action
naturelle.
J'alléguerai comme une efpéce de
preuve de ce que je viens d'avancer ,
le livre d'un Auteur Italien, Giovan-
oi Bonifacio, intitulé , l'Arre de' Cenni,
ou , l'art de s'expliquer par lignes. On
ne voit pas , en lilant cet Ouvrage ,
que fon Auteur ait fçu que les Panto-
mimes des Anciens le fifient entendre
fans parler, cependant la chofe lui q.
paru pôiTîble, C'eft ce qui lui a fait
compofer un vouluqne jn-^uarro de pli^s
510 R éflexions critiques
de fix'cens pages , &c dlvifé en deux
Parties, Il enfeigne dans la première la
méthode de dire ce qu'on veut par li-
gnes Se par gefies ; & il montre dans
la féconde partie l'utilité de ce langage
muet. Ce livre fut imprimé àViceuze
en 1616. (a).
Je reviens aux Auteurs de l'antiquité
qui parlent du fuccès des représenta-
tions <jue faifoient les Pantomimes.
Lucien (b) fe déclare lui-même zélé
partifans de l'art des Pantomimes , &
l'on fent qu'il avoit du plaid r à racon-
ter les faits qui pouvoient faire hon-
neur à cet art. Il dit entre autres cho-
fes , qu'un PhilofopheCinique traitoit
de badinage puéril l'art de ces Co-
médiens muets , &: qu'il le déflnhToit
un Recueil des geftes que la mufique
& l'appareil de l'exécution faifoient
pafler. Mais un Pantomime de la Cour
de Néron , pour montrer à ce Philo-
fophe qu'il avoit tort » exécuta de-
vant lui en déclamation muette & fans
aucun accompagnement 4 les amours
de Mars & de Vénus. Le Ciniquefut
obligé de tomber: d 5 aççord* que Tare
{») Ght 1 Groffi.
(b) Suçinn. ia OnhcJÎ %
fur la Vaëfte & fur la Peinture. 511
du Pantomime étoit un art réel. Lu-
cien raconte encore qu'un Roi des en*-
virons du PontEuxin, qui fe trouvoic
à Rome fous le règne de Néron , de-
manda à ce Prince , avec beaucoup
d'empreflèmenc , un Pantomime qu'il
avoir vu jouer , pour en faire fan In*
terprete en toutes langues. Cet hom-
me, difoit-il, fefera entendre de tout
Je monde, au lieu que je fuis obligé
de payer je ne fçai combien deTru»
chemens , pour entretenir commerce
avec mes voifins qui parlent plufieurs
langues différentes, & que je n'entends
point.
Nous fommes auflî peu capables de
décider fur le mérite de l'art des Pan-
tomimes , que fur le mérite du par-
tage de la déclamation entre deux Ac-
teurs, Nous ne, les avons pas vu re-
préfenter.Ilmefemble néanmoins que
les perfonnes qui fe plaifent à voir la
Comédie Italienne, & principalement
celles qui ont vu jouer le vieil Octa-
ve , le vieil Scaramouche , & leurs ca-
marades Arlequin & Trivelin, font
perfuadées que l'on peut bien exécu-
ter pluGeurs fcènes fans parler. Mais
nous pouvons alléguer, des faits qui
5 ï 2 R efiexions critiques
prouveront mieux que aes raifort
mens , que cette exécution eft poflî-
ble. Il s'eft formé en Angleterre des
troupes de Pantomimes, & même quel-
ques-uns de ces Comédiens ont joué
à Paris fur le théâtre de l'Opéra Co-
mique , des fcènes muettes que tout
le monde entendoit. Quoique Roger
n'ouvrît point la bouche , on compre-
noit fans peine tout ce qu'il vouloic
dire4 Quel apprentifTage Roger avoit-
il fait en comparaifon de celui que
faifoient les Pantomimes des Anciens?
Roger fçavoît-il feulement qu'il y eût
jamais eu un Pylade & un Bathylle.
Il y a environ vingt ans qu'une Prin-
cefle , qui joint à beaucoup d'efprit
naturel , beaucoup de lumières acqui-
fes , & qui a un grand goût pour les
fpe&acles , voulut voir un eflTai de l'arc
des Pantomimes anciens , qui pût lui
donner une idée de leurs repréfenta-
tions plus certaines que celle qu'elle
en avoit conçue en lifant les Auteurs.
Faute d'Aéteurs inftruits dans l'art
dont nous parlons , elle choifit un
Danfeur & une Danfeufe , qui véri-
tablement étoient l'un & l'autre d'un
génie fupérieui à leur profeflîon , &
pour
fur la Poëjîe &fur la Peinture. 313
pour tout dire , capables d'inventer.
On leur fit donc repréfenter , en gefc
ticulanc fur le théâtre de Sceaux , la
(cène du quatrième Aâe des Horace»
de Corneille , dans laquelle le jeune
Horace tue fa fceur Camille, & ils
fexécuterent au fon de plufieurs inf-
trumens qui jouoient un chant com-
pofé fur les paroles de cette fcène ,
qu'un habile homme (a) avoit mifes
en mufique, comme fi l'on eût dû les
chanter. Nos deux Pantomimes novi-
ces s'animèrent fi bien réciproquement
par leurs geftes & par leurs démar-
ches , où il n'y avoit point de pas de
danfe trop marqués , qu'ils en vinrent
jufqu'à ver fer des larmes. On ne de-
mandera pas s'ils touchèrent les fpec-
tateurs. Nous fçavons auflî que les Chi-
nois ont encore aujourd'hui des Co-
médiens, qui, comme les Pantomimes,
jouent fans parler , & que les Chinois
aiment beaucoup ces Comédiens. Les
danfes des Perfans ne font-elles pas dès
fcènes de Pantomimes?
Ce qui eft certain , c'eil que l'art des
Pantomimes charma les Romains des
h naiflance , qu'il pafla bientôt dans
(«1 M, Mourct.
Tomt UI. O
Romains étoient épris des fpec"
comme on le voie dans le Tn
la Mufique qui çft dans les (Eu 1
Plutarque. Tous ceux quife mettt
Mujîquc , fe donnent à la théairo,
délefter. Or les Romains préféroi
repréfentations des Pantomime
les des autres Comédiens.
Nous avons vu que cet ar
commencé fous Augufte. Il |
beaucoup à ce Prince , 6: Bailv
chantoit Meeénas. Dès les pr<
années du règne de Tibère, U
fut obligé de faire un reglemer
défendre aux Sénateurs de fréc
]es Ecoles des Pantomimes ,
Chevaliers Romains de leur fai
tege dans Jes rues. Qn n'avoit
ce règlement fans nécefïité, Ne
Pantomimorum Sençtor intraire
e.p r pdïpntei in ouhlieum Eauitet 1
fur la Vo'èjiç. &fur la Peinture. 315"
Quelques années après il fallut chaf-
fer de Rome les Pantomimes. (<z) L'ex-
trême paffion que le peuple avoit pour
leurs repréfentations , donnoitlieu de
tramer des cabales pour faire applau-
dir l'un plutôt que l'autre, & ces ca-
bales devenoient des factions. Nous
voyons même dans une Lettre de CaG-
fiodore (b) que les Panto mimes avoient
pris des livrées différentes , à l'imita-
tion de ceux qui conduifoient les cha-
riots dans les courfes du Cirque» Les:
uns s'appellerent les Bleux j & les au-
nes , les Verds ., &c. Le peuple fe par-
tagea donc aufli de fon côté , & toutes
les factions du Cirque, dont il eft par-
lé fi fouvent dans l'Hiftoire Romaine,
épouferent des troupes de Pantomi-
mes. Ces factions dégénéroient quel-
quefois en partis auflî échauffés les uns
contre les autres, que les Guelfes Qc
les Gibelins peuvent l'avoir été fous
les Empereurs d'Allemagne. Il falloir,
avoir recours à un expédient tcifte
pour le gouvernement qui ne cher-
choit que les moyens d'amufer le peu-
ple , en lui fourniflanc du pain , 3ç
(a) Ibid. lib. prîm.
( b ) yarisr. E$. lib.pr, Epift. 10.
Oij
5 1 6 R éf exions critiques
en lui donnant des fpectacles , mais
devenu néceiTaire ; c'étoit celui de
faire forcir de Rome tous les Panto-
mimes.
Séneque , le Précepteur de Néron,
après s'être plaint que plufieurs de ces
TÊcoles qui portoient le nom du Phi-
losophe dont on y enfeîgnoît le fyllè-
me, fe fuiïènt anéanties , 8c que le
nom de leur Inflituteur fût oublié,
ajoute ; La mémoire d r aucun Pantomi-
me célèbre ne s'éteint, L'Ecole dePy-
Jade & celle de Bathy lie fubfiftent tou-
jours conduites par leurs Elevés , dont
la fuccefiîon n'a point encore été in-
terrompue. La ville de Rome regor-
ge de ProfefTeurs qui enfeignenc cet
çrt , & qui ne manquent pas de difci-
ples.Ils trouvent des théâtres dans tou-
tes les maifons. Les maris & les fem-
mes fe difputent à qui leur donnera le
haut du pavé, (a) At quanta cum cun
\aboraiur ne aliarjus Pantomimi nomm
inttrcidat. Siant per fucceffbres PylaJu
&Bathylli (tomus* H arum artium multi
dijcipuli funt multique doBores. Privatïm
vrbe toufonac puLpilum. Mares uxorcfo
ate çantcndunt , nier dilatas ïïlis, À
{ ? \ Mai, Quetf* 1 1. vf : 3 a,
:
fur la Potjîe & fur la Peinture 5 î f.
L*Equivoque aftedée qui fe trouve
dans les derniers mors de ce paffage,
s'explique par ce que Ter cui lien dit
de la paflion effrénée que les hommes
& les femmes avoient alors pour
les Pantomimes, (a) Quitus viri ani-t
mas ,fœminœ aut illi ctiam corpora fua
fubflernunt. On peut ajouter à cela ce
que dit Galien dans fes prûnoftics :
qu'ayant été appelle pour voir une
femme de condition attaquée d'une
maladie extraordinaire.il découvrit
parles altérations qui furvinrent dans
la malade, quand on parla d'un cer-
tain Pamoniime devant elle, que fort
mal venoit uniquement de la paillon
qu'elle avoit conçue pour lui , Se des
efforts qu'elle fa i (bit pour la cacher.
Les Pantomimes furent encore chaf-
fés de Rome fous Néron & fous quel-
ques autres Empereurs ; mais , com-
me nous l'avons déjà dit , leur exil ne
duroit pas longtems „ parce que le
peuple ne pouvoit plus fe pafTer d'eux ,
& parce qu'il furvenoit des conjonc-
tures où le Souverain , qui croyoit
avoir befoin de la faveur de la mul-
titude j cherchoit à faire des actions
(•} Teizml. dtSjck.
518 Réflexions critiques
qui lui fuilent agréables. Par exem-
ple , Domicien les avoir, chattes , &
Nerva fon fuccefleur les fit revenir ,
quoiqu'il ait été un des plus fag«
Empereurs. Nous voyons auffi que k
peuple fatigué des défordres auxquels
les Pantomimes donnoient lieu , de-
manda lui-même quelquefois leur ex-
pulfion avec autant d'empreflement
qu'il demandoit leur retour en d'au-
tres rems. Neque à te minore concentu
ut tôlières Pamomimas * quâm àpatretuo
ut rejîhueret exaBum e/7, dit Pline le
jeune , en parlant de Trajan.
Quelques Auteurs modernes ont
cru que Néron avoit c h aile* de Rome
tous les Comédiens , parce que Ta-
cite , en racontant l'expulfion des
Pantomimes , ufe du mot général dont
on fe fervoit pour défîgner ceux qui
jouoient fur le théâtre. Il chaifa d'I-
talie tous les Hiftrions , dit Tacite,
c'étoit Punique moyen d'empêcher
les tumultes qui naiiïoient au théâtre.
(a) Non dliud remedium repertum ejl ,.
quâm ut Hiflriones Italiâ pellerentuf.
Mais on peut encore faire voir qu'il
n'y eut alors que les Pantomimes de
(a) Tsck. Anaat,l. u.
fur la Po'èjîe & fur la Peinture. 319
chaflés > & que Tacite par une négli-
gence excufable en un pareil fujet »
a mis le nom du genre pour le nom
d'une de fes efpeces. La première rai-
Ton , c'eftque Tacite ..immédiatement
après les mots que je viens de citer ,
ajoure une circonstance qui prouve
bien que Néron n'avoit pas fait fer-
mer les théâtres* Il ordonna , dit cet
Hiftorien , que dorénavant les foldats
monteroienc une garde au théâtre ,
comme ils l'avoient montée précé-
demment. Depuis quelque teins Né-
ron avoit ôté cette garde pour pa-
roître plus populaire. Milefque theaira
rurfum ajjîderet. La féconde raifon ,
e'eft que Tacite , en parlant du retout
des Hiflrions , dont il avoit raconté
l'expulfion , les appelle Pantomimes
(a) Redditi quamquam fcenx Pantomime
eertaminibus facris prohibçbantur.
l)IXdL 14.
^
Ow
320 Réflexions critiques
SECTION XVII.
Quand ont fini les repréfentations femp-
tueufes des Anciens. De l'excellence de
leurs chants.
JL'a r t des Pantomimes , celui des
Comédiens qui fçavoient exécuter !a
déclamation partagée en deux tâches,
l'art des Compofiteurs de déclamation,
en un mot , plufieurs des arts fubor-
donnés à la fcienee de la mufique , fe-
ront péris , fuivant les apparences ,
quand les repréfentations fomptueufeâ
qui avaient donné l'être à la plupart de
ces arts muficaux , de qui fai [oient fub*
iifter ceux qui les cultivoient , auront
ceiTé fur le théâtre de Marcellus & fut
les autres théâtres vaftes & capables de
contenir des milliers de fpeétateurs.
En queltems précifément ces théâtres
magnifiques , & dont la grandeur avoir
donné lieu à jnectre dans la repréfen-
tation des pièces dramatiques tous les
rafinemens dont nous avons parlé, fu-
rent-ils abandonnés? Je réponds :
Nous voyons bien dans les ouvra-
'fur la Poëfie & fur la Peinture. g2J|
ges de Saint AugufHn , qui mourut l'an
quatre cens trente de l'Ere Chrétienne,
que dèsfon tems les théâtres commet»-
çoient à fe fermer dans la plupart des
villes de l'Empire Romain. L'inonda-
tion des barbares qui fe répandoient
dans tout l'Empire, ôtoit au peuple des
pays défolés le moyen de faire la dé-
penfe des fpeâacles» (a) N'Ji forte Dlns
Jînt temporu mata j quia per omnes chu-
tâtes cadunt theatra * dit ce Père, en
parlant de la Situation préfente de l'E-
tat. Mais d'un autre côté nous voyons
auJli dans plufieurs Lettres de Cafto*»
dore, qui ont été déjà citées , &. qui
font écrites vers l'an de Jefus-Chiift
J20, que les théâtres étoient encore
ouverts à Rome un fiécle entier après
les tems dont parle Saint Auguftin.
Les grands théâtres de cette Capitale
n'avaient pas été fermés , ou bien on
les avoit rouverts. Suivant les appa-
rences , ils ne furent fermés pour tou-
jours , que lorfque Rome eût étéprife
& ruinée par Totila. (A, Ce fac plus
cruel dans toutes fes circonftances.»'
que les précédens , 6c g^i fut la çaufe
(1) tleCm.Jia.Ub.jti
Ot
^m
3 2 i i? é flexions critiques
qu'on vie des femmes Patricienne!
mandier à la porte de leurs propres
maifons , dont les Barbares s'étoient
rendus les maîtres , efl la vérir
époque de rancantiflement prefque
total des lettres Se des arts „ que du
moins on cultivoit toujours , quoique
ce fut fans beaucoup de fruit. Les
grands Artifans croient bien difparus
depuis Iongtems , mais ce ne fut que
dans ce tems-là que les arts mêmes
difparurent. Tous les nouveaux defaf-
tres qui fuivirent de près le fac de
Rome parTotila, firent fécher , pont
ainfî dire , les plantes qu'il avoit déra-
cinées.
Voilà quel fut le fort du théâtre anti-
que dans l'Empire d'Occident. Ces
hommes nés plus induftrieux que la-
borieux , Se qui veulent toujours fub-
fifter d'un travail qui ne foit point pé-
nible j ne pouvant plus vivre des pro-
fita du théâtre qui les avoient nourris
jufqu'alors , ou moururent de faim , ou
changèrent de métier, &lesperfonnes
du même caractère qui vinrent après
eux, exercèrent leurs talens dans d'au-
tres profeflions.
J'interromprai ici par quelque Li-,
fur la Vo'ëjiz & fur la Teinture. 325
gnes la fuite de mon difcours , pour
expliquer en quel fens j'ai dit que les
théâtres avoient été fermés dans Ro-r
me » fuivant toutes les apparences »
quand cette ville fut faccagée par To-
ula. J'ai voulu dire feulement que le
théâtre de Marcellus , & les autres
théâtres magnifiques Furent détruits ,
ou devinrent inutiles par le dommage
qu'ils avoient fouftert , & que ces re-
préfentations fomptueufes qu'on y
ionnoit , ce fièrent ; mais je n'ai pas
prétendu dire que toute repréfenta-
:ion de Comédie ait ceffée ; au con-
traire je crois que dans Rome 8c dans
les autres grandes villes qui avoient ef-
fuyé les mêmes malheurs que cette
Capitale, on commença, des que les
:ems furent redevenus moins orageux,
à jouer des pièces de théâtre , mais
fans l'appareil ancien. Par une révolu-
tion ordinaire dans le monde , la fcè-
ne fi fo-mptueufe dans le douzième fié-
cle de la fondation de Rome, ferare^
devenue dans le treizième ftécle de
cette Ere, aufïî fimple qu'elle Tétoit au
commencement de fon cinquième fié-
cfe. Elle fera redevenue dans l'état où
Livius Androniçus l'avoit trouvée,
Ovj
324 Réflexions critiques
Nous avons une preuve fenfibfe
dans les Cap i eu [aires de nos Rois de
la féconde race , pour montrer qus
de leur tems il y avoit des Comédiens
de profellïon qui jouoienc des pièces-
de théâtre. C'eft qu'ils y ont renou-
velle la loi du Code Théodofien , la-
quelle défendoit toute force de profa-
nation fur !a fcène. » Nous condam-
tr> nons , difent les Capitulaires, àpei*
» ne afflictive & à l'exil , les Corné-
si diens qui oferont paro'kre fur le
w théâtre, revêtus de- habits quepoi-
3> tent les Prêtres , les Religieux , les
?j Keligteufes, & toutes les perfonnes
te Ecclcfiafriques. (a) Si qnis ex feenicis
veftem Sacerdotale m aut Monajlicam, v4
mulïerii Religiofœ t vtl quaXicumque Ec-
clejîafllco fiaiujimilcm înduius fuerit,
corporali parut Jubjljlac > &• exilia tr&-
àatur.
Les Comédiens auroient dû dans
tous les tems s'interdire à eux- mêmes
cette profanation. Cependant notre
Koi Charles IX fut encore obligé de
la défendre dans l'Edit qu'il publia en
1^61 fur les cahiers & doléances des
Etat, généraux affemblés dansOrlean*
<») Baiuf. Cafhul, ciinz a pr.pi So«,
fur la Poe fie & fur la Peinture. 32?
L'article XXIV de cet Edit , porte :
Défendons à tous Joueurs de Farces , Ba-
teleurs & autres femllaldes * déjouer aufd.
jours de Dimanches & Fêtes aux heures dit
Service divin 3 Je vêtir d'habits Ecdèjiaf-
Ùqutti jouer chefes dijfoluts & de mau-
vais exemple , à peine deprifon & de pic
nuion corporelle. Ce qui prouve que
cette Loi ne fut point exactement ob-
fervée , c'eft qu'elle fut renouvellée
dans l'Edit que publia le Roi Henri
III fur les remontrances des Etats gé-
néraux aflemblés à Blois en 1 576. On
auroit ajourd'hui peine à le croire ,
ces loix fi fages ne furent point en-
core obfervées. Voici ce qu'on trouve
à ce fujet dans un livre intitulé i Re-
montrances très humbles au Roi de Fran-
ce & de Pologne Henri IH du nom , im-
primé en 1 5*88 , & à l'occafion des
tats généraux que ce Prince venoir.
de convoquer , & qu'on appelle corn-
knunément les féconds Etats de Blois r
parce qu'ils furent encore tenus dans
cette ville.
3' Il y a encore un autre grand mal
» qui le commet & tolère principale-
^3 ment en votre ville de Paris aux
jours deg Dimanches & Fêtes, le~
! 2 6 R éjlexions critiques
> quel eft d'autant plus grand préju-
i dice à l'honneur de Dieu & àlafanc-;
» tification de fes Fêtes, qu'aucun au-
> tre , & qui eft plein d'un fi grand
1 abus „ que je l'eftime avec les plus
» fages , fuffifant pour attirer les ma-
1 lédiâions de Dieu fur vous 8c fur
1 votre Royaume , fpécialement fur
' ladite ville de Paiis , où telle mé-
1 chanceté eft plus autorifée qu'en un
• autre lieu de votre Royaume, Ce
i font les jeux & fpeclacles publics
> qui fe font lefdits jours de Fêtes &
1 Dimanches, tant par des étrangers
1 Italiens que par des François , &
1 pardefTus tous ceux qui fe font en
1 unecloaque&maifondeSatannom-
1 mée l'Hôtel de Bourgogne,par ceux
qui abufivement fe difent confrères
1 de la Paffion de Jefus-Chrift. En ce
1 lieu fe donnent mille alîîgnations
< fcandaleufes au préjudice de l'hon-
nêteté & pudicité des femmes , &
à la ruine des familles de pauvres
Artifans , defquels la faile baffe eft
toute pleine , & lefquels plus de
deux heures avant le jeu , pafTent
leur tems en devis impudiques , en
jeu de dez , en gourmandife & y vro-
fur la Poëjie & fur la Peinture', J27 t
* gnerie tout publiquement, d'où de-
to viennent plufieurs querelles 6c bat-
» ceries. Sur l'échafraut , on y drefle
*» des autels chargés de croix , & or-
» nemens Eccléfiaftiques ; l'on y re-
» préfente les Prêtres revêtus de fur-,
» plis , même aux farces impudiques,
» pour y faire des mariages de rifées.
» L'on y lit le texte de l'Evangile en
» chant Eccléfialrique , pour, par oc-
Mafion y rencontrer un mot à plai-
C qui fert au jeu : & au furplus ,'
n'y a farce qui ne foit orde fale
y & vilaine , au grand fcandale de la
= jeunelTe qui y ailifte. « C'eft trop
nous e'carter de notre fui et : retour-
nons aux théâtres qui fnbfifloient à
Rome, avant qu'elle eût été dévaftée
par les Barbares»
On voit par un paflage d'Ammien
Mavcellin , que le nombre des per-
fonnes , qui de fon tems vi voient à
Home des arts qui , pour ainfi dir*;,
montoient furie théâtre, étoit prodi-
gieux. Cet Hiftorien raconte avec in-
dignation, que Rome fe trouvant me-
nacée de la famine , on avoir pris la
précaution d'en faire fortir tous les
ËtxangerSjmêmc ceux qui profeflbLent
528 Réflexions critiques
les arts libéraux. Maïs, ajoute t'il,
tandis qu'on chalToit les fçavans , com-
me bouches inutiles , ik qu'on leur
prefcrîvoit même un tems fort court
pour fortir , on ne die mot aux gens
de théâtre , ni à tous ceux qui vou-
lurent bien fe mettre à l'abri de ce
beau titre. On laifla demeurer tranquil-
lement dans Kome trois mille Danfeu~
fes, 6c autant d'hommes qui jouoieot
dans les chœurs , ou deProfefleurs en
arts muhcaux. Qu'on juge par- là com-
bien étoit prodigieux le nombre des
gens de théâtre qui pouvoient être
à Rome du tems de Dioclétien & du
•grand Conftantin. (<z) Pojiremà ad il
indignitatis eji ventum , ut cum peri*rmi
obformiiatam non ira dudum alimento-
rum inopiam pellerentur ab urbe précipi-
tes ; feSatoribus âifciplwarum liber aliitm
ïmpendio ,, paucis fine refpiraiione alla
extrufîs , tznerentur Mimarwû aftecltz ve-
l\ , qu'ei id fimularunt ad remplis , 6-
triamilliafalcairicum ne interpdlata qui-
dem, cum Choris totidemqte remarièrent
Magiflris. Quand il y aveit un fî grand
nombre de per Tonnes qui faifbient leur
profeffion de ces arts mufiçaijx, faut-
(a) 4rnn, M«rnii t kijh Rp t i £ ,
fur la Poëfie& fur la Peinture. 325)
s'étonner que les Anciens euflenc
ant de méthodes & tant de pratiques
elatives à la fcience de la mufique ,
slquelles nous n'avons pas ? C'eft la
-mltitude des Aitifans qui font pro-
îfllon d'un certain art , qui lui donne
e retendue, & qui eft caufe qu'il fe
ubdivife en plufïeurs arts particu-
iers.
La fcience de la mufique fubfîfta
ien après la clôture des théâtres ,
nais le plus grand nombre des arts
nuficaux périt donc pour toujours. Je
ie fçache pas même qu'il nous foie
efté aucun monument de la mufique
ithmique, de l'organique , de l'hypo-
ritique & de la métrique. Nous re-
rouvons les règles de la mufique poê-
ique dans les vers des Anciens , &c je
rois que PEglife peut bien nous avoir
onfervé quelques unes de leurs méio-
ses , dans le chant de fon Office.
Parmi les réponfes aux queftions
es Chrétiens , ouvrage attribué à
iaint Juftin martyr , qui vivoit dans le
econd fiécle , on en trouve une qui
écide (a) que les fidèles pouvoient
mployer à chantez les louanges de
40 (fraji. 107.
330 Réflexions critiques
Dieu » des airs compofés par les Payent
pour des ufages profanes , à condition
qu'on exécutât cette mufiqueavec mo-
deflie comme avec décence. Ce parta-
ge peut s'expliquer par ce que dit
Saint Auguftin dans un des dilcours
qu'il prononça aux Annivetfaires du
martyre de Saint Cyprien. Aliquando
ante annos non valit multos etiam iftum
locum invaferat petulantiafaltatorum J if-
tum tamfan&um locum ubljacet tant fan'
Bï martyris corpus. Per totam no&em ca-
mbantur hic nef aria & canzntïbus falta-
batur. (a") Les circonstances du tems
& du lieu font voir que ce partage
doit s'entendre des Chrétiens. D'ail-
leurs ce fut l'Evêque qui fit cefTer le
défordre. m II n'y a pas encore long-
=» tems, c'eft la traduction du Latin ,
* que les Danfeurs ofoient venir exer-
» cer leur art dans ce lieu fi refpecta-
s> ble , & jufques fur le tombeau de
» notre Saint Martyr. Durant toute la
a» nuit on y chantoit des airs profa-
» nés , & les Gefticulateurs y décla-
» moient.ee Apparemment que quelque
Chrétien avoit mis en vers la païïïon
de Saint Cyprien , Se qu'on exécutoit
(a) jiugi firm, j 1 1 . in Na;al, iiv. Cypr.
fur la. Poëjîe &fur la Peinture, 331
te poëme fur Ton tombeau , de la mê-
me manière qu'on exécutoit les pièces
Îrofanes fur le théâtre. Ain fi ce que
uftin ne veut pas ., c'eit qu'en chan-
tant dans les Eglifes les airs compo-
fés par les Payens , on les y déclame ,
il veut qu'on les chante fans faire au-
cun gefte.
Quoiqu'il en foit „ l'Office de l'E^
glife contient plufieurs Hymnes comV
pofées avant le fac de Rome par To-[
tila. Toute Hymne fe chantoit. Si non
ca.ma.tur , non efi Hymnus j dit Indore»
Or comme les chants de ces Hymnes
font les mêmes dans tous les Offices ,
il eft raifonnable de penfer que ces
chants furent compofés dans les tems
où ces Hymnes furent faites. Poursui-
vons cette matière.
L'Office Ambrofien qui fe chante
encore dans plufieurs Eglifes , eft com-
pofé ou réglé par ce Saint, mort cent
cinquante ans avant le fac de Rome
par Totila. Lorfque cet événement ar-
riva. Saint Grégoire le Grand , le mê-
me qui a ctrnpofé ou réglé l'Office Qc
le chant Grégorien qui font encore en
ufage dans un très-grand nombre d'E-
glifes catholiques , étoit déjà né. Ces
■
55^ Réflexions crttiqUei
Saints ne créèrent pasune nouvelle mu-
sique pour compofer ceux des chants
de leur Office qu'ils firent , lorfqu'ils
réglèrent ces Offices : car il paroît pat
la manière dont s'expliquent les Au-
teurs contemporains , qu'ils admirent
dans les Eglifes plufïeurs chants donc
on fe fervoit déjà. Mais tous ces chants,
foit qu'ils ayent été compofés avant
Saint Grégoire, foit qu'ils ayent été
faits de fon tems , peuvent toujours
fervir à donner une idée de l'excel-
lence de la mufique des Anciens. Si
dans mille ans d'ici les chants profanes
qui font compofés depuis quatre-vingt
ans, étoient perdus, & fï les chants
d'Eglife qui fe font faits depuis le mê*
rile tems , s'étoient confervés , nepour-
roit-on pas alors fe faire une idée de
la beauté de nos chants profanes fut
celle de nos chants d'Eglife. Quoique
le caractère de ces chants foit diffé-
rent , ne reconnoît-on pas l'Auteur
d'Armide dans le Dics ira: de Lulli?
Ce qui efc de certain , c'eft que tous
les connoifleurs admirent J^j^eauté de
la Préface & de plufïeurs autres chants
de l'Office Grégorien , quo^ue , com-
me nous l'avons remarqué dès le com-
fur la Poëjîe b fur la Peinture, 3 5 3
mencemem de cette troifiéme partie,
iJ s'éloigne beaucoup moins de la dé-
clamation naturelle , que ne s'en éloi-
gnent nos chants muficaux.
Je reviens au fujet de tant dedifcufc
(tons , je veux dire à l'ufage de compo*
fer & d'écrjre en notes la déclamation
qui avoir lieu autrefois»
Re
SECTION XVIIL
éfiexionsfur les avantages Or fur les int
convéniens qui réfuhoicnc de la décla~
mazion compofée des Anciens,
\_J EUX raifons me font croire qu'il
y avoitplusd'avantageque d'inconvé-
nient dans l'ufage dont il eft ici ques-
tion , Se que c'étoic l'expérience , la-
quelle avoit fait préférer parles An-
ciens la déclamation compofée à la
déclamation arbitraire. Premièrement
l'ufage des Anciens épargnoit aux Co-
médiens tous les contre- fens que les
plus intelligens donnent quelquefois
aux vers qu'ils récitent fans les bien
entendre. Secondement , un habile
Coin pofiteur de déclamation fuggeroit.
^H
^54 Réflexions critiques
îouvent aux Comédiens des expref-
fîons & des beautés qu'ils n'étoient
point toujours capables de trouver par
eux-mêmes. Ils n'étoient pas tous auflî
dûâcs que Rofcius, C'efc l'épithéte que
lui do nnoit Horace.
On fçait avec quel fuccès la Chan-
meflé récita le rôle de Phèdre , donc
Racine lui avoir en feigne la déclama-
tion vers par vers. Defpréaux en dai-
gna parler , & notre fcène a même
confervé quelques veftiges ou quel-
ques relies de cette déclamation qu'on
auroit pu écrire , fi l'on avoit eu des
cara<5teres propres pour cela , tant il eft
vrai que le bon Ce fait remarquer fans
peine dans toutes les: productions dont
on peut juger par fentiment , & qu'on
ne l'oublie pas , quoiqu'on n'ait point
penféàle retenir.
Enfin une Tragédie dont la décla-
mation feroit écrite en notes , auroit
le même mérite qu'un Opéra. Des Ac-
teurs médiocres pourroient l'exécuter
pafTablement. Ils ne pourroient plus
faire la dixième partie des fautes qu'ils
font , foit en manquant les tons , &
par conféquentl'aftion propreaux vejs
qu'ils récitent, foit en mettant du pa-
fur la -Po'ejîe &fur la Peinture. ' 3 3 y
tltécique dans plufïeurs endroits qui
n'en font pas futcep cibles. Voilà ce qui
arrive tous les jours fur les théâtres
modernes J où des Comédiens , dont
quelques-uns n'ont j'amaisétudié même
leur métier , compofent à leur fantaifie
la déclamation d'un rôle dont fouvent
ils n'entendent pas plufieurs vers.
En fécond lieu, quand bien même
chaque Comédien pris en particulier
feroit aufii capable de compofer la dé-
clamation d'une Tragédie qu'un maître
de l'art , il feroit encore vrai de dire
que la de'clamation d'une pièce qui
auroit été compofée d'un bout à l'au-
tre par une feule perfonne, devrait
être & mieux conduite & mieux mé-
nagée qu'une déclamation où chaque
Acteur récite fon rôle à fa mode. Cette
déclamation arbitraire auroit mis fou-
vent Rofcius hors de mefure. A plus
forte raifon doit- elle déconcerter quel-
ques-uns de nos Comédiens , qui ne
s'étant guéres avifés d'étudier la diver-
fité, les intervalles , £c s'ileft permis
de s'expliquer ainfi » la fimpatie des
•tons , ne fçavent comment lorcir de
l'embarras où le défaut de concert les
jette très-fouvent, Ox il eÛ au0i facile
^^m
336 Réflexions critiques
ae concerter differens rôles qui doi-
vent être récités alternativement , en
rédigeant par écrit la déclamation de la
pièce , qu'il eft difficile de la rédiger,
quand on ne l'a pointmis fur le papier.
Aufli voyons-nous que nos Comé-
diens dont plu lieu rs n'ont d'autres gui-
des que l'infHnct & la routine , ne fça-
vent par où fe tirer d'affaire , lorfque
l'Acteur qui récite avec eux , ne finit
pas fur un ton qui leur permette de
débuter par le ton auquel ils fe font
préparés, autant par habitude que par
réflexion, Voilapourquoi ils s'entr'ac-
cufent fi fouvent les uns les autres de
réciter fur des tons vicieux, & prin-
cipalement de finir mal leur couplet,
de manière qu'ils mettent à la gène,
difent-ils , celui qui doit prendre la
parole immédiatement après eux. Ces
inconvéniens n'arriv oient point lorf-
que la déclamation étoit notée , ou
du moins ils ne pouvoient arriver que
comme ils arrivent à l'Opéra, quand
un Acteur chante faux. C'eft à-dire,
que la faute venoitde l'Artifan, fie non
point de l'art qui avoit pourvu fuifi-
ïàmment à empêcher qu'on ne la fit.
Les Spectateurs & les Acteurs font
d'autant
r la Poë/îe &fur la Peinture. 337
l'autanr plus à plaindre aujourd'hui,
ue les Spectateurs Tentent r.ullî bien
fautes des Acteurs , que fi l'art de
déclamation exiftoit encore tel qu'il
oit au tems de Quintilien , quoique
s Acleurs ne puifient plus s'aider de
t art qui eft péri.
Tous Jes arts ne font autre chofe
e des méthodes réglées fur de cer-
ains principes ; &: quand on examine;
es principes , on trouve qu'ils font
les maximes formées en conféquence
le plufîeurs obfervations faites fur les
:fletsdela nature. Or la nature produit
oujours fes effets , conformément aux
égîesqui lui ont été prefcrites, Ainfï
lans les chofes qui doivent tomber fous
otre fentiment , les effets de la natu-
e caufent toujours en nous les mêmes
enfations agréables 3 ou défagréables ,
oit que nousobfervions , ou que nous
l'obfervions pas comment la chofe ar-
rive j foit que nous nous embarraffion9
ie remonter jufqu'aux caufes de ces
ïfTèts , foit que nous nous contentions
d'en jouir, foit enfin que nous ayons
réduit en méthode l'art de ménager ,
Sûvant des règles certaines , l'action
es caufes naturelles , foit que nous nq
Tome UL P,
S 38 .R (flexions critiques
luivions que ï'inftinft dans l'applica-
tion que nous faifons de ces cauies.
Nous ne lai (Tons donc pas de fentir
les fautes où tombent nos Comédiens,
quoique nous ne fçacliions pas l'art
qui enfekgne à ne les point faire. On
va voir même dans Ciceron . que par-
mi ceux qui fiffloietut les A&eui s defon
rems , dès qu'ils rnanquoient à la me-
fure , ilyavoitun petit nombredeper-
fonnes qui fçujTent l'art , & qui euflent
py dire précifément en quoi la faute
confiftoit. La plupart ne la connoif-
foit que par voie de fentiment. Dans
une aflemblée de fpeftateurs, combien
peu de perfonnes y a»t*il , qui fçachent
a. fond la mufique ? Cependant dès
qu'un Acleur manqué à la mefure, foit
en allongeant , foit en abrégeant trop
une fyllabe, toute l'aflîffcance fe récrie
d'une commune voix, (a) Qjiotui qmf
que eji qui teneat artemnumerorum ac mû-
dorum? At inhisfi paululum modo cfta-
fum ejl ut dut contracTionebreviusjîcret,
oui production* longius ., thea-tra iota re-
cUmant*
Mais, me dira-t'on, nous avons plu-
iïeurs Comédiens intelligeBS dans loi*
l.») Çii. dt.Orat, lib, j,
fur la. Poe fie & fur la Peinture. 339
rt , & r qui peuvent , en compofarit
eux- nié mes la déclamation de leurs
rôles y par rapport à leurs talens natu-
rels , y jet ter des beautés & des agré-
mens qu'un autre qu'eux n'y pourrait
pas mettre. En fécond lieu , ajoutera-
t'on , une déclamation compofée doit
ôterà des Acteurs qui feroient affujet-
tis à la fuivre , & leur feu & leur en-
thoufiafrr.e. Leur jeu ne fcauroit ctre
naturel , & du moins il doit devenir
froid. E/ufage ancien mettoit le Corné.
dien excellent au niveau du Comé-
Idien médiocre.'
Je réponds à la première objection.
Cet ufage , il eft vrai, faifoit perdre
quelques beautés à un rôle déclamé
par un Comédien excellent. Par exem-
ple, fi l' Actrice qui joue leperfonnage'
de Pauline dans PolieaCte , était af-
trainte à fuivre une déclamation no-
tée par un autre , cet afiujetriflement
empêcheroit qu'elle ne mit dans quel-
ques" endroits de fa déclamation les
beautés qu'elle peut y- jetter; Mais.
pour me fervir du même exemple ,
cette Actrice joueroit également oien
tout le rôle de Pauline', fi ce rôle étoit
Ctonpcfé 8r notéiïJWaûTre tÔTéco*8*
Pij
34<3 Réflexions critiques
bien gagnerions-nous, fi tous les i
de Poliçucte étuient compotes? Qu'on
Tonga comment les féconds rôles font
déclamés par les Acteurs qui les réci-
tent à leur gré. Enfin dès qu'on vou-
dra bien tomber d'accord qu'il y aura
toujours fur tous lçs théâtres un plus
grand nombre d'Acteurs médiocres,
que d'excellens Acteurs, on ne pourra
plus difeonvenir que la perte, dont
l'objection parle , ne fût compenfée de
manière qu'il y avoir dix à gagner pour
un que l'on perdroit.
La féconde objection efl que l'afTu-
jetriffement à fuivre une déclamation
compofée , devoir ôter aux Acteurs
leur enthoulTafme , & que cet aflujet-
thTement dévoie par conféquent mettre
de niveau rAjfteur qui a du génie , &
celui qui n'en a point, Je réponds à
cette objection , qu'il en étoit de cette
déclamation notée comme de la mu-
fîque de nos Opéra. Le Compofiteur
dé déclamation le plus exact & le plus
intelligent lailToit encore lieu aux bons
Aéleurs de mettre leurs talens en évi-
dence , & de faire fenttr , non-feule-
ment dans le gefte , mais encore dans
la prononciation , Jeux fupéxi orité (y$
fur la. Poëjîe Cr fur la Peinture, 34Î
les A&eurs médiocres. Il eft impolTi-
ble de noter tous les accens , les foii-
pirs , les adouciflemens , les inflexions,
les ports & les éclats de voix ; en un
mot , s'il eft permis de parler ainfi ,
l'efprit de la déclamation dont la va-
riété des tons n'eft que le corps. Dans
la mufique même, on ne fçauroit écrire
en notes tout ce qu'il faut faire pouf
donner au chant Ton expreflîon véri-
table , fa force & les agrémens donc
il eft fufceprible. On ne fçauroit écrire
en note quelle doit être pTécifément la
vïteffe du mouvement de la mefure,
quoique ce mouvement foitTamedela
mufique. Ce que tous les Muficiens,
& principalement les Muficiens Ita-
liens écrivent en lettres ordinaires à
côté de la compofition , pour dire fi le
mouvement doit être vif., ou bien lenf ,.
nel'enfeigne qu'imparfaitement. Juf-
qu'ici , je l'ai déjà dit , le véritable
mouvement d'une compofition n'a pa
fe conferver que par tradition , pour
parler ainfi , car les inftrumens inven-
tés pour tacher d'avoir , par le moyen
de l'Horlogerie , le mouvement jufte
que les Compofiteurs avoient donné
à leurs airs & a leurs chants , afin dele
Piij
.542 Réflexions critiques
confçrver avec précifion , n'ont point
eu ju ("qu'ici un grand fuccès. ■
Ainiî TA deux médiocre qui chante
le rôle d'Atis, ou celui de Roland, ne
le chante point comme le chante un
bon Aéteur, quoique tous les deux ils
entonnent les mêmes notes, & qu'ils
fuivent la mefurede Lulli. Le bon Ac-
teur qui fenr l'efpritde ce qu'il chante,
preifie ou bien rallentit à propos quel-
ques notes , il emprunte de l'un pour
prêter à l'autre; ilfait fortir deméme,
c>u bien il retient fa voix ; il appuyé
fur certainsendroits ; enfin il fait pla-
ceurs chofes propres ,à donner
d'expreilion & plus d'agiément à (on
chant t qu'un Acteur médiocre ne fait
pas ,ou qu'il fait mal à propos. Chaque
.Acteur fupplée de Ton fonds à ce qui
n'a point pu s'e'crire en notes , & il le
"fupplée à proportion de fa capacité.
Ceux qui ont vu représenter lesOpe-
ja de Lulli qui font devenus le plailir
desjiations , lorfque Lulli vivoitenco-
re ,,& quand il enfeignoit de vive voix
à des Acteurs dociles ces chofes qui ne
fçauroient s'écrire en notes , difenr
qu'ils y trou voientune exprefllon qu'ils
ny trouvent prefque plus.aujouid'hui.
fur la Poëjje £r fur la Peinture. 343
Nous y recorinoiflons bien les chants
de Lulli, ajoutent ils ; mais fouvent
nous n'y retrouvons plus 'l'efprit qui
animoit ces chants. Les récits nous
paroi fient fans a mes , & les airs de bal-
lets nous laifXent prefque tranquilles.
Ces perfonnes allèguent., comme une
preuve de ce qu'elles dilent , que la
lepréfentation des Opéra deLuIIi dure
aujourd'hui plus longtems'quelorfqu'il
les faifoit exécuter lui-même , quoi-
que préTenc elle dût durer moins de
tems, parce qu'on n'y répète plus bien
desairs de violon que Lulli faifoic jouer
deux fois. Cela vient , félon ces perfon-
nes , car je ne fuis garantde rien , de ce
qu'on n'obferve plus le rithme de Lulli
que les Acteurs altèrent , ou par infuf-
fifance, ou parpréfornption.
Il eft donc confiant que la note des
Opéra n'enfeignepas tout , & qu'elle
laifTe encore beaucoup de chofes 2
■faire , & que P Acteur fait bien ou mal ,
fuivant qu'il eft capable de les exécu-
ter. A plus forte rai fon peut- on con-
clure que les Compofireurs de décla-
mation n'enfeveliflcnt pas le talent des
bons A&eurs,
Enfin l'alfa jettiflernent à r u'rvre nue
Piv
I
iclama-
346 R* flexion* eritiqutt
l'expérience, en laveur delà déclama
lion notée?.
Mais, medira-t'on, la plupart des
gens du métier fe foulevent contre l'ufa-
ge de compofer & d'e'crire en notes la
déclamation , fur la première expofi-
tion de cet u(age. Je répondrai en pre-
mier lieu, que plusieurs peifonnes di-
gnes de foi , m'ont afTuré que Mu
guidé parla force de fon génie , & hos
avoir jamais (çu apparemment tout -.e
qui vient d'être expofé concernant la
Muf que c)es Anciens , failoit quelque
chofe d'approchant de ce que I
1er Anciens, & qu'il a voit imaginé d«
notes p ur marquer les tons qu'il de-
voir prendre en déclamant les rôle*
fjuil récitou toujours de la mcme ma-
nière. J'ai encore entendu dire que
Beaubourg & quelques autres Acxeuis
de notre théâtre , çp ayotent
En fécond lieu, on ne doit pas être
iurpris de ce jugement des £e,us du
métier. L efprit huimm Jiaic,«^tmel-
lementla g.cne oîr le *iei;eur route*
les méthodes qui pi étendent, 1,'aflpjettir
à n'opérer que fuivant certain. es_ Règles»,
Il ne veut pas ,çtiç contraint, da-ns fes
allures , die Montagne. Qu'on propose
_
fut la Poëfa & fut la Peinture, 347
la djfcipLine militaire à des Barbares
qui ne la eonnoiflent pas : Ses loix ,
diront ils d'abord , doivent ôter au
courage l'impétuofité qui le fait vain-
cre. On fçait bien cependant que la
difcipline militaire foutient la valeur
par les régies mêmes auxquelles elles
l'afrujettit.Aintî.parce que des gens qui
auront toujours déclamé fans connoî-
tre d'autres régies que l'inftinct & te;
routine , défapprouveront l'ufage des
Anciens par un premier mouvement %
il ne s'enfuit pas que cet ufage Fût mau-
vais. Il ne s'enfuît pas même qu'ils con-
rinuaflent à le blâmer , s'ils s'étoienc
donné une fois la peine de réfléchir
fur fes avantages & fur fes inconvé-
oiens, pour les compenfer. Peut-être
même regretteront-ils qu'il n'y ait pas
eu un pareil art , quand ils étptent en-
core dans la jeunelle , tems où l'on ar>
prend à opérer facilement, fuivanr une
certaine méthode.. •.
L'attention à fe conformer aux ré-
gies qu'on apprend des l'enfance ,cefle
bientôt d'être une contrainte. Il fem-
ble que les régies qu'on a étudié alors
deviennent en nous une portion de la
lumière naturelle, Quintilien répond
Pvj
Réflexions critiques
à ceux qui prétendoient que TOrateui
qui ne fui voit que fa vivacité & (on
enthoufiafme en déclamant , devait
être plus touchant qu'un Orateur qui
iéglûit fon action 8c fes geftes prémé-
dités fur les préceptes de Tait ; que
c'eft blâmer tout genre d'étude que
de penfer ainfi ; & que la culture em-
bellit toujours le naturel le plus heu-
leux- (a) Sunt tamen qui rudemillam 6*
qualem impetus cujufque animi tulitaSith
nem ., judicentfortiorem , fei non alïiftrk
quam qui etiam , in dicendo curant fdent
improbare £r quidquid Jludio paratur,
Noflro labori dent veniam , qui nihil cn-
dimus effi perfiftum * nifi uti naturel cuti
juvttur.
(i) Quint, Jnjî. lib, ir. cap. ».
FIAT du tr&ifiéme Tomt%.
544»
t. 1 ' ■ ■ =q
AVIS
DU LIBRAIRE.
J 'a t cm faire plaiïïr au Lecteur, en
imprimant ici une des dernières Scè-
nes de VAadromaque de Racine",
telle qu'il la donna dans la première
Edition de cette Tragédie , faite en
2668 , & d'y joindre les trois dernier
res Scènes de la Mère en détréjfe. C'etr;
le titre que Philips a donné à foa
Andromaque. Ce qui eft dit concernant
ces deux Pièces dans la page 46*2 du
fécond Volume de cet Ouvrage , peut
bien avoir excité !a curiofité de plu»
fieurs perfonnes ; & il leur feroit dif-
ficile de la farisfaire» fi je ne leurert
fourniflbis pas ici le moyen» Le*
Exemplaires de la. première Edition
tfAndromaque font devenus très-rares,.
& les trois Scènes de> l'Andromaquç
Angloife, n'ont point été traduites, On
m'a même confeillé de donner avec
nos deux Fragmens > une traduction
de l'Epître dédicatoire ôc de la Préface
de Ph il rps, deux Ecrits composés
durant îa chaleur de la guerre termi-
née par la Paix d'Utrecht , & je me
fuis rendu aux raifons qui m'ont été
alléguées pour m'y engager. On les
devinera facilement. Les vers que
Racine a retranchés dans les Edi-
tions poftérieures de fon Andromaque,
fe reconnoîtront aux guillemets que
l'on y a mis.
*§MBW
3P
SCENE TROISIÈME
du cinquième Àtlede i'Andromaquedfe
Racine.
ORKSTE, ANDROWAQUE,
HERMIONINE, Cl.EONNE, CEPHISE ,
Soldats d'Orcfte.
M,
ORESTE.
A n A me , t'en tft fait. •• Panons en diligence.
Vetiri dfciMHWSvalflesini pot.tcrvotre v.nçeance.
Voye-i cette captive, EU.? jeui miruit que mai
Vous apr rendre qu'Oefte a dégafé fa foi.
HKRMIONKt
» O Dieux S Oft Andromaque.
A N D R O ;.: A Q U E.
Oui , c'ert cette Prince ne
»Deux fois veuve ,& deux fo sefclave de U Grèce;
» Mm , qui, iufquts dans Sparte., ira voui braver toufy
a* Puifou'elle voit fon (ils a couvert de vos coup*.
w Du crime de Pyrrhus , complice manifclle ,
„ J'attens fon châtiment. Cat ic vois bit ■ qu'Orede (a)
„ Engagé par voire ordre à cet afTaflinor ,
„ Vient de ce trifte exploit troue céder tout réélit-
a. Je nem'attendoispas que leCitl en colère .
Œ Pût f»ns perdre mon fils , accroître thi mifete ,
„ Et gsrd. : î à mes y«U* quelque Tpefiade enror ,
M Qui fît couler «nés pleurs pour uh autre. qu'Hector.
B Vous avei trouva frulc une (\rja4ame voie
„ De fufpendrt tivi!.i.ii H&t k fouvfir t de Troie,
M PIusbaroare-aoioi''dl!ui qii J A>ri»U«& que fonfil*,
^ Vqus rne faire» pleurer mes plus grand» en ne nus;
(a) En l'ajrtJJ'ajV q lUrrûvivu.
» Jt ftn alloia punir. M** le Ciel m 'rit
» Que je ne pouflbis pas rr,a venecanee l
» Et uni ver fer ren fgng j ni çaufer rs
HERMIONN
tt Quoi r Pyrriuj eft donc mort î
O R E S T E.
Ouï j nos Gr
Ont lavé dans fort fang Tes infidélités.
Je vous l'a voit promis. Er quoi que me
Se fi» de ce complot une funefte image ,
J'ai couru vers le temple , où nos Grecs
SfrJont jufqu'J l'Autel dans la foule gliil
Pyrrhus m'a reconnu. Mais fans changer
Il feitibloit que ma vue excitât fon audae
Que toui les Grecs bravé* en leur Amba(
DulTent de fon Hymen relever la fplendl
Enfin avec rranfport prenant Ton diadérnj
Sur le front d'Andromaque il l'a pofé lui
Je vous donne, a-i'ildir , ma Couronne
Andromaque , règne* fu* l'Epi re & fur c
Je voue à votre fils une amitié de Père ,
J'en attefre les Dieu» j je le jure i fa fVf<
Pour tous mes ennemis je déclare les ûei
Et je le reconnoii;pour le Roi des Troyei
A ces mots , qui du peuple attiroient le (
No* Grecs n'ont réponduque par toi
l'Infidèle s'eft vu partout envelopper ,
Et ie n'ai pu trouver de place pour fra
Chacun Te difputoït la gloire de Tabbattri
a Cependant j'ai voulu qu'Androtnaque aujourd'hui
n Honorai mon triomphe, & répondit de lui.
Du peuple épouvante la foule fugitive
M'a laifTé fan; oliiiacle enlever ma Captive j
Et regagner ces lieux a ou bien-tôt nos Amis
Viendront couvertsdu fing que je vous ai promiji
HERMIONNE.
Qu'onfr-ils fait ?
ORESTL
Pardonner à leur impatience.
Ili ont , je le vois bien , trahi votre vengeance.
Vous vouliez que ma main portât les premiers coups.
Qu'il fentît en mourant qu'il expirait pour vous.
Mais c'eft mol . dont l'ardeur leur a fervi d'exemple
Je les ai pour vous feule entraînés dans le Temple.,
Madame , & vous pouvez juitement vous flatter
D'une mort que les Grecs n'ont fait qu'exécuter.
.Vous feule avei poufle les coups....
HERMIONNE.
Tai-toi, perfide,
Ec n'impute qu'à toi ton lâche p:>r.-icide.
Va faire chei tes Grecs admirer ta fureur ,
Va , je la défavoue , & tu me rais horreur.
Barbare , qu'as-tu fait J avec qu'elle furie
As tu tranché le cours d'une il belle vie?
Avex-vous pu , cruels j l'immoler aujourd'hui
Sans que tout votre fan£ fe foulevât pour lui?
Mais , parle. De fgn fort, qui t'a rendu l'arbitre i
Pourquoi l'alTïflînerî Qu'a-t'il fait; A quel titre ?
Qui re l'a dit ?
O R E S T E.
O Dieux ! Quoi , ne m'avez- vous pa»
Vous-même j ici , tantôt, ordonné fon trépas?
H E R M t O N N E.
Ah ! Falloit-il en croire une Amante iofeofée ?
Ne devois-tu pas lire au fond de ma penféet
Etne voyoia-tu pas clans mesemporteraens,
Que mon cœur démentoir ma bouche a tous momens ?
Quand je l'aurols voulu , falloir il y fouferirt l
JS'aJ-tu pas dû cent fgig ts 1; falrs rediic
3 M-
lêtpe , avant le coup , me venir ec-n{ulier,
Y revenir encore , ou plutôt m'éviter ï
Que ne me JaifTbis-tu te foin de ma vengeance ?
Qui t'amène en des lieux , ou l'on fuit ta préfence!
Voilà de ton amour le dcteftable fruit ,
Tu m r 3pportoi5, cruel , le malruur «juî te lYn.
C'efl toi , dont l'Air.bitlade à tous les deux fatale ,
L'afaic, pour Ton malheur , pencher vers ma rlvalO
Nous le verrions eneor nous partager Tes foirs .
]! m'aimeroit peut-être , il le feindroir du moins.
Adieu. Tu feux partir. Je demeure en Fpire.
Je renonce a la Çrece , à Sparte , \ Ton Fmp're,
A toute ma fa mi tic. Et e*elï alfei pour n
T/aiçre , qu'elle ait produit un roondre comme \m.
a> Allons j VI adame , allons, Cell mol qui Vous délivre.
»> Pyrrhus ainn l'ordonne , & vous pou vei tne fuivrç,
m De nos derniers devoirs allons nous dégager.
» Montrons qui de nous deux feaura mieux le venger.
EPIT-RE DÉDICATOIRE
k Madame la Duchejfe de Montaigu.
Madame,
Deux r a isovs m'ont fait croire
que je devoisptendrelaUbertédevous
dédier cecOuvrage. Son original atou-
■jours pairé.pour une des meilleuresTra-
gédies Françoifes, & Je fexe de celui de
fes personnages qui nous inréréfTeda-'
vantage.ainliqueles principaux événe-
mens de tout le Poème, femblent lui
donner droit de prétendre à la protec-
tion d'une Dame du premier rang. Les
caractères élevés des premiers Acteurs
de cette Tragédie , les noms qu'ils ont
fans celle dans la bouche, qui font des
plus célèbres de l'antiquité , m'ont en-
core confirmé dansledeffeinde mettre
à fa t te le nomde la tille d'un homme,
qui par une longue fuite de glorieufes
actions faites en feivant fa patrie, ou,
pour parlerplus exactement, au fervice
dcTEurope,s'eft acquis une réputation
fupérieure à celle de tous les Généraux
de fon fiécle , & égale à celles des plus
grands Capitaines des ■ficelés paflesi le
3;6
nom dirDuc de Malboroug votre père,
eft aux François ce qu'etoit aux Grecs
le nom d'Heftor.
Mais ce qui achevé , Madame, dé me
déterminer à mettre ma Tragédie fous
votre protection, c'eft la juftefTe de v<> I
tredifcernement , c'effcladélicateflede
votre goût , quand il eft queftion de iu-
ger de tous les ouvrages deftincs à faire
l'amufement du public ; c'eft un elpric
à la fois folide & brillant ., & qui vous
rend l'amedçs compagnies, dontvotre
préfence faifoitdéja l'ornement. Enfin
les impreffions que font fur ceux qui
vous voyent & qui vous entendent, les
charmes de votre perfonne&lesagré-
mens de votre converfation , rendent
vraifemblable l'excès de la patlion de
Pyrrhus pour Andromaque.
Je ne fçaurois alléguer qu'une feule
raifon pour vous engagera preridremon
ouvrage fous votre protection : c'eft
l'égard fcrupuleux que j'y ai toujours
pour l'honnêteté publique & pour les
bienféances. J'efpere que ce motif feul
fuffi ra pour la lui faire accorder. Je fuis
avec le plus piofond refpeft ,
MADAME,
Votre trci-humble Se crèt-oWiflirn
Içrvitçur , AMBROJSE PHILIPS*
A
3Ï7
R É F A C E
de la Tragédie intitulée :
4 M E R E E if DÉTRESSE
ta ne fçauroit employer que deux
ïs dans Tous les ouvrages d'efprit,
qu'on écrive en profe , foit qu'on
ve en vers ; le flyle fimple , aifé
laturel , ou le ftvle pompeux Se
fié, pour ainli dire , par une abon-
ne excefiîve de figures. La plupart
Auteurs , faute d'avoir une idéa
re du fublime, affecte ce ftyle am-
lé.Mais le fublime neconfifle point
; un enchaînement d'hyperboles,
métaphores bifarres & d'expref-
s hazardée . Il confifte à imaginer
; juftefleles fentimens qui convien-
t aux perfonnes que l'on fait par-
comme à rendre ces fentimens
;des termes nobles', mais employés
s leur lignification naturelle. Ja~
s ces fentimens ne font plus to li-
ns , que lorfqu'ils font exprimés
e le plus de (implicite. Le fublime
ubjugue les hommes, efl aulli pei|
3 ;S-
compatible avec l'affectation , que le
peut être le véritable llcroiime.
Voilà ce qui m'a déterminé à écrire
ma pièce en un rtyle h différent de ce-
lui de la plupart de nos Tragédies;
& js l'ai entrepris d'autant plus volon-
tiers que j'avois l'avantage d'être gui-
dé dans cette nouvelle route par un
conducteur dont les ouvrages font ad-
mirés avec juiTice par toute l'Europe,
Le mérite des Tragédies de P acine eft
trop connu parmi notre nation , pour
en parler davantage* Je ne regretterai
piint les peines que j'ai prifes pour
mettre au théâtre Anglois la plus par-
faite des Tragédies de cet Auteur , fi
mes lecteurs trouvent que la traduction
u nd a fiez bien les beautés de l'origi-
nal , & s'ils ne blâment point te liberté
de m'en écarter que j'ai prife quelque.
fois. Je ne les arrêterai plus que pour
leur faire lirequelques infrrlld.ons con-
cernant notre Tragédie, qui fe trou-
vent dans la Préface de Racine.
•M&$-$#$^&tt$$$4MI
FRAGM-ENS
DELAMEREENDÉTRESSE.
A$rh que Pyla.de a emmené Orejie, Phœ-
nix fuïvi des Gardes de Pyrrhus } entre
fur le Théâtre.
SCENE
P H (EN IX.
X eus lés Grecs font donc par-
tis ... . Orefte s'en eft allé
Vous triomphez , fcélérats ? Et vous
indignes fujets de Pyrrhus, quelle ftu-
pidité vous a faifîs , quand au lieu
d'aller la flamme à la main réduire en-
cendres les vaifleaux des Grecs, vous
avez employé un tems fi précieux à
voir rendre les derniers foupirsà Her-
mionne? Vos ennemis ont profité de
ces momens. Us fe font embarqués....
N'en douions plus , les faciilcges qui
3<So
ont porté leurs mains impies fur 1
rhus , font avoues par Orefte. Sa fuite
efl: une preuve certaine qu'il cfl le
premier auteur de leur crime
Ambaflade plus fanglante qu'un com-
bat . . . . Aflaflînat fans exemple ! En
quel lieu le diadème fera-t'il refpe&é,
fi vous négligez, Grands Dieux, de
lç protéger du moins dans vos Tem-,
pies .... Voici la Reine.
SCENE VIL
ANDROMAQUE, PHCKNL
CE?H\SE t fuite.
ANDROMAQUE.
FErfides Grecs, vos crimes ne
demeureront pas toujours impunis.
Vous en recevrez quelque jour un
châtiment proportionne à leur énorffll-
té ? Cruels , quelle pitié des Troyens
pouvoient-ils attendre de vous .quand
vous avez aflez de rage pour immoler.
à vos parlions Pyrrhus le plus vaillant
hosçune de votre parti, le guerrier qui
vou|
S6t
fous a fait vaincre ? Qui vient , fer oit-
mon lîls ?
CEPHISE.
Non , Madame , c'eft le corps de
Pyrrhus que fes Soldats en pleurs por-
tent fur un bouclier.
SCENE VIII.
Ces Athurs de la Scène précédente» Du
Soldats qui portent le corps de Pyrrhus,
ANDROMAQUE.
J RINCE infortuné, voilà la fuite
du peu de foin que vous vouliez ap-
porter à vous garder de vos ennemis ,
& du peu de défiance que vous aviez
de la perfidie de vos Grecs Vous ju-
giez d'eux par vous-même. Ce font
vos vertus qui fori? caule de votre
mort prématurée , & que vous celiez
de vivre en entrant dans l'âgé viril.
Mais je vous vois couvert de gloire.
Vos belles aérions fe préfenteni à moi,
fous Tidée de fleurs épanouies qui en-
tourent votre cercueil- Les pleurs que
lomt UL Q
3*2
des Troyens répandent fur ce cercueil»
ne l'honorent pas moins.
CEPHISE,
Madame , vos larmes ne tariront»*
elles jamais?
ANPROMAQUE.
Noo , Cephife. La deftinée a foU3
lesmursdeTroye, condamné la veuve
d'Hector à une affliction perpétuelle.
Tant que je viyral , mes larmes ne.
cefTeront jamais de couler. Allez, Pria-
nix„ feîtes revêtir le corps de votre
.maître de fes habïllemens royaux : met-
tez auprès de lui toutes les marques de
fa dignité, & que la flammedu bûcher
qui doit avoir Fhonneur de mêler fes
cendres aux cendres de ce Héros , an-
nonce fa mort aux peuples voiiîns en
e'élevant jufqu'^j ciel , pour excite*
les Dieux à la venger.
«fc***
SCENE 1$.
ANDROMAQUE, CEPHI SE, Suite.
CEPHISE.
X-J e bruit que vous entendez » vous
annonce , Madame , la venue du Prin-
ce votre fils que les Gardes amenenc
de la Forterefle.
ANDROMAQUE.
Quelle confolation pour ta mère»
mon cher fils de t'embrafîer vivant!
Tranfports mêlés d'une joie vive &
de douces atlarmes , vous qu'on ne
fçauroic bien exprimer j, & qu'unemere
feule peut refleurir , je vous abandonne
mon cœur : Percez , pour vous y faire
accès , le nuage d'afflictions qui l'en-
vironne; Faites-vous un pafTagepour
y pénétrer , comme les rayons du
Soleil s'en font un à travers les nua-
ges épais qui veulent orfulquei fa lu-
mière. Une ame généreufe ne perd
jamais l'efpéiance, quoique du milieu
des afflidions elle voye fes ennemis
3*4
les maîtres de fa deftinfe. Ella fçait
que le ciel , pour la tirer d'un gouffre
de malheurs par des moyens impré-
vus , choifira le moment qu'elle y pu
rofara pleinement abîmée.
FIN.
)
TABLE GENERALE
DES M ATIERES
contenues dans les trois Volumes.
Les Chiffres Romains marquent le Tome j
€r les Chiffres Arabes , la Page.
A
^\/ BDEntTÂTNS. Ce qui leur arriva ï la re»
fréfentanon de l'Andromède d'Euripide, I. page 344
A cctm. Les Anciens en a voient huit ou dix , & autant
de caractères ditTérens pour les marque» , II!. » 1. Ori-
ginairement les Latins n'en avoicnt que trois, 11 L tl.
Que] ufage faifoit des accent un CotnpDilieur de décla-
mation, Fil. s+.
AAtun. Le* habit» de théâtre leur donnent de la
dignité, !•■*.) 5. Que It doivent être leurron de voix,
leur prononciation & leurs geftcs. 1. 4+0. Ils récitoïent
«compagnes d'intlruraens.lll, lia» Un bas relief anti-
que le démontre,!!!.! 37 & 1 3 8. Les A&eurs des Tra»
Kidits n'étoient point les mêmes que ceux qui repret-
ntoiertt tes Comcdie<,HI. 14s» Leurs marques & leur*
c'iaulT.itcs ctoient auflî différen* , 111. 1 50. Les Acteur*
iet Anciens ne jouoient pis comme les noires, a la
clarté des lumières, III. 2x7. Accord de l'Acteur qui
Srerticuloit avec celui qui recitoit-, III. 25 S. Ce qu'a
penfe Scneque fur cet accord, III. 2 5 9. Les Aâeura
des cheeuri des Anciens étoient les plus excellent, III.
204, Us fe rendoient enclaves de leurs voie, 111. zli.
Quel étoir leur foin pour la eonierver & pour la forri-
%tt , UI. 2 s 7. tyyïtij». Les rpcétateurs Tentent les fau-
tes des Aiïeurs . fans qu'ils paifent dire en quoi cec
skuiei eonûllcw 1 Uli il**
Qiiî
»•* T A*LE
Age pour fttvaîller a ft perfrâiomier ., M. 9f*
flans tet âge où l'on «(l plus facilement dUVait-, J)«
io«. Le feu de l* âge donne plufieur* paffîons a la foi*,
If. loi. A quel âge lei Peintre» & le* Poëre* paxoif-
fent au plut haut degré ,11. 1 16. On fait voir quelrt
plus célèbre* Poètes n'ont i\trr fait paroître d'excel-
lent avant trente ans , 11. T i S.
Air. Combien il contribue à la diverilté de* intliiw-
tîon? der homme*, 11. i$i. Les qualités de l'air dé-
pendent des émanations de la terre, !!■ ibidt Cesénta-
ntlon* variant, e' ançen* la nature de Pair, II. ihii*
L'air communique au fang les qualités dont il eft em-
preint, II. 2J3. L'air rempli d'une multitude de périt*
animaux qui le rendrnr fujet à une infinité d'altéra-
tions , II. 254- L'humeur & l'efpric des hommes fait!,
dépendent beaucoup des vicîiïïciide* de Pair, 11. z$6*
L'impreflîon qu'elles font même, furie* corps, 1'. it>
Oo remarque daruj les animaux les effers- di fièrent de
l'air, II. 2J7. Ce font fes altérations qui «uffnt le*
«oladies épidémiquet, II. 2£*. Cornmenr l'air natal
cft un remède i beaucoup de maladies, 11. ibiJ. Son
pouvoir fur le corps humain, prouvé par le tiracteit
des nations , II, 2S+. Sa différence fert beaucoup aux
*rganes qui contribuent aux fonâion» del'arr.e. IL
a7 z. Grands changemens arrivés dans l'air de Rcme
depuis les Céfars, II. 29*. L'airde Rome mal- faintn
Eté, Se pourquoi , D. ib. La différence entre l« peu-
ples attribuée aux différentes qualitér dtTalr, II. |of>
aie* variations fent caufe delà ditfércnea dcsgcY.iei.
117*3:0.
Airs caracWifés, ce qu'on entend parce* terme*.
111. 1*3 & rs-t*
Algarde. Son bas-relief de l'Attilaefi mieux <V)%
fofé qu'aucun bas-relief antique , I. s 1 8-
Atimtntm Si les poiffbns font un auffi bon altaieM.
«jue la ehair: Un Médecia habile a voulu Je perfua-
der, & fon fênrimenr a été condamné par 1'ei.pciit*»
It, 11. !îl.
Allégories. Quels font le* perfonnaget allégorique»
^ui font reçus en peinture , 1. 191. Il» doivent ïu*
introduits avec anc grs&ce difccétiandaiJi 1rs covyf
DÈS MATIERES. iif
:ion* hiftoriques , I. i?4, Ils ne doivent jamais f
être les Aâeurs principaux, I. 19 c. Lavraifemblanw
'y doit être exâcTement obfervde. ib. Ce qu'on entend?
i sr composition allégorique , I. sofa 1] y en a de deuK
éfpcccs , ifcii. Modèle d'une composition purement al-
légorique > I. aûf. (ffuif. &c d'une composition mixte
Ou il entre des fujets allégoriques dans de; fujets hif*
toriques, I. 207. Les allégories doivent être bannies
entièrement des tableaux qui repréfentent des dogmes
de notre Religion, I, 2 1 a. Leur fens myftéricux n'eft
le plut fouvent entendu que du Peintre quiJes a ima-
ginés, i. 2ti. Quels fontles perfonnager allégorique»
que la Poe'lîe employé, I. 222. On n'en doit faire
ufage qu'avec grand difeernement , I. 126. Ils ne con-
viennent point dans les Posfies Dramatiques , 1, 127.
fcaîs feulement dans les Prologues des Opéra, I t 230i
Allemagne. On y recortnolt dans fes peuples le ca«
nacre d'efpritdes anciens Germains, II. 18c.
Allemands , ont mis en leur langue beaucoup d'ott»
vrages de nos bons Poètes , II. +fij.
Ambroifc ( Saint ) en quel rems il compofa fon Of-
f ce Ambrofien , (il. s 3 1. Lamufique en efl la même
^ue celle de-nt onfefçrvoit alors communément , III-
332.
Amr. Elle eft occupée en deux minières., 1. fi cV 7.
Amiot. On le lit encore avec plaifir ,11. 4'4- La
ritfon eft que fa condrudioneQ régulière ■ ibid.
Amour. La peinture que les Anciens en font , tou-
che tous les peuples, 1. 1+7.
An&tomïe connue, mais peu développée du tems
d'Hypocrate , II. 494.
Anciens Grecs & Romains, onr raifonne avec plus
deiu(leflequenous,ll. 480. Nous les furpaflbns néan-
moins dans les Sciences naiurelles & la Théologie* 11.
ibid» Les Anciens avoient approfondi ce qui regard*
Il quantité des Syllabes , des pieds & dei figures du
vers. 11!. 341 Ils ne divi Soient point comme nous, par
octaves, le fyltcme général de leur multque , 111, 59.
Ils n'avoierit point de pièce* dramatiques en profe ,
III. 94. Us diftribii oient (ou vent a des hommes des
lô!cj de fîmmes, III. ici, Hsit'ont r'en négligé pour
•* TABLE
donner i leur! pièces de l'agrément & de l* ratifié
dans l'exécution , III. izz. Leur réuffire dans tous lex
ans , efl un préjugé pour la perfeâion de leur» repié-
fentations théâtrales, HJ. xyt. bfiiiu.
Andromaçut. Tragédie de M. Racine , traduite ta
Anglo ; s, .11. +6;. Scène iioilîétoe du dernier Aûe de
cette Tragédie , telle que M. Racine lavolt donnée
dans fa première édition , III, j j i. Fragmcns de quel*
«lues endroits de la traduâlon Angloife de l'Aadra-
xuaque, III. j jj
Andromède. Statue antique chez le Duc de Mo-
dene. II. 230.
Anglais. Quel cil leur goût pour 1er fpeâadci où
l'on verle du fang, I. se Kn quel tem» Usent tom-
anencé à aimer 1er tableaux , 11. îjs. leur climat n'tft
j>as propre à former de grands Peintres , H. iso. Lei
Peintres qui ont fleuri en Angleterre, étoient ctran»
gers , II. ibid. Beaucoup d'ouvragei de nos Poète» tra-
duits en leur langue, II. 46a» (£ucl était l'efprit de»
Anglois félon Agricole , II, i- y. Leur émulation pont
furpaflêr les Gaulois, ibid.
, Animaux. Il y en a qui ne multipl'ent point dam n«
régions , II. j5>o.
Anvers, a été l'Académie & l'Athènes des Piyt
«n-deçiles Monta, 11. ua.
Appelles t contemporain de Praxirelle & de Lylippti
II. a 34.
Apprintijfitgt. Conlïfte à faire des fautes, pour n'en
plus faire , II. 9+.
Arcs 4e Triomphe. Différence entre ceux desRo*
mains & les nôtres, 11. zoî. Celui de Confrantin à
Rome a été fait des dépouilles de celui de Tra'un ,
II. ibid.
Ariofic. Son Roland furieux préféré à la Jérufalen
délivrée du Taflë , a caufe de la poclïe de fon flyle , L
909. Le jugement qu'en porteroir un François , tic ia>
soit par jufte par rapporta un Italien ,11. .1S9.
AriJHdit , Peintre Thébain ,eft le premier qui 1 fait
voir qu'on pouvoir peindre les mouvement de l'amc,
1. 391.
AiijhJUs QùtY-iiïuiiuu Son livre fur la «aî'wjue iaaji
iDIS MATIERES. s«!>
Cru , efl le plus inftruâif de cous ceux que Us An-
ciens nous ont laiflcs , 111. 7. Si défini rion de II tnufï-
tfut peu différente de celle des Ànciensj lll. f. 1J comp-
te jufqu'a (il arec fubordonnés j U mufique , 111, 1 1.
Le* trois premiers pour la composition. Scies trois der-
niers pour l'exécution , îbii- La mqfique , félon lui,
cft un an néceflâire a tout le» âges , 111. 1 t. Divifiong
que les Anciens faifolent de la niufique , félon cet Au-
teur , Lll* +7.
Âriflcte, dit que le mitre efl une partie du rlthme .
III. i}. Explication d'un dei plut important patlâgcc
de fa Poétique , que les Commentaires ont rendu inin-
telligible, 11!, pi. La mefure du vers , félon lui , de-
voit fervir de mefure dans la déclamation , 111. 94. Il
explique pourquoi les cher un ne chan' oient point «faut
les Tragédies furie modeHypodorien èVrît/pophrigien,
IIJ- 103. L'imUat<on d'une action dans la Tragédie fe
doit faire dans un langage préparé pour plaire , JI1, 91.
& 93- Ce aju'il dit de la Mélopée, îbid,
Armide .- bel endroit de cet Opéra ,1. 1 1 3.
Artifani fans génie ,ne découvrent point dans U na-
ture ce qu'il t faut imiter ,11. 6x- Défaut des Artifanc
qui ne font qu'imitateurs, II. 6+. Le peu de progrès que
/ait un Artifan fans génie , II. 6 ?. Différence entre les
Arrifant fans génie . & ceux qui en ont , H. 5 j. & .«+.
Tout efl utile dans ces derniers , II, s«.
Ans, Quel cft l'art qui fait vivre en amitié «vec foî-
mérne , 1. 1. On ne doit pat bannir de la fociété un arc
utile , parce qu'il peut devenir nuilïble, I. +* . La Pocfïe
n'eft pat un art inutile,*; on en tait tousles jours un bon
ufage, I. +9. Les guerres ne font point naître le goûx
des beaux arrs, II, 1 3 7« Il eft des pays & des tenu ou tu
ans ne fleurirent psi , ge d'autre") où Us font portés à
leur point de perfection, II, i<+, ni. Les arts par-
viennent aleur perfeftlon par un progrès fubir.K, 15+.
rlaifon pour laquelle les arts n'ont pas fleuri au-delà du
cinquante-deuxième depré de latitude Uoréale, II, 1 17.
Comment lésant font Ats propres fubits vert la perfec-
tion, & comment ils dégénèrent, U. m & 19 t. Leur
décadence a toujours augmenté depuis Severe ,11. zoj»
lUont commencé à décheoir fout le* Empereurs qui les
»ye T A B L E.
sjultlvoîent , IT. i r j, Si.Ier guerres civiles des Romain
ont pu préjudiciel «uk art* & aux lenres,'H. z 13 • Quel-
les font les guerres qui anéantirent les arts , II. iiét
Quellîj font celles qui les font fleurir , II. 3-1 7. Pour-
quoi ils ne fe font pas foutenm dans la Grèce après PbW
lippe & quèlqaes-uns de rcslueceflcurr,]!. ziz.Lapro-
xeffiond'un art en impore à beaucoup de pcrfomrei, II.
«foo. Ce qui donne au» arts de l'étendluc , cilla multi-
tude des Arrifans , li I. 3 i*. La plupart ne eonnoiflïac
les fautes dans les arts que par fentiment , III. 33I.
Art Rithmiçue, Kn quoi conlîfloitil dans la tnufïqm
des Anciens , 111. 12 & 22. H n'eft pas pofïible d'ex-
pliquer nettement la méthode enfeignée par l'art rith-
mique, III. 41. II ne nous refte aucune méthode des
Anciens pour enfeigner les artsmuficaux, III. :c. Rai-
fons pourlefquellts il; n'en ont point parlé en écrivant
fur la mufique , \V\.\.
Arvivj» ( le Chevalier d' ) fi fameux par Cet voya*
fcs. Ce qu'il dit de la docilité dei chevaux, Se delà
manière dont on les traite en Arabie , II. 57c»
Afne, Idée qu'en avoient lés Anciens bien différente
de celle que nous nous en formons, H. 549* Idée qu'en
ont encore les Orientaux , II. 5 50.
AJlronomie. Plus parfaite aujourd'hui que du Kffll
de Prolonge , 11. s&5«
Accllanes. Sorte de comédie chez tes Romains, qui
approchait des comédies italiennes ordinaires. I. 170.
Athénkns. -Quelle étoit la délicateffe de leur gofvt,
lU :->'..
AugvJIt. Sous Ton règne les faïences & les arts arri-
vèrent à leur perfection, II. 23*. ÊfJJUv. Tous les
grands hommes qui vécurent durant ccr heuretix ûdde ,
étoient deja formé lorfqu'Augufte commença à régner
pa'tfiblement, II. 195.
Auguflin. { Saint ) Son ouvrage fur la mufiqut , 1I*> 9.
Quel étoit fon ol.jer principal en écrivant fur cette ma-
tière , III. 22. De Ton rems on donnoit le nom de rich-
me à lamefure, 111. 14* S'il aobmii'de parler de l'art
d'écrire en notes les geftes , c'eft qu'il étoit connu de
tout le monde, III. 37.
Aulugillt loue l'étymologl* que Caïus BaJTuj dea»
*«it au mot Latin Pcrjena , 111. 1 i f.
DES MATIERE SV ??*
'Avocats. Combien il ;ft ordinaire qu'Us- fe trompent*
quoique, plui feavans que 1er Juges , II. 3 66.
Aitfonne , & Claudien -. Jugement qu'on porte de Ieisfc,
y en, IL 209.
Auteurs Latins du fécond fiécle & des fui vint, Raifon
pour laquelle leur fiyle par oit inférieur à celui des Au-
teun du fiécle d'Augufle, 11.454, Auteurs dont on
admirera toujours la noble (implicite, H. +56. Nul Au-
teur, célèbre que quelque critique n'ait entreprit de dé-
grader, 11. $;z. On doit entendre la langue dam la-
quelle les Auteurs anciens ont écrit pour en juger, II.
s i 5 . En quel genre d'érudition Je» Auteurs modernqp
l'emportent &ir let Ancien: , II, 5 s;.
B
JjAMBOCBES. (Opéradei) établi à Paris en
1674. HIi 16*.
Barihoftn. Son traité des inftrumens à vent des An-
ciens » 111. 4S.H a recueilli tous les faits concernant
les guëriionr extraordinaires que la mufjque a opciéea,
III. s s.
"' Bûfft émtiiw. Soutenoit la déclamation des piécei
dramatiques des Anciens III. 12 j. bfuiv. EUeçtol
airTércnte pour les dialogues & pour les monologuei
III. ni.ùfwp. Quels étoientles infiniment dont -on
Te ferroit dans lesaccornpagnemeris , 111. 137.
Bat-reliefs, Les Anciens ne les ont pat auiTi-bieti
traité que les Modernes, I. JIO.
Baraws. Parallèle entre les Anciens & ceux d'au-
jourd'hui., 11.291. Leur pays habité par les Hollait-
8ois. bien différent de ce qu'il étoit autrefois, II. s s*.
Raifon» dé ces différences , II. joi.
DvthyHe. Célèbre Pantomime qui enchantoit Métsf-
ÎJMjTll. ÎI4-
Bju.-tor de Jallh Acquiert le raient d'Hifte-rien, rtisÉ-
gré les opposions de fes parens ,11. 34.
'Beaubourg. Il avoir imaginé de t notes poui marquer
let tons de fa déclamation , III. 3+tf. "•' '"■
Ba-.n'n. ( Cavalier ) Sa fontaine de la place Navo»
■t. a Rome, I. s te. Qvj
#?i T A E t e
Etncuïïï et u dît lea Mathémaciqvef , & 7 faille
grands progrès , malgré fes parent , II. 3 3
Bdiîfaire demandant l'aumône: lu jet d'un tabltaa
peint par Vandîck , II. », 1 g,
Betes. Ce qu on doit pefifer de l'opinion que «e font
de» machine* , II. j-78.
BocCdlin, tprèi avoir écrit fçavimmemc fur l'art de
gouverner , ne fjaîr pat commander dîna une petite
viJk, IL JS+.
Boêcc. Partage où il dit qu'on êttf voit en note» h d£
damaiinnaufli-bien que le chant tnufic.il , III, 16.
Boefiict. Ce qu'il dit de la manière dont on traite kl
ckeva uxen Bit h\ nie ,11. j 7 3 ■
Boulanger Jéfuite. Son ouvrage fur le théaut dw
Anciem. III. 2 ï 6.
Botiffolt connue dèt le treizième Géele, combien elle
a perfectionné la navigation , II. 4*4-
Bvplt Anglois , inventeur de la machine pneuBït"»-
tjue, 11,49 a.
Brojfard* donné des explicâtionr ires-j iftet , de* ou-
vrage» que le* Anciens ont coronc-fé fur l'harmonie , M.
J.II explique dans fon Dictionnaire les modei de la tna-
Sque des Ancien», III. 104,
Bruit cft plui propre que le filcnce a calmer une iOâ-
l'mation Sfitée , I. 479.
Biritntvui noua apprend comment le cetmpofbit kl
néLopée , qui n'étoit qu'une lînipie déclamation , 111.
37. t> ftàv. Et comment elle j'écrivoir en notej, 111,
Ii.
Brun. (le) Combien Ton tableau du roaflàcre de»
[Icnoccm arrendrit fans affliger téelletoent . I. je.
Avec quelle arrenren il a obfervé le tollunc dau
fes tableaux de l'Hilloire d'Alexandre, I. 274. Cens-
bien il a excellé datu l'expreftion & la poélie pittotet
que I, i8«.
Bvrttte, Ce qu'il a écrit touchant le rithoe de» An»
eieni , lu. 3 j. a traité de la mélodie dithyrambique ,
III. »».
■
DES MATIERES.
*71
(L> A TV t. Quel eft l'effet qu'il peut produire dans
«ux qui en ufent, II. 30tf.
Cakophents Sorte de pierre eu ri eu fe 3 l'uTagedea
Comédien*. On hafarde d'expliquer le paflage de l'Un*
eii 31 en eft parlé , III. 220.
Celigitta aimoit la faltation avec auteur, TU 2 j <■
Calliachy Candiot. Son erreur touchant l'art de*
Pantomimes, qu'il prétend plus ancien qu'Auguste, UI.
2?I.
Caïueét. Tragédie Italienne de Speroné Speronl,"
somment l'Auteur a juftifié le choix de Ton fujet , L
la*
Gtiaifuts. Explication de ce terne, 111. 1 91. Com-
ment on les déclamo t , III. ipj.
Capella, Ce qu'il dit de la mélopée des Ancien», IU.
#2. brjiâv.
Carraim. Qualité! qui le rendent propre au com-
•undement, II. 7.
Ctmulctrts défendent aux Comédien* de prendre
des habits eccléfiafliques fut le chéârre , III. 124 Et de
joaer le Dimanche pendant le fervice , III. jz j.
Cartiht. Son jugement fur der tableaux du Guide &
du Dominiquain., II. 124 & 115.
Caramàlus. Pantomime illurtre, III. 291.
Carmen- lei Anciens enr en dolent par ce mot la mé-
lodie de la déclamation , III. toc.de rcB. 11 compre-
aoit , outre le vert , quelque chofe d écrit tu d dut du
ver* , pour preferite les inflexion* de voit qu'il falloit
faire, III. 106. Quelques Auteurs anciens ont dr>nné
Improprement ce nom à dei v«rtquine fe chartoient
rai, III. 107. Originairement c'étolt le mot propre
qui fîpnifïoit la déc'amition, M. ici.
Qrffioiare tait une defeription cutieufe de l'art du,
«efte dam une de fet lettres . III. i+S. II marque ce que
les Anciens entendaient par mufque tnuet'e , III, ibid.
En quoi 11 t'elt trompé fur les g-eftes d'jnfiitutîon, III»
1*7. Comment il définit Ici Pantomimei, 111. 30).
174 TABLE
Catalans. Ceux d'aujourd'hui, en apportant Nantie
pays une lingue & des rnceilrs différences de celles dea
ancien» habitins, n'ont pu s'empêcher de retenir lei
inclinations de ces derniers , II. 17 3,
Caufcs morales ont beaucoup favorifé les arts en ter.
t^ins lîéele* , IL 1+1. Les eauiw phylî^uea «elfes que
font les libéralités des Princes , y ont a-ilTi beaucoup
contribué, II. ni. Comment lescajfes morales con-
courent au* progrès furpienant des ans & des lettres ,
11. ij>+. Comment elles procurent leur décadence 11.
195'
Céfat. Son grand génie pour le commandement des
armées , IL 590.
Chanmtjltt. ( La) Succès avec lequel elle récita le
rôle de Phèdre, 111. 334.
Chant Ambfoliertn'avoit-«jue quitre notes qu'on ap-
pelle les autentiquei, III. 17+. Le chant Grégorien»
huit modes appelles Plagaux , III. t7j.Il Furpaflc en
b;auté le chant Ambrolîen , III. 175. Tous les connoif-
feurs adjuirent la. beauté de la Préface & detaut.-cr
rhants de l'Office Grégorien, III. J3i. Le terme de
(hanter figninc fou vent chei les GreciiVles Romains
une déclamation qui n'était point un chant mufical, llh
in. &/wV.
, .Chapelain- Parallèle de fonPoëmç delà PuçeJle J«e
l'll ; adc d'Homère, II. $66.
Charles L-Roi d'Angleterre. Sa pafEon pour la pein-
ture, II 159.
Chartes IX, Roi de France. Bon mot de «e.Prinee ixtt
les Poètes, II. ic*. Les vers qu'il compofa po* Ron-
sard , 11. 1 7 s. On le porta fous fon règne aux aâloni
les plus dénaturées , II. 32p.
Cluulitu. { Abbé de ) Beauté de la Poëfie de fon
flyle , 1, 29s.. Ses vers font ha/tnonieux & nombreux ,
I. J î t. & fulu.
, Chtuaux. Il n'y en avoit point en Amérique, quand
l«l Ffpagnoli la découvrirent, II. :8 g. Il y ont
néré en certains endroits , &font devenus plus pacrait»
dans d'autres contrées. II. 189. Diycrfitc de leur natu-
rel fulvant lesditTecenj pnys, M.ibiJ. Les d.fcoursq^e
Ici Poètes Içur font adreflerpar des homme*, ré
DES MATIERES. VJtf
les moderne» , II, 5-72. Ces difcouri couve noient aii
tems auquel ces Poètes te ri voient , 11. 5" )• Ils (bar
encore d'ufoge dan» le Levant , II. liii. £> j 70.
Chiffra Arabes font d'un grand fecours pOut l'Al-
gèbre' & l'Agronomie, II. 5 04.
C/iinoij ont découvert la poudre à canon j-& l'Impri*
tnerie avant les Europe ans ; II. 163. Ces derniers ont
apprit à leurs Aflrononies .i calculée ler éclipfcs , lu
1 64 .Leur peu de goût pour Ici tableaux d'Europe , II»
170. Ilîonr chexeux des Pantomimes, I il, jijv t
Cliiruntmic. Nom dont les Anciens Te fer voient fou-
vent pour «ïgnîfier l'an du gefte 111. aja.
Ckaurs On y danfoit , même danr les endroits lea
plus triftes de la Tragédie , 111. z6i. Ces danfesne ref-
fembloienr pas î nos ballets 3 III, 263. Erreur dans la-
quelle Tont tombés à ce fuiei quelques Critiques, III.
261. De quelle narure ctoient les danfes des chorurs »
III. iSï. Ce s chœurs ««oient exécutés par de bons Ac-
teur», lil. 263, Effet furprjnanc fies checurs d'Efchyle.,
111. :6+. Nousne devons pas juger des chœurs des An-
ciens par les nôtres, I|I, :$3. Ces chœurs cOrnpoféide
cinquante perfonnes > furent réduits àejuinaeou virgi.
III. :S+. Le 5 chœurs des Opéra qui ont imiiéle jeu muer
des checurs des Anciens, ont réuflî ,265.
Cîetr'on veut qu'on Toit infpicc d'une efpece de fureur
pour faire des vers , II, 1 c a Réputation qu'ont acquis
les ouvrages , H. 4J6. Il improuve Pillage des Ora-
teursqui moulorencleurgeftefur celui qu'on enfe'igtioii |
aux gens d': théâtre, III. z+j.Difputoit quelquefois avec .
Rofcius, à qui exprimerait mieux une même penfée,
l'on par fei geftes , & l'autre par le difeours \ 111. %i la
Sujet de fon Oraifon pour Rofcius, célèbre Comédien ,
111.273-
ht Ct'.f. Pièce que le public a long-rems a dmîrée,avBJW>
«jue tes Pertes en vouluiTent convenir. 11. +10. Ver»
de Oefpréaux fur le fuccès de cette pièce, II. 43 +• Cette
pièce traduite par Rutter Anglois, II. Sf p.On n'en doif-
pas juger fur cette traduction, ibid. II y a des fautes dana
le Cid, mais il plaît avec fes défauts , ifriiL La critique
de l'Académie a tait voir met hodiquement en quoi con- .
•!?«
TAÎIB
fittnient cet défauts qu'on connoifloit défi pi
ment , 11. +d».
Ornj. 1 -!/!' fsir renaître la peinture en Italie dans le creî-
ïVÉme (ïécle , II. 18».
Cfrai/arion da fang. Propres de cette découverte , H.
■494. Quoique démontrée, plufieun Sçavani nelaiflent
fis de la combattre , II. 496. Elle a ferai à Perrault
pour découvrir la circulation de la fève dans le» arbra*
Jr le* plantes .11. 497»
ÇHmcxt, Leur dWerfiré met une grande différence dsns
Iêî inclinations ce letmccuri, 11. 267. lit font plus puif-
Janaquele fang & l'origine , 1!. i a », Le» climats chaud»
énervent l'efprit comme le corpi ,11. 303. Let denrées
det dimarr chauds communiquent leur vertu aux peu-
pler du Nord ,.11. 305. Dei répions a la même diilancc
du pôle , peuvent avoir des dimars dirTéteni , II. joî.
Gx "fersi. Par celle des femmes Romaines on connoit
en quel rems ces femmes ont vêtu ,11. 119.
Carur humains une difpofition naturelle à être ému
par tout les objets , 1. 39 & 40*
Colbirh ( Jean -Baptifte ) Eloge de ce Mïniftre, II»
Ï50.
Cofaru.S'il efr préférable au deflêin & à l'expreifion»
I. 5 1 1. Les perfonnes d'un fe mimer* oppofé ne s'ac-
corderont jamais furee point, I. ti 3. Le talent duce-
loris eft affecléà certaines école r, II. 71.
Ccmliie. Les perfonnagesdes Comédies doivent ref-
JeciMer par mures fortes d'endroits au peuple pour qui
en les compote, I. 165. Tésence Se Plante n'ont pas
fuivi certe rrgle , I. iSS, Pourquelle raifon, ib:J. Le
but de la Comédie eft de nous corriger des défauts
qu'elle ioue ,1. 1 «4- Set Aiieti doivent être pris d'en-
areles événement ordinaires, f. ifcii. tffuiu. Le public
k jette depuis quelques arrhes toute* let Comédies eom-
pofért dans let rnceurs étrangères, I. 17 t. Cr/in'y. Son
fiiTet doie être 1 la poitée de tout le monde, I. 177*
Cbaque pays doit avoir la manière propre de réciter II
Comédie ,1 +49. Ses fujett ne font point encore épuifév
I.34J II faut erre né avec le génie de la Comédie pour
difacrner de non veaux caractère*, 1. 2.4-vQualitét qu'os
DES MATIÈRE»; 7^
lotr avoir pour faire de bonnes Comédies, ITr iii,
les Romains en «voient de quatre genre f différen* , iJI.
,Ï44-
Comédiens. Le îea in Comédiens Italiens pareitroTt
Une déclamation de poliedcj à de» fpeâareurs qui n'au»
soient jamais vu jouer que des Comédien i Anglois , III.
1 7 (Si Le* Comédiens anciens avoiem des écoles pour ap-
prendre le gefte propre au théâtre , & Us exeelloient
dans celte partie , III. 2.5 j. De* qu'ils fa aégligoienc
on peu, les rpeflateurs les redrefioienr, III. 2«i. Ils
étoient en grande ccnil aération- che» le* Anciens , [II*
179. Quoiqu'exclut chex les Romains del'état de Ci-
toyen , ibid. Ce qui les a rendus plus odieux , e'eft 11
profanation qu'il* ont fait autrefois des chofes faintec,
III. 3 *4« Les Etats de Blois s'oppofent à l'établiHemenc
des Comédiens Italiens à Paris, IJI. ?: j,
Compojîrew demufique; ce qu'il faut qull fafle ponr
plaire, I. 484»
Compajîriniu. Exemples de plulîeurs rompolmons !n-
génleufes deiancient Peintres £t Sculpteurs , I. 3 p }, tf
Jîiiv. Ce qu'on entend par coropofirion piuorefqoe, &
compofîtion poétique d'un tableau , I. if o. (ïfuiy,
ConiCCe nomfervira dans la fuite à défigner un grand
Capitaine, ri. :+4.
Contempceun des Anciens , leur petit nombre , II. j J9#
Ils voudroient afTocier à leurs dégoûts les autres Sca-
vans , ibii. Ils ne font pas recc va blés dans leurs juge-
Biens, 11. 5+0.
Carntillt a fouvent péché cintre l'Hiftoire dant fes
Tragédies, I. 364. Défauts dam fe* dernières piétés,
II. 96. Le premier Poëte François dont les ouvrage*
■yent été traduits en une autre langue, II. 190. Il
trouva le théâtre Frnjois tout barbare, tl. 19a. En
quel fers on peut dire que fa vérification cft mauvaife,
IJ. J9S.
t'orr.iliuiNcpos, Jugement qu'il porte de Grecs , II.
145.
Corregt. ( Le> Comment il devint fi fameux Peintre^
II. 43» & '+7« Ce qui lui arriva on voyant un tabkau
de Raphad, IL s ï« Il efi le premier qui ait oié peindre
du figures en raccuid dus des plafonds , 1J. 117.
*7* TABt!
Cojlumt. Combien il eft eflêmieLaux Peintres de le
bien obferver , I. % «9. 6" fuiv.
Coy/el. Son tableau du Jugemeuc de Suranné, I. |o«*
& mk. Autre du Crucifiement , 1. i i4« fa" t /wV. Autre
du Sacrifies de la fille de Jephté , II. 3 p «•
Crtteh. Le dernier & le meilleur Commentateur d«
Lucrèce. En quoi il s'eft trompé , 1 1. s 3 ».
Crjrjçuwde profeflîon ne font pas Mai qui jugent k
plus fainemenc des ouvrages. 11. j+5. On jupe beau-
coup mieux par fentimenr, lf. 34s. Citer on & Quin-
tilien cirés, ifcii. Le défaut de* Critiques cfl de rat-
ionner avant que d'avoir réfléchi , II. cet. Il faut eut
bien circonfpeâ a produire feridéei deerhiquesjl.j îî.
Ler Critiquer qui atreâenr de dire quelei poèmes des
Ancie'is ne font pas fur eux la même impreiTion que fur
le relie dés hommes > fe rendent méprifables , 11. SU»
Urne connoiflênt pas aflex les inaun & les ufàges des
différens peuples, II. s Si. Leurs remarque» ne feront
point abandonner la lecture des Poètes , IL 57 9- On
critique quelquefois les meilleurs ouvrages, fauté d'ex-
périenec & de connoiiiance , 11. 5 3 f.
Cyprien. (Saint) Le livre des fpeâacks qu'on lui al»
tribue jti'eft pas de lui, 111. isii
D
D
A CIE R. On le feleve d'une méprife qu'il a
faite en expliquant un endroit du fixiérue chapitre de
la Poétique d'Ariitofle.où il eft quelYion de la .déclama-
tion. dans la repréfen ration des Tragédies , III. y*. fc>
fiâv.
Danfe, étoit fort eulrivéc pir les Anciens , III. 2}i.
Changemens arrivés dans la nôtre . III. 181. bfuiv.On
l'agitée quelquefois pour avoir voulu l'enrichir, III.
1 87. Quellesdanfes des Anciens reiiembloieru lut nô-
très, III. 2.2 9. Les Anciens avoienr un grand nombre de
danfes différentes , dont Meuiiius avoir rapporté les
riomt , & en a compofé un DiAlonnair e entier , III. un
Quelle étoit la danredu Prophète Roi devant l'Arche.
III. 231. Ler geftes de la danfe antique n'étaient paa
DES MATIERES* w*
feulement pour la bonne grâce ; ils doivent encore lî-
p nifie r quelque chofe , J 1 1. z j +, te 2 3 9. Les Ori enraux
ont encore aujourd'hui plulieurs danfes fètnblables à cel-
les que décrit Caffiodore ,UI. 147,
Ùttnfturt, ont renchéri fur lesMuficiens , m. rSS.
Ceux-ci leur font redevables de plulîeun airs ou l'on
trouve tare de variété de d'élégance , 111. ibid.
Déclamation. Les Anciens écrivoient en noces leur*
déclamations théâtrales j' III. 5 A s. Elle étoit partagée
entre deux Atours , 111. 6. La déclamation «ompofée
devoir Te taire nécelTairemcnt fur dlflerens modes , III.
icj. La nôtre tient le milieu entre le chint muhc.il
& le ton des conventions , nr. 7*. C'eft un défaut de
chanter dans la déclamation , 111. 1+5. On ne peut l'im-
pute r aux Atours de l'antiquité, m. 146. Différence
entre la déclamation der Tragédies , & celle des Comé-
dies , 111. 147' trjùiv. Celle-là éroit plus grave 3e plus
hartuonieu k, ibid. Selon beaucoup d'Auteurs, elle étoit
ce que nous appelions chmranre, 111. iyi. Celle dea
pièce; dramatiques étoit foutenue d'une balle continue,
III. 121. b 1 fuir. L'art de la déclamation fâifoità Ro-
me une profefllon particulière ,111 1 s +• L'Auteur de
la déclamation d'une piété mtttolt Ton nom à la tît*
avec celui du Poëte , ibid. La déclamation des Canti-
ques étoit mife en mufique pard'habilcs muficiens-, III.
15s. 11 ne feroit pas rmpofTîble décrire en notes !<■
fileta rnat ions de nos pièces de théâtres , lit. 163. Les
Anciens écrivoient ainfî la leur 3 111. 147. Preuves dt
fait fur ee fujet.IH- îsy.&fîtiv. changement arrivé
dans la déclamation théâtrale , III, 16$. tefuiv. Quelle
a été la première caufe de ce changement, in. 177. Ct
qoi ehgapca les Romains à partager la déclamation en-
tre deux Atours,!!!. tïS. & i94.L'un étoit charge de
prononcer , Ht l'autre de faire les gefter, ibid. Preuve de
ce partage , III. i«8. tV/ufv. Ce que Suétone rapporte
de CaEigula parolr le démontrer, III. 22g. Raifoxs
qu'on apporte contre ceux qui le blâment ,'III. i«s. &
fiivm Deux raifonspour lefquelles les Anciens ont pré-
féré la déclamation comparée à l'arbitraire ,111. îî 3.
Utilité de la déclamation écrite eu notes , 11L a 34- O
fi» T A S L CI
fiiv.Ct qu'on peut dire contre la déclarMtion Comporte
des Anciens, III. nî. Réponfe au* obie&ioiw i III.
Uti/> b Jviv. On défend l'irTage d'écrire en nores. et de
eompofer la déclamation, 11]. 3+s. Ce qui fait fon
mérite , 43 S, La fenfibilité de eorur forme les excelleras
déc'amaicurs , I. 417. 6" yiiv. Mauvais pour qui re-
gnoit pour la déclamation dans uns contrée de l'Euro»
pe il y a trente ans , I. 44$.
) Dècotivirtes, Le raifort ne ment y a eu peu du part , IL
*9i. Elles font toutes dues au bazard & a l'expérience
fortuite. Il 411. 49]. Découverte de la circulation
du fartg-, ]i. 494, Des lunettes d'approche par Metius,
II.4S5. Delapéfanteurdel'air patTorricelli, Jl,4«9»
Du mouvement de la terre autour du Soleil , II. 49 ?•
ïïémoffhtiK avoit appris à déclamer du Comédien An»
dronicur, III. 1 »z.
De/carres. On rend jnftiee a fon mérite perlonrreJ.
II. $17. On eft partagé fur la boncé de fon fyftêrae,
ftii.
Dtfpr/mx n'eft point plagiaire pour «Voir pria des
Poètes anciens . 11. s 3. Ce qu'il dit à Racine , concer-
nant la facilité de faire des Vers , II. 1 j. A quel âge il
donna fesfatyres, II. n6. Ce Poète Se Racine avouent
s'être fouvent trompes fur le jugement qu'ila ont porté
d'un Poème , II. 3S8. Ce qu'il jugea du Mifantrope de
Molière après la troidéme repréfentation, 11.431. Il
efl lu avec le même plaifirdes Etrangers que des Fran-
çois , II. +$7. L'n de fei vers critiqué mal-j-propoi,
II. 47 c. trjuiv.
Dhmere. L'invention de le tailler tut trouvée fou
Louis XI. par un Orfèvre de Bruges , II. 492.
Diomrdt. La définition qu'il donne du mot démodu-
lation, 11. 29. U die que le théâtre étoie eotnpofé d*
checurs , de dialogues A de monologues , III. 191.
Difputf. On n'a jamaii tant difpuré , qu'on le fait
aujourd'hui , II. $09. On ne s'accorde que fur les faits ,
II. itid. On fe méprend fui l'évidence dei ptircij ti ,
II. s to.
dYJmrrsfabuleufet. On peut Set introduire dans lei
icojnpoû'tions qui repréfentent dei êvénscseni arm**
ftES MATIERES. ,ir
le pïganifme , 1. ;oo. Dans les autres ♦ompolî-
tioot , elle* ne doivent entrer que tomme des figures
allégoriques, 1. xoi.
Du/h , n étoient pas cm ufatje chei Ici Anciem , II*
t<s>. One été- introduit» i ar le* Barbares du Nord, II.
f 70. Exemple d'une cf^ece de duel lux jeux funébitl
4e Scipions, II. 5 s 9.
£
CRITURES* Moyens de connoitre celle* qaf
font contrefaites , IL +05. Précaution! dea Anciens
pour n'y erre point trompés. H. +o5. L'an de déchif-
frer les écritures cft trèi- fautif. II. 407,
Education trop folgneure devient quelquefois nuifr.
JJe, n. 'lai.
Eglûgues. Quel.» font le* fujett qu'on y doit traiter , J«
1 «c. On ne rjauroit peindre d'à pies nos Payfani cV noa
^Çergers , les perfonnage : des Eglogues, I. iSz.Lea An-
ciens y ont introduit lu Bergers & les Payfans de leur
pays un peu annobjis ,1. 1 R 3 • te fuit-.
Egypte. Leurs Cculptures n'approchent pas de cel-
les dei G recj& des Italiens j 11. 1.65. L'Egypte n'a for-
mé que de mauvais Peintres, II. 166. Les Egyptien!
d'aujourd'hui font peu propres a U guerre , IL 18 s.
Eltvtt. A quels traits ont peut connoitre ceux qui
ont naturellement du talent pour la profelfion qu'ile
embraflent» II. 120.
Eloquence , cqnduïfolt aux fortunes 1er plut brilUnteg
dans l'ancienne Grèce , & dans l'ancienne Rome , III.
Ï3+.
Empereurs Romains , fe plquoieot de parler fouvenc
en public > & de compoie/ eux-mêmes leurs difeours,
lll. I 1 f. Néron eil U premier qui ait eu befoin qu'un
autre lui fit fes harangues . ibii.
Enc'idt. Le public ne perdra jamais l'eftime qu'on a
ssuiouri faite de ce Poème, U. 520. Qui durent être
fes premiers admirateurs * IL > n. L'Enéide en Fran-
çois n'eft plus le même Poème que l'Enéide en Latin»
II. jn. Pour en faire abandonner la leâurejil faudrait
' piaduirç Un niCtUc.ur PûCwC , U, ito.
l»r TABLÉ
Enfant. La raifort prématurée en eur vient du p*a Ù
vigueur de leur efprit, tl. iip. Beau paffage de Quin-
tiiien là-deflîis , iio. Une éducation trop foigneufe de*
enfuis devient nuifible, H- iiï. La température du di-
.urat influe beaucoup fur l'éducation phyûque des enfin;,
II» 313. tfftàv.
Ericeyra { Comte de ) a traduit en Portugai» l'an
poétique de Defpréauic, II. +54.
Efope fameux Comédien , amaflâ. cinq millions a jour
la Comédie, ill, 172.
Efpagnals nés en Flandres , préférables à eeui qui
étoient nés dans le Royaume de Naples , II. 187. Ceux
gui font nés dans l'Amérique ne font point admis dans
les emplois d'importance , ibid. Combien le lang Erpa-
gnol a dégénéré dans ce pays-là, II. ibid. L*Efpagne,
quoique fertile en bons Portes, n'a jamais produit de
Peintres de la première dalle , II. 162.
Efprité Hommes fans aucun efprit , auffi rares que lu
monftres, II. to. Ce qui fait la différence des elpriu.
II. 7 p. U ne dépend pas de nous d'en changer la difpo-
tition naturelle , II. Jo. On petit s'aider de 'l'efprit des
autres fans être plagiaire, II. 2 j. Les efprits froids '±
indolens font incapables de faire du progrès dans Les
ans, II. 101. Les efprits précoces font ceux qui font
ordinairement moins de progrès, II. u 9 & 3-
progrès de l'efprit pbilofophique , s'il continue , nuitor:
à notre ficelé , IL 47 S.
EJlampes. Leur utili ré , 1 . 508.
Etrangers deviennent [emblables aux peuples cKex
lefquels ils 's'établîtlent, après quelques générations,
A' *7*\
Euripide. Quel fut le fort de Tes Tragédies lorfquf lie*
'parurent, IL-4JS- Il eut pour contemporains & pour
rivaux les meilleurs Ppctca dramatiques de La Grxce ,
.11. +37-
Europe plus propre à fournir de bons Peintre* 4 de
bons Poètes-, que l'Aile & l'Afrique, 11. ( 6z..
Ea/cution.coucribue beaucoup a la bonté des Poëmti
& des Tableaux, I, 7 3.
WxfftlJîani merveilleuses de piuSiurs Sittaesj inJ»
qaw., L 3J>7« bjùiv.
DES MATJER.E S.
i»J
£ARNÈSE ( petit Palais) autrefois de Chigî;
_ u ; peinte par Raphaël, II. izg.
Femmes réuffiflènt mieux que les bonnes dam h dé-
clamation, I. +ts.
Fevre (Le) grand Agronome n'étoir d'abord que
Ti fiera nd , H. 3 a.
Feiire C te ) de Saurour , a fait dei Vers Latins contra
la Flûte antique, III. 56.
Fnàllét, auteur de la Corrégraphie , a trouvé l'art
d'écrire en notes les pas figurés delà Danfe, III. i6*.
Figures métaphoriques font eoniîdérccs différem-
ment par rapport aux différens pays où elles font em-
ployées y II. $47.
JVaroa/jrfi.inflaurateuridelamufïquel. 494. Palîâ-
ge de Guichardin qui re prouve , I. 455,
Flu:es, On employoit pour faire kg flûtes droite» , le
haut d'un rofeeu , & le bai du même rofeau fervoic
à faire les flûtes gaucher, III. 144» Quelles étoient
celles dont fefervoient les Pantomimes, 111. 300. Vçy,
InJfrumtnSt
Fontaine ( La ) étoïtd'ane profeflîon bien éloignée de
la Poéfie r II. 1 1 . Né avec beaucoup de génie pour die ;
mais feulement pour un certain genre , 11. 741
Fontrntiit. < de ) Sa penfée fur les effets que produit
la diveriîeé des climats, 11. 15 «. Ce qu'il dit fur la dl-
vcrlîtc du génie des Orientaux & des peuples de l'Eu-
rope, II. 170. Cet Auteur cité fur la pxéféance de*
Anciens & des Modernes jll » 32 1.
Français Prtmier. Avant lui la France n'avoic pro-
duit ni grand* Peintres, ni grands Poètes, II, 17;. il
•fe déclara le protecteur des Arts & des Lettres, II. 17s-
On a un volume entier de fes Poëiîei , fout le nom de
hlargitrri-.es frenç ùfes , II, 174.
Français. De oui ils âefcendenr, des Allemands ou
des Gaulois Ml. 2.7 5. On reçonnoî<,encgre en eux la
•plupart des traits que les Anciens ont remarqué , II.
•jaVM. Ut «ni le me me penchant qu'ili ayçjienc autrefo|
«14 TABLE
a une gijai, fouventhorsde Wfon, |T. tjf- Hipaf-
fcnt pour inquiets A: léger» , & «iment à l'enrôler foui
toutes forte» d'enfeigne», II. a 7*. Pourquoi ceux d'un
certain lîtcle onx été differens de ceux d'un autre fîécle,
II. ?;o. Ils réuf!îCènt mieux que letautret Nations dana
la repréfcntaiion de» Tragédies, L 441. Leun préju-
gés en faveurs des Etrangers , II. +ic. Ils n'ont pai le
Sentiment anfll vif que Jet iraliena, II. 421. Us font
trop diffipés , & aiment les plailiri. II. +13. (y Juif m
D'où leur vient le goût qui leur fait demander de l'a-
auouf par-tout I. i+c. t> fuir.
Francs , établis dans la Terre-Sainte , deviennent
comme les naturels du pay-, H. iS+, Plainte contre
leur déloyauté & leur rnolelTe, IL. ibid,
frefnoy. < du ) Paffàge extraie de fou Poème fut la
Peinture, 11.98,
Froid. Différent effets qu'il produit fur les homme».
II. a s 8. Pourquoi étoit-on autrefois maint loniîble au
froid qu'aujourd'hui , 11. a j 1.
C •
\J~ALAMTERIE *ft un défaut qu'on reproche I
nos Poètes,!. 1+9. iffulv.
Galilée artribuoit l'élévation de l'eau dan» lu pom-
pe* a l'horreur du vuide , II. 484.
Galle-Grecs defeendu? des Gaulois «"établirient e»
Alie , & prennent les mirurs des Afîatiquei , II. ils.
Gamme. Celle des Anciens «"toit cotnpofée de dii-huk
fûns, III. 5 9'
Génie néceflaire pour inventer, II» r. Ce qu'on enter i
par Génie, IL 6. Chaque profeffion à fon Génie. 11 9.
De la différente des Gi'nics naît la diverfîté des incli-
nations, II. 1 1. Ce qui forrne le génie poétique . II. 1-.
Tous le* hommes ne naiUent pas avec un génie propre à
la poclïe ou a la peinture . 11. 19. Ceux qui ont ce gé-
•ïe meurent fouvent avant que leurs lalens fe foicni
fait conno'ure . II. 20. Avec du génie l'on profite beau-*
coup fous un maître habile, li. ai- Ce que fait l'im-
puliJon du génie dui un Peintre on djauj uo Poète > 11.
DES MATIERES. m
ei grandi génies ont befoin d'être fécondé* & Ter-
vis par la fortune. II. jj. Ce qui n'eft pas toujours vrai!
dans ceux qui naiffenr Peintre» ou Poëces , lf. 3 a. Com-
ment de* enfans de génie tombent en des mains capa-
ble* de les inltruire , IL 19. Ceux qui ont du génie pour"
*a'peincure on les lettres, ont en averfion le* emploi*
mécaniques , 11. 40. Le génie le plu* heureux doit ètrer
perfci Lionne par une lo.in île étude , II. 4 j. Le geme raie
appercevoir des fautes dans les Ouvrages des plus excel-
lons maîtres, IL 5 5. Il Te fait fentir dans les ouvrage* de*
jeunes cens , IL 17. Les défauts fonrfouvent une pren-
ve de l'aftivité du génie. 11. do» Les Artifans fans gé-
nie ne font propres a rien d'excellent , II. 61. Défaut!
«ju'on remarque dan» leïirs productions, 11. 66. Limite»
des génies des hommes, IL 70. Le travail ne donne
point au pénie plus d'étendue qu'il n'en a, 11. 78. Le»
avis ne peuvent fupplêer au génie, IL do. C'cft ce qi*
Vieillie le demi« - IL 9 1. Tenu auquel les hommes de
génie parviennent au mérite dont ils font capables, IL
US. Les grands génies atteignent plus tard que Iea
autre» le point de perreétion , IL 119. L'homme de gé-
nie invente beaucoup quoique mal; de l'bomme fans gé.
Aie n'invente rien IL tii.Lea hommes de génie ne
doivent mettre au iour que de grands ouvrage* II. 117.
1x9 Peintres médiocres peuvent contrefaire la main de*
grands maître» . mais non pas leur génie , IL 1 Bo. Lea
variations de l'air dan» un même pays caufent la diffé-
rence du génie des habitant, If. Jio. Artifan fans gé-
nie ne peut pasiuger iainementd'un ouvrage, IL 384.
La julccfle du raïfonnemenc dépend beaucoup du carac-
tère du génie , IL 5 o ç. Il eft des profefllonj où le luccei
dépend plus du génie que du feeouri de l'art , & d 'autres,
où c'cft le contraire, IL 548. tffwv.
Géographie*&é perfectionnée paiTÀItronomleM!.
4» 7.
Glamimu Utilité que 1er Orateurs peuvent rirer de
l'étude de cette feience , U. foi. Obligation que let
Çéoméere* moderne» onr aux anciens, 11, jo?.
Çerirt ,Bourguemeitre de Magdcbourg , inver.reut
4e ia machine pneumatique , U. 49'<
Tc-aw. UU &
fff TABLE
Geflet Son ait écoic une fcience fubordonnée i I*
Mulique , III, 6. Les Grecs appelaient cet arc Orehtjii,
III. *»p» Le perte eft vif à proportion qu'unç langue*
«ne prononciation vive & accentuée , Jil. 179. Lac da
la Saltation apprciioit à faire des geftei (ignificuift,
fil. j3j. Lei geites font naturels ou artificiels , ML.
iiii. il l'ai loi t pour les bien entendre en avoir la clef,
lilf al;. La lignification des premiers eft quelquefois
imparfaite & équivoque , 111. «40. Les geftee artificiel*
font tïprefifi , III. j + i . L'art du gefte , pour s'ejpri-
twr fan* parler, ccoir enleïgné dans les Ecoles , 1U.
>+j. L'ufage apprenait à entendre le langage muet
ides geft.es , 111. 190. Le gefte convenable a la décla-
mation théâtrale étoit partagé an trois méthodes , IU»
ÎSi, Chaque geste de poëlie avoit fon gelle patticur
ier, 111. »s+. On maloit quelquefois le gefte propr»
à la Satyre avec Je gefte propre à ta Comédie , 111»
• 54» On ignore les régies des Anciens touchant la
gefte par écrit, III» 354. On en montre la pollibiliié,
ÏH, ilid. On (iffloic un Comédien qui faifoit un gefta
ho» 4e méfure , IU. jSo. Changement- arrivés dans If
gefte chez Itt Romains dotent* de Cicéron, III. iti».
Vers d'Horace fut oefujet, UJ, iy%. Ce qui occ*iiçn-
nalce chargement , III» 177.
Gladiazws, Plaifir que Las Romains trouvaient daw
leurs combats , !■ 14. & 1 <■ Las Grec* les aicnoîeni suf-
fi, 17. & la, On les eaercoit avec des armes plu»
pelantes que celles avec le fquelle* ils dévoient combat-
tre , III, »««,
Gouruillu { de ) Cpmxoans il fit eboix d'un Médecin,
II. M*
.Goût de conjparaifon acpeiH *'a«juér'ir que par l'i-
fage, II. 4a l»
Gracchiu éioit accompagné quand il bannguoii , i*ua
joueur d'inllnifntiu a vent, qui de tem* en terni la,
donnait le ton , m. 1*9, Cet ufage improuvê par Ci-
féron , ibidt
Griduis, Pourquoi nos Ro'»« leur ont attuibué tas*
d'avantages , 11, 3 j«.
Çr*JM , { L'Albé) Aauur d'an* diit?.*. ($ *
DEf MAffïfcES* \%1
fragç'dîe , II. 4S0. Ce qu'il dit de ntf? Poète* François,
ÛÏJ. Combien il Te trompe dans la defcripr'On qu'il raie
du théâtre de» Anciens , faute d'avoir entend u !* ligni-
fication d ci termes de Mélopée ôt de Saltation, lil. i »*t
U Te plaint du peu de fuccès des Tragédies en Italie i
k 4+4i
Gravure , les François y ont excelle par-deflu» lei
Italiens ,11a i S i . A qui l'on eft redevable de l'art i»
graver les pierres , LU 407.
Gre« , comment gouvernée par le» Romains , lorf-
qu'il» l'eurent conduire , 11. us. Rome »'e(t enri-
chie de fes dépouilie» , 11,2.27, Le liécle heureux de
la Grèce a duré longtem» , H. 21 1. La Grèce fécon-
de en grands homme», II. ï3 4« Tomes les protelTîont
y dégénérèrent en tnéme-tems que le» Lettre» & let-
Àrts , If. ai;.
Grecs. Comment ils éleroient leurs Citoyen», U t
»4+> H* «nettoient a profit tous les taleru qui forte
l'agrément de la fociétc , ibid. Leur» ademblées pour
juger du mérite des Peintre» Se des Poètes excellens *
II. 14$, Les Mufe» les ont plus favorifés qu'aucune
autre Nation , II. î4«. Ils ont commencé à dégénérer,
lorfque les Romains leur eurent enlevé les objet» ca-
pables de leur former le goût , II. nj. Ce qui!» pen-
«"oient fur les Injures , 11. s sa. Leur délicate Ile fur la)
prononciation, 111. dp. Celui qui réeltoitchez eux lea
lois- , avoic un accompagnement capable de le redref-
fer ail manquok , ibid, Lear paflion pour les Speâa-
ele* 1 III. 17 1*
Grégoire ( Saint ) Pape , ne ctèa pa» une nouvelle
mufique pour comparer le» chanta defon Office, III.
IJi.
Guide , Peintre Balonoic. Ce qu'on lui reproche dam
fei Tableaux , II. m.
► Gui d'Arts»! Autewde Piavemioti de» note» de
asf.uagy.fi, 1IL. 8 8.
84
IM
TABLE
H*
H.
ARMONIE, En quoi elle • con fi He dam
Muiîquc , !. +S S .
Hûjircur eft un vite » lorfau'elle eft accompagnée de
fierté , Ih 30 Celle qu'tnfpire la noblciïè des lentimcnt
Se l'élévation de l'elprit , elt une venu , II. ihit.
Rvm: L Un quoi cQjififte cette force de maladie , II<
loi.
Henri III. S.es profitions envers la Pléiade Françoife,
11. 1 7 j, Changem en* que les diUerentea faifom ptodui.
fuient dan* l'elprit & l'humeur de ce Roi , tl, j 59,
Henri VIIU Roi d'Angleterre. Grande clame qu'il
laifoie de la Peinture , 11. 169.
Hijloire. Les Anciens l'ont traitée mieux que les Mo»
démet, 11. 507. Quel eft fon mérite principal , II. <$*•
Les Hifto ri em Grecs étoient Pocteaj on l'apperçoti dam
leurftyle, II. 5S+. Lei proJeflîonj d'Hiftor'.eni & de
Poètes font aujourd'hui réparées , II. j 66.
Hifirïonu Pourquoi ils aimoient mieux fc fenrird»
pertes artificiels que de naturel» > IH. *.-M«
Helbens largement réeotnpenfé par le Roi d'Angle-
terre Henri Vill, II. 1 s s. Progrès fiirprenani qu'il lait
tlans fon Art, II. 1S8. Defcriution de Tes Tableaux
conferves à Bade, U. 189.
Hollanitt Sa (îtuation a-fort changée de ce qu'elle
étoit anciennement , II. 199. L'on y parle alTex cornnu-
peinent François , 11.44+,
. Hollandais* Quel eft le défaut dei Peintre» de cent
Ecole, II. 7j..
l Homère, Ce qu'il a entrepris d'écrire dam fon Iliade ,
II. ( Si. II a été obligé de conformer Tes récit* 4 la M*
société publique 1 H* <&3> Pourquoi les Héros ne 1:
battent pa» en duel après leur» quereljçs, U, 5*7. SJ
on doit le blâmer dans ce qu'il dit des Jardins d'Aki-
noiit ,11, J7». Par cet endroit, il plairait encore If)
jourd'hui à plulieufs ptuples d'Afîe & d'Afrique . Il»
1 y j, I) n'a chanté que les combat, de Tes coropa : 1
-
DES MATIERES. } 9 t
II. ; 8 ii Pourquoi fcs Poëllei feront toujours eitimécj ,
U.î«+.
Hommts. EJoignement qu'ils ont naturellement pour
l'inaction, I, 1 1. On fe fait mieux entendre aux homme»
•partes yeux que parles oreilles, I. +io« Réfutation de
ce qu'on peut dire contre cette opinion , I. +i < . CrjVu:
Les hommes ferrent aflei ce qu'ils valent, i moins qu'ils
ne foienc ftopides , ir. i 39.
Horace veut que la Poëfîe remue 1er cœurs , II, i.
k 2. Ce qu'on doit penfer fur la diverfïté des génies ,
11' 12» Définition qu'il donne d'un jeune homme , II.
ico. Ce qu'il dit touchant les Poètes avares & merce-
naires, II, iosv Et fur la démangeaifon de faire des
Vers, II. no. Eloge qu'il fait de Fundanur, de Pol-
Jion & de Varius , II. 239. A quoi il compare le théâtre
des Anciens, 11. 4 îS. Horofeope qu'il a fait de tou-
tes les langues, 11. +!+. Pour bien fencir le mérite de
fes Odes , il faut entendre le Latin , II. 537. Ceux qui
les lifent en François , ne lifent pas les mornes Poe lies,
II. s y 2. Ce qu'il dit fur le changement arrivé dans la dé-
clamation théâtrale , III. 172. Et fur la différente mus
la nouvelle manière de réciter c* l'ancienne , lfl. 173.
fc* fvâv. Etlaîrciflcment fur ce fujet par une coraparajfosi
lirée du Chant de l'Eglife, III. ibid.
Hartenfmu Pourquoi on lui donnolt le nom d'una
célèbre Danfeufe , appeliée Dyonifia, 111. 248.
Huidit ras, Efpéce de Poème épique écrit en Anglais ,
1. i + t.
Humeurt, Effets qu'elle» produifeni en noua , IL
Hylu , ék« & concurrent de PLlade , célèbre PiiU-
tomime , I II. 2 9 3. Ce qui lui arriva en exécutant à £
manière un Monologue, III. 293»
Hymnet. Servent à donner une idée de la mufique de.»
Anciens , III. 3:9, 11 en refte encore plulïeuri qui ont
été compofées avaox le fac de Rome par Torila , IIU
1 Hyvtr. Effets furpren4nt que Ton commencement *
fa fin caufirnt dans les hommes, II. ij8. On en don»»
un exemple , IL 2 s S»
Riij
4M TABLE
Hypocrht- le» Gréa donnoient ordinairement ««»
à leurs Comédiens, 111. nj. Ce que c'écoit que la Mu-
sique HypociUiquc, ibid.
Hypocrite a plutôt deviné U circulation du ûng qu'il
ae l'a comprife , II. +94. Sei Aphoriftnes (ont l'ouvra-
ge d'un homme contaminé, II. jtj>, 11 étoit né avec u»
fiînie fuiériew pour la Médecine, II» 590.
^f EANàs Meurr, a perfectTonné PinTeniion du
•Jotcs de mufîque , III. 81.
Jtv. La plupart s'y livrent plutôt par attrait que pr»
avarice , I. ïîi
Itlufion n'eft pai la première eaufe du plairlr qui
donnent Ici Spectacles & les Tableaux, I. 453.
JVrcirurion. Son impreifion eft moins forte que celle de
l'objet imité., T. -7«& 5-3. Elle s'efface bientôt, I. :!.
Les imitation» du obiett tragiques par la Pocfîe 4 11
Teinture , font celles qui caufent plus de plaifir , 1. :••
b fiâu. Ce qu'on peut dire contre cette opinion , I. JXi
et 59, L'imitation ne doit pas être fervile, 11. 4;»,
mait fetnblable à celle qu'Horace, Virgile Se tant dài»-
ire» bons Ecrivains ont fait de ceux qui les avoleot t-te-
cédés , IL ibii.
btrtrie En quoi eonfifte celle qui eft en ufsgeehn
les Chinois, H. 1 64. Sort Invention en Europe n'eftpai
due à la l'hilolophie , II. <+B s,
Jnclxnev'wns des hommes dépendent beaucoup àt
qnalius du lang , & conféquemment de l'ait qu'ili .
pïrent, II. an.
Indigtnct eft un des principaux obJtaclc* qui s'epp
fent aux progrès des Arrifle» , tl. 10S.
Inftriptioni. On en devroit mettre à toit» les tableaux
d'hiftoire , I. ?i« Mauvais ufage qu'en ont fait le» Pein-
tres Gothiquei , ihid. De grands Maîtres de notre tenu
en ont ufé avec fuccèt, L ibidi
Jnjirumriu, de quel ufage Ils etoientehea les Aneitoi
dans les Armées, HI. m>. Nos infiniment à cord
propres pour l'accompagnement que ceux des Ancknf*
DES MAT!E*.Efc 4*1
H. 140. Ceuc à vent y four tris-propre» » 1H. f4>«
leurs efpéces étoiem en petit nombre du rem» de Té»
■rtnce . A c'ell ta qui fait que pour ni l'y point mépren*
été , on ivoii marqué avec tant d'exa.ftirude a la tête de
chaque pièce le nom des inftrumen. dont on s'étoit let-1
dans la repréfentation , I if. 141. On les variait fuivant
qu'il ccoit convenable, 111. t+3. On j'en fervott chex Ici
Romain j pou raccompagner ceux quit-hantole nt à table
les louanges desgrands hommes, 111. I So.Le chant inar-
ticulé des inlirumens elt très propre à remuer lecceuz
de» homme» ,|. +73, & III. +7.
lWfiirtsn eft la partie qui diftingue le grand bofam8
du limple Anir-n, 11. 347.
Inrerfion , combien elle fcro'it nexe flaire dans la lan-
gue Françoifc , pour la rendre pltii harmonieufe , la
,28.
Jordane , Peintre Napolitain , grand faifeur de Parti-
elles j II. 1 j 1. Ceux qu'il» taie 4 Generne lui font gue-
ut d'honneur, II. ijx.
Jftdcrt de Se ville. Ce qu'il a écrit fur les accent de*
Romains, Il F. 8j.
Italie. Le» art* y font parvenus fnbirernent à leur
perfection ,11. il 5. Ces même» arts y tombent lorfquc
tout fembloit concourir à les faire fleurir ,11. :si.
Italien' . négligent la Poëfie dramatique, 1. 4*+. Ils
■e comi'ftfent plus que des Opera.iiid. Leur muiîque a
«changé de goût ,1.49s. On leur attribue mal- à- propgi
d'c< r- les premiers Inftau rarcurt de la mufique , I. 494.
Ils ont naturellement beaucoup de génie Se. à* goie
pour la peinture, 11. 414. Jaloux du mérite des Emu»
fers , ils ne leur rendent iuliiee que fort tard , II. 410.
Us ont traduit en leur langue les piu» belles pièces ia
nos Poète 1 , II. 4 S 8. Ils font grands Gcftisulateuss,
111. 30I.
Jugement. Celui qui fe tait par voie de fcsitlment eft
toujours le meilleur., IL 3 3 9. 11 n'en eft pa- de même de
celui qui fe fait par voie de difcuffïon , II, 34c & 3 j g.
Jufquw à quel point les ignorans peuvent juger dea
beautés d'un Poème, Il ; jo t Ce qu'on doit penfer de»
jugeraem porter par les gens du métier, II. Hi.it
Riv
A' ï TABLE.
J97. Celui du public l'emporte toujoorj furie If HT,
Jl. 393.
Julius PollitXé Auteur d'un détail curieux det dlifê-
rem caraâerei des Marque» dans les Comédies et Ici
Tragédies ,111, an.
Jujlin { Saint ) Martyre , a décidé qu'on pouvoir em-
ployer dan; le chant de* louanges de Dieu Ici airrpro
fines dea Payons s 111. jiy»
■v
L
_m_ <i A BERIVS. Iules CeTar lui donna vingt mille
écus pour l'engager à jouet dans une de fes pièces,]!!,
374*
Langue. L'impreffion que fait fur nom la langue étran-
gère eft plue foible que celle de notre langue naturelle,
1. Jû-f-
La Larint eft plus avantagrufe que la Françoife pour
la Pocfîe du ftyle , 1. 3 1 3. IEt pour la mécanique de la
jPocue , I. 3 j 8. Elle eft dérivée du Grec & du To(can.
i. 316. f.ile eft plus barmonieufe , 1. ji+. tr/uiY.
La Françoife eft parvenue depuir fob.ante-dix ant 1
fon point de perfection, 11. 465- On peut en dire ce que
Cxéron difoic de la langue Grecque , II. ibid. Elle l'in-
troduit dans les idiomes de noi voiOn*, II. 41$$.
Léon X. Belle peinture de fon Pontificar, II. 14s.
Lettres Provinciale font plus eftimeei aujourd'hui
■pic 1er fqu'eUei parurent , H. 3 9 T.
D( Lifit , habile Géographe , n'auroit pu fans le»
progrès de l'expérience , j cctirîer Ici erreurs des auttea
Oéographei, II. +87.
Livra. On aime moini ceux qui noua infiruifent , 1*
Logique , ou l'Art de penfer: Si elle efl aujourd'hui
pi m parfaire qu'au temi de» Anciens , II. 565. La façon
de raifonner dépend du caraâere de l'efprit , il, sert.
L'expérience , l'étendue dei lumières Se la connoiflance
•des faits perfectionnent le raifonnetucnt , II. $07»
LAàs XII. Ce qu'il penfoit des Comédie» çu'on
If^'itnivitf devant lui j U. 17 i*
DES MATIERES. ^ 4e s
Zouli X11L La Poe fie Francoife commença a briller
fous Ton règne, II. 190.
Louis X\y. Son fiécle fécond en grands hommes , IF.
14 1. & î4i. Son règne fut un teins de profpcrité pouf
les Arts & pour les Lettres,)!. 1 je. Son grand goût pouf
Il Peinture , II. 177. Tous fes foins ne purent cepen-
dant produite d'aulîî excellcns Peintres qu'il en avoic
paru dans le fiécle de Léon X. It. 17*1 Enumcratiûrl
«le» grandi hommes en tout genre qui ont para de fo»
MOU, II. 24.3.
hucain. Seul Poète qui dès fa naiffanee ait vécu dam
l'abondance , 11. 103. Quelle fut la caufede fa mort,
II. 1 12.
Lucitn a remarqué ce- au' obligea à partager la décla-
mation entre deux Acteurs, III. 195.
Lucrèce eft différemment jugé par les Poètes & par
leiPliiIorophes.il. 300.
Lully, Le plu» grand Poëte en Mufique dont noue
ayons des ouvrages, I. «.74.ll cft le premier qui ait
compofé des aîrs qu'on appelle de vi telle- , III. 1 8 j. li en
a compofé d'autres enfuite qui croient à la fois vîtes <fc
caraâérifés , m. is+. Ou reconnoît la fublîmité de
fon génie dam plufieurs airs qu'il compofi pour des Bal»
ïets de fes Opéra , III. 1 s ç. Les Ballets prefque fanspif
de danfe, qu'il a placé dans plufieurs Opéra , ont mer-
veilleurement réuflî , III. îïj. 11 fe fervoit pour eompo»
fer Tes Ballets d'un Maître de danfe , nommé d'Olive t r
III. 1157. Ses Opéra fonr devenus les plaifirs des Na-
tions, III. 342. Depuis fa mon on n'y trouve plut la
même exprcflîon que quand il vivoit , NI. 54 j .
Luniti: s d'approche. Leur invention due au ha fard , II»
•4? 5. Elles ont beaucoup contribué à perfccTionrer le*
Sciences , ibid. Et en particulier la Géographie, II. 437-
Lyres. Il y en avoit du tems d'Ammian Marcellin qui
égalaient la grandeur des chaires roulantes*!!!. 1 j^.Dn
icms de Quincilien, chaque fon avoit fa corde particu-
lière dans la Lyre, ÏÏJ. i->o. L'Officier qui publioitlcc
Loix chex les Gre« Mu accompagné d'un joueur d«
Lyre , ÏU, 69,
X yj. ACHIAVEL. Sa Mandragore eff une du twîi-
leurer Comédies qu'ayent les Italiens, 1.A4 u
Macrobe attribue au Ton des inflrumcns le pouvait
de nous afftfter diverfemenr , 111. s 3.
Maincfc néccllàirc au Peintre pour mettre au jourfts
îdees, II. si. L'aride connoître la main des Peintres
eft fort équivoque , II. 40+, 6"Juii».
Maîtres, «^ucl attrait ont lej ouvrages de» grandi
Maîtres: pour un ieune homme doué de génie, 11. Ui
Comment on doit parler de «es ouvragej, 11. 5j. On
«'en connoit bien tout le mérite , que par la vole dufw
timent, 11. jtf. Ils ne feauroient communiquer à un t(-
prit médiocre le talent d'Inventer, II. «s 8c 7». Us
grandi Maicresont été plus longtcras appteritift queltl
autres, 11, 1:+.
Maladies e'pidl'rniquts* Raifoni phyfîques de ces forttl
«3e maladies, II. 318 & n+. *
Malherbe inimitable dans la cadence de Tes «ers j II.
ïjc.
Malltbranthe , en parlant contre l'abus des images ,
*'cn eft fervi lui-même pour orner Ton ftyle , 1. 157.
I Marattt, ( Ca.-le ; L'eftime qu'il taifoit des ouvrages
de Raphaël, 11. izl.
Marius. Jugement qu'en pona Seîpion ,Kd 0.
Marot, ( Clément ) n'étoit pas propre aux grands ou-
vrages, U. 174.
Martial. Jugement fur ("esépîgrammes, II. 77. C«n>
ment il faut entendre ce qu'il dit d'Fnnius & de Virgile.
II. 44*.
Mafqucu Efchile a introduit en Grèce leur ufage , A
Rofcius à Rome > III. 1 99. Plusieurs perforuiages de la
Comédie Italienne fe fervent rie Mafques , III. icc. On
l'en fe rvoit en France il n'y a pas longtems , it l'on s'en
fert même encore quelquefois dans; les Comédies, III. il'.
Chaque Acteur ancien avoir un Mafque particulier eru*
«Voit conforme à fon caraflere , III. 101, CesMafqett
•endoiciK le jeu plua pathétique . UL 104» Quelle ému
i6i, !1J. j04 & 2i6. QueJquefoi*
les cotés du même Ma/que repiéTemoienr deux expref-
lïoru différentes, 111. 105. On les faifoit de bois, Jll.
aïo. lit admettaient beaucoup de vraifemblance dan»
certaines piccesjlll» 107. Les Anciens en tiraient encore
divers autres avantages, JII. z.08. b'Jiàv, Leurs Mafquer
leffembloient auxpcrfonnagei qu'ils introduifoient fur
la fcènt , III. :n. Ce qu'on peut dire pour & contre
i'uTage deiMafquet, 111. ibid. Il éroit difTicile aux Co-
médiens de rire agréablement fous le Marque» 111. ; 1 y.
On j'en fervoit fur-tout pour augmenter le fort de la
▼oix , III. 3 1 5. La fafon donc le* théâtres des Anciens
croient dffpoféiks rendaient oéteflaires , III. ■-:&. On
incniftoii l'ouverture de la bouche des marques rie la-
mas d'airain . & dans la fuite, on y employa des lame*
d'Une efpece de marbre, III, 120. Ceux dont fe fervoier*
les Fancorr.iiT.eséroieni plus agréables que ceux des an-
tres Comédiens, III. jci.ll refte encore aux Antiquaire!
beaucoup de ebofes à expliquer fur cette matière , [II.
22s.
Maiar'm { Le Cardinal ) a voie ponr maxime de ne cou.
fier la conduire des armée 1 & de 1 atT.1i.-e5 qu'à des gens
heureux « II. j 74»
Aie taille:. Sous quel règne elle a ont commencé à dé-
générer, II. iQ+St 114.
Mtibamiia. Ce qu'il a recueilli touchant la Mulîquc
des Anciens, III. s , î S & «7.
Mélodie fe fubdivifoic chex Ici Anciens eu deux efpe-
ce* , en chant & en déclamation ,. III. 73. On feait com-
ment s'écrivait celle qui étoit un chant proprement dit ,
III» ïf- (ïjhiv. De» accent ou des tous convenable!
lux parole? fai foi enroue partie des beautés dç Iin.clo-
die , III. s*.
Altlopft , ou l'art de compofer 3c d'écrire en note»
tontes fortes de chants & de récitations, III. 14 Se if
Ce qu'en dit AriftideiQuinrHianus,!!!. 59. En quoi elle
didcroit.de la mélodie , llf. do. On la divUbit en udf
penres, qu'T fe fubdlv^â'terir en r.imleursefpi'ce», III. A.
t/Juiv. Quelquefois c Ile .1 ëtê confondue avec La, mêlai-*
die tens les Petits des Aiicfc'riî, 111. 01 éï 97. -
•+6« TABLE
Mil». Let mots de Mélopée fit de Mélodie en don-
vent , III. 62» Il lï'gnifioit, félon Capella , la lîaifon'd»
fon aigu avec le Ton grave , Il I. ibid.
Ménandrc. S'il eft vrai que fes contemporain? aytnt
été injuries envers lui, II. +3 S. Pourquoi les Athéniens
lui préférèrent fouvem Phileraon, 11. +3 6.
Mérite d'un Poème fe peur, divifer en mérireréelâf
en mérite de comparai fon , II. 444, Comment on peut
Te tromper en jugeant de ce* deux forici de mciitci,
II. ++Ï.
Merfenne , Religieux Minime , a divulgué en France
l'expérience de Torricelli fur la péfanceur de l'air , II.
4P°.
Afiff. du Pape Julet, Merveilleux Tableau de R.»-
phël qui eft au Vatican, 11. $0. Sa dcfcrïprion , j 1.
Mefurt «oit une des principales parties de l'Art riih-
nique ehex les Anciens , III. 22, Les Romains l'appel»
loient tiumtrî , III. 2y. La figure des Vers & la quan-
tité régloit la me Aire dans les Vers , III. jo, t>_/iuV.
La Profe avoir aufTï fa mefure , III. 3 3> Qu.lle étoit
la mefure qu'on avoir imaginée pour régler l'action de
celui qui f ai fuit des g elles , & le mettre en état de fui-
vre celui qui récitait , III. 31. On battoir la mefurt
fur les théâtres, 111. 44. Les étrangers trouvent que
les François v téufliflent mieux que les Italiens , I.
*St.
TWsfius ( Jacques ) d'Alcmaer, inventeur des lunet-
tes d'approche, II. 4*J«X- bafardleslui fait trouver.
II. 4S«>
Michel-Ange. Ce qu'on reprend dans Ion Tableau du
Jugement dernier , I. 2 17.
Mkroftvprs, ont plus lervi guejisle» raifonnemen»
à découvrir la circulation du faitr, ■'. 4 ..
Mimes , Comédies anciennes qui retfcmblcient à nos
Farces, L171.
Mifantroft, Comédie de Molière F h'eotpai d'abofd
un grajid fiiceès , quoique peut-ttrela meilleure Comé-
die que roui ayons, II. 431. Ce qu'on doit attribuer
■ux tirconftances où on la jo'uS, 1J, 43.1.
Modes , fervent ifalre juger en quclteftu un mono-
DES MATIERES; 407
"nenca été rate , II. 2 20. U y a une mode pour les Iciere»
tes, comme pour les habits, II. 489»
Moduterim. Différentes lîgnificationj que lui ont
donné 1er Anciens, M. 2Ï«
Molière avoir été élevé Four être Tapiffier, II. jn
N'aurok jamais été grand Poète , s'il eût été riche , N.
ica. Lui & Malherbe confultoient leurs Servantes fur
leurs Vers , II. j je. Quel fut le fort de fon Mifantro-
pc 1 II. 430. Chaque année a ajouté à fa réputation, li.
4ji- En quelle-eûime il rft chez les étrangers . IL 4.5 3.
Son Tartuffe nefl point tiré de l'Italien , ainfi que quel-
qu'un l'a avancé, II. -jtçi. La lecture de fes pièces a
dégoûté de tontes les autres Comédien modem es, li.
5 se. 11 avoit imaginé des noces peur marquer les lona
de fa déclamation , 111. s+5.
Aie un ne. C« qu'il faut obferver en évaluant la Mo»-
note Romaine par la notre , III. 11 7.
Mfiaagne. Sonfentiment fur i'entboufiafme, II. ix.
Ce qu'il penfc au fujet de l' invention & de l'imitation»
II. 7 9.
Mofciqut. Une grande partie des pernrures antique»
qui nous reftt-nr , e(i exécutée de cette forte, 1. 37J»
DeCcription de celle qui fe voit à la Paleftrir.e , 1. 373*
Mofaïqui faite avec les plumes des oifeaux, efpcce
de peinture en ufage chez les peuples de l'Amérique,
II .G*.
Mothe. ( De la ) Jugement avantageux qu'on porte
de fes Odes, II. »co.
Mots 1 afini font plus beaux que les mors François à
deux égards , I. j ip.Ceti* qui irnîccntle fon delacbofe
exprimée fent les plus énergiques, I, 322. Le fon.de>
certains mots les rend plus nobles dans une langue que
dans une autre, 11. 4+5 . )
Mouvement, il paroît impoffible que les Anciens pouf-
fent l'écrire en notes, lit. 41. Quelques Mulîcîens mo-
dernes ont propoféde marquer les mouvemens parte
moyen del'HorlogerielLL 43.
. Mummius fournit une preuve de l'ignorance des
Romain» pour les ans dans k tem» de la République,
II. z 2 l.
♦c« TABLÉ
Muret en Ifltpofc lut s ça varu , tn donnant poor m
fragment de Trabea lia ver» Latins de û rampolîtion >
IL m.
Uujîàcju Gitca ou Romain*, ce qu'ils otfer»oie«
4am la coropolition . Il I. 3 c A } 1 .
Mufiftn donne une nouvelle force a la poëtîe , I. +s î.
Quel Tecourt elle emprunte poor faire fet imitai ion 1, I.
4&t> Elle imite non- feulement les font de la voix . mai»
encore tofl» le* bruit* que l'on entend dans la natur^,
1. 470. Se» principes font Ici même» que ceux de la p«ê-
fie 4 de îa peinture , 1. 4*4- la muiîque Italienne croit
autrefois différente de la Frinçoife, L 4*.?« Qu'il eft une
muiique convenable a chaque langue de à chaque nation,
1. 49 j.La mufique fupplée par fec expiflrtonc au manque
de vraifemb'anct de* Opéra,!. 4j>«.Les Commentateurs
ont mal entendu le* partages des ancien* Ecrivain* oc il
eft parlé de la musique, IU. + & ?. La mufique enfti-
gnoit cher le; Anciens l'arc du chant A l'art du geflo ,
UI. s. Ses différentes divîiîons fui van t les Anciens , III.
9 b juis: On ta regardoit chexeux comme une partie
aécedaire a l'éducation, Se furtout iceux qui «voient
à parler en public, IU. 17 er/mV. Celle des Anciens
étoir beaucoup plus étendue que la nôtre, UK t. L'art
poétique lui étoit fubordonno , aufTibien que celui de la
Ci lui ion & du gefte , fit celui de la déclamation , 111. Il
Ce que e'etoit quels Mufique rkhmique.III. :i. tt
Et la Mufique inflrumenrale ou organique , LU. 45. Ce-
toit certe dernière qui enfeignoit la feienec des accords.
111. 9s. Les Romains fe piquoient d'exceller dans les airs
militaires. III. 50. En certaines circonflancei la mufi-
que- a guéri les maladies du corps & de l'efptit , IU. f4s
Effets furprenans de la mufique des Anciens , III. ; 5 C*
fuh'. Chançemens arrivés dans la langue Françoife , III.
■ ti & Jij,. On l'a citée quelquefois pour avoir voulu
l'enrichir , III. 1(7. Le caractère de La tnultque influe
beaucoup fur les msun des peuples, lit. i7c. Une
nous refte de monu mens de la tn'ulique des A neiens, que
le* feule s régies de Ja muiïque Poétique Aquelques Mé-
iûpeea dans le» c liants de l'Fglife, IU. 1298c 2 31»
DES MATIERES.
N
40»
de la naiilance morale des hommes , II. ] c.
Nanteuil. La nature en fait un Graveur malgré fis
parens , II. 3 :.
Nation. Chacune a Ton caractère particulier «jui la
dift'nrue, H. iiSs-
Nsuri , eft ta ytus forte de toute» les impulsons, If,
jâ. Elle poufl'e nécefTajiement les hommes vers lcuc
penchant, U. 3*. Elle s'mbellit par la culture, III.
!+*■
N/grts perdent leur noirceur dans le s pays froids , II.
267. A quoi l'on attribue U ftupidiré des Négies Se des
Lappons , II. 3 3U
. Ntrcn fçavant dans l'art de la déclamation, III . 1 î*.
Ce qui lui arriva dins la déclamation de l'Hercule fu-
rieux , Pi'iii. Il inventa une nouvelle méthode pour Ce
fort ; fier !a voix , 111. 184- Il ne chaifa point de Rome
tous les Coroéd'-ens, mats feulement les P an t oroiir.es ,
III. 31».
Nord. On n'y a encore vu que des Poiftes greffiera
le de s Peintres froids, U. ijf.
Noies. On ignore quelle étoit la valeur de celles de
la Muiîque organique des Ancien§ , III, j t , Comment
ces notes croient figurées , III. S $• L'art d'écrire en no-
tes les chants de toute efpéce étoi» très- ancien à Rome
dès le ceins de Cicéron , 111. î « 0.
o<
O
CCUPATION eft le meilleur remède contre Peo-
nui,l. 5.
Oecan. On n'a connu que depuis peu fa largeur véri-
table entre l'A fie & l'Amérique, IL +88.
Optra. Quelle en a été l'origine , 1. 470. Opéra Ita-
lien exécuté par des Marionnettes, III. 26p.
Opfnicn de plufieurs ilécles ne prouve rien en fïveiu
d'an Ty Aine ,1J. îiJ.
Iio TABLE
Orateurs Romain* employoienr pour eonfer"ver îenr
voix les pratiques lei plus fuperft 'meufes des ASeurs de
théâtre, III. i8z. Il leur cft néce (Taire de ravoir la
fUufîquc, III. is. Ils ne doivent point imiter Ladéda-
rnarion théâtrale , III. i s a«
QtiUrL Paflàge de cet Auteur Italien avantageux aui
Nations Ultra montai ne s , II. 417.
Ot>id< étoitné Poète , IL ïï.
Ouvrages. On eft tnjufte de taxer de menfonre te
qu'ont dit les Anciens du fuceèsde certains ouvraçei,
!. 9c. tf fiàvm Dit ouvrage plaît davantage quand on
l'entend réciter que quand on Le lit , I. 4 J 3. trfiàf*
Quels Tonr ceux qui paflènt a la poltérité, II. J94. Lei
ouvrages de parti n'ont qu'une vogue qui pafle bientôt,
11. îbid.
P
V
ANTQM1MES. Ce que ilgnifioît leur nom,IÏÏ.
sas. Définition des Pantomimes, III. :pt. Le peuple
Romain ttoit palTionné pour leurs repré Tentations, |1[,
>7' & 3 1 !• Defcription de leur art par Caflîodôre , 111.
«46. Us jouoiem fani parler , toute Tone de pièces de
théâtre, en fe fervant feulement de gefles, III. 187.
&fiiiv. Comment faifoient-ils entendre les mots pris
dans un fens figuré? III. 29}. Les Romains les faifoient
eunuques pour leur donner plus de fou pie (Te dans leur
corps, J1I. 1 9 ;. 11 Ltoir. extrêmement difficile de trou-
ver un fujet propre à taire un bon Pantomime, 111. 19: •
Leur an qui commença à Rome (eus Auguile , fut une
des cauTes de la corruption des mœurs du peuple Ro-
main , III. ibi4. Pjlade & Batylle Turent les premier*
inftituteurs de cet art , II. a98. De quelles fluces ils Te
fcrvoient dans le9 repréfeatations de*-Icurs pièce* , 111.
îcc.lls jouoient mafqués , III. iliL Comment ils eic-
eutoient les Scènes dans les Tragédies 2t Comédies, III.
30t. On croit que du rems de Lucien , il fe forma dft
troupes complexes de Pantomimes, III. 303. Apulée
parle d'une lepréfentation faite par une de ces trou.
lll.ilid. Leur action étoit plus vive que celle des Co-
toédlcni ordinaires, & pourquoi: 111. 304. Leur, an
DES MATIERES. *i»
■uroit de la peine j réuflir parmi Ici Nations fcpierv-
trionales de l'Europe, 111. 307. Us faifoienc des tm-
p/clflons prodigieufes fur le théâtre, 1JL ■•& GoS*
•du Romains pour le un pietés, . II. 1 1 9. tffiov, L'exé-
cution de leur arc était très- pgrfible ; preuve de <ctte
poflïbJlité , III. m. Fûai d'une Scène de Pantomime
exécutée fwr le théâtre de Sceau* , par Monfieur Ba-
Jon , & par Madèmoifellc Prévoit , Danfêurs de l'Ope-
t», 111. m Le* l'antomimet furent chaffés de Rome
fous plufïetin Empereurs; 113 - 3i>.
farihti. Idée qu'ils avoienc de la véritable valeur,
V. S'i.
Pc/cal (Blaife) devient Géomètre malgré lesfotna
^u'on prenoit de lui cacher cette fetence t 11. Hé Eli»
men d'une de Tes penfées fur le jugement des Ouvrages,
II. 3-fj. Tir quelle progTeflïon il parvint a expliquer
la pefanteur de l'air, & l'équilibre des liqueurs, IL
4JM.
Pàjfiont La nature a marqué à chacune Ton expreflïon,
fon ton & fon perte particulier, 111. iî£.
PofiUkes. Tableaux où l 'oh a voulu contrefaire la
manière d'un maître, U. 130.
Pdys. Les ouvraget font plutôt appréciés félon leur
juftï valeur dans certains pays que dans d'autres , 11.
4 1 + t* fxâv.
Piimre, doit choilîr des fuîecs intérelTans,!. 5 1 &t t ji
A qui fe comprennent aifèment , I. us. Les fnjets dfc
fes tableaux doivent être tirés d'ouvrages connus, I*
Tes. Que); font ceux qui leur en foumifTenc le plus t
l. 1 10. ùrfuiv. Il eft des beautés dans la nature que le
Peintre repréfente plus facilement que le Poète , 1. 94-
fc" fuîvt. C'eft un défaut de vouloir montrCT trop d'ef-
■prit dans les tableaux , I. iio. Les Peintres doivent em-
ployer fobrement l'allégorie & encore plus dans Ica
tableaux de dévotion que dans les profane», I. aif.
En quoi conlîfle leur enthoufiafnte , I. : 2q. U ne leur
faffit pas de copier la nature telle qu'elle fe préférée,
L 12 1. Cell a tort qu'ils fe plaîpnenr de la difette dea
fujets, I. 3 3i. Lesplus rebattus peuvent devenir neufe
fous le pinceau,, L 132, Jlsne doivent rien mettre dan»
4ti TABLÉ
leur* iVjet* <entre la vraifernblance, I. »4» bjbiv.l*
jnauvai* en peinture empêche Je boit de faire fur nom
toute rimpreflîon qu'il devrait taire , I. 28?- Lei t>
lent de la composition poétique A de la pilrorefquefe
trouvent rarement danr un même Peintre , I. s s j. Paul
Veronèfe eneftun exemple , ibid. (f fiâv* Le» Peinrrci
du rem* de Raphaël n'avaient aucun avantage fur ceux
d'aujourd'nui , K 365». Ceux de l'antiquité n'ont pu
dû furpalïêr lea Peintres moderne* , I. j g» (s* fui». Le*
Peintres ancien» Te piquoient d'exceller dans la patrie
de l'eKprefïon , 1. lai b ftiiu. Nom içoororu iufqu'i
que] point llr ont excellé dans le coloris , 1. 403. Ui
ont pu égaler les moderne* quant au claïr-obfcur , I.
40s. Moyens que les Peintres ont imaginé pour ren-
dre leurs tableaux plut capables de faire irnpreffidJli
I. +14. En quoi coniiite le génie des Peintrei , 11. i+«
Leur différence d'avec les Poètes, IL a<5. La main du
Peintre doit être conduite par fon imagination , 11.97*
Un Peintre ne doit point entreprendre d'ouvrages au-
delTiis de fa portée, II. 76. A qui l'on peut comparer
le Peintre copifte , II. Si. Quelle étude lui eft néce*.
faire pour perfectionner l'œil & la main . 11. 99. On n»
fait bien cette étude que dans la jeuneflè . ïfcii. Quel»
foBt les obftacle» qui s'oppofent aux progrè» des k«-
ne> Peintres, 1. ioo. <? fuh: Il eft plus de mauwr
Poètes que de mauvais Peintres, 11. 109. Qualités re*
ejuifts dans un bon Peintre , II. 1 iS. Ces qualité» naif-
fent avec lui , mais ne fe forment que par le travail ,
II. 116. Ertime que les Grecs iâifoient des ouvrages
des grandis Peintres, 11. 146. Les grands Peintres furent
toujouts les contemporains des grands Poète* , 11. ifi.
Le* Peintres jaloux de la réputation de leurs égaux <
II. 1J1. Leurs jugement mieux reçui que ceux 4ca Poè-
te», IL 401. De qui dépend leur réputation , 1!
Comment l'on petit reconnoître la main d'un Peinrre.
II. +o;. Qu'il efl très-facile de s'y méprendre , II. +0 f>
Le mérite d'un Peintre qui taie de grands ouvrages ,
elt plutôt connu , 11. 414.
Ptiirurc. Son but e(l de remuer les partions . fin»
lAufcr aucune peine réelle , ni de véritables a II arme*.
DES MATIERES. *>)
t> x«- IL îif. Examen des avantages que la Peinture
• fur h Poe fie , & de eeux que celle-ci a fur la Pein-
ture , I. 14 ù-fiàv. Ufage que l'on doit foire de* allé-
gories dani la Peinture, 1. 191. f fviv. Il ne s'en faut
fervir qu'avec difcrétton, 1. 1»+. Leicompoiïtions pu-
rement allégoriques ne réufTiffent prefquc jamais , U
203. Les fujetthiftariqnci où il entre au conttaireder
ligures allégoriques font lin très-bon effet, I. 207»
Détail des Peintures antique» qui retient a Rome , I-
37fi«Les Peintures du tombeau des Nations font détrui-
te* 1 il n'en eft relié que des copies coloriées; celle»
•jui avaient été faites pour Moniteur Colbert, font
préfenteroent dans le cabinet du lîeur Mariette a Paris,
I. ! i : . Clément XI. établit une police à Rome pou»
empêcher la deftruâion de celles que l'on peut dé-
couvrir, ib. II n'eft pas poffiblç de faire un parallèle
julte de la peinture antique avec la moderne , I. 3 « )•
Dcfcription du tableau des amours d'Alexandre & de
Roxanne faite par Lucien,!. 3 94- La peinture s'cft per-
fection nce & enrichie depuis le teins dç Raphaël par le*
nouvelles découvertes,!. 407 b>fuiv. Le pouvoir de la
picnture fur les hommes eft plus grand que celui de la
poefie, I. 422 bfuiii, 1 a mécanique de cet art n'a rien
de rebutant pour ceux qui font nés avec le pénie de
l'art , II. 22. La peinture ainfi que la poefie a différen»
degrés, If. liï. Epoque du renouvellement delà pein-
ture en Italie , II. 1 s 3 . Elley eft tombée dans 1er terni
qu'on y jouiiloit d'une plus grande félicité , II. 197.
Quoique tous les hommes foient admis à juger de la
peinture fans en lavoir les régie»; le public n'eft paa
juge fi compétent dan la peinture que dans la poëue,!!.
3 1 7. La peinture eft un art dont les production! tom-
bent fous le fenciroent. II. 37*. One peinture are*
de mauvaifer parties peut être un excellent ouvrage»
IL 3SS.
Pcrtgrlnt, fameufe Perle, achetée cent mileécu»>
II. î*.
Per/rflron. On n'y atteint «ju'i force de travail,
11. 91.
Perrault. Excellent parallèle qu'il a fait d'an tableau
ti+ TABLE
de Paul V'eronèfe, & d'un autre de le Bran. f. ise"*
Erreur dam laquelle il eli tombé en parlant det mat
«jues des Amiens , iil. :ci.
Perjanu Leurs danfet imitent lesfcènes des Pantonvi-
*nei , UI. s i î. Il n'y a iarr.aii eu parmi eux que det ou-
.yriers fans génie, 11. i«7,
Per/pcÛivl. Les ar.sk ns Peintres la cûnnoi noient mal ,
1. ÏSO,
P/nr6<ffon J excel(eflt Pantomime, dont Sidoniuj fait
m f nu on ,111. 191.
Philcmon , Poète médiocre qui fut préféré à Menas».
dire par lea Athéniens . ne manquait par de tal.
43«5.
Philippe, père d'Alexandre. Ce fut feus fon régne
«pie les aiw s'élevèrent en Grèce à leur point de p er-
iecrion , 11. i4t>
Pilolatu avoit irnaginé longrems avant Copernic , le
fyftême du mouvement de la terre autour du Soleil, IL
•491.
Philofbphti. Combien il leur eft ordinaire de le trom-
per dini leurs raîfonncmcns, 11. 35s. Les plus célèbres
.Académies d. Philofophes n'ont point voulu adopter de
fyftême pour ceue ra'ifon, 11. 3fio. Le Philofoplie fe
trompe plus facilement que l'homme , II. 361. C'cfl ua
«ntèiemenc de la part des Pliilofophes de difputer , ai
lieu de travailler à faire de nouvelles découvertes , IU
4.99. C'eft à tort qu'on aceufe d'ignorance lea Philofo-
pb.es anciens, II. 50+. Ceux qui tes critiquent ne les
acculent que par Ignorance, il. ilid. Qu'un fyftême de
•Philofophic mcn>c reçu , peut ctte detruir, II.
£fprit philofophique, à quoi il eft propre, II. 521.
Pkrafeié Ce qu'on entend pat phrafes imîiatlves, I r
HJ8. Les Poètes François n'y on* p*s rétitTi , 1. j jj.
Pièces eowriçurr. Le grand concours du peuple dîna
les premières repréfentations n'efl pas une preuve
qu'eue* foi t m bonnes, II. +19. Les bonnes pièce* fe foo-
tiennent malgré la cabale. II. +1 !• L'nC pièce de tliiij-
tre elt plus prilce fa juile valeur , qu'un Poème épique ,
Jl. 4( î. F.'time que les Etranger » font de nos pièces de
tlkaciCi il. 4:7. Cgiaueni fe faifeU la (eprctciuiiuu
I
_
des matières. **J
Ses pièces de théâtre ebei les Anciens, B. 43*. Tone
n'y patlbit avec confulîon, II. 43$.
Pitrrts gravées les plut belles font du teins de l'tm-
a> ereur Auçuile , II. ijd.
Pilts. {De ) Sa balance des Peintre?, Quel cil le fruit
qu'on en peut tirer,!. 284.
Plag'uûre. Quelle eft ladir&ren<:equi fe trouve entr*
on plagiaire & un imitateur a 11. i 1.
Plur/ir naturel eft le fruit du befoin , 1. r. Celui qui
Veut faire du progrès danr les arcs , doit renoncera l'a-
mour des plailirs , II. 107.
Plancw , déguifé en Triton , contrefait Glaucus , II!»
ajS.
Piston, Pourquoi & (ufqu'à quel point il bannit la
poiffit de fa République, I. 44- C/uiv. Ce qu'il die
du Ritlime mulkal , III. 13. Selon ce l'hilofo;. he j le
thangement de la mufique dans un pays produiroit une
altération fenllble dans le? mceuri des habitaris, itl,
I&9.
Plr'iade Françoife. A quels ex<ès Henri III porta le»
pfùfulîom envers elle, II. 17$. Combien fe font f rom-
pes les Autwrs contemporains fur le jugement qu'ils en
ont porté, H. 4+5.
Pline l'Hiftoricn a été jultifié fur pluueurc menfonge»
donc 00 l'accufoit il y a cent cinquante ans, II. ici.
Plutarqut eft un des meilleurs Auteurs qui ayent écrie,
depuis que la Grèce eft devenue Province tributaire de»
RomainsjlL z^j. Onletite pour prouver que les Grecs
fefervoiem d'une déckmationinelurée en publiant leura
lois . III. 70.
Po'ènus, JI en eft qui font liuéreffans pour le général ,
& d'autres qui le font pour le particulier, I. 7$. le*
feeaucés de l'exécution ne font pas feules le bon poème,
I. 7 1. La fcène des Poemes paftoralr doit touïourr être
à la campagne,!, 1&1- Les perfannages doivent être
pris d'après la nature , I. ifeid. Le fuict du poirme êpi«
que doit réunir l'intérêt général avec l'intérêt particu..
Ver, I. 1*6, £f fuivt II ne doit pas être trop récent,-
J. 1 Si. On pourrait le prendre avec fucecs dam notr»
ijiiîotre , l ikid* Jd4e d'un PQemç,épïquç cirtx de la deHj 1
<it TABLE
tructîon de la tigue par Henri JV. rr. $t r« Le* défaut!
■d'un poëme fautent moins aux yeux que ceux de* ta-
bleaux , J, : 9 8. Le dcgoîu ne ïambe que fur la mau-
vais partie du poërae , 1. 2 S?. Chaque genre de poè-
me a quelque cliofe de particulier dams ia poëlie de
fon ftyle, I. 294* kffulv. Ce qui donne aux poërnM
■n boa ou mauvais fueeè* , L joo & fuiv. C'elt par
la poëfie qu'il en faut juger ,1. 30t. Les poèmes dra-
matique* doivent înfpirer la haine du vice & l'amour
de la venu, I. 461» Ce que dit Racine à ce fujet , 1.
45i. Ce qu'on entend par poèmes en profe ,1. 5 1 °*
11 faut un longtems pour connoitrc le mérite d'un bon
poème , II. +-n.
Poïfit. Son but principal eft de fflater nos fens & no-
tre imagination, I. ij. II. 1. Elle arVoiblit , félon Pla-
ton, l'empire de l'ime fpirltuelle, 1. 4$. Chaque genre
de poëfie nout charme à proportion de fon objet, I.
6i e> Juin. La poëfie dramatique des Romain» fe divt-
foit en crois genres , & chaque genre en plufïeurs ef-
pécei, 1. Hé. En quoi coniirte la poeiîe du ftyle , I.
aji. &fiiy. Elle fait la plus grande ditférencc qui
foie entre les vers & la profe, 1. 298 b Juiv- Par quel
motif lit -on les ouvrages de poëfie } i. îoj. Les crur-
ales de la poëfie du ftyle nous font oublier fes défaut»
en la Hfimt , L jos b f<àv- But que fe propofe la mt-
chimique de la poëûe, I. m. La poëlie Fran^oifene
peut égaler en aucune forte la poëfie Latine , I. j 1 i.
Les règles de celle-ci font plus faciles que celles de
l'autre , 1. 341. & fuit: La poëfie Latine tire plus de
beauté de l'obier vat ion de fes régies , que la poëlie
Frartcoife des Hennés, ï, j+3. La poëfie a fervi de tout
•era* ehex les Nations les plus grofTieres à conferver
là mémoire des événement paffiis, 11, 5 S). Le goût
tuturel pour la poëfie t'efl. plus cultivé en France que
celui de la peinture. II. 417. Quelle eft la meilleur*
preuve de l'excellence d'une pièce de poëfie , II. 441*
Terni pour en juger faineroent, II. 44l> Le jugement
qu'on porte d'une pièce de poéfie eft formé fut !•
fetiriment , II» jiS. Une pareille pièce qui a plu dan*
MU lu #étlcj palft* , dote uujguxi plaire , il, s li*
DES MATIERES, 419
Su beautés Te renient mi aux qu'elles ne fe connoilTcnt
par Ici régler, H. 52t. On n'eft pas capable de juger
du mérite d'une pièce de poëfie donc on n'entend pat
la langue, II. 5 3 5- Elle perd dam la traduction l'har-
monie & le nombre, II. f+$. Des défauts qu'on croit
voir dans la poëfie des Anciens, IL $61. La j-ocïio
demande une imagination échauffée , 1J, 14. Elle s'é-
leva tout d'un coup en France fous le règne de Louil
XIII, H. 190. En quel teras la poëfie dramatique *
fait plus de progrès en France, H. 102. Elle tomba
fous le règne d'Augufie , quand tout confplroit à la
loutcnir, il. toi. Une poelîe qui couche beaucoup,
doit être exacte, II. 1 3 9. Tout les hommes font en
poffeffion de donner leur furTrage fur une pièce de poe-
lîe, 11. 3 5 S- Ce jugement doit eue fondé fur l'expé-
rience plutôt que fur le raifonnemenc, IL 3 66. Le*
principe» de la poëfie font fouvenc arbitraires, II. 367.
11 n'en eft pas de la poëfie connue des autres fciçnces.
]1. 3 7 3- Un ignorant peut en juger par llmpreftioa
que la pièce fait fur lui, IL 3S2» Les fautes que lei
gens du métier y remarquent, en retardent le fuctci,
mais elles ne le déiruifent point , II. 39).
Poêcts contractent , félon Placon , les mœurs vicieu»
fer dont ils font des imitation* , I. 46. Un Poète doit
prendre pour fujet de Ton imitation ce qui nous tou-
cheroir dans la nature , I. r*. Les habiles Poètes l'ont
tait alnli , I. 6j bt J\àv- lie nous peuvent dire beau»
coup de ehofes qu'un Peintre ne fçsuroit faire enten-
dre, 1. «4. (ïfuiv. Ils nous affectionnent plus facile-
ment à leurs perfonnages qu'un Peintre , 1. > S. & juif ,
Ht arrivent plut furement que le Peîntie à l'imrtaiioa
de leur objet, I. 91. (y juin, ils ne fçauroient rendra
la diversité des caraâcres fcnlîble dans leurs vers,
comme un Peintre dans fet tableaux,!. ?j & fui»,
S'il eft à propot qu'ils mettent de l'amour dans lea
Tragédies, 1, j2j». Comment les Poètes François en
OOtafcufc, I. [37, lit doivent choilir leurs héioj dam
des tems éloignés d'une eertaioe diûanee , 1, ii+ 6»
feiv. Les Grec* fe (ont éloignés de cette régie , 1. 1 ff •
«UlF/açcaJi se l'ont pu t«wj>i*t» fuWie , J. tfre. V(tt
fis t A B
ge que les Poctes doivent faire âei aélîont' allégori-
ques, I. 116. Avec du génie un Poète trouve tou-
jours de nouveaux fujecs à traiter, I. 241. 6" _/tiir.
II ne doit rien mettre dans Tes fuiets contre la vni-
femblance , I. i+s. Les Poètes tragiques pèchent Cou-
vent contre t'Hilioirc, la Chronologie & la Géogra-
phie , 1. z5;. î? fuh. Le* Greci font tombés dan» ce
défaut, I. 2<5$. Ce qui fait qu'un Poète plaie fansob-
ferver Les règles , II. 1 1. En quoi coniîite le génie de»
Poètes, 11- 14. Un homme ne Pocre n'a pas befoin de
maître, 11. a*. C'eft la nature & non 1 éducation qui
fait le Poëte, II. $1. Quel eft le défaut de ceux qui
font des vers fan» pente , 11. 5 7- Comment on peur
s'aider des ouvrages des anciens Poëres, II. 2j. Util
autant nu'dible aux Poëte» d'être dans l'indigence jqw
de le trouver dans l'opulence , II. 10s. Tout le mou*
de capable , on non , veut faite des vers , n. 1 10. Le»
Auguftes & le» Mécène» font les grand» Poëte». H»
1 1 1. Les productions des grands Poètes lear coûtent
beaucoup , 11. 1 1 », Un mauvais Poëte eft toujours «•*■
tint de ce qu'il fait, II. 11+. A quel âge les Poète»
parviennent au degré de mérite dont Us font capable» »
II. 11S b fuii'm La bonne opinion des Potier médio-
cres pour eux-mêmes efl fbuvent affectée .11. 1 3 9. Le
fuiet de l'imitation fait ure ïrnprefTion légère fur les
Poctesfansgénie , II. 38S. les grands Poètes doivtnr
erre récoropenfés avec diftinSion , II. 1 40. Tous Poëte»
doivent au public la fortune de leurs ouvrages , Il.jl»<
II» ont peine à fouffxir leurségaux, II. )9i< No» bon»
Poëtej François ont imité les Anciens , comme Ho-
race & Virgile ont imité le» Grec» . II. 4c». Le» Poëte»
du fîéde de Louis XIV feront, comme Virgile, im-
mortels fans vieillir, II. 4 57. Ils ne déchoiront ramai»
de leur réputation, II. 467. les Poètes ont été Ici
premier» Hiftoriens de» Grecs , II. J64. Avi* de
tilien aux Poètes , II. 571. Nous n'atteindrons- pat a»
degré d'excellence où les rocres' anciens font arrivé»,
II, 591, les Poètes Grecs compofoient eux-mêmes I»
déclamation de leurs pièces,* les Poète» Romain» fe
dtebargeoient fm d'autre» de ce cxavail > 111. t *•
r-
DES MATIERES. *r 9
Petogne. A quoi Ici Philofophej attribue rt fiferri-
litfc , Jl. îio.
Porphyre a partagé tes arts muficaux en cirq ans diffé-
rais , 111. i?.Er> quoi il eft d'accord avec Aùfiiits ,
111, 14. A divifé en deux genre* les opérations de la
votif, [11. 73.
Portugais, établis en Afrique A dans les Inde! orien-
tales, ont acquis par fucccŒcn de terns le n.înie génie,
lei même? intli nations & h même configuration decorpi
que les naturels du pays : 11. z66 & it6.
pputjin. ( Le ) On l'a nommé de fon vivant le Pein-
tre des gens d'efprit , I. îgç. On re peut le blâmer de
ce qu'il s'eft fetvi de l'idée d'un Peintre Grec dans fon
tableau de la mort de Germanicus, II. 56. Defcrip-
tion de ce tableau, 1. se. Et de celui qu'on appelle
YArta&i? ,. I. tU U n'a point fait d*él«\e qui fe fb".i
acquis une grande réputation, II. i?tf. A été un Co-
lorifte médiocre, H, ~j.
Poudre à canon. C'tft au bafard que l'on en doit la
découverte, 11, 481.
PraJcm. Sa Tr_ gédie de Phèdre eut dans les commen.
eemens un fucus qui balança celui de 1a pièce de Raci-
ne, 11. +3 ô-
Pratique cft plus certaine que la fpéculatîon , II.
30 ti
Préjugés. C'efl fouvent fur l'avis des gens du. métier,
çjue fe forment les préjugés contre un nouvel ouvrage .
JU 3S7-
Prévention. Source féconde de mauvaises remarquei
& de mauvais jugement., 11. 3??& $70.
Prifckn, Auteur Grammairien du cinquième fiéck:
définition qu'il fait des accens , III. sa.
Pfùnsnciatiùn. Elle tfluya plutleuri changement cher
les Romains , III. 177. Eft fu jette à la mode dans U»
langues vivantes, 111. 17». Quinrilicn ccnfeillc d'en
apprendre les séries d'un Comédien, III. 1 • 3-
Publiç feroit un excellent juge de la Pocfïe cV de la
Peiiii-rt, s'ilétoit capable de défendre :
Cfifltre let.atjeinfïl -île» gesia tru nutirr. 1 .
i i S. .1 revient tôt ou tard à fet» premier jugit:er.t&
apprécie î'outwfe à fa juilç valeur .
Tomt III» '§
«.•• TABtl
fent Ton jugerne-nt tP. déflntéreiTé , Jiîrf. I
TOÏe du fentiment qui efl la meilleure, II. i 3 ï . C: qafat
entend par te mot de public » IL » J J. On ciamine trc
objection qu'on fait contre la folidicé dei jugement du
publie, 11» ?7 J.En quel ca* H peur fe tromper danifon
jugement, II. 374 » 443. & /u'i'. H ne tetnete point
ton jugement , IL 44*.
Pucdlc. ( La ) Poème de Chapelain. Quel eilfcfl dé-
faut; I. 302. Quel en tête' le Tort ,11. 441.
Puget , habile Sculpteur Franfoi* , a *«i la préférence
fut plulîeu» Sculpteur» italiens pour travailler àGéne* ,
IJ, 180.
Pytade , célèbre Pantomime. Ce qui fe paiTâ entre lui
& Hyla* Ton élevé au fujet de l'exécution d'un Monolo-
gue, III. -9j. RépcMife qu'il fit à AuguAeau fujet de
Baehylle, autre Pantomime Ton concurrent, 1
D'où il avoit cûfflpofc fon recueil de* gefte* , III. Ml*
Pythegoricitnt Pbilofophe» , avoient recours i >ii*
flmphoniei pour calmer ou mettre eo mouvement le un
efpriti.l. +71,
yy VELITNS doit être regardé «omme le dernûr
^^de» Peintreide l'Ecole d'Anveri. II. : ; j.
Quittant:. Sa Tragédie intitulée : te faux Tîbtriw t
pèche contre la viai-femblance, I. iji. Le reptoebe
qu'on fit a Ce s premiers Opéra étoît mal- fondé ,
Set Ver* Lyrique* font trèi-propres a être mi* enmufi-
que, 1. jos. Quelle a été la deAinée de fe* Opea , II.
409. Il y a cinquante an* qu'on n'ofoir le regarder
comme un Poète excellent, IL ifti'J. Le contraire eft
arrivé aujourd'hui, ]j, 410.
Quinquina. Le* moderne* ne doivent point fe pré»*.
loir de la découverte de ce fébrifuge pour faire trahi
qu'ils onc plui d'habileté que les Ancien* , II. 50c.
Quinrt-Curct, On fixe le tenu dan* lequel II a Tétuj
11. 2 0*.
Quinrilien, Sa réponfeà ceux qui vouloïenr que
Ecrivain* Latin* pluiTent autant que les Grecs , I. 3 S».
En quel teins il a écrit fur le* caufcs de la dccaden<e il
l'cioquencc La.tkïj U, a*i* ;i tent, «,u*on chejt:t ié
DES MATIERES.
4î»
<Tiff<frenee d'éloquente des Athéniens & des Grecs A(ïa-
tiqoej dans leur caraftere naturel , II. 26S. On ne lui
peut oppofer aucun Auteur moderne pour l'ordre & ta
folidité dHraifonnemen»,ll. jo«. Quelle eft la défini-
tion qu'il donne de la mulique, 111. 8 & 9. Pallâges do
cet Auteur au fujee des Mafques dei Anciens expliqw*
par M, Bç/mdin , 111» zor.
XV AC1NE , loin d'avoir été élevé pour 1* théâtre ,
en lui cachoit tous les livres de la Foi-fïe FrançoJfCg 11.
îo. 11 n'eût pas réuflî , s'il eût continué à tompofer de*.
Tragédies dans le goût de Corneille, H. 52. Il étoit au|Ti
giand déclamateur que grand Poète, 111. j 57. La criti-
que de Ces pièces n'a pat empêché qu'on ne les eflimât ,
II.41 1 •Pourquoi il e(V plus grand dans Athalie que dana
tes autres pièces, II. 552. Exemple de la beauté de In
pociîe de fon ftyle , 1. zg 6 , De quelle façon fa Tragédie
de Phèdre noua émeut, I.jc,i:j bf fuiv* Lefujet de
celle de Bérénice eft mal choifi, I. 127. C'étoit cciledc
f« pièces qu'il yaioilloit eflimer davantage, II. 140»
Examen des fautes d'hifloire qui font dans cetic pièce
& dans celle de Britannicus , 1. :j7 bfiiv. Et contic la
Géographie dans celle de Mithridate, 1. 1 fis.
RaphaïL On fait voir la beauté de fon génîe , & l'osa
cite pour exemple fon Tableau où Jeftu-Chrift donne les
fiefs à faim Pierre, I. p?. Celui où l'aint Paul prêche aux.
Athéniens, I. ico. Et celui d'Attila, arrêté dans fai
courfe par fa'mt Pierre & faine Paul, L 4f3. Il devint;
en peu de tems beaucoup plus habile que fon maître , U.
ï ! & s 8. Comment il feut profiter de la grandeur de»
Idées de Michel- Ange , en peignant la voûte des Loge*
du Vatican, II. 47. Jl perfectionna fon coloria en voyant
un tableau de Georgeon ; fon tableau appelle la Mcflet
du Pape Julea , en fournit une preuve j II. s e • Ha exé-
Cuté en dedein le mariage d'Alexandre <Sf de Roxan-
ne j fuîvanr la defeription d'un ancien tableau faite par
Lucien, I. )j>7. Avant lui les tableaux ne tcuchoïent
point , II. 184. L'italie féconde en grands Peintres par
ibn moyen , 11, 1 s a, U » fermé un grand non l-r; d'ete-
S ïj
ves j dont les ouvrage* /ont une partie de fa gloire . iï,
i "o. Il n'a pas eu encore (on égal a jjj i,
Récompenfeu Si elle* font dirtri buées avec équité
elles font un grand encouragement pou/ les anifans , IL
J3H.
Règles. L'iifage en rend la pratique facile, IfT. 347.
Ce n'eft pas fouvent l'ignorance des règles qui fait pé-
cher contre elles , 11. 10$.
Rijkxions* Ce n'eft que par leur moyen qu'on peut
tirer du fruit de ce qu'on lit, 1. s.
Religion fervit de prétexte aux guerres civile! du
tems des Valois, IL 330. On peut faire un e:«elkat
ufage dans îa poelîe des miracles de notre Religjon,
pourvu que ce foit avec décence, I. iss. Chaque Na-
tion met beaucoup de Ton caractère dan; le culte de 'i
Religion j U, x«Sp.
Reprtfentarioni • Ce que dit M, Adiflon, Poê're An-
glois , fur leur décence, 1. «h-<5. Comment on peut en»
tendre les pa liages des Anciens, fur les repréfentaûonj
théâtrales, 111. ij"!. Quant a fini la ceffation du rc-
préfentations des Anciens , & ce qui y a donné lieu , II»
320.
Rime coûte beaucoup, & jette peu de beauté 0M
les Vers, 1 a $7. Son agrément n'eft pas comparable
au rithme & à l'harmonie du Vers , I. jjy. Elle doit
fon origine à la barbarie de nos Ancêtres , I. 36:. t?
fuir.
Rhoikns. Avec quel refpeéî ils conferverent le tro-
phée qu'Arthemifeavoit érigé dans leur ville, II, 14:
Rithme. En quoi il eonfifte en mufique, I. +«•. Ser-
vait autant 3 régler le gefte que la récitation j III. :;-
Eft, félon Platon , l'amedu métré, III. 3.3. D'où «c
noit la beauté du rithme , III, p j.
Rvbtrval , grand Géomètre commença pargardsr !ti
moutons,! 1. îi.Sa feience fpcculative ne lui fit rien ima-
giner d'utile au 'liage ic Tnioavile , 11. 303,
Ru.''.-i'"\- (La) célèbre Actrice. Son merveilleux rahn
pour la déclamation , [, 4.3$.
Rol-7i.lL,-][-\ tflébrc Muficienj étoft Françgij, 4
non pas Julien , -îs>ï.
■
DES MATIERES.
* l l
T
.a j4B ARD TLLO. Sorte de maladie fréquenta
ctent l'Amérique , II. z6i.
Tableaux. Caufenr un plailîr fenfïble, qu'il eft diffi-
cile d'expliquer, I. i b fwv. Ils «citent en nous lei
paillons, 1. i t. L'imitation nous attache davantage dans
les tableaux, quelefujct même de J'i initiation, I. sg d>
fuit'. Les beautés de l'exécution rendent un tableau un
ouvrage précieux, I. 7 3. II. 401. U efl des tableaux qui
touchent cous les hommes en général & d'autres en par-
ticulier , 1. 7 5. Ileft difficile qu'un tableau reuHide, tt
ne touche en ces deux manières,. UfS bfiiit. En quoi
confifte la eompofition poétique d'an tableau , I. 181.
Los défauts de l'ordonn«nee nuTent beaucoup à l'effet
des beautés d'un tableau. I. zSS, Exemples de plufieur*
tableaux qui ont laie tomber dans l'illufion, !■ iî+û'
Pài>.
Talent ont été diftribués différemment à tous les hom-
mes 1 , II. 1 o. Celui d'émouvoir à Ton gté.eft le plus puîf-
fantdetous, 1. 41 • Comment les talens fe manifeftenr,
II. 40 b fiât'. Un homme propre à touc , n'eft ordinai-
rement propre à rien , II. 6 1 b fuh: L'ait ne fçiuroit
donner les talent que la nature a refufé, H. 7s & 76»
On ne doit pas les forcer, 11. 92.
Targ on, [ Pompée ) célèbre Mathématicien , mais fan»
expérience , échoue devant Oftende , 11. Jtf3»
Taffr. C le ) Ce qu'on doit penfer de fon poème de h
Jérufalem délivrée , I. Î09.
Ttmptranicns.W y en a qui ne font propres ni à la poë-
fïe , ni i la peinture , ll.joi.
Tmicrs , ne réulfiffolt que dans lescompoiîtlons gro-
terques , 1. 70. II. 7 3.. Eft tombé au-deffous du médio-
cre, lorfqu'il a voulu peindre l'hifloirc .. II. 74.
Terre. Ses émanations donc dépendent les qualités de
l'air , viennent de la nature de* Corps qui y font renfer-
més, II. 3C9* Elle eft un mixte compofé de folides & do
liquides, U. 3ja« Les Modernes n'ont d'avantage fur
lu Anciens que d'avoir mis dans tout fon jour !c fytli-
Sw
4kl TABLE
me du mouvement de la terre autour du taleîl , IL 4*1
tf Juin.
Théicrt. Le Théâtre des Anciens n'étoit pas un t ri-*
bunal comparable au nôtre, pour te qui concerne Je
jugement des pièces, 11, 43 g. Leurs théâtres éioient
plus vafles que les nôtres & moins éclairés , III, 197,
Les mafques de leur» Adeurs &- les vafes d'airain qu'ils
placoicnt dans leurs théâtres augmentoicsu la force de
la voix, III. ijï & ut. Let théâtres fiireni fermés lorf-
que Rome fut prife & ruinée par Totila ,111. 32 t. Ea
quel fens on peut dire que les théâtres furent alors fer-
més dam Rome, III. 32). On a toujours obfervé une
grande décence quant aux geftes fur le théâtre François,
III. 17 r. Il y avoit à Rome un nombre prodigieux de
gens de théâtre du tenisd'Ammian Marçellio, il|. 327»
Un peu de vifion fut de tout tems l'appanage des gens
de théâtre, III. is«.
Thélcjles a été, félon Athénée, l'Inventeur de la danfe
ou arc du gefte , III. a 3 :.
Théoioricfl. Roi des Vilîgots ; estime qu'il faifoit d«
Virgile, U. 1,6.
Thermes de Caraealla & de Dioctétien à Rome , leut
fûtnptuolïté&leur vafle étendue. II. zti.
T'ûfea Parus , Sénateur Romain , n'a voit pal dédai-
gné de jouer dans une Tragédie, III. us.
Thi-Lift* Ce qu'il a écrit fur l'origine & fur l'hiftoira
des repréfentationf théâtrales a Rome, III. itfj. Et fur
ce qui engagea les Romains à partager la déclamation
çntre deux Aéteuri , IL). 1*9 b fuïv.
Ti:iïn. Combien efl touchant (on tableau de S. Pierre,
Martyr, 1,72. L'Empereur Charles V lus fait l'honneut
de ramatTer un de fes pinceaux, II. 60.
Tontine. Pourquoi moins fréquent en certaines année!
n'en d'autres, IL 3 s 3.
tTorrictlli. Par quel hafard il fit l'expérience qui dé-
J&ontre la péfanteur de l'air , IL 4x5»,
Tevriufort. Grand Botanifte formé par fon génie feul,
}\i 3 3, Préférence qu'il donne à l'expérience fur le raW
fonnemenr, II. 3 S s.
TrtiufHons d'Auteurs dégénerenc beaucoup de l'ori-
ginal , U. j 49. il crt dî;Hci:c de traduite avec puteté*
DES MATIERES. 41*
fidélité. 17. 5+î;& furtout en François Ici Auteur»
Grecs Sf Latins , II. ibii. Défauts dans lefquels tombent
nécçffàirement les Traducteurs, II. ibid. Un mot fonne
bien dans une Langue, & n'a pas la même grâce dans une
autre langue. II. 1+3 & fuiv. Il y a des traduâion» de
Virgile 6c d'Horace suffi bonnes qu'elles peuvent l'être,
I!. '!:. Mais elles ne donnent peint l'idée du mérite
des originaux , IF. je*. On ne feiafle point de lire les
originaux; on fc dégoûte des traductions , II. Ibii. Tra-
duction de l' A rlotle & d u TalTe , lues avec peu de goût,
II. fJ3. Différence entre la rraduction d'un Hiftorien
& celle d'un Poète , II. j s+.Mot mis pour un autre Iner-
te la vigueur d'une phrife , II. j j j-. Tous les jugemena
qu'on porte d'un Poème fur fa rraduâlon . conduirait
à des conclurions fauffes , IL $ <So. La traduction dea
mon orchejîs Scfaltario , par celui de danfe t a donné
lieu à beaucoup de faufTcs idées, III. 3.2.9,
Tragédie. Elle attache plut que la Comédie, I. 58.'
Pourquoi elle nous occupe davantage, I. ï 3. On fourTre
Îilus volontiers le médiocre dans la Tragédie que darta
a Comédie, I- 5 *- File doit faire eftîmer aux homme»
ceux qu'elle veut taire plaindre ,1. 1 1 s . Elle doit exci-
ter la terreur & la cornpafTion , I, ib. Un fcélérat fur la
fcèneeft peu propie à nous toucher , 1. 1 1 6. Qu'eft-ce
qu'un fcélérat en poéile, I. 1 17 & jhu: Quels perfon-
tiages peut-on introduire dans la Tragédie ,1. j : o. Le»
Anciens ont mis peu d'amour dans leurs Tragédies, 1.
I i 7. L'affectation à y en mettre a fait tomber dan» plu-
lîeur* faute» , I. 140. Le» Tragédies dont le fui et eft
(pria dans l'hiftoire des deux derniers ficelés, font pres-
que toutes tombées, I. 16;. Les Romain» avaient
des Tragédies de deux efpéces, & quelles elles croient,
I. 168. Défauts des Italiens dan» la repréfentation d*
la Tragédie , I. 4 41. La Tragédie eft trop chargée de
fpcétacle* en Angleterre , & en eft trop dénuée en Fran-
ce, I. 44?. Elle purge le» palRons, & comment, I,
45 g 6" fuiv, SI elle ne le fait pat, «'eft à la déprava-
tion du Poe'te qu'on doit l'Imputer,, I, 40+. Une Tra-
gédie dont la déclamation ftrc'.t écrite en notes , au toit
|e même mérite qu'un Opéra , 111. } j 4.
Svj
TABLE
Tr&ysïlnt peut donner au g<5nie plus d'étendue qu'il
n'en », IL 78.
V
y AND1CK. On ne lui a pas d'abord rendu Jufïï-
ce , II. 4*6. On en cite un exemple, ibii. Description
d'un de fet tableaux reprefentanc Béli faire en poiluie
de mendiant, II. +1 8. Carie Maratte ne put s'empêcha*
de laiflêr échapper en le voyant t un mouvement de ja-
lo'jfie , il. 419*
Variliss, Le: Sçavans le blâment, Se Ici Leâeurste
Louent a eaufe de Ton ftvle, II. Ho.
Vafis d'airain propre: à fervir d'échos, places dam lei
théâtres, J1I. ni> Quelle étoit la ferme de cet vafes,
Ul. 21'.
JSaubani ( Maréchal de) Ce qu'il penfoit du génie Je
Céfir pour la guerre , II, 591.
Jfaudtvilits, Goût particulier qu'ont les François pour
cette efpéce de poëiîe , II. 27c
Iftleius Patfrcu/uj. Ses reflexions fur la deflinée dei
fiéele* illuftre* qui l'avoient précédé , 11. 14 y tffuiu.
ytraniji, ( Paul ) Son tableau des Noces de Cani ,
plaira toujours malgré Tes défaut», II. y57« Comparai.
fon de Ton Tableau des Pèlerins d'Emails > avec celui
de la famille de Darius de Je Brun, ]. zs$»
l'ers François font fufcepribles de beaucoup de (J-
dence & d'harmonie , 1. 3 j ï tf fia v. Les vers latins
leur font Supérieure, 1. j6+. tïftùv. La récitation de*
Ver» leur donne une force qu'ils n'ont pas quand en les
lit , St pourquoi j I. +aS (sf fuiv. Vers de palTage, en
ufage du tenu de Malherbe , IL ipt. Les Vers qui con-
tiennent le» fentimens font les plus propres a tneu te en
tnufkjue, I. lOj.Ceuic qui renferment des peintures &
des images, ne réuffillen: pas fi bien en mulîque. I. jc+,
Vins. Quels font ceux qui retardent le plus les pr>
grès des jeunes Aftifam, II. 97 tfjiùv,
Vila a parfaitement bien dépeint les tranfportid'iii
jeune Poète qui lutte contre fon génie. II. coi, .
fcuoit a l'action de l'air les inégalité» de l'cfpiii , I!.
Vin. Sa paffioneft dangereufe dans Ici Peintres .V dan
le; Poï'îe, 11. ic». Ce feiuintiu eft appujé de celui
DES MATIERES. +11
Romains. Cara&erc de s ancien* Romains-, !I. îqd. Gn
quoi ceux d'aujourd'hui ont réellement dégénéré. 11,
as»' L'éloquence conduiibit chei les Romains aux pre.
mitres places, III. 114. Quelle a été leur paflïon pour
les fpc&acles, III. 17;. Et en particulier pour les re-
préfentations des Pantomimes ,111» 313.
Romens, Quelles imprefifions leur Ieclare fait fut la
jeune lié , 1. la. Sont des paëmcs, à la mefure & à la
rime pris, I. jio.
Romt. Ondoie à Ta grandeur tous les hommes itluftrei
qui ont paru foui l'empire d'Auguftc , II. 147, Sa dé-
■vaftsttion par Alaric ,a été la caufe de l'anéantiflèment
des a rt s éV des lettrer, 1 1 ■ 1 1 9 - C li ange mens ar ri vés da na
l'air qu'on y refpire , II. 2j> j, A quoi l'on peut attri-
buer la caufe de cette altération , II, 29*. &_/ùîv, Soa
climat eft aulïi moins froid que du terni des premier!
Céfart , II, 297. Rome elt l'endroit où Ton peut micuc
juger d'un ouvrage de Peinrure , 11. 4i4. Tout y con-
court a nourrir le goût de la Peinture , 41 ;. Le peuple
y elt jaloux de la réputation des Peintres François, 11»
Rùnfard, Quel jugement l'on doit porter de fei Ver»,
II. 44s, Quand ilparut, on n'avoit aucune Poëlic qu'on
pût lire , 11.447, De quel lënron peut le regarder corn»
me le premier des Poètes François , II. ibii. Sa deilinéa
n'çft pas à craindre pour nos bons Poètes François , 11*
4fî.
Rofcius , célèbre Comédien , jouiiToic de la plut gran-
de réputation qu'on puiiTc acquérir, 111. 114, 11 char*
moit flirtant pat l'élégance de fon gcfie, III. af 1. Ci-
céron qui étoit fon ami, fe faifoit un plailïr d'entrer
avec lui en diiputc, iiii.ll jouilToir de plus de cent mille
franct de gage par an , lit. 87».
Rorrou, fon Vineeflas ptéférable a plufieur* pièces de
Corneille, II. 4î*.
Rubens a introduit un trop grand nombrede figure*
allégoriques dans fes tableaux de La Galle» ie du Luxem-
bourg: Examen qu'on en fait, I. 196. I97.ioî.îij.
11 eft encore plut repréhenlîble de l'avoir fait dans un
tableau ou il a voulu exprimer le mérite de l'intcrccITiori
S; defcriptlon de ce tableau , I. » 1 7. Compofi.
„
4:4 TABLE
lion ingcnieufe eV nouvelle d'un Je f« tlMeanx rîprf-
fentant Jefus Chrift crucifié, I. i}i. Son Traité Laûi
fur l'imitation des Statues antique* , II. S8. L'école fa-
rneufe qu'il avoit établie à Anvers eft tombée quand
tout paroiflou concourir i la foutenir, Li. 23 J.
:"
S
AjSONS. Pourquoi leur température varie «Liai
certaines années dan* le» mérou pays ,11. 1 1 5 (ïfuii
Siiitiu , ancien» Prêtres Romains , Its vers qu'il»
récitaient, avaient un chant arJeâé, III. ici.
Salins Areadien , gft le, premier qui ait çnfeigné lui
Romaini l'arc de laSaltation , M. 219»
Silcation, Son ctimologie , III» 219. Lu Anciens
compienoient fout ce terme plulîcuii cliofet qui d'oui
point de rapport à notre dan Ce , III. 2 î 1. L'art du gelle
tailoit une dei parties de I3 Salraiion,ir>i(i. Cette opinion
efl appuyée du témoignage de plmieurs Auteurs de l'an-
tiquité , 1U. » J4 fyjuiv. L'an de la Sal ration «R perdu,
1U. 160.
Satyre Me'nipp/e fera toujours e (limée , I r. j 9 s .
Sàencti naturelles font aujourd'hui plus parfaite!
que du tems de Léon X & d'Augufte, II. 47+.QuelIe <a
efl la caui'e ? il. 4 7 S . On en doit au tems tout l'aranti-
pe , IL 470.
Scorbut, Pourquoi cette maladie eft tare «n Hollu*
dé , II. 307.
Satdtri. Son Poème intitulé: l'Amour Tyr-mniqui ,
cil demeuré dans l'oubli maigri- la diflertation de Sar-
i-axïn, U. atl>
A"fu/p«urj.La plupart des Sculpteurs Romaini av oient
fait leur appren tidar/e étant efdave*. II. 2 2 r. Et par-li
ils pou voient faire de plus grands progrès que les per-
tonnes libres , IL 221. Les Sculpteurs François qui ont
paru fous le règne de Louis XIV. ont été jugé plus habi-
le* que lu Sculpteurs Italiens, IL 180 (y fuir.
Sculpturf. Elle demande les mêmes caJens & les mê-
tnei partie* que la Peinture. I. 5 18. Il n'y faut pas tant
de génie. 11. 179. Il efl facile de juger à laq-i
fjeut donner la préférence d»; U Sculpture anti.jue ou
DES MATIERES. + if
la noire , I. 3 86. La Sculpture & l'Architecture et aient
déjà déchues fous 1 Empire de Severe, II. icï. Et en-
core plus fout Conftantîn le Grand, II, 205. Quoiqu'on
ne l'eût peut-être jamais autant exercée ï Rome que
pour lors , [I. m,
Stmtia. Ce mot îïgnifioit toute! forte* de (ignés en
JDtlfiquC , III. i6.
Senequc avoue la paiTîon qu'il avo'it pour Ici repre-
fentarions des Pantomimes, III. 3C6.
Sens. On eft rarement trompé par leur rapport dif-
tin -t , II. 3 5 8.
Semimtnt. En quoî il conlîfte., II. 3 3 9. On i uge mieux
parlentiment d'un ouvrage que par difeuflion , II. 1 j 9 ,
i es, js«. Il n'eft point du reflon du raifon«iement ,
II« i+o. Il en eftde ce feoti ment comme do goût de*
viandes , II. 1+1. C'eft un don naturel qui ne peut fe
communiquer , II. 343. Il eft dans tous les homme; ,
mais inégalement, II. %6g. Il conduit tôt ou tard à
«ne uniformité de jugement , II. 370. Le fentiment
juge feul de ce quieft utile & agréable , II. 378. Quelle
eft la partie dont le fentiment ne fçauroit juger , ïb, La
fentiment s'ufe dans les A rtifans fans génie , II. 3 S4V
Celui qui eft confirmé pat le fentiinent de* autre*, per-
fuade mieux que tout Ici rationne mens ,11. 1 jo. Oh
n'excite gucrei la euriolité en défendant un fencimenc
établi. 11, m,
Scri-rr.q ut Calvin rît brûler à Genève, a connu la cir-
culation du rang , II. 494»
Siéclt. Si ce mot doit toujours être prit pour un ef-
face de cent ans , II. j 3 5« Quatre fiécles dont les pro-
ductions feront éternellement admirées, II. 14t. Pein-
ture de ces heureux fiédei, ilid. (f fuiv. D'où peu c
venir que certains ficelés font fanguinalres * cruels , II.
33 e. Dans d'autres fiécles les hommes ont an cloigne-
ment Invincible de tous les travaux d'efprit , II. j $:•
Notre lîe> le par rapport aux fcJencet naturelles , eft plut
éclairé nue ceux de Platon , de Lcon X cV d'Augufte ,
4 74. Mais on n'y raifonne psi avec plus de juftelTè , 11.
47 r.
StMl . n'eft point c itt(a fa s variations d' P«lr, II, 3 1 <• •
S IV;
4 if TABLE
.11 y en a <3c d eux forte* avee lefquels leshottitr.ei
fe donnent à entendre 1er uni les autres I. j 19 crju/V.
Spectacles Ici plus atîrcux ont leur* attraits . I. 12 &"
Spinale , ( Ambroifc ) aide de Ton génie féal & de Fa
pratique , fe rend maître d'Oftende ,11. 26;.
ïiutcès , peut être l'effet du pouvoir des conionâuret,
IF. s - : . l^itand ces futecs fui vent en grand nombre , ils
ne font plus I erTer du pur hafard , II. î 73-
Sueur , (le) Peintre. Progrès qu'il fit dans Ton art
fan; avoir été a Rome , 11. Cg. La ialoulîe dei Elèves
de le Brun, oblige d'enfermer les tableaux que le Sueur
a peinrs aux Chartreux , 11. 41 v. Il n'a joui de route
fa réputation qu'après fa mort, II. *ï t.
Sujet! Leur choix cft extrêmement Important , !
Comment on peut rendre iméreftàns lu fujets dogmati-
ques , !• 6 1 1 Inconvéniens de traiter ceux qui tirent leur
pathétique de l'invention del'Artifan, I. 8;. lleft dei
fujers qui font plus avantageux aux Peintres, et d'au-
tres qui le font aux Poètes.. 1. 8+ tfjviv. Il en eft qui
font propres à chaque genre depoëiîe, & à chaqt; 1
de Peinture, I. tu.
Syllabes., avoient une quantité replie dans la '.
Grecque & dans la Latine, 111. 30. Leur quanti.
relative , III. Iri
Symphonies doivent avoir un aaradere de vérité, U
4-71» Ellet font propres à remuer le cœur, 1. 4': &■
fuivt Elle» contribuent à nous faire prendre inicrà à
une pièce, I. +77 tf/uiv» 11 y a une vraifemblance en
fymphonie, comme en poïfic , I. 4.' 1. Elle doit taire
autant d'impre/fion fur nous que la déclamation, I.
4*a. Les fymphonies doivent avoir du rapport avec
l'aâion , I. t*3. Elles émeuvent quoiqu'elks ne foient
que de fimples imitations d'un bruit inarticulé,
SI»
SyftJmrs- Rien n'efr plus déraifonoable que de t'ap.
payer du fuffrage des ficelés & dei nations pour fgun*
Blï utifyftêrae, IU $t5»
DES MATIERES, 41,
iti anciens Auteurs, 1t. 103. Le vin devenu une boi(>
fon d'ti! ace dam plufîeurs pays où iJ ne vient point, a
pu contribuer au changement de ea ratière àts peuples,
li )- ;. Pourquoi les vins d'un même terroir font meil-
leurs en certaines annees qu'en d'autres , il. in.
Virgile, Comment il fe fit conneirre de l'Empereur
Augufte, JI, »9. A quel âge cVdans quel terni il corn»
menyaà faire des Vers, il. 126. 191. Si on doit Je re-
garder comme plagiaire d'Homère, II. Sj. Il n'auroit
peut-érre pas produit fon Enéide , s'il n'eût été favorrfc
par Augufte, 11. 1 11. Eft encore plus loué ; que du temi
d'Augufte , II. 4*6 S: 5if- A qui ce Poète eft redeva-
ble de fa grande réputation , li. 5x2. 11 croit lu parlée
enfant dès le teins de Juvenal , II. 5 j 5. Dès le tenu de
l'Empereur Juftinien, on le nommoir par excellence- le
Poète j 11. 52+. Il ne doit fa réputation ni aux traduc-
tions . ni à Tes Commentateurs, 11. il. EiVime qu'en hi-
foit Thcodoric, II. jitf.
Virmvi. llfe plaint de ce que les Romains négU-
geoient de placer dans kirs théâtres , comme fa
les Grecs » des vafes d'airain propres à. fervir d'écho».,
111. a a a .
Voix. D'où vient que celle des Mtilîciens Italiens Te
fait mieux entendre que celle des Muliciens François ,
III. 122. Divifion des fons de la voix , fclon Cappella w
111. 7 5. L'art de la fortifier & de la ménager pratiqué
p.tr les Anciens, III. a9î. Méthode inventée par Né-
ron pour fortifier la voix, 111. zS+.
Volcans Pourquoi ils iertent plus de feu en, certaine!
années qu'en d'autres ,11. 314»
Vnjfius, ( lfaac ) Son fentimenr fur la mullque moder-
ne , 1. 47 j. A indiqué les ouvrages des Anciens qui
montrent comment on écrive» en notes les chants rau-
ficaux, 111.3 6,
Vraiftmltir.ee. Comment il faut la garder en poë-
fie, I. x+7 tr fuiv. L'art de concilier la vraifemblance
& le merveilleux eft difficile à enfeigner, 1. an.La
vraifembbnce eft l'ame de la poefîc , I. «54. H y en a
de deux fortes en peinture, la vraifemblance poétique
& la vraifcmblanec mécanique* 1. 257, En quoi cllcj
H,llJilti.3lt , lild,
4Ji TABLE
Ufigt eft le maître de» mon, mais rare méat de» re^
gletde la Syntaxe, II» 414*
Vuï a plut d'empire far l'âme que le» autre» fent j
I*4l4>
Woton. De quelle façon 11 a écrit en faveur des Mo-
derne» contre le» Ancien» , L j se Jugement qu'l
yorte du parallèle de Pérault , I. isi & 156.
Fm ù là Tdlt ta Mâttîtns.
APPROBATION.
J'Ai lu par ordre deMonfeigneur le Garde: des Sceaux
un Livre imprimé qui ■ pour titre : Réflexions criti-
gués fur la Poefit (?JUr fa Peinture , qui font conlîdéra-
b'ement augmentées par des recherches fe avant es & cu-
rieufes , deïlinée* pour une nouvelle édition ; & j'ai cru
que cet Ouvrage, autant par le mérite de la matière ,
que par celui du fiyle , ferait très-agréable , & utile au
Public , fur-tout aux Amateurs des beaux Arts, Fait ce
ai Août i7î2. MORE AU de MAUTOUR.
PRIVILEGE DU ROI.
LOUIS, par la grâce de Dieu , Roi: de France <*
de Navarre: A nos amés& féaux Confcillers le»
Gens renanj no» Cours de Parlement , Maître* de» Re-
quêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Conftil , l\«!-
TÔt de Paris, B mil ifs. Sénéchaux, leurs Lieutenant
Civils , & autres nos JuAiciers qu'il appartiendra ;
SALUT. Noire amé le fienr Prffii , libraire à Parit;
Nous a fait expofer qu'il delîroic faire réimprimer Se
donner au public un livre qui a pour titre } Rrflcxhnt
rriiifutr \*r la PeéfiefJ fur la Peinture , far M. P ' <4hbt
du B',i\ t'il Nom plaifoitlui accorder nos Lettres de
Iirivilége pour ce néccflàirci. A CES Causes, vou-
ant favorablement traiter l'Ejpofant , Nous lui avant
permis & permettons par ces Pré fentes, de faite im-
f rimer ledit Ouvrage amant de fois que bon lui fera.
Içra , dtdc le vendre ■ faire vendre & débiter par loue
notre Royaume , pendant le tenu de neuf années tonfé-
cutivci, 1 compter du jour de la date des I refîmes.
Faifons défenfesi tous Imprimeurs ,' Libraires, & au*
très perfonnei, de quelque «ju-ilké Ht condition q- .'elle<
l'oient > d'en introduire de réimpression étrangère
dans aucun lieu de notre obéiAànce; comme aufli de
réimprimer ou /aire réimprimer , vendre , faire vendra
& débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d'en faire
aucun Extrait , fous quelque prétexte que ce puifle
être , làns la pcrmiflïon expreflccV par écrit dudit Ex»
po'int 3 ou de ceux qui auront droit de lui. à peine de
toniifcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille
livres d'amende Contre chacun des contrevenait* , dont
m ticre à Nom , un jicri « i'tffcVPicfl 4c Para, ft