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Full text of "Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture"

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REFLEXIONS 






CR ITt QUE S 
SUR LA POESIE 

E T 

SUR LA PEINTURE. 
TROISIÈME PARTIE. 







. . :— . .. •. . w 



:ii'i,: 



t. - . ■ « I 



I, 



. . ,.L 



._. . . r.t. _ 



RÉFLEXIONS 

CRITIQUES 

SURLAPOËSIE 

E T 

SUR LA PEINTURE. 

Par M. l'Ab'a^pU BÔS , l'un des Quarante, & 
Secrétaire perpétuel de l'Académie Françoife. 

SEPTIÈME ÉDITION. 
TROISIÈME PARTIE. 

Ut PiSur* Poëfîs, Hor. de Art. Pptt. 

A PARIS» 

Chct PI S S OT , Quay de Contï , a la Sageflè, 
M, D C C. L X X. 

fftfC APPRQBAriON ST PRIVILEGE DU ÂÇ\ 






/: ;: .1 .. .. 

J^;. V»i H'Oï.l*^ ."; "1*. V.'..i 




Seftion I. Idée générale ie la Mulîque 

des Anciens, £»• des Arts mujfcaux 

fubor donnés à cette fcience t . 

Sed, 2. De la Muftque Rithmique. 22 

Seâ. 3 . Delà Muftque organique ou inf- 
trumemale* 45" 

Seâ. 4- De CArt ou de la Muftque • pot ci- 
que. De la Mélopée i-Qu 1 il y avoir um 
Mélopée qui riétokpas un chant mujî- 
cal, quoiqu'elle s'écrivît en notes f j8 

5e&. j*. Explication deplufieurs endroits- 
dufxiéme chapitre delaPowque d'A- 
rifiote. Du chant des vtrs Latins ou dt 
Caimcn. 



374885 




■ 



TABLE. 

Seâ. 6. Que » dans les écrits des Anciens , 
le terme de chanter Jignifie fouvent 
déclamer , Cr même quelquefois par 
1er. Il 

St&. 7. Nouvelles preuves que la décla- 
mation théâtrale des Anciens étoit 
éotnpojl'e, & qk'tlUéèrtïdit tn notes. 
Preuve tirée de ce que V Acteur qui la 
réciioit eto'st accompagné paf des inf- 
irumens. 121 

Sect. 8. Des Inflrumens à vent Gr à cor" 
de dont onjejervoit dans les accompa* 
gnemens. 137 

Secr. p. De ta différence qui était entre 
la déclamation des Tragédies, & lm 
déclamation des Comédies,. Des Com- 
pojitewrs de déclamation. Réflexions 
concernant l'art de l'écrire en no- 
tes. 1 

Beft. 10. Continuation des preuves qui 
montrent que les Anrims écrivaient 
en noies la déclamation. Des change- 
ment Jitrvenus vers le tems d'Augufle 
da 's la déclamation des Rortiamî. 
Compara* fin de ce changement avec 
alui qui tji arrivé dans Aùtrt Mu- 



il 






T A Ë 

faut $r -dm ttotre Dàftfk pin LohU 
^dV. 167 

SeA. 1 1. Les Èmains partageaient fou- 
vent la déclamation, théâtrale wtrt 
deux ABeurs , dont ïun prononçait , 
tandis que l'autre faifoit dni gtfies, 

IB8 

Seft. 12. Des Mafques des Comédiens 
de F antiquité. ipp 

Sect. 13. Oc k Sakation , ou de l'an 
dugejte j appelle par quelques auteurs 
la Mufiquc Hypocridque. 228 

SedL 14. De la Danfe, ou de la Salta- 
tion théâtrale. Comment l'Acteur qui 
fatfoit Us gejles , pauvoit s'accorder 
avec VAéleur qui récitait. De la Danjè 
âts Chœurs- 23*3 

5e& 1 J .Obfervaùons concernant la ma.~ 
niere dont les pièces Dramatiques 
étaient repré fentes fur le Tîiéâtre des 
Anciens. De lapaffîon que les Grecs & 
la Romains avaient pour le Théâtre* 
£r de V étude que les Acteurs faifoient 
ieleur artj & des récotnpenfes qui leur 
étaient données. 268 

Seâ. 1 6. Des Pantomimes t ou des Ac- 
teurs qui jouaient fans parler, 2.86 




- 



I 



TABLE. 

Seâ. 17. Quand ont fini Us rcpréjinta» 

£ lions fomptueufes des Anciens. De ttx* 

cellence de leurs chants. 3 20 

Seéh 18. Réflexions fur les avantages 
fur les inconvéniens qui réfuliohnt dt 
La déclamation compofé* derAnci 

33 



Fin de la Table* 






HÊFLÉX103 







REFLEXIONS 

CRITIQU ES 

SUR LA POESIE 

E T 

SUR LA PEINTURE. 

TROISIÈME PARTIE. 

Qui contient une Dijjàrtation fur les Re~ 
préfent citions Théâtrales des Anciens. 



AVANT- PROPOS. 

1_jA Mufique des Anciens étoit une 
Science bien plus étendue que ne l'eft 
notre Mufique. Aujourd'hui la Mufique 
n'enfeigne que deux chofes , lacompo- 
jfition des chants muficaux , ou des 



Terne liT. 



A 



: 



» Réflexions critiques 

chanfS proprement dits , & l'exécution 
de ces chants , foit avec la voix , foie 
fur les inftrumens. La fcïence de la 
Mufîque avoit pprmi les Grecs & par- 
mi les Romains , un objet bien plus 
vafte. Non-feulement elle montroic 
tout ce que la nôtre montre ; mais elle 
enfeignoit beaucoup de chofes que la 
nôtre n'en feigne point , foit parce 
que l'pn n'étudie plus aujourd'hui une 
partie de ces chofes- là t foit parce que 
l'art qui en feigne les autres , n'eft 
point réputé faire une partie de la Mu- 
jïquei de manière que l'on ne donne 
plus le nom de Mufïcien à celui qui le 
profefie. Dans l'antiquité , l'art poéti- 
que étoit un des arts fubor^onnés à la 
JMufiçnie. t & .par conféquenc c*étoit la 
Mufîque qui enfeignoit la conftruftion 
des vers de touce figurer L'art de la 
Saltation , ou l'art du gefte éroic auûl 
fnn des airs muficaux, Ainfi ceux qui 
enfeignoient les pas & tes attitudes de 
notre d#nfe , ou de h danfe proprement 



^H 



fur la Poëfiè Cffur la Peinture, j? 
dite , laquelle faifoit une par rie de l'art 
du gefte , étoient appelles Muficiens. 
Enfin la Muitque des Anciens enfei- 
gnoit à compofer comme à écrire en 
notes la finaple déclamation , ce qu'on 
ne fçait plus faire aujourd'hui, Artiti- 
des Quintilianus nous a laifié un ex-' 
ceflent livre. fur la Muftque ; écrit en 
langue Grecque ; & cet Auteur vivbiti 
le règne de Domitien , ou fouS 
«lui de Trajan , comme le conjec- 
ture (uc de bonnes raifons Monfîeur. 
Muibomius , qui a fait imprimer avec 
îe traduction Latine l'ouvrage donc 
jt parle. Suivant cet Arifrides, la plu- 
part des- Auteurs qui i'avoient précédé, 
définiiîaient la Mufique : irrr art qui 
enfsigae à fe fervir de la voix ;6ck 
foire- tons les mouvemens du corps 
avec grâce» An dtcoris in voclbus & 
TiKibus (a). 
Comme l'on n'a point commanémeoc 
de la mufique des Grecs 6c des Ro- 
Aij 



dnn- 



<Ç Réflexions: critiques 

mains , l'idée que je viens d'en don- 
ner, & comme on. croit qu'elle éto'it 
renfermée dans les mimes bornes que 
la nôtre , l'on fe trouve e m bar raflé , 
quand on veut expliquer tout ce que 
les Auteurs anciens ont dit déleur Mu- 
fique s & de l'ufage qui s'en raifolt de 
leur tems. Il eft donc arrivé que les 
paflages de la Poétique d J Ari(tote , 
que ceux de Cicerorude Quintilien 
& des meilleurs Ecrivains de l'anti- 
quité , ou il eft tait mention de leur 
Mufique, ont été mal entendus par tes 
Commentateurs ,. qui s'imaginant quo 
dans ces endroits-là il étoit queftion 
de notre danfe •& de notre chant ; 
c'eft-à-dire, de la danfe &ndu chant 
proprement dits , n'ontjamais pu com« 
prendre le véritable fens dé leurs paf- 
%es. L'explication qu'ils endonnent, 
n'eft propre qu'à les rendre plus ob* 
fçurs. Elle n'eft propre qu'à nous em- 
pêcher de concevoir jamais la maniera 
fiont les pièces dramatiques éçoienç 



fur la ToïÇiz Cffur la Peinture. f 
exécutées fur le théâtre des Anciens. 

J'oie entreprendre d'expliquer intel- 
ligiblement tous ces paflages , & prin- 
cipalement ceux qui parlent des re- 
préfentations théâtrales. Voici le plan 
ie mon Ouvrage. 

En premiei lieu, je donnerai une idée 
générale de la Mufique fpéculative & 
des arts mulîcaux ; c'eft-à-dire , des 
art3 qui parmi les anciens étoient fub- 
ordonnés à la feience de la Mufique. Si 
je ne dis rien , ou très-peu de chofes 
fur la feience , qui enfeignoit les prin- 
cipes de coûte force d'accords & de 
toute forte d'harmonie , c'eft qu'il ne 
m'appartient pas de changer quelque 
chofe, ou d'ajouter rien aux explica- 
tions que M. MeibomiuSj M. Broflard, 
M. Burette , & d'autres Ecrivains mo- 
dernes ont faites des ouvrages que le* 
anciens ont compofés fur l'harmonie 4 
& qui nous font demeurés. 

Je ferai voir en fécond lieu que les an- 
ciens çompofoient & qu'ils écrivoient 

Aiij 







$ Réflevhm critiques 

en notes leur déclamation théâtrale , de 
manière que ceux qui la récitoient * 
pouvoient ctre , comme ils l'étoient en 
efietjfoatenuspar un accompagnement* 
Je montrerai en troifiéme lieu, que 
les Anciens avoient lï bien réduit l'art 
du gefle ou la Sultaiion , qui étoit un 
des arts f^bordonnés àlafcience delà 
Mufique , en méthode réglée , que dans 
l'exécution de plusieurs fccnes Us pou- 
voient partager , &c qu'ils partageoient 
en elfet la déclamation théâtrale entr* 
deux Aéteurs , dont le premier récitoit , 
tandis que le (econd faifoit les gefte* 
convenables au fens des vers récités . 
& que même j l fe forma des troupes (U 
Pantomimes ou de Comédiens muets 
qui jou oient r fans parler , des pièces 
fuiVies. 

Je finirai mon ouvrage par quelques 
observations fur les avantages & fui 
les inconvéniens qui pouvoient réTultei 
de l'ufage des Ancieas. 









fur la Poejk (f fur la Peinture. 7 



SECTION PREMIERE. 

îàée générale de la Mafique de; Anciens i 
& des Arts maficaux Jubordonnés à 
cerre Science. 

peut regarder le Traité fur la 
Mu(!que , écrit en Grec par ArilKdeS 
Quintilianus , & traduit en Latin par 
Monfieur Meibomius, comme l'ouvra- 
ge le plus inftructif que l'antiquité nous 
ait laifTé fur cette feience. Il ell à mon 
fens le plus méthodique de ces ouvra- 
ges ; Se comme fon Auteur , Grec dtf 
nation , fréquentoit tous les jours le» 
Romains , puifqu'il a vécu dans le tems 
que tous les pays habités par les Grecs » 
étoient fournis aux fuccefleurs d'Au- 
: , il a du fçavoir l'ufage qu'oïl 
c de la Mulique à Rome & dans 
la Grèce. Ainfi c'eft dans fon livre que 
nous prendrons l'idée générale de la 
Mufiquedes Anciens. DY'Ueurs la Mu- 
fique des Romains étoit la même que 
celle des Grecs » dont ils avoient ap- 
pris cette feience. Elle avoit chez les 
uns & chez les autres la même éten- 

Aiv 



S Réflexions critiques 

due & les mêmes principes , de ma- 
nière qu'on peut fe fervir également 
pour expliquer l'étendue &c l'ufage de 
la Mu (i que des anciens, foit des Au- 
teurs Grecs , foit des Auteurs Latins* 
Ariftides Quintilianus définit la Mu- 
iique (a) un art, mais un art qui dé- 
montre les principes fur lefquels il 
opère , & qui en feigne tout ce qui con- 
cerne l'ufage qu'on peut faire de la 
voix, ainfi qu'à faire avec grâce tous 
jes mouvemens dont le corps eft ca- 
pable. Notre Auteur rapporte auflî 
quelques autres définitions de la Ma- 
nque un peu différentes de la tienne» 
mais qui iuppofent toutes également 
que cecce fcience avoit l'étendue qu$ 
nous lui donnons. 

Les Auteurs Latins dilent la mêm* 
chofe. La Mufique , c'eft Quintilien 
rOrateurqui parle, donne des enfei- 
gnemens , non feulement pour régler 
routes les inflexions dont la voix eft 
fufceptible ; mais encore pour régler 
tous les mouvemens du corps. Ces in- 
flexions, ces mouvemens veulent être 
ménagés fuivant une méthode certaine 
& judicieufe. Numéros muficer duplica 

l » ) De Mitflc- lïk> prim. 



fur la Poë/îL' ër fur la Peinture, p 
h.ibet in vocibus & in corpore, utriu.Jq.ue 
emm rei aptus quidam motus defîderantr. 
{a) Notre Auteur ajoute quelques li- 
gnes après : n La décence dans la con- 
s tenance & dans le gefte., eft nécef- 
v faire à l'Orateur , & il nV a que la 
» Mufîque qui puilfe lui enfeigner cet- 
» te décence. ^Corporisquoque decens ù" 
motus qui dicitur Eurithmia , ejl 
nicejfarius , ncc aliunde peti potejl. 

Saint Auguftin , dans l'ouvrage qu'il 
a comporé fur la Mufîque , dit la même 
chofe que Quintilien. Il y écrit que la 
^ue donne des préceptes- fur la- 
contenance, fur le gefte ; en un mot, 
fur tous les mouvemens du corps dont il 
avoir été polîible de réduire- la théorie 
en fcience, & la pratique en méthode* 
Quidquid numerofuatis quce remporum at- 
que intervallorum dnmnjîonibusmovetur..+ 
Mi'.fica ejl fcientia bmz movendi. (b) La 
Mufîque des Anciens avoit aflujetti à 
une mefure réglée tous les mouvemens 
du corps , aln.fi que le font les rhouve- 
mens des pieds de nos danfeurs. 

La fcience de la Mufîque , ou fi l'on 
veut , la Mufique fpéculative > s'appel- 

f a ) Inflir. l.i.e.i*, d; Majic, tj ejui ttviihiSm 
{b) De Muf.c. !ïb.j>rin± 

Av 



... 



i o R e fexions critique! 

loir la Mufique harmonique , parce 
qu'elle enfeignoit les principes de coûte 
harmonie , & les règles générales de 
toute forte d'accords. C'étoit donc elle 
qui enfeignoit ce que nous appelions 
la compojition. Comme les chants qui 
étoient l'ouvrage de la composition , 
fe nommoient alors quelquefois , aînfi 
qu'ils fe nomment à préfent , de la mu- 
fique abfolument , les Anciens divi- 
foient la mufique prife dans le fens 
que nous venons de dire , en trois gen- 
res ; fçavoir , le genre Diatonique , le 
genre Chromatique & le genre Enhar- 
monique. Ce qui confticuoit la diffé- 
rence qui étoic entre ces trois genres , 
c'efl: que l'un admettoit des fons que 
l'autre n'admettoit pas dans les chants. 
Dans la mufique Diatonique t le chant 
ne pouvoit pas faire fes progreflîons 
par des intervalles moindres que les 
îemi-tons majeurs. La modulation de 
la mufique Chromatique employoit les 
fémi-tons mineurs (a); mais dans la 
mufique Enharmonique , la progreflîon. 
<lu chant fe pouvoit faire par des quarts 
de ton. Les Anciens divifoient encore 
leurs compofitions mufiçales en plu- 

(a) Bro^'ért, DiJioim. de Mufauc. 



fur la Po'ijie & fur la Peinture. 1 i 
fieurs genres , par rapport au mode ou 
au ton dont elles étoient , & ils nom- 
moient ces modes du nom des pays oà 
ils avoient été mis principalement en 
ufage. Ils nommoient donc l'un , le 
mode Phrygien j l'autre, le mode Do- 
rien , & ainfï des autres. Mais je me 
contenterai de renvoyer aux Moder- 
nes , qui ont traité à fonds de la mufi- 
que harmonique des Anciens, afin de 
palier plutôt à ce que j'ai à dire con- 
cernant leurs arts muficaux , qui font 
l'objet principal de ma difleitarion. 

Dès que la Mufique embrafloir un 
fujet aulli vaHe , il étoit naturel qu'elle 
renfermât plulîeurs arts , dont chacun 
«ût fon objet particulier. Aufli voyons-» 
nous qu'Arifrides Quintilianus compte 
jufquejrà fix arts fubordonnésà la Mu- 
fique. De ces fix arrs , il y en avoit trois 
qui enfeignoient toute force de com- 
pofition. Porro aBivum fecatur in vfuale 
quod prωiSlis udtur , & emmtiativam, 
Vfualh partes funt Mtlopcùa. , Rrtkmo- 
frsia , Pcrjîs j Énuntiatit'i , Organhumi 
Odicum J Hypocrïticum (a}* 

Ainfi la mufique , par rapport à Iat 
composition , fe partageoit en art de 



{ * ) Ar'fii» f5« pnrn» 



t2 Réflexions criaquer 

compofer la mélopée, ou les chants, 
en art rithrnique & en arc poétique. 
Par rapport à l'exécution , la Mufique 
fe partageoit en art de jouer des inftru- 
mens, en art du chant &■ en art hypo- 
critique , ou en art du gefte. 

La mélopée , ou l'art de compofer la 
mélodie ..étoit l'art de compofer &c d'é- 
crire en notes toute forte de chants i 
ç'eflà-dire , non-feulement le chant 
mufical ou le chant proprement dit ,. 
mais au lli toute forte de récitation ou, 
de déclamation. ' 

L'art rithrnique donnoit dés règles 
pour afïujettir, à une mefur-e certaine, 
tous les mQuvemens du corps & de. 
la voix , de manière qu'on pût en, 
battre les tems ,. & les battre du mou- 
vement convenable & propre au fujer*. 

L'art poétique enfeignoit la mécha- 
rjique de la poëfie , & il mon-troit ainfi» 
à compofer régulièrement des vers de- 
toute forte de rigure.. 

Nous venons de voir que par rap- 
port à l'exécution , .la mufique fe di- 
vifoit en trois arts ,. l'art de jouer des 
inftrumens , l'art da chant & l'art dix 

feue. 
r Qa devine bien quelles levons pou-r 



fur la Po'dfîe & fur la Pe'tnturel i J 
Voient donner & La mufique organique» 
qui enfeignoit à jouer des initrumens, 
&.' la mufique qui fe nommait l'arc du 
chant. Quant à la mufique hypocriti- 
que ou cùntrefaifeufe , & qui le nora- 
• rooit ainfi , parce qu'elle étoit propre- 
ment la mufique des Comédiens que 
les Grecs appelloient communément 
hypocrites ou cmtrefaifeurs j elle en- 

loit l'art du geiîe » & montroit 
ainti à exécuter ,. fuivant les règles 
d'une méthode établie fur des princi- 
pes certains, ce que nous ne faifons 
plus aujourd'hui que guidés par l'inP- 
tinct , ou tout au plus par une routine 
aidée & foutenue de quelques obfer- 
vations» Les Grecs nommoienc cet 
art mufical Orchsjis , fie les Romains, 

Porphyre qui vivoit environ deux. 
cens ans après Ariftides Quintilianus , 
èc, qui nous a laifle un Commentaire 
fur les Harmoniques de Ptolomée , ne 
partage les arts muficaux » qu'en cinq 
arts différens (a) , fçavoir , l'art métri- 
que , l'art r tthmique , l'art organique » 
l'art poctique pris dans toute fon étea- 
due, & l'art hypocritique. On trouve 

i») Eygmugmtti in Haniu Etol. £• isi. 



k;r- 



14 Réflexions critiqua 

même en comparant la divifion d'A 
rides avec celle de Porphyre , que 
Porphyre compte deux arts de moins 
qu'Ariftides. Ces deux arts font l'art 
de compofer la mélopée Si l'art du 
chant. Si nonobitant la fuppreflion de 
ces deux arts , Porphyre ne laiffe pas 
de compter cinq arts muficaux » au 
lieu qu'il ne devroit plus , après ce 
retranchement 4 en compter que qua- 
tre ; c'eft qu'il met au nombre de ces 
arts , l'art métrique dont il n'eft pas 
fait mention dans Aiiltides. Mais cette 
différence dans l'énumération des arts 
muficaux , n'empêche pas que nos deux 
Auteurs ne difent au fond la même 
chofe. Tâchons d'expliquer la difft-. 
culte. 

Des que Porphyre a dit qu'il pre- 
noit l'arc poétique dans fa plus grande 
étendue , comme il prend foin de le 
dire , il a dû ne point parler de la mé- 
lopée, ou de l'art de compofer la mé- 
lopée , comme d'un art mufïcal parti- 
culier , parce que ce dernier art étoit 
renfermé dans l'art poétique , pris dans 
toute fon étendue. En effet , fuivanc 
l'ufage des Grecs , l'art de compofer 
la mélopée faifoic une partie de l'aie 






I 



fur la Polijte Crficr h Peinture'. « y 
poétique. On verra ci-deflous que le* 
Portes Grecs compofoient eux-mêmes 
la mélopée de leurs pièces. Si au con- 
traire Ariftides fait de l'a-st poétique 
&: de l'art de compofer la mélopée , 
deux arts diftinéts , c'eft qu'il a eu 
J à l'ulage des Romains qui étoit 
que les Poètes dramatiques ne com- 
pofaffènt point eux-mcmes !a déclama- 
tion de leurs vers ; mais qu'ils la fi fient 
compofer par des Artifans campofi- 
teurs de prafeflîon , & que Quinrilien 
appelle : Artifices pronunûandi. C'eft ce 
quenous rapporterons plus au long dans 
la fuite. 

C'eft par la même raifon que Por- 
phyre n r a point fuivi Ariftides , ni fait 
ta l'art du chant un art mufical parti- 
culier. Ceux qui enfeignoient en Grè- 
ce l'art poétique dans toute fon éten- 
due , enfeignoient auffi apparemment 
l'art de bien exécuter toute forte de 
chant ou de déclamation. 

Si Porphyre fait à fon tour deux 
uts-diftincls de l'art rithmique , dont 
Ariftides ne fait qu'un feul & même 
art ; fi Porphyre divifeen art métrique 
k en art rithmique proprement dit , 
Part dont Ariftides ne fait qu'un faul 



^ienf 



\6 Réflexions critiques 

art qu'il appelle Rithmopizia , cela vi 
vraifemblablement de la caufe que je 
vais dire- Les progrès que l'art des Pan- 
tomimes , né fous le règne d'Augufte » 
aura fait durant les deux ftécles écou- 
lés depuis le tems d'Ariftides jufques 
au tems de Porphyre , avoient enga- 
gé les gens du théâtre à fubdivifer Tare 
rithmique , & par conféquent à en fai- 
re deux arts difterens. L'un de ces arcs 
qui étoit le métrique ou le mefureur » 
enfeignoit à réduire fous une mefure 
certaine Se réglée , toute force de gef- 
tes en toute forte de fons , qui pou- 
voient être aflujettis à fuivre les tems 
d'une mefure; & l'art rithmique n'en- 
feignoit plus qu'à bien battre cette 
mefure , & principalement à la battre 
d'un mouvement convenable. Nous 
verrons ci-deflous que le mouvement 
étoit , au fentiment des Anciens , ce 
qu'il y avoit de plus important dans 
l'exécution de la mufique , & l'inven- 
tion de l'art du Pantomime les aura 
encore engagé à faire une étude plus 
profonde de tout ce qui pouvoir per- 
fectionner l'art du mouvement. 11 elt 
certain , comme on le dira , que depuis 
Je règne d'Augure jufques au renver- 






fur la Poëjie & fur la Peinture. 17 
femenc total de l'Empire d'occident , 
les repréfentations des Pantomimes fi- 
rent le plaifir le plus cher du peuple Rot 
main. 

Je conclus donc que la différence qui 
fe trouve entre l'énumération des arts 
mulicaux que fait Arîftides Quinrilia- 
nus, Se celle que fait Porphyre , n'efl 
i/j'une différence apparente , & que 
ces deux Auteurs ne fe contredifenr. 
point quant au fond des chofes. 

Je nTinterromprai ici pour faire une 
obfervation. Des que la mufique des 
Anciens donnoit des leçons méthodi- 
ques fur tant de chofes , dès qu'elle 
donnoit des préceptes utiles au Gram- 
mairien , & néceffaires au Poëte , com- 
me à tous ceux qui avoient à parler 
en public , on ne doit plus être furpris 
que les Grecs & les Romains (a) l'ayent 
crue un art nécefTaire , & qu'ils lui 
ayent donné tant d'éloges qui ne con- 
viennent pas à la nôtre. On ne doit pas 
s'étonner qu'Ariftides Quintilianus ait 
dit (b) que la Mufique étoit un art né- 
cefTaire à tous les âges de la vie , puif- 
qu'il enfeignoit également ce que les 

<a) Qwni. Zn$. lift, i ■ cap, i; t 
(b) Dt Mujiu Ivj. prim» 



tl Réflexions critiques 

enfans doivent apprendre v & ce que 

les perTonnes faites doivent fçavoir. 

Quintilien écrit par la même raifon ,' 
que non-feulerrent il faut fçavoir la 
mufique pour être Orateur , mais qu'on 
ne fçauroit même être bon Grammai- 
rien fans l'avoir appri e , puWqu'on ne 
pouvoit pas bien enfeigner la Gram- 
maire fans montrer l'ufage dont y 
ctoient le métré & le rithme. (a) Nec 
eitra mi/Jîcem Grammanca poiefl efje per- 
feSa t cum ei derithmh metrifqne direndam 
Ju. Cet Ecrivain judicieux obferve en- 
core en un autre endroit <b) que dans 
les tems précédens , la profeflîon d'en- 
(èigner la Mufique , & celle d'enfei- 
gner la Grammaire , avoient été* unies , 
fi: qu'elles e'roienc alors exercées par 
le mcme maître. 

Enfin Quintilien dir dans le chapitre 
de fon Livre où il veut prouver que 
l'Orateur eft du moins obligé d'appren- 
dre quelque chofe de la Mulique. « On 
» ne me refufera point de tomber d'ao- 
*> cord que ceux qui prétendent faire la 
»> profeilion d'Orateur , doivent lire 
» & entendre les Poètes. La Mufique 

(a) Jnjlit, lib. prim. cap, j. 

(b) tbid* cap* J'exto. 



fut la Po'êjfe & fur la Peinture, i <f 
•> ne préfide-t'elle pointa la compo- 
3i linon des poèmes de quelque nature 
3i qu'ils foieru ? Si quelqu'un eft afleï 
3> déraifonnable pour dire qu'en genè- 
se rai les règles que luit un Pcx-re dans 
a la composition de L-s vers , n'appar- 
ti Tiennent point à la Mufique , èa 
» moins ne Içauroit-il nier que les re- 
* pies qu'il faut fuivre dans la com- 
r> polltion des vers qui font faire pour 
» être récités avec un accompagne- 
» ment , n'appartiennent à ce bel art. 
Pjras certè légendes futur o Oratori con- 
ccjjcrint. Num hijîne Mufica ? At f\ quis 
tant ctzcus animi eft ut de aliif dubitct , 
çeftè qui carmina ad lïram compoftte- 
runz. Hac d'wtiut, (a) Ce pafTage pa- 
2 beaucoup plus clair , lorfqu'on 
aura lu ce que fe dois écrire concer- 
nant le carmen ou la déclamation notée 
des vers faits pour être récités avec 
un accompagnement. 

En un mot » tous les écrits des An- 
ciens font foi (b) que la mulîque pafloit 
de leur tems pour un art néceflaire 
aux perfonnes polies , & qu'on regar- 
doit alors comme des gens fans édu- 

(l) In?* l'b- prim. r. ii« 

(b) Luckni GymmafL fluiar, it Mifu, 






50 Réflexions critiques 

cation, & comme on regarde aujour- 
d'hui ceux qui ne fçavent point lire , 
les perfonnes qui ne fçavoient pas la 
mufique. Je reviens aux arts muficaux. 

Malheureufemênt pour nous , il ne 
xious eft reflré aucune des méthodes 
compofées pour enfeigner la pratique 
de ces ans , dont il y avoit tant de 
Profefleurs dans la Grèce & dans l'I- 
talie. D'ailleurs ceux des Auteurs an- 
ciens qui ont écrit fur la Mufique & 
dont les ouvrages nous font demeu- 
rés, ont très-peu parlé de la mécani- 
que des arts liibordonnés à la fcience 
de la mulique qu'ils ont regardés corn- 
jne des pratiques faciles & communes, 
dont l'explication n'étoit bonne qu'à 
exercer les talens de quelque maître 
à gages* Par exemple , Saint Auguf- 
tin qui a compofé fur la mufique un 
ouvrage divifé en fix livres , dit qu'il 
n'y traitera point de toutes ces prati- 
ques , parce que ce font .des chofes 
fçues communément par les hommes 
de théâtre les plus médiocres. Non 
enim taie aliquid hic dicendum eft , qita- 
h qudibet Cantons Hiftrioncfque: nove* 
runt (a), 

( a ) Dt, Idufiii lib. prçm. 



fur lu Po'èfiç &fîtr h Peinture, i il 
Ainfî les Auteurs dont je parle, one 
écrit plutôt en Philofophe qui raifonne 
& qui fait des Ipéculations fur les prin- 
cipes généraux d'un art dont la prati- 
que eft fçue de tous fes contempo— * 
rains , que comme un Auteur qui veut 
que fon livre puifle , fans aucun autre 
fecours ,• enfeigner Tan dont il traite. 

Cependant j'efpere , qu'en m'aidant 
des faits racontes par les Ecrivains 
anciens , qui par occafion ont parlé da 
leurs arts mulicaux , je pourrai venir à 
bout de .donner une notion , linon 
pleine & entière , du moins claire Se 
«àift'mcte de ces arts , & d'expliquer 
comment les pièces dramatiques éroient 
rep ré Tentées fu* le théâtre des An- 
ciens. 

Nous venons de voir qu'ArilKdes 
Quintilianus comptait fix arts mufi- 
caux , fç'avoir , l'aïf fkhrnique ,. l'art 
de compofer la mélopée , l'art poëti» 
que . l'art de jouer des inftiumens , 
l'art du ehanc & l*art du gefte ; mais 
nous réduirons ici ces fix à quatre, en 
ne comptant l'art poétique , l'art de 
composer la mélopée & l'art du chant, 
ue pouc un feul & même art. On a 
éja vu que l'ait poétique, l'onde 



. 



Sk2r Réflexions critiques 

compofer la mélopée & Part du chant 
avoient tant d'affinité , que Porphyre 
ne les comptait que pour un feul art * 
qu'il nomme l'arc poétique pris dans 
toute ion étendue. 



SECTION II. 

Delà Mufique ritluni^ue. 







FS o u s avons déjà die que Ja mu fi que 
ïithmique donnoit des règles pour allu- 
jettir à. .une mefure certaine tous les 
mouvemeiTS du corps & de la voix, 
de manière qu'on put en battre les 
tems. Le rithme rnufical , dit Arifttr* 
des (a) , règle aufli bien le gefte que ta 
récitation. Cet ar t'en fet$aai.t donc le 
grand ufage qu'on peut là ire de la me-» 
fore Oc du mouvement. On verra pa* 
ce que nous allons dire fur ce fuje|y 
que les Anciens taifoienc wb tiçsi gra^»4 
cas de cet art. Saint Auguiftin dit danï 
l'endroit de fes rétractations où il par- 
le du livre qu'il avoir écit fur la mur 
frtque» qu'en l'écrivant, fon objet prin- 
cipal 1 avoât été d'y- traiter du fecoura 






furlaPoëJîe& fur la Peinture. 25 
merveilleux qu'on peut tirer de la me- 
fuie Se du mouvement. Et de mufua 
ftx voLumiu. quaruum uttinetad eam par- 
lent quee rukmus vocatur. (a) 

Les Grecs reconnoiHoienc comme 
nous q-.iatre choies dans la malique, là 
pro^reilion des tons du iujet principal, 
01 te chant , l'harmonie , ou l'accord 
des dirtérentes parties » la mefure Si 
le mouvement. C'étoit donc ces deux 
dernières qu'en feignoit l'art rithmique) 
qui , comme nous lavons remarqué ûé* 
ja , eft partagé par Porphyre en arc 
«étriqué , ou melureur , & en art rurn 
mique ou art du mouvement. 

Platon , pour dire que le mouvement 
eft l'acne d'un chant méfuré , dit{u) 
que le rithme eft l'ame du métré, x-e 
mécre , écrit Ariftote (c) , n'eft encore 
qu'une partie du rithme. On lie dans 
Quintilien , lî je l'entends bien , qu'il 
De faut pas qu'une mefure emprunte 
fur l'autre ; mais que ceiui qui bat la 
fnefure , a la liberté d'en prefler , ou 
d'en rallentir le mouvement, Kithmis 
jfatia libéra , metrisjmuAfuai. (À) Arif* 

(a) LÀb, prim. 

(b) Piir, dt Lc[, l. 1. 
(cj foti, chap. +. 

(d) Injiji. i, p, cap, 4* 



S24 Réflexions critiques 

tides Quintilianus écrie , que fuîvafit 
plufieurs, le métré différent du rithme, 
comme le tout diffère de fa partie. Porra 
& pedibus confiant metra, . , dijferreautem 
metra À ritkmo , aiunt alii ut à toto par-, 
lem (a). Mais comme nous difons quel- 
quefois abfolumenrle mouvement pour 
dire la mefure 8c le mouvement , les 
Grecs diioient aulli quelquefois le 
rithme tout court, pour dire le rithme 
& le métré : c'eft en prenant le mot de 
rithme dans cette acception qu'Arifto- 
te a dit dans fa Poétique , que la Mu- 
fique fait fes imitations avec. le chant, 
l'harmonie & le rithme ; ainfi que la 
Peinture fait les tiennes avec les. traits 
& avec les couleurs. 

Les Romains qui employoient fou- 
vent des termes Grecs en parlant de 
mufique , en fçavoient certainement 
l'étimologiie , & ce que pouvoit chan- 
ger dans la lignification propre de ces 
termes un ufageautorifé. OrSaiut Au- 
gufHn dit politivement qu'il cioit en 
ufage de fon tems , de donner le nom 
de xithme à tout ce qui régloit la du- 
rée , dans l'exécution des compositions. 
Rithmi enim nomen in mujîca ufque adeo 

(i) Arifi. lib, frim, 

£Cttct 



fur la, Po'jjïe &fur la Peinture. 1 5* 
pkttl , ut hac iota pan ejus qux ad diu &* 
nondiuperlinet, ritkmus nominal a fit (a). 

Rien n'eft fi commun dans toutes les 
langues , que le nom de l'efpèce donné 
su genre , & le nom du genre attribue 
à l'efpèce en fryle ordinaire. Sans for- 
di de notre fujet , nous allons voir qu© 
!« Romains don noient au mot modu- 
Lma une acception beaucoup plus éten- 
due que fa première lignification. Les 
Romains appelloient/fvii ou vpeu 4 le 
chant ; l'harmonie > concentus; & la me- 
fure , nuweri. 

Quand Virgile dans une de fesEgfo- 
gués, fait direàMœris par Lycidas: Di- 
tes-moi aufll les vers que je vous enten- 
dis chanter un foir ; Je m'en rappelle- 
rais fans peine les nombres , fi je pouvois 
me fouvenir des paroles. 

lum fub nofle caaen^em 
/Il . lemini ,fi vtrba rentran, (b) 

Il ne veut faire d're autre chofe à Lycï- 
. lî ce n'eft que bien qu'il eut ou- 
blié les paroles des vers dont il écoit 
quelVion ; il le fouvenoit bien néan- 
ts de quels pieds ou de quelles me- 

(a) I?f hhfi:. Ub. :. 

Tome III. B 



ç.6 Réflexions critiques 

fures ils étoient compofés, &parcoiï- 
féquent de leur cadence. Ainfi Modi , 
terme que les Latins employant fou- 
vent en parlant de leur muuque , ne 
fîgnifioit proprement que le mouve- 
ment. Cependant ils appelloient la me- 
iure &l le mouvement du nom feul de 
modi s & même ils donnaient encore 
quelquefois le nom de modulation à 
toute la compofïtion , & cela fans égard 
à l'étimologie de modulation. 

Montrons donc en premier lieu que 
moiulatio ne fignifioit proprement que 
Ja mefure & le mouvement , que ce 
qui eft appelle rithme dans Porphyre; 
& montrons en fécond lieu, que mal- 
gré cela , les Romains ont fouvent don- 
né le nom de modulation à toute la corn» 
pofition mufle a le. Nous aurons befoin 
plus d'une fois de fuppofer que les An- 
ciens fe font permis cette efpcce d'in* 
exactitude. 

-Quintilien rapporte qu'Ariftoxene, 
que Suidas dit avoir été l'un des difei- 
ples d'Ariftote 5 & qui a écrit fur la 
jriudque un livre qui fe trouve dans le 
jrecqeil de M. Meibomius , divifoit la 
mufique qui s'exécute avec la voix en 
f jthrae $c en chant, I^ç ric|)rne , ajoucj 



fur laPoë(îe& fur la Peinture* 27 
Quintilien , eft ce que nous appelions? 
modulation } & le chant aflujetti ou no- 
té , eft ce que nous appelions le ton & 
les fons. Vocis rationes Arifioxenei mu- 
ficus dividit in rithmum 6* mélos emme- 
trxtm , quorum alterum modulatione * cano- 
te alterum acfonïs confiât, (a). 

Lorfque Quintilien veut dire qu'il 
n'exige point de fon Orateur qu'il fça- 
che la mufique à fond , Quintilien dit 
qu'il ne lui demande point de fçavoir 
aûez bien la modulation pour battre la 
mefure des Cantiques ou des Monolo- 
gues. C'étoient comme nous le dirons 
dans la fuite , les fcènes des pièces de 
théâtre dont la déclamation étoit la plus 
chantante ; c'eft-à-dire , la plus appro- 
chante du chant mufîcal. Nam nec ego 
confiant ftudentem his artibus volo , nec 
moduletur ut mujicis modis cantica exci- 
piat, (b). 

Cependant , & c'ell ce que nous 
as à dire en fécond lieu , Quinti- 
lien appelle fouvent toute la compofî- 
fion une modulation , en comprenant 
fous ce nom le chant , l'harmonie , la 
mefure 8t le mouvement» Par exem- 

(3 ) InjVr. lit: prim. cap. \z, 
(6j Qu'un, lnjl. lib*prim, c.:p. ij. 



28 Reflexions critiqua 

pie , cet Auteur , dans le troîfîeme 
chapitre du livre onzième de fes JnfK- 
turions, où il donne des leçons (1 cu- 
rieufes fur le foin, qu'un Orateur doit 
avoir de fa voix, & fur la récitation „ 
dit , en parlant de plusieurs mauvaifes 
manières de prononcer:» Il n'y a point 
« de défagrément dans la prononciation 
m qui me choque autant que d'entendre 
î> dans les écoles & dans les Tribu- 
3» naux , chanter la modulation théâtrale, 
a> C'efl le vice à la mode , j'en con- 
m viens , mais il n'en eft pas moins vrai 
>ï que ce vice dégrade l'Orateur. Soi 
quoeutnque ex his vitium magis tulerim 
uàm quo nunc maxime laboratur , in eau- 
fa omnibus Scholifque cantandi; quoi inu- 
tilius fit an fœdius ignora. Quid enim 
Oratori minus convenu quàm modulatio 
Scenica? (a) On voit bien que Quinte 
lien comprend le chant ou la déclama- 
tion compofée dans la modulation dont 
il parle. C'eft la compofition entière 
que Quintilien appelle ici modulation. 

Dans les InfcrLptions qui font à la tè- 
te des Comédies de Térçnce , il eft dit , 
que c'efl Flaccus qui en a fait les modes , 
ou qui les a modulées j pour dire qut 

(a) tnJUt, lib.xuc. i. 



I 



fur la Poëjie & fur la Peinture. 1$ 
ç*ctoit ce Flaccus qui en avoit compo- 
féla déclamation. Moàos fecit , modula- 
vit Flaccus. 

Saint Auguftin rend en quelque for- 
te raifon de cet ufage, en difant que 
tout ce qu'un Muficien doit faire , eft 
prefque renfermé fous le terme de mo- 
iklarion. ModuLuio , quo uno perte verbo 
laïux difciplina definiûo conrinetur. (a) 

Je pourrois encore citer plufieurs 
pafiages d'anciens Auteurs Latins qui 
ont employé les termes de modi & de 
moiulatio dans un fens auflî étendu ; 
mais pour convaincre le lecteur qu'on 
s'en fervoit communément pour dira 
toute la composition , il fuffira de rap- 
porter la définition que fait du mot de 
modulation , Diomede Grammairien , 
qui a vécu avant la deftrudion de l'Em- 
pire Romain. La modulation , die cet 
Auteur , eft l'art de rendre la pronon- 
ciation d'une récitation fuivie , plut 
agréable , & d'en faire un bruit plus 
dateur pour l'oreille, (b). Modulatio ejt 
continuatifermonis injucundiorem dicen- 
di rationem artijîcialis fiexus j in dekftctr^ 
bilem audit ui formant converfus, 

< » ) D' M'ific. lib. prlm, 

(b) De ArU Grairm, là, j t çap. *. 

Biij 




£0 Réflexions critiques 

Enfin le terme de modulation avoïc 
parmi les Romains , la même lignifica- 
tion que Carmen ; mot que nous ne fçau- 
jions traduire fuivant fa lignification 
précife , qui vouloit dire la mefure & 
la prononciation notée des vers , parce 
que n'ayant pas la chofe , nous n'a- 
vons pas de terme propre pour la figni* 
fier. Il fera bientôt parlé de ce Carmen. 
Revenons à l'art rithmique , ou à 1» 
modulation proprement dire. 

Nous fçavons comment les Anciens 
mefuroient leur mufique vocale ou 
leur mufique compofée fur des paroles. 
Comme nous l'avons obfervé déjà en 
parlant de la mécanique de la Pocfie , 
les fyllabes avoient une quantité dé- 
terminée dans la langue .Grecque & 
dans la langue Latine. Cette quantité 
ctoit même relative , c'eft-à-dire , que 
deux fyllabes brèves ne dévoient point 
durer plus longtems dans la pronon- 
ciation , qu'une longue; & qu'une fyl- 
labe longue devoit durer aulli long- 
tems que deux brèves. La fyllabe brè- 
ve valoit un tems dans la mefure , Si 
la fyllabe longue en valoit deux, Les 
enfans n'ignorent pas, dit Quintilien» 
que la longue vaut deux tems » & que 



fur la Po'éjîe & fur la Peinture. $ t 
la brève n'en vaut qu'un. Longuam ejjâ 
iuorum temporum , brevem unius etiam 
fueri fciunt. (a) 

Cette proportion entre les fyllabes 
longues & les fyllabes brèves , étoit, 
auflî con fiante que la proportion qui eit 
aujourd'hui entre les notes de diffé- 
rente valeur. Comme deux notes noi- 
r« doivent dans notre mufique durée 
autant qu'une blanche , dans la mufi- 
que des Anciens deux fyllabes brèves 
duroient ni plus ni moins qu'une lon- 
gue. Ainfi lorfque les Muficiens Grecs 
ou Romains mettoîent en chant quel- 
que cdmpofition que ce fût , ils n'a- 
voient pour la mefurer , qu'à fe confor- 
mer à la quantité de la fyllabe furlaquel- 
le ils pofoient chaque note. La valeu* 
de la note étoit déjà décidée par la va- 
leur de la fyllabe. Voilà pourquoi Boë- 
ce (b , qui a vécu fous le règne de Théo 
doric Roi des Oftrogots , & quand les 
théâtres étoient encore ouverts à Ro- 
me , dit , en parlant d'un Compofiteur 
de mufique qui met des vers en chant: 
Que ces vers ont déjà leur mefure en 
vertu de leur figure ; c'eft-à-dire , en 



. 9 , Ci +. 

(bj De Mufic. 1. +. 




c 3. 



Biv 



32 Réflexions critiques 

vertu de îa combinaifon des fyllabetf 
longues & desfyllabes brèves donc ils 
font compofés.. Ut fi. quando melos ali- 
quoâ Muftcus voluiflet afcriberefupra ver- 
JUm ruhinicâ metri campojitiont diften- 
tum , &c. 

D'un autre côté , comme nous l'a- 
vons dit en parlant de la mécanique 
«les vers Grecs & de celle des vers La- 
tins , tout le monde fçavoit dès l'en- 
fance la quantité de chaque fyllabe. 
Chacun fçavoit donc , fans avoir fait 
pour cela aucune étude particulière , 
îa valeur de chaque fyllabe , & ce qui 
£toit la même chofe, de chaque note. 

Quel nombre de tems les Grecs & 
les Romains mettoient-ils dans les me» 
fiues des chants , compofés fur des pa- 
roles de quelque nature que ces chants- 
là puflent être ? Je réponds ; Quant aux 
chants compofés fur des vers > la me- 
fure de ces chants , le nombre des tems 
de chaque mefure fe trouvoit être dé- 
jà réglé par la figure du vers. Chaque 
pied du vers faifoit une mefure. En ef- 
fet , on trouvera dans la fuite le mot 
de pes * qui lignifie un pied , employé 
par Quintilien & par d'autres , pour 
dire une mefure. Il y a néanmoins une 







fur la Poe'fie & fur la. Peinture. 5 3 
objection à faire contre cette explica- 
tion ; c'ef! que fuivant fon contenu , 
les mefures du même chant dévoient 
être inégales dans leur durée , parce 
que les pieds du même vers n'étoient 
pas égaux. Les uns n'avoienc que trois 
tems » tandis que les autres en avoient 
quatre. En effet , les pieds qui n'étoient 
compotes que d'une fyllabe longue & 
d'une brève, ou de trois fyllabes brè- 
ves , ne renfermoient que trois tems , 
au lieu que les pieds compofés de fyl- 
labes longues, ou d'une fyllabe lon- 
gue & de deux brèves , avoient quatre 
tems. Je tombe d'accord que cela ne 
.pouvoit pas être autrement. Mais cela 
n'empêcnoit point que le bateur de me* 
fure ne pût la marquer toujours avec 
juftefle. 

Quant aux chants compofés fur de 
la profe , on voit bien que c'étoic 
aulîi la quantité d'une fyllabe qui dé- 
cidoit de la valeur de la note placée 
fur cette fyllabe. Peut-être les An- 
ciens ne mefuroient-ils pas les chants 
de cette efpèce-là , & lailîbient-ils à 
celui qui battoir., la mefure en fui varie 
les principes de l'art rithmique, la li- 
berté de marquer la cadence après tel 

Bv 



34 Réflexions critiques 

nombre de tems qu'il jugeûit à propos 
de réunir , pour ainu" dire , fous une 
même mefure. Depuis quel tems écri- 
vons-nous la mefure de notre mufique? 
Voilà pourquoi les Anciens mettoient 
la Poëlie au nombre des arts muficaux. 
Voilà pourquoi la plupart des Auteurs 
Grecs & Latins qui ont écrit fur la mu- 
fique , traitent fort au long de la quan- 
tité des fyllabes , des pieds & des fi- 
gures du vers , ainfi que de l'ufage 
qu'on en peut faire pour donner plus 
d'agrémens & plus d'exprelîîon au dit- 
cours. Que ceux qui feront curieux de 
connoître à quel point les Anciens 
avoient approfondi cette matière , li- 
fent ce qu'en a écrit faint Auguftindans 
fon livre fur la mufique. 

D'ailleurs nous apprenons d'Arifti- 
des Quintilianus , 8c nous voyons par 
ce qu'en ont dit d'autres Auteurs , que 
les Anciens avoient un rithme dans le- 
quel chaque pied de vers ne faifoit pas 
toujours une mefure , puifqu'il y avoir 
des mefures compofées de huit tems 
fyliabiques , c'eft à-dire „ de huit brèves 
ou de leur valeur. C'étoit un moyen de 
remédier à l'inconvénient qui naiflbir 
de l'inégalité de durée qui fe rencon- 



fur la. To'cjie (s 1 fur lu Pein tare. 3 f 
trois dans les pieds du même vers. 
Mais comme cela regarde la mufîque 
proprement dite , je renvoyerai mon 
lecteur à ce qu'en a écrit un fçavant 
homme (a) qui joint à une connoiiïance 
profonde de cette fcience , une grande 
érudition. 

Comment les Anciens marquoient- 
ils la valeur des notes de leur mufi' 
que organique ou inftrumentale , puif- 

ces notes ne pouvoient pas y ti- 
rer leur valeur de la quantité de fylla- 
bes fut lefquelles on les auroit placées? 
Je l'ignore ; mais j'imagine comment 
on pourroit donner une valeur certai- 
ne dans la muiîque initrumentale 3 
chaque femeia ou note organique, par 
de;, points placés, foit au-deflùs, foie 
au-deifous, foit à côté; ou bien met- 
tant au-deflùs de chaque note l'un des 
deux caractères qui fervoient à mar- 
quer fi une fyllabe étoit brève , ou ît 
la fyllabe étoit longue , & dont chacun; 
a fçu la figure dès les premières claf- 
fes. Nous parlerons fort au long de ces 
ftmeia , quand nous expliquerons com- 
ment les Anciens éerivoient en notes 

fa] M. Burrrt , it FAcai. i;i EtUti-Lenres , tome 
de jon Rïfi<iif<. 




3 6 Réflexions critiques 

le chant mufical , ou le chant propre^ 

ment dit s &c ce chant qui n'étoit qu'une 

déclamation. 

On fera bien plus curieux d'appren- 
dre une autre chofe , je veux dire la 
manière dont la mufique métrique mar- 
quent les tems dans toute forte de raou- 
vemens du corps. Comment , dira-t'on 
d'abord , les Anciens écrivoient-ils en 
notes les geftes? Comment s'y pre- 
noienc ils pour marquer chaque mou- 
vement des pieds & des mains , cha- 
que attitude & chaque démarche par 
une figure particulière qui désignât dif- 
\inaement chacun de ces mouvemens? 
Je me contenterai de répondre ici , que 
l'art d'écrire les notes en geftes ,. ou , 
fi l'on veut , les Dictionnaires des gef- 
tes (car nous verrons que les Anciens 
avoient de ces Diclionnajres-là, s'il eft 
permis d'ufer de cette expreflïon ) n'é- 
toient point du fort de la mufique rith- 
niique dont il s'agit préfentement. Elle 
jTuppofoit l'art d'écrire les geftes en no- 
tes , un art déjà trouvé & pratiqué. 
C'éroit la mufique hypocritique ou la 
Sahation , qui enfeignoit cette efpéce 
d'écriture. Ainfi nous remettons à en 
parler, que nous traitions de celui des 



fur la Poëfn bfur la Peinture, 3J 
fcrts muficaux que les Grecs nommoient 
Orchefis , & les Romains Saltatio. Com- 
ment , répliquera t'on , la mufique rith- 
mique s'y prenoit elle pour aflervir à 
Une même mefure , & pour faire tom- 
ber en cadence , & le Comédien qui 
lécitoit, & Je Comédien qui faifoït les 
geftes? Je répondrai que c'eft une de 
ces chofes dont S. Auguftin dit qu'elles 
étoient connues de tous ceux qui mon- 
toient fur le théâtre , Se que pour cela 
m 'me il dédaigne de l'expliquer. Mais 
comme nous n'avons plus fous les yeux 
la chofe dont il eft queftion , il ne 
nous eft plus bien facile de conce- 
voir ce que S. Auguftin , dit que tout 
le monde fçavoit de fon rems. Si les 
p ail âges des Auteurs anciens que nous 
rapporterons ci deflous, prouvent que 
l'Acteur qui récitoit, Se l'A&eur qui 
faifoit les geftes , s'accordoient très- 
bien , & qu'ils tomboient en cadence 
avec une grande juirelïe ; ils n'expli- 
quent point la manière dont ils s'y pre- 
noient pour fuivre exactement l'un & 
l'autre, une mefure commune. On trou- 
ve néanmoins dans Quimilien quelque 
chofe des principes fur lefquels ce 
moyen de les accorder , avoit été trou- 
vé Ce établi. 




3 S Réflexions critiques 

II paroît donc , en lifanc un paflagd 
de Quinrilien, que pour venir a bouc 
de mefurer, pour ainfî dire , l'action , 
& pour mettre en état celui qui faifoit 
les gefles , de fuivre celui qui rccitoit, 
on avoit imaginé une régie , qui étoît 
que trois mots valufient un gefte. Or 
comme ces mots avoienc une durée 
réglée , le gefte dévoie avoir ainfi une 
durée déterminée , & qui pouvoit Ce 
mefurer. Voici' le pafifage. (a) Hic *ere- 
res Artifices iliud retfè adjecerutu , ut 
manus cumfenfu à 1 déponent & inciperet; 
alioqui enim aut antevoeem eritgefliiSj aut 
pqfî vocem , quod ejl utrumque déforme. In 
Mo lapfinimiâ fubtilhate Jiint ,quod ïnter~ 
vallum motâs cria verba tjje volueruntyquod 
nec obfervatur , necjîeri potejl ; feâ Mi 
quajîmenfuram tarditatis celeritarifque ali- 
quam effè votuerunt .• nec immerho , ne aut 
àiu otïofa ejfet manus , aut , quod miihifa- 
ciunt , ailionem condnuo motu conciderent. 
» Ceux qui les premiers ont fait pro- 
» feflîon de compofer la déclamation 
» des pièces de théâtre , & de les faire 
*> repréfenter fur la fcène , en ont ufé 
■n très-fagement quand ils ont réglé que 
» chaque gefte commençât avec u» 

( aj Injht, L si. c. -u 




fur la Poejte & fur la Teinture. 3 p 
»> fens ., & qu'il finît en même tems 
» que ce fens-là. Ils ont eu raifon d'in- 
» troduire cette régie ; car il eft éga- 
« lement menant de commencer à 
« gefticuler avant que d'avoir ouvert 
» la bouche , & de continuer à gefti- 
s» culer après avoir ceffé de parler* 
» Il eft vrai que nos Artifans, pour 
» avoir voulu être trop ingénieux , fe 
» font trompés, lorsqu'ils ont réglé que 
»» le même tems qu'il falloit pour pro- 
» noncer trois mots , feroit le tems de 
^ la durée d'un gefte. Voilà ce qui ne 
3> fe fait point naturellement , & c'eft 
^ même ce que l'art ne peut appren- 
» dre à bien pratiquer. Mais nos Arti- 
» fans ont cru qu'il falloit , à quelque 
» prix que ce fût , prefcrire une mc- 
m thode qui réglât la mefure du gefte 
» qui déplaît également , (bit qu'il foit 
» trop lent , foit qu'il foit trop préci- 
» pité , & le principe qu'ils ont établi , 
» eft ce qu'ils ont pu imaginer de 
» mieux, ec 

J'ai traduit le mot tf Artifices J dont fe 
fert ici Quintilien , par ceux qui font 
■prnfefftem de cornpnfer la déclamation des 
pièces de théâtre , Cr de les faire reprêfen- 
ttrfurlafcéne, fondé fur deux raifonî»> 



!5fO Réflexions critiques 

"La. première, c'eft que Quintilien n'ea- 
tend point ici parler des Profeffeurs en 
éloquence , qu'il défigne par d'autres 
noms dans fon inftitution. La féconde, 
c'eft que dans le chapitre où fe trouve le 
partage que je viens de rapporter , 
Quintilien parle très-fou vent des ufa- 
ges pratiqués par les Comédiens , & 
qu'il y appelle Artifices ou Artifices pro' 
nuntiandi ceux qui faifoient profefiion 
die faire repréfenter les pièces de théâ- 
tre. Nous apporterons ci-deflbusun de 
ces pafiages dans lequel Quintilien 
parle fort au long du foin qu'avoient 
ces Artifices pronuntiandi , de donnera 
chaque Comédien un mafque aflbrtif- 
faut au cara&ere du perfonnage qu'il 
devoir repréfenter. 

Voici encore un autre endroit de 
Quintilien , qui peut fournir quelque 
lumière fur les régies que l'art rithmi- 
que donnoit pour mefurer les tems des 
geftes. » Chaque tems de la mefure 
»' pris en particulier , n'afïervit que le 
3' rccitateur obligé à prononcer quand 
î> on lui bat un tems , la fyîlabe qu'il 
*■ doit prononcer fous ce tems - là j 
» mais le rithme affiijétit tous les 
a» mouvemens du corps. Il faut que 






fur la Po'éfie (ffur la Peinture, 4 r 
:» celui qui fait les geftes , tombe en 
dence à la fin de chaque mefure , 
» quoiqu'il lui foit permis de laifler 
3j pafler quelque tems de cette mefu- 
S3 re , fans faire aucun gefte , & qu'il 
» puifle mettre dans fon jeu muet , auïlt 
» fouvent qu'il le veut , de ces fïlences 
» ou de ces repos qui fe trouvent ra- 
rement dans la partie du Récitateur. 
s» Le rithme laifle cette liberté au Gef- 
« ticulateur, qui fe contente, lorfqu'il 
» s'en fert , de compter les tems qu'il 
» laifle vutdes , pour ainfi dire , & 
s» qu'il marque même quelquefois pour 
» les compter plus fûrement , tantôt 
» p«r un mouvement de doigt , tantôt 
>> par un mouvement de pied , laidant 
*> piller ainfi quatre ou cinq tems fans 
3) faire aucun mouvement. C'^/t ce qui 
» a donné lieu à dire une paufe, un re- 
13 pos de quatre tems ^ un rspos de cinq 
» tems. Outre cela , on peut , en fa- 
» veur de celui qui fait les geftes , ral- 
» Ientir encore fans conféquence le 
» mouvement de la mefure ; parce 
9* que , nonobflant ce rallentiiTement , 
» chaque (ïgne , chaque frappé , & 
» chaque levé que fait le Batteur de 
» mefure t n'en vaut pas moins un tems. 








5J.2 Réflexions critique t 

Et quoà metrum in verbis modo * r'uhmut 
etiam in corporis moût eft, Inania quoque 
tempora rithmi faciliùs accipiunt , quam- 
quam hxc fcV in mûris accidunt. Major 
tamen Mis licentia eft , ubi tempora etiam 
animo metiuntur & pedum G* digitorum 
iBu intcrvalla Jignant quibufdam nous * 
atque œflimantquot brèves illitd fpatium 
habeat , inde Tetrafemeïon & Pentafe- 
meïon. Deinceps longiores fiunt percufio- 
nes ." Nom Semeïon tempus eft unum (a) t 

Quoique le fait, comme je l'ai dé- 
jà dit , foit certain , il ne m'eft pas pof- 
lîble d'expliquer pleinement la métho- 
de enfeignée par l'art rithmique , pour 
faire agir d'un concert fi partait l'Ac- 
teur qui parloit , & l'A&eur qui faifoit 
les geftes. Peut-être joignoit-on au 
caraâère qui défignoit le gefle que de- 
voit faire l'Acteur t un autre caractère 
qui marquoit le tems que le gefte de- 
voit durer* 

Quant au mouvement dont les An- 
ciens faifoient autant de cas que Mon- 
sieur de Lulli , Monfîeur de la Lande 
& nos autres bons Muficiens François , 
il meparoît impoflible que les Grecs 
& les Romains l'écriviflent , pour ainfi 

(a) I/j/F. lib. s. c.+* 



fur la Poëjïe &fur la Peinture. îf£' 



& 



Us pu fient 



pre 



cire , en noces 
crire , par le moyen d'aucun caractère * 
la durée précife que devoit avoir cha- 
que mefure. Il falloit que , comme 
nous , ils s'en rapportaient au goût & 
au jugement de celui qui battoic la me- 
fure , à celui qui faifoit une profeflîon 
particulière de l'Art rithmique. II eft 
vrai que quelques MuCciens modernes 
ont cru pouvoir trouver le fecret d'en- 
feigner autrement que de vive voix , 
la durée que devoit avoir un air , & 
d'apprendre par conféquent même à la 
poltérité le mouvement dont il falloit 
le jouer; mais c'étoit en fe fervanc de 
THorlogerie que ces Mufîciens préten- 
doient venir à bout de leur projet. Ils 
vouloient, par exemple » en marquant 
combien de fécondes dévoient durer 
les vingt premières mefures de la Cha- 
ccnne de Phaëcon , enfeigner le mou- 
vement dont il falloit battre la mefure 
de cet air de violon. Mais fans difcu- 
ter la pofiïbilité de ce projet , je me 
contenterai de dire que les Anciens ne 
pouvoientpas même l'imaginer» par- 
ce que leur Horlogerie étoit trop impar- 
faite pour leur laitier concevoir une pa- 
reille idée, Cn fçait que loin d'avoir des. 




44 Réflexions critiques 

Pendules à fécondes , Us n'avoîent par 
même d'Horloges à roue , & qu'ils ne 
mefuroient le tems que par le moyen 
des Cadrans au foleilj des Sables & 
des Clepfidres. 

Nous fçavons que les Anciens bat- 
toient la mefure fur leurs théâtres, &c 
qu'ils y marquoient ainfi le rithme que 
l'Acte er qui récitoit , l'Acteur qui fai- 
foit les geftes , les Chœurs & mêmes 
les Inftrumens dévoient fuivre comme 
une régie commune. Quintilien , après 
avoir dit que les geftes fonr autant af- 
"fujettîs à la mefure , que les chants mê- 
mes , ajoute que les Acteurs qui font 
les geftes , doivent fuivre les lignes 
qui marquent les pieds , c'eft-à-dire , 
la mefure qui fe bat , avec autant de 
précifion que ceux qui exécutent le» 
modulations. Il entend par- là les Ac- 
teurs qui prononcent , ôc les inftru- 
mens qui les accompagnent. Âcqui cor- 
poris motuifua quxdam tempora, & aifi- 
gna peium non minus faltationi quâm 
modulationibus adhibet ratio mufica nu- 
meros. 

Nous voyons d'un autre côté deux 
partages de celui des ouvrages de 0)Lu- 

a) la OrçhtjL 




fur la Po'êjîe & fur la Peinture. 45 
cie.i , que nous appelions en Fran- 
çois le Traité de la Danfe , Ça) & qui 
eft Téloge de Tare des Pantomimes , 
qu'il y avoir auprès de l'Adeur qui 
reprélentoit , un homme chaufle avec 
des fouUers de fer , & qui frappoit du 
pied fur le théâtre. Toutes les conve- 
nances portent donc à croire que c'é- 
toit cet homme-là qui battoir avec la 
pied une mefure dont le bruit devoit 
fe faire entendre de tous ceux qui dé- 
voient la fuivre. 

( a ) Viytl le iifiowifur k Rithmt de M. Burette. 



SECTION III, 

De la Mujique Organique ou ïnflrw 
mentale, 

I l feroit inutile de traiter ici de la 
ftru<5ture des inftrumens à vent ou à 
corde dont les Anciens fe fervoient. 
La matière à e'té comme épuife'e , foit 
par Bartholin le fils, dans for» Traité 
des Inftrumens à vent de l'antiquité , 
(bit par d'autres Sçavans. Je crois mé- 
gie à propos de remettre ce que j'ai à 








46 Réflexions critiques 

dire concernant l'ufage que les An- 
ciens faifoienc de leurs infrrumens- 
pour foutenir par un accompagnement 
les Aéteurs qui déclamoient , à l'en- 
droit de cet ouvrage où je traiterai de 
l'exécution de la déclamation compo- 
fée & écrite en notes. En effet , com- 
me une des preuves les plus convain- 
cantes que je doive apporter pour fai- 
re voir que les Anciens compofoient 
& qu'ils écrivoient en notes la fimple 
déclamation théâtrale , eft de montrer 
que cette déclamation étoit foutenue 
d'un accompagnement : Je ferois obli- 
gé , lorfque je viendrai à traiter de 
l'exécution de cette déclamation , à 
faire relire les mêmes paflàges s & à 
répéter les mêmes réflexions dont je 
me ferois déjà fervi , fi je -parfois ici 
de l'accompagnement. Je me bornerai 
donc à dire quelque chofe des compo- 
rtions muficales des Anciens , qui n'é- 
toient point faites fur des paroles, & 
qui ne dévoient être exécutées que par • 
des inftrumens. 

Les Anciens avoient la même idée 
que nous fur la perfection de la Mufi- 
que, & fur l'ufage qu'il étoit poflible 
d'en faire, Ariftides Quintilianus , en 



ptr la Potjîe & fur la. Peinture. 4.7 
parlant de plusieurs divilions que les 
Anciens fai (oient de la mufique conli- 
dérée fous différens égards , dit que le 
chant , que la mufique , par rapport à 
l'efprit dans lequel elle a été compofé, 
& à l'effet qu'on a voulu lui faire pro- 
duire , fe peut partager en mufique qui 
nous porte à l'affliction ; en muhque qui 
nous rend gais , & nous anime; & en 
mufique qui nous calme en appaifant 
nos agitations. Nous rapportons ci-del- 
fous ie paflage d'Ariftides, 

Nous avons obfervé déjà dans le pre- 
mier volume de cet ouvrage que les 
fymphonies étoient fufceptibles „ ainfi 
que le font les chants muficaux com- 
pofés fur des paroles , d'un caractère 
particulier qui rendent ces fymphonies 
capables de nous affecter diversement , 
en nous infpirant tantôt de la gay été , 
tantôt de Ta triftefle , tantôt une ardeur 
martiale , 6c tantôt des fentimens de 
dévotions : » Le Ion des inftrumens , 
• écrit Quintilien , l'Auteur le plus ca- 
» pable de rendre compte du goût de 
» l'antiquité, nous affecte, & bien qu'il 
:j ne nous faiTe pas entendre aucun 

K, il ne laiffe point de nous inf» 
r. divers ferjtjraens, 33 Cutn or aanis 



'4S Réflexions critiques 

quibus ferma exprime non potefl j ajjic, 
animai in diverfum habitumfenliamus (a). 
*> C'elt en vertu des loix de Ja natu- 
m re , dit dans un autre endroit l'Au* 
m teur que nous venons de citer , que 
sa les tons & la mefure font tant d'effet 
>3 fur nous. Si cela n'étoit point , pour- 
»3 quoi les chants des fymphonies qui 
» ne nous font point entendre aucune 
j> parole , pourroient-ils nous émou- 
a> voir à leur gré , aind qu'ils le fçavenc 
»» faire ? Dira-t'on que c'eft par un pur 
s> effet du hafard , que dans les fêtes . 
*» certaines fymphonies échauffent î'i- 
» maginatîon , en mettant les efprits en 
« mouvement , & que d'autres fy mpho- 
» nies tes appaifent& les calment/N'eft- 
» il pas évident que ces fymphonies ne 
« produifent des etfets fi différens , que 
3> parce qu'elles font d'un caractère op- 
s> pofé. Les unes ont été compofées 
3> pour être propres à produire un cer- 
r tain effet , & les autres pour être 
» propres à produire un effet contraire. 
dj A la guerre , lorfqu'il faut faire mar- 
33 cher les troupes en avant , les inftru- 
sî mens ne jouent pas un air du même 
» caradère que celui qu'ils jouent , 

(j) I#r.lï&.jr. cap. i a . 

w lorfqu'U 



fu r ht Poëfie &fu r la Peinture. 4$ 
»> lorsqu'il faut qu'efies fe rerirent. L'air 
3j que fonnenc nos inftrumens militai- 
» res , quand il faut demander quartier » 
» ne reflemble point à celui qu'ils fon- 
sj nenr quand il faut aller à la charge. 
(a) Naturâ ducimur ad modos, neque aliter 
tnim ei'eniret ut Mi cfuoque organorumfoni 
quanquam verba non exprimunt , in altos 
oifue altos ducerent motus auditoremjn csr- 
tamïnibusfacris, non eâdem ra'ione conci- 
liât animos & remittunt, nec eofdem mo- 
is: adhibent cum bellicum tjl canendum » 
tut pojito genu fupplicandum , nec idem 
jignorum eencemus eft procedente adprcc- 
lium exerciru , idem receptui canenre. 
Comme les Anciens n'avoient point 
d'armes à feu dont le bruit empêchât 
les foldats d'entendre , durant l'action , 
le fon des inftrumens militaires dont 
on fe fervoit à la fois pour leur faire 
connoître le commandement , & pour 
les encourager ; les Anciens faifoient 
fur cette partie de la guerre , une at- 
tention & des recherches qu'il feroit 
inutile de faire aujourd'hui. Le fracas 
du canon & de la moufqueterie , em- 
pêche fouvent qu'on entende même 
l«s fignaux que doanent plufieurs tanv 

(I) InJI. tib.f, CBjf. +. 

Tomt III. C 







5*0 Réflexions critiques 

bours ou plufîeurs trompettes qui bat* 
tent , ou qui Tonnent enfemble. Les 
Romains furtout fe piquoienc d'ex- 
celler dans les airs militaires. 

Quinnlien , après avoir dit que de 
grands Généraux n'avoient pas dédai- 
gnes de jouer eux-mêmes des inflru- 
mens militaires t Se qu^on faifoit un 
grand ufage de la mufiqûe dans les ar- 
jnées Lacédémoniennes , ajoute : m Les 
>> trompettes Se les corps qui font dans 
D3 nos Légions fervent-ils à autre cho- 
53 fe ? N'eft il pas même permis de croi- 
p> re que c'eft au talent de faire ufage 
>j desinftrumensdeguerre, lequel nous 
»> pofTédons fupérieurement aux autres 
» nations , qi^eft due en partie la ré- 
s> putation de la Milice Romaine, u Du- 
ces maximes &* jîdibus & tibiis ceainiffe 
traditum , £r exercitus Laceiemoniorum 
Mufuis accenfos moâis î Quid autem 
aiiuâ in nojlr'u Legionibus cornua ac tu- 
ftx'faciunt, quorum concentus quanta ejl 
vehementior , tant à Romana in bellis gIo~ 
rut exteris prajht ? (a) 

Tite-Live raconte un fait très-propre 
p. confirmer ce que dit Quinrilien. An- 
njbal ayant furprisla ville de Tarer? te • 

(5J htf.u, tib.frim, et?. ;., 



fur la Poë/fc Gr far la Peinture.. ; i 
far les Romains » il ufa d'un frracagè- 
i€ pour empêcher la garni Ton de fe 
; la forrerefle de la place, Se 
■ prifonniere de guerre* 
il avoit découvert que (e quar- 
emblée des Romains , en cas 
mprévue > étoit le théâtre de 
t fonner le même air que 
Romains faiiolent tonner pour s'aC- 
mbler : mais les Soldats de la garni- 
n reconnurent bientôt à la mauvaife 
ère avec laquelle la trompette 
i'Ouchée j que ce n'étok pas 
ta Romain qui en fonnoit , de fe dou- 
i de la rufe de l'ennemi , ils fe 
la fortereile , au lieu 
La place d'armes. 
Longïn parle de la mufique organi- 
que , (a) comme nous pouvons parler 
r>tre mulîque inftrumentale. Il dit 
les fymphonies touchent , quoi- 
ne foient que de hmples imî- 
-13 d'un bruît inarticulé , & s'il 
Êrat parler ainfi t des fons qui n'ont 
:e demi-vie , que la moitié de leur 
fere. Cet Auteur entendoi: par fons 
fsrfaixs , auxquels il oppofe les fons 
d« fvmphonies qui n'ont qu'un J;rc 

-, çhJp, ft. 

Cij 



ri Réflexions critiques 

imparfait , les fons des récits en muG- 
que, où le Ton naturel étant adapté à des 
mots , fe trouve joint avec un fon articu- 
lé. Voici ce qu'ajoute Longin au paflage. 
que nous venons de rapporter :Etde vrai 
ne voyons-nous pas que le fon des inflru- 
mens à vent f remue Came de ceux qui les 
entendent * qu'il les tranfporte hors d'eux- 
mêmes J 0" qu'il les fait entrer quelquefois 
en une efpéce de fureur f Ne voyons- nous 
pas quil les contraint de conformer les 
jnouvemens de leur corps au mouvement 
fit la mefure t £r quil leur arrache fouvent 
des dèmonfirations involontaires ? La mu- 
Jîque injîrumentale agit donc fenfihltmeni 
fur nous , puifquc nous lui voyons faire 
X effet que le Compojïteur a voulu qu'elle 
prçduidt. Quoique les fons de cette mufi- 
que qui ne font point articulés , ne nous 
fajfentpas entendre des mofs qui réveillent 
en nous des idées précifes , néanmoins fes 
fons v fes accords jfon ritfime excitent en 
nbus plufîeurs (entiment d'tférens, Ces imi- 
tations inarticulées nous remuent autant 
que les phrafçs d'un Oraieur nous remue-t 
fàient. 

Je vais encore rapporter un endroit 
et Macrobe qui pourroit paroîtrç inu- 
jjjle, parce qu'il ne dit que la rot-mç 



fur la Po'èjle Gffur ld Pdntute. $ ? 
chofeque les pafTages de Quintilien & 
de Longin qu'on vient de lire ; mais il 
m'a femblé propre à fermer la bouche 
à ceux qui voudroient douter que les 
Anciens fongealfent à tirer de la mu- 
fique toutes les expreffions que nous 
voulons en tirer , & qu'ils euflènt com- 
munément de cet art la même idée qu'en 
avoient LulH 6c la Lande. Puifqu'on 
ne fçauroit produire les fymphonies 
des Anciens , perdues par l'injure des 
tems , nous ne fçau rions juger du mé- 
rire de ces fymphonïes , que fur le 
rapport de ceux qui les entendoient 
tous les jours , qui voyoient l^efrec 
qu'elles produifoient , & qui fcavoienc 
encore dans quel efprit elles avoient 
été compofées. 

?> Le pouvoir que le chant a fur noua 
» elt fi grand , c*eft Macrobe qui par- 
» le , qu'on fait jouer aux inftrumens 

* militaires un air propre à réchauffer 

* le courage , lorlqu'il faut aller à la 
» charge ; au lieu qu'on leur fait jouer 
» un air d'un caractère oppofé , lorf- 
» qu'il faut faire une retraite. Les fym- 
» phonies nous agitent, elles nous ren- 
» dent gais ou inquiets , & même elles 
» nous font dormir. Elles nous cal- 

Citj 



it mem< 



J5"4 Réflexions critiques 

33 ment , elles nous foulagent 
™ dans les maladies du corps. « ha (a, 
denique omnishabitus anima cantïbusgu 
bernatur, ut Cr ad bdlum progrejfui J 6 
item receptui canatur cantuaù 1 excitante 
fï rurfus fedanu virnuem. Dat fomm 
fldimitqut „ menon curas imminit & rt 
trahit J tram J uggerh J clementiamfuadet 
corporum quoque morbis medetur. 

Comme il arrive quelquefois que le 

maladies du corps font caufées ps 

les agitations de l'efprit , il n'eft pr 

furprenant que la mufique , en foula 

géant les maux de l'efprit , aie foulage 

& même qu'elle ait guéri en certaine 

circonftances les maladies du corp 

Que la mufique diminue , qu'elle dit 

pe nos chagrins & notre mauvaife h 

meur, chacun en eft convaincu par 

propre expérience. Je fçai bien qt| 

les circonftances où la mufique pe 

agir avec efficacité fur les maladied 

font rares , & qu'il feroit ridicu 

d'ordonner des airs & des chanfon 

comme on ordonne les purgations 

la faignée. Auflî les Auteurs ancie 

qui parlent des guérifons opérées p 

la vertu de la mufique , en parient- 

( A ) In formu Scijion* lib, a t cajf 1. 



fat la Vcefit Zrfur la. Peinture, ff 
comme de cures extraordinaires. 

Enfin , comme il eft quelquefois ar- 
rivé de nos jours des miracles de cet- 
te efpéce > les Anciens font pleinement 
à couvert du foupçon d'avoir cru , 
concernant les guérifons dont il s'agit , 
ce qui n'étoit pas , ou de nous avoit 
débité des fables comme des hiftoires 
véritables. Pour le dire en paflant J ce 
point-là n'eft pas le feul fur lequel no- 
ue propre expérience les ait défendus 
contre i'accuiation d'impofture ou de 
crédulité". Pline l'Hiftorien n'a-t'il pas 
été juftifié contre plufieurs aceufations 
de cette nature , que les critiques du 
feiziéme fîécles avoient intentées con- 
tre lui ? Pour revenir à la guérifon 
de quelques maladies parla mufïque ; 
les mémoires de l'Académie des Scien~ 
ces qui ne font point écrits par des 
perfonnes qui croyent légèrement , 
font mention fur l'année 1702 & fur 
l'année 1707 , de guérifons opérées ré- 
cemment par la vertu de la mufique. 

On trouve dans Athenéé , dans Mar> 
tianus Capella , & dans plufieurs autres 
Ecrivains anciens , des récits furpre- 
nans de tous les effets prodigieux que 
produifoit la mulîque des Grecs & celle 

Civ 



■ 



•j 6 Réflexions critiques 

des Romains. Quelques modernes ; 
comme Monfieur Meibomius & Mon- 
fleur Bartholin le fils , ont même ra- 
maffé ces faits dans leurs ouvrages. 
On peut donc lire à ce fujet le Recueil 
de plusieurs Auteurs anciens qui ont 
écrit fur la mufïque , publié & com- 
menté par le premier j & le livre de 
Tibiis veterum , écrie par Gafpard Bar- 
tholin. Si Monfieur le Févre de Sau- 
mur avoit pu voir ce dernier livre 
avant que de faire imprimer fon com- 
mentaire fur Térence , peut-être n'y 
auroit-il pas inféré les beaux Vers La- 
tins qu'il avoit faits contre la Flûte an- 
tique, & contre ceux qui veulent en- 
treprendre d'en expliquer la ftruclure 
& l'ufage. 

Il elt bon de fe refïbuvenir, en lifant 
les ouvrages dont je viens de faire 
mention , que c'étoit fur des Grecs 
ou fur leurs voifins que la mufique 
produifoit des effets fi merveilleux» 
On fçait que les organes de l'ouie ont 
plus de fenfibilité dans ces pays-là , que 
dans les contrées où le froid & l'humi- 
dité régnent huit mois de l'année. 
Comme la fenfibilité du cœur eft égale 
ordinairement à celle de l'oreille , les 




^m 



fur la Poëfîe &fur ta Peinture, fy 
hàbitans des pays fîtués fur la mer 
Egée & fur la mer Adriatique font auflî 
naturellement plus difpofcs à fe paf- 
fionner que nous. Il n'y a pas fi loin 
de l'iïle de France en Italie. Cepen- 
dant un François remarque d'abord , 
quand il eft en Italie , qu'on y applau- 
dit aux beaux endroits des Opéra, 
avec des tranfports qui paroîtroient 
dans fon pays les faillies d'une troupe 
d'infenfés. 

Au contraire , nous avons du côté du 
Nord des voifins qui font naturelle- 
ment moins fenfibles que nous au plai- 
fir d*entendre de la Mufique. A en ju- 
ger par les inftrumens qu'ils aiment 
davantage , & qui nous font prefquç 
infapportables , foît à calife au trop 
granû bruit qu'ils font , foit à caulô 
de leur peu de juftelTe & leur peu d'é- 
tendue, i! faut que ces voilïns ayent 
déjà l'oreille plus dure que nous. Trou- 
verions-nous , communément parlant , 
un concert exécuté par des Trompet- 
tes placés dans le lieu même où nous: 
mangerions , un bruit fort agréable? 
Aimerions-nous dans un cabinet un 
Clavecin dont les touches , au lieu dé 
faire raifonner des cordes de'hl-d'ar- 

Cv 



5 3 Réflexions critiques 

chai , feroient fonner des clochettes? 
Je dis communément , parce qu'étant fi- 
tués entre l'Italie & les pays dont j 
viens de parler, il e(t naturel que nous 
ayons des compatriotes qui tiennent 
les uns des Italiens, & les autres des 
peuples qui font à notre Septentrion, 



SECTION IV. 

De l'Art ou de la Mujîque poétique. De 
la Mélopée. Qu*il y avoit une Mélopée ^ 
qui n'était pas un chant mujîcal v quoi- 
qu'elle s'écrivit en notes» 

- 

\J n a vu , par l'énumératîon & par 
la définition des arts muficaux, que la 
mufique poétique , prife dans toute 
fon étendue , ne faifoit qu'un feu! & 
même art parmi les Grecs j mais que 
parmi les Romains elle faifoit deux 
arts diftin&s ; fçavoir , Tan de com- 
pofer des vers métriques de route for- 
te de figures i & la mélopée , ou Fart 
de compofer la mélodie- Comme dans 
notre premier volume nous avons dis- 
couru fort au long fur les régies que les 



fir U Poëfic y fur la Peinture, yj 
Anciens fuivoienc dans Ja conlrruâion 
de Jeurs vers „ nous ne parlerons point 
ici du premier des ans , compris fous 
le nom de rnufique poétique ; & nous 
contenterons de traiter du fé- 
cond de ces ans, de celui qui enfei- 
compofïtion de la mélodie , 
& léchant ou la manière d'exécuter la 
mélodie. 

AriitidesQuintilianusdit , dzn, î'en- 
droic de fon ouvrage où il traite de 
la mélopée , qu'elle appienoit à com- 
pofer le chant , & qu'elle avoit des 
épithétes nés , fuivant le ton 

^quel elles étoient compofe'es. Par 
m à ce ton une mélopée s'appel- 
loic la baffe* l'autre , la moyenne; & 
nlïéme, la haute. Nhhpxïa ejt fa- 
■nii canrum. Hujus alla, ejî 
ttypatotiei , alia Mejoïdet J alia Ne:oï- 
its , feeundûm prxâïftas vocis propriétai- 
res Anciens ne divi fuient point 
comme nous , par Oflavtt , le fyftème 
géne'ral de leur rnufique. Leur gamme 
compofée de dix- huit fons , donc 
chacun avoit un nom particulier , ainfï 
nous ferons obligés de le dire dans 
Un des plus bas de ces fons 

Cvj 




6o Réflexions critiqua 

s'appelloit Hypaté, & un des plus hauts 
s'appelloit Nété. Voilà pourquoi Arifti* 
des nomme la mélopée bafle , la Mélo- 
pée Hypathoùde ,• & la mélopée haute , 
la mélopée Néto'ide. 

Notre Auteur , après avoir donné 
quelques règles générales fur la compo- 
sition , & qui corn iennent aullï bien aux 
chants , qui , pour ainfi dire , ne fe 
chantent point , c'eft à-dire , à la lïmple 
déclamation , qu'aux chants mu lie aux, 
ajoute : Dijfert autem Msiopœia à Melo- 
âia , quàd hœc Jît cantâs irtdicium , UU 
habitai effeèltvus. Modi Mdopaïtz génère 
quidam jïtnt très , Dittiyrambicus , No~ 
micus ., Tragicus , quorum Nomicus mo- 
dui eji Netoides , Dithyrambiais MeÇoi- 
des , Tragicus Hypathoïdes i Çpecie verb 
reperiuntur plures qui ob Jîmilitudinem ge- 
neralibus fubjici pojjimt, Amatoni enim 
quidam vocantur ad quos pertinent Nup- 
tiales * £r Comici , &* Encomiaftici. (a) 
n La différence qui eft entre la mélo- 
» pée & la mélodie , confifte en ce que 
3' la mélodie efl: le chant même écrit 
si en notes ; & la mélopée , l'art de le 
*> compofer. La mélopée peut fe divi- 
sa fer par rapport au ton fur lequel elle 

(si) Lib* prin t p, aj>. 



fur la Vo'ifie £rfur la Peinture. <5ï 
» compofe , en mélopée Dichyrambi- 
« que y en mélopée Nomique , & en 
» mélopée Tragique. La mélopée No- 
* mique (c'eft , comme on le verra, 
» cefle dont on fa i l'oit ufage dans la 
>» publication des loix ) cor.pofe fut 
» les tons les plus hauts ; la Dithyram- 
» bique compofe fur les tons du mi- 
» lieu ; & la Tragique, fur les tons les 
» plus bas. Voilà les trois genres de 
» mélopée > qui peuvent fe fubdivifer 
» en plufiaurs efpéces, à caufe de quel- 
=? que différence qui fe rencontre entre 
» des mélopées comprifes fous le mê- 
» me genre. Telle eft la mélopée des 
» vers tendres qui comprend celle des 
» Epitalames ; telle eft encore la mé- 
» Iopée des vers comiques, Se celle des 
>j Panégyriques, « Ainfi la mélopée 
étoic la caufe , & la métodie l'effet. 
A la lettre, mélopée fîgnifioit la com- 
pojithndes chants , de quelque nature 
qu'ils fuiïènt ; & mélodie , des chants 
compofés. Ainfi l'on ne doit pas être 
furpris de trouver quelquefois Mélo- 
pée , où il auroit fallu écrire Mélodie. 
C'eft le nom de la caufe mis pour le 
uom de l'effet. 

Rapportons» pour commence* l'ex- 



^m 



62 Réflexions critiques 

plication du partage d'Ariftide, quel- 
ques endroits du Livre que Mnrtianus 
Capella a compofé en latin » concer- 
nant les Lettres & la Mulique (a). Cet 
Auteur eft véritablement pofrérieur 
à Quintilianus Ariftides ; mais il a vé- 
cu avant Bocce qui le cite» & cela fuf- 
iit pour le rendre d'un grand poids dans 
la matière dont il eft queftioiï. Suivant 
Capella , Mebs 3 nom d où viennent & 
mélopée & mélodie, figiiifioielaliaifon 
du Ton aigu avec le fon grave* Melos 
efinexus acutioris & gravions font (b). Je 
cite le texte de Capella , luivant les 
corrections qu'il y faut Taire, au fend- 
aient de M. Mei'bomius. Comme la 
fïmple déclamation confifte, autîî-bien 
que le chant proprement dit , dans une 
fuite de tons plus graves ou plus aigus 
que le ton qui les a précédés , & qui 
(ont liés avec art entr'eux, i! doit y 
avoir de la mélodie dans la fimple dé- 
clamation auflï bien que dans le chanc 
proprement dit ; & par conféquenr une 
efpéce de mélopée qui en feigne à bien 
faire la liai (on dont parle Capella , 
c'eft-à dire , à bien compofer la décla- 

<d) De Nuptiis Pkilalog. 
{b) In ncris ad Ariji. p. : +3. 



^m 



fur la Poëjîe &• fur ta Peinture. 63 
rnation. Rapportons de fuite tout le 
paiïage où le trouvent les paroles qui 
viennent d'être citées. Melopaïa eft ha- 
biius modulaiionis ejfèflivus ., Mêles au- 
tem ejî nexus acuthris vel gravions foni. 
Modulatio ejî foni multiplias expreffio, 
Melopxïxjpeciesfunt très ., Hypathoïdes , 
Mefoïdes _, Netoïdes. Et Hypatoïdes ejî 
qux appeUatur Tragica , qux per gravio- 
ns fonos confiât j Mefoides qux Difky- 
rambica nominatur , qux tonos xquales 
mediofque cujlodit ; Netoïdes qux & No- 
mica confuevit vocari , qux plures fonos 
ex ultimis recipit. Sunt etiam & alia dif- 
lanùx qux ttopica Mêla dicuntur ., alix 
Comiologica ; fed haie aptiùs pro rébus 
fubrogantur > necfuas magis poterum divi- 
ftones ajferre, Hx autemfpecies etiam tro- 
p't dicuntur, Dijjentiunt autem Melopxïx 
ipfx modis pluribus interfe ; Et génère + 
ut aliajit Enarmonica , alia Chromatica , 
-a lia Diatonica ; Specie quoque *quia alla 
ejî Hypatoïdes , alia Mefoides , alia- Ne- 
toïdes j Tropis ut Dorio j Lydio * vel exte- 
ris. (a) » La mélopée eft l'art de com- 
x pofer la modulation. Le melos eft la 
» liaifon du Ton aigu avec le Ton gra- 
» ve. La modulation eft un chant va? 



{a) yiif norni Mcïlora, p. 3i9- 





J 1 ? 



64 Réflexions critiques 

» rié , cômpofé & écrit en notes. 
» a trois efpéces de mélopée, La Tra- 
îj gique ou l'Hypatoïde qui employé 
y communément les fons les plus 
ai bas. La Dithyrambique ou la Mefoï* 
a» de qui employé les fons mitoyens , 
r> & dans laquelle la progreiïïon du 
s» chant fe fait le plus fouvent par des 
■*» intervalles égaux ; & la Nomique oa 
= la Nttlioïde , qui empbye plufieurs 
» fons des plus hauts. Il y a encore 
» quelques efpéces de mélopée ., corn- 
ai me la Comique , mais qui peuvent 
» fe ranger fous les trois genres dont 
» il vient d'être parlé , quoique cha- 
» cune efpéce ait fon ton propre. Ce 
» n'eft pas feulement à l'égard du ton , 
« que les mélopées peuvent être divi- 
sa fées en difrérens genres ; car fi par 
s» rapport à ce ton , elles fe partagent 
3-3 en baffes, en moyennes & en hau- 
3> tes, elles fe divifent aufiï par rapport 
a> aux intervalles qu'elles obfeivent, 
m en Diatoniques , en Chromatiques 
a» & en Enarmoniques; & par rapport 
a> aux modes , en mélopées Phrygien- 
s> nés , en Doriennes , & en Lydien- 
s»nes. a 

Notre Auteur , après avoir ajouté à 



fur la Poëjîe tyfur la Peinture* 6 ç 
CC qu'on vient de lire , quelques a\ h 
furlacompofition, paffe, comme ayant 
dit tout ce qu'il avoit à dire fur la mé- 
lopée , à ce qu'il avoit à dire fur le 
le. 
Pour retourner à Quintilianus Arif- 
, voici ce qu'il ajoute avant que 
de traiter du rithme , à ce qu'il avoit 
déjà dit de la mélopée : Porro Mtlo- 
f cette mterfe différant génère , ut Chromati- 
co , Enarmonitt « Syflemate , ut Hypa- 
lotdes , Mefoides , Netoïiei : Tono t ut 
Dorius * Phrygius t Lydius : Modo j ut 
Nomico , Dithyrambico , Tragico : More, 
ùm dicimus aliam ejfe Syjialticem , per 
quam trifles animi affèftus movemus ; 
n DuijîciUicem jftf quam animum sx- 
■ '■■ tus» ctliammtâiam^per quam animum, 
td quietem adducimus, <c Les mélopées 
» peuvent à plufieurs égards être divi- 
h fées en des genres différens, Jl y en 
■ a qui font Diatoniques , d'autres 
harmoniques , & d'autres Chroma' 
9 tiques. Les mélopées , par rappoi 
»au ton du fyflème général fur le- 
» quel eltes font compofées , fe parta- 

tnt en mélopées dont la modula* 
eit hante . en mélopées dont la 
»• modulation eft baflc , & en mélo- 





66 Réflexions critiques 

33 pées dont la modulation eft moyen- 
3> ne. Par rapport au mode , les unes 
» font Prygiennes , les autres fontDo- 
33 riennes , & les autres .font Lydien- 
» nés j &c. Par rapport à la manière 
.»> dont le mode eft traité, les mélopées 
*» fe partagent en mélopées Nomiques , 
3> en Tragiques & en Dithyrambiques. 
» Enfin les mélopées , par rapport à l'in* 
»» tention du compofiteur , par rapport 
3> à l'effet qu'elles veulent produire , 
s> fe peuvent divifer en mélopée Syftal- 
» tique , qui eft celle qui nous porte 
» à l'affliction ; en Diaftaltique , qui 
" eft celle qui nous égayé Fimagi- 
» nation , & qui nous anime j & en mé- 
" lopée moyenne , qui eft la mélopée 
" qui compofe une mélodie propre à 
33 calmer notre efprit en appaifant Ces 
» agitations. « 

De toutes ces différentes divifioni 
de la mélopée confidérées fous diver- 
fes faces , il n'y en a qu'une à laquelle 
il nous convienne de nous arrêter ici ; 
celle qui la partage en mélopée baffe 
ou tragique ., en mélopée moyenne ou 
dithyrambique , & en mélopée haute 
ou nomique , & qui par conféquent 
partage aufii les mélodies en trois 




^m 



fur la Pûëfie &fur la Peinture, fij 
genres de même nature» Comme ie dit 
Arifhdes Quinrilianus , & conime nous 
J avons déjà oblervé s la mélopée écoit 
la caufe , & la mélodie Ton effet. Il 
devoir par conféquent y avoir autant 
de genre de mélodie qu'il y avoir de 
genre de mélopée. 

Dès qu'on lit avec quelque réflexion 
les paflàges d'Ariftides & de Capella , 
où la mélopée eft divifée en Nomi- 
que , en Dithyrambique & en Tragi- 
que , on voit bien que toutes leurs mé- 
lodies ne pourroienc point eue des 
chants muncaux, & que plufieurs d'en- 
tre elles ne dévoient erre qu'une (im- 
pie déclamation. On voit qu'il n'y 
avoir, que la mélopée Dithyrambique 
.qui composât des chants proprement 
dit?. 

En premier lieu , fuppofé que quel- 
ques-unes des mélopées qui étoient les 
efpéces du genre Tragique , compo- 
iaflent des chants proprement dits , on 
ne fçauroit au moins difeonvenir que 
quelques-unes de ces efpéces necora- 
pofaflent feulement une (impie décla- 
mation. Il n'y a point d'apparence que 
le chant àes Panégyriques , qui étoient 
une des efpéces de mélodies que lamé- 



68 Réflexions crhiquei 

lopée baffe ou la mélopée tragique corn- 
pofoit » fût véritablement un chant 
mufical. Quant au chant des Comé- 
dies 5 qui étoit une autre efpéce de la 
mélodie tragique , nous prouverons in- 
vinciblement ci-defïbus que le chant des 
pièces Comiques des Anciens.bien qu'il 
s'écrivît en notes t & que FAfteur qui 
le récitoit fût foutenu d'un accompa- 
gnement , n'étoit au fond qu'une décla- 
mation , & même une déclamation des 
plus unies. Il y a plus. J'efpére de faire 
Voir que la mélodie des pièces tragi- 
ques des Anciens n'étoit pas un chant 
mufical ; mais une (Impie déclamation. 
Ainfi il n'y avo'tt peut-être pas dans te 
genre des mélopées Tragiques , aucune 
efpéce de mélopée qui composât un 
chant mufical. 

En fécond lieu , la mélodie Nomi- 
que ne pouvoit pas être un chant mu- 
fical. Son nom de Nomique ou de Lé- 
gale lui aura été donné , parce qu'on 
s'en fervoit principalement dans la pu- 
blication des loix : Se Nomos fignifie 
une Loi en langue Grecque, Le ton fur 
lequel la mélopée haute , ou la Nomi- 
que , compofoit , étoit d'ai'leurs très- 
propre à faire encendte plus diftincte-; 



fur la Po'djie & fur la Peinture. 6p 
ment , & par plus de monde , Je Crieur 
public , lorfqu'il récitoit une loi. 

Quand on connoît qu'elle étoic la 
delicatefle des Grecs en matière d'élo- 
quence , & furtout à quel point ils 
étoient choqués par une mauvaife pro- 
nonciation , on n'a point de peine à 
concevoir que quelques-unes de leurs 
villes nayent été allez jaloufes de la 
réputation de n'avoir en toutes chofes 
que des manières élégantes & polies, 
pour ne vouloir pas laiffer au Crieur 
public chargé de promulguer les loix , la 
liberté de les réciter à fa mode , au ha- 
fard que fou vent il donnât aux phra- 
fes , aux mots mêmes qu'il prononce- 
rait , un ton capable de faire rire des 
hommes nés moqueurs. Ces Républi- 
ques , dans la crainte que les vices de 
prononciation dans lefquçls tomberait 
leur Ofijcter > ne fiilent rejaillir une 
forte de ridicule fur les loix mêmes , 
prenoient donc la précaution de faire 
compofer la déclamation de ces loix ; 
& même elles vouloient que celui qui 
les récîtoit , frit encore foutenu par un 
accompagnement capable de le redref- 
fer s'il wanquoit. On vouloic qu'il pu- 
bliât les loix avec la rocraç aicje , avec 



70 Réflexions critiques 

le même fecours qu'avoient , comme 
nous le verrons , les Atteurs qui par- 
taient fur le théâtre. Martianus Capel- 
la die , en faifant l'éloge de la Mufi- 
que , que dans plusieurs villes de la 
Grèce , l'Officier qui publioit les loix, 
étoit accompagne par un joueur de Ly- 
re. Quid pacis munia ? Nonne nojlris 
eamibus cetebrata ? Grœcarum quippe ur- 
kium multœ ieges ai lyram recitabant (a\ 
Il feroic fuperflu d'obferver que le ré- 
citateur & le joueur d'inftrument n'au- 
roient pu fe concerter , fi la déclama- 
tion du récitateur eût été arbitraire. 
On voit bien qu'il falloit qu'elle fût 
afïujettie , & par conféquent compo- 
fée. II ne feroit pas impofiible de trou- 
ver encore dans les anciens Auteurs 
des faits qui fuppofent l'ufage dont 
parle Capelta. On voit , par exemple, 
dans Plutarque que lorfque Philippe , 
Roi de Macédoine & le père d'Ale- 
xandre le Grand , voulut, après avoir 
défait les Athéniens à Chéronée , tour- 
ner en ridicule la Loi qu'ils avoient 
publiée contre lui , il récita fur le 
champ même de la bataille , le com- 
mencement de cette loi , & qu'il la ré» 

{?) In Nuj>t. Philalog. 



fur la Poëfie & fur la Peinture, 7 1 
cua comme une déclamation mefurée 
&aflujettie. « Or Philippe ( c'elt Piu- 
» tarque qui parle ) (a) ayant gagné la 
» bataille , en fat fur l'heure Tî fort 
Ȏpris de joie, qu'il fe laifla aller juf- 

ques à faire quelques infolences : 
'Car, après avoir bien bu avec fes 
» amis , il s'en alla fur la place de la 
» défaite ; & là il fe prit à chanter par 
«moquerie le commencement du Dé- 
» cret qu'avoit propofé Démofthene , 
'«Cuivant lequel la guerre avoit été 
» conclue à Athènes contre lui , hauf- 

» fane fa voix , & battant la mefure à 
» chaque pied. Démofthene Mis de Dé- 
» niofthene Péanien , a mis en avant 
» ceci. Mais après , quand il fut reve- 
nu de fon y vielle . & qu'il eut un 
« peu penfé au danger où il avoit été , 
» les cheveux lui dreflerent à la tête, h 
Diodore de Sicile (b) écrit que Philip* 
pe , ap-ès avoir pris trop de vin la 
journée dont nous venons de parler , 
fit plulleurs chofes indécentes fur le 
champ de bataille ; mais que les repre. 
fentations de Demadés , Athénien Se 
l'un despiilonniers de guerre ,ie firent 

l •) fie dï Dimtfik. eh. :. 



^H 



72 Ré/7<:#K>nj cr iffg'tteJ 

lentrer en lui-même ; & que le repe 
tir qu'il eut de s'être oublié, le rendi 
plus facile , lorfqu'il fut queftion d 
traiter avec l'ennemi vaincu. 

Certainement Athènes & les autre 
villes de la Grèce qui pouvaient avoi 
un ufage femblable à celui des Athé 
niens , ne faifoit point chanrer leurs 
loix , à prendre le terme de chanter dan 
la lignification qu'on lui donne corn 
m unément dans notre langue, lorfqu'e 
les les faifoient publier. 

Je crois donc que des trois genres 
dans lefquels fe divifoit la mélopée 
confidérée par rapport à la manière 
dont elle traitoit Ion mode , il n'y en 
avoit qu'une , fçavoir la Dithyram- 
bique , qui composât des chants mufi 
eaux ; tout au plus il y avoit quelques 
efpéces de la mélodie Tragique , qui 
étoient des chants proprement dits. 
Les autres mélodies n'étoient qu'une 
déclamation compofée & écrite en 
notes. 

Comme mon opinion eft nouvelle 
dans la République des Lettres , je ne 
dois rien omettre pour montrer que 
du moins je n'ai pas grand tort de la 
fou tenir. Ainfl , avant que de rappor- 
ter 




fur h Poëfie Gf fur la Peinture. 75 
ter les paflages des Auteurs Grecs oit 
Latins, qui, en parlant de leur muii- 
que par occafion , ont dit des chofes 
qui prouvent, s'il eft permis d'ufer de 
cette expreflion , i'exiftence de la mé- 
lodie , qui n'étoit qu'une fîmple décla- 
mation , je prie le lecteur de trouver 
bon que je tranfcrive encore ici quel- 
ques endroits de ceux des anciens Au- 
teurs qui ont traité de leur mufique 
dogmatiquement , & qui prouvent cette 
exiftence. 

M. Wallis , cet Anglois fi célèbre 
par fon fçavoir , Qc pour avoir été 
l'homme de Lettres de nos jours qui a 
v<?cu le plus longtems , fit imprimer en 
1699 dans le troifiéme volume de fes 
Œuvres Mathémarques , le Com- 
mentaire écrit en Grec par Porphyre 
far les Harmoniques de Ptolomée , Se 
il v joignit une tradudion Latine de 
■ mmentaire On voit en le lifant, 
que la mufique des Anciens divifoit 
d'abord en deux genres routes les opé- 
rations que la voix peut taire. Proxi- 
ma fiatim loco exhibent ipfas vous diffè- 
rent 1 as. Duplex enim eft hujujce motus ^ 
Çontinuus qui duiiur , &* Diaftematicw. ; 
Continua* quidim quo Inttr nos colloqui- 

Tome UL D 



74 Réflexions critiques 

mur , qui Çj* çodemjenfu Sermocinalu di- 
citur. Diaflematicus vtrb quo canimus 6* 
modulamur, tibiâque & citkarâ ludimus, 
unie Melodicus dicitur (a). L'Auteur 
traite en fuite de la différence qui fc 
trouve entre les fans delà voix. * Un 
» de ces fons eft continu , & c'eft ce« 
m lui-là que la voix forme dans le dif- 
» cours ordinaire t & qu'on appelle, à 
» caufe de cela, le langage de la con- 
» verfation. L'autre fon qui s'appelle 
» le fon mélodique , eft allujetti à des 
» intervalles réglés , & c'eft: le fon que 
w forment ceux qui chantent , ou qui 
»• exécutent une modulation , & qu'i- 
a mitent ceux qui jouent des infr.ru mens 
» à vent ou des inflrumens à corde. • 
Porphyre explique en fuite aflez au 
long la différence qui fe trouve entre 
ces deux efpéces de fons , après quoi il 
ajoute- s» Voilà le principe que Ptolo- 
n mée établit au commencement de fes 
» réflexions fur fliarmoniî.&quin'eft 
m autre que le principe enfeigné, géaé- 
• ralement parlant , par les fe&ateuri 
p d'Ariftoxene, Cum igitur ab Arifioxz* 
mit propè omnibus hirc tradantur * flatim 

(a) Perph. ui HfpcmnmdiîttiHari PuLcap.prim. 



fur la Poéjte &* fur la Peinture* y ç 
àh ituùo traBaiionii de Harmonica Pcole- 
mœus eaiem pojiulac. î»{ou.s avons déjà 
dit qui étoit Ariftoxene. A in fi cette di- 
vifion des fons de la voix en fou con- 
tinu, & en fon mélodique ou en fou 
génc » aflujetti à fiiivre dans fa progref- 
tton des intervalles règles , étoit ua 
des premiers principes de la fcience de 
la nmlique. Nous allons voir à préfent 

3ue ce fon mélodique , que la melo- 
ie fe fubdivifoit en deux efpéces , 
Ravoir , en mélodie qui étoit un chant 
proprement dit , & en mélodie , qui 
u'étoit qu'une (impie déclamation. 
Marcianus Capella dit : »j Le fon de la 
si voix fe peut divifer en deux genres 

* de fons par rapport à la manière dont 
» le fon fort de la bouche : fçavoir , 
» en fon continu , Çc en fon divifé par 
» des incervalles. Le fon concinu eft 
» celui de la prononciation unie des 
*converfations ordinaires. Le fon fé- 
» paré eft celui de la prononciation 

* d'un homme qui exécute une modu- 
lation. Entre ces deux genres de fons 

* il y a un fon moyen , qui tient & 
w du fon continu , & du fon féparé.Ce 
•' fon moyen n'eft pas autant interronv 
» pu que le chant » mais auflî fon écou- 

Dij 




7<f Réflexions critiques 

» lement n'eft pas aulïi continu qu« 
o> l'eft l'écoulement du fon dans la pro- 
» nonciation ordinaire. La voix rent 
sa ce fon moyen , quand on prononce 
» ce que nous appelions Carmen. * (a) 
Or, comme nous le'dirons plus bas, 
Carmen fignifioit proprement la décla- 
mation mefurée des vers qui ne fe 
chantoient pas , à prendre le mot de 
chanter dans la lignification qu'il a par- 
mi nous, (b) Nunc déprima voce vdwt 
defonitûs totius parente , dicemus. Omn'a 
vox in duo gênera d'màhur , continuum 
atque divifum* Continuum ejl velut juge 
colloquium : Divifum quoi in modulât io- 
nibus fervamus. HJl &" médium quoi «u 
utroque permixtum , ac neque alterius coït 
tinuum modum fervat , nec alterius fre 
quenti divifione prœcedhur ., quo promis 
tiandi modo earmina rechantur. 

On ne fçauroit mieux décrire notr« 
déclamation , qui tient un milieu entre 
le criant mufical & la prononciatic 
unie des conventions familières , que 
la' décrit Capella fous le nom de Son 
moyen» 

Je ne crois pas qu'on me reproche do 

1 g ) y lie Notai Meiï, p. ) I i ■ 

(b) tffit. Çfipflu . Ut Nuit. itiîliTig, ». 



fur la Poe fie & fur la Peiûture. ff* 
ire fignifîer ici au terme de Modula* 
m le chant mulical uniquement , 
joique je lui donne ailleurs une ac- 
ipcion beaucoup plus étendue , en 
i fai fan t lignifier toute forte de chants 
impofés.Il eft fenllble,par l'oppofî- 
>n que Capella fait de la Modula' 
m au Carmen , qu'il veut employer 
i le terme de modulation dans le fens 
i je l'ai entendu , & qu'il veut y fai- 

{ignifier à ce mot un chant mufical 
:oprement dit. 

Bryennius nous apprend même corn- 
ent ce fon moyen t ou la déclama- 
>n , fe compofoit. Cet Auteur Grec 
t un de ceux que Monfieur Wallis 
inférés avec une traduction Latine 
ins le troifiéme volune de fes (Eu- 
es Mathématiques, Voici ce que dit 
yennius : m Il y a deux genres de 
chant ou de mélodie» L'un eft celui 
dont la prononciation ordinaire eft 
fufceptible, & l'autre eft le chant 
mufical. Le chant , dont la pronon- 
ciation ordinaire eft fufceptible , fe 
:ompofe avec les accens 3 car natu- 
rellement l'on liaufïe & l'on baifle 
la voix en parlant. Quant au chant 
proprement dit > celui dont traite 

Di.j 




7$ Réflexions critiques 

=» la mufique harmonique , il «ft aflu- 
« jetti à des intervalles certains. Il it 
n compofe de tons Si d'intervalles, «< 
Cdla eft dit par rapport aux règles de 
1« mufique Diatonique , de la Chro- 
matique & de l'Enarmonique. Ejl au- 
rem melos , id ejl camus , aliui Sermoci- 
riale , aliud Mujicum. Sermocinale enim 
ejl illud quod componititr ex *ocum pro- 
jbdiis ; naturale enim ejl inter loaiiendum 
intendere & reinitrerc votem. Mujicum au- 
tem melos jdequo agit Harmonia , ejl Dia- 
fiematicum , illud ex Phtongis &• Diajîc 
malis compqfitutn. (a) 

Il feroit inutile de faire obferver ici 
au lecteur, que , dans la déclamation, 
on peut faire fa progreflîon par les 
moindres intervalles dont les fons 
foient lufceptibles ; ce qui ne peut pas 
fe faire en mufique, L'Enarmonique 
même n'admet ton que les quarts des 
tons. 

Non- feulement le pafTage de Bry en- 
nius que je viens de rapporter , nous 
efifeigne comment fecompofoit la mé- 
lopée qui n'étoit qu'une fîmple décla- 
mation ; mais il nous apprend encore 
comment elle pouvoit s'écrire en no- 

{iJLit. tmù , eag. »o, J* JlîïJeptfï*. 



fut ta Vo'êfie tir fur U Peinture'. J$ 
tes* Avant que d'entrer dans cette dif- 
cuilion , il ûe fera point mal à-propos 
de rapporter un p a liage de Boéce , 
parce qu'il y eft ditpofitivement qu'on 

ivoic en notes la déclamation aufli- 
bien que le chant mufîcal. 

« Les Muficiens de l'antiquité , dit 
» Boéce , pour s'épargner la peine d'é- 
» crire tout au long le nom de chaque 
» note , ont imaginé des caractères 
a qui défignalTent chacun un fon par* 
» ticulier , & ils ont partagé ces mo- 
» nogrammes par genres & par modes. 
» Ainfi quand un Compofiteur veut 
» écrire un chant fur des vers dont la 
■ mefure eft déjà réglée par la valeur 
m des fyllabes longues ou brèves donc 
» les pieds de ces vers font formés , il 
» n'a qu'une chofe à faire , qui efl de 
* placer fes notes au-defius des vers : 
v C'e/r, ainfi que l'induftrie humaine a 
» trouvé le moyen d'écrire , non-feu- 
» lement les paroles & la déclamation , 
» mais encore celui d'enfeigner même 
» à la poftérité, par le moyen des ca- 
» ractères , toute forte de chant, a Vett- 
rtt Mufici propter compendium fcriptionis 
m intégra n$mina necejfe effet fcmper ap- 
poutre > excogitavêre notulas quafdam , qui 

Div 



to Réflexions critiques 

bus verborum vocabda notattnt , eafa 
per gênera tnodofque diviferunt , jinu 
etiam hac btevitaie captantes 3 utfiquan 
do aliquod melos Mujîcus voluijjèt a/cri 
berefuper verfum rithmica metri compofi- 
tione dijientum hasfonorum notulas afcri- 
beret , tant miro modo reperientes ut non 
tantùm carmïna verbaque Luteris cxplica- 
rent , fed melos ipfum quod his notiâii 
fignaretur * in memoriam pojleritateinquc 
durare. (a) 

Boéee loue donc ici les Mufîciens 
des tems antérieurs , d'avoir trouvé 
deux inventions ; la première , d'écrire 
les paroles, & ce chant qui s'appelloit 
Carmen, & qui n'étoit * comme on 
verra , qu'une (impie déclamation j la 
féconde étoic d'écrire toute forte de 
chinr, c'eft-à dire , le chant muiîcal 
même , dont Bocce va donner les no- 
tes , quand il dit ce qu'on vient de 
lire. Ain fi la déclamation s'écrivoit en 
noces aufll bien que le chant muiîcal. 
A en juger même pat la manière dont 
Boéce s'explique , les Anciens avoient 
trouvé l'art d'écrire en notes la fim 
pie déclamation , avant que de trouvée 
l'art d'écrire en notes la mufique. Le 
premier et oit , comme ou va le voir 

(<Ô £«4fu/Ec> li'o. cap. 4. 




wr 



fur la Poëfie b.fut la Peinture. 8] 
plus facile que l'autre : & la raifon 
porre à croire que de deux arts qui 
onr à peu près le même objet , celui 
dont la pratique eft la plus aifée , a été 
trouvé le premier. Voyons préfen ce- 
rnent quelle étoit la manière dont la 
déclamation s'écrivoit en notes , & 
quelle écoit la manière dont s'écrivoit 
aullî en notes le chant proprement dit, 
ou le chant mufical. On en compren- 
dra mieux le fens du palîage de Boéce. 

Suivant Bryennius , la déclamation 
fe compofoit avec les accens , & par 
conféquent on devoir fe fervir pour, 
récrire en noces, des caractères mê- 
mes qui lervoient à marquer ces accens^ 
Or les Anciens avoîent huit ou dix ac- 
cens , & autant de caractères difFérens 
pour les marquer, 

Sergius , ancien Grammairien Latin , 
compte huit accens , qu'il définit les 
marques d'une inflexion de voix,, 8c 
qu'il appelle les aides du chant. \a), 
Tenoresjive accentus dicli funt qui natu- 
relle m uniufcujufque fermants in vocent 
nojlrx elationïs tenorem ferrant. Diflus 
mtzm accentus efl quafi ad camus. Suni 
eutem omnes accentus Latini o&o. 

(«) CcBlM. in .jrr- DdMh 

Dv 



$2 Reflexions, critiques 

Prifcien, un autre Grammairien La- 
tin , & qui vivoit à la fin du cinquième 
liécle , dit dans Ton Traité des accens, 
que l'accent eft la loi ; qu'il eft la rè- 
gle certaine qui enfeigne comment il 
faut relever ou abaifTer la voix dans 
la prononciation de chaque fyllabe. 
{a) Atzznius namque ejl certa lex & ré- 
gula ad eletandam ùr deprimendam fylla- 
bam ur.iufcujufquz partis orationis. Notre 
Auteur dit enfuite qu*il y a dix ac- 
cens dans la langue latine , & il donne 
en meme tems le nom de chaque ac- 
cent , Se la figure donc on fe fervoic 
pour le marquer, Sunt autem accentus 
decern* quos ita huic operi dignum exijiima- 
yipernotare. Leurs noms font : Acutus s 
gravis j cinumfiexits , l&nga lima 3 brtvis 
iinea ., hypken , diajiola , apo/hophos , 
dafaa ^pjyft. On peut voir dans le li- 
vre que je cite , la figure propre à 
chaque accent. Ifidore de Seville (t) 
écrit la même chofe- 

Commeortginairement les Latins (c) 
n'avoient que trois accens , l'aigu , le 
grave & le circonflexe ; comme les au- 

«a 

(a) Fol. t3 3. utrfo. 

(b) Ipi, i'rîg. lib. primt eap. i$>. 
( e ) Qu'ot. Ji.fi. iib. prim, cap. 9, 



furlaPoëfie&furla Pein turc. 8 3" 
tTes n'auront été trouvés qu'en dirre • 
icns teras , fie qu'il fe peut faire en- 
Cote que quelques accens nouvelle- 
ment inventés n'ayent point été gé- 
néralement reçus , on ne doit pas être 
Surpris que des Grammairiens , les 
en comptaient huit feulement , 
quand les autres en comptoient juf- 
i'à d;x. Mais ces Auteurs s'accor* 
Il fur leur ufage. Ifidore de Séville 
dit encore dans fes Origines , que les 
accens s'appelloient en Latin tons ou 
mars , parce qu'ils marquoient une 
iration de la voix & des repos. 
Latini aurem kabent & alia nomma* 
un acuntus & tonos £r nnores dUuni » 

tbifonus crtfcit Gr définit. 
Maiheureu fement nous n'avons point 
rage dans lequel Prifcien sétoic 
réfervé de traiter au long de tous ies 
litiges qu'on faifoit des accens. Scd nus 
haaurï de partibui , ad accentum , qui in 
ii&wnibut nzccffariui eft , trAnfeamus; t w 
ju ret myftaium t Deo prabente vitam , 
l&tiùs traSemus. Cet ouvrage que nous 
n'avons point, foit qu'il n'ait jamais 
été compofé , foit qu'il fe foit perdu , 
nous au roit en feigne appatemmenc 

<a ) IJU, Ofif. liK fAm, c. il. 





S 4 Réflexions crïttquts 

l'ufage qu'en faifoient les composteur: 
de déclamation. Ce qu'écrit Ifidon 
dans fes Origines fur les dix accen 
des Romains, ne fupplée pas au Trai- 
té de Prifcien qui nous manque. 

Je conçois qu'un compofitdur de 
déclamation ne faifoit autre chofe que 
de marquer fur les fyllabes , qui » fui" 
Vant les règles de la Grammaire , dé- 
voient avoir des accens , l'accent ai- 
gu , grave ou circonflexe „ qui l^uc 
étoit propre en vertu de leurs let- 
tres ; & que par rapport à l'expief- 
iîon, il marquoit fur les fyllabes vui- 
des.en s'aidant des autres accens, le 
ton qu'il jugeoit à propos de leur don- 
ner , afin de fe conformer au fens du 
difcours. Que pouvoient marquer tous 
ces accens , fi ce n'efr. différens hauffe- 
mens , & différens abaiflemens de la 
voix? On faifoit de ces accens à peu 
près le même ufage que les Juifs font 
aujourd'hui de leurs accens mufieaux, 
en chantant les Pfeaumes à leur ma- 
nière t ou , pour mieux dire , en les 
déclamant- 

î\ n'y a guéres de déclamation qu'on 
nepuifl~i écrire en notes avec dix ca- 
ractères différens , dont chacun mac- 



: 



fur la Poëjie & fur U Peinture. 8f 
ijueroit «ne inflexion de voix particu- 
lière ; & comme on apprenoit l'into- 
nation de ces accens , en même tems 
qu'on apprenoit à lire , il n'y avoir, 
prefque perfonne qai n'entendit cette 
efpéce de notes. Dans cette fuppofi- 
tion , il n'y avoic rien de plus facile à 
comprendre que la mécanique de la 
compolition & de l'exécution de la 
déclamation des Anciens. Saint Au- 
guftin aura eu taifon de dire qu'il n'en 
txaiteroit point > parce que c'étoit des. 
chofes connues du Comédien le plus. 
chétif. La mefure étoit , pour ainli di- 
re , inhérente aux vers. Le Compofi- 
teur n'avoir qu'à les accentuer 6c à 
prefciire le mouvement de la mefure, 
après avoir fourni au joueur d'inftru- 
mens qui devoit accompagner , une 
partie des plus fimp'es , & très facile; 
a exécuter. 

Quant à la mélodie , qui étoit un 
chant proprement dit, nous fçavons 
précifément comment elle s T écrivoit^ 
Le fyOcme général , ou , comme l'ap-: 
pelle Bocce , la conjlhv.don de la mu- 
Cque des Anciens étoit divifée , fui-> 
vent M^itianus Capella (a) , en dix-: 




%6 Réflexions critiques 

huit fons , dont chacun avoit ion nom 
particulier. II n'eft pas queftion d'ex- 
pliquer ici que quelques-uns de ces 
fons pouvoient être au fond les mê- 
mes. On appelloit l'un Proji&mbemtnasj 
&c. A fin, comme le dit Boéce, de n'é- 
crire point tout au long le nom de cha- 
que ion au-deifus des paroles, ce qui 
auroir été même impollible, on avoit' 
inventé des caractères ou des efpéces- 
de figures qui marquoient chaque ton. 
Ces figures s'appelloient feme'ia. ou fi- 
gnes. Le mot as feme'ia lignifie bien 
toute force de lignes en général ; mais 
on en avoit fait le nom propre des 
notes ou des figures , dont il efb ici 
queftion. Toutes ces figures étoient 
compofées d'un monogramme formé 
de la première lettre du nom particu- 
lier de chacun des dix-huit fons du fy f- 
tème général. Nos dix-huit lettres ini- 
tiales , bien que quelques-unes fiiifent 
les mêmes , étoient deflinées de ma- 
nière qu'elles formoient des mono- - 
grammes , qu'on ne pouvoit pas pren- 
dre l'un pour l'autre- Boéce nous a 
donné la figure de ces monogrammes, 
ïfaac Voflîus indique encore dans 
celui de fes livres dont nous avons dé- 




r la JPohfie &fur la Peinture. 87 
parlé (a), plusieurs ouvrages des- 
nciens, où l'on peut voir comment K 
leur tems , les chants muficaux s'é- 
voient en notes. Meibomius parle 
core de cette matière en diffcrens 
droits de fon recueil , d'anciens Au- 
irs qui ont écrit: fur la mufique , & 
nci paiement dans Ta Préface , où. il 
nne le chant du Te Deum , écrit fui- 
it la tablature antique & en notes 
•dernes. Ainfi je me contenterai de 
e que les fîgnes , que les feme'ia , 
1 fervoient dans la mufique vocale j 
lî-bien que ceux qui fervoient dans 
■nufique inlrrurnentale, s'écrivoienc 
-deflus des paroles , & qu'ils y 
ient ranges fur deux lignes } dont la 
érieure étoit pour le criant, comme 
férieure pour l'accompagnement. 
5 lignes n'avoient gucres plus d'e- 
lle ut que des lignes d'écriture or> 
aire. Nous avons même encore 
Iques manufcrits Grecs où ces deux 
*ces de notes fe trouvent écrites , 
r i que je viens de l'expofer. On en 
ré (b) les Hymnes à Calliope.à 

1 Dr Poïrm Cent* p. po. 

I h fi. dt l'Acad, dis BtUei-Lcrres , Ci me en j , jvj. 

rfri ÈStn-. 




B8 Réflexions critiqués. 

Nemefis & à Apollon , aufli-bien quf 
la ftrophe d'une des Odes de Pindare 
que M. Burette nous a données avec 
la note antique & la note moderne. 

On s'efl même fervi des caractères 
inventés par les Anciens , pour écrire 
les chants mullcaux jufques dans le 
onzième fiécle , que Gui d'Arezzo 
trouva l'invention de les écrire , com- 
me on le fait aujourd'hui , avec des 
notes placées fur différentes lignes , 
de manière que la pofition de la note 
en marque l'intonation. Ces notes 
ne furent d'abord que des points où 
il p'y avoit rien qui en marquât la du* 
rée ; mais Jean de Meurs , né à Paris , 
& qui vivoit fous le règne du Roi 
Jean fa) trouva le moyen de donner à 
ces points une valeur inégale par les 
différentes figures de rondes, de noi- 
res , de croches , de doubles croches 
Se autres qu'il inventa , ik qui ont été 
adoptées par les Muficiens de toute 
l'Europe. Ainfi l'art d'écrire la Muiî- 
que , comme nous l'écrivons aujour- 
d'hui » eft due à la France auflï-bien 
qu'-ù l'Italie. 

Il réfulte donc de ce qui vient d'è- 



(») En ijjo. 



fur lu Poëjie ùfur la "Peinture* 89 
tre expofé , que des trois genres de 
mélopée , il y en avoic une , fçavoir , 
la Dithyrambique ou Mefoïdes , qui 
compofoit àe$ chants mufîcaux ; mais 
que les deux aunes, fçavoir, la Tra- 
gique généralement parlant, & la No- 
mique , compofoient de la déclama- 
tion. 

Je ne traiterai point ici de la mélo- 
die Dithyrambique , quoique beau- 
coup plus approchante delà fimple dé- 
clamation , que la multque d'à préfent > 
& je m'en tiens à ce qu'en a écrit le 
fçavant homme {a) qui a traité ce 
fujet. 

Quant à la mélodie qui n'étoit qu'une 
déclamation compofée , je n'ai rien à 
dire , concernant la Nomique ou Lé- 
gale , de plus que ce que j'en ai dit. 
Quant à la mélodie Tragique , je vais 
en parler plus particulièrement , & 
mime allez au long, pour confirmer 
ce que j'ai écrir déjà touchant fon 
exiflence , par des faits qui la rendent 
indubitable „ en montrant que bien que 
la mélodie théâtrale des Anciens fe 
composât Qc s'écrivît en notes , elle 

fa) M. Burem, is PAcai. des Bellcs-Ltnr.tomt cinj 

et rttiji. de cou AcjJi 




jpo Réflexions critiquei 

n'étoit pas néanmoins un chant pro* 
prement dit. C'eft faute d'avoir eu cette 
notion de la mélodie théâtrale , & 
pour l'avoir crue un chant mufical , 
comme pour n'avoir pas compris que 
la Satcacion n'étoit point une dan Ce à 
notre manière, mais une fimple Ges- 
ticulation , que les Commentateurs 
ont fi mal expliqué les Auteurs an- 
ciens qui parlent de leur Théâtre. 
Ainfi je ne puis appuyer fur trop de 
preuves , une opinion toute nouvel- 
le concernant la mélopée Tragique , 
& la mélodie Tragique. J'en u ferai 
de même à l'égard de mon fenttment 
fur lia SaUation antique , lorfque je 
viendrai a traiter de la mulîque hypo- 
critique. Il eft auflî un fentiment tout 
nouveau. 



^ 




fur la Poejîe &fur la Peinture. 5 î 



SECTION V. 

explication de plujieurs endroits du (îxié- 
mt Chapitre de ta Poétique d'ArtJhte. 
Du ehant des Vers Latins ou du Car- 
men. 

J e ne cross pas pouvoir mieux faire 
pour confirmer ce que j'ai déjà dit. 
concernant la mélopée & la mélodie 
Tragique des Anciens ., que de mon- 
trer qu'en fuivant mon fentiment, on 
comprend très-difHnc~tement le feni 
d'un des plus important paflages de la 
poétique d'Ariflote , que les Commen- 
taires n'ont fait jufqu'ici que rendre 
inintelligible, Rien ne prouve mieux 
la vérité d'un principe , que de voir 
fon application rendre clairs des paf- 
fages trcs-oblcurs fans cette lumière. 
Voici ce partage fuivant la traduction, 
latine de Daniel Henfius(a) à laquelle 
je n'ai changé que deux mots pour la 
rendre plus conforme au Texte. Tra- 
gtdia ergo ejl abfohux & quajujîam m*.- 



) Ca/1.1 fixt). 




£3 Réflexions critiques 

gnitudinem habeat atlionis , imitatio ,fef- 
jnont conflans ad voiuptattm fafto , ïut 
ittjïngula gênera, in fingulis partïbus ha-> 
béant locum „ utque non enarrando , fed 
per mifericordiam & metumjîmilium per- 
turbationum inducat. Per fermonem autent 
fdftum ad vdluptatem , eunï intelligo qui 
Rithmo confiât , Harmoniâ Ù Métro. Ad' 
didi autem utfingulct gênera feorfim, 
quia nonnulla Metris folummodo , non-' 
nulla vero Melodiaperfîciantur. Qaoniam 
ytro agendo in ta imitantur , primo om- 
nium mcejfe erit partem aîiqi(am Tragé- 
die ejfe ornatum externum .' at intérim 
Melopxxam 6* diclionem , his enim 
in Tragedia imitantur. Diclionem jam di' 
eo ipfam Mctrorum campojltionem .- M e- 
jlopjE/mm verà cujus virn fatis omnes 
ïntelligunt. » La Tragédie eft l'imita- 
» tion d'une action entière & de quel- 
t> qu'étendue. Cette imitation fe fait 
m fans le fecours de la narration & 
» dans un langage préparé pour plaire j 
=» mais dont les divers agrémens éma- 
» nent de fources différentes. LaTra- 
n gédie met donc fous tes yeux les ob- 
a> jets même dont elle prétend fe fer- 
m vir pour exciter la terreur & la 
» compaflîon , fentimens fi propres à 




fur la Poëjle &jur la Peinture, $ J 1 

»» purger les pallions. Par langage pré- 

*> paré pour plaire , j'emens des pnra- 

« les réduites & coupées par mefures , 

?j aflujetties à un rithme , & qui font 

« harmonie. J'ai die que les divers 

* agrémens du langage des Tragédies» 

» émanoient de fources différentes » 

» parce qu'il y a de ces beautés qui ne 

» reluirent que du métré , au lieu que 

» d'autres reluirent de la mélodie» Corn» 

» me l'imitation tragique s'exécute fur 

js un théâtre , il faut joindre encore à 

» la diétion Se à la mélopée des orne- 

» mens étrangers. On voit bien que 

»» j'entens ici par didion les vers mê- 

» mes. Quant à la mélopée , tout le 

a monde connoît quel eft fon pou-. 

»> voir. « 

Examinons d'où procédoient ces 
beautés du langage préparé pour plai- 
re , dont il eft fait ici mention : & nous 
trouverons qu'elles n'étoit pas l'ouvra- 
ge d'un feul , mais de plufieurs arts 
muficaux ; & par conféquent qu'il n'eft 
pas fi difficile de bien entendre l'en- 
droit de ce paflage > qui dit qu'elles 
émanoient de fources différentes. Com- 
mençons par le métré & par le ritime 
que doit avoir le langage préparé pom: 
plaire» 




H 



Rt 



Uxions 



crttiq 



ues 






On fçait Sien que les Anciens n'a-' 
voient poinr de pièces dramatiques en 
profe : elles étoient toutes écrites e 
vers. Ariftote ne veut donc fignifiec 
autre chofe , en difant que la diction 
doit être coupée par .mefures , fi ce 
n'eft que la mefure du vers qui ctoit 
l'ouvrage de l'art poétique , dévoie 
ferviv de mefure dans la déclamation.' 
Quant au rithme , c'étoient les pieds 
des vers qui fervoient à régler le 
mouvement de la mefure dans la réci» 
citation des vers. C'eft même par cette 
raifon qu'Ariftote dit dans le chapitre 
quatrième de fa Poctique , que les 
métrés font les portions du rithme, 
c'eft-à dire , que la mefure ré fui tante 
de la figure des vers , doit dans la ré- 
citation , régler le mouvement. Per- 
sonne n'ignore qu'en pluOeurs occa- 
sions les Anciens employaient dans 
leurs pièces Dramatiques des vers de 
différentes figures. Ain fi celui qui bat- 
toit la mefure fur le théâtre étoit af- 
treînt à marquer les tems de la décla- 
mation , fuivant la figure des vers qu'où 
recitoit, comme il preflbit ou ralien- 
tuToit le mouvement de cette mefure, 
fuivant le liens exprimé dans ces mêmes 



fur U Poëfie & far la Peinture, py 
vers t c'eft- à-dire , fuivant les princi- 
pes qu'en feignoit l'arc rithmique, Arif- 
tote a donc raifon de dire que la beau- 
té du rithme ne venoit pas de la même 
caufe qui produiloit les beautés d'har- 
monie Ûc les beautés de mélopée C'é- 
tait du choix des pieds qu'avoir t'aie 
le Poète , par rapport au fujet expri- 
mé dans (es vers , que nauToit la beau- 
té ou la convenance de la mefure, fit 
par conféquent celle du rithme. 

Quant à l'harmonie , les Acteurs des 
Anciens étoient , ainfi que nous le ver- 
rons tantôt » accompagnés par quelque- 
inftrumenc dans la déclamation ; Se 
comme l'harmonie naît de la rencon- 
tre des ions des parties différentes » il 
fallait que la mélodie qu'ils récitoient, 
&la balte continue qui les foutenoit , 
allaflent bien enfemble. Or ce n'étoit 
point la mudque métrique , ni la niulï- 
que rithmique , qui enleignoitla feien- 
cedes accords ; c'étoit la mufique har- 
monique. Ainfi notre Auteur a raifon 
de dire que l'harmonie , une des beau- 
tés de fon-Ungage préparé pour plaire. 
De couioic point des mêmes lources 
que la beauté réfuitante de la diction. 
ta beauté réfultance de ta diition *c- 




'p 5 Réflexions critiques 

no»t des principes de l'art poëtî 
comme de ceux de l'art métriq 
de l'art rithmique ; au lieu que la beau 
té résultante de l'harmonie procédoi 
des principes de la mufique harmoni 
que. Les beautés de la mélodie cou 
loîent encore d'une fource particuliè- 
re, je veux dire du choix des accens 
ou des tons convenables aux paroles 
& propres par conféquent à toucher, 
le lpedlateur. C'étoient donc des four 
ces différentes que venoient les beau- 
tés du langage préparé pour plaire. Ain- 
fi , c'eft avec raifon qu'Ariftote dit que 
ces beautés naiiïbtent féparément, & 
s'il eft permis de s'expliquer ainfi , que 
leurs berceaux étoient diftérens. 

D'autres paffages du fixiéme chapi- 
tre de la Poctique d'Ariflote rendront 
encore plus claire l'explication qu'on 
vient de l'are. Quelques lignes après 
l'endroit dont ileftqueffcion , notre Au- 
teur écrit : Quart omnis Trâgediœ partes 
ejjè fex neccjjeejt, auat ad qualitatetrifa- 
ciunt illius. Hte funt autern , fabula , mo- 
res, diftîo ,fcntentite , melnpir'h &r appa- 
ratus. » Il faut donc fixchofes pour faire 
» une Tragédie , (çavoir , la fable ou 
» l'action, les mœurs, les maxinafei 

j> diction , 




■ 



fur la Poëfic &fur la Peinture. 97 
« di&ion , la mélopée & l'appareil de 
sa la repréfen cation. « Ariftote nomme 
ici la caufe pour l'effet , en difant mé- 
lopée au lieu de dire mélodie. Notre 
Auteur dit encore à la fin de ce cha- 
pitre , & après avoir difcouru fom- 
mairemcnt fur la fable , les moeurs , 
les maximes , la diction & la mélodie 
de la Tragédie : " De ces cinq parties , 
» celle qui fait le pi us d'effet , c'eft la mé- 
» lopée. L'appareil de larepréfentation 
» fait aulîl un fpeétacle impofant ; mais 
»» il n'eft point aufîi difficile d'y réuffir 
s> que dans la compofition.D'ailleurs la 
>» Tragédie a fon effence & fon mérite 
» indépendamment des Comédiens Se 
=> du théâtre. « Harum vero quinque 
partium maxime* obleElat melopaïa. Ap- 
piraïus auiem animum obleElat quldern , 
minimum tamert artis habet* ïragedix 
quippe natura & virtus etiam extra certa~ 
rttn &Jïm hijlrionibus confiJlit t Ariftote 
ajoute à cela : Prœterea in appa.ra.tu. 
toncinnando potius artificis qui eum ton- 
fiçitquâm indujlria verfatur. n Outre ce 
a que j'ai dit , le Décorateur a ordi- 
» nairement plus de pai t que le PoiJte , 
i> dans l'ordonnance de l'appareil delà 
» frêne. « 

m 6 




z 



p8 Réflexions critiques 

Ainfi l'Auteur étoit chargé , comme 
Orateur , d'inventer la fable ou l'ac- 
tion de fa pièce; de donner , comme 
Philofophe , à fes per Ton nages , les 
mœurs & les caractères convenables , 
& de leur faire débiter de bonnes ma- 
ximes. En qualité de Poète, l'Auteur 
étoit chargé de faire des vers bien 
mefurés , d'en prefcrire le mouvement 
plus ou moins vite , & d'en compofer 
Ja mélodie dont dépendoit en grande 
partie le fuccès de la Tragédie. Pour 
être furpris de ce que dit Ariftote fur 
J'imporrance de la mélopée , il fau- 
droit n'avoir jamais vu repréfenter 
des Tragédies ; &c pour être étonné 
qu'il charge le Pocte de la compoft- 
tion de la mélodie , il faudroit avoir 
oublié ce que nous avons remarque, 
& promis de prouver , comme nous 
le ferons ci-deflbus ; fçavoir , que les 
Poctes Grecs compofoient eux-mêmes 
la déclamation de leurs pièces , au lieu 
que les Foëtes Romains fe déchar- 
geoient de ce travail fur les Anifanj 
oui , n'étant ni Auteurs ni Camé' 
'4jens , faifoient profellîon de mettrt 
au théâtre les ouvrages dramatiques 
ïto JJ Û «? fflérne obfexye q/ae ci- 



fur la Poëfie & fur la. Peinture. o <J 
toit par cette raifon-là que Porphy- 
re ne faifoit -qu'un art de la composi- 
tion des vers & de la compolîtion de 
la me'lodie , lequel il appelloit l'art 
poétique pris dans toute fon étendue, 
parce qu'il avoit eu égzsd à l'ufage 
des Grecs ; au lieu qu'Ariftides Quin- 
lilianus qui avoic eu égard à 'j'ufage 
dei Romains , comptôit dans fon énu- 
mération des arts muficaux , l'art de 
compofcr les vers , & l'art de compo- 

: mélodie , pour deux arts diftincls. 
Voici ce qu'a écrit , au fujet des en- 
droits de la Poétique d'Ariflote que 
nous avons tâché d'expliquer , un des 
derniers Commentateurs de cet 011- 

e (tO dans fes remarques fur le 
lixiéme chapitre. » Si la Tragédie peut 
b fubfïfter (ans vers , elle ie peut en- 
1» core plus fans mufique. Il faut mé- 
» me avouer que nous ne compre- 
» nons pas bien comment la mufique a 
•» pu jamais être conifidérée comme fai- 

it en quelque forte partie de laTra- 

die ; car s'il y a rien au monde qui 
* paroiïTe étranger & contraire même 

'ne action tragique , c'eft le chant : 
«N'en déplaife aux Inventeurs des 

-leur, P«riy. iArifi.p. .. 

Eij'. 



joo Réflexions 

P3 Tragédies en mufique , poèmes 
ri ridicules que nouveaux , Se q 
p ne pourroit founrir ,, h" l'on ave 
• moindre goût pour les pièce 
« théâtre , ou que l'on n'eût pa: 
•j enchanté Se fédnit par un des 
m grands Muficiens qui ayent ja 
r> été. Car les Opéra (bnr, li je 
« dire , les grotefques de la Po< 
m d'autant plus bfupportables , q 
pj prétend les faire parler pour 
*> ouvrages réguliers, Ariftote : 
p> auroit donc bien obligé de i 
« marquer comment la mufique 
^ être jugée néceflaire à la Tragi 
p Au lieu de cela , il s"eft cont 
w de dire Amplement , que toute fa 
» ce était connue : ce qui marque 
pj lement que tout le monde i 
p? convaincu de cette nécellité 
»? fentoit les effets merveilleux 
•» le chant produifoit dans ces i 
i» mes , dont il n'occupoir que le 
a termedes. J'ai fouvent tâché de c 
»> prendre les raifons qui obligée 
m des hommes auftî habiles & 
ft délicats que les Athéniens , d'i 
ï» ciçrfô mufique & la danfe au» 
M tioivs tragiques $ ^ «pies biet 



fur la Po'èfie &fur la Peinture, iùf 
cherches pour découvrir commentî 
leur avoir paru naturel & vraifem-* 
» blable qu'un chœur qui repréfentoiiJ 
■>> les fpedateurs d'une action dansât &s 
h chantât furdesévénemens fi touchant 
« Se fi extraordinaires , f ai trouve 
m qu'ils avoient fuivi en cela leur na-» 
a turel , & cherché à contenter leur 
» fuperftition. Les Grecs étoienc les 
)j hommes du monde les plus fup'eriti- 
» tieux & les plus portés a la danfe & 
>» à la mufique , & 1 éducation fortifioit 
fc cette inclination naturelle, « 

Je doute fort que ce raifonnérnent 
excusât Je goût des Athéniens, fuppo- 
fé que la mufique & la danfe , dont il 
eft parlé dans les Auteurs anciens , 
comme d'agrémens absolument nécef- 
lâires dans la repréfenration des tra- 
gédies, euffent été une danfe & une 
mufique pareilles à notre danfe & à 
notre mufique ; mais , comme nous 
l'avons déjà vu , cette mufique n'étoit 
qu'une (impie déclamation ; Si cette 
danfe , comme nous le verrons r n'é- 
toit qu'un gefte étudié & aiïujetti. Ainfî 
ce ne font pas les Athéniens qui onc 
in ici d'être exeufés. 
eft vrai que M. Dacier rr'eft pas 
Eii| 





ï02 Réflexiant erititfvcs 

lefeul cjui fe Toit mépris Fur cette ma- 
tière-là; (es devanciers s'étoient trom- 
pés comme lui. Je dirai la même chofc 
de M. l'Abbé Gravi na , qui , pour 
avoir fuppofé que la mélopée des pie 
ces de théâtre étoic un chant mulccal, 
& la Saltatian une danfe à notre ma* 
niére, a fait dans fon livre ik la Tri* 
gedie antique (a), une defeription <k 
théâtre des Anciens , à laquelle on ne 
comprend rien. 

Il eft vrai qu'Ariftore appelle Mufi- 
que dans le vingt-iixicme chapitre de fa 
Poétique (b) t ce qu'il avoir appelle 
mélopée dans fon iîxiéme chapitre. 
Neque parvus prœierea Tragedla ex rnufi- 
ca & apparatu cumulus accedit,quibujvar 
liiijjimè concilïatur voliiptas. = La Tr 
3 > gédie ne tire pas un avantage médi 
i> cre de la mufique ôc de l'apparei 
«de la repréfentation, qui font tai 
» de plaifir. « Mais c'eft que l'art de 
compofer cette mélodie, qui devoit 
régner dans toute la pièce , puifqu'elle 
n'étoit pas moins ellentielle que l 
mœurs » étoit un des ans muficaux. 
Cet Auteur fe demande encore à 1 



C a ) Imsrimé en 1 7 1 f . 
(b) Bxz, caf» 16. 




fur la Poëjît & fur la Peinture, 1 03 
même dans un autre ouvrage (a), 
pourquoi le chœur ne chante pas dans 
les Tragédies fur le mode Hypodo- 
rien j ni fur le mode Hypophrygien , 
au lieu qu'on fe fen fouvent de ce*s 
deux modes dans les rôles desperfon- 
nages , principalement fur la fin dea 
fcènes , & lorfque ces perfonnages doi- 
vent être dans l'excès de la paûloo. Il 
répond à cette queftion , que ces deux 
tons font propres à l'exprelîion des 
pallions emportées des hommes d'un 
grand courage , ou des Héros qui font 
ordinairement les premiers rôles dans 
les Tragédies , au lieu que les Adeurs 
qui conipofeùt le chœur , font fuppo-t 
fés être des hommes d'une condition 
ordinaire , & dont les paffions ne doi- 
vent point avoir fur la fccne le même 
aractere que celles des Héros. En 
condlieu , continue Ariftore, comme 
A&eurs du chœur ne prennent point 
ux événemens de la pièce ., le même 
ntérét qu'y prennent les principaux 
erfonnages , il s'enfuit que le chant 
u chœur doit être moins animé Se 
lus mélodieux que celui des auteurs 
incipaux. Voilà donc pourquoi .con- 
ta) frdfr. i9.4ifr.49» 

Eiv 




■ 



fl04 Réflexions critiques 

dut Ariftote , les chœurs ne chantent 
point fur le mode Hypodorien 4 ni fur 
le mode Hypophrygien. 

Le lecteur peut voir dans le Diction- 
naire de Mufique fait par Monfieur 
Eroflard > l'explication des modes de 
la mufique des Anciens. On ne fçau- 
roît dire plus pofitivement que le dit 
Ariftote dans & dernier paflage , que 
tout ce qui le récitoit fur le théâtre » 
étoit aflujetti à une mélodie compo- 
fée, & qu'il n'étoit pas libre aux Ac- 
teurs des Anciens , comme aux nôtres , 
de débiter les vers de leurs rôles fur 
le ton , ni avec les inflexions & les 
ports de voix qu'ils jugent à propos 
d'employer. 

Il n'eft pas bien certain véritable- 
ment qu'Ariftote ait rédigé lui-même 
par écrit fes problêmes ; mais il doit 
fuffire que cet ouvrage ait été compote 
par (es difciples , & qu'il ait toujours été 
regardé comme un des monumens de 
l'antiquité, fie comme étant compofé 
par conféquent , quand les théâtres des 
Grecs & des Romains étoient encore 
ouverts. 

Comme lestons fur lefquels on dé- 
clame t font différens. les uns des au- 



fur la Poëfie &{ur la Peinture. I c*f 
es , ainiî que les tons fur lefquels 
nous compofons notre mufique , la dé- 
clamation compofée devoit fe faire ne- 
ceflairement fur différens modes. Il de- 
voit y avoir des modes qui convinrent 
mieux que d'autres modes, àfexpref- 
fion de certaines partions » comme il y 
i des modes dans notre mufique plus 
propres que d'autres, à les bien expri- 
mer. 

Ce que les Grecs appelloîenr mélo- 
die tragique , les Romains l'appelloient 
quelquefois Carmen. Ovide qui étoic 
un Poète Latin , & qui par coiiféqinnr 
ne compofoit pas-lui-méme la déc ama- 
rion de fes pie'ces dramatiques , dit 
dans une même phrafe où il parle d'un 
de fes ouvrages qu'on reprcfentoit fur 
Je théâtre avec fuccés » noire Carmen &* 
mes vers. 

Car mina cùm plena f ahuri noftra ihtatro , 
>m tf plaudi fcribii , amice , meit, (a)' 




)vide dit noflra Carmina , parce qu'if 
n'y avoit que le rithme & le métré 6 & 
k déclamation qui fuiïenr de lui. L a 
mélodie de la déclamation appartenoi^ 
à un autre. Mais Ovide dit mes vers # . 

») Trijt. tH, u El. 7. 





ro6 ■ Réflexions critiques 
meos ver fus , parce que les pen fées , l'ex- 
preflîon , en un mot , les vers confïdé- 
rés fur le papier , étoient entièrement 
de lui. 

Ce qui achèvera de montrer que le 
Carmen comprenoit , outre le vers, , 
quelque choie d'écrit au - de (Tus du 
vers , pour prefcrire les inflexions de 
voix qu'il falloit faire en les récitant ; 
ce fera un paflage de Quintilien , l'Au- 
teur le plus grave qu'on -punTe citer fur 
cette matière. Il dit pofitivement que 
les anciens vers des Saliens avoient uû 
carmçn. Voici fes paroles. Verfus quo- 
que Saliorum habent carmen ., quat cunt 
cmnia fint à Rege Numa ïnjîituîa ,f&- 
ciunt manifeflum ne Mis qiudem qui ru- 
des ac bellicoji videntur , curam Mujites 
quantam iita recipiebat eetas j defitijft. (a) 
Les vers des Prêtres Saliens ont leur 
chant affecté ; Si comme leur inftitut 
vient du Roi Numa , ce chant montre 
que les Romains , tous féroces qu'ils 
étoient alors , ne laifToient pas d'a- 
Voir déjà quelque connoiflance de la 
Mufique. Comment ce chant auroit-il 
été tranfmis depuis le rems de Numa 
jufqu'au tems de Quintilien , s'il n'eût 

la) InJlU, Hb. prim» cap, 12, 




I 



far la Poëfîe tffur la Peinture* 1 07 
)int été écrit en notes j & d'un autra 
côté , s'il étoit un chant mulîcal , pour- 
quoi Quintilien l'appelle-t*il carmcn ? 
Ignoroit-il que (es contemporains don-> 
noient tous les jours , quoiqu'abufive-- 
ment , le nom de carmzn à des vers qui 
ne fe chantoient pas , donc la déclama- 
tion étoit arbitraire, Se dont les An- 
ciens appelaient la récitation une ^ec- 
fure , parce que celui qui les lifoit , n'é- 
toit aftreinc qu'à fuivre la quantité , Se 
qu'il étoit le maître de faire, en les ré- 
citant , telles inflexions de voix qu'il 
jugeoit à propos ? Pour citer un con- 
temporain de Quintilien , Juvenul dit 
à un de fes amis qu'il invite à fouper ,. 
que durant le repas on lira quelque 
chofedes plus beaux endroits de l'Ilia- 
de ôc de l'Enéide, Celui qui lira , n'eil 
pas , ajoute Juvenal , un lecteur bien 
merveilleux ; mais qu'importe : de pa- 
reils vers font toujours un grand plat™ 
fir. 

Ccniicor Iliaios cantàbuur attjue Miironis 
Airifoni duliam faciuxia termina palmam r 
Quid rtftrt talts vcrjiit qm vùct Ugawur. ( i ) 

Dans un autre endroit , Juvenarappefte 

( a ) Juv. Sot, tir 

Evj 




I 



108 Réflexions critiquer 

encore carmina la fimple récitation de3 
vers Hexamètres de la Thébaïde de 
Stace , que Scace devoir lire lui-même 
& prononcer à fon gré. 

Cwritvr ai voctm jucuniim & carmen attûcit. 
Tkébaiies lœtamftcit cumSrariutvrbim* 
Promijîtqtu iicm , wnra duhilint captai 
Aflîcu ilk uijimts , ranrajitt liliiiiu vulgi 
Aadicur. <a) 

Or , comme Quintilien s'explique 
dogmatiquement dans l'endroit qui 
vient d'être cité , il fe feroit bien don- 
né de garde de fe fervir du terme car- 
men pour dire un chant mufical , & 
d'employer ce mot dans un fens aufli 
oppofé à la lignification abufive que 
l'ufage lui donnoir* Mais carmen origi- 
nairement fignifioit autre chofe , & 
d'ailleurs il étoit le mot propre pour 
lignifier la déclamation , & déterminé 
encore à fa première Se véritable ac- 
ception , par l'endroit même où il étoit 
employé. Enfin Texpretlîon verjus ha- 
beat carmen ne laifle aucun doute fur la 
lignification que doit avoir le mot car- 
men dans le paflage de Quintilien , Se 
dans les vers d'Ovide* 

(a) Jttv, Sac. 7,. 



I 

fur la Potjic&fur la Peinture, i Qff 
Les Modernes croyant que c armai 
toujours la lignification abufive 
Çu'il a dans les vers de Juvenal qui 
Viennent d'être rapportés , & où il 
•'eue dire firoplement des vers , la li- 
gnification propre de ce mot leur a 
échappé ; & faute d'en avoir eu l'intel- 
ligence , ils n'ont pas connu que les 
anciens avoientune déclamation corn- 
■pofée , & qui s'écrivoit en notes , fans 
^tre pour cela un chant mufïcal. Un 
autre mot mal interprété , a beaucoup 
encore contribué à cacher aux Auteurs 
modernes l'exiftence de cette déclama- 
tion. J'entends parler du terme camus 
& de tous fes dérives. Les Critiques 
modernes ont donc entendu connu , 
comme s'il fïgnihoit touk>urs un chant 
muiical , quoique dans plufieurs en- 
droits il veuille dire feulement un 
chant en général , une récitation .aflu- 
jerne à fuivre une mélodie écrite en 
notes : Ils ont entendu cancre, comme 
s'il fignirloit toujours ce que nous ap- 
pelions proprement chanter* De-là prin- 
cipalement eft venue l'erreur qui leur 
a fait croire que le chant des pièces, 
dramatiques des anciens étoit un chant 
proprement dit , parce que les Auteur* 



r 1 2 R (flexions critiquer 

après qu'on fe fut mis à compofér «il 
profe. Ainfi l'on vint jufques à dire 
chanter de la profe, pour dire récitée 
de la profe. 

Comme nous n'avons point dans no- 
tre langue un mot générique qui rende 
celui de canere, le ledeur voudra bien 
me pardonner les fréquentes périphra- 
fes donc je me fuis déjà fervi pour le 
Traduite , & celles dont je ferai en- 
core obligé de me fervir , afin d'éviter 
les équivoques où je tomberois , fi j'ai- 
lois employer le mot de chanter abfo- 
Iument, tantôt pour dire exécuter un 
chant mufrcal , & tantôt pour dire en 
général exécuter une déclamation no- 
tée. 

Rapportons à préfènt les pauages 
«Jes anciens Auteurs qui mettent en 
évidence j, que quoique les Grecs Se 
les Latins donnaient le nom de chant 
à la déclamation de leurs pièces de 
théâtre j cette déclamation n'étoit pas 
néanmoins un chant mufical- 

Dans les Dialogues de Cicéron fur 
FOrateur » Cradlis un des interlocu- 
teurs .après avoir dit que Lœlia fa: 
belle mère prononçait uniment & fans 
axTeéler , des accéns trop fié que ns Sç 



far la Poëfa &furla Peinture, 115 
op marqués , ajoute : O) Lorfquç 
nds parler Lœlia , je crois enten- 
dre jouer les pièces de Plaute & celles 
deNsevius. Lepaflage de Cicéron que 
"" ne fais que cirer ici , fera rapporté 
ns la fuite en entier. Lœlia ne chan- 
<oit point en parlant dans fon domelli- 
Donc ceux qui récitaient les piè- 
ces de Plaute & de Nxvius , ne cnan- 
toient pas. Ciceron dit encore dans un 
tre ouvrage (b) que les Poètes co- 
iques ne faifoient prefque pas fentir 
nombre & le rithme de leurs vers , 
afin qu'ils reffembla fient davantage 
aux conventions ordinaires. At Co- 
miorumfenarii propierjimilïtuâïntm fer- 
m<>nis 3 fie fait abjefli ., ut non manquant 
yix in his numerus &• verjus intelligi pof- 
f\m. Cette attention à imiter le difeours 
ordinaire , auroit été perdue , fi l'on 
eut chanté ces vers. 
Cependant les Auteurs anciens fe 
ent du mot de chanter lorfqti'ils 
parlenr de la récitation des Comédies, 
ainfi qu'ils s'en fervent en parlant de 
•citation des Tragédies. Donat 8t 
Euthemius , qui ont vécu fous le régne 

(1 ) De 0'.f. Hb. ttTVDo 

[!>) In Onu 




114 Réflexions critiques 

de Conftantin le Grand , difent dans 
l'écrit intitulé : De Tragedia & Comedia 
Commentatiunculœ , que la Tragédie ôc 
la Comédie ne confiftoient d'abord que 
dans des vers mis en mufique , & que 
chantoit un chœur foutenu d'un ac- 
compagnement d'inftrumens à vent. 
Comedia vêtus ut ipfa quoque olim Trage- 
dia t Jîmplex Carmen t quod chorus „ cum 
tibicine concinebat. Ifidore de Séville 
nomme également Chantres , ceux qui 
jouoient les Tragédies , & ceux qui 
jouoient les Comédies, (a) Sunt qui an' 
tiqua gefta & facinora fceleratorum iïe- 
gum luBuofo carminé J fpettante populo , 
cominebanu Comxdifunt ., quipr'watorum 
kominum atla dittis aut gejlu exprimunt* 
Horace , avant que d'expo fer dans foo 
Art Poétique ce qu'il faut faire pouc 
compofer une bonne Comédie , défi- 
nit une bonne Comédie celle qui re~ 
tient les fpe&ateurs jufqu'à ce que le 
Chantre leur dife applaudiffèç. Donec 
Cantor _, vos plaudhe ,-dicat. Qui étoit 
ce Chantre ? L'un des Comédiens. L'Ac- 
teur qui jouoir la Comédie, Rofcius, 
par exemple > étoit foutenu par un ac- 
compagnement , auffî bien que i'Acr 

<•) Orig. lib. i|. e. *s» 






^^m 



^H 



fur lu PoefieÙ' fur la Peinture. 115* 
teur qui jouoic la Tragédie , comme il 
te verra par la fuite. On difoit égale- 
ment de l'un & de l'autre ; Qu'il chan- 

tOÏT. 

Quintilien fe plaint que les Ora- 
teurs de fon rems plaidafTent au bar- 
reau comme on récitoit fur le théâtre. 
Nous avons rapporté déjà ce qu'il en 
dit. Croit-on que ces Orateurs chan- 
taiTent comme on chante dans nos 
Opéra ? Dans un autre endroit (a) , 
Quintilien défend à fon Elevé de pro- 
noncer les vers qu'il doit lire en par- 
ticulier pour étudier la prononciation , 
avec la même empliafe qu'on récitoit 
les Cantiques fur le rhéâtre. Nous ver- 
rons bientôt que ces Cantiques étoient 
les fcènes de la pièce , dont la décla- 
mation étoit la plus chantante. Or il 
auroit été inutile à Quintilien de dire : 
Sit auitm leflio virilis J non tamen in Can- 
ticum diffoluta , & de défendre à fon 
Elevé d'imiter le chant des Cantiques 
dans les circonstances où il le lui dé- 
fend , fi ce chant eût été un chant vé- 
ritable, fuivant notre manière de par- 
ler. 

Ce même Auteur dit encore dans un 

( j J Lib. prirru c. i o. 



1 1 6 I? éflexions crlùquei 

partage que j'ai déjà cité , que ceux qui 
jouoient les Comédies , ne s'éloi- 
gnoient point de la nature dans leur 
prononciation , du moins aflez pour la 
faire méconnoître dans leur langage , 
mais qu'ils relevoient par les agrémens 
que l'art permet , la manière de pro- 
noncer ufitée dans les entretiens orr 
dinaires, (a) A&ores Comicinec itapror- 
fus ut nos loquimur pronuntiant j quoi 
effet Jîne arte ; nec procul tamen à natura 
recedunc , quov'uio periret imitatio .• Sed 
morem commuais hujus fermoms décore 
comico exornant. Que le lecteur juge G 
c'eft-Ià chanter. 

Enfin Quintilien, après avoir dans un 
paflage que nous avons rapporté , dé- 
fendu à l'Orateur de chanter comme 
les Comédiens , ajoute , qu'il eft fore 
éloigné de lui interdire une déclama- 
tion foutenue, & le chant convenable 
à l'éloquence du barreau. Cicéron , 
continue- t'il, a reconnu lui-même la 
convenance de ce chant voilé pour 
ainlî dire. Quid ergo f nutn -Cicero dicit 
eJJ'e aliquem in oratione cantum obfcurio— 
rem ? ojïerrdam non multb poji ubi & quate* 
nus recipiendusjïc hïcfiexus & camus. (/?)» 

ip) Lib. 1 1. c. £ rira. {b} Jji,'f. Ub. XI. c. j> 



I 



fur la Poëjîe &fur la Peinture. 117 
Lorfque Juvenal tait dans fa feptié- 
n>e Satyre l'éloge de Quintilien , il y 
die entre autres chofes que cet Ora- 
teur chant oit très-bien t lorfqu'il avoit 
daigné prendre les foins & les précau- 
tions que les Romains prenoient pour 
fenétoyer les organes de la voix, & 
dont nous parlerons cî-deflbus. (a) 

pu meximut & jacufatar j 
Et fiperjrixir j caïuacbent. 

Quintilien , quand il parloit en pu- 
blic , chantoit-iî , à prendre le terme 
déchanter dans ta îjgnifieation qu'il a 
parmi nous? 

Mais, dira-t'on , quand les chœurs 
des anciens chantoient , c'étott une 
véritable mu/îque. Quand les A&eurs 
citant oient, ils chantoient comme les 
chœurs. Ne voyez-vous pas * dit Se- 
neque , combien il entre de fons diffé- 
rons dans un chœur. Il y entre des def- 
fa s , des tailles &. des baffes. Les inf- 
rrumeus à vent s'y mêlent avec les 
voix des. hommes 8c des femmes ; ce- 
pendant il ne xéfulre qu'un feul con-» 
tert de tout ce mélange. C'eft fans difî 
linguei ces fons , qu'on les entend tous, 




1 1 8 R éftexions critiqua 

Non (a) vides quàm multorum vocibus 
chorus conflet ; unus tamen ex omnibus 
fonus redditur. Cliqua iliic acuta 3 cliqua. 
gravis , aliqua média. Accedunt virisjœ- 
miniz , interponutitur tibix , jîngulorum 
iliic latent voces , omnium apparent. A 
quelques termes près , ce paflage fe 
trouve encore dans Macrobe (fr).Ily 
ajoute même cette réflexion , Fit con- 
centra ex dijfonis. Tous ces fons diffé- 
rens forment un feul concert» 

Je re'ponds en premier Jieu , qu'il 
n'eft pas bien certain , en vertu de ce 
païïage , que les chœurs chantaflent 
une mufique à notre manière. Il eft 
vrai qu'il paroîtra d'abord impoffîble 
que plufieurs perfonnes piaffent décla- 
mer en chœur , même en fuppofant 
q\ie leur déclamation fût concertée. 
On ne conçoit pas que ces chœurs 
puflenc être autre chofe qu'une cohue. 
Mais parce que la chofe femble impof- 
fîble fur la première appréhenfîcn t il 
ne s'enfuit pas qu'elle foit telle réelle- 
ment. Il feroit même téméraire d'en 
croire fi facilement notre imagination 
fur les poflibilitps , parce qu'on prcfu- 

Ci) Èflfl. 1.4. 

^t») Snfurn. lib.prim, in Prov, 




fur la Poejîe &fur la Peinture, I ip 
me volontiers que les chofes (ont im- 
poflîbles , lorfqu'on ne trouve pas le 
moyen de les exécuter , & la plupart 
des perfonnes fe contentent même de 
donner à la recherche de ce moyen un 
demi-quart d'heure d'attention. Peut 
être qu'après, un mois de méditation , 
on auroit trouvé les mêmes chofes poiTî- 
bles dans la fpéculation , & ilx mois 
d'application les auroïent fait encore 
trouver poflibles dans la pratique. Un 
autre homme peut encore imaginer des 
moyens qui ne font point à la portée 
de notre efprit. Cette difcufiîon nous 
meneroit trop loin. Ainfi je fuppofe 
que les chœurs ayent chanté en mufi- 
que harmonique une partie de leurs 
rolles, mais il ne s'enfuit pas que les 
Acteurs y chantafleht aufli. 

Nous-mêmes nous avons plufieurs 
pièces dramatiques où les Afteurs ne 
font que déclamer , quoique les chœurs 
y chantent. Telles font FEfter & l'A- 
rhalie de Racine. Telle eft Pfyché , 
Tragédie compofce par le grand Cor- 
neille bc par Molière. Nous avons mê- 
me de; Comédies de cette «fpcce , ÔC 
l'on fçait bien pourquoi nous n'en 
Avons pas un plus grand nombre, Co 




Ï20 Réflexions critiques 

n'eft point certainement que cette ma- 
nière de repréfenter les pièces drama- 
tiques , foit mauvaife. 

J'appuyerai même encore cette ré— 
ponfe d'une réflexion. C'eft que les an 
ciens fe fervoient, pour acccmpagnei 
les chœurs , d'inflxumens difterens , de 
ceux dont ils fe fervoient pour accom- 
pagner les récits. Cet ufage d'employer 
clans ces deux accompagnemens des 
inftrumens différens , prouve quelque 
choie. Quando enim chorus canebat cho~ 
ricis tibiis * id ejï* choraulicis , artifex con~ 
cinebat. lis cantkis autem Pythaules Fy- 
thicis refpondebat ., dit Diomede. (a) 
Quoiqu'il en foit , fuppofé qu'il fallût 
entendre le terme de chanter au propre , 
quand il s'agit du chant des chœurs , il 
ne s'enfuivroit pas qu'il fallût entendre 
ce mot dans la même acception où il 
s'agit des récits. Nos preuves & nos 
raifonnemens ne laifleroient pas d'être 
encore concluans. 

(a) De Artt Gramm. lib. 3» 



SECTION 




fur la Po ïjh &fur U Peinture. 121 



SECTION VIL 

Nouvelles preuves que la Déclamation 
théâtrale des Anciens étoit compofée* 
& qiCtllesècrivoiten notes. Preuve ti- 
rée de ce que UAfleur qui la récitait * 
étoit accompagné par des inftrumenu 

I L paroît donc évident que le chant 
des pièces dramatiques qui fe réci- 
toient fur les théâtres des Anciens , 
n'avoient ni paflages , ni ports de 
voix cadencés , ni tremblemens fou- 
tenus , ni les autres caractères de no- 
tre chant mufîcal : en un mot que ce 
chant étoit une déclamation comme la 
nôtre. Cette récitation ne laiffbit pas 
d'être compofée ., puifqu'elle étoit fou- 
tenue d'une baffe continue * dont le 
bruit étoit proportionné ., fuivant les 
apparences , au bruit que fait un hom- 
me qui déclame. Car le bruit qu'une 
perfonne fait en déclamant , eft un 
bruit moins fort & moins éclatant que 
celui que la même perfonne feroic , \l 
elle chantoit. Premièrement , on n'é- 
branle point , on n'agite point autant 
Tome III. F 




1 22 Réflexions critiques. 

d'air en déclamant qu'en chantant. Se- 
condement , lorfque nous déclamons, 
nous ne brtfons pas toujours l'air con- 
tre des parties qui ayent autant de ref- 
fort , 8c qui le froiflenc autant que les 
parties contre lefquellès nous les bri- 
fons en chantant. Or l'air retentir plus 
ou moins , fuivant qu'il a été froifle. 
Voilà , pour le dire en paflânt , ce qui 
fait que la voix des Muficiens Italiens 
fe fait mieux entendre que celle des 
Muficiens François. Les Muficiens Ita- 
liens forment entièrement avec les car- 
tilages voifins du gofier , plufieurs fons 
que les Muficiens François n'achèvent 
de former qu'avec le fe cours des joues 
intérieures. 

Je crois donc que la balle continue, 
dont la déclamation des Adeurs étoit 
accompagnée , ne rendoit qu'un bruit 
très-foible. Ainfi qu'on ne s'en forme 
pas l'idée fur la balle continue de nos 
Opéra. Cette idée ne ferviroit qu'à 
faire trouver des difficultés mal- fon- 
dées fur une chofe confiante , par le 
témoignage des Auteurs les plus ref- 
peftables de l'antiquité qui ont écrit 
ce qu'ils voyoient tous les jours. 

Cicerou dit que les perfonnes 




fur la Poëftc & fur la. Peinture. 1 2 3 
vantes en raufique , connaifToient , des 
qu'elles avaient entendu les premières 
notes du prélude des inftrumens , fi l'on 
alloit voir Anriope ou bien Androma- 
que , quand les autres fpeâateurs n'en 
devinoïenc encore rien, (a) Quàm nud- 
ta é qux nosfugiunt in cantu ; exaudiunt 
in to génère exercitari , qui primo inflattt 
tibkinis Amïopem eJJ'aaiunt aut Andromw 
diam, cùm id nos ne fufpicemur quidem. 
Antiope & Andromaquefont deux Tra- 
gédies dont Cîceron parle en difle'rens 
endroits de Ces ouvrages. 

Ce qui fuit fera voir que les inftru- 
mens ne fe taifoient point après avoir 
préludé j mais qu'ils contiuuoient Se 
qu'ils accompagnoient l'Aâeur. Cice- 
ron , après avoir parlé des vers Grecs , 
donrle métré n'eftprefquepasfenfible, 
ajoure que les Latins ont auill des vers 
que l'on ne reconnoit point être des 
vers , que lorfqu'on les entend réciter 
avec un accompagnement. Il cite pour 
exemple des vers de la Tragédie de 
Thyefte, qu'on pourroit prendre, dit- 
il , pour de la profe , quand on ne les 
entend pas avec leur accompagne- 

ent. Quorum fimiUima. funt quœdam 

(») Acai. Qujji. lit. ♦• 

Fij 






124- Reflexions critiques 

apud nojlrcs , vdut Ma in Thyejîe. 

Qutmnsm u tûidicam quant tarda inftntElutt, 

Et quœfequunfur , qux , nift cum Tibiaa 
accejftru , funt Orationi folutx fimdli- 
tna. (a) 

La Tragédie de Thyefte dont Cice- 
ron avoit tiré ce vers , étoit celle qu'il 
cite fouvent lui-même comme l'ouvra- 
ge du Poète Ennius , (b) & non point 
celle que Varius compofa depuis fur le 
même fujet. 

Dans le premier livre des Tufcula- 
nes j Ciceron , après avoir rapporté 
l'endroit d'une Tragédie où l'ombre de 
Polydore fupplie qu'on veuille donner 
la fépulture à fon corps , pour faire fi- 
nir les maux qu'elle endure : ajoute : 
Je ne fçaurois concevoir que cette om- 
bre foit auflï tourmentée qu'elle le die, 
quand je l'entends réciter des vers dra- 
matiques fi correfts , & quand je la 
trouve fi bien d'accord avec les inf- 
trumens, 

tim ! reliquias frmi ajji R gis , de/tviatis ejfibut 
Per tiTiamfan.it dtiïbutùm fait divexaritr. 

Non intelligo quid meuiat j cùm tain bonos 

( a ) I" Cratt ad M, finir» 
(b; la Tufç, QiugjZ. 




far ta Poe'Jîe G 1 fur la Peinture, t zf 
fkptenarios fundat ad tihiam. On peut 
voir dans Diomede (a) pourquoi je tra- 
duis feptenarios par des vers dramari* 
ques. _ 

L'ombre de Polydore étoit donc 
foutenue d'un accompagnement, quand 
elle récitait. Mais je vais encore rap- 
porter deux partages de Ciceron qui 
me femblent fi décifîfs, que peut-être 
Je lecteur trouvera t'il que j'ai eu tort 
d'en copier d'autres, 

Cet Auteur, après avoir dit qu'un 
Orateur qui devient vieux , peut raU 
lemir fâ déclamation, ajoute : Citons 
encore ici Rofcius , ce grand Comé- 
dien , que j'ai déjà cité tant de fois 
comme un modèle d'après lequel les; 
Orateurs pouvoient étudier plufieurs 
parties -de leur art. Rofcius dit qu'il 
déclamera beaucoup plus lentement, 
lorfqu'il fe fentira vieux t & qu'il obli- 
gera les chanteurs à prononcer plus 
doucement , & les inftrumens à rallert- 
lir le mouvement de la mefure. Si le 
Comédien aitreint à fuivre une me- 
fure réglée , continue Ciceron , pêne 
foulager fa vieïllefie en rallentiflant le 
mouvement de cette mefure , à plu» 

(t) An. Gramm. lib, j t c. ti< 

Fiij 



r 



116 RéflexionscTinques 

forte rai (on un Orareur peut- il I 
foulager fa caducité. Non feuler, 
J'Orateur eft le maître du richme 
du mouvement de fa prononciati 
mab comme il parle en profe, & 
<tre obligé de fe concerter avec 
lonne , il eft encore le maître de c 
ger à fon gré la mefure de fes phn 
de manière qu'il ne prononce ja 
d'une haleine qu'autant de fyllabe 
en peut prononcer commodément 
Quamquam quoniam multa ad I 
tor'u jimiiuudinem ab uno artifice J 
mus ,Jdet idem Rofcîus dicerejt qw 
fibi cetcuis accèdent j ed tibicinls me A 
cantus remifjiores cjj'e fatlurum. Qi 
Me ajlriâus certa quadam numerorun 
deratione & pedum , tamen aliquid i 
qùem fine^utii excogitat J quantb 
îiùi nos qui non laxafe modes , fed 
murare pnffumus ? 

Perfonne n'ignore que Rofcid 
contemporain & l'ami de Cice 
étoit devenu un homme de conf 
tion par fes talens & par fa pr< 
On étoit fi bien prévenu en fa fa 
que lorfqu'il jouoit moins bien 
l'ordinaire , on difoit de lai quj 

i.» De Orne, lib, prim. 



fut la Poëfîe Crfur la Peintute. 1 £7 
riégligeoit , ou que par un accident au- 
quel les bons A&eurs font fujets volon- 
tiers , il avoir fait une mauvaife di- 
gçftion. (a) Noluit , inquhmt , agere Rof- 
CttUs dut cru.iiorfu.it. Enfin la plus gran- 
de louange qu'on donnât aux hommes 
qui excelloient dans leur art , c'étoit 
de dire qu'ils étoient des Rofcius dans 
leur genre, (b) Jam diu conjècutus eji ut 
in quo quifquis artifex exceller et j is in fua 
génère Rofcius dïceretur. 

Ciceron nous apprend dans un autre 
endroit de fes ouvrages . que Rofcius 
tint parole , lorfqu'il fut devenu vieux, 
Rofcius obligea pour lors l'accompa- 
gnement & ceux qui prononçoient pour 
lui ceruins endroits de la pièce, c'eft 
ce que nous expliquerons ci- défions , 
s foutfrir que le mouvement de la me- 
fure qu'ils étoient tous obligés de fui- 
vre , fût rallenti. Dans le premier li- 
vre des Loix, Ciceron fe fait dire par 
Atticus. Ut querti admoâum Rofcius fa- 
miltaris tuus in fmeclute numéros & cart- 
tus remiJJ'crat , ipfafque tardions feterat 
tibias. C'eft ainfi que votre ami R«f- 
cius en ufoit dans fa vieilleffe; il taU 

(a) Df at. nh. t. 
(bj L>t Ortt, iib, p-inu 

FLv 



'Ï28 Réflexions critiques 

foit durer plus Iongtems les mefures ; 
il obligeoit l'Acteur qui récitoit » à par- 
ler plus lentement , & il falloit que les 
inftrumens qui les accompagnoient 
fuivl-flent ce nouveau mouvement. 

Quincilien dit , après avoir parle 
contre les Orateurs qui déclamoient 
au Barreau comme on déclam oit fur 
le théâtre : » Si cet ufage doit avoir 
» lieu , il faudra donc aufli que nous 
» autres-Orateurs nous nous fanions 
» foutenir en déclamant , par des lyres 
»» & par des flûtes. « Cela veut dire 
que la déclamation théâtrale eft. fi va- 
riée , qu'il eft fi difficile d'entrer avec 
juftefle dans tous fes différens tons » 
qu'on a befoin , lorfqu'on veut décla- 
mer comme on déclame fur la fcène , 
de fe faire foutenir par un accompa- 
gnement qui aide à bien prendre ces 
tons , & qui empêche de faire de fauf- 
i'es inflexions de voix, (a) Quodfiom- 
nino recipietidum eft ; nihil caufîc eft car 
non illam vocis modulationem fidibus an 
tibia aâfuvtmus. 

C'eft une figure dont Quintilien fe 
f<?rt pour montrer qu'un Orateur na 
doit pas déclamer comme un Comé- 

(3) Inffit Mr* H. cagt 



fur la Poëfie & fur la Peinture . 1 29 
dien , à caufe de la nécelîîté où il fe 

jette en déclamant ainfî. Suivant l'idée 
que les Anciens avoient de la dignité 
de l'Orateur , cet accompagnement « 
dont on ne pouvoir point fe palier en 
déclamant comme on déclamoit fur le 
nVàrre , lui convenoir, 11 peu , que Ci- 
Céron ne lui veut pas même iburrrir 
d'avoir Jamais derrière lui , lorfqu'il 
le en public 3 un joueur d'inftru- 
ment pour lui donner fes tons > quoi- 
cfue cette précaution fût autorifée à 
Rome par l'exemple de C. Gracchus» 
Il eft au-deflbus de l'Orateur ., dit Ci- 
céron , d'avoir hefoin d'un pareil fe* 
cours pour entrer avec juftefle dans 
rous les tons qu'il doit prendre en dé- 
clamant. (d)< 

En effet, Quintilien rapporte (b) que 
ce Gracchus , un des "plus célèbres Ora- 
teurs de fon tems , avoir derrière lui , 
lorfqu'il haranguoit* un joueur d'inf- 
trumenc à vent qui de terns en tems 
lui donnoit le ton. Contemi [ïmus txem- 
plo Caii Graccki prarcipui fuorum tempo- 
rvm Oratoris , eut conrionami eovfiflens 
jpojl eum Muficut jïjlulâ quant Tonorium 

la) De Orat. tib, u 

(b) &b. prim, cjv tx> 



irtundi i 



150 iî éfiexiom critiques 

vocant ., modos quibus deberet inten 
miniflrabat. Il faut que d'autres Ora- 
teurs euflent fuivi l'exemple de Grac- 
chus y puifque la flûte qui fervoit à 
l'ufage dont nous parlons > avoit un 
nom particulier. Elle s'appelloit Tono- 
rhtm. On ne doit pas trouver C\ étran- 
ge après cela que les Comédiens fe 
fifient foutenir par un accompagne- 
ment, quoiqu'ils ne chantaflent point 
à notre manière , & qu'ils ne h (lent 
que réciter une déclamation compa- 
rée. 

Enfin nous voyons dans un des écrits 
de Lucien , (a) que Solon , après avoir 
parlé au Scythe Ânarchafis des Acteurs 
des Tragédies & de ceux des Comé- 
dies, lui demande s'il n'a point auflî 
remarqué les flûtes & les inftrumens 
qui les accompagnoient dans leurs ré- 
cits , & pour traduire mot à mot ; qui 
chantoient avec eux. Nous venons en- 
core de citer un paflage deDiomede, 
<jui fait foi qu'on accompagnoit les 
Cantiques ou les Monologues, (b) In 
Canticis autem Pythaules Pythiùs refpon* 
débat. 

( I ) lr\ Ci ■mn. 

<b> De Arte Crunm. Lib, ). 




fur la? o ëjle &fur ta Pdn tut t. 131 
Mes conjectures fur la compofition 
que pouvoir jouer ]a bafle continue 
dont les Acteurs étoient accompagnés 
en déclamant , font que cette compo- 
firion étoit différente pour les Dialo- 
gues & pour les Monologues. Nous 
verrons tantôt que les Monologues 
s'exécutoient alors d'une manière bien 
différente de celle dont les Dialogues 
«toient exécutés- Ainlî je crois que 
dans l'exécution des Dialogues , 1» 
baile continue ne faifoit que jouer 
de tems en tems quelques notes lon- 
gues , qui fe tai (oient entendre aux 
endroits où l'Auteur devoit prendra 
des tons dans letquels il étoit diffi-» 
eile d'entrer avec juftefte. Le Ton des 
inftrumens n'étoit donc pas un fon con* 
rinu durant les Dialogues , comme peuc 
l'ctre le fon de nos accompagnemens j, 
niais il s'échappoit de tems en teraî 
pour rendre à l'Acteur le même fer- 
vice que C- Gracchus tiroit du Au- 
teur , lequel il renoit auprès de lui 
lorfqu'il haranguoit , afin que ce Mu- 
ficien lui donnât à propos lestons con- 
certés. Ce foin occupoit encore Grac- 
chus , Iorfqu'U prononçoit (a) ces ter* 

{a ) Quîht. I, i, e, i», Aul> CiU U i , e. 1 1. 

Fvj 




152 Réflexions critiques 

ribles harangues qui dévoient armer 

les citoyens les uns contre les autres, 

& qui a rm oient certainement contre 

l'Orateur le parti le plus à craindre dans 

Rome. 

Quant à la balte continue , qui ac- 
compagnolt les monologues ou les can- 
tiques , qui étoient la même chofe r 
comme nous le dirons, je crois qu'elle 
éto't plus travaillée que l'autre* 11» 
femble même qu'elle imitât le fujet ,. 
& p-jur me fervir de cetre exprellîon r 
qu'elle joutât avec lui. Mon opinion- 
eft Fondée fur deux pafïàges , le pre~ 
mier eft de Donat. Cet Auteur dit 
dans un endroit qui a déjà été cité (à) » 
que ce n-'étoit pas le Poëte , mais ur> 
Muficien de profelïîon qui compofoit 
le chant des monologues : Modis canti- 
cct temperabamur non à Poïta ,fed à pe- 
rito artk Mufices faEîis. L'autre paflage 
eft tiré de l'écrit contre les fpecracles 
que nous avons parmi les ouvrages" 
de Saine Cyprien. L'Auteur dit , en. 
parlant des joueurs d'initrumens qu'on 
entendoit au théâtre :. L'un tire de fa. 
flûte des fons lugubres^ L'autre dif- 
pute avec les chœurs à qui fe fera eii^ 

(.» ) lu freg. ù T**g* û Cms*m". 



fur la Poëfie & fur la Peinture. 133? 
tendre , ou bien il joute contre la voix 
de l'Acteur , en s'eftbrçant d'articuler 
aufli Ton fouffle à l'aide de la foupleiTe 
de les doigts. Alttt lugubres fonos fpi- 
r'itu tibiam injlaniz moderatur. AUercunt 
choris 6* cum hominis canora voee oonten- 
dens fpirintjlia loqui digitis élaborât. 

Il eft virai qu'au fenriment des meil- 
leurs Critiques , le Traité contre les. 
fpeftacles que je viens de citer , n'eft 
pas de Saint Cyprien , ainfi fon auto- 
rité ne (eroit point d'un poids bien, 
confidérable , s'il s'agiflbit d'une quef- 
tion de Théologie. Mais dans la ma- 
tière que nous tâchons d'éclaircir -, fon 
témoignage n'en eft gueres moins au- 
tentique. Il fuffit pour cela que l'Au- 
teur de cet écrit , qui eft Gonnu de- 
puis plufieurs fiécles , air vécu quand 
les théâtres des Anciens étoient enco- 
re ouverts. Or l'Auteur de cet écrit „ 
quel qu'il ait été , ne l'a compofé que 
pour faire voir qu'un Chrétien ne de- 
voir point afiifter aux fpectacles de 
ces tems-là-; qu'il ne devoit pas, com- 
me le dit Saint Auguftin , participer (a) 
aux infamies du théâtre , aux impiétés, 
extravagantes du Cirque , ni aux. 

(a) Strm, Si» 




■*34 Réflexions critiques 

cruautés de l'amphithéâtre. Ce que \6 
viens de dire du Traité contre les fpec- 
tacles que nous avons parmi les ou- 
vrages de Saint Cyprien , je puis le 
dire auflï , pour ne le point répéter ail- 
leurs , de quelques écrits qui nous font 
reftés fous le nom de S, Juftin Mar- 
tyr , & que les Critiques ne recon- 
noifioienr pas pour être de lui. Il fuffit 
que ces écrits (a) qui font très-anciens , 
ayent été compofés quand les rhcâtres 
ctoient encore ouverts , pour rendrez 
les faits que j'appuye de leur témoi- 
gnage , des faits avérés. 

Cette étude recherchée de tous Ies- 
artifices capables de mettre de la for- 
ce , & de jetter de l'agrément dans la 
déclamation , ces rarinemens fur l'arr 
défaire paroître fa voix, ne pafleront 
point pour les bizarreries de quelques 
rêveurs auprès des perfonnes qui ont 
connoiflance de l'ancienne Grèce & de 
l'ancienne Rome. Non- feulement l'é- 
loquence y menoit aux fortunes les 
plus brillantes , mais elle y croit en- 
core , pour parler ainfi „ le mérite à la 
mode. Un jeune homme de condition, 
des plus avant dans le monde > & de 

(I) Ep> ad Zenon, 



fur la Po ëjte &fur la Pein titre. r 3 y 
Ceux qu'on appelle quelquefois en ftyle 
enjoué, lafinejlmr de la Cour, fe pi- 
quoit de bien haranguer, & même de 
parler avec applaudiffement devant les 
Tribunaux dans les caufes de fes amis , 
comme il fe pique aujourd'hui d'avoir 
un équipage le (le & des habits de bon 
goût. On le louoit de bien plaider ,. 
dans les vers galands qu'on faifcit pou* 
lui. 



Namqut b> nobilit G* deccns 
Et pra foHicins non e.-ciriu rtis 

Et centum pner arrium 

Lgcè Jîgna fera milicix tua. 

dit Horace (a) en parlant à Venus d'un 
de ces hommes du bel air. Qu'on fe fi- 
gure que ce monde , à qui les jeunes 
gens ont tant d'envie de plaire, fai- 
foit du moins autant d'accueilau jeune 
homme éloquent qu'au jeune homme 
bon Officier. Enfin c'étoit la mode que 
les Souverains parlaflent fou vent en 
public. Ils fe piquoient de compofer 
eux-mêmes leurs difcours , & l'on re- 
marque que Néron efl: le premier des 
Empereurs Romains qui ait eu befoin 
qu'un autre lui rit fes harangues* 

{«) Ht. Car. tib. 3. Qi. ppi, 



ï%6 Réflexions critiques 

Suétone & Dion nous apprennent 
que ce Prince étoit Ci fçavant dans Fart 
de la déclamation , qu'il avoir joué 
les premiers rolles dans les Tragé- 
dies de Canacée , d'Orefte » d'tëdipe 
& d'Hercule furieux. Le premier ra- 
conte même un incident arrivé dan3 
une repréferrtation de l'Hercule qui 
dût divertir l'affèmblée autant qu'au- 
cune fcène de Comédie. Un foldat des 
Gardes qui fervoit depuis peu, & qui 
étoit en faftion fur le théàrre , Ce mit 
en devoir de défendre fon ' mpeieu* 
contre les autres Acleurs qui le vou- 
loient enchaîner J dans l'endroit de la 
pièce où l'on mettoit les fers aux mains 
a Hercule. Inter cetera cantai'ii Canj- 
cem pj.rturientem , Oreftem matricidam , 
(Edipodem exc&catum , Hefcuîem infa- 
num. In qua fabula efl tyrunculutn mili- 
tent ad euflodiam adituipojitum , cum qutti 
ornarï catenis ac vinciri ., fient aryumen- 
tumpojîutabat f vider et i accurriflèferend<e 
opis gratiâ. 

Je vais alléguer un exempte qui efl: 
bien ici d'un autre importance. Thra- 
îea Pœtus cet illuftre Sénateur Romain; 
que Néron fit mourir , lorlqu'âprèi 
avoir fait périr tant d'hommes ver- 



fltr h Poëjîe &fur la Peinture. 137 
tueux , il voulut extirper la vertu mê- 
me , avoit joué dans une Tragédie re- 
préfentée fur le théâtre de la ville de 
Padoue dont il étoit. Tacite dit dans le 
feiiiéme livre de Tes Annales : Quia idem 
Thrafea Patai'U undt ortus erat .,. ludis 
Cejïicis A Trojano Antcnore injluutis » 
habïtu tragico cecinerat. 






SECTION VIII. 

Des Injîrumens à vent Gr à corde dont on 
fe fervoit dans les accompagnement. 

J e reviens à la bafle continue. On 
voit dans un bas- relief antique ce que 
nous avons lu dans Ciceron , je veux 
dire que les inftrumens ne fe taifoient 
point après avoir préludé , mais qu'ils 
continuaient de jouer pour accompa- 
gner l'Acteur. Bartholin le fils qui com- 
po'a à Rome fon livre fur Us flûtes des 
Anciens t place dans ce livre (a) une 
planche gravée d'après un bas-relief 
antique qui repréfente une fcène de 
Comédie , qui fe paCfe entre deux Ac- 

(a) Pc Tib. yex. cap, iQ«p. »îo» 




ïjB Réflexions critiques 

teurs. L'un qui efl vêtu de long » & qui 
paroît le maître , faifît fon efclave 
d'une main , &c il tient dans l'autre 
main une efpéce de fangle dont il veuc 
le frapper. Deux autres Acteurs , coëf- 
fcs comme les premiers du rnafque que 
portoientles Comédiens des Romains, 
entrent fur la fcène , au fond de laquelle 
on voit un homme debout qui accom- 
pagne de fa flûte. 

Cette bafie continue étoit compa- 
rée ordinairement de flûtes & des tu- 
nes inftrumens à vent , que les Ro- 
mains comprenoient fous le nom de^ 
Tibia. On ne laiflbit pas néanmoins d'y" 
employer auflî quelquefois de ces inf- 
trumens , dont les cordes étolent pla- 
cées à vuide dans une efpéce de bor- 
dure creufe , & dont la concavité faï- 
foit un effet approchant de celui que 
fait le ventre de nos violes. Suivant 
que cette bordure droit deffînée , fui- 
vant qu'elle avoit dans (a partie balle 
un ventre configuré d'une certaine ma- 
nière, on donnoit un nom diftérentà 
ces niflrumens , dont les uns s'appel- 
loient Tcftudines , & les autres Ckharx, 
c'eft à-dire, Lyres ou Harpes. 

Comme on voulut d'abord tirer de 



fur la Poéfie Orfur la Peinture. 135? 
ces inftrumens plus de tons différens 
qu'ils n'avoient de cordes différentes , 
on racourcifl'oit la corde donc on pré' 
tendoit tirer un fon plus aigu que ce- 
lui qu'elle rendoit J quand on la tou- 
cheroit à vuide , en la pinçant avec 
deux doigts de la main gauche , armés 
apparemment de dez d'yvoire, tandis 
qu'on la faifoit réfonner avec la main 
droite. C'étoîc dans cette main que les 
joueurs de lyre porcoient une efpéce 
d'archet court , & qui ne confiftoie 
qu'en un morceau d'yvoire ou de quel- 
qu'autre matière dure » façonné pour 
Tufage qu'on en vouloit faire. Il s'ap- 
pellok Peften en Latin. Les Anciens 
ajoutèrent dans la fuite tant de cordes 
à la lyre, qu'ils n'eurent plus befoin de 
cet artifice. 

Ammien Marcellin dit {a) que de fon 
rems , & cet Auteur vivoit dans le 
quatrième fiéde de l'Ere Chrétienne , 
il y avoit des lyres aufli grofles que 
des chaifes roulantes. Fabricantur Hy- 
draulica. &* Lyrx adfpeciem Carpentorum 
inventes. En effet , il paroît que dès le 
tems de Quintilien qui a écrit deux fié- 
clés avant Ammien Marcellin , chaque 

( a ) Amm. hijlcr. I. 14. 




I40 Réflexions critiques 

fon avoit déjà fa corde particulier* 
dans la lyre. Les Muficiens , c'eft Quin- 
tilien.qui parle, ayant divifé en cinq 
échelles s dont chacune a plufieurs dé- 
grés , tous les Tons qu'on peut tirer de 
la lyre , ils ont placé entre les cordes 
qui donnent les premiers tons de chacu- 
ne de ces échelles , d'autres cordes qui 
rendent des ions intermédiaires , & 
ces cordes ont été fi bien multipliées , 
que pour pafler d'une des cinq maî- 
treffes cordes à l'autre > il y a autant de 
cordes que de dégrés. Cum in cïthara 
quinque conflituerunt fonos , plurima de in* 
de variante comptent illa nervorum , atque 
is qux interpofuerunt , inférant alios , ut 
pauci illi tranfîtus multos gradtts habeant. 
Nos inftrumens à corde qui ont un 
manche , à l'aide duquel on peut tirer 
avec facilité différens tons d'une mê- 
me corde qu'on racourcit à fon plaifit, 
en la prenant contre la manche , au~ 
joient été bien plus propres pour un 
accompagnement , d'autant plus que 
bous les touchons encore d'un archet 
fort long & garni de crin , avec le- 
quel on unit & on prolonge aifément 
les fons > ce que les Anciens ne pou^ 
voient point faire avec leur archer*. 




: 



fur la Poëjîe & fur la Peinture. 141 
Mais je crois que les Anciens n'ont pas 
connu les inftrumens de Mufique à cor- 
de & à manche. Du moins tous les 
inftrumens que nous trouvons fur les 
monumens antiques , 011 l'on en voit 
un grand nombre , ont leurs' cordes 
placées à vuide. Voilà , fuivant les ap- 
parences .pourquoi les Anciens fe fer- 
voient plus volontiers dans l'accom- 
pagnement de leurs inftrumens à vent, 
que de leurs lyres , (a) quoiqu'ils leur 
eufïent donné dans la fuite jufqu'à tren- 
te & quarante cordes , ou principales , 
ou fubfidiaires. Us avoienc cependant 
un grand nombre d'inftrumens a corde , 
dont la conftruftion & Pufage fe font 
perdus. Mais les inftrumens à vent font 
fi propres pour les accompagnemens , 
que nous nous en fervons dans nos balles 
continues , quoique nous ayons des vio- 
les & des violons de plufteurs efpéces. 
Néanmoins les Anciens ne laiflbient 
pas d'employer quelquefois leurs inf- 
trumens à corde pour accompagner 
ceux qui réçitoient des Tragédies. 
Nous voyons qu'ils le faifoient, &pac 
les anciennes fcholies fur les Poètes 
tragiques Grecs , & par le Traité de 

(a) Quamcijl. PolL 




142 Réflexions critiqua 

Plutarque fur la Mulique. La Poétique 
d'Horace fuppofe encore cet ufage,& 
Dion raconte que du tems de Néron 
on fe fervit dans la repréfentation de 
quelques Tragédies d'inftrumens à 
corde. 

Il eft facile de comprendre , après 
ce que nous venons de dire , pourquoi 
l'on a marqué avec tant d'exactitude 
au bas du titre des Comédies de Té- 
rence , le nom des initrumens à vent 
dont on s'étoit fervi dans la repréfen- 
tation de chaque pièce , comme une 
information fans laquelle on ne pou- 
voit pas bien comprendre quel effet 
plufieurs fcènes dévoient produire dans 
l'exécution , ou comme une inftruétian 
néceflaire à ceux qui voudraient les 
remettre au théâtre. La portée de 
chaque efpéce de flûtes étoit très-bor- 
née du tems de Térence , parce que 
ces initrumens n'étoient encore percés 
que d'un petit nombre de trous, (a) 
Ainft cet enfeignement empéchoit 
qu'on ne fe méprît fur l'efpéce de flûte 
dont il falloir fe fervir j, & par confé- 
quent qu'on ne fe méprît au ton fur 
lequel il falloit déclamer plufieurs 

(a) Horot dt Ane Pocr. 



fur la Poëfo &[ut la Peinture. 1 4.3 
endroits des Comédies de ce Poëte. 

Non-feulemencon changeoit de flû- 
tes , lorfque les chœurs vendent à 
chanter , mais on en changeoit encore 
dans les récits» Donat nous apprend 
qu'on ie fervoit de l'efpéce de flûtes 
que les Anciens appelloient Tibia. dex~ 
ira, Se don le ton était très bas , pour 
accompagner les endroits férieux de 
la Comédie. On fe fervoit de deux 
efpéces de flûtes que les Anciens ap- 
pelloient flûtes gauches Se flûtes Ty- 
riennes ou Szrranx , pour accompagner 
les endroits de plaifanterie. Ces en- 
droits le prononcent naturellement d'un 
ton de voix plus élevé que les endroits 
férieux. Aulli le ton de ces flûtes étoit- 
il plus aigu que le ton des flûtes droi- 
tes. Dans les fcènes mêlées de traits 
férieux & de bouffonneries , on em- 
ployait alternativement toutes ces ef- 
peces de flûtes, (a) Dcxtrx Tibia fua 
gravitace feriam Com&âiœ AiElionem pre- 
nuntïabant. S'miftrx. £r Serrant hoc tft 
Tyriet acuminis fuavitate jocum in Comcc- 
dit oflendebant. Ubi autem dextra &JÎ- 
ùjlra aéia fabula infcribebaïur , miflint 
jocos 6" gravitaient denuntiabat. Il me 



144 Reflexions critiques 

femble que ce partage jette préfente< 
ment un grand jour fur le tirre des Co- 
médies de Térence , qui fouvent ont 
mis à la gêne des fçavans Commenta- 
teurs , fans qu'ils y difent rien fur quoi 
l'on puifie fonder un jugement ar« 
rete. 

Comme nous l'avons expofé danî 
le premier volume de cet Ouvrage, 
les Romains avoient , lorfque Donat 
écrivoit, des Comédies de quatre gen- 
res différens. Celles du premier genfc 
qu'ils appelloient Togatce ou les Comé- 
dies à longues robes * étoient trcs-férieu- 
fes. Les Tabernarix I'étoient moins. 
Les Atdlanes leur étoient apparem- 
ment femblables en cela , & les Mima 
dévoient être de véritables farces. On 
ne doit donc pas être furpris du détail 
où entre Donat , en parlant en général 
des flûtes dont on fe fervoit pour ac- 
compagner la récitation des Comé- 
dies. 

Le pafiage de Donat explique en- 
core un endroit de Pline où cet Hitlo- 
rien dit, que pour faire les flûtes gau- 
ches , on employoit le bas du même 
rofeau , dont le haut fervoit à faire les 
flûtes droites. Eam arundinem qux ra- 

dicem 



fur la. poèfu &fur la Pem titre. l 45" 
âxan antecejjerat icevx Tibia converure , 
m n ihxtrœ (a) Le bas duro- 
rit plus épais que le haut , il 
rendre un Ton plus aigu , & le 
hauc du rofeau doit par conféquent 
rendre un fon plus grave. Tous les 
s de Pliylique en donnent la rai- 
fort. 

me dira -c'ou , vous femblez 
les Acteurs des Anciens, d'une 
chofe qui paiîe pour un défaut. En 
difont d'un Acteur qu'il chante , on 
croit le blâmer. Je reponds que cette 
«prellion renferme vérk ': mj 

'«proche dans notre ufage , mais c'eil 
aement à caule du fens limité dans 
kquel nous avons coutume d'em- 
ployer le mot de chanter, lor (que nous 
*lous en fervons en parlant de la dé- 
■ i-, théâtrale." Il eft établi qu'on 
teur, qu'il chante, que 
■i'il chante mal-à-propos., torfqiril 
le Jette fans difeernement dans des 
ions peu convenables à ce 
qu'il dit ; Se lorîque par des tons em- 
portés & remplis d'une emphafe que le 
des vers défavoue , il met hors 
de propos dans fa déclamation un pa- 

-,'• 3 s. 

Tome LU. G 



_ 



■ 



"I4& Réflexions critiques 

tetique toujours ridicule , dès qu'il e/i 
faux. On ne dit pas d'un Acteur qu'il 
chante , lorfqu'il ne place qu'à pro- 
pos les foupirs , les accens les plus ai' 
gus &c les plus graVes , comme les 
tons les plus variés. Enfin , lorfqu'il 
employé dans les endroits , où le fens 
de, ce qu'il dit le permet , la déclama- 
tion la plus approchante du chant mu- 
Jîcal, On ne dit point de l'Actrice 
qui daigne encore jouer quelquefois 
le rôle de Phèdre dans la Tragédie de 
Racine , qu'elle chante le récit qui 
commence par ces paroles. Jufle ciel! 
Quai-je fait aujourd'hui f (a) quoique 
■fa déclamation ne foit alors différente 
du chant mu'fîcal , que parce que les fons 
que forme une perfonne qui déclame i 
ne font point frappés féparément , & 
'ne reçoivent, pas leur perfection dans 
les mêmes parties de l'organe de la pa- 
role , que las Tons que forme une pet- 
fotine qui chante. 

Or on voit bien que le chant Vi- 
cieux dont on vient de parler , ne fçan- 
roit être imputéarjx Acteurs de l'anti- 
quité. Ils avaient tous fait un long 
apprenti ilage de leur art , cofnfâ 

(aj Treg, de PheJre % '^tcit u 



- 



fur la Poe fie & fur la Peinture. 147 
le dirai plus bas , & prefque toujours 
ib ne fàifoient que réciter une décla- 
mation compofée par des hommes dont 
cette tâche étoit la profeflion parti- 
culière. 



SECTION IX. 

De la différence qui étoit entre la décla- 
mation des Tragédies , tV la déclama- 
tion des Comédies. Des Compojiieurs 
de déclamation- Réflexions concernant 
l'art de récrire en note!. 

Un ne fçauroit douter que la dé- 
clamation tragique des Anciens ne fût 
plus grave & plus harmonieule que 
leur déclamation comique. Or la dé- 
lation comique des Anciens étoin 
déjà plus variée & plus chantante que 
la prononciation ne l'étoit dans les 
converfations ordinaires. Quîntilien 
dit que ceux qui jouoient la Comé- 
die » imitoient bien en quelque chofe 
la prononciation familière j mais qu'ils 
ne la copioient pas en tout. Ils relè- 
vent , ajoutent-ils , leur prononciation 

Gij 





"148 Réflexions critiques 

par les ornemens & par l'élégance dont 
la déclamation comique eft iufcepti* 
ble. (a) Quod faciunt Aclores comiciqui 
nec ita prorfus m ut nos loquimur , pro- 
nunciant , quod effet fins, arte , nec pmul 
tamen à natura recedunt t quo vitio péri- 
ret imitatio s fid morem communis hujui 
fermonis décore comko exornant. 

Platon , après avoir dit que les Por- 
tes qui vouloienc compofer des Tra- 
gédies & des Comédies , n'y réullil^ 
foient pas également , ajoute : que le 
genre tragique & le genre comique de- 
mande chacun un tour d'efprit pcvti- 
culier , & il allègue même : (b) Qu* 
Us Acteurs qui dédament les Tra«édus, 
tie font pas les 'mêmes que ceux qui réci- 
tent les Comédies. On voit par plufieuO 
autres pafTages des Ecrivains de l'an- 
tiquité , que la profeflton de jouer des 
Tragédies, & celle de jouer des Co- 
médies , étaient deux profeflions dit* 
tintées , & qu'il étoit rare que le mê* 
me homme fe mêlât de toutes les deux. 
Quinrilien dit qu'vEfopus déclamoit 
beaucoup plus gravement que Rofcius , 
parce qu'iEfopus faifoic fa profeftÏQH 

(ȕ Quint. Jn;?. lit, ;. c^g, lia 
(.■> > BUmh Hep. /. 3. 

• 






/ 



fur la Po'éfie &fur la Peinture. 140 
de jouer dans le tragique , au lieu que 
Rofcius faifoit la Tienne de jouer dans 
le comique. Chacun avoit contracté 
les manières de la fccne à laquelle il 
s'étoit particulièrement attaché. (a) 
Rofcius dtatior , ALfopus gravior fuit , 
qubi hic Tragedias , Me Comedids egit t 
C'eft le caractère qu'Horace avoit don- 
né au fécond. 

QiLt gruh sEfopus , quee doflus Rofcius rgk, 

Lucien , dans fon Traité de la dan- 
U , dit qu'un Acteur tragique fe dé- 
mené fur le ihéâtre ; qu'il s'y tourne 
& retourne comme un furieux ; & 
qu'il y chante des complaintes Suppor- 
tables à peine dans la bouc lie d'une 
femme. Peut-on fouftrir , ajoute Lu- 
cien , qu'Hercule couvert d'une peau 
de Lion , 8c fa mafTue à la main , vien- 
ne fredonner fur uni théâtre les vers 
qui contiennent le récit de fes travaux. 

La définition que les Anciens lai- 
foient de la Tragédie & de la Comé- 
die , & que nous avons rapportée en 
fon lieu , fuffiroit feule pour nous con- 
vaincre que leur manière de réciter 
ces poèmes , étoit très différence. Ja 

(a) Qun;, J.'iJUi, lib. n. tap, 3. 

G îij 





ï y o J? éflexfons critiques 

me contenterai donc d'ajouter à ce 
que f'ai déjà dit , que les Adeurs qui 
jouoient la Comédie, n'avoient d'au- 
tre chaufiure qu'une efpéce de fandale 
qu'ils appelloienc focquc , au lieu que 
ceux qui déclamoient la Trage'die (a), 
montoient fur le cothurne , efpéce de 
brodequin dont la femelle étoit de bois 
& très épaifle , ce qui les taifoic pa* 
roître d'une taille fort élevée au-dellus 
de celle des hommes ordinaires , au 
rapport de Lucien , de Philoftrate , &: 
de plufieurs autres Ecrivains qui les 
voyoient tous les jours. Lucien nous 
apprend même (b) qu'on leur mate- 
laflbit le corps , afin que cette taille 
t'iirrme parût du moins proportionnée, 
& ce qu'il nous dit fur ce fujet , eic con- 
firmé dans une lettre attribuée à S. JuC- 
tin , Martyr, (c) 

Les habits J les mafques & les orne- 
mens dont on fe fervoit pour la repré- 
fenration des Tragédies , (d) étoient 
encore différens de ceux dont on fe 
fervoit dans la repréfentation des Co- 
médies. La décoration qui fervoit à la 

(a) Vira ApM. h 6. 

( b ) In Orthijï. 

{ c ) Epift- "i Zmcm & Sareaum* 

id) Onam, J*rii. i, 4. mjj. ». 



. 



fur la Poëfte h 1 fur la Peinture, i jf i 
, ne pouvoir pas fer vu à 
.die. (d) Celle qui fervott à la 
agcdie , dévoie représenter des Pa- 
i 'autres édifices fuperbes , au 
u que celte qui fervoit à la Comé- 
, devok reprefenter des maifons 
particuliers & d'autres batiroens 
pies- Enrin Horace & tous les Au- 
de l'antiquité qui parlent en paf- 
de la déclamation tragique des 
Anciens , fe fervent d'expreiîions qui 
marquent qu'elle étoit ce que nous 
«PDellons chantante* C'eft par où l'at- 
uent ceux des Auteurs anciens, qui 
ur différentes raifons» ne l'aîmoienc 
Mk Saint Juftin Martyr „ dans l'écrit 
Sue nous venons de citer , la traite da 
gttvtile clameur. L'Auteur de l'écrit (b) 
acre les fpectatles des Anciens , qui 
% pafle pour être de faiut Cypricu ., 
Vappelle IUai magnas tragicœ vocis in~ 
Janias- Tei tullien , dans le périt ouvra- 
ge qu'il a compofe Air le même fujet, die 
que l'Acteur de Tragédie crie de toute 
û force. i ociftrante > & Apu- 

lée (O 'e fert des r.^tnçs termes pom 



<>) l'rrm; /)'.'■. t. eap, t. 
l<) F,. 



G iv 



IJ*2 Réflexions critiques 

dire la même chofe : Comœdusferr 
natur , Tragœdus vodftraiur. Le Co 
dien récite ; mais celui qui joue la" 
gédie , crie à pleine tête. Lucien 
nous a confervé une description 
rieufe des perfon nages des Tragéc 
& des Comédies dans la converfa 
qu'il fait avoir à Solon avec Anac 
lis, y fait dire à ce Fhilofophe T, 
re (a) que les Acteurs de Comédi 
déclamoient pas avec autant d'emp 
que les Acteurs qui récitoient des ' 
gédies, * 

Aufli voyons nous que Quinrili 
fâche , qu'il invective prefque ce 
les Profefleurs en éloquence qui 
foient chanter ou déclamer leurs 
liera , comme on déclamoit fur le i 
tre. Il' 's'emporte contre les Ora 
qui ptaidoient au barreau de la n 
manière. (&) Ce n'eft point par qu( 
averllon capricieufe contre les C< 
diens que Quintilien défend aux 
feurs d'imiter la déclamation théai 
Quintilien n'avoit point plus d'i 
lion pour eux que Ciceron, II 

li _ Efcj» Ai _ . •.. n .Le- 



/ 



far la Po'ëjïe &fur la Peinture. I y 3 
au Comédien Andronicus de déclamer 
-bien qu'il le fatfoit. Il permet non- 
fejlement au jeune homme qui veuc 
faire du progrès dans l'éloquence d'ap- 
prendre l'arc du gefte; mais il confenc 
encore qu'il prenne durant quelque 
des leçons d'un Comédien [a) t 
& qu'il étudie fous ce maître les prin- 
cipes de l'art de la prononciation. 
Dandum aliquid Comcedo quoque , dun 
tatenus quatenus pronuntiandi fcïsntiaw 
futur us Ûrator dejiderat. Dans un autre 
endroit , (b) Quintilien dit auffi. ail- 
leur? que fon élevé doit fe faire eniei- 
gnei: pluheurs choies par un Comé- 
dien. Débet etiam docere Comœdus quo- 
modo narrandum , tW. 

Je vais encore rapporter plufieurs 
partages des Auteurs anciens que je 
crois propres à prouver mes opinions. 
Bu moins éclairciront-its la matière. 
On n'y a point fait jufques à préfent 
toute l'attention qu'ils méritoient , 
parce qu'ils font comme enfevelis dans 
les choies , à ï'occahon defquetles ces 
Auteurs les ont écrits. Nos paflages 
s'attireront plus d'attention s quand on 

(a) Quint. înjlit. lib. prim. ck 3. 
(I») ll'il. l'ib. jti/h, çap, 10, 

G y 




r ï 5*4 Réflexions critiques 

les verra raflemblés , à caufe du jour 
propre à les bien éclaircir , qu'ils fe 
'prêteront réciproquement. 

Ceux qui ont quelque habitude avec 
l'ancienne Grèce , n*auront pas été fur- 
pris de lire que les Poètes y fîHent eux- 
mêmes la déclamation de leurs pièces 
Mujici qui erant quandam iidem Pocta, 
dit Ciceron , (a) en parlant des anciens 
Poëtes Grecs qui avoient trouvé le 
chant & la figure des vers. 

L'art de compoferla déclamation des 
pièces de théâtre , faifoit à Rome une 
profeflîon particulière. Dans les titres 
qui font à la tête des Comédies de 
Térence , on voit avec le nom de 
l'Auteur du poëme , & le nom du chef 
de la troupe de Comédiens qui les 
avoit repréientées , Je nom de celui qui 
en avoit fait la déclamation , en Latin i 
Qui ficerat modos. J'ai déjà prévenu le 
leéteur fur l'ufage qu'on faifoit ordi- 
nairement de ce terme. C'étoit la cou- 
tume , fuivant Donat , (/>) que celui 
qui avoit compofé la déclamation d'u^ 
ne pièce , mît fon nom à la tête avec 
ïe nom du Poète qui l'avoit écrite , & 

( a ) D< On:- Ul, 3. 

(bj Frag, dt Trag, (? Cnwrf, 



fur la Po'éfîv (s" fur la Peinture. I j'y 

>m du. principal Acteur qui l'avoir, 

te. Qui modes faciebat nomen in 

pio falulx & feriptoris & aftoris J 

ffuum Juperimponebat. Je cite ce pafc 

ce fuivanr la correction de Gérard 

f is. (à) Surtout la déclamation des 

iques ou Monologues qui s'exécu- 

loit d'une façon très-finguliere, Se que 

pKHis expliquerons , n'étoit jamais mi- 

fe en rnufique par le Poète , mais par 

des hommes confommes dans la feience 

des arts muficaux , & qui faifoient leur 

profellion de faire repréfenter les pié- 

dramariques compofées par d'au- 

. Ce font ces Artifans que Quin- 

n appelle Artifices pronunciandi dans 

Un partage que nous allons rapporter. 

4)onat que nous venons de citer t dit ; 

■Modis Cant'ua temperabantuf , non à Ppë- 

ta, feâ à perito artis Muficesfaflis. 

n fe fert de la même expref- 
liod , Faccrc modes ^pout d cligner ceux 
ompofoient la déclamation des 
es de théâtres. Apres avoir dit que 
us déelamoie exprès certains en- 
rôle avec un gefte plus 
te le chant des vers ne 
oit le demander. Apres avoir die 

Gvj 



lyfj Réflexions critiques 

que Rofcius plaçok des ombres daitf 
fon aftion pour relever davantage les 
endroits qu'il vouloit faire briller , il 
ajoute : Le fuccès de cette pratique eil 
fi certain , que les Poètes & les Com- 
posteurs de déclamation s'en font ap- 
perçus comme les Comédiens. Ils fça- 
vept tous s'en prévaloir. Numquam. 
agit hune verfum Rofcius eo gejlu que 
potefi. 

Kamfapiias virruti honorent, pr&miurn , haulprxXara- 

périr. 

Sed abjicit prorfus ut in proximos , 

Ecquid video ? ferrofapCvs pojfidtt te&ftfaCrai , &c 

Indicat , afpiùat , admiretur , flupefeat j 
Quidilk dur? 

Qdd pteam ynrfJii t <3rc. 

Quàm leniter , quàm remijfe t quàm non 
aëluosè ? injlat enim , 

Pacer ! Pacriaf Priant! demas . f 

In que commôieri tant a. aElia non pojfec ', 
Ji ejj'et confimpta fuperion motu & exhaufi 
m. Neque id a&ores priùs viderum quàm 
ipfi Poètes , quàm denique Mi etiam qui 
fecçruns modos, à qiùbus utrifque fum- 



1H 




I 



fut la Po'êfu &fu r la Peinture, l ÇJ 
imhtuur aliquii , deinde augetur , exu- 
fnuatur , infiatur > variatur , diftingui- 
'tur.(a) 

Ces Compoliteurs de déclamation 
Revoient , ils rabaiiToient avec defA 
fein , ils varioient avec art la récita- 
tion. Un endroit devoit quelquefois fe 
prononcer fuivant la note , plus bas 
que le fens ne paioidbit le demander ; 
mais c'étoit afin que le ton élevé, où.- 
F Acteur devoir fauter à deux vers de- 
là , frappât davantage. C'eft ainfi 
qu'en u (oie l'Actrice à qui Racine avoit 
enfeigné lui-même à jouer le rôle de 
Monimedans Mithridate. Racine aulîï 
grand de'cîamateur que grand Poëre , 
lui avoit appris à bailler la voix en 
prononçant les vers fuivans , & cela 
encore plus que le fens ne femble le 
demander. 



Si le fûrt ne m'eut donnée S voitt , 
Mon bonheur , dependoir d; l'avoir pour epour. 
Avnnt nue ^orrc amour m'eùc envoyé ce gage,. 
Nom roui aimions-. ( a ) 

Afin qu'elle pût prendre facilement un 
ton à l'octave au-deflus de celui lux 



<i1 TtCra:, lib. f 
iii) rex.ll. ). Sent, 3. 






i y 8 R é flexions critiqua 

lequel elle avoit dit ces paroles : Nous 
nous aimioiu ., pour prononcer à l'octa- 
ve, Seigneur , vous change^ il vifage. 
Ce port de voix extraordinaire dans la 
déclamation , étoit excellent pour 
marquer le défendre d'efpiit où Mon li- 
me doit être dans l'initant qu'elle ap- 
perçoit que fa facilité à croire Mithri- 
date , qui ne clierchoit qu'à tirer foa 
fecret , vient de jetter , elle & fon 
amant dans un péril extrême* 

Pour entendre les -paflages des An- 
ciens , qui parlent de leurs repréfenta- 
tions théâtrales , il me femble nécef- 
faire d'avoir connoiffance de ce qui le 
paÛe fur les théâtres modernes , 8c 
même de confulter les perfonnes qui 
profeffent les arts , lefquels ont du 
inoins quelque rapport avec les arts 
que les Anciens avoient, mais dont 
la pratique elt perdue. Tels étoient 
l'art du gefte , & l'art de compofçr 
& d'écrire en notes la déclamation. 
Les Commentaires qu'ont voulu faire 
fur ces paflages des Sçavans illuftres , 
mais qui ne connoiflbient bien que leurs 
cabinets, les éclairciflent mal. J'aime- 
rois autant un Commentaire fur Tacite 
'écrit par un Chartreux, 



I 



fur la Poèfa &fir la Peinture. I ç§f 
Nous voyons par le livre de Quinti- 
lien , que ceux , Qui faciebant Modos , 
où les Composteurs de déclamation 
furent appelles dans la fuite , Artifices 
pronuntiandi , mot à mot j des Artifans 
en prononciation. Itaque in iis quie adfce* 
nam componuntur fabulis , Artifices pro- 
nunûandi , &*c. (a) « Voilà pourquoi 
* dans les pièces faites pour être re- 
*» préfentées fur le théâtre , les Arti- 
^ fans en prononciation, &c. « Je rap- 
porterai le partage entier , en parlant 
<les mafques dont les Comédiens de 
l'antiquité fe fervoient. 

On n'aura point de peine à concevoir 
comment les Anciens venoient à bouc 
de coinpofer la déclamation , même 
celle des Comédies , quand on fera 
réflexion que dans leur mufique les 
progreflions fe faifoient par des inter- 
valles moindres encore que les inter- 
valles les plus petits qui foient en 
ufage dans la nôtre. Quant à la ma- 
nière d'écrire cette déclamation , nous 
avons déjà dit dans la quatrième Sec- 
tion de ce volume , qu'il eft très-vrai- 
femblable qu'elle fe notoit avec les ca- 
ractères des accens. 

(a) Quia:, Lijl'u, lit, ii.r. .<• 







iCo Réflexions critiques 

L'ait d'écrire en notes les chants de 
toute efpéce , écoïc déjà très ancien à 
Rome dès le tems de Ciceron. 11 y 
étoit connu longtems avant qu'on y 
ouvrît les théâtres. Ciceron , après 
avoir parlé de Fufage que les Pytha- 
goriciens îaifoient de la mufique dans 
leur régime , pour ainfî dire ; & après 
avoir dit que Numa , le fécond Roi des 
Romains , tenoit de l'Ecole de Py- 
thagore plufieurs ufages qu'il avoit 
introduits dans fon petit Etat , cite 
comme une preuve de ce qu'il venoit 
d'avancer la coutume de chanter ara- 
ble les louanges des grands hommes 
avec un accompagnement d'infrxumens 
à vent. C'eft ce qui prouve , ajoute 
cet Auteur , que l'art de noter les 
tons des chants & la déclamation des 
vers , étoit connu dès-lors. Morem 
apud majores tune epulatum fui£è , ut 
deinceps qui accubarent , canercm ad tir 
biam clarorum virorttm laudes atque vir- 
tutes , ex quo pcrfpicuum ejî camus mne 
fuijje deferiptos vocum j'onis j &* carmina : 
quanquam id quidam etiam duodecim ta- 
bula déclarant , condi jam fohtum e/fe 
carmen (a). Nous avons explique déjà 

(») ÇikpJÎ. ïu/c. lit. 4. 



furhPoëfceCr fur la Peinture. t6T 
cidelTus ce que les Romains enten- 
bient pac le mot Carmen. Cicerort 
aulll dans le cinquième livre des 
Tufculanes , en parlant des plaifîrs qui 
reftent encore à ceux qui ont eu le 
malheur de perdre l'ouie : Que s'ils 
riment les beaux chants , ils auront 
- être plus de plaifîr à les lire , 
n'en auraient eu à les entendre 
txccuter. El fi canuts &>s forcé delec- 
i dpi pojfe legenlis hii 
Uendii i m* Ciceron 

. e, généralement parlant, tout 
inde en fç&voit affez pour lire du 
moins une partie de ces chants > & que 
par conséquent ils fuflènc écrits la 
tt avec les accens. 
£nhn , voici un partage de Tite- 
fove, (a) qui fuffirolt feul pour prott- 
[ue les Anciens compofoienc la 
déclamation des pièces de théâtre , 
; l'écrivoient en notes., & qu'elle 
cutoit avec un accompagnement 
trumens à vent Cet Auteur a ju- 
gea propas de faire dans Ton feptiéme 
livre une courte diflertation fur l'ori- 
gine S: fur l'hiftoire des repréfenta- 
xions théâtrales à Rome. Après a voix 

(*> LiV. hijhr. Ub, ;. 



i6l Réflexions critiques 

dit que l'an de Rome 5^0 , Rome fut 
affligée d'une pefte , & que pour l'y 
Caire cefler , on y célébra des jeux qui 
confiftoient en représentations de pie- 
ces de théâtre , il ajoute : L'art de ces 
jepréfentations étoic alors nouveau à 
Rome , l'on n'y reconnoifïbit que les 
fpectacles du Cirque. Ainfi ce furent 
des Comédiens qu'on avoir fait venir 
d'Etrurie qu'on vit dans ce tems-Jà 
fur notre théâtre , où ils repréfentoient , 
(uivant la manière de leur pays ; c'eft- 
à-dire, en faifant aflez bien les geftei 
à la cadence des inftrumens à vent , Se 
en récitant des vers qui n'av oient point 
encore aucune déclamation compofée» 
à laquelle nos Comédiens fuiTent obli- 
gés d'aiïujertir leur action. Mais l'art 
des représentations théâtrales ou nos 
jeunes gens avoient pris un grand 
goût, fe perfectionna avant peu : D'à* 
bord on récitoit des vers faits fur le 
champ , mais bien-tôt on apprit , con- 
tinue Tite-Live J à faire des pièces fui 
vies; &: des letems du Pocte Andro- 
nicus , la récitation de quelques unes 
de ces pièces fe trouvoit dé, a (a être 
mefurée, & l'on en écrivoit déjà la nota 

(a) L'année de Rvmt ji-f, 




fur la Poëfe Crfur la Peinture. 1 63 
pour la commodité des Joueurs de flû- 
tes. L'action y étoit déjà aflujettie* 
Qeterum fine carminé ttilo , fine. imitan* 
dorum carminum atlu t ludiones ex Etfu- 
ria acclti > ad tibicinis modos faltantes , 
haud indecoros motus more Tufco dabant. 
Imitari dtinde eos juventus J Jimul incort- 
ihis inter fe jocularia fondent es verfibus , 

expere : nec akfoni à voce motus erant 

Nomen hijlrionibus inditum, qui nonficut 
artte Fejcennino vertu fîmilcm incompo- 
Jîtvmtemerè ac rudem alternis jaciebant, 
fid impieras modis faiyras , deferipto jam 
ad tibïcïnem cantu , motuque congruenti 
peraoebant. 

J'ai demandé à plufieursMulîciens, 
s'il feroit bien difficile d'inventer des 
caractères avec lefquels on pût écrire 
en notes la déclamation en ufage fur 
notre théâtre. Nous n'avons point af- 
fez d'accens pour l'écrire en notes 
avec les accens, ainfi que les Anciens 
l'écrivoient. Ces Muficiens m'ont ré- 
pondu que la chofe étoit poflîble , & 
même qu'on pouvoit écrire la décla- 
mation en notes , en fe fervant de la 
gamme de notre mufîque , pourvu 
qu'on ne donnât aux noces que la moi- 
tié de l'intonation ordinaire» Par exen>; 




l \5% Réflexions critiques 

pie , les nores qui ont un femiton d'in- 
tonation en mufique , n'auroienr qu'un 
quart de ton d'intonation dans la 
déclamation. Ainfi on noteroir. les 
moindres abaiflemens Si les moindres 
élévations de voix qui foient bien fen- 
fibles , du moins à nos oreilles. 

Nos vers ne portent poinr leur me- 
fure avec eux , comme les vers métri* 
ques des Grecs & des Romains la por- 
toient. Mais on m'a dit aulîi qu'on. 
pourroit, dans la déclamation , ne don- 
ner aux notes que la moitié de leur 
valeur ordinaire. On n'y donneroit à 
une blanche que la valeur d'une noire; 
à une noire , la valeur d'une croche , 
& on évalueroit les autres notes fui- 
vant cette proportion là , ainfi qu'on le 
feroit dans l'intonation. 

Je fçais bien qu'on ne trouveroit pas 
d'abord des personnes capables de lire 
couramment cette efpéce de mufique , 
& de bien entonner les notes. Mais 
des enfans de quinze ans , à qui l'on 
auroit enfeigné cette intonation durant 
fiK mois, en viendroient à bout. Leurs 
.organes fe plieroient à cette intona-- 
tion , à cette prononciation de. notes 
faites fans chanter, comme ils fe plient 



fur U Po'éfs (y fur la Peinture, i Cf 
à l'intonation des notes de notre mu- 
lîque ordinaire- L'exercice & l'habitu- 
de qui fuit l'exercice , font , par rap- 
port à la voix , ce que l'archet & la main 
du joueur d'inftrument font par rap- 
port au violon. Peut on croire que cet- 
te intonation fût même difficile ? Il 
ne s'agiroit que d'accoutumer la voix 
à faire méthodiquement ce qu'elle fait 
tous les jours dans la converfation. On 
y parle quelquefois vite & quelquefois 
lentement. On y employé toutes fortes 
de tons , & l'on y fait les progreflîons , 
foit en hauflant la voix , foit en la 
baillant par toutes fortes d'intervalles 
polîîbles. La déclamation notée ne fe- 
roit autre ohofe que les tons & les 
mouvemens de la prononciation écri- 
te en notes, Certainement la difficul- 
té qui fe rencontrerait dans l'exécu- 
tion d'une pareille note , n'approche- 
roit pas de celle qu'il y a de lire à la 
fois des paroles qu'on n'a jamais lues , 
& de chanter & Raccompagner du 
clavecin ces paroles fur une note qu'on 
n'a pas étudiée. Cependant l'exercice 
apprend même à des femmes à faire ces 
trois opérations en même tems. 
Quant au moyen d'écrire en notes lu 



\ 



Ï66 Réflexions critiques 

déclamation, toit celui que nous avons 
indiqué , toit un autre , il ne fçauroit 
être aulli difficile de le réduire en rè- 
gles certaines , & d'en mettre la mé- 
thode en pratique , qu'il l'étoit de 
trouver l'art d'écrire en notes les pai 
& les figures d'une entrée de ballet 
danfée par huit perfonnes , principa- 
lement les pas étant auflï variés , & 
les figures auflï entrelaflees qu'elles le 
font aujourd'hui. Cependant Feuillée 
eft venu à bout de rrouver cet art ( 
& fa note en feigne même aux Dan- 
feurs comment ils doivent porter leurs 
bras. J'ajouterai encore, que quoique 
fa Corégraphie n'ait été publiée qu'en 
i6"o6* , néanmoins les perfonnes de la 
profe/fion , tant en France que dans les 
pays étrangers , y fçavent déjà lire 
couramment. 






^ 



fur la Poëflc &fur la Peinture, 1 67 



SECTION X. 

Continuation des preuves qui montrent 
que les Anciens écrivaient en notes là 
déclamation. Des changemens fur venus 
vers le tems £Augufie dans la décla- 
mation des Romains. Comparai/on de 
ce changement avec celui qui eft arrive 
dans notre Mufùjue &* dans notre Danft 
fous Louis XIV, 

Jaetoubnons aux preuves de 
fait y qui montrent que les Ancie»s 
écrïvoient en notes la déclamation de 
leurs pièces de théâtres. Elles font ici 
d'un tout autre poids qu'un raifonne- 
ment fondé fur des poïïibilités. 

Toutes les fois que Ciceron parle 
de la déclamation des vers dramati- 
ques : il en parle , non pas comme 
nous parlerions de la déclamation des 
vers de Corneille qui eft arbitraire. 
Ciceron parle de la déclamation des 
vers dramatiques comme d'une méLo- 
die confiante , fuivant laquelle on pro- 
nonçoit toujours ces 1 vers. Il en parle 
une d'une beauté , pour. ainiï dire. 





•I 68 Réflexions critiques 

auiîî inhérente aux vers qu'il cite , qi 
Ja beauté qui réfultoit du fens qu'ils 
renferment , & du choix des mots dont 
ils font compofés. Ciceron , après 
avoir rapporté quelques vers d'une 
Tragédie , dit , voilà des vers exce!- 
lens. Les fentimens , l'expreflion , la 
moduiation , tout y refpire le deuil. 
(a) Prœclarum carmen , eft enim rébus , 
verhis&modislugubre.CeRa.iniique nous 
louerions un récit des Opéra de Lulli. 
Ciceron , dans pLuheurs endroits de 
fes ouvrages, parle des pièces de théâ- 
tre de Livius Andronicus , d'Ennius & 
de Nœvius , trois Poètes qui vivoient 
environ deux cens ans avant lui» com- 
me d'une déclamation compofée, dans 
le tems qu'ils avoient mis leurs pièces 
au théâtre & laquelle on fuivoit en- 
core cependant dans le tems qu'il écri- 
voit. Si cette déclamation n'eût point 
été couché pat écrit, auroif-elle pu fe 
conferver li lpngtems, ? Qu'on juge 
iï je change rien au fens de Ciceron. 
Nous avons vu, dit-il , inrroduire fut 
-la fcène , à la place de la mufique lïm- 
-ple & grave s des pièces de Nœvius 
& de Livius. Andronicus t une mufique 




fur la Poiijîe & fuf la Peinture. 1 6$ 
pétulante , que les Aéteurs , pour 
uivre la mefure , font obligés de s'a- 
;iter , de taire des roulemens d'yeux, 
le des c on to riions de tête , en un. 
not , de fe démener comme des 
brcenés. C'eft ainfi qu'il s'explique , 
iprcs avoir dit que Platon n'a point 
out-à-faittort,lorfqu'il foutient qu'on, 
îe fçauroit changer la multque dans 
in pays , fans que ce changement pro- 
luiie une altération fenfible dans les 
nœurs des habitans. (a) Ego me tant 
valdè id limendum > nec plané contemnen- 
ium puto. IlLi qu'idem mujîca quœ. foie- 
'/at quondam compleÈii feveritatem ju- 
:undctm Livianh & Nœvianis modis J nunc 
videtis ut eadem exultent , cervices oculop 
que pafitef cùm mcdorumjlexiombus tor~ 
jutant. Nous avons déjà vu que le gef- 
te des Comédiens des Anciens étoic 
aufli afTujetti à la mefure que la récita^ 
tion meme. 

On commençoit donc du tems dé 
Cicéron à changer la déclamation théâ-i 
traie. Cent ans après Cicéron , Quin- 
tilien trouvoit déjà cette déclamation, 
fi remplie de tons efféminés & fi lafci-3 
ve , qu'après avoir décidé qu'il faug 

< a > Cic. de Ltg. lib, z. 

Tome HJ5, H 








170 Réflexions critiques 

faire apprendre la rnufique aux en- 
fans , il ajoute , qu'il n'entend point 
dire qu'il faille leur faire prendre le 
goût de la rnufique , qui de Ion terns 
régnoit fur la fcène. Ses chants , con- 
tinue t'il , font fi remplis d'impudence 
& de lafcivçté , qu'on les peut accu fer 
d'avoir beaucoup contribué à étouffer 
le peu de courage viril qui nous ref- 
toit, (a) Non hanc à meprtccipi quœ nunc 
in /unis ejfeminata & impudicis modis 
frafta, non ex parte minima^Ji quid in 
nobis pirilis roboris mantbai , excidit. 
Tous les Anciens étoient perfuadésque 
le caractère de la rnufique qui et oit le 
plus en ufage dans un certain pays, 
influoit beaucoup fur les mœurs de fes 
habitans, Oferons-nous condamner u 
opinion fi générale fur des c ho fes à 
fait, & qui fe pafloient fous les ye 
<Je ceux qui les ont écrites , qua 
nous n'avons qu'une connoilfance im.- 

Ïarfaiie de la rnufique des anciens ? 
'en appellerais à la Philofophie , 
dont notre fiécle fait particulièrement 
profeffion. On peut même obierver 
aujourd'hui dans les lieux où les habi- 
tans font de religions différentes , ou'ill 

(a) Ç>nN Jn/. lit, jirifli* f«.t 2« 



fur la Poëjïe &fur la Petmure, 1 7 I 
ne fortent pas de leurs Eglifes après le 
fervice avec la même humeur. Cette 
affection paflagere s'y tourne rncme 
en habitude. En quelque pays le Sou- 
t verain a été obligé d'exciter par des 
aétes publics , le peuple devenu Pro- 
teftant , à prendre les mêmes divertif- 
(emensles jours de Dimanche après la 
fetvice , qu'il prenait bien avant que 
le culte religieux y eût été changé avec 
u confeflîon de foi , fans qu'on l'y ex- 
hortât. Quittons une matière qui de- 
vie ndroit bientôt trop férié ufe , & re- 
venons à notre fujet. 

Ceux qui ne connonTent pas d'au-= 
très théâtres que le théâtre François , 
ne comprendront pas d'abord tout le 
fens du paflage de Quintilien que je 
viens de citer. Quoiqu'on y ait vu 
quelques pièces allez licentieufes , 
néanmoins on y a toujours obfervé 
une grande décence , foie quant aux 
tons , foit quant aux geftes. Mais il y 
a des théâtres étrangers où les Ac'teurs 
tombent tous les jours dans le vice 
que Quintilien reprend , en imitanc 
tous ,les tons & tous les accens , pour 
ne point entrer dans d'autres détails, 
que prennent les perfonnes les plus 

Hîj 



fji Réflexions critiqua 

paflionnées , quand elles Te trouvent 
enfin en pleine liberté". 

En lifant l'art poétique d'Horace , 
on voit bien que le vice reproché par 
Quintilien à la déclamation théâtrale 
de fon tems , venoit de ce qu'on l'a- 
voit voulu rendre plus vive , plus af- 
feéfcueufe & plus exprelîïve tant du 
côté de la récitation que du coté du 
gefte , qu'elle ne l'avoit été dans les 
tems antérieurs. Comme Horace a 
écrie après Ciceron & avant Quinti- 
lien , il eft curieux d'examinerce qu'il 
dit fur les changernens arrivés dans la 
déclamation théâtrale , & fur la diffé- 
rence qu'il y avoit entre la nouvelle 
manière de réciter 6c l'ancienne. 

Autrefois , dit Horace , on ne fe fer- 
voit point pour accompagner , ni pour 
foutenir les chœurs , de flûtes d'un 
volume égal à celui de nos trompet- 
tes J &c qu'il fallût relier avec du fil 
de laiton. On n'employoit au théâtre 

?[ue des inftrumens à vent des plus 
impies , & dont la portée étoit très- 
bornée , parce qu'ils n'étoient percés 
que d'un petit nombre de trous» 

Tibia non ur mine oricalcho vinfli , tuhaqut 
fiimil* , /fi cenuii fîmpltxjuc foramint gatut) 




fur la Poëjte & fut la Peinture. 173 

Âl r pr:r; tr aâcfe choris trat ucilis, (a) 

Mais, ajoute Horace s la chofeeft bien 
changée. Premièrement , le mouve- 
ment a été accéléré , & l'on fe fert 
pour le régler , de mefures dont on 
ne fe fervoit pas autrefois, ce qui a 
fait perdre à la récitation fon ancienne 
gravité. 

ActfJJi: mimtrlfqut moiijque Iktntia ms'jW* 

On a encore donné , continue Ho- 
race , aux inftrumens une portée plus 
grande que celle qu'ils avoient précé- 
demment. Les tons fur lefquels on dé- 
clame, s'étant ainfi multipliés , il en- 
tre plus de fons differens dans la réci- 
tation , qu'il n'y en entroit autrefois. 
Il faut que les Acleurs tirent de leurs 
poulmons bien des fons qu'ils n'étoient 
pas obliges d'en tirer , s'ils veulent 
(uivre ces nouveaux initrumens dont 
les cordes leur font leur procès avec 
révérité, quand ils y manquent. En ef- 
fet, plus une déclamation étoit chan- 
tante, plus les fautes de ceux qui l'exé- 
:utotent, dévoient être fenfibles. 

Qu'il me foit permis , pour éclaircir 
;e pafTage d'Horace , de me fervir d'ur 

(a) H.ira:i de Arte Pot!. 

Hiij 




ri 74 Réjïexionf critique* 

ne comparaison tirée du chant de PE- 
glife. Saint Ambroife ne fit entrer 
<ians le chant qu'on nomme encore au- 
jourd'hui le chant Ambrofien , que 
quatre modes , qu'on appelle les Au- 
fetitiques. Ce chant en étoit toujours 
plus grave , mais il en avoir moins de 
beauté & moins d^expreflion. Des 
quinze cordes , ou des quinze notes 
principales qu'avoit le fyftéme de la 
mufique harmonique , il y avoit même 
quatre tons ., le ton le plus haut , & 
les trois tons les plus bas qui n'en- 
tfoient point dans le chant Ambro- 
lîen. Quand fa-int Ambroife le compo' 
fu (a)., les théâtres étoient encore ou- 
verts , & l'on y réeitoit dans la 
fnême langue eri laquelle on chantoit 
à l'Eglîfe. Ce Saint ne voulut point, 
iuivant l'apparence , qu'on entendît à 
l'Eglife les tons propres & fréquens 
au théâtre. Saint Grégoire qui régla 
le chant qu'on appelle Grégorien » en- 
viron cinquante ans (b) après que les 
Théâtres eurent été fermés y employa 
Luit modes , en ajoutant aux quatre 
dont fairit Ambroife s'étoit fervi . les 

(a) DM. de Mufiq. dt Brjfari, 

(b) Vtn i'aa soc. 





fut la Poejie &fur la Peintute. t *ff 
modes , appelles Pfogaux, A'mCi les 
quinze cordes de la mufique ancienne 
entrèrent dans le chant Grégorien , de 
tout le monde a trouvé que le chant 
Grégorien lurpaflbit tellement en beau- 
té le chant Ambrofien , cpté «lès le tems 
de nos Rois de la feco»o« race , les 
Eglifes des Gaules quittèrent l'ufage 
du chant Ambrofien pour y fubftituer 
le chant Grégorien. 

Horace reprend la parole. Les Ac- 
teurs fe font encore trouvés en même 
tems dans l'obligation de preffer leur 
gefte , & de hâter leur prononciation , 
parce que le mouvement avoit été ac- 
céléré. Ainfi leur déclamation préci- 
pitée a paru une manière de réciter 
toute nouvelle. Enfin il efl devenu 
nécefiaire que le joueur d'initrument, 
qui doit donner des tons fi difficiles à 
prendre , pafiat fouvent d'un endroit 
ce la fcène à l'autre , afin que les tons 
qu'il doiineroit, fuuent mieux enten- 
dus des Acteurs, quand il feroit plus 
proche d'eux. Ainfi notre déclamation 
théâtrale elt devenue fi vive & fi 
pallionnée , que l'Acteur qui devroit 
réciter le plus pofément , qu'un per- 
fonnage qui raifonne fentément fur l'a- 
il iv 




* 




'1^6 Réflexion* critiquer 

venir , débite aujpurd'hui les maximes 
les plus fages avec autant d'agitation 
que la PrêtrefTe de Delphes en pou- 
voir montrer , lorfqu'elle rendoit fa 
Oracles affife fur le Trépié. 

Sic prîfca manunqui t" tuxuriem aldiiir arà 
Tibicen , rraxhque vagus ptr pulplta vtftem ; 
Sic euarn fidibus t>ocn c/ t v frt Jèvtril , 

E t itdii infoliium tloguium facvndia prir(eps , 
Vntiumqui fagax rerum O 1 divinj futuri , 
Sornltgis non dijcrtpuit fvutnna Delplh. 

La gefticulation précipitée de ces 
'Adeurs aura paru des mouvemens 
convulfifs à ceux qui avoient été &&• 
coutumes à une récitation plus unie& 
plus lente. C'eft ainfi que le jeu des 
Comédiens Italiens paroitroit une dé- 
clamation de poflTédés à des fpe<5lateurs 
qui n'auroient jamais vu jouer que des 
Comédiens Anglois. La nouvelle ma- 
nière de réciter , aura donc paru fort 
extraordinaire aux Romains dans fes 
commencemens ; mais ils s'y feront 
habitués dans la fuite , parce qu'on 
s'accoutume facilement aux nouveau- 
tés , qui mettent plus d'aâion , & qui 
jettent plus d'ame dans les repréfen- 
tations théâtrales. 

Il y a même de bonnes raifons pou* 





fur la Po'éjïe &fur la Peinture. 1 77 
croire que la première caufe du chan- 
gement qui furvint dans la déclamation 
théâtrale du tems de Ciceron , venoit 
de ce que les Romains , qui depuis 
cent ans a voient beaucoup de commer- 
ce avec la Grèce où ils alloient même 
étudier les arts 8c les fciences , chan- 
gèrent alors leur manière de pronon- 
cer. Le théâtre n'aura fait qu'imiter le 
monde , & copier fon original. 

C'eft Ciceron même qui nous ap~ 
prend que la prononciation des Ro- 
mains de fon tems étoit bien différente 
de la prononciation de leurs ancêtres.- 
Elle étoit devenue chargée d'accens r 
d'afpirations & de ports de voix imi- 
tés de la prononciation des Etrangers* 
Voilà ce que Ciceron appelle une nou- 
velle mode venue d'ailleurs. Percgri- 
nam infolenùain. Jugeons , fait dire cet" 
Auteur à CrafTus , de l'ancienne pro- 
nonciation , par la manière dont quelf- 
ques femmes prononcent encore aujour- 
d'hui. Comme les femmes font moins 
fouvent dans le monde que les "hommes „ 
elles font moins fujettes qu'eux à rien) 
altérer dans la prononciation- qu'elles 
©nr apprife durant l'enfance; Lorfque 
J'entends parlée ma belle-mere Laelia „ 

lh 



m- 

Oft 










(178 Réflexions critique! 

continue Craflus , il me femble que 
l'entends réciter les pièces de Plaute & 
de Nccvius , car elle prononce uni- 
ment, fans emphafe & fans affecter les 
accens & les inflexions de voix de» 
langues étrangères. Ne fuis - je pat 
bien fondé à croire que le père de Lr- 
lia prononçoit comme elle prononce* 
ia) Equidem cum audio fotrum meamLic 
liam j faciliùs enim mulieres incorruptam 
emtiquitatem conservant , quod multorum 
fermonis expertes tenent femper quœ prima 
didicerunt ., fed eamfic audio ut Plauium 
mihi ac Ntevium videur audire jfono ipfo 
a'ocis ita reêlo ù'jimplici , ut nihii ojitn- 
tationis dut imitationis affèrre videatw » 
èX quo fia locutum ejus patrem pt 
Nous avons déjà cité ce partage pouÉ 
montrer que la déclamation des pièces 
de théâtre n'étoit point un chant pro» 
prennent dit, puifqu'elle étoit fi fenfcr 
blabfe à celle des converfations ordi* 
aaire?. Les Nations peuvent changer 
de prononciation , comme elles peu- 
vent changer de langue. Sous le rè- 
gne de Henri IV le ton & l'accent dei 
Gafcons s'introduifoient à la Cour de 
France, Mais la mode de prendre l'an 

U) -Cic. àfdftl. j. 



fur fit Poëfit &fur U Peinture 1 70 
Vautre , y finit avec le régne de ce 
Prince , qui aimoit îes Gafcons , & qui 
les avançait préférablement à fes au- 
tres fujets , parce qu'il ctoit né , & parce 
qu'il avoit été élevé dans leur pays. 

Il eft comme impoflible que le gefte 
des perfonnes qui parlent une langue 
dont la .prononciation eft devenue 
plus vive & plus accentuée , ne de- 
vienne pas aufli & plus vif & plus fré- 
quent. Cela s'enfuit de l'organifation 
du corps humain. Gejlus cum ipfa ora- 
uonis ctlzrhate crebefeit , dit QuintUien. 
(a) En effet , cet Auteur , après avoir 
loué les préceptes que Ciceron donne 
fur le gefte de l'Orateur, ajoute: Nous 
fommes accoutumés préfentement à 
voir un gefte plus animé. Nous exi- 
geons même de nos Orateurs cette ac- 
tion plus agitée , pour ainfi dire : Stl 
jam rzeepta cjl a&Lopaulb agUatior j uïam. 
6* exigicur. 

Pline le jeune , qui avoit été difei- 
ple de Quintilien , écrit à un de fes 
amis , qu'il a honte de lui raconter ce 
;nt die les Orateurs qu'il ve- 
noit d'entendre, & de l'entretenir des 
diminutions efféminées de la voix , 

(1} Qwi.vf. injl. lH, in [, ). 

H vj 



I 



I 



l8o Réflexions critiques 

dont leur déclamation étoit remplie, (a) 
Pudeù referre quce &quàmfrac~lapronuntk- 
tione âicantur. Une déclamation où l'on. 
veut mettre trop d'exprellîon , doit 
tomber dans les deux vices oppofés. 
Quelquefois elle doit être trop etn« 
portée & remplie de ports de vow 
outrés. Quelquefois la récitation doit 
être trop énervée. Auffii Pline (b) re- 
proche -t*il encore à la déclamation 
qu'il cenfure , de dégénérer quelque- 
fois en criaillerie» Il l'appelle , Immo- 
dicum injolitumque clamorem. Cet Au- 
teur raconte encore que Domirius 
Afer t Orateur célèbre dans l'Hiftoire 
Romaine, & qui pouvoit avoir com- 
mencé de plaider environ trente ans 
après la mort de Ciceron , appel- 
loLt la. nouvelle mode de déclamer , 
la perte de l'éloquence. Artificium hoc 
yvriit * diii'it il , après avoir efïtendu. 
plaider de jeunes gens. Mais la criti- 
que d'Afer étoir peut-être une cen- 
fure outrée. Du moins eft-il certain 
«jrue cet Orateur déclamoit dans ua 
gpût entièrement oppofé à celui qu'il 
reprend, ici ,. & qu'il prononçoit grava- 

(a) Plih. E'p*. in* £. il. 





fur la Poëjte & fur la. Peinture. 1 8 1 
ment , & même avec beaucoup de- 
lenteur. Cum apud Cmtumviros diceret 
graviter & Untè' , hoc enim Mi aftionis ge- 
nus erat , dit Pline , en parlant d'Aferv 
Auiïï mon intention n'eft elle pas, er* 
rapportant tous ces partages , de prou- 
ver que les Romains ayent eu tort de 
changer leur manière de déclamer , 
mais bien de montrer qu'ils la change^ 
jent réellement , & que ce fut du tems 
de Ciceron qu'ils commencèrent à la. 
changer. 

Il eft vrai, fuivant les apparences , 
qu'on aura outré les chofes , parce que 
la modération eft rare parmi les hom- 
mes , & parce que les Compofiteurs 
de déclamation , les joueurs d'inftru^ 
mens & les Aéteuis fe feront piqués de 
renchérir les uns fur les autres en fait 
d'exprefîîon, C'eft ce qui arrive tou- 
jours dans les nouveautés qui font gou* 
rées du public. Quelques Artifans refi- 
rent en deçà des bornes que la raifon 
prefcrit. D'autres les pafTent, &: don*- 
nent dans des excès outrés- 
La mufique a eu en France depuis 
«piatre-vingt ans une deftinée appn> 
chante de celle que la déclamation eue 
à Rome du tems- de. Ciceioxu 11 y, a. lit 






182 Réflexions critiques 

vingt ans que les chants qui fe corn- 
poloient en France , n'étoient généra- 
lement parlant, qu'une fuite de notes 
longues , & ce que les Muficiens ap- 
pellent quelquefois du gros Fa. Le mou- 
vement de l'exécution étoit très-lent. 
Les Chantres , ni les joueurs d'infhu- 
mens , n'étoient point même capables 
d'exécuter une mufique plus difficile. 
On ne fonçeoit pas encore à en com- 
pofer d'autres. Peut être avoit-on fait 
mieux dans les tems antérieurs , mais 
on étoit déchu. Ceux qui fçavent le 
mieux la mufique & l'hiftoire de qotre 
mufique , que j'ai toujours confultés 
avant que de rien mettre fur le papier , 
m'ont affûté que l'état de notre mufi- 
que étoit , il y a fix vingt ans , tel que 
je le décris. La neceflîté n'avoit pas 
même encore en feigne à la mefurer 
en l'écrivant. Le goût a bien changé 
depuis , & la progrelïion de nos chants 
eft devenue u accélérée , qu'ils font 
quelquefois & fans agrément & fans 

fexprefllon. 
Ce changement a été l'occafion d'un 
changement encore plus grand furve- 
nu dans notre danfe , & principalement 
dans la danfe du théâtre. Il y a quatre- 



fur la Poëfîe &fur U Peinture. 1 83 
ans que le mouvement de tous 
les airs de ballet e'coit un mouvement 
lent , & leur chant , s'il efl: permis 
d'ufer de cette expreflion , marchai? 
pofément , même dans fa plus grande 
gayetë*. 

On exécu toit ces airs avec d es Luths , 
«les Théorbes & des Violes qu'on mé- 
quelques Violons , & les pas & 
les figures de ballets compotes fur les 
airs dont je parle s croient lents & iïm~ 
pies. Les Danfeurs pouvoient gardex 
toute la décence poflïble dans leur 
f maintien , en exécutant ces ballets , 
1 dont la danfe n'étoit prefque pas dif- 
férente de celle des bals ordinaires. 

Le petit Molière avoit à peine mon- 
tre par deux ou trois airs qu'il étoit 
porïible de faire mieux, quand Lulli 
parut > & quand il commença de com- 
poser pour les ballets $e ces airs qu'on 
«pelle des airs de vîteffe. Comme les 
Danfeurs qui executoient les ballets 
compofés fur ces airs , et oient obligés 
4 fe mouvoir avec plus de vïtefle & 
plus d'action que les Danfeurs ne l'a- 
▼oiem faits jufqu'alors , bien des per- 
sonnes dirent qu'on corrompoitle bon 
tde la danfe » & qu'on alloit eu 



54. Réflexions critiques 

faire un Baladinage Les Danfeurs 

mêmes n'entrèrent qu'avec peine 

ï'efprit des nouveaux airs, & fou 

il arriva que Lulli fut obligé de < 

pofer lui même les entrées qu'il • 

!oit faire dan fer fur les airs doi 

parle. Il fut obligé de compofer 

même tes pas & les figures de 

irée de la Chaconne de- Cadmus , 

ce que Beaucliamps qui faifoit 

fes ballets , n'entroit point à for 

dans le caractère de cet air de vit 

Le fuecès des airs de vîteflTe d 

l'idée à l.ulli d'en compofer qui fu 

à la fois & vîtes & caractérifés, 

appelle communément des airs c 

îérifés ceux dont le chant & le ri 

imitent le goût d'une mufique r. 

culiere , & qu'on imagine avoii 

propre à certains peuples , & n 

a de certains *perfonnages fabi 

de l'antiquité , qui peut-être n'e: 

renr jamais. L'imagination fe f 

donc cette idée fur le chant & | 

mufique > convenable à certains 

fonnages , finvant ce qu'on peut 

voir du caractère de ces perfoni 

a qui le MuGcien prête des airs d 



fur h. Po'èfie &fur la Peinture. 1 8 f 
airs peuvent avoir avec cette idée , 
laquelle bien qu'elle foit une idée va- 
gue , eft néanmoins à peu près la mê- 
me dans toutes les têtes , que nous ju- 
geons de la convenance de ces mêmes 
airs. Comme nous l'avons déjà dit , il 
eft un vraifemblable , même pour cette 
mufique imaginaire. Quoique nous 
n'ayons jamais entendu la mufique de 
Pluton , nous ne laiffbns pas de trou- 
ver une efpéce de vraifemblance dans 
les airs de violon , fur lefquels Lullî 
fait danfer la fuite du Dieu des En- 
fers dans le quatrième A<5te de l'O- 
péra d'Alcefte , parce que ces airs res- 
pirent un comentement tranquille & 
Jérieux, & comme Lulli le difoit lui- 
même , une joie voilée. En effet , des 
airs caraétérifés , par rapport aux fan- 
tômes que notre imagination s'eft for- 
més , font fufceptibles de toutes fortes 
d*expreffions comme les autres airs. Us 
expriment bien la même chofe que tes 
autres airs , mais c'eft dans un goût 
particulier & conforme à la vraifem- 
blance que nous avons imaginée. 

Comme les Compofireurs de ballet 
3ont Lulli fe fervoit , ne fe perfeéHon- 
noient pas auflî vite que lui > il fut 




:ore 



1%6 Réflexions critiqua 

obligé fouvent de compofer enco 
lui-même le ballet des airs d'un carac- 
tère marqué. Lulli, fix mois avant que 
de mourir, fit lui même le ballet de 
l'air fur lequel il vouloit faire danfer 
les Ciclopes (a) de Ja fuite de Poli- 
phéme. Mais les Danfeurs fe font tel- 
lement perfectionnés dans la fuite , 
qu'ils ont renchéri fur les Muficicns . 
auxquels ils ont fuggeré quelquefois 
l'idée d'airs de violon d'un caractère 
nouveau , & propre à des ballets , 
dont nos Danfeurs avoient imaginé 
l'idée. 

Cette émulation a donné lieu de 
mettre dans les ballets & dans les 
airs de violon une variété & une élé- 
gance qu'on n'y voyoit pas autrefois, 
Il y a foixante ans que les Faunes , 
les Bergers , les Payfans, les Ciclopes 
& les Tritons danfoient prefque uni- 
formément. La danfe eft aujourd'hui 
divifée en pluïîeurs caractères. Si je 
ne me trompe pas , les gens du métier 
en comptent jufqu'à feize f & chacun 
de ces caractères a fur le théâtre des 
pas , des attitudes & des figures 
qui lui font propres. Les femmes mt- 

(a) Oasu V Optra dt G'ktii. 



fut la Po'tjîe &fur la Peinture. i 87 
mes font entrées peu à peu dans ces 
caractères. Elles les font fentir dans 
leur danfe auflî-bien que les hom- 
mes. 

Je ne dirai pas qu'on n'ait point 
quelquefois gâté notre mufique & 
notre danfe à force de les vouloir en- 
richir & de vouloir les rendre plus 
expreffives. Mais c'eft une deftinée 
inévitable à tous les arts qui font un 
progrès confidérable. Il fe trouve tou> 
jours des Artifans qui paflent le but , 
& qui défigurent leur ouvrage à force 
de vouloir le rendre élégant. Lesper- 
fonnes qui tiennent pour l'ancien goût , 
allèguent ordinairement les excès où 
tombent les Artifans qui outrent ce 
qu'ils font , lorfqu'eiïes veulent prou- 
ver que le goût nouveau eft vicieux. 
Mais le public qui fçait difcerner entre 
les défauts de l'art & les fautes de l*Ar- 
tifan , ne trouve pas que les inventions 
nouvelles foient de mauvaifes chofes, 
parce qu'on en abufe. Ainfi le public 
s'eft fî bitn accoutumé à la nouvelle 
danfe de théâtre > qu'il uouveroit fa- 
de aujourd'hui le goût de danfe , le- 
quel y regnoit il y a (oixanre ans. Ceux 
qui ont vu notre danfe théâtrale arri- 



l8S Réflexions Critiques 

ver par dégrés à la perfection où elle 
eft parvenue , n'en font pas fi frappés ; 
mais les Etrangers qui ont été long- 
tems fans venir en France , font très* 
furpris d'un progrès qui leur femble un 
progrès fubit. Après cette digreflion 
qui paroît expliquer fenfiblement un 
paflage d'Horace fort important , mais 
entendu , revenons à la déclamation 
théâtrale des Anciens. Ce que je vais 
dire fur la manière dont elle s'exécuroit, 
fuffiroit feul pour prouver tout ce que 
je puis avoir avancé. 



SECTION XI. 

Les Romains partageaient fouvent la dé- 
clamation théâtrale entre les deux Ac- 
teurs , dont l'un prononçait , tandis 
que Vautre faifoit des gejîes. 

J_j A déclamation de plufieurs fcènes 

des pièces dramatiques étoit fouvent 
partagée entre deux Acteurs, L'un étoic 
chargé de prononcer, & l'autre étoit 
chargé de faire les geftes. Or comment 
auroit-il été poflible que ces deux Ac- 
teurs euflent toujours été d'accord ea- 



_ 



fur la Po'êjre &fur la Peinture. 1 89 
'eux . & que l'un & l'autre fuflent 
cadence avec l'accompagnement , 
fi la déclamation n'avoit pas été con- 
tée , de manière que chacun fçût 
précifément ce que fon compagnon de- 
voit faire , & dans quel efpace de tems 
il l'exécuteroit ? Cela pouvoic-il s'ar- 
ranger fans qu'il y eût rien d'écrit ? 
Entrons en preuve. Tite-Live , après 
avoir fait l'hiftoire des premières re- 
préfentations théâtrales qu'on vit à 
Rome , après avoir dit , concernant 
les premiers progrès de ces repréfen- 
tations , ce que nous avons rapporté 
dans la Seétion précédente , raconte * 
en continuant l'hiftoire de la fcètie 
Romaine , l'aventure qui donna l'idée 
de partager la déclamation , pour ainfi 
dire , en deux tâches , 8c il dit même 
les raifons qui furent caufe que cet 
ufage s'établit comme l'ufage le meil- 
leur. 

Livius Andronicus , Poète célèbre 
& qui vivoit à Rome environ cinq 
cens quatorze ans après fa fondation , 
& environ I7x -vingt ans après qu'on 
y eut ouvert les théâtres , jouoit lui- 
même dans une de fes pièces 1 . C'étoit 
aiors la coutume que les Poètes dra-» 



; 

ÎS lut 



iço Réflexions critiques 
Hiatiques montaflent eux-mêmes fut 
le théâtre , pour y réciter dans leurs 
ouvrages. Le peuple qui fe donnoic 
la liberté qu'il prend encore en Fran- 
ce Si en Italie , de faire répéter les 
endroits qui lui plaifent : le peuple » 
dis- je , à force de crier Bis, le mot 
eft Latin , fit réciter fi long-tems le 
pauvre Andronicus , qu'il s ? enroua« 
Hors d'état de déclamer davantage , 
il fit trouver bon au peuple qu'un 
Efclave placé devant le joueur d'inf- 
trument , récitât les vers ; & tan- 
dis que cet Efclave récitoit , An- 
dronicus rit les mêmes geftes qu'il 
avait fait en récitant lui-même. On 
remarqua que fon action étoit alors 
beaucoup plus animée * parce qu'il 
empîoyoit toutes fes forces à faire 
les geues , quand c'étott un autre qui 
ctoit chargé du foin & de la peine 
de prononcer. De là , continue T ite- 
Live , naquit fufâge de partager la 
déclamation entre deux Adteurs , & 
de réciter , pour ainfi dire , à la ca- 
dence du gefte des Comédiens; & cet 
ufage a fi bien prévalu , que les Comé- 
diens ne prononcent plus eux-mêmes 
que les vers des dialogues. Lmus..,*idem 



r 



fur la PoëftcC? fur U Peinture. 191 
fâlicet , ^uod omncj func «fart/ ., fuorum 
carminum aftor , dicitur cum fxpius revo- 
cjuis l'oum obtudijfet , vtnii puïtâ pue- 
mm ad canendum antc tïbkintm cumjla- 
uàjfet j cantkum egijje aliquanto magis 
visent i rnotu , quia niiûl vocis ufus im~ 
ptdkbat. Inde ad manum cantari hiflrio- 
mbus captum 4 diverbiaque tan'ùm ipfo- 
rum vocï relifta (a). Je crois qu'il feroit 
inutile d'expoferde quel poids eft ici 
l'autorité de Tite-Live , & de faire 
voir que tous les raifonnemens poflî- 
bles ne doivent pas balancer un mo- 
ment fa dépodtion. Il n'y aura perfon- 
ne qui ne fente bien cette vérité. 

Le paflage que je viens de citer , 
n'a pas befoin d'autre Commentaire 
que d'une explication autentique des 
mots Cantkum & Dherbium, Nous la 
Trouvons dans Diomede. Cet ancien 
grammairien , après avoir dit que les 
pièces de théâtres étoient compofés de 
chœurs , de dialogues & de monolo- 
gues , ajoute : Les dialogues font les 
endroits d'une pièce où plusieurs per- 
fonnes converfent enfemble. Les can- 
tiques on monologues font les endroits 
fPune pièce dans lefquels > un Ac- 

t»J Ti;É-t.ii. hijl. M. fy 








102 Réflexions critiques 

teur parle étant feul , ou dans les- 
quels , fuppofé qu'il y ait un fécond 
Adteur fur la fcène , le fécond perfon- 
nage ne dialogue point avec le pre- 
mier j & cela de manière que fa ce fé- 
cond perfon nage dit quelque chofe.il 
aie le dife qu'en forme d'à parte , c'eft- 
à-dire, fans adrefler la parole au pre- 
mier (a) Membra. Comadiarum triafunt. 
Diverbium , Cantkum & Chorus. Diver* 
bia funt partes Comxdiarum in quibus di- 
verforum perfonœ verfantur. In Canticis 
autem una tantum débet ejfe perfona , aut 
jî aux fuerint , ha debent ejfe ut ex oc- 
culta una audiat 6" eloquatur j fedjecum* 
fi opus fuerit , verba faciat. On fera ré- 
flexion que ces endroits d'une pièce 
dramatique que les Anciens appel- 
aient des Cantiques „ font ordinaire- 
ment les endroits les plus paflïon- 
nés, parce que l'Acteur qui le croit 
dans une entière liberté , y donne 
l'eflbrt à fes fentimens les plus fe- 
crets & les plus impétueux, qu'il con- 
traint, ou qu'il déguife dans les autres 
fcènes. 

On peut fe faire quelque idée du 
chant ou de la déclamation harmo- 

( a ) De 4rtc Çramwi, iib, 3 , 

nieufe 






fkrhx Po'ijie &fur la Peinture. 193 
Meule de ces Cantiques , parce qu'en 
dit Quintilien , quoiqu'il n'en parle 
que par occafion. Cet Auteur en rai- 
fonnancfur un endroit del'Oraifon de 
Ciceron pour Milon , quidevoit deve- 
nir emphatique dans la prononciation, 
ditque cet endroittenoit du Cantique. 
On fent bien , ajoute Quintilien , qu'il 
eftimpoflïbl.ede le réciter fans renver- 
fer un peuîa tête en arriere 3 comme l'on 
«ft porté à le faire par un inftinct ma- 
chinal »lorfqu'onveutprononcer quel- 
que chofe avec emphafe. La voix a une 
nTue plus'aifée, lorfqu'on tient la tête 
dans cette lituation. (a) Pleniore tamen 
kxc canaii fluunt .-Vos Albani tumuli 
atque luci , &c. Nam Cantici quiddam 
habent ,Jenfimque refupina funt. Quinti- 
lien dit encore dans un autre endroit , 
que nous avons déjà cité, quand nous 
avons voulu prouver que la déclama- 
tion des Anciens n'étoit pas un chanr 
mufical tel que les nôtres , qu'il faut 
bien qu'un enfant, à qui l'on fait lire 
les Poètes „ les life autrement qu'il ne 
liroit de la profe , mais qu'il ne faut 
pas qu'il laifle échapper fa voix , com- 
me s'il récitoit un Cantique , fur le 

(a) Quinc. lib. 1 1, cap» iy 

Tome If J. I 



■ 



I g 4 ^ ^ear/ on* critiques 

théâtre, 'a) Suautem Içclio pirilis & cum 
jiiavitate quada.m gravis , non quidein 
profce fun'àis , quia carmen ejî & Poëtq, 
c.anere efî tefiantur. Non ra,men in Caiiti- 
eum dijjhluia. 

Comme Tite-Live ne fait que nar- 
rer l'origine de l'ufage qui fe prati- 
quent de fon tems , je ne fongerois 
pointa confirmer fon récit parle té- 
moignage d'autres Auteurs , il la cho- 
fe qu'il nous apprend , ne devoir point 
paroïtre extraordinaire. Mais comme 
il eft impodïble que bien des gens ne le 
Trouvent pas étrange , je croia à propos 
de rapporter encore quelques paflages 
des Auteurs anciens, qui difeptla mê- 
me chofe que Tite Live. 

Valere Maxime qui écrivojt fous 
Tibère , raconte l'aventure d'Andro- 
rjipus prefque dans les raçmes termes 
que Ïite-Live. Il dit , en parlant de ce 
Poète ; Andronicus, en jouant dans 
une de fes Tragédies , fut obligé par 
les Spectateurs à répéter tant de fois 
un endroit delà pièce, qu'il s'enroua; 
de manière qu'il lut obligé, pour con- 
tinuer , à faire réciter les vers par un 
de Ces efdaves accompagné du joueur 



1 



* 




fur la Poefe &fur la Peinture. 195* 
de flûte , tandis que lui , Andronicus , 
ilfaifoitksgeftes. (a) Isfui operis Ac 
tor , cumfœpius àpopulo revocatus vocem 
tbtudi[jet , adkibito pueri &r tibicinis cort- 
coicu gefiiculationem tacitus peregit. 

.Lucien dans l'écrit (b) qu'il a com- 
pose fur l'an de la dan le , tel que l'a- 
voie nt les Anciens , dit 3 en parlant 
des per Tonnages tragiques , qu'on leur 
entend prononcée de tems en tems 
quelques vers ïambes , & qu'en les 
prononçant , ils n'ont attention qui 
bien faire fortir leur voix , car les Ar- 
tifans ou les Poe tes qui ont mis les pic» 
ces au théâtre , ont pourvu au reïte. 
Cet Auteur ajoute quelques ligne* 
après, autrefois c étaient les mêmes pev 
fonnts qui récitaient 6* qui faifoUm la 

fzjles; mais comme V action troubloit l& li* 
trtéiela refpiration^& nuifaitainjiâlâ. 
prononciation >on a donné à ceux qui font 
Us gejles des Chanteurs qui prononçaient 
pour eux. Aulugelle , contemporain de 
Lucien , dit que les Chanteurs , qui 
de fon tems récitoient fans fe remuer, 
fai l'oient auûi les geftes en récitant 



(1) Va\. Max, iïb. f c» 4» 
<b; Luciaa. de Orehtf. 



lij 









196 Réfitxions critiques 

fur l'ancien théâtre, (a) Sahabundi au* 

tem canebani, qux nuncjlanies canunt. 

Tous ces récits font encore appuyés 
du témoignage de Donat, qui a écrit 
expreffément fur le théâtre. Les Co- 
médiens , dit-il , en parlant des pièces 
de Térence. prononçoient eux-mê- 
mes les dialogues , mais les Cantiques 
étoient mis en modulation , non poinr 
par le poète, mais par un habile Mfl& 
çien» (b) Diverbia hiftriones pronpircid' 
tant. Cantica verà temperabantun modit 
non à Poïta jfed à perito artis Muftctt 
faêtis. 

Enfin , Ifidore de Séville , qui du 
moins a pu voir des gens qui euiïent 
vu représenter fur Jes anciens theâ» 
très de Rome tait mention de ce par. 
cage de la déclamation entre deux Au- 
teurs. Il dit en parlant d'une des par- 
ties du théâtre * que c'était -là que les 
poètes &t ceux quichantoient des Tra* 
géd.ies ou des Comédies, feplacoient 
pour prononcer leurs récits , durant 
Jefquels d'autres Aéteurs faifoieot les 
geftes. Pn voit par rhiftoirc de Liviw 

(»> Attlug. lib 10. cap, z. ■• ~ 

Çk) Ertf'f de Jrag. £r Q««(, 



fur la Po'éjîè &far la Peinture. 1 9 ? 
Andronicus , rapportée dans Tite-Li- 
vc, & par plusieurs autres pafTages des 
Auteurs anciens , que les Poètes chan- 
taient, fbuvent dans leurs pièces ; c'eft- 
à-dire , qu'ils prononçoient eux-mê-« 
mes ces endroits que les GefticulateurS 
ne prononçoient pas. (a) Ibi enïm Poe- 
ttt j, Comcedi & TrOgadie ad ctrtamttl 
tonfctndebant * ùfque canentibus jàliigtj" 
tus edebant. Quatre vers d'une Epi- 
gramme de l'Anthologie Latine, dé- 
crivent très-bien un A&eur qui fait les 
geftes convenables à ce que récitent 
d'aurres A fteurs , après que le chceui 
a ceffé de parler. 

JngreJfiP Jctnatn j'opulti/n falttuor adorât. 
SaUrtifpandcns prttdtre vertu manu : 
Nam twn graca cforui iiffudit tanne a dultit 

rQwt répntdt etntor morihut ipfc protat. 
Nous expoferonsplus bas pourquoi 
nous traduifons Sakator par Ââeur. 
H eft à propos de faire penfef Ici le 
lecteur à trois chofes. L'une eft , que 
les théâtres des Anciens étoient bien 
plus vaftes que les nôtres , fie qu'ils 
étoient encore moins éclairés. Com- 
me je le dirai tantôt , le jour qui éclai- 



_ 



») Ifid. Ofig. lit. 1 j. f. ++ , 



ILij 



t$8 Réflexions critiques I 

roit la fcène antique , n'y pouvoit 
pas jetter autant de lumières que nos 
illuminations théâtrales en jettent fur 
la fcèile des théâtres modernes. Ainfi 
les Anciens ne voyoient pas leurs Ac- 
teurs d'aufli près , ni auflî distinctement 
que nous voyons les nôtres. La fé- 
conde eft , que les Acteurs des Ancien! 
jouoîenc mafqués , & par conféquent 
an ne pouvoir pas voir aux mouve- 
mens de la bouche & des mufcles du 
vifa'ge , s'ils parloient , ou s'ils ne par* 
ïoiëntpas. Ainfi le fpeétateur ne l'en- 
toit pas le ridicule qu'on imagine d'a- 
bord dans deuxperfonnes , dont l'une 
feroït des geftes fans parler » tandis 
que l'autre réciteroit fur un ton pa- 
thétique les bras croifés. En rroifiérne 
lieu , comme les mafques des Comé- 
diens fer voient alors pour augmenter 
la force de la voix t ainfi que nous 1 ex- 
poferons plus bas , ces mafques dé- 
voient en altérer le fon alïèz pour ren- 
dre difficile de connaître, Ji, par exem» 
pld la voix que Micion avo.it eue dans 
le Cantique, et oit la même voix que 
Micion avoit dans les Dialogues. Sui- 
vant les apparences , on choififlbit un 
Ckancsur dont la voix approchât , au- 




fit la Poëfîe &fur la Peinture. Ï99 
tant qu'il ctoit poffible, de la voix du 
Comédien, & l'on peut croirequ'il n'é- 
toit plus poflible de reconnaître les 
deux voix, & de les distinguer., quand 
elles avoient paffc par le mafque. Ce 
Chanteur fe plaçoit fur une efpcce 
d'Eftrade a)> laquelle étoit Vers le ba* 
de la fcène, 

tr.ffii. Orig. lit. 18. 



SECTION XI ï. 

Des Mafques des Comédiens de 
fAnttyuitéi 

J e crois devoir faire ici une efpéCtf 

de digre.flîon fur les mafques donc les 
Comédiens Grecs & les Comédiens 
Romains fe couvraient la tête en 
jouant. Elle aidera mieux à encendio 
ce qui me refte à dire fur le partage 
de la déclamation entre le Gefiicula- 
itur & le Chanteur, Efchille avoir in- 
troduit en Grèce cet ufage. Diome- 
de (a) nous dit bien que ce fut uii.Ro- 
fws Gallus, qui le premier porta un 
mafque fur le théâtre à Rome, pour 




m.d. iib. }■ 



liv 



^02 Réflexions critiquer 

ner le deflein du mafque propre à I* 
repréfenter. JJs plaçoient donc après 
la définition de chaque perfonnage» 
telle qu'où a coutume de la mettre» 
la tète des pie'ces de théâtre, & fous 
le titre de DramatU perfonœ, un deffein 
de ce mafque. Cette infïrudion leur 
femblpit néceflaire, 

En effet, ces mafquesrepréfentoienc 
pon- feulement le vifage , mais ils re- 
préfentoïent encore la tête entière, ou 
ferrée ou large* ou chauve ou couverte 
de cheveux, ou ronde ou pointue , 
quoique fe : u M. Perrault ait cru ie con^ 
traire. Cet Ecrivain plein d'honneur, 
fc de probité, étoit de plus h galan; 
Jpiomme , que lui même, jl me pardon* 
peroit la remarque que je vais faire. 
La vénération que je conferve pour 
ta mémoire, méfait même croire qu'il 
auroit corrigé fa taute,,iionl"ea avoit 
averti. 

Tout le monde fçait 4a Fable de Phè- 
dre (a), dans laque) le un Renards'écrie, 
jjprès avoir examiné un mafque de Tra- 
gédie : Avec quelle mine on manque dé 
cervelle ? 

Quanti fptàes , inqidt j certbvmJUa habtt. 



fur la Poëjîe & fur la Peinture. 20$ 
Voici la Critique de M, Perrault (a) 
Dans Efope c'eji un (înge ', qui trouvant 
une cite chef un Sculpteur j dit j, voilà 
une belle tête , cefi dommage quelle man- 
que de cervelle. La chofe va fort bien de 
ta manière quEfope la raconte , parce 
çu' une tête t fi faite p-our avoir de la cer- 
velle ,* mais il ny a nulfel à le dire d'art 
ma (que ou d'un vif âge qui ne font point 
faits pour en avoir , &~à qui' ce riejl point 
un reprocfie d*en manquer. Ejl-ce avoir du 
goût que d'altérer ainfi une Fable ? Mais 
les mafques dont parle Phèdre , étoîent 
dans le même cas que h tête d'Efope. 
Ces mafques couvrôient toute la tête 
de l'Aéteur , & ils paroifloierit fait* 
pour avoir de la cervelle. On peut le 
voir en ouvrant l'ancien manufcritde 
Térence qui eft à la Bibliothèque du 
Koi , & métne le Térence de Madame 
Dacier. 

L'ufage des mafques empêchbit donc 
qu'on ne vît fouvent un Acteur déjà; 
flétri par l'âge,, jouer le perfonnage 
d J un jeune homme amoureux 8c aimé. 
Hypolithe , Hercule & Neitor ne pa- 
roiitbient fur le théâtre qu'avec une 
tête reconnoilTable à l'aidé de fa cotive- 

(a) Paraltd, tome 3 , p. 567, ' 

Ivj 




— 

U. Lffr 



2 04 R éflexiens crîûq ues 

nance avec leur caractère connu 
vifage fous lequel l'Acteur paroiiToit,— - 
étoit toujours aflorti à fon rôle , flc 
l'on ne voyoit jamais un Comédierfa— . 
jouer le rôle d'un honnêrehommeavec=- 
laphyfionomied'un fripon parfait. Les= 
Compofiteurs des déclamations , c'elfc- 
Quintilien qui parle , lorfqu'ils met- 
tent une pièce de théâtre , fçavent ti— 
1er des mafques mêmes le pathétique. 
Dans les Tragédies , Niobé paroi c avec 
un vifage trille , & Médée nous an- 
nonce fon caractère par l'air atroce 
de fa phylionomie. La force & la fier- 
té font dépeintes fur le mafque d'Her- 
cule, Le mafque d'Ajax, eft le vifage 
d'un homme hors de lui- même. Dans 
les Comédies, les mafques des valets, 
des marchands d'Efclaves & des Para- 
ntes, ceux des perfonnages d'hommes 
groflîers , de foldats , de vieille , de 
courrifanne & de femme efclave, ont 
tous leur caractère particulier. On dis- 
cerne par le mafque , le vieillard auf* 
tere d'avec le vieillard indulgent i les 
jeunes gens qui font fages , d'avec 
ceux qui font débauchés ; une jeune 
fille d'avec une femme de dignké. Si 
le père , des intérêts duquel il s'agît 







fur la, Poëfie Cf/ur la Peinture. 20 ? 
principalement dans la Comédie , do>t 
être quelquefois content & quelque- 
fois fâché , il a un des fourcils de ion 
mafque froncé, & l'autre rabatu , & il 
a une grande attention à montrer aux 
fpeétateurs celui des côtés de fon maf- 
que , lequel convient à fa (îtuation pré- » 
fente. C'eft ainfi que Boindin expli- 
que (a) les dernières lignes du paflage 
de Qiwntilien , en fuppofant que le 
Comédien qui porte ce mafque , fe 
tournoit tantôt d'un côté, tantôt d'un, 
autre, pour montrer toujours le côté 
du vifage qui convenok a fa (ituation. 
actuelle , quand on jouoit les fcènes 
où il devoir changer d'affection » fans 
qu'il pût aller changer de mafque der- 
rière le théâtre. Par exemple , fi ce 
père entroit content fur la fcèng , il 
préfentoit d'abord le côté de fon mat 
que dont le fourcil étoic rabatu ; fie 
lorfqu'il changeoit de fentiment , il 
marchoit fur le théâtre, & il faifoit 
fi bien qu'il préfentoit le côté du mat 
que dont le fourcil étoic froncé, ûb- 
fervant dans l'une & dans l'autre C- 
tuation de fe tourner toujours de pro- 

(a5 Dans m Mémoire remit à l cadin.ic dcBdlu 
Lt'.irts. 




■ 



2o6 Réflexions critiques 

fîl. Les Comédipns Romains avoient 
Une attention particulière à cette par- 
tie de leur jeu. (a) Itaque in lis quœ ad 
fcertam componuntur fabulis ., artifices 
pronunciandi à perfonis quoque afièflui 
mutuantur , ut fit Niobe in tragcedia trif- 
tis* atrox Mei*a 3 attonitusAjax ,tru* 
culentui Hercules. In Comcediis vcrd preey 
zer aliam obfervationem quâ fervi ., tena- 
nts , parajiti , rujlici , milites , veiula , 
meretrkula? , ancillœ J fenes aujîeri ac mi- 
tes J juvenes feveri ac htxuriofis matrones , 
puella inter fe difeernumur ; pater ille eu- 
jus pracipuè partes funt , quia intérim 
concitattts * intérim Itnis efl , altero erec~ 
to j altero compojito efl Juptrcilio. Atquc 
idofiendere maxime LatinisAcloribus ma- 
ris efl j quoi cum lis quas agunt partibus 
congruat. PoMux, dans l'ouvrage que 
nous citons (fc),dit quelque chofe qui 
me paroît propre a confirmer la con- 
jecture ingénieufe & fenfe'e donr je 
viens de parler. Cet Auteur , en par- 
lant des mafques de caractères , die 
que celui du vieillard qui joue le pre- 
mier rôle dans Ja Comédie , doit être 
chagrin d'un côté, & férain de l'autre» 

(a) Quint. Infiit. lib. u. cap, u 
(bj Onemaji, /. +, c. u. 



fur la Poïfo Cffur la Peinture. 207 
Le même Auteur dit aufli , en parlant 
des mafques des Tragédies qui doivent 
être caraétérifés , que celui deThami- 
ris , ce fameux téméraire que les Mu» 
fes rendirent aveugle , parce qu'il avoit 
ofé lesdéfier , devoit avoir un œil bleu , 
& l'autre noir. 

Les mafques des Anciens mettoient 
«ncofe beaucoup de vraifembiance 
dans ces pièces excellentes , où le 
nœud naît de l'erreur qui fait prendre 
un perfonnage pour un autre perfon- 
nage par une partie des Acteurs. Le 
fpeâateur qui fe trompoit lui -même 
en voulant difeerner deux Acleurs dont 
le mafque étoit aufll reiïemblant qu'on 
le .vouloir, concevoit facilement que 
les Atfteurs s'y méprifient eux-mêmes. 
Il fe livrottdonc fans peineàlafuppo* 
fition fur laquelle les incidens de la 
pièce font fondés , au lieu que cette 
luppofition eft û peu vraifemblable 
parmi nous , que nous avons beau- 
coup de peine à nous y prêter. Dans 
la repréfentation des deux pièces que 
Molière 8c Renard ont imitée de Plau- 
te (a) , nous reconnoiûbns diftin&e- 
mène les perfonnes qui donnent lieu à 

ja) Afophitrion. Lt* Afcnecfcm<j, 







2o8 Réflexions critiques 

l'erreur., pour être des per Ion nages dif- 
férons. Comment concevoir que les au- 
tres A&eurs qui les voyerrt encore de 
plus près que nous , puiflent s'y mé- 
prendre > Ce n'eft donc que par l'habi- 
tude où nous fommesde nous prêtera 
toutes les fuppofit ions établies par l'u- 
fage fur le théâtre, que nous entron» 
dans celles qui font le nœud de l'Arn*- 
phitrion & des Menechmes, & je né 
confeillerois à perfonne de compofer 
une Comédie Françoife toute neuve , 
dont l'intrigue confiât dans un pareil 
embarras T 

Ces mafques don noient encore aux 
Anciens la commodité de pouvoir 
faire jouer à des hommes , ceux des 
per fon nages de femmes , dont la dé- 
clamation demandoit des poulmons 
plus robuftes que ne le font commu- 
nément ceux des femmes J furtouc 
quand il falloit le faire entendre en 
ces lieux aufli vaftes que les théâtres 
l'éto-ieitt à Rome. En effet, plufieurs 
paflTages des-Ecri vains de l'antiquité (a), 
entr'autres le récit que fait Aulugelle 
de l'aventure arrivée à un Comédien 
nommé Polus , qui jouoit le perfon-, 

(«) Ctc. de Qjfic Lpn Aulug, lih, 7 , c*p. 5* 




fur la Poëfie Cffur la Peinture. 2c$ 
âge d'Electre, nous apprennent que 
■s Anciens diftribuoienc fouven ta des 
Drames des rôles de femme. Aulu- 
:11e raconte donc que ce Polus jouant 
r le théâtre d'Athènes le rôle d'Elec- 
e dans la Tragédie de Sophocle , il 
icra fur la fcéne en tenant une urne 
i étoient véritablement les cendres 
un de fes enfans qu'il venoit de per- 
re. Ce fut à l'endroit de la pièce où 
falloit qu'Electre parût tenant dans 
■s mains l'urne où elle croit que font 
s cendres de fon frère Orefte. Com- 
1e Poîus fe toucha excefllvement en 
poftrophant fon urne, il toucha de 
lêroe toute l'aflemblce, Ju verrai die 
o) , en invectivant contre Néron , 
u'il falloit mettre aux pieds des ita- 
ues de cet Empereur des mafques, des 
rhirfes , la robe d'Antigone enfin , 
omme une efpéce de trophée qui con- 
;rvât la mémoire de fes grandes ac- 
ions. Cela fuppofe manifertement que 
s'éron avoit joué le rôle de la feeur 
'Eteocle & de Polinice dans quelque 
Tragédie. 

(s) Anre pedes Domitl longu m «u pone Thyîflss 
S , raii vrel Anligom, feu j-cifonam Mcii»iip c cj. 
w. Sa:, ï 



2 1 o Réflexions critiqués 

On introduifit aufli à l'aide de cm 
mafques toutes fortes de nations étran- 
gères fur le théâtre , avec la pliyfiono» 
mie qui leur étoit particulière. Le mal- 
que du Batave aux cheveux roux , & 
qui eft l'objet de votre rifée , (aie peu! 
aux enfans , dit Martial. 



Rxfi ptrfina Baravi 
Qtiim tu dtridti , Ltc cimet ero pter. 






Ces mafques donnoient même lieu 
aux amans de faire des galanteries à 
leurs maîtreiTes, Suétone nous apprend, 
que forfque Néron montoit fur le théâ- 
tre pour y repréfenter un Dieu ou un 
Héros , il portait un mafque fait d'a- 
près fon vifagej mais que lorfqu'il y 
répréfentoit quelque Déefle ou quel- 
que Héroïne , il portoit alors un mat 
que qui refiembloit à la femme qu'il 
aimoit actuellement. Heroum Deor uni- 
que , item Heroidum perfonis effiflis ai 
Jjmiïitudwem orisfui , & feminx prout 
quamque diligefet. 

Julius Pollux J (a) qui compofa fon 
ouvrage pour l'Empereur Commode, 
nous allure que dans l'ancienne Corné- 



(a) Ofioci. lib. +.f. il. 




fur la Poëfle &fur la Ptinture. 211 
die Grecque, qui le donnoit la liberté 
de caractérifer & de jouer les citoyens 
vivans , les Acteurs portbient un maf- 
çuequi reffembloità la perfonne qu'ils 
repréfemoient dans la pièce. Ainfi So- 
crate a pu voir fur le théâtre d'Athè- 
nes un Acteur qui portoit un mafque 
jui lui reflembloit, lorfqu'Ariftopha- 
»e lui fit jouer un perfonnage fous le 
propre nom de Socrate , dans la Co- 
médie des Nuées. Ce même Pollux 
nous donne dans le chapitre de fon 
livre que je viens de citer , un détail 
trcs-long & très-curieux fur les diffé- 
reras caractères des m a fq Lies qui fer- 
voient dans les reprcfentations des 
Comédies & dans celles des Tragé- 
dies. 

Mais d'un autre côté , ces mafques 
Taifoient perdre aux fpectateurs le plai- 
lîr de voir naître les palTions , & de 
reconnoître leurs différais fymptômes 
fur le vifage des Acteurs. Toutes les 
expreflîons d'un hommepafltonné nous 
affectent bien ; mais les fignes de la 
pafllon qui fe rendent fenfibles fur Ion 
filage; nous affectent beaucoup plus 
que les fignes de la paflïon qui fe ren- 

Kfibles parle moyen de fon gefte 




&î± Réflexions critique* 

&c par la voix. Dominatur autem maxi- 
me vultus , die Quintilien. (a) 

Cependant les Comédiens des An- 
ciens ne pouvoient pas rendre fenfi- 
bles fur leur vifage les lignes des paf- 
fions. II étoit rare qu'ils quittaflent !« 
mafque , & même il y avoit une ef- 
péce de Comédiens qui ne le quittait 
jamais. Nous fouffrons bien , il eft vrai, 
que nos Comédiens nous cachent au- 
jourd'hui la moitié des lignes des paf- 
lîons qui peuvent être marqués fur le 
vifage. Ces (ignés confident aurant 
dans les altérations qui furvtennent à 
la couleur du vifage, que dans les al- 
térations qui furviennent à fes traies. 
Or le xouge . dont il eft à la mode de- 

Îfuis vingt ans que les hommes même 
e barbouillent avant que de monter 
fur le théâtre , nous empêche d'ap* 
percevoir les changemens de couleur, 
qui dans la nature font une fi grande 
impreflîon fur nous. Mais ïe mafque 
des Comédiens anciens cachoit encore 
l'altération des traits que le rouge nous 
laifle voir. 

On pourrok dire pour défendre l'u- 
fêgedu mafque, qu'il ne cache point 

(a)Quîititlibt ii. c. j- 




fur U Foëjte & fur la Peinture-, 2î j 
aux fpeétateurs les yeux du Comédien, 
Or s'il eft vrai de dire que les pallions 
fe rendent encore plus fenfibles par les 
altérations qui furviennent fur notre 
vifage , que pair les altérations qui fur- 
vienrient dans notre gefte & dans tou- 
tes nos attitudes & dans notre ton de 
voix ; H efl: aulîi vrai que les pallions 
fe rendent encore plus fenfibles par ce 
qui arrive dans nos yeux, que par ce 
qui arrive dans les autres parties de 
notre vifage. Nos yeux feuls ("ont ca- 
pables d'enfeigner diftinérement tout 
ce qui fe palïe fur le vifage , $c pour 
ufer de cette expreffion , ils le font 
voir tout entier malgré le mafque. 
(a) Arùmitjl emnis a&io £r imago animi 
vidtus eft , ind ces oeulî. L'imagination 
Aipple'e, çontinuera-t*on , ce qui nous 
eft caché; Si quand nous voyons des 
yeux ardensde colère, nous croyons 
voir le refte du vifagè allumé du feu 
de cette paflion. Nous fom mes auflî 
émus que fi nous le Voyons véritable- 
ment. Plufieurs paflages de Ciçeroo 
êcdeQuintitien , font foi que les Ac- 
teurs àes Anciens m arquoient 1 parfai- 
tement tous les lignes des paflioni pac 

(a) Gif, de Ont. lik. 3, 



«14. Réflexions criiiqaet 

le mouvement de leurs yeux, aidés & 
foutenus par les geftes & par la con- 
tenance. On peut dire la même chofe 
de ceux des Comédiens Italiens qui 
jouent mafqués* (a) In vultu. plurimùm 
■valent ocullper quos maxime animas éma- 
nât. C'eft fur le vifage que I'ame fe 
peint, & les yeux font la partie du vifa- 
ge , qui , pour ainfi dire , nous parle Le 
plus intelligiblement. 

Je m'en tiens au ientîment le plus 
(impie , & je penfe que la plupart des 
pallions , principalement les pallions 
tendres, ne fçauroient çtre aulîl-bien 
exprimées par un Àdeur. mafqué que 
par un Acteur qui joue à vifage dé- 
couvert. Ce dernier peut s'aider de 
tous les moyens d'exprimer la pallion 
que l'Acteur mafqué peut employer , 
& il petit, encore faire voir des lignes 
des paflions „ donc l'autre ne fçauroic 
s'aidèt. Je crois donc que les Anciens 
qui avoient tant de goût pour la repré- 
fentatïon des pièces de théâtre , au- 
roient fait quitter le mafque 3 tous les 
Comédiens fans une raifon. C'eft que 
leurs théâtres étant très-vaftes & fans 
voûte, ni. couver ture-folide, les Co- 

(l> Quint, iii, u.c. ». 



" 




r U Poëjie & fur la Peinture. 2 1 f 
*ns tiroienr un grand fervjce du 
je qui leur donnoit le moyen de 
re entendre de tous les Ipecta- 
, quand d'un autre cote ce mafque 
Eaifoit perdre peu de choie. En 

il étoit impomble que les alté- 
îs du vifage que le mafque ca- 

fulTent appercues diftincienient 
>eâ:ateurs > dont plufieursétoient 
lés de plus de douze toifes du, 
edien qui récitoir. Entrons dans 
ication de la raifort que je viens 

ilugelle qui écnvoit fous l'Empe» 
Adrien , loue l'étimologie que 
! Bafïus donnoit au mot Latin per- 
qui fignifioit un mafque, en fai- 
renjrce terme du verbe perforut- 
ui veut dire reformer. En effet, 
;-t'il , le vifage & toute la tète 
renfermés fous la couverture du 
lie , de manière que la voix ne 
bit s'échapper que par une fortie 
ï encore reQerrée , il s'enfuit que 
x atnG contrainte , rend des fons 
ortsôc plus diftin&s. Voilà pour- 
les Latins ont donné le nom de 
ta aux mafgues qui font retentir 
tonner {la voix de ceux qui les 



ù,i6 Réflexions critiques 

portent. Lepidè me Hercules &fcitè Gù'im 
Bajfus in libris quos de origine vocabulo- 
rum compofuit 3 unde appeUataJitperfo- 
na interpretatur , à perfonando enim il 
yocabulumfaclum ejjè conjetfat : nam ca- 
put a inquit , O os cooperimento perfona 
ttBum undique , moque tantum votïs 
emittendx via t pervium, quai non vag& 
mque dijfufa eft,in unum tantùmmodi 
txitum colleBam coaclamque vocan * fr 
magis clarosfonorofquefonitusfacit. Quo- 
Jiiam igitur indumentum illud orisclartf- 
cere & rcfonare vocemfacit* ob eam eau- 
fam perfona dicla eft. (a) Que Balïus eût 
raifon on non dans fon étimologie , ce- 
la nenous faitrien.Ilnous fuffitqu'Au- 
lugelle ne l'auroit point louée , fli 
adoptée , fi de fon tems les mafques 
n'euflent point été une efpéce d'échos. 
Boéce confirme encore ici notre fenti- 
ment (b) Concaritatz ipfa ., major ne- 
cejje eft einictatur fonus , la concavité du 
mafque augmente la force de la voix , 
dit ce Philosophe en parlant des maf- 
ques. 

On ne fçauroit douter , après avoir 
lu le partage d'AulugeJle , & celui de 

(il Aul. Cdl. Nofi. An. lik. $ , t. 7. 

- i,b/ Ifartj de Ptrf. Cfl s f fr, 

Boéce» 




fur la Poëfie &fur la Peinture. 2 1 J 
>éce, qui écrivoient ce qu'ils voyoient 
tous les jours, que les Anciens ne fe 
fer vi fient des mafques pour augmenter 
le fon de la voix des A&eurs. Ma con- 
jecture eilque l'on plaçoit dansla bou- 
che de ces mafques une incruftation qui 
faifoit une efpece de cornet. 

On voit par les figures des mafques 
antiques qui font dans les anciens ma- 
nufcrits , fur les pierres gravées , fur les 
médailles, dans les ruines du théâtre 
deMarcellus & de plufieurs autres rao- 
numens , que l'ouverture de. leur bou- 
che étoit excelîïve. C'écoit une efpece 
de gueule béante qui faifoit peur aux 
tits enfans. 

Taniemqut reiic ai pulpira notant 
Exodmm', cum ptrfona palltmis hiarwn 
In grtmio mitris fonmiar rujiicus infant* { a ) 

Suivant les apparences , les Anciens 
n*auroient pas fouffert ce défagrément 
dans les mafques, s'ils n'en avoienc 
point tiré quelque avantage ; & je ne 
. pas que cet avantage pût êtr^ autre 
choie que la commodité d'y mieux 
ajufte-r les cornets propres a rendre 
plus forte la voix desAéteurs. 

(») Jwcn, Sac. ]. 

Tome III & 





2l8 Réflexiom critiques 

Nous voyons d'ailleurs par un pa 
fage de Quintilien , que le rire fouffroït 
une altération fi conlîdérable dans la 
bouche du mafque , qu'il en devenait 
un bruit défagréable. Cet Auteur, en 
confeillant aux Orateurs de bien exa- 
miner quels font leur talens naturels , 
afin de prendre un goût de déclama- 
tion convenable» ces talens , dit qu'on 
peut réunir à plaire avec des qualités 
différentes. Il ajoute , qu'il a vu deux 
Comédiens célèbres également applau- 
dis , quoique leur manière de déclamer 
fût bien différente : mais chacun avoit 
fuivi Ton naturel dans la manière de 
jouer la Comédie qu'il avoit prife, Dé- 
jnétrius , i*un de ces Comédiens , le- 
quel Juvenal met au nombre des meil- 
leurs Aâeurs de fon temps ? & qui a- 
voit un fon de voix fort agréable , s'é- 
toit attaché à jouer les rôles des divi- 
nités, des femmes de dignité, des pères 
jndulgens & des amoureux. Stratocles., 
c'eft le nom de l'autre Comédien > de 
qui parle aufii Juvenal , (a) avoit une 
voix aigre. Il s'étoit donc attaché à 

(tt) Nf£ tamcn Antiochus, nce élit mirabilis ilii 
Atc Stratocles , a ut cuin molli Dcmcrrlus Hœmo. 




fur la Po'êfie & fur îa Peinture. 2 1 o 
jouer les perfonnages des pères aufte- 
res , des parafites , des valecs fripons ; 
en un mot , tous Jes perfonnages qui 
demandoient beaucoup d'aâion. Son 
gefte écoitvif, fes mouvemens énoient 
emprefles , & il hafardoit beaucoup de 
chofes capables de faire fifller tout au- 
trequelui. Une de ces chofos queStra- 
tocles hafardoit , étoic de rire , quoi- 
qu'il fçûc très-Bien , dit Quîntilien , 
par quelles raifons le rire fait un effet 
ûéfagréable dans le mafque lllum de 
cuit curfus £r agiliras, &" vélparum con* 
1 miens perfanœ. rifus quem non igiiarus ra- 
linnis, populo dabat. (b) Le rire ne dé- 
plaît point par lui même fur la fcène 
comique, & nous le fentons bien. Mo- 
lière lui-même fait rire quelquefois fes 
perfonnages à pfufîeurs reprifes. Il faf- 
Loit donc que les éclats de rire redou- 
blés retentiflent dans la bouche du 
mafque , de manière qu'il en fortît un 
fon défagréable. C'elt ce qui ne dévoie 
pas arriver , il 3a bouche Se les parties 
intérieures du mafque les plus voifines 
de cette bouche n'euïïentpas été revê- 
tues d'un corps dur & refonnant qui 

( l> j Quint. Injl. lib- i i,cap. ult, 

Kij 







&20 Réflexions critiques 

changée it quelque chofe au fon natu — 
ici de la voix, en augmentant ce fon 
Je ha farderai ici une conjecture tout 
nouvelle, & qui peut donner l'inrellÊ 
gence d'unpaflagede Pline mal enten 
dujufques ici j c'efl que les Anciens 
après s'etre lervi d'airain pour incrufte 
les mafq.ues , y employèrent enfuir- 
des lames fort minces d'une efpece d 
marbre, Pline j en parlant de pierre s 
curieufes , die que la pierre qu'on ap» — 
pelle Calcophonos ou fort d'airain, tCh 
noire , & que fuivant l'étimologie cLe 
fon nom ., elle rend un fon approchant: 
du fon de ce métal , lorfqu'on la tou- 
che. C'eft pourquoi > ajoute - t'il , on 
confeilleaux Comédiens des'enfervir. 
(a) Calcophonos nigru efl J fed "dlifa. eeris 
tinnicum reddit, Tragœdis ut fuadent ™f- 
tanda. Quel ufage veut-on que les Co- 
médiens pufTent faire d'une pierre qui 
avoit cette propriété, fi ce n'étoit d'en 
incrufter une partie de la bouche de 
leurs mafques , après qu'elle avoit été 
fciée en lames fort minces? Ces mafques 
qui étoient de bois , comme nous l'ap.- 
prenons dans Les vers que Prudence 4 

fi)Ptiiutib. 17. cap. io, 



fur la Potjîe & fur la Vdnturt. 2x1 
fait contre S^mmaque, étoient propres 
à recevoir cette incrustation. Ceux qui 
récitent dans les Tragédies , dit notre 
Poète , fecouvrent la tête d'un mafque 
de bois, & c'eft par l'ouverture qu'on 
y a ménagée, qu'ils font entendre leur 
déclamation ampoulée. 

Ut tragims canCOT ligna régie onî cjvato, 
Grande aliqid l cujus per hfotuzn càrmtri anhettt. 

Solin qui a écrit quelque tems après 
Pline, femble nous apprendre pourquoi 
l'ufage de cette pierre étoit à préférée 
à celui «ie l'airain dans le revêtement 
intérieur d'une partie des mafques. 
C'eft qu'en repercutant la voix , elle 
n'altère point la clarté du fon, au lieu 
que le bruiflement de l'airain met tou- 
jours un peu de confufion dans les fons 
qu'il renvoyé. Après avoir dit que la 
pierre au fon d'airain reforme comm« 
ce métal, il ajoute qu'elle neprejudi- 
c'ie pointa la nerceré de la voix , lors- 
qu'on l'employé avec diferétion. Cal- 
mphonos rejouai ut pulfata œra. Pudici 
habitus fervai vocis claritatem. (a) 

Nous pouvons juger de l'attention 
que les Anciens avoient pour tout c* 



J») Silin. Si Salmaf. c, yj. 



K 



»'] 



22 1 Réflexions critiqua 

qu'ils jugeoient capable de mettre de 
l'agrément ou de la facilité dans l'exé- 
cution de leurs pièces de théâtre , pat 
ce que Vitruve(a) nous die fur la ma- 
nière d'y placer des Echxa , ou des 
vafes d'airain propres à fervir d'échos. 
Cet Auteur, en parlant de l'Architec- 
ture du théâtre , entre dans un détail 
long & méthodique fur la forme de 
ces vafes , qui n'étoient apparemment 
autre chofe que des plaques d'airain 
rondes & un peu caves , ainfî que fur 
les endroits où il falloit les placer, 
afin que la voix des Acteurs trouvât à 
propos des échos confonans. ha hac 
rat forte vox àfcenavelutâ centro profufa 
fe circum agent taftuqae feriens fingulo- 
rwn y a forum cava , ex'citaverit auâlam 
clàriatem £r concentu convenientem Jtbi 
ccnfonanùam. Vitruve , en nous difant 
<jue tous ces vafes dévoient être de 
tons difFérens, nous dit aflez que l'ou- 
verture & leurs autres dimenfions ne 
doivenc pas être les mêmes ; & com- 
me ces vafes étoient encore placés 
à une diftance différente desAcîeurs, 
il falloit bien qu'ils fuflenr des échos 
plus ou moins faciles à ébranler ^ 

(«) ykruv, lib. s , ev s , Grc» 







fur la Poëfie & fur la Peinture. Û2j 
afin de répondre uniformément. Vi- 
truve fe plaine que de Ton temps tes 
Romains négJigeaflent de placer ds 
ces Echœa dans leurs théâtres , à l'i- 
mitation des Grecs , qui étoient foi- 
gneux d'en mettre dans les leurs. 
Apparemment que les Romains pro- 
fitèrent de l'avis de Vitruve , car Pline 
fe plaint que ces vafes & les voûtes 
dans lefqueîles on les plaçait j abfor- 
boient la voix des A&euTS, Il pré' 
tend qu'ils faifoient un aufli méchant 
effet que le fable & l'orcheftre , c'eft- 
à-dire, de l'efpace qui étoit entre le 
théâtre & les fpe&ateurs les plusavan- 
cés. (a) In theatrorum orchejlrù fcrole 
aut arenafuper injetfaj vox ierotautr & 
in rudi parietum circumjeElu doliis etiam 
inanibus. D'un autre côté, Cafllodore 
dit dans l'Epitre cinquante une du li- 
vre premier , que la voix de ceux qui 
jouent des tragédies , étant fortifiée 
par les concavités , rendoit un fon tel 
qu'on avoit peine à croire qu'il pût 
fortir de Ja poitrine d'un mortel. Tra- 
gxdia ex vocis vajlitate neminatur (jum 
concavis repercujjïonibus roborata, taiem 

(aj Plia, iil, ii j tap. $i. 

K iv 




124 ^ if exions critiques 
fonum videtur ejficere ., ut penè ai hom't' 
ne non credatur. Ces concavités ne 
pouvoient être que les Echcza. & le 
cornet du mafque. On peut juger par 
l'attention que les Anciens faifoient 
fur toutes ces chofes , s'ils avoient 
négligé de chercher des inventions 
propres à faire faire aux mafques 
de théâtre l'effet , qui , fuivant Au- 
lugelle, leur avoit fait donner le nom 
de Perfona. 

Si les Ecrivains del'antiquitéavoient 
pu croire que les générations à ve- 
nir, puirent être jamais en peine d'ex- 
pliquer des chofes qui étoient fans 
difficulté pour eux , fbit parce qu'ils 
les voyoient tous les jours , foitjaarce 
que tout le monde avoit alors entre 
les mains des livres qui expliquoient 
méthodiquement ces chofes-là» ilsau- 
roient mieux circonflancié leurs nar- 
rations. Mais Us ont cruquelapof- 
térité feroit toujours au fait des chofes 
dont ils parloient , ainfi ils n'en ont 
dit le plus fouvent que ce qu'il con- 
venoit d'en dire pour appuyer un 
raifonnement , pour fonder une cotn- 
paraifon , pour expliquer une circoni 



fur la Poëfie îffur la. Peinture. 2.25 
tance , ou pour rendre raifon d'une 
étimologie. Ceux mêmes qui ont écrie 
méthodiquement fur la Poëfie» fur 
l' Architecture , & fur plufieurs autres 
arts , jugeant qu'il étoit inutile de 
faire précéder leurs raifonnemens Se 
leurs dogmes par des deferiptions ex- 
actes de ce qui étoit fous les yeux 
de tout le monde , fe jettent d'abord 
dans des préceptes & dans des difeuf- 
Eons que les contemporains crouvoienc 
tics- claires , mais qui font des énig- 
mes pour la poftérité , à caufe que 1© 
flambeau qui éclairoit les contempo- 
rains, s'eft éteint. Par exemple, com- 
me les Anciens ne nous ont pas lajffe 
la defeription de l'intérieur du Coli- 
fée , les Architectes doutent encore 
quelle étoit la diftribution intérieure 
du troiiîcme étage de cet amphithéâ- 
tre , quoique les deux premiers éta- 
ges intérieurs foient encore à peuples 
dans leur entier. Par la même raifon 
il refle encore aux Antiquaires bien 
des chofes à expliquer furies mafques» 
Peut-être que cela ne feroit point, lï 
nous n'avions pas perdu les livresque 
Denis d'HalLcamafîe > llufus #t plu- 
fieurs autres Ecrivains de Païuiqjiui 



226 Réflexions critiques 

«voient écrit fur les théâtres &furleï 
repréfe'ntations. Ils nous auroient du 
moins inftruits de beaucoup de choies 
que nous ignorons , s'ils ne nous a- 
voient pas tout appris. On peut voir 
un catalogue de ces Ecrivains , dont 
les livres font perdus , dans le qua- 
trième chapitre de la première partie 
de l'Ouvrage que le P. Boulanger, 
Jéfuke , a compofé fur le Théâtre 
des Anciens. 

Mais nous en fçavons encore affe7. 
pour concevoir. que les Anciens t> 
roient un grand fervice des malques 
qui iuettoiei.it les Comédiens en état 
de fe faire entendre fur des théâtres 
fans couverture foiide , & où i! y avoit 
plusieurs fpe&ateurs qui éto'.ent éloi- 
gnés de douze toifes de la fcene où 
l'on récitoit. D'ailleurs, comme nous 
l'avons déjà dit , le mafque faifoit 
perdre peu de chofe aux fpeciateurs, 
dont les trois quarts n'auraient pas été 
à portée d'appercevoir l'effet despaf- 
iîons fur le vifage des Comédiens» 
du moins aflez difl incrément pour les 
voir avec plaillr. On ne fçauroit dé- 
mêler ces exprelïîons à une diftance 
de laquelle on peut néanmoins difcer- 



fur la Poëfie & fur la Peintufe. 227 
l'âge & les autres traits les plus 
marqués du caractère d'un roafquc. H 
faudroit qu'une expreflion fût Faite 
avec des grimaces horribles, pour erre 
fendue fenfïble à des fpeflateurs éloi- 
gnés de la feene au-delà de cinq ou 
h toifes. Je rcpâerai encore une ob-< 
ervation : c'eft que les Acleurs des 
anciens ne jouoient pas , comme les 
loties, à la clarté des lumières arti- 
icielles qui éclairent de tous côc_ , 
nais à la clarté du jour qui devoit 
îkfler beaucoup d'ombre fur une fcè- 
ie où le jour ne venoit gtieres que 
l'en haut. Or la juvtefle de la décla- 
nation exige fouvent que l'altération 
'.es traits dans laquelle une exprellion 
oniifte , ne Toit prefque point mar- 
|uée. C'eft ce qui arrive dans les fî-' 
uarions où il faut que l'Acteur laifle 
•crutpper , malgré lui , quelques lignes 
le fa paflîon. Nous avons donc raifori 
le finre jouer nos A fleurs à vifage 
lécouvert , & les Anciens n'avoienr 
>as tort de faire porter des mafque» 
ux leurs. Je reviens à mon fujet. 




^ 



V 



228 Réflexions critiques 



SECTION XIII. 

De la Saltathn t ou de l y Art du Gejis , 
appellée par quelques Auteurs la Mifi* 
que Hypocr'nique, 

_!_} e s qu'on e(i une fois au fait du 
partage de la déclamation furie théâ- 
tre des Anciens , on en rencontre des 
preuves dans bien des livres où l'on 
n'en apperçoit pas avant que d'avoir 
lété éclairé fur cet ufage. On entend 
par exemple di (tin dément le pafiage 
où Suétone dit que Caligula aimoit 
avec tant de paflion l'art du chant & 
l'art deladanle, que même dans les 
fpeftacles publics il nes'abfteno't pas 
de chanter tout haut avec l'Acteur qui 

Î>arloit, ni de faire le même gefte que 
'Aéteur qui étoit chargé de la partie 
de la gefticulation * foit pour ap- 
prouver ce gefte t foit pour y chai 
ger quelque chofe. (a) Canendi acfû 
tandi voluptate ha ejfcrtbatur ^ut nep 
blkis quidem Jpeitaculis tempérant quo- 
minus &• rragado pronuntiami corteineret 
& geftum Hijlrioms qua laudans £r cor.' 

{ a ) Sun- in CaTc Gr,» 



»an- 

fal- 
:pu- 




fur la Poëfie &furla Peinture. ii§ 
rigens „ palam ejfingem. On remarquera 
que Suétone employé ici les termes 
de chanter & de prononcer comme 
des termes fynonimes en langage de 
théâtre , & qu'il employé de même 
le mot de danfe & celui défaire les 
gejhs. Cet Auteur ne fait en cela que 
donner à l'efpece le nom du genre. 
Comme nous l'avons dit déjà , chez 
les Anciens , l'art du gefte éroit une 
des efpeces dans lefquelles l'art de la 
danfe fe divifoit, Notre danfe n'étoit 
qu'une des efpéces de l'art que les 
Grecs appelaient Orchejis , & les Ro- 
mains, Saltatio. Mais comme les Tra- 
ducteurs François rendent ces deux 
mots par celui de danfe , cette équi- 
voque a donné lieu à bien des idées 
fauflès. Voyons ce qu'on peut fçavoii 
à ce fujet. 

Platon dit que l'art que les Grecs 
nomment OrcHefls , (a) confilre dans 
l'imitation de tous les geftes &de tous 
les mouvemens que les hommes peu- 
vent faire. En effeti fuivant Varron , 
le mot de Saltatio ne venoit pas de 
Salius , qui fïgniiie Sault, mais du nom 
<i*un Arcadien appelle Saiius , qui le 

dis Uix.k 7. 




2$0 Réflexions critiques 

premier enfeigna cet art aux Romains.' 
(a) SaUatores autem nominatos Vafto èÀ- 
c'a ah arcade Salio qui primus docuit 
Romanes rfdolefcemes nobiles falcare. Le 
témoignage de Vairon ne fçauroitêtre 
balancé par aucun raifonnement fondé 
furl'étimologie apparente du mot Sal- 
tatio* Ainfî l'on doit fe défaire du pré- 
jugé tiré du nom faltation , & qui por- 
terait à croire que toute falration tirât 
fon origine du mot Sakus qui ligni- 
fie un Sault. 

On conçoit bien donc que celles 
des danfes artificielles des Anciens , 
où l'onimitoit, par exemple, les faults 
& les gambades que des Payfans peu- 
vent faire après avoir bu, ou les bonds 
forcenés des Bacchantes, reflTembloient 
à nos danfes ; en un mot qu'on y iri- 
pudioit. Mais les autres danfes des An- 
ciens , où l'on imitoit l'action des gens 
qui ne fautent pas , Si , pour parler il 
notre manière, qui ne danfent point , 
n'étoit qu'une imitation des démar- 
ches s des attitudes du corps, des gef- 
tes t en un mot de toutes les démonf- 
trations dont les hommes accompa* 
gnent ordinairement leurs difeours, 

(a) lfid. oriç.L 13 ,c. io, 



fur la Poe/îe &fur la Peinture. 2,31 
OU dont ils fe fervent quelquefois pour 
lonner leurs fentimens à comprendre 
ans parler. C'eft ainfi que David dan- 
foit devant l'Arche , en témoignant 
par fon attitude comme par des gef- 
5c des profrernations , le profond 
tefpect qu'il avoir pour le gage de 
l'alliance du Seigneur avec le Peuple 
Juif. On voit dans le foixante-dix- 
"euvieme livre de Dion(d), qu'Eln- 
Sabale danfoit non-feulement quand il 
^oyoit repréfenter des pièces drama- 
tiques de la place où l'Empereur Ce 
•**>ettoit, qu'il danfoit encore en mar- 
^ liant , lorfqu'il donnoit audience , 
^juand il parloir à fes foldats , & même 
^uand il faifoit des facrifices. Quelque 
"|jeu iènfé que fût Elagabale , il ne 
danfoit point à norre manière dans 
les circonftances où Dion dit que cet 
Empeieur danfoit. Ii convient donc 
de fe faire une idée de l'art appelle 
Stkatio, comme d'un art qui com- 
prenait non feulement l'art de notre 
danfe , mais aufli l'art du gefle . ou 
cette danfe dans laquelle on ne dan- 
foit point , à proprement parler. Ce 
que je vais dire le prouvera encore. 



2J2 Réflexions critiqués 

Suivant Athénée a), Theleftes avoit 
été l'inventeur de cette efpece de jeu 
muet, ou de danfe fans faults&lans 
pas élevés s & laquelle nous appelle- 
rons ici le plus fouvent l'art du gelta 
Nous ne ferons en cela que lui don- 
ner le même nom que lui donnoient 
fouvent les Anciens. Ils l'appeiloient 
fouvent Chironomie , & ce mot traduit 
littéralement , figntfie la règle de la 
main. 

Comme l'art du gefte fe fubdivifoit 
encore en plufieurs efpéces , on ne 
doit pas être furpris qu'il fe foit trou- 
vé chez les Anciens un nombre de 
danfes différences » aflez grand pour 
mettre Meurfius en état de compofer 
de leurs noms, rangés fuivant l'ordre 
alphabétique! un Dictionnaire entier 
(b). C'étoit de tous les- arts muficaux, 
celui que les Anciens aimoient le plus, 
et par conféquent celui qu'ils av oient 
cultivé davantage : ainû" cet art qui 
enfeignoit à l'Hiftrion ce qu'il dévoie 
faire fur le théâtre , en même tem» 
qu'il enfeignoit à l'Orateur à bien faire 
fes geftes , s'étoit fubdiviféen plufieurs 

( a ) Deipn. iib. prlm. 
(h) Orchijl, J, Mturf, 




fur la Po'éfie b'fur la Peinture, 1 3 y 
îâlens dont quelques-uns convenaient 
aux perfonnes les plus graves. 

Tous ceux qui ont lu les ouvrages 
des Anciens dans les langues où ils 
ont été écrits > peuvent fe fouvenir 
qu'ils ont vu plufieurs fois le mot 
de Saltatio , employé en desoccafîons 
où l'on ne fçauroit l'entendre d'une 
danfe pareille à la nôtre. J'efpere néan- 
moins que je n'ennuierai perfonne en 
rapportant encore beaucoup de chofes 
qui prouvent que les Anciens avoient 
plufieurs Saltatioru où l'on ne danfoit 
pas. 

Les Auteurs qui ont donné la di- 
vifion de la mufîque des Anciens , font 
préfider à leur danfe la mufique hy- 
pocritique. Elle étoit la même que les 
Latins appellent quelquefois la mufique 
muette. Nous avons dit que fon nom 
venoit de celui d'hypocrite, qui inirn- 
fle dans fon fens propre un contrefai* 
feur. Mais c'étoit le nom le plus or- 
dinaire que les Grecs donnaient à leurs 
Comédiens. 

Le leéteur voit déjà par le peu que 
j'ai dit touchant cet art, que les geftesj 
dont il enfeignoit la lignification & 
l'ufage , n'étoient pas airrfî que ceux 





434 Réflexions critiques 

de nos danfeurs le font ordinairement, 
des attitudes & des mouvement qui ne 
îervifTent que pour la bonne grâce. 
Les gefr.es de la danfe antique dévoient 
dire, ils devoientfignifierquelque cho 
fe. Ils dévoient , pour ufer de cetre ex- 
preflîon, être un difcours fuivi. Voici 
les preuves que j'ai promifes. 

Apulée nous a laifle la defcriptiotl 
d'une repréfentation du Jugement de 
Paris , exécutée par des Corne 
Pantomimes qui jouoient fans parler, 
& dont le jeu s'appelloit SaUatio. (a) 
Lorfque cet Auteur parle deladéma*» 
che de fes Adeurs fut le théâtre , il 
employé le terme incedere , qui fignifit 
proprement marcher. En un autre en- 
droit , pour dire que Venus ne décla- 
moit que des yeux , il dit qu'elle ne 
danfoit que des yeux. Ft non nunquara 
fait are folis oculis. Auffi voyons - nous 
que les Anciens ne vantent prefque 
jamais les jambes & les pieds des Sal- 
tatores _, ou de leurs Danfeurs. Ce font 
les bras , ce font principalement les 
mains des Danfeurs que les Anciens 
louent.-Une Epigramme (b) de l'An- 
thologie Greque reproche à un Ac- 



(i) AjntL M'r<rm. i. n 
(Lj Aazbd. iilr. a. 






fur la Po'éjîe tffir la Peinture. 23? 
teur qui avoit danfé dans le îôle de 
Niobé , qu'il ne s'étoit pas remué plus 
que l'auroit fait le rocher dans lequel 
Niobé avoit été métamorphofée» en un 
mot , qu'il n'étoit pas forti de faplace 3 
&par conféquent qu'il n'avoir point 
fait un feul pas de danfe. Rien ne 
convient moins qu'un habillement long 
à un homme qui danfe à notre maniè- 
re. Or nous voyons que les Salcarores 
des Anciens étoient fouveut vêtus de 
long. Suétone dit en parlant de Cali- 
guia , qui aimoit la Scdtaûon avec fu- 
reur, y Ce Prince ayant mandé au Pa- 
» Jais plufîeurs perfonnes des pluscon- 
s> fîdérables de l'Etat , il entra brufque- 
» ment vêtu d'un habit à la Greque , 
» & qui lui veno^t juiques fur les ta- 
» Ions , dans le lieu où fes gens les 
« avoient fait entrer; & là il lit devant 
aïeux, au bruit des inftrumens , les 
» geftes d'un Monologue ; après quoi 
» il fe retira fans leur avoir dit un 
•> mot. -a Magrto Tibiarum & fcabello- 
rum crépine cum paîla tunicacjue talari 
profduït , & defah ato candco abiit, Vel- 
leius Paterculus {a) , voulant dire que 

( 1 ) Lib. Jauni, hijt. 







236 Réflexions critiques 

P ancus , un des Officiers Romains at- 
tachés au parti de Marc-Antoine , 
avoit contrefait Glaucus, célèbre Pê- 
cheur que les Anciens croyoient avoir 
été métamorphofé en Triton , quand, 
après être devenu furieux pour avoir 
mangé d'une certaine herbe t il fefut 
précipité dans la mer : cet Hiftorien 
écrit que Plancus déguifé en Dieu Ma- 
rin , & en marchant fur les genoux , 
avoit danfé l'aventure de Glaucus. C«* 
ruleatus £f mains, caputqueredimitus arun- 
âme & caudam trahtm J eenibta iruiixufy 
GLducum faltajfet* Un homme qui au- 
roit danfé fur les genoux , auroit été 
un for fpeclacle. 

Ce que dit Quintilien , en parlant 
de la nécellké d'envoyer les enfans 
dans les Ecoles où l'on enfeignoit l'art 
de la Saltation ^fuffiroit feul pourper- 
- fuader que l'art du gefle en étoit la 
principale partie. Il ne faut pas , dit 
cet Auteur, avoir honte d'apprendre 
ce qu'on doit être obligé de faire un 
jour. D'ailleurs, ajoute-t'il , la Chiro- 
nomiequi proprement fignilie l'art du 
gefte , eft un art connu dès les terns 
héroïques. Les plus grands hommes de 
la Grèce , Se Socrate même l'ont ap- 



fur U Poëfte &* far la Peinture, 237 
prouvé. Ne voyons nous pas encore par 
l'ancienne inftitution des danfes des; 
Prêtres Salicns , que nos vieux Romains 
n'ont pas dédaigné cec arc ? Enfin Pu* 
fage s'en efl: confervé jufqu'à nous , 
fans être blâmé. Mais je veux qu'on 
quitte fon maître au lortir de l'en- 
fance , Si qu'on ne retienne de cet 
exercice que la grâce & l'air aifédans 
l'acTion. Le gefte de l'Orateur doit 
être très-différent du gefte du Dan- 
fmr. (a.) Et c'erti quoi facerc opornat 
non indignutn ejl difecre , cùm pr a-fer tim 
hxc Ciiironomia qux ejl , ut norninc ipjo 
ieclaratur t lex geftih, & ah Mis heroï- 
eîi temporibus orta fit f & à fummis Grx~ 
cïx viris, & ab ipfo ctïam Socrate pro- 
bâta. . . .Nequc id veteribus Romanis de^ 
âecori fuir. Argumemum efl facerdàtum 
nomme durans ad hoc tempus* Saltatio. 
Cujus etiam difciplinx ufus in noflram 
ufque œtatem fine reprehenfîone defeendit. 
A me autem non ultra puer les annos re- 
retinebitur , nec in hit ipjîs diu. Neque 
tnim geftum Oratoris componi ad fhni- 
litudinem faltatoris volo ,fedfubeffe ali- 
quid ex hac excrâtationt- 

Cependant Macrobenous a confW- 

(« Quint. Jjift, Ub.pim.cjp. (] r 



238 Réflexions critiques 

vé le fragment d'une harangue de Sci 
pion l'Emilien , dans laquelle U 
tructeur de Carthage parle avec cha- 
leur contre des inconvéniens qu'il 
n'e'toit pas facile d'écarter des Ecoles , 
où Ton enfeignou l'art du gefte. Nos 
jeunes gens , dit Scipion , vont dans 
l'Ecole des Comédiens apprendre à 
réciter, exercice que nos ancêtres re- 
gardoient comme une profefllon d'ef- 
clave. H y a plus, des garçons, des 
filles de condition fréquentent les Eco- 
les où l'on enfeigne l'art de la Salta- 
livi. En quelle compagnie s'y trou- 
vent-ils ? (a) Eunt in ludum hijiriomun, 
difcunt cantare j quod majores nojh 
getiuii probro duci voluetunt. Eunt in- 

2uam, in ludum faltatorium imer CinX- 
os j vifgines puerique ingmui. On peuc 
voir encore dans l'Oraifon de Cice* 
ron pour Mtirena , à qui Caton avoit 
reproché d'être un Danftur , que l'u- 
fage de la Saltation n'e'toit toléré dans 
Jes hommes graves, qu'à la faveur de 
frien des circonftances. 

Revenons à Quintilien. Cet Auteur 
«lit encore , dans un autre endroit , 
«ju'ii ne faut pas qu'un Orateur pro- 
nonce comme un Comédien » ni qu'il 

Alacrofi. S amr a, Ub. ]. Ujf» I» 







fur la Poëjïe &fur la Peinture. 2 3 <? 
faffe fes geftes comme un Danfeur. {a) 
Non Comœdum in pronuntiadone, nonjal* 
tatorem in gejîu facio. Voici , fuivant 
les apparences , une de fes raifons. 

Les geftes que l'art, appelle Salta- 
tio , enfeignoit , n'étaient point tou- 
jours des geftes fervans uniquement à 
donner bonne grâce ] &c s'il efl per- 
mis de s'expliquer ainfi , des geftes 
qui dévoient lignifier quelque chofe 
intelligiblement , des geftes qui dé- 
voient parler. Or les geftes fîgnifica- 
tiô font de deux efpeces. Les uns font 
des geftes naturels , & les autres font 
des geftes artificiels. 

Les geftes naturels font ceux donc 
on accompagne naturellement fondif- 
cours > & dont on fe fert en parlant, 
Ce gefte, qui 4 pour ufer d'une ex- 
prelîion poccique , parle aux yeux, 
donne bien plus de force au difeours. 
Il anime à la fois, & laper fonne mê» 
me qui parle , 8c celle qui écoute. 
Qu'on empêche un homme vifdegef- 
ticuler en parlant, fon expreflîon de- 
vient languiflante , & le feu de forç 
éloquence s'éteint? D'un autre côté , 
l'Orateur que nous voyons, & que nous 

(i) Quint, iib. j-n'ra. cap. i-f. 




'24° Réflexions critiques 

entendons en même rems } nous re- 
mue bien davantage , que celui dont 
nous entendons la voix , mais dont 
nous ne voyons pas les geftes. Mais 
il eft rare que le gefte naturel ligni- 
fie quelque chofe diftindement , quand 
on le fait fans parler . Cela n'arrive 
même qu'en deux cas. En premier lieu, 
cela arrive , lorfque le gefte naturel 
lignifie une ajfeblion , comme un mal 
de tête ou de l'impatience. Mais le 
gefte naturel ne fuific pas même alors 
pour donner à connoître les circonf- 
tances de cette affection. En fécond 
lieu , le gefte naturel lignifie quelque 
chofe fans le fecours de la parole, 
lorfqu'on reconnoîtee gefte pour être 
la même démoLiftration qui accompa- 
gne ordinairement une certaine phrafe. 
Alors on fuppofe que celui qui fait 
ce gefte, y joint l'intention de dire 
ce qu'on dit ordinairement en faifant 
cette démon ft ratio ru Le gefte des peu- 
ples qui font à notre Midi, étant plus 
marqué que le nôtre, il eft beaucoup 
plus facile de comprendre fon langa- 
ge , quand on le voit fans rien en* 
tendre, qu'il ne Peft de concevoir 
en une pareille circonftance, ce que 

fig' 



fur la Poi-Jî<-& fur la Peinture. 24 b 
■notre gefle fignifie. Mais ces geftes na- 
turels n'ont encore qu'une lignification 
toujours imparfaite, & même équivo- 
que le plus fouvent. 

Ainfi l'homme qui veut exprimer 
diftin&ement, fans parler, une autre 
chofe qu'une afreclrion , eft obligé d'a- 
voir recours à ces démonftrations 8£ 
à ces geftes arrilîciels, qui ne tirent 
pas leur lignification de la nature , 
mais bien de l'inftitution des hommes. 
La preuve qu'ils ne lont que des figne* 
artificiels ., c'eft que , comme les mots , 
ils ne font entendus que dans un cer- 
tain pays. Les plus fimples de ces gef- 
tes ne lignifient que dans une certaine 
contrée, & l'on fe ferc ailleurs de fi- 
gnesdirTérens pour dire la même choie. 
Par exemple, le gefte de la main dont 
on fe fert en France pour appeller 

Îiuelqu'un , n'eft pas le gefte dont on fe 
ert en Italie pour le même ufage. Le 
François fait figne à ceux qu'il veut 
appeler, de s'approcher de lui, en 
levant la main droite , dont les doigts 
font tournés en haut ,& en la ramenant 
plufleurs fois vers fon corps; au lieu 
que l'Italien , pour faire le même figne 
•baifle la main droite, dont les doigta 
Icma III. h 







242 Réflexions critiques 

font tournés vers la terre. En différera 
pays on falue différemment. Les dé- 
monflrations & les geftes dont fe ferr 
un homme qui ne veut pas, ou qui ne 
peut point parler ., ne font donc pas les 
mêmes précifément dont on Te fert en 
parlant. Celui qui veftt dire par fignes, 
& fans proférer aucune parole, mon 
père vient de mourir, eft obligé de 
fuppléerpar des (ignés étudiés $c diffé- 
rens de ceux qu'il employeroiten pro- 
nonçant, aux paroles qu'il ne dit pas. 
• Ces figues peuvent s'appeller des geftes 
artificiels , & en fuivant l'efprit de la 
.Logique, des gefies d'inftituiion. On 
fçait que la Logique divife tous les 
lignes en deux genres , qui font les fi- 
,gnes naturels & les lignes d'inftitutions. 
La fumée , dit elle, eft le figne naturel 
du feu; mais la Couronne n'eft qu'an 
figne d'inftitution , un emblème de la 
Royauté. Ainfi l'homme qui fe bat la 
poitrine , fait un gefte naturel qui mai- 
que un faififlement. Celui qui décrit, 
en gefticulant , un front ceint du dia- 
dème, ne fait qu'un gefte d'inftitu- 
tion qui lignifie uae tête couronnée. 

Quoiqu'on joignît fur le théâtre la 
parole avec le gefte dans les repré- 






f 



fur la Pocfîe Gr/ùr la Peinture, 243 
Tentations ordinaires, l'art du gefte 
étoit néanmoins enfeignédans les Eco- 
les comme un art qui montroic à s'ex- 
primer, même fans parler. Ainlî l'on 
peut croire que les Profefieurs qui l'en- 
ieignoient , fuggéroient non-feulement 
tous les moyens imaginables de fe faire 
entendreà l'aide du gefte naturel, mais 
qu'ils montraient encore comment on 
pouvoît dire fa penfée en fe fervant des 
geftes d'inflitution pour*4'exprimer. 
L'Orateur qui parloit, n'avoit pas be- 
foin d'employer ces geftes artificiels 
pour fe faire entendre. D'ailleurs il eft 
comme impoflible que plulïeurs de fes 
geftes ne fuflènt incompatibles avec la 
décence qu'il devoît gardée dans fa dé- 
clamation» Voilà, fuivant mon fend- 
aient , la raifon pour laquelle Quintilien 
défend 11 fouvent à fon Orateur d'imi- 
ter la gefticulation des Danfeurs ou des 
SaUatores. 

Ce que dit Quintilien dans un autre 
endroit , femble rendre ma conjecture 
une chofe certaine. Tous les geftes 
dont je viens de faire mention , c'eft 
Quintilien même qu'on entend, partent 
naturellement avec la parole. Mais il y a 
une autre efpéce degefle&ijui nefigni- 

Lij 



244- Referions critique* 

fient que parce qu'ils décrivent U 
■choie qu'on veut exprimer par leui 
moyen. Tel eit le gefte repré Tentant 
l'action d\m Médecin qui tâte le pouls, 
&. dont on fe fert pour lignifier un ma- 
lade. Rien Uelt plus vicieux dans uo 
Orateur, ajoute Qui ntîlien , que d'em- 
ployer dans fa déclamation des geftes 
.de cette efpece, La déclamation de 
l'Orateur doit être entièrement diffé- 
rente de cdle du Danfeur. L'Orateur 
doit alTortir fon gefle avec le fenti- 
jnent qu'U exprime, & non pas avec 
la lignification particulière du mot 
qu'il prononce. Nous voyons même, 
continue notre Auteur, que les Co- 
médiens qui veulent jouer avec décen- 
ce , s'affujetti fient à fobferyation de 
ce précepte ; c'eft à dire . qu'ils n'em- 
ployent pas , oudumoins qu'ils n'em* 
ployent que rarement dans leur décla- 
mation des geftes d'inftitution. Et ù 
quidem de quibus fum locutus cum ipfs 
irocibus naturaliter exeunt gejlus. 
fum qui res imitaùone Jignijicam , ut fi 
segrotum , unfantis venus Medici finir 
lùudine oftendai ; quod gejlus quàm Ion? 
gijfîmè in oraûone fugiendum. Abejfe 
tmm plurimum àfalcatorc débet Orator, 




fur la Po'ëfîe & fur la Peinture. 24 f 
in fît gejius ad ftnfum magis quàm ad 
virba accnmmodatus , quod ttiam hif* 
îrionibus pauio graviorihus facere irions 
fuit (a). 

Ciceron avoir déjà dit à peu près la 
même rhofe que Quintilien. Cicerort 
veut bien qu'un homme qui fe deftine 
à parler en public , tâche d'acquérir la 
grâce & l'air aifé de Rofcius j mais 
il ne veut pas que cet homme moule 
Ton gefte fur le gefte qu'on enfeignoit 
aux gens de théâtre (b). Quis neget opus 
effeOraiori in hoc oratorio moiUjflatu- 
aie Rofcii g&ftu &" venujlate ? Tamen m- 
mo fuaferit ftudiofîs dicendi adolefcenti- 
bus in gsjiu difeendo hijîrionum ittore ela- 
borare. Apparemment que la plupait 
des Comédiens ne faifoient pas cora- 
me ceux que Quintilien appelle , Hf- 
iriones paulà gravures. Pluueurs Hif- 
trions aimoient mieux fe fervir des 
gefles d'infritution que des gefles na- 
turels , parce que les geftes d'infritu- 
tion leur paroiflbient plus propres à 
faire rire, ]ls penfoient que ces geftes 
rendoientl'dftionplus animée. Cepen- 
dant les gens de bon goût défapprou- 



j . IC. C. 3. 

C c. de O/'iif . lib. priffit 




Lu) 



246 Réflexions critiqxtes 

voient cette pratique. Ctcéron dit que 
ce qui leur plaît davantage dans le jeu 
des Comédiens , ce font les certes (im- 
pies & naturels. Les Comédiens dé- 
plaifent, ajoute-t'il, lorfqu'ils font des 
geftes ineptes , ce qui leur arrive quel- 
quefois, (a) Nam Gr Pakftricï mous 
fxpè funt odiqfîores > Gr hijlrionum non- 
nulli gefius inepti non vacant offenfiont, 
& in utroque génère quxfunt rebla &Jim- 
plicia lauaantur. 

On trouve une defcriptiort curîeufe 
de l'arc du gefte dans une Lettre que 
Cafljodore écrivit à Albimts, pour lui 
donner la commiflion de faire décider 
par le peuple , qui de Thodoron ou 
de Halandius étoit le meilleur A&eur. 
Il étoit queftion d'avancer le plus ha- 
bile. Nos Ancêtres, dit Cafliodore, ont 
appelle Mufîque muette celui des arts 
mufîcaux , qui montre à parler , fans 
ouvrir la bouche , à dire tout avec les 
geftes > & qui enfeigne même à faire 
entendre par certains mouvemensdes 
mains , comme par différentes atti- 
tudes du corps , ce qu'on auroit bien 
de la peine à faire comprendre par ur 
difcours fuivi , ou par une page d'écri' 

(a) Cif. di Ojjic. i. prim. 






fur la Po'éfie & fur la Peinture. iaff 
ture. (a) Hanc partent mujicce difcipli- 
na muiam majores nofîri nominaverunt , 
fdlicet quœ ore claufo manibus loquitur ? 
O quibufdam gefticulationibusfacu intel~ 
kgi quoi vix narrante linguâ autfcrip- 
lurx textu pojjît agnofci. Je crois ce- 
pendant que tes geltes d'inftitution ne 
iignifioient pas toujours bien diftin&e- 
menc ce qu'on vouloir leur faire dire , 
quoiqu'on obfervât , en les inftituant , 
une efpece d'allulfion aux chofes qu'ils 
décrivoient, Mimas haliucinatur t dit 
Apulée, (b) Nous verrons par ce que 
faine Auguftin dit des Pantomimes.que 
Je rapport qui étoit entre le gefte & la 
choie (rgiiiride, n'etoit pas fi bien mar- 
qué , qu'on pûttoujours la deviner fans 
interprète, lorfqu'on n'avoit pas ap- 
pris le langage de la danfe antique. 

Les Orientaux ont encore aujour- 
d'hui plufieurs danfes femblables à cel- 
les que décrit Caffiodore. Toutes les 
relations, principalement celles delà 
Perfe, parlent de ces danfes. Les Etats 
de l'Alie ont toujours été aulfi lujecs 
que les Etats de l'Europe aux révolu- 
tions politiques ; mais il femble que les 

(ai l 'ariir. tptjl, Ub. jrim, rp. 10. 
' "i Flor. Ub. 3. 

Liv 




'2:qË Réflexions critique! 

Etats de l'A lie ayent écé moins fujers 
que les Etats de l'Europe J aux révolu- 
tions morales. Dans l'A fie, les coutu- 
mes , la manière de le vêtir , enfin ki 
ufages nationaux, ti'ont jamais été aulU 
fujets aux changemens qu'ils l'ont été, 
& qu'ils le font encore dans les parties 
.Occidentales de l'Europe. 

Nous voyons que les Anciens ap- 
pelaient indiftindement la même per- 
sonne , Danfeur & faifeur de geftes , 
parce que lafaltation étoit le genre,. 
& l'art du gefte, l'efpece. L'Orateut 
Hortenfius , le contemporain & le ri- 
Val de Cicéron , étoit dans fes maniè- 
res & dans la façon de iê mettre , ce 
que nous appelions précieux. On di- 
foic de lui , qu'après avoir été long- 
tems un Comédien , il étoit devenu- 
une Comédienne , une faifeufe de get 
tes , & on nel'appelloitplusqueDyo* 
nifta. C'étoit le nom d'une célèbre dan* 
feufe, ajoute Aulugelte, qui fait ce ré- 
cit, (a) Torquatiu non jam hijîrionem 
ejje Honeiiflumdiceret ,fed gejliculciriam, 
Dyonijîamque cum nocijfimœ Saluttricu- 
l<g nomine appellent. D'un autre côté» 
ïaâion du Comédien s'appelloit auili. 

^») 4^. Gei»\ Mfi- '4ftk, tit.j>rim c<y. y. 



fur la Po'êjîe Cffur la Peinture. 242 

gefticulation , comme on peut le voir- 
dans le récit de l'avanture du Poète 
Andronicus. A in fi non-feulement on 
difoit aufîi danfer , pour dire faire des 
geftes , mais on difoit aulïi danfer, pour 
dire jouer la Comédie. Saltare &ge]-< 
tum agere > s'employent fi bien indif- 
tinéiement } qu'on difoit danfer une 
pièce Dramarique , pour dire la réci- 
ter fur le théâtre \ &c cela, non-feule- 
ment en parlant des repréfen tarions 
des Pantomimes, qui jouoient fans ou- 
vrir la bouche , comme nous le dirons 
Tantôt-, mais même en parlant des re- 
préfen tat ions des Tragédies ou de Co- 
médies ordinaires, dans laquelle la ré- 
citanon des vers faifoit une partie de' 
l'exécution de la pièce. 

Quand vous m'écriveç , dit Ovide à 
un ami qui lui mandoit que la Médée,- 
ou quelque autre pièce de la compo- 
sition de ce Poète étoit £ort fuivîe „ 
que le théâtre ejî plein ,, lorfquon y dartfe 
notre pièce, Cr qu'on y applaudit à 
vers. 

termina awptemfaltari wfjlra ih: 

Vtrfibui b 1 | liaudl J cribh , amke , rnch. (■)] 

&)0>ii.TnJl,i.EltS-T 




2fO Réflexions crhiquts 

Aulugelle , pour dire que dans les temj 
antérieurs à ceux dont il parle , l'Ac- 
teur qui prononçoit , faifoit aufli les 
geftes , dit que ceux quichantoient de 
fon tem« fans fe remuer , danfoient au- 
trefois en chantant, (a) Saltabundi a*- 
um canebant qua nunc fiantes canunu 

Juvenal nous apprend que l'Ecuyei 
tranchant qui coupoit la viande fur le* 
bonnes tables, les coupoit en danfant» 
On peut bien couper la viande en gesti- 
culant , mais non pas en danfan t à no- 
tre manière. D'ailleurs ce Poète ajou- 
te en plaifantanc , qu'il y* du mérite 
à couper la poularde & le lièvre avec 
un gefté varié & propre à chaque opé- 
ration. Il y avoir, à Rome des Ecoles 
particulières pour cette efpéce de Sd* 
tation. 

Ssrutlortm inttrta , ne çurn inilgnano i'Jît , 
Sdltdrttetnjpe&esfif chironomonta volanti 
Culrrllo t iemfftrcgat ditlata magijïri 
Omnii j née mbiimofani diferimint refert ; 
Qua gefiu hports ,& qua gatlinefecentr. (b) 

Enfin Ariflides Quintilianus, aprèJ 
avoir parlé de l'amitié de Cicéron 
pour Rofcius , qui charmait Ciceioa 

O A"L Geil. lib. 10. c. x, 
Ibjviy. Sa. j. 




fur la Po'ifie ùrfur la Peinture. 2$ I 
par fon exactitude à fuïvre la mefure, 
8c par l'élégance de fon gefte , appelle 
ce Comédien célèbre un Danfeur. Il 
le nomme Orcheftam en Grec , c'eft- 
à-dire , Saltatorem en Latin. Nous ver- 
rons même par un paflage de Calïio- 
dore , que le mot Grec avoit été lati- 
nité. En effet , quoique Rofcius par- 
lât Couvent fur la fcène, c'eft néan- 
moins par le gefte queCicéron le loue 
prefque toujours. Lorfqu'il le loue 
dans fon Oraifon pour Archias , c'eft 
par le gefte qu'il le vante. Ergo Me cor- 
poris moiu tantum umoremjibi concilia- 
rat à nobis omnibus. 

Cicéron difputoit même quelque- 
fois avec Rofcius , à qui exprimeroie 
mieux la même penfée en plufieurs 
manieras différentes , chacun des con* 
tendans fe fervant des ralens dans les- 
quels il excelloit particulierement.Roi- 
cius rendoit donc par un jeu muet le 
fens de la phrafe que Cicéron venoit 
de composer & de récirer. On jugeoit 
enfuite lequel des deux avoit réuflî 
le mieux dans fa tâche. Cicéron chan- 
geoit enfuite les mots ou le tour de la 
phrafe , fans que le fens du difcours 
en fût énervé ; ôc il falloir que Rofcius 

h v; 




3$2 Réflexions critiques 

à fon tour rendît Je fens par d'autres 
geftes.fans que ce changement affoibltt 
Texprefllon de fon jeu muet, (a) Et 
certè faris confiât contendere eum cum 
hifirione folitum , utrum Me fœpius ean- 
dem fententiam variis gejlibus efficerett 
anipfe per eloquentitz copiam fermone di* 
verfopronuntiaret^ ditMaerobe, en par- 
lant de Cicéron & de Rofcius. 

En voilà fufSfamment fur l'art delà 
Saltation corjfidérédans toute fon éten- 
due. On voit bien parce que nous en 
avons dit, que les Anciens mettoienc 
en pratique ces leçons dans les céré- 
monies religieufes.à table & en d'au- 
tres occafions. Mais notre fujet ne de- 
mande pas que nous fuivions la Salta- 
tion dans tous les ufages qu'ils en fair 
foient. Parlons encore de la Saltation 
théâtrale en particulier. 

(8) Mt-crob. Salurn. lib. z, cdp. I<v 



w 



fur la Poëfie b fur la P'énture. 2J$ 



l 



SECTION XIV. 



te la Danfeou de la Saltation théâtrale* 
Comment VA&eur quifaifoic les-gejïes*. 
pouvait s'accorder avec VAtleur qui ré- 
citait. De la. Danfe des Chœurs. 

L'art du gefte convenable à la dé- 
clamation théâtrale , étoit partagé en 
trois méthodes. Il ctoit fubdivifé en 
trois arts différens. {a ) La première 
méthode enfeignoit YEmélie , ou le 
geftepropreàla déclamation tragique". 
On appelloit Cordàx le recueil des gef- 
tes propres à la déclamation des Co- 
médies , ër Sicinis celui qui étott pro- 
pre à la récitation des pièces drama- 
tiques que les Anciens appelloientdes 
Satyres. Les perfonnages qui réci- 
taient dans ces trois genres de Poëfies, 
faifoient plufîeurs geftes qui éroient 
propres fpécialement à chaque genre; 
Lucien dit néanmoins dans fon Trai- 
té de la danfe, qu'en exécutant tes piè- 
ce: comiques, on mêloic fouvent ks- 



Âihsn».lib.]>nm+ 







2 f4 Réflexions critiques 

geftes propres à la fatyre, avec les gef- 
tes propres à la Comédie , les Sirinis 
avec le Cordax. 

Comment , dira t'on, les Anciens 
avoient-ils pu venir à bout de rédiger 
ces méthodes par écrit , & de trou- 
ver des notes Se des caractères qui ex- 
primaflënt toutes les attitudes & tous 
les mouvemens du corps? Je n'enfçai 
rien , mais la Coregraphie de Feuilléc 
dont j'ai déjà parlée montre furBlam- 
ment que la chofe étoit pollible. Il 
n'eft pas plus difficile d'apprendre par 
des notes quels geftes il faut faire , 
que d'apprendre par des notes quels 
pas , quelles figures il faut former.C'eft 
ce qu'enfeigne très- bien le livre de 
Feuillée. 

Quoique le gefte ne foit pas re'- 
dutt en art parmi nous „ quoique nous 
n'ayons pas approfondi cette matière, 
Se par conféquent divifé les objets au- 
tant que les Anciens l'avoient fait, 
nous ne laiflbns pas de fentir que la 
Tragédie & la Comédie ont des gsfles 
qui leur font propres fpécialenienr.Les 
geftes, les attitudes 3 le maintien & la 
contenance de nos Aéleurs qui récitent 
une Tragédie , ne (ont pas les rnéine» 




fur la Poëfie& fur la Peinture. 2ff 
ceux des Auteurs qui jouent une. 
Comédie. Nos Acteurs guidés pa* 
riniKnct, nous font fentir les princi- 
pes fur lefquels les Anciens a voient 
fondé la divifion de l'art dugefte théar 
tral, de l'avoient partagé en trois mé- 
thodes. Comme le dit Cicéron , la 
nature a marqué à chaque paflïon , à 
chaque fentiment fon expreflion furie 
vifage , fon ton tu. fon gefteparticulie* 
& propre, (a) Omnis mirn motus animi 
fuum quemdam ànatura. habet vultum- , 
ùr fonum &* gejlum* Les pallions que 
la Tragédie traite le plus ordinaire- 
ment, ne font point celles que la Co-, 
médie traite le plus communément. 

Dans le chapitre où Quintilien par- 
le avec plus d'étendue qu'ailleurs, du 
gefte convenable à l'Orateur , on trou- 
ve bien des chofes qui font voir que 
de fon tems les Comédiens avoient 
des Ecoles particulières où l'on enfei- 
gnoit l'art du gefte propre au théâtre. 
Quintilien y détourne quelquefois fon 
difciple de fuivre ce que les Comé- 
diens enfeignoient fur certains détails» 
Quelquefois il les cite comme de bons 
maîtres. Ceux qui enfeignent l'art de 

(a) Cic. ic Or. I. 3. 




àç6 Refitxiom trinqua 
la fcène , dic-il , dans un autre endroit 
du même chapitre , trouvent que le' 
gefte qu'on fait delà tête feule, eftun 
mauvais gefte; (a) Solo capite gtjium 
facere fcenici quoque doêlores v'ttiofum pur 
taverunt. On voit même que ces Pïo* 
feffeurs avoient ce qu'on appelle les 
termes de l'art. Quintilien , en parlant 
de la contenance qu'un Orateur, fur 
qui tous les yeux des Auditeurs font 
déjà tournés.quoiqu'il n'ait pas encore 
commencé à parler, doit tenir durant 
Un tems avant que d'ouvrir fa bouche,. 
dit que les Comédiens appellent en 
leur ftyle ce (ïlence étudié , des re- 
tardemens.- (b) In kac cunHatione [uni 
qutzdam non indécentes ,. ut votant [tem- 
ei > morce. 

Comme les gens de théâtre ne dé- 
voient guéres fe fervir de cette efpe-" 
ce de gefte que nous avons appelles 
geftes d'inftitution ; en un mot, com- 
me leur Stdtation croit d'une efpéce 
particulière, itétoit naturel. qu'ils euf- 
fent des Ecotes & des ProfeiFeuis à 
part. D'ailleurs il falloit qu'ils fçuiTfent' 
nn art qui leur étoit particulier, i: 

i»)Quwr, H'., io. caf. i» 




fur la Poi-Jîe & fur la Peinture* i%f 
veux dire celui de faire tomber leur 
gefte en cadence avec la récitation 
du Chantre , qui parloit quelquefois 
pour eux. Je vais tâcher d'expliquer 
encore plus intelligiblement que je ne 
Tai fait jufques-ici , comment ils ea 
venoient à bout , & comment l'action 
de celui qui ge(ticuloit 3 pouvoit s'unir 
avec la prononciation de celui qui par- 
loir. J'ai dû attendre que mon lecteur 
fe fût mis peu à peu au fait pour lui 
faire lire cette dernière explication , 
au ha'àrd de tomber dans quelques re- 
dites. 

Leledeur fe fouviendra de ce que 
nous avons déjà dit, que la mufique 
Hypocritique préfrdoit à la Saltanom 
Or la muiique, dit Quincilien, règle 
les mouvemens du corps , comme elle 
règle la progreflîon de la voix (a) Nw 
rntros mu(ict duplicts kabet , in vocibus &f 
in corpore. Ainfr lamufïque Hypocri- 
rique enfeignoit à fuivre la mefure en 
faifant les geflres , comme la mufique 
Métrique enfeignoit à la fuivre en ré- 
citant. La m ufîque Hypocritique s'ai- 
doit de mufique Rirhmique , car les 
arts muficaux ne pouvoient point avait 

(al QliÎRS, lib, pritn, cap, ic. 



258 R éfiexi&m c riùquts 

chacun Ton diftrict fi bien (epar< , 

qu'ils ne fe retrouvaient quelquefois 
dans la même leçon. 11 fallait fou- 
vent qu'un art mufical empruntât le 
fecouis d'un autre. Voilà déjà quelque 
chofe. 

L'Acteur qui récitent , & l'Acte ut 
qui faifoit les geftes , étoient donc obli- , 
gés de fuivre une même mefure , dont 
i'un Se l'autre dévoient également ol> 
ferver les tems. Nous avons vu dani 
Quintilien (a) , qu'on tâchoir d'établiï 
une proportion entre les geftes & le$ 
mots que dtfoit l'Orateur, de manière 
que fon a&iôn ne fut ni trop fréquen- 
te , ni trop interrompue. On peut croi- 
re que cette idée venott de ce qut 
l'Acteur qui récitoit fur le théâtre , ne 
devoir dire qu'un certain nombre de 
mots , tandis que l'autre Acteur chargé 
delà geflicularion , faifoit un certsio 
gefte. Le premier devoir dire appa- 
remment un plus grand nombre de 
mots , loifquele fécond faifoit un au- 
tre gefte. Quoiqu'il en fait , il ett tou- 
jours confiant que l'un & l'autre fui- 
voient les tems d'une même mefure 
battue par le même homme , qui avoit 

(*> Voy\ lafecmùStElion de la pv$imt Pertii» 



fur U PoëfU t> fur la Peinture, 2j"p 
loos les yeux les vers qui fe récitoi ent 
& dont les fyllabes marquaient les 
rems , comme on l'a vu. Au-deflus de 
ces vers on avoit écrit en notes les 
geftes que dévoient faireles Hiftrions 
mefure par mefure. Le rithme muh- 
cal , dit AriftidesQuintilianus (a), rè- 
gle aufli-bien le gefte que la recitation 
des vers. 

Quoiqu'il en ait été , nous fçavons 

«eles Acteurs, dont il eft queftion, 
ccordoient bien. Séneque dit qu'on 
avec étonnement fur la fcène que 
legefte des Comédiens habiles atteint 
la parole , & qu'il la joint , pour ainiï 

Ère , malgré la vîcefTe de la langue. 
ifzri (b) fokmus fczns. peritos quoi in 
omnemjignifîcationemrerum & ejfe&uum 
parata illorum eft inanus , &■ verborum 
ytlocicarem gcjhcs ajjhjuiiur. Certaine- 

tent Séneque n'entend point parler 
i d'un homme qui parle & qui fait 
les geftes en même rems. Il n'y a rien 
de moins admirable que de voir fon 
gefte aller auili vice que (a pronon- 
ciation. La chofe arrive naturelle- 
ment. Elle ne peut être admirable, que 

(al A'jl.dtmjlc. 



;neCtBf, 12 Jt 





ïfîo Réflexions trinques 

lorfque c'eft un Aéèeur qui parle s U 
un autre Acteur qui fait les geftes. 

Nous voyons encore qu'un Corné^ 
dien qui faifoit un gefte hors de médi- 
re , n'écoit pas moins (îfflé que celui 
qui manquoit dans la prononciation 
d'un vers, (a) Htjlriojî paululumftaa* 
Vtat extra numentm , aut Jt verfus pro- 
nuntiatus ejî Jyllabâ unâ longior aut brt- 
rïor exfibilatur &exploditur. Lucien die 
de même qu'un gefte hors de mefure, 
p/affoit pour une faute capitale dans 
un Acteur. C?eft ce qui avoit donné 
lieu au proverbe Grec, faire unfolccif- 
me avec la main. 

L'art de la fa'tation eft, perdu , & il 
feroit téméraire d'entreprendre de de- 
viner tous les détails d'une pratique' 
perfectionnée par l'expérience & pat 
les refl ex/ions de vingt mille perfon- 
lïes. Ce qui eft de certain , c'eft que 
le peuple voyoit bien quand on y man* 
quoit. Il eft vrai que l'habitude d'af- 
fifrer aux fpedacles , l'avoit rendu (i 
délicat qu'il trouvoit à redire même 
aux inflexions & accords faux» lorf- 
qu'on les répéroic trop fouvent , quoi- 
que ces accords pr.oduifent un bon ef' 

(a) Cicin Pond, 



fur la P&ëfîe &fur la Peinture. 261 
lorfqu'Us font ménagés avec arr. 
r et Quanto molliores funt Cr delicaùorçs 
n cantu fltxiones & f alfa: vocultE -quant 
ertœ £r fevera , qucbus tamen non modo 
utjleri /ftd. ji ftzpiùs fiant mult'uudo ipfa 
ccïamat. 

Pour en revenir à l'art du gefte , on 
le fçauroit guéres doucer que les Co- 
médiens des Anciens n'excellafïent 
lans cette partie de la déclamation. 
[ls avoient de grandes difpoHtions na- 
turelles pour y réullîr , à en juger pac 
leurs compatriotes, qui font nos con- 
temporains.CesAéleurss'appliquoient 
beaucoup à leur profefïîon , comme 
nous le dirons tantôt , & s'ils man- 
quoient , ou s'ils fe négligeoient , les 
fpectateurs qui étoient capables d'en 
juger, avoient le foin de les redrefler. 
Aufli Tertulien , dit-il, que ce gefte 
étoit aulU féduifant que ledifcoursdu 
ferpent qui tenta la première femme, 
(fr) Ipfe geftus colubrina vis eft. 

Si les Critiques qui ont voulu cen- 
surer ou éclaire ir la Poétique d'AriG» 
tote, euflent fait attention à la fïgni- 
£cation de Sokatio , ils n'auroient pas 

(«) Cic. if Ont, Hb. j, 
tb) Jtùnli,dc SptQ. 







26*2 Réflexions critiques 

trouvé fi bii'arre que les chœurs des 
Anciens danfajjent, même dans les en- 
droits les plus'rriftes des Tragédies. 
Il eft facile de concevoir que ces dan- 
fes n'étoient autre chofe que les gefles 
& les démo nftrations que les perfon- 
nages des chœurs faifoient pour ex- 
primer leurs fenrimens , foit qu'ils par- 
lafTent, foit qu'ils témoignafFent pat 
«n jeu muet , combien ifs étoient tou- 
chés de l'événement auquel il dé- 
voient s intéreflèr. Cette déclamation 
ôbligeoit fouvent les chœurs à mar- 
cher fur la fcène ; & comme les évo- 
lutions que plufieurs perfonnes font 
en même tems , ne fe peuvent faire 
fans avoir été concertées auparavant, 
quand on ne veut pas qu'elles dégénè- 
rent en une troupe qui fe prefle , les 
Anciens avoientprefem certaines rè- 
gles aux démarches des chœurs» Ce 
font ces évolutions réglées » pour ainh 
dire , lefquelies ont beaucoup aidé à 
faire prendre aux Critiques la Salta- 
tiondes chœurs , pour des ballets à no- 
tre mode. 

Les chœurs avaient d'abord des 
maîtres particuliers qui leur enfei- 
gnoient leurs rôles ; mais Ife Potte 



fur la Poëjie & fur la Peinture. 2.63 
Eîchile (a) qui avoit beaucoup étudié 
l'art des repréfentarions théâtrales . 
entreprit de les inftruire lui-même, 
& il Terrible que Ton exemple ait été 
fuivi par les autres Poctes de la 
Grèce. 

On ne doit donc pas fe faire l'idée 
du fpedracle que ces choeurs donnoient 
fur" le théâtre d'Athènes & far celui 
de Rome , par le fpeéfcaele que nous 
imaginons que nous verrions fur nos 
théâtres , fi l'on y failoit déclamer 
des choeurs. Nous nous figurons d'a- 
bord des chœurs immobiles de l'Opé- 
ra , compofés de fujets dont la plu- 
part ne fçavent point même marcher, 
rendre ridicules par une action gau- 
che les fcènes les plus louchantes. 
Nous nous repréfentons les chœurs 
de la Comédie compofés Ce Gagiftes 
& des plus mauvais Acteurs, qui jouent 
très-mal un rôle auquel ils ne font 
point accoutumés. Mais les chœurs 
des Tragédie? anciennes étoient exé- 
cutés par de bons Acteurs bien exer- 
; 6c la dépenfe qui fe failoit pour 
les repréfenter .étoit même (i grande , 
que les Athéniens avoient ordonné par 

(») A'^sn. lib. frim. 



W^^M 



acj^. Réflexions critiques 

un règlement particulier que les Mfr 

giftxats en feroient les frais. 

Qu'on ferepréfente donc , pourfe 
faire une jufte idée de ces chœurs, un 
grand nombre d'Aâeurs excellens, 
répondans à un perfonnage qui leur 
adreiTe la parole. Qu'on fe repréfente 
chacun des Acïeurs du choeur , faifant 
les geites & prenant les attitudes coi» 
venables à ce qu'il vouloit exprimer 
actuellement , & propres encore au 
caracîere particulier qu*on lui avoit 
donné. Qu'on fe figure le vieillard., 
l'enfant , la femme & le jeune homme 
des chceurs témoignans , ou leur joie» 
ou leur affliction , ou leurs autres paf- 
fions , par des démonftrarions propres 
£c particulières à leur âge , comme 
à leur fexe. Il me femble qu'un pa« 
reil fpeftacle n'étoit pas la fcène h 
moins touchante d'une Tragédie. Auf- 
fi voyons-nous (a) qu'un des chœurt 
d'Efchile fit accoucher plusieurs feai* 
mes grofles dans le théâtre d'Athènes» 
Cet événement fur même caufe que 
les Athéniens réduifirent à quinze ou 
vingt perfonnes le nombre des Ac- 
teurs de ces chceurs terribles , qui 
(.t) Dam U Tragédie des Enmdniiti, 

av oient 






fur la Poëfîe £r fur la Peinture. 265* 
evoient été compofés quelquefois de 
cinquante perfonnages. Quelques en- 
droits des Opéra nouveaux , où le 
Pocte fait adreffer la parole au chœur 
par un principal perfonnage, à qui le 
chœur répond quelques mots , ont plu 
beaucoup , quoique les Aéteurs du 
chœur ne déclamaflent point. Je m'é- 
tonne que cette imitation des Anciens, 
qu'on me permette un jeu de mots , 
n'ait point eu d'imitateurs. 

Enfin l'on a vu des chœurs qui ne 
parloient pas , fie qui ne fai l'oient 
qu'imiter le jeu muet des chœurs de 
la Tragédie antique , réuflif fur le 
théâtre de l'Opéra , fie même y plaire 
beaucoup , tant qu'ils y ont été exé- 
cutés avec quelque attention. J'en- 
tends -parler de ces ballets prefque 
fans pas de danfe } mais compofés de 
geftes , de démonflrations ; en un mot 
d'un jeu muet , & que Lulli avoic pla- 
cés dans la pompe funèbre de Pfy- 
ché » dans celle d'Alcefle , dans le fé- 
cond acte de Thé fée où le Pocte in- 
troduit des vieillards qui danfent , dans 
le ballet du quatrième acte d'Atys, 
&c dans la première fcène du quatriè- 
me aâe d'Ifis , où jQuinault fait vej 

Tome III. M 




^H 



des Ré 

L-chcEUïS 



3.'66 Réflexions critiques 

nir fur le théâtre îeshabitans d 
gions Hyperborées. Les demi- 
dont je parle , qu'on excufe mon e* 
prelïîon, donnoientun fpectacle inté- 
refiànt , lorfque Lulli les faifoit exé- 
cuter par des Danfeurs qui lui obéit 
foient , & qui o (oient au.ïi peu faire 
un pas de danfe , lorfqu'il le leur 
avoit défçndu , que manquer à faire 
le gefte qu'ils dévoient faire , & à le 
faire encore dans le tems prefcrit. H 
ctoit facile , en voyant exécuter ces 
danfes , de comprendre comment la 
mefurepouvoit régler le gefte fur les 
Théâtres des Anciens. L'homme de 
génie dont je viens de parler , avoit 
conçu par la ieule force de fan ima- 
gination , que le fpectacle pouvoir 
tirer du pathétique , même de l'action 
muette des choeurs , car je oe penfe 
pas que cette idée lui fût venu par la 
«oye des écrits des Anciens, dont les 
pafTages qui regardent la danfe des 
chœurs , n'avoient pas encore été en» 
tendus , comme nous venons de les 
expliquer. 

Lulli faifoit une fi grande attention 
fur les ballets dont il s'agit ici , qu'il 
fe fervoit pour les cqtnpofer , d'ua 




fur la Po'é fie & fur la Peinture. 267 
maître de danfe particulier r nommé 
d'Olivet. Ce fut lui , & non pas des 
Broffes ou Beauchamps , donc Lulli 
Te fervoit pour les ballets ordinaires, 
qui compofa les ballets de la pomp© 
funèbre de Pfyché ôc de celle d'Al- 
cefte. Ce fut encore d'Olivet qui fit 
e ballet des vieillards de Théfée , des 
fonges funeftes d'Atys & des Trern- 
bleurs d'ifis. Ce dernier étoit com- 
pofé uniquement des geftes & des dé- 
mon frrations de gens que le froid fai- 
fît. Il n'y entroit point un feul pas de 
notre danfe ordinaire. On remarquera 
encore que ces ballets qui plurent 
dans le tems , étoient exécutés par des 
~ anfeurs très- novices dans le métier 
ue Lulli leur faifoit (aire. Je reviens 
mon fujet. 



«tfh--^ 



Mij 






&6B Réflexions critiques 

v . ■ -— t 




SECTION XV. 

Ohfen>citions concernant la manière dont 
les pièces Dramatiques étaient repris 
(entées fur le Théâtre des Anciens. Dt 
la pajjîon que les Grecs & les Rnmains 
avaient pour le Théâtre , & de l'étude 
que ks Acleurs faifoient de leur art , 6* 
des récompenses qui leur éto'fent don- 
nées. 

l_.'i maginatioh ne fuppléc pa$ 

au fentiment. Ainfi comme nous n'a- 
vons pas vu repréfenter des pièces de 
djéâtre, dans lesquelles un Aifteurré- 
çjtoit ,. tandis qu'un autre faifoit des 
geftes, je crois que nous aurions tort 
de louer , & encore plus de tort de blî- 
mer déeifivement le partage de la dé- 
clamation que faifoient les Anciens. 
J'ai déjà dit pourquoi l'on n'y (èntoit 
pas le ridicule que nous y concevons 
d'abord. Nous ignorons encore quels 
agrémens les circonftances & l'habi- 
leté des Acleurs pouvoient prêter à ce 
fpectacle. Plufieurs Sçavans du Nord, 
Qui, fui la foi d'une exposition, a voient 



^H 



fur la Po'ëjîe&fur la Peinture. l&$ 
décidés que nos Opéra ne pouvoient 
être qu'un fpeétacle ridicule, & pro- 
pre feulement pour arfiu fer des en fans, 
ont changé d'avis après en avoir vu 
quelques repréfencations. L'expérien- 
ce les avoit convaincus de ce qu'elle 
feule peut përfuader., c'eft qu'une mère 
qui pleure en rnuiîque la perce de fes 
en! ans, ne laifle point d'être un per- 
fonnage capable d'attendrir &. de tou- 
cher férieufement. 

Les Marionnettes où la déclamation 
eft partagée, nous amufent , quoique 
l'action n'y foit exécutée que par une 
efpéce d'automate. Il ne faut pas dire 
que ce fpectacle puérile nous divertit , 
parce que le ridicule de l'exécution 
s'y trouve parfaitement bien aflbrti 
avec le ridicule du lujet. L'Opéra des 
Bamboches , de l'invention de la Gril- 
le , & qui fut établi à Paris vers l'an- 
née j 674-1 attira tout le monde du- 
rant deux hyvers j & ce fpeftacle étoit 
un Opéra ordinaire , avec la différence 
que la partie de l'aétion s'exécutoit par 
une grande Marionnette, qui failbir 
fur le théâtre des geftes convenables 
aux récits que chantoic un Muilcien , 
dont la voix fort oit par une ouverture 

Miij 




£70 Réflexions critiques 
ménagée dans le plancher de la fccne. 
J'ai vu en Italie des Opéra répréfentés 
de cette manière , & perfonne ne les 
trouvoit un fpeâacle ridicule. Les 
Opéra qu'un Cardinal îlluftre fe plai- 
foità faire exécuter de cette manière- 
là., quand il étoit encore jeune , plai- 
foienc même beaucoup, parce que les. 
Marionnettes qui avoient près de qua- 
tre pieds de hauteur japprochoient du 
naturel. Qui nous peut déterminer à 
croire que ces mêmes fpectadesau* 
roient déplu, fi des Acleurs excellent 
&que nous euflàons été déjà dan? 
bitude de voir jouer avec un mal 
avoient bien exécuté la partie 
_ gesticulation qu'une Marionnette ne 
pouvoir, qu'exécuter très-mal. 

La conduite & les écrits des Ro- 
mains font un allez bon témoignage 
qu'ils n'étoîent pas un peuple d'infeo- 
ies. Lorfque les Romains le défèrent* 
lièrent pour le genre de Ja déclama- 
tion , où le gefte & la prononciation 
5'exécutoient fouvent par des Acteurs 
différens; ils connoifloient depuis plus 
de fin-vingt ans la manière natureltede 
réciter qui eft la nôtre. Ils la quittèrent 
cependant pour l'autre bien plus com- 
pofée. 



fut la Po'èfie & fur la Peinture. 271 
D'ailleurs la dépenfe immenfe que 
les Grecs & les Romains faifoient pouf 
la repréfentation des pièces dramati- 
ques, nous eft un bon garant de l'at- 
tention qu'ils y donnaient. Or cette 
Attention continuée durant huit cens 
ans ( les théâtres furent encore ouverts 
à Rome durant huit fiée les après l'a- 
vanture de Livius Andronicus , ) n'au- 
roit elle pas été fufBfame pour defa- 
bufer les Romains de fufage de parta- 
ger la déclamation entre deux Acteur st 
fi cet ufage eût été auflî mauvais 
qu'on eft porté à le croire par un pre- 
mïer mouvement ? Il faut donc fe dé- 
fier de ce premier mouvement 1 autant 
que les perfonnes fages fe défient de 
celui qui porte à défapprouver d'abord 
les modes & les coutumes des pays 
étrangers. 

La repréfentation de trois Tragédie* 
de Sophocle , coûta plus aux Athé- 
niens que la guerre du Péloponefe.On 
fçait les dépenfes immenfes des Ro- 
mains pour élever des théâtres , deg 
amphithéâtres 6î des cirques , méms 
dans les villes des Provinces, Quel- 
ques-uns de ces bâtimens qui fubfif' 
tent encore dans leur entier, font les 

MLv 



^H 



272 Réflexiorts critiques 

monuraens les plus précieux de l'Ar- 
chitecture antique. On admire mîrae 
les ruines de ceux qui font tombés* 
L'Hiftoire Romaine eft encore rem- 
plie de faits qui prouvent la paflioti 
démefurée du peuple pour les fpecta- 
cles , & que les Princes & les particu- 
liers Faifoient des frais immenfes pour 
la contenter. Je ne parlerai donc ici que 
du payement des Acteurs. Macrobedir 
qu'vEfopus j un célèbre Comédien tra- 
gique , dont nous avons déjà parlé , 
& le contemporain de Ciceron , laiffa 
en mourant à ce fils , dont Horace & 
Pline (a) font mention comme d'un 
fameux diflîpateur > une fucceffionde 
cinq millions qu'il avoit amafles à jouer 
la Comédie. On lit dans l'Hiftoirede 
Pline , que le Comédien Rofcius , 
l'ami de Ciceron , avoit par an plus 
de cent mille francs de gages. 0} 
Quippe cum jam apud majores noftm 
Rofcius hiftrio fejiertium quingenta m 
annua meritajjè prodatur> Il Faut même 
qu'on eût augmenté les appointemens 
de Rofcius depuis le tems où l'état 
que Fline avoit vu , fut drelTé , pujf- 

(al Horar. Sat. j. lib. u v. î j 9. Plia, l, 1 0. 
0>) Plia, t. 7. c. îS. 




far la Poèfie & fur la Peinture. 273 
«jueMacrobe dit que notre Comédien 
touchoit des deniers publics , près de 
neuf cent francs par jour t & que cette 
fomme étoit pour lui feul. Iin'en par- 
tageoit rien avec fa troupe. Tant a fuit 
graiia ut mercedem diurnam de publico 
mille denarios Jîne gregalibus folus acce- 
périt (a). 

L'Oraifon que Ciceron prononça 
pour ce même Rofcius , juftifie bien 
le rapport de Pline & celui de Ma- 
crcbe. Le principal incident du procès 
qu'avoit Rofcius , rouloit fur un elcla- 
ve qu'on prctendoir queFannius avoit 
remis à Rofcius , afin qu'il lui enfei- 
gnât à jouer la Come'die : après quoi 
Rofcius & Fannius dévoient vendre 
cet efclave pour en partager le prix. 
Ciceron ne tombe pas d'accord de cet- 
te fociété , & il prétend que Panur-^ 
gus , c'efl le nom de l'efclave , dcvoit 
être cenfé appartenir en entier à Rof- 
cius qui l'avoit inftruit, parce que la 
valeur du Comédien excédoit de bien 
loin la valeur de laperfonnede l'Ef- 
clave. Laperfonnede Panurgus, ajou- 
te Citerôn , ne'vàut-pas trente pif- 
coles , mais l'Elevé de Rofcius vaut 

L») Macrjb, Suwrn, l, 3, eux* 

Mt 




274 Réflexions critiques 

vingt raille écus. Quana l'Efclave de 
Fannius n'auroit pas pu gagner dix- 
huit fols par jour, le Comédien inftiuit 
par Rofcius , pou voit gagner dix- huit 
pi fioles. Croirez - vous , dit Ciceron 
dans un autre endroit , qu'un homme 
auflï défîntéreffé que Rofcius , veuille 
s'approprier a aux dépens de fon hon- 
neur un Efclave de trente piftoles , lui 
<]ui depuis douze ans joue la Comé- 
die pour rien » & qui par cette géné- 
rofité, a manqué de gagner deux mil- 
lions? Je n'apprétie pas trop haut, 
ajoute Ciceron , le falaire que Rof- 
cius auroit reçu. Du moins luiauroit- 
on donné ce qu'on donne à Dyonifia. 
Nous avons déjà parlé de cette Adri- 
ce. Voilà comment la République Ro- 
maine payoit les gens de théâtre. Mi- 
crobe (cl) dit que Jules Céfar donna 
vingt mille écus à Laberius , pour en- 
gager ce Poète à jouer lui même dans 
une pièce qu'il avoit compofee Nous 
trouverions bien d'autres profuiîons 
fous les autres Empereurs. Enfin l'Em- 
pereur Marc-Aurele, (b) qui fou vent 
efl défigné par la ■ dénomination d'An- 

U) Maet.-8u.-i, i.-o. 7, 
lt) Ccjw.ialâ. Açujin 



fur la Po'êfie &fur la Peinture. û.yj 
onin le Philofophe , ordonna que les 
Moeurs qui joueraient dans les fpec- 
acles que certains Magiftrats étoienn 
enus de donner au peuple s ne pour- 
oient point exiger plus de cinq pièces 
l'or par repréfentation , & que celui 
[ui en faifok les frais ne pourrûit pas 
eur donner plus du double. Ces pièces 
l'or étoient à peu près de la valeur de 
10s Louis de trente au marc, & qui 
bnt cours pour vingt -quatre francs 1 , 
rite-Lîve finit fa dilîertation fur l'o- 
igine&le progrès des repréfenrations 
rhéatrja-les à Rome, par dire qu'un di- 
^erciiTement, dont les comniencemens 
ivoient été peu de chofe , étoit dégé- 
néré en des fpectacles 11 magnifiques 
3c fi fomptueux , que les Royaumes 
es plus riches auroient eu peine à en 
foutenir la dépenfe. (a) Quam abfa.no 
nicio res inhancvelopxdentis regniiyix 
'olerabilem infaniam vénerie. Comme 
es Romains étoient la plupart deve- 
nus eux-mêmes des Déclamateurs & 
Jes faifeurs de geftes } on ne doit pas 
Btreétonnéqu'ilsfiflent un fi grand tas 
des gens àe. théâtre. Séneque le père 
fit dans Pavant-propos du premier U« 
< a J Tic, tiif. lift. fi». 7. 

Mvj 




276 Réflexions critiques 

vre de fes Controverfes : Que les jeu- 
neigensde fontemsfaifoient leur plu» 
férieufe occupation de ces deux arts. 
Malarum rerum indujiria invafu animot. 
Cantandi faltandique nunc obfcxna jiu- 
dia effkminatos tenent. 

Le mal ne fit qu'aller en augmen- 
tant. Ammien Marcellin qui vivait fous 
le règne de Conftantin le Grand écrit : 
?» Dans combien peu de nos maifom 
» cultive-t'on encore les arts libé- 
» rauxfOn n'y entend plus quechan- 
« ter & jouer des inftrumens. On y 
ta fait venir , au lieu d'un Philofophe, 
» un Chantre ; & au lieu d'un Ora- 
m teur , un Profefleur dans les arts qui 
33 fervent au théâtre. On ferme les. 
» Bibliothèques, comme on ferme les 
» tombeaux , pour toujours , & Ton 
»? ne fonge qu'à faire faire des hidrauli- 
33 ques , des lyres énormes , des flûtes 
33 de toutes efpéces & tous les inftru- 
»! mens qui fervent à régler les geftes 
» des Ailleurs. Quoi cùtn ita funt , pau- 
ta. domus jîuiiorum feriis cukibus antta 
tdebrats. , nunc ludibriis ignavix tor- 
rences exundanc j vocali fono ., perjîabili 
tinnitu fidium refukantes. Denique pra 
Philofopho t Cantor* 0* in locum Or&to: 




fur la Po'éfteb fur la Peinture. 277 
rii t DoElor artium ludicrarum accitùr , 
€r Bilrliothecïs fepulchrorum ritu inperpe- 
tuum elaafis , fabricamur hydraulica & 
lyrœ infpeciem Carpentorum ingénies , ti- 
barque &' hijlrioniù gejïus injï(umenta 
non levia. (a) 

Je dois avertir le leâeur , qu'en éva- 
luant la monnoie Romaine par notre 
monnoie-de compte, je n'ai pas fuivi 
le calcul de Budé, quoique le calcul 
fût jufte, lorfque ce fçavant homme le 
fit. Mais le même marc d'argent qui 
ne valoit pas douze francs , monnoie 
de compte, quand Budéécrivok (b), 
valoit foixante francs au coin qui avoic 
cours , quand cette dernière évalua- 
tion a été faite, (c). Ceftà quoi ceux 
qui traduifent , ou qui commentent les 
Auteurs anciens , doivent avoir égard, 
aufli bien qu'à évaluer la fomme donc 
jifljle leur Auteur , métail par métail , 
parce que la proportion entre l'or & 
l'argent , n'eft plus la même , à beau- 
coup près > qu'elle l'étoit du tems de 
la République Romaine. Dix onces 
d'argent fin payoient alors une once 

(•) Amrn. M-irtrt!. hjjî.iii, I+. 
(|."1 Sous Frjttgeii 1. 
(c) £0 171»» 






278 Réflexions critiques 

d'or fin ; & pour payer aujourd'hui 
en France une once d'or fin , il faut 
donner près de quinze onces d'argent 
fin. Il y a même plusieurs Etats en Eu- 
iope où l'or eft encore plus cher. 

Entîn il me paroît raifonnable déju- 
ger du progrès qu'une certaine nation 
pouvoit avoir fait dans les arts qui ne 
laiflent point de monument durable 
fur lequel on puifïe afleoir unedécifion 
folide , par le progrès que cette même 
nation avoit fait dans ces arts qui laif- 
fent de tels monumens. Or les monu* 
mens de la Poëfie , de l'art Oratoire , 
de la Peinture , de la Sculpture & de 
l'Architecture des Anciens qui nous 
font demeurés , font connoître que les 
Anciens étoient très-habiles dans tous 
ces arts , & qu'ils les avoient portés i 
une grande perfeétten, Puifqu'il nous 
en faut tenir au préjugé fur leur habi< 
Jeté dans Part des repréfentations théâ- 
trales; ce préjugé ne doit -il point être 
eju/ilsy réuflïflbient , & que nous don- 
nerions à ces repréfentations , fi nous 
les voyions , les mêmes louanges que 
nous donnons à leurs bâtimens^ à leurs 
ftatues & à leurs écrits. 

Ne pouvons-nous pas même tim de 




fur la Po'èfie Gr fur la Peinture. 275» 
Texcellence des poèmes des Anciens 
un préjugé fur le mérite de leurs Ac- 
teurs ? Ne fçavons-nous pas encore 
par les conjectures les plus certaines, 
que ces Acteurs dévoient être excel- 
lens ? La plupart étoient nés dans la 
condition d'Efdave , & fournis par 
conféquent dès l'enfance à faire un ap- 
prentnîage au Aï long & auflî rigoureux 
que leurs Patrons le jugeoient à pro- 
pos. Ils étoient encore allures de de- 
venir un jour libres » opulens & con- 
fïdérés, s'ils fe rendaient habiles. En 
Grèce les Comédiens illuitres étoient 
réputés des perfonnages , Se l'an y a 
vu même des Ambau r adeurs& des Mir 
niirres d'Etat tirés de cette profelBon. 
Quoique (a) les Loix Romaines enflent 
exclu la plupart des gens de théâtre 
de l'état de Citoyen, on avoit néan- 
moins à Rome beaucoup de confidé"- 
ration pour eux , & nous en citerons 
tantôt de bonnes preuves. Ils y fei- 
foient impunément les importans , du 
moins autant que les Eunuques qui 
chantent aujourd'hui en Italie. 

Nons fçavons par des faits que l'ap- 

(a) Ùv. ùijf.lib. î+.Aug,&eùvit. I. i.e w.Artu 

edv.Gtn.lib. 7. 



T 



280 Réflexions critiques. 

prentiflage des gens de théâtre qu'on 
choififlbic apparemment avec de la 
difpofition à réuflîr, étoit un appren- 
tiflage très-long. Suivant le récit de 
Ciceron , ceux qui jouoient des Tra- 
gédies » s'exerçoient des années en- 
tières avant que de monter fur le théâ- 
tre. Ils faifoient même une partie de 
leur apprentiflage en déclamant ailïs , 
afin qu'ils y trouvaient enfuite plus 
de facilité à déclamer fur le théâtre où 
ils parloientde bout. Quand on eft ac- 
coutumé une fois à faire une chofe 
plus difficile que les fonctions ordinai- 
res de fon emploi,one.nremplit mieux 
& de meilleure grâce ces fondions. 
Or la poitrine fe trouve plus à fon aife 
dans un homme qui eft de bout, que 
dans un homme aflïs. 

Voilà pourquoi lion exerçoit alors les 
Gladiateurs avec des armes plus pelan- 
tes que les armes avec lefquelles ils 
dévoient combattre, (a) DijfîtUiora 
tnim debeni ejfequx exercent quofîc ievius 
ipfum Mud in quoi exercent. Jl faut que 
les travaux auxquels on nous aflûjettit 
pour nous faire faire un. apprentifla- 
ge, foient plus difficiles que le travail 

(a) Qtditt. lib, u.c. i. 



fur la Po'tjîe &fur la Peinture. 281 
dont on veut nous rendre capables. 
(d) Giadiatores gravioribus armis âif- 
cunt quam pugnant , dit Séneque le 
père. 

Les grands Aâeurs n'auraient pas 
voulu prononcer un mot le matin , 
avant que d'avoir , pour s'exprimer 
ainfi , développé méthodiquement leur 
voix , en la faifant fortir peu à peu , Ôc 
en lui donnant l'effbr comme par de- 
gré , afin de ne pas offenfer fes orga- 
nes en les déployant précipitamment 
& avec violence. Ils obfervoient mê- 
me de fe tenir couchés durant cet 
exercice. Après avoir joué , ils s'af- 
feyoient; & dans cette pofture ils re- 
plioient , pour ainfi dire les organes 
"~Oe leur voix , en refpirant fur le ton 
Je plus haut où ils fufient montés en 
déclamant, & en refpirant enfuite fuc- 
cellivement fur tous les autres tons , 
jufqu'à ce qu'ils fufTent enfin parvenus 
au ton le plus bas où ilsfuflent defcen- 
dus. Quelque avantage que l'éloquen- 
ce procurât à Rome y quelque luftre 
qu'une belle voix donne à l'éloquen- 
ce , Ciceron ne veut pas qu'un Ora- 
teur fe rende l'efclave de fa voix , 

{») Sineq. coiktov* lib, +. 





î8a Réflexions critiques 

ainiî que le faifoienc ces Comédî 
Me aucore (a) nemo dicendi Jluàïo } 
Grcecorum & Tragctdorum more voci 
iàet qui & annos complures fedentes 
clamitant a 6* quo-tidie. antequampronun- 
tient jfocem cubantes fenjtm excitant: 
eamdem cùm egerent J ah acutijjïmo fona 
ufque ad gravijjïmum fonum recolliguni. 
Il paroîr néanmoins, que peu de tems 
après la mort de Ciceron , lequel Sé- 
neque le père avoit pu voir , à ce 
qu'il dit Lui-même , les Orateurs Ro« 
mains mettoient en ufage , pour con- 
ferver leur voîx , les pratiques les 
plus fuperititieufes des Adeurs.Séne- 
tjue écrit donc comme une choie rare, 
en parlant de Porcius Latro , un Ora- 
teur fon compatriote, fon ami & fon 
camarade d'étude : Que ce Porcius qui 
avoit été élevé en Efpagne , & qui 
ctoit accoutumé à la vie fobre & la- 
borieufe qu'on menoit encore dans 
les Provinces , ne faifoit aucun re- 
mède pour conferver fa voix , qu'il 
n'obfervoit pas la pratique de la dé- 
ployer méthodiquement, depuis le ton 
le plus haut jusqu'au plus bas, & de 
la replier de même. Nil vocis caufafa- 

(a) O'ic. iî Onu lïb. frim. 




fur la Poe (te ùffut la Peinture,' 2S3 
être (a), noniLlampergraduspaidatimab 
imo ufque ad fummum perducere ., non 
rurjîts àfumma contentions paribus inter- 
vallis defandere* nonfudorem. unftione 
difcutere. 

Perfe , lorfqu il parle de ceux qui fe 
difpofentàharanguer.ouàrécice^quel- 
que chofe en public , met au nombre 
des précautions qu'ils prennent, celle 
defe laver la gorge avec quelque con> 

)ficion faite exprès. 

rande allqwd, quoipulmt tninut pralargvj enhilttt 
niicev hac populo .- pexsfqui xogaqut rectmi , 

. . • . tiçui do ctim plijmûte guttur 
Habile eon/aerii. (b) 

Ariftote (c) avoit dit la même cho- 
fe que Ciceron , fur les foins que les 
Afteurs , 8: ceux qui chantoient dans 
les chœurs , apportoient pour con'èr- 
ver leur voix. Apulée nous apprend 
encore que les Afteurs de Tragédie 
déclamoient tous les jours quelque 
chofe, afin que leurs organes ne s'en- 
jouïllaflent pas a pour ainfidire. (d) De- 
fuetudo omnibus pigritiam , pigriùa verer* 

(il SflKJi Convw, Hb. prim. 
(li 1 Ptrf. Sût. pr. 
(c'. Arïfl. P-ovviïb. ia« 
(dj Flur. tib, 2. 




D 



284 ' Réflexions critiques 

îtum parit, Tragxdi adeo ni quaûdhpro* 
clament clarhudo arteriis objolefàt. Jgi- 
tur iddentidem boanlo purgant ravim. 

Les écrits des Anciens font remplis 
de faits qui prouvent que leur atten- 
tion fur tout ce qui pouvoit (ervir à 
fortifier , ou bien à embellir la voix , 
alloit jufqu'à la fuperftition. On peut 
voir dans le troifiéme chapitre de 
l'onzième livre de Quintilieu , que 
par rapport à tout genre d'éloquence, 
les Anciens avoient fait de profondes 
réflexions fur la nature de la voix hu- 
maine , & fur toutes les pratiques pro- 
pres à la fortifier en l'exerçant. L'art 
d'enfeigner à fortifier & à ménager fa 
voix , devint même uneprofeflion par- 
ticulière. Pline indique dans diffe'rens 
endroits de fon hiftoire une vingtai» 
ne de plantes , de fpécifiques , ou de 
récentes propres à fortifier la voix. 
Ce foin faifoit une partie des occu- 
pations férieufes de toutes les perfon- 
nes qui parloient _, ou qui récitoiem 
en public. Je ne citerai que Néron , 
cet homme de théâtre à qui les Dieux 
trouvèrent bon de donner le monde 
à gouverner, Pline rapporte que ce 





■ 







fur la Po'èfie &fur la Peinture. 285 
'rince fut l'auteur d'une nouvelle 
méthode pour fe fortifier la voix 1 . 
Elle confiftoit à déclamer de toute fa 
force en portant une lame de plomb 
fur la poitrine, (a) Nero _, quonUm ita 
dits placuit princeps * lamina peëlori i/n- 
pvjïtafub eu Cantiea exclamant alendis 
vocïbus iemonfiravït rationem. Suétone 
ajoute mënoe quelques particularités 
aflez curieufes , au récit de Pline. 
Après avoir parlé du régime dont 
on ufoit , & des remèdes dont on 
le fervoit pour avoir la voix plus 
belle , il raconte que Néron , après 
qu'il fut de retour de fon voyage 
de la Grèce , avoit tant d'attention 
à fa voix , qu'il faifoit beaucoup de 
remèdes afin de la conferver ; & que 
pour l'épargner il ne voulut plus , 
îorfqu'il faifoit une revue des trou- 
pes , appeller ■> fuivant Tufage des 
Romains , chaque foldat par fon nom. 
Il les faifoit appeller par ce domeftique 
que les Romains tenoient auprès de 
leurs perfonnes , pour parler pour 
eux dans les occafions où il falloit 
parler haut , afin de fe faire enten- 
dre. Nec eorum quidquam omUtcre qwz 



iS 6 R ejlexions critiques 

generis ejus artifices, vel canfervandd ro- 
cis caufa vel augendx fa&itarent, Sed & 
plumbeam cartham fupinus peBorefufii- 
nere &" cliftere vomituque purgafij &* ab- 
Jlinerepomis cibifque ojfickntibus,Acpojl 
kac tantùm abfuit à remittendo laxando- 
quejiudio , ut confervandce vocis gratis 
rteque milites unquam niji alto verba pra* 
nunciante appellaret. De tout tems un 
peu de vifion tut l'appanage des gens 
de théâtre. Mais les vidons même de 
Néron & de fes pareils , montrent en 
quelle conHdération tous les arcs où 
la beauté de la voix efk d'un grand 
avanrage 3 fe trouvoienc dans ces 
tems -là, 



SECTION XVI. 

Des'Pantomimes > ou des AReurs qui 
jouaient fans parler, 

\_j es Anciens, non-contens d'avoir 
réduit lamufique hypocritiqueoul*art 
du gefteen méthode , l'avoient telle- 
ment perfectionné, qu'il fe trouva des 
Comédiens qui oferent entreprendre 




^m 



fur la Po'èfie 6* Jur la Peinture* 287 
de jouer toutes fortes de pièces de 
théâtre, fans rien prononcer. Ce fu- 
rent les Pantomimes qui exprimoient 
tout ce qu'ils vouloient dire avec les 
geftes qu ? «nfeignok l'art de la Salta- 
ûon. Eft ce une raifon pour Venus de 
s'appaifer , dit Arnobe dans fon ou- 
vrage contre les fuperftitions des 
payens , qu'un Pantomime ait repré- 
fenté Adonis, en fe fervant des geftes 
qu'enfeigne l'art de la danfe i (a) Obli* 
terabit ojfenjam Venus t Ji Adonis in ha~ 
bitu gejîum agere videritfaltatoriis inmo- 
tibus Pantomimum ? C'étoit donc fans 
parler que les Pantomimes fe Faifoient 
entendre communément, (b) Hiftrioms 
quafdam in theatro fabulas fine verbisfal~ 
tando , plerumque aperium & exponunr» 
Les Hiftrions nous expofent, Us nous 
font entendre une'Fable ordinairement 
fans parler. 

En effet, il femblc en lifant Lu- 
cien (c) > qu'on chantoit quelquefois 
le fujet que le Pantomime exécutoit; 
mais il eft auflî conltant par plufieurs 
paflages que je citerai plus bas , que 



s 



) Amoh> idvtrf. GtnU i. ? 
te) L":ian t de Orch» 







i 8 8 R éflexions critiques 

le Pantomime repréfentoit fouventi 
fans que perfonne chantât ou pronon- 
çât, les vers des fcènes qu'il déda- 
in oit en fon jeu muet. Le nom de 
Pantomimes qui fîgnifie imitateur de 
tout , étoit donné à cette efpéce de 
Comédiens, apparemment parce qu'ils 
îmitoient, & parce qu'ils expliquèrent 
toutes fortes de fujers avec leur gefte. 
Nous allons voir que non- feulement 
le Pantomime repréfentoit quelque- 
fois un perfonDage, comme le lai- 
foientles autresComédiens;maisr,uil 
peignoit quelquefois , qu'il décrivoit 
avec fon gefte l'action de pluileurs per- 
fonnages, Par exemple , u quelquefois 
on partageoit entre deux Pantomimes 
la Icène de Mercure & de Sofie dans 
la Comédie d'Amphitrion ; fi quel- 
quefois un Acteur y jouoit le rôle 
de Sofie , & un autre Acteur le rô- 
le de Mercure , quelquefois aulîî le 
même Acteur jouoit les deux rôles , 
en faifant alternativement le perfon- 
nage de Mercure & le perfonnage de 
Sofie. 

Nous avons dit ci-deflus que l'art 
du geite étoic compofé de géftes na- 
turels & de geftes- d'inftitution. On 

peut 




fur la Poëjîe bfur la Peinture, nËp 
peut bien croire que les Pantomi- 
mes fe fervoient des uns & des au- 
tres , & qu'ils n'avoient pas encore 
trop de moyens pour fe faire enten- 
dre. Aufli , comme le dit Saint Au- 
guitin , tous les mouvemens d'un Pan- 
tomime fïgnirioient quelque chofe. 
Tous fes geftes étoienc des phrafes , 
pour ainfi dire, mais feulement pour 
ceux qui en avoient la clef, (a) Hif* 
monts omnium membrorum motibus dam 
Jigna quxdam fcimtibus & 1 cum ocuïis eo~ 
rum fabulantur. 
Comme les Pantomimes employoient 

Î>lufieurs geftes d'inftitution dont la 
ignification étoit arbitraire, il falloit 
du moins être habitué à les entendre , 
pour ne rien perdre de tout ce qu'ils; 
vouloient dire. En effet, Saint Au-; 
guftin nous apprend dans le même li- 
vre qcti vient d'être cité , que lorf- 
que les Pantomimes eurent commen- 
cé à jouer fur le théâtre de Carthage > 
il fallut durant longtems que le Crieuc 
public inftruisît le peuple à haute voix 
du fujet qu'ils alloientrepréfenteravec 
leur jeu muet. Même encore aujour- 
d'hui , ajoure ce Père , il y a des vieil- 

(a) Avg, de DoR. Crh, 1. 1. 

Tomi M, K 




200 Réflexions critiques 

lards qui fe fouviennent , à ce quMi 
m'ont dit , d'avoir vu pratiquer cet 
ufage. D'ailleurs nous voyons que 
ceux qui ne font pas initiés aux imi- 
ter es de ces fpeclacles , n'entendent 
guéres ce que les Pantomimes veulent 
dire , à moins que celui auprès de qui 
ils font placés , ne le leur explique. 
Jïrimis temporibus faltante Pantomimo , 
prœco pronuntiabat populis Carthaginis 
quod faitator vdkt intelligi, Quod ai' 
hue multi meminerunt ferres quorum relu- 
tu hœcfblemus auiire. Quod. ideo crtAcn* 
du m eji , quia nunc quoque fi quis talium 
jiv.garum imperitus intraverit* nifizi di- 
çatur ab altéra quid ■iîli motus Jignificent 
frujlr a intérims efl. Mais l'ufage appre- 
nait à entendre le langage muet des 
Pantomimes à ceux qui ne l'avaient 
pas étudié par méthode , à peu prés 
comme il apprend la lignification de 
tous les mots d'une langue étrangère, 
dont on fçait déjà plulîeurs termes, 
quand on vit au milieu d'un peuplequi 
parle cette langue-là. Le mot qu'on 
£çait , fait deviner le mot qu'on na 
fçait pas, & celui-là fait; à fon tout 
deviner un autre mot. Quand on avoit 
jine fçji§ ^'intelligence de ce langage 



far la Poëjït 6*/«r la Peinture, 1$ i 
les geftes qu'on connoiflbit , faifoient 
deviner les nouveaux geftes que les 
Pantomimes inventaient , fuivant les 
apparences , de tems en tems , & ces 
geftes fervoient dans la fuite pour en 
deviner encore de plus nouveaux. 

Le Pocmede Sidonius Apollinaris, 
qui a pour titre Narbonne , & qui eft 
adrefFé à Confentius citoyen de cette 
ville-là , fait foi que pluheurs Panto- 
mimes jouaient leurs pièces fans pro- 
noncer un feul mot. Sidonius y dit à 
fon ami : » Lorfqu'aprcs avoir ter- 
as miné vos affaires , vous alliez vous 
sa délaffer au théâtre , tous les Coraé- 
« diens tremblaient devant vous. Il 
si fembloit qu'ils dulfent jouer devant 
n Apollon & les neuf Mufes. Vous 
sa étiez d'abord au fait de ce que Cara- 
»> maLus 8c Phabaton repréfencoient,' 
a> fans prononcer une parole , en le 
s> faifant entendre par un gefle par- 
» lant , pour amfi dire ,èc en s'expri- 
» mant tantôt d'un ligne de tête, tan- 
» tôt de la main , & tantôt par un 
=» autre mouvement du corps. Vous 
» fç aviez d'abord II c'étoit Jafon , 
*>Thyeftej ouquelqu'autrê perfon- 

Ni] 




H 



2Q£ Réflexions critiques 

s? nage qu'ils vouloient repréfenter, â 

G r m rr Carsmalus eut Phabcton 

CL-.ufufauabus &• loqurntt gejln , 

tfum , crwt , grnu , manu , rotant , (fc. fa) 

CeCaramalus&cePhabatonétoienr,' 
comme nous l'apprend le Père Sir- 
mond dans fes notes fur (b) Sida- 
nius t deux Pantomimes iJIuftres, & 
dont il efï fait mention dans les let- 
tres d'Ariftenete & dans Leontius 
le Sçolaftique. Le Commentateur de 
Sidonius rapporte même à ce fujet 
3'Epigramme ancienne qu'on va lire, 
& dont on ne connoît point l'Au: 
teur? 
I 

2br lingwt quof mcmbrq vïro , imrobilU rjltrSj 

Quttftcït articulas, orcJUeiac loqui. 

Tous les membres du corps d'un Pan* 
tomime font autant de langues , à l'ai* 
de defquelles il parle fans ouvrir la 
bouche. 

On conçoit bien comment les Pan- 
tomimes pouvoient venir à bout de 
décrire intelligiblement une action, 
Si de donner à entendre par le. gefte , 



<a) Siion- Car. zt. Vers iS*. 
[i>) Sirm> in mt. ai Sidça. £ . i s 7j 






■ 



'fur la Poëjïe & fur la Peinture. 1Ç$ 
les mots pris dans le fens propre , 
comme le ciel, la terre, un homme, 
&c. auflî-bien que les verbes qui mac- 
quoîent des actions, ou des affections* 
Mais , dita-t'on , comment pouvoient* 
il-s donner à encendreles mots pris dans 
le fens figuré , qui font fi fréquens dans 
le ftyle poctique ? Je répondrai en pre- 
mier Heu , que le fens de la phrafe don* 
noit quelquefois l'intelligence de ces 
mots pris au fens figurée 

En fécond lieu , Macrobe {a) nous 
donne l'idée de la manière dont les 
Pantomimes s'y prenoient % lorfqu'ils 
avoient quelqu'un de ces mots à ex- 
primer. Il raconte qu'Hilas , l'Elevé 
& le concurrent de Pylade , qui fut 
l'inventeur de Fart des Pantomimes , 
comme nous Talions dire , exécutent 
à fa manière un monologue qui finif- 
foir par ces mots, Agamemnon le Grand* 
Hilas, pour les exprimer , fit tous les 
geftes d'un homme qui veut mefurer 
un autre homme plus grand que lui. 
Pylade lui cria du parterre , mon ami , 
tu fais bien de ton Agamemnon un 
homme grand , mais tu n'en fais pas 
un grand homme. Le peuple voulut 

(a) Ifacrçb, Satura, i, c. 7. 

Niij 



H 



ap4 Ré flexions critiques 

que dans l'inftant Pylade joua le mê- 
me rôle. Augufte , fous le règne de qui 
cette aventure arriva, aimoit mieux 
que le peuple fût le maître au théâtre 
que dans le champ de Mars. Le peuple 
fut donc obéi" ; & lorfque Pylade exé- 
cuta l'endroit où il avoit repris fi hau- 
tement ton Eleve.il repréfentaparfon 
gefte & par fon attitude la contenan- 
ce d'un jiomme plongé dans une pro- 
fonde méditation , pour exprimer le 
caractère propre du grand homme. Il 
n'ctoir pas difficile de concevoir qu'il 
vouloic dire par-là qu'un homme plus 
grand homme que les autres , c'était 
un homme qui penfoit plus profondé- 
ment qu'eux.L'émulation étoit fi gran- 
de entre Pylade, & Bathylle un autre 
Pantomime, qu'Augufte, à qui elle 
donnoit quelquefois de l'embarras , 
crut qu'il devoit en parler à Pylade, 
& l'exhorter à bien vivre avec fon 
concurrent que Mécenas protégeoir. 
Pylade (a) fe contenta de lui répondre 
que ce qui pouvoit arriver de mieux 
à l'Empereur , c'étoit que le peuple 
s'occupât de Bathylle & dePylade.Ûn 
croit bien qu'Augufte ne trouva point 

(a) Dion, lib, j+. 




fur la Poe fie &fur la Peinture. 2pf 
à propos de réplique w à cette réponse. 
Parlons de la perfonne des Panto- 
mimes. L'Auteur du Traité contre les 
fpetlacles des Anciens,quenou$avon9 
dans les Œuvres de Saint Cyprien i 
définit le Pantomime, un monftre qui 
n'eft ni homme ni femme , dont toutes 
les manières font plus lafeives que 
celles d'aucune courtifanne., & dont 
l'art confifle à prononcer avec fon gef- 
te. Cependant , ajoute t'il , toute la 
ville fe met en mouvement pour lui 
voir repréfenter, en gefHculant , les 
infamies de l'antiquité fabuleufe. Huic 
dedecori condignum dedecusfupef induci- 
tur j homù fraftus omnibus membris * £r> 
vit ultra mulïebrem mollitiem diffblutus. 
Cui ars efl verba manibus expelire , £r 
propter unum nefeio quem nec virum. née 
fœminam , commovetur civitas , ut defal- 
tentur fabulofx amiquitatis libidines. Il 
falloit que les Romains fe fufTent mis 
en tête que l'opération qu'on feroit à 
leurs Pantomimes , pour les rendre 
Eunuques, leur conferveroit dans tout 
le corps une fouplefle que des hommes 
ne peuvent avoir. Cette idée * ou , fi 
l'on veut, le caprice faifoit exercer fu* 
les enfans qu'on deftinoit à ce métier , 

N iv 






2so 6 R éjîexïons critiques 

la même cruauté qu'on exerce encoie 
dans quelques pays furies enfans, dont 
on ne veut point que la vont mue.Sainc 
Cyprién , dans la lettre qu'il écrivit à 
Donat pour lui rendre compte desmo- 
tifs de fa conversion à la Religion Chré- 
tienne, dit que les fpeclacles qui font 
une partie du culte des Payens, font 
pleins d'infamie & de barbarie. Après 
avoir cité les horreurs de l'amphitnéâ- 
rre, il ajoute , en parlant des Pantomi- 
mes, qu'on dégrade les mâles de leur 
fexe pour les rendre plus propres à fai- 
re un métier fi deshpnnête, & que le 
maître qui a fçu faire reflembler davan- 
tage un homme à une femme , eft celui 
qui paffe pour avoir fait le meilleur dif- 
ciple. Eviranturmarehomnislionorù'vi' 
gorfexus enervati corporis dedecore. tmol- 
litur , plufque iïlic placet quifquis virum in 
fœminam magis fregerit. Combien , dit 
Tertulien dans fon Traité contre les 
fpe&acles, un Pantomime eft il obligé 
de foufftïr de maux dans fon corps , 
afin qu'il puifle devenir un Comédien? 
Quce denique Pantomimus à pueritia pa- 
titur in corpore t ur artifex ejjè pojjïr. 
4 En effet > Lucien dit (a) que rien 

(a) Lucien, de Orch, 



s 



fur la Poëfie& fur la Peinture. 197 
n'étoit plus difficile que de trouver un 
bon fujet pour faire un Pantomime* 
Après avoir parlé de la taille , de la 
foupiefle , de la légèreté & de l'oreille 
qu'il doit avoir, il ajoute, qu'il n'eifc 
pas plus difficile de trouver un vifage 
à la fois doux & majelîueux. Il veut 
en fui te qu'on en feigne à cet Acteur la 
mulique , lMitfroire , & je ne fçai com- 
bien d'autres chofes capables de faire 
mériter le nom d'homme de lettres à 
celui qui les auroit apprifes. 

Nous lifons dans Zozime Se dans 
Suidas (a) , que l'art des Pantomimes 
naquit à Rome fous l'empire d'Au- 
gufte > & c'eft ce qui fait dire à Lu- 
cien queSocrate (b) n'avoit vu la danjè 
que dans fon berceau, Zozime compte 
même l'invention de l'ait des Panto- 
mimes parmi les caufes de la corruption 
des mœurs du peuple Romain , & des 
malheurs del'Empire.Mzm &Pamomi- 
orum fait ado prias incognïta _, tempori- 
ut lis in ufu ejf'e cœpit, Pylade ac Ba- 
tyllo primïs eju; auioribus ., &* prœcerea 
quœdam alla quœ muliis hue ufgue malis 
caujam preebuerunt. En effet , les Ro- 

l b) Ludan. i: Creh. 

Ny 



2p8 Réflexions critiques 

mains , comme on va le voir,, devint 
renc fous de cette efpece de fpectacle, 
Les deux premiers Inftituteurs du 
nouvel art , furent donc Pylade & Ba- 
thylle , qui ont rendu leurs nomsauflî 
célèbres dans l'Hiftoire Romaine , que 
le peut être dans l'Hiftoire moderne 
le nom de Fondateur de quelque cta- 
bliflTement que ce foit. Pylade avoit 
compofc fon recueil, de geftes tirés s 
pour m 5 exprimer ainlî , de trois Re- 
cueils de geftes dont nous avons déjà 
parlé , 6c qui fervoient pour la Tra- 
gédie , pour la Comédie » &c pour ce 
Pocme dramatique que les Anciens 
appelloient Satyres, (a) Pylade avoit 
nommé Ylcalique , l'art du gefte pro- 
pre aux Pantomimes» Ainfi depuis le 
tems de Pylade il y eut quatre recueils 
de geftes propres au théâtre: \Emme- 
lie qui fervoit à jouer la Tragédie ; le 
Cordax qui fervoit pour la Comédie j 
le Sicinis qui fervoit pour la Satyre -, 
& Vhalique qui fervoit pour les pièces 
exécutées par les Pantomimes. Cal- 
liachy , Candiot > mort vers Tannée 
1708 (b) , Profefleur en^ Belles Let- 

( a ) A'htn. Drip. I. pr. 

( b ; Le Luiiifccn. c . s. &■ J o. 



fur la Poëfie Cffur la Peinture. 29$ 
tTes dansl'Univeifitéde Padoue, pré- 
tend que l'art des Pantomimes fût plus 
ancien qu'Augufte , mais il prouve 
mal (on opinion. Cet Auteur prend 
pour l'art des Pantomimes , qui con- 
îîitoit à réciter une pièce ou une fcène 
fuivie fans parler , ce que Tite-Live 
(a) appelle imhandorumCarminum ac- 
tion y l'art d'exprimer à fon gré & arbi- 
trairement en danfam t quelques paf- 
fions , art qui étoit certainement plus 
ancien qu'Augufte. 

Nous rapporterons dans la fuite un 
paflage de Séneque le père qui avoir 
pu voir Pylade & Bathylle ., dans le- 
quel il eft dit que Pylade réulïiflbit 
beaucoup mieux que Bathylle , dans 
les fujets tragiques; mais que dans les 
fujets comiques _, Bathylle réuflîfloit 
beaucoup mieux que Pylade. Athénée 
nous donne la même idée de ces deux 
Pantomimes. Nous trouvons la même 
remarque dans un grand nombre d'an- 
ciens Ecrivains. 

Pour dire que les Pantomimes 
jouoientune pièce, on difoit Fabulam 
faltabant , mais nous en avons déjà 
expofé les raifdns. On fe fervoit dans 

(•) Tûc-Li?. Ht, 7. 

Nvj 







£ 00 R éjlexions trkiqueS 

ces repréfentations de flûtes d'une ef- 
péce particulière , & qu'on appelloic 
Tibia Dafidica (a). Apparemment que 
le fon de cette flûte imitoit le fonde 
la voix humaine mieux que Jes autres, 
& de la manière dont l'imitent nos 
flûtes t rave r fi ères. Elle en étoit plus 
propre à jouer le fujet, c'eft à-dire, 
luivant ma conjecture » le chant noté 
des vers , ou la de'clamation qui de- 
voit fe réciter dans les repréfenta- 
tions ordinaires : car on voit par un 
partage de Cafiiodore rapporté ci def- 
lus (b) que la flûte Daftilica étoir foi» 
tenue par d'autres inltrumens qui 1er- 
voient apparemment de baffe continue 
à fon chant* 

Ce qui paroîtra furprenant., c'eft 
que ces Comédiens qutentreprenoienc 
de repréfenter des pièces fans parler» 
ne pouvoient pas s'aider des mouve- 
mens du vifage dans leur déclama- 
tion. Qu'on me permette cette phrafe. 
Il falloir qu'ils euflent de l'expreflioa 
de refte. Mais il eft toujours confiant 
qu'ils jouoient mafqués, ainfi que les 
autre s Comédiens. Lucien dit dans ion 

(9) Or.arn. P,if. I!b. +. c. 10. 
<b) Gajwi. Epijl. sulib.*. 



• 



fur la Poëfîe & fur la Peinture. 301' 
Traité de la Danfe _, que le mafque du 
Pantomime n'avoit pas une bouche 
béante , comme les mafques des Co- 
médiens ordinaires ,6c. qu'il étoit beau- 
coup plus agréable. Macrobe raconte 
que Pylade fe fâcha un jour qu'il 
jouoit le rôle d'Hercule furieux , de 
ce que les fpectateurs Trouvaient à 
redire à fon gefle trop outré , fuivanc 
leur fentiment. Il leur cria donc , 
après avoir ôté fon mafque : Fous » 
que vous êtes , je repréfente un plus 
grand fou que vous. Macrobe (a) rap- 
porte encore dans le même endroit 
d'autres traits de ce fameux Instituteur 
des Pantomimes. 

Il eft à croire que ces Comédiens 
commencèrent d'abord par exécuter, 
à leur manière , les fccnes des Tragé- 
dies & des Comédies , qui s'appet- 
loient des cantiques. Je fonde cette? 
conjecture fur deux raifons. La pre- 
mière ell que les Ecrivains de l'an- 
tiquité, qui ont vécu avant Apulée, 
ne parlent point., autant qu'il m'enr 
fouvient , de pièces dramatiques exé* 
cutées par une troupe de Comédiens 
Pantomimes. Ils ne font mention que 

le ) fyîatrgb, Saiurn, £2>« 2. thap. 7» 



5 02 Réflexions critiques 

de Monologues ou de Cantiques dan* 
fus par ces Comédiens muets. Nous 
trouvons même dans L'ouvrage de Lu> 
cien , qui vient d'être cité ., qu'un 
étranger voyant cinq habits prépares 
pour un même Pantomime qui devoir 
jouer fucceflîvement cinq rôles diflé- 
rens , demanda fi la même perfonr.e 
les porteroittous cinq. Il femble qu'il 
n'y auroit pas eu lieu à faire cette 
queftion , 11 l'on avoit vu dès-lors des 
troupes de Comédiens Pantomimes. 
La féconde raifon , c'eft que vraifera- 
blablemenc la chofe a dû arriver ain- 
iî. Il aura fallu que les premiers Pan- 
tomimes , pour erre goûtés par les 
fpecîareurs , s'en fi (lent entendre j & 
nos Comédiens , pour être plus aifé- 
ment entendus , auront commencé 
par exécuter en déclamation muette , 
les plus belles fcènes des pièces drama- 
tiques les plus connues. S'il fe formoit 
des Pantomimes à Paris , ne conçoit- 
on pas qu'ils débuteroient par exécu- 
ter dans leur jeu muet les belles (cè- 
nes du Cid & des autres pièces les 
plus connues , en choifuTant celles 
où l'aé'tion demande que le Comédien 
prenne plufieurs attitudes fingulieres. 




far la Foëfît ZrfLr la Peinture. 503 
«Ju'il fade plusieurs geftes faciles à re- 
marquer , 6c qu'on puiiïe reconnoître 
aifément , quand on les voit faire fans 
entendre le difcours dont ils font l'ac- 
compagnement naturel. Ils débute- 
roient , par exemple, en repréfentant 
la fcène qui fe pafle entre Mercure & 
Sofie dans le premier Acle d'Amphi- 
irion. Si les Pantomimes vouloient 
exécuter les fcènes de nos Opéra , ils 
débuteroient par la dernière fccnedu 
quatrième Acte de Roland^où ceHéros 
devient furieux. 

Peut être fut-ce du tems de Lucien 
même qu'il fe forma des troupes com- 
plettes de Pantomimes , &c qu'ils com- 
mencèrent à jouer des pièces fuivies» 
Apulée qui a pu voir Lucien , nous 
rend un compte exa«ft de la repréfen- 
tation du Jugement de Paris , faite par 
une troupe de Pantomimes, (<z) On 
voit dans ce récit curieux que Junon , 
Pallas Se Vénus parlèrent Tune après 
l'autre à Paris , & qu'elles lui firent 
les promeïïes que tout le monde fçait f 
en s'expliquant par des geftes & par 
des démonftrations concertées avec 
lesinftrumens quiles acçompagnoieat» 



504 Réflexions critiquer 

Apulée remarque même plufieurs fois 

que c'étoienten gefbiculant qu'elles fe 

faifoient entendre nutibus , ou gejîibus, 

Apulée dit en parlant de Junon : Hœc 

puella varias modulas continente tibia 3 

prœ cxteris quia â & inajfecïatii geflicu*- 

iatione, nutibus konsjlis pajlori pollue* 

tur , fîjïbi prxmium decoris addixijjet, 

& fefe regnum totius Afice tributuram. 

Pour Minerve ; Hcec inqu'eto capite & 

oculis in afpeflum .minacibus citato 6* 

intort génère gefîiculationis alacer , de- 

monjirabat paridi ,fi jibi forma vifl> 

riam tradidijjet J fortemtropha:ifque bel* 

licis indytum fuis adminiculis futurum. 

Quant à Venus : Senfim annutame ci- 

pue cœpit incedere, mollique tibianunfo- 

no délie atis refpondere gejiïbus * £r non 

nunquam faltare folis oculis. Hœc ut pri- 

mumante confpeBumjudicisfs^Li efi ni- 

fu brachiorum polliceri videbatur , &T. 

Chaque Déefis avoir encore fa fuite 

particulière Se compofée de plufieurs 

Acteurs. 

Comme les Pantomimes étoient 
difpenfés de rien prononcer ; 6c com- 
me ils n'avoient que desgeftes à faire, 
on conçoit aife'ment que toutes leurs 
dérjionftrations ctoient plus vives , & 






^m 



' fur la Poëjie drfur la Peinture, j ùf 
que leur action étoîc beaucoup plus 
animée que celle des Comédiens or- 
dinaires. Ces derniers ne pouvaient 
dans les Dialogues donner à la gefti- 
culation qu'une partie de leur atten- 
tion & de leurs forces , parce qu'a- 
lors ils parloient eux- mêmes, & 
qu'ils étoient obligés dans les Monolo- 
gues où ils ne parloient pas , à faire 
tomber en cadence leur jeu muet avec 
la récitation de celui qui prononçoit 
pour eux. Le Pantomime au contraire 
ctoit entièrement le maître de fon ac- 
tion , & fon unique foin étoit de ren- 
dre intelligiblement ce qu'il vouloir, 
exprimer. Audi Cafliodore appelle- 
t'il les Pantomimes , des hommes donc 
les mains difertes avoient , pour ainfi 
dire , une langue au bout de chaque 
doigt ; des hommes qui parloient en 
gardant le (îlence , & qui fçavoiene 
faire un récit entier fans ouvrir la bou- 
che ; enfin des hommes que Polym- 
nie , la Mufe qui préfidoit à la mutï- 
que , avoit formés , afin de montrer 
qu'il n'étoit pas befoin d'articuler des 
mots pour faire entendre fa penfée» 
C'eft ainfî qu'il s'en explique dans la 
lettre qu'il écrit au nom de Théodoiic 



$o6 Réflexion* tr taquet 

Roi des Oftrogots, à Simmaque Vrl- 
fec de Rome , pour lui ordonner de 
fairerépaier le théâtrede Pompée aux 
dépens de ce Prince. Caflîodore après 
y avoir parlé des Tragédies & des Co- 
médies qui fe repréfentoient fur ce 
théâtre t ajoute donc ; (a) Orchejïarum 
loquacijjima. manus , linguojî digiti ,JÎ- 
hmium clamofum J expojitio tacira^quam 
Mufa Polymnia rcperïjje narratur , ojleiï 
dens hommes pojjèjine oru affiatu vtll( 
fuum declarare. 

Si Ton en croit Martial &: quelques 
autres Poètes t les Pantomimes fai- 
foient des imprefilons prodigieufes fui 
les fpe&ateurs. On fçait les vers de J* 
vénal. 

Cuironmum Ladam molli faltdnte Bathylla 
Titcdd, 6v. 

Mais la plupart de ces partages font 
tels qu'on ne fçauroit les citer même 
en Latin. D'ailleurs les Poètes font 
fufpedts d'exagération, Ainfî conten- 
tons- nous de citer les Ecrivains en 
profe. 

Séneque le père qui exerçoit une 
proie (fion des plus graves qui. fuCTent 

(aj yarisr. Epi/f. I, +■ £/$, s i« 



fitr la Poèjîe tf fut la Peinture. 307 
Ton tems. , confefle que fon goût 
pour les repréfentations des Pantomi- 
mes , écoitune véritable paflïon. Pour 
citer ma folie , ce font fes termes , 
Pylade n'éroit plus le même Ac"teur 
dans le Comique , ni Bathylle dans le 
tragique. Quand Séneque die ce qu'on 
vient de lire » il parle de la difficulté 

Îju'il y a de réufiir dans pluileurs pro- 
èffions. (a) Et ut ad morbum te mtum 
vocem > Pylades in Comœdia , Batyllus 
m Tragadia multùm à fe aberant. Lu- 
cien dit qu'on pleuroit aux repréfenta- 
tions des Pantomimes , comme à celles 
des autres Comédies. 

L'arc desPantomimes auroit euplus 
de peine à réuffir parmi les Nations 
Septentrionales de l'Europe, dont l'ac- 
tion naturelle n'eft pas fort éloquente, 
ni allez marquée pour être reconnue 
bien facilement, lorfqu'onla voit fans 
entendre le difeours dont elle doit être 
l'accompagnement naturel. La copie 
eft toujours moins animée que fon ori- 
ginal. Mais , comme nous l'avons ob- 
fervé déjà, les converfations de toute 
efpéce font plus remplies de démon f- 
trations , elles font bien plus parlantes 

Stnt y. in Coniroi: 2. 







308 Réflexions critiques 

aux yeux , s'il eft permis d'ufçr de 
cette expreffion , en Italie, que dans 
nos contrées. Un Romain qui veut 
bien quitter la gravité de fon main- 
tien étudié j & qui laiflè agir fa viva- 
cité naturelle , eft fertile en geftesj 
il eft fécond en démonftrations, qui 
fîgnifient prefque autant que des para- 
fes entières. Son action rend intelligi- 
ble bien des chofes que notre action ne 
feroit pas devinef ; & fes geftes font 
encore fî marqués , qu'ils font faciles 
à reconnoître lorfqu'on les revoit. Un 
Romain qui veut parler en fecret à 
fon ami , d'une affaire importante , 
ne fe contente pas de ne fe point met- 
tre à portée d'être entendu , il a en- 
core la précaution de ne fe point met- 
tre à portée d'être vu , craignant avec 
xaifon que fes geftes & que les mou- 
vemens de fon vifage ne fiflent deviner 
ce qu'il va dire. 

On remarquera que la même viva- 
cité d'efprit. que le même feu d'ima- 
gination , qui fait faire par un mouve- 
ment naturel des geftes animés, va- 
riés , expreflifs & cara&érifés , en fait 
encore comprendre facilement la li- 
gnification , lorfqu il eft queftion d'en- 



fur la Poëfie & fur la Peinture. 309 
tendre le fens des geftes des autres. On 
entend facilement un langage qu'on 
parle. Mais le langage des muets du 
Grand Seigneur, que leurs compatrio- 
tes n'ont pas de peine à comprendre, 
& qui leur femble un langage difrinc- 
tement articulé ., ne parpîtroit qu'un 
bourdonnement confus aux peuples du 
Nord de l'Europe, Joignons à ces re- 
marques la réflexion qu'on fait ordi- 
nairement, qu'il y a des nations dont 
le naturel eft plus fenfible que celui 
d'autres nations ; & l'on n'aura pas 
de peine à comprendre que des Comé- 
diens qui ne parloient point., puffenc 
toucher infiniment des Grecs & des 
Romains , dont ils imitoient l'action 
naturelle. 

J'alléguerai comme une efpéce de 
preuve de ce que je viens d'avancer , 
le livre d'un Auteur Italien, Giovan- 
oi Bonifacio, intitulé , l'Arre de' Cenni, 
ou , l'art de s'expliquer par lignes. On 
ne voit pas , en lilant cet Ouvrage , 
que fon Auteur ait fçu que les Panto- 
mimes des Anciens le fifient entendre 
fans parler, cependant la chofe lui q. 
paru pôiTîble, C'eft ce qui lui a fait 
compofer un vouluqne jn-^uarro de pli^s 




510 R éflexions critiques 

de fix'cens pages , &c dlvifé en deux 
Parties, Il enfeigne dans la première la 
méthode de dire ce qu'on veut par li- 
gnes Se par gefies ; & il montre dans 
la féconde partie l'utilité de ce langage 
muet. Ce livre fut imprimé àViceuze 
en 1616. (a). 

Je reviens aux Auteurs de l'antiquité 
qui parlent du fuccès des représenta- 
tions <jue faifoient les Pantomimes. 

Lucien (b) fe déclare lui-même zélé 
partifans de l'art des Pantomimes , & 
l'on fent qu'il avoit du plaid r à racon- 
ter les faits qui pouvoient faire hon- 
neur à cet art. Il dit entre autres cho- 
fes , qu'un PhilofopheCinique traitoit 
de badinage puéril l'art de ces Co- 
médiens muets , &: qu'il le déflnhToit 
un Recueil des geftes que la mufique 
& l'appareil de l'exécution faifoient 
pafler. Mais un Pantomime de la Cour 
de Néron , pour montrer à ce Philo- 
fophe qu'il avoit tort » exécuta de- 
vant lui en déclamation muette & fans 
aucun accompagnement 4 les amours 
de Mars & de Vénus. Le Ciniquefut 
obligé de tomber: d 5 aççord* que Tare 

{») Ght 1 Groffi. 

(b) Suçinn. ia OnhcJÎ % 



fur la Vaëfte & fur la Peinture. 511 
du Pantomime étoit un art réel. Lu- 
cien raconte encore qu'un Roi des en*- 
virons du PontEuxin, qui fe trouvoic 
à Rome fous le règne de Néron , de- 
manda à ce Prince , avec beaucoup 
d'empreflèmenc , un Pantomime qu'il 
avoir vu jouer , pour en faire fan In* 
terprete en toutes langues. Cet hom- 
me, difoit-il, fefera entendre de tout 
Je monde, au lieu que je fuis obligé 
de payer je ne fçai combien deTru» 
chemens , pour entretenir commerce 
avec mes voifins qui parlent plufieurs 
langues différentes, & que je n'entends 
point. 

Nous fommes auflî peu capables de 
décider fur le mérite de l'art des Pan- 
tomimes , que fur le mérite du par- 
tage de la déclamation entre deux Ac- 
teurs, Nous ne, les avons pas vu re- 
préfenter.Ilmefemble néanmoins que 
les perfonnes qui fe plaifent à voir la 
Comédie Italienne, & principalement 
celles qui ont vu jouer le vieil Octa- 
ve , le vieil Scaramouche , & leurs ca- 
marades Arlequin & Trivelin, font 
perfuadées que l'on peut bien exécu- 
ter pluGeurs fcènes fans parler. Mais 
nous pouvons alléguer, des faits qui 



5 ï 2 R efiexions critiques 

prouveront mieux que aes raifort 
mens , que cette exécution eft poflî- 
ble. Il s'eft formé en Angleterre des 
troupes de Pantomimes, & même quel- 
ques-uns de ces Comédiens ont joué 
à Paris fur le théâtre de l'Opéra Co- 
mique , des fcènes muettes que tout 
le monde entendoit. Quoique Roger 
n'ouvrît point la bouche , on compre- 
noit fans peine tout ce qu'il vouloic 
dire4 Quel apprentifTage Roger avoit- 
il fait en comparaifon de celui que 
faifoient les Pantomimes des Anciens? 
Roger fçavoît-il feulement qu'il y eût 
jamais eu un Pylade & un Bathylle. 

Il y a environ vingt ans qu'une Prin- 
cefle , qui joint à beaucoup d'efprit 
naturel , beaucoup de lumières acqui- 
fes , & qui a un grand goût pour les 
fpe&acles , voulut voir un eflTai de l'arc 
des Pantomimes anciens , qui pût lui 
donner une idée de leurs repréfenta- 
tions plus certaines que celle qu'elle 
en avoit conçue en lifant les Auteurs. 
Faute d'Aéteurs inftruits dans l'art 
dont nous parlons , elle choifit un 
Danfeur & une Danfeufe , qui véri- 
tablement étoient l'un & l'autre d'un 
génie fupérieui à leur profeflîon , & 



pour 







fur la Poëjîe &fur la Peinture. 313 
pour tout dire , capables d'inventer. 
On leur fit donc repréfenter , en gefc 
ticulanc fur le théâtre de Sceaux , la 
(cène du quatrième Aâe des Horace» 
de Corneille , dans laquelle le jeune 
Horace tue fa fceur Camille, & ils 
fexécuterent au fon de plufieurs inf- 
trumens qui jouoient un chant com- 
pofé fur les paroles de cette fcène , 
qu'un habile homme (a) avoit mifes 
en mufique, comme fi l'on eût dû les 
chanter. Nos deux Pantomimes novi- 
ces s'animèrent fi bien réciproquement 
par leurs geftes & par leurs démar- 
ches , où il n'y avoit point de pas de 
danfe trop marqués , qu'ils en vinrent 
jufqu'à ver fer des larmes. On ne de- 
mandera pas s'ils touchèrent les fpec- 
tateurs. Nous fçavons auflî que les Chi- 
nois ont encore aujourd'hui des Co- 
médiens, qui, comme les Pantomimes, 
jouent fans parler , & que les Chinois 
aiment beaucoup ces Comédiens. Les 
danfes des Perfans ne font-elles pas dès 
fcènes de Pantomimes? 

Ce qui eft certain , c'eil que l'art des 
Pantomimes charma les Romains des 
h naiflance , qu'il pafla bientôt dans 

(«1 M, Mourct. 

Tomt UI. O 



Romains étoient épris des fpec" 
comme on le voie dans le Tn 
la Mufique qui çft dans les (Eu 1 
Plutarque. Tous ceux quife mettt 
Mujîquc , fe donnent à la théairo, 
délefter. Or les Romains préféroi 
repréfentations des Pantomime 
les des autres Comédiens. 

Nous avons vu que cet ar 
commencé fous Augufte. Il | 
beaucoup à ce Prince , 6: Bailv 
chantoit Meeénas. Dès les pr< 
années du règne de Tibère, U 
fut obligé de faire un reglemer 
défendre aux Sénateurs de fréc 
]es Ecoles des Pantomimes , 
Chevaliers Romains de leur fai 
tege dans Jes rues. Qn n'avoit 
ce règlement fans nécefïité, Ne 
Pantomimorum Sençtor intraire 
e.p r pdïpntei in ouhlieum Eauitet 1 



fur la Vo'èjiç. &fur la Peinture. 315" 
Quelques années après il fallut chaf- 
fer de Rome les Pantomimes. (<z) L'ex- 
trême paffion que le peuple avoit pour 
leurs repréfentations , donnoitlieu de 
tramer des cabales pour faire applau- 
dir l'un plutôt que l'autre, & ces ca- 
bales devenoient des factions. Nous 
voyons même dans une Lettre de CaG- 
fiodore (b) que les Panto mimes avoient 
pris des livrées différentes , à l'imita- 
tion de ceux qui conduifoient les cha- 
riots dans les courfes du Cirque» Les: 
uns s'appellerent les Bleux j & les au- 
nes , les Verds ., &c. Le peuple fe par- 
tagea donc aufli de fon côté , & toutes 
les factions du Cirque, dont il eft par- 
lé fi fouvent dans l'Hiftoire Romaine, 
épouferent des troupes de Pantomi- 
mes. Ces factions dégénéroient quel- 
quefois en partis auflî échauffés les uns 
contre les autres, que les Guelfes Qc 
les Gibelins peuvent l'avoir été fous 
les Empereurs d'Allemagne. Il falloir, 
avoir recours à un expédient tcifte 
pour le gouvernement qui ne cher- 
choit que les moyens d'amufer le peu- 
ple , en lui fourniflanc du pain , 3ç 




(a) Ibid. lib. prîm. 

( b ) yarisr. E$. lib.pr, Epift. 10. 



Oij 



5 1 6 R éf exions critiques 

en lui donnant des fpectacles , mais 
devenu néceiTaire ; c'étoit celui de 
faire forcir de Rome tous les Panto- 
mimes. 

Séneque , le Précepteur de Néron, 
après s'être plaint que plufieurs de ces 
TÊcoles qui portoient le nom du Phi- 
losophe dont on y enfeîgnoît le fyllè- 
me, fe fuiïènt anéanties , 8c que le 
nom de leur Inflituteur fût oublié, 
ajoute ; La mémoire d r aucun Pantomi- 
me célèbre ne s'éteint, L'Ecole dePy- 
Jade & celle de Bathy lie fubfiftent tou- 
jours conduites par leurs Elevés , dont 
la fuccefiîon n'a point encore été in- 
terrompue. La ville de Rome regor- 
ge de ProfefTeurs qui enfeignenc cet 
çrt , & qui ne manquent pas de difci- 
ples.Ils trouvent des théâtres dans tou- 
tes les maifons. Les maris & les fem- 
mes fe difputent à qui leur donnera le 
haut du pavé, (a) At quanta cum cun 
\aboraiur ne aliarjus Pantomimi nomm 
inttrcidat. Siant per fucceffbres PylaJu 
&Bathylli (tomus* H arum artium multi 
dijcipuli funt multique doBores. Privatïm 
vrbe toufonac puLpilum. Mares uxorcfo 
ate çantcndunt , nier dilatas ïïlis, À 

{ ? \ Mai, Quetf* 1 1. vf : 3 a, 



: 






fur la Potjîe & fur la Peinture 5 î f. 

L*Equivoque aftedée qui fe trouve 
dans les derniers mors de ce paffage, 
s'explique par ce que Ter cui lien dit 
de la paflion effrénée que les hommes 
& les femmes avoient alors pour 
les Pantomimes, (a) Quitus viri ani-t 
mas ,fœminœ aut illi ctiam corpora fua 
fubflernunt. On peut ajouter à cela ce 
que dit Galien dans fes prûnoftics : 
qu'ayant été appelle pour voir une 
femme de condition attaquée d'une 
maladie extraordinaire.il découvrit 
parles altérations qui furvinrent dans 
la malade, quand on parla d'un cer- 
tain Pamoniime devant elle, que fort 
mal venoit uniquement de la paillon 
qu'elle avoit conçue pour lui , Se des 
efforts qu'elle fa i (bit pour la cacher. 

Les Pantomimes furent encore chaf- 
fés de Rome fous Néron & fous quel- 
ques autres Empereurs ; mais , com- 
me nous l'avons déjà dit , leur exil ne 
duroit pas longtems „ parce que le 
peuple ne pouvoit plus fe pafTer d'eux , 
& parce qu'il furvenoit des conjonc- 
tures où le Souverain , qui croyoit 
avoir befoin de la faveur de la mul- 
titude j cherchoit à faire des actions 

(•} Teizml. dtSjck. 





518 Réflexions critiques 

qui lui fuilent agréables. Par exem- 
ple , Domicien les avoir, chattes , & 
Nerva fon fuccefleur les fit revenir , 
quoiqu'il ait été un des plus fag« 
Empereurs. Nous voyons auffi que k 
peuple fatigué des défordres auxquels 
les Pantomimes donnoient lieu , de- 
manda lui-même quelquefois leur ex- 
pulfion avec autant d'empreflement 
qu'il demandoit leur retour en d'au- 
tres rems. Neque à te minore concentu 
ut tôlières Pamomimas * quâm àpatretuo 
ut rejîhueret exaBum e/7, dit Pline le 
jeune , en parlant de Trajan. 

Quelques Auteurs modernes ont 
cru que Néron avoit c h aile* de Rome 
tous les Comédiens , parce que Ta- 
cite , en racontant l'expulfion des 
Pantomimes , ufe du mot général dont 
on fe fervoit pour défîgner ceux qui 
jouoient fur le théâtre. Il chaifa d'I- 
talie tous les Hiftrions , dit Tacite, 
c'étoit Punique moyen d'empêcher 
les tumultes qui naiiïoient au théâtre. 
(a) Non dliud remedium repertum ejl ,. 
quâm ut Hiflriones Italiâ pellerentuf. 
Mais on peut encore faire voir qu'il 
n'y eut alors que les Pantomimes de 

(a) Tsck. Anaat,l. u. 







fur la Po'èjîe & fur la Peinture. 319 
chaflés > & que Tacite par une négli- 
gence excufable en un pareil fujet » 
a mis le nom du genre pour le nom 
d'une de fes efpeces. La première rai- 
Ton , c'eftque Tacite ..immédiatement 
après les mots que je viens de citer , 
ajoure une circonstance qui prouve 
bien que Néron n'avoit pas fait fer- 
mer les théâtres* Il ordonna , dit cet 
Hiftorien , que dorénavant les foldats 
monteroienc une garde au théâtre , 
comme ils l'avoient montée précé- 
demment. Depuis quelque teins Né- 
ron avoit ôté cette garde pour pa- 
roître plus populaire. Milefque theaira 
rurfum ajjîderet. La féconde raifon , 
e'eft que Tacite , en parlant du retout 
des Hiflrions , dont il avoit raconté 
l'expulfion , les appelle Pantomimes 
(a) Redditi quamquam fcenx Pantomime 
eertaminibus facris prohibçbantur. 

l)IXdL 14. 



^ 



Ow 






320 Réflexions critiques 



SECTION XVII. 

Quand ont fini les repréfentations femp- 
tueufes des Anciens. De l'excellence de 
leurs chants. 

JL'a r t des Pantomimes , celui des 
Comédiens qui fçavoient exécuter !a 
déclamation partagée en deux tâches, 
l'art des Compofiteurs de déclamation, 
en un mot , plufieurs des arts fubor- 
donnés à la fcienee de la mufique , fe- 
ront péris , fuivant les apparences , 
quand les repréfentations fomptueufeâ 
qui avaient donné l'être à la plupart de 
ces arts muficaux , de qui fai [oient fub* 
iifter ceux qui les cultivoient , auront 
ceiTé fur le théâtre de Marcellus & fut 
les autres théâtres vaftes & capables de 
contenir des milliers de fpeétateurs. 
En queltems précifément ces théâtres 
magnifiques , & dont la grandeur avoir 
donné lieu à jnectre dans la repréfen- 
tation des pièces dramatiques tous les 
rafinemens dont nous avons parlé, fu- 
rent-ils abandonnés? Je réponds : 
Nous voyons bien dans les ouvra- 






'fur la Poëfie & fur la Peinture. g2J| 
ges de Saint AugufHn , qui mourut l'an 
quatre cens trente de l'Ere Chrétienne, 
que dèsfon tems les théâtres commet»- 
çoient à fe fermer dans la plupart des 
villes de l'Empire Romain. L'inonda- 
tion des barbares qui fe répandoient 
dans tout l'Empire, ôtoit au peuple des 
pays défolés le moyen de faire la dé- 
penfe des fpeâacles» (a) N'Ji forte Dlns 
Jînt temporu mata j quia per omnes chu- 
tâtes cadunt theatra * dit ce Père, en 
parlant de la Situation préfente de l'E- 
tat. Mais d'un autre côté nous voyons 
auJli dans plufieurs Lettres de Cafto*» 
dore, qui ont été déjà citées , &. qui 
font écrites vers l'an de Jefus-Chiift 
J20, que les théâtres étoient encore 
ouverts à Rome un fiécle entier après 
les tems dont parle Saint Auguftin. 
Les grands théâtres de cette Capitale 
n'avaient pas été fermés , ou bien on 
les avoit rouverts. Suivant les appa- 
rences , ils ne furent fermés pour tou- 
jours , que lorfque Rome eût étéprife 
& ruinée par Totila. (A, Ce fac plus 
cruel dans toutes fes circonftances.»' 
que les précédens , 6c g^i fut la çaufe 

(1) tleCm.Jia.Ub.jti 

Ot 



^m 




3 2 i i? é flexions critiques 

qu'on vie des femmes Patricienne! 
mandier à la porte de leurs propres 
maifons , dont les Barbares s'étoient 
rendus les maîtres , efl la vérir 
époque de rancantiflement prefque 
total des lettres Se des arts „ que du 
moins on cultivoit toujours , quoique 
ce fut fans beaucoup de fruit. Les 
grands Artifans croient bien difparus 
depuis Iongtems , mais ce ne fut que 
dans ce tems-là que les arts mêmes 
difparurent. Tous les nouveaux defaf- 
tres qui fuivirent de près le fac de 
Rome parTotila, firent fécher , pont 
ainfî dire , les plantes qu'il avoit déra- 
cinées. 

Voilà quel fut le fort du théâtre anti- 
que dans l'Empire d'Occident. Ces 
hommes nés plus induftrieux que la- 
borieux , Se qui veulent toujours fub- 
fifter d'un travail qui ne foit point pé- 
nible j ne pouvant plus vivre des pro- 
fita du théâtre qui les avoient nourris 
jufqu'alors , ou moururent de faim , ou 
changèrent de métier, &lesperfonnes 
du même caractère qui vinrent après 
eux, exercèrent leurs talens dans d'au- 
tres profeflions. 

J'interromprai ici par quelque Li-, 



fur la Vo'ëjiz & fur la Teinture. 325 
gnes la fuite de mon difcours , pour 
expliquer en quel fens j'ai dit que les 
théâtres avoient été fermés dans Ro-r 
me » fuivant toutes les apparences » 
quand cette ville fut faccagée par To- 
ula. J'ai voulu dire feulement que le 
théâtre de Marcellus , & les autres 
théâtres magnifiques Furent détruits , 
ou devinrent inutiles par le dommage 
qu'ils avoient fouftert , & que ces re- 
préfentations fomptueufes qu'on y 
ionnoit , ce fièrent ; mais je n'ai pas 
prétendu dire que toute repréfenta- 
:ion de Comédie ait ceffée ; au con- 
traire je crois que dans Rome 8c dans 
les autres grandes villes qui avoient ef- 
fuyé les mêmes malheurs que cette 
Capitale, on commença, des que les 
:ems furent redevenus moins orageux, 
à jouer des pièces de théâtre , mais 
fans l'appareil ancien. Par une révolu- 
tion ordinaire dans le monde , la fcè- 
ne fi fo-mptueufe dans le douzième fié- 
cle de la fondation de Rome, ferare^ 
devenue dans le treizième ftécle de 
cette Ere, aufïî fimple qu'elle Tétoit au 
commencement de fon cinquième fié- 
cfe. Elle fera redevenue dans l'état où 
Livius Androniçus l'avoit trouvée, 

Ovj 




324 Réflexions critiques 

Nous avons une preuve fenfibfe 
dans les Cap i eu [aires de nos Rois de 
la féconde race , pour montrer qus 
de leur tems il y avoit des Comédiens 
de profellïon qui jouoienc des pièces- 
de théâtre. C'eft qu'ils y ont renou- 
velle la loi du Code Théodofien , la- 
quelle défendoit toute force de profa- 
nation fur !a fcène. » Nous condam- 
tr> nons , difent les Capitulaires, àpei* 
» ne afflictive & à l'exil , les Corné- 
si diens qui oferont paro'kre fur le 
w théâtre, revêtus de- habits quepoi- 
3> tent les Prêtres , les Religieux , les 
?j Keligteufes, & toutes les perfonnes 
te Ecclcfiafriques. (a) Si qnis ex feenicis 
veftem Sacerdotale m aut Monajlicam, v4 
mulïerii Religiofœ t vtl quaXicumque Ec- 
clejîafllco fiaiujimilcm înduius fuerit, 
corporali parut Jubjljlac > &• exilia tr&- 
àatur. 

Les Comédiens auroient dû dans 
tous les tems s'interdire à eux- mêmes 
cette profanation. Cependant notre 
Koi Charles IX fut encore obligé de 
la défendre dans l'Edit qu'il publia en 
1^61 fur les cahiers & doléances des 
Etat, généraux affemblés dansOrlean* 

<») Baiuf. Cafhul, ciinz a pr.pi So«, 



fur la Poe fie & fur la Peinture. 32? 
L'article XXIV de cet Edit , porte : 
Défendons à tous Joueurs de Farces , Ba- 
teleurs & autres femllaldes * déjouer aufd. 
jours de Dimanches & Fêtes aux heures dit 
Service divin 3 Je vêtir d'habits Ecdèjiaf- 
Ùqutti jouer chefes dijfoluts & de mau- 
vais exemple , à peine deprifon & de pic 
nuion corporelle. Ce qui prouve que 
cette Loi ne fut point exactement ob- 
fervée , c'eft qu'elle fut renouvellée 
dans l'Edit que publia le Roi Henri 
III fur les remontrances des Etats gé- 
néraux aflemblés à Blois en 1 576. On 
auroit ajourd'hui peine à le croire , 
ces loix fi fages ne furent point en- 
core obfervées. Voici ce qu'on trouve 
à ce fujet dans un livre intitulé i Re- 
montrances très humbles au Roi de Fran- 
ce & de Pologne Henri IH du nom , im- 
primé en 1 5*88 , & à l'occafion des 
tats généraux que ce Prince venoir. 
de convoquer , & qu'on appelle corn- 
knunément les féconds Etats de Blois r 
parce qu'ils furent encore tenus dans 
cette ville. 

3' Il y a encore un autre grand mal 
» qui le commet & tolère principale- 
^3 ment en votre ville de Paris aux 

jours deg Dimanches & Fêtes, le~ 



! 2 6 R éjlexions critiques 

> quel eft d'autant plus grand préju- 
i dice à l'honneur de Dieu & àlafanc-; 
» tification de fes Fêtes, qu'aucun au- 

> tre , & qui eft plein d'un fi grand 
1 abus „ que je l'eftime avec les plus 
» fages , fuffifant pour attirer les ma- 
1 lédiâions de Dieu fur vous 8c fur 
1 votre Royaume , fpécialement fur 
' ladite ville de Paiis , où telle mé- 
1 chanceté eft plus autorifée qu'en un 
• autre lieu de votre Royaume, Ce 
i font les jeux & fpeclacles publics 

> qui fe font lefdits jours de Fêtes & 
1 Dimanches, tant par des étrangers 
1 Italiens que par des François , & 
1 pardefTus tous ceux qui fe font en 
1 unecloaque&maifondeSatannom- 
1 mée l'Hôtel de Bourgogne,par ceux 

qui abufivement fe difent confrères 
1 de la Paffion de Jefus-Chrift. En ce 
1 lieu fe donnent mille alîîgnations 
< fcandaleufes au préjudice de l'hon- 
nêteté & pudicité des femmes , & 
à la ruine des familles de pauvres 
Artifans , defquels la faile baffe eft 
toute pleine , & lefquels plus de 
deux heures avant le jeu , pafTent 
leur tems en devis impudiques , en 
jeu de dez , en gourmandife & y vro- 




fur la Poëjie & fur la Peinture', J27 t 
* gnerie tout publiquement, d'où de- 
to viennent plufieurs querelles 6c bat- 
» ceries. Sur l'échafraut , on y drefle 
*» des autels chargés de croix , & or- 
» nemens Eccléfiaftiques ; l'on y re- 
» préfente les Prêtres revêtus de fur-, 
» plis , même aux farces impudiques, 
» pour y faire des mariages de rifées. 
» L'on y lit le texte de l'Evangile en 
» chant Eccléfialrique , pour, par oc- 

Mafion y rencontrer un mot à plai- 
C qui fert au jeu : & au furplus ,' 
n'y a farce qui ne foit orde fale 
y & vilaine , au grand fcandale de la 
= jeunelTe qui y ailifte. « C'eft trop 
nous e'carter de notre fui et : retour- 
nons aux théâtres qui fnbfifloient à 
Rome, avant qu'elle eût été dévaftée 
par les Barbares» 

On voit par un paflage d'Ammien 
Mavcellin , que le nombre des per- 
fonnes , qui de fon tems vi voient à 
Home des arts qui , pour ainfi dir*;, 
montoient furie théâtre, étoit prodi- 
gieux. Cet Hiftorien raconte avec in- 
dignation, que Rome fe trouvant me- 
nacée de la famine , on avoir pris la 
précaution d'en faire fortir tous les 
ËtxangerSjmêmc ceux qui profeflbLent 





528 Réflexions critiques 

les arts libéraux. Maïs, ajoute t'il, 
tandis qu'on chalToit les fçavans , com- 
me bouches inutiles , ik qu'on leur 
prefcrîvoit même un tems fort court 
pour fortir , on ne die mot aux gens 
de théâtre , ni à tous ceux qui vou- 
lurent bien fe mettre à l'abri de ce 
beau titre. On laifla demeurer tranquil- 
lement dans Kome trois mille Danfeu~ 
fes, 6c autant d'hommes qui jouoieot 
dans les chœurs , ou deProfefleurs en 
arts muhcaux. Qu'on juge par- là com- 
bien étoit prodigieux le nombre des 
gens de théâtre qui pouvoient être 
à Rome du tems de Dioclétien & du 
•grand Conftantin. (<z) Pojiremà ad il 
indignitatis eji ventum , ut cum peri*rmi 
obformiiatam non ira dudum alimento- 
rum inopiam pellerentur ab urbe précipi- 
tes ; feSatoribus âifciplwarum liber aliitm 
ïmpendio ,, paucis fine refpiraiione alla 
extrufîs , tznerentur Mimarwû aftecltz ve- 
l\ , qu'ei id fimularunt ad remplis , 6- 
triamilliafalcairicum ne interpdlata qui- 
dem, cum Choris totidemqte remarièrent 
Magiflris. Quand il y aveit un fî grand 
nombre de per Tonnes qui faifbient leur 
profeffion de ces arts mufiçaijx, faut- 
(a) 4rnn, M«rnii t kijh Rp t i £ , 




fur la Poëfie& fur la Peinture. 325) 
s'étonner que les Anciens euflenc 
ant de méthodes & tant de pratiques 
elatives à la fcience de la mufique , 
slquelles nous n'avons pas ? C'eft la 
-mltitude des Aitifans qui font pro- 
îfllon d'un certain art , qui lui donne 
e retendue, & qui eft caufe qu'il fe 
ubdivife en plufïeurs arts particu- 
iers. 

La fcience de la mufique fubfîfta 
ien après la clôture des théâtres , 
nais le plus grand nombre des arts 
nuficaux périt donc pour toujours. Je 
ie fçache pas même qu'il nous foie 
efté aucun monument de la mufique 
ithmique, de l'organique , de l'hypo- 
ritique & de la métrique. Nous re- 
rouvons les règles de la mufique poê- 
ique dans les vers des Anciens , &c je 
rois que PEglife peut bien nous avoir 
onfervé quelques unes de leurs méio- 
ses , dans le chant de fon Office. 

Parmi les réponfes aux queftions 
es Chrétiens , ouvrage attribué à 
iaint Juftin martyr , qui vivoit dans le 
econd fiécle , on en trouve une qui 
écide (a) que les fidèles pouvoient 
mployer à chantez les louanges de 
40 (fraji. 107. 




330 Réflexions critiques 

Dieu » des airs compofés par les Payent 
pour des ufages profanes , à condition 
qu'on exécutât cette mufiqueavec mo- 
deflie comme avec décence. Ce parta- 
ge peut s'expliquer par ce que dit 
Saint Auguftin dans un des dilcours 
qu'il prononça aux Annivetfaires du 
martyre de Saint Cyprien. Aliquando 
ante annos non valit multos etiam iftum 
locum invaferat petulantiafaltatorum J if- 
tum tamfan&um locum ubljacet tant fan' 
Bï martyris corpus. Per totam no&em ca- 
mbantur hic nef aria & canzntïbus falta- 
batur. (a") Les circonstances du tems 
& du lieu font voir que ce partage 
doit s'entendre des Chrétiens. D'ail- 
leurs ce fut l'Evêque qui fit cefTer le 
défordre. m II n'y a pas encore long- 
=» tems, c'eft la traduction du Latin , 
* que les Danfeurs ofoient venir exer- 
» cer leur art dans ce lieu fi refpecta- 
s> ble , & jufques fur le tombeau de 
» notre Saint Martyr. Durant toute la 
a» nuit on y chantoit des airs profa- 
» nés , & les Gefticulateurs y décla- 
» moient.ee Apparemment que quelque 
Chrétien avoit mis en vers la païïïon 
de Saint Cyprien , Se qu'on exécutoit 

(a) jiugi firm, j 1 1 . in Na;al, iiv. Cypr. 





fur la. Poëjîe &fur la Peinture, 331 
te poëme fur Ton tombeau , de la mê- 
me manière qu'on exécutoit les pièces 
Îrofanes fur le théâtre. Ain fi ce que 
uftin ne veut pas ., c'eit qu'en chan- 
tant dans les Eglifes les airs compo- 
fés par les Payens , on les y déclame , 
il veut qu'on les chante fans faire au- 
cun gefte. 

Quoiqu'il en foit „ l'Office de l'E^ 
glife contient plufieurs Hymnes comV 
pofées avant le fac de Rome par To-[ 
tila. Toute Hymne fe chantoit. Si non 
ca.ma.tur , non efi Hymnus j dit Indore» 
Or comme les chants de ces Hymnes 
font les mêmes dans tous les Offices , 
il eft raifonnable de penfer que ces 
chants furent compofés dans les tems 
où ces Hymnes furent faites. Poursui- 
vons cette matière. 

L'Office Ambrofien qui fe chante 
encore dans plufieurs Eglifes , eft com- 
pofé ou réglé par ce Saint, mort cent 
cinquante ans avant le fac de Rome 
par Totila. Lorfque cet événement ar- 
riva. Saint Grégoire le Grand , le mê- 
me qui a ctrnpofé ou réglé l'Office Qc 
le chant Grégorien qui font encore en 
ufage dans un très-grand nombre d'E- 
glifes catholiques , étoit déjà né. Ces 




■ 



55^ Réflexions crttiqUei 

Saints ne créèrent pasune nouvelle mu- 
sique pour compofer ceux des chants 
de leur Office qu'ils firent , lorfqu'ils 
réglèrent ces Offices : car il paroît pat 
la manière dont s'expliquent les Au- 
teurs contemporains , qu'ils admirent 
dans les Eglifes plufïeurs chants donc 
on fe fervoit déjà. Mais tous ces chants, 
foit qu'ils ayent été compofés avant 
Saint Grégoire, foit qu'ils ayent été 
faits de fon tems , peuvent toujours 
fervir à donner une idée de l'excel- 
lence de la mufique des Anciens. Si 
dans mille ans d'ici les chants profanes 
qui font compofés depuis quatre-vingt 
ans, étoient perdus, & fï les chants 
d'Eglife qui fe font faits depuis le mê* 
rile tems , s'étoient confervés , nepour- 
roit-on pas alors fe faire une idée de 
la beauté de nos chants profanes fut 
celle de nos chants d'Eglife. Quoique 
le caractère de ces chants foit diffé- 
rent , ne reconnoît-on pas l'Auteur 
d'Armide dans le Dics ira: de Lulli? 
Ce qui efc de certain , c'eft que tous 
les connoifleurs admirent J^j^eauté de 
la Préface & de plufïeurs autres chants 
de l'Office Grégorien , quo^ue , com- 
me nous l'avons remarqué dès le com- 




fur la Poëjîe b fur la Peinture, 3 5 3 
mencemem de cette troifiéme partie, 
iJ s'éloigne beaucoup moins de la dé- 
clamation naturelle , que ne s'en éloi- 
gnent nos chants muficaux. 

Je reviens au fujet de tant dedifcufc 
(tons , je veux dire à l'ufage de compo* 
fer & d'écrjre en notes la déclamation 
qui avoir lieu autrefois» 



Re 



SECTION XVIIL 



éfiexionsfur les avantages Or fur les int 
convéniens qui réfuhoicnc de la décla~ 
mazion compofée des Anciens, 

\_J EUX raifons me font croire qu'il 
y avoitplusd'avantageque d'inconvé- 
nient dans l'ufage dont il eft ici ques- 
tion , Se que c'étoic l'expérience , la- 
quelle avoit fait préférer parles An- 
ciens la déclamation compofée à la 
déclamation arbitraire. Premièrement 
l'ufage des Anciens épargnoit aux Co- 
médiens tous les contre- fens que les 
plus intelligens donnent quelquefois 
aux vers qu'ils récitent fans les bien 
entendre. Secondement , un habile 
Coin pofiteur de déclamation fuggeroit. 




^H 



^54 Réflexions critiques 

îouvent aux Comédiens des expref- 
fîons & des beautés qu'ils n'étoient 
point toujours capables de trouver par 
eux-mêmes. Ils n'étoient pas tous auflî 
dûâcs que Rofcius, C'efc l'épithéte que 
lui do nnoit Horace. 

On fçait avec quel fuccès la Chan- 
meflé récita le rôle de Phèdre , donc 
Racine lui avoir en feigne la déclama- 
tion vers par vers. Defpréaux en dai- 
gna parler , & notre fcène a même 
confervé quelques veftiges ou quel- 
ques relies de cette déclamation qu'on 
auroit pu écrire , fi l'on avoit eu des 
cara<5teres propres pour cela , tant il eft 
vrai que le bon Ce fait remarquer fans 
peine dans toutes les: productions dont 
on peut juger par fentiment , & qu'on 
ne l'oublie pas , quoiqu'on n'ait point 
penféàle retenir. 

Enfin une Tragédie dont la décla- 
mation feroit écrite en notes , auroit 
le même mérite qu'un Opéra. Des Ac- 
teurs médiocres pourroient l'exécuter 
pafTablement. Ils ne pourroient plus 
faire la dixième partie des fautes qu'ils 
font , foit en manquant les tons , & 
par conféquentl'aftion propreaux vejs 
qu'ils récitent, foit en mettant du pa- 



fur la -Po'ejîe &fur la Peinture. ' 3 3 y 
tltécique dans plufïeurs endroits qui 
n'en font pas futcep cibles. Voilà ce qui 
arrive tous les jours fur les théâtres 
modernes J où des Comédiens , dont 
quelques-uns n'ont j'amaisétudié même 
leur métier , compofent à leur fantaifie 
la déclamation d'un rôle dont fouvent 
ils n'entendent pas plufieurs vers. 

En fécond lieu, quand bien même 
chaque Comédien pris en particulier 
feroit aufii capable de compofer la dé- 
clamation d'une Tragédie qu'un maître 
de l'art , il feroit encore vrai de dire 
que la de'clamation d'une pièce qui 
auroit été compofée d'un bout à l'au- 
tre par une feule perfonne, devrait 
être & mieux conduite & mieux mé- 
nagée qu'une déclamation où chaque 
Acteur récite fon rôle à fa mode. Cette 
déclamation arbitraire auroit mis fou- 
vent Rofcius hors de mefure. A plus 
forte raifon doit- elle déconcerter quel- 
ques-uns de nos Comédiens , qui ne 
s'étant guéres avifés d'étudier la diver- 
fité, les intervalles , £c s'ileft permis 
de s'expliquer ainfi » la fimpatie des 
•tons , ne fçavent comment lorcir de 
l'embarras où le défaut de concert les 
jette très-fouvent, Ox il eÛ au0i facile 



^^m 



336 Réflexions critiques 
ae concerter differens rôles qui doi- 
vent être récités alternativement , en 
rédigeant par écrit la déclamation de la 
pièce , qu'il eft difficile de la rédiger, 
quand on ne l'a pointmis fur le papier. 
Aufli voyons-nous que nos Comé- 
diens dont plu lieu rs n'ont d'autres gui- 
des que l'infHnct & la routine , ne fça- 
vent par où fe tirer d'affaire , lorfque 
l'Acteur qui récite avec eux , ne finit 
pas fur un ton qui leur permette de 
débuter par le ton auquel ils fe font 
préparés, autant par habitude que par 
réflexion, Voilapourquoi ils s'entr'ac- 
cufent fi fouvent les uns les autres de 
réciter fur des tons vicieux, & prin- 
cipalement de finir mal leur couplet, 
de manière qu'ils mettent à la gène, 
difent-ils , celui qui doit prendre la 
parole immédiatement après eux. Ces 
inconvéniens n'arriv oient point lorf- 
que la déclamation étoit notée , ou 
du moins ils ne pouvoient arriver que 
comme ils arrivent à l'Opéra, quand 
un Acteur chante faux. C'eft à-dire, 
que la faute venoitde l'Artifan, fie non 
point de l'art qui avoit pourvu fuifi- 
ïàmment à empêcher qu'on ne la fit. 
Les Spectateurs & les Acteurs font 

d'autant 







r la Poë/îe &fur la Peinture. 337 

l'autanr plus à plaindre aujourd'hui, 

ue les Spectateurs Tentent r.ullî bien 

fautes des Acteurs , que fi l'art de 

déclamation exiftoit encore tel qu'il 

oit au tems de Quintilien , quoique 

s Acleurs ne puifient plus s'aider de 

t art qui eft péri. 

Tous Jes arts ne font autre chofe 
e des méthodes réglées fur de cer- 
ains principes ; &: quand on examine; 
es principes , on trouve qu'ils font 
les maximes formées en conféquence 
le plufîeurs obfervations faites fur les 
:fletsdela nature. Or la nature produit 
oujours fes effets , conformément aux 
égîesqui lui ont été prefcrites, Ainfï 
lans les chofes qui doivent tomber fous 
otre fentiment , les effets de la natu- 
e caufent toujours en nous les mêmes 
enfations agréables 3 ou défagréables , 
oit que nousobfervions , ou que nous 
l'obfervions pas comment la chofe ar- 
rive j foit que nous nous embarraffion9 
ie remonter jufqu'aux caufes de ces 
ïfTèts , foit que nous nous contentions 
d'en jouir, foit enfin que nous ayons 
réduit en méthode l'art de ménager , 

Sûvant des règles certaines , l'action 
es caufes naturelles , foit que nous nq 
Tome UL P, 



S 38 .R (flexions critiques 

luivions que ï'inftinft dans l'applica- 
tion que nous faifons de ces cauies. 

Nous ne lai (Tons donc pas de fentir 
les fautes où tombent nos Comédiens, 
quoique nous ne fçacliions pas l'art 
qui enfekgne à ne les point faire. On 
va voir même dans Ciceron . que par- 
mi ceux qui fiffloietut les A&eui s defon 
rems , dès qu'ils rnanquoient à la me- 
fure , ilyavoitun petit nombredeper- 
fonnes qui fçujTent l'art , & qui euflent 
py dire précifément en quoi la faute 
confiftoit. La plupart ne la connoif- 
foit que par voie de fentiment. Dans 
une aflemblée de fpeftateurs, combien 
peu de perfonnes y a»t*il , qui fçachent 
a. fond la mufique ? Cependant dès 
qu'un Acleur manqué à la mefure, foit 
en allongeant , foit en abrégeant trop 
une fyllabe, toute l'aflîffcance fe récrie 
d'une commune voix, (a) Qjiotui qmf 
que eji qui teneat artemnumerorum ac mû- 
dorum? At inhisfi paululum modo cfta- 
fum ejl ut dut contracTionebreviusjîcret, 
oui production* longius ., thea-tra iota re- 
cUmant* 

Mais, me dira-t'on, nous avons plu- 
iïeurs Comédiens intelligeBS dans loi* 

l.») Çii. dt.Orat, lib, j, 




fur la. Poe fie & fur la Peinture. 339 
rt , & r qui peuvent , en compofarit 
eux- nié mes la déclamation de leurs 
rôles y par rapport à leurs talens natu- 
rels , y jet ter des beautés & des agré- 
mens qu'un autre qu'eux n'y pourrait 
pas mettre. En fécond lieu , ajoutera- 
t'on , une déclamation compofée doit 
ôterà des Acteurs qui feroient affujet- 
tis à la fuivre , & leur feu & leur en- 
thoufiafrr.e. Leur jeu ne fcauroit ctre 
naturel , & du moins il doit devenir 
froid. E/ufage ancien mettoit le Corné. 
dien excellent au niveau du Comé- 

Idien médiocre.' 
Je réponds à la première objection. 
Cet ufage , il eft vrai, faifoit perdre 
quelques beautés à un rôle déclamé 
par un Comédien excellent. Par exem- 
ple, fi l' Actrice qui joue leperfonnage' 
de Pauline dans PolieaCte , était af- 
trainte à fuivre une déclamation no- 
tée par un autre , cet afiujetriflement 
empêcheroit qu'elle ne mit dans quel- 
ques" endroits de fa déclamation les 
beautés qu'elle peut y- jetter; Mais. 
pour me fervir du même exemple , 
cette Actrice joueroit également oien 
tout le rôle de Pauline', fi ce rôle étoit 
Ctonpcfé 8r notéiïJWaûTre tÔTéco*8* 

Pij 



34<3 Réflexions critiques 

bien gagnerions-nous, fi tous les i 
de Poliçucte étuient compotes? Qu'on 
Tonga comment les féconds rôles font 
déclamés par les Acteurs qui les réci- 
tent à leur gré. Enfin dès qu'on vou- 
dra bien tomber d'accord qu'il y aura 
toujours fur tous lçs théâtres un plus 
grand nombre d'Acteurs médiocres, 
que d'excellens Acteurs, on ne pourra 
plus difeonvenir que la perte, dont 
l'objection parle , ne fût compenfée de 
manière qu'il y avoir dix à gagner pour 
un que l'on perdroit. 

La féconde objection efl que l'afTu- 
jetriffement à fuivre une déclamation 
compofée , devoir ôter aux Acteurs 
leur enthoulTafme , & que cet aflujet- 
thTement dévoie par conféquent mettre 
de niveau rAjfteur qui a du génie , & 
celui qui n'en a point, Je réponds à 
cette objection , qu'il en étoit de cette 
déclamation notée comme de la mu- 
fîque de nos Opéra. Le Compofiteur 
dé déclamation le plus exact & le plus 
intelligent lailToit encore lieu aux bons 
Aéleurs de mettre leurs talens en évi- 
dence , & de faire fenttr , non-feule- 
ment dans le gefte , mais encore dans 
la prononciation , Jeux fupéxi orité (y$ 




fur la. Poëjîe Cr fur la Peinture, 34Î 
les A&eurs médiocres. Il eft impolTi- 
ble de noter tous les accens , les foii- 
pirs , les adouciflemens , les inflexions, 
les ports & les éclats de voix ; en un 
mot , s'il eft permis de parler ainfi , 
l'efprit de la déclamation dont la va- 
riété des tons n'eft que le corps. Dans 
la mufique même, on ne fçauroit écrire 
en notes tout ce qu'il faut faire pouf 
donner au chant Ton expreflîon véri- 
table , fa force & les agrémens donc 
il eft fufceprible. On ne fçauroit écrire 
en note quelle doit être pTécifément la 
vïteffe du mouvement de la mefure, 
quoique ce mouvement foitTamedela 
mufique. Ce que tous les Muficiens, 
& principalement les Muficiens Ita- 
liens écrivent en lettres ordinaires à 
côté de la compofition , pour dire fi le 
mouvement doit être vif., ou bien lenf ,. 
nel'enfeigne qu'imparfaitement. Juf- 
qu'ici , je l'ai déjà dit , le véritable 
mouvement d'une compofition n'a pa 
fe conferver que par tradition , pour 
parler ainfi , car les inftrumens inven- 
tés pour tacher d'avoir , par le moyen 
de l'Horlogerie , le mouvement jufte 
que les Compofiteurs avoient donné 
à leurs airs & a leurs chants , afin dele 

Piij 



.542 Réflexions critiques 

confçrver avec précifion , n'ont point 
eu ju ("qu'ici un grand fuccès. ■ 

Ainiî TA deux médiocre qui chante 
le rôle d'Atis, ou celui de Roland, ne 
le chante point comme le chante un 
bon Aéteur, quoique tous les deux ils 
entonnent les mêmes notes, & qu'ils 
fuivent la mefurede Lulli. Le bon Ac- 
teur qui fenr l'efpritde ce qu'il chante, 
preifie ou bien rallentit à propos quel- 
ques notes , il emprunte de l'un pour 
prêter à l'autre; ilfait fortir deméme, 
c>u bien il retient fa voix ; il appuyé 
fur certainsendroits ; enfin il fait pla- 
ceurs chofes propres ,à donner 
d'expreilion & plus d'agiément à (on 
chant t qu'un Acteur médiocre ne fait 
pas ,ou qu'il fait mal à propos. Chaque 
.Acteur fupplée de Ton fonds à ce qui 
n'a point pu s'e'crire en notes , & il le 
"fupplée à proportion de fa capacité. 

Ceux qui ont vu représenter lesOpe- 
ja de Lulli qui font devenus le plailir 
desjiations , lorfque Lulli vivoitenco- 
re ,,& quand il enfeignoit de vive voix 
à des Acteurs dociles ces chofes qui ne 
fçauroient s'écrire en notes , difenr 
qu'ils y trou voientune exprefllon qu'ils 
ny trouvent prefque plus.aujouid'hui. 



fur la Poëjje £r fur la Peinture. 343 
Nous y recorinoiflons bien les chants 
de Lulli, ajoutent ils ; mais fouvent 
nous n'y retrouvons plus 'l'efprit qui 
animoit ces chants. Les récits nous 
paroi fient fans a mes , & les airs de bal- 
lets nous laifXent prefque tranquilles. 
Ces perfonnes allèguent., comme une 
preuve de ce qu'elles dilent , que la 
lepréfentation des Opéra deLuIIi dure 
aujourd'hui plus longtems'quelorfqu'il 
les faifoit exécuter lui-même , quoi- 
que préTenc elle dût durer moins de 
tems, parce qu'on n'y répète plus bien 
desairs de violon que Lulli faifoic jouer 
deux fois. Cela vient , félon ces perfon- 
nes , car je ne fuis garantde rien , de ce 
qu'on n'obferve plus le rithme de Lulli 
que les Acteurs altèrent , ou par infuf- 
fifance, ou parpréfornption. 

Il eft donc confiant que la note des 
Opéra n'enfeignepas tout , & qu'elle 
laifTe encore beaucoup de chofes 2 
■faire , & que P Acteur fait bien ou mal , 
fuivant qu'il eft capable de les exécu- 
ter. A plus forte rai fon peut- on con- 
clure que les Compofireurs de décla- 
mation n'enfeveliflcnt pas le talent des 
bons A&eurs, 

Enfin l'alfa jettiflernent à r u'rvre nue 

Piv 




I 

iclama- 



346 R* flexion* eritiqutt 

l'expérience, en laveur delà déclama 
lion notée?. 

Mais, medira-t'on, la plupart des 
gens du métier fe foulevent contre l'ufa- 
ge de compofer & d'e'crire en notes la 
déclamation , fur la première expofi- 
tion de cet u(age. Je répondrai en pre- 
mier lieu, que plusieurs peifonnes di- 
gnes de foi , m'ont afTuré que Mu 
guidé parla force de fon génie , & hos 
avoir jamais (çu apparemment tout -.e 
qui vient d'être expofé concernant la 
Muf que c)es Anciens , failoit quelque 
chofe d'approchant de ce que I 
1er Anciens, & qu'il a voit imaginé d« 
notes p ur marquer les tons qu'il de- 
voir prendre en déclamant les rôle* 
fjuil récitou toujours de la mcme ma- 
nière. J'ai encore entendu dire que 
Beaubourg & quelques autres Acxeuis 
de notre théâtre , çp ayotent 
En fécond lieu, on ne doit pas être 
iurpris de ce jugement des £e,us du 
métier. L efprit huimm Jiaic,«^tmel- 
lementla g.cne oîr le *iei;eur route* 
les méthodes qui pi étendent, 1,'aflpjettir 
à n'opérer que fuivant certain. es_ Règles», 
Il ne veut pas ,çtiç contraint, da-ns fes 
allures , die Montagne. Qu'on propose 



_ 



fut la Poëfa & fut la Peinture, 347 
la djfcipLine militaire à des Barbares 
qui ne la eonnoiflent pas : Ses loix , 
diront ils d'abord , doivent ôter au 
courage l'impétuofité qui le fait vain- 
cre. On fçait bien cependant que la 
difcipline militaire foutient la valeur 
par les régies mêmes auxquelles elles 
l'afrujettit.Aintî.parce que des gens qui 
auront toujours déclamé fans connoî- 
tre d'autres régies que l'inftinct & te; 
routine , défapprouveront l'ufage des 
Anciens par un premier mouvement % 
il ne s'enfuit pas que cet ufage Fût mau- 
vais. Il ne s'enfuît pas même qu'ils con- 
rinuaflent à le blâmer , s'ils s'étoienc 
donné une fois la peine de réfléchir 
fur fes avantages & fur fes inconvé- 
oiens, pour les compenfer. Peut-être 
même regretteront-ils qu'il n'y ait pas 
eu un pareil art , quand ils étptent en- 
core dans la jeunelle , tems où l'on ar> 
prend à opérer facilement, fuivanr une 
certaine méthode.. •. 

L'attention à fe conformer aux ré- 
gies qu'on apprend des l'enfance ,cefle 
bientôt d'être une contrainte. Il fem- 
ble que les régies qu'on a étudié alors 
deviennent en nous une portion de la 
lumière naturelle, Quintilien répond 

Pvj 



Réflexions critiques 
à ceux qui prétendoient que TOrateui 
qui ne fui voit que fa vivacité & (on 
enthoufiafme en déclamant , devait 
être plus touchant qu'un Orateur qui 
iéglûit fon action 8c fes geftes prémé- 
dités fur les préceptes de Tait ; que 
c'eft blâmer tout genre d'étude que 
de penfer ainfi ; & que la culture em- 
bellit toujours le naturel le plus heu- 
leux- (a) Sunt tamen qui rudemillam 6* 
qualem impetus cujufque animi tulitaSith 
nem ., judicentfortiorem , fei non alïiftrk 
quam qui etiam , in dicendo curant fdent 
improbare £r quidquid Jludio paratur, 
Noflro labori dent veniam , qui nihil cn- 
dimus effi perfiftum * nifi uti naturel cuti 
juvttur. 

(i) Quint, Jnjî. lib, ir. cap. ». 



FIAT du tr&ifiéme Tomt%. 



544» 

t. 1 ' ■ ■ =q 

AVIS 

DU LIBRAIRE. 

J 'a t cm faire plaiïïr au Lecteur, en 
imprimant ici une des dernières Scè- 
nes de VAadromaque de Racine", 
telle qu'il la donna dans la première 
Edition de cette Tragédie , faite en 
2668 , & d'y joindre les trois dernier 
res Scènes de la Mère en détréjfe. C'etr; 
le titre que Philips a donné à foa 
Andromaque. Ce qui eft dit concernant 
ces deux Pièces dans la page 46*2 du 
fécond Volume de cet Ouvrage , peut 
bien avoir excité !a curiofité de plu» 
fieurs perfonnes ; & il leur feroit dif- 
ficile de la farisfaire» fi je ne leurert 
fourniflbis pas ici le moyen» Le* 
Exemplaires de la. première Edition 
tfAndromaque font devenus très-rares,. 
& les trois Scènes de> l'Andromaquç 






Angloife, n'ont point été traduites, On 
m'a même confeillé de donner avec 
nos deux Fragmens > une traduction 
de l'Epître dédicatoire ôc de la Préface 
de Ph il rps, deux Ecrits composés 
durant îa chaleur de la guerre termi- 
née par la Paix d'Utrecht , & je me 
fuis rendu aux raifons qui m'ont été 
alléguées pour m'y engager. On les 
devinera facilement. Les vers que 
Racine a retranchés dans les Edi- 
tions poftérieures de fon Andromaque, 
fe reconnoîtront aux guillemets que 
l'on y a mis. 



*§MBW 













3P 

SCENE TROISIÈME 

du cinquième Àtlede i'Andromaquedfe 
Racine. 

ORKSTE, ANDROWAQUE, 
HERMIONINE, Cl.EONNE, CEPHISE , 
Soldats d'Orcfte. 



M, 



ORESTE. 



A n A me , t'en tft fait. •• Panons en diligence. 
Vetiri dfciMHWSvalflesini pot.tcrvotre v.nçeance. 
Voye-i cette captive, EU.? jeui miruit que mai 
Vous apr rendre qu'Oefte a dégafé fa foi. 
HKRMIONKt 
» O Dieux S Oft Andromaque. 

A N D R O ;.: A Q U E. 

Oui , c'ert cette Prince ne 
»Deux fois veuve ,& deux fo sefclave de U Grèce; 
» Mm , qui, iufquts dans Sparte., ira voui braver toufy 
a* Puifou'elle voit fon (ils a couvert de vos coup*. 
w Du crime de Pyrrhus , complice manifclle , 
„ J'attens fon châtiment. Cat ic vois bit ■ qu'Orede (a) 
„ Engagé par voire ordre à cet afTaflinor , 
„ Vient de ce trifte exploit troue céder tout réélit- 
a. Je nem'attendoispas que leCitl en colère . 
Œ Pût f»ns perdre mon fils , accroître thi mifete , 
„ Et gsrd. : î à mes y«U* quelque Tpefiade enror , 
M Qui fît couler «nés pleurs pour uh autre. qu'Hector. 
B Vous avei trouva frulc une (\rja4ame voie 
„ De fufpendrt tivi!.i.ii H&t k fouvfir t de Troie, 
M PIusbaroare-aoioi''dl!ui qii J A>ri»U«& que fonfil*, 
^ Vqus rne faire» pleurer mes plus grand» en ne nus; 

(a) En l'ajrtJJ'ajV q lUrrûvivu. 




» Jt ftn alloia punir. M** le Ciel m 'rit 
» Que je ne pouflbis pas rr,a venecanee l 
» Et uni ver fer ren fgng j ni çaufer rs 
HERMIONN 
tt Quoi r Pyrriuj eft donc mort î 
O R E S T E. 
Ouï j nos Gr 
Ont lavé dans fort fang Tes infidélités. 
Je vous l'a voit promis. Er quoi que me 
Se fi» de ce complot une funefte image , 
J'ai couru vers le temple , où nos Grecs 
SfrJont jufqu'J l'Autel dans la foule gliil 
Pyrrhus m'a reconnu. Mais fans changer 
Il feitibloit que ma vue excitât fon audae 
Que toui les Grecs bravé* en leur Amba( 
DulTent de fon Hymen relever la fplendl 
Enfin avec rranfport prenant Ton diadérnj 
Sur le front d'Andromaque il l'a pofé lui 
Je vous donne, a-i'ildir , ma Couronne 
Andromaque , règne* fu* l'Epi re & fur c 
Je voue à votre fils une amitié de Père , 
J'en attefre les Dieu» j je le jure i fa fVf< 
Pour tous mes ennemis je déclare les ûei 
Et je le reconnoii;pour le Roi des Troyei 
A ces mots , qui du peuple attiroient le ( 
No* Grecs n'ont réponduque par toi 
l'Infidèle s'eft vu partout envelopper , 
Et ie n'ai pu trouver de place pour fra 
Chacun Te difputoït la gloire de Tabbattri 



a Cependant j'ai voulu qu'Androtnaque aujourd'hui 
n Honorai mon triomphe, & répondit de lui. 
Du peuple épouvante la foule fugitive 
M'a laifTé fan; oliiiacle enlever ma Captive j 
Et regagner ces lieux a ou bien-tôt nos Amis 
Viendront couvertsdu fing que je vous ai promiji 

HERMIONNE. 
Qu'onfr-ils fait ? 

ORESTL 

Pardonner à leur impatience. 
Ili ont , je le vois bien , trahi votre vengeance. 
Vous vouliez que ma main portât les premiers coups. 
Qu'il fentît en mourant qu'il expirait pour vous. 
Mais c'eft mol . dont l'ardeur leur a fervi d'exemple 
Je les ai pour vous feule entraînés dans le Temple., 
Madame , & vous pouvez juitement vous flatter 
D'une mort que les Grecs n'ont fait qu'exécuter. 
.Vous feule avei poufle les coups.... 

HERMIONNE. 

Tai-toi, perfide, 
Ec n'impute qu'à toi ton lâche p:>r.-icide. 
Va faire chei tes Grecs admirer ta fureur , 
Va , je la défavoue , & tu me rais horreur. 
Barbare , qu'as-tu fait J avec qu'elle furie 
As tu tranché le cours d'une il belle vie? 
Avex-vous pu , cruels j l'immoler aujourd'hui 
Sans que tout votre fan£ fe foulevât pour lui? 
Mais , parle. De fgn fort, qui t'a rendu l'arbitre i 
Pourquoi l'alTïflînerî Qu'a-t'il fait; A quel titre ? 
Qui re l'a dit ? 

O R E S T E. 
O Dieux ! Quoi , ne m'avez- vous pa» 
Vous-même j ici , tantôt, ordonné fon trépas? 

H E R M t O N N E. 
Ah ! Falloit-il en croire une Amante iofeofée ? 
Ne devois-tu pas lire au fond de ma penféet 
Etne voyoia-tu pas clans mesemporteraens, 
Que mon cœur démentoir ma bouche a tous momens ? 
Quand je l'aurols voulu , falloir il y fouferirt l 
JS'aJ-tu pas dû cent fgig ts 1; falrs rediic 



3 M- 

lêtpe , avant le coup , me venir ec-n{ulier, 
Y revenir encore , ou plutôt m'éviter ï 
Que ne me JaifTbis-tu te foin de ma vengeance ? 
Qui t'amène en des lieux , ou l'on fuit ta préfence! 
Voilà de ton amour le dcteftable fruit , 
Tu m r 3pportoi5, cruel , le malruur «juî te lYn. 
C'efl toi , dont l'Air.bitlade à tous les deux fatale , 
L'afaic, pour Ton malheur , pencher vers ma rlvalO 
Nous le verrions eneor nous partager Tes foirs . 
]! m'aimeroit peut-être , il le feindroir du moins. 
Adieu. Tu feux partir. Je demeure en Fpire. 
Je renonce a la Çrece , à Sparte , \ Ton Fmp're, 
A toute ma fa mi tic. Et e*elï alfei pour n 
T/aiçre , qu'elle ait produit un roondre comme \m. 
a> Allons j VI adame , allons, Cell mol qui Vous délivre. 
»> Pyrrhus ainn l'ordonne , & vous pou vei tne fuivrç, 
m De nos derniers devoirs allons nous dégager. 
» Montrons qui de nous deux feaura mieux le venger. 




EPIT-RE DÉDICATOIRE 

k Madame la Duchejfe de Montaigu. 

Madame, 

Deux r a isovs m'ont fait croire 
que je devoisptendrelaUbertédevous 
dédier cecOuvrage. Son original atou- 
■jours pairé.pour une des meilleuresTra- 
gédies Françoifes, & Je fexe de celui de 
fes personnages qui nous inréréfTeda-' 
vantage.ainliqueles principaux événe- 
mens de tout le Poème, femblent lui 
donner droit de prétendre à la protec- 
tion d'une Dame du premier rang. Les 
caractères élevés des premiers Acteurs 
de cette Tragédie , les noms qu'ils ont 
fans celle dans la bouche, qui font des 
plus célèbres de l'antiquité , m'ont en- 
core confirmé dansledeffeinde mettre 
à fa t te le nomde la tille d'un homme, 
qui par une longue fuite de glorieufes 
actions faites en feivant fa patrie, ou, 
pour parlerplus exactement, au fervice 
dcTEurope,s'eft acquis une réputation 
fupérieure à celle de tous les Généraux 
de fon fiécle , & égale à celles des plus 
grands Capitaines des ■ficelés paflesi le 




3;6 

nom dirDuc de Malboroug votre père, 
eft aux François ce qu'etoit aux Grecs 
le nom d'Heftor. 

Mais ce qui achevé , Madame, dé me 
déterminer à mettre ma Tragédie fous 
votre protection, c'eft la juftefTe de v<> I 
tredifcernement , c'effcladélicateflede 
votre goût , quand il eft queftion de iu- 
ger de tous les ouvrages deftincs à faire 
l'amufement du public ; c'eft un elpric 
à la fois folide & brillant ., & qui vous 
rend l'amedçs compagnies, dontvotre 
préfence faifoitdéja l'ornement. Enfin 
les impreffions que font fur ceux qui 
vous voyent & qui vous entendent, les 
charmes de votre perfonne&lesagré- 
mens de votre converfation , rendent 
vraifemblable l'excès de la patlion de 
Pyrrhus pour Andromaque. 

Je ne fçaurois alléguer qu'une feule 
raifon pour vous engagera preridremon 
ouvrage fous votre protection : c'eft 
l'égard fcrupuleux que j'y ai toujours 
pour l'honnêteté publique & pour les 
bienféances. J'efpere que ce motif feul 
fuffi ra pour la lui faire accorder. Je fuis 
avec le plus piofond refpeft , 

MADAME, 

Votre trci-humble Se crèt-oWiflirn 
Içrvitçur , AMBROJSE PHILIPS* 



A 



3Ï7 



R É F A C E 

de la Tragédie intitulée : 

4 M E R E E if DÉTRESSE 

ta ne fçauroit employer que deux 
ïs dans Tous les ouvrages d'efprit, 
qu'on écrive en profe , foit qu'on 
ve en vers ; le flyle fimple , aifé 
laturel , ou le ftvle pompeux Se 
fié, pour ainli dire , par une abon- 
ne excefiîve de figures. La plupart 
Auteurs , faute d'avoir une idéa 
re du fublime, affecte ce ftyle am- 
lé.Mais le fublime neconfifle point 
; un enchaînement d'hyperboles, 
métaphores bifarres & d'expref- 
s hazardée . Il confifte à imaginer 
; juftefleles fentimens qui convien- 
t aux perfonnes que l'on fait par- 
comme à rendre ces fentimens 
;des termes nobles', mais employés 
s leur lignification naturelle. Ja~ 
s ces fentimens ne font plus to li- 
ns , que lorfqu'ils font exprimés 
e le plus de (implicite. Le fublime 
ubjugue les hommes, efl aulli pei| 



3 ;S- 

compatible avec l'affectation , que le 

peut être le véritable llcroiime. 

Voilà ce qui m'a déterminé à écrire 
ma pièce en un rtyle h différent de ce- 
lui de la plupart de nos Tragédies; 
& js l'ai entrepris d'autant plus volon- 
tiers que j'avois l'avantage d'être gui- 
dé dans cette nouvelle route par un 
conducteur dont les ouvrages font ad- 
mirés avec juiTice par toute l'Europe, 
Le mérite des Tragédies de P acine eft 
trop connu parmi notre nation , pour 
en parler davantage* Je ne regretterai 
piint les peines que j'ai prifes pour 
mettre au théâtre Anglois la plus par- 
faite des Tragédies de cet Auteur , fi 
mes lecteurs trouvent que la traduction 
u nd a fiez bien les beautés de l'origi- 
nal , & s'ils ne blâment point te liberté 
de m'en écarter que j'ai prife quelque. 
fois. Je ne les arrêterai plus que pour 
leur faire lirequelques infrrlld.ons con- 
cernant notre Tragédie, qui fe trou- 
vent dans la Préface de Racine. 




•M&$-$#$^&tt$$$4MI 



FRAGM-ENS 
DELAMEREENDÉTRESSE. 



A$rh que Pyla.de a emmené Orejie, Phœ- 
nix fuïvi des Gardes de Pyrrhus } entre 
fur le Théâtre. 




SCENE 

P H (EN IX. 

X eus lés Grecs font donc par- 
tis ... . Orefte s'en eft allé 

Vous triomphez , fcélérats ? Et vous 
indignes fujets de Pyrrhus, quelle ftu- 
pidité vous a faifîs , quand au lieu 
d'aller la flamme à la main réduire en- 
cendres les vaifleaux des Grecs, vous 
avez employé un tems fi précieux à 
voir rendre les derniers foupirsà Her- 
mionne? Vos ennemis ont profité de 
ces momens. Us fe font embarqués.... 
N'en douions plus , les faciilcges qui 



3<So 

ont porté leurs mains impies fur 1 
rhus , font avoues par Orefte. Sa fuite 
efl: une preuve certaine qu'il cfl le 

premier auteur de leur crime 

Ambaflade plus fanglante qu'un com- 
bat . . . . Aflaflînat fans exemple ! En 
quel lieu le diadème fera-t'il refpe&é, 
fi vous négligez, Grands Dieux, de 
lç protéger du moins dans vos Tem-, 
pies .... Voici la Reine. 



SCENE VIL 

ANDROMAQUE, PHCKNL 

CE?H\SE t fuite. 

ANDROMAQUE. 

FErfides Grecs, vos crimes ne 
demeureront pas toujours impunis. 
Vous en recevrez quelque jour un 
châtiment proportionne à leur énorffll- 
té ? Cruels , quelle pitié des Troyens 
pouvoient-ils attendre de vous .quand 
vous avez aflez de rage pour immoler. 
à vos parlions Pyrrhus le plus vaillant 
hosçune de votre parti, le guerrier qui 

vou| 




S6t 

fous a fait vaincre ? Qui vient , fer oit- 
mon lîls ? 






CEPHISE. 



Non , Madame , c'eft le corps de 
Pyrrhus que fes Soldats en pleurs por- 
tent fur un bouclier. 



SCENE VIII. 

Ces Athurs de la Scène précédente» Du 
Soldats qui portent le corps de Pyrrhus, 

ANDROMAQUE. 

J RINCE infortuné, voilà la fuite 
du peu de foin que vous vouliez ap- 
porter à vous garder de vos ennemis , 
& du peu de défiance que vous aviez 
de la perfidie de vos Grecs Vous ju- 
giez d'eux par vous-même. Ce font 
vos vertus qui fori? caule de votre 
mort prématurée , & que vous celiez 
de vivre en entrant dans l'âgé viril. 
Mais je vous vois couvert de gloire. 
Vos belles aérions fe préfenteni à moi, 
fous Tidée de fleurs épanouies qui en- 
tourent votre cercueil- Les pleurs que 
lomt UL Q 



3*2 

des Troyens répandent fur ce cercueil» 
ne l'honorent pas moins. 

CEPHISE, 

Madame , vos larmes ne tariront»* 
elles jamais? 

ANPROMAQUE. 

Noo , Cephife. La deftinée a foU3 
lesmursdeTroye, condamné la veuve 

d'Hector à une affliction perpétuelle. 
Tant que je viyral , mes larmes ne. 
cefTeront jamais de couler. Allez, Pria- 
nix„ feîtes revêtir le corps de votre 
.maître de fes habïllemens royaux : met- 
tez auprès de lui toutes les marques de 
fa dignité, & que la flammedu bûcher 
qui doit avoir Fhonneur de mêler fes 
cendres aux cendres de ce Héros , an- 
nonce fa mort aux peuples voiiîns en 
e'élevant jufqu'^j ciel , pour excite* 
les Dieux à la venger. 



«fc*** 



SCENE 1$. 
ANDROMAQUE, CEPHI SE, Suite. 

CEPHISE. 

X-J e bruit que vous entendez » vous 
annonce , Madame , la venue du Prin- 
ce votre fils que les Gardes amenenc 
de la Forterefle. 

ANDROMAQUE. 

Quelle confolation pour ta mère» 
mon cher fils de t'embrafîer vivant! 
Tranfports mêlés d'une joie vive & 
de douces atlarmes , vous qu'on ne 
fçauroic bien exprimer j, & qu'unemere 
feule peut refleurir , je vous abandonne 
mon cœur : Percez , pour vous y faire 
accès , le nuage d'afflictions qui l'en- 
vironne; Faites-vous un pafTagepour 
y pénétrer , comme les rayons du 
Soleil s'en font un à travers les nua- 
ges épais qui veulent orfulquei fa lu- 
mière. Une ame généreufe ne perd 
jamais l'efpéiance, quoique du milieu 
des afflidions elle voye fes ennemis 



3*4 

les maîtres de fa deftinfe. Ella fçait 
que le ciel , pour la tirer d'un gouffre 
de malheurs par des moyens impré- 
vus , choifira le moment qu'elle y pu 
rofara pleinement abîmée. 

FIN. 







) 



TABLE GENERALE 

DES M ATIERES 

contenues dans les trois Volumes. 

Les Chiffres Romains marquent le Tome j 
€r les Chiffres Arabes , la Page. 

A 

^\/ BDEntTÂTNS. Ce qui leur arriva ï la re» 
fréfentanon de l'Andromède d'Euripide, I. page 344 
A cctm. Les Anciens en a voient huit ou dix , & autant 
de caractères ditTérens pour les marque» , II!. » 1. Ori- 
ginairement les Latins n'en avoicnt que trois, 11 L tl. 
Que] ufage faifoit des accent un CotnpDilieur de décla- 
mation, Fil. s+. 

AAtun. Le* habit» de théâtre leur donnent de la 
dignité, !•■*.) 5. Que It doivent être leurron de voix, 
leur prononciation & leurs geftcs. 1. 4+0. Ils récitoïent 
«compagnes d'intlruraens.lll, lia» Un bas relief anti- 
que le démontre,!!!.! 37 & 1 3 8. Les A&eurs des Tra» 
Kidits n'étoient point les mêmes que ceux qui repret- 
ntoiertt tes Comcdie<,HI. 14s» Leurs marques & leur* 
c'iaulT.itcs ctoient auflî différen* , 111. 1 50. Les Acteur* 
iet Anciens ne jouoient pis comme les noires, a la 
clarté des lumières, III. 2x7. Accord de l'Acteur qui 
Srerticuloit avec celui qui recitoit-, III. 25 S. Ce qu'a 
penfe Scneque fur cet accord, III. 2 5 9. Les Aâeura 
des cheeuri des Anciens étoient les plus excellent, III. 
204, Us fe rendoient enclaves de leurs voie, 111. zli. 
Quel étoir leur foin pour la eonierver & pour la forri- 
%tt , UI. 2 s 7. tyyïtij». Les rpcétateurs Tentent les fau- 
tes des Aiïeurs . fans qu'ils paifent dire en quoi cec 
skuiei eonûllcw 1 Uli il** 

Qiiî 





»•* T A*LE 

Age pour fttvaîller a ft perfrâiomier ., M. 9f* 

flans tet âge où l'on «(l plus facilement dUVait-, J)« 
io«. Le feu de l* âge donne plufieur* paffîons a la foi*, 
If. loi. A quel âge lei Peintre» & le* Poëre* paxoif- 
fent au plut haut degré ,11. 1 16. On fait voir quelrt 
plus célèbre* Poètes n'ont i\trr fait paroître d'excel- 
lent avant trente ans , 11. T i S. 

Air. Combien il contribue à la diverilté de* intliiw- 
tîon? der homme*, 11. i$i. Les qualités de l'air dé- 
pendent des émanations de la terre, !!■ ibidt Cesénta- 
ntlon* variant, e' ançen* la nature de Pair, II. ihii* 
L'air communique au fang les qualités dont il eft em- 
preint, II. 2J3. L'air rempli d'une multitude de périt* 
animaux qui le rendrnr fujet à une infinité d'altéra- 
tions , II. 254- L'humeur & l'efpric des hommes fait!, 
dépendent beaucoup des vicîiïïciide* de Pair, 11. z$6* 
L'impreflîon qu'elles font même, furie* corps, 1'. it> 
Oo remarque daruj les animaux les effers- di fièrent de 
l'air, II. 2J7. Ce font fes altérations qui «uffnt le* 
«oladies épidémiquet, II. 2£*. Cornmenr l'air natal 
cft un remède i beaucoup de maladies, 11. ibiJ. Son 
pouvoir fur le corps humain, prouvé par le tiracteit 
des nations , II, 2S+. Sa différence fert beaucoup aux 
*rganes qui contribuent aux fonâion» del'arr.e. IL 
a7 z. Grands changemens arrivés dans l'air de Rcme 

depuis les Céfars, II. 29*. L'airde Rome mal- faintn 
Eté, Se pourquoi , D. ib. La différence entre l« peu- 
ples attribuée aux différentes qualitér dtTalr, II. |of> 

aie* variations fent caufe delà ditfércnea dcsgcY.iei. 
117*3:0. 

Airs caracWifés, ce qu'on entend parce* terme*. 

111. 1*3 & rs-t* 

Algarde. Son bas-relief de l'Attilaefi mieux <V)% 

fofé qu'aucun bas-relief antique , I. s 1 8- 

Atimtntm Si les poiffbns font un auffi bon altaieM. 

«jue la ehair: Un Médecia habile a voulu Je perfua- 

der, & fon fênrimenr a été condamné par 1'ei.pciit*» 

It, 11. !îl. 

Allégories. Quels font le* perfonnaget allégorique» 

^ui font reçus en peinture , 1. 191. Il» doivent ïu* 

introduits avec anc grs&ce difccétiandaiJi 1rs covyf 





DÈS MATIERES. iif 

:ion* hiftoriques , I. i?4, Ils ne doivent jamais f 
être les Aâeurs principaux, I. 19 c. Lavraifemblanw 
'y doit être exâcTement obfervde. ib. Ce qu'on entend? 
i sr composition allégorique , I. sofa 1] y en a de deuK 
éfpcccs , ifcii. Modèle d'une composition purement al- 
légorique > I. aûf. (ffuif. &c d'une composition mixte 
Ou il entre des fujets allégoriques dans de; fujets hif* 
toriques, I. 207. Les allégories doivent être bannies 
entièrement des tableaux qui repréfentent des dogmes 
de notre Religion, I, 2 1 a. Leur fens myftéricux n'eft 
le plut fouvent entendu que du Peintre quiJes a ima- 
ginés, i. 2ti. Quels fontles perfonnager allégorique» 
que la Poe'lîe employé, I. 222. On n'en doit faire 
ufage qu'avec grand difeernement , I. 126. Ils ne con- 
viennent point dans les Posfies Dramatiques , 1, 127. 
fcaîs feulement dans les Prologues des Opéra, I t 230i 
Allemagne. On y recortnolt dans fes peuples le ca« 
nacre d'efpritdes anciens Germains, II. 18c. 

Allemands , ont mis en leur langue beaucoup d'ott» 
vrages de nos bons Poètes , II. +fij. 

Ambroifc ( Saint ) en quel rems il compofa fon Of- 
f ce Ambrofien , (il. s 3 1. Lamufique en efl la même 
^ue celle de-nt onfefçrvoit alors communément , III- 
332. 

Amr. Elle eft occupée en deux minières., 1. fi cV 7. 
Amiot. On le lit encore avec plaifir ,11. 4'4- La 
ritfon eft que fa condrudioneQ régulière ■ ibid. 

Amour. La peinture que les Anciens en font , tou- 
che tous les peuples, 1. 1+7. 

An&tomïe connue, mais peu développée du tems 
d'Hypocrate , II. 494. 

Anciens Grecs & Romains, onr raifonne avec plus 
deiu(leflequenous,ll. 480. Nous les furpaflbns néan- 
moins dans les Sciences naiurelles & la Théologie* 11. 
ibid» Les Anciens avoient approfondi ce qui regard* 
Il quantité des Syllabes , des pieds & dei figures du 
vers. 11!. 341 Ils ne divi Soient point comme nous, par 
octaves, le fyltcme général de leur multque , 111, 59. 
Ils n'avoierit point de pièce* dramatiques en profe , 
III. 94. Us diftribii oient (ou vent a des hommes des 
lô!cj de fîmmes, III. ici, Hsit'ont r'en négligé pour 






•* TABLE 

donner i leur! pièces de l'agrément & de l* ratifié 
dans l'exécution , III. izz. Leur réuffire dans tous lex 
ans , efl un préjugé pour la perfeâion de leur» repié- 
fentations théâtrales, HJ. xyt. bfiiiu. 

Andromaçut. Tragédie de M. Racine , traduite ta 
Anglo ; s, .11. +6;. Scène iioilîétoe du dernier Aûe de 
cette Tragédie , telle que M. Racine lavolt donnée 
dans fa première édition , III, j j i. Fragmcns de quel* 
«lues endroits de la traduâlon Angloife de l'Aadra- 
xuaque, III. j jj 

Andromède. Statue antique chez le Duc de Mo- 
dene. II. 230. 

Anglais. Quel cil leur goût pour 1er fpeâadci où 
l'on verle du fang, I. se Kn quel tem» Usent tom- 
anencé à aimer 1er tableaux , 11. îjs. leur climat n'tft 
j>as propre à former de grands Peintres , H. iso. Lei 
Peintres qui ont fleuri en Angleterre, étoient ctran» 
gers , II. ibid. Beaucoup d'ouvragei de nos Poète» tra- 
duits en leur langue, II. 46a» (£ucl était l'efprit de» 
Anglois félon Agricole , II, i- y. Leur émulation pont 
furpaflêr les Gaulois, ibid. 

, Animaux. Il y en a qui ne multipl'ent point dam n« 
régions , II. j5>o. 

Anvers, a été l'Académie & l'Athènes des Piyt 
«n-deçiles Monta, 11. ua. 

Appelles t contemporain de Praxirelle & de Lylippti 
II. a 34. 

Apprintijfitgt. Conlïfte à faire des fautes, pour n'en 
plus faire , II. 9+. 

Arcs 4e Triomphe. Différence entre ceux desRo* 
mains & les nôtres, 11. zoî. Celui de Confrantin à 
Rome a été fait des dépouilles de celui de Tra'un , 
II. ibid. 

Ariofic. Son Roland furieux préféré à la Jérufalen 
délivrée du Taflë , a caufe de la poclïe de fon flyle , L 
909. Le jugement qu'en porteroir un François , tic ia> 
soit par jufte par rapporta un Italien ,11. .1S9. 

AriJHdit , Peintre Thébain ,eft le premier qui 1 fait 
voir qu'on pouvoir peindre les mouvement de l'amc, 
1. 391. 

AiijhJUs QùtY-iiïuiiuu Son livre fur la «aî'wjue iaaji 




iDIS MATIERES. s«!> 

Cru , efl le plus inftruâif de cous ceux que Us An- 
ciens nous ont laiflcs , 111. 7. Si défini rion de II tnufï- 
tfut peu différente de celle des Ànciensj lll. f. 1J comp- 
te jufqu'a (il arec fubordonnés j U mufique , 111, 1 1. 
Le* trois premiers pour la composition. Scies trois der- 
niers pour l'exécution , îbii- La mqfique , félon lui, 
cft un an néceflâire a tout le» âges , 111. 1 t. Divifiong 
que les Anciens faifolent de la niufique , félon cet Au- 
teur , Lll* +7. 

Âriflcte, dit que le mitre efl une partie du rlthme . 
III. i}. Explication d'un dei plut important patlâgcc 
de fa Poétique , que les Commentaires ont rendu inin- 
telligible, 11!, pi. La mefure du vers , félon lui , de- 
voit fervir de mefure dans la déclamation , 111. 94. Il 
explique pourquoi les cher un ne chan' oient point «faut 
les Tragédies furie modeHypodorien èVrît/pophrigien, 
IIJ- 103. L'imUat<on d'une action dans la Tragédie fe 
doit faire dans un langage préparé pour plaire , JI1, 91. 
& 93- Ce aju'il dit de la Mélopée, îbid, 

Armide .- bel endroit de cet Opéra ,1. 1 1 3. 

Artifani fans génie ,ne découvrent point dans U na- 
ture ce qu'il t faut imiter ,11. 6x- Défaut des Artifanc 
qui ne font qu'imitateurs, II. 6+. Le peu de progrès que 
/ait un Artifan fans génie , II. 6 ?. Différence entre les 
Arrifant fans génie . & ceux qui en ont , H. 5 j. & .«+. 
Tout efl utile dans ces derniers , II, s«. 

Ans, Quel cft l'art qui fait vivre en amitié «vec foî- 
mérne , 1. 1. On ne doit pat bannir de la fociété un arc 
utile , parce qu'il peut devenir nuilïble, I. +* . La Pocfïe 
n'eft pat un art inutile,*; on en tait tousles jours un bon 
ufage, I. +9. Les guerres ne font point naître le goûx 
des beaux arrs, II, 1 3 7« Il eft des pays & des tenu ou tu 
ans ne fleurirent psi , ge d'autre") où Us font portés à 
leur point de perfection, II, i<+, ni. Les arts par- 
viennent aleur perfeftlon par un progrès fubir.K, 15+. 
rlaifon pour laquelle les arts n'ont pas fleuri au-delà du 
cinquante-deuxième depré de latitude Uoréale, II, 1 17. 
Comment lésant font Ats propres fubits vert la perfec- 
tion, & comment ils dégénèrent, U. m & 19 t. Leur 
décadence a toujours augmenté depuis Severe ,11. zoj» 
lUont commencé à décheoir fout le* Empereurs qui les 



»ye T A B L E. 

sjultlvoîent , IT. i r j, Si.Ier guerres civiles des Romain 
ont pu préjudiciel «uk art* & aux lenres,'H. z 13 • Quel- 
les font les guerres qui anéantirent les arts , II. iiét 
Quellîj font celles qui les font fleurir , II. 3-1 7. Pour- 
quoi ils ne fe font pas foutenm dans la Grèce après PbW 
lippe & quèlqaes-uns de rcslueceflcurr,]!. ziz.Lapro- 
xeffiond'un art en impore à beaucoup de pcrfomrei, II. 
«foo. Ce qui donne au» arts de l'étendluc , cilla multi- 
tude des Arrifans , li I. 3 i*. La plupart ne eonnoiflïac 
les fautes dans les arts que par fentiment , III. 33I. 

Art Rithmiçue, Kn quoi conlîfloitil dans la tnufïqm 
des Anciens , 111. 12 & 22. H n'eft pas pofïible d'ex- 
pliquer nettement la méthode enfeignée par l'art rith- 
mique, III. 41. II ne nous refte aucune méthode des 
Anciens pour enfeigner les artsmuficaux, III. :c. Rai- 
fons pourlefquellts il; n'en ont point parlé en écrivant 
fur la mufique , \V\.\. 

Arvivj» ( le Chevalier d' ) fi fameux par Cet voya* 
fcs. Ce qu'il dit de la docilité dei chevaux, Se delà 
manière dont on les traite en Arabie , II. 57c» 

Afne, Idée qu'en avoient lés Anciens bien différente 
de celle que nous nous en formons, H. 549* Idée qu'en 
ont encore les Orientaux , II. 5 50. 

AJlronomie. Plus parfaite aujourd'hui que du Kffll 
de Prolonge , 11. s&5« 

Accllanes. Sorte de comédie chez tes Romains, qui 
approchait des comédies italiennes ordinaires. I. 170. 

Athénkns. -Quelle étoit la délicateffe de leur gofvt, 
lU :->'.. 

AugvJIt. Sous Ton règne les faïences & les arts arri- 
vèrent à leur perfection, II. 23*. ÊfJJUv. Tous les 
grands hommes qui vécurent durant ccr heuretix ûdde , 
étoient deja formé lorfqu'Augufte commença à régner 
pa'tfiblement, II. 195. 

Auguflin. { Saint ) Son ouvrage fur la mufiqut , 1I*> 9. 
Quel étoit fon ol.jer principal en écrivant fur cette ma- 
tière , III. 22. De Ton rems on donnoit le nom de rich- 
me à lamefure, 111. 14* S'il aobmii'de parler de l'art 
d'écrire en notes les geftes , c'eft qu'il étoit connu de 
tout le monde, III. 37. 

Aulugillt loue l'étymologl* que Caïus BaJTuj dea» 
*«it au mot Latin Pcrjena , 111. 1 i f. 




DES MATIERE SV ??* 

'Avocats. Combien il ;ft ordinaire qu'Us- fe trompent* 
quoique, plui feavans que 1er Juges , II. 3 66. 

Aitfonne , & Claudien -. Jugement qu'on porte de Ieisfc, 
y en, IL 209. 

Auteurs Latins du fécond fiécle & des fui vint, Raifon 
pour laquelle leur fiyle par oit inférieur à celui des Au- 
teun du fiécle d'Augufle, 11.454, Auteurs dont on 
admirera toujours la noble (implicite, H. +56. Nul Au- 
teur, célèbre que quelque critique n'ait entreprit de dé- 
grader, 11. $;z. On doit entendre la langue dam la- 
quelle les Auteurs anciens ont écrit pour en juger, II. 

s i 5 . En quel genre d'érudition Je» Auteurs modernqp 
l'emportent &ir let Ancien: , II, 5 s;. 



B 

JjAMBOCBES. (Opéradei) établi à Paris en 
1674. HIi 16*. 

Barihoftn. Son traité des inftrumens à vent des An- 
ciens » 111. 4S.H a recueilli tous les faits concernant 
les guëriionr extraordinaires que la mufjque a opciéea, 
III. s s. 

"' Bûfft émtiiw. Soutenoit la déclamation des piécei 
dramatiques des Anciens III. 12 j. bfuiv. EUeçtol 
airTércnte pour les dialogues & pour les monologuei 
III. ni.ùfwp. Quels étoientles infiniment dont -on 
Te ferroit dans lesaccornpagnemeris , 111. 137. 

Bat-reliefs, Les Anciens ne les ont pat auiTi-bieti 
traité que les Modernes, I. JIO. 

Baraws. Parallèle entre les Anciens & ceux d'au- 
jourd'hui., 11.291. Leur pays habité par les Hollait- 
8ois. bien différent de ce qu'il étoit autrefois, II. s s*. 
Raifon» dé ces différences , II. joi. 

DvthyHe. Célèbre Pantomime qui enchantoit Métsf- 

ÎJMjTll. ÎI4- 

Bju.-tor de Jallh Acquiert le raient d'Hifte-rien, rtisÉ- 
gré les opposions de fes parens ,11. 34. 

'Beaubourg. Il avoir imaginé de t notes poui marquer 
let tons de fa déclamation , III. 3+tf. "•' '"■ 

Ba-.n'n. ( Cavalier ) Sa fontaine de la place Navo» 
■t. a Rome, I. s te. Qvj 



#?i T A E t e 

Etncuïïï et u dît lea Mathémaciqvef , & 7 faille 
grands progrès , malgré fes parent , II. 3 3 

Bdiîfaire demandant l'aumône: lu jet d'un tabltaa 
peint par Vandîck , II. », 1 g, 

Betes. Ce qu on doit pefifer de l'opinion que «e font 
de» machine* , II. j-78. 

BocCdlin, tprèi avoir écrit fçavimmemc fur l'art de 
gouverner , ne fjaîr pat commander dîna une petite 
viJk, IL JS+. 

Boêcc. Partage où il dit qu'on êttf voit en note» h d£ 
damaiinnaufli-bien que le chant tnufic.il , III, 16. 

Boefiict. Ce qu'il dit de la manière dont on traite kl 
ckeva uxen Bit h\ nie ,11. j 7 3 ■ 

Boulanger Jéfuite. Son ouvrage fur le théaut dw 
Anciem. III. 2 ï 6. 

Botiffolt connue dèt le treizième Géele, combien elle 
a perfectionné la navigation , II. 4*4- 

Bvplt Anglois , inventeur de la machine pneuBït"»- 
tjue, 11,49 a. 

Brojfard* donné des explicâtionr ires-j iftet , de* ou- 
vrage» que le* Anciens ont coronc-fé fur l'harmonie , M. 
J.II explique dans fon Dictionnaire les modei de la tna- 
Sque des Ancien», III. 104, 

Bruit cft plui propre que le filcnce a calmer une iOâ- 
l'mation Sfitée , I. 479. 

Biritntvui noua apprend comment le cetmpofbit kl 
néLopée , qui n'étoit qu'une lînipie déclamation , 111. 
37. t> ftàv. Et comment elle j'écrivoir en notej, 111, 
Ii. 

Brun. (le) Combien Ton tableau du roaflàcre de» 

[Icnoccm arrendrit fans affliger téelletoent . I. je. 
Avec quelle arrenren il a obfervé le tollunc dau 
fes tableaux de l'Hilloire d'Alexandre, I. 274. Cens- 
bien il a excellé datu l'expreftion & la poélie pittotet 
que I, i8«. 
Bvrttte, Ce qu'il a écrit touchant le rithoe de» An» 
eieni , lu. 3 j. a traité de la mélodie dithyrambique , 
III. »». 



■ 



DES MATIERES. 



*71 



(L> A TV t. Quel eft l'effet qu'il peut produire dans 
«ux qui en ufent, II. 30tf. 

Cakophents Sorte de pierre eu ri eu fe 3 l'uTagedea 
Comédien*. On hafarde d'expliquer le paflage de l'Un* 
eii 31 en eft parlé , III. 220. 
Celigitta aimoit la faltation avec auteur, TU 2 j <■ 

Calliachy Candiot. Son erreur touchant l'art de* 
Pantomimes, qu'il prétend plus ancien qu'Auguste, UI. 

2?I. 

Caïueét. Tragédie Italienne de Speroné Speronl," 
somment l'Auteur a juftifié le choix de Ton fujet , L 
la* 

Gtiaifuts. Explication de ce terne, 111. 1 91. Com- 
ment on les déclamo t , III. ipj. 

Capella, Ce qu'il dit de la mélopée des Ancien», IU. 
#2. brjiâv. 

Carraim. Qualité! qui le rendent propre au com- 
•undement, II. 7. 

Ctmulctrts défendent aux Comédien* de prendre 
des habits eccléfiafliques fut le chéârre , III. 124 Et de 
joaer le Dimanche pendant le fervice , III. jz j. 

Cartiht. Son jugement fur der tableaux du Guide & 
du Dominiquain., II. 124 & 115. 

Caramàlus. Pantomime illurtre, III. 291. 

Carmen- lei Anciens enr en dolent par ce mot la mé- 
lodie de la déclamation , III. toc.de rcB. 11 compre- 
aoit , outre le vert , quelque chofe d écrit tu d dut du 
ver* , pour preferite les inflexion* de voit qu'il falloit 
faire, III. 106. Quelques Auteurs anciens ont dr>nné 
Improprement ce nom à dei v«rtquine fe chartoient 
rai, III. 107. Originairement c'étolt le mot propre 
qui fîpnifïoit la déc'amition, M. ici. 

Qrffioiare tait une defeription cutieufe de l'art du, 
«efte dam une de fet lettres . III. i+S. II marque ce que 
les Anciens entendaient par mufque tnuet'e , III, ibid. 
En quoi 11 t'elt trompé fur les g-eftes d'jnfiitutîon, III» 
1*7. Comment il définit Ici Pantomimei, 111. 30). 






174 TABLE 

Catalans. Ceux d'aujourd'hui, en apportant Nantie 
pays une lingue & des rnceilrs différences de celles dea 
ancien» habitins, n'ont pu s'empêcher de retenir lei 
inclinations de ces derniers , II. 17 3, 

Caufcs morales ont beaucoup favorifé les arts en ter. 
t^ins lîéele* , IL 1+1. Les eauiw phylî^uea «elfes que 
font les libéralités des Princes , y ont a-ilTi beaucoup 
contribué, II. ni. Comment lescajfes morales con- 
courent au* progrès furpienant des ans & des lettres , 
11. ij>+. Comment elles procurent leur décadence 11. 
195' 

Céfat. Son grand génie pour le commandement des 
armées , IL 590. 

Chanmtjltt. ( La) Succès avec lequel elle récita le 
rôle de Phèdre, 111. 334. 

Chant Ambfoliertn'avoit-«jue quitre notes qu'on ap- 
pelle les autentiquei, III. 17+. Le chant Grégorien» 
huit modes appelles Plagaux , III. t7j.Il Furpaflc en 
b;auté le chant Ambrolîen , III. 175. Tous les connoif- 
feurs adjuirent la. beauté de la Préface & detaut.-cr 
rhants de l'Office Grégorien, III. J3i. Le terme de 
(hanter figninc fou vent chei les GreciiVles Romains 
une déclamation qui n'était point un chant mufical, llh 
in. &/wV. 

, .Chapelain- Parallèle de fonPoëmç delà PuçeJle J«e 
l'll ; adc d'Homère, II. $66. 

Charles L-Roi d'Angleterre. Sa pafEon pour la pein- 
ture, II 159. 

Chartes IX, Roi de France. Bon mot de «e.Prinee ixtt 
les Poètes, II. ic*. Les vers qu'il compofa po* Ron- 
sard , 11. 1 7 s. On le porta fous fon règne aux aâloni 
les plus dénaturées , II. 32p. 

Cluulitu. { Abbé de ) Beauté de la Poëfie de fon 
flyle , 1, 29s.. Ses vers font ha/tnonieux & nombreux , 
I. J î t. & fulu. 

, Chtuaux. Il n'y en avoit point en Amérique, quand 
l«l Ffpagnoli la découvrirent, II. :8 g. Il y ont 
néré en certains endroits , &font devenus plus pacrait» 
dans d'autres contrées. II. 189. Diycrfitc de leur natu- 
rel fulvant lesditTecenj pnys, M.ibiJ. Les d.fcoursq^e 
Ici Poètes Içur font adreflerpar des homme*, ré 




DES MATIERES. VJtf 

les moderne» , II, 5-72. Ces difcouri couve noient aii 
tems auquel ces Poètes te ri voient , 11. 5" )• Ils (bar 
encore d'ufoge dan» le Levant , II. liii. £> j 70. 

Chiffra Arabes font d'un grand fecours pOut l'Al- 
gèbre' & l'Agronomie, II. 5 04. 

C/iinoij ont découvert la poudre à canon j-& l'Impri* 
tnerie avant les Europe ans ; II. 163. Ces derniers ont 
apprit à leurs Aflrononies .i calculée ler éclipfcs , lu 
1 64 .Leur peu de goût pour Ici tableaux d'Europe , II» 
170. Ilîonr chexeux des Pantomimes, I il, jijv t 

Cliiruntmic. Nom dont les Anciens Te fer voient fou- 
vent pour «ïgnîfier l'an du gefte 111. aja. 

Ckaurs On y danfoit , même danr les endroits lea 
plus triftes de la Tragédie , 111. z6i. Ces danfesne ref- 
fembloienr pas î nos ballets 3 III, 263. Erreur dans la- 
quelle Tont tombés à ce fuiei quelques Critiques, III. 
261. De quelle narure ctoient les danfes des chorurs » 
III. iSï. Ce s chœurs ««oient exécutés par de bons Ac- 
teur», lil. 263, Effet furprjnanc fies checurs d'Efchyle., 
111. :6+. Nousne devons pas juger des chœurs des An- 
ciens par les nôtres, I|I, :$3. Ces chœurs cOrnpoféide 
cinquante perfonnes > furent réduits àejuinaeou virgi. 
III. :S+. Le 5 chœurs des Opéra qui ont imiiéle jeu muer 
des checurs des Anciens, ont réuflî ,265. 
Cîetr'on veut qu'on Toit infpicc d'une efpece de fureur 
pour faire des vers , II, 1 c a Réputation qu'ont acquis 
les ouvrages , H. 4J6. Il improuve Pillage des Ora- 
teursqui moulorencleurgeftefur celui qu'on enfe'igtioii | 
aux gens d': théâtre, III. z+j.Difputoit quelquefois avec . 
Rofcius, à qui exprimerait mieux une même penfée, 
l'on par fei geftes , & l'autre par le difeours \ 111. %i la 
Sujet de fon Oraifon pour Rofcius, célèbre Comédien , 
111.273- 
ht Ct'.f. Pièce que le public a long-rems a dmîrée,avBJW> 
«jue tes Pertes en vouluiTent convenir. 11. +10. Ver» 
de Oefpréaux fur le fuccès de cette pièce, II. 43 +• Cette 
pièce traduite par Rutter Anglois, II. Sf p.On n'en doif- 
pas juger fur cette traduction, ibid. II y a des fautes dana 
le Cid, mais il plaît avec fes défauts , ifriiL La critique 
de l'Académie a tait voir met hodiquement en quoi con- . 



•!?« 



TAÎIB 



fittnient cet défauts qu'on connoifloit défi pi 
ment , 11. +d». 

Ornj. 1 -!/!' fsir renaître la peinture en Italie dans le creî- 
ïVÉme (ïécle , II. 18». 

Cfrai/arion da fang. Propres de cette découverte , H. 
■494. Quoique démontrée, plufieun Sçavani nelaiflent 
fis de la combattre , II. 496. Elle a ferai à Perrault 
pour découvrir la circulation de la fève dans le» arbra* 
Jr le* plantes .11. 497» 

ÇHmcxt, Leur dWerfiré met une grande différence dsns 
Iêî inclinations ce letmccuri, 11. 267. lit font plus puif- 
Janaquele fang & l'origine , 1!. i a », Le» climats chaud» 
énervent l'efprit comme le corpi ,11. 303. Let denrées 
det dimarr chauds communiquent leur vertu aux peu- 
pler du Nord ,.11. 305. Dei répions a la même diilancc 
du pôle , peuvent avoir des dimars dirTéteni , II. joî. 
Gx "fersi. Par celle des femmes Romaines on connoit 
en quel rems ces femmes ont vêtu ,11. 119. 

Carur humains une difpofition naturelle à être ému 
par tout les objets , 1. 39 & 40* 

Colbirh ( Jean -Baptifte ) Eloge de ce Mïniftre, II» 
Ï50. 

Cofaru.S'il efr préférable au deflêin & à l'expreifion» 
I. 5 1 1. Les perfonnes d'un fe mimer* oppofé ne s'ac- 
corderont jamais furee point, I. ti 3. Le talent duce- 
loris eft affecléà certaines école r, II. 71. 

Ccmliie. Les perfonnagesdes Comédies doivent ref- 
JeciMer par mures fortes d'endroits au peuple pour qui 
en les compote, I. 165. Tésence Se Plante n'ont pas 
fuivi certe rrgle , I. iSS, Pourquelle raifon, ib:J. Le 
but de la Comédie eft de nous corriger des défauts 
qu'elle ioue ,1. 1 «4- Set Aiieti doivent être pris d'en- 
areles événement ordinaires, f. ifcii. tffuiu. Le public 
k jette depuis quelques arrhes toute* let Comédies eom- 
pofért dans let rnceurs étrangères, I. 17 t. Cr/in'y. Son 
fiiTet doie être 1 la poitée de tout le monde, I. 177* 
Cbaque pays doit avoir la manière propre de réciter II 
Comédie ,1 +49. Ses fujett ne font point encore épuifév 
I.34J II faut erre né avec le génie de la Comédie pour 
difacrner de non veaux caractère*, 1. 2.4-vQualitét qu'os 




DES MATIÈRE»; 7^ 

lotr avoir pour faire de bonnes Comédies, ITr iii, 
les Romains en «voient de quatre genre f différen* , iJI. 
,Ï44- 

Comédiens. Le îea in Comédiens Italiens pareitroTt 
Une déclamation de poliedcj à de» fpeâareurs qui n'au» 
soient jamais vu jouer que des Comédien i Anglois , III. 
1 7 (Si Le* Comédiens anciens avoiem des écoles pour ap- 
prendre le gefte propre au théâtre , & Us exeelloient 
dans celte partie , III. 2.5 j. De* qu'ils fa aégligoienc 
on peu, les rpeflateurs les redrefioienr, III. 2«i. Ils 
étoient en grande ccnil aération- che» le* Anciens , [II* 
179. Quoiqu'exclut chex les Romains del'état de Ci- 
toyen , ibid. Ce qui les a rendus plus odieux , e'eft 11 
profanation qu'il* ont fait autrefois des chofes faintec, 
III. 3 *4« Les Etats de Blois s'oppofent à l'établiHemenc 
des Comédiens Italiens à Paris, IJI. ?: j, 
Compojîrew demufique; ce qu'il faut qull fafle ponr 
plaire, I. 484» 

Compajîriniu. Exemples de plulîeurs rompolmons !n- 
génleufes deiancient Peintres £t Sculpteurs , I. 3 p }, tf 
Jîiiv. Ce qu'on entend par coropofirion piuorefqoe, & 
compofîtion poétique d'un tableau , I. if o. (ïfuiy, 
ConiCCe nomfervira dans la fuite à défigner un grand 
Capitaine, ri. :+4. 

Contempceun des Anciens , leur petit nombre , II. j J9# 
Ils voudroient afTocier à leurs dégoûts les autres Sca- 
vans , ibii. Ils ne font pas recc va blés dans leurs juge- 
Biens, 11. 5+0. 

Carntillt a fouvent péché cintre l'Hiftoire dant fes 
Tragédies, I. 364. Défauts dam fe* dernières piétés, 
II. 96. Le premier Poëte François dont les ouvrage* 
■yent été traduits en une autre langue, II. 190. Il 
trouva le théâtre Frnjois tout barbare, tl. 19a. En 
quel fers on peut dire que fa vérification cft mauvaife, 
IJ. J9S. 

t'orr.iliuiNcpos, Jugement qu'il porte de Grecs , II. 
145. 

Corregt. ( Le> Comment il devint fi fameux Peintre^ 
II. 43» & '+7« Ce qui lui arriva on voyant un tabkau 
de Raphad, IL s ï« Il efi le premier qui ait oié peindre 
du figures en raccuid dus des plafonds , 1J. 117. 





*7* TABt! 

Cojlumt. Combien il eft eflêmieLaux Peintres de le 
bien obferver , I. % «9. 6" fuiv. 

Coy/el. Son tableau du Jugemeuc de Suranné, I. |o«* 
& mk. Autre du Crucifiement , 1. i i4« fa" t /wV. Autre 
du Sacrifies de la fille de Jephté , II. 3 p «• 

Crtteh. Le dernier & le meilleur Commentateur d« 
Lucrèce. En quoi il s'eft trompé , 1 1. s 3 ». 

Crjrjçuwde profeflîon ne font pas Mai qui jugent k 
plus fainemenc des ouvrages. 11. j+5. On jupe beau- 
coup mieux par fentimenr, lf. 34s. Citer on & Quin- 
tilien cirés, ifcii. Le défaut de* Critiques cfl de rat- 
ionner avant que d'avoir réfléchi , II. cet. Il faut eut 
bien circonfpeâ a produire feridéei deerhiquesjl.j îî. 
Ler Critiquer qui atreâenr de dire quelei poèmes des 
Ancie'is ne font pas fur eux la même impreiTion que fur 
le relie dés hommes > fe rendent méprifables , 11. SU» 
Urne connoiflênt pas aflex les inaun & les ufàges des 
différens peuples, II. s Si. Leurs remarque» ne feront 
point abandonner la lecture des Poètes , IL 57 9- On 
critique quelquefois les meilleurs ouvrages, fauté d'ex- 
périenec & de connoiiiance , 11. 5 3 f. 

Cyprien. (Saint) Le livre des fpeâacks qu'on lui al» 
tribue jti'eft pas de lui, 111. isii 



D 



D 



A CIE R. On le feleve d'une méprife qu'il a 
faite en expliquant un endroit du fixiérue chapitre de 
la Poétique d'Ariitofle.où il eft quelYion de la .déclama- 
tion. dans la repréfen ration des Tragédies , III. y*. fc> 
fiâv. 

Danfe, étoit fort eulrivéc pir les Anciens , III. 2}i. 
Changemens arrivés dans la nôtre . III. 181. bfuiv.On 
l'agitée quelquefois pour avoir voulu l'enrichir, III. 
1 87. Quellesdanfes des Anciens reiiembloieru lut nô- 
très, III. 2.2 9. Les Anciens avoienr un grand nombre de 
danfes différentes , dont Meuiiius avoir rapporté les 
riomt , & en a compofé un DiAlonnair e entier , III. un 
Quelle étoit la danredu Prophète Roi devant l'Arche. 
III. 231. Ler geftes de la danfe antique n'étaient paa 






DES MATIERES* w* 

feulement pour la bonne grâce ; ils doivent encore lî- 
p nifie r quelque chofe , J 1 1. z j +, te 2 3 9. Les Ori enraux 
ont encore aujourd'hui plulieurs danfes fètnblables à cel- 
les que décrit Caffiodore ,UI. 147, 

Ùttnfturt, ont renchéri fur lesMuficiens , m. rSS. 
Ceux-ci leur font redevables de plulîeun airs ou l'on 
trouve tare de variété de d'élégance , 111. ibid. 

Déclamation. Les Anciens écrivoient en noces leur* 
déclamations théâtrales j' III. 5 A s. Elle étoit partagée 
entre deux Atours , 111. 6. La déclamation «ompofée 
devoir Te taire nécelTairemcnt fur dlflerens modes , III. 
icj. La nôtre tient le milieu entre le chint muhc.il 
& le ton des conventions , nr. 7*. C'eft un défaut de 
chanter dans la déclamation , 111. 1+5. On ne peut l'im- 
pute r aux Atours de l'antiquité, m. 146. Différence 
entre la déclamation der Tragédies , & celle des Comé- 
dies , 111. 147' trjùiv. Celle-là éroit plus grave 3e plus 
hartuonieu k, ibid. Selon beaucoup d'Auteurs, elle étoit 
ce que nous appelions chmranre, 111. iyi. Celle dea 
pièce; dramatiques étoit foutenue d'une balle continue, 
III. 121. b 1 fuir. L'art de la déclamation fâifoità Ro- 
me une profefllon particulière ,111 1 s +• L'Auteur de 
la déclamation d'une piété mtttolt Ton nom à la tît* 
avec celui du Poëte , ibid. La déclamation des Canti- 
ques étoit mife en mufique pard'habilcs muficiens-, III. 
15s. 11 ne feroit pas rmpofTîble décrire en notes !<■ 
fileta rnat ions de nos pièces de théâtres , lit. 163. Les 
Anciens écrivoient ainfî la leur 3 111. 147. Preuves dt 
fait fur ee fujet.IH- îsy.&fîtiv. changement arrivé 
dans la déclamation théâtrale , III, 16$. tefuiv. Quelle 
a été la première caufe de ce changement, in. 177. Ct 
qoi ehgapca les Romains à partager la déclamation en- 
tre deux Atours,!!!. tïS. & i94.L'un étoit charge de 
prononcer , Ht l'autre de faire les gefter, ibid. Preuve de 
ce partage , III. i«8. tV/ufv. Ce que Suétone rapporte 
de CaEigula parolr le démontrer, III. 22g. Raifoxs 
qu'on apporte contre ceux qui le blâment ,'III. i«s. & 
fiivm Deux raifonspour lefquelles les Anciens ont pré- 
féré la déclamation comparée à l'arbitraire ,111. îî 3. 
Utilité de la déclamation écrite eu notes , 11L a 34- O 



fi» T A S L CI 

fiiv.Ct qu'on peut dire contre la déclarMtion Comporte 
des Anciens, III. nî. Réponfe au* obie&ioiw i III. 
Uti/> b Jviv. On défend l'irTage d'écrire en nores. et de 
eompofer la déclamation, 11]. 3+s. Ce qui fait fon 
mérite , 43 S, La fenfibilité de eorur forme les excelleras 
déc'amaicurs , I. 417. 6" yiiv. Mauvais pour qui re- 
gnoit pour la déclamation dans uns contrée de l'Euro» 
pe il y a trente ans , I. 44$. 

) Dècotivirtes, Le raifort ne ment y a eu peu du part , IL 
*9i. Elles font toutes dues au bazard & a l'expérience 
fortuite. Il 411. 49]. Découverte de la circulation 
du fartg-, ]i. 494, Des lunettes d'approche par Metius, 
II.4S5. Delapéfanteurdel'air patTorricelli, Jl,4«9» 
Du mouvement de la terre autour du Soleil , II. 49 ?• 
ïïémoffhtiK avoit appris à déclamer du Comédien An» 
dronicur, III. 1 »z. 

De/carres. On rend jnftiee a fon mérite perlonrreJ. 
II. $17. On eft partagé fur la boncé de fon fyftêrae, 
ftii. 

Dtfpr/mx n'eft point plagiaire pour «Voir pria des 
Poètes anciens . 11. s 3. Ce qu'il dit à Racine , concer- 
nant la facilité de faire des Vers , II. 1 j. A quel âge il 
donna fesfatyres, II. n6. Ce Poète Se Racine avouent 
s'être fouvent trompes fur le jugement qu'ila ont porté 
d'un Poème , II. 3S8. Ce qu'il jugea du Mifantrope de 
Molière après la troidéme repréfentation, 11.431. Il 
efl lu avec le même plaifirdes Etrangers que des Fran- 
çois , II. +$7. L'n de fei vers critiqué mal-j-propoi, 
II. 47 c. trjuiv. 

Dhmere. L'invention de le tailler tut trouvée fou 
Louis XI. par un Orfèvre de Bruges , II. 492. 

Diomrdt. La définition qu'il donne du mot démodu- 
lation, 11. 29. U die que le théâtre étoie eotnpofé d* 
checurs , de dialogues A de monologues , III. 191. 

Difputf. On n'a jamaii tant difpuré , qu'on le fait 
aujourd'hui , II. $09. On ne s'accorde que fur les faits , 
II. itid. On fe méprend fui l'évidence dei ptircij ti , 
II. s to. 

dYJmrrsfabuleufet. On peut Set introduire dans lei 
icojnpoû'tions qui repréfentent dei êvénscseni arm** 





ftES MATIERES. ,ir 

le pïganifme , 1. ;oo. Dans les autres ♦ompolî- 
tioot , elle* ne doivent entrer que tomme des figures 
allégoriques, 1. xoi. 

Du/h , n étoient pas cm ufatje chei Ici Anciem , II* 
t<s>. One été- introduit» i ar le* Barbares du Nord, II. 
f 70. Exemple d'une cf^ece de duel lux jeux funébitl 
4e Scipions, II. 5 s 9. 



£ 



CRITURES* Moyens de connoitre celle* qaf 
font contrefaites , IL +05. Précaution! dea Anciens 
pour n'y erre point trompés. H. +o5. L'an de déchif- 
frer les écritures cft trèi- fautif. II. 407, 

Education trop folgneure devient quelquefois nuifr. 
JJe, n. 'lai. 

Eglûgues. Quel.» font le* fujett qu'on y doit traiter , J« 
1 «c. On ne rjauroit peindre d'à pies nos Payfani cV noa 
^Çergers , les perfonnage : des Eglogues, I. iSz.Lea An- 
ciens y ont introduit lu Bergers & les Payfans de leur 
pays un peu annobjis ,1. 1 R 3 • te fuit-. 

Egypte. Leurs Cculptures n'approchent pas de cel- 
les dei G recj& des Italiens j 11. 1.65. L'Egypte n'a for- 
mé que de mauvais Peintres, II. 166. Les Egyptien! 
d'aujourd'hui font peu propres a U guerre , IL 18 s. 

Eltvtt. A quels traits ont peut connoitre ceux qui 
ont naturellement du talent pour la profelfion qu'ile 
embraflent» II. 120. 

Eloquence , cqnduïfolt aux fortunes 1er plut brilUnteg 
dans l'ancienne Grèce , & dans l'ancienne Rome , III. 

Ï3+. 

Empereurs Romains , fe plquoieot de parler fouvenc 
en public > & de compoie/ eux-mêmes leurs difeours, 
lll. I 1 f. Néron eil U premier qui ait eu befoin qu'un 
autre lui fit fes harangues . ibii. 

Enc'idt. Le public ne perdra jamais l'eftime qu'on a 
ssuiouri faite de ce Poème, U. 520. Qui durent être 
fes premiers admirateurs * IL > n. L'Enéide en Fran- 
çois n'eft plus le même Poème que l'Enéide en Latin» 
II. jn. Pour en faire abandonner la leâurejil faudrait 
' piaduirç Un niCtUc.ur PûCwC , U, ito. 






l»r TABLÉ 

Enfant. La raifort prématurée en eur vient du p*a Ù 
vigueur de leur efprit, tl. iip. Beau paffage de Quin- 
tiiien là-deflîis , iio. Une éducation trop foigneufe de* 
enfuis devient nuifible, H- iiï. La température du di- 
.urat influe beaucoup fur l'éducation phyûque des enfin;, 
II» 313. tfftàv. 

Ericeyra { Comte de ) a traduit en Portugai» l'an 
poétique de Defpréauic, II. +54. 

Efope fameux Comédien , amaflâ. cinq millions a jour 
la Comédie, ill, 172. 

Efpagnals nés en Flandres , préférables à eeui qui 
étoient nés dans le Royaume de Naples , II. 187. Ceux 
gui font nés dans l'Amérique ne font point admis dans 
les emplois d'importance , ibid. Combien le lang Erpa- 
gnol a dégénéré dans ce pays-là, II. ibid. L*Efpagne, 
quoique fertile en bons Portes, n'a jamais produit de 
Peintres de la première dalle , II. 162. 

Efprité Hommes fans aucun efprit , auffi rares que lu 
monftres, II. to. Ce qui fait la différence des elpriu. 
II. 7 p. U ne dépend pas de nous d'en changer la difpo- 
tition naturelle , II. Jo. On petit s'aider de 'l'efprit des 
autres fans être plagiaire, II. 2 j. Les efprits froids '± 
indolens font incapables de faire du progrès dans Les 
ans, II. 101. Les efprits précoces font ceux qui font 
ordinairement moins de progrès, II. u 9 & 3- 
progrès de l'efprit pbilofophique , s'il continue , nuitor: 
à notre ficelé , IL 47 S. 

EJlampes. Leur utili ré , 1 . 508. 

Etrangers deviennent [emblables aux peuples cKex 
lefquels ils 's'établîtlent, après quelques générations, 

A' *7*\ 

Euripide. Quel fut le fort de Tes Tragédies lorfquf lie* 
'parurent, IL-4JS- Il eut pour contemporains & pour 
rivaux les meilleurs Ppctca dramatiques de La Grxce , 

.11. +37- 

Europe plus propre à fournir de bons Peintre* 4 de 
bons Poètes-, que l'Aile & l'Afrique, 11. ( 6z.. 

Ea/cution.coucribue beaucoup a la bonté des Poëmti 
& des Tableaux, I, 7 3. 

WxfftlJîani merveilleuses de piuSiurs Sittaesj inJ» 
qaw., L 3J>7« bjùiv. 





DES MATJER.E S. 



i»J 



£ARNÈSE ( petit Palais) autrefois de Chigî; 
_ u ; peinte par Raphaël, II. izg. 
Femmes réuffiflènt mieux que les bonnes dam h dé- 
clamation, I. +ts. 

Fevre (Le) grand Agronome n'étoir d'abord que 
Ti fiera nd , H. 3 a. 

Feiire C te ) de Saurour , a fait dei Vers Latins contra 
la Flûte antique, III. 56. 

Fnàllét, auteur de la Corrégraphie , a trouvé l'art 
d'écrire en notes les pas figurés delà Danfe, III. i6*. 

Figures métaphoriques font eoniîdérccs différem- 
ment par rapport aux différens pays où elles font em- 
ployées y II. $47. 

JVaroa/jrfi.inflaurateuridelamufïquel. 494. Palîâ- 
ge de Guichardin qui re prouve , I. 455, 

Flu:es, On employoit pour faire kg flûtes droite» , le 
haut d'un rofeeu , & le bai du même rofeau fervoic 
à faire les flûtes gaucher, III. 144» Quelles étoient 
celles dont fefervoient les Pantomimes, 111. 300. Vçy, 
InJfrumtnSt 

Fontaine ( La ) étoïtd'ane profeflîon bien éloignée de 
la Poéfie r II. 1 1 . Né avec beaucoup de génie pour die ; 
mais feulement pour un certain genre , 11. 741 

Fontrntiit. < de ) Sa penfée fur les effets que produit 
la diveriîeé des climats, 11. 15 «. Ce qu'il dit fur la dl- 
vcrlîtc du génie des Orientaux & des peuples de l'Eu- 
rope, II. 170. Cet Auteur cité fur la pxéféance de* 
Anciens & des Modernes jll » 32 1. 

Français Prtmier. Avant lui la France n'avoic pro- 
duit ni grand* Peintres, ni grands Poètes, II, 17;. il 
•fe déclara le protecteur des Arts & des Lettres, II. 17s- 
On a un volume entier de fes Poëiîei , fout le nom de 
hlargitrri-.es frenç ùfes , II, 174. 

Français. De oui ils âefcendenr, des Allemands ou 

des Gaulois Ml. 2.7 5. On reçonnoî<,encgre en eux la 

•plupart des traits que les Anciens ont remarqué , II. 

•jaVM. Ut «ni le me me penchant qu'ili ayçjienc autrefo| 



«14 TABLE 

a une gijai, fouventhorsde Wfon, |T. tjf- Hipaf- 

fcnt pour inquiets A: léger» , & «iment à l'enrôler foui 
toutes forte» d'enfeigne», II. a 7*. Pourquoi ceux d'un 
certain lîtcle onx été differens de ceux d'un autre fîécle, 
II. ?;o. Ils réuf!îCènt mieux que letautret Nations dana 
la repréfcntaiion de» Tragédies, L 441. Leun préju- 
gés en faveurs des Etrangers , II. +ic. Ils n'ont pai le 
Sentiment anfll vif que Jet iraliena, II. 421. Us font 
trop diffipés , & aiment les plailiri. II. +13. (y Juif m 
D'où leur vient le goût qui leur fait demander de l'a- 
auouf par-tout I. i+c. t> fuir. 

Francs , établis dans la Terre-Sainte , deviennent 
comme les naturels du pay-, H. iS+, Plainte contre 
leur déloyauté & leur rnolelTe, IL. ibid, 

frefnoy. < du ) Paffàge extraie de fou Poème fut la 
Peinture, 11.98, 

Froid. Différent effets qu'il produit fur les homme». 
II. a s 8. Pourquoi étoit-on autrefois maint loniîble au 
froid qu'aujourd'hui , 11. a j 1. 

C • 

\J~ALAMTERIE *ft un défaut qu'on reproche I 
nos Poètes,!. 1+9. iffulv. 

Galilée artribuoit l'élévation de l'eau dan» lu pom- 
pe* a l'horreur du vuide , II. 484. 

Galle-Grecs defeendu? des Gaulois «"établirient e» 
Alie , & prennent les mirurs des Afîatiquei , II. ils. 

Gamme. Celle des Anciens «"toit cotnpofée de dii-huk 
fûns, III. 5 9' 

Génie néceflaire pour inventer, II» r. Ce qu'on enter i 
par Génie, IL 6. Chaque profeffion à fon Génie. 11 9. 
De la différente des Gi'nics naît la diverfîté des incli- 
nations, II. 1 1. Ce qui forrne le génie poétique . II. 1-. 
Tous le* hommes ne naiUent pas avec un génie propre à 
la poclïe ou a la peinture . 11. 19. Ceux qui ont ce gé- 
•ïe meurent fouvent avant que leurs lalens fe foicni 
fait conno'ure . II. 20. Avec du génie l'on profite beau-* 
coup fous un maître habile, li. ai- Ce que fait l'im- 
puliJon du génie dui un Peintre on djauj uo Poète > 11. 



DES MATIERES. m 

ei grandi génies ont befoin d'être fécondé* & Ter- 
vis par la fortune. II. jj. Ce qui n'eft pas toujours vrai! 
dans ceux qui naiffenr Peintre» ou Poëces , lf. 3 a. Com- 
ment de* enfans de génie tombent en des mains capa- 
ble* de les inltruire , IL 19. Ceux qui ont du génie pour" 
*a'peincure on les lettres, ont en averfion le* emploi* 
mécaniques , 11. 40. Le génie le plu* heureux doit ètrer 
perfci Lionne par une lo.in île étude , II. 4 j. Le geme raie 
appercevoir des fautes dans les Ouvrages des plus excel- 
lons maîtres, IL 5 5. Il Te fait fentir dans les ouvrage* de* 
jeunes cens , IL 17. Les défauts fonrfouvent une pren- 
ve de l'aftivité du génie. 11. do» Les Artifans fans gé- 
nie ne font propres a rien d'excellent , II. 61. Défaut! 
«ju'on remarque dan» leïirs productions, 11. 66. Limite» 
des génies des hommes, IL 70. Le travail ne donne 
point au pénie plus d'étendue qu'il n'en a, 11. 78. Le» 
avis ne peuvent fupplêer au génie, IL do. C'cft ce qi* 
Vieillie le demi« - IL 9 1. Tenu auquel les hommes de 
génie parviennent au mérite dont ils font capables, IL 
US. Les grands génies atteignent plus tard que Iea 
autre» le point de perreétion , IL 119. L'homme de gé- 
nie invente beaucoup quoique mal; de l'bomme fans gé. 
Aie n'invente rien IL tii.Lea hommes de génie ne 
doivent mettre au iour que de grands ouvrage* II. 117. 
1x9 Peintres médiocres peuvent contrefaire la main de* 
grands maître» . mais non pas leur génie , IL 1 Bo. Lea 
variations de l'air dan» un même pays caufent la diffé- 
rence du génie des habitant, If. Jio. Artifan fans gé- 
nie ne peut pasiuger iainementd'un ouvrage, IL 384. 
La julccfle du raïfonnemenc dépend beaucoup du carac- 
tère du génie , IL 5 o ç. Il eft des profefllonj où le luccei 
dépend plus du génie que du feeouri de l'art , & d 'autres, 
où c'cft le contraire, IL 548. tffwv. 

Géographie*&é perfectionnée paiTÀItronomleM!. 

4» 7. 

Glamimu Utilité que 1er Orateurs peuvent rirer de 
l'étude de cette feience , U. foi. Obligation que let 
Çéoméere* moderne» onr aux anciens, 11, jo?. 

Çerirt ,Bourguemeitre de Magdcbourg , inver.reut 
4e ia machine pneumatique , U. 49'< 

Tc-aw. UU & 




fff TABLE 

Geflet Son ait écoic une fcience fubordonnée i I* 

Mulique , III, 6. Les Grecs appelaient cet arc Orehtjii, 
III. *»p» Le perte eft vif à proportion qu'unç langue* 
«ne prononciation vive & accentuée , Jil. 179. Lac da 
la Saltation apprciioit à faire des geftei (ignificuift, 
fil. j3j. Lei geites font naturels ou artificiels , ML. 
iiii. il l'ai loi t pour les bien entendre en avoir la clef, 
lilf al;. La lignification des premiers eft quelquefois 
imparfaite & équivoque , 111. «40. Les geftee artificiel* 
font tïprefifi , III. j + i . L'art du gefte , pour s'ejpri- 
twr fan* parler, ccoir enleïgné dans les Ecoles , 1U. 
>+j. L'ufage apprenait à entendre le langage muet 
ides geft.es , 111. 190. Le gefte convenable a la décla- 
mation théâtrale étoit partagé an trois méthodes , IU» 
ÎSi, Chaque geste de poëlie avoit fon gelle patticur 
ier, 111. »s+. On maloit quelquefois le gefte propr» 
à la Satyre avec Je gefte propre à ta Comédie , 111» 
• 54» On ignore les régies des Anciens touchant la 
gefte par écrit, III» 354. On en montre la pollibiliié, 
ÏH, ilid. On (iffloic un Comédien qui faifoit un gefta 
ho» 4e méfure , IU. jSo. Changement- arrivés dans If 
gefte chez Itt Romains dotent* de Cicéron, III. iti». 
Vers d'Horace fut oefujet, UJ, iy%. Ce qui occ*iiçn- 
nalce chargement , III» 177. 

Gladiazws, Plaifir que Las Romains trouvaient daw 
leurs combats , !■ 14. & 1 <■ Las Grec* les aicnoîeni suf- 
fi, 17. & la, On les eaercoit avec des armes plu» 
pelantes que celles avec le fquelle* ils dévoient combat- 
tre , III, »««, 

Gouruillu { de ) Cpmxoans il fit eboix d'un Médecin, 
II. M* 

.Goût de conjparaifon acpeiH *'a«juér'ir que par l'i- 
fage, II. 4a l» 

Gracchiu éioit accompagné quand il bannguoii , i*ua 
joueur d'inllnifntiu a vent, qui de tem* en terni la, 
donnait le ton , m. 1*9, Cet ufage improuvê par Ci- 
féron , ibidt 

Griduis, Pourquoi nos Ro'»« leur ont attuibué tas* 
d'avantages , 11, 3 j«. 

Çr*JM , { L'Albé) Aauur d'an* diit?.*. ($ * 







DEf MAffïfcES* \%1 

fragç'dîe , II. 4S0. Ce qu'il dit de ntf? Poète* François, 
ÛÏJ. Combien il Te trompe dans la defcripr'On qu'il raie 
du théâtre de» Anciens , faute d'avoir entend u !* ligni- 
fication d ci termes de Mélopée ôt de Saltation, lil. i »*t 
U Te plaint du peu de fuccès des Tragédies en Italie i 
k 4+4i 

Gravure , les François y ont excelle par-deflu» lei 
Italiens ,11a i S i . A qui l'on eft redevable de l'art i» 
graver les pierres , LU 407. 

Gre« , comment gouvernée par le» Romains , lorf- 
qu'il» l'eurent conduire , 11. us. Rome »'e(t enri- 
chie de fes dépouilie» , 11,2.27, Le liécle heureux de 
la Grèce a duré longtem» , H. 21 1. La Grèce fécon- 
de en grands homme», II. ï3 4« Tomes les protelTîont 
y dégénérèrent en tnéme-tems que le» Lettre» & let- 
Àrts , If. ai;. 

Grecs. Comment ils éleroient leurs Citoyen», U t 
»4+> H* «nettoient a profit tous les taleru qui forte 
l'agrément de la fociétc , ibid. Leur» ademblées pour 
juger du mérite des Peintre» Se des Poètes excellens * 
II. 14$, Les Mufe» les ont plus favorifés qu'aucune 
autre Nation , II. î4«. Ils ont commencé à dégénérer, 
lorfque les Romains leur eurent enlevé les objet» ca- 
pables de leur former le goût , II. nj. Ce qui!» pen- 
«"oient fur les Injures , 11. s sa. Leur délicate Ile fur la) 
prononciation, 111. dp. Celui qui réeltoitchez eux lea 
lois- , avoic un accompagnement capable de le redref- 
fer ail manquok , ibid, Lear paflion pour les Speâa- 
ele* 1 III. 17 1* 

Grégoire ( Saint ) Pape , ne ctèa pa» une nouvelle 
mufique pour comparer le» chanta defon Office, III. 

IJi. 

Guide , Peintre Balonoic. Ce qu'on lui reproche dam 
fei Tableaux , II. m. 

► Gui d'Arts»! Autewde Piavemioti de» note» de 
asf.uagy.fi, 1IL. 8 8. 



84 



IM 



TABLE 



H* 



H. 



ARMONIE, En quoi elle • con fi He dam 
Muiîquc , !. +S S . 

Hûjircur eft un vite » lorfau'elle eft accompagnée de 
fierté , Ih 30 Celle qu'tnfpire la noblciïè des lentimcnt 
Se l'élévation de l'elprit , elt une venu , II. ihit. 

Rvm: L Un quoi cQjififte cette force de maladie , II< 
loi. 

Henri III. S.es profitions envers la Pléiade Françoife, 
11. 1 7 j, Changem en* que les diUerentea faifom ptodui. 
fuient dan* l'elprit & l'humeur de ce Roi , tl, j 59, 

Henri VIIU Roi d'Angleterre. Grande clame qu'il 
laifoie de la Peinture , 11. 169. 

Hijloire. Les Anciens l'ont traitée mieux que les Mo» 
démet, 11. 507. Quel eft fon mérite principal , II. <$*• 
Les Hifto ri em Grecs étoient Pocteaj on l'apperçoti dam 
leurftyle, II. 5S+. Lei proJeflîonj d'Hiftor'.eni & de 
Poètes font aujourd'hui réparées , II. j 66. 

Hifirïonu Pourquoi ils aimoient mieux fc fenrird» 
pertes artificiels que de naturel» > IH. *.-M« 

Helbens largement réeotnpenfé par le Roi d'Angle- 
terre Henri Vill, II. 1 s s. Progrès fiirprenani qu'il lait 
tlans fon Art, II. 1S8. Defcriution de Tes Tableaux 
conferves à Bade, U. 189. 

Hollanitt Sa (îtuation a-fort changée de ce qu'elle 
étoit anciennement , II. 199. L'on y parle alTex cornnu- 
peinent François , 11.44+, 

. Hollandais* Quel eft le défaut dei Peintre» de cent 
Ecole, II. 7j.. 

l Homère, Ce qu'il a entrepris d'écrire dam fon Iliade , 
II. ( Si. II a été obligé de conformer Tes récit* 4 la M* 
société publique 1 H* <&3> Pourquoi les Héros ne 1: 
battent pa» en duel après leur» quereljçs, U, 5*7. SJ 
on doit le blâmer dans ce qu'il dit des Jardins d'Aki- 
noiit ,11, J7». Par cet endroit, il plairait encore If) 
jourd'hui à plulieufs ptuples d'Afîe & d'Afrique . Il» 
1 y j, I) n'a chanté que les combat, de Tes coropa : 1 

- 










DES MATIERES. } 9 t 

II. ; 8 ii Pourquoi fcs Poëllei feront toujours eitimécj , 
U.î«+. 

Hommts. EJoignement qu'ils ont naturellement pour 
l'inaction, I, 1 1. On fe fait mieux entendre aux homme» 
•partes yeux que parles oreilles, I. +io« Réfutation de 
ce qu'on peut dire contre cette opinion , I. +i < . CrjVu: 
Les hommes ferrent aflei ce qu'ils valent, i moins qu'ils 
ne foienc ftopides , ir. i 39. 

Horace veut que la Poëfîe remue 1er cœurs , II, i. 
k 2. Ce qu'on doit penfer fur la diverfïté des génies , 
11' 12» Définition qu'il donne d'un jeune homme , II. 
ico. Ce qu'il dit touchant les Poètes avares & merce- 
naires, II, iosv Et fur la démangeaifon de faire des 
Vers, II. no. Eloge qu'il fait de Fundanur, de Pol- 
Jion & de Varius , II. 239. A quoi il compare le théâtre 
des Anciens, 11. 4 îS. Horofeope qu'il a fait de tou- 
tes les langues, 11. +!+. Pour bien fencir le mérite de 
fes Odes , il faut entendre le Latin , II. 537. Ceux qui 
les lifent en François , ne lifent pas les mornes Poe lies, 
II. s y 2. Ce qu'il dit fur le changement arrivé dans la dé- 
clamation théâtrale , III. 172. Et fur la différente mus 
la nouvelle manière de réciter c* l'ancienne , lfl. 173. 
fc* fvâv. Etlaîrciflcment fur ce fujet par une coraparajfosi 
lirée du Chant de l'Eglife, III. ibid. 

Hartenfmu Pourquoi on lui donnolt le nom d'una 
célèbre Danfeufe , appeliée Dyonifia, 111. 248. 

Huidit ras, Efpéce de Poème épique écrit en Anglais , 
1. i + t. 

Humeurt, Effets qu'elle» produifeni en noua , IL 

Hylu , ék« & concurrent de PLlade , célèbre PiiU- 
tomime , I II. 2 9 3. Ce qui lui arriva en exécutant à £ 
manière un Monologue, III. 293» 

Hymnet. Servent à donner une idée de la mufique de.» 
Anciens , III. 3:9, 11 en refte encore plulïeuri qui ont 
été compofées avaox le fac de Rome par Torila , IIU 

1 Hyvtr. Effets furpren4nt que Ton commencement * 
fa fin caufirnt dans les hommes, II. ij8. On en don»» 
un exemple , IL 2 s S» 

Riij 



4M TABLE 

Hypocrht- le» Gréa donnoient ordinairement ««» 
à leurs Comédiens, 111. nj. Ce que c'écoit que la Mu- 
sique HypociUiquc, ibid. 

Hypocrite a plutôt deviné U circulation du ûng qu'il 
ae l'a comprife , II. +94. Sei Aphoriftnes (ont l'ouvra- 
ge d'un homme contaminé, II. jtj>, 11 étoit né avec u» 
fiînie fuiériew pour la Médecine, II» 590. 



^f EANàs Meurr, a perfectTonné PinTeniion du 
•Jotcs de mufîque , III. 81. 

Jtv. La plupart s'y livrent plutôt par attrait que pr» 

avarice , I. ïîi 

Itlufion n'eft pai la première eaufe du plairlr qui 
donnent Ici Spectacles & les Tableaux, I. 453. 

JVrcirurion. Son impreifion eft moins forte que celle de 
l'objet imité., T. -7«& 5-3. Elle s'efface bientôt, I. :!. 
Les imitation» du obiett tragiques par la Pocfîe 4 11 
Teinture , font celles qui caufent plus de plaifir , 1. :•• 
b fiâu. Ce qu'on peut dire contre cette opinion , I. JXi 
et 59, L'imitation ne doit pas être fervile, 11. 4;», 
mait fetnblable à celle qu'Horace, Virgile Se tant dài»- 
ire» bons Ecrivains ont fait de ceux qui les avoleot t-te- 
cédés , IL ibii. 

btrtrie En quoi eonfifte celle qui eft en ufsgeehn 
les Chinois, H. 1 64. Sort Invention en Europe n'eftpai 
due à la l'hilolophie , II. <+B s, 

Jnclxnev'wns des hommes dépendent beaucoup àt 
qnalius du lang , & conféquemment de l'ait qu'ili . 
pïrent, II. an. 

Indigtnct eft un des principaux obJtaclc* qui s'epp 
fent aux progrès des Arrifle» , tl. 10S. 

Inftriptioni. On en devroit mettre à toit» les tableaux 
d'hiftoire , I. ?i« Mauvais ufage qu'en ont fait le» Pein- 
tres Gothiquei , ihid. De grands Maîtres de notre tenu 
en ont ufé avec fuccèt, L ibidi 

Jnjirumriu, de quel ufage Ils etoientehea les Aneitoi 
dans les Armées, HI. m>. Nos infiniment à cord 
propres pour l'accompagnement que ceux des Ancknf* 




DES MAT!E*.Efc 4*1 

H. 140. Ceuc à vent y four tris-propre» » 1H. f4>« 
leurs efpéces étoiem en petit nombre du rem» de Té» 
■rtnce . A c'ell ta qui fait que pour ni l'y point mépren* 
été , on ivoii marqué avec tant d'exa.ftirude a la tête de 
chaque pièce le nom des inftrumen. dont on s'étoit let-1 
dans la repréfentation , I if. 141. On les variait fuivant 
qu'il ccoit convenable, 111. t+3. On j'en fervott chex Ici 
Romain j pou raccompagner ceux quit-hantole nt à table 
les louanges desgrands hommes, 111. I So.Le chant inar- 
ticulé des inlirumens elt très propre à remuer lecceuz 
de» homme» ,|. +73, & III. +7. 

lWfiirtsn eft la partie qui diftingue le grand bofam8 
du limple Anir-n, 11. 347. 

Inrerfion , combien elle fcro'it nexe flaire dans la lan- 
gue Françoifc , pour la rendre pltii harmonieufe , la 

,28. 

Jordane , Peintre Napolitain , grand faifeur de Parti- 
elles j II. 1 j 1. Ceux qu'il» taie 4 Generne lui font gue- 
ut d'honneur, II. ijx. 

Jftdcrt de Se ville. Ce qu'il a écrit fur les accent de* 
Romains, Il F. 8j. 

Italie. Le» art* y font parvenus fnbirernent à leur 
perfection ,11. il 5. Ces même» arts y tombent lorfquc 
tout fembloit concourir à les faire fleurir ,11. :si. 

Italien' . négligent la Poëfie dramatique, 1. 4*+. Ils 
■e comi'ftfent plus que des Opera.iiid. Leur muiîque a 
«changé de goût ,1.49s. On leur attribue mal- à- propgi 
d'c< r- les premiers Inftau rarcurt de la mufique , I. 494. 
Ils ont naturellement beaucoup de génie Se. à* goie 
pour la peinture, 11. 414. Jaloux du mérite des Emu» 
fers , ils ne leur rendent iuliiee que fort tard , II. 410. 
Us ont traduit en leur langue les piu» belles pièces ia 
nos Poète 1 , II. 4 S 8. Ils font grands Gcftisulateuss, 
111. 30I. 

Jugement. Celui qui fe tait par voie de fcsitlment eft 
toujours le meilleur., IL 3 3 9. 11 n'en eft pa- de même de 
celui qui fe fait par voie de difcuffïon , II, 34c & 3 j g. 
Jufquw à quel point les ignorans peuvent juger dea 
beautés d'un Poème, Il ; jo t Ce qu'on doit penfer de» 
jugeraem porter par les gens du métier, II. Hi.it 

Riv 




A' ï TABLE. 

J97. Celui du public l'emporte toujoorj furie If HT, 
Jl. 393. 

Julius PollitXé Auteur d'un détail curieux det dlifê- 
rem caraâerei des Marque» dans les Comédies et Ici 
Tragédies ,111, an. 

Jujlin { Saint ) Martyre , a décidé qu'on pouvoir em- 
ployer dan; le chant de* louanges de Dieu Ici airrpro 
fines dea Payons s 111. jiy» 
■v 

L 

_m_ <i A BERIVS. Iules CeTar lui donna vingt mille 
écus pour l'engager à jouet dans une de fes pièces,]!!, 

374* 

Langue. L'impreffion que fait fur nom la langue étran- 
gère eft plue foible que celle de notre langue naturelle, 

1. Jû-f- 

La Larint eft plus avantagrufe que la Françoife pour 
la Pocfîe du ftyle , 1. 3 1 3. IEt pour la mécanique de la 
jPocue , I. 3 j 8. Elle eft dérivée du Grec & du To(can. 
i. 316. f.ile eft plus barmonieufe , 1. ji+. tr/uiY. 

La Françoife eft parvenue depuir fob.ante-dix ant 1 
fon point de perfection, 11. 465- On peut en dire ce que 
Cxéron difoic de la langue Grecque , II. ibid. Elle l'in- 
troduit dans les idiomes de noi voiOn*, II. 41$$. 

Léon X. Belle peinture de fon Pontificar, II. 14s. 

Lettres Provinciale font plus eftimeei aujourd'hui 
■pic 1er fqu'eUei parurent , H. 3 9 T. 

D( Lifit , habile Géographe , n'auroit pu fans le» 
progrès de l'expérience , j cctirîer Ici erreurs des auttea 
Oéographei, II. +87. 

Livra. On aime moini ceux qui noua infiruifent , 1* 

Logique , ou l'Art de penfer: Si elle efl aujourd'hui 
pi m parfaire qu'au temi de» Anciens , II. 565. La façon 
de raifonner dépend du caraâere de l'efprit , il, sert. 
L'expérience , l'étendue dei lumières Se la connoiflance 
•des faits perfectionnent le raifonnetucnt , II. $07» 

LAàs XII. Ce qu'il penfoit des Comédie» çu'on 
If^'itnivitf devant lui j U. 17 i* 




DES MATIERES. ^ 4e s 

Zouli X11L La Poe fie Francoife commença a briller 
fous Ton règne, II. 190. 

Louis X\y. Son fiécle fécond en grands hommes , IF. 
14 1. & î4i. Son règne fut un teins de profpcrité pouf 
les Arts & pour les Lettres,)!. 1 je. Son grand goût pouf 
Il Peinture , II. 177. Tous fes foins ne purent cepen- 
dant produite d'aulîî excellcns Peintres qu'il en avoic 
paru dans le fiécle de Léon X. It. 17*1 Enumcratiûrl 
«le» grandi hommes en tout genre qui ont para de fo» 
MOU, II. 24.3. 

hucain. Seul Poète qui dès fa naiffanee ait vécu dam 
l'abondance , 11. 103. Quelle fut la caufede fa mort, 

II. 1 12. 

Lucitn a remarqué ce- au' obligea à partager la décla- 
mation entre deux Acteurs, III. 195. 

Lucrèce eft différemment jugé par les Poètes & par 
leiPliiIorophes.il. 300. 

Lully, Le plu» grand Poëte en Mufique dont noue 
ayons des ouvrages, I. «.74.ll cft le premier qui ait 
compofé des aîrs qu'on appelle de vi telle- , III. 1 8 j. li en 
a compofé d'autres enfuite qui croient à la fois vîtes <fc 
caraâérifés , m. is+. Ou reconnoît la fublîmité de 
fon génie dam plufieurs airs qu'il compofi pour des Bal» 
ïets de fes Opéra , III. 1 s ç. Les Ballets prefque fanspif 
de danfe, qu'il a placé dans plufieurs Opéra , ont mer- 
veilleurement réuflî , III. îïj. 11 fe fervoit pour eompo» 
fer Tes Ballets d'un Maître de danfe , nommé d'Olive t r 

III. 1157. Ses Opéra fonr devenus les plaifirs des Na- 
tions, III. 342. Depuis fa mon on n'y trouve plut la 
même exprcflîon que quand il vivoit , NI. 54 j . 

Luniti: s d'approche. Leur invention due au ha fard , II» 
•4? 5. Elles ont beaucoup contribué à perfccTionrer le* 
Sciences , ibid. Et en particulier la Géographie, II. 437- 
Lyres. Il y en avoit du tems d'Ammian Marcellin qui 
égalaient la grandeur des chaires roulantes*!!!. 1 j^.Dn 
icms de Quincilien, chaque fon avoit fa corde particu- 
lière dans la Lyre, ÏÏJ. i->o. L'Officier qui publioitlcc 
Loix chex les Gre« Mu accompagné d'un joueur d« 
Lyre , ÏU, 69, 






X yj. ACHIAVEL. Sa Mandragore eff une du twîi- 

leurer Comédies qu'ayent les Italiens, 1.A4 u 

Macrobe attribue au Ton des inflrumcns le pouvait 
de nous afftfter diverfemenr , 111. s 3. 

Maincfc néccllàirc au Peintre pour mettre au jourfts 
îdees, II. si. L'aride connoître la main des Peintres 
eft fort équivoque , II. 40+, 6"Juii». 

Maîtres, «^ucl attrait ont lej ouvrages de» grandi 
Maîtres: pour un ieune homme doué de génie, 11. Ui 
Comment on doit parler de «es ouvragej, 11. 5j. On 
«'en connoit bien tout le mérite , que par la vole dufw 
timent, 11. jtf. Ils ne feauroient communiquer à un t(- 
prit médiocre le talent d'Inventer, II. «s 8c 7». Us 
grandi Maicresont été plus longtcras appteritift queltl 
autres, 11, 1:+. 

Maladies e'pidl'rniquts* Raifoni phyfîques de ces forttl 
«3e maladies, II. 318 & n+. * 

Malherbe inimitable dans la cadence de Tes «ers j II. 
ïjc. 

Malltbranthe , en parlant contre l'abus des images , 
*'cn eft fervi lui-même pour orner Ton ftyle , 1. 157. 
I Marattt, ( Ca.-le ; L'eftime qu'il taifoit des ouvrages 
de Raphaël, 11. izl. 

Marius. Jugement qu'en pona Seîpion ,Kd 0. 

Marot, ( Clément ) n'étoit pas propre aux grands ou- 
vrages, U. 174. 

Martial. Jugement fur ("esépîgrammes, II. 77. C«n> 
ment il faut entendre ce qu'il dit d'Fnnius & de Virgile. 
II. 44*. 

Mafqucu Efchile a introduit en Grèce leur ufage , A 
Rofcius à Rome > III. 1 99. Plusieurs perforuiages de la 
Comédie Italienne fe fervent rie Mafques , III. icc. On 
l'en fe rvoit en France il n'y a pas longtems , it l'on s'en 
fert même encore quelquefois dans; les Comédies, III. il'. 
Chaque Acteur ancien avoir un Mafque particulier eru* 
«Voit conforme à fon caraflere , III. 101, CesMafqett 
•endoiciK le jeu plua pathétique . UL 104» Quelle ému 





i6i, !1J. j04 & 2i6. QueJquefoi* 
les cotés du même Ma/que repiéTemoienr deux expref- 
lïoru différentes, 111. 105. On les faifoit de bois, Jll. 
aïo. lit admettaient beaucoup de vraifemblance dan» 
certaines piccesjlll» 107. Les Anciens en tiraient encore 
divers autres avantages, JII. z.08. b'Jiàv, Leurs Mafquer 
leffembloient auxpcrfonnagei qu'ils introduifoient fur 
la fcènt , III. :n. Ce qu'on peut dire pour & contre 
i'uTage deiMafquet, 111. ibid. Il éroit difTicile aux Co- 
médiens de rire agréablement fous le Marque» 111. ; 1 y. 
On j'en fervoit fur-tout pour augmenter le fort de la 
▼oix , III. 3 1 5. La fafon donc le* théâtres des Anciens 
croient dffpoféiks rendaient oéteflaires , III. ■-:&. On 
incniftoii l'ouverture de la bouche des marques rie la- 
mas d'airain . & dans la fuite, on y employa des lame* 
d'Une efpece de marbre, III, 120. Ceux dont fe fervoier* 
les Fancorr.iiT.eséroieni plus agréables que ceux des an- 
tres Comédiens, III. jci.ll refte encore aux Antiquaire! 
beaucoup de ebofes à expliquer fur cette matière , [II. 
22s. 
Maiar'm { Le Cardinal ) a voie ponr maxime de ne cou. 
fier la conduire des armée 1 & de 1 atT.1i.-e5 qu'à des gens 
heureux « II. j 74» 

Aie taille:. Sous quel règne elle a ont commencé à dé- 
générer, II. iQ+St 114. 

Mtibamiia. Ce qu'il a recueilli touchant la Mulîquc 
des Anciens, III. s , î S & «7. 

Mélodie fe fubdivifoic chex Ici Anciens eu deux efpe- 
ce* , en chant & en déclamation ,. III. 73. On feait com- 
ment s'écrivait celle qui étoit un chant proprement dit , 
III» ïf- (ïjhiv. De» accent ou des tous convenable! 
lux parole? fai foi enroue partie des beautés dç Iin.clo- 
die , III. s*. 

Altlopft , ou l'art de compofer 3c d'écrire en note» 
tontes fortes de chants & de récitations, III. 14 Se if 
Ce qu'en dit AriftideiQuinrHianus,!!!. 59. En quoi elle 
didcroit.de la mélodie , llf. do. On la divUbit en udf 
penres, qu'T fe fubdlv^â'terir en r.imleursefpi'ce», III. A. 
t/Juiv. Quelquefois c Ile .1 ëtê confondue avec La, mêlai-* 
die tens les Petits des Aiicfc'riî, 111. 01 éï 97. - 




•+6« TABLE 

Mil». Let mots de Mélopée fit de Mélodie en don- 
vent , III. 62» Il lï'gnifioit, félon Capella , la lîaifon'd» 
fon aigu avec le Ton grave , Il I. ibid. 

Ménandrc. S'il eft vrai que fes contemporain? aytnt 
été injuries envers lui, II. +3 S. Pourquoi les Athéniens 
lui préférèrent fouvem Phileraon, 11. +3 6. 

Mérite d'un Poème fe peur, divifer en mérireréelâf 
en mérite de comparai fon , II. 444, Comment on peut 
Te tromper en jugeant de ce* deux forici de mciitci, 
II. ++Ï. 

Merfenne , Religieux Minime , a divulgué en France 
l'expérience de Torricelli fur la péfanceur de l'air , II. 
4P°. 

Afiff. du Pape Julet, Merveilleux Tableau de R.»- 
phël qui eft au Vatican, 11. $0. Sa dcfcrïprion , j 1. 

Mefurt «oit une des principales parties de l'Art riih- 
nique ehex les Anciens , III. 22, Les Romains l'appel» 
loient tiumtrî , III. 2y. La figure des Vers & la quan- 
tité régloit la me Aire dans les Vers , III. jo, t>_/iuV. 
La Profe avoir aufTï fa mefure , III. 3 3> Qu.lle étoit 
la mefure qu'on avoir imaginée pour régler l'action de 
celui qui f ai fuit des g elles , & le mettre en état de fui- 
vre celui qui récitait , III. 31. On battoir la mefurt 
fur les théâtres, 111. 44. Les étrangers trouvent que 
les François v téufliflent mieux que les Italiens , I. 
*St. 

TWsfius ( Jacques ) d'Alcmaer, inventeur des lunet- 
tes d'approche, II. 4*J«X- bafardleslui fait trouver. 
II. 4S«> 

Michel-Ange. Ce qu'on reprend dans Ion Tableau du 
Jugement dernier , I. 2 17. 

Mkroftvprs, ont plus lervi guejisle» raifonnemen» 
à découvrir la circulation du faitr, ■'. 4 .. 

Mimes , Comédies anciennes qui retfcmblcient à nos 
Farces, L171. 

Mifantroft, Comédie de Molière F h'eotpai d'abofd 
un grajid fiiceès , quoique peut-ttrela meilleure Comé- 
die que roui ayons, II. 431. Ce qu'on doit attribuer 
■ux tirconftances où on la jo'uS, 1J, 43.1. 

Modes , fervent ifalre juger en quclteftu un mono- 




DES MATIERES; 407 

"nenca été rate , II. 2 20. U y a une mode pour les Iciere» 
tes, comme pour les habits, II. 489» 

Moduterim. Différentes lîgnificationj que lui ont 
donné 1er Anciens, M. 2Ï« 

Molière avoir été élevé Four être Tapiffier, II. jn 
N'aurok jamais été grand Poète , s'il eût été riche , N. 
ica. Lui & Malherbe confultoient leurs Servantes fur 
leurs Vers , II. j je. Quel fut le fort de fon Mifantro- 
pc 1 II. 430. Chaque année a ajouté à fa réputation, li. 
4ji- En quelle-eûime il rft chez les étrangers . IL 4.5 3. 
Son Tartuffe nefl point tiré de l'Italien , ainfi que quel- 
qu'un l'a avancé, II. -jtçi. La lecture de fes pièces a 
dégoûté de tontes les autres Comédien modem es, li. 
5 se. 11 avoit imaginé des noces peur marquer les lona 
de fa déclamation , 111. s+5. 

Aie un ne. C« qu'il faut obferver en évaluant la Mo»- 
note Romaine par la notre , III. 11 7. 

Mfiaagne. Sonfentiment fur i'entboufiafme, II. ix. 
Ce qu'il penfc au fujet de l' invention & de l'imitation» 
II. 7 9. 

Mofciqut. Une grande partie des pernrures antique» 
qui nous reftt-nr , e(i exécutée de cette forte, 1. 37J» 
DeCcription de celle qui fe voit à la Paleftrir.e , 1. 373* 

Mofaïqui faite avec les plumes des oifeaux, efpcce 
de peinture en ufage chez les peuples de l'Amérique, 

II .G*. 

Mothe. ( De la ) Jugement avantageux qu'on porte 
de fes Odes, II. »co. 

Mots 1 afini font plus beaux que les mors François à 
deux égards , I. j ip.Ceti* qui irnîccntle fon delacbofe 
exprimée fent les plus énergiques, I, 322. Le fon.de> 
certains mots les rend plus nobles dans une langue que 
dans une autre, 11. 4+5 . ) 

Mouvement, il paroît impoffible que les Anciens pouf- 
fent l'écrire en notes, lit. 41. Quelques Mulîcîens mo- 
dernes ont propoféde marquer les mouvemens parte 
moyen del'HorlogerielLL 43. 
. Mummius fournit une preuve de l'ignorance des 
Romain» pour les ans dans k tem» de la République, 
II. z 2 l. 



♦c« TABLÉ 

Muret en Ifltpofc lut s ça varu , tn donnant poor m 
fragment de Trabea lia ver» Latins de û rampolîtion > 
IL m. 

Uujîàcju Gitca ou Romain*, ce qu'ils otfer»oie« 
4am la coropolition . Il I. 3 c A } 1 . 

Mufiftn donne une nouvelle force a la poëtîe , I. +s î. 
Quel Tecourt elle emprunte poor faire fet imitai ion 1, I. 
4&t> Elle imite non- feulement les font de la voix . mai» 
encore tofl» le* bruit* que l'on entend dans la natur^, 
1. 470. Se» principes font Ici même» que ceux de la p«ê- 
fie 4 de îa peinture , 1. 4*4- la muiîque Italienne croit 
autrefois différente de la Frinçoife, L 4*.?« Qu'il eft une 
muiique convenable a chaque langue de à chaque nation, 
1. 49 j.La mufique fupplée par fec expiflrtonc au manque 
de vraifemb'anct de* Opéra,!. 4j>«.Les Commentateurs 
ont mal entendu le* partages des ancien* Ecrivain* oc il 
eft parlé de la musique, IU. + & ?. La mufique enfti- 
gnoit cher le; Anciens l'arc du chant A l'art du geflo , 
UI. s. Ses différentes divîiîons fui van t les Anciens , III. 
9 b juis: On ta regardoit chexeux comme une partie 
aécedaire a l'éducation, Se furtout iceux qui «voient 
à parler en public, IU. 17 er/mV. Celle des Anciens 
étoir beaucoup plus étendue que la nôtre, UK t. L'art 
poétique lui étoit fubordonno , aufTibien que celui de la 
Ci lui ion & du gefte , fit celui de la déclamation , 111. Il 
Ce que e'etoit quels Mufique rkhmique.III. :i. tt 
Et la Mufique inflrumenrale ou organique , LU. 45. Ce- 
toit certe dernière qui enfeignoit la feienec des accords. 
111. 9s. Les Romains fe piquoient d'exceller dans les airs 
militaires. III. 50. En certaines circonflancei la mufi- 
que- a guéri les maladies du corps & de l'efptit , IU. f4s 
Effets furprenans de la mufique des Anciens , III. ; 5 C* 
fuh'. Chançemens arrivés dans la langue Françoife , III. 
■ ti & Jij,. On l'a citée quelquefois pour avoir voulu 
l'enrichir , III. 1(7. Le caractère de La tnultque influe 
beaucoup fur les msun des peuples, lit. i7c. Une 
nous refte de monu mens de la tn'ulique des A neiens, que 
le* feule s régies de Ja muiïque Poétique Aquelques Mé- 
iûpeea dans le» c liants de l'Fglife, IU. 1298c 2 31» 



DES MATIERES. 



N 



40» 



de la naiilance morale des hommes , II. ] c. 

Nanteuil. La nature en fait un Graveur malgré fis 
parens , II. 3 :. 

Nation. Chacune a Ton caractère particulier «jui la 
dift'nrue, H. iiSs- 

Nsuri , eft ta ytus forte de toute» les impulsons, If, 
jâ. Elle poufl'e nécefTajiement les hommes vers lcuc 
penchant, U. 3*. Elle s'mbellit par la culture, III. 
!+*■ 

N/grts perdent leur noirceur dans le s pays froids , II. 
267. A quoi l'on attribue U ftupidiré des Négies Se des 
Lappons , II. 3 3U 

. Ntrcn fçavant dans l'art de la déclamation, III . 1 î*. 
Ce qui lui arriva dins la déclamation de l'Hercule fu- 
rieux , Pi'iii. Il inventa une nouvelle méthode pour Ce 
fort ; fier !a voix , 111. 184- Il ne chaifa point de Rome 
tous les Coroéd'-ens, mats feulement les P an t oroiir.es , 
III. 31». 

Nord. On n'y a encore vu que des Poiftes greffiera 
le de s Peintres froids, U. ijf. 

Noies. On ignore quelle étoit la valeur de celles de 
la Muiîque organique des Ancien§ , III, j t , Comment 
ces notes croient figurées , III. S $• L'art d'écrire en no- 
tes les chants de toute efpéce étoi» très- ancien à Rome 
dès le ceins de Cicéron , 111. î « 0. 



o< 



O 



CCUPATION eft le meilleur remède contre Peo- 
nui,l. 5. 

Oecan. On n'a connu que depuis peu fa largeur véri- 
table entre l'A fie & l'Amérique, IL +88. 

Optra. Quelle en a été l'origine , 1. 470. Opéra Ita- 
lien exécuté par des Marionnettes, III. 26p. 

Opfnicn de plufieurs ilécles ne prouve rien en fïveiu 
d'an Ty Aine ,1J. îiJ. 





Iio TABLE 

Orateurs Romain* employoienr pour eonfer"ver îenr 
voix les pratiques lei plus fuperft 'meufes des ASeurs de 
théâtre, III. i8z. Il leur cft néce (Taire de ravoir la 
fUufîquc, III. is. Ils ne doivent point imiter Ladéda- 
rnarion théâtrale , III. i s a« 

QtiUrL Paflàge de cet Auteur Italien avantageux aui 
Nations Ultra montai ne s , II. 417. 

Ot>id< étoitné Poète , IL ïï. 

Ouvrages. On eft tnjufte de taxer de menfonre te 
qu'ont dit les Anciens du fuceèsde certains ouvraçei, 
!. 9c. tf fiàvm Dit ouvrage plaît davantage quand on 
l'entend réciter que quand on Le lit , I. 4 J 3. trfiàf* 
Quels Tonr ceux qui paflènt a la poltérité, II. J94. Lei 
ouvrages de parti n'ont qu'une vogue qui pafle bientôt, 
11. îbid. 



P 



V 



ANTQM1MES. Ce que ilgnifioît leur nom,IÏÏ. 
sas. Définition des Pantomimes, III. :pt. Le peuple 
Romain ttoit palTionné pour leurs repré Tentations, |1[, 
>7' & 3 1 !• Defcription de leur art par Caflîodôre , 111. 
«46. Us jouoiem fani parler , toute Tone de pièces de 
théâtre, en fe fervant feulement de gefles, III. 187. 
&fiiiv. Comment faifoient-ils entendre les mots pris 
dans un fens figuré? III. 29}. Les Romains les faifoient 
eunuques pour leur donner plus de fou pie (Te dans leur 
corps, J1I. 1 9 ;. 11 Ltoir. extrêmement difficile de trou- 
ver un fujet propre à taire un bon Pantomime, 111. 19: • 
Leur an qui commença à Rome (eus Auguile , fut une 
des cauTes de la corruption des mœurs du peuple Ro- 
main , III. ibi4. Pjlade & Batylle Turent les premier* 
inftituteurs de cet art , II. a98. De quelles fluces ils Te 
fcrvoient dans le9 repréfeatations de*-Icurs pièce* , 111. 
îcc.lls jouoient mafqués , III. iliL Comment ils eic- 
eutoient les Scènes dans les Tragédies 2t Comédies, III. 
30t. On croit que du rems de Lucien , il fe forma dft 
troupes complexes de Pantomimes, III. 303. Apulée 
parle d'une lepréfentation faite par une de ces trou. 
lll.ilid. Leur action étoit plus vive que celle des Co- 
toédlcni ordinaires, & pourquoi: 111. 304. Leur, an 



DES MATIERES. *i» 

■uroit de la peine j réuflir parmi Ici Nations fcpierv- 
trionales de l'Europe, 111. 307. Us faifoienc des tm- 
p/clflons prodigieufes fur le théâtre, 1JL ■•& GoS* 
•du Romains pour le un pietés, . II. 1 1 9. tffiov, L'exé- 
cution de leur arc était très- pgrfible ; preuve de <ctte 
poflïbJlité , III. m. Fûai d'une Scène de Pantomime 
exécutée fwr le théâtre de Sceau* , par Monfieur Ba- 
Jon , & par Madèmoifellc Prévoit , Danfêurs de l'Ope- 
t», 111. m Le* l'antomimet furent chaffés de Rome 
fous plufïetin Empereurs; 113 - 3i>. 

farihti. Idée qu'ils avoienc de la véritable valeur, 
V. S'i. 

Pc/cal (Blaife) devient Géomètre malgré lesfotna 
^u'on prenoit de lui cacher cette fetence t 11. Hé Eli» 
men d'une de Tes penfées fur le jugement des Ouvrages, 
II. 3-fj. Tir quelle progTeflïon il parvint a expliquer 
la pefanteur de l'air, & l'équilibre des liqueurs, IL 

4JM. 

Pàjfiont La nature a marqué à chacune Ton expreflïon, 
fon ton & fon perte particulier, 111. iî£. 

PofiUkes. Tableaux où l 'oh a voulu contrefaire la 
manière d'un maître, U. 130. 

Pdys. Les ouvraget font plutôt appréciés félon leur 
juftï valeur dans certains pays que dans d'autres , 11. 
4 1 + t* fxâv. 

Piimre, doit choilîr des fuîecs intérelTans,!. 5 1 &t t ji 
A qui fe comprennent aifèment , I. us. Les fnjets dfc 
fes tableaux doivent être tirés d'ouvrages connus, I* 
Tes. Que); font ceux qui leur en foumifTenc le plus t 
l. 1 10. ùrfuiv. Il eft des beautés dans la nature que le 
Peintre repréfente plus facilement que le Poète , 1. 94- 
fc" fuîvt. C'eft un défaut de vouloir montrCT trop d'ef- 
■prit dans les tableaux , I. iio. Les Peintres doivent em- 
ployer fobrement l'allégorie & encore plus dans Ica 
tableaux de dévotion que dans les profane», I. aif. 
En quoi conlîfle leur enthoufiafnte , I. : 2q. U ne leur 
faffit pas de copier la nature telle qu'elle fe préférée, 
L 12 1. Cell a tort qu'ils fe plaîpnenr de la difette dea 
fujets, I. 3 3i. Lesplus rebattus peuvent devenir neufe 
fous le pinceau,, L 132, Jlsne doivent rien mettre dan» 



4ti TABLÉ 

leur* iVjet* <entre la vraifernblance, I. »4» bjbiv.l* 
jnauvai* en peinture empêche Je boit de faire fur nom 
toute rimpreflîon qu'il devrait taire , I. 28?- Lei t> 
lent de la composition poétique A de la pilrorefquefe 
trouvent rarement danr un même Peintre , I. s s j. Paul 
Veronèfe eneftun exemple , ibid. (f fiâv* Le» Peinrrci 
du rem* de Raphaël n'avaient aucun avantage fur ceux 
d'aujourd'nui , K 365». Ceux de l'antiquité n'ont pu 
dû furpalïêr lea Peintres moderne* , I. j g» (s* fui». Le* 
Peintres ancien» Te piquoient d'exceller dans la patrie 
de l'eKprefïon , 1. lai b ftiiu. Nom içoororu iufqu'i 
que] point llr ont excellé dans le coloris , 1. 403. Ui 
ont pu égaler les moderne* quant au claïr-obfcur , I. 
40s. Moyens que les Peintres ont imaginé pour ren- 
dre leurs tableaux plut capables de faire irnpreffidJli 

I. +14. En quoi coniiite le génie des Peintrei , 11. i+« 
Leur différence d'avec les Poètes, IL a<5. La main du 
Peintre doit être conduite par fon imagination , 11.97* 
Un Peintre ne doit point entreprendre d'ouvrages au- 
delTiis de fa portée, II. 76. A qui l'on peut comparer 
le Peintre copifte , II. Si. Quelle étude lui eft néce*. 
faire pour perfectionner l'œil & la main . 11. 99. On n» 
fait bien cette étude que dans la jeuneflè . ïfcii. Quel» 
foBt les obftacle» qui s'oppofent aux progrè» des k«- 
ne> Peintres, 1. ioo. <? fuh: Il eft plus de mauwr 
Poètes que de mauvais Peintres, 11. 109. Qualités re* 
ejuifts dans un bon Peintre , II. 1 iS. Ces qualité» naif- 
fent avec lui , mais ne fe forment que par le travail , 

II. 116. Ertime que les Grecs iâifoient des ouvrages 
des grandis Peintres, 11. 146. Les grands Peintres furent 
toujouts les contemporains des grands Poète* , 11. ifi. 
Le* Peintres jaloux de la réputation de leurs égaux < 
II. 1J1. Leurs jugement mieux reçui que ceux 4ca Poè- 
te», IL 401. De qui dépend leur réputation , 1! 
Comment l'on petit reconnoître la main d'un Peinrre. 
II. +o;. Qu'il efl très-facile de s'y méprendre , II. +0 f> 
Le mérite d'un Peintre qui taie de grands ouvrages , 
elt plutôt connu , 11. 414. 

Ptiirurc. Son but e(l de remuer les partions . fin» 
lAufcr aucune peine réelle , ni de véritables a II arme*. 



DES MATIERES. *>) 

t> x«- IL îif. Examen des avantages que la Peinture 
• fur h Poe fie , & de eeux que celle-ci a fur la Pein- 
ture , I. 14 ù-fiàv. Ufage que l'on doit foire de* allé- 
gories dani la Peinture, 1. 191. f fviv. Il ne s'en faut 
fervir qu'avec difcrétton, 1. 1»+. Leicompoiïtions pu- 
rement allégoriques ne réufTiffent prefquc jamais , U 
203. Les fujetthiftariqnci où il entre au conttaireder 
ligures allégoriques font lin très-bon effet, I. 207» 
Détail des Peintures antique» qui retient a Rome , I- 
37fi«Les Peintures du tombeau des Nations font détrui- 
te* 1 il n'en eft relié que des copies coloriées; celle» 
•jui avaient été faites pour Moniteur Colbert, font 
préfenteroent dans le cabinet du lîeur Mariette a Paris, 
I. ! i : . Clément XI. établit une police à Rome pou» 
empêcher la deftruâion de celles que l'on peut dé- 
couvrir, ib. II n'eft pas poffiblç de faire un parallèle 
julte de la peinture antique avec la moderne , I. 3 « )• 
Dcfcription du tableau des amours d'Alexandre & de 
Roxanne faite par Lucien,!. 3 94- La peinture s'cft per- 
fection nce & enrichie depuis le teins dç Raphaël par le* 
nouvelles découvertes,!. 407 b>fuiv. Le pouvoir de la 
picnture fur les hommes eft plus grand que celui de la 
poefie, I. 422 bfuiii, 1 a mécanique de cet art n'a rien 
de rebutant pour ceux qui font nés avec le pénie de 
l'art , II. 22. La peinture ainfi que la poefie a différen» 
degrés, If. liï. Epoque du renouvellement delà pein- 
ture en Italie , II. 1 s 3 . Elley eft tombée dans 1er terni 
qu'on y jouiiloit d'une plus grande félicité , II. 197. 
Quoique tous les hommes foient admis à juger de la 
peinture fans en lavoir les régie»; le public n'eft paa 
juge fi compétent dan la peinture que dans la poëue,!!. 
3 1 7. La peinture eft un art dont les production! tom- 
bent fous le fenciroent. II. 37*. One peinture are* 
de mauvaifer parties peut être un excellent ouvrage» 
IL 3SS. 

Pcrtgrlnt, fameufe Perle, achetée cent mileécu»> 
II. î*. 

Per/rflron. On n'y atteint «ju'i force de travail, 

11. 91. 

Perrault. Excellent parallèle qu'il a fait d'an tableau 



ti+ TABLE 

de Paul V'eronèfe, & d'un autre de le Bran. f. ise"* 
Erreur dam laquelle il eli tombé en parlant det mat 
«jues des Amiens , iil. :ci. 

Perjanu Leurs danfet imitent lesfcènes des Pantonvi- 
*nei , UI. s i î. Il n'y a iarr.aii eu parmi eux que det ou- 
.yriers fans génie, 11. i«7, 

Per/pcÛivl. Les ar.sk ns Peintres la cûnnoi noient mal , 
1. ÏSO, 

P/nr6<ffon J excel(eflt Pantomime, dont Sidoniuj fait 
m f nu on ,111. 191. 

Philcmon , Poète médiocre qui fut préféré à Menas». 
dire par lea Athéniens . ne manquait par de tal. 
43«5. 

Philippe, père d'Alexandre. Ce fut feus fon régne 
«pie les aiw s'élevèrent en Grèce à leur point de p er- 
iecrion , 11. i4t> 

Pilolatu avoit irnaginé longrems avant Copernic , le 
fyftême du mouvement de la terre autour du Soleil, IL 
•491. 

Philofbphti. Combien il leur eft ordinaire de le trom- 
per dini leurs raîfonncmcns, 11. 35s. Les plus célèbres 
.Académies d. Philofophes n'ont point voulu adopter de 
fyftême pour ceue ra'ifon, 11. 3fio. Le Philofoplie fe 
trompe plus facilement que l'homme , II. 361. C'cfl ua 
«ntèiemenc de la part des Pliilofophes de difputer , ai 
lieu de travailler à faire de nouvelles découvertes , IU 
4.99. C'eft à tort qu'on aceufe d'ignorance lea Philofo- 
pb.es anciens, II. 50+. Ceux qui tes critiquent ne les 
acculent que par Ignorance, il. ilid. Qu'un fyftême de 
•Philofophic mcn>c reçu , peut ctte detruir, II. 
£fprit philofophique, à quoi il eft propre, II. 521. 

Pkrafeié Ce qu'on entend pat phrafes imîiatlves, I r 
HJ8. Les Poètes François n'y on* p*s rétitTi , 1. j jj. 

Pièces eowriçurr. Le grand concours du peuple dîna 
les premières repréfentations n'efl pas une preuve 
qu'eue* foi t m bonnes, II. +19. Les bonnes pièce* fe foo- 
tiennent malgré la cabale. II. +1 !• L'nC pièce de tliiij- 
tre elt plus prilce fa juile valeur , qu'un Poème épique , 
Jl. 4( î. F.'time que les Etranger » font de nos pièces de 
tlkaciCi il. 4:7. Cgiaueni fe faifeU la (eprctciuiiuu 



I 



_ 



des matières. **J 

Ses pièces de théâtre ebei les Anciens, B. 43*. Tone 
n'y patlbit avec confulîon, II. 43$. 

Pitrrts gravées les plut belles font du teins de l'tm- 
a> ereur Auçuile , II. ijd. 

Pilts. {De ) Sa balance des Peintre?, Quel cil le fruit 
qu'on en peut tirer,!. 284. 

Plag'uûre. Quelle eft ladir&ren<:equi fe trouve entr* 
on plagiaire & un imitateur a 11. i 1. 

Plur/ir naturel eft le fruit du befoin , 1. r. Celui qui 
Veut faire du progrès danr les arcs , doit renoncera l'a- 
mour des plailirs , II. 107. 

Plancw , déguifé en Triton , contrefait Glaucus , II!» 
ajS. 

Piston, Pourquoi & (ufqu'à quel point il bannit la 
poiffit de fa République, I. 44- C/uiv. Ce qu'il die 
du Ritlime mulkal , III. 13. Selon ce l'hilofo;. he j le 
thangement de la mufique dans un pays produiroit une 
altération fenllble dans le? mceuri des habitaris, itl, 
I&9. 

Plr'iade Françoife. A quels ex<ès Henri III porta le» 
pfùfulîom envers elle, II. 17$. Combien fe font f rom- 
pes les Autwrs contemporains fur le jugement qu'ils en 
ont porté, H. 4+5. 

Pline l'Hiftoricn a été jultifié fur pluueurc menfonge» 
donc 00 l'accufoit il y a cent cinquante ans, II. ici. 

Plutarqut eft un des meilleurs Auteurs qui ayent écrie, 
depuis que la Grèce eft devenue Province tributaire de» 
RomainsjlL z^j. Onletite pour prouver que les Grecs 
fefervoiem d'une déckmationinelurée en publiant leura 

lois . III. 70. 

Po'ènus, JI en eft qui font liuéreffans pour le général , 
& d'autres qui le font pour le particulier, I. 7$. le* 
feeaucés de l'exécution ne font pas feules le bon poème, 
I. 7 1. La fcène des Poemes paftoralr doit touïourr être 
à la campagne,!, 1&1- Les perfannages doivent être 
pris d'après la nature , I. ifeid. Le fuict du poirme êpi« 
que doit réunir l'intérêt général avec l'intérêt particu.. 
Ver, I. 1*6, £f fuivt II ne doit pas être trop récent,- 
J. 1 Si. On pourrait le prendre avec fucecs dam notr» 
ijiiîotre , l ikid* Jd4e d'un PQemç,épïquç cirtx de la deHj 1 



<it TABLE 

tructîon de la tigue par Henri JV. rr. $t r« Le* défaut! 
■d'un poëme fautent moins aux yeux que ceux de* ta- 
bleaux , J, : 9 8. Le dcgoîu ne ïambe que fur la mau- 
vais partie du poërae , 1. 2 S?. Chaque genre de poè- 
me a quelque cliofe de particulier dams ia poëlie de 
fon ftyle, I. 294* kffulv. Ce qui donne aux poërnM 
■n boa ou mauvais fueeè* , L joo & fuiv. C'elt par 
la poëfie qu'il en faut juger ,1. 30t. Les poèmes dra- 
matique* doivent înfpirer la haine du vice & l'amour 
de la venu, I. 461» Ce que dit Racine à ce fujet , 1. 
45i. Ce qu'on entend par poèmes en profe ,1. 5 1 °* 
11 faut un longtems pour connoitrc le mérite d'un bon 
poème , II. +-n. 

Poïfit. Son but principal eft de fflater nos fens & no- 
tre imagination, I. ij. II. 1. Elle arVoiblit , félon Pla- 
ton, l'empire de l'ime fpirltuelle, 1. 4$. Chaque genre 
de poëfie nout charme à proportion de fon objet, I. 
6i e> Juin. La poëfie dramatique des Romain» fe divt- 
foit en crois genres , & chaque genre en plufïeurs ef- 
pécei, 1. Hé. En quoi coniirte la poeiîe du ftyle , I. 
aji. &fiiy. Elle fait la plus grande ditférencc qui 
foie entre les vers & la profe, 1. 298 b Juiv- Par quel 
motif lit -on les ouvrages de poëfie } i. îoj. Les crur- 
ales de la poëfie du ftyle nous font oublier fes défaut» 
en la Hfimt , L jos b f<àv- But que fe propofe la mt- 
chimique de la poëûe, I. m. La poëlie Fran^oifene 
peut égaler en aucune forte la poëfie Latine , I. j 1 i. 
Les règles de celle-ci font plus faciles que celles de 
l'autre , 1. 341. & fuit: La poëfie Latine tire plus de 
beauté de l'obier vat ion de fes régies , que la poëlie 
Frartcoife des Hennés, ï, j+3. La poëfie a fervi de tout 
•era* ehex les Nations les plus grofTieres à conferver 
là mémoire des événement paffiis, 11, 5 S). Le goût 
tuturel pour la poëfie t'efl. plus cultivé en France que 
celui de la peinture. II. 417. Quelle eft la meilleur* 
preuve de l'excellence d'une pièce de poëfie , II. 441* 
Terni pour en juger faineroent, II. 44l> Le jugement 
qu'on porte d'une pièce de poéfie eft formé fut !• 
fetiriment , II» jiS. Une pareille pièce qui a plu dan* 
MU lu #étlcj palft* , dote uujguxi plaire , il, s li* 




DES MATIERES, 419 

Su beautés Te renient mi aux qu'elles ne fe connoilTcnt 
par Ici régler, H. 52t. On n'eft pas capable de juger 
du mérite d'une pièce de poëfie donc on n'entend pat 
la langue, II. 5 3 5- Elle perd dam la traduction l'har- 
monie & le nombre, II. f+$. Des défauts qu'on croit 
voir dans la poëfie des Anciens, IL $61. La j-ocïio 
demande une imagination échauffée , 1J, 14. Elle s'é- 
leva tout d'un coup en France fous le règne de Louil 
XIII, H. 190. En quel teras la poëfie dramatique * 
fait plus de progrès en France, H. 102. Elle tomba 
fous le règne d'Augufie , quand tout confplroit à la 
loutcnir, il. toi. Une poelîe qui couche beaucoup, 
doit être exacte, II. 1 3 9. Tout les hommes font en 
poffeffion de donner leur furTrage fur une pièce de poe- 
lîe, 11. 3 5 S- Ce jugement doit eue fondé fur l'expé- 
rience plutôt que fur le raifonnemenc, IL 3 66. Le* 
principe» de la poëfie font fouvenc arbitraires, II. 367. 
11 n'en eft pas de la poëfie connue des autres fciçnces. 
]1. 3 7 3- Un ignorant peut en juger par llmpreftioa 
que la pièce fait fur lui, IL 3S2» Les fautes que lei 
gens du métier y remarquent, en retardent le fuctci, 
mais elles ne le déiruifent point , II. 39). 

Poêcts contractent , félon Placon , les mœurs vicieu» 
fer dont ils font des imitation* , I. 46. Un Poète doit 
prendre pour fujet de Ton imitation ce qui nous tou- 
cheroir dans la nature , I. r*. Les habiles Poètes l'ont 
tait alnli , I. 6j bt J\àv- lie nous peuvent dire beau» 
coup de ehofes qu'un Peintre ne fçsuroit faire enten- 
dre, 1. «4. (ïfuiv. Ils nous affectionnent plus facile- 
ment à leurs perfonnages qu'un Peintre , 1. > S. & juif , 
Ht arrivent plut furement que le Peîntie à l'imrtaiioa 
de leur objet, I. 91. (y juin, ils ne fçauroient rendra 
la diversité des caraâcres fcnlîble dans leurs vers, 
comme un Peintre dans fet tableaux,!. ?j & fui», 
S'il eft à propot qu'ils mettent de l'amour dans lea 
Tragédies, 1, j2j». Comment les Poètes François en 
OOtafcufc, I. [37, lit doivent choilir leurs héioj dam 
des tems éloignés d'une eertaioe diûanee , 1, ii+ 6» 
feiv. Les Grec* fe (ont éloignés de cette régie , 1. 1 ff • 
«UlF/açcaJi se l'ont pu t«wj>i*t» fuWie , J. tfre. V(tt 



fis t A B 

ge que les Poctes doivent faire âei aélîont' allégori- 
ques, I. 116. Avec du génie un Poète trouve tou- 
jours de nouveaux fujecs à traiter, I. 241. 6" _/tiir. 
II ne doit rien mettre dans Tes fuiets contre la vni- 
femblance , I. i+s. Les Poètes tragiques pèchent Cou- 
vent contre t'Hilioirc, la Chronologie & la Géogra- 
phie , 1. z5;. î? fuh. Le* Greci font tombés dan» ce 
défaut, I. 2<5$. Ce qui fait qu'un Poète plaie fansob- 
ferver Les règles , II. 1 1. En quoi coniîite le génie de» 
Poètes, 11- 14. Un homme ne Pocre n'a pas befoin de 
maître, 11. a*. C'eft la nature & non 1 éducation qui 
fait le Poëte, II. $1. Quel eft le défaut de ceux qui 
font des vers fan» pente , 11. 5 7- Comment on peur 
s'aider des ouvrages des anciens Poëres, II. 2j. Util 
autant nu'dible aux Poëte» d'être dans l'indigence jqw 
de le trouver dans l'opulence , II. 10s. Tout le mou* 
de capable , on non , veut faite des vers , n. 1 10. Le» 
Auguftes & le» Mécène» font les grand» Poëte». H» 
1 1 1. Les productions des grands Poètes lear coûtent 
beaucoup , 11. 1 1 », Un mauvais Poëte eft toujours «•*■ 
tint de ce qu'il fait, II. 11+. A quel âge les Poète» 
parviennent au degré de mérite dont Us font capable» » 
II. 11S b fuii'm La bonne opinion des Potier médio- 
cres pour eux-mêmes efl fbuvent affectée .11. 1 3 9. Le 
fuiet de l'imitation fait ure ïrnprefTion légère fur les 
Poctesfansgénie , II. 38S. les grands Poètes doivtnr 
erre récoropenfés avec diftinSion , II. 1 40. Tous Poëte» 
doivent au public la fortune de leurs ouvrages , Il.jl»< 
II» ont peine à fouffxir leurségaux, II. )9i< No» bon» 
Poëtej François ont imité les Anciens , comme Ho- 
race & Virgile ont imité le» Grec» . II. 4c». Le» Poëte» 
du fîéde de Louis XIV feront, comme Virgile, im- 
mortels fans vieillir, II. 4 57. Ils ne déchoiront ramai» 
de leur réputation, II. 467. les Poètes ont été Ici 
premier» Hiftoriens de» Grecs , II. J64. Avi* de 
tilien aux Poètes , II. 571. Nous n'atteindrons- pat a» 
degré d'excellence où les rocres' anciens font arrivé», 
II, 591, les Poètes Grecs compofoient eux-mêmes I» 
déclamation de leurs pièces,* les Poète» Romain» fe 
dtebargeoient fm d'autre» de ce cxavail > 111. t *• 



r- 



DES MATIERES. *r 9 

Petogne. A quoi Ici Philofophej attribue rt fiferri- 
litfc , Jl. îio. 

Porphyre a partagé tes arts muficaux en cirq ans diffé- 
rais , 111. i?.Er> quoi il eft d'accord avec Aùfiiits , 
111, 14. A divifé en deux genre* les opérations de la 
votif, [11. 73. 

Portugais, établis en Afrique A dans les Inde! orien- 
tales, ont acquis par fucccŒcn de terns le n.înie génie, 
lei même? intli nations & h même configuration decorpi 
que les naturels du pays : 11. z66 & it6. 

pputjin. ( Le ) On l'a nommé de fon vivant le Pein- 
tre des gens d'efprit , I. îgç. On re peut le blâmer de 
ce qu'il s'eft fetvi de l'idée d'un Peintre Grec dans fon 
tableau de la mort de Germanicus, II. 56. Defcrip- 
tion de ce tableau, 1. se. Et de celui qu'on appelle 
YArta&i? ,. I. tU U n'a point fait d*él«\e qui fe fb".i 
acquis une grande réputation, II. i?tf. A été un Co- 
lorifte médiocre, H, ~j. 

Poudre à canon. C'tft au bafard que l'on en doit la 
découverte, 11, 481. 

PraJcm. Sa Tr_ gédie de Phèdre eut dans les commen. 
eemens un fucus qui balança celui de 1a pièce de Raci- 
ne, 11. +3 ô- 

Pratique cft plus certaine que la fpéculatîon , II. 
30 ti 

Préjugés. C'efl fouvent fur l'avis des gens du. métier, 
çjue fe forment les préjugés contre un nouvel ouvrage . 

JU 3S7- 

Prévention. Source féconde de mauvaises remarquei 
& de mauvais jugement., 11. 3??& $70. 

Prifckn, Auteur Grammairien du cinquième fiéck: 
définition qu'il fait des accens , III. sa. 

Pfùnsnciatiùn. Elle tfluya plutleuri changement cher 
les Romains , III. 177. Eft fu jette à la mode dans U» 
langues vivantes, 111. 17». Quinrilicn ccnfeillc d'en 
apprendre les séries d'un Comédien, III. 1 • 3- 

Publiç feroit un excellent juge de la Pocfïe cV de la 
Peiiii-rt, s'ilétoit capable de défendre : 
Cfifltre let.atjeinfïl -île» gesia tru nutirr. 1 . 

i i S. .1 revient tôt ou tard à fet» premier jugit:er.t& 
apprécie î'outwfe à fa juilç valeur . 

Tomt III» '§ 




«.•• TABtl 

fent Ton jugerne-nt tP. déflntéreiTé , Jiîrf. I 

TOÏe du fentiment qui efl la meilleure, II. i 3 ï . C: qafat 

entend par te mot de public » IL » J J. On ciamine trc 

objection qu'on fait contre la folidicé dei jugement du 

publie, 11» ?7 J.En quel ca* H peur fe tromper danifon 

jugement, II. 374 » 443. & /u'i'. H ne tetnete point 

ton jugement , IL 44*. 

Pucdlc. ( La ) Poème de Chapelain. Quel eilfcfl dé- 
faut; I. 302. Quel en tête' le Tort ,11. 441. 

Puget , habile Sculpteur Franfoi* , a *«i la préférence 
fut plulîeu» Sculpteur» italiens pour travailler àGéne* , 
IJ, 180. 

Pytade , célèbre Pantomime. Ce qui fe paiTâ entre lui 
& Hyla* Ton élevé au fujet de l'exécution d'un Monolo- 
gue, III. -9j. RépcMife qu'il fit à AuguAeau fujet de 
Baehylle, autre Pantomime Ton concurrent, 1 
D'où il avoit cûfflpofc fon recueil de* gefte* , III. Ml* 

Pythegoricitnt Pbilofophe» , avoient recours i >ii* 
flmphoniei pour calmer ou mettre eo mouvement le un 
efpriti.l. +71, 



yy VELITNS doit être regardé «omme le dernûr 
^^de» Peintreide l'Ecole d'Anveri. II. : ; j. 

Quittant:. Sa Tragédie intitulée : te faux Tîbtriw t 
pèche contre la viai-femblance, I. iji. Le reptoebe 
qu'on fit a Ce s premiers Opéra étoît mal- fondé , 
Set Ver* Lyrique* font trèi-propres a être mi* enmufi- 
que, 1. jos. Quelle a été la deAinée de fe* Opea , II. 
409. Il y a cinquante an* qu'on n'ofoir le regarder 
comme un Poète excellent, IL ifti'J. Le contraire eft 
arrivé aujourd'hui, ]j, 410. 

Quinquina. Le* moderne* ne doivent point fe pré»*. 
loir de la découverte de ce fébrifuge pour faire trahi 
qu'ils onc plui d'habileté que les Ancien* , II. 50c. 

Quinrt-Curct, On fixe le tenu dan* lequel II a Tétuj 

11. 2 0*. 

Quinrilien, Sa réponfeà ceux qui vouloïenr que 
Ecrivain* Latin* pluiTent autant que les Grecs , I. 3 S». 
En quel teins il a écrit fur le* caufcs de la dccaden<e il 
l'cioquencc La.tkïj U, a*i* ;i tent, «,u*on chejt:t ié 




DES MATIERES. 



4î» 



<Tiff<frenee d'éloquente des Athéniens & des Grecs A(ïa- 
tiqoej dans leur caraftere naturel , II. 26S. On ne lui 
peut oppofer aucun Auteur moderne pour l'ordre & ta 
folidité dHraifonnemen»,ll. jo«. Quelle eft la défini- 
tion qu'il donne de la mulique, 111. 8 & 9. Pallâges do 
cet Auteur au fujee des Mafques dei Anciens expliqw* 
par M, Bç/mdin , 111» zor. 



XV AC1NE , loin d'avoir été élevé pour 1* théâtre , 
en lui cachoit tous les livres de la Foi-fïe FrançoJfCg 11. 
îo. 11 n'eût pas réuflî , s'il eût continué à tompofer de*. 
Tragédies dans le goût de Corneille, H. 52. Il étoit au|Ti 
giand déclamateur que grand Poète, 111. j 57. La criti- 
que de Ces pièces n'a pat empêché qu'on ne les eflimât , 
II.41 1 •Pourquoi il e(V plus grand dans Athalie que dana 
tes autres pièces, II. 552. Exemple de la beauté de In 
pociîe de fon ftyle , 1. zg 6 , De quelle façon fa Tragédie 
de Phèdre noua émeut, I.jc,i:j bf fuiv* Lefujet de 
celle de Bérénice eft mal choifi, I. 127. C'étoit cciledc 
f« pièces qu'il yaioilloit eflimer davantage, II. 140» 
Examen des fautes d'hifloire qui font dans cetic pièce 
& dans celle de Britannicus , 1. :j7 bfiiv. Et contic la 
Géographie dans celle de Mithridate, 1. 1 fis. 

RaphaïL On fait voir la beauté de fon génîe , & l'osa 
cite pour exemple fon Tableau où Jeftu-Chrift donne les 
fiefs à faim Pierre, I. p?. Celui où l'aint Paul prêche aux. 
Athéniens, I. ico. Et celui d'Attila, arrêté dans fai 
courfe par fa'mt Pierre & faine Paul, L 4f3. Il devint; 
en peu de tems beaucoup plus habile que fon maître , U. 
ï ! & s 8. Comment il feut profiter de la grandeur de» 
Idées de Michel- Ange , en peignant la voûte des Loge* 
du Vatican, II. 47. Jl perfectionna fon coloria en voyant 
un tableau de Georgeon ; fon tableau appelle la Mcflet 
du Pape Julea , en fournit une preuve j II. s e • Ha exé- 
Cuté en dedein le mariage d'Alexandre <Sf de Roxan- 
ne j fuîvanr la defeription d'un ancien tableau faite par 
Lucien, I. )j>7. Avant lui les tableaux ne tcuchoïent 
point , II. 184. L'italie féconde en grands Peintres par 
ibn moyen , 11, 1 s a, U » fermé un grand non l-r; d'ete- 

S ïj 



ves j dont les ouvrage* /ont une partie de fa gloire . iï, 
i "o. Il n'a pas eu encore (on égal a jjj i, 

Récompenfeu Si elle* font dirtri buées avec équité 
elles font un grand encouragement pou/ les anifans , IL 

J3H. 

Règles. L'iifage en rend la pratique facile, IfT. 347. 
Ce n'eft pas fouvent l'ignorance des règles qui fait pé- 
cher contre elles , 11. 10$. 

Rijkxions* Ce n'eft que par leur moyen qu'on peut 
tirer du fruit de ce qu'on lit, 1. s. 

Religion fervit de prétexte aux guerres civile! du 
tems des Valois, IL 330. On peut faire un e:«elkat 
ufage dans îa poelîe des miracles de notre Religjon, 
pourvu que ce foit avec décence, I. iss. Chaque Na- 
tion met beaucoup de Ton caractère dan; le culte de 'i 
Religion j U, x«Sp. 

Reprtfentarioni • Ce que dit M, Adiflon, Poê're An- 
glois , fur leur décence, 1. «h-<5. Comment on peut en» 
tendre les pa liages des Anciens, fur les repréfentaûonj 
théâtrales, 111. ij"!. Quant a fini la ceffation du rc- 
préfentations des Anciens , & ce qui y a donné lieu , II» 
320. 

Rime coûte beaucoup, & jette peu de beauté 0M 
les Vers, 1 a $7. Son agrément n'eft pas comparable 
au rithme & à l'harmonie du Vers , I. jjy. Elle doit 
fon origine à la barbarie de nos Ancêtres , I. 36:. t? 
fuir. 

Rhoikns. Avec quel refpeéî ils conferverent le tro- 
phée qu'Arthemifeavoit érigé dans leur ville, II, 14: 

Rithme. En quoi il eonfifte en mufique, I. +«•. Ser- 
vait autant 3 régler le gefte que la récitation j III. :;- 
Eft, félon Platon , l'amedu métré, III. 3.3. D'où «c 
noit la beauté du rithme , III, p j. 

Rvbtrval , grand Géomètre commença pargardsr !ti 
moutons,! 1. îi.Sa feience fpcculative ne lui fit rien ima- 
giner d'utile au 'liage ic Tnioavile , 11. 303, 

Ru.''.-i'"\- (La) célèbre Actrice. Son merveilleux rahn 
pour la déclamation , [, 4.3$. 

Rol-7i.lL,-][-\ tflébrc Muficienj étoft Françgij, 4 
non pas Julien , -îs>ï. 



■ 



DES MATIERES. 



* l l 



T 

.a j4B ARD TLLO. Sorte de maladie fréquenta 
ctent l'Amérique , II. z6i. 

Tableaux. Caufenr un plailîr fenfïble, qu'il eft diffi- 
cile d'expliquer, I. i b fwv. Ils «citent en nous lei 
paillons, 1. i t. L'imitation nous attache davantage dans 
les tableaux, quelefujct même de J'i initiation, I. sg d> 
fuit'. Les beautés de l'exécution rendent un tableau un 
ouvrage précieux, I. 7 3. II. 401. U efl des tableaux qui 
touchent cous les hommes en général & d'autres en par- 
ticulier , 1. 7 5. Ileft difficile qu'un tableau reuHide, tt 
ne touche en ces deux manières,. UfS bfiiit. En quoi 
confifte la eompofition poétique d'an tableau , I. 181. 
Los défauts de l'ordonn«nee nuTent beaucoup à l'effet 
des beautés d'un tableau. I. zSS, Exemples de plufieur* 
tableaux qui ont laie tomber dans l'illufion, !■ iî+û' 
Pài>. 

Talent ont été diftribués différemment à tous les hom- 
mes 1 , II. 1 o. Celui d'émouvoir à Ton gté.eft le plus puîf- 
fantdetous, 1. 41 • Comment les talens fe manifeftenr, 
II. 40 b fiât'. Un homme propre à touc , n'eft ordinai- 
rement propre à rien , II. 6 1 b fuh: L'ait ne fçiuroit 
donner les talent que la nature a refufé, H. 7s & 76» 
On ne doit pas les forcer, 11. 92. 

Targ on, [ Pompée ) célèbre Mathématicien , mais fan» 
expérience , échoue devant Oftende , 11. Jtf3» 

Taffr. C le ) Ce qu'on doit penfer de fon poème de h 
Jérufalem délivrée , I. Î09. 

Ttmptranicns.W y en a qui ne font propres ni à la poë- 
fïe , ni i la peinture , ll.joi. 

Tmicrs , ne réulfiffolt que dans lescompoiîtlons gro- 
terques , 1. 70. II. 7 3.. Eft tombé au-deffous du médio- 
cre, lorfqu'il a voulu peindre l'hifloirc .. II. 74. 

Terre. Ses émanations donc dépendent les qualités de 
l'air , viennent de la nature de* Corps qui y font renfer- 
més, II. 3C9* Elle eft un mixte compofé de folides & do 
liquides, U. 3ja« Les Modernes n'ont d'avantage fur 
lu Anciens que d'avoir mis dans tout fon jour !c fytli- 

Sw 



4kl TABLE 

me du mouvement de la terre autour du taleîl , IL 4*1 
tf Juin. 

Théicrt. Le Théâtre des Anciens n'étoit pas un t ri-* 
bunal comparable au nôtre, pour te qui concerne Je 
jugement des pièces, 11, 43 g. Leurs théâtres éioient 
plus vafles que les nôtres & moins éclairés , III, 197, 
Les mafques de leur» Adeurs &- les vafes d'airain qu'ils 
placoicnt dans leurs théâtres augmentoicsu la force de 
la voix, III. ijï & ut. Let théâtres fiireni fermés lorf- 
que Rome fut prife & ruinée par Totila ,111. 32 t. Ea 
quel fens on peut dire que les théâtres furent alors fer- 
més dam Rome, III. 32). On a toujours obfervé une 
grande décence quant aux geftes fur le théâtre François, 
III. 17 r. Il y avoit à Rome un nombre prodigieux de 
gens de théâtre du tenisd'Ammian Marçellio, il|. 327» 
Un peu de vifion fut de tout tems l'appanage des gens 
de théâtre, III. is«. 

Thélcjles a été, félon Athénée, l'Inventeur de la danfe 
ou arc du gefte , III. a 3 :. 

Théoioricfl. Roi des Vilîgots ; estime qu'il faifoit d« 
Virgile, U. 1,6. 

Thermes de Caraealla & de Dioctétien à Rome , leut 
fûtnptuolïté&leur vafle étendue. II. zti. 

T'ûfea Parus , Sénateur Romain , n'a voit pal dédai- 
gné de jouer dans une Tragédie, III. us. 

Thi-Lift* Ce qu'il a écrit fur l'origine & fur l'hiftoira 
des repréfentationf théâtrales a Rome, III. itfj. Et fur 
ce qui engagea les Romains à partager la déclamation 
çntre deux Aéteuri , IL). 1*9 b fuïv. 

Ti:iïn. Combien efl touchant (on tableau de S. Pierre, 
Martyr, 1,72. L'Empereur Charles V lus fait l'honneut 
de ramatTer un de fes pinceaux, II. 60. 

Tontine. Pourquoi moins fréquent en certaines année! 
n'en d'autres, IL 3 s 3. 

tTorrictlli. Par quel hafard il fit l'expérience qui dé- 
J&ontre la péfanteur de l'air , IL 4x5», 

Tevriufort. Grand Botanifte formé par fon génie feul, 
}\i 3 3, Préférence qu'il donne à l'expérience fur le raW 
fonnemenr, II. 3 S s. 

TrtiufHons d'Auteurs dégénerenc beaucoup de l'ori- 
ginal , U. j 49. il crt dî;Hci:c de traduite avec puteté* 



DES MATIERES. 41* 

fidélité. 17. 5+î;& furtout en François Ici Auteur» 
Grecs Sf Latins , II. ibii. Défauts dans lefquels tombent 
nécçffàirement les Traducteurs, II. ibid. Un mot fonne 
bien dans une Langue, & n'a pas la même grâce dans une 
autre langue. II. 1+3 & fuiv. Il y a des traduâion» de 
Virgile 6c d'Horace suffi bonnes qu'elles peuvent l'être, 
I!. '!:. Mais elles ne donnent peint l'idée du mérite 
des originaux , IF. je*. On ne feiafle point de lire les 
originaux; on fc dégoûte des traductions , II. Ibii. Tra- 
duction de l' A rlotle & d u TalTe , lues avec peu de goût, 
II. fJ3. Différence entre la rraduction d'un Hiftorien 
& celle d'un Poète , II. j s+.Mot mis pour un autre Iner- 
te la vigueur d'une phrife , II. j j j-. Tous les jugemena 
qu'on porte d'un Poème fur fa rraduâlon . conduirait 
à des conclurions fauffes , IL $ <So. La traduction dea 
mon orchejîs Scfaltario , par celui de danfe t a donné 
lieu à beaucoup de faufTcs idées, III. 3.2.9, 

Tragédie. Elle attache plut que la Comédie, I. 58.' 
Pourquoi elle nous occupe davantage, I. ï 3. On fourTre 

Îilus volontiers le médiocre dans la Tragédie que darta 
a Comédie, I- 5 *- File doit faire eftîmer aux homme» 
ceux qu'elle veut taire plaindre ,1. 1 1 s . Elle doit exci- 
ter la terreur & la cornpafTion , I, ib. Un fcélérat fur la 
fcèneeft peu propie à nous toucher , 1. 1 1 6. Qu'eft-ce 
qu'un fcélérat en poéile, I. 1 17 & jhu: Quels perfon- 
tiages peut-on introduire dans la Tragédie ,1. j : o. Le» 
Anciens ont mis peu d'amour dans leurs Tragédies, 1. 
I i 7. L'affectation à y en mettre a fait tomber dan» plu- 
lîeur* faute» , I. 140. Le» Tragédies dont le fui et eft 
(pria dans l'hiftoire des deux derniers ficelés, font pres- 
que toutes tombées, I. 16;. Les Romain» avaient 
des Tragédies de deux efpéces, & quelles elles croient, 
I. 168. Défauts des Italiens dan» la repréfentation d* 
la Tragédie , I. 4 41. La Tragédie eft trop chargée de 
fpcétacle* en Angleterre , & en eft trop dénuée en Fran- 
ce, I. 44?. Elle purge le» palRons, & comment, I, 
45 g 6" fuiv, SI elle ne le fait pat, «'eft à la déprava- 
tion du Poe'te qu'on doit l'Imputer,, I, 40+. Une Tra- 
gédie dont la déclamation ftrc'.t écrite en notes , au toit 
|e même mérite qu'un Opéra , 111. } j 4. 

Svj 





TABLE 
Tr&ysïlnt peut donner au g<5nie plus d'étendue qu'il 
n'en », IL 78. 

V 

y AND1CK. On ne lui a pas d'abord rendu Jufïï- 
ce , II. 4*6. On en cite un exemple, ibii. Description 
d'un de fet tableaux reprefentanc Béli faire en poiluie 
de mendiant, II. +1 8. Carie Maratte ne put s'empêcha* 
de laiflêr échapper en le voyant t un mouvement de ja- 
lo'jfie , il. 419* 

Variliss, Le: Sçavans le blâment, Se Ici Leâeurste 
Louent a eaufe de Ton ftvle, II. Ho. 

Vafis d'airain propre: à fervir d'échos, places dam lei 
théâtres, J1I. ni> Quelle étoit la ferme de cet vafes, 
Ul. 21'. 

JSaubani ( Maréchal de) Ce qu'il penfoit du génie Je 
Céfir pour la guerre , II, 591. 

Jfaudtvilits, Goût particulier qu'ont les François pour 
cette efpéce de poëiîe , II. 27c 

Iftleius Patfrcu/uj. Ses reflexions fur la deflinée dei 
fiéele* illuftre* qui l'avoient précédé , 11. 14 y tffuiu. 

ytraniji, ( Paul ) Son tableau des Noces de Cani , 
plaira toujours malgré Tes défaut», II. y57« Comparai. 
fon de Ton Tableau des Pèlerins d'Emails > avec celui 
de la famille de Darius de Je Brun, ]. zs$» 

l'ers François font fufcepribles de beaucoup de (J- 
dence & d'harmonie , 1. 3 j ï tf fia v. Les vers latins 
leur font Supérieure, 1. j6+. tïftùv. La récitation de* 
Ver» leur donne une force qu'ils n'ont pas quand en les 
lit , St pourquoi j I. +aS (sf fuiv. Vers de palTage, en 
ufage du tenu de Malherbe , IL ipt. Les Vers qui con- 
tiennent le» fentimens font les plus propres a tneu te en 
tnufkjue, I. lOj.Ceuic qui renferment des peintures & 
des images, ne réuffillen: pas fi bien en mulîque. I. jc+, 

Vins. Quels font ceux qui retardent le plus les pr> 
grès des jeunes Aftifam, II. 97 tfjiùv, 

Vila a parfaitement bien dépeint les tranfportid'iii 
jeune Poète qui lutte contre fon génie. II. coi, . 
fcuoit a l'action de l'air les inégalité» de l'cfpiii , I!. 

Vin. Sa paffioneft dangereufe dans Ici Peintres .V dan 
le; Poï'îe, 11. ic». Ce feiuintiu eft appujé de celui 



DES MATIERES. +11 

Romains. Cara&erc de s ancien* Romains-, !I. îqd. Gn 
quoi ceux d'aujourd'hui ont réellement dégénéré. 11, 
as»' L'éloquence conduiibit chei les Romains aux pre. 
mitres places, III. 114. Quelle a été leur paflïon pour 
les fpc&acles, III. 17;. Et en particulier pour les re- 
préfentations des Pantomimes ,111» 313. 

Romens, Quelles imprefifions leur Ieclare fait fut la 
jeune lié , 1. la. Sont des paëmcs, à la mefure & à la 
rime pris, I. jio. 

Romt. Ondoie à Ta grandeur tous les hommes itluftrei 
qui ont paru foui l'empire d'Auguftc , II. 147, Sa dé- 
■vaftsttion par Alaric ,a été la caufe de l'anéantiflèment 
des a rt s éV des lettrer, 1 1 ■ 1 1 9 - C li ange mens ar ri vés da na 
l'air qu'on y refpire , II. 2j> j, A quoi l'on peut attri- 
buer la caufe de cette altération , II, 29*. &_/ùîv, Soa 
climat eft aulïi moins froid que du terni des premier! 
Céfart , II, 297. Rome elt l'endroit où Ton peut micuc 
juger d'un ouvrage de Peinrure , 11. 4i4. Tout y con- 
court a nourrir le goût de la Peinture , 41 ;. Le peuple 
y elt jaloux de la réputation des Peintres François, 11» 

Rùnfard, Quel jugement l'on doit porter de fei Ver», 
II. 44s, Quand ilparut, on n'avoit aucune Poëlic qu'on 
pût lire , 11.447, De quel lënron peut le regarder corn» 
me le premier des Poètes François , II. ibii. Sa deilinéa 
n'çft pas à craindre pour nos bons Poètes François , 11* 
4fî. 

Rofcius , célèbre Comédien , jouiiToic de la plut gran- 
de réputation qu'on puiiTc acquérir, 111. 114, 11 char* 
moit flirtant pat l'élégance de fon gcfie, III. af 1. Ci- 
céron qui étoit fon ami, fe faifoit un plailïr d'entrer 
avec lui en diiputc, iiii.ll jouilToir de plus de cent mille 
franct de gage par an , lit. 87». 

Rorrou, fon Vineeflas ptéférable a plufieur* pièces de 
Corneille, II. 4î*. 

Rubens a introduit un trop grand nombrede figure* 
allégoriques dans fes tableaux de La Galle» ie du Luxem- 
bourg: Examen qu'on en fait, I. 196. I97.ioî.îij. 
11 eft encore plut repréhenlîble de l'avoir fait dans un 
tableau ou il a voulu exprimer le mérite de l'intcrccITiori 

S; defcriptlon de ce tableau , I. » 1 7. Compofi. 
„ 



4:4 TABLE 

lion ingcnieufe eV nouvelle d'un Je f« tlMeanx rîprf- 
fentant Jefus Chrift crucifié, I. i}i. Son Traité Laûi 
fur l'imitation des Statues antique* , II. S8. L'école fa- 
rneufe qu'il avoit établie à Anvers eft tombée quand 
tout paroiflou concourir i la foutenir, Li. 23 J. 



:" 



S 



AjSONS. Pourquoi leur température varie «Liai 
certaines années dan* le» mérou pays ,11. 1 1 5 (ïfuii 

Siiitiu , ancien» Prêtres Romains , Its vers qu'il» 
récitaient, avaient un chant arJeâé, III. ici. 

Salins Areadien , gft le, premier qui ait çnfeigné lui 
Romaini l'arc de laSaltation , M. 219» 

Silcation, Son ctimologie , III» 219. Lu Anciens 
compienoient fout ce terme plulîcuii cliofet qui d'oui 
point de rapport à notre dan Ce , III. 2 î 1. L'art du gelle 
tailoit une dei parties de I3 Salraiion,ir>i(i. Cette opinion 
efl appuyée du témoignage de plmieurs Auteurs de l'an- 
tiquité , 1U. » J4 fyjuiv. L'an de la Sal ration «R perdu, 
1U. 160. 

Satyre Me'nipp/e fera toujours e (limée , I r. j 9 s . 

Sàencti naturelles font aujourd'hui plus parfaite! 
que du tems de Léon X & d'Augufte, II. 47+.QuelIe <a 
efl la caui'e ? il. 4 7 S . On en doit au tems tout l'aranti- 
pe , IL 470. 

Scorbut, Pourquoi cette maladie eft tare «n Hollu* 
dé , II. 307. 

Satdtri. Son Poème intitulé: l'Amour Tyr-mniqui , 
cil demeuré dans l'oubli maigri- la diflertation de Sar- 
i-axïn, U. atl> 
A"fu/p«urj.La plupart des Sculpteurs Romaini av oient 
fait leur appren tidar/e étant efdave*. II. 2 2 r. Et par-li 
ils pou voient faire de plus grands progrès que les per- 
tonnes libres , IL 221. Les Sculpteurs François qui ont 
paru fous le règne de Louis XIV. ont été jugé plus habi- 
le* que lu Sculpteurs Italiens, IL 180 (y fuir. 

Sculpturf. Elle demande les mêmes caJens & les mê- 
tnei partie* que la Peinture. I. 5 18. Il n'y faut pas tant 
de génie. 11. 179. Il efl facile de juger à laq-i 

fjeut donner la préférence d»; U Sculpture anti.jue ou 






DES MATIERES. + if 

la noire , I. 3 86. La Sculpture & l'Architecture et aient 
déjà déchues fous 1 Empire de Severe, II. icï. Et en- 
core plus fout Conftantîn le Grand, II, 205. Quoiqu'on 
ne l'eût peut-être jamais autant exercée ï Rome que 
pour lors , [I. m, 

Stmtia. Ce mot îïgnifioit toute! forte* de (ignés en 

JDtlfiquC , III. i6. 

Senequc avoue la paiTîon qu'il avo'it pour Ici repre- 
fentarions des Pantomimes, III. 3C6. 

Sens. On eft rarement trompé par leur rapport dif- 
tin -t , II. 3 5 8. 

Semimtnt. En quoî il conlîfte., II. 3 3 9. On i uge mieux 
parlentiment d'un ouvrage que par difeuflion , II. 1 j 9 , 
i es, js«. Il n'eft point du reflon du raifon«iement , 
II« i+o. Il en eftde ce feoti ment comme do goût de* 
viandes , II. 1+1. C'eft un don naturel qui ne peut fe 
communiquer , II. 343. Il eft dans tous les homme; , 
mais inégalement, II. %6g. Il conduit tôt ou tard à 
«ne uniformité de jugement , II. 370. Le fentiment 
juge feul de ce quieft utile & agréable , II. 378. Quelle 
eft la partie dont le fentiment ne fçauroit juger , ïb, La 
fentiment s'ufe dans les A rtifans fans génie , II. 3 S4V 
Celui qui eft confirmé pat le fentiinent de* autre*, per- 
fuade mieux que tout Ici rationne mens ,11. 1 jo. Oh 
n'excite gucrei la euriolité en défendant un fencimenc 
établi. 11, m, 

Scri-rr.q ut Calvin rît brûler à Genève, a connu la cir- 
culation du rang , II. 494» 

Siéclt. Si ce mot doit toujours être prit pour un ef- 
face de cent ans , II. j 3 5« Quatre fiécles dont les pro- 
ductions feront éternellement admirées, II. 14t. Pein- 
ture de ces heureux fiédei, ilid. (f fuiv. D'où peu c 
venir que certains ficelés font fanguinalres * cruels , II. 
33 e. Dans d'autres fiécles les hommes ont an cloigne- 
ment Invincible de tous les travaux d'efprit , II. j $:• 
Notre lîe> le par rapport aux fcJencet naturelles , eft plut 
éclairé nue ceux de Platon , de Lcon X cV d'Augufte , 
4 74. Mais on n'y raifonne psi avec plus de juftelTè , 11. 
47 r. 
StMl . n'eft point c itt(a fa s variations d' P«lr, II, 3 1 <• • 

S IV; 



4 if TABLE 

.11 y en a <3c d eux forte* avee lefquels leshottitr.ei 

fe donnent à entendre 1er uni les autres I. j 19 crju/V. 

Spectacles Ici plus atîrcux ont leur* attraits . I. 12 &" 

Spinale , ( Ambroifc ) aide de Ton génie féal & de Fa 
pratique , fe rend maître d'Oftende ,11. 26;. 

ïiutcès , peut être l'effet du pouvoir des conionâuret, 
IF. s - : . l^itand ces futecs fui vent en grand nombre , ils 
ne font plus I erTer du pur hafard , II. î 73- 

Sueur , (le) Peintre. Progrès qu'il fit dans Ton art 
fan; avoir été a Rome , 11. Cg. La ialoulîe dei Elèves 
de le Brun, oblige d'enfermer les tableaux que le Sueur 
a peinrs aux Chartreux , 11. 41 v. Il n'a joui de route 
fa réputation qu'après fa mort, II. *ï t. 

Sujet! Leur choix cft extrêmement Important , ! 
Comment on peut rendre iméreftàns lu fujets dogmati- 
ques , !• 6 1 1 Inconvéniens de traiter ceux qui tirent leur 
pathétique de l'invention del'Artifan, I. 8;. lleft dei 
fujers qui font plus avantageux aux Peintres, et d'au- 
tres qui le font aux Poètes.. 1. 8+ tfjviv. Il en eft qui 
font propres à chaque genre depoëiîe, & à chaqt; 1 
de Peinture, I. tu. 

Syllabes., avoient une quantité replie dans la '. 
Grecque & dans la Latine, 111. 30. Leur quanti. 
relative , III. Iri 

Symphonies doivent avoir un aaradere de vérité, U 
4-71» Ellet font propres à remuer le cœur, 1. 4': &■ 
fuivt Elle» contribuent à nous faire prendre inicrà à 
une pièce, I. +77 tf/uiv» 11 y a une vraifemblance en 
fymphonie, comme en poïfic , I. 4.' 1. Elle doit taire 
autant d'impre/fion fur nous que la déclamation, I. 
4*a. Les fymphonies doivent avoir du rapport avec 
l'aâion , I. t*3. Elles émeuvent quoiqu'elks ne foient 
que de fimples imitations d'un bruit inarticulé, 
SI» 

SyftJmrs- Rien n'efr plus déraifonoable que de t'ap. 
payer du fuffrage des ficelés & dei nations pour fgun* 
Blï utifyftêrae, IU $t5» 







DES MATIERES, 41, 

iti anciens Auteurs, 1t. 103. Le vin devenu une boi(> 
fon d'ti! ace dam plufîeurs pays où iJ ne vient point, a 
pu contribuer au changement de ea ratière àts peuples, 
li )- ;. Pourquoi les vins d'un même terroir font meil- 
leurs en certaines annees qu'en d'autres , il. in. 

Virgile, Comment il fe fit conneirre de l'Empereur 
Augufte, JI, »9. A quel âge cVdans quel terni il corn» 
menyaà faire des Vers, il. 126. 191. Si on doit Je re- 
garder comme plagiaire d'Homère, II. Sj. Il n'auroit 
peut-érre pas produit fon Enéide , s'il n'eût été favorrfc 
par Augufte, 11. 1 11. Eft encore plus loué ; que du temi 
d'Augufte , II. 4*6 S: 5if- A qui ce Poète eft redeva- 
ble de fa grande réputation , li. 5x2. 11 croit lu parlée 
enfant dès le teins de Juvenal , II. 5 j 5. Dès le tenu de 
l'Empereur Juftinien, on le nommoir par excellence- le 
Poète j 11. 52+. Il ne doit fa réputation ni aux traduc- 
tions . ni à Tes Commentateurs, 11. il. EiVime qu'en hi- 
foit Thcodoric, II. jitf. 

Virmvi. llfe plaint de ce que les Romains négU- 
geoient de placer dans kirs théâtres , comme fa 
les Grecs » des vafes d'airain propres à. fervir d'écho»., 
111. a a a . 

Voix. D'où vient que celle des Mtilîciens Italiens Te 
fait mieux entendre que celle des Muliciens François , 
III. 122. Divifion des fons de la voix , fclon Cappella w 
111. 7 5. L'art de la fortifier & de la ménager pratiqué 
p.tr les Anciens, III. a9î. Méthode inventée par Né- 
ron pour fortifier la voix, 111. zS+. 

Volcans Pourquoi ils iertent plus de feu en, certaine! 
années qu'en d'autres ,11. 314» 

Vnjfius, ( lfaac ) Son fentimenr fur la mullque moder- 
ne , 1. 47 j. A indiqué les ouvrages des Anciens qui 
montrent comment on écrive» en notes les chants rau- 
ficaux, 111.3 6, 

Vraiftmltir.ee. Comment il faut la garder en poë- 
fie, I. x+7 tr fuiv. L'art de concilier la vraifemblance 
& le merveilleux eft difficile à enfeigner, 1. an.La 
vraifembbnce eft l'ame de la poefîc , I. «54. H y en a 
de deux fortes en peinture, la vraifemblance poétique 
& la vraifcmblanec mécanique* 1. 257, En quoi cllcj 

H,llJilti.3lt , lild, 




4Ji TABLE 

Ufigt eft le maître de» mon, mais rare méat de» re^ 
gletde la Syntaxe, II» 414* 

Vuï a plut d'empire far l'âme que le» autre» fent j 
I*4l4> 

Woton. De quelle façon 11 a écrit en faveur des Mo- 
derne» contre le» Ancien» , L j se Jugement qu'l 
yorte du parallèle de Pérault , I. isi & 156. 



Fm ù là Tdlt ta Mâttîtns. 



APPROBATION. 

J'Ai lu par ordre deMonfeigneur le Garde: des Sceaux 
un Livre imprimé qui ■ pour titre : Réflexions criti- 
gués fur la Poefit (?JUr fa Peinture , qui font conlîdéra- 
b'ement augmentées par des recherches fe avant es & cu- 
rieufes , deïlinée* pour une nouvelle édition ; & j'ai cru 
que cet Ouvrage, autant par le mérite de la matière , 
que par celui du fiyle , ferait très-agréable , & utile au 
Public , fur-tout aux Amateurs des beaux Arts, Fait ce 
ai Août i7î2. MORE AU de MAUTOUR. 

PRIVILEGE DU ROI. 

LOUIS, par la grâce de Dieu , Roi: de France <* 
de Navarre: A nos amés& féaux Confcillers le» 

Gens renanj no» Cours de Parlement , Maître* de» Re- 
quêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Conftil , l\«!- 
TÔt de Paris, B mil ifs. Sénéchaux, leurs Lieutenant 
Civils , & autres nos JuAiciers qu'il appartiendra ; 

SALUT. Noire amé le fienr Prffii , libraire à Parit; 
Nous a fait expofer qu'il delîroic faire réimprimer Se 
donner au public un livre qui a pour titre } Rrflcxhnt 
rriiifutr \*r la PeéfiefJ fur la Peinture , far M. P ' <4hbt 
du B',i\ t'il Nom plaifoitlui accorder nos Lettres de 

Iirivilége pour ce néccflàirci. A CES Causes, vou- 
ant favorablement traiter l'Ejpofant , Nous lui avant 
permis & permettons par ces Pré fentes, de faite im- 

f rimer ledit Ouvrage amant de fois que bon lui fera. 
Içra , dtdc le vendre ■ faire vendre & débiter par loue 
notre Royaume , pendant le tenu de neuf années tonfé- 
cutivci, 1 compter du jour de la date des I refîmes. 
Faifons défenfesi tous Imprimeurs ,' Libraires, & au* 
très perfonnei, de quelque «ju-ilké Ht condition q- .'elle< 
l'oient > d'en introduire de réimpression étrangère 
dans aucun lieu de notre obéiAànce; comme aufli de 
réimprimer ou /aire réimprimer , vendre , faire vendra 
& débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d'en faire 
aucun Extrait , fous quelque prétexte que ce puifle 
être , làns la pcrmiflïon expreflccV par écrit dudit Ex» 
po'int 3 ou de ceux qui auront droit de lui. à peine de 
toniifcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille 
livres d'amende Contre chacun des contrevenait* , dont 

m ticre à Nom , un jicri « i'tffcVPicfl 4c Para, ft