Please
handle this volume
with саге.
The University of Connecticut
Libraries, Storrs
» » » » +.4~Ь.^~*.+
Digitized by the Internet Archive
in 2009 with funding from
Boston Library Consortium Member Libraries
http://www.archive.org/details/rglementecclOOruss
ïtÈGLEMENT ECCLÉSIASTIQUE
/fi
DE PIERRE LE GRAND
TRADUIT EN FRANÇAIS SUR LE RUSSE
AVEC INTRODUCTION ET NOTES
LE R. P. G. TONDINI
Barnabite
ÉDITION. ACCOMPAGNÉE DB LA TRADUCTION LATINE
Imprimée à Saint-Pétersbourg,, en 1783, par les soins du prince Grégoire Ротемкиг
DU TEXTE RUSSE ORIGINAL
ET DE '
INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPRÊME DU SYNODE
PARIS
lIRIE de la société bibliographique
75, RUE du bac, 75
itfc Oates ' *Br|jxelles,
Pbrtrn. Street,
REGLEMENT ECCLESIASTIQUE
DE
PIERRE LE GRAND
STATUTUM CANONICUM
S1VE
ECCLESIASTICUM
PETRI MAGNI
VULGO
REGULA MENT UM
духовный v-еЛ; ^*.
РЕГЛАМЕНТЪ
ПЕТРА ВЕЛПКАГО
SAINT-QUENTIN. — 1MPKIMERIE JULES JIOUUEAII.
/6gf-
RÈGLEMENT ECCLÉSIASTIQUE
DE PIERRE LE GRAND
TRADUIT EN FRANÇAIS SUR LE RUSSE
avec; introduction et n oies
LE R. P. С ÏONUINI
Darnabitu
ÉDITION ACCOMPAGNÉE DE LA TRADUCTION LATINE
Imprimée à Saint-Pétersbourg, en 17S5, par les soins du prince Grégoire Potkmkin
DU TEXTE RUSSK ORIGINAL
KT DE
l'instruction du procureur suprême du synode
PARIS
LIBRAIRIE DE LA SOCIÉTÉ BIBLIOGRAPHIQUE
75, RUE DU BAC, 75
LoNDON, BUKNS AND ÛATES I BRUXELLES, H. GOEMAERE
Poi'tm. Street, Portm. Square, 17 . Rue de la Montagne, 52
1874
- ]...-•
x»xj лмсэелмсэе .Алслсэетегхй
ÉTUDES SUR LA QUESTION RELIGIEUSE DE RUSSIE
LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE, PROUVÉE PAR LES TITRES
QUE LUI DONNE L'ÉGLISE RUSSE DANS SA LITURGIE.
Paris, Palmé, 1867.
THE POPE OF ROME AND THE POPES OF THE ORIENTAL
ORTHODOX CHURCH. Londorr, Longmans. 1871.
Même ouvrage en français.
LE PAPE DE ROME ET LES POPES DE L'ÉGLISE ORTHODOXE
D'ORIENT. Paris, Pion, 1874\ (A paraître prochainement.)
L'AVENIR DE L'ÉGLISE RUSSE. Paris, librairie de la Société
bibliographique. 1874.
INTRODUCTION
I. Pourquoi nous publions Je « Règlement ecclésiastique ; a importance de ce docu-
ment. — Étatde l'Église russe au temps de Pierre I". — Théophane Prokopovitch,
auteur du « Règlement. »
II. La langue russe au temps de Pierre Ie"'. — Le « Règlement » comme monument
littéraire. — Premières éditions du « Règlement. »
III. Traductions du « Règlement » en diverses langues : en allemand, en anglais,
en grec moderne. — Traduction latine imprimée à Saint-Pétersbourg en 1785.
IV. Notre traduction française. — Les notes au « Règlement ; » raison de leur éten-
due. — Sources auxquelles nous avons puisé.
C'est pour contribuer à hâter la délivrance de l'Église russe
que nous publions le Règlement ecclésiastique de Pierre le Grand.
Rien n'est plus éloquent que la vue même de la souffrance ;
cette pensée nous a guidé dans le choix de cette publication.
Nous voudrions intéresser à la situation religieuse de la Russie
tous ceux qui sentent la dignité, la valeur et l'indépendance de
leur âme; qui, catholiques ou non, pensent que Dieu seul, et
l'autorité mandataire de ses volontés , ont le droit de com-
mander aux consciences ; qui, enfin, sont convaincus que celte
« royale liberté » nous a été conquise par le sang de Jésus-Christ,
et ne veulent pas rejeter légèrement un trésor acheté à un tel
prix. Or, rien ne saurait mieux intéresser à la situation reli-
gieuse de la Russie ceux qui partagent ces convictions, que de
connaître le Code religieux, encore en vigueur aujourd'hui ,
imposé par les Tsars à l'Église russe et d'entendre le langage
que lui tiennent ses dominateurs.
Pierre le Grand se vantait d'avoir été supérieur à Louis XIV en
un point. « J'ai forcé, disait-il, mon clergé à l'obéissance et à
(4
VI INTRODUCTION.
la paix, et Louis XIV s'est iaissé dominer par le sien *. » C'est
pour obtenir cette supériorité sur le souverain français, qu'il
avait fait rédiger le « Règlement » et l'avait imposé de force aux
dignitaires de son Église. Pierre non-seulement en était satis-
fait, il en était fier ; il considérait le « Règlement, » comme son
chef-d'œuvre , et l'appelait avec ironie son Patriarche. Politique-
ment, ce document est, en effet, un chef-d'œuvre, et Machia-
vel lui-même n'en eût pas désavoué la paternité.
En d'auîres temps, la publication du « Règlement » eût pu être
dangereuse. On aurait admiré le talent qu'il révèle, et le génie
aurait fait oublier le despote. De nos jours, nous ne pensons pas
qu'un tel danger soit à craindre : l'instruction ayant été géné-
ralisée, il est assez commun de trouver des esprits qui se croient
très-sincèrement supérieurs et, comme tels, ne subissent pas
volontiers l'ascendant du talent. D'ailleurs, tout le monde
possède aujourd'hui quelque teinture d'histoire, assez du moins
pour comprendre que, s'il y a un fléau pour les peuples ,
c'est bien le talent mis au service du despotisme.
Despotisme ! ce mot est bien dur , et même en parlant de
Pierre Ier, nous voudrions en atténuer la portée. Dans l'impossi-
bilité de nier le fait, nous obéissons à un sentiment de justice en
déclarant que, si Pierre a été un despote, il faut en faire remon-
ter la responsabilité à ceux qui eurent de l'influence sur ses con-
victions religieuses, plus qu'à lui-même. Ce n'est pas de lui-
même, ni d'après l'enseignement religieux de son Église, que
Pierre se forma des idées aussi exagérées sur l'étendue de son
pouvoir. Jusqu'à son avènement au trône, l'Église russe n'avait
pas encore abdiqué son indépendance; en principe, du moins,
elle ne reconnaissait pas au Tsar le droit de la gouverner. C'est
dans les pays protestants, en Hollande et en Allemagne, que
Pierre apprit la théorie de la double puissance des souve-
(I) Voi.tairk, Histoire de Pierre le Grand, II0 part. , cli. XIV.
INTRODUCTION. VII
rains sur les corps et sur les âmes, théorie païenne remise en
honneur par le protestantisme К Les Étals protestants, chacun
avec son Église officielle, gouvernée par le souverain, lui
suggérèrent la pensée de donner à l'Église russe une organi-
sation analogue à celle des Églises protestantes. Les conseillers
allemands, dont il s'entoura, le soutinrent dans cette tâche, en
soutenant ses convictions protestantes sur l'étendue illimitée de
son pouvoir; sins eux, certainement, il eût faibli.
Pierre fut, du reste, favorisé par les circonstances. Et d'abord
divers événements avaient déjà préparé la Russie à subir son au-
tocratie religieuse. Un peu plus d'un siècle avant Pierre, les
puissants Tsars de Moscovie avaient obtenu des quatre Patriarches
de Constantinople , d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem,
l'érection d'un cinquième patriarcat à Moscou, avec les mêmes
droits que les autres. Le Patriarche de Constantinople, Jérémie,
s'était rendu en personne à Moscou, et la consécration épiscopale
dont l'élu, Job, était déjà en possession, n'ayant pas été jugée suffi-
sante, parce que. disent les documents du temps « il fallait une
double grâce pour devenir Patriarche » Jérémie lui-môme, de
ses propres mains , en dépit des canons et des dogmes de son
Église, renouvela sur Job l'imposition des mains, l'invocation du
Saint-Esprit, et tout le rite delà consécration épiscopale 2. Par
l'érection du patriarcat moscovite, ainsi accomplie, l'Église russe
devint nationale et indépendante de celle de Constantinople ;
mais aussi, selon la loi constante et fertile en enseignements
(1) Frédéric Liitiens, l'auteur luthérien de la Disserlatio de religione Ruthenorum
liodierna, trouve aussi un point de ralliement entre la religion de Pierre et la doc-
trine de l'Eglise évangélico-luthérienne en ce que summa ilta et independem episco-
palis potestas (des papes) e diametropugitat cum jure Majestatico C£RCa Sacha , quod
antecessores Pelri I non neylvxerant, hic autem gloriosissimus [mperalor singulari studio
sibi vindicavit... Lutiens,o^. ci7. g XXII, p. 64. Nous reviendrons sur cette dissertation.
(2) Voir, pour les preuves, The Pope of Home, etc., p. 141. (Édit. franc., p. 224-227.)
VIII INTRODUCTION.
de toutes les Églises nationales , il fut dès lors plus facile aux
Tsars de lui imposer leurs volontés. La seule garantie d'indépen-
dance qui restât à rÉglise russe se trouva nécessairement réduite
à la fermeté de ses Pasteurs, surtout de son premier Pasteur,
le Patriarche de Moscou.
Parmi les Patriarches de Moscou , il s'en trouva un, en effet ,
doué d'une âme vraiment épiscopale; ce fut Nicon, qui occupa le
siège patriarcal du temps du Tsar Alexis Mikhaïlovitch, père de
PierreTr. L'histoire de l'Église , sous le patriarche Nicon, c'est
l'histoire de la lutte suprême soutenue par ce prélat pour sauver
l'indépendance du pouvoir spirituel. Il ne fut pas secondé, et, un
jour, il se trouva presque seul à lutter contre le Tsar. Par un tra-
vail habilement dirigé , les autres Évêques avaient été gagnés au
parti du Tsar. Nicon, condamné par ses frères dans Tépiscopat
(1666-67), succomba, mais il succomba en martyr.
Le jour n'est pas loin, nous l'espérons, où les Évêques russes se
demanderont s'il ne vaut pas mieux succomber comme Nicon,
que de rester Évêques comme on l'est en Russie.
Le Concile de Moscou, qui condamna Nicon, marque le com-
mencement de Fagonie de l'Église russe ; elle se prolongea jusqu'à
l'an 1700, époque où mourut le dixième patriarche de Moscou,
Adrien. Pierre venait de rentrer en Russie après son premier
voyage à l'étranger ; le moment était favorable pour achever
l'œuvre de réforme religieuse commencée par son père. Plus in-
telligent que ce dernier , Pierre comprit que si la faiblesse des
successeurs de Nicon avait laissé le Tsar tranquille, le danger
de se trouver de nouveau en face d'un pouvoir peu docile
subsistait, tant qu'existait le patriarcat. Nicon avait succombé ;
mais tout le clergé ne s'était pas rangé du côté de ses adversaires :
on murmurait tout bas confre les empiétements des Tsars , et le
cas pouvait se présenter où le siège patriarcal serait occupé par
un homme qui, dans des circonstances données , s'inspirerait du
souvenir des luttes du grand Patriarche. Pierre n'était pas dis-
INTRODUCTION. IX
posé à reconnaître dans cette difficulté même qu'il y avait de
tracer d'une manière précise les limites des deux pouvoirs, une
disposition de la Providence pour ouvrir un plus vaste champ
à la vertu. Il pensait et disait publiquement que Fidée des deux
puissances était absurde. Il était, sur ce point, tellement d'accord
avec les protestants, que son langage était le même et qu'il leur
empruntait jusqu'à leur formule favorite : qu'un pouvoir reli-
gieux indépendant « constitue un État dans l'État '. » Cette véri-
table grandeur qui consiste à savoir se sacrifier pour le bien
d'autrui et plutôt que de léser-un seul droit, lui faisait défaut;
son esprit était trop absolu pour qu'il pût admettre la seule pensée
d'un Concordat : aussi préféra-t-il trancher les difficultés à sa
façon ; il fut despote, plutôt que de tolérer des obstacles à l'ac-
complissement de ses plans.
Ici nous laissons la parole à un Mémoire sur la réforme de l'É-
glise russe, envoyé par la Cour de Saint-Pétersbourg à Voltaire 2.
« A la mort du dernier patriarche de Moscou (Adrien , f 1700) , Pierre
différa la nomination de son successeur, à cause des troubles qu'amenait
la guerre, mais il donna l'administration des affaires du patriarcat à Élienne
Yavorski, Métropolitain deRiazan , homme de savoir et étranger et, pour
cette raison, moins tenté, pensait-on, d'abuser de la confiance qu'on avait
en lui. Son titre était Exarque ou Vice-gérant du siège patriarcal. Mais la
charge de gouverner l'exarchat n'élait plus ce qu'elle était au temps des Pa-
triarches. Les petits détails étaient seuls portés à la connaissance de
l'Exarque, toutes les affaires importantes étaient soumises au souverain,
ou à une assemblée d'Évèques qui en délibérait. Ces Évèques venaient à
tour de rôle résider à Moscou ; quelquefois on les convoquait expressé-
(1) Règlement ecclésiastique, Ire part., n° 7, p. 24-25.
(2) Mémoire inédit sur la re 'forme de V Église russe envoyé par Catherine 11 à Voltaire.
Leipzig, Gerhard, 18вЗ. — Dans notre Étude précédente, The Pope of Rome, etc., p. 31-
32 (édit. franc, p. 51-52), nous avons prouvé que ce Mémoire n'était nulle-
ment inédit, mais qu'il avait déjà paru en allemand et en anglais.
X INTRODUCTION.
ment. En attendant, Pierre ne cessait de chercher une meilleure forme
de gouvernement ecclésiastique , bien que le clergé n'eût pas abandonné
l'espoir de se voir rendre son Patriarche. Il y eût même des intrigues
ourdies à ce sujet; on en soupçonna jusqu'à l'Exarque; mais ces ef-
forts furent vains. Enfin, Pierre le Grand déclara , dans une assemblée
composée de dignitaires et des membres les plus éminents du clergé, qu'iL
pensait qu'un Patriarche n'était pas nécessaire à l'administration de l'É-
glise et ne convenait pas au bien de l'État, et qu'iL avait, par conséquent,
décidé de donner une autre forme au gouvernement de l'Église. Cette
forme garderait le milieu entre le pouvoir d'un seul et celui des Conciles
généraux, deux systèmes sujets à bien des inconvénients , vu la grande
étendue de l'empire. Le nouveau système était un Concile permanent ou
Synode. Quelques membres du clergé firent des remontrances à ce sujet,
prétendant que le patriarcat, établi en Russie, non par la seule volonté des
prédécesseurs de Pierre, mais avec le concours des patriarches d'Oriont ,
ne pouvait être aboli qu'avec l'assentiment des mêmes autorités. On aurait
pu faire de pareilles représentations avant le temps de Pierre le Grand ; mais
ce prince connaissait trop le pouvoir que les lois divines et humaines lui
accordaient pour se rendre à leur sentiment 1. »
Ce langage et cette conduite nous montrent Pierre entièrement
sûr de lui-même ; le patriarcat de Moscou était aboli par le seul
fait que le Synode était annoncé. Les statuts du Synode venaient
d'être achevés ; c'est ce même « Règlement ecclésiastique » que
nous publions. Le 25 janvier 1721 parut l'ukase que le lecteur
trouvera en tête du « Règlement. » « Il ne faut que jeter les
yeux sur cet ukase, dit Voltaire, pour voir que Pierre agissait
en législateur et en maître Le serment (des membres du
Synode) est encore plus fort que celui de suprématie en Angleterre.
Le monarque russe n'était pas à la vérité un des pères du Synode,
(1) Mémoire inédit sur la réforme de l'Eglise russe, p. 17-20. — Nous n'avons pu
consulter de nouveau l'édition française qui paraît avoir été le texte original. Le
passage que nous citons esL traduit de l'anglais, à l'exception cependant des dernières
paroles en italiques, qui sont celles du Mémoire inédit.
INTRODUCTION. XI
mais il dictait leurs lois; il ne louchait pas à l'encensoir, mais il
dirigeait les mains qui le portaient1. »
A partir de ce jour, l'œuvre de Pierre était accomplie : l'Église
russe gisait mains et pieds liés devant le Tsar. Si Pierre ne prit
pas le litre de chef de l'Église, comme Catherine II et Paul I",
il en eut de fait les prérogatives. C'est à peine si l'on essaya de
murmurer. Voltaire est dans le vrai quand il dit qu'on « n'osait
point désobéira un souverain despotique; » il l'est aussi, dans
un certain sens, quand il ajoute : « ni disputer contre un prince
plus éclairé 2. »
De fait, le « Règlement ecclésiastique » montrera jusqu'où allait
le despotisme de Pierre, despotisme au sujet duquel Voltaire se
montre si indulgent dans son Histoire. On comprendra sans peine
pourquoi il n'est parvenu à la postérité aucun indice d'op-
position sérieuse. Le « Règlement » montrera aussi le parti que
Pierre sut tirer de la supériorité que lui donnait l'instruction.
Dans Y Avenir de VEç/lise russe, nous avons relevé l'appui que la
science donne à la foi, et nous avons exprimé nos prévisions sur
les tristes conséquences que le manque de science suffisante chez
le clergé pourra avoir en Russie, le jour où l'Église russe devra
lutter seule contre l'hérésie et l'incrédulité. Ce qui arriva en
Russie, au temps de Pierre 1er, ne peut que confirmer nos prévi-
sions. Le clergé russe, sauf d'honorables mais rares exceptions,
n'était pas assez instruit pour soutenir le choc du protestantisme.
Si, même de nos jours, certains mots ont une si grande puis-
sance; si ce qui vient de l'étranger est trop souvent plus estimé
que ce qu'on possède chez soi, on comprendra aisément la fausse
position du clergé russe, plus riche en loi et en attachement
filial aux rites et aux traditions des ancêtres qu'en dialectique et
en subtilités d'exégèse biblique ; luttant, avec des armes iné-
(1) V'OLTArRE, Histoire de Pierre le Grand, 1 part., ch. X.
(2) Id., ib.
XII INTRODUCTION.
gales, contre ceux qui avaient su dominer l'esprit du Tsar. Ajou-
tons que Pierre se présentait avec le prestige du conquérant,
du souverain qui avait su faire respecter la Russie par les autres
États de l'Europe et l'élever au même rang. C'était une ère nou-
velle qui s'ouvrait pour la Russie : le vertige s'emparait en
quelque sorte des esprits. Le siècle actuel a offert plus d'un
exemple d'une telle exaltation dominant tout un peuple, le faisant
vivre pour une seule idée,, le rendant insensible à tout le reste.
Pour compléter cet exposé des circonstances qui ont favorisé
l'œuvre de Pierre, il faut observer que l'Église russe était déjà
divisée. Le même Concile de Moscou qui, en 1666-67, avait con-
damné Nicon, avait approuvé, comme de droit, la révision des
livres liturgiques entreprise et accomplie par Nicon. Le peuple
qui, dans cette révision, avait cru voir une atteinte à la foi , et pour
qui des erreurs de grammaire et des incorrections de tout genre
étaient aussi sacrées que des dogmes, s'était soulevé contre cette
innovation ; c'est ainsi que prirent naissance les Rascolniques,
qui se subdivisèrent ensuite en un très-grand nombre de sectes.
Le Concile de Moscou s'était, par conséquent, aliéné du même
coup, d'abord tous les partisans avoués ou secrets de Nicon et
tous ceux qui étaient affligés des empiétements des Tsars, ensuite
tous les Rascolniques et leurs partisans. L'Église russe se trouvait
par là, divisée en trois, camps : celui des Tsars, celui de Nicon,
celui des Rascolniques. Pierre n'avait pas besoin de fomenter lui-
même la division pour dominer et asservir.
Enfin, Pierre avait beau jeu, à cause des superstitions et des
abus qui existaient réellement dans l'Église russe, et dont plu-
sieurs sont relevés dans le « Règlement. » Tous ne savent pas
distinguer entre Fabus d'une ebose et la ebose elle-même, entre
les défauts d'une institution et l'institution elle-même. Pierre,
réforma, en effet, beaucoup de choses qui avaient besoin de
réforme, — ce n'est pas ce dont nous nous plaignons — , mais
sous le prétexte de réformer des abus, il opprima l'Église ;
INTRODUCTION. XIII
sous le prétexte d'extirper les superstitions, il compromit grave-
ment la foi. L'Église des saines traditions était représentée par
Etienne Yavorski, homme pieux, instruit, mais faible : si faible
qu'il fut lui-même le premier Président du Synode. On le com-
prend, du reste : faute d'une autorité doctrinale toujours vivante,
toujours prête à rendre ses oracles, l'indépendance du pouvoir
spirituel ne pouvait avoir que la portée que lui assignaient les
convictions personnelles de ses défenseurs; au lieu d'être défen-
due comme un dogme, elle fut défendue comme un point
de discipline. Le dogme trouve facilement des martyrs, la disci-
pline en trouve peu.
Une bien autre énergie fut déployée par le prélat en qui se
résumait, pour ainsi dire, l'Église des Tsars, par Théophane
Prokopoviteh, l'auteur du « Règlement ecclésiastique, » qu'il
rédigea, toutefois, presque sous la dictée du Tsar. Quelques
détails sur sa vie édifieront le lecteur : nous les empruntons à des
écrivains russes. Voici d'abord ce que nous trouvons dans le
Dictionnaire des écrivains ecclésiastiques de Mgr Eugène : '
ce qui est entre guillemets est traduit littéralement.
Théophane Prokopoviteh (fils de Prokope) naquit à Kieff en
1681 ; au baptême, il reçut le nom à'Eléazar. Encore en bas âge,
il perdit son père et sa mère; un oncle., l'hiero-moine Théophane
Prokopovilch, recteur de l'Académie de Kieff, lui apprit à lire et
à écrire, et le fit inscrire dans l'Académie. Après la mort de
l'oncle arrivée en 1692, un citoyen de Kieff le maintint à ses frais
aux écoles. Après avoir achevé sa philosophie, Éleazar partit en
1698 pour la Lithuanie, espérant acquérir plus de connaissances
dans les écoles étrangères. Mais, dès son arrivée, il trouva un
(1) Mgr Eugène (Bolkhovitinoff). Словарь исторический о бывшихъ въ Poccia
писателяхъ духовнаго чина греко-pocci йеной Церкви (Dictionnaire historique des
écrivains ecclésiastiques de VÉglise gréco-russe qui ont vécu en Russie). — Saint-Péters-
bourg, 1e éclit., 1827, t. II, p. 295 et seq.
XIV INTRODUCTION.
obstacle à l'exécution de son dessein : c'est qu'aucun orthodoxe
n'était admis dans les écoles du royaume de Pologne. « Cette
circonstance força (?) Éléazar à se professer uniate (catholique)
et, pour cacher son dessein, il entra chez les moines basiliens
de Vitebsk et prit le nom â'Élise'e. » Peu après, il fut envoyé à
l'école de Vladimir en Volynie. Ses rares talents fixèrent l'atten-
tion de ses supérieurs ; après avoir enseigné la poésie et l'élo-
quence, il fut envoyé par le provincial des Basiliens à Rome afin
de s'y perfectionner dans la philosophie et dans les sciences ecclé-
siastiques, comme on avait coutume de faire à l'égard des jeunes
moines qui se distinguaient le plus parmi les autres. «Après avoir
séjourné à Rome trois ans, et avant d'avoir achevé son cours des
sciences, par suite de certaines circonstances, il s'en éloigna et, se
faisant passer comme un voyageur, il s'en retourna par Venise et
l'Autriche en Pologne. » Jusque-là, il avait pratiqué à sa guise la
prudence du serpent ; le moment était venu de reprendre la sim-
plicité de la colombe : Elisée, de retour de Rome, alla donc frap-
per au monastère orthodoxe dePotchayeff; Fhégoumènelsaïevitch
lui conféra la tonsure monacale orthodoxe et, par la même occa-
sion, lui changea le nom d'Elisée en celui de Samuel. Sur l'invita-
tion de Balaam Yassinski, Métropolite de Kieff, Samuel se rendit
dans cette ville, et enseigna la versification dans l'Académie de sa
ville natale. C'est en 1705 qu'après avoir successivement porté trois
noms de saints de l'ancien Testament, Prokopovitch se décida à
prendre celui de Théophane^,n souvenir de l'oncle qui l'avait initié
aux études. En 1706, il enseignait la rhétorique; en 1707, il était
professeur de philosophie, de physique et d'arithmétique. Plu-
sieurs discours prononcés en présence de Pierre, surtout celui pro-
noncé à l'occasion de la victoire de Pultava (1709), lui concilièrent
d'abord l'attention, puis l'estime de Pierre. C'est par ordre du
Tsar qu'en 1711 il fut nommé hégoumène du monastère Bratski
de Kieff, charge qu'il réunit avec celle de Recteur de l'Académie.
Invité par le Tsar à se rendre à Saint-Pétersbourg il y arriva en
INTRODUCTION. XV
1716, et, dès que Pierre fut retourné de son second voyage à
l'étranger (1717), il ne le quitta plus. Le Tsar, extrêmement sa-
tisfait des vues et des sentiments de Prokopovitch et charmé de
leur entière conformité avec les siens, songea bientôt à élever
Prokopovitch à l'épiscopat. La chose ayant transpiré, Etienne
Yavorski, justement soucieux des intérêts de la foi, rédigea un
Mémoire qu'il fît présenter au Tsar, où étaient relevées des pro-
positions tout à fait protestantes, qui se trouvaient dans les ou-
vrages de Prokopovitch, surtout dans un écrit ayant pour titre :
Du joug intolérable. Pour toute réponse, le Tsar ordonna que
Prokopovitch fût sacré évêque de Pskoff et de Narva ; Pierre
voulut même que, dans cette circonstance, on fit usage du sakkos,
insigne d'une distinction tout à fait spéciale pour l'Évêque qui
en était revêtu. C'est probablement le souvenir de cette distinc-
tion qui inspira à Prokopovitch de relever, dans le «Règlement, »
la qualité de « gardien de l'orthodoxie, » comme un des attributs
du Tsar. La carrière de Prokopovitch était assurée ; en 1721, il fut
nommé un des Vice-Présidents du Synode.
Quand Pierre mourut, Prokopovitch rédigea une notice sur les
derniers jours de la vie du Tsar. Il y raconte, entre autres choses,
qu'on ne manqua pas d'inculquer au Tsar, déjà mourant, qu'il
voulût biçn méditer sur ce dont il avait souvent entretenu les
autres, c'est-à-dire « sur la justification du pécheur par le Christ,
gratuitement*. » Quant à des actes de repentir proprement dit,
(l) L'Église catholique, qui connaît Dieu et les hommes mieux que le protes-
tantisme, exige que nous travaillions à notre salut avec autant de zèle et d'ardeur
que s'il dépendait de nous seuls. Tuis, quand nous avons fait tout ce qui dépendait
de nous, elle nous présente à Dieu, au lit de mort, avec cette prière : « Ayez pitié,
« Seigneur, de votre serviteur, de sesii'émissements et de ses larmes, et admettez-
« le au sacrement de votre réconciliation, lui qui n'a d'autre confiance qu'en vous.»
(Onlo commendationis animœ.) — On le voit, ce n'est pas la confiance en Jésus-
Christ qui manque dans l'Église catholique, mais ce n'est pas non plus la contri-
tion ni l'humilité. Or, il est dit dans l'Ecriture : « Seigneur, vous ne rejeterez point
un cœur contrit et humilié: Cor contrihim et humiliatum Deus non despicies (Ps. l). »
Ce passage de Prokopovitch que nous avons relevé, a été relevé aussi par les Luthé-
XVI INTRODUCTION-.
on n'en parle pas. A la'mème occasion, Prokopovitch prononça la
célèbre oraison où il compare le Tsar à Samson pour sa force, -
à Japhet pour la création de la flotte russe, à Moïse pour ses lois,
à David et à Constantin pour son zèle pour l'Église l.
Après la mort de Pierre, Prokopovitch jouit de l'estime et de
la confiance de Catherine Ire. Eu 1727, il fut nommé Archevêque de
Novgorod en remplacement de Théodose Yanovski disgracié, non
sans sa coopération 2. En 1727, il prononça l'éloge funèbre de
Catherine, et couronna Pierre II. En 1730, il couronna l'impéra-
trice Anne Ioannovna. Prokopovitch servit, avec un égal dévoue-
ment, tous les quatre souverains ; et Pierre II qui, pendant son
court règne, prit, pour ainsi dire, le contrepied de ce qu'avait
fait Pierre Ier, fut aussi satisfait de Prokopovitch que l'avait été
Pierre 1er lui-même. Théophane Prokopovitch mourut à Novgo-
rod, en 1736, à l'âge de cinquante-cinq ans.
Deux passages empruntés à Mgr Philarète, Archevêque de
Tchernigoff, achèveront de peindre l'auteur du a Règlement. »
« Pendant toute sa vie, dit Mgr Philarète, Prokopovitch se nourrit
de l'esprit du monde, et très-peu de l'esprit de Jésus-Christ ; il
riens, pour prouver que Pierre pensait comme eux sur ,1a doctrine de la justification,
par la foi seule. Voici, en quels termes en parle l'auteur de la Dissert atio historico-
ecclesiaslica de religions Ruthenorum hodierna, dont nous parlerons un jieu plus loin :
a In recentioribus Ecclesiœ Ruthenicie documentis^ maxime in Catechismo minori,
(celui rédigé par Prokopovitch), puram deprehendimus doctrinam Evangelicam de
remissione peccatorum , adeoque justificalione , et de sainte œterna, UNICE PER ET propter
fidem in chriôtum OBTiNENDis. Ita etiam Magnum Russorum Imperatorem Petrum l,
sola fiducià in Christum, sine ulla opinione meriti, nixum, beatam obiisse mortem
novimus, atque cum dogiriate hoc solatii plenissimo primarii aliquot Ruthenorum
Theologi qui moribundo aderaut, Imperatorem ad mortem preparaverint, cognosci
hinc potest, quani altas radiées in Ecclesia hodierna Ruthenica dogma hoc gravis -
simum egerit. » Lutiens, Dissertatio, etc., g XVII, p. 50-52.
Voir l'écrit de Prokopovitch dans Consett : The présent state and régulations of
the Church of Russia. London, 1729. 2e part., p. 260, et dans les Lacrymœ Roocolanœ,
seu de obitu Pétri Magni, etc. Revaine,, 1726.
(1) Consett, Op. cit. — Lacrymœ Roxolanœ, etc.
(2) On trouvera le nom de Theodose Yanovski parmi les signataires du « Re-
niement (p. 226). » Une notice très-intéressante sur ce personnage se trouve dans
l'ouvrage du prince Aug. Galitzin : La Russie au xvme siècle, Mémoires inédits
sur les règnes de Pierre le Grand, Catherine P'e et Pierre- H. Paris. Didier. 1863,
p. 409-422.
INTRODUCTION. XVII
aimait l'éclat des honneurs, etsa vie était dissolue. Il rampa devant
Menchikoff, tant que celui-ci fut puissant ; après la chute de Men-
chikoff, Prokopovitch rampa devant Biren. » — « En 1730, Biren
était déjà puissant. Cet apôtre de la tolérance cherchait et saisis-
sait avec empressement les occasions d'exercer la persécution. . .
La persécution de 1730-1731 doit être principalement attribuée
aux passions de Prokopovitch 1. »
Voilà l'auteur, ou, pour mieux dire, le rédacteur du «Règlement
ecclésiastique.» Pierre n'eût pu être mieux .servi; il prit une
exacte connaissance du travail de Prokopovitch, et le retoucha
lui-même de sa propre main, c'est pourquoi, en parlant du
Règlement, nous l'attribuons indifféremment, tantôt à Prokopo-
vitch, tantôt à Pierre lui-même. LeTsar corrigea également l'ukase
pour l'établissement du Synode, et le serment de ses membres ;
dans l'ukase, ce que le lecteur trouvera entre parenthèses à page
2-3, et tout ce qui s'y trouve à partir des mots : Et puisqu'il est
dit, etc. (p. 4-5) jusqu'à la fin, fut ajouté de la propre main du
Tsar 2.
Outre l'importance religieuse, le « Règlement » a aussi une
grande importance historique. Le peuple russe d'alors y est
peint de main de maître ; les allusions à des événements passés
ou actuels, à des coutumes, à des personnages, s'y rencontrent
fréquemment. Nous avons eu soin de relever tout cela dans
les notes.
Il
Nous nous étendrons ici quelque peu sur l'importance du « Rè-
glement» comme monument littéraire. Quand le « Règlement »
(1) Mgr Philarète, évèquede Kharkoff (puis Archevêque de Tchernigoff). IICTOpifl
русской Церкви (Histoire de l'Eglise rusie), lre édit . , p. 78 et 167.
(2) Pekarski (P.), Наука п литература въ Poccin при-Петрв Великомъ (Sciences et
lettres en Russie sous Pierre le Grand). — Saint-Pétersbourg, 1862, t. II, p. 521*522.
XYIII INTRODUCTION.
parut pour la première fois, en 1721, on s'était servi pour l'impri-
mer des nouveaux caractères introduits par le Tsar. Le lecteur
sait que les lettres en usage de nos jours, pour les livres en lan-
gue russe, doivent leur origine à Pierre le Grand. Le réforma-
teur universel de la Russie réforma aussi l'alphabet; les accents
et plusieurs lettres non nécessaires, furent supprimés, les autres
reçurent une forme plus soignée et se rapprochant davantage
des caractères latins. Les premiers types de l'alphabet ainsi ré-
formé, furent gravés et fondus en Hollande, mais on ne s'en ser-
vit la première fois qu'à Moscou en 1708 ; le premier livre im-
primé avec cet alphabet fut un traité de Géométrie '.
Depuis ce moment, la langue russe se sépara de plus en
plus de Tidiome ecclésiastique. Les nouveaux caractères furent
exclusivement employés pour. les écrits en langue russe; les an-
ciens caractères, ceux de l'alphabet slavon, servirent encore pen-
dant quelque temps pour des livres imprimés dans les deux lan-
gues,maisau fur et à mesure que les imprimeries existantes étaient
pourvues des nouveaux caractères, et que d'autres imprimeries
étaient fondées en Russie, les caractères slavons ne furent
plus employés que pour des livres d'Église ou rédigés en langue
slavonne. Jusqu'au commencement du dix-huitième siècle, le
slavon, tel qu'on le trouve dans les livres liturgiques de l'Église
(l) Геометрт славенскл sejuejilipie шдадеся новоттографскшъ псненюмъ. повелт>н1емъ
благочест1В'Б1пгаго велшаго государя нашего царя i велшаго княэа Петра Алексювича,
всея велшш i малыя i бЪлыя Россп самодержца, npi благородн-Бипемъ государ* нашемъ
царевн* Алекси Петрова, вь царствующемъ велпеомъ град-в Москва. Въ л-ето Mipo-
вдаша 7216. отъ рождества же плои Бога слова 1708. 1ндшта перваго дгвсяца марта.
(Géométrie, cest-à-dir.e mesure de la terre, éditée avec le nouveau tirage typographique
par ordre du très-pieux grand-Souverain notre Tsar et grand-Duc Pierre Alexeïevitch,
autocrate de toutes les Russies, Granle, Petite et Blanche, étant Tsarévitch notre très-
noble souverain Alexis Petrovitch : dans la grande ville capitale de Moscou. En l'année
de la création du monde 7216, de la naissance selon la chair du Verbe de Dieu,
1708, première Indiction, au mois de mars. — Pekakski. Op. cit., t. II, p. 177-178
et 642-650.
Nous avons gardé dans le titre russe de ce traité de Géométrie les mêmes caractères
que nous avons trouvés dans Pekarski. Le lecteur peut ainsi comparer ce premier
essai, encore imparfait, avec l'alphabet adopté plus tard définitivement.
INTRODUCTION. XIX
russe, était demeuré presque exclusivement la langue écrite. A
quelques exceptions près, tous les écrivains qui jusqu'alors avaient
paru en Russ;e, appartiennent au clergé, et les sujets traités par
eux sont presque exclusivement religieux; c'est ce qui explique
pourquoi le russe n'avait pas encore été employé comme langue
écrite. D'ailleurs, même pour les quelques écrits de sujets pro-
fanes que possédait déjà la Russie , il était trop naturel qu'on se
fût servi de préférence d'une langue déjà formée et possédant une
littérature comparativement assez riche, comme le slavon, plu-
tôt que de créer, pour ainsi dire, une langue nouvelle. A3Ioscou,
cependant, on se servait, pour les affaires civiles , pour les lois,
les actes publics, les contrats et la correspondance, du russe ; si-
non exactement tel qu'il était parlé, du moins en se rapprochant
davantage du dialecte parlé que de la langue ecclésiastique.
Ni ce russe de chancellerie, ni celui adopté peu à peu dans les
livres traitant de sujets profanes, n'étaient encore une langue à
part; il est difficile de tracer la ligne de démarcation entre le
russe de cette époque et le slavon, et les écrivains qui employaient
le russe retombaient facilement dans le slavon. Nous dirons plus :
le rus*e n'avait pas encore une dénomination arrêtée qui pût
servir à le désigner d'une façon précise, si ce n'est celle de lan-
gue vulgaire. On trouvera plus loin le passage où Pierre se
plaint du manque de livres écrits d'une façon intelligible pour le
peuple1; la même plainte se trouve dans la préface du petit
Catéchisme, rédigé par Prokopovitch, et dit de Pierre le Grand.
« Ceux publiés jusqu'à présent, dit Prokopovitch, sont rédigés
« dans le haut dialecte slavon et non pas en langue vulgaire,
«d'où il suit que les enfants ne peuvent pas les comprendre;
« c'est pourquoi le Tsar a ordonné, etc. 2.n Nous croyons ceci un
peu exagéré ; de fait, nous avons compté jusqu'à douze Abécé-
(1) Règlement ecclésiastique, IIe partie, Affaires générales, n° II, p. 48.
(2) Рек.-шэкг, op. cit. T. I. p. 179. — Nous parlerons plus loin du Catéchisme de
Prokopovitch. V. la note aux pp. 52-53.
XX INTRODUCTION.
daires, imprimés avant l'écrit de Prokopovilch, et contenant une
courte exposition des vérités principales de la foi et des préceptes
de Dieu ; quelques-uns de ces Abécédaires avaient même paru
sous le règne de Pierre : on ne peut supposer, ni qu'on se serait
donné la peine de les imprimer s'ils étaient tout à fait incompré-
hensibles pour les enfants, ni qu'ils soient devenus tels dans l'es-
pace de quelques années. Nous ferons une remarque analogue
au sujet de ce qu'affirme Ernest Gluck, le pasteur proleslantdans
la maison duquel vivait celle qui devint plus tard Catherine Ire.
En parlant de la version de la Bible en langue russe vulgaire,
qu'il avait préparée avec l'aide d'un pope russe , et dont le
manuscrit avait péri dans les flammes lors de la prise de
Marienbourg, Gluck dit que « la langue russe vulgaire est si dif-
férente du slavon, qu'un Russe non instruit ne peut exactement
comprendre une seule période de cette dernière langue1.» Quoi
qu'il en soit de ce point, il est bien certain que le russe n'était pas
encore désigné d'une manière constante et uniforme, et que par-
fois aussi des publications en langue russe étaient indiquées
comme des publications en slavon. Ainsi, par exemple, un traité
de la navigation, imprimé à Amsterdam en 1701, est indiqué
comme traduit du latin dans le я dialecte slavono-russe 2. » Cette
même dénomination de dialecte ou « langue slavono-russe » re-
vient souvent dans les titres d'autres ouvrages traduits de langues
étrangères; il se trouve aussi dans celui de la Grammaire d'Élie
Copievitz 3. Parmi les livres en russe, et qui sont indiqués
comme traduits en langue « slavono-russe, » nous mentionnerons
l'ouvrage de Polydore Virgile d'Urbin : De rerum inventorions,
dont la traduction parut à Moscou en 1721, imprimée avec les
(1) « Die Vernacula russica von der slawonischcn so -weit discrepiret, dasz ein gemeincr
Russe davon keinen einzigen periodum recht verstehen капп...» Cité par Pékarski, op.
Cit., t. I, p. 126-127.
(2) Книга учащая морскаго плавашя отъ латипскаго языка, прсведе на славяпо-
poccincKiH Д1алек {sic).... Elias Когпевскш cic. — Pékarski, op. cit., t. II, p. 46.
(3) Voyez plus loin Règlement ecclésiastique, IIe partie : De С Académie, p, 133, note.
INTRODUCTION. XXI
nouveaux caractères x. Le Colloquiorum familiarium opus d'É-
rasme de Rotterdam, livre imprimé à Saint-Pétersbourg en 171G,
également#yec les nouveaux caractères, est indiqué comme publié
dans les deux langues « russe 2 et hollandaise » , ce qui est aussi
lecaspourunZ-e-z/^e ou Recueil d'expressions, composé par Jac-
ques Bruce et imprimé, également avec les nouveaux caractères,
à Saint-Pétersbourg en 1717 3. Par contre ce même russe gardait
l'ancienne dénomination de « skvon » dans un recueil à'Apo-
phtegmes, traduit du polonais et imprimé à Moscou en 1711 et
en 1716, avec les nouveaux caractères *.
Le «Règlement ecclésiastique» est rédigé dans cette langue
qui fut depuis le russe. Nous dirions volontiers que la langue du
«Règlement » est une langue de transition. Les philologues russes
font remarquer l'influence de la littérature polonaise sur la
langue russe d'alors, et considèrent même comme une langue
dialecte à part, nommé blanc-russien, celui employé dans les
livres imprimés dans les provinces dépendantes de la Pologne
et dans les écrits des ecclésiastiques qui avaient étudié dans cet
contrées. Or, Prokopovitch avait passé quelques années, nous
l'avons vu, dans les provinces polonaises, habillé en moine catho-
lique ; il avait été ensuite à Rome, et il avait beaucoup étudié
le latin , comme le prouvent ses livres rédigés dans cette
langue. Ses écrits russes, et le «Règlement» aussi, portent l'em-
{l) Полидора Вирпшя урбинскаго осмь книгъ о изобрътателъхъ. вещен Цреведевы
съ лат'1ВСкаго на славеноросс1'иск1И языкъ etc. — Pékarski, op. cit.,t. II, p. 486.
(2) Разговоры дружесшя. Дезцер1я Ерасма... на] Роса'искомъ и Галандскомъ
языкахъ etc. — Pékarski, op. cit., t. II, p. 366.
(3) KHira лексшонъ или Собрате ръчеи по АЛФабггу, съ PoccïHCuaro на Голаископ
языкъ etc. — Pékarski, op. cit., t. II, p. 383-4. — Jacques Bruce, le même personnage
dont on trouvera la signature en bas de Г Instruction du Procureur suprême du
Synode (p. 256), était descendant des rois d'Ecosse. Il rendit de grands services à
la Russie par ses connaissances mathématiques. En 1718, il fut créé Président du
Collège des Mines et des Manufactures. Il mourut en 1735.
(•J) АпоФеегмата то есть кратюхъ втеватыхъ и нравоуптелныхъ ръчеи Kniru три...
съ полского на славенскои языкъ. — Pékarski, op. cit., t. II. p. 360.
XXII INTRODUCTION.
preinte de ces phases de la vie de Prokopovitch ; c'est, si on nous
permet cette comparaison, une espèce de terrain sédimentaire
trahissant, par la nature des débris dont il se compose, les vicis-
situdes d'époques antérieures. Les écrits russes de Prokopovitch
se ressentent aussi de cette importation de mots allemands,
hollandais, français et italiens, qui accompagna l'introduction
en Russie des sciences, des arts et de l'induslrie des autres pays
de l'Europe. Cette importation, due à Pierre Ier, est si considé-
rable que, dans la. Collection complète des lois de l'empire russe,
à la fin du Generalnyi Réclament, prescrit à tous les Collèges ins-
titués par Pierre, on trouve une longue liste des mots étrangers
qui y sont employés, avec l'indication des mots russes qui leur
correspondent. On pourrait en faire autant à l'égard du « Règle-
ment ecclésiastique1. »
Si, à cette époque, la langue russe n'avait pas encore un nom à
part, elle n'avait pas non plus de grammaire. On continuait
à se servir de la grammaire slavonne ; de telle façon cepen-
dant qu'il est vrai de dire de la grammaire ce que nous venons
de dire de la langue, à savoir qu'elle était une grammaire
de transition. Le lecteur russe n'a qu'à ouvrir le texte russe du
« Règlement » pour s'en convaincre ; ici encore l'influence du la-
tin est assez sensible, surtout Jans les constructions. On rencontre
çà et là des périodes qui jurent contre toute grammaire ; l'infi-
nitif des verbes, entre autres, y joue le même rôle que chez
ceux qui commencent à balbutier une langue étrangère. Enfin,
les mêmes formes grammaticales et la même orthographe ne s'y
retrouvent pas d'une manière constante et uniforme, et cela,
sans qu'on puisse en donner la raison.
%
Autant à cause de l'importance du « Règlement, » comme
monument de la langue, que par le désir d'offrir, dans la publi-
(1) Поли. Собр. Зак. 28 ievr. 1720. Тотэ VI, p. 160. Voir, pour les Collèges, la
note aux p. :J-4 du Règlement ecclésiastique.
INTRODUCTION. XXIII
cation d'un tel document, toutes les garanties possibles d'exacti-
tude et de fidélité, nous avons tenu à ne point le faire paraître
sans le texte russe original. Si, pour arriver a imprimer ce
texte, nous avons dû vaincre bien des difficultés, le résultat nous
a largement compensé de nos peines: soit sous le rapport de la
beauté des caractères, soit sous celui de la correction typogra-
phique, elle nous paraît ne rien laisser à désirer. Le lecteur russe
saura d'autant plus apprécier ce dernier avantage, que le russe
de Prokopovitch est une langue, en partie sans grammaire, en
partie soumise aux règles de la grammaire slavonne. Des
inflexions et des désinences, qui seraient de véritables fautes
aujourd'hui, s'y rencontrent, par conséquent, à chaque page; nous
les avons conservées scrupuleusement. La ponctuation aussi est
défectueuse ; cependant nous ne nous sommes pas cru auto-
risé à la rectifier, d'autant qu'elle est gardée telle quelle dans
toutes les éditions russes du « Règlement » même les plus
récentes. Le texte russe qu'on trouvera à la fin de ce volume
est la reproduction très-fidèle de l'édition de Moscou de 1861,
typographie du Synode, que nous avons soigneusement comparée
avec l'édition de la Collection complète des lois de l'Empire
russe. Cette confrontation nous a permis de relever des variantes
assez nombreuses dans certaines formes grammaticales et dans
l'orthographe des deux éditions ; on trouvera ces variantes à
la fin du texte russe. Le lecteur russe y trouvera le sujet de re-
marques assez intéressant pour la philologie : elles confirment
ce que nous avons dit du manque de fixité de la langue russe
à l'époque de Pierre Ier.
Nous avons aussi voulu que ce texte fût imprimé de façon à ce
que le lecteur pût retrouver, en un instant, le texte russe du
passage français, dont il voudrait contrôler la \ersion.
Les titres des parties du « Règlement» et leurs subdivisions
ont été imprimées en deux langues, avec l'indication de la page
de la traduction française qui y correspond. En ouvrant le texte
XXIV INTRODUCTION.
russe, le lecteur sait immédiatement, par Геп-tête des pages, à
quelle partie du « Règlement » elles appartiennent. Les alinéas
sont distribués et les paragraphes sont numérotés — tantôt avec
les chiffres romains, tantôt avec les chiffres arabes, — exacte-
ment comme dans la traduction française. Si Ton excepte ceux
des mots en italique qui sont destinés, dans le français, à avertir
le lecteur de la note qui s'y rapporte, la même différence de
caractères a été gardée dans le russe, aussi bien que dans le
français. Les mots français en italique correspondent à des mots
russes également en italique ; les mots français en petites capi-
tales correspondent aux mots russes imprimés en romain, mais
avec des caractères d'un corps plus épais. Nous avons indiqué
entre crochets [ ] les mots russes que nous croyons avoir été
omis par suite d'une faute d'impression ; et quand nous avons
trouvé une variante, ou qu'elle a paru probable, nous n'avons
pas manqué de la signaler.
Après avoir parlé du « Règlement » comme monument
littéraire , nous devons dire quelque chose des premières
éditions de ce document, qui ont été publiées sous le règne
de Pierre Ier.
Le Règlement parut la première fois à Saint-Pétersbourg, en
1721, imprimé avec les nouveaux caractères, et avec le titre sui-
vant :
(Au recto.) Par la grâce et la miséricorde de Dieu qui aime les
hommes. Par les soins et par ordre de Pierre premier, donné
par Dieu, orné par Dieu de sagesse, notre souverain, Tsar, grand-
duc, Empereur de toutes les Russies, etc., etc., etc. Il fut établi,
dans la sainte église orthodoxe de Russie, un Sanhédrin, ou
Synode spirituel, c'est-à-dire un Gouvernement Conciliaire, pour
les affaires spirituelles, avtc le consentement et le suffrage de l'état
ecclésiastique de toutes les Russies et du Sénat Dirigeant, dans la
(ville) capitale de Saint-Pétersbourg, en l'année de la naissance
INTRODUCTION. • XXV
du Christ, 1721, le 14 du mois de Février. (Au verso.) Ce Règle-
ment ecclésiastique fut imprimé par ordre de Sa Majesté Tsarienne,
avec la bénédiction du très-saint Synode Dirigeant, dans la typo-
graphie de Saint-Pétersbourg , en Vannée du Seigneur 1721, le
16 du mois de septembre.
La deuxième édition parut l'année suivante à Moscou, en
caractères d'église, ou slauons. Le titre est identique, avec la
seule addition de ce qui suit : Pour la seconde fois, et dans la
typographie de Moscou, d'après la première [édition) mot pour
mot, en Vannée du Seigneur 1722, le 23 février.
Enfin, une troisième édition, en caractères d'église, parut sous
le règne de Pierre Ier, à Saint-Pétersbourg, en 1723. Au recto,
on remarque des changements dans les titres donnés au Tsar.
Pierre y reçoit déjà le titre de Grand, et est appelé : très-
sérénissime et très-puissant Empereur et Autocrate de toutes les
Russies, etc., etc., etc. Au verso, on lit ce qui suit :
Ce Règlement ecclésiastique fut imprimé par ordre de Sa Majesté
Impériale, avec la bénédiction du très-sai?it Synode Dirigeant de
toutes les Russies, la première fois, dans la typographie de Saint-
Pétersbourg, en Vannée du Seigneur 1721, le 16 de septembre ;
la seconde, dans la typographie de Moscou, en Vannée du Sei-
gneur 1722, le 23 février, et maintenant, pour la troisième fois,
à Saint-Pétersbourg , dans la typographie d' Alexandre Nevski,
d'après les deux premières éditions, mot pour mot, soit le Serment,
soit tovt le Règlement, excepté les changements dans les titres de
Sa Majesté Impériale et de la Souveraine Impératrice. Mais dans
l'ukase de Sa Majesté Impériale concernant le très-saint Synode,
et qui se trouve ici encore, mis en tête {du Règlement), on ne fit
pas un seul changement, pas même dans les titres. En Vannée de
la naissance du Christ 1723, le 18 du mois de janvier l.
Depuis le règne de Pierre Ier, le « Règlement ecclésiastique » fut
(1) Pekarski, op. Ы. t. II, pp. 519-526; 543-44; 592.
XXVI INTRODUCTION.
réimprimé en ru?se, bon nombre de fois. Dans la Collection com-
plète des lois de l'Empire russe, ce document est inséré dans le
VIe volume de la première série, sous la date du 25 janvier 1721,
et porte le n° 3718.
III
Le « Règlement ecclésiastique» fut traduit en diverses langues.
Nous devons d'abord mentionner une traduction française qui
parut avec le titre ; Ordonnance de Pierre Ier, Czar de Moscovie,
pour la réformation de son clergé, du 4r février 1720, et forme
la 2e partie des Anecdotes de Pierre IeT, dit le Grand, Czar de Mos-
covie, publiées en 1745, sans indication de lieu ni d'auteur. Nous
avons eu connaissance de cette traduction quand la nôtre était
déjà commencée. De prime abord, nous avons cru qu'elle pour-
rait nous dispenser d'entreprendre une traduction nouvelle, mais
un plus sérieux examen nous convainquit du contraire. L'au-
teur des Anecdotes dit, dans son Avertissement : « Je ne connais
point le traducteur de l'Ordonnance, et ce morceau est un pré-
sent que m'a fait un de mes amis. » Pour notre part, il nous
paraît inadmissible que le traducteur ait eu sous les yeux le texte
original, [/incurie et la hâte se trahissent par le titre même, où
il y a une erreur de. date. En effet, l'ukase qui institue le Synode
et met en -vigueur le « Règlement » est du 25 janvier 1721. Dans
le passage de la formule du serment où les membres du Synode
s'engagent à élucider les difficultés, moyennant l'étude des Écri-
tures, des canons des Conciles, et des écrits des Docteurs de
TÉglise (voir plus loin, page 7), le traducteur de « l'Ordonnance »
leur fait promettre de faire « une étude particulière des Actes
des Apôtres » {Anecdotes, etc., 2e partie, page 10). Çà et là, nous
avons relevé des lacunes assez considérables ; de longs passages
sont traduits en abrégé, et quelques-uns de manière à présenter
INTRODUCTION. XXVII
un sens qui n'est pas celui Je l'original. Enfin, les signatures
nous offrent des noms de villes et de personnages qui ne sont
nullement historiques, tels que le siège métropolitain de Sino-
linsko, et les Évêques Bartuan, Phéophan el Pèlerin.
D'après l'auteur des Anecdotes1, le « Règlement » était, en 1745,
déjà connu « par des traductions imprimées en allemand, en
latin et en plusieurs autres langues » {Avertissement, page VI).
Nous doutons fort que d'AUainval ait vu lui-même ces traduc-
tions, si ce n'est, tout au plus, les traductions allemande et
anglaise. De fait, ni Mgr Eugène, ni Pékarski, ni, à notre connais-
sance, aucun bibliographe russe, ne paraissent avoir connu d'au-
tres traductions que celles que nous allons mentionner. Les
recherches que nous avons faites pour en découvrir d'autres
n'ont eu aucun résultat ; toutefois, nous ne serions pas surpris
qu'on pût nous signaler une traduction hollandaise.
Une première traduction allemande du « Règlement ecclé-
siastique» parut à Saint-Pétersbourg, presque en même temps que
le texte russe. L'allemand, on le sait, était en quelque sorte la
langue officielle delà cour de Saint-Pétersbourg, et plusieurs lois
de Pierre Ier, entre autres son « Statut militaire, » se trouvent
insérées , dans la Collection complète des lois de l'empire , en
russe et en allemand. Pékarski mentionne quatre éditions
de cette traduction allemande du « Règlement; » la première
est celle dont nous venons de parler; deux autres auraient
paru à Dantzig en 1724; enfin la quatrième aurait paru l'année
suivante , dans la même ville. C'est cette traduction qu'on
trouvera cilée plusieurs fois dans les notes au « Règlement, »
(1) Suivant Barbier {Dictionnaire des ouvrages anonymes, etc.), et Qoérard (La
France littéraire), l'auteur de ces Anecdotes serait l'abbé Léonor- Christine-Soulas
d'AUainval, né à Chartres, et mort à Paris en 1733. L'abbé d'AUainval est l'auteur
de plusieurs pièces dramatiques. Il publia aussi un recueil de lettres du Cardinal
Mazarin.
XXVIII INTRODUCTION.
l'exemplaire dont nous nous sommes servi est imprimé àDantzig
en 1724.
Cette traduction a le mérite d'être très-littérale ; elle est, en
outre , un document linguistique des plus remarquables.
Nous lui avons conservé son nom à'allemande, nom sous lequel
elle est connue des bibliographes ; toutefois Haigold (pseu-
donyme de Schlôzer) n'hésite pas à appeler la langue de cette
traduction : deutsch oder vie.lmehr undeutsch, « allemande ou
plutôt non allemande. » C'est un mélange extrêmement curieux
d'allemand, de latin, de français, et de je ne sais quelle autre
langue *.
Le titre que le « Règlement » porte, dans cette traduction, est
le suivant ; il correspond à celui de la première édition russe :
« Geistliches Règlement auf hohen Befehl und Verordnung des
von Gott gegebenenundmit Weissheit ausgeziehrten Herrn Czaa-
ren und Gross-Fursten Pétri des Ersten Kàysers von gantz Russ-
land, etc., etc., und mit Bewilligung des gantzen Beiligen Diri-
gXrenden Synodi der orthodoxes Russischen Kirche welcher durch
Sr. Czaar. Majestât Bemuhung mit Einslimmung und Beyrath des
Geistlichen Standes von gantz Reussland, wie auch des regie-
renden Sénats, den 14 Febr. 1721, in der Residentz S. Petersburg
(1) Le lecteur voudra bien nous permettre de lui en faire goûter quelques lignes.
Ce qui suit correspond au passage qu'on trouvera à la page 112 : « A partir de
l'an 1400, etc. »
Nach dem 1400 Jahre aber lhaten sich viele curieuse Leute kervor, und funde inan
also auch gelehrtere Professores : Daher dann nach und nach viele Academien in gros-
sen und fast grœssern Flor kommen, als die alten zu Augusti Zeiten geioesen. Jeden-
noch blieben auch viele Schulen in der vorigen Finsterniss stecken, so dass in denenselben
die Rethorica, Philosophie, und andere Wissenschafften, nur leere Nahmen ohne Wesen
sind. (Geist. Regl., p. 41).
Le passage suivant est la traduction de la règle 18, Du Séminaire. (Voir plus loin
page 1580
Man кап ferner swey-oder dreymahl des Jahres Actiones, Disputationes, Comce-
dien und oratorische Exercitia halten. Dann solches ist nicht allein sehr dienlich, um
denen jungen Leuten eine gule Hardiesse zu geben, dergleichen die Predigt des Gœttli-
chen Wortes und die Ambassadea erfordem, sondern machet auch eine angenehme
Verœnderung. (Jb., p. 53.)
INTRODUCTION. XXIX
verrichtet worden, publicirei? und gedruckt in der S. Petersbur-
gischen Buchdruckerey, im Jahr Christi 1721. den 16 Septembr.
(Danlzig, 1724.)
Haigold traduisit de nouveau en allemand le « Règlement
ecclésiastique, » et inséra sa traduction dans ses Beilagen zam
neuverânderten Russland (Riga, 1769, t. Ier, p. 147-260), avec le
titre suivant : Peters des Grossen Geistliches Règlement, ans der
zu Petersburg, 1721, deutsch gedruckten Ausgabe. — Nous ne con-
naissons aucune autre édition allemande.
La traduction anglaise citée dans les notes du « Règlement »
est celle de Thomas Consett qui, pendant plusieurs années du
règne de Pierre le Grand, fut chapelain de la factorerie anglaise
à Saint-Pétersbourg'. Ce personnage, distingué par son savoir,
membre de l'Académie royale des sciences de Berlin, auteur
même d'une Grammaire russe qui aurait paru daus cette ville,
mit un soin tout particulier à s'enquérir de l'état religieux de la
Russie. Il garda des rapports suivis avec les prélais russes qui
eurent le plus d'influence du temps du Tsar réformateur, et avec
le célèbre baron de Huyssens, duquel il aurait appris beaucoup de
détails, généralement inconnus, sur la vie et les gestes de Pierre
le Grand '. De tous les ouvrages sur la Russie publiés à l'étranger,
pendant ou peu après le règne de Pierre, celui de Consett nous
paraît mériter une attention spéciale; c'est l'ouvrage d'un obser-
vateur doué de pénétration, et assez bien placé pour tenir de
source sûre ce qu'il avance.
Consett publia la traduction du a Règlement » dans son ou-
vrage: The présent State and Régulations of the Churcli of Russia
established by the late Tzar's Royal Edict (London, 1829, in-8).
La préface du traducteur est fort intéressante; on y trouve, entre
autres choses, une lettre du baron de Huyssens à Consett relative
(1) Suivant Liitiens (op. cit., p. 26), l'article sur Pierre le Grand dans le tome VIII
du Dictionnaire historique et critique de Bayle, aurait été rédigé jiar Consett.
XXX INTRODUCTION.
aux versions de la Bible en langue slave. La traduction du «Règle-
ment » est littérale, faite avec soin, et accompagnée de quelques
notes ; le titre est mot pour mot celui de la troisième édition
russe, publiée à Saint-Pétersbourg en 1723, et imprimée en
caractères d'église. De fait, si nos souvenirs ne nous trahissent
point, cJtst bien sur un exemplaire de cette édition, possédé par
la Bibliothèque du Musée britannique de Londres, que nous avons
trouvé la propre signature de Consett, et quelques annotations
également de sa main.
Nous nous permettrons de relever ici une inexactitude dans
laquelle est tombé Pékarski, faute d'avoir eu sous les yeux Гои-
vrage de Consett. En citant cet ouvrage, le célèbre historien des
Sciences et lettres en Russie soits Pierre le Grand suppose que
Consett aurait traduit, non pas le «Règlement ecclésiastique» mais
bien la Confession orthodoxe de Pierre Moghila i. Il existe en effet
une traduction anglaise de cette Confession, mais elle parut beau-
coup plus tard, et ne porte aucun nom d'auteur2. Pékarski ne
parait pas avoir eu connaissance de la traduction anglaise du
«Règlement.» Nous avons remarqué la même lacune dans le
Dictionnaire des écrivains ecclésiastiques de Mgr Eugène. Enfin,
nous remarquerons que Consett n'a pas seulement traduit le
« Règlement ecclésiastique » proprement dit, mais aussi son
Supplément. (Voir plus loin, pages 248-249.)
Une traduction du « Règlement » en grec moderne, due à Eu-
gène Bulgarie, Archevêque de Kherson (f 1806), et gardée encore
en manuscrit, est mentionnée par Mgr Eugène dans son Diction-
naire et, après M, par Pékarski3. Suivant Mgr Eugène, cette tra-
duction aurait été faite en 1776 sur une version latine. Peut-être
(1) Pékarski, op. cit., t. II, p. 190.
(2) The orlhodox Confession, etc. — London, 1762.
(3) Mgr Eugène, Dictionnaire, etc., t. I, p. 161. — Pekarski, op. cit., t. II,
p. 525.
INTRODUCTION. XXXI
y a-t-il ici une erreur de date ; la seule traduction latine men-
tionnée par les bibliographes russes est celle dont nous allons
parler, et qui fut achevée en 1782. Nous n'avons trouvé aucun
autre renseignement à ce sujet, ni dans Papadapoulos-Vretos i ,
ni dans Satha 2.
Il ne reste plus, à notre connaissance, que la traduction latine
de Hyacinthe Karpinski , celle que nous rééditons ici. Une
note communiquée par Mgr Eugène, lorsqu'il était encore
Archimandrite et Recteur de l'Académie ecclésiastique de
Saint-Pétersbourg, et publiée par Barbier, contient d'intéressants
détails sur cette traduction. Cette note est reproduite, en partie,
presque mot à mot, par Mgr Eugène dans la biographie de
Karpinski (Dictionnaire, etc. t. Ier, p. 215); nous la rapportons
textuellement telle qu'elle se trouve dans le Dictionnaire des
ouvrages anonymes de Barbier. La voici :
Statutum canonicum sive ecclesiasticum Pétri Magni, vulgo Reguîamentum,
in sancta orthodoxa Rossorum Ecclesia prœscriptum et auctum sub prœla
multoties in vernacula vocatum ; nunc tandem ex Rossira lingua in latinam
transfusum ac impressum, auspiciis impensisque serenissimi Principis Gregorii
Alexandridis Potemkini, interpetrationempassimperlustrantem. L[uca] S[itch-
kareff]. Petropoli, typis Academiœ Iuaperialis scientiarum, 1785, in-4,
157 pages.
Cette traduction a été faite par un Archimandrite de Biélozersky nommé
Hyacinthe Karpinski qui, depuis, a été membre du Comptoir synodal à
Moscou et est mort en 1798. Le prince Potemkin ayant obtenu une
copie de cette traduction, consentit, à la sollicitation de quelques étran-
gers, à la faire réimprimer. L'édition ayant été confiée à son interprète
Lucas Sitchkareff, celui-ci retoucha toute la traduction et, après l'avoir
(1) Papadapoulos-Vretos. NeosXXrpnxr] cpiXoyoyi'a (Littérature ne о -hellénique).
(2) Satha (Constantin4). Btoypacpfat twv Iv tofç ypâjj.[xaoi otaAapv|4vTiov 'EaXVjvwv
àrcb т% xaTaXÔCTEtoç Trjç j3uÇavx[v/jî <5итохратор{а; J-ts/p'i xîjç rEXXr)Vix% sOveyspafas
[1453-1821. \(Biographies des Hellènes qui se sont illustrés dans les lettres, depuis la chute
de Constantinople jusqu'à la régénération de la Grèce.) — Athènes, 1868.
XXXII INTRODUCTION.
corrigée en plus d'un endroit, traduisit tout de nouveau YEdictum et le
Juramentum, en tête de l'ouvrage ; il changea même le titre, car la tra-
duction de M. Karpinski était intitulée : Regulœ sive constitutiones ecclesia-
sticœ. in sancta Russorum ecclesia concinnatœ, typis aliquoties repetitœ, ex
lingua Rossica in latinam, in monasterio sancti Cyrilli translatai, 1782,
a, Christi. M. Sitchkareff a fait la plupart de ses corrections dans les pre-
miers chapitres de l'ouvrage. Le reste est presque partout conforme à la
version originale de Karpinski, dont une copie manuscrite se trouve à la
bibliothèque de l'Académie de Saint-Alexandre Nevski. En confrontant ce
manuscrit avec l'édition de M. Sitchkareff, on remarque que la latinité
du dernier est plus pure; mais, en revanche, il affaiblit souvent par de
longues paraphrases l'énergie de l'original, que Karpinski traduit avec
une fidélité religieuse. A la fin de l'original se trouvent un Index et quel-
ques Constitutions synodales, ainsi que quelques Questions sur les affaires du
Synode, et une Instruction pour le premier procureur du Synode. Aucune
de ces pièces ne se trouve, ni dans la traduction de Karpinski, ni dans
l'édition de Sitchkareff ; on ne le trouve même, excepté l'Index, à la
suite de l'original russe, que dans les éditions postérieures à la tra-
duction.
L'édition latine de cet ouvrage est très-rare et peu connue des Russes
mêmes, parce qu'aussitôt après l'impression , les exemplaires ont été
portés en Crimée, où le prince Potemkin avait pour lors son quartier
général ; il n'en est pas resté un seul dans l'imprimerie d'où elle est sortie,
ni dans les bibliothèques publiques de Saint-Pétersbourg. Elle est plus
connue dans les pays étrangers où l'on en a transporté de Crimée quel-
ques exemplaires, le reste a péri, en partie pourri par suite de négli-
gence, en partie déchiré et employé en maculatures par des ignorants.
(Note tirée du « Catalogue des livres de la bibliothèque de S. E. M1' le comte de
Boutourlin, revu par MM. Barbier et Pougens ; suivi d'une table des auteurs
très-détaillée. Paris, imprimerie de Pougens, 1803, г'п-8. » Elle a été commu-
niquée par le R. P. Eugène, Archimandrite et Préfet de l'Académie ecclésias-
tique d'Alexandre Nevski 1 . ■
Aux renseignements contenus dans celle note, nous ajoulerons,
(1) Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes composés, traduits
et publics en français et en latin. — Paris, 2e édit., 1824. Tome III, n° 21488.
INTRODUCTION. XXXIII
d'après l'article consacré par Mgr Eugène à Karpinski, que ce der-
nier fut chargé par le prince Potemkin lui-même de traduire en
latin le «Règlement;» que Lucas Sitclikareff était aussi traducteur
du Synode, et enfla que quelques exemplaires de l'édition res-
tèrent à Saint-Pétersbourg entre les mains de diverses personnes * .
Peut-être aussi quelque bibliophile nous saura-t-il gré de signaler
une variante entre l'exemplaire que nous possédons et un autre
possédé par le Musée britannique de Londres. La voici :
Notre exemplaire : Exemplaire de Londres :
Regidamentum sive Statutum Statutum sive Becretum ec-
spiritualis Collegiï praescribens clesiaslicum, juxta quod spiri-
munia quibus illud ipsum, qui- tuale Collegium obire tenetur
bus singuli ecclesiastici ordines, muniasua, quodque observare
пес non saeculares quatenus debent singuli ecclesiastici or-
spirituali regimini subordinati, dines, пес non saeculares, qua-
obstringuntur, qua denique ra- tenus spirituali regimini subor-
tione Collegium negotia ad se dinati, qua denique ratione, te-
pertinentia est expediturum. nore ejus, Collegium negotia ad
(Voir plus loin, p. 13). se pertinentia est expediturum.
Cette variante indiquerait-elle, par hasard, une double édition
de la traduction latine du « Règlement ecclésiastique ?»
Remarquons, avant de passer à notre traduction française,
que le titre donné par Sitclikareff à la version latine de Kar-
pinski prouve aussi contre l'assertion de l'auteur des Anecdotes,
« que (déjà en 1745) le «Règlement» était connu par une traduc-
tion imprimée en latin. » Il est à supposer que le traducteur du
Synode en aurait eu connaissance, et n'aurait pas mis dans le
titre que le « Règlement » venait, « finalement,, tandem, » d'être
traduit et imprimé en latin en 1785. — Remarquons aussi que
le mot auctum (augmenté) du titre latin, se rapporte au Supplé-
ment du « Règlement ecclésastique. » Ce Supplément, qu'on
(1) Mgr Eugène, op. cit., t. I, p. 2)6-217.
XXXIV INTRODUCTION.
peut voir aussi dans les trois dernières éditions allemandes,
parues à Dantzig, et dans l'édition anglaise de Consett, ne se
trouve pas dans la présente édition ; nous en parlerons, cepen-
dant, et nous en donnerons le contenu. (Voir p. 248-49.)
Pour ce qui est des motifs qui nous ont décidé à joindre la
traduction de l'Archimandrite du couvent de Saint-Cyrille à la
nôtre, nous ferons observer que, si la révision de Sitchkareff a
pu nuire à la force de l'expression latine employée par Karpinski,
en revanche elle a conféré à sa traduction quelque chose d'of-
ficiel, à cause de la qualité de traducteur du Synode dont le
réviseur était investi. Il est certain aussi que, pour plusieurs pas-
sages qui ont déjà donné lieu à des discussions, ou qui pourraient
facilement y donner lieu à l'avenir, la double autorité d'un'
Archimandrite russe et d'un traducteur du Synode, n'était point
à dédaigner. Enfin, la traduction latine paraphrase çà et là
l'original, et fournit de précieuses indications ; parfois aussi elle
détermine le sens assez obscur ou ambigu du texte russe. — Tou-
tefois, le lecteur se convaincra facilement que, si nous avons
profité de la traduction latine, comme nous l'avons fait des tra-
ductions allemande et anglaise, nous nous sommes cependant
appliqué à rendre, non pas le sens du latin,mais celui de l'original.
IV
Après avoir parlé des traductions faites par d'autres, et les
avoir jugées et critiquées, nous serions bien mal avisé de faire
l'apologie de la nôtre. Nous dirons donc seulement, que ce
n'est point sans quelque satisfaction que nous avons trouvé un
avocat de notre traduction, le croirait-on? chez une Impératrice
de Russie, chez Catherine II elle-même. Dans une de ses lettres à
Voltaire, l'Impératrice, s'excusant de ne pouvoir encore lui
envoyer la traduction d'un écrit russe que Voltaire attendait,
s'exprime en ces termes: « Rien n'est plus difficile que d'avoir
INTRODUCTION. XXXV
une bonne traduclion française de quoi que ce soit écrit en
russe ; cette dernière langue est si riche, si énergique, et souffre
tant d'inversions et de compositions de termes, qu'on la manie
comme l'on veut; la vôtre est si sage et si pauvre, qu'il faut être
vous pour en avoir tiré le parti et l'usage que vous en avez su
faire. » Nous nous permettrons de remarquer que la lettre
où Catherine II s'exprime si clairement sur la difficulté de
traduire du russe en français porte la date de Tsarskoeselo, le
14/25 juin 1776. Or, à cette époque, il y avait déjà vingt-deux
ans que la Russie possédait la Grammaire de Lomonossoff ; la
langue russe de cette époque, quelque imparfaite qu'elle fut
encore, était toujours meilleure, et surtout plus capable de sup-
porter une traduction, que le russe de Prokopovitch.
Il nous reste à dire quelque chose des notes dont nous avons
accompagné notre traduclion du « Règlement. » - La vie du
peuple russe était, jusqu'à Pierre Ier, identifiée avec sa reli-
gion; la littérature, expression de sa pensée, était, on peut
dire , exclusivement religieuse ; jusque dans la rédaction des
ABC pour les enfants, on visait avant tout à mettre ceux-ci a
même de lire et de comprendre les hymnes et les prières de
l'Église1. L'histoire des Tsars de Moscovie est inséparable de
celle des Métropolitains de Moscou d'abord, des Patriarches de
Russie ensuite. On comprendra aisément, par ces simples indica-
tions, qu'une publication consciencieuse du « Règlement ecclé-
siastique » de Pierre le Grand demandait nécessairement des
notes et des commentaires relatifs à l'histoire, aux coutumes, à
la langue, à la littérature et aux institutions du peuple russe.
Du reste, le contenu même du « Règlement » nous a forcé
d'aborder les sujets les plus divers, si bien que cette publication
n'est pas moins une Étude religieuse, qu'une Étude historique et
(1) Pekarski, op. cit. t. 1, p. 174.
XXXVI INTRODUCTION.
littéraire sur le règne de Pierre. Nous ne croyons pas que ce soit
là un défaut, ni que cela nuise à l'intérêt de la publication.
Parmi les ouvrages cités dans les notes, il y en a deux surtout
qui, à cause de leur importa nce,méritent ici une mention spéciale.
Le premier, ce sont les Répliques du Patriarche Nicon. Le
boyard Siméon Strechneff, adversaire déclaré du Patriarche, avait
rédigé en forme de Questions, trente chefs d'accusation contre
lui. Ces Questions avaient été soumises à un Évêque grec appelé
Païsius Ligaridès, nom bien connu dans l'histoire de l'Église
russe. Ce prélat, vendu au Tsar Alexis, s'était rendu à Moscou
pour intervenir dans le jugement et dans la condamnation du
Patriarche. On lui soumit les « Questions » du boyard Strechneff,
et il leur fît des « Réponses, » toutes en faveur du Tsar. Les
Répliques sont l'apologie du grand Patriarche écrite par lui-
même : Nicon répond à la fois aux « Questions в de Strechneff
et aux a Réponses » de Païsius Ligaridès.
On conçoit aisément que cette apologie, où les empiétements
des Tsars apparaissent constamment en contraste avec l'Écriture,
les canons, les Pères et les prescriptions du droit romain accep-
tées en Russie, n'ait jamais pu voir le jour. M. William Palmer,
dont le nom est bien connu dans le monde littéraire et reli-
gieux, ayant enfin réusssi à s'en procurer une copie, l'a traduite
en anglais, et l'a publiée avec une Introduction fort remar-
quable, des notes et une table analytique fort complète1.
Nous ne pouvions ne pas profiter d'une pareille publication ;
aussi nous sommes-nous empressé de lui emprunter de longues
citations, et de répondre aux sophismes de Pierre le Grand et de
Prokopovitch avec les paroles mêmes de Nicon. C'est ce que nous
(1) The Replies of the humble Nicon, by the mercy of God Patriarch, ayainst th
Questions of the Boyar Simeon Streshneff and the Ansivers of the Metropolitan of Gaza
Païsius Ligaridès. Translated from the Russ by William Palmer. M. A., late FelloAv
of Magdalen Collège, Oxford. — London, Trubaer, 1871.
INTRODUCTION. XXXVII
avons fait surtout, dans la première partie du « Règlement, »
consacrée à l'exposé des raisons de l'institution du Synode. Nous
ne doutons point que, de nos jours, le noble et ferme langage
du Patriarche martyr n'ait plus de poids, en Russie même, que
les argumentations de l'Évêque également en faveur auprès de
Pierre Ier, de Catherine Ire, de Pierre II, et de l'Impératrice Anne.
Le second ouvrage cité dans les notes, et dont nous devons
relever ici l'importance, c'est la Dissertatio de religione Ruthe-
norum hodierna l, dédiée comme présent de noces « loco
уар]Х(ои » au grand-duc Pierre Féodorovitch, depuis Pierre III,
à l'occasion de son mariage avec la princesse Sophie d'Anhalt-
Zerbst, celle qui fut plus tard Catherine II. L'auteur de la
Dissertatio, Guillaume-Frédéric Lutiens, que nous avons déjà
cité plus haut, ne se doutait pas que ce mariage célébré « Rus-
sie omni, Hoisatiâ, Ascanià, Germanid, Europâ, Asià, applau-
dentiôus, congratulantibus », et qui était destiné à donner « des
Césars et des autocrates jusqu'à la fin du monde, Cœsares et auto-
cratores ad finem nsque mundidaturum, » devait avoir une issue
fort tragique, l'assassinat de Pierre... Mais si Lutiens se trompait
dans ses prévisions, nous ne croyons pas qu'il se trompât en
essayant d'établir dans sa Dissertation que la religion des Russes,
non point l'ancienne, mais la moderne, « celle établie et purifiée
par le très-glorieux Pierre, conformément au texte sacré, et à
l'antique et plus pure Église « se rapprochait tout à fait de la re-
ligion évangélico-luthérienne 2. » Montrant une remarquable fran-
chise, Lutiens exprime sans détours, avec ses vœux très-ardents
•(1) ... Dissertatio hislorico-ecclesiastica de religione Ruthenorum hodierna quam... in
aima Georgia Augusta prœside Jacobo Guilielmo Feuerlino A. D. XXXI Julii A. 0.
R. MDCCXLV publiée veniilandam proponit autor respondens Guilielmus Fridericus
Lutiens, Holsatus, SS. Theol, Stud. Gottingœ (1745) typ. Jo. Frid. Hager, in-4. —
Cette dissertation est parfois citée, par erreur, sous le nom de Feuerlein.
(2) ....Religionem Ruthenorum hodiernam a gloriosissimo Petro ad normam Codicis
sacri et Ecclesiœ Christianœ antiquiorù et purioris féliciter inslauralam et purgatam. . ,
Ad noslram vero Evangelico-Lulheranam, quam proxime arcedere Lutiens, op.
cil. p, vu et 70.
XXXVIII INTRODUCTION.
pour que le grand-duc poursuive l'œavre de Pierre, ses espé-
rances que l'Église russe s'unisse une bonne fois à l'Église évangé-
lico-luthérienne. La Dissertation n'a d'autre but que d'aplanir les
difficultés s'opposant à cette union; pour les faire disparaître,
Liitiens examine, surtout à l'aide du «Règlement ecclésiastique »
et du Catéchisme de Prokopovitch, dit de Pierre le Grand, en quoi
les deux religions s'accordent, et combien il serait facile de
faire disparaître les désaccords apparents, qui subsistent encore.
Ainsi, parlant du dogme de la procession du Saint-Esprit, il dit
tenir de source très-sure « que la cour Impériale de Russie
d'aujourd'hui n'est pas éloignée de notre dogme delà procession
du Saint-Esprit du Père et du Fils \ » Et, parlant du culte des
saints et des images, que Pierre n'avait pas défendus: « On
doit le ranger, dit Liitiens, parmi ces restes des anciennes cor-
ruptions, que le très-glorieux Empereur Pierre ne pouvait ou
ne voulait pas encore extirper, se conformant, dans sa con-
duite, à la même règle de prudence, qui avait inspiré le bien-
heureux Luther, lorsque ce dernier pensait et disait qu'il fallait
d'abord arracher les images du cœur en enseignant au peuple
que c'est la foi seule qui nous rend agréables à Dieu 2. »
(1) « Summe venerandum prœsidem meum (J. Guill. Feuerlein) gravissimo testimonio
edoctum esse, aulam imperialem Ruthenicam hodkrnam, a dogmate nostro de Pro-
cessione spiritus sancti a Pâtre et Filio non esse aliénant. » Id. ib. g XIX, p. 43.
(2) «... Haec omnia reliquiis veterum corruptelarum annumeranda sunt, quœ glorio-
sissimus Imperalor penitus extirpare vel non poterat,_vel nondum volebat ex régula illa
prudentiœ, qua duc tus B. Ltjtherus nosler imagines primum ex animo removendas
duxerat,populumque docendum sola fide nos Deo placer e.»LuTiENS, op. cit. g XXI,p.62-63.
Nous avons remarqué ave з satisfaction que Liitiens, et avec lui beaucoup d'autres
Protestants qui croient sur ce point comme les Catholiques, considèrent le désaccord
entre nous et les Grecs, comme un malentendu. Dans Y Avenir de VEglise russe}
nous avons appuyé notre conviction à ce sujet sur un document très-important
émané du Synode de Russie. Dans the Pope of Rome, etc. p. 4-5 (éd. fr., p. 8-7)
nous avons cité un important travail du P. Victor de Buck, S. J., publié dans les
Etudes de 1857 sous le titre : Essai de conciliation sur le dogme du Saint-Esprit,
et rédigé d'après l'examen des Catéchismes de l'Église orthodoxe. Nous y avons
aussi rapporté in extenso une série de propositions, en forme de canons, proposées
par le savant Bollandiste, dans le but d'exclure tout malentendu ultérieur.
INTRODUCTION. XXXIX
Nous n'ajouterons rien au sujet de celle Dissertation de
Luliens. L'importance, pour le sujet qui nous occupe, en est
manifeste; elle ressort d'ailleurs du titre même de l'écrit, et des
sources auxquelles Luliens a puisé ses connaissances sur la
religion des Russes de son temps.
Les autres ouvrages dont nous nous sommes servi, et les
sources auxquelles nous avons puisé, à notre tour, sont indi-
quées avec soin dans les notes. Notre source principale a été la
Collection complète des lois de Г Empire russe x dont la publication
a commencé en 1830. Elle est divisée en deux séries: la première
contient les lois promulguées, à partir de l'année 1649, jusqu'à
Tannée 1825; elle s'ouvre par YOulojénie du Tsar Alexis Mikhai-
lovitch, qui abolit toutes les lois préexistantes, et se poursuit jus-
qu'au 12 décembre 1825, jour où fut signé le Manifeste de l'Em-
pereur Nicolas, concernant la succession au trône. Cette pre-
mière série contient, outre quarante volumes de texte, cinq
volumes d'Appendices. La deuxième série se continue encore,
mais ici on trouve à la fin de chaque volume, les Indicateurs
chronologique et alphabétique des lois qu'il contient. En citant
les lois, nous avons mis entre parenthèses le numéro d'ordre
sous lequel elles sont classées, soit dans le texte de la Collec-
tion, soit dans Y Indicateur chronologique. Nous avons aussi,
très-souvent du moins, conservé dans la citation des ukases
la qualification de nominal, qui sert à désigner les ukases
émanant directement du Tsar. Les dates indiquées sont
celles du calendrier russe, en retard de onze jours sur le
nôtre.
Si, dans la Collection complète, nous avons étudié l'Église
russe et la Russie du temps de Pierre, c'est surtout dans le Code
des lois de V Empire russe que nous avons étudié TÉglise russe et
(1) Полаое Coôpanie Законовъ Poccii'tCKOii Ihmepin. —Saint-Pétersbourg, 1830 et
suiv.
XL INTRODUCTION.
la Russie d'aujourd'hui *. La codification des lois russes, annoncée
par un ukase de Pierre Ier en date du 18 février 1700, ne fut
accomplie que sous le règne de Nicolas. La première édition du
Code est de 1832, la seconde de 1842, la troisième de 1857. Cette
dernière édition contient quinze volumes de texte, et un Indica-
cateur alphabétique formant un volume à part 2.
Avant de conclure , nous croyons remplir un devoir en
déclarant ici que notre travail a été singulièrement facilité par
les indications de toute sorte que nous avons trouvé dans l'ou-
vrage, déjà cité, de Pierre Pékarski, et qui nous ont mis sur
la voie de recherches ultérieures.
(1) La situation de l'Église russe, et particulièrement celle de son clergé forme
le sujet de nombreux écrits, publiés hors de Russie. Signalons entre autres :
Onncaeie сельскаго Духовенства. Description, du clergé de campagne (Paris ,
Franck, 1858). Une traduction abrégée de cet ouvrage, parut sous le titre : Ta-
bleau d'une Eglise nationale d'après un pope russe, par M. l'abbé Delière (Paris,
Palmé, 1862). — Русское Духовенство- Le cierge' russe (Berlin, 1859). — Объ
устройства духовпыхъ училицъ въ Poccifl. De l'organisation des écoles ecclésiastiques
en Russie (Leipzig, Wagner, 1863). — Schedo-Ferroti. La tolérance et le schisme
religieux en Russie, (Berlin. Behr, 1863). — О православномъ бвломъ и черномъ
Духовенства въ Poccin- Du clergé orthodoxe blanc et noir en Russie (Leipzig, Wagner,
1860). — Gagarin (Rév. P.). Le clergé russe, 2e édit. française (Bruxelles, Goe-
maere, 1871) et, en anglais: The Russian clergy (London, Burns & Oates, 1872). —
Eckardt, Modem Russia (London, 18»70), etc., etc.
(2) Сводъ законовъ Российской Импер1и, tomes I-XV.— Алфавитный Указатель, t. XVI.
Pour le continuation du Code, et pour la manière de s'en servir, voir plus
loin p. 196, note.
Dans la Table analytique, rédigée de façon à rendre cet ouvrage une sorte
de Répertoire de ce qui se rapporte à la question religieuse de Russie, nous
avons complété plusieurs renseignements que le lecteur était en droit d'exi-
ger. Nous avons corrigé, en même temps, quelques erreurs qui nous sont
échappées soit par inadvertence, soit pour nous être fié à d'autres auteurs
comme, par exemple, celle d'avoir dit, à p. 231, note (2), 1. 8, de Saint
Yaroslaff, au lieu de Yakovlevski. D'autres ont été relevées dans Y Errata ;
enfin, si quelque date des ukases a été citée dans l'ouvrage d'une façon
inexacte, le lecteur la trouvera rectifiée dans la liste des ukases, donnée
dans la Table analytique.
UKASE
poor l'établissement du collège ecclésiastique (synode)
NOUS PIERRE PREMIER
PAR LA GRACE DE DIEU
Tsar et Autocrate de toutes les Russies, etc., etc., etc.
Au milieu des nombreuses sollicitudes que l'autorité
reçue de Dieu Nous impose pour l'amélioration de notre
peuple et des autres royaumes qui Nous sont soumis,
notre attention s'étant aussi portée sur l'état ecclé-
siastique, et ayant remarqué en tout ce qui le concerne
beaucoup de désordre et de grands défauts, Notre con-
science nous a fait craindre, et non sans fondement, de
paraître ingrat envers le Très-Haut, si, après avoir été
si puissamment secondé par Lui dans la réforme de
EDICTUM
INDULGENTE DIVINA GRATIA
NOS PETRUS PRIMUS
Tzar et Auctocrator totius Rossiae, etc., etc., etc.
Inter tôt tantasque, quas summa a Deo Nobis concredita potestas
a Nobis efflagitabat, curas, ut populum Nostrum, ita alia ditioni
Nostrae subjecta Régna emendandi, cum obtutum Nostrum in ordi-
nem etiam sacrum defiximus, atque in eo multa perperam et pre-
postere agi, magnamque in ejus rébus gerendis inesse imperfec-
fcionem deprehendimus; non vano certe in conscientia Nostra metu
sumus perculsi, ne adversus supremum Numen ingrati esse videa-
mur, si Nos, qui ope ejus instructi, tôt tamque egregios in re mili-
tari et civili reformanda fecerimusprogressus, omni sacrum ordinem
1
2 UKASE POUR L ETABLISSEMENT DU SYNODE-
l'état militaire et civil, Nous négligions celle de l'état
ecclésiastique. Et nous avons craint de rester sans ré-
ponse devant Dieu, lorsque ce Juge, qui ne fait point ac*
ception de personne, Nous demandera compte de la
charge si grande qu'il Nous a confiée ; et c'est pourquoi,
à l'exemple des pieux rois, tant de l'ancienne que de la
nouvelle Loi \ Nous Nous sommes chargé du soin de
réformer l'état ecclésiastique. Or, ne trouvant aucun
meilleur moyen d'y parvenir qu'un Gouvernement Con-
ciliaire 2 (car celui qui est entre les mains d'un seul n'est
limandi expoliendique cura supersedebimus. Ad haec extimescendum
Nobis erat, ne coram Judice ab omni personarum studio longe
remotissimo, tantae a Se Nobis demandatae provinciae rationem a
Nobis exacturo, redderemur inexcusabiles. Quibus fiebat, ut Nos
Regum, qui superiorum temporum memoriâ, in Veteri et Novo Tes-
tamento 1 vera pietatis laude floruerant, exemplum aemulati, curam
ordinis etiam ecclesiastici ad meliora reducendi susceperimus.
Ad hanc vero rem praestandam, praeter ex multis personis conjun-
ctum Magistratum 2, nulla ratio Nobis visa est commodior. Unicam
(1) Nous croyons que Pierre avait ici en vue surtout Constantin, à qui en effet
il a été comparé par Théophane Prokopovitch, qu'à certains égards on pourrait
considérer comme l'Eusèbe russe de Pierre le Grand. Or, nous ne saurions nulle-
ment concilier la teneur de cet ukase, avec le célèbre mot de Constantin aux
Évêques, rapporté par Eusèbe : « Vous avez été établis par Dieu Evêques des choses qui
» sont au dedans de l'Eglise, et moi Evêque des choses qui sont au dehors. » TulEiç wiv T&V
cïato т% 'Exy.Xrjataç* iyw oè tuv extoç. Eus. Vie de Const., 1. IV, ch. 24). Le lecteur
pourra faire plus loin une remarque analogue, à l'occasion des leçons d'humilité
chrétienne, que Pierre donne à ses Evêques, quand il leur recommande de ne pas
se former une trop haute opinion de leur dignité et, surtout, de ne point s'ima-
giner qu'elle puisse égaler celle du Tsar. (Regl. eccl., IIe partie : Des devoirs des
Evêques, N03 14 et 15.)
(2) Rus. Соборное Правительство- La version allemande a : « Collégiale Regie-
rung ; » l'anglaise de Consett : « a Régulation by a Synod. » Nous avons préféré le
mot « conciliaire » parce que ce mot, outre qu'il traduit exactement l'adjectif russe
соборвое (de соборъ Concile), rend aussi exactement l'idée ou, pour mieux
dire, l'équivoque renfermée dans l'expression russe. Nous verrons, en effet, que le
Synode passe aux yeux des Russes comme le Concile de l'Eglise de Russie. (V. à la
fin de la IIIe partie du Règl. eccl., avant le Supplém., les points soumis à la déci-
sion du Tsar, n° 2 et la note.)
UKASE POUR L ETABLISSEMENT DU SYNODE. 3
pas à l'abri des passions, et on en tient d'autant moins
compte que son pouvoir n'est pas héréditaire), Nous
instituons le Collège Ecclésiastique, c'est-à-dire un
Gouvernement ecclésiastique Conciliaire qui, d'après le
« Règlement » ci-joint, administrera toutes les affaires
ecclésiastiques dans l'Eglise de toutes les Russies. Nous
ordonnons à tous nos fidèles sujets de tout rang, ecclé-
siastiques et laïques, de reconnaître ce Gouvernement
comme ayant autorité et pouvoir, de s'adresser à Lui en
dernier ressort pour toute satisfaction, solution et déci-
sion dans les affaires ecclésiastiques, d'acquiescer à ses
arrêts définitifs, et d'obéir en tout à ses décrets, sous les
peines sévères portées contre ceux qui résistent ou déso-
béissent aux autres Collèges \
enim personam affectibus plus justo indulgere, certissima res est.
Adde quod, cûm potestas haec non sit haereditaria, de ea sustinenda
tuendaque minus sedulo laboratur. Quare instituimus Spirituale
Collegium, i. e. Synodum, omnia omnium in universa Rossia eccle-
siarum spiritualia negotia moderaturam, juxta proxime hic sequu-
turum praescriptum. In mandatis etiam damus, ut omnes Nostri
fidèles Subditi, cujuscunque tandem sint Ordinis sive spirituales, sive
seculares, ecclesiasticum lmncce Magistratum magnae Auctoritatis,
magnaeque Potestatis esse agnoscant. Ad illum in causis spiritua-
libus transigendis ultimo provocent, decreto decisionique illius
acquiesçant ; definitivâ illius sententiâ Sibi satis fieri persuasum
habeant ; omnibus illius mandatis plane perfecteque obsequantur,
sub metu ingentis poenae ob denegatum obsequium subeundae ;
habito ad alia juridica Collegia ' respectu.
(1) Dès l'année 1718, Pierre avait aboli plusieurs des anciennes Chancelleries
(приказы) de l'Etat et institué à leur place, pour les différentes branches de
l'administration, neuf Collèges, savoir: 1° des Affaires étrangères; 2° des Revenus;
3° de la Justice ; 4° de Révision ; 5° de la Guerre ; 6° de l'Amirauté ; 7° du Com-
merce ; 8° du Comptoir d'Etat ; 9° des Mines et des Manufactures. Ces Collèges
étaient tous composés de la même manière et leurs attributions étaient fixées par
4 UKASE POUR L ETABLISSEMENT DU SYNODE.
Ce Collège devra, par la suite, compléter son « Règle-
ment » par les nouvelles règles qu'exigeraient les di-
verses circonstances des différents cas. Toutefois le
Collège ne devra point le faire sans notre consentement.
Nous ordonnons que ce Collège Ecclésiastique soit
composé des membres ci-mentionnés, savoir : d'un Pré-
sident, de deux Vice-présidents, de quatre Conseillers et
de quatre Assesseurs.
Et puisqu'il est dit aux septième et huitième articles
de la première partie de ce ce Règlement )>, que le Prési-
dent, s'il s'est rendu gravement coupable en quoi que ce
soit, doit être soumis au jugement de ses frères, c'est-
Collegii istius etiam est, ut Regiilamentum suum novis in poste-
rum regulis, quas variae variorum negotiorum circumstantiae surit
postulaturae, locupletatum curet: tamen hoc, non nisiNosTRA acce-
dente approbation e, facere non débet.
Collegas autem ad hocce collegium constitue udum designamus,
qui hic recensentur : Unicum Praesidem, duos qui Praesidis vicem
gérant, quatuor Consiliarios et quatuor Assessores.
Quum vero in statuti huius prima parte septimo et octavo para-
graphes commernoratum fuerit, Praesidem si forte se gravis ali-
cuius sceleris alligaverit, judicio collegarum suorum iri subjectum ;
un ukase du 12 déc. 1718 (Полное CoOpanie Закоповъ, Ire série, tom. V (3255). p. 601.)
En 1720, Pierre compléta sou oeuvre en donnant à tous les Collèges un
« Generalnyi Réclament » pour fixer d'une manière uniforme leur mode d'action.
(действо. Ukase du 28 fév. 1720. Пол. Собр. I" série, tom. VI (3534), p. 141.)
Après avoir ainsi réglé tout ce qui concernait la justice, la guerre, la marine, etc.,
Pierre voulut aussi régler, de la même manière, tout ce qui concernait l'Eglise, et
c'est ce qu'il fit parle présent ukase. Il abolit le patriarcat de Moscou, comme il
avait aboli les Chancelleries, et institua à sa place un Collège de plus, entièrement
calqué sur les autres, qu'il soumit pour le mode d'action au même «Règlement gé-
néral » que les autres, et qu'il nomma Ecclésiastique, ou spirituel; le mot russe
духовный ayant, comme l'allemand gei'.tlich, cette double signification. Plus
tard il lui changea le nom de Collège en celui de Synode; nous verrons à quelle
occasion. (Règl. eccl. IIIe partie, avant le Supplément : mode d'action, et : points
soumis à la décision du Tsar, n" 1 et note.)
UKASE POUR L ETABLISSEMENT DU SYNODE. 5
à-dire du Collège lui-même, Nous ordonnons que le
Président n'ait qu'une seule voix, égale à celle des autres.
Tous les membres de ce Collège, à leur entrée en
fonction, devront faire, sur les saints Évangiles, le ser-
ment ou promesse dont la formule est ci-jointe.
Ci-dessous la signature de
Donné à Pétersbourg , la propre main de sa Ma-
ie 25 janvier 1721. jesté Tsarienne.
PIERRE.
ea gratia decernimus ut Praeses unicam, eamque aliorum parem et
aequalem sententiam ferendi jure gaudeat.
Porro Collegii istius socii munus suum auspicaturi, mox coram
sancti Evaagelii volumine juxta adnexam hic loci juramenti for-
mulant, se se jurejurando obstringant, necesse est.
Subscriptio, quam Sua Regia Ma-
Petropol. Januar. diexxv. jestas propria manu adjecit , if a
mdccxxi Anno. sehabet :
PETRUS.
SERMENT
DES MEMBRES DU COLLÈGE ECCLÉSIASTIQUE (SYNODE)
Je, ci-dessous nommé, promets et jure, par le Dieu tout-puis-
sant et sur ses Saints Évangiles, que je me tiens pour obligé, et
que selon mon devoir je veux m'efforcer par tous les moyens, de
rechercher constamment dans les conseils, jugements et toutes
les affaires de cette Assemblée Ecclésiastique Dirigeante, l ce qui
est réellement vrai et ce qui est réellement juste ; et d'agir en
tout conformément aux prescriptions déjà contenues ' dans le
« Règlement Ecclésiastique», et aux autres qui seront établies dans
la suite par l'accord de ce Gouvernement Ecclésiastique, et le
consentement de Sa Majesté Tsarienne 2.
Je jure d'agir en tout selon ma conscience, sans rechercher la
JURAMENTUM
COLLEGARUM SPIRITUALIS COLLEGII
Ego inferius nominandus bona fide recipio, et per omnipotentem
Deum, praesentibus sanctis ipsius Evangeliis juro, debere me, et
pro eo, ac debeo, velle, et impensissime esse conaturum, ut in con-
sultationibus, in judiciis et in singulis hujus spiritualis Regentis *
Collegii negotiis meram puram veritatem iustitiamque indagem,
atque omnia iuxta praescriptas in spirituali « Statuto » et in posterum
ex huiusce spiritualis Regiminis consensu, adstipulante Regiae
Majestatis voluntate2, praescribendas régulas, quantum in me erit,
exsequar.
Haec autem singula etuniversa sanctereligioseque praestare, non
(1) Rus. прапительствующш. Ce mot, appliqué au Saint Synode et au Sénat de
Russie, est rendu par dirigeant dans les documents officiels écrits en français
(Synode Dirigeant — Sénat Dirigeant). D'après l'étymologie il serait plus exact
de dire : Gouvernant.
(2) Le consentement ou agrément (сопзволете) de Sa Majesté Tsarienne est, en
Russie, une condition sans laquelle nulle loi ecclésiastique existante ne peut
être abolie ou seulement modifiée, e1 mille loi nouvelle ne peut avoir son effet.
SERMENT DES MEMBRES DU SYNODE. 7
faveur de personne, et dégagé de toute animosité, envje ou obsti-
nation; en un mot, de faire toutes choses dans la crainte du Sei-
gneur, ayant toujours devant les yeux son incorruptible juge-
ment, avec un sincère amour pour Dieu et pour le prochain, me
proposant comme fin dernière de toutes mes pensées, paroles et
actions la gloire de Dieu, le salut des âmes, et l'édification de
toute l'Eglise, me gardant libre de toute passion, et ne cherchant
point ce qui est à moi, mais ce qui est à Jésus-Christ.
Je jure par le Dieu vivant, que, me rappelant toujours son ter-
rible oracle : « Maudit celui qui fait l'œuvre de Dieu avec négli-
gence», je me conduirai dans toutes les affaires de cette As-
semblée Dirigeante, comme dans l'œuvre de Dieu, y apportant
toute l'assiduité et la diligence dont je serai capable, et sans égard
pour aucun avantage et commodité personnels. Et je ne pré-
texterai point l'ignorance, mais, en cas de doute sur un point
quelconque, je travaillerai de toutes mes forces à en acquérir
l'intelligence et la science, par la Sainte Écriture, les canons des
Conciles et raccord des grands anciens Docteurs.
personarum studio addictus, nec simultate, necinvidia,necpertina-
cia laborans enitar. Imo, ut simplicioribus verbis me exprimam ;
nullis affectibus, sed solo Dei timoré, et quidem perpetuam nullis
muneribus corrumpendi judicii illius, et sincerae erga Deum proxi-
mumque charitatis habens memoriam, agi me patiar. Praefigens
metam omnibus cogitationibus, et dictis et factis meis, utpote causam
finalem, gloriam Dei,animarum humanarum salutem ettotius Eccl.
aedificationem, non quaerens quae sint mea, sed quaeDom. Jesu.
Juro porro per Deum vivum, me, ut semper illius tremendi effati :
« Maledictus, guiqpus Dei facit negligenter » , fore memorem ; Ita unum-
quodque huius Regentis Collegii opus, utpote divinum sedulo,
gnaviter, cum omni solertia exerciturum, quantum ad summum
meae vires valeant,postbabitis omnibus vitae meae commoditatibus
suavitatibusque, nec mibi ignorantiam assimulabo , sed sicubi an-
ceps luesero, strenuam intelligentiae et, scientiae ex sacra Scriptura
et conciliorum eanonibus, ex antiquorum denique magnorum Doc-
torum consensu hauriendae, operam navabo.
8 SERMENT DES MEMBRES DU SYNODE.
Je jure de nouveau, par le Dieu tout-puissant, que je veux être,
comme je le dois, fidèle, bon et obéissant serviteur et sujet de mon
naturel et véritable Tsar et Souverain PIERRE Ier, Autocrate de
toutes les Russies, etc. et, après Lui, des Très-Hauts et légitimes suc-
cesseurs de Sa Majesté Tsarienne qui, par la volonté et le pouvoir
suprême de Sa Majesté Tsarienne, ont été désignés ou seront dési-
gnés par la suite et jugés dignes d'occuper le trône 1 ; et enfin aussi
de Sa Majesté ma Souveraine et Tsarine CATHERINE ALEXÉ-
IÉVNA 2.
Juro rursum per Deum omnipotentem velle me, imo debere, Régi,
utpote genuino meo Domino, PETRO Primo totius Rossiae Aucto-
cratori, etc. et post Eum celsissimis suaeRegiae Majestatis legitimis
liaeredibus, ex beneplacito et ex suprema suae Regiae Majestatis
potestate nuncupatis, .et inposterum nuncupandis, et ad obtinen-
dum solium pro idoneisreputandis ' ; Nec non suae Majestati Domi-
nae Reginae CATARINAE ALEXIADI % fidelem, probum, dicto au-
dientem servum esse et subditum.
(1) Par ces paroles de la formule de serment, Pierre cherchait à s'assurer contre
toute tentative ayant pour but de rendre le trône aux descendants légitimes de son fils
Alexis, qu'il avait fait mettre à mort en 1718, n'imitant que trop en cela Constan-
tin qui, lui aussi, avait fait périr son fils Crispe. De plus, Pierre fit rédiger, par
Théophane Prokopovitch, tout un traité sur le droit du bon plaisir du Souverain dans
le choix de son héritier. Cet écrit dont le titre russe est : Правда воли монаршей въ
опред'Бленш наследника, etc. eut deux éditions, la première en 1722,1a deuxième en
1727; l'une et l'autre à Moscou. Mais Dieu, qui se joue des calculs de la prudence
humaine, permit qu'immédiatement après la mort de l'Impératrice Catherine Ire (1727)
une révolution plaçât sur le trône Pierre II, fils de l'infortuné Alexis. Comme on '
pouvait s'y attendre, Pierre II ordonna, qu'on se saisît partout de l'écrit de Proko-
povitch et on le détruisit (V. ukas. 21 apr. 1726 (4870); 26 juil. 1727 (5131);
17 déc. 1731 (5909).
(2) Cette Catherine Alexeïevna, à laquelle les membres du Sjmode récemment ins-
titué prêtaient serment d'obéissance comme à leur souveraine, n'était en réalité
qu'une concubine du Tsar. Eudoxie Lapoukhin (n. 1669, m. 1731), que Pierre avait
épousée en 1689, et de laquelle il avait eu en 1690 le Tsarévitch Alexis mentionné
dans la note ci-dessus, vivait encore, et Pierre avait publiquement épousé Cathe-
rine (1711) sans qu'on eût pu prouver contre sa femme légitime le fait de l'adul-
tère, admis dans l'Eglise russe comme cause légitime de divorce : en tout cas,
il est bien certain que jamais l'autorité ecclésiastique ne prononça aucune sentence
dans cette affaire. Au surplus, on peut dire que l'Église russe ne parait pas telle-
ment fixée sur le nombre des causes de divorce, qu'elle ne puisse, au besoin, en
admettre de nouvelles.
SERMENT DES MEMBRES DU SYNODE. 9
Je jure aussi de protéger et défendre, de toute mon intelligence,
de toutes mes forces et de tout mon pouvoir, tous les droits
appartenant à la souveraineté absolue, à l'autorité et au pouvoir
de Sa Majesté Tsarienne, ainsi que les prérogatives ou privilèges
qui lui ont été décrétés ou seront décrétés par la suite, et de
ne point épargner pour cela, si le cas l'exigeait, ma propre vie.
Et, en outre, de faire tous mes efforts pour favoriser, en toute
circonstance, tout ce qui pourra concerner le fidèle service et
l'avantage de Sa Majesté Tsarienne. Et non-seulement de décou-
vrir en temps utile, et dès que j'en, aurai connaissance, tout ce qui
pourrait causer détriment, perte ou préjudice aux intérêts de
Sa Majesté, mais aussi de m'efforcer, par tous les moyens, de le
détourner et de Fempêcher.
Et de garder le silence le plus absolu sur toute affaire secrète
et sur toute autre cliose, concernant le service et l'intérêt de Sa
Majesté ou de l'Église, sur laquelle le secret m'aura été imposé;
n'en parlant à personne, en dehors de ceux qui doivent en connaî-
tre, ou auxquels on m'aura ordonné de la communiquer.
Omnia, quibuscunque Augustissimae Suae Regiae Majestatis Mo-
narchia, valor et potentia gaudent, jura et praerogativas sancitas,
aut deinceps sanciendas, prout in strictissima sumimtur significa-
tione, pro modulo virium, et quantum maxime potuero, praeservare,
tueri, nec vitae meae, sicubiexigat nécessitas, parcere.
Adstringor simul ad curandum et properandum ea,quae tidele ser-
vitium et Suae Regiae Majestatis commodum in quibusvis oecasioni-
bus a me requirunt. Ad damnum autem, detrimentum et jacturam
eorum, in quibus commodum Regiae Majestatis est situm, simul
atque rescivero, non solum opportune detegenda, sed etiam quo
minus fiant, adimpedienda et probibenda.
Si quid autem secreti, vel si qui il saltem pvo secreto babendi, ad
servitium tamen Regiae Majestati debitum pertinentis, utileque sit,
vel Ecclesiae prosit, meaeque fidei sub titulo secreti non divulgandi
fueritcommissum, alto silenlio tegam, nec secreti quempiam, cujus
scire nibil refert, et cui non est revelandum, faciam participera .
10 SERMENT DES MEMBRES DU SYNODE.
JE CONFESSE, EN OUTRE. AVEC SERMENT, QUE LE JUGE SUPRÊME DE CE
COLLÈGE ECCLÉSIASTIQUE EST LE MONARQUE LUI-MÊME DE TOUTES LES
RUSSIES, NOTRE TRÈS-GRACIEUX SOUVERAIN l.
Je jure aussi, parle Dieu tout-puissant, que, dans tout ce que je
viens de promettre, mon esprit n'admet point d'autre sens que le
sens exprimé par mes paroles, auxquelles je donne la même si-
gnification et la même valeur qu'elles offrent à tout homme qui
les lit ci-écrites ou les entend.
Et cela je le confirme avec serment : Vous, Dieu, qui son-
dez les cœurs, soyez témoin de la vérité de ma promesse. Et
si elle était mensongère, et non point selon ma conscience, Vous
qui jugez selon la vérité, tirez vengeance de moi.
CONFITEOR P0RR0, ET JUREJURANDO ASSEVERO SUPREMUM HUJUSCE
COLLEGII JUDICEM ESSE IPSUM TOTIUS ROSSIAE MONARCHAM DOMINUM
NOSTRUM CLEMENTISSIMUM *.
Juro insuper per omniscium Deum, haec omnia a me promissa
non secus corde me interpretari, quam ore profitear.
Et quidem in eadem significatione et sensu, quam significatio-
nem et sensum hic scripta legentibus et audientibus perhibent.
Roboris stabilitatisque juramento meo conciliandae causa, haec
profero verba : Te cordium Scrutator testem appello ! juramentum
meum scilicet, esse a fraude alietmm. Si vero id dolo malo a me sit
factum, velnon per omnia cum conscientia concordet, volo Te jus-
tissimum severissimumque ultorem experiar.
(1) Rus. ПсиовЬдую же съ клятвою крайпаго Судда Духовпьш сея Коллегш, быти
Самаго Всероссшскаго Мопарха, Государя нашего ВсемпдостпвМшаго.
Ces paioles ne se trouvent que dans le serment prescrit aux membres du Collège
Ecclésiastique, et nullement dans celui des membres de tous les autres Collèges.
Гепер. Регл. (3534) 28 février 1720 гл. I.) Tout commentaire est donc superflu. Nous
nous bornerons à faire remarquer que Catherine Alexeïevna, dont nous avons parlé
dans la note précédente, régna seule après Pierre (1725-1727) et hérita aussi, par
conséquent, de sa qualité de juge suprême (lu Collège Ecclésiastique ou Synode. On peut
dire la теше chose de toutes les autres femmes qui ont gouverné la Russie : cha-*
cune d'elles a été reconnue avec serment par les membres du Synode comme juge
suprême du Synode. De 1762 ii 179G cette assemblée eut pour juge suprême Catherine H,
bien que les opinions religieuses de col te souveraine la rendissent peu apte n
remplir ce rôle.
SERMENT DES MEMBRES DU SYNODE- 11
En conclusion de ce serment, je baise l'Évangile et la croix
de mon Sauveur.
Coronidem tandem huicce meo jurejurando impositurus, verba
crucemque mei deosculor Salvatoris. Amen.
REGLEMENT
OU STATUTS DU COLLÈGE ECCLÉSIASTIQUE
OU SONT EXPOSÉS SES DEVOIRS, CEUX DES DIFFÉRENTS ORDRES ECCLÉSIASTIQUES
ET CEUX AUSSI DES LAÏQUES, EN TANT QUILS SONT SOUMIS
A LA JURIDICTION ECCLÉSIASTIQUE, DE MÊME QUE LA MARCHE A SUIVRE DANS
LA DIRECTION DE TOUTES SES AFFAIRES.
Ce Règlement se divise en trois parties, correspondant aux trois points qui,
dans l'état ecclésiastique, sont dignes d'attention et réclament une direction.
I. Exposition de ce qu'est ce gouvernement et des graves mo-
tifs de son établissement.
II. Affaires soumises à son administration.
III. Devoirs, mode d'action et pouvoir de ceux qui gouvernent.
Pour ce qui est de la base même de ce gouvernement, c'est-à-
REGULAMENTUM
SIVE STATUTUM SPIRITUALIS COLLEGII
PRAESCRIBENS MUNIA QUIBUS ILLUD IPSUM, QUIBUS SINGULI ECCLESIASTICI ORDINES,
NEC NON SAECULARES, QUATENUS SPIRITUALI REGIMINI SUBORDINATI,
OBSTRINGUNTUR, QUA DENIQUE RATIONE COLLEGIUM NEGOTIA AD SE PERTINENTIA
EST EXPEDITURUM;
Cum autem Regulae circa triplex spiritale objectum partim speculanduin,
partim ad praxim reducendum versentur ; Très inde earum partes emergunt,
prout objecti sequens innuit divisio.
I. Definitio et legitimae causae ejusmodi Regiminis.
II. Negotia, quae illucl Regimen sibi vindicat.
III. Eorum, qui Regimini administrando admoventur, munia,
modus munia illa exsequendi et auctoritas. Porro juridici Ecclesiae
14 RÈGLEMENT OU STATUTS DU COLLEGE ECCLESIASTIQUE.
dire la parole de Dieu exposée dans la Sainte Écriture, les canons
ou règles établies dans les Conciles par les Saints Pères et, enfin,
les lois civiles qui s'accordent avec la parole divine, cela demande
un livre à part, et nous n'en traitons point ici.
Regiminis fundamentum, nempe lex Dei, quae in sancta scriptura
exhibetur ; item canones in sanctorum Patrum conciliis asserti, et
civiles constitutiones a Dei verbo non abeuntes peculiari indigen t
libro, neque hîc comprehendentur.
PREMIERE PARTIE
qu'est-ce que le collège ecclésiastique et quelles sont
les graves raisons d'un tel gouvernement ?
Le Collège Dirigeant n'est antre chose qu'une Assemblée
Dirigeante, ce qui a lieu lorsque la direction de certaines
affaires spéciales n'est pas soumise à une seule personne, mais à
plusieurs, aptes aux affaires et nommées par le pouvoir su-
prême.
Autre chose est un Collège temporaire et autre chose un Col-
lège permanent. Le premier existe lorsque, à l'occasion d'une
ou plusieurs affaires qu'il faut résoudre simultanément, on
réunit des personnes capables pour en décider. Tels sont les Sy-
nodes Ecclésiastiques et, dans l'ordre civil, les commissions
d'enquête extraordinaires, les tribunaux et les conseils.
Le Collège est permanent lorsque plusieurs personnes, en
nombre suffisant, sont désignées pour la direction de certaines
PARS PRIMA
QUID EST SPIRITUALE COLLEGIUM ? ET QUAE SUNT LEGITIMAE
HUIUS REG1MINIS CAUSAE ?
Quod rébus moderandis praeest Collegium niliil aliud est, quam
Synodus sive consessus jure exercendi Regiminis praeditus, ubi
nempe quaedam negotia non unica persona, sed multae ad hoc ido-
neae a suprema potestate constitutae, sibi demandata administrant.
Discrimen tamen inter Collegium occasionale et perpetuum inter-
cedit. Prius constat ex idoneis Collegis, qui in unam aliquam cau-
sam, vel etiamin plures, haud interrupto tamen tempore decidendam
inquirunt. Ejusmodi sunt Synodi Ecclesiabticae _, extraordinaria
civium comUia, Inquisitiones, Tribunalia, et Consultationes.
Quum autemcerta quaedam negotia, quae inPatriasaepenumero,
vel perpetuo eveniunt, discernenda et in ordinem redigenda certis
16 PREMIÈRE- PARTIE.
affaires déterminées qui se présentent souvent ou constamment
dans la patrie. Tel était le Sanhédrin ecclésiastique à Jérusalem,
pour l'Église de l'Ancien Testament; tels étaient le tribunal civil
des Aréopagites à Athènes et, dans la même ville, les autres
Assemblées dirigeantes appelées Dicasières. C'est ce que nous
trouvons aussi dans beaucoup d'autres royaumes, tant anciens
que modernes.
En l'année 1718, le très-puissant Tsar de toutes les Russies,
PIERRE Ier établit dans sa profonde sagesse, et pour l'avantage
du pays soumis à sa domination, plusieurs de ces Collèges * ,
suivant les diverses affaires et les différents besoins de l'Etat.
Mais, comme prince chrétien, et gardien de l'orthodoxie et de
tout ce qui concerne le bon ordre dans la sainte Église, ayant
aussi porté son attention sur les affaires ecclésiastiques, et dé-
sirant ardemment qu'elles fussent gouvernées le mieux possible,
il voulut bien instituer un Collège Ecclésiastique, chargé de
veiller constamment et avec diligence au bien de l'Église, afin
viris et quidem frequentibus demandantur, illorum consessus Col-
legium audit perpetuum, sive Synodus perpétua. Ita se habuerat Sy-
nedrion in vetere Ecclesia Hierosolymae, civile Areopagitarum
Tribunal Athenis, née non alii in eadem civitate Congressus Di-
casteriorum nomine conspicui, quodam Regiminis jure instructi.
In aliis pariter regnis tam antiquis, quam nunc florentibus similia
observantur.
Ejusmodi varia Collegia pro diversa negotiorum necessitatisque
ratione Augustissimus totius Rossiae Tzar, PETRUS Primus, suae
patriae , cuius habenas moderatur , consulturus commodis ,
anno 1718 sapienter instituit %.
Quatenus autem Rex Christiaims verae religionis bonique in
sancta Ecclesia ordinis observandi studiosissimus, habito rei Eccle-
siasticae respectu, deque meliore illius gubernatione sollicitus appu-
lit tandem animum ad Spirituale Collegium sive Synodum instituen-
dam, eu jus interesset perpetuam strenuamque operam in eo, ut Ec-
(l) Voir la note à la page 3.
qu'est-ce que le collège ecclésiastique, etc. 17
que tout s'y passe convenablement et qu'il ne s'y glisse pas des
désordres. C'est ce que désirait l'Apôtre ou, pour mieux dire,
c'est la volonté de Dieu lui-même '.
clesiae commodis consuleretur, et omnia debito ordine procédèrent,
collocare, ad bunc utique scopum vota Apostoli tendebant, imo
ipse Deus in hoc acquiescit l. (I Cor., xiv, 33, 40.)
(1) Dans le texte russe on s'est prudemment gardé d'indiquer les passages faisant
connaître le désir de l'Apôtre ou, pour mieux dire, la volonté de Dieu lui-même. Le ren-
voi au chap. xiv, y. 33, 40 de la première épître de saint Paul aux Corinthiens ne
se trouve que dans la version latine, et les textes cités sont les suivants : Dieu
n'est pas le Dieu du trouble mais de la paix; et c'est ce que j'enseigne dans toutes les
Eglises des saints, (y. 33.) Que tout se fasse avec bienséance et dans l'ordre, (y. 40.)
C'est tout ce qu'on a pu trouver de mieux pour faire de saint Paul un complice
posthume de l'institution du Synode de Russie !
Heureusement pour l'honneur de l'Église russe et, nous l'espérons aussi, pour sa
plus prochaine délivrance, nous savons ce qu'on pensait autrefois en Russie sur le
désir de l'Apôtre et la volonté de Dieu touchant la juridiction ecclésiastique. Un
peu plus d'un demi-siëcle avant que Pierre le Grand, par son ukase du 25 janvier
1721, eût conféré au Collège Ecclésiastique (Synode) l'administration « de toutes les
affaires ecclésiastiques dans l'Église de toutes les Bussiesn le Boyard Siméon Strechneff
(V. Introd.) dans une de ses questions au sujet du Patriarche Nicon, s'était
permis de dire que « le Tsar (Alexis Mîkhaflovitch, 1 645- 1676) avait conféré à Nicon la
haute inspection de tous les jugements et causes ecclésiastiques.» A. cela Nicon répliquait :
« Votre question, 6 questionneur, est pleine de peur satanique ( que l'Église
» n'exerce son pouvoir contre les méchants) aussi bien que d'orgueil... Ce que vous
» dites là, à savoir que le Tsar nous a conféré la haute inspection de tous les jugements ec-
» clésiastiques , est simplement un horrible blasphème et tel qu'il surpasse l'orgueil de Luci-
» fer. Car Lucifer a bien dit : « Je veux placer mon trône dans le Ciel et être sem-
» blable au Très-Haut я mais ici le Tsar pense que son pouvoir est même AU-DESSUSrfe
» Dieu. N'ave:-vous pas appris que nous ne recevons la sublime autorité du Sacerdoce, ni
» des rois ni des empereur s, mais qu'au contraire ceux qui gouvernent reçoivent du Sacer-
» doce î onction pour l'empire? Il est bien clair, après cela, que le sacerdoce est une chose
» beaucoup plus grande que la royauté... Quel pouvoir le Tsar ma-t-il donné? Quel
» est-il ce pouvoir ?.. .. Sache: que même celui qui est orné du diadème est soumis à
о l'autorité du Sacerdoce, et que tout homme justement lié par cette autorité sur la terre
» est aussi lié dans le ciel... Ni le Tsar ne nous a conféré aucun pouvoir, ni n'en avons-
» nous besoin, ni cherchons-nous de lui un pouvoir quelconque, nous rappelant les ca-
» nom qui disent: « Celui qui reçoit une Église du pouvoir séculier doit être dé-
» posé »... Mais écoutez de nouveau l'Apôtre Paul. « Que personne, dit-il, ne vous
» séduise, car ce jour-là (celui du jugement) ne viendra pas avant qu'il ne soit pré-
» cédé par Г apostasie. » (II Thess., il, 3.) Ce qui revient à ce que dit le Seigneur:
« Vous serez alors livrés pour être affligés, et on vous mettra à mort et toutes les
ч nations vous haïront à cause de mon nom. Et beaucoup en seront scandalisés, et
» ils se trahiront et se haïront l'un l'autre, et alors il s'élèvera un grand nombre de
» faux prophètes qui séduiront beaucoup de personnes. Et parce que l'iniquité
9
18 PREMIERE PARTIE
Et afin que nul ne s'imagine que cette forme de gouvernement
n'est pas opportune, et qu'il eût mieux valu qu'un homme seul
administrât les affaires ecclésiastiques de toute la société, de même
que chaque Évêque administre seul les affaires de sa contrée
particulière ou Éparchie1 (diocèse), on va exposer ici les graves
raisons qui démontrent que ce Gouvernement Conciliaire per-
manent, espèce de Synode ou Sanhédrin permanent, est plus
parfait et meilleur que le Gouvernement d'un seul homme,
surtout dans un État monarchique comme le nôtre de Russie.
1. Premièrement la vérité ressort avec plus d'évidence de l'ac-
cord de plusieurs personnes que de l'opinion d'une seule. C'est
un ancien adage -chez les Grecs, que « les pensées venant les der-
nières sont plus sages que les premières 2 » ; à combien plus forte
Ne quis vero kuncce magistratum nullius esse usus sibi persuadeat,
Ecclesiaeque, si summa rerum non secus atque pênes singulos Epi-
scopos stat, jus singulas sibi concreditas provincias sive dioeceses1 gu-
bernandi, esset pênes iinum, magis expedire somniet. In Regno
siquidem praesertim Monarckico, quale audit Rossiacum, Regimen
bocce multis Collegis injunctum, utpote coutiuuam Synodum
seu Synedrion, praestantius illo Regimine, quod unica sibi vindicat
persona, et perfectius esse liquide» constat ex rationibus, mox hic
adferendis.
1 . Ubi frequens congregatio in perscrutanda sudat veritate, certior
baec magisque perspicua, quam si unius personae subjiciatur exa-
mini, redditur. «Posteriores, enim cogitationes sapientiores soient esse,))
juxta vetustum Graecorum proverbium'2. Nonne consultationes po-
» abondera, la charité de plusieurs se refroidira. » (Matth., xxiv, 9-12.) Il est clair
» maintenant ,pour tout homme ayant de l'intelligence, que ce temps-là est caractérisé par
> des choses semblables à celles qui se passent de nos joun. Qu'y a-t-il de plus inique,
» que le Tsar ait à juger les évêques, s'arrogeant un pouvoir qui ne lui a pas été confère
» par Dieu'? Où en est l'obéissance à la parole de l'Evangile et l'observation de ses saints
» commandements? C'est -là une APOSTASIE... в (V. Palmer. The Patriarch and the Tsar.
— The Replies ofthe humble Nicon, etc. London, Triibner 187 1 . Quest. xxiv. pp. 189 et seq.)
(1) Ce mot est dérivé du grec (Inapyja), de même que son correspondant diocèse
(oioîy.7]siç) en usage dans l'Église latine. L'un et l'autre sont empruntés aux an-
ciennes divisions administratives de l'Empire romain.
(2) Aï osÛTepcù лыс «ppovc(ô?ç ао^сЬтгрси. (Eurip.)
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 19
raison, les pensées qui viennent à plusieurs personnes, s'occu-
pant toutes d'une même affaire, seront-elles plus sages que les
pensées d'un seul homme ! Il arrive quelquefois qu'an homme
sans étude,, aperçoit dans une affaire difficile, ce que n'aperçoit
pas un homme instruit et doué de pénétration; c'est pourquoi il
faut que le gouvernement soit « Conciliaire, » parce que la même
chose étant alors examinée par plusieurs, ce que l'un ne saisit pas
l'autre le saisit, et ce que l'un ne voit pas l'autre le voit, de sorte
qu'une affaire douteuse est éclaircie avec plus de lumière et de
promptitude, et la solution qu'elle réclame, aperçue sans diffi-
culté.
2. Et de même qu'on trouve dans ce gouvernement
plus de lumière pour la connaissance des affaires, de même
les décisions qu'on y prend ont une plus grande force;
car la sentence d'un Concile, dispose mieux à la persuasion
et à l'obéissance qu'un décret émanant d'une seule per-
sonne.
Le pouvoir des monarques est autocratique et Dieu lui-même
tiore jure multorum super eadem re deliberan^ium circumspectissi-
mas fore asseveremus? Non insolens est, ut in rébus obscuris idiota
subinde id perspiciat, in quo literati et sagaces coeeutiant: Porro
quum in Collegio circa propositam causam deliberandam multa
desudant ingénia, evenit, ut quod unus non advertat, alter asse-
quatur; etenim si quid lmic sit obscurum, illi fit perspicuum: Proinde
causa, licet sit dubiis nonnunquam intricata, facilius expeditur
certiorque evadit, et quid tandem super ea sit pronunciandum, facili
coliigitur negotio : Quis igitur spiritualis necessitatem Collegii in
dubium ausit vocare ?
2. Porro quemadmodum certior hic causae tractandœ comparatur
notifia, ita major in ea decidenda sese exserit auctoritas. Quoniam
sicut ad fidem faciendam, ita ad exigendam obedientiam plus vale-
bit decretum, quod a Synodo proficiscatur, quam unius certae per-
sonae mandatura.
Monarchae etiam, quamvis absoluta gaudeant potentia, quippe
20 PREMIERE PARTIE.
ordonne de leur obéir par motif de conscience 1 , et pourtant ils
ont, eux aussi, leurs conseillers, non-seulement afin de mieux
découvrir la vérité, mais aussi afin que les gens rebelles
ne puissent. les calomnier, disant que le monarque ordonne
telle ou telle chose parla force et suivant plutôt ses caprices que
la justice et la vérité. Mais, s'il en est ainsi, à combien plus forte
raison ces conseillers seront-ils nécessaires dans l'administration
de l'Eglise dont le gouvernement n'est pas monarchique 2, et où
quibus secundum divirmm praeceptum : obedientia cura reclamatio-
nem debetur1, a consilariis tameri, non eo solum fine, ut in veritate
investiganda felicius proficiant, sed ne homines quoque pervicaces
hoc, aut illud per vim potius et ex affectu, quam jure et légitime a
Monarchis praecipi calumnientur, minime abhorrent. Id autem ma-
gis quadrat in Ecclesiasticum Regimen, utpote absoluta et inde-
pendente potentia destitutum2, adeo ut ipsi quoque Ecclesiae guber-
(1) Ces paroles, appliquées tout spécialement au Tsar, forment l'article pre-
mier du Code russe. «L'Empereur de toutes les Russies est un monarque autocratique
» et illimité (неограниченным). Dieu lui-même ordonne qu'on soit soumis à son pou-
» voir suprême , non-seulement à cause du châtiment, mais aussi par motif de conscience.» —
Le mot que nous avons rendu par autocratique est. en russe, dans le texte du « Règle-
ment » et dans le 1er article du Code : самодержавный (en grec : аитохраторг/.бс).
Son synonyme самовластный (grec aùtsijouaioç) est aussi employé fort souvent pour
qualifier le pouvoir du Tsar, et précisément dans les deux passages des « Statuts » mi-
litaire et maritime auxquels le Code renvoie le lecteur pour l'explication du premier
article. Les termes des deux passages sont identiques; les voici: « Quiconque se sera
rendu coupable d'avoir proféré des paroles injurieuses contre la personne de Sa Majesté,
ou d'avoir méprisé ses actes et ses intentions (намт>реше) et de les avoir jugés d'une
manière inconvenante (пепрпстойнымъ) sera décapité : parce que (пбо) sa Majesté
est un souverain autocratique (самовластный) qui n'est tenu à rendre raison de ses
actes à qui que ce soit sur la terre, mais qui a pouvoir et autorite', comme souverain
chrétien, d'administrer son État et son pays selon sa volonté et discrétion.» (Поли.
Собр. tom.V. (3006) Уст. Воин. арт. 20 толк. p. 325, et tom. VI. (3485) Уст. Морск. Кн.
V. гл.1, ст. 2. толков р. 59.)
On le voit, l'article premier du Code russe est composé d'un texte de saint Paul
attaché à un aphorisme de jurisprudence russe fort contestable. Personne n'ignore,
en effet, les paroles de Y Apôtre : « Soyez soumis (aux princes) puisque c'est néces-
saire, non-seulement à cause du châtiment, mais aussi par motif de conscience. »
(Rom., vin, 5.) Mais nulle part, ni dans les épîtres de saint Paul, ni dans aucun
autre livre de l'Écriture, il n'est dit que le pouvoir des Souverains soit autocratique;
encore moins qu'il leur soit permis de faire pour cela décapiter à la légère leurs
marins et leurs soldats.
(2) En russe : гд$ правительство ne монарщеское есть. Nous rappelons au lecteur
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 21
il est ordonné aux prélats de ne 'point dominer leur clergé1 ? Car,
si les lois y émanaient d'une seule personne, ses adversaires
n'auraient, pour leur ôter toute valeur, qu'à diffamer un seul
homme, mais cela n'est guère possible lorsqu'une décision
émane des suffrages d'un Concile.
nacula tenenti dominatio in clerum denegatur1 . Ibi si quidunuspro
libitu decreverit, vires decreti eo ipso putantur enervari, quod
malevoli placitum illud ad unam personam suos referre natales
criminentur. Alias ubi scilicet singulorum totius congregationis
Collegariim suffragia ad causam decidendam concurrunt, ejusmodi
calumniae praeripitur occasio.
que nous nous sommes fait une loi de suivre toujours strictement l'original,
alors surtout que la version latine le paraphrase dans le sens de l'autocratie
impériale. On aura remarqué, quelques ligaes plus haut, que là où le russe dit
simplement que Dieu ordonne d'obéir aux monarques « par motif de conscience »
(за совесть) le latin dit que Dieu nous ordonne de leur obéir « sans réclamation
(citra reclamationem) .» — Ici c'est encore le traducteur latin qui prend sur lui
de faire dire à Pierre le Grand que le gouvernement ecclésiastique « est dépourvu
d'autorité absolue et indépendante (upole absoluta et independente potentiel deslilutum).»
De cette façon, le latin complète et explique le russe, nous dispense de beaucoup
de commentaires et nous en donne ce vrai sens que nous aurions hésité à y
attacher nous-même.
Pour ce qui est de l'assertion de Pierre que « le gouvernement de l'Eglise nest pas
monarchique, » en d'autres termes pour ce qui concerne la forme du gouvernement
de l'Eglise gréco-russe comparée à celle de l'Église catholique, nous nous permet-
tons de renvoyer le lecteur aux chapitres u , ni et iv de notre écrit : The Pope of
Rome and the Popes of the Oriental Orthodox Church.
(1) En russe : да не господствую™ клпру. On fait ici allusion au passage de la
première épître de saint Pierre « Neque ut dominantes in cleris. » (f. 3.) On sait
que le mot grec xV/^poç (sort, partage) ne reçut que plus tard la signification de
clergé. A l'époque de Pierre Ier elle était déjà attachée au même mot russifié :
к.шръ. Nous ne nous sommes pas occupé de savoir si l'explication adoptée par
l'autocrate russe était, ou non, celle en usage de son temps, car la Bible d'0strog(1581)
laissait subsister l'ambiguïté de texte grec en traduisant : нп яко обладающе ряду.
Nous devons cependant ajouter que saint Jérôme a entendu lui aussi l'expression
grecque : tôjv y.Xv^piov, dans le sens de clergé inférieur.
Quoi qu'il en soit de ce point, que nous livrons aux investigations du lecteur,
il est bien certain que l'Apôtre a seulement voulu mettre en garde les pasteurs de
l'Eglise contre l'esprit de hauteur et de dureté, ce qui est bien autre chose que
de les réduire à de simples « primi inter pares » comme paraît l'insinuer Pierre Ier.
Nous en appelons à saint Jérôme et aux autres Pères qui ont commenté ce texte, et
nous ajouterons seulement que de nombreux passages de l'Écriture, et surtout le
chapitre vi du livre de la Sagesse, ne condamnent pas moins l'esprit de hauteur
et de dureté dans les rois de la terre.
22 PREMIÈRE PARTIE.
3. Ce que nous venons de dire a surtout une grande
valeur lorsque le Collège Dirigeant se trouve sous la dé-
pendance du Monarque régnant, et est institué par lui. Car il est
évident que dans ce cas, le Collège n'est pas une faction de gens
réunis par des liens secrets dans leur propre intérêt, mais une
Assemblée d'hommes réunis par ordre de l'Autocrate et le suf-
frage des autres, pour concourir au bien général.
4. C'est encore un point fort important que, sous le gouverne-
ment d'un seul, les affaires traînent souvent en longueur, et même
peuvent être suspendues, soit que d'autres occupations inévi-
tables surviennent à celui qui les dirige, soit qu'il tombe malade
ou qu'il devienne infirme ; que s'il vient à manquer, c'est alors
surtout que les affaires sont interrompues. Il en est autrement
avec un Gouvernement Conciliaire, car, en cas d'absence d'un de
ses membres, fût-il le premier entre tous, les autres continuent
leurs fonctions, et les affaires suivent leur cours sans inter-
ruption.
5. Mais ce qui est encore plus avantageux, c'est que dans
3. Cum certum sit sipirituàle Collegium haudesse quandam fa-
ctionem, quae clandestino consilio, privatis suis inserviendi commo-
dis, inito coaluit, sed ex viris mandato et decreto Monarchae, nec
non aliorum etiam suffira gio designatis, et in commune bonum
intentis constare : necessum est, ut magnum Collegio, praesertim
inde, quoniam a Monarcha dependet, suamque illi acceptam fert
originem, momentum accedere eredamus.
4. Si itidem fréquentes negotiorum ad unius personae Regimen
pertinentium procrastinationes et intermissiones, Hierarcha nempe
aliis ineluctabilius curis, vel morbo et infirmitate detento, maxime
vero vivis erepto (in hoc enim casu omnia negotiajubenturpenitus
cessare), considères : Contra vero si- Regimen plurium, quorum uno
quamvis primario Collega absente, alii praesto sunt, et negotia non
interrupto cursu promovent, intuearis: nonne magni mo menti ratio
isti Regimini stabiliendo conciliatur.
5. Si utilitatis ex hoc Collegio proventurae ratio sit babeiida, in
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 23
un tel Collège, il n'y a lieu ni à partialité , ni à tromperie, ni à
corruption. Comment, en effet, pourrait-il y avoir ici une entente
pour condamner l'innocent et acquitter le coupable, puisque
quand même un des membres agirait par partialité ou par haine
envers l'accusé, il s'en trouvera un autre, deux autres et même
davantage, libres de toute aversion et de toute partialité ? De
même comment l'intérêt personnel pourrait-il avoir ici le dessus,
puisque ce n'est pas l'autorité, mais ce sont des raisons graves
et légitimes qui décident les affaires, et que l'on se contrôle
mutuellement, de manière à être soupçonné de corruption si
l'on n'apportait aucun motif plausible en faveur de sa propre opi-
nion? Et c'est bien là notre cas, attendu surtout que le Collège
est composé de telle sorte qu'il est absolument impossible à ses
membres de se concerter tous, secrètement, sur quoi que ce soit;
c'est-à-dire que ce sont des personnes de différent rang et condi-
tion, telles que Évêques, Archimandrites, Hégoumènes et digni-
taires du clergé blanc \ En vérité, on ne voit pas comment de
eo haec praesertim elucet, quod affectibus, dolo, et turpi quaestui
locus denegetur. Quomodo enim ad defendendam partem iniquam
vel ad insontem damnandam consona ferre possint suffragia ?Esto,
unus eorum studio, aut ira erga eum qui accusatur, afficiatur,
alter tamen et tertius indignatione et amore, transversi minime
aguntur. Qua itidem ratione donis possunt corrumpi, ubi non pro
libitu, sed ex legitimis et justis ratiouibus deiïvata pronuntiatur
sententia ? et alter ab altero sibi timet, ne tanquam donis esse
corruptus, nisi fïde dignam pro sua stabilienda sententia attu-
lerit rationem, deprehendatur. Praesertim autem si Collegium ex
personis, ad clandestinas conspirationes penitus inliabilibus constet,
si nimirum Collegae sint diversi ordinis et status, ut Episcopi, Arcbi-
mandritae, Hegumeni, nec non e sacerdotum ordine prsecipui l; Re
quidem vera ne cogitari potest, quomodo ausinl alius cum alio
(l)En russe :БЬлое духовенство- On désigne ainsi en Russie le clergé séculier et non
célibataire, par opposition au clergé régulier (moines) opi'on apelle vulgairement
clergé noir (черное духовенство) à cause de ses vêtements noirs. Quant à la valeur
de l'argumentation que fait ici Pierre, voir la note au ne 9.
24 PREMIERE PARTIE.
telles personnes oseraient se communiquer Tune à l'autre quel-
que dessein perfide et , encore moins, s'accorder dans une
injustice.
6. Ce qu'il faut également considérer, c'est qu'un Collège
jouit de la plus grande liberté d'esprit pour juger selon la jus-
tice. Un Collège, en effet, n'a pas à craindre autant qu'un admi-
nistrateur unique le courroux des puissants, car il n'est pas
aussi aisé de chercher querelle à plusieurs personnes de diffé-
rentes conditions qu'à une seule personne.
7. Un autre point de grande importance, c'est qu'avec ce Gou-
vernement Conciliaire, la patrie n'a pas à craindre les révoltes et
les agitations qui dérivent du gouvernement personnel d'un chef
ecclésiastique unique. En effet, le peuple simple ne sait pas quelle
différence existe entre le pouvoir ecclésiastique et celui de l'Au-
tocrate ; mais, ébloui par la haute dignité et la pompe du Pasteur
suprême, il s'imagine que cet Administrateur est un second sou-
verain, égal en pouvoir à Г Autocrate, et même supérieur à celui-ci^
quasdam insidiosas macliinationes commuaicare! Tantum abest, ut
impia molimina candido calculo probanda praesumant.
6. Non abludit a praecedentilras sequens ratio : Collegium scilicet
ad justitiam exercendam libérions esse animi, utpote quod metui,
quem praepotentes soient minari, nou perinde atque unus Ecclesiae
Moderator, succumbit. Nec etiam aeque facilis multos eosque diversi
ordinis hommes, quam unum calumniandi occurrit occasio.
7, Porro admisso huius Collegii Regimine, Patriam a dissidiis et
turbis,quibus ciendis absolutus Ecclesiae Hector interdum suppeditat
occasionem, securam reddi, non ne magni est momenti ? Siquidem
promiscuum vulgus discriminis inter Regium et Ecclesiasticum jus
intercedentis est ignarum, contra vero magno supremi Pastoris
honore et pompa rapitur in admirationem, et Hierarcham ista se
habcntem Régi aequiparari, imo vix non praeminere 1, ipsique adeo
(1) En russe : Самодержцу равносильный пли не больши. Ces mots disent bien la
véritable pensée de Pierre au sujet du pouvoir ecclésiastique -.«.Ni supérieur ni égal à
« celui » du Tsar, n Or ce qui n'est ni supérieur ni égal ne saurait être qu'inférieur.
Ici encore nous mettrons en face de l'Évêque courtisan qui rédigea le « Règlement
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 25
et que l'ordre ecclésiastique constitue dans l'État un autre et
meilleur État.
C'est ainsi que le peuple s'est de lui-même habitué à raison-
ner; et qu'en serait-il si les propos séditieux d'ecclésiastiques
avides de domination venaient encore s'y ajouter, mettant ainsi
le feu à des broussailles sèches? Cette opinion pervertit les cœurs
simples , au point qu'en toutes choses ils tiennent moins compte
de l'Autocrate que du Pasteur suprême. — Et s'ils apprennent
spirituali ordini alterum et quidem longe praestantius dominium
competere arbitratur.
Hanc quidem opinionem vulgus nullo praeeunte suasore solet
favore : quid tandem futurum putas, si ministri Ecclesiae inter
colloquendum zizania falsae persuasionis disseminaverint ? Ignem
sane aridae materiae admovebunt. Eo usque nimirum simplicia cre-
dulaque corda depravantur, ut minorera Monarchae, si quid exequen-
dum praecipit, quam Pontificis liabeant rationem. Simul autem
ecclésiastique » le Patriarche russe, martyr des droits de l'Eglise : « Les pou-
» voirs ecclésiastique el séculier, écrit Nicon, so7it représentés par deux glaives; le pre-
» mier punit les malfaiteurs, le second lie les âmes Dans les matières spirituelles
» qui appartiennent à la gloire de Dieu, V Evéque est plus haut que le Tsar, — car ce n'est
n qu'ainsi que l'Evêque peut garder ou maintenir la juridiction spirituelle, — mais le
» Tsar est plus haut en ce qui concerne l'administration de ce monde. De cette façon, ils
» ne seront pas en opposition l'un avec l'autre. L'Evêque toutefois a une certaine ingérence
» dans la juridiction séculière pour sa meilleure direction et dans des matières qui con-
» viennent à sa qualité d'Evêque (and in suitable matters), tandis que le Tsar n'en a
» aucune dans l'administration ecclésiastique. En effet , si le Tsar n'agit point
n comme il doit, conformément à la loi du Seigneur, il sera alors au pouvoir de
» l'Evêque de prononcer contre lui une censure ou sentence d'excommunication, contre
» lui, dis-je, non point comme Tsar mais comme prévaricateur de la loi Le
» Seigneur Dieu tout-puissant lorsqu'il créa le ciel et la terre, ordonna à deux grands
» luminaires, — le Soleil et la Lune, — de briller dans leurs cours au-dessus de la terre
» Le Soleil, le plus grand des deux luminaires, brille dans le jour, — c'est l'Evêque
» qui éclaire les âmes ; — le plus petit luminaire , au contraire , brille dans la nuit, c'est-
» à-dire sur les corps L'ordre spirituel est nécessaire aux séculiers pour la déli-
» vrance de leurs âmes, et l'ordre séculier est nécessaire à l'ordre spirituel pour la
» défense des corps. En ce SENS, et en cela (and so in this,) aucun des deux ordres
» n'est supérieur à l'autre, mais chacun d'eux tient son pouvoir de Dieu Dans les
» matières spirituelles, la volonté du Tsar ne doit pas être mise au-dessus de la loi
» spirituelle, de même que dans les matières appartenant proprement à l'Eglise, le
» Tsar ne peut en rien statuer ni contrôler l'Eglise. C'est aussi dans ce sens qu'il faut enlen-
y> dre les expressions des Evêques et des canons ecclésiastiques prescrivant aux hommes
a de garder et maintenir les ordonnances du Tsar » (V. Palmer. op. cit. quest.
xxiv, pp. 250-255.)
26 PREMIERE PARTIE.
qu'une querelle a surgi entre eux, tous, bien qu'aveuglément
et sans nulle réflexion, se rangent du parti du chef ecclésiastique
plutôt que de celui du laïque et, pour soutenir le premier,ils osent
prendre les armes et s'insurger ; et ils se flattent, les malheu-
reux! qu'ils combattent pour Dieu lui-même, et que loin de
souiller leurs mains,ils les sanctifient en les trempant dans le sang.
Cette croyance du peuple fait la joie non pas des honnêtes
gens, mais des hommes astucieux; car ces ennemis de leur Sou-
verain, quand ils aperçoivent une rupture entre le Souverain et
le Pasteur, en profitent comme d'une occasion favorable à leur
méchanceté, et sous prétexte de zèle pour l'Église, ils n'hésitent
pas à porter l'es mains sur le Christ du Seigneur 1 poussant le
atque simultatis quidquam inter eos intervenerit, magis huic, qui
ad Ecclesiae clavum sedet, quam illi qui in regno saeculari rerum
potitur, quamvis coeco impetu, et mente capti adstipulantur. Partes
spirituales propugnare, Régi rebellare audent sibimet ipsis maie
sani falso persuadantes, partium Dei se fore defensores, manusque
suas, si furibundi sanguine resperserint, sanctificatum iri ; tantum
abest, ut contaminari horreant.
Statim vero ac ejusmodi opinio plebem proletariam infîcit, qui
etiam supra vulgus sapiunt, sed versipelles, eam promptissime
animo amplectuntur. Ш enim erga principem suum maie affecti,
manus suas ad perimendum Christvm Domini i extendere nulli sibi
religioni ducunt ipsumque, quod esset inter Regem et Hierarchani
dissidium pro commoda suae malitiae perpetrandae arripiunt occa-
(1) En russe : Ha Xpida Госиодна. Ici le « Christ (oint) du Seigneur » n'est pas le
Pasteur de l'Église mais le Tsar. En vérité on souffre quand on songe que
Théophane Procopovitch était Évêque ! Lui et Pierre Ier, les deux auteurs du
« Règlement ecclésiastique » paraissent vouloir profiter de l'absence de toute
onction dans la consécration épiscopale chez les Russes et les Grecs, pour faire
croire au peuple simple que la personne du Tsar est plus sacrée que celle du
Pasteur de l'Église. Nicon avait encore répondu d'avance à leur sophisme :
и La royauté', ainsi le Patriarche de Moscou, a été donnée au monde par Dieu, cela est
» vrai, mais Dieu la lui a donnée dans sa colère; de plus les hommes sont oints rois par
» le Sacerdoce et avec de l'huile matérielle. Le Sacerdoce, au contraire, est une onction
» opérée directement par l'Esprit Saint; c'est ainsi que Jésus-Christ a été oint Pontife
» suprême; c'est encore ainsi qu'ont été oints les Apôtres. » (V. Palrner. op. cit. quest.
XXiv. p. 234.)
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 27
peuple simple à commettre le même crime,, comme si c'était
une œuvre divine.
Et que dire quand le Pasteur lui-même, enflé par l'opinion,
qu'on a de lui, ne veut point se tenir tranquille^ ?I1 est difficile
d'exprimer combien grandes sont les calamités qui en dérivent.
Et ce ne sont pas là des fictions ! Plût à Dieu qu'à ce sujet on
ne pût faire que des conjectures ; mais ce sont des faits réelle-
ment avérés plus d'une fois, et dans plusieurs royaumes. Que
seulement on consulte l'histoire de Constantinople dans les
temps postérieurs à Justinien, et on en trouvera de nombreux
exemples. Oui, ce n'est que par cette voie que le Pape parvint à
un si grand pouvoir, que non-seulement il sépara en deux FEm-
pire Romain et en usurpa une grande partie, mais, plus d'une
fois, il bouleversa aussi d'autres royaumes, presque au point de
les ruiner entièrement.
sione, iérvorem incitatumque studium defendendaeEcclesiaepraeten-
dentes, ad eandem impietatem vulgus promiscuum, tanquam ad
obsequium Deo praestandum incitant.
Quid quod si ipse Hierarcha eadem elatus opinione, hujusmodi
occasione captandae invigilaverit1? Quanta et quamlarga periculo-
rum seges inde sit expectanda ! dictu difficile.
Nec in coramentis fabulisque hoc habendum est ! (Utinam
imaginationum simulacris duntaxat deluderemur, Deo even-
tum avertente), sed rem ipsam iniqua fata multorum regnorum
temporum, probarunt, multi id genus eventus, Byzantinam sal-
tem bistoriam temporum quae Justinianum sunt subsecuta, perlu-
stranti occurrunt.
Putasne ? alia ratione Romani Pontificis potentiam in immen-
sum crevisse? Qui non solum ex Romano Imperio in duas partes
fisso multas provincias raptas sibi asseruerat, sed alia itidem régna
tumultibus implens, plus simplici vice funditus fere eversum
iverat.
(1) En russe : <;патъ не похощетъ. Littéralement ne veut point dormir. » La
traduction allemande a : « nicht ruhen wili » l'anglaise : « will not rest quiet, я
28 PREMIÈRE PARTIE.
Quant aux attentats de ce genre, arrivés aussi parmi nous \
passons-les sous silence !
Une telle calamité n'est pas à craindre sous un Gouvernement
ecclésiastique Conciliaire, car ici, pour le Président lui-même,
point de grandeur ni de pompe qui excite l'admiration du
peuple, point de luxe ni d'apparat excessifs, point de haute opi-
nion à son égard, point de possibilité pour les adulateurs de l'en-
fler par des louanges excessives. En effet, quoi que fasse de bon
Nostratium vero proterva molimina, quae simile quid portende-
bant1, silentio supprimenda statui.
Porro synodale Ecclesiae Regimen ab eiusmodi malo est securum .
Quoniam ne ipse quidem Praeses huius loci justo maiores, quibus
vulgus rapiatur in admirationem, sibi arrogat praerogativas, nec
superfkmm prae se fert splendorem ac pompam, qua possit sese ja-
ctare. Nemo maiorem, quam par est, de eo concipit opinionem, nec
adulatores laudibus modum excedentibus possunt eum extollere.
Quidquid enim laude dignum ab bocce praestatur Régi mine, Praeses
sibi soli non potest vindicare. Ipsa etiam Praesidis denominatio nil in
(1) Par ces paroles, Pierre fait allusion aux graves et fréquents démêlés qui
avaient eu lieu entre les Tsars, ses prédécesseurs, et les Patriarches de Moscou
surtout le Patriache Nicon. Évidemment, pour l'Autocrate russe tout le tort est
du coté de ces derniers. Ce n'est pas notre tâche d'en entreprendre la défense,
mais nous ne pouvons nous abstenir d'exprimer ici encore le souhait que l'on publie
bientôt en Russie, dans sa langue originale, l'apologie de Nicon. « Audiatur et altéra
pars.» — Malgré quelques arguments peu heureux, et des applications de l'Ecriture
sainte tant soit peu arbitraires, les Répliques de Nicon prouveront au peuple
russe, d'une manière irréfragable combien est « exagérée l'idée que les Tsars de
Russie ont de leur pouvoir » et combien leurs empiétements dans le domaine de
l'Eglise sont « contraires à toutes les lois du Seigneur.» (Palmer. Replias, etc. Quest.
xxvi, p. 554.)
Pour ce qui concerne la conduite des Papes, Pierre y revient encore plus loin
et en donne une explication que nous relèverons en l'accompagnant de quelques
remarques. (V. II partie « Des établissements d'instruction » dans le préambule.; Du
reste cela se rapporte à la question des limites des deux pouvoirs, dont nous avons
parlé dans l'Introduction. Ici nous ajouterons seulement que si l'idée de l'indépen-
dance de la conscience humaine vis-à-vis des Souverains n'a pas, depuis longtemps,
disparu de la terre, c'est aux Papes qu'on le doit, et nous ne doutons point qu'en
pareille matière toute àme chrétienne préfère toujours les agitations, les angoisses
et les revers de la lutte, à la paix de l'esclavage.
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 29
un tel Gouvernement, on ne peut nullement l'attribuer au seul
Président. Le titre même de Président n'a rien de fastueux, car
il signifie simplement celui qui siège avant les autres1, de sorte
que ni lui de lui-même, ni les autres de lui ne peuvent conce-
voir aucune haute estime. Et le peuple voyant que ce Gouverne-
ment Conciliaire a été institué par un décret du Monarque et le
suffrage du Sénat, se tient d'autant plus tranquille et perd gran-
dement l'espoir d'être soutenu dans ses révoltes par l'état ecclé-
siastique.
8. Un autre avantage qui résulte pour l'Église et pour l'État
de ce Gouvernement Conciliaire, c'est que non-seulement chacun
de ceux qui y siègent, mais le Président lui-même, s'il s'est rendu
gravement coupable en quoi que ce soit, doit tomber sous le
jugement de ses frères, c'est-à-dire" du Collège Ecclésiastique.
Il n'en est pas ainsi quand un Pasteur unique gouverne l'Église
avec une autorité absolue, car il ne veut poinl être jugé par les
Évêques, ses subordonnés. Et si on l'y contraignait, pour le
peuple simple qui ignore ce que c'est que la légalité et décide
se habet fastus ac insolentiae, nec aliud significat, quam eum, qui
praesideat aliis 1; unde nec ipsede se, nec alius quispiam de illo pos-
sunt alta sapere. Cum denique populus hocce Regimen mandato
Monarchae, Senatu adstipulante esse institutum intellexerit, magis
pacifiée se geret, omni nempe spe auxilii a spirituali ordine ad tu-
multus ciendos proventuri destitutus.
8. Hoc spiritualis Collegii Regimen Ecclesiae et Patriae prodesse
dicitur ob eam etiam rationem, quod in eo non solum Collegarum
aliquis, sed ipse quoque Praeses sicubi gravem commiserit errorem
suorum fratrum, id est, ejusdem Collegii judicio subjicitur. Secus
se res habet ubi summa auctoritate potestateque instructus Pastor
absoluto regendae Ecclesiae jure potitur. Hic enim judicio Episcopo-
rum, qui sibi sunt subordinati, se teneri minime patietur. Quamvis
autem invito dies dicatur, plebs tamen, quae legis ignara temerariis
(l) En russe председатель, composé de предъ, devant, avant, et сбдатель usité seu-
lement en composition et dérivé de сесть, s'asseoir, siéger. En latin prae-sidens.
30 PREMIERE PARTIE
aveuglément, le jugement porté par les Évêques, serait suspect
et exposé à encourir le blâme. Il s'ensuit que, pour avoir
raison de ce triste Monarque i , il faudrait assembler un Concile
œcuménique, ce qui entraîne toujours de graves difficultés pour
tout le pays et des frais considérables. Ajoutons que cela ne
paraît nullement possible à présent que les Patriarches Orientaux
vivent sous le joug des Turcs, et que ceux-ci redoutent plus que
jamais notre Empire.
9. En dernier lieu, le Gouvernement Conciliaire dont nous
parlons, deviendra une espèce d'école d'administration ecclé-
siastique. En effet, par la communication des nombreux et
divers jugements, conseils et preuves canoniques que réclament
les différentes affaires, chacun de ceux qui siègent dans ce Gou-
vernement pourra aisément s'initier dans la politique ecclé-
siastique, et apprendre, par une expérience de tous les jours,
quelle est la meilleure manière de gouverner la maison de Dieu.
agitur affectibus, ejusmodi judicium suspicione plénum esse, et ob-
trectationi obnoxium judicabit. His ita comparatis oecumenici con-
cilii adversus talem iniquum summae auctoritatis Hierarcham * co-
gendi ingruit nécessitas. Quod tamen magna toti patriae incommoda
secum trahit, nec exiguum sumptum requirit; imo moderno tempore,
dum orientales Patriarchae Turcarum jugo premuntur, et nostrum
imperium magis quam antea est formidabile, prorsus impossibile
esse creditur.
9. Ultimo tandem: istud Regens Collegium pro futurorum Eccle-
siae Moderatorum seminario reputabitur : mmsquisque enim Colle-
garum, ex multarum variarumque deliberationum, consultationum,
et solidorum argumentonim, quibus tractationes fréquenter occur-
rentes indigent, collatione, quomodo in tractandis spiritualibus ne-
gotiis versetur, facilius addiscere, et quotidianà experienià facul-
tatem dexteritatemque divinae domus melius gubernandae compa-
(1) En russe : Едпновластптедь. Les Tsars « monarques autocratiques » etjuges suprê-
mes de Synode » de qui sont-ils justiciables ?
QU'EST-CE QUE LE COLLEGE ECCLESIASTIQUE, ETC. 31
Ceux des Collègues, on personnes siégeant dans ce Gouverne-
ment, qui s'y montreront les plus capables seront dignes, en-
suite, d'être promus à la dignité épiscopale. C'est ainsi
qu'avec l'aide de Dieu, la barbarie disparaissant aussi de l'étal
ecclésiastique l, on doit en espérer toute sorte de bien pour la
Russie.
rare poterit. Unde licebit divinare fore, ut Collegarum, nempe
virorum ibidem loci subsellia occupantium dignissimi appareant,
qui honorem dignitatemque Praesulis consequantur. Itaque Deo
opitulanto sublata mmistrorum Ecclesiae ruditate l, non est dubium,
quin in Rossia omnia se melius sint habitura.
(1) Et c'est pour obtenir ce résultat que Pierre confiait l'administration de toute
l'Eglise de Russie, à des hommes qu'il ne croyait pas encore capables d'être à la
tête d'un simple diocèse ! Ils faisaient leur apprentissage au Synode, et la Russie tout
entière devait, sur la parole d'un Tsar, considérer comme un bienfait celui de
porter les conséquences de leur inexpérience et de leurs méprises. Telle est la
sagesse humaine rebelle à la foi ! « Evanucrunt in cogitationibus suis et obscuratum
est insipiens cor eorum. » (Rom., I, 21.)
Nous nous hâtons, cependant, de reconnaître que déjà en 1763 la moitié des
membres du Synode était composée d'Évêques, et qu'aujourd'hui tous ses membres
à l'exception de deux, sont tirés de l'Episcopat. (Voir Alman. de Gotha, etc.) Quant aux
deux membres non-Évêques, qui sont l'aumônier de LL. MM. et l'aumônier en chef
de l'armée et de la flotte, ils appartiennent tous les deux au clergé blanc ou sé-
culier : ils sont mariés et ne peuvent par conséquent devenir Evêques.
Nous croyons- que les Russes d'aujourd'hui, en lisant ces considérants, doivent
se sentir profondément humiliés. Dans la bouche d'un Tsar aussi peu démocratique
que Pierre, les raisons alléguées contre le gouvernement monarchique dans l'Eglise
font l'effet d'une amère ironie et témoignent clairement du peu d'estime que
Pierre faisait de l'intelligence de son peuple, ce qui, du reste, apparaît presque à
chaque page de ce a Règlement.» Heureusement Pierre lui-même s'est donné la tâche
de détruire par le fait plusieurs de ses raisons, laissant à ses successeurs le soin de
détruire les autres. Ainsi, après avoir mis dans un si beau jour l'impossibilité que
les passions humaines pussent triompher dans les délibérations du Collège Ecclé-
siastique (nos 3, 5, 6, 8), Pierre jugeait à propos d'attacher à ce Collège un officier
doué de hardiesse qu'il décora du titre de procureur suprême (Ober-Procurator), et
qu'il chargea de veiller sévèrement à ce que toutes les affaires soumises au Synode fussent
expédiées conformément aux règlements et aux ukases, et à ce que le Synode procédât
dans ses fonctions selon la justice et sans acception de personne. (Ukases du 11 mai et
13 juin 1722. Иолн. Собр. Зак. тот. VI. (4001) p. 676. et (4036) p. 721.)
Par ce seul fait les neuf graves raisons de Pierre (V. p. 18.) étaient déjà ré-
duites à cinq en 1722. — Plus tard l'empereur Alexandre Ier opéra sur elles une
réduction encore plus considérable. Le lecteur a remarqué que la plupart des con-
32 PREMIÈRE PARTIE.
sidérants allégués par Pierre doivent s'appliquer, à cause de leur généralité, à toute
sorte d'administration, et, en effet, ce Tsar, conséquent en cela avec lui-même, avait
appliqué le système collégial. à toutes les branches de l'administration de l'Etat. A
ces considérants (nos 1, 2, 3, 4, 5, 6) répondait, beaucoup mieux que nous ne saurions
le faire, l'empereur Alexandre lui-même lorsque, dans son Manifeste du 8 septembre
1802 (20406), il abolissait tous les Collèges institués par Pierre, le Collège Ecclésias-
tique ou Synode seul excepté, et les remplaçait par des Ministères, concentrant
ainsi dans les mains de chaque Ministre l'autorité qui jusqu'alors n'avait appartenu
qu'à un Collège. — Enfin, pour ce qui regarde les avantages que Pierre Ier retrouvait
dans les différences de rang et des conditions chez les membres du Synode (n° 9),
nous venons de voir qu'aujourd'hui tous les membres du Synode, à l'exception de
deux, sont tirés de l'Épiscopat.
Partant, grâce à Pierre lui-même et à ses successeurs, de toutes les graves
raisons alléguées par Pierre, en faveur du Gouvernement Conciliaire dans l'Eglise,
une seule n'a pas encore été détruite par les Tsars, c'est la septième, celle qui
assujettit le pouvoir religieux au pouvoir civil, et qui, développée et mieux for-
mulée par les successeurs de Pierre, fait des Tsars les chefs nés de l'Église de Rus-
sie. (Voir la note 1 p. 24 et l'Introduction.) Pierre s'en montre aussi convaincu que
d'un axiome; en plus d'un endroit il en appelle même, avec confiance, à l'Ecriture
Sainte, et, en effet, grâce aux précautions dont il entoura l'enseignement ecclé-
siastique, ni l'Écriture ni les Pères ne lui faisaient ombrage. Mais les temps ont
changé. La Russie a trop favorisé le protestantisme pour que le goût de la libre
interprétation de l'Écriture ne s'y soit fait sentir; elle a trop favorisé l'incrédulité
pour que le principe même de l'autorité n'y ait été fortement ébranlé. Si à ces
causes on ajoute l'émancipation de la presse russe, l'influence de la presse étran-
gère, les attaques des rascolniques, et les rapports de toutes espèces avec
l'Occident, le jour ne paraîtra plus loin où le pouvoir religieux des Tsars appa-
raissant à la fois comme anachronisme ridicule et une odieuse usurpation, le Tsar
lui-même aura un intérêt suprême à s'en décharger spontanément.
DEUXIÈME PARTIR
AFFAIRES SOUMISES A CETTE ADMINISTRATION
Si l'on examine les affaires qui doivent être administrées par
le Collège, il s'en trouve de deux catégories. La première em-
brasse les affaires concernant toute l'Église en général, l'état ec-
clésiastique aussi bien que l'état laïque, les personnes possédant
un tchine (rang) de n'importe quel degré, grand ou petit, aussi
bien que lessimp/es particuliers1. A cet égard, le Collège doit ob-
server si tout se passe régulièrement et conformément à la loi
chrétienne, si rien ne se rencontre de contraire à cette loi, et si
l'instruction nécessaire à chaque chrétien, et dont nous parlerons
un peu plus loin, ne laisse rien à désirer.
PARS SECUNDA
DE MUNIIS, QUIBTJS ISTUD REGIMEN OBSTRING1TUR
Quae in censum veniunt, et spirituali Collegio tractanda injun-
guntur munia, duplicis sunt generis. Ad prius revocantur, quae toti
Ecclesiae sunt communia, tam spirituali, quani saeculari statui, non
minus supremi quam infimi ordinis classibus, nec nonprivatae con-
ditionis hominibus l. Hoi-um intuitu spiritualis Collegii interest eir-
cumspicere : utrum omnia ad legis Chrislianae regulam sese ron-
forment? Non ne a legis norma quidpiam aberret? Non ne denique
doctrina, qua singuli Christiani sunt imbuendi, rie quo inferius est
dicendum, in aliquo deficiat ?
(1) En russe :П воЬмъ ве.шкнчъп мнлымъ чиновным ъ степепамь, такожъп рядовымъ
рсобамъ. Une particularité remarquable de la Russie, c'est la distinction sociale créée
par le service de l'État. Tous les fonctionnaires de l'État (чиновники) rangés en
une hiérarchie de 14 classes ou degrés, lorment ensemble un corps totalement
distinct de la noblesse (дворянство) et des simples particuliers (рядошя осоОы). Des
lois spéciales fixent la classe de chaque emploi, le rang ou tchine (чтгь) auquel
il donne droit et, enfin, les titres et privilèges attachés a sa possession. Certains
emplois donnent la noblesse .personnelle, d'autres même la noblesse héréditaire.
Le grand organisateur de cette institution, Pierre Ier, voulut ainsi subordonner
la noblesse de naissance à une noblesse de service, — pour lui synonyme démérite —
et, par la perspective des avantages attachés à l'acquisition des emplois de l'État
3
34 DEUXIÈME PARTIE
La seconde catégorie embrasse les affaires concernant quel-
ques états particuliers.
Ces états sont au nombre de cinq :
I.LesÉvêques. II. Les prêtres, les diacres et le reste du clergé.
III. Les moines. IV. Les établissements d'instruction : les maîtres
et les élèves qui s'y trouvent et aussi les prédicateurs. V. Les per-
sonnes du monde, en tant qu'elles sont atteintes parla discip^ne
ecclésiastique, comme c'est le cas pour les mariages légitimes ou
illégitimes, et pour d'autres matières concernant les séculiers.
Nous exposerons par ordre ce qu'il y a d'important, relativement
à chacun de ces états.
AFFAIRES GÉNÉRALES
Deux points doivent être ici considérés, d'après ce qui a été
dit plus haut :
Ad alterum genus, munia certis ordinibus peculiaria referuntur.
Hi ordines quintuplice numéro comprehenduntur.
I. Episcopi. II. Presbyteri, Diaconi et reliquus Ecclesiae clerus.
III. Monachi. IV. Seminaria, quibus adjunguntur Paedagogi, Disci-
puli et Concionatores. V. Personae saeculares, quatenus , Ecclesia-
sticae disciplinae adjudicantur. Quod fit incasulegitimorum, vel cum
canonibus pugnantium matrimoniorum,caeterorumque negotiorum
ad saeculares spectantium. De singulis eorum , quo ad praecipua
puncta consideratis, ordine hic disseremus.
MUNIA COMMUNIA
Duo hic, ut superius proposuimus, sunt observanda.
s'assurer dé bons et obéissants serviteurs. La première table comparative des
différents emplois rangés dans leurs classes respectives date du 24 janvier 1722
(V. ïlo.m. Собр. tome VI (3890), p. 486), mais à l'époque où fut promulgué le
« Règlement ecclésiastique» cette mesure occupait déjà la pensée de Pierre.
Le lecteur trouvera dans le troisième volume du Code des loisrusses (p. 540) la table,
actuellement en vigueur, de tous les emplois de la hiérarchie civile comparés avec ceux
de l'armée, de la marine, de la cour et des mines. (Сводъ Закоиовь éd. 1857.)
On connaît l'application que les Tsars ont faite de cette institution au clergé,
pour s'assurer aussi en lui de bons et obéissants serviteurs.
AFFAIRES GÉNÉRALES. 35
\. Si tout se passe régulièrement et conformément à la loi
chrétienne, et si rien ne se commet de contraire à cette loi.
2. Si l'instruction donnée au peuple chrétien est suffisante.
I
Relativement au premier point, voici les choses qu'il faut avoir
en vue.
I. Examiner les acathistes1 nouvellement composés et ceux que
Ton continue de composer, de même que les autres offices et
prières dont il a paru, surtout de nos temps, un grand nombre
dans la petite Russie. Ces compositions s'accordent-elles avec
l'Écriture Sainte? Ne renferment-elles rien de contraire à la parole
divine? Rien au moins qui soit indécent ou frivole?
4. Utrum omnia decenter, et eonvenienter legi Chiïstianae fiant ?
Non ne etiam quidpiam liuic legi adversetur? et quid nominatim?
2. Utrum doctrina ad Christianos instruendos sit suffîciens !
I
Ut ea, quae ad primam classem pertinent, melius expediantur ;
sequentia dignasunt notatu.
I. Inquirendum est in hymnos, qui «fccffcâterrot 1 vocantur, utpote
non sedendo decantandi, qui de novo, vel sunt compositi, vel
etiamnum componuntur, nec non in alios ecclesiasticorum lrym no-
ru m comprecationumque libellos, qui uostra praesertim memoria in
Parva Rossia magno numéro sunt consarcinati. Utrum ex opuscula
cum Sacra Scriptura concordent ? Non ne quidpiam, quod verbo
Dei adversa fronte repugnet, vel saltem ineptum sit et futile, con-
tineant?
(1) Grec : à-y.âïwxoç. En russe : акаеистъои не-сЬ la.ieti l- On appelle ainsi, dan? la
liturgie gréco-slave, certains hymnes, composés d'une façon déterminée, pendant le
chant desquels, comme l'indique l'étymologie du mot, on se tient debout. Le plus
ancien acathiste, et celui qui servit de modèle pour les autres, est en l'honneur de
Marie mère de Dieu, et fut composé à Constantinople à l'occasion de la délivrance
de cette ville des Perses et des Avares, en G26.
36 DEUXIEME PARTIE
II. Décider que ces nombreuses prières, quand même elles se-
raient bonnes, ne sont pourtant pas obligatoires, et qu'on peut
bien s'en servir librement en son particulier, mais non pas dans
les réunions qui se font à l'Église : et cela afin d'empêcher qu'avec
le temps elles ne passent en loi, et que les consciences des fidèles
n'en soient chargées.
III. Réviser les histoires des Saints. N'y en a-t-il pas de fausse-
ment inventées, disant ce qui n'est jamais arrivé, ou des choses
contraires à la doctrine orthodoxe, ou bien des contes futiles et
ridicules?
Les histoires de ce genre on les démentira et on les interdira,
signalant en même temps les faussetés qui s'y rencontrent. Il
s'en trouve, en effet, qui sont évidemment mensongères et con-
traires à la saine doctrine. Ainsi, par exemple, la contestation
relative à la duplication del'Alleluja,1 racontée dans la vie d'Eu-
II. Deereto itidem sanciendum est : ad multifarias illas precum
formulas, etiamsi a sana doctrina non abeant, non quemlibet
astringi, sed pro libitu cujusque, et quidem intra privatos parietes,
non in publico totius Ecclesiae cpnventu eas posse usurpari, ne suc-
cessu temporis vim legis obtineant ; hominumque conscientiis sint
oneri quâvis Aetnâ graviori.
III. Recognoscendaesunt sanctorum etiam Historiae, ne forte ali-
quae earum falso excogitatae ea, quae ne fando unquam audivit qais-
quum, vel quae ortliodoxae.Christianomm doctiinae répugnant, vel
saltem futiles et ridiculas narratiunculas in médium proférant? Hae
igitur narra tiuneulaeredargnendaesunt, et detecto, quod in iis latet,
mendacio, prohibendae. Sunt enim apgrte fahae et a sana doctrina
alienae.Exempli gratia, dissertatio de duplice Alleluja1 io vita Eu-
(1)11 serait difficile de trouver dans l'histoire un peuple chez lequel de grands événe-
ments aient été déterminés par des causes aussi petites, que chez le peuple russe.
Ainsi, par exemple, la question de savoir si lorsque, dans les offices divins,
le Gloria Patri est accompagné de 1 Alléluia, cette acclamation doit être chantée
trois fois, comme le pratique l'Église officielle, ou seulement deux fois, cette ques-
tion, disons-nous, divisa profondément les esprits et fut une des causes qui ont le
plus puissamment contribué à produire et à maintenir au sein de l'Église russe le
AFFAIRES GENERALES. 37
phrosinus de Pskoff, est évidemment fausse et imaginée par quel-
que vaurien, vu que, outre la frivole doctrine de la duplication
de YAlleluja, ce récit renferme aussi les hérésies de Sabellius, de
Nestorius et autres. Et quoique l'auteur ait péché par ignorance,
néanmoins le Gouvernement ecclésiastique ne doit pas tolérer de
pareilles fictions, ni offrir au peuple du poison au lieu d'une saine
nourriture spirituelle. D'autant plus que le peuple simple ne sait
point distinguer entre la droite et la gauche, mais croit ferme-
ment et obstinément tout ce qu'il voit écrit dans un livre.
IV. On doit examiner tout particulièrement et avec diligence,
ces inventions qui induisent l'homme à des pratiques ou ac-
phrosini Plescoviensis prorsus est falsa, a quodam nebulone conficta,
quae praeter vanum de duplice Alleluja dogma, Sabellianam, Ne-
storianam, aliasque baereses comprehendit. Quanquam vero auctor
illeper ignorantiamerravil, spiritualistamen Regiminis interest ta-
lia commenta minime tolerare, ne scilicet populo venenum pro sa-
lubri spirituali alimento propinetur. Potissimum vero ideo, quoniam
plebs, utpote, quantum distent aéra lupinis, ignara, omnibus scripto
traditis lirmum assensum praebet, née non etiam mordicus ea dé-
fendit.
IV. Ex professo autem et. data opéra in ea commenta, ex quibus
homines pravam consuetudinem, et quidem sub falso possidendae
raskol (schisme), dont il sera question vers la fin de la IIe partie du « Règlement ».
Nous observerons ici que, malgré la décision de Pierre, la question du double
Alléluia ne parait pas plus avancée en Russie aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a
un siècle et demi ; cependant ceux qui, de nos jours, s'occupent de ramener les
dissidents russes au giron de l'Église officielle, ne traitent plus leurs objections,
graves ou futiles, aussi cavalièrement que le faisait Pierre, mais au contraire con-
sentent à les discuter avec le plus grand sérieux. Ce fait n'est pas sans signification,
et nous y reviendrons. Feu Mgr Grégoire, métropolitain de Novgorod et Saint-Péters-
bourg, publia un remarquable ouvrage où il entre dans la discussion minutieuse et
détaillée de tous les préjugés et pratiques superstitieuses des Starovères. Douze pages
sont consacrées à la seule question de l Alléluia. (V. Истинно древиня и истинно
иравославняя Хртова Церковь. Ызложеше въ отношенш къ глаголему Старообрядству.
Saint-Pétersbourg, éd. de 1849. 2 part., pp. 137-149. — V. aussi: Schedo-Ferroti, La
tolérance et le schisme religieux en Russie. Berlin 1863, p. 53 et seq.j
38 DEUXIEME PARTIE
tions mauvaises, lui présentant des moyens trompeurs d'opérer
son salut. Par exemple, de ne point travailler le Vendredi, mais
de le passer en chômant,parce que, dit-on, Piatnitza1 (le Vendredi)
se fâche contre ceux qui ne fêtent point son jour, et les poursuit
avec de grandes menaces ; également de jeûner douze Vendredis
déterminés, afin d'obtenir plusieurs avantages corporels et spiri-
tuels; enfin, d'attacher une valeur particulière à certains offices,
tels que la liturgie (messe) de l'Annonciation, les Matines de
Pâques et les Vêpres de la Pentecôte, comme s'ils étaient plus
efficaces que ceux des autres temps de Tannée.
Ces inventions, que nous avons citées comme exemples,
trompent un grand nombre de gens simples; mais ne s'agirait-
salutis praetextu contrahunt, est inquirendum. Exempli causa: Qui-
dam die Veneris, qui dies a maie sanis Martyri Parascevae falso
tribuitur, ab omni opère feriati tempus otiosi terunt, iras et minas
tremendas sibi a Parasceva l , nisi diem ipsius festum egerint, immi-
nere causantes. Quidam certos quosdam dies,et quidem dies Veneris
ex eorum mente Parascevae tributos jejuni célébrant, corpoiïs et
animae commodis scilicet hac ratione consulturi. Quidam denique
nonnulla, quae in divino cultu praestando usurpantur, officia aliis
ejusdem generis praeferunt officiis, ut liturgiam die Evangelismi,
preces matutinas in Resurrectionis Christi solennitate, et vespertinas
precesin Pentecostes festivitate celebrari solitas.
Haec porro dicis causa, quia paucis iisque rudioribus sunt offen-
diculo, adferuntur. Quamquam non multorum duntaxat, verum
(1) Parmi les saints honorés par l'Église russe, il se trouve une vierge martyre
appelée Parascève. Ce nom, emprunté au grec 7rapa<r/.su/) , signifie dans la Bible le
jour qui, chez les Juifs, précédait le Sabbat et auquel correspondit, plus tard, le
Vendredi des chrétiens. La Bible slave l'avait rendu pai Piatok, (пятокъ, de пить
cinq, c'est-à-dire cinquième jour de la semaine après le Dimanche), et ce même mot
avec une désinence féminine (Piatnitza, пятница), avait été employé pour dénoter
la, sainte dont nous parlons. La logique populaire en conclut que sainte Parascève
était la sainte du Vendredi ou plutôt la personnification elle-même de ce jour, et
l'honora à sa guise par des pratiques superstitieuses. Déjà, en 1551, le Concile tenu
à Moscou et connu sous le nom de Stoglaff 'ou «des cent chapitres (сто-главъ) и avait
porté des prescriptions contre elles, mais elles subsistèrent longtemps, même après
Pierre Ier. (V. Alekseïeff. Церковный Словарь. Спи. 1794, л l'art. Пятница.)
AFFAIRES GÉNÉRALES. 39
il que d'un seul de nos frères, qu'il faudrait s'en préoccuper
comme du grand nombre, afin que ce frère, pour qui Jésus-Christ
est mort, ne soit pas scandalisé. Du reste, il est encore d'autres
doctrines de ce genre, lesquelles paraissent admissibles à des
hommes fort respectables, mais qui sont trompés par leur sim-
plicité ; ces doctrines sont, par la même, les plus dangereuses.
Telle est la tradition du monastère des catacombes à Kieff,
d'après laquelle tout homme enseveli dans ce monastère est
sauvé, quand même il serait mort impénitent. A quel point ces
contes, et autres semblables, éloignent de la voie du salut, c'est
ce que tout homme d'une conscience droite, pour peu qu'il soit
versé dans la doctrine orthodoxe, avouera non sans gémir.
V. 11 peut se rencontrer aussi certaines cérémonies inconve-
nantes et même préjudiciables. Nous avons ouï dire que dans le
régiment de Starodoub l, dans la petite Russie, à un certain jour de
unius quoque fratris, pro quo Christus est mortuus, ratio est ha-
benda, ne offendiculum patiatur. Nihilomimus tamen sunt ejusdem
farinae alia nonnulla, ad quae tanquam credenda homines, alias
minime contemnendi, sed corde simplices credulique, persuadentur.
Inde majoris scandali emergit occasio. Hujusmodi est Peczariensis
Kijoviae monasterii traditio, bominem licetsi nullam is delictorum
suorum egerit poenitentiam, sed quia in eo sepulturae honores me-
ritus est, salvatum iri. Quain autem longe a Christo hae et his si-
miles narratiunculae abstrahant, quilibet vel mediocriter in Chiï-
stiana scbola versatus, rectae tamen conscientiae homo, suspiriis ex
imo pectore ductis, fatebitur.
V. Dari etiam alias detestandas, et quae offendiculum ponant,
caeremonias, non est improbabile. Rumore siquidem accepimus in
Starodubensi Parvae Rossiae districtu ], certo festivodie foeminam
(1) En russe-, въ полку стародубскомъ. АН. « in dem Starodubischen Régiment». On sait
que, chez les Cosaques de la petite Russie, la division politique et administrative
du pays se confondait avec la division militaire par régiments (полки) prenant leur
nom de la ville ou bourgade principale. En 1708, sous l'hetman Ivan Skoropadski,
successeur de Mazeppa, la petite Russie avait été divisée en dix régiments dont l'un
était celui de Starodoub. (V. Поли. Собр. Зак. (2213), 12 nov. 1708.)
40 DEUXIÈME PARTIE
fête, on conduit en procession1 une femme les cheveux épars, à
laquelle on donne le nom de Piatnitza, et que, près de l'église,
le peuple (est-ce bien vrai ce qu'on nous raconte?) lui rend hom-
mage par des présents, dans l'espoir d'en obtenir quelques avan-
tages. De même dans un autre endroit, les popes, rassemblés avec
le peuple, récitent des prières devant un chêne, après quoi ils en
distribuent les branches au peuple* comme gages de bénédiction.
Que l'on s'enquière si ces faits sont vrais et si les Évêques des
lieux en ont connaissance; car ces choses-là, et autres sem-
blables, mènent le peuple à une ouverte et honteuse idolâtrie.
VI. Pour ce qui concerne les reliques des saints, on s'enquerra
s'il s'en trouve qui paraissent douteuses, car il se commet à
cet égard plusieurs supercheries. Voici, par exemple, des choses
passis cririibus, sub nomine Parasceves, cum pompa in templo, et
quidem temporetransportationis specierumEucharistiae procedere1,
.(si credere fcs est), et ex templo exeuntem veneratione muneribus-
que a plèbe, spirituales profectus inde sibi expectante, honestari.
Dicuntur etiam alibi sacerdotes circumfusi nmltitudine apud quer-
eum orare, deinde frondes ex quercu decerptas populo dispertiri2 et
omnia fausla precari. Explorandum est, utrum baec ita se lia-
beant? illorumque locorum Episcopi noverint ne? Alioquin ad
haec ethorum similia conniventes surdaque aure praetereuntes, po-
pulum in apertum et pudendum deastrorum cultum prolabi praeci-
pitemque ruere patiuntur.
VI. Nec minus in sanctorum reliquias, sicubi dubiae appareant,
est inquirendum. Res enim ista tricarum est plenissima ; nimirum
incertae pro certis substituuntur. Corpus sancti Protomartyris Ste-
(1)" D'après le latin, l'étrange procession dont il est ici question, se faisait dans le
temple a pendant qu'on transportait les espèces eucharistiques». Cela ne se trouve
ni dans le russe ni dans les versions allemande et anglaise.
(2) En russe : п в'Ьтьвп опаго дуба попъ народу раздаетъ. Allem. « deren Zweige
der Priester dpm Volke zur Bénédiction austheilet ». La traduction anglaise donne
un autre sens:» The pope (orprîesl) shakes the bottgh of lhatoak over the people inbiessiny
them (le pope secoue les branches du chêne sur le peuple, en le bénissant).»
AFFAIRES GÉNÉRALES. 41
prodigieuses. Le corps de Saint Etienne, premier martyr, se
trouve aux faubourgs de Venise dans l'église Saint-Georges du
monastère des Bénédictins, et à Rome dans l'église de Saint-Lau-
rent Hors-les-Murs; il existe bon nombre de clous de la croix du
Seigneur; en Italie beaucoup de lait de la très-sainte Mère de
Dieu, et une infinité d'autres choses semblables. On examinera
si de pareilles niaiseries ne se rencontrent pas aussi parmi
nous1.
phani tam intra Venetiarum sulmrbium in Benedictinorum mona-
sterio in sancti Georgii templo ; quam Romae extra urbem in aede
Laurentio dicata repositum viditur.
Plures identidem crucis dominicae clavi. Multum lactis beatissimae
Deiparae in Italia obtruditur. Sunt denique alia ejusdem furfuris,
quae numerum excédant. Perscmtandum igitur : non ne id genus
ineptiae apud nos etiam inveniantur * ?
(I) Rien de plus sage que la prescription contenue dans cet article de soumettre a
l'examen les reliques douteuses. On croit entendre un écho du concile de Trente,
rappelant le 62me canon duive concile de Latran (1215) et enjoignant strictement aux
Evèques de veillera ce que dans la vénération des reliques a toute superstition soit
abolie, tout gain sordide banni. » (Sess. xxv. De invoc. vener. et reliqu is Sancto-
rum et sacris imaginibus.) Au lieu donc de relever l'étrange naïveté avec laquelle
Théophane Prokopovitch va chercher des exemples d'abus hors de la Russie et
chez les catholiques, nous nous unissons à lui pour déplorer toute supercherie à
laquelle peut jamais avoir donné lieu l'oubli des prescriptions de l'Église.
Cela dit, voici quelques remarques générales. L'authenticité d'une relique est un
fait qui, sans une intervention directe de Dieu, ne peut être constaté que par des
témoiguages purement humains et par là même sujets à erreur. Il peut arriver, en
outre que, faute de preuves suffisantes, plusieurs questions de ce genre s"e trouvent
longtemps et même indéfiniment pendantes et indécises. En attendant, l'Eglise a
ordonné que nulle relique douteuse ne soit exposée à la vénération des fidèles, et
chaque Evêque a été rendu responsable de l'exécution de ce décret dans son. dio-
cèse respectif. Use fait, cependant, que plusieurs diocèses, ^'attribuent la possession
de la même relique. Alors Rome intervient chaque fois que l'affaire est déférée à
son tribunal, autrement c'est aux Evoques de ces diocèses à aviser. Mais bien sou-
vent aussi les Evèques se trouvent dans l'impossibilité morale d'arriver dans leurs
recherches à aucun résultat positif; dans ce cas, il y a toute une législation à suivre
dont le but est celui d'empêcher, autant que possible, la vénération de reliques
fausses. Pour les détails nous renvoyons le lecteur au grand ouvrage de Benoit XIV
De servorum Dei beatipeatione et de Beatorum cttnonizalione , aux traités spéciaux
sur la matière et enfin aux décrets de la Sacrée Congrégation des Rites et de
42 DEUXIÈME PARTIE
VII. A regard des images des Saints, on fera attention à ce qui
VIL Quantum ad sanctas attinet imagines, id ipsum, quod Epi-
celle des Indulgences et Reliques. Nous rappellerons seulement la pratique d'u-
nir à une relique contestée, une parcelle, au moins, d'une relique certaine.
Mais, de plus, nous sommes à même d'affirmer que les ménagements et les sages
lenteurs de l'Eglise sont aussi favorables à la science qu'ils sont loin de favoriser
la superstition. — Pour ce qui est du premier point nous dirons, d'abord, que bien
souvent une partie insigne d'une relique a été désignée comme la relique tout en-
tière ; une partie de la tête, par exemple, comme « la tête » une partie du corps
comme « le corps. » Cette seule notion a amené à des découvertes fort importantes
qui ont fait disparaître beaucoup d'apparentes absurdités. Ensuite, pour ne pas
sortir des limites imposées par une note, voici un exemple suffisant, à lui seul, pour
prouver notre thèse. Dans son Traité des Reliques, Calvin, parlant des reliques de
la croix, s'exprimait ainsi: a Si on vouloit ramasser tout ce qui s'en est trouvé il
» y en auroit la charge d'un bon grand bateau. L'Évangile testifie que la croix pouvait
» estre portée d'un homme. Quelle audace donc, a ce esté de remplir la terre de pièces
v> de boys en telle quantité que troys cens hommes ne la sauroyent porter ! n M. Ch.
Rohault de Fleury, après s'être donné la jDeine, peu faite pour Calvin, de s'enquérir
du volume de toutes les parcelles connues de la vraie croix, y compris les morceaux
cités par Calvin, arrivait à la conclusion suivante : « Le volume total des reliques
» qui nous 'sont parvenues est de 5 millions de millimètres cubes environ, compris des
» reliques peut-être détruites mais relevées d'après des descriptions qui m'ont paru
» exactes. Si l'on songe à la petitesse des parcelles qui peuvent se trouver âans les églises
» et les couvents, et chez des particuliers, nous serons bien au delà de la vérité en
» triplant par l'inconnu le volume connu. On arrive ainsi à 15 millions de millimètres
» qui ne font pas le dixième des 180 millions de millimètres que nous trouverons pour
« la croix de N.-S.-J.-C. ■» (Mémoire sur les instruments de la passion de N.-S. J.-C. Paris,
Lefort 1870, p. 59.) Dans son savant et consciencieux ouvrage, M. Rohault de
Fleury traite aussi (p. 171) la question de la multiplicité des clous que Calvin
suggérait de faire passer tous « soubz un fidelium. » Nous y renvoyons le lecteur. —
Pour ce qui est du danger de superstition, nous dirons que tout catholique sachant
son catéchisme, n'a jamais cru qu'il y eût une vertu quelconque inhérente aux
parcelles inanimées d'un corps de Saint ou de toute autre relique. Les miracles que
l'on dit vulgairement avoir été opérés par une relique n'ont pas été opérés par
cette relique mais par Dieu : nul catholique ne l'ignore. L'attouchement d'une re-
lique et la prière faite devant elle, mais adressée au Saint qui vit dans le Ciel, ne sont
que des formes et expressions particulières de notre foi en Dieu et dans le dogme
de l'intercession des saints ; c'est cette foi que Dieu récompense, même par des mi-
racles. Dans ces circonstances, l'authenticité d'une relique n'est, après tout, pour le
fidèle qu'une question secondaire ; son culte n'est pas adressé à la relique mais
à l'être rivant que la relique représente ou rappelle, et il est même inutile d'ajou-
ter que la vénération dont une relique est l'objet .est forcément subordonnée à la
condition que la relique soit authentique, condition qui existe toujours, au moins
implicitement, dans l'esprit des fidèles.
Après cela, si l'on peut constater en cette matière des abus, personne n'est endroit
AFFAIRES GENERALES. 43
est prescrit dans la promesse que prêtent les Évêques au moment
de leur sacre l .
VIII. On veillera également à ce qu'il n'arrive plus à l'avenir,
comme par le passé, que des Évêques, soit pour venir en aide à
des églises pauvres, soit pour en bâtir de nouvelles, ordonnent,
ainsi qu'on raconte, qu'il soit procuré la découverte d'une image
dans un lieu désert ou près de quelque source, certifiant en-
suite que, par le fait même de la découverte, cette image est
miraculeuse.
scopis ordinandis in formula juramenti praescribitur, est observan-
dum1.
VIII. Cum nonnulli Episcoporum, ut sublevandis inopibus, vel
novis erigendis sacris aedibus providerent, consilium quaerendae in
solitudine, vel ad fontem imaginis, dare essent perhihiti, et eo ipso,
quod fortuito esset reperta, miraculis claram esse suo testimonio
asseverassent : Ne idem ipsum in posterum lîeri permittatur, se-
dulo cavendum.
de faire retomber sur l'Eglise les conséquences de l'ignorance de ses dogmes ou de
la prévarication de ses lois.
(1) «7e veillerai à ce que les saintes images ne soient pas honorées d'unculte qui est du
» seulement à Dieu, et à ce qu'on ne leur attribue point de faux miracles, ce qui détruit
я le vrai culte et fournit occasion aux adversaires d-attaquer les orthodoxes ; mais
» bien j'aurai soin que les images soient honorées selon le sens de la sainte Eglise
» orthodoxe.»
Le serment des Evêques russes et tout le rite suivi dans la cérémonie de leur
sacre, méritent une note spéciale, et on la trouvera plus loin. Ici nous rapporte-
rons, à titre de commentaire du passage cité, le décret suivant du Concile de
Trente concernant les Évêques catholiques : a Les Evêques enseigneront que les
» images de Jésus-Christ, de la Vierge Marie et des Sainls doivent être gardées et
» conservées , surtout dans les églises, et qu'il faut leur rendre l'honneur et la vénération
■» qui leur sont dus; — non pas qu'on croie exister en elles quelque chose de divin pour
» laquelle il faille les honorer, ni qu'on doive demander quelque chose à ces images ou
» placer en elles sa confiance', comme faisaient autrefois les païens qui mettaient leur
» espoir dans les idoles, mais parce que l'honneur qu'on leur rend se rapporte au
» prototype qu'elles représentent, — de sorte que quand on embrasse les images et qu'on se
n prosterne et on se découvre la tête devant elles, c'est Jésus-Christ que l'on adore et
» c'est aux Saints, représentés par elles, qu'on rend hommage, ainsi qu'il est affirmé
y. dans les canons des Conciles surtout dans ceux du IIe Concile de Nicée contre les
» adversaires des images.n (Conc. Trid. Sess. xxv. De invocal, venerat. et reliq. etc.)
44 DEUXIEME PARTIE
IX. Il s'est glissé parmi nous une coutume mauvaise, préjudi-
ciable et très-injurieuse pour Dieu, c'est de se partager entre deux
ou plusieurs les offices divins et les prières, de manière que
différentes parties des Matines et des Vêpres soient chantées
simultanément par plusieurs, et que plusieurs chantres ou lec-
teurs récitent ainsi simultanément deux ou trois prières. C'est la
paresse du clergé qui a fait cela, et la chose a passé en habitude.
Il faut absolument extirper une telle façon de prier Dieu.
X. On trouve encore ceci de honteux : c'est de transmettre,
comme on raconte, aux personnes éloignées, par l'intermédiaire
de leurs envoyés, des prières pour elles renfermées dans un
bonnet i. On en fait ici mention, afin que l'on s'enquière de temps
à autre, si cela se pratique encore.
IX. Ipsi quidem clerici munia sua perfunctorie obeuntes, psal-
modiis ecclesiasticis et precationibus votivis dupHce, vel multipliée
simul lectione, vel cantatione deeantandis ita, ut antelucanae aut
vespeitinae preces discerptae a multis una peragantur, et duae simul
tresve volivae precationes a mullis eantatoribus et lectoribus absol-
vantur, dederunt occasionem, et consuetudinem invexerunt. Quia
tamen baecce more recepta insolentia, utpote per socordiam intro-
ducta, est vitiosa, noxia et Dei institution! prorsus opposita. Ideo
talis divina officia absolvendi consuetudo penitus est antiquanda.
X. Refricandai; memoriae causa, ne hoc quidem est praetereun-
dum, ut quam alicubi consuetudinem detestandam viguisse rumore
accepimus, experimento aliquando doceamur, necdum eam abole-
visse. Ferunt srilicet more fuisse receptum, ut preces ad puerperam
lustra n dam eamque abseutem, per certum hominem, quasi pileo
marsupiove excerptae transmitterentur ' .
(l)En russe : щапка, bonnet fourré en usage en Russie. — Selon le latin, cette
coutume avait lieu pour les relevailles des femmes. King (J. Glen), qui fut aumônier de
l'ambassade anglaise à Saint-Pétersbourg, nous apprend que cela était pratiqué aussi
dans d'autres occasions. D'après son récit, le pope, penché sur le bonnet fourré qu'on
tenait ouvert devant lui, prononçait des prières ; après quoi le bonnet était immé-
diatement (sogleich) fermé afin qu'elles n'échappassent point. Au lieu de leur desti-
nation, le bonnet était ouvert aux quatre coins de la maison, et les prières se répan-
AFFAIRES GENERALES. 45
Mais il n'est pas nécessaire cTénumérer ici tous les abus. Nous
dirons, en un mot, que tout ce qui peut être appelé du nom de
superstition, c'est-à-dire tout ce qui est superflu, inutile pour le
salut, inventé par des hypocrites dans leur seul propre intérêt et
apte à séduire le peuple et, comme des amas de neige, à l'em-
pêcher de marcher par la voie droite de la vérité, tout cela trouve
ici sa place, comme mal général, attendu qu'il peut se rencontrer
dans toutes les classes de la société. Du reste, on n'en cite ici que
quelques exemples, afin de fixer par là l'attention sur les autres '.
Sed non est, cur omnibus et singulis erroribus recensendis im-
moremur. Paucis dicendum est : quicquid superstitionis nomine
comprehendatur, quicquid nimirum supervacaneum sit, ad salutem
inutile, a simulatoribus lueri causa excogitatum, quicquid homines
decipiat, et instar niveorum tumulorum obstet, (piominus rectam
viam incedant : Id omne sub banc cadit censuram, utpote com-
mune malum, sijuidemcujusvisconditionis homines potestinfieere.
Hîcvero loci quaedam tantum pro exemplo adferuntur, ut caeteris
cognoscendis facem praeferant l.
daient ainsi partout. (The rites and cérémonies of the Greek Church in Russin .London
1772. p. 431-4:32. Nous avons sous les yeux la ver-ion alleminde publiée à Riga
en [llS.Gebraiiche und Ceremonien der griechhchen Kirche in Russland. pp. 399-400.)
(l)En 1782, Mich. Tchoulkoff publia à Saint-Pétersbourg tout un Dictionnaire des
superstitions russes. Un extrait ou abrégé parut en 1861, sous le titre de : Traditions
touchant les superstitions , croyances populaires et divers usages du peuple russe.
Les lignes qui suivent servent de préface ( вместо предис.твЫ ) à cette dernière
publication ; le lecteur en saisira l'importance et nous saura gré de les avoir
rapportées. Les voici : « Il se trouve dans la vie du peuple russe bon nombre
» d'éle'ments que nous avons cru nécessaire, pour ne pas dire indispensable, de faire con-
) naître au public, parce qu'ils montrent quels sont le caractère et la vie du peuple qui
» est л la. теге du pouvoir EDKOPÉKN (парода который стоптъ въ главь Eiiponeiicnaro
» могущества ). En outre, bon nombre de ceux qui aiment à s'instruire ne liront pas
» sans avantage ce livre, comme un fait pouvant intéresser non-seulement les personnes
» instruites mais aussi tout homme réfléchi.» Предатя о пародпыхь русскичъ суен^яхъ,
nofltpinx ь, о нЕкоторыхь обычаяхь, etc. Моск. 18Ы. Тип. С. Орлова. — Le'Coderusse
(éd. 1857 ) contient diverses prescriptions tendant à déraciner les pratiques
superstitieuses (Сводъ Зап. Уст. о пред. и прес. преет, art. 34 et suiv.). Parmi celles
qui y sont mentionnées, nous en avons remarquées 4ue les Tsars avaient
déjà défendues, en date du 4 déo 1684. V. Поли. Собр. Зак. tre sér. tome II
(1101), p. 649.)
46 DEUXIEME PARTIE
Voilà pour ce qu'il faut considérer en premier lieu dans les
affaires générales.
II
L'autre point des affaires générales, c'est de s'enquérir, ainsi
que nous l'avons dit plus haut, s'il existe chez nous une instruc-
tion suffisante pour la réforme chrétienne.
C'est une chose notoire, il est vrai, que L'Écriture Sainte ren-
ferme en elle-même des lois parfaites et les préceptes néces-
saires à notre salut, selon la parole de l'Apôtre : « Toute écriture di-
vinement inspirée, est utile pour enseigner , pour corriger, pour re-
prendre et pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu
soit parfait et apte à toutes les bonnes œuvres. v>{\\ Tim.. ni, 16, 17.)
Mais , attendu qu'il y a peu d'hommes qui sachent lire les
livres, et que, même parmi les lettrés, il y en a peu qui soient à
même de recueillir de l'Écriture Sainte les choses les plus né-
cessaires au salut, il faut que des hommes plus parfaits guident
les autres. C'est pour cette raison que Dieu a établi Tordre des
Haec itaque sunt munia prioris generis.
II
Ad posterius pertinet : Investigare , prout dictum est, utrum
literarum studia apud nos ita vigent, ut Christi gregi erudiendo
satis sint.
Quanquam enim certumest, sacris literis adaequatas leges, omni-
busque numerisabsolutas et necessarias ad nostram salutem promis-
siones comprehendi, juxta Apostolum : uOmnis scriptura dioinitus in-
spirata, utilis est ad docendum,ad arguendum,ad corrigendum,ad erudien-
dum in justifia, ut perfectus sit homo Dei ad omne opus bonum imtructus.»
(II Tim., ni, 16, 17.) Sed quia non omnes in libris legendis féliciter
versantur, literatorumque pauci apti sunt ad ea, quae apprime ad
salutem possidendam faciunt, ex verbo Dei deligenda ; atque hoc
nomine perfectionna manuductione indigent. Eo etenim fine ordo
AFFAIRES GENERALES. 47
Pasteurs chargés d'instruire par l'Ecriture* le troupeau qui leur
est confié. Cependant, eu égard au grand nombre des fidèles que
renferme l'Église de Russie, les prêtres capables d'enseigner par
cœur les dogmes et les préceptes de l'Ecriture Sainte sont peu
nombreux; c'est pourquoi il est absolument nécessaire qu'il soit
rédigé, pour les gens simples, de petits livres courts, clairs et
compréhensibles, lesquels renferment tout ce qui est suffisant
pour l'instruction des fidèles, et que la lecture en soit faite, par
parties, dans l'Église, en présence du peuple, les dimanches et les
jours de fête.
Il existe bien déjà un nombre suffisant de livres de ce genre,
Pastorum a Deo est institutus, ut ex Sacra Scriptura J concreditum
sibi gregem docerent. Porro collata Ecclesiae Rossiaeae multitudine,
cum ejusmodi saerorum ministrorum, qui dogmata et Sacrae Scrip-
turae legem memoiïter enarrent, paucitate, ineluctabilis instat
nécessitas, sicut liabendi compendiosos aliquos, rudioribus tamen
intellectu faciles et perspicuos libellos, omnia ad instituendum po-
pulum necessaria complexuros, ita quoque eosdem dominicis et
festivis diebus in ecclesia populo per partes recitandi.
Dantur quidem fréquentes ejusmodi libri, ut « Homologia » sive
(1) Les tendances protestantes du « Règlement » sont bien manifestes par la
façon dont il est ici parlé de l'Ecriture, représentée comme seule règle de foi. Les
Pasteurs eux-mêmes de l'Église deviennent ici de simples expositeurs de l'Ecri-
ture, tout juste comme les pasteurs des diverses confessions protestantes. Quant à
la tradition de С Église, cette règle de foi distincte de l'Ecriture, antérieure à l'Ecri-
ture, et sans laquelle saint Augustin déclarait qu'il n'aurait pas cru à l'Ecriture
(Ego vero Evanrjelio non crederem, nisi me Catholicae (Ecclesiaé) commoveret auctoritas
Contra Ep. Manich. quam dicunt Fundamcnti, a" 6); quant à la tradition de l'Eglise,
disons nous, c'est à peine si elle n'est pas positivement rejetée. Heureusement, le
Catéchisme de feu Mgr. Philarète, actuellement en usage dans les écoles de Russie,
est bien explicite sur l'existence et la nécessité de la tradition, qu'il dit néces-
saire, entre autres, comme « guide pour la légitime interprétation de l'Ecriture
sainte. » ( Нужно д.ш руководства къ правильному ра.чумЬиио евлщеннаго Ппсашя.)
(V. Catéchisme détaillé de l'Église catholique- orthodoxe d'Orient, examiné et approuvé
•par le saint Synode de Russie, etc. Paris, 1851, in-8.) Nous avons sous les yeux
l'original russe, édition de Moscou, 1845. (Пространный XpicriaHCKift атихисисъ, etc.
О свящеиномъ предан iu и сващенномъ Писанш, р. 8.)
48 DEUXIEME PARTIE
tels que Г «Homologie» ou « Confession Orthodoxe1, » et aussi plu-
sieurs discours moraux et homélies explicatives de quelques-uns
des grands saints docteurs; mais ce n'est pas là une doctrine à la
portée de tout le monde, ni surtout du peuple simple. En effet, le
livre de la « Confession Orthodoxe в est trop étendu et par là même
difficile àretenir par les gens illettrés ; de plus, n'étant point rédigé
en langue vulgaire* , il n'est pas très-intelligible pour le
peuple. Quant aux livres des grands docteurs, Chrysostome,
Théophilacte* et autres, ils ont été écrits en grec et c'est seule-
ment dans cette langue qu'on peut les comprendre, car la ver-
ci Orthodoxa Confessio1», nec non quorundam magnorum Doctorum
sanctorum homiliae hermeneuticae et orationes, non tamen haecce
doctrine, universo, praescrtim rudi populo instruendo, est aecom-
moilata. Siquidem liber «Homologiae», utpotenonexiguaemolis, dif-
ficilior est, quam ut rudiorum hominum memoriae insinuetur.
Qaatenus autem grandi stilo est conscriptus2, sublimior est, quam ut
a plèbe intelligatur. Libri itidem excellenlium Doctorum Cliryso-
stomi, Theophylacti 3 et aliorum in hellenica lingua sunt conscripti,
in hacigitur tantum lingua facile percipiuntur,inRossicam linguam
translati hominibus etiam literatis legcntibus multum facessunt ne-
(1) En russe : « Православное ПспояЬдаШе, » Grec : ЮрббЗо^ос fOjj.oXoyfa. C'est
le grand Catéchisme approuvé par toute l'Eglise orthodoxe d'Orient. On croit assez
généralement qu'il fut rédigé en grec par Pierre Moghila, métropolitain de Kieff,
vers 1643. La première édition slavonne parut à Moscou, en 1 695 ; le lecteur trou-
vera ce Catéjhisme en grec et en latin dans Kimme'l : Monumenta fidei Ecclesiae
Orientalis. Ienae, 1850. (lre éd., len., 1843, sous le titre de : Libri symbolici Eccle-
siae Orientais.)
(2) En russe : Неяростор1>ч110. Ail. « Nicht in gemeiner Sprache. » Cette langue
vulgaire, c'est le russe qui, à cette époque, n'avait pas encore un nom à part,
mais faisait à peine son entrée dans le monde littéraire. (V. Introduction.) Le livre
de la « Confession orthodoxe, » dont parle Pierre, était en slavon ecclésiastique.
(3) Parmi les écrits de saint Jean-Chrysostome qui, à cette époque, existaient tra-
duits et imprimés en slavon, on trouve les Homélies de ce Dojteur sur les Épîtres
de saint P.iul (l'eéd., KieT, 1023), sur les Actes des Apôtres (Iго éd., Kieff, 1624), sur
l'Évangile de saint Matthieu (tre éd., Mosc, 1634) et sur l'Évangile de saint Jean
(lre éd., Mosc, 1665). — Les Commentaires sur les quatre Évangiles, de Théophy lacté
de Bulgarie (arch. d'Acride, + 1071), avaient été publiés la première fois en slavon
à Moscou, en 1649.
AFFAIRES GÉNÉRALES 19
sion slavonne qu'on en a faite est obscure, difficile à comprendre
même pour les personnes lettrées, et absolument inintelligible
pour les gens non instruits. En outre, les homélies explicatives
de ces Docteurs renferment bon nombre de mystères divins très-
élevés, et, de plus, on y rencontre beaucoup de choses qu'il était
opportun de dire autrefois, attendu le caractère des différents
peuples et les circonstances de ces temps-là, mais que des
hommes grossiers ne sauraient actuellement tourner à leur
avantage. Ce que le peuple simple a besoin d'entendre souvent,
ce sont surtout, les obligations générales de tous les hommes etles
obligations spéciales de chaque état. Ajoutons qu'on ne peutguère
avoir les livres dont nous parlons dans toutes les églises, ni, sur-
tout, dans celles des campagnes, si tant est qu'on les trouve dans
leséglises des villes quand elles sont riches; il faut donc avoir re-
cours à un autre moyen pour venir en aide à la faiblesse humaine.
Or, voici la réflexion qui se présente. Si tous savaient les do-
gmes les plus capitaux* de notre foietde quelle manière Dieu ordonna
gotii. Tantum abest, ut imperitae multitudinis captui accommo-
dentur. Accedit ad hoc, hermeneuticas illas Doctorum homilias
multis theologicis sublimibus mysteriis esse refertas, non pauca
ejusmodi quoqile continere, quae variarum gentium indoli, nec non
diversis temporum circumstantiis competerent, ex quibus homo lite-
rarum expers nib.il commodi potest reportare. Cum e contrario
rudibus ho minibus etiam atque etiam ea praesertim, quae ad omnes
generatim ac universe, et ad unumquemque singulatim, spectato
ipsius officio, pertinent, sint inculcanda. Laudati autem libri
sunt adeo rari, ut oppidanis, iisque divitibus, exceptis, templa ru-
stica non possideant. Consentaneum igitur est, ut hominum infirmi-
tati curandae, alio modo provideatur.
Dum isthaec sciïbimus, commode se senobis offert hoc consilium :
Si fundamentalilms fidei nostrae articulis1 omnes essentinstructi, si
(l) En russe : главн1>Ш11ПЯ догматы. Nous n'aurions pas assez rendu toute la pensée
de Pierre en traduisant simplement ici, et deux fois encore un peu plus loin : « les
dogmes capitaux ». On le verra, du reste, par la note suivante.
4
50 DEUXIÈME PARTIE
que fût opéré notre salut, et s'ils apprenaient dans les com-
mandements de Dieu à fuir le mal et à pratiquer le bien, cette
instruction serait suffisante pour les fidèles. Après cela, si quel-
qu'un, sachant tout ce que nous venons d'indiquer, persistait
néanmoins dans sa dépravation, c'est lui-même qui serait sans
excuse devant Dieu, mais non pas l'ordre des Pasteurs, lequel
aurait pourvu comme il fallait à son salut.
En conséquence, il est nécessaire qu'il soit composé trois livres
de peu d'étendue et d'un petit format.
Le premier contiendra les dogmes de notre foi les plus capi-
taux pour le salut, et aussi les commandements de Dieu ren-
fermés dans le Décalogue.
Le second exposera les devoirs particuliers de chaque état.
Le troisième sera un recueil de sermons, faciles à comprendre
et tirés des saints Docteurs, sur les dogmes les plus capitaux et
spécialement sur les péchés et les vertus, et aussi sur les devoirs
de chaque état en particulier.
Le premier et le second de ces petits livres contiendront des
cognoscerent Dei oeconomianb quae ad nos salvandos requirebatur;
si denique Dei praecepta, quae a malo revocatos alliciunt ad facien-
dum bonum, cognita perspectaque haberent, satis eruditi esse cre-
derentur. Alioquin Pastoribus strenuehumanamprocurantibussalu-
tem, vitio non est dandum, si quis tanto cognitionis lumine abutens,
et in sua perseverans improbitate pravitateque animi, locum excu-
sationi in Dei conspectu non invenerit.
Hinc oritur nécessitas concinnandi très exiguae molis libellos.
Primus : Principalia salutaria nostrae fidei dogmata, simulque
divina Decalogo comprebensa praecepta, continebit.
Secundus : Peculiaria unicuique officia exbibebit.
Tertius denique : Collectos variorum sanctorum Doctorum intel-
lectu faciles, ut deprincipalibus dogmatibus, ita, et quidem maxime,
de peccatis et virtutibus, et tandem de peculiaribus uniuscujusque
officiis sermones complectetur.
Primus quidem et secundus liber, documenta a sola sacra scri-
AFFAIRES GENERALES. 51
preuves tirées de la Sain Le Écriture, mais courtes et à la portée
de tout le monde.
Le troisième appuiera, par des sentences tirées des saints Pères,
ce qui est dit dans les deux premiers.
Voici Tordre opportun à suivre dans la lecture de ces
petits livres . Les dimanches et les jours de fête on lira à Matines
d'abord une petite partie du premier livre, ensuite, à la deuxième
lecture, une petite partie du second ; le même jour, on lira à la
Messe,un discours tiré du troisième livre, et dont le sujet sera le
même que celui des deux lectures faites aux Matines1. De cette
façon, l'instruction qu'on aura entendue à Matines, recevant sa
confirmation à la Messe, pourra mieux se fixer dans la mémoire
des auditeurs. De plus, on partagera ces lectures de manière que
ptura ad sui confirmationem brevia illa quidem, sed cuiusque captui
accommodata, mutuabitur.
Tertius vero sententias ad idem ipsum, quod in utroque superiore
libelle» docetur, collimantes ex sanetis Patribus hauriet.
Séries vero in eorum librorum lectione optime se ita habebit :
Die dominico vel festivo in matutinis preeibus exigua primi libelli
sectio praelegatur, ex altero autem libello altéra lectio instituatur.
Eadem deinceps die pars ex tertio libello in Liturgia de eodem argu-
mente, de quo mane dictum erat, est legenda1. Hoc itaque modo
idem ipsum, quod de mane instillabatur auditoribus, asseveratum
dein in sacra Liturgia, altas in memoria eorum aget radiées. Libelli
vero, qui sunt legendi, ita trifariam possunt dividi, ut omnes très
(l) Ce qui est ici prescrit n'eut pas, du vivant de Pierre, son entière exécution,
mais nous possédons de sûrs renseignements sur ce qui en a été fait. Le premier
des trois petits livres c'est le Catéchisme dit de Pierre le Grand (Kimmel, op. cit.,
Proleg. lxxiu). Il fut rédigé par Théophane Prokopovitch lui-même, qui en parie
dans une de ses lettres (éd., Mosc, 1776, p. 28), et parut, joint à un Abécédaire et
sans nom d'auteur, à Saint-Pétersbourg, en 1720; ce qui ne doit pas surprendre si
l'on songe que le «Règlement)), quoique publié en septembre 1721, était déjà rédigé
avant le mois de février 1720. Le Catéchisme joint à l'Abécédaire eut bon nombre
d'éditions et fut largement répandu par toute la Russie. Le titre russe du livre est :
Первое учевйе отрокомъ, въ немже буквы н слоги, также краткое толкована закоппаго
гесятословЬ! , молитвы господин, символа в^ры п девяти блажепсгвъ> c'est-à-dire :
52 DEUXIEME PARTIE
les trois petits livres soient las entièrement dans l'espace d'un
trimestre ; ainsi le peuple entendra quatre fois par an tout ce
qui est nécessaire pour son instruction, et pourra bien retenir les
choses qu'il a entendues.
Il est encore à remarquer que les enfants pourront apprend ré.
simul trimestri spatio absolvantur. Ita enim populus omnia, ad se
erudiendum neces'saria, quater per annum auditurus est, et audita
fîrmiter memoriae mandaturus.
Id insuper est animadvertendum : In primo et secundo libello
Première instruction pour les enfants, contenant les lettres et les syllabes, plus
une courte explication des dix commandements, de l'oraison dominicale, du symbole
de la foi et des neuf béatitudes. (Math., v, 3-12.) Une traduction allemande,
mais sans ce dernier traité, parut sans indication de lieu avant 1723, et sur elle fut
faite la traduction anglaise de Philipps que nous avons sous les yeux et qui parut
à Londres en 1723 avec le titre de : The Russian Catechism, composed and published
by orderoflheCzar. — Par un ukase du 26 février 1723 (Поля. Собр. (4172) tome VIT,
page 26) la lecture de ce Catéchisme fut rendue obligatoire dans les Eglises, pendant
le carême, à la place d'un traité de saint Ephrem de Syrie.
Dans notre Étude : «The Pope etc.-» nous avons cité (p. 8 1 et seq.) l'explication, don-
née par ce Catéchisme, du. 5e (4e) commandement : « Honore ton père et tanière » et
nous avons aussi rapporté le jugement de deux Protestants allemands qui se réjouis-
saient de voir « que l'orthodoxie russe s'était tant rapprochée du protestan-
tisme. » Ici nous dirons qu'à notre "avis le Book of common prayers de l'Église
anglicane est beaucoup plus orthodoxe que ce Catéchisme. La pensée de Pierre de
n'y mettre que les dogmes les plus capitaux a été si bien comprise, qu'avec toute
l'instruction religieuse dogmatique déclarée suffisante, le peuple simple de
Russie ne serait pas à même de trouver en quoi un Protestant diffère d'un
Orthodoxe. Ainsi l'Église est définie dans ce Catéchisme : « Une uniformité d'opi-
» nion entre les chrétiens qui gardent les doctrines du Christ telles qu'elles ont été
» transmises par les Pères et les Conciles généraux. » Des sept Sacrements on n'y
trouve nommé comme tel que le baptême, et le pouvoir des clefs consiste à «pro-
» noncer la rémission des péchés sur ceux qui sont pénitents, et à déclarer maudits
» au nom du Seigneur ceux qui persévèrent obstinément dans leurs péchés.» Au
moins le Book of common prayers impose au prêtre qui visite les malades, de
les enlacer à faire « a spécial confession » de leurs péchés, si quelque chose de grave
trouble leur conscience. (V. The Order for the Visitation of the sick.) — Parmi les
écrits du temps de Pierre qui, pour des raisons faciles à comprendre, restèrent
toujours manuscrits, on trouve une vaste analyse (обширная рецепз1Я du Caté-
chisme de Prokopovitch ayant pour titre : Endroits peu clairs (прпмрачпая)
dans l'écrit anonyme publié en slavon et intitulé : Première instruction pour les enfants. »
Le Catéchisme y est dénoncé comme « non conforme à la doctrine orthodoxe. » De
même, pendant la courte réaction qui suivit la mort de Catherine Ire, Marcel Ro-
AFFAIRES GÉNÉRALES. 53
eux aussi, le premier et le second de ces petits livres, dès qu'ils
commencent à connaître FA В С.
Enfin, quoique ces petits livres soient au nombre de trois, ils
pourront néanmoins être réunis en un seul volume peu considé-
rable, afin qu'on puisse se les procurer à peu de frais, et que ceux
qui les désirent puissent s'en servir commodément, non-seule-
ment à l'église, mais aussi dans leurs maisons.
ediscendo posse etiam pueros, simul atque prima discunt elementa,
exercitari.
Quanquam autem laudati libelli très sint numéro, nibilominus
uno parvo volumine possunt compreliendi, ut tenui pretio comparati,
non tantum Ecclesiarum necessitati, sed etiam privatis cujusque rei
istius cupidi usibus inserviant.
dychevski (f 1742, arch. de Lad'oga) présenta à Pierre II (1727-1730) un Mémoire
où il n'hésitait point à dire de ce livre « qu'il était rempli de doctrines étranges,
du calvinisme et du luthéranisme les plus purs. Pour déplus amples renseignements,
nous renvoyons le lecteur à l'ouvrage de Pekarski : Наука и литература въ Poccin при
ПетрЬ Великомъ- tome Ie1', pp. 178-82, 496 et seq., tome II, n° 499, et à la dissertation de
Guill. Fréd. Lutjens, De religione Ruthenorum hodierna, imprimée à Gottingue en 1745
et citée par J. \Y. Feuerlein, dans sa: Bibliotheca symbolica evangelico- lulherana.
Gott., 1752, App. II, sect. III, g 184, p. 354.
Quant au deuxième livre mentionné dans le « Règlement, » on n'en aurait peut-
être encore rien fait, si, dans une publication posthume de Mgr Tikhon, Évêque de
Voronège, (mort en 1783 et récemmeul canonisé par l'Église russe,) on n'eût pas
inséré un petit traité du même auteur : Sur les devoirs réciproques des chrétiens. Il est
dit, en effet, dans la vie de Tikhon (Saint-Peter., 1861, p. 185- 186), que le Synode jugea
ce livre digne d'être de ceux dont le « Règlement ecclésiastique » avait ordonné la
composition, pour qu'ils fussent lus au peuple. C'est pourquoi, l'ayant retouché,
il le fit paraître pour la première fois, en caractères d'Église, en 1789, sous
le titre de Наставлеше о собствешшхъ каадаго xpncTiannna должиостахъ, savoir :
Instruction sur les devoirs particuliers de chaque chrétien ; et en envoya des
exemplaires à toutes les églises de Russie. L'ouvrage où ce traité avait paru la
première fois avait pour titre : Наставлеше xpucTiaiiCKoe (Instruction chrétienne),
Saint-Pétersbourg, 1784.
Enfin, le troisième livre mentionné par le « Règlement » parut à Saint-Péters-
bourg en 1779, sous le titre de : Coôpaiiie поучепш на вст. воскресные и праздиичвыо
дпи. (Recueil de sermons pour tous les dimanches et jours de fêle). A ce recueil
travaillèrent Gabriel (Pétroff), Métropolitain de Saint-Pétersbourg (1730-1801) et
Platon (Levchin). Métropolitain de Moscou (1737-1812). La préface, ajoutée par le
Synode et rapportée parBacmeister (Russische Bibliothek, tome VIII, n° 846), d'après
l'édition de Moscou, 1776, explique les raisons de ce recueil dans des termes presque
54 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
On vient de parler des affaires générales, nous allons dire
maintenant quelque chose concernant les devoirs particuliers des
Évêques, des prêtres, des moines, etc.
(AFFAIRES SPÉCIALES)
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES
(Où il est aussi question des prêtres et des moines \)
Voici, en ce qui regarde les Évêques, les points dignes d'at-
tention :
I. Les Évêques sont tenus d'avoir chacun chez eux les canons
Diximus de officiis quae universos obligant, sequuntur iam alia in
médium sistenda, ad quae Episcopi, Presbyteri, Monachi et reliqui
adstringuntur .
(MUNIA SPEGIALIA)
§§. 1-3. MUNIA EP1SCÙP0RUM
(Ubi et de Presbyteris Monachisque sermo eritx.)
De Episcopis haec scitu digûa sunt, quae in sequentibus propo-
nuntur :
I. Quum unicuique Episcoporum. incumbat, ut exactam Concilio-
identiques à ceux qu'on lit dans le « Règlement. » On y trouve ordonnée la lecture de
ce livre dans toutes les églises soit des villes, soit des campagnes, soit aussi des
monastères, et il est strictement enjoint aux Évêques de veiller à ce que cet ordre
soit vraiment mis à exécution. Nous avons remarqué, cependant, avec satisfaction
que le saint Synode de 1776 montre une meilleure opinion du clergé russe, que
n'en exprimaient, en 1720, les deux auteurs du a Règlement. » Au lieu de procla-
mer à la face de l'univers « qu'il y a peu de prêtres qui soient capables d'enseigner
par cœur les dogmes et les préceptes de l'Écriture, etc., » le saint Synode de 1776
engage vivement les prêtres à composer des sermons eux-mêmes, et leur fait com-
prendre que le « Recueil de sermons » a uniquement pour but d'empêcher que le
peuple ne souffre à cause de leur paresse. — Quant à l'orthodoxie du a Recueil », nous
n'en pouvons rien dire, ne l'ayant pas eu entre les mains. On sait, cependant, que
Platon n'était guère plus orthodoxe que Prokopovitch. (V. la Biographie de Platon
par Sneghireff. Шизвь московс. Мптроп. Платона. Moscou, 1856. tome H, p. 92.)
(1) Ces lignes, mises entre parenthèses, ne se trouvent point dans le texte. Nous
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 55
des Conciles tant œcuméniques que locaux 1 et de connaître
exactement ce qui s'y trouve prescrit, touchant leurs propres
devoirs et ceux de tout le clergé. Cette connaissance ne peut être
acquise autrement que par une lecture diligente et assidue.
II. Ils doivent connaître spécialement les degrés d'affinité et
de consanguinité, et savoir lesquels de ces degrés peuvent ad-
mettre le mariage et lesquels ne l'admettent point, conformément
à la loi divine contenue dans le ch. xvur du Lévitique, à celle de
l'Église contenue dans les canons des Pères, et aux ordonnances
rum tam oecumenicorum quam provincialium1, eorumque, quae in
iis statuta sunt, nec non muneris tum sibi, tum clerieis injuncti noti-
tiam comparet, quae vero non secus, quam diligente et fréquente
intercedente lectione obtingit : ideo Episcopi codices ejusmodi ut
semper ad manus babeant, oportet.
II. Episcoporum etiam est, gradus sanguine et cognatione jun-
ctorum dignoscere. Qui nimirum obstant, quominus ineatur matiï-
monium, et qui, quominus id contrahatur, nullo sunt impedimento.
Idque vel juxta divinum xviii Leviticorum praeceptum, vel juxta
decretum Ecclesiae ex sanctorum Patrum canonibus, et Regum legi-
les avons ajoutées, d'après ce qui est dit à pp. 33-34, et dans le prélude du Supplé-
ment, pour aider le lecteur à se reconnaître dans la division du «Règlement, » qui
n'est rien moins que claire et précise. C'est ce que nous ferons aussi plus loin.
(1) Les canons des Conciles étaient consignés dans un livre dit : Kopjnati Книга
(Kormtchaïa Kniga ou Livre du pilote; gr. Ib;oâXiov,) que nous trouverons men-
tionné à la fin du ce Supplément. » Dans notre écrit : « The Pope of Rome, etc.,» nous
avons donné, à pp. 57-60, la note des canons des Conciles et des saints Pères admis
par l'Eglise gréco-russe, avec renvois au Suvoor/.ov, sive Pandeclae canonum, de Be-
veridge (Oxford, 1672, in-f") et au Ib]oâXiov grec, édition de Zante, 1864, in-4-
Nous en extrayons ici la liste des canons des Conciles, avec renvois à l'ouvrage de
S. Em. le Cardinal Pitra : Juris ecclesiaslici Graecorum historia et monumenta, jussu
PU IX, Pont. Max. (Romae, typ. Congreg de propag., 1864, in-8), et à l'édition
française de l'Histoire des Conciles d'après ks documents originaux, par Mgr Héf'élé,
évêque de Rottenbourg (Paris, Ad. Le Cl ère, 1869...) deux ouvrages vrais trésors
d'érudition ecclésiastique. Dans la date des Conciles, nous avons suivi les indica-
tions de Mgr Héfélé; l'ordre et le nombre des canons sont ceux du Кормчая Книга.
Concile de Nicée, 1 "œcuménique (a. 325), 20 canons; Pitra, tome Ier, p. 427 et seq.;
56 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
des Tsars1. Cette connaissance leur doit être personnelle, et ils ne
doivent s'en rapporter à qui que ce soit, quand même ils
auraient sous la main un homme versé en pareille matière.
III. Mais puisqu'on ne peut bien connaître ce dont il est ques-
bus pendens1. Quamvis enim homme iuris perito non destituerentur
Episcopi, ipsi tamen, non aliorum judicio freti, baec debent intel-
ligere.
III. Cum autemnecprimum, nec alterumante memoratum officium
Héfélé, tome Ier, p. 225 et seq. — Ancyre (a. 314), 25 can. ; P., I, p. 441 etseq.;E., 1,
p. 194 et seq. — Néocésarée (a. 314.. .325), 15 can.; P., I, p. 451 et seq.; H., I,
p. 216 et seq. — Gangres (a. 343. ..81), 20 can. ; P., I, p. ,487 et seq. ; H., II, p. 168
et seq. — Antioche (in encaeniu, a. 341), 25 can. ; P., I, p. 455 et seq.; H., I, p. 494
et seq. — Laodicée (a, 343. ..81), 58 can. ; P,, I, p. 494 et seq. ; H., II, p. 130 et seq.
— Constantinople, 2e œcumén. (a. 381), 8 can.; P.,I, p. 507 et seq.; H., II, p. 187
et seq. — Éphèse, 3e œcum. (a. 431). 8 can.; P., I, p. 515 et seq.; H., II, p. 317 et
seq. — Chalcédoine, 4e œcum. (a. 541), 30 can. ; P., I, p. 522 et seq. ; H., III, p. 1
et seq. — Sardique (a. 344), 21 can.; P., I, p. 468 et seq.; H., I, p. 525 et seq. —
Carthage (le XVIe, a. 419), 138 can. ; P., II, passim in Nomocanone, p. 433 et seq.;
H., II, pp. 301-314. — Constantinople (a. 394), 1 can.; H., II, p. 250. — Quini-
sexte in Trullo (Constant, a. 692), 102 can.; P. II, p. 4 et seq.; H., IV, p. 208 et
seq. — IIe de Nicée, 7e œcum. (a. 787), 22 can.; P., II, p. 100 et seq. ; H., IV,
p. 331 et seq. — Constantinople (dit : premier et second, assemblé par Photius dans
l'église des Apôtres, a. 861), 17 can. : P., II, p. 125 et seq.; H., V, p. 451 et seq. —
Constantinople (par Photius, dans l'église de Sainte-Sophie, a. 879), 3 can. ; P. II,
p. 142 et seq.; H., VI, p. 33 et seq.
Nous espérons, par ces citations et ces renvois, avoir fait naître en quelques lec-
teurs l'envie de comparer le langage et les prescriptions des Conciles avec le lan-
gage et les prescriptions des Tsars. C'est là une étude dont ils tireront le plus
grand profit, et qui, du reste, leur sera beaucoup facilitée par les commentaires
dont nous accompagnons le « Règlement. » De plus, l'illustre traducteur des
« Répliques de Nicon » a joint à sa traduction une table d'une grande exactitude,
où sont rapportés tous les canons ecclésiastiques cités dans l'ouvrage, avec renvois
aux pages où il en est question. (Palmer. op. cit., pp. 617-624.) Nicon, il est vrai,
écrivait avant Pierre Ier, à une époque où l'Eglise russe n'eût pas encore toléré le
« Règlement » Mais ГУложете (Oulojénie) , ou Code publié en 1649 par le Tsar
Alexis Mikhailovitch père de Pierre Ier, et qui ouvre la Collection complète des
lois de l'empire ( Полп. CoOp. Зак, etc.), n'était, clans la partie concernant l'Église, que
le prélude du «Règlement ecclésiastique. » Si déjà Nicon opposait à Y Oulojénie les
canons de l'Église, le contraste entre ceux-ci et les institutions religieuses de Russie
n'est que plus frappant de nos jours.
(I) Nous traiterons de la législation matrimoniale dans l'Église russe, et de l'in-
gérence des Tsars en cette matière, à la fin de cette même IIe partie du « Règlement »
quand il en sera plus spécialement question dans le texte.
§§.1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. 57
tion dans ces deux premiers points, sans une lecture assidue, et
que, d'ailleurs, il n'est pas certain que tous aiment à lire, le
Collège Ecclésiastique rendra un décret ordonnant à tous les
Évêques que, pendant leur repas, il soit fait lecture des canons
qui les concernent; cette lecture, cependant, pourra être omise
aux jours de grande fête ou quand ils auraient à leur table
des étrangers de distinction, ou pour d'autres raisoiis légi-
times ] .
IV. S'il se présente quelque cas difficile et dont la décision
l'embarrasse, l'Évêque commencera par en écrire à l'un des
Évêques les plus proches ou à toute autre personne versée dans
la matière, demandant leur avis; après quoi, s'il ne se trouve
point satisfait, il en écrira au Collège Ecclésiastique, dans la ville
impériale de Saint-Pétersbourg, lui faisant un rapport clair,
exact et circonstancié.
eorum satis potest, nisi accédât diligens lectio, innotescere, nec
itidem constat, utrum unusquisque studium operamque suara ad
legendum contulerit? idcirco omnibus Episcopis spiritale Colle-
gium mandato praescribet, ut ad cujusque Episcopi mensam cano-
nes ad eum pertinentes legantur, nisi célèbres solennium festivita-
tum dies, vel insignium Pcrsonarum bospitio exceptarum praesen-
tia, vel aliae legitimae inlercipercnt lectionem rationes 1.
IV. Si casu dubiis intricato obveniente Episcopus, quid sit facien-
dum, anceps baereat : primo ad vicinum finitimumque Episcopum,
aut ad alium multae prpbataeque experientiae virum scribat, con-
silium petiturus ; Deinde, animadvertens sibi bac ralione minime
satis fier i, ad spirituale, quod est in Regia Petropoli, Collegium
déferre débet, omnesque disertis verbis describere circumstantins.
(1) Nous n'avons pas trouvé le décret du Synode dont il est ici question, mais
cet article du «Règlement» n'eut pas moins force de loi et on le trouve spéciale-
ment mentionné dans le Registre alphabétique (АлФабптный Рслстръ) de la Collection
com]>lète des lois de l'Empire Russe (Uo.ni. Собр. Зак. etc.) , tome XL1I de la Collec-
tion, à l'art. Euapxia, p. G85. — Quelque peu flatteur que soit cet articlepour des
Evêques, il n'insultait i,as encore, du moins, à leur honnêteté personnelle. Mais
comme il n'est aucune humiliation que les Evêques russes ne dussent subir de la
58 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
V. 11 y a des canons qui défendent aux Évoques de demeurer
longtemps hors de leur Éparchie l, ce que chacun peut voir dans
le livre des Conciles. Toutefois, il peut se présenter des nécessités
impérieuses qui les retiennent hors de leur Éparchie, telle serait,
par exemple, leur tour de service dans la ville impériale2, ou
une autre cause légitime; telle serait aussi une maladie grave
qui les empêche totalement de gérer les affaires, car un Évêque
malade à ce point est bien comparable à un absent. Dans ces
cas, l'Évêque est obligé de désigner pour les affaires, et en dehors
des officiers ordinaires de sa maison, un homme intelligent
et d'une vie honorable, Archimandrite ou Hégoumène, lui don-
V. Non desimt canones, qui Episoopos extra proprias dioeceses
diutius justo morari non sinant1 quod ex Conciliorum codice cuique
liquido constat. Si vero ineluctabilis urgeat nécessitas, quae extra
dioecesim ipsum retineat,uti est sacrorumin Regia Petropoli admi-
nistratio2,quae per vices sibi evenit, aliaque légitima causa id suadeat ;
si itidem gravis morbus incessat qui eum, ne suo munere fungatur,
penitus impedit, ita enim morbo implicitus pro absente reputatur:
in hoc casu Episcopo certus vir prudens et vitae honestae praeter
alios, qui praesuliae domus dirigendae de more curam gerunt,
Arcbimandrita aut Hegumenus est designandus, eique alii aliquot
part des Tsars nous avons trouvé, entre autres, une loi où l'on exige que tout
Évêque transféré d'une Éparchie à une autre, signe une déclaration portant qu'il
n'emporte rien avec lui, excepté ce qui lui est accordé par les lois. (V. Поли. CoOp.
VII. (4987) 16 déc. 1726. p. 716.)
(1) Les canons auxquels on fait ici allusion sont : le 15e des Apôtres (Pitra, tome Ie"',
p. 16; Héfélé, 14 (13) tome Ier, p. 621); — le 16e du Ie'' Conc. œcum. ,de Nicée (P., I,
p. 433-4,H.,I,p.4H);— le ll'duConc. d'Antioche (P.,I, p. 460; H., I, p. 50S-9); —
les 8U et 13° (dans le Kormtchaïa Kniga) du Gonc. de Sardique (Pitra, 1, (can. 7)
p. 472, (can. IIe et 12°) p. 476-478; Héfélé, I, can. 7(8), p. 571, can. 11 (14), 12e (14)
p. 578);— lel06e duXImeConc. deCarthage (a. 419)P.,II,p. 525, H., II, pp. 279 et 308;
— le 80e du Quinisexte in Trullo; P., II, p. 61 ; H., IV, p. 221. — La limite de
l'absence d'un Évêque de son diocèse y est fixée à trois semaines.
(2) Saint-Pétersbourg, ville fondée par Pierre, n'avait pas encore d'Évêque propre,
ce qui, surtout aux jours de grande fête et à l'occasion des grandes cérémonies,
eût créé une sensible lacune. Pierre y suppléa en y faisant toujours résider
quelque Évêque à qui il enjoignait de quitter, pour cela, son propre diocèse. Ce tour
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 59
nant aussi pour auxiliaires d'autres personnes capables, prises
dans l'état monastique ou dans le clergé séculier. L'Évêque, s'il
est absent, sera informé par eux des affaires importantes par
écrit; s'il est malade, et que la maladie lui permette d'en en-
tendre parler, ils les lui rapporteront de vive voix. Mais s'il se
présente des cas dont la décision serait douteuse, ces adminis-
trateurs en écriront au Collège Ecclésiastique, ainsi qu'on l'a
prescrit plus haut, pour les Évêques eux-mêmes.
homines solertes in subsidium ex monacbis, aut exPresbyteris,sunt
adsciscendi, qui de omnibus magni momenti negotiis Episcopum
absentem per literas, aegrotantem vero, si ci per morbum licebit
au dire, verbo certum faciant. Subortas vero causas, de quibus ipsi
illi Directores sententiam pronuntiaturi ambigunt, ad spirituale
Collegium référant, non secus quam Episcopis est praescriptum.
de service des Evêques russes dans la ville de sa création, est déjà mentionné dans
un ukase de Pierre, du 20 novembre 1718 (Поли. Собр (3239), tome V,p. 395), en
réponse à différentes questions du Métropolitain de Riazan, Etienne Yavorski,
le prélat qui administrait en qualité d'Exarque } — dignité créée tout exprès
par Pierre, — le siège patriarcal de Moscou laissé vacant depuis 1700.
Nous ignorons la loi canonique qui autorisait Pierre à agir de la sorte. Déjà le
grand Patriarche Nicon s'était élevé, avec sa mâle éloquence, contre la prétention
du Tsars Alexis de convoquer des Synodes, en éloignant ainsi, de son chef, les Evêques
de leurs diocèses. A sa conduite, Nicon avait opposé, dans ses « Répliques, » les
canons de l'Eglise, et, chose remarquable, il avait insisté sur le canon 106e du Concile
de Carthage (a. 419), où il est statué que nul Évêque ne pourra, sous peine d'excom-
munication, se présenter à Г Empereur s'il n'y est autorisé par des lettres dimisso-
riales (litterae formatae) de l'Évêque de Rome. Nicon, comme Russe, dit, il est vrai,
que le Pape » étant tombé dans l'hérésie (d'Apollinaire!), » perdit son rang dans
l'Église « où le Saint Esprit l'avait e'taili à la place des Apôtres Pierre et Paul, tandis
» que les quatre patriarches de Conslanlinople, d' Alexandrie , d'Antioche et de Jérusalem y
» tenaient la place des Évan'jélistes.» (Palmer, op. cit., p. !2'29.) Mais Nicon dit aussi,
et c'est ce qui nous importe en ce moment, que le Patriarche de Constantinople,
ce tardif Évangéliste dont la formation fut l'œuvre des siècles, hérita du
rang de l'Evêque de Rome, et que, en tout cas, les Evêques russes étaient tenus de
considérer le Patriarche de Moscou comme leur chef et de ne rien faire sans lui. »
Nicou rappelait, en outre, aux Évêques russes l'engagement solennel pris au moment
de leur sacre, «.de ne céder à la pression ni du Tsar, ni de qui que ce soit, et de
braver, même la menace de mort, plutôt que de consentir à officier ou exercer
aucun acte épiscopal hors du diocèse confié à leurs soins.» (Op. cit., p. 138.) — Mais,
à partir du Tsar Alexis Mikhailovitch (1649), les canons ecclésiastiques n'ont plus
60 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
VI. Les Évêques feront une loi ou ordonnance semblable à
l'égard de leurs subordonnés, Archimandrites, Hégoumènes,
Supérieurs de couvents et Curés, en cas qu'ils tomberaient ma-
lades, ou que de graves raisons les retiendraient hors de leurs
monastères ou de leurs paroisses.
VI. Idem faciendum praecipiant, mandatoque inculcent Episcopi
subordinatis etiam sibi Archimandritis, Hegumenis, Praepositis et
sacerdotibus parochialibus, si nimirun illos gravis pariter morbus
exagitet, aut magni momenti causa extra monasterium vel paro-
chiam remoretur.
gêné les Tsars, qui, de tout temps, ont retenu les Evêques liors de leurs Eparchies
aussi longtemps qu'ils le jugeaient à propos. Pour ce qui est de l'engagement cité
par Nicon et pris par les Évêques au moment de leur sacre, nous verrons un
peu plus loin que, pour les enrpêcher de se rendre parjures, on eut soin de
leur en faire signer un autre, adapté à la nouvelle situation de l'Eglise de Russie.
Par un contraste qui est même odieux, des lois sévères enchaînèrent à leurs
Eparchies les Évêques tentés d'en sortir sans l'autorisation du Tsar, et, contraire-
ment à toute loi canonique, leur rendirent impossible toute communication verbale,
les isolant ainsi complètement les uns des autres. Jamais, peut-être, le « dïvideet
impera » des conquérants n'eut une application plus intelligente et plus sûre ! Ce
ne fut que dernièrement que les Évêques russes obtinrent la faculté de s'absenter
pour huit jours de leur Éparchie, en eu informant le Synode, et pour vingt-huit
jours, avec son autorisation préalable. Pour une plus longue absence, la permis-
sion du Tsar est requise. (V. Московшя Ведомости (Gazette de Moscou), 15/27
octobre 1866, n° 216, art. cité en français par le P. J. Gagarin, S. J., dans son
ouvrage : Le Clergé russe, 2e éd. Bruxelles, Goemaere. 1871, pp. 176-179).
Avant de conclure cette note nous devons faire une remarque sur le saint Synode.
A l'exception des deux aumôniers dont il a été question à pp. 31-32, note, les
autres membres effectifs du Synode sont tous Évêques de quelque diocèse de Rus-
sie ;. néanmoins ils résident constamment à Saint-Pétersbourg, jamais dans
leurs diocèses; à la seule nécessaire exception du Métropolitain de la ville impériale.
D'autres Évêques sont, en outre, appelés par le Tsar à siéger temporairement au
Synode: ils ont le titre de membres assistants (прпсутствующЕе), et 's'en retour-
nent dans leur Éparchie dès qu'on a cessé de trouver utiles leurs lumières. — Qu'on
suppose maintenant un État administré par un conseil de ministres, les uns perpé-
tuels, les autres temporaires, choisis parmi les gouverneurs des provinces, et qui
seraient ainsi chargés simultanément de l'administration générale de l'État et de
l'administration particulière de la province dont ils sont les gouverneurs ; cette
économique combinaison offrirait matière à de curieuses études sur le sort général
de l'État et sur celui des fortunées provinces dont les gouverneurs seraient mi-
nistres. L'État dont nous parlons, c'est l'Église de Russie; — les provinces, les
Eparchies russes ; — leurs gouverneurs, les Évêques de Russie; — l'étrange conseil
des ministres, le Svnode.
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. 01
VII. SiunÉvèque, par suite d'une vieillesse fort avancée ou
d'une autre infirmité incurable, tombait dans un extrême affai-
blissement, sans nul espoir de se rétablir, de sorte qu'il devînt to-
talement incapable de remplir ses devoirs, dans ce cas il sera
tenu non-seulement de nommer à sa place les administrateurs
dont nous venons de parler, mais aussi d'en informer le Collège
Ecclésiastique. Que si l'Évêque se refusait à faire connaître son
état, les administrateurs devront alors en écrire eux-mêmes au
Collège Ecclésiastique, et c'est dans le Collège qu'on délibérera
sur ce qu'il y a à faire: s'il faut donner à l'Éparchie un adminis-
trateur, ou bien nommer un autre Évèque.
VIII. L'Évêque devra faire attention, ainsi qu'il s'y est engagé
par serment le jour de son sacre, à ce que les moines n'errent
point çà et là, menant une vie déréglée; à ce qu'on ne bâtisse
point d'églises superflues ' faute de population, et à ce qu'on n'at-
tribue point de faux miracles aux saintes images.
VII. Quando Episcopus senio confectus, aut morbo quodam insa-
nabili vexatus graviter, etnulla restituendae sanitatis spe superstite,
est viribus debilitatis fractisque eousque, ut muneri suo obeundo
se imparem esse sentiat : praeterquam quod extra ordinarios nuper
memoratos Directoresdesignasset, spiritale Collegium certum facere
tenetur. Quod si vero ipse Episcopus de se deque valetudine sua
minus commoda déferre recusaret, qui tamen ad negotia dioeceseos
obeimda ab ipso sunt designati, per scriptum nunciare deberent. In
spirituali porro Collegio deliberabitur, quiderit faciendum : Utrum
administrator mittendus sit, aut novus Episcopus sit ereandus.
VIII. Observandum est Episcopo, quod observandum, dato jureju-
rando simul atque ordinabatur, in se recepit, scilicet : ne monacbi
erronés vagentur, ne templa superflua1, populo carentia exstruantur,
ne sanctis imaginibus falsa miracula affingantur.
(1) Les prescriptions relatives à la construction des églises sont maintenant con-
signées dans le Уставъ Духовныхь КовсисторШ du 27 mars 1841 (Поли. Собр. 2ше sér.
tome XVI, (14409) p. 221 et seq.) et dans le Уставъ Строительный art. 205 et seq.
62 DEUXIEME PARTIE. —AFFAIRES SPECIALES.
Aussi veillera-t-il, avec soin, sur les femmes soi-disant pos-
sédées*, sur les corps des morts non certifiés*-, et sur toute autre
chose de ce genre.
Et afin que l'accomplissement de ces obligations lui soit plus
facile, l'Évêque devra ordonner dans toutes les villes, que les
inspecteurs ou surintendants, particulièrement chargés, comme
autant de Fiscaux ecclésiastiques, du bon ordre du clergé ,
Sciât denique mulierculas,quaein furorem actae monstrosos quos-
dam sonos edunt1, et corpora defunctorum, de quorum sanctitate
certo non constat2, aliaque id genus non debere tolerari. Ab his ni-
mirum omnibus summopere est illi cavendum.
Quo autem facilius baec omnia reapse perficiantur, interest Epi-
scopi mandatum oppidatim divulgare, ut boni ordinis Inspectores de
industria instituti, utpote spirituales investigatores haec omnia cir-
(Сводъ Зак. éd. 1857. tome XII) — Nous y avons trouvé des règles fort sages, et nous
reconnaissons aussi qu'en construisant des églises superflues on s'expose «aies voir
r> abandonnées et laissées sans les soins exigés par la sainteté de la maison du
Seigneur.» (Уст. К. art. 44.) Il nous paraît, cependant, qu'on a trop insisté sur ce point.
La superfluité,en cette matière surtout, est chose fort relative, et quand on songe à
l'hôte divin de nos temples et des temples russes, — à Jésus-Christ dans le Sacrement
de son amour — on voudrait en rencontrer à chaque pas. En Russie, nulle église ne
peut être bâtie clans une ville sans la permission du Synode (Уст. К. art. 46.) Pour ce
qui est des opinions de Pierre en cette matière , on dirait vraiment que les églises
superflues lui faisaient peur. En ce point, comme en d'autres, ses successeurs ont
été plus courageux.
La promesse que prêtaient à cette époque les Évèques russes le jour de leur
sacre est rapportée en entier dans la Collection complète des lois etc. (Поли. Собр.
tomeV. 22 jan. 1716(2985) p. 193.)
(1) Ce que nous avons traduit par «femmes soi-disatit possédées » est en russe клпкуши
(pron. klikouchi ; de кликать, crier.) C'étaient des femmes qui s'en allaient jetant
de hauts cris et faisant toutes sortes de choses étranges. Anciennement, il s'en
trouvait aussi qui devenaient klikouchi rien que pour des contrariétés de ménage, à
la suite desquelles ces femmes se donnaient comme possédées et agissaient en consé-
quence. (V. le Церковпый Словарь d'Alekseïeff Saint-Pétersbourg 1794.) Des lois
sévères furent promulguées contre elles et produisirent de bons résultats.
(2) Nous avons rendu par: :c corps de morts non certifiés » les mots russes : о твлссахъ
мертвыхъ песвид'втельствоваппыхъ. Le latin l'explique dans le sens de corps de per-
sonnes d'une sainteté douteuse. Nous croyons que Pierre voulait ici rappeler ce
qui est dit plus haut concernant l'authenticité des reliques des Saints. {Affaires gén.
№ VI. p. 40.) L'Allemand: « die todten Côrper ,wovon man keine Zeugnisse beybringen сап»
confirme notre explication.
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 63
veillent sur toutes ces choses et en rendent compte à VÉvèque l,
sous peine de destitution en cas où ils essayeraient de lui cacher
ce qui se serait produit dans ce genre .
IX. Il est fort avantageux, pour la réforme de l'Église, que
chaque Évêque ait dans sa maison, ou près d'elle, une école
cumspiciant ad ipsumque déférant Episcopum1, alioquin id genus
nefas apertum silentio occultantes, poenam subibunt, gradu scilicet
movebuntur .
IX. Ad reformandum Ecclesiae statum maximopere confert Gym-
nasium, quod cuique Episcopo suae domi, vel prope domum ad sa-
(1) Dès 1714 Pierre avait achevé d'organiser un vaste système de police
dont le but était de sauvegarder, en même temps, la paix du peuple et les in-
térêts de sa politique. Les Inspecteurs chargés ainsi du bon ordre public étaient
appelés Fiscaux et leurs devoirs étaient exposés en détail dans un ukase nominal
de Pierre (17 mars 1714) qui, croyons-nous serait lu utilement par tout Préfet
de police de n'importe quel pays. Les Fiscaux s'acquittèrent si bien de leur mandat
que, sous l'Impératrice Aune (1730-1740), on fut obligé de les supprimer. Cette
institution eut, ensuite, d'autres vicissitudes qu'il n'entre pas dans notre plau d'ex-
pliquer.
Nous avons dit (p. 3, note) que le Synode n'était qu'un Collège de plus, entière-
ment calqué sur celui de la guerre, du commerce, etc. et soumis au même Général-
nyi Reglament que tous les autres Collèges. Ajoutons ici, en passant, que Г «Instruction»
du Procureur Suprême du Synode est mot pour mot celle du Procureur du Sénat. (V.
The Pope of Rome etc. pp. 43-47.) Or cette tendance à façonner toutes choses sur un
même moule, et l'Eglise sur le moule^ de l'État, est le trait saillant des institu-
tions politiques et religieuses de Pierre Ier. Peut-être, si l'Eglise avait eu la chance
d'être le premier objet de ses soins réformateurs, aurions-nous eu l'Etat façonné
sur l'Église et non point l'Église sur l'État; des Synodes de la guerre, du commerce,
des mines et manufactures, etc. et non point un Collège Ecclésiastique. Quoi qu'il en
soit de ce point, constatons ici que l'identique système de police ou d'espionnage
antérieurement appliqué à l'État fut, dès 1721, appliqué à l'Église. Il y eut des
Fiscaux de l'État et des Fiscaux de l'Église et les Instructions des derniers
sont entièrement calquées sur celles des premiers. Nous renvoyons le lecteur qui
voudrait faire cette comparaison, à la Collection complète etc., (Поли Собр. tome V.
17 mars 1714 (2786) p. 89 et tome VI à la fin des lois de 1721 (3870) p 467 etseq.)
Plus tard, de même que le Collège Ecclésiastique reçut le nom, moins profane, de
Synode, de même les Fiscaux ecclésiastiques reçurent officiellement la dénomination
adoucie de (Благочннпые ou«Gens du bon ordre.» V.pour leurs attributions le Уст. Дух.
Коне passim).
Quant à la haute police ecclésiastique exercée sur les Évêques, nous en parlerons
en son lieu.
64 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
pour les enfants des prêtres 1 et autres qui se destinent à l'état
ecclésiastique.
A cette école sera attaché un maître, homme intelligent et
honorable, lequel apprendra aux enfants,, non-seulement à lire
dans les livres distinctement, clairement et correctement (ce
qui, bien que nécessaire, ne suffit pourtant pas), mais -aussi à
comprendre ce qu'ils lisent 2.
De plus, autant que possible, il leur fera apprendre par cœur,
dès qu'ils auront paru, les deux petits livres sus-mentionnés conte-
nant l'un les dogmes de la foi, et Fautre les devoirs de chaque état.
cerdotum ] aliorumque filios, in spem sacerdotii obtinendi erudien-
dos, est instituendum.
Huicporro scholae paedagogusingeniosus et bene moratus praefi-
ciatur, qui pueros non tantumpure, clare et exquisite légère libros
(quod licet necessarium est, non tamen utramque facit paginam),
doceat, sed ut lecta simul quoque intelligant, detoperam"2.
Si itidem fieripoterit duopriores ante memorati libelli, alter de
dogmatibus fidei, alter de cujusque ordinis officiis, qui in posterum
edentur, sunt ediscendi 3.
(1) Nous rappelons au lecteur que l'Église gréco-russe accorde à ses prêtres
l'usage du mariage contracté avant l'ordination.
(2) L'érection de nombreuses écoles ecclésiastiques primaires , dans toute la
Russie, a été aussi l'objet des soins de Pierre Ier et, sauf les réserves que méritent
les tendances religieuses et politiques de l'enseignement qu'on y donnait, on doit
lui savoir gré d'avoir promu l'instruction parmi le clergé. — Déjà dans un ukase
du 28 févr. 1714 (Поля. Собр.) (2778 tome V. page 86), il était question d'écoles
attachées aux maisons épiscopales et aux principaux monastères, mais ces écoles
là n'étaient pas proprement ecclésiastiques. Pierre, on le sait, s'occupa tout
d'abord de former parmi ses sujets des marins habiles et instruits, des ingénieurs,
des astronomes, des mécaniciens, c'est pourquoi les mathématiques occupèrent
une si grande place dans les premières écoles de sa création, qu'on les désignait
officiellement sous le nom à' écoles des chiffres (цпФирпыя). Quant aux écoles
primaires ecclésiastiques proprement dites, celles dont la propagation est due à
Pierre Ier, sont les écoles mentionnées ici dans le «Règlement». En 1722,
le Synode publia à leur sujet une Instruction fort détaillée, qu'on peut voir
dans la Collection complète des lois de l'Empire. (Цолн. Собр. 31 mai 1722. (4021),
tome VI, page 697.
(3) Le premier de ces deux petits livres, c'est-à-dire l'Abécédaire, avec Catéchisme,
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVEQUES. 65
Tout élève qui serait entièrement privé d'intelligence ou qui,
bien que doué de pénétration d'esprit, se montrerait dissolu,
obstiné ou d'une paresse invincible, après un essai suffisant, sera
cbassé de l'école, et on lui ôtera tout espoir d'être reçu dans l'état
ecclésiastique.
X. Les élèves ainsi formés dans les écoles épiscopales (lorsque,
Dieu aidant, il s'en trouvera un nombre suffisant), pourront
seuls être promus au sacerdoce ; et si quelques-uns d'entre eux
Si quis autem discipulorum fuerit boeotici ingenii, aut quamquam
solers, sed perversus et contumax et inexpugnabilis pigritiae, ejus-
modi discipuli, facto suffîciente experimento,a schola sunt ablegandi ,
sublata prorsus omni spe sacerdotalis ordinis.
X. Illiporro soli, qui in praesulis scliola erudiuntur (si tandem
opem ferente Deo fréquentes extiteriat), sacerdotii munere sunt or-
nandi. Si qui vero monasticam vitam amplexi fuerint, Archiman-
de Théophane Prokopovitch, avait déjà paru en 1720 avant l'impression du
« Règlement ecclésiastique, » mais on n'eut garde de rien toucher à sa rédaction
à cause, peut-être, de la signature du Tsar qui y avait été attachée. Le second
livre parut beaucoup plus tard, en 1789. (V. p. ô3 note.) — Dans le document du
Synode (31 mai 1722) mentionné dans la note précédente, il est dit que « vu le
manque de maîtres en nombre suffisant», l'instruction donnée dans les écoles devait
consister à faire apprendre aux élèves l'A В С avec Catéchisme de Prokopovitch,
plus la grammaire slave de Polikarpofï, dont nous parlerons au g 4. Un peu plus
tard, c'est-à-dire au mois d'octobre de la même année, le Synode ordonna qu'il
fût fait de grands envois du Catéchisme de Prokopovitch à toutes les Eparchies,
afin que tous les prêtres, diacres et desservants d'église en eussent chacun un
exemplaire, en fissent une lecture assidue, et se le fixassent bien dans la mémoire.
Malgré toute cette sollicitude du Synode et la modération de ses exigences, on est
tenté de dire qu'une malédiction spéciale était attachée au Catéchisme de
Prokopovitch. Des documents contemporains constatent que, dans plusieurs Epar-
chies, on avait la plus grande peine à trouver des hommes capables de l'enseigner
et quant aux enfants, ils n'allaient nullement vite à l'apprendre. Un exemple
entre autres, qui a été transmis à la postérité, est celui d'un certain Abraham,
domestique du Tsar (peut-être 1'Арапъ ou nègre de Pierre le Grand, célébré par
Pouchkin),-qui, étant entré à l'écolede Saint-Alexandre Nevski à Saint-Pétersbourg, le
14 mars 1723, en fut retiré pour être attaché de nouveau au service de Sa Majesté
le 27 novembre 1724, après être parvenu à apprendre le catéchisme « jusqu'au
5e commandement ». Nous ignorons même si le 5e était compris ou exclus,
et nous le regrettons d'autant plus que dans la division des commandements
adoptée dans l'Eglise gréco-russe, le oe commandement correspond à notre 4e :
« Honore ton père et ta mère. » (V. plus loin, p. 69 note.)
5
60 DEUXIÈME PARTI!-: — AFFAIRES SPECIALES
choisissent Tétat monastique, on les nommera Archimandrites ou
Hégoumènes, àmoins que de graves raisons1 n' y mettent obstacle.
Et si un Évêque, laissant de côté, sans raison légitime, un
élève sorti de ces écoles, nommait au sacerdoce ou à quelque
dignité monastique un autre qui n'y eût pas fait ses études, cet
Évêque subira le châtiment que lui imposera le Collège Ecclé-
siastique.
XI. Et afin que les parents ne se plaignent pas des grands
frais qu'entraîneraient pour eux les honoraires du maître, l'achat
des livres et aussi l'entretien des enfants, dont l'instruction se
ferait loin de la maison, il faut que les élèves soient nourris et
instruits gratuitement, eL les livres fournis par l'Évèque.
clritae et Hegumeni sunt creandi ; et, nisi gravi aliquo scelere fuerit
quidam infamis1, ab bac dignitate minime removeatur.
Episcopus vero, si hominem, qui illud Gymnasium aspernatus
erat, parum pensi habito erudito, ad sacerdotii ordinem, aut ad
monasticum célèbre officium, non data légitima ratione, promove-
rit, subibit poenam ex sententia spiritalis Gollegii irrogandam.
XI. Oportet Episcopum alimenta et librosgratuitopraestare, ipsos-
que adeo discipulos a pretii solutioneprodoctrina immunes habere_,
ne parentes eorum magnum sumptum tam Paedagogo sustentando,
quam coëmendis libris, filiisque suis procul a propria domo. in Gym-
nasio positis alendis impendi, conquerantur.
(1) En russe : важная н^кая вина. Notre traduction correspond à l'allemand
« eine wichtige Hinderniss » et à l'anglais : « strong objection. » L'original russe,
pourtant, est susceptible d'un autre sens, qui est celui du latin, d'après lequel
il faudrait traduire : « et, à moins de quelque grand crime, il ne sera point exclu de
cette dignité.^ — Il est triste dépenser que, excepté le cas de quelque grand crime,
le seul fait d'avoir été élevé à l'école épiscopale donnait nécessairement le droit
d'être choisi jjour être mis à la tête des couvents. Pour bien occuper cette position
il faut bien autre chose que de ne pas être « gravi aliquo scelere infamis, » et ni
la grammaire de Polikarpoff ni surtout le Catéchisme de Prokopovitch , ne
pouvaient donner la discrétion, la prudence, l'abnégation, l'esprit de foi et de
prière requis dans un supérieur de couvent. Ces qualités eussent pu se rencontrer
chez un moine peu instruit, et manquer totalement dans le candidat des écoles
épiscopales.
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 67
Et pour que cela soit pratiquement possible, voici ce que nous
statuons à cet égard. Sur les revenus des principaux monastères
de l'Éparchie on prélèvera la vingtième partie de tous les grains
récoltés, et sur les revenus des terres ecclésiastiques, où il s'en
trouve, on prélèvera la trentième. Le nombre des élèves, avec le
personnel pour le service, sera ensuite fixé en raison du nombre
des personnes à l'entretien et aux autres besoins desquelles (l'ha-
billement excepté), on pourra subvenir avec le montant des
grains prélevés.
Quant au maître ou aux maîtres, ils seront entretenus et sala-
riés parl'Évêque sur les fonds de la caisse épiscopale, conformé-
ment à ce qui sera décidé par le Collège Ecclésiastique, suivant
les circonstances des lieux.
XII. Ces redevances tirées des monastères et des terres ecclé-
siastiques, ne seront point cause de gêne pour les églises ni les
monastères, pourvu qu'ils soient bien et fidèlement administrés,
que chaque année on rende compte à l'Évoque de la quantité de
chaque grain récolté, et,enfin, que l'Évêque examine ce que devient
Ut autem votis respondeat eventus, in hune modum conjectare
licebit : Ab omnibus in dioecesi celebrioribus monasteriis vigesima
omnigeni frumenti pars, ex Ecclesiarum autem agris pars omnigeni
frumenti trigesima reposcatur, et habita quantitatif frumenti, quot
personis alendis, aliisque rébus necessariis praeter vestimenta suppe-
ditandis, illud sufficiat, ratione, totidem discipuli eum necessarïo
famulitio sustentandi sunt.
Paedagogus vero unus vel plures, alimentum et stipendium ex
Praesulis aerario obtinebunt, prout spiritale Collegium, spectatis
loci circumstantiis, mandato praeseribet.
XII. Ejusmodt monasteriis et Ecclesiarum agris irrogatio nullum
monasteriorum et Ecclesiarum reditibus inferet detrimentum, si
modo rei familiaris adm'mistrandae strenua et fidelis cura adhibea-
tur : si insuper singulisannisEpiscopus super copia, quanta frumenti
esset collecta, certior fiât, si Episcopus denique dispiciat, cuinam
68 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
l'excédant des grains, après qu'on aura subvenu à tous les diffé-
rents besoins.
Dans le même but, il y aura au Collège Ecclésiastique les
livres des revenus et des dépenses de tous les principaux
monastères de la Russie. Les dépenses dont il est ici ques-
tion sont les dépenses ordinaires et usuelles, non point celles qui
surviendraient extraordinairement , comme serait le cas d'une
bâtisse nécessaire ou autre chose semblable.
Il faut cependant que ces dépenses extraordinaires soient
fixées, elles aussi, par le Collège Ecclésiastique, après un examen
comparatif entre les besoins de chaque monastère et ses re-
venus.
XIII. Et afin que les Évèques ne se plaignent point du dom-
mage que leur cause l'entretien d'un ou plusieurs maîtres, on
leur ordonne de ne point garder plus de domestiques qu'il ne
leur en faut, de ne point élever des bâtisses non nécessaires (à
moins qu'elles ne soient lucratives, comme un moulin et autres
usui frumentum, quod postquam omnibus necessariis usibus est sa-
tisfactum, residuum impendatur.
Hoc ipso fine spiritale Collegium codices accepti et expensi,
omnium inclytorum in Rossia monasteriorum habebit. Ex-
pensae hoc loco intelliguntur quotidianae , et quae solito more
fiunt; non vero extraordinariae, ut necessariae instaurationes et
caetera.
Nihilominus tamen habita tum redituum cujusque monasterii, et
Ecclesiae, tum necessiîatum ratione, spirituale Collegium etiam
quantum attinet ad extvaordinarias expensas , prudens inibit con-
silium.
XIII. Ne autem Episcopi queruli mussitent, sumptuosum et cum
suo detrimento fore unius vel plurium Paedagogorum sustentatio-
nem, jubentursuperfluo famulitio nuntium mittere, in construendis
aedificîis moduin tenere, (nisi ususfructus ex aedificiis, exempli gra-
tia : ex mola et similibus expecletur), et tam a sacris, quam ab iis
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 69
semblables); et aussi de ne point excéder, ni dans les vêtements
sacrés ni dans leur habillement, ce qui convient à leur dignité.
Toutefois , afin qu'il y ait en toute chose une meilleure
direction, on gardera au Collège Ecclésiastique les registres
des revenus des Évêques.
Pour ce qui pourrait encore concerner les maîtres d'école et
l'instruction, nous en parlerons plus loin en son lieu l.
quae in quotidianum usum cédant, vestimentis pluribus, quam decet
et expedit, augendis abstinere.
His tamen omnibus moderandis commodius poterit provideri, si
Episcopalium redituum tabulas spirituale CoUegium praesto lia-
buerit.
Caetera, quae ad Paedagogos, et ad literarum ludos pertinent,
inferius, et quidem suo loco dicentur1.
(I) Au g 4 : Des établissements d'instruction. — En 1723, on songea à réunir les
écoles dont il est ici question à celles «des chiffres.» (V. p. 64 note 2e.) Mais le Synode
fit remarquer que jusqu'alors l'Eparchie de Novgorod était la seule qui possédât les
écoles ecclésiastiques prescrites dans le «Règlement.» Plus tard, en 1721, le Conseil
intime suprême (верковным тайный Совт>тъ), ce corps de l'État qui était alors, après
le Tsar, le plus haut pouvoir de l'Empire, exigea du Synode qu'il lui rendit compte
de l'exécution de ce qui avait été prescrit dans le « Règlement. » Le Synode dressa
alors unrapportqui nous offre des données assez curieuses. En 1727, le nombre
total des élèves des écoles ecclésiastiques, dans toute la Russie, s'élevait environ
à 3,000. Des écoles existaient à Saint-Pétersbourg et dans les Éparchies de Kieff,
Tchernigoff , Bélograd, Moscou, Novgorod, Rostoff, Tver, Kolomna, Kazan, Vologda,
Riazan, Smolensk, Pskoff, Nijni-Novgorod, Kholmogor, Tobolsk, Irkutsk. Dans
l'Eparchie de Suzdal, les élèves avaient -été, en 1726, renvoyés à leurs familles, la
mauvaise récolte ne permettant point qu'on prélevât sur les revenus des églises
et des monastères la portion des grains statuée dans le « Règlement. » Dans l'Epar-
chie de Oustioug et de Viatka on n'avait pu procéder au delà d'un certain degré
d'enseignement, faute de maîtres capables. Le manque total de ressources avait
empêché d'ouvrir des écoles dans les Eparchies de Kroutitz, Pereïaslaff et Astrakhan;
enfin, le manque de maîtres jusqu'en 1725, et, depuis cette époque, l'absence de
l'Evêque, retenu à Moscou, en avaient également empêché l'érection dans l'Eparchie
de Voronége. Il résulte de ce rapport que le sort des écoles était toujours dépendant
de la bonne ou mauvaise récolte, et que dans plus d'une Eparchie les secours tirés
des terres des monastères et des églises eussent été insuffisants sans les offrandes
des particuliers et la générosité des Évêques. Avec d'honorables exceptions, ni les
maîtres, ni les élèves ne brillent, dans le rapport, pour leur capacité. L'Eparchie
de Tobolsk s'y fait remarquer par la stupidité des enfants. Ils étaient, dit le
rapport : вельми тупы. — (Pekarski op. cit., tome t", g VI pp. 107-121.)
70 л DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
XIV. Que tout Évêque connaisse les bornes de sa dignité, et
qu'il ne s'en fasse pas une très-grande opinion ; elle est
en effet une grande « charge1, » mais c'est à peine si l'Écriture la
désigne comme un honneur de quelque importance. L'Apôtre,
pour détruire l'opinion des Corinthiens qui se glorifiaient de
leurs Pasteurs, déclare que tout l'avancement et le fruit du
ministère pastoral dépendent de Dieu lui-même qui opère dans les
cœurs des hommes : « C'est moi qui ai plante', dit-il, c'est Apollon
qui a arrosé , mais c'est Dieu qui a donné l'accroissement. »
Et il conclut , après cela , qu'aucune gloire ne revient à
l'homme de cet accroissement. « Celui qui plante n'est rien, non
plus que celui qui arrose, mais c'est Dieu qui donne ï accroisse-
ment. »
Dans la même lettre, l'Apôtre appelle les Pasteurs : « Les ser-
viteurs de Dieu et les dispensateurs de ses mystères, » pourvu
qu'ils se maintiennent « fidèles dans leur emploi. » En effet, l'action
des Pasteurs est purement extérieure et consiste « à prêcher, à
XIV. Quilibet Episcoporum non débet ignorare : quomodulo suus
honor sit metiendus? Nec nimis arrogantem de eo, animo foveat
opinionem. « Opus1» quidem estmaximi momenti, utrum vero prae-
clarus aliquishonor ei annectatur, ex Sacra Scriptura fere non estde-
finitum. Apostolus Corinthiorum, qui praerogativis suoram Pasto-
rum superbiebant, opinionem déstructuras, docet operis Pastornm
universum profectum etfructum dependere aDeo, in hominumcor-
dibus opérante. « Ego, inquit, plantavi, Apollo irrigavit, sed Deus in-
crementum dédit.)) Idcirco etiaminfert : Nnllambomini pro hoc incre-
mento îaudem superesse. « Itaque neque qui plantât est aliquid, neque
qui rigat, sed qui incrementum dat, Deus. »
Pastores autem ibidem appellat « Dei ministros, et oeconomos rny-
steriorumDei, » dummodoin illo opère « fidèles persévèrent . » Pastornm
igitur opus est externum : « praedicare, instare, increpare opportune
(1) En russe : д'Ёло. On fait ici allusion aux paroles de saint Taul : « Si quis
Episcopatum desiderat bonum opus (grec : xaXov è'pyov, si. добра дЬла) clesicleral.»
(I ïim. ni. 1.) Voir, sur ce passage, saint Jérôme et les autres commentateurs.
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 71
surveiller, à reprendre à temps et à contre-temps \ » et à célébrer
les cérémonies des saints mystères; mais quant à l'action inté-
rieure, qui est de ramener les cœurs à la pénitence et à la réno-
vation de la vie, elle vient de Dieu seul, dont, la grâce opère
d'une manière invisible, au moyen de la parole et de l'action
mystérieuse des Pasteurs, comme au moyen d'un instrument-.
XV. On fait cette observation dans le but de rabaisser le faste
par trop insolent des Évèques, afin que, tant qu'ils jouissent
d'une bonne santé, on ne les soutienne plus sous les bras3, et que
les frères, leurs subordonnés, ne se prosternent plus jusqu'à terre
devant eux. Ces adorateurs-là se prosternent bien volontairement
et sans nulle pudeur jusqu'à* terre, mais ils le font malicieuse-
ment, dans le but de capter quelque dignité qu'ils ne méritent
point, et de dissimuler ainsi leur effronterie et leur fourberie.
et inopportune1 ,» et sacra mysteria administrare. Opus vero internum,
id est corda ad resipiscentiam, et ad vitae renovationem convertendi,
est unius Dei, cujus gratia, Verbo accedente per Pastores admini-
strantes sacramenta, ac si per instrumenta, operatur2.
XV. Id vero ea gratia praescribitur, ut Episcoporum fastus mi-
nime tolerandusreprimatur, nec illi aliorum manibus sustentati,
quamdiu incolumi fruuntur valetudine, incedant8. Nec coram illis
subordinati fratres bumi sese prosternant. Hi etenim adoratores
ultro et omni pudore dimisso bumi sese provolvunt, sed vafro falla-
cique animo, ut quem non merentur dignitatis gradum, hoc pacto
eblandiantur, proterviam et dolum suum dissimulaturi.
(1) Voir tous ces passages en saint Paul : I Cor., in. 6.-7 ; iv, i, 2 et II
Tim., iv, 2.
(2) Instrument. (En russe орудЕе.) Recueillons ce mot dont Pierre veut se servir
pour abaisser, par un sophisme habile, la dignité épiscopale. C'est le même mot dont
se servent les juristes russes pour désigner les grands corps de'd'Etat en Russie, entre
autres le Saint Synode , « organe (оргапъ) et instrument » (оруд1е) dans les
mains du Tsar. (Voir The Pope of Rome, etc. pp. 48-56 ) — Nous avons à peine
besoin de rappeler au lecteur le passage de l'Écriture : « C'est par moi que les rois
régnent et que les législateurs ordonnent ce qui est juste. » (Prov., VIII, 13.)
(3) Il parait que, dans certains endroits, les Evêques ne paraissaient plus en public
72 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
C'est une vérité que le ministère pastoral, s'il est dûment
exercé, bien qu'extérieur, n'est pourtant pas peu de chose,, étant
une mission divine. Et Dieu ordonne que «.les prêtres qui gouver-
nent bien soient doublement honorés, principalement ceux qui tra-
vaillent àla prédicalionetà l'instruction. » (I Tim., v,17.)Cependant
c'est là un honneur modéré qui ne doit pas être excessif, ni sur-
tout, presque égaler celui « du Tsar1 ». De plus, môme cet honneur
modéré, les Pasteurs ne doivent point le rechercher ni l'exiger
de leurs subordonnés, mais ils doivent se contenter de celui qui
leur est rendu spontanément.
Verum quidem est, Pastorum opus (dummodi illud strenue exer-
ceatur), licet externum, non tamen exiguum esse, utpote Divinam
legationem. Deus itidem « Presbyteros, qui bene praesunt, maxime
qui laboraut in verbo et doctrina, duplici honore dignos esse habehdos »
praecipit, honor tamen ille est temperatus, non vero nimius, et
regio aequalis, absit hoc omni jure1. Nec itidem moderatum illum
honorera ipsi Pastores debent apposcere, et .a subordinatis. extor-
quere, sed eo, qui ultro defertur, debent esse contenti.
sans être accompagnés de ministres qui, des deux côtés, leur soutenaient les
bras.
(1) En russe: Обаче честь оная умеренная есть, а лишняя и почитай равно Царская
да не будетъ. Allem. « Jedoch muss solche Ehre miissig, und nicht ilberfl'Ussig, oder fast
der Koniglichen gleich sem» On n'eût pu se prononcer plus énergiquement, au moins
dans la traduction latine, s'il se fût agi d'un horrible blasphème !
Nous serions entraîné trop loin si, l'Écriture à la main, nous voulions établir
une comparaison entre la mesure d'honneur due aux rois et celle qui est due aux
Pasteurs de l'Église. Certains passages concernant les devoirs des Souverains,
et les droits de la conscience vis-à-vis des Césars, renversent de fond en comble
l'argumentation du « Règlement. » Du reste l'ouvrage déjà cité de Nicon n'est que
la réfutation suivie de la pensée de Pierre Ier sur la prééminence du pouvoir im-
périal, et cette réfutation est appuyée de nombreux passages tirés de l'Écriture, des
Conciles et des Pères. Nous n'aurons garde de multiplier les citations (Y. plus haut
pp. 17, 25, 26), mais nous ne pouvons omettre deux remarques suggérées, l'une et
l'autre, par l'ouvrage en question et par ce qui est dit dans le « Règlement. »
Nicon cite, dans ses Répliques, des passages tirés du rite pour le sacre des
Évèques. Son âme vraiment épiscopale éprouve une véritable indignation en se
rappelant que l'Église n'a pas assez d'expressions pour, dénoter la sublime dignité
d'un Évêque, tandis qu'un Tsar la trouvait inférieure à la sienne. Entre autres,
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. 73
XVI. Il s'ensuit que l'Évêque ne doit pas agir témérairement
ni avec précipitation, mais avec longanimité et circonspection,
dans l'exercice du pouvoir de lier, c'est-à-dire en ce qui concerne
XVI. Sequiturinde, Episcopum non debere itidem esse temerarium
et importunum, sed tolerantissimum et prudentem circa ligandi po-
testatem exercendam ; si quis nempe arcendus ab Ecclesia, vel ana-
Nicon cite la prière suivante : « О Seigneur, notre Dieu, lequel voyant que la nature
» humaine est incapable de supporter l'essence de la divinité, par condescendance
» à notr-e égard, avez choisi des maîtres ayant les mêmes passions que nous,
» pour occuper votre trône et siéger gomme images de vous-mêmes sur votre trône
» de majesté et vous offrir le sacrifice, etc »(Palmer, op. cit., p. 235.) Or ces paroles:
« Comme images de vous-même » ont disparu, depuis Pierre Ier, du rite pour le sacre
des Évêques russes. (V. King, Gebrauche, etc., p. 285.) L'illustre traducteur des Répliques
observe qu'elles ont disparu aussi des modernes éditions grecques, mais elles man-
quent déjà dans I'EuvoXqyiov imprimé à Venise en 1642. Quoi qu'il en soit,
l'expression d'à images de Dieu » appliquée aux Évêques est d'une origine fort res-
pectable, puisqu'elle date de ces beaux siècles de l'Église pour lesquels nos frères
séparés paraissent ne pas avoir assez de regrets. En effet, les Constitutions dites '
apostoliques, rédigées, selon toute vraisemblance, avant le Ier Concile de Nicée (a. 325.
Pilra, op. cit. tome Ier, p. xxxvi-xxxviu) appellent les Évêques « images de Dieu»
(Livre II, n°9; Pitra p. 140) et de glus : « Dieux après Dieu r. (Livre H, n° 26; Pitra,
pp. 172, 176, 219.)
L'autre remarque a trait à la comparaison qu'on a prétendu établir entre Pierre Ier
et Constantin, comparaison à laquelle Pierre Ier se prêtait assez volontiers. (V. plus
haut p. 2 note. ) Déjà, avant lui, le Boyard Siméon Strechneff avait trouvé que le
Tsar Alexis agissait comme Constantin, et cette pensée avait paru très-juste au
digne prédécesseur de Prokopovitch, l'Évêque Païsius Ligarides. (Palmer, op. cit.
quest. xxxiv, pp. xxxii-xxxni.) Dans ses Répliques Nicon s'élève avec vigueur
contre cette comparaison et, pour la réfuter, il cite, d'après le Kormtchaïa
Kniga, delongs extraits de la, célèbre donation de Constantin au pape saint Silvestre.
Quoiqu'on puisse révoquer en doute l'authenticité de ce document, Nicon n'était
pas moins fondé à déclarer que déjà le Tsar Alexis avait pris en tout le contrepied
de Constantin (op. cit. p. 211 et passim), ce qui doit être dit, à plus forte raison, de
Pierre Ier. En effet, le caractère historique de Constantin est bien connu par d'autres
faits d'une authenticité incontestable. Le lecteur a sous les yeux les №s XIV et
XV'de cette partie du « Règlement » concernant les Évêques. Peut-on, demandons-
nous, supposer même pour un moment, un pareil langage dans la bouche de
l'Empereur Chrétien qui, au concile de Nicée, attendit pour s'asseoir l'invitation
des Évêques (Eus. Vita Const., III, 10), et qui, invité à se prononcer sur leurs querel-
les, s'y refusa, a déclarant que lui, homme, ne pouvait juger le Sacerdoce qui n'a
pour juge que Dieu seul. » (Sozom., Hist. eccl. I, 17)
Dieu veuille qu'à une époque non lointaine les Évêques russes, comparant les
monuments historiques de la primitive Église avce les ukases des Tsars, s'écrient en
gémissant : « De quelle hauteur sommes-nous déchus ! Unde excidimus ! »
74 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
V interdit et l'anathème1, car « Dieu a accordé ce pouvoir pour
édifier et non pour détruire, » dit l'Apôtre. (H Cor., x, 8.)
Et le même Docteur des nations, en livrant à Satan le Corinthien
qui avait publiquement péché, se proposait « de le punir dans le
co?*ps afin que son âme fût sauvée. » (I Cor., v, 5.) Partant, pour
exercer légitimement ce pouvoir, il faut considérer deux choses:
Premièrement, quel est le péché qui mérite une telle punition?
Deuxièmement, de quelle manière l'Évêque doit-il y procéder ?
( De l'anathème. )
Quant au péché, on peut le déterminer de la manière suivante:
Si quelqu'un blasphème ouvertement le nom de Dieu ou
thematepercutiendusest1, Hanc enim potestatem datam esse a Do-
mino « in aedificationem, et non in deslructionem » testatur Apostolus.
(II Cor., x, 8.)
Eo animo idem gentium Doctor Corinthiacum famosum illum
peccatorem Satanae dedendum esse judicat <c in interitum carnis, ut
spiritus salvus sit. » (I Cor.,v, 5.) Haec igitur potestas, ut jure usurpe-
tur, duo sunt notanda.
Quodnam facinus hac poena luendum sit ? -
Episcopus hanc poenam sumpturus, cui viae insistere teneatur?
( De anathemate . )
In definiendo crimine ejusmodi esto judicium : Si quis aperte no-
men Dei, vel Sacram Scripturam, vel Ecclesiam vituperet, vel publi-
(1) Deux sortes de censures ou peines ecclésiastiques sont ici mentionnées, l'interdit
(personnel) et l'anathème.
L'interdit (en russe : отлучеше, grec : àcpopiajxbç, segregatio) est une excommunication
(à-/.otvu>V7]a(a) partielle qui prive le fidèle de certains biens auxquels lui donnait
droit sa qualité de membre de l'Eglise, surtout de la participation à la sainte
Eucharistie. L' analhème (аиаеема, g^'ec àvd3Ep.a)c'est l'excommunication proprement
dite ou totale, en vertu de laquelle le coupable est retranché du corps de l'Eglise
et cesse désormais d'en faire partie. (V. Ducange : Glossarium mediœ et injimœ
grœcilatis, aux mots : àvd^£[j.a, àcpopia[J.oç, xoivwvi'a, etc. et les sources et auteurs
qui y sont cités. Voir aussi Pelliccia : De cliristiaiue Ecclesiv primœ, mediœ et novis-
simœ œtatis j'oUHa, Vercellis, 1780, tome II, p. 210.)
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVÈQUES. — DE l'ANATHEME. 75
l'Ecriture Sainte, ou l'Église; s'il a péché publiquement et qu'au
lieu de rougir de son action il s'en fasse plutôt gloire; si, sans
raison légitime, il s'abstient pendant plus d'un an de la confes-
sion et de la sainte Eucharistie, ou s'il fait autre chose au mépris
manifeste de la loi divine et en la tournant en dérision. Si,
après une double admonition, cette personne persiste dans son
obstination et dans son orgueil, on la jugera digne d'un aussi
grave châtiment. Car ce n'est pas seulement à cause du péché
qu'on la soumet à l'anathème, mais c'est parce qu'elle méprise ou-
vertement et avec orgueil le jugement de Dieu et l'autorité de
l'Église, au grand scandale des frères faibles, et qu'elle exhale
ainsi une mauvaise odeur d'impiété.
Voici maintenant l'ordre ou procédé canonique à suivre en
cette affaire.
D'abord l'Évêque enverra au coupable le propre confesseur de
celui-ci, pour lui représenter, de seul à seul et avec douceur, son
tort, et l'exhorter à se désister de sa conduite. Et puisque, par son
eus sit peccator, qui pudore facti non suffunditur, imo illud jactat ;
vel si quis nulla data justa ratione diutius biennio nec peccata in
sacerdotis praesentia confiteatur, nec sanctae Eucharistiae fiât parli-
ceps ; vel si quis aliud quidpiam faciat, aperte sugillans et ludibrio
legeni divinam exponens : Ejusmodi bomo postquam semel iterum-
que praeventus admonitione, obstinatus et contumax esse perseve-
raverit, dignus esse judicatur, qui tanta poenacastigetur. Siquidem
non quia simpliciter est peccator, anathemate est feriendus, sed quia
contumax ex professo Dei judicium, etEcclesiae potestatem, etqui-
dem cum magno infirmorum fratrum offendiculo, contempsit foedum-
que impietatis odorem exhalât.
Séries vero bujus negotii légitime exequendi ad hune modum
disponetur :
Primo quidem Episcopus ad illum hominem mittet sacerdotem,
qui ipsi est a confessiorîibus, et qui remods arbitris exprobret ipsi
flagitium, blande comiterque admonens ut a suo désistât facinore.
Et quoniain per apertum peccatum et contumaeiam offendiculo
76 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
péché public et son orgueil, il a scandalisé l'Église, le confes-
seur l'exhortera à se présenter au tribunal de la pénitence, à se
soumettre à l'épitimie 1 et à aller recevoir la sainte Eucharistie,
le premier jour de fête, en présence du peuple, afin que sa con-
version soit connue de tous, le scandale détruit, et que lui-même
ne retourne plus à son vomissement. Si le coupable écoute son
confesseur, s'humilie et fait ce qui lui est ordonné, l'Évêque
aura gagné son frère "2 et Ton s'en tiendra là.
Si cette démarche n'a pas de résultat, l'Évêque, après avoir
attendu quelque temps, invitera le coupable, d'une manière cour-
toise et non sans l'en prier, à se rendre à sa maison, et là il lui
renouvellera, en particulier, la même admonition, sans autres
témoins que le confesseur qui est allé le voir. S'il obéit, l'Évêque
aura gagné son frère*.
Ecclesiae est factus, obsecret ipsum sacerdos, ut proximo festivo
die, non gravelur peccata in sacri ministri praesentia rite detestari
impositaeque ex censura Ecclesiastica poenae1 submitti, sumatque
in multitudinis conventu sanctam Eucharistiam, ut ipsum ad fru-
gem jam rediisse, et scandalum esse sublatum liquido constet, ut-
que ip?e ad suum vomitum non rèvertatur. His aure perceptisreus,
si morigerum se praestiterit, et jussum fuerit exécutas, lucratusest
Episcopus fratrem suum2, nec quidquam faciendum superest.
Si vero legatio illa ivit in cassum, Episcopus aliquo temporis spa-
tio interjecto, invitât eum ad se, honorifica praeveniens rogatione ;
et de eodem illum privatim unico praesente sacerdote, qui a con-
fessionibus, et qui prius legationefuit functus, admonebit; si itaque
obsecutus fuerit, lucri factus est frater"2.
(1) En russe : епитиипя, grec : èninjAia de i%[ xt[j.ato. Ce mot est employé dans
la 2e épître de saint Paul aux Corinthiens (ch. H, 6), pour dénoter la repréhension
dont avait été l'objet l'incestueux de Corinthe. La Vulgate a rendu ce mot par
a objurgatio. » Il fut bientôt adopté pour signifier soit la pénitence canonique
publique, eu usage surtout dans les premiers siècles de l'Église, soit aussi la péni-
tence que le prêtre impose au pécheur repentant après en avoir entendu la confession.
C'est ce que nous appelons satisfaction.
(2) On fait ici allusion au passage de saint Matthieu (xviii, 15) : « Si votre frère
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. — DE l'aNATHEME. 77
Mais si le coupable, appelé par l'Évèque, ne se rend point à cette
invitation, l'Évèque lui enverra de nouveau le confesseur avec
d'autres personnes respectables, ecclésiastiques et laïques, choi-
sies surtout parmi les amis du coupable, pour lui adresser les
mêmes exhortations qu'auparavant. Cette fois encore, s'il s'humilie
et fait ce qu'on lui demande, l'affaire est terminée.
En cas qu'il persiste dans son obstination et dans son orgueil
on pourra répéter de nouveau le même message.
Mais si tout cela n'aboutit à rien, l'Évèque ordonnera alors au
Protodiacre d'en informer, à un jour de fête, le peuple rassemblé
dans Féglise, en ces termes ou en d'autres semblables :
« N. N. que vous connaissez, scandalise ouvertement ï 'Eglise par
» tel péché; déplus il montre qu'il ne fait nul cas de la colère
» divine, et il a repoussé avec mépris les remontrances réitérées
» de son Pasteur. C'est pourquoi votre Pasteur (N. N.)prie pater-
Si vero invitatus ad Episcopum ire recusaverit , Episcopus
eundem sacerdotem , additis aliis Ecclesiasticis et saecularibus
personis, praesertim illius amicis, mittet ad eum, non secus ac
prius admonendum ; si vel hoc modo aequieverit admonitioni, vota
successu sunt coronata.
Si denique ita obstinatus contumaciam non deposuerit, poterit
denuo iterari similis priorum legatio.
Postquam vero haec omnia in irritum reciderunt, festivo die in
Ecclesia jubet Episcopus per Protodiaconum, hac vel simili formula
populo promulgari :
« Baud ignotus vobis homo (N. N.) ille ejusmodi publico flagitio
» (iV. N.) est, Ecclesiae offendiculo, iram Dei vili pendens, Pastoris
» admonitionem plus simplici vice iteratam cum sanna rejecit. Idcirco
a péché contre vous, allez et reprenez-le entre vous et lui seul, s'il vous écoute vous
aurez gagné votre frère, » Ces mêmes paroles de Jésus-Christ dont on fait ici une
application si légitime, unies au commencement du verset 17e: « S'il n'écoute point
dites-Le à l'Église » sont employées dans le Supplément du « Règlement ecclésiasti-
que » pour taire au prêtre une obligation de trahir en certains cas le secret de
la confession. (Des prêtres, des diacres, etc. № 11.)
78 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
» nettement Votre Charité d'intercéder tous pour lui auprès du Dieu
» de miséricorde afin qu'il amollisse la dureté de son cœur, crée
» en lui un cœur pur et l'incline à la pénitejice. Que ceux d'entre
» vous qui ont avec lui des rapports plus intimes l'engagent, avec
» toutes les instances possibles, chacun en particulier et tous
» ensemble, à accepter la pénitence. Prévenez-le, enfin, que s'il
» persévère jusqu'à telle époque (on la fixera suivant les diffé-
» rents cas) dans son péché et dans son mépris, il sera expulsé
» de l'Église. »
Si, même après cela, le pécheur persiste dans son obstination
et dans son endurcissement, l'Évèque ne procédera pourtant pas
encore à l'anathème, mais, auparavant, il informera de tout ce
qui s'est passé le Collège Ecclésiastique. C'est après en avoir reçu
la permission par écrit, qu'il livrera publiquement le coupable à
l'anathème, se servant delà formule ou modèle ci-joint, ou autre
semblable, qu'il fera lire par le Protodiacre, dans l'église en
présence du peuple.
» Pastor vester (N. N.) Vestram omnium paterno obstringit affectu
» Pietatem, ad orandum misericordem Deum, ut cordis illius duritiem
» emolliat, cor purum creet in eo, ad resipiscendum moveat ' Si qui vero
» sanguine vel amicitia estis propinqui, hortantes pribatim singuli, et
» omnesincommuni, et obsecrantes, ut resipiscat, solertem date operam,
» simulque certiorem ipsum facite : futurum esse, ut, nisi ad frugem
» ante certi temporis, (quod potest pro arbitrio assignari), decursum
» redierit, ab Ecclesia rescindatur. »
His omnibus peractis licet si praefractus et ferreus esse -perseve-
raverit transgressor, ne tune quidem Episcopus homini anathema
vibrandum statuet, sed super omnibus istis, quaecunque acta sunt,
certiorem faciet spiritale Collegium. Simul autem atque per Col-
legii scriptum. mandatum liceat, peccatorem in Ecclesia fréquente
multitudine diris publiée devovebit, formula ail hune vel similem
modum concinnalà :
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVEQUES. — DE l'aNATHEME. 79
« Puisque N. N. que Vous connaissez, a scandalisé l 'Église par
» telle manifeste transgression de la loi divine, et qu'il a méprisé
» les admonitions réitérées de son Pasteur qui V invitait à lapéni-
» tence et que, de plus, ne tenant nul compte de la menace qu'on
» lui a faite publiquement de l'expulser de l'Eglise s'il ne se
» repentait point, il persiste encore dans son endurcissement sans
» donner aucun espoir de conversion : notre Pasteur se confor-
» mant au précepte de Jésus-Christ et en vertu du pouvoir qu'il a
» reçu du même Seigneur, l'exclut de la société des Chrétiens, et,
» comme un membre inutile, le retranche du corps de Jésus-Christ,
» faisant savoir à tous les orthodoxes que, jusqu'à ce qu'il se soit
» repenti sincèrement et de cœur, il n'a plus de part à aucun des
» dons divins, qui nous ont été acquis par le sang de notre Sauveur
» et Seigneur Jésus-Christ. En conséquence, l'entrée du temple
» lui est défendue et interdite, et, à plus forte raison, il ne peut
» plus participer ni au saint et redoutable ту stère de Г Eucharistie
» ni à aucun autre des saints mystères et rites de l'Eglise, soit
» dans le temple, soit en sa maison, soit en tout autre lieu. Et en
<( Quoniam notas Vobis homo (N. N.) ejusmodi sua public a legis
» divinae transgressione scandalum dédit Ecclesiae , et decretum
» Pastoris , qui eum multoties ad poenitentiam excitans, ad-
» monuit, demum se ab Ecclesia, nisi resipuerit, esse rescindendum, pu-
» blice promulgatum parum pensi habens usque in praesens, callo quasi
» obducto perdurât, nullam prae se ferens spem correctionis : ideo noster
» Pastor, juxta Christi praeceptum, amcessa sibi ab eodem Domino po-
» testate, ejicit eum a Christianorum communitate , et tanquam mem-
)) brum inutile ab Ecclesiae Christi corpore resecat, universis orthodoxis
» notum manifestumque faciens, illum ab hinc non esse divinae gratiae,
» quae Salvatoris et Domini nostri Jesu Christi sanguine nobis est com-
» parafa, quousque serio et ex animo non egerit poenitentiam, partici-
» pem. Proinde prohibetur et arcetur ille ab ecclesiae introitu, tantum
» abest, ut sacrosanctae et verendae Eucharistiae, caeterorumque myste-
» riorum, et Ecclesiae benefîciorum, tam in ecclesia, quant domi, ali-
» bique locorum particeps esse credatur. Si forte in sacram aedem clam
80 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
» cas qu'il pénètre dans le temple secrètement, ou bien ouvertement
» par la force, il attirera sur lui une plus sévère condamnation,
» et une plus grande encore si, par surprise ou par force, il osait
» prendre part aux saints mystères. Les prêtres lui interdiront de
» toutes manières l'entrée du temple, et si, à cause de sa force, ils
» ne pouvaient y parvenir, ils suspendront tous les offices, à Vex-
» ception de la Lilurgie,1 jusqu'à ce qu'il soit sorti. De même, ils
» né pourront aller chez lui ni pour faire des prières ni pour
» donner des bénédictions, ni pour administrer des sacrements,
» sous peine d'être privés de leur office. »
» sive aperte, idque per vim intraverit, mcdori damnationi mccumbet ;
» maxime vero, si per fraudem, vel per vim de sancta Eucharistie, au-
» sit participare. Ministri porro Ecclesiae ab ingressiune templorum
» penitus eum arcebunt, alioquin violeatiae illius, ubi sese in templum
» intrudit reprimendae impares, nisi exiverit, ab omni precum officio,
» Liturgia excepta*, désistent. Sacerdotes pariter ipsum non adibunt pre-
» ces fusuri, vel ei benedicturi, vel Sacramenta impertituri, alias sui mu-
)) neris privatione punientur. »
(1) Dans l'Eglise gréco-russe la liturgie ou Messe se divise en trois parties. La
première appelée Tûpocr/opuôri (проскомидм) du verbe grec : jrpo<Txop.{Çw, apporter, est
celle pendant laquelle on apporte la matière pour l'Eucharistie, c'est-à-dire le
pain et le vin. La seconde est dite liturgie des catéchumènes (лнтурпя оглашеппыхъ)
parce qu'on y admet aussi, outre les baptisés, ceux qui se préparent au baptême.
Cette partie de la messe consiste en prières, hymnes et dans la lecture de l'Évangile
et autres livres de l'Ecriture, et se termine par l'injonction aux catéchumènes de
sortir de l'Eglise. Enfin, la troisième partie constitue la liturgie proprement dite
appelée : liturgie des fidèles (лнтурпя вТфпыхъ), pendant laquelle le prêtre consacre le
pain et le vin et reçoit ensuite le corps et le sang de Jésus-Christ. — Nous croyons
que le «Règlement » en jjrescrivant ici de suspendre tous les offices à l'exception de
la liturgie , après avoir dit que l'excommunié a ne peut plus participer au saint et
redoutable mystère de l'Eucharistie, » fait allusion à cette dernière partie de la
messe c'est-à-dire à la liturgie des fidèles. La raison de cette exception serait
qu'alors la nécessité d'achever le sacrifice eucharistique, déjà commencé, l'emporte
sur la loi ecclésiastique de cesser les offices en présence d'un excommunié. On peut
voir, en effet, ce cas résolu de la même manière chez les théologiens catholiques,
auxquels nous renvoyons également le lecteur, pour ce qui regarde l'application
de la loi ecclésiastique que nous venons de mentionner.
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. — DE L'ANATHÈME 81
» Qu'il soit notoire à tous que N. N. seul est soumis à cet ana-
» thème qui lui est personnel et ne concerne ni sa femme ni ses
» enfants, ni les autres qui demeurent en sa maison, à moins que
» eux aussi ne veuillent imiter sa démence et n'osent blâmer
» ouvertement et avec arrogance l'Église, à cause de celte malé-
» diction lancée contre lui. »
Cette formule d'anathème, ou une autre semblable fixée par le
Collège, sera affichée, après qu'on en aura ponné lecture, aux
portes de la seule église cathédrale, ou bien de toutes les églises
de l'Éparchie, selon que le Collège aura décidé.
Si, après cela, l'excommunié revient à résipiscence et désire
témoigner son repentir, il sera obligé de le faire lui-même
publiquement dans l'église, devant l'Évêque — ou, en cas d'impos-
sibilité, d'en charger quelques personnes honorables qui le
fassent en son nom, — demandant en toute humilité l'absolution
et confessant son péché et son orgueilleux mépris. Alors l'Évêque
» Certumsit omnibus, unicum illum hominem (N. N.) praecise ana-
» themate teneri, non itidemuxorem, nonliberos, non denique illius ver-
» nas ; nisi M quoque voluerint ejus aernulari furorem, et ob vibratum
» in illum anathema Ecclesiam Dei superbe et publiée calumniari ausi
x» fuerint. »
Haec, aut alia quaedam a spirituali Collegio anathematis prae-
scribenda formula , simul atque fuerit promulgata, foribus unius
Ëpiscopalis, aut omnium in dioecesi templorum, ut spirituali Col-
legio visum fuerit, affigetur.
Postquam autem e coetu christianorum explosus resipuerit, et
poenitentiae dare spécimen voluerit, ipse ille vel per alias, si ipse
praesens adesse non potest, bonestas personas burnillime et publiée
in Ecclesia Episcopo in populi conspectu fatebitur se poeni-
tere, et confitens suumpeccatum et superbam contumaciam , ro-
gabit ut ab anatbemate liberetur. Tum Episcopus pruponet ipsi
б
82 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
lui adressera les questions suivantes : Si, redoutant Ja colère de
Dieu et implorant sa miséricorde, il se repent de ses péchés pour
en obtenir le pardon ; s'il croit que le pouvoir pastoral de lier et
de délier n'est pas vain, mais réel, efficace et devant être craint;
s'il promet d'être, à l'avenir, fils obéissant de l'Église et de ne
plus mépriser l'autorité de ses Pasteurs.
Après que le pénitent aura répondu, et de manière à être
entendu de tout le peuple, l'Évêque lui ordonnera d'espérer fer-
mement dans la miséricorde divine acquise, par la mort du
Sauveur, au pécheur repentant, et prononcera sur lui la formule
de l'absolution. Ensuite, il lui adressera une exhortation sur la
réforme de la vie (exhortation qu'on pourra rédiger plus tard)1,
et lui ordonnera d'aller recevoir, à un jour de fête déterminé,
la sainte Eucharistie, après s'être confessé à son père spiri-
tuel.
quaestiones : An vere ? et ideo, ut sibi peccata remittantur, me-
tuens iram Dei, et Dei misericordiam implorans , agat poeniten-
tiam ? Utrum credat Pastorum potestatem solvendi et ligandi non
esse inanem, sed validam et efficacem horrendamque ? Utrum pro-
mittat in posterum se futurum esse filium Ecclesiae obedientem, nec
Pastorum potestatis contemptorem ?
Postquam ad haec omnia, audiente populo, dederit responsa ju-
bebit eum Episcopus Dei misericordiam sperare, quae propter
Salvatoris passiones confertur peccatori, adfrugem redeunti, ipsum-
que, recitata oratione, solvet ab anatbematis vinculis. Deinde
admonens ipsum vitae corrigendae (cuiusmodi adhortatio inpos-
terum conscribetur)1 , certum aliquem festivum diem assignabit,
quo, postquam praesente sacerdote poenitentiam egerit, sanctam
eucharistiam sit participaturus.
(I) Pierre Ier avait une telle estime de ses Évêques qu'il ne les croyait pas même
capables de composer un discours ni d'improviser une exhortation, et voilà pour-
quoi il est dit ici qu'on pourra rédiger plus tard l'exhortation stéréotj'pée que
l'Évêque doit adresser à l'excommunié repentant. (Voir plus loin : De la visite
pastorale, n° 3, p. 93.)
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. — DE l'ANATHEME 83
Mais si l'excommunié , au lieu de se repentir, ose mépriser
ranathème de l'Église, ou causer quelque préjudice soit à ГЕ-
vèque soit à d'autres membres du clergé, l'Évêque en informera
alors, par un rapport, le Collège Ecclésiastique, et le Collège,
après avoir examiné la vérité de la chose, s'empressera de
réclamer le jugement de l'autorité civile respective S ou bien
celui de Sa Majesté Tsarienne elle-même.
La seule chose que le Collège prescrira avec la plus grande
instance aux Évêques, c'est que, soit en excommuniant, soit en
absolvant de l'excommunication, ils n'agissent pas en vue de
leur propre avantage ni de tout autre intérêt particulier, mais
que,dans une affaire aussi grave, « ils ne cherchent point ce qui est
à eux, mais ce qui est à Jésus- Clwist. » (Philip., n, 20.)
Une telle manière de procéder en cette affaire est canonique,
conforme à la parole divine et à l'abri de tout soupçon*.
Si vero rejectaneus ille nullam a gens poenitentiam, ausit insuper
anathema, quo ab Ecclesia est percussus, convitiis proscindere,
Episcopo injurias, aut aliis ex clero, inferre, Episcopus tune tem-
po-ris per supplices literas rem ad spirituale Collegium delaturus est.
Collegium demum explorata veritate, a saeculari potestate, cui ille
rejectaneus est subordinatus l, aut etiam ab IPSA REGIA MAJESTATE
instanter flagitabit, ut jure in illum animadvertatur.
Id tamen spirituale Collegium quam maxime Episcopis mandato
inculcabit, ne illi tam anatbematis vibrandi, quam solutionis im-
pertiendae causam, quae illorum quaestum , aut aliud peculiare
commodum redoleaf, comminiscantur ; nec in tam magni momenti
negotio, ts. quae sua suntsed quae Domini Jesu, quaerant. »(Philip.,n, 20.)
Eiusmodi istius negotii processus est legitimus, Dei verbo conso-
nus, nec suspicioni obnoxius 2.
(1) En Russie, l'appui de l'autorité civile du lieu est toujours assuré aux Évêques
et aux prêtres dans l'exercice des droits qui leur sont reconnus par la loi. Le Code
russe contient de nombreuses dispositions à cet égard. Voir surtout dans le tome XIV
les prescriptions destinées à prévenir et à extirper les délits contre la foi : О
предупреждена п преебчепш нреступлешй протнвь в-Ьры.
(2) Elle serait tout cela, en effet, si une clause y manquait. Pierre I" était doué
84 DEUXIÈME PARTIE. AFFAIRES SPECIALES
Jusqu'ici nous avons parlé de l'anathème ou malédiction, qui
est un châtiment comparable à la mort. En effet, par l'anathème,
un homme est retranché du corps mystique de Jésus-Christ,
c'est-à-dire de l'Église, et, dès lors, il cesse d'être chrétien et n'a
plus de part à l'héritage d'aucun des biens qui nous ont été acquis
par la mort du Sauveur. C'est ce qui est manifeste par ces paroles
divines : a Qu'il soit pour vous comme un païen et un publicain; »
(Matth., xvni,17.) ail faut que cet homme soit livré à Satan;))
(ICor., v, 5.) et autres semblables 1.
Diximus de anathemate, seu execratione, quae est extrema diris
devotio. Poena, quae morti assimiletur ; quoniam homo anathemati
innodatus, prorsus a mystico Christi corpore, id est, ab Ecclesia
rescinditur, nec ultra audit Christianus, cum sit exbaeres omnium
morte Salvatoris nobis acquisitorum bonorum. Id enim illa verba
Dei sonant:« Sittibi ut ethnicus et publicanus ; » (Matth., xvni, 17.) et
« oportet talem tradere Satanae ; » (I Cor., v, 5.) caeteraque borum
similia l .
d'un instinct admirablement sûr pour découvrir tout ce qui, dans l'Eglise, pouvait
nuire à l'accomplissement de ses plans. Ainsi voulut-il bien laisser à ses Évêques
le glaive spirituel, mais à la condition qu'ils ne pussent s'en servir avant d'en avoir
obtenu ala permission par écrit du Synode de Saint-Pétersbourg.» V. plus haut p. 78.
Toute l'antiquité chrétienne proteste contre cette restriction mise par le
« Règlement » à l'exercice d'un droit propre des Évêques. Nous citerons à ce
propos un auteur vraiment à l'abri de tout soupçon, Mgr Macaire, Evêque de Vin-
nitza et Recteur de l'Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg. « L'Évêque, dit
i) Mgr Macaire, doit surveiller dans son diocèse l'exécution des lois divines et des
» commandements de l'Église. C'est lui qxii-particulièrement. et surtout a le droit de
» lier et de délier suivant les Règles des Apôtres, les décrets des Conciles et le
n témoignagne unanime des anciens docteurs de l'Église. C'est pourquoi les hom-
» mes apostoliques pressèrent avec tant de force les fidèles d'obéir à l'Évêque. »
(Théologie dogmatique orthodoxe, traduite par un Russe,, Paris, Cherbuliez, 1859-60.
tome II, § 174, p. 207.) Ces paroles du prélat russe.se passent de commentaires.
(1) Nous terminerons cet argument de l'anathème, en rappelant une excommunica-
tion qui appartient exclusivement à l'Église russe.
« On doit reconnaître comme n'appartenant pas à .l'Église du Christ (dit
» Mgr Macaire)... tous ceux que, en vertu du droit qu'elle a reçu du Seigneur de
» lier et de délier, l'Église trouve nécessaire de séparer de la société des croyants,
» (Matth., xvnt, 17, 18.) comme elle le fait jusqu'à présent. «(Voir le Rituel pour le jour
de l'orthodoxie. Op. cit., tome II. g 168,.... p. 235).— Ce Rituel, dontle titre russe est :
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. — DE L'iNTERDIT 85
{De Г interdit.)
Mais il y a dans l'Église une punition moindre, appelée sépa-
(De interdicto.)
Habet etiam sancta Ecclesia leviorem poenam, quae est tempo-
ПосЛ'вдоваше ъъ педелю православ1я, contient, en effet, la liste de ceux qui ipsofacto,
et sans besoin de permission par écrit du Synode sont « séparés de la société des
croyants » et « doivent être reconnus comme n'appartenant pas à l'Eglise du
Christ. » — «Suivant l'Écriture sainte, y est-il dit, et les traditions delà primitive
» Église, nous interdisons ceux qui s'opposent à la vérité de la révélation divine
» et leur disons anathème (отлучаемъ п анавематствуемъ).
» A ceux qui nient l'existence de Dieu etc., anathème, anathème, anathème.
» A ceux qui diseflt que Dieu n'est pas esprit mais chair, etc., anathème, anathème,
» anathème.
» ... A ceux qui rejettent les Conciles des saints Pères, etc., anathème, anathème,
» anathème.
r> Л ceux qui pensent que les Souverains orthodoxes ne sont point élevés au trône par
» suite d'une bienveillance particulière de Dieu à leur égard; et que, lors de l'onction
y> (du sacre), les dons du Saint-Esprit ne sont point infusés en eux pour l'accomplissement
» de leur grande vocation; et ainsi osent se soulever contre eux et se révolter ?tels que
» Grichka, Otrepieff, Ivan Mazeppa et autres semblables : anathème, anathème,
» anathème.
» A ceux qui insultent et blasphèment les saintes images, etc., anathème,
» anathème, anathème. » (Op. cit., édition de Moscou, 1850, pp. 7-8; King. Gebrailche,
etc., p. 375; Rajewski. Euchologion der orthodoxen katholischen Kirchë. Wien, 1861,
T. III, p. 13G.)
L'anathème concernant l'infusion des dons du Saint-Esprit dans les Souverains
orthodoxes date du remaniement de l'Office de l'orthodoxie qui eut lieu par ordre de
Catherine II. C'est la Souveraine qui s'appelait en même temps ci favorite de Voltaire »
et « chef de l'Église grecque » et qui, en cette dernière qualité, eût a baisé de bon
cœur cette main (de Voltaire) qui a écrit tant de belles choses et tant de vérités
utiles... » et s'écriait: «Oh! que j'aime les écrits de Voltaire! il n'y a rien de
mieux selon moi. » — Voltaire qui, « du fond de son néant et avec adoration de
latrie... baisait en toute humilité et avec la plus sincère dévotion les pieds de
Catherine II, la seule chose de grand qu'il y eût en Europe, bénie entre toutes
les femmes, ... Notre-Dame de Saint-Pétersbourg, etc., etc. » Voltaire, en même
temps qu'il se disait a fidèle a l'Église grecque la seule catholique,' la seule
véritable» ne manquait pas d'assaisonner sa correspondance d'ignobles blasphèmes,
et Catherine lui répondait de façon à ne point l'en décourager. — Enfin, pour en
revenir à l'infusion des dons du Saint-Esprit dans les Souverains orthodoxes, voici
en quels termes le Tsarine orthodoxe parle à Voltaire du vrai sacrement de la
Confirmation, par lequel les dons du Saint-Esprit sont véritablement infusés dans
nos âmes et qui, dans l'Église grecque, est conféré immédiatement après le Baptême.
86 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
ration ou interdit1. C'est lorsque l'Église ne livre pas publique-
ment un pécheur à Fanathème ni ne le chasse hors du troupeau
du Christ,, mais seulement l'humilie, lui défendant de s'associer
aux fidèles dans les prières publiques, ne lui accordant point l'en-
trée dans le temple de Dieu et lui interdisant, pendant quelque
temps, la participation aux saints mystères. En un mot, par
l'anathème on devient semblable à un homme privé de la vie;
par l'interdit on devient semblable à un homme mis en prison.
Il existe des exemples de ces deux châtiments, du grand et
du moindre, dans les Conciles de l'Église, où Ton prononce
l'anathème contre les hérétiques, tandis que les transgresseurs
des canons sont punis de l'interdit 2.
raria excommunicatio, qiiae interdicto alias, seu exclusio ab Eccle-
sia ad constitutum tempus, dicitur l. Нас quidem utitur Ecclesia,
ubi peccatorem non adjudicat solemnissimae illi execrationi, nec
Christi grege penitus exturbat, sed humiliât ipsum per tempora-
riam separationem a fidelium in commune orantium communione,
prohibet eum templorum Dei aditu, et, quo minus per certum ali-
quod tempus sanctorum sacramentorum sit particeps, interdicit.
Ut verbo dicam : anathemate percussus homo ad mortuum, separa-
tus vero, ad carceri inclusum proxime accedit.
Utriusque tam gravions, quam levions poenae exempla ex eccle-
siasticis peti possunt Conciliis quorum decreto Haeretici quidem
diris devoventur , canonum vero synodicorum trangressoribus
poena separationis irrogatur2.
« Comme chef de l'Eglise grecque, je ne puis en bonne foi vous laisser dans l'erreur sans
w vous reprendre... L'Église grecque ne rebaptise point. ..La grande duchesse, après avoir
» prononcé en langue russe la profession de foi orthodoxe, a été reçue dans l'Eglise au
» moyen de quelques signes de croix avec de l'huile odoriférante, qu'on lui a administrée
» en grande cérémonie ; ce qui chez vous, comme chez nous, s'appelle Confirmation. A
» cette occasion on impose un nom, mais sur ce dernier point nous sommes plus chiches
» que vous qui en donnez par douzaines ; ici on n'en prend qu'un seul et cela nous
» suffit. Vous ayant mis au fait de ces choses importantes, je continué de répondre à
» votre lettre, etc. (Correspondance de Catherine II avec Voltaire. Lettre, du 27 déc. 1У73 -.
(1) En russe : отлучеше или запрещете. Voir p. 74, note. 17jany. 774.
(2) Ce n'est point sans difficulté qu'on peut suivre, dans les documents de l'Eglise
§§. 1-3. DEVOIRS DES ÉVÈQUES. — DE i/lNTERDIT 87
Les fautes qui méritent le moindre de ces deux châtiments,
c'est-à-dire l'interdit, sont toutes les fautes graves et publiques,
mais ne constituant point des péchés publics aussi graves que
ceux dont nous avons parlé plus haut , par exemple : si quelqu'un
vit publiquement dans le désordre ou si, depuis longtemps, il
n'intervient plus aux offices divins ou si, ayant publique-
ment offensé et outragé un personnage respectable, il ne lui en
demande point pardon. Dans ces cas l'Évèque, ou par lui-même,
ou par le confesseur (du coupable L ), engagera d'abord celui-ci à
Causa, quae leviore poena, id est, temporanea separatione luitur,
consistit in aliquo gravi et aperto flagitio, non tamen in ipsa
maxima et enormi impietate, de qua supra diximus. Exempli gratia:
Si quis multa et quidem sciens prudensque contra fas et jus faciat,
diutius publicum divinorum in Ecclesia officiorum exercitium de-
vitet, aperta injuria honestum hominem quidem afficiat, ut tamen
sibi culpa remittatur, non curet.EiusmodipeccatoresEpiscopus pro-
pria frétais potestate, vel sacerdote, qui a confessionibus sit1, inter-
primitive, l'histoire des mots employés pour dénoter les censures ou peines ecclé-
siastiques. Bornons-nous à remarquer que tandis que le mot àvââzjj.'X, anathème
indiqua d'assez bonne heure l'exclusion totale et formelle de l'Eglise, il fallut plus
longtemps avant que les expressions àxowwv7]<r£a (lat. excommunicatio) et àcpoptor(x6ç,
(lat. segregatio, separatio), fussent employées généralement dans un même sens
déterminé. Parfois elles correspondent à Yanathème, parfois elles dénotent, d'une
manière générale toute sorte de pénitence ecclésiastique , celle-ci n'étant, en effet,
qu'une séparation ou excommunication à plusieurs degrés; plus souvent enfin elles
dénotent l'interdit, c'est-à-dire cette excommunication partielle dont nous parlons,
laquelle, tout en privant le coupable de quelques biens, — surtout de la partici-
pation à l'Eucharistie, — ne le retranche pourtant pas encore du corps de l'Église.
Les actes du Ier Concile œcuménique de Nicée (a. 325) nous montrent déjàl'àv<&5c[j.a
prononcé contre les hérétiques à la fin du Symbole, tandis que, dans le 5e canon,
on déclare àxotvwvrjxot ou interdits (litt. ex-çommunicati); ceux qui ont manifestement
péché contre leur Évêque. (V. Héfélé op. cit. tome Ier pp. 285 et 376. Pitra. op. fit.
tome Ier pp. 437 et 429.)
Nous nous permettons d'exprimer ici l'avis qu'un bon traité manuel de la forma-
tion du langage ecclésiastique, mis à la portée de tout le monde, rendrait de grands
services non moins à la science qu'à la religion elle-même. Beaucoup d'objections,
occasionnées par des textes, disparaîtraient aussitôt, si l'on se rendait un compte
exact du sens qu'attachaient aux mots leurs auteurs.
(1) Nous croyons, d'après le contexte, que le confesseur dont il est ici question
88 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
montrer publiquement son repentir ; s'il se refuse, quoique sans
montrer ni un grand orgueil ni du mépris, l'Évèque pourra
l'humilier par l'interdit, sans toutefois faire annoncer la chose
solennellement par le protodiacre, mais seulement écrivant sur
un bout de papier1 la faute du coupable et la sentence d'interdit.
Pour ceci, FÉvêque n'est point obligé de demander l'appro-
bation du Collège Ecclésiastique, mais il peut agir librement et
avec autorité, pourvu que ce ne soit pas avec passion mais
avec maturité et diligence. Et s'il lui arrivait d'interdire quel-
qu'un qui ne le méritât point, et que celui-ci en appelât au
nuntio usus, increpat , ut publicam. a gant poenitentiam. Si vero
morigeri non fuerint, quanquam superbiam contumaciamque dissi-
mulent, potest eos refrenare segregans a populo. Nec opus est illa
per Protodiaconum famosa promulgatione , sufficit una exigua
chartula1, quae culpam praevaricatoris et consecutam ségrégation i s
poenam complectatur.
Ad eiusmodi negotium exequendum, non est opus, ut Episcopus
per literas impetret a spiritual! Collegio facultatem, ipse proprio
arbitrio et jure fruitur. Danda est opéra, ut diligenter in causam
inquisiturus affectu non laboret j alioquin insons segregatus pro-
est celui du coupable, et non point un confesseur quelconque. L'allemand : « durch
den Beicht-Vater » l'insinue clairement.
(1) En russe : въ малой хартпик1> (exigua chartula). Nous ne saurions dire si ce
détail, concernant la dimension du papier, est purement accidentel ou s'il avait
une raison quelconque dans l'esprit des auteurs du « Règlement. »
Nous ne saurions dire non plus si le bout de papier qui porte la sentence de
l'interdit, de même que la feuille portant la sentence d'excommunication d'après la
formule rapportée plus haut, sont, ou non, exemptés du droit de timbre dont les
successeurs de Pierre Ier ont frappé les écritures de l'Eglise orthodoxe de Russie. —
En Russie, on le sait, les affaires ecclésiastiques se traitent en papier timbré de
quatre catégories : de 15 kopèkes (0,60 c). de 30 kop. (I fr. 20 c), de 60 kop.
(2 fr. 40 c), et de 90 kop. (3 fr. 60 c). Les canons du Statut 'des douanes
(Св. Зак. t.V. Уст. о пош.шнахъ art, 28, 29, 30, 52, 55, 99) fixent avec soin la catégorie
des actes et écritures ecclésiastiques d'après le montant des kopèkes requises pour
le timbre. Il y a même des cas où le gouvernement renonce,pour l'avantage des fidèles,
à son droit de timbre, (Ib. art. 109 et 117.) Touchant exemple de l'accord des deux
pouvoirs en Russie.
§§. 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. 89
Collège, l'É\êque sera puni selon que jugera le Collège Ecclé-
siastique *.
XVII. Nous avons dit plus haut, au № VIII, que l'Évêque doit
vocabit ad spiritualis Collegii judicium; proinde Episcopus pro
arbitrio spiritualis Collegii a poena non erit immunis l.
XVII. Diximus quidem supra, sub № VIII, Episcoporum interesse,
(1) Disons, pour conclure cette matière, que la pénitence ecclésiastique occupe
dans la législation russe une place bien distincte. Les laïques y sont soumis aussi
bien que le clergé, et il est même des cas où les tribunaux civils doivent renvoyer
le coupable aux tribunaux ecclésiastiques. Suivant la nature des délits, la pénitence
ecclésiastique est jugée suffisante, ou bien lui vient s'adjoindre une peine pronon-
cée par les tribunaux civils. Le lecteur qui voudrait étudier cette matière trouvera
dans l'Indicateur alphabétique (Алфавитный Указатель) du Code, à l'art. Pénitences
ecclésiastiques (Церковпыя Наказашя), d'exacts renvois aux articles du Gode qui s'y
rapportent, et dans le Gode les renvois aux lois in extenso de la Collection com-
plète , etc. (11олп. Собр. Зак.) De plus, il trouvera dans la table alphabétique
du Кнпга Правплъ ou Livre des canons (le moderne Кормчая Книга ou Corpus
juris canonici) à l'art, епитюия les prescriptions canoniques relatives aux degrés
de la pénitence. Nous croyons utile de citer ici l'art. 191 du Code pénal (Св. Зак.
Уголовиыхъ Кн. IL) où sont indiqués les cas dans lesquels les laïques tombent sous
l'autoritéjudiciairederÉvèque. (Св. Зак. t. XV. Продолжение 1 863,p.57,etédit.l866.)
« Tombent sous la juridiction exclusive des tribunaux ecclésiastiques les laïques
v coupables de délits pour lesquels les lois prescrivent directement la pénitence
» canonique ou bien le renvoi aux autorités ecclésiastiques, à savoir : — l'apostasie
» de la foi orthodoxe ou de toute autre foi chrétienne pour embrasser une religion
» non chrétienne (Улож. о Наказ. Art. 201); — l'apostasie de la foi orthodoxe pour
» embrasser une autre confession chrétienne (ib., art. 206); — l'apostasie de la foi
» orthodoxe pour embrasser une hérésie quelconque (ib., art. 216, nu 4) ; — la
» transgression des lois ecclésiastiques par ceux qui ont embrassé la foi orthodoxe
» (ib., art. 230); — l'eloignement de la part des Orthodoxes, des sacrements de la
» confession et de la communion (ib., art. 231); — la cohabitation illégale d'un
» homme nori marié avec une femme non mariée (ib., art. 1344); — l'adultère de
» personnes jointes en mariage, lorsque nulle plainte n'a été portée à ce sujet, mais
» le fait a été découvert dans la poursuite de toute autre affaire (ib., art. 2150); —
» la contrainte exercée par des parents orthodoxes sur leurs enfants pour les
» obliger à se marier ou à embrasser l'état ecclésiastique (ib., art. 2 157); — finalement,
» l'inceste dans les degrés d'affinité et de consanguinité dans lesquels, d'après les
» lois ecclésiastiques il ne peut y avoir de mariage (ib., art. 2169). »
Avant 1861, époque de l'émancipation des serfs, tombait aussi sous l'autorité
judiciaire de l'Évêque « l'abus d'autorité de la part du seigneur pour contraindre
un serf à se marier ou à embrasser la profession religieuse (ib., art. 1979). » —
Voir Св. Зак. éd. 1857, tome XV, Kh.II, p. 154.)
90 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
examiner si les prêtres, les moines, etc., de son Éparchie, ob-
servent les règles auxquelles ils sont tenus, et qu'il doit garder à
cet effet des Fiscaux ecclésiastiques. Cela ne suffit pourtant pas,
attendu que ces Fiscaux, soit par déférence envers leurs bienfai-
teurs, soit qu'ils reçoivent quelque rétribution, ont coutume de
cacher beaucoup de choses; c'est pourquoi il faut que l'Évêque,
une fois par an, ou, du moins, une fois tous les deux ans fasse le
tour de son Éparchie et la visite. Et en cela, sans parler de beau-
coup d'autres, nous est d'un grand exemple l'apôtre saint Paul,
ainsi qu'on le voit par les Actes des Apôtres, (xiv, 21, 22;xv, 36.) et
par ses lettres l. (Rom., i, 11, 12; I Corinth., iv,12; I Thessal., ш,
2, 10.)
Et afin que cette visite réussisse mieux, on doit garder les
règles suivantes :
(de la visite pastorale.)
1. La saison d'été paraît plus propre à cette visite que l'hiver:
habere de clero annotatores, quibus ad Presbyteros et Monacbos,
utrum lii mandata sibi injuncta exequantur? per dioecesim explo-
randos utatur. Cum tamen annotatores illi non sunt satisfacturi,
quippe qui officiis benefactorum devincti, vel muneribus corrupti,
multa silentio supprimant, idcirco Episcopo singulis annis_, vel
saltem per biennium sua dioecesis semel est peragranda. Praeter
alios multos, notabile Apostolus Paulus huic praeivit exemplum,
prout ex Actorum xiv, 21 , 22 ; xv,36 ; Rom., 1, 11, 12; I Corinth.,
IV, 12 ; I Thessal., ni, 2, 10, colligitur \.
Quo autem hac peragratio, seu visitatio facilius possit absoloi,
seqventes regulae sunt observandae :
(de visitatione pastoralt.)
1. Tempus aestivum ad dioecesim visitandam commodius esse
(I) « Ils {Paul et Barnabe) retournèrent à Lystre, à Icône et à Antioche, fortifiant
» le courage des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et {leur représentant) que
§§ 1-3. DEVOIRS DES ÉVEQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 91
car, en été, soit l'Évêque, soit les églises qu'il visite, auront moins
à dépenser pour la nourriture et les autres nécessités. En été, on
consume peu de bois; on peut se passer de foin; le blé, le
poisson et le fourrage sont à meilleur marché, et l'Évêque peut
séjourner à la campagne sous une tente et à peu de distance de
la ville qu'il visite afin de ne point grever de son logement les
prêtres ou les bourgeois surtout si la ville est pauvre 4
putatur, quam brumale; idque ideo, quoniam minorem sumptum ut
ipse Episcopus, ita Ecclesiae ab eo peragrandae alimentis aliisque
illius necessitatibus impendent. Panis, piscis et avena viliore pretio
comparantes, lignorum parum, foeni vero nihil postulatur. Potest
etiam Episcopus non procul ab urbe in campo sub tentorio aliquan-
diu morari, ne hospitio exceptus molestus sit Clericis, aut Civibus,
praesertim in tenuis conditionis oppido1.
» с est par beaucoup de peines que nous devons entrer dans le royaume de Dieu. Ayant
» ensuite ordonné des prêtres dans chaque Eglise, avec des prières et des jeûnes, ils les
» recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. » (Act., XIV, 21,22.)
« Car-j'ai un grand désir de vous voir, afin de vous faire part de quelque grâce
» spirituelle pour vous affermir, c'est-à-dire, afin qu'étant parmi vous, nous trouvions
» dans la foi qui nous est commune une mutuelle satisfaction. » (Rom., I, 11, 12.)
« iVoM.s travaillons avec beaucoup de peine de nos propres mains. » (I Cor., IV, 12.)
Il y a ici, probablement, une erreur de citation, à moins que ce texte n'ait été
cité à l'appui de la règle n° 1 « De la visite pastorale. » Le verset 19 du même
chapitre : « J'irai pourtant bientôt vous voir, si le Seigneur le permet : je connaîtrai
» alors non les paroles de ceux qui s'enorgueillissent, mais leur vertu » se rapporte plus
directement au sujet.
« Je vous envoyai Timothée, notre frère et ministre de Dieu dans l'Evangile de
» Jésus-Christ pour vous fortifier et vous exhorter à demeurer fermes dans votre foi... Ce
» qui nous porte à conjurer (Dieu) ardemment nuit et jour de vous aller voir, afin
» d'ajouter ce qui peut encore manquer à votre foi. » (I Thess. , ni, 2, 10.)
(1) Il est superflu de remarquer qu'ici, comme ailleurs, nous apprécions sincè-
rement tout ce qu'il y a de sage et de pratique dans plusieurs prescriptions du
» Règlement и qu'on dirait calquées sur celles de l'Eglise catholique. (V. p. ex-
Conc. Trid. Sess. xxiv. De reform.. cap. Ш ; Renoit XIV. De Synodo Dioecesana,
]. X, etc.) — Il est également superflu de remarquer qu'il n'entre pas dans notre
plan de constater, même d'après les récits les plus authentiques, si les prescriptions
dont nous parlons sont celles qui sont mises habituellement en pratique. Pour cela,
nous renvoyons le lecteur aux écrits sur la situation du clergé russe, mentionnés
dans l'Introduction.
92 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
2. Le lendemain ou le surlendemain de son arrivée, l'Évêque
après avoir convoqué tous les prêtres de lavilleetdes campagnes,
célébrera la sainte liturgie, à rissue de laquelle, conjointement
avec tous ses prêtres, il chantera une prière pour la santé et le
triomphe du très-puissant Monarque, pour l'amélioration et la
prospérité des Églises, pour la conversion des rascolniques, pour
la salubrité de Fair, pour Fabondance des fruits de la terre, etc.
Il sera rédigé un canon spécial où seront mentionnés tous ces
besoins *.
3. Le chant de cette prière achevé, l'Évêque adressera au
clergé et au peuple un discours, en forme d'instruction, sur la
véritable pénitence et sur les obligations de chaque état, particu-
lièrement sur celles de l'état ecclésiastique, y ajoutant une exhor-
tation aux fidèles afin qu'ils lui exposent les nécessités spirituelles,
ouïes cas difficiles de conscience qu'ils pourraierît avoir, et aussi
2. Postquam venerit Episcopus, secundo vel tertio die, collectis
urbanis et rusticanis sacerdotibus sacram missam celebrabit ; hac
absoluta cum omnibus simul preces fundet pro Augustissimo
MONARCHA , ut sanitate et yictoriis potiatur. Tum quoque pro
Ecclesia, ut bene se babeat, et in omnibus proficiat ; pro schisma-
ticis convertendis, pro commoda aëris temperie, et terrestrium frue-
tuum abundantia, orabit. Нас gratia peculiares preces singulis ne-
cessitatibus accommodatae, sunt concinnandae 1.
3. Simul autem atque sacro officio perfunctus fuerit, sermonem
ad sacerdotes populumque de vera poenitentia , atque de unius-
cmusque, praecipue E cclesiastici ordinis muniis rite obeundis habebit,
monebit insuper, ut si quis de spiritualibus negotiis vult se
percontari, vel de dubiis conscieotiae casibus consulere, vel super
(1) Un canon pour la santé et le triomphe du Tsar, rédigé par Théophane
Prokopovitch, tiré à 1,200 exemplaires et destiné à être chanté dans les églises,
parut en effet à Saint-Pétersbourg , au mois de juin 1721, sous le titre de :
Капопъ молитвенный о многолЬтаомъ здравш ОлагочестивШшаго Государя нашего, etc.
— Une notice assez détaillée sur cette production de Prokopovitch est donnée par
Pekarski, op. cit. t. II. № 451. pp. 503-506.
§§ 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 93
ce qu'ils auraient remarqué d'irrégulier dans le clergé de leur
paroisse l, etc.
Mais comme tous les Évèques ne sont pas capables de compo-
ser un beau discours, il faut qu'il en soit rédigé un au Collège
Ecclésiastique, et les Évêques le liront dans les églises qu'ils
visitent2.
4. L'Évêque pourra, en outre, s'informer secrètement soit du bas
clericorum perfunctoria muneris administratione est certus, haec
omnia et id genus alia, secum communicet1.
Sed quoniam non quilibet Episcoporum tersae cultaeque orationis
concinnandae est peritus, ideo spiritualis Collegii refert conscribere
lmjusmodi homiliam, quam Episcopi in Ecclesiis lustrandis péro-
rent 2.
4. Potest etiam Episcopus inferioris ordinis clericos, vel alios, si
(1) L'auteur de la Description du Clergé de campagne (Onncanie сельскаго духовепства)
nous apprend ce qui suit au sujet de la visite pastorale : « L'itinéraire de l'Evêque
est déterminé par les renseignements qu'on lui a procurés sur les endroits où se
trouvent les maisons seigneuriales où il espère être logé. Y étant arrivé, l'Evêque
mande les popes des environs. Ceux-ci arrivent et attendent pendant quelques
heures dans la pièce des laquais (въ лакейской) jusqu'à ce que Son Eminence, après
s'être entretenue avec tous les autres visiteurs (натолковавшись со всеми), daigne
venir les y trouver, les embarrasser par ces bienveillantes paroles : « J'apprends
» que tous les popes des campagnes sont des ivrognes, des insolents, et qu'ils
» vexent de toutes les manières leurs paroissiens. S'il m' arrive des rapports sem-
» blables aussi à votre égard, n'espérez pas de grâce. Songez-y !» — et les
congédier. Après cela, infortunés prêtres ! ainsi accueillis par l'Evêque, attendez-vous
à des marques de respect, je ne dis pas de la part des seigneurs, mais de la part
de ses valets et des paysans delà paroisse. (P. 128.)
Nous croyons ce récit fort exagéré, mais, fût-il vrai de tout point, il ne nous
apprendrait rien de plus que le « Règlement ecclésiastique » lui-même, dans cette
3e règle «De la visite pastorale.» A notre avis, l'accueil fait au clergé dans la
a pièce des laquais » ne saurait jeter autant de discrédit sur les popes russes que
1 a paternelle exhortation adressée par l'Evêque aux fidèles, — dans l'Eglise et en
présence du clergé; — d'aller lui exposer ce qu'ils auraient remarqué d'irrégulier
(пеисправлено) dans le clergé de leur paroisse; et cela, après que l'Evêque les a tout
particulièrement entretenus des obligations de l'état ecclésiastique.
(2) Voir plus haut : Devoirs des Évêques, n"8 III, pp. 56-57, XIV, XV (pp. 70-72) et
les notes qui s'y rapportent. — Il y aurait de quoi remplir un volume si on voulait
94 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
clergé, soit de toute autre personne capable de le renseigner, de
quelle manière vivent les prêtres et les diacres. Et quoiqu'on
ne doive point immédiatement ajouter foi aux dépositions de
chacun, néanmoins elles lui offriront des moyens pour mieux
procéder dans son inspection et dans la réforme des abus.
5. I/Évêque, tant qu'il n'aura pas réglé toutes les affaires qui
lui seront présentées, n'invitera personne à sa table, et, si on Fin-
vite à dîner quelque part, il ne s'y rendra point, de peur que les
bons traitements ne le séduisent, et aussi afin de ne pas laisser
qui idonei visi fuerint, de sacerdotum, et diaconorum vita et con-
versatione, secrëto percontari. Et quamquam non quaevis fidem.
protinus meretur delatio, commodior nihilominus inde occasio ad
dispiciendum et corrigendum arripitur.
5. Episcopus priusquam negotia ad se delata expediverit, nec
alios ad se invitabit liospites, nec invitatus conferet se ad convi-
vium ; ne hospitalitate decipi patiatur, aut certe ne concipiendae de
recueillir tous les procédés humiliants et les marques de mépris que les Evêques
russes eurent à essuyer des Tsars depuis Pierre Ier, et il est triste de constater que
des passages où l'on montre si peu d'estime de l'intelligence des Evêques soient
réimprimés, même de nos jours, sans le moindre changement. Cependant, il est
encore plus triste de constater que ceux des prélats russes qui, depuis l'institution
du Synode, se- sont fait un nom plus célèbre dans la littérature de leur pays, ne
brillent nullement pour leur orthodoxie. L'Eglise catholique qui, étant divine, n'a
besoin de personne, retranche immédiatement de son sein ceux de ses membres,
fussent-ils considérés comme ses plus fermes colonnes, dont les doctrines ont cessé
d'être conformes aux siennes; l'Eglise russe, au contraire, a besoin des hommes et
ne compte que trop avec eux. Les écrits de Prokopovitch et de Platon (V. plus
haut, pp. 51-54, note), ceux de Théophilacte Gorski, Évêque de Kolomna (f 1798),
dont la doctrine «sur la justification, la sanctification et la* rénovation » est, au
dire de Strahl (Das Gelehrte Russland. Leipzig, 1828, p. 402) et tout à fait con^
forme (gans einstimviig) à la doctrine lutbérienne ;» et ceux, non moins hétérodoxes,
de Irénée Falkovski, Évêque de Tchiguirin (f 1823), sont, de nos jours encore, cités
avec honneur en Russie, recommandés aux jeunes lévites russes et, au besoin,
réimprimés. (V. sur cet important sujet: De l'enseignement de la théologie dans l'Eglise
russe, par le P. Gagarin, S. J. dans les Études de théologie, etc., tome I, Paris, 1857.
Ce travail, dont les conclusions sont si accablantes pour l'Eglise de Russie, n'est
pourtant encore qu'un premier essai sur cette matière.)
§§1-3. DEVOIRS DES ÉVEQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 95
soupçonner qu'il juge avec partialité , d'après le contentement
qu'on lui a procuré.
6. S'il se présente une affaire qui réclame beaucoup de temps
soit à cause de l'absence destémoins, soit pour tout autre empêche-
ment, l'Évêque, après en avoir pris note, en remettra la suite à
son retour chez lui. De cette manière, ne s'arrètant pas trop de
temps dans un seul endroit, il lui en restera assez pour visiter
toute l'Éparchie.
7. Si FÉvêque veut inviter quelqu'un à sa table, ce sera sa
caisse qui fournira à tous les frais du traitement, sans qu'il puisse
mettre aucune taxe ni sur le clergé, ni sur les monastères. Et il
ne peut s'en excuser sur sa pauvreté, car rien ne l'oblige, mais
il est entièrement libre de donner, ou non, des dîners.
8. Il peut y avoir aussi certaines choses et certains procédés
soit du clergé, soit des fidèles des paroisses dont on dérobe la
connaissance à l'Évêque, quoique d'ailleurs personne ne les
ignore; l'Évêque s'en informera secrètement et avec adresse.
se suspicioni, quasi lauto exceptus convivio affectibus in judicando
indulgeat, fenestram aperiat.
6. Ubi causa inquirenda justo diutiorem moram, nempe testibus
absentibus, vel alio obstante impedimento, postulat, Episcopus infe-
rens eam codicillis differet ad reditum, ut domi dispiciat. Idque
ideo, ne in eodem loco diutius baereat,habeatque tempus, quod toti
peragrandae diœcesi sufficiat.
7. Si Episcopus studeat adornare convivium, ad quod bospites
invitet, totus sumptus ex ipsius impendatur aerario, nec sacerdotes
aut monasteria in expensi partem sinat venire, nec penuriam ob-
trudat se purgaturus, utpote non necessario, sed pro arbitrio vo-
caturus bospites, vel missos facturus.
8. Quidam casus et eventus tam sacerdotum, quam plebis, vel
apertissimi vulgo, possunt subterfugere Episcopum, caute igitur et
secreto ii sunt indagandi. Ista autem non possunt non in ipsius ve-
96 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
Mais il est une chose qu'on ne saurait lui tenir cachée, c'est si
le prêtre fait aux jours de fête la lecture des petits livres d'ins-
truction, dont nous avons parlé plus haut *. Si quelqu'un omet
par paresse de les lire, l'Évêque lui infligera, en présence des
autres prêtres, la punition qu'il jugera convenable.
9. L'Évêque s'informera, soit du clergé, soit d'autres personnes,
s'il ne se commet point des superstitions dans l'endroit, s'il ne s'y
trouve point de ces femmes que l'on dit possédées, si quelqu'un
en vue d'un gain sordide, ne divulgue point de .faux miracles
soi-disant opérés par des images, ou près de quelque puits, de
quelque source, etc, 2. L'Évêque défendra ces sortes de friponne-
nire notitiam. Doctrinales libellos, de quibus supra verba facieba-
mus1, praelegit ne sacerdos festivis diebus? si quis itaque negligens
lectione supersedeat, in hune caeteris sacerdotibus praesentibus pro
Episcopi arbitrio animadvertetur.
9. Quantum attinet ad superstitiones, ad pythonissas, ad miracula,
quae turpis quaestus causa imaginibus, puteis et fontibus, aliisque
locis falso adscribuntur 2 ; potest Episcopus, non ne id genus com-
menta tolerentur ? de iis a sacerdotibus et ab aliis hominibus hau-
(1) V. Affaires gén., n°II, pp. 50-54 et la note, et Devoirs des Évêques, n° IX, p. 64 et
la note 3e. Assurément, si la foi s'est maintenue en Russie, c'est qu'une Providence
spéciale a veillé sur ce pays.
(2) V. plus haut : Aff. yen. n° VI-X, pp. 40-45 et les notes. Des devoirs des Évêques,
n° VIII, pp. 61-63 et les notes. — Deux choses sont également dignes de remarque : l'in-
sistance avec laquelle Pierre revient sur les superstitions et l'impuissance manifeste
des moyens pris par lui et ses successeurs afin de les déraciner. Purger son Église
de toute superstition, c'était l'idéal de réforme religieuse poursuivi par Pierre.
Mais, pour l'atteindre, il ne fallait pas affaiblir la foi. De nos jours, la réforme
de Pierre se montre dans ses derniers et inévitables résultats, une Eglise ayant
perdu sa puissance sur les âmes ; les superstitions répandues au point de faire
de la Russie le pays classique de ce triste phénomène de l'intelligence hu-
maine ; la foi devenue le partage presque exclusif du bas peuple; chez les classes
élevées, scepticisme ou incrédulité totale. Il y a des exceptions, nous le recon-
naissons, mais nous serions heureux de nous rétracter si ce tableau était par trop
chargé !
§§ 1-3. DEVOIRS DES EVÈQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 97
ries, menaçant d'excommunication ceux qui obstinément contre-
viendraient à ses ordres.
10. Pour ce qui concerne la direction et l'administration des
monastères où il s'en trouve, l'Évèque parviendra mieux à dé-
couvrir ce qui s'y passe s'il s'en enquiert auprès du clergé et des
laïques des villes et des villages voisins, plutôt que dans les
monastères eux-mêmes.
11. Et afin que l'Évèque n'oublie rien de ce qu'il doit exami-
ner dans les églises et dans les monastères qu'il visite, il aura
avec lui une copie des obligations des moines et des prêtres
telles que nous allons les exposer plus loin1.
12. L'Évèque devra, en outre, donner à ses serviteurs l'ordre
sévère de se conduire convenablement et avec sobriété dans les
villes et les monastères visités, n'y faisant point de scandale et
surtout ne sollicitant point des moines ou des popes plus d'ali-
ments, de boisson et de fourrage qu'il ne leur en faut; à plus
rire notitiam, et ejusmodi abusum prohibens pertinacibus praevari-
catoribus anathema minabitur.
10. Quomodo diriguntur, et quomodo se habent Monasteria?
facilius est percontari a proximorum oppidorum et villarum sacer-
dotibus et incolis, quam ex ipsis monasteriis expiscari.
11. Episcopi est, regalas officia Monachorum et Sacerdotum,
inferius descripta *■", complectentes secum circumferre, idque eo
consilio, ne oblivioni tradat ea, quae in Ecclesiis visendis sunt ob-
servai! da.
12. Maximopere refert Episcopi tam inculcare servis suis, ut in
oppidis et in monasteriis, ad quae ventum erit, boneste se et sobrie
gérant, quam eos. a praebendis offendiculis, maxime vero ab extor-
quendo per vim a Monaclii- et a Sacerdotibus copiosiori, quam opus
est, cibo, potu et equorum pabulo deterrere ; tantum abest, ut ra-
(l) Ces obligations des moines et des prêtres, exposées en détail; forment le
Supplément du « Règlement ecclésiastique. »
7
98 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
forte raison les mcnacera-t-il d'un rude châtiment s'ils osent voler.
C'est que, généralement, les serviteurs des prélats sont des ani-
maux voraces, lesquels, quand ils voient que leur maître est puis-
sant, se précipitent au pillage avec une arrogance et une effron-
terie démesurées, comme des Tartares.
13. Que tout Évèque, de quelque rang qu'il soit, simple Évê-
que, Archevêque ou Métropolite l, sache, en outre, qu'il est sou-
mis au Collège Ecclésiastique comme à Fautorité pour lai
pinas fieri patiatur, quinimo severissimam poenam intentabit
raptoribus. Siquidem Episcoporum servi, ut plurimum heluones, gur-
gites, abdominique suo nati, sicubi suum Dominum intelligant
praevalere, cum véhémente arrogantia et impudentia, non secus ac
Tartari in praedam diripiendam agmiDe facto involant.
13. Persuasum sibi habeat Episcopus, in quocunque tandem di-
gnitatis gradu fuerit collocatus, sit ne Episcopus tantum, an Archi-
episcopus, an denique Metropolitanus1, se spiritualiCollegio, utpote
(1) On serait dans l'erreur si on attachait maintenant aux titres d'Archevêque et
de Métropolite, appliqués à des prélats russes, la même signification que ces mots
ont dans le langage de l'Église catholique. Là où il n'y a pas de provinces ecclé-
siastiques il ne peut y avoir ni Archevêques, ni Métropolites proprement dits-
Or, à partir de Pierre Ier, les provinces ecclésiastiques n'existent plus en Russie ou,
pour mieux dire, toute la Russie ne forme plus qu'une seule vaste province ecclé-
siastique ayant à sa tête le Synode. Les titres dont nous parlons devinrent, par
conséquent, des titres purement honorifiques, et, de plus, par une discipline qui
est propre exclusivement à la Russie, ils cessèrent d'être inhérents au siège pour
n'être accordés qu'à la personne et c'est le Tsar qui se réserve de les conférer aux
Evêques far manière de récompense, tout juste comme les ordres de chevalerie. Il
est même utile de remarquer, que l'expression dont on se sert généralement pour
dénoter la faveur impériale autorisant un Evêque à prendre le titre d'Archevêque ou
de Métropolite, est la même dont on se sert pour annoncer qu'il a été fait chevalier.
Dans l'un comme dans l'autre cas, on dit qu'il a été пожаловапъ (pron. pojalovan\
«gratifié, récompensé.» Des exemples feront mieux comprendre ce que signifient
ces titres en Russie.
Le célèbre Platon Levchin, que nous avons déjà mentionné (pp. 53-54, note), naquit
près de Moscou en 1737. En 1770, il fut sacré Archevêque de Tver. Lors du voyage
de l'Impératrice Catherine II, à Moscou, en 1775, Platon l'accueillit à Tver et
l'accompagna ensuite à Moscou, où il fut & gratifié» de la dignité d'Archevêque
§§ 1-3. DEVOIRS DES ÉvÈQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 99
suprême, et qu'il doit obéir à ses décrets, dépendre de ses juge-
ments et acquiescer à ses décisions.
En conséquence, s'il arrive qu'un Évêque ait quelque chose
contre un de ses frères dans l'Épiscopat, ayant été offensé par
lui, il ne doit pas s'en Venger lui-même, soit en le calomniant
soit en divulguant ses fautes, quand même elles seraient réelles,
soit en excitant contre lui des personnages puissants, ecclésias-
tiques ou laïques; surtout, il n'osera pas livrer à l'anathème
supremae potestati esse subordinatum mandatis illius obsequi, a
judicio pendere, et decisionem illius ratam habere.
Ideo si quid babeat ad versus fratrem suum alium Episcopum, qui
illum affecit injuria, non débet ipse ulcisci, nec affingendo illi vitia,
nec etiamvera flagitia disseminando, nec subornando potentes per-
sonas^ spirituales vel saeculares, praesertim vero non ansit Episcopum
de Moscou (пожалованъ Московскими Лр\1еппскопомь). Lors du retour de l'Impératrice,
des provinces méridionales, en 1787, Platon la reçut à Moscou et peu après, pendant
la sainte Liturgie dans la cathédrale de l'Assomption, il fut «gratifié» de la dignité
de Mclropolite (по;ка.ювапь Митропо.штомъ). En 1811, à cause de sa mauvaise santé
et conformément à ce qui est prescrit dans le «Règlement» (Dev. des Évêques, n° VII),
il demanda à être déchargé de l'administration de l'Éparchie. ce qu'il obtint, car
on lui donna comme Évêque administrateur le prélat dont nous allons parler.
Il mourut en 1812, chevalier des ordres de Saint-André, de Saint- Alexandre
Newski et même de Saint- Vladimir lrc clause, dont il avait été pojalocan
en 1809.
Son successeur, Augustin Vinogralski, n'arriva pas à être Métropolite. Né a Moscou
en 1766, il fut sacré Évêque de Dmitroff (siège vicarial dans l'Éparchie de Moscou)
en 1804. En 1811, il fut donné comme Évêque administrateur à Mgr Platon, dont
nous venons de parler, et, après la mort de ce dernier (1812), il resta chargé de
l'administration effective de l'Éparchie de Moscou, mais sans autre titre que celui
à'Evëque de Dmitroff. En 1814, et à l'occasion du séjour du Tsar à Moscou, il fut,
«gratifié» de la dignité & Archevêque, non encore de Moscou cependant, mais seu-
lement de Dmitroff ; ce fut seulement en 1818 que ce titre lui fut changé en celui
à! Archevêque de Moscou (аерепмеповаггь Ыосковскимъ Арх1епнскопомъ). Sa mort, sur-
venue le 3 mars 1819, l'empêcha d'aller plus loin. (V. Mgr Eugène, Métr. de Kieff.
C.ioBapbiiCTopinecKiii обывшпхъ въ Poccin писате.тхь духовного чина Грско-Рос iiicwoii
Церкви {Dictionnaire historique des e'crivains ecclésiastiques, etc.), Saint-Pétersbourg, 18 -'7,
tome II, pp. 175-179, et tome I", p. 1-2.
100 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
VÉvéque son ennemi ', mais il exposera tous ses griefs dans un
rapport au Collège Ecclésiastique, et s'en rapportera à son juge-
ment.
14. Il s'ensuit aussi que tout Archimandrite, Hégoumène, Su-
périeur de couvent et Curé, comme aussi tout diacre et autre
membre du clergé, en cas qu'il ait été notablement offensé par
son Évêque en quoi que ce soit, a la liberté et le pouvoir de ré-
clamer satisfaction auprès da Collège Ecclésiastique; de même
que si quelqu'un n'est pas content du jugement de son Évêque,
il est libre d'interjeter appel, c'est-à-dire de porter l'affaire de-
vant le Collège Ecclésiastique. Et l'Évêque sera tenu de tolérer
cette liberté d'en appeler et de faire des suppliques contre lui,
sans y mettre des entraves, ni menacer, ni apposer les scellés
suum inimicum anathemate percutere l. Sed de injuriis sibi illatis
apud spirituale Collegium conqueri, et ad illius judicium pro-
vocare.
14. Inde hoc etiam sequitur : cuilibet Archimandritae vel Hegu-
meno, vel monasterii Praeposito et Sacerdoti parochiali, immo dia-
conis, caeterisque clericis nihil obstare, quo minus adversus suum
Episcopum, si quis magna affectus fuerit ab eo injuria, conqueran-
tur apud spirituale Collegium. Nec minus ii, qui Praesulis judicio
sibi non satisfieri arbitrantur, possunt libère ad spiritualis Çollegii
judicium provocare. Episcopus porro talibus provocatoribus etaccu-
satoribus id libertatis débet indulgere ; nec eos coërcere, nec eis
(1) Étrange intimation! Livrer à l'anathème ou excommunier, c'est un acte de
juridiction et qui, par conséquent, ne peut être exercé que sur des sujets. Or, à
partir de Pierre Ier, aucun lien de dépendance ne lie plus un Evêque russe à lin
autre Évêque, mais tous sont égaux devant le Synode et le Tsar (V. la note pré-
cédente). Comment donc un Évêque russe pourrait-il seulement songer à excom-
munier un autre Évêque? — Nous voudrions croire que les auteurs du « Règlement »
avaient ici en vue une malédiction solennelle et publique prononcée contre
l'Évêque ennemi (!). Mais nous en sommes réduit à des conjectures, car l'expres-
sion russe qui est employée dans ce cas et que nous avons traduite par a livrer à
l'anathème » (предавать анаеемв.) est la même dont on s'est servi plus haut.
(V. De l'anathème, p. 78.)
§§ 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 101
aux maisons ou les piller, lorsque les appelants s'absenteront
pour se présenter au Collège Ecclésiastique l.
Cependant, afin que cette faculté ne fournisse pas à quelques-
uns des prétextes d'indifférence et de mépris à l'égard de leurs
Pasteurs, le Collège Ecclésiastique infligera une grave punition à
ceux qui oseraient poursuivre leurs Pasteurs par de faux rap-
ports, ou en appeler, sans raison, du jugement de leur Évêque à
celui du Collège Ecclésiastique.
minari, nec domus eorum, postquam ad spirituale Collegium sunt
profecti, obsignare, vel diripere poterit 4.
Ne bine tamen multi, debitam reverentiam denegandi, suosque
Pastores despicatui babendi arripiant occasionem, spirituale Colle-
gium in eos, qui falsadelationesuisPastoribusmolestiam facessere,
et Praesulis judicio sibi minime satisfieri temere putantes, ad spi-
ritalis Collegii tribunal provocare non dubitarint, severe animad-
vertet.
(1) On trouverait difficilement une meilleure apologie de la juridiction universelle
du Pape sur l'Église que celle fournie par le «Règlement» dans ce n° 14 : De la
visite pastorale. D'accord avec les Catholiques, on reconnaît ici la nécessité qu'il
y ait dans l'Église une autorité supérieure à celle des simples Évêques, et à laquelle
on puisse appeler du jugement des Évëques. Mais où résidera-t-elle cette autorité?
Le pouvoir des Évêques étant divin, une autorité supérieure à la leur ne peut être
fixée que par Dieu. Ce point, d'ailleurs, intéresse trop l'existence même de l'Église
pour que Jésus-Christ n'en ait rien dit. Ouel fondateur d'une société oublie de prescrire
en qui doit résider l'autorité suprême, à laquelle on puisse appeler en dernier res-
sort de toute autorité inférieure ? Voilà pourquoi les Catholiques se refusent à
admettre comme suprême toute autorité d'institution humaine et n'admettent
comme suprême que l'autorité de Pierre et de ses successeurs, — la seule, de toutes
les autorités qui ont commandé aux Évêques, qui remonte chronologiquement jusqu'à
Jésus-Christ et ait été mentionnée par lui. Nos frères séparés de Russie, au contraire,
admettent comme suprême une autorité créée en 1721, par un ukase d'un Tsar, et
laquelle prête, à son tour, serment de reconnaître le Tsar comme son juge
suprême. (V. p. 10, note.)
Ceci nous amène à parler du serment que prêtent les Évêques russes au moment
de leur sacre. Tout le rite suivi dans l'élection et ia consécration des Évêques
est exposé en détail dans un livre ayant pour titre en russe : Чипъ избратя и
рукополжеши ApxiepeiiCKaro qui, dans sa forme actuelle, parut pour la première
102 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
15. Enfin, chaque Évêque sera tenu d'envoyer au Collège Ec-
clésiastique, deux fois par an (ou aussi souvent que l'ordonnera
le Collège), un rapport ou exposé de l'état et de l'administration
de son Éparchie : si tout y est bien, et s'il ne s'y rencontre pas
15. Postremo : quilibet Episcoporum quovis anno (vel quemadmo-
dum spirituale Collegium praescribet) certum faciet spirituale Colle-
gium, nempe scribet relationem suae dioeceseos statu et aliis
necessariis circumstantiis : omnia ne bene se habeant? vel ali-
fois àSt-Pétersbourg en 1725 et, fut depuis lors, réimprimé sans changements. Haigold
(pseudonyme de Louis-Aug. Schlôzer) en publia, dans ses Beilagen zum neuverœnderten
Russland (Riga, 1769-70, tome Ier, pp. 97-126), la traduction latine de Cyriacus
Kondratowicz, avec la remarque suivante.: «Un connaisseur des antiquités chré-
» tiennes, c'est-à-dire un écrivain autre que nous, aurait ici de quoi établir un
» parallèle amusant (einen angemhmen Vergleich) entre les usages de l'Eglise russe
» d'aujourd'hui et ceux de l'Église grecque, dont la première est sortie. » (Op. cit.
Vorrede, b. 2, verso.) Haigold écrivait pour les savants et pour les étrangers, et
pouvait parler de la sorte ; mais, dans le Rituel lui-même, on affirme au contraire
sa conformité avec les anciens Eucologes grec et slavon : Hic processus de
electione et initiatione Episcopi, y est-il dit, ad normam veterum Euchologiorum grœci
■*et slavonici, et ut morïs fuit tempore Magnorum Dominer um Regum et Magnorum
Висит et tempore illustrissimorum Bletropolitarum omnis Russiae conscriptus et
probatus, etc. (Op. cit., p. 125-126.) — Certes, dans l'édition de 1725, on a
gardé tout ce qui est essentiel à la consécration éjiiscopale et même davantage,
mais les Evêques se trouvèrent forcés de prêter obéissance à un maître que ni les
Apôtres, ni les Pères, ni les Conciles n'avaient connu. Déjà, dans une édition de 1719,
on avait supprimé le nom du Patriarche de Moscou, et, aux endroits où lesÉvêques
lui prêtaient serment de soumission, on avait tourné l'expression de la manière
suivante : « Quand il plaira à Dieu qu'il y ait sur le siège de toutes les Russies un
и Patriarche élu par tout le Sacré Concile (избранному отъ всего свящеинаго собора).»
Dans cette même édition de 1719, nous trouvons déjà la promesse que tous les
Evêques furent obligés de prêter en 1716 (Полн. Собр. tome V, (2985) et qui fut, depuis
lors, imposée à tout Évêque nouvellement élu. (V. plus haut, Aff. ge'nér., n° VII, p. 43,
et Devoirs des Evêques, n° VIII, p. 61 et note.) Dans l'édition de 1725, nous trouvons
de nouveau la même promesse, mais nous y trouvons, de plus, le serment d'obéis-
sance prêté par les Evêques au Synode : uti legitimae potestati a pie defuncto et
aetemamemoria diyno PETRO M. constitutae ,et a féliciter imperantelmperatoriaMajeatate
cum bono jussu confirmatae, et la promesse d'exécuter tout ce que le Synode leur
prescrira «conformément au bon plaisir de sa Majesté Impériale (ad libitum Impera-
toris Majestatis). » (Haigold, op. cit., pp. 107 et 114.) — On voit, par ces extraits, en
quel sens on doit entendre les paroles du « Règlement» (p. 98, n° 13; que « tout
Kvéquc est soumis au Collège ecclésiastique comme à l'autorité pour lui suprême. »
§§ 1-3. DEVOIRS DES EVEQUES. — DE LA VISITE PASTORALE 103
quelques abus auxquels il soit impuissant à apporter remède lui-
même. Et quand même tout y serait bien, l'Évèque devrait néan-
moins annoncer au Collège que tout se passe bien. Mais, si un
Évèque annonçait au Collège que tout va bien, et qu'on décou-
vrît d'autre part qu'il se pratique dans son Éparchie des super-
stitions et même des choses manifestement impies, et que l'Evè-
que les a passées sous silence , quoiqu'elles lui fussent connues,
et n'en a point informé le Collège, dans ce cas le Collège citera
le dit Évoque à son tribunal et, dès qu'il sera dûment convaincu,
le soumettra à la punition qui aura été fixée x.
quid vitio sit obnoxium ? ad quod tamen emendandum sibi vires
deficere.
Quamvis vero omnia bene se haberent, interesset tamen Episcopi
spirituale Collegium certius facere, omnia scilicet, ex Dei gratia,
bene se habere. Si vero ex illius relatione omnia bene se habere
dieantur, aliunde nibilominus innotescat, alicubi in ea dioecesi
quaedam superstitionis vel aperte impietatis, ipso etiam Episcopo
conscio quidem, sed dissimulante, nec ad Collegium déférente, exstare
indicia, ipsum Episcopum spiritale Collegium ad judicium citabit,
luculentisssimisque documentis convictum, poenae,, qualis decer»
netur, obnoxium esse pronunciabit 1.
(1) Aujourd'hui, la dépendance des Evêques russes vis-à-vis du Synode est encore
plus grande qu'elle ne l'était du temps où fut rédigé le «Règlement ecclésiastique. »
Pour l'apprécier à son juste degré, il faut parcourir aussi le Règlement des Consistoires
ecclésiastiques, ou tribunaux épiscopaux (Уставъ Духовпыхъ Консисторш) qui forme
le digne complémeat du « Règlement» de Pierre Ier, et est dû à Nicolas Ier, le
Tsar qui, plus que tous les autres peut-être,, a compris Pierre Ier. Dans notre
précédente Etude nous avons parlé en détail du « Règlement des Consistoires
ecclésiastiques, » et nous en avons même extrait toutes les prescriptions concernant
la dépendance des Evêques russes vis-à-vis du Synode et du Tsar. (V. The Pope, etc.,
pp. 67-74.)
Pour dédommager les Evêques du sacrifice de leur indépendance et de leur
dignité, on leur accorda des distinctions honorifiques, des titres et des crachats.
Dans l'échelle des rangs (чины) mentionnée p. 33, note, un simple Évêque appar-
tient à la 4e classe et a le rang d'un Conseiller d'État actuel et d'un Général-major,
avec le titre d'Éminence (Преосвященство). Un Archevêque appartient à la 3e classe
10 1 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
§4.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION, DES MAITRES ET DES ÉLÈVES QUI
S'Y TROUVENT, ET AUSSI DES PRÉDICATEURS.
Tout le monde sait en quoi état de misère et d'impuissance se
trouvait l'armée russe avant qu'elle reçût une instruction régu-
lière, combien, sans comparaison, sa force s'est augmentée et
§ 4.
AEDES m QUIBUS PAEDAGOGI, DISCIPULI NEC NON ECCLESIASTIC1
CONCIONATORES HABITABUNT,
Rossorum copiae regulari disciplina antea destitutae, quam
indigae inihecillaeque tuerint ! eae tamen ipsae, postquam ab Âugu-
stissimo nostro Monarcha, potentissimo Zaro Petro I, ad eximias
et a le rang d'un Conseiller privé e< d'un Lieutenant-général: son titre est celui
d'Eminentissime (Высовопреосващенство). I1» Métropolite a le même titre, mais il
appartient à La '-1' classe avec le rang d'un Général en chef el d'au Conseiller privé
actuel. Quand on confère à des Évêques des ordres de chevalerie, on les agrège
ordinairement aux premières classes. — C'est ainsi qu'on eut soin de dorer leurs
chaînes, mais pour les rendre plus difficiles à briser.
Une dernière remarque avant de conclure cette partie du » Règlement» qui
concerne les Evêques. Y trouve-t-on un seul mot qui aille ;i l'âme '! Ywo seule
lointaine allusion au divin Pasteur, ii Jésus-Ghrist, modèle de tous les Pasteurs de
L'Eglise '.' Ce serait trop prétendre que d'y chercher l'onction de la piété , mais si
и le style c'e.-t l'homme » on est en droit de se demander si les auteurs du
и Règlement » crevaient vraiment ;i l'institution divine des Kvèques. L'auteur de la
Dissertatio de nligione Ruthtnorum hoditrna, dédiée au grand-duc Pierre Féodorovitch
depuis Pierre 111. soutient que sur ce point Pierre Ier et Prokopovitch pensaient comme
les Luthériens que : Episcopatus non 6 jure dwino JcJucilur. Гпе notice sur cette
dissertation est insérée .Lins les Gœttingische Zeitungen von gelehrten Sachen, année
l . 15, pp. 526-528.
S 4. DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. 105
combien elle devint grande et formidable, au delà de tonte attente,
dès que notre très-puissant Monarque . Sa Majesté Tsarienne
PIERRE I", L'eût disciplinée par d'excellentes règles l. C'est ce
qu'il faut aussi considérer à l'égard de L'architecture, de la mé-
decine, de l'administration politique et des autres institutions 2.
régulas sint adstriclae, quantum robur, quantas vires, quanta incre-
menta acceperint, quam supra cujusque spem omnibus hostibus
formidandae evaserint ! universo quam late patet orbi, est perspi-
cuum '. Idem est intelligendum de arebitectura, medicina, magi-
stratu politico et de caetera praeclaris institutis 2.
(1) En 1699, le général hollandais Adam Veyde acheva de composer en russe
un premier Statut militaire, qu'il dédia a Pierre le Grand, (l'est sur ce « Statut»
que paraît avoir été rédigé un petit Manuel des manœuvres militaires : Краткое
обыкповеппоо yienie... вь npoeniii пьншм, люде» etc., dont on lit, au commence-
ment du siècle dernier, plusieurs éditions. Nous pensons qu'on peut en dire au-
tant du Livre des exercices (Книга о ексерцппи. etc.), publié a Saint-Pétersbourg
en 1715, et enfin de plusieurs dispositions du Statut militaire de Pierre. Le travail
de Veyde fut publié en 1841, sous le titre de : Воинскш Уставь составленный и
посвященный Петру Первому генералом!, Венде (Statut militaire composé et dédié à
Pierre I*v par le rjénéral Veyde). Saint-Pétersbourg, typ. milit. In-8.
Pierre s'occupa lui-même de la rédaction de son Statut militaire (Уставь Воипскш).
Pendant une année il consacra à ce travail plusieurs heures par jour, mettant
pour cela à profit les Règlements militaires des autres pays de l'Europe. Il l'acheva
a Dantzig en 171(1, et se hâta de l'envoyer à Saint-Pétersbourg avec ordre d'en
tirer non moins de 1,000 exemplaires. On le trouve inséré in extenso, avec la ver-
sion allemande faite par le baron Huyssens, dans le tome V de la Полное Собран le
Закоповъ sous la date du 30 mars 1716 (3006), pp. 203-453,
Dans le Manifeste qui accompagne son Statut militaire, le Tsar rappelle ce
qu'avait fait son père Alexis Mikhailovitch dans le but de discipliner l'armée russe,
et c'est ii quoi il attribue les victoires qu'obtinrent à cette époque les Russes sur
les Polonais. On doit, en effet, à Alexis un livre ayant pour titre : y<ieiiie И хитрость
ратнаго строен in пьхотныхъ ЛЮД6Й (Instruction et manœuvres pour les soldats d'in-
fanterie). Cette publication, la première de ce genre faite en Russie, avait paru
à Moscou en 1047. « Mais, ensuite, dit Pierre, la lumière des sciences s'étant
» obscurcie, on n'en tint plus compte, el c'est pourquoi les troupes russes ne
» furent plus en état de s'opposer aux barbares, comme cela s'est vu, par
» exemple à Tchiguirin, à Azolf et à Narva,... »
('2) L'ouvrage déjà cité de Pekarski contient d'intéressants renseignements sur ce
que Pierre a fait pour chaque science, et sur les institutions qu'il créa pour les
favoriser. Le lecteur désireux de connaître en détail les loi- de Pierre qui s'j
10G DEUXIÈME PARTIE. — .AFFAIRES SPECIALES
Mais c'est surtout à l'égard du gouvernement de l'Église qu'on
doit faire la même réflexion. Sans la lumière de l'instruction, il
est impossible que l'Église soit bien administrée et qu'il ne s'y
glisse point des désordres, des superstitions nombreuses et ridi-
cules et même des divisions et des hérésies les plus insensées.
C'est bien follement que plusieurs disent que l'instruction est
la cause des hérésies, car, pour ne rien dire des anciens
hérétiques, tels que les Valentiniens, les Manichéens, les Catha-
res, les Eutychiens, les Donatistes et autres dont Irénée , Épi-
Id praecipue de Ecclesiae regimine est asserendum. Sublata luce
doctrinae, bene cum Eoclesia agi nequit. Non potest haberi bonus
ordo, non possunt non sequi multae ridiculae superstiliones, quinimo
dissidia et insulsae haereses.
Stultam quidam animo imbiberunt opinionem : Haereses suam
cultioribus literis debere originem, siquidem praeterquam quod
antiqui baereticiValentiniani,Manicliaei, Cathari, Eutychetae, Dona-
tistae, et caeteri, quorum insaniam irenaeus, Epiplianius, Augu-
rapporlent, trouvera toutes les indications nécessaires dans le Registre alphabé-
tique de la première série de la Collection complète des lois de J'empire (Поли. Собр.
Зак.), sous les rubriques relatives, telles que : Строеве (Edifices), Медицинское
Управлеше (Direction médicale), etc. avec renvois aux lois in extenso.
Les réformes du Tsar avaient, du reste, provoqué l'attention de toute l'Europe,
d'autant plus que, comme les souverains le l'ont encore de nos jours, Pierre savait
acheter les louanges de la presse étrangère pour ses exploits, ses réformes et sa
politique. On peut voir, à ce sujet, le curieux récit de Pierre von Haven sur le
personnage chargé de cette besogne, le baron Henri Huyssens ; on le trouve, traduit
du danois, dans Biïsching : Magasin far die neue Historié und Géographie, t. X, pp. 317-
320. Outre les articles insérés dans plusieurs journaux — surtout dans la Europœische
Fama de Leipzig, qu'on a justement comparée au Nord de Bruxelles — plusieurs
publications faites du vivant de Pierre en Allemagne, en France, en Hollande et
ailleurs rendent compte, avec les plus grands éloges, de ce que faisait le Tsar pour
civiliser son empire. Des travaux plus complets parurent aussi peu après la mort
du Tsar; nous nous contentons de citer le Verœndertes Russland (de J.-C. Weber)
(Hannover, 1729-38-40). Plusieurs autres sont cités par Achenwall, dans son ouvrage:
Staatsverfassung der heutigen vormhmsten Europœische/t Reiche und Vœlker, à l'article
HuPPLAND.
107
phane, Augustin, Théodoret, etc., nous décrivent les extrava-
gances, et qui furent poussés vers ces folies par leur orgueilleuse
ineptie et non point par leur science, nos Rascolniques russes ne
sont-ils pas devenus si diaboliquement enragés à cause de leur
grossièreté et de leur ignorance !?
Et quoique, même parmi les savants, il se soit rencontré des
hérésiarques, tels que Arius, Nestorius et autres, l'hérésie ne na-
quit point en eux de la science mais bien du défaut d'intelligence
des saintes Écritures, et s'accrut et se fortifia par la malice et
stinus, Theodoretus et alii describunt, superbâ amentià, non vero
literarum scientiâ insaniverunt, nostrates RossiaciSchismatici, non-
ne ideo véhémente correpti furore insaniunt? quiasunt nullis bonis
literis exculti rupices *.
Quanquam vero eruditi homines liaeretieorum subinde fmnt
antesignani, prout Arius, Nestorius et alii, haeresis tamen eorum
non ad literas, sed ad cxiguam sacrae Scripturae intelligentiam
suos refert natales; incrementa autem et vires débet malignae super-
(1) V. plus haut, p. 36 noie. L'ignorance entrait certainement pour beaucoup dans
les extravagances des Rascolniques. Il suffit, pour le prouver, de citer quelques-uns
de leurs griefs contre l'Église dont ils s'étaient séparés. « Cette Eglise, disaieut-
« ils, enseigne que Jésus-Christ n'est pas encore venu, mais qu'il doit venir... elle
» ordonne qu'on prie l'esprit malin... elle commande de consacrer les églises avec
» du savon... et de saupoudrer les morts avec de la cendre... ; elle permet de se
» salir avec le maudit tabac..., de se raser la barbe, etc. » — Mais Pierre ne
parait pas seulement se douter que le principal grief des Rascolniques, l'asser-
vissement de l'Église commencé sous le règne du Tsar Alexis, n'avait pas sa
source dans l'ignorance.
11 n'y a pas longtemps, feu Mgr Grégoire, Métropolitain de Novgorod et de
Saint-Pétersbourg, dans l'ouvrage qu'il composa pour réfuter des erreurs des Ras-
colniques, consentait bien à leur prouver que les églises orthodoxes sont lavées
et non point consacrées avec du savon, que le tabac n'est pas une plante mau-
dite, etc., etc., mais, lui non plus, n'avait pas un seul mot sur l'objection princi-
pale des Piascolniques. Au chapitre : « De l'autorité suprême dans l'Église, » il parle
des Évêques, des Archevêques, des Métropolitains et des Patriarches; quant au
Synode, il ne le mentionne seulement pas. Sentait-il l'embarras de sa situation ?
V. aussi, à ce sujet, l'écrit du P. Gagarin, S. J. : Les Starovères rie l'Éylisr russe el
le Pajie.
108 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
l'orgueil, qui, contrairement à leur conscience, ne leur permet-
taient point de se désister de leur folle opinion, même après
avoir connu la vérité.
Et bien qu'ils aient eu par leur science le pouvoir d'ourdir
des sophismes, c'est-à-dire des arguments fallacieux en faveur
de leurs subtilités, cependant celui qui ne voudrait attribuer ce
mal qu'à la science, serait obligé de dire que, quand un médecin
empoisonne quelqu'un avec une herbe vénéneuse , c'est la
science médicale qui en est la cause, et que, quand un soldat
bien instruit profite de son adresse et de sa force pour piller,
c'est l'instruction militaire qui en est la cause.
Et si à travers l'histoire, comme à travers un télescope, nous
fixons nos regards sur les siècles passés, nous trouvons que tout a
été plus mal dans les siècles ténébreux que dans les siècles éclai-
rés par la science.
Jusqu'à l'an 400 les Évêques n'avaient pas autant d'ar-
rogance qu'ils en firent éclater depuis, ceux surtout de Constan-
biae, quae obstiterat, quominus cognita etiam veritate, a temera-
ria recédèrent sententia, utpote conscientiae dictamen minime
secuti .
Quamvis autem ad contexenda contortula sophismata, id est, ad
captiosas argumentationes, quibus sua placita probarent, subsidia
a doctrina mutuati. sint, id tamen malum quis literarum studiis
imputabit ? alioquin medicae scientiae, si medicus pharmaco vitam
alicui eripuerit, vitio esset vertendum. Militaris pariterars latrocinii
crimime, quod exercitatus miles strenue et solerter perpétrât, esset
accusanda.
Si historiis perinde, ac tubis opticis ad retroaeta saecula specu-
landa usi fuerimus, videbimus omnia illis temporibus, quae spissis
ignorantiae tenebris involvebantur, fuisse détériora, quam tempo-
ribus, quae luee literarum, coruseabant.
Episcopi per quatuor saecula arrogantiam detestabantur ; contra
vero deinceps altos sumebant spiritus ; praesertim Constantinopoli-
§ 4. DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. 109
tinople et de Rome : c'est qu'alors il y avait de la science et
qu'elle s'affaiblit clans la suite l. Si la science eût été un danger
tanus et Romanus ; antea enim literae florebant postea vero emarcue-
runt l. Si itidem Ecclesiae vel Reipublicae studia literarum essent
(1) On s'étonnera, sans doute, de ce coup d'œil tant soit peu nouveau sur l'his-
toire de l'Eglise ; d'ailleurs la pensée des auteurs du « Règlement » est ici passa-
blement obscure. Nous ne croyons pas que Pierre ait voulu affirmer d'une manière
générale et absolue que dans les siècles où les Papes eurent le plus d'empire sur
la société chrétienne, on était moins éclairé qu'avant l'an 400. En fait de sciences
spéculatives et morales, le dix-neuvième siècle lui-même ne nous a pas appris beau-
coup plus de choses que n'en savaient nos ancêtres du moyen âge. Nous pouvons en
dire autant de la politique; il nous suffit de citer le traité : De regimine Principwn
de saint Thomas d'Aquin. C'est en cela surtout que trouve son application le
Nihit sub sole novum de l'Ecriture. Un progrès manifeste et très- heureux s'est ac-
compli dans les sciences historiques, exactes et naturelles, mais ce n'est point de
celles-là que peut parler Pierre quand il met en cause l'arrogance des Evêques. Quand
même, du reste, on accorderait qu'à partir de l'an 400 la science s'affaiblit et de-
meura obscurcie, nous ne voyons pas quel lien nécessaire eût fait dépendre l'«arro-
gance » des Evêques de leur ignorance. Si ce lien existe, ne pourrait-on pas ré-
torquer l'argument contre les empereurs de Byzance et d'Allemagne que Pierre
avait entrepris d'imiter, et qui ne paraissent nullement avoir été plus savants que
les Evêques et les Papes de leur époque?
Nous croyons plutôt que la pensée de Pierre est celle-ci : « Tout ce qu'il y a '/ait
de science au moyen âge était l'apanage presque exclusif du clergé ; l'ignorance
des autres classes fut la cause que le clergé les domina. » Pierre, en effet, ne
pouvait point oublier quelle arme terrible avait été la science dans les mains du
Patriarche Nicon, considéré comme l'un des hommes les plus savants de son
époque, et les luttes de Nicon avec le Tsar Alexis étaient constamment devant les
yeux de Pierre. (V. plus haut. Ire part., n° 7, pp. 24-28 et les notes.) Notre inter-
prétation est, en outre, confirmée par plus d'un ukase de Pierre, où des précautions
sont prises afin que les moines, parmi lesquels étaient choisis les Evêques, ne
devinssent pas trop savants. (V. The Pope of Rome, etc., p. 34, note.)
Pour ce qui concerne le pouvoir des Papes au moyen âge, nous renvoyons le lec-
teur aux écrivains qui ont traité d'une manière spéciale ce point d'histoire ; nous
leur citerons, entre autres, Gosselin. Il n'est pas non plus sans intérêt de comparer
les causes de l'agrandissement du pouvoir papal avec celles de l'agrandissement
du pouvoir des Patriarches de Constanlinople. Voir ces dernières dans le Photius
du D1' Hergenrôther. — Enfin, pour ce qui est de l'ingérence moins directe et moins
manifeste des Papes dans les affaires générales de l'Eglise aux premiers siècles de
son existence, nous demanderons seulement que ceux qui veulent y trouver un
argument contre l'autorité des Papes, telle qu'elle s'est manifestée dans la suite,
prennent en considération l'état d'une société naissante comme était alors l'Eglise,
la situation légale des chrétiens vis-à-vis de l'empire romain, les persécutions avec
110 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
pour l'Église ou pour l'État, ceux parmi les Chrétiens qui étaient
les meilleurs,^ n'eussent eu garde de s'instruire et eussent empê-
ché les autres de le faire ; nous voyons, au contraire, que tous
nos anciens Docteurs étudiaient, non-seulement la sainte Écri-
ture, mais aussi la philosophie profane. En outre, les plus illus-
tres colonnes de l'Église, pour ne rien dire de beaucoup d'au-
tres, prirent aussi la défense de la philosophie profane , et
nommément le grand Basile dans son Discours à la jeunesse
studieuse, Chrysostome dans ses livres sur l'état monastique,
Grégoire le Théologien dans ses Discours contre Julien l'Apostat 1.
Mais il y aurait beaucoup à dire si nous voulions traiter particu-
lièrement ce seul point.
fraudi non utique clarissimi inter Christianos nominis Viri scientias
excoluissent ; imo alios quoque ludo literarum interclusissent.
Contra nihilominus videmus omnes nostros antiquos Doctores, non
solum sacrae Scripturae, secl etiam profanae philosophiae operam
dédisse. Profanas literas, ut multos alios missos faciam, celsissimae
et firmissimae Ecclesiae columnae, nominatim : Basilius magnus sua
« ad pueros instituendos » oratione, Chrysostomus libris « de vita
monastica », Gregorius Theologus sermonibus « in Julianum Apo-
statam ' » propugnant. Longus essem, si de hoc tantum ex pro-
fesso verba essent facienda.
les précautions qu'elles exigeaient, la discipline du secret qui, en certains cas,
devait nécessairement s'étendre aussi à la croyance des Catholiques sur le Pape,
la distance des lieux, enfin l'extrême difficulté des communications. Même
de nos jours, les Évêques missionnaires de pays fort éloignés de Rome, pos-
sèdent des pouvoirs si étendus qu'ils se trouvent rarement dans la nécessité de
recourir au Pape. Nous espérons pouvoir un jour traiter à fond cette question,
prenant à partie l'ouvrage de l'archimandrite Nicanor : Examen critique de la
doctrine romaine concernant le chef visible de l'Eglise, fondé sur l'Ecriture et la tra-
dition des premiers siècles du christianisme avant le premier Concile œcuménique de Nice'e.
(Разборъ римскаго учета о видпмомъ главенстве въ Церквп, etc.) (Saint-Péters-
bourg, 1830.)
(I) Voir saint Basile : AI adolescentes quomodo possint ex gentitium libris fmctum
capere ; Saint Jean Chrysostome : Advenus oppugnatores vitœ monasticœ ; Saint
§ 4. DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. 111
Partant, une bonne et solide instruction est comme la racine,
la semence et le fondement de toute sorte d'avantages, aussi
bien pour la patrie que pour l'Église ; seulement il faut veiller
très-sévèrement à ce que l'instruction soit bonne et solide, car il
existe une science indigne de ce nom, laquelle, néanmoins, est
réputée véritable science par des hommes, d'ailleurs intelli-
gents, mais inexpérimentés en cette matière.
Plusieurs ont coutume de demander : A quelles écoles un tel
a-t-il été? Et quand on apprend qu'il a suivi un cours de
Rhétorique ou de Philosophie ou de Théologie, rien qu'en enten-
dant ces mots, on conçoit une haute estime pour cet homme ;
Bona itaque et solida literarum doctrina pro semine, radiée,
et fundamento omnis, quantum ad Patriam et ad Ecclesiam attinet,
utilitatis est habenda. kl tamen est providendum, ut doctrina, vere
sit bona et solida. Interdum enim audit doctrina, indigna tamen,
quae ita nuncupetur. Licet si ab hominibus sciolis quidem, sed non
adeo perspicacibus pro vera doctrina existimetur.
Vulgo solet quaeri : quibus artibus liberalibus est imbutus hic aut
illc? Audito autem, illum Rhetoricae, Philosophiae, aut Theologiae
operam navasse, vel ob sola illa nuda nomina magni aestimant ho-
Grégoire de Naziauze : Adversus Julianum imperalorem invectiva prima et se-
cunda.
Nous engageons vivement le lecteur л parcourir les écrits qu'on vient de citer.
Les « plus illustres colonnes de l'Église » ne parlent pas tout à fait comme Pierre et
Prokopovitch; en même temps que ces écrits proclament les avantages de la science,
ils ont soin de remarquer que la science vient après la piété. ... Cum viri imperiti
et idiotœ, dit entre autres saint Jean Chrysostome, totum orbem converterint planum est
apud eos sapie.ntiœ palmam esse.... Adeo ut vera sapienlia veraque erudiiio nihil dliud
sit quam Dei timor. Al пето pntet me hanc legem staluere, quod pueri esse debeant im-
periti. Sed si quis me de necessariis securum prœstaret, nollem impedire quod hoc ex
abundantia fieret. Quemadmodum enim concussis cum domo tola fundamentis, tolaque
fabrica ruinam minitanle extrernœ dementiœ ac insipienliœ esset ad illitores, non ad
structures currere, sic item importunœ conten'ionis esset, parietibvs prmiter stanlibus,
'.os, qui ipsum illinere relient prohibere. .. {Adv. oppuyn. vilœ monast. L. III, с xir.)
La piété n'occupe pas assurément le premier rang dans le « Règlement ecclé -
siastique » du Tsar réformateur.
112 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES
en quoi souvent on se trompe. En effet, si, même quand les
professeurs sont bons, tous n'apprennent раз bien, les uns à
cause de la pesanteur de leur esprit, les autres à cause de leur
paresse, cela aura lieu, à plus forte raison, lorsque le professeur
est peu versé dans la science qu'il enseigne, ou ne l'est pas du tout.
Il faut savoir que depuis l'an 500 jusqu'à l'an 1400, c'est-à-dire
pendant neuf cents ans, presque toutes les sciences, dans toute
l'Europe, ont été très-défectueuses et fort négligées, de sorte que,
même chez les meilleurs auteurs qui écrivirent pendant cette
période, on trouve bien une grande pénétration d'esprit, mais
pas beaucoup de lumière.
A partir de Fan 1400 commencèrent à se montrer des maîtres
fort avides de savoir, des maîtres très-habiles vinrent ensuite, et
bon nombre d'Académies acquirent peu à peu une importance
fort considérable et presque supérieure à celle des anciennes
Académies du siècle d'Auguste. Toutefois, plusieurs écoles furent
laissées dans leurs anciennes ténèbres ', de sorte que la Rhéto-
minem ; sibimet ipsis non raro imponentes. Si enim gnari paedagogi
non universos discipulos reddunt eruditos, ingenii nimirum obstante
tarditate, vel inertia; quid sperandum tandem? ubi ludi magister
parum vel nihil, quod suarum sit partium, intelligat.
Porro sciendum est, temporis spatio, quod inter quingentesimum,
et inter quadringentesimum supra mille decucurrit, nongentis
videlicet annis, per totam Ëuropam universa literarum studia rara
et horrida jacuisse, et quidem ita,ut in optimorum illius temporis
auctorum scriptis multum esset acuminis, sed luminis parum.
Quadringentesimo supra mille anno elapso, solertiores, ideoque
peritiores pedetentim emergebant literatores, et multae Academiae
sensim increnienta capientes, supra antiquam fere illam Augusti
aetatem caput extulerant. Hoc tamen non obstante, plurimi litera-
rum ludi sordido squalebant veterno \ tantopere, ut rhetorices et
(1) Il existe ici, croyons-nous, une petite variante entre les diverses éditions
du « Règlement. » D'après notre texte et celui de la Поли. Побр. Зак., nous au-
§ 4. DES ÉTABLISSEMENTS D INSTRUCTION. 113
rique, la Philosophie et autres sciences ne s'y trouvent que de
nom et pas en réalité l. Cela tient à différentes causes que, par
amour de la brièveté, nous passons sous silence.
Or, les hommes qui ont goûté de cette science, pour ainsi dire
chimérique et illusoire, deviennent plus sots que les ignorants
eux-mêmes. Car étant entourés de ténèbres ils se croient parfaits,
et s'imaginant connaître tout ce qu'il est possible de savoir, ils n'ont
ni l'envie ni même la pensée de lire les livres et de s'instruire
davantage ; tandis que, au contraire, un homme éclairé de la véri-
Philosopliiae aliarumque scientiarum, corticem nucleo cassum habere
putarentur1. Varias liujus rationes daremus, nisi temporis angustia,
ab iis recensendis revocaret.
Ejusmodi porro imaginariam, ut sic dicamus, inque nudo persua-
sionis errore sitam literaturam, qui degustarunt, illitératis evadunt
stolidiores. Quoniam luminis penitus expertes apicem perTectionis
attigisse sibi videntur; et se omnium, quaecunque sciri possunt,
perscientissimos esse persuasum sibi habentes, librorum lectione et
studio supersedent, imo ne in animum quidem inducunt. Cum e con-
trario mortalis, genuino doctrinae lumine praeditus, licetsi vita
rions dû traduire : « dans leur ancienne fange (въ прежной тине). » C'est ce
qu'a fait le traducteur anglais, qui a rendu ces mots par : in their former Dreg
(Cons., p. 64). Peut-être serions-nous dans le vrai en supposant qu'il y a ici une
faute d'impression, et qu'au lieu de tu ut (nom. типа) il faut lire тмЪ ; de тма,
obscurité. L'allemand, en effet, traduit comme nous : in der vorigen Finsterniss (p. 41).
(1) Un auteur qui, certes, n'est pas l'ennemi du progrès intellectuel, s'exprime
ainsi au sujet de la philosophie au moyen âge : « Ce que je vais dire maintenant
étonnera peut-être quelques esprits légers, qui ne connaissent la philosophie du moyen
âge que par les absurdes déclamations des rhéteurs, lesquels n'ont jamais lu une ligne
de nos grands scolasliques ; je soutiens qu'aujourd'hui encore, et après Descaries et le
dix-septième siècle, on lira, avec un très-grand profil philosophique, saint Anselme,
saint Bonaventure et saint Thomas. Ces léles-lù. . . on en voit peu de comparables....
Du moins on se convaincra que la hardiesse de ces puissants esprits pour creuser les
profonds problèmes, n'a pas souffert de ce joug de la théologie, par lesquels certaines
gens les regardent cemme enchainés. » (Mgr Duija.\loup de l'Académie française. De
la haute éducation intellectuelle. Paris, Douniol, 1860. T. III, p. 146.)
8
114 DEUXIÈME PAJtTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
table science n'éprouve jamais de satiété dans ses connaissances,
et ne cesse jamais d'étudier, quand même sa vie se prolongerait
au delà de l'âge de Mathusalem.
Or, voici une chose fort triste : c'est que les savants superficiels
dont nous parlons, non-seulement ne sont d'aucune utilité, mais
sont fort nuisibles à leurs amis, à la patrie et à l'Église. Ils
s'abaissent outre mesure devant les puissants, mais ils le font
malicieusement afin de capter leur faveur et de se glisser
jusqu'à un poste honorable. Ils haïssent ceux qui sont du môme
rang qu'eux, et si quelqu'un est loué pour sa science, ils s'effor-
cent par toute sorte de moyens de le déprécier et de le noircir
auprès du peuple et des grands. Nourrissant de grandes espé-
rances, ils sont enclins aux séditions. Quand ils parlent Théo-
logie, il leur est impossible de ne pas dire des hérésies, car, à
cause de leur ignorance, ils se méprennent facilement en ce
qu'ils disent; pourtant ils ne veulent nullement rétracter ce qu'ils
ont avancé, pour ne point montrer qu'ils ne savent pas tout,tan-
sibi diutior, quam fuerat Mallmsalis, fuerit prorogata, mmquam
désistet a discendo, nec unquam cognitis satiabitur.
Hoc pro maximo incommoddest reputandum, personatos illos,
solida eruditione destitutos sapientes, non solum non piodessc, sed
potius obesse socictati, patriac et Ecclesiac. Illi in procerum con-
speclu supra modumliumiliantur, sedlupî ovinam pellem induti fa-
vorem ab optimatibus cmendicant, ut eblandientes suffragia in
lionorificum offîcium possint seintrudere. Aequalis ordinis homines
odioliabent. Si quis vero ob doctrinam inlucc celcbritateque verse-
tur, ut hic ab optimatibus et a populo maie audiat, convitiisque
oneratus exponatur ludibrio, et pro vulgi fabula habeatur, adlabo-
rant. Spc fortunae faventiorisincitati, propendent in perduellionem.
Ubi de Tbeologia disceptant, non possunt, quin haercsin éructent.
Facile enim, utpote illiterati, argutantes labuntur : ne vero indi-
cium suae scientiae non ad omnia extensae prodant, suaescmelpro-
latae senlcntiaesunt teaacissimi. Cum e contrario cordatt viri coin-
$ 4. DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. 115
dis que, parmi les vrais savants, se confirme l'adage : « C'est le
propre de l'homme sage de modifier son opinion '. »
On a jugé à propos de mettre en avant ces considérations., afin
que s'il plaisait à Sa Majesté Tsariennede fonder une Académie*,
muni assensu huic adstipulentur proverbio : « Sapientis est mut are
sentent iam ' . »
Huic loci haud inconsultum esse duximus liaec allegare si Augu-
stissimo REGI visum fuerit erigere Academiam *, spiritualis Collegii
(1) «On demandait à Prokopovitch, ditPekarski, des discours pour les occasions
» solennelles, et on le chargeait de rédiger des statuts. Prokopovitch s'en acquit-
» tait, niais de telle façon que ses discours devenaient des pamphlets politiques
» et les lois rédigées par lui des satires. » (Op. cit., p. 481 et 487.) Le passage
du a Règlement » que le lecteur a sous les yeux est, en effet, une satire à l'adresse
surtout d'Etienne Yavorski, le digne prélat qui administrait le siège vacant de Mos-
cou. C'est que Yavorski s'était cru ohligé de présenter au Tsar un Mémoire dont le
but était d'empêcher que Prokopovitch fut promu à l'épiscopat à cause de la
doctrine « nouvelle et non conforme à l'Église orthodoxe, catholique et aposto-
lique » contenue dans un de ses écrits ayant pour titre : Du joug insupportable.
(Обь иге пеудобноспмомъ).Ье Mémoire de Yavorski est conservé parmi les ma-
nuscrits du Musée Roumiantsoff, décrits par Yostokoff (Saint-Pétersbourg, 1842,
N. ccccvti, pp. 9-11). L'ouvrage de Prokopovitch fut plus tard traduit en latin et
publié à Leipzig en 1782 sous le litre : « De jugo intoierabili. »
On sait que Pierre répondit au Mémoire de Yavorski, en ordonnant que Prokopo-
vitch fut consacré Evèque de Pskoff et Novgorod. (Voir l'Introduction.)
(2) Nous pensons que Pierre avait ici en vue non point une Académie ecclésias-
tique — comme on en fonda une beaucoup plus tard à Saint-Pétersbourg — mais
plutôt l'Académie des sciences. En effet, Pierre en méditait l'érection depuis plu-
sieurs années et les documents de cette époque qui en parlent, l'appellent tout
simplement Académie, comme fait ici le « Règlement ». Ce ne fut qu'un peu plus
tard, et lors de son érection définitive, qu'elle reçut officiellement la dénomi-
nation à' Académie des sciences. (V. Поли. CoGp Зак. Tome V (3208), 11 juin 1718;
t. VII (4427), 20 janvier 1724; id. (4443), 28 janvier 1724; id. (4663), 23 février
1725; id. (4807), 7 décembre 1723.) — Remarquons, en outre, que deux Académies
ecclésiastiques existaient déjà dans les villes de Kieff et de Moscou; or, le « Règle-
ment » parle ici de quelque chose à créer et dont on esquisse un premier plan,
il ne saurait donc pas être question d'une Académie du genre de celles qu'on
vient de mentionner. D'ailleurs, croira-t-on que Pierre ait fait, dans les considé-
rations qui précèdent, de si grands éloges de la science — mot qui, chez lui,
signifiait surtout les sciences exactes et naturelles — pour en arriver tout simple-
ment à copier les Académies de Kieff et de Moscou? Rien d'étonnant, du reste,
que Pierre ait eu, pendant quelque temps, la pensée de faire de l'Académie des
116 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
le Collège Ecclésiastique examinât d'abord quels professeurs il
faudrait nommer et quelle méthode d'enseignement il faudrait
intererit dispicere : cujusmodi paedagogi designandi ftierint? Et
quae norma docendi et discendi fuerit praescribenda ? ne in cassum
sciences une annexe du Collège ecclésiastique. Quelque grande que fût l'ignorance
du clergé, c'était encore parmi le clergé que Pierre trouvait des hommes moins
impropres à favoriser ses plans pour l'instruction de son peuple. «Les moines, dit
Voltaire si peu porté à en faire l'éloge, étaient presque les seuls qui sussent écrire. »
(Hîst. de Pierre le Grand, II, ch. xiv). Les « écoles des chiffres », dont nous avons
parlé plus haut (p. 64 note), étaient attachées aux maisons épiscopales et aux
principaux monastères. Même après la mort de Pierre et sous le règne de
Catherine Ire, toutes les écoles, ecclésiastiques et laïques, furent placées sous la
dépendance du Synode (Поли. Собр. Зак. Tome VII (4975), 31 octobre 1726) et il
fallut longtemps avant qu'on put se passer, en Russie, du clergé pour l'enseigne-
ment des laïques. D'ailleurs, au retour de son premier voyage à l'étranger (1698-
99), Pierre avait déjà manifesté au dernier Patriarche de Moscou , Adrien , la
pensée d'élargir le cadre des matières d'enseignement de l'Académie ecclésiastique
de Moscou, placée alors sous la dépendance du Patriarche, afin qu'elle pût pro-
duire aussi « des soldats instruits, des architectes et des médecins.;» Oostrialoff,
Цст. Царствов. Петра Велик. Histoire du règne de Pierre le Grand. T. III, pp. 511-
512.) On comprend que l'Académie de Moscou, ainsi modifiée , eût cessé d'être
ecclésiastique, pour devenir une Académie des sciences sous la direction du clergé.
On peut remarquer, aussi, que de tous les Collèges déjà fondés par Pierre (voir plus
haut p. 3 note et p. 16), le Collège ecclésiastique était le seul auquel on pouvait
attacher une institution ayant pour but de pourvoir à l'instruction du peuple et
de contribuer au progrès des sciences ; si bien que lorsque Pierre modifia son plan,
il plaça l'Académie sous la dépendance directe du Souverain. (V. plus loin, la note au
ri° xxii.) Enfin, la faveur dont jouissait Prokopovitch auprès du Tsar, l'érudition
de ce prélat et aussi l'ambition, d'ailleurs bien connue, de Prokopovitch , tout
cela vient à l'appui de notre interprétation.
• Nous savons bien que Pekarski, qui a recueilli avec tant de soin tout ce qui se
rapporte aux écoles ecclésiastiques de cette époque et aux origines de « l'Académie
des sciences », ne parle seulement pas du plan d'Académie esquissé dans le
« Règlement ecclésiastique »; nous n'ignorons pas non plus que le Registre alphabétique
de la Collection complète des lois de l'empire russe à la rubrique : « Bibliothèques
publiques » en renvoyant le lecteur au n° vnt du plan d'Académie du « Règle-
ment » appelle cette Académie: ecclésiastique (..ищ Духовной Академш)^оиэ croyons
cependant que cela n'infirme point notre interprétation, à savoir qu'il s'agit ici
de Г ce Académie de sciences » qu'on eût voulu placer tout d'abord sous la dépen-
dance du Synode. Le lecteur appréciera, outre les raisons que nous venons d'al-
léguer, celles aussi qu'il trouvera dans les notes qui suivent.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION, — DE L'ACADEMIE. 11?
leur prescrire pour que la dépense du Souverain x ne soit pas
inutile, et qu'au lieu de l'avantage qu'on en espère, elle n'ait pas
un résultat vain et ridicule.
Pour procéder en cette affaire avec habileté et circonspection,
il est opportun de garder les règles suivantes :
(de l'académie.)
I. Il ne faut pas, dans les commencements, beaucoup de profes-
seurs; il suffit, pour la première année, qu'il y en ait un ou deux
pour enseigner la Grammaire, c'est-à-dire la connaissance des rè-
gles de la langue latine ou de la grecque, ou bien des deux à la fois.
II. La deuxième année, la troisième et les autres suivantes, on
passera à des sciences plus élevées, sans toutefois cesser l'ensei-
gnement de la Grammaire, et, en raison des élèves nouvellement
arrivés, on augmentera aussi le nombre des professeurs2.
regius sumptus abeat ' : et pro commodo, quod expetitur, ridicula
prodeat jactura.
Ut autern caute et circumspecte in hoc negotio versemur, sequentes
regidae sunt idoneae :
(DE AGADEMIA.)
I. In ipso initio multi paedagogi non sunt necessarii, primo
enim an no unus et alter sufficiunt, qui Grammaticam doceant, qui
minimum latinae vcl graecae linguau, vel utriusque intelligendae
régulas explicent.
II. Sequente biennio, et deinde aliis annis, ad altiorcs gradatim
scientias ascendentes discipuli, pluiïbus opus habebunt doctoribus.
Adsciti itidem de novo discipuli in tyrocinio linguarum sunt exer-
cendi2.
(1) Voir plus loin la note au nd xxi.
(2) On voit, par ces deux premiers articles, que l'Académie projetée par Pierre ne
correspond pas exactement aux institutions du même nom existant alors à
l'étranger, ni même aux Académies existant de nos jours en Russie. En cela, le
plan esquissé dans le « Règlement » s'accorde avec le Projet définitif approuvé pour
118 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
III. On mettra à toute sorte d'épreuves la capacité de celui qui
aspire au professorat. Veut-on savoir, par exemple, s'il est versé
dans la langue latine? Qu'on lui ordonne de traduire en latin
une composition russe, et en russe une oraison de quelque
célèbre auteur latin, ensuite qu'on fasse examiner et juger ses
traductions par des personnes capables et l'on verra immédiate-
ment, si le candidat possède le latin parfaitement, ou médiocre-
ment, ou moins que cela, ou rien du tout. Pour les autres
sciences, il existe des épreuves spéciales dont on pourra faire
une description à part.
III. Ut de futuro ludimagistm, utrum suo muneri exequendo par
fuerit? liquido constet, exquisito opus est expérimente. Exempli
gratia : Si volupe est noscere : peritus ne ille est latinae linguae ?
injungatur ipsi aliqua ruthena oratio in linguam latinam transfun-
denda. Latina pariter alicujus inclyti auctoris oratio in rossicam
transferenda ; quamutramqueversionem recognoscere et testimonia
pro illa ferre possunt periti hommes ; unde protinus patebit : per-
fectus ne ille est ? an mediocris ? an denique prorsus ineptus ? non
desunt etiam aliis scientiis, quibus explorentur, consentanea expé-
rimenta, quae alio tempore possunt adferri.
l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg en date du 28 janvier 1724. (Поли
Собр. Зак. T. VII, (4443). pp. 220 et seq.) — « Autre chose, est-il dit dans ce
Projet, est une Académie et autre une Université; celle-ci est une réunion de
savants chargés d'enseigner les hautes sciences aux autres, tandis que l'Académie
a pour son but principal de faire progresser la science par de nouvelles découvertes
et des études ultérieures. ... A l'étranger ces deux institutions peuvent être sé-
parées, mais pas en Russie, attendu l'extrême pénurie d'hommes instruits et capables
d'en remplir les fonctions La Russie manque même de Séminaires et de Gym-
nases proprement dits; ce serait peu sage de négliger ce que réclament d'urgence
les besoins du pays, pour songer à faire de l'Académie une institution de pur luxe.
En conséquence, il faut que, du moins pendant quelque temps , l'Académie et
l'Université soient réunies en une seule institution qui gardera le nom d'Académie
et qui devra ouvrir des classes pour les jeunes gens désireux de suivre un cours
régulier d'études, etc. » — En d'autres mots, l'Académie des sciences de Saint-
Pétersbourg devait être, à son origine , tout ensemble ce que nous appelons un
Gymnase, un Lycée, une Université et une vraie Académie. Il n'entre pas dans les
DES ÉTABLISSEMENTS DTNSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE 119
IV. Quand môme le candidat ne se montrerait pas suffisam-
ment versé dans la science qu'il a en vue, on pourra néanmoins
connaître s'il a de la pénétration d'esprit. Dans ce cas il est évi-
dent que s'il n'a pas réussi, c'est à cause de sa paresse, ou parce
qu'il a eu de mauvais maîtres; en conséquence, on lui ordonnera,
s'il veut devenir professeur, de s'exercer pendant six mois ou un
an sur les auteurs les plus versés dans la matière. On agira ainsi
uniquement à défaut d'autres hommes*, сох mieux vaut ne point
compter sur de telles gens.
IV. Quanquam aliquis literaturam, quae in ipso requiritur, non
usque adeo callet, certa tamen acuminis praebet indicia, ex quibus
colligitur negligentiam, vel ineptum magistrum in causa fuisse,
quominusproficeret. Huicindulgebiturannuumtempus vel semestre,
ut si ludimagister velit creari, in auctoribus illius scientiae peri-
tissimis legendis per id temporis se exerceat. Id quidem in melio-
rum penuria 1 faciendum suadetur, alioquin praestaret aquam
e pumice non postulare.
limites d'une note d'en suivre l'histoire ; nous nous bornerons à faire remarquer
que l'Académie des sciences ne fut séparée de l'Université qu'en 1747, vingt-deux
ans après l'approbation du Projet définitif. (Поли. Собр. Зак. T. XII. (9425), 24 juil-
let 1747.)
(1) La première fois qu'il est fait mention d'Académie, dans la Collection com-
plète des lois de l'Empire russe, c'est dans la réponse de Pierre au mémoire de Fick,
un étranger au service de la Russie et chargé d'affaires pour la Russie près de la
cour de Suède. Fick avait représenté à Pierre qu'il ne serait pas difficile d'instruire
et d'élever des jeunes enfants russes ; le Tsar avait répondu en ces termes : « On
» érigera une Académie ; en attendant qu'on s'enquière s'il se trouve parmi les Russes
» quelque homme instruit et qui ait de la propension à cela. » (llo.iu. Собр. Зак. T. V.
(3208) Il juin 1718 n" 11, p. 574.) L'enquête ordonnée par Pierre n'aboutit à aucun
résultat satisfaisant, c'est pourquoi le a Règlement » dit, ici, qu'on agira ainsi
« à défaut d'autres hommes ». Afin de remédier à cette pénurie, Pierre n'omettait
rien qui fût en son pouvoir pour attirer en Russie des étrangers, tellement que le
Nonce apostolique à Cologne croyait trouver en cela l'explication des marques de
déférence données par Pierre au Pape Clément XI. « Essendo lo Csar, écrivait le
» Nonce en 1717, di итоге assai particolare e piuttosto rozzo, pure per il desiderio che
» ha di popolare il suo vasto hnperio e di pulire la sua nazione con introdurvi ogni
» sorta di manifallura, arti e rommercio, si sforz-a mostrando civiltà e corlesia ai
120 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
V. Une fois qu'on aura nommé de bons professeurs, on leur
ordonnera d'expliquer avant tout à leurs élèves, brièvement
mais clairement, l'importance de la science dont ils vont s'oc-
cuper, de la Grammaire, par exemple, de la Rhétorique, de la
Logique, etc., et quel but l'on se propose dans l'étude de telle ou
telle science ; de cette manière les élèves verront le rivage vers
lequel ils naviguent, éprouveront une plus grande satisfaction,
et se rendront compte tous les jours de leurs progrès et du che-
min qui leur reste encore.
V. Magistri strenuam operam navantes praemonendi surit, ut in
ipso addiscendarum artium limine discipulos stricta, sed exserta
exhortatione certos faciant de eo, in quo singulae artes sitae sint,
v. g. Rhetorica, Logica, et caet. : et ad quem scopum attingendum
haec, aut illa scientia viam sternat ; ut hac ratione discipuli tam de
littore, ad quod ferantur, sint certi, quam profectum in dies cre-
scentem et illius defectum cognoscant ; indeque majore studio in-
flammentur.
» forastieri per attirame più che puà nei suoi dominii, e questo forse è uno deiprinci-
» pâli oggetti per cui darà mano ail' esercizio di nostra santa Religione, ed accoglierà
r> volontieri il ministre apostolico.y> (Tourgueneff [A. J,], Hislorica Russice monumenta
ex antiquis exterarum gentium archivais et Bibiiothecis deprompta. Petropoli, 1841-42,
CLVIII, p. 335.) — Le Nonce était dans le vrai. Si Pierre montrait quelque déférence
vis-à-vis du Pape, il en montrait bien davantage vis-à-vis des Protestants de
Hollande et dAllemagne. Parmi ceux que Pierre, à force d'instances et d'argent,
s'efforçait d'attirer en Russie, nous trouvons le célèbre Christian "Wolff (1679-1754)
dont l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg a publié la correspondance, il y.
a quelques années. (Briefe von Christian Wolff" ans den Jahren 1719-1753. Saint-
Pétersbourg, 1860.) Dans une lettre, datée du mois de mars 1724, Wolff ayant
allégué, pour s'excuser d'aller en Russie, la crainte d'être persécuté du clergé
orthodoxe à cause de ses opinions religieuses — qui lui avaient valu des vexations
même dans l'Allemagne protestante ; — on lui répondit officiellement qu'en Russie
« le scpbemos Pontifex c'est l'Empereur lui-même qui ne gouverne point comme il
plaît au clergé, lequel est obligé de lui obéir. (Въ Pqccin самъ 1мператор'Ь есть supremus
Pontifex, и опъ управллегь не такъ какъ угодно духовенству, которое обязано
повиноваться елу. » (Pekarski, op. cit. I, pp. 38-39.)
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 121
VI. On choisira pour chaque branche d'enseignements les
meilleurs auteurs approuvés dans de célèbres Académies. Ainsi,
par exemple, il a été publié à Paris, par ordre du roi Louis XIVх,
une grammaire latine, rédigée d'une manière à la fois si suc-
cincte et si parfaite qu'avec elle un écolier doué de talent, peut
se promettre d'apprendre parfaitement le latin en un an, tandis
que, chez nous, c'est à peine si on en comprend quelque chose
après cinq et six ans, et la preuve en est qu'un élève sortant d'un
cours de Théologie ou de Philosophie, n'est pas capable de tra-
duire le latin le plus facile à comprendre.
VI. Auctores in unoquoque literaturae génère seligendi sunt, qui
aliispalmam praeripiant, et in celeberrimis Academiiscandido cal-
cule» sunt notati ; exempli gratia, Grammatica latina jussu régis Lu-
dovici XIV 1, Parisiis ita succincte in compendium est redacta, ut
unius anni spatio discipulus absque dubio optime latinam linguam
ediscere possit. Cum e contrario nostrates quinquennium aut sexen-
nium illi percipiendae impendentes haudquaquam optato fruuntur
successu. Quod quidem verum esse, nostrarum scliolarum alumni
suo comprobant exemplo ; siquidem Philosophoruni et Theologo
rum titulis condecorati, latinae, mediocris stili, oralioni rutbenice
reddendae, sunt impares.
(1) Si nous ne nous sommes point trompé dans nos recherches, il n'existe pas
de Grammaire latine publiée à Paris par ordre de Louis XIV, et nous sommes porté
à croire que l'ordre (повелите) du roi dont parle le « Règlement » — ainsi que
les trois versions allemande, anglaise et latine, — n'est autre chose que le Privilège
du roi imprimé en tête des livres de cette époque, et par lequel étaient assurés
les droits des éditeurs. Quant à savoir quelle est précisément la Grammaire à
laquelle Pierre fait allusion, ce qu'on en dit ici ne saurait convenir à aucune
mieux qu'à la Nouvelle méthode pour apprendre facilement et en peu de temps la
langue latine, par Dom Claude Lancelot (lre édit., 1644). C'est la méthode appelée
de Port Royal et dont il est dit dans une édition postérieure qu'elle avait « esté
» si heureuse que de contribuer mesme quelque chose pour l'intelligence de la plus né-
» cessaire de toutes les langues à l'instruction royale de Sa Majesté à qui elle fut pré-
» sentéc. » (3e édit. Paris, chez Pierre le Petit, imprimeur et libraire ordinaire du
Roy, 1656, avec privilège de Sa Majesté, Préf. p. 7.) Que si cette Grammaire parais-
sait trop étendue pour qu'on pût lui appliquer la description qu'en fait le « Règle-
ment », nous croirions que Pierre avait en vue l'Abrégé de la même Gram-
122 DEUXIÈME PARTIE- — AFFAIRES .SPECIALES. — § 4.
Partant, après qu'on aura fait ainsi qu'on a dit, un choix des
meilleurs auteurs, soit pour la Grammaire, soit pour kr Rhéto-
rique, soit pour les autres sciences, on les adoptera pour l'Aca-
démie avec ordre de ne prendre pour guides dans l'enseigne-
ment que ceux-là et point d'autres:
VII. En ce qui regarde particulièrement la Théologie, on
ordonnera d'enseigner les vérités capitales de notre foi et la loi
divine. Le professeur de Théologie devra étudier la Sainte Écri-
ture, et connaître les règles qui servent à en saisir le sens et la
valeur réelle et précise, afin d'appuyer ensuite tous les dogmes
sur des témoignages de Y Ecriture ' .
Dans ce but, il s'aidera de la lecture assidue des ouvrages des
Saints Pères, de ceux surtout qui àFoccasion des dissensions sou-
levées dans l'Église, ont traité à fond certains dogmes, en com-
battant contre les hérésies contraires. En effet, parmi les anciens
Selecti igitur, quemadmodum monuimus, optimi in Grammatica,
in Rhetorica, et in aliis liberalibus artibus auctores commendandi
sunt Academiae, ea lege, ut horum primipilorum, non aliorum
vestigiis in scholastico cursu insistatur.
VII. Theologiae professor peculiariter est monendus, ut praeci-
pua fidei nostrae enarret dogmata, et legis divinae praecepta ; ut
Sacram Scripturam lectitet, discatque canones qui ad exquisitam et
genuinam Sacrae Scripturae vim mtelligendam faciant, ut demum
ad dogmata confirmanda ex Scripturis petat testimonia l.
Subsidium porro huic conatui sedula sanctorum Patrum lectione
comparandum est, et quidem ejusmodi Patrum, qui data opéra de
dogmatibus ex disceptationum, quae in Ecclesia exortae fuerunt,
occasione, cum oppositis liaeresibus conflictantes, scripserant. Sunt
maire, lequel a également pour auteur le célèbre Lancelot (1615-1695) et parut
pour la première fois à Paris en 1633 avec ce titre : Abrégé de la nouvelle méthode
présentée au Roi par MM. de Port-Royal , pour apprendre facilement la langue
latine.
(1) Voir plus haut p. 47 note ; p. 51 note, et l'Introduction,
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 123
Docteurs, les uns ont écrit tout spécialement sur tel dogme, les
autres sur tel autre. Sur le mystère de la Trinité, par exemple,
ont écrit Grégoire de Nazianze dans ses cinq discours théolo-
giques., et Augustin dans ses livres de Trinitate; sur la divinité
du Fils de Dieu, outre ces deux Pères, le grand Athanase dans
ses cinq livres contre les Ariens ; sur la divinité du Saint-Esprit,
le grand Basile dans ses cinq livres contre Eunomius ; sur ГЪу -
postase de Jésus- Christ, Cyrille d'Alexandrie dans ses livres contre
Nestorius. En ce qui concerne les deux natures en Jésus-Christ,
il suffit de la lettre de Léon, Pape de Rome, à Fla\ien, Patriarche
d'Alexandrie. Du péché originel et de la grâce divine a traité
Augustin dans plusieurs écrits contre les Pélagiens, et ainsi de
suite К D'une grande utilité pour le même but sont aussi les actes
et les discussions des Conciles, tant œcuméniques que locaux.
etenim antiqui Doctores, qui ex professo de dogmatibus, etquidem
alter de hoc, alter de illo dogmate scripserant; exempli ( causa :
Gregorius Nazianzenus de Trinitatis mysterio theologicis quinque
orationibus, et Augustinus libris de Trinitate et de Filii Dei divini-
tate. Praeter nos Athanasius magnus de Spiritus sancti divinitate
quinque libris contra Aiïanos. Et BasiJius magnus quinque libris in
Eunomium, Cyrillus Alexandrinus de Christi hypostasi oratione in
Nestorium. De duabus denique in Cbristo naturis unica Leonis
Papae Romani epistola ad Flavianum Patriarcham Constantinopoli-
tanum, suffîciet. De peccato originali et de gratia divina Augusti-
nus plerisque libris contra Pelagianos, et caeteri l. Ad baec pluri-
mum conducunt tam oecumenicorum, quam provincialium acta et
consultationes Conciliorum.
(1) Saint Grégoire de Nazianze (329-390) nous a laissé quarante-cinq discours
sur la divinité du Fils et du Saint-Esprit et sur leurs relations avec le Père. Les
plus célèbres sont les 27e, 28% 29e, 30e et 31e, dirigés contre les Eunomiens et les
Macédoniens. On les appela théologiques, à cause de la profonde et vaste science
qu'ils renferment. — L'ouvrage De Trinitate de saint Augustin (354-430) est en
quinze livres. — Les Orationcs contra Ariano* de saint Athanase (296-373) sont au
124 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
Un enseignement théologique puisé dans de tels maîtres et
appuvé par l'Écriture Sainte ne sera pas de peu de valeur.
Quoique le professeur de Théologie puisse aussi tirer profit des
auteurs hétérodoxes plus modernes, il ne se formera pourtant
pas sur ceux-ci, ni ne s'en remettra à ce qu'ils débitent ; il n'ac-
ceptera leur direction que pour les preuves tirées de l'Écriture
et des anciens Docteurs qu'ils ont employées, surtout quant aux
Ejusmodi subsidiis, praesertim ver о Sacrae Scripturae lumine
adjuti theologicae scientiae Doctores, non ludent operam.
Quanquam Theologiae doctori a recentioribus etiam heterodoxis
doctoribus licebit interdum mutuari subsidia, non tamen oportet
illum placitis eorum adbaerere, nec narratiunculis eorum acquie-
scere. Hoc non obstante eorum manuductioni, quibusnam illi ex
nombre de quatre dans les éditions des œuvres de ce Père. Peut-être a-t-on entendu
y joindre YEpistola encyclica ad episcopos /Egypti et Lybiœ qui a un caractère plus
dogmatique que YApologia contra Arianos — Le titre entier de l'ouvrage de saint
Basile (330-379) est : Libri quinqup,, quibus Eunomii apologeticus evertitur. — Celui
de l'ouvrage de saint Cyrille d'Alexandrie (444) est : Adversus Nestorii blasphe-
mïas contradictionum, libri quinque. — La lettre du Pape saint Léon (461) à Fla-
vien est la vingt-huitième parmi les lettres dogmatiques du même Pape. On sait
qu'elle fut saluée par les acclamations unanimes des évêques du quatrième concile
œcuménique de Chalcédoine (451). Il est curieux de remarquer que dans l'office de
ce Pape, l'Église gréco-russe lui adresse cette invocation : « Prie assidûment le
Seigneur pour ton troupeau » (Yrtip xrjç uoifAVr;; 20Y x6v Ae<j7ï6tt]V ixxevuç
xafaxE-iéus О паств* ТВОЕЙ Владыку прилежно умоли. Off. de saint Léon,
18 févr. à Matines, ode 9.) L'hymnographe saint Théodore le Grapt , auteur du
canon d'où est tirée cette invocation, appartenait à l'Eglise grecque 1 II est un des
saints antérieurs au schisme ; les catholiques l'honorent en commun avec les
Grecs; il mourut en 843, évêque de Nicée. Nous en célébrons la mémoire le
27 décembre. — Enfin, pour ce qui est des écrits de saint Augustin contre les Péla-
giens, en voici les titres : De peccatorum meritis et remissione deque baptismo parvu-
lorum, (écrit en 412); De spiritu et littera ; De natura et gratia (415); Epistola ad
Eulropium et Paulinum, se и de perfectione naturœ hominif ; Degeslis Pelagii; De gratia
Chruti et de peccato originali (418); De nvptiis et concupiscentia (419) ; Contra duas
epistolas Pe/agianorum (4 livres, adressés au Pape Boniface, vers 420) ; Contra Julia.
пит Pelagianum ; Opus imperfectum contra Julianum. Contre les Séniipélagiens sont
les écrits suivants: De gratia et libero arbitrio (427); De corruptione et gratia ; De
prœdestinalione Sanclorum ; De dono perseverantiœ.
DES ETABLISSEMENTS DINSTRUCTION. — DE b' ACADÉMIE. 125
dogmes sur lesquels ces hétérodoxes sont d'accord avec nous.
Cependant, il ne se fiera pas légèrement à leurs arguments,
mais il examinera si tel ou tel passage se trouve réellement dans
l'Écriture ou dans les ouvrages des Pères, et s'il a bien le sens
dans lequel lesdits auteurs l'ont employé: c'est que souvent ces
messieurs-là mentent en citant ce qui n'existe point, souvent
aussi ils falsifient les textes qui existent. En voici un exemple
dans les paroles du Seigneur à Pierre : « J'ai prié pour toi afin
que ta foi ne défaille point. » Cela a été dit de Pierre indi-
viduellement, de la propre personne de Pierre, mais les Latins
fout une application forcée à leur Pape, et ils en concluent
que le Pape ne peut errer dans la foi quand même il le voudrait1.
Partant, le professeur de Théologie n'enseignera pas d'après les
Scriptura, et ex antiquis Pa tribus desumptis documentis , prae-
sertim ad dogmata nobis et heterodoxis communia propugnanda
utantur, potest insistere, caute tamen fidem eorum allegationibus
adhibebit, sed Seripturam ipsam, ipsosque Patrum libros : utrum
textus allegatus inveniatur ? et utrum in eodem sensu, iu quo ad-
fertur, positus sit? consulet. Fréquenter etenim bi domini halluci-
nantur, testimonia, quae nusquam reperiuntur, addueentes. Non
raro etiam textum sincerum detorquent. Habe vel unicum pro
exemplo, hoc Domini verbum ad Petrum : c. Ego oravi pro te, ne
deficiat fïdes tua. » Dictum est Petro, quo ad solam ipsius personam
in individuo ; Romanenses vero ad suum Pontificem detorquent,
colligentes inde Papam non posse, quamvis velit, in fidei articulis
peccare '. Doctoris igitur Tbeologiae est ea, non quae ex aliorum
(1) La manière dont on parle ici de l'interprétation du texte de saint Luc, xxir, 32,
et de la croyance des Catholiques à l'infaillibilité doctrinale du Pape donne lieu à
plusieurs remarques. Disons d'abord qu'à l'époque où fut rédigé le « Règlement »?
Théophane Prokopovitch avait déjà eu entre les mains, puisqu'il y avait répondu,
le Mémoire présenté en 1717 à Pierre le Grand par plusieurs Docteurs de la Sor-
bonne de Paris, dan3 le but d'amener une réunion eutre l'Église catholique et
l'Église russe. Or, dans ce Mémoire était positivement rejetée la croyance à Г in-
126 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
allégations d'auirui, mais d'après ce qu'il aura reconnu lui-
même ; parfois aussi il choisira un temps convenable pour mon-
trer à ses élèves que ce qu'il leur a enseigné, se trouve dans les
livres. De cette manière, ils pourront s'assurer par eux-mêmes,
si le professeur leur dit la vérité ou s'il ment.
commentis hauserat, sed quae exquisite novit, doeere;immo oppor-
tuno tempore discipulis etiam ille indicabit in libris ; ut illis pariter
constet, et dubium : vera ne ? an falsa doceat ? tollatur.
iaillibilité du Pape. « Item docemus, y était-il dit, judicium Romani Pontifiais non
esse i?ifallibilem fidei regulam nisï accesserit consenliens universalis Ecclesiœ judicium. »
Malgré cela, Pierre et Prokopovitch, qui avaient beaucoup voyagé à l'étranger,
nous représentent cette croyance comme celle des Latins (Catholiques) sans faire
aucune restriction. On ne peut s'empêcher, croyons-nous, de reconnaître ici un
témoignage rendu par le « Règlement » à l'universalité de la croyance à l'in-
faillibilité doctrinale du Pape, au commencement du siècle dernier.
Remarquons, en second lieu, que le « Règlement » ne rend pas exactement la
doctrine catholique quand il nous fait dire que le Pape « ne peut errer dans la foi
quand même il le voudrait. » Théophane Prokopovitch ne devait point ignorer la
discussion agitée, même de son temps par des théologiens partisans de l'infailli-
bilité, sur ce qu'il y aurait à faire dans le cas où le Pape , comme personne privée,
tomberait dans l'hérésie. — Mais la meilleure preuve que le « Règlement » est plus
qu'inexact en ce qu'il dit dans ce passage, c'est la récente définition du Concile
œcuménique du Vatican, qui donne à l'infaillibilité papale les mêmes limites qu'on
lui donnait à l'époque de Pierre le Grand. « C'est un dogme divinement révélé, dit
» le Concile, que le Pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque
» remplissant la charge de Pasteur et Docteur de tous les chrétiens, en vertu de
» sa suprême autorité apostolique, il définit qu'une doctrine sur la foi ouïes mœurs
» doit être tenue par l'Église universelle (cum ex cathedra loquitur, td est, cum
» omnium Christianorum Pasloris et Doctoris munere fungens, pro suprema sua
» Apostolica auctoritate, doctrincm de fide vel moribus ab universa Ecclesia tenenclam
» définit), jouit pleinement, par l'assistance divine qui lui a été promise dans la
» personne du bienheureux Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur
» a voulu que son Église fût pourvue en définissant sa doctrine touchant la foi ou
» les mœurs, et, par conséquent, que de telles définitions du Pontife romain sont
» indéformables par elles-mêmes, et non en vertu du consentement de l'Eglise,
» [ideoque ejusmodi Romani Pontificis definiliones ex sese,non aulem ex consensu Ecclesiae
» irreformabiles esse). Constit. dogm. Pastor œternus. du 18 juillet 1870. Cap. iv). »
C'est ce qui a eu lieu lorsque, par la Bulle Ineffabilis (8 décembre 1854), Pie IX
définit le dogme de l'Immaculée Conception de Marie. « ...Par l'autorité de Notre-
» Seigneur Jésus-Christ, y est-il dit, par celle des saiuts apôtres Pierre et Paul et
» parla nôtre, nous déclarons, prononçons et définissons (declaramus , pronuntia
DES ETABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 127
VIII. Prenant occasion du conseil qui vient d'être donné,
nous mentionnerons ici, en passant, la nécessité qu'il y ait près
VIII. Fortuito ex occasione scilicet allatorum monitorum, hicloci
» mus et definimus) que la doctrine d'après laquelle la très-sainte Vierge Marie, par
» un privilège et une grâce spéciale de Dieu tout-puissant, en vue des mérites de
» Jésus-Christ Sauveur du genre humain, a été préservée, dans le premier iustant
» de sa Conception de toute tache de péché originel, est une doctrine révélée par
» Dieu et, par conséquent, doit être crue fermement et constamment par tous les
» fidèles(a^ue idcirco ab omnibus fidelibus firmiter conslanterque credendam).» — D'après
cet exemple, et pourvu qu'on se tienne aux termes exacts de la définition du
Concile du Vatican, sans y mettre ni zèle ou empressement irréfléchi d'un côté
ni mauvais vouloir de l'autre, on saura toujours si le Pape parle ou non ex cathedra.
Nous pouvons assurer d'avance que cela n'arrivera pas tous les jours, ni même trop
souvent. Quoi qu'il en soit, il y a bien loin de l'infaillibilité telle que l'a définie le
Concile du Vatican, à l'infaillibilité telle que s'est plu à la définir Théophane
Prokopovitch.
Notre troisième remarque répond plus directement à l'insinuation assez mal-
veillante du « Règlement » d'un emploi peu loyal des textes de l'Écriture. On nous
reproche d'interpréter faussement le passage de saint Luc, xxn, 32 ; mais les
Dissidents (Rascolniques) de l'Église russe font à cette Église un reproche analogue
concernant tous les textes allégués par elle contre leurs erreurs ; les Protestants, à
leur tour, reprochent la même chose aux Russes orthodoxes et rascolniques, quant
aux textes que ceux-ci allèguent ensemble pour prouver des dogmes rejetés par
les Protestants. Ce n'est pas tout. Les Protestants, on le sait, — et le Synode
général des Églises réformées de France l'a récemment prouvé une fois de plus, —
s'accordent entre eux aussi peu que possible, et s'adressent mutuellement le même
reproche que le « Règlement » adresse ici aux Catholiques. L'honneur de l'humanité
exige , nous paraît-il , qu'on explique ce l'ait autrement que par un manque
général de loyauté chez tous les chrétiens. L'immense variété des opinions,
aptitudes, dispositions et préjugés des hommes, expliquerait encore suffisamment
ce fait, chez n'importe laquelle des sociétés chrétiennes, sans qu'il faille néces-
sairement recourir à un défaut de loyauté.
Mais les Catholiques qui, du temps même de Pierre, entendaient le texte de
saint Luc dans le sens de l'infaillibilité papale, avaient pour eux un argument bien
autrement puissant. Ils sentaient que leur interprétation était celle de l'Église ;
l'Église le leur faisait sentir tous les jours davantage et le développement histo-
rique du Protestantisme aidait puissamment à les convaincre que, dans l'interpré-
tation de l'Écriture, on se trompe d'autant moins qu'on s'applique davantage à
étudier le sentiment de l'Église. Saint Augustin déclarait que sans l'autorité de
l'Église il n'aurait pas cru à l'Évangile (voir plus haut p. il, note); comme ce grand
génie, tous les Catholiques croient à l'Écriture à cause rie l'autorité' de l'Église, et
reconnaissent en celle-ci l'infaillible interprète de l'Écriture. Les défenseurs de
l'infaillibilité, dont nous parlons, n'étaient donc que conséqueuts avec leur principe
128 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
des écoles une Bibliothèque suffisante l, car une Académie sans
Bibliothèque serait comme un corps sans âme. On peut, du reste,
mentio est injicienda Bibliotliecae 1, quae ut perquam est necessa-
ria, ita débet esse usibus scholarum suffiçiens. Quoniam Bibliotheca
en adoptant une interprétation qu'ils croyaient être plus conforme à celle de
l'Eglise. On vit plus tard qu'ils né s'étaient point trompés. Il est vrai qu'en adhé-
rant aux dogmes définis par l'Eglise on doit le faire non pas à cause des preuves
dont elle accompagne parfois la définition de ses dogmes, mais parce que l'Eglise,
autorité divine, nous les propose à croire. Toutefois quand l'Eglise, qui n'agit point
sans examen ni sans maturité, cite à l'appui d'une définition un texte de l'Ecriture,
son interprétation, sans être de foi — car elle n'est pas l'objet précis de la défini-
tion — a cependant un très-grand poids et, du moins en certaines circonstances,
elle ne saurait être attaquée sans une grave témérité. Et tel est, à notre avis, le
cas pour le texte de saint Luc A (xxii, 32), Ego pro te rogavi ut non de/iciat fides
tua, qu'on trouve cité parmi les considérants -qui précèdent la définition du
Concile du Vatican.
On n'exigera point que nous entreprenions de justifier dans une note au « Règle-
ment » l'application de ce texte, ni la définition de l'infaillibilité doctrinale du
Pape. Pierre et Prokopovitch ne discutent point, ils affirment : affirmation pour
affirmation, celle de l'Église catholique vaut bien la leur. Nous feions plutôt
remarquer, avec bonheur, que la Providence s'est chargée elle-même de dis-
siper tous les nuages accumulés autour de cette définition. Nul Catholique, à
l'heure qu'il est, ne peut révoquer en doute le fait que c'est l'Eglise qui a
parlé. En reconnaissant ce fait et en soumettant leur raison humaine à la raison
divine de l'Église, ceux des Évèques qui avaient d'abord combattu l'infailli-
bilité se sont montrés conséquents avec le principe catholique, ont raffermi la
foi des fidèles, et ont acquis un incontestable droit à leur reconnaissance. Dieu
les en récompensera ; en attendant qu'on nous permette de leur appliquer
le mot de l'Écriture : « Celui qui domine son cœur vaut mieux que celui qui
prend des villes. Melior est qui dominatur animo suo expugnatore urbium. » (Prov.,
xvi, 32.)
(1) Plusieurs documents qui se rapportent aux origines de l'Académie des sciences
de St-Pétersbourg parlent aussi de la Bibliothèque qui devait lui être annexée.
D'autre part, il n'existe aucun document d'où l'on puisse conclure que Pierre son-
geait à créer en même temps deux Bibliothèques différentes; il suffit, du reste, de
considérer à quoi se réduisait toute la littérature de la Russie à cette époque, et
quelle grosse affaire était alors de créer une Bibliothèque publique composée dans
sa presque totalité d'ouvrages imprimés à l'étranger. Ce point du « Bellement »
fournirait donc un argument de plus en faveur de notre opinion que l'Académie
du « Règlement \> est la même qui reçut un peu plus tard le nom d' « Académie
des sciences ». Ajoutons qu'au mois de février de l'année 1721, c'est-à-dire pres-
que immédiatement après l'approbation du « Règlement », Pierre envoya à l'étran-
ger Jean Schumacher, le chargeant de plusieurs missions relatives aux sciences et
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 129
s'en procurer une suffisante pour le prix de deux mille roubles1.
La Bibliothèque sera accessible aux professeurs tous les jours et
à toutes les heures, pourvu cependant que les livres ne soient
point dispersés dans les chambres, mais qu'on les lise dans la
salle même de la Bibliothèque.
pro anima Academiae est reputanda; quae nisi adsit, Academiam
spiritu vitali destitui, necessum est. Porro Bibliotheca duobus ru-
blionum millibus l comparata videtur sufficere. Bibliothecae copia
magistris quotidie et omni hora libros in ipsius bibliothecae tabu-
lino lecturis indulgetur, non tamen libros ex Bibliotheca depromp-
tos ad loca, in quibus degunt, deportandi copia conceditur.
aux arts qu'il méditait d'introduire en Russie et, entre autres, de procurer des
livres pour la Bibliothèque de l'Académie des sciences. A. son retour (1722), Schu-
macher présenta au Tsar un rapport détaillé sur son voyage; le lecteur Je trouvera
ira extenso dans Pékarski (Op. cit., T. Ier, p. 533). Schumacher fut ensuite nommé
secrétaire de l'Académie des sciences, et on mit sous sa direction le cabinet et la
Bibliothèque de l'Académie, la première qui ait été ouverte au public en Russie
(25 octobre 1728). — Voir Bacmeister (Jean) : Essai sur la bibliothèque et le cabinet de
curiosités et d'histoire naturelle de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg . Saint-
Pétersbourg, 1766.
(1) La somme de deux mille roubles paraîtra bien peu de chose pour une Biblio-
thèque publique, surtout si l'on considère que le seul « Règlement ecclésiastique »
se vendait à Saint-Pétersbourg au prix de 17 altyns et 3 denghi, c'est-à-dire un
peu plus d'un demi-rouble (l altyn = 3 kopèkes , 1 denga = 1/2 кор.). Qu'on
veuille, cependant, remarquer qu'il s'agit ici de commencer, et si l'on tient compte
de la rareté du numéraire à cette époque et de la proportion qui existait alors entre
la valeur du numéraire et celle des choses achetées, on ne trouvera pas cette
somme tout à fait insignifiante. Ajoutons qu'au commencement du siècle dernier
les 'livres étaient encore loin d'être aussi communs qu'ils le sont aujourd'hui. Ainsi,
d'après le Mémoire historique sur la Bibliothèque du Roy (de France), imprimé en tête
du Catalogue de la même Bibliothèque, aujourd'hui la grande Bibliothèque natio-
nale, en 1688 le nombre des imprimés était de 43,000 (Catal., etc. Paris, 1739,
p. xli). Si nous en croyons le rapport de Schumacher, cité dans la note précédente,
ce nombre s'élevait en 1721 à 80,000 volumes environ. On nous dit qu'aujour-
d'hui il dépasse deux millions. — Pour ce qui est de la valeur du rouble à l'époque
de Pierre, il nous suffit de dire, suivant le baron de Chaudoir, qu'il équivalait
à peu près àl'écu étranger. Le premier rouble effectif date de 1704. Remarquons,
en passant, que c'est encore à Pierre que revient l'honneur d'avoir donné à la
Russie un système monétaire plus en harmonie avec les besoins du peuple que
9
130 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
Pour les élèves et autres personnes, qui voudraient s'y rendre,
la Bibliothèque sera ouverte à des jours et heures déterminés.
Des personnes, connaissant les langues, se rendront par devoir
à la Bibliothèque à certains jours et heures déterminés, restant
libres de le faire à d'autres jours et heures également déterminés.
Les professeurs interrogeront chacun de leurs élèves sur lou-
eur dont il s'occupe et sur ce qu'il en a lu et transcrit, lui ex-
pliquant ce qu'il n'aurait pas compris. Cela est fort utile et en
peu de temps transforme, pour ainsi dire, un homme, quand
même il aurait été auparavant d'habitudes grossières.
IX. Pour en revenir à l'enseignement scolaire, il serait à notre
avis fort avantageux que certaines sciences pussent être ensei-
gnées conjointement, deux ou trois en même temps et dans la
même leçon. En enseignant, par exemple, la Grammaire, le pro-
fesseur peut aussi enseigner en même temps la Géographie et
Studentibus vero, et aliis Bibliothecae visendae cupidis, biblio-
theca certis diebus et horis patebit.
Linguarum periti Bibliothecam certis horis et diebus ex jure, aliis
autem diebus animi causa, assignato tamen tempore, adibunt.
Ludimagister unumquemquè suorum discipulorum de auctore,
quemnam ille légat, quid ex eo excerpserit ? percontabitur ; et lecta
non intelligenti, explanabit. Id magnopere prodest ; et hominem
incultis antea praeditum moribus in alium transformat.
IX. Scholasticorum studiorum, si habeatur ratio, id optimumpro-
mittit profectum, si duae vel très artes libérales uno tempore, ea-
demque opéra, tradi potuerint ; exempli gratia : Docens Grammati-
cam, poterit simul etiam docere Geographiam et Historiam. Cum
ceux qui avaient été en usage jusqu'alors. Sauf de légères modifications, le sys-
tème introduit par Pierre est le même qui s'est maintenu en Russie jusqu'à nos
jours. On sait que la valeur actuelle du rouble d'argent russe est d'environ 4 francs.
— Voir pour la numismatique russe : Chaudoir, Aperçu sur les monnaies russes et
les monnaies étrangères qui ont eu cours en Russie. Saint-Pétersbourg et Paris, 1830 ;
Schubert, Monnaies russes des trois derniers siècles. Leipzig, 1857, etc.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE b' ACADÉMIE. 131
l'Histoire. En effet, puisqu'il est nécessaire qu'on fasse des exer-
cices sur les règles grammaticales, c'est-à-dire, qu'on apprenne
à traduire des morceaux de sa propre langue en la langue qu'on
étudie et de celle-ci en sa langue, on pourra ordonner aux
éjèves de traduire par parties la Géographie, ou bien l'Histoire
soit profane soit ecclésiastique, ou bien l'une et l'autre science
alternativement.
Toutefois, puisque lire l'Histoire sans connaître la Géographie
c'est comme marcher par les rues les yeux bandés, ce serait une
sage méthode de partager en deux moitiés l'année destinée à la
Grammaire, et d'enseigner dans la première moitié la Grammaire
conjointement avec la Géographie. Dans ce but on fixera un cer-
tain jour de la semaine dans lequel le professeur indiquera sur
une carte aux élèves, les cercles, les planisphères et la situation
générale du monde. Et mieux vaudrait encore qu'on le fit sur
un globe, exerçant les élèves de telle manière qu'ils pussent ré-
pondre en montrant du doigt, si quelqu'un leur demande : Où
se trouve l'Asie? et l'Afrique? Où est l'Europe? A quelles régions
enim discipuli in aliquo, quod sibi praeceptor ex patria lingua in
eam, quae discitur, et ex hac lingua in patriam transfundendum
injunxit, sese exercitaturi ad Grammaticae regalas astringantur,
possunt moneri, ut membratim, sive solam Geographiam, vel solam
Historiam, eamque profanam vel ecclesiasticam, sive Geographiam
et Historiam alternatim transférant.
Sed quoniam inter Historiae lectorem Geographiae ignarum, et
inter erronem obnuptis oculis plateas peragrantem, parum sit dis-
criminis, proficuum adfertur consilium : Annus Grammaticae im-
pendendus in duas partes poterit dispesci : priore quidem dimidio
Grammatica et Geographia explicabuntur, ita, ut Geographiae unus
in septimana dies detur, quo magister circulos, et universum mundi
situm in charta demonstret ; magis vero expedit, ut in globo haec
ostendantur, et discipuli ita erudiantur, ut interrogati : ubinam
132 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
correspond l'Amérique qui est au-dessous de nous ? Egalement
pour les états en particulier : Où est l'Egypte ? Où est la Chine?
Où se trouve le Portugal? et ainsi de suite 1.
L'autre moitié de l'année sera employée à des exercices consis-
tant en la traduction d'un abrégé de l'histoire universelle, rédigé
par un auteur de pure latinité, tel que l'historien Justin 2, ou
autres qu'on pourra examiner plus tard.
Asia ? ubi Africa ? ubi Europa? Et cui regioni America, quae nobis
subiacet, respondet ? Et singulatim de regnis : ubinam Aegyptus ?
ubi Sinae ? Ubi Lusitania ? Et caetera, digito valeant indicare 1.
Altero autem anni dimidio, discipuli in Historia universali, com-
pendiosa tamen, et a purae latinitatis Auctore, qualis audit Justi-
nus 2, et si qui alii eadem laude conspicui visi fuerint, conscripta,
transferenda exercitabuntur.
(1) Pierre eut grandement à cœur la publication en langue russe de livres de
géographie. Dès 1710 avait été traduite (probablement du hollandais) et publiée à
Moscou, par ordre du Tsar, une : Géographie ou courte description du globe terrestre
(reorpa*ia или краткое земнаго круга описаше) à laquelle on avait ajouté une table
des degrés de longitude et de latitude tirée de VEpitome Geographiœ du P. PhiL
Ferrari Servite (n. 1560 + 1626), professeur de mathématiques et de cos-
mographie à l'Université de Pavie et auteur du premier dictionnaire de géogra-
phie. {Lexicon geographicum. lre édit. Milan, 1627.) — Pierre avait fait également
traduire en russe, par Théodore Polikaïqioff, la Geographia generalis (ГеограФ1а
генералная, etc. Moscou, 1718) de Bernard Varenius (n. 1610 + 1680) dont la pre-
mière édition avait paru à Amsterdam en 1627, ouvrage que Newton n'avait pas
dédaigné d'éditer de nouveau lui-même avec des commentaires (Cambridge, 1681).
Enfin, grâce encore aux soins du Tsar, la Russie possédait déjà à l'époque où fut
publié le « Règlement » une traduction russe de la Géographie ancienne et moderne
par demandes et réponses, (en ail. : Kurtze Fragen aus der neuen und alten Géographie ;
en russe : Земноводнаго круга краткое oancatue, etc. Moscou, 1719) de Jean Hiibner
(n. 1668 + 1731). Les premières cartes géographiques avaient paru à Moscou en
1701 ; quant aux globes, les premiers fabriqués par des Russes sont mentionnés
dans un document de 1725. (Pékarski, Op. cit., t. II, p. 660, note.)
(2) On sait que Justin, auteur latin du IIe siècle, nous a laissé un excellent abrégé
de l'histoire universelle depuis Ninus jusqu'à César Auguste, par Trogus Pompéius.
Justin intitula son ouvrage : Historiariim Philippicarum libri XXXXIV, parce, que des
quarante-quatre livres dont il se compose, vingt-cinq se rapportent à l'histoire
des rois macédoniens.
DES ETABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 133
Ce que nous conseillons est fort avantageux. En effet, les élèves
trouveront une grande satisfaction dans l'étude, lorsque l'ensei-
gnement si ingrat d'une langue leur sera offert conjointement
avec la connaissance si agréable du monde et des événements
qui se sont passés dans le monde; bientôt leur grossièreté dispa-
raîtra, et tout en n'étant encore, pour ainsi dire, qu'au rivage delà
science, ils s'enrichiront de quantité de marchandises précieuses.
X. Voici l'ordre qui nous paraît opportun à suivre dans l'en-
seignement :
1. La Grammaire conjointement avec la Géographie et
Y Histoire l.
Hinc magna exspectanda est utilitas ; siquidem discipuli ex tristi
taediique plena linguarum doctrina capientes molestiam, eamque
laeta mundi et eventuum, qui in mundo retroaetis temporibus acci
dissent, contemplatione demulcentes,propensissimoin literas animo
ferentur ; et extemplo explosa rusticitate, in primo fere literarum
littore, satis pretiosarum mercium expiscaturi sunt.
X. Ordo in literarum studiis observandus hic prae aliis commodus
ac profuturus esse videtur :
" 1. Grammatica docebitur simul cum Geographia et Historia К
(1) Comme il est à supposer que Pierre voulait qu'on étudiât non-seulement la
Grammaire latine, mais celle aussi de la langue qu'on parlait en Russie, nous
devons dire ici quelques mots sur les grammaires russes. On a vu dans l'Introduc-
tion que c'est au commencement du siècle dernier que le russe commença à être
employé comme langue écrite et, se séparant de plus en plus du slavon ecclésias-
tique, forma bientôt une langue à part. (Voir aussi plus haut p. 48, note 2.) Il
fallut cependant plus d'un demi-siècle avant que le russe eût sa Grammaire. A
l'époque de Pierre le Grand, et jusqu'à l'apparitipn de la Россшскал Грамматика
(Gramm. russe, l,e éd. Saint-Pétersbourg, 1755) de Michel Lomonossoff (171 1-1765), on
se servait, pour le russe, des grammaires rédigées pour le slavon. Sans tenir compte
d'une Grammaire helleno-slave, publiée à Lemberg en 1591 par les étudiants de
l'école grecque à l'usage de la célèbre nation russe (ААЕЛФОТН^.Грамматнка доброгла-
го.шваго Ел.шно-словепскаго языка, etc.), deux grammaires slavonnes proprement dites
avaient paru avant Pierre : la première, de Laurent Zizania, fut publiée à Vilna en
1596 (Грамматика словеиска) l'autre, de Melèce Smotriski(f 1S63 évêque uni de Polotsk),
parut en 1619 à Eve près de Vilna et fut ensuite réimprimée plusieurs fois. La
Grammaire de Smotriski (Грамматики словеисюя правилиое cu[narMa),jouitlongtemps
d'une grande autorité; Pierre la fit réimprimer en 1721 par Théodore Polikarkoff
134 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
2. L'Arithmétique avec la Géométrie l.
2. Arithmetica et Geometria l.
qui y fit de légères modifications et y ajouta une préface propre. Cette Grammaire
est bien celle dont le Synode ordonna l'usage dans les écoles ecclésiastiques pri-
maires, comme nous avons vu plus haut (p. 65, note). C'est elle aussi qui servit de
modèle à la Grammaire publiée en 1723 par Théodore Maxhnoff et imprimée, par
ordre de Pierre, au monastère d'Alexandre Nevski à Saint-Pétersbourg (Грамматика
славенская вь кратц/в собранная.) Enfin, pour compléter la liste des grammaires qui
ont paru avant celle de Lomonossoff, nous mentionnerons un abrégé de la Grammaire
de Smotriski, imprimé à Krementz en Volynie en 1638 (Грамматика или писменница
языка словенскаго); la Grammatica russica écrite en latin par Henr. "Will. Ludolf et
publiée à Oxford en 1696 à l'usage des étrangers, livre qui n'a d'autre mérite que
son ancienneté, et enfin la Руковеден1е въ грамматшу, Manudictio in grammaticam
по славян ороссШскую, in sclavonico-rosseanam, etc. parElieCopijewitz; Stolzenberg,
(près Danlzig) 1706 ; rareté bibliographique dont on ne connaît que deux exemplaires.
(Pek., Op. cit., t. II, p. 132).
Ce même Copijewitz avait déjà publié en 1700,avec privilège du Tsar durable quinze
ans, une: Latina grammatica in usum scholarum celeberrimœ gentissclavonicœ-rosseanœ
adornata; studio atque opéra EliœKopijewitz (sic) seu de Hasta Hastenii. Editio prima
nova hujusce anni cura. Amstelodami MDCC. C'est la seule Grammaire latine, publiée
à l'usage des Russes, que nous connaissions à cette époque. A l'Académie de Moscou
on se servait de Grammaires qui avaient paru en Italie et en Grèce. — Pour ce
qui regarde les secours littéraires qu'on possédait alors en Russie pour l'étude
de l'Histoire, nous aurons occasion d'en parler plus loiu. (Voir « Du Séminaire, »
n° 17. p. 155.) — Quant à la Géographie, v. la note de la p. 132.
(l)Tout ce qui avait paru en fait de mathématiques, en Russie, avant Pierre Ier}
se réduisait à un petit livre ayant pour titre : Le calcul aisé à l'aide duquel tout
homme qui veuille vendre ou acheter, trouvera très-facilement le nombre correspondant
à chaque chose. Moscou, 1682 (Считаше удобное etc.) On garde cependant, en ma-
nuscrit, quelques traités d'Arithmétique antérieurs au règne de Pierre, et où cette
science est appelée : tune des sept grandes sagesses.
On connaît l'amour de Pierre pour les mathématiques. La nature de notre travail
et les limites d'une note, nous empêchent de nous étendre sur les publications dues
à la puissante initiative de ce Tsar. Rornons-nous à dire qu'à la fin de son règne
il pouvait justement se vanter d'avoir répandu parmi ses sujets les connaissances
mathématiques les plus utiles. C'est à Pierre qu'on doit l'introduction et l'adoption
en Russie des chiffres arabes, au lieu des lettres de l'alphabet slavon avec une va-
leur numérique. On les trouve déjà employés, au lieu de ces dernières, dans la Courte
et utile introduction à Г Arithmétique (Краткое и полезпое руковедеше etc.) par Copije-
■witz, Amsterdam 1699, le premier traité d'arithmétique écrit en russe. Le premier
publié en Russie même est l'Arithmétique, savoir la science des nombres (Ариеметика
сиртлъ наука числителпая etc.) de Léonce Magnitski, d'abord élève de l'Académie
ecclésiastique de Moscou et ensuite professeur de mathématiques dans la même
ville. Son ouvrage parut à Moscou en 1703. En 1708 parut un traité de Géométrie,
le premier publié en russe (Геометр1а, славепскл 3AieM-i;pje.. etc.). Moscou, 1708.
— Pour de plus amples détails sur ces publications et autres se rapportant aux
mathématiques, voir Pekarski, Op. cit. t. I, pp. 263-315 et t. JI. passim.
DES ETABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE b' ACADEMIE. 135
3. La Logique ou Dialectique, car c'est la même science sous
un double nom.
4. La Réthorique, soit séparément, soit avec la Versification '.
3. Logica sive Dialectica ; utpote eadem ars duplici nomine
insignita.
4. Ars oratoria simul cum Poesi, vel seorsum *.
(1) [A.ux n03 3 et 4]. En parcourant la liste des livres publiés en Russie sous le
règne de Pierre, nous n'avons rien trouvé qui pût s'appeler un traité sur ces
matières. On peut voir cej^endant dans l'Histoire de l'Académie ecclésiastique de
Moscou par Srnirnoff (HCTOpifl Московской духовной Академш. Moscou, 1855, p. 44
et seq.) quelques détails sur les textes rédigés en grec, dont on se servait pour
ces branches d'enseignement, dans la même Académie.
Quant aux productions purement littéraires de cette époque, elles consistent en des
panégyriques et en des louanges en vers dont l'exagération et le servilisme, surtout à
l'égard du Tsar, forment les traits caractéristiques. « C'est ce qu'on comprendra aisé-
ment, dit Pekarski, si l'on pense que les poètes et les orateurs de ce temps étaient
obligés de brûler de l'encens assez souvent parce qu'on le leur imposait, plus sou-
vent encore dans l'espoir de capter quelque récompense ou autre avantage sem-
blable. » (Op. cit., t. I,p. 362.)
Pour ce qui regarde la versification russe, disons d'abord que dans les anciens contes
et chansons, on ne trouvait ni jiieds, ni nombre égal de syllabes, ni rimes, mais
chaque vers devait avoir un nombre égal d'accents oratoires distinguant les mots sur
lesquels on voulait appuyer.
^elèce Smotriski (1663) et quelques autres,, essayèrent de faire pour la langue russe
ce que Baïf (1589) avait essayé de faire pour la française (vers baïfins), c'est-à-dire
d'appliquer à la langue russe les règles de la prosodie et de la versification grecques
et latines, mais ils n'eurent point d'imitateurs. A l'époque qui nous occupe, on se ser-
vait, pour la poésie, de vers composés d'un nombre déterminé de syllabes et rimes
entre eux. Ce mode de versification analogue à celui qu'on a adopté pour la langue
française, est employé dans les productions du prince Cantemir (1708 + 1744) le
meilleur poëte russe de son temps. Ce fut Lomonosoff qui, le premier, fit adopter
en Russie le mode de versification actuel, basé à la fois sur la nature et le nombre
des pieds (comme en grec et en latin) et sur l'accent. Pour qu'on se rende compte de
ce que c'est que le vers russe actuel, il faut remarquer qu'en russe les syllabes accen-
tuées sont longues et celles qui ne sont pas accentuées sont brèves, de sorte que 1 ac-
cent marque en même temps l'élévation de la voix sur une syllabe et la double durée
du son émis en la prononçant. Un exemple fera saisir la double harmonie résul-
tant de cette combinaison qui, du reste, est aussi commune à la langue alle-
mande et à d'autres langues. Tous connaissent la célèbre ode de Derjavin : Dieb, qui
eut un si grand retentissement dans toute l'Europe. Le mètre employé dans cette ode
est le vers iambique de quatre pieds, c'est-à-dire, composé de huit syllabes dont la
première, la troisième, la cinquième et la septième sont brèves, et les autres longues:
on le représenterait par conséquent ainsi :~-~----~-.Le dernier vers de la qua-
136 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
5. La Physique conjointement avec un court traité de Méta-
physique l.
5. Physica cum compendiosa Metaphysica *.
trième strophe est le suivant: Ты былъ, Ты есь, Ты будещъ въ Bteb ! Т oui bouxt, Toui
t'es, Toui boudech v vekj qui signifie en français : « Tu, (ô Seigneur) as été, Tu es et
Tu seras toujours.» Or, si nous rendons ce vers en latin par le vers iambique suivant :
Eras, es, atque in aevum eris
et que nous le prononcions avec les élisions voulues par les règles de la prosodie latine
(quejnjpr^. quin; vnm e pr. ne) et sans négliger la double quantité des longues :
as, at, œ, isy nous n'aurons d'autre harmonie que celle résultant d'une brève et une
longue qui se succèdent alternativement, mais où l'accent est indépendant de la
longueur des syllabes. Que si, au contraire, nous le traduisons ainsi:
J - A - ± ~ £- ',
Modo es, fuisti erisque Tu
nous aurons un vers iambique où l'accent tombe sur les longues es, i~is, Tu, et, en le
prononçant avec Félision voulue (do es pr. des) nous pourrons saisir un succroît d'har-
monie dû à la combinaison de l'accent avec la quantité longue des syllabes. Cette
double harmonie est celle du vers russe : Toui bouii, Toui ies, Toui boudech v'veh. De
mênie,le vers russe que nous venons de citer ainsi que l'allemand : a Du bist, Du warst,
wirst ewig sein » auront une harmonie propre que nous ne saisissons ni dans le
vers français : Tu fus, Tu es, seras toujours, ni dans l'italien : Tu fosti, sei e Tu sarai,
bien que nous ayons fait en sorte que les repos du vers français et les accenti de
l'italien soient en même nombre et occupent relativement la même place que dans
les deux vers iambiques russe et allemand. La raison de cette différence consiste
en ce que dans les versifications française et italienne on ne tient nul compte de
la longueur des syllabes, laquelle, au contraire, entre comme élément constitutif
dans les versifications russe et allemande. S'il nous était permis d'employer ici des
termes empruntés à la musique, nous dirions que les quatre vers russe, allemand,
français et italien cités ci-dessus, ont bien chacun la durée de quatre mesures; que
chaque mesure correspond bien, dans les quatre vers, à deux syllabes prises dans
l'ordre dans lequel elles se succèdent ; que la même note plus haute pourrait bien
servir à distinguer dans les quatre vers la syllabe accentuée, de celle qui ne l'est
pas, mais que dans les vers 'français et italien chaque mesure devrait être de deux
temps, un pour chaque syllabe ; tandis que dans les vers russe et allemand il fau-
drait employer des mesures à trois temps, dont le premier serait affecté à la syllabe
brève et les deux autres à la longue.
Du reste, il est superflu de remarquer que le rythme trop cadencé engendre la mo-
notonie, ce qui est facilement le cas pour les vers russes et allemands, où chaque
syllabe longue exige une pose de la voix. On nous accordera également, sans diffi-
culté, que la cadence n'est pas le seul élément d'harmonie d'un vers ; que l'harmonie
de la langue y contribue aussi pour beaucoup, et, enfin, que le libre choix de diverses
combinaisons d'accents dont chacune offre une harmonie spéciale, — comme c'est
le cas surtout pour l'italien. — constitue un avantage réel pour l'harmonie géné-
rale d'une composition poétique.
(1) Le seul ouvrage publié en Russie du temps de Pierre et qu'on pourrait citer
comme se rapportant a la seconde de ces matières est : Y Ethique hieropolitique
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 137
6. La « Politique abrégée » de Puffendorf l, si on la trouve
opportune; dans ce cas, on pourra la joindre à la Dialectique.
6. Pufendorfii succincta Politica *, si operae pretium esse vide-
bitur; quae forsan poterit etiam Dialecticae adjungi.
(d'autres lisent hiéroglyphique) ou philosophie morale exposée en symboles et similitudes
(Пепка 1ерополптика (ДероглуФпка) плп фплософ1я нравоучителпая etc.) par Г archi-
mandrite Athanase Mislavski, imprimée d'abord à Kiefffiii 1712, puis réimprimée
plus d'une fois (Pekarski, Op. cit., t. II. p. 276.)
Nous n'avons rien trouvé en fait de Physique, mais certainement cette science
devait avoir quelque place dans les traités destinés à apprendre soit la géographie
soit l'art militaire et la navigation. Avec ces derniers nous pourrions dresser une
liste assez longue, mais cela nous ferait sortir de notre cadre. Les textes de Physi-
que et de Psychologie dont on se servait à l'Académie ecclésiastique de Moscou
étaient manuscrits, ou bien imprimés à l'étranger, et étaient rédigés en latin. (Smir-
noff. Op. cit., p. 44 et seq.)
(I) Aucun des ouvrages de Puffendorf (Sam. n. 1632 f 1694) ne porte le titre de
Politique abrégée, ou autre semblable. L'écrit qu'on avait ici en vue est le traité : De
officiis hominis et dois, abrégé fait par Puffendorf lui-même de son précédent
ouvrage : De jure naturœ et genlium. En effet Pekarski(0/>. cit., 1. 1, p. 213) rapporte
que, le 19 novembre 1721, le Tsar, assistant en personne à une des séances du Synode,
ordonna qu'on traduisît en dialecte slovénien (en russe) l'abrégé sus-mentionné. On
se mit à l'œuvre, mais rien ne parut.
Pierre faisait le plus grand cas des ouvrages de Puffendorf, et lui-même chargea
Gabriel Boujinski (ensuite évêque de Riazan f 1731) de traduire en russe l'Introduc-
tion à l'histoire des principaux Etats de l'Europe du célèbre juriste. On raconte que
Boujinski étant allé montrer sa version encore manuscrite au Tsar, celui-ci le répri-
manda sévèrement de ce qu'il avait sauté le passage où Puffendorf, parlant des Russes,
en fait une peinture fort peu flatteuse pour ce peuple, et lui enjoignit de remplir sur-
le-champ cette lacune. La traduction de Boujinski, faite sur la version latine de Cra-
mer, parut à Saint-Pétersbourg en 1718 (Введете въ Псторпо европейскую etc.) Une
autre édition parut avant la mort de Pierre, en 1723. Plus tard, en 1777, l'Académie
des sciences de Saint-Pétersbourg publia une autre traduction du même ouvrage
faite sur l'original allemand et due à Boris Volkoff. Dans cette édition, on trouve
encore le passage concernant les Busses mais avec la remarque que « les Busses
ne sont plus à présent tels que les peint Puffendorf. »
U ne serait pas sans intérêt d'étudier l'influence que les principes religieux et
politiques de Puffendorf ont eue sur le Tsar et sur le peuple que Pierre avait entre-
pris de civiliser. Bornons-nous à signaler le fait qu'en 1738 l'Impératrice Anne
ordonna qu'on se saisit de tous les exemplaires de l'ouvrage traduit par Boujinski,
«à cause des corrections que ce livre гес1атаН»(для надлежащего воопыхъ исправлена).
En 1743, l'Impératrice Elisabeth ordonna que les exemplaires confisqués fussentrendus
à leurs propriétaires. (Рек., op. cit. t. II, p. 438.) Il est également curieux de remar-
quer que, dans sa préface, Boujinski éprouve le besoin de s'excuser d'avoir traduit,
avec la plus scrupuleuse fidélité, les passages où Puffendorf parle en Luthérien.
138 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
7. La Théologie К
Les six premières sciences prendront chacune une année, la
Théologie en prendra deux. Car, quoique toutes ces sciences, à
l'exception de la Dialectique et de la Grammaire, aient de reten-
due, il faut cependant que dans les écoles on les traite brièvement
et seulement dans leurs parties principales. Celui qui a été si
bien guidé se perfectionnera lui-même plus tard, par une lecture
assidue et parla pratique.
Les langues grecque et hébraïque 2 (s'il se trouve des profes-
seurs pour les enseigner) auront un temps spécial en dehors des
autres matières.
7. Tlieologia К
Priores universae sexennium ; sed Tlieologia sola biennium
sibi vindicabit. Quanquam enim omnes scientiae, (si a Dialectica
et Grammatica discesseris) ad remotos excurrunt terminos , in
scholis tamen in compendio, et quidem praecipuae illarum partes
sunt tradendae. Ipsi enim discipuli ejusmodi fausto usi auspicio,
prorogata legendi assiduitate et praxi, exquisitam comparabimt
cognitionem.
Hebraea et Hellenica linguae 2 (dummodo adfuerint, qui do-
ceant,) inter caetera studia peculiares sibi horas postulabunt.
(1) V. plus haut n° VII, p. 122 et seq. et les notes. V. aussi l'Introduction et
passim.
(2) La langue grecque fut de tout temps cultivée en Russie, ne fût-ce que par quel-
ques moines. Le seul fait que les textes dont on se servait pour la jihysique et la
psychologie a l'Académie ecclésiastique de Moscou étaient rédigés en grec, prouve
que cette langue y était en honneur et fort étudiée. Théodore Polikàrpoff, dans la
préface à son Lexicon trilingue, c'est-à-dire des mots slaves, helleno-grecs et latins
Лексикопъ трелЗычнып etc. Moscou 1704), dit que cette langue est indispensable aux
Russes « parce que c'est du grec que les Saintes Écritures ont été traduites en russe, »
et ajoute que les Tsars ont eu soin de conserver des écoles grecques à Kieff et à
Moscou comme héritiers de la piété et du trône des empereurs grecs. A cette époque, on
se servait à l'Académie ecclésiastique de Moscou d'une Grammaire grecque composée
par les frères Lykhudes sur celle de Constantin Lascaris qui avait paru à Venise
en 1673. Nous ne croyons pas que la première ait jamais été imprimée. — Pour ce
qui est de l'hébreu, nous n'avons rien trouvé d'où l'on puisse conclure qu'on en fai-
sait une matière d'étude en Russie, avant et pendant tout le règne de Pierre le Grand
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 139
XI. On aura soin que le Recteur et le Préfet soient des hommes
zélés, et déjà connus par leur science et leurs travaux. Le Collège
Ecclésiastique leur enjoindra d'être exacts à remplir leurs de-
voirs avec menace que, si l'enseignement ne se fait point avec
bon ordre et succès, ils tomberont eux-mêmes sous le jugement
du Collège Ecclésiastique. C'est pourquoi le Recteur et le Préfet
devront observer si les professeurs se rendent exactement à
l'école, et s'ils enseignent d'une manière convenable. De plus, ils
seront obligés de visiter l'une après l'autre les classes, deux
d'entre elles la première semaine, deux autres la semaine sui-
vante et ainsi de suite par tour. Et quand ils viendront en classe,
le professeur enseignera en leur présence, et eux l'écouteront au
moins pendant une demi-heure ; et de plus, ils adresseront des
questions aux élèves, pour s'assurer s'ils savent ce qu'ils doivent
déjà savoir.
XII. S'il arrivait qu'un professeur contrevînt aux règlements
de l'Académie , et ne tînt pas compte des remontrances du
XI. Rector et Praefectus, solertiae eruditionisque spectatae sunt eli-
gendi. Hos spirituale Collegium, ut in suo munere exequendo gnavam
strenuamque ponant operam, jussu obstringet ; quinirao minabitur
ipsisjudicium,inquod, nisibonusordoindocendoobservatusfuerit,et
nisi literarum studia laudando cum profectu exculta f uerint, rationem
spiritualiCollegio reddituri accersantur. Eorum itaque interestobser-
vare; frequentantne scbolas Magistri? et eam ne, quam debuerant, in
docendo sequantur metbodum ? Rector et Praefeclus binas scbolas
una hebdomade, altéras binas altéra bebdomade, et sic porro cae-
teras scholas ordine visitaturi sunt. Scholam ingressi, Ludimagi-
strumse coram docentem audient saltem per semiboram. Propositis
itidem quaestionibus tenlabunt discipulos : Utrum ea, quae pro
temporis ratione capere deberent, sint assecuti?
XII. Si quis Docentium academicis regulis inficias iverit, nec Rec-
toris monitis morigerum se praebuerit, de ejusmodi maie morigero
140 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
Recteur, celui-ci le dénoncera au Collège Ecclésiastique, et après
examen de la chose, le professeur sera congédié ou puni, selon
l'exigence du cas.
XIII. On pourra aussi établir des Fiscaux (Inspecteurs), char-
gés d'examiner si tout se passe avec ordre dans l'Académie.
XIV. Pour ce qui concerne les élèves, voici ce que nous sta-
tuons. Tous les Protopopes et les autres prêtres riches ou pauvres,
seront obligés d'envoyer leurs fils à l'Académie. On pourra or-
donner la même chose aux principaux magistrats des villes;
quant aux nobles, cela dépendra de la propre volonté de Sa Ma-
jesté Impériale 1 .
Rector certius faciet spiritale Collegium. Reus proinde in judicio
convictus, schola movebitur, aut ex judicii sententia pœnam
subibit.
XIII. Possunt etiam constitui Annotatores, qui advertant animum :
utrum omnia in Academia décente ordine procédant ?
XIV. De discipulis ejusmodi esto judicium : Protopresbyteri, et
tum lautioris, tum tenuis conditionis sacerdotes, filios suos mittent
in Academiam. Eadem lege ii, qui intabulinis Perscriptores, Notarii
vel Tabularii audiunt, et id genus alii, tenebuntur. Quantum autem
ad Nobiles attinet, id a propria et peculiari REGIME MAJESTATIS
dependet voluntate i.
(1) Une disposition analogue à celle qu'on vient de lire avait été portée en 1714
lors de l'institution des «écoles des chiffres ».(Uk. n"2778.V. plus haut p. 64 note).
Les nobles et les employés supérieurs et inférieurs des Chancelleries devaient y
envoyer leurs enfants, et ceux-ci ne pouvaient ensuite se marier sans un certificat
constatant qu'ils avaient appris les matières enseignées dans ces écoles.
Ici, cependant, nous trouvons que le « Règlement » fait dépendre l'envoi des en-
fants nobles à 1 Académie, du bon plaisir du Souverain. C'est que, sans parler de ceux
qui entraient à l'Académie de marine fondée le 1er oct. 1715(Полп. Собр. Зак. T. V,
n° 2937), beaucoup de nobles étaient envoyés faire leurs études à l'étranger ou bien
après avoir achevé leurs cours dans les écoles « provinciales » et ci de navigation »,
entraient dans l'armée où ils étaient destinés à différents emplois par le Tsar. Voici,
du reste, comment Pierre en usait envers les enfants de ses nobles. « Tous les nobles?
dit Oustrialoff, qui avaient atteint l'âge requis et ^ui n'avaient pas encore d'em-
ploi, devaient se rendre à Saint-Pétersbourg ou à Moscou pour y subir l'inspection
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 141
XV. Les élèves, une fois admis à l'Académie, y resteront jus-
qu'à ce qu'ils aient achevé toutes les classes, et le Recteur ne
pourra les congédier de l'école avant que le Collège Ecclésias-
tique en soit informé. Et si le Recteur ou le Préfet ou tout autre,
gagné par des présents, acccordait à un élève de se retirer, avant
d'en avoir informé le Collège, on décrétera contre le coupable
un sévère châtiment.
XVI. Qu'il soit notoire à tous que, partout où il se trouvera
un homme qui ait fait ses études à l'Académie, et en ait obtenu
le certificat, cet homme ne pourra être devancé ni dans les di-
XV. Discipulos in academicorum eivium numerum cooptatos,
Rector non potest ab Academia spirituali Collegio inscio, in perpe-
tuum dimittere : priusquam studiorum cursum absolverint ; alio-
^uin tam in Rectorem, sivein Praefectura, quam in quemvis alium,
qui muneribus corruptus discipulis abeundi facultatem induisent,
utpote transgressorem, severe animadvertetur.
XVI. Omnes et singuli, ubivis locorum positi, pro certo habeant :
hominem in Academia eruditum, et Academiae commendatitiis lite-
risornatum, omnibus, qui in officinis scientiarum non sunt exculti,
(смотръ, le regard; du Tsar. Celui-ci jugeait à première vue des capacités de cha-
cun, et leur assignait l'emploi qui leur convenait. Les uns étaient inscrits comme
soldats, d'autres comme marins, d'autres étaient réservés pour les affaires civiles,
d'autres étaient envoyés étudier les sciences à l'étranger, d'autres étaient appli-
qués à bien approfondir tout ce qui concerne l'organisation d'une armée. Mal-
heur à ceux qui, paresseux ou indolents, essayaient de se soustraire à l'inspection
du Tsar; on les privait de leurs biens. De plus, il fut établi comme règle générale
que les enfants des familles nobles n'acquéraient point le droit d'administrer leurs
immeubles avant d'avoir servi sept ans dans l'armée ou dix ans dans les emplois
civils, sans quoi ils demeuraient mineurs jusqu'à leur vieillesse. Jamais et nulle part
le titre de noble ne porta avec lui une idée plus élevée qu'en Russie, sous le règne
de Pierre Ier... » (Histoire de Russie), Русская Пстор1Я IIe partie. 5e édition. Saint-
Pétersbourg, 1855, pp. 87-88).
Ce que nous avons rendu par. employés supérieurs des Chancelleries est en russe :
и лу-шшмъ прпказнымъ людемъ. Cette expression dénote spécialement les employés
des bureaux servant à l'administration de la justice. Nous nous sommes conformés,
en la traduisant, à l'allemand : den vornehmsten Cantzelei-Bedienlen.
142 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
gnités ecclésiastiques, ni dans les emplois civils l par toute autre
personne qui n'aurait pas été instruite à l'Académie.
Les autorités qui agiraient autrement, seront punies sévère-
ment.
XVIÏ. On soumettra à l'épreuve la mémoire et l'intelligence
de tout élève nouvellement arrivé, et s'il se montre tout à fait
inintelligent, on ne le recevra point à l'Académie, car il y per-
drait son temps sans rien apprendre, et malgré cela il concevrait
de lui-même l'opinion qu'il est savant; or il n'y a pas de vauriens
pires que ceux-là. Cependant, pour empêcher qu'un élève, poussé
par le désir de retourner chez lui, ne feigne de manquer d'in-
telligence, comme d'autres feignent une incapacité physique
in obtinendis tam spiritualium,quam civilium dignitatum ' gradibus
palmam praeripere.
Gaudentes vero quadam potestate, contrarium molituri, muleta
afficientur.
XVIÏ. Tyro discipulus, si facto sagacitatis et memoriae periculo,
prorsus tardus apparuerit, in Academiam minime admittetur. Quo-
niam annorum jacturam facturas, oleum et operam perdet ; superba
tamen, ac si ipse esset sapiens,~ intumescet opinione. Horum nebu-
lonum génère nibil est detestabilius. Ne quis porro a literarum stu-
diis abhorrens, hebetudmem sibi.eo animo, ut ad patrios redire
Pénates liceat, perinde ac tyrones, qui simulato morbo militiam
(1) Cette disposition concernant les emplois civils vient, elle aussi, à l'appui de ce que
nous avons dit sur le caractère général, et non point particulièrement religieux,
de Г Académie dont on trace ici le plan. Ajoutons que rien n'est moins conforme à
toutes les données historiques que nous possédons sur Pierre que de le supposer
fondant une Académie ecclésiastique, et ordonnant, comme il est statué au n° XIV,
qu'on y envoyât les fils des employés supérieurs des Chancelleries des villes, et aussi
des enfants nobles. Assurément Pierre n'entendait pas en faire autant de prêtres.
Plus loin, au n° XXI, il est dit que les élèves qui auront achevé leur cours à l'Aca-
démie pourront être présentés à Sa Majesté Tsarienue, et destinés à différents emplois
selon qu'ordonnera Sa Majesté.
DES ÉTABLISSEMENTS DTNSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 143
pour échapper au service militaire, on prendra toule une année
pour faire l'essai de son intelligence. Un professeur adroit saura
bien inventer de tels genres d'essais qu'il sera impossible à l'élève
de les flairer et d'y échapper par la ruse.
XVIII. Si un enfant manifeste une malice incorrigible, s'il se
montre farouche, prompt aux voies de fait, calomniateur, déso-
béissant, et qu'après toute une année on n'ait pu parvenir à le
dompter ni par des avertissements ni par de sévères châtiments,
on le chassera de l'Académie quand même il aurait du talent,
pour ne pas mettre le glaive dans la main d'un furieux.
XIX. Le lieu opportun pour l'Académie n'est point la ville,
mais un endroit écarté, dans une situation agréable où il n'y ait
pas de bruit parle concours du peuple ni de ces fréquentes occa-
sions qui ordinairement dérangent les études, offrant aux yeux
des choses qui emportent l'esprit des jeunes gens, et ne leur
permettent pas de s'appliquer avec assiduité au travail l.
conantur eludere, affingat, tentando illius ingenii acumini annuum
spatium tribuitur. Imo sagax paedagogus poterit ejusmodi ad
periculum faciendum modos comminisci, qui solertiae et astutiae
sceleronis sint impervii.
XVIII. Si puer faerit obstinatae malitiae, fer ox, adrixas proclivis,
calumniator, contumax, qui monita et atrocia verba ad se emen-
dandum, per annum adbibita, superaverit, licet ingenii acumine
polleat, ne furibundus ense armatus grassetur, expellendus est ex
Academia.
XIX. Ne tumultus vulgi, aliaeque variae occasiones sint meliori-
bus literis impedimento ; neve in oculos juventutis quippiam incur-
rat, quod teneras mentes a literarum studiis avocet, Academia non
inlra muros, sed extrinsecus inloeo amoeno idoneo est erigenda *.
(1) En 1723, le Vice-Chancelier Baron Schafiroff tomba en disgrâce, et tous ses biens
furent confisqués. La maison, bâtie en pierres, qu'il possédait dans cette partie de l'ac-
tuel St-Pétersbourg qu'on appelle Vassili-Ostro/f^le de Basile) fut, dès 1724, assignée
comme logement aux professeurs de l'Académie. D'autres palais et maisons lui furent
144 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
XX. L'Académie ne doit point mettre sa gloire dans le grand
nombre de ses élèves, ni s'en préoccuper; car cela n'est d'aucune
importance ; elle doit plutôt examiner si elle en a beaucoup qui
soient intelligents, assidus à l'étude et qui donnent grand espoir
d'en profiter; puis aussi quels moyens il faut employer pour les
faire persévérer jusqu'à la fin.
XXI. Il ne serait d'aucun avantage, et même ce serait une pure
perte, d'entretenir avec les libéralités du Souverain \ tous les
élèves, n'importe lesquels, qui se présentent à l'Académie.
XX. Multitudo Discipulorum non praebet ansam Academiae glo-
riandi ; haec enim vana omnino est gloria ; nec numerus, sed quali-
tas in censum venit ; nimirum observandum est : Multi ne sunt so-
lertes? et quot sunt, qui laudabiliter cum conspicua utilitatis spe
literis operam navant? Providendum etiam est, ut illi benemorati
ad extremum a vitiis immunes persévèrent.
XXI. Res prorsus inepta, immo etiam inanis esset, si discipuli
undiquaque advenientes, in Academiam et quidem ex aerario REGIS
sustentandi1, admitterentur.
ensuite annexés, et l'on érigea aussi des constructions nouvelles. Le prince Cantémir
n'omit point de signaler tout ce luxe de bâtiments, dans la satire qu'il composa à
l'occasion de l'ouverture solennelle de l'Académie. On se glorifie, dit-il, de voir:
Les chefs de la science en de fastueux palais
Erigés en ce lieu avec d'énormes frais.
Voir pour d'autres renseignements sur ce sujet, Pekarski, Op. cit. t. f, pp. 62-63 et
les sources qu'il cite.
(1) Le lecteur aura remarqué que la dépense du Souverain est déjà mentionnée
plus haut, à la fin des considérations générales qui précèdent les règles sur l'Aca-
démie . Ici on y revient de nouveau, et on insiste encore là-dessus quelques lignes
plus bas. C'est pourquoi nous ne pouvons omettre ici une remarque analogue à celle
faite dans la note au n° XVI concernant les emplois civils. Si l'Académie dont il s'agit
ne devait être qu'une simple Académie ecclésiastique, ou même si elle devait être
principalement ecclésiastique, Pierre n'eût certainement pas manqué de destiner à
sa fondation et à son entretien des biens appartenant au clergé, comme il avait fait
pour les écoles primaires (V. plus haut g 1-3 n03 Х1-ХШ, pp. 66-68), et eût ici
répété les leçons de sage économie déjà données aux Évêques. Pour supposer
Pierre Ier fondant à ses frais une Académie ecclésiastique, il nous faudrait faire vio-
lence à l'histoire. On sait, en effet, que les biens du clergé ne furent point la der-
nière de ses sollicitudes.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DE L'ACADEMIE. 145
Plusieurs en effet stimulés par la pauvreté de leur situation
n'y viendraient point ponr acquérir de la science, mais pour y
jouir de la pension tout en étant par nature ineptes aux sciences,
d'autres et ceux-là capables, ne resteraient à l'Académie, que tant
que cela leur plairait, et s'en iraient quand et où il voudraient.
Quel bien en résulterait-il? Rien qu'une dépense inutile
En conséquence, on n'acceptera des élèves qu'après avoir fait
l'essai de leur intelligence, et ceux-ci s'engageront par écrit à
restera l'Académie jusqu'à ce qu'ils aient achevé leurs études,
sous des peines rigoureuses pour ceux qui, sauf le cas d'une ex-
trême nécessité, ne rempliraient point leur engagement.
De cette manière, ceux qui auront achevé leur cours pourront
être présentés à Sa Majesté Tsarienne et destinés à différents em-
plois, selon qu'ordonnera Sa Majesté1.
XXII. Mais ce qu'il faut avant tout, et qui est presque la
seule chose nécessaire et avantageuse, c'est que près de l'Aca-
Multi enim intrudunt se in Academiam non eo animo, ut erudian-
tur, utpoteex natura adliteras inepti, sed spe stipendii, quo diurno
victui consulant, utpote pauperculi. Quidam autem idonei quidem
sunt, sed tamdiu manent in Academia, quamdiu ipsis libet ; deinde
quoeumque et quandocunque velint, abeunt. Nullainde utilitas, sed
solum est detrimentum.
Admittendi equidem sunt discipuli probatae solertiae, qui itidem
se cbirograpbo obstringant, se scilicet in Academia, usque studio-
rum cursum confecerint, esse mansuros, et grandi multae, si suum
promissum absque summa necessitate interversum ausint, fore ob-
noxios.
Hi peracto studiorum cursu poterunt sisti REGLE MAJESTATI,
ex CUJUS edicto ad varia munia astringantur *.
XXII. Expedit equidem, imo praecipuum et unice maxime neces-
sarium esse censetur, ut seminarium Academiae adjungatur; vel
(l) Voir plus haut la note du n° XVI, p. 142.
10
146 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
demie, et même tout d'abord avant sa fondation i, il y ait un Sé-
minaire pour l'éducation et l'instruction des enfants , comme on
itidem, antequam Academia sumpserit principia *, illud instituatur
tenerae aetati educandae promturum; prout multa ejusmodi in
(1) Nous résumerons ici Les principaux faits concernant les origines de l'Aca-
démie des sciences de Saint-Pétersbourg. Tous les historiens s'accordent a attribuer
le projet de sa fondation à l'influence de Leilmitz (f 1716) qui en parle, même avec
quelques détails, dans une lettre adressée à Pierre le Grand et datée de 1712. (Pekarski,
op. cit. pp. 28-29). Deux années plus tard, un journal allemand, le Welt Spiegel (1714,
t. LXVI, p. 614) annonçait que le bruit courait de l'érection d'une Académie à Saint-
Pétersbourg, ei s'en promettait de grands avantages, même matériels, pour cette ville
nouvellement bâtie et déjà assez vaste. Nous avons déjà rapporté le premier décret
porté par Pierre à ce sujet dans sa réponse au Mémoire de Fick en date du 11 juin
1718. (Voir plus haut p. 119, note au n° IV.) — Vinrent ensuite les Règles contenues
dans le a Règlement ecclésiastique » et que le lecteur a sous les yeux. — Plus tard,
dans un ukase nominal du 20 janvier 1724, Pierre annonçait la fondation de l'Aca-
démie comme prochaine: huit jours après paraissait l'ukase nominal qui déter-
minait les revenus à affecter à cette institution et en approuvait le projet détaillé.
(Поли. Собр. Зак. T. VII (4427), 20 janv.,p. 207 et (4443), 28 janv. 1724. pp.220 et seq.)
Pierre ne put voir lui-même son vœu entièrement réalisé, car il mourut le S février
de l'année suivante. — Peu de jours après sa mort, Catherine Iго qui lui succéda,
ordonnait qu'on fit un appel aux savants étrangers et qu'on leur fournît les
moyens de se rendre en Russie, pour y faire partie de l'Académie des sciences.
(Ib. 23 févr. 1725 (4663) p. 426). Enfin le 7 décembre 1725, parut l'ukase qui érigeait
définitivement l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg et nommait son pre-
mier président Laurent Blumentrost (né à Moscou 1692, f 1755). L'Académie devait,
selon le plan de Pierre le Grand, s'occuper en même temps de faire progresser les
sciences et d'instruire la jeunesse (Ib., 7 déc. 1725 (4807 p. 553). L'ouverture solen-
nelle en fut faite par l'Impératrice elle-même le 25 décembre de la même année. En
1728, commencèrent à paraître les Acta Academiae scientidrum imperialis Pelropoli-
tanae : dans la préface du premier volume on eut soin de relever ce fait que
presque tous les membres de l'Académie étaient des étrangers. Cum haec nostrasocietas,-
y est-il dit, ab aliis quae in Europa florent eo différât quod in illis indigenœ plerique,
in hac nostra exteri fere omnes reperiantur.. , etc.
Nous avons dit dans la note au n°XIX(p. 143) que l'ouverture de l'Académie des
sciences de Saint-Pétersbourg forme le sujet d'une des satires du prince Cantemir.
Rien de plus facile à comprendre, et il eût même été déshonorant pour la Russie
que personne ne se fut fait l'écho des sentiments que devaient éprouver, en cette
circonstance, tous les Russes aimant leur pays. On se plaint, et avec raison, de la
domination d'un conquérant étranger : c'est toujours une calamité pour un peuple
que d'être gouverné par un autre peuple. Mais si une domination politique étran-
gère est lourde à porLer, une domination étrangère excercée sur la pensée et le
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 147
en a fondé beaucoup dans les pays étrangers.
Nous en donnerons ici quelques aperçus.
(du séminaire.)
1. La maison pour le Séminaire sera construite en forme de
monastère. Sa capacité et ses appartements, avec toutes les dé-
pendances pour les provisions, le vestiaire et les autres néces-
extraneis regionibus sunt usu recepta.
Quaedam illius idea hic depingitur.
(de seminario.)
1. Domus ad modum monasterii est aedificanda, cujusamplitudo,
et intra eam domicilia et omnigeni ad victum et amictum ad alias-
génie d'un peuple est bien autrement lourde. Et c'est à quoi aboutit pratique-
ment pour la Russie la civilisation hâtive de Pierre, trop épris de la science alle-
mande, trop peu orthodoxe et, par là même, trop peu sensible aux droits de ses
sujets. L'ouverture solennelle de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg
n'était guère un événement dont les Russes eussent lieu de se réjouir. Une
société savante, composée presque exclusivement d'Allemands et de Protestants,
était solennellement chargée de leur apprendre à penser en toutes choses. Il y avait
bien apparemment une exception pour la religion, mais le contraste entre la façon
dont les Tsars traitaient les savants d'Allemagne et celle dont ils traitaient les Évêques
russes — et le lecteur peut en juger d'après le a Règlement » — n'était pas de nature
à relever la foi orthodoxe aux yeux du peuple. Ajoutons que la religion touche à
bien d'autres matières : on ne peut parler, par exemple, d'histoire ou de philoso-
phie sans parler de religion. De plus, l'Académie des sciences, institution com-
posée presque exclusivement d'étrangers, formait en fait une espèce de Collège,
mais jouissant de prérogatives supérieures à celles des Collèges de l'État. Son action
n'était pas soumise à un Generalmji Reglament comme les autres Collèges (Voir plus
haut, p. 3, note), elle était indépendante même du Sénat et ne reconnaissait au-dessus
d'elle qu'une autorité bien douce pour elle, celle des Tsars qui, plutôt que ses maî-
tres, se montraient ses serviteurs. Les Allemands qui composaient l'Académie, d'abord
invités, priés, suppliés même en quelque sorte, de venir s'établir en Russie, puis
largement salariés et comblés d'honneurs et de privilèges, étaient en droit de se con-
sidérer comme les vrais maîtres du pays, et ne contribuèrent pas peu à affermir
cette domination allemande contre laquelle devait s'opérer plus tard une si puis-
sante réaction.
Quant à la véritable Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg, son érection se
trouve décrétée avec celle de l'Académie ecclésiastique de Kazan, dans un ukase
de Paul 1er daté du 18 décembre 1797 (Ib. Tome XXIV [18273]). Jusqu'à cette épo-
que, il n'y avait en Russie que deux Académies ecclésiastiques, l'une à Moscou
et l'autre à Kieff.
148 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
sites, seront arrêtés en proportion du nombre des élèves et du
personnel nécessaire pour la direction et le service. Le nombre
des élèves, qui sera fixé d'après le bon plaisir de Sa Majesté Tsa-
rienne, pourra être de cinquante ou de soixante-dix, et même
dépasser ce chiffre.
2. Dans cette maison demeureront des enfants et des jeunes
gens d'un âge plus avancé, répartis de manière qu'il y en ait huit
ou neuf dans une seule chambre. On logera cependant dans des
pièces différentes les grands, les moyens et les petits.
3. On assignera à chaque élève, au lieu d'une chambre à part,
une place au mur, où il aura son lit, (qui pourra se replier de ma-
nière à ne pas laisser voir pendant la journée le gîte de l'élève),
une armoire pour les livres et autres effets, et une petite chaise
pour s'asseoir.
4. Chaque chambrée, quel qu'en soit le nombre, aura son Pré-
fet ou Surveillant. Ce sera un homme d'une vie honorable ; peu
importe qu'il n'ait pas d'instruction, pourvu qu'il ne soit ni trop
farouche ni mélancolique ; son âge sera entre 30 et 50 ans. Son
que nécessitâtes requisiti apparatus, nec non idonei homines, tam
qui curam gérant, quam qui famulentur, alumnorum multitudini,
quanta ex REGLE MAJESTATIS placito defmita fuerit, sufficiant.
2. In illa domo pueri, quinimo provectioris aetatis adolescentes,
octoni vel noveni sub eodem tecto habitabunt ; ea tamen cautione,
ut pueritia, adolescentia, et juventus separatis conclavibus discri-
minentur.
3. Quilibet ad parietem sortietur locum, quasi peculiare cubicu-
lum, ubi statuatur lectulus, qui ita diurno tempore componatur,
ut lectulus esse minime appareat; repositorium libris aliisque rébus
servandis aptum, et sedile ad sedendum.
4. Unicuiqué habitaculo, quotquot fuerint, Inspecter praeûcie-
tur ; homo quamquam non literatus, probatae tamen vitae, non
ferox, intra 30 et 50 annos. Illius est inspicere, ne Seminarii alum-
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 149
devoir sera de veiller à ce que parmi les Séminaristes (c'est ainsi
que s'appelleront ceux qui seront élevés en cette maison), il n'y
ait ni dissensions ni rixes, ni vilaines conversations, ni toute autres
chose inconvenante ', et à ce que chacun fasse, aux heures mar-
quées, ce qu'il est obligé de faire. Nul Séminariste ne sortira de
la chambre sans sa permission et sans avoir exposé le motif de
sa sortie, où il va et pour quoi faire.
5. 11 doit y avoir dans la même maison des hommes instruits,
moines ou laïques, au moins au nombre de trois : l'un d'eux,
sera le Recteur de la maison a, les deux autres seront Examina-
ni (seminaristae vulgo dicti), altercentur, ne vellicent: ut abobsce-
nis putidisque sermonibus omnique petulantia abstineant l, ut unus-
quisque assignato tempore suum munus exequatur, nec ullus alum-
norum ex habitaculo absque illius licentia egrediatur, idque indicata
ratione, quorsum ? et quo fine exeat? •
5. Intra easdem mansiones debent esse saltem très hommes docti
monachi, sive saeculares. Quorum primus Rector vel totius domus
Director 2, duo posteriores vocabuntur Examinatores : id est, Inquisi-
(1) En 1717, avait paru à Saint-Pétersbourg, par ordre du Tsar, un manuel du
ton et des manières de la bonne société ; son titre était : Miroir honorable de la
jeunesse pour apprendre A se conduire dans la vie , recueilli de différents auteurs, etc.
(Юности честное зерцало etc.). Ce livre eut beaucoup de vogue en Russie et n'eut pas
moins de quatre éditions pendant le seul règne de Pierre le Grand. Nous n'avons pu
le consulter, mais nous aurons l'occasion de revenir plus loin sur de curieux extraits
de ce livre cités par Pekarski {Op. cit. II. pp. 382-383) et qui se rapportent à la
manière de se conduire envers les inférieurs. (V. IIIe partie n° 12, note.)
(2) S'agit-il ici d'un établissement destiné, sinon exclusivement, au moins tout
particulièrement à l'éducation du jeune clergé? C'est ce qu'on ne saurait affirmer
d'une manière positive. Il est certain que le Séminaire dont parle le « Règlement »
était destiné a former aussi des prêtres (voir plus loin, n° 26) ; il est également cer-
tain que ce Séminaire, quel qu'il fût, allait être la seule institution où les jeunes
lévites russes pussent recevoir une éducation proprement dite ; enfin, chose remar-
quable, le Dictionnaire de l'Académie russe, qui donne toujours les différentes signifi-
cations attachées successivement ou simultanément au même mot, n'explique celui
de Séminaire autrement que dans le sens d'un établissement destiné à l'instruction
du clergé (Духовное Училище)- Nous croyons, toutefois, qu'on peut dire de ce Sémi-
150 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
teurs ou Inspecteurs des études, chargés d'observer comment
chacun s'applique à l'étude, si c'est avec assiduité ou négligem-
ment.
6. Le Préfet de chaque chambrée aura le pouvoir de punir de
leurs transgressions les élèves qui lui sont soumis; les petits avec
des verges, les moyens et les grands par des menaces ; après quoi,
s'ils ne se corrigent point, il en avertira le Recteur.
tores studiorum, quomodo unusquisque in doctrina proficiat : negli-
genter ? an industrie ?
6. Pênes Praefecti arbitrium est poenam infligere subordinatis ;
hoc nihilominus discrimine, ut parvulos virgis, mediae vero et pro-
vectioris aetatis minis et objurgatione castiget. Si qui vero minus
morigeri exstiterint, eos apud Rectorem deferet.
naire ce que nous avons dit de l'Académie, à savoir que son but n'était pas, à l'ori-
gine du moins, exclusivement ecclésiastique. L'usage qu'on fait ici du mot Семинар1умъ
(Seminarium) montrerait une importation de plus de l'Allemagne : on sait, en effet,
que ce mot, emprunté au Concile de Trente, fut de bonne beure appliqué en Alle-
magne à des établissements d'instruction mixtes, et même purement laïques.
A l'appui de notre opinion nous citerons d'abord ce qui est statué dans ce même
n° 5, au sujet du Recteur et des Examinateurs, qui peuvent être également pris parmi
les moines et parmi les laïques. Nous ajouterons que dans plusieurs documents
de cette époque, ou de peu postérieurs à Pierre, on parle de ce Séminaire comme
d'un établissement mixte. Ainsi, par exemple, dans un ukase de Catherine Ire, daté
du 31 oct. 1726 il est dit que « conformément au Règlement ecclésiastique on avait
» décrété l'érection d'un Séminaire à Saint-Pétersbourg, afin qu'on y apprit les
w sciences utiles à l'Eglise et à l'Etat, et entre autres l'arithmétique et la géométrie »
(Поля. Собр. Зак. Тот. VII (4975), p. 707). Ensuite, plusieurs expressions du « Rè-
glement » montrent que pour les Séminaristes aussi, comme en général pour les
enfants de la noblesse (V. plus haut p. H2nole) le choix définitif de la carrière qu'ils
devaient embrasser dépendait surtout de la volonté du Tsar (v. n°s 18 et 24).
Enfin, la teneur générale des règles prescrites aux Séminaristes s'accorde trop dif-
ficilement avec l'idée d'un établissement destiné à élever de futurs ministres de
l'Église. Certes nous sommes loin de nous attendre ici à des exhortations à la piété :
après ce qu'on vient de lire, et sous la plume de Pierre et de Prokopovitch, elles
feraient l'effet d'une ironie. On nous permettra cependant de croire que si ce Sémi-
naire était exclusivement destiné à former des prêtres, ces règles eussent été rédi-
gées un peu différemment. Le lecteur pourra en juger.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 151
7. Les Examinateurs agiront de même envers les petits les
moyens et les grands qui montreraient de la paresse dans leurs
études, et en avertiront le Recteur.
8. Le Recteur, comme autorité suprême, aura la faculté d'in-
fliger à chacun toute punition qu'il jugera à propos. Cependant,
si un élève se montrait incorrigible , le Recteur ne le renverra
point du Séminaire, avant que le Collège Ecclésiastique en soit
informé.
9. On fixera l'heure de chaque exercice et de chaque délassemen
des Séminaristes; quand ils doivent se coucher, se lever, prier,
étudier, se mettre à table, se promener, etc. Toutes ces différentes
heures seront annoncées par une petite cloche, et tous les Sémi-
naristes obéissant au son delà petite cloche, comme les soldats à
celui du tambour ', se mettront à l'œuvre prescrite pour l'heure
annoncée.
10. On n'accordera à aucun Séminariste des sorties en ville
7. Eodem modo Examinatores, parvos, médiocres et provec-
tiores tractabunt, Rectorem pariter certiorem facturi.
8. Rector in Academia, omnium est suprema potestas, vario ca-
stigationum génère corripiendi jure praeditus : jure tamen ablo-
gandi a Seminario eum, qui nullam ad frugem redeundi spem
prae se fert, nisi prius spirituale consument Collegium, pri-
vatur.
9. Horae cuique negotio exequendo, et capiendae quieti ; qua
itidem eundum est dormitum? qua surgendum? orandum? discen-
dum? qua eundum est pransum? ab opère cessandum? et caetera,
sunt assignandae : De unaquaque bora ex dato per campanulam
signo constabit, ut omnes discipuli sono campanulae, perinde atque
milites tympano provocati 1, opus, certae horae altributum, aggre-
diantur.
10. Àlumni, priusquam vitae in Seminario ducendae assueverint,
(1) V. plus loin la note du n° 15.
152 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
ou ailleurs chez ses parents, avant qu'il ne se soit accoutumé au
séjour du Séminaire et qu'il n'ait éprouvé un sensible profit
d'un tel genre d'éducation ; surtout on n'accordera aucune sor-
tie pendant les trois premières années depuis l'entrée au Sémi-
naire. A partir de là troisième année on permettra aux Sémina-
ristes, mais pas plus de deux fois par an, d'aller séjourner en
famille ou chez des parents, pourvu qu'ils ne demeurent pas trop
loin de manière qu'il ne se passe pas plus de sept jours entre le
départ de l'élève et son retour à la maison du Séminaire.
11. Lorsque, même dans ces conditions, on aura accordé la
sortie à un Séminariste, on lui adjoindra cependant comme Ins-
pecteur ou Surveillant, un homme respectable, qui partout
et en toute circonstance restera constamment avec lui, et qui,
au retour, rendra compte au Recteur de ce qui s'est passé. Et si
cet Inspecteur adjoint à l'élève, par connivence avec celui-ci ca-
chait quelque chose de mal, le fripon serait rudement battu.
On pourra, du reste, découvrir le fait par les quelques change-
perspectamque ejusmodi educationis utilitatem sibi habuerint, ex
Seminario in oppidum, aut aliorsum, apud consanguineos hospita-
turi, non sunt dimittendi. Et quidem a tempore, quo in Semina-
rium erant recepti, ad triennii decursum, prorsusnon sunt dimittendi.
Quinimo, elapso triennio, alumni, ut apud parentes consanguineos-
que, qui non tam longe distant, ut eorûm exitus regressusque in Se-
minarium diutiore quam hebdomado temporis intervallo,indigeant,
hospitentur, non nisi semel per annum possunt veniam impetrare.
11. Cum vel hac lege hospitaturus alumnus abeundi facultatem
nactus fuerit, adjunctum tamen sibi habebit comitem exploratae
virtutis, tanquam Inspectorem, qui illi ubique, semper et in omni-
bus occasionibus praesens adsit ; Rectorem a reditu de omnibus,
quae acta fuerant, certiorem facturas. Alioquin iste additus Inspec-
ter, si indulgens alumno aliquod nefas celatum iverit, ejusmodi
veterator verberibus probe excipiendus est. Facinus autem silentio
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 153
ments que le Séminariste à son retour ne pourra s'empêcher de
manifester dans ses habitudes et dans ses goûts antérieurs.
12. Lorsque les parents d'un élève viendront lui faire visite
au Séminaire, après en avoir informé le Recteur, on mènera ces
étrangers au réfectoire, ou dans toute autre salle commune, ou
au jardin, et là, ils pourront s'entretenir avec l'élève leur parent.
On pourra aussi, avec discrétion, leur offrir à manger et à boire
toujours en présence du Recteur ou d'un des Examinateurs, se-
lon la qualité des personnes.
13. Un tel genre de vie paraîtra, pour des jeunes gens, en-
nuyeux et comparable à la réclusion d'un prisonnier; mais, si
l'on s'y accoutume ne fut-ce que pendant une année, il devien-
dra fort agréable. Voici néanmoins des règles opportunes pour
obvier à l'ennui.
tectum inde colligi potest, quia discipulus post reditum in Semina-
rium non potest, quin aliquod degenerantis morum probitatis, re-
missiorisque studii prodiderit indicium.
12. Advenientes ad Seminarium consanguinei, consanguineum
ibi conventuri, possunt in caenaculi palatium, aut in aliud publi-
cum aedificium, aut denique in hortum, annuente Rectore, intro-
duci ; ubi copiam habebunt colloquendi cum consanguineo. Cibo
pariter potuque possunt refici, Rectore ipso, vel Examinatorum
uno praesente, pro conditione-personarum.
13. Hujusmodi tenerae aetatis vita molesta quidem et captivorum
corceri non dissimilis esse videtur : sed qui vel unico anno
confecto, buic vivendi rationi assueverit, пае is magna ejus
capietur dulcedine. Taedio autem tollendo sequentes inserviunt
regulae :
154 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES — § 4.
(Règles pour obvier à l'ennui.)
A. (14). On ne recevra dans le Séminaire que des élèves encore
jeunes, depuis l'âge de dix ans jusqu'à quinze et pas au-delà, si
ce n'est sur les instances de personnes honorables, attestant que
l'enfant môme en la maison paternelle, a vécu dans la crainte
et sous bonne surveillance.
B. (15). On assignera aux Séminaristes deux heures de récréation
par jour, et nommément après le dîner et le souper. Pendant
ces heures, nul ne pourra étudier ni même garder un livre entre
les mains , mais la récréation , qui aura lieu l'été au jardin et
l'hiver dans les salles, consistera en des jeux honnêtes et pro-
pres à donner de l'exercice au corps, car cela est avantageux
pour la santé et éloigne la mélancolie. Et le mieux sera de choi-
sir des jeux qui unissent à l'agrément quelques enseignements
utiles. Tels seraient, par exemple, de faire voguer sur l'eau des
bateaux régulièrement construits, l'application des mesures
(Regulœ taedio tollendo inservientes.)
A. 14. Pueri in Seminarium, qui non sint intra decem et quinde-
cim annos, non admittentur. Natu vero majoribus, nisi hommes
fide digni, eos in paterna domo honeste et in timoré educatos esse,
testati fuerint, aditus intercluditur.
B. 15. Binis horis cujusque diei, prandioscilicet etcaena sumptis,
discipuli omni prorsus opère, ita, ut hoc temporis intervallo non
solum discere, sed etiam librum légère non liceat, vacabunt. Hoc
vero otii tempus honestis ludis cnm corporis motu, aestate quidem
in horto, hyeme vero sub tecto, ubi degunt, transigent. Ita enim
valetudini eorum servandae, et taedio discutiendo consuletur. Sa-
tius vero ejusmodi ludi sunt eligendi, ex quibus Jiscipuli inter lu-
riendum non nihil profuturae uxercitationis addiscant. Pro exemplo
sit natatio cum directa ad régulas natandi, ad ipsiusque instru-
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 155
géométriques , la construction de petites forteresses réguliè-
res, etc. l
C.(16). On pourra, une ou deux fois par mois, surtout en été,
promener les élèves dans les îles, les champs et autres lieux
agréables; leur faire visiter les palais du Souverain aux environs
de la ville, et au moins une fois par an les conduire aussi à Saint
Pétersbourg.
D. (17). A table on fera une lecture dont le sujet sera l'Histoire
soit militaire, soit ecclésiastique 2„ Cependant, au commencement
menti artificium, attentione. Dimensiones geometricae, arcium
simulacra ad régulas exstructa *, et caetera.
C.(-16).Licebit discipulis semel iterumque intra menstruum tem-
pus, vel maxime aestate, insulas, campos, et amoena loca, item in
suburbio REGIAS aedes, et saltem semel per annum Petropolim
visitare.
D. (17). Ad mensam, tum militaris , tum ecclesiastica Historia2
legetur. Ineunte autem mense, biduo vel triduo legentur Historiae
(1) « Au commencement du siècle dernier, dit Pekarski {Op. cit. t. 1.122), tous les
» établissements d'instruction qu'on fondait en Russie avaient ce but unique de
» former des marins et des soldats. » Si cette assertion ne peut être acceptée au
pied de la lettre, toujours est-il qu'elle reçoit une espèce de confirmation ici même
où elle eût du être démentie. Il est, en effet, curieux de constater que Pierre ne
peut se passer de parler de tambours, de bateaux, de forteresses, même dans un
« Règlement ecclésiastique ». — Les publications relatives à la marine et à l'art
militaire remplissent, comparativement, la plus grande partie du catalogue des ou-
vrages publiés en Russie sous le règne de Pierre ; ce serait trop sortir de notre ca-
dre que de nous y arrêter. Bornons-nous à signaler, à titre de rapprochement, le cas
que Pierre le Grand faisait des écrits de Jules César. Par ordre du Tsar parut à Moscou,
en 1711, une Courte description des guerres racontées dans les livres de Jules César, etc.
(Краткое описаШе о войпахъ etc.). Après le récit sommaire de chaque guerre, on
trouve dans ce livre des remarques sur la stratégie suivie par le grand capitaine et
la critique détaillée de ses opérations militaires. En 1723, Pierre ordonna qu'on publiât
aussi une vie de Jules César, mais cet ordre n'eut pas de suite.
(2) Ainsi que nous l'avons promis (V. plus haut p. 134 note), nous dirons ici quelque
chose des ouvrages qui avaient paru en Russie concernant l'histoire. En fait d'his-
toire russe, on nepossédaità cette époque (1721) que la Synopsis, ou courte narration des
origines du peuple slave et des premiers princes de Kieff jusqu'au Tsar Féodor Alexeïevitch*
156 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
de chaque mois, on lira pendant deux ou trois jours des notices
biographiques sur les hommes qui se sont illustrés dans les
sciences, sur les grands Docteurs de l'Eglise et aussi sur les
de viris, qui literis inclaruerunt, de magnis Doctoribus Ecclesiae,
de antiquis et recentioribus Philosophis, Astronomis, Oratoribus,
(Синопсисъ или краткое описаше etc.) attribuée à Г Archimandrite Innocent Ghizel
(t 1684) publiée la première fois à Kieff en 1674, puis réimprimée en 1678 et 1680.
Pierre le Grand la fit réimprimer en 1714, en caractères civils (граждансшя буквы) les
lettres russes modernes) ; mais peu content de cette histoire où, entre autres choses,
l'on parlait très-sérieusement de la lettre sur parchemin envoyée aux Slaves par
Alexandre le Grand, etc., etc. ]e Tsar chargea Théodor Polikarkoff d'en rédiger une
meilleure. Polikarkoff s'y appliqua de son mieux, mais quand il eut soumis son
histoire au Tsar, celui-ci lui fit dire qu'il n'en avait pas été satisfait. La consé-
quence fut que la Synopsis de Ghizel resta le seul manuel d'histoire nationale en
usage en Russie jusqu'à l'apparition de celui de Lomonosoff (1760). Une autre
publication relative à l'histoire de Russie, et qui parut sous le règne de Pierre,
c'est la traduction en langue russe de l'ouvrage : II regno degli Slavi, hoggi cor-
rottamente detii Schiavoni, historia di don Mauro Orbini Rauseo, abbate Melitense, etc.
Pesaro, 1601. Cette traduction est due à Sabbas Vladislavovitch Ragouzinski
originaire de la Turquie, d'abord agent secret de Pierre à Gonstantinople, puis chargé
d'instruire dans la marine les jeunes Russes qui se trouvaient à Venise. L'édition
russe parut à Saint-Pétersbourg en 1722, avec remarques et un appendice de Proko-
povitch sous le titre de : KHira icropiorpaeia почат имене, славы и разгшрешя
народа славянского etc.
Pierre le Grand s'occupa de réunir les matériaux pour une grande histoire
nationale. Dans ce but, et agissant en vrai autocrate, il ordonna qu'on se dessaisit
de tous les manuscrits, des livres imprimés en vieux caractères d'Eglise, des di-
plômes et de tout autre document pouvant servir à l'histoire du pays et qu'on les
envoyâtauSénat,etplustardauSynode(ruuH. Собр. Зак. t. VI (3693) 20 décembre 1720;
(3748) 17 mai 1721 ; (3908) 16 févr. 1722). Avec plus encore de soin Pierre s'occupa
aussi de sauver de l'oubli ses propres exploits ; c'est par son ordre que Schafiroff
devint l'historien et Prokopovitch le panégyriste de ses victoires contre les Suédois,
et que parurent diverses publications où étaient relatés les événements de son
règne. Le Journal de Pierre h Grand, publié par Stcherbatoff après la mort du Tsar,
fut rédigé sur des notes également gardées par ordre de Pierre. Enfin, grâce
encore aux soins de Pierre, admirablement secondé en cela par le baron de Huyssens
(V. plus haut p. 106, note), des écrits historiques sur la Russie parurent à l'étranger
et contribuèrent à la faire connaître à l'Europe sous un jour favorable aux vues du
Tsar. Mentionnons seulement la Relazione geografica storico-politica dell' Imperio
délia Gran Russia о sia Moscovia, con le rite ed asioni più memorabili dei passait
regnanti sino al tempo di S. M. Cz. Pietro primo oggi dominante, imprimée à Milan,
typographie Malatesta, en 1716. (V. Pekarski op. cit., t. I, pp. 103 et 107).
Nous ne doutons point que si des écrivains, même catholiques, ont parlé de Pierre
avec une admiration sans bornes et ont tant exalté sa vive foi, sa profonde piété et
DES ÉTABLISSEMENTS DTNSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 157
anciens et modernes Philosophes, Astronomes, Rhéteurs, His-
Historiographis et id genus aliis. Hujusmodi enim narrationes au-
jusqu'à ses tendances vers le catholi cisme, onne le doive aux agissements du baron
de Huyssens. Parmi les auteurs catholiques, à l'amitié desquels Huyssens attacha
le plus de prix, se trouve l'illustre Vincent Gravina (1664-1718). Les bons offices dont
il fut accablé par le baron sont mentionnés dans une lettre de Burchard Menchen à
Gravina, imprimée en tête de l'ouvrage de ce dernier : Origines juris civilis dédié au
Pape Clément XI (édit. de Leipzig, 1708). Parmi les écrits du célèbre professeur de
droit à l'université de Borne, se trouve aussi une Oratio pro Romanis legibus ad mag-
num Moschorum Ducem, fruit de l'amitié du mandataire du Tsar pour Gravina.
— Pour ce qui est de l'histoire générale du monde, ou particulière des autres pays,
signalons d'abord la Courte introduction à chaque histoire (Введете краткое во всякую
ncTopifO etc.) publiée par Élie Copievitz à Amsterdam en 1699 (typ. Fessing), et des-
tinée à être envoyée en Russie- Nous ne saurions affirmer qu'on s'en soit beaucoup
servi. En 1709 parurent à Moscou une Histoire de la destruction de Troie (ПсторЕя о
разоренш града Трои etc.) et la traduction russe de l'ouvrage de Quintus Curtius :
Degestis Alexandri magni etc. О д-Ьлахъ сод-вянныгь Александра Велиь-aroetc.Ces deux
écrits furent réimprimés plusieurs fois. Une Histoire de la dernière destruction de Jéru-
salem... et de la prise de Constantinople par les Turcs (en 1453) parut la première fois
à Moscou en 1713 et eut plusieurs éditions. Le récit de la destruction de Jérusalem
est emprunté à Josèphe, celui de la prise de Constantinople aux chroniques russes. Le
titre russe de l'ouvrage est : ПсторЕя о разоренш.. 1еруса.шма. о взят1и..Коистаптшопола
etc. Aux publications historiques peut aussi se rapporter le : Livre du système ou de
la situation de la religion mahométane (Книга сустима ила состояше мухамеданшя
религш etc.) publié à Saint-Pétersbourg en 1722, un an après l'établissement du
Synode. — Les trois publications qui suivent méritent une attention spéciale. Nous
avons déjà mentionné l'Introduction à l'histoire des principaux États de l'Europe par
Pufténdorf (Voir plus haut p. 187 note), et nous avons relevé la scrupuleuse fidélité
avec laquelle le traducteur dit d'avoir rendu aussi les passages où Pufténdorf pari e
en luthérien. On se garda bien d'en agir de même à l'égard de l'abrégé des Annales
ecclesiastici du cardinal Baronius.
L'abrégé qu'on se proposait de traduire était celui du célèbre Jésuite polonais,
le Père Scarga, abrégé si bien fait que Baronius en avait témoigné lui-même
à l'auteur sa satisfaction. Or «dans la traduction russe, dit Pekarski (Op. cit. 1. 1,
» p. 328), on omit beaucoup de choses ( много ) qui ne s'accordaient pas avec la doc-
» trine orthodoxe ; en plusieurs endroits on inséra des réfutations ; ailleurs, on se
« contenta de faire remarquer que telle et telle opinion est particulière à Baro-
» nius. » L'ouvrage ainsi mutilé, annoté, muni d'une préface destinée elle aussi
à rendre impossible toute contagion de catholicisme, et, enfin, de crainte que la
prose ne fût pas assez efficace, enrichi même d'une recommandation en vers au
lecteur orthodoxe afin qu'il sût « en retenant le bon rejeter le mauvais »
(Доброе держи, — злое же отрижи) parut à Moscou en 1719 sous le titre de :
Actes ecclésiastiques et civiles (Д-бяшя церковная и гражданская).
• Quelque inoffensif qu'on l'eût rendu, même pour des Séminaristes, on ne tarda
pas cependant à songer qu'il fallait procurer au peuple un puissant antidote, et
158 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
toriens, etc., car ce sont là des récits que l'on écoute avec
plaisir, et qui excitent à l'imitation des grands hommes l.
E. 18. On pourra aussi, deux fois par an et même davantage,
organiser pour les élèves la défense d'une thèse ou quelque dis-
ribus perceptae, ut sunt jucundae, ita ad aemulandum calcar ad-
dunt ».
E. 18. Cum quaedam actiones , disputationes , comœ-
parer ainsi à toute possible éventualité d'empoisonnement. L'antidote fut le
Theatrum historicum de Strateman, évêque protestant d'Osnabrlick. « Cet ouvrage.
« dit encore Pekarski, étant traduit dans le but (нарочно) de l'opposer au
« travail de Baronius , se distingue par une haine particulière (особенною
« ненавистью) contre le Catholicisme et ses chefs. Strateman, parlant des papes,
« non-seulement ne trouve rien qui mérite louange pas même en un seul d'entre eux,
« mais, au contraire, il s'efforce de ne rapporter d'eux que les récits qui leur sont
« défavorables. Aj>rès quoi, l'auteur témoigne pour la Réforme une admiration
« sans réserve. » (Op. cit., ib., ib.) L'ouvrage de Strateman fut traduit par Bujinski
avec la même scrupuleuse fidélité que ce dernier avait mise à traduire Puflendorf,
et c'est à peine si le lecteur est simplement averti que certaines propositions ne
sont pas conformes à la foi orthodoxe. Non content de cela, Bujinski arrive jusqu'à
invoquer l'autorité de saint Paul et des « grandes lumières (de l'Église), des Basile,
des Chrysostome, des Grégoire de Nazianze, des Athanase, des Cyrille, des Jean
Damascène et d'autres innombrables » en faveur de sa publication. « Ces Pères, dit
« Bujinski, recommandaient la lecture" des auteurs païens, pourvu qu'on détour -
« nâtles yeux de ce qui pouvait conduire au mal... Si donc il est permis de lire
« les auteurs païens et d'en choisir ce qui est utile, quel empêchement peut-il y
« avoir à ce qu'on lise des auteurs chrétiens, bien qu'ils ne pensent pas comme
« nous (аще и разномудрствующпхъ съ нами), pourvu qu'on saute ce qui est con-
« traire à la saine doctrine ou plutôt (или паче) qu'on le lise afin d'apprendre à
ce répondre à leurs arguments ? «(Pekarski, Op. cit. t. I,p. 331.) L'ouvrage de Strate-
man parut à Saint-Pétersbourg en 1724 (Оеатронъ пли пазоръ исторпчееклй etc.)
C'est ainsi qu'on mesurait en Russie avec un double poids les intérêts religieux
du peuple et les dangers que pouvait courir son orthodoxie !
(I) Un livre répondant, en partie du moins, au but indiqué ici par Pierre et qu'on
peut ranger, lui aussi, parmi les publications historiques, avait déjà paru plusieurs
fois, et était assez en vogue en Russie. Son titre était: Apophthègmes, c'est-à-dire sen-
tences courtes, éloquentes et morales, en trois livres. Ils contiennent diverses questions, ré-
ponses, biographies, actions, adages et dialogues des anciens philosophes ( АпоФоегмата то
есть краткихъ вит^еватыхъ и нравоучителнмхъ р'Ьчен. Кпиги три etc.). Cet ouvrage
était traduit du polonais, la première édition russe avait paru à Moscou en 1711.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 159
cussion, ou une comédie ', ou tout autre exercice oratoire. Les
exercices de ce genre, non-seulement profitent beaucoup à
l'instruction des élèves, et leur donnent de la résolution, c'est-
à-dire une honnête hardiesse, comme il en faut pour la prédica-
tion de la parole de Dieu et pour la diplomatie, mais ils procu-
rent en outre une agréable distraction.
diae, 1 et oratoriae exercitationes multum conducant, non solnm,
ut discipuli erudiantur, prompteque respnndeant ; id est, decentem
comparent confidentiam, qua verbi divini praedicatio, et lega-
tionum negotia indigent ; sed etiam ad percipiendam ex ejusmodi
exercitationibus gratam mixturam prosunt : In rem ergo est, ut
binis vel pluribus vicibus id genus exercitationes per annum ha-
beantur.
(!) Une étude sur le théâtre en Russie au temps de Pierre le Grand offrirait ma-
tière à de curieuses remarques, même au point de vue religieux. Ceux qui savent
le russe trouveront intéressant le chapitre XIV de Pekarski(0;).ct7. t. I, 372 478) tout
consacré à l'histoire du théâtre en Russie jusqu'à la mort de Pierre. Le lecteur
français n'apprendra pas sans intérêt que plusieurs pièces françaises, entre autres le
Médecin malgré lui, l'Amphyfrion et les Précieuse* ridicules de Molière (1G22-I073)étaient
déjà traduites en russe et jouées sur les théâtres des deux capitales. On trouvera, du
reste, plusieurs renseignements sur ce sujet dans le Mémoire de Stàhlin (Jacob von)
Nachrichten zur Geschichte des Theaters in Russland, inséré par Haigold (pseudonyme
de Sehlozer) dans ses ; Beilagen zum neuverœnderlen Russland. Riga und Mit tau,
17GU-70.
Nous épargnerons au lecteur le récit d'une infâme parodie de l'Annonciation de
la Sainte Vierge, dont Stàhlin recueillit le souvenir dans le quartier allemand de
Moscou. La gloire de ce haut fait reviendrait aux étudiants de chirurgie sous la di-
rection de ce même Blumentrost qui fut le premier président de l'Académie des
sciences de Saint-Pétersbourg. Nous ne parlerons pas non plus de ces farces impies,
de ces ignobles bouffonneries où Pierre se plaisait à contrefaire non-seulement le
Pape et les cardinaux, mais aussi les cérémonies religieuses, le clergé et les moines
de sa propre Église. Elles raj^pel lent d'une manière trop frappante les orgies d'un
empereur de Byzance à l'époque où parut Photius. A Moscou, comme jadis à Cons-
tantinople, la dignité patriarcale était vilipendée, et la condescendance de Proko-
povituh pour les désordres de Pierre nous fait penser à celle de Photius pour les
désordres de Michel III, l'Ivrogne.
Dans son ingénieuse charité Voltaire a trouvé manière d'excuserPierre.ct Au milieu
de tant de fatigues ce prince, dit-il, avait besoin de délassements ni (Histoire de Pierre le
160 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
F. 19. On pourra aussi assigner des prix d'honneur pour ceux
qui se seront appliqués avec diligence et assiduité à l'étude.
G. 20. Ce serait une bonne chose qu'aux jours de grandes fêtes
on fît, pendant le repas des Séminaristes, de la musique instru-
mentale l, ce qui ne sera pas difficile. 11 suffira, en effet, d'un
seul maître de musique qui aura été pris dès le commence-
ment; car ceux des élèves instruits par lui qui auront le plus
de disposition, devront, à leur tour, apprendre gratuitement la
musique aux autres.
F. 19. Non absonum est, ut iis, qui naviter et solerter in studiis
proficiunt, quaedam Honoraria quibus ornentur, decernantur.
G. 20. Diebus solennium festivitatum ad mensam alumnorum
apposite possunt usurpari musica instrumenta * . Nec hoc factu est
difficile. Primus etenim unicus tantum pretio conducetur musices
magister, caeteri ex alumnis musicae studiosis ab eo edocti, alios
sibi successuros, gratis et quidem ex ofticio suo sunt docturi.
Grand, 2e part. chap. xiv). — Une si touchante indulgence, en cette matière, méritait
bien que Catherine II demandât à Voltaire des conseils sur les pièces qu'il fallait
faire jouer dans une institution de cinq cents jeunes filles, qu'elle venait de fonder
à Saint-Pétersbourg. « Elles sont élevées, écrivait l'impératrice orthodoxe à l'au-
teur de la Pucelle d'Orléans, dans une maison ci-devant destinée à trois cents
épouses de Notre Seigneur... «(Lettre du 30 janvier 1772. — Voir aussi plus haut,
pp. 85-86 note.) 10 février
(1) L'ouvrage ci-dessus cité de Haigold contient aussi un intéressant Mémoire du
même Stâhlin: Nachrichtenvon der Musikin Russland.D' après Stâhlin, c'est sous le règne
de Pierre Ier que la musique étrangère fut, la première fois, accueillie en Russie. Ici
encore, ce sont les Allemands qui ont le plus grand rôle- Quelqu'un a plaisamment
remarqué qu'à cette époque Г amour-propre national des Allemands prenait en quel-
que sorte sa revanche de ce que les Slaves les avaient désignés par le nom de
нЪмецше (muets, non-parlants) parce qu'ils ignoraient la langue slave. Non-seule-
ment la langue allemande devenait maintenant de plus en plus commune en
Russie, non-seulement la Russie demandait à l'Allemagne de lui apprendre à
penser, et par conséquent à parler, mais la musique elle-même, ce langage de
l'âme et du sentiment, devait lui venir de l'Allemagne !
DES ETABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 161
Voilà sept règles qui ont pour but de maintenir la gaieté parmi
les élèves.
21. Il doit y avoir dans le Séminaire une église, une pharmacie
et un médecin. Quant aux classes, elles se feront à l'Académie
voisine, et c'est là que les Séminaristes iront recevoir l'instruc-
tion. Mais si les écoles et les professeurs se trouvent dans le Sémi-
naire même, le Séminaire et l'Académie ne formeront qu'un seu
établissement. En ce cas, on pourra construire pour les écoliers
qui ne voudraient pas séjourner dans le Séminaire, des pièces
en dehors de son enceinte, et les louer ensuite aux étudiants.
22. Les règles concernant les professeurs, les études et les éco-
liers, que nous avons décrites plus haut en parlant de l'Académie,
doivent avoir, même ici, leur application l.
Haec igitur septem allatae regulae exhilarandis discentium ani-
mis inserviunt.
21. In Seminario débet esse templum, medicamentorum officina
et medicus. Scholae porro sint in proxima Academia. Si vero scho-
lae etiam fuerint in seminario, Academia et Seminarium ibidem
loci habebuntur. Si qui autem discipulorum in Seminario noluerint
habitare, possunt extra Seminarium aliquot aedes erigi, quas pretio
conducturi, musis opérantes inhabitabunt.
22. Quaecunque ad docentes, ad discentes, et ad ipsa studia per-
tinentes regulae supra, ubi de Academia erat sermo, sunt traditae,
hîc etiam sunt observandae '.
(1) Peu après la publication du a Règlement», Prokopovitch soumit au Tsar un
« Projet» (Проектъо Семипарш)ой étaient discutés plusieurs points concernant l'exé-
cution de ce qui est ici statué. (Voir Pekarski, Op. cit., t. I, pp. 561-564.) On y
nomme d'abord tous les divers emplacements qui pouvaient convenir à l'établis-
sement du Séminaire ; celui du monastère de saint Alexandre Nevski n'est pas
passé sous silence ; c'est là que le Séminaire fut établi ensuite, avec un but pure-
ment ecclésiastique. Plus tard, à la fin du siècle, il fut changé en Académie ecclé-
11
162 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES- — § 4.
23. Parmi les Séminaristes, il y en aura de pauvres et ceux-là
recevront de Sa Majesté Tsarienne 1 la nourriture, l'habillement
et tout ce qui leur faut; les autres, fils de parents riches, seront
23. Discentium in Seminario quidam forte erunt inopes, ideoque
ex REGIAE MAJESTATIS liberalitate ] victum, amictum, caeteraque
obtinebunt. Quidam autem divitum parentum liberi, ideoque ad
siastique. (Voir plus haut, p. 147, note.) On observe ensuite dans le Projet que l'église
du Séminaire devrait avoir une entrée donnant sur la voie publique, et que l'âge
d'admission des enfants devrait être fixé à dix ans, vu qu'alors on peut encore les
former et vaincre leurs mauvaises habitudes et que, de plus, on obvie par là au
danger que les élèves se révoltent ou qu'ils s'échappent du Séminaire. Quant aux
professeurs, tout en gardant espoir d'en trouver quelqu'un parmi les Russes, Pro-
kopovitch veut qu'on les demande aux Académies étrangères sans craindre qu'il
en résulte du danger pour l'orthodoxie. « Ces professeurs, dit-il, ne devront s'oc-
« cuper que de sciences profanes, telles que la philologie, la philosophie, la jurispru-
« dence, Yhisloire, etc. Que si, en outre, les seigneurs russes ne craignent point d'en-
« voyer leurs enfants étudier dans lès Académies étrangères, où les professeurs
« étalent librement leurs opinions, pourquoi craindrait-on ce danger chez nous, où
« les professeurs sont assujettis à une surveillance et liés par des articles spé-
« ciaux? » — Si nous ne nous trompons, ou Prokopovitch n'était point convaincu
de ce qu'il disait et cachait des arrière -pensées, ou sa pénétration est ici en
défaut.
Enfin Prokopovitch exprime le désir que le Séminaire soit appelé sad petroff
(Jardin de Pierre) ou bien, avec une dénomination allemande : peter- garten, et cela
pour six graves (важныя) raisons : le~ Sous le charme (услаждаемы) d'un nom aussi
honorable les parents désireront y envoyer leurs enfants; 2° les professeurs s'efforce-
ront de se rendre dignes d'un nom aussi auguste et célèbre ; 3° ce seul nom fermera
la bouche aux calomniateurs ; 4° les élèves sortis du Séminaire se souviendront
toujours qu'ils sont, d'une manière spéciale, les serviteurs soumis et les enfants de
Sa Majesté ; 5° ce titre rappellera la gloire du grand fondateur et son amour pour
le bien public; 6° enfin, en donnant au Séminaire le nom de son fondateur, on
suivrait l'exemple qui est donné par les pays étrangers. «C'est ainsi, ajoute Proko-
povitch, qu'à Athènes, l'Académie avait reçu ce nom de son fondateur Academus; le
Séminaire Salviati à Rome est ainsi appelé du prince Salviati, -l'école Caroline à
Trêves du nom de Charlemagne, l'école Casimir à Gotha de celui du prince Casi-
mir, le Séminaire Ferdinand à Olmiitz du nom de l'empereur Ferdinand, les écoles
Moghiliennes à Kieff, du nom du Métropolite de même nom. » — Suit la signature :
« De Votre Majesté très sacrée l'infime serviteur priant Dieu, (pour Votre Majesté,
богомолец ь) humble Theophane, Évêque de Pskoff. »
(I) Cette circonstance que les Séminaristes pauvres seraient entretenus aux frais
du Tsar, nous paraît être d'un grand poids pour prouver le caractère général, et
non point exclusivement ecclésiastique, de ce Séminaire. (Voir plus haut, p. 144 la
note à la règle XXI concernant l'Académie.)
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 163
obligés de payer leur nourriture et leur habillement; la pension
sera uniforme et fixée une fois pour toutes.
24. Quand un Séminariste sera parvenu à sa maturité d'esprit
et aux sciences les plus élevées, il devra, dans l'église du Sémi-
naire et en présence de ses compagnons, prêter serment qu'il
veut rester fidèle à Sa Majesté Tsarienne i et à son successeur, et
qu'il est prêt à leur rendre les services dont il sera capable et
auxquels il sera appelé par décret du Souverain.
25. Le Recteur ne congédiera point les Séminaristes qui au-
ront achevé leur études , avant d'en avoir informé le Collège
solvendam pro alimentis et vestibus pecuniam astringuntur. Solu-
tionis porro pretium vel semel definire sufficiet.
24. Qui in Seminario imbuitur literis, statim ac ad maturitatem
ingenii perveniet gradumque ad altiores scientias promovebit, débet
se in Seminarii templo praesentibas suis condiscipulis jurejurando
obstringere, dabitque fidem se velle esse Augustissimae REGIAE
MAJESTATI 1 Illiusque Haeredi fidelem , ac promptum ad servitia
praestanda, ad quae eritidoneus, etquibus exREGIO mandato obeun-
dis addietus fuerit.
25. Discipulos in Seminario scientiis exquisite excultos. Rector,
inconsulto spirituali Collegio, misso-s facere non potest. Siquidem
(1) Il y aurait trop à dire, si nous voulions nous arrêter à l'usage si abondant
qu'on fait en Russie du serinent de soumission au Souverain (присяга подданства).
Pour ce qui est du parti que les Tsars ont su tirer de cet acte religieux, on peut en
juger par les expressions de celui des membres du Synode. (Voir plus haut, pp. 8-11.)
Si nous ne nous sommes point trompé dans l'examen comparatif des formules du
serment, une sollicitude spéciale et un soin même inquiet ont été toujours mis à
lier les consciences du clergé. Pour ne rien dire du serment imposé aux Évèques,
conçoit-on qu'on impose aux simples prêtres et jusqu'aux sacristains, que la loi
considère comme enrôlés dans le clergé (прпчетвпки, церковпо-служители, desservants
d'Église), un serment ainsi conçu : a Je jure de remplir en toute conscience l'office
» qui m'est confié, de la manière qui m'est actuellement prescrite, ou qui me serait
» prescrite à l'avenir dans les instructions, règlements et ukases communiqués par
» mes supérieurs au nom de Sa Majesté Tsarienne! » (Присяга производимому вь причет-
пика, Serment pour les desservants d'église, édition de Moscou, typographie du Saint-
Synode, Mars 1855). — Cela fait vraiment penser au « mon frère sacristain n appli-
qué par le roi Frédéric de Prusse à l'empereur Joseph II d' Autriche.
164 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
ecclésiastique qui les présentera à Sa Majesté Tsarienne et leur
accordera ensuite la faculté de partir, en leur remettant un cer-
tificat de capacité.
26. Les Séminaristes qui, après avoir achevé leurs études,
paraîtront les plus aptes à la carrière ecclésiastique, seront pro-
mus par les Evêques à tous les degrés de la hiérarchie, préféra-
blement à tout autre qui n'aurait pas été élevé au Séminaire,
quand même celui-ci posséderait un égal savoir, à moins, qu'on
ait découvert dans le Séminariste quelque vice notable qu'on ne
lui ait point imputé par calomnie. Contre les envieux et les
calomniateurs on décrétera des peines sévères l.
Collegium eos REGIAE MAJESTATI prius conspiciendos exhibebit,
deinde potestatem abeundi eis indulgens, literas, eorum in studiis
laudabilem profectum testaturas, impertiet.
26. Educati in Seminario, stadio literarum decurso, si qui ad
exequenda spiritualia munia magis idonei exstiterint, illi in obti-
nendo ab Episcopis quovis priorum dignitatum gradu, aliis, licet
aeque vulgaris literaturae peritis, non tamen in Seminario educatis,
praecedent; nisi perspicimm et grande, idque a calumniatoribus
non confictum vitium obstitèrit. Cum calumniatoribus autem et
osoribus summo jure est agendum J.
(1) Nous ferons ici une remarque analogue à celle déjà faite plus haut (p. 66, noie)
au sujet des élèves sortant des écoles épiscopales. Le lecteur peut juger, d'après ce
qu'il vient de lire, si le seul fait d'avoir été élevé dans le Séminaire du Tsar était une
garantie suffisante des qualités requises pour les dignités ecclésiastiques. On ajoute,
il est vrai : à moins qu'on ait découvert dans le Séminariste quelque vice notable; mais
on sait que les mots de vice et de vertu offrent parfois'des nuances d'acception très-
sensibles, suivant la personne qui les prononce. Ainsi, dans la correspondance entre
Catherine II et Voltaire, et précisément à l'occasion mentionnée dans la note au
n° 18 et concernant le théâtre, on parle de « vertu » de « mœurs irréprochables »
et même « d'innocence.» Mais, certes, nous ferions injure au lecteur en supposant que
ces expressions ne disent pour lui rien de plus de ce qu'elles disaient pour Voltaire et
Catherine IL 11 en est de même de l'expression : quelque vice notable, dans la bouche
et sous la plume de Pierre et de Prokopovitch. — On aura remarqué, en outre, les
peines sévères décrétées contre « les envieux et les calomniateurs. » Pierre ne plai-
santait pas, et plusieurs dispositions draconiennes du Code pénal russe (Сводъ
Закоповъ Уголовных-!,, éd. 1866) sont l'héritage de ce Tsar. Cet avis préventif était donc
DES ETABLISSEMENTS D 'INSTRUCTION. — DU SEMINAIRE. 165
En voilà assez pour le Séminaire. On pourra, du reste, trouver
à l'avenir d'autres règles à ajouter ou même en emprunter aux
meilleurs Séminaires étrangers.
A la vérité, d'une telle méthode d'éducation etd'enseignement,
on peut se promettre de grands avantages pour la patrie.
Hactenus de Seminario. Possumus etiam plura excogitare, aut
ab aliis extraneis celebrioribus Seminariis mutuari institutiones.
Ab educatione porro et literarum studiis hune in modum insti-
tutis magna profecto Patriae utilitas est praestolanda.
plus qu'il n'en fallait pour glacer dans les cœurs tout zèle pour les intérêts de
l'Eglise, et pour assurer aux élèves sortant du Séminaire une carrière sûre et bril-
lante. Trop de faits prouvent hélas ! que Pierre et ses successeurs ont eu une façon
à eux d'entendre les qualités qui rendent propre aux dignités ecclésiastiques, aussi
bien que les vices qui en excluent. Le principal parmi ces derniers paraît avoir
toujours été une urne d'apôtre et le souci de sa dignité. Si nous espérons que l'Église
russe, à une époque qui n'est pas éloignée, recouvrera son indépendance et cessera
d'être une branche stérile dans la Chrétienté, c'est aussi parce que bon nombre de
ses Evêques ont expiré dans les tourments, pour le seul crime d'avoir essavé de l'op-
position aux empiétements des Tsars. (Voir Le Clergé Russe, par le Père Gagarin,
ch. iv, Des Evêques, pp. 191 et seq.)
Nous n'aurons garde d'opposer à ce chapitre du Séminaire, le décret du Concile
de Trente (Sess. xxiii, De Reform., cap.xvui)concernant les Séminaires catholiques, et
de comparer les règles de Pierre et Prokopovitch avec celles dictées par saint Charles
Borromée. Ces dernières servirent de modèle à tous les Séminaires de l'Église ca-
tholique. Pour ne parler que de la France, « l'Oratoire et le Séminaire de Saint-Sul-
pice, deux sociétés appelées à travailler au renouvellement du clergé de France,
s'efforcèrent l'une et l'autre d'en procurer la réforme en faisant revivre la mé-
moire et les institutions de saint Charles Borromée. Le premier ouvrage imprimé
par les Pères de l'Oratoire fut la Vie de ce grand cardinal, qu'ils traduisirent
en français ; et le premier ouvrage donné au public fut le Recueil précieux des
■Actes de l'Église de Milan. » (Vie de M. Olier, fondateur du Séminaire de Scrint-
Sulpice, 2e éclit. , Paris, Poussielgue, 1853, IIe part., p. 444. Voir aussi Mgr Godeau
Évêque de Vence, Traité des Séminaires. Aix, 1660, etc. Nous avons sous les yeux
ce Recueil, et précisément les Institutiones Seminarii, et nous ne pouvons nous
empêcher de citer le passage suivant : « Tout Séminariste, y est-il dit, doit
» chaque jour se proposer. . . de se maintenir, avec la grâce de Dieu, pur de tout
» péché ; en gardant cette disposition, il acquerra une plus grande facilité dans
» l'acquisition de la science (...seque, Deo jurante, purum ab omni peccati labe
conservare, sic enim affectus rnulto facilius doctrinœ cognitionem accipiel.) » (Acta
Ecclesiœ Mediolanensis, Pars V, Mediolani, 1591), p. 964.) — <Jue l'on est heureux et
fier d'appartenir à une Eglise où l'on enseigne que l'innocence de la vie et l'abs-
tention de tout péché favorisent les progrès dans la science ! C'est-ce que Jésus-Christ
166 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
XXIII. — Voici maintenant les règles opportunes pour les pré-
dicateurs de la parole divine К
(des prédicateurs.)
1. Nul ne s'avisera de prêcher, qui n'ait été élevé à l'Académie
et approuvé par le Collège ecclésiastique. Si quelqu'un, cepen-
XXIII. — Praedicatoribus verbi divinî sequentes regulae prosunt 1.
(de praedicatoribus.)
1. Nulli publico Concionatoris munere fungi, qui in hujusce
Academiae literarum officina non esset excultus nec spiritualis Col-
a proclamé aussi, à l'égard de la plus sublime de toutes les sciences, la science
de Dieu : « Bienheureux, a-t-il dit, ceux qui ont le cœur pur parce qu'ils verront
Dieu, » (Beati mundo corde quoniam ipsi Deum videbunt.) Matt., v. 8.
— Ceux de nos lecteurs qui trouveraient de l'intérêt à étudier l'histoire et l'or-
ganisation des écoles ecclésiastiques en Russie, peuvent consulter, outre l'ouvrage,
ci-dessus cité du P. Gagarin (chap. ni, Les écoles ecclésiastiques), Tchistovitch :
Histoire de l'Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg. (Петорп! С. Петербурской
Академш.) Saint-Pétersbourg, 1857; Smirnoff : Histoire de l'Académie slavo-giéco-
latine de Moscou. (Ист. Московской славяно-греко-латинской Академш.) Moscou, 1855 ;
De l'organisation des écoles ecclésiastiques en Russie. (Объ устройства дуковныхъ y чи-
лицъ въ Poccin.) Leipzig, Wagner, 1863. Il leur sera surtout d'un grand avantage
de consulter la Collection complète des lois de l'empire russe. (Полное Собраше
Законовъ, etc.) et le Code des lois de l'empire russe (Сводъ Закояовъ etc.), se servant
des « Indicateurs alphabétiques » des deux Recueils, aux rubriques relatives.
(1) Afin de commenter, avec plus d'impartialité, les règles qui suivent, nous
avons été bien aise de profiter d'une importante dissertation de J. Samarin, ayant
pour titre Etienne Yavorski et Théophane Prokopovitch, comme prédicateurs (СтеФапъ
Яворсшй и веоФанъПрокоповпчъяко проповедники) et publiée à Moscou en 1844. A cet
auteur, Russe orthodoxe et, par conséquent, nullement suspect, nous empruntons
ce qui suit :
« II était clair pour l'esprit pénétrant de Pierre que la prospérité de l'État dé-
» pend de la moralité publique, et que la moralité ne peut fleurir que sur le sol
» de la religion. Golikoff, dans ses Gestes de Pierre le Grand (Д1шия Петра Великаго
» Moscou, 1788-1797, T. III), rapporte de lui ces mots, qui expriment bien fidèle-
» ment la pensée du Tsar : Ceux qui outragent la foi doivent être punis sévèrement. Ils
» attirent du deshonneur sur l'Etat et ne doivent pas être tolérés, car ils détruisent ce
» qui sert de fondement aux lois et sur quoi s'appuient le serment et toutes sortes
» d'obligations. Pierre le Grand, prescrivit au clergé de s'appliquer tout parti-
» culièrement à développer dans le peuple le sentiment religieux et moral, et à
» expliquer les principes de la morale dans leur application nécessaire à la vie
» pratique. La prédication, on le comprend, ■ était le principal instrument pour
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DES PREDICATEURS. 167
dant, a fait ses études chez les hétérodoxes, il se présentera d'a-
bord au Collège Ecclésiastique , qui examinera jusqu'à quel
point il est versé dans la Sainte Écriture : ensuite le candidat
prononcera un discours sur un sujet donné par le Collège et, s'il
se montre habile, on lui délivrera un certificat portant que, s'il
veut rester dans l'état ecclésiastique il lai est permis de prêcher *.
legii testimonio munitus, licebit. In heterodoxarum vero scbolarum
alumnos spirituale Collegium, cujus examini, ut se sistant, oportet,
inquiret ; utrum ejusmodi literatus sacrac scripturae sensum intel-
ligat ? Deinde concionem de argumente sibi a Collegio assignato
dicat. Si itaque sui muneris exequendi industriam prae se ferre
visus fuerit, commendatitiis literis eo fine, ut illi ad Sacerdotii ordi-
nem promoto liceat concionari, instruetur l.
» atteindre ce Lut ; au point de vue de Pierre, elle eut une signification nouvelle
» et une importance colossale (огромную) — pour l'état. Pierre regardait la
» religion d'une manière exclusive. Il ne l'envisageait nullement comme une
» institution à part, comme un organisme complet et jouissant d'une vie propre
» et indépendante : ce qui arrêtait son attention, c'était la nécessité de la religion
» pour l'État et le profit manifeste qu'il s'en promettait; conséquemment, la
» prédication avait à ses yeux de l'importance moins pour l'Eglise que pour l'Etat.
» Mais, sous ce rapport, les exigeuces de Pierre étaient protestantes ; la direc-
» tion qu'il donna à la prédication se ressentit de son exclusivisme protestant. »
(Samaiun, op. cit. pp. 120-121.)
Nous allons voir combien ces remarques sont fondées.
(1) On voit, par cette première règle, de quelle façon Pierre entendait et exer-
çait sa prérogative de gardien de l'orthodoxie. (Voir plus haut, p. 16.)
Les hétérodoxes, dont les élèves obtenaient si facilement la faculté de prêcher,
n'étaient pas, à coup sûr, les Catholiques — on le verra bientôt — mais les Pro-
testants d'Allemagne. — Lors du retour de Pierre de son second voyage à
l'étranger (1717), Prokopovitch prononça, en sa présence, un discours sur l'utilité
des voyages. L'extrait suivant montre à quel point l'orateur et le Tsar préféraient
l'Allemagne à tous les autres pays de l'Europe. ce L'Allemagne, disait Prokopo-
» vitch, a la renommée d'être la première souveraine (первая царица) de l'Europe.
» En Allemagne, que de provinces très-illustres et fort riches! que de villes très-
» fortes et très-belles 1 que de campagnes riantes et bien peuplées ! que d'Acadé-
» mies spéciales pour les sciences les plus élevées ! que d'arts florissants! que
» d'artistes distingués ! Celui qui voit l'Allemagne, voit une contrée supérieure à
» toutes les autres, le modèle de tous les États, la mère de tous les pays. En
» Allemagne, on apprend la méthode bien ordonnée d'administrer la chose publique
» (чинное общенародная правительства yci'poiMiie), la douceur dans les pensées et les
168 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
2. Les prédicateurs doivent prêcher avec solidité et s'aidant
des témoignages de la Sainte Ecriture, sur la pénitence, sur la
réforme de la vie, sur le respect dû aux autorités, principale-
ment à la toute-suprême autorité du Tsar l, et sur les devoirs de
2. Oportet ut praedicatores, solido Sacrae Scripturae innixi fun-
damento, concionentur de poenitentia, de vitae renovatione, de ho-
norandis potestatibus, maxime vero de ipsa suprema REGIA pote-
state honoranda l, et de cujusque ordinis muniis; ut exstirpent
» paroles ; en Allemagne, on trouve la valeur, la science, la pénétration d'es-
» prit, etc. » (Samarin, op. cit., pp. 177-178. Pekarski, op. cit., t.. II, p. 305.)
Que les membres du Synode devaient se sentir petits et peu sûrs d'eux-mêmes,
en remplissant la formalité d'examiner sur l'Ecriture Sainte ceux qui avaient fait
leurs études en Allemagne !
(1) Russe: Самой Высочайшей власти Царской. C'est le superlatif au plus haut degré,
correspondant à l'allemand : alltr-hœchste Gewalt. La suprême, ou toute-suprême,
autorité du Tsar revient à chaque instant dans la bouche et sous la plume de Pro-
kopovitch. — « Pierre le Grand, dit Samarin, chercha un homme capable de le com-
» prendre, qui lui fût sincèrement et consciencieusement dévoué, fût profondément
» convaincu de la nécessité logique de ses efforts et prit sur lui de parler au peuple
» en son nom. Théophane Prokopovitch répondit à cet appel. Il consacra sa parole
» à Pierre et devint l'intermédiaire entre lui et le peuple. Dévoué à tous les des-
» seins du Tsar, son conseiller et son aide, il marchait devant lui et lui débarras-
» sait le chemin. Longtemps à l'avance, Prokopovitch disposait pour chaque nou-
» velle entreprise de Pierre l'opinion publique ; puis, quand elle était accomplie,
r> il s'en faisait le défenseur et répandait à toutes les objections qui s'élevaient
» contre elle. » {Op. cit., p. 157.) — Or, de toutes les entreprises de Pierre, au-
cune n'avait plus besoin d'être défendue que l'abolition du Patriarcat et l'institu-
tion du Synode. Déjà le 6 avril 1718, Prokopovitch avait prononcé un discours, ou
plutôt tout un traité, Sur le pouvoir et la dignité des Tsars ; que c'est Dieu lui-même
qui les a établis dans le monde; que les Tsars doivent être honorés et obéis ; qui sont
ceux qui s'opposent aux Tsars et quel péché ils commettent. (Слово О власти л чести
Царской, яко отъ самаго Бога, etc.) Saint-Pétersbourg, 1718. Ce discours, où Prokopo-
vitch se proposait de justifier la conduite de Pierre vis-à-vis de son fils Alexis, qu'il
avait fait juger par un concile d'évêques assemblé à Moscou, préparait les voies
à l'établissement du Synode. Prokopovitch s'y répand en invectives contre ceux du
clergé qui refusaient d'obéir au Tsar, et attaque l'indépendance de l'ordre ecclé-
siastique du pouvoir civil. (Voir Samarin, op. cit., pp. 181 et seq. Pekarski, op.
cit., II, p. 404.) Mais la nécessité de défendre Pierre devint plus inmérieuse après
le fait accompli. L'abus du pouvoir devait être représenté comme l'exercice d'un
pouvoir légitime, et l'asservissement de l'Egiise comme un bienfait. De là la né-
cessité de battre eu brèche l'indépendance du pouvoir ecclésiastique et d'ériger en
dogme l'autorité suprême du Tsar. Prokopovitch ne manqua point à cette tâche ;
de plus il en fit un devoir à tous les prédicateurs de la parole divine en Russie.
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DES PREDICATEURS. 169
chaque état ; ils doivent extirper les superstitions, mettre dans les
cœurs des hommes la crainte du Seigneur; en un mot, ils cher-
cheront dans l'Écriture « quelle est la volonté de Dieu, sainte,
agréable à ses yeux et parfaite » (Rom., xn, 2), et ils la prêcheront1 .
3. En traitant des péchés, ils en parleront en général sans
nommer personne à moins que le pécheur n'ait été publique-
ment dénoncé par toute l'Église. De plus, s'il court de mauvais
bruits sur quelqu'un, par rapport à tel ou tel péché, le prédica-
teur ne devra point parler de ce péché dans ses sermons, car s'il
en parlait, même sans indiquer nommément la personne, le
peuple croirait qu'il tonne contre le pécheur; celui-ci, en serait
aigri davantage, et, dès lors, au lieu de songer à se corriger, il
songerait plutôt à tirer vengeance d'un tel prédicateur. Quel
avantage en resulterait-il ? Et s'il arrivait qu'un pécheur orgueil-
superstitiones, hominum cordibus Dei timorem verbo insinuent;
ut rem paucioribus absolvam, debent scrutari et probare ex Sacra
Scriptura : « Quae sit voluntas Dei bona et bene placens et perfecta »
(Rom., xn, 2) et de bac exequenda concionari l.
3. De peccatis universe estloquendum, nulliushominis, nisi quis
a tota Ecclesia proclamatus esset, facta mentione. Si itidem turpis
quidam de cujusdam personae facinore ruinor dissemioaretur Prae-
dicalor id flagitium silentio in concione praeteribit. Simul enim
atque illius facinoris, nulla licet personae nominatim injecta men-
tione, meminerit, ex populi conjectura concionator sanna illamper-
sonam impetere credetur. Quo fiet, ut ejusmodi bomo acerbiore
affectus dolore, non ad frugem redeundi, sed ultionisatali concio-
natore sumendae studio tenebitur. Quid igitur inde commodi?Pec-
catnealiquis graviter? divinam legem habens despicatui ? et suum
(I) Comme complément de ce qui est dit dans cette deuxième règle, Prokopo-
vitch rédigea une liste des sujets sur lesquels un prédicateur doit instruire le
peuple chrétien. Sous la rubrique « Vices dominants » on y remarque la fausse
aumône, dont Prokopovitch parle aussi longuement dans le « Règlement » (Voir
plus loin, IIIe part., g Ier, n° xn), et Yaversion pour les étrangers. —(Voir Samarin,
op. cit., pp. 127-128.)
170 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
leux, méprisant la loi divine, divulguât lui-même le crime qu'il
a commis, ce sera FÉvêque, et non pas un prêtre quelconque, qui
devra le punir de la manière que nous avons indiquée plus haut,
en parlant de l'anathème, au sujet des obligations des Évêgues1.
4. Certains prédicateurs ont la coutume de se venger dans
leurs sermons de ceux qui leur ont fait quelque injure, non pas à
vrai dire en attaquant ouvertement la réputation de leurs enne"
mis, mais en parlant de telle manière que les auditeurs peuvent
bien comprendre de qui il est question.
Ces prédicateurs-là sont les pis vauriens qui existent, et on
leur infligera un rude châtiment.
5. Il sied fort mal à un prédicateur, surtout s'il est jeune,, de
parler des péchés de ceux qui gouvernent 2, ou de prendre un ton
peccatum consulto et superbe jactat? Episcopi intererit ea ratione
quae inter Episcoporum munia, ubi de anathematis diximus vin-
culo praescribitur 1, non itidem cujusque praesbyteri in illum ani-
madvertere.
4. Quidam concionatorum deprehenduntur hacce gaudere con-
suetudine, ut ab aliquo ad ira.m provocati, concionantes ulcisci
conentur ; et quanquam suppresso nomine alterius famam calum-
nientur, ita tamen, ut auditores facili negotio, adquem sermo diri-
gatur, colligant.
Hujusmodi concionatores sunt perfecto nebulones nequissimi,
atrocique poenae sunt subjiciendi.
5. Magno dedecori adscribitur concionatori, praesertim aetatis
haudquaquam provectae : si imperiose 2 peccata, quasi praesen-
(1) Voir plus haut gg 1-3. Devoirs des Évêques. № xvr, pp. 73 et suiv.
(2) Ce que nous avons traduit : parler des pe'chés de ceux qui gouvernent, c'est l'expres-
sion russe : говорить о гр-вхахъ властительскихъ, telle qu'on la trouve dans l'édition
du « Règlement » que nous avons employée pour cette traduction (Moscou, 1861,
p. 67) et, qui plus est, dans la Collection complète des lois de l'empire russe (Цо.ш. Собр.
etc. 1" série, tome VI, p. 338, n° 5.) L'anglais traduit comme nous : to treat on
the vices of Govemours (Consett., p. 88). — Toutefois le latin : imperiose peccata cxpro-
brare, et l'allemand : so zu reden als ob er Autoritœt hœtte (Geistl. Regl.,p. 56), nous
font supposer que d'autres éditions portent l'adverbe : властительски (avec autorité) au
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DES PREDICATEURS. 171
de reproche vis-à-vis des auditeurs, comme en disant par exemple :
« Vous n'avez point de crainte de Dieu ; vous n'avez aucun amour
» pour le prochain ; vous êtes sans miséricorde; vous vous offen-
» sez les uns les autres. » Il doit plutôt employer la première per-
sonne du pluriel, et dire : « Nous n'avons point de crainte de
» Dieu ; nous n'avons aucun amour pour le prochain ; nous
» sommes sans miséricorde; nous nous offensons les uns les
» autres. » Cette manière de parler est plus douce, le prédicateur
se mettant lui aussi au nombre des pécheurs, ce qui est bien
la vérité car « nous commettons tous beaucoup de fautes. »
(Jacq. , m, 2.) C'est aussi ce que fait l'Apôtre Paul, lorsque
reprenant ces Docteurs qui, pleins d'estime pour eux-mêmes,
désiraient que leurs disciples prissent leur nom; il n'indique
point ces Docteurs par leurs noms, mais attribue en quelque
sorte la faute à lui-même, aussi bien qu'à ses amis Pierre et
tibus auditoribus, exprobrare annitatur. Si, exempli causa, in hune
modum loquatur : « Deum non timetis, non amatis invicem, cru-
.) delesestis, alteri in alteros estis injuriosi. » Sed magis congruum
est, ut in prima plurali persona proférât in hune modum : « Deum
» non limemus, mutuae erga proximos charitatis sumus expertes,
» sumus immisericordes, alter alteri invicem sumus injuriosi. »
Haec enim formula ioquendi est mitior, utpote concionatorem pec-
catorum numéro complectens.Quodquidemesse verissimum ex eo :
« In multis enim offendimus omnes, » (Jac, ni, 2) evincitur. Ita etiam
Paulus Apostolus eos Doctores, qui alta de se concepta opinione
tumidi, discipulos de suo nomine nuncupatos volebant, redarguens,
suppressis nominibus , quasi sibi suisque sociis Petro et Apollo
lieu de l'adjectif : властительскихъ (dérivé de властитель, maître, souverain). De
fait, Samarin, qui rapporte ces règles dans sa dissertation (pp. 126-131), a imprimé :
говорить о грЪхахъ властительски (op. cit., p. 129).
Quoi qu'il en soit — même indépendamment de l'autorité décisive du Полное
Coôpaaie Закоповь — la variante que nous avons suivie est trop conforme à tout
l'esprit du « Règlement >., pour que nous nous arrêtions à justifier la préférence
que nous lui avons donnée sur l'autre, après tout seulement supposée.
172 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
Apollon. « Chacun de vous, » dit-il dans sa première Épître aux
Corinthiens, au chapitre premier, a. chacun de vous dit : Moi je
» suis à Paul, et moi à Apollon, et moi à Céphas, et moi à Jésus-
» Christ. Jésus-Christ est-il donc divisé? Est-ce que Paul a été
» crucifié pour vous? ou avez-vous été baptisés au nom de Paul? »
(fjf. 12, 13.) Et lui-même atteste plus loin, qu'il a pris cette faute
sur lui conjointement avec les autres. En effet, après en avoir
longuement parlé, il fait au chapitre quatrième l'aveu suivant :
« Du reste mes frères, j'ai proposé ces choses en ma propre per-
» sonne et en celle d'Apollon, afin que vous appreniez par nous
» à ne point vous estimer au delà de ce que je vous ai écrit, etc. »
(I Cor., iv, 6.)
6. Chaque prédicateur doit avoir chez lui les œuvres de saint
Chrysostome, et les lire assidûment. De cette manière il se
mettra à même de composer des sermons d'une diction
à la fois très-pure et très-claire, bien qu'inférieurs à ceux
de Chrysostome. Mais quant à ces auteurs superficiels et
culpam illam imputari patitur : « Unusquisque, inquit, vestrum dicit :
» Ego quidem sum Pauli : Ego autem Apollo : Ego vero Cephae ;
» Ego autem Christi. Divisus est Christus? J\umquid Paulus crucifixus
» est pi о vobis ? Aut in nomine Pauli baptizati estis ? » (I Cor. , 1, 12, 13.)
Hanc autem culpam in se atque in alios transtulisse ipse testatur.
Fuse etenim de hoc disserens, tandem fatetur : « Haec autem fratres
» transfiguravi in me et Apollo propter vos, ut in nobis discatis, ne supra
» quam scriptum est, unus adversus alterum infletur pro alio, etc. »
(Ib.,iv, 6.)
6. Cujusque concionatoris refert, libros sancti Chrysostomî ad
manushabere, inque iis diurna nocturnaque manu evolvendis exer-
citari. Hoc etenim modo cultioris et clarioris concionis concin-
nandae. Quanquam Chrysostomi operi neutiquam aequiparan-
dae, facilitatem comparabit , a futilibus vero concionatoribus
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DES PREDICATEURS. 173
pleins d'arguties, comme sont surtout les Polonais l, il n'en lira
point.
locutuleis, cujusmodi sunt quidam Poloni1, legendis abstineat,
oportet.
(1) Les auteurs ainsi désignés ne sont pas seulement les Catholiques, dont Pro-
kopovitch parle plus en détail dans les Proiegomena à son. « Système théologique »,
mais aussi les Russes qui imitaient leur manière de prêcher. — Jusqu'au dou-
zième siècle, il n'y eut point en Russie de prédication proprement dite ; dans les
églises on lisait presque exclusivement les homélies de saint^ Jean Ghrysostome, de
saint Grégoire de Nazianze, de saint Basile et de saint Éphrem de Syrie. Plus
tard, on essaya peu à peu d'imiter les saints Pères, mais jusqu'au seizième siècle la
prédication ne fut point cultivée en Russie comme une branche spéciale de l'ensei-
gnement ecclésiastique. Ici nous laissons la parole à Samarin. a Au seizième siècle,
» dit cet auteur, commença dans la Russie méridionale l'influence du catholicisme
» et de la science de l'Occident sur l'éducation de notre clergé. On institua des
» écoles dans lesquelles on enseignait, outre le reste, la rhétorique et Jes règles
» pour la composition des sermons. A partir de cette époque, l'éloquence sacrée
» se borna aux formes abstraites de la science et se ressentit du goût de ses
» maîtres. Il surgit une école de prédicateurs, et l'influence du catholicisme se
« manifesta dans le fond aussi bien que dans la forme de leurs compositions.
» Dans la Russie méridionale, la prédication constitua au dix-septième siècle une
» obligation spéciale que remplissaient, auprès des monastères et des églises cathé-
» drales, les ecclésiastiques sortis des Académies et inscrits parmi les prédica-
» teurs... » (Op. cit., p. 47.)
Nous ne nous arrêterons point aux défauts relevés par Samarin et Prokopovitch
chez les orateurs catholiques de leur temps. A ceux qui voudraient étudier l'esprit
et la forme de la vraie prédication catholique, nous indiquerons les Instructiones
prœdicationis verbi Dei, de saint Charles Borromée, insérées dans les Acta Ecclesiœ me-
diolanensis, et publiées aussi à part. Comparées à celles de Prokopovitch, elles
fourniront matière à d'utiles réflexions. — Le passage de Samarin, qu'on vienc
de lire, nous suggère plutôt une réflexion très-importante pour notre sujet ; c'est
que l'avertissement qui termine la règle sixième trahit chez les auteurs du
« Règlement » une toute autre préoccupation que celle concernant la forme littéraire
des sermons. L'influence exercée par le catholicisme sur la prédication russe ne
se bornait pas à la forme, elle s'étendait aussi à la 'doctrine. Or, il y avait en
Russie un prélat — polonais de naissance et jouissant d'un grand crédit auprès
du peuple — qui personnifiait, pour ainsi dire, en lui-même l'influence dont nous
parlons. Etienne Yavorski (voir plus haut, p. 115, note [1]) suivait d'un œil inquiet
les réformes inaugurées par Pierre ; il ne partageait pas l'engouement du Tsar pour
les étrangers et, vigilant gardien de l'orthodoxie, il craignait que la Russie
n'achetât les avantages de ses réformes au prix de sa foi. L'opposition de Yavorski,
bien que tacite, était incommode. Ce prélat était loin de posséder l'énergie et la
force d'âme de Nicon, mais son caractère personnel, son savoir et ses vertus en
faisaient un adversaire trop respectable pour ne pas être craint, au moins dans
174 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
7. Si le prédicateur remarque qu'il résulte de sa parole du
bien pour le peuple., il ne s'en glorifiera point. Si, au contraire,
il ne remarque aucun fruit, il ne s'en fâchera pas : surtout il ne
se répandra point en invectives contre ses auditeurs. Sa mission
est de parler; mais la conversion des cœurs des hommes est
l'œuvre de Dieu. « C'est moi qui ai planté; c'est Apollon qui
» a arrosé; mais c'est Dieu qui a donné Г accroissement . »
(I Cor., ni, 6.)
8. Ces prédicateurs là agissent sottement, qui haussent leurs
sourcils, qui affectent des mouvements d'épaules dédaigneux et
7. Concionator si suam populo prodesse concionem sciât, ne glo-
rietur ; sive sciât non prodesse, ne succenseat, nec auditores ca-
lumnietur. Concionatorum est loqui, convertere vero corda Dei
opus est. « Ego plantavi, Apollo rigavit, Deus vero dédit incremen-
» tum. » (I Cor., m, 6.)
8. Indecore inepteque se gérant concionatores, qui sua attollunt
supercilla, humerorum gestibus superbiunt, ipsaque peroratione
une certaine mesure, à cause du peuple. Pierre préféra de le ménager, si bien
qu'il en fit le premier Président du Synode. En même temps, cependant, lui et
Prokopovitch travaillaient d'accord pour mettre Yavorski dans l'impossibilité de
nuire à leurs plans. Dans ces règles concernant les prédicateurs , Prokopovitch
prend à tâche de relever, en les exagérant, les défauts qu'on attribuait à Yavorski,
et inaugure par les préceptes, comme il avait déjà fait par l'exemple, une école
nouvelle de prédication, plus allemande que russe, plus protestante qu'orthodoxe.
Aidée par tous les moyens dont savait et pouvait disposer un Tsar comme Pierre,
la nouvelle école réussit à se mettre à la place de l'ancienne, et triompha défini-
tivement.
Pour ce qui est de la prédication -de Prokopovitch en particulier, nous citons ne
pas être les premiers à remarquer qu'il y aurait de quoi établir, à cet égard, un inté-
ressant parallèle entre lui et Luther. L'un et l'autre furent réformateurs, l'un et
l'autre employèrent avec succès l'arme formidable de la parole, l'un et l'autre eurent
à manier une langue qui n'était pas encore formée et à laquelle ils donnaient, par
leurs écrits mêmes, une littérature; chez l'un comme chez l'autre la force et l'énergie
sont les caractères distinctifs. Même dans les trivialités du langage, Propokovitch
n'est pas sans quelque point de ressemblance avec Luther bien que ce dernier reste,
en cela, seul à sa hauteur. L'apostrophe suivante de Propokovitch à Mazeppa témoi-
gne de l'énergie de l'orateur : « Sale personnage ! masque abominable ! c'est là,
о petite Russie, ton escarre et ta honte !. . . » — (Samarin. Op. cit., p. 145.)
DES ÉTABLISSEMENTS D'INSTRUCTION. — DES PREDICATEURS. 175
qui, dans leurs sermons, glissent des phrases auxquelles on peut
reconnaître qu'ils sont épris d'eux-mêmes. Un docteur sensé, au
contraire, doit avoir soin, autant que possible, de montrer par
son langage et par son maintien qu'il ne pense nullement ni à
son talent, ni à son éloquence. C'est pourquoi, il convient de jeter
çà et là, dans les sermons, des paroles par lesquelles on s'abaisse
de soi-même, comme par exemple : «Je prie votre charité de ne
» point considérer celui qui vous parle ; car quel autre témoi-
» gnage puis-je porter de moi-même, sinon que je suis un
» pécheur? Croyez à la parole de Dieu, car c'est dans la Sainte
» Écriture l et non point dans mon propre fonds que j'aurai soin
».de puiser ma doctrine; » et autres expressions semblables.
laie quidpiam produnt, ut sui ipsorumadmiratione capi videantur.
Prudentis porro Doctoris est, quantum potueritperoratione et totius
corporis habitu talem se exliibere, ut de sui ingenii acumine, aut
de eloquentia ostentandis ne cogitarequidem credatur.ldcirco non
raro interponendae sunt ejusmodi, cum quadam propria conciona-
toris humili extenuatione, excusationes, exempli causa : « Obsecro'
» vestram pietatem : ut non habeatis rationem verba facientis ; Quid
» enim de me possum aliud dicere, quam me peccatorem esse fateri ?
» verbo Dei fîdes est habenda, quoniam ex Sacris Literis \ non
» vero ex meo ingenio deprompturus sum ea, quae preferam; » et
id genus.
(1) C'est bien la quatrième fois que Propokovitch revient, dans ces règles, sur
l'Écriture. Pas un mot de l'Église, qui n'est pas nommée non plus dans la liste des
sujets mentionnée ci-dessus (note, p. 169); Samarin lui-même a relevé cette lacune.
(Op. cit., p. 127). Cela nous amène à parler de la manière dont Propokovitch employait
l'Écriture; ici encore nous sommes bien aise de citer Samarin. « A cette époque,
» dit-il, s'accomplissait dans le domaine de renseignement ecclésiastique une ré-
» forme qui devait avoir aussi une puissante influence sur l'éloquence sacrée.
» Théophane Propokovitch, fondateur d'une école spéciale dans la science théolo-
» gique, s'éleva avec force contre l'influence des traditions catholiques qui s'étaient
» glissées dans notre Église, et travailla avec zèle à les déraciner. Dans ce travail
» critique il ne prit pour guide que l'Écriture seule et l'interprétation individuelle .
» Il voulait que la prédication servît à détruire les préjugés et les superstitions et
» à enseigner les dogmes fondamentaux d'un christianisme accessible à tous, clair
176 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
9. Il ne faut pas qu'un prédicateur s'agite beaucoup, comme
s'il ramait dans une barque, ni qu'il frappe des mains, ni qu'il
les appuie sur les flancs, ni qu'il se trémousse, ni qu'il éclate de
rire; il ne faut pas non plus qu'il sanglote, mais quand même
son âme serait fortement émue, il doit, autant que possible, rete-
9. Dedecet concionatorem mmium. motitari, ne celocem remo
agere videatur : dedecet manus complodere, lateribus manus sub-
mittere, exsultare, in risum solvi, nec etiam lacrymari. Licet si
vero turbaretur animus, oporteret eum pro virili a lacrymis absti-
» et appuyé sur des textes. Il s'éleva surtout contre les commentaires arbitraires et
» forcés et contre la coutume de chercher, à côté du sens direct, des allégories et
» des symboles. Il prescrivit qu'on se tînt strictement au sens littéral. » (Op. cit.,
p. 122.) Et ailleurs : « Suivant la règle dont il était l'auteur et le défenseur, Proko.-
ю povitch puisait ses arguments presque exclusivement dans l'Écriture ; pour lui
» chaque idée était renfermée dans un texte. Les exemples historiques, les com-
» paraisons et les similitudes se rencontrent rarement chez lui. Pour expliquer un
» texte il cite des passages parallèles, il les compare entre eux et renverse les
» possibles objections, se tenant constamment au sens littéral et expliquant l'Ecri-
» ture par l'Écriture elle-même dd.,ib. p. 137). » Et, enfin, ailleurs : « Prokopovitch
» donna à l'éloquence sacrée une nouvelle direction, et lui fixa comme fondement
» la règle suivante : Les prédicateurs chercheront dans l'écriture quelle est la volonté
» de Dieu, sainte, agréable à ses yeux et parfaite, et ils la prêcheront (V. n° 2). Mais
и avec le droit, admis par lui, de l'interprétation individuelle et avec sa manière
» exclusive de concevoir la Révélation écrite, cette nouvelle direction put facile-
» ment plier vers l'extrême protestant. » (Id. ib., p. 13 1-132.) — De son côté l'auteur
luthérien de la Dissertalio de religione Ruthenorum hodierna (V.»p. 104, note) basé
sur le « Règlement ecclésiastique » et sur le Catéchisme de Pierre le Grand,
(V. p.' 51-52, note) n'hésite pas à formuler et à défendre la thèse « que les Russes,
d'accord avec les Luthériens, considéraient l'Écriture comme seule règle de foi, et
rejetaient les traditions dogmatiques et les Conciles. » (Sola Scriptura S. ipsis est
norma fidei, exclusis traditionibus dogmaticis et Conciliis.) — (Dissertalio, etc. Gap. il.
De doctrina sacra. g§ 10, 11, 12.)
Ces citations suffisent. — Nous ne dirons rien non plus de l'étrange liberté avec
laquelle Prokopovitch use de l'Écriture pour appuyer l'autocratie des Tsars. Comme
on pouvait s'y attendre, il eut, en cela, des imitateurs. L'exemple qui suit n'offre
pas seulement l'intérêt de la singularité : nous l'empruntons à Georges Konisski
(1717-1795), archevêque de la Russie Rlanche. Dans un discours pour la fête des
saints Apôtres Pierre et Paul, ce prélat applique ainsi aux Tsars le texte : Tu es
Petrus, etc. (Matt., xvi, 18) : « ...Lorsque, nos Souverains, ô Christ Sauveur, Vous ré-
» pondent, comme jadis Pierre, Tu es le Fils du Dieu vivant, alors Vous leur
» répondez aussi ce que Vous répondîtes à votre Apôtre, quand il confessa que
» Vous êtes le Fils du Dieu vivant : « Vous (ô Tsar), vous êtes Pierre, vous êtes
DES ETABLISSEMENTS D INSTRUCTION. — DES PRÉDICATEURS. 177
nir les larmes. Tout cela est superflu, mal séant et propre à
troubler les auditeurs i.
10. S'il arrive que le prédicateur, après le sermon, soit invité à
dîner quelque part, ou qu'il se trouve engagé en quelque con-
versation avec du monde, il ne devra faire nulle mention de son
sermon ni pour s'en vanter, ce qui serait une grande impudence,
ni même pour le censurer spontanément, car en agissant ainsi,
il paraîtrait vouloir exciter les autres à en faire l'éloge. Et si
quelqu'un commençait à louer son sermon, le prédicateur devra
montrer, par son maintien, qu'il éprouve de la honte en l'enten-
nere; haec enim omnia sunt superflua, a decoro aliéna, et nauseam
fastidiumque pariunt auditoribus l.
10. Concionatori suo munere perfuncto, si convivio, vel famîliari-
Ims interesse contigerit colloquiis, nulla suae concionis facienda
est mentio, nec illa est laudanda, id enim maguam arguit impuden-
tiam, nec de industria est culpanda, divinare siquidem inde Hcebit,
illum occasionem aliis subministrare suae concionis laudilms efie-
rendae. Quamquam vero proruperit non nemo in concionatorislau-
dandam concionem, oportebit, ut concionator indicium det se non
» une pierre solide, sur votre confession orthodoxe j'affirmerai à la fois l'Église
» russe et votre trône impérial, et les portes de l'enfer n'en triompheront point. »
(Собрате сочциешй Георпя Конисскаго [Recueil des œuvres de Georges Konisski.] 2e éd.
Saint-Pétersbourg, 186t. T. I, p. 233.)
La flatterie envers les Tsars prit de telles proportions que l'Empereur Alexan-
dre Ier se crut obligé, en conscience, de défendre par un ukase nominal « qu'on
» appliquât, dans les sermons, à la personne de Sa Majesté impériale des louanges
» qui n'appartiennent qu'à Dieu seul » (въ р1>чахъ относить къ лицу Государя Импе-
ратора ташя похвалы кашя принадлежать единому Богу). — Поли. Собр. Зак. l'e série
(27115) 27 oct. 1817.
(1) Suivant l'auteur luthérien d'une Réplique à l'ouvrage d'Etienne Yavorski « La
pierre de la foi » (Возражеше на « Камень в*ры ») tout ce qui est dit dans les
règles 4, 7 et 9 au sujet des défauts qu'on doit éviter, est une satire à l'adresse
de Yavorski. Prokopovitch donne ainsi l'exemple de la façon dont il pratiquait
lui-même le précepte établi dans la règle 4°. — V. Pekarski, Op. cit., t. I, p. 495.
Samarin, Op. cit., p. 130.
12
178 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES. — § 4.
dant, et, par toute sorte de moyens, il se soustraira aux éloges et
amènera la conversation sur un autre sujet 1 .
§ 5-
DES PERSONNES DU MONDE, EN TANT QU'ELLES SONT ATTEINTES PAR
LA DISCfPLINE ECCLÉSIASTIQUE.
Bien qu'il y ait peu de chose à dire dans ce paragraphe,, il faut
cependant que nous le fassions précéder d'une petite courte
posse audire encomium, quin rubore suffundatur; sermonemque a
laudibus aliorsum data opéra retorquebit l.
SAECULARES SEU MUNDANI QUATENUS SPIRITUALIS DISCIPLINAE SUNT
CAPACES.
Quamquam pauca, quae dicenda sunt, haec sectio complectatur,
utfrimen dilucidiusinnotescat : quare saeculares homines mundani
(1) Nous terminerons nos remarques sur ces règles, — dont plusieurs sont, à la
vérité, fort pratiques et très-opportunes pour les prédicateurs de tous les pays —
en citant la disposition suivante du Statut des Consistoires ecclésiastiques : « Le clergé
» est tenu de lire au peuple, pendant l'office divin, quelque instruction tirée de
» l'Écriture ou des Saints Pères, ou des livres spécialement désignés à cet effet.
» Ceux des prêtres qui ont reçu l'instruction nécessaire' doivent, en outre, pro-
» noncer des discours composés par eux-mêmes et approjjriés à l'intelligence et
» aux besoins des auditeurs de l'endroit. Ces derniers discours seront soumis à la
» révision soit du Bligotchinny, soit du Censeur, autant que possible avant d'être
» prononcés. Les discours qui, par n'importe quelle circonstance, ne leur auraient
в pas été soumis auparavant, devront, au moins, être remis au Censeur, après qu'ils
» auront été proooncés. » (Уст. Дух. Консист., art. 9.)
Nous ne sommes nullement contraire à ce que l'autorité compétente exerce un
bienfaisant contrôle sur ce qui est débité en chaire. Mais quand on songe à ce
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 179
Introduction, afin qu'on puisse mieux saisir pourquoi les
« personnes du monde » sont ainsi appelées et qu'est-ce qui les
distingue de l'état ecclésiastique.
Le nom de « monde » est employé en trois sens différents :
1. On appelle monde (rus. mir.) l'ensemble des choses situées
sous le soleil et qui constitue la demeure des hommes. Ce n'est
point en ce sens qu'on appelle « personnes du monde » (russe :
miriane), les hommes qui ne sont pas engagés dans le service
de l'Église, car ceux qui composent l'état ecclésiastique, vivent
eux aussi dans le même monde que les autres.
2. On applique le mot de monde aux hommes seuls, en tant que
créatures corporelles mais intelligentes. — Ce n'est pas encore
dans ce sens que l'on appelle « personnes du monde » ceux qui
n'appartiennent pas à l'ordre des ministres de l'Église ; en effet
nul prêtre ou autre ministre de l'Église ne voudrait refuser la
dénomination de « personne du monde, » prise dans ce sens.
— C'est encore en ce sens qu'est employé le mot monde, chaque
nuncupentur? et per quod a spirituali ordine différant? brevi indi-
gent praefatione.
Hoc vocabulus mundus triplici sumitur significatu.
1. Universus terrarum orbis,qui a mortalibus inhabitatur, mun-
dus vocatur, non hoc tamen sensu hornines muniis ecclesiasticis
non ornati dicuntur « mundani » quoniam et spirituales una cum
aliisejusdem mundi sunt incolae.
2. Mundus sumitur simpliciter pro hominibus, prout sunt crea-
turae corporeae, ratione nihilominus praeditae. — Nec hoc rursum
sensu homines ecciesiastico clero non addicti « mundani » vocan-
tur; nullus quippe sacerdos, aut clericus aegre fert hoc sensu
« mundanus •> appellari. Ubicumque mundo aliquid boni tribui-
qu'est la censure en Russie et à qui elle profite, la pensée se reporte involontai-
rement à ce qu'affirmait le. grand Apôtre des nations : « La parole de Dieu n'est
point liée n Verbum Dei non est alligatum. (II Tim., It, 9.)
180 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
fois qu'on lai attribue quelque chose de bon, comme dans cet
exemple : « Dieu a tellement aimé le monde, etc. * »
3. Monde, indique souvent la malice et la vanité des hommes, ou
bien les hommes eux-mêmes, en tant que méchants et vains,
ainsi que s'exprime l'Apôtre Jean dans sa première Épître, au
chapitre deuxième : « N'aimez point le monde ni ce qui est dans
» le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est
» point en lui. Car tout ce qui est dans le monde est ou convoitise
» de la chair ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie ; et
» tout cela ne vient point du Père mais du monde, » (ff. 15, 16.)
Ce n'est pas encore du monde, ainsi entendu, que les « personnes
du monde » tirent leur dénomination, car Jean n'écrit pas aux
prêtres mais aux Chrétiens en général, ou, comme il s'exprime
lui-même dans sa lettre : « aux pères {Ib.,u, 13) aux adolescents
(lô., ib.) et aux petits enfants 2 (Ib., 14) ; » c'est-à-dire à tous sans
tur, dictum sensum admittit, ut est : « Ita Deus dilexit mundum,
et caet. *»
3. Mundus fréquenter significat malitiam hominum et vanita
tem, vel ipsos homines, quatenus pravos et vanos. Prout Joannes
Apostolus loquitur : aNolite dHigere mundum, neque ea quae in mundo
vsunt.Si quis diligit mundum, non est chantas Patris in eo, quoniam
» omne, quod esî in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia
» oculorum, et superèia vitae, quae non est ex Pâtre sed ex mundo est. »
(1 Joan.,11,15, 16.)Nectamen ab hoc mundi significatu « mundani »
nomen mutuantur. Joannes enim non ad unos scribit sacerdotes,
sed ad omnes Christianos, utpote ad parentes, ad juvenes et ad
pueros 2, id est ad oinnis aetatis homines verba faciens ; nec enim
(1) « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que
» quiconque croit en lui ne périsse point mais qu'il ait la vie éternelle. » Sic Deu
dilexit mundum ut Filium suum unigenitum daret, ut omnis qui crédit in eum non
pereat sed habeat vitam œternam. (Joan., ni, 16.)
(2) « Je vous écris, pères, parce que vous avez connu Celui qui est dès le com-
» mencement. Je vous écris, adolescents, parce que vous avez vaincu le malin
» esprit. Je vous écris, petits enfants, parce que vous avez connu le Père... N'aimez
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 181
distinction d'âge. Et l'on ne peut nullement dire qu'il leur con-
seille, par ses paroles, l'état monastique ou ecclésiastique.
De même le mot spirituel (rus. douchovny), qui est l'opposé
d'« homme du monde,» ou mondain — si l'on prend le mot monde
dans sa troisième signification — le mot «spirituel » disons-nous
n'indique ni les moines ni les ministres de l'Église dans le pas-
sage de la première Épître aux Corinthiens, au chapitre deuxième
vers la fin, où l'Apôtre Paul établit une comparaison entre
« l'homme animal » et « l'homme spirituel ». En effet, dans cet
endroit, l'Apôtre appelle «animal «l'homme qui, privé de la grâce
du Saint-Esprit est, de lui-même, porté à toute sorte de mal, et
très-incapable de tout bien qui soit agréable à Dieu, comme
sont tous ceux qui n'ont pas été régénérés l. Le même Apôtre
dicere possumus hisee verbis monasticum, aut ecclesiasticum sta.
tum ab Joanne illis commendari.
Pariter hoc quoque vocabulum « Spiritualts » quod mundano in
tertia significatione usurpato opponitur, non monacbis clericisque
tantum Paulus. adfinem secundi capitis primae ad Corinthios epi-
stolae, tribuit designandis, quo loco Apostolus « spiritualem » cum
« animali » homine comparât. Porro « animalem » illo loco appellat
eum, qui gratiae Spiritus Sancti expers, et propriis viribus relictus,
omnigeno malo perpetrando est deditus,cum e contrario ad bonum,
quod Deo placeat operandum, naturales illius vires prorsus sint
ineptae ; cujusmodi sunt universi, quotquot sunt non renovati *.
ч point le monde, etc. » Scribo vobis, patres, quoniam cognovistis eum qui ab initio
est. Scribo vobis, adolescentes, quoniam vicistis malignum. Scribo vobis, infantes, quo-
niam cognovistis Patrem... Nolite diligere mundum, etc..(l Joan ,.u, 13, 14.)
(I) Relevons celte proposition entièrement protestante. En fait, les Réformateurs
du seizième siècle soutinrent que, jiar le péché originel, l'homme avait perdu l'image
de Dieu et, avec elle, toute puissance à faire quoi que ce fût de bien. Procédant
plus loin encore, ils enseignèrent que l'homme n'avait gardé, après le péché
originel, d'autre capacité que pour le mal. Ainsi Mélanchton n'hésitait pas à
affirmer que la constance de Socrate, la chasteté de Xénophon, la tempérance de
Zenon « ne doivent pas être considérées comme de véritables vertus, mais comme
des vices (...non debent pro veris virtutibus std 'pro vitiis haberi. *>) Calvin avançai t
182 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
appelle, au contraire, « spirituel » l'homme qui est éclairé, ré-
généré, et conduit par le Saint-Esprit. Ainsi tout homme méchant,
prêtre ou laïque, est « animal, » et tout homme conduit par le
Saint-Esprit, prêtre ou laïque, est «spirituels. С 'est pourquoi sain^
Pierre n'accorde pas la dénomination de sacerdoce au seul ordre
« spiritualem » contra vocat eum, qui illuminatus et renovatus, a
Sancto Spiritu ducitur. Ideoque sive sacerdos, sive quis ex plèbe sit
pravus, est « animalis » et vice versa : sive sacerdos, sive mun-
danus, Spiritu Sancto ducatur (ad Rom., vïii, 14.) est « spiri-
tualis i ». Haec est eausa^ cur sanctus Petrus titulo sacerdoth
hardiment que, de notre nature corrompue, rien ne peut sortir qui ne soit digne de
condamnation (...ex corrupta hominis natura nihil nisi damnabile prodire). Le
lecteur trouvera recueillies dans la Symbolique de Môhler (éd. franc., Besançon, 1836 ;
Bruxelles, 1838) les assertions des chefs de la Réforme, sur la doctrine de la
justification.
L'Église catholique qui, de tout temps, a également défendu contre le mensonge
les droits de la grâce et ceux de la nature, condamna les propositions de Baïus, de
Jansenius et de Quesnel qui, sous une forme plus ou moins mitigée, reproduisaient
les erreurs des Novatiens; entre autres les suivantes : Liberum arbitrium, sine
adjutorio Dei, nonnisi ad peccandum valet (XXVIIe de Baïus) ; Omnia inflclelium
opéra peccata surit, et philosophorum virtutes sunt vitia (XXVe de Baïus) ; ... Quid
aliud 'esse possunt nisi aberratio et nisi peccatum, sine fidei lumine, sine Christo, sine
charitate? (xLvme de Quesnel), etc. — Elle enseigne que Dieu, lorsqu'il créa
l'homme, l'éleva par un pur effet^ de sa bonté à l'état surnaturel, c'est-à-dire
qu'il le destina à la vision intuitive de la divinité, lui accordant pour cela la grâce
sanctifiante et l'enrichissant de plusieurs dons extra-naturels tels que l'immorta-
lité, etc. Par le péché Adam perdit, avec la grâce sanctifiante, ces dons extra-
naturels et, selon l'expression du Concile de Trente (Sess. v, cap. i) « fut détérioré
dans son âme et dans son corps. » Cependant l'image de Dieu, quoique obscurcie, de-
meura encore dans l'homme et il garda aussi le pouvoir d'opérer quelque bien qui
le disposât, avec l'aide delà grâce, à recouvrer l'état surnaturel. Avant d'être
régénéré par le baptême, et même sans un secours spécial de la grâce, l'homme
peut connaître plusieurs vérités de l'ordre naturel, en suivre les préceptes quand
ils ne sont pas difficiles, et résister aussi à plusieurs tentations. (Voir, dans tous
les Cours de théologie catholique, le Traité sur la grâce.)
L'auteur luthérien, plusieurs fois mentionné, de la Dissertatio de religione Ruthe-
norum hodiema (voir plus haut, p. 53, note et passim), soutient que Pierre et
Prokopovitch niaient le libre arbitre. Il y a, en effet, de quoi le supposer d'après le
langage du « Règlement » en cet endroit.
(1) Voici les textes de saint Paul auxquels fait allusion le « Règlement »: « L'homme
» animal ne perçoit pas' les choses de l'Esprit de Dieu ; elles lui paraissent une
» folie, et il ne peut les comprendre, parce qu'on n'en juge bien que par l'esprit.
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 183
des ministres de l'Église, mais à lous les Chrétiens en général.
« Vous êtes, dit-il, la race choisie, le Sacerdoce royal, la nation
» sainte, le peuple conquis, afin que vous annonciez les grandeurs
» de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa lumière admi-
» ràble. » (I Pierre, h, 9.) Il est dit de même dans l'Apocalypse :
« Vous nous avez fait rois et prêtres pour notre Dieu. »
(Apoc, v, 10).
Il était nécessaire de mettre en avant ces considérations, parce
que, par ignorance de ces choses, il se fait et se dit bon nombre
d'absurdités, au grand préjudice des âmes. Ainsi il arrive parfois
qu'un laïque, par ignorance de ces choses, croit ne pas pouvoir
se sauver pour cela même qu'il n'est phsdoukkovnyi (spirituel,
ecclésiastique ; de doukh, esprit) mais mirski (mondain, laïque ;
de mir, monde) '. C'est aussi par ignorance de ces choses, que
non solum in elerum relatos, sed universos in génère Christianos
comprehendit. a Vos, inquit, genus élection, j'égale Sacerdotium, gens
» sancta, populus acquisitionis : ut virtutes annuntietis ejus, qui de
» tencbris vocavit vos in admirabile lumen suum. » (I Pctr., n, 9.) Idem
fere ipsum in Apocalypsi legimus : « Fecisti пол Deo nostro reges
» et sacerdotes. » (Apoc, v, 10.)
M quidem ideo praemittendum erat, quia, hoc ignorato, mulla
fiunt et docentur deliria, quae animabus pestem inférant. Homo
saecularis hujus ignarus noonunquam opinatur se, ob id ipsum
quod non sit in clero sed « mundanus ' », non posse salvari. Hujus
» — Mais l'homme spirituel juge de tout et n'est jugé par personne. » Animalis
autem homo non percipit ea quœ sunt Spiritus Dei; stultilia enim est illi, et non potest
intelligere quia spiritualiter examina tur . — Spiritualis autem judicat omnia et ipse a
nemine judicatur. (I Cor., il, 14, 15.)
« Tous ceux qui sont poussés par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu. » Qui-
cumque Spiritu Dei aguntur, ii sunt filii Dei. (Romv Vin, 14.)
(1) Nous avons déjà remarqué (p. 4, note) que le mot russe духовный (de духъ)
a, comme l'allemand geisilich (de Geixt, esprit), la double signification de spirituel
et d'ecclésiastique. — De même, le mot russe jiipcKiîi (de Mip'b) correspond, dans ses
diverses significations, à l'allemand weltlich (de Welt, monde).
184 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
parfois un .moine engage quelqu'un à quitter sa femme, ses
enfants, ses parents et à les haïr, « parce que, dit-il, nous avons
ce précepte : N'aimez pas le monde ni les choses qui sont dans le
» monde. » (I Jean., и, In.)
Pourquoi donc les « personnes du monde » (rus. miriane de
mir, monde) sont-elles ainsi appelées? Je réponds : — Parce qu'il
fallait qu'il y eût des hommes établis pour être les ministres
et les régulateurs de l'enseignement spirituel (ecclésiastique,
doukhovnago) comme sont les Évêques et les prêtres ; et c'est
pourquoi ceux-ci reçurent le titre d' « ordre ecclésiastique »
(doukhovnago tchina).Deplus, parce qu'ils sont les ministres du
sacrifice non sanglant, on les appelle aussi, par excellence, « les
prêtres » (sviastchennitsy. lat. sacerdotes, de sviatyi, saint,
sacré). Par conséquent les autres, qui sont leurs auditeurs et
leurs disciples, sont appelés tout simplement « personnes du
monde. »
Vous direz : A laquelle donc des trois significations qui vien-
nent d'être données du mot monde, répond la dénomination de
« personnes du monde» (miriane)?
itidem inscius monachus alteri uxorem, liberos, parentes relin-
quendos esse et odio habendos persuadet, utpote praeceptum
illud : « Non diligite mundum, neque ea quoe sunt in rnundo, »
(I Joan., п. 15.) sibi injunctum praetexens.
Quare igitur « mundani » vocantur ? Respondeo : Quoniam opor-
tebat, ut spiritualis doctrina administranda et dispensanda certis
quibusdam demandaretur ; cujusmodi sunt Episcopi et presbyteri ;
idcirco per quandam excellentiam titulum « spiritualis ordinis »
sunt adepti. Quia autem incruentum administrant saerificium,
sacerdotes per excellentiam audiunt. Consequenter reliqui, utpote
auditores horum et discipuli, simpliciter saeculares seu « mundani »
nuncupantur.
Qn aères forte : Quo sensu, cum triplex sit allatus, « mundani »
ita appellantur.
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 185
Cette dénomination se rapporte à la deuxième signification,
car tous, prêtres ou non, sont des personnes de ce monde,
c'est-à-dire des hommes. Mais ceux qui ne sont pas prêtres, s'ap-
pellent tout simplement « personnes du monde » parce qu'ils
n'ont pas été établis pour être les régulateurs ni les ministres de
l'enseignement spirituel, mais qu'ils en sont les auditeurs l.
Mais il est temps de dire quelque chose des « personnes du
monde, » (laïques), en tant qu'elles appartiennent à la juridiction
ecclésiastique.
I. Et d'abord qu'il soit notoire à tous, que chaque Chrétien
est obligé d'apprendre la doctrine orthodoxe de ses Pasteurs ;
Respondeo : Hanc denominatiouem ad secundum sensum perti-
nere ; Omnes siquidem, sacerdotes et non sacerdotes, suntmundani,
videlicet hommes. Nec « mundani » nomine sacerdotii absolute pri-
vantur, sed quatenus solum non sunt ministri et dispensa tores,
delegati ad spiritualem doctrinam, sed auscuitatores l.
Taudem nonnihil est dicendum de « mundanis » quatenus spiri-
tuaJi regimini subordinatis.
I. In primis omnes pro certo habeant, quemlibet, qui Christo no-
men dederat, in orthodoxa doctrina a suis Pastoribus esse erudien-
(1) Il n'échappera point au lecteur attentif que la doctrine renfermée dans ce
prélude, assez embrouillé, n'est rien moins que franchement orthodoxe. La distinc-
tion entre l'état ecclésiastique et les laïques, est faite uniquement consister en ce
que les premiers sont « les régulateurs (управители de управлять, diriger, adminis-
trer) et les ministres (служители, de служить, servir), de V enseignement spirituel
et du sacrifice non sanglant » tandis que les laïques sont . « leurs auditeurs
et leurs disciples. » Un Luthérien sera beaucoup plus satisfait de ces définitions
qu'un Catholique ou un Russe orthodoxe. Pas un mot de Г « ordre » comme d'un
sacrement imprimant dans l'àme un caractère- spécial et ineffaçable ; surtout pas
un mot de la « juridiction » ecclésiastique. Toute la mission des prêtres, et même
des Evêques, se réduit à l'enseignement ecclésiastique et à l'administration des
sacrements, quant au gouvernement proprement dit de l'Eglise, il appartient au
Tsar ! — C'est ainsi que les Protestants d'Allemagne ont interprété ce passage et
autres du « Règlement ». Les Jura Summi Imperantis circa sacra forment le
sujet d'un paragraphe spécial (§ 22) dans la Dissertatio de religione RtUhenarum
hodierna.
186 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
car de même que les Pasteurs ne paissent point, s'ils ne
nourrissent pas leurs brebis de la parole divine; de même
les brebis ne sont pas des brebis, mais portent faussement
ce nom , si elles refusent de se laisser paître par leurs
Pasteurs. Par conséquent, si quelqu'un méprisait ou outra-
geait la parole divine ou, ce qui est encore pis, s'efforçait, en
dehors du cas d'un motif urgent et uniquement par une cer-
taine méchanceté orgueilleuse, d'en empêcher la lecture ou la
prédication, il tombera sous la punition de l'Église, c'est-à-dire
sous le jugement de l'Évêque dont nous avons parlé plus haut
quand il a été question de Fanathême. Et s'il paraissait vouloir
employer la force il tombera sous le jugement et la condamna-
tion du Collège Ecclésiastique l.
II. Tout Chrétien est obligé de participer, au moins une fois,
par an, à la sainte Eucharistie, car c'est la plus excellente action
de grâces qu'on puisse rendre à Dieu pour la rédemption si abon-
dum. Quemadmodum enim Pastores, nisi oves, verbo Dei nutriant,
non creduntur pascere : ita quoque oves, ovium nomme almsae,
non sunt inter oves numerandae, nisi Pastorum suorum pascuis
velint se refectas. Idcirco si quis, nulla premente necessitate, sed
sola contumaci motus malitia, verbum Dei duceret despicatui vel
cavillaretur, vel, quod pejus est, data opéra obstaret, quo minus
illud legatur, aut praedicetur : ecclesiasticae censurae, sive Epi-
scopi judicio, de quo supra diximus, vel anathemati erit obnoxius;
vel si quis denique vim legibus opposuerit, ab ipso spirituali
Collegio judicatus condemnabitur *.
II. Interest uniuscujusque Cbristianorum fréquenter, vel mini-
mum semel per aimum sumere sanctam Eucliaristiam. Illam enim
(1) Nous avons vu de quelle sorte était l'enseignement renfermé dans les livres
destinés à être lus dans les églises (voir plus haut, p. 51, noie), et nous avons
insisté sur les tendances, manifestement protestantes, données à la ju-édication
russe par Pierre et Prokopovitch. L'opposition était à craindre, aussi rieu ne fut
épargné pour la prévenir ou, du moins, pour l'étouffer. C'est ce qu'on se proposait
par les prescriptions contenues dans cet article et dans ceux qui suivent.
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 187
dante qui nous a été acquise parla mort du Sauveur. « Toutes les
» fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de ce calice
» vous annoncerez la mort du Sauveur jusqu'à ce qu'il vienne. »
(I Cor., xi, 26.) C'est, en outre, un viatique pour la vie éternelle :
« Si vous ne mangez pas la chair du fils de l'homme et ne buvez
» pas son sang, vous n'aurez point la vie en vous. » fJean, vi, 53.)
C'est aussi un caractère où une marque, par laquelle nous nous
faisons connaître comme membres du corps mystique de Jésus-
Christ, c'est-à-dire en communion avec l'Église une et sainte,
ainsi que dit l'Apôtre dans sa première Épître aux Corinthiens, au
chapitre dixième : « Le calice de bénédiction que nous bénissons
» n'est-il pas la communication du sang de Jésus-Christ ? et le
» pain que nous rompons n'est-il pas la communication du corps
» de Jésus- Christ? Etant plusieurs , nous ne sommes qu'un seid
» pain et un seul corps, car tous ?ious participons à un même
» pain » l. (yy. 16-17.)
suscipientes salutis Salvatoris morte nobis comparatae et tanlopere
aestimandae memores, tam viaticum ad vitam aeternam, quam
characterem quo probemur ejusdem mystici corporis Cbrisli esse
membra. habemus ; Id est, indicamus nos participes esse unius ca-
tholicae Ecclesiae, prout testatur Apostolus : Quotiescumque man-
ducabitis panem hune, et calicem hune bibetis, mortem Domini annun-
tiabitis, donec ventât. (I Cor., xi, 26.) Nisi manducaveritis carnem filii
hominis et biberitis ejus sanguinem non habebitis vitam in vobis. (Joan.
VI, 53.) Calix benedictionis, cui benedicimus, nonne communicatio san-
glants Christi est? Panis quem frangimus, nonne participatio corporis
Christi est? quoniam unus panis, et unum corpus midti sumus ; nom
omnes de uno pane et de uno sanguine participamus l. (1 Cor., x, 16-17.)
(1) Théophane Prokopovitch croyait-il à la transsubstantiation? On l'a nié, et
la manière dont on parle ici de l'Eucharistie n'est pas assez explicite pour qu'on
puisse décider la question. Au surplus, on trouve dans les écrits de Prokopovitch
des expressions à l'aide desquelles on j^eut également soutenir le oui et le non.
Le grand-duc Pierre Féodorovitch, depuis Pierre III> pouvait lire dans la Disser-
tatio qui lui était dédiée, et que nous avons citée plusieurs fois (voir plus haut
188 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
Par conséquent, si quelque Chrétien témoigne beaucoup d'éloi-
gnement pour la sainte Eucharistie, il montre par là même qu'il
n'est plus dans le corps de Jésus-Christ, c'est-à-dire dans la com-
munion de l'Église, mais qu'il est Rasco Inique1. Et il n'existe guère
Propterea si quis Christianorum invéniatur, qui communicatio-
nem sanctae Eucharistiae prorsus réfugiât, eo ipso prodit se non
inesse Christi corpori, videlicet Ecclesiae communione privari, et
ab Ecclesia dissidere. Nec ad dignoscendum schismaticum 1 aliud
pp. 53, 104, 176, 182) que les Russes ...sentiunt cum Lutheranis . . . de sancta
Cœna sub ulraque, rejiciendo transsubstantiationem et missas solitarias (§ 19). Voir
aussi Kimmel, Monumenta fidei Ecclesiœ Orientalis, Proleg., g 6, p. Lvr; etc.
(ljPar la dénomination collective de Rascol ou Raskol (Расколъ, schisme), adoptée,
pour la première fois, dans le concile de Moscou de 1R66, on désigne toutes les sectes
formées au sein de l'Église russe ; leurs adhérents sont dits Rascolniques (Раскольники).
On les divise généralement en Bopovzi (поповны) et Pespopovzi (безпоповцы), selon
qu'ils admettent ou non la divine ordination des prêtres et la hiérarchie sacer-
dotale. L'ensemble des sectes, qui ont conservé les prêtres, s'appelle popovstchina
(поповщина, de попъ, prêtre) ; on en compte six principales. Les popovzi sont
aussi connus sous le nom de Starovères (староверцы) ou Vieux-croyants (de старый,
vieux, et в1>ра, foi). — Beaucoup plus nombreuses sont les sectes qui ont rejeté les
prêtres et qu'on désigne sous le nom collectif de bespopovstchina (безпоповщина,
сотр. de безъ, sans, et поповщина) ; on en compte plus de cinquante. Le
nombre total des Rascolniques russefs est évalué, de nos jours, à plus de neuf
millions.
La correction, d'ailleurs indispensable, des livres liturgiques, entreprise par le
Patriarche Nicon (1655), fournit au schisme son premier prétexte : le peuple
ignorant crut voir dans des corrections de grammaire et d'orthographe une
atteinte à la foi et des innovations de doctrine. La condamnation portée par le
Concile de Moscou (1666-67) contre plusieurs superstitions, et la solution défini-
tive de diverses questions touchant des rites et des pratiques en faveur auprès du
peuple, fournirent de nouveaux prétextes à l'opposition et servirent à renforcer
les rangs des Rascolniques. Parmi les petites causes (voir plus haut, p. 36, note) qui
ont déterminé un fait aussi colossal que le Rascol russe, nous mentionnerons la
duplication de YAlleluja (ib.) ; le signe de la croix avec deux doigts; la marche,
dans les processions, suivant le cours apparent du soleil ; le nom de Jésus écrit
et prononcé Isus (1сусъ), au lieu de Iisus (1исусъ, gr. I^aouç) ; la croix à huit
pointes, au lieu de quatre seulement, etc. — Mais ces prétextes, et autres d'une
égale valeur, n'étaient pourtant que l'expression inexacte, peu heureuse, et même
infidèle, d'un grief fort réel : l'asservissement de l'Église à l'État et les empiéte-
ments des Tsars sur le domaine de l'Église. — 11 arrive parfois que, dans un
litige, un homme du peuple, simple et illettré, a pour lui le droit ; il le sent, il
en possède l'intime conviction, mais il ne sait pas le prouver, ou bien il n'ose pas
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 189
de meilleur indice d'après lequel on puisse reconnaître un Ras-
colnique. C'est sur quoi lesÉvêques doivent porter une diligente
attention, ordonnant de plus que les curés leur fassent connaître
chaque année ceux des paroissiens qui n'ont pas communié de-
puis un an ou depuis deux ans, ou qui n'ont jamais communié.
Et ces paroissiens là on les forcera de déclarer avec serment qu'ils
sont fils de l'Église et qu'ils anathématisent toutes les sectes ras-
colniques, existant dans n'importe quelle partiel la Russie К
certius datur indicium. Episcoporum est sedulo cavere, et sacerdo-
tibus parochialibus in mandatis dare, ut hi quovis anno de paroe-
cianis sibi commissis, siqui forte per annum a mystica mensa se
abalienaverint; qui per biennium, et qui denique nunquam fuerit
particeps, ab bis exigendum est, ut interposito juramento fatean-
tur : Sint ne illi filii Ecclesiae? Omnes ne scbismaticorum sectas
quotquotsunt in Rossia, execrentur1 ?
faire valoir la vraie raison de son droit. Poussé à bout par un habile adversaire,
il essaie des explications, s'embarrasse, donne des raisons fort mauvaises, il les
appuie par d'autres plus mauvaises encore; plus il avance, plus il fournit des
armes contre lui. Des complications surgissent, il tombe dans des pièges, le point
du litige est déplacé, le terrain du bon droit est perdu. — Il est aisé de prévoir
lequel des deux adversaires paraîtra à la fin l'homme honnête et loyal.
Si nous ne nous trompons, cet exemple peut servir à expliquer le Rascol russe
et à illustrer son histoire.
(1) En 1720, avait paru à Moscou un « Rituel я pour l'admission des Rascolniques
convertis, au giron de l'Église orthodoxe (Чппъкако пршмати отъ Раскольниковъ —
ириходащихъ, etc.) . Les mesures de rigueur employées pour étouffer le Rascol n'avaient
abouti qu'à en multiplier démesurément les adeptes, et la liste des seqtes anathé-
matisées dans ce Rituel est déjà considérable. Plein de confiance dans son pouvoir
et son adresse, Pierre s'imaginait facilement que tout devait lui céder, mais il
se trompait. A son avènement au trône (1689), le Rascol pouvait encore être
étouffé ; si, à la mort de Pierre, il était devenu invincible et n'avait plus qu'à
suivre son développement, nous croyons qu'on le doit en grande partie à Pierre. Aux
causes déjà mentionnéss, nous ajouterons ici une autre en elle même très-futile,
mais qui contribua puissamment au progrès du Rascol, c'est l'acharnement mis
par Pierre à vouloir les Russes sans barbe. Le premier ukase qui la concerne est
du 16 janvier 1705. (Поли. Собр. Зак- Tome IV [20lo|.) En 1707, Pierre fit im-
primer une Dissertation sur l'image et la ressemblance de Dieu dans l'homme (Разсуж-
ден!е о образ* Божш ц подобш втлеловЪцв), rédigée par le célèbre Drnitri, Métro-
polite de Rostoff (165 lfl709?) dans le but de prouver, contre les Rascolniques, que
190 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
Or, pour les forcer à prêter le dit serment, il suffira de les me-
nacer, que s'ils se refusent à le prêter et à anatliématiser nom-
mément toutes les communions rascolniques, ce sera là une
preuve manifeste qu'ils sont Rascolniques. Et ce n'est pas un petit
avantage que de le savoir, car beaucoup de Rascolniques, cachés
sous le manteau de l'orthodoxie, au lieu de craindre l'Église
excitent eux-mêmes des persécutions contre elles. Non-seule-
ment ils outragent le clergé et le dénigrent autant que cela
est en leur pouvoir, mais encore ils persécutent]de toute manière
Ad juramentum vero praestandum non aliis conditionibus ad-
mittentur, quam his minis praeventi : utnisi obstricti juramento,
imiversas, quocumque nomine veniant, schismaticorum sectas diris
devoverint, ipsi quoque illi inter schismaticos recenseantur. Multum
enim expedit nosse schismaticos, cum eorum plerique sub rectae
fidei involucro latitantes, tantum abest ut Ecclesiam revereantur,
ut etiam eam persequantur. Non solum calumniis et maledictis
Ecclesiae ministros insectantur, et quantis maximis possunt eos af-
ficiunt injuriis, sed etiam saeculares ab eorum deliriis abhorrentes
de se raser n'était nullement le péché énorme et irrémissible qu'ils s'imaginaient, et
qu'en perdant la barbe on ne perdait pas l'image et la ressemblance de Dieu. Il
fallait autre chose' que des dissertations: l'impôt sur la barbe, énorme pour
l'époque, et les mille et une vexations exercées par Pierre contre ce don de la
nature, eurent pour résultat de créer un genre de martyrs, propre exclusivement
à la Russie, des martyrs de la barbe. On n'y attachait j)as seulement une signifi-
cation religieuse, on y voyait aussi le signe caractéristique de la nationalité
russe; la barbe fournissait, par conséquent, des martyrs d'une double foi, la
religieuse et la politique. — Une autre cause d'opposition, que nous ne mention-
nerons qu'en passant, c'étaient aussi les prescriptions de Pierre, concernant l'habit
russe. Ceux qui s'obstinaient à porter la barbe et l'habit russe étaient châtiés
« si sévèrement que cela paraîtrait aujourd'hui invraisemblable ». (Рек., op. cit. I,
448, II, 156-9 ) Tout cela était habilement exploité par les chefs des Rascolniques.^
En 1722, parut une Déclaration et exhortation du saint Synode, concernant les im-
pudents qui s'exposent témérairement aux tortures. (Объявлеше съ ув'Ьщашемъ отъ Св.
Синода о продерЗателахъ, неразсудпо на мучеше дерзающнхъ. (Voir Поли. Собр. Зак.
Tome. VI (4053), 16 juillet 1722.) Théophane Prokopovitcb , qui en est l'au-
teur, en parle dans une de ses lettres : Voluit, dit-il, hoc scribere fscribij Im-
perator, misertus cœcitatem miserrimorum fanaticorum qui, ut martyrii nomen conse-
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 191
les laïques qui n'approuvent point leur démence. C'est ce que
peuvent attester des personnes dignes de foi.
Ш. Lorsque de cette manière, ou par toute autre voie, on aura
découvert un Rascolnique, l'Évêque devra en informer par lettre
l'autorité civile J sous la juridiction de laquelle se trouve le pré-
omnibus modis eunt oppressum. Quod equidem multorum fide di-
gnorum testimoniis facile comprobatur.
III. Episcopus postquam sibi de schismatico expraefato modo, vel
ex quapiam alia ratione constiterit,eum,ad cujus pertinet judicium '
quantur, affectant zelum stolidum et vel in Pastores vel in ipsum etiam Regem, cum
summa petulantia et protervia invehuntur, justis scilicet de causis pro mutatis vestibus.
pro arte faclis capillitiis, pro rasis barbis et aliis ejusdem furfuris. . . . (Voir Рек., op.
cit., t. II, p. 560.) — Ceux qu'on appelle grands hommes, uniquement parce qu'ils
ont quelques grandes qualités, trahissent toujours d'une manière ou d'une autre
leur manque de véritable grandeur; s'ils sont haut placés, une mesquinerie de
cœur ou d'esprit peut faire d'innombrables victimes. Cette remarque est bien
justifiée par ce que nous venons de rapporter.
Grâce à Pierre, la barbe est désormais intimement liée à l'histoire de l'Empire
des Tsars; la barbe a préoccupé l'esprit de ses législateurs, si bien que sous la
grave rubrique « Barbe et barbons » (Бороды н бородачи) du Registre alphabétique de la
Collection complète, etc. (Пола. Собр. Зак- 1. IV-VH,), on trouve neuf lois émanées"
sous le seul règne de Pierre ; la barbe a même créé une littérature que nous ne
saurions comment appeler, mais qui est assez copieuse. Dans les événements de la
vie, la barbe acquit, en Russie, une influence parfois décisive ; dans les biogra-
l)hies des grands hommes rascolniques une mention spéciale est accordée à leur
barbe. Enfin, l'histoire de la barbe russe fait passer ceux qui la suivent par
toutes sortes d'émotions : parfois elle arrache des larmes, parfois elle provoque des
éclats de rire.
(1) Après ce que nous avons dit des Rascolniques, nul ne s'étonnera qu'on invoque
ici contre eux l'appui de l'autorité civile. « Jusqu'à Pierre le Grand, ditSchedo-
» Ferroti, les persécutions exercées contre les dissidents étaient frappées au coin
» de l'intolérance religieuse (Op.cit., p. 179). La politique que suivit le gouvernement
» pendant la deuxième époque (jusqu'à Catherine II) avait perdu son caractère de
» fanatisme religieux. S étant placé à un autre point de vue, le gouvernement
» voyait dans les dissidents plutôt des citoyens faisant de l'opposition coutre les
n réformes administratives et sociales, que des hérétiques faisant scission contre
» l'Eglise dominante... (p. 181). » — Nous croyons, en effet, que Pierre, — dont
les lois contre les Rascolniques sont justement appelées draconiennes, par Schedo-
Ferroti (]). 186), — avait trop peu de foi pour se préoccuper du schisme au point
de vue des intérêts éternels des âmes.
A partir de Catherine II (1762), la politique suivie par le gouvernement vis-à-vis
des Rascolniques fut « une politique aux alternatives de rigueur et d'indulgence,
192 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
venu, et cette autorité devra l'envoyer au Collège Ecclésias-
tique.
IV. C'est une chose utile que le Collège Ecclésiastique possède
un état du nombre des Rascolniques1 qui se trouvent dans chaque
débet per literas de schismatico certiorem facere, qui ad spirituale
Collegmm illum missurus est.
IV. Cum ad multos casus in Collegio deliberandos conducat schis-
maticorum, quot in unaquaque dioecesi inveniantur, notitia 1 : haud
» dont la règle consiste à n'admettre que des exceptions. . ., politique d'indécisions
» et de contradictions » (Id., op. cit., p. 186-187). A partir de 1803 commencent
les mesures et les ordonnances secrètes qui font des Rascolniques des vrais Parias,
ignorant jusqu'aux lois qui les frappent et entièrement livrés à l'arbitraire. (Voir,
dans le même auteur, pp. 188-190 et le chap. xn, pp. 215-239.)
L'ouvrage, auquel nous empruntons ces citations : La tolérance et le sdiisme
religieux en Russie (Berlin, Behr, 1863), est digne de la plus sérieuse attention.
C'est la septième des Etudes sur l'avenir de la Russie, publiées par l'illustre écrivain,
et nous regrettons de ne pouvoir la louer et la recommander sans réserve. C'est
que, d'abord, l'auteur, en parlant de la liberté religieuse, ne fait pas assez ressortir
la différence qui existe entre sincérité et vérité. La bonne foi dans l'erreur n'est pas
la possession de la vérité, ni ne saurait jamais la remplacer. Ensuite, on nous
pardonnera d'être sensible à des appréciations sur les Catholiques qui ne nous
paraissent ni exactes, ni méritées. Nous citerons un exemple. « L'hypocrisie,
» dit M.Schedo-Ferroti,en tant qu'elle prend les formes d'un luxe de démonstrations
» extérieures de piété, se traduisant par la lecture du bréviaire continuée jusque
» sur les bancs des wagons, par des prières faites comme d'inspiration subite au
» milieu des rues et des places publiques, l'hypocrisie est un vice inconnu dans
» le clergé russe..., etc. (p. 293).» N'ayant jamais assisté à des prières faites comme
d'inspiration subite et dans les raes, nous n'en parlerons point. Pour ce qui concerne
le bréviaire, ceux de nos frères dans le Sacerdoce qui, soit pour ne pas s'exposer
à enfreindre une grave et salutaire obligation, soit pour ne pas se réduire à
l'accomplir arrivés au soir et accables de fatigue et de sommeil, soit pour d'autres
bonnes raisons, jugent à propos de faire honneur à la liberté religieuse en récitant
leur bréviaire sur les bancs des wagons, — savent que si les uns peuvent les
taxer d'hypocrisie, d'autres peuvent en tirer de l'édification. Le monde des âmes
est si vaste ! Et n'est-ce pas aussi charité de notre part que de supposer, chez nos
compagnons de voyage, des jugements larges et charitables? — Ce qui importe,
c'est la façon dont le bréviaire est récité.
(1) Pierre, on le comprend, avait plusieurs bonnes raisons pour se préoccuper du
nombre des Rascolniques. L'une d'entre elles, que nous n'avons pas encore tou-
chée, c'est que les Rascolniques le considéraient comme l'Antéchrist. On sait que
les Réformateurs du seizième siècle avaient lu dans la Bible que l'Antéchrist c'était
le Pape. Cette docte trouvaille avait été aussi communiquée à la Russie et y avait
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 193
Éparchie; cela servira en plusieurs circonstances où il faudra
tenir compte de ce nombre.
V. Un grand péché, que les ecclésiastiques ne sauraient tolérer
en silence, est celui de certains seigneurs laïques lesquels, sa-
chant qu'il y a dans leurs terres des Rascolniques, les tiennent
cachés, en vue du profit que ceux-ci leur procurent.
Ce serait autre chose si c'étaient des Rascolniques avoués, at-
tendu qu'il n'est pas nécessaire de se tenir en garde contre leurs
inutile itaque est, ut spirituale Collegium eam curet haben-
dam.
V. Nonnulli saeculares praediorum possessores grave peccatum,
quod spiritualium rumpat silentium, committunt; siquidem schis-
maticos in suis praediis habitare non ignari, turpi nibilominus
quaestu in transversum acti, sinunt eos abscondi.
Secus se res habet in causa schismaticorum, qui consulto taies se
esse profitentur ; quippe a quibus minus periculi est formidandum.
trouvé de la faveur. Mais quand parut Pierre le Grand, ses agissements furent
assez puissants pour détourner du Pape l'attention des Rascolniques, et leur faire
penser que l'Antéchrist pouvait bien être le Tsar lui-même. A l'aide de combi-
naisons de chiffres, offertes par la valeur numérique des lettres slavonnes (voir
plus haut, p. 134, note 1), on arriva à s'en créer des preuves de toutes sortes, em-
pruntées surtout à la Bible. Dès 1703, Pierre avait ordonné l'impression d'un écrit
d'Etienne Yavorski : Les signes de la venue de l'Antéchrist et de la fin du, monde
(Знамешя прпшествш Ашчхрпстова п коачипы овка. Moscou, 1703), rédigé dans
le but de tranquilliser les esprits, et surtout d'empêcher l'application au Tsar
des marques de l'Antéchrist. Mais ce livre n'eut pas plus d'effet que celui de
Dmitri de Rostofï au sujet de la barbe. La thèse que Pierre le Grand était vrai-
ment l'Antéchrist fut avancée et soutenue, avec force arguments, par Grégoire
Talitski. Son écrit circula clandestinement et impressionna vivement les esprits ;
inutile d'ajouter que Talitski, tombé au pouvoir de Pierre, expira dans les tour-
ments. Il eut des disciples et des successeurs sans nombre. « Depuis Pierre, dit
» Schedo-Ferroti, il n'y a pas eu de souverain russe dont les sectaires n'aient essayé
» de prouver qu'il était la vraie incarnation de l'Antéchrist. » (Op. cit., p. 40.)
On peut voir à page 43, du même ouvrage, les curieux spécimens de combinaisons
de lettres avec valeur numérique, prouvant la thèse à l'égard de Pierre Ier, de
Catherine II et de Nicolas. Quand le chiffre donné par les lettres d'un mot dé-
terminé ne se prête pas exactement au total voulu, on s'en prend à la bête de
l'Apocalypse qui, par surcroît de précaution, pousse la malice jusqu'à fausser le
chiffre qui lui sert d'indice. On a alors recours à des suppressions et additions,
destinées à déjouer les ruses de la bête, et le chiffre voulu est toujours retrouvé.
13
194 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
attaques; mais receler des Rascolniques vivant sous les appa-
rences d'orthodoxie, c'est là une action qui exhale une odeur fé-
tide d'athéisme. Et les Évêques devront déployer du zèle à ce sujet
et en informer le Collège Ecclésiastique, lequel^après une enquête
ecclésiastique, pourra livrer à l'anathème lesdits seigneurs, s'ils
ne réparent point leur péché l. Cette enquête devra se faire de la
manière suivante : l'Évêque enverra au Collège Ecclésiastique
un rapport contre le seigneur laïque, portant que non-seulement
il se trouve chez lui des Rascolniques mais que ledit seigneur em-
pêche par la force, soit le curé de la paroisse soit les envoyés de
l'Évêque, de rechercher et de dénoncer les Rascolniques qui sont
Contra si quis sehismaticos, sub orthodoxorum larva latitantes ab-
scondat, foetidum impietatis edit facinus. In hoc casu ardens stu-
diiim Episcoporum sese exserat, oportet. Illi super hoc casu spiri-
tuale Collegium certius ïacient ; deinde Collegium facta, spirituali
ritu, inquisitione, eos Proceres, nisi facinus emendarint, potest per-
cutere anathemate1. Séries vero in inquisitione instituenda haecce
observabitur : Episcopus apud spirituale Collegium per supplices
litteras conqueretur nonnude; sehismaticos, videlicet, in praedio
certi alicujus possessoris manere, sed illum dominum obstare, quo-
minus parochialis sacerdos, aut ii, qui aPraesule mittantur, sehis-
maticos in illius praedio delitescentes in lucem possint protrahere,
(1) Une année ne s'était pas encore écoulée depuis !a publication du « Règlement »
où les Rascolniques sont ainsi traités en vrais ennemis, et le Synode s'aventurait à'
leur adresser une espèce de mandement, tout paternel, les engageant à se présenter
« sans aucune crainte » devant lui, pour exposer leurs doutes sur la foi et les
discuter. (Рек. Op. cit., t. II, p. 542 et Полп. Собр. Зак. T. VI. (3891) 27janv. 1722,
p. 493.) Sans avoir lu La Fontaine, les Rascolniques connaissaient et appréciaient
d'instinct la morale de ses deux fables : Le Coq et le Renard et Le Loup et les Brebis,
sur les avantages et les désavantages de la paix; aussi pas un d'entre eux ne parut
ni n'écrivit au Synode. L'insuccès de cette démarche est avoué et regretté par le
Synode dans une Exhortation aux Chrétiens orthodoxes (Ув1;ща1пе къ православнымъ
XpiCTiaHOMT,) du mois de janvier 1725, où l'on ordonne que les Rascolniques soient
poursuivis et traduits devant les tribunaux. Dans cette même Exhortation, il est
fait mention du fanatisme de bon nombre d'entre eux qui s'étaient brûlés vifs. Le
fait était arrivé dansl'ÉparchiedeTobolsk ; cent quarante-cinq Rascolniques s'étaient
ainsi voués à la mort en une seule fois. (Voir Поли. Собр. Зак. T. VII [4635].)
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 195
dans ses terres. Dans le même rapport seront nommées les per-
sonnes,dignes de foi, qui attestent la chose. Le Collège, aprèsavoir
entendu ces témoins, adresera audit seigneur une exhortation
par écrit, afin qu'il permette qu'on recherche librement dans
ses terres lesRascolniques. Si le seigneur obéit on ne l'inquié-
tera pas davantage, mais, s'il n'obéit pas, il prouve par ce fait
même qu'il est protecteur des Rascolniques et, en ce cas, le Col-
lège Ecclésiastique procédera à la punition ecclésiastique, sui-
vant en tout la méthode ci-dessus décrite au sujet de l'anathème.
(V. § 1-3, n°xvi).Or ceci ne regarde que les Rascolniques apparte-
nant au bas peuple et, parmi ceux-ci, non pas les Rascolniques
notoires mais ceux qui sont cachés. Cependant s'il s'agissait de
docteurs rascolniques, qui sont en quelque sorte les Pasteurs, on
agira à leur égard comme nous venons de le dire, qu'ils soient
cachés ou connus. On procédera de la même manière contre
les ecclésiastiques qui ont des Rascolniques parmi leurs paysans.
VI. NulRascolnique, dans toute la Russie, ne sera promu à au-
cune dignité soit ecclésiastique soit civile, pas même aux der-
et, quatenus taies, divulgare. Testes itidem fide digni nominatimin
iis litteris allegandi sunt. Porro Collegium auditis testibus, domi-
num illum scripto monebit, ne schismaticis in ipsius praediis libère
investigandis intercédât. Si monitis paruerit, plus negotii non est
facessendum, sin minus, eo ipso non obscure prodet se partes schis-
maticorum tueri. Proinde Collegium eodem per omnia modo, qui
anathemati vibrando supra praescriptus erat, ad ecclesiasticam
poenam illi irrogandam aggredietur. Hoc modo procedendum erit
in eo casu, si schismatici non fuerint ejusmodi, qui se palam aper-
teque taies esse fateantur, sed ctandestini, et suntquidem rude vul-
gus. In schismaticorum vero p^imipilos, qui tanquam pastores sive
clam, sive etiam palam doceant, praedicto modo est inquirendum.
Eidem judicio spirituales etiam, qui rura pos&ident, sunt obnoxii.
VI. Schismatici ab omnibus offîciorum tam spiritalium, quam
saecularium etiam iniimorum gradibus in universa Rossia sunt
196 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
nières charges et fonctions; afin que nous n'armions point contre
nous decrnelsennemis conspirant sans cesse contre le Souverain
et l'État ».
prohibendi ; ne infestissimi inimici Patriae et REGI, absque resi-
piscentia malevoli nostris armis instructi, nos , facto impetu , ado-
riantur l.
(I) Le lecteur trouvera dans l'ouvrage de Schedo-Ferroti les prescriptions du
Code russe, relatives aux Rascolniques, traduites du russe en français. (Op. cit.,
ch. xr, pp. 191-215.) Cependant, ainsi que le remarque fort bien l'auteur, les
prescriptions du Code ne font point connaître au juste la situation des Rascol-
niques ; l'arbitraire et les prescriptions secrètes doivent aussi entrer en ligne de
compte. — Ceux qui savent le russe pourront consulter la Collection complète des
lois, etc. (Поли. Собр. Зак.) suivant les indications du Registre alphabétique à la
rubrique : Sectes et hérésies de diverses dénominations (Расколы и ереси разныхъ наз-
вали), et le Code russe (Сводъ Законовъ), suivant les indications de l'Indicateur
alphabétique sous la rubrique : Sectes et rascolniques (Расколи и Раскольники). Remar-
quons que, depuis la dernière édition du Code russe (1857), bon nombre d'ar-
ticles ont été abrogés (статья отменена), plusieurs ont été remplacés par d'autres
(ст. заменена), d'autres complétés (ст. дополнеиа)Даи^ез,еппп,тоа1г1ез(ст. изменена).
Partant, en consultant le Code, on doit avoir soin de s'assurer si les divers
articles sont encore en vigueur. On a déjà publié à cet effet plus d'une Conti-
nuation (Продолжеше, 1863, 1864, 1868, 1872) du Code, munie chacune de Tables,
à Taide desquelles on obtient immédiatement le renseignement désiré. Les pres-
criptions concernant les Rascolniques, contenues dans l'édition de 1857, sont
presque toutes en vigueur encore actuellement.
— Ce serait sortir de notre cadre que de nous étendre sur la législation con-
cernant les Rascolniques. Remarquons seulement, que la prescription de dénoncer
au gouvernement tous les Russes orthodoxes qui n'auraient pas communié une
fois par an est encore en pleine vigueur. Cela a lieu aussi pour ce qui regarde la
confession annuelle; l'autorité civile intervient en cas d'obstination, et des peines
sont infligées (Сводъ Зак. T.. XIV. Уст. о предупреждена и пресвченш преступлевШ
противъ ввры. Art. 27). Or, ce sont surtout les listes de ceux qui ont rempli ce double
précepte, qui servent de base au gouvernement pour dresser des cadres officiels du
nombre comparatif des orthodoxes et des Rascolniques. On peut juger de la con-
fiance que méritent ces cadres par le fait que selon le Calendrier universel (Общедо-
ступный Калепдарь) de 1873, que nous avons sous les yeux, les Rascolniques
ne dépasseraient pas le nombre de 1,093,616. Schedo-Ferroti, faisant, en 1863,
la critique des documents officiels (Op. cit. ,.ch. vin) en. concluait que le chiffre
probable était alors de 9,000,000.
Les listes de ceux qui se sont confessés et ont communié nous fournissent
l'occasion d'édifier le lecteur sur la manère dont Catherine II se jouait de la
crédulité de l'Europe, de la France surtout. Voltaire avait fait mention, dans une
<Jft крч lettres ffi mai 1771), 'les billets de confession. L'Impératrice lui répondait :
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 197
Si quelqu'un est soupçonné d'être Rascolnique quoique en ap-
parence il se montre orthodoxe, on commencera par lui faire
prêter serment qu'il n'est pas Rascolnique ni ne pense ledevenir;
à ce serment il ajoutera des imprécations contre les Rascolniques
et contre lui-même, en cas qu'il en fût. On lui fera connaître, en
outre, le sévère châtiment qui l'attend, si l'on découvre dans la
suite le contraire de ce qu'il a affirmé avec serment et on lui fera
signer de sa propre main la déclaration susdite.
On pourra agir de même lorsque la conduite publique de
quelqu'un est de nature à éveiller des soupçons sur son compte,
par exemple si, sans aucun motif légitime, il n'approche
jamais de la sainte Eucharistie ; s'il recèle dans sa mai-
son des docteurs rascolniques, sachant qu'ils sont tels; s'il en-
voie des aumônes dans les habitations des Rascolniques, etc.
Siquis rectae quidem fidei prae se ferat specimina, in suspicionem
tamen scliismatis incurrat : jure jurando obstrictus fateatur se nec
esse, nec velle addici schismaticis : simulque hos, nec non se ipsum,
nisi sincère fateatur, execretur. Praeterea certus fiât, atroci illum
poenae , si ipsius facta contrarium probaverint , subjectum iri ; eo
igitur fine cbirographo se ut obstringat, necessum est.
Causam horum discere licebit ex sequentibus : Si quis scilicet,
exsertis facinoribus occasionem suspicionis de se concipiendae prae-
buerit, exempli causa : Qui semper a sanctae Eucbaristiae partici-
patione, nulla légitima allata ratione abborrere dicatur : qui schis-
maticos , haud ignarus eos taies esse , domi suae abscondat ; qui
denique eleemosynam solitariis scbismaticorum mansionibus elar-
« A l'égard des billets de confession, nous en ignorons jusqu'au nom. Nous
» compterions pour un ennui mortel de parler de ces disputes rabattues, et sur
» lesquelles on prescrit le silence par édit dans d'autres pays. Nous laissons vo-
» lontiers croire à chacun ce qui lui plaît. » 'Lettre du ', mai 177 t.', — Ou'on
* ' 4 juin '
veuille bien comparer ces assertions en français, avec les ukases en langue russe,
indiqués dans le Registre alphabétique de la Collection complète, etc. (Поли. Собр. —
Алф. Pe3CTpi>),sous la rubrique * Confession et Communion «(Исповедь u св. прпчас/rie
aux Tomes XVI-XX1II [1762-1796]). On se convaincra que les assertions de Cathe-
rine II étaient, comme on dirait en style parlementaire, « inexactes. »
198 DEUXIÈME PARTIE, — AFFAIRES SPECIALES.
Celui qiib par des preuves évidentes, sera convaincu de ces faits
sera soupçonné d'être Rascolnique. Si l'on découvrait, quelque
part, qu'on agit contrairement à ce qui est ici établi, l'Évêque
devra en écrire aussitôt au Collège Ecclésiastique l.
giatur, et caetera. Horum igitur facinorum dilucidis convictus
documentis , in suspicionem incidit , se nempe , schismaticorum
partibus favere. Sicubi autem bis praescriptis contrarium fieri
resciverit Episcopus , extemplo ad spirituale Collegium per literas
deferet l.
(1) L'ouvrage de Schedo-Ferroti, rédigé sur de très-nombreux matériaux, nous
dispense de donner ici une liste des principaux écrits ayant trait au Rascol. Nous
nous contenterons de mentionner l'Histoire du Rascol russe (ncTopifl русск. Раскола)
par Mgr Macaire ; le Recueil de documents officiels concernant les Rascolniques (Сборнпкъ
правительственныхъ св-бд'Ьнш о Раскольникахъ) pubHé à Londres (1860-62), par
Kelsieff; l'ouvrage déjà mentionné de Mgr Grégoire : Y Église du Christ vrai-
ment ancienne et vraiment orthodoxe (V. plus haut p. 37 note et 107 note) et, enfin,
comme se rapportant plus spécialement à l'époque qui nous occupe, l'ouvrage de
Esipioff : Les affaires du Rascol au dix~huitième siècle (Раскольничш Д'Бла XVIII
стол'Мя). Saint-Pétersbourg, 1861. — Nous profiterons aussi de cette occasion
pour signaler deux nouvelles jmblications de l'illustre W. Palmer. Comme la pre-
mière, souvent citée : The Replies of Nicon (V. p. 17 et suiv.) elles se rapportent à ce
grand Patriarche et relatent les faits au milieu desquels prit naissance le Rascol.
L'une d'elles a pour titre : Testimonies concerning the Patriarch Nicon, the Tsar and
the Royars, from the travels ofthe Patriarch Macarius о f Antioch ; Г autre : History of
the condemnation of the Patriarch Nicon by a plenary Council... held at Moscow
A. D. 1666-1677. L'une et l'autre ont paru récemment (London, Triïbner, 1873)
enrichies de notes et de suppléments par M. Palmer.
Signalons, avant de conclure cette note, deux faits d'une très-grande portée
concernant le Rascol. Le premier c'est l'espèce de compromis arrivé entre le saint
Synode et un petit nombre de Starovères (anciens-croyants), c'est-à-dire de ceux,
parmi les Rascolniques,qui, tout en s'étant séparés de l'Eglise dominante, ont cepen-
dant gardé tous ses dogmes. Le saint Sjmode, ou pour mieux dire le Tsar, consentit
à leur laisser leurs rites et leurs livres, et même se chargea de leur procurer ces
derniers, réimprimés avec les mêmes fautes que sous les anciens Patriarches. Les
Starovères dont nous parlons consentirent, de leur côté, à reconnaître la juridic-
tion du Synode. On désigna les Starovères ainsi convertis par le nom de Jedinovertsi
(ЕятоъЪщы ou unis-croyants). V. Schedo-Ferroti, op. cit., pp. 206-214).
L'autre fait c'est la création d'une hiérarchie rascolnique pour les Starovères
dissidents. Après de longs et infructueux essais ils arrivèrent à obtenir un Evêque
qui, à son tour, ordonne des prêtres, sacre d'autres Évêques starovères d'après leurs
propres rituels et exerce sou autorité sur toutes les communautés starovères de
Russie, malgré les différences qui en font des sectes distinctes. Cet Evêque c'est
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 199
Vil. Désormais aucune personne laïque ni autre (à l'excep-
tion de la famille de Sa Majesté Impériale) ne pourra avoir dans
sa maison ni chapelle x ni aumôniers particuliers, car cela est su-
perflu et ne se pratique que par vanité, et au mépris de l'état
ecclésiastique. Que les seigneurs aillent aux églises paroissiales,
et qu'ils ne rougissent point de se trouver frères, même de leurs
paysans, dans la communauté chrétienne car en Jésus-Christ,
dit l'Apôtre, il n'y a ni esclave ni homme libre. (Gai., ni, 28.)
VIII. Lorsque la communauté d'une paroisse ou des proprié-
taires demeurant dans leurs terres, choisiront quelque prêtre
pour leur église, ils devront attester dans leur rapport que c'est
unhomme dont la vie est régulière et ne donne lieu à aucun
soupçon. Et en casque les propriétaires ne demeurent point dans
VII. Saeculares a privatis in eorum domibus ad ecclesiastica
officia celebranda exstruendis sacris acdibus, et a sacerdotibus l do-
mesticis habendis, ab bine jubentur abstinere.Familia tamen REGIAE
MAJESTATIS excipitur. Hue enim est superfluum, et soli superbiae
suos débet natales. Oportet ut optimates parocbiales Ecclesias fré-
quentent, necpndeat eos esse fratres suorum subditorum in Cbristia"
norum communitate ; In Christo emm Je su non est servus, ne que liber,
inquit Apostolus. (Galat., ni, 28.)
VIII. Possessores praediorum in praediis commorantes, et caeteri
Ecclesiae certae addicti , hominem , quem suae Ecclesiae velint sa-
cerdotem ordinari , electum , per literas supplices ad Episcopum
mittendas , testabuntur : Illum nempe esse probae inculpataeque
vitae hominem, alienum a suspicione. Siqui vero domini in praediis
le Métropolitain de Bela-Krinitza (Бтиа-Крпнпца) ou Blanche-Fontaine en Bouko-
vine. On comprend les soucis que doit donner au gouvernement russe le chef spi-
rituel de cinq millions de Starovères, résidant en Autriche. (Ib. ib., p. 250 et suiv.)
(I; Nul oratoire ne peut être érigé en Russie sans le consentement du Synode
accordé ce lorsqu'il y a des causes les plus dignes de considération (по самымъ
достоппымъ ycaiKenifl причипамъ).» Dans les deux capitales de Saint-Pétersbourg et
de Moscou on exige, de plus, la permission du Tsar. (Voir le Code, Tome XII.
Slalut des constructions (Уст. строительный) art. 244-245. Voir aussi plus haut la
note p. 61-62).
200 DEUXIEME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
leurs terres, ce témoignage sera porté par leurs gens et leurs
paysans, et dans la supplique sera nommément exprimé l'hono-
raire ou la terre assignée à l'élu. Celui-ci de son côté, y ajoutera
de sa propre main qu'il se tient pour satisfait de cet honoraire
ou de cette terre et que, jusqu'à la mort, il ne quittera pas l'église
pour laquelle il va être consacré. Cependant si l'élu paraissait à
l'Evêque suspect, ou rascolnique, et indigne de l'état ecclésias-
tique, l'affaire sera laissée à sa décision.
IX. Les seigneurs ne prendront point pour confesseurs des
prêtres vagabonds l. Tout prêtre chassé pour délit, ou qui a aban-
non habitent , servi et subditi eorum pariter testabuntur. In literis
supplicibus planissime est stipendium indicandum ; vel justa agri
quantitas. Electifs autem promisse» stipendio vel agri donatione se
fore contentum , dato chirographo asseverabit , seque ab Ecclesia ,
cui ordinatas adhaerebit, non esse, quamdiu vixerit, abiturum pro-
mittet. Si vero electus ille Episcopo aliqua suspicione aut schismate
laborare visus fuerit, ideoque sacerdotii ordine indignus , praesulis
arbitrio acquieseendum erit.
IX. Optimatibus sacerdotes erronés 1 a confessionibus esse non
debent. Quoniam sacerdos ob commissa facinora ecclesia motus, aut
(1) Le Statut des passeports (Сводъ Зак. Tome XIV. Уставъ о паспортахъ
art. 64 et seq.) contient des prescriptions fort minutieuses concernant l'absence des
prêtres, desservants d'église et moines, de leurs églises et couvents respectifs. Les
prêtres et desservants doivent toujours se trouver près de leur église, ne la quitter
pour sortir dans la paroisse que pour les besoins du ministère, et s'en retourner
ensuite immédiatement (нем едлеп по) à leurs maisons (Art. 66). — Nous ne sau-
rions dire si le gouvernement a soin de fournir chaque église d'un promenoir.
Les mêmes ne peuvent se rendre à d'autres paroisses éloignées de plus de quinze
verstes (16 kilom.) sans en donner avis au Blagotchinny (Благочинный [homme du
bon ordre], Inspecteur ecclésiastique). Pour se rendre dans une autre Éparchie, il
leur faut la permission de leur Évêque, donnée pour des raisons urgentes et pour
un temps le plus court possible. Le Consistoire leur délivre alors un passeport sur
papier timbré (V. plus haut, p. 88 note), où se trouve indiqué le nom du porteur,
l'église à laquelle il est attaché, la durée de l'absence accordée et l'endroit où il
se rend. Le porteur de ce document, « ne doit point sedépartir de son chemin ni d'un
côté ni d'un autre. » (кромв надлежащихъ трактовъ, никуда вь стороны
за'вждать не должны. lb. art. 66-70). — Quant aux moines, ils ne peuvent
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 201
donné volontairement l'église qu'on lui avait confiée, cesse déjà,
en quelque sorte, dJêtre prêtre, et commet un grand péché en
exerçant les fonctions sacerdotales. Quant au seigneur qui l'ac-
cueille, il participe et doublement à son péché; car il est à la fois
son coopérateur dans le péché, et rebelle à l'autorité de l'Église.
Les laïques puissants ne forceront pas les prêtres d'aller dans
leurs maisons baptiser leurs enfants, mais ils feroni porter ceux-
ci à l'église, à moins qu'ils ne soient trop faibles, ou qu'il ne sur-
vienne quelque autre grave empêchement.
X. On nous rapporte que parfois les Gouverneurs des villes et
autres autorités, et même de puissants propriétaires, à l'occa-
qui ecclesiam sibi concreditam sponte deseruit, jam fere est exsa-
cerdos, et sacra administrans graviter peccat. Qui igitur illum am-
plectitur, ejusdera peccati est particeps, imo bis peccat, siquidem et
peccauti cooperatur, et ecclesiastico adversatur regimini.
Dedecet potentes saeculares, sacerdotibus negotium facessere, ut
se in domus eorum , salutari aqua infantes tincturi, conférant, sed
infantes ad sacram aedem sunt apportandi, nisi per gravem mor-
bum, aut per aliam quandam rationem non licuerit.
X. Fama auditioneque accepimus, eos, qui oppidis praeficiuntur,
aliosque qui munia conspicua obeunt, et potentes praediorum pos-
sortir ni en ville ni dans les campagnes de l'Éparchie où ils se trouvent, à moins
que le bien de la communauté ne l'exige, et munis d'un jiasseport délivré par leur
Supérieur (Ib., art- 74).
L'accès aux deux capitales de Saint-Pétersbourg et de Moscou est formellement
interdit à tout ecclésiastique ou moine dont la conduite n'est pas irréprochable et
à l'abri de tout soupçon. Les heureux qui, par leur conduite, ne se sont pas rendus
indignes de voir Saint-Pétersbourg ou Moscou, obtiennent cette faveur « pour
le temps le plus court possible, et seulement quand il y a des nécessités très-
urgentes, (Только по самымъ настоятельным ь нуждамъ и па самые умеренные породу
нэдобпости срокп).» L'Evêque leur délivre alors un passeport en papier timbré,
rédigé avec nombre solennités. Ils doivent le présenter, immédiatement après
leur arrivée, au Consistoire ecclésiastique de la capitale. Un registre spécial
reçoit alors leurs noms avec toutes sortes d'indications, et tout changement de
domicile pendant leur séjour dans la capitale doit y être porté rigoureusement.
(/6., art. 79-85).
Avec toutes ces prescriptions, un prêtre vagabond serait une merveille en Russie!
202 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
sion de certaines affaires qui réclament l'intervention ecclésias-
tique, ne veulent point obéir à TÉvêque dans l'Éparchie duquel
ils se trouvent, alléguant pour excuse qu'il n'est pas leur Pasteur.
Or, qu'il soit notoire à tous, que toute personne, de quelque rang
qu'elle soit, est soumise, dans les matières ecclésiastiques, à la
juridiction de TÉvêque dans l'Éparchie duquel elle demeure,
aussi longtemps qu'elle y demeure.
XI. Il arrive ordinairement, surtout aux personnes laïques,
des difficultés au sujet des mariages douteux l-, c'est pourquoi si
sessores in dispiciendis causis a spiritali juridictione unice penden-
tibus , Episcopis, in quorum dioecesi manent, fieri interdum maie
moiïgeros , qui , nimirum, illos Episcopos non esse suos Pastores
causantur. Sed contra certum sit omnibus, unumquemque cujuslibet
conditionis bominem, illius Episcopi judicio , in cujus dioecesi ma-
net, tantisper dum permanet, esse obnoxium.
XI. Mundani plurimis circa ineunda matrimonia , quae in du-
bium vocantur, difiicultatibus premuntur l. Si igitur cui ejusmodi
(1) Voici, comme nous l'avons promis (V. plus haut p. 56, note), les principales
dispositions du Code russe concernant les mariages :
Ne sont pas reconnus comme légitimes et valides (Законными и д'Енствительпыми
не признаются) les mariages contractés : 1° par force ou dansun état de démence ;
2° dans les degrés de consanguinité et d'affinité prohibés par l'Église, ou entre
des personnes liées par la parenté spirituelle contractée au baptême (entre
l'enfant et ses parents d'un côté, et le parrain ou la marraine de l'autre); 3° pen-
dant l'existence d'un autre mariage légitime qui n'ait pas été dissous par
l'autorité ecclésiastique; 4" par des personnes auxquelles, après la dissolution d'un
mariage précédent, il a été défendu d'en contracter un autre; 5° par ceux qui
n'ont pas atteint l'âge prescrit par l'Église (15 ans pour les garçons et 13 ans pour
les filles), ou qui ont atteint l'âge de 80 ans, ou qui se marieraient en quatrièmes
noces; G0 par des religieux et des religieuses; ou bien par des prêtres et diacres
après leur ordination, et tant qu'ils demeurent dans l'état ecclésiastique ; 7° par
des orthodoxes avec des infidèles (non-Chrétiens). (Сводъ Закон. Тот. X. Зак.Гражд.
lrepart., art. 37.)
Les prescriptions contenant les degrés prohibés, sont détaillées dans une Instruc-
tion du Synode du 19 janv. 1810 (Поли. Собр. Зак. [24091]). Elles sont basées sur
le chap. xvni du Lévitique (vv. 7-17) et le canon 54 du Concile de Constantinople
in Trullo. Le inariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants et, en
ligne collatérale, entre les alliés jusqu'au quatrième degré inclusivement. Il est
également prohibé entre des personnes liées d'affinité, jusqu'au quatrième degré
§ 5. DES PERSONNES DU MONDE. 203
quelqu'un se trouve dans un doute de ce genre, il ne s'avisera
pas de le cacher au prêtre. Le prêtre, à son tour, s'il se trouve
lui-même embarrassé, se gardera bien de procéder immédiate-
ment à la bénédiction nuptiale, mais il soumettra l'affaire à la
décision de l'Évêque. Et l'Évêquc lui aussi, s'il ne sait pas lui-
même comment résoudre le cas, s'en rapportera au Collège Ec-
clésiastique.
Et afin que ces sortes de difficultés puissent être résolues
avec ordre et d'une manière certaine, le Collège Ecclésiastique
choisira un temps opportun, pour délibérer sur elles avec
maturité, rédigeant ensuite d'après l'Écriture Sainte, les sen-
tences des anciens docteurs, et aussi les ordonnances des
Tsars, une solution satisfaisante pour chaque difficulté.
dubium accident, oportet, ne a sacerdote absconditum velit ; sa-
cerdos itidem ipse anceps baerens benedictionem impertire non
ausit, nisi ad Episcopi arbitrium rem detulerit. Ipse denique Epi-
scopus, si dubitationum scrupulis sibi eximendis non fuerit, spiri-
tuale Collegium certius faciet.
Spiritualis itaque Collegii est peculiare bisce casibus exquisite
deliberandis tempus impendere, et solidum, nimirum sacrae Scri-
pturae conforme, nec non clarissimorum antiquorum Doctorumsen-
tentiis Regumque statutis consonum, ad omnes id genus difficultates
enodaodas sufficiens statuere decretum.
inclusivement. — L'Eglise russe admet le divorce : 1° pour cas d'adultère, en quoi
elle se conforme à l'Eglise grecque de Gonstantinople. (Voir la discussion soulevée
sur ce point au Concile de Trente en Pallavicino(Card.): Storia ciel Concilie di Trente,
L. XXII, c. iv, n° 27 et seq.) 2" En cas de disparition de l'un des conjoints, si
après cinq ans on ne peut plus avoir des nouvelles. 3) Quand l'un des conjoints est
condamné aune peine entraînant avec elle la perte des droits civils (mort civile).
— Un ukase de l'Empereur Nicolas éleva l'âge requis pour le mariage : à 18 ans
pour les garçons, et à 16 ans pour les filles. — Les prêtres et diacres doivent se
marier avant leur ordination. S'ils deviennent veufs et qu'ils veulent contracter
d'autres noces, on ne les considère plus comme appartenant à l'état ecclésiastique ;
ils en perdent tous les droits et ne peuvent plus en exercer les fonctions. — Des
dispositions spéciales règlent les mariages des infidèles entre eux et avec des
Chrétiens, (V. Сводь Зак. Г. X. lre part, passim, et Уст. Духовн. Коисист.)
204 DEUXIÈME PARTIE. — AFFAIRES SPECIALES.
XII. Quand même le mariage à contracter ne paraîtrait nulle-
ment douteux, il ne convient pas cependant qu'il soit célébré
dans une paroisse étrangère, où ne demeure ni le fiancé ni la
fiancée; bien moins encore dans une autre Éparchie. De même?
on n'appellera pas pour la bénédiction nuptiale des prêtres étran-
gers à la paroisse ou à l'Éparchie des fiancés, car, outre que cela
se ferait au mépris des propres Pasteurs de ceux-ci, ce serait
aussi un indice qui ferait soupçonner les fiancés de vouloir con-
tracter une union illégitime1.
XII. Licetsi autem matrimonio ineundo dubia non oecurrant,
non tamen décorum conveniensque est, ut sacramentum rite pera-
gatur in illa Ecclesia, cui neuter matrimonium ineuntium est ad-
dictus; multo minus id licebit in aliéna dioecesi. Necitidem sacerdos
ex altéra Ecclesia , aut ex aliéna dioecesi ad benedicendum matri-
monio est arcessendus ; per id enim praeterquam quod proprii
Pastores contemnantur, ipsi, qui matrimonium contrahant, in sus-
picionem illegitimi tori venire creduntur 1.
(1) Nous avons fait allusion à l'ingérence des Tsars dans les causes matrimo-
niales. Personne ne s'étonnera que cette ingérence, directe ou indirecte, ait parfois
dépassé les justes limites et empiété sur ce qui est du domaine exclusif de
l'Eglise. On n'a, pour s'en convaincre, qu'à parcourir les ukases se rapportant
au mariage, ceux surtout, qui contiennent des décisions et des dispenses pour les cas
particuliers. (V. le Registre alphabétique de la Цолн. Собр. à la rubrique « Mariage»
[Бракъ].) Nous nous contenterons de signaler la dissolution du mariage du grand
duc Constantin, frère d'Alexandre Ie1' avec la grande duchesse Anne Féodorovna,
« retenue, pour cause de santé, à l'étranger et loin de son mari. » Nous avons cité
ailleurs in extenso le Manifeste impérial qui s'y rapporte, et qui est en date du
20 mars 1820. (Поли. Собр. Зак.. Тот. XXXVII. [28208]. Voir The Pope о f Rome, etc.,
pp. 61-62.) Ici nous rapporterons in extenso un autre ukase, celui par lequel
l'Empereur Nicolas éleva l'âge requis pour le mariage. Le voici :
« Dans Notre sollicitude paternelle pour les fidèles sujets que Nous a confiés la
» Providence du Très-Haut, Nous désirons les sauvegarder contre les funestes
» suites, résultant des mariages contractés avant l'âge parfait, suites que personne
» n'ignore et qui menacent les bonnes mœurs. Dans ce but, Nous avons jugé à
« propos de défendre aux prêtres d'unir, dorénavant, en mariage des garçons ou des
» filles qui n'aient pas atteint les premiers i'àge de 18 ans, les dernières celui de
» 16 ans. Le très-saint Synode n'omettra pas de prendre, en conséquence, les dis-
» positions qui dépendent de lui. » (Поли. Собр. Зак. 2e série. Tome V. (3807)
19juill. 1830, p. 740).
Le style du Tsar Nicolas nous rappelle celui du Pape saint Nicolas, dans les lettres
et autres actes de ce dernier, se rapportant à la condamnation de Photius.
TROISIÈME PARTIE.
DEVOIRS, MODE d'aCTION ET POUVOIR
DE CEUX QUI GOUVERNENT.
Il est temps maintenant de parler de ceux qui gouvernent
et dont se compose le Collège Ecclésiastique .
I
Il suffît que le nombre des personnes chargées du gouverne-
ment soit de douze. Ce seront des hommes appartenant à des
rangs différents :Évêques, Archimandrites, Hégouménes, Proto-
popes. Dans le nombre il y aura trois Évèques et, des autres
rangs, autant qu'il s'en trouvera de dignes l.
PARS TERTIA.
DE IPSORUM, QUI REGIMINI ADMOVENTUR,
OFFICIIS, EXERCITIO ET EFFICACIA.
Tempus jam instat, ut. de Us qui regimine utuntur, ex quibus nempe
spirituale constat Collegium, verba faciamus.
I
Ad spiritualis regiminis corpus componendum duodecim per-
sonae sufficiimt, quae quidem, ut diversi sint ordinis, oportet.
1; Metropolitani, Archiepiscopi vel Episcopi. 2; Archimandritae.
3; Hegumeni. 4; Protopresbyteri. Quorum très ex primo ordine,
reliqui ex aliis ordinibus, qui digni judicabuntur, eligendi sunt1.
(1) Nous ne saurions dire si cette disposition du « Règlement » concernant la
proposition du Collège ecclésiastique a jamais été suivie dans la pratique. Déjà
dans l'ukase du 25 janvier 1721, imprimé en tête du « Règlement» (V. plus haut
p. 4), le nombre des membres du Synode est réduit à onze, savoir : un président,
deux vice-présidents, quatre conseillers et quatre assesseurs. Par contre, les
« membres du très-saint Synode qui, en cette qualité, paraissent comme signataires
du Supplément au « Règlement » — antérieurement à la création du Procureur
suprême du Synode, — sont au nombre de quinze et ce sont : un Métropolite, quatre
Archevêques, quatre Archimandrites, deux Hégouménes, un Hiéromoine, deux Proto-
popes et deux autres personnes dont le rang ecclésiastique n'est pas mentionné.
En l'année 1730 (30 mai) Prokopovitch présenta au Synode un Mémoire où,
d'après les prescriptions des anciens canons au sujet des Conciles, il établissait la
nécessité d'augmenter le nombre desÉvéques membres du Synode, eV« cela fut admis
206 TROISIÈME PARTIE.
II
On aura soin que dans cette Assemblée, il n'y ait point d'Ar-
chimandrite ou de Protopope qui soit sujet d'un Évêque fai-
II
Cavendum est, ne Archimandritae et Protopresbyteri huic
Collegio intersint, qui Episcopo, qui ejusdem Collegii socius audit,
comme une règle »(Philarète. Hist. de l'Eglise russe [iCTopifl русской Цервки],ТснЕИ-
nigoff, 1862. Ve part. § 2, p. 3). Ce Mémoire est encore gardé en manuscrit.
— A ,1a même occasion Prokopovitch en présenta un autre pour que, parmi les
membres du Synode, il y en eut de perpétuels. (Mgr Eugène. Dictionnaire historique
des écrivains ecclésiastiques, etc. T. II, p. 319.) — En 1763, Catherine II consentit,
sur l'avis de la « Commission des propriétés ecclésiastiques » à ce que le Synode
fût composé de trois Évèques, de deux Archimandrites et d'un Protopope (Поли.
Собр. Зак. T. XLIV. Книга Штатовъ. Отд-вл. III. (11942) 1er oct. 1763. pp. 21-22).
Depuis lors sa composition subit d'autres modifications. Voici au surplus, ce qu'on
trouve, à ce sujet, dans tous les Manuels et abrégés modernes des lois russes :
« Le Très-Saint Synode est cette Institution, par le moyen de laquelle, l'autorité
» autocratique suprême agit dans l'administration des affaires de la confession ortho-
» doxe. Le Synode, soit par sa nature et par les divers genres de matières soumises
» à sa juridiction, soit par son organisation intérieure est par rapport aux affaires
» ecclésiastiques de la confession orthodoxe, ce qu'est le Sénat par rapport aux
» affaires civiles.
» Le Synode doit se composer de plusieurs Évèques, Archimandrites et membres
» du clergé blanc. L'un des Evèques porte le titre de Premier Membre (Первенствующей
» Члевъ). Ordinairement ce titre est déféré au Métropolite de Novgorod. Tous les Évê-
» ques, y compris le Premier Membre, sont désignés pour siéger au Synode par
» l'autorité souveraine (le Tsar); ils sont divisés en membres effectifs (собственно
» Членовъ) et en membres assistants (присутствующпхъ). Les premiers siègent dans le
» Synode constamment et gardent le titre de membres du Synode jusqu'à la mort,
» même dans le cas où. ils cesseraient d'assister aux séances : les autres sont appe-
» lés à siéger au Synode seulement pour un temps déterminé, après lequel ils s'en
» retournent dans leur Éparchie. Ceux du clergé blanc (séculier) qui siègent ordi-
» nairement au Synode sont : 1° le confesseur de Sa Majesté l'Empereur; 2° l'au-
» mônier en chef de l'armée et de la flotte. L'un et l'autre portent le titre de
» membres du Synode, mais l'un aussi bien que l'autre sont honorés de ce titre et
» désignés à siéger au Synode par ordre du Souverain. »V. Alexandroff (N.) Recueil
des prescriptions eccle'siaitico-civiles concernant le clergé orthodoxe de Russie. (Сборнякъ
церковно-гражданскихъ постановленШ въ Poccifi, относящихся до лпцъ православнаго
духовенства). Saint-Pétersbourg. 1860, pp. 24-25. — Proskouriakoff (Th.) Guide à la
connaissance des lois civiles, criminelles et de police, en vigueur dans l'empire de Russie
(Руководство къ познанйо д'Ьйствующихъ русскихъ государстпеппыхъ гражданских^,
уголовныхъ и полицейских'!, закоповъ). Saint-Pétersbourg, 1856, t. I, p. 54 etc. etc.
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 207
sant lui-même partie de cette Assemblée. C'est que, dans ce cas,
l'Archimandrite ou le Protopope observerait constamment de
quel côté incline le jugement de son Évêque et y inclinerait
lui aussi, et de cette manière deux ou trois personnes ne forme-
raient plus qu'un seul homme.
Il nous reste à considérer ce que le Collège Ecclésiastique est
tenu de faire; de quelle manière il doit agir et procéder dans les
affaires qui lui sont présentées; enfin quel est son pouvoir pour
les décider. C'est ce qu'indiquent les trois points mentionnés
dans le titre de cette partie du « Règlement » à savoir : les de-
voirs, le mode d'action et le pouvoir de ceux qui gouvernent.
On va dire quelque chose de chacun de ces points en parti-
culier.
§ 1.
(devoirs de ceux qui gouvernent.)
I. Le premier et presque Tunique devoir de ce Gouvernement
ecclésiastique est de connaître quelles sont les obligations de tous
sint subordinati ; quoniam hujusmodi Archimandrita vel Proto-
presbyter legem inconcussam sibi datam existimabit : ut easdem
in judicando partes, quibus ipsius Pontifex favet, tueatur ; proinde
duae vel très personae in unicum quasi hominem coalescent.
Caeterum dispiciendum est in quo munus spiritualis Collegii
consistât? Quomodo illud et qua methodo sit obeundum? Quanta
vi et authoritate ad negotia decidenda Collegium sit instructum ?
Haec tria titulo huic parti praemisso comprebenduntur, quae sunt :
munia seu officia, executio seu exercitium, vis seu efficacia.
De unoquoque separatim nonnihil est dicendum.
§ 1-
(munia seu officia.)
I. Primum et fere unicum hujusce spiritualis Collegii munus est
noscere munia, ad quae ut unusquisque et universi omnino Chris-
208 TROISIEME PARTIE.
les Chrétiens en général, et les devoirs particuliers des Évêques,
des prêtres et autres ministres de l'Église, des moines, des pro-
fesseurs, des écoliers et, enfin, des personnes laïques dans leurs
rapports avec la discipline ecclésiastique. C'est dans ce but
qu'on a ici exposé quelques-unes des obligations propres à tous
ces états, et le Collège Ecclésiastique sera obligé de surveiller si
chacun demeure dans sa vocation, et de corriger et punir ceux
qui y manquent1. Ce Gouvernement a, cependant, des devoirs qui
lui sont propres et que nous allons ici exposer.
II. On doit publier et faire savoir à tous les Chrétiens en
général, de quelque rang qu'ils soient, que si quelqu'un re-
marquait quelque chose d'utile pour la meilleure direction de
tiani, ita peculiariter Episcopi, Presbyteri cum reliquo clero, Mo-
nachi, scholarum ludimagistri et discipuli , nec non saeculares,
quatenus spirituali disciplinae sunt obnoxii, simt adstricti. Ideo
quaedam omnium istorum ordînum munia describuntur. Spiritua-
lis igitur Collegii interest observare : utrum quilibet suo munere
rite fungatur ? alioquin delinquentes instituendi sunt etcastigandi1.
Sunt nibilominus nonnulla, ad quae praestanda hocce ipsum-Col-
legium obstringitur. At, quae ea sint, bîc in médium proferuntur.
II. Universis et singulis cujusque ordinis et conditionis Christia-
nis divulgandum est : posse quemvis déferre spirituali Synedrio per
literas id, quod ad meliorem ecclesiastici regiminis profectum con-
(1) C'est pour aider le Synode à exercer cette surveillance que Pierre organisa
aussi pour l'Eglise ce vaste système de police dont nous avons parlé plus haut
(p. 63, note). Les Fiscaux ou Inquisiteurs chargés de cette besogne, furent divisés
en Inquisiteurs locaux et Inquisiteurs provinciaux sous la direction d'un chef
appelé « premier Inquisiteur » ou « Fiscal en chef » (Цротопнквизпторъ или Главный
Фискалъ). Le personnage investi le premier de cette charge fut l'Hieromoine (prêtre)
Pafnuce, supérieur du monastère de Daniel à Moscou. Nous avons sous les yeux
l'Instruction qui lui fut adressée par le Synode à la fin de 1721. On s'y rapporte à
l'Instruction déjà donnée par le Tsar aux Fiscaux civils (Поли. Собр. Зак. [2786]
17 mars 1714) comme devant servir aussi pour les Fiscaux ecclésiastiques; puis on
ajoute les points qui concernent plus particulièrement ces derniers. Nous en ex-
trayons les deux articles suivants :
« On examinera aussi attentivement si les Évêques se conduisent en tout con-
» formément aux canons, au « Règlement ecclésiastique » et aux ukases des
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 209
l'Église, il pourra en donner communication, par lettre, au
Collège Ecclésiastique, de même que chacun peut déférer au
Sénat ce qui concerne les légitimes intérêts de l'État. Le Collège
Ecclésiastique décidera si le conseil est utile ou inutile; s'il est
utile il l'acceptera, s'il est inutile il n'en tiendra pas compte.
III. Si quelqu'un compose un ouvrage sur n'importe quelle
sujet théologique, il ne pourra le faire imprimer avant de
l'avoir présenté au Collège, et le Collège sera obligé d'exa-
miner s'il ne renferme aucune erreur contraire à la doctrine
orthodoxe l.
ducat; non secus atque cuique licet déferre senatui de augendis
regni commodis. Spirituale vero Collegium, spectata cousilii utili-
tate vel inutilitate, utile quidem ampleetetur, posthabito minus
utili.
III. Opus aliquod theologici argument! a quocunque composi-
tum, priusquam Collegio oblatum fuerit, sub typographica prela
non mittetur. Collegii vero erit dispicere : nonne illud scriptum
erronea quadam opinione orthodoxae doctrinae contraria, sit in-
fectum f ?
« Sa Majesté Impériale et les" arrêtés et dispositions du très-saint Synode qui
« confirment et complètent le « Règlement ». Si l'on découvre quelque chose de
« contraire on le dénoncera dans la forme prescrite.
« On surveillera avec un soin scrupuleux (ouacuo) si les Évêques rendent au
« très saint Synode Dirigeant l'honneur qui lui est dû, s'ils en font mention (dans
<i la liturgie) de la manière requise, et s'ils ordonnent qu'on fasse autant dans leurs
« Eparehies; s'ils enjoignent qu'on reconnaisse au très saint Synode l'autorité et le
« pouvoir que lui a conférés Sa Majesté Impériale ; s'ils se montrent soumis au gouver-
« nement du Synode, et s'ils ne témoignent en quoi que ce soit du mépris et de
« l'indocilité à son égard, auquel cas ils feront leur dénonciation sans délai
(Пола. Собр. Зак. tome VI, à la fin des lois de 1721 (3870), p. 470, n°* 2 et 3).
On trouverait difficilement une preuve plus convaincante du peu de confiance que
le Synode lui-même avait dans la légitimité de son pouvoir.
(1) La révision des livres écrits par des orthodoxes et se rapportant à des matiè-
res religieuses, ou bien destinés aux écoles ecclésiastiques, est actuellement confiée,
en Russie, à quatre comités spéciaux appelés : Comités de la censure ecclésiastique
Духовные Цензурные Комитет) etattachésà chacune des quatre Académies ecclésias-
tiquesde Saint Petersbuurg.de Moscou,deKieff et deKazan. (Voir plus haut, p. 147 note.
14
210 TROISIEME PARTIE.
IV. Si l'on découvre quelque part un corps préservé de toute
corruption, ou s'il se répand le bruit de quelque vision ou mi-
racle, le Collège sera obligé d'examiner la vérité du fait, citant
IV. Sicubi mortui hominis corpus a corruptione integrum appa-
rueritj vel rumor increbuerit de alicujus hominis visione, vel de
miraculo : Collegium débet illos rumoris divulgatores, aliosque
Le Comité attaché à cette dernière Académie ne peut cependant approuver que des
écrits de peu de portée, tels que programmes, courtes dissertations, sermons, etc.
Les Comités transmettent leur appréciation au Synode, et en attendent l'assenti-
ment avant d'autoriser l'impression. Le Synode peut aussi autoriser des publications
directement. (Voir Сводъ Зак. T. XIV, Уставь Цеизуриый (Statut de la Censure) art. 184
et seq. 217 et seq.)
Jusqu'à ces dernières années, la sévérité exercée par la censure, soit ecclésiastique
soit civile, sur les ouvrages imprimés en Russie ou y pénétrant de l'étranger, était
presque proverbiale,' mais nous devons aussi constater que le but principal, sinon
unique, de cette sévérité était d'assurer aux Tsars le tranquille exercice de leur auto-
cratie. Tandis qu'une seule expression contre le Souverain suffisait à faire interdire
un ouvrage, et même à créer de grands embarras à l'imprudent écrivain, les doctrines
protestantes et même irréligieuses trouvaient en Russie un accès plus que facile.
(Voir plus haut les notes aux pp. 20, 47, 51-54, 85,94, 102, 115, 120, 137.) Par une
nécessité logique que l'on comprend aisément, toute aspiration vers le catholicisme,
était également traitée avec une extrême sévérité. La publication d'une lettre de
Pierre Tchadaïeff où perçait l'impression produite sur lui parle catholicisme, valut
au rédacteur du Télescope de Moscou la suppression de la Revue et l'exil sur les
confins de la Mer Blanche. Quant à Tchadaïeft un .décret du Tsar Nicolas déclara
qu'il était fou et ordonna qu'il fut traité en conséquence. (1836) C'est pendan
ce traitement que Tchadaïeff publia son Apologie d'un fou, (Voir la brochure Tendant
ces catholiques dans la société russe, par leP.Gagarin, et les Œuvres choisies de Pierre
Tchadaieff (Paris, Fran:k, 1862) publiées par le même.
De nos jours une liberté, même très-grande, a été laissée à la presse russe pour
signaler les abus existant dans l'administration de l'Etat. Elle a même pu attaquer
impunément, sous une forme plus ou moins ouverte, les principes sur lesquels repose
le christianisme et l'ordre social; mais c'est à peine si elle a pu glisser quelques mots
sur le plus criant de tous les abus, l'Eglise russe telle que l'ont faite les Tsars.
Quant au clergé catholique résidant dans l'Empire, seul de tous les clergés des
confessions étrangères il fut honoré, dans le Code russe, de la note que voici :
« Il est strictement interdit aux membres du clergé catholique de toucher dans
« les instructions fa'.tes dans les églises, ou généralement en public, à des sujets
« politiques. Il lui est aussi strictement interdit de publier des ouvrages sur des ma-
lt tières politiques, surtout sur des sujets se rapportant à l'administration intérieure
« de l'État.» (Со. Зак., Уст. духовны хъ Д'Ьлъ ппострапиыхъ исповь-данш Statuts des
affaires ecclésiastiques des confessions étrangères) art. 54. note, p. 14.
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 211
devant lui ceux qui l'ont divulgué et les autres personnes qui
peuvent eu rendre témoignage, et les soumettant à un inter-
rogatoire \
V. Si quelqu'un est accusé d'être Rascolnique ou inventeur de
quelque nouvelle doctrine, l'affaire sera jugée par le Collège
Ecclésiastique.
VI. 11 se présente quelquefois des cas de conscience dou-
teux, par exemple : que doit-on faire lorsque quelqu'un ayant
volé le bien d'autrui désire en faire la restitution , mais
sans pouvoir l'exécuter, soit par honte, soit par crainte, soit
parce que la personne volée par lui n'existe plus? Et comment se
testimonium praebituros, citare et inquirere : Unde possit veritas
indagari 1.
V. Calnmnia, si quis alterum vocaverit schismaticum, aut novae
L-ujusdam sectae coryphaeum, in spirituali Collegio est judicanda
ae decidenda.
VI. Non desunt quidam conscientiae casus, v. g. quid est facien-
dum ? si quis rem alienam furto ablatam, cupiat restituere, non'
tamen potesl, quia pudor vel metus obstat; vel quia rei ablatae
posscssor vivis est eieptus? Quid itidem ille facturus est? qui post-
quam ab infidelibus cap ti vus retentus fuisse t, cupidus vero liber-
(1) Signalons, avec éloge, cette prescription touchant les miracles, sans nous
occuper de savoir si Ton s'y est toujours conformé dans la pratique, et sans
citer un ukase que nous avons sous les yeux, où les miracles sont traités assez
cavalièrement. C'est une grave imprudence que d'admettre légèrement et sans
examen tout récit miraculeux ; mais c'est aussi une marque d'un esprit superficiel
et fort peu philosophique, que de rejeter à priori tous les miracles Si Dieu es
l'auteur des lois de la nature, Dieu peut bien les modifier à son gré ; c'est là unet
vérité élémentaire que nul ne songera à contester. Or ce Dieu de qui dépendent
les lois de la nature, s'annonçait lui-même, dans l'ancienne loi, Cumme un Dieu
a qui aime les âmes. Domine qui amas animai >• (Sap. xi '27). Cet amour n'a, certes,
pas diminué depuis que l'humanité possède Jésus-Christ ; en fait Jésus-Christ nous
ordonne d'appeler Dieu du doux nom de Père. Si cela est, pourquoi les lois
physiques de l'univers auront-elles plus de prix aux yeux du Créateur que le bien
de ses créatures raisonnables? En dérogeant à ces lois, pour consoler les créatu-
res qui l'invoquent et qui l'aiment, pour amener les àni"s à la foi ou pour les
y affermir, Dieu ne fait, après tout, que se montrer notre Pêue qui est aux CieuN.
212 TROISIEME PARTIE.
conduire à l'égard de celui qui, étant prisonnier chez des païens,
a embrassé, pour recouvrer sa liberté, leur croyance impie et
revient ensuite à la foi chrétienne ? Ces cas douteux, et autres
semblables, seront déférés au Collège Ecclésiastique qui les
examinera avec maturité et portera sa sentence.
VII. Pour ce qui concerne ceux que l'on élève à l'Épiscopat, le
Collège devra examiner s'ils ne sont point superstitieux??/ bigots l,
ni simoniaques ; en quel pays et de quelle manière ils ont vécu.
tatis recuperandae, eorum impietati aclliaesisset ; deinceps ad
christianam. redeat religionem ? haec aliaque dubia ad spirituale
Collegium sunt deferenda, ab eoque deliberanda sunt et sol-
venda.
VII. Ad Praesulis dignitatem promovendos evehendosque spiri-
tuale Collegium primum explorabit : Nonne laborent supersti-
tione? nonne sint impostores1 ? nonne impiae ex Cbristo nundina-
tioni obnoxii? Ubinam et quomodo vixerunt? si itidem opibus
(l)Dans l'oraison funèbre de Pierre le Grand, prononcée le jour de la fête de
Saint-Pierre 1725, Prokopovitch nVpas manqué de rappeler une séance du Synode
où il s'agissait de nommer des Evêques et à laquelle assistait le Tsar. « Puisqu'il
« est impossible, aurait dit Pierre, de trouver des hommes ayant les qualités
« requises pour cette dignité, qu'on en choisisse, au moins, qui ne soient ni
« imposteurs ni bigots. » (Lacrymœ Roxolanœ, seu de obiiu Pietri Magni, etc. Pievaliaî,
1726. — Consett. Op. cit. p. 318).
о Oh ! oracle rempli de sagesse, continue Prokopovitch après avoir rapporté ces
« paroles. En fait un Chrétien d'une probité sincère est guidé par l'Esprit-Saint
« et, puisque Dieu est son maître, il peut bien apprendre à instruire son peuple
« tout en n'étant pas lui-même homme de grand savoir. » (76., ib )
Certes, il y a dans ces paroles beaucoup de vrai ; l'histoire de l'Église nous en
offre des preuves nombreuses depuis ses origines jusqu'à nos jours : le saint curé
d'Àrs (y 18;>9) en est une. Mais quelle signification avaient-ils, dans la bouche
de Pierre et de Prokopovitch, les mots d'imposture et de bigoterie? (Voir plus
haut la note aux pp. 164-165 et passim.)
Il n'est pas sans intérêt de comparer ce passage, où Proko]oovitch devient
mystique au point de friser l'illuminisme, avec le préambule du gA de la 2e partie
du « Règlement, » où tout ce qu'il y a eu de mal dans l'Eglise, même primitive, est
attribué à l'ignorance. (Voir Des établissements d'instruction,]). 104 et seq.)
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 213
Et si quelqu'un d'entre eux est riche, on exigera de lui qu'il
prouve par quels moyens il a acquis ses richesses.
VIII. Si quelqu'un n'est pas satisfait des décisions de son
Évêque, il en appellera au Collège Ecclésiastique. Voici, du reste,
quelles sont, momentanément, les matières du ressort du Col-
lège : les mariages douteux, les causes do divorce, les injures
faites par un Évêque à son clergé, à un monastère ou à un autre
Évêque ; en un mot toutes les causes qui appartenaient autrefois
à la juridiction du Patriarche '.
IX. Le Collège Ecclésiastique devra examiner par qui et com-
ment sont administrées les terres de l'Église, et aussi à quels
usages sont employés les blés et revenus en argent, s'il s'en
trouve 2. Si quelqu'un s'appropriait frauduleusement les biens
abundent, quaerendum est : unde divitias compara verint? et
quaeslio testimonio est expedienda.
VIII. Si quis judicio Episcopi pulet sibi non satisfieri : ad spiri-
tualis Collegii judicium provocabit. Causae in hoc judicio deciden-
dae sunt nominatim sequentes : Matrimonia dnbiis intricata, di-
vortiorum causae". injuriae clero vel monasterio a suo Episcopo
illata, injuria, qua Episcopus Episcopum afficeret; ut paucis omnia
complectamur : Omnes illae causae, quae sub Patriarcharum cen-
suram cadebant '.
IX. Ad spirituale Collegium spectat dispicere : Quis et qua ra-
tione agros Ecclesiae possideat? Quorsura, et quibus necessitalibus
frumentum aliaeque obventiones % si quae sunt, pecuniariae im~
(1) Les exactes limites de la juridiction du Synode furent fixées, un peu plus
tard, par divers décrets de Pierre. Nous y reviendrons .
(2) Le Synode exerce, au moyen des Consistoires ecclésiastiques, le plus sévère
contrôle sur tout ce qui concerne l'administration des propriétés soit des Églises soit
des monastères. Des rapports spéciaux lui sont envoyés à ce sujet, et il n'est pas
jusqu'au montant des sommes recueillies chaque année dans les églises qui ne
doive être déclaré au Synode. Un rapport spécial est aussi envoyé au Synode, trois
fois par an, sur les donation? faites ait clergé et aux églises et dépassant la
valeur de cent roubles.
214 TROISIEME PARTIE.
de l'Église, le Collège Ecclésiastique devra procéder conlre lui
et le contraindre à restitution.
X. Depuis l'Évêque jusqu'au dernier desservant d'Église,
lorsque quelqu'un aura été offensé par quelque seigneur puis-
sant, ce n'est pas au Collège Ecclésiastique mais à celui delà
Justice ou, en dernier ressort, au Sénat qu'il doit s'adresser pour
obtenir satisfaction. Toutefois l'offensé exposera aussi son grief
au Collège Ecclésiastique, et le Président avec tout le Collège
venant en aide à leur frère offensé, enverront en leur nom des
personne? honorables pour solliciter une prompte justice, auprès
des autorités compétentes.
XI. Si les testaments ou dernières dispositions des personnes
illustres offrent quelques difficultés, on les soumettra au Collège
Ecclésiastique et à celui de la Justice, et ces deux Collèges
examineront l'affaire et porteront leur décision1.
pendantur? si denique quis berna ecclesiastica furetur, spirituate
Collegium instare ab eoque sacrilego illud, quod sunipuerat, re-
petere, noverit suarum esse partium.
X. Episcopus vel inferioris ordinis Ecdesiae minister ab aliquo
potente Nobili oppressus, quanqaam non in spirituali Collegio, sed
in Justitiae Collegio, aut in casu interversae aequitatis, in Senatu
expostulare jubetur. Consentaneum tamen est, tam oppresso, ut de
sua injuria certius faciat spiriluale Collegium, quam spirituali
Collegio, ut Praeses imo totum Collegium fratri suo injuria affecto
subventuri mittant a sua parte viros honestos, qui judices illud
negotium tractantes moneant, ut citius causam discutiant.
Xï. Si testamentum, id est, uliima moriturorum magni nominis
hominum voluntas, dubiis laborare videatur, spirituali Collegio
et Justitiae Collegio est exhibendum. Utriusque porro Collegii in
propositam causam intenti, communis dfeisiva sententia expediet
riegotium !.
(I) Remarquons qu'il n'est ici question que des seuls testaments des personnes
illustres. — Tout lecteur attentif et qui se rend compte du temps exigé par le manie-
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 215
XIF. Le Collège Ecclésiastique devra rédiger une Instruction
sur la manière de faire l'aumône, car nous péchons beaucoup
en cela. Un bon nombre d'hommes, en parfaite santé, s'adonnent
par paresse à la profession de mendiant, et parcourent le pays
sans vergogne ; d'autres, moyennant des présents faits aux
Starostes 1 se fixent dans les hospices; ce qui est contraire à
l'ordre de Dieu et cause du préjudice à toute la patrie. Dieu
nous ordonne de manger notre pain a la sueur de notre front
(Gen., ni, 9), c'est-à-dire en nous occupant d'industries légitimes
et de différents travaux, et de travailler à quelque chose hon-
nête non-seulement pour notre propre sustentation, mais encore
« afin d'avoir de quoi donner aux pauvres » (Eph., îv, 28). Dieu
ordonne aussi que « celui qui ne veut point travailler ne mange
XII. Quantum attinet ad distribuendam eleemosynam, eu m in
hoc casu multum omnes peccemus, admonitione aliqua opus est.
Multi enim eircumventores integrae sanitatis, otio marcentes au-
dent mendicare stipemque impudiee colligunt. Non desunt etiam,
qui se in nosocomia intrudant, et quidem numerata pecunia noso-
comii praefectum ' corrumpentes ; quod non minus Deo displicet,
quam nocet patriae. Deus nobis praecipit, ut « in siîdore vultus nostin
panem, justo scilicet varioque labore comparatum, comedamus. »
(Gen., in, 19),utque bonum operemur, non tantum ut nobismetipsis
nut rien dis provideamus ; s?d etiam « ut habeamus, quid egenis, id
est, pauperilms, largiamur » (Eph., iy, 28). Cibum etiam homini
ment des affaires se sera déjà demandé comment le Synode peut s'acquitter d'une
manière consciencieuse de toutes les obligations que le « Règlement » lui impose.
Or, depuis Pierre le Grand, le nombre de ses attributions n'a fait qu'augmenter.
« Si l'on calcule, dit un écrivain fort compétent dans la question, le nombre des
« affaires soumises chaque année à la décision du Synode et le nombre d'heures
« qu'il est en séance, on arrive à cette conclusion, qu'il ne peut donner en moyenne
;< plus de cinq minutes à chaque affaire.... » (P. Gagartn. Le Clergé russe, p. 243.)
(1) Staroste староста de старый vieux, ancien) est le titre donné aux Inspec-
teurs des hospices. Ce mot signifie aussi bailli d'un village et chef d'une starostie
(propriété en Pologne).
216 TROISIÈME PARTIE.
point '» (II Thess., ni, 10), d'où il s'ensuit que les mendiants en
bonne santé et paresseux sont ennemis de Dieu.
Celui donc qui les assiste, se faisant leur auxiliaire, participe
à leur péché, et tout ce qu'il dépense en cette vaine aumône
est perdu pour lui, et ne profite en rien à son âme 2. Outre cela,
comme nous l'avons dit, il résulte de cette fausse miséricorde,
un dommage considérable pour la patrie, car c'est de là surtout
« labores subierfugienti * » abjudicat Apostolus (II Thess., ш, 10).
Mendici idcirco robusli simulque desides Deo sunt exosi.
Proinde qui in eos stipem erogat, sicut vitae eorum nequiter
agendae adjutor, ita peccati quoque eorum fit complex. Quidquid
igitur impenditur maie collocatae ejusmodi eleemosynae, frustra
abit, nec ullam spiritualem adfert utilitatem8. Praeterea haec im-
prudenter effusa liberalitas, magnum patriae, uti diximus, infert
incommodum. Inprimis penuriam et frumenti caritatem. Perpen-
(1) Voici les passages de l'Ecriture indiqués dans le texte : « Tu mangeras ton
« pain à la sueur de ton front, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre d'où tu
« as été tiré, car tu es poussière et ta retourneras en poussière. r>[In sudore vultus
tut vesceris pane donec revertaris in terrain de qua sumplus es : quia pulvis es et in
pulverem reverteris.) Gen. m. 19.
« Que celui'qui dérobait ne dérobe plus; mais qu'il s'occupe, en travaillant des
« mains, à quelque ouvrage bon et utile, pour avoir de quoi donner à ceux qui sont
« dans l'indigence. (Qui furabatur jam non furetur ; magis autem laboret, opérande
manibus suis quod bonumest, ut habeat unde tribuat nécessitaient patienli.) Eph.iV, 28.
« Aussi, lorsque nous étions avec vous, nous vous déclarions que celui qui ne
« veut. point travailler ne doit point manger. »(Nam et cum essemus apud vos, hoc
denuntiabamus vobis ; quoniam si quis non vult operari nec manducet.) II Thess. ni. 10.
(2) Nous n'aurons garde de nous étendre en commentaires sur la façon dont on
parle dans cet article des mendiants, ni sur cette étrange morale qui change, si
décidément, en péché et en coopération au crime une aumône irréfléchie. Nous
signalerons plutôt comme très digne de l'attentiondu lecteur, un livre où la question
de la mendicité est traitée à fond et dont l'auteur trouva des admirateurs même
en Russie ; c'est l'ouvrage de M. Charles Périn, l'illustre professeur de droit public
et d'économie politique à l'Université de Louvain : De la richesse dans les sociétés
chrétiennes. Paris, Lecoffre. 1808. On le consultera avec d'autant plus de confiance
sur la mendicité, que l'auteur, parlant de la charité, exige ce qu'elle se tienne dans
une sage réserve, également éloignée d'une rigueur excessive et d'une trop
grande indulgence, » et « que le pauvre corresponde par ses dispositions morales
à la charité du riche. » Pékin, Op. cit. t. II, p. 272-27:!.
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 217
que provient la disette et la cherté des blés. Que tout homme
raisonnable considère combien de milliers de ces mendiants
paresseux il y a en Russie ; voilà autant de milliers d'hommes
frustrant le pays d'une grande quantité de blé, que leur travail
pourrait produire. Avec cela, par leur effronterie et leur humilité
hypocrite, ils dévorent les travaux des autres, d'où il suit qu'une
grande quantité de blé va se perdre sans profit. — On saisira
partout ces mendiants et on les emploiera aux travaux publics.
De tels gens causent, en outre, un grand préjudice aux vrais
pauvres, car tout ce qu'on leur donne est autant d'enlevé aux
véritables indigents. De plus, ces filous, parce qu'ils jouissent
d'une bonne santé, accourent vite où se fait l'aumône, tandis que
les indigents infirmes restent en arrière, ou gisent presque à
moitié morts dans les rues, consumés par la maladie et par la
faim. Il y en a aussi d'autres qui manquent du pain quotidien et
qui ont honte de mendier. Tout homme ayant vraiment des
entrailles de miséricorde, ne pourra s'empêcher, en réfléchissant
dat quilibet prudens, quotquot millia in Uossia ejusmodi pigrorum
sunt mendieorum, totidem millia hominum esse, qui subterfugiant
agiiculturam, atque adeo eos ad rem frumentariam augendam
non facere. Cum tamen illi e contrario cum effronté protervia si-
mulque cum pravae animi contritione alienos labores dévorent ;
magna igitur frumenti copia ideirco frustra périt. Oportet, ut
ejusmodi rapti, ad publicos damnentur labores.
Hi itidem mendici, in mendicos proprie dictos sunt injuriosi.
Quantum enim illis tribuitur, tantumdem inopibus, qui jure merito
inopes appellantur, detrabitur. Cum itidem pauperes infirmi vix
loco moveantur; nonnulli vero eorum fere semimortui in plateis
projecti, praeterquam quod morbo distorqueantur, famé conta-
bescant; quin imo non desunt ejusmodi, qui quotidiani panis
indigi, pudore, quo minus ostiatim vocem emittant, vel manum
extendant, suffundantur : Verberones illi firma fruentes valetu-
dine expedito cursu in eleemosynam eripiendam advolant. His per-
218 TROISIÈME PARTIE.
à tout cela, de souhaiter qu'on apporte à ce désordre un remède
salutaire. Mais il y a encore plus: ces effrontés paresseux com-
posent certaines chansons insensées et dangereuses pour les
âmes, et les chantent devant le peuple avec des gémissements
simulés, rendant ainsi encore plus idiots les simples ignorants ;
et pour ce fait ils reçoivent une rémunération.
Et qui pourrait énumérer brièvement tous les maux dont de
pareils fainéants sont la cause? Sur les chemins, quand ils trouvent
l'occasion opportune, ils dévalisent les passants; ils sont incen-
diaires, ils servent d'espions aux révoltés et aux traîtres, ils
calomnient les hautes autorités, ils dénigrent affreusement
l'autorité souveraine elle-même et excitent le simple peuple au
mépris d'is autorités. Quant à eux, ils ne se soucient d'aucun des
devoirs d'un chrétien, ils se regardent point comme leur affaire
d'entrer dans une église, mais seulement de se tenir devant les
églises en de continuelles lamentations".
pensis liomo, cujus cor, sincero liberalitatis studio inflammatu,
non potest non ex animooptare, ut ista perversa consuetudo emen-
detur. Accedit ad hoc, quocl otiosi illi grassatores quibusdam in-
' sulsis et impiis compositis cantilenis, iisque cum simulato gemitu
in vulgi concursn decantatis rudes et maie sanos in majorem con-
jiciunt insaniam ; ob id tamen ipsum larga stipe cumulantur.
Universa, quieab his veteratoribus perpetrantur, incommoda,
quis compencliosa descriptione complectatur ? in viatores latroci-
niis, in incolas incendiis grassantur : Rebellibus et proditoribus
suam venalem, exploratorum habituin induti. offerunt operam :
viros ad hoaorum fastigia eveetos calumniantuv : quin imo ipsam
supremam potl-.statem convitiis prosoindunt, et in (imam plebem
ad optimates vili faciendos excitant : Ipsis intérim ab omnibus, ad
quae singuli fidelium aclstringuntur, maniis prorsns abhorrent :
populi in templo orantes conventui interesse, opus a se alienum
esse, contra vero suas plane parles se obire, si templi vestibulum
continuo, eoque incondito flebili impleant clamore, autumant
perditi.
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 219
Mais, ce qui dépasse toute mesure, c'est leur manque de
ce nscience et leur inhumanité : ils crèvent les yeux à leurs
enfants, ils leur contractent les mains et leur tordent les mem-
bres, afin d'en faire de vrais pauvres dignes de pitié.
En vérité il n'y a point d'espèce d'hommes pins scélérate que
celle-là, et c'est, par conséquent, une grave obligation pour le
Collège Ecclésiastique de s'en préoccuper et d'aviser aux meil-
leurs moyens de déraciner le mal. Il doit établir de sages régies
pour la distribution des aumônes, après quoi, il priera Sa Ma-
jesté Tsarienne de daigner les confirmer par un décret souve-
rain l.
Quae vero de prava eorum conscientia, et plus quam ferina cru-
delitate narrantur, fidem superant : Infantibus ex se progenitis
oculos eruimt, lumenque adimunt : manus contorquent aliosque
artus vitiant, ut eos veri nominis pauperes, et misericordia dignes
efficiant.
Re quidem veranonest bominum genusmagis sceleratum profli-
tumque magis. Oportet igitur spiriluale Collegium solertissime ad
hoc esse intentum, consiliumque, qua ratione bocce malum faci-
lius sit extirpandum, et congruae largienrlis eleemosynis prae-
cribendae sint regulae, inire. Tandem rogare, ut REGIA MAJE-
STAS illas REGIO SUO edicto ratas esse babendas praecipiat '.
(I) Nous ne connaissons aucune « Instruction sur la distribution des aumônes»
rédigée par le Synode et confirmée par le Tsar : en revanche, nous avons trouvé
des lois assez nombreuses portées par les Tsars contre la mendicité. Si nous ne
nous trompons, cependant, plus encore que de soulager la misère on s'est préoc-
cupé de soustraire au regard des heureux du siècle le spectacle, parfois repoussant,
des souffrances et des infirmités humaines. Est-ce un mérite ? Est-ce un bienfait
pour une société chrétienne? — Ceux qui s'intéressent à ce sujet peuvent consulter
dans ]e Registre alphabétique de la Collection complète, etc. (Поли. Собр.; ЛлфэО. Реэстр'ь)
les lois citées sous la rubrique : Hnmie (Pauvres). — Pour les dispositions actuelle-
ment en vigueur du Code russe (Сводъ Закоповъ), concernant la mendicité, voir
Y Indicateur alphabétique du Code, sous la même rubrique.
Terminons cette note par des préceptes sur la manière de se conduire envers
les serviteurs, empruntés au Miroir honorable de la jeunesse, ce manuel du ton et
des manières delà bonne société, dont nous avons parlé àlap. U9.Pekarski croit
que le Miroir russe est emprunté à quelques manuels allemands, tels que lier
220 TROISIÈME PARTIE.
XIII. Une autre obligation du Collège Ecclésiastique, et qui n'est
pas légère, c'est de purger le clergé de la simonie et de son im-
pudente effronterie. Pour cela, il est utile que le Collège délibère,
avec le Sénat, sur le nombre des maisons qu'il faut assigner à
chaque paroisse, et sur ce que chacune de ces maisons doit nom-
mément fournir au prêtre ainsi qu'aux autres desservants de sa
paroisse, afin que ceux-ci jouissent de la parfaite aisance conve-
XIII. Summopere interest spiritualis Collegii a Sacerdotum or-
dine arcere simoniam et impudicamproterviam. Expedit super hac
re consilium cum Senatu instituere. Quot nam, scilicet domibus,
seu familiis justus parochiae conficiendae numerus sit definiendus;
ex quarum singulis, sacerdotes et reliqui ecclesiastica muni a admi-
nistrantes certas obtineant obventiones, ut pro ratione sui status
decenter queant sustentari ; ne in posterum pretium solvendura
Spiegel mr die Bildung, Der goldne Spiegel, et autres, qui jouissaient alors d'une
grande vogue. Quoi qu'il en soit, dans ce que dit le Miroir au sujet des serviteurs
on trouvera le digne pendant du langage du « Règlement » à l'égard des pauvres.
« ...Ne te mêle nullement, dit le Miroir, avec tes serviteurs; s'ils sont diligents
« aime-les, mais ne te fie nullement à eux : c'est que, étant grossiers et ignorants,
« ils ne savent garder aucune mesure mais cherchent l'occasion de s'élever
« au-dessus de leurs maîtres, et divulguent par tout l'univers ce qui leur a été
« confié Il faut que les enfants parlent toujours, entre eux, en des langues
;< étrangères, afin de s'y habituer, mais spécialement (особливо) afin que les servi-
ce teurs et les servantes ne puissent les comprendre. Cela servira aussi à faire
о distinguer ces enfants des autres qui ne sont que des stupides ignorants (отъ
« незпающихъ болваповъ), car chaque marchand, en faisant l'éloge de sa mar-
« chandise, la vend comme il peut... » — Pekarski remarque ici que, même de nos
jours, ceux qui, dans les rues et les promenades publiques de Saint-Pétersbourg,
parlent français sont reconnus comme les partisans du Miroir de la jeunesse. Avis
au lecteur.
« Maintiens tes serviteurs dans la crainte, continue le Miroir ; ne leur pardonne
« pas plus de deux fois , mais chasse-les de la maison, car un renard
« rusé ne change point sa nature ... Les serviteurs sont, par leur nature, impolis,
« entêtés, effrontés et orgueilleux , c'est pourquoi il faut les humilier et les
« abaisser.... Il n'y a rien de plus abominable (мерзостнее) qu'un serviteur
a pauvre, orgueilleux, effronté et obstiné ; c'est de là que tire son origine le pro-
а verbe : Le diable trouve sa joie dans l'orgueil d'un mendiant. » (Voir Pekarski,
Op. cit. t. II, p. 382-383.)
§ 1. DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. 221
nable à leur état, el ne sollicitent plus à l'avenir aucune rétribu-
tion pour les baptêmes, les enterrements, les mariages, etc l.
L'ordonnance qu'on portera là-dessus n'empêchera pourtant
pas les personnes généreuses de donner au clergé autant qu'elles
voudront, selon leur libéralité.
Chaque membre du Collège,, le Président aussi bien que les
autres, est nommément tenu, à son entrée en charge, de jurer qu'il
est et demeurera fidèle à Sa Majesté ïsarienne et que, non d'après
ses passions ni par amour du gain, mais par amour de Dieu et
pour L'utilité du peuple, avec la crainte de Dieu et en bonne
conscience il jugera les affaires, donnera son avis, examinera les
pro baptismo, pro sepultura pro matrimonii benediclione, et cae-
tera, e.xigant '.
Non tamen per hocce stabit decretum, quo minus benevoli ho-
mmes sacerdotibus, quantum cuiquc libueiït, a spontanea libera-
litate larffiantur.
Quivis Collega, tam Praeses, quam caeteri munus suum aggres-
suri, dato jurejurando eonccptis verbis promittent, se fore fidèles
RECIAË MAJESTATI; Nec àffectibus indulturos,ne« donis intrans-
versum actum iri ; scd propter Dcum, Jiominumque ulilitatem,
cum Dei timoré et bona conscientia in judicando et consultando,
in aliorum suorum Collega rum sententiiset consiliis aceeptandis,
(l) Il n'est presque pas d'écrivain russe s'étant occupé de la situation du clergé de
s ou Eglise, pas de voyageur ayant consigné par écrit les impressions de son voyage,
qui ne se plaigne de la vénalité des popes russes. Cette vénalité, pourtant,
n'est-elle pas le résultat forcé de la situation misérable faite au clergé et de
l'absolue insuffisance de son traitement ? Si, d'une part, le clergé a le droit de
vivre tout autant que le reste des mortels, de l'autre la misère est pour lui,
comme pour tous, une fort mauvaise conseillère, surtout s'il a à sa charge une
femme et des enfants. Nous engageons ceux, qui demandent l'abolition du célibat
des prêtres à faire une tournée en Russie ; ils aborderont ensuite le sujet, tout
au moins а\ег une grande réserve, et en faisant force distinctions.
222 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
opinions et les conseils de ses frères et les acceptera ouïes rejet-
tera. Et il prononcera ce serment contre lui-même, sous peine
expresse cTanathème et de punition corporelle si, par la suite, il
était surpris et convaincu d'agir en contradiction avec ce qu'il a
juré.
Sa très-sacrée Majesté Tsarienne le Monarque de toutes les
Russies daigna entendre d'abord lui-même la lecture, faite en sa
présence, de toutes les choses ci-écriles, les examiner et les corri-
ger, le 11 février de celte année 1720. Après quoi, sur l'ordre de
Sa Majesté, leurs Éminences * les Évêques, réunis avec les Archi-
mandrites et les Sénateurs dirigeants, les ont entendues, exami-
nées et corrigées, le 23 février de la même année. — Et pour
leur confirmation et invariable exécution, après la propre signa-
ture du clergé et des Sénateurs présents. Sa Majesté Tsarienne
elle-même daigna apposer sa signature de sa propre main.
vel rejiciendiS; se esse gesturos. Hocporro juramentumpraestabunt
non detrectaturi anathematis, vel civilis suppliciipoenam, si contra
juramentum quidquam patrare annotati et redarguti fuerint,
subire.
Ista universa hic scripta, antea IPSE totius Rossiae MONARCHA,
SUA REGI A sacra MAJESTAS, in SUA Praesentia lecta bénévole
audire, deliberareet emendarewoN est gravatus. Hujus 1720 anni,
Febr. ila die. Postea ex SUAE REGIAE MAJESTATIS mandato,
Eminentissimi ' Antimites et Archimandritae, simulque régentes
Senatus Gollegae audita délibérantes, itidem emendaverant. Ejus
dem Febr. 23a die. Deinde, ut rata haheantur, et absque ulla
mutatione adimpleantur, poslquam suas manus tam spirituales
quam regenlis Senatus Gollegae subscripserunt, IPSI etiam Au-
gustissimae REGIAE MAJESTAÏI placuit ut SUA PROPRIA manu
subsc riber et.
П) Le titre donné aux Evoques russes signifie proprement : très-s cré (npe-
ocuiiujuiiiibiii). En le traduisant par Eminence, ici et à la page 103 noie, nous nous sommes
conformé à l'usage des dictionnaires. V. Reiff. etc.
L'humble Etienne l, Métropolite
de Riazan.
L'humble Sylvestre 2, Métro-
polite de Smolensk.
NOMS DES SIGNATAIRES. 223
Comte Apraxin 3, Amiral.
Comte Golovkin 4, Chancelier
Humilis Stepuanus l3 Metropoli-
tanus indiguus Riazanensis.
Humilis Sylvester 2, Metropoli-
tanus Smolescensis.
Maris Praefectus, Cornes Apra-
xin 3.
Primicerius Cancellarius, Cornes
Golovkin 4.
(1) C'est Etienne Yavorski, le prélat déjà souvent mentionné. Né en 1658, en
Volhynie, sacré Métropolite de Riazan en 1700, puis Administrateur patriarcal,
Exarque, Vicaire et Gardien du siège patriarcal (de Moscou), il fut le premier Prési-
dent du Synode (1721), et mourut à Moscou en 1722. Homme de grand savoir, et
de beaucoup d'éloquence, il rehaussa ces qualités par une grande piété. Son
ouvrage : La pierre de la foi (Камень обры) contre les Luthériens et les Calvi-
nistes, fut traduit en latin et publié par les soins de la Propagande. L'auteur
luthérien de la Réplique à la « Pierre de la foi » (V. plus haut. p. 177 note) soutient
que Pierre le Grand regardait cet écrit comme « contraire à la doctrine de l'Eglise
grecque !...» Toujours est-il qu'il, ne put paraître qu'en 1728, après la mort de
l'auteur et du Tsar, et qu'il créa des persécutions à ceux qui le publièrent.
Yavorski excella aussi dans la poésie latine; l'adieu en vers latins à ses livres,
composé pendant sa dernière maladie, est fort remarquable. On le trouve à la fin
de l'ouvrage de Consett : The présent stala and régulations, etc., p. 'l'il. Un peu plus
d'un an avant sa mort, Yavorski ajoutait à son testament les vers suivants, qui
rappellent le premier chapitre de Y Eccle'siaste et celui de V Imitation:
О tiluii, scopuli potius meliusque vocandi !
Heu ! quitus allisi tôt periere rates.
Et quid sont lituli, nisi fumus, ventus et umbra
Bullac{ue quœ \ilreis turgida fertur aquis !
(2) Dans le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du Comte Tolstoï (Féodor
Andreïevitch f 1819), publié par Kalaïdovitch et Stroieft' (Moscou 1825), on trouve
mentionné, sous le n° 233 de la lre partie, un Abrégé de Cosmographie ( Епитолми
космографическая) traduit de l'italien en russe, par Sylvestre (Kraïski), Métropolite de
Smolensk. (V. Mgr Eugène. Dictionnaire, etc., t. П, p. 206.)
(3) Le comte Féodor Matveïevitcli Apraxin, chef du collège de l'Amirauté, amiral
général de Russie, et l'un des sénateurs de la première nomination, naquit en 1(561.
Il rendit de signalés services à la Russie comme commandant en chef des forces de
mer, pendant la guerre contre les Suédois. C'est lui qui, en 170S, sauva Saint-
Pétersbourg en forçant à l'inaction le général suédois Liïbeker que Charles XII
avait chargé d'attaquer la Russie par le Nord, tandis qu'il l'attaquait par l'ouest.
En récompense Pierre conféra à Apraxin le titre de comte. Apraxin se signala aussi
par d'autres succès contre les Suédois. Sa mort arriva en 1728.
(4) Gabriel Ivanovitch Golovkin (né en 1660, mort en 1734), se distingua d'abord
dans les guerres contre les Turcs et les Suédois. En 170Э, il fut nommé Chancelier
224
L'humble Théophane l, Evêque
de Pskoff.
L'humble Pitirime 2, Evêque
de Nijégorod.
TROISIÈME PARTIE. — § 1.
Prince Jacques Dolgoroukoï 3.
Humilis Tiieophanes ^Episcopus \
Plescoviensis.
Humilis Pitiremus -, Episcopus
inferioris Novogrodiae.
Princeps Jacobus Dolgorucoy
de l'Etat et, en cette qualité, il dirigea toutes les négociations avec les puissances
étrangères. Pierre le créa comte en 1710. Lors de son deuxième voyage à l'étran-
ger, le Tsar confia à Golovkin, la garde de la Tsarine Catherine, qu'il laissait à
Amsterdam, pendant son voyage de Paris (1717). Ce fut Golovkin qui, en 1721,
proposa à Pierre, dans une séance du sénat, de prendre le titre d'Empereur. Le
lecteur aura remarqué que ce titre ne parait pas encore dans le « Règlement » ; on
le trouvera dans 1'« Instruction » du Procureur suprême du Synode.
(1) Cet humble Théophane Évêque de Pskoff, c'est Prokopovitch, l'auteur du
a Règlement». Pour les renseignements sur sa vie, voir l'Introduction et passim.
(2) Pitirime occupe une place fort importante dans l'histoire du Rascol russe.
Rascolnique d'abord lui-même, il fut amené par l'étude à quitter le schisme, et se
livra entièrement à la conversion de ceux dont il avait partagé les croyances ; un
ukase de Pierre le Grand, lui conféra, en 1706, cette mission officiellement. En 1715,
Pitirime informait le Tsar qu'il avait opéré deux mille conversions. En 1718, il
fut nommé par le Tsar Archimandrite d'un monastère qu'il avait lui-même fondé
pour y former des coopérateurs et d'où sortirent, en effet, de puissants adversaires
du Rascol. Le siège me'ùropolilain de Nljegorod étant devenu vacant, Pitirime fut élu
Evêque de cette ville en 1719 ; ce ne fut qu'en 1724 qu'il fut « gratifié » (пожаловаиъ)
du titre d' Archevêque. Déjà, en 1716, il avait proposé cent trente questions aux Ras-
colniques, les sommant d'y répondre. Ces derniers lui envoyèrent, à leur tour, deux
cent quarante questions, avec prière de les résoudre. En mai 1719, les Rascolniques
lui présentèrent les réponses à ses cent trente questions ; en octobre de la même
année, Pitirime répondit solennellement à leurs deux cent quarante questions. Plu-
sieurs conversions suivirent. Ces réponses de Pit?rime furent publiées ensuite sous
le titre de Fronde contre les' questions des Rascolniques (Пращпца протпву Вопросовъ
Раскольническихъ). Pitirime travailla à la conversion des Rascolniques jusqu'à sa
mort, arrivée en 1738. Dans cette œuvre de conversion il se distingua par sa man-
suétude ; quelques passages du rapport envoyé au Tsar au sujet des cent quarante
questions des Rascolniques, paraissent copiés des Monita ad missiona rios S.. Congréga-
tions de Propaganda fide, a'u chap. Ш, art. 3 : « Que l'Evangile ne doit être propagé
par aucune violence (Nulla vi inducendum esse Evangelium). »
(3) Le prince Jacques Eéodorovitch Dolgoroukoï (ou Dolgorouki),né en 1639 d'une
famille très-illustre et fort ancienne, fut le chef de la première ambassade russe .
envoyée eu Francs et en Espagne (1687). Rentré en Russie, il combattit contre les
NOMS DES SIGNATAIRES.
L'humble Barlaam ', Evêque
:1e Tver. -
L'humble Aaron ', Evêque de
Kùreiie.
Prince Dmitri Galitzin -.
Comte André Matveïeff s.
Humilis Barlaam ', Epïscopus
Twerensis.
Humilis Aaron ', Episcopus Ca-
reliae.
Prmceps Demetrius Goljcin
Cornes Andréas Matveev 3.
Turcs et les Suédois. A Narva, il devint prisonnier de Charles XII. Nommé sénateur
en 1702, il se distingua par sa franchise et sa fermeté vis-à-vis du Tsar. Il mourut.
eu 1720, chef du Collège de Révision.
(1) Ces deux prélats, Barlaam, Evêque de Tvor et Aaron, Evêque de Karélie,
avaient été désignés par un ukase du Tsar, pour sacrer Théephane Prokopovitch,
nommé evêque "de Pskoff (1718), et c'est à eux que Yavorski avait adressé le Mé-
moire sur les opinions hétérodoxes de Prokopovitch, dont le but était d'empêcher
son élévation à l'épiscopat. (V. p. 115, note.) Qu'ils devaient se trouver peu à leur
aise, dans cette réunion, en présence de leur formidable adversaire ! Aaron, Evêque
de Karélie, tomba peu après en disgrâce (1721), et fut renfermé dans un couvent.
(2) Le prince Dmitri Mikhaïlovitch Galitzin (f 1738), frère du célèbre Michel Ga-
litzin, se distingua dans l'administration des affaires de l'Etat. 11 eut une grande
part à la civilisation :le la Russie et favorisa particulièrement les traductions, en
langue russe, d'ouvrages étrangers. L'historien russe Schtcherbatoff n'hésite pas à
l'appeler « l'homme le plus intelligent de son siècle, я Ce qui est fort remarquable,
c'est que, tout en appréciantle profitqu'on pouvait tirer desétrangers pour la civilisa-
tion de son pays, le prince Galitzin ne pouvait souffrir que cela fût au détriment des
coutumes et des usages nationaux. On lui prête le mot suivant : « A quoi bon tous
» ces agissements ? (загВН [de Pierre].) Est-ce que nous ne pouvons vivre comme
» nos pères et nos aïeux, qui n'attiraient pas chez eux les étrangers?» Ces mots,
expliqués par sa conduite, appuyent le jugement de Schtcherbatoff; Pierre eut
tout gagné en cherchant à profiter davantage des conseils du prince Galitzin.
(3) Le comte André Matveïeff (né 1G66 f 1728), se distingua comme ambassadeur
de Pierre près des principales cours de l'Europe ; à la Haye, à Paris, à Londres et
à Vienne. Ce fut durant son séjour à Londres qu'il essuya une injure pour laquelle
Pierre le Grand exigea et obtint satisfaction. La reine d'Angleterre Anne (f 1714}
envoya pour cela à Moscou Sir Charles Withworth, en mission extraordinaire.
Cet événement, qui nous montre la Russie déjà puissante et respectée, est ra-
conté en détail dans une Relation publiée en français et en allemand sans lieu ni
date. Nous n'en connaissons que hs titres ; dans l'intention de l'écrivain, le titre
allemand parait avoir été le suivant : Relation von der oeffent lichen Audienlz welcfie
J. M. der Koeniginn von Grossbritanien Exlraordinaira Ambassadeur U. C. Withworth
bey J. G. C:. Majeztaet in Moscou gehabt, in-i°— Le comte Matveïeff a laissé par écrit
15
226 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
Théodose, Archimandrite d'A- Pierre Tolstoï2.
lexandre Nevski К
Theodosius , Archimandrita | Petrus Tolstoï 2.
Alexandri Nevensis 1 .
le récit de son voyage de la Haye à Paris, entrepris dans le but de conclure un
traité de commerce avec le roi Louis 'XIV, ce en quoi il échoua. En piarlant de la
France il dit, entre autres choses, ce qui suit : « Le meilleur soutien du royaunae
de France, c'est que l'envie n'y domine point » (лучшее всбхъ осповате есть что не
властвуеть тамъ зависть. Рек, op. cil., Т. I. р. 134) . — Puisse-t-il en être toujours ainsi !
(1) Théodose (Yanovski) fut créé en 1720 Èvêque du siège auparavant métropoli-
tain de Novgorod ; et, peu après, il fut décoré du titre à"1 Archevêque de la même
ville. Lors de l'institution définitive du Synode, Pierre nomma Théodose premier
Vice-président et Prokopovitch deuxième Vice-président. Théodose ne fut jamais
trop soumis au Tsar ; encore moins le fut-il à Catherine Iм, qui lui succéda.
Son franc parler et ses allures trop libres le firent tomber en disgrâce, et la voix
publique attribua à Prokopovitch l'acte d'accusation qui fit condamner à mort
Théodose. Cette pièce, datée de 1725, est extrêmement curieuse ; à côté d'actes
nsolents à l'égard de l'Impératrice, on y voit figurer, parmi les crimes, celui d'avoir
appelé les Russes « des idolâtres (.идолопоклоп пиками ) » à cause du culte
quJils rendaient aux images (Поли. Собр. Зак. T. VII (4717), IL mai 1725,
p. 472), Un si grand zèle pour le culte des images, est tout au moins fort étrange
chez l'auteur du « Règlement. » L'Impératrice fit grâce à Théodose de la vie et le
relégua clans un monastère à Archangel où il mourut. Prokopovitch, déjà Arche-
vêque de Pskoff, recueillit sa succession, et devint Archevêque de Pskoff et Novgorod.
— Le monastère de Saint Alexandre Nevski, dont Théodoste fut le premier archi-
mandrite, avait été fondé par Pierre en 1710, à Г endroit même où le prince
Alexandre, fils de Yaroslaff II, avait battu les Suédois sur les bords de la Neva, en
1241. Ce monastère est uu des quatre grandes Laures (gr. Xaûpa) de Russie, les
autres trois sont : le monastère de la Trinité de Saint-Serge, à Moscou ; celui des
Cryptes ou des Catacombes (Печерская), à Kieff ; enfin celui de Potchayeff, en
Volhynie, enlevé par Nicolas aux Grecs-Unis, en 1833. (V. pour les détails sur les
monastères russes, Ratschin (Alex.-). Recueil complet des données historiques sur
les monastères et églises principales de Russie. [Полное Codpanie историческихъ CB^-Biiiu
о всвхъмонастмряхъ etc. Moscou, 1852.] — La notice consacrée à Saint Alexandre
Nevski, dans YAnnus ecclésianticus graeco-slavicus du Père J. Martinoff, S. J., et
inséré dans le t. XI d'octobre des Acta Sanctorum (Bruxelles, 1863, in-f"), sous la
date du 23 novembre, est cligne d'une attention toute spéciale. Le P. Martinoff y
rapporte, d'après le P. Theiner, une lettre du pape Innocent IV (1243-1254) à
Alexandre, dans laquelle le Pape félicite le prince d'être rentré dans la communion
du Saint-Siège, et l'exhorte à persévérer.
(2) Le comte Pierre Andreïevitch Tolstoï (n. 1645 f 1728), descendait d'une famille
allemande établie depuis la moitié dn quatorzième siècle à Tckernigoff. Il se dis-
tingua surtout comme diplomate et jouit de la plus grande faveur pendant le règne
de Pierre. En 1702, il l'ut envoyé comme ambassadeur à Constantinople ; le Sul-
NOMS DES SIGNATAIRES.
227
Antoine , Archimandrite du
Chrysostome (à Moscou).
Jonas Salnikief, Archiman-
drite du Preobrajenski (mo-
nastère de la Transfiguration
du Sauveur) à Kazan.
Pierre, Archimandrite du mo-
nastère de Simon, à Moscou.
LMiumble Pacome, Métropolite
de Voroneje et Eletz.
Baron Pierre Schafiroff
Antonius Archimandrita Chry-
sostomi.
Monasterii Cazanensis Transfi-
gurationis Salvatoris, Archi-
mandrita Jonas Salnikiev.
Mosquensis Monasterii Simonis
Arcbimandrita Petrus.
Humilis Paciiomius, Metropoli-
tanus Voronezensis et Ele-
censis.
Baro Petrus Sciiapiiirov '.
tan, qui avait pris parti pour Charles XII, l'y retint es. mine prisonnier pendant
quatre ans (de 1710 à 1714). En 1716, il fut créé sénateur. Ce fut lui qui alla
chercher à tapies et ramena à Moscou l'infortuné fils de Pierre, Alexis ; ce. fut en-
core lui qui dirigea le triste procès qui aboutit à la condamnation de ce prince. Créé
Comte en 17-23, il devint, après la mort de Pierre, Conseiller intime de Cathe-
rine Г'е, qu'il avait aidée a monter sur le trône. Sous le règne de Pierre II (1727-
1730) fils de l'infortuné Alexis, Tolstoï fut dépouillé de tous ses hiens et enfermé
dans un couvent à Solovetz, où il mourut.
(1) Pierre Schafiroff, vice-chancelier, baron et sénateur, naquit de parents juifs :
il dut son élévation à ses connaissances et à son talent. En 1711, il négocia avec
les Turcs ia fameuse paix du Prouth, achetée du grand-vizir au prix des bijoux et
des fourrures de Catherine qui accompagnait le Tsar. Schafiroff ligure dans la
correspondance entretenue avec Leibnitz et d'autres savants allemands pour les
déterminer à s'établir en Russie; il s'occupa aussi du « perpetuum mobile » qu'on
venait de croire inventé et qui intéressait grandement Pierre le Grand. Il eut part
au procès du Tsar Alexis, et apparaît comme témoin dans l'acte d'abdication de
l'infortuné prince. Chargé par Pierre d'écrire l'histoire des guerres du Tsar contre les
228
TROISIEME PARTIE.
§ 1.
Gabriel, Archimandrite du
monastère de la Trinité
d'Hypatius (à Koslroma) l.
Hiérothée, Archimandrite du
monastère du Don, (à Moscou.)
Signé de la -propre main de
Sa Majesté Tsarienne sérc-
nissime.
PIERRE.
Monasîerii Trinitatis et Hypatii
Arcliimandrita Gabriel l.
Donensis Monasterii Arcliiman-
drita Hierotheus .
Propriae cehissismae REGI AE
MAJESTATIS marna sub-
scriptio, ita se habet :
PETRUS.
Suédois, il publia, en 1717, le livre qui porte ce titre : Dissertation sur les raisons
légitimes qu'avait Sa Majeslé Tsarienne Pierre P'\Tsar et maître de toutes les Russies, etc.,
pour entreprendre la guerre contre le roi de Suède, Charles XII, en 1700 ; laquelle de
ces deux puissances montra pendant la guerre plus de modération et de disposition à la
paix ; laquelle des deux est responsable d'une si grande effusion de sang chrétien et de la
dévastation de beaucoup de pays ; et par laquelle des deux parties belligérantes cette
guerre a été davantage conduite selon les règles des peuples chrétiens et civilisés. Le
tout exposé sans passion et sur des bases solides (litt. fondamentellement Фупдамепталио)
d'après les anciens et nouveaux documents, d'après les traités et les récits des
opérations militaires, avec la modération requise et selon la vérité, etc., etc. Cet écrit
eut, sous le règne de Pierre, deux éditions et fut répandu à profusion. — Schafiroft'
connaissait plusieurs langues; il aima beaucoup les livres et se forma une biblio-
thèque assez considérable qui, en 1723, lorsqu'il tomba en disgrâce, fut confisquée
au profit de la bibliothèque publique de Saint-Pétersbourg. On attribue sa dis-
grâce à ses procédés trop liardis dans le Sénat; Pissareff, procureur suprême du
sénat, était son ennemi personnel, et les documents de l'auguste assemblée nous
ont conservé le récit des grossières injures que Schafiroff et Pissareff s'adressaient
mutuellement. Après la mort de Pierre, Catherine rappela Schafiroff de l'exil et lui
rendit tous ses biens et ses titres. Nous avons vu (p. 143, note) que sa maison,
bâtie en pierre, fut destinée aux professeurs de l'Académie des sciences. Pierre II
ordonna, en 1728, qu'elle fût rendue à Schafiroff; nous n'avons pas suivi davantage
son histoire.
(1) Ce Gabriel, Archimandrite du monastère de la Trinité d'Hypatius à Kostroma,
c'est Boujinski, le traducteur de Puffendorf et de Strateman. (V. plus haut, p. 137
et 158, 7iotes.) Pierre le Grand ayant eu occasion d'apprécier son talent oratoire
l'avait créé, en 1719, aumônier en chef de la flotte. Lors de l'institution du synode
en 1721, Gabriel fut nommé conseiller et peu après «Directeur etProtecteur de toutes
les imprimeries et écoles dépendantes du Synode» et Archimandrite delà Laure de
la Trinité de Sergius à Moscou. Ses sermons sont assez appréciés; Miiller en publia
la collection en 1708, et Novikoff en 17S4. Une mention spéciale est due à l'orai-
son funèbre prononcée par Boujinski dans l'église des Apôtres Pierre et Paul à Saint-
Pétersbourg, le 28 janvier 1720, premier anniversaire de la mort de Pierre Ie1'.
NOMS DES SIGNATAIRES. 2-9
A ussi dans les Éparchies, les E vécues et les autres ordres du
clergé signèrent comme ci-après ' :
L'humble Ignace, Métropolite de Saraï et Podon.
L'humble George, Évêque de Rostoiï;
L'humble Barlaam, Évoque de Souzdaî et de Jourk'ff;
In Dioecesilms iiidem Praesuhs, cl cac!en\ spiriluales personae^
subscripseriaït ita i :
Humilis Ignatius Metropolitanus Sarensis et Podonensis.
Humilie Georgius, Episcopus Rostoviensis.
Humilis Barl.vam, Episcopus Suzdalensis et Jureviensis.
Thomas Consett, alors aumônier de la factorerie anglaise à Saint-Pétersbourg,
la traduisit en latin et elle parut, en cette langue, à Berlin en 1720. Consett l'in-
séra, en latin et en anglais, dans son ouvrage : The présent state, etc.; conjointe-
ment avec la lettre latine par laquelle il avait soumis à l'orateur sa traduction
et la réponse où Boujinski lui dit, en un latin aussi élégant que possible : Quod
vero humanitate tua, limationi mea versionem miserix, non invenio qiiid sit limandum...
(Dans la version que vous avez obligeamment soumis à ma limure, je ne trouve
rien à limer.) Consett. Op. cit., pp. 337-340. — Boujinski l'ut aus^i chargé de
réviser la traduction russe du Grand Dictionnaire historique de Moréri, ordonnée
par Pierre le Grand, et dont on garde en manuscrit la première partie, depuis la
lettre Л, jusqu'à la lettre N. En 1726, Gabriel Boujinski fut créé Évêque de Riazan
et Mourom; il mourut en 1731.
(l)On serait dans l'erreur en croyant que les précédentes signatures sont celles
des premiers membres du Synode. Le Synode ne fut définitivement institué qu'une
année plus tard, et après que furent recueillies toutes les signatures qui suivent. Les
Evèques et Archimandrites dont on vient de lire les noms étaient ceux que la vo-
lonté du Tsar avait choisis pour la triste formalité qui devait représenter l'insti-
tution du Synode comme le résultat d'un accord intervenu entre le clergé et le
Tsar. C'est, croyons-nous, dans l'une des deux réunions du 11 et du 23 février 1720,
qu'aurait eu lieu l'incident rapporté par Nicolas Polevoïdans sou Histoire de Pierre
le Grand ([icTopui Петра Селикаго. Saint-Péterbourg, 1843, t. IV, p. 212), publiée
avec l'approbation de la censure. Quelques prélats osèrent représenter au Tsar que
le patriarcat de Moscou ayant été érigé du consentement des quatre Patriarches
d'Orient, il fallait aussj leur consentement pour l'abolir. A quoi Pierre répondit,
frappant sur sa poitrine avec colère : Votre patriarche, c'est moi.
Prokopovitch mentionne, dans une lettre en latin, la réunion du Synode où le Tsar
apposa sa signature au «Règlement;» puis il ajoute : « On en fit deux exemplaires,
« l'un et l'autre signés de la même manière. On expédial'un d'eux à Moscou et dans
« les autres Eparchies, afin qu'il fût signé par tous les Évêques qui n'avaient pas
a été présents à la réunion et par les principaux Archimandrites... Dès qu'il nous
« sera retourné, revêtu de toutes ces signatures, on l'imprimera et on inaugurera
230 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
L'humble Joannice, Métropolite de Kolomna ;
L'humble Paul, Èvêque de Vologda.
L'humble Cyrille Schoumlianski, Évêquc de Pereïaslavî.
Antoine, indigne Archevêque de Tchernigoff et de Novgororl-
Severskoï.
L'humble Tychon, Métropolite de Kazan.
L'humble Alexis, Évèque de Viatka.
L'humble Joachim, indigne Évèque d'Astrakhan.
L'humble Barnabas, Évèque de Kholmogor.
L'humble Bogolèpe, Évèque à'Oustioug ] .
Humiiis Joannicius, Metropolitanus Colomnensis.
Humilis Paulus, Episcopus Vologdensis.
Humiiis Gyrillus ScnuMLANSKi, Episcopus Pereslaviensis.
Indignus Archiepiscopus Czernigoviensis et Novogrodiae Sieve-
riensis, Antonius.
Humilis Tycho, Metropolitanus Cazanensis.
Humilis Alex m s, Episcopus Viatcensis.
Humilis Joachimus, indignus Episcopus Astrachanensis.
Humilis Barnabas, Episcopus Cholmogorensis.
Humilis BoGOLEPrjs(0£o;:p£7:r)ç), Episcopus Ustiuzensis ' .
« le Collège, c'est-à-dire le Synode Gouvernant perpétuel. Plaise à Dieu! « [Quod
« faxit Deus 1} (Voir Pekarski, Op. cit., t. II, p. ЪТ1.) L'autre exemplaire du
« Règlement » mentionné par Prokopovitch, fut gurié à Saint-Pétersbourg et
déposé aux archives de l'État.
(I) La liste des dix-neuf Evêques signataires du u Règlement» offre matière à
plusieurs remarques. En 1700. le nombre des Éparebies russes était de 22, ainsi
réparties : 12 sièges métropolitains, 7 archevêchés et 3 évêchés; ici (1720) nous
trouvons 6 Métropolites, l Archevêque et 12 Évêques. Il n'est pas à supposer que
quelques Év.êques aient refusé d'apposer leur signature au bas du « Règlement » ;
l'histoire aurait fait mention du genre de martyre par lequel ils auraient expié
leur résistance. Remarquons plutôt que ni l'Eparchie de Karélie (Finlande), due aux
conquêtes de Pierre, ni celle de Pereïaslavî (gouvernement de Pultava) ne figurent
dans la liste de 1700, si bien que des 22 Eparchies qu'avait alors la Russie nous
n'en trouvons ici que 17. Nous voulons bien admettre qu'il y ait eu, en 1720, des
Éparjhies vacantes; il n'est pas moins vrai que la liste du «Règlement » témoigne
d'importantes innovations opérées par l'Autocrate. Nous nous bornerons à signaler
la différence de rang que les Évêques de ces Eparchies occupaient dans la hiérarchie
NOMS DES SIGNATAIRES 231
Gennaue, Archimandrite du Tchoudoff (monastère des Mira-
cles ; à Moscou) l.
Sergius, Archimandrite du Novospaski - (Nouveau Sau-
veur, ib.).
Gennadius, Archimandrita Czudovensis l.
Sergius, Archimandrita Salvatoris in novo (loeo) -.
de l'Église russe en 1700 et en 1720. Au commencement du dix-huitième siècle,
les Evêques de Pskoff, de Nijegorod, de Rostoff, de Souzdal et Jourieff, et d'Astra-
khan étaient des Métropolites; ceux de Tver, de Vologda, de Yiatka, de Khôl-
mogor et de Oustioug étaient des Archevêques. L'Evêque de Voronége qui apparaît
ici décoré du titre de Métropolite n'était, en 1 70Ù_, qu'un simple Evêque; enfin.
l'Eparchie de Kolomna qui, en 17'20, apparaît gouvernée par un Métropolite, avait
à sa tête, en 1700, un Archevêque. (V. Oustrialoff Ifist. du règne de Pierre le Grand.
T. IV, p. 349 et suiv.)— V. plus haut, p. 98-100 notes.)
On voit par ces simples données, que Pierre n'avait pas attendu l'institution du
Synode pour gouverner lui-même l'Église de ses États.
(1) Les monastères russes tirent leur dénomination tantôt du nom de leur
fondateur, tantôt de celui de la localité où ils se trouvent, tantôt du nom du
saint ou même du mystère en l'honneur duquel ils ont été érigés, tantôt de
quelque événement qui s'est produit dans l'endroit, etc. Quelquefois aussi leur
dénomination renferme plus d'une chose en môme temps ; la Laure de la Trinité
de Sergius, par exemple,est ainsi appelée parce qu'elleaété fondée par saint Sergius,
(| 1391$ et dédiée à la sainte Trinité,— (V.Martinoff: Annus écries., etc., au 25 sept.)
— Nous gardons dans le texte la dénomination russe de plusieurs monastères,
comme celle par laquelle on les trouve généralement désignés, même dans des
ouvrages publiés hors delà Russie-. Quand elle a une signification ecclésiastique nous
en donnons la traduction entre parenthèses. Nous indiquons également, entre paren-
thèses, la localité des divers monastères, quand elle n'est pas mentionnée par le texte.
(2) Ce monastère est un de ceux qu'on appelle Stauropigies. Ce sont des monas-
tères d'un ordre supérieur, venant après les Laures et placés sous la juridiction
immédiate du Synode. Ils sont actuellement au nombre de sept. Outre le Nouveau
Sauveur (Повосааскш), sont encore des Stauropigies, Je monastère de Simon et
celui du Don, mentionnés plus haut, et celui de lu Résurrection (BoCKpecCflCKifiJ
nommé un peu plus loin. Les autres trois sont le monastère de l'image du Sauveur
(Занкоиосааскоп) à Moscou, celui de Solovetz dans l'Eparchie d'Archangel sur la mer
Blanche, et enfin celui de Saint Yaroslaffh. Rostoff.
Pour ce qui est de l'étymologie des mots Luitrc et Stauropigie, voir Du Cange :
Glossarium média' el inj italis Bornons-uous à dire que les Stauropigies
(gr. Iiavpo7ir]ytov de STrjpoç croix et -rjyvuat. planter, ficher) sont ainsi appelées
par allusion au rite d'après duquel les Patriarches prenaient possession de l'empla-
cement où devait s'élever le monastère. Ce rite consistait à y faire planter une croix
et, dès lors, le Patriarche seul avait juridiction sur l'endroit. C'est pourquoi, après
l'abolition du Patriarcat, les Stauropigies passèrent sous la juridiction immédiate
du Svnode.
232 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
Sérapion, Archimandrite du monastère d'Andronius {ib.).
Léonidas, Archimandrite (du monastère) de Pierre {ib.).
Laurent, Archimandrite du Don 1 {ib.).
Hyacinthe, Archimandrite du Bogoïavlenski (de la Théopha-
nic ibr).
Sérapion, Archimandrite du Znamenski (de l'Apparition de
la Vierge, ib.).
Théophilacte, Archimandrite du Spaski(du Sauveur, ib.).
Macaire, Hégoumène du Vozdvijenski (de l'Exaltation de la
Croix, го.).
Serapio, Archimandrita Anclroniensis.
Léonidas, Archimandrita Petrinus.
Laurentius, Archimandrita Donensis l.
Hyacinthus, Archimandrita Theophaniorum2.
Serapio, Archimandrita Znamenensis.
Theophilactus, Archimandrita Salvatoris.
Macarius, Hegumenus Elevationis crucis.
[1) Un autre Archimandrite du monastère du Don, appelé Hierothée, apparaît
déjà plus haut parmi les premiers signataires. Il est à supposer qu'il soit mort dans
l'intervalle ou qu'il ait été transféré. -
(2) Il existe en Russie bon nombre de monastères du même nom ; c'est pourquoi
il faut connaître la lo:alité où se trouve celui dont on parle, si on ne veut
s'exposer à le confondre avec d'autres d'une importance plus grande ou moindre, et
érigés à une époque différente. Ainsi, par exemple, rien que dans la liste des
quarante neuf principaux monastères mentionnés dans YOulojenie du Tsar Alexis
Mikbailovitch (1649), nous avons trouvé trois monastères de la Théophanie
(БогопвленскШ) et cinq dédiés au Sauveur (CnacKiîi). Voir Полп. Собр. Зак. Т. I.
Oulojenie, etc. Ch. X, n° 32 et seq). C'est à l'aide de rapprochements, et de
données puisées à différentes sources, que nous avons essayé d'établir auquel préci-
sément des divers monastères homonymes appartenaient les signataires du «Règle-
ment, «chaque fois que le texte n'offre aucune indication ultérieure.
Ceux de nos lecteurs qui ne connaissent point le russe trouveront des renseigne-
ments sur les monastères russes dans Hupel (Aug. Wilh.) : Die kirchliche Statistik
von Russland, insérée dans les Nordische lifiscellaneen, nos 11 et 12, et dans Silber-
nagL (Isid.) : Verfassung und yegenvœrtigs Bcstand sœmmtlicher Kirchen des Orients.
(Constitution et situation présente de toutes les église? de VOrienl). Landshut, 1SG5, p.
•55 et seq. Voir, sur ce dernier ouvrage, les remarques du P. Gagarin dans le
n" d'août 18Й5 des Études v.lig. hist. et Vttê'r.
NOMS DES SIGNATAIRES 233
Sylvestre, Hégoumène du monastère Novinsky {ib.\.
Macaire, Hégoumène du Daniel (гд.).
Tycfion, Archimandrite du monastère de la Sainte-Trinité de
•Sergius (Laure, à 60 verstes de Moscou).
Cyriaque, Archimandrite du monastère du Sauveur d'Euthy-
mius, à Souzdal.
Gédéon, Archimandrite du monastère Rojestvennyi (de la
Nativité du Sauveur) à Vladimir.
Léon, Archimandrite du monastère de Goritz.
Adrien, Archimandrite du monastère Bogoïavlenski (de la
Théophanie) d'Abraham, à Rostoff.
Cyprien, Archimandrite du monastère Spaski (du Sauveur),
à Yaroslaff.
Sergius, Archimandrite du monastère de Lujetz.
Sylvestre, Archimandrite du monastère de Sabbas Storo
jevski (près de Zvenigorod ').
Sylvester, Hegumenus Novinensis.
Macarius, Hegumenus Danielis.
Monasterii sanctao Trinitatis et Sergii Archimandrita, Tycho.
Susdalensis monasterii Salvatoris et Euthymii, Archimandrita,
Cyriacus.
Vladimeren-is monasterii Nativitatis Archimandrita. Gedeon.
Léo, Archimandrita monasterii Goricensis,
Rostoviensis monasterii Theophaniorum et Abrahamii Archiman-
drita, Adrianus.
Jaroslaviensis monasterrii Salvatoris Archimandrita, Cyprianus
Luzecensis monasterii Archimandrita, Sergius.
Monasterii Sabbae de custodiis Archimandrita, Sylvester '.
(I) Les Russes célèbrent, le 3 décembre, la fête de saint Sabbas, hégoumène d'un
monastère fondé par lui-même sur le mont Storoja près de Zvenigorod. 11 mourut
en 1407. — (Y. Ratschin. op. cit. ; Martinoff, Annus ecclesiasticus, etc.)
234 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
Antoine, Archimandrite du monastère Voskresenski (de la
Résurrection; Stauropègie l, près Moscou).
Arsène, Archimandrite du monastère de Paphnuce, àBorovsk.
Germain, Archimandrite du monastère de Joseph, à Volotzk.
Misael, Archimandrite du monastère du Sauveur, à Riazan.
Joasaph, Archimandrite du monastère Vozmitzki, à Volo-
colam.
BarlaaMj Archimandrite du monastère de Daniel, à Perestavl-
Zalesky.
Joseph, Archimandrite du monastère de Boris et Gleb 2, à
Rostoff.
Isaac, Archimandrite du monastère Solotchinski (dans
l'Éparchie de Riazan).
Joseph, Archimandrite du monastère de Nicétas à Pereslavl-
Zaleski.
Monasterii Resurrectionis ' Archimandrita, Antonius.
Borovscensis monasterii Paphnutii Archimandrita, Arsenius.
Volocensis monasterii Josephi Archimandrita, Germanus.
Riazanensis monasterii Salvatoris Archimandrita, Misael.
Volocolamensis monasterii Vozmensis Archimandrita Joasaphus.
Pereslavias ultra sylvam monasterii Danielis Archimandrita,
Barlaam.
Rostoviensis Monasterii Borisi et GlebP Archimamlrita^JoSEPHUS.
Monasterii Soloczencis Archimandrita, ïsaaclus.
Pereslaviae ultra sylvam monasterii Nicetae Archimandrita, Jo-
sephus.
(1) Ce monastère, bâti par Nicon,est très-célèbre dans l'histoire de ce Patriarche .
On l'appelle aussi Jerousalimskii, parce que Nicon y fit ériger une église sur le
modèle du Saint-Sépulohre de Jérusalem.
(2) Les deux martyrs Boris et Gleb (1015) fils de saint Vladimir, sont honorés
comme saints aussi dans l'église catholique : leur fête a été approuvée par le
Pape Benoît XIII. Voir dans ÏArmus ecclesiasticus grœco-slavicus du P. Martinofï la
notice qui les concerne au 24 juillet. V. aussi les Acta Sanciorum des Bollandistes,
T. Il de septembre, [). 033 et suiv.
NOMS DES SIGNATAIRES. 235
Tychon, Hégounrènc du monastère Kolotzky à Mojaïsk.
Théophane, Hégoumène du monastère de Nicolas, à Ougresch.
Adrien, Archimandrite du monastère de Boris et Gleb de
Dmitroff.
Gérasi.me, Archimandrite du monastère Vysotzki, à Serpoukhof .
Paul, Hégoumène du monastère Vladitchnïa (de Notre-
Dame), à Serpoukhof.
Aaron, Archimandrite du monastère du Bogoslovyi (du Théo-
logien [S. Jean]), à Riazan.
Léontius, Hégoumène du monastère de Macaire, à Ounja.
Frénaroue, Archimandrite du monastère de Cyrille, à Be!o-
zero.
Jonas, Archimandrite du monastère Kamennyi, à Vologda.
Arsène, Archimandrite du monastère Priloutzki, pi es de
Vologda.
ïhéophilacte, Archimandrite du monastère de Paul, à Vologda.
Macaire, Archimandrite du monastère de Corneille, ib .
Philippe., Hégoumène du monastère de Théraponte, à Belo-
zero.
Mozaiscensis monasterii Colacensis Hegumenus, Tyciio.
Ugreschensis monasterii Nicolai Hegumenus, Theopbanes.
Dimitroviensis monasterii Borisi etGlebi Archimandrita. Adrianus
Serpuchovensis monasterii Vysocensis Archimandrita, Gehasmus.
Serpuchoviensis monasterii Despotae Hegumenus, Paulus.
Riazanensis monasterii ïheologi Archimandrita, Aaron.
Unzensis monasterii Macarii Hegumenus. Léontius
Monasterii Cyrilli Aichimandrita, Erinarchus.
Monasterii Camenensis Archiinandrita, Jonas.
Monasterii Prilucensis Archimandrita, Arsenius.
Monasterii Pauli Archimandrita, Theopiiylactus.
Monasterii Cornelii Archimandrita, Macarius.
Monasterii Therapontis Hegumenus, Philippus.
^36 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
Damascène, Hégoumène du monastère de Michel, à Pereïaslavl.
Raphaël, Hégoumène du monastère du Sauveur, à Zolotonocba.
Eustatre, Archimandrite du Eletzki, à Tchernigoff.
Germain, Archimandrite de la Sainte-Trinité d'Élic, à Tcherni-
goff.
Epiphane, Archimandrite du Nazareth de l'Annonciation,
à Nejin.
Nile, Hiéro-moine, Hégoumène du monastère de Nicolas, pon-
tife thaumaturge du Christ, à Mokoschin(Mokschan).
Zosimus, Hiéro-moine, Hégoumène du monastère d'Antoine,
à Lubetz.
Joannice, Archimandrite de la sainte, grande et miraculeuse
Laure Petcherskoï (des Catacombes), h Kieff.
Moi, Archimandrite du monastère de Simon à Moscou, je signe
nne seconde fois l.
Gédeon, Hiéro-moine, Vicaire (Namestm'k) du monastère de
Saint-Michel Zlatoverkhovy à Kieff.
Perejaslaviae monasterii Michaëlis Hegumenus, Damascenus.
Zolotonoschae monasterii Salvatoris Hegumenus^ Raphaël.
Czernigoviae monasterii El ecensi's Archimandrita, Eustratius.
Czernigoviae monasterii Sanclae Trinitatis et Heliae Archiman-
drila, Germanus.
Nizini monasterii Annuntiationis de Nazareth Archimandrita,
Epiphanius.
Maeoschae monasterii Hierarchae thaumaturgi Nicolai Hegumenus
Hieromonachus, Nilus.
Lubecensis monasterii Antonii Hegumenus, Hieromonaclms,ZosiMus
Sanctae magnae thaumaturgae Laurae Kiiovopeczarinens's Archi-
mandrita, Joannicius.
Mosguensis monasteri ; Simonis Archimandrita suscribo secundum i.
Kiioviae monasterii S. Michaëlis Zolotoverchovii Vicarins, Hiero-
monachus, Gedeon.
(I) Le russe : подписую второе, signifie littéralement : « Je signe le second »
(exemplaire?) tout juste comme le latin: S ubscribo secundum. Notre traduction,
NOMS DES SIGNATAIRES. 2S1
Benoit, Hiéro-moinc et Vicare du monastère de Saint-Michel
Vidoubitski, à Kieff.
HérodionJourakovsky, Archimandrite du monastère Obstche-
jitelnyi (eénobiti jue) de Mejigor, près Kieff.
Grégoire Goschkeyitch, Vicaire du monastère de Sophie,
à Kieff.
Christophe Tcharnoutsky, Hégoumène du monastère Pous-
tinny (de l'ermitage) de Saint-Nicolas, à Kieff.
Sylyestre Pomoyski, Vice-Recleur {Yilse-Rektor) du monastère
Bratski (des Frères, de la Confrérie) de la Sainte-Théophanie,
près Kieff.
Jo asaph Tomiloyitch, Supérieur {Nastoiatel) dn monastère de
la Sainte-Trinité de Cyrille, à Kieff.
Kiioviae monasterii S. Miehaëlis Vydubicensis Vicarius, Hieromo-
naclms, Benedictus.
Kiioviae monasterii Mezigorensis, quod coenobium dicitur, Àrchi-
mandrita, Herodio Zurachovsvki.
Monasterii Sophiae Vicarius, GregoriusGoschkevicz.
Kiioviae monasterii S. Nicolai Eremitici Hegumenus, Christopho-
rus Czarnucki.
Kioviae monasterii Epiplianiorum societatis Vice-rei:tor,SYLVESTER
Pomoyski.
Kiioviae monasterio sanctae Trinilatis et Cyrilli Praepositus,
JOASAPllUS TOMILOVICZ.
cependant, outre que le latin peut s'acaorder avec elle, est conforme à l'allemand :
Unterschreibe mieh zum andem Mahl, et à l'anglais: I subscribe a second lime ;
de plus elle nous parait appuyée sur îles données de fait. Parmi les premiers signa-
taires du « Règlement n figure, nous l'avons vu, Pierre Archimandrite du monastère
de Simon àMoscou; d'autre part la lettre latine ci-dessus rapportée de Prokopovitch
(v. p. 22G noté) nous apprend que l'exemplaire envoyé à Moscou et dans les Epar-
chies, avait été auparavant « signé de la même manière (clicto modo subscriptum) »
que celui gardé à Saint-Pétersbourg et déposé aux archives de l'Etat. Signalons
donc à la postérité le zèle de cet Archimandrite qui, seul entre tous, aurait apposé
par deux fois sa signature au « Règlement «qui allait enchaîner son Eglise.
Le mot Archimandritu manque dans le latin, mais se trouve dans le texte russe.
238 TROISIÈME PARTIE. — § 2.
Siméon, Archimandrite du monastère de la Mère de Dieu,
à Sviajsk.
Joasaph, Hégoumène du monastère Kizitchesky de Kazan ;
Barsonophius, Archimandrite du monastère Petcherski de
Nijni-Novgorod.
Philarète, Archimandrite de la Trinité de Macaire Jolto-
vodski, du district de Nijégorod.
Joël, Hégoumène du monastère Glouschitski de Vologda ;
Barlaam,, Archimandrite du monastère de Tikhvin de Veliki-
Novgorod.
§2.
(mode d'action du collège ecclésiastique.)
Pour ce qui est du mode d'action du Collège Ecclésiastique, on
n'en dit rien ici de spécial, attendu que Sa Majesté Tsarienne
ordonna que, dans le maniement des affaires, ce Collège eût à
procéder conformément au « Règlement général l. »
Sviazanensis monasterii Deiparae Archimandrita Simeon.
Cazani Monasterii Cizicensis Hegumenus, Joasaphus.
Inferioris Novogrodiae monasterii Peczariensis Archimandrita.
Barsonophius.
Ex inferioris Novogrodiae districtu mon isterii Macarii de Fulva
aqua Archimandita, Pdilaretus..
Vologdae monasterii Gluschicensis Hegumenus, Jael.
Magnae Novogrodiae monasterii Tiphinensis Archimandrita,
Barlaam.
§2-
(executio seu exercitium.)
De muniorum spiritualis Collegii adimpletione et executione specia-
tim hoc loco non traditur, quoniam REGI A M AJ EST AS in mon-
dotis dédit, ut générales omnibus Collegiis jundicis prescriptae regidae l
hîc etiam observaventur.
(1) Ce к Règlement général » (Генеральный Регламептъ) est celui mentionné
plus haut dans la note à la p. 4, et prescrit par Pierre à tous les Collèges précédem-
ment institués par lui. Le lecteur trouvera ce Règlement traduit en allemand dans
Biisch.ing : Magasin fur Histoire and Géographie, T. I, p. 109-144.
§ 3. 239
(pouvoir du collège ecclésiastique.)
Quant au pouvoir du Collège Ecclésiastique Sa Majesté Tsa-
rienne par son autorité très-souveraine, daigna lui accorder tout
le pouvoir exprimé dans Fukase nominal de Sa Majesté imprimé
en tête de ce « Règlement. » Ce pouvoir est aussi déterminé par
les « Résolutions » souveraines ci-dessous rapportées, que Sa
Majesté a bien voulu écrire elle-même de sa propre main
monarchique1 en réponse aux «points» proposés à Sa Majesté
par le Collège Ecclésiastique. Par la même occasion, Sa Majesté
décerna au Collège ecclésiastique le titre de « très-saint synode
DIRIGEANT2. » v
§3.
(vis seuefficacia.)
Quantum vero attinet ad vim,potentiam seu auctorilatern, quam
spirituali Collegio AUGUST1SSIMUS REX ex suprema SUA REGIA
potestate induisit, deilla luculenter constat non solum ex peculiari
SUAE REGIAE MAJESTATIS Regulamenlo huicce praemisso man-
data, sed etiam ex REGIO beneplacito, quod in solutionibus infra
positis sese exseruit ; cum nimirum POTENTISSIMUS MONARCHA
« Quaestiones » a spirituali Collegio submisse S1RI propositas expe-
diens, benignam SUAM voluntatem propriae REGIAE manus '
subscriptione exprimeret, ipsique spirituali Collegio ut « sanctis-
sima regens synodus -)) nuncupetur, titulum impertiretur.
(1) Il n'est pas toujours facile de traduire en français les titres donnés au Tsar,
et à ce qui lui appartient ou seulement le regarde. La langue française s'y prête
aussi peu que le génie du peuple qui la parle. Au surplus, nous sommes resté en
deçà de la pensée russe, plutôt que de nous exposer à exagérer.
(2) En russe: СвятМшШ Цраштельсгвующш Сиподъ- Ce que nous avons traduit par
Dirigeant signifie aussi : Gouvernant. Nous nous sommes conformé à la version
adoptée même dans les actes officiels de la cour de Russie, rédigés en français.
C'est, du reste, le même titre qui est donné au Sénat (Правптельствугоцпй Сепатъ) avec
le trés-saixt de moins .
Ce dernier paragraphe du « Règlement » en dit plus que de longs volumes.
g40 TROISIÈME PARTIE. — § 1.
POINTS
SUR LESQUELS SA MAJESTE SÉRENISSIME DE SA PROPRE MAIN HAUT-
MONARCHIQUE DAIGNA DONNER UNE RESOLUTION.
A Sa Majesté Tsariennc,
en doklad *.
4
Faut-il que clans le service
divin, aux endroits où l'on pro-
clamait le nom du Patriarche,
on proclame à sa place celui de
l'Assemblée Ecclésiastique diri-
geante d'après la formule sui-
vante ?
Ecrit de la propre main de
Sa Majesté Tsarienne comme
ci-après :
QUAESTIONES PER PUNCTÀ PROPOSITAE
quas AUGUSTISSIMA REGIA MAJESTAS bénévole- et
QUIDEM PROPRIA MANU SCRIBENS SOLVIT.
REGlAE MAJESTATISde-
cisivum decretum ex ] PSI US pro-
priété manus subscriptione est per-
spicuum .
Ex A U G USTISSJMA REGIA
M A JE STATE modeste quœri-
quantnr l :
1
In ecclêàiasticis precationibus.
ubicumque nomen Patriarcbae
pronuntiabatur,. titulus spiritua-
lis Regenlis Collegii debeat ne
pronunciari juxtà appositam
formnlam?
i Dans la Collection complète des lois, etc. (Ноли. Собр. etc.), ces ce POINTS »se ^ trou-
vent sous la date du 14 février 1721 et portent le trtre de « Неверове sou
u , ,, , , c n ,+nmp Vt r 473411 — On appelle doklad (локдадтЛ
ranes sur le doklad du Synode n (tome VI \àiôb\). ^ „i,tor,'ïr U rlpoislon ou
tout rapport ou proposition qu'on présente au Tsar pour en obtenu la décision
l'approbation.
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR.
241
Formule.
« Pour la très-sainte
« Assemblée Dirigeante, le vé-
« nérable clergé, etc. »
Et que le titre de très-saint
ne se rapporte à aucune per-
sonne en particulier, mais seu-
lement à toute l'Assemblée
prise collectivement l.
« Pour le très-saint Synode »
ou bien : « pour le très-saint
« Synode Dirigeant. »
Formula.
« .... Pro sanctissimo Régente
Collegio venerabili sacerdotum or-
dine, etc. »
Hic porro tilulus, eum toti
adaequato Collegio sit proprius,
nuili separatim Synedrii Collegae
potest trilmi l.
« Pro SANCT1SSIMA SYNODO »
vel : pro sanctissima Régente
Synodo. »
(l) On voit par cette proposition et les suivantes que le Synode n'avait encore
reçu aucun titre officiel. C'est à cette occasion que Pierre lui fixa pour toujours la
dénomination de très-suint Synode Dirigeant, dénomination qui fut immédiatement
adoptée dans tous les actes officiels.
Quant à ce qui fait l'objet précis de cette première demande du Synode, Proko-
povitch, l'avocat obligé de tous les faits . et projets de Pierre, préparait déjà un
écrit destiné, non-seulement à justifier la substitution du nom de Synode à celui
du Patriarche mais aussi à empêcher que l'omission totale des noms des autres
Patriarches orientaux ne troublât les gens simples et ignorants. « La proelama-
u tion solennelle et constante du nom de quelqu'un, dit Prokopovitch, est une
« marque de l'autorité exercée par celui dont le nom est proclamé sur ceux qui
« le proclament ; or l'Église russe est indépendante de l'autorité des Patriarches. »
« Là où réside un des Patriarches, dit-il ailleurs, le nom des autres est proclamé
« (à la liturgie) par le protodiacre, quand c'est le Patriarche lui-même qui officie.
« C'est ce qu'il faut observer aussi parmi nous, quand c'est le Président même du
« Synode qui officie. Le protodiacre doit alors proclamer les noms des Patriarches
« (orientaux) après celui du Synode qui est son autorité légitime, et conclure par
« celui du Monarque en tant que juge suprême du Synode (ико верховиаго cy.iiio самого
моиарха нашего)- Voir plus haut p. 10 et noie). L'écrit de Prokopovitch parut en
1С)
242
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR
S'il arrive que l'Assemblée
Dirigeante doive correspondre
avec le Sénat Dirigeant et les
Collèges, et ceux-ci à leur
tour avec l'Assemblée Ecclé-
siastique, en quelle forme les
communications doivent- elles
être rédigées ?
Aucune autorité n'adressait
des ukases au Patriarche et,
d'autre part, le Collège Ecclé-
siastique possède l'honneur, le
pouvoir et l'autorité des Patriar-
Avec le Sénat en forme de
rapport portant la signature de
tous ; avec les Collèges de la
même manière que le Sénat
In casn instantis necessariae
spiritalis Collegii cum Régente
Senatu, vel etiam cum Collegiis,
aut e contrario eo'rum cum spi-
rituali Collegio per literas
communicationis , qua normâ
utendum est ?
- Siquidem Patriarclia ab om-
nium curiarum mandatis fuerat
immunis, spirituale autem Col-
legium honore, vi et potestate
Patriarchae convenientibus, qui-
Cum Senatu per literas no-
mine notitiae insiguitas, et qui-
dem omnium Collegarum subs-
criptione ratas habitas ; cum
Collegiis vero per mandatum
scriptum , secretarii dumtaxat
manu munitum, perinde atque
mai 1721, sous le titre: De la proclamation du nom du Patriarche dans les prières
de l'Église, etc. (О позношепш имена Uaipiapmaro, etc). Voir Pekarski, Op. cit., t. II,
pp. 501-502.
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR
243
ches, si ce n'est plus encore,
puisqu'il est un Concile ' .
Quand il y a des Éparehies
vacantes faut-il que les Évêques
soient choisis dans l'Assemblée
Ecclésiastique, et qu'ils soient
consacrés et désignés aux di-
correspond avec eux, avec la
seule signature du Secrétaire 2.
nimo potioribus, utpote congre-
gatio, est praeditum1.
Pro viduis dioecesibus Praesu-
les in spirituali Collegio sunt ne
eligendi ? Et postquam a REGIA
in Senatu fieri solet, instituenda
est collatio 2.
(1) Russe : п.ш едва лп a не большую попсже Соборъ. Cette comparaison du Synode
avec un Concile, revient plus d'une fois dans les actes officiels de l'Eglise russe,
entr'autres dans le Statut des Consistoires ecclésiastiques, qui définit le Synode : Le
Concile Dirigeant de l'Eglise russe. (Правительствующей PocciïiCKoii Церкви Соборъ.
Цолн. Собр. Зак. 2е série, t. XVI. Уст. Дух. Копспст. (14409) 27 mars 1841. Art. 2).
Elle est aussi employée par les théologiens russes pour défendre l'abolition du Pa-
triarcat et représenter l'institution du Synode comme la substitution d'une forme
de gouvernement ecclésiastique plus parfaite et même plus conforme aux canons-
Bornons-nous à remarquer que, selon le « Règlement » (voir plus haut p. 205), des
douze membres du Synode, trois seulement devaient être Évêques!
(2) Par cette Résolution, le Synode, tout en gardant son organisation interne
semblable à celle des autres Collèges et restant soumis dans son mode d'action au
même « Règlement général », fut mis par le Tsar sur le même pied que le Sénat et
investi de la même autorité. Pour ce qui concerne l'organisation du Sénat et les
dispositions relatives à la correspondance des Collèges, voir Поля. Собр. Зик. t. V.
(3264) Dec. 1718, p. 605; t. VI. Генер. Per.i. Ch. xtv et xvi. (3534) 28 févr. 1720,
p. 147 ; ib. (3749), 3 mars 1721, p. 366 ; ib. (3877), 12 janvier 1722, p. 479.
244
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR.
vers endroits après avoir été
présentés à Sa Majesté Tsarienne
Sérénissime?
On choisira deux personnes,
et celle que nous désignerons
fera consacrée et désignée *.
MAJESTATE, mandatum eos or-
dinandi per lileras impetratum
fuerit, ad suas sedes sunt ne
designandi ?
Duo candidati sunt eligendi.
NOSTRO autem probatus snf-
fragio, designandus est et ordi-
nandus '.
(I) Cette disposition fut insérée dans le Rite pour l'élection et la consécration d'un
Eve'que (Чииъ пзбрашя и рукоположешя ApxiepeucKaro, Р'е édit., 1725), Л ont nous
avons parlé dans la «oie aux pp. 101-102, et qui, traduite en latin par Gyriacus
Kondratovicz, fut insérée par Haigold dans ses Beilagen zum neuveranderten
Russland, sous le titre de : Ri tus circa eleetionem et inaugurationem Episcoporum et
Àrchiepiscoporum in Russia obsenati soliti, secundum exemplar an. 1725, etc. § 1 :
(Haigold, Op. cit., tome Jer, p. 99). — Il est bon de remarquer que le Procureur
suprême du Synode, cet oeil du Tsar, ainsi qu'il est appelé dans « l'Instruction »
qu'on trouvera à la fin de ce volume, doit assister à toutes les séances du
Synode, par conséquent même à celles où l'on traite de la nomination des Évêques.
Nous n'en dirons pas davantage.
L'épiscopat russe eut son historien, c'est l'hieromoine Ambroise Ornatski (1778-
1827), mort Ëvêque de Penza. En parcourant sa célèbre Histoire de la Hiérarchie russe
(HcTopifl pocciuCKOU Iepapxiii, en six parties, Moscou, 1807-1815), et surtout en
lisant plusieurs ukases en vertu desquels des Évèques ont été promus, transférés,
admis à se reposer — bien entendu sans qu'ils n'en eussent ni l'envie ni le besoin —
et, enfin, déposés ; et plusieurs Éparcbies créées, élargies, restreintes et suppri-
mées, sans qu'il paraisse en tout cela la moindre trace de motion préalable de la
part du Synode, on ne peut s'empêcher de se demander si, en fait, ce n'est pas le
Tsar qui dispose en maître de la juridiction ecclésiastique et qui confère, en vrai
Pape, le pouvoir des clefs. Cette remarque est fort grave ; nous allons la
justifier.
L'Eglise russe, d'accord en cela avec les Catholiques, regarde comme invalide
et nulle l'absolution donnée, en dehors du cas d'une nécessité extrême, par un
prêtre qui n'a pas été autorisé à entendre les confessions par l'Evêque local. « Si
« quelqu'un, dit le Trebnik ou Rituel de l'Église russe , ose recevoir les manifesta-
« tions de la conscience et confesser, sans avoir obtenu la délégation de l'Evêque
« de l'endroit, il sera puni conformément aux canons comme transgresseur des lois
ci divines. C'est que, non-seulement il se perd lui-même, mais ceux qui se confes-
«• sent à lui ne sont point confessés, et ce qu'il lie ou délie n'est point ratifié, etc.,
(по и едины y пего испов1дащас(г, по псповвдапы суть; и елика свлза пли разреши
не исправлена. — Требпнкъ. Éd. Moscou, 1836, p. 17). » — Or, si les Évèques,
qui seuls peuvent donner aux prêtres la faculté d'absoudre, sont déposés et
transférés d'une Éparchie à l'autre par le simple bon plaisir du Tsar ; si ce même
bon plaisir change les limites des Éparcbies et soustrait arbitrairement les fidèles
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR.
215
Faut-il que les biens patriar-
caux et ceux des Évêchés et des
monastères soient placés, ainsi
que leurs revenus et leur ad-
ministration, sous l'inspection
du Collège Ecclésiastique?
Ces biens étaient placés, jus-
qu'ici, sous l'inspection de la
Chancellerie des Monastères ' ;
Praedia, quaefuerant Patriar-
chae, item quae Praesulum et
monasteriorum sunt, quorum di-
rectio a Cnria sic dicta, monas-
teriorum * dependebat ; spirituale
à la juridiction de leurs anciens Pasteurs pour les soumettre л de nouveaux, est-ce
que la validité de l'absolution sacramentelle, en plusieurs circonstances du moins-,
n'est pas rendue dépendante des ukases des Tsars ? — Il en est bien autrement dans
l'Eglise catholique. Tous les souverains du monde ne pourront jamais rien ôter ni
rien ajouter à la juridiction d'un Évêque. Ils pourront bien changer de nom les
limites des diocèses, bannir les Évoques légitimes, mettre de force à leur place
des intrus ; les diocèses n'auront pour les fidèles d'autres limites que celles
reconnues par le Pape; leurs Évêques ne seront que ceux reconnus et approuvés par
le Pape ; tout intrus, quels que soient son nom et ses titres, n'aura pas plus de
pouvoir pour lier et délier leurs consciences que les souverains laïques eux-
mêmes.
On va nous répondre que les volontés du Tsar sont celles aussi du Synode. C'est
en effet la seule réponse possible. Mais quel aveu 1... «De nos jours, s'écriait
« Nicon vers 1660, la grâce du Saint-Esprit ne peut agir autrement que par un
« ukase du Tsar. » (Palmer, the Replies of the humble Nicon, etc., p. 206.) Que
dirait le grand Patriarche, s'il revenait maintenant à la vie?
(I) La Chancellerie des monastères (Мопастырекп! Приказъ) avait été créée par le
Tsar Alexis Mikhaïlovitch; ses attributions sont exposées dans VOulojénie du même
Tsar. (V. plus haut p. 50 note, et Пот. Собр. Зак. t. Ier, Уложете, etc., année
'1757 [depuis la création du monde], 1649 de l'ère chrétienne.) En 1077, cette Chan-
cellerie fut supprimée et ses attributions furent confiées à la Chancellerie du grand
Palais [cour] (Приказа Болшаго Дворца). — Voir Поли. Собр. Зак. t. II (711), 19 dé-
246
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR.
mais, dans les mains d'admi-
nistrateurs laïques, ils furent
appauvris et perdirent de lear
valeur. En outre, le Collège
Ecclésiastique s'est lié par ser-
ment autant que les autres
Collèges, non-seulement à de-
юе tantum Colleginm directurûm
est? reditusque colleoturum ?
jdque ideo, quoniam saeculares
oeconomi ea praedia ad egestatem
redegerunt; spirituale v<ero Col-
legium jurejurando non minus
quam alia Collegia tam ad fide-
cembre 1677. Pierre la rétablit en 1 700 (16., t. IV ( 1829) 24janv. 1700). Par la Résolution
que le lecteur a sous les yeux, datée, comme nous l'avons vu plus baut, du 14 fé-
vrier 1721, la Chancellerie des monastères fut placée sous la dépendance du Synode
En janvier 1724, Pierre ordonna quelle fût organisée en forme de Collège semblable
aux autres, et attachée au Synode. Un ukase du Sénat, daté du I4janvier 1725, nous
apprend qu'en conformité de cet ordre du Tsar, le Synode et le Sénat statuèrent
qu'à l'avenir la Chancellerie des monastères s'appellerait: Comptoir du revenu du
Gouvernement Synodal (... именоваться- Сицодалааго Правительства Камеръ-Ковторъ .
76., t. VII (4632), 14janv. 1725).
Nous avons déjà dit (p. 144, note) que les biens du clergé ne furent point la
dernière des sollicitudes de Pierre. Le « Règlement » contient déjà rdusieurs disposi-
tions à cet égard ; d'autres sont contenues dans l'espèce de traité ascétique du
même Tsar Sur la vocation religieuse. Nous ne les discuterons point ici, ni pour
les censurer, ni pour relever celles qui, émanées de l'autorité légitime, eussent
mérité une approbation sans réserve. Disons seulement qu'en ordonnant aux cou-
vents de prendre à leur charge les soldats malades et infirmes, Pierre eût pu se
dispenser de se demander : « Quel avantage les sciences tirent-elles des couvents ? »
.et de répondre : « Aucun, absolument aucun, soit pour Dieu, soit pour les
hommes, a Un interlocuteur, qui en eût eu le courage, eût fait remarquer que
c'était cependant lui, lui-même; le Tsar qui, par trois fois et sous les peines les
plus sévères, avait défendu aux moines l'usage de l'encre et de la plume, à moins
d'une permission spe'ciale du Supérieur 1
Les successeurs de Pierre, Catherine P'e (1725-27), Anne (1730-40), Elisa-
beth (1741-61), Pierre III (1761-62) publièrent chacun des dispositions sur les bien
du clergé qui préparèrent la voie à la confiscation générale opérée par Cathe-
POINTS RESOLUS PAR LE TSAR
meurer fidèle à Sa Majesté
Tsarienne, mais aussi à en pro-
curer les intérêts. Enfin, dans
le « Règlement ecclésiastique »
il est statué que l'administra-
tion de ces biens soit dévolue
au Collège ecclésiastique.
Qu'il en soit ainsi.
lilatem servamlam, quamad rem
pecuniariam REGLAK MAJESTA-
TI debitam, exasse praestandam
est obstrictum. Spirituale deni-
(jue «Regulamentum » sive Sta-
tutum ejusmodi directionem spi-
riluali Collegio adjudicat.
Esto.
rine II. Déjà, dans un ukase préparatoire du 12 août 1762, cette Impératrice, après
avoir parlé с de l'autorité maternelle dont elle était investie pour le bien de son
peuple » et avoir rappelé l'autorité suprême que tous les souverains ont reçue de Dieu
daml' Eglise {...ътЪя поручепную себ* отъ Бога такъ какъ п вст. Монархи въ Церкви
главную BiaCTb), annonçait son intention de régler d'une manière définitive
l'administration des biens ecclésiastiques. « Il n'est ni dans nos vues, disait-elle, ni
« dans nos désirs de nous approprier les possessions de l'Eglise, seulement nous exer-
« çons l'autorité que Dieu nous a donnée en réglant par des lois le meilleur usage de
« ces biens pour la gloire de Dieu et V avantage, du pays.» (Поле. Собр. Зак., t. XVI (11643)
12 août 1762, p. 51). C'est encore en invoquant la gloire de Dieu et l'avantage du
pays qu'un an et demi plus tard elle procédait à la confiscation générale. Pur la
même occasion, soit les Éparchies soit les monastères furent divisés en trois
classes auxquelles correspondaient des traitements différents, et tous les membres
du clergé, depuis un Évêque de première classe jusqu'au dernier sacristain et au
dernier frère convers d'un couvent de troisième classe, eurent leur salaire fixé
au?si exactement et aussi impitoyablement que celui d'un officier supérieur et d'un
tambour. (V. Поли. Собр. Зак. tome XIV (12060), 26 février 17 14. p. 549 et seq.
avec les renvois au Кпига Шгатовъ, tome XLIV). Le Manifeste publié par Catherine
en cette occasion se trouve traduit en allemand dans le premier volume du Maga~
Zin fur Historié und Géographie de Biisching, pp. 100-106.
— De nos jours, l'administration des biens ecclésiastiques, tout en restant une
des attributions du Synode, est placée sous la haute direction (подъ главнымъ
начальством!,) de son Procureur suprême, également pour la gloire de Dieu et
l'avantage du paye.
DU SUPPLÉMENT AU « RÈGLEMENT ECCLÉSIASTIQUE »
C'est ici, à la suite des POINTS, que, dans les éditions russes du «Règle-
ment ecclésiastique, » on trouve le SUPPLÉMENT (Pribavlenie) 1 où sont
exposées en détail les obligations des prêtres et des moines. (Voir plus
haut p. 34,54, 97 et notes.) Le SUPPLÉMENT fut encore rédigé par Prokopo-
vitch, et parut pour la première fois à Moscou au mois de juin 1722. Le
préambule nous montre l'œuvre de Pierre déjà accomplie, l'Eglise russe
déjà esclave, le voici : « Bien que, dans ce qui a été dit précédem-
« ment des Devoirs des Êvéques, il se trouve aussi plusieurs règles servant
« à la réforme du clergé et des moines, vu qu'elles sont insuffisantes, et
« que, d'autre part, le très-saint Synode est obligé, par Vuhase nominal,
« imprimé en tête du « Règlement, » de le compléter par de nouvelles
« prescriptions, on ajoute ici, en vertu dudit ukase, des règles spéciales
« servant à la réforme du clergé séculier et de l'état monastique. Elles
« ont été confirmées par V approbation de Sa Majesté Tsarienne, le con-
« sentement du très-saint Synode Dirigeant et la propre signature de
« tous les membres du Synode. »
Le SUPPLÉMENT se divise en deux parties : la première traite Des prêtres,
des diacres et du reste du clergé, et contient trente règles. C'est dans cette
partie qu'on trouve, sous le n° 11, la prescription mentionnée plus haut,
(p. 77, note), concernant la révélation du secret de la confession. Le lec-
teur devine qu'il s'agit du cas de quelque complot ou machination contre
le Tsar, sa famille et l'Etat. 11 y a bien la clause : « que le pénitent n'en
ait aucun repentir et qu'il s'en confesse afin d'être confirmé par l'adhésion
ou le silence du confesseur, dans son dessein criminel, » mais le juge de
cette intention et du manque de repentir, c'est encore le prêtre lui-même.
Et afin que nulle influence ne put altérer l'intégrité de son jugement,
Pierre voulut bien statuer que le prêtre, négligeant de faire cette dénon-
ciation, ne serait puni que de mort. C'est aussi ce qu'il daigua faire insé-
rer dans la formule de serment qu'il prescrivit à chaque prêtre. « ... Je
« dénoncerai, dit cette formule, et .je déclarerai en toute vérité et sans
« aucun artifice de mensonge, ni fictions, ni ruses, ayant (devant moi) la
« crainte de perdre l'honneur et la vie, et la pensée constante du jugement
« incorruptible de Dieu-. » Le lecteur jugera, à son tour, laquelle de ces.
deux considérations devait avoir plus d'influence !
La deuxième partie du SUPPLÉMENT traite Des moines, et contient
soixante-deux règles partagées en cinq chapitres : ier De ceux qu'il faut re-
cevoir dans l'état monastique, et comment il faut procéder. IIe De la vie
(1) On le trouve dans le Полп. Собр. Зак. à la fin des lois du mois de mai 1722,
t. VI (4022), p. 699 et suiv.,sousle titre de : Прибавлеше къ Духовному Регламенту.
(2) Russe : Им'бя страхъ лишешя чести и живота, у помятуя незабытно пеумытпын
судъБожш. Voir Поли. Собр. Зак., ukase du "17 février 1722 (4012), t. VI p. 685,
avec le serment (присяга) annexé, p>. 688. Nous avons parlé avec quelque
détail de cette prescription dans notre Étude : The Pope of Rome, etc., p. 104-106,
édit. française : Le Pape de Rome et les Papes de l'Église orthodoxe d'Orient, Paris,
Pion, 1874. p. 166-170. Le sujet, cependant, est loin d'être épuisé.
DU SUPPLEMENT AU « REGLEMENT ECCLESIASTIQUE. » 240
(1rs mornes. IIIe Des religieuses. IVe Des monastères. Vp Des supérieurs des
monastère». On remarque, à la tin, que bon nombre de ces règles sont
empruntées aux anciens cano-is et aux ukases des Tsars, et se trouvent
dans le Kormtchaïa Kniga et dans les actes du Concile tenu à Moscou en
7175 (1667), Je même qui condamna Nicon *.
Le SUPPLÉMENT est un document d'une haute importance, mais à un
autre point de vue que le « Règlement ecclésiastique». Ce dernier nous
montre le mécanisme administratif de l'Eglise russe; le SUPPLÉMENT
nous met à même d'examiner en quelle mesure la vie spirituelle — qui a
une si grande part dans l'Eglise catholique — peut exister, se produire et
agir dans l'Eglise russe. On le comprend, c'est là un travail à part et qui
ne répond point au but précis de cette publication; nous nous bornerons
par conséquent à ce que nous venons d'en dire.
La date à jamais mémorable de l'institution solennelle et défini-
tive du Synode c'est le 14 février 1721. En ce jour, Pierre se rendit
en grande pompe à l'Église de la Trinité, et là, après la messe,
Théophane Prokopovitch prononça le discours d'inauguration. « Si
« quelqu'un, dit l'orateur, s'avise de demander quel avantage peut
« résulter de l'institution du Synode, je lui ferai une réponse em- .
« pruntée à Aristote. « Pourquoi, demanda quelqu'un à ce philo-
« sophe, dès qu'on voit une personne jolie l'aime-t-on immédiate-
« menti » « Cette question, répondit Aristote, ne peut venir que
« d'un aveugle. » Eh bien, c'est là ce que je répondrai aussi à mon
« questionneur.... - » — On parle tant de Bossuet, on l'appelle
l'aigle de Meaux, que devient-il à côté de l'aigle de Pskoff !
A une beauté dont la seule vue commandait impérieusement l'ad-
miration, que pouvait-il manquer? Quelques détails d'ajustement et
une couronne ; Pierre eut soin de les lui procurer. Dans ce même
jour, 14 février 1721, Pierre résolut les« Points «ci-dessus rapportés ;
d'autres, également proposés par le Synode, furent résolus par le
(1) Le lecteur trouvera dans les fahrbucher der Lileralur de Vienne (t. XXIII.
an. 1823, pp. 220-270), l'analyse du Кормчая Кпига faite par le savant Kopitar. Pour
ce qui est du Concile de 1666-6Ï, nous rappellerons au lecteur la dernière publi-
cation de W. Palmer : History of the conclemnation of the Pajriarch Nicon.
(2) Ce discours fut publié la première fois à Saint-Pétersbourg en 1760, dans la
Collection complète des œuvres oratoires de Prokopovitch (Слова n р'Ьчи поучи-
тельный, похвальны;! u поздравительный, en trois parties. Saint-Péterbourg, 1760-65).
Pekarski en cite un extrait, Op. cit., t. II, p. 520-521.
250 DU SUPPLÉMENT AU « REGLEMENT ECCLESIASTIQUE ».
Tsar le 15 mars et le 19 novembre de la même année , d'autres le
•12 avril de l'année suivante \ Dans tous ces« Points »le Synode mon-
tre une humilité et une déférence à ravir. Il s'adresse au Tsar afin
qu'il veuille bien définir lui-même les exactes limites de la juridic-
tion ecclésiastique, et Pierre consent à se soustraire aux graves
occupations de l'Etat pour satisfaire à sa demande. On manquait
d'égard envers le Synode, les autorités civiles, et même des laïques
puissants, le traitaient un peu cavalièrement; il n'y avait pas jusqu'à
des bourgmestres portant la barbe ! qui ne lui donnassent quelques
soucis. Le Synode s'en plaint au Tsar et le Tsar lui donne satisfac-
tion, mais de façon à lui laisser comprendre qu'il n'accepte pas
aveuglément tout ce qu'il débite contre ses frères. — On dit, avec
raison, que le meilleur ornement d'une beauté c'est la modestie ;
or ie Synode n'hésite pas à déclarer que, s'il se trouve faible devant
les puissants de la terre, c'est « parce qu il pense humblement de lui-
même ^. ))
Il ne restait plus que la couronne. Prudemment défiant envers tout
le monde, ses favoris compris, Pierre avait attaché au Sénat en
qualité d'«(EiL du tsar » un homme de sa confiance auquel il avait
donné le titre de Procureur suprême du Sénat 3. Pas plus de quinze
jours plus tard il décréta qu'un homme « ayant de la hardiesse, et
choisi parmi les officiers 4 » serait également attaché au Syno !e
en qualité de Procureur suprême du Synode. 11 ne voulut pas seu-
lement changer une virgule à Г «Instruction » donnée au Procureur
suprême du Sénat mais il voulut que telle qu'elle était, avec l'unique
substitution du mot Synode à celui du Sénat, elle dût aussi servir
pour le Procureur suprême du Synode. Nous allons la rapporter
en entier ; c'est par elle que nous achèverons celte Étude.
Г1) Voir Поли. Собр. Зак., tome VI, lô mars 172! (3761), p. 371 ; ib'., ib., 19 no-
vembre 1721 (3854), p. 455; ib., ib., 12 Apr. 1722 (3962), p. 649; et (3963) pp. 650-
652. Tous ces « points. » avec les Résolutions du Tsar, furent réunis en un seul
livre et publiés pour la première foisàMoscou le 7 juillet 1722 (кошя съ докладпыхъ
СвятЬйшаго Синода пупктъ, etc.) On les trouve aussi réunis sous le même titre
dans les éditions russes du « Règlement », à la suite du Supplément.
(2) «... предлагаемое отъ Синода опред-Ьлеше, якобы не сильное и неважное
(н^что высоко о себ* мня), презирать и уничижать. » (3S54), point 25m0.
(3) Полп. Собр. Зак., t. VI, 12 janvier 172! (3877), n° 4, p. 479, et 27 avril 1722
(3979), p. 662.
(4) Цолп. Собр. Зак. t. VI (4001), 11 mai 1722, p. 676.
INSTRUCTION
DU PROCUREUR SUPRÊME DU TRÈS-SAINT SYNODE1
1
Le Procureur suprême doit assister aux séances du Synode à
moins qu'il n'en soit empêché par une cause légitime. Il doit
veiller soigneusement sur le Synode, afin que celui-ci accom-
plisse ses devoirs et que les affaires soumises à son inspection et
à sa décision soient traitées conformément aux Statuts et aux
ukases, selon la vérité, avec ordre, avec zèle et sans perte de
temps : le Procureur est tenu d'enregistrer toutes ces choses dans
son journal. De plus, il veillera soigneusement à ce que les
affaires ne soient pas seulement traitées dans les séances du
Synode mais qu'elles soient mises à exécution et menées à bonne
fin, d'après ce qui aura été statué. A cet effet, il s'informera si ceux
qui ont reçu quelques ordres ont fait ce qui leur était prescrit
dans le délai requis pour qu'on pût en commencer et en achever
l'exécution et, en cas contraire, ce sera à lui d'examiner quelle en
a été la cause : si quelque impossibilité y a mis obstacle, ou bien
si cela est arrivé par passion ou par paresse ; et sans délai il de-
vra en donner communication au Synode. Pour cela il devra
avoir un livre où il notera, sur une moitié, le jour où a été rendu
quelque décret, et sur l'autre si le décret a reçu ou non son en-
tière exécution, avec indication de la date, du motif qui en aurait
empêché l'exécution, et des autres circonstances nécessaires.
2
Le Procureur est tenu de veiller soigneusement et sévèrement
sur le Synode, afin que celui-ci s'acquitte de ses fonctions con-
formément à ce qui est juste et sans acception de personnes ; s'il
(1) Russe : Ппструкфя Оберъ-Прокурору Святьмшаго Синода. C'est le titre
que ce document porte clans la Поли. Собр. Зак., t. VI, 13 juin 1722 (4036),
p. 731; c'est pourquoi nous l'avons préféré. Dans l'édition du « Règlement » dont
nous nous sommes servi pour ce travail (Moscou, 1861), cette Instruction porte le
titre de Devoir du Procureur suprême attaché au très-saint Synode ecclésiastique.
(Должность Oôep-ь-Прокурора которому быть въ Свять-йптемъ Духовномъ CnnojtJ
252 INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPREME.
remarque quelque chose à reprendre sur ce point, il doit immé-
diatement s'en expliquer avec le Synode, exprimant sans dégui-
sement en quoi le Synode, ou certains de ses membres, n'ont pas
agi comme ils le devaient; ainsi la faute sera réparée. Si l'on
n'obéit pas, il doit protester sur-le-champ, arrêter l'expédition
de l'affaire et, si elle est urgente, en référer immédiatement à
Nous ; s'il n'y a pas urgence, l'affaire sera traitée dans le Synode,
en Notre présence, dans le délai d'une semaine ou d'un mois,
suivant ce qui aura été réglé. — Le Procureur suprême devra
user de prudence et de circonspection dans ses rapports publics
adressés à Nous, afin de n'attirer aucun discrédit immérité sur
ceux dont il parlera. Conséquemment, si l'affaire sur laquelle
son opinion diffère de celle des autres lui paraît obscure et pré-
sentant deux aspects différents, après qu'il en aura arrêté l'expé-
dition comme nous l'avons dit plus haut, il n'en référera pas
immédiatement à Nous, mais il prendra d'abord avis de quel-
qu'un qu'il croira capable d'éclaircir la matière. S'il trouve que
la chose est en réalité telle qu'il l'avait jugée, ou bien s'il ne peut
arriver à en saisir le vrai et à résoudre son doute, il en référera
alors à Nous dans le délai d'une semaine au plus tard. Si la chose
est tout à fait évidente et urgente, il en référera à Nous sur-le-
champ. Mais, en aucun cas, il ne tardera plus d'une semaine,
suivant ce que nous venons de dire, et il ne s'excusera sur aucun
empêchement, à moins que Nous ne soyons absents. En ce cas il
Nous adressera, dans le délai convenu, un rapport qui Nous sera
porté par un courrier spécial. Si, emporté par une passion quel-
conque, il rédige un rapport qui ne soit pas conforme à la vérité,
il sera puni suivant la gravité de l'affaire.
3
Il devra surveiller tous les Procureurs x afin qu'ils s'acquittent
de leurs fonctions selon la vérité et avec zèle, et si quelqu'un
([) Dans l'ukase du 12 janvier 1721, ci-dessus mentionné, Pierre avait statué
que chaque Collège aurait son propre Procureur. Depuis que le Synode fut
INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPREME. 253
manque en quoi que ce soit il le fera juger par le Synode. De
même, il sera tenu de présenter au Synode tous les rapports des
divers Procureurs en exigeant du Synode qu'on leur donne suite.
Enfin, s'il arrivait qu'on lui fît des rapports contre les dits Pro-
cureurs, comme ne s'acquittant pas de leurs fonctions selon la
vérité et avec zèle, il les soumettra au jugement du Synode.
Les rapports que les Fiscaux sont obligés de dresser, confor-
mément à ce qui est ordonné à l'article 7mo de leurs « Devoirs, »
doivent être reçus par le Procureur suprême qui les présentera
au Synode exigeant qu'on leur donne suite l. C'est encore lui
qui devra surveiller les Fiscaux, et s'il remarquait quelque dé-
sordre il en informera immédiatement le Svnode.
C'est lui qui devra avoir sous sa direction la Chancellerie du
Synode, ainsi que les employés qui y sont attachés.
6
L'Exécuteur du Synode devra être placé sous la direction du
Procureur suprême.
définitivement institué et investi, par le Tsar, de la même autorité clans les
matières ecclésiastiques <jue le Sénat clans les matières civiles, les Procureurs des
divers Collèges s'adressaient au Synode ou au Sénat, suivant la nature de la
matière formant l'objet de leurs rapports.
(1) Nous avons parlé des Fiscaux dans la note à la p. 63, et nous avons remarqué
que les Instructions des Fiscaux ecclésiastiques étaient entièrement calquées sur
celles des Fiscaux de l'État. Les rapports des Fiscaux avec les Collèges furent
détaillés clans le « Règlement général » du 28 février 1720 (3534), au cliap. xbv
(По.ш. CoOp. Зак., t. VI, p. 141). L'article 7me des « Devoirs des Fiscaux » mentionné
dans ce n° 4, concerne les malversations et les dommages causés à la couronne.
(V. Поли. Собр. Зак., t. V (2786), 17 mars 1714. Должность Фмска.ювъ, et t. VI, à la
fin des lois de 1721 (3870). pp. 467 et suiv.)
254 INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPREME.
Les Fiscaux attachés aux Collèges et aux Cours supérieurs de
justice l devront adresser tous leurs rapports à leurs Procureurs
respectifs ; les Fiscaux attachés aux tribunaux de district les
adresseront aux Procureurs de ceux-ci. Et dans le cas où ces tri-
bunaux négligeraient de donner suite aux affaires,, et ne procéde-
raient point conformément à la justice, les Fiscaux devraient en
informer les Procureurs respectifs attachés aux Collèges et aux
Cours supérieures de justice. Et si les Procureurs mettaient du
retard à poursuivre l'affaire au-delà du temps fixé, ou cherchaient
à gagner les Fiscaux, ceux-ci devraient en donner avis au Fiscal
en chef et celui-ci au Procureur général*1 . Et en cas que le Fiscal
en chef négligerait de faire son rapport, ou y mettrait du
retard, ils devraient s'adresser directement au Procureur général
et porter plainte contre le Fiscal en chef lui-même.
8
Tous les ukases relatifs à des affaires d'importance, comme
aussi les communications concernant les fautes où serait tombé
l'un ou l'autre des membres de ce gouvernement (ecclésiastique)
les dostiers d'enquête et les demandes de punition pour les cou-
pables, ne seront pas expédiés par la poste, mais par des courriers
particuliers de l'Exécuteur, afin que toujours ils reviennent avec
(1) Les cours supérieures de justice (Надверные Суды) étaient établies dans les
deux capitales de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Chacune d'elles avait un
Procureur auquel les Fiscaux adressaient leurs rapports. On comprend que la
surveillance dont il est question dans cet article de l'Instruction du Procureur
suprême du Synode ne concerne que les matières ecclésiastiques ou mixtes.
(2) Ainsi que nous l'avons remarqué, l'Instruction du Procureur suprême du
Synode est mot pour mot la même que celle donnée au Procureur suprême
du Sénat. Voilà pourquoi on voit ici figurer le Procureur général (Гепералъ-
Врокурорь), qu'il ne faut pas confondre avec le Procureur suprême soit du Sénat,
soit du Synode. La mission du Procureur général était une surveillance universelle
sur toutes les autorités de l'Etat; celle des deux Procureurs suprêmes (Оберь-
Прокуроры) était de représenter le Tsar et d'en procurer les intérêts, l'un dans
le Synode, l'autre dans le Sénat.
INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPREME. 255
un rapport complet sur ce qui a été fait à la suite des communi-
cations reçues, ou sur les causes qui ont empêché qu'on leur
donnât suite. Mais aux Collèges et aux autres autorités voisines, ces
communications seront remises par l'Exécuteur lui-même lequel
en retour, devra porter au Synode un reçu, signé par les Prési-
dents respectifs, des pièces qu'il leur a apportées, avec indication
de la date du jour où la remise a eu lieu. Cette déclaration devra
être enregistrée dans un livre spécial afin que, si dans le délai
nécessaire pour terminer l'affaire, le Synode n'en recevait aucune
communication, elle puisse servir pour une poursuite.
0
Le Procureur suprême n'est sujet au jugement de qui que ce
soit, excepté le Notre. Si, durant notre absence, il se rendait
coupable de quelque grand crime qui ne souffrît pas de délai,
comme la trahison par exemple, le Synode devra le faire arrêter,
ouvrir une enquête, et confier ses fonctions à quelque autre.
Toutefois le Synode ne le soumettra à aucune torture, ni péna-
lité, ni châtiment.
10
Si quelque chose n'est pas clairement exprimée, dans les
ukases du Synode, le Procureur suprême en fera la remarque
au Synode afin que l'ukase soit plus clairement rédigé, suivant
les règles contenues dans l'ukase du 1er avril 1722 que l'on
gardera toujours sur la table1 ; l'amendemeni Nous sera ensuite
communiqué.
(I) Dans cet ukase, Pierre se plaint qu'on nu tienne 'pas assez compte de ses
ordonnances, et qu'on les escamote comme des cartes de jeu. II prescrit leur
stricte observance, et « si quelque point de nos ordonnances, ajoute-t-il, offre
« matière à des doutes, on en fera la remarque au Sénat, lequel réunira les
« Collèges et donnera une décision, avec serment cependant de Nous la soumettre.
« Ce n'est qu'après avoir été approuvée par Nous, qu'elle pourra être imprimée
« comme complément de l'ukase qu'elle concerne... Si quelqu'un, sous n'importe
« quel prétexte , ose mépriser cet ukase, suivant la méthode gagarinienne
« (по правиламъ Гагарииовымь), il sera sans aucune pitié, puni de mort... Les
256 INSTRUCTION DU PROCUREUR SUPREME.
Le Procureur supérieur Nous communiquera également tout
ce qu'il jugera pouvoir servir à compléter la présente Ins-
truction.
11
Et puisque le Procureur suprême est, par sa charge, établi
pour être comme Notre oeil et l'avocat des affaires de l'État, il
doit se conduire avec fidélité car c'est contre lui que l'on procé-
dera tout d'abord. Et si, en quoi que ce soit, il se laissait corrom-
pre ou, de toute autre manière, il transgressait sciemment et vo-
lontairement son devoir, il sera puni comme violateur d'un ukase
et manifeste perturbateur de FÉtat. Que s'ilavaitagi sans prémé-
ditation on ne lui en fera pas un crime, car mieux vaut qu'il
pèche en faisant des rapports qu'en gardant le silence. Cependant
si cela lui arrivait souvent il ne sera pas censé exempt de faute.
L'original de cette « Instruction » a été signé, en V absence de
SA MAJESTÉ IMPÉRIALE et en vertu d'un Ukase nominal de
SA MAJESTÉ IMPÉRIALE, par les Sénateurs dont les noms sui-
vent :
Baron Jacques Bruce.
Comte Ivan Mousin-Pouchkin.
Comte André Matveïeff.
Comte Golovkin, Chancelier.
Prince Grégoire Dolgoroukoï
Baron Pierre Schafiroff.
Ivan Poznakoff, premier secrétaire.
Ivx\n Larionoff, secrétaire.
Féodor Néronoff, greffier.
Le 13 Juin de l'année 1722.
a autorités qui négligeront de garder sur ia table cet ukase, devront payer
« chaque fois 100 roubles aux hôpitaux... » (llo.iu. Собр. Зак., t. VI, 17 avril 1 7 2~
(3970), p. 656.) — Le personnage dont la coutume d'escamoter les ukases est ic1
relevée par le Tsar, c'est le prince Mathieu Gagarin, commandant de Moscou, puis
gouverneur de Sibérie. Il est tout à fait superflu d'ajouter qu'il ne mourut point de
mort naturelle; c'est de sa vie qu'il paya l'honneur d'être spécialement mentionné
dans un ukase « gardé toujours sur la table. »
FIN
TABLE DES CHAPITRES
Introduction v-xl
Dkase pour l'établissement du Collège ecclésiastique (Synode). . . I
Serment des membres du Collège ecclésiastique 6
Règlement ou Statuts du Collège ecclésiastique 13
Première partie. Qu'est-ce que le Collège ecclésiastique et quelles sont
les graves raisons d'un tel gouvernement ? 15
Deuxième partie. Affaires soumises à cette administration 33
Affaires générales 34
Affaires spéciales 34
§§ 1-3. Devoirs des Èvéques 5 i
De l'anathème 74
De l'interdit 85
De la visite pastorale 90
§ 4. Des établissements d'instruction, des maîtres et des élèves qui
s'y trouvent, et aussi des prédicateurs 104
De l'Académie 117
Du Séminaire 147
Règles pour obvier à l'ennui 154
Des prédicateurs 166
§ 5. Des personnes du monde en tant qu'elles sont atteintes par la
discipline ecclésiastique 178
Troisième partie. Devoirs, mode d 'action et pouvoir de ceux qui gouver-
nent '. 205
§ 1 . Devoirs de ceux qui gouvernent 207
Signataires du Règlement 223
§ 2. Mode d'action du Collège ecclésiastique 238
§ 3 . Pouvoir du Collège ecclésiastique 239
Points sur lesquels Sa Majesté, sérénissime, de sa propre main
monarchique, daigna donner une résolution. 240
Du Supplément au Règlement ecclésiastique , 248
Institution définitive du Synode 249
Instruction du Procureur suprême du très-saint Synode.. 251
17
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
N. B. — Les chiffres romains indiquent les pages de l'Introduction, les chiffres
arabes celles du reste de l'ouvrage.
Les chiffres suivis de la lettre n. (noie) marquent le renvoi aux notes de la page
indiquée, les autres se rapportent au texte.
Les rubriques qui correspondent aux divers chapitres du « Règlement » sont déve-
loppées d'après le contenu de chaque article. On aurait, par conséquent, un abrégé
assez détaillé de tout le « Règlement » en les parcourant dans l'ordre suivant : Gouver-
nement conciliaire. Affaires générales. Instruction religieuse. Affaires spéciales.
Evèques. Anathème. Interdit. Visite pastorale. Science. Académie. Séminaire. Prédi-
cateurs. Personnes du monde. Synode.
On a. omis dans cette Table le nom de Pierre le Grand, vu qu'il en est question dans
tout l'ouvrage. On a également omis les noms des signataires du « Règlement » et de
Г « Instruction du Procureur suprême du Synode, » à l'exception de ceux qui sont men-
tionnés ailleurs dans l'ouvrage.
A.
Aaron, Evêque de Karélie, 225, 225 n.
Abraham (nègre de Pierre le Gr.), 65 n.
ACADÉMIE (Règles de 1'). — 1 et //)
Du nombre des professeurs, 117.
— III) Les professeurs doivent être
soumis à l'épreuve, 118. — IV) Un
professeur incapable doit être
exercé, pour qu'il devienne apte,
119. — V) Expliquer brièvement
mais clairement aux élèves, la portée
de chaque science, 120. — VI) Choi-
sir pour l'enseignement les auteurs
les plus approuvés, 121. — VII)
Comment doit être enseignée la
Théologie, 122-126. — VIII) Il y
aura près de l'Académie une bi-
bliothèque, et les professeurs en
auront le libre usage, 127-130. --
IX) De la manière la plus expé-
ditive pour enseigner les sciences,
130-133. — X) De la méthode et de
l'ordre à suivre dans les diverses
sciences ou branches d'enseigne-
ment, 133-138. — XI) Des devoirs
du Recteur et du Préfet, 139. —
XII) Des professeurs insoumis au
Recteur et aux règlements de
l'Académie, 139-140. — XIII) Des
Fiscaux de l'Académie, 140. — XIV)
Des enfants, soit des prêtres soit
des laïques, qui doivent être élevés
à l'Académie, 140. — XV) Les élè-
ves ne doivent pas être renvoyés
avant d'avoir achevé leur cours
d'études, 141.— XVI) Ceux qui ont
été élevés à l'Académie seront pré-
férés, pour les dignités, aux au-
tres, 141-142. — XVII) S'assurer des
qualités des élèves, 142-143. —
XVIII) Les enfants indociles doivent
être renvoyés de l'Académie, 143.
— XIX) De l'endroit propre à la
fondation de l'Académie, 143. —
XX) Les bons élèves sont la meil-
leure gloire de l'Académie, 144. —
XXI) A quelles conditions les élèves
doivent être admis et maintenus à
l'Académie, 144-145. — V. pp. 117-
147 notes, et pp. 161-6, texte et notes.
Académie de marine, 140 n.
Académie des sciences de Saint-
Pétersbourg, 115 п., 116-120 nn.,
128-129 nn., 137 п., 142-144 nn.,
146-147 nn.,. 228 n.
Académies ecclésiastiques, 173 n. —
de Kazan. 147 п., 209-210 га. — de
Kieff, xnî, 115 п., 138 п., 147 п.,
209-210 nn.— de Moscou, 115-1 16 nn.,
134 п., 137 п., 138 п., 147 п., 209-210
nn. — de Saint-Pétersbourg, xxxn,
115 п., 147 п., 209-210 nn.
Achexwall (Godefroi f 1772), 106 n.
Adrien (dernier Patriarche de Mos-
cou, f 1700), vin, ix, 116 n.
AFFAIRES GÉNÉRALES (du ressort
du Collège ecclésiastique [Synode]),
34-35. — 7) Examiner les acathistes,
35. — II) Décharger la conscience
des fidèles au sujet des prières,
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
259
36. — ///) Reviser les histoires des
Saints, 36-37. — IV) Surveiller les
inventions, et pratiques supersti-
tieuses, 37-39. — V) Abolir les céré-
monies inconvenantes et préjudicia-
bles. 39-40. — VI) S'enquérir de
l'authenticité des reliques, 40-41. —
Vil) Surveiller le culte qu'on rend
aux images, 42-43. — VI H) Veiller
à ce qu'on ne se procure plus des
secours pour les églises, par des
moyens frauduleux, 43. — IX) et à
ce qu'on ne se partage plus entre
plusieurs la récitation de l'office
divin et des prières, 44 — X) et à ce
qu'on n'envoie plus des prières ren-
fermées dans un bonnet, 44. — En
général, sur toutes sortes de su-
perstitions^.— V. les notespp. 35-45.
V. aussi : Instruction relig. Synode.
AFFAIRES SPÉCIALES (ou des états
particuliers,) 33,34. V. Académie.
Clergé. Evoques, Personnes du
monde. Prédicateurs. Science. Sé-
minaire. Visite pastorale.
Alexandre Nevski (St, f 1263), 226 n.
Alexandre I**. (Tsar, 1801-1825), 31-
32 mi, 177 п., 204 п.
Alexandroff (N.), 206 n.
Alexeïeff (Pierre, -f 1801), 38 п., 62 n.
ALExis(Tsar, 1645-76), vin, xxxvi,xxxix,
73n., 105 n,107 п., 109n.,232n.,245 n.
Alexis (fils de Pierre le Grand, f 1718),
8 п., 168 n, 227 п.
Allainval ( Abbé d'), xxvi, xxvn,
xxvn п., xxxiv.
Allemagne, Allemands, 120 п., 147 п.,
150n.,160n.,l67n.,168n.,185n.,227n.
Alphabet russe, xvin.
AMBR0iSE0RNATSKi(Ev.dePenza),244n.
ANATHÈME (Règles pour 1'). Des pé-
chés qui méritent l'anathème, 74-
75. De la triple admonition qui doit
précéder l'anathème ; méthode à
suivre, 75-77. Première déclaration
publique, 77-78. De la»permission
a obtenir du Synode, 78. Formule
d'anathème, 78-81. De l'absolution
de l'anathème, 81-82. De l'inter-
vention de l'autorité civile et du
Tsar lui-même, contre l'excommu-
nié obstiné et récalcitrant, 83.
Admonition aux Evèques. 83. De
la distinction entre anathème et
interdit,74n.et84. — V. aussi les notes
pp. 73-84 et 86-87 nn., 99-100 п., 170.
AraE(Féodorovna, f 1860), 204 n.
Anne (Ioannovna, 1730-1740), xvj,
xxxvu, 63 п.. 137 п., 246 п.
Anne, Reine d'Angleterre, f 1714, 225n.
Antéchrist, 192 п., 193 п.
Apollinaire (f 381) ,59 n.
Apraxin (amiral), 223, 223 n.
Archevêque (titre). V. Titres des Evèq.
ARius(f 336), 107.
Aristote, 249.
Art militaire, 104-105, 105 п., 137 п.,
155, 155 п.
Athanase Mislavski [ou Miloslavski],
Archimandrite du Petcherski , à
Kieff f 1714), 137 n.
Athanase (St f 373), 123, 123-124 nn.,
158 n„ 173 n.
Augustin (St f 430), 47n., 107,123, 123-
124 nn., 127 n.
Augustin Vinogradski (Archev. de
Moscou), 99 n.
Aumône, 169 п., 215-219, 216 п.
Aumôniers particuliers, 199 n.
Autorité suprême dans l'Eglise russe :
Le Synode) 98, 101-102 nn., 103. —
Le Tsar) 102 п., 247 п. - V. Tsar.
Autorité suprême dans l'Eglise ca-
tholique, 101 n.
Autorité civile(appuidel'),83,83n..l91.
Autocratie, i-xni, 8,8n.,9,19,20,20n.,
24n.,30n., 168,168 п., 176 n.V. Tsar.
В
BAc.\iEiSTER(L.Chr.,tl806),53n.,129n.
Baïf (Jean Ant., f 1589), 135 n.
Baïus (Michel, f 1589), 182 n.
Baptême, 52n., 86 п., 181-2, 181-2nn.,
201, 221 n.
Barbe, 189-191 nn., 193 п., 250.
Barbier (Ant, Alex., f 1825), xxvn n.
xxxi, xxxii, xxxii n.
Barlaam Yassinski (Metrop. de Kieff,
f 1707), xiv.
Barlaam (Evêque de Tver). 225.225 n.
Baronius (César, Gard.,f 1607), 157 п.,
158 п.
Bayle (Pierre, f 17061, xxixn.
Basile (le Grand, St f 379), 110, НО п.,
123-124 nn., 158 п., 173 п.
Bela-Krinilza (siège métropol. de), 199n.
Benoit xiii (Pape 1724-1730), 234 n.
Benoit xiv(Pape 1740-1758), 41 n,91n.
BesftO}>ovzi-Bespopovstcfiina, 188 n.
Beveridge (Guillaume, | 1708), 55 n.
2(50
TABLE ANALYTIQUE
Bible d'Ostrog (en slavon), xxix, xxx,
21 п. — Bible en russe, xx.
Bibliothèque de l'Académie des scien-
ces ; 128 п., 129 п. 228 п.
Bibliothèque nationale deFrance,129n.
Biens du clergé, 67-69, 144 п., 213-
214, 213 п.. 245-247, 245-247 nn.
Biren (Ernest, f 1772) xvn.
Blagotchinnyi, 63 п., 178 п. , 200 п.
BLUMENTROST(Laiir.,jT755),146n.,159n.
BONAVENTTIRE (St f 1274), ИЗ П.
Book of cominon prayirs. 52 n.
Boris et Gleb (SS.), 234 n.
BossuET(J.-B.,Ev.deMeauxfl704),249.
Boujinski. V. Gabriel.
Boutourlin (GteDmitri f 1829), xxxu.
Bréviaire, 192 n.
Bruce (Jacques), xxi, xxi n,, 256 n.
Вигж (De, R. P. Victor; S. J .), xxxvin n.
Bûsching (Ant. Fred., f 1793), 106 п.,
238 п., 247 п.
Bujinski. 7. Gabriel Boujinski.
С
Calendrier russe, xxxix.
Calvin (f 1564), 41 п., 181 п., 182 п.
Canon pour la santé du Tsar, 92, 92 n.
Canons ecclésiastiques, xvi, xxxvi,
7, 55-36, 55-56 nn., 58 п., 59 п., 60 п.
Voir Conciles, Docteurs, Evoques.'
Cantemir (pr. Antiochus, f 1744),
135 п., 144 п., 146 п..
Caractères (anciens ou d'église), xvui,
xxv., xxx. — (Nouveaux ou civils
pour le russe), xvni, xxi,xxiv, 156 n.
Catéchisme (grand). V. Confession or-
thodoxe^— (de Prokopovilch, dit de
Pierre le Grand), xix,xixn.,xxxvni,
50, 51-53 nn., 64,64 п., 65-66 nn. —
(de Mgr Philarète), 47 n.
Catherine Ire (1725-1727). xvi,xx,xxv,
xxxvii, 8, 8 п., 10 п., 52 п., 116 п.,
146п.,150п.,224п.,226п.,228п.,246п.
CatherineII (1762-1796), ixn. ,xi,xxxtv-
xxxv,xxxvii, 10 п., 85-86 nn., 98n.,
160 п., 164 п., 191 п., 193 п., 196-
197 nn., 206 п., 246-247 nn.
Célibat ecclésiastique, 221 п.
Censure, 178-179 nn., 209, 209-210 nn.
Chancelleries de l'Etat, 3-4 nn., 140,
140-142 nn.
NB. A page 140, XIV au lieu de :
principaux magistrats des villes,lisez :
employés supérieurs des Chancelleries.
Chancellerie des monastères, 245,
245-246 nn.— du grand palais,245u.
— du Synode, 253.
Chapelles dans les maisons, 199.
Charles BoRROMÉE(St!tl584),165,173n.
Charles XIL (roi de Suède, j 1718),
223 п., 227 п.
Chaudoir (baron de), 129 п., 130 п.
Chiffres arabes en Russie. 134 n.
Chrysostome (St Jean f 407),48, 48 n. ,
110-111 nn., 158 п., 172, 173 п.
Clément XI (1700-1721), 119n.( 157 n.
Clergé russe (en général), vii-xni,
xl п., 21, 21 п., 34 n, 100, 248.
V. aussi Evêques, Visite pasto-
rale. — Clergé blanc ou séculier, 23,
23 п., 31 п., 199-204, 206 п., 248.—
Clergé noir ou régulier, 23 п., 222-
238, 248-249. V. Evêques.
Clergé catholique en Russie, 210 n.
Code des lois de l'empire russe, xxxix-
xl, xl п., 20 п., 34 п., 45n, 61-62 nn.,
83 п., 88-89 nn.,166 п., 196 п. 199-
203nn.,209--210 nn., 219 п.
Code pénal, 89 п., 164 п.
Collection complète des lois de ï empire
mjse,xxii-iil,xxvi-xxvn, xxxix, xxxix
n . V. Ukases cités dans l'ouvrage.
Collège ecclésiastique. V. Synode.
Collèges, xxu, xxii п., 3 п., 4 п., 16,
16n.,32n.,63 п., 116n.,147n.,214,
242, 243 п., 252-253 nn., 254-255.
Communion annuelle (précepte de
la), 196 п., 197 п. V. Eucharistie.
Conception(Immac.)de Marie, 126-7nn.
Concile, conciliaire. V. Soùor, sobomyi.
Concile œcuménique, 30.
Concile (IVe) de Latran, 41 n. — de
Moscou, (de 1551. Stoglaff), 38 n. —
— de Moscou, (de 1666-67), vin, хи,
188n.,198n.,249,249n.— de Trente,
41n.,43n.,91 n.,150n.,165n., 182n.,
203 п.— duVatican(1870), 126-128nn.
Conciles admis dans l'Eglise russe,
52 п., 55, 55-56 nn. , 72 п., 84-85 nn.,
102n.,123, 176 п., et passim-.
Conciles (op. synodes) convoqués par
les Tsars, 59 n.
Concordats, ix.
Confession orthodoxe (de Pierre Mo-
ghila), xxx, xxx п., 48, 48 п.
Confession dans l'Eglise anglicane,52n.
— dans l'Eglise russe, 75, 82, 196-
197 nn., 194-195 nn. V. Secret.
Confirmation(sacrementdela),85-86nn.
Gonsett (Thomas), xvi п., xxix-xxx,
DES MATIERES.
201
xxixn..xxxiv,113n212n.,223 n.,229n.
Consistoires ecclés., 200-201 nn..213n.
V. Statut.
Constantin (le Gr.,f337),2n., 8 п., 73 n.
Constantin (grand-duc, f 1831) frère
d'Alexandre Ier, 201 n.
Construction des Eglises, 61,6l-62nn.
Copievitz [ou Kopuewitz]. Elie, xx.
134 п., 157 п.
Corps de lEtat, 69 п., 7Î n.
Cours supérieurs de justice, 254, 254 n.
Cramer 'Jean-Frédéric f 1715), 137 n.
Crispe (fils de Constantin le Gr.), 8 n.
Curé d'Ars (J.-B. M0 Vianney), 212 n.
Curtius 'Quintus), 157 n.
Cyrille (d'Alexandrie, St. f 444), 123,
124 п., 158 п.
О
Delière (abbé) xl n.
Derjavin (Gabriel, f 1816), 135 n.
Description du clergé de campagne,
xli п., 93.
Dictionnaire de l'Académie russe, 149 n.
Dignités ecclésiastiques (promotion
aux), 65-66, 66 п.. 141-142, 164,
164 п., 165 п., 212-213. V. Evèques.
Dirigeant (titre du Sénat et du Sy-
node), 6, 6 п., 239,239 п.. 241,241 п.
Divorce (dans l'Eglise russe), 8 п.,
203 п., 213.
Dmitri (Métropoi. de Rostoff, j 1709,
honoré comme saint dans l'Eglise
russe), 189 п., 193 п.
Docteurs[ou Pères] de l'Eglise, xxxvi,
32 п., 18-49, 48 п., 50-51, 52 п.,
55, 72 п., 84-85 пп., 102 п., 111 п.,
122-125, 156, 158 п.
Dogmes les plus capitaux, 49, 49 п.,
50, 52 п., 53 п. V. Livre.
Doklad, 240, 240 п.
Dolgoroukoi [OU DOLGOROIj'KlJ(JaCqueS
Féodorovitch), 224, 224 п., 256 п.
Donations au clergé, 213 n.,22tn.
Ducange [ou Du Cange] (Charles Du-
fresne, f 1688), 74 п., 231 п. .
Dupanloiip (Félix,Ev. d'Orléans),! I3n.
E
ECKARDT (J.), XL П.
Ecoles des chiffres, 64 n. ,69 п., 116 п.,
140 п. — de navigation, 140 п. —
ecclésiast,, xl п., 63-69. 64-65 un.,
69 п., 116 п., 134 п., 144 п., 166 п.
—laïques,! 16 п. — provinciales, 140 п.
ECRITURE, xxxvi-xxxvn, 32 п., 35,
46-17, 47-48 пп., 51, 72 п., 75, 80 п.,
107 п. ,110п., 122, 124-125, 127-128пп.,
167-168, 168 п., 169, 175-176 пп., 203.
Textes de l'Ecriture cités dans l'ouvrage :
Genèse, ch. ni, 9, p. 215; cli. ni, 19,
p. 216 n.
Levitique, ch. xvni, p, 55.
Proverbes, vin, 16, p. 71 n. ; xvi,
32, p. 128 u.
Sagesse, ch. vi, p. 21 n. ; ch. xi, 27,
p. 211 n.
Jérémie, ch. xlviu, 10, p. 7.
Saint Matthieu, ch. v, 8, p. 166 n. ;
ch. xvi, 18, p. 176 п.; ch. xviii, 15,
p. 16,76-77 n п.; cli. xvni, (7-18, p. 84;
xxiv, 9-12, p.ISn.
Saint Luc, ch. xxn, 32, p. 125, 127 п.,
128 п.
Saint Jean (Evangile), ch. ni, 16,
p. 181). 180 п.; ch. vi. 53, p. 187.
Actes des Apôtres, ch. xiv, 21-22,
p, 91 n.
Epîtres de Saint Paul. — Aux Ro-
mains, ch. i, 11, 12, p. 91 n. ; ch. i,
21, p. 31 n. ; ch. vin, 14, p. 183 n. ;
ch. xii, 2, p. 169 ; ch. хш, 5, p.
20 n. — Première aux Corinthiens,
ch. i, 12, 13, p. 172; ch. n, 14, 15,
p. 182, 183 п.; ch. m, 6, p. !74, ch.
ni,. 6, 7, p. 71 n. ; ch. îv, 1,2, p.
71 n. ; ch. îv, 6, p. 172 ; ch. iv, 12,
p. 91 п.; ch. iv, 19, p. 91 п.; ch. v,
5, p. 74 et 84 ; ch. x, 16, 17, p. 187 ;
ch. xi, 26, p. 187 ; ch. xiv, 33, 40,
p. 17 n. — Deuxième aux Corin-
thiens, ch. x, 8, p. 74 n.-; — aux
Galates,ch. ni, 28, p. 199 ; — aux
Ephésiens, îv, 28, p. 215 ; 216 n. ;
— aux Philippiens, ch, n, 20, p. 83.
— Première aux Thessaloniciens,
ch. ni, 2, 10, p. 91 n. — Deuxième
aux Thessaloniciens, ch. и, 3, p.
17 n. ; ch. m, 10, p. 215-216, 216
n. — Première à Timothée, ch. ni,
1, p. 70 п.; ch. v, 17, p. 72. —
Deuxième à Timothée, ch. n, 9, p.
179 п.; ch. m, 16, 17, p. 46 п.;
ch. iv, 2, p. 71 n.
Epître de Saint Jacques, ch. in, 2,
p. 171 n.
lre Epitre de Saint Pierre, ch. i, 3,
p 21, 21 п.; ch. n, 9, p. 183.
l'e Epître de Saint Jean, cli. n, 13,
262
TABLE ANALYTIQUE
14, p. 180, 180 n. ; ch. n, 15, p. 184 ;
ch. ii, 15, 16. p. 180 n.
Apocalypse de Saint Jean, ch. v, 10,
183 n.
Eglise évang-lut.,xxxix-XL. V. Lutiens.
Eglises d'Etat (protestantes), vu.
Elections à des évêchés. V. Evoques,
Dignités ecclésiastiques; — à des
paroisses, 199-200.
EusABETH(lmp., 1741-176 l),137n.,246n.
Empereur (titre d'), xxv, 224 n.
Eparchies (diocèses), 18, 90, 118,
230-231 nri., 243-244, 244 п., 247 п.
Ephrem (St f 381) de Syrie, 52 n,173 n.
Epiphane (St f 403), 106.
Epiiimie, 76, 76 n. 89 n.
Esipoff (G.), 198 n.
Erasme de Rotterdam (|1536) xxi,xxm.
Esprit-Saint. Ses dons), 85 n. — Sa
grâce), vu, 245 n. — sa procession),
xxxvni, xxxviii n.
Etats ecclésiastique et laïque (leur
distinction), 184-183, 185 n.
Etienne Yavorski (Métrop. de Ria-
zan), ix-x, xin, xv, 59 п., 115 п.,
166 п., 173-174 nn., 177 п., 193 п.,
223, 223 п., 225 п.
Etrangers en Russie, 169 п., 173 п.
V. Allemagne, Allemands.
Eucharistie,74n.,75.76, 79-80, 80 п.,
82. 87 п., 186-187, 187-188 nn., 188,
197. У. JÉSUS.
Eucholcges, 73 п., 102 п.
Eddoxie (Lapoukin), 8 п.
Eugène Bulgarts (Archevêque de
Kherson, f 1806), xxx.
Eugène Bolkhovitinoff ^Métrop. de
Kiefff 186...), xiii, mi n, xxvn, xxx,
xxx п., xxxi-хххш, хххш п., 99 п.,
206n.,223n.
Euphrosinus (de Pskoff -f 1481, honoré
comme saint dans l'Egl. russe), 36-37.
Euripide, 18 n.
Europϕsche Fama, 106 n.
Eusèbe (Ev.de Gésarée f338),2 п., 73 n .
FVÉQULS (Devoirs des). /) Les Eve-,
ques doivent avoir chez eux le livre
des conciles, 54-55. — //) Ils doi-
vent connaître les degrés d'affinité
et de consanguinité, 55-56. — 111)
Ils doivent se faire lire les canons
à leur table, 56-57. — IV) Dans les
cas douteux ils doivent écrire à
d'autres Evêques ou bien au Sy-
node, 57. — V-VI) Ce qu'il y a à
faire en cas d'absence ou de ma-
ladie d'un Evêque, d'un Archiman-
drite, Hégoumène ou supérieur de
couvent, et d'uu curé de paroisse,
58-60. — VII) Règles à suivre dans
la dernière maladie d'un Evêque,
61. — VIII) L Evêque doit se rap-
peler ce qu'il a promis avec ser-
ment le jour de son sacre, 61-63.
— IX) L' Evêque doit avoir une
école près de sa maison, 63-65. —
X) Les élèves formés dans cette
école seront promus au sacerdoce
et aux dignités monastiques, de
préférence à tout autre, 65-66. —
XI) De quelle manière on doit four-
nir aux charges et aux frais de cette
école, 66-67. — XII) L'Evêque doit
surveiller l'administration des re-
venus ecclésiastiques, 67-68. —
XIII) L'Evêque ne doit pas déployer
un luxe inutile, 68-69. — XIV-XV)
De la nature et des limites de la
dignité épiscopale ; elle est infé-
rieure à celle du Tsar, 70-72. — Voir
les notes p. 54-73. Voir aussi p. ix-x,
Anathème. Interdit. Visite pastorale,
et passim.
Exarcat, Exarque (de Moscou), ix,
x, 59 п., V. Etienne Yavorski.
Excommunication. V. Anathème.
Exécuteur du Synode, 253, 255.
Falkovski. V. Irénée.
Femmes juges du Synode, 10 n.
— chefs de l'Eglise, 86 n.
Ferrari (R. P. Phil., Servite), 132 n.
Feuerlein ( Jacques - Guillaume ,
f 1776), xxxvii-xxxvni nn., 53 n.
Fick, 119 п., 146 п.
Fiscal en chef, 254 n.
Fiscaux civils, 63 n. — ecclésiastiques,
62-63. 63 п., 90, 208 п., 253-254, 253-
254 nn. — de l'Académie, 140 n.
FbAviEN(StPatr. de Constant. f 446) [écr.
• par erreur d'Alexandriej, 123, 124 n.
Fleury (Ch, Rohault de), 42 n.
Frédéric II (roi de Prussefl786),163n.
G
Gabriel Boujinski (Ev. de Riazan), 137
n. ,157-158 nn., 228, 228-229 nn.
Gabriel Petroff (Métrop. de Saint-
Pétersbourg), 53 n.
DES MATIERES.
263
GAGARm(R.P.Jean;S.J.),xL n, GO n,
94 п., 107 п., 165-166 nn„ 210 п.,
215 п., 232 п.
GAGARiN(pr.Mathi3ufl721),255-256nn.
Galitzin (pr. Augustin) , xvi n
Galitzix (pr. Dmilri), 225, 225 n.
Géographie. 130-133, 132 п., 137 n.
George Konisski (Archev. de la Rus-
sie blanche), 176 п., 177 п.
Ghizel (Innocent), 155-156 nn.
Gluck (Ernest f 1706), xx.
GoDEAu(Ant.,Ev.deVence,tI762),165n.
Golikoff (Ivan, f 1801), 166 n.
GoLovKh\(Cte Gabr.),223,223-4 nn,256.
Gor-ki (V. Theophylacte).
Gosselin (Jean-Edm. -Auguste., f 1858,
auteur du Pouvoir du Pape tur les
souverains au moyen âge). 109 n.
GOUVERNEMENT CONCILIAIRE
(ou collégial). — Qu'est-ce qu'un tel
Gouvernement, 15-18. Raisons de
cette forme de gouvernement : /)
Plusieurs personnes découvrent la
vérité mieux qu'une seule, 18-19;
— II) Le décret émanant d'un Con-
cile a plus d'autorité que celui
porté par une seule personne, 19-
21 ; — III) Surtout si le Collège
ecclésiastique (Synode) est sous la
dépendance du souverain et a été
institué par lui, 22; — IV) Les
affaires ne souffrent point de délais,
22 ; — V) Dans un Collège il n'y a
pas à craindre la partialité, 22-24;
— VI) Un Collège a plus de liberté
pour juger droitement qu'un seul
Pasteur, 24 ; — Vil) Les révoltes et
les agitations populaires sont moins
à craindre sous un Collège que
sous un Pasteur unique, 24-29; —
VIII) Le Président du Collège ecclé-
siastique est soumis au jugement
de ses frères, 29-30 ; —/.V) Un Col-
lège fournit l'occasion à ses mem-
bres de devenir aptes à l'épiscopat,
30-31.— V . les notes 16-32. V. aussi
xxiv, Sobor, sobornyi et passim.
Grammaire, 117, 120, 122, 130-131,
133, 138.
Grammaire grecque, 138n.— latine, 121,
121-122 nn, 134 n. — russe, ххп-ххш,
133-134 nn. — slavonne.xxn, 133 n.
Grand (titre de Pierre Ie"), xxv. Voir
aussi ix, 191 n.
Gravina (Vincent), 157 n.
GRÉGomE(St. de Nazianze f 390), 110,
111 п., 123, 123 п., 158 п., 173 п.
Grégoire .Métrop. de Novgorod et de
Saint-Pétersbourg f 1860), 37 п.,
107 п., 198 п.
GRiCHKA(dim.deGrégoire)V.OTREPiEFF
Gymnase (ou Gymnasium ; dans l'ac-
ception que ce mot a encore en
Italie et en Allemagne), 118 n.
H
Habit national russe, 190 n.
Haigold (pseud. de Schlôzer), xxvni
xxix, 102 п., 159n., 160 п., 244 n.
Haven (Pierre von), 106 n.
HEFELE(Ch.-Jos. Ev. de Rottenbourg),
55-56 nn., 58 n.
Hergenrother (J.),109 n.
Hérésies,héréliques,106-108,122-123nn.
Hiérarchie rascolnique, 198-199 nn.
Hierothée (Archim. du monastère du
Don), 228, 232 n.
Histoire, 131-133, 155, 155-158 nn.
Histoires des saints, 36.
Hubner (Jean f 1731), 132 n.
Huyssens (baron de) xxix, 105-106nn.,
156-157 nn.
Hdpel (Aug. Guill. f 1819), 232 n.
Hyacinthe Karpinski ( Archiman-
drite, f 1798), xxxi-xxxiv.
Icdinovertsi [ou Edinovertsi], 198 n.
Images (culte des), xxxvnr, xxxvnin.,
42-43,43 п., 226 п.
Incrédulité en Rusiie, 32 п., 96 п.
Infaillibilité du Pape, 125, 125-128 nn.
Innocent IV, (Pape 1243-1254), 226 n.
Inquisiteurs, 208-209 nn.
Inspecteurs ecclésiastiques. V. Bla-
qotchinnyi. Fiscaux ecclésiastiques.
INSTRUCTION RELIGIEUSE, 35.
Nécessité de l'ordre des Pasteurs,
46-47. Insuffisance des livres déjà
existants, 47-49. De la réduction de
troispetits livres contenant l'exposé
des dogmes les plus capitaux et
des devoirs de chaque état, 49-51.
De l'ordre et de la méthode à sui-
vre dans la lecture de ces petits
livres, 51-53. — V. les notes p. 47-53.
INTERDIT.74. Distinction entre inter-
dit et anathème, 74 п., 86. Péchés
qui méritent l'interdit, 87. Procédé
à suivre, 88. De l'appel entre la
264
TABLE ANALYTIQUE
sentence d'interdit prononcée par
l'Evêque, 88-89.— V. aussi les notes
p. 86-88. Epitimie, Pénitence ecclés.
Irenée (St -J- 202), 106.
Irenée Falkovski (Evêque de Tchi-
guirin), 94 n.
Isaïevitch (Hégoumène), xiv.
Jansenius (Ev. d'Ypres, f 1638), 182 n.
jEAN(Chrvsostôme St). V.Ghrysostôme.
Jean Damascène (St -J- vers 780), 158 n.
Jérémie (Patr. de Constantinople), vu.
Jérôme (St -f 420), 21 п., 70 п.
JESUS. Manière d'écrire ce nom, 188 п.
JESUS dans les temples russes, 62 n.
Job (prem. Patr. de Moscou, f 1607), vu.
JosupHlI(Emp.d'Autrichefl790),163n.
JosÈPHE(Flavius,histor.fvefsl00),157n.
Journal, de Pierre le Grand, 156 n.
Jules César, 155 n.
Justification(doctr.de la).xv,xv-xvmn.
xxxviii, xxxvmn, 181,1 82, I8ln.,182n.
Justin (historien), 132, 132 n.
Justinien (Emp. de Byzancef 565), 27.
Si
Kalaïdovitch (Gonstantinfl853),223n.
Karpinski. "V. Hyacinthe.
Kelsieff (V.) 198 n.
Kimmel (Ernest-Jules), 48 n. ,51 n.,188n.
KiNG(JohnGlenfl787j,44-5nn,73n,85n.
Кпгдч pravil (Livre des canons). 89 n.
Kondratovicz [prou. Kondratovitch]
(Gyriacus), 102 п., 244 п.
Konisski [ou KoniskiJ. V. Georges.
Kopuewitz. Y. Copievitz.
Kopitar (Barthélémy f 1844), 249 n.
Kormtchaia Kniga (Livre du pilote, le
grec ÏÏ7)oa)aov ; espèce de Corpus
juris canonici.) 55 п., 58 п., 73 п.,
'89 п., 249, 249 п.
La Fontaine (Jean f 1695\ 194 n.
LANCELOT(DomClaudefl695),121-122nn.
Langue allemande en Russie, xxvn,
xxvni, xxvni п., 160 п., 225 п. —
— grecque. 138, 138 п. — hébraïque,
138, 138 п.— latine, 118, 12i, 121-
!22 nn. — russe, xvm-xxiv, 48,48 n.
— slavonne(ecclésiastiijue),xvui-xx,
48 п.. 49.
Lascaris (Constantin f 1493), 138 n.
Lanres, 226 п., 231 п.
Lecture dans les Eglises, 51-53, 96,
173 п., 178 п.. 186, 186 п.
LEiBNiTz(God.-Guill f1716)146n.,227n.
Léon (St. Pape, 440-461). 123, 124 n.
Levchin. V. Platon.
Liturgie (Messe : ses parties), 80, 80 n.
Livre des devoirs de chaque état, 50,
53 п., 64, 64-65 nn.
Livre des dogmes les plus capitaux.
V. Catéeh. de Prokopovitch.
Livre des sermons, 50, 51, 53-54 nn.
Livres liturgiques (correction des),
xii. V. Rascolniques.
Logique, 120 п., 135, 138 п.
Lomonossoff (Michel, | 1765), xxxv,
133-136 nn., 156 n.
Louis XlV(|1715),v-vi, 121, 121n.,226n.
Lubeker (général suédois), 223 n.
Ludolf (Henri Guill f 1710), 134 n.
Luther(|1546), xxxviii,xxxvnin,174n.
Lûtiens[ou Lutjens], vu n, xvi п., XXXVII-
xxxix, xxxvii-xxxvmnn. 53 n.,104n,
176 п.. 182 п., 185 п., 187-188 nn.
Lykhudes I frères] (Joannicef 1717, et
Sophronms f 1730), 138 n.
M
Macaire (aujourd'hui Métropolite de
Lithuanie), 84 п., 198 п.
Macchiavelli (Nicolas, f 1527), vi.
Magnitski (Léonce, f 1739), 134 n.
Marcel Rodychevski ( Archev. de
Ladoga), 53 n.
Mariage, 8 п., 55-56, 56 n„ 64 п., 202-
204, 202-204 nn., 213, 221.
Marine (navigation), xx,xx п., 137 п.,
155 п.
Martinoff (R. P.Jean, S. J.), 226 п.,
231 п., 233 п., 234 п.
Mathématiques, xvm, xviun., 115 п.,
134, 134 п., 150 п.
Matveïeff (CteAndré), 225,225-226 nn.
Maximoff (Théodore), 134 n.
MAZEPPA(Ivan,fl709,39n.,85n.,174n.
Mélanchton (Philippe f 1560), 181 n.
Mélèce Smotriski (Arch. de Polotzk
f 1663), 133-135 nn.
Menchikoff (pr. Alexandre, f 1729), xvu.
Mémoire de la Sorbonne de Paris à
Pierre Pr, 125-126 nn.
Mémoire (sur les opinions protestantes
de Prokopovitch), xv, 115 n , 225 n.
Mé noire sur In réforme de l'Eglise russe,
IX, IX n . , x n.
DES MATIERES.
265
Menchen (J.-Burchard, f 1732)^ 157 n.
Mendicité, 219 n. V. Aumône.
Métropolite. V. Titres des Evêques.
N. B. — Le titre de Mètropoli'.e est
purement honorifique et, comme
tel, s'applique aux prélats russes
depuis Pierre Ier. Celui de Métro-
politain indique une juridict on sur
des Evêques suff rayants.
Métropolitains de Moscou, xxxv.
Michel III (Emp. grec 842-867), 159 n.
Ministères (en Russie), 32 n.
Miracles. 43, 61,96, 96 n, 210-211, 2U n.
Mislavski"V. Athanase.
MODE D'ACTION du Collège ecclé-
siastique, p. 238.
Môhler (J. Ad. f 1838), 182 n.
Moghila. V. Pierre.
Moines. V. Clergé noir.
Molière (J. B. f 1673), 159 n.
MONASTERES, 231 п., 232 п.
Monastères men'ionnés dans l'ou-
vrage : d' Alexandre Nevski (Laure à
St-Pétersbourg), xxv, 65 п., 161 п.,
226, 226 п. V. Académie ecclés. de
Saint-Pétersbourg. — du Chry^os-
tome (Moscou), 227. — de Cyrille (Be-
lozero), xxxi, xxxir, xxxiv.235.
— du Don (Stauropigie à Moscou),
228, 232, 232 n. — Nuvospaski(Stau-
ropigie à Moscou), 231, 231 n. —
Petcffrski [des cryptes ou catacom-
bes] (Laure àKiefi),39,226n., 236.
— de Potchayeff '(une des quatre Lau-
res), xiv (,'?), 226 n. — Preobrajenski
(Kazan),227. — de Sabbas Storojevski
(près Zvenigorod), 233, 233 n. — de
Simon (Stauropigie à Moscou\ 227,
231 n.,' 236, 237 n. — de Solovetz
(Stauropigie dans l'Eparchie d'Ar-
changel), 23! n. — de ш Trinité
d'Hypaiius (Kostroma), 228,228 п.—
de la Trinité de Se/ дтч (Laure, près
de Moscuu), 226 п., 228 п., 231 п.,
233. — Voskresenskt [Ierousalimski],
(Stauropigie, près Moscou), 231 п.,
234, 234 п. — Zaïkonospask' [signifie
littér. : derrière l'image du Sauveur.]
(Stauropigie à Moscou) 231 n. —
Yakovlevski [écrit par erreur : de
Saint Yaroslaff\ (Stauropigie près de
Rostoff), 231 n.
Voir, pour les autres monastères,
la liste des signataires du « Règle-
ment » p. 231-238.
Monita ad Missionanos S. Congrégatio-
ns de propaganda fide, 224 n.
Monnaies en Russie, 129-130 nn.
Mort (peine de), 248, 255-256 nn. V.
Autocraiie,Rascolniques, et pasrim.
Mots étrangers (dans la langue russe),
xxti.
Muller (Gérard-Fréd. f 1783), 228 n.
Musique (en Russie), 160, 160 n.
Newton (Isaac, f 1727), 132 n.
Nicanor (Archim.), 110 n.
Nicolas Ier (St Pape, 838-867), 204 n.
Nicolas Ier (Tsar, 1825-1855), xxxix-xl,
I03n.,193n.,203-204nn.,2l0n.
Nicon (patr. de Moscou, f 1681) vin, xn,
xxxvi-xxxvn, xxxvi п., 17-18 nn.,
25-26 nn., 28n.,56n.,59-60nn.,72-
73 nn., 109 п., 173 п., 188 п., 198 п.,
234 п., 245 п., 249 п.
Nobles, ЗЗп., 140, 140-142 пп , 150п.
Nonce apostolique à Cologne en 1717
(Mgr Cavalchini), 119 n.
Nord (le), journal de Bruxelles, 106 n.
Novikoff (Nicolas, f 1818), 228 n.
О
Office de l'orthodoxie, 84-8ô n.
Olier(J.-J. f 1657), 165 n.
Oratoire de France, 165 n.
Orbini (dom Maure), 156 n.
Ordonnances secrètes, 192n., 196 n.
Ordres de chevalerie, 98n, 103-104 nn.
Ordre (sacrement de Г), 185n.V. Etats.
Otrepieff (Grichka [Grég.] ; le faux
Dmitri f 1606), 85 "n.
Oulojenie. V. Ukases, etc.
OUSTRIALOFF (N . G. f 186...), 116 П.,
140-141 nn., 231 n.
PAFNucE(Hiérom.,prem.Inquis.),208n.
Païsius Ligarides (Métrop. de Gaza),
xxxvi, xxxvi п., 73 п.
Pallavicino (Card. f 1667), 203 n.
Palmer (William), xxxvi, xxxvi п.,
18 п., 25 п., 26 п. V. Nicon.
Papes, 27, 28 п., 109 п., ПО п.,
192-193 пп. V. Infaillibilité.
Papadopoulos-Vretos (André), xxxi,
xxx î п.
Papier timbré, 88 п.
Parascève (Ste), 38 n.
Pasteurs (ordre des), 47, 50, 185,185n.
266
TABLE ANALYTIQUE
Patriarche de Moscou, vu, vin, ix,
xxxv, 4 п., 24-28, 28 п., 59 п., Ибп.,
159 п., 168 п. ,213,223п, 241-242 пп.
— de Constantinople, 59 п. ,109 п.
Patriarches Orientaux, vu, 30, 241 п.
Paul fSt), 17 п., 158 п., 171-172 пп.
V. Ecriture.
Paul I" (Tsar, 1796-1801), xi.
Pauvres,215-19,216n.220n.V. Aumône.
Polnoe Sabrante Zakonoff.Y . Collection.
Péché originel, 181-182 nn.
Pédalion (gr.), 55 n.
Pekarski (Pierre, f 1872),xvii-xxi nn.,
XXVII, xxx, xxx п., xxxv п., XL, 53 n,
69 n, 92n,105 n,115-116nn, 120 n,
129n,13?n, 134-1 35nn,137n,146n,l49n,
156-9 nn,161n,168n,177n, 190-191 nn,
194 n, 219 n, 220 n, 226 n, 230 n, 242 n.
Pellicia (Alexis-Aurèle f 1838), 74 n.
Pénitence ecclésiastique. V. Epitimie.
Périn (Charles), 216 n.
Pères de l'Eglise. V. Docteurs.
PERSONNES DU MONDE (laïques).
— Trois significations du mot monde
178-181. Qu'est-ce que signifie le
mot spirituel, 181-184. Pourquoi les
personnes du monde sont ainsi ap-
pelées, et en quoi elles se distin-
guentdes prêtres, 184-185. Règles : Г).
Elles doivent se laisser instruire.
par leurs Pasteurs 185-186 n. ;— /7).
Elles doivent communier au moins
une fois par an, sous peine d'être
considérées comme Rascolniquesl86-
191;— III). On dénoncera les Ras-
colniques à l'autorité civile 191-192;
— IV). Le Collège ecclésiastique
possédera un état du nombre des
Rascolniques 192-193 -, — V). On
procédera contre les seigneurs qui
recèlent des Rascolniques 193-195;
— VI). Nul Rascolnique ne sera
promu à aucun emploi ; on forcera
les gens suspects à prêter serment
195-198 ; — VII). Il est défendu
d'avoir des chapelles ou aumôniers
particuliers 199; — VIU). Com-
ment procédera la nomination des
curés 199-200 ; — IX\ Des prêtres
vagabonds 200-201 ; '— X). Tout
laïque, de quelque rang qu'il soit,
est soumis dans les matières ecclé-
siastiques àl'Evêque de son Epar-
chie 201-202 ; — XI). Comment
procéder dans le cas de mariages
douteux 202-203 ; - XII). Nul
mariage ne sera célébré dans une
Eparchie ou paroisse étrangère
ni par des prêtres étrangers 204,
— V. les notes, p. 180-204.
Pétersbourg [ ou Saint-Pétersbourg},
58-59 nn., 146 п., 15:5, 223 п.
PHiLARÈTE(Métr.de Moscoujl867),47n.
Philarète (Archev. de Tchernigoff
f 186...), xvi, xvn п., 206 п.
Philosophie, 110,113,1 13n., 136,136-137
nn., 162 n.
PHOTius(f 891), 56 п., 159 п., 204 п.
Phvsique, 136, 137 п., 138 п.
PiÀtnitza, 38,38 п., 40.
Pie IX, (1846...), 126 п.
Pierre (St), 125, 171-172, 176 п.
V. Ecriture.
Pierre II (Tsar, 1727-1730), xvi, xxxvn,
8 п., 53 п., 228 п.
Pierre III (Tsar, 1761-1762), xxxvn,
104 п., 187 п., 246 п.
Pierre Moghila (Métr.de Kiefff 1646),
xxx, 162 n. V. Confession orthodoxe .
Pierre (Archim.), 226, 237 n.
Pissareff (procureur du Sénat), 228 n.
PiTiRiME(Arch.deNi]égorod),224,224n.
PiTRA,J.-B.(Carcl.),55-6nn,58n,73n,87n.
Platon Levchin (Métrop. de Mos-
cou), 53 п., 54 п., 94 п., 98 п., 99 п.
POINTS RÉSOLUS PARLE TSAR.—
/) Nom et titre du Synode, 240-241.
— //) Manière de correspondre avec
le Sénat, 242-243.— III) Nomination
aux Eparchies vacantes, 243-244.—
IV) Administration des biens ecclé-
siastiques, 245-247. — V. les notes,
p. 240-247 et p. 239, 250,250 c
Polevoï (Nicolas f 1846), 229 n.
PoLiKARPOFF(Théod.j. 65-66 nn., 132-
133 nn., 138 п., 156 п.
Police, 63 п., 208-209 nn. V. Biagot-
chinnyi. Clergé. Evêques. Fiscaux.
Inquisiteurs.
Polonais, 105 п., 173, 173 п.
Polydore (Virgile, f 1555), xx, xxi n.
Popovzi, popovstchina, 188 n.
PoTEMKra(pr.Grég..j-1791), xxxi-xxxin.
Роиснкш (Alexandre, f 1837), 65 n.
Pougens (Charles-Joseph, f 1 833),xxxn .
POUVOIR (du Collège ecclés.),p.239.
Pouvoirs (rel'gieux etcivii), vu, vu п.,
ix-x, xin, xxxvi, 167-168 nn. —
V. aussi les notes à la lie partie du
DES MATIERES.
267
« Règlement,» p. 16-32, et Evoques.
Synode. Tsar.
PREDICATEURS (Règles des). I) Nul
ne pourra prêcher sans la permission
du Collège ecclésiastique (Synode),
167-168; — II) Sur quoi on doit
prêcher, 168-169 ; — III) Comment
le prédicateur doit parler des pé-
chés, 169-170 ; — IV) Il doit évi-
ter les allusions personnelles, 170 ;
— V) Il ne doit pas parler des pé-
chés de ceux qui gouvernent, ni
d'un ton offensant, 170-172; —
Vl) Il doit étudier beaucoup saint
Jean Chrysostôme, et s'abstenir de
lire les auteurs polonais, 172-173 ;
— Vil) Il ne se glorifiera pas du
succès de sa parole, ni ne se fâchera
s'il n'obtient aucun fruit, 174 ; —
VIII) Il se gardera de montrer de
la vaine gloire, 1~4-175; — IX) Des
défauts à éviter dans le débit, 176=
177; — X) Si le prédicateur est
invité à dîner, il ne parlera pas de
son sermon , ni ne laissera les
autres en parler, 177-178. — V. aussi
les notes p. 167-178, et p. 54 п.,
82, 82 п.. 93n., 186.
Président du Synode, 4, 28. 29, 29 п.,
214, 221, 241 п.
Presse (étrangère) au service de la
Russie, !06 n .
Presse en Russie, 32 п., 210 п.
Procureur général, 254, 254 n.
Procureur suprême du Sénat, 63 п.,
247 п., 250 п. — du Synode, 31 п.,
63 п., 244 п., 247 п., 250, 251-256.
Procureurs (des Collèges), 252-253,
252-253 nn.
Projets pour l'amélioration de l'Eglise
ou de l'Etat, 208-209.
Prokopovitch. V. Theophane.
Propagande deRome(Collége de la), 223.
Proskouriakoff (Th.), 206 n.
Protestantisme dans l'Eglise russe, vi,
vu, xv, xv-xvi nn 32 n, 52-53 nn,94 n,
96 п., 120 п., 137 п., 147 п., 162 п.,
167 п, 173-176 nn, 181-182, 181-!82пп,
185-188 nn. V. Lûtiens. Allemagne.
Puffendorf (Samuel, f 1694), 137,
137 п., 157 п., 228 п.
Q
Quesnel (Pasquier, f 1719), 182 n.
Quérabd (J.-M.f 1865), xxvii n.
Ffe
Ragouzinski (Sabbas), 156 n.
Rayevski (Aumônier de l'ambassade
russe à Vienne f 186...), 85 n.
Rasool , Rascolniques , xn , 32 п.,
37 п., 107, 107 п., 127 п., 188-200.
188-194 nn , 196 п., 198-199 nnv2U.
Ratschin (A.), 226 п.. 233 п.
Règle de la foi, 47 п., 127-128 nn.
Règlement général, xxit, 4 п., 10 п.,
63 п., 147 п., 238, 238 п., 243 п.
Reliques, 40-41, 41-43 nn., 62 п.
Réplique à la « Pierre de la Foi,» 177 п.,
223 п.
Restitution (cas de), 211 n.
Rhétorique, 113,120-122, 135, 135 n.
Rite pour l'élection et le sacre des
Evéques, 101-102 nn., 244 n.
Rituel pour te jour de l'orthodoxie, 84-
85 nn.
Rituel pour l'admission des Rascol-
niqiies, etc., 189 n.
Roumiantsoff (Cte Nie. f 1826), 115 n.
Sabbas (Storojevski, honoré comme
saint dansl'Égli=e ru-se), 233, 233 n.
Sabellius fui0 siècle), 37.
Sacr« (des Evèques), vu, 26 п., 43 п.,
59-60 nn. 62 n, 72-3 nn, 101-2 nn,244,
244n.V.Serment— (duTsar).17n,26n.
Sagesse de plusieurs prescriptions du
Règlement semblables à celf sde ГЕ-
gl se catholique xn, 91 п., 246 п. — V.
Ecoles, Miracles, Reliques et passim.
Samarin (George), 166-169 nn., 171 п.,
173-177 nn.
Satha (Constantin), xxxi, xxxi n.
Scaroa(R. P.Picrre;S.J.,f 1612). 157n.
SCIENCE. Avantages que la Rus?ie a
tirés de la science, 104-106. — La
science n'est pas la cause des héré-
sies, 106-108. — Bienfaits et avan-
tages de la science, 108-112. —
Progrès de la science en Europe,
112-113 — De la science superfi-
cielle, 113-115. — V. aussi les noies
p. 104-115 et p. xi, xn, 212 n.
Schafiroff (Pierre), 143 п., 156, 227,
227-228 nn., 256.
ScHÉDO-FERROTi(pseudon. [bar. Fircks]
fl87...),XLn,37n,191-93nn,190u,198n.
ScHLôzER(Louis-Aug.fl809)V.Haigold
bcHUBERT (gén. T. F.), 130 n.
Schumacher (Jean), 128-129 nn.
268
TABLE ANALYTIQUE
Secret de la confession, 77a., 248, 24Sn.
SEMINAIRE. (Nécessité d'un)l45-147,
Règles, 1) Gomment doit être cons-
truite la maison du Séminaire, 147-
148 ; — ll-lll) Gomment doivent
être répartis et logés les sémina-
ristes, 148 ; — IV) Chaque cham-
brée aura son préfet, 148-149- ;
— V) Du Recteur et des Examina-
teurs, 149- 150 ; — VI) Limites de
l'autorité du Préfet, 150 ; — VII)
Des Examinateurs, 151 ; — VIII)
Du Recteur, 151 ; —IX) Chaque
exercice aura son heure déterminée,
151 ; — X) Des sorties en ville, ou
chez les parents, 151-152 ; — XI)
Un surveillant doit accompagner le
séminariste dans les sorties, 152-153;
— XII) Des visites des parents, 153.
XIII) Danger d'ennui, 153-154. Règles
pour obvier à l'ennui : a {XIV) Age
fixé pour l'admission, 154 ; — b {XV)
Des récréations, 154-155:— с {XVI)
Des promenades, 155; — cl {XVII)
Choix des lecturespendantles repas,
155-158; — e {XVIII) Exercices ora-
toires et dramatiques, 158-159; —
/(A'LY)Des prix d'honneur; — g [XX)
De la musique instrumentale, 160.
XXI) II y aura dans le séminaire une
église, une pharmacie et un méde-
cin, 161 ; — XXII) On y observera
les règles déjà données pour l'Aca-
démie, 161 ; — XXIII) Les sémina-
ristes pauvres seront maintenus aux
frais du Tsar, les riches à leurs
propres frais, 162-163 ; — XXIV)
Chaque séminariste prêtera à la
fin de son cours, serment de fidé-
lité au Tâar, 163 ; — XXV)
On ne laissera partir aucun sémi-
nariste avant d'en avoir informé le
Synode, 163-164 ; — XXVI) Ceux
qui ont été élevés au séminaire
seront promus aux dignités, de
préférence à tout autre, 164-165.
— Y. aussi les notes p. 149-166.
Séminaire de St-Sulpice, 165 n.
Séminaires catholiques, 165 n.
Sénat, xxiv, xxvni, 6 п., 29, 147 п.,
156 п., 206 п., 214. 228 п., 242-
243 пп., 250, 253-254 пп.
Serment de fidélité [ou de soumis-
sion], 163, 163 п., 221-222. V. Secret
de la confession.
Serment des Evêques : avant Nicon),
59-60 nn., 102 n. — sous Pierre le
Grand), 43, 43 п., 61, 62 п., 101-102
пп. V. Sacre.
Serment des membres du Synode, x,
xvii, 5 п., 6-11.
Serviteurs, 97, 219-220 nn.
Signataires du Règlement (Evêques,
Archimandrites, Sénateurs), 222-
238, 223-237 nn.
Silbernagl (Isidore), 232 n.
Simonie, 220-221, 221 n.
Sitchkareff (Lucas), XXXI1-XXXIV.
Skohopadski ^lvan f !723), 39 n,
Smirnoff (S.), 137 п., 166 п.
Smotriski. V. Melèce.
Sneghireff (J. M. -j- 18..), 54 n.
Sobor (concile), Soborhyi (conciliaire)
équivoque de ces mots, x, 2, 2 n.
243, 243 n .
Sozomène (f vers 450), 73 n.
Stahxin (Jacques), 159-160 nn.
Starostes, 215, 215 n.
Starovères (Vieux croyants, ou An-
ciens croyants), 107 п., 188 п., 198-
199 nn.
Statut de la censure, 210 n. — des
confessions étrangères, 210 n. — des
Consistoires ecclésiastiques ,&[r\.. , 63 п.,
103 п., 178 п., 203 п., 243 п. — des
constructions, 61 п., 62 п., 199 п. —
— des douanes, 88 п. — maritime,
20 п. — militaire, xxvn, 20 п. —
— des passeports, 200-201 nn.
Stauropigies, 231 n.
Stcherbatoff (pr. Michel, f 1790\ 156
п., 225 п.
Strahl (Philippe f 18..), 94 n.
Strateman (Ev. protest. d'Osnabruck),
158 п., 228 п.
Strechneff (Siméon, boyard f 1666),
xxxvi, xxxvi п., 17 п., 73 п.
STROi'EFF(Paul), 223 п.
Superstitions, хп, 37-39, 36 -38 nn,45,
45n.,96, 96 п., 106, 169,1 88 п., 212.
Supplément (du Règlement ecclésias-
tique), xxx,xxxiv,55 п., 77 п., 97 п.,
248-249, 248 п., 250 п.
Svod Zakono/f. V. Gode des lois.
Sylvestre 1* (St. Pape, 314-336),73 n.
Sylvestre Kraïski (Metrop. de Smo-
len<k f 1721?), 223, 223 n.
SYNODE (composition du). Nombre et
rang des membres du Synode, 4,
31-32 nn., 60 п., 205-207, 205-206 nn •
DES MATIERES.
269
SYNODE (Devoirs du)./) Connaître en
détail les obligations de chaque
état, et punir les transgresseurs
207-208 ; — II) Accepter le's conseils
opportuns de quelque part qu'ils
viennent 208-209 ; — Ш) Examiner
les ouvrages traitant de matières re-
ligieuses, 209; — IV) Ouvrir des
enquêtes pour la constatafon des
miracles, 210-211 ;— V) Juger les
Rascolniques et les nouveaux hé-
rétiques, 211; — VI) Décider l<-s
cas de conscience douteux, 211-
212 ; — Vil) S'enquérir de ceux
qu'on élève à l'épiscopat, 212-213;
— VIII) Recevoir les appels contre
les Evêques. Matières du ressort
du Synode, 213; — IX) Surveiller
l'administration des biens ecclésia-
stiques, 213-214 ; - Л) Défendre
les faibles contre les seigneurs
puissants, 214 ; — XI) Résoudre les
difficultés qu'offriraient les testa-
ments des personnes illustres, 214;
— Xll) Instruire les fidèles sur la
manière de faire l'aumône, 215-279;
— XIII) Purger le clergé de la simo-
nie, 220-221.— V. les notes, p. 207-
221. V. aussi : Affaires générales,
•Gouvernement conciliaire, Points
résolus par le Tsar et p. x, 1-11,
63-64nn.,ll6n., 156 п., 168n.,19in.,
248-256, 248-256 nn. et passim.
Synode général des églises réformées
de France. 127 n.
Talitski (Grégoire), 193 n.
Tchadaïeff (Pierre f 1856), 210.
Tchine. 33, 33-34 nn. , 103 п., 10i n.
Tchistovitch (J.), 166 n.
Tchoûlkoff (Michel, f 1793), 45 n.
Télescope (journal de Moscou), 210 n.
Théâtre (en Russie), 159-169 nn.
Theineb(R.P. Aug.. de l'Oratoire), 226n.
Théodore Grapt (St ixe siècle), 124 n.
Théodoret (f vers 458), 107 n.
Théodore Yanovski (Arche v. de Nov-
gorod), xvi, xvi п., 226,226 п.
Théophane Prokopovitch , XHI-XVll ,
XV-XVI ПП., XIX, ХХ1-ХХШ, XXXV-
xxxvi, 8 п., 51-53 nn. ,64-65 nn.,73 п.,
92 n, 94 п., 104 п., 115-116 nn., 125-
128 nn.,150 п., 156 п., 101-162 nn.,
164 п., 166-169 nn., 173-177 пп.,182п.,
186-187 nn., 190 n. , 205-206 nn.,212n.,
224,224-226nu.,229n.,237n,,249,249n.
Théophane PROKOPOviTCH(,Hiéromoine,
oncle du précédent), xili.
Théophylacté deBulgarie(St.),48,48n.
Théophylacte Gorski (Evêque de Ko-
lomna f 17881, 94 n.
Tikhon. V. Tykhon.
Titres accordes aux Evêques, 98-99nn,
103-I04uu..222, 222 п., 224 п., 226 п.
Tolstoï (Gte Féodor), 223 n.
Tolstoï (Cte Pierre), 226, 226 n.
ToiJRGlTENEFF (A. J.), 120 П.
Tradition de l'Eglise, 47 п., 176 п.
Traductions d'ouvrages étrangers en
russe, 132 п., :37 п., 155-8 nn.
Transsubstantiation, 187-188 nn.
Trebnik (Rituel), 244 n.
Trogus Pompeius, 132 n.
TSAR. Chef de l'Eglisegrecque,86n.—
Christ (oint) du Seigneur, 26, 26 n. —
Gardien de l'orthodoxie, xv, 16. —
Héritier du troue de Byzance, 138 n.
— Juge suprême du" Synode, 10.
10 п., 101 п., 241 п.— Enrichi, par
infusion, des dons du Saint-Esprit,
85 n. — Suprefnus Pontifex, 120 n. —
Son pouvoir indirect sur la validité
de l'absolution, 244-245 nn. — Son
pouvoir sur les canons, 56 п., 59-60
nn , — V . Autocratie. Secret. Serment
et passim.
Tsars de Moscovie, vu, xxxv.
Tykhon (Ev.de Voronége,f 1783, honoré
comme saint dans i'Egl. russe), 53n.
U
Université (en Russie), 118-119 nn.
N.B. — La première Université russe,
celle de Moscou, ne fut définitive-
ment ouverte qu'en 1755.
Ukase nominal, xxxix.
Ukases cités dans l'ouvrage :
№ (1) 1649. 29.janv. Oulojeme du Tsar
Alexis Mikhaïlovitch, xxxix, 56 n, 232
n,245n.— (711) 1677.19 déc, 245-6 un,
- (1101) 1684. 24 déc, 45 n. —(1765)
1700. 18 févr., p. xl. —(1829) 1701.
24 janv.,246n. — (2778) 1714. 28fév.
64 n. — Г2786) 1714. 17 mars, 63 п.,
208 п., 253 п.— (2985) 1716. 22 janv.,
62 п. — (3208) 1718.11 juin, 1 1 5 n . ,
119 п., 146 n, — (3239) 1718.20 nov.,
59n. — (3255) 1718. 12 déc, 4 n. —
270
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES-
Г3264) 1718. A la fin., 243 п.— (3534)
1720. 28 îèv.,Generalnyi Réclament,
xxii, 4 п., 10 п., 243 п., 253 п. —
(3693) 1720. 20 déc, 156 п. — (3718)
1721. 25 jaav. Ukase pour l'établis-
sement du Synode, (1-5, 17 n, 205 n,)
et « Règlement ecclésiastique. » —
(3734) 1721 . 14 fév. Points résolus
par le Tsar, 240-247, 240 п., 246 п.—
Ш49) 1721. 3 mars, 243 п. — (3761)
1721. 15 mars, 250 п. — (3784", 1721.
17 mai, 156 п.— (3854) 1721. 19nov.,
250 п. — (3870) 1721. A la lin, 63 п.,
209 п., 253 п.— (3877) 1722. 12 janv.,
243 п., 250 п., 252 п.— (3891) 1722.
27 janv., 194 п. — (3908) 1722. 16 fév.
156 п.— (3962) 1722. 12 avril, 250 п.
— (3963) 1722. 12 avril, 250 п. —
(3970) 1722. 17 avril, 256 п. — (3979)
1722. 27 avril, p. 250 п. — (4001)
1722. 11 mai. 31 п. et2b0n.— (4012)
1722.17 mai, 248,248п.— (4021) 1722.
31 mai, p. 64 п. — (4022) 1722. (à la
lin des lois de Mai). Supplément du
«Règl.eccl.,» 248,248n.— (4036)1722.
13 juin, 31 п., 251 п.— (4053) 1722.
16juill., 190 п.— (4172) 1723.26 fev.
52 п. — 1724. Janv., (mentionné
dans l'ukase n° 4632), 246n.— (4427)
1724. 20 janv. 115 n. 146 п. — (4443)
1724. 28 janv., H5n., 118 п., 146 п.
— (4632) 1725. 14 janv., 246 п.—
(4663) 1725. 23 fév., 115 п., 146 п. -
(4717) 1725. 11 mai, p. 226 п. —
(4807) 1725. 7déc, p. 115 п., 146 п.
— (4870) 1726. 21 avril 8 п. -(4975)
1726. 31 oct 116 п., 150 п. — (4987)
1726. 12 déc., 58 п.— (5131) 1727.
26 juillet, 8 п.— (5909) 1731. 17 déc.
8 п. — (9425) 1747. 24 imll. 119 п.
— (11643) 1762. 12 août, 247 п. —
(12060) 1764.26 fév.,247 п.— (18273)
1797. 18 déc, 147n.— (20406) 1802.
8 sept., 32 п.— (24091)1810. 19 jan.,
202 n. — (27115) 1817. 27 oct.. 177 n.
— (28208) 1820. 20 mars, 204 n. —
(3807) [2e série], 1830. 19 juil., 204 n.
ХГ
Vagabondage du clergé, 61.200-201,
200-201 nn.
Varenius (Bernard, f 1680), 132 n.
Versification, 135-136 nn.
VEYDE(Addm f 17..), 105 n.
VISITE PASTORALE. Nécessité de
cette visite au moins une fois tous
les deux ans, 89-90. —Règles: I)
Quelle est la saison la plus oppor-
tune pour la visite, 90-91. — II-
III) De quelle manière on doit la
commencer, 92-93. — IV) L'Evè-
que doit s'enquérir secrètement
de la conduite du clergé, 93-94.
— V) L'Evêque ne doit faire ni
accepter aucune invitation à dîner
avant que la visite ne soit termi-
née, 94. — VI) Il prendra note des
affaires qu'il ne peut terminer immé-
diatement , 95. — VII) L'Evêque
fera lui-même les frais de toute in-
vitation , 95. — VIII) L'Evêque
doit tâcher de découvrir ce qu'on
voudrait lui cacher, 95-96. — IX)
Des superstitions , images, sources
etc., 96-97. — X) L'Evêque s'in-
formera de ce qui se passe dans
les monastères, 97. — XI) Il por-
tera avec lui mie copie des devoirs
des prêtres et des moines, 97.
— XII) 11 doit maintenir dans
l'ordre ses serviteurs, 97-98. —
XIII) Tout Evèque est soumis au
Collège ecclésiastique (Synode), 98-
100. — XIV) On peut appeler au
Synode contre l'Evêque; les faux
accusateurs seront punis, 100-101.
— XV) L'Evêque enverra au Col-
lège deux fois par an des rap-
ports sur l'état de l'Eparchie (dio-
cèse), 102-103.— V. aussi 91-103. nn.
Vladimir (St f 1015), 234 n.
Volkoff (Boris f 17...), 137 n.
Voltaire (f 1778), vi п., ix-x, ix-
x nn., xxxiv, 85-86 nn., 116 п.,
159-160 nn., 164 п., 196 п.
TBV
Weber(J. C.f 17..), 106 n.
Welt Spiegel, 146 n.
WiTH\voRTH(Sir Charles f 17...),225 n.
Wolff (J. Chrét. f 1754), 120 n.
Yaroslaff II, (Gr. -duc +1246), 226 n.
Yavorski. V. Etienne.
Zizania (Laurent, protop.f 16.. ), 133 n.
ERRATA
Pages 18 note, ligne 7 au lieu de 1971 lisez : 1871.
— 25 » » 2 et 3 — lé premier... le second, lisez: l'un... l'autre.
— 29 » u 2 — proe-sidens, lisez : prœ-sidens.
— 31 » » 28 — 1822, lisez : 1722.
— 37 n. 1.8; 53 h. 11. 25-26; 59 n. 1.3 ; 60 n. 1. 21 ; 107 1. 1 1 au lieu de métropo -
litain, lisez : métropolite.
— 42 note, ligne 38 au lieu de son culte, lisez : le culte.
— щапка. Usez: шайка.
— ambassade, lisez : factorerie.
— атихиспь, Usez : Катнхпзись-
— Theophilacte, lisez : Theophylacte.
— главн-Ьниля, Usez : главнЬйция.
— Lutjens, lisez : Liïtiens.
— оргаиъ, Usez : оргаиъ-
— Grichka, Ûtrepieff, lisez : Grichka Otrepieff.
— Novgorod, lisez : Narva.
— d'Alexandrie, lisez : de Constantinople.
— Р'Ьчеп, Usez : рЪчей-
— Bopovzi, lisez : Popovzi.
— Pespopovzi, lisez : Bespopovzi.
— Jedinovertsi... unis-croyants, lisez : Iedino-
vertsi... uni-croyants.
— proposition, lisez : composition.
— Extraordinaira, lisez : Extraordinaire.
— Saluikieff, lisez : Salnikeïeff.
— шеа, lisez : meœ.
1 — Tychon, lisez : Tykhon.
— Frénarque, lisez : Irénarque.
— Eustatre, lisez : Eustrate.
44 »
«
1
44 »
»
3
47 »
»
pénult.
48 texte,
»
9
49 note,
»
1.
53 »
»
6
71 »
n
6
85 »
V
16
115 »
»
16
123 texte
»
11
158 note,
»
pénult.
188 n. (ij;
n
4
188 n. (1),
))
4
198 note,
"
27 et 28
205 »
»
2
225 »
»
pénult.
227 texte,
n
3
229 note,
n
6
233 t., 1. 3 et
235 t., 1.
235
»
Il
236
»
3
Saint-Ouentin. — Imp. Jules Moureau.
ДУХОВНЫЙ РЕГЛАМЕНТЪ
ПЕТРА БЕЛПКАГО
RÈGLEMENT ECCLÉSIASTIQUE DE PIERRE LE GRAND
COMPOSÉ РАП LES SOINS ET PAR ORDRE DU
TRÈS-SÉRÉNISSIME é TRÈS-PUISSANT SOUVERAIN
PIERRE Ier
EMPEREUR ET AUTOCRATE DE TOUTES LES RUSSIES
avec le consentement et le suffbage
de l'état ecclésiastique et du sénat dirigeant de toutes les russies
dans la ville impériale
de saint-pétersbourg, l'an de la naissance du christ 1721
INSTRUCTION
DU
PROCUREUR SUPRÊME DU TRÈS-SAINT SYNODE
D'après l'édition de Moscou, typographie du Synode, 1861, soigneusement comparée
avec celle de la « Collection complète des lois de l'Empire russe. »
PARIS
LIBRAIRIE DE LA SOCIETE BIBLIOGRAPHIQUE
75, RUE DU BAC, 78
BRUXELLES LONDRES
LIBRAIRIE H. GOEMAERE
Iluc de la Alonlngnc, Ы
BURNS ET OATES
17, Portman streel, Portman square
1874
ДУХОВНЫЙ
РЕ F ДАШЕ HT b
ТЩЛШЕМЪ II НОВЕЯЬШЕМЪ
ВСЕПРЕСВЪТЛЪЙШАГО , ДЁРЖАВНЪЙШАГО
ГОСУДАРЯ
ПЕТРА ПЕРВАГО
ИМПЕРАТОРА II САМОДЕРЖЦА ВСЕРОССШСЕАГО
но сонзволсшю и приговору
Bcepocciiîcitaro Духовного Чин,» к Иравптельствующаго Сената
въ царетвующемъ СанктпетербургЬ,
въ .тЬто отъ Рождества Христова 1721 , сочиненный
ННСТРШПЯ ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ СВЯТЪНШАГО СИНОДА
По Московскому издашю 1801 года, (въ Синодсшюй типографш)
рачительно сравненному съ издатемъ ., Полнлго Сог.рлшя Злконовъ'
Т. VI. (3718) 25 Яне. 1721, (3734) 14 фебр. 1722 и (4036) 13 Iiott. 1722.
НАРИЖЪ
КНИЖНЫЙ МАГАЗИНЪ БИБЛЮГРАФЙЧЕСКАГО ОБЩЕСТВА
75, HUE DU ВАС, 75
БРЮССЕЛЪ
КНИЖНЫЙ МАГАЩШЪ Г. ГУМАРА
fttie de la Montagne, :H
лондонъ
БУРНСЪ II ОАТЕСЪ
17, l'ortman strect, Poitinari squale
1874
ПрилтЬчаше.
Диоры при Фращускомъ перевод* заглавш, указывають страницы
францускаго перевода Регламента издавнаго Парпжскпмъ БпблтограФИ-
че.скпыъ Обществоыъ, въ 1874 г.
Note.
Les chiffres placés à côté de la traduction française des chapitres
indiquent les pages qui leur correspondent dans l'édition française du
Règlement publié par la Société bibliographique de Paris en 1874.
БРЮССЕЛЬ BRUXELLES
ТИПОГРАФ1Я ВАНЪДЕРЪОВЕРА j TYPOGPiAPHIE DE CH. VANDERAUWERÀ
8, RUE DE LA SAISONNIÈRE, 8
УКАЗЪ
ДЛЯ УЧРЕЖДЕНЫ ДУХОВНЫЙ КОЛЛЕГИ! (СИНОДА).
UKASE
pour l'établissement du collège ecclésiastique (synode)
Édition française. — P. 1.
БОЖ1ЕЮ МИЛ0СТ1Ю,
МЫ П E T P Ъ ПЕРВЫЙ,
ЦАРЬ И САМОДЕРЖЕЦЪ ВСЕРОСС1ЙСК1Й,
п прочая, и прочая, и прочая.
Между многими, по долгу Богоданныя Намъ власти, попе-
ченьми о исправлении народа Нашего, и прочпхъ подданныхъ
Намъ Государству посмотря и на Духовный чинъ, и видя въ
немъ много нестроешя и великую въ дъмахъ его екудостъ, не
суетный на совъхтп Нашей возъпмЬли Мы страхъ, да не явим-
ся неблагодарнп Вышнему, аще, толпкая отъ Него получивъ бла-
гопосп1ш1ества во псправленш какъ Воинскаго, такъ и Граждан-
скаго чина, пренебрежемъ исправлеше и чина Духовнаго. И когда
нелицемерный Онъ Суд1я, воспроситъ отъ Насъ ответа о толи-
комъ Намъ отъ Него врученномъ приставлены, да не будемъ
безъотв1зтнп. Того ради образомъ прежнихъ, какъ въ Ветхомъ
такъ п въ Новомъ Зав1л"Ь, Благочестивыхъ Царей, воспр1явъ
попечете о исправлены чина Духовнаго, а не видя лучшаго къ
тому способа паче Соборнаго Правительства. Понеже въ единой
1
2* УКАЗЪ ДМ УЧРЕЖДЕНЫ ДУХОВНЫЯ КОЛЛЕПИ.
персонв не безъ страсти бываётъ; ктомужъ не наследственная
власть; того ради вящше небрегутъ. Уставляемъ Духовную
Коллепю, то есть Духовное Соборное Правительство, которое,
по слвдующемъ здъ „Регламенгв", им-ветъ вешая Духовныя д-Ьла
во Всероссшской Церкви управлять. И повелЪваемъ вевмъ ввр-
нымъ подданнымъ Нашпмъ всякаго чина, Духовнымъ и аирскимъ,
им'Ьть cie за важное и сильное Правительство, и у него крайнш
д-Ьлъ Духовныхъ управы, р-Ьшешя и вершешя просить, и судомъ
его опред-Ьленнымъ довольствоватися , и указовъ его слушать во
всемъ, подъ великимъ за протпвлеше и ослушаше наказашемъ
противъ прочихъ Коллегш.
Должна же есть Коллепя е!я, и новыми впредь правилами
дополнять „Регламентъ" свой, яковыхъ правылъ востребуютъ разные
разныхъ д'Ьлъ случаи. Однакожъ д-влать cie должна Коллепя
Духовная не безъ Нашего сошволешя.
Опредъмяемъ же въ сей Духовной Коллегш быть именован-
нымъ здв члепамъ: единому Президенту, двоимъ Вице-Президен-
тамъ, четыремъ Совгвтникамъ, четыремъ Ассессорамъ.
À понеже помянулось въ семъ „Регламента" въ первой части,
,въ седмомъ и осмомъ нунктахъ, .что Президентъ подлежати пмать
суду своея братш, Ыесть тойжде Коллегш, аще бы въ чемъ
знатно погр'Ьшплъ; того ради опредЬляемъ и голосъ оному пмвть
едпнъ съ прочими равный.
Имбютъ же всв члены сея Коллегш, при вступленш въ свое
д-Ьло, учинить присягу, или обЪщаше предъ Святымъ Евангел1емъ,
но приложенной оормв присяги.
Подо ттъмъ подписано Царскаго
Въ| Петербурхъ1, Величества собственною ру-
въ 25 день Генваря кою:
1721 году.
П Е Т Р Ъ.
Присяга членамъ Духовныя Коллегш.
SERMENT DES MEMBRES DU COLLÈGE ECCLÉSIASTIQUE. — P. 6.
Азъ, нижеименованный, обещаюся п клянуся Всемогущимъ
Богомъ, предъ святымъ Его Евангел1емъ, что долженъ еемь, и
по долженству хощу, и всячески тщатпся буду, въ сов-Ьтахъ и
судахъ, и всЬхъ дЬлахъ сего Духовнаго Правительствующаго
Собрашя, искать всегда самыя сущ'ш истины и самыя сущ1я
правды, и действовать вся по наппсаннымъ въ Духовномъ Регла-
мент!} уставомъ; и ащс мя и впредь согласЕемъ сего Духог.наго
Правительства, и соизволешемъ Царскаго Величества опред&лены
будутъ.
Ciff же вся буду действовать по совести моей, не работствуя
лпцепр1ят1ю, не болвзнуя враждою, завпепю, упрямствомъ, и
просто, никаковыми же пленялся страстьмп, но со страхомъ
Божшмъ, всегда имея въ памяти неумытный судъ Его, со искрен-
нею Бога и блпжняго любовю, полагая всьмъ мыслямъ, и сло-
вамъ и дбйств1ямъ моимъ, яко вину конечную, славу Божно и
cnacenie душъ человвчеекпхъ, и всей Церкви созпдаше, не nciiii,
яже моя, но яже Господа Incyca.
Клянуся же Богомъ живымъ, что всегда, памятстауя страш-
ное слово Его, „проклята всяко творяй, д/ьло Божье со неорс-
жешемо," во всякомъ деле сего Правительствующаго Собранш,
яко въ деле Божш, ходпти буду безлвностно, со всяким ъ приль-
жан'юмъ, по крайней моей силе, пренебрегая всяшя угодя и
упокоешя моя. II не буду притворять мне невежества; по ащо
4* ПРИСЯГА ЧЛЕНАМЪ ДУХОВНЫЯ КОЛЛЕПИ.
въ чемъ и недоумеше мое будетъ, всячески потщуся искать
уразумвшя и ведешя отъ Священныхъ Пйсанш, и правилъ Собор-
ныхъ, и соглашя древнихъ велнкпхъ учителей.
Клянуся паки Всемогущимъ Богомъ, что хощу, и долженъ
есмь моему природному и истинному Царю и Государю ПЕТРУ
Первому, Всероссшскому Самодержцу и прочая, и по Немъ Его
Царскаго Величества Высокимъ законнымъ Насл'Ьдникамъ, кото-
рые, по изволешю и Самодержавной Его Царскаго Величества
власти определены, и впредь определяемы, и къ Bocnpiarro
Престола удостоены будутъ, и Ея Величеству, Государыне Ца-
рпц'Ь ЕКАТЕРИНЪ АЛЕКСЪЕВНЪ вернымъ, добрымъ и послуш-
нымъ рабомъ и подданнымъ быть.
И все къ высокому Его Царскаго Величества Самодержав-
ству, силе и власти принадлежащая права, и прерогативы, (или
преимущества), узаконенныя и впредь узаконяемыя, по крайнему
разумению, силе и возможности предостерегать, и оборонять, и въ
томъ живота своего въ потребномъ случае не щадить.
II при томъ по крайней мЬрв старатпся споспешествовать
все, что къ Его Царскаго Величества верной службе и пользе во
всякихъ случаяхъ касатися можетъ. О ущербе же Его Величества
интереса, вреде и убытке, какъ скоро о томъ увЬдаю, не токмо
благовременно объявлять, но и всякими мерами отвращать, и не
допущать тщатися буду.
Когда же къ службе и пользе Его Величества, или Церков-
ной, какое тайное дело, или какое бы оное ни было, которое
приказано мне будетъ тайно содержать; и то содержать въ со-
вершенной тайне, и никому не объявлять, кому о томъ ведати
не надлежить, и не будетъ поведено объявлять.
Исповедую же съ клятвою крайня го Суд1ю Ду-
ховныя сея Коллегш, быти Самаго Всероесшскаго
Монарха, Государя нашего ВсеммлостивЪйшаго.
Клянуся и еще Всевидящнмъ Богомъ, что вся ci-я, мною ныне
обьщаваемая, не инако толкую во уме моемъ, яко проввщаваю
устнамп моими, но въ той силв н разуме, яковую силу и разумъ
написанныя зде слова чтущимъ и слыщащимъ являютъ.
Утверждаю клятвою моею, буди мне Сердцевидецъ Богъ,
ПРИСЯГА ЧЛЕНАМЪ ДУХОВНЫЙ КОЛЛЕГИ!. 5*
об^щатя моего Свидетель, яко неложное есть. Аще же есть
ложное п не по сов-Ьсти моей, буди Mfffc тотъ же Правосудный
отмститель.
Въ заключеше же сея моея клятвы, ц-Ьлую Слова и Крсстъ
Спасителя моего. Аминь.
РЕГЛАМЕНТЪ
пли
УСТАВЪ ДУХОВНЫЙ КОЛЛЕГИ!,
по которому оная знать долженства своя, и ветхо
духовньш чинов д, такожб и мгрскщь лицб, поелику
они я Управление Духовному подлежатв, и при томе
во отправлены дплб своихъ поступать имтъетъ.
EÈGLEMENT OU STATUTS DU COLLÈGE ECCLÉSIASTIQUE, ETC. — P. 13.
Разделяется же Регламентъ сей на три части, по числу
тр1ехъ духовныхъ нуждъ, в'БД'Ьшя достойныхъ и управления тре-
бующихъ, которыя суть :
i. Описаше и важныя вины таковаго правлешя.
II. Д^ла управленш сему подлежащая.
III. Самыхъ управителей должность, действо и сила.
А управлешя основаше, то есть, законъ Божш, въ Свя-
щенномъ Ппсанш предложенный, такожъ каноны, пли правила
Соборныя Святыхъ отецъ, и Уставы гражданств, слову Божш
согласные, собственной себ-в книги требуютъ, а зд^ не вме-
щаются.
ЧАСТЬ ПЕРВАЯ.
Что есть Духовное Коллепумъ , и каковыя суть
важныя вины таковаго правлешя?
PREMIÈRE PARTIE.
Qu'est-ce que le Collège ecclésiastique et quelles sont les graves raisons
dun tel gouvernement? — P. 15.
Коллепумъ правительское не что ино есть, токмо -правитель-
ское собраше, когда д-вла н'вшя собственныя не единому лицу, но
ЧТО ЕСТЬ ДУХОВНОЕ КОЛЛЕГОМЪ, И ПРОЧ. 7*
многпмъ къ тому угодеымъ, и отъ Высочайшей Властп учреж-
деннымъ подяежатъ ко управленш.
Ино же есть Коллепумъ единовременное, ино же всегдашнее.
Единовременное есть, когда на едино некое случившееся дело,
или на многая, но въ единомъ времени решетя своего требую-
пп'я, собираются угодныя къ тому лица. Таковыя суть Церков-
ные Суноды, п Гражданств чрезъобычайные розыски, трибу-
налы и советы.
Всегдашнее же Коллепумъ есть, когда имяннымъ нъкшмъ
д-Ьламъ, часто или всегда въ отечества бываемымъ, определяются
ко оныхъ управленш число некое довольное мужей. Таковое
было Церковное Онедрюнъ въ ветхозаветней церкви во Iepy-
салим-fe, и граждански судъ Ареопагитовъ въ Аопн'Ьхъ, и иныя
въ томъ же городе правительотвуюпп'я собрашя, нарицаемыя Д1-
KacTepia. Подобие и во многихъ иныхъ Государствахъ какъ
древнихъ, такъ и нынешнихъ.
Таковыя различныя Коллег»!, по разлпчш делъ и нуждъ
Государственныхъ, Державнъйш1й Царь Всероссшскш, ПЕТРЪ
Первый премудр!' на пользу отечества державы своея уставилъ
въ лъто 1718.
А яко XpicTÎaHCKifi Государь, правовър1я же и всякаго въ
Церкви Святей благочишя блюститель, посмотрт.въ и на духов-
ный нужды, и всякаго лучшаго управлешя оныхъ возжелавъ. бла-
говолилъ уставити и Духовное Коллепумъ, которое бы
прилежно и непрестанно наблюдало, еже на пользу Церкви, да
вся по чину бываютъ, и да не будутъ нестроешя, еже есть же-
лаше Апостола, или паче Самого Бога благоволъчие.
Да не возмнитъ же кто, что cie управлеше не угодно есть,
и лучше бы единому лицу дела духовныя всего общества правити,
якоже частныхъ странъ, пли Епархш дела управляютъ кшждо
особь Епископи. Предлагаются зде важныя вины, которыя пока-
зуютъ, что cie правлеше Соборное всегдашнее, и акп всегцаш-
Н1й Сунодъ или Сунедрюнъ, севершештЬйшее есть и лучшее, не-
жели единоличное правительство, наипаче же въ Государств!
Монаршескомъ, яковое есть наше Россшское.
1) Вопервыхъ бо изв!стн!е взысг$уется истина Соборнымъ
8* ЧАСТЬ ПЕРВАЯ. — PREMIÈRE PARTIE.
сословЕемъ, нежели единымъ лицемъ. Древке поакше есть Гре-
ческое : „Другге помыслы мудртьйиие суть папе первых^" ; то
кольмн паче помыслы миопе, о единомъ двл-в разсуждаюшде, му-
др1шппе будутъ паче единаго. Случается, что въ пвкоей трудности
усмотритъ тое человъ'къ простые, чего не усмотритъ книжный и
остроумный; то какъ не нужно есть Соборное Правительство,
въ которомъ предложенную нужду разбираютъ умы мнопе, и что
единъ не постигнетъ, то постигнетъ другш; а чего не увидитъ
сей, то онъ увидитъ? И тако вещь сумнительная и извгЬетнгве и
скорее объяснится, и каковаго требу етъ опредвлешя, не трудно
покажется.
2) А яко извъспе въ познанш, тако и сила въ опредвленш
двла большая зд'Б есть: понеже вящше ко ув^ренш п повино-
вение преклоняетъ приговоръ Соборный, нежели единоличный
указъ.
Монарховй власть есть самодержавная, которыми пови-
новатисл Сама Бога за совтьстъ повелтьваети ; обаче совътнпковъ
своихъ имъчотъ, не токмо ради лучшаго истины взыскашя, но
дабы и не клеветали непокоривые человъцы, что се, пли оно
силою паче и по прихотямъ своимъ, нежели судомъ п истиною
заповъдуетъ Монархъ: то кольмп паче въ Церковномъ правле-
нш, гдт правительство не монаршеское есть, и правителемъ за-
поведуется, „да не гостдствуюто клиру." Где аще единъ что
уставляетъ, могутъ противницы единымъ лица его оклеветашемъ
силу уставлешю его отъяти, чего не такъ возмогутъ, где отъ
Соборнаго сослов!я определение происходить.
3) Се же наипаче сильно есть, когда Коллепумъ правитель-
сков подъ Державнымъ Монархомъ есть и отъ Монарха устав-
лено. Явъ бо здв, что Коллепумъ не есть пвкая Факщя, тай-
нымъ на интересъ свой союзомъ сложившаяся, но на добро общее
повел'Бшемъ Самодержца, п егожъ съ прочими разсмотр-вшемь
собранныя лица.
4) Еще же и се важное есть, что въ едпноличномъ правле-
нии часто бываетъ дълъ продолжеше и остановка за случающи-
мися правителю необходимыми нуждами и за недугомъ и болъз-
нда. А когда въ жпвыхъ не станетъ его, то и паче пресъцаются
ЧТО ЕСТЬ ДУХОВНОЕ КОЛЛЕИУМЪ, И ПРОЧ. У*
дъчт. Инако въ правленш Соборномъ: не присутствующу еди-
ному, аще бы и первЬйшему лицу, д1шствуютъ друпе, и дйло
пдетъ непресвкомымъ течен!емъ.
5) Но се наипаче полезно, что въ Коллеиумъ таковомъ не
обрйтается мъчгго прпстраетш, коварству, лпхоимному суду. Како
бо могутъ сложитиея въ заступлеше винной, или во осуждение
невинной стороны, гдъ" аще и будетъ единъ отъ нпхъ къ лицу
судимому прпстрастенъ или яростенъ, обаче друпй и третш и
прочш отъ гн-вва и прпстрает1я того свободни? Како же и мзда
одол'Ьтц можетъ, гдй не по власти, но по правильнымъ п важ-
нымъ причинамъ д'Ьло вершится, и единъ другаго (аще благо-
словной мн"бн1я своего вины не покажетъ) зазорится, да не поз-
нанъ будетъ во мздопршмствъ своемъ? Се же наипаче, егда
Коллепумъ состоится въ таковыхъ лицахъ, которымъ отнюдь не-
возможно тайно всбмъ слагатися, ciecTb, аще будутъ лица раз-
наго чина и звашя: Епископи, , Архимандриты, Игумены и отъ
властей б-влаго Священства. Вопстннну не видать здЬ, како
таковые другъ другу и окрывати дерзнутъ коварное никое умы-
шлете, не токмо что согласитпся на неправость.
6) II се томужъ подобно, что Коллепумъ свэбоднБйшш духъ
въ себ-в им-ветъ къ правосудие: не тако бо, якоже единоличный
правитель пгвва сильныхъ боится; понеже и причины происки-
вать на многихъ, а еще разностатейныхъ особъ, не тако удобно
есть, яко на единаго человека.
7) Велико и cie, что отъ Соборнаго правлешя не опасатися
отечеству мятежей и смущешя, яковые происходятъ отъ единаго
собственнаго правителя духовнаго. Ибо простой народъ не Bt-
даетъ, како разнствуетъ власть духовная отъ Самодержавной;
но, великою Высочайшаго Пастыря честш и славою удивляемый,
помышляетъ, что таковый правитель есть то вторый Государь ■
Самодержцу равносильный, код и больши его, и что духовный
чинъ есть другое и лучшее Государство, и се самъ собою народъ
тако умствовати обыклъ.
Что же егда еще и плевелныя властолюбпвыхъ духовныхъ
разговоры приложатся, и сухому хврастш огнь подложатъ ? Тако
простыя сердца мн'Бтемъ симъ развращаются, что не такъ на
10* ЧАСТЬ ПЕРВАЯ. — PREMIERE PARTIE.
Самодержца своего, яко на Верховнаго Пастыря, въ коемъ либо
д-Ья^ смотрятъ. II когда услышится н-Ькая между оными распря,
вси духовному паче, нежели М1рскому правителю, аще и сльпо
и пребезумно согласуютъ, и за него поборствовати и бунтова-
тися дерзаютъ, и льстятъ себе окаянныя, что они по Самомъ
Боз-в поборствуютъ, и руки своя не осквернаютъ, но освящаютъ,
аще бы и на кровопролнпе устремилися.
Такому же въ народа мнбнш вельми ради и не простые, но
коварные человъщы; тш бо, на Государя своего враждующе,
егда увидятъ ссору Государя съ Пастыремъ, похищаютъ то за
добрый случай злобъ- своей, и подъ видомъ Церковной ревности,
не сумнятся подносить руки на Xpicma Господня; и къ томужъ
беззаконно, яко къ дт>лу Божда, подвизаютъ простой народъ.
Чтожъ, когда еще и Самъ Пастырь таковымъ о себ-в над-
менъ мнъчпемъ, спать не похощетъ? Изрещи трудно, коликое
отсюду б-вдегае бываетъ.
II не вымыслы то далъ бы Богъ, чтобъ о семъ домышлятися
только мощно было, но самою вещио не единожды во многпхъ
Государствахъ cie показалося. Вникнуть только во Исторш
Константинопольскую, нижае 1устишановыхъ временъ, и много
того покажется. Да и Папа не ннымъ способомъ толпко пре-
возмогъ, не точно Государство Римское полма пресвче, и себе
великую часть похити, но иныя Государства едва не до крайняго
разорешя ни единожды потрясе.
Да не воспомянутся подобные и у насъ бывпие замахи!
Таковому злу въ Соборномъ духовномъ Правительства несть
места. Ибо несть зде и на самомъ Президента велиия, и народъ
удпвляюппя славы, несть липши светлости и позора, несть вы-
сокаго о немъ мнешя, не могутъ ласкатели безмерными похва-
лами возносити его. Понеже чтолибо таковымъ Правительствомъ
доброе делается, не возможно единому Президенту восписовати-
ся. Самое имя Президентъ не гордое есть, не иное бо что зна-
чить, только Председателя; не можетъ убо ниже самъ о себ'В,
ниже кто иный о немъ высоко помышляти. А когда еще видитъ
народъ, что Соборное cie Правительство Монаршимъ указомъ и
Сенатскимъ приговоромъ уставлено есть; то и паче пребудетъ
ЧТО ЕСТЬ ДУХОВНОЕ КОЛЛЕПУМЪ, II ПРОЧ. И*
въ кротости своей, и весьма отложить надежду нмътп помощь
къ бунтамъ своимъ отъ чина духовнаго.
8) Еще и cie угод1*е Церкви и Государству отъ таковаго
Соборнаго Правительства будетъ, что въ немъ не токмо единъ
нъкто отъ сос-Бдателей, но и самъ Президентъ или Председатель
подлежати имать суду своей братш, то есть томужде Коллепумъ,
аще бы въ чемъ знатно погр-вшплъ, не такъ какъ дается, гд-Ь
единъ самовластный пастырь владъетъ: ибо онъ не похощетъ
отъ подручныхъ себъ- Епископовъ судптпся. Аще же бы къ тому
и нринужденъ былъ, то обяче въ народи простомъ, правосуд1я
неведущемъ, и слт,по разсуждающемъ, таковый судъ былъ бы
подозрительный и поношенда подверженный. Отъ чего д-вется,
что на злаго таковаго единовластптеля нужда есть созывати Со-
боръ Селенскш, что и съ великою всего отечества трудностш,
и съ не малымъ иждпвешемъ бываетъ и въ нын-Ьшшя времена
(когда восточные naTpiapxn подъ пгомъ Турскимъ живутъ, и
Турки нашего Государства вящше, нежели прелюде опасаются)
отнюдь мнится бытп не возможно.
9) Наконецъ въ таковомъ Правительства Соборномъ будетъ
аки нъкая школа правлешя духовнаго. Ибо отъ сообщешя мно-
гихъ и разлпчныхъ разсужденш, и совътовъ и доводовъ правпль-
ныхъ, яковыхъ частыя дЬла требуютъ, всякъ отъ сосвдателей
удобно можетъ научитися духовной политики, и повседневнымъ
искусствомъ навыкнути, какъ бы лучше домъ Божш управлять
возмоглъ; и потому самыя угодн'Бйип'я отъ числа коллеговъ, или
сосьдателей особы явятся на степень Арх]'ерейства восходить
достойныя. II тако въ Россш, помонп'ю Бож1ею, скоро и отъ ду-
ховнаго чина грубость отпадетъ и надъятпся всего лучшаго.
Î2* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
ЧАСТЬ ВТОРАЯ.
Д1Ьла управлению сему подлежащая.
DEUXIÈME PARTIE.
Affaires soumises à cette administration. — P. 33.
Разсушдая же дела, которыя въ духовномъ Коллепумъ
шетотъ управлятися, оныхъ всехъ два рода являются: первый
родъ дёлъ обще всея Церкве, какъ духовному, такъ и м!рскому
чину, и всвмъ велпкимъ и малымъ чиновнымъ степеням^ такожъ
и рядовымъ особамъ нужныхъ, где наблюдать подобаетъ, аще
все правильно по закону XpicTiaacKOMy деется. II аще что оному
противно обретается, и несть ли коея скудости въ наставленш
Хр1ст1анину всякому подобающемъ, о чемъ мало ниже слово
будете.
Вторый родъ двлъ собственнымъ чиномъ потребныхъ.
Чины же оные пяточисленные суть :
I. Епископи.
П. Пресвутеры, дгаконы и прочш клиръ Церковный.
III. Монахи.
IV. Домы училищные, и въ нихъ учители и ученики, такожъ
и церковные проповедники. ■
V. Особы MipcKifl, поелику участны суть наетавлетя духов-
наго, яковое случается о правильныхъ и неправильныхъ бракахъ
п прочихъ делахъ, до светскихъ людей касающихся.
О сихъ всехъ порядкомъ, что есть важное, зде предла-
гается.
Д1>ла общая.
Affaires générales. — Р. За.
Зде двое смотреть подобаетъ по вышеписанному предло-
жение
ДЪЛА ОБЩАЯ. Ш
Первое, аще все правильно н по закону Хрют1анскому
дъется, и не двется ли, что и гдъ закону оному противное.
Второе же, аще довольное Хр1ет1аномъ наставлеше употре-
бляется.
Ï.
Къ первому насмотренпо послъдуюн^е пункты суть по-
требны :
I. Розыскать вновь сложенные и слагаемые Акаеисты, ц
иныя службы и молебны, которые наипаче въ наши времена въ
малой Россш сложены суть не малое число, суть ли оная сложе-
Н1Я Писанш Священному согласная? и не нмвютъ ли нъчто въ
себъ слову Божпо противное, или хотя нечто непристойное и
празднословное?
II. Такожъ определить, что оныя многочисленный моленш,
хотя бы и прямыя были, однако не суть всякому должныя, и по
воли всякаго наедннъ, а не въ соборв церковномъ употреблять
оныхъ мощно, дабы по времени не вошли въ законъ, и совести
бы человеческой не отягощали.
III. Смотреть Псторш Святыхъ, не суть ли нъчпя отъ нихъ
ложно вымышленныя, ска'зующ'ш чего не было, или и XpicriaH-
скому православному учешю противныя, или бездвльныя и смъ\ху
достойныя повести.
II таковыя повести обличить и запрещение предать со
объявлешемъ лжи во оныхъ обрътаемой. Ибо сутъ таковыя
явственно ложныя и здравому учешю противныя. На примвръ, въ
жптш ЕвФросина Псковскаго споръ о двойственномъ Аллпду1я
пънш явно ложный есть, п отъ никоего бездвльнпка вымышлен-
ный, въ которомъ, кромЬ самаго тщетнаго догмата о двоешц
Аллилу1я, обретаются СавеллЕева, Hecropiesa и иныя ереси. II
хотя авторъ тотъ невЬжествомъ погръшилъ; обаче духовному
Правительству не подобаетъ вымысловъ таковыхъ терпеть, п
вместо здравой духовной пищи отраву людемъ представлять.
14* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
Наипаче, когда простой народъ не можетъ между деснымъ и
шуимъ разсуждать, но что либо видитъ въ книг* написанное,
того кръпко и упрямо держится.
IV. Собственно же и прилежно розыскпвать подобаетъ оные
вымыслы, кодорые человека въ недобрую практику или д1зло
ведутъ, и образъ ко спасенш лестный предлагаютъ. На прим-Бръ,
не делать въ пятокъ и праздновашемъ проводить, и сказуютъ,
что пятница гневается на непразднующпхъ, и съ велпкимъ на
оныхъ же угрожешемъ наступаетъ. Такожъ поститпся нвкшхъ
имянныхъ дванадесять пятницъ, а то для многихъ твлесныхъ и
духовныхъ прюбрьтенш; такожъ собственно, акп важнвйгшя паче
иныхъ временъ, службы почитать, Обедню Благовещенскую,
Утреню Воскресенскую и Вечерню Пятьдесятнпцы.
Cifl, напрпмвръ, воспоминаются, ибо оныя немногихъ и
простыхъ повреждаютъ. Хотя и о немногихъ и о едпномъ браге
должно есть иметь попечете, да не соблазнится той, егоже ради
Хрпстосъ умре; обаче суть симъ же подобная учешя, которая и
честнвйшимъ лпцамъ за ихъ простоту вероятна быти мнятся,, и
по тому вреднейшая суть. II таковое Шевопечерскаго монастыря
предаше, что погребенный тамо человекъ, хотя бы и безъ покая-
HÎH умерлъ, спасенъ будетъ. II какъ далече cifl и сему подобный
повести отводятъ отъ пути спасптельнаго, всякъ, хотя немного
ученго православному навыкшш, но доброй совести человгвкъ,
псповъсть не безъ воздыхашя.
V. Могутъ обрвстпся нвкГя и церемоши непотребныя, или
и вредныя. Слышится, что въ малой Россш, въ полку стародуб-
скомъ въ день уреченный праздничный водятъ жонку простовла-
сую подъ именемъ Пятницы, а водятъ въ ходгв церковномъ (есть
ли то поистпнн-в сказуютъ), и при церкви честь оной отдаетъ
народъ съ дары и со уповатемъ нвтя пользы. Такожъ на иномъ
мъст'В попы съ народомъ молебствуютъ предъ дубомъ, и ввтьвп
онаго дуба попъ народу раздаете на благословеше. Розыскать,
такъ ли дЬется и вгвдаютъ ли о семь месть оныхъ Епископи.
Аще бо cifl и симъ подобныя обретаются, ведутъ людей въ явное
и стыдное идолослужеше.
VI. О мощахъ святыхъ, где катя явятся быть сумнптель-
ДЪЛА ОБЩАЯ. 15*
ныя, розыскивать: много бо и о семь наплутано. На прим'връ,
предлагаются чуждыя нвшя: Святаго первомученпка Стеоана
твло лежитъ и въ Венецш на предградш, въ монастырь1 Бене-
диктпнскомъ, въ церкви святаго Георпя, и въ Рим-в въ загород-
ной церкви святаго Лаврент1я; такожъ много гвоздей креста
Господня, и много млека Пресвятыя Богородицы по Италии, и
иныхъ симъ подобныхъ безъ числа. Смотреть же, нъхть ли и у
насъ таковаго бездъчия.
VII. О иконахъ святыхъ смотрЪть того, что во обвщанш
поставляемыхъ Епископовъ написано.
VIII. Еще cie наблюдать, чтобъ какъ дЪялось, впредь бы
того не было: понеже сказуютъ, что н-Ьцыи Apxiepen, для вспо-
можен'ш церквей убогихъ, или новыхъ построешя, повелЬвалп
проискивать явлешя иконы въ пустынЬ, или при псточнпцв, и
икону оную за самое обрътеше свидетельствовали бытп чудо-
творную.
IX. Худый и вредный и весьма богопротивный обычай вшелъ,
службы церковныя и молебны двоегласно и многогласно пъть,
такъ что Утреня пли Вечерня, на части разобрана, вдругъ отъ
многихъ поется, и два пли три молебны вдругъ же отъ многпхъ
пввчихъ и четцовъ совершаются. Cie сделалось отъ лЬности
клира, и вошло во обычай, п конечно должно есть перевесть
таковое Богомолеше.
X.' Вельми срамное п cie обрвталося, (какъ сказуютъ) мо-
литвы людемъ, далече отстоящпмъ, чрезъ посланниковъ ихъ въ
шапку давать. Для памяти cie пишется, чтобъ иногда отв-вдать,
еще ли cie дается.
Но здгЬ не нужда исчислять вся неправости; словомъ рещи,
что либо именемъ сусвъчня нарещпся можетъ, ciecrb лишнее, ко
спасешю но потребное, на интересъ только свой отъ лпцемвровъ
вымышленное, а простой народъ прельщающее, п аки енвжные
зам'вты, правымъ истины путсмъ идти возбраняющее. Вес тое къ
сему досмотру прилагается, яко зло общее: понеже во всякихъ
чпнахъ обрътатпея можетъ. А здв нвкая токмо предлагаются
для примера, чтобъ отъ спхъ мощно было наблюдать и прочая.
II се первый впдъ есть д-Ьлъ общпхъ.
Ш* ЧАСТЬ ВТОРАЯ, — DEUXIEME PARTIE.
П.
Вторый же общпхъ д-Ьяъ, видъ еетьг якоже- предречеся,, ос-
мотреть, есть ли. у насъ довольное ко иеправленш XpicTiaHCKOMy
учете?
Ибо хотя известно есть, что самое Священное Писаше со-
держитъ въ себе совершенные законы и заветы ко спасешю
нашему нужные, по гласу Апостола, 2 ТимоееяЗ: „всяко nucanie
Богодохновенно, и полезно есть ко ученью,, ко обличешю, ко
асправлешю, Кб наказатю еже во правд/ь, да совершено будета
Бож1й человтко, на всякое дтьло благое уготовжй:" обаче понеже
немнопе умвютъ честь книги, и отъ книжныхъ немноне могутъ
вся собрать отъ Писашя, яже суть нужнейшая ко спасешю ; того
ради требуютъ руководства совершеннвйщихъ мужей. Того бо
ради пастырскш чинъ отъ Бога уставленъ, дабы отъ Священнаго
IlncaHifl научалъ вверенное себе стадо. А понеже мало есть,
противно толикаго Россшскш Церкве многонародЫ, таковыхъ
пресвитерей, которые бы наизусть могли проповедать догматы и
законы Священнаго Писашя : то всеконечная нужда есть, пм'втп
неюя кратк1я и простымъ человт»комъ уразумительныя и ясныя
книжицы, въ которыхъ заключится все, что къ народному наста-
вяенго довольно есть; н тыя книжицы прочитовать по частемъ
вь недельные и праздничные дни, въ церкви предъ народомъ.
А хотя и есть таковыхъ кнпгъ довольное число, шесть,
Омолопя, или „Исповтдате православное," такожъ и нвкшхъ ве-
ликпхъ учителей Святыхъ толковательный Бесвды и Слова нра-
воучительный: обаче се есть неудобное всему, наипаче простому
народу учете. Ибо книга Исповедания православнаго не малая
есть, и для того въ памяти простыхъ человъкъ неудобь вме-
щаема, п писано непросторечно, и для того простымъ не вельмж
внятна. Такожъ и книги велпкихъ учителей, Златоустаго, Geoov-
лакта и прочихъ писаны суть Еллинскимъ языкомъ, и въ томъ
токмо языке внятны суть; а переводъ ихъ Славянскш сталъ
ДЪЛА ОБЩАЯ. 17*
теменъ, и съ трудностью разумеется отъ человекъ и обучен-
ныхъ, а простымъ невежамъ отнюдь непостизаемый есть. II
сверхъ того толковательныя беседы учительстя много им-ьготъ
высокпхъ Богословскихъ таинъ; такожъ и немало сказуютъ, что
тогда сказовать подобало по прпклонностп разныхъ народовъ,
и по обстоятельству оныхъ временъ, чего ныне невежливый че-
ловекъ къ пользе своей употребить не умеетъ. А простому на-
роду внушать часто подобаетъ то, что самое есть всЬмъ обще,
п всякому собтвенно, по своему звашю должное. Еще же и не
возможно книгъ оныхъ иметь во всбхъ и сельскпхъ церквахъ,
разве въ городовыхъ п то богатыхъ. Того ради подобаетъ
инымъ способомъ врачевать немощь человеческую.
II таковое приходить разсуждете, аще бы вЬдали всп са-
мая г.твнтыашя вЬры нашея догматы, и кое есть устроенное
отъ Бога спасенгя нашего смотреше: и аще бы ведали запо-
веди Бож!я, еже уклонптпся отъ зла, п творитп благое; то до-
вольное бы имъ было наставлете. А естьлп бы кто и при тако-
вомъ ведвши развращенъ пребылъ; то самъ бы таковый былъ
предъ Богомъ безответенъ, а не чпнъ пастырскш, спасенно его
добрв служащей.
II того ради нуждно есть сочинить три книжицы неболышя.
Первую о главнЬйшихъ спасптельныхъ догматахъ веры на-
шея; такожъ п о заповЬдехъ Божшхъ, въ Десятословш заклго-
ченныхъ.
Вторую о собственныхъ всякаго чина должностяхъ.
TpeTiio таковую, въ которой собранныя будутъ съ разныхъ
Святыхъ учителей ясныя проповеди, какъ о главнЬйшихъ догма-
тахъ, такъ и наипаче о грЬхахъ и добродЬтеляхъ, и собственно
о должностяхъ всякаго чина.
Первая и вторая книжица иметь будетъ доводы своя отъ
самаго Священнаго Ппсашя, но внятныя всемъ и кратая.
Трепя же оть Святыхъ Отецъ тоежъ, что въ первой и во
второй поучающая.
Чтете же книжицъ оныхъ таковымъ порядкомъ пойдетъ
изрядно. Въ день воскресный или въ праздничный на Утрени
прочесть часть малую отъ первой, а въ другой рядъ часть отъ
2
18* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
второй книжицы: а въ тотъ же день по Обедни прочесть слово
отъ третей книжицы о томъ же самомъ, о чемъ чтете было и
на Утрени. И тако едино и тоеже учете, слышанное на Утрени
и подтвержденное на Обедни, можетъ лучше въ памяти слыша-
щихъ затвердитися. А такъ вся оныя чтомыя части разделить,
чтобъ всЬ три книжицы могли быть прочтены въ четверть года.
Ибо тако услышитъ народъ вся нужная своя наставлетя четы-
режды въ годъ, и возможетъ слышанная добре памятовать.
Но и cie еще буди известно, что первую и вторую кни-
жицу могутъ и дети учить изъ начала букварнаго своего учешя.
А хотя оныя книжицы будутъ числомъ три; обаче могутъ
во одной небольшой книги вси три вмъхтптися, чтобъ малымъ
иждивешемъ могли быть купованы, и не токмо въ церквахъ, но
и въ домвхъ всякаго охотника безъ труда употребляемы.
Было слово о общихд дгьлахд, уже шьчто предлагается и о
собствежыхо, что должны Епископи, Пресвитеры, Монахи и
ппочге.
Дъла собственная.
Affaires spéciales. — P. 54.
§§ 1-3.
ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ
(гдт и о Щссвипщшхь и Монахахъ говорено.)
DEVOIES DES ÉVÊQUES
(où. il est aussi question des prêtres et des moines. — V. p. 54.)
О Еппскопахъ cifl зде последующая суть ведешя достойная.
I. Должни суть Епископи иметь всякъ у себе соборы селен-
CKie и поместные, и что во оныхъ заповедано, какъ ихъ же
самихъ чину, такъ и всему клиру должное, знать гораздо, что не
ьюжетъ быть безъ прил'Ьжнаго и частаго чтешя.
II. Должни наипаче знать степени однородства и сродства, и
каковыя могутъ вместить въ себе супружество, а каковыя не
§§ M. ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ. 19*
могутъ, или по заповеди БожЕей въ книгахъ Левитскихъ глава 18
или по церковной, въ канояахъ отеческихъ и царскихъ. Сами
бы cie вtдaлп, а не на инаго кого спускались, хотя бы и былъ
у нихъ искусный въ семъ челов'Ькъ.
III. А понеже какъ первая, такъ и вторая, вышепомяну тая
ихъ должность не можетъ добрй знаема быть безъ прил-Ьжнаго
чтешя; а будетъ ли всякъ охотникъ ко чтенш, неизвестно: того
ради поданъ будетъ всвмъ Епископамъ отъ Коллепумъ Духовнаго
Указъ, чтобъ у всякаго при его трапезъ' чтете было каноновъ
себ-b надлежащахъ, и разв!» тое моглобъ иногда отставитися во
дни великихъ праздниковъ, или при гостяхъ достойныхъ, или за
иную некую вину правильную.
IV. Естьли каковый случай явится трудный: и недоум'Ьвалъ
бы Епископъ, что д-влать; то первое да пишетъ о томъ, прося
совета, ко иному ближайшему Епископу, или ко иному кому
искусному : а потомъ, естьли бы и такъ недоволенъ былъ, ппсалъ
бы къ Духовному Коллепумъ въ Царствующей Санктпетербургъ
ясно, и докладно, и обстоятельно.
V. Суть каноны запрещающей Епископамъ долгое время
мешкать вне своей Епархш, (что отъ соборной книги имать
всякъ выдать). Естьли же необходимая зайдетъ нужда, вн1> Епар-
хш его держащая, очередь, на прпмъчгь, служешя въ Царствую-
щемъ граде, или иная правильная вина, такоже естьли и немощь
пршдетъ тяжкая, и управлять Д'Ьлъ весьма непопускающая, (ибо
тако немощный, равнъ яко и неприсутствующш есть): въ тако-
вомъ случае долженъ Епископъ, кроме обычайныхъ домовыхъ
своихъ управителей, определить къ дЬламъ некоего умнаго и
жнпемъ честнаго мужа, Архимандрита или Игумена, придавъ къ
нему въ помощь и другпхъ несколько умныхъ же челов'Ькъ отъ.
монашескаго или священническаго чина ; и они бы ему Епископу,
во отлучка сущему, важныя дела на письме изввствовали, а
немоществующему на словахъ бы доносили, естьли за немощь
можетъ слушати. А буди случатся дела, управителемъ онымъ
недоум'Ьнныя къ решетю, то бы они писали о томъ къ Духов-
ному Коллепумъ, какъ выше речено и о самыхъ Еиископахъ.
VI. Подобную заповедь и Указъ подалибъ Еппскопи и под-
20* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
ручнымъ своимъ Архимандритомъ, Игуменомъ, Строителемъ, при-
ходсдимъ Священникомъ, когда и онымъ пршдетъ немощь великая,
или важная вина, удерживающая ихъ вне монастыря или прихода
своего.
VII. А буди Епископъ за старость глубокую, или за иную
непсцвльную болезнь, пршдетъ въ крайнее изнеможете, безъ на-
дежды лучшаго здрав1я, такъ что должностей своихъ отнюдь
управить ему не возможно станетъ; и въ ту пору Епископъ,
кромв вышепомянутыхъ чрезъобычайныхъ, на место его опре-
д-вленныхъ управителей, долженъ описаться къ Духовному Колле-
пумъ. Аще же бы Епископъ писать о себе и не поХотблъ, то
обаче управители его должныбъ о немъ писать. А въ Духовномъ
Коллепумъ будетъ разсуждеше, что делать, дать ли коего Адми-
нистратора во оную Enapxiro, или новаго Епископа поставить.
VIII. Смотр^ти же долженъ Епископъ, чего смотреть обе-
щался съ клятвою на своемъ поставлена, ciecTb о монахахъ,
дабы не волочились безпутно, дабы лишнихъ безлюдныхъ Церквей
не строено, дабы иконамъ Святымъ ложныхъ чудесъ не вымы-
шлено.
Такожъ о кликушахъ, о гвлесахъ мертвыхъ несвидътель-
ствованныхъ, и прочихъ всего того добре наблюдать.
Все же тое, чтобъ удобнее пошло въ дело, указать долженъ
Епископъ по всвмъ городамъ, чтобъ закащики, или нарочно опре-
деленные къ тому благочинные, аки бы духовные Фискалы, тое
все надсматривали, и ему бы Епископу доносили. Естьли бы
таковое ничто где проявилось, подъ виною изверя^ешя, кто бы
утаить похотедъ.
IX. Вельми ко исправленш Церкви полезно есть cie, чтобъ
всякъ Епископъ пмъчгь въ дом*, или при доме своемъ школу для
детей священническпхъ, или и прочихъ, въ надежду священства
опредвленныхъ.
А въ школе той былъ бы учитель умный и честный, кото-
рый бы детей училъ не только чисто, ясно и точно по книгамъ
честь (что хотя нужное, обаче еще не довольное дело), но училъ
бы честь и разуметь.
II естьли мощно и наизусть читать две первыя вышепомя.-
§§ 1-3. ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ. 21*
нутыя книжицы: одну о догмат-Бхъ ввры, а другую о должно-
стяхъ всякихъ чиновъ, когда таковыя книжицы изданы будутъ.
А который бы ученикъ былъ крайнв тупъ, или хотя и
остроуменъ, да развращенъ, и упряыъ и непобедимой лености,
таковыхъ бы, по довольномъ искушенш, отпускать отъ школы,
отнявъ пмъ всю надежду чина священническаго.
X. Таковыхъ же единыхъ въ школв ApxiepeucKou раставлен-
выхъ учениковъ (когда уже за помощш Бож!сю, довольно ихъ
число покажется), производить на священство; или аще кто отъ
нпхъ монашескш чинъ пзберетъ, то въ Архимандриты, или Игу-
мены, развй бы на которомъ явплася важная некая вина, того
ему непопускающая.
А естьли Епископъ неученаго во оной школ'Б человека
поставить въ священники, пли въ монашескш степень, мпнувъ
ученаго, и безъ вины правильной; то подлежитъ наказанию,
яковое определено будетъ въ Духовномъ Коллепумъ.
XI. Но дабы не было ропташя отъ родителей ученичеекпхъ
за велпкш оныхъ коштъ на учителя онаго. и на покупаше кнпгъ,
такожъ и на проппташе сыновъ свопхъ, далече отъ дому своего
учащихся : подобаетъ, чтобъ ученики и кормлены и учены были
туне и на готовыхъ кнпгахъ Епископскихъ.
А чтобъ cie могло статься, о семъ раасуждеше есть тако-
вое: отъ знатнвйшпхъ въ Енархш монастырей брать всякаго
хчгвба двадцатую долю, да отъ земель Церковныхъ, гдЬ суть,
всякаго же хлъба брать тридцатую долю. ÏI на сколько бы че-
ловекъ стало хлЬба онаго къ пропптанш п инымъ нуждамъ
(од1зяшя не въ числЬ), толпкое бы число учениковъ съ потреб-
ными служительмп было.
А самаго учителя пли учителей довольствовалъ бы Епископъ
кормомъ п денежною ругою изъ ApxiepeucKou казны, какъ по
разеужденню мт>ста опредъчштъ Духовное Коллепумъ.
XII. Таковые же съ монастырей и съ земель Церковныхъ
поборы ни мало скудости не едълаютъ Церквамъ и монастыремъ.
толькобъ было доброе и верное у оныхъ домостроение. И по вся
годы Епископу давалибъ ввд'Ые, кое число всякаго хлъба со-
бралось; а Епископъ бы надсматривалъ, где оной хл-Ьбъ подъ-
22* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
веется, который всяшя належапця нужды довольствомъ своимъ
превосходить.
И тогожъ ради, да будутъ въ Коллепумъ Духовномъ книги
приходовъ и росходовъ всвхъ знатн-вйшихъ монастырей въ Россш.
О росходахъ же слово зд-в есть обычныхъ и всегдашнихъ, а не
чрезъобычайныхъ случаемыхъ, на прим-връ, на нужное строеше
и прочая.
Обаче и на таковые чрезъобычайные росходы подобаетъ
учинить въ Коллепумъ разсмотрительные догады противъ нуждъ
всякаго монастыря и противъ приходовъ.
ХШ. А чтобъ Епископи не возроптали, будто имъ убыточно
будетъ ружить учителя или утителей, указуется имъ, чтобъ диш-
нихъ служителей не держали, не нужныхъ строенщ не дъчтли
(разв-в строета прибыльный, на примвръ, мельницы и прочая);
такожъ священнаго себе од-вятя и своего платья надъ подобаю-
щую чести своей потребу не умножали.
Но для лучшаго всвмъ управлешя, быть книгамъ изъ Епис-
копскихъ приходовъ въ Духовномъ Коллепумъ.
Прочее о учителяхъ п ученш будетъ нижае на своемъ
m^ctIj.
XIV. В'вдалъ бы всякъ Епископъ Mtpy чести своея, и не
высоко бы о ней мыслилъ, и „дало" убо великое, но честь никако-
вая, почитай въ ппсанш знатная определена . Апостолъ, разрушая
MHrBHie Коринеяновъ, о своихъ пастыряхъ кичащихся, сказуетъ,
что д1зло пастырское им-веть весь поспвхъ и плодъ отъ самаго
Бога, въ сердцахъ человъ'ческихъ действующего. „Азз, рече,
насадихд, Лполлосо напои, Бога же возрасти." II потому наво-
дить, что за возращеше cie человеку никаяже остается похвала.
„Тгьмже ни насаждали есть что, ни напаяли, но еозращалй
Богъ."
А пастырей нарицаетъ тамъ же, „служительми Божшми,
и строительми тайно Его," только бы „ез дшт тома втьрти"
пребыли. Убо точ1ю внешнее д-вло пастырское есть „проповпда-
ти, настолти, запрещатн благовременно и безвременно," и обряды
Таинъ Святыхъ стропти. Д-вло же внутреннее, еже обращати
сердца къ покаянш и обновлешю жиия, есть единаго Бога, бла-
§§ 1-3. ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ. — ОБЪ АНАвЕМЪ. 19*
годатпо своею чрезъ слово п тайнодвйсше пастырей, аки чрбзъ
opydie невидимо действующего.
XV. Се же того ради предлагается, чтобъ укротитп оную
вельми жестокую Епископовъ славу, чтобъ оныхъ подъ руки,
донелв же здравы суть, не вожено, и въ землю бы онымъ по-
дручная брат1я не кланялись. II оные поклонницы, самохотно и
нахально стелются на землю, да лукаво, чтобъ степень исхода-
тайствовать себт. недостойный, чтобъ такъ неистовство и воров-
ство свое покрыть.
Истина есть, что дъмю пастырское, только бы оно [добрт.] (*)
делалось хотя и вн-вшнее, однако не малое есть, яко посольство
Бож1е. II за поводу етъ Богъ, „да прилтьжащш добр/ь пресвитеры
сугубой чести сподобляются, паче о/се труждающшся во словт
и ученш." (1. Тимое. 5). Обаче честь оная умеренная есть, а
лишняя и почитай равно Царская да не будетъ; и умеренной не
самымъ пастырямъ искать и отъ подручныхъ истязовать, но
свободно подаваемою довольствоватися.
XVI. Слйдуетъ пзъ того и cie, чтобъ Еппскопъ не былъ
дерзокъ и скоръ, но долготеривлпвъ и разсудителенъ во употре-
блены власти своей связательной, то есть во отлученш и ана-
еемъ\ „Даде бо Господь власть cm вз созидате, а не на разо-
peuie," глаголетъ Апостолъ. 2 Корпнеяномъ 10.
И намт>реше тогожъ учителя народовъ было предатп Корин-
еянина явно грвшника сатанв „во измождете плоти, да духа
спасется." 1 Корине. 5. Власть убо cifl, дабы правильно была
употребляема, двое смотреть надоб'В.
Первое, каковая вина толикаго наказашя достойная.
Другое, какъ поступать Епископу въ наказанш томъ.
(ОБЪ АНАвЕМЪ.)
(De l'anathème. — P. 74-)
Вина симъ. разсуждешемъ можетъ опредЬлитися : аще кто
явственно хулитъ имя Бож1е пли Священное Пнсаше, или Цер-
(*) Лат., strenue. HtM., wohl. Англ., tvell.
24* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
ковь, или явно гръчпникъ есть, не стыдяся д-Ьла своего, но и
паче тымъ чваняся, или безъ правильной вины покаяшя и святыя
Евхарпстш больше году не прЕемлетъ ; или чтолибо иное творитъ
съ явнымъ закона Болия ругательствомъ и посм'Ьяшемъ, таковый,
по повторенномъ наказанш, упрямъ и гордъ пребывъ, достоинъ
судитися толикой казни. Ибо не просто за гр'Ьхъ подлежитъ ана-
еем-в, но за явное и гордое презр-Ьше суда Бояпя и власти Цер-
ковныя съ великимъ соблазномъ немощвыхъ братш, и что тако
воню безбояия издаетъ отъ себе.
Посл'вдоваше же или поступокъ д1>ла сего таковое будетъ
правильное.
Иерв-ве пошлетъ Еппскопъ ко оному его духовника, выгово-
рить ему вину его наедпнЬ съ кротостш п со увт>щавашемъ,
дабы престалъ дъма своего. А понеже яко явнымъ грт>хомъ и
гордымъ соблазнилъ Церковь; то умолять его станеть духовный,
чтобъ въ блпзкш день праздничный прпнесъ отцу духовному по-
каяше, и принялъ бы епитпмпо, и причастился бы Евхаристш
Святой при народа, чтобъ его измгЬнен1е явно стало и соблазнъ
бы разорился, и на блевотины своя не возвращался бы. И аще
cie слышавъ виноватый, покорится и повел'Бваемое сотворитъ,
ппрЬбртьм Епископа брата своего", и больше нвчего двлать.
А естьли посольство оное вотще будетъ; то Епископъ,
спустивъ нБкое время, призоветъ его къ ceôt честно съ про-
шен1емъ, и тоежде повторитъ ему наставленш втайнт!, присут-
ствующу токмо единому духовному, который къ нему ходилъ. И
аще послушаетъ, „щлобртьтено есть брата."
А буде не пойдетъкъ Епископу званный, то Еппскопъ то-
гожъ духовнаго съ другими нт>юими честными особами духовными
и MipciîHMïï, наипаче съ прЕятельмп онаго, пошлетъ къ нему
увъчцевать такъ, какъ и перв-ве. H здг1з, аще преклонится, и по
наставленш сотворитъ, вершилось дЬло.
А естьли и такъ непреклоненъ пребудетъ и гордъ, и еще
мощно поновити такоежъ посольство.
Естьлн же все всуе пойдетъ, тогда Епископъ повелитъ
протод1акону въ праздничный день въ Церкв-в известить народу
сими или подобными словесы:
§§ 1-3. ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ. — ОБЪ АНАОЕМЪ. 25*
„ Человтько, ведомый вамь (имярекъ), таковыми-то явногрп,-
„гшемь именно соблазняешь Церковь, и презорнико гнтва Божгя
„является, и наставлете пастырское, не единожды ему повто-
ренное, со ругательство Ми отметнуль; того ради пастырь
„ваша (имярекъ) молить- вашу любовь отческо, да вси помоли-
„теся о немь благоутробпому Богу, да умягчить его жесто-
„cepdie, и да сердце чисто сотворить вь немь, и преклонить его
„кь покаятю. А которые ближайшее es нимь имтьете сообще-
ств, увтщевайте его, и умоляйте и единолично всякь и сь про-
чими совокупно со всякимь усердЬемь, да принесешь покаяше;
„и доложите ему, что аще неисправлень и презоривь пребудешь
„до такого времени (время уреченно будетъ по разсужденио),
„то подпадешь извержетю оть Церкви."
II сстыш уже п по семь непреклоненъ п упрямъ пребудетъ
преступнпкъ, то Епнскопъ п тогда не приступить еще къ ана-
оем'Б; но прежде о всемъ томъ, какъ дЪялось, напишетъ къ
Духовному Коллепумъ; а отъ Коллепумъ получивъ сопзволеше
на письма, предастъ явно грЬшника анаоемъ", составпвъ такую,
или подобную Формульку пли образецъ, и протод1акону въ Церкви
при народ-в прочести повелъвъ:
„Понеже знаемый вамь человтькь (имярекъ) таковымь-то
„своимь явнымь закона Божья преступлешемь соблазнило Церковь,
„и неоднократное пастырское увтьщаваше, кь покаятю его ве-
дущее презртль; послтди шее и отвержете его оть Церкви, аще
„не покается, вь слухь народа извтщенное уничтоживь, пребы-
ваешь доселть вь жесшосердш своемь, не подая надежды испра-
„влешя своего : того ради Пастырь нашь, по заповтъди Христо-
вой, данною себть оть тогожде Господа влаетт, извергаешь
„его оть общества ХристЬанскаго, и яко непотребнаго члена,
„оть ттла Церкве Христовы отстьцаеть, встьмь правовтьрнымь
„извтьешвуя о немь, что от непричастень ктому есть даровь
„Божшхь, кроет Спасителя и Господа нашего Iucyca Христа
„щпобртьтенныхь намь, дондеже истинно оть сердца не покаеш-
ься. II того ради запрещено и не благословень есть ему входь
„Церковный, кольми паче святой и страшной тайны Eexapucmiu
„и прочшхь Таит Святыхь и требь Церковныхь участникь от
26* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
„быти не можетз какз вз церкви, такз и еъ дому своемз и на
„коемз либо иномд мтьстть. И аще бы вз Церковз оно вшелз
„тайно или и явно, но силою; то большему осуждетю подле-
„житз, и множае паче, шце коварно или насильно Таит Свя-
„тыхз причаститися дерзнетз, Священжцы оке да возбраня-
„ютз ему всячески входа Церковнаго; и аще не могутз возбра-
„нить ему ради силы его. то кромтъ Литургш, да престаютз
„отз всякой службы Церковной, дондеже не изыдетз. Такожз
„священницы да не ходятз кз нему сз молитвою, благослове-
„темз и Святыми Таинствы подз лишетемъ сана своего.
„Вгьстно же встьмз будщ что онз (имярекъ) самз точио
„едино личит анавемт сей подлежишь, но ни жена, ни дтъти и
„ни прочш домашние его, развт бы и оные поревновать похо-
„ттли его неистовству, и за cm наложенную на него клятву
„дерзнули бы гордо и явственно укорять Церковь Божг'ю."
Сей, или пный каковый въ разеужденш Коллепумъ уставится
анаеемы образецъ, по прочитанш прилтлленъ да будетъ на две-
ряхъ Церковныхъ, единой Престольной, или и во Bctxb Enapxia
той Церквей, разеудитъ Коллепумъ.
Потомъ же , естьли изверженный пршдетъ въ чувство , и
похощетъ принести покаяте; то долженъ будетъ самъ, или, аще
самъ не возможетъ; то чрезъ честныя иныя лица принести свое
покаяше со всякимъ смирешемъ публично въ Церкви Епископу,
и просить разръчпешя со исповЪдашемъ rpt>xa своего и гордаго
презорства. И тогда Епископъ предложить ему вопросы: аще и
ради прощетя гръ\ховъ, бояся гнгвва Бож1я и прося Бож1я мпло-
серд!я, кается; и аще вт>руетъ, что власть пастырская, еже pf>-
шити и вязати, есть не суетная, но сильная и действительная и
страшная; и аще обЬщавается, что будетъ впредь послушный
сынъ Церкви, и не имать власти Пастырской презирать.
И по отвътахъ онаго, въ слухъ всего народа изреченныхъ,
повелпть ему Епископъ крепко уповать на Бож1е милосердие, за
смерть Спасителеву грг1зшнику кающемуся творимое, и прочетъ
надъ нпмъ разр-Ьшеше. Таже, поучивъ его о пеправленш яштат,
(каковое поучеше можетъ посл'В сочинитпея), укажетъ ему уре-
ченный нбкш день праздничный, по испов-вданш предъ ду-
§§ 1-3. ДЪЛА ЕПИСКОПОВЪ. — ОБЪ ОТЛУЧЕНШ. 27*
ховнымъ отцемъ, прштп къ причастго Святыя Евхаристщ.
А естьли изверженный, не покаявся, учнетъ еще ругать ана-
еему Церковную, или еще и пакостить Епископу, или иному
причту, и тогда Епископъ пошлетъ о томъ челобитную къ Ду-
ховному Коллепумъ, а Коллепумъ, розыскавъ истину, будетъ съ
настояшемъ просить суда у подобающей м1рской власти, или и у
самаго Царскаго Величества.
Cie только Ецископамъ накръпко укажетъ Коллепумъ, чтобъ
они, какъ анаеемы, такъ и разръчпеше, не д-влалп ради прибыли
своей, или инаго коего собственнаго интереса, и искалибъ въ
толь важномъ д-вл*, „не яже свод, но яже Господа Iucyca."
Таковый д^а сего поступокъ есть правильный, слову Божго
согласный п подозрение не подлежащш.
Но се слово было о анаеем1;, еже есть прокляпе, казнь
смерти подобная. Анаоемою бо отсекается чeлoБtкъ отъ мы-
сленнаго т-вла Христова, то есть отъ Церкви, и къ тому не
Хриспанпнъ пребываетъ, отчужденъ наслт>д1я всвхъ благъ, смер-
тно Спасителевою намъ прюбрътенныхъ. То бо является отъ
словесъ Божшхъ: „буди тебл, я/со язычнико и мытарь," и ,,/го-
„добаето таковаго предати сатанп," и прочая симъ подобная.
(овъ ОТЛУЧЕНШ.)
(De l'interdit. — P. 85.)
Есть же въ церкве Святой и меньшее наказаше, нарицае-
мое отлучеше или запрещеше. Се же есть, когда не предаетъ
явно гр-Ьшнпка Церковь анаееме, и не изгоняетъ его отъ стада
Христова; но только смиряетъ его отлучешемъ отъ сообщешя съ
правоверными во общихъ молитвахъ, не велитъ входитп въ хра-
мы Бож1я, и на нвкое время запрещаетъ ему причастю Святыхъ
Тапнъ. Кратко рещп, чрезъ анавему челов'Ькъ подобенъ есть
уб1енному, а отлучешемъ или запрещешемъ подобенъ есть за
арестъ взятому.
Обопхъ сихъ великой и меньшой казни образы суть на
28* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. - DEUXIÈME PARTIE.
Церковныхъ соборахъ, гдъ1 еретикамъ сказуется анаоема. А
преступницы соборныхъ правши. отлучешемъ наказуемы суть.
Вина меньшой казни, то есть отлучешя достойная, есть нЪ-
кш велишй и явный грт>хъ, но не самое большое явногртлше, о
яковомъ выше уже слово было. На примт>ръ, когда кто явно
безчинствуетъ, надолз-в отъ Церковнаго п-Ьтя удаляется, явно
изобидъвъ, или обезчестивъ лице честное, прощешя не проситъ;
таковыхъ Епископъ самъ собою, или чрезъ духовника поучивъ,
да покаяше явственное принесутъ, аще того не похотятъ сотво-
рить, хотя, не являя великой гордости и презорства, можетъ
смирить отлучешемъ безъ оныхъ великихъ чрезъ протодтакона
предвозвъчценш, но только на малой хартиин^ написавъ вину
преступника и отлучеше его.
II въ таковомъ дель" не долженъ Епископъ отписываться къ
Духовному Коллепумъ для соизволешя, но самъ свободенъ и си-
ленъ есть cie творить, только бы cie творилъ не по страсти, но
и съ прилъжнымъ розыскомъ. Аще бо неповинна кого отлучить,
а тотъ поищетъ на его суда въ. Коллепумъ, наказанъ Епископъ
будетъ, по разсужденно Коллепумъ Духовнаго.
XVII. Было слово выше подъ числомъ осмымъ, чтобъ Епис-
копы смотрели, хранятся ли по Епархш его отъ пресвитерей и
монаховъ и прочихъ должныя оныхъ заповеди, и чтобъ пмвлъ на
cie духовныхъ Фискаловъ. Обаче понеже cie не довольно есть;
ибо и Фискалы оные, дружа свопмъ благодътелемъ, или мзду емля,
много утаеваютъ: того ради подобаетъ Епископу въ годъ, или
въ два года единожды объити и посетить Enapxiro свою. II есть
сего, кром-в многихъ иныхъ, велишй образъ Павла Апостола,
якоже является въ Д-вяшяхъ гл. 14, ст. 21, 22. и Дъянш
гл. 15, ст. 36. Римляномъ гл. 1, ст. 11, 12. 1 Коршгояномъ
гл. 4, ст. 12. 1 Солуняномъ гл. 3, ст. 2. 1 Солуняномъ гл. 3,
ст. 10.
Иако оке лучше можете быть cie послщете, послтьдующт
регулы суть потребныл :
§§ 1—3. Д'МА ЕПИСКОПОВЪ. — О ПАСТЫРСКОМЪ ПОСЫЦЕЫ1И. 29*
(О ПАСТЫРСКОМЪ ПОС-ЫЦЕН1П.)
(De la visite pastorale. — P. 90.)
1. Время л'втнее кажется быть угоднЪйшее къ посъщешю,
нежели зимнее. Се же того ради, что не такъ много лъ'томъ,
какъ зимою и самъ Епископъ и Церкви посещаемый на кормъ и
иныя нужды его издержатъ. Не надобъ" сЬна. а. дровъ мало треба.
Хл-вбъ, рыба, кормъ конской дешевле. II можетъ Епископъ не
далече отъ города на пол-в въ палатка время перестоять, чтобъ
не трудитъ священства, или гражданъ квартирою, наипаче гд-в
городъ убогш.
2. По пр^здъ" своемъ Епископъ на другой день или на тре-
тш, собравъ градскихъ и сельскихъ пресвитеровъ, священную
Литурп'ю совершить, а по Лптургш со всвми священники от-
поетъ молебенъ о здравш и победи Державн^йшаго Монарха, о
исправленш и благостоянш Церквей, о обращенш раскольниковъ,
о благорастворенш воздуха, о обилш плодовъ земныхъ и прочая.
II собственный канонъ составленъ будетъ, всятя нужды содер-
жащ1й.
3. Тогда же, по совершеша всего п1зн1Я, слово скажетъ къ
священству и народу учительное о покаянш пстинномъ, и всякаго,
наипаче же священническаго чина должностехъ. II тамъ же при-
ложить увъщаваше, чтобъ ему предложилъ, кто пмветъ нъчия
духовныя нужды и сумнительные падежи совЬсти, такожъ и что
гдъ' видится въ Церковномъ прпчтв непспразлено и прочая.
А понеже не всякъ Ецископъ можетъ чистое слово сложить;
того ради подобаетъ въ Духовномъ Коллепумъ таковое слово
сочинить, и то бы Еппскопп въ посъщаемыхъ Церквахъ прочп-
товала.
4. Можетъ Епископъ и тайно у меншпхъ- Церковниковъ, и
аще кто иный ^угодный [покажется, спрашивать, какъ жпвутъ
пресвитеры и д1аконы. II хотя доношешю всякаго не подобаетъ
BtpnTb скоро,| обаче лучшая уже покажется причина къ разсмо-
TpiiHiro и псправлешю.
30* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
5. Покамъхтъ Епископъ донесенныхъ дъ*лъ не управитъ,
пота и самъ къ себе гостей не позоветъ, и званный къ инымъ
не пойдетъ, чтобъ не обольстился трактаментомъ, или поне по-
дозрЪшя бы на себе не подалъ, что онъ судитъ по пристрастно
за удоволеше свое.
6. Естьли дбло явится долгаго времене требующее за непри-
сутств1емъ свидетелей, или за инымъ нбкшмъ препят1емъ; то
оное дело записавъ, отложить ко уиравлешю въ домъ свой. А
то для того, чтобъ ему на единомъ месте не долго гостить, и
сталобъ ему времени къ посвщешю всея Enapxin.
7. Естьли Епископъ похощетъ звать къ себе гостей, то
весь бы тотъ трактаментъ своею казною отправлялъ, а не нала-
галъ бы побору на священство, или на монастыри. И не можетъ
извпнитися убожествомъ своимъ : ибо не по долгу, но по свобод-
ной своей воли звать гостей или не звать будетъ.
8. Иныя Д'вла и поступки, какъ священства, такъ и приход-
скихъ людей, могутъ быть утаеваемыя предъ Епископомъ, хотя
и явныя народу суть; и о таковыхъ тайно и искусно проведы-
вать. A cie не можетъ утаитися, читаетъ ли священникъ во дни
праздничные наетавительныя книжицы, о которыхъ выше слово
было. И естьли который не читаетъ за лъчюстш, того при про-
чпхъ евященннкахъ накажетъ по разсужденш.
9. Спроситъ же Епископъ священства и прочихъ человъ'къ,
не делаются ли где cyeBtpifl? Не обретаются ли кликуши? Не
проявляетъ ли кто для скверноприбытства ложныхъ чудесъ при пко-
нахъ, при кладезяхъ, источникахъ? и прочая. И таковыя безд'Ыя
запретить со угрожен1емъ клятвы на противляющихся упрямдовъ.
10; О правленш и поведенш близкихъ (аще где суть) мо-
настырей лучше спрашивать въ градъхъ и еелехъ отъ священ-
ства и м!рянъ, нежели въ самыхъ монастыряхъ о томъ же
произкивать мощно.
11. А чтобъ Епископъ не запомнилъ, чего долженъ наблю-
дати въ посъщаемыхъ Церквахъ и монастыряхъ; того ради им^лъ
бы съ собою списанныя должности монашесюя и священничесшя,
которыя здв ниже сл'Ьдуютъ.
12. Крепко же заповедать Епископъ долженъ служптелемъ
§§ i— 3. ДЪЛА ЕИИСКОПОВЪ. — О ПАСТЫРСКОМЪ ПОСЪЩЕНШ. 31*
свопмъ, чтобъ ъъ посЬщаемыхъ городахъ и монастыряхъ благо-
чинно и трезво пребывали, и не творилибъ соблазна; наипаче же
не домогались бы у мниховъ и у поповъ кушанья и питья, и
конскаго корму лишняго. Кольми паче не дерзалибъ грабить подъ
виною жестокаго наказашя. Ибо слуги ApxiepeficKie обычне бы-
ваютъ лакомыя скотины; и гдЪ видятъ власть своего владыки,
тамъ съ великою гордостш и безстуд^емъ, какъ татаре на похи-
щеше устремляются.
13. Да въхть же всякъ Епископъ-каковый онъ ни есть сте-
пенемъ, простой ли Епископъ, или АрхЕепископъ, или Митропо-
литъ, что онъ Духовному Коллепумъ, яко верховной власти,
подчиненъ есть, указовъ онаго слушать, суду подлежать, и опре-
Д'вдешемъ его довольствоваться долженъ.
II того ради, аще что имать на брата своего другаго
Епископа, обпдимь отъ онаго, подобаетъ ему не самому мстпти-
ся, ниже клеветами, ниже пов^стьми, хотя бы и пстинныя были,
гр-вховъ его, ниже поущешемъ сильныхъ нбкшхъ лицъ духовныхъ
или м1рскихъ, наипаче да не дерзаетъ недруга своего Епископа
предавать анаоем-в; но обиды своя да предлагаетъ доношешемъ
Духовному Коллепумъ, и тамо суда себв да проситъ.
14. Тому и cie сл-вдуетъ, что всякому Архимандриту, Игу-
мену, Строителю, приходскому священнику, такожъ и д1акономъ
и прочшмъ причетнпкамъ свободно и вольно просить у Духовнаго
Коллепумъ суда на своего Епископа, аще кто въ чемъ отъ него
знатно изобиженъ будетъ. Такожъ, аще кто судомъ Епископа
своего не довольствуется, вольно ему чинить провокацию, ciecrb,
переносить д-вло на судъ Духовнаго Коллепумъ; и Епископъ таг
ковымъ на себе челобитчикамъ и пстцамъ долженъ ciio свободу
попускать, и не удерживать ихъ, ниже угрожать, ниже, по от-
шествш оныхь къ Духовному Коллепумъ, печатать или грабить
домы оныхъ.
Но дабы cie не подало многимъ вины къ безстрастио и пре-
зорству свопхъ пастырей, уставитъ Духовное Коллепумъ нема-
лое наказаше на твхъ, которые бы ложнымъ доношешемъ пасты-
рей своихъ требовать дерзнули, или всуе отъ суда Епископскаго
на судъ Духовнаго Коллепумъ учинилибъ провокацию.
32* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
15. Наконецъ долженъ будетъ всякъ Епископъ дважды въ
годъ (пли какъ укажетъ о семъ Коллепумъ) присылать до Колле-
пумъ репорты, Ыесть пзв'вщешя о состоянш и поведенш Enapxin
своей, все ли добръ\ или нт>кое непсправлеше есть, котораго онъ
переставить не можетъ. А хотябъ все добрт> было, то обаче
долженъ Еппскопъ известить въ Коллепумъ, что слава Богу все
добрЬ. Но естьлп бы извЬстплъ, что все добрт,, и отпнуду бы
показалось, что н-Ьчто въ Enapxin его дается суеверное, пли и
явно богопротивное; Еппскопъ бы, вт>дая тое , утаилъ и до Кол-
лепумъ не донеслъ ; то самаго его позоветъ на судъ къ себв
Коллепумъ, и, по довольномъ улпченш, подвержетъ его наказа-,
нш, яковое уставлено будетъ.
§4.
ДОМЫ УЧ1ШШЦНЫЕ II ВЪ НИХЪ УЧИТЕЛИ II УЧЕНИКИ, ТАКОЖЪ II
ЦЕРКОВНЫЕ ПРОПОВЪДНИКИ.
DES ETABLISSEMENTS D INSTRUCTION, DES MAITKES ET DES ELEVES QUI S Г
TROUVENT, ET AUSSI DES PRÉDICATEURS. — P. 104.
Известно есть всему Mipy, каковая скудость и немощь была
воинства Россшскаго, когда оное не щгбло правпльнаго ceoii
учешя, и какъ несравненно умножилась сила его, и надчаяше ве-
лика и страшна стала, когда Держа вит. йшй нашъ Монархъ,
Его Царское Величество ПЕТРЪ Первый обучилъ оное изряд-
ными регулами. Тожъ разуметь и о архитектура, и о врачевствЬ,
п о политпческомъ иравптельствБ и о всвхъ прочихъ дЬлалхъ.
II наипаче тоежъ разузгЬть о управленш Церкви : когда
нт>тъ св'Ьта учешя, не льзя быть доброму Церкве поведенно, не
льзя быть нестроенпо и многпмъ смвха достойнымъ суев'вр1ямъ,
еще же и раздорамъ и пребезумнымъ ересемъ.
Дурно, MHorie говорятъ, что учете виновное есть ересей:
ибо кромт> древнпхъ отъ гордаго глупства, а не отъ учешя бе-
сновавшихся еретнковъ, Валентпновъ, Манпхеовъ, Каоаровъ.
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. 33*
Евхитовъ, Донатпстовъ и прочихъ, которыхъ дурости оппсуютъ
Нрпней, Епифянш, Августпнъ, беодорптъ п иные, нашп же Русте
раскольщики не отъ грубости лп п невежества толь жестоко
возбБсновалися ?
А хотя и отъ ученыхъ человъкъ бываютъ epeciapxu, яковый
былъ Apifi, Несторш п нвцып пные : но ересь въ оныхъ родилась
не отъ учета, но отъ скуднаго Священныхъ Шсанш разум'Ьшя,
а возрасла и укртшплася отъ злобы и гордости, которая не по-
пустила имъ переменить дурное ихъ мпьте, уже и по познанш
истины противъ совъстп своей.
II хотя отъ учешя своего пмЬли они силу сочинять софпсмы,
ciecTb коварные мудрованш своихъ доводы: обаче кто бы cie
зло восппсовалъ просто ученш, тотъ бы понужденъ былъ гово-
рить, что когда и врачь оиоптъ кого отравою, того yieiiio вра-
чевское виновно есть; и когда ученый салдатъ хитро и сильно
разбиваетъ, того виновно есть учете воинское.
II сстьли иосмотрпмъ чрезъ псторш, аки чрезъ зрительный
трубки, на мпмошедппе ввки, увпдпмъ все худшее въ темныхъ,
нежели въ свътлыхъ учетемъ временахъ.
Ни спесивились такъ Епископп до четыресотнаго лъта, какъ
послЬ возгорълпея, наипаче Константпнопольскш п Рпмскш; ибо
тогда было учете, а после оскудъло. II аще бы учете Церкви,
или Государству было вредное, то не учились бы сами лучипя
Хриспанст'ш особы, и запрещали бы пнымъ учитпея: а то ви-
дпмъ, что и учились всп древнш наши учители не токмо Священ-
иаго Писатя, но и внешней Фплософш. II кромв многихъ пныхъ,
славн'Ьйипе столпы Церковные моборствуютъ и о внЬшнемъ
ученш, а именно : Васп.нй велшпй въ словв своемъ Fo учащимся
младенцами, Здатоустын въ книгахъ О монашествтъ, Грпгорш
Богословъ въ словахъ свопхъ lia Iyniana Anocmama. Но
много бы говорить, аще бы о единомъ семъ нарочное слово
было.
Убо учете доброе и основательное есть всякой пользы,
какъ отечества, такъ п Церкве, акп корень и евмя и основаше.
Но cie накрЬпко наблюдать подобаетъ, чтобъ было учете доброе
с основательное. Ибо есть учете, которое и имени того недо-
3
34* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
стойно есть; а обаче отъ людей хотя и умныхъ, но того нссв'Ь-
дущихъ, судится быть за прямое учете.
Обычно вопрошаютъ мнозп : въ которыхъ школахъ былъ он-
сица? II когда услышать, что былъ онъ въ РеторшгЬ, въ Фило-
софы п въ Богословш; за едпныя тыя имена высоко ставятъ
человека, въ чемъ часто погръшаютъ. Ибо п отъ добрыхъ учи-
телей не вси добрЬ учатся, ово за тупость ума, ово за л1>ность
свою; кольми паче когда и учитель будетъ въ дъл'Б своемъ мало,
или и ниже мало пскусенъ.
Вт>дати же подобаетъ, что отъ пятисотнаго до четыренаде-
сятьсотнаго году, ciecrb чрезъ девять сотъ лт>тъ во всей Европт>
вся почитай учешя въ великой скудости и HencKycTBii были,
такъ что у еамыхъ лучшихъ Авторовъ, во оныя времена пнсав-
шихъ, остроум1е водимъ великое, а свъта велпкаго не видимъ.
По четыресотномъ надъ тысячу годт> почали проявлятпея
любопытнт>йшш и по тому искуснБйщш учители, и помалу Muorifl
Академш гораздо великую, и почитай отъ древнихъ оныхъ Авгу-
стовыхъ лт»тъ большую силу возымъмш: мног1я обаче училища
въ прежней тпнт> (*) остались, такъ что у оныхъ Реторпкп, и
Фплософш и прочихъ ученш имена точно суть, а д'вло не тое.
Причины того различныя суть, которыя зд'Ь за краткость не
воспоминаются.
Таковаго же, тако рещи, привпдъннаго и мечтательнаго
учешя вкусившш человъщы глупвйшш бываютъ отъ неученыхъ.
Ибо весьма темни суще, мнятъ себя быти совсршенныхъ, и по-
мышляя^ что все, что либо знать можно, познали, не хотятъ, но
ниже думаютъ честь книги, и больше 'учптпся. Когда вопреки
прямымъ учешемъ просвещенный челов-Ькъ никогда сытости не
пм-Ьетъ въ познанш своемъ, но но престанетъ никогда же учи-
тися, хотя бы онъ и Мавусалевъ в'Ькъ пережилъ.
Се же вельми бъдно, что именованные неосновательные
мудрецы не только не полезны, но и вельми вредны суть и дру-
жеству, и отечеству, и Церкви: предъ властьми надъ м-вру сми-
ряются, но лукаво, чтобъ такъ украсть милость ихъ, и пролезть
(*) По лат. и н'Ьм. пер ев. тмт.
в
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. — ОБЪ АКАДЕМШ. 35*
на степень честный. Равнаго чина людей ненавпдятъ; п сстьлп
кто во учен'ш похваляемъ есть, того всячески тщатся предъ
народомъ п у властей обнести и охулити. Къ бунтамъ склонны,
воспр1емля надежды высокш. Когда богословствуютъ, не льзя
имъ не ерстичествовать: за невъжствомъ бо своимъ удобь про-
говорятся, а лнъчпя своего изреченнаго переменить отнюдь не
хотятъ, чтобъ не показать себя, что не все знаютъ. А мудрей"
мулие cie между собою утвердили послов1е: „мудраго че.ювтька
свойство есть отмпмлть мщте.а
Cie предложить судилось за благо, что естьлп Царское
Величество почощетъ основать Акадсмно, разеуждало бы Духов-
ное Коллепумъ, каковыхъ исперва учителей определить, и како-
вый учешя образъ показать онымъ, дабы не вотще пошло Госу-
дарское иждивеше, и вместо чаянной пользы, не была бы тщета,
емъха достойная.
А какй бы во ест опасно и искусно справипшея, угодная
суть поелтьдуюгш я регулы.
(ОБЪ АКАДЕМШ.)
(De l'Académie. — P. 117.)
I. Не надобъ исперва многихъ учителей, но первый годъ
довольно единаго или двоихъ, которые бы учили Грамматика,
ciecrb, языкъ правильно знать Латпнскш, или Греческш, или оба
языка.
II. На другой годъ, и третш п прочш, поступая къ боль-
шимъ учешямъ, да и перваго не отлагая, для новыхъ учениковъ
большее число и учителей придается.
III. Искушать всячески, каковъ въ Д'Ьлт> свосмъ есть, кто
хощетъ быть учитель школы. На примъ'ръ, желая выдать, нску-
сенъ ли въ язык'Ь Латпнскомъ, велъть ему сложеше Рускос пе-
ревесть на Латинское, такожъ Латинское слово нькоего славнаго
въ языкЬ томъ Автора, перевесть на Руское; и велъть искус-
нымъ осмотреть и освидетельствовать переводы его, и тотчасъ
36* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
покажется, совсршенъ ли есть, или среднш, пли и того нижае,
или весьма ничего. Суть же и пныхъ ученш свойственныя иску-
шеш'я, который мощно будетъ особенно списать.
IV. А хотя и непскусенъ въ требуемомъ у-ченш покажется,
обаче мощно знать, что остроуменъ есть, то знатно онь за
лъчюстио, или за плохимъ свопмъ учителемъ не достигнулъ того,
и таковому повелгЬть полгода или годъ самому учитися отъ Авто-
ровъ, въ д-пл'Б томъ искусных!), аще учитель хощетъ быть.
Толькожъ cie дълать за скудость людей, а лучше бы на тако-
выхъ не надвятпся.
V. Опредъ'леннымъ п добрымъ учителемъ приказать, чтобы
они исперва сказывали ученикамъ своимъ вкратцЬ, но ясно, кая
сила есть настоящаго учешя Грамматики, на иримЬръ, Риторики,.
Логики и прочая; и чего хощемъ достугнути чрезъ cie или оное
учете, чтобъ ученики видели берегъ, къ которому пловутъ, и
лучшую бы охоту возъпмъмш, и познавали бы повседневную при-
быль свою, такожъ и недостатки.
VI. Избрать изрядн'Бйшихъ во всякомъ ученш Авторовъ, ко-
торые свид'Ьтельствовавп суть въ славныхъ Академ1яхъ: именно
же, въ Париж'Ь, повелъчиемъ Короля Людовика четвертаго на^е-
сять, такъ кратко, а совершенно заключена Латинская Грамма-
тика, что мощно над'вятися остроумнаго ученика за едпнъ годъ
совершенно научить языка онаго, когда у насъ за пять и за
шесть лгЬтъ мало кто постнзаетъ. Что можно знать по тому, что
студентъ изъ Фплософш, пли Богословш пзшедшш, не можетъ
перевесть и средняго стиля Латинскаго.
Избравъ убо, якоже речеся, лучшихъ въ Грамматики, Риторики
и въ прочихъ учешяхъ Авторовъ, подать въ Акацемш и прика-
зать, чтобъ оныхъ руководствомъ, а не пныхъ учено въ шко-
лахъ.
VII. Въ Богословш собственно приказать, чтобъ учено
главный догматы виры нашея и законъ Божш. Челъ бы учитель
Богословскш [прплЬжно] (*) Священное Ппсаше, и учплся бы
(*) Лат., assidue. Н1ш., flcissig.
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. — ОБЪ ЛКЛДЕМШ. 37*
правилъ, какъ прямую петую знать силу и толкъ Иисанш, и вся
бы догматы укръплялъ евпдътельствомъ Писанш.
А въ помочь того д'Ьда, челъ бы прплъжно Святыхъ отецъ
книги, да таковыхъ отецъ, которые прплъжно писали о догма-
твхъ, за нужду распрь въ Церквв случившихся, съ подвпгомъ
на противныя ереси. Ибо суть древте учители собственно о
догматахъ, тотъ о семъ, а другой о иномъ ппсавшш. На при-
мЪръ, о Тройческой тайнв Грпгорш Наз!анзинъ въ пяти словахъ
своихъ Богословскпхъ, и Августинъ въ книгахъ о Троицк и о
Божествк Сына Бож!я. КромЬ оныхъ Аеаиасш велпкш въ пяти
книгахъ на ApiaHb о БожествЬ Святаго Духа, Васплш Велпкш
въ пяти книгахъ на Евном1а. О Упостаси Христовой Кприллъ
Александршекш на Hecropia. О двоицв естествъ въ Хрисгв до-
вольно одно послаше Леона, Папы Рпмскаго до Флав1ана Царе-
градскаго Ilarpiapxa. О гръхъ первородномъ и о благодати Бо-
ж1ей Августинъ во многпхъ книгахъ на Пслапаны и прочая. Къ
томужъ зъло полезны дъяшя и разговоры Вселснскпхъ и ПомЬ-
стныхъ Сгнодовъ.
II отъ таковыхъ учителей при Священномъ Писанш не
тщетное будетъ учете Богословское.
А хотя и можетъ Богословскш учитель и отъ новъйшпхъ
иновърныхъ учителей помощи искать; но долженъ не учптпея
отъ нпхъ и полагатися на ихъ сказки, но только руководство
ихъ принимать, какнхъ они отъ Писашя и отъ древнпхъ учителей
доводовъ употрсбляютъ. Наипаче въ Догматъхъ, въ которыхъ
съ нами пновЬрцы согласии суть; а однако доводамъ ихъ не
легко върить, но посмотръть, естьлп таковое въ Писанш, или въ
книгахъ отеческихъ слово, и тую ли пмъетъ силу, въ яковой
они пр1емлготъ. Многажды бо лгутъ господа оные, и чего не бывало
прпводятъ. Многажды -же слово истинное развращаютъ. Буди здД»
едиио, на ирпмвръ, слово Господне къ Петру : „Азй лолихся о
тебгь, да не оскудп,ешг, вп>ра твоя," речено о Петр!; персонально,
о самомъ лйцЬ Петрове, а Латини влекутъ оное къ Папъ1
своему, наводя отъ того, ччо Папа не можетъ погръишть въ
върв, хотя бы хотълъ. Долженъ убо учитель Богословский не по
чужимъ сказкамъ, но по своему въдънно учить, и иногда пзбравъ
38* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
собственное время, показать въ книтахъ и ученикамъ своимъ,.
чтобъ п они пзвветны сами были, а не сумнплись бы, правду ли
говорптъ, или лжетъ учитель пхъ.
VIII. По случаю здт> съ прпчпны мимошедшаго совета воспо-
минается, что при школахь надлежитъ быть библютекв довольной.
Ибо безъ библютеки, какъ безъ души Академ1а. А довольную
библштеку мощно купить за д,вт> тысящи рублей. Библштека учи-
телемъ по вся дни и часы ко употребленш невозбранна, только
бы книгъ по келл!амъ не разбирали, но чли бы оныя въ самой
бпблштечной контор'Ь.
А ученикамъ и прочшмъ охотникамъ отворять библштеку въ
уреченные дни и часы.
II ходшшбъ въ библштеку, которые языкъ умъчотъ, въ осо-
бенные часы и дни по долженству, а въ иные за охоту и въ
урочное время.
Спрашпвалъ бы всякаго свой учитель, котораго онъ Автора
чтеть, и что прочелъ, и что ппсалъ : а еетьлп чего не уразум'Влъ,
тобъ ему объяснплъ учитель. Cie вельми полезно и скоро чело-
века аки претворяетъ въ иного, хотя бы прежде грубыхъ былъ
обычаевъ.
IX. Обращался къ школьнымъ учешямъ, cie видится быть
вельми благоуспьшно, что могутъ н'вкая" учешя двое или трое
вдругъ одного часа и однимъ двломъ подаватися. На прпмвръ,
уча Грамматик'Ь, можетъ учитель съ нею учить купно и Геора-
'фио и Негордо: понеже, по регуламъ Грамматическпмъ, нужно
есть дЬлать екзерцицш, шесть обучатися въ переводахъ съ моего
языка на языкъ тотъ, котораго учуся, и вопреки, съ языка того
ча мой языкъ. То мощно вел'Вть ученикамъ переводить по части
Fsorpaoiio, или Ilcropiio одиу внешнюю, либо Церковную, или на
иеремвну оба тЪ ученш.
Обаче, понеже Исторш честь безъ вт>дЬн!я Геограоскаго,
есть какъ бы съ завязанными глазами по улицамъ ходить: того
ради здравый сов'Ьтъ есть годь, Грамматика определенный, раз-
бить на дв'Ь части; и полгода ^ первое учить Грамматику съ
ГеограФ'юю, особенный въ недъчгв день определяя, въ который
на карги будетъ учитель показывать цпркулы, планисФер1я и.
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. — ОБЪ АКАДЕМШ. 39*
уннверсалньую сптуащю siipa. А еще лучше бы двлать cie на
глобусв, и такъ обучать студснтовъ, чтобъ моглп перстомъ пока-
зать, когда кто спросить ихъ: гдЬ Аз1я? гдЬ Африка? гдк Ев-
ропа? и къ которымъ сторонамъ подъ нами лежптъ Америка?
Такожъ п особь о Государствахъ : гд-fc Ег\иетъ? гдЪ Хина? гдЬ
Португал1я? и прочая.
А другое полгода давать въ екзерцпщп переводить Исторш
универсальную, да краткую, только бы былъ Авторъ чистаго
языка Латпнскаго, яковый есть Юстинъ исторпкъ, и мощнс бу-
детъ после другпхъ усмотреть.
II се вельми полезно; ибо ученицы великое ко учение возъ-
пм'Ьютъ доброхотство, когда невеселое языка учеше толь весе-
лымъ sjipa, и мимошедшпхъ въ Mipb д-блъ познашемъ растворено
имъ будетъ; и скоро отъ нпхъ грубость отпадстъ, и еще при
берегв почитай училищномъ не мало драгихъ товаровъ обря-
щутъ.
X. Чинъ учешя таковый добрый кажется:
1. Грамматика купно съ Feorpaoiero и Ilcropieio.
2. Арпометика съ Геометр1ею.
3. Логика пли Д1алектика, и едино то двопменное учете.
4. Риторика купно пли раздельно съ стпхотворнымъ уче-
шемъ.
5. Физика, присовокупя краткую Метаопзику.
6. Политика краткая ПуФФендороова , аще она потребна
судится быть, и можетъ она присовокуиитпся къ Д1алектпк'Ь.
7. Богослов1я.
Первые шесть по году возмугъ, а Богослов1я два года. Пбс
хотя и всякое учете, кромв Д1алектическаго и Грамматпческаго,
пространное есть; обаче въ школахъ сокращенно трактовать
надобЬ, и главн-вйпля только части. Послв самъ долгпмъ чте-
шемъ и практикою совершится, кто такъ доброе руководство
получитъ.
Языкъ Греческш и Еврейскш, (естьлп будутъ учители) между
иными ученш урочное себв время пршмутъ.
XI. Ректора и Префекта усмотръ"гь прил'Ьжныхъ человъкъ.
о которыхъ учете и труды уже пзвъхтны. II укажетъ имъ Духов-
40 ' ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
ное Коллепумъ тщательнымъ быть въ д'Ьл'Ь своемъ съ таковымъ
угрожешемъ, что ежели нечинно иойдутъ учешя и неблагопос-
пъчнно; то они сами суду поднадуть въ Духовномъ Коллепумъ.
И того ради смотръть должны , ходятъ ли всегда въ школу учи-
тели, н такъ ли учатъ, какъ подобаетъ. II должны Ректоръ съ
Иресьектомъ посетить въ недълю дв'Ь школы, а въ другую не-
делю друпя дв-б, и такъ и проч!я кругомъ. А когда въ школу
пршдутъ, учитель при нпхъ учить будетъ, а они слышати, хотя
чрезъ полчаса; такожъ и вопросами отвъдовать ученпковъ, зна-
ютъ ли, что уже должно бы имъ знать.
XII. Естьли кто отъ учителей противенъ покажется Акаде-
мпцкимъ уставамъ, и непреклонснъ наставлешю Ректорскому,
таковаго Ректоръ объявитъ въ Духовное Коллепумъ; и но сл'В-
дованш отставленъ или наказанъ будетъ по разсужденш.
ХШ. Мощно и Фискаловъ определить, которые бы насма-
тривали, все ли во Академш порядочно.
XIV. О ученикахъ cie разсуждеше: должны всп Протопопы,
и богатшш и пнш Священницы дътей своихъ присылать во Ака-
демпо. Мощно тоежъ указать и градскимъ лучшимъ приказнымъ
людемъ; а о дворянт>хъ, какъ собственная воля будетъ Царскаго
Величества.
XV. Приходянце же тые ученики былибъ при Академш до
конца всьхъ ученш, и не отпускать отъ школъ Ректору безъ
ведома Духовиаго Коллепумъ. А естьли бы Ректоръ или Пре-
Феитъ, или иный кто отпустилъ ученика отай з^ мзду поданую,
и на такого преступника определить жестокое наказание.
XVI. ВсЬмъ повсюду изв-ьстно буди, что гд'Ь будетъ чело-
вЬкъ ученый во Академш, и отъ Академш свидетельствованный,
того на степень духовныя или граждансюя чести не можетъ
упрешть неученый съ всликимъ штраоомъ на власти оныя, кото-
рыя бы инако сдЬлалп.
XVII. Новопрпшедшаго ученика отввдать память и остроу-
Mie; и естьли покажется весьма тупъ, не принимать въ Акаде-
Miro: ибо лЬта потеряетъ, а ничего не иаучптся; а обаче
возъимЬетъ о себе мнеше, что онъ мудрый, и отъ таковыхъ
несть горшпхъ бездельниковъ. А чтобъ который не притворялъ
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. — ОБЪ АКАДЕМШ. 41*
себе тупости, желая отпуску въ домъ, какъ до друпс притво-
ряютъ гЬлеснун) немощь отъ солдатства; искушешю ума его
1гЬлый годъ полошить. II можетъ умный учитель примыслить спо-
собы искушешя таковыя, яковыхъ онъ познать и ухитрить не
дознается.
Х\ "III. Г>уде покажется дьтина непобедимой злобы, свирепый,
до драки скорый, клеветнпкъ, непокорпвъ; и буде чрезъ годовое
время ни увътцанш, ни жестокими наказанш одол-вть ему не воз-
можно: хотябъ и остроуменъ былъ, выслать изъ Академш, чтобъ
б'Ьшеному меча не дать.
XIX. Место Академш не въ город!;, но въ стороне на
веселомъ М'Ьстъ' угодное, гд-Ь нвсть народнаго шума, ниже ча-
стый окказш, которыя обычно мЬшаютъ учешя и находитъ на
очи, что похищаетъ мысли молодыхъ челов'Ькъ, и прплЬжать
учешемъ не попускаетъ.
XX. Не надобь хвалитпся Академш, но ниже смотр'Ьть на
тое, что много ученпковъ имъетъ; cie бо весьма суетно есть:
но смотреть, какъ много есть остроумныхъ и добръ учащихся,
съ великою пользы надеждою, и какъ бы оныхъ додержать по-
стоянныхъ до конца.
XXI. II cie есть отнюдь непотребно, паче же и тщетно,
чтобъ студентовъ, каис ни пршдутъ, принимать на поденныя
деньги Государевы.
Прпходптъ бо MHorie не для учешя, но еще иные и неспосо-
бные по природ!;, для жалованья только, нпщетною нуждею вле-
комы. Иные же и способные, да сколько похотятъ при Академш
жпвутъ, а когда и куды хотятъ, отходятъ. Чтожъ съ того добра?
Только суетный убытокъ.
Принимать бы студентовъ съ раземотрешемъ остроум1я, и
они бы запись давали на себе, что до конца ученш пребудутъ
во Академш, подъ великпмъ штраФомъ, естьли бы об^та своего
пс исполнили безъ крайней нужды.
II такъ можно будетъ, оныхъ по совершенш школьномъ,
презентовать Царскому Величеству и, по Его Величества Указу,
определять оныхъ на разныя дъ\та.
XXII. Но что паче всего, и почитай едино есть потребно и
42* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
полезно, быть при Академш, пли въ начала и безъ Академш Се-
минар!умъ для учев]"я и Воспиташя д^тей, каше вымышлено не-
мало во пноземныхъ странахъ.
А того нтъкш здл> образа представляется.
(о СЕМИНАРШ.)
(Du Séminaire. — Р. 147О
1. Построить домъ образомъ монастыря, котораго про-
странство и жплье п всяк!е къ преппташю, и одвянпо и про-
чшмъ нуждамъ припасы былпбъ противъ числа д'Ьтей, (каковое
определено будетъ по воли Царскаго Величества) пятьдесятъ,
пли седмьдесятъ пли больше, такожъ и потребныхъ управителей
и служителей.
2. Въ дому томъ югбютъ жить д^ти и уже и большего воз-
раста юноши, по осьмп пли по девяти человвкъ въ единой избЬ.
Обаче съ такпмъ расподожешемъ : болыше во единой, средше въ
другой, малые въ третей пзбт,.
3. Всякому мъхто определить при .ст^нЬ вместо собствен-
ной конторы, гд^ его стоптъ кроватка складная, чтобъ въ день
логовища знать не было; такожъ шкаоа на книжки п пныя ве-
щицы, и стуликъ для сЬдъшя.
4. Во всякой избЬ (сколько оныхъ будетъ) имать быть
Преоектъ, или надсмотрщакъ, челов'Ькъ хотя неученый, обаче
честнаго жнля, толькобъ не вельмп свирепый и не меланхолскъ,
лт>тамп отъ 30 до 50-го году. А дъ\ао онаго cie: надсматривать,
чтобъ между Семинаристы, (такъ воспптоваемые въ дому томъ
нарпцаются) не было ссоръ, драки, сквернословЕя, и всякаго
пнаго безчишя, и чтобъ во уреченные часы всякъ д-влалъ, что
должно. А всякъ бы Семпнарпстъ изъ избы своей безъ его бла-
гословешя не псходплъ, и то со объявлешемъ причины, куды и
для чего псходптъ.
5. Въ томъ же дому подобаетъ быть хотябъ трсмъ ученымъ
челов-вкомъ монахомъ пли м1рскимъ, изъ которыхъ едпнъ будетъ
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. - О СЕМИНАРШ. 43*
Ректоръ, дому всего управитель, а два Ексаминаторы, ciecrb
розыщики учешя, какъ кто учится л'Ьниво пли прплЬжно.
0. Во всякой избе Преоект т. имЬетъ власть наказывать себв
подчиненных!) за преступлеше, но малыхъ розгою, а среднихъ
п большпхъ словомъ угрозительнымъ, а потомъ на не поправляю-
щихся доносить Ректору.
7. Такожъ Ексаминаторы за лъность во учеши съ малыми,
средними и большими поступать будутъ, п Ректору доносить.
8. Ректоръ, верховная власть всъхъ всякпмъ по разсужде-
нно наказашемъ наказывать можетъ. А кто непреклоненъ ко
исправление явится, того Ректору не отпускать изъ Семинар1умъ
безъ вЬдома Духовнаго Коллепумъ.
9. Определить времена ко всякому д-Ьлу и покою Семина-
рпстомъ, когда спать ложиться, когда воставать, молиться,
учиться, птить за трапезу, гулять и прочая. II всп бы оные
часы колокольцемъ означать, и всп бы Семинаристы, какъ сол-
даты на барабанной бой, такъ на колокольцевъ голосъ, принима-
лись за дъло, какое на часъ урсченной назначено.
10. Не отпускать изъ Семинар1умъ въ городы, или куды ни
есть, къ своимъ въ гости, пока Семинаристъ не обыкнетъ, пре-
бывая въ Семинар1умъ, и не ощутить знатной пользы таковаго
воспиташя, а пмянно: до трехъ лътъ, но прихода всякаго въ
Семинар1умъ, не испускать никуды; а и по третьемъ году, не
болынп дважды въ годъ позволить выдтить въ гости къ родпте-
лемъ пли сродникомъ, и то не далече отстоящпмъ, такъ чтобъ не
больше седьми дней прошло отъ изшеств1я до возвращсшя въ
самый домъ Семпнаршскш.
11. А когда и такъ пспущенъ будетъ въ гости Семинаристъ,
то обаче придавать оному честнаго человека, яко Инспектора
или набюдателя, который былъ бы при немъ везд'Ь, и всегда и
при всякихъ случаяхъ, и по возвращенш давалъ бы репортъ
Ректору, что двялось. А естьли бы тотъ приданный Инспекторъ,
поноровя ему, утаилъ ничто худое, и таковаго плута бить го-
раздо. А можно будетъ тое познать и по сему, что возвратив-
шшся Семинаристъ не можетъ не показати на себъ- нъкоей преж-
нихъ нравовъ и охоты пзмбны.
44* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
12. А когда каше сродники пршдутъ въ Семинар1умъ noct-
тить своего тамо сродника, п тЬхъ гостей, съ вт>домомъ Ректор-
скимъ, ввесть въ трапезу, или иную общую избу или въ садъ, и
тамо онымъ съ сродникомъ своимъ разговаривать, и мирно ку-
шашемъ и пипемъ потрактовать пхъ можно, самому присут-
ствующему Ректору пли одному Ексаминатору, по разсуждснно
лицъ.
13. Таковое младыхъ человтшъ жи-пе кажется быти стужи-
тельное и заключенно плвнническому подобное. Но кто обыкнетъ
такъ жить, хотя чрезъ единъ годъ, тому весьма сладко будетъ.
Обаче ко ^врачевашю скуки, послЬдствуюпця регулы угодныя
суть.
(РЕГУЛЫ КО БРЛЧЕВЛШЮ СКУКИ.)
(Règles pour obvier à l'ennui. — P. 154.)
A. (14). Не принимать до СеминарЕумъ, только малыхъ дЬтей
отъ десятаго до пятинадесятаго году возраста, а выше того
разв1> за прошешемъ честныхъ лицъ, свндътельствующпхъ, что
отрокъ и въ дом'Б родительскомъ "жплъ въ страсБ и добромъ
насмотр'Ьнш.
B. (15). На всякъ день два часа определить на гулянье Се-
минаристомъ, а именно: по об-вдв и по вечери, и тогдабъ не
вольно никому учптися, и ниже книжки въ рукахъ пмъть. А гу-
лянье было бы съ играми честными и твлодвпжными, лЬтомъ въ
садъ\ а зимою въ своей же пзбъ\ Ибо cie и здравно полезно
есть и скуку отгоняетъ. А еще лучше таковыя избирать, кото-
рый съ потвхого подаютъ полезное нвкое наставлеше. Такое, на
примЬръ, есть водное на регулярныхъ судахъ плаваше, Геоме-
трпчесьчя размеры, строеше регулярныхъ крепостей и прочая.
C. (16). Можно единожды или дважды на мъсяцъ, наипаче
лътомъ, проездиться на островы, на поля и места веселыя, къ
дворамъ загороднымъ Государевымъ, и хотя единожды въ годъ въ
Сапктпитербургъ.
D. (17). Въ трапезе чтеше будетъ ово Исторш воннскихъ,
§ 4. ДОМУ УЧИЛИЩНЫЕ. — О СЕМИНАРШ. 45*
ово Церковныхъ. А въ началв всякаго месяца чрезъ два или
три дни чтомы да будутъ повести о мужахъ, во ученш про-
аявшихъ, о Церковныхъ велшшхъ учптеляхъ, такожъ и о древ-
нихъ и нынъшнпхъ ФплосоФахъ, Астрономахъ, Риторахъ, Нсто-
рпкахъ и прочая. Ибо таковыхъ повестей слышаше и сладко
есть, и къ подражандо мудрыхъ оныхъ людей поощряетъ.
E. (18). Можно же еще дважды въ годъ пли больше дълать
нъшя акцш, диспуты, комедщ, рптореюя екзерцпцш. II то бо
зъло полезно къ наставление и къ резолюцш, ciecTb честной сме-
лости, каковыя требуетъ проповедь слова Бож1я, и дт>ло посоль-
ское, но и веселую перемъшку дЬлаютъ таковыя акцш.
F. (19). Могутъ уставлены быть и нъьчя почести добр'Ь и
тщательно учащимся.
G. (20). Добр!; въ велите праздники быть при столб оныхъ
Семпнарпстовъ гласомъ Муспкшскпхъ пнетрументовъ ; и cie не
трудно: ибо перваго токмо нанять мастера, а отъ него научен-
ные охотные Семинаристы должны будутъ и друтпхъ научить на
свое мЬсто туне.
II cia седмь воспомянутыя регулы с-тужатъ ко увеселенно
учащихся.
21. Подобаетъ быть въ Семпнар1умъ Церкви, Аптекв и Док-
тору, а школы въ близкой Академ'ш, куды Семинаристы ходить
учнтпея будутъ. А естьли въ Семинар1умъ п школы и учители
будутъ, то Академ1я и Семпнар1умъ вмЬств будетъ. А для уче-
нпковъ прочшхъ, которые не похотятъ жить въ Семпнар!умъ,
можно построить несколько жилья внъ Семинар1умъ, и пустить
въ наемъ студентомъ.
22. Регулы учителей, учешя и учениковъ, выше во Академш
оппсанныя, и здв хранитися должны.
23. Семинаристы едини будутъ люди убогш, п тыя, по ми-
лости Царскаго Величества, препиташе п одъяше п прочая нуж-
ная возъпм'Ьютъ. А друг10 богатыхъ людей дътп, которые
должны будутъ платить за кормъ и одъяше, а цЬнЬ быть единой,
навсегда определенной.
46* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
24. Какъ пршдетъ Семинаристъ въ совершенный разумъ, и
къ большимъ учешямъ достпгнетъ; то долженъ учинить въ церкви
Семинаршской при проч1ей братш своей присягу на томъ, что
хощетъ онъ быть вЬренъ Царскому Величеству и Его Наслед-
нику, и готовь къ службе, до которой угоденъ есть, и позванъ
будетъ Указомъ Государевымъ.
25. Совершившихся во ученш Семинаристовъ не отпустптъ
Ректоръ отъ Семинар1умъ, пока прежде не обвт>ститъ до Колле-
пумъ Духовнаго, а Коллепумъ презентовать оныхъ будетъ Цар-
скому Величеству. И потомъ дастъ онымъ абшитъ со свидвтель-
ствомъ искуства ихъ.
26. А которые Семинаристы, по совершенш учешя, угод-
н1зйш1я покажутся къ дълу духовному, и онибъ у Епископовъ
были блпжайшш ко всякимъ степенемъ властелпнекпмъ паче про-
чшхъ, хотя бы и равно онымъ искусныхъ, но не въ Семинар1умъ
воспитанныхъ, развв бы нвшй знатный порокъ на Семинаристе
показался, и то не былъ бы оной порокъ отъ клеветы. А на
завистниковъ и клеветннковъ определить жестокое наказаше.
До зде о Семинарш. И можно впредь будетъ больше придумать,
или отъ пноземныхъ лучшихъ Семинарювъ инФормацш проискать.
А отъ таковаго воспитания и учешя воистинну надгЬятися
великой пользы отечеству.
ХХШ. О проповпдншшхо слова Боа/ал последующая регулы
полезпыл суть :
(о пропов-вдникахъ.)
(Des Prédicateurs. — P. 166.)
1. Нпктоже да дерзаетъ проповедать не въ сей Академш
ученый, и отъ Коллепумъ Духовнаго не свидетельствованный. Но
естьяп кто учился у инов1Ьрцовъ, тотъ бы явилъ себе пре?кде
въ Духовномъ Коллепумъ, и тамо его испытать, какъ искусенъ
въ Священномъ Нисанш; и слово бы сказалъ о томъ, о чемъ
ему повелитъ Коллепумъ: и естьлн искусенъ покажется, -то дать
ему свидетельство, что, аще похощетъ быть въ чину священнп-
ческомъ, мощно ему проповедать.
§ 4. ДОМЫ УЧИЛИЩНЫЕ. - О ПРОПОВЪДНИКАХЪ. 47*
2. Проповедали бы проповедники твердо, съ доводомъ Свя-
щеннаго Писашя о покаянш, о псправленш житш, о почитан'ш
властей, паче же самой высочайшей власти Царской, о должно-
стяхъ всякаго чина. Нстреблялпбъ cycB'bpie; вкоренялибъ въ
сердца людсю'я страхъ Божш. Словомъ рещп: испытовалибъ отъ
Священна го Ппсашя. „что есть воля Боок-гя, святая, угодная
и совершенная," и тобъ говорили.
3. О грехахъ во обществе говорить, а не именовать кого,
разве былъ бы публпкованъ отъ всея Церкве. Но и когда про-
несется о нь'коемъ лицт> недобрый нькш слухъ, о семь пли ономъ
именно rptxt>, и тогда проповт>днпкъ долженъ о таковомъ rpbx'L'
молчать на слове. Ибо естьли воспомянетъ грехъ той, хотя бы
и не воспоминалъ лица именно; обаче помыслптъ народъ, что на
оное лице громъ той есть. II тако оному умножится печаль, и
онъ не о своемъ псправленш, но паче о мщенш на такова го
проповедника думать станетъ. Чтожъ пзъ того пользы? Естьли
чш грьхъ велпкш, съ презр1ш1емъ закона Бож1я, самохотно отъ
грешника гордаго явленъ будетъ: то его Епископу, а не коему
либо Пресвитеру штрафовать, такпмъ способомъ , какъ выше
говорилось въ Д'Ьлахъ Епископскихъ о анаоемь.
4. Обычай н1шшмъ проповедникамъ есть, аще кто его въ
чемъ прогн'Ьвптъ, на проповеди своей мстить оному, хотя не
именно терзая славу его, обаче такъ говоря, что можно слыша-
телямъ знать, о комъ рЬчь есть: и таковые проповедники самые
бездельники суть, и оныхъ бы жестокому наказан'но подвергать.
5. Непригоже вельми проповеднику, наипаче юному, гово-
рить о грпхахй властитсльс/aixô (*), или обличптелънт> къ лицу
слышателей. Такъ на примъръ: „Не имеете страха Бож1я, н-Ьтъ
„у васъ любви ко ближнему; немилосерднп есте, другъ друга
„обидите." Но долженъ паче въ первомъ лице, во множественное
числе такъ говорить: „Не пмт.емъ страха Бож1я, иътъ у насъ
„любве ко ближнему; немилосерднп есмы, другъ друга обпдимъ."
(*) Поли. Coup. Зак. Т. VI, стр. 338. — По лат. и ним. перев. власти-
тельски.
48* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
Ибо сей образъ слова кроткш есть, понеже п самъ цропов'вднпкъ
въ число грвшниковъ мвшаетъ себе, какъ-то и самая истина
есть; „много бо согртааема вси." II тако Павелъ Апостолъ,
обличая учителей, которые, ставя себя высоко, по своему имени
ученикамъ своимъ нарицатися желали, не воспоминая оныхъ
имянно, на себя акпбы вину тую прЕейлетъ, вх первомъ послании
къ Корпнеомъ въ главв первой, такожъ и на друговъ своихъ
Петра, Аполлоса. „Шйждо, рече, ото васо глаголют : аза убо есмь
Павлова, азо оке Аполлосово, аз5 оке Пифинй, азт> оке Xpicmoea. Еда
раздтьлися Xpicmocô? еда Павелъ распятся по васз, или во имя.
Павлова крестившем?" и прочая. А что онъ вину ciio пренеслъ
па себе и на другпхъ, самъ свидъ'тельствуетъ. Ибо долго о томъ
поговорявъ, таже въ главгв четвертой пспов'вдуетъ : „шг же,
братья моя, преобразихй на -себе и Аполлоса насо ради, да ото
насй научитеся не паче мудрствовати налисанныхй," и прочая.
6. Долженъ всякъ проноввднпкъ шгвти у себя книги святаго
Златоустаго, и пршгЬжно чести оныя: ибо тако прюбучится
складать чиствйшее и яснъйшее слово, хотя и не будетъ Златоу-
стому равное; а кознод'Ьпшковъ легкомысленныхъ, каковые наи-
паче Польете бываютъ, не челъ бы.
7. Аще проповвдникъ видптъ отъ слова своего въ народа
пользу, да не хвалится тымъ. Аше же не видитъ, да не серди-
туетъ, и людей за cie да не поноептъ. Д-вло ихъ есть говорить:
а обращеше сердецъ человвчеекпхъ, дг1зло Бонае есть. „Азо на-
садихо, Аполлоса напои, Богт, же возрасти."
8. Безумно творятъ проповъ'днпцы, которые брови свои под-
нйшгютъ, и движете раменъ являютъ гордое, и въ словгв нъчто
такое проговариваютъ, отъ чего можно познать, что они сами
себ'В удивляются. Но благоразумный учитель, елико мощно, да
тщится и словомъ и всего тт>ла дъйсгаемъ таковаго себе пока-
зывать, что онъ ниже помышляетъ о своемъ остроумш или крас-
нор-вчш. II того ради часто подобаетъ мвшать краття оговорки
съ смиреннымъ н'вкшмъ самаго себе понижетемъ. Па нртгь'ръ:
„Молю вашу любовь да не смотрите, кто глаголетъ : что бо самъ
„о себ'Ь засвидЬтельствовать могу вамъ, разв'Ь яко гръшенъ
„есмь? Бьруйте слову Божш: ибо отъ Ппсапш священныхъ, а не
§ 5. М1РСКШ ОСОБЫ. 49»
„отъ моего вымысла предложить потщуся," и спмъ подобная.
9. Не надобно проповвднпку шагаться вельми, будто въ
судн1> весломъ гребетъ. Не надобно руками всплескивать, въ
боки уппратпся, подскакивать, смвятпся, да не надобЬ и рыдать;
но хотя бы и возмутился духъ, надобЬ, елико мощно, унимать
слезы: вся бо cifl лишняя и неблагообразна суть, и слышателей
возмущаютъ.
10. По слов-в, аще прилучптся въ гостяхъ быть, пли въ ка-
кихъ ни есть бееъдахъ съ людьми, не подобаетъ проповеднику
воспоминать о слови своемъ, и не точно слова своего хвалить,
что есть великое безстуд'ю, но и не охуждать самохотнЬ : ибо по-
кажется, что онъ въ похвале слова своего таковымъ способомъ
поощряетъ прочшхъ. А хотябъ кто и сталъ хвалить слово его,
то проповъднпкъ долженъ показать на ceôb, что ему слышать
то стыдно, и всячески отводоть отъ похвалъ и заводить иную
бесЬду.
§5.
М1РСК1Я ОСОБЫ, ПОЕЛИКУ УЧАСТНЫ СУТЬ НАСТАВЛЕШЯ ДУХОВНАГО.
DES PERSONNES DU MONDE, EN TANT QU'ELLES SONT ATTEINTES
РАК LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE. — P. 178.
Хотя в немного въ сей частицЬ говорить надлежитъ; обаче
подобаетъ предположить малое предислов1ице къ лучшему уразу-
М'внно: почему MipflHe нарпцаются м1ряне, и въ чемъ отъ чина
духовнаго имъютъ разнств1е?
Cie имя, „Mipb", въ тройственномъ разум Ь употребляемо есть.
1) ."Шцъ нарицается вся подсолнечная, отъ человъкъ оби-
таемая, но не въ семъ разумЬ человЬцы, служешя церковиаго не
имущш, нарццаются „м!ряне;" ибо и священнпческш чинъ въ
томжде съ прочшмп Mipt жпветъ.
2) „М1ръ" прЕемлется за людей просто, яко суть тварь тгЬ-
лесная, но разумная. II не по сему Mipy мг'рлш пменуемъ, кото-
рые внЬ причта службы церковныя суть. Понеже и священникъ
и кш либо причетнпкъ не похощетъ отрещися, нарпцатися „м1ря-
4
50* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
нпнъ" въ таковомъ разумв. И въ семъ-то разумЪ стоить имя
мфъ, гд1> ничто доброе прилагается ему, на прпмъфъ: „тако
Бога возлюби Mipô, и проч."
3) ЗНръ часто знаменуетъ злобу челов-Ьческую и суету, пли
самыхъ человтшъ: поелику злобни и суетни суть, якоше глаго-
летъ 1оаннъ Апостолъ въ первомъ посланщ своемъ, въ главк
второй: „не любите жра, ни лаке во мг'ргь. Аще кто любито
Mipô, нП)Стъ любве Отчей во немй: ибо все, еже во мгрт, похоть
плотская, и похоть очесъ, и гордость житейская, нтьстъ ото
Отца; но ото м1ра сего есть." II не отъ сего Mipa мряпе на-
рицаются; ибо 1оаннъ пишетъ не къ священству, но обще къ
Хританомъ. II якоже самъ глаголетъ тамже „ко отцаш, юно-
шами, дптемо," cie есть ко всЬмъ всякаго возраста. И не льзя
сказать, что оныхъ словомъ симъ наговариваетъ въ монахи или
въ церковники.
Подобн-в, якоже и cie имя, духовный, которое противно
есть Mipy, въ трепемъ семъ разумт> употребляемое, не мона-
ховъ самыхъ и церковнпковъ показуетъ у Павла Апостола въ
первомъ посланш къ Коринояномъ, въ главк второй при конц-fe
гдт> онъ „душевнаго" и „духовнаго" человека соразсуждаетъ. Ибо
тамъ „душевнаго" нарицаетъ того, который безъ благодати Духа
Святаго самъ собою преклоненъ есть ко всякому злу, а ко Бо-
гоугодному добру весьма безспленъ, яковыс вси не обновленные
суть. „Духовнаго" же именуетъ того, который пpocвtщeнъ и обно-
вленъ, и водимъ есть Духомъ Святымъ. Аще убо священникъ,
аще м1рянинъ золъ, „душевенъ" есть; пгшреки, аще священникъ,
аще м1рянинъ Духомъ Святымъ водимый, духовет есть. H пото-
му Петръ святый и имя священства даетъ не едпнымъ церков-
нымъ служителямъ, но обще вевмъ Хриспанамъ. 1. Петр, глава 2.
„Вы родо избрано, Царское свящеше, языка свято, люди обно-
„влетя, яко да добродттели возвттитс изо тьмы васо приз-
„вавшаго во чудный Его ceibim." Иодобн-в и Апокалупсисъ,
глава 5: „сотворило есть насо Богови цари и iepeic."
Cie подобало предложить для того, что за нев1здт>шемъ сего
многая и дЬются и сказуются дурости душепагубныя. Сего не
В'Бдяй человТ)Къ Mipch'iu, думаетъ иногда, что ему спастися не
§ 5. М1РСШЯ ОСОВЫ. 51*
льзя для того самаго, что онъ не духовный, но щрскШ есть.
Сего пе въдяй пный монахъ наговарпваетъ другаго оставитн
жену, чада, родителей, п ненавидьтп ихъ; понеже, рече, запо-
ведь имамы: „не любите мра, и ло/се сушь es MipiuA
Но почему м/'рлне нарицаются? Отвътъ: • — Понеже подо-
бало быть опредъленнымъ учешя духовного служптелямъ и упра-
вителям!», яковш суть Епископы п пресвитеры; того ради, по
преизяществу нъкосму, воспр!яли они титлу духовного чина. А
ради служены безкровныя жертвы нарицаются по преизяществу
и Свящешшцы. II потому уже прочш, которые слышател1е и
ученицы оныхъ суть, нарицаются просто м1ряне.
Речеши: отъ коего убо изъ rpiexb вышеименованныхъ разу-
мовъ шра, м/'рлне тако нарицаются?
Есть cie именоваше разуму второму прилично, вен бо а
священнпцы и не священницы суть м'фяне, то есть человъщы. Но
не священницы нарицаются „м1ряне" просто; поелику не суть
управители и служители определенные духовнаго учешя, но слы-
шател1е.
II уже ничто сказать надобЬ о „м1рянахъ," поелику надле-
жать они къ духовному управлешю.
I. BctMb вЬдомо cie въ первыхъ да будетъ, что всякъ Хрп-
сшнинъ долженъ правослаинаго учешя слушать отъ своихъ
пастырей. Якоже бо iiacrbipie не пасутъ, аще овецъ своихъ
словомъ Божшмъ не питаютъ: тако и овцы не суть овцы, но
всуе тако нарицаются, аще не хотятъ пасоми быть отъ пасты-
рей. Того ради естьли бы кто презпралъ и ругалъ, пли что
горше, тщался бы не допустить чтешя, или проповъдп слова
Бож1я безъ крайней нужды за едпну нъкую горделивую злобу;
тотъ наказание Церковному подлежите, пли суду Епископскому,
о которомъ выше слово было, ГД'Ь о анаоемт>, или, аще спленъ
явится, самого Духовнаго Коллепумъ слъдовашемъ и декретомъ.
II. Долженъ всякъ Хрпспанпнъ и часто, а хотя бы единож-
ды въ годъ прпчащатпея святой Евхарпстш. Cie бо есть и бла-
52* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIEME PARTIE.
пдареше наше изящнейшее Богу о толпкомъ смертно Спасите-
левою еодъянномъ намъ спасенш. „Елггжды аще лете хлтьба
сей, и чашу dm nieme, смерть Господню возвллцаете, дондеже
щшдтм" II напутьегае къ животу в'Ьчному: „аще ne лете
Ттьла Сына человтческаго, и ne nieme Прове Его, живота не
плате во себ/ь." И есть характиръ или знамеше, которымъ
являемъ себе быть уды едпнаго мысленнаго Тъла Христова,
ciecTb, сообщники единой Святой Церкви, якоже глаголетъ Апо-
столъ, 1 Корине, глава 10. „zIama благословетя, юже благо-
словляема, не общенье ли Прове Христовы есть? Хлтба, егоже
ломима, не общенге ли Т/ьла Христова есть? Я/со едина Хлтьба, едино
ттьло есмы мнози, вси бо orna единаго Хлтьба причащаемся."
Того ради, аще который Хрпсланинъ покажется, что онъ
весьма отъ Святаго Причаспя удаляется, тъмъ самымъ являетъ
себе, что не есть въ ТблЬ Христовв, стестъ, не есть сообщнпкъ
Церкви, но расколыцикъ. II нветь лучшаго знамешя, нечему
познать раскольщпка. Cie прилежно подобаетъ наблюдать Епи-
скопомъ, и приказывать, чтобъ имъ священницы приходеше по
вся годы о своихъ прихожанахъ доносили, кто изъ нихъ не при-
чащался чрезъ годъ, кто же и чрезъ два, и кто никогда же.
И таковыхъ понуждать ко исповъданпо клятвенному, аще суть
они сыны Церкве, и ирок.тннаютъ ли вся полки раскольничесше,
которые где ни есть въ Росс'ш обрътаются.
Понуждеше же оное клятвЬ, не иное имать быть, только
угрожешемъ, что есть ли не похотятъ клястися, и проклинать
именно 'вся раскольническая согласия; то объявлеше о оныхъ
издастся, что они суть расколыцпки. Не малая бо польза вы-
дать о семь: ибо мнопе раскольщики, подъ одеждою православ1я
крыюшдеея, вместо того, чтобъ боялися, еще сами воздвизаютъ
гонеше на Церковъ. II не токмо ругаютъ чинъ священный и,_
сколько могутъ, пакостятъ ему, но и м1рскихъ, своему безумно
несогласныхъ, всячески утьсняютъ. О чемъ могутъ засвидетель-
ствовать ЛЮД1С вЬры достойнш.
III. А когда такимъ [или] (*) инымъ способомъ объявленъ
('*) Лат., vél. HiiM., oder. Англ. or.
§ 5. М1РСКШ ОСОБЫ. 53*
будетъ расколыдикъ; тогда Еппскоиъ долженъ о ономъ расколь-
щике ппсменно дать знать тому, подъ чшмъ онъ судомъ, кото-
рый его пмьетъ послать въ Духовную Коллегно.
IV. Полезно есть иметь въ Коллепумъ вЬдЬн1е, сколько во
всЬхъ Епархчяхъ обретается расколыциковъ; cie бо ко мнопшъ,
разсуждешя требующпмъ, случаямъ помощно есть.
V. Велишй гръхъ есть п нетерпящш молчашя духовныхъ,
что н!щыи MipcKie господа, въ свопхъ областяхъ ведая расколь-
щиковъ, покрываютъ для мзды, пмъ подаемой.
Иное дело о раскколыцпкахъ явныхъ; пбо отъ тЬхъ напасти
блюстися не надобно : но расколыциковъ, иодъ впдомъ право-
сла1ня живущпмъ, покрывать cie дъло безбож5емъ смердящее.
II за cie должнп суть Епископи ревновать, и доносить о семъ
къ Духовному Коллепумъ; а Коллепумъ, по духовномъ розыске,
таковыхъ господъ, аще не похотятъ въ томъ исправиться, мо-
жетъ предать анавемв. Духовный же розыскъ надлежитъ быть
таковымъ образомъ: AOHouieHie подастъ Еппскопъ въ Духовную
Коллепю на Mipcuaro господина не просто, что у него расколь-
щики обретаются; но что господинъ тотъ сильно не допускаетъ
священнику прихода онаго, пли и посланнымъ Арх5ерейскимъ
сыскивать и обличать расколыциковъ, въ вотчинв его пребываю-
щихъ, и именовани будутъ въ доношен!и достоверный свидетели
того. А Коллепумъ, слушавъ свидетелей, нанишетъ увещательне
ко оному господину, чтобъ попустилъ свободно сыскивать ра-
сколыцпковъ въ своей вотчине. II буде послушаетъ господинъ,
то его больше не утруждать; буде же преслушаетъ, то и самъ
деломъ о себе засвидьтельствуетъ, что онъ расколыциковъ за-
ступникъ есть. II тогда Коллепумъ приступить къ духовному
его наказанш всемъ темъ порядкомъ, какъ выше писано о ана-
еемв. А дело cie не о явныхъ, но о тайныхъ расколыцикахъ,
какъ объявлено выше, естьлп они простой народъ суть: естьли
же учители, и аки бы iiacmpie раскольничесые суть, о тЬхъ
какъ тайныхъ, такъ явныхъ двло cie естъ. Таковымъ же обра-
зомъ судятся и духовные, которые пмЬютъ за собою поддан-
ныхъ.
VI. По всей Pocciu никого отъ раскольщиковъ не возводить
54* ЧАСТЬ ВТОРАЯ. — DEUXIÈME PARTIE.
на власти, но токмо духовный, но п на гражданстя, даже до
послвдняго начала п управлешя, чтобъ не вооружать намъ на
насъ же лютыхъ непр!ятелей, и Государству и Государю, непре-
станно зло мыслящпхъ.
А естьли кто въ подозрънш будетъ раскольничества, хотя
бы и впдъ на ceot являлъ православ1я, п того первве привести
къ прпсягв, купно съ клятвою на себя, и оныхъ, что онъ не
есть и не думаетъ быть раскояьщикъ; и объявить ему жестокое
наказаше, естьли бы послв противное на немъ показалось, и
подписаться ему въ томъ своею рукою.
Вина же онаго Ыя есть : когда кто знатнымъ д1зломъ своимъ
сотворить себе подозръчша, на пршгЬръ (*): аще никогда же
прюбщается Святымъ Тайнамъ безъ всякой благословной вины;
аще учителей раскольнпческихъ въ дому своемъ покрываетъ съ
в'ЬдБшемъ, что таковые суть, и аще милостыню посылаетъ въ
раскольнпчесшя обители и прочая; а въ таковыхъ дъчгвхъ кто
обличенъ будетъ явными доводами, тогда таковый подозрънш
раскольничества подлежитъ. А естьли сему противное гд-в явится,
то Епископъ долженъ о томъ скоро писать къ Духовной Кол-
легш.
УН. Отселт> не быть у м1рскпхъ ни у кого (кромь" Фамплш
Царскаго Величества) въ домт>хъ церквамъ и крестовымъ попамъ :
ибо cie лншнее есть, и отъ единыя cntcn двется, и духовному
чину укорительное. Ходили бы господа къ церквамъ приход-
скимъ, и не стыдились бы быть брат!ею, хотя и крестьянъ
свопхъ, во обществ'Ь Хриспанствмъ. „О Христп бо Iucycib
теть рабо, ли свобода," глагол етъ Апостолъ.
VIII. Когда прихожане или помЬщпкп, которые жпвутъ въ
вотчинахъ свопхъ, пзберутъ человека въ церкви своей въ свя-
щенники; то должнп въ доношенш своемъ засвидетельствовать,
что оной есть человвкъ жппя добраго и неподозрптельнаго. А
которые помЬщакп въ тЬхъ своихъ вотчпнахъ сами не живутъ
оное свидетельство о такпхъ людяхъ подавать людемъ и кре-
(*) Пуб.шкованъ о семь Всликаго Государя печатной Указъ въ 1718
году.
§ 5. М1РСК1Я ОСОБЫ. 55*
стьяномъ пхъ, d въ челобитныхъ писать именно, какая ему руга
будетъ пли земля. А избранный бы также приложилъ руку, что
онъ тою ругою пли землею хощетъ быть доволенъ, и отъ церкви,
къ которой посвященъ, не отходить до смерти. А ежели оный
избранный, предъ Епископомъ явится въ какомъ подозръчип пли
раскола, и онаго чина недостопнъ, cie оставляется въ разсуж-
деше Еппскопле.
IX. Волочащихся поповъ не принималибъ господа къ себ'Ь
въ духовники. Ибо священна къ изгнанъ за преступлеше, или
своевольно самъ оставпвъ врученную ceét церковь, уже почитай
и не священнпкъ есть, и велнкш rptxb пр!емлетъ, действуя свя-
щенническая. А пр1емлющш его господпнъ томужъ грЬху участ-
нпкъ есть, и сугубо: ибо и помощнпкъ rptxy тому, и правленш
Церковному протпвнпкъ есть.
Не понуждалпбъ сильные м1ряне священниковъ въ домы своя
входать для крещешя младенцовъ, но носплпбъ тъхъ въ церковь,
разв1> бы вельмп боленъ былъ младенецъ, или иная нЬкая великая
нужда зашла бы.
X. Сказуютъ, что иногда гражданств управители, и иные
власти, такожъ сильные помещики въ случившемся нйкоемь двл-Ь,
духовнаго наставлешя требующемъ, не хотятъ повиноватися Епи-
скопомъ, въ котораго кто Enapxin жпветъ, отговарпваяся т^мь,
что Еппскопъ онымъ не пастырь. Ведомо же всвмъ буди, что
всякъ коего либо чина человЬкъ подлежптъ въ духовныхъ д-ьлахъ
суду того Епископа, въ котораго Enapxin пребываетъ, пока въ
той пребываетъ.
XI. Но наипаче м1рскпмъ особамъ мнопя случаются трудно-
сти въ сомнительныхъ бракахъ, и того ради, естьлп таковое
кому случится сумнптельство, то не дерзалъ бы таить онаго
предъ священнпкомъ. А священнпкъ, естьлп и самъ сомневается,
не дерзалъ бы скоро венчать, но относить двло оное ко раз-
суждендо Епископа. Но и Еппскопъ отсылалъ бы къ Духовному
Коллепумъ, естьлп и онъ самъ ръшпть недоумветъ.
II для чпннаго и пзвъстнаго таковыхъ трудностей ръшен1я
надлежитъ Коллегомъ Духовнымъ, пзбравъ собственное время,
довольно поговорить о оныхъ, и на всякую трудность написать
56* ЧАСТЬ ТРЕТСЯ. — TROISIÈME PARTIE.
решете кръпкое отъ Священнаго Писашя, и отъ разсуждешя
славныхъ древнихъ учителей, такожъ и отъ уставовъ Царскпхъ.
XII. А хотя бы и несумнительный бракъ чш мнился быть;
обаче не подобаетъ втшчатися во иномъ прихода, въ которомъ
ни женихъ ниже невеста живетъ; кольми паче во иной Еписко-
nin втшчатися не подобаетъ. Такожъ и не звать изъ чужагб
приходу или Епархш священниковъ на втшчате; ибо cie, кромй
укоризны свопхъ пастырей, еще являетъ, что такъ женящшся въ
подозр1шш суть неправильнаго сочетания.
ЧАСТЬ ТРЕТ1Я.
Самыхъ управителей должность, действо и сила.
TROISIÈME PARTIE.
Devoir, mode d'action et pouvoir de ceux qui gouvernent. — P. 205,
Время уже говорить о самыхъ управителехо, изо которыхй
составляется Духовное Коллеггумо.
I.
Число особъ правительствующнхъ довольное есть 12. Быть
же лицамъ разнаго чина: ApxiepeoMb, Архимандритомъ, Игуме-
номъ, Протопопомъ, изъ котораго числа, тремъ Apxiepeo>n>, а
прочшхъ чиновъ, сколько котораго достойныхъ сыщется.
II.
Смотрпть сего, чтобъ Архимандриты и Протопопы не были
въ чину сего собрашя, которые подручни суть никоему Apxie-
§ 1. УПРАВИТЕЛЕЙ ДОЛЖНОСТЬ. 07*
рею, въ семъ же собранш обретающемуся : ибо таковый Архп-
мандрнтъ, или Протопопъ будетъ непрестанно наблюдать, къ
которой сторона судимой преклоненъ есть Еппскопъ его, къ той
и тотъ Архпмандрптъ и Протопопъ преклоненъ будетъ, и такъ
две или три особы будутъ у;ке едпнъ челов'Ькъ.
Прочее разсмотреть подобаетъ, что Духовное Коллепумъ
должно делать, и какъ въ принесенныхъ д-влахъ действовать и
поступать и какую имъетъ оно силу къ вершенно д1злъ. И cia
три означаются тремя вещьми, въ титле части сея вышеимено-
ваннымп, яже суть, должность, действо и сила.
О всякомъ особь нечто поговорить.
§ 1.
УПРАВИТЕЛЕЙ ДОЛЖНОСТЬ.
(DEVOIRS DE CEUX QUI GOUVERNENT. — P. 207.)
I. Первое и почитай едино долженство есть сего Духовнаго
Правительства ведать, к'ш суть должности и всехъ обще Хри-
спанъ, и собственно Епцскоповъ. Пресвитеровъ съ прочими
церковными служптельми, монаховъ, учителей и учащихся; та-
кожъ и впрскихъ лпцъ, поелику они наставлен'ш духовнаго
участницы суть. II того ради здЬ исписаны неюя всехъ оныхъ
чииовъ должности. II должно Духовное Коллепумъ наблюдать,
аще всякъ въ званш своемъ пребываетъ, а погрешающихъ на-
ставлять и наказывать. Обаче вктя Правительства сего должно-
сти и собственно зде прилагаются.
II. Обвестить пли публиковать всемь обще Христ1аномъ,
коего либо чина, что можно всякому, усмотрьвъ нечто къ луч-
шему управлешю Церкви полезное, доносить на письме Духов-
ному Коллепумъ такъ, какъ вольно всякому доносить Сенату о
правпльныхъ прибылсхъ Государственныхъ. А Коллепумъ Ду-
ховное разсудптъ, полезный ли, или неполезный советъ; и полез-
ный прЕятъ, а неполезный презрьнъ будетъ.
58* ЧАСТЬ ТРЕТ1Я. - TROISIÈME PARTIE.
III. Аще кто о чемъ Богословское письмо сочпнитъ, и тоебъ
не печатать, но первое презентовать въ Коллепумъ. А Колле-
пумъ разсмотрвть должно, нвтъ ли каковаго въ ппсьмЬ ономъ
погрешешя, ученш Православному протпвнаго.
IV. Аще где проявится нетленное тело, или пройдетъ въ
слухъ видеше 4ie, или чудотвореше : Коллепумъ долженствуетъ
испытовать тоя истины, призвавъ къ цопросу оныхъ повестите-
лей, и прочшхъ, которые о томъ свидетельствовать возмогутъ.
V. Аще кто кого поречетъ, яко раскольщикъ, или новаго
нвкоего учешя изобретатель есть, судить тое въ Духовномъ
Коллепумъ.
VI. Случаются недоуменные неше падежи совести. На при-
меръ, что делать, когда кто, похитивъ чуждее имън!е, хощетъ,
но не можетъ онаго возвратить, пли за стыдъ или страхъ, или
что рнаго лица, у кого укралъ, уже не стало? И что делать
тому, которому случилось быть у поганыхъ въ неволе, и для
свободы своей безбожную оныхъ в-Ьру принять, а потомъ обра-
щается ко исповгБданш Хрпспанскому? Cifl и иныя недоумъчпя
приносить къ Духовному Коллепумъ, и отъ него прилежно раз-
суждаемымъ и рвшамымъ быть.
VII. Пропзводимыхъ на ApxiepeuCTBO тутъ первве освиде-
тельствовать, не суть ли суевврцы, ханжи, святокупцы, где и
какъ жили; допросить съ свпдътельствомъ, отъ чего богатство
имъ"етъ, естьлп кто таковый покажется.
VIII. На судъ Духовнаго Коллепумъ относить суды Еписко-
повъ, естьлп кто оными не доволенъ. Дела же суду сему подле-
жать cifl именно: недоуменные браки, вины разводовъ брачныхъ,
обиды клиру, плп монастырю отъ своего Епископа нанесенныя,
обиды, сделанный Епископу отъ другаго Епископа. И кратко
рекше, вся тая дела, которыя къ суду Патр1аршему надлежали.
IX. Должно Коллепумъ разсмотреть, кто п какъ владеетъ
землями церковными, и куды, на что хлебъ и прибыли, аще шя
суть денежный, издерживаются. II естьли кто церковные пожитки
похищаетъ воровски; Духовное Коллепумъ наступать на онаго, и
на немъ похищеннаго доправлять долженствуетъ.
X. Когда Епископъ, или менышй служитель церковный обиду
§ 1. УПРАВИТЕЛЕЙ ДОЛЖНОСТЬ. 59*
терпптъ отъ господина н-Ькоего сильнаго: хотя на него не въ
Коллепумъ Духовномъ, но въ Юстпцш Коллепумъ, пли послъжде
въ Сената управы просить надоб-Ь; однакожъ и Духовному
Коллепумъ нужду свою открыетъ обидпмый. II тогда Президентъ
и все Коллепумъ, подая помощь обпдимому своему брату,
пошлютъ отъ себе мужей честныхъ просить скоро управы. гд1>
надлежптъ.
XI. 3aBtTbi пли духовнпцы знатных ь особъ, аще пока-
жутся быть въ чемъ сумнительныя, объявить оныя въ Духовное
Коллепумъ п.въ Юстпцъ — Коллепумъ; и оба Ыя Коллепя разсу-
дятъ, и опредъмеше положатъ.
XII. О подаянш милостыни должно Коллепумъ Духовное со-
чинить наставлеше; ибо въ семъ не мало погр'Ьшаемъ. Мнопе
бездельники, при совершенномъ здравш, за леность свою пуска-
ются на прошеше милостыни, и по aiipy ходятъ безстудно; и
иные же въ богадъльни вселяются посулами у старость, что
есть богопротивное и всему Отечеству вредное. Повелвваетъ
намъ Богъ „ото пота лица нашего,"- ciecTb отъ промысловъ пра-
ведныхъ и различныхъ трудовъ ястп хлсбъ, Бьгпя глава 3 ; и дЪ-
латп доброе не только для собственнаго препиташя, но еще
„чтобй илтли мы что подавать и требующими," ciecrb убогимъ.
Послашя къ ЕФесеемъ глава 5. II запрещаетъ Богъ, „да
праздный человтко ниже ястй." 2 ПосланЛе къ Солуняномъ,
глава 3. II потому здравш, а льнпвш прошакп, Богу противни суть.
II аще кто снабдъваетъ оныхъ, и той есть яко помощникъ,
тако и участникъ оныхъ же гръха; и что либо на таковую су-
етную милостыню пздержпваетъ, все то вотще ему, а не въ
пользу духовную. Но изъ таковой дурной мплосьтынп еще и
Отечеству, якоже ръ\хомъ, велпкш вредъ дъется; отъ сего бо
въ первыхъ скудость, и дорогъ бываетъ хл'Ьбъ. Разсудп всякъ
благоразумный, сколько тысящь въ Россш обрьтается л'Ьнивыхъ
таковыхъ ирошаковъ, толпкожъ тысящь не дълаютъ хлвба, и по-
тому нЪтъ отъ нихъ приходу хлъбнаго. А обаче нахальствомъ и
лукавымъ смпрешемъ чуждые труды поядаютъ, п потому великш
хлъба расходъ вотще. Хватать бы таковыхъ всюду, и къ двламъ
общимъ приставлять.
i€0* ЧАСТЬ ТРЕТШ. — TROISIEME PARTIE.
Да отъ тъхъ же прошаковъ д-вется убогимъ иетиннымъ ве-
ликая обида; ибо сколько онымъ подается, толико прямьшъ убо-
гимъ отьемлется. А еще бездельники оные, понеже здравы суть,
скоро до милостыни прибътаютъ, когда немощные нишде остают-
ся, иныи же полумертвы почитай на улицахъ лежать, и при своей
бол'Ьзни и гладомъ истаеваютъ. Суть же и таковые, что и дневной
пищи лпшаеми, просити стыдятся. Аще кто истинную имъетъ
утробу милосерд! я, шя разеудивъ, не можетъ не желать отъ
сердца, чтобъ было таковому безчишю доброе исправлеше.
Сверхъ того еще л1шпвш оные нахальннки сочпняютъ некая бе-
зумная и душевредная пеш'я, и оная съ притворнымъ стенашемъ
предъ народомъ поютъ, и простыхъ невежъ еще вящше обезум-
ливаютъ, npieMM за то награждеше себе.
И кто вкратце изчпслитъ вреды, отъ таковыхъ бездвльни-
ковъ д1>емыя? По дорогамъ, где угодно вндятъ, разбиваютъ;
зажигателп сутъ, на шп1онство отъ бунтовщиковъ и пзменниковъ
подряжаются; клевещутъ на властей высокнхъ. и самую власть
Верховную зле обносятъ, и простой народъ къ презорству
властей преклоняютъ. Сами никшхъ же Хриспанскихъ должностей
касаются; въ Церковь входить не свое дъло бытп помышляютъ,
только бы имъ предъ церковго непрестанно вопить.
И что еще мЬру (*) превосходитъ безсовеспе и безчелов1з-
4Îe оныхъ: младеицемъ своимъ очи ослепляютъ, руки скорчп-
ваготъ, и иные члены развращаютъ, чтобъ были прямые нишде и
мплосерд1я достойные.
Воистинну н'втъ беззаконн'Ьйшаго чина людей! Надлежптъ
убо великая должность Духовному Коллепумъ, прилежно о семъ
думать и советовать, каковымъ бы лучшпмъ способомъ зло cie
изкоренпть, и добрый чпнъ милостыни определить; а опред'Ьливъ,
просить Царскаго Величества, дабы изволплъ Указомъ своимъ
Монаршпмъ утвердить.
XIII. II се не малая должность, какъ бы Священство отъ
симонш и безстуднаго нахальства отвратить. Къ сему полезно
(*) По лат. (fidem), nim. (Gîauben), англ. belief): Btpy.
ИМЕНА ИОДИИСЛШИИХЪ ДУХ. РЕГЛ. G1*
есть сделать сов'Ьтъ съ Сенаторами, какъ много дворовъ къ
одному приходу определить, съ которыхъ всяь'1й бы дава'лъ та-
кую-то именно подать Священству и прочимъ нрпчетникамъ
церкве своея, дабы оно совершенное по мър'Ь своей имвли до-
вольство, п впредъ бы не домогалпся платежа за крещеше, погре-
бате, втшчаше, п прочая.
Обаче cie опредЬлеше не возбраняетъ доброхотнымъ чело-
Bf.KOM'b подавать Священнику, сколь много кто по щедрости
своей похощетъ.
Собственно всякъ Коллепатъ, какъ Президентъ, такъ и
лрочш въ начал!; нр1ят!я чина своего, должны учинить присягу,
что в'Ьренъ есть и будетъ Царскому Величеству ; что не по стра-
стямъ свопмъ, не для мздопршмства , но для Гюга и пользы люд-
ской, со страхомъ Божшмъ и доброю сов'встио, судить дъда и
советовать, и другихъ братш своей мнЬшя и совЬты разсуждать,
принимать или отвергать будетъ. ÎI клятву таковую изречетъ
на себе подъ именнымъ штраФомъ анаоемы, и гЬлеснаго нака-
зашя, аще бы послв лротивенъ присяги своей подстереженъ п
улпченъ былъ.
С\я вся зд1> написанная перв'Ье самъ Всероссшскш Монархъ,
Его Царское Священнейшее Величество, слушать предъ собою
чтомая, разсуждать же п исправлять благоволплъ сего 1720 году,
Февраля И дня. А потомъ по Указу Его Величества, Преосвя-
щенные Apxiepen, Архимандриты, купно же и Правительствую-
щей Сенаторы слушали же, и разсуждан исправляли сегоя«ъ Фев-
раля 23 дня. Таже въ утверждеше и въ исполнение непреложное,
по припиеашю рукъ присутствующих!) Духовныхъ п Сенатор-
скихъ персонъ, и самъ Его Царское Величество своею собствен-
ною рукою подписать соизволилъ.
Смиренный СтеФаиъ, Мит-
рополптъ недостойный Рязан-
ский.
Смиренный Сильвсстръ Ми-
тронолитъ Смоденсшй. | кинь.
Адмиралъ Гра<1>ъ Апрак-
син!».
Канцлеръ ГраФЪ Голов-
€2*
ЧАСТЬ ТРЕТ1Я.
TROISIEME PARTIE
Сморенный ОеоФанъ Епи-
скопъ Псковски.
Смиренный Питиримъ Епи-
скопъ Нижегородски.
Смиренный Варлаамъ Епи-
скопъ Тверсшй.
Смиренный Ааронъ Епи-
скопъ Корельскш.
©еодосш Архимандритъ А-
лександроневскш.
Антоши Архимандритъ Зла-
тоустовскш.
Казанскаго Спасскаго Преоб-
раженскаго монастыря Архи-
мандритъ 1она Сальник ъевъ.
Московскаго Спмоновскаго мо-
настыря Архимандритъ Петръ.
Смиренный Пахомш Ми-
троыолитъ Воронежскш и Елец-
юн.
Троицкаго Упатскаго мона-
стыря Архимандритъ Гавршлъ.
Донскаго монастыря Архи-
мандритъ Iepoeeif.
Князь Яковъ Долгорукой.
Князь Дмитрей Голицынъ.
ГраФЪ Андреи Матв'вевъ.
Петръ Толстой.
Баронъ Петръ Шпфп-
ровъ.
Собственною Его Царскаго
Лресвштлаго Величества ру-
кою подписано:
ПЕТР Ъ.
Да во Enapxinxô, Apxiepeu и npo'de Дуновиые чины подписали
тапо:
Смиренный Игнатш Митрополитъ Сарскш и Подонскш.
Смиренный Георгш Епископъ Ростовскш.
Смиренный Варлаамъ Епископъ Суздальскш и Юрьевскш.
Смиренный loaniiiiKiii Митрополитъ Коломенскш.
Смиренный Павелъ Епископъ Вологодсшй.
Смиренный Кирнллъ Шумлянскш Епископъ Переделав-
скш.
ИМЕНА ПОДПИСАВШИХЪ ДУХ. РЕГЛ. 63*
Недостойный Арх1еппскопъ Чернпговскш и Новгородка СЬ-
верскаго Антоши.
Смиренный Тихонъ Мнтрополитъ Казанскш.
Смиренный Алексвй Еппскопъ Вятскш.
Смиренный 1оакнмъ недостойный Епископъ Астраханскш.
Смиренный Варнава Епископъ Холмогорскш.
Смиренный Богол'впъ Епископъ Устюжскш.
Геннадий Архимандритъ Чудовскш.
Ceprifi Архимандритъ НовоепаскШ.
Серанюиъ Архимандритъ Андроньевскш.
Леонщъ Архимандритъ Петровскш.
Лаврентш Архимандритъ Донскш.
1акинеъ Архимандритъ Богоявленскш.
Серашонъ Архимандритъ Знаменскш.
ОеоФилактъ Архимандритъ Спаскш.
Макарш Игуменъ Воздвиженскш.
Селивестръ Нгуменъ Новпнскаго монастыря.
Макарш Игуменъ ДанпловскШ.
Свято -тропцкаго CeprieBa монастыря Архимандритъ Ти-
хонъ.
Изъ Суздаля Спаса Евопм'юва монастыря Архимандритъ
Кврмшъ.
Владим1рскаго Рожественскаго монастыря Архимандритъ
Гедеонъ.
Левъ Архимандритъ Горпцкаго монастыря.
Изъ Ростова Богоявленскаго Аврам1ева монастыря Архиман-
дритъ A ipiaiiï..
Изъ Ярославля Спаскаго монастыря Архимандритъ Ки-
щманъ.
Лужецкаго монастыря Архимандритъ Ceprifi.
Монастыря Саввы Сторожевскаго Архимандритъ Сели-
вестръ.
Воскресенскаго монастыря Архимандритъ Антоши.
Изъ Боровска Паонутьева монастыря Архимандритъ Ар-
сешй.
ЬспФова монастыря Волоцкаго Архимандритъ Германь.
64* ЧАСТЬ -ТРЕТИ. — TROISIÈME PARTIE.
Спаеова монастыря съ Рязани Архимандритъ Мисанлъ,
Волоколамска™ Возмицкаго монастыря Архимандритъ Ioa-
саФъ.
Дан'шлова монастыря, что въ ПереславлЬ Залт»скомъ Архи-
мандритъ Варлаамъ.
Ростовскаго БорисоглЬбскаго монастыря Архимандритъ 1о-
СИФЪ.
Солочинскаго монастыря Архимандритъ Исаакш.
Переславля Залвскаго Никицкаго монастыря Архимандритъ
1осифъ.
Колоцкаго монастыря что въ Можайску Нгуменъ Тихонъ^
Николая Угр-вшскаго монастыря Нгуменъ ОеоФанъ.
•Нзъ Дмитрова БорисоГлвбекаго монастыря Архимандритъ
Азднаиъ.
Высоцкаго монастыря, что въ СерпуховЬ, Архимандритъ
Герасимъ.
Владычня монастыря, что въ Серпухов!;, Нгуменъ Павелт»-
Богословского монастыря, что на Рязани, Архимандритъ
Ааронъ.
Нгуменъ Леонтш съ Унжп MaiîapieBa монастыря.
Иринархъ Архимандритъ Кирилова монастыря.
loua Архимандритъ Каменного монастыря.
Арсешй Архимандритъ Ирилуцкаго монастыря.
ОеоФИлактъ Архимандритъ Павлова монастыря.
Макарш Архимандритъ Корнил1ева монастыря.
Филиппъ Нгуменъ верапонтова монастыря.
Дамаскинъ Нгуменъ монастыря Михайловскаго Иереяслав-
скаго.
РаФаилъ Нгуменъ Сппскаго Золотоноскаго монастыря.
Евстратш Архимандритъ Елецкш Черниговсюй.
Германъ Архимандритъ Свято-троицкш Нльанскш Черни-
говски.
ЕпиФанш Архимандритъ Назарета Благовещенска го Ш-
жинскаго.
1еромонахъ Нилъ Нгуменъ монастыря Святителя Чудотворца
Христова Николая Мокопшнскаго.
ИМЕНА ИОДГШСЛВШИКЪ ДУХ. РЁГ.1. (м*
1еромонахъ Зосима Пгуменъ Лубецкаго Антошева мона-
стыря.
Святой великой Чудотворной Лавры Печорской KicBCKoii
Архимандритъ ioainimâfi.
Московского Симоновского монастыря Архимандрите, подпи-
сую второе.
Святомпхайловскаго Златоверховаго Шевскаго монастыри
НамЬстнпкъ 1еромонахъ Гедеонъ.
Святомпхайловскаго Впдубпцкаго монастыря Шевскаго На-
м'Ьспшкъ и ïepoMOHaxi) Венедикт!».
Общежнтельнаго Шевомежигорекаго монастыря Архвмандритъ
Нродншъ ЖуракОвскш.
СоФейскаго монастыря НамЬстникъ ГригорШ Гошке-
вичь.
Святонпкольскаго монастыря пустыннаго Шевскаго- Нгуменъ
ХристоФоръ Чарнутскай.
Святобогоявленскаго братскаго монастыря Шевскаго Вице-
ректоръ Сидивестръ Номовскш.
Свято-троицкаго Кпрнльскаго Шевскаго монастыря Настоя-
тель 1оаеаФЪ Томиловпчь.
Св1яжскаго Богородицкаго монастыря Архнмандрнтъ Сн-
мсоиъ.
Казанскаго Кизическаго монастыря Пгуменъ 1оасаФЪ.
Нижняго Новаграда Печерскаго монастыря Архимандритъ
ВарсоноФШ.
Нпжегородскаго у'Ьзду, Тронцкаго MaKapieca Жодтоводскаго
Архимандритъ Фнларстъ.
Вологоцкаго Глушпцкаго монастыря Пгуменъ 1оиль.
Великаго Новаграда Тихвийа монастыря Архимандритъ
Варлаамъ.
(56* ЧАСТЬ TPETÏfl. - TROISIÈME PARTIE.
§2.
Д'ВЙСТВО ДУХОВНЫЯ (КОЛЛЕГШ.
(mode d'action du collège ecclésiastique. — p. 238.)
О дтьйствахд Духовным Коллегш собственно здть не напи-
сано; понеже Царское Величество приказала дтйствоватъ по
„Генеральному Регламенту".
§3.
СИЛА ДУХОВНЫЙ [КОЛЛЕГШ.
(pouvoir du collège ecclésiastique. — p. 239.)
Силу же Духовныя коллегш Его Царское [Величество Высо-
кодержавною своею властно благоизволилъ дать таковую, яковая
является въ пменномъ Его Величества Указв, въ начал!; сего
Регламента напечатаномь. Такожъ и въ ниже ноложенныхъ Его
Государевыхъ Резолюц'шхъ, которыя Его Величество собствен-
ною своею Высокомонаршею рукою написать изволилъ, на пред-
ложенная Его Величеству Духовной Коллегш „Пункты", гд-в Его
Величество и титлу „Святвйшаго Правительствующего
Синода" Духовной Коллегш опред'влилъ.
ПУНКТЫ
На которые Царское Пресвттлое Величество собствен*
ною своею и Высоко манаршею рукою соизволило учинить
резолюцию (рттете). — См. Ноли. Собр. Зак, Т. VI (3734),
14 Фебр. 1721, стр. 355-356.
POINTS
SUR LESQUELS SA MAJESTÉ TSARIENNE SÉRÉNISSIME DE SA PROPRE МАЩ
HAUT-MONARCHIQUE, DAIGNA DONNER UNE RÉSOLUTION. — P. 240. ,
Царскому Прссвптлому Ве-
личеству во доклада.
1.
Въ церковныхъ служешяхъ,
гдЬ было ïlaTpiapme имя возно-
симо. вмЬсто онаго Правитель-
ствующего Духовнаго собрат я
пменоваше подобаетъ ли возно-
ситп по ипжеположенной Форме;
ФОРМА.
„... О Святвйшемъ Пра-
вительствующемъ собра-
iiin, честн-Бмъ цресвитер-
ств!> и прочая."
И сей титулъ, СвлттъйшШ, ни-
кому же партпкулярно присвоит
ся,но токмо всецълому собрашю.
2.
О прилучающихся требова-
шяхъ отъ Правительствующего
Духовнаго собранш въ Нравп-
тельствуюиии Сенатъ, такожде
Его Царскаго Величества
собственной руки нодписате.
„О свят*йшемъ Синод t."
или „О Свягвйшемъ Пра-
внтельствуинцем'Ь Сино-
да."
IjS"1
ЦАРЕМЪ РЕШЕННЫЕ ПУНКТЫ.
и въ Коллегш, и отъ иихъ въ
Духовное собрате каковымъ
образомъ письменное обхожде-
iiie имвть (*): а на IlaTpiapine
имя Указовъ ни отъ куду не
присылалось?
Духовная же Коллепя пм-вть
честь, силу и властъ XlaTpiap-
шескую или едва и не большую,
понеже соборъ.
3.
Въ праздныя Enapxiu въ ду-
ховномъ собранш избирать ли
въ Apxiepen, и по доношенно
Царскому Пресввтлому Вели-
честву, оныхъ къ поставленно
и къ м'встамъ определять ли?
4.
ПатрЕаршп, Арх^ерейсшя и
монастырсшя вотчины, зборамп
и правлешемъ, которыя вьдомы
были въ монастырскомъ прика-
за въ одной Духовной Коллегш
выдать ли, того ради, что оныя
отъ, гражданскпхъ управителей
пришли въ скудость и пустоту?
А Духовная Коллепя присягою
обязалась какъ въ В'Ьрности,
такъ и во псканш интереса
Царскаго Величества протпвъ
прочихъ Коллепй не меньше.
А въ Регламенте Духовномъ по-
ложено, что такое пра::лс1ио над-
лежитъ до Духовной Коллегш.
(*) Поля. собр. зак., iMimems.
Въ Сенамъ в1>дешемъ п за
подппсашемъ всЬхъ; а въ Кол-
легии такъ какъ изъ Сената
пишумъ, и за подппсашемъ толь-
ко Секретаркскимъ.
Выбирать по двгЬ персоны, и
которую опредЬлимъ, посвящать
и определять.
Быть по сему,
ИНСТРУКЩЯ
ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ СВЯГМШАГО СИНОДА (*).
INSTRUCTION
DU BIÎOCUPEUR SUPRÊME DU TRÈS-SAINT SYNODE. — P. 251.
1.
Оберъ-Прокуроръ повпнспъ сндъть въ Сунодп, п смотр-Ьть
накрвпко, дабы Сунодъ свою должность хранилъ, и во псвхъ
дълахъ, которыя къ Онодскому разсмотрешю u р liiiieiiiro подле-
жатъ, истинно, ревностно п порядочно, безъ потеряшя времени,
но Регламентамъ и Указамъ отправлялъ, развЬ какая законная
причина ко отправлен'по ему помъшаетъ, что все записывать
повиненъ въ свой юрналъ; также накр1шко смотр-Ьть, чтобъ въ
Сунод-в не на столЬ только дЬла вершились, но самымъ д/Ьй-
ствомъ по Указомъ исполнялись. Въ чемъ онъ долженъ спраши-
вать у тЬчъ, кто на что Указы получилъ, нсполненоль по нихъ
въ такое время, въ которое начало и совершенство она го испол-
нено быть можетъ; и буде не исполнено, то ему въдалъ надле-
житъ, для какой причины: невозможность ли какая помъшала,
или по какой страсти, пли за леностно? и о томъ немедленно
Сгноду предлагать долженъ. Для чего повиненъ пмъть книгу, въ
которой записывать на одной половинъ, въ который день какой
Указъ состоялся; а на другой половинЬ записывать, когда что
по оному Указу исполнено или не исполнено, п для чего, и про-
ч'ш обстоятельства нужный вносить.
2.
Также долженъ накрепко смотръть, дабы Сунодъ, въ своемъ
званш праведно и нелицемерно поступалъ. А ежели что увидитъ
(*) См. выше, пршгьчаше стр. 251. — Поли. Собр. Зак. Т. VI (4030)
13 1юн. 1722, стр. 721-722.
70* ИНСТРУКЦШ ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ СИНОДА.
противное сему: тогда въ тотъ же часъ повиненъ предлагать
Оноду явно, съ полнымъ изъяснешемъ, въ чемъ они, юш нвко-
торые изъ нихъ, не такъ делаютъ, какъ надлсжитъ, дабы испра-
вили. А ежели не послушаютъ; то долженъ въ тотъ часъ про-
тестовать, и оное д'вло остановить, и немедленно донесть НАМЪ,
естьли весьма нужное: а о прочихъ въ бытность НАШУ въ
Сунодгв или по-М'Бсячно, или понедельно, какъ Указъ иметь бу-
детъ. Такожъ надлежптъ Оберъ-Ирокурору въ доношешяхъ
явныхъ, которые онъ будетъ подавать НАМЪ, осторожно и раз-
смотрптельно поступать, дабы напрасно кому безчестш не учи-
нить. Такимъ образомъ ежели увпдитъ какое двло , хотя и про-
тивное ему покажется, да не ясно, или два вида имеющее: то
протестащею остановя, не тотъ часъ доносить, но посоветовать,
съ кбмъ онъ заблагоразсудитъ. II ежели увидитъ, что подлинно
такъ, или более изъяснить и сумньчпя миновать не можетъ, то
доносить НАМЪ; однакожъ более недели въ томъ не мешкать.
А ежели зело ясно; то немедленно доносить въ нужныхъ, а въ
прочихъ, какъ выше писано, такожъ не медля более неделижъ,
не отговариваясь никакими нуждами, разве МЫ будемъ во отлу-
ченш: то однакожъ письмомъ, въ тожъ время написаннымъ, и
немедленно съ нарочнымъ послать. А ежели какое неправое
доношенш учинить по какой страсти; то будетъ самъ наказанъ,
по важности дела.
3.
Долженъ смотреть надъ всеми Прокуроры, дабы въ своемъ
званш истинно и ревностно поступали. А ежели кто въ чемъ
преступить, то оныхъ судить въ Онодв; и долженъ все Проку-
рорами доношешя предлагать Оноду и инстиговать, чтобъ по
нихъ исполнено было. Также, ежели на Прокураторовъ будутъ
доношешя, что они звашй своихъ истинно п ревностно не пспоя-
няютъ; то ихъ въ судъ представлять Онодужъ.
4.
Долженъ онъ Фпскаловъ доношенш, о чемъ ихъ должность
есть, противъ 7 пункта о ихъ должности, прпмать, н предлагать
Оиоду и инстиговать: также за Фискалами смотреть, и ежели
что худо увидитъ, немедленно доносить Оноду.
ИНСГРУКЦШ ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ СИНОДА. Il*
5.
Емужъ должно въ своей дирекцш им-бть Канцелярно Сунод-
ск^ю, п служителей оной.
6.
Экзекуторъ въ Онодб нмветъ быть подъ дирекщею Оберъ-
Прокурора.
7.
Фискалы въ Коллеияхъ и Надворныхъ Судахъ должны до-
носить о всемъ своимъ Прокурорамъ, а Земскихъ судовъ Фискалы
въ Земскихъ судахъ. А ежели въ т-бхъ судахъ не будутъ следо-
вать и праведно исправлять : то доносить въ Коллег inxb и Над-
ворныхъ судахъ Прокурорамъ же, о чемъ гдЬ надлежитъ. А
ежели Прокуроры по 'тбмъ доношешямъ будутъ мвшкать взыска-
шемъ чрезъ положенное время, или манить, о томъ должны Фис-
калы доносить Оберъ-Фискалу, а Оберъ-Фискалъ Генералу Про-
курору. А ежели и Оберъ-Фискалъ не донесетъ, или станетъ
мъшкать въ томъ; то прямо Генералу Прокурору доносить и на
Оберъ-Фискала.
8.
Вст. о важныхъ дт>лахъ Указы, также, ежели неисправлеше
какое будетъ въ которыхъ управптеляхъ, что розыску, или до-
правки какого штрафа на опыхъ, посылать не на почти, но съ
• посыльными отъ Экзекутора, дабы съ полнымъ репортомъ всегда
возвращались, что сделано, или за чЬмъ не льзя было сделать.
А въ Коллегш и въ ripo4in ближшя мъста Указы посылать съ
Экзекуторомъ, дабы репорты въ Онодъ ппеменные отъ Прези-
дентовъ за ихъ руками приносилъ, котораго числа оные изъ
Онода получили, которое должно вносить въ книгу, дабы, ежели
въ такое время, въ какое по Указу какое дело мочно исполнить,
а во оное репорту не будетъ въ Сунодъ, мочнобъ было по оной'
заппск'Б взыскать.
9.
Оберъ-Прокуроръ ничьему суду не подлежитъ, кромъ1 НА-
ШЕГО. А ежели во отлученш НАШЕМЪ явится въ тяжбой и
времени не терпящей винЬ, яко измьнЬ; то Сунодъ можетъ
?Р ИЙСТРУКЦШ ОБЁРЪ-ПРОЁУРОРУ синода.
арестовать п разыскивать, а дЬло приказать иному кому: одна*
кожъ никакой пытки, эксекуцш, или наказашя не чинить.
10.
О которыхъ двлахъ Указами ясно не изъяснено; о тЬхъ
предлагать С\гноду, чтобъ учинили тгв д'Ьла ясные Указы противъ
Указу Апр-вля 17 дня, 1722 году, которой всегда на столъ- дер-
жится; п какъ сочинять, доносить НАМЪ. II ежели въ попол-
неше сей пнструкцш что усмотрнтъ, о томъ доносить ше.
11.
И понеже сей чпнъ, яко око НАШЕ, и стряпчш о д/влахъ
Государственных'!); того ради надлежитъ в'Ьрно поступать, ибо
перво на немъ взыскано будетъ. II ежели въ чемъ поманить,
или пнако какимъ образомъ ни есть, должность свою в1здт>шемъ
н волею преступптъ; то, яко преступнпьъ Указа и явный разо-
ритель Государства, наказанъ будетъ. Буде же весьма не вы-
мысломъ, то оному въ вину не ставить: понеже лучше доноше-
шемъ ошибиться, нежели молчашемъ; однакожъ ежели то часто
будетъ употреблять то не безъ вины будетъ.
Подлинная Епстручцш, во отсутствии ЕГО IIMÏÏEPATOP-
СКАГО ВЕЛИЧЕСТВА, подписана Сенаторскими руками, по
ЕГО ИМПЕГАТОРСКАГО ВЕЛИЧЕСТВА Лмлнному Указу,
тако :
Канцлеръ ГраФъ Головкшгь
Князь Григорсй Долгору-
кой.
Баронъ Метръ ШаФировъ.
Оберъ-Секретарь Иванъ Позняковъ.
Секретарь Иванъ Ларюновъ.
Канцеляриста Оедоръ Иероновъ.
1юня 13 дня, 1722 году.
КОНЕЦ Ъ'.
ГраФъ Нковъ Крюсъ.
ГраФъ Иванъ Мусинъ-Пуш-
кинъ.
ГраФъ Андрей Матвъовъ.
ОГЛАВЛЕШЕ.
СТР.
Указъ для учреждешя Духовныя Коллега 1*
Присяга членамъ Духовныя Коллеги .. * • » 3*
Регламенте или Уставъ Духовныя Коллеги. ( 6*
ЧАСТЬ 1ЩРВАЯ. Что есть Духовное Коллейумо, и каковыя суть важных
вины таковаго правлешя? 6*
ЧАСТЬ ВТОРАЯ. Дгьла управлетю сему подлежащая.
Дъла общая 12*
Д*ЛА собственная.
§ 1—3. Дтьла Еписпоповъ 18*
Объ анавемъ- 23*
Объ отлученш ■ 27*
О пастырскомъ поевщенш 29*
§ 4. Домы училищные и въ нихъ учители и ученики, такожь и
церковные щюповтдники 32*
Объ Академн 35*
О Семинарш * 42*
Регулы ко врачеванпо скуки 44*
О пропов-вдникахъ 46*
§ 5. Шрстя особы, поелику участии суть наставлетя духов-
наго 49*
ЧАСТЬ ТРЕТШ. Самыха управителей должность, дтьйство и сила . 56*
§ 1. Управителей должность 57*
§ 2. Дтьйство Духовныя Коллсг'ш 66*
§ 3. Сила Духовныя Коллсгш 66*
Царемъ ръшенные Пункты 67*
Инструкщя Оберъ-Прокурору Святвйшаго Синода 69*
Въ издаиш „Полыаго Собрашя Законовъ", встречаются нЬ-
которыя грамматпчесшя п ороографпчестя Формы, шшичакшияся
отъ Форыъ употреб!яемыхъ въ Московскомъ и, слЬдоватвльно,
въ настоящемь издан1п. А именно:
Dans l'édition de la « Collection complète des lois » on rencontre
74*
des formes grammaticales et orthographiques qui diffèrent de celles
employées dans ledition de Moscou, et par conséquent dans la présente
édition. Ce sont les suivantes :
Вй настотцема нзданш.
Dans la présente édition.
Епископймъ , причетнишмъ , уста-
вямъ, Хрпстчанямъ.
Благодьтелемъ, людемъ. О заповъ-
дехъ, о прпбылехъ. Иные, таковые,
сумнптельные. По частемъ. И про-;
чес. Всплескивать. Времени. — Ре-
портомъ. — Въ заключена. — Нае-
днн'Ь. — Разсмотрсшю.
Смотреть. Санкпштербургь.
Хргстъ, Xp/CTiaHCKiîi.
По уставомъ. Семпнаристомъ, коз-
нодьйшнковъ, конторъ, росходовъ.
Самого.
Отъ куд/. Отъ.. году.
Епископы. Возымъли.
Благовол/ьше, въдя-ше, насмотршие,
прил/ьжно, крайнга (иартъч.) — Въ
дом/ьхъ, въ догмат/ьхъ. — Въ
церквъ.
ТОрналъ.
Главныл. — Быть служптеллмъ, упра-
вптеллмъ. Имлннымъ. Славлнсшй.
Себя (дат.)
ЕвФроспна. — Ексйминаторы. — Слу-
жителями. — Дешевле.
Седмомъ, осмомъ, букварнаго.
Искуствомъ, руское.
Впреки. — М/шховъ. — Селенсшй.
Надо 6t. - ê
Чрезообычайныхъ , умерлъ, ес/нмп
надсматривать.
Вй изд: „Полнаго Собратл'За-
КОНОво."
Dans l'édition de la ^Collection
complète des lois."
Епнскопомъ , прпчетникомъ , уста-
вомъ, ХристЕаномъ.
Благодътеллмъ, людямъ. О заповъ-
длхъ, о прибыллхъ. Иныл, таковыл,
сумнительныл. По частлмъ. II про-
чил. Спллскивать. Времлни. —
Ргшортомъ. — Въ зак.дачен1м.— Нао-
динГ.. — Разсмотршшо.
Смотреть. Санкпетербургъ.
Хрмстъ, Хрмсиансшй.
По уставешъ. Семина рнстешъ, тз-
нодъйпгаковъ, мнторъ, рясходовъ.
Самг/то.
Откуда. Отъ.. годя.
Епнскопм. Возгшъяи.
Благоволеше , въдеше, насмотреше,
прилежно, крайпе (иарпч.). ■ — Въ до-
мегхъ, въ догмате/хъ. — Въ церквг/.
Дгрналъ.
Главные. Быть служителемъ, унрави-
телемъ. Пменнымъ. Славснсшй. —
Себ'В (дат).
Ег'Фроснна. — Еюаминаторы. — Слу-
жптеллми. — Дешевле.
Седьмомъ, осьмомъ, букварьнаго.
Искусствомъ, русское.
Вопреки. — Мо«аховъ. — 7?селен-
ciîifr. Надобно.
Чрезобычайныхъ , умеръ, если, на
сматривать.
75*
Во первыхъ, не возможно...
Вопервыхъ, невозможно.
Вонстпнну, понстиннь, надолзь... кто- i Во истшшу, по истиннъ, на долзь .
му... что.тиво... егожъ, такожъ, та- къ тому... что либо... его жъ, тако
коежъ, тъмжс... давалпбъ... долж- | жъ, такое жъ, тъмъ же... давали бъ,
иыбъ, подалибъ... должны бъ, подали бъ...
По книгамъ честь (стр. 20. IX). Въ кнпгахъ честь.
Ирилучится (стр. 49. 10). Лучится.
О спхъ вар1антахъ, и вообще объ языке „Духовнаго Регла-
мента" см.: Введете Францускаго пздашя тогоже.
Voir sur ces variantes et, en général, sur la langue du « Règle-
ment ecclésiastique » Y Introduction de l'édition française.
ц .но 6 ш
__j№tions de la Société Bibliographique
LES^ ^
SOUS 10UIS XVI
et les divisions administratives de 1 Г 89
' -,\ "Par le vicomte de LÙÇAY.
Cn volume gr.-inT8 de vin-536pà|es.; . y. . / . . Щ Щ
HISTOIRE DES FRANÇÀ IS DANS L INDE
DEPUIS LA FONDATION
DE POND.CHERT JUSQU'A LA ИВД DE CETTE VILLE {1„4 [ш)
* Par le lieutenant-colonel MALLEaOX.
' V Traduit.de l'anglais par Мше S. Le Page.
CRITIQUES ET RÉFUTATIONS
M. HENRI MARTIN & SON HISTOIRE DE FRANCE
V Par M. Henri de L'ÉPLNOIS.
Un volume gr. in-18 de xi-480 pages. . . .Л.-; !,« .... 3 fr 30 -
HISTOIRE DE LaIeSTAURATION
Par M. Henri de L'ÉPINOIS. "
Un volume gr. in-18 de rv-302 pages, ... ; . ;:„ 0 ;
L'AVENIR DeI^EGLISE RUSSE
Par le H. P. C. TONDINI, Barnabite.
Grand in-8 raisin de 80 pases. .
Sous presse s
RÉPERTOIRE
- ' .'" ■""■'; " des ~ , v'
SOURCES HISTORIQUES DjU MOYEN AGE
CONTENANT PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
.par M. l'abbé G. UT. J. CHEVALIER ■ \
Sons la direction de MM. A. p^ABTHÉLEMT, Boutaric et Ш Гап.
Un volume gr,in-8 compacte à 2;coIonne^ ÈM^
ê SAmT^UENTIN. -IMP., JULES MOUBEAU. '