Skip to main content

Full text of "Règlement ecclésiastique"

See other formats


Please 

handle  this  volume 

with  саге. 

The  University  of  Connecticut 
Libraries,  Storrs 

»  »  »  »  +.4~Ь.^~*.+ 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

Boston  Library  Consortium  Member  Libraries 


http://www.archive.org/details/rglementecclOOruss 


ïtÈGLEMENT  ECCLÉSIASTIQUE 


/fi 


DE  PIERRE  LE  GRAND 


TRADUIT    EN    FRANÇAIS    SUR    LE    RUSSE 


AVEC     INTRODUCTION     ET      NOTES 


LE  R.  P.  G.  TONDINI 

Barnabite 

ÉDITION.  ACCOMPAGNÉE    DB    LA    TRADUCTION    LATINE 

Imprimée  à  Saint-Pétersbourg,,  en  1783,  par  les  soins  du  prince  Grégoire  Ротемкиг 

DU     TEXTE     RUSSE     ORIGINAL 
ET    DE  ' 

INSTRUCTION   DU  PROCUREUR  SUPRÊME    DU   SYNODE 


PARIS 
lIRIE    de    la    société    bibliographique 

75,    RUE    du    bac,    75 
itfc  Oates  '       *Br|jxelles, 

Pbrtrn.  Street, 


REGLEMENT    ECCLESIASTIQUE 


DE 


PIERRE  LE  GRAND 


STATUTUM  CANONICUM 

S1VE 

ECCLESIASTICUM 

PETRI     MAGNI 


VULGO 


REGULA MENT UM 


духовный      v-еЛ;  ^*. 

РЕГЛАМЕНТЪ 

ПЕТРА     ВЕЛПКАГО 


SAINT-QUENTIN.    —   1MPKIMERIE   JULES    JIOUUEAII. 


/6gf- 


RÈGLEMENT  ECCLÉSIASTIQUE 

DE  PIERRE  LE  GRAND 


TRADUIT    EN     FRANÇAIS    SUR    LE    RUSSE 


avec;    introduction    et    n oies 


LE  R.  P.   С  ÏONUINI 

Darnabitu 

ÉDITION    ACCOMPAGNÉE     DE    LA    TRADUCTION     LATINE 

Imprimée  à  Saint-Pétersbourg,  en  17S5,  par  les  soins  du  prince  Grégoire  Potkmkin 

DU     TEXTE     RUSSK     ORIGINAL 
KT    DE 

l'instruction  du  procureur  suprême  du   synode 


PARIS 

LIBRAIRIE     DE      LA     SOCIÉTÉ     BIBLIOGRAPHIQUE 

75,     RUE     DU     BAC,     75 

LoNDON,    BUKNS    AND    ÛATES       I  BRUXELLES,    H.    GOEMAERE 

Poi'tm.  Street,  Portm.  Square,  17  .  Rue    de    la  Montagne,    52 

1874 


-  ]...-• 


x»xj  лмсэелмсэе  .Алслсэетегхй 


ÉTUDES  SUR  LA  QUESTION  RELIGIEUSE  DE  RUSSIE 


LA  PRIMAUTÉ  DE  SAINT  PIERRE,  PROUVÉE  PAR  LES  TITRES 
QUE    LUI    DONNE    L'ÉGLISE    RUSSE    DANS    SA   LITURGIE. 

Paris,  Palmé,   1867. 


THE   POPE  OF    ROME   AND   THE   POPES    OF    THE    ORIENTAL 
ORTHODOX  CHURCH.   Londorr,  Longmans.  1871. 

Même  ouvrage  en  français. 

LE  PAPE  DE  ROME  ET  LES  POPES  DE  L'ÉGLISE  ORTHODOXE 
D'ORIENT.   Paris,  Pion,  1874\   (A  paraître  prochainement.) 


L'AVENIR    DE    L'ÉGLISE    RUSSE.    Paris,    librairie    de    la    Société 
bibliographique.   1874. 


INTRODUCTION 


I.  Pourquoi  nous  publions  Je  «  Règlement  ecclésiastique  ;  a  importance  de  ce  docu- 
ment. —  Étatde  l'Église  russe  au  temps  de  Pierre  I". —  Théophane  Prokopovitch, 
auteur  du  «  Règlement.  » 

II.  La  langue  russe  au  temps  de  Pierre  Ie"'.  —  Le  «  Règlement  »  comme  monument 
littéraire.  —  Premières  éditions  du  «  Règlement.  » 

III.  Traductions  du  «  Règlement  »  en  diverses  langues  :  en  allemand,  en  anglais, 
en  grec  moderne.  —  Traduction  latine  imprimée  à  Saint-Pétersbourg  en  1785. 

IV.  Notre  traduction  française.  —  Les  notes  au  «  Règlement  ;  »  raison  de  leur  éten- 
due. —  Sources  auxquelles  nous  avons  puisé. 

C'est  pour  contribuer  à  hâter  la  délivrance  de  l'Église  russe 
que  nous  publions  le  Règlement  ecclésiastique  de  Pierre  le  Grand. 

Rien  n'est  plus  éloquent  que  la  vue  même  de  la  souffrance  ; 
cette  pensée  nous  a  guidé  dans  le  choix  de  cette  publication. 
Nous  voudrions  intéresser  à  la  situation  religieuse  de  la  Russie 
tous  ceux  qui  sentent  la  dignité,  la  valeur  et  l'indépendance  de 
leur  âme;  qui,  catholiques  ou  non,  pensent  que  Dieu  seul,  et 
l'autorité  mandataire  de  ses  volontés ,  ont  le  droit  de  com- 
mander aux  consciences  ;  qui,  enfin,  sont  convaincus  que  celte 
«  royale  liberté  »  nous  a  été  conquise  par  le  sang  de  Jésus-Christ, 
et  ne  veulent  pas  rejeter  légèrement  un  trésor  acheté  à  un  tel 
prix.  Or,  rien  ne  saurait  mieux  intéresser  à  la  situation  reli- 
gieuse de  la  Russie  ceux  qui  partagent  ces  convictions,  que  de 
connaître  le  Code  religieux,  encore  en  vigueur  aujourd'hui , 
imposé  par  les  Tsars  à  l'Église  russe  et  d'entendre  le  langage 
que  lui  tiennent  ses  dominateurs. 

Pierre  le  Grand  se  vantait  d'avoir  été  supérieur  à  Louis  XIV  en 
un  point.  «  J'ai  forcé,  disait-il,  mon  clergé  à  l'obéissance  et  à 


(4 


VI  INTRODUCTION. 

la  paix,  et  Louis  XIV  s'est  iaissé  dominer  par  le  sien  *.  »  C'est 
pour  obtenir  cette  supériorité  sur  le  souverain  français,  qu'il 
avait  fait  rédiger  le  «  Règlement  »  et  l'avait  imposé  de  force  aux 
dignitaires  de  son  Église.  Pierre  non-seulement  en  était  satis- 
fait, il  en  était  fier  ;  il  considérait  le  «  Règlement,  »  comme  son 
chef-d'œuvre  ,  et  l'appelait  avec  ironie  son  Patriarche.  Politique- 
ment, ce  document  est,  en  effet,  un  chef-d'œuvre,  et  Machia- 
vel lui-même  n'en  eût  pas  désavoué  la  paternité. 

En  d'auîres  temps,  la  publication  du  «  Règlement  »  eût  pu  être 
dangereuse.  On  aurait  admiré  le  talent  qu'il  révèle,  et  le  génie 
aurait  fait  oublier  le  despote.  De  nos  jours,  nous  ne  pensons  pas 
qu'un  tel  danger  soit  à  craindre  :  l'instruction  ayant  été  géné- 
ralisée, il  est  assez  commun  de  trouver  des  esprits  qui  se  croient 
très-sincèrement  supérieurs  et,  comme  tels,  ne  subissent  pas 
volontiers  l'ascendant  du  talent.  D'ailleurs,  tout  le  monde 
possède  aujourd'hui  quelque  teinture  d'histoire,  assez  du  moins 
pour  comprendre  que,  s'il  y  a  un  fléau  pour  les  peuples  , 
c'est  bien  le  talent  mis  au  service  du  despotisme. 

Despotisme  !  ce  mot  est  bien  dur ,  et  même  en  parlant  de 
Pierre  Ier,  nous  voudrions  en  atténuer  la  portée.  Dans  l'impossi- 
bilité de  nier  le  fait,  nous  obéissons  à  un  sentiment  de  justice  en 
déclarant  que,  si  Pierre  a  été  un  despote,  il  faut  en  faire  remon- 
ter la  responsabilité  à  ceux  qui  eurent  de  l'influence  sur  ses  con- 
victions religieuses,  plus  qu'à  lui-même.  Ce  n'est  pas  de  lui- 
même,  ni  d'après  l'enseignement  religieux  de  son  Église,  que 
Pierre  se  forma  des  idées  aussi  exagérées  sur  l'étendue  de  son 
pouvoir.  Jusqu'à  son  avènement  au  trône,  l'Église  russe  n'avait 
pas  encore  abdiqué  son  indépendance;  en  principe,  du  moins, 
elle  ne  reconnaissait  pas  au  Tsar  le  droit  de  la  gouverner.  C'est 
dans  les  pays  protestants,  en  Hollande  et  en  Allemagne,  que 
Pierre  apprit  la  théorie  de  la  double  puissance   des   souve- 

(I)  Voi.tairk,  Histoire  de  Pierre  le  Grand,  II0  part. ,  cli.  XIV. 


INTRODUCTION.  VII 

rains  sur  les  corps  et  sur  les  âmes,  théorie  païenne  remise  en 
honneur  par  le  protestantisme  К  Les  Étals  protestants,  chacun 
avec  son  Église  officielle,  gouvernée  par  le  souverain,  lui 
suggérèrent  la  pensée  de  donner  à  l'Église  russe  une  organi- 
sation analogue  à  celle  des  Églises  protestantes.  Les  conseillers 
allemands,  dont  il  s'entoura,  le  soutinrent  dans  cette  tâche,  en 
soutenant  ses  convictions  protestantes  sur  l'étendue  illimitée  de 
son  pouvoir;  sins  eux,  certainement,  il  eût  faibli. 

Pierre  fut,  du  reste,  favorisé  par  les  circonstances.  Et  d'abord 
divers  événements  avaient  déjà  préparé  la  Russie  à  subir  son  au- 
tocratie religieuse.  Un  peu  plus  d'un  siècle  avant  Pierre,  les 
puissants  Tsars  de  Moscovie  avaient  obtenu  des  quatre  Patriarches 
de  Constantinople  ,  d'Alexandrie,  d'Antioche  et  de  Jérusalem, 
l'érection  d'un  cinquième  patriarcat  à  Moscou,  avec  les  mêmes 
droits  que  les  autres.  Le  Patriarche  de  Constantinople,  Jérémie, 
s'était  rendu  en  personne  à  Moscou,  et  la  consécration  épiscopale 
dont  l'élu,  Job,  était  déjà  en  possession,  n'ayant  pas  été  jugée  suffi- 
sante, parce  que.  disent  les  documents  du  temps  «  il  fallait  une 
double  grâce  pour  devenir  Patriarche  »  Jérémie  lui-môme,  de 
ses  propres  mains  ,  en  dépit  des  canons  et  des  dogmes  de  son 
Église,  renouvela  sur  Job  l'imposition  des  mains,  l'invocation  du 
Saint-Esprit,  et  tout  le  rite  delà  consécration  épiscopale  2.  Par 
l'érection  du  patriarcat  moscovite,  ainsi  accomplie,  l'Église  russe 
devint  nationale  et  indépendante  de  celle  de  Constantinople  ; 
mais  aussi,  selon  la  loi  constante  et  fertile  en  enseignements 


(1)  Frédéric  Liitiens,  l'auteur  luthérien  de  la  Disserlatio  de  religione  Ruthenorum 
liodierna,  trouve  aussi  un  point  de  ralliement  entre  la  religion  de  Pierre  et  la  doc- 
trine de  l'Eglise  évangélico-luthérienne  en  ce  que  summa  ilta  et  independem  episco- 
palis  potestas  (des  papes)  e  diametropugitat  cum  jure  Majestatico  C£RCa  Sacha  ,  quod 
antecessores  Pelri  I  non  neylvxerant,  hic  autem  gloriosissimus  [mperalor  singulari  studio 
sibi  vindicavit...  Lutiens,o^.  ci7.  g  XXII,  p.  64.  Nous  reviendrons  sur  cette  dissertation. 

(2)  Voir,  pour  les  preuves,  The  Pope  of  Home,  etc.,  p.  141.  (Édit.  franc., p.  224-227.) 


VIII  INTRODUCTION. 

de  toutes  les  Églises  nationales ,  il  fut  dès  lors  plus  facile  aux 
Tsars  de  lui  imposer  leurs  volontés.  La  seule  garantie  d'indépen- 
dance qui  restât  à  rÉglise  russe  se  trouva  nécessairement  réduite 
à  la  fermeté  de  ses  Pasteurs,  surtout  de  son  premier  Pasteur, 
le  Patriarche  de  Moscou. 

Parmi  les  Patriarches  de  Moscou  ,  il  s'en  trouva  un,  en  effet  , 
doué  d'une  âme  vraiment  épiscopale;  ce  fut  Nicon,  qui  occupa  le 
siège  patriarcal  du  temps  du  Tsar  Alexis  Mikhaïlovitch,  père  de 
PierreTr.  L'histoire  de  l'Église  ,  sous  le  patriarche  Nicon,  c'est 
l'histoire  de  la  lutte  suprême  soutenue  par  ce  prélat  pour  sauver 
l'indépendance  du  pouvoir  spirituel.  Il  ne  fut  pas  secondé,  et,  un 
jour,  il  se  trouva  presque  seul  à  lutter  contre  le  Tsar.  Par  un  tra- 
vail habilement  dirigé  ,  les  autres  Évêques  avaient  été  gagnés  au 
parti  du  Tsar.  Nicon,  condamné  par  ses  frères  dans  Tépiscopat 
(1666-67),  succomba,  mais  il  succomba  en  martyr. 

Le  jour  n'est  pas  loin,  nous  l'espérons,  où  les  Évêques  russes  se 
demanderont  s'il  ne  vaut  pas  mieux  succomber  comme  Nicon, 
que  de  rester  Évêques  comme  on  l'est  en  Russie. 

Le  Concile  de  Moscou,  qui  condamna  Nicon,  marque  le  com- 
mencement de  Fagonie  de  l'Église  russe  ;  elle  se  prolongea  jusqu'à 
l'an  1700,  époque  où  mourut  le  dixième  patriarche  de  Moscou, 
Adrien.  Pierre  venait  de  rentrer  en  Russie  après  son  premier 
voyage  à  l'étranger  ;  le  moment  était  favorable  pour  achever 
l'œuvre  de  réforme  religieuse  commencée  par  son  père.  Plus  in- 
telligent que  ce  dernier  ,  Pierre  comprit  que  si  la  faiblesse  des 
successeurs  de  Nicon  avait  laissé  le  Tsar  tranquille,  le  danger 
de  se  trouver  de  nouveau  en  face  d'un  pouvoir  peu  docile 
subsistait,  tant  qu'existait  le  patriarcat.  Nicon  avait  succombé  ; 
mais  tout  le  clergé  ne  s'était  pas  rangé  du  côté  de  ses  adversaires  : 
on  murmurait  tout  bas  confre  les  empiétements  des  Tsars  ,  et  le 
cas  pouvait  se  présenter  où  le  siège  patriarcal  serait  occupé  par 
un  homme  qui,  dans  des  circonstances  données  ,  s'inspirerait  du 
souvenir  des  luttes   du  grand  Patriarche.  Pierre  n'était  pas  dis- 


INTRODUCTION.  IX 

posé  à  reconnaître  dans  cette  difficulté  même  qu'il  y  avait  de 
tracer  d'une  manière  précise  les  limites  des  deux  pouvoirs,  une 
disposition  de  la  Providence  pour  ouvrir  un  plus  vaste  champ 
à  la  vertu.  Il  pensait  et  disait  publiquement  que  Fidée  des  deux 
puissances  était  absurde.  Il  était,  sur  ce  point,  tellement  d'accord 
avec  les  protestants,  que  son  langage  était  le  même  et  qu'il  leur 
empruntait  jusqu'à  leur  formule  favorite  :  qu'un  pouvoir  reli- 
gieux indépendant  «  constitue  un  État  dans  l'État  '.  »  Cette  véri- 
table grandeur  qui  consiste  à  savoir  se  sacrifier  pour  le  bien 
d'autrui  et  plutôt  que  de  léser-un  seul  droit,  lui  faisait  défaut; 
son  esprit  était  trop  absolu  pour  qu'il  pût  admettre  la  seule  pensée 
d'un  Concordat  :  aussi  préféra-t-il  trancher  les  difficultés  à  sa 
façon  ;  il  fut  despote,  plutôt  que  de  tolérer  des  obstacles  à  l'ac- 
complissement de  ses  plans. 

Ici  nous  laissons  la  parole  à  un  Mémoire  sur  la  réforme  de  l'É- 
glise russe,  envoyé  par  la  Cour  de  Saint-Pétersbourg  à  Voltaire  2. 

«  A  la  mort  du  dernier  patriarche  de  Moscou  (Adrien ,  f  1700) ,  Pierre 
différa  la  nomination  de  son  successeur,  à  cause  des  troubles  qu'amenait 
la  guerre,  mais  il  donna  l'administration  des  affaires  du  patriarcat  à  Élienne 
Yavorski,  Métropolitain  deRiazan  ,  homme  de  savoir  et  étranger  et,  pour 
cette  raison,  moins  tenté,  pensait-on,  d'abuser  de  la  confiance  qu'on  avait 
en  lui.  Son  titre  était  Exarque  ou  Vice-gérant  du  siège  patriarcal.  Mais  la 
charge  de  gouverner  l'exarchat  n'élait  plus  ce  qu'elle  était  au  temps  des  Pa- 
triarches. Les  petits  détails  étaient  seuls  portés  à  la  connaissance  de 
l'Exarque,  toutes  les  affaires  importantes  étaient  soumises  au  souverain, 
ou  à  une  assemblée  d'Évèques  qui  en  délibérait.  Ces  Évèques  venaient  à 
tour  de  rôle  résider  à  Moscou  ;    quelquefois    on  les  convoquait   expressé- 


(1)  Règlement  ecclésiastique,  Ire  part.,  n°  7,  p.  24-25. 

(2)  Mémoire  inédit  sur  la  re 'forme  de  V Église  russe  envoyé  par  Catherine  11  à  Voltaire. 
Leipzig,  Gerhard,  18вЗ.  —  Dans  notre  Étude  précédente,  The  Pope  of  Rome,  etc.,  p.  31- 
32  (édit.  franc,  p.  51-52),  nous  avons  prouvé  que  ce  Mémoire  n'était  nulle- 
ment   inédit,  mais  qu'il  avait    déjà    paru   en   allemand  et  en  anglais. 


X  INTRODUCTION. 

ment.  En  attendant,  Pierre  ne  cessait  de  chercher  une  meilleure  forme 
de  gouvernement  ecclésiastique  ,  bien  que  le  clergé  n'eût  pas  abandonné 
l'espoir  de  se  voir  rendre  son  Patriarche.  Il  y  eût  même  des  intrigues 
ourdies  à  ce  sujet;  on  en  soupçonna  jusqu'à  l'Exarque;  mais  ces  ef- 
forts furent  vains.  Enfin,  Pierre  le  Grand  déclara  ,  dans  une  assemblée 
composée  de  dignitaires  et  des  membres  les  plus  éminents  du  clergé,  qu'iL 
pensait  qu'un  Patriarche  n'était  pas  nécessaire  à  l'administration  de  l'É- 
glise et  ne  convenait  pas  au  bien  de  l'État,  et  qu'iL  avait,  par  conséquent, 
décidé  de  donner  une  autre  forme  au  gouvernement  de  l'Église.  Cette 
forme  garderait  le  milieu  entre  le  pouvoir  d'un  seul  et  celui  des  Conciles 
généraux,  deux  systèmes  sujets  à  bien  des  inconvénients  ,  vu  la  grande 
étendue  de  l'empire.  Le  nouveau  système  était  un  Concile  permanent  ou 
Synode.  Quelques  membres  du  clergé  firent  des  remontrances  à  ce  sujet, 
prétendant  que  le  patriarcat,  établi  en  Russie,  non  par  la  seule  volonté  des 
prédécesseurs  de  Pierre,  mais  avec  le  concours  des  patriarches  d'Oriont , 
ne  pouvait  être  aboli  qu'avec  l'assentiment  des  mêmes  autorités.  On  aurait 
pu  faire  de  pareilles  représentations  avant  le  temps  de  Pierre  le  Grand  ;  mais 
ce  prince  connaissait  trop  le  pouvoir  que  les  lois  divines  et  humaines  lui 
accordaient  pour  se  rendre  à  leur  sentiment 1.  » 

Ce  langage  et  cette  conduite  nous  montrent  Pierre  entièrement 
sûr  de  lui-même  ;  le  patriarcat  de  Moscou  était  aboli  par  le  seul 
fait  que  le  Synode  était  annoncé.  Les  statuts  du  Synode  venaient 
d'être  achevés  ;  c'est  ce  même  «  Règlement  ecclésiastique  »  que 
nous  publions.  Le  25  janvier  1721  parut  l'ukase  que  le  lecteur 
trouvera  en  tête  du  «  Règlement.  »  «  Il  ne  faut  que  jeter  les 
yeux  sur  cet  ukase,  dit  Voltaire,  pour  voir  que  Pierre  agissait 

en  législateur  et  en  maître Le  serment  (des  membres  du 

Synode)  est  encore  plus  fort  que  celui  de  suprématie  en  Angleterre. 
Le  monarque  russe  n'était  pas  à  la  vérité  un  des  pères  du  Synode, 


(1)  Mémoire  inédit  sur  la  réforme  de  l'Eglise  russe,  p.  17-20.  —  Nous  n'avons  pu 
consulter  de  nouveau  l'édition  française  qui  paraît  avoir  été  le  texte  original.  Le 
passage  que  nous  citons  esL  traduit  de  l'anglais,  à  l'exception  cependant  des  dernières 
paroles  en  italiques,  qui  sont  celles  du  Mémoire  inédit. 


INTRODUCTION.  XI 

mais  il  dictait  leurs  lois;  il  ne  louchait  pas  à  l'encensoir,  mais  il 
dirigeait  les  mains  qui  le  portaient1.  » 

A  partir  de  ce  jour,  l'œuvre  de  Pierre  était  accomplie  :  l'Église 
russe  gisait  mains  et  pieds  liés  devant  le  Tsar.  Si  Pierre  ne  prit 
pas  le  litre  de  chef  de  l'Église,  comme  Catherine  II  et  Paul  I", 
il  en  eut  de  fait  les  prérogatives.  C'est  à  peine  si  l'on  essaya  de 
murmurer.  Voltaire  est  dans  le  vrai  quand  il  dit  qu'on  «  n'osait 
point  désobéira  un  souverain  despotique;  »  il  l'est  aussi,  dans 
un  certain  sens,  quand  il  ajoute  :  «  ni  disputer  contre  un  prince 
plus  éclairé  2.  » 

De  fait,  le  «  Règlement  ecclésiastique  »  montrera  jusqu'où  allait 
le  despotisme  de  Pierre,  despotisme  au  sujet  duquel  Voltaire  se 
montre  si  indulgent  dans  son  Histoire.  On  comprendra  sans  peine 
pourquoi  il  n'est  parvenu  à  la  postérité  aucun  indice  d'op- 
position sérieuse.  Le  «  Règlement  »  montrera  aussi  le  parti  que 
Pierre  sut  tirer  de  la  supériorité  que  lui  donnait  l'instruction. 
Dans  Y  Avenir  de  VEç/lise  russe,  nous  avons  relevé  l'appui  que  la 
science  donne  à  la  foi,  et  nous  avons  exprimé  nos  prévisions  sur 
les  tristes  conséquences  que  le  manque  de  science  suffisante  chez 
le  clergé  pourra  avoir  en  Russie,  le  jour  où  l'Église  russe  devra 
lutter  seule  contre  l'hérésie  et  l'incrédulité.  Ce  qui  arriva  en 
Russie,  au  temps  de  Pierre  1er,  ne  peut  que  confirmer  nos  prévi- 
sions. Le  clergé  russe,  sauf  d'honorables  mais  rares  exceptions, 
n'était  pas  assez  instruit  pour  soutenir  le  choc  du  protestantisme. 
Si,  même  de  nos  jours,  certains  mots  ont  une  si  grande  puis- 
sance; si  ce  qui  vient  de  l'étranger  est  trop  souvent  plus  estimé 
que  ce  qu'on  possède  chez  soi,  on  comprendra  aisément  la  fausse 
position  du  clergé  russe,  plus  riche  en  loi  et  en  attachement 
filial  aux  rites  et  aux  traditions  des  ancêtres  qu'en  dialectique  et 
en  subtilités  d'exégèse  biblique  ;  luttant,  avec  des   armes  iné- 


(1)  V'OLTArRE,  Histoire  de  Pierre  le  Grand,  1  part.,  ch.  X. 

(2)  Id.,  ib. 


XII  INTRODUCTION. 

gales,  contre  ceux  qui  avaient  su  dominer  l'esprit  du  Tsar.  Ajou- 
tons que  Pierre  se  présentait  avec  le  prestige  du  conquérant, 
du  souverain  qui  avait  su  faire  respecter  la  Russie  par  les  autres 
États  de  l'Europe  et  l'élever  au  même  rang.  C'était  une  ère  nou- 
velle qui  s'ouvrait  pour  la  Russie  :  le  vertige  s'emparait  en 
quelque  sorte  des  esprits.  Le  siècle  actuel  a  offert  plus  d'un 
exemple  d'une  telle  exaltation  dominant  tout  un  peuple,  le  faisant 
vivre  pour  une  seule  idée,,  le  rendant  insensible  à  tout  le  reste. 

Pour  compléter  cet  exposé  des  circonstances  qui  ont  favorisé 
l'œuvre  de  Pierre,  il  faut  observer  que  l'Église  russe  était  déjà 
divisée.  Le  même  Concile  de  Moscou  qui,  en  1666-67,  avait  con- 
damné Nicon,  avait  approuvé,  comme  de  droit,  la  révision  des 
livres  liturgiques  entreprise  et  accomplie  par  Nicon.  Le  peuple 
qui,  dans  cette  révision,  avait  cru  voir  une  atteinte  à  la  foi ,  et  pour 
qui  des  erreurs  de  grammaire  et  des  incorrections  de  tout  genre 
étaient  aussi  sacrées  que  des  dogmes,  s'était  soulevé  contre  cette 
innovation  ;  c'est  ainsi  que  prirent  naissance  les  Rascolniques, 
qui  se  subdivisèrent  ensuite  en  un  très-grand  nombre  de  sectes. 
Le  Concile  de  Moscou  s'était,  par  conséquent,  aliéné  du  même 
coup,  d'abord  tous  les  partisans  avoués  ou  secrets  de  Nicon  et 
tous  ceux  qui  étaient  affligés  des  empiétements  des  Tsars,  ensuite 
tous  les  Rascolniques  et  leurs  partisans.  L'Église  russe  se  trouvait 
par  là,  divisée  en  trois,  camps  :  celui  des  Tsars,  celui  de  Nicon, 
celui  des  Rascolniques.  Pierre  n'avait  pas  besoin  de  fomenter  lui- 
même  la  division  pour  dominer  et  asservir. 

Enfin,  Pierre  avait  beau  jeu,  à  cause  des  superstitions  et  des 
abus  qui  existaient  réellement  dans  l'Église  russe,  et  dont  plu- 
sieurs sont  relevés  dans  le  «  Règlement.  »  Tous  ne  savent  pas 
distinguer  entre  Fabus  d'une  ebose  et  la  ebose  elle-même,  entre 
les  défauts  d'une  institution  et  l'institution  elle-même.  Pierre, 
réforma,  en  effet,  beaucoup  de  choses  qui  avaient  besoin  de 
réforme,  —  ce  n'est  pas  ce  dont  nous  nous  plaignons  — ,  mais 
sous  le   prétexte  de  réformer   des  abus,  il  opprima  l'Église  ; 


INTRODUCTION.  XIII 

sous  le  prétexte  d'extirper  les  superstitions,  il  compromit  grave- 
ment la  foi.  L'Église  des  saines  traditions  était  représentée  par 
Etienne  Yavorski,  homme  pieux,  instruit,  mais  faible  :  si  faible 
qu'il  fut  lui-même  le  premier  Président  du  Synode.  On  le  com- 
prend, du  reste  :  faute  d'une  autorité  doctrinale  toujours  vivante, 
toujours  prête  à  rendre  ses  oracles,  l'indépendance  du  pouvoir 
spirituel  ne  pouvait  avoir  que  la  portée  que  lui  assignaient  les 
convictions  personnelles  de  ses  défenseurs;  au  lieu  d'être  défen- 
due comme  un  dogme,  elle  fut  défendue  comme  un  point 
de  discipline.  Le  dogme  trouve  facilement  des  martyrs,  la  disci- 
pline en  trouve  peu. 

Une  bien  autre  énergie  fut  déployée  par  le  prélat  en  qui  se 
résumait,  pour  ainsi  dire,  l'Église  des  Tsars,  par  Théophane 
Prokopoviteh,  l'auteur  du  «  Règlement  ecclésiastique,  »  qu'il 
rédigea,  toutefois,  presque  sous  la  dictée  du  Tsar.  Quelques 
détails  sur  sa  vie  édifieront  le  lecteur  :  nous  les  empruntons  à  des 
écrivains  russes.  Voici  d'abord  ce  que  nous  trouvons  dans  le 
Dictionnaire  des  écrivains  ecclésiastiques  de  Mgr  Eugène  :  ' 
ce  qui  est  entre  guillemets  est  traduit  littéralement. 

Théophane  Prokopoviteh  (fils  de  Prokope)  naquit  à  Kieff  en 
1681  ;  au  baptême,  il  reçut  le  nom  à'Eléazar.  Encore  en  bas  âge, 
il  perdit  son  père  et  sa  mère;  un  oncle.,  l'hiero-moine  Théophane 
Prokopovilch,  recteur  de  l'Académie  de  Kieff,  lui  apprit  à  lire  et 
à  écrire,  et  le  fit  inscrire  dans  l'Académie.  Après  la  mort  de 
l'oncle  arrivée  en  1692,  un  citoyen  de  Kieff  le  maintint  à  ses  frais 
aux  écoles.  Après  avoir  achevé  sa  philosophie,  Éleazar  partit  en 
1698  pour  la  Lithuanie,  espérant  acquérir  plus  de  connaissances 
dans  les  écoles   étrangères.  Mais,  dès  son  arrivée,  il  trouva  un 

(1)  Mgr  Eugène  (Bolkhovitinoff).  Словарь  исторический  о  бывшихъ  въ  Poccia 
писателяхъ  духовнаго  чина  греко-pocci йеной  Церкви  (Dictionnaire  historique  des 
écrivains  ecclésiastiques  de  VÉglise  gréco-russe  qui  ont  vécu  en  Russie).  —  Saint-Péters- 
bourg, 1e  éclit.,   1827,   t.   II,  p.  295  et  seq. 


XIV  INTRODUCTION. 

obstacle  à  l'exécution  de  son  dessein  :  c'est  qu'aucun  orthodoxe 
n'était  admis  dans  les  écoles  du  royaume  de  Pologne.  «  Cette 
circonstance  força  (?)  Éléazar  à  se  professer  uniate  (catholique) 
et,  pour  cacher  son  dessein,  il  entra  chez  les  moines  basiliens 
de  Vitebsk  et  prit  le  nom  â'Élise'e.  »  Peu  après,  il  fut  envoyé  à 
l'école  de  Vladimir  en  Volynie.  Ses  rares  talents  fixèrent  l'atten- 
tion de  ses  supérieurs  ;  après  avoir  enseigné  la  poésie  et  l'élo- 
quence, il  fut  envoyé  par  le  provincial  des  Basiliens  à  Rome  afin 
de  s'y  perfectionner  dans  la  philosophie  et  dans  les  sciences  ecclé- 
siastiques, comme  on  avait  coutume  de  faire  à  l'égard  des  jeunes 
moines  qui  se  distinguaient  le  plus  parmi  les  autres.  «Après  avoir 
séjourné  à  Rome  trois  ans,  et  avant  d'avoir  achevé  son  cours  des 
sciences,  par  suite  de  certaines  circonstances,  il  s'en  éloigna  et,  se 
faisant  passer  comme  un  voyageur,  il  s'en  retourna  par  Venise  et 
l'Autriche  en  Pologne.  »  Jusque-là,  il  avait  pratiqué  à  sa  guise  la 
prudence  du  serpent  ;  le  moment  était  venu  de  reprendre  la  sim- 
plicité de  la  colombe  :  Elisée,  de  retour  de  Rome,  alla  donc  frap- 
per au  monastère  orthodoxe  dePotchayeff;  Fhégoumènelsaïevitch 
lui  conféra  la  tonsure  monacale  orthodoxe  et,  par  la  même  occa- 
sion, lui  changea  le  nom  d'Elisée  en  celui  de  Samuel.  Sur  l'invita- 
tion de  Balaam  Yassinski,  Métropolite  de  Kieff,  Samuel  se  rendit 
dans  cette  ville,  et  enseigna  la  versification  dans  l'Académie  de  sa 
ville  natale.  C'est  en  1705  qu'après  avoir  successivement  porté  trois 
noms  de  saints  de  l'ancien  Testament,  Prokopovitch  se  décida  à 
prendre  celui  de  Théophane^,n  souvenir  de  l'oncle  qui  l'avait  initié 
aux  études.  En  1706,  il  enseignait  la  rhétorique;  en  1707,  il  était 
professeur  de  philosophie,  de  physique  et  d'arithmétique.  Plu- 
sieurs discours  prononcés  en  présence  de  Pierre,  surtout  celui  pro- 
noncé à  l'occasion  de  la  victoire  de  Pultava  (1709),  lui  concilièrent 
d'abord  l'attention,  puis  l'estime  de  Pierre.  C'est  par  ordre  du 
Tsar  qu'en  1711  il  fut  nommé  hégoumène  du  monastère  Bratski 
de  Kieff,  charge  qu'il  réunit  avec  celle  de  Recteur  de  l'Académie. 
Invité  par  le  Tsar  à  se  rendre  à  Saint-Pétersbourg  il  y  arriva  en 


INTRODUCTION.  XV 

1716,  et,  dès  que  Pierre  fut  retourné  de  son  second  voyage  à 
l'étranger  (1717),  il  ne  le  quitta  plus.  Le  Tsar,  extrêmement  sa- 
tisfait des  vues  et  des  sentiments  de  Prokopovitch  et  charmé  de 
leur  entière  conformité  avec  les  siens,  songea  bientôt  à  élever 
Prokopovitch  à  l'épiscopat.  La  chose  ayant  transpiré,  Etienne 
Yavorski,  justement  soucieux  des  intérêts  de  la  foi,  rédigea  un 
Mémoire  qu'il  fît  présenter  au  Tsar,  où  étaient  relevées  des  pro- 
positions tout  à  fait  protestantes,  qui  se  trouvaient  dans  les  ou- 
vrages de  Prokopovitch,  surtout  dans  un  écrit  ayant  pour  titre  : 
Du  joug  intolérable.  Pour  toute  réponse,  le  Tsar  ordonna  que 
Prokopovitch  fût  sacré  évêque  de  Pskoff  et  de  Narva  ;  Pierre 
voulut  même  que,  dans  cette  circonstance, on  fit  usage  du  sakkos, 
insigne  d'une  distinction  tout  à  fait  spéciale  pour  l'Évêque  qui 
en  était  revêtu.  C'est  probablement  le  souvenir  de  cette  distinc- 
tion qui  inspira  à  Prokopovitch  de  relever,  dans  le  «Règlement,  » 
la  qualité  de  «  gardien  de  l'orthodoxie,  »  comme  un  des  attributs 
du  Tsar.  La  carrière  de  Prokopovitch  était  assurée  ;  en  1721,  il  fut 
nommé  un  des  Vice-Présidents  du  Synode. 

Quand  Pierre  mourut,  Prokopovitch  rédigea  une  notice  sur  les 
derniers  jours  de  la  vie  du  Tsar.  Il  y  raconte,  entre  autres  choses, 
qu'on  ne  manqua  pas  d'inculquer  au  Tsar,  déjà  mourant,  qu'il 
voulût  biçn  méditer  sur  ce  dont  il  avait  souvent  entretenu  les 
autres,  c'est-à-dire  «  sur  la  justification  du  pécheur  par  le  Christ, 
gratuitement*.  »  Quant  à  des  actes  de  repentir  proprement  dit, 


(l)  L'Église  catholique,  qui  connaît  Dieu  et  les  hommes  mieux  que  le  protes- 
tantisme, exige  que  nous  travaillions  à  notre  salut  avec  autant  de  zèle  et  d'ardeur 
que  s'il  dépendait  de  nous  seuls.  Tuis,  quand  nous  avons  fait  tout  ce  qui  dépendait 
de  nous,  elle  nous  présente  à  Dieu,  au  lit  de  mort,  avec  cette  prière  :  «  Ayez  pitié, 
«  Seigneur,  de  votre  serviteur,  de  sesii'émissements  et  de  ses  larmes,  et  admettez- 
«  le  au  sacrement  de  votre  réconciliation,  lui  qui  n'a  d'autre  confiance  qu'en  vous.» 
(Onlo  commendationis  animœ.)  —  On  le  voit,  ce  n'est  pas  la  confiance  en  Jésus- 
Christ  qui  manque  dans  l'Église  catholique,  mais  ce  n'est  pas  non  plus  la  contri- 
tion ni  l'humilité.  Or,  il  est  dit  dans  l'Ecriture  :  «  Seigneur,  vous  ne  rejeterez  point 
un  cœur  contrit  et  humilié:  Cor  contrihim  et  humiliatum   Deus  non  despicies  (Ps.  l).  » 

Ce  passage  de  Prokopovitch  que  nous  avons  relevé,  a  été  relevé  aussi  par  les  Luthé- 


XVI  INTRODUCTION-. 

on  n'en  parle  pas.  A  la'mème  occasion,  Prokopovitch  prononça  la 
célèbre  oraison  où  il  compare  le  Tsar  à  Samson  pour  sa  force,  - 
à  Japhet  pour  la  création  de  la  flotte  russe,  à  Moïse  pour  ses  lois, 
à  David  et  à  Constantin  pour  son  zèle  pour  l'Église  l. 

Après  la  mort  de  Pierre,  Prokopovitch  jouit  de  l'estime  et  de 
la  confiance  de  Catherine  Ire.  Eu  1727,  il  fut  nommé  Archevêque  de 
Novgorod  en  remplacement  de  Théodose  Yanovski  disgracié,  non 
sans  sa  coopération  2.  En  1727,  il  prononça  l'éloge  funèbre  de 
Catherine,  et  couronna  Pierre  II.  En  1730,  il  couronna  l'impéra- 
trice Anne  Ioannovna.  Prokopovitch  servit,  avec  un  égal  dévoue- 
ment, tous  les  quatre  souverains  ;  et  Pierre  II  qui,  pendant  son 
court  règne,  prit,  pour  ainsi  dire,  le  contrepied  de  ce  qu'avait 
fait  Pierre  Ier,  fut  aussi  satisfait  de  Prokopovitch  que  l'avait  été 
Pierre  1er  lui-même.  Théophane  Prokopovitch  mourut  à  Novgo- 
rod, en  1736,  à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans. 

Deux  passages  empruntés  à  Mgr  Philarète,  Archevêque  de 
Tchernigoff,  achèveront  de  peindre  l'auteur  du  a  Règlement.  » 
«  Pendant  toute  sa  vie, dit  Mgr  Philarète,  Prokopovitch  se  nourrit 
de  l'esprit  du  monde,  et  très-peu  de  l'esprit  de  Jésus-Christ  ;  il 

riens,  pour  prouver  que  Pierre  pensait  comme  eux  sur  ,1a  doctrine  de  la  justification, 
par  la  foi  seule.  Voici,  en  quels  termes  en  parle  l'auteur  de  la  Dissert  atio  historico- 
ecclesiaslica  de  religions  Ruthenorum  hodierna,  dont  nous  parlerons  un  jieu  plus  loin  : 
a  In  recentioribus  Ecclesiœ  Ruthenicie  documentis^  maxime  in  Catechismo  minori, 
(celui  rédigé  par  Prokopovitch),  puram  deprehendimus  doctrinam  Evangelicam  de 
remissione  peccatorum ,  adeoque  justificalione ,  et  de  sainte  œterna,  UNICE  PER  ET  propter 
fidem  in  chriôtum  OBTiNENDis.  Ita  etiam  Magnum  Russorum  Imperatorem  Petrum  l, 
sola  fiducià  in  Christum,  sine  ulla  opinione  meriti,  nixum,  beatam  obiisse  mortem 
novimus,  atque  cum  dogiriate  hoc  solatii  plenissimo  primarii  aliquot  Ruthenorum 
Theologi  qui  moribundo  aderaut,  Imperatorem  ad  mortem  preparaverint,  cognosci 
hinc  potest,  quani  altas  radiées  in  Ecclesia  hodierna  Ruthenica  dogma  hoc  gravis  - 
simum  egerit.  »  Lutiens,  Dissertatio,  etc.,  g  XVII,  p.    50-52. 

Voir  l'écrit  de  Prokopovitch  dans  Consett  :  The  présent  state  and  régulations  of 
the  Church  of  Russia.  London,  1729.  2e  part.,  p.  260,  et  dans  les  Lacrymœ  Roocolanœ, 
seu  de  obitu  Pétri  Magni,  etc.  Revaine,,  1726. 

(1)  Consett,  Op.  cit.   —  Lacrymœ  Roxolanœ,  etc. 

(2)  On  trouvera  le  nom  de  Theodose  Yanovski  parmi  les  signataires  du  «  Re- 
niement (p.  226).  »  Une  notice  très-intéressante  sur  ce  personnage  se  trouve  dans 
l'ouvrage  du  prince  Aug.  Galitzin  :  La  Russie  au  xvme  siècle,  Mémoires  inédits 
sur  les  règnes  de  Pierre  le  Grand,  Catherine  P'e  et  Pierre-  H.  Paris.  Didier.  1863, 
p.  409-422. 


INTRODUCTION.  XVII 

aimait  l'éclat  des  honneurs,  etsa  vie  était  dissolue. Il  rampa  devant 
Menchikoff,  tant  que  celui-ci  fut  puissant  ;  après  la  chute  de  Men- 
chikoff, Prokopovitch  rampa  devant  Biren.  »  —  «  En  1730,  Biren 
était  déjà  puissant.  Cet  apôtre  de  la  tolérance  cherchait  et  saisis- 
sait avec  empressement  les  occasions  d'exercer  la  persécution. . . 
La  persécution  de  1730-1731  doit  être  principalement  attribuée 
aux  passions  de  Prokopovitch  1.  » 

Voilà  l'auteur,  ou,  pour  mieux  dire,  le  rédacteur  du  «Règlement 
ecclésiastique.»  Pierre  n'eût  pu  être  mieux  .servi;  il  prit  une 
exacte  connaissance  du  travail  de  Prokopovitch,  et  le  retoucha 
lui-même  de  sa  propre  main,  c'est  pourquoi,  en  parlant  du 
Règlement,  nous  l'attribuons  indifféremment,  tantôt  à  Prokopo- 
vitch, tantôt  à  Pierre  lui-même.  LeTsar  corrigea  également  l'ukase 
pour  l'établissement  du  Synode,  et  le  serment  de  ses  membres  ; 
dans  l'ukase,  ce  que  le  lecteur  trouvera  entre  parenthèses  à  page 
2-3,  et  tout  ce  qui  s'y  trouve  à  partir  des  mots  :  Et  puisqu'il  est 
dit,  etc.  (p.  4-5)  jusqu'à  la  fin,  fut  ajouté  de  la  propre  main  du 
Tsar  2. 

Outre  l'importance  religieuse,  le  «  Règlement  »  a  aussi  une 
grande  importance  historique.  Le  peuple  russe  d'alors  y  est 
peint  de  main  de  maître  ;  les  allusions  à  des  événements  passés 
ou  actuels,  à  des  coutumes,  à  des  personnages,  s'y  rencontrent 
fréquemment.  Nous  avons  eu  soin  de  relever  tout  cela  dans 
les  notes. 


Il 


Nous  nous  étendrons  ici  quelque  peu  sur  l'importance  du  «  Rè- 
glement» comme  monument  littéraire.  Quand  le  «  Règlement  » 

(1)  Mgr  Philarète,  évèquede  Kharkoff  (puis  Archevêque  de  Tchernigoff).  IICTOpifl 
русской  Церкви    (Histoire  de  l'Eglise  rusie),  lre  édit . ,  p.  78  et  167. 

(2)  Pekarski  (P.),  Наука  п  литература  въ  Poccin  при-Петрв  Великомъ  (Sciences   et 
lettres  en  Russie  sous  Pierre  le  Grand).  —  Saint-Pétersbourg,  1862,  t.  II,  p.  521*522. 


XYIII  INTRODUCTION. 

parut  pour  la  première  fois,  en  1721,  on  s'était  servi  pour  l'impri- 
mer des  nouveaux  caractères  introduits  par  le  Tsar.  Le  lecteur 
sait  que  les  lettres  en  usage  de  nos  jours,  pour  les  livres  en  lan- 
gue russe,  doivent  leur  origine  à  Pierre  le  Grand.  Le  réforma- 
teur universel  de  la  Russie  réforma  aussi  l'alphabet;  les  accents 
et  plusieurs  lettres  non  nécessaires,  furent  supprimés,  les  autres 
reçurent  une  forme  plus  soignée  et  se  rapprochant  davantage 
des  caractères  latins.  Les  premiers  types  de  l'alphabet  ainsi  ré- 
formé, furent  gravés  et  fondus  en  Hollande,  mais  on  ne  s'en  ser- 
vit la  première  fois  qu'à  Moscou  en  1708  ;  le  premier  livre  im- 
primé avec  cet  alphabet  fut  un  traité  de  Géométrie  '. 

Depuis  ce  moment,  la  langue  russe  se  sépara  de  plus  en 
plus  de  Tidiome  ecclésiastique.  Les  nouveaux  caractères  furent 
exclusivement  employés  pour. les  écrits  en  langue  russe;  les  an- 
ciens caractères,  ceux  de  l'alphabet  slavon,  servirent  encore  pen- 
dant quelque  temps  pour  des  livres  imprimés  dans  les  deux  lan- 
gues,maisau  fur  et  à  mesure  que  les  imprimeries  existantes  étaient 
pourvues  des  nouveaux  caractères,  et  que  d'autres  imprimeries 
étaient  fondées  en  Russie,  les  caractères  slavons  ne  furent 
plus  employés  que  pour  des  livres  d'Église  ou  rédigés  en  langue 
slavonne.  Jusqu'au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  le 
slavon,  tel  qu'on  le  trouve  dans  les  livres  liturgiques  de  l'Église 

(l)  Геометрт  славенскл  sejuejilipie  шдадеся  новоттографскшъ  псненюмъ.  повелт>н1емъ 
благочест1В'Б1пгаго  велшаго  государя  нашего  царя  i  велшаго  княэа  Петра  Алексювича, 
всея  велшш  i  малыя  i  бЪлыя  Россп  самодержца,  npi  благородн-Бипемъ  государ*  нашемъ 
царевн*  Алекси  Петрова,  вь  царствующемъ  велпеомъ  град-в  Москва.  Въ  л-ето  Mipo- 
вдаша  7216.  отъ  рождества  же  плои  Бога  слова  1708.  1ндшта  перваго  дгвсяца  марта. 
(Géométrie,  cest-à-dir.e  mesure  de  la  terre,  éditée  avec  le  nouveau  tirage  typographique 
par  ordre  du  très-pieux  grand-Souverain  notre  Tsar  et  grand-Duc  Pierre  Alexeïevitch, 
autocrate  de  toutes  les  Russies,  Granle,  Petite  et  Blanche,  étant  Tsarévitch  notre  très- 
noble  souverain  Alexis  Petrovitch  :  dans  la  grande  ville  capitale  de  Moscou.  En  l'année 
de  la  création  du  monde  7216,  de  la  naissance  selon  la  chair  du  Verbe  de  Dieu, 
1708,  première  Indiction,  au  mois  de  mars.  —  Pekakski.  Op.  cit.,  t.  II,  p.  177-178 
et  642-650. 

Nous  avons  gardé  dans  le  titre  russe  de  ce  traité  de  Géométrie  les  mêmes  caractères 
que  nous  avons  trouvés  dans  Pekarski.  Le  lecteur  peut  ainsi  comparer  ce  premier 
essai,  encore  imparfait,  avec  l'alphabet  adopté  plus  tard  définitivement. 


INTRODUCTION.  XIX 

russe,  était  demeuré  presque  exclusivement  la  langue  écrite.  A 
quelques  exceptions  près,  tous  les  écrivains  qui  jusqu'alors  avaient 
paru  en  Russ;e,  appartiennent  au  clergé,  et  les  sujets  traités  par 
eux  sont  presque  exclusivement  religieux;  c'est  ce  qui  explique 
pourquoi  le  russe  n'avait  pas  encore  été  employé  comme  langue 
écrite.  D'ailleurs,  même  pour  les  quelques  écrits  de  sujets  pro- 
fanes que  possédait  déjà  la  Russie  ,  il  était  trop  naturel  qu'on  se 
fût  servi  de  préférence  d'une  langue  déjà  formée  et  possédant  une 
littérature  comparativement  assez  riche,  comme  le  slavon,  plu- 
tôt que  de  créer,  pour  ainsi  dire,  une  langue  nouvelle.  A3Ioscou, 
cependant,  on  se  servait,  pour  les  affaires  civiles  ,  pour  les  lois, 
les  actes  publics,  les  contrats  et  la  correspondance,  du  russe  ;  si- 
non exactement  tel  qu'il  était  parlé,  du  moins  en  se  rapprochant 
davantage  du  dialecte  parlé  que  de  la  langue  ecclésiastique. 

Ni  ce  russe  de  chancellerie,  ni  celui  adopté  peu  à  peu  dans  les 
livres  traitant  de  sujets  profanes,  n'étaient  encore  une  langue  à 
part;  il  est  difficile  de  tracer  la  ligne  de  démarcation  entre  le 
russe  de  cette  époque  et  le  slavon,  et  les  écrivains  qui  employaient 
le  russe  retombaient  facilement  dans  le  slavon.  Nous  dirons  plus  : 
le  rus*e  n'avait  pas  encore  une  dénomination  arrêtée  qui  pût 
servir  à  le  désigner  d'une  façon  précise,  si  ce  n'est  celle  de  lan- 
gue vulgaire.  On  trouvera  plus  loin  le  passage  où  Pierre  se 
plaint  du  manque  de  livres  écrits  d'une  façon  intelligible  pour  le 
peuple1;  la  même  plainte  se  trouve  dans  la  préface  du  petit 
Catéchisme,  rédigé  par  Prokopovitch,  et  dit  de  Pierre  le  Grand. 
«  Ceux  publiés  jusqu'à  présent,  dit  Prokopovitch,  sont  rédigés 
«  dans  le  haut  dialecte  slavon  et  non  pas  en  langue  vulgaire, 
«d'où  il  suit  que  les  enfants  ne  peuvent  pas  les  comprendre; 
«  c'est  pourquoi  le  Tsar  a  ordonné,  etc.  2.n  Nous  croyons  ceci  un 
peu  exagéré  ;   de  fait,   nous  avons  compté  jusqu'à  douze  Abécé- 

(1)  Règlement  ecclésiastique,  IIe  partie,  Affaires  générales,  n°  II,  p.  48. 

(2)  Рек.-шэкг,  op.  cit.  T.  I.  p.  179.  —  Nous  parlerons  plus  loin  du  Catéchisme  de 
Prokopovitch.  V.  la  note  aux  pp.  52-53. 


XX  INTRODUCTION. 

daires,  imprimés  avant  l'écrit  de  Prokopovilch,  et  contenant  une 
courte  exposition  des  vérités  principales  de  la  foi  et  des  préceptes 
de  Dieu  ;  quelques-uns  de  ces  Abécédaires  avaient  même  paru 
sous  le  règne  de  Pierre  :  on  ne  peut  supposer,  ni  qu'on  se  serait 
donné  la  peine  de  les  imprimer  s'ils  étaient  tout  à  fait  incompré- 
hensibles pour  les  enfants,  ni  qu'ils  soient  devenus  tels  dans  l'es- 
pace de  quelques  années.  Nous  ferons  une  remarque  analogue 
au  sujet  de  ce  qu'affirme  Ernest  Gluck,  le  pasteur  proleslantdans 
la  maison  duquel  vivait  celle  qui  devint  plus  tard  Catherine  Ire. 
En  parlant  de  la  version  de  la  Bible  en  langue  russe  vulgaire, 
qu'il  avait  préparée  avec  l'aide  d'un  pope  russe ,  et  dont  le 
manuscrit  avait  péri  dans  les  flammes  lors  de  la  prise  de 
Marienbourg,  Gluck  dit  que  «  la  langue  russe  vulgaire  est  si  dif- 
férente du  slavon,  qu'un  Russe  non  instruit  ne  peut  exactement 
comprendre  une  seule  période  de  cette  dernière  langue1.»  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ce  point,  il  est  bien  certain  que  le  russe  n'était  pas 
encore  désigné  d'une  manière  constante  et  uniforme,  et  que  par- 
fois aussi  des  publications  en  langue  russe  étaient  indiquées 
comme  des  publications  en  slavon.  Ainsi,  par  exemple,  un  traité 
de  la  navigation,  imprimé  à  Amsterdam  en  1701,  est  indiqué 
comme  traduit  du  latin  dans  le  я  dialecte  slavono-russe  2.  »  Cette 
même  dénomination  de  dialecte  ou  «  langue  slavono-russe  »  re- 
vient souvent  dans  les  titres  d'autres  ouvrages  traduits  de  langues 
étrangères;  il  se  trouve  aussi  dans  celui  de  la  Grammaire  d'Élie 
Copievitz  3.  Parmi  les  livres  en  russe,  et  qui  sont  indiqués 
comme  traduits  en  langue  «  slavono-russe,  »  nous  mentionnerons 
l'ouvrage  de  Polydore  Virgile  d'Urbin  :  De  rerum  inventorions, 
dont  la  traduction  parut  à  Moscou   en  1721,  imprimée  avec  les 

(1)  «  Die  Vernacula  russica  von  der  slawonischcn  so  -weit  discrepiret,  dasz  ein  gemeincr 
Russe  davon  keinen  einzigen  periodum  recht  verstehen  капп...»  Cité  par  Pékarski,  op. 
Cit.,  t.  I,  p.   126-127. 

(2)  Книга  учащая  морскаго  плавашя отъ  латипскаго  языка, прсведе на  славяпо- 

poccincKiH  Д1алек  {sic)....  Elias  Когпевскш  cic.  —  Pékarski,  op.   cit.,  t.  II,  p.   46. 

(3)  Voyez  plus  loin  Règlement  ecclésiastique,  IIe  partie  :  De  С  Académie,  p,   133,  note. 


INTRODUCTION.  XXI 

nouveaux  caractères  x.  Le  Colloquiorum  familiarium  opus  d'É- 
rasme de  Rotterdam,  livre  imprimé  à  Saint-Pétersbourg  en  171G, 
également#yec  les  nouveaux  caractères,  est  indiqué  comme  publié 
dans  les  deux  langues  «  russe  2  et  hollandaise  »  ,  ce  qui  est  aussi 
lecaspourunZ-e-z/^e  ou  Recueil  d'expressions,  composé  par  Jac- 
ques Bruce  et  imprimé,  également  avec  les  nouveaux  caractères, 
à  Saint-Pétersbourg  en  1717  3.  Par  contre  ce  même  russe  gardait 
l'ancienne  dénomination  de  «  skvon  »  dans  un  recueil  à'Apo- 
phtegmes,  traduit  du  polonais  et  imprimé  à  Moscou  en  1711  et 
en  1716,  avec  les  nouveaux  caractères  *. 

Le  «Règlement  ecclésiastique»  est  rédigé  dans  cette  langue 
qui  fut  depuis  le  russe.  Nous  dirions  volontiers  que  la  langue  du 
«Règlement  »  est  une  langue  de  transition.  Les  philologues  russes 
font  remarquer  l'influence  de  la  littérature  polonaise  sur  la 
langue  russe  d'alors,  et  considèrent  même  comme  une  langue 
dialecte  à  part,  nommé  blanc-russien,  celui  employé  dans  les 
livres  imprimés  dans  les  provinces  dépendantes  de  la  Pologne 
et  dans  les  écrits  des  ecclésiastiques  qui  avaient  étudié  dans  cet 
contrées.  Or,  Prokopovitch  avait  passé  quelques  années,  nous 
l'avons  vu,  dans  les  provinces  polonaises,  habillé  en  moine  catho- 
lique ;  il  avait  été  ensuite  à  Rome,  et  il  avait  beaucoup  étudié 
le  latin  ,  comme  le  prouvent  ses  livres  rédigés  dans  cette 
langue.  Ses  écrits  russes,  et  le  «Règlement»  aussi,  portent  l'em- 

{l)  Полидора  Вирпшя  урбинскаго  осмь  книгъ  о  изобрътателъхъ.  вещен  Цреведевы 
съ  лат'1ВСкаго  на  славеноросс1'иск1И  языкъ  etc.  —  Pékarski,  op.  cit.,t.  II,  p.  486. 

(2)  Разговоры  дружесшя.  Дезцер1я  Ерасма...  на]  Роса'искомъ  и  Галандскомъ 
языкахъ  etc.  — Pékarski,  op.  cit.,  t.  II,  p.  366. 

(3)  KHira  лексшонъ  или  Собрате  ръчеи  по  АЛФабггу,  съ  PoccïHCuaro  на  Голаископ 
языкъ  etc.  —  Pékarski,  op.  cit.,  t.  II,  p.  383-4. — Jacques  Bruce,  le  même  personnage 
dont  on  trouvera  la  signature  en  bas  de  Г  Instruction  du  Procureur  suprême  du 
Synode  (p.  256),  était  descendant  des  rois  d'Ecosse.  Il  rendit  de  grands  services  à 
la  Russie  par  ses  connaissances  mathématiques.  En  1718,  il  fut  créé  Président  du 
Collège  des  Mines  et  des  Manufactures.  Il  mourut  en  1735. 

(•J)  АпоФеегмата  то  есть  кратюхъ  втеватыхъ  и  нравоуптелныхъ  ръчеи  Kniru  три... 
съ  полского  на  славенскои  языкъ.  —  Pékarski,  op.  cit.,  t.  II.  p.  360. 


XXII  INTRODUCTION. 

preinte  de  ces  phases  de  la  vie  de  Prokopovitch  ;  c'est,  si  on  nous 
permet  cette  comparaison,  une  espèce  de  terrain  sédimentaire 
trahissant,  par  la  nature  des  débris  dont  il  se  compose,  les  vicis- 
situdes d'époques  antérieures.  Les  écrits  russes  de  Prokopovitch 
se  ressentent  aussi  de  cette  importation  de  mots  allemands, 
hollandais,  français  et  italiens,  qui  accompagna  l'introduction 
en  Russie  des  sciences,  des  arts  et  de  l'induslrie  des  autres  pays 
de  l'Europe.  Cette  importation,  due  à  Pierre  Ier,  est  si  considé- 
rable que,  dans  la.  Collection  complète  des  lois  de  l'empire  russe, 
à  la  fin  du  Generalnyi  Réclament,  prescrit  à  tous  les  Collèges  ins- 
titués par  Pierre,  on  trouve  une  longue  liste  des  mots  étrangers 
qui  y  sont  employés,  avec  l'indication  des  mots  russes  qui  leur 
correspondent.  On  pourrait  en  faire  autant  à  l'égard  du  «  Règle- 
ment ecclésiastique1.  » 

Si,  à  cette  époque,  la  langue  russe  n'avait  pas  encore  un  nom  à 
part,  elle  n'avait  pas  non  plus  de  grammaire.  On  continuait 
à  se  servir  de  la  grammaire  slavonne  ;  de  telle  façon  cepen- 
dant qu'il  est  vrai  de  dire  de  la  grammaire  ce  que  nous  venons 
de  dire  de  la  langue,  à  savoir  qu'elle  était  une  grammaire 
de  transition.  Le  lecteur  russe  n'a  qu'à  ouvrir  le  texte  russe  du 
«  Règlement  »  pour  s'en  convaincre  ;  ici  encore  l'influence  du  la- 
tin est  assez  sensible, surtout  Jans  les  constructions.  On  rencontre 
çà  et  là  des  périodes  qui  jurent  contre  toute  grammaire  ;  l'infi- 
nitif des  verbes,  entre  autres,  y  joue  le  même  rôle  que  chez 
ceux  qui  commencent  à  balbutier  une  langue  étrangère.  Enfin, 
les  mêmes  formes  grammaticales  et  la  même  orthographe  ne  s'y 
retrouvent  pas  d'une  manière  constante  et  uniforme,  et  cela, 
sans  qu'on  puisse  en  donner  la  raison. 

% 

Autant  à  cause  de  l'importance  du  «  Règlement,  »  comme 
monument  de  la  langue,  que  par  le  désir  d'offrir,  dans  la  publi- 

(1)  Поли.  Собр.  Зак.  28  ievr.  1720.  Тотэ  VI,  p.  160.  Voir,  pour  les  Collèges,  la 
note  aux  p.  :J-4  du  Règlement  ecclésiastique. 


INTRODUCTION.  XXIII 

cation  d'un  tel  document,  toutes  les  garanties  possibles  d'exacti- 
tude et  de  fidélité,  nous  avons  tenu  à  ne  point  le  faire  paraître 
sans  le  texte  russe  original.  Si,  pour  arriver  a  imprimer  ce 
texte,  nous  avons  dû  vaincre  bien  des  difficultés,  le  résultat  nous 
a  largement  compensé  de  nos  peines:  soit  sous  le  rapport  de  la 
beauté  des  caractères,  soit  sous  celui  de  la  correction  typogra- 
phique, elle  nous  paraît  ne  rien  laisser  à  désirer.  Le  lecteur  russe 
saura  d'autant  plus  apprécier  ce  dernier  avantage,  que  le  russe 
de  Prokopovitch  est  une  langue,  en  partie  sans  grammaire,  en 
partie  soumise  aux  règles  de  la  grammaire  slavonne.  Des 
inflexions  et  des  désinences,  qui  seraient  de  véritables  fautes 
aujourd'hui,  s'y  rencontrent,  par  conséquent,  à  chaque  page;  nous 
les  avons  conservées  scrupuleusement.  La  ponctuation  aussi  est 
défectueuse  ;  cependant  nous  ne  nous  sommes  pas  cru  auto- 
risé à  la  rectifier,  d'autant  qu'elle  est  gardée  telle  quelle  dans 
toutes  les  éditions  russes  du  «  Règlement  »  même  les  plus 
récentes.  Le  texte  russe  qu'on  trouvera  à  la  fin  de  ce  volume 
est  la  reproduction  très-fidèle  de  l'édition  de  Moscou  de  1861, 
typographie  du  Synode,  que  nous  avons  soigneusement  comparée 
avec  l'édition  de  la  Collection  complète  des  lois  de  l'Empire 
russe.  Cette  confrontation  nous  a  permis  de  relever  des  variantes 
assez  nombreuses  dans  certaines  formes  grammaticales  et  dans 
l'orthographe  des  deux  éditions  ;  on  trouvera  ces  variantes  à 
la  fin  du  texte  russe.  Le  lecteur  russe  y  trouvera  le  sujet  de  re- 
marques assez  intéressant  pour  la  philologie  :  elles  confirment 
ce  que  nous  avons  dit  du  manque  de  fixité  de  la  langue  russe 
à  l'époque  de  Pierre  Ier. 

Nous  avons  aussi  voulu  que  ce  texte  fût  imprimé  de  façon  à  ce 
que  le  lecteur  pût  retrouver,  en  un  instant,  le  texte  russe  du 
passage  français,  dont  il  voudrait  contrôler  la  \ersion. 

Les  titres  des  parties  du  «  Règlement»  et  leurs  subdivisions 
ont  été  imprimées  en  deux  langues,  avec  l'indication  de  la  page 
de  la  traduction  française  qui  y  correspond.  En  ouvrant  le  texte 


XXIV  INTRODUCTION. 

russe,  le  lecteur  sait  immédiatement,  par  Геп-tête  des  pages,  à 
quelle  partie  du  «  Règlement  »  elles  appartiennent.  Les  alinéas 
sont  distribués  et  les  paragraphes  sont  numérotés  —  tantôt  avec 
les  chiffres  romains,  tantôt  avec  les  chiffres  arabes,  —  exacte- 
ment comme  dans  la  traduction  française.  Si  Ton  excepte  ceux 
des  mots  en  italique  qui  sont  destinés,  dans  le  français,  à  avertir 
le  lecteur  de  la  note  qui  s'y  rapporte,  la  même  différence  de 
caractères  a  été  gardée  dans  le  russe,  aussi  bien  que  dans  le 
français.  Les  mots  français  en  italique  correspondent  à  des  mots 
russes  également  en  italique  ;  les  mots  français  en  petites  capi- 
tales correspondent  aux  mots  russes  imprimés  en  romain,  mais 
avec  des  caractères  d'un  corps  plus  épais.  Nous  avons  indiqué 
entre  crochets  [  ]  les  mots  russes  que  nous  croyons  avoir  été 
omis  par  suite  d'une  faute  d'impression  ;  et  quand  nous  avons 
trouvé  une  variante,  ou  qu'elle  a  paru  probable,  nous  n'avons 
pas  manqué  de  la  signaler. 

Après  avoir  parlé  du  «  Règlement  »  comme  monument 
littéraire ,  nous  devons  dire  quelque  chose  des  premières 
éditions  de  ce  document,  qui  ont  été  publiées  sous  le  règne 
de  Pierre  Ier. 

Le  Règlement  parut  la  première  fois  à  Saint-Pétersbourg,  en 
1721,  imprimé  avec  les  nouveaux  caractères,  et  avec  le  titre  sui- 
vant : 

(Au  recto.)  Par  la  grâce  et  la  miséricorde  de  Dieu  qui  aime  les 
hommes.  Par  les  soins  et  par  ordre  de  Pierre  premier,  donné 
par  Dieu,  orné  par  Dieu  de  sagesse,  notre  souverain,  Tsar,  grand- 
duc,  Empereur  de  toutes  les  Russies,  etc.,  etc.,  etc.  Il  fut  établi, 
dans  la  sainte  église  orthodoxe  de  Russie,  un  Sanhédrin,  ou 
Synode  spirituel,  c'est-à-dire  un  Gouvernement  Conciliaire, pour 
les  affaires  spirituelles,  avtc  le  consentement  et  le  suffrage  de  l'état 
ecclésiastique  de  toutes  les  Russies  et  du  Sénat  Dirigeant,  dans  la 
(ville)  capitale  de  Saint-Pétersbourg,  en  l'année  de  la  naissance 


INTRODUCTION.  •  XXV 

du  Christ,  1721,  le  14  du  mois  de  Février.  (Au  verso.)  Ce  Règle- 
ment ecclésiastique  fut  imprimé  par  ordre  de  Sa  Majesté  Tsarienne, 
avec  la  bénédiction  du  très-saint  Synode  Dirigeant,  dans  la  typo- 
graphie de  Saint-Pétersbourg ,  en  Vannée  du  Seigneur  1721,  le 
16  du  mois  de  septembre. 

La  deuxième  édition  parut  l'année  suivante  à  Moscou,  en 
caractères  d'église,  ou  slauons.  Le  titre  est  identique,  avec  la 
seule  addition  de  ce  qui  suit  :  Pour  la  seconde  fois,  et  dans  la 
typographie  de  Moscou,  d'après  la  première  [édition)  mot  pour 
mot,  en  Vannée  du  Seigneur  1722,  le  23  février. 

Enfin,  une  troisième  édition,  en  caractères  d'église,  parut  sous 
le  règne  de  Pierre  Ier,  à  Saint-Pétersbourg,  en  1723.  Au  recto, 
on  remarque  des  changements  dans  les  titres  donnés  au  Tsar. 
Pierre  y  reçoit  déjà  le  titre  de  Grand,  et  est  appelé  :  très- 
sérénissime  et  très-puissant  Empereur  et  Autocrate  de  toutes  les 
Russies,  etc.,  etc.,  etc.  Au  verso,  on  lit  ce  qui  suit  : 

Ce  Règlement  ecclésiastique  fut  imprimé  par  ordre  de  Sa  Majesté 
Impériale,  avec  la  bénédiction  du  très-sai?it  Synode  Dirigeant  de 
toutes  les  Russies,  la  première  fois,  dans  la  typographie  de  Saint- 
Pétersbourg,  en  Vannée  du  Seigneur  1721,  le  16  de  septembre  ; 
la  seconde,  dans  la  typographie  de  Moscou,  en  Vannée  du  Sei- 
gneur 1722,  le  23  février,  et  maintenant,  pour  la  troisième  fois, 
à  Saint-Pétersbourg ,  dans  la  typographie  d' Alexandre  Nevski, 
d'après  les  deux  premières  éditions,  mot  pour  mot, soit  le  Serment, 
soit  tovt  le  Règlement,  excepté  les  changements  dans  les  titres  de 
Sa  Majesté  Impériale  et  de  la  Souveraine  Impératrice.  Mais  dans 
l'ukase  de  Sa  Majesté  Impériale  concernant  le  très-saint  Synode, 
et  qui  se  trouve  ici  encore,  mis  en  tête  {du  Règlement),  on  ne  fit 
pas  un  seul  changement,  pas  même  dans  les  titres.  En  Vannée  de 
la  naissance  du  Christ  1723,  le  18  du  mois  de  janvier l. 

Depuis  le  règne  de  Pierre  Ier,  le  «  Règlement  ecclésiastique  »  fut 

(1)  Pekarski,  op.  Ы.  t.  II,  pp.  519-526;  543-44;  592. 


XXVI  INTRODUCTION. 


réimprimé  en  ru?se,  bon  nombre  de  fois.  Dans  la  Collection  com- 
plète des  lois  de  l'Empire  russe,  ce  document  est  inséré  dans  le 
VIe  volume  de  la  première  série,  sous  la  date  du  25  janvier  1721, 
et  porte  le  n°  3718. 


III 


Le  «  Règlement  ecclésiastique»  fut  traduit  en  diverses  langues. 
Nous  devons  d'abord  mentionner  une  traduction  française  qui 
parut  avec  le  titre  ;  Ordonnance  de  Pierre  Ier,  Czar  de  Moscovie, 
pour  la  réformation  de  son  clergé,  du  4r  février  1720,  et  forme 
la  2e  partie  des  Anecdotes  de  Pierre  IeT,  dit  le  Grand,  Czar  de  Mos- 
covie, publiées  en  1745,  sans  indication  de  lieu  ni  d'auteur.  Nous 
avons  eu  connaissance  de  cette  traduction  quand  la  nôtre  était 
déjà  commencée.  De  prime  abord,  nous  avons  cru  qu'elle  pour- 
rait nous  dispenser  d'entreprendre  une  traduction  nouvelle,  mais 
un  plus  sérieux  examen  nous  convainquit  du  contraire.  L'au- 
teur des  Anecdotes  dit,  dans  son  Avertissement  :  «  Je  ne  connais 
point  le  traducteur  de  l'Ordonnance,  et  ce  morceau  est  un  pré- 
sent que  m'a  fait  un  de  mes  amis.  »  Pour  notre  part,  il  nous 
paraît  inadmissible  que  le  traducteur  ait  eu  sous  les  yeux  le  texte 
original,  [/incurie  et  la  hâte  se  trahissent  par  le  titre  même,  où 
il  y  a  une  erreur  de. date.  En  effet,  l'ukase  qui  institue  le  Synode 
et  met  en  -vigueur  le  «  Règlement  »  est  du  25  janvier  1721.  Dans 
le  passage  de  la  formule  du  serment  où  les  membres  du  Synode 
s'engagent  à  élucider  les  difficultés,  moyennant  l'étude  des  Écri- 
tures, des  canons  des  Conciles,  et  des  écrits  des  Docteurs  de 
TÉglise  (voir  plus  loin,  page  7),  le  traducteur  de  «  l'Ordonnance  » 
leur  fait  promettre  de  faire  «  une  étude  particulière  des  Actes 
des  Apôtres  »  {Anecdotes,  etc.,  2e  partie,  page  10).  Çà  et  là,  nous 
avons  relevé  des  lacunes  assez  considérables  ;  de  longs  passages 
sont  traduits  en  abrégé,  et  quelques-uns  de  manière  à  présenter 


INTRODUCTION.  XXVII 

un  sens  qui  n'est  pas  celui  Je  l'original.  Enfin,  les  signatures 
nous  offrent  des  noms  de  villes  et  de  personnages  qui  ne  sont 
nullement  historiques,  tels  que  le  siège  métropolitain  de  Sino- 
linsko,  et  les  Évêques  Bartuan,  Phéophan  el  Pèlerin. 

D'après  l'auteur  des  Anecdotes1,  le  «  Règlement  »  était,  en  1745, 
déjà  connu  «  par  des  traductions  imprimées  en  allemand,  en 
latin  et  en  plusieurs  autres  langues  »  {Avertissement,  page  VI). 
Nous  doutons  fort  que  d'AUainval  ait  vu  lui-même  ces  traduc- 
tions, si  ce  n'est,  tout  au  plus,  les  traductions  allemande  et 
anglaise.  De  fait,  ni  Mgr  Eugène,  ni  Pékarski,  ni,  à  notre  connais- 
sance, aucun  bibliographe  russe,  ne  paraissent  avoir  connu  d'au- 
tres traductions  que  celles  que  nous  allons  mentionner.  Les 
recherches  que  nous  avons  faites  pour  en  découvrir  d'autres 
n'ont  eu  aucun  résultat  ;  toutefois,  nous  ne  serions  pas  surpris 
qu'on  pût  nous  signaler  une  traduction  hollandaise. 

Une  première  traduction  allemande  du  «  Règlement  ecclé- 
siastique» parut  à  Saint-Pétersbourg,  presque  en  même  temps  que 
le  texte  russe.  L'allemand,  on  le  sait,  était  en  quelque  sorte  la 
langue  officielle  delà  cour  de  Saint-Pétersbourg,  et  plusieurs  lois 
de  Pierre  Ier,  entre  autres  son  «  Statut  militaire,  »  se  trouvent 
insérées ,  dans  la  Collection  complète  des  lois  de  l'empire ,  en 
russe  et  en  allemand.  Pékarski  mentionne  quatre  éditions 
de  cette  traduction  allemande  du  «  Règlement;  »  la  première 
est  celle  dont  nous  venons  de  parler;  deux  autres  auraient 
paru  à  Dantzig  en  1724;  enfin  la  quatrième  aurait  paru  l'année 
suivante  ,  dans  la  même  ville.  C'est  cette  traduction  qu'on 
trouvera  cilée  plusieurs  fois  dans  les  notes  au  «  Règlement,  » 


(1)  Suivant  Barbier  {Dictionnaire  des  ouvrages  anonymes,  etc.),  et  Qoérard  (La 
France  littéraire),  l'auteur  de  ces  Anecdotes  serait  l'abbé  Léonor- Christine-Soulas 
d'AUainval,  né  à  Chartres,  et  mort  à  Paris  en  1733.  L'abbé  d'AUainval  est  l'auteur 
de  plusieurs  pièces  dramatiques.  Il  publia  aussi  un  recueil  de  lettres  du  Cardinal 
Mazarin. 


XXVIII  INTRODUCTION. 

l'exemplaire  dont  nous  nous  sommes  servi  est  imprimé  àDantzig 
en  1724. 

Cette  traduction  a  le  mérite  d'être  très-littérale  ;  elle  est,  en 
outre  ,  un  document  linguistique  des  plus  remarquables. 
Nous  lui  avons  conservé  son  nom  à'allemande,  nom  sous  lequel 
elle  est  connue  des  bibliographes  ;  toutefois  Haigold  (pseu- 
donyme de  Schlôzer)  n'hésite  pas  à  appeler  la  langue  de  cette 
traduction  :  deutsch  oder  vie.lmehr  undeutsch,  «  allemande  ou 
plutôt  non  allemande.  »  C'est  un  mélange  extrêmement  curieux 
d'allemand,  de  latin,  de  français,  et  de  je  ne  sais  quelle  autre 
langue  *. 

Le  titre  que  le  «  Règlement  »  porte,  dans  cette  traduction,  est 
le  suivant  ;  il  correspond  à  celui  de  la  première  édition  russe  : 

«  Geistliches  Règlement  auf  hohen  Befehl  und  Verordnung  des 
von  Gott  gegebenenundmit  Weissheit  ausgeziehrten  Herrn  Czaa- 
ren  und  Gross-Fursten  Pétri  des  Ersten  Kàysers  von  gantz  Russ- 
land,  etc.,  etc.,  und  mit  Bewilligung  des  gantzen  Beiligen  Diri- 
gXrenden  Synodi  der  orthodoxes  Russischen  Kirche  welcher  durch 
Sr.  Czaar.  Majestât  Bemuhung  mit  Einslimmung  und  Beyrath  des 
Geistlichen  Standes  von  gantz  Reussland,  wie  auch  des  regie- 
renden  Sénats,  den  14  Febr.  1721,  in  der  Residentz  S.  Petersburg 


(1)  Le  lecteur  voudra  bien  nous  permettre  de  lui  en  faire  goûter  quelques  lignes. 
Ce  qui  suit  correspond  au  passage  qu'on  trouvera  à  la  page  112  :  «  A  partir  de 
l'an  1400,  etc.  » 

Nach  dem  1400  Jahre  aber  lhaten  sich  viele  curieuse  Leute  kervor,  und  funde  inan 
also  auch  gelehrtere  Professores  :  Daher  dann  nach  und  nach  viele  Academien  in  gros- 
sen  und  fast  grœssern  Flor  kommen,  als  die  alten  zu  Augusti  Zeiten  geioesen.  Jeden- 
noch  blieben  auch  viele  Schulen  in  der  vorigen  Finsterniss  stecken,  so  dass  in  denenselben 
die  Rethorica,  Philosophie,  und  andere  Wissenschafften,  nur  leere  Nahmen  ohne  Wesen 
sind.  (Geist.  Regl.,  p.  41). 

Le  passage  suivant  est  la  traduction  de  la  règle  18,  Du  Séminaire.  (Voir  plus  loin 
page  1580 

Man  кап  ferner  swey-oder  dreymahl  des  Jahres  Actiones,  Disputationes,  Comce- 
dien  und  oratorische  Exercitia  halten.  Dann  solches  ist  nicht  allein  sehr  dienlich,  um 
denen  jungen  Leuten  eine  gule  Hardiesse  zu  geben,  dergleichen  die  Predigt  des  Gœttli- 
chen  Wortes  und  die  Ambassadea  erfordem,  sondern  machet  auch  eine  angenehme 
Verœnderung.  (Jb.,  p.  53.) 


INTRODUCTION.  XXIX 

verrichtet  worden,  publicirei?  und  gedruckt  in  der  S.  Petersbur- 
gischen  Buchdruckerey,  im  Jahr  Christi  1721.  den  16  Septembr. 
(Danlzig,  1724.) 

Haigold  traduisit  de  nouveau  en  allemand  le  «  Règlement 
ecclésiastique,  »  et  inséra  sa  traduction  dans  ses  Beilagen  zam 
neuverânderten  Russland  (Riga,  1769,  t.  Ier,  p.  147-260),  avec  le 
titre  suivant  :  Peters  des  Grossen  Geistliches  Règlement,  ans  der 
zu  Petersburg,  1721,  deutsch  gedruckten  Ausgabe.  —  Nous  ne  con- 
naissons aucune  autre  édition  allemande. 

La  traduction  anglaise  citée  dans  les  notes  du  «  Règlement  » 
est  celle  de  Thomas  Consett  qui,  pendant  plusieurs  années  du 
règne  de  Pierre  le  Grand,  fut  chapelain  de  la  factorerie  anglaise 
à  Saint-Pétersbourg'.  Ce  personnage,  distingué  par  son  savoir, 
membre  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Berlin,  auteur 
même  d'une  Grammaire  russe  qui  aurait  paru  daus  cette  ville, 
mit  un  soin  tout  particulier  à  s'enquérir  de  l'état  religieux  de  la 
Russie.  Il  garda  des  rapports  suivis  avec  les  prélais  russes  qui 
eurent  le  plus  d'influence  du  temps  du  Tsar  réformateur,  et  avec 
le  célèbre  baron  de  Huyssens,  duquel  il  aurait  appris  beaucoup  de 
détails,  généralement  inconnus,  sur  la  vie  et  les  gestes  de  Pierre 
le  Grand  '.  De  tous  les  ouvrages  sur  la  Russie  publiés  à  l'étranger, 
pendant  ou  peu  après  le  règne  de  Pierre,  celui  de  Consett  nous 
paraît  mériter  une  attention  spéciale;  c'est  l'ouvrage  d'un  obser- 
vateur doué  de  pénétration,  et  assez  bien  placé  pour  tenir  de 
source  sûre  ce  qu'il  avance. 

Consett  publia  la  traduction  du  a  Règlement  »  dans  son  ou- 
vrage: The  présent  State  and  Régulations  of  the  Churcli  of  Russia 
established  by  the  late  Tzar's  Royal  Edict  (London,  1829,  in-8). 
La  préface  du  traducteur  est  fort  intéressante;  on  y  trouve,  entre 
autres  choses,  une  lettre  du  baron  de  Huyssens  à  Consett  relative 

(1)  Suivant  Liitiens  (op.  cit.,  p.  26),  l'article  sur  Pierre  le  Grand  dans  le  tome  VIII 
du  Dictionnaire  historique  et    critique  de  Bayle,  aurait  été  rédigé  jiar  Consett. 


XXX  INTRODUCTION. 

aux  versions  de  la  Bible  en  langue  slave.  La  traduction  du  «Règle- 
ment »  est  littérale,  faite  avec  soin,  et  accompagnée  de  quelques 
notes  ;  le  titre  est  mot  pour  mot  celui  de  la  troisième  édition 
russe,  publiée  à  Saint-Pétersbourg  en  1723,  et  imprimée  en 
caractères  d'église.  De  fait,  si  nos  souvenirs  ne  nous  trahissent 
point,  cJtst  bien  sur  un  exemplaire  de  cette  édition,  possédé  par 
la  Bibliothèque  du  Musée  britannique  de  Londres,  que  nous  avons 
trouvé  la  propre  signature  de  Consett,  et  quelques  annotations 
également  de  sa  main. 

Nous  nous  permettrons  de  relever  ici  une  inexactitude  dans 
laquelle  est  tombé  Pékarski,  faute  d'avoir  eu  sous  les  yeux  Гои- 
vrage  de  Consett.  En  citant  cet  ouvrage,  le  célèbre  historien  des 
Sciences  et  lettres  en  Russie  soits  Pierre  le  Grand  suppose  que 
Consett  aurait  traduit, non  pas  le  «Règlement  ecclésiastique»  mais 
bien  la  Confession  orthodoxe  de  Pierre  Moghila  i.  Il  existe  en  effet 
une  traduction  anglaise  de  cette  Confession,  mais  elle  parut  beau- 
coup plus  tard,  et  ne  porte  aucun  nom  d'auteur2.  Pékarski  ne 
parait  pas  avoir  eu  connaissance  de  la  traduction  anglaise  du 
«Règlement.»  Nous  avons  remarqué  la  même  lacune  dans  le 
Dictionnaire  des  écrivains  ecclésiastiques  de  Mgr  Eugène.  Enfin, 
nous  remarquerons  que  Consett  n'a  pas  seulement  traduit  le 
«  Règlement  ecclésiastique  »  proprement  dit,  mais  aussi  son 
Supplément.  (Voir  plus  loin,  pages  248-249.) 

Une  traduction  du  «  Règlement  »  en  grec  moderne,  due  à  Eu- 
gène Bulgarie,  Archevêque  de  Kherson  (f  1806),  et  gardée  encore 
en  manuscrit,  est  mentionnée  par  Mgr  Eugène  dans  son  Diction- 
naire et,  après  M,  par  Pékarski3.  Suivant  Mgr  Eugène,  cette  tra- 
duction aurait  été  faite  en  1776  sur  une  version  latine.  Peut-être 


(1)  Pékarski,  op.   cit.,  t.  II,  p.  190. 

(2)  The  orlhodox  Confession,  etc.  —  London,  1762. 

(3)  Mgr  Eugène,  Dictionnaire,    etc.,    t.  I,    p.  161.  —  Pekarski,   op.  cit.,   t.   II, 
p.   525. 


INTRODUCTION.  XXXI 

y  a-t-il  ici  une  erreur  de  date  ;  la  seule  traduction  latine  men- 
tionnée par  les  bibliographes  russes  est  celle  dont  nous  allons 
parler,  et  qui  fut  achevée  en  1782.  Nous  n'avons  trouvé  aucun 
autre  renseignement  à  ce  sujet,  ni  dans  Papadapoulos-Vretos  i , 
ni  dans  Satha  2. 

Il  ne  reste  plus,  à  notre  connaissance,  que  la  traduction  latine 
de  Hyacinthe  Karpinski  ,  celle  que  nous  rééditons  ici.  Une 
note  communiquée  par  Mgr  Eugène,  lorsqu'il  était  encore 
Archimandrite  et  Recteur  de  l'Académie  ecclésiastique  de 
Saint-Pétersbourg,  et  publiée  par  Barbier,  contient  d'intéressants 
détails  sur  cette  traduction.  Cette  note  est  reproduite,  en  partie, 
presque  mot  à  mot,  par  Mgr  Eugène  dans  la  biographie  de 
Karpinski  (Dictionnaire,  etc.  t.  Ier,  p.  215);  nous  la  rapportons 
textuellement  telle  qu'elle  se  trouve  dans  le  Dictionnaire  des 
ouvrages  anonymes  de  Barbier.  La  voici  : 

Statutum  canonicum  sive  ecclesiasticum  Pétri  Magni,  vulgo  Reguîamentum, 
in  sancta  orthodoxa  Rossorum  Ecclesia  prœscriptum  et  auctum  sub  prœla 
multoties  in  vernacula  vocatum  ;  nunc  tandem  ex  Rossira  lingua  in  latinam 
transfusum  ac  impressum,  auspiciis  impensisque  serenissimi  Principis  Gregorii 
Alexandridis  Potemkini,  interpetrationempassimperlustrantem.  L[uca]  S[itch- 
kareff].  Petropoli,  typis  Academiœ  Iuaperialis  scientiarum,  1785,  in-4, 
157  pages. 

Cette  traduction  a  été  faite  par  un  Archimandrite  de  Biélozersky  nommé 
Hyacinthe  Karpinski  qui,  depuis,  a  été  membre  du  Comptoir  synodal  à 
Moscou  et  est  mort  en  1798.  Le  prince  Potemkin  ayant  obtenu  une 
copie  de  cette  traduction,  consentit,  à  la  sollicitation  de  quelques  étran- 
gers, à  la  faire  réimprimer.  L'édition  ayant  été  confiée  à  son  interprète 
Lucas  Sitchkareff,  celui-ci  retoucha  toute  la  traduction  et,  après  l'avoir 

(1)  Papadapoulos-Vretos.  NeosXXrpnxr]  cpiXoyoyi'a  (Littérature  ne  о -hellénique). 

(2)  Satha  (Constantin4).  Btoypacpfat  twv  Iv  tofç  ypâjj.[xaoi  otaAapv|4vTiov  'EaXVjvwv 
àrcb  т%  xaTaXÔCTEtoç  Trjç  j3uÇavx[v/jî  <5итохратор{а;  J-ts/p'i  xîjç  rEXXr)Vix%  sOveyspafas 
[1453-1821.  \(Biographies  des  Hellènes  qui  se  sont  illustrés  dans  les  lettres,  depuis  la  chute 
de  Constantinople  jusqu'à  la  régénération  de  la  Grèce.)  —  Athènes,  1868. 


XXXII  INTRODUCTION. 

corrigée  en  plus  d'un  endroit,  traduisit  tout  de  nouveau  YEdictum  et  le 
Juramentum,  en  tête  de  l'ouvrage  ;  il  changea  même  le  titre,  car  la  tra- 
duction de  M.  Karpinski  était  intitulée  :  Regulœ  sive  constitutiones  ecclesia- 
sticœ.  in  sancta  Russorum  ecclesia  concinnatœ,  typis  aliquoties  repetitœ,  ex 
lingua  Rossica  in  latinam,  in  monasterio  sancti  Cyrilli  translatai,  1782, 
a,  Christi.  M.  Sitchkareff  a  fait  la  plupart  de  ses  corrections  dans  les  pre- 
miers chapitres  de  l'ouvrage.  Le  reste  est  presque  partout  conforme  à  la 
version  originale  de  Karpinski,  dont  une  copie  manuscrite  se  trouve  à  la 
bibliothèque  de  l'Académie  de  Saint-Alexandre  Nevski.  En  confrontant  ce 
manuscrit  avec  l'édition  de  M.  Sitchkareff,  on  remarque  que  la  latinité 
du  dernier  est  plus  pure;  mais,  en  revanche,  il  affaiblit  souvent  par  de 
longues  paraphrases  l'énergie  de  l'original,  que  Karpinski  traduit  avec 
une  fidélité  religieuse.  A  la  fin  de  l'original  se  trouvent  un  Index  et  quel- 
ques Constitutions  synodales,  ainsi  que  quelques  Questions  sur  les  affaires  du 
Synode,  et  une  Instruction  pour  le  premier  procureur  du  Synode.  Aucune 
de  ces  pièces  ne  se  trouve,  ni  dans  la  traduction  de  Karpinski,  ni  dans 
l'édition  de  Sitchkareff  ;  on  ne  le  trouve  même,  excepté  l'Index,  à  la 
suite  de  l'original  russe,  que  dans  les  éditions  postérieures  à  la  tra- 
duction. 

L'édition  latine  de  cet  ouvrage  est  très-rare  et  peu  connue  des  Russes 
mêmes,  parce  qu'aussitôt  après  l'impression  ,  les  exemplaires  ont  été 
portés  en  Crimée,  où  le  prince  Potemkin  avait  pour  lors  son  quartier 
général  ;  il  n'en  est  pas  resté  un  seul  dans  l'imprimerie  d'où  elle  est  sortie, 
ni  dans  les  bibliothèques  publiques  de  Saint-Pétersbourg.  Elle  est  plus 
connue  dans  les  pays  étrangers  où  l'on  en  a  transporté  de  Crimée  quel- 
ques exemplaires,  le  reste  a  péri,  en  partie  pourri  par  suite  de  négli- 
gence, en  partie  déchiré  et  employé  en  maculatures  par  des  ignorants. 
(Note  tirée  du  «  Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de  S.  E.  M1'  le  comte  de 
Boutourlin,  revu  par  MM.  Barbier  et  Pougens  ;  suivi  d'une  table  des  auteurs 
très-détaillée.  Paris,  imprimerie  de  Pougens,  1803,  г'п-8.  »  Elle  a  été  commu- 
niquée par  le  R.  P.  Eugène,  Archimandrite  et  Préfet  de  l'Académie  ecclésias- 
tique d'Alexandre  Nevski  1 .  ■ 

Aux  renseignements  contenus  dans  celle  note,  nous  ajoulerons, 

(1)  Barbier,  Dictionnaire  des  ouvrages  anonymes  et  pseudonymes  composés,  traduits 
et  publics  en  français  et  en  latin.  —  Paris,  2e  édit.,   1824.  Tome  III,  n°  21488. 


INTRODUCTION.  XXXIII 

d'après  l'article  consacré  par  Mgr  Eugène  à  Karpinski,  que  ce  der- 
nier fut  chargé  par  le  prince  Potemkin  lui-même  de  traduire  en 
latin  le  «Règlement;»  que  Lucas  Sitclikareff  était  aussi  traducteur 
du  Synode,  et  enfla  que  quelques  exemplaires  de  l'édition  res- 
tèrent à  Saint-Pétersbourg  entre  les  mains  de  diverses  personnes * . 
Peut-être  aussi  quelque  bibliophile  nous  saura-t-il  gré  de  signaler 
une  variante  entre  l'exemplaire  que  nous  possédons  et  un  autre 
possédé  par  le  Musée  britannique  de  Londres.  La  voici  : 

Notre  exemplaire  :  Exemplaire  de  Londres  : 

Regidamentum  sive  Statutum  Statutum  sive  Becretum  ec- 
spiritualis  Collegiï  praescribens  clesiaslicum,  juxta  quod  spiri- 
munia  quibus  illud  ipsum,  qui-  tuale  Collegium  obire  tenetur 
bus  singuli  ecclesiastici  ordines,  muniasua,  quodque  observare 
пес  non  saeculares  quatenus  debent  singuli  ecclesiastici  or- 
spirituali  regimini  subordinati,  dines,  пес  non  saeculares,  qua- 
obstringuntur,  qua  denique  ra-  tenus  spirituali  regimini  subor- 
tione  Collegium  negotia  ad  se  dinati,  qua  denique  ratione,  te- 
pertinentia  est  expediturum.  nore  ejus,  Collegium  negotia  ad 
(Voir  plus  loin,  p.  13).  se  pertinentia  est  expediturum. 

Cette  variante  indiquerait-elle,  par  hasard,  une  double  édition 
de  la  traduction  latine  du  «  Règlement  ecclésiastique  ?» 

Remarquons,  avant  de  passer  à  notre  traduction  française, 
que  le  titre  donné  par  Sitclikareff  à  la  version  latine  de  Kar- 
pinski prouve  aussi  contre  l'assertion  de  l'auteur  des  Anecdotes, 
«  que  (déjà  en  1745)  le  «Règlement»  était  connu  par  une  traduc- 
tion imprimée  en  latin.  »  Il  est  à  supposer  que  le  traducteur  du 
Synode  en  aurait  eu  connaissance,  et  n'aurait  pas  mis  dans  le 
titre  que  le  «  Règlement  »  venait,  «  finalement,,  tandem,  »  d'être 
traduit  et  imprimé  en  latin  en  1785.  —  Remarquons  aussi  que 
le  mot  auctum  (augmenté)  du  titre  latin,  se  rapporte  au  Supplé- 
ment du  «  Règlement  ecclésastique.  »    Ce  Supplément,  qu'on 

(1)  Mgr  Eugène,  op.  cit.,  t.  I,  p.  2)6-217. 


XXXIV  INTRODUCTION. 

peut  voir  aussi  dans  les  trois  dernières  éditions  allemandes, 
parues  à  Dantzig,  et  dans  l'édition  anglaise  de  Consett,  ne  se 
trouve  pas  dans  la  présente  édition  ;  nous  en  parlerons,  cepen- 
dant, et  nous  en  donnerons  le  contenu.  (Voir  p.  248-49.) 

Pour  ce  qui  est  des  motifs  qui  nous  ont  décidé  à  joindre  la 
traduction  de  l'Archimandrite  du  couvent  de  Saint-Cyrille  à  la 
nôtre,  nous  ferons  observer  que,  si  la  révision  de  Sitchkareff  a 
pu  nuire  à  la  force  de  l'expression  latine  employée  par  Karpinski, 
en  revanche  elle  a  conféré  à  sa  traduction  quelque  chose  d'of- 
ficiel, à  cause  de  la  qualité  de  traducteur  du  Synode  dont  le 
réviseur  était  investi.  Il  est  certain  aussi  que,  pour  plusieurs  pas- 
sages qui  ont  déjà  donné  lieu  à  des  discussions,  ou  qui  pourraient 
facilement  y  donner  lieu  à  l'avenir,  la  double  autorité  d'un' 
Archimandrite  russe  et  d'un  traducteur  du  Synode,  n'était  point 
à  dédaigner.  Enfin,  la  traduction  latine  paraphrase  çà  et  là 
l'original,  et  fournit  de  précieuses  indications  ;  parfois  aussi  elle 
détermine  le  sens  assez  obscur  ou  ambigu  du  texte  russe.  —  Tou- 
tefois, le  lecteur  se  convaincra  facilement  que,  si  nous  avons 
profité  de  la  traduction  latine,  comme  nous  l'avons  fait  des  tra- 
ductions allemande  et  anglaise,  nous  nous  sommes  cependant 
appliqué  à  rendre,  non  pas  le  sens  du  latin,mais  celui  de  l'original. 

IV 

Après  avoir  parlé  des  traductions  faites  par  d'autres,  et  les 
avoir  jugées  et  critiquées,  nous  serions  bien  mal  avisé  de  faire 
l'apologie  de  la  nôtre.  Nous  dirons  donc  seulement,  que  ce 
n'est  point  sans  quelque  satisfaction  que  nous  avons  trouvé  un 
avocat  de  notre  traduction,  le  croirait-on?  chez  une  Impératrice 
de  Russie,  chez  Catherine  II  elle-même.  Dans  une  de  ses  lettres  à 
Voltaire,  l'Impératrice,  s'excusant  de  ne  pouvoir  encore  lui 
envoyer  la  traduction  d'un  écrit  russe  que  Voltaire  attendait, 
s'exprime  en  ces  termes:  «  Rien  n'est  plus  difficile  que  d'avoir 


INTRODUCTION.  XXXV 

une  bonne  traduclion  française  de  quoi  que  ce  soit  écrit  en 
russe  ;  cette  dernière  langue  est  si  riche,  si  énergique,  et  souffre 
tant  d'inversions  et  de  compositions  de  termes,  qu'on  la  manie 
comme  l'on  veut;  la  vôtre  est  si  sage  et  si  pauvre,  qu'il  faut  être 
vous  pour  en  avoir  tiré  le  parti  et  l'usage  que  vous  en  avez  su 
faire.  »  Nous  nous  permettrons  de  remarquer  que  la  lettre 
où  Catherine  II  s'exprime  si  clairement  sur  la  difficulté  de 
traduire  du  russe  en  français  porte  la  date  de  Tsarskoeselo,  le 
14/25  juin  1776.  Or,  à  cette  époque,  il  y  avait  déjà  vingt-deux 
ans  que  la  Russie  possédait  la  Grammaire  de  Lomonossoff  ;  la 
langue  russe  de  cette  époque,  quelque  imparfaite  qu'elle  fut 
encore,  était  toujours  meilleure,  et  surtout  plus  capable  de  sup- 
porter une  traduction,  que  le  russe  de  Prokopovitch. 

Il  nous  reste  à  dire  quelque  chose  des  notes  dont  nous  avons 
accompagné  notre  traduclion  du  «  Règlement.  »  -  La  vie  du 
peuple  russe  était,  jusqu'à  Pierre  Ier,  identifiée  avec  sa  reli- 
gion; la  littérature,  expression  de  sa  pensée,  était,  on  peut 
dire ,  exclusivement  religieuse  ;  jusque  dans  la  rédaction  des 
ABC  pour  les  enfants,  on  visait  avant  tout  à  mettre  ceux-ci  a 
même  de  lire  et  de  comprendre  les  hymnes  et  les  prières  de 
l'Église1.  L'histoire  des  Tsars  de  Moscovie  est  inséparable  de 
celle  des  Métropolitains  de  Moscou  d'abord,  des  Patriarches  de 
Russie  ensuite.  On  comprendra  aisément,  par  ces  simples  indica- 
tions, qu'une  publication  consciencieuse  du  «  Règlement  ecclé- 
siastique »  de  Pierre  le  Grand  demandait  nécessairement  des 
notes  et  des  commentaires  relatifs  à  l'histoire,  aux  coutumes,  à 
la  langue,  à  la  littérature  et  aux  institutions  du  peuple  russe. 
Du  reste,  le  contenu  même  du  «  Règlement  »  nous  a  forcé 
d'aborder  les  sujets  les  plus  divers,  si  bien  que  cette  publication 
n'est  pas  moins  une  Étude  religieuse,  qu'une  Étude  historique  et 

(1)  Pekarski,  op.  cit.  t.  1,  p.  174. 


XXXVI  INTRODUCTION. 

littéraire  sur  le  règne  de  Pierre.  Nous  ne  croyons  pas  que  ce  soit 
là  un  défaut,  ni  que  cela  nuise  à  l'intérêt  de  la  publication. 

Parmi  les  ouvrages  cités  dans  les  notes,  il  y  en  a  deux  surtout 
qui,  à  cause  de  leur  importa nce,méritent  ici  une  mention  spéciale. 

Le  premier,  ce  sont  les  Répliques  du  Patriarche  Nicon.  Le 
boyard  Siméon  Strechneff,  adversaire  déclaré  du  Patriarche,  avait 
rédigé  en  forme  de  Questions,  trente  chefs  d'accusation  contre 
lui.  Ces  Questions  avaient  été  soumises  à  un  Évêque  grec  appelé 
Païsius  Ligaridès,  nom  bien  connu  dans  l'histoire  de  l'Église 
russe.  Ce  prélat,  vendu  au  Tsar  Alexis,  s'était  rendu  à  Moscou 
pour  intervenir  dans  le  jugement  et  dans  la  condamnation  du 
Patriarche.  On  lui  soumit  les  «  Questions  »  du  boyard  Strechneff, 
et  il  leur  fît  des  «  Réponses,  »  toutes  en  faveur  du  Tsar.  Les 
Répliques  sont  l'apologie  du  grand  Patriarche  écrite  par  lui- 
même  :  Nicon  répond  à  la  fois  aux  «  Questions  в  de  Strechneff 
et  aux  a  Réponses  »  de  Païsius  Ligaridès. 

On  conçoit  aisément  que  cette  apologie,  où  les  empiétements 
des  Tsars  apparaissent  constamment  en  contraste  avec  l'Écriture, 
les  canons,  les  Pères  et  les  prescriptions  du  droit  romain  accep- 
tées en  Russie,  n'ait  jamais  pu  voir  le  jour.  M.  William  Palmer, 
dont  le  nom  est  bien  connu  dans  le  monde  littéraire  et  reli- 
gieux, ayant  enfin  réusssi  à  s'en  procurer  une  copie,  l'a  traduite 
en  anglais,  et  l'a  publiée  avec  une  Introduction  fort  remar- 
quable, des  notes  et  une  table  analytique  fort  complète1. 

Nous  ne  pouvions  ne  pas  profiter  d'une  pareille  publication  ; 
aussi  nous  sommes-nous  empressé  de  lui  emprunter  de  longues 
citations,  et  de  répondre  aux  sophismes  de  Pierre  le  Grand  et  de 
Prokopovitch  avec  les  paroles  mêmes  de  Nicon.  C'est  ce  que  nous 

(1)  The  Replies  of  the  humble  Nicon,  by  the  mercy  of  God  Patriarch,  ayainst  th 
Questions  of  the  Boyar  Simeon  Streshneff  and  the  Ansivers  of  the  Metropolitan  of  Gaza 
Païsius  Ligaridès.  Translated  from  the  Russ  by  William  Palmer.  M.  A.,  late  FelloAv 
of  Magdalen  Collège,  Oxford.  —  London,  Trubaer,  1871. 


INTRODUCTION.  XXXVII 

avons  fait  surtout,  dans  la  première  partie  du  «  Règlement,  » 
consacrée  à  l'exposé  des  raisons  de  l'institution  du  Synode.  Nous 
ne  doutons  point  que,  de  nos  jours,  le  noble  et  ferme  langage 
du  Patriarche  martyr  n'ait  plus  de  poids,  en  Russie  même,  que 
les  argumentations  de  l'Évêque  également  en  faveur  auprès  de 
Pierre  Ier,  de  Catherine  Ire,  de  Pierre  II,  et  de  l'Impératrice  Anne. 
Le  second  ouvrage  cité  dans  les  notes,  et  dont  nous  devons 
relever  ici  l'importance,  c'est  la  Dissertatio  de  religione  Ruthe- 
norum  hodierna l,  dédiée  comme  présent  de  noces  «  loco 
уар]Х(ои  »  au  grand-duc  Pierre  Féodorovitch,  depuis  Pierre  III, 
à  l'occasion  de  son  mariage  avec  la  princesse  Sophie  d'Anhalt- 
Zerbst,  celle  qui  fut  plus  tard  Catherine  II.  L'auteur  de  la 
Dissertatio,  Guillaume-Frédéric  Lutiens,  que  nous  avons  déjà 
cité  plus  haut,  ne  se  doutait  pas  que  ce  mariage  célébré  «  Rus- 
sie omni,  Hoisatiâ,  Ascanià,  Germanid,  Europâ,  Asià,  applau- 
dentiôus,  congratulantibus  »,  et  qui  était  destiné  à  donner  «  des 
Césars  et  des  autocrates  jusqu'à  la  fin  du  monde,  Cœsares  et  auto- 
cratores  ad  finem  nsque  mundidaturum,  »  devait  avoir  une  issue 
fort  tragique, l'assassinat  de  Pierre...  Mais  si  Lutiens  se  trompait 
dans  ses  prévisions,  nous  ne  croyons  pas  qu'il  se  trompât  en 
essayant  d'établir  dans  sa  Dissertation  que  la  religion  des  Russes, 
non  point  l'ancienne,  mais  la  moderne,  «  celle  établie  et  purifiée 
par  le  très-glorieux  Pierre,  conformément  au  texte  sacré,  et  à 
l'antique  et  plus  pure  Église  «  se  rapprochait  tout  à  fait  de  la  re- 
ligion évangélico-luthérienne 2.  »  Montrant  une  remarquable  fran- 
chise, Lutiens  exprime  sans  détours,  avec  ses  vœux  très-ardents 

•(1)  ... Dissertatio  hislorico-ecclesiastica  de  religione  Ruthenorum  hodierna  quam...  in 
aima  Georgia  Augusta  prœside  Jacobo  Guilielmo  Feuerlino  A.  D.  XXXI  Julii  A.  0. 
R.  MDCCXLV  publiée  veniilandam  proponit  autor  respondens  Guilielmus  Fridericus 
Lutiens,  Holsatus,  SS.  Theol,  Stud.  Gottingœ  (1745)  typ.  Jo.  Frid.  Hager,  in-4.  — 
Cette  dissertation  est  parfois  citée,  par  erreur,  sous  le  nom  de  Feuerlein. 

(2)  ....Religionem  Ruthenorum  hodiernam  a  gloriosissimo  Petro  ad  normam  Codicis 
sacri  et  Ecclesiœ  Christianœ  antiquiorù  et  purioris  féliciter  inslauralam  et  purgatam. . , 
Ad  noslram  vero  Evangelico-Lulheranam,  quam  proxime  arcedere  Lutiens,  op. 
cil.  p,  vu  et  70. 


XXXVIII  INTRODUCTION. 

pour  que  le  grand-duc  poursuive  l'œavre  de  Pierre,  ses  espé- 
rances que  l'Église  russe  s'unisse  une  bonne  fois  à  l'Église  évangé- 
lico-luthérienne.  La  Dissertation  n'a  d'autre  but  que  d'aplanir  les 
difficultés  s'opposant  à  cette  union;  pour  les  faire  disparaître, 
Liitiens  examine,  surtout  à  l'aide  du  «Règlement  ecclésiastique  » 
et  du  Catéchisme  de  Prokopovitch,  dit  de  Pierre  le  Grand,  en  quoi 
les  deux  religions  s'accordent,  et  combien  il  serait  facile  de 
faire  disparaître  les  désaccords  apparents,  qui  subsistent  encore. 
Ainsi,  parlant  du  dogme  de  la  procession  du  Saint-Esprit,  il  dit 
tenir  de  source  très-sure  «  que  la  cour  Impériale  de  Russie 
d'aujourd'hui  n'est  pas  éloignée  de  notre  dogme  delà  procession 
du  Saint-Esprit  du  Père  et  du  Fils  \  »  Et,  parlant  du  culte  des 
saints  et  des  images,  que  Pierre  n'avait  pas  défendus:  «  On 
doit  le  ranger,  dit  Liitiens,  parmi  ces  restes  des  anciennes  cor- 
ruptions, que  le  très-glorieux  Empereur  Pierre  ne  pouvait  ou 
ne  voulait  pas  encore  extirper,  se  conformant,  dans  sa  con- 
duite, à  la  même  règle  de  prudence,  qui  avait  inspiré  le  bien- 
heureux Luther,  lorsque  ce  dernier  pensait  et  disait  qu'il  fallait 
d'abord  arracher  les  images  du  cœur  en  enseignant  au  peuple 
que  c'est  la  foi  seule  qui  nous  rend  agréables  à  Dieu 2.  » 


(1)  «  Summe  venerandum  prœsidem  meum  (J.  Guill.  Feuerlein)  gravissimo  testimonio 
edoctum  esse,  aulam  imperialem  Ruthenicam  hodkrnam,  a  dogmate  nostro  de  Pro- 
cessione   spiritus  sancti  a  Pâtre  et  Filio  non   esse  aliénant.  »  Id.  ib.  g  XIX,  p.  43. 

(2)  «...  Haec  omnia  reliquiis  veterum  corruptelarum  annumeranda  sunt,  quœ  glorio- 
sissimus  Imperalor  penitus  extirpare  vel  non  poterat,_vel  nondum  volebat  ex  régula  illa 
prudentiœ,  qua  duc  tus  B.  Ltjtherus  nosler  imagines  primum  ex  animo  removendas 
duxerat,populumque  docendum  sola  fide  nos  Deo placer e.»LuTiENS, op. cit.  g  XXI,p.62-63. 

Nous  avons  remarqué  ave з  satisfaction  que  Liitiens,  et  avec  lui  beaucoup  d'autres 
Protestants  qui  croient  sur  ce  point  comme  les  Catholiques,  considèrent  le  désaccord 
entre  nous  et  les  Grecs,  comme  un  malentendu.  Dans  Y  Avenir  de  VEglise  russe} 
nous  avons  appuyé  notre  conviction  à  ce  sujet  sur  un  document  très-important 
émané  du  Synode  de  Russie.  Dans  the  Pope  of  Rome,  etc.  p.  4-5  (éd.  fr.,  p.  8-7) 
nous  avons  cité  un  important  travail  du  P.  Victor  de  Buck,  S.  J.,  publié  dans  les 
Etudes  de  1857  sous  le  titre  :  Essai  de  conciliation  sur  le  dogme  du  Saint-Esprit, 
et  rédigé  d'après  l'examen  des  Catéchismes  de  l'Église  orthodoxe.  Nous  y  avons 
aussi  rapporté  in  extenso  une  série  de  propositions,  en  forme  de  canons,  proposées 
par  le  savant  Bollandiste,  dans  le  but  d'exclure  tout  malentendu  ultérieur. 


INTRODUCTION.  XXXIX 

Nous  n'ajouterons  rien  au  sujet  de  celle  Dissertation  de 
Luliens.  L'importance,  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  en  est 
manifeste;  elle  ressort  d'ailleurs  du  titre  même  de  l'écrit,  et  des 
sources  auxquelles  Luliens  a  puisé  ses  connaissances  sur  la 
religion  des  Russes  de  son  temps. 

Les  autres  ouvrages  dont  nous  nous  sommes  servi,  et  les 
sources  auxquelles  nous  avons  puisé,  à  notre  tour,  sont  indi- 
quées avec  soin  dans  les  notes.  Notre  source  principale  a  été  la 
Collection  complète  des  lois  de  Г  Empire  russe x  dont  la  publication 
a  commencé  en  1830.  Elle  est  divisée  en  deux  séries:  la  première 
contient  les  lois  promulguées,  à  partir  de  l'année  1649,  jusqu'à 
Tannée  1825;  elle  s'ouvre  par  YOulojénie  du  Tsar  Alexis  Mikhai- 
lovitch,  qui  abolit  toutes  les  lois  préexistantes,  et  se  poursuit  jus- 
qu'au 12  décembre  1825,  jour  où  fut  signé  le  Manifeste  de  l'Em- 
pereur Nicolas,  concernant  la  succession  au  trône.  Cette  pre- 
mière série  contient,  outre  quarante  volumes  de  texte,  cinq 
volumes  d'Appendices.  La  deuxième  série  se  continue  encore, 
mais  ici  on  trouve  à  la  fin  de  chaque  volume,  les  Indicateurs 
chronologique  et  alphabétique  des  lois  qu'il  contient.  En  citant 
les  lois,  nous  avons  mis  entre  parenthèses  le  numéro  d'ordre 
sous  lequel  elles  sont  classées,  soit  dans  le  texte  de  la  Collec- 
tion, soit  dans  Y  Indicateur  chronologique.  Nous  avons  aussi, 
très-souvent  du  moins,  conservé  dans  la  citation  des  ukases 
la  qualification  de  nominal,  qui  sert  à  désigner  les  ukases 
émanant  directement  du  Tsar.  Les  dates  indiquées  sont 
celles  du  calendrier  russe,  en  retard  de  onze  jours  sur  le 
nôtre. 

Si,  dans  la  Collection  complète,  nous  avons  étudié  l'Église 
russe  et  la  Russie  du  temps  de  Pierre,  c'est  surtout  dans  le  Code 
des  lois  de  V Empire  russe  que  nous  avons  étudié  TÉglise  russe  et 


(1)  Полаое  Coôpanie  Законовъ  Poccii'tCKOii  Ihmepin.   —Saint-Pétersbourg,    1830    et 
suiv. 


XL  INTRODUCTION. 

la  Russie  d'aujourd'hui  *.  La  codification  des  lois  russes,  annoncée 
par  un  ukase  de  Pierre  Ier  en  date  du  18  février  1700,  ne  fut 
accomplie  que  sous  le  règne  de  Nicolas.  La  première  édition  du 
Code  est  de  1832,  la  seconde  de  1842,  la  troisième  de  1857.  Cette 
dernière  édition  contient  quinze  volumes  de  texte,  et  un  Indica- 
cateur  alphabétique  formant  un  volume  à  part 2. 

Avant  de  conclure  ,  nous  croyons  remplir  un  devoir  en 
déclarant  ici  que  notre  travail  a  été  singulièrement  facilité  par 
les  indications  de  toute  sorte  que  nous  avons  trouvé  dans  l'ou- 
vrage, déjà  cité,  de  Pierre  Pékarski,  et  qui  nous  ont  mis  sur 
la  voie  de  recherches  ultérieures. 

(1)  La  situation  de  l'Église  russe,  et  particulièrement  celle  de  son  clergé  forme 
le  sujet  de  nombreux  écrits,  publiés  hors  de  Russie.  Signalons  entre  autres  : 

Onncaeie  сельскаго  Духовенства.  Description,  du  clergé  de  campagne  (Paris , 
Franck,  1858).  Une  traduction  abrégée  de  cet  ouvrage,  parut  sous  le  titre  :  Ta- 
bleau d'une  Eglise  nationale  d'après  un  pope  russe,  par  M.  l'abbé  Delière  (Paris, 
Palmé,  1862).  —  Русское  Духовенство-  Le  cierge'  russe  (Berlin,  1859).  —  Объ 
устройства  духовпыхъ  училицъ  въ  Poccifl.  De  l'organisation  des  écoles  ecclésiastiques 
en  Russie  (Leipzig,  Wagner,  1863).  —  Schedo-Ferroti.  La  tolérance  et  le  schisme 
religieux  en  Russie,  (Berlin.  Behr,  1863).  —  О  православномъ  бвломъ  и  черномъ 
Духовенства  въ  Poccin-  Du  clergé  orthodoxe  blanc  et  noir  en  Russie  (Leipzig,  Wagner, 
1860).  —  Gagarin  (Rév.  P.).  Le  clergé  russe,  2e  édit.  française  (Bruxelles,  Goe- 
maere,  1871)  et,  en  anglais:  The  Russian  clergy  (London,  Burns  &  Oates,  1872).  — 
Eckardt,   Modem  Russia  (London,    18»70),   etc.,  etc. 

(2)  Сводъ  законовъ  Российской  Импер1и,  tomes  I-XV.—  Алфавитный  Указатель,  t.  XVI. 
Pour  le  continuation   du  Code,  et  pour    la  manière   de    s'en  servir,  voir  plus 

loin  p.  196,  note. 


Dans  la  Table  analytique,  rédigée  de  façon  à  rendre  cet  ouvrage  une  sorte 
de  Répertoire  de  ce  qui  se  rapporte  à  la  question  religieuse  de  Russie,  nous 
avons  complété  plusieurs  renseignements  que  le  lecteur  était  en  droit  d'exi- 
ger. Nous  avons  corrigé,  en  même  temps,  quelques  erreurs  qui  nous  sont 
échappées  soit  par  inadvertence,  soit  pour  nous  être  fié  à  d'autres  auteurs 
comme,  par  exemple,  celle  d'avoir  dit,  à  p.  231,  note  (2),  1.  8,  de  Saint 
Yaroslaff,  au  lieu  de  Yakovlevski.  D'autres  ont  été  relevées  dans  Y  Errata  ; 
enfin,  si  quelque  date  des  ukases  a  été  citée  dans  l'ouvrage  d'une  façon 
inexacte,  le  lecteur  la  trouvera  rectifiée  dans  la  liste  des  ukases,  donnée 
dans  la  Table  analytique. 


UKASE 

poor  l'établissement  du  collège  ecclésiastique  (synode) 


NOUS  PIERRE  PREMIER 

PAR  LA  GRACE  DE  DIEU 

Tsar  et  Autocrate  de  toutes  les  Russies,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  milieu  des  nombreuses  sollicitudes  que  l'autorité 
reçue  de  Dieu  Nous  impose  pour  l'amélioration  de  notre 
peuple  et  des  autres  royaumes  qui  Nous  sont  soumis, 
notre  attention  s'étant  aussi  portée  sur  l'état  ecclé- 
siastique, et  ayant  remarqué  en  tout  ce  qui  le  concerne 
beaucoup  de  désordre  et  de  grands  défauts,  Notre  con- 
science nous  a  fait  craindre,  et  non  sans  fondement,  de 
paraître  ingrat  envers  le  Très-Haut,  si,  après  avoir  été 
si  puissamment  secondé  par  Lui  dans  la  réforme  de 

EDICTUM 


INDULGENTE  DIVINA  GRATIA 

NOS  PETRUS  PRIMUS 
Tzar  et  Auctocrator  totius  Rossiae,  etc.,  etc.,  etc. 

Inter  tôt  tantasque,  quas  summa  a  Deo  Nobis  concredita  potestas 
a  Nobis  efflagitabat,  curas,  ut  populum  Nostrum,  ita  alia  ditioni 
Nostrae  subjecta  Régna  emendandi,  cum  obtutum  Nostrum  in  ordi- 
nem  etiam  sacrum  defiximus,  atque  in  eo  multa  perperam  et  pre- 
postere  agi,  magnamque  in  ejus  rébus  gerendis  inesse  imperfec- 
fcionem  deprehendimus;  non  vano  certe  in  conscientia  Nostra  metu 
sumus  perculsi,  ne  adversus  supremum  Numen  ingrati  esse  videa- 
mur,  si  Nos,  qui  ope  ejus  instructi,  tôt  tamque  egregios  in  re  mili- 
tari et  civili  reformanda  fecerimusprogressus,  omni  sacrum  ordinem 

1 


2  UKASE   POUR  L  ETABLISSEMENT   DU   SYNODE- 

l'état  militaire  et  civil,  Nous  négligions  celle  de  l'état 
ecclésiastique.  Et  nous  avons  craint  de  rester  sans  ré- 
ponse devant  Dieu,  lorsque  ce  Juge,  qui  ne  fait  point ac* 
ception  de  personne,  Nous  demandera  compte  de  la 
charge  si  grande  qu'il  Nous  a  confiée  ;  et  c'est  pourquoi, 
à  l'exemple  des  pieux  rois,  tant  de  l'ancienne  que  de  la 
nouvelle  Loi  \  Nous  Nous  sommes  chargé  du  soin  de 
réformer  l'état  ecclésiastique.  Or,  ne  trouvant  aucun 
meilleur  moyen  d'y  parvenir  qu'un  Gouvernement  Con- 
ciliaire 2  (car  celui  qui  est  entre  les  mains  d'un  seul  n'est 

limandi  expoliendique  cura  supersedebimus.  Ad  haec  extimescendum 
Nobis  erat,  ne  coram  Judice  ab  omni  personarum  studio  longe 
remotissimo,  tantae  a  Se  Nobis  demandatae  provinciae  rationem  a 
Nobis  exacturo,  redderemur  inexcusabiles.  Quibus  fiebat,  ut  Nos 
Regum,  qui  superiorum  temporum  memoriâ,  in  Veteri  et  Novo  Tes- 
tamento 1  vera  pietatis  laude  floruerant,  exemplum  aemulati,  curam 
ordinis  etiam  ecclesiastici  ad  meliora  reducendi  susceperimus. 
Ad  hanc  vero  rem  praestandam,  praeter  ex  multis  personis  conjun- 
ctum  Magistratum 2,  nulla  ratio  Nobis  visa  est  commodior.  Unicam 

(1)  Nous  croyons  que  Pierre  avait  ici  en  vue  surtout  Constantin,  à  qui  en  effet 
il  a  été  comparé  par  Théophane  Prokopovitch,  qu'à  certains  égards  on  pourrait 
considérer  comme  l'Eusèbe  russe  de  Pierre  le  Grand.  Or,  nous  ne  saurions  nulle- 
ment concilier  la  teneur  de  cet  ukase,  avec  le  célèbre  mot  de  Constantin  aux 
Évêques,  rapporté  par  Eusèbe  :  «  Vous  avez  été  établis  par  Dieu  Evêques  des  choses  qui 
»  sont  au  dedans  de  l'Eglise,  et  moi  Evêque  des  choses  qui  sont  au  dehors.  »  TulEiç  wiv  T&V 
cïato  т%  'Exy.Xrjataç*  iyw  oè  tuv  extoç.  Eus.  Vie  de  Const.,  1.  IV,  ch.  24).  Le  lecteur 
pourra  faire  plus  loin  une  remarque  analogue,  à  l'occasion  des  leçons  d'humilité 
chrétienne,  que  Pierre  donne  à  ses  Evêques,  quand  il  leur  recommande  de  ne  pas 
se  former  une  trop  haute  opinion  de  leur  dignité  et,  surtout,  de  ne  point  s'ima- 
giner qu'elle  puisse  égaler  celle  du  Tsar.  (Regl.  eccl.,  IIe  partie  :  Des  devoirs  des 
Evêques,  N03  14  et  15.) 

(2)  Rus.  Соборное  Правительство-  La  version  allemande  a  :  «  Collégiale  Regie- 
rung  ;  »  l'anglaise  de  Consett  :  «  a  Régulation  by  a  Synod.  »  Nous  avons  préféré  le 
mot  «  conciliaire  »  parce  que  ce  mot,  outre  qu'il  traduit  exactement  l'adjectif  russe 
соборвое  (de  соборъ  Concile),  rend  aussi  exactement  l'idée  ou,  pour  mieux 
dire,  l'équivoque  renfermée  dans  l'expression  russe.  Nous  verrons,  en  effet,  que  le 
Synode  passe  aux  yeux  des  Russes  comme  le  Concile  de  l'Eglise  de  Russie.  (V.  à  la 
fin  de  la  IIIe  partie  du  Règl.  eccl.,  avant  le  Supplém.,  les  points  soumis  à  la  déci- 
sion du  Tsar,  n°  2  et  la  note.) 


UKASE    POUR  L  ETABLISSEMENT   DU   SYNODE.  3 

pas  à  l'abri  des  passions,  et  on  en  tient  d'autant  moins 
compte  que  son  pouvoir  n'est  pas  héréditaire),  Nous 
instituons  le  Collège  Ecclésiastique,  c'est-à-dire  un 
Gouvernement  ecclésiastique  Conciliaire  qui,  d'après  le 
«  Règlement  »  ci-joint,  administrera  toutes  les  affaires 
ecclésiastiques  dans  l'Eglise  de  toutes  les  Russies.  Nous 
ordonnons  à  tous  nos  fidèles  sujets  de  tout  rang,  ecclé- 
siastiques et  laïques,  de  reconnaître  ce  Gouvernement 
comme  ayant  autorité  et  pouvoir,  de  s'adresser  à  Lui  en 
dernier  ressort  pour  toute  satisfaction,  solution  et  déci- 
sion dans  les  affaires  ecclésiastiques,  d'acquiescer  à  ses 
arrêts  définitifs,  et  d'obéir  en  tout  à  ses  décrets,  sous  les 
peines  sévères  portées  contre  ceux  qui  résistent  ou  déso- 
béissent aux  autres  Collèges  \ 

enim  personam  affectibus  plus  justo  indulgere,  certissima  res  est. 
Adde  quod,  cûm  potestas  haec  non  sit  haereditaria,  de  ea  sustinenda 
tuendaque  minus  sedulo  laboratur.  Quare  instituimus  Spirituale 
Collegium,  i.  e.  Synodum,  omnia  omnium  in  universa  Rossia  eccle- 
siarum  spiritualia  negotia  moderaturam,  juxta  proxime  hic  sequu- 
turum  praescriptum.  In  mandatis  etiam  damus,  ut  omnes  Nostri 
fidèles  Subditi,  cujuscunque  tandem  sint  Ordinis  sive  spirituales,  sive 
seculares,  ecclesiasticum  lmncce  Magistratum  magnae  Auctoritatis, 
magnaeque  Potestatis  esse  agnoscant.  Ad  illum  in  causis  spiritua- 
libus  transigendis  ultimo  provocent,  decreto  decisionique  illius 
acquiesçant  ;  definitivâ  illius  sententiâ  Sibi  satis  fieri  persuasum 
habeant  ;  omnibus  illius  mandatis  plane  perfecteque  obsequantur, 
sub  metu  ingentis  poenae  ob  denegatum  obsequium  subeundae  ; 
habito  ad  alia  juridica  Collegia  '    respectu. 

(1)  Dès  l'année  1718,  Pierre  avait  aboli  plusieurs  des  anciennes  Chancelleries 
(приказы)  de  l'Etat  et  institué  à  leur  place,  pour  les  différentes  branches  de 
l'administration,  neuf  Collèges,  savoir:  1°  des  Affaires  étrangères;  2°  des  Revenus; 
3°  de  la  Justice  ;  4°  de  Révision  ;  5°  de  la  Guerre  ;  6°  de  l'Amirauté  ;  7°  du  Com- 
merce ;  8°  du  Comptoir  d'Etat  ;  9°  des  Mines  et  des  Manufactures.  Ces  Collèges 
étaient  tous  composés  de  la  même  manière  et  leurs  attributions  étaient  fixées    par 


4  UKASE   POUR  L  ETABLISSEMENT   DU   SYNODE. 

Ce  Collège  devra,  par  la  suite,  compléter  son  «  Règle- 
ment »  par  les  nouvelles  règles  qu'exigeraient  les  di- 
verses circonstances  des  différents  cas.  Toutefois  le 
Collège  ne  devra  point  le  faire  sans  notre  consentement. 

Nous  ordonnons  que  ce  Collège  Ecclésiastique  soit 
composé  des  membres  ci-mentionnés,  savoir  :  d'un  Pré- 
sident, de  deux  Vice-présidents,  de  quatre  Conseillers  et 
de  quatre  Assesseurs. 

Et  puisqu'il  est  dit  aux  septième  et  huitième  articles 
de  la  première  partie  de  ce  ce  Règlement  )>,  que  le  Prési- 
dent, s'il  s'est  rendu  gravement  coupable  en  quoi  que  ce 
soit,  doit  être  soumis  au  jugement  de  ses  frères,  c'est- 

Collegii  istius  etiam  est,  ut  Regiilamentum  suum  novis  in  poste- 
rum  regulis,  quas  variae  variorum  negotiorum  circumstantiae  surit 
postulaturae,  locupletatum  curet:  tamen  hoc,  non  nisiNosTRA  acce- 
dente  approbation e,  facere  non  débet. 

Collegas  autem  ad  hocce  collegium  constitue  udum  designamus, 
qui  hic  recensentur  :  Unicum  Praesidem,  duos  qui  Praesidis  vicem 
gérant,  quatuor  Consiliarios  et  quatuor  Assessores. 

Quum  vero  in  statuti  huius  prima  parte  septimo  et  octavo  para- 
graphes commernoratum  fuerit,  Praesidem  si  forte  se  gravis  ali- 
cuius  sceleris  alligaverit,  judicio  collegarum  suorum  iri  subjectum  ; 

un  ukase  du  12  déc.  1718  (Полное  CoOpanie  Закоповъ,  Ire  série,  tom.  V  (3255).  p.  601.) 
En  1720,  Pierre  compléta  sou  oeuvre  en  donnant  à  tous  les  Collèges  un 
«  Generalnyi  Réclament  »  pour  fixer  d'une  manière  uniforme  leur  mode  d'action. 
(действо.  Ukase  du  28  fév.  1720.  Пол.  Собр.  I"  série,  tom.  VI  (3534),  p.  141.) 
Après  avoir  ainsi  réglé  tout  ce  qui  concernait  la  justice,  la  guerre,  la  marine,  etc., 
Pierre  voulut  aussi  régler,  de  la  même  manière,  tout  ce  qui  concernait  l'Eglise,  et 
c'est  ce  qu'il  fit  parle  présent  ukase.  Il  abolit  le  patriarcat  de  Moscou,  comme  il 
avait  aboli  les  Chancelleries,  et  institua  à  sa  place  un  Collège  de  plus,  entièrement 
calqué  sur  les  autres,  qu'il  soumit  pour  le  mode  d'action  au  même  «Règlement  gé- 
néral »  que  les  autres,  et  qu'il  nomma  Ecclésiastique,  ou  spirituel;  le  mot  russe 
духовный  ayant,  comme  l'allemand  gei'.tlich,  cette  double  signification.  Plus 
tard  il  lui  changea  le  nom  de  Collège  en  celui  de  Synode;  nous  verrons  à  quelle 
occasion.  (Règl.  eccl.  IIIe  partie,  avant  le  Supplément  :  mode  d'action,  et  :  points 
soumis  à  la  décision  du  Tsar,  n"  1  et  note.) 


UKASE   POUR    L  ETABLISSEMENT   DU    SYNODE.  5 

à-dire  du  Collège  lui-même,  Nous  ordonnons  que  le 
Président  n'ait  qu'une  seule  voix,  égale  à  celle  des  autres. 
Tous  les  membres  de  ce  Collège,  à  leur  entrée  en 
fonction,  devront  faire,  sur  les  saints  Évangiles,  le  ser- 
ment ou  promesse  dont  la  formule  est  ci-jointe. 

Ci-dessous   la  signature  de 
Donné  à  Pétersbourg ,  la  propre  main  de  sa  Ma- 

ie 25  janvier  1721.  jesté  Tsarienne. 

PIERRE. 

ea  gratia  decernimus  ut  Praeses  unicam,  eamque  aliorum  parem  et 
aequalem  sententiam  ferendi  jure  gaudeat. 

Porro  Collegii  istius  socii  munus  suum  auspicaturi,  mox  coram 
sancti  Evaagelii  volumine  juxta  adnexam  hic  loci  juramenti  for- 
mulant, se  se  jurejurando  obstringant,  necesse  est. 

Subscriptio,  quam  Sua  Regia  Ma- 
Petropol.  Januar.  diexxv.  jestas  propria  manu  adjecit ,  if  a 

mdccxxi  Anno.  sehabet  : 

PETRUS. 


SERMENT 

DES  MEMBRES  DU  COLLÈGE  ECCLÉSIASTIQUE   (SYNODE) 


Je,  ci-dessous  nommé,  promets  et  jure,  par  le  Dieu  tout-puis- 
sant et  sur  ses  Saints  Évangiles,  que  je  me  tiens  pour  obligé,  et 
que  selon  mon  devoir  je  veux  m'efforcer  par  tous  les  moyens,  de 
rechercher  constamment  dans  les  conseils,  jugements  et  toutes 
les  affaires  de  cette  Assemblée  Ecclésiastique  Dirigeante, l  ce  qui 
est  réellement  vrai  et  ce  qui  est  réellement  juste  ;  et  d'agir  en 
tout  conformément  aux  prescriptions  déjà  contenues  '  dans  le 
«  Règlement  Ecclésiastique»,  et  aux  autres  qui  seront  établies  dans 
la  suite  par  l'accord  de  ce  Gouvernement  Ecclésiastique,  et  le 
consentement  de  Sa  Majesté  Tsarienne  2. 

Je  jure  d'agir  en  tout  selon  ma  conscience,  sans  rechercher  la 

JURAMENTUM 

COLLEGARUM  SPIRITUALIS  COLLEGII 


Ego  inferius  nominandus  bona  fide  recipio,  et  per  omnipotentem 
Deum,  praesentibus  sanctis  ipsius  Evangeliis  juro,  debere  me,  et 
pro  eo,  ac  debeo,  velle,  et  impensissime  esse  conaturum,  ut  in  con- 
sultationibus,  in  judiciis  et  in  singulis  hujus  spiritualis  Regentis  * 
Collegii  negotiis  meram  puram  veritatem  iustitiamque  indagem, 
atque  omnia  iuxta  praescriptas  in  spirituali  «  Statuto  »  et  in  posterum 
ex  huiusce  spiritualis  Regiminis  consensu,  adstipulante  Regiae 
Majestatis  voluntate2,  praescribendas  régulas,  quantum  in  me  erit, 
exsequar. 

Haec  autem  singula  etuniversa  sanctereligioseque  praestare,  non 

(1)  Rus.  прапительствующш.  Ce  mot,  appliqué  au  Saint  Synode  et  au  Sénat  de 
Russie,  est  rendu  par  dirigeant  dans  les  documents  officiels  écrits  en  français 
(Synode  Dirigeant  —  Sénat  Dirigeant).  D'après  l'étymologie  il  serait  plus  exact 
de  dire  :  Gouvernant. 

(2)  Le  consentement  ou  agrément  (сопзволете)  de  Sa  Majesté  Tsarienne  est,  en 
Russie,  une  condition  sans  laquelle  nulle  loi  ecclésiastique  existante  ne  peut 
être  abolie  ou   seulement   modifiée,  e1  mille  loi   nouvelle  ne  peut  avoir  son  effet. 


SERMENT   DES   MEMBRES   DU   SYNODE.  7 

faveur  de  personne,  et  dégagé  de  toute  animosité,  envje  ou  obsti- 
nation; en  un  mot,  de  faire  toutes  choses  dans  la  crainte  du  Sei- 
gneur, ayant  toujours  devant  les  yeux  son  incorruptible  juge- 
ment, avec  un  sincère  amour  pour  Dieu  et  pour  le  prochain,  me 
proposant  comme  fin  dernière  de  toutes  mes  pensées,  paroles  et 
actions  la  gloire  de  Dieu,  le  salut  des  âmes,  et  l'édification  de 
toute  l'Eglise,  me  gardant  libre  de  toute  passion,  et  ne  cherchant 
point  ce  qui  est  à  moi,  mais  ce  qui  est  à  Jésus-Christ. 

Je  jure  par  le  Dieu  vivant,  que,  me  rappelant  toujours  son  ter- 
rible oracle  :  «  Maudit  celui  qui  fait  l'œuvre  de  Dieu  avec  négli- 
gence», je  me  conduirai  dans  toutes  les  affaires  de  cette  As- 
semblée Dirigeante,  comme  dans  l'œuvre  de  Dieu,  y  apportant 
toute  l'assiduité  et  la  diligence  dont  je  serai  capable,  et  sans  égard 
pour  aucun  avantage  et  commodité  personnels.  Et  je  ne  pré- 
texterai point  l'ignorance,  mais,  en  cas  de  doute  sur  un  point 
quelconque,  je  travaillerai  de  toutes  mes  forces  à  en  acquérir 
l'intelligence  et  la  science,  par  la  Sainte  Écriture,  les  canons  des 
Conciles  et  raccord  des  grands  anciens  Docteurs. 


personarum  studio  addictus,  nec  simultate,  necinvidia,necpertina- 
cia  laborans  enitar.  Imo,  ut  simplicioribus  verbis  me  exprimam  ; 
nullis  affectibus,  sed  solo  Dei  timoré,  et  quidem  perpetuam  nullis 
muneribus  corrumpendi  judicii  illius,  et  sincerae  erga  Deum  proxi- 
mumque  charitatis  habens  memoriam,  agi  me  patiar.  Praefigens 
metam  omnibus  cogitationibus,  et  dictis  et  factis  meis,  utpote  causam 
finalem,  gloriam  Dei,animarum  humanarum  salutem  ettotius  Eccl. 
aedificationem,  non  quaerens  quae  sint  mea,  sed  quaeDom.  Jesu. 
Juro  porro  per  Deum  vivum,  me,  ut  semper  illius  tremendi  effati  : 
«  Maledictus,  guiqpus  Dei  facit  negligenter  » ,  fore  memorem  ;  Ita  unum- 
quodque  huius  Regentis  Collegii  opus,  utpote  divinum  sedulo, 
gnaviter,  cum  omni  solertia  exerciturum,  quantum  ad  summum 
meae  vires  valeant,postbabitis  omnibus  vitae  meae  commoditatibus 
suavitatibusque,  nec  mibi  ignorantiam  assimulabo  ,  sed  sicubi  an- 
ceps  luesero,  strenuam  intelligentiae  et,  scientiae  ex  sacra  Scriptura 
et  conciliorum  eanonibus,  ex  antiquorum  denique  magnorum  Doc- 
torum  consensu  hauriendae,  operam  navabo. 


8  SERMENT   DES  MEMBRES  DU   SYNODE. 

Je  jure  de  nouveau,  par  le  Dieu  tout-puissant,  que  je  veux  être, 
comme  je  le  dois,  fidèle,  bon  et  obéissant  serviteur  et  sujet  de  mon 
naturel  et  véritable  Tsar  et  Souverain  PIERRE  Ier,  Autocrate  de 
toutes  les  Russies,  etc.  et,  après  Lui,  des  Très-Hauts  et  légitimes  suc- 
cesseurs de  Sa  Majesté  Tsarienne  qui,  par  la  volonté  et  le  pouvoir 
suprême  de  Sa  Majesté  Tsarienne,  ont  été  désignés  ou  seront  dési- 
gnés par  la  suite  et  jugés  dignes  d'occuper  le  trône 1  ;  et  enfin  aussi 
de  Sa  Majesté  ma  Souveraine  et  Tsarine  CATHERINE  ALEXÉ- 
IÉVNA  2. 


Juro  rursum  per  Deum  omnipotentem  velle  me,  imo  debere,  Régi, 
utpote  genuino  meo  Domino,  PETRO  Primo  totius  Rossiae  Aucto- 
cratori,  etc.  et  post  Eum  celsissimis  suaeRegiae  Majestatis  legitimis 
liaeredibus,  ex  beneplacito  et  ex  suprema  suae  Regiae  Majestatis 
potestate  nuncupatis,  .et  inposterum  nuncupandis,  et  ad  obtinen- 
dum  solium  pro  idoneisreputandis  '  ;  Nec  non  suae  Majestati  Domi- 
nae  Reginae  CATARINAE  ALEXIADI  %  fidelem,  probum,  dicto  au- 
dientem  servum  esse  et  subditum. 

(1)  Par  ces  paroles  de  la  formule  de  serment,  Pierre  cherchait  à  s'assurer  contre 
toute  tentative  ayant  pour  but  de  rendre  le  trône  aux  descendants  légitimes  de  son  fils 
Alexis,  qu'il  avait  fait  mettre  à  mort  en  1718,  n'imitant  que  trop  en  cela  Constan- 
tin qui,  lui  aussi,  avait  fait  périr  son  fils  Crispe.  De  plus,  Pierre  fit  rédiger,  par 
Théophane  Prokopovitch,  tout  un  traité  sur  le  droit  du  bon  plaisir  du  Souverain  dans 
le  choix  de  son  héritier.  Cet  écrit  dont  le  titre  russe  est  :  Правда  воли  монаршей  въ 
опред'Бленш  наследника,  etc.  eut  deux  éditions,  la  première  en  1722,1a  deuxième  en 
1727;  l'une  et  l'autre  à  Moscou.  Mais  Dieu,  qui  se  joue  des  calculs  de  la  prudence 
humaine,  permit  qu'immédiatement  après  la  mort  de  l'Impératrice  Catherine  Ire  (1727) 
une  révolution  plaçât  sur  le  trône  Pierre  II,  fils  de  l'infortuné  Alexis.  Comme  on  ' 
pouvait  s'y  attendre,  Pierre  II  ordonna,  qu'on  se  saisît  partout  de  l'écrit  de  Proko- 
povitch et  on  le  détruisit  (V.  ukas.  21  apr.  1726  (4870);  26  juil.  1727  (5131); 
17  déc.  1731  (5909). 

(2)  Cette  Catherine  Alexeïevna,  à  laquelle  les  membres  du  Sjmode  récemment  ins- 
titué prêtaient  serment  d'obéissance  comme  à  leur  souveraine,  n'était  en  réalité 
qu'une  concubine  du  Tsar.  Eudoxie  Lapoukhin  (n.  1669,  m.  1731),  que  Pierre  avait 
épousée  en  1689,  et  de  laquelle  il  avait  eu  en  1690  le  Tsarévitch  Alexis  mentionné 
dans  la  note  ci-dessus,  vivait  encore,  et  Pierre  avait  publiquement  épousé  Cathe- 
rine (1711)  sans  qu'on  eût  pu  prouver  contre  sa  femme  légitime  le  fait  de  l'adul- 
tère, admis  dans  l'Eglise  russe  comme  cause  légitime  de  divorce  :  en  tout  cas, 
il  est  bien  certain  que  jamais  l'autorité  ecclésiastique  ne  prononça  aucune  sentence 
dans  cette  affaire.  Au  surplus,  on  peut  dire  que  l'Église  russe  ne  parait  pas  telle- 
ment fixée  sur  le  nombre  des  causes  de  divorce,  qu'elle  ne  puisse,  au  besoin,  en 
admettre  de  nouvelles. 


SERMENT   DES    MEMBRES   DU    SYNODE.  9 

Je  jure  aussi  de  protéger  et  défendre, de  toute  mon  intelligence, 
de  toutes  mes  forces  et  de  tout  mon  pouvoir,  tous  les  droits 
appartenant  à  la  souveraineté  absolue,  à  l'autorité  et  au  pouvoir 
de  Sa  Majesté  Tsarienne,  ainsi  que  les  prérogatives  ou  privilèges 
qui  lui  ont  été  décrétés  ou  seront  décrétés  par  la  suite,  et  de 
ne  point  épargner  pour  cela,  si  le  cas  l'exigeait,  ma  propre  vie. 

Et,  en  outre,  de  faire  tous  mes  efforts  pour  favoriser,  en  toute 
circonstance,  tout  ce  qui  pourra  concerner  le  fidèle  service  et 
l'avantage  de  Sa  Majesté  Tsarienne.  Et  non-seulement  de  décou- 
vrir en  temps  utile,  et  dès  que  j'en,  aurai  connaissance,  tout  ce  qui 
pourrait  causer  détriment,  perte  ou  préjudice  aux  intérêts  de 
Sa  Majesté,  mais  aussi  de  m'efforcer,  par  tous  les  moyens,  de  le 
détourner  et  de  Fempêcher. 

Et  de  garder  le  silence  le  plus  absolu  sur  toute  affaire  secrète 
et  sur  toute  autre  cliose,  concernant  le  service  et  l'intérêt  de  Sa 
Majesté  ou  de  l'Église,  sur  laquelle  le  secret  m'aura  été  imposé; 
n'en  parlant  à  personne,  en  dehors  de  ceux  qui  doivent  en  connaî- 
tre, ou  auxquels  on  m'aura  ordonné  de  la  communiquer. 


Omnia,  quibuscunque  Augustissimae  Suae  Regiae  Majestatis  Mo- 
narchia,  valor  et  potentia  gaudent,  jura  et  praerogativas  sancitas, 
aut  deinceps  sanciendas,  prout  in  strictissima  sumimtur  significa- 
tione,  pro  modulo  virium,  et  quantum  maxime  potuero,  praeservare, 
tueri,  nec  vitae  meae,  sicubiexigat  nécessitas,  parcere. 

Adstringor  simul  ad  curandum  et  properandum  ea,quae  tidele  ser- 
vitium  et  Suae  Regiae  Majestatis  commodum  in  quibusvis  oecasioni- 
bus  a  me  requirunt.  Ad  damnum  autem,  detrimentum  et  jacturam 
eorum,  in  quibus  commodum  Regiae  Majestatis  est  situm,  simul 
atque  rescivero,  non  solum  opportune  detegenda,  sed  etiam  quo 
minus  fiant,  adimpedienda  et  probibenda. 

Si  quid  autem  secreti,  vel  si  qui  il  saltem  pvo  secreto  babendi,  ad 
servitium  tamen  Regiae  Majestati  debitum  pertinentis,  utileque  sit, 
vel  Ecclesiae  prosit,  meaeque  fidei  sub  titulo  secreti  non  divulgandi 
fueritcommissum,  alto  silenlio  tegam,  nec  secreti  quempiam,  cujus 
scire  nibil  refert,  et  cui  non  est  revelandum,  faciam  participera . 


10  SERMENT    DES   MEMBRES   DU   SYNODE. 

JE  CONFESSE,  EN  OUTRE.  AVEC  SERMENT,  QUE  LE  JUGE  SUPRÊME  DE  CE 
COLLÈGE  ECCLÉSIASTIQUE  EST  LE  MONARQUE  LUI-MÊME  DE  TOUTES  LES 
RUSSIES,  NOTRE  TRÈS-GRACIEUX  SOUVERAIN  l. 

Je  jure  aussi,  parle  Dieu  tout-puissant,  que,  dans  tout  ce  que  je 
viens  de  promettre,  mon  esprit  n'admet  point  d'autre  sens  que  le 
sens  exprimé  par  mes  paroles,  auxquelles  je  donne  la  même  si- 
gnification et  la  même  valeur  qu'elles  offrent  à  tout  homme  qui 
les  lit  ci-écrites  ou  les  entend. 

Et  cela  je  le  confirme  avec  serment  :  Vous,  Dieu,  qui  son- 
dez les  cœurs,  soyez  témoin  de  la  vérité  de  ma  promesse.  Et 
si  elle  était  mensongère,  et  non  point  selon  ma  conscience,  Vous 
qui  jugez  selon  la  vérité,  tirez  vengeance  de  moi. 


CONFITEOR  P0RR0,  ET  JUREJURANDO  ASSEVERO  SUPREMUM  HUJUSCE 
COLLEGII  JUDICEM  ESSE  IPSUM  TOTIUS  ROSSIAE  MONARCHAM  DOMINUM 
NOSTRUM  CLEMENTISSIMUM  *. 

Juro  insuper  per  omniscium  Deum,  haec  omnia  a  me  promissa 
non  secus  corde  me  interpretari,  quam  ore  profitear. 

Et  quidem  in  eadem  significatione  et  sensu,  quam  significatio- 
nem  et  sensum  hic  scripta  legentibus  et  audientibus  perhibent. 

Roboris  stabilitatisque  juramento  meo  conciliandae  causa,  haec 
profero  verba  :  Te  cordium  Scrutator  testem  appello  !  juramentum 
meum  scilicet,  esse  a  fraude  alietmm.  Si  vero  id  dolo  malo  a  me  sit 
factum,  velnon  per  omnia  cum  conscientia  concordet,  volo  Te  jus- 
tissimum  severissimumque  ultorem  experiar. 

(1)  Rus.  ПсиовЬдую  же  съ  клятвою  крайпаго  Судда  Духовпьш  сея  Коллегш,  быти 
Самаго  Всероссшскаго  Мопарха,  Государя  нашего  ВсемпдостпвМшаго. 

Ces  paioles  ne  se  trouvent  que  dans  le  serment  prescrit  aux  membres  du  Collège 
Ecclésiastique,  et  nullement  dans  celui  des  membres  de  tous  les  autres  Collèges. 
Гепер.  Регл.  (3534)  28  février  1720  гл.  I.)  Tout  commentaire  est  donc  superflu.  Nous 
nous  bornerons  à  faire  remarquer  que  Catherine  Alexeïevna,  dont  nous  avons  parlé 
dans  la  note  précédente,  régna  seule  après  Pierre  (1725-1727)  et  hérita  aussi,  par 
conséquent,  de  sa  qualité  de  juge  suprême  (lu  Collège  Ecclésiastique  ou  Synode.  On  peut 
dire  la  теше  chose  de  toutes  les  autres  femmes  qui  ont  gouverné  la  Russie  :  cha-* 
cune  d'elles  a  été  reconnue  avec  serment  par  les  membres  du  Synode  comme  juge 
suprême  du  Synode.  De  1762  ii  179G  cette  assemblée  eut  pour  juge  suprême  Catherine  H, 
bien  que  les  opinions  religieuses  de  col  te  souveraine  la  rendissent  peu  apte  n 
remplir  ce  rôle. 


SERMENT  DES    MEMBRES  DU   SYNODE-  11 

En  conclusion  de  ce  serment,  je  baise  l'Évangile  et  la  croix 
de  mon  Sauveur. 


Coronidem  tandem  huicce  meo  jurejurando  impositurus,  verba 
crucemque  mei  deosculor  Salvatoris.  Amen. 


REGLEMENT 

OU  STATUTS  DU  COLLÈGE    ECCLÉSIASTIQUE 

OU  SONT  EXPOSÉS  SES  DEVOIRS,   CEUX  DES  DIFFÉRENTS  ORDRES  ECCLÉSIASTIQUES 

ET   CEUX   AUSSI   DES   LAÏQUES,    EN   TANT   QUILS   SONT   SOUMIS 
A   LA  JURIDICTION   ECCLÉSIASTIQUE,    DE   MÊME    QUE   LA   MARCHE   A    SUIVRE   DANS 
LA   DIRECTION   DE   TOUTES    SES   AFFAIRES. 

Ce  Règlement  se  divise  en  trois  parties,  correspondant  aux  trois  points  qui, 
dans  l'état  ecclésiastique,  sont  dignes  d'attention  et  réclament  une  direction. 

I.  Exposition  de  ce  qu'est  ce  gouvernement  et  des  graves  mo- 
tifs de  son  établissement. 

II.  Affaires  soumises  à  son  administration. 

III.  Devoirs,  mode  d'action  et  pouvoir  de  ceux  qui  gouvernent. 
Pour  ce  qui  est  de  la  base  même  de  ce  gouvernement,  c'est-à- 


REGULAMENTUM 

SIVE  STATUTUM  SPIRITUALIS  COLLEGII 

PRAESCRIBENS  MUNIA  QUIBUS  ILLUD  IPSUM,  QUIBUS  SINGULI  ECCLESIASTICI  ORDINES, 

NEC  NON  SAECULARES,  QUATENUS  SPIRITUALI  REGIMINI  SUBORDINATI, 

OBSTRINGUNTUR,  QUA  DENIQUE  RATIONE  COLLEGIUM  NEGOTIA  AD  SE  PERTINENTIA 

EST   EXPEDITURUM; 

Cum  autem  Regulae  circa  triplex  spiritale  objectum  partim  speculanduin, 
partim  ad  praxim  reducendum  versentur  ;  Très  inde  earum  partes  emergunt, 
prout  objecti  sequens  innuit  divisio. 

I.  Definitio  et  legitimae  causae  ejusmodi  Regiminis. 

II.  Negotia,  quae  illucl  Regimen  sibi  vindicat. 

III.  Eorum,  qui  Regimini  administrando  admoventur,  munia, 
modus  munia  illa  exsequendi  et  auctoritas.  Porro  juridici  Ecclesiae 


14         RÈGLEMENT    OU    STATUTS   DU   COLLEGE    ECCLESIASTIQUE. 

dire  la  parole  de  Dieu  exposée  dans  la  Sainte  Écriture,  les  canons 
ou  règles  établies  dans  les  Conciles  par  les  Saints  Pères  et,  enfin, 
les  lois  civiles  qui  s'accordent  avec  la  parole  divine,  cela  demande 
un  livre  à  part,  et  nous  n'en  traitons  point  ici. 

Regiminis  fundamentum,  nempe  lex  Dei,  quae  in  sancta  scriptura 
exhibetur  ;  item  canones  in  sanctorum  Patrum  conciliis  asserti,  et 
civiles  constitutiones  a  Dei  verbo  non  abeuntes  peculiari  indigen  t 
libro,  neque  hîc  comprehendentur. 


PREMIERE  PARTIE 

qu'est-ce  que  le  collège  ecclésiastique  et  quelles  sont 
les  graves  raisons  d'un  tel  gouvernement  ? 

Le  Collège  Dirigeant  n'est  antre  chose  qu'une  Assemblée 
Dirigeante,  ce  qui  a  lieu  lorsque  la  direction  de  certaines 
affaires  spéciales  n'est  pas  soumise  à  une  seule  personne,  mais  à 
plusieurs,  aptes  aux  affaires  et  nommées  par  le  pouvoir  su- 
prême. 

Autre  chose  est  un  Collège  temporaire  et  autre  chose  un  Col- 
lège permanent.  Le  premier  existe  lorsque,  à  l'occasion  d'une 
ou  plusieurs  affaires  qu'il  faut  résoudre  simultanément,  on 
réunit  des  personnes  capables  pour  en  décider.  Tels  sont  les  Sy- 
nodes Ecclésiastiques  et,  dans  l'ordre  civil,  les  commissions 
d'enquête  extraordinaires,  les  tribunaux  et  les  conseils. 

Le  Collège  est  permanent  lorsque  plusieurs  personnes,  en 
nombre  suffisant,  sont  désignées  pour  la  direction  de  certaines 


PARS    PRIMA 

QUID    EST   SPIRITUALE    COLLEGIUM  ?    ET    QUAE    SUNT    LEGITIMAE 
HUIUS    REG1MINIS    CAUSAE  ? 


Quod  rébus  moderandis  praeest  Collegium  niliil  aliud  est,  quam 
Synodus  sive  consessus  jure  exercendi  Regiminis  praeditus,  ubi 
nempe  quaedam  negotia  non  unica  persona,  sed  multae  ad  hoc  ido- 
neae  a  suprema  potestate  constitutae,  sibi  demandata  administrant. 

Discrimen  tamen  inter  Collegium  occasionale  et  perpetuum  inter- 
cedit.  Prius  constat  ex  idoneis  Collegis,  qui  in  unam  aliquam  cau- 
sam,  vel  etiamin  plures,  haud  interrupto  tamen  tempore  decidendam 
inquirunt.  Ejusmodi  sunt  Synodi  Ecclesiabticae  _,  extraordinaria 
civium  comUia,  Inquisitiones,  Tribunalia,  et  Consultationes. 

Quum  autemcerta  quaedam  negotia,  quae  inPatriasaepenumero, 
vel  perpetuo  eveniunt,  discernenda  et  in  ordinem  redigenda  certis 


16  PREMIÈRE- PARTIE. 

affaires  déterminées  qui  se  présentent  souvent  ou  constamment 
dans  la  patrie.  Tel  était  le  Sanhédrin  ecclésiastique  à  Jérusalem, 
pour  l'Église  de  l'Ancien  Testament;  tels  étaient  le  tribunal  civil 
des  Aréopagites  à  Athènes  et,  dans  la  même  ville,  les  autres 
Assemblées  dirigeantes  appelées  Dicasières.  C'est  ce  que  nous 
trouvons  aussi  dans  beaucoup  d'autres  royaumes,  tant  anciens 
que  modernes. 

En  l'année  1718,  le  très-puissant  Tsar  de  toutes  les  Russies, 
PIERRE  Ier  établit  dans  sa  profonde  sagesse,  et  pour  l'avantage 
du  pays  soumis  à  sa  domination,  plusieurs  de  ces  Collèges  * , 
suivant  les  diverses  affaires  et  les  différents  besoins  de  l'Etat. 

Mais,  comme  prince  chrétien,  et  gardien  de  l'orthodoxie  et  de 
tout  ce  qui  concerne  le  bon  ordre  dans  la  sainte  Église,  ayant 
aussi  porté  son  attention  sur  les  affaires  ecclésiastiques,  et  dé- 
sirant ardemment  qu'elles  fussent  gouvernées  le  mieux  possible, 
il  voulut  bien  instituer  un  Collège  Ecclésiastique,  chargé  de 
veiller  constamment  et  avec  diligence  au  bien  de  l'Église,  afin 


viris  et  quidem  frequentibus  demandantur,  illorum  consessus  Col- 
legium  audit  perpetuum,  sive  Synodus  perpétua.  Ita  se  habuerat  Sy- 
nedrion  in  vetere  Ecclesia  Hierosolymae,  civile  Areopagitarum 
Tribunal  Athenis,  née  non  alii  in  eadem  civitate  Congressus  Di- 
casteriorum  nomine  conspicui,  quodam  Regiminis  jure  instructi. 
In  aliis  pariter  regnis  tam  antiquis,  quam  nunc  florentibus  similia 
observantur. 

Ejusmodi  varia  Collegia  pro  diversa  negotiorum  necessitatisque 
ratione  Augustissimus  totius  Rossiae  Tzar,  PETRUS  Primus,  suae 
patriae ,  cuius  habenas  moderatur ,  consulturus  commodis , 
anno  1718  sapienter  instituit  %. 

Quatenus  autem  Rex  Christiaims  verae  religionis  bonique  in 
sancta  Ecclesia  ordinis  observandi  studiosissimus,  habito  rei  Eccle- 
siasticae  respectu,  deque  meliore  illius  gubernatione  sollicitus  appu- 
lit  tandem  animum  ad  Spirituale  Collegium  sive  Synodum  instituen- 
dam,  eu  jus  interesset  perpetuam  strenuamque  operam  in  eo,  ut  Ec- 

(l)  Voir  la  note  à  la  page  3. 


qu'est-ce  que  le  collège  ecclésiastique,  etc.         17 

que  tout  s'y  passe  convenablement  et  qu'il  ne  s'y  glisse  pas  des 
désordres.  C'est  ce  que  désirait  l'Apôtre  ou,  pour  mieux  dire, 
c'est  la  volonté  de  Dieu  lui-même  '. 


clesiae  commodis  consuleretur,  et  omnia  debito  ordine  procédèrent, 
collocare,  ad  bunc  utique  scopum  vota  Apostoli  tendebant,  imo 
ipse  Deus  in  hoc  acquiescit l.  (I  Cor.,  xiv,  33,  40.) 

(1)  Dans  le  texte  russe  on  s'est  prudemment  gardé  d'indiquer  les  passages  faisant 
connaître  le  désir  de  l'Apôtre  ou,  pour  mieux  dire,  la  volonté  de  Dieu  lui-même.  Le  ren- 
voi au  chap.  xiv,  y.  33,  40  de  la  première  épître  de  saint  Paul  aux  Corinthiens  ne 
se  trouve  que  dans  la  version  latine,  et  les  textes  cités  sont  les  suivants  :  Dieu 
n'est  pas  le  Dieu  du  trouble  mais  de  la  paix;  et  c'est  ce  que  j'enseigne  dans  toutes  les 
Eglises  des  saints,  (y.  33.)  Que  tout  se  fasse  avec  bienséance  et  dans  l'ordre,  (y.  40.) 
C'est  tout  ce  qu'on  a  pu  trouver  de  mieux  pour  faire  de  saint  Paul  un  complice 
posthume  de  l'institution  du  Synode  de  Russie  ! 

Heureusement  pour  l'honneur  de  l'Église  russe  et,  nous  l'espérons  aussi,  pour  sa 
plus  prochaine  délivrance,  nous  savons  ce  qu'on  pensait  autrefois  en  Russie  sur  le 
désir  de  l'Apôtre  et  la  volonté  de  Dieu  touchant  la  juridiction  ecclésiastique.  Un 
peu  plus  d'un  demi-siëcle  avant  que  Pierre  le  Grand,  par  son  ukase  du  25  janvier 
1721,  eût  conféré  au  Collège  Ecclésiastique  (Synode)  l'administration  «  de  toutes  les 
affaires  ecclésiastiques  dans  l'Église  de  toutes  les  Bussiesn  le  Boyard  Siméon  Strechneff 
(V.  Introd.)  dans  une  de  ses  questions  au  sujet  du  Patriarche  Nicon,  s'était 
permis  de  dire  que  «  le  Tsar  (Alexis  Mîkhaflovitch,  1 645- 1676)  avait  conféré  à  Nicon  la 
haute  inspection  de  tous  les  jugements  et  causes  ecclésiastiques.»  A.  cela  Nicon  répliquait  : 

«  Votre  question,  6  questionneur,  est  pleine  de  peur  satanique  (  que  l'Église 
»  n'exerce  son  pouvoir  contre  les  méchants)  aussi  bien  que  d'orgueil...  Ce  que  vous 
»  dites  là,  à  savoir  que  le  Tsar  nous  a  conféré  la  haute  inspection  de  tous  les  jugements  ec- 
»  clésiastiques ,  est  simplement  un  horrible  blasphème  et  tel  qu'il  surpasse  l'orgueil  de  Luci- 
»  fer.  Car  Lucifer  a  bien  dit  :  «  Je  veux  placer  mon  trône  dans  le  Ciel  et  être  sem- 
»  blable au  Très-Haut  я  mais  ici  le  Tsar  pense  que  son  pouvoir  est  même  AU-DESSUSrfe 
»  Dieu.  N'ave:-vous  pas  appris  que  nous  ne  recevons  la  sublime  autorité  du  Sacerdoce,  ni 
»  des  rois  ni  des  empereur  s,  mais  qu'au  contraire  ceux  qui  gouvernent  reçoivent  du  Sacer- 
»  doce  î  onction  pour  l'empire?  Il  est  bien  clair,  après  cela,  que  le  sacerdoce  est  une  chose 
»  beaucoup  plus  grande  que  la  royauté...  Quel  pouvoir  le  Tsar  ma-t-il  donné?  Quel 
»  est-il  ce  pouvoir  ?.. ..  Sache:  que  même  celui  qui  est  orné  du  diadème  est  soumis  à 
о  l'autorité  du  Sacerdoce,  et  que  tout  homme  justement  lié  par  cette  autorité  sur  la  terre 
»  est  aussi  lié  dans  le  ciel...  Ni  le  Tsar  ne  nous  a  conféré  aucun  pouvoir,  ni  n'en  avons- 
»  nous  besoin,  ni  cherchons-nous  de  lui  un  pouvoir  quelconque,  nous  rappelant  les  ca- 
»  nom  qui  disent:  «  Celui  qui  reçoit  une  Église  du  pouvoir  séculier  doit  être  dé- 
»  posé  »...  Mais  écoutez  de  nouveau  l'Apôtre  Paul.  «  Que  personne,  dit-il,  ne  vous 
»  séduise,  car  ce  jour-là  (celui  du  jugement)  ne  viendra  pas  avant  qu'il  ne  soit  pré- 
»  cédé  par  Г  apostasie.  »  (II  Thess.,  il,  3.)  Ce  qui  revient  à  ce  que  dit  le  Seigneur: 
«  Vous  serez  alors  livrés  pour  être  affligés,  et  on  vous  mettra  à  mort  et  toutes  les 
ч  nations  vous  haïront  à  cause  de  mon  nom.  Et  beaucoup  en  seront  scandalisés,  et 
»  ils  se  trahiront  et  se  haïront  l'un  l'autre,  et  alors  il  s'élèvera  un  grand  nombre  de 
»  faux  prophètes  qui  séduiront    beaucoup   de    personnes.  Et   parce  que   l'iniquité 

9 


18  PREMIERE  PARTIE 

Et  afin  que  nul  ne  s'imagine  que  cette  forme  de  gouvernement 
n'est  pas  opportune,  et  qu'il  eût  mieux  valu  qu'un  homme  seul 
administrât  les  affaires  ecclésiastiques  de  toute  la  société,  de  même 
que  chaque  Évêque  administre  seul  les  affaires  de  sa  contrée 
particulière  ou  Éparchie1  (diocèse),  on  va  exposer  ici  les  graves 
raisons  qui  démontrent  que  ce  Gouvernement  Conciliaire  per- 
manent, espèce  de  Synode  ou  Sanhédrin  permanent,  est  plus 
parfait  et  meilleur  que  le  Gouvernement  d'un  seul  homme, 
surtout  dans  un  État  monarchique  comme  le  nôtre  de  Russie. 

1.  Premièrement  la  vérité  ressort  avec  plus  d'évidence  de  l'ac- 
cord de  plusieurs  personnes  que  de  l'opinion  d'une  seule.  C'est 
un  ancien  adage  -chez  les  Grecs,  que  «  les  pensées  venant  les  der- 
nières sont  plus  sages  que  les  premières 2  »  ;  à  combien  plus  forte 


Ne  quis  vero  kuncce  magistratum  nullius  esse  usus  sibi  persuadeat, 
Ecclesiaeque,  si  summa  rerum  non  secus  atque  pênes  singulos  Epi- 
scopos  stat,  jus  singulas  sibi  concreditas  provincias  sive  dioeceses1  gu- 
bernandi,  esset  pênes  iinum,  magis  expedire  somniet.  In  Regno 
siquidem  praesertim  Monarckico,  quale  audit  Rossiacum,  Regimen 
bocce  multis  Collegis  injunctum,  utpote  coutiuuam  Synodum 
seu  Synedrion,  praestantius  illo  Regimine,  quod  unica  sibi  vindicat 
persona,  et  perfectius  esse  liquide»  constat  ex  rationibus,  mox  hic 
adferendis. 

1 .  Ubi  frequens  congregatio  in  perscrutanda  sudat  veritate,  certior 
baec  magisque  perspicua,  quam  si  unius  personae  subjiciatur  exa- 
mini,  redditur.  «Posteriores,  enim  cogitationes  sapientiores  soient  esse,)) 
juxta  vetustum  Graecorum  proverbium'2.  Nonne  consultationes po- 

»  abondera,  la  charité  de  plusieurs  se  refroidira.  »  (Matth.,  xxiv,  9-12.)  Il  est  clair 
»  maintenant ,pour  tout  homme  ayant  de  l'intelligence,  que  ce  temps-là  est  caractérisé  par 
>  des  choses  semblables  à  celles  qui  se  passent  de  nos  joun.  Qu'y  a-t-il  de  plus  inique, 
»  que  le  Tsar  ait  à  juger  les  évêques,  s'arrogeant  un  pouvoir  qui  ne  lui  a  pas  été  confère 
»  par  Dieu'?  Où  en  est  l'obéissance  à  la  parole  de  l'Evangile  et  l'observation  de  ses  saints 
»  commandements?  C'est -là  une  APOSTASIE... в  (V.  Palmer.  The  Patriarch  and  the  Tsar. 
—  The  Replies  ofthe  humble  Nicon,  etc.  London,  Triibner  187 1 .  Quest.  xxiv.  pp.  189  et  seq.) 

(1)  Ce  mot  est  dérivé  du  grec  (Inapyja),  de  même  que  son  correspondant  diocèse 
(oioîy.7]siç)  en  usage  dans  l'Église  latine.  L'un  et  l'autre  sont  empruntés  aux  an- 
ciennes divisions  administratives  de  l'Empire  romain. 

(2)  Aï  osÛTepcù  лыс  «ppovc(ô?ç  ао^сЬтгрси.  (Eurip.) 


QU'EST-CE  QUE  LE  COLLEGE  ECCLESIASTIQUE,  ETC.       19 

raison,  les  pensées  qui  viennent  à  plusieurs  personnes,  s'occu- 
pant  toutes  d'une  même  affaire,  seront-elles  plus  sages  que  les 
pensées  d'un  seul  homme  !  Il  arrive  quelquefois  qu'an  homme 
sans  étude,,  aperçoit  dans  une  affaire  difficile,  ce  que  n'aperçoit 
pas  un  homme  instruit  et  doué  de  pénétration;  c'est  pourquoi  il 
faut  que  le  gouvernement  soit  «  Conciliaire,  »  parce  que  la  même 
chose  étant  alors  examinée  par  plusieurs,  ce  que  l'un  ne  saisit  pas 
l'autre  le  saisit,  et  ce  que  l'un  ne  voit  pas  l'autre  le  voit,  de  sorte 
qu'une  affaire  douteuse  est  éclaircie  avec  plus  de  lumière  et  de 
promptitude,  et  la  solution  qu'elle  réclame,  aperçue  sans  diffi- 
culté. 

2.  Et  de  même  qu'on  trouve  dans  ce  gouvernement 
plus  de  lumière  pour  la  connaissance  des  affaires,  de  même 
les  décisions  qu'on  y  prend  ont  une  plus  grande  force; 
car  la  sentence  d'un  Concile,  dispose  mieux  à  la  persuasion 
et  à  l'obéissance  qu'un  décret  émanant  d'une  seule  per- 
sonne. 

Le  pouvoir  des  monarques  est  autocratique  et  Dieu  lui-même 


tiore  jure  multorum  super  eadem  re  deliberan^ium  circumspectissi- 
mas  fore  asseveremus?  Non  insolens  est,  ut  in  rébus  obscuris  idiota 
subinde  id  perspiciat,  in  quo  literati  et  sagaces  coeeutiant:  Porro 
quum  in  Collegio  circa  propositam  causam  deliberandam  multa 
desudant  ingénia,  evenit,  ut  quod  unus  non  advertat,  alter  asse- 
quatur;  etenim  si  quid  lmic  sit  obscurum,  illi  fit  perspicuum:  Proinde 
causa,  licet  sit  dubiis  nonnunquam  intricata,  facilius  expeditur 
certiorque  evadit,  et  quid  tandem  super  ea  sit  pronunciandum,  facili 
coliigitur  negotio  :  Quis  igitur  spiritualis  necessitatem  Collegii  in 
dubium  ausit  vocare  ? 

2.  Porro  quemadmodum  certior  hic  causae  tractandœ  comparatur 
notifia,  ita  major  in  ea  decidenda  sese  exserit  auctoritas.  Quoniam 
sicut  ad  fidem  faciendam,  ita  ad  exigendam  obedientiam  plus  vale- 
bit  decretum,  quod  a  Synodo  proficiscatur,  quam  unius  certae  per- 
sonae  mandatura. 

Monarchae  etiam,  quamvis  absoluta  gaudeant  potentia,   quippe 


20  PREMIERE   PARTIE. 

ordonne  de  leur  obéir  par  motif  de  conscience  1 ,  et  pourtant  ils 
ont,  eux  aussi,  leurs  conseillers,  non-seulement  afin  de  mieux 
découvrir  la  vérité,  mais  aussi  afin  que  les  gens  rebelles 
ne  puissent. les  calomnier,  disant  que  le  monarque  ordonne 
telle  ou  telle  chose  parla  force  et  suivant  plutôt  ses  caprices  que 
la  justice  et  la  vérité.  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  à  combien  plus  forte 
raison  ces  conseillers  seront-ils  nécessaires  dans  l'administration 
de  l'Eglise  dont  le  gouvernement  n'est  pas  monarchique  2,  et  où 


quibus  secundum  divirmm  praeceptum  :  obedientia  cura  reclamatio- 
nem  debetur1,  a  consilariis  tameri,  non  eo  solum  fine,  ut  in  veritate 
investiganda  felicius  proficiant,  sed  ne  homines  quoque  pervicaces 
hoc,  aut  illud  per  vim  potius  et  ex  affectu,  quam  jure  et  légitime  a 
Monarchis  praecipi  calumnientur,  minime  abhorrent.  Id  autem  ma- 
gis  quadrat  in  Ecclesiasticum  Regimen,  utpote  absoluta  et  inde- 
pendente  potentia  destitutum2,  adeo  ut  ipsi  quoque  Ecclesiae  guber- 

(1)  Ces  paroles,  appliquées  tout  spécialement  au  Tsar,  forment  l'article  pre- 
mier du  Code  russe.  «L'Empereur  de  toutes  les  Russies  est  un  monarque  autocratique 
»  et  illimité  (неограниченным).  Dieu  lui-même  ordonne  qu'on  soit  soumis  à  son  pou- 
»  voir  suprême ,  non-seulement  à  cause  du  châtiment,  mais  aussi  par  motif  de  conscience.» — 
Le  mot  que  nous  avons  rendu  par  autocratique  est.  en  russe,  dans  le  texte  du  «  Règle- 
ment »  et  dans  le  1er  article  du  Code  :  самодержавный  (en  grec  :  аитохраторг/.бс). 
Son  synonyme  самовластный  (grec  aùtsijouaioç)  est  aussi  employé  fort  souvent  pour 
qualifier  le  pouvoir  du  Tsar,  et  précisément  dans  les  deux  passages  des  «  Statuts  »  mi- 
litaire et  maritime  auxquels  le  Code  renvoie  le  lecteur  pour  l'explication  du  premier 
article.  Les  termes  des  deux  passages  sont  identiques;  les  voici: «  Quiconque  se  sera 
rendu  coupable  d'avoir  proféré  des  paroles  injurieuses  contre  la  personne  de  Sa  Majesté, 
ou  d'avoir  méprisé  ses  actes  et  ses  intentions  (намт>реше)  et  de  les  avoir  jugés  d'une 
manière  inconvenante  (пепрпстойнымъ)  sera  décapité  :  parce  que  (пбо)  sa  Majesté 
est  un  souverain  autocratique  (самовластный)  qui  n'est  tenu  à  rendre  raison  de  ses 
actes  à  qui  que  ce  soit  sur  la  terre,  mais  qui  a  pouvoir  et  autorite',  comme  souverain 
chrétien,  d'administrer  son  État  et  son  pays  selon  sa  volonté  et  discrétion.»  (Поли. 
Собр.  tom.V.  (3006)  Уст.  Воин.  арт.  20  толк.  p.  325,  et  tom.  VI.  (3485)  Уст.  Морск.  Кн. 
V.  гл.1,  ст.  2.  толков  р.  59.) 

On  le  voit,  l'article  premier  du  Code  russe  est  composé  d'un  texte  de  saint  Paul 
attaché  à  un  aphorisme  de  jurisprudence  russe  fort  contestable.  Personne  n'ignore, 
en  effet,  les  paroles  de  Y  Apôtre  :  «  Soyez  soumis  (aux  princes)  puisque  c'est  néces- 
saire, non-seulement  à  cause  du  châtiment,  mais  aussi  par  motif  de  conscience.  » 
(Rom.,  vin,  5.)  Mais  nulle  part,  ni  dans  les  épîtres  de  saint  Paul,  ni  dans  aucun 
autre  livre  de  l'Écriture,  il  n'est  dit  que  le  pouvoir  des  Souverains  soit  autocratique; 
encore  moins  qu'il  leur  soit  permis  de  faire  pour  cela  décapiter  à  la  légère  leurs 
marins  et  leurs  soldats. 

(2)  En  russe  :  гд$  правительство  ne  монарщеское  есть.  Nous  rappelons  au  lecteur 


QU'EST-CE   QUE  LE  COLLEGE  ECCLESIASTIQUE,   ETC.  21 

il  est  ordonné  aux  prélats  de  ne  'point  dominer  leur  clergé1  ?  Car, 
si  les  lois  y  émanaient  d'une  seule  personne,  ses  adversaires 
n'auraient,  pour  leur  ôter  toute  valeur,  qu'à  diffamer  un  seul 
homme,  mais  cela  n'est  guère  possible  lorsqu'une  décision 
émane  des  suffrages  d'un  Concile. 


nacula  tenenti  dominatio  in  clerum  denegatur1 .  Ibi  si  quidunuspro 
libitu  decreverit,  vires  decreti  eo  ipso  putantur  enervari,  quod 
malevoli  placitum  illud  ad  unam  personam  suos  referre  natales 
criminentur.  Alias  ubi  scilicet  singulorum  totius  congregationis 
Collegariim  suffragia  ad  causam  decidendam  concurrunt,  ejusmodi 
calumniae  praeripitur  occasio. 

que  nous  nous  sommes  fait  une  loi  de  suivre  toujours  strictement  l'original, 
alors  surtout  que  la  version  latine  le  paraphrase  dans  le  sens  de  l'autocratie 
impériale.  On  aura  remarqué,  quelques  ligaes  plus  haut,  que  là  où  le  russe  dit 
simplement  que  Dieu  ordonne  d'obéir  aux  monarques  «  par  motif  de  conscience  » 
(за  совесть)  le  latin  dit  que  Dieu  nous  ordonne  de  leur  obéir  «  sans  réclamation 
(citra  reclamationem) .»  —  Ici  c'est  encore  le  traducteur  latin  qui  prend  sur  lui 
de  faire  dire  à  Pierre  le  Grand  que  le  gouvernement  ecclésiastique  «  est  dépourvu 
d'autorité  absolue  et  indépendante  (upole  absoluta  et  independente  potentiel  deslilutum).» 
De  cette  façon,  le  latin  complète  et  explique  le  russe,  nous  dispense  de  beaucoup 
de  commentaires  et  nous  en  donne  ce  vrai  sens  que  nous  aurions  hésité  à  y 
attacher  nous-même. 

Pour  ce  qui  est  de  l'assertion  de  Pierre  que  «  le  gouvernement  de  l'Eglise  nest  pas 
monarchique,  »  en  d'autres  termes  pour  ce  qui  concerne  la  forme  du  gouvernement 
de  l'Eglise  gréco-russe  comparée  à  celle  de  l'Église  catholique,  nous  nous  permet- 
tons de  renvoyer  le  lecteur  aux  chapitres  u  ,  ni  et  iv  de  notre  écrit  :  The  Pope  of 
Rome  and  the  Popes  of  the  Oriental  Orthodox  Church. 

(1)  En  russe  :  да  не  господствую™  клпру.  On  fait  ici  allusion  au  passage  de  la 
première  épître  de  saint  Pierre  «  Neque  ut  dominantes  in  cleris.  »  (f.  3.)  On  sait 
que  le  mot  grec  xV/^poç  (sort,  partage)  ne  reçut  que  plus  tard  la  signification  de 
clergé.  A  l'époque  de  Pierre  Ier  elle  était  déjà  attachée  au  même  mot  russifié  : 
к.шръ.  Nous  ne  nous  sommes  pas  occupé  de  savoir  si  l'explication  adoptée  par 
l'autocrate  russe  était,  ou  non,  celle  en  usage  de  son  temps,  car  la  Bible  d'0strog(1581) 
laissait  subsister  l'ambiguïté  de  texte  grec  en  traduisant  :  нп  яко  обладающе  ряду. 
Nous  devons  cependant  ajouter  que  saint  Jérôme  a  entendu  lui  aussi  l'expression 
grecque  :  tôjv  y.Xv^piov,  dans  le  sens  de  clergé  inférieur. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  point,  que  nous  livrons  aux  investigations  du  lecteur, 
il  est  bien  certain  que  l'Apôtre  a  seulement  voulu  mettre  en  garde  les  pasteurs  de 
l'Eglise  contre  l'esprit  de  hauteur  et  de  dureté,  ce  qui  est  bien  autre  chose  que 
de  les  réduire  à  de  simples  «  primi  inter  pares  »  comme  paraît  l'insinuer  Pierre  Ier. 
Nous  en  appelons  à  saint  Jérôme  et  aux  autres  Pères  qui  ont  commenté  ce  texte,  et 
nous  ajouterons  seulement  que  de  nombreux  passages  de  l'Écriture,  et  surtout  le 
chapitre  vi  du  livre  de  la  Sagesse,  ne  condamnent  pas  moins  l'esprit  de  hauteur 
et  de  dureté  dans  les  rois  de  la  terre. 


22  PREMIÈRE   PARTIE. 

3.  Ce  que  nous  venons  de  dire  a  surtout  une  grande 
valeur  lorsque  le  Collège  Dirigeant  se  trouve  sous  la  dé- 
pendance du  Monarque  régnant,  et  est  institué  par  lui.  Car  il  est 
évident  que  dans  ce  cas,  le  Collège  n'est  pas  une  faction  de  gens 
réunis  par  des  liens  secrets  dans  leur  propre  intérêt,  mais  une 
Assemblée  d'hommes  réunis  par  ordre  de  l'Autocrate  et  le  suf- 
frage des  autres,  pour  concourir  au  bien  général. 

4.  C'est  encore  un  point  fort  important  que,  sous  le  gouverne- 
ment d'un  seul, les  affaires  traînent  souvent  en  longueur, et  même 
peuvent  être  suspendues,  soit  que  d'autres  occupations  inévi- 
tables surviennent  à  celui  qui  les  dirige,  soit  qu'il  tombe  malade 
ou  qu'il  devienne  infirme  ;  que  s'il  vient  à  manquer,  c'est  alors 
surtout  que  les  affaires  sont  interrompues.  Il  en  est  autrement 
avec  un  Gouvernement  Conciliaire,  car,  en  cas  d'absence  d'un  de 
ses  membres,  fût-il  le  premier  entre  tous,  les  autres  continuent 
leurs  fonctions,  et  les  affaires  suivent  leur  cours  sans  inter- 
ruption. 

5.  Mais   ce  qui  est  encore  plus  avantageux,  c'est  que  dans 


3.  Cum  certum  sit  sipirituàle  Collegium  haudesse  quandam  fa- 
ctionem,  quae  clandestino  consilio,  privatis  suis  inserviendi  commo- 
dis,  inito  coaluit,  sed  ex  viris  mandato  et  decreto  Monarchae,  nec 
non  aliorum  etiam  suffira gio  designatis,  et  in  commune  bonum 
intentis  constare  :  necessum  est,  ut  magnum  Collegio,  praesertim 
inde,  quoniam  a  Monarcha  dependet,  suamque  illi  acceptam  fert 
originem,  momentum  accedere  eredamus. 

4.  Si  itidem  fréquentes  negotiorum  ad  unius  personae  Regimen 
pertinentium  procrastinationes  et  intermissiones,  Hierarcha  nempe 
aliis  ineluctabilius  curis,  vel  morbo  et  infirmitate  detento,  maxime 
vero  vivis  erepto  (in  hoc  enim  casu  omnia  negotiajubenturpenitus 
cessare),  considères  :  Contra  vero  si-  Regimen  plurium,  quorum  uno 
quamvis  primario  Collega  absente,  alii  praesto  sunt,  et  negotia  non 
interrupto  cursu  promovent,  intuearis:  nonne  magni  mo menti  ratio 
isti  Regimini  stabiliendo  conciliatur. 

5.  Si  utilitatis  ex  hoc  Collegio  proventurae  ratio   sit  babeiida,  in 


QU'EST-CE  QUE  LE  COLLEGE  ECCLESIASTIQUE,  ETC.      23 

un  tel  Collège,  il  n'y  a  lieu  ni  à  partialité ,  ni  à  tromperie,  ni  à 
corruption.  Comment,  en  effet,  pourrait-il  y  avoir  ici  une  entente 
pour  condamner  l'innocent  et  acquitter  le  coupable,  puisque 
quand  même  un  des  membres  agirait  par  partialité  ou  par  haine 
envers  l'accusé,  il  s'en  trouvera  un  autre,  deux  autres  et  même 
davantage,  libres  de  toute  aversion  et  de  toute  partialité  ?  De 
même  comment  l'intérêt  personnel  pourrait-il  avoir  ici  le  dessus, 
puisque  ce  n'est  pas  l'autorité,  mais  ce  sont  des  raisons  graves 
et  légitimes  qui  décident  les  affaires,  et  que  l'on  se  contrôle 
mutuellement,  de  manière  à  être  soupçonné  de  corruption  si 
l'on  n'apportait  aucun  motif  plausible  en  faveur  de  sa  propre  opi- 
nion? Et  c'est  bien  là  notre  cas,  attendu  surtout  que  le  Collège 
est  composé  de  telle  sorte  qu'il  est  absolument  impossible  à  ses 
membres  de  se  concerter  tous,  secrètement,  sur  quoi  que  ce  soit; 
c'est-à-dire  que  ce  sont  des  personnes  de  différent  rang  et  condi- 
tion, telles  que  Évêques,  Archimandrites,  Hégoumènes  et  digni- 
taires du  clergé  blanc  \  En  vérité,  on  ne  voit  pas  comment  de 


eo  haec  praesertim  elucet,  quod  affectibus,  dolo,  et  turpi  quaestui 
locus  denegetur.  Quomodo  enim  ad  defendendam  partem  iniquam 
vel  ad  insontem  damnandam  consona  ferre  possint  suffragia  ?Esto, 
unus  eorum  studio,  aut  ira  erga  eum  qui  accusatur,  afficiatur, 
alter  tamen  et  tertius  indignatione  et  amore,  transversi  minime 
aguntur.  Qua  itidem  ratione  donis  possunt  corrumpi,  ubi  non  pro 
libitu,  sed  ex  legitimis  et  justis  ratiouibus  deiïvata  pronuntiatur 
sententia  ?  et  alter  ab  altero  sibi  timet,  ne  tanquam  donis  esse 
corruptus,  nisi  fïde  dignam  pro  sua  stabilienda  sententia  attu- 
lerit  rationem,  deprehendatur.  Praesertim  autem  si  Collegium  ex 
personis,  ad  clandestinas  conspirationes  penitus  inliabilibus  constet, 
si  nimirum  Collegae  sint  diversi  ordinis  et  status,  ut  Episcopi,  Arcbi- 
mandritae,  Hegumeni,  nec  non  e  sacerdotum  ordine  prsecipui  l;  Re 
quidem  vera  ne  cogitari  potest,  quomodo  ausinl  alius  cum  alio 

(l)En  russe  :БЬлое  духовенство- On  désigne  ainsi  en  Russie  le  clergé  séculier  et  non 
célibataire,  par  opposition  au  clergé  régulier  (moines)  opi'on  apelle  vulgairement 
clergé  noir  (черное  духовенство)  à  cause  de  ses  vêtements  noirs.  Quant  à  la  valeur 
de  l'argumentation  que  fait  ici  Pierre,  voir  la  note  au  ne  9. 


24  PREMIERE  PARTIE. 

telles  personnes  oseraient  se  communiquer  Tune  à  l'autre  quel- 
que dessein  perfide  et ,  encore  moins,  s'accorder  dans  une 
injustice. 

6.  Ce  qu'il  faut  également  considérer,  c'est  qu'un  Collège 
jouit  de  la  plus  grande  liberté  d'esprit  pour  juger  selon  la  jus- 
tice. Un  Collège,  en  effet,  n'a  pas  à  craindre  autant  qu'un  admi- 
nistrateur unique  le  courroux  des  puissants,  car  il  n'est  pas 
aussi  aisé  de  chercher  querelle  à  plusieurs  personnes  de  diffé- 
rentes conditions  qu'à  une  seule  personne. 

7.  Un  autre  point  de  grande  importance,  c'est  qu'avec  ce  Gou- 
vernement Conciliaire,  la  patrie  n'a  pas  à  craindre  les  révoltes  et 
les  agitations  qui  dérivent  du  gouvernement  personnel  d'un  chef 
ecclésiastique  unique.  En  effet,  le  peuple  simple  ne  sait  pas  quelle 
différence  existe  entre  le  pouvoir  ecclésiastique  et  celui  de  l'Au- 
tocrate ;  mais,  ébloui  par  la  haute  dignité  et  la  pompe  du  Pasteur 
suprême,  il  s'imagine  que  cet  Administrateur  est  un  second  sou- 
verain, égal  en  pouvoir  à  Г  Autocrate,  et  même  supérieur  à  celui-ci^ 

quasdam  insidiosas  macliinationes  commuaicare!  Tantum  abest,  ut 
impia  molimina  candido  calculo  probanda  praesumant. 

6.  Non  abludit  a  praecedentilras  sequens  ratio  :  Collegium  scilicet 
ad  justitiam  exercendam  libérions  esse  animi,  utpote  quod  metui, 
quem  praepotentes  soient  minari,  nou  perinde  atque  unus  Ecclesiae 
Moderator,  succumbit.  Nec  etiam  aeque  facilis  multos  eosque  diversi 
ordinis  hommes,  quam  unum  calumniandi  occurrit  occasio. 

7,  Porro  admisso  huius  Collegii  Regimine,  Patriam  a  dissidiis  et 
turbis,quibus  ciendis  absolutus  Ecclesiae  Hector  interdum  suppeditat 
occasionem,  securam  reddi,  non  ne  magni  est  momenti  ?  Siquidem 
promiscuum  vulgus  discriminis  inter  Regium  et  Ecclesiasticum  jus 
intercedentis  est  ignarum,  contra  vero  magno  supremi  Pastoris 
honore  et  pompa  rapitur  in  admirationem,  et  Hierarcham  ista  se 
habcntem  Régi  aequiparari,  imo  vix  non  praeminere  1,  ipsique   adeo 

(1)  En  russe  :  Самодержцу  равносильный  пли  не  больши.  Ces  mots  disent  bien  la 
véritable  pensée  de  Pierre  au  sujet  du  pouvoir  ecclésiastique  -.«.Ni  supérieur  ni  égal  à 
«  celui  »  du  Tsar,  n  Or  ce  qui  n'est  ni  supérieur  ni  égal  ne  saurait  être  qu'inférieur. 
Ici  encore  nous  mettrons  en  face  de  l'Évêque  courtisan  qui  rédigea  le  «  Règlement 


QU'EST-CE  QUE  LE  COLLEGE  ECCLESIASTIQUE,  ETC.      25 

et  que  l'ordre  ecclésiastique  constitue  dans  l'État  un  autre  et 
meilleur  État. 

C'est  ainsi  que  le  peuple  s'est  de  lui-même  habitué  à  raison- 
ner; et  qu'en  serait-il  si  les  propos  séditieux  d'ecclésiastiques 
avides  de  domination  venaient  encore  s'y  ajouter,  mettant  ainsi 
le  feu  à  des  broussailles  sèches?  Cette  opinion  pervertit  les  cœurs 
simples  ,  au  point  qu'en  toutes  choses  ils  tiennent  moins  compte 
de  l'Autocrate  que  du  Pasteur  suprême.  —  Et  s'ils  apprennent 

spirituali  ordini  alterum  et  quidem  longe  praestantius  dominium 
competere  arbitratur. 

Hanc  quidem  opinionem  vulgus  nullo  praeeunte  suasore  solet 
favore  :  quid  tandem  futurum  putas,  si  ministri  Ecclesiae  inter 
colloquendum  zizania  falsae  persuasionis  disseminaverint  ?  Ignem 
sane  aridae  materiae  admovebunt.  Eo  usque  nimirum  simplicia  cre- 
dulaque  corda  depravantur,  ut  minorera  Monarchae,  si  quid  exequen- 
dum  praecipit,  quam  Pontificis  liabeant  rationem.    Simul  autem 

ecclésiastique  »  le  Patriarche  russe,  martyr  des  droits  de  l'Eglise  :  «  Les  pou- 
»  voirs  ecclésiastique  el  séculier,  écrit  Nicon,  so7it  représentés  par  deux  glaives;  le  pre- 

»  mier   punit    les   malfaiteurs,    le   second  lie  les   âmes Dans  les  matières  spirituelles 

»  qui  appartiennent  à  la  gloire  de  Dieu,  V Evéque  est  plus  haut  que  le  Tsar,  —  car  ce  n'est 
n  qu'ainsi  que  l'Evêque  peut  garder  ou  maintenir  la  juridiction  spirituelle,  —  mais  le 
»  Tsar  est  plus  haut  en  ce  qui  concerne  l'administration  de  ce  monde.  De  cette  façon,  ils 
»  ne  seront  pas  en  opposition  l'un  avec  l'autre.  L'Evêque  toutefois  a  une  certaine  ingérence 
»  dans  la  juridiction  séculière  pour  sa  meilleure  direction  et  dans  des  matières  qui  con- 
»  viennent  à  sa  qualité  d'Evêque  (and  in  suitable  matters),  tandis  que  le  Tsar  n'en  a 
»  aucune  dans  l'administration  ecclésiastique.  En  effet ,  si  le  Tsar  n'agit  point 
n  comme  il  doit,  conformément  à  la  loi  du  Seigneur,  il  sera  alors  au  pouvoir  de 
»  l'Evêque  de  prononcer  contre  lui  une  censure  ou  sentence   d'excommunication,   contre 

»  lui,   dis-je,    non  point   comme     Tsar  mais    comme    prévaricateur  de   la    loi Le 

»  Seigneur  Dieu  tout-puissant    lorsqu'il  créa  le   ciel  et  la  terre,  ordonna  à  deux  grands 

»   luminaires,  —  le  Soleil  et  la  Lune,  —  de  briller  dans  leurs  cours  au-dessus  de  la  terre 

»  Le  Soleil,  le  plus  grand  des  deux  luminaires,  brille  dans  le  jour,  —  c'est  l'Evêque 
»  qui  éclaire  les  âmes  ;  —  le  plus  petit  luminaire ,  au  contraire ,  brille  dans  la  nuit,  c'est- 

»  à-dire  sur  les  corps L'ordre  spirituel  est  nécessaire   aux  séculiers  pour  la  déli- 

»  vrance  de  leurs  âmes,  et  l'ordre  séculier  est  nécessaire  à  l'ordre  spirituel  pour  la 
»  défense  des    corps.  En  ce  SENS,  et  en  cela  (and  so  in  this,)  aucun  des  deux  ordres 

»  n'est  supérieur  à    l'autre,    mais  chacun  d'eux   tient  son  pouvoir  de  Dieu Dans  les 

»  matières  spirituelles,  la  volonté  du  Tsar  ne  doit  pas  être  mise  au-dessus  de  la  loi 
»  spirituelle,  de  même  que  dans  les  matières  appartenant  proprement  à  l'Eglise,  le 
»  Tsar  ne  peut  en  rien  statuer  ni  contrôler  l'Eglise.  C'est  aussi  dans  ce  sens  qu'il  faut  enlen- 
y>  dre  les  expressions  des  Evêques  et  des  canons  ecclésiastiques  prescrivant  aux  hommes 

a  de  garder  et  maintenir    les    ordonnances  du  Tsar »   (V.  Palmer.  op.  cit.  quest. 

xxiv,  pp.  250-255.) 


26  PREMIERE  PARTIE. 

qu'une  querelle  a  surgi  entre  eux,  tous,  bien  qu'aveuglément 
et  sans  nulle  réflexion,  se  rangent  du  parti  du  chef  ecclésiastique 
plutôt  que  de  celui  du  laïque  et,  pour  soutenir  le  premier,ils  osent 
prendre  les  armes  et  s'insurger  ;  et  ils  se  flattent,  les  malheu- 
reux! qu'ils  combattent  pour  Dieu  lui-même,  et  que  loin  de 
souiller  leurs  mains,ils  les  sanctifient  en  les  trempant  dans  le  sang. 
Cette  croyance  du  peuple  fait  la  joie  non  pas  des  honnêtes 
gens,  mais  des  hommes  astucieux;  car  ces  ennemis  de  leur  Sou- 
verain, quand  ils  aperçoivent  une  rupture  entre  le  Souverain  et 
le  Pasteur,  en  profitent  comme  d'une  occasion  favorable  à  leur 
méchanceté,  et  sous  prétexte  de  zèle  pour  l'Église,  ils  n'hésitent 
pas  à  porter  l'es  mains  sur  le  Christ  du  Seigneur  1  poussant  le 


atque  simultatis  quidquam  inter  eos  intervenerit,  magis  huic,  qui 
ad  Ecclesiae  clavum  sedet,  quam  illi  qui  in  regno  saeculari  rerum 
potitur,  quamvis  coeco  impetu,  et  mente  capti  adstipulantur.  Partes 
spirituales  propugnare,  Régi  rebellare  audent  sibimet  ipsis  maie 
sani  falso  persuadantes,  partium  Dei  se  fore  defensores,  manusque 
suas,  si  furibundi  sanguine  resperserint,  sanctificatum  iri  ;  tantum 
abest,  ut  contaminari  horreant. 

Statim  vero  ac  ejusmodi  opinio  plebem  proletariam  infîcit,  qui 
etiam  supra  vulgus  sapiunt,  sed  versipelles,  eam  promptissime 
animo  amplectuntur.  Ш  enim  erga  principem  suum  maie  affecti, 
manus  suas  ad  perimendum  Christvm  Domini  i  extendere  nulli  sibi 
religioni  ducunt  ipsumque,  quod  esset  inter  Regem  et  Hierarchani 
dissidium  pro  commoda  suae  malitiae  perpetrandae  arripiunt  occa- 

(1)  En  russe  :  Ha  Xpida  Госиодна.  Ici  le  «  Christ  (oint)  du  Seigneur  »  n'est  pas  le 
Pasteur  de  l'Église  mais  le  Tsar.  En  vérité  on  souffre  quand  on  songe  que 
Théophane  Procopovitch  était  Évêque  !  Lui  et  Pierre  Ier,  les  deux  auteurs  du 
«  Règlement  ecclésiastique  »  paraissent  vouloir  profiter  de  l'absence  de  toute 
onction  dans  la  consécration  épiscopale  chez  les  Russes  et  les  Grecs,  pour  faire 
croire  au  peuple  simple  que  la  personne  du  Tsar  est  plus  sacrée  que  celle  du 
Pasteur  de  l'Église.  Nicon  avait  encore  répondu  d'avance  à  leur  sophisme  : 
и  La  royauté',  ainsi  le  Patriarche  de  Moscou,  a  été  donnée  au  monde  par  Dieu,  cela  est 
»  vrai,  mais  Dieu  la  lui  a  donnée  dans  sa  colère;  de  plus  les  hommes  sont  oints  rois  par 
»  le  Sacerdoce  et  avec  de  l'huile  matérielle.  Le  Sacerdoce,  au  contraire,  est  une  onction 
»  opérée  directement  par  l'Esprit  Saint;  c'est  ainsi  que  Jésus-Christ  a  été  oint  Pontife 
»  suprême;  c'est  encore  ainsi  qu'ont  été  oints  les  Apôtres.  »  (V.  Palrner.  op.  cit.  quest. 
XXiv.  p.  234.) 


QU'EST-CE    QUE    LE    COLLEGE    ECCLESIASTIQUE,  ETC.  27 

peuple  simple  à  commettre  le  même  crime,,  comme  si  c'était 
une  œuvre  divine. 

Et  que  dire  quand  le  Pasteur  lui-même,   enflé  par  l'opinion, 
qu'on  a  de  lui,  ne  veut  point  se  tenir  tranquille^  ?I1  est  difficile 
d'exprimer  combien  grandes  sont  les  calamités  qui  en  dérivent. 

Et  ce  ne  sont  pas  là  des  fictions  !  Plût  à  Dieu  qu'à  ce  sujet  on 
ne  pût  faire  que  des  conjectures  ;  mais  ce  sont  des  faits  réelle- 
ment avérés  plus  d'une  fois,  et  dans  plusieurs  royaumes.  Que 
seulement  on  consulte  l'histoire  de  Constantinople  dans  les 
temps  postérieurs  à  Justinien,  et  on  en  trouvera  de  nombreux 
exemples.  Oui,  ce  n'est  que  par  cette  voie  que  le  Pape  parvint  à 
un  si  grand  pouvoir,  que  non-seulement  il  sépara  en  deux  FEm- 
pire  Romain  et  en  usurpa  une  grande  partie,  mais,  plus  d'une 
fois,  il  bouleversa  aussi  d'autres  royaumes,  presque  au  point  de 
les  ruiner  entièrement. 


sione,  iérvorem  incitatumque  studium  defendendaeEcclesiaepraeten- 
dentes,  ad  eandem  impietatem  vulgus  promiscuum,  tanquam  ad 
obsequium  Deo  praestandum  incitant. 

Quid  quod  si  ipse  Hierarcha  eadem  elatus  opinione,  hujusmodi 
occasione  captandae  invigilaverit1?  Quanta  et  quamlarga  periculo- 
rum  seges  inde  sit  expectanda  !  dictu  difficile. 

Nec  in  coramentis  fabulisque  hoc  habendum  est  !  (Utinam 
imaginationum  simulacris  duntaxat  deluderemur,  Deo  even- 
tum  avertente),  sed  rem  ipsam  iniqua  fata  multorum  regnorum 
temporum,  probarunt,  multi  id  genus  eventus,  Byzantinam  sal- 
tem  bistoriam  temporum  quae  Justinianum  sunt  subsecuta,  perlu- 
stranti  occurrunt. 

Putasne  ?  alia  ratione  Romani  Pontificis  potentiam  in  immen- 
sum  crevisse?  Qui  non  solum  ex  Romano  Imperio  in  duas  partes 
fisso  multas  provincias  raptas  sibi  asseruerat,  sed  alia  itidem  régna 
tumultibus  implens,  plus  simplici  vice  funditus  fere  eversum 
iverat. 

(1)  En  russe  :  <;патъ  не  похощетъ.  Littéralement  ne  veut  point  dormir.  »  La 
traduction  allemande  a  :   «  nicht  ruhen  wili  »  l'anglaise  :  «  will  not  rest  quiet,  я 


28  PREMIÈRE  PARTIE. 

Quant  aux  attentats  de  ce  genre,  arrivés  aussi  parmi  nous  \ 
passons-les  sous  silence  ! 

Une  telle  calamité  n'est  pas  à  craindre  sous  un  Gouvernement 
ecclésiastique  Conciliaire,  car  ici,  pour  le  Président  lui-même, 
point  de  grandeur  ni  de  pompe  qui  excite  l'admiration  du 
peuple,  point  de  luxe  ni  d'apparat  excessifs,  point  de  haute  opi- 
nion à  son  égard,  point  de  possibilité  pour  les  adulateurs  de  l'en- 
fler par  des  louanges  excessives.  En  effet,  quoi  que  fasse  de  bon 


Nostratium  vero  proterva  molimina,  quae  simile  quid  portende- 
bant1,  silentio  supprimenda  statui. 

Porro  synodale  Ecclesiae  Regimen  ab  eiusmodi  malo  est  securum . 
Quoniam  ne  ipse  quidem  Praeses  huius  loci  justo  maiores,  quibus 
vulgus  rapiatur  in  admirationem,  sibi  arrogat  praerogativas,  nec 
superfkmm  prae  se  fert  splendorem  ac  pompam,  qua  possit  sese  ja- 
ctare.  Nemo  maiorem,  quam  par  est,  de  eo  concipit  opinionem,  nec 
adulatores  laudibus  modum  excedentibus  possunt  eum  extollere. 
Quidquid  enim  laude  dignum  ab  bocce  praestatur  Régi  mine,  Praeses 
sibi  soli  non  potest  vindicare.  Ipsa  etiam  Praesidis  denominatio  nil  in 


(1)  Par  ces  paroles,  Pierre  fait  allusion  aux  graves  et  fréquents  démêlés  qui 
avaient  eu  lieu  entre  les  Tsars,  ses  prédécesseurs,  et  les  Patriarches  de  Moscou 
surtout  le  Patriache  Nicon.  Évidemment,  pour  l'Autocrate  russe  tout  le  tort  est 
du  coté  de  ces  derniers.  Ce  n'est  pas  notre  tâche  d'en  entreprendre  la  défense, 
mais  nous  ne  pouvons  nous  abstenir  d'exprimer  ici  encore  le  souhait  que  l'on  publie 
bientôt  en  Russie,  dans  sa  langue  originale,  l'apologie  de  Nicon.  «  Audiatur  et  altéra 
pars.» — Malgré  quelques  arguments  peu  heureux,  et  des  applications  de  l'Ecriture 
sainte  tant  soit  peu  arbitraires,  les  Répliques  de  Nicon  prouveront  au  peuple 
russe,  d'une  manière  irréfragable  combien  est  «  exagérée  l'idée  que  les  Tsars  de 
Russie  ont  de  leur  pouvoir  »  et  combien  leurs  empiétements  dans  le  domaine  de 
l'Eglise  sont  «  contraires  à  toutes  les  lois  du  Seigneur.»  (Palmer.  Replias,  etc.  Quest. 
xxvi,  p.  554.) 

Pour  ce  qui  concerne  la  conduite  des  Papes,  Pierre  y  revient  encore  plus  loin 
et  en  donne  une  explication  que  nous  relèverons  en  l'accompagnant  de  quelques 
remarques.  (V.  II  partie  «  Des  établissements  d'instruction  »  dans  le  préambule.;  Du 
reste  cela  se  rapporte  à  la  question  des  limites  des  deux  pouvoirs,  dont  nous  avons 
parlé  dans  l'Introduction.  Ici  nous  ajouterons  seulement  que  si  l'idée  de  l'indépen- 
dance de  la  conscience  humaine  vis-à-vis  des  Souverains  n'a  pas,  depuis  longtemps, 
disparu  de  la  terre,  c'est  aux  Papes  qu'on  le  doit,  et  nous  ne  doutons  point  qu'en 
pareille  matière  toute  àme  chrétienne  préfère  toujours  les  agitations,  les  angoisses 
et  les  revers  de  la  lutte,  à  la  paix  de  l'esclavage. 


QU'EST-CE  QUE  LE  COLLEGE  ECCLESIASTIQUE,  ETC.      29 

un  tel  Gouvernement,  on  ne  peut  nullement  l'attribuer  au  seul 
Président.  Le  titre  même  de  Président  n'a  rien  de  fastueux,  car 
il  signifie  simplement  celui  qui  siège  avant  les  autres1,  de  sorte 
que  ni  lui  de  lui-même,  ni  les  autres  de  lui  ne  peuvent  conce- 
voir aucune  haute  estime.  Et  le  peuple  voyant  que  ce  Gouverne- 
ment Conciliaire  a  été  institué  par  un  décret  du  Monarque  et  le 
suffrage  du  Sénat,  se  tient  d'autant  plus  tranquille  et  perd  gran- 
dement l'espoir  d'être  soutenu  dans  ses  révoltes  par  l'état  ecclé- 
siastique. 

8.  Un  autre  avantage  qui  résulte  pour  l'Église  et  pour  l'État 
de  ce  Gouvernement  Conciliaire,  c'est  que  non-seulement  chacun 
de  ceux  qui  y  siègent,  mais  le  Président  lui-même,  s'il  s'est  rendu 
gravement  coupable  en  quoi  que  ce  soit,  doit  tomber  sous  le 
jugement  de  ses  frères,  c'est-à-dire"  du  Collège  Ecclésiastique. 
Il  n'en  est  pas  ainsi  quand  un  Pasteur  unique  gouverne  l'Église 
avec  une  autorité  absolue,  car  il  ne  veut  poinl  être  jugé  par  les 
Évêques,  ses  subordonnés.  Et  si  on  l'y  contraignait,  pour  le 
peuple  simple  qui  ignore  ce  que  c'est  que  la  légalité  et  décide 


se  habet  fastus  ac  insolentiae,  nec  aliud  significat,  quam  eum,  qui 
praesideat  aliis  1;  unde  nec  ipsede  se,  nec  alius  quispiam  de  illo  pos- 
sunt  alta  sapere.  Cum  denique  populus  hocce  Regimen  mandato 
Monarchae,  Senatu  adstipulante  esse  institutum  intellexerit,  magis 
pacifiée  se  geret,  omni  nempe  spe  auxilii  a  spirituali  ordine  ad  tu- 
multus  ciendos  proventuri  destitutus. 

8.  Hoc  spiritualis  Collegii  Regimen  Ecclesiae  et  Patriae  prodesse 
dicitur  ob  eam  etiam  rationem,  quod  in  eo  non  solum  Collegarum 
aliquis,  sed  ipse  quoque  Praeses  sicubi  gravem  commiserit  errorem 
suorum  fratrum,  id  est,  ejusdem  Collegii  judicio  subjicitur.  Secus 
se  res  habet  ubi  summa  auctoritate  potestateque  instructus  Pastor 
absoluto  regendae  Ecclesiae  jure  potitur.  Hic  enim  judicio  Episcopo- 
rum,  qui  sibi  sunt  subordinati,  se  teneri  minime  patietur.  Quamvis 
autem  invito  dies  dicatur,  plebs  tamen,  quae  legis  ignara  temerariis 

(l)  En  russe  председатель,  composé  de  предъ,  devant,  avant,  et  сбдатель  usité  seu- 
lement en  composition  et  dérivé  de  сесть,  s'asseoir,  siéger.  En  latin  prae-sidens. 


30  PREMIERE    PARTIE 

aveuglément,  le  jugement  porté  par  les  Évêques,  serait  suspect 
et  exposé  à  encourir  le  blâme.  Il  s'ensuit  que,  pour  avoir 
raison  de  ce  triste  Monarque  i ,  il  faudrait  assembler  un  Concile 
œcuménique,  ce  qui  entraîne  toujours  de  graves  difficultés  pour 
tout  le  pays  et  des  frais  considérables.  Ajoutons  que  cela  ne 
paraît  nullement  possible  à  présent  que  les  Patriarches  Orientaux 
vivent  sous  le  joug  des  Turcs,  et  que  ceux-ci  redoutent  plus  que 
jamais  notre  Empire. 

9.  En  dernier  lieu,  le  Gouvernement  Conciliaire  dont  nous 
parlons,  deviendra  une  espèce  d'école  d'administration  ecclé- 
siastique. En  effet,  par  la  communication  des  nombreux  et 
divers  jugements,  conseils  et  preuves  canoniques  que  réclament 
les  différentes  affaires,  chacun  de  ceux  qui  siègent  dans  ce  Gou- 
vernement pourra  aisément  s'initier  dans  la  politique  ecclé- 
siastique, et  apprendre,  par  une  expérience  de  tous  les  jours, 
quelle  est  la  meilleure  manière  de  gouverner  la  maison  de  Dieu. 


agitur  affectibus,  ejusmodi  judicium  suspicione  plénum  esse,  et  ob- 
trectationi  obnoxium  judicabit.  His  ita  comparatis  oecumenici  con- 
cilii  adversus  talem  iniquum  summae  auctoritatis  Hierarcham  *  co- 
gendi  ingruit  nécessitas.  Quod  tamen  magna  toti  patriae  incommoda 
secum  trahit,  nec  exiguum  sumptum  requirit;  imo  moderno  tempore, 
dum  orientales  Patriarchae  Turcarum  jugo  premuntur,  et  nostrum 
imperium  magis  quam  antea  est  formidabile,  prorsus  impossibile 
esse  creditur. 

9.  Ultimo  tandem:  istud  Regens  Collegium  pro  futurorum  Eccle- 
siae  Moderatorum  seminario  reputabitur  :  mmsquisque  enim  Colle- 
garum,  ex  multarum  variarumque  deliberationum,  consultationum, 
et  solidorum  argumentonim,  quibus  tractationes  fréquenter  occur- 
rentes  indigent,  collatione,  quomodo  in  tractandis  spiritualibus  ne- 
gotiis  versetur,  facilius  addiscere,  et  quotidianà  experienià  facul- 
tatem  dexteritatemque  divinae  domus  melius  gubernandae  compa- 

(1)  En  russe  :  Едпновластптедь.  Les  Tsars  «  monarques  autocratiques  »  etjuges  suprê- 
mes de  Synode  »  de  qui  sont-ils  justiciables  ? 


QU'EST-CE   QUE   LE   COLLEGE   ECCLESIASTIQUE,   ETC.  31 

Ceux  des  Collègues,  on  personnes  siégeant  dans  ce  Gouverne- 
ment, qui  s'y  montreront  les  plus  capables  seront  dignes,  en- 
suite, d'être  promus  à  la  dignité  épiscopale.  C'est  ainsi 
qu'avec  l'aide  de  Dieu,  la  barbarie  disparaissant  aussi  de  l'étal 
ecclésiastique  l,  on  doit  en  espérer  toute  sorte  de  bien  pour  la 
Russie. 


rare  poterit.  Unde  licebit  divinare  fore,  ut  Collegarum,  nempe 
virorum  ibidem  loci  subsellia  occupantium  dignissimi  appareant, 
qui  honorem  dignitatemque  Praesulis  consequantur.  Itaque  Deo 
opitulanto  sublata  mmistrorum  Ecclesiae  ruditate l,  non  est  dubium, 
quin  in  Rossia  omnia  se  melius  sint  habitura. 

(1)  Et  c'est  pour  obtenir  ce  résultat  que  Pierre  confiait  l'administration  de  toute 
l'Eglise  de  Russie,  à  des  hommes  qu'il  ne  croyait  pas  encore  capables  d'être  à  la 
tête  d'un  simple  diocèse  !  Ils  faisaient  leur  apprentissage  au  Synode,  et  la  Russie  tout 
entière  devait,  sur  la  parole  d'un  Tsar,  considérer  comme  un  bienfait  celui  de 
porter  les  conséquences  de  leur  inexpérience  et  de  leurs  méprises.  Telle  est  la 
sagesse  humaine  rebelle  à  la  foi  !  «  Evanucrunt  in  cogitationibus  suis  et  obscuratum 
est  insipiens  cor  eorum.  »  (Rom.,  I,  21.) 

Nous  nous  hâtons,  cependant,  de  reconnaître  que  déjà  en  1763  la  moitié  des 
membres  du  Synode  était  composée  d'Évêques,  et  qu'aujourd'hui  tous  ses  membres 
à  l'exception  de  deux,  sont  tirés  de  l'Episcopat.  (Voir  Alman.  de  Gotha,  etc.)  Quant  aux 
deux  membres  non-Évêques,  qui  sont  l'aumônier  de  LL.  MM.  et  l'aumônier  en  chef 
de  l'armée  et  de  la  flotte,  ils  appartiennent  tous  les  deux  au  clergé  blanc  ou  sé- 
culier :  ils  sont  mariés  et  ne  peuvent  par  conséquent  devenir  Evêques. 

Nous  croyons-  que  les  Russes  d'aujourd'hui,  en  lisant  ces  considérants,  doivent 
se  sentir  profondément  humiliés.  Dans  la  bouche  d'un  Tsar  aussi  peu  démocratique 
que  Pierre,  les  raisons  alléguées  contre  le  gouvernement  monarchique  dans  l'Eglise 
font  l'effet  d'une  amère  ironie  et  témoignent  clairement  du  peu  d'estime  que 
Pierre  faisait  de  l'intelligence  de  son  peuple,  ce  qui,  du  reste,  apparaît  presque  à 
chaque  page  de  ce  a  Règlement.»  Heureusement  Pierre  lui-même  s'est  donné  la  tâche 
de  détruire  par  le  fait  plusieurs  de  ses  raisons,  laissant  à  ses  successeurs  le  soin  de 
détruire  les  autres.  Ainsi,  après  avoir  mis  dans  un  si  beau  jour  l'impossibilité  que 
les  passions  humaines  pussent  triompher  dans  les  délibérations  du  Collège  Ecclé- 
siastique (nos  3,  5,  6,  8),  Pierre  jugeait  à  propos  d'attacher  à  ce  Collège  un  officier 
doué  de  hardiesse  qu'il  décora  du  titre  de  procureur  suprême  (Ober-Procurator),  et 
qu'il  chargea  de  veiller  sévèrement  à  ce  que  toutes  les  affaires  soumises  au  Synode  fussent 
expédiées  conformément  aux  règlements  et  aux  ukases,  et  à  ce  que  le  Synode  procédât 
dans  ses  fonctions  selon  la  justice  et  sans  acception  de  personne.  (Ukases  du  11  mai  et 
13  juin  1722.  Иолн.  Собр.  Зак.  тот.  VI.  (4001)  p.  676.  et  (4036)  p.  721.) 

Par  ce  seul  fait  les  neuf  graves  raisons  de  Pierre  (V.  p.  18.)  étaient  déjà  ré- 
duites à  cinq  en  1722.  —  Plus  tard  l'empereur  Alexandre  Ier  opéra  sur  elles  une 
réduction  encore  plus  considérable.  Le  lecteur  a  remarqué  que  la  plupart  des  con- 


32  PREMIÈRE   PARTIE. 

sidérants  allégués  par  Pierre  doivent  s'appliquer,  à  cause  de  leur  généralité,  à  toute 
sorte  d'administration,  et,  en  effet,  ce  Tsar,  conséquent  en  cela  avec  lui-même,  avait 
appliqué  le  système  collégial. à  toutes  les  branches  de  l'administration  de  l'Etat.  A 
ces  considérants  (nos  1,  2,  3,  4,  5,  6)  répondait,  beaucoup  mieux  que  nous  ne  saurions 
le  faire,  l'empereur  Alexandre  lui-même  lorsque,  dans  son  Manifeste  du  8  septembre 
1802  (20406),  il  abolissait  tous  les  Collèges  institués  par  Pierre,  le  Collège  Ecclésias- 
tique ou  Synode  seul  excepté,  et  les  remplaçait  par  des  Ministères,  concentrant 
ainsi  dans  les  mains  de  chaque  Ministre  l'autorité  qui  jusqu'alors  n'avait  appartenu 
qu'à  un  Collège.  —  Enfin,  pour  ce  qui  regarde  les  avantages  que  Pierre  Ier  retrouvait 
dans  les  différences  de  rang  et  des  conditions  chez  les  membres  du  Synode  (n°  9), 
nous  venons  de  voir  qu'aujourd'hui  tous  les  membres  du  Synode,  à  l'exception  de 
deux,  sont  tirés  de  l'Épiscopat. 

Partant,  grâce  à  Pierre  lui-même  et  à  ses  successeurs,  de  toutes  les  graves 
raisons  alléguées  par  Pierre,  en  faveur  du  Gouvernement  Conciliaire  dans  l'Eglise, 
une  seule  n'a  pas  encore  été  détruite  par  les  Tsars,  c'est  la  septième,  celle  qui 
assujettit  le  pouvoir  religieux  au  pouvoir  civil,  et  qui,  développée  et  mieux  for- 
mulée par  les  successeurs  de  Pierre,  fait  des  Tsars  les  chefs  nés  de  l'Église  de  Rus- 
sie. (Voir  la  note  1  p.  24  et  l'Introduction.)  Pierre  s'en  montre  aussi  convaincu  que 
d'un  axiome;  en  plus  d'un  endroit  il  en  appelle  même,  avec  confiance,  à  l'Ecriture 
Sainte,  et,  en  effet,  grâce  aux  précautions  dont  il  entoura  l'enseignement  ecclé- 
siastique, ni  l'Écriture  ni  les  Pères  ne  lui  faisaient  ombrage.  Mais  les  temps  ont 
changé.  La  Russie  a  trop  favorisé  le  protestantisme  pour  que  le  goût  de  la  libre 
interprétation  de  l'Écriture  ne  s'y  soit  fait  sentir;  elle  a  trop  favorisé  l'incrédulité 
pour  que  le  principe  même  de  l'autorité  n'y  ait  été  fortement  ébranlé.  Si  à  ces 
causes  on  ajoute  l'émancipation  de  la  presse  russe,  l'influence  de  la  presse  étran- 
gère, les  attaques  des  rascolniques,  et  les  rapports  de  toutes  espèces  avec 
l'Occident,  le  jour  ne  paraîtra  plus  loin  où  le  pouvoir  religieux  des  Tsars  appa- 
raissant à  la  fois  comme  anachronisme  ridicule  et  une  odieuse  usurpation,  le  Tsar 
lui-même  aura  un  intérêt  suprême  à  s'en  décharger  spontanément. 


DEUXIÈME   PARTIR 

AFFAIRES    SOUMISES    A    CETTE    ADMINISTRATION 

Si  l'on  examine  les  affaires  qui  doivent  être  administrées  par 
le  Collège,  il  s'en  trouve  de  deux  catégories.  La  première  em- 
brasse les  affaires  concernant  toute  l'Église  en  général,  l'état  ec- 
clésiastique aussi  bien  que  l'état  laïque,  les  personnes  possédant 
un  tchine  (rang)  de  n'importe  quel  degré,  grand  ou  petit,  aussi 
bien  que  lessimp/es  particuliers1.  A  cet  égard,  le  Collège  doit  ob- 
server si  tout  se  passe  régulièrement  et  conformément  à  la  loi 
chrétienne,  si  rien  ne  se  rencontre  de  contraire  à  cette  loi,  et  si 
l'instruction  nécessaire  à  chaque  chrétien,  et  dont  nous  parlerons 
un  peu  plus  loin,  ne  laisse  rien  à  désirer. 


PARS   SECUNDA 

DE    MUNIIS,    QUIBTJS    ISTUD    REGIMEN    OBSTRING1TUR 

Quae  in  censum  veniunt,  et  spirituali  Collegio  tractanda  injun- 
guntur  munia,  duplicis  sunt  generis.  Ad  prius  revocantur,  quae  toti 
Ecclesiae  sunt  communia,  tam  spirituali,  quani  saeculari  statui,  non 
minus  supremi  quam  infimi  ordinis  classibus,  nec  nonprivatae  con- 
ditionis  hominibus  l.  Hoi-um  intuitu  spiritualis  Collegii  interest  eir- 
cumspicere  :  utrum  omnia  ad  legis  Chrislianae  regulam  sese  ron- 
forment?  Non  ne  a  legis  norma  quidpiam  aberret?  Non  ne  denique 
doctrina,  qua  singuli  Christiani  sunt  imbuendi,  rie  quo  inferius  est 
dicendum,  in  aliquo  deficiat  ? 

(1)  En  russe  :П  воЬмъ  ве.шкнчъп  мнлымъ  чиновным ъ  степепамь,  такожъп  рядовымъ 
рсобамъ.  Une  particularité  remarquable  de  la  Russie,  c'est  la  distinction  sociale  créée 
par  le  service  de  l'État.  Tous  les  fonctionnaires  de  l'État  (чиновники)  rangés  en 
une  hiérarchie  de  14  classes  ou  degrés,  lorment  ensemble  un  corps  totalement 
distinct  de  la  noblesse  (дворянство)  et  des  simples  particuliers  (рядошя  осоОы).  Des 
lois  spéciales  fixent  la  classe  de  chaque  emploi,  le  rang  ou  tchine  (чтгь)  auquel 
il  donne  droit  et,  enfin,  les  titres  et  privilèges  attachés  a  sa  possession.  Certains 
emplois  donnent  la  noblesse  .personnelle,  d'autres  même  la  noblesse  héréditaire. 

Le  grand  organisateur  de  cette  institution,  Pierre  Ier,  voulut  ainsi  subordonner 
la  noblesse  de  naissance  à  une  noblesse  de  service, —  pour  lui  synonyme  démérite — 
et,  par  la  perspective  des   avantages   attachés  à  l'acquisition  des  emplois  de  l'État 

3 


34  DEUXIÈME  PARTIE 

La  seconde  catégorie  embrasse  les  affaires  concernant  quel- 
ques états  particuliers. 

Ces  états  sont  au  nombre  de  cinq  : 

I.LesÉvêques.  II.  Les  prêtres,  les  diacres  et  le  reste  du  clergé. 
III.  Les  moines.  IV.  Les  établissements  d'instruction  :  les  maîtres 
et  les  élèves  qui  s'y  trouvent  et  aussi  les  prédicateurs. V.  Les  per- 
sonnes du  monde,  en  tant  qu'elles  sont  atteintes  parla  discip^ne 
ecclésiastique,  comme  c'est  le  cas  pour  les  mariages  légitimes  ou 
illégitimes,  et  pour  d'autres  matières  concernant  les  séculiers. 
Nous  exposerons  par  ordre  ce  qu'il  y  a  d'important,  relativement 
à  chacun  de  ces  états. 

AFFAIRES     GÉNÉRALES 

Deux  points  doivent  être  ici  considérés,  d'après  ce  qui  a  été 
dit  plus  haut  : 

Ad  alterum  genus,   munia  certis  ordinibus  peculiaria  referuntur. 

Hi  ordines  quintuplice  numéro  comprehenduntur. 

I.  Episcopi.  II.  Presbyteri,  Diaconi  et  reliquus  Ecclesiae  clerus. 
III.  Monachi.  IV.  Seminaria,  quibus  adjunguntur  Paedagogi,  Disci- 
puli  et  Concionatores.  V.  Personae  saeculares,  quatenus ,  Ecclesia- 
sticae  disciplinae  adjudicantur.  Quod  fit  incasulegitimorum,  vel  cum 
canonibus  pugnantium  matrimoniorum,caeterorumque  negotiorum 
ad  saeculares  spectantium.  De  singulis  eorum ,  quo  ad  praecipua 
puncta  consideratis,  ordine  hic  disseremus. 

MUNIA    COMMUNIA 

Duo  hic,  ut  superius  proposuimus,  sunt  observanda. 

s'assurer  dé  bons  et  obéissants  serviteurs.  La  première  table  comparative  des 
différents  emplois  rangés  dans  leurs  classes  respectives  date  du  24  janvier  1722 
(V.  ïlo.m.  Собр.  tome  VI  (3890),  p.  486),  mais  à  l'époque  où  fut  promulgué  le 
«  Règlement  ecclésiastique»  cette  mesure  occupait  déjà  la  pensée  de  Pierre. 

Le  lecteur  trouvera  dans  le  troisième  volume  du  Code  des  loisrusses  (p.  540)  la  table, 
actuellement  en  vigueur,  de  tous  les  emplois  de  la  hiérarchie  civile  comparés  avec  ceux 
de  l'armée,  de  la  marine,  de  la  cour  et  des  mines.  (Сводъ  Закоиовь  éd.  1857.) 
On  connaît  l'application  que  les  Tsars  ont  faite  de  cette  institution  au  clergé, 
pour  s'assurer  aussi  en  lui  de  bons  et  obéissants  serviteurs. 


AFFAIRES    GÉNÉRALES.  35 

\.  Si  tout  se  passe  régulièrement  et  conformément  à  la  loi 
chrétienne,  et  si  rien  ne  se  commet  de  contraire  à  cette  loi. 
2.  Si  l'instruction  donnée  au  peuple  chrétien  est  suffisante. 

I 

Relativement  au  premier  point,  voici  les  choses  qu'il  faut  avoir 
en  vue. 

I.  Examiner  les  acathistes1  nouvellement  composés  et  ceux  que 
Ton  continue  de  composer,  de  même  que  les  autres  offices  et 
prières  dont  il  a  paru,  surtout  de  nos  temps,  un  grand  nombre 
dans  la  petite  Russie.  Ces  compositions  s'accordent-elles  avec 
l'Écriture  Sainte?  Ne  renferment-elles  rien  de  contraire  à  la  parole 
divine?  Rien  au  moins  qui  soit  indécent  ou  frivole? 


4.  Utrum  omnia  decenter,  et  eonvenienter  legi  Chiïstianae  fiant  ? 
Non  ne  etiam  quidpiam  liuic  legi  adversetur?  et  quid  nominatim? 
2.  Utrum  doctrina  ad  Christianos  instruendos  sit  suffîciens  ! 

I 

Ut  ea,  quae  ad  primam  classem  pertinent,  melius  expediantur  ; 
sequentia  dignasunt  notatu. 

I.  Inquirendum  est  in  hymnos,  qui  «fccffcâterrot 1  vocantur,  utpote 
non  sedendo  decantandi,  qui  de  novo,  vel  sunt  compositi,  vel 
etiamnum  componuntur,  nec  non  in  alios  ecclesiasticorum  lrym no- 
ru  m  comprecationumque  libellos,  qui  uostra  praesertim  memoria  in 
Parva  Rossia  magno  numéro  sunt  consarcinati.  Utrum  ex  opuscula 
cum  Sacra  Scriptura  concordent  ?  Non  ne  quidpiam,  quod  verbo 
Dei  adversa  fronte  repugnet,  vel  saltem  ineptum  sit  et  futile,  con- 
tineant? 

(1)  Grec  :  à-y.âïwxoç.  En  russe  :  акаеистъои  не-сЬ la.ieti l-  On  appelle  ainsi, dan?  la 
liturgie  gréco-slave,  certains  hymnes,  composés  d'une  façon  déterminée,  pendant  le 
chant  desquels,  comme  l'indique  l'étymologie  du  mot,  on  se  tient  debout.  Le  plus 
ancien  acathiste,  et  celui  qui  servit  de  modèle  pour  les  autres,  est  en  l'honneur  de 
Marie  mère  de  Dieu,  et  fut  composé  à  Constantinople  à  l'occasion  de  la  délivrance 
de  cette  ville  des  Perses  et  des  Avares,  en  G26. 


36  DEUXIEME  PARTIE 

II.  Décider  que  ces  nombreuses  prières,  quand  même  elles  se- 
raient bonnes,  ne  sont  pourtant  pas  obligatoires,  et  qu'on  peut 
bien  s'en  servir  librement  en  son  particulier,  mais  non  pas  dans 
les  réunions  qui  se  font  à  l'Église  :  et  cela  afin  d'empêcher  qu'avec 
le  temps  elles  ne  passent  en  loi,  et  que  les  consciences  des  fidèles 
n'en  soient  chargées. 

III.  Réviser  les  histoires  des  Saints.  N'y  en  a-t-il  pas  de  fausse- 
ment inventées,  disant  ce  qui  n'est  jamais  arrivé,  ou  des  choses 
contraires  à  la  doctrine  orthodoxe,  ou  bien  des  contes  futiles  et 
ridicules? 

Les  histoires  de  ce  genre  on  les  démentira  et  on  les  interdira, 
signalant  en  même  temps  les  faussetés  qui  s'y  rencontrent.  Il 
s'en  trouve,  en  effet,  qui  sont  évidemment  mensongères  et  con- 
traires à  la  saine  doctrine.  Ainsi,  par  exemple,  la  contestation 
relative  à  la  duplication  del'Alleluja,1  racontée  dans  la  vie  d'Eu- 


II.  Deereto  itidem  sanciendum  est  :  ad  multifarias  illas  precum 
formulas,  etiamsi  a  sana  doctrina  non  abeant,  non  quemlibet 
astringi,  sed  pro  libitu  cujusque,  et  quidem  intra  privatos  parietes, 
non  in  publico  totius  Ecclesiae  cpnventu  eas  posse  usurpari,  ne  suc- 
cessu  temporis  vim  legis  obtineant  ;  hominumque  conscientiis  sint 
oneri  quâvis  Aetnâ  graviori. 

III.  Recognoscendaesunt  sanctorum  etiam  Historiae,  ne  forte  ali- 
quae  earum  falso  excogitatae  ea,  quae  ne  fando  unquam  audivit  qais- 
quum,  vel  quae  ortliodoxae.Christianomm  doctiinae  répugnant,  vel 
saltem  futiles  et  ridiculas  narratiunculas  in  médium  proférant?  Hae 
igitur  narra  tiuneulaeredargnendaesunt, et  detecto,  quod  in  iis  latet, 
mendacio,  prohibendae.  Sunt  enim  apgrte  fahae  et  a  sana  doctrina 
alienae.Exempli  gratia,  dissertatio  de  duplice  Alleluja1  io  vita  Eu- 

(1)11  serait  difficile  de  trouver  dans  l'histoire  un  peuple  chez  lequel  de  grands  événe- 
ments aient  été  déterminés  par  des  causes  aussi  petites,  que  chez  le  peuple  russe. 
Ainsi,  par  exemple,  la  question  de  savoir  si  lorsque,  dans  les  offices  divins, 
le  Gloria  Patri  est  accompagné  de  1  Alléluia,  cette  acclamation  doit  être  chantée 
trois  fois,  comme  le  pratique  l'Église  officielle,  ou  seulement  deux  fois,  cette  ques- 
tion, disons-nous,  divisa  profondément  les  esprits  et  fut  une  des  causes  qui  ont  le 
plus  puissamment  contribué  à  produire  et  à  maintenir  au   sein  de  l'Église  russe  le 


AFFAIRES   GENERALES.  37 

phrosinus  de  Pskoff,  est  évidemment  fausse  et  imaginée  par  quel- 
que vaurien,  vu  que,  outre  la  frivole  doctrine  de  la  duplication 
de  YAlleluja,  ce  récit  renferme  aussi  les  hérésies  de  Sabellius,  de 
Nestorius  et  autres.  Et  quoique  l'auteur  ait  péché  par  ignorance, 
néanmoins  le  Gouvernement  ecclésiastique  ne  doit  pas  tolérer  de 
pareilles  fictions,  ni  offrir  au  peuple  du  poison  au  lieu  d'une  saine 
nourriture  spirituelle.  D'autant  plus  que  le  peuple  simple  ne  sait 
point  distinguer  entre  la  droite  et  la  gauche,  mais  croit  ferme- 
ment et  obstinément  tout  ce  qu'il  voit  écrit  dans  un  livre. 

IV.  On  doit  examiner  tout  particulièrement  et  avec  diligence, 
ces  inventions  qui   induisent  l'homme  à  des  pratiques  ou  ac- 


phrosini  Plescoviensis  prorsus  est  falsa,  a  quodam  nebulone  conficta, 
quae  praeter  vanum  de  duplice  Alleluja  dogma,  Sabellianam,  Ne- 
storianam,  aliasque  baereses  comprehendit.  Quanquam  vero  auctor 
illeper  ignorantiamerravil,  spiritualistamen  Regiminis  interest  ta- 
lia  commenta  minime  tolerare,  ne  scilicet  populo  venenum  pro  sa- 
lubri  spirituali  alimento  propinetur.  Potissimum  vero  ideo,  quoniam 
plebs,  utpote,  quantum  distent  aéra  lupinis,  ignara,  omnibus  scripto 
traditis  lirmum  assensum  praebet,  née  non  etiam  mordicus  ea  dé- 
fendit. 

IV.  Ex  professo  autem  et.  data  opéra  in  ea  commenta,  ex  quibus 
homines  pravam  consuetudinem,  et  quidem  sub  falso  possidendae 

raskol  (schisme),  dont  il  sera  question  vers  la  fin  de  la  IIe  partie  du  «  Règlement  ». 
Nous  observerons  ici  que,  malgré  la  décision  de  Pierre,  la  question  du  double 
Alléluia  ne  parait  pas  plus  avancée  en  Russie  aujourd'hui  qu'elle  ne  l'était  il  y  a 
un  siècle  et  demi  ;  cependant  ceux  qui,  de  nos  jours,  s'occupent  de  ramener  les 
dissidents  russes  au  giron  de  l'Église  officielle,  ne  traitent  plus  leurs  objections, 
graves  ou  futiles,  aussi  cavalièrement  que  le  faisait  Pierre,  mais  au  contraire  con- 
sentent à  les  discuter  avec  le  plus  grand  sérieux.  Ce  fait  n'est  pas  sans  signification, 
et  nous  y  reviendrons.  Feu  Mgr  Grégoire,  métropolitain  de  Novgorod  et  Saint-Péters- 
bourg, publia  un  remarquable  ouvrage  où  il  entre  dans  la  discussion  minutieuse  et 
détaillée  de  tous  les  préjugés  et  pratiques  superstitieuses  des  Starovères.  Douze  pages 
sont  consacrées  à  la  seule  question  de  l  Alléluia.  (V.  Истинно  древиня  и  истинно 
иравославняя  Хртова  Церковь.  Ызложеше  въ  отношенш  къ  глаголему  Старообрядству. 
Saint-Pétersbourg,  éd.  de  1849.  2  part.,  pp.  137-149. —  V.  aussi:  Schedo-Ferroti,  La 
tolérance    et    le    schisme    religieux  en  Russie.    Berlin    1863,  p.  53  et  seq.j 


38  DEUXIEME   PARTIE 

tions  mauvaises,  lui  présentant  des  moyens  trompeurs  d'opérer 
son  salut.  Par  exemple,  de  ne  point  travailler  le  Vendredi,  mais 
de  le  passer  en  chômant,parce  que, dit-on, Piatnitza1  (le  Vendredi) 
se  fâche  contre  ceux  qui  ne  fêtent  point  son  jour,  et  les  poursuit 
avec  de  grandes  menaces  ;  également  de  jeûner  douze  Vendredis 
déterminés,  afin  d'obtenir  plusieurs  avantages  corporels  et  spiri- 
tuels; enfin,  d'attacher  une  valeur  particulière  à  certains  offices, 
tels  que  la  liturgie  (messe)  de  l'Annonciation,  les  Matines  de 
Pâques  et  les  Vêpres  de  la  Pentecôte,  comme  s'ils  étaient  plus 
efficaces  que  ceux  des  autres  temps  de  Tannée. 

Ces  inventions,  que  nous    avons    citées    comme   exemples, 
trompent  un  grand  nombre  de  gens  simples;  mais  ne  s'agirait- 


salutis  praetextu  contrahunt,  est  inquirendum.  Exempli  causa:  Qui- 
dam die  Veneris,  qui  dies  a  maie  sanis  Martyri  Parascevae  falso 
tribuitur,  ab  omni  opère  feriati  tempus  otiosi  terunt,  iras  et  minas 
tremendas  sibi  a  Parasceva l ,  nisi  diem  ipsius  festum  egerint,  immi- 
nere  causantes.  Quidam  certos  quosdam  dies,et  quidem  dies  Veneris 
ex  eorum  mente  Parascevae  tributos  jejuni  célébrant,  corpoiïs  et 
animae  commodis  scilicet  hac  ratione  consulturi.  Quidam  denique 
nonnulla,  quae  in  divino  cultu  praestando  usurpantur,  officia  aliis 
ejusdem  generis  praeferunt  officiis,  ut  liturgiam  die  Evangelismi, 
preces  matutinas  in  Resurrectionis  Christi  solennitate,  et  vespertinas 
precesin  Pentecostes  festivitate  celebrari  solitas. 

Haec  porro  dicis  causa,  quia  paucis  iisque  rudioribus  sunt  offen- 
diculo,   adferuntur.    Quamquam  non  multorum  duntaxat,  verum 

(1)  Parmi  les  saints  honorés  par  l'Église  russe,  il  se  trouve  une  vierge  martyre 
appelée  Parascève.  Ce  nom,  emprunté  au  grec  7rapa<r/.su/) ,  signifie  dans  la  Bible  le 
jour  qui,  chez  les  Juifs,  précédait  le  Sabbat  et  auquel  correspondit,  plus  tard,  le 
Vendredi  des  chrétiens.  La  Bible  slave  l'avait  rendu  pai  Piatok,  (пятокъ,  de  пить 
cinq,  c'est-à-dire  cinquième  jour  de  la  semaine  après  le  Dimanche),  et  ce  même  mot 
avec  une  désinence  féminine  (Piatnitza,  пятница),  avait  été  employé  pour  dénoter 
la,  sainte  dont  nous  parlons.  La  logique  populaire  en  conclut  que  sainte  Parascève 
était  la  sainte  du  Vendredi  ou  plutôt  la  personnification  elle-même  de  ce  jour,  et 
l'honora  à  sa  guise  par  des  pratiques  superstitieuses.  Déjà,  en  1551,  le  Concile  tenu 
à  Moscou  et  connu  sous  le  nom  de  Stoglaff 'ou  «des  cent  chapitres  (сто-главъ)  и  avait 
porté  des  prescriptions  contre  elles,  mais  elles  subsistèrent  longtemps,  même  après 
Pierre  Ier.  (V.  Alekseïeff.  Церковный  Словарь.  Спи.  1794,  л  l'art.  Пятница.) 


AFFAIRES  GÉNÉRALES.  39 

il  que  d'un  seul  de  nos  frères,  qu'il  faudrait  s'en  préoccuper 
comme  du  grand  nombre,  afin  que  ce  frère,  pour  qui  Jésus-Christ 
est  mort,  ne  soit  pas  scandalisé.  Du  reste,  il  est  encore  d'autres 
doctrines  de  ce  genre,  lesquelles  paraissent  admissibles  à  des 
hommes  fort  respectables,  mais  qui  sont  trompés  par  leur  sim- 
plicité ;  ces  doctrines  sont,  par  la  même,  les  plus  dangereuses. 
Telle  est  la  tradition  du  monastère  des  catacombes  à  Kieff, 
d'après  laquelle  tout  homme  enseveli  dans  ce  monastère  est 
sauvé,  quand  même  il  serait  mort  impénitent.  A  quel  point  ces 
contes,  et  autres  semblables,  éloignent  de  la  voie  du  salut,  c'est 
ce  que  tout  homme  d'une  conscience  droite,  pour  peu  qu'il  soit 
versé  dans  la  doctrine  orthodoxe,  avouera  non  sans  gémir. 

V.  11  peut  se  rencontrer  aussi  certaines  cérémonies  inconve- 
nantes et  même  préjudiciables.  Nous  avons  ouï  dire  que  dans  le 
régiment  de  Starodoub  l,  dans  la  petite  Russie,  à  un  certain  jour  de 


unius  quoque  fratris,  pro  quo  Christus  est  mortuus,  ratio  est  ha- 
benda,  ne  offendiculum  patiatur.  Nihilomimus  tamen  sunt  ejusdem 
farinae  alia  nonnulla,  ad  quae  tanquam  credenda  homines,  alias 
minime  contemnendi,  sed  corde  simplices  credulique,  persuadentur. 
Inde  majoris  scandali  emergit  occasio.  Hujusmodi  est  Peczariensis 
Kijoviae  monasterii  traditio,  bominem  licetsi  nullam  is  delictorum 
suorum  egerit  poenitentiam,  sed  quia  in  eo  sepulturae  honores  me- 
ritus  est,  salvatum  iri.  Quain  autem  longe  a  Christo  hae  et  his  si- 
miles  narratiunculae  abstrahant,  quilibet  vel  mediocriter  in  Chiï- 
stiana  scbola  versatus,  rectae  tamen  conscientiae  homo,  suspiriis  ex 
imo  pectore  ductis,  fatebitur. 

V.  Dari  etiam  alias  detestandas,  et  quae  offendiculum  ponant, 
caeremonias,  non  est  improbabile.  Rumore  siquidem  accepimus  in 
Starodubensi  Parvae  Rossiae  districtu  ],  certo  festivodie  foeminam 

(1)  En  russe-,  въ  полку  стародубскомъ.  АН.  «  in  dem  Starodubischen  Régiment». On  sait 
que,  chez  les  Cosaques  de  la  petite  Russie,  la  division  politique  et  administrative 
du  pays  se  confondait  avec  la  division  militaire  par  régiments  (полки) prenant  leur 
nom  de  la  ville  ou  bourgade  principale.  En  1708,  sous  l'hetman  Ivan  Skoropadski, 
successeur  de  Mazeppa,  la  petite  Russie  avait  été  divisée  en  dix  régiments  dont  l'un 
était  celui  de  Starodoub.  (V.  Поли.  Собр.  Зак.  (2213),  12  nov.  1708.) 


40  DEUXIÈME   PARTIE 

fête,  on  conduit  en  procession1  une  femme  les  cheveux  épars,  à 
laquelle  on  donne  le  nom  de  Piatnitza,  et  que,  près  de  l'église, 
le  peuple  (est-ce  bien  vrai  ce  qu'on  nous  raconte?) lui  rend  hom- 
mage par  des  présents,  dans  l'espoir  d'en  obtenir  quelques  avan- 
tages. De  même  dans  un  autre  endroit,  les  popes, rassemblés  avec 
le  peuple,  récitent  des  prières  devant  un  chêne,  après  quoi  ils  en 
distribuent  les  branches  au  peuple*  comme  gages  de  bénédiction. 
Que  l'on  s'enquière  si  ces  faits  sont  vrais  et  si  les  Évêques  des 
lieux  en  ont  connaissance;  car  ces  choses-là,  et  autres  sem- 
blables, mènent  le  peuple  à  une  ouverte  et  honteuse  idolâtrie. 

VI.  Pour  ce  qui  concerne  les  reliques  des  saints,  on  s'enquerra 
s'il  s'en  trouve  qui  paraissent  douteuses,  car  il  se  commet  à 
cet  égard  plusieurs  supercheries.  Voici,  par  exemple,  des  choses 


passis  cririibus,  sub  nomine  Parasceves,  cum  pompa  in  templo,  et 
quidem  temporetransportationis  specierumEucharistiae  procedere1, 
.(si  credere  fcs  est),  et  ex  templo  exeuntem  veneratione  muneribus- 
que  a  plèbe,  spirituales  profectus  inde  sibi  expectante,  honestari. 
Dicuntur  etiam  alibi  sacerdotes  circumfusi  nmltitudine  apud  quer- 
eum  orare,  deinde  frondes  ex  quercu  decerptas  populo  dispertiri2  et 
omnia  fausla  precari.  Explorandum  est,  utrum  baec  ita  se  lia- 
beant?  illorumque  locorum  Episcopi  noverint  ne?  Alioquin  ad 
haec  ethorum  similia  conniventes  surdaque  aure  praetereuntes,  po- 
pulum  in  apertum  et  pudendum  deastrorum  cultum  prolabi  praeci- 
pitemque  ruere  patiuntur. 

VI.  Nec  minus  in  sanctorum  reliquias,  sicubi  dubiae  appareant, 
est  inquirendum.  Res  enim  ista  tricarum  est  plenissima  ;  nimirum 
incertae  pro  certis  substituuntur.  Corpus  sancti  Protomartyris  Ste- 

(1)"  D'après  le  latin,  l'étrange  procession  dont  il  est  ici  question,  se  faisait  dans  le 
temple  a  pendant  qu'on  transportait  les  espèces  eucharistiques».  Cela  ne  se  trouve 
ni  dans  le  russe  ni  dans  les  versions  allemande  et  anglaise. 

(2)  En  russe  :  п  в'Ьтьвп  опаго  дуба  попъ  народу  раздаетъ.  Allem.  «  deren  Zweige 
der  Priester  dpm  Volke  zur  Bénédiction  austheilet  ».  La  traduction  anglaise  donne 
un  autre  sens:»  The  pope  (orprîesl)  shakes  the  bottgh  of  lhatoak  over  the  people  inbiessiny 
them  (le  pope  secoue  les  branches  du  chêne  sur  le  peuple,  en  le  bénissant).» 


AFFAIRES   GÉNÉRALES.  41 

prodigieuses.  Le  corps  de  Saint  Etienne,  premier  martyr,  se 
trouve  aux  faubourgs  de  Venise  dans  l'église  Saint-Georges  du 
monastère  des  Bénédictins,  et  à  Rome  dans  l'église  de  Saint-Lau- 
rent Hors-les-Murs;  il  existe  bon  nombre  de  clous  de  la  croix  du 
Seigneur;  en  Italie  beaucoup  de  lait  de  la  très-sainte  Mère  de 
Dieu,  et  une  infinité  d'autres  choses  semblables.  On  examinera 
si  de  pareilles  niaiseries  ne  se  rencontrent  pas  aussi  parmi 
nous1. 


phani  tam  intra  Venetiarum  sulmrbium  in  Benedictinorum  mona- 
sterio  in  sancti  Georgii  templo  ;  quam  Romae  extra  urbem  in  aede 
Laurentio  dicata  repositum  viditur. 

Plures  identidem  crucis  dominicae clavi.  Multum  lactis  beatissimae 
Deiparae  in  Italia  obtruditur.  Sunt  denique  alia  ejusdem  furfuris, 
quae  numerum  excédant.  Perscmtandum  igitur  :  non  ne  id  genus 
ineptiae  apud  nos  etiam  inveniantur  *  ? 

(I)  Rien  de  plus  sage  que  la  prescription  contenue  dans  cet  article  de  soumettre  a 
l'examen  les  reliques  douteuses.  On  croit  entendre  un  écho  du  concile  de  Trente, 
rappelant  le  62me  canon  duive  concile  de  Latran  (1215)  et  enjoignant  strictement  aux 
Evèques de  veillera  ce  que  dans  la  vénération  des  reliques  a  toute  superstition  soit 
abolie,  tout  gain  sordide  banni.  »  (Sess.  xxv.  De  invoc.  vener.  et  reliqu  is  Sancto- 
rum  et  sacris  imaginibus.)  Au  lieu  donc  de  relever  l'étrange  naïveté  avec  laquelle 
Théophane  Prokopovitch  va  chercher  des  exemples  d'abus  hors  de  la  Russie  et 
chez  les  catholiques,  nous  nous  unissons  à  lui  pour  déplorer  toute  supercherie  à 
laquelle  peut  jamais  avoir  donné  lieu  l'oubli  des  prescriptions  de  l'Église. 

Cela  dit,  voici  quelques  remarques  générales.  L'authenticité  d'une  relique  est  un 
fait  qui,  sans  une  intervention  directe  de  Dieu,  ne  peut  être  constaté  que  par  des 
témoiguages  purement  humains  et  par  là  même  sujets  à  erreur.  Il  peut  arriver,  en 
outre  que,  faute  de  preuves  suffisantes,  plusieurs  questions  de  ce  genre  s"e  trouvent 
longtemps  et  même  indéfiniment  pendantes  et  indécises.  En  attendant,  l'Eglise  a 
ordonné  que  nulle  relique  douteuse  ne  soit  exposée  à  la  vénération  des  fidèles,  et 
chaque  Evêque  a  été  rendu  responsable  de  l'exécution  de  ce  décret  dans  son.  dio- 
cèse respectif.  Use  fait,  cependant,  que  plusieurs  diocèses,  ^'attribuent  la  possession 
de  la  même  relique.  Alors  Rome  intervient  chaque  fois  que  l'affaire  est  déférée  à 
son  tribunal,  autrement  c'est  aux  Evoques  de  ces  diocèses  à  aviser.  Mais  bien  sou- 
vent aussi  les  Evèques  se  trouvent  dans  l'impossibilité  morale  d'arriver  dans  leurs 
recherches  à  aucun  résultat  positif;  dans  ce  cas,  il  y  a  toute  une  législation  à  suivre 
dont  le  but  est  celui  d'empêcher,  autant  que  possible,  la  vénération  de  reliques 
fausses.  Pour  les  détails  nous  renvoyons  le  lecteur  au  grand  ouvrage  de  Benoit  XIV 
De  servorum  Dei  beatipeatione  et  de  Beatorum  cttnonizalione ,  aux  traités  spéciaux 
sur    la   matière    et    enfin    aux    décrets    de   la   Sacrée   Congrégation  des  Rites  et  de 


42  DEUXIÈME     PARTIE 

VII.  A  regard  des  images  des  Saints,  on  fera  attention  à  ce  qui 
VIL  Quantum  ad  sanctas  attinet  imagines,  id  ipsum,  quod  Epi- 

celle  des  Indulgences  et  Reliques.  Nous  rappellerons  seulement  la  pratique  d'u- 
nir à  une  relique  contestée,  une  parcelle,  au  moins,  d'une  relique  certaine. 

Mais,  de  plus,  nous  sommes  à  même  d'affirmer  que  les  ménagements  et  les  sages 
lenteurs  de  l'Eglise  sont  aussi  favorables  à  la  science  qu'ils  sont  loin  de  favoriser 
la  superstition.  —  Pour  ce  qui  est  du  premier  point  nous  dirons,  d'abord,  que  bien 
souvent  une  partie  insigne  d'une  relique  a  été  désignée  comme  la  relique  tout  en- 
tière ;  une  partie  de  la  tête,  par  exemple,  comme  «  la  tête  »  une  partie  du  corps 
comme  «  le  corps.  »  Cette  seule  notion  a  amené  à  des  découvertes  fort  importantes 
qui  ont  fait  disparaître  beaucoup  d'apparentes  absurdités.  Ensuite,  pour  ne  pas 
sortir  des  limites  imposées  par  une  note,  voici  un  exemple  suffisant,  à  lui  seul,  pour 
prouver  notre  thèse.  Dans  son  Traité  des  Reliques,  Calvin,  parlant  des  reliques  de 
la  croix,  s'exprimait  ainsi:  a  Si  on  vouloit  ramasser  tout  ce  qui  s'en  est  trouvé  il 
»  y  en  auroit  la  charge  d'un  bon  grand  bateau.  L'Évangile  testifie  que  la  croix  pouvait 
»  estre  portée  d'un  homme.  Quelle  audace  donc,  a  ce  esté  de  remplir  la  terre  de  pièces 
v>  de  boys  en  telle  quantité  que  troys  cens  hommes  ne  la  sauroyent  porter  !  n  M.  Ch. 
Rohault  de  Fleury,  après  s'être  donné  la  jDeine,  peu  faite  pour  Calvin,  de  s'enquérir 
du  volume  de  toutes  les  parcelles  connues  de  la  vraie  croix,  y  compris  les  morceaux 
cités  par  Calvin,  arrivait  à  la  conclusion  suivante  :  «  Le  volume  total  des  reliques 
»  qui  nous  'sont  parvenues  est  de   5  millions  de  millimètres  cubes  environ,  compris  des 

»  reliques  peut-être  détruites mais  relevées  d'après  des  descriptions  qui  m'ont  paru 

»  exactes.  Si  l'on  songe  à  la  petitesse  des  parcelles  qui  peuvent  se  trouver  âans  les  églises 
»  et  les  couvents,  et  chez  des  particuliers,  nous  serons  bien  au  delà  de  la  vérité  en 
»  triplant  par  l'inconnu  le  volume  connu.  On  arrive  ainsi  à  15  millions  de  millimètres 
»  qui  ne  font  pas  le  dixième  des  180  millions  de  millimètres  que  nous  trouverons  pour 
«  la  croix  de  N.-S.-J.-C.  ■»  (Mémoire  sur  les  instruments  de  la  passion  de  N.-S.  J.-C.  Paris, 
Lefort  1870,  p.  59.)  Dans  son  savant  et  consciencieux  ouvrage,  M.  Rohault  de 
Fleury  traite  aussi  (p.  171)  la  question  de  la  multiplicité  des  clous  que  Calvin 
suggérait  de  faire  passer  tous  «  soubz  un  fidelium.  »  Nous  y  renvoyons  le  lecteur. — 
Pour  ce  qui  est  du  danger  de  superstition,  nous  dirons  que  tout  catholique  sachant 
son  catéchisme,  n'a  jamais  cru  qu'il  y  eût  une  vertu  quelconque  inhérente  aux 
parcelles  inanimées  d'un  corps  de  Saint  ou  de  toute  autre  relique.  Les  miracles  que 
l'on  dit  vulgairement  avoir  été  opérés  par  une  relique  n'ont  pas  été  opérés  par 
cette  relique  mais  par  Dieu  :  nul  catholique  ne  l'ignore.  L'attouchement  d'une  re- 
lique et  la  prière  faite  devant  elle,  mais  adressée  au  Saint  qui  vit  dans  le  Ciel,  ne  sont 
que  des  formes  et  expressions  particulières  de  notre  foi  en  Dieu  et  dans  le  dogme 
de  l'intercession  des  saints  ;  c'est  cette  foi  que  Dieu  récompense,  même  par  des  mi- 
racles. Dans  ces  circonstances,  l'authenticité  d'une  relique  n'est,  après  tout,  pour  le 
fidèle  qu'une  question  secondaire  ;  son  culte  n'est  pas  adressé  à  la  relique  mais 
à  l'être  rivant  que  la  relique  représente  ou  rappelle,  et  il  est  même  inutile  d'ajou- 
ter que  la  vénération  dont  une  relique  est  l'objet  .est  forcément  subordonnée  à  la 
condition  que  la  relique  soit  authentique,  condition  qui  existe  toujours,  au  moins 
implicitement,  dans  l'esprit  des  fidèles. 

Après  cela,  si  l'on  peut  constater  en  cette  matière  des  abus,  personne  n'est  endroit 


AFFAIRES   GENERALES.  43 

est  prescrit  dans  la  promesse  que  prêtent  les  Évêques  au  moment 
de  leur  sacre  l . 

VIII.  On  veillera  également  à  ce  qu'il  n'arrive  plus  à  l'avenir, 
comme  par  le  passé,  que  des  Évêques,  soit  pour  venir  en  aide  à 
des  églises  pauvres,  soit  pour  en  bâtir  de  nouvelles,  ordonnent, 
ainsi  qu'on  raconte,  qu'il  soit  procuré  la  découverte  d'une  image 
dans  un  lieu  désert  ou  près  de  quelque  source,  certifiant  en- 
suite que,  par  le  fait  même  de  la  découverte,  cette  image  est 
miraculeuse. 


scopis  ordinandis  in  formula  juramenti  praescribitur,  est  observan- 
dum1. 

VIII.  Cum  nonnulli  Episcoporum,  ut  sublevandis  inopibus,  vel 
novis  erigendis  sacris  aedibus  providerent,  consilium  quaerendae  in 
solitudine,  vel  ad  fontem  imaginis,  dare  essent  perhihiti,  et  eo  ipso, 
quod  fortuito  esset  reperta,  miraculis  claram  esse  suo  testimonio 
asseverassent  :  Ne  idem  ipsum  in  posterum  lîeri  permittatur,  se- 
dulo  cavendum. 

de  faire  retomber  sur  l'Eglise  les  conséquences  de  l'ignorance  de  ses  dogmes  ou  de 
la  prévarication  de  ses  lois. 

(1)  «7e  veillerai  à  ce  que  les  saintes  images  ne  soient  pas  honorées  d'unculte  qui  est  du 
»  seulement  à  Dieu,  et  à  ce  qu'on  ne  leur  attribue  point  de  faux  miracles,  ce  qui  détruit 
я  le  vrai  culte  et  fournit  occasion  aux  adversaires  d-attaquer  les  orthodoxes  ;  mais 
»  bien  j'aurai  soin  que  les  images  soient  honorées  selon  le  sens  de  la  sainte  Eglise 
»  orthodoxe.» 

Le  serment  des  Evêques  russes  et  tout  le  rite  suivi  dans  la  cérémonie  de  leur 
sacre,  méritent  une  note  spéciale,  et  on  la  trouvera  plus  loin.  Ici  nous  rapporte- 
rons, à  titre  de  commentaire  du  passage  cité,  le  décret  suivant  du  Concile  de 
Trente  concernant  les  Évêques  catholiques  :  a  Les  Evêques  enseigneront  que  les 
»  images  de  Jésus-Christ,  de  la  Vierge  Marie  et  des  Sainls  doivent  être  gardées  et 
»  conservées ,  surtout  dans  les  églises,  et  qu'il  faut  leur  rendre  l'honneur  et  la  vénération 
■»  qui  leur  sont  dus;  — non  pas  qu'on  croie  exister  en  elles  quelque  chose  de  divin  pour 
»  laquelle  il  faille  les  honorer,  ni  qu'on  doive  demander  quelque  chose  à  ces  images  ou 
»  placer  en  elles  sa  confiance',  comme  faisaient  autrefois  les  païens  qui  mettaient  leur 
»  espoir  dans  les  idoles,  mais  parce  que  l'honneur  qu'on  leur  rend  se  rapporte  au 
»  prototype  qu'elles  représentent, —  de  sorte  que  quand  on  embrasse  les  images  et  qu'on  se 
n  prosterne  et  on  se  découvre  la  tête  devant  elles,  c'est  Jésus-Christ  que  l'on  adore  et 
»  c'est  aux  Saints,  représentés  par  elles,  qu'on  rend  hommage,  ainsi  qu'il  est  affirmé 
y.  dans  les  canons  des  Conciles  surtout  dans  ceux  du  IIe  Concile  de  Nicée  contre  les 
»  adversaires  des  images.n  (Conc.  Trid.  Sess.  xxv.  De  invocal,  venerat.  et  reliq.  etc.) 


44  DEUXIEME   PARTIE 

IX.  Il  s'est  glissé  parmi  nous  une  coutume  mauvaise,  préjudi- 
ciable et  très-injurieuse  pour  Dieu,  c'est  de  se  partager  entre  deux 
ou  plusieurs  les  offices  divins  et  les  prières,  de  manière  que 
différentes  parties  des  Matines  et  des  Vêpres  soient  chantées 
simultanément  par  plusieurs,  et  que  plusieurs  chantres  ou  lec- 
teurs récitent  ainsi  simultanément  deux  ou  trois  prières.  C'est  la 
paresse  du  clergé  qui  a  fait  cela,  et  la  chose  a  passé  en  habitude. 
Il  faut  absolument  extirper  une  telle  façon  de  prier  Dieu. 

X.  On  trouve  encore  ceci  de  honteux  :  c'est  de  transmettre, 
comme  on  raconte,  aux  personnes  éloignées,  par  l'intermédiaire 
de  leurs  envoyés,  des  prières  pour  elles  renfermées  dans  un 
bonnet i.  On  en  fait  ici  mention,  afin  que  l'on  s'enquière  de  temps 
à  autre,  si  cela  se  pratique  encore. 


IX.  Ipsi  quidem  clerici  munia  sua  perfunctorie  obeuntes,  psal- 
modiis  ecclesiasticis  et  precationibus  votivis  dupHce,  vel  multipliée 
simul  lectione,  vel  cantatione  deeantandis  ita,  ut  antelucanae  aut 
vespeitinae  preces  discerptae  a  multis  una  peragantur,  et  duae  simul 
tresve  volivae  precationes  a  mullis  eantatoribus  et  lectoribus  absol- 
vantur,  dederunt  occasionem,  et  consuetudinem  invexerunt.  Quia 
tamen  baecce  more  recepta  insolentia,  utpote  per  socordiam  intro- 
ducta,  est  vitiosa,  noxia  et  Dei  institution!  prorsus  opposita.  Ideo 
talis  divina  officia  absolvendi  consuetudo  penitus  est  antiquanda. 

X.  Refricandai;  memoriae  causa,  ne  hoc  quidem  est  praetereun- 
dum,  ut  quam  alicubi  consuetudinem  detestandam  viguisse  rumore 
accepimus,  experimento  aliquando  doceamur,  necdum  eam  abole- 
visse.  Ferunt  srilicet  more  fuisse  receptum,  ut  preces  ad  puerperam 
lustra n dam  eamque  abseutem,  per  certum  hominem,  quasi  pileo 
marsupiove  excerptae  transmitterentur  ' . 

(l)En  russe  :  щапка,  bonnet  fourré  en  usage  en  Russie.  —  Selon  le  latin,  cette 
coutume  avait  lieu  pour  les  relevailles  des  femmes.  King  (J.  Glen),  qui  fut  aumônier  de 
l'ambassade  anglaise  à  Saint-Pétersbourg,  nous  apprend  que  cela  était  pratiqué  aussi 
dans  d'autres  occasions.  D'après  son  récit,  le  pope,  penché  sur  le  bonnet  fourré  qu'on 
tenait  ouvert  devant  lui,  prononçait  des  prières  ;  après  quoi  le  bonnet  était  immé- 
diatement (sogleich)  fermé  afin  qu'elles  n'échappassent  point.  Au  lieu  de  leur  desti- 
nation, le  bonnet  était  ouvert  aux  quatre  coins  de  la  maison,  et  les  prières  se  répan- 


AFFAIRES  GENERALES.  45 

Mais  il  n'est  pas  nécessaire  cTénumérer  ici  tous  les  abus.  Nous 
dirons,  en  un  mot,  que  tout  ce  qui  peut  être  appelé  du  nom  de 
superstition,  c'est-à-dire  tout  ce  qui  est  superflu,  inutile  pour  le 
salut,  inventé  par  des  hypocrites  dans  leur  seul  propre  intérêt  et 
apte  à  séduire  le  peuple  et,  comme  des  amas  de  neige,  à  l'em- 
pêcher de  marcher  par  la  voie  droite  de  la  vérité,  tout  cela  trouve 
ici  sa  place,  comme  mal  général,  attendu  qu'il  peut  se  rencontrer 
dans  toutes  les  classes  de  la  société.  Du  reste,  on  n'en  cite  ici  que 
quelques  exemples,  afin  de  fixer  par  là  l'attention  sur  les  autres  '. 


Sed  non  est,  cur  omnibus  et  singulis  erroribus  recensendis  im- 
moremur.  Paucis  dicendum  est  :  quicquid  superstitionis  nomine 
comprehendatur,  quicquid  nimirum  supervacaneum  sit,  ad  salutem 
inutile,  a  simulatoribus  lueri causa  excogitatum,  quicquid  homines 
decipiat,  et  instar  niveorum  tumulorum  obstet,  (piominus  rectam 
viam  incedant  :  Id  omne  sub  banc  cadit  censuram,  utpote  com- 
mune malum,  sijuidemcujusvisconditionis  homines  potestinfieere. 
Hîcvero  loci  quaedam  tantum  pro  exemplo  adferuntur,  ut  caeteris 
cognoscendis  facem  praeferant  l. 

daient  ainsi  partout.  (The  rites  and  cérémonies  of  the  Greek  Church  in  Russin .London 
1772.  p.  431-4:32.  Nous  avons  sous  les  yeux  la  ver-ion  alleminde  publiée  à  Riga 
en  [llS.Gebraiiche  und  Ceremonien  der  griechhchen  Kirche  in  Russland.  pp.  399-400.) 

(l)En  1782,  Mich.  Tchoulkoff  publia  à  Saint-Pétersbourg  tout  un  Dictionnaire  des 
superstitions  russes.  Un  extrait  ou  abrégé  parut  en  1861,  sous  le  titre  de  :  Traditions 
touchant  les  superstitions  ,  croyances  populaires  et  divers  usages  du  peuple  russe. 
Les  lignes  qui  suivent  servent  de  préface  (  вместо  предис.твЫ  )  à  cette  dernière 
publication  ;  le  lecteur  en  saisira  l'importance  et  nous  saura  gré  de  les  avoir 
rapportées.  Les  voici  :  «  Il  se  trouve  dans  la  vie  du  peuple  russe  bon  nombre 
»  d'éle'ments  que  nous  avons  cru  nécessaire,  pour  ne  pas  dire  indispensable,  de  faire  con- 
)  naître  au  public,  parce  qu'ils  montrent  quels  sont  le  caractère  et  la  vie  du  peuple  qui 
»  est  л  la.  теге  du  pouvoir  EDKOPÉKN  (парода  который  стоптъ  въ  главь  Eiiponeiicnaro 
»  могущества  ).  En  outre,  bon  nombre  de  ceux  qui  aiment  à  s'instruire  ne  liront  pas 
»  sans  avantage  ce  livre,  comme  un  fait  pouvant  intéresser  non-seulement  les  personnes 
»  instruites  mais  aussi  tout  homme  réfléchi.»  Предатя  о  пародпыхь  русскичъ  суен^яхъ, 
nofltpinx ь,  о  нЕкоторыхь  обычаяхь,  etc.  Моск.  18Ы.  Тип.  С.  Орлова.  —  Le'Coderusse 
(éd.  1857  )  contient  diverses  prescriptions  tendant  à  déraciner  les  pratiques 
superstitieuses  (Сводъ  Зап.  Уст.  о  пред.  и  прес.  преет,  art.  34  et  suiv.).  Parmi  celles 
qui  y  sont  mentionnées,  nous  en  avons  remarquées  4ue  les  Tsars  avaient 
déjà  défendues,  en  date  du  4  déo  1684.  V.  Поли.  Собр.  Зак.  tre  sér.  tome  II 
(1101),  p.  649.) 


46  DEUXIEME   PARTIE 

Voilà  pour  ce  qu'il  faut  considérer  en  premier  lieu  dans  les 
affaires  générales. 

II 

L'autre  point  des  affaires  générales,  c'est  de  s'enquérir,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  s'il  existe  chez  nous  une  instruc- 
tion suffisante  pour  la  réforme  chrétienne. 

C'est  une  chose  notoire,  il  est  vrai,  que  L'Écriture  Sainte  ren- 
ferme en  elle-même  des  lois  parfaites  et  les  préceptes  néces- 
saires à  notre  salut,  selon  la  parole  de  l'Apôtre  :  «  Toute  écriture  di- 
vinement inspirée,  est  utile  pour  enseigner ,  pour  corriger,  pour  re- 
prendre et  pour  instruire  dans  la  justice,  afin  que  l'homme  de  Dieu 
soit  parfait  et  apte  à  toutes  les  bonnes  œuvres. v>{\\  Tim..  ni,  16, 17.) 
Mais  ,  attendu  qu'il  y  a  peu  d'hommes  qui  sachent  lire  les 
livres,  et  que,  même  parmi  les  lettrés,  il  y  en  a  peu  qui  soient  à 
même  de  recueillir  de  l'Écriture  Sainte  les  choses  les  plus  né- 
cessaires au  salut,  il  faut  que  des  hommes  plus  parfaits  guident 
les  autres.  C'est  pour  cette  raison  que  Dieu  a  établi  Tordre  des 


Haec  itaque  sunt  munia  prioris  generis. 

II 

Ad  posterius  pertinet  :  Investigare  ,  prout  dictum  est,  utrum 
literarum  studia  apud  nos  ita  vigent,  ut  Christi  gregi  erudiendo 
satis  sint. 

Quanquam  enim  certumest,  sacris  literis  adaequatas  leges,  omni- 
busque  numerisabsolutas  et  necessarias  ad  nostram  salutem  promis- 
siones  comprehendi,  juxta  Apostolum  :  uOmnis  scriptura  dioinitus  in- 
spirata,  utilis  est  ad  docendum,ad  arguendum,ad corrigendum,ad erudien- 
dum  in  justifia,  ut  perfectus  sit  homo  Dei  ad  omne  opus  bonum  imtructus.» 
(II  Tim.,  ni,  16, 17.)  Sed  quia  non  omnes  in  libris  legendis  féliciter 
versantur,  literatorumque  pauci  apti  sunt  ad  ea,  quae  apprime  ad 
salutem  possidendam  faciunt,  ex  verbo  Dei  deligenda  ;  atque  hoc 
nomine  perfectionna  manuductione  indigent.  Eo  etenim  fine  ordo 


AFFAIRES    GENERALES.  47 

Pasteurs  chargés  d'instruire  par  l'Ecriture*  le  troupeau  qui  leur 
est  confié.  Cependant,  eu  égard  au  grand  nombre  des  fidèles  que 
renferme  l'Église  de  Russie,  les  prêtres  capables  d'enseigner  par 
cœur  les  dogmes  et  les  préceptes  de  l'Ecriture  Sainte  sont  peu 
nombreux;  c'est  pourquoi  il  est  absolument  nécessaire  qu'il  soit 
rédigé,  pour  les  gens  simples,  de  petits  livres  courts,  clairs  et 
compréhensibles,  lesquels  renferment  tout  ce  qui  est  suffisant 
pour  l'instruction  des  fidèles,  et  que  la  lecture  en  soit  faite,  par 
parties,  dans  l'Église,  en  présence  du  peuple,  les  dimanches  et  les 
jours  de  fête. 

Il  existe  bien  déjà  un  nombre  suffisant  de  livres  de  ce  genre, 


Pastorum  a  Deo  est  institutus,  ut  ex  Sacra  Scriptura  J  concreditum 
sibi  gregem  docerent.  Porro  collata  Ecclesiae  Rossiaeae  multitudine, 
cum  ejusmodi  saerorum  ministrorum,  qui  dogmata  et  Sacrae  Scrip- 
turae  legem  memoiïter  enarrent,  paucitate,  ineluctabilis  instat 
nécessitas,  sicut  liabendi  compendiosos  aliquos,  rudioribus  tamen 
intellectu  faciles  et  perspicuos  libellos,  omnia  ad  instituendum  po- 
pulum  necessaria  complexuros,  ita  quoque  eosdem  dominicis  et 
festivis  diebus  in  ecclesia  populo  per  partes  recitandi. 

Dantur  quidem  fréquentes  ejusmodi  libri,  ut  «  Homologia  »  sive 

(1)  Les  tendances  protestantes  du  «  Règlement  »  sont  bien  manifestes  par  la 
façon  dont  il  est  ici  parlé  de  l'Ecriture,  représentée  comme  seule  règle  de  foi.  Les 
Pasteurs  eux-mêmes  de  l'Église  deviennent  ici  de  simples  expositeurs  de  l'Ecri- 
ture, tout  juste  comme  les  pasteurs  des  diverses  confessions  protestantes.  Quant  à 
la  tradition  de  С  Église,  cette  règle  de  foi  distincte  de  l'Ecriture,  antérieure  à  l'Ecri- 
ture, et  sans  laquelle  saint  Augustin  déclarait  qu'il  n'aurait  pas  cru  à  l'Ecriture 
(Ego  vero  Evanrjelio  non  crederem,  nisi  me  Catholicae  (Ecclesiaé)  commoveret  auctoritas 
Contra  Ep.  Manich.  quam  dicunt  Fundamcnti,  a"  6);  quant  à  la  tradition  de  l'Eglise, 
disons  nous,  c'est  à  peine  si  elle  n'est  pas  positivement  rejetée.  Heureusement,  le 
Catéchisme  de  feu  Mgr.  Philarète, actuellement  en  usage  dans  les  écoles  de  Russie, 
est  bien  explicite  sur  l'existence  et  la  nécessité  de  la  tradition,  qu'il  dit  néces- 
saire, entre  autres,  comme  «  guide  pour  la  légitime  interprétation  de  l'Ecriture 
sainte.  »  (  Нужно  д.ш  руководства  къ  правильному  ра.чумЬиио  евлщеннаго  Ппсашя.) 
(V.  Catéchisme  détaillé  de  l'Église  catholique- orthodoxe  d'Orient,  examiné  et  approuvé 
•par  le  saint  Synode  de  Russie,  etc.  Paris,  1851,  in-8.)  Nous  avons  sous  les  yeux 
l'original  russe,  édition  de  Moscou,  1845.  (Пространный  XpicriaHCKift  атихисисъ,  etc. 
О  свящеиномъ  предан iu  и  сващенномъ  Писанш,  р.  8.) 


48  DEUXIEME   PARTIE 

tels  que  Г  «Homologie»  ou  «  Confession  Orthodoxe1,  »  et  aussi  plu- 
sieurs discours  moraux  et  homélies  explicatives  de  quelques-uns 
des  grands  saints  docteurs;  mais  ce  n'est  pas  là  une  doctrine  à  la 
portée  de  tout  le  monde,  ni  surtout  du  peuple  simple.  En  effet,  le 
livre  de  la  «  Confession  Orthodoxe  в  est  trop  étendu  et  par  là  même 
difficile  àretenir  par  les  gens  illettrés  ;  de  plus,  n'étant  point  rédigé 
en  langue  vulgaire*  ,  il  n'est  pas  très-intelligible  pour  le 
peuple.  Quant  aux  livres  des  grands  docteurs,  Chrysostome, 
Théophilacte*  et  autres,  ils  ont  été  écrits  en  grec  et  c'est  seule- 
ment dans  cette  langue  qu'on  peut  les  comprendre,  car  la  ver- 


ci  Orthodoxa  Confessio1»,  nec  non  quorundam  magnorum  Doctorum 
sanctorum  homiliae  hermeneuticae  et  orationes,  non  tamen  haecce 
doctrine,  universo,  praescrtim  rudi  populo  instruendo,  est  aecom- 
moilata.  Siquidem  liber  «Homologiae»,  utpotenonexiguaemolis,  dif- 
ficilior  est,  quam  ut  rudiorum  hominum  memoriae  insinuetur. 
Qaatenus  autem  grandi  stilo  est  conscriptus2,  sublimior  est,  quam  ut 
a  plèbe  intelligatur.  Libri  itidem  excellenlium  Doctorum  Cliryso- 
stomi,  Theophylacti 3  et  aliorum  in  hellenica  lingua  sunt  conscripti, 
in  hacigitur  tantum  lingua  facile  percipiuntur,inRossicam  linguam 
translati  hominibus  etiam  literatis  legcntibus  multum  facessunt  ne- 

(1)  En  russe  :  «  Православное  ПспояЬдаШе,  »  Grec  :  ЮрббЗо^ос  fOjj.oXoyfa.  C'est 
le  grand  Catéchisme  approuvé  par  toute  l'Eglise  orthodoxe  d'Orient.  On  croit  assez 
généralement  qu'il  fut  rédigé  en  grec  par  Pierre  Moghila,  métropolitain  de  Kieff, 
vers  1643.  La  première  édition  slavonne  parut  à  Moscou,  en  1 695  ;  le  lecteur  trou- 
vera ce  Catéjhisme  en  grec  et  en  latin  dans  Kimme'l  :  Monumenta  fidei  Ecclesiae 
Orientalis.  Ienae,  1850.  (lre  éd.,  len.,  1843,  sous  le  titre  de  :  Libri  symbolici  Eccle- 
siae Orientais.) 

(2)  En  russe  :  Неяростор1>ч110.  Ail.  «  Nicht  in  gemeiner  Sprache.  »  Cette  langue 
vulgaire,  c'est  le  russe  qui,  à  cette  époque,  n'avait  pas  encore  un  nom  à  part, 
mais  faisait  à  peine  son  entrée  dans  le  monde  littéraire.  (V.  Introduction.)  Le  livre 
de  la  «  Confession  orthodoxe,  »  dont  parle  Pierre,  était  en  slavon  ecclésiastique. 

(3)  Parmi  les  écrits  de  saint  Jean-Chrysostome  qui,  à  cette  époque,  existaient  tra- 
duits et  imprimés  en  slavon,  on  trouve  les  Homélies  de  ce  Dojteur  sur  les  Épîtres 
de  saint  P.iul  (l'eéd.,  KieT,  1023),  sur  les  Actes  des  Apôtres  (Iго  éd.,  Kieff,  1624),  sur 
l'Évangile  de  saint  Matthieu  (tre  éd.,  Mosc,  1634)  et  sur  l'Évangile  de  saint  Jean 
(lre  éd.,  Mosc,  1665).  —  Les  Commentaires  sur  les  quatre  Évangiles,  de  Théophy lacté 
de  Bulgarie  (arch.  d'Acride,  +  1071),  avaient  été  publiés  la  première  fois  en  slavon 
à  Moscou,  en   1649. 


AFFAIRES   GÉNÉRALES  19 

sion  slavonne  qu'on  en  a  faite  est  obscure,  difficile  à  comprendre 
même  pour  les  personnes  lettrées,  et  absolument  inintelligible 
pour  les  gens  non  instruits.  En  outre,  les  homélies  explicatives 
de  ces  Docteurs  renferment  bon  nombre  de  mystères  divins  très- 
élevés,  et,  de  plus,  on  y  rencontre  beaucoup  de  choses  qu'il  était 
opportun  de  dire  autrefois,  attendu  le  caractère  des  différents 
peuples  et  les  circonstances  de  ces  temps-là,  mais  que  des 
hommes  grossiers  ne  sauraient  actuellement  tourner  à  leur 
avantage.  Ce  que  le  peuple  simple  a  besoin  d'entendre  souvent, 
ce  sont  surtout,  les  obligations  générales  de  tous  les  hommes  etles 
obligations  spéciales  de  chaque  état.  Ajoutons  qu'on  ne  peutguère 
avoir  les  livres  dont  nous  parlons  dans  toutes  les  églises,  ni,  sur- 
tout, dans  celles  des  campagnes,  si  tant  est  qu'on  les  trouve  dans 
leséglises  des  villes  quand  elles  sont  riches;  il  faut  donc  avoir  re- 
cours à  un  autre  moyen  pour  venir  en  aide  à  la  faiblesse  humaine. 
Or,  voici  la  réflexion  qui  se  présente.  Si  tous  savaient  les  do- 
gmes les plus  capitaux* de  notre  foietde  quelle  manière  Dieu  ordonna 


gotii.  Tantum  abest,  ut  imperitae  multitudinis  captui  accommo- 
dentur.  Accedit  ad  hoc,  hermeneuticas  illas  Doctorum  homilias 
multis  theologicis  sublimibus  mysteriis  esse  refertas,  non  pauca 
ejusmodi  quoqile  continere,  quae  variarum  gentium  indoli,  nec  non 
diversis  temporum  circumstantiis  competerent,  ex  quibus  homo  lite- 
rarum  expers  nib.il  commodi  potest  reportare.  Cum  e  contrario 
rudibus  ho  minibus  etiam  atque  etiam  ea  praesertim,  quae  ad  omnes 
generatim  ac  universe,  et  ad  unumquemque  singulatim,  spectato 
ipsius  officio,  pertinent,  sint  inculcanda.  Laudati  autem  libri 
sunt  adeo  rari,  ut  oppidanis,  iisque  divitibus,  exceptis,  templa  ru- 
stica  non  possideant.  Consentaneum  igitur  est,  ut  hominum  infirmi- 
tati  curandae,  alio  modo  provideatur. 

Dum  isthaec  sciïbimus,  commode  se  senobis  offert  hoc  consilium  : 
Si  fundamentalilms  fidei  nostrae  articulis1  omnes  essentinstructi,  si 

(l)  En  russe  :  главн1>Ш11ПЯ  догматы.  Nous  n'aurions  pas  assez  rendu  toute  la  pensée 
de  Pierre  en  traduisant  simplement  ici,  et  deux  fois  encore  un  peu  plus  loin  :  «  les 
dogmes   capitaux  ».  On  le  verra,  du  reste,  par  la  note  suivante. 

4 


50  DEUXIÈME   PARTIE 

que  fût  opéré  notre  salut,  et  s'ils  apprenaient  dans  les  com- 
mandements de  Dieu  à  fuir  le  mal  et  à  pratiquer  le  bien,  cette 
instruction  serait  suffisante  pour  les  fidèles.  Après  cela,  si  quel- 
qu'un, sachant  tout  ce  que  nous  venons  d'indiquer,  persistait 
néanmoins  dans  sa  dépravation,  c'est  lui-même  qui  serait  sans 
excuse  devant  Dieu,  mais  non  pas  l'ordre  des  Pasteurs,  lequel 
aurait  pourvu  comme  il  fallait  à  son  salut. 

En  conséquence,  il  est  nécessaire  qu'il  soit  composé  trois  livres 
de  peu  d'étendue  et  d'un  petit  format. 

Le  premier  contiendra  les  dogmes  de  notre  foi  les  plus  capi- 
taux pour  le  salut,  et  aussi  les  commandements  de  Dieu  ren- 
fermés dans  le  Décalogue. 

Le  second  exposera  les  devoirs  particuliers  de  chaque  état. 

Le  troisième  sera  un  recueil  de  sermons,  faciles  à  comprendre 
et  tirés  des  saints  Docteurs,  sur  les  dogmes  les  plus  capitaux  et 
spécialement  sur  les  péchés  et  les  vertus,  et  aussi  sur  les  devoirs 
de  chaque  état  en  particulier. 

Le  premier  et  le  second  de  ces  petits  livres  contiendront  des 


cognoscerent  Dei  oeconomianb  quae  ad  nos  salvandos  requirebatur; 
si  denique  Dei  praecepta,  quae  a  malo  revocatos  alliciunt  ad  facien- 
dum  bonum,  cognita  perspectaque  haberent,  satis  eruditi  esse  cre- 
derentur.  Alioquin  Pastoribus  strenuehumanamprocurantibussalu- 
tem,  vitio  non  est  dandum,  si  quis  tanto  cognitionis  lumine  abutens, 
et  in  sua  perseverans  improbitate  pravitateque  animi,  locum  excu- 
sationi  in  Dei  conspectu  non  invenerit. 

Hinc  oritur  nécessitas  concinnandi  très  exiguae  molis  libellos. 

Primus  :  Principalia  salutaria  nostrae  fidei  dogmata,  simulque 
divina  Decalogo  comprebensa  praecepta,  continebit. 

Secundus  :  Peculiaria  unicuique  officia  exbibebit. 

Tertius  denique  :  Collectos  variorum  sanctorum  Doctorum  intel- 
lectu  faciles,  ut  deprincipalibus  dogmatibus,  ita,  et  quidem  maxime, 
de  peccatis  et  virtutibus,  et  tandem  de  peculiaribus  uniuscujusque 
officiis  sermones  complectetur. 

Primus  quidem  et  secundus  liber,  documenta  a  sola  sacra  scri- 


AFFAIRES  GENERALES.  51 

preuves  tirées  de  la  Sain  Le  Écriture,  mais  courtes  et  à  la  portée 
de  tout  le  monde. 

Le  troisième  appuiera,  par  des  sentences  tirées  des  saints  Pères, 
ce  qui  est  dit  dans  les  deux  premiers. 

Voici  Tordre  opportun  à  suivre  dans  la  lecture  de  ces 
petits  livres  .  Les  dimanches  et  les  jours  de  fête  on  lira  à  Matines 
d'abord  une  petite  partie  du  premier  livre, ensuite,  à  la  deuxième 
lecture,  une  petite  partie  du  second  ;  le  même  jour,  on  lira  à  la 
Messe,un  discours  tiré  du  troisième  livre,  et  dont  le  sujet  sera  le 
même  que  celui  des  deux  lectures  faites  aux  Matines1.  De  cette 
façon,  l'instruction  qu'on  aura  entendue  à  Matines,  recevant  sa 
confirmation  à  la  Messe,  pourra  mieux  se  fixer  dans  la  mémoire 
des  auditeurs.  De  plus,  on  partagera  ces  lectures  de  manière  que 


ptura  ad  sui  confirmationem  brevia  illa  quidem,  sed  cuiusque captui 
accommodata,  mutuabitur. 

Tertius  vero  sententias  ad  idem  ipsum,  quod  in  utroque  superiore 
libelle»  docetur,  collimantes  ex  sanetis  Patribus  hauriet. 

Séries  vero  in  eorum  librorum  lectione  optime  se  ita  habebit  : 
Die  dominico  vel  festivo  in  matutinis  preeibus  exigua  primi  libelli 
sectio  praelegatur,  ex  altero  autem  libello  altéra  lectio  instituatur. 
Eadem  deinceps  die  pars  ex  tertio  libello  in  Liturgia  de  eodem  argu- 
mente, de  quo  mane  dictum  erat,  est  legenda1.  Hoc  itaque  modo 
idem  ipsum,  quod  de  mane  instillabatur  auditoribus,  asseveratum 
dein  in  sacra  Liturgia,  altas  in  memoria  eorum  aget  radiées.  Libelli 
vero,  qui  sunt  legendi,  ita  trifariam  possunt  dividi,  ut  omnes  très 

(l)  Ce  qui  est  ici  prescrit  n'eut  pas,  du  vivant  de  Pierre,  son  entière  exécution, 
mais  nous  possédons  de  sûrs  renseignements  sur  ce  qui  en  a  été  fait.  Le  premier 
des  trois  petits  livres  c'est  le  Catéchisme  dit  de  Pierre  le  Grand  (Kimmel,  op.  cit., 
Proleg.  lxxiu).  Il  fut  rédigé  par  Théophane  Prokopovitch  lui-même,  qui  en  parie 
dans  une  de  ses  lettres  (éd.,  Mosc,  1776,  p.  28),  et  parut,  joint  à  un  Abécédaire  et 
sans  nom  d'auteur,  à  Saint-Pétersbourg,  en  1720;  ce  qui  ne  doit  pas  surprendre  si 
l'on  songe  que  le  «Règlement)),  quoique  publié  en  septembre  1721, était  déjà  rédigé 
avant  le  mois  de  février  1720.  Le  Catéchisme  joint  à  l'Abécédaire  eut  bon  nombre 
d'éditions  et  fut  largement  répandu  par  toute  la  Russie.  Le  titre  russe  du  livre  est  : 
Первое  учевйе  отрокомъ,  въ  немже  буквы  н  слоги,  также  краткое  толкована  закоппаго 
гесятословЬ!  ,   молитвы   господин,  символа   в^ры  п   девяти    блажепсгвъ>  c'est-à-dire  : 


52  DEUXIEME    PARTIE 

les  trois  petits  livres  soient  las  entièrement  dans  l'espace  d'un 
trimestre  ;  ainsi  le  peuple  entendra  quatre  fois  par  an  tout  ce 
qui  est  nécessaire  pour  son  instruction,  et  pourra  bien  retenir  les 
choses  qu'il  a  entendues. 
Il  est  encore  à  remarquer  que  les  enfants  pourront  apprend  ré. 


simul  trimestri  spatio  absolvantur.  Ita  enim  populus  omnia,  ad  se 
erudiendum  neces'saria,  quater  per  annum  auditurus  est,  et  audita 
fîrmiter  memoriae  mandaturus. 

Id  insuper  est  animadvertendum  :  In  primo  et  secundo  libello 

Première  instruction  pour  les  enfants,  contenant  les  lettres  et  les  syllabes,  plus 
une  courte  explication  des  dix  commandements,  de  l'oraison  dominicale,  du  symbole 
de  la  foi  et  des  neuf  béatitudes.  (Math.,  v,  3-12.)  Une  traduction  allemande, 
mais  sans  ce  dernier  traité,  parut  sans  indication  de  lieu  avant  1723,  et  sur  elle  fut 
faite  la  traduction  anglaise  de  Philipps  que  nous  avons  sous  les  yeux  et  qui  parut 
à  Londres  en  1723  avec  le  titre  de  :  The  Russian  Catechism,  composed  and  published 
by  orderoflheCzar. — Par  un  ukase  du  26  février  1723  (Поля.  Собр.  (4172)  tome  VIT, 
page  26)  la  lecture  de  ce  Catéchisme  fut  rendue  obligatoire  dans  les  Eglises,  pendant 
le  carême,  à  la  place  d'un   traité   de  saint  Ephrem  de  Syrie. 

Dans  notre  Étude  :  «The  Pope  etc.-»  nous  avons  cité  (p.  8 1  et  seq.)  l'explication,  don- 
née par  ce  Catéchisme,  du.  5e  (4e)  commandement  :  «  Honore  ton  père  et  tanière  »  et 
nous  avons  aussi  rapporté  le  jugement  de  deux  Protestants  allemands  qui  se  réjouis- 
saient de  voir  «  que  l'orthodoxie  russe  s'était  tant  rapprochée  du  protestan- 
tisme. »  Ici  nous  dirons  qu'à  notre  "avis  le  Book  of  common  prayers  de  l'Église 
anglicane  est  beaucoup  plus  orthodoxe  que  ce  Catéchisme.  La  pensée  de  Pierre  de 
n'y  mettre  que  les  dogmes  les  plus  capitaux  a  été  si  bien  comprise,  qu'avec  toute 
l'instruction  religieuse  dogmatique  déclarée  suffisante,  le  peuple  simple  de 
Russie  ne  serait  pas  à  même  de  trouver  en  quoi  un  Protestant  diffère  d'un 
Orthodoxe.  Ainsi  l'Église  est  définie  dans  ce  Catéchisme  :  «  Une  uniformité  d'opi- 
»  nion  entre  les  chrétiens  qui  gardent  les  doctrines  du  Christ  telles  qu'elles  ont  été 
»  transmises  par  les  Pères  et  les  Conciles  généraux.  »  Des  sept  Sacrements  on  n'y 
trouve  nommé  comme  tel  que  le  baptême,  et  le  pouvoir  des  clefs  consiste  à  «pro- 
»  noncer  la  rémission  des  péchés  sur  ceux  qui  sont  pénitents,  et  à  déclarer  maudits 
»  au  nom  du  Seigneur  ceux  qui  persévèrent  obstinément  dans  leurs  péchés.»  Au 
moins  le  Book  of  common  prayers  impose  au  prêtre  qui  visite  les  malades,  de 
les  enlacer  à  faire  «  a  spécial  confession  »  de  leurs  péchés,  si  quelque  chose  de  grave 
trouble  leur  conscience.  (V.  The  Order  for  the  Visitation  of  the  sick.) — Parmi  les 
écrits  du  temps  de  Pierre  qui,  pour  des  raisons  faciles  à  comprendre,  restèrent 
toujours  manuscrits,  on  trouve  une  vaste  analyse  (обширная  рецепз1Я  du  Caté- 
chisme de  Prokopovitch  ayant  pour  titre  :  Endroits  peu  clairs  (прпмрачпая) 
dans  l'écrit  anonyme  publié  en  slavon  et  intitulé  :  Première  instruction  pour  les  enfants.  » 
Le  Catéchisme  y  est  dénoncé  comme  «  non  conforme  à  la  doctrine  orthodoxe.  »  De 
même,  pendant  la  courte  réaction  qui  suivit  la  mort  de  Catherine  Ire,  Marcel  Ro- 


AFFAIRES   GÉNÉRALES.  53 

eux  aussi,  le  premier  et  le  second  de  ces  petits  livres,  dès  qu'ils 
commencent  à  connaître  FA  В  С. 

Enfin,  quoique  ces  petits  livres  soient  au  nombre  de  trois,  ils 
pourront  néanmoins  être  réunis  en  un  seul  volume  peu  considé- 
rable, afin  qu'on  puisse  se  les  procurer  à  peu  de  frais,  et  que  ceux 
qui  les  désirent  puissent  s'en  servir  commodément,  non-seule- 
ment à  l'église,  mais  aussi  dans  leurs  maisons. 


ediscendo  posse  etiam  pueros,  simul  atque  prima  discunt  elementa, 
exercitari. 

Quanquam  autem  laudati  libelli  très  sint  numéro,  nibilominus 
uno  parvo  volumine  possunt  compreliendi,  ut  tenui  pretio  comparati, 
non  tantum  Ecclesiarum  necessitati,  sed  etiam  privatis  cujusque  rei 
istius  cupidi  usibus  inserviant. 

dychevski  (f  1742,  arch.  de  Lad'oga)  présenta  à  Pierre  II  (1727-1730)  un  Mémoire 
où  il  n'hésitait  point  à  dire  de  ce  livre  «  qu'il  était  rempli  de  doctrines  étranges, 
du  calvinisme  et  du  luthéranisme  les  plus  purs.  Pour  déplus  amples  renseignements, 
nous  renvoyons  le  lecteur  à  l'ouvrage  de  Pekarski  :  Наука  и  литература  въ  Poccin  при 
ПетрЬ  Великомъ-  tome  Ie1',  pp.  178-82,  496  et  seq.,  tome  II,  n°  499,  et  à  la  dissertation  de 
Guill.  Fréd.  Lutjens,  De  religione  Ruthenorum  hodierna,  imprimée  à  Gottingue  en  1745 
et  citée  par  J.  \Y.  Feuerlein,  dans  sa:  Bibliotheca  symbolica  evangelico-  lulherana. 
Gott.,   1752,  App.  II,  sect.  III,  g  184,  p.  354. 

Quant  au  deuxième  livre  mentionné  dans  le  «  Règlement,  »  on  n'en  aurait  peut- 
être  encore  rien  fait,  si,  dans  une  publication  posthume  de  Mgr  Tikhon,  Évêque  de 
Voronège,  (mort  en  1783  et  récemmeul  canonisé  par  l'Église  russe,)  on  n'eût  pas 
inséré  un  petit  traité  du  même  auteur  :  Sur  les  devoirs  réciproques  des  chrétiens.  Il  est 
dit,  en  effet,  dans  la  vie  de  Tikhon  (Saint-Peter.,  1861,  p.  185- 186),  que  le  Synode  jugea 
ce  livre  digne  d'être  de  ceux  dont  le  «  Règlement  ecclésiastique  »  avait  ordonné  la 
composition,  pour  qu'ils  fussent  lus  au  peuple.  C'est  pourquoi,  l'ayant  retouché, 
il  le  fit  paraître  pour  la  première  fois,  en  caractères  d'Église,  en  1789,  sous 
le  titre  de  Наставлеше  о  собствешшхъ  каадаго  xpncTiannna  должиостахъ,  savoir  : 
Instruction  sur  les  devoirs  particuliers  de  chaque  chrétien  ;  et  en  envoya  des 
exemplaires  à  toutes  les  églises  de  Russie.  L'ouvrage  où  ce  traité  avait  paru  la 
première  fois  avait  pour  titre  :  Наставлеше  xpucTiaiiCKoe  (Instruction  chrétienne), 
Saint-Pétersbourg,  1784. 

Enfin,  le  troisième  livre  mentionné  par  le  «  Règlement  »  parut  à  Saint-Péters- 
bourg en  1779,  sous  le  titre  de  :  Coôpaiiie  поучепш  на  вст.  воскресные  и  праздиичвыо 
дпи.  (Recueil  de  sermons  pour  tous  les  dimanches  et  jours  de  fêle).  A  ce  recueil 
travaillèrent  Gabriel  (Pétroff),  Métropolitain  de  Saint-Pétersbourg  (1730-1801)  et 
Platon  (Levchin).  Métropolitain  de  Moscou  (1737-1812).  La  préface,  ajoutée  par  le 
Synode  et  rapportée  parBacmeister  (Russische  Bibliothek,  tome  VIII,  n°  846),  d'après 
l'édition  de  Moscou,  1776,  explique  les  raisons  de  ce  recueil  dans  des  termes  presque 


54  DEUXIÈME   PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES. 

On  vient  de  parler  des  affaires  générales,  nous  allons  dire 
maintenant  quelque  chose  concernant  les  devoirs  particuliers  des 
Évêques,  des  prêtres,  des  moines,  etc. 

(AFFAIRES    SPÉCIALES) 

§§.     1-3.  DEVOIRS    DES   EVEQUES 

(Où  il  est  aussi  question  des  prêtres  et  des  moines  \) 

Voici,  en  ce  qui  regarde  les  Évêques,  les  points  dignes  d'at- 
tention : 
I.  Les  Évêques  sont  tenus  d'avoir  chacun  chez  eux  les  canons 


Diximus  de  officiis  quae  universos  obligant,  sequuntur  iam  alia  in 
médium  sistenda,  ad  quae  Episcopi,  Presbyteri,  Monachi  et  reliqui 
adstringuntur . 

(MUNIA    SPEGIALIA) 

§§.    1-3.    MUNIA    EP1SCÙP0RUM 

(Ubi  et  de  Presbyteris  Monachisque  sermo  eritx.) 

De  Episcopis  haec  scitu  digûa  sunt,  quae  in  sequentibus  propo- 
nuntur  : 

I.  Quum  unicuique  Episcoporum.  incumbat,  ut  exactam  Concilio- 

identiques  à  ceux  qu'on  lit  dans  le  «  Règlement.  »  On  y  trouve  ordonnée  la  lecture  de 
ce  livre  dans  toutes  les  églises  soit  des  villes,  soit  des  campagnes,  soit  aussi  des 
monastères,  et  il  est  strictement  enjoint  aux  Évêques  de  veiller  à  ce  que  cet  ordre 
soit  vraiment  mis  à  exécution.  Nous  avons  remarqué,  cependant,  avec  satisfaction 
que  le  saint  Synode  de  1776  montre  une  meilleure  opinion  du  clergé  russe,  que 
n'en  exprimaient,  en  1720,  les  deux  auteurs  du  a  Règlement.  »  Au  lieu  de  procla- 
mer à  la  face  de  l'univers  «  qu'il  y  a  peu  de  prêtres  qui  soient  capables  d'enseigner 
par  cœur  les  dogmes  et  les  préceptes  de  l'Écriture,  etc.,  »  le  saint  Synode  de  1776 
engage  vivement  les  prêtres  à  composer  des  sermons  eux-mêmes,  et  leur  fait  com- 
prendre que  le  «  Recueil  de  sermons  »  a  uniquement  pour  but  d'empêcher  que  le 
peuple  ne  souffre  à  cause  de  leur  paresse. —  Quant  à  l'orthodoxie  du  a  Recueil  »,  nous 
n'en  pouvons  rien  dire,  ne  l'ayant  pas  eu  entre  les  mains.  On  sait,  cependant,  que 
Platon  n'était  guère  plus  orthodoxe  que  Prokopovitch.  (V.  la  Biographie  de  Platon 
par  Sneghireff.  Шизвь  московс.  Мптроп.  Платона.  Moscou,  1856.  tome  H,  p.  92.) 
(1)  Ces  lignes,  mises  entre  parenthèses,  ne  se  trouvent  point  dans  le  texte.  Nous 


§§.    1-3.    DEVOIRS   DES   EVEQUES.  55 

des  Conciles  tant  œcuméniques  que  locaux  1  et  de  connaître 
exactement  ce  qui  s'y  trouve  prescrit,  touchant  leurs  propres 
devoirs  et  ceux  de  tout  le  clergé.  Cette  connaissance  ne  peut  être 
acquise  autrement  que  par  une  lecture  diligente  et  assidue. 

II.  Ils  doivent  connaître  spécialement  les  degrés  d'affinité  et 
de  consanguinité,  et  savoir  lesquels  de  ces  degrés  peuvent  ad- 
mettre le  mariage  et  lesquels  ne  l'admettent  point,  conformément 
à  la  loi  divine  contenue  dans  le  ch.  xvur  du  Lévitique,  à  celle  de 
l'Église  contenue  dans  les  canons  des  Pères,  et  aux  ordonnances 


rum  tam  oecumenicorum  quam  provincialium1,  eorumque,  quae  in 
iis  statuta  sunt,  nec  non  muneris  tum  sibi,  tum  clerieis  injuncti  noti- 
tiam  comparet,  quae  vero  non  secus,  quam  diligente  et  fréquente 
intercedente  lectione  obtingit  :  ideo  Episcopi  codices  ejusmodi  ut 
semper  ad  manus  babeant,  oportet. 

II.  Episcoporum  etiam  est,  gradus  sanguine  et  cognatione  jun- 
ctorum  dignoscere.  Qui  nimirum  obstant,  quominus  ineatur  matiï- 
monium,  et  qui,  quominus  id  contrahatur,  nullo  sunt  impedimento. 
Idque  vel  juxta  divinum  xviii  Leviticorum  praeceptum,  vel  juxta 
decretum  Ecclesiae  ex  sanctorum  Patrum  canonibus,  et  Regum  legi- 


les  avons  ajoutées,  d'après  ce  qui  est  dit  à  pp.  33-34,  et  dans  le  prélude  du  Supplé- 
ment, pour  aider  le  lecteur  à  se  reconnaître  dans  la  division  du  «Règlement,  »  qui 
n'est   rien   moins  que  claire  et  précise.  C'est  ce  que  nous  ferons  aussi  plus  loin. 

(1)  Les  canons  des  Conciles  étaient  consignés  dans  un  livre  dit  :  Kopjnati  Книга 
(Kormtchaïa  Kniga  ou  Livre  du  pilote;  gr.  Ib;oâXiov,)  que  nous  trouverons  men- 
tionné à  la  fin  du  ce  Supplément.  »  Dans  notre  écrit  :  «  The  Pope  of  Rome,  etc.,»  nous 
avons  donné,  à  pp.  57-60,  la  note  des  canons  des  Conciles  et  des  saints  Pères  admis 
par  l'Eglise  gréco-russe,  avec  renvois  au  Suvoor/.ov,  sive  Pandeclae  canonum,  de  Be- 
veridge  (Oxford,  1672,  in-f")  et  au  Ib]oâXiov  grec,  édition  de  Zante,  1864,  in-4- 
Nous  en  extrayons  ici  la  liste  des  canons  des  Conciles,  avec  renvois  à  l'ouvrage  de 
S.  Em.  le  Cardinal  Pitra  :  Juris  ecclesiaslici  Graecorum  historia  et  monumenta,  jussu 
PU  IX,  Pont.  Max.  (Romae,  typ.  Congreg  de  propag.,  1864,  in-8),  et  à  l'édition 
française  de  l'Histoire  des  Conciles  d'après  ks  documents  originaux,  par  Mgr  Héf'élé, 
évêque  de  Rottenbourg  (Paris,  Ad.  Le  Cl  ère,  1869...)  deux  ouvrages  vrais  trésors 
d'érudition  ecclésiastique.  Dans  la  date  des  Conciles,  nous  avons  suivi  les  indica- 
tions de  Mgr  Héfélé;  l'ordre  et  le  nombre  des  canons  sont  ceux  du  Кормчая  Книга. 

Concile  de  Nicée,  1  "œcuménique  (a.  325),  20  canons;  Pitra,  tome  Ier,  p.  427  et  seq.; 


56  DEUXIÈME   PARTIE.  —    AFFAIRES    SPECIALES 

des  Tsars1.  Cette  connaissance  leur  doit  être  personnelle,  et  ils  ne 
doivent  s'en  rapporter  à   qui    que  ce  soit,   quand  même  ils 
auraient  sous  la  main  un  homme  versé  en  pareille  matière. 
III.  Mais  puisqu'on  ne  peut  bien  connaître  ce  dont  il  est  ques- 


bus  pendens1.  Quamvis  enim  homme  iuris  perito  non  destituerentur 
Episcopi,  ipsi  tamen,  non  aliorum  judicio  freti,  baec  debent  intel- 
ligere. 

III.  Cum  autemnecprimum,  nec  alterumante  memoratum  officium 

Héfélé,  tome  Ier,  p.  225  et  seq. —  Ancyre  (a.  314),  25  can.  ;  P.,  I,  p.  441  etseq.;E.,  1, 
p.  194  et  seq.  —  Néocésarée  (a.  314.. .325),  15  can.;  P.,  I,  p.  451  et  seq.;  H.,  I, 
p.  216  et  seq.  —  Gangres  (a.  343. ..81),  20  can.  ;  P.,  I,  p.  ,487  et  seq.  ;  H.,  II,  p.  168 
et  seq.  —  Antioche  (in  encaeniu,  a.  341),  25  can.  ;  P.,  I,  p.  455  et  seq.;  H.,  I,  p.  494 
et  seq.  —  Laodicée  (a,  343. ..81),  58  can.  ;  P,,  I,  p.  494  et  seq.  ;  H.,  II,  p.  130  et  seq. 
—  Constantinople,  2e  œcumén.  (a.  381),  8  can.;  P.,I,  p.  507  et  seq.;  H.,  II,  p.  187 
et  seq.  —  Éphèse,  3e  œcum.  (a.  431).  8  can.;  P.,  I,  p.  515  et  seq.;  H.,  II,  p.  317  et 
seq.  —  Chalcédoine,  4e  œcum.  (a.  541),  30  can.  ;  P.,  I,  p.  522  et  seq.  ;  H.,  III,  p.  1 
et  seq.  —  Sardique  (a.  344),  21  can.;  P.,  I,  p.  468  et  seq.;  H.,  I,  p.  525  et  seq.  — 
Carthage  (le  XVIe,  a.  419),  138  can.  ;  P.,  II,  passim  in  Nomocanone,  p.  433  et  seq.; 
H.,  II,  pp.  301-314.  —  Constantinople  (a.  394),  1  can.;  H.,  II,  p.  250.  —  Quini- 
sexte  in  Trullo  (Constant,  a.  692),  102  can.;  P.  II,  p.  4  et  seq.;  H.,  IV,  p.  208  et 
seq.  —  IIe  de  Nicée,  7e  œcum.  (a.  787),  22  can.;  P.,  II,  p.  100  et  seq.  ;  H.,  IV, 
p.  331  et  seq.  —  Constantinople  (dit  :  premier  et  second,  assemblé  par  Photius  dans 
l'église  des  Apôtres,  a.  861),  17  can.  :  P.,  II,  p.  125  et  seq.;  H.,  V,  p.  451  et  seq.  — 
Constantinople  (par  Photius,  dans  l'église  de  Sainte-Sophie,  a.  879),  3  can.  ;  P.  II, 
p.  142  et  seq.;  H.,  VI,  p.  33  et  seq. 

Nous  espérons,  par  ces  citations  et  ces  renvois,  avoir  fait  naître  en  quelques  lec- 
teurs l'envie  de  comparer  le  langage  et  les  prescriptions  des  Conciles  avec  le  lan- 
gage et  les  prescriptions  des  Tsars.  C'est  là  une  étude  dont  ils  tireront  le  plus 
grand  profit,  et  qui,  du  reste,  leur  sera  beaucoup  facilitée  par  les  commentaires 
dont  nous  accompagnons  le  «  Règlement.  »  De  plus,  l'illustre  traducteur  des 
«  Répliques  de  Nicon  »  a  joint  à  sa  traduction  une  table  d'une  grande  exactitude, 
où  sont  rapportés  tous  les  canons  ecclésiastiques  cités  dans  l'ouvrage,  avec  renvois 
aux  pages  où  il  en  est  question.  (Palmer.  op.  cit.,  pp.  617-624.)  Nicon,  il  est  vrai, 
écrivait  avant  Pierre  Ier,  à  une  époque  où  l'Eglise  russe  n'eût  pas  encore  toléré  le 
«  Règlement  »  Mais  ГУложете  (Oulojénie) ,  ou  Code  publié  en  1649  par  le  Tsar 
Alexis  Mikhailovitch  père  de  Pierre  Ier,  et  qui  ouvre  la  Collection  complète  des 
lois  de  l'empire  (  Полп.  CoOp.  Зак,  etc.),  n'était,  clans  la  partie  concernant  l'Église,  que 
le  prélude  du  «Règlement  ecclésiastique.  »  Si  déjà  Nicon  opposait  à  Y  Oulojénie  les 
canons  de  l'Église,  le  contraste  entre  ceux-ci  et  les  institutions  religieuses  de  Russie 
n'est  que  plus  frappant  de  nos  jours. 

(I)  Nous  traiterons  de  la  législation  matrimoniale  dans  l'Église  russe,  et  de  l'in- 
gérence des  Tsars  en  cette  matière,  à  la  fin  de  cette  même  IIe  partie  du  «  Règlement  » 
quand  il  en  sera  plus  spécialement  question  dans  le  texte. 


§§.1-3.    DEVOIRS  DES  ÉVÈQUES.  57 

tion  dans  ces  deux  premiers  points,  sans  une  lecture  assidue,  et 
que,  d'ailleurs,  il  n'est  pas  certain  que  tous  aiment  à  lire,  le 
Collège  Ecclésiastique  rendra  un  décret  ordonnant  à  tous  les 
Évêques  que,  pendant  leur  repas,  il  soit  fait  lecture  des  canons 
qui  les  concernent;  cette  lecture,  cependant,  pourra  être  omise 
aux  jours  de  grande  fête  ou  quand  ils  auraient  à  leur  table 
des  étrangers  de  distinction,  ou  pour  d'autres  raisoiis  légi- 
times ] . 

IV.  S'il  se  présente  quelque  cas  difficile  et  dont  la  décision 
l'embarrasse,  l'Évêque  commencera  par  en  écrire  à  l'un  des 
Évêques  les  plus  proches  ou  à  toute  autre  personne  versée  dans 
la  matière,  demandant  leur  avis;  après  quoi,  s'il  ne  se  trouve 
point  satisfait,  il  en  écrira  au  Collège  Ecclésiastique,  dans  la  ville 
impériale  de  Saint-Pétersbourg,  lui  faisant  un  rapport  clair, 
exact  et  circonstancié. 


eorum  satis  potest,  nisi  accédât  diligens  lectio,  innotescere,  nec 
itidem  constat,  utrum  unusquisque  studium  operamque  suara  ad 
legendum  contulerit?  idcirco  omnibus  Episcopis  spiritale  Colle- 
gium  mandato  praescribet,  ut  ad  cujusque  Episcopi  mensam  cano- 
nes  ad  eum  pertinentes  legantur,  nisi  célèbres  solennium  festivita- 
tum  dies,  vel  insignium  Pcrsonarum  bospitio  exceptarum  praesen- 
tia,  vel  aliae  legitimae  inlercipercnt  lectionem  rationes  1. 

IV.  Si  casu  dubiis  intricato  obveniente  Episcopus,  quid  sit  facien- 
dum,  anceps  baereat  :  primo  ad  vicinum  finitimumque  Episcopum, 
aut  ad  alium  multae  prpbataeque  experientiae  virum  scribat,  con- 
silium  petiturus  ;  Deinde,  animadvertens  sibi  bac  ralione  minime 
satis  fier i,  ad  spirituale,  quod  est  in  Regia  Petropoli,  Collegium 
déferre  débet,  omnesque  disertis  verbis  describere  circumstantins. 

(1)  Nous  n'avons  pas  trouvé  le  décret  du  Synode  dont  il  est  ici  question,  mais 
cet  article  du  «Règlement»  n'eut  pas  moins  force  de  loi  et  on  le  trouve  spéciale- 
ment mentionné  dans  le  Registre  alphabétique  (АлФабптный  Рслстръ)  de  la  Collection 
com]>lète  des  lois  de  l'Empire  Russe  (Uo.ni.  Собр.  Зак.  etc.) ,  tome  XL1I  de  la  Collec- 
tion, à  l'art.  Euapxia,  p.  G85. —  Quelque  peu  flatteur  que  soit  cet  articlepour  des 
Evêques,  il  n'insultait  i,as  encore,  du  moins,  à  leur  honnêteté  personnelle.  Mais 
comme  il  n'est  aucune  humiliation  que  les  Evêques  russes   ne  dussent  subir  de  la 


58  DEUXIÈME   PARTIE.  —   AFFAIRES    SPECIALES 

V.  11  y  a  des  canons  qui  défendent  aux  Évoques  de  demeurer 
longtemps  hors  de  leur  Éparchie l,  ce  que  chacun  peut  voir  dans 
le  livre  des  Conciles.  Toutefois,  il  peut  se  présenter  des  nécessités 
impérieuses  qui  les  retiennent  hors  de  leur  Éparchie,  telle  serait, 
par  exemple,  leur  tour  de  service  dans  la  ville  impériale2,  ou 
une  autre  cause  légitime;  telle  serait  aussi  une  maladie  grave 
qui  les  empêche  totalement  de  gérer  les  affaires,  car  un  Évêque 
malade  à  ce  point  est  bien  comparable  à  un  absent.  Dans  ces 
cas,  l'Évêque  est  obligé  de  désigner  pour  les  affaires,  et  en  dehors 
des  officiers  ordinaires  de  sa  maison,  un  homme  intelligent 
et  d'une  vie  honorable,  Archimandrite  ou  Hégoumène,  lui  don- 


V.  Non  desimt  canones,  qui  Episoopos  extra  proprias  dioeceses 
diutius  justo  morari  non  sinant1  quod  ex  Conciliorum  codice  cuique 
liquido  constat.  Si  vero  ineluctabilis  urgeat  nécessitas,  quae  extra 
dioecesim  ipsum  retineat,uti  est  sacrorumin  Regia  Petropoli  admi- 
nistratio2,quae  per  vices  sibi  evenit,  aliaque  légitima  causa  id  suadeat  ; 
si  itidem  gravis  morbus  incessat  qui  eum,  ne  suo  munere  fungatur, 
penitus  impedit,  ita  enim  morbo  implicitus  pro  absente  reputatur: 
in  hoc  casu  Episcopo  certus  vir  prudens  et  vitae  honestae  praeter 
alios,  qui  praesuliae  domus  dirigendae  de  more  curam  gerunt, 
Arcbimandrita  aut  Hegumenus  est  designandus,  eique  alii  aliquot 

part  des  Tsars  nous  avons  trouvé,  entre  autres,  une  loi  où  l'on  exige  que  tout 
Évêque  transféré  d'une  Éparchie  à  une  autre,  signe  une  déclaration  portant  qu'il 
n'emporte  rien  avec  lui,  excepté  ce  qui  lui  est  accordé  par  les  lois.  (V.  Поли.  CoOp. 
VII.  (4987)  16  déc.  1726.  p.  716.) 

(1)  Les  canons  auxquels  on  fait  ici  allusion  sont  :  le  15e  des  Apôtres  (Pitra,  tome  Ie"', 
p.  16;  Héfélé,  14  (13)  tome Ier,  p.  621);  —  le  16e  du  Ie''  Conc.  œcum.  ,de  Nicée  (P.,  I, 
p.  433-4,H.,I,p.4H);— le  ll'duConc.  d'Antioche  (P.,I,  p.  460;  H.,  I,  p.  50S-9);  — 
les  8U  et  13°  (dans  le  Kormtchaïa  Kniga)  du  Gonc.  de  Sardique  (Pitra,  1,  (can.  7) 
p.  472,  (can.  IIe  et  12°)  p.  476-478;  Héfélé,  I,  can.  7(8),  p.  571,  can.  11  (14),  12e  (14) 
p.  578);—  lel06e  duXImeConc.  deCarthage  (a.  419)P.,II,p.  525,  H.,  II,  pp. 279  et  308; 
—  le  80e  du  Quinisexte  in  Trullo;  P.,  II,  p.  61  ;  H.,  IV,  p.  221.  —  La  limite  de 
l'absence  d'un  Évêque  de  son  diocèse  y  est  fixée  à  trois  semaines. 

(2)  Saint-Pétersbourg,  ville  fondée  par  Pierre,  n'avait  pas  encore  d'Évêque  propre, 
ce  qui,  surtout  aux  jours  de  grande  fête  et  à  l'occasion  des  grandes  cérémonies, 
eût  créé  une  sensible  lacune.  Pierre  y  suppléa  en  y  faisant  toujours  résider 
quelque  Évêque  à  qui  il  enjoignait  de  quitter,  pour  cela,  son  propre  diocèse. Ce  tour 


§§.  1-3.    DEVOIRS  DES  EVEQUES.  59 

nant  aussi  pour  auxiliaires  d'autres  personnes  capables,  prises 
dans  l'état  monastique  ou  dans  le  clergé  séculier.  L'Évêque,  s'il 
est  absent,  sera  informé  par  eux  des  affaires  importantes  par 
écrit;  s'il  est  malade,  et  que  la  maladie  lui  permette  d'en  en- 
tendre parler,  ils  les  lui  rapporteront  de  vive  voix.  Mais  s'il  se 
présente  des  cas  dont  la  décision  serait  douteuse,  ces  adminis- 
trateurs en  écriront  au  Collège  Ecclésiastique,  ainsi  qu'on  l'a 
prescrit  plus  haut,  pour  les  Évêques  eux-mêmes. 


homines  solertes  in  subsidium  ex  monacbis,  aut  exPresbyteris,sunt 
adsciscendi,  qui  de  omnibus  magni  momenti  negotiis  Episcopum 
absentem  per  literas,  aegrotantem  vero,  si  ci  per  morbum  licebit 
au  dire,  verbo  certum  faciant.  Subortas  vero  causas,  de  quibus  ipsi 
illi  Directores  sententiam  pronuntiaturi  ambigunt,  ad  spirituale 
Collegium  référant,  non  secus  quam  Episcopis  est  praescriptum. 

de  service  des  Evêques  russes  dans  la  ville  de  sa  création,  est  déjà  mentionné  dans 
un  ukase  de  Pierre,  du  20  novembre  1718  (Поли.  Собр  (3239),  tome  V,p.  395), en 
réponse  à  différentes  questions  du  Métropolitain  de  Riazan,  Etienne  Yavorski, 
le  prélat  qui  administrait  en  qualité  d'Exarque }  —  dignité  créée  tout  exprès 
par  Pierre, —  le  siège  patriarcal  de  Moscou  laissé  vacant  depuis  1700. 

Nous  ignorons  la  loi  canonique  qui  autorisait  Pierre  à  agir  de  la  sorte.  Déjà  le 
grand  Patriarche  Nicon  s'était  élevé,  avec  sa  mâle  éloquence,  contre  la  prétention 
du  Tsars  Alexis  de  convoquer  des  Synodes, en  éloignant  ainsi,  de  son  chef,  les  Evêques 
de  leurs  diocèses.  A  sa  conduite,  Nicon  avait  opposé,  dans  ses  «  Répliques,  »  les 
canons  de  l'Eglise,  et,  chose  remarquable, il  avait  insisté  sur  le  canon  106e  du  Concile 
de  Carthage  (a.  419),  où  il  est  statué  que  nul  Évêque  ne  pourra,  sous  peine  d'excom- 
munication, se  présenter  à  Г  Empereur  s'il  n'y  est  autorisé  par  des  lettres  dimisso- 
riales  (litterae  formatae)  de  l'Évêque  de  Rome.  Nicon,  comme  Russe,  dit,  il  est  vrai, 
que  le  Pape  »  étant  tombé  dans  l'hérésie  (d'Apollinaire!),  »  perdit  son  rang  dans 
l'Église  «  où  le  Saint  Esprit  l'avait  e'taili  à  la  place  des  Apôtres  Pierre  et  Paul,  tandis 
»  que  les  quatre  patriarches  de  Conslanlinople,  d' Alexandrie ,  d'Antioche  et  de  Jérusalem  y 
»  tenaient  la  place  des  Évan'jélistes.»  (Palmer,  op.  cit.,  p.  !2'29.)  Mais  Nicon  dit  aussi, 
et  c'est  ce  qui  nous  importe  en  ce  moment,  que  le  Patriarche  de  Constantinople, 
ce  tardif  Évangéliste  dont  la  formation  fut  l'œuvre  des  siècles,  hérita  du 
rang  de  l'Evêque  de  Rome,  et  que,  en  tout  cas,  les  Evêques  russes  étaient  tenus  de 
considérer  le  Patriarche  de  Moscou  comme  leur  chef  et  de  ne  rien  faire  sans  lui.  » 
Nicou  rappelait,  en  outre,  aux  Évêques  russes  l'engagement  solennel  pris  au  moment 
de  leur  sacre,  «.de  ne  céder  à  la  pression  ni  du  Tsar,  ni  de  qui  que  ce  soit,  et  de 
braver,  même  la  menace  de  mort,  plutôt  que  de  consentir  à  officier  ou  exercer 
aucun  acte  épiscopal  hors  du  diocèse  confié  à  leurs  soins.»  (Op.  cit.,  p.  138.) —  Mais, 
à  partir  du  Tsar  Alexis  Mikhailovitch  (1649),  les  canons   ecclésiastiques  n'ont  plus 


60  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES 

VI.  Les  Évêques  feront  une  loi  ou  ordonnance  semblable  à 
l'égard  de  leurs  subordonnés,  Archimandrites,  Hégoumènes, 
Supérieurs  de  couvents  et  Curés,  en  cas  qu'ils  tomberaient  ma- 
lades, ou  que  de  graves  raisons  les  retiendraient  hors  de  leurs 
monastères  ou  de  leurs  paroisses. 


VI.  Idem  faciendum  praecipiant,  mandatoque  inculcent  Episcopi 
subordinatis  etiam  sibi  Archimandritis,  Hegumenis,  Praepositis  et 
sacerdotibus  parochialibus,  si  nimirun  illos  gravis  pariter  morbus 
exagitet,  aut  magni  momenti  causa  extra  monasterium  vel  paro- 
chiam  remoretur. 

gêné  les  Tsars,  qui,  de  tout  temps,  ont  retenu  les  Evêques  liors  de  leurs  Eparchies 
aussi  longtemps  qu'ils  le  jugeaient  à  propos.  Pour  ce  qui  est  de  l'engagement  cité 
par  Nicon  et  pris  par  les  Évêques  au  moment  de  leur  sacre,  nous  verrons  un 
peu  plus  loin  que,  pour  les  enrpêcher  de  se  rendre  parjures,  on  eut  soin  de 
leur  en  faire  signer  un  autre,  adapté  à  la  nouvelle  situation  de  l'Eglise  de  Russie. 

Par  un  contraste  qui  est  même  odieux,  des  lois  sévères  enchaînèrent  à  leurs 
Eparchies  les  Évêques  tentés  d'en  sortir  sans  l'autorisation  du  Tsar,  et,  contraire- 
ment à  toute  loi  canonique,  leur  rendirent  impossible  toute  communication  verbale, 
les  isolant  ainsi  complètement  les  uns  des  autres.  Jamais,  peut-être,  le  «  dïvideet 
impera  »  des  conquérants  n'eut  une  application  plus  intelligente  et  plus  sûre  !  Ce 
ne  fut  que  dernièrement  que  les  Évêques  russes  obtinrent  la  faculté  de  s'absenter 
pour  huit  jours  de  leur  Éparchie,  en  eu  informant  le  Synode,  et  pour  vingt-huit 
jours,  avec  son  autorisation  préalable.  Pour  une  plus  longue  absence,  la  permis- 
sion du  Tsar  est  requise.  (V.  Московшя  Ведомости  (Gazette  de  Moscou),  15/27 
octobre  1866,  n°  216,  art.  cité  en  français  par  le  P.  J.  Gagarin,  S.  J.,  dans  son 
ouvrage  :  Le  Clergé  russe,  2e  éd.  Bruxelles,  Goemaere.  1871,  pp.  176-179). 

Avant  de  conclure  cette  note  nous  devons  faire  une  remarque  sur  le  saint  Synode. 
A  l'exception  des  deux  aumôniers  dont  il  a  été  question  à  pp.  31-32,  note,  les 
autres  membres  effectifs  du  Synode  sont  tous  Évêques  de  quelque  diocèse  de  Rus- 
sie ;.  néanmoins  ils  résident  constamment  à  Saint-Pétersbourg,  jamais  dans 
leurs  diocèses;  à  la  seule  nécessaire  exception  du  Métropolitain  de  la  ville  impériale. 
D'autres  Évêques  sont,  en  outre,  appelés  par  le  Tsar  à  siéger  temporairement  au 
Synode:  ils  ont  le  titre  de  membres  assistants  (прпсутствующЕе),  et 's'en  retour- 
nent dans  leur  Éparchie  dès  qu'on  a  cessé  de  trouver  utiles  leurs  lumières.  —  Qu'on 
suppose  maintenant  un  État  administré  par  un  conseil  de  ministres,  les  uns  perpé- 
tuels, les  autres  temporaires,  choisis  parmi  les  gouverneurs  des  provinces,  et  qui 
seraient  ainsi  chargés  simultanément  de  l'administration  générale  de  l'État  et  de 
l'administration  particulière  de  la  province  dont  ils  sont  les  gouverneurs  ;  cette 
économique  combinaison  offrirait  matière  à  de  curieuses  études  sur  le  sort  général 
de  l'État  et  sur  celui  des  fortunées  provinces  dont  les  gouverneurs  seraient  mi- 
nistres. L'État  dont  nous  parlons,  c'est  l'Église  de  Russie;  — les  provinces,  les 
Eparchies  russes  ;  —  leurs  gouverneurs,  les  Évêques  de  Russie;  —  l'étrange  conseil 
des  ministres,  le  Svnode. 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVÈQUES.  01 

VII.  SiunÉvèque,  par  suite  d'une  vieillesse  fort  avancée  ou 
d'une  autre  infirmité  incurable,  tombait  dans  un  extrême  affai- 
blissement, sans  nul  espoir  de  se  rétablir,  de  sorte  qu'il  devînt  to- 
talement incapable  de  remplir  ses  devoirs,  dans  ce  cas  il  sera 
tenu  non-seulement  de  nommer  à  sa  place  les  administrateurs 
dont  nous  venons  de  parler,  mais  aussi  d'en  informer  le  Collège 
Ecclésiastique.  Que  si  l'Évêque  se  refusait  à  faire  connaître  son 
état,  les  administrateurs  devront  alors  en  écrire  eux-mêmes  au 
Collège  Ecclésiastique,  et  c'est  dans  le  Collège  qu'on  délibérera 
sur  ce  qu'il  y  a  à  faire:  s'il  faut  donner  à  l'Éparchie  un  adminis- 
trateur, ou  bien  nommer  un  autre  Évèque. 

VIII.  L'Évêque  devra  faire  attention,  ainsi  qu'il  s'y  est  engagé 
par  serment  le  jour  de  son  sacre,  à  ce  que  les  moines  n'errent 
point  çà et  là,  menant  une  vie  déréglée;  à  ce  qu'on  ne  bâtisse 
point  d'églises  superflues  '  faute  de  population,  et  à  ce  qu'on  n'at- 
tribue point  de  faux  miracles  aux  saintes  images. 


VII.  Quando  Episcopus  senio  confectus,  aut  morbo  quodam  insa- 
nabili  vexatus  graviter,  etnulla  restituendae  sanitatis  spe  superstite, 
est  viribus  debilitatis  fractisque  eousque,  ut  muneri  suo  obeundo 
se  imparem  esse  sentiat  :  praeterquam  quod  extra  ordinarios  nuper 
memoratos  Directoresdesignasset,  spiritale  Collegium  certum  facere 
tenetur.  Quod  si  vero  ipse  Episcopus  de  se  deque  valetudine  sua 
minus  commoda  déferre  recusaret,  qui  tamen  ad  negotia  dioeceseos 
obeimda  ab  ipso  sunt  designati,  per  scriptum  nunciare  deberent.  In 
spirituali  porro  Collegio  deliberabitur,  quiderit  faciendum  :  Utrum 
administrator  mittendus  sit,  aut  novus  Episcopus  sit  ereandus. 

VIII.  Observandum  est  Episcopo,  quod  observandum,  dato  jureju- 
rando  simul  atque  ordinabatur,  in  se  recepit,  scilicet  :  ne  monacbi 
erronés  vagentur,  ne  templa  superflua1,  populo carentia  exstruantur, 
ne  sanctis  imaginibus  falsa  miracula  affingantur. 

(1)  Les  prescriptions  relatives  à  la  construction  des  églises  sont  maintenant  con- 
signées dans  le  Уставъ  Духовныхь  КовсисторШ  du  27  mars  1841  (Поли.  Собр.  2ше  sér. 
tome  XVI,  (14409)  p.  221  et  seq.)  et  dans  le  Уставъ  Строительный  art.  205   et  seq. 


62  DEUXIEME    PARTIE.  —AFFAIRES  SPECIALES. 

Aussi  veillera-t-il,  avec  soin,  sur  les  femmes  soi-disant  pos- 
sédées*, sur  les  corps  des  morts  non  certifiés*-,  et  sur  toute  autre 
chose  de  ce  genre. 

Et  afin  que  l'accomplissement  de  ces  obligations  lui  soit  plus 
facile,  l'Évêque  devra  ordonner  dans  toutes  les  villes,  que  les 
inspecteurs  ou  surintendants,  particulièrement  chargés,  comme 
autant    de  Fiscaux  ecclésiastiques,  du  bon  ordre   du  clergé  , 


Sciât  denique  mulierculas,quaein  furorem  actae  monstrosos  quos- 
dam  sonos  edunt1,  et  corpora  defunctorum,  de  quorum  sanctitate 
certo  non  constat2,  aliaque  id  genus  non  debere  tolerari.  Ab  his  ni- 
mirum  omnibus  summopere  est  illi  cavendum. 

Quo  autem  facilius  baec  omnia  reapse  perficiantur,  interest  Epi- 
scopi  mandatum  oppidatim  divulgare,  ut  boni  ordinis  Inspectores  de 
industria  instituti,  utpote  spirituales  investigatores  haec  omnia  cir- 

(Сводъ  Зак.  éd.  1857.  tome XII) —  Nous  y  avons  trouvé  des  règles  fort  sages,  et  nous 
reconnaissons  aussi  qu'en  construisant  des  églises  superflues  on  s'expose  «aies  voir 
r>  abandonnées  et  laissées  sans  les  soins  exigés  par  la  sainteté  de  la  maison  du 
Seigneur.»  (Уст.  К.  art.  44.)  Il  nous  paraît,  cependant,  qu'on  a  trop  insisté  sur  ce  point. 
La  superfluité,en  cette  matière  surtout,  est  chose  fort  relative,  et  quand  on  songe  à 
l'hôte  divin  de  nos  temples  et  des  temples  russes, —  à  Jésus-Christ  dans  le  Sacrement 
de  son  amour  — on  voudrait  en  rencontrer  à  chaque  pas.  En  Russie,  nulle  église  ne 
peut  être  bâtie  clans  une  ville  sans  la  permission  du  Synode  (Уст.  К.  art.  46.)  Pour  ce 
qui  est  des  opinions  de  Pierre  en  cette  matière ,  on  dirait  vraiment  que  les  églises 
superflues  lui  faisaient  peur.  En  ce  point,  comme  en  d'autres,  ses  successeurs  ont 
été  plus  courageux. 

La  promesse  que  prêtaient  à  cette  époque  les  Évèques  russes  le  jour  de  leur 
sacre  est  rapportée  en  entier  dans  la  Collection  complète  des  lois  etc.  (Поли.  Собр. 
tomeV.  22  jan.  1716(2985)  p.  193.) 

(1)  Ce  que  nous  avons  traduit  par  «femmes  soi-disatit  possédées  »  est  en  russe клпкуши 
(pron.  klikouchi ;  de  кликать,  crier.)  C'étaient  des  femmes  qui  s'en  allaient  jetant 
de  hauts  cris  et  faisant  toutes  sortes  de  choses  étranges.  Anciennement,  il  s'en 
trouvait  aussi  qui  devenaient  klikouchi  rien  que  pour  des  contrariétés  de  ménage,  à 
la  suite  desquelles  ces  femmes  se  donnaient  comme  possédées  et  agissaient  en  consé- 
quence. (V.  le  Церковпый  Словарь  d'Alekseïeff  Saint-Pétersbourg  1794.)  Des  lois 
sévères  furent  promulguées  contre  elles  et  produisirent  de  bons  résultats. 

(2)  Nous  avons  rendu  par:  :c  corps  de  morts  non  certifiés  »  les  mots  russes  :  о  твлссахъ 
мертвыхъ  песвид'втельствоваппыхъ.  Le  latin  l'explique  dans  le  sens  de  corps  de  per- 
sonnes d'une  sainteté  douteuse.  Nous  croyons  que  Pierre  voulait  ici  rappeler  ce 
qui  est  dit  plus  haut  concernant  l'authenticité  des  reliques  des  Saints.  {Affaires  gén. 
№  VI.  p.  40.)  L'Allemand: «  die  todten  Côrper ,wovon  man  keine  Zeugnisse  beybringen  сап» 
confirme  notre  explication. 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  63 

veillent  sur  toutes  ces  choses  et  en  rendent  compte  à  VÉvèque  l, 
sous  peine  de  destitution  en  cas  où  ils  essayeraient  de  lui  cacher 
ce  qui  se  serait  produit  dans  ce  genre  . 

IX.    Il  est  fort  avantageux,  pour  la  réforme  de  l'Église,  que 
chaque  Évêque  ait  dans  sa  maison,  ou  près  d'elle,  une  école 


cumspiciant  ad  ipsumque  déférant  Episcopum1,  alioquin  id  genus 
nefas  apertum  silentio  occultantes,  poenam  subibunt,  gradu  scilicet 
movebuntur . 

IX.  Ad  reformandum  Ecclesiae  statum  maximopere  confert  Gym- 
nasium,  quod  cuique  Episcopo  suae  domi,  vel  prope  domum  ad  sa- 

(1)  Dès  1714  Pierre  avait  achevé  d'organiser  un  vaste  système  de  police 
dont  le  but  était  de  sauvegarder,  en  même  temps,  la  paix  du  peuple  et  les  in- 
térêts de  sa  politique.  Les  Inspecteurs  chargés  ainsi  du  bon  ordre  public  étaient 
appelés  Fiscaux  et  leurs  devoirs  étaient  exposés  en  détail  dans  un  ukase  nominal 
de  Pierre  (17  mars  1714)  qui,  croyons-nous  serait  lu  utilement  par  tout  Préfet 
de  police  de  n'importe  quel  pays.  Les  Fiscaux  s'acquittèrent  si  bien  de  leur  mandat 
que,  sous  l'Impératrice  Aune  (1730-1740),  on  fut  obligé  de  les  supprimer.  Cette 
institution  eut,  ensuite,  d'autres  vicissitudes  qu'il  n'entre  pas  dans  notre  plau  d'ex- 
pliquer. 

Nous  avons  dit  (p.  3,  note)  que  le  Synode  n'était  qu'un  Collège  de  plus,  entière- 
ment calqué  sur  celui  de  la  guerre,  du  commerce,  etc.  et  soumis  au  même  Général- 
nyi  Reglament  que  tous  les  autres  Collèges.  Ajoutons  ici,  en  passant,  que  Г  «Instruction» 
du  Procureur  Suprême  du  Synode  est  mot  pour  mot  celle  du  Procureur  du  Sénat.  (V. 
The  Pope  of  Rome  etc.  pp.  43-47.)  Or  cette  tendance  à  façonner  toutes  choses  sur  un 
même  moule,  et  l'Eglise  sur  le  moule^  de  l'État,  est  le  trait  saillant  des  institu- 
tions politiques  et  religieuses  de  Pierre  Ier.  Peut-être,  si  l'Eglise  avait  eu  la  chance 
d'être  le  premier  objet  de  ses  soins  réformateurs,  aurions-nous  eu  l'Etat  façonné 
sur  l'Église  et  non  point  l'Église  sur  l'État;  des  Synodes  de  la  guerre,  du  commerce, 
des  mines  et  manufactures,  etc.  et  non  point  un  Collège  Ecclésiastique.  Quoi  qu'il  en 
soit  de  ce  point,  constatons  ici  que  l'identique  système  de  police  ou  d'espionnage 
antérieurement  appliqué  à  l'État  fut,  dès  1721,  appliqué  à  l'Église.  Il  y  eut  des 
Fiscaux  de  l'État  et  des  Fiscaux  de  l'Église  et  les  Instructions  des  derniers 
sont  entièrement  calquées  sur  celles  des  premiers.  Nous  renvoyons  le  lecteur  qui 
voudrait  faire  cette  comparaison,  à  la  Collection  complète  etc.,  (Поли  Собр.  tome  V. 
17  mars  1714  (2786)  p.  89  et  tome  VI  à  la  fin  des  lois  de  1721  (3870)  p  467  etseq.) 
Plus  tard,  de  même  que  le  Collège  Ecclésiastique  reçut  le  nom,  moins  profane,  de 
Synode,  de  même  les  Fiscaux  ecclésiastiques  reçurent  officiellement  la  dénomination 
adoucie  de  (Благочннпые  ou«Gens  du  bon  ordre.»  V.pour  leurs  attributions  le  Уст.  Дух. 
Коне  passim). 

Quant  à  la  haute  police  ecclésiastique  exercée  sur  les  Évêques,  nous  en  parlerons 
en  son  lieu. 


64  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES 

pour  les  enfants  des  prêtres  1  et  autres  qui  se  destinent  à  l'état 
ecclésiastique. 

A  cette  école  sera  attaché  un  maître,  homme  intelligent  et 
honorable,  lequel  apprendra  aux  enfants,,  non-seulement  à  lire 
dans  les  livres  distinctement,  clairement  et  correctement  (ce 
qui,  bien  que  nécessaire,  ne  suffit  pourtant  pas),  mais -aussi  à 
comprendre  ce  qu'ils  lisent 2. 

De  plus,  autant  que  possible,  il  leur  fera  apprendre  par  cœur, 
dès  qu'ils  auront  paru,  les  deux  petits  livres  sus-mentionnés  conte- 
nant l'un  les  dogmes  de  la  foi,  et  Fautre  les  devoirs  de  chaque  état. 


cerdotum  ]  aliorumque  filios,  in  spem  sacerdotii  obtinendi  erudien- 
dos,  est  instituendum. 

Huicporro  scholae  paedagogusingeniosus  et  bene  moratus  praefi- 
ciatur,  qui  pueros  non  tantumpure,  clare  et  exquisite  légère  libros 
(quod  licet  necessarium  est,  non  tamen  utramque  facit  paginam), 
doceat,  sed  ut  lecta  simul  quoque  intelligant,  detoperam"2. 

Si  itidem  fieripoterit  duopriores  ante  memorati  libelli,  alter  de 
dogmatibus  fidei,  alter  de  cujusque  ordinis  officiis,  qui  in  posterum 
edentur,  sunt  ediscendi 3. 

(1)  Nous  rappelons  au  lecteur  que  l'Église  gréco-russe  accorde  à  ses  prêtres 
l'usage  du  mariage  contracté  avant  l'ordination. 

(2)  L'érection  de  nombreuses  écoles  ecclésiastiques  primaires ,  dans  toute  la 
Russie,  a  été  aussi  l'objet  des  soins  de  Pierre  Ier  et,  sauf  les  réserves  que  méritent 
les  tendances  religieuses  et  politiques  de  l'enseignement  qu'on  y  donnait,  on  doit 
lui  savoir  gré  d'avoir  promu  l'instruction  parmi  le  clergé.  —  Déjà  dans  un  ukase 
du  28  févr.  1714  (Поля.  Собр.)  (2778  tome  V.  page  86),  il  était  question  d'écoles 
attachées  aux  maisons  épiscopales  et  aux  principaux  monastères,  mais  ces  écoles 
là  n'étaient  pas  proprement  ecclésiastiques.  Pierre,  on  le  sait,  s'occupa  tout 
d'abord  de  former  parmi  ses  sujets  des  marins  habiles  et  instruits,  des  ingénieurs, 
des  astronomes,  des  mécaniciens,  c'est  pourquoi  les  mathématiques  occupèrent 
une  si  grande  place  dans  les  premières  écoles  de  sa  création,  qu'on  les  désignait 
officiellement  sous  le  nom  à' écoles  des  chiffres  (цпФирпыя).  Quant  aux  écoles 
primaires  ecclésiastiques  proprement  dites,  celles  dont  la  propagation  est  due  à 
Pierre  Ier,  sont  les  écoles  mentionnées  ici  dans  le  «Règlement».  En  1722, 
le  Synode  publia  à  leur  sujet  une  Instruction  fort  détaillée,  qu'on  peut  voir 
dans  la  Collection  complète  des  lois  de  l'Empire.  (Цолн.  Собр.  31  mai  1722.  (4021), 
tome  VI,  page  697. 

(3)  Le  premier  de  ces  deux  petits  livres,  c'est-à-dire  l'Abécédaire,  avec  Catéchisme, 


§§.    1-3.    DEVOIRS  DES    ÉVEQUES.  65 

Tout  élève  qui  serait  entièrement  privé  d'intelligence  ou  qui, 
bien  que  doué  de  pénétration  d'esprit,  se  montrerait  dissolu, 
obstiné  ou  d'une  paresse  invincible,  après  un  essai  suffisant,  sera 
cbassé  de  l'école,  et  on  lui  ôtera  tout  espoir  d'être  reçu  dans  l'état 
ecclésiastique. 

X.  Les  élèves  ainsi  formés  dans  les  écoles  épiscopales  (lorsque, 
Dieu  aidant,  il  s'en  trouvera  un  nombre  suffisant),  pourront 
seuls  être  promus  au  sacerdoce  ;  et  si  quelques-uns  d'entre  eux 


Si  quis  autem  discipulorum  fuerit  boeotici  ingenii,  aut  quamquam 
solers,  sed  perversus  et  contumax  et  inexpugnabilis  pigritiae,  ejus- 
modi  discipuli,  facto  suffîciente  experimento,a  schola  sunt  ablegandi , 
sublata  prorsus  omni  spe  sacerdotalis  ordinis. 

X.  Illiporro  soli,  qui  in  praesulis  scliola  erudiuntur  (si  tandem 
opem  ferente  Deo  fréquentes  extiteriat),  sacerdotii  munere  sunt  or- 
nandi.  Si  qui  vero  monasticam  vitam   amplexi  fuerint,  Archiman- 

de  Théophane  Prokopovitch,  avait  déjà  paru  en  1720  avant  l'impression  du 
«  Règlement  ecclésiastique,  »  mais  on  n'eut  garde  de  rien  toucher  à  sa  rédaction 
à  cause,  peut-être,  de  la  signature  du  Tsar  qui  y  avait  été  attachée.  Le  second 
livre  parut  beaucoup  plus  tard,  en  1789.  (V.  p.  ô3  note.)  —  Dans  le  document  du 
Synode  (31  mai  1722)  mentionné  dans  la  note  précédente,  il  est  dit  que  «  vu  le 
manque  de  maîtres  en  nombre  suffisant»,  l'instruction  donnée  dans  les  écoles  devait 
consister  à  faire  apprendre  aux  élèves  l'A  В  С  avec  Catéchisme  de  Prokopovitch, 
plus  la  grammaire  slave  de  Polikarpofï,  dont  nous  parlerons  au  g  4.  Un  peu  plus 
tard,  c'est-à-dire  au  mois  d'octobre  de  la  même  année,  le  Synode  ordonna  qu'il 
fût  fait  de  grands  envois  du  Catéchisme  de  Prokopovitch  à  toutes  les  Eparchies, 
afin  que  tous  les  prêtres,  diacres  et  desservants  d'église  en  eussent  chacun  un 
exemplaire,  en  fissent  une  lecture  assidue,  et  se  le  fixassent  bien  dans  la  mémoire. 
Malgré  toute  cette  sollicitude  du  Synode  et  la  modération  de  ses  exigences,  on  est 
tenté  de  dire  qu'une  malédiction  spéciale  était  attachée  au  Catéchisme  de 
Prokopovitch.  Des  documents  contemporains  constatent  que,  dans  plusieurs  Epar- 
chies, on  avait  la  plus  grande  peine  à  trouver  des  hommes  capables  de  l'enseigner 
et  quant  aux  enfants,  ils  n'allaient  nullement  vite  à  l'apprendre.  Un  exemple 
entre  autres,  qui  a  été  transmis  à  la  postérité,  est  celui  d'un  certain  Abraham, 
domestique  du  Tsar  (peut-être  1'Арапъ  ou  nègre  de  Pierre  le  Grand,  célébré  par 
Pouchkin),-qui,  étant  entré  à  l'écolede  Saint-Alexandre  Nevski  à  Saint-Pétersbourg,  le 
14  mars  1723,  en  fut  retiré  pour  être  attaché  de  nouveau  au  service  de  Sa  Majesté 
le  27  novembre  1724,  après  être  parvenu  à  apprendre  le  catéchisme  «  jusqu'au 
5e  commandement  ».  Nous  ignorons  même  si  le  5e  était  compris  ou  exclus, 
et  nous  le  regrettons  d'autant  plus  que  dans  la  division  des  commandements 
adoptée  dans  l'Eglise  gréco-russe,  le  oe  commandement  correspond  à  notre  4e  : 
«  Honore  ton  père  et  ta  mère.  »  (V.  plus  loin,  p.  69  note.) 

5 


60  DEUXIÈME    PARTI!-:    —  AFFAIRES    SPECIALES 

choisissent Tétat  monastique,  on  les  nommera  Archimandrites  ou 
Hégoumènes,  àmoins  que  de  graves  raisons1  n' y  mettent  obstacle. 

Et  si  un  Évêque,  laissant  de  côté,  sans  raison  légitime,  un 
élève  sorti  de  ces  écoles,  nommait  au  sacerdoce  ou  à  quelque 
dignité  monastique  un  autre  qui  n'y  eût  pas  fait  ses  études,  cet 
Évêque  subira  le  châtiment  que  lui  imposera  le  Collège  Ecclé- 
siastique. 

XI.  Et  afin  que  les  parents  ne  se  plaignent  pas  des  grands 
frais  qu'entraîneraient  pour  eux  les  honoraires  du  maître,  l'achat 
des  livres  et  aussi  l'entretien  des  enfants,  dont  l'instruction  se 
ferait  loin  de  la  maison,  il  faut  que  les  élèves  soient  nourris  et 
instruits  gratuitement,  eL  les  livres  fournis  par  l'Évèque. 


clritae  et  Hegumeni  sunt  creandi  ;  et,  nisi  gravi  aliquo  scelere  fuerit 
quidam  infamis1,  ab  bac  dignitate  minime  removeatur. 

Episcopus  vero,  si  hominem,  qui  illud  Gymnasium  aspernatus 
erat,  parum  pensi  habito  erudito,  ad  sacerdotii  ordinem,  aut  ad 
monasticum  célèbre  officium,  non  data  légitima  ratione,  promove- 
rit,  subibit  poenam  ex  sententia  spiritalis  Gollegii  irrogandam. 

XI.  Oportet  Episcopum  alimenta  et  librosgratuitopraestare,  ipsos- 
que  adeo  discipulos  a  pretii  solutioneprodoctrina  immunes  habere_, 
ne  parentes  eorum  magnum  sumptum  tam  Paedagogo  sustentando, 
quam  coëmendis  libris,  filiisque  suis  procul  a  propria  domo.  in  Gym- 
nasio  positis  alendis  impendi,  conquerantur. 

(1)  En  russe  :  важная  н^кая  вина.  Notre  traduction  correspond  à  l'allemand 
«  eine  wichtige  Hinderniss  »  et  à  l'anglais  :  «  strong  objection.  »  L'original  russe, 
pourtant,  est  susceptible  d'un  autre  sens,  qui  est  celui  du  latin,  d'après  lequel 
il  faudrait  traduire  :  «  et,  à  moins  de  quelque  grand  crime,  il  ne  sera  point  exclu  de 
cette  dignité.^ —  Il  est  triste  dépenser  que,  excepté  le  cas  de  quelque  grand  crime, 
le  seul  fait  d'avoir  été  élevé  à  l'école  épiscopale  donnait  nécessairement  le  droit 
d'être  choisi  jjour  être  mis  à  la  tête  des  couvents.  Pour  bien  occuper  cette  position 
il  faut  bien  autre  chose  que  de  ne  pas  être  «  gravi  aliquo  scelere  infamis,  »  et  ni 
la  grammaire  de  Polikarpoff  ni  surtout  le  Catéchisme  de  Prokopovitch  ,  ne 
pouvaient  donner  la  discrétion,  la  prudence,  l'abnégation,  l'esprit  de  foi  et  de 
prière  requis  dans  un  supérieur  de  couvent.  Ces  qualités  eussent  pu  se  rencontrer 
chez  un  moine  peu  instruit,  et  manquer  totalement  dans  le  candidat  des  écoles 
épiscopales. 


§§.  1-3.    DEVOIRS   DES  EVEQUES.  67 

Et  pour  que  cela  soit  pratiquement  possible,  voici  ce  que  nous 
statuons  à  cet  égard.  Sur  les  revenus  des  principaux  monastères 
de  l'Éparchie  on  prélèvera  la  vingtième  partie  de  tous  les  grains 
récoltés,  et  sur  les  revenus  des  terres  ecclésiastiques,  où  il  s'en 
trouve,  on  prélèvera  la  trentième.  Le  nombre  des  élèves,  avec  le 
personnel  pour  le  service,  sera  ensuite  fixé  en  raison  du  nombre 
des  personnes  à  l'entretien  et  aux  autres  besoins  desquelles  (l'ha- 
billement excepté),  on  pourra  subvenir  avec  le  montant  des 
grains  prélevés. 

Quant  au  maître  ou  aux  maîtres,  ils  seront  entretenus  et  sala- 
riés parl'Évêque  sur  les  fonds  de  la  caisse  épiscopale,  conformé- 
ment à  ce  qui  sera  décidé  par  le  Collège  Ecclésiastique,  suivant 
les  circonstances  des  lieux. 

XII.  Ces  redevances  tirées  des  monastères  et  des  terres  ecclé- 
siastiques, ne  seront  point  cause  de  gêne  pour  les  églises  ni  les 
monastères,  pourvu  qu'ils  soient  bien  et  fidèlement  administrés, 
que  chaque  année  on  rende  compte  à  l'Évoque  de  la  quantité  de 
chaque  grain  récolté,  et,enfin, que  l'Évêque  examine  ce  que  devient 


Ut  autem  votis  respondeat  eventus,  in  hune  modum  conjectare 
licebit  :  Ab  omnibus  in  dioecesi  celebrioribus  monasteriis  vigesima 
omnigeni  frumenti  pars,  ex  Ecclesiarum  autem  agris  pars  omnigeni 
frumenti  trigesima  reposcatur,  et  habita  quantitatif  frumenti,  quot 
personis  alendis,  aliisque  rébus  necessariis  praeter  vestimenta  suppe- 
ditandis,  illud  sufficiat,  ratione,  totidem  discipuli  eum  necessarïo 
famulitio  sustentandi  sunt. 

Paedagogus  vero  unus  vel  plures,  alimentum  et  stipendium  ex 
Praesulis  aerario  obtinebunt,  prout  spiritale  Collegium,  spectatis 
loci  circumstantiis,  mandato  praeseribet. 

XII.  Ejusmodt  monasteriis  et  Ecclesiarum  agris  irrogatio  nullum 
monasteriorum  et  Ecclesiarum  reditibus  inferet  detrimentum,  si 
modo  rei  familiaris  adm'mistrandae  strenua  et  fidelis  cura  adhibea- 
tur  :  si  insuper  singulisannisEpiscopus  super  copia,  quanta  frumenti 
esset  collecta,  certior  fiât,  si  Episcopus  denique  dispiciat,  cuinam 


68  DEUXIEME    PARTIE.  —  AFFAIRES    SPECIALES. 

l'excédant  des  grains,  après  qu'on  aura  subvenu  à  tous  les  diffé- 
rents besoins. 

Dans  le  même  but,  il  y  aura  au  Collège  Ecclésiastique  les 
livres  des  revenus  et  des  dépenses  de  tous  les  principaux 
monastères  de  la  Russie.  Les  dépenses  dont  il  est  ici  ques- 
tion sont  les  dépenses  ordinaires  et  usuelles,  non  point  celles  qui 
surviendraient  extraordinairement ,  comme  serait  le  cas  d'une 
bâtisse  nécessaire  ou  autre  chose  semblable. 

Il  faut  cependant  que  ces  dépenses  extraordinaires  soient 
fixées,  elles  aussi,  par  le  Collège  Ecclésiastique,  après  un  examen 
comparatif  entre  les  besoins  de  chaque  monastère  et  ses  re- 
venus. 

XIII.  Et  afin  que  les  Évèques  ne  se  plaignent  point  du  dom- 
mage que  leur  cause  l'entretien  d'un  ou  plusieurs  maîtres,  on 
leur  ordonne  de  ne  point  garder  plus  de  domestiques  qu'il  ne 
leur  en  faut,  de  ne  point  élever  des  bâtisses  non  nécessaires  (à 
moins  qu'elles  ne  soient  lucratives,  comme  un  moulin  et  autres 


usui  frumentum,  quod  postquam  omnibus  necessariis  usibus  est  sa- 
tisfactum,  residuum  impendatur. 

Hoc  ipso  fine  spiritale  Collegium  codices  accepti  et  expensi, 
omnium  inclytorum  in  Rossia  monasteriorum  habebit.  Ex- 
pensae  hoc  loco  intelliguntur  quotidianae ,  et  quae  solito  more 
fiunt;  non  vero  extraordinariae,  ut  necessariae  instaurationes  et 
caetera. 

Nihilominus  tamen  habita  tum  redituum  cujusque  monasterii,  et 
Ecclesiae,  tum  necessiîatum  ratione,  spirituale  Collegium  etiam 
quantum  attinet  ad  extvaordinarias  expensas  ,  prudens  inibit  con- 
silium. 

XIII.  Ne  autem  Episcopi  queruli  mussitent,  sumptuosum  et  cum 
suo  detrimento  fore  unius  vel  plurium  Paedagogorum  sustentatio- 
nem,  jubentursuperfluo  famulitio  nuntium  mittere,  in  construendis 
aedificîis  moduin  tenere,  (nisi  ususfructus  ex  aedificiis,  exempli  gra- 
tia  :  ex  mola  et  similibus  expecletur),  et  tam  a   sacris,  quam  ab  iis 


§§.    1-3.    DEVOIRS    DES    EVEQUES.  69 

semblables);  et  aussi  de  ne  point  excéder,  ni  dans  les  vêtements 
sacrés   ni  dans  leur  habillement,  ce  qui  convient  à  leur  dignité. 

Toutefois ,  afin  qu'il  y  ait  en  toute  chose  une  meilleure 
direction,  on  gardera  au  Collège  Ecclésiastique  les  registres 
des  revenus  des  Évêques. 

Pour  ce  qui  pourrait  encore  concerner  les  maîtres  d'école  et 
l'instruction,  nous  en  parlerons  plus  loin  en  son  lieu  l. 


quae  in  quotidianum  usum  cédant,  vestimentis  pluribus,  quam  decet 
et  expedit,  augendis  abstinere. 

His  tamen  omnibus  moderandis  commodius  poterit  provideri,  si 
Episcopalium  redituum  tabulas  spirituale  CoUegium  praesto  lia- 
buerit. 

Caetera,  quae  ad  Paedagogos,  et  ad  literarum  ludos  pertinent, 
inferius,  et  quidem  suo  loco  dicentur1. 

(I)  Au  g  4  :  Des  établissements  d'instruction.  —  En  1723,  on  songea  à  réunir  les 
écoles  dont  il  est  ici  question  à  celles  «des  chiffres.»  (V.  p.  64  note  2e.)  Mais  le  Synode 
fit  remarquer  que  jusqu'alors  l'Eparchie  de  Novgorod  était  la  seule  qui  possédât  les 
écoles  ecclésiastiques  prescrites  dans  le  «Règlement.»  Plus  tard,  en  1721,  le  Conseil 
intime  suprême  (верковным  тайный  Совт>тъ),  ce  corps  de  l'État  qui  était  alors,  après 
le  Tsar,  le  plus  haut  pouvoir  de  l'Empire,  exigea  du  Synode  qu'il  lui  rendit  compte 
de  l'exécution  de  ce  qui  avait  été  prescrit  dans  le  «  Règlement.  »  Le  Synode  dressa 
alors  unrapportqui  nous  offre  des  données  assez  curieuses.  En  1727,  le  nombre 
total  des  élèves  des  écoles  ecclésiastiques,  dans  toute  la  Russie,  s'élevait  environ 
à  3,000.  Des  écoles  existaient  à  Saint-Pétersbourg  et  dans  les  Éparchies  de  Kieff, 
Tchernigoff ,  Bélograd,  Moscou,  Novgorod,  Rostoff,  Tver,  Kolomna,  Kazan,  Vologda, 
Riazan,  Smolensk,  Pskoff,  Nijni-Novgorod,  Kholmogor,  Tobolsk,  Irkutsk.  Dans 
l'Eparchie  de  Suzdal,  les  élèves  avaient -été,  en  1726,  renvoyés  à  leurs  familles,  la 
mauvaise  récolte  ne  permettant  point  qu'on  prélevât  sur  les  revenus  des  églises 
et  des  monastères  la  portion  des  grains  statuée  dans  le  «  Règlement.  »  Dans  l'Epar- 
chie de  Oustioug  et  de  Viatka  on  n'avait  pu  procéder  au  delà  d'un  certain  degré 
d'enseignement,  faute  de  maîtres  capables.  Le  manque  total  de  ressources  avait 
empêché  d'ouvrir  des  écoles  dans  les  Eparchies  de  Kroutitz,  Pereïaslaff  et  Astrakhan; 
enfin,  le  manque  de  maîtres  jusqu'en  1725,  et,  depuis  cette  époque,  l'absence  de 
l'Evêque,  retenu  à  Moscou,  en  avaient  également  empêché  l'érection  dans  l'Eparchie 
de  Voronége.  Il  résulte  de  ce  rapport  que  le  sort  des  écoles  était  toujours  dépendant 
de  la  bonne  ou  mauvaise  récolte,  et  que  dans  plus  d'une  Eparchie  les  secours  tirés 
des  terres  des  monastères  et  des  églises  eussent  été  insuffisants  sans  les  offrandes 
des  particuliers  et  la  générosité  des  Évêques.  Avec  d'honorables  exceptions,  ni  les 
maîtres,  ni  les  élèves  ne  brillent,  dans  le  rapport,  pour  leur  capacité.  L'Eparchie 
de  Tobolsk  s'y  fait  remarquer  par  la  stupidité  des  enfants.  Ils  étaient,  dit  le 
rapport  :  вельми  тупы.  —  (Pekarski  op. cit.,  tome  t",  g  VI pp.  107-121.) 


70         л  DEUXIEME    PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES. 

XIV.  Que  tout  Évêque  connaisse  les  bornes  de  sa  dignité,  et 
qu'il  ne  s'en  fasse  pas  une  très-grande  opinion  ;  elle  est 
en  effet  une  grande  «  charge1,  »  mais  c'est  à  peine  si  l'Écriture  la 
désigne  comme  un  honneur  de  quelque  importance.  L'Apôtre, 
pour  détruire  l'opinion  des  Corinthiens  qui  se  glorifiaient  de 
leurs  Pasteurs,  déclare  que  tout  l'avancement  et  le  fruit  du 
ministère  pastoral  dépendent  de  Dieu  lui-même  qui  opère  dans  les 
cœurs  des  hommes  :  «  C'est  moi  qui  ai  plante',  dit-il,  c'est  Apollon 
qui  a  arrosé  ,  mais  c'est  Dieu  qui  a  donné  l'accroissement.  » 
Et  il  conclut  ,  après  cela  ,  qu'aucune  gloire  ne  revient  à 
l'homme  de  cet  accroissement.  «  Celui  qui  plante  n'est  rien,  non 
plus  que  celui  qui  arrose,  mais  c'est  Dieu  qui  donne  ï accroisse- 
ment. » 

Dans  la  même  lettre,  l'Apôtre  appelle  les  Pasteurs  :  «  Les  ser- 
viteurs de  Dieu  et  les  dispensateurs  de  ses  mystères,  »  pourvu 
qu'ils  se  maintiennent  «  fidèles  dans  leur  emploi.  »  En  effet,  l'action 
des  Pasteurs  est  purement  extérieure  et  consiste  «  à  prêcher,  à 

XIV.  Quilibet  Episcoporum  non  débet  ignorare  :  quomodulo  suus 
honor  sit  metiendus?  Nec  nimis  arrogantem  de  eo,  animo  foveat 
opinionem.  «  Opus1»  quidem  estmaximi  momenti,  utrum  vero  prae- 
clarus  aliquishonor  ei  annectatur,  ex  Sacra  Scriptura  fere  non  estde- 
finitum.  Apostolus  Corinthiorum,  qui  praerogativis  suoram  Pasto- 
rum  superbiebant,  opinionem  déstructuras,  docet  operis  Pastornm 
universum  profectum  etfructum  dependere  aDeo,  in  hominumcor- 
dibus  opérante.  «  Ego,  inquit,  plantavi,  Apollo  irrigavit,  sed  Deus  in- 
crementum  dédit.))  Idcirco  etiaminfert  :  Nnllambomini  pro  hoc  incre- 
mento  îaudem  superesse.  «  Itaque  neque  qui  plantât  est  aliquid,  neque 
qui  rigat,  sed  qui  incrementum  dat,  Deus.  » 

Pastores  autem  ibidem  appellat  «  Dei  ministros,  et  oeconomos  rny- 
steriorumDei,  »  dummodoin  illo  opère  «  fidèles  persévèrent .  »  Pastornm 
igitur  opus  est  externum  :  «  praedicare,  instare,  increpare  opportune 

(1)  En  russe  :  д'Ёло.  On  fait  ici  allusion  aux  paroles  de  saint  Taul  :  «  Si  quis 
Episcopatum  desiderat  bonum  opus  (grec  :  xaXov  è'pyov,  si.  добра  дЬла)  clesicleral.» 
(I  ïim.  ni.   1.)  Voir,  sur  ce  passage,  saint  Jérôme  et  les  autres  commentateurs. 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  71 

surveiller,  à  reprendre  à  temps  et  à  contre-temps  \  »  et  à  célébrer 
les  cérémonies  des  saints  mystères;  mais  quant  à  l'action  inté- 
rieure, qui  est  de  ramener  les  cœurs  à  la  pénitence  et  à  la  réno- 
vation de  la  vie,  elle  vient  de  Dieu  seul,  dont,  la  grâce  opère 
d'une  manière  invisible,  au  moyen  de  la  parole  et  de  l'action 
mystérieuse  des  Pasteurs,  comme  au  moyen  d'un  instrument-. 

XV.  On  fait  cette  observation  dans  le  but  de  rabaisser  le  faste 
par  trop  insolent  des  Évèques,  afin  que,  tant  qu'ils  jouissent 
d'une  bonne  santé,  on  ne  les  soutienne  plus  sous  les  bras3,  et  que 
les  frères,  leurs  subordonnés,  ne  se  prosternent  plus  jusqu'à  terre 
devant  eux.  Ces  adorateurs-là  se  prosternent  bien  volontairement 
et  sans  nulle  pudeur  jusqu'à*  terre,  mais  ils  le  font  malicieuse- 
ment, dans  le  but  de  capter  quelque  dignité  qu'ils  ne  méritent 
point,  et  de  dissimuler  ainsi  leur  effronterie  et  leur  fourberie. 


et  inopportune1 ,»  et  sacra  mysteria  administrare.  Opus  vero  internum, 
id  est  corda  ad  resipiscentiam,  et  ad  vitae  renovationem  convertendi, 
est  unius  Dei,  cujus  gratia,  Verbo  accedente  per  Pastores  admini- 
strantes sacramenta,  ac  si  per  instrumenta,  operatur2. 

XV.  Id  vero  ea  gratia  praescribitur,  ut  Episcoporum  fastus  mi- 
nime tolerandusreprimatur,  nec  illi  aliorum  manibus  sustentati, 
quamdiu  incolumi  fruuntur  valetudine,  incedant8.  Nec  coram  illis 
subordinati  fratres  bumi  sese  prosternant.  Hi  etenim  adoratores 
ultro  et  omni  pudore  dimisso  bumi  sese  provolvunt,  sed  vafro  falla- 
cique  animo,  ut  quem  non  merentur  dignitatis  gradum,  hoc  pacto 
eblandiantur,  proterviam  et  dolum  suum  dissimulaturi. 

(1)  Voir  tous  ces  passages  en  saint  Paul  :  I  Cor.,  in.  6.-7  ;  iv,  i,  2  et  II 
Tim.,  iv,  2. 

(2)  Instrument.  (En  russe  орудЕе.)  Recueillons  ce  mot  dont  Pierre  veut  se  servir 
pour  abaisser,  par  un  sophisme  habile,  la  dignité  épiscopale.  C'est  le  même  mot  dont 
se  servent  les  juristes  russes  pour  désigner  les  grands  corps  de'd'Etat  en  Russie,  entre 
autres  le  Saint  Synode  ,  «  organe  (оргапъ)  et  instrument  »  (оруд1е)  dans  les 
mains  du  Tsar.  (Voir  The  Pope  of  Rome,  etc.  pp.  48-56  )  —  Nous  avons  à  peine 
besoin  de  rappeler  au  lecteur  le  passage  de  l'Écriture  :  «  C'est  par  moi  que  les  rois 
régnent  et  que  les  législateurs  ordonnent  ce  qui  est  juste.  »  (Prov.,  VIII,    13.) 

(3)  Il  parait  que,  dans  certains  endroits,  les  Evêques  ne  paraissaient  plus  en  public 


72  DEUXIÈME  PARTIE.  —    AFFAIRES   SPECIALES 

C'est  une  vérité  que  le  ministère  pastoral,  s'il  est  dûment 
exercé,  bien  qu'extérieur,  n'est  pourtant  pas  peu  de  chose,,  étant 
une  mission  divine.  Et  Dieu  ordonne  que  «.les  prêtres  qui  gouver- 
nent bien  soient  doublement  honorés,  principalement  ceux  qui  tra- 
vaillent àla  prédicalionetà  l'instruction.  »  (I  Tim.,  v,17.)Cependant 
c'est  là  un  honneur  modéré  qui  ne  doit  pas  être  excessif,  ni  sur- 
tout, presque  égaler  celui  «  du  Tsar1  ».  De  plus,  môme  cet  honneur 
modéré,  les  Pasteurs  ne  doivent  point  le  rechercher  ni  l'exiger 
de  leurs  subordonnés,  mais  ils  doivent  se  contenter  de  celui  qui 
leur  est  rendu  spontanément. 


Verum  quidem  est,  Pastorum  opus  (dummodi  illud  strenue  exer- 
ceatur),  licet  externum,  non  tamen  exiguum  esse,  utpote  Divinam 
legationem.  Deus  itidem  «  Presbyteros,  qui  bene  praesunt,  maxime 
qui  laboraut  in  verbo  et  doctrina,  duplici  honore  dignos  esse  habehdos  » 
praecipit,  honor  tamen  ille  est  temperatus,  non  vero  nimius,  et 
regio  aequalis,  absit  hoc  omni  jure1.  Nec  itidem  moderatum  illum 
honorera  ipsi  Pastores  debent  apposcere,  et  .a  subordinatis.  extor- 
quere,  sed  eo,  qui  ultro  defertur,  debent  esse  contenti. 

sans  être  accompagnés  de  ministres  qui,  des  deux  côtés,  leur  soutenaient  les 
bras. 

(1)  En  russe:  Обаче  честь  оная  умеренная  есть,  а  лишняя  и  почитай  равно  Царская 
да  не  будетъ.  Allem.  «  Jedoch  muss  solche  Ehre  miissig,  und  nicht  ilberfl'Ussig,  oder  fast 
der  Koniglichen  gleich  sem»  On  n'eût  pu  se  prononcer  plus  énergiquement,  au  moins 
dans  la  traduction  latine,  s'il  se  fût  agi  d'un  horrible  blasphème  ! 

Nous  serions  entraîné  trop  loin  si,  l'Écriture  à  la  main,  nous  voulions  établir 
une  comparaison  entre  la  mesure  d'honneur  due  aux  rois  et  celle  qui  est  due  aux 
Pasteurs  de  l'Église.  Certains  passages  concernant  les  devoirs  des  Souverains, 
et  les  droits  de  la  conscience  vis-à-vis  des  Césars,  renversent  de  fond  en  comble 
l'argumentation  du  «  Règlement.  »  Du  reste  l'ouvrage  déjà  cité  de  Nicon  n'est  que 
la  réfutation  suivie  de  la  pensée  de  Pierre  Ier  sur  la  prééminence  du  pouvoir  im- 
périal, et  cette  réfutation  est  appuyée  de  nombreux  passages  tirés  de  l'Écriture,  des 
Conciles  et  des  Pères.  Nous  n'aurons  garde  de  multiplier  les  citations  (Y.  plus  haut 
pp.  17,  25,  26),  mais  nous  ne  pouvons  omettre  deux  remarques  suggérées,  l'une  et 
l'autre,  par  l'ouvrage  en  question  et  par  ce  qui  est  dit  dans  le  «  Règlement.  » 

Nicon  cite,  dans  ses  Répliques,  des  passages  tirés  du  rite  pour  le  sacre  des 
Évèques.  Son  âme  vraiment  épiscopale  éprouve  une  véritable  indignation  en  se 
rappelant  que  l'Église  n'a  pas  assez  d'expressions  pour,  dénoter  la  sublime  dignité 
d'un  Évêque,    tandis  qu'un  Tsar  la  trouvait    inférieure    à  la  sienne.    Entre  autres, 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVÈQUES.  73 

XVI.  Il  s'ensuit  que  l'Évêque  ne  doit  pas  agir  témérairement 
ni  avec  précipitation,  mais  avec  longanimité  et  circonspection, 
dans  l'exercice  du  pouvoir  de  lier,  c'est-à-dire  en  ce  qui  concerne 


XVI.  Sequiturinde,  Episcopum  non  debere  itidem  esse  temerarium 
et  importunum,  sed  tolerantissimum  et  prudentem  circa  ligandi  po- 
testatem  exercendam  ;  si  quis  nempe  arcendus  ab  Ecclesia,  vel  ana- 

Nicon  cite  la  prière  suivante  :  «  О  Seigneur,  notre  Dieu,  lequel  voyant  que  la  nature 
»  humaine  est  incapable  de  supporter  l'essence  de  la  divinité,  par  condescendance 
»  à  notr-e  égard,  avez  choisi  des  maîtres  ayant  les  mêmes  passions  que  nous, 
»  pour  occuper  votre  trône   et  siéger  gomme  images  de  vous-mêmes  sur   votre    trône 

»  de  majesté  et  vous  offrir  le  sacrifice,  etc »(Palmer,  op.  cit.,  p.  235.)  Or  ces  paroles: 

«  Comme  images  de  vous-même  »  ont  disparu,  depuis  Pierre  Ier,  du  rite  pour  le  sacre 
des  Évêques  russes.  (V.  King,  Gebrauche,  etc.,  p.  285.)  L'illustre  traducteur  des  Répliques 
observe  qu'elles  ont  disparu  aussi  des  modernes  éditions  grecques,  mais  elles  man- 
quent déjà  dans  I'EuvoXqyiov  imprimé  à  Venise  en  1642.  Quoi  qu'il  en  soit, 
l'expression  d'à  images  de  Dieu  »  appliquée  aux  Évêques  est  d'une  origine  fort  res- 
pectable, puisqu'elle  date  de  ces  beaux  siècles  de  l'Église  pour  lesquels  nos  frères 
séparés  paraissent  ne  pas  avoir  assez  de  regrets.  En  effet,  les  Constitutions  dites  ' 
apostoliques,  rédigées,  selon  toute  vraisemblance,  avant  le  Ier  Concile  de  Nicée  (a.  325. 
Pilra,  op.  cit.  tome  Ier,  p.  xxxvi-xxxviu)  appellent  les  Évêques  «  images  de  Dieu» 
(Livre  II,  n°9;  Pitra  p.  140)  et  de  glus  :  «  Dieux  après  Dieu  r.  (Livre  H,  n°  26;  Pitra, 
pp.   172,   176,  219.) 

L'autre  remarque  a  trait  à  la  comparaison  qu'on  a  prétendu  établir  entre  Pierre  Ier 
et  Constantin, comparaison  à  laquelle  Pierre  Ier  se  prêtait  assez  volontiers.  (V.  plus 
haut  p.  2  note.  )  Déjà,  avant  lui,  le  Boyard  Siméon  Strechneff  avait  trouvé  que  le 
Tsar  Alexis  agissait  comme  Constantin,  et  cette  pensée  avait  paru  très-juste  au 
digne  prédécesseur  de  Prokopovitch,  l'Évêque  Païsius  Ligarides.  (Palmer,  op.  cit. 
quest.  xxxiv,  pp.  xxxii-xxxni.)  Dans  ses  Répliques  Nicon  s'élève  avec  vigueur 
contre  cette  comparaison  et,  pour  la  réfuter,  il  cite,  d'après  le  Kormtchaïa 
Kniga,  delongs  extraits  de  la,  célèbre  donation  de  Constantin  au  pape  saint  Silvestre. 
Quoiqu'on  puisse  révoquer  en  doute  l'authenticité  de  ce  document,  Nicon  n'était 
pas  moins  fondé  à  déclarer  que  déjà  le  Tsar  Alexis  avait  pris  en  tout  le  contrepied 
de  Constantin  (op.  cit.  p.  211  et  passim),  ce  qui  doit  être  dit,  à  plus  forte  raison,  de 
Pierre  Ier.  En  effet,  le  caractère  historique  de  Constantin  est  bien  connu  par  d'autres 
faits  d'une  authenticité  incontestable.  Le  lecteur  a  sous  les  yeux  les  №s  XIV  et 
XV'de  cette  partie  du  «  Règlement  »  concernant  les  Évêques.  Peut-on,  demandons- 
nous,  supposer  même  pour  un  moment,  un  pareil  langage  dans  la  bouche  de 
l'Empereur  Chrétien  qui,  au  concile  de  Nicée,  attendit  pour  s'asseoir  l'invitation 
des  Évêques  (Eus.  Vita  Const.,  III,  10),  et  qui,  invité  à  se  prononcer  sur  leurs  querel- 
les, s'y  refusa,  a  déclarant  que  lui,  homme,  ne  pouvait  juger  le  Sacerdoce  qui  n'a 
pour  juge  que  Dieu  seul.  »   (Sozom.,  Hist.  eccl.  I,    17) 

Dieu  veuille  qu'à  une  époque  non  lointaine  les  Évêques  russes,  comparant  les 
monuments  historiques  de  la  primitive  Église  avce  les  ukases  des  Tsars,  s'écrient  en 
gémissant  :  «  De  quelle  hauteur  sommes-nous  déchus  !   Unde  excidimus  !  » 


74  DEUXIÈME   PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES 

V interdit  et  l'anathème1,  car  «  Dieu  a  accordé  ce  pouvoir  pour 
édifier  et  non  pour  détruire,  »  dit  l'Apôtre.  (H  Cor.,  x,  8.) 

Et  le  même  Docteur  des  nations,  en  livrant  à  Satan  le  Corinthien 
qui  avait  publiquement  péché,  se  proposait  «  de  le  punir  dans  le 
co?*ps  afin  que  son  âme  fût  sauvée.  »  (I  Cor.,  v,  5.)  Partant,  pour 
exercer  légitimement  ce  pouvoir,  il  faut  considérer  deux  choses: 

Premièrement,  quel  est  le  péché  qui  mérite  une  telle  punition? 

Deuxièmement,  de  quelle  manière  l'Évêque  doit-il  y  procéder  ? 

(  De  l'anathème.  ) 

Quant  au  péché,  on  peut  le  déterminer  de  la  manière  suivante: 
Si  quelqu'un    blasphème    ouvertement    le  nom    de  Dieu  ou 


thematepercutiendusest1,  Hanc  enim  potestatem  datam  esse  a  Do- 
mino «  in  aedificationem,  et  non  in  deslructionem  »  testatur  Apostolus. 
(II  Cor.,  x,  8.) 

Eo  animo  idem  gentium  Doctor  Corinthiacum  famosum  illum 
peccatorem  Satanae  dedendum  esse  judicat  <c  in  interitum  carnis,  ut 
spiritus  salvus  sit.  »  (I  Cor.,v,  5.)  Haec  igitur  potestas,  ut  jure  usurpe- 
tur,  duo  sunt  notanda. 

Quodnam  facinus  hac  poena  luendum  sit  ?    - 

Episcopus  hanc  poenam  sumpturus,  cui  viae  insistere  teneatur? 

(  De  anathemate .  ) 

In  definiendo  crimine  ejusmodi  esto  judicium  :  Si  quis  aperte  no- 
men  Dei,  vel  Sacram  Scripturam,  vel  Ecclesiam  vituperet,  vel  publi- 

(1)  Deux  sortes  de  censures  ou  peines  ecclésiastiques  sont  ici  mentionnées,  l'interdit 
(personnel)  et  l'anathème. 

L'interdit  (en  russe  :  отлучеше,  grec  :  àcpopiajxbç,  segregatio)  est  une  excommunication 
(à-/.otvu>V7]a(a)  partielle  qui  prive  le  fidèle  de  certains  biens  auxquels  lui  donnait 
droit  sa  qualité  de  membre  de  l'Eglise,  surtout  de  la  participation  à  la  sainte 
Eucharistie.  L' analhème  (аиаеема,  g^'ec  àvd3Ep.a)c'est  l'excommunication  proprement 
dite  ou  totale,  en  vertu  de  laquelle  le  coupable  est  retranché  du  corps  de  l'Eglise 
et  cesse  désormais  d'en  faire  partie.  (V.  Ducange  :  Glossarium  mediœ  et  injimœ 
grœcilatis,  aux  mots  :  àvd^£[j.a,  àcpopia[J.oç,  xoivwvi'a,  etc.  et  les  sources  et  auteurs 
qui  y  sont  cités.  Voir  aussi  Pelliccia  :  De  cliristiaiue  Ecclesiv  primœ,  mediœ  et  novis- 
simœ  œtatis  j'oUHa,  Vercellis,  1780,  tome  II,  p.   210.) 


§§.   1-3.    DEVOIRS  DES  EVÈQUES.  —  DE  l'ANATHEME.  75 

l'Ecriture  Sainte,  ou  l'Église;  s'il  a  péché  publiquement  et  qu'au 
lieu  de  rougir  de  son  action  il  s'en  fasse  plutôt  gloire;  si,  sans 
raison  légitime,  il  s'abstient  pendant  plus  d'un  an  de  la  confes- 
sion et  de  la  sainte  Eucharistie,  ou  s'il  fait  autre  chose  au  mépris 
manifeste  de  la  loi  divine  et  en  la  tournant  en  dérision.  Si, 
après  une  double  admonition,  cette  personne  persiste  dans  son 
obstination  et  dans  son  orgueil,  on  la  jugera  digne  d'un  aussi 
grave  châtiment.  Car  ce  n'est  pas  seulement  à  cause  du  péché 
qu'on  la  soumet  à  l'anathème,  mais  c'est  parce  qu'elle  méprise  ou- 
vertement et  avec  orgueil  le  jugement  de  Dieu  et  l'autorité  de 
l'Église,  au  grand  scandale  des  frères  faibles,  et  qu'elle  exhale 
ainsi  une  mauvaise  odeur  d'impiété. 

Voici  maintenant  l'ordre  ou  procédé  canonique  à  suivre  en 
cette  affaire. 

D'abord  l'Évêque  enverra  au  coupable  le  propre  confesseur  de 
celui-ci,  pour  lui  représenter,  de  seul  à  seul  et  avec  douceur,  son 
tort,  et  l'exhorter  à  se  désister  de  sa  conduite.  Et  puisque,  par  son 


eus  sit  peccator,  qui  pudore  facti  non  suffunditur,  imo  illud  jactat  ; 
vel  si  quis  nulla  data  justa  ratione  diutius  biennio  nec  peccata  in 
sacerdotis  praesentia  confiteatur,  nec  sanctae  Eucharistiae  fiât  parli- 
ceps  ;  vel  si  quis  aliud  quidpiam  faciat,  aperte  sugillans  et  ludibrio 
legeni  divinam  exponens  :  Ejusmodi  bomo  postquam  semel  iterum- 
que  praeventus  admonitione,  obstinatus  et  contumax  esse  perseve- 
raverit,  dignus  esse  judicatur,  qui  tanta  poenacastigetur.  Siquidem 
non  quia  simpliciter  est  peccator,  anathemate  est  feriendus,  sed  quia 
contumax  ex  professo  Dei  judicium,  etEcclesiae  potestatem,  etqui- 
dem  cum  magno  infirmorum  fratrum  offendiculo,  contempsit  foedum- 
que  impietatis  odorem  exhalât. 

Séries  vero  bujus  negotii  légitime  exequendi  ad  hune  modum 
disponetur  : 

Primo  quidem  Episcopus  ad  illum  hominem  mittet  sacerdotem, 
qui  ipsi  est  a  confessiorîibus,  et  qui  remods  arbitris  exprobret  ipsi 
flagitium,  blande  comiterque  admonens  ut  a  suo  désistât  facinore. 
Et  quoniain  per  apertum  peccatum  et    contumaeiam  offendiculo 


76  DEUXIEME  PARTIE.  —  AFFAIRES    SPECIALES 

péché  public  et  son  orgueil,  il  a  scandalisé  l'Église,  le  confes- 
seur l'exhortera  à  se  présenter  au  tribunal  de  la  pénitence,  à  se 
soumettre  à  l'épitimie  1  et  à  aller  recevoir  la  sainte  Eucharistie, 
le  premier  jour  de  fête,  en  présence  du  peuple,  afin  que  sa  con- 
version soit  connue  de  tous,  le  scandale  détruit,  et  que  lui-même 
ne  retourne  plus  à  son  vomissement.  Si  le  coupable  écoute  son 
confesseur,  s'humilie  et  fait  ce  qui  lui  est  ordonné,  l'Évêque 
aura  gagné  son  frère  "2  et  Ton  s'en  tiendra  là. 

Si  cette  démarche  n'a  pas  de  résultat,  l'Évêque,  après  avoir 
attendu  quelque  temps,  invitera  le  coupable,  d'une  manière  cour- 
toise et  non  sans  l'en  prier,  à  se  rendre  à  sa  maison,  et  là  il  lui 
renouvellera,  en  particulier,  la  même  admonition,  sans  autres 
témoins  que  le  confesseur  qui  est  allé  le  voir.  S'il  obéit,  l'Évêque 
aura  gagné  son  frère*. 


Ecclesiae  est  factus,  obsecret  ipsum  sacerdos,  ut  proximo  festivo 
die,  non  gravelur  peccata  in  sacri  ministri  praesentia  rite  detestari 
impositaeque  ex  censura  Ecclesiastica  poenae1  submitti,  sumatque 
in  multitudinis  conventu  sanctam  Eucharistiam,  ut  ipsum  ad  fru- 
gem  jam  rediisse,  et  scandalum  esse  sublatum  liquido  constet,  ut- 
que  ip?e  ad  suum  vomitum  non  rèvertatur.  His  aure  perceptisreus, 
si  morigerum  se  praestiterit,  et  jussum  fuerit  exécutas,  lucratusest 
Episcopus  fratrem  suum2,  nec  quidquam  faciendum  superest. 

Si  vero  legatio  illa  ivit  in  cassum,  Episcopus  aliquo  temporis  spa- 
tio  interjecto,  invitât  eum  ad  se,  honorifica  praeveniens  rogatione  ; 
et  de  eodem  illum  privatim  unico  praesente  sacerdote,  qui  a  con- 
fessionibus,  et  qui  prius  legationefuit  functus,  admonebit;  si  itaque 
obsecutus  fuerit,  lucri  factus  est  frater"2. 

(1)  En  russe  :  епитиипя,  grec  :  èninjAia  de  i%[  xt[j.ato.  Ce  mot  est  employé  dans 
la  2e  épître  de  saint  Paul  aux  Corinthiens  (ch.  H,  6),  pour  dénoter  la  repréhension 
dont  avait  été  l'objet  l'incestueux  de  Corinthe.  La  Vulgate  a  rendu  ce  mot  par 
a  objurgatio.  »  Il  fut  bientôt  adopté  pour  signifier  soit  la  pénitence  canonique 
publique,  eu  usage  surtout  dans  les  premiers  siècles  de  l'Église,  soit  aussi  la  péni- 
tence que  le  prêtre  impose  au  pécheur  repentant  après  en  avoir  entendu  la  confession. 
C'est  ce  que  nous  appelons  satisfaction. 

(2)  On  fait  ici  allusion  au  passage  de  saint  Matthieu  (xviii,  15)  :  «  Si  votre  frère 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  —  DE  l'aNATHEME.  77 

Mais  si  le  coupable,  appelé  par  l'Évèque,  ne  se  rend  point  à  cette 
invitation,  l'Évèque  lui  enverra  de  nouveau  le  confesseur  avec 
d'autres  personnes  respectables,  ecclésiastiques  et  laïques,  choi- 
sies surtout  parmi  les  amis  du  coupable,  pour  lui  adresser  les 
mêmes  exhortations  qu'auparavant. Cette  fois  encore, s'il  s'humilie 
et  fait  ce  qu'on  lui  demande,  l'affaire  est  terminée. 

En  cas  qu'il  persiste  dans  son  obstination  et  dans  son  orgueil 
on  pourra  répéter  de  nouveau  le  même  message. 

Mais  si  tout  cela  n'aboutit  à  rien,  l'Évèque  ordonnera  alors  au 
Protodiacre  d'en  informer,  à  un  jour  de  fête,  le  peuple  rassemblé 
dans  Féglise,  en  ces  termes  ou  en  d'autres  semblables  : 

«  N.  N.  que  vous  connaissez, scandalise  ouvertement  ï 'Eglise  par 
»  tel  péché;  déplus  il  montre  qu'il  ne  fait  nul  cas  de  la  colère 
»  divine,  et  il  a  repoussé  avec  mépris  les  remontrances  réitérées 
»  de  son  Pasteur.  C'est  pourquoi  votre  Pasteur  (N.  N.)prie  pater- 


Si  vero  invitatus  ad  Episcopum  ire  recusaverit  ,  Episcopus 
eundem  sacerdotem  ,  additis  aliis  Ecclesiasticis  et  saecularibus 
personis,  praesertim  illius  amicis,  mittet  ad  eum,  non  secus  ac 
prius  admonendum  ;  si  vel  hoc  modo  aequieverit  admonitioni,  vota 
successu  sunt  coronata. 

Si  denique  ita  obstinatus  contumaciam  non  deposuerit,  poterit 
denuo  iterari  similis  priorum  legatio. 

Postquam  vero  haec  omnia  in  irritum  reciderunt,  festivo  die  in 
Ecclesia  jubet  Episcopus  per  Protodiaconum,  hac  vel  simili  formula 
populo  promulgari  : 

«  Baud  ignotus  vobis  homo  (N.  N.)  ille  ejusmodi  publico  flagitio 
»  (iV.  N.)  est,  Ecclesiae  offendiculo,  iram  Dei  vili  pendens,  Pastoris 
»  admonitionem  plus  simplici  vice  iteratam  cum  sanna  rejecit.  Idcirco 

a  péché  contre  vous,  allez  et  reprenez-le  entre  vous  et  lui  seul,  s'il  vous  écoute  vous 
aurez  gagné  votre  frère,  »  Ces  mêmes  paroles  de  Jésus-Christ  dont  on  fait  ici  une 
application  si  légitime,  unies  au  commencement  du  verset  17e:  «  S'il  n'écoute  point 
dites-Le  à  l'Église  »  sont  employées  dans  le  Supplément  du  «  Règlement  ecclésiasti- 
que »  pour  taire  au  prêtre  une  obligation  de  trahir  en  certains  cas  le  secret  de 
la  confession.  (Des  prêtres,  des  diacres,  etc.  №  11.) 


78  DEUXIÈME   PARTIE.  —    AFFAIRES    SPECIALES 

»  nettement  Votre  Charité  d'intercéder  tous  pour  lui  auprès  du  Dieu 
»  de  miséricorde  afin  qu'il  amollisse  la  dureté  de  son  cœur,  crée 
»  en  lui  un  cœur  pur  et  l'incline  à  la  pénitejice.  Que  ceux  d'entre 
»  vous  qui  ont  avec  lui  des  rapports  plus  intimes  l'engagent,  avec 
»  toutes  les  instances  possibles,  chacun  en  particulier  et  tous 
»  ensemble,  à  accepter  la  pénitence.  Prévenez-le,  enfin,  que  s'il 
»  persévère  jusqu'à  telle  époque  (on  la  fixera  suivant  les  diffé- 
»  rents  cas)  dans  son  péché  et  dans  son  mépris,  il  sera  expulsé 
»  de  l'Église.  » 

Si,  même  après  cela,  le  pécheur  persiste  dans  son  obstination 
et  dans  son  endurcissement,  l'Évèque  ne  procédera  pourtant  pas 
encore  à  l'anathème,  mais,  auparavant,  il  informera  de  tout  ce 
qui  s'est  passé  le  Collège  Ecclésiastique.  C'est  après  en  avoir  reçu 
la  permission  par  écrit,  qu'il  livrera  publiquement  le  coupable  à 
l'anathème,  se  servant  delà  formule  ou  modèle  ci-joint,  ou  autre 
semblable,  qu'il  fera  lire  par  le  Protodiacre,  dans  l'église  en 
présence  du  peuple. 


»  Pastor  vester  (N.  N.)  Vestram  omnium  paterno  obstringit  affectu 
»  Pietatem,  ad  orandum  misericordem  Deum,  ut  cordis  illius  duritiem 
»  emolliat,  cor  purum  creet  in  eo,  ad  resipiscendum  moveat  '  Si  qui  vero 
»  sanguine  vel  amicitia  estis  propinqui,  hortantes  pribatim  singuli,  et 
»  omnesincommuni,  et  obsecrantes,  ut  resipiscat,  solertem  date  operam, 
»  simulque  certiorem  ipsum  facite  :  futurum  esse,  ut,  nisi  ad  frugem 
»  ante  certi  temporis,  (quod  potest  pro  arbitrio  assignari),  decursum 
»  redierit,  ab  Ecclesia  rescindatur.  » 

His  omnibus  peractis  licet  si  praefractus  et  ferreus  esse  -perseve- 
raverit  transgressor,  ne  tune  quidem  Episcopus  homini  anathema 
vibrandum  statuet,  sed  super  omnibus  istis,  quaecunque  acta  sunt, 
certiorem  faciet  spiritale  Collegium.  Simul  autem  atque  per  Col- 
legii  scriptum.  mandatum  liceat,  peccatorem  in  Ecclesia  fréquente 
multitudine  diris  publiée  devovebit,  formula  ail  hune  vel  similem 
modum  concinnalà  : 


§§.    1-3.    DEVOIRS  DES  ÉVEQUES.  —  DE  l'aNATHEME.  79 

«  Puisque  N.  N.  que  Vous  connaissez,  a  scandalisé  l 'Église  par 
»  telle  manifeste  transgression  de  la  loi  divine,  et  qu'il  a  méprisé 
»  les  admonitions  réitérées  de  son  Pasteur  qui  V invitait  à  lapéni- 
»  tence  et  que,  de  plus,  ne  tenant  nul  compte  de  la  menace  qu'on 
»  lui  a  faite  publiquement  de  l'expulser  de  l'Eglise  s'il  ne  se 
»  repentait  point,  il  persiste  encore  dans  son  endurcissement  sans 
»  donner  aucun  espoir  de  conversion  :  notre  Pasteur  se  confor- 
»  mant  au  précepte  de  Jésus-Christ  et  en  vertu  du  pouvoir  qu'il  a 
»  reçu  du  même  Seigneur,  l'exclut  de  la  société  des  Chrétiens,  et, 
»  comme  un  membre  inutile,  le  retranche  du  corps  de  Jésus-Christ, 
»  faisant  savoir  à  tous  les  orthodoxes  que,  jusqu'à  ce  qu'il  se  soit 
»  repenti  sincèrement  et  de  cœur,  il  n'a  plus  de  part  à  aucun  des 
»  dons  divins,  qui  nous  ont  été  acquis  par  le  sang  de  notre  Sauveur 
»  et  Seigneur  Jésus-Christ.  En  conséquence,  l'entrée  du  temple 
»  lui  est  défendue  et  interdite,  et,  à  plus  forte  raison,  il  ne  peut 
»  plus  participer  ni  au  saint  et  redoutable  ту  stère  de  Г  Eucharistie 
»  ni  à  aucun  autre  des  saints  mystères  et  rites  de  l'Eglise,  soit 
»  dans  le  temple,  soit  en  sa  maison,  soit  en  tout  autre  lieu.  Et  en 

<(  Quoniam  notas  Vobis  homo  (N.  N.)  ejusmodi  sua  public  a  legis 
»  divinae  transgressione  scandalum  dédit  Ecclesiae  ,  et  decretum 
»  Pastoris  ,  qui  eum  multoties  ad  poenitentiam  excitans,  ad- 
»  monuit,  demum  se  ab  Ecclesia,  nisi  resipuerit,  esse  rescindendum,  pu- 
»  blice  promulgatum  parum  pensi  habens  usque  in  praesens,  callo  quasi 
»  obducto  perdurât,  nullam  prae  se  ferens  spem  correctionis  :  ideo  noster 
»  Pastor,  juxta  Christi  praeceptum,  amcessa  sibi  ab  eodem  Domino  po- 
»  testate,  ejicit  eum  a  Christianorum  communitate ,  et  tanquam  mem- 
))  brum  inutile  ab  Ecclesiae  Christi  corpore  resecat,  universis  orthodoxis 
»  notum  manifestumque  faciens,  illum  ab  hinc  non  esse  divinae  gratiae, 
»  quae  Salvatoris  et  Domini  nostri  Jesu  Christi  sanguine  nobis  est  com- 
»  parafa,  quousque  serio  et  ex  animo  non  egerit  poenitentiam,  partici- 
»  pem.  Proinde  prohibetur  et  arcetur  ille  ab  ecclesiae  introitu,  tantum 
»  abest,  ut  sacrosanctae  et  verendae  Eucharistiae,  caeterorumque  myste- 
»  riorum,  et  Ecclesiae  benefîciorum,  tam  in  ecclesia,  quant  domi,  ali- 
»  bique  locorum  particeps  esse  credatur.  Si  forte  in  sacram  aedem  clam 


80  DEUXIÈME  PARTIE. —  AFFAIRES  SPECIALES 

»  cas  qu'il  pénètre  dans  le  temple  secrètement,  ou  bien  ouvertement 
»  par  la  force,  il  attirera  sur  lui  une  plus  sévère  condamnation, 
»  et  une  plus  grande  encore  si,  par  surprise  ou  par  force,  il  osait 
»  prendre  part  aux  saints  mystères.  Les  prêtres  lui  interdiront  de 
»  toutes  manières  l'entrée  du  temple,  et  si,  à  cause  de  sa  force,  ils 
»  ne  pouvaient  y  parvenir,  ils  suspendront  tous  les  offices,  à  Vex- 
»  ception  de  la  Lilurgie,1  jusqu'à  ce  qu'il  soit  sorti.  De  même,  ils 
»  né  pourront  aller  chez  lui  ni  pour  faire  des  prières  ni  pour 
»  donner  des  bénédictions,  ni  pour  administrer  des  sacrements, 
»  sous  peine  d'être  privés  de  leur  office.  » 


»  sive  aperte,  idque  per  vim  intraverit,  mcdori  damnationi  mccumbet  ; 
»  maxime  vero,  si  per  fraudem,  vel  per  vim  de  sancta  Eucharistie,  au- 
»  sit  participare.  Ministri  porro  Ecclesiae  ab  ingressiune  templorum 
»  penitus  eum  arcebunt,  alioquin  violeatiae  illius,  ubi  sese  in  templum 
»  intrudit  reprimendae  impares,  nisi  exiverit,  ab  omni  precum  officio, 
»  Liturgia  excepta*,  désistent.  Sacerdotes  pariter  ipsum  non  adibunt  pre- 
»  ces  fusuri,  vel  ei  benedicturi,  vel  Sacramenta  impertituri,  alias  sui  mu- 
))  neris  privatione  punientur.  » 

(1)  Dans  l'Eglise  gréco-russe  la  liturgie  ou  Messe  se  divise  en  trois  parties.  La 
première  appelée  Tûpocr/opuôri  (проскомидм)  du  verbe  grec  :  jrpo<Txop.{Çw,  apporter,  est 
celle  pendant  laquelle  on  apporte  la  matière  pour  l'Eucharistie,  c'est-à-dire  le 
pain  et  le  vin.  La  seconde  est  dite  liturgie  des  catéchumènes  (лнтурпя  оглашеппыхъ) 
parce  qu'on  y  admet  aussi,  outre  les  baptisés,  ceux  qui  se  préparent  au  baptême. 
Cette  partie  de  la  messe  consiste  en  prières,  hymnes  et  dans  la  lecture  de  l'Évangile 
et  autres  livres  de  l'Ecriture,  et  se  termine  par  l'injonction  aux  catéchumènes  de 
sortir  de  l'Eglise.  Enfin,  la  troisième  partie  constitue  la  liturgie  proprement  dite 
appelée  :  liturgie  des  fidèles  (лнтурпя  вТфпыхъ),  pendant  laquelle  le  prêtre  consacre  le 
pain  et  le  vin  et  reçoit  ensuite  le  corps  et  le  sang  de  Jésus-Christ.  —  Nous  croyons 
que  le  «Règlement  »  en  jjrescrivant  ici  de  suspendre  tous  les  offices  à  l'exception  de 
la  liturgie  ,  après  avoir  dit  que  l'excommunié  a  ne  peut  plus  participer  au  saint  et 
redoutable  mystère  de  l'Eucharistie,  »  fait  allusion  à  cette  dernière  partie  de  la 
messe  c'est-à-dire  à  la  liturgie  des  fidèles.  La  raison  de  cette  exception  serait 
qu'alors  la  nécessité  d'achever  le  sacrifice  eucharistique,  déjà  commencé,  l'emporte 
sur  la  loi  ecclésiastique  de  cesser  les  offices  en  présence  d'un  excommunié.  On  peut 
voir,  en  effet,  ce  cas  résolu  de  la  même  manière  chez  les  théologiens  catholiques, 
auxquels  nous  renvoyons  également  le  lecteur,  pour  ce  qui  regarde  l'application 
de  la  loi  ecclésiastique  que  nous  venons  de  mentionner. 


§§.   1-3.    DEVOIRS   DES    EVEQUES.  —   DE   L'ANATHÈME  81 

»  Qu'il  soit  notoire  à  tous  que  N.  N.  seul  est  soumis  à  cet  ana- 
»  thème  qui  lui  est  personnel  et  ne  concerne  ni  sa  femme  ni  ses 
»  enfants,  ni  les  autres  qui  demeurent  en  sa  maison,  à  moins  que 
»  eux  aussi  ne  veuillent  imiter  sa  démence  et  n'osent  blâmer 
»  ouvertement  et  avec  arrogance  l'Église,  à  cause  de  celte  malé- 
»  diction  lancée  contre  lui.  » 

Cette  formule  d'anathème,  ou  une  autre  semblable  fixée  par  le 
Collège,  sera  affichée,  après  qu'on  en  aura  ponné  lecture,  aux 
portes  de  la  seule  église  cathédrale,  ou  bien  de  toutes  les  églises 
de  l'Éparchie,  selon  que  le  Collège  aura  décidé. 

Si,  après  cela,  l'excommunié  revient  à  résipiscence  et  désire 
témoigner  son  repentir,  il  sera  obligé  de  le  faire  lui-même 
publiquement  dans  l'église,  devant  l'Évêque  —  ou,  en  cas  d'impos- 
sibilité, d'en  charger  quelques  personnes  honorables  qui  le 
fassent  en  son  nom, —  demandant  en  toute  humilité  l'absolution 
et  confessant  son  péché  et  son  orgueilleux  mépris.  Alors  l'Évêque 


»  Certumsit  omnibus,  unicum  illum  hominem  (N.  N.)  praecise  ana- 
»  themate  teneri,  non  itidemuxorem,  nonliberos,  non  denique  illius  ver- 
»  nas  ;  nisi  M  quoque  voluerint  ejus  aernulari  furorem,  et  ob  vibratum 
»  in  illum  anathema  Ecclesiam  Dei  superbe  et  publiée  calumniari  ausi 
x»  fuerint.  » 

Haec,  aut  alia  quaedam  a  spirituali  Collegio  anathematis  prae- 
scribenda  formula ,  simul  atque  fuerit  promulgata,  foribus  unius 
Ëpiscopalis,  aut  omnium  in  dioecesi  templorum,  ut  spirituali  Col- 
legio visum  fuerit,  affigetur. 

Postquam  autem  e  coetu  christianorum  explosus  resipuerit,  et 
poenitentiae  dare  spécimen  voluerit,  ipse  ille  vel  per  alias,  si  ipse 
praesens  adesse  non  potest,  bonestas  personas  burnillime  et  publiée 
in  Ecclesia  Episcopo  in  populi  conspectu  fatebitur  se  poeni- 
tere,  et  confitens  suumpeccatum  et  superbam  contumaciam  ,  ro- 
gabit  ut  ab   anatbemate  liberetur.  Tum   Episcopus   pruponet  ipsi 

б 


82  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES 

lui  adressera  les  questions  suivantes  :  Si,  redoutant  Ja  colère  de 
Dieu  et  implorant  sa  miséricorde,  il  se  repent  de  ses  péchés  pour 
en  obtenir  le  pardon  ;  s'il  croit  que  le  pouvoir  pastoral  de  lier  et 
de  délier  n'est  pas  vain,  mais  réel,  efficace  et  devant  être  craint; 
s'il  promet  d'être,  à  l'avenir,  fils  obéissant  de  l'Église  et  de  ne 
plus  mépriser  l'autorité  de  ses  Pasteurs. 

Après  que  le  pénitent  aura  répondu,  et  de  manière  à  être 
entendu  de  tout  le  peuple,  l'Évêque  lui  ordonnera  d'espérer  fer- 
mement dans  la  miséricorde  divine  acquise,  par  la  mort  du 
Sauveur,  au  pécheur  repentant,  et  prononcera  sur  lui  la  formule 
de  l'absolution.  Ensuite,  il  lui  adressera  une  exhortation  sur  la 
réforme  de  la  vie  (exhortation  qu'on  pourra  rédiger  plus  tard)1, 
et  lui  ordonnera  d'aller  recevoir,  à  un  jour  de  fête  déterminé, 
la  sainte  Eucharistie,  après  s'être  confessé  à  son  père  spiri- 
tuel. 


quaestiones  :  An  vere  ?  et  ideo,  ut  sibi  peccata  remittantur,  me- 
tuens  iram  Dei,  et  Dei  misericordiam  implorans ,  agat  poeniten- 
tiam  ?  Utrum  credat  Pastorum  potestatem  solvendi  et  ligandi  non 
esse  inanem,  sed  validam  et  efficacem  horrendamque  ?  Utrum  pro- 
mittat  in  posterum  se  futurum  esse  filium  Ecclesiae  obedientem,  nec 
Pastorum  potestatis  contemptorem  ? 

Postquam  ad  haec  omnia,  audiente  populo,  dederit  responsa  ju- 
bebit  eum  Episcopus  Dei  misericordiam  sperare,  quae  propter 
Salvatoris  passiones confertur  peccatori,  adfrugem  redeunti,  ipsum- 
que,  recitata  oratione,  solvet  ab  anatbematis  vinculis.  Deinde 
admonens  ipsum  vitae  corrigendae  (cuiusmodi  adhortatio  inpos- 
terum  conscribetur)1 ,  certum  aliquem  festivum  diem  assignabit, 
quo,  postquam  praesente  sacerdote  poenitentiam  egerit,  sanctam 
eucharistiam  sit  participaturus. 

(I)  Pierre  Ier  avait  une  telle  estime  de  ses  Évêques  qu'il  ne  les  croyait  pas  même 
capables  de  composer  un  discours  ni  d'improviser  une  exhortation,  et  voilà  pour- 
quoi il  est  dit  ici  qu'on  pourra  rédiger  plus  tard  l'exhortation  stéréotj'pée  que 
l'Évêque  doit  adresser  à  l'excommunié  repentant.  (Voir  plus  loin  :  De  la  visite 
pastorale,  n°  3,  p.  93.) 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES   ÉVÈQUES. —  DE   l'ANATHEME  83 

Mais  si  l'excommunié ,  au  lieu  de  se  repentir,  ose  mépriser 
ranathème  de  l'Église,  ou  causer  quelque  préjudice  soit  à  ГЕ- 
vèque  soit  à  d'autres  membres  du  clergé,  l'Évêque  en  informera 
alors,  par  un  rapport,  le  Collège  Ecclésiastique,  et  le  Collège, 
après  avoir  examiné  la  vérité  de  la  chose,  s'empressera  de 
réclamer  le  jugement  de  l'autorité  civile  respective  S  ou  bien 
celui  de  Sa  Majesté  Tsarienne  elle-même. 

La  seule  chose  que  le  Collège  prescrira  avec  la  plus  grande 
instance  aux  Évêques,  c'est  que,  soit  en  excommuniant,  soit  en 
absolvant  de  l'excommunication,  ils  n'agissent  pas  en  vue  de 
leur  propre  avantage  ni  de  tout  autre  intérêt  particulier,  mais 
que,dans  une  affaire  aussi  grave,  «  ils  ne  cherchent  point  ce  qui  est 
à  eux,  mais  ce  qui  est  à  Jésus- Clwist.  »  (Philip.,  n,  20.) 

Une  telle  manière  de  procéder  en  cette  affaire  est  canonique, 
conforme  à  la  parole  divine  et  à  l'abri  de  tout  soupçon*. 

Si  vero  rejectaneus  ille  nullam  a  gens  poenitentiam,  ausit  insuper 
anathema,  quo  ab  Ecclesia  est  percussus,  convitiis  proscindere, 
Episcopo  injurias,  aut  aliis  ex  clero,  inferre,  Episcopus  tune  tem- 
po-ris per  supplices  literas  rem  ad  spirituale  Collegium  delaturus  est. 
Collegium  demum  explorata  veritate,  a  saeculari  potestate,  cui  ille 
rejectaneus  est  subordinatus l,  aut  etiam  ab  IPSA  REGIA  MAJESTATE 
instanter  flagitabit,  ut  jure  in  illum  animadvertatur. 

Id  tamen  spirituale  Collegium  quam  maxime  Episcopis  mandato 
inculcabit,  ne  illi  tam  anatbematis  vibrandi,  quam  solutionis  im- 
pertiendae  causam,  quae  illorum  quaestum  ,  aut  aliud  peculiare 
commodum  redoleaf,  comminiscantur  ;  nec  in  tam  magni  momenti 
negotio,  ts.  quae  sua  suntsed  quae Domini  Jesu,  quaerant.  »(Philip.,n,  20.) 

Eiusmodi  istius  negotii  processus  est  legitimus,  Dei  verbo  conso- 
nus,  nec  suspicioni  obnoxius 2. 

(1)  En  Russie,  l'appui  de  l'autorité  civile  du  lieu  est  toujours  assuré  aux  Évêques 
et  aux  prêtres  dans  l'exercice  des  droits  qui  leur  sont  reconnus  par  la  loi.  Le  Code 
russe  contient  de  nombreuses  dispositions  à  cet  égard.  Voir  surtout  dans  le  tome  XIV 
les  prescriptions  destinées  à  prévenir  et  à  extirper  les  délits  contre  la  foi  :  О 
предупреждена  п  преебчепш  нреступлешй  протнвь  в-Ьры. 

(2)  Elle  serait  tout  cela,  en  effet,  si  une  clause  y  manquait.  Pierre  I"  était  doué 


84  DEUXIÈME  PARTIE. AFFAIRES   SPECIALES 

Jusqu'ici  nous  avons  parlé  de  l'anathème  ou  malédiction,  qui 
est  un  châtiment  comparable  à  la  mort.  En  effet,  par  l'anathème, 
un  homme  est  retranché  du  corps  mystique  de  Jésus-Christ, 
c'est-à-dire  de  l'Église,  et,  dès  lors,  il  cesse  d'être  chrétien  et  n'a 
plus  de  part  à  l'héritage  d'aucun  des  biens  qui  nous  ont  été  acquis 
par  la  mort  du  Sauveur.  C'est  ce  qui  est  manifeste  par  ces  paroles 
divines  :  a  Qu'il  soit  pour  vous  comme  un  païen  et  un  publicain;  » 
(Matth.,  xvni,17.)  ail  faut  que  cet  homme  soit  livré  à  Satan;)) 
(ICor.,  v,  5.)  et  autres  semblables  1. 


Diximus  de  anathemate,  seu  execratione,  quae  est  extrema  diris 
devotio.  Poena,  quae  morti  assimiletur  ;  quoniam  homo  anathemati 
innodatus,  prorsus  a  mystico  Christi  corpore,  id  est,  ab  Ecclesia 
rescinditur,  nec  ultra  audit  Christianus,  cum  sit  exbaeres  omnium 
morte  Salvatoris  nobis  acquisitorum  bonorum.  Id  enim  illa  verba 
Dei  sonant:«  Sittibi  ut  ethnicus  et publicanus  ;  »  (Matth.,  xvni,  17.)  et 
«  oportet  talem  tradere  Satanae  ;  »  (I  Cor.,  v,  5.)  caeteraque  borum 
similia  l . 

d'un  instinct  admirablement  sûr  pour  découvrir  tout  ce  qui,  dans  l'Eglise,  pouvait 
nuire  à  l'accomplissement  de  ses  plans.  Ainsi  voulut-il  bien  laisser  à  ses  Évêques 
le  glaive  spirituel,  mais  à  la  condition  qu'ils  ne  pussent  s'en  servir  avant  d'en  avoir 
obtenu  ala  permission  par  écrit  du  Synode  de  Saint-Pétersbourg.»  V.  plus  haut  p.  78. 
Toute  l'antiquité  chrétienne  proteste  contre  cette  restriction  mise  par  le 
«  Règlement  »  à  l'exercice  d'un  droit  propre  des  Évêques.  Nous  citerons  à  ce 
propos  un  auteur  vraiment  à  l'abri  de  tout  soupçon,  Mgr  Macaire,  Evêque  de  Vin- 
nitza  et  Recteur  de  l'Académie  ecclésiastique  de  Saint-Pétersbourg.  «  L'Évêque,  dit 
i)  Mgr  Macaire,  doit  surveiller  dans  son  diocèse  l'exécution  des  lois  divines  et  des 
»  commandements  de  l'Église.  C'est  lui  qxii-particulièrement.  et  surtout  a  le  droit  de 
»  lier  et  de  délier  suivant  les  Règles  des  Apôtres,  les  décrets  des  Conciles  et  le 
n  témoignagne  unanime  des  anciens  docteurs  de  l'Église.  C'est  pourquoi  les  hom- 
»  mes  apostoliques  pressèrent  avec  tant  de  force  les  fidèles  d'obéir  à  l'Évêque.  » 
(Théologie  dogmatique  orthodoxe,  traduite  par  un  Russe,,  Paris,  Cherbuliez,  1859-60. 
tome  II,  §  174,  p.  207.)  Ces  paroles  du  prélat  russe.se  passent  de  commentaires. 

(1)  Nous  terminerons  cet  argument  de  l'anathème,  en  rappelant  une  excommunica- 
tion qui  appartient  exclusivement  à  l'Église  russe. 

«  On  doit  reconnaître  comme  n'appartenant  pas  à  .l'Église  du  Christ  (dit 
»  Mgr  Macaire)...  tous  ceux  que,  en  vertu  du  droit  qu'elle  a  reçu  du  Seigneur  de 
»  lier  et  de  délier,  l'Église  trouve  nécessaire  de  séparer  de  la  société  des  croyants, 
»  (Matth.,  xvnt,  17,  18.)  comme  elle  le  fait  jusqu'à  présent.  «(Voir  le  Rituel  pour  le  jour 
de  l'orthodoxie.  Op.  cit.,  tome  II.  g  168,....  p.  235).—  Ce  Rituel,   dontle    titre   russe  est  : 


§§.  1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVÈQUES.  —  DE  L'iNTERDIT  85 

{De  Г  interdit.) 
Mais  il  y  a  dans  l'Église  une  punition  moindre,  appelée  sépa- 

(De  interdicto.) 
Habet  etiam  sancta  Ecclesia  leviorem  poenam,  quae  est  tempo- 

ПосЛ'вдоваше  ъъ  педелю  православ1я,  contient,  en  effet,  la  liste  de  ceux  qui  ipsofacto, 
et  sans  besoin  de  permission  par  écrit  du  Synode  sont  «  séparés  de  la  société  des 
croyants  »  et  «  doivent  être  reconnus  comme  n'appartenant  pas  à  l'Eglise  du 
Christ.  »  —  «Suivant  l'Écriture  sainte,  y  est-il  dit,  et  les  traditions  delà  primitive 
»  Église,  nous  interdisons  ceux  qui  s'opposent  à  la  vérité  de  la  révélation  divine 
»  et  leur  disons  anathème  (отлучаемъ  п  анавематствуемъ). 

»  A  ceux  qui  nient  l'existence  de  Dieu  etc.,  anathème,  anathème,  anathème. 

»  A  ceux  qui  diseflt  que  Dieu  n'est  pas  esprit  mais  chair,  etc.,  anathème,  anathème, 
»  anathème. 

»  ...  A  ceux  qui  rejettent  les  Conciles  des  saints  Pères,  etc.,  anathème,  anathème, 
»  anathème. 

r>  Л  ceux  qui  pensent  que  les  Souverains  orthodoxes  ne  sont  point  élevés  au  trône  par 
»  suite  d'une  bienveillance  particulière  de  Dieu  à  leur  égard;  et  que,  lors  de  l'onction 
y>  (du  sacre),  les  dons  du  Saint-Esprit  ne  sont  point  infusés  en  eux  pour  l'accomplissement 
»  de  leur  grande  vocation;  et  ainsi  osent  se  soulever  contre  eux  et  se  révolter  ?tels  que 
»  Grichka,  Otrepieff,  Ivan  Mazeppa  et  autres  semblables  :  anathème,  anathème, 
»  anathème. 

»  A  ceux  qui  insultent  et  blasphèment  les  saintes  images,  etc.,  anathème, 
»  anathème,  anathème.  »  (Op.  cit.,  édition  de  Moscou,  1850,  pp.  7-8;  King.  Gebrailche, 
etc.,  p.  375;  Rajewski.  Euchologion  der  orthodoxen  katholischen  Kirchë.  Wien,  1861, 
T.  III,  p.  13G.) 

L'anathème  concernant  l'infusion  des  dons  du  Saint-Esprit  dans  les  Souverains 
orthodoxes  date  du  remaniement  de  l'Office  de  l'orthodoxie  qui  eut  lieu  par  ordre  de 
Catherine  II.  C'est  la  Souveraine  qui  s'appelait  en  même  temps  ci  favorite  de  Voltaire  » 
et  «  chef  de  l'Église  grecque  »  et  qui,  en  cette  dernière  qualité,  eût  a  baisé  de  bon 
cœur  cette  main  (de  Voltaire)  qui  a  écrit  tant  de  belles  choses  et  tant  de  vérités 
utiles...  »  et  s'écriait:  «Oh!  que  j'aime  les  écrits  de  Voltaire!  il  n'y  a  rien  de 
mieux  selon  moi.  »  —  Voltaire  qui,  «  du  fond  de  son  néant  et  avec  adoration  de 
latrie...  baisait  en  toute  humilité  et  avec  la  plus  sincère  dévotion  les  pieds  de 
Catherine  II,  la  seule  chose  de  grand  qu'il  y  eût  en  Europe,  bénie  entre  toutes 
les  femmes,  ...  Notre-Dame  de  Saint-Pétersbourg,  etc.,  etc.  »  Voltaire,  en  même 
temps  qu'il  se  disait  a  fidèle  a  l'Église  grecque  la  seule  catholique,'  la  seule 
véritable»  ne  manquait  pas  d'assaisonner  sa  correspondance  d'ignobles  blasphèmes, 
et  Catherine  lui  répondait  de  façon  à  ne  point  l'en  décourager.  —  Enfin,  pour  en 
revenir  à  l'infusion  des  dons  du  Saint-Esprit  dans  les  Souverains  orthodoxes,  voici 
en  quels  termes  le  Tsarine  orthodoxe  parle  à  Voltaire  du  vrai  sacrement  de  la 
Confirmation,  par  lequel  les  dons  du  Saint-Esprit  sont  véritablement  infusés  dans 
nos  âmes  et  qui,  dans  l'Église  grecque,  est  conféré  immédiatement  après  le  Baptême. 


86  DEUXIEME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

ration  ou  interdit1.  C'est  lorsque  l'Église  ne  livre  pas  publique- 
ment un  pécheur  à  Fanathème  ni  ne  le  chasse  hors  du  troupeau 
du  Christ,,  mais  seulement  l'humilie,  lui  défendant  de  s'associer 
aux  fidèles  dans  les  prières  publiques,  ne  lui  accordant  point  l'en- 
trée dans  le  temple  de  Dieu  et  lui  interdisant,  pendant  quelque 
temps,  la  participation  aux  saints  mystères.  En  un  mot,  par 
l'anathème  on  devient  semblable  à  un  homme  privé  de  la  vie; 
par  l'interdit  on  devient  semblable  à  un  homme  mis  en  prison. 
Il  existe  des  exemples  de  ces  deux  châtiments,  du  grand  et 
du  moindre,  dans  les  Conciles  de  l'Église,  où  Ton  prononce 
l'anathème  contre  les  hérétiques,  tandis  que  les  transgresseurs 
des  canons  sont  punis  de  l'interdit 2. 


raria  excommunicatio,  qiiae  interdicto  alias,  seu  exclusio  ab  Eccle- 
sia  ad  constitutum  tempus,  dicitur  l.  Нас  quidem  utitur  Ecclesia, 
ubi  peccatorem  non  adjudicat  solemnissimae  illi  execrationi,  nec 
Christi  grege  penitus  exturbat,  sed  humiliât  ipsum  per  tempora- 
riam  separationem  a  fidelium  in  commune  orantium  communione, 
prohibet  eum  templorum  Dei  aditu,  et,  quo  minus  per  certum  ali- 
quod  tempus  sanctorum  sacramentorum  sit  particeps,  interdicit. 
Ut  verbo  dicam  :  anathemate  percussus  homo  ad  mortuum,  separa- 
tus  vero,  ad  carceri   inclusum  proxime  accedit. 

Utriusque  tam  gravions,  quam  levions  poenae  exempla  ex  eccle- 
siasticis  peti  possunt  Conciliis  quorum  decreto  Haeretici  quidem 
diris  devoventur ,  canonum  vero  synodicorum  trangressoribus 
poena  separationis  irrogatur2. 

«  Comme  chef  de  l'Eglise  grecque,  je  ne  puis  en  bonne  foi  vous  laisser  dans  l'erreur  sans 
w  vous  reprendre... L'Église  grecque  ne  rebaptise  point. ..La  grande  duchesse,  après  avoir 
»  prononcé  en  langue  russe  la  profession  de  foi  orthodoxe,  a  été  reçue  dans  l'Eglise  au 
»  moyen  de  quelques  signes  de  croix  avec  de  l'huile  odoriférante,  qu'on  lui  a  administrée 
»  en  grande  cérémonie  ;  ce  qui  chez  vous,  comme  chez  nous,  s'appelle  Confirmation.  A 
»  cette  occasion  on  impose  un  nom,  mais  sur  ce  dernier  point  nous  sommes  plus  chiches 
»  que  vous  qui  en  donnez  par  douzaines  ;  ici  on  n'en  prend  qu'un  seul  et  cela  nous 
»  suffit.  Vous  ayant  mis  au  fait  de  ces  choses  importantes,  je  continué  de  répondre  à 
»   votre  lettre, etc.  (Correspondance  de  Catherine  II avec  Voltaire.  Lettre,  du  27  déc.  1У73  -. 

(1)  En  russe  :  отлучеше  или  запрещете.  Voir  p.  74,  note.  17jany.  774. 

(2)  Ce  n'est  point  sans  difficulté  qu'on  peut  suivre,  dans  les  documents  de  l'Eglise 


§§.   1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVÈQUES.  —  DE  i/lNTERDIT  87 

Les  fautes  qui  méritent  le  moindre  de  ces  deux  châtiments, 
c'est-à-dire  l'interdit,  sont  toutes  les  fautes  graves  et  publiques, 
mais  ne  constituant  point  des  péchés  publics  aussi  graves  que 
ceux  dont  nous  avons  parlé  plus  haut ,  par  exemple  :  si  quelqu'un 
vit  publiquement  dans  le  désordre  ou  si,  depuis  longtemps,  il 
n'intervient  plus  aux  offices  divins  ou  si,  ayant  publique- 
ment offensé  et  outragé  un  personnage  respectable,  il  ne  lui  en 
demande  point  pardon.  Dans  ces  cas  l'Évèque,  ou  par  lui-même, 
ou  par  le  confesseur  (du  coupable  L  ),  engagera  d'abord  celui-ci  à 


Causa,  quae  leviore  poena,  id  est,  temporanea  separatione  luitur, 
consistit  in  aliquo  gravi  et  aperto  flagitio,  non  tamen  in  ipsa 
maxima  et  enormi  impietate,  de  qua  supra  diximus.  Exempli  gratia: 
Si  quis  multa  et  quidem  sciens  prudensque  contra  fas  et  jus  faciat, 
diutius  publicum  divinorum  in  Ecclesia  officiorum  exercitium  de- 
vitet,  aperta  injuria  honestum  hominem  quidem  afficiat,  ut  tamen 
sibi  culpa  remittatur,  non  curet.EiusmodipeccatoresEpiscopus  pro- 
pria frétais  potestate,  vel  sacerdote,  qui  a  confessionibus  sit1,  inter- 
primitive, l'histoire  des  mots  employés  pour  dénoter  les  censures  ou  peines  ecclé- 
siastiques. Bornons-nous  à  remarquer  que  tandis  que  le  mot  àvââzjj.'X,  anathème 
indiqua  d'assez  bonne  heure  l'exclusion  totale  et  formelle  de  l'Eglise,  il  fallut  plus 
longtemps  avant  que  les  expressions  àxowwv7]<r£a  (lat.  excommunicatio)  et  àcpoptor(x6ç, 
(lat.  segregatio,  separatio),  fussent  employées  généralement  dans  un  même  sens 
déterminé.  Parfois  elles  correspondent  à  Yanathème,  parfois  elles  dénotent,  d'une 
manière  générale  toute  sorte  de  pénitence  ecclésiastique  ,  celle-ci  n'étant,  en  effet, 
qu'une  séparation  ou  excommunication  à  plusieurs  degrés;  plus  souvent  enfin  elles 
dénotent  l'interdit,  c'est-à-dire  cette  excommunication  partielle  dont  nous  parlons, 
laquelle,  tout  en  privant  le  coupable  de  quelques  biens,  —  surtout  de  la  partici- 
pation à  l'Eucharistie,  —  ne  le  retranche  pourtant  pas  encore  du  corps  de  l'Église. 
Les  actes  du  Ier  Concile  œcuménique  de  Nicée  (a.  325)  nous  montrent  déjàl'àv<&5c[j.a 
prononcé  contre  les  hérétiques  à  la  fin  du  Symbole,  tandis  que,  dans  le  5e  canon, 
on  déclare  àxotvwvrjxot  ou  interdits  (litt.  ex-çommunicati);  ceux  qui  ont  manifestement 
péché  contre  leur  Évêque.  (V.  Héfélé  op.  cit.  tome  Ier  pp.  285  et  376.  Pitra.  op.  fit. 
tome  Ier  pp.  437  et  429.) 

Nous  nous  permettons  d'exprimer  ici  l'avis  qu'un  bon  traité  manuel  de  la  forma- 
tion du  langage  ecclésiastique,  mis  à  la  portée  de  tout  le  monde,  rendrait  de  grands 
services  non  moins  à  la  science  qu'à  la  religion  elle-même.  Beaucoup  d'objections, 
occasionnées  par  des  textes,  disparaîtraient  aussitôt,  si  l'on  se  rendait  un  compte 
exact  du  sens  qu'attachaient  aux  mots  leurs  auteurs. 

(1)  Nous  croyons,  d'après  le  contexte,  que  le  confesseur  dont    il   est  ici  question 


88  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

montrer  publiquement  son  repentir  ;  s'il  se  refuse,  quoique  sans 
montrer  ni  un  grand  orgueil  ni  du  mépris,  l'Évèque  pourra 
l'humilier  par  l'interdit,  sans  toutefois  faire  annoncer  la  chose 
solennellement  par  le  protodiacre,  mais  seulement  écrivant  sur 
un  bout  de  papier1  la  faute  du  coupable  et  la  sentence  d'interdit. 
Pour  ceci,  FÉvêque  n'est  point  obligé  de  demander  l'appro- 
bation du  Collège  Ecclésiastique,  mais  il  peut  agir  librement  et 
avec  autorité,  pourvu  que  ce  ne  soit  pas  avec  passion  mais 
avec  maturité  et  diligence.  Et  s'il  lui  arrivait  d'interdire  quel- 
qu'un qui  ne  le  méritât  point,  et  que  celui-ci  en  appelât  au 


nuntio  usus,  increpat ,  ut  publicam.  a  gant  poenitentiam.  Si  vero 
morigeri  non  fuerint,  quanquam  superbiam  contumaciamque  dissi- 
mulent, potest  eos  refrenare  segregans  a  populo.  Nec  opus  est  illa 
per  Protodiaconum  famosa  promulgatione ,  sufficit  una  exigua 
chartula1,  quae  culpam  praevaricatoris  et  consecutam  ségrégation i s 
poenam  complectatur. 

Ad  eiusmodi  negotium  exequendum,  non  est  opus,  ut  Episcopus 
per  literas  impetret  a  spiritual!  Collegio  facultatem,  ipse  proprio 
arbitrio  et  jure  fruitur.  Danda  est  opéra,  ut  diligenter  in  causam 
inquisiturus  affectu  non  laboret  j  alioquin  insons  segregatus    pro- 

est  celui  du  coupable,  et  non  point  un  confesseur  quelconque.  L'allemand  :  «  durch 
den  Beicht-Vater  »  l'insinue  clairement. 

(1)  En  russe  :  въ  малой  хартпик1>  (exigua  chartula).  Nous  ne  saurions  dire  si  ce 
détail,  concernant  la  dimension  du  papier,  est  purement  accidentel  ou  s'il  avait 
une  raison  quelconque  dans  l'esprit  des  auteurs  du  «  Règlement.  » 

Nous  ne  saurions  dire  non  plus  si  le  bout  de  papier  qui  porte  la  sentence  de 
l'interdit,  de  même  que  la  feuille  portant  la  sentence  d'excommunication  d'après  la 
formule  rapportée  plus  haut,  sont,  ou  non,  exemptés  du  droit  de  timbre  dont  les 
successeurs  de  Pierre  Ier  ont  frappé  les  écritures  de  l'Eglise  orthodoxe  de  Russie.  — 
En  Russie,  on  le  sait,  les  affaires  ecclésiastiques  se  traitent  en  papier  timbré  de 
quatre  catégories  :  de  15  kopèkes  (0,60  c).  de  30  kop.  (I  fr.  20  c),  de  60  kop. 
(2  fr.  40  c),  et  de  90  kop.  (3  fr.  60  c).  Les  canons  du  Statut  'des  douanes 
(Св.  Зак.  t.V.  Уст.  о  пош.шнахъ  art,  28,  29,  30,  52,  55, 99)  fixent  avec  soin  la  catégorie 
des  actes  et  écritures  ecclésiastiques  d'après  le  montant  des  kopèkes  requises  pour 
le  timbre.  Il  y  a  même  des  cas  où  le  gouvernement  renonce,pour  l'avantage  des  fidèles, 
à  son  droit  de  timbre,  (Ib.  art.  109  et  117.)  Touchant  exemple  de  l'accord  des  deux 
pouvoirs  en  Russie. 


§§.    1-3.    DEVOIRS  DES  EVEQUES.  89 

Collège,  l'É\êque  sera  puni  selon   que  jugera  le   Collège  Ecclé- 
siastique *. 

XVII.  Nous  avons  dit  plus  haut,  au  №  VIII,  que  l'Évêque  doit 


vocabit  ad   spiritualis  Collegii  judicium;  proinde  Episcopus  pro 
arbitrio  spiritualis  Collegii  a  poena  non  erit  immunis  l. 

XVII.  Diximus  quidem  supra,  sub  №  VIII,  Episcoporum  interesse, 

(1)  Disons,  pour  conclure  cette  matière,  que  la  pénitence  ecclésiastique  occupe 
dans  la  législation  russe  une  place  bien  distincte.  Les  laïques  y  sont  soumis  aussi 
bien  que  le  clergé,  et  il  est  même  des  cas  où  les  tribunaux  civils  doivent  renvoyer 
le  coupable  aux  tribunaux  ecclésiastiques.  Suivant  la  nature  des  délits,  la  pénitence 
ecclésiastique  est  jugée  suffisante,  ou  bien  lui  vient  s'adjoindre  une  peine  pronon- 
cée par  les  tribunaux  civils.  Le  lecteur  qui  voudrait  étudier  cette  matière  trouvera 
dans  l'Indicateur  alphabétique  (Алфавитный  Указатель)  du  Code,  à  l'art.  Pénitences 
ecclésiastiques  (Церковпыя  Наказашя),  d'exacts  renvois  aux  articles  du  Gode  qui  s'y 
rapportent,  et  dans  le  Gode  les  renvois  aux  lois  in  extenso  de  la  Collection  com- 
plète ,  etc.  (11олп.  Собр.  Зак.)  De  plus,  il  trouvera  dans  la  table  alphabétique 
du  Кнпга  Правплъ  ou  Livre  des  canons  (le  moderne  Кормчая  Книга  ou  Corpus 
juris  canonici)  à  l'art,  епитюия  les  prescriptions  canoniques  relatives  aux  degrés 
de  la  pénitence.  Nous  croyons  utile  de  citer  ici  l'art.  191  du  Code  pénal  (Св.  Зак. 
Уголовиыхъ  Кн.  IL)  où  sont  indiqués  les  cas  dans  lesquels  les  laïques  tombent  sous 
l'autoritéjudiciairederÉvèque.  (Св.  Зак.  t.  XV.  Продолжение  1  863,p.57,etédit.l866.) 

«  Tombent  sous  la  juridiction  exclusive  des  tribunaux  ecclésiastiques  les  laïques 
v  coupables  de  délits  pour  lesquels  les  lois  prescrivent  directement  la  pénitence 
»  canonique  ou  bien  le  renvoi  aux  autorités  ecclésiastiques,  à  savoir  :  —  l'apostasie 
»  de  la  foi  orthodoxe  ou  de  toute  autre  foi  chrétienne  pour  embrasser  une  religion 
»  non  chrétienne  (Улож.  о  Наказ.  Art.  201); —  l'apostasie  de  la  foi  orthodoxe  pour 
»  embrasser  une  autre  confession  chrétienne  (ib.,  art.  206);  —  l'apostasie  de  la  foi 
»  orthodoxe  pour  embrasser  une  hérésie  quelconque  (ib.,  art.  216,  nu  4) ;  —  la 
»  transgression  des  lois  ecclésiastiques  par  ceux  qui  ont  embrassé  la  foi  orthodoxe 
»  (ib.,  art.  230);  —  l'eloignement  de  la  part  des  Orthodoxes,  des  sacrements  de  la 
»  confession  et  de  la  communion  (ib.,  art.  231);  —  la  cohabitation  illégale  d'un 
»  homme  nori  marié  avec  une  femme  non  mariée  (ib.,  art.  1344);  —  l'adultère  de 
»  personnes  jointes  en  mariage,  lorsque  nulle  plainte  n'a  été  portée  à  ce  sujet,  mais 
»  le  fait  a  été  découvert  dans  la  poursuite  de  toute  autre  affaire  (ib.,  art.  2150);  — 
»  la  contrainte  exercée  par  des  parents  orthodoxes  sur  leurs  enfants  pour  les 
»  obliger  à  se  marier  ou  à  embrasser  l'état  ecclésiastique  (ib.,  art.  2 157); — finalement, 
»  l'inceste  dans  les  degrés  d'affinité  et  de  consanguinité  dans  lesquels,  d'après  les 
»  lois  ecclésiastiques  il  ne  peut  y  avoir  de  mariage  (ib.,  art.  2169).  » 

Avant  1861,  époque  de  l'émancipation  des  serfs,  tombait  aussi  sous  l'autorité 
judiciaire  de  l'Évêque  «  l'abus  d'autorité  de  la  part  du  seigneur  pour  contraindre 
un  serf  à  se  marier  ou  à  embrasser  la  profession  religieuse  (ib.,  art.  1979).  »  — 
Voir  Св.  Зак.  éd.   1857,  tome  XV,  Kh.II,  p.  154.) 


90  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

examiner  si  les  prêtres,  les  moines,  etc.,  de  son  Éparchie,  ob- 
servent les  règles  auxquelles  ils  sont  tenus,  et  qu'il  doit  garder  à 
cet  effet  des  Fiscaux  ecclésiastiques.  Cela  ne  suffit  pourtant  pas, 
attendu  que  ces  Fiscaux,  soit  par  déférence  envers  leurs  bienfai- 
teurs, soit  qu'ils  reçoivent  quelque  rétribution,  ont  coutume  de 
cacher  beaucoup  de  choses;  c'est  pourquoi  il  faut  que  l'Évêque, 
une  fois  par  an,  ou,  du  moins,  une  fois  tous  les  deux  ans  fasse  le 
tour  de  son  Éparchie  et  la  visite.  Et  en  cela,  sans  parler  de  beau- 
coup d'autres,  nous  est  d'un  grand  exemple  l'apôtre  saint  Paul, 
ainsi  qu'on  le  voit  par  les  Actes  des  Apôtres, (xiv,  21,  22;xv,  36.)  et 
par  ses  lettres  l.  (Rom.,  i,  11, 12;  I  Corinth.,  iv,12;  I  Thessal.,  ш, 
2,  10.) 

Et  afin  que  cette  visite  réussisse  mieux,  on  doit  garder  les 
règles  suivantes  : 

(de  la  visite  pastorale.) 
1.  La  saison  d'été  paraît  plus  propre  à  cette  visite  que  l'hiver: 


habere  de  clero  annotatores,  quibus  ad  Presbyteros  et  Monacbos, 
utrum  lii  mandata  sibi  injuncta  exequantur?  per  dioecesim  explo- 
randos  utatur.  Cum  tamen  annotatores  illi  non  sunt  satisfacturi, 
quippe  qui  officiis  benefactorum  devincti,  vel  muneribus  corrupti, 
multa  silentio  supprimant,  idcirco  Episcopo  singulis  annis_,  vel 
saltem  per  biennium  sua  dioecesis  semel  est  peragranda.  Praeter 
alios  multos,  notabile  Apostolus  Paulus  huic  praeivit  exemplum, 
prout  ex  Actorum  xiv,  21 ,  22  ;  xv,36  ;  Rom.,  1, 11,  12;  I  Corinth., 
IV,  12  ;  I  Thessal.,  ni,  2,  10,  colligitur  \. 

Quo  autem   hac  peragratio,   seu  visitatio  facilius  possit    absoloi, 
seqventes  regulae  sunt  observandae  : 

(de  visitatione  pastoralt.) 
1.  Tempus  aestivum  ad  dioecesim  visitandam  commodius  esse 

(I) «  Ils  {Paul  et  Barnabe)  retournèrent  à    Lystre,  à  Icône  et  à  Antioche,  fortifiant 

»  le  courage  des  disciples,  les  exhortant  à  persévérer  dans  la  foi,  et  {leur  représentant)  que 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVEQUES. —  DE  LA  VISITE  PASTORALE     91 

car,  en  été,  soit  l'Évêque,  soit  les  églises  qu'il  visite, auront  moins 
à  dépenser  pour  la  nourriture  et  les  autres  nécessités.  En  été,  on 
consume  peu  de  bois;  on  peut  se  passer  de  foin;  le  blé,  le 
poisson  et  le  fourrage  sont  à  meilleur  marché,  et  l'Évêque  peut 
séjourner  à  la  campagne  sous  une  tente  et  à  peu  de  distance  de 
la  ville  qu'il  visite  afin  de  ne  point  grever  de  son  logement  les 
prêtres  ou  les  bourgeois  surtout  si  la  ville  est  pauvre  4 


putatur,  quam  brumale;  idque  ideo,  quoniam  minorem  sumptum  ut 
ipse  Episcopus,  ita  Ecclesiae  ab  eo  peragrandae  alimentis  aliisque 
illius  necessitatibus  impendent.  Panis,  piscis  et  avena  viliore  pretio 
comparantes,  lignorum  parum,  foeni  vero  nihil  postulatur.  Potest 
etiam  Episcopus  non  procul  ab  urbe  in  campo  sub  tentorio  aliquan- 
diu  morari,  ne  hospitio  exceptus  molestus  sit  Clericis,  aut  Civibus, 
praesertim  in  tenuis  conditionis  oppido1. 


»  с  est  par  beaucoup  de  peines  que  nous  devons  entrer  dans  le  royaume  de  Dieu.  Ayant 
»  ensuite  ordonné  des  prêtres  dans  chaque  Eglise,  avec  des  prières  et  des  jeûnes,  ils  les 
»  recommandèrent  au  Seigneur,  en  qui  ils  avaient  cru.  »  (Act.,  XIV,  21,22.) 

« Car-j'ai  un  grand  désir  de  vous  voir,  afin  de  vous   faire   part  de  quelque  grâce 

»  spirituelle  pour  vous  affermir,  c'est-à-dire,  afin  qu'étant  parmi  vous,  nous  trouvions 
»  dans  la  foi  qui  nous  est  commune  une  mutuelle  satisfaction.  »  (Rom.,  I,   11,  12.) 

« iVoM.s  travaillons  avec  beaucoup  de  peine  de  nos  propres  mains.  »  (I  Cor.,  IV,  12.) 

Il  y  a  ici,  probablement,  une  erreur  de  citation,  à  moins  que  ce  texte  n'ait  été 
cité  à  l'appui  de  la  règle  n°  1  «  De  la  visite  pastorale.  »  Le  verset  19  du  même 
chapitre  :  «  J'irai  pourtant  bientôt  vous  voir,  si  le  Seigneur  le  permet  :  je  connaîtrai 
»  alors  non  les  paroles  de  ceux  qui  s'enorgueillissent,  mais  leur  vertu  »  se  rapporte  plus 
directement   au   sujet. 

« Je  vous  envoyai  Timothée,    notre  frère  et  ministre  de  Dieu    dans    l'Evangile    de 

»  Jésus-Christ  pour  vous  fortifier  et  vous  exhorter  à  demeurer  fermes  dans  votre  foi...  Ce 
»  qui  nous  porte  à  conjurer  (Dieu)  ardemment  nuit  et  jour  de  vous  aller  voir,  afin 
»  d'ajouter  ce  qui  peut  encore  manquer  à  votre  foi.  »  (I  Thess. ,  ni,  2,    10.) 

(1)  Il  est  superflu  de  remarquer  qu'ici,  comme  ailleurs,  nous  apprécions  sincè- 
rement tout  ce  qu'il  y  a  de  sage  et  de  pratique  dans  plusieurs  prescriptions  du 
»  Règlement  и  qu'on  dirait  calquées  sur  celles  de  l'Eglise  catholique.  (V.  p.  ex- 
Conc.  Trid.  Sess.  xxiv.  De  reform..  cap.  Ш  ;  Renoit  XIV.  De  Synodo  Dioecesana, 
].  X,  etc.)  —  Il  est  également  superflu  de  remarquer  qu'il  n'entre  pas  dans  notre 
plan  de  constater,  même  d'après  les  récits  les  plus  authentiques,  si  les  prescriptions 
dont  nous  parlons  sont  celles  qui  sont  mises  habituellement  en  pratique.  Pour  cela, 
nous  renvoyons  le  lecteur  aux  écrits  sur  la  situation  du  clergé  russe,  mentionnés 
dans  l'Introduction. 


92  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

2.  Le  lendemain  ou  le  surlendemain  de  son  arrivée,  l'Évêque 
après  avoir  convoqué  tous  les  prêtres  de  lavilleetdes  campagnes, 
célébrera  la  sainte  liturgie,  à  rissue  de  laquelle,  conjointement 
avec  tous  ses  prêtres,  il  chantera  une  prière  pour  la  santé  et  le 
triomphe  du  très-puissant  Monarque,  pour  l'amélioration  et  la 
prospérité  des  Églises,  pour  la  conversion  des  rascolniques,  pour 
la  salubrité  de  Fair,  pour  Fabondance  des  fruits  de  la  terre,  etc. 
Il  sera  rédigé  un  canon  spécial  où  seront  mentionnés  tous  ces 
besoins  *. 

3.  Le  chant  de  cette  prière  achevé,  l'Évêque  adressera  au 
clergé  et  au  peuple  un  discours,  en  forme  d'instruction,  sur  la 
véritable  pénitence  et  sur  les  obligations  de  chaque  état,  particu- 
lièrement sur  celles  de  l'état  ecclésiastique,  y  ajoutant  une  exhor- 
tation aux  fidèles  afin  qu'ils  lui  exposent  les  nécessités  spirituelles, 
ouïes  cas  difficiles  de  conscience  qu'ils pourraierît  avoir,  et  aussi 


2.  Postquam  venerit  Episcopus,  secundo  vel  tertio  die,  collectis 
urbanis  et  rusticanis  sacerdotibus  sacram  missam  celebrabit  ;  hac 
absoluta  cum  omnibus  simul  preces  fundet  pro  Augustissimo 
MONARCHA ,  ut  sanitate  et  yictoriis  potiatur.  Tum  quoque  pro 
Ecclesia,  ut  bene  se  babeat,  et  in  omnibus  proficiat  ;  pro  schisma- 
ticis  convertendis,  pro  commoda  aëris  temperie,  et  terrestrium  frue- 
tuum  abundantia,  orabit.  Нас  gratia  peculiares  preces  singulis  ne- 
cessitatibus  accommodatae,  sunt  concinnandae  1. 

3.  Simul  autem  atque  sacro  officio  perfunctus  fuerit,  sermonem 
ad  sacerdotes  populumque  de  vera  poenitentia ,  atque  de  unius- 
cmusque, praecipue  E  cclesiastici  ordinis  muniis  rite  obeundis  habebit, 
monebit  insuper,  ut  si  quis  de  spiritualibus  negotiis  vult  se 
percontari,  vel  de  dubiis  conscieotiae  casibus  consulere,  vel  super 

(1)  Un  canon  pour  la  santé  et  le  triomphe  du  Tsar,  rédigé  par  Théophane 
Prokopovitch,  tiré  à  1,200  exemplaires  et  destiné  à  être  chanté  dans  les  églises, 
parut  en  effet  à  Saint-Pétersbourg ,  au  mois  de  juin  1721,  sous  le  titre  de  : 
Капопъ  молитвенный  о  многолЬтаомъ  здравш  ОлагочестивШшаго  Государя  нашего,  etc. 
—  Une  notice  assez  détaillée  sur  cette  production  de  Prokopovitch  est  donnée  par 
Pekarski,  op.  cit.  t.  II.  №  451.  pp.  503-506. 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  —  DE  LA  VISITE  PASTORALE     93 

ce  qu'ils  auraient  remarqué  d'irrégulier  dans  le  clergé  de  leur 
paroisse  l,  etc. 

Mais  comme  tous  les  Évèques  ne  sont  pas  capables  de  compo- 
ser un  beau  discours,  il  faut  qu'il  en  soit  rédigé  un  au  Collège 
Ecclésiastique,  et  les  Évêques  le  liront  dans  les  églises  qu'ils 
visitent2. 

4.  L'Évêque  pourra,  en  outre,  s'informer  secrètement  soit  du  bas 


clericorum  perfunctoria  muneris  administratione  est  certus,  haec 
omnia  et  id  genus  alia,  secum  communicet1. 

Sed  quoniam  non  quilibet  Episcoporum  tersae  cultaeque  orationis 
concinnandae  est  peritus,  ideo  spiritualis  Collegii  refert  conscribere 
lmjusmodi  homiliam,  quam  Episcopi  in  Ecclesiis  lustrandis  péro- 
rent 2. 

4.  Potest  etiam  Episcopus  inferioris  ordinis  clericos,  vel  alios,  si 


(1)  L'auteur  de  la  Description  du  Clergé  de  campagne  (Onncanie  сельскаго  духовепства) 
nous  apprend  ce  qui  suit  au  sujet  de  la  visite  pastorale  :  «  L'itinéraire  de  l'Evêque 
est  déterminé  par  les  renseignements  qu'on  lui  a  procurés  sur  les  endroits  où  se 
trouvent  les  maisons  seigneuriales  où  il  espère  être  logé.  Y  étant  arrivé,  l'Evêque 
mande  les  popes  des  environs.  Ceux-ci  arrivent  et  attendent  pendant  quelques 
heures  dans  la  pièce  des  laquais  (въ  лакейской)  jusqu'à  ce  que  Son  Eminence,  après 
s'être  entretenue  avec  tous  les  autres  visiteurs  (натолковавшись  со  всеми),  daigne 
venir  les  y  trouver,  les  embarrasser  par  ces  bienveillantes  paroles  :  «  J'apprends 
»  que  tous  les  popes  des  campagnes  sont  des  ivrognes,  des  insolents,  et  qu'ils 
»  vexent  de  toutes  les  manières  leurs  paroissiens.  S'il  m' arrive  des  rapports  sem- 
»  blables  aussi  à  votre  égard,  n'espérez  pas  de  grâce.  Songez-y  !»  —  et  les 
congédier.  Après  cela,  infortunés  prêtres  !  ainsi  accueillis  par  l'Evêque,  attendez-vous 
à  des  marques  de  respect,  je  ne  dis  pas  de  la  part  des  seigneurs,  mais  de  la  part 
de  ses  valets  et  des  paysans  delà  paroisse.  (P.   128.) 

Nous  croyons  ce  récit  fort  exagéré,  mais,  fût-il  vrai  de  tout  point,  il  ne  nous 
apprendrait  rien  de  plus  que  le  «  Règlement  ecclésiastique  »  lui-même,  dans  cette 
3e  règle  «De  la  visite  pastorale.»  A  notre  avis,  l'accueil  fait  au  clergé  dans  la 
a  pièce  des  laquais  »  ne  saurait  jeter  autant  de  discrédit  sur  les  popes  russes  que 
1  a  paternelle  exhortation  adressée  par  l'Evêque  aux  fidèles,  —  dans  l'Eglise  et  en 
présence  du  clergé;  —  d'aller  lui  exposer  ce  qu'ils  auraient  remarqué  d'irrégulier 
(пеисправлено)  dans  le  clergé  de  leur  paroisse;  et  cela,  après  que  l'Evêque  les  a  tout 
particulièrement  entretenus  des  obligations  de  l'état  ecclésiastique. 

(2)  Voir  plus  haut  :  Devoirs  des  Évêques,  n"8  III,  pp.  56-57,  XIV,  XV  (pp.  70-72)  et 
les  notes  qui  s'y  rapportent.  —  Il  y  aurait  de  quoi  remplir  un  volume  si  on  voulait 


94  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

clergé, soit  de  toute  autre  personne  capable  de  le  renseigner,  de 
quelle  manière  vivent  les  prêtres  et  les  diacres.  Et  quoiqu'on 
ne  doive  point  immédiatement  ajouter  foi  aux  dépositions  de 
chacun,  néanmoins  elles  lui  offriront  des  moyens  pour  mieux 
procéder  dans  son  inspection  et  dans  la  réforme  des  abus. 

5.  I/Évêque,  tant  qu'il  n'aura  pas  réglé  toutes  les  affaires  qui 
lui  seront  présentées,  n'invitera  personne  à  sa  table,  et,  si  on  Fin- 
vite  à  dîner  quelque  part,  il  ne  s'y  rendra  point,  de  peur  que  les 
bons  traitements  ne  le  séduisent,  et  aussi  afin  de  ne  pas  laisser 


qui  idonei  visi  fuerint,  de  sacerdotum,  et  diaconorum  vita  et  con- 
versatione,  secrëto  percontari.  Et  quamquam  non  quaevis  fidem. 
protinus  meretur  delatio,  commodior  nihilominus  inde  occasio  ad 
dispiciendum  et  corrigendum  arripitur. 

5.  Episcopus  priusquam  negotia  ad  se  delata  expediverit,  nec 
alios  ad  se  invitabit  liospites,  nec  invitatus  conferet  se  ad  convi- 
vium  ;  ne  hospitalitate  decipi  patiatur,  aut  certe  ne  concipiendae  de 

recueillir  tous  les  procédés  humiliants  et  les  marques  de  mépris  que  les  Evêques 
russes  eurent  à  essuyer  des  Tsars  depuis  Pierre  Ier,  et  il  est  triste  de  constater  que 
des  passages  où  l'on  montre  si  peu  d'estime  de  l'intelligence  des  Evêques  soient 
réimprimés,  même  de  nos  jours,  sans  le  moindre  changement.  Cependant,  il  est 
encore  plus  triste  de  constater  que  ceux  des  prélats  russes  qui,  depuis  l'institution 
du  Synode,  se-  sont  fait  un  nom  plus  célèbre  dans  la  littérature  de  leur  pays,  ne 
brillent  nullement  pour  leur  orthodoxie.  L'Eglise  catholique  qui,  étant  divine,  n'a 
besoin  de  personne,  retranche  immédiatement  de  son  sein  ceux  de  ses  membres, 
fussent-ils  considérés  comme  ses  plus  fermes  colonnes,  dont  les  doctrines  ont  cessé 
d'être  conformes  aux  siennes;  l'Eglise  russe,  au  contraire,  a  besoin  des  hommes  et 
ne  compte  que  trop  avec  eux.  Les  écrits  de  Prokopovitch  et  de  Platon  (V.  plus 
haut,  pp.  51-54,  note),  ceux  de  Théophilacte  Gorski,  Évêque  de  Kolomna  (f  1798), 
dont  la  doctrine  «sur  la  justification,  la  sanctification  et  la*  rénovation  »  est,  au 
dire  de  Strahl  (Das  Gelehrte  Russland.  Leipzig,  1828,  p.  402)  et  tout  à  fait  con^ 
forme  (gans  einstimviig)  à  la  doctrine  lutbérienne  ;»  et  ceux,  non  moins  hétérodoxes, 
de  Irénée  Falkovski,  Évêque  de  Tchiguirin  (f  1823),  sont,  de  nos  jours  encore,  cités 
avec  honneur  en  Russie,  recommandés  aux  jeunes  lévites  russes  et,  au  besoin, 
réimprimés.  (V.  sur  cet  important  sujet:  De  l'enseignement  de  la  théologie  dans  l'Eglise 
russe,  par  le  P.  Gagarin,  S.  J.  dans  les  Études  de  théologie,  etc.,  tome  I,  Paris,  1857. 
Ce  travail,  dont  les  conclusions  sont  si  accablantes  pour  l'Eglise  de  Russie,  n'est 
pourtant  encore  qu'un  premier  essai  sur  cette  matière.) 


§§1-3.  DEVOIRS  DES  ÉVEQUES.  —  DE  LA  VISITE  PASTORALE     95 

soupçonner  qu'il  juge  avec  partialité ,  d'après  le  contentement 
qu'on  lui  a  procuré. 

6.  S'il  se  présente  une  affaire  qui  réclame  beaucoup  de  temps 
soit  à  cause  de  l'absence  destémoins,  soit  pour  tout  autre  empêche- 
ment, l'Évêque,  après  en  avoir  pris  note,  en  remettra  la  suite  à 
son  retour  chez  lui.  De  cette  manière,  ne  s'arrètant  pas  trop  de 
temps  dans  un  seul  endroit,  il  lui  en  restera  assez  pour  visiter 
toute  l'Éparchie. 

7.  Si  FÉvêque  veut  inviter  quelqu'un  à  sa  table,  ce  sera  sa 
caisse  qui  fournira  à  tous  les  frais  du  traitement,  sans  qu'il  puisse 
mettre  aucune  taxe  ni  sur  le  clergé,  ni  sur  les  monastères.  Et  il 
ne  peut  s'en  excuser  sur  sa  pauvreté,  car  rien  ne  l'oblige,  mais 
il  est  entièrement  libre  de  donner,  ou  non,  des  dîners. 

8.  Il  peut  y  avoir  aussi  certaines  choses  et  certains  procédés 
soit  du  clergé,  soit  des  fidèles  des  paroisses  dont  on  dérobe  la 
connaissance  à  l'Évêque,  quoique  d'ailleurs  personne  ne  les 
ignore;  l'Évêque  s'en  informera  secrètement  et  avec  adresse. 


se  suspicioni,  quasi  lauto  exceptus  convivio  affectibus  in  judicando 
indulgeat,  fenestram  aperiat. 

6.  Ubi  causa  inquirenda  justo  diutiorem  moram,  nempe  testibus 
absentibus,  vel  alio  obstante  impedimento,  postulat,  Episcopus  infe- 
rens  eam  codicillis  differet  ad  reditum,  ut  domi  dispiciat.  Idque 
ideo,  ne  in  eodem  loco  diutius  baereat,habeatque  tempus,  quod  toti 
peragrandae  diœcesi  sufficiat. 

7.  Si  Episcopus  studeat  adornare  convivium,  ad  quod  bospites 
invitet,  totus  sumptus  ex  ipsius  impendatur  aerario,  nec  sacerdotes 
aut  monasteria  in  expensi  partem  sinat  venire,  nec  penuriam  ob- 
trudat  se  purgaturus,  utpote  non  necessario,  sed  pro  arbitrio  vo- 
caturus  bospites,  vel  missos  facturus. 

8.  Quidam  casus  et  eventus  tam  sacerdotum,  quam  plebis,  vel 
apertissimi  vulgo,  possunt  subterfugere  Episcopum,  caute  igitur  et 
secreto  ii  sunt  indagandi.  Ista  autem  non  possunt  non  in  ipsius  ve- 


96  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

Mais  il  est  une  chose  qu'on  ne  saurait  lui  tenir  cachée,  c'est  si 
le  prêtre  fait  aux  jours  de  fête  la  lecture  des  petits  livres  d'ins- 
truction, dont  nous  avons  parlé  plus  haut  *.  Si  quelqu'un  omet 
par  paresse  de  les  lire,  l'Évêque  lui  infligera,  en  présence  des 
autres  prêtres,  la  punition  qu'il  jugera  convenable. 

9.  L'Évêque  s'informera,  soit  du  clergé,  soit  d'autres  personnes, 
s'il  ne  se  commet  point  des  superstitions  dans  l'endroit,  s'il  ne  s'y 
trouve  point  de  ces  femmes  que  l'on  dit  possédées,  si  quelqu'un 
en  vue  d'un  gain  sordide,  ne  divulgue  point  de  .faux  miracles 
soi-disant  opérés  par  des  images,  ou  près  de  quelque  puits,  de 
quelque  source,  etc,  2.  L'Évêque  défendra  ces  sortes  de  friponne- 


nire  notitiam.  Doctrinales  libellos,  de  quibus  supra  verba  facieba- 
mus1,  praelegit  ne  sacerdos  festivis  diebus?  si  quis  itaque  negligens 
lectione  supersedeat,  in  hune  caeteris  sacerdotibus  praesentibus  pro 
Episcopi  arbitrio  animadvertetur. 

9.  Quantum  attinet  ad  superstitiones,  ad  pythonissas,  ad  miracula, 
quae  turpis  quaestus  causa  imaginibus,  puteis  et  fontibus,  aliisque 
locis  falso  adscribuntur 2  ;  potest  Episcopus,  non  ne  id  genus  com- 
menta tolerentur  ?  de  iis  a  sacerdotibus  et  ab  aliis  hominibus  hau- 


(1)  V.  Affaires  gén.,  n°II,  pp.  50-54  et  la  note,  et  Devoirs  des  Évêques,  n°  IX,  p.  64  et 
la  note  3e.  Assurément,  si  la  foi  s'est  maintenue  en  Russie,  c'est  qu'une  Providence 
spéciale  a  veillé  sur  ce  pays. 

(2)  V.  plus  haut  :  Aff.  yen.  n°  VI-X,  pp.  40-45  et  les  notes.  Des  devoirs  des  Évêques, 
n°  VIII,  pp.  61-63  et  les  notes. —  Deux  choses  sont  également  dignes  de  remarque  :  l'in- 
sistance avec  laquelle  Pierre  revient  sur  les  superstitions  et  l'impuissance  manifeste 
des  moyens  pris  par  lui  et  ses  successeurs  afin  de  les  déraciner.  Purger  son  Église 
de  toute  superstition,  c'était  l'idéal  de  réforme  religieuse  poursuivi  par  Pierre. 
Mais,  pour  l'atteindre,  il  ne  fallait  pas  affaiblir  la  foi.  De  nos  jours,  la  réforme 
de  Pierre  se  montre  dans  ses  derniers  et  inévitables  résultats,  une  Eglise  ayant 
perdu  sa  puissance  sur  les  âmes  ;  les  superstitions  répandues  au  point  de  faire 
de  la  Russie  le  pays  classique  de  ce  triste  phénomène  de  l'intelligence  hu- 
maine ;  la  foi  devenue  le  partage  presque  exclusif  du  bas  peuple;  chez  les  classes 
élevées,  scepticisme  ou  incrédulité  totale.  Il  y  a  des  exceptions,  nous  le  recon- 
naissons, mais  nous  serions  heureux  de  nous  rétracter  si  ce  tableau  était  par  trop 
chargé  ! 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  EVÈQUES.  —  DE  LA  VISITE  PASTORALE      97 

ries,  menaçant  d'excommunication  ceux  qui  obstinément  contre- 
viendraient à  ses  ordres. 

10.  Pour  ce  qui  concerne  la  direction  et  l'administration  des 
monastères  où  il  s'en  trouve,  l'Évèque  parviendra  mieux  à  dé- 
couvrir ce  qui  s'y  passe  s'il  s'en  enquiert  auprès  du  clergé  et  des 
laïques  des  villes  et  des  villages  voisins,  plutôt  que  dans  les 
monastères  eux-mêmes. 

11.  Et  afin  que  l'Évèque  n'oublie  rien  de  ce  qu'il  doit  exami- 
ner dans  les  églises  et  dans  les  monastères  qu'il  visite,  il  aura 
avec  lui  une  copie  des  obligations  des  moines  et  des  prêtres 
telles  que  nous  allons  les  exposer  plus  loin1. 

12.  L'Évèque  devra,  en  outre,  donner  à  ses  serviteurs  l'ordre 
sévère  de  se  conduire  convenablement  et  avec  sobriété  dans  les 
villes  et  les  monastères  visités,  n'y  faisant  point  de  scandale  et 
surtout  ne  sollicitant  point  des  moines  ou  des  popes  plus  d'ali- 
ments, de  boisson  et  de  fourrage  qu'il  ne  leur  en  faut;  à  plus 


rire  notitiam,  et  ejusmodi  abusum  prohibens  pertinacibus  praevari- 
catoribus  anathema  minabitur. 

10.  Quomodo  diriguntur,  et  quomodo  se  habent  Monasteria? 
facilius  est  percontari  a  proximorum  oppidorum  et  villarum  sacer- 
dotibus  et  incolis,  quam  ex  ipsis  monasteriis  expiscari. 

11.  Episcopi  est,  regalas  officia  Monachorum  et  Sacerdotum, 
inferius  descripta  *■",  complectentes  secum  circumferre,  idque  eo 
consilio,  ne  oblivioni  tradat  ea,  quae  in  Ecclesiis  visendis  sunt  ob- 
servai! da. 

12.  Maximopere  refert  Episcopi  tam  inculcare  servis  suis,  ut  in 
oppidis  et  in  monasteriis,  ad  quae  ventum  erit,  boneste  se  et  sobrie 
gérant,  quam  eos.  a  praebendis  offendiculis,  maxime  vero  ab  extor- 
quendo  per  vim  a  Monaclii-  et  a  Sacerdotibus  copiosiori,  quam  opus 
est,  cibo,   potu  et  equorum  pabulo  deterrere  ;  tantum  abest,  ut  ra- 

(l)  Ces  obligations  des  moines  et  des  prêtres,  exposées  en  détail;  forment  le 
Supplément  du  «  Règlement  ecclésiastique.  » 

7 


98  DEUXIEME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

forte  raison  les  mcnacera-t-il  d'un  rude  châtiment  s'ils  osent  voler. 
C'est  que,  généralement,  les  serviteurs  des  prélats  sont  des  ani- 
maux voraces,  lesquels,  quand  ils  voient  que  leur  maître  est  puis- 
sant, se  précipitent  au  pillage  avec  une  arrogance  et  une  effron- 
terie démesurées,  comme  des  Tartares. 

13.  Que  tout  Évèque,  de  quelque  rang  qu'il  soit,  simple  Évê- 
que,  Archevêque  ou  Métropolite  l,  sache,  en  outre,  qu'il  est  sou- 
mis au  Collège  Ecclésiastique    comme    à  Fautorité   pour  lai 


pinas  fieri  patiatur,  quinimo  severissimam  poenam  intentabit 
raptoribus.  Siquidem  Episcoporum  servi,  ut  plurimum  heluones,  gur- 
gites,  abdominique  suo  nati,  sicubi  suum  Dominum  intelligant 
praevalere,  cum  véhémente  arrogantia  et  impudentia,  non  secus  ac 
Tartari  in  praedam  diripiendam  agmiDe  facto  involant. 

13.  Persuasum  sibi  habeat  Episcopus,  in  quocunque  tandem  di- 
gnitatis  gradu  fuerit  collocatus,  sit  ne  Episcopus  tantum,  an  Archi- 
episcopus,  an  denique  Metropolitanus1,  se  spiritualiCollegio,  utpote 

(1)  On  serait  dans  l'erreur  si  on  attachait  maintenant  aux  titres  d'Archevêque  et 
de  Métropolite,  appliqués  à  des  prélats  russes,  la  même  signification  que  ces  mots 
ont  dans  le  langage  de  l'Église  catholique.  Là  où  il  n'y  a  pas  de  provinces  ecclé- 
siastiques il  ne  peut  y  avoir  ni  Archevêques,  ni  Métropolites  proprement  dits- 
Or,  à  partir  de  Pierre  Ier,  les  provinces  ecclésiastiques  n'existent  plus  en  Russie  ou, 
pour  mieux  dire,  toute  la  Russie  ne  forme  plus  qu'une  seule  vaste  province  ecclé- 
siastique ayant  à  sa  tête  le  Synode.  Les  titres  dont  nous  parlons  devinrent,  par 
conséquent,  des  titres  purement  honorifiques,  et,  de  plus,  par  une  discipline  qui 
est  propre  exclusivement  à  la  Russie,  ils  cessèrent  d'être  inhérents  au  siège  pour 
n'être  accordés  qu'à  la  personne  et  c'est  le  Tsar  qui  se  réserve  de  les  conférer  aux 
Evêques  far  manière  de  récompense,  tout  juste  comme  les  ordres  de  chevalerie.  Il 
est  même  utile  de  remarquer,  que  l'expression  dont  on  se  sert  généralement  pour 
dénoter  la  faveur  impériale  autorisant  un  Evêque  à  prendre  le  titre  d'Archevêque  ou 
de  Métropolite,  est  la  même  dont  on  se  sert  pour  annoncer  qu'il  a  été  fait  chevalier. 
Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  on  dit  qu'il  a  été  пожаловапъ  (pron.  pojalovan\ 
«gratifié,  récompensé.»  Des  exemples  feront  mieux  comprendre  ce  que  signifient 
ces  titres  en  Russie. 

Le  célèbre  Platon  Levchin,  que  nous  avons  déjà  mentionné  (pp.  53-54,  note),  naquit 
près  de  Moscou  en  1737.  En  1770,  il  fut  sacré  Archevêque  de  Tver.  Lors  du  voyage 
de  l'Impératrice  Catherine  II,  à  Moscou,  en  1775,  Platon  l'accueillit  à  Tver  et 
l'accompagna  ensuite  à   Moscou,  où  il  fut  &  gratifié»   de    la    dignité  d'Archevêque 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  ÉvÈQUES.  —  DE  LA  VISITE  PASTORALE      99 

suprême,  et  qu'il  doit  obéir  à  ses  décrets,  dépendre  de  ses  juge- 
ments et  acquiescer  à  ses  décisions. 

En  conséquence,  s'il  arrive  qu'un  Évêque  ait  quelque  chose 
contre  un  de  ses  frères  dans  l'Épiscopat,  ayant  été  offensé  par 
lui,  il  ne  doit  pas  s'en  Venger  lui-même,  soit  en  le  calomniant 
soit  en  divulguant  ses  fautes,  quand  même  elles  seraient  réelles, 
soit  en  excitant  contre  lui  des  personnages  puissants,  ecclésias- 
tiques ou  laïques;   surtout,  il  n'osera   pas  livrer  à  l'anathème 


supremae  potestati  esse  subordinatum  mandatis  illius   obsequi,  a 
judicio  pendere,  et  decisionem  illius  ratam  habere. 

Ideo  si  quid  babeat  ad  versus  fratrem  suum  alium  Episcopum,  qui 
illum  affecit  injuria,  non  débet  ipse  ulcisci,  nec  affingendo  illi  vitia, 
nec  etiamvera  flagitia  disseminando,  nec  subornando  potentes  per- 
sonas^  spirituales  vel  saeculares,  praesertim vero  non  ansit  Episcopum 


de  Moscou  (пожалованъ  Московскими  Лр\1еппскопомь).  Lors  du  retour  de  l'Impératrice, 
des  provinces  méridionales,  en  1787,  Platon  la  reçut  à  Moscou  et  peu  après,  pendant 
la  sainte  Liturgie  dans  la  cathédrale  de  l'Assomption,  il  fut  «gratifié»  de  la  dignité 
de  Mclropolite  (по;ка.ювапь  Митропо.штомъ).  En  1811,  à  cause  de  sa  mauvaise  santé 
et  conformément  à  ce  qui  est  prescrit  dans  le  «Règlement»  (Dev.  des  Évêques,  n°  VII), 
il  demanda  à  être  déchargé  de  l'administration  de  l'Éparchie.  ce  qu'il  obtint,  car 
on  lui  donna  comme  Évêque  administrateur  le  prélat  dont  nous  allons  parler. 
Il  mourut  en  1812,  chevalier  des  ordres  de  Saint-André,  de  Saint- Alexandre 
Newski  et  même  de  Saint- Vladimir  lrc  clause,  dont  il  avait  été  pojalocan 
en  1809. 

Son  successeur,  Augustin  Vinogralski,  n'arriva  pas  à  être  Métropolite.  Né  a  Moscou 
en  1766,  il  fut  sacré  Évêque  de  Dmitroff  (siège  vicarial  dans  l'Éparchie  de  Moscou) 
en  1804.  En  1811,  il  fut  donné  comme  Évêque  administrateur  à  Mgr  Platon,  dont 
nous  venons  de  parler,  et,  après  la  mort  de  ce  dernier  (1812),  il  resta  chargé  de 
l'administration  effective  de  l'Éparchie  de  Moscou,  mais  sans  autre  titre  que  celui 
à'Evëque  de  Dmitroff.  En  1814,  et  à  l'occasion  du  séjour  du  Tsar  à  Moscou,  il  fut, 
«gratifié»  de  la  dignité  &  Archevêque,  non  encore  de  Moscou  cependant,  mais  seu- 
lement de  Dmitroff  ;  ce  fut  seulement  en  1818  que  ce  titre  lui  fut  changé  en  celui 
à! Archevêque  de  Moscou  (аерепмеповаггь  Ыосковскимъ  Арх1епнскопомъ).  Sa  mort,  sur- 
venue le  3  mars  1819,  l'empêcha  d'aller  plus  loin.  (V.  Mgr  Eugène,  Métr.  de  Kieff. 
C.ioBapbiiCTopinecKiii  обывшпхъ  въ  Poccin  писате.тхь  духовного  чина  Грско-Рос  iiicwoii 
Церкви  {Dictionnaire  historique  des  e'crivains  ecclésiastiques,  etc.),  Saint-Pétersbourg,  18 -'7, 
tome  II,  pp.  175-179,  et  tome  I",  p.  1-2. 


100  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

VÉvéque  son  ennemi  ',  mais  il  exposera  tous  ses  griefs  dans  un 
rapport  au  Collège  Ecclésiastique,  et  s'en  rapportera  à  son  juge- 
ment. 

14.  Il  s'ensuit  aussi  que  tout  Archimandrite,  Hégoumène,  Su- 
périeur de  couvent  et  Curé,  comme  aussi  tout  diacre  et  autre 
membre  du  clergé,  en  cas  qu'il  ait  été  notablement  offensé  par 
son  Évêque  en  quoi  que  ce  soit,  a  la  liberté  et  le  pouvoir  de  ré- 
clamer satisfaction  auprès  da  Collège  Ecclésiastique;  de  même 
que  si  quelqu'un  n'est  pas  content  du  jugement  de  son  Évêque, 
il  est  libre  d'interjeter  appel,  c'est-à-dire  de  porter  l'affaire  de- 
vant le  Collège  Ecclésiastique.  Et  l'Évêque  sera  tenu  de  tolérer 
cette  liberté  d'en  appeler  et  de  faire  des  suppliques  contre  lui, 
sans  y  mettre  des  entraves,  ni  menacer,  ni  apposer  les  scellés 


suum  inimicum  anathemate  percutere  l.  Sed  de  injuriis  sibi  illatis 
apud  spirituale  Collegium  conqueri,  et  ad  illius  judicium  pro- 
vocare. 

14.  Inde  hoc  etiam  sequitur  :  cuilibet  Archimandritae  vel  Hegu- 
meno,  vel  monasterii  Praeposito  et  Sacerdoti  parochiali,  immo  dia- 
conis,  caeterisque  clericis  nihil  obstare,  quo  minus  adversus  suum 
Episcopum,  si  quis  magna  affectus  fuerit  ab  eo  injuria,  conqueran- 
tur  apud  spirituale  Collegium.  Nec  minus  ii,  qui  Praesulis  judicio 
sibi  non  satisfieri  arbitrantur,  possunt  libère  ad  spiritualis  Çollegii 
judicium  provocare.  Episcopus  porro  talibus provocatoribus  etaccu- 
satoribus  id  libertatis  débet  indulgere  ;  nec  eos  coërcere,  nec  eis 


(1)  Étrange  intimation!  Livrer  à  l'anathème  ou  excommunier,  c'est  un  acte  de 
juridiction  et  qui,  par  conséquent,  ne  peut  être  exercé  que  sur  des  sujets.  Or,  à 
partir  de  Pierre  Ier,  aucun  lien  de  dépendance  ne  lie  plus  un  Evêque  russe  à  lin 
autre  Évêque,  mais  tous  sont  égaux  devant  le  Synode  et  le  Tsar  (V.  la  note  pré- 
cédente). Comment  donc  un  Évêque  russe  pourrait-il  seulement  songer  à  excom- 
munier un  autre  Évêque? — Nous  voudrions  croire  que  les  auteurs  du  «  Règlement  » 
avaient  ici  en  vue  une  malédiction  solennelle  et  publique  prononcée  contre 
l'Évêque  ennemi  (!).  Mais  nous  en  sommes  réduit  à  des  conjectures,  car  l'expres- 
sion russe  qui  est  employée  dans  ce  cas  et  que  nous  avons  traduite  par  a  livrer  à 
l'anathème  »  (предавать  анаеемв.)  est  la  même  dont  on  s'est  servi  plus  haut. 
(V.  De  l'anathème,  p.  78.) 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  —  DE  LA  VISITE  PASTORALE    101 

aux  maisons  ou  les  piller,  lorsque  les  appelants  s'absenteront 
pour  se  présenter  au  Collège  Ecclésiastique  l. 

Cependant,  afin  que  cette  faculté  ne  fournisse  pas  à  quelques- 
uns  des  prétextes  d'indifférence  et  de  mépris  à  l'égard  de  leurs 
Pasteurs,  le  Collège  Ecclésiastique  infligera  une  grave  punition  à 
ceux  qui  oseraient  poursuivre  leurs  Pasteurs  par  de  faux  rap- 
ports, ou  en  appeler,  sans  raison,  du  jugement  de  leur  Évêque  à 
celui  du  Collège  Ecclésiastique. 


minari,  nec  domus  eorum,  postquam  ad  spirituale  Collegium  sunt 
profecti,  obsignare,  vel  diripere  poterit 4. 

Ne  bine  tamen  multi,  debitam  reverentiam  denegandi,  suosque 
Pastores  despicatui  babendi  arripiant  occasionem,  spirituale  Colle- 
gium in  eos,  qui  falsadelationesuisPastoribusmolestiam  facessere, 
et  Praesulis  judicio  sibi  minime  satisfieri  temere  putantes,  ad  spi- 
ritalis  Collegii  tribunal  provocare  non  dubitarint,  severe  animad- 
vertet. 


(1)  On  trouverait  difficilement  une  meilleure  apologie  de  la  juridiction  universelle 
du  Pape  sur  l'Église  que  celle  fournie  par  le  «Règlement»  dans  ce  n°  14  :  De  la 
visite  pastorale.  D'accord  avec  les  Catholiques,  on  reconnaît  ici  la  nécessité  qu'il 
y  ait  dans  l'Église  une  autorité  supérieure  à  celle  des  simples  Évêques,  et  à  laquelle 
on  puisse  appeler  du  jugement  des  Évëques.  Mais  où  résidera-t-elle  cette  autorité? 
Le  pouvoir  des  Évêques  étant  divin,  une  autorité  supérieure  à  la  leur  ne  peut  être 
fixée  que  par  Dieu.  Ce  point,  d'ailleurs,  intéresse  trop  l'existence  même  de  l'Église 
pour  que  Jésus-Christ  n'en  ait  rien  dit.  Ouel  fondateur  d'une  société  oublie  de  prescrire 
en  qui  doit  résider  l'autorité  suprême,  à  laquelle  on  puisse  appeler  en  dernier  res- 
sort de  toute  autorité  inférieure  ?  Voilà  pourquoi  les  Catholiques  se  refusent  à 
admettre  comme  suprême  toute  autorité  d'institution  humaine  et  n'admettent 
comme  suprême  que  l'autorité  de  Pierre  et  de  ses  successeurs,  —  la  seule,  de  toutes 
les  autorités  qui  ont  commandé  aux  Évêques,  qui  remonte  chronologiquement  jusqu'à 
Jésus-Christ  et  ait  été  mentionnée  par  lui.  Nos  frères  séparés  de  Russie,  au  contraire, 
admettent  comme  suprême  une  autorité  créée  en  1721,  par  un  ukase  d'un  Tsar,  et 
laquelle  prête,  à  son  tour,  serment  de  reconnaître  le  Tsar  comme  son  juge 
suprême.    (V.  p.  10,  note.) 

Ceci  nous  amène  à  parler  du  serment  que  prêtent  les  Évêques  russes  au  moment 
de  leur  sacre.  Tout  le  rite  suivi  dans  l'élection  et  ia  consécration  des  Évêques 
est  exposé  en  détail  dans  un  livre  ayant  pour  titre  en  russe  :  Чипъ  избратя  и 
рукополжеши  ApxiepeiiCKaro  qui,  dans  sa  forme  actuelle,   parut    pour  la  première 


102  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

15.  Enfin,  chaque  Évêque  sera  tenu  d'envoyer  au  Collège  Ec- 
clésiastique, deux  fois  par  an  (ou  aussi  souvent  que  l'ordonnera 
le  Collège),  un  rapport  ou  exposé  de  l'état  et  de  l'administration 
de  son  Éparchie  :  si  tout  y  est  bien,  et  s'il  ne  s'y  rencontre  pas 


15.  Postremo  :  quilibet  Episcoporum  quovis  anno  (vel  quemadmo- 
dum  spirituale  Collegium  praescribet)  certum  faciet  spirituale  Colle- 
gium,  nempe  scribet  relationem  suae  dioeceseos  statu  et  aliis 
necessariis  circumstantiis  :   omnia  ne  bene    se  habeant?  vel  ali- 

fois  àSt-Pétersbourg  en  1725  et,  fut  depuis  lors,  réimprimé  sans  changements.  Haigold 
(pseudonyme  de  Louis-Aug.  Schlôzer)  en  publia,  dans  ses  Beilagen  zum  neuverœnderten 
Russland  (Riga,  1769-70,  tome  Ier,  pp.  97-126),  la  traduction  latine  de  Cyriacus 
Kondratowicz,  avec  la  remarque  suivante.:  «Un  connaisseur  des  antiquités  chré- 
»  tiennes,  c'est-à-dire  un  écrivain  autre  que  nous,  aurait  ici  de  quoi  établir  un 
»  parallèle  amusant  (einen  angemhmen  Vergleich)  entre  les  usages  de  l'Eglise  russe 
»  d'aujourd'hui  et  ceux  de  l'Église  grecque,  dont  la  première  est  sortie.  »  (Op.  cit. 
Vorrede,  b.  2,  verso.)  Haigold  écrivait  pour  les  savants  et  pour  les  étrangers,  et 
pouvait  parler  de  la  sorte  ;  mais,  dans  le  Rituel  lui-même,  on  affirme  au  contraire 
sa  conformité  avec  les  anciens  Eucologes  grec  et  slavon  :  Hic  processus  de 
electione  et  initiatione  Episcopi,  y  est-il  dit,  ad  normam  veterum  Euchologiorum  grœci 
■*et  slavonici,  et  ut  morïs  fuit  tempore  Magnorum  Dominer um  Regum  et  Magnorum 
Висит  et  tempore  illustrissimorum  Bletropolitarum  omnis  Russiae  conscriptus  et 
probatus,  etc.  (Op.  cit.,  p.  125-126.)  —  Certes,  dans  l'édition  de  1725,  on  a 
gardé  tout  ce  qui  est  essentiel  à  la  consécration  éjiiscopale  et  même  davantage, 
mais  les  Evêques  se  trouvèrent  forcés  de  prêter  obéissance  à  un  maître  que  ni  les 
Apôtres,  ni  les  Pères,  ni  les  Conciles  n'avaient  connu.  Déjà,  dans  une  édition  de  1719, 
on  avait  supprimé  le  nom  du  Patriarche  de  Moscou,  et,  aux  endroits  où  lesÉvêques 
lui  prêtaient  serment  de  soumission,  on  avait  tourné  l'expression  de  la  manière 
suivante  :  «  Quand  il  plaira  à  Dieu  qu'il  y  ait  sur  le  siège  de  toutes  les  Russies  un 
и  Patriarche  élu  par  tout  le  Sacré  Concile  (избранному  отъ  всего  свящеинаго  собора).» 
Dans  cette  même  édition  de  1719,  nous  trouvons  déjà  la  promesse  que  tous  les 
Evêques  furent  obligés  de  prêter  en  1716  (Полн.  Собр.  tome  V,  (2985)  et  qui  fut,  depuis 
lors,  imposée  à  tout  Évêque  nouvellement  élu.  (V.  plus  haut,  Aff.  ge'nér.,  n°  VII,  p.  43, 
et  Devoirs  des  Evêques,  n°  VIII,  p.  61  et  note.)  Dans  l'édition  de  1725,  nous  trouvons 
de  nouveau  la  même  promesse,  mais  nous  y  trouvons,  de  plus,  le  serment  d'obéis- 
sance prêté  par  les  Evêques  au  Synode  :  uti  legitimae  potestati  a  pie  defuncto  et 
aetemamemoria  diyno  PETRO  M.  constitutae ,et  a  féliciter  imperantelmperatoriaMajeatate 
cum  bono  jussu  confirmatae,  et  la  promesse  d'exécuter  tout  ce  que  le  Synode  leur 
prescrira  «conformément  au  bon  plaisir  de  sa  Majesté  Impériale  (ad  libitum  Impera- 
toris  Majestatis).  »  (Haigold,  op.  cit.,  pp.  107  et  114.) —  On  voit,  par  ces  extraits,  en 
quel  sens  on  doit  entendre  les  paroles  du  «  Règlement»  (p.  98,  n°  13;  que  «  tout 
Kvéquc  est  soumis  au  Collège  ecclésiastique  comme  à  l'autorité  pour  lui  suprême.  » 


§§  1-3.  DEVOIRS  DES  EVEQUES.  —  DE  LA  VISITE   PASTORALE    103 

quelques  abus  auxquels  il  soit  impuissant  à  apporter  remède  lui- 
même.  Et  quand  même  tout  y  serait  bien,  l'Évèque  devrait  néan- 
moins annoncer  au  Collège  que  tout  se  passe  bien.  Mais,  si  un 
Évèque  annonçait  au  Collège  que  tout  va  bien,  et  qu'on  décou- 
vrît d'autre  part  qu'il  se  pratique  dans  son  Éparchie  des  super- 
stitions et  même  des  choses  manifestement  impies,  et  que  l'Evè- 
que les  a  passées  sous  silence  ,  quoiqu'elles  lui  fussent  connues, 
et  n'en  a  point  informé  le  Collège,  dans  ce  cas  le  Collège  citera 
le  dit  Évoque  à  son  tribunal  et,  dès  qu'il  sera  dûment  convaincu, 
le  soumettra  à  la  punition  qui  aura  été  fixée  x. 


quid  vitio  sit  obnoxium  ?  ad  quod  tamen  emendandum  sibi  vires 
deficere. 

Quamvis  vero  omnia  bene  se  haberent,  interesset  tamen  Episcopi 
spirituale  Collegium  certius  facere,  omnia  scilicet,  ex  Dei  gratia, 
bene  se  habere.  Si  vero  ex  illius  relatione  omnia  bene  se  habere 
dieantur,  aliunde  nibilominus  innotescat,  alicubi  in  ea  dioecesi 
quaedam  superstitionis  vel  aperte  impietatis,  ipso  etiam  Episcopo 
conscio  quidem,  sed  dissimulante,  nec  ad  Collegium  déférente,  exstare 
indicia,  ipsum  Episcopum  spiritale  Collegium  ad  judicium  citabit, 
luculentisssimisque  documentis  convictum,  poenae,,  qualis  decer» 
netur,  obnoxium  esse  pronunciabit  1. 

(1)  Aujourd'hui,  la  dépendance  des  Evêques  russes  vis-à-vis  du  Synode  est  encore 
plus  grande  qu'elle  ne  l'était  du  temps  où  fut  rédigé  le  «Règlement  ecclésiastique.  » 
Pour  l'apprécier  à  son  juste  degré,  il  faut  parcourir  aussi  le  Règlement  des  Consistoires 
ecclésiastiques,  ou  tribunaux  épiscopaux  (Уставъ  Духовпыхъ  Консисторш)  qui  forme 
le  digne  complémeat  du  «  Règlement»  de  Pierre  Ier,  et  est  dû  à  Nicolas  Ier,  le 
Tsar  qui,  plus  que  tous  les  autres  peut-être,,  a  compris  Pierre  Ier.  Dans  notre 
précédente  Etude  nous  avons  parlé  en  détail  du  «  Règlement  des  Consistoires 
ecclésiastiques,  »  et  nous  en  avons  même  extrait  toutes  les  prescriptions  concernant 
la  dépendance  des  Evêques  russes  vis-à-vis  du  Synode  et  du  Tsar.  (V.  The  Pope,  etc., 
pp.  67-74.) 

Pour  dédommager  les  Evêques  du  sacrifice  de  leur  indépendance  et  de  leur 
dignité,  on  leur  accorda  des  distinctions  honorifiques,  des  titres  et  des  crachats. 
Dans  l'échelle  des  rangs  (чины)  mentionnée  p.  33,  note,  un  simple  Évêque  appar- 
tient à  la  4e  classe  et  a  le  rang  d'un  Conseiller  d'État  actuel  et  d'un  Général-major, 
avec  le  titre  d'Éminence  (Преосвященство).  Un  Archevêque  appartient  à  la  3e  classe 


10  1  DEUXIEME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

§4. 

DES    ÉTABLISSEMENTS   D'INSTRUCTION,  DES  MAITRES  ET  DES   ÉLÈVES   QUI 
S'Y  TROUVENT,  ET  AUSSI  DES  PRÉDICATEURS. 

Tout  le  monde  sait  en  quoi  état  de  misère  et  d'impuissance  se 
trouvait  l'armée  russe  avant  qu'elle  reçût  une  instruction  régu- 
lière, combien,  sans  comparaison,  sa  force  s'est  augmentée  et 


§  4. 

AEDES  m  QUIBUS  PAEDAGOGI,  DISCIPULI  NEC  NON  ECCLESIASTIC1 
CONCIONATORES  HABITABUNT, 

Rossorum  copiae  regulari  disciplina  antea  destitutae,  quam 
indigae  inihecillaeque  tuerint  !  eae  tamen  ipsae,  postquam  ab  Âugu- 
stissimo  nostro  Monarcha,  potentissimo  Zaro  Petro  I,  ad  eximias 

et  a  le  rang  d'un  Conseiller  privé  e<  d'un  Lieutenant-général:  son  titre  est  celui 
d'Eminentissime  (Высовопреосващенство).  I1»  Métropolite  a  le  même  titre,  mais  il 
appartient  à  La  '-1'  classe  avec  le  rang  d'un  Général  en  chef  el  d'au  Conseiller  privé 
actuel.  Quand  on  confère  à  des  Évêques  des  ordres  de  chevalerie,  on  les  agrège 
ordinairement  aux  premières  classes.  —  C'est  ainsi  qu'on  eut  soin  de  dorer  leurs 
chaînes,  mais  pour  les  rendre  plus  difficiles  à  briser. 

Une  dernière  remarque  avant  de  conclure  cette  partie  du  »  Règlement»  qui 
concerne  les  Evêques.  Y  trouve-t-on  un  seul  mot  qui  aille  ;i  l'âme  '!  Ywo  seule 
lointaine  allusion  au  divin  Pasteur,  ii  Jésus-Ghrist,  modèle  de  tous  les  Pasteurs  de 
L'Eglise  '.'  Ce  serait  trop  prétendre  que  d'y  chercher  l'onction  de  la  piété  ,  mais  si 
и  le  style  c'e.-t  l'homme  »  on  est  en  droit  de  se  demander  si  les  auteurs  du 
и  Règlement  »  crevaient  vraiment  ;i  l'institution  divine  des  Kvèques.  L'auteur  de  la 
Dissertatio  de  nligione  Ruthtnorum  hoditrna,  dédiée  au  grand-duc  Pierre  Féodorovitch 
depuis  Pierre  111.  soutient  que  sur  ce  point  Pierre  Ier  et  Prokopovitch pensaient  comme 
les  Luthériens  que  :  Episcopatus  non  6  jure  dwino  JcJucilur.  Гпе  notice  sur  cette 
dissertation  est  insérée  .Lins  les  Gœttingische  Zeitungen  von  gelehrten  Sachen,  année 
l  .  15,    pp.   526-528. 


S  4.  DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  105 

combien  elle  devint  grande  et  formidable,  au  delà  de  tonte  attente, 
dès  que  notre  très-puissant  Monarque  .  Sa  Majesté  Tsarienne 
PIERRE  I",  L'eût  disciplinée  par  d'excellentes  règles  l.  C'est  ce 
qu'il  faut  aussi  considérer  à  l'égard  de  L'architecture,  de  la  mé- 
decine, de  l'administration  politique  et  des  autres  institutions  2. 


régulas  sint  adstriclae,  quantum  robur,  quantas  vires,  quanta  incre- 
menta  acceperint,  quam  supra  cujusque  spem  omnibus  hostibus 
formidandae  evaserint  !  universo  quam  late  patet  orbi,  est  perspi- 
cuum  '.  Idem  est  intelligendum  de  arebitectura,  medicina,  magi- 
stratu  politico  et  de  caetera  praeclaris  institutis  2. 


(1)  En  1699,  le  général  hollandais  Adam  Veyde  acheva  de  composer  en  russe 
un  premier  Statut  militaire,  qu'il  dédia  a  Pierre  le  Grand,  (l'est  sur  ce  «  Statut» 
que  paraît  avoir  été  rédigé  un  petit  Manuel  des  manœuvres  militaires  :  Краткое 
обыкповеппоо  yienie...  вь  npoeniii  пьншм,  люде»  etc.,  dont  on  lit,  au  commence- 
ment du  siècle  dernier,  plusieurs  éditions.  Nous  pensons  qu'on  peut  en  dire  au- 
tant du  Livre  des  exercices  (Книга  о  ексерцппи.  etc.),  publié  a  Saint-Pétersbourg 
en  1715,  et  enfin  de  plusieurs  dispositions  du  Statut  militaire  de  Pierre.  Le  travail 
de  Veyde  fut  publié  en  1841,  sous  le  titre  de  :  Воинскш  Уставь  составленный  и 
посвященный  Петру  Первому  генералом!,  Венде  (Statut  militaire  composé  et  dédié  à 
Pierre  I*v  par  le  rjénéral  Veyde).  Saint-Pétersbourg,  typ.  milit.  In-8. 

Pierre  s'occupa  lui-même  de  la  rédaction  de  son  Statut  militaire  (Уставь  Воипскш). 
Pendant  une  année  il  consacra  à  ce  travail  plusieurs  heures  par  jour,  mettant 
pour  cela  à  profit  les  Règlements  militaires  des  autres  pays  de  l'Europe.  Il  l'acheva 
a  Dantzig  en  171(1,  et  se  hâta  de  l'envoyer  à  Saint-Pétersbourg  avec  ordre  d'en 
tirer  non  moins  de  1,000  exemplaires.  On  le  trouve  inséré  in  extenso,  avec  la  ver- 
sion allemande  faite  par  le  baron  Huyssens,  dans  le  tome  V  de  la  Полное  Собран  le 
Закоповъ   sous  la  date  du  30  mars  1716  (3006),  pp.  203-453, 

Dans  le  Manifeste  qui  accompagne  son  Statut  militaire,  le  Tsar  rappelle  ce 
qu'avait  fait  son  père  Alexis  Mikhailovitch  dans  le  but  de  discipliner  l'armée  russe, 
et  c'est  ii  quoi  il  attribue  les  victoires  qu'obtinrent  à  cette  époque  les  Russes  sur 
les  Polonais.  On  doit,  en  effet,  à  Alexis  un  livre  ayant  pour  titre  :  y<ieiiie  И  хитрость 
ратнаго  строен  in  пьхотныхъ  ЛЮД6Й  (Instruction  et  manœuvres  pour  les  soldats  d'in- 
fanterie). Cette  publication,  la  première  de  ce  genre  faite  en  Russie,  avait  paru 
à  Moscou  en  1047.  «  Mais,  ensuite,  dit  Pierre,  la  lumière  des  sciences  s'étant 
»  obscurcie,  on  n'en  tint  plus  compte,  el  c'est  pourquoi  les  troupes  russes  ne 
»  furent  plus  en  état  de  s'opposer  aux  barbares,  comme  cela  s'est  vu,  par 
»  exemple  à  Tchiguirin,  à  Azolf  et  à  Narva,...  » 

('2)  L'ouvrage  déjà  cité  de  Pekarski  contient  d'intéressants  renseignements  sur  ce 
que  Pierre  a  fait  pour  chaque  science,  et  sur  les  institutions  qu'il  créa  pour  les 
favoriser.  Le    lecteur  désireux  de   connaître   en  détail   les  loi-  de  Pierre  qui  s'j 


10G  DEUXIÈME  PARTIE.   — .AFFAIRES  SPECIALES 

Mais  c'est  surtout  à  l'égard  du  gouvernement  de  l'Église  qu'on 
doit  faire  la  même  réflexion.  Sans  la  lumière  de  l'instruction,  il 
est  impossible  que  l'Église  soit  bien  administrée  et  qu'il  ne  s'y 
glisse  point  des  désordres,  des  superstitions  nombreuses  et  ridi- 
cules et  même  des  divisions  et  des  hérésies  les  plus  insensées. 

C'est  bien  follement  que  plusieurs  disent  que  l'instruction  est 
la  cause  des  hérésies,  car,  pour  ne  rien  dire  des  anciens 
hérétiques,  tels  que  les  Valentiniens,  les  Manichéens,  les  Catha- 
res, les  Eutychiens,  les  Donatistes  et  autres  dont  Irénée ,   Épi- 


Id  praecipue  de  Ecclesiae  regimine  est  asserendum.  Sublata  luce 
doctrinae,  bene  cum  Eoclesia  agi  nequit.  Non  potest  haberi  bonus 
ordo,  non  possunt  non  sequi  multae  ridiculae  superstiliones,  quinimo 
dissidia  et  insulsae  haereses. 

Stultam  quidam  animo  imbiberunt  opinionem  :  Haereses  suam 
cultioribus  literis  debere  originem,  siquidem  praeterquam  quod 
antiqui  baereticiValentiniani,Manicliaei,  Cathari,  Eutychetae,  Dona- 
tistae,  et  caeteri,  quorum  insaniam  irenaeus,   Epiplianius,  Augu- 


rapporlent,  trouvera  toutes  les  indications  nécessaires  dans  le  Registre  alphabé- 
tique de  la  première  série  de  la  Collection  complète  des  lois  de  J'empire  (Поли.  Собр. 
Зак.),  sous  les  rubriques  relatives,  telles  que  :  Строеве  (Edifices),  Медицинское 
Управлеше  (Direction  médicale),  etc.  avec  renvois  aux  lois  in  extenso. 

Les  réformes  du  Tsar  avaient,  du  reste,  provoqué  l'attention  de  toute  l'Europe, 
d'autant  plus  que,  comme  les  souverains  le  l'ont  encore  de  nos  jours,  Pierre  savait 
acheter  les  louanges  de  la  presse  étrangère  pour  ses  exploits,  ses  réformes  et  sa 
politique.  On  peut  voir,  à  ce  sujet,  le  curieux  récit  de  Pierre  von  Haven  sur  le 
personnage  chargé  de  cette  besogne,  le  baron  Henri  Huyssens  ;  on  le  trouve,  traduit 
du  danois,  dans  Biïsching  :  Magasin  far  die  neue  Historié  und  Géographie,  t.  X,  pp.  317- 
320.  Outre  les  articles  insérés  dans  plusieurs  journaux  —  surtout  dans  la  Europœische 
Fama  de  Leipzig,  qu'on  a  justement  comparée  au  Nord  de  Bruxelles  —  plusieurs 
publications  faites  du  vivant  de  Pierre  en  Allemagne,  en  France,  en  Hollande  et 
ailleurs  rendent  compte,  avec  les  plus  grands  éloges,  de  ce  que  faisait  le  Tsar  pour 
civiliser  son  empire.  Des  travaux  plus  complets  parurent  aussi  peu  après  la  mort 
du  Tsar;  nous  nous  contentons  de  citer  le  Verœndertes  Russland  (de  J.-C.  Weber) 
(Hannover,  1729-38-40).  Plusieurs  autres  sont  cités  par  Achenwall,  dans  son  ouvrage: 
Staatsverfassung  der  heutigen  vormhmsten  Europœische/t  Reiche  und  Vœlker,  à   l'article 

HuPPLAND. 


107 

phane,  Augustin,  Théodoret,  etc.,  nous  décrivent  les  extrava- 
gances, et  qui  furent  poussés  vers  ces  folies  par  leur  orgueilleuse 
ineptie  et  non  point  par  leur  science,  nos  Rascolniques  russes  ne 
sont-ils  pas  devenus  si  diaboliquement  enragés  à  cause  de  leur 
grossièreté  et  de  leur  ignorance  !? 

Et  quoique,  même  parmi  les  savants,  il  se  soit  rencontré  des 
hérésiarques,  tels  que  Arius,  Nestorius  et  autres,  l'hérésie  ne  na- 
quit point  en  eux  de  la  science  mais  bien  du  défaut  d'intelligence 
des   saintes  Écritures,  et  s'accrut  et  se  fortifia  par  la  malice  et 


stinus,  Theodoretus  et  alii  describunt,  superbâ  amentià,  non  vero 
literarum  scientiâ  insaniverunt,  nostrates  RossiaciSchismatici,  non- 
ne ideo  véhémente  correpti  furore  insaniunt?  quiasunt  nullis  bonis 
literis  exculti  rupices  *. 

Quanquam  vero  eruditi  homines  liaeretieorum  subinde  fmnt 
antesignani,  prout  Arius,  Nestorius  et  alii,  haeresis  tamen  eorum 
non  ad  literas,  sed  ad  cxiguam  sacrae  Scripturae  intelligentiam 
suos  refert  natales;  incrementa  autem  et  vires  débet  malignae  super- 

(1)  V.  plus  haut,  p.  36  noie.  L'ignorance  entrait  certainement  pour  beaucoup  dans 
les  extravagances  des  Rascolniques.  Il  suffit,  pour  le  prouver,  de  citer  quelques-uns 
de  leurs  griefs  contre  l'Église  dont  ils  s'étaient  séparés.  «  Cette  Eglise,  disaieut- 
«  ils,  enseigne  que  Jésus-Christ  n'est  pas  encore  venu,  mais  qu'il  doit  venir...  elle 
»  ordonne  qu'on  prie  l'esprit  malin...  elle  commande  de  consacrer  les  églises  avec 
»  du  savon...  et  de  saupoudrer  les  morts  avec  de  la  cendre...  ;  elle  permet  de  se 
»  salir  avec  le  maudit  tabac...,  de  se  raser  la  barbe,  etc.  »  —  Mais  Pierre  ne 
parait  pas  seulement  se  douter  que  le  principal  grief  des  Rascolniques,  l'asser- 
vissement de  l'Église  commencé  sous  le  règne  du  Tsar  Alexis,  n'avait  pas  sa 
source  dans  l'ignorance. 

11  n'y  a  pas  longtemps,  feu  Mgr  Grégoire,  Métropolitain  de  Novgorod  et  de 
Saint-Pétersbourg,  dans  l'ouvrage  qu'il  composa  pour  réfuter  des  erreurs  des  Ras- 
colniques, consentait  bien  à  leur  prouver  que  les  églises  orthodoxes  sont  lavées 
et  non  point  consacrées  avec  du  savon,  que  le  tabac  n'est  pas  une  plante  mau- 
dite, etc.,  etc.,  mais,  lui  non  plus,  n'avait  pas  un  seul  mot  sur  l'objection  princi- 
pale des  Piascolniques.  Au  chapitre  :  «  De  l'autorité  suprême  dans  l'Église,  »  il  parle 
des  Évêques,  des  Archevêques,  des  Métropolitains  et  des  Patriarches;  quant  au 
Synode,  il  ne  le  mentionne  seulement  pas.  Sentait-il  l'embarras  de  sa  situation  ? 
V.  aussi,  à  ce  sujet,  l'écrit  du  P.  Gagarin,  S.  J.  :  Les  Starovères  rie  l'Éylisr  russe  el 
le  Pajie. 


108  DEUXIEME    PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES 

l'orgueil,  qui,  contrairement  à  leur  conscience,  ne  leur  permet- 
taient point  de  se  désister  de  leur  folle  opinion,  même  après 
avoir  connu  la  vérité. 

Et  bien  qu'ils  aient  eu  par  leur  science  le  pouvoir  d'ourdir 
des  sophismes,  c'est-à-dire  des  arguments  fallacieux  en  faveur 
de  leurs  subtilités,  cependant  celui  qui  ne  voudrait  attribuer  ce 
mal  qu'à  la  science,  serait  obligé  de  dire  que,  quand  un  médecin 
empoisonne  quelqu'un  avec  une  herbe  vénéneuse ,  c'est  la 
science  médicale  qui  en  est  la  cause,  et  que,  quand  un  soldat 
bien  instruit  profite  de  son  adresse  et  de  sa  force  pour  piller, 
c'est  l'instruction  militaire  qui  en  est  la  cause. 

Et  si  à  travers  l'histoire,  comme  à  travers  un  télescope,  nous 
fixons  nos  regards  sur  les  siècles  passés,  nous  trouvons  que  tout  a 
été  plus  mal  dans  les  siècles  ténébreux  que  dans  les  siècles  éclai- 
rés par  la  science. 

Jusqu'à  l'an  400  les  Évêques  n'avaient  pas  autant  d'ar- 
rogance qu'ils  en  firent  éclater  depuis,  ceux  surtout  de  Constan- 


biae,  quae  obstiterat,  quominus  cognita  etiam  veritate,  a  temera- 
ria  recédèrent  sententia,  utpote  conscientiae  dictamen  minime 
secuti . 

Quamvis  autem  ad  contexenda  contortula  sophismata,  id  est,  ad 
captiosas  argumentationes,  quibus  sua  placita  probarent,  subsidia 
a  doctrina  mutuati.  sint,  id  tamen  malum  quis  literarum  studiis 
imputabit  ?  alioquin  medicae  scientiae,  si  medicus  pharmaco  vitam 
alicui  eripuerit,  vitio  esset  vertendum.  Militaris  pariterars  latrocinii 
crimime,  quod  exercitatus  miles  strenue  et  solerter  perpétrât,  esset 
accusanda. 

Si  historiis  perinde,  ac  tubis  opticis  ad  retroaeta  saecula  specu- 
landa  usi  fuerimus,  videbimus  omnia  illis  temporibus,  quae  spissis 
ignorantiae  tenebris  involvebantur,  fuisse  détériora,  quam  tempo- 
ribus, quae  luee  literarum,  coruseabant. 

Episcopi  per  quatuor  saecula  arrogantiam  detestabantur  ;  contra 
vero  deinceps  altos  sumebant  spiritus  ;  praesertim  Constantinopoli- 


§  4.   DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  109 

tinople  et  de  Rome  :   c'est  qu'alors  il  y  avait  de  la  science   et 
qu'elle  s'affaiblit  clans  la  suite  l.  Si  la  science  eût  été  un  danger 


tanus  et  Romanus  ;  antea  enim  literae  florebant  postea  vero  emarcue- 
runt l.  Si  itidem  Ecclesiae  vel  Reipublicae   studia  literarum  essent 

(1)  On  s'étonnera,  sans  doute,  de  ce  coup  d'œil  tant  soit  peu  nouveau  sur  l'his- 
toire de  l'Eglise  ;  d'ailleurs  la  pensée  des  auteurs  du  «  Règlement  »  est  ici  passa- 
blement obscure.  Nous  ne  croyons  pas  que  Pierre  ait  voulu  affirmer  d'une  manière 
générale  et  absolue  que  dans  les  siècles  où  les  Papes  eurent  le  plus  d'empire  sur 
la  société  chrétienne,  on  était  moins  éclairé  qu'avant  l'an  400.  En  fait  de  sciences 
spéculatives  et  morales,  le  dix-neuvième  siècle  lui-même  ne  nous  a  pas  appris  beau- 
coup plus  de  choses  que  n'en  savaient  nos  ancêtres  du  moyen  âge.  Nous  pouvons  en 
dire  autant  de  la  politique; il  nous  suffit  de  citer  le  traité  :  De  regimine  Principwn 
de  saint  Thomas  d'Aquin.  C'est  en  cela  surtout  que  trouve  son  application  le 
Nihit  sub  sole  novum  de  l'Ecriture.  Un  progrès  manifeste  et  très- heureux  s'est  ac- 
compli dans  les  sciences  historiques,  exactes  et  naturelles,  mais  ce  n'est  point  de 
celles-là  que  peut  parler  Pierre  quand  il  met  en  cause  l'arrogance  des  Evêques.  Quand 
même,  du  reste,  on  accorderait  qu'à  partir  de  l'an  400  la  science  s'affaiblit  et  de- 
meura obscurcie,  nous  ne  voyons  pas  quel  lien  nécessaire  eût  fait  dépendre  l'«arro- 
gance  »  des  Evêques  de  leur  ignorance.  Si  ce  lien  existe,  ne  pourrait-on  pas  ré- 
torquer l'argument  contre  les  empereurs  de  Byzance  et  d'Allemagne  que  Pierre 
avait  entrepris  d'imiter,  et  qui  ne  paraissent  nullement  avoir  été  plus  savants  que 
les  Evêques  et  les  Papes  de  leur  époque? 

Nous  croyons  plutôt  que  la  pensée  de  Pierre  est  celle-ci  :  «  Tout  ce  qu'il  y  a '/ait 
de  science  au  moyen  âge  était  l'apanage  presque  exclusif  du  clergé  ;  l'ignorance 
des  autres  classes  fut  la  cause  que  le  clergé  les  domina.  »  Pierre,  en  effet,  ne 
pouvait  point  oublier  quelle  arme  terrible  avait  été  la  science  dans  les  mains  du 
Patriarche  Nicon,  considéré  comme  l'un  des  hommes  les  plus  savants  de  son 
époque,  et  les  luttes  de  Nicon  avec  le  Tsar  Alexis  étaient  constamment  devant  les 
yeux  de  Pierre.  (V.  plus  haut.  Ire  part.,  n°  7,  pp.  24-28  et  les  notes.)  Notre  inter- 
prétation est,  en  outre,  confirmée  par  plus  d'un  ukase  de  Pierre,  où  des  précautions 
sont  prises  afin  que  les  moines,  parmi  lesquels  étaient  choisis  les  Evêques,  ne 
devinssent  pas  trop  savants.  (V.  The  Pope  of  Rome,  etc.,  p.  34,  note.) 

Pour  ce  qui  concerne  le  pouvoir  des  Papes  au  moyen  âge,  nous  renvoyons  le  lec- 
teur aux  écrivains  qui  ont  traité  d'une  manière  spéciale  ce  point  d'histoire  ;  nous 
leur  citerons,  entre  autres,  Gosselin.  Il  n'est  pas  non  plus  sans  intérêt  de  comparer 
les  causes  de  l'agrandissement  du  pouvoir  papal  avec  celles  de  l'agrandissement 
du  pouvoir  des  Patriarches  de  Constanlinople.  Voir  ces  dernières  dans  le  Photius 
du  D1'  Hergenrôther.  —  Enfin,  pour  ce  qui  est  de  l'ingérence  moins  directe  et  moins 
manifeste  des  Papes  dans  les  affaires  générales  de  l'Eglise  aux  premiers  siècles  de 
son  existence,  nous  demanderons  seulement  que  ceux  qui  veulent  y  trouver  un 
argument  contre  l'autorité  des  Papes,  telle  qu'elle  s'est  manifestée  dans  la  suite, 
prennent  en  considération  l'état  d'une  société  naissante  comme  était  alors  l'Eglise, 
la  situation  légale  des  chrétiens  vis-à-vis  de  l'empire  romain,  les  persécutions  avec 


110  DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES 

pour  l'Église  ou  pour  l'État,  ceux  parmi  les  Chrétiens  qui  étaient 
les  meilleurs,^  n'eussent  eu  garde  de  s'instruire  et  eussent  empê- 
ché les  autres  de  le  faire  ;  nous  voyons,  au  contraire,  que  tous 
nos  anciens  Docteurs  étudiaient,  non-seulement  la  sainte  Écri- 
ture, mais  aussi  la  philosophie  profane.  En  outre,  les  plus  illus- 
tres colonnes  de  l'Église,  pour  ne  rien  dire  de  beaucoup  d'au- 
tres, prirent  aussi  la  défense  de  la  philosophie  profane  ,  et 
nommément  le  grand  Basile  dans  son  Discours  à  la  jeunesse 
studieuse,  Chrysostome  dans  ses  livres  sur  l'état  monastique, 
Grégoire  le  Théologien  dans  ses  Discours  contre  Julien  l'Apostat 1. 
Mais  il  y  aurait  beaucoup  à  dire  si  nous  voulions  traiter  particu- 
lièrement ce  seul  point. 


fraudi  non  utique  clarissimi  inter  Christianos  nominis  Viri  scientias 
excoluissent  ;  imo  alios  quoque  ludo  literarum  interclusissent. 
Contra  nihilominus  videmus  omnes  nostros  antiquos  Doctores,  non 
solum  sacrae  Scripturae,  secl  etiam  profanae  philosophiae  operam 
dédisse.  Profanas  literas,  ut  multos  alios  missos  faciam,  celsissimae 
et  firmissimae  Ecclesiae  columnae,  nominatim  :  Basilius  magnus  sua 
«  ad  pueros  instituendos  »  oratione,  Chrysostomus  libris  «  de  vita 
monastica  »,  Gregorius  Theologus  sermonibus  «  in  Julianum  Apo- 
statam  '  »  propugnant.  Longus  essem,  si  de  hoc  tantum  ex  pro- 
fesso  verba  essent  facienda. 

les  précautions  qu'elles  exigeaient,  la  discipline  du  secret  qui,  en  certains  cas, 
devait  nécessairement  s'étendre  aussi  à  la  croyance  des  Catholiques  sur  le  Pape, 
la  distance  des  lieux,  enfin  l'extrême  difficulté  des  communications.  Même 
de  nos  jours,  les  Évêques  missionnaires  de  pays  fort  éloignés  de  Rome,  pos- 
sèdent des  pouvoirs  si  étendus  qu'ils  se  trouvent  rarement  dans  la  nécessité  de 
recourir  au  Pape.  Nous  espérons  pouvoir  un  jour  traiter  à  fond  cette  question, 
prenant  à  partie  l'ouvrage  de  l'archimandrite  Nicanor  :  Examen  critique  de  la 
doctrine  romaine  concernant  le  chef  visible  de  l'Eglise,  fondé  sur  l'Ecriture  et  la  tra- 
dition des  premiers  siècles  du  christianisme  avant  le  premier  Concile  œcuménique  de  Nice'e. 
(Разборъ  римскаго  учета  о  видпмомъ  главенстве  въ  Церквп,  etc.)  (Saint-Péters- 
bourg, 1830.) 

(I)  Voir   saint  Basile  :  AI  adolescentes  quomodo  possint  ex  gentitium  libris  fmctum 
capere  ;  Saint    Jean    Chrysostome    :   Advenus   oppugnatores  vitœ    monasticœ  ;  Saint 


§  4.    DES   ÉTABLISSEMENTS    D'INSTRUCTION.  111 

Partant,  une  bonne  et  solide  instruction  est  comme  la  racine, 
la  semence  et  le  fondement  de  toute  sorte  d'avantages,  aussi 
bien  pour  la  patrie  que  pour  l'Église  ;  seulement  il  faut  veiller 
très-sévèrement  à  ce  que  l'instruction  soit  bonne  et  solide,  car  il 
existe  une  science  indigne  de  ce  nom,  laquelle,  néanmoins,  est 
réputée  véritable  science  par  des  hommes,  d'ailleurs  intelli- 
gents, mais  inexpérimentés  en  cette  matière. 

Plusieurs  ont  coutume  de  demander  :  A  quelles  écoles  un  tel 
a-t-il  été?  Et  quand  on  apprend  qu'il  a  suivi  un  cours  de 
Rhétorique  ou  de  Philosophie  ou  de  Théologie,  rien  qu'en  enten- 
dant ces  mots,  on  conçoit  une  haute  estime   pour  cet  homme  ; 


Bona  itaque  et  solida  literarum  doctrina  pro  semine,  radiée, 
et  fundamento  omnis,  quantum  ad  Patriam  et  ad  Ecclesiam  attinet, 
utilitatis  est  habenda.  kl  tamen  est  providendum,  ut  doctrina,  vere 
sit  bona  et  solida.  Interdum  enim  audit  doctrina,  indigna  tamen, 
quae  ita  nuncupetur.  Licet  si  ab  hominibus  sciolis  quidem,  sed  non 
adeo  perspicacibus  pro  vera  doctrina  existimetur. 

Vulgo  solet  quaeri  :  quibus  artibus  liberalibus  est  imbutus  hic  aut 
illc?  Audito  autem,  illum  Rhetoricae,  Philosophiae,  aut  Theologiae 
operam  navasse,  vel  ob  sola  illa  nuda  nomina  magni  aestimant  ho- 

Grégoire   de   Naziauze    :    Adversus    Julianum   imperalorem    invectiva  prima  et   se- 
cunda. 

Nous  engageons  vivement  le  lecteur  л  parcourir  les  écrits  qu'on  vient  de  citer. 
Les  «  plus  illustres  colonnes  de  l'Église  »  ne  parlent  pas  tout  à  fait  comme  Pierre  et 
Prokopovitch;  en  même  temps  que  ces  écrits  proclament  les  avantages  de  la  science, 
ils  ont  soin  de  remarquer  que  la  science  vient  après  la  piété.  ...  Cum  viri  imperiti 
et  idiotœ,  dit  entre  autres  saint  Jean  Chrysostome,  totum  orbem  converterint  planum  est 
apud  eos  sapie.ntiœ  palmam  esse....  Adeo  ut  vera  sapienlia  veraque  erudiiio  nihil  dliud 
sit  quam  Dei  timor.  Al  пето  pntet  me  hanc  legem  staluere,  quod  pueri  esse  debeant  im- 
periti. Sed  si  quis  me  de  necessariis  securum  prœstaret,  nollem  impedire  quod  hoc  ex 
abundantia  fieret.  Quemadmodum  enim  concussis  cum  domo  tola  fundamentis,  tolaque 
fabrica  ruinam  minitanle  extrernœ  dementiœ  ac  insipienliœ  esset  ad  illitores,  non  ad 
structures  currere,  sic  item  importunœ  conten'ionis   esset,  parietibvs  prmiter  stanlibus, 

'.os,  qui  ipsum  illinere  relient  prohibere. ..  {Adv.  oppuyn.  vilœ  monast.  L.  III,  с  xir.) 
La  piété  n'occupe  pas  assurément  le  premier  rang  dans  le  «   Règlement  ecclé  - 

siastique  »  du  Tsar  réformateur. 


112  DEUXIÈME   PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES 

en  quoi  souvent  on  se  trompe.  En  effet,  si,  même  quand  les 
professeurs  sont  bons,  tous  n'apprennent  раз  bien,  les  uns  à 
cause  de  la  pesanteur  de  leur  esprit,  les  autres  à  cause  de  leur 
paresse,  cela  aura  lieu,  à  plus  forte  raison,  lorsque  le  professeur 
est  peu  versé  dans  la  science  qu'il  enseigne,  ou  ne  l'est  pas  du  tout. 

Il  faut  savoir  que  depuis  l'an  500  jusqu'à  l'an  1400,  c'est-à-dire 
pendant  neuf  cents  ans,  presque  toutes  les  sciences,  dans  toute 
l'Europe,  ont  été  très-défectueuses  et  fort  négligées,  de  sorte  que, 
même  chez  les  meilleurs  auteurs  qui  écrivirent  pendant  cette 
période,  on  trouve  bien  une  grande  pénétration  d'esprit,  mais 
pas  beaucoup  de  lumière. 

A  partir  de  Fan  1400  commencèrent  à  se  montrer  des  maîtres 
fort  avides  de  savoir,  des  maîtres  très-habiles  vinrent  ensuite,  et 
bon  nombre  d'Académies  acquirent  peu  à  peu  une  importance 
fort  considérable  et  presque  supérieure  à  celle  des  anciennes 
Académies  du  siècle  d'Auguste.  Toutefois,  plusieurs  écoles  furent 
laissées  dans  leurs  anciennes  ténèbres  ',  de  sorte  que  la  Rhéto- 


minem  ;  sibimet  ipsis  non  raro  imponentes.  Si  enim  gnari  paedagogi 
non  universos  discipulos  reddunt  eruditos,  ingenii  nimirum  obstante 
tarditate,  vel  inertia;  quid  sperandum  tandem?  ubi  ludi  magister 
parum  vel  nihil,  quod  suarum  sit  partium,  intelligat. 

Porro  sciendum  est,  temporis  spatio,  quod  inter  quingentesimum, 
et  inter  quadringentesimum  supra  mille  decucurrit,  nongentis 
videlicet  annis,  per  totam  Ëuropam  universa  literarum  studia  rara 
et  horrida  jacuisse,  et  quidem  ita,ut  in  optimorum  illius  temporis 
auctorum  scriptis  multum  esset  acuminis,  sed  luminis  parum. 

Quadringentesimo  supra  mille  anno  elapso,  solertiores,  ideoque 
peritiores  pedetentim  emergebant  literatores,  et  multae  Academiae 
sensim  increnienta  capientes,  supra  antiquam  fere  illam  Augusti 
aetatem  caput  extulerant.  Hoc  tamen  non  obstante,  plurimi  litera- 
rum ludi  sordido  squalebant  veterno  \  tantopere,  ut  rhetorices  et 

(1)  Il  existe  ici,  croyons-nous,  une  petite  variante  entre  les  diverses  éditions 
du  «  Règlement.    »  D'après  notre    texte  et  celui   de  la  Поли.  Побр.  Зак.,  nous    au- 


§  4.  DES  ÉTABLISSEMENTS  D  INSTRUCTION.  113 

rique,  la  Philosophie  et  autres  sciences  ne  s'y  trouvent  que  de 
nom  et  pas  en  réalité  l.  Cela  tient  à  différentes  causes  que,  par 
amour  de  la  brièveté,  nous  passons  sous  silence. 

Or,  les  hommes  qui  ont  goûté  de  cette  science,  pour  ainsi  dire 
chimérique  et  illusoire,  deviennent  plus  sots  que  les  ignorants 
eux-mêmes.  Car  étant  entourés  de  ténèbres  ils  se  croient  parfaits, 
et  s'imaginant  connaître  tout  ce  qu'il  est  possible  de  savoir,  ils  n'ont 
ni  l'envie  ni  même  la  pensée  de  lire  les  livres  et  de  s'instruire 
davantage  ;  tandis  que,  au  contraire,  un  homme  éclairé  de  la  véri- 


Philosopliiae  aliarumque  scientiarum,  corticem  nucleo  cassum  habere 
putarentur1.  Varias  liujus  rationes  daremus,  nisi  temporis  angustia, 
ab  iis  recensendis  revocaret. 

Ejusmodi  porro  imaginariam,  ut  sic  dicamus,  inque  nudo  persua- 
sionis  errore  sitam  literaturam,  qui  degustarunt,  illitératis  evadunt 
stolidiores.  Quoniam  luminis  penitus  expertes  apicem  perTectionis 
attigisse  sibi  videntur;  et  se  omnium,  quaecunque  sciri  possunt, 
perscientissimos  esse  persuasum  sibi  habentes,  librorum  lectione  et 
studio  supersedent,  imo  ne  in  animum  quidem  inducunt.  Cum  e  con- 
trario mortalis,    genuino  doctrinae  lumine  praeditus,  licetsi  vita 

rions  dû  traduire  :  «  dans  leur  ancienne  fange  (въ  прежной  тине).  »  C'est  ce 
qu'a  fait  le  traducteur  anglais,  qui  a  rendu  ces  mots  par  :  in  their  former  Dreg 
(Cons.,  p.  64).  Peut-être  serions-nous  dans  le  vrai  en  supposant  qu'il  y  a  ici  une 
faute  d'impression,  et  qu'au  lieu  de  tu  ut  (nom.  типа)  il  faut  lire  тмЪ  ;  de  тма, 
obscurité.  L'allemand,  en  effet,  traduit  comme  nous  :  in  der  vorigen  Finsterniss  (p.  41). 
(1)  Un  auteur  qui,  certes,  n'est  pas  l'ennemi  du  progrès  intellectuel,  s'exprime 
ainsi  au  sujet  de  la  philosophie  au  moyen  âge  :  «  Ce  que  je  vais  dire  maintenant 
étonnera  peut-être  quelques  esprits  légers,  qui  ne  connaissent  la  philosophie  du  moyen 
âge  que  par  les  absurdes  déclamations  des  rhéteurs,  lesquels  n'ont  jamais  lu  une  ligne 
de  nos  grands  scolasliques  ;  je  soutiens  qu'aujourd'hui  encore,  et  après  Descaries  et  le 
dix-septième  siècle,  on  lira,  avec  un  très-grand  profil  philosophique,  saint  Anselme, 
saint  Bonaventure  et  saint  Thomas.  Ces  léles-lù.  .  .  on  en  voit  peu  de  comparables.... 
Du  moins  on  se  convaincra  que  la  hardiesse  de  ces  puissants  esprits  pour  creuser  les 
profonds  problèmes,  n'a  pas  souffert  de  ce  joug  de  la  théologie,  par  lesquels  certaines 
gens  les  regardent  cemme  enchainés.  »  (Mgr  Duija.\loup  de  l'Académie  française.  De 
la  haute  éducation  intellectuelle.  Paris,  Douniol,  1860.  T.  III,  p.    146.) 

8 


114  DEUXIÈME   PAJtTIE.    —  AFFAIRES    SPECIALES. 

table  science  n'éprouve  jamais  de  satiété  dans  ses  connaissances, 
et  ne  cesse  jamais  d'étudier,  quand  même  sa  vie  se  prolongerait 
au  delà  de  l'âge  de  Mathusalem. 

Or,  voici  une  chose  fort  triste  :  c'est  que  les  savants  superficiels 
dont  nous  parlons,  non-seulement  ne  sont  d'aucune  utilité,  mais 
sont  fort  nuisibles  à  leurs  amis,  à  la  patrie  et  à  l'Église.  Ils 
s'abaissent  outre  mesure  devant  les  puissants,  mais  ils  le  font 
malicieusement  afin  de  capter  leur  faveur  et  de  se  glisser 
jusqu'à  un  poste  honorable.  Ils  haïssent  ceux  qui  sont  du  môme 
rang  qu'eux,  et  si  quelqu'un  est  loué  pour  sa  science,  ils  s'effor- 
cent par  toute  sorte  de  moyens  de  le  déprécier  et  de  le  noircir 
auprès  du  peuple  et  des  grands.  Nourrissant  de  grandes  espé- 
rances, ils  sont  enclins  aux  séditions.  Quand  ils  parlent  Théo- 
logie, il  leur  est  impossible  de  ne  pas  dire  des  hérésies,  car,  à 
cause  de  leur  ignorance,  ils  se  méprennent  facilement  en  ce 
qu'ils  disent;  pourtant  ils  ne  veulent  nullement  rétracter  ce  qu'ils 
ont  avancé,  pour  ne  point  montrer  qu'ils  ne  savent  pas  tout,tan- 


sibi  diutior,  quam  fuerat  Mallmsalis,  fuerit  prorogata,  mmquam 
désistet  a  discendo,  nec  unquam  cognitis  satiabitur. 

Hoc  pro  maximo  incommoddest  reputandum,  personatos  illos, 
solida  eruditione  destitutos  sapientes,  non  solum  non  piodessc,  sed 
potius  obesse  socictati,  patriac  et  Ecclesiac.  Illi  in  procerum  con- 
speclu  supra  modumliumiliantur,  sedlupî  ovinam  pellem  induti  fa- 
vorem  ab  optimatibus  cmendicant,  ut  eblandientes  suffragia  in 
lionorificum  offîcium  possint  seintrudere.  Aequalis  ordinis  homines 
odioliabent.  Si  quis  vero  ob  doctrinam  inlucc  celcbritateque  verse- 
tur,  ut  hic  ab  optimatibus  et  a  populo  maie  audiat,  convitiisque 
oneratus  exponatur  ludibrio,  et  pro  vulgi  fabula  habeatur,  adlabo- 
rant.  Spc  fortunae  faventiorisincitati,  propendent  in  perduellionem. 
Ubi  de  Tbeologia  disceptant,  non  possunt,  quin  haercsin  éructent. 
Facile  enim,  utpote  illiterati,  argutantes  labuntur  :  ne  vero  indi- 
cium  suae  scientiae  non  ad  omnia  extensae  prodant,  suaescmelpro- 
latae  senlcntiaesunt  teaacissimi.  Cum  e  contrario  cordatt  viri  coin- 


$   4.    DES   ÉTABLISSEMENTS   D'INSTRUCTION.  115 

dis  que,  parmi  les  vrais  savants,  se  confirme  l'adage  :   «  C'est  le 
propre  de  l'homme  sage  de  modifier  son  opinion  '.  » 

On  a  jugé  à  propos  de  mettre  en  avant  ces  considérations.,  afin 
que  s'il  plaisait  à  Sa  Majesté  Tsariennede  fonder  une  Académie*, 


muni  assensu  huic  adstipulentur  proverbio  :   «  Sapientis  est  mut  are 
sentent iam  ' .  » 

Huic  loci  haud  inconsultum  esse  duximus  liaec  allegare  si  Augu- 
stissimo  REGI  visum  fuerit  erigere  Academiam  *,  spiritualis  Collegii 

(1)  «On  demandait  à  Prokopovitch,  ditPekarski,  des  discours  pour  les  occasions 
»  solennelles,  et  on  le  chargeait  de  rédiger  des  statuts.  Prokopovitch  s'en  acquit- 
»  tait,  niais  de  telle  façon  que  ses  discours  devenaient  des  pamphlets  politiques 
»  et  les  lois  rédigées  par  lui  des  satires.  »  (Op.  cit.,  p.  481  et  487.)  Le  passage 
du  a  Règlement  »  que  le  lecteur  a  sous  les  yeux  est,  en  effet,  une  satire  à  l'adresse 
surtout  d'Etienne  Yavorski,  le  digne  prélat  qui  administrait  le  siège  vacant  de  Mos- 
cou. C'est  que  Yavorski  s'était  cru  ohligé  de  présenter  au  Tsar  un  Mémoire  dont  le 
but  était  d'empêcher  que  Prokopovitch  fut  promu  à  l'épiscopat  à  cause  de  la 
doctrine  «  nouvelle  et  non  conforme  à  l'Église  orthodoxe,  catholique  et  aposto- 
lique »  contenue  dans  un  de  ses  écrits  ayant  pour  titre  :  Du  joug  insupportable. 
(Обь  иге  пеудобноспмомъ).Ье  Mémoire  de  Yavorski  est  conservé  parmi  les  ma- 
nuscrits du  Musée  Roumiantsoff,  décrits  par  Yostokoff  (Saint-Pétersbourg,  1842, 
N.  ccccvti,  pp.  9-11).  L'ouvrage  de  Prokopovitch  fut  plus  tard  traduit  en  latin  et 
publié  à  Leipzig  en  1782  sous  le  litre  :  «  De  jugo  intoierabili.  » 

On  sait  que  Pierre  répondit  au  Mémoire  de  Yavorski,  en  ordonnant  que  Prokopo- 
vitch fut  consacré  Evèque  de  Pskoff  et  Novgorod.  (Voir  l'Introduction.) 

(2)  Nous  pensons  que  Pierre  avait  ici  en  vue  non  point  une  Académie  ecclésias- 
tique —  comme  on  en  fonda  une  beaucoup  plus  tard  à  Saint-Pétersbourg  —  mais 
plutôt  l'Académie  des  sciences.  En  effet,  Pierre  en  méditait  l'érection  depuis  plu- 
sieurs années  et  les  documents  de  cette  époque  qui  en  parlent,  l'appellent  tout 
simplement  Académie,  comme  fait  ici  le  «  Règlement  ».  Ce  ne  fut  qu'un  peu  plus 
tard,  et  lors  de  son  érection  définitive,  qu'elle  reçut  officiellement  la  dénomi- 
nation à' Académie  des  sciences.  (V.  Поли.  CoGp  Зак.  Tome  V  (3208),  11  juin  1718; 
t.  VII  (4427),  20  janvier  1724;  id.  (4443),  28  janvier  1724;  id.  (4663),  23  février 
1725;  id.  (4807),  7  décembre  1723.)  —  Remarquons,  en  outre,  que  deux  Académies 
ecclésiastiques  existaient  déjà  dans  les  villes  de  Kieff  et  de  Moscou;  or,  le  «  Règle- 
ment »  parle  ici  de  quelque  chose  à  créer  et  dont  on  esquisse  un  premier  plan, 
il  ne  saurait  donc  pas  être  question  d'une  Académie  du  genre  de  celles  qu'on 
vient  de  mentionner.  D'ailleurs,  croira-t-on  que  Pierre  ait  fait,  dans  les  considé- 
rations qui  précèdent,  de  si  grands  éloges  de  la  science  — mot  qui,  chez  lui, 
signifiait  surtout  les  sciences  exactes  et  naturelles  — pour  en  arriver  tout  simple- 
ment à  copier  les  Académies  de  Kieff  et  de  Moscou?  Rien  d'étonnant,  du  reste, 
que  Pierre  ait  eu,   pendant  quelque   temps,  la  pensée  de  faire  de  l'Académie  des 


116  DEUXIÈME   PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §  4. 

le  Collège  Ecclésiastique  examinât  d'abord  quels  professeurs  il 
faudrait  nommer  et  quelle  méthode  d'enseignement  il  faudrait 


intererit  dispicere  :  cujusmodi    paedagogi  designandi  ftierint?  Et 
quae  norma  docendi  et  discendi  fuerit  praescribenda  ?  ne  in  cassum 


sciences  une  annexe  du  Collège  ecclésiastique.  Quelque  grande  que  fût  l'ignorance 
du  clergé,  c'était  encore  parmi  le  clergé  que    Pierre  trouvait  des  hommes  moins 
impropres  à  favoriser  ses  plans  pour  l'instruction  de  son  peuple.  «Les  moines,  dit 
Voltaire  si  peu  porté  à  en  faire  l'éloge,  étaient  presque  les  seuls  qui  sussent  écrire.  » 
(Hîst.  de  Pierre  le  Grand,  II,  ch.  xiv).  Les  «  écoles  des  chiffres  »,   dont  nous  avons 
parlé  plus  haut  (p.  64  note),    étaient   attachées   aux   maisons   épiscopales   et   aux 
principaux  monastères.    Même    après   la    mort    de    Pierre    et   sous    le    règne    de 
Catherine  Ire,  toutes  les  écoles,   ecclésiastiques  et  laïques,    furent  placées  sous  la 
dépendance  du  Synode  (Поли.  Собр.  Зак.  Tome    VII    (4975),    31    octobre  1726)  et  il 
fallut  longtemps  avant   qu'on  put    se  passer,  en  Russie,  du  clergé  pour  l'enseigne- 
ment des  laïques.  D'ailleurs,  au  retour  de  son  premier  voyage   à  l'étranger  (1698- 
99),  Pierre   avait  déjà    manifesté    au  dernier  Patriarche    de  Moscou  ,    Adrien  ,    la 
pensée  d'élargir  le  cadre  des  matières  d'enseignement  de  l'Académie  ecclésiastique 
de  Moscou,  placée  alors   sous  la  dépendance  du    Patriarche,  afin  qu'elle  pût  pro- 
duire aussi  «  des  soldats  instruits,  des  architectes  et  des  médecins.;»  Oostrialoff, 
Цст.  Царствов.  Петра  Велик.  Histoire  du  règne   de  Pierre  le  Grand.   T.    III,    pp.    511- 
512.)  On  comprend  que  l'Académie   de    Moscou,   ainsi  modifiée  ,  eût  cessé   d'être 
ecclésiastique,  pour  devenir  une  Académie  des   sciences  sous  la  direction  du  clergé. 
On  peut  remarquer,  aussi,  que  de  tous  les  Collèges  déjà  fondés  par  Pierre  (voir  plus 
haut  p.  3  note  et  p.  16),  le  Collège  ecclésiastique  était  le   seul    auquel   on  pouvait 
attacher  une  institution   ayant    pour  but  de  pourvoir  à  l'instruction  du  peuple  et 
de  contribuer  au  progrès  des  sciences  ;  si  bien  que  lorsque  Pierre  modifia  son  plan, 
il  plaça  l'Académie  sous  la  dépendance  directe  du  Souverain.  (V.  plus  loin,  la  note  au 
ri°  xxii.)  Enfin,  la    faveur  dont  jouissait   Prokopovitch  auprès  du  Tsar,  l'érudition 
de  ce  prélat  et  aussi   l'ambition,    d'ailleurs   bien   connue,   de  Prokopovitch  ,    tout 
cela  vient  à  l'appui  de  notre  interprétation. 

•  Nous  savons  bien  que  Pekarski,  qui  a  recueilli  avec  tant  de  soin  tout  ce  qui  se 
rapporte  aux  écoles  ecclésiastiques  de  cette  époque  et  aux  origines  de  «  l'Académie 
des  sciences  »,  ne  parle  seulement  pas  du  plan  d'Académie  esquissé  dans  le 
«  Règlement  ecclésiastique  »;  nous  n'ignorons  pas  non  plus  que  le  Registre  alphabétique 
de  la  Collection  complète  des  lois  de  l'empire  russe  à  la  rubrique  :  «  Bibliothèques 
publiques  »  en  renvoyant  le  lecteur  au  n°  vnt  du  plan  d'Académie  du  «  Règle- 
ment »  appelle  cette  Académie:  ecclésiastique (..ищ  Духовной  Академш)^оиэ  croyons 
cependant  que  cela  n'infirme  point  notre  interprétation,  à  savoir  qu'il  s'agit  ici 
de  Г  ce  Académie  de  sciences  »  qu'on  eût  voulu  placer  tout  d'abord  sous  la  dépen- 
dance du  Synode.  Le  lecteur  appréciera,  outre  les  raisons  que  nous  venons  d'al- 
léguer, celles  aussi  qu'il  trouvera  dans  les  notes  qui  suivent. 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION,  —  DE  L'ACADEMIE.      11? 

leur  prescrire  pour  que  la  dépense  du  Souverain  x  ne  soit  pas 
inutile,  et  qu'au  lieu  de  l'avantage  qu'on  en  espère,  elle  n'ait  pas 
un  résultat  vain  et  ridicule. 

Pour  procéder  en  cette  affaire  avec  habileté  et  circonspection, 
il  est  opportun  de  garder  les  règles  suivantes  : 

(de  l'académie.) 

I.  Il  ne  faut  pas,  dans  les  commencements,  beaucoup  de  profes- 
seurs; il  suffit,  pour  la  première  année,  qu'il  y  en  ait  un  ou  deux 
pour  enseigner  la  Grammaire,  c'est-à-dire  la  connaissance  des  rè- 
gles de  la  langue  latine  ou  de  la  grecque,  ou  bien  des  deux  à  la  fois. 

II.  La  deuxième  année,  la  troisième  et  les  autres  suivantes,  on 
passera  à  des  sciences  plus  élevées,  sans  toutefois  cesser  l'ensei- 
gnement de  la  Grammaire,  et,  en  raison  des  élèves  nouvellement 
arrivés,  on  augmentera  aussi  le  nombre  des  professeurs2. 


regius  sumptus  abeat  '  :  et  pro  commodo,  quod  expetitur,  ridicula 
prodeat jactura. 

Ut  autern  caute  et  circumspecte  in  hoc  negotio  versemur,  sequentes 
regidae  sunt  idoneae  : 

(DE   AGADEMIA.) 

I.  In  ipso  initio  multi  paedagogi  non  sunt  necessarii,  primo 
enim  an  no  unus  et  alter  sufficiunt,  qui  Grammaticam  doceant,  qui 
minimum  latinae  vcl  graecae  linguau,  vel  utriusque  intelligendae 
régulas  explicent. 

II.  Sequente  biennio,  et  deinde  aliis  annis,  ad  altiorcs  gradatim 
scientias  ascendentes  discipuli,  pluiïbus  opus  habebunt  doctoribus. 
Adsciti  itidem  de  novo  discipuli  in  tyrocinio  linguarum  sunt  exer- 
cendi2. 

(1)  Voir  plus  loin  la  note  au  nd  xxi. 

(2)  On  voit,  par  ces  deux  premiers  articles,  que  l'Académie  projetée  par  Pierre  ne 
correspond  pas  exactement  aux  institutions  du  même  nom  existant  alors  à 
l'étranger,  ni  même  aux  Académies  existant  de  nos  jours  en  Russie.  En  cela,  le 
plan  esquissé  dans  le  «  Règlement  »  s'accorde  avec  le  Projet  définitif  approuvé  pour 


118        DEUXIEME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §   4. 

III.  On  mettra  à  toute  sorte  d'épreuves  la  capacité  de  celui  qui 
aspire  au  professorat.  Veut-on  savoir,  par  exemple,  s'il  est  versé 
dans  la  langue  latine?  Qu'on  lui  ordonne  de  traduire  en  latin 
une  composition  russe,  et  en  russe  une  oraison  de  quelque 
célèbre  auteur  latin,  ensuite  qu'on  fasse  examiner  et  juger  ses 
traductions  par  des  personnes  capables  et  l'on  verra  immédiate- 
ment, si  le  candidat  possède  le  latin  parfaitement,  ou  médiocre- 
ment, ou  moins  que  cela,  ou  rien  du  tout.  Pour  les  autres 
sciences,  il  existe  des  épreuves  spéciales  dont  on  pourra  faire 
une  description  à  part. 


III.  Ut  de  futuro  ludimagistm,  utrum  suo  muneri  exequendo  par 
fuerit?  liquido  constet,  exquisito  opus  est  expérimente.  Exempli 
gratia  :  Si  volupe  est  noscere  :  peritus  ne  ille  est  latinae  linguae  ? 
injungatur  ipsi  aliqua  ruthena  oratio  in  linguam  latinam  transfun- 
denda.  Latina  pariter  alicujus  inclyti  auctoris  oratio  in  rossicam 
transferenda  ;  quamutramqueversionem  recognoscere  et  testimonia 
pro  illa  ferre  possunt  periti  hommes  ;  unde  protinus  patebit  :  per- 
fectus  ne  ille  est  ?  an  mediocris  ?  an  denique  prorsus  ineptus  ?  non 
desunt  etiam  aliis  scientiis,  quibus  explorentur,  consentanea  expé- 
rimenta, quae  alio  tempore  possunt  adferri. 

l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg  en  date  du  28  janvier  1724.  (Поли 
Собр.  Зак.  T.  VII,  (4443).  pp.  220  et  seq.)  —  «  Autre  chose,  est-il  dit  dans  ce 
Projet,  est  une  Académie  et  autre  une  Université;  celle-ci  est  une  réunion  de 
savants  chargés  d'enseigner  les  hautes  sciences  aux  autres,  tandis  que  l'Académie 
a  pour  son  but  principal  de  faire  progresser  la  science  par  de  nouvelles  découvertes 
et  des  études  ultérieures. ...  A  l'étranger  ces  deux  institutions  peuvent  être  sé- 
parées, mais  pas  en  Russie,  attendu  l'extrême  pénurie  d'hommes  instruits  et  capables 
d'en  remplir  les  fonctions La  Russie  manque  même  de  Séminaires  et  de  Gym- 
nases proprement  dits;  ce  serait  peu  sage  de  négliger  ce  que  réclament  d'urgence 
les  besoins  du  pays,  pour  songer  à  faire  de  l'Académie  une  institution  de  pur  luxe. 
En  conséquence,  il  faut  que,  du  moins  pendant  quelque  temps ,  l'Académie  et 
l'Université  soient  réunies  en  une  seule  institution  qui  gardera  le  nom  d'Académie 
et  qui  devra  ouvrir  des  classes  pour  les  jeunes  gens  désireux  de  suivre  un  cours 
régulier  d'études,  etc.  » —  En  d'autres  mots,  l'Académie  des  sciences  de  Saint- 
Pétersbourg  devait  être,  à  son  origine ,  tout  ensemble  ce  que  nous  appelons  un 
Gymnase,  un  Lycée,  une  Université  et  une  vraie  Académie.   Il  n'entre  pas  dans  les 


DES   ÉTABLISSEMENTS   DTNSTRUCTION.   —   DE   L'ACADEMIE      119 

IV.  Quand  môme  le  candidat  ne  se  montrerait  pas  suffisam- 
ment versé  dans  la  science  qu'il  a  en  vue,  on  pourra  néanmoins 
connaître  s'il  a  de  la  pénétration  d'esprit.  Dans  ce  cas  il  est  évi- 
dent que  s'il  n'a  pas  réussi,  c'est  à  cause  de  sa  paresse,  ou  parce 
qu'il  a  eu  de  mauvais  maîtres;  en  conséquence,  on  lui  ordonnera, 
s'il  veut  devenir  professeur,  de  s'exercer  pendant  six  mois  ou  un 
an  sur  les  auteurs  les  plus  versés  dans  la  matière.  On  agira  ainsi 
uniquement  à  défaut  d'autres  hommes*,  сох  mieux  vaut  ne  point 
compter  sur  de  telles  gens. 


IV.  Quanquam  aliquis  literaturam,  quae  in  ipso  requiritur,  non 
usque  adeo  callet,  certa  tamen  acuminis  praebet  indicia,  ex  quibus 
colligitur  negligentiam,  vel  ineptum  magistrum  in  causa  fuisse, 
quominusproficeret.  Huicindulgebiturannuumtempus  vel  semestre, 
ut  si  ludimagister  velit  creari,  in  auctoribus  illius  scientiae  peri- 
tissimis  legendis  per  id  temporis  se  exerceat.  Id  quidem  in  melio- 
rum  penuria  1  faciendum  suadetur,  alioquin  praestaret  aquam 
e  pumice  non  postulare. 

limites  d'une  note  d'en  suivre  l'histoire  ;  nous  nous  bornerons  à  faire  remarquer 
que  l'Académie  des  sciences  ne  fut  séparée  de  l'Université  qu'en  1747,  vingt-deux 
ans  après  l'approbation  du  Projet  définitif.  (Поли.  Собр.  Зак.  T.  XII.  (9425),  24  juil- 
let 1747.) 

(1)  La  première  fois  qu'il  est  fait  mention  d'Académie,  dans  la  Collection  com- 
plète des  lois  de  l'Empire  russe,  c'est  dans  la  réponse  de  Pierre  au  mémoire  de  Fick, 
un  étranger  au  service  de  la  Russie  et  chargé  d'affaires  pour  la  Russie  près  de  la 
cour  de  Suède.  Fick  avait  représenté  à  Pierre  qu'il  ne  serait  pas  difficile  d'instruire 
et  d'élever  des  jeunes  enfants  russes  ;  le  Tsar  avait  répondu  en  ces  termes  :  «  On 
»  érigera  une  Académie  ;  en  attendant  qu'on  s'enquière  s'il  se  trouve  parmi  les  Russes 
»  quelque  homme  instruit  et  qui  ait  de  la  propension  à  cela.  »  (llo.iu.  Собр.  Зак.  T.  V. 
(3208)  Il  juin  1718  n"  11,  p.  574.)  L'enquête  ordonnée  par  Pierre  n'aboutit  à  aucun 
résultat  satisfaisant,  c'est  pourquoi  le  a  Règlement  »  dit,  ici,  qu'on  agira  ainsi 
«  à  défaut  d'autres  hommes  ».  Afin  de  remédier  à  cette  pénurie,  Pierre  n'omettait 
rien  qui  fût  en  son  pouvoir  pour  attirer  en  Russie  des  étrangers,  tellement  que  le 
Nonce  apostolique  à  Cologne  croyait  trouver  en  cela  l'explication  des  marques  de 
déférence  données  par  Pierre  au  Pape  Clément  XI.  «  Essendo  lo  Csar,  écrivait  le 
»  Nonce  en  1717,  di  итоге  assai  particolare  e  piuttosto  rozzo,  pure per  il  desiderio  che 
»  ha  di  popolare  il  suo  vasto  hnperio  e  di  pulire  la  sua  nazione  con  introdurvi  ogni 
»  sorta  di  manifallura,    arti    e    rommercio,  si   sforz-a  mostrando  civiltà  e  corlesia  ai 


120        DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —   §   4. 

V.  Une  fois  qu'on  aura  nommé  de  bons  professeurs,  on  leur 
ordonnera  d'expliquer  avant  tout  à  leurs  élèves,  brièvement 
mais  clairement,  l'importance  de  la  science  dont  ils  vont  s'oc- 
cuper, de  la  Grammaire,  par  exemple,  de  la  Rhétorique,  de  la 
Logique,  etc.,  et  quel  but  l'on  se  propose  dans  l'étude  de  telle  ou 
telle  science  ;  de  cette  manière  les  élèves  verront  le  rivage  vers 
lequel  ils  naviguent,  éprouveront  une  plus  grande  satisfaction, 
et  se  rendront  compte  tous  les  jours  de  leurs  progrès  et  du  che- 
min qui  leur  reste  encore. 


V.  Magistri  strenuam  operam  navantes  praemonendi  surit,  ut  in 
ipso  addiscendarum  artium  limine  discipulos  stricta,  sed  exserta 
exhortatione  certos  faciant  de  eo,  in  quo  singulae  artes  sitae  sint, 
v.  g.  Rhetorica,  Logica,  et  caet.  :  et  ad  quem  scopum  attingendum 
haec,  aut  illa  scientia  viam  sternat  ;  ut  hac  ratione  discipuli  tam  de 
littore,  ad  quod  ferantur,  sint  certi,  quam  profectum  in  dies  cre- 
scentem  et  illius  defectum  cognoscant  ;  indeque  majore  studio  in- 
flammentur. 


»  forastieri  per  attirame  più  che  puà  nei  suoi  dominii,  e  questo  forse  è  uno  deiprinci- 
»  pâli  oggetti  per  cui  darà  mano  ail'  esercizio  di  nostra  santa  Religione,  ed  accoglierà 
r>  volontieri  il  ministre  apostolico.y>  (Tourgueneff  [A.  J,],  Hislorica  Russice  monumenta 
ex  antiquis  exterarum  gentium  archivais  et  Bibiiothecis  deprompta.  Petropoli,  1841-42, 
CLVIII,  p.  335.)  —  Le  Nonce  était  dans  le  vrai.  Si  Pierre  montrait  quelque  déférence 
vis-à-vis  du  Pape,  il  en  montrait  bien  davantage  vis-à-vis  des  Protestants  de 
Hollande  et  dAllemagne.  Parmi  ceux  que  Pierre,  à  force  d'instances  et  d'argent, 
s'efforçait  d'attirer  en  Russie,  nous  trouvons  le  célèbre  Christian  "Wolff  (1679-1754) 
dont  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg  a  publié  la  correspondance,  il  y. 
a  quelques  années.  (Briefe  von  Christian  Wolff"  ans  den  Jahren  1719-1753.  Saint- 
Pétersbourg,  1860.)  Dans  une  lettre,  datée  du  mois  de  mars  1724,  Wolff  ayant 
allégué,  pour  s'excuser  d'aller  en  Russie,  la  crainte  d'être  persécuté  du  clergé 
orthodoxe  à  cause  de  ses  opinions  religieuses  —  qui  lui  avaient  valu  des  vexations 
même  dans  l'Allemagne  protestante  ;  —  on  lui  répondit  officiellement  qu'en  Russie 
«  le  scpbemos  Pontifex  c'est  l'Empereur  lui-même  qui  ne  gouverne  point  comme  il 
plaît  au  clergé,  lequel  est  obligé  de  lui  obéir.  (Въ  Pqccin  самъ  1мператор'Ь  есть  supremus 
Pontifex,  и  опъ  управллегь  не  такъ  какъ  угодно  духовенству,  которое  обязано 
повиноваться   елу.  »  (Pekarski,  op.  cit.  I,  pp.  38-39.) 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      121 

VI.  On  choisira  pour  chaque  branche  d'enseignements  les 
meilleurs  auteurs  approuvés  dans  de  célèbres  Académies.  Ainsi, 
par  exemple,  il  a  été  publié  à  Paris, par  ordre  du  roi  Louis  XIVх, 
une  grammaire  latine,  rédigée  d'une  manière  à  la  fois  si  suc- 
cincte et  si  parfaite  qu'avec  elle  un  écolier  doué  de  talent,  peut 
se  promettre  d'apprendre  parfaitement  le  latin  en  un  an,  tandis 
que,  chez  nous,  c'est  à  peine  si  on  en  comprend  quelque  chose 
après  cinq  et  six  ans,  et  la  preuve  en  est  qu'un  élève  sortant  d'un 
cours  de  Théologie  ou  de  Philosophie,  n'est  pas  capable  de  tra- 
duire le  latin  le  plus  facile  à  comprendre. 


VI.  Auctores  in  unoquoque  literaturae  génère  seligendi  sunt,  qui 
aliispalmam  praeripiant,  et  in  celeberrimis  Academiiscandido  cal- 
cule» sunt  notati  ;  exempli  gratia,  Grammatica  latina  jussu  régis  Lu- 
dovici  XIV  1,  Parisiis  ita  succincte  in  compendium  est  redacta,  ut 
unius  anni  spatio  discipulus  absque  dubio  optime  latinam  linguam 
ediscere  possit.  Cum  e  contrario  nostrates  quinquennium  aut  sexen- 
nium  illi  percipiendae  impendentes  haudquaquam  optato  fruuntur 
successu.  Quod  quidem  verum  esse,  nostrarum  scliolarum  alumni 
suo  comprobant  exemplo  ;  siquidem  Philosophoruni  et  Theologo 
rum  titulis  condecorati,  latinae,  mediocris  stili,  oralioni  rutbenice 
reddendae,  sunt  impares. 

(1)  Si  nous  ne  nous  sommes  point  trompé  dans  nos  recherches,  il  n'existe  pas 
de  Grammaire  latine  publiée  à  Paris  par  ordre  de  Louis  XIV,  et  nous  sommes  porté 
à  croire  que  l'ordre  (повелите)  du  roi  dont  parle  le  «  Règlement  »  —  ainsi  que 
les  trois  versions  allemande,  anglaise  et  latine, —  n'est  autre  chose  que  le  Privilège 
du  roi  imprimé  en  tête  des  livres  de  cette  époque,  et  par  lequel  étaient  assurés 
les  droits  des  éditeurs.  Quant  à  savoir  quelle  est  précisément  la  Grammaire  à 
laquelle  Pierre  fait  allusion,  ce  qu'on  en  dit  ici  ne  saurait  convenir  à  aucune 
mieux  qu'à  la  Nouvelle  méthode  pour  apprendre  facilement  et  en  peu  de  temps  la 
langue  latine,  par  Dom  Claude  Lancelot  (lre  édit.,  1644).  C'est  la  méthode  appelée 
de  Port  Royal  et  dont  il  est  dit  dans  une  édition  postérieure  qu'elle  avait  «  esté 
»  si  heureuse  que  de  contribuer  mesme  quelque  chose  pour  l'intelligence  de  la  plus  né- 
»  cessaire  de  toutes  les  langues  à  l'instruction  royale  de  Sa  Majesté  à  qui  elle  fut  pré- 
»  sentéc.  »  (3e  édit.  Paris,  chez  Pierre  le  Petit,  imprimeur  et  libraire  ordinaire  du 
Roy,  1656,  avec  privilège  de  Sa  Majesté,  Préf.  p.  7.)  Que  si  cette  Grammaire  parais- 
sait trop  étendue  pour  qu'on  pût  lui  appliquer  la  description  qu'en  fait  le  «  Règle- 
ment »,    nous  croirions   que   Pierre  avait   en    vue   l'Abrégé  de    la    même    Gram- 


122  DEUXIÈME  PARTIE-  —  AFFAIRES   .SPECIALES.  —  §   4. 

Partant,  après  qu'on  aura  fait  ainsi  qu'on  a  dit,  un  choix  des 
meilleurs  auteurs,  soit  pour  la  Grammaire,  soit  pour  kr  Rhéto- 
rique, soit  pour  les  autres  sciences,  on  les  adoptera  pour  l'Aca- 
démie avec  ordre  de  ne  prendre  pour  guides  dans  l'enseigne- 
ment que  ceux-là  et  point  d'autres: 

VII.  En  ce  qui  regarde  particulièrement  la  Théologie,  on 
ordonnera  d'enseigner  les  vérités  capitales  de  notre  foi  et  la  loi 
divine.  Le  professeur  de  Théologie  devra  étudier  la  Sainte  Écri- 
ture, et  connaître  les  règles  qui  servent  à  en  saisir  le  sens  et  la 
valeur  réelle  et  précise,  afin  d'appuyer  ensuite  tous  les  dogmes 
sur  des  témoignages  de  Y  Ecriture  ' . 

Dans  ce  but,  il  s'aidera  de  la  lecture  assidue  des  ouvrages  des 
Saints  Pères,  de  ceux  surtout  qui  àFoccasion  des  dissensions  sou- 
levées dans  l'Église,  ont  traité  à  fond  certains  dogmes,  en  com- 
battant contre  les  hérésies  contraires.  En  effet,  parmi  les  anciens 


Selecti  igitur,  quemadmodum  monuimus,  optimi  in  Grammatica, 
in  Rhetorica,  et  in  aliis  liberalibus  artibus  auctores  commendandi 
sunt  Academiae,  ea  lege,  ut  horum  primipilorum,  non  aliorum 
vestigiis  in  scholastico  cursu  insistatur. 

VII.  Theologiae  professor  peculiariter  est  monendus,  ut  praeci- 
pua  fidei  nostrae  enarret  dogmata,  et  legis  divinae  praecepta  ;  ut 
Sacram  Scripturam  lectitet,  discatque  canones  qui  ad  exquisitam  et 
genuinam  Sacrae  Scripturae  vim  mtelligendam  faciant,  ut  demum 
ad  dogmata  confirmanda  ex  Scripturis  petat  testimonia  l. 

Subsidium  porro  huic  conatui  sedula  sanctorum  Patrum  lectione 
comparandum  est,  et  quidem  ejusmodi  Patrum,  qui  data  opéra  de 
dogmatibus  ex  disceptationum,  quae  in  Ecclesia  exortae  fuerunt, 
occasione,  cum  oppositis  liaeresibus  conflictantes,  scripserant.  Sunt 

maire,  lequel  a  également  pour  auteur  le  célèbre  Lancelot  (1615-1695)   et   parut 
pour  la  première   fois  à  Paris  en    1633  avec  ce  titre  :  Abrégé  de  la  nouvelle  méthode 
présentée  au   Roi   par   MM.    de   Port-Royal ,   pour   apprendre   facilement    la    langue 
latine. 
(1)  Voir  plus  haut  p.  47  note  ;  p.  51  note,  et  l'Introduction, 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      123 

Docteurs,  les  uns  ont  écrit  tout  spécialement  sur  tel  dogme,  les 
autres  sur  tel  autre.  Sur  le  mystère  de  la  Trinité,  par  exemple, 
ont  écrit  Grégoire  de  Nazianze  dans  ses  cinq  discours  théolo- 
giques., et  Augustin  dans  ses  livres  de  Trinitate;  sur  la  divinité 
du  Fils  de  Dieu,  outre  ces  deux  Pères,  le  grand  Athanase  dans 
ses  cinq  livres  contre  les  Ariens  ;  sur  la  divinité  du  Saint-Esprit, 
le  grand  Basile  dans  ses  cinq  livres  contre  Eunomius  ;  sur  ГЪу  - 
postase  de  Jésus- Christ,  Cyrille  d'Alexandrie  dans  ses  livres  contre 
Nestorius.  En  ce  qui  concerne  les  deux  natures  en  Jésus-Christ, 
il  suffit  de  la  lettre  de  Léon,  Pape  de  Rome,  à  Fla\ien,  Patriarche 
d'Alexandrie.  Du  péché  originel  et  de  la  grâce  divine  a  traité 
Augustin  dans  plusieurs  écrits  contre  les  Pélagiens,  et  ainsi  de 
suite  К  D'une  grande  utilité  pour  le  même  but  sont  aussi  les  actes 
et  les  discussions  des  Conciles,  tant  œcuméniques  que  locaux. 


etenim  antiqui  Doctores,  qui  ex  professo  de  dogmatibus,  etquidem 
alter  de  hoc,  alter  de  illo  dogmate  scripserant;  exempli  ( causa  : 
Gregorius  Nazianzenus  de  Trinitatis  mysterio  theologicis  quinque 
orationibus,  et  Augustinus  libris  de  Trinitate  et  de  Filii  Dei  divini- 
tate.  Praeter  nos  Athanasius  magnus  de  Spiritus  sancti  divinitate 
quinque  libris  contra  Aiïanos.  Et  BasiJius  magnus  quinque  libris  in 
Eunomium,  Cyrillus  Alexandrinus  de  Christi  hypostasi  oratione  in 
Nestorium.  De  duabus  denique  in  Cbristo  naturis  unica  Leonis 
Papae  Romani  epistola  ad  Flavianum  Patriarcham  Constantinopoli- 
tanum,  suffîciet.  De  peccato  originali  et  de  gratia  divina  Augusti- 
nus plerisque  libris  contra  Pelagianos,  et  caeteri l.  Ad  baec  pluri- 
mum  conducunt  tam  oecumenicorum,  quam  provincialium  acta  et 
consultationes  Conciliorum. 

(1)  Saint  Grégoire  de  Nazianze  (329-390)  nous  a  laissé  quarante-cinq  discours 
sur  la  divinité  du  Fils  et  du  Saint-Esprit  et  sur  leurs  relations  avec  le  Père.  Les 
plus  célèbres  sont  les  27e,  28%  29e,  30e  et  31e,  dirigés  contre  les  Eunomiens  et  les 
Macédoniens.  On  les  appela  théologiques,  à  cause  de  la  profonde  et  vaste  science 
qu'ils  renferment.  —  L'ouvrage  De  Trinitate  de  saint  Augustin  (354-430)  est  en 
quinze  livres.   —  Les  Orationcs  contra  Ariano*  de  saint  Athanase  (296-373)  sont  au 


124        DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES  SPECIALES.   —  §   4. 

Un  enseignement  théologique  puisé  dans  de  tels  maîtres  et 
appuvé  par  l'Écriture  Sainte  ne  sera  pas  de  peu  de  valeur. 

Quoique  le  professeur  de  Théologie  puisse  aussi  tirer  profit  des 
auteurs  hétérodoxes  plus  modernes,  il  ne  se  formera  pourtant 
pas  sur  ceux-ci,  ni  ne  s'en  remettra  à  ce  qu'ils  débitent  ;  il  n'ac- 
ceptera leur  direction  que  pour  les  preuves  tirées  de  l'Écriture 
et  des  anciens  Docteurs  qu'ils  ont  employées,  surtout  quant  aux 


Ejusmodi  subsidiis,  praesertim  ver  о  Sacrae  Scripturae  lumine 
adjuti  theologicae  scientiae  Doctores,  non  ludent  operam. 

Quanquam  Theologiae  doctori  a  recentioribus  etiam  heterodoxis 
doctoribus  licebit  interdum  mutuari  subsidia,  non  tamen  oportet 
illum  placitis  eorum  adbaerere,  nec  narratiunculis  eorum  acquie- 
scere.  Hoc  non  obstante  eorum  manuductioni,  quibusnam  illi  ex 

nombre  de  quatre  dans  les  éditions  des  œuvres  de  ce  Père.  Peut-être  a-t-on  entendu 
y  joindre  YEpistola  encyclica  ad  episcopos  /Egypti  et  Lybiœ  qui  a  un  caractère  plus 
dogmatique  que  YApologia  contra  Arianos  —  Le  titre  entier  de  l'ouvrage  de  saint 
Basile  (330-379)  est  :  Libri  quinqup,,  quibus  Eunomii  apologeticus  evertitur.  —  Celui 
de  l'ouvrage  de  saint  Cyrille  d'Alexandrie  (444)  est  :  Adversus  Nestorii  blasphe- 
mïas  contradictionum,  libri  quinque.  —  La  lettre  du  Pape  saint  Léon  (461)  à  Fla- 
vien  est  la  vingt-huitième  parmi  les  lettres  dogmatiques  du  même  Pape.  On  sait 
qu'elle  fut  saluée  par  les  acclamations  unanimes  des  évêques  du  quatrième  concile 
œcuménique  de  Chalcédoine  (451).  Il  est  curieux  de  remarquer  que  dans  l'office  de 
ce  Pape,  l'Église  gréco-russe  lui  adresse  cette  invocation  :  «  Prie  assidûment  le 
Seigneur  pour  ton  troupeau  »  (Yrtip  xrjç  uoifAVr;;  20Y  x6v  Ae<j7ï6tt]V  ixxevuç 
xafaxE-iéus  О  паств*  ТВОЕЙ  Владыку  прилежно  умоли.  Off.  de  saint  Léon, 
18  févr.  à  Matines,  ode  9.)  L'hymnographe  saint  Théodore  le  Grapt  ,  auteur  du 
canon  d'où  est  tirée  cette  invocation,  appartenait  à  l'Eglise  grecque  1  II  est  un  des 
saints  antérieurs  au  schisme  ;  les  catholiques  l'honorent  en  commun  avec  les 
Grecs;  il  mourut  en  843,  évêque  de  Nicée.  Nous  en  célébrons  la  mémoire  le 
27  décembre.  —  Enfin,  pour  ce  qui  est  des  écrits  de  saint  Augustin  contre  les  Péla- 
giens,  en  voici  les  titres  :  De  peccatorum  meritis  et  remissione  deque  baptismo  parvu- 
lorum,  (écrit  en  412);  De  spiritu  et  littera  ;  De  natura  et  gratia  (415);  Epistola  ad 
Eulropium  et  Paulinum,  se  и  de  perfectione  naturœ  hominif  ;  Degeslis  Pelagii;  De  gratia 
Chruti  et  de  peccato  originali  (418);  De  nvptiis  et  concupiscentia  (419)  ;  Contra  duas 
epistolas  Pe/agianorum  (4  livres,  adressés  au  Pape  Boniface,  vers  420)  ;  Contra  Julia. 
пит  Pelagianum ;  Opus  imperfectum  contra  Julianum.  Contre  les  Séniipélagiens  sont 
les  écrits  suivants:  De  gratia  et  libero  arbitrio  (427);  De  corruptione  et  gratia  ;  De 
prœdestinalione  Sanclorum  ;  De  dono  perseverantiœ. 


DES  ETABLISSEMENTS  DINSTRUCTION.  —  DE  b' ACADÉMIE.       125 

dogmes  sur  lesquels  ces  hétérodoxes  sont  d'accord  avec  nous. 
Cependant,  il  ne  se  fiera  pas  légèrement  à  leurs  arguments, 
mais  il  examinera  si  tel  ou  tel  passage  se  trouve  réellement  dans 
l'Écriture  ou  dans  les  ouvrages  des  Pères,  et  s'il  a  bien  le  sens 
dans  lequel  lesdits  auteurs  l'ont  employé: c'est  que  souvent  ces 
messieurs-là  mentent  en  citant  ce  qui  n'existe  point,  souvent 
aussi  ils  falsifient  les  textes  qui  existent.  En  voici  un  exemple 
dans  les  paroles  du  Seigneur  à  Pierre  :  «  J'ai  prié  pour  toi  afin 
que  ta  foi  ne  défaille  point.  »  Cela  a  été  dit  de  Pierre  indi- 
viduellement, de  la  propre  personne  de  Pierre,  mais  les  Latins 
fout  une  application  forcée  à  leur  Pape,  et  ils  en  concluent 
que  le  Pape  ne  peut  errer  dans  la  foi  quand  même  il  le  voudrait1. 
Partant,  le  professeur  de  Théologie  n'enseignera  pas  d'après  les 


Scriptura,  et  ex  antiquis  Pa tribus  desumptis  documentis ,  prae- 
sertim  ad  dogmata  nobis  et  heterodoxis  communia  propugnanda 
utantur,  potest  insistere,  caute  tamen  fidem  eorum  allegationibus 
adhibebit,  sed  Seripturam  ipsam,  ipsosque  Patrum  libros  :  utrum 
textus  allegatus  inveniatur  ?  et  utrum  in  eodem  sensu,  iu  quo  ad- 
fertur,  positus  sit?  consulet.  Fréquenter  etenim  bi  domini  halluci- 
nantur,  testimonia,  quae  nusquam  reperiuntur,  addueentes.  Non 
raro  etiam  textum  sincerum  detorquent.  Habe  vel  unicum  pro 
exemplo,  hoc  Domini  verbum  ad  Petrum  :  c.  Ego  oravi  pro  te,  ne 
deficiat  fïdes  tua.  »  Dictum  est  Petro,  quo  ad  solam  ipsius  personam 
in  individuo  ;  Romanenses  vero  ad  suum  Pontificem  detorquent, 
colligentes  inde  Papam  non  posse,  quamvis  velit,  in  fidei  articulis 
peccare  '.  Doctoris   igitur  Tbeologiae  est  ea,  non  quae  ex  aliorum 

(1)  La  manière  dont  on  parle  ici  de  l'interprétation  du  texte  de  saint  Luc,  xxir,  32, 
et  de  la  croyance  des  Catholiques  à  l'infaillibilité  doctrinale  du  Pape  donne  lieu  à 
plusieurs  remarques.  Disons  d'abord  qu'à  l'époque  où  fut  rédigé  le  «  Règlement  »? 
Théophane  Prokopovitch  avait  déjà  eu  entre  les  mains,  puisqu'il  y  avait  répondu, 
le  Mémoire  présenté  en  1717  à  Pierre  le  Grand  par  plusieurs  Docteurs  de  la  Sor- 
bonne  de  Paris,  dan3  le  but  d'amener  une  réunion  eutre  l'Église  catholique  et 
l'Église  russe.  Or,  dans   ce    Mémoire  était  positivement  rejetée  la  croyance  à  Г  in- 


126        DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES.    —   §  4. 

allégations  d'auirui,  mais  d'après  ce  qu'il  aura  reconnu  lui- 
même  ;  parfois  aussi  il  choisira  un  temps  convenable  pour  mon- 
trer à  ses  élèves  que  ce  qu'il  leur  a  enseigné,  se  trouve  dans  les 
livres.  De  cette  manière,  ils  pourront  s'assurer  par  eux-mêmes, 
si  le  professeur  leur  dit  la  vérité  ou  s'il  ment. 


commentis  hauserat,  sed  quae  exquisite  novit,  doeere;immo  oppor- 
tuno  tempore  discipulis  etiam  ille  indicabit  in  libris  ;  ut  illis  pariter 
constet,  et  dubium  :  vera  ne  ?  an  falsa  doceat  ?  tollatur. 

iaillibilité  du  Pape.  «  Item  docemus,  y  était-il  dit,  judicium  Romani  Pontifiais  non 
esse  i?ifallibilem  fidei  regulam  nisï  accesserit  consenliens  universalis  Ecclesiœ  judicium.  » 
Malgré  cela,  Pierre  et  Prokopovitch,  qui  avaient  beaucoup  voyagé  à  l'étranger, 
nous  représentent  cette  croyance  comme  celle  des  Latins  (Catholiques)  sans  faire 
aucune  restriction.  On  ne  peut  s'empêcher,  croyons-nous,  de  reconnaître  ici  un 
témoignage  rendu  par  le  «  Règlement  »  à  l'universalité  de  la  croyance  à  l'in- 
faillibilité doctrinale  du  Pape,  au  commencement  du  siècle  dernier. 

Remarquons,  en  second  lieu,  que  le  «  Règlement  »  ne  rend  pas  exactement  la 
doctrine  catholique  quand  il  nous  fait  dire  que  le  Pape  «  ne  peut  errer  dans  la  foi 
quand  même  il  le  voudrait.  »  Théophane  Prokopovitch  ne  devait  point  ignorer  la 
discussion  agitée,  même  de  son  temps  par  des  théologiens  partisans  de  l'infailli- 
bilité, sur  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  dans  le  cas  où  le  Pape  ,  comme  personne  privée, 
tomberait  dans  l'hérésie.  —  Mais  la  meilleure  preuve  que  le  «  Règlement  »  est  plus 
qu'inexact  en  ce  qu'il  dit  dans  ce  passage,  c'est  la  récente  définition  du  Concile 
œcuménique  du  Vatican,  qui  donne  à  l'infaillibilité  papale  les  mêmes  limites  qu'on 
lui  donnait  à  l'époque  de  Pierre  le  Grand.  «  C'est  un  dogme  divinement  révélé,  dit 
»  le  Concile,  que  le  Pontife  romain,  lorsqu'il  parle  ex  cathedra,  c'est-à-dire  lorsque 
»  remplissant  la  charge  de  Pasteur  et  Docteur  de  tous  les  chrétiens,  en  vertu  de 
»  sa  suprême  autorité  apostolique,  il  définit  qu'une  doctrine  sur  la  foi  ouïes  mœurs 
»  doit  être  tenue  par  l'Église  universelle  (cum  ex  cathedra  loquitur,  td  est,  cum 
»  omnium  Christianorum  Pasloris  et  Doctoris  munere  fungens,  pro  suprema  sua 
»  Apostolica  auctoritate,  doctrincm  de  fide  vel  moribus  ab  universa  Ecclesia  tenenclam 
»  définit),  jouit  pleinement,  par  l'assistance  divine  qui  lui  a  été  promise  dans  la 
»  personne  du  bienheureux  Pierre,  de  cette  infaillibilité  dont  le  divin  Rédempteur 
»  a  voulu  que  son  Église  fût  pourvue  en  définissant  sa  doctrine  touchant  la  foi  ou 
»  les  mœurs,  et,  par  conséquent,  que  de  telles  définitions  du  Pontife  romain  sont 
»  indéformables  par  elles-mêmes,  et  non  en  vertu  du  consentement  de  l'Eglise, 
»  [ideoque  ejusmodi  Romani  Pontificis  definiliones  ex  sese,non  aulem  ex  consensu  Ecclesiae 
»  irreformabiles  esse).  Constit.  dogm.  Pastor  œternus.  du  18  juillet  1870.  Cap.  iv).  » 
C'est  ce  qui  a  eu  lieu  lorsque,  par  la  Bulle  Ineffabilis  (8  décembre  1854),  Pie  IX 
définit  le  dogme  de  l'Immaculée  Conception  de  Marie.  «  ...Par  l'autorité  de  Notre- 
»  Seigneur  Jésus-Christ,  y  est-il  dit,  par  celle  des  saiuts  apôtres  Pierre  et  Paul  et 
»  parla  nôtre,  nous  déclarons,   prononçons  et  définissons  (declaramus ,  pronuntia 


DES  ETABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      127 

VIII.   Prenant  occasion  du  conseil  qui  vient  d'être   donné, 
nous  mentionnerons  ici,  en  passant,  la  nécessité  qu'il  y  ait  près 


VIII.  Fortuito  ex  occasione  scilicet  allatorum  monitorum,  hicloci 

»  mus  et  definimus)  que  la  doctrine  d'après  laquelle  la  très-sainte  Vierge  Marie,  par 
»  un  privilège  et  une  grâce  spéciale  de  Dieu  tout-puissant,  en  vue  des  mérites  de 
»  Jésus-Christ  Sauveur  du  genre  humain,  a  été  préservée,  dans  le  premier  iustant 
»  de  sa  Conception  de  toute  tache  de  péché  originel,  est  une  doctrine  révélée  par 
»  Dieu  et,  par  conséquent,  doit  être  crue  fermement  et  constamment  par  tous  les 
»  fidèles(a^ue  idcirco  ab  omnibus  fidelibus  firmiter  conslanterque  credendam).» — D'après 
cet  exemple,  et  pourvu  qu'on  se  tienne  aux  termes  exacts  de  la  définition  du 
Concile  du  Vatican,  sans  y  mettre  ni  zèle  ou  empressement  irréfléchi  d'un  côté 
ni  mauvais  vouloir  de  l'autre,  on  saura  toujours  si  le  Pape  parle  ou  non  ex  cathedra. 
Nous  pouvons  assurer  d'avance  que  cela  n'arrivera  pas  tous  les  jours,  ni  même  trop 
souvent.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  bien  loin  de  l'infaillibilité  telle  que  l'a  définie  le 
Concile  du  Vatican,  à  l'infaillibilité  telle  que  s'est  plu  à  la  définir  Théophane 
Prokopovitch. 

Notre  troisième  remarque  répond  plus  directement  à  l'insinuation  assez  mal- 
veillante du  «  Règlement  »  d'un  emploi  peu  loyal  des  textes  de  l'Écriture.  On  nous 
reproche  d'interpréter  faussement  le  passage  de  saint  Luc,  xxn,  32  ;  mais  les 
Dissidents  (Rascolniques)  de  l'Église  russe  font  à  cette  Église  un  reproche  analogue 
concernant  tous  les  textes  allégués  par  elle  contre  leurs  erreurs  ;  les  Protestants,  à 
leur  tour,  reprochent  la  même  chose  aux  Russes  orthodoxes  et  rascolniques,  quant 
aux  textes  que  ceux-ci  allèguent  ensemble  pour  prouver  des  dogmes  rejetés  par 
les  Protestants.  Ce  n'est  pas  tout.  Les  Protestants,  on  le  sait,  —  et  le  Synode 
général  des  Églises  réformées  de  France  l'a  récemment  prouvé  une  fois  de  plus,  — 
s'accordent  entre  eux  aussi  peu  que  possible,  et  s'adressent  mutuellement  le  même 
reproche  que  le  «  Règlement  »  adresse  ici  aux  Catholiques.  L'honneur  de  l'humanité 
exige  ,  nous  paraît-il  ,  qu'on  explique  ce  l'ait  autrement  que  par  un  manque 
général  de  loyauté  chez  tous  les  chrétiens.  L'immense  variété  des  opinions, 
aptitudes,  dispositions  et  préjugés  des  hommes,  expliquerait  encore  suffisamment 
ce  fait,  chez  n'importe  laquelle  des  sociétés  chrétiennes,  sans  qu'il  faille  néces- 
sairement recourir  à  un  défaut  de  loyauté. 

Mais  les  Catholiques  qui,  du  temps  même  de  Pierre,  entendaient  le  texte  de 
saint  Luc  dans  le  sens  de  l'infaillibilité  papale,  avaient  pour  eux  un  argument  bien 
autrement  puissant.  Ils  sentaient  que  leur  interprétation  était  celle  de  l'Église  ; 
l'Église  le  leur  faisait  sentir  tous  les  jours  davantage  et  le  développement  histo- 
rique du  Protestantisme  aidait  puissamment  à  les  convaincre  que,  dans  l'interpré- 
tation de  l'Écriture,  on  se  trompe  d'autant  moins  qu'on  s'applique  davantage  à 
étudier  le  sentiment  de  l'Église.  Saint  Augustin  déclarait  que  sans  l'autorité  de 
l'Église  il  n'aurait  pas  cru  à  l'Évangile  (voir  plus  haut  p.  il,  note);  comme  ce  grand 
génie,  tous  les  Catholiques  croient  à  l'Écriture  à  cause  rie  l'autorité'  de  l'Église,  et 
reconnaissent  en  celle-ci  l'infaillible  interprète  de  l'Écriture.  Les  défenseurs  de 
l'infaillibilité,  dont  nous  parlons,  n'étaient  donc  que  conséqueuts  avec  leur  principe 


128  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

des  écoles  une  Bibliothèque  suffisante  l,  car  une  Académie  sans 
Bibliothèque  serait  comme  un  corps  sans  âme.  On  peut,  du  reste, 


mentio  est  injicienda  Bibliotliecae  1,  quae  ut  perquam  est  necessa- 
ria,  ita  débet  esse  usibus  scholarum  suffiçiens.  Quoniam  Bibliotheca 

en  adoptant  une  interprétation  qu'ils  croyaient  être  plus  conforme  à  celle  de 
l'Eglise.  On  vit  plus  tard  qu'ils  né  s'étaient  point  trompés.  Il  est  vrai  qu'en  adhé- 
rant aux  dogmes  définis  par  l'Eglise  on  doit  le  faire  non  pas  à  cause  des  preuves 
dont  elle  accompagne  parfois  la  définition  de  ses  dogmes,  mais  parce  que  l'Eglise, 
autorité  divine,  nous  les  propose  à  croire.  Toutefois  quand  l'Eglise,  qui  n'agit  point 
sans  examen  ni  sans  maturité,  cite  à  l'appui  d'une  définition  un  texte  de  l'Ecriture, 
son  interprétation,  sans  être  de  foi  —  car  elle  n'est  pas  l'objet  précis  de  la  défini- 
tion —  a  cependant  un  très-grand  poids  et,  du  moins  en  certaines  circonstances, 
elle  ne  saurait  être  attaquée  sans  une  grave  témérité.  Et  tel  est,  à  notre  avis,  le 
cas  pour  le  texte  de  saint  Luc A  (xxii,  32),  Ego  pro  te  rogavi  ut  non  de/iciat  fides 
tua,  qu'on  trouve  cité  parmi  les  considérants  -qui  précèdent  la  définition  du 
Concile  du  Vatican. 

On  n'exigera  point  que  nous  entreprenions  de  justifier  dans  une  note  au  «  Règle- 
ment »  l'application  de  ce  texte,  ni  la  définition  de  l'infaillibilité  doctrinale  du 
Pape.  Pierre  et  Prokopovitch  ne  discutent  point,  ils  affirment  :  affirmation  pour 
affirmation,  celle  de  l'Église  catholique  vaut  bien  la  leur.  Nous  feions  plutôt 
remarquer,  avec  bonheur,  que  la  Providence  s'est  chargée  elle-même  de  dis- 
siper tous  les  nuages  accumulés  autour  de  cette  définition.  Nul  Catholique,  à 
l'heure  qu'il  est,  ne  peut  révoquer  en  doute  le  fait  que  c'est  l'Eglise  qui  a 
parlé.  En  reconnaissant  ce  fait  et  en  soumettant  leur  raison  humaine  à  la  raison 
divine  de  l'Église,  ceux  des  Évèques  qui  avaient  d'abord  combattu  l'infailli- 
bilité se  sont  montrés  conséquents  avec  le  principe  catholique,  ont  raffermi  la 
foi  des  fidèles,  et  ont  acquis  un  incontestable  droit  à  leur  reconnaissance.  Dieu 
les  en  récompensera  ;  en  attendant  qu'on  nous  permette  de  leur  appliquer 
le  mot  de  l'Écriture  :  «  Celui  qui  domine  son  cœur  vaut  mieux  que  celui  qui 
prend  des  villes.  Melior  est  qui  dominatur  animo  suo  expugnatore  urbium.  »  (Prov., 
xvi,  32.) 

(1)  Plusieurs  documents  qui  se  rapportent  aux  origines  de  l'Académie  des  sciences 
de  St-Pétersbourg  parlent  aussi  de  la  Bibliothèque  qui  devait  lui  être  annexée. 
D'autre  part,  il  n'existe  aucun  document  d'où  l'on  puisse  conclure  que  Pierre  son- 
geait à  créer  en  même  temps  deux  Bibliothèques  différentes;  il  suffit,  du  reste,  de 
considérer  à  quoi  se  réduisait  toute  la  littérature  de  la  Russie  à  cette  époque,  et 
quelle  grosse  affaire  était  alors  de  créer  une  Bibliothèque  publique  composée  dans 
sa  presque  totalité  d'ouvrages  imprimés  à  l'étranger.  Ce  point  du  «  Bellement  » 
fournirait  donc  un  argument  de  plus  en  faveur  de  notre  opinion  que  l'Académie 
du  «  Règlement  \>  est  la  même  qui  reçut  un  peu  plus  tard  le  nom  d'  «  Académie 
des  sciences  ».  Ajoutons  qu'au  mois  de  février  de  l'année  1721,  c'est-à-dire  pres- 
que immédiatement  après  l'approbation  du  «  Règlement  »,  Pierre  envoya  à  l'étran- 
ger Jean  Schumacher,  le  chargeant  de  plusieurs  missions  relatives  aux  sciences  et 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      129 

s'en  procurer  une  suffisante  pour  le  prix  de  deux  mille  roubles1. 
La  Bibliothèque  sera  accessible  aux  professeurs  tous  les  jours  et 
à  toutes  les  heures,  pourvu  cependant  que  les  livres  ne  soient 
point  dispersés  dans  les  chambres,  mais  qu'on  les  lise  dans  la 
salle  même  de  la  Bibliothèque. 


pro  anima  Academiae  est  reputanda;  quae  nisi  adsit,  Academiam 
spiritu  vitali  destitui,  necessum  est.  Porro  Bibliotheca  duobus  ru- 
blionum  millibus  l  comparata  videtur  sufficere.  Bibliothecae  copia 
magistris  quotidie  et  omni  hora  libros  in  ipsius  bibliothecae  tabu- 
lino  lecturis  indulgetur,  non  tamen  libros  ex  Bibliotheca  depromp- 
tos  ad  loca,  in  quibus  degunt,  deportandi  copia  conceditur. 

aux  arts  qu'il  méditait  d'introduire  en  Russie  et,  entre  autres,  de  procurer  des 
livres  pour  la  Bibliothèque  de  l'Académie  des  sciences.  A.  son  retour  (1722),  Schu- 
macher présenta  au  Tsar  un  rapport  détaillé  sur  son  voyage;  le  lecteur  Je  trouvera 
ira  extenso  dans  Pékarski  (Op.  cit.,  T.  Ier,  p.  533).  Schumacher  fut  ensuite  nommé 
secrétaire  de  l'Académie  des  sciences,  et  on  mit  sous  sa  direction  le  cabinet  et  la 
Bibliothèque  de  l'Académie,  la  première  qui  ait  été  ouverte  au  public  en  Russie 
(25  octobre  1728).  —  Voir  Bacmeister  (Jean)  :  Essai  sur  la  bibliothèque  et  le  cabinet  de 
curiosités  et  d'histoire  naturelle  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg .  Saint- 
Pétersbourg,  1766. 

(1)  La  somme  de  deux  mille  roubles  paraîtra  bien  peu  de  chose  pour  une  Biblio- 
thèque publique,  surtout  si  l'on  considère  que  le  seul  «  Règlement  ecclésiastique  » 
se  vendait  à  Saint-Pétersbourg   au  prix  de  17  altyns  et  3  denghi,  c'est-à-dire  un 
peu  plus  d'un  demi-rouble  (l  altyn   =  3  kopèkes  ,    1    denga  =  1/2   кор.).   Qu'on 
veuille,  cependant,  remarquer  qu'il  s'agit  ici  de  commencer,  et  si  l'on  tient  compte 
de  la  rareté  du  numéraire  à  cette  époque  et  de  la  proportion  qui  existait  alors  entre 
la  valeur   du   numéraire  et   celle  des    choses   achetées,  on  ne  trouvera  pas  cette 
somme  tout  à  fait  insignifiante.  Ajoutons   qu'au  commencement  du  siècle  dernier 
les 'livres  étaient  encore  loin  d'être  aussi  communs  qu'ils  le  sont  aujourd'hui.  Ainsi, 
d'après  le  Mémoire  historique  sur  la  Bibliothèque  du  Roy  (de  France),  imprimé  en  tête 
du  Catalogue  de  la  même  Bibliothèque,  aujourd'hui  la  grande  Bibliothèque    natio- 
nale, en  1688  le   nombre  des    imprimés   était   de  43,000  (Catal.,   etc.  Paris,  1739, 
p.  xli).  Si  nous  en  croyons  le  rapport  de  Schumacher,  cité  dans  la  note  précédente, 
ce  nombre  s'élevait  en   1721  à  80,000    volumes    environ.  On    nous    dit    qu'aujour- 
d'hui il  dépasse  deux  millions.  —  Pour  ce  qui  est  de  la  valeur  du  rouble  à  l'époque 
de  Pierre,  il  nous    suffit  de  dire,  suivant  le    baron   de   Chaudoir,   qu'il  équivalait 
à  peu  près  àl'écu  étranger.  Le  premier  rouble  effectif  date  de  1704.    Remarquons, 
en  passant,  que   c'est   encore   à   Pierre   que  revient   l'honneur  d'avoir  donné  à  la 
Russie  un  système    monétaire  plus  en   harmonie  avec  les  besoins   du  peuple  que 

9 


130        DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES    SPECIALES.    —  §   4. 

Pour  les  élèves  et  autres  personnes,  qui  voudraient  s'y  rendre, 
la  Bibliothèque  sera  ouverte  à  des  jours  et  heures  déterminés. 

Des  personnes,  connaissant  les  langues,  se  rendront  par  devoir 
à  la  Bibliothèque  à  certains  jours  et  heures  déterminés,  restant 
libres  de  le  faire  à  d'autres  jours  et  heures  également  déterminés. 

Les  professeurs  interrogeront  chacun  de  leurs  élèves  sur  lou- 
eur dont  il  s'occupe  et  sur  ce  qu'il  en  a  lu  et  transcrit,  lui  ex- 
pliquant ce  qu'il  n'aurait  pas  compris.  Cela  est  fort  utile  et  en 
peu  de  temps  transforme,  pour  ainsi  dire,  un  homme,  quand 
même  il  aurait  été  auparavant  d'habitudes  grossières. 

IX.  Pour  en  revenir  à  l'enseignement  scolaire,  il  serait  à  notre 
avis  fort  avantageux  que  certaines  sciences  pussent  être  ensei- 
gnées conjointement,  deux  ou  trois  en  même  temps  et  dans  la 
même  leçon.  En  enseignant,  par  exemple,  la  Grammaire,  le  pro- 
fesseur peut  aussi  enseigner  en  même  temps  la  Géographie  et 


Studentibus  vero,  et  aliis  Bibliothecae  visendae  cupidis,  biblio- 
theca  certis  diebus  et  horis  patebit. 

Linguarum  periti  Bibliothecam  certis  horis  et  diebus  ex  jure,  aliis 
autem  diebus  animi  causa,  assignato  tamen  tempore,  adibunt. 

Ludimagister  unumquemquè  suorum  discipulorum  de  auctore, 
quemnam  ille  légat,  quid  ex  eo  excerpserit  ?  percontabitur  ;  et  lecta 
non  intelligenti,  explanabit.  Id  magnopere  prodest  ;  et  hominem 
incultis  antea  praeditum  moribus  in  alium  transformat. 

IX.  Scholasticorum  studiorum,  si  habeatur  ratio,  id  optimumpro- 
mittit  profectum,  si  duae  vel  très  artes  libérales  uno  tempore,  ea- 
demque  opéra,  tradi  potuerint  ;  exempli  gratia  :  Docens  Grammati- 
cam,  poterit  simul  etiam  docere  Geographiam  et  Historiam.  Cum 

ceux  qui  avaient  été  en  usage  jusqu'alors.  Sauf  de  légères  modifications,  le  sys- 
tème introduit  par  Pierre  est  le  même  qui  s'est  maintenu  en  Russie  jusqu'à  nos 
jours.  On  sait  que  la  valeur  actuelle  du  rouble  d'argent  russe  est  d'environ  4  francs. 
—  Voir  pour  la  numismatique  russe  :  Chaudoir,  Aperçu  sur  les  monnaies  russes  et 
les  monnaies  étrangères  qui  ont  eu  cours  en  Russie.  Saint-Pétersbourg  et  Paris,  1830  ; 
Schubert,  Monnaies  russes  des  trois  derniers  siècles.  Leipzig,  1857,  etc. 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  b' ACADÉMIE.      131 

l'Histoire.  En  effet,  puisqu'il  est  nécessaire  qu'on  fasse  des  exer- 
cices sur  les  règles  grammaticales,  c'est-à-dire,  qu'on  apprenne 
à  traduire  des  morceaux  de  sa  propre  langue  en  la  langue  qu'on 
étudie  et  de  celle-ci  en  sa  langue,  on  pourra  ordonner  aux 
éjèves  de  traduire  par  parties  la  Géographie,  ou  bien  l'Histoire 
soit  profane  soit  ecclésiastique,  ou  bien  l'une  et  l'autre  science 
alternativement. 

Toutefois,  puisque  lire  l'Histoire  sans  connaître  la  Géographie 
c'est  comme  marcher  par  les  rues  les  yeux  bandés,  ce  serait  une 
sage  méthode  de  partager  en  deux  moitiés  l'année  destinée  à  la 
Grammaire,  et  d'enseigner  dans  la  première  moitié  la  Grammaire 
conjointement  avec  la  Géographie.  Dans  ce  but  on  fixera  un  cer- 
tain jour  de  la  semaine  dans  lequel  le  professeur  indiquera  sur 
une  carte  aux  élèves,  les  cercles,  les  planisphères  et  la  situation 
générale  du  monde.  Et  mieux  vaudrait  encore  qu'on  le  fit  sur 
un  globe,  exerçant  les  élèves  de  telle  manière  qu'ils  pussent  ré- 
pondre en  montrant  du  doigt,  si  quelqu'un  leur  demande  :  Où 
se  trouve  l'Asie?  et  l'Afrique?  Où  est  l'Europe?  A  quelles  régions 


enim  discipuli  in  aliquo,  quod  sibi  praeceptor  ex  patria  lingua  in 
eam,  quae  discitur,  et  ex  hac  lingua  in  patriam  transfundendum 
injunxit,  sese  exercitaturi  ad  Grammaticae  regalas  astringantur, 
possunt  moneri,  ut  membratim,  sive  solam  Geographiam,  vel  solam 
Historiam,  eamque  profanam  vel  ecclesiasticam,  sive  Geographiam 
et  Historiam  alternatim  transférant. 

Sed  quoniam  inter  Historiae  lectorem  Geographiae  ignarum,  et 
inter  erronem  obnuptis  oculis  plateas  peragrantem,  parum  sit  dis- 
criminis,  proficuum  adfertur  consilium  :  Annus  Grammaticae  im- 
pendendus  in  duas  partes  poterit  dispesci  :  priore  quidem  dimidio 
Grammatica  et  Geographia  explicabuntur,  ita,  ut  Geographiae  unus 
in  septimana  dies  detur,  quo  magister  circulos,  et  universum  mundi 
situm  in  charta  demonstret  ;  magis  vero  expedit,  ut  in  globo  haec 
ostendantur,  et  discipuli  ita  erudiantur,  ut  interrogati  :  ubinam 


132  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §  4. 

correspond  l'Amérique  qui  est  au-dessous  de  nous  ?  Egalement 
pour  les  états  en  particulier  :  Où  est  l'Egypte  ?  Où  est  la  Chine? 
Où  se  trouve  le  Portugal?  et  ainsi  de  suite  1. 

L'autre  moitié  de  l'année  sera  employée  à  des  exercices  consis- 
tant en  la  traduction  d'un  abrégé  de  l'histoire  universelle,  rédigé 
par  un  auteur  de  pure  latinité,  tel  que  l'historien  Justin  2,  ou 
autres  qu'on  pourra  examiner  plus  tard. 


Asia  ?  ubi  Africa  ?  ubi  Europa?  Et  cui  regioni  America,  quae  nobis 
subiacet,  respondet  ?  Et  singulatim  de  regnis  :  ubinam  Aegyptus  ? 
ubi  Sinae  ?  Ubi  Lusitania  ?  Et  caetera,   digito  valeant  indicare  1. 

Altero  autem  anni  dimidio,  discipuli  in  Historia  universali,  com- 
pendiosa  tamen,  et  a  purae  latinitatis  Auctore,  qualis  audit  Justi- 
nus  2,  et  si  qui  alii  eadem  laude  conspicui  visi  fuerint,  conscripta, 
transferenda  exercitabuntur. 

(1)  Pierre  eut  grandement  à  cœur  la  publication  en  langue  russe  de  livres  de 
géographie.  Dès  1710  avait  été  traduite  (probablement  du  hollandais)  et  publiée  à 
Moscou,  par  ordre  du  Tsar,  une  :  Géographie  ou  courte  description  du  globe  terrestre 
(reorpa*ia  или  краткое  земнаго  круга  описаше)  à  laquelle  on  avait  ajouté  une  table 
des  degrés  de  longitude  et  de  latitude  tirée  de  VEpitome  Geographiœ  du  P.  PhiL 
Ferrari  Servite  (n.  1560  +  1626),  professeur  de  mathématiques  et  de  cos- 
mographie à  l'Université  de  Pavie  et  auteur  du  premier  dictionnaire  de  géogra- 
phie. {Lexicon  geographicum.  lre  édit.  Milan,  1627.)  —  Pierre  avait  fait  également 
traduire  en  russe,  par  Théodore  Polikaïqioff,  la  Geographia  generalis  (ГеограФ1а 
генералная,  etc.  Moscou,  1718)  de  Bernard  Varenius  (n.  1610  +  1680)  dont  la  pre- 
mière édition  avait  paru  à  Amsterdam  en  1627,  ouvrage  que  Newton  n'avait  pas 
dédaigné  d'éditer  de  nouveau  lui-même  avec  des  commentaires  (Cambridge,  1681). 
Enfin,  grâce  encore  aux  soins  du  Tsar,  la  Russie  possédait  déjà  à  l'époque  où  fut 
publié  le  «  Règlement  »  une  traduction  russe  de  la  Géographie  ancienne  et  moderne 
par  demandes  et  réponses, (en  ail.  :  Kurtze  Fragen  aus  der  neuen  und  alten  Géographie  ; 
en  russe  :  Земноводнаго  круга  краткое  oancatue,  etc.  Moscou,  1719)  de  Jean  Hiibner 
(n.  1668  +  1731).  Les  premières  cartes  géographiques  avaient  paru  à  Moscou  en 
1701  ;  quant  aux  globes,  les  premiers  fabriqués  par  des  Russes  sont  mentionnés 
dans  un  document  de  1725.  (Pékarski,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  660,  note.) 

(2)  On  sait  que  Justin,  auteur  latin  du  IIe  siècle,  nous  a  laissé  un  excellent  abrégé 
de  l'histoire  universelle  depuis  Ninus  jusqu'à  César  Auguste,  par  Trogus  Pompéius. 
Justin  intitula  son  ouvrage  :  Historiariim  Philippicarum  libri  XXXXIV,  parce,  que  des 
quarante-quatre  livres  dont  il  se  compose,  vingt-cinq  se  rapportent  à  l'histoire 
des  rois  macédoniens. 


DES  ETABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      133 

Ce  que  nous  conseillons  est  fort  avantageux.  En  effet,  les  élèves 
trouveront  une  grande  satisfaction  dans  l'étude,  lorsque  l'ensei- 
gnement si  ingrat  d'une  langue  leur  sera  offert  conjointement 
avec  la  connaissance  si  agréable  du  monde  et  des  événements 
qui  se  sont  passés  dans  le  monde;  bientôt  leur  grossièreté  dispa- 
raîtra, et  tout  en  n'étant  encore,  pour  ainsi  dire,  qu'au  rivage  delà 
science,  ils  s'enrichiront  de  quantité  de  marchandises  précieuses. 

X.  Voici  l'ordre  qui  nous  paraît  opportun  à  suivre  dans  l'en- 
seignement : 

1.  La  Grammaire  conjointement  avec  la  Géographie  et 
Y  Histoire  l. 


Hinc  magna  exspectanda  est  utilitas  ;  siquidem  discipuli  ex  tristi 
taediique  plena  linguarum  doctrina  capientes  molestiam,  eamque 
laeta  mundi  et  eventuum,  qui  in  mundo  retroaetis  temporibus  acci 
dissent,  contemplatione  demulcentes,propensissimoin  literas  animo 
ferentur  ;  et  extemplo  explosa  rusticitate,  in  primo  fere  literarum 
littore,  satis  pretiosarum  mercium  expiscaturi  sunt. 

X.  Ordo  in  literarum  studiis  observandus  hic  prae  aliis  commodus 
ac  profuturus  esse  videtur  : 
"     1.  Grammatica   docebitur    simul  cum  Geographia  et  Historia  К 

(1)  Comme  il  est  à  supposer  que  Pierre  voulait  qu'on  étudiât  non-seulement  la 
Grammaire  latine,  mais  celle  aussi  de  la  langue  qu'on  parlait  en  Russie,  nous 
devons  dire  ici  quelques  mots  sur  les  grammaires  russes.  On  a  vu  dans  l'Introduc- 
tion que  c'est  au  commencement  du  siècle  dernier  que  le  russe  commença  à  être 
employé  comme  langue  écrite  et,  se  séparant  de  plus  en  plus  du  slavon  ecclésias- 
tique, forma  bientôt  une  langue  à  part.  (Voir  aussi  plus  haut  p.  48,  note  2.)  Il 
fallut  cependant  plus  d'un  demi-siècle  avant  que  le  russe  eût  sa  Grammaire.  A 
l'époque  de  Pierre  le  Grand,  et  jusqu'à  l'apparitipn  de  la  Россшскал  Грамматика 
(Gramm.  russe,  l,e  éd.  Saint-Pétersbourg,  1755)  de  Michel  Lomonossoff  (171 1-1765),  on 
se  servait,  pour  le  russe,  des  grammaires  rédigées  pour  le  slavon.  Sans  tenir  compte 
d'une  Grammaire  helleno-slave,  publiée  à  Lemberg  en  1591  par  les  étudiants  de 
l'école  grecque  à  l'usage  de  la  célèbre  nation  russe  (ААЕЛФОТН^.Грамматнка  доброгла- 
го.шваго  Ел.шно-словепскаго  языка,  etc.),  deux  grammaires slavonnes  proprement  dites 
avaient  paru  avant  Pierre  :  la  première,  de  Laurent  Zizania,  fut  publiée  à  Vilna  en 
1596  (Грамматика  словеиска)  l'autre,  de  Melèce  Smotriski(f  1S63  évêque  uni  de  Polotsk), 
parut  en  1619  à  Eve  près  de  Vilna  et  fut  ensuite  réimprimée  plusieurs  fois.  La 
Grammaire  de  Smotriski  (Грамматики  словеисюя  правилиое  cu[narMa),jouitlongtemps 
d'une  grande  autorité;  Pierre  la    fit  réimprimer  en  1721  par   Théodore  Polikarkoff 


134        DEUXIÈME   PARTIE.    —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

2.  L'Arithmétique  avec  la  Géométrie  l. 
2.  Arithmetica  et  Geometria  l. 

qui  y  fit  de  légères  modifications  et  y  ajouta  une  préface  propre.  Cette  Grammaire 
est  bien  celle  dont  le  Synode  ordonna  l'usage  dans  les  écoles  ecclésiastiques  pri- 
maires, comme  nous  avons  vu  plus  haut  (p.  65,  note).  C'est  elle  aussi  qui  servit  de 
modèle  à  la  Grammaire  publiée  en  1723  par  Théodore  Maxhnoff  et  imprimée,  par 
ordre  de  Pierre,  au  monastère  d'Alexandre  Nevski  à  Saint-Pétersbourg  (Грамматика 
славенская  вь  кратц/в  собранная.)  Enfin,  pour  compléter  la  liste  des  grammaires  qui 
ont  paru  avant  celle  de  Lomonossoff,  nous  mentionnerons  un  abrégé  de  la  Grammaire 
de  Smotriski,  imprimé  à  Krementz  en  Volynie  en  1638  (Грамматика  или  писменница 
языка  словенскаго);  la  Grammatica  russica  écrite  en  latin  par  Henr.  "Will.  Ludolf  et 
publiée  à  Oxford  en  1696  à  l'usage  des  étrangers,  livre  qui  n'a  d'autre  mérite  que 
son  ancienneté,  et  enfin  la  Руковеден1е  въ  грамматшу,  Manudictio  in  grammaticam 
по  славян ороссШскую,  in  sclavonico-rosseanam,  etc.  parElieCopijewitz;  Stolzenberg, 
(près  Danlzig)  1706  ;  rareté  bibliographique  dont  on  ne  connaît  que  deux  exemplaires. 
(Pek.,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  132). 

Ce  même  Copijewitz  avait  déjà  publié  en  1700,avec  privilège  du  Tsar  durable  quinze 
ans,  une:  Latina  grammatica  in usum  scholarum  celeberrimœ gentissclavonicœ-rosseanœ 
adornata;  studio  atque  opéra  EliœKopijewitz  (sic)  seu  de  Hasta  Hastenii.  Editio  prima 
nova  hujusce  anni  cura.  Amstelodami  MDCC.  C'est  la  seule  Grammaire  latine,  publiée 
à  l'usage  des  Russes,  que  nous  connaissions  à  cette  époque.  A  l'Académie  de  Moscou 
on  se  servait  de  Grammaires  qui  avaient  paru  en  Italie  et  en  Grèce.  —  Pour  ce 
qui  regarde  les  secours  littéraires  qu'on  possédait  alors  en  Russie  pour  l'étude 
de  l'Histoire,  nous  aurons  occasion  d'en  parler  plus  loiu.  (Voir  «  Du  Séminaire,  » 
n°  17.  p.  155.) — Quant  à  la  Géographie,  v.  la  note  de  la  p.  132. 

(l)Tout  ce  qui  avait  paru  en  fait  de  mathématiques,  en  Russie,  avant  Pierre  Ier} 
se  réduisait  à  un  petit  livre  ayant  pour  titre  :  Le  calcul  aisé  à  l'aide  duquel  tout 
homme  qui  veuille  vendre  ou  acheter,  trouvera  très-facilement  le  nombre  correspondant 
à  chaque  chose.  Moscou,  1682  (Считаше  удобное  etc.)  On  garde  cependant,  en  ma- 
nuscrit, quelques  traités  d'Arithmétique  antérieurs  au  règne  de  Pierre,  et  où  cette 
science  est  appelée  :  tune  des  sept  grandes  sagesses. 

On  connaît  l'amour  de  Pierre  pour  les  mathématiques.  La  nature  de  notre  travail 
et  les  limites  d'une  note,  nous  empêchent  de  nous  étendre  sur  les  publications  dues 
à  la  puissante  initiative  de  ce  Tsar.  Rornons-nous  à  dire  qu'à  la  fin  de  son  règne 
il  pouvait  justement  se  vanter  d'avoir  répandu  parmi  ses  sujets  les  connaissances 
mathématiques  les  plus  utiles.  C'est  à  Pierre  qu'on  doit  l'introduction  et  l'adoption 
en  Russie  des  chiffres  arabes,  au  lieu  des  lettres  de  l'alphabet  slavon  avec  une  va- 
leur numérique.  On  les  trouve  déjà  employés,  au  lieu  de  ces  dernières,  dans  la  Courte 
et  utile  introduction  à  Г  Arithmétique  (Краткое  и  полезпое  руковедеше  etc.)  par  Copije- 
■witz,  Amsterdam  1699,  le  premier  traité  d'arithmétique  écrit  en  russe.  Le  premier 
publié  en  Russie  même  est  l'Arithmétique,  savoir  la  science  des  nombres  (Ариеметика 
сиртлъ  наука  числителпая  etc.)  de  Léonce  Magnitski,  d'abord  élève  de  l'Académie 
ecclésiastique  de  Moscou  et  ensuite  professeur  de  mathématiques  dans  la  même 
ville.  Son  ouvrage  parut  à  Moscou  en  1703.  En  1708  parut  un  traité  de  Géométrie, 
le  premier  publié  en  russe  (Геометр1а,  славепскл  3AieM-i;pje..  etc.).  Moscou,  1708. 
—  Pour  de  plus  amples  détails  sur  ces  publications  et  autres  se  rapportant  aux 
mathématiques,  voir  Pekarski,  Op.  cit.  t.  I,  pp.  263-315  et  t.  JI.  passim. 


DES   ETABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  b' ACADEMIE.      135 

3.  La  Logique  ou  Dialectique,  car  c'est  la  même  science  sous 
un  double  nom. 

4.  La  Réthorique,  soit  séparément,  soit  avec  la  Versification  '. 


3.  Logica  sive  Dialectica  ;  utpote  eadem  ars  duplici  nomine 
insignita. 

4.  Ars  oratoria  simul  cum  Poesi,  vel  seorsum  *. 

(1)  [A.ux  n03  3  et  4].  En  parcourant  la  liste  des  livres  publiés  en  Russie  sous  le 
règne  de  Pierre,  nous  n'avons  rien  trouvé  qui  pût  s'appeler  un  traité  sur  ces 
matières.  On  peut  voir  cej^endant  dans  l'Histoire  de  l'Académie  ecclésiastique  de 
Moscou  par  Srnirnoff  (HCTOpifl  Московской  духовной  Академш.  Moscou,  1855,  p.  44 
et  seq.)  quelques  détails  sur  les  textes  rédigés  en  grec,  dont  on  se  servait  pour 
ces  branches  d'enseignement,  dans  la   même  Académie. 

Quant  aux  productions  purement  littéraires  de  cette  époque,  elles  consistent  en  des 
panégyriques  et  en  des  louanges  en  vers  dont  l'exagération  et  le  servilisme,  surtout  à 
l'égard  du  Tsar,  forment  les  traits  caractéristiques.  «  C'est  ce  qu'on  comprendra  aisé- 
ment, dit  Pekarski,  si  l'on  pense  que  les  poètes  et  les  orateurs  de  ce  temps  étaient 
obligés  de  brûler  de  l'encens  assez  souvent  parce  qu'on  le  leur  imposait,  plus  sou- 
vent encore  dans  l'espoir  de  capter  quelque  récompense  ou  autre  avantage  sem- 
blable. »  (Op.  cit.,  t.  I,p.  362.) 

Pour  ce  qui  regarde  la  versification  russe,  disons  d'abord  que  dans  les  anciens  contes 
et  chansons,  on  ne  trouvait  ni  jiieds,  ni  nombre  égal  de  syllabes,  ni  rimes,  mais 
chaque  vers  devait  avoir  un  nombre  égal  d'accents  oratoires  distinguant  les  mots  sur 
lesquels  on  voulait  appuyer. 

^elèce  Smotriski  (1663)  et  quelques  autres,,  essayèrent  de  faire  pour  la  langue  russe 
ce  que  Baïf  (1589)  avait  essayé  de  faire  pour  la  française  (vers  baïfins),  c'est-à-dire 
d'appliquer  à  la  langue  russe  les  règles  de  la  prosodie  et  de  la  versification  grecques 
et  latines,  mais  ils  n'eurent  point  d'imitateurs.  A  l'époque  qui  nous  occupe,  on  se  ser- 
vait, pour  la  poésie,  de  vers  composés  d'un  nombre  déterminé  de  syllabes  et  rimes 
entre  eux.  Ce  mode  de  versification  analogue  à  celui  qu'on  a  adopté  pour  la  langue 
française,  est  employé  dans  les  productions  du  prince  Cantemir  (1708  +  1744)  le 
meilleur  poëte  russe  de  son  temps.  Ce  fut  Lomonosoff  qui,  le  premier,  fit  adopter 
en  Russie  le  mode  de  versification  actuel,  basé  à  la  fois  sur  la  nature  et  le  nombre 
des  pieds  (comme  en  grec  et  en  latin)  et  sur  l'accent.  Pour  qu'on  se  rende  compte  de 
ce  que  c'est  que  le  vers  russe  actuel,  il  faut  remarquer  qu'en  russe  les  syllabes  accen- 
tuées sont  longues  et  celles  qui  ne  sont  pas  accentuées  sont  brèves,  de  sorte  que  1  ac- 
cent marque  en  même  temps  l'élévation  de  la  voix  sur  une  syllabe  et  la  double  durée 
du  son  émis  en  la  prononçant.  Un  exemple  fera  saisir  la  double  harmonie  résul- 
tant de  cette  combinaison  qui,  du  reste,  est  aussi  commune  à  la  langue  alle- 
mande et  à  d'autres  langues.  Tous  connaissent  la  célèbre  ode  de  Derjavin  :  Dieb,  qui 
eut  un  si  grand  retentissement  dans  toute  l'Europe.  Le  mètre  employé  dans  cette  ode 
est  le  vers  iambique  de  quatre  pieds,  c'est-à-dire,  composé  de  huit  syllabes  dont  la 
première,  la  troisième,  la  cinquième  et  la  septième  sont  brèves,  et  les  autres  longues: 
on  le  représenterait  par  conséquent  ainsi  :~-~----~-.Le  dernier  vers  de  la  qua- 


136         DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  — §   4. 

5.  La  Physique  conjointement  avec  un  court  traité  de  Méta- 
physique l. 

5.  Physica  cum  compendiosa  Metaphysica *. 

trième  strophe  est  le  suivant:  Ты  былъ,  Ты  есь,  Ты  будещъ  въ  Bteb  !  Т oui  bouxt, Toui 
t'es,  Toui  boudech  v  vekj  qui  signifie  en  français  :  «  Tu,  (ô  Seigneur)  as  été,  Tu  es  et 
Tu  seras  toujours.»  Or,  si  nous  rendons  ce  vers  en  latin  par  le  vers  iambique  suivant  : 

Eras,  es,  atque  in  aevum  eris 
et  que  nous  le  prononcions  avec  les  élisions  voulues  par  les  règles  de  la  prosodie  latine 
(quejnjpr^.  quin;  vnm  e  pr.  ne)  et  sans  négliger  la  double  quantité  des  longues  : 
as,  at,  œ,  isy  nous  n'aurons  d'autre  harmonie  que  celle  résultant  d'une  brève  et  une 
longue  qui  se  succèdent  alternativement,  mais  où  l'accent  est  indépendant  de  la 
longueur  des  syllabes.  Que  si,  au  contraire,  nous  le  traduisons  ainsi: 

J         -  A  -  ±         ~      £-  ', 

Modo    es,   fuisti     erisque  Tu 
nous  aurons  un  vers  iambique  où  l'accent  tombe  sur  les  longues  es,  i~is,  Tu,  et,  en  le 
prononçant  avec  Félision  voulue  (do  es  pr.  des)  nous  pourrons  saisir  un  succroît  d'har- 
monie dû  à  la  combinaison  de  l'accent  avec  la  quantité  longue  des  syllabes.  Cette 

double  harmonie   est  celle  du  vers  russe  :  Toui  bouii,  Toui  ies,  Toui  boudech  v'veh.  De 

mênie,le  vers  russe  que  nous  venons  de  citer  ainsi  que  l'allemand  :  a  Du  bist,  Du  warst, 

wirst  ewig  sein  »  auront  une  harmonie  propre  que  nous  ne  saisissons  ni  dans  le 
vers  français  :  Tu  fus,  Tu  es,  seras  toujours,  ni  dans  l'italien  :  Tu  fosti,  sei  e  Tu  sarai, 
bien  que  nous  ayons  fait  en  sorte  que  les  repos  du  vers  français  et  les  accenti  de 
l'italien  soient  en  même  nombre  et  occupent  relativement  la  même  place  que  dans 
les  deux  vers  iambiques  russe  et  allemand.  La  raison  de  cette  différence  consiste 
en  ce  que  dans  les  versifications  française  et  italienne  on  ne  tient  nul  compte  de 
la  longueur  des  syllabes,  laquelle,  au  contraire,  entre  comme  élément  constitutif 
dans  les  versifications  russe  et  allemande.  S'il  nous  était  permis  d'employer  ici  des 
termes  empruntés  à  la  musique,  nous  dirions  que  les  quatre  vers  russe,  allemand, 
français  et  italien  cités  ci-dessus,  ont  bien  chacun  la  durée  de  quatre  mesures;  que 
chaque  mesure  correspond  bien,  dans  les  quatre  vers,  à  deux  syllabes  prises  dans 
l'ordre  dans  lequel  elles  se  succèdent  ;  que  la  même  note  plus  haute  pourrait  bien 
servir  à  distinguer  dans  les  quatre  vers  la  syllabe  accentuée,  de  celle  qui  ne  l'est 
pas,  mais  que  dans  les  vers 'français  et  italien  chaque  mesure  devrait  être  de  deux 
temps,  un  pour  chaque  syllabe  ;  tandis  que  dans  les  vers  russe  et  allemand  il  fau- 
drait employer  des  mesures  à  trois  temps,  dont  le  premier  serait  affecté  à  la  syllabe 
brève  et  les  deux  autres  à  la  longue. 

Du  reste,  il  est  superflu  de  remarquer  que  le  rythme  trop  cadencé  engendre  la  mo- 
notonie, ce  qui  est  facilement  le  cas  pour  les  vers  russes  et  allemands,  où  chaque 
syllabe  longue  exige  une  pose  de  la  voix.  On  nous  accordera  également,  sans  diffi- 
culté, que  la  cadence  n'est  pas  le  seul  élément  d'harmonie  d'un  vers  ;  que  l'harmonie 
de  la  langue  y  contribue  aussi  pour  beaucoup,  et,  enfin,  que  le  libre  choix  de  diverses 
combinaisons  d'accents  dont  chacune  offre  une  harmonie  spéciale,  —  comme  c'est 
le  cas  surtout  pour  l'italien.  — constitue  un  avantage  réel  pour  l'harmonie  géné- 
rale d'une  composition  poétique. 

(1)  Le  seul  ouvrage  publié  en  Russie  du  temps  de  Pierre  et  qu'on  pourrait  citer 
comme      se   rapportant  a  la    seconde   de   ces  matières  est  :  Y  Ethique  hieropolitique 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      137 

6.  La   «   Politique  abrégée  »  de  Puffendorf  l,  si  on  la  trouve 
opportune;  dans  ce  cas,  on  pourra  la  joindre  à  la  Dialectique. 


6.  Pufendorfii  succincta  Politica  *,  si  operae  pretium  esse  vide- 
bitur;  quae  forsan  poterit  etiam  Dialecticae  adjungi. 

(d'autres  lisent  hiéroglyphique)  ou  philosophie  morale  exposée  en  symboles  et  similitudes 
(Пепка  1ерополптика  (ДероглуФпка)  плп  фплософ1я  нравоучителпая  etc.)  par  Г  archi- 
mandrite Athanase  Mislavski,  imprimée  d'abord  à  Kiefffiii  1712,  puis  réimprimée 
plus   d'une    fois   (Pekarski,  Op.  cit.,  t.  II.   p.  276.) 

Nous  n'avons  rien  trouvé  en  fait  de  Physique,  mais  certainement  cette  science 
devait  avoir  quelque  place  dans  les  traités  destinés  à  apprendre  soit  la  géographie 
soit  l'art  militaire  et  la  navigation.  Avec  ces  derniers  nous  pourrions  dresser  une 
liste  assez  longue,  mais  cela  nous  ferait  sortir  de  notre  cadre.  Les  textes  de  Physi- 
que et  de  Psychologie  dont  on  se  servait  à  l'Académie  ecclésiastique  de  Moscou 
étaient  manuscrits,  ou  bien  imprimés  à  l'étranger,  et  étaient  rédigés  en  latin. (Smir- 
noff.  Op.   cit.,  p.  44  et  seq.) 

(I)  Aucun  des  ouvrages  de  Puffendorf  (Sam.  n.  1632  f  1694)  ne  porte  le  titre  de 
Politique  abrégée,  ou  autre  semblable.  L'écrit  qu'on  avait  ici  en  vue  est  le  traité  :  De 
officiis  hominis  et  dois,  abrégé  fait  par  Puffendorf  lui-même  de  son  précédent 
ouvrage  :  De  jure  naturœ  et  genlium.  En  effet  Pekarski(0/>.  cit.,  1. 1,  p.  213)  rapporte 
que,  le  19  novembre  1721, le  Tsar,  assistant  en  personne  à  une  des  séances  du  Synode, 
ordonna  qu'on  traduisît  en  dialecte  slovénien  (en  russe)  l'abrégé  sus-mentionné.  On 
se  mit  à  l'œuvre,  mais  rien  ne  parut. 

Pierre  faisait  le  plus  grand  cas  des  ouvrages  de  Puffendorf,  et  lui-même  chargea 
Gabriel  Boujinski  (ensuite  évêque  de  Riazan  f  1731)  de  traduire  en  russe  l'Introduc- 
tion à  l'histoire  des  principaux  Etats  de  l'Europe  du  célèbre  juriste.  On  raconte  que 
Boujinski  étant  allé  montrer  sa  version  encore  manuscrite  au  Tsar,  celui-ci  le  répri- 
manda sévèrement  de  ce  qu'il  avait  sauté  le  passage  où  Puffendorf,  parlant  des  Russes, 
en  fait  une  peinture  fort  peu  flatteuse  pour  ce  peuple,  et  lui  enjoignit  de  remplir  sur- 
le-champ  cette  lacune.  La  traduction  de  Boujinski,  faite  sur  la  version  latine  de  Cra- 
mer, parut  à  Saint-Pétersbourg  en  1718  (Введете  въ  Псторпо  европейскую  etc.)  Une 
autre  édition  parut  avant  la  mort  de  Pierre,  en  1723.  Plus  tard,  en  1777,  l'Académie 
des  sciences  de  Saint-Pétersbourg  publia  une  autre  traduction  du  même  ouvrage 
faite  sur  l'original  allemand  et  due  à  Boris  Volkoff.  Dans  cette  édition,  on  trouve 
encore  le  passage  concernant  les  Busses  mais  avec  la  remarque  que  «  les  Busses 
ne  sont  plus  à  présent  tels  que   les  peint  Puffendorf.  » 

U  ne  serait  pas  sans  intérêt  d'étudier  l'influence  que  les  principes  religieux  et 
politiques  de  Puffendorf  ont  eue  sur  le  Tsar  et  sur  le  peuple  que  Pierre  avait  entre- 
pris de  civiliser.  Bornons-nous  à  signaler  le  fait  qu'en  1738  l'Impératrice  Anne 
ordonna  qu'on  se  saisit  de  tous  les  exemplaires  de  l'ouvrage  traduit  par  Boujinski, 
«à  cause  des  corrections  que  ce  livre  гес1атаН»(для  надлежащего  воопыхъ  исправлена). 
En  1743,  l'Impératrice  Elisabeth  ordonna  que  les  exemplaires  confisqués  fussentrendus 
à  leurs  propriétaires.  (Рек.,  op.  cit.  t.  II,  p.  438.)  Il  est  également  curieux  de  remar- 
quer que,  dans  sa  préface,  Boujinski  éprouve  le  besoin  de  s'excuser  d'avoir  traduit, 
avec  la  plus  scrupuleuse  fidélité,  les  passages  où  Puffendorf  parle  en  Luthérien. 


138        DEUXIÈME   PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES.    —  §  4. 

7.  La  Théologie  К 

Les  six  premières  sciences  prendront  chacune  une  année,  la 
Théologie  en  prendra  deux.  Car,  quoique  toutes  ces  sciences,  à 
l'exception  de  la  Dialectique  et  de  la  Grammaire,  aient  de  reten- 
due, il  faut  cependant  que  dans  les  écoles  on  les  traite  brièvement 
et  seulement  dans  leurs  parties  principales.  Celui  qui  a  été  si 
bien  guidé  se  perfectionnera  lui-même  plus  tard,  par  une  lecture 
assidue  et  parla  pratique. 

Les  langues  grecque  et  hébraïque  2  (s'il  se  trouve  des  profes- 
seurs pour  les  enseigner)  auront  un  temps  spécial  en  dehors  des 
autres  matières. 


7.  Tlieologia  К 

Priores  universae  sexennium  ;  sed  Tlieologia  sola  biennium 
sibi  vindicabit.  Quanquam  enim  omnes  scientiae,  (si  a  Dialectica 
et  Grammatica  discesseris)  ad  remotos  excurrunt  terminos  ,  in 
scholis  tamen  in  compendio,  et  quidem  praecipuae  illarum  partes 
sunt  tradendae.  Ipsi  enim  discipuli  ejusmodi  fausto  usi  auspicio, 
prorogata  legendi  assiduitate  et  praxi,  exquisitam  comparabimt 
cognitionem. 

Hebraea  et  Hellenica  linguae  2  (dummodo  adfuerint,  qui  do- 
ceant,)  inter  caetera  studia  peculiares  sibi  horas  postulabunt. 

(1)  V.  plus  haut  n°  VII,  p.  122  et  seq.  et  les  notes.  V.  aussi  l'Introduction  et 
passim. 

(2)  La  langue  grecque  fut  de  tout  temps  cultivée  en  Russie,  ne  fût-ce  que  par  quel- 
ques moines.  Le  seul  fait  que  les  textes  dont  on  se  servait  pour  la  jihysique  et  la 
psychologie  a  l'Académie  ecclésiastique  de  Moscou  étaient  rédigés  en  grec,  prouve 
que  cette  langue  y  était  en  honneur  et  fort  étudiée.  Théodore  Polikàrpoff,  dans  la 
préface  à  son  Lexicon  trilingue,  c'est-à-dire  des  mots  slaves,  helleno-grecs  et  latins 
Лексикопъ  трелЗычнып  etc.  Moscou  1704),  dit  que  cette  langue  est  indispensable  aux 
Russes  «  parce  que  c'est  du  grec  que  les  Saintes  Écritures  ont  été  traduites  en  russe,  » 
et  ajoute  que  les  Tsars  ont  eu  soin  de  conserver  des  écoles  grecques  à  Kieff  et  à 
Moscou  comme  héritiers  de  la  piété  et  du  trône  des  empereurs  grecs.  A  cette  époque,  on 
se  servait  à  l'Académie  ecclésiastique  de  Moscou  d'une  Grammaire  grecque  composée 
par  les  frères  Lykhudes  sur  celle  de  Constantin  Lascaris  qui  avait  paru  à  Venise 
en  1673.  Nous  ne  croyons  pas  que  la  première  ait  jamais  été  imprimée.  —  Pour  ce 
qui  est  de  l'hébreu,  nous  n'avons  rien  trouvé  d'où  l'on  puisse  conclure  qu'on  en  fai- 
sait une  matière  d'étude  en  Russie,  avant  et  pendant  tout  le  règne  de  Pierre  le  Grand 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      139 

XI.  On  aura  soin  que  le  Recteur  et  le  Préfet  soient  des  hommes 
zélés,  et  déjà  connus  par  leur  science  et  leurs  travaux.  Le  Collège 
Ecclésiastique  leur  enjoindra  d'être  exacts  à  remplir  leurs  de- 
voirs avec  menace  que,  si  l'enseignement  ne  se  fait  point  avec 
bon  ordre  et  succès,  ils  tomberont  eux-mêmes  sous  le  jugement 
du  Collège  Ecclésiastique.  C'est  pourquoi  le  Recteur  et  le  Préfet 
devront  observer  si  les  professeurs  se  rendent  exactement  à 
l'école,  et  s'ils  enseignent  d'une  manière  convenable.  De  plus,  ils 
seront  obligés  de  visiter  l'une  après  l'autre  les  classes,  deux 
d'entre  elles  la  première  semaine,  deux  autres  la  semaine  sui- 
vante et  ainsi  de  suite  par  tour.  Et  quand  ils  viendront  en  classe, 
le  professeur  enseignera  en  leur  présence,  et  eux  l'écouteront  au 
moins  pendant  une  demi-heure  ;  et  de  plus,  ils  adresseront  des 
questions  aux  élèves,  pour  s'assurer  s'ils  savent  ce  qu'ils  doivent 
déjà  savoir. 

XII.  S'il  arrivait  qu'un  professeur  contrevînt  aux  règlements 
de  l'Académie ,  et  ne  tînt  pas  compte  des   remontrances  du 


XI.  Rector  et  Praefectus,  solertiae  eruditionisque  spectatae  sunt  eli- 
gendi.  Hos  spirituale  Collegium,  ut  in  suo  munere  exequendo  gnavam 
strenuamque  ponant  operam,  jussu  obstringet  ;  quinirao  minabitur 
ipsisjudicium,inquod,  nisibonusordoindocendoobservatusfuerit,et 
nisi  literarum  studia  laudando  cum  profectu  exculta  f uerint,  rationem 
spiritualiCollegio  reddituri  accersantur.  Eorum  itaque  interestobser- 
vare;  frequentantne  scbolas  Magistri? et  eam  ne,  quam  debuerant,  in 
docendo  sequantur  metbodum  ?  Rector  et  Praefeclus  binas  scbolas 
una  hebdomade,  altéras  binas  altéra  bebdomade,  et  sic  porro  cae- 
teras  scholas  ordine  visitaturi  sunt.  Scholam  ingressi,  Ludimagi- 
strumse  coram  docentem  audient  saltem  per  semiboram.  Propositis 
itidem  quaestionibus  tenlabunt  discipulos  :  Utrum  ea,  quae  pro 
temporis  ratione  capere  deberent,  sint  assecuti? 

XII.  Si  quis  Docentium  academicis  regulis  inficias  iverit,  nec  Rec- 
toris  monitis  morigerum  se  praebuerit,  de  ejusmodi  maie  morigero 


140  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

Recteur,  celui-ci  le  dénoncera  au  Collège  Ecclésiastique,  et  après 
examen  de  la  chose,  le  professeur  sera  congédié  ou  puni,  selon 
l'exigence  du  cas. 

XIII.  On  pourra  aussi  établir  des  Fiscaux  (Inspecteurs),  char- 
gés d'examiner  si  tout  se  passe  avec  ordre  dans  l'Académie. 

XIV.  Pour  ce  qui  concerne  les  élèves,  voici  ce  que  nous  sta- 
tuons. Tous  les  Protopopes  et  les  autres  prêtres  riches  ou  pauvres, 
seront  obligés  d'envoyer  leurs  fils  à  l'Académie.  On  pourra  or- 
donner la  même  chose  aux  principaux  magistrats  des  villes; 
quant  aux  nobles,  cela  dépendra  de  la  propre  volonté  de  Sa  Ma- 
jesté Impériale  1 . 


Rector  certius  faciet  spiritale  Collegium.  Reus  proinde  in  judicio 
convictus,  schola  movebitur,  aut  ex  judicii  sententia  pœnam 
subibit. 

XIII.  Possunt  etiam  constitui  Annotatores,  qui  advertant  animum  : 
utrum  omnia  in  Academia  décente  ordine  procédant  ? 

XIV.  De  discipulis  ejusmodi  esto  judicium  :  Protopresbyteri,  et 
tum  lautioris,  tum  tenuis  conditionis  sacerdotes,  filios  suos  mittent 
in  Academiam.  Eadem  lege  ii,  qui  intabulinis  Perscriptores,  Notarii 
vel  Tabularii  audiunt,  et  id  genus  alii,  tenebuntur.  Quantum  autem 
ad  Nobiles  attinet,  id  a  propria  et  peculiari  REGIME  MAJESTATIS 
dependet  voluntate  i. 

(1)  Une  disposition  analogue  à  celle  qu'on  vient  de  lire  avait  été  portée  en  1714 
lors  de  l'institution  des  «écoles  des  chiffres  ».(Uk.  n"2778.V.  plus  haut  p.  64  note). 
Les  nobles  et  les  employés  supérieurs  et  inférieurs  des  Chancelleries  devaient  y 
envoyer  leurs  enfants,  et  ceux-ci  ne  pouvaient  ensuite  se  marier  sans  un  certificat 
constatant  qu'ils  avaient  appris  les  matières  enseignées  dans  ces  écoles. 

Ici,  cependant,  nous  trouvons  que  le  «  Règlement  »  fait  dépendre  l'envoi  des  en- 
fants nobles  à  1  Académie,  du  bon  plaisir  du  Souverain.  C'est  que,  sans  parler  de  ceux 
qui  entraient  à  l'Académie  de  marine  fondée  le  1er  oct.  1715(Полп.  Собр.  Зак.  T.  V, 
n°  2937),  beaucoup  de  nobles  étaient  envoyés  faire  leurs  études  à  l'étranger  ou  bien 
après  avoir  achevé  leurs  cours  dans  les  écoles  «  provinciales  »  et  ci  de  navigation  », 
entraient  dans  l'armée  où  ils  étaient  destinés  à  différents  emplois  par  le  Tsar.  Voici, 
du  reste,  comment  Pierre  en  usait  envers  les  enfants  de  ses  nobles.  «  Tous  les  nobles? 
dit  Oustrialoff,  qui  avaient  atteint  l'âge  requis  et  ^ui  n'avaient  pas  encore  d'em- 
ploi, devaient  se  rendre  à  Saint-Pétersbourg  ou  à  Moscou  pour  y  subir  l'inspection 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION. —  DE  L'ACADEMIE.       141 

XV.  Les  élèves,  une  fois  admis  à  l'Académie,  y  resteront  jus- 
qu'à ce  qu'ils  aient  achevé  toutes  les  classes,  et  le  Recteur  ne 
pourra  les  congédier  de  l'école  avant  que  le  Collège  Ecclésias- 
tique en  soit  informé.  Et  si  le  Recteur  ou  le  Préfet  ou  tout  autre, 
gagné  par  des  présents,  acccordait  à  un  élève  de  se  retirer,  avant 
d'en  avoir  informé  le  Collège,  on  décrétera  contre  le  coupable 
un  sévère  châtiment. 

XVI.  Qu'il  soit  notoire  à  tous  que,  partout  où  il  se  trouvera 
un  homme  qui  ait  fait  ses  études  à  l'Académie,  et  en  ait  obtenu 
le  certificat,  cet  homme  ne  pourra  être  devancé  ni  dans  les  di- 


XV.  Discipulos  in  academicorum  eivium  numerum  cooptatos, 
Rector  non  potest  ab  Academia  spirituali  Collegio  inscio,  in  perpe- 
tuum  dimittere  :  priusquam  studiorum  cursum  absolverint  ;  alio- 
^uin  tam  in  Rectorem,  sivein  Praefectura,  quam  in  quemvis  alium, 
qui  muneribus  corruptus  discipulis  abeundi  facultatem  induisent, 
utpote  transgressorem,  severe  animadvertetur. 

XVI.  Omnes  et  singuli,  ubivis  locorum  positi,  pro  certo  habeant  : 
hominem  in  Academia  eruditum,  et  Academiae  commendatitiis  lite- 
risornatum,  omnibus,  qui  in  officinis  scientiarum  non  sunt  exculti, 

(смотръ,  le  regard;  du  Tsar.  Celui-ci  jugeait  à  première  vue  des  capacités  de  cha- 
cun, et  leur  assignait  l'emploi  qui  leur  convenait.  Les  uns  étaient  inscrits  comme 
soldats,  d'autres  comme  marins,  d'autres  étaient  réservés  pour  les  affaires  civiles, 
d'autres  étaient  envoyés  étudier  les  sciences  à  l'étranger,  d'autres  étaient  appli- 
qués à  bien  approfondir  tout  ce  qui  concerne  l'organisation  d'une  armée.  Mal- 
heur à  ceux  qui,  paresseux  ou  indolents,  essayaient  de  se  soustraire  à  l'inspection 
du  Tsar;  on  les  privait  de  leurs  biens.  De  plus,  il  fut  établi  comme  règle  générale 
que  les  enfants  des  familles  nobles  n'acquéraient  point  le  droit  d'administrer  leurs 
immeubles  avant  d'avoir  servi  sept  ans  dans  l'armée  ou  dix  ans  dans  les  emplois 
civils,  sans  quoi  ils  demeuraient  mineurs  jusqu'à  leur  vieillesse.  Jamais  et  nulle  part 
le  titre  de  noble  ne  porta  avec  lui  une  idée  plus  élevée  qu'en  Russie,  sous  le  règne 
de  Pierre  Ier...  »  (Histoire  de  Russie),  Русская  Пстор1Я  IIe  partie.  5e  édition.  Saint- 
Pétersbourg,  1855,  pp.  87-88). 

Ce  que  nous  avons  rendu  par.  employés  supérieurs  des  Chancelleries  est  en  russe  : 
и  лу-шшмъ  прпказнымъ  людемъ.  Cette  expression  dénote  spécialement  les  employés 
des  bureaux  servant  à  l'administration  de  la  justice.  Nous  nous  sommes  conformés, 
en  la  traduisant,  à  l'allemand   :  den  vornehmsten  Cantzelei-Bedienlen. 


142        DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES    SPECIALES.  —   §   4. 

gnités  ecclésiastiques,  ni  dans  les  emplois  civils l  par  toute  autre 
personne  qui  n'aurait  pas  été  instruite  à  l'Académie. 

Les  autorités  qui  agiraient  autrement,  seront  punies  sévère- 
ment. 

XVIÏ.  On  soumettra  à  l'épreuve  la  mémoire  et  l'intelligence 
de  tout  élève  nouvellement  arrivé,  et  s'il  se  montre  tout  à  fait 
inintelligent,  on  ne  le  recevra  point  à  l'Académie,  car  il  y  per- 
drait son  temps  sans  rien  apprendre,  et  malgré  cela  il  concevrait 
de  lui-même  l'opinion  qu'il  est  savant;  or  il  n'y  a  pas  de  vauriens 
pires  que  ceux-là.  Cependant,  pour  empêcher  qu'un  élève,  poussé 
par  le  désir  de  retourner  chez  lui,  ne  feigne  de  manquer  d'in- 
telligence, comme  d'autres  feignent  une  incapacité  physique 


in  obtinendis  tam  spiritualium,quam  civilium  dignitatum  '  gradibus 
palmam  praeripere. 

Gaudentes  vero  quadam  potestate,  contrarium  molituri,  muleta 
afficientur. 

XVIÏ.  Tyro  discipulus,  si  facto  sagacitatis  et  memoriae  periculo, 
prorsus  tardus  apparuerit,  in  Academiam  minime  admittetur.  Quo- 
niam  annorum  jacturam  facturas,  oleum  et  operam  perdet  ;  superba 
tamen,  ac  si  ipse  esset  sapiens,~  intumescet  opinione.  Horum  nebu- 
lonum  génère  nibil  est  detestabilius.  Ne  quis  porro  a  literarum  stu- 
diis  abhorrens,  hebetudmem  sibi.eo  animo,  ut  ad  patrios  redire 
Pénates  liceat,  perinde   ac  tyrones,  qui  simulato  morbo  militiam 

(1)  Cette  disposition  concernant  les  emplois  civils  vient,  elle  aussi,  à  l'appui  de  ce  que 
nous  avons  dit  sur  le  caractère  général,  et  non  point  particulièrement  religieux, 
de  Г  Académie  dont  on  trace  ici  le  plan.  Ajoutons  que  rien  n'est  moins  conforme  à 
toutes  les  données  historiques  que  nous  possédons  sur  Pierre  que  de  le  supposer 
fondant  une  Académie  ecclésiastique,  et  ordonnant,  comme  il  est  statué  au  n°  XIV, 
qu'on  y  envoyât  les  fils  des  employés  supérieurs  des  Chancelleries  des  villes,  et  aussi 
des  enfants  nobles.  Assurément  Pierre  n'entendait  pas  en  faire  autant  de  prêtres. 
Plus  loin,  au  n°  XXI,  il  est  dit  que  les  élèves  qui  auront  achevé  leur  cours  à  l'Aca- 
démie pourront  être  présentés  à  Sa  Majesté  Tsarienue,  et  destinés  à  différents  emplois 
selon  qu'ordonnera  Sa  Majesté. 


DES  ÉTABLISSEMENTS  DTNSTRUCTION.  —  DE   L'ACADEMIE.      143 

pour  échapper  au  service  militaire,  on  prendra  toule  une  année 
pour  faire  l'essai  de  son  intelligence.  Un  professeur  adroit  saura 
bien  inventer  de  tels  genres  d'essais  qu'il  sera  impossible  à  l'élève 
de  les  flairer  et  d'y  échapper  par  la  ruse. 

XVIII.  Si  un  enfant  manifeste  une  malice  incorrigible,  s'il  se 
montre  farouche,  prompt  aux  voies  de  fait,  calomniateur,  déso- 
béissant, et  qu'après  toute  une  année  on  n'ait  pu  parvenir  à  le 
dompter  ni  par  des  avertissements  ni  par  de  sévères  châtiments, 
on  le  chassera  de  l'Académie  quand  même  il  aurait  du  talent, 
pour  ne  pas  mettre  le  glaive  dans  la  main  d'un  furieux. 

XIX.  Le  lieu  opportun  pour  l'Académie  n'est  point  la  ville, 
mais  un  endroit  écarté,  dans  une  situation  agréable  où  il  n'y  ait 
pas  de  bruit  parle  concours  du  peuple  ni  de  ces  fréquentes  occa- 
sions qui  ordinairement  dérangent  les  études,  offrant  aux  yeux 
des  choses  qui  emportent  l'esprit  des  jeunes  gens,  et  ne  leur 
permettent  pas  de  s'appliquer  avec  assiduité  au  travail l. 


conantur  eludere,  affingat,  tentando  illius  ingenii  acumini  annuum 
spatium  tribuitur.  Imo  sagax  paedagogus  poterit  ejusmodi  ad 
periculum  faciendum  modos  comminisci,  qui  solertiae  et  astutiae 
sceleronis  sint  impervii. 

XVIII.  Si  puer  faerit  obstinatae  malitiae,  fer ox,  adrixas  proclivis, 
calumniator,  contumax,  qui  monita  et  atrocia  verba  ad  se  emen- 
dandum,  per  annum  adbibita,  superaverit,  licet  ingenii  acumine 
polleat,  ne  furibundus  ense  armatus  grassetur,  expellendus  est  ex 
Academia. 

XIX.  Ne  tumultus  vulgi,  aliaeque  variae  occasiones  sint  meliori- 
bus  literis  impedimento  ;  neve  in  oculos  juventutis  quippiam  incur- 
rat,  quod  teneras  mentes  a  literarum  studiis  avocet,  Academia  non 
inlra  muros,  sed  extrinsecus  inloeo  amoeno  idoneo  est  erigenda  *. 

(1)  En  1723,  le  Vice-Chancelier  Baron  Schafiroff  tomba  en  disgrâce,  et  tous  ses  biens 
furent  confisqués.  La  maison,  bâtie  en  pierres,  qu'il  possédait  dans  cette  partie  de  l'ac- 
tuel St-Pétersbourg  qu'on  appelle  Vassili-Ostro/f^le  de  Basile)  fut,  dès  1724,  assignée 
comme  logement  aux  professeurs  de  l'Académie.  D'autres  palais  et  maisons  lui  furent 


144        DEUXIEME  PARTIE.   —  AFFAIRES   SPECIALES.   —  §  4. 

XX.  L'Académie  ne  doit  point  mettre  sa  gloire  dans  le  grand 
nombre  de  ses  élèves,  ni  s'en  préoccuper;  car  cela  n'est  d'aucune 
importance  ;  elle  doit  plutôt  examiner  si  elle  en  a  beaucoup  qui 
soient  intelligents,  assidus  à  l'étude  et  qui  donnent  grand  espoir 
d'en  profiter;  puis  aussi  quels  moyens  il  faut  employer  pour  les 
faire  persévérer  jusqu'à  la  fin. 

XXI.  Il  ne  serait  d'aucun  avantage,  et  même  ce  serait  une  pure 
perte,  d'entretenir  avec  les  libéralités  du  Souverain  \  tous  les 
élèves,  n'importe  lesquels,  qui  se  présentent  à  l'Académie. 


XX.  Multitudo  Discipulorum  non  praebet  ansam  Academiae  glo- 
riandi  ;  haec  enim  vana  omnino  est  gloria  ;  nec  numerus,  sed  quali- 
tas  in  censum  venit  ;  nimirum  observandum  est  :  Multi  ne  sunt  so- 
lertes?  et  quot  sunt,  qui  laudabiliter  cum  conspicua  utilitatis  spe 
literis  operam  navant?  Providendum  etiam  est,  ut  illi  benemorati 
ad  extremum  a  vitiis  immunes  persévèrent. 

XXI.  Res  prorsus  inepta,  immo  etiam  inanis  esset,  si  discipuli 
undiquaque  advenientes,  in  Academiam  et  quidem  ex  aerario  REGIS 
sustentandi1,  admitterentur. 

ensuite  annexés,  et  l'on  érigea  aussi  des  constructions  nouvelles.  Le  prince  Cantémir 
n'omit  point  de  signaler  tout  ce  luxe  de  bâtiments,  dans  la  satire  qu'il   composa  à 
l'occasion  de  l'ouverture  solennelle  de  l'Académie.  On  se  glorifie,  dit-il,  de  voir: 
Les  chefs  de  la  science  en  de  fastueux  palais 
Erigés  en  ce  lieu  avec  d'énormes  frais. 

Voir  pour  d'autres  renseignements  sur  ce  sujet,  Pekarski,  Op.  cit.  t.  f,  pp.  62-63  et 
les  sources  qu'il  cite. 

(1)  Le  lecteur  aura  remarqué  que  la  dépense  du  Souverain  est  déjà  mentionnée 
plus  haut,  à  la  fin  des  considérations  générales  qui  précèdent  les  règles  sur  l'Aca- 
démie .  Ici  on  y  revient  de  nouveau,  et  on  insiste  encore  là-dessus  quelques  lignes 
plus  bas.  C'est  pourquoi  nous  ne  pouvons  omettre  ici  une  remarque  analogue  à  celle 
faite  dans  la  note  au  n°  XVI  concernant  les  emplois  civils.  Si  l'Académie  dont  il  s'agit 
ne  devait  être  qu'une  simple  Académie  ecclésiastique,  ou  même  si  elle  devait  être 
principalement  ecclésiastique,  Pierre  n'eût  certainement  pas  manqué  de  destiner  à 
sa  fondation  et  à  son  entretien  des  biens  appartenant  au  clergé,  comme  il  avait  fait 
pour  les  écoles  primaires  (V.  plus  haut  g  1-3  n03  Х1-ХШ,  pp.  66-68),  et  eût  ici 
répété  les  leçons  de  sage  économie  déjà  données  aux  Évêques.  Pour  supposer 
Pierre  Ier  fondant  à  ses  frais  une  Académie  ecclésiastique,  il  nous  faudrait  faire  vio- 
lence à  l'histoire.  On  sait,  en  effet,  que  les  biens  du  clergé  ne  furent  point  la  der- 
nière de  ses  sollicitudes. 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DE  L'ACADEMIE.      145 

Plusieurs  en  effet  stimulés  par  la  pauvreté  de  leur  situation 
n'y  viendraient  point  ponr  acquérir  de  la  science,  mais  pour  y 
jouir  de  la  pension  tout  en  étant  par  nature  ineptes  aux  sciences, 
d'autres  et  ceux-là  capables,  ne  resteraient  à  l'Académie,  que  tant 
que  cela  leur  plairait,  et  s'en  iraient  quand  et  où  il  voudraient. 
Quel  bien  en  résulterait-il?  Rien  qu'une  dépense  inutile 

En  conséquence,  on  n'acceptera  des  élèves  qu'après  avoir  fait 
l'essai  de  leur  intelligence,  et  ceux-ci  s'engageront  par  écrit  à 
restera  l'Académie  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  achevé  leurs  études, 
sous  des  peines  rigoureuses  pour  ceux  qui,  sauf  le  cas  d'une  ex- 
trême nécessité,  ne  rempliraient  point  leur  engagement. 

De  cette  manière,  ceux  qui  auront  achevé  leur  cours  pourront 
être  présentés  à  Sa  Majesté  Tsarienne  et  destinés  à  différents  em- 
plois, selon  qu'ordonnera  Sa  Majesté1. 

XXII.  Mais  ce  qu'il  faut  avant  tout,  et  qui  est  presque  la 
seule  chose  nécessaire  et  avantageuse,  c'est  que  près  de  l'Aca- 


Multi  enim  intrudunt  se  in  Academiam  non  eo  animo,  ut  erudian- 
tur,  utpoteex  natura  adliteras  inepti,  sed  spe  stipendii,  quo  diurno 
victui  consulant,  utpote  pauperculi.  Quidam  autem  idonei  quidem 
sunt,  sed  tamdiu  manent  in  Academia,  quamdiu  ipsis  libet  ;  deinde 
quoeumque  et  quandocunque  velint,  abeunt.  Nullainde  utilitas,  sed 
solum  est  detrimentum. 

Admittendi  equidem  sunt  discipuli  probatae  solertiae,  qui  itidem 
se  cbirograpbo  obstringant,  se  scilicet  in  Academia,  usque  studio- 
rum  cursum  confecerint,  esse  mansuros,  et  grandi  multae,  si  suum 
promissum  absque  summa  necessitate  interversum  ausint,  fore  ob- 
noxios. 

Hi  peracto  studiorum  cursu  poterunt  sisti  REGLE  MAJESTATI, 
ex  CUJUS  edicto  ad  varia  munia  astringantur  *. 

XXII.  Expedit  equidem,  imo  praecipuum  et  unice  maxime  neces- 
sarium  esse  censetur,  ut  seminarium  Academiae  adjungatur;  vel 

(l)  Voir  plus  haut  la  note  du  n°  XVI,  p.  142. 

10 


146        DEUXIÈME  PARTIE.   —  AFFAIRES   SPECIALES.    —  §   4. 

demie,  et  même  tout  d'abord  avant  sa  fondation  i,  il  y  ait  un  Sé- 
minaire pour  l'éducation  et  l'instruction  des  enfants ,  comme  on 


itidem,  antequam  Academia  sumpserit  principia  *,  illud  instituatur 
tenerae  aetati  educandae  promturum;   prout  multa  ejusmodi  in 

(1)  Nous  résumerons  ici  Les  principaux  faits  concernant  les  origines  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Saint-Pétersbourg.  Tous  les  historiens  s'accordent  a  attribuer 
le  projet  de  sa  fondation  à  l'influence  de  Leilmitz  (f  1716)  qui  en  parle,  même  avec 
quelques  détails,  dans  une  lettre  adressée  à  Pierre  le  Grand  et  datée  de  1712.  (Pekarski, 
op.  cit.  pp.  28-29).  Deux  années  plus  tard,  un  journal  allemand,  le  Welt  Spiegel  (1714, 
t.  LXVI,  p.  614)  annonçait  que  le  bruit  courait  de  l'érection  d'une  Académie  à  Saint- 
Pétersbourg,  ei  s'en  promettait  de  grands  avantages,  même  matériels,  pour  cette  ville 
nouvellement  bâtie  et  déjà  assez  vaste.  Nous  avons  déjà  rapporté  le  premier  décret 
porté  par  Pierre  à  ce  sujet  dans  sa  réponse  au  Mémoire  de  Fick  en  date  du  11  juin 
1718.  (Voir  plus  haut  p.  119,  note  au  n°  IV.)  —  Vinrent  ensuite  les  Règles  contenues 
dans  le  a  Règlement  ecclésiastique  »  et  que  le  lecteur  a  sous  les  yeux.  — Plus  tard, 
dans  un  ukase  nominal  du  20  janvier  1724,  Pierre  annonçait  la  fondation  de  l'Aca- 
démie comme  prochaine:  huit  jours  après  paraissait  l'ukase  nominal  qui  déter- 
minait les  revenus  à  affecter  à  cette  institution  et  en  approuvait  le  projet  détaillé. 
(Поли.  Собр.  Зак.  T. VII  (4427), 20  janv.,p.  207  et  (4443),  28  janv.  1724.  pp.220  et  seq.) 
Pierre  ne  put  voir  lui-même  son  vœu  entièrement  réalisé,  car  il  mourut  le  S  février 
de  l'année  suivante. — Peu  de  jours  après  sa  mort,  Catherine  Iго  qui  lui  succéda, 
ordonnait  qu'on  fit  un  appel  aux  savants  étrangers  et  qu'on  leur  fournît  les 
moyens  de  se  rendre  en  Russie,  pour  y  faire  partie  de  l'Académie  des  sciences. 
(Ib.  23  févr.  1725  (4663)  p.  426).  Enfin  le  7  décembre  1725,  parut  l'ukase  qui  érigeait 
définitivement  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg  et  nommait  son  pre- 
mier président  Laurent  Blumentrost  (né  à  Moscou  1692,  f  1755).  L'Académie  devait, 
selon  le  plan  de  Pierre  le  Grand,  s'occuper  en  même  temps  de  faire  progresser  les 
sciences  et  d'instruire  la  jeunesse  (Ib.,  7  déc.  1725  (4807  p.  553).  L'ouverture  solen- 
nelle en  fut  faite  par  l'Impératrice  elle-même  le  25  décembre  de  la  même  année.  En 
1728,  commencèrent  à  paraître  les  Acta  Academiae  scientidrum  imperialis  Pelropoli- 
tanae  :  dans  la  préface  du  premier  volume  on  eut  soin  de  relever  ce  fait  que 
presque  tous  les  membres  de  l'Académie  étaient  des  étrangers.  Cum  haec  nostrasocietas,- 
y  est-il  dit,  ab  aliis  quae  in  Europa  florent  eo  différât  quod  in  illis  indigenœ  plerique, 
in  hac  nostra  exteri  fere  omnes  reperiantur.. ,  etc. 

Nous  avons  dit  dans  la  note  au  n°XIX(p.  143)  que  l'ouverture  de  l'Académie  des 
sciences  de  Saint-Pétersbourg  forme  le  sujet  d'une  des  satires  du  prince  Cantemir. 
Rien  de  plus  facile  à  comprendre,  et  il  eût  même  été  déshonorant  pour  la  Russie 
que  personne  ne  se  fut  fait  l'écho  des  sentiments  que  devaient  éprouver,  en  cette 
circonstance,  tous  les  Russes  aimant  leur  pays.  On  se  plaint,  et  avec  raison,  de  la 
domination  d'un  conquérant  étranger  :  c'est  toujours  une  calamité  pour  un  peuple 
que  d'être  gouverné  par  un  autre  peuple.  Mais  si  une  domination  politique  étran- 
gère est  lourde  à  porLer,  une  domination  étrangère   excercée  sur  la  pensée  et    le 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DU   SEMINAIRE.      147 

en  a  fondé  beaucoup  dans  les  pays  étrangers. 
Nous  en  donnerons  ici  quelques  aperçus. 

(du  séminaire.) 

1.  La  maison  pour  le  Séminaire  sera  construite  en  forme  de 
monastère.  Sa  capacité  et  ses  appartements,  avec  toutes  les  dé- 
pendances pour  les  provisions,  le  vestiaire  et  les  autres  néces- 


extraneis  regionibus  sunt  usu  recepta. 
Quaedam  illius  idea  hic  depingitur. 

(de   seminario.) 
1.  Domus  ad  modum  monasterii  est  aedificanda,  cujusamplitudo, 
et  intra  eam  domicilia  et  omnigeni  ad  victum  et  amictum  ad  alias- 
génie  d'un  peuple   est  bien   autrement  lourde.   Et  c'est   à  quoi  aboutit  pratique- 
ment pour   la  Russie  la  civilisation  hâtive  de  Pierre,  trop  épris  de  la  science  alle- 
mande, trop    peu  orthodoxe  et,  par  là  même,  trop  peu  sensible  aux  droits  de  ses 
sujets.  L'ouverture    solennelle  de    l'Académie    des  sciences  de    Saint-Pétersbourg 
n'était   guère   un    événement  dont   les    Russes  eussent   lieu   de    se   réjouir.    Une 
société  savante,    composée   presque  exclusivement   d'Allemands  et  de  Protestants, 
était  solennellement  chargée  de  leur  apprendre  à  penser  en  toutes  choses.  Il  y  avait 
bien  apparemment  une  exception  pour  la  religion,  mais  le  contraste  entre  la  façon 
dont  les  Tsars  traitaient  les  savants  d'Allemagne  et  celle  dont  ils  traitaient  les  Évêques 
russes  —  et  le  lecteur  peut  en  juger  d'après  le  a  Règlement  » — n'était  pas  de  nature 
à  relever  la  foi  orthodoxe  aux  yeux  du  peuple.  Ajoutons  que  la  religion  touche  à 
bien  d'autres  matières  :  on  ne  peut  parler,  par  exemple,  d'histoire   ou  de  philoso- 
phie sans  parler   de    religion.  De   plus,    l'Académie    des  sciences,  institution  com- 
posée presque    exclusivement   d'étrangers,  formait    en  fait    une  espèce  de  Collège, 
mais  jouissant  de  prérogatives  supérieures  à  celles  des  Collèges  de  l'État.  Son  action 
n'était  pas  soumise  à  un  Generalmji  Reglament  comme  les  autres  Collèges  (Voir  plus 
haut,  p.  3,  note),  elle  était  indépendante  même  du  Sénat  et  ne  reconnaissait  au-dessus 
d'elle  qu'une  autorité  bien  douce  pour  elle,  celle  des  Tsars  qui,  plutôt  que  ses  maî- 
tres, se  montraient  ses  serviteurs.  Les  Allemands  qui  composaient  l'Académie, d'abord 
invités,  priés,  suppliés  même    en  quelque  sorte,  de  venir  s'établir   en  Russie,    puis 
largement  salariés  et  comblés  d'honneurs  et  de  privilèges,  étaient  en  droit  de  se  con- 
sidérer comme  les  vrais  maîtres  du  pays,  et  ne  contribuèrent  pas  peu   à    affermir 
cette  domination  allemande  contre  laquelle  devait  s'opérer  plus  tard  une  si  puis- 
sante réaction. 

Quant  à  la  véritable  Académie  ecclésiastique  de  Saint-Pétersbourg,  son  érection  se 
trouve  décrétée  avec  celle  de  l'Académie  ecclésiastique  de  Kazan,  dans  un  ukase 
de  Paul  1er  daté  du  18  décembre  1797  (Ib.  Tome  XXIV  [18273]).  Jusqu'à  cette  épo- 
que, il  n'y  avait  en  Russie  que  deux  Académies  ecclésiastiques,  l'une  à  Moscou 
et  l'autre  à  Kieff. 


148  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §  4. 

sites,  seront  arrêtés  en  proportion  du  nombre  des  élèves  et  du 
personnel  nécessaire  pour  la  direction  et  le  service.  Le  nombre 
des  élèves,  qui  sera  fixé  d'après  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté  Tsa- 
rienne,  pourra  être  de  cinquante  ou  de  soixante-dix,  et  même 
dépasser  ce  chiffre. 

2.  Dans  cette  maison  demeureront  des  enfants  et  des  jeunes 
gens  d'un  âge  plus  avancé,  répartis  de  manière  qu'il  y  en  ait  huit 
ou  neuf  dans  une  seule  chambre.  On  logera  cependant  dans  des 
pièces  différentes  les  grands,  les  moyens  et  les  petits. 

3.  On  assignera  à  chaque  élève,  au  lieu  d'une  chambre  à  part, 
une  place  au  mur,  où  il  aura  son  lit,  (qui  pourra  se  replier  de  ma- 
nière à  ne  pas  laisser  voir  pendant  la  journée  le  gîte  de  l'élève), 
une  armoire  pour  les  livres  et  autres  effets,  et  une  petite  chaise 
pour  s'asseoir. 

4.  Chaque  chambrée,  quel  qu'en  soit  le  nombre,  aura  son  Pré- 
fet ou  Surveillant.  Ce  sera  un  homme  d'une  vie  honorable  ;  peu 
importe  qu'il  n'ait  pas  d'instruction,  pourvu  qu'il  ne  soit  ni  trop 
farouche  ni  mélancolique  ;  son  âge  sera  entre  30  et  50  ans.    Son 


que  nécessitâtes  requisiti  apparatus,  nec  non  idonei  homines,  tam 
qui  curam  gérant,  quam  qui  famulentur,  alumnorum  multitudini, 
quanta  ex  REGLE  MAJESTATIS  placito  defmita  fuerit,  sufficiant. 

2.  In  illa  domo  pueri,  quinimo  provectioris  aetatis  adolescentes, 
octoni  vel  noveni  sub  eodem  tecto  habitabunt  ;  ea  tamen  cautione, 
ut  pueritia,  adolescentia,  et  juventus  separatis  conclavibus  discri- 
minentur. 

3.  Quilibet  ad  parietem  sortietur  locum,  quasi  peculiare  cubicu- 
lum,  ubi  statuatur  lectulus,  qui  ita  diurno  tempore  componatur, 
ut  lectulus  esse  minime  appareat;  repositorium  libris  aliisque  rébus 
servandis  aptum,  et  sedile  ad  sedendum. 

4.  Unicuiqué  habitaculo,  quotquot  fuerint,  Inspecter  praeûcie- 
tur  ;  homo  quamquam  non  literatus,  probatae  tamen  vitae,  non 
ferox,  intra  30  et  50  annos.  Illius  est  inspicere,  ne  Seminarii  alum- 


DES   ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DU    SEMINAIRE.      149 

devoir  sera  de  veiller  à  ce  que  parmi  les  Séminaristes  (c'est  ainsi 
que  s'appelleront  ceux  qui  seront  élevés  en  cette  maison),  il  n'y 
ait  ni  dissensions  ni  rixes,  ni  vilaines  conversations,  ni  toute  autres 
chose  inconvenante  ',  et  à  ce  que  chacun  fasse,  aux  heures  mar- 
quées, ce  qu'il  est  obligé  de  faire.  Nul  Séminariste  ne  sortira  de 
la  chambre  sans  sa  permission  et  sans  avoir  exposé  le  motif  de 
sa  sortie,  où  il  va  et  pour  quoi  faire. 

5.  11  doit  y  avoir  dans  la  même  maison  des  hommes  instruits, 
moines  ou  laïques,  au  moins  au  nombre  de  trois  :  l'un  d'eux, 
sera  le  Recteur  de  la  maison  a,  les  deux  autres  seront  Examina- 


ni  (seminaristae  vulgo  dicti),  altercentur,  ne  vellicent:  ut  abobsce- 
nis  putidisque  sermonibus  omnique  petulantia  abstineant l,  ut  unus- 
quisque  assignato  tempore  suum  munus  exequatur,  nec  ullus  alum- 
norum  ex  habitaculo  absque  illius  licentia  egrediatur,  idque  indicata 
ratione,  quorsum  ?  et  quo  fine  exeat?  • 

5.  Intra  easdem  mansiones  debent  esse  saltem  très  hommes  docti 
monachi,  sive  saeculares.  Quorum  primus  Rector  vel  totius  domus 
Director 2,  duo  posteriores  vocabuntur  Examinatores  :  id  est,  Inquisi- 


(1)  En  1717,  avait  paru  à  Saint-Pétersbourg,  par  ordre  du  Tsar,  un  manuel  du 
ton  et  des  manières  de  la  bonne  société  ;  son  titre  était  :  Miroir  honorable  de  la 
jeunesse  pour  apprendre  A  se  conduire  dans  la  vie ,  recueilli  de  différents  auteurs,  etc. 
(Юности  честное  зерцало  etc.).  Ce  livre  eut  beaucoup  de  vogue  en  Russie  et  n'eut  pas 
moins  de  quatre  éditions  pendant  le  seul  règne  de  Pierre  le  Grand.  Nous  n'avons  pu 
le  consulter, mais  nous  aurons  l'occasion  de  revenir  plus  loin  sur  de  curieux  extraits 
de  ce  livre  cités  par  Pekarski  {Op.  cit.  II.  pp.  382-383)  et  qui  se  rapportent  à  la 
manière  de  se  conduire  envers  les  inférieurs.  (V.  IIIe  partie  n°  12,  note.) 

(2)  S'agit-il  ici  d'un  établissement  destiné,  sinon  exclusivement,  au  moins  tout 
particulièrement  à  l'éducation  du  jeune  clergé?  C'est  ce  qu'on  ne  saurait  affirmer 
d'une  manière  positive.  Il  est  certain  que  le  Séminaire  dont  parle  le  «  Règlement  » 
était  destiné  a  former  aussi  des  prêtres  (voir  plus  loin,  n°  26)  ;  il  est  également  cer- 
tain que  ce  Séminaire,  quel  qu'il  fût,  allait  être  la  seule  institution  où  les  jeunes 
lévites  russes  pussent  recevoir  une  éducation  proprement  dite  ;  enfin,  chose  remar- 
quable, le  Dictionnaire  de  l'Académie  russe,  qui  donne  toujours  les  différentes  signifi- 
cations attachées  successivement  ou  simultanément  au  même  mot,  n'explique  celui 
de  Séminaire  autrement  que  dans  le  sens  d'un  établissement  destiné  à  l'instruction 
du  clergé  (Духовное  Училище)-  Nous  croyons,  toutefois,  qu'on  peut  dire  de  ce  Sémi- 


150  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

teurs  ou  Inspecteurs  des  études,  chargés  d'observer  comment 
chacun  s'applique  à  l'étude,  si  c'est  avec  assiduité  ou  négligem- 
ment. 

6.  Le  Préfet  de  chaque  chambrée  aura  le  pouvoir  de  punir  de 
leurs  transgressions  les  élèves  qui  lui  sont  soumis;  les  petits  avec 
des  verges,  les  moyens  et  les  grands  par  des  menaces  ;  après  quoi, 
s'ils  ne  se  corrigent  point,  il  en  avertira  le  Recteur. 


tores  studiorum,  quomodo  unusquisque  in  doctrina  proficiat  :  negli- 
genter  ?  an  industrie  ? 

6.  Pênes  Praefecti  arbitrium  est  poenam  infligere  subordinatis  ; 
hoc  nihilominus  discrimine,  ut  parvulos  virgis,  mediae  vero  et  pro- 
vectioris  aetatis  minis  et  objurgatione  castiget.  Si  qui  vero  minus 
morigeri  exstiterint,  eos  apud  Rectorem  deferet. 


naire  ce  que  nous  avons  dit  de  l'Académie,  à  savoir  que  son  but  n'était  pas,  à  l'ori- 
gine du  moins,  exclusivement  ecclésiastique.  L'usage  qu'on  fait  ici  du  mot  Семинар1умъ 
(Seminarium)  montrerait  une  importation  de  plus  de  l'Allemagne  :  on  sait,  en  effet, 
que  ce  mot,  emprunté  au  Concile  de  Trente,  fut  de  bonne  beure  appliqué  en  Alle- 
magne à  des  établissements  d'instruction  mixtes,  et  même  purement  laïques. 

A  l'appui  de  notre  opinion  nous  citerons  d'abord  ce  qui  est  statué  dans  ce  même 
n°  5,  au  sujet  du  Recteur  et  des  Examinateurs,  qui  peuvent  être  également  pris  parmi 
les  moines  et  parmi  les  laïques.  Nous  ajouterons  que  dans  plusieurs  documents 
de  cette  époque,  ou  de  peu  postérieurs  à  Pierre,  on  parle  de  ce  Séminaire  comme 
d'un  établissement  mixte.  Ainsi,  par  exemple,  dans  un  ukase  de  Catherine  Ire,  daté 
du  31  oct.  1726  il  est  dit  que  «  conformément  au  Règlement  ecclésiastique  on  avait 
»  décrété  l'érection  d'un  Séminaire  à  Saint-Pétersbourg,  afin  qu'on  y  apprit  les 
w  sciences  utiles  à  l'Eglise  et  à  l'Etat,  et  entre  autres  l'arithmétique  et  la  géométrie  » 
(Поля.  Собр.  Зак.  Тот.  VII  (4975),  p.  707).  Ensuite,  plusieurs  expressions  du  «  Rè- 
glement »  montrent  que  pour  les  Séminaristes  aussi,  comme  en  général  pour  les 
enfants  de  la  noblesse  (V.  plus  haut  p.  H2nole)  le  choix  définitif  de  la  carrière  qu'ils 
devaient  embrasser  dépendait  surtout  de  la  volonté  du  Tsar  (v.  n°s  18  et  24). 
Enfin,  la  teneur  générale  des  règles  prescrites  aux  Séminaristes  s'accorde  trop  dif- 
ficilement avec  l'idée  d'un  établissement  destiné  à  élever  de  futurs  ministres  de 
l'Église.  Certes  nous  sommes  loin  de  nous  attendre  ici  à  des  exhortations  à  la  piété  : 
après  ce  qu'on  vient  de  lire,  et  sous  la  plume  de  Pierre  et  de  Prokopovitch,  elles 
feraient  l'effet  d'une  ironie.  On  nous  permettra  cependant  de  croire  que  si  ce  Sémi- 
naire était  exclusivement  destiné  à  former  des  prêtres,  ces  règles  eussent  été  rédi- 
gées un  peu  différemment.  Le  lecteur  pourra  en  juger. 


DES  ÉTABLISSEMENTS   D'INSTRUCTION.  —  DU  SEMINAIRE.      151 

7.  Les  Examinateurs  agiront  de  même  envers  les  petits  les 
moyens  et  les  grands  qui  montreraient  de  la  paresse  dans  leurs 
études,  et  en  avertiront  le  Recteur. 

8.  Le  Recteur,  comme  autorité  suprême,  aura  la  faculté  d'in- 
fliger à  chacun  toute  punition  qu'il  jugera  à  propos.  Cependant, 
si  un  élève  se  montrait  incorrigible ,  le  Recteur  ne  le  renverra 
point  du  Séminaire,  avant  que  le  Collège  Ecclésiastique  en  soit 
informé. 

9.  On  fixera  l'heure  de  chaque  exercice  et  de  chaque  délassemen 
des  Séminaristes;  quand  ils  doivent  se  coucher,  se  lever,  prier, 
étudier,  se  mettre  à  table,  se  promener,  etc.  Toutes  ces  différentes 
heures  seront  annoncées  par  une  petite  cloche,  et  tous  les  Sémi- 
naristes obéissant  au  son  delà  petite  cloche,  comme  les  soldats  à 
celui  du  tambour  ',  se  mettront  à  l'œuvre  prescrite  pour  l'heure 
annoncée. 

10.  On  n'accordera  à  aucun  Séminariste  des  sorties  en  ville 


7.  Eodem  modo  Examinatores,  parvos,  médiocres  et  provec- 
tiores  tractabunt,  Rectorem  pariter  certiorem  facturi. 

8.  Rector  in  Academia,  omnium  est  suprema  potestas,  vario  ca- 
stigationum  génère  corripiendi  jure  praeditus  :  jure  tamen  ablo- 
gandi  a  Seminario  eum,  qui  nullam  ad  frugem  redeundi  spem 
prae  se  fert,  nisi  prius  spirituale  consument  Collegium,  pri- 
vatur. 

9.  Horae  cuique  negotio  exequendo,  et  capiendae  quieti  ;  qua 
itidem  eundum  est  dormitum?  qua  surgendum?  orandum?  discen- 
dum?  qua  eundum  est  pransum?  ab  opère  cessandum?  et  caetera, 
sunt  assignandae  :  De  unaquaque  bora  ex  dato  per  campanulam 
signo  constabit,  ut  omnes  discipuli  sono  campanulae,  perinde  atque 
milites  tympano  provocati 1,  opus,  certae  horae  altributum,  aggre- 
diantur. 

10.  Àlumni,  priusquam   vitae  in  Seminario  ducendae  assueverint, 

(1)  V.  plus  loin  la  note  du   n°  15. 


152  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

ou  ailleurs  chez  ses  parents,  avant  qu'il  ne  se  soit  accoutumé  au 
séjour  du  Séminaire  et  qu'il  n'ait  éprouvé  un  sensible  profit 
d'un  tel  genre  d'éducation  ;  surtout  on  n'accordera  aucune  sor- 
tie pendant  les  trois  premières  années  depuis  l'entrée  au  Sémi- 
naire. A  partir  de  là  troisième  année  on  permettra  aux  Sémina- 
ristes, mais  pas  plus  de  deux  fois  par  an,  d'aller  séjourner  en 
famille  ou  chez  des  parents,  pourvu  qu'ils  ne  demeurent  pas  trop 
loin  de  manière  qu'il  ne  se  passe  pas  plus  de  sept  jours  entre  le 
départ  de  l'élève  et  son  retour  à  la  maison  du  Séminaire. 

11.  Lorsque,  même  dans  ces  conditions,  on  aura  accordé  la 
sortie  à  un  Séminariste,  on  lui  adjoindra  cependant  comme  Ins- 
pecteur ou  Surveillant,  un  homme  respectable,  qui  partout 
et  en  toute  circonstance  restera  constamment  avec  lui,  et  qui, 
au  retour,  rendra  compte  au  Recteur  de  ce  qui  s'est  passé.  Et  si 
cet  Inspecteur  adjoint  à  l'élève,  par  connivence  avec  celui-ci  ca- 
chait quelque  chose  de  mal,  le  fripon  serait  rudement  battu. 
On  pourra,  du  reste,  découvrir  le  fait  par  les  quelques  change- 


perspectamque  ejusmodi  educationis  utilitatem  sibi  habuerint,  ex 
Seminario  in  oppidum,  aut  aliorsum,  apud  consanguineos  hospita- 
turi,  non  sunt  dimittendi.  Et  quidem  a  tempore,  quo  in  Semina- 
rium  erant  recepti,  ad  triennii  decursum,  prorsusnon  sunt  dimittendi. 
Quinimo,  elapso  triennio,  alumni,  ut  apud  parentes  consanguineos- 
que,  qui  non  tam  longe  distant,  ut  eorûm  exitus  regressusque  in  Se- 
minarium  diutiore  quam  hebdomado  temporis  intervallo,indigeant, 
hospitentur,  non  nisi  semel  per  annum  possunt  veniam  impetrare. 
11.  Cum  vel  hac  lege  hospitaturus  alumnus  abeundi  facultatem 
nactus  fuerit,  adjunctum  tamen  sibi  habebit  comitem  exploratae 
virtutis,  tanquam  Inspectorem,  qui  illi  ubique,  semper  et  in  omni- 
bus occasionibus  praesens  adsit  ;  Rectorem  a  reditu  de  omnibus, 
quae  acta  fuerant,  certiorem  facturas.  Alioquin  iste  additus  Inspec- 
ter, si  indulgens  alumno  aliquod  nefas  celatum  iverit,  ejusmodi 
veterator  verberibus  probe  excipiendus  est.  Facinus  autem  silentio 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DU  SEMINAIRE.      153 

ments  que  le  Séminariste  à  son  retour  ne  pourra  s'empêcher  de 
manifester  dans  ses  habitudes  et  dans  ses  goûts  antérieurs. 

12.  Lorsque  les  parents  d'un  élève  viendront  lui  faire  visite 
au  Séminaire,  après  en  avoir  informé  le  Recteur,  on  mènera  ces 
étrangers  au  réfectoire,  ou  dans  toute  autre  salle  commune,  ou 
au  jardin,  et  là,  ils  pourront  s'entretenir  avec  l'élève  leur  parent. 
On  pourra  aussi,  avec  discrétion,  leur  offrir  à  manger  et  à  boire 
toujours  en  présence  du  Recteur  ou  d'un  des  Examinateurs,  se- 
lon la  qualité  des  personnes. 

13.  Un  tel  genre  de  vie  paraîtra,  pour  des  jeunes  gens,  en- 
nuyeux et  comparable  à  la  réclusion  d'un  prisonnier;  mais,  si 
l'on  s'y  accoutume  ne  fut-ce  que  pendant  une  année,  il  devien- 
dra fort  agréable.  Voici  néanmoins  des  règles  opportunes  pour 
obvier  à  l'ennui. 


tectum  inde  colligi  potest,  quia  discipulus  post  reditum  in  Semina- 
rium  non  potest,  quin  aliquod  degenerantis  morum  probitatis,  re- 
missiorisque  studii  prodiderit  indicium. 

12.  Advenientes  ad  Seminarium  consanguinei,  consanguineum 
ibi  conventuri,  possunt  in  caenaculi  palatium,  aut  in  aliud  publi- 
cum  aedificium,  aut  denique  in  hortum,  annuente  Rectore,  intro- 
duci  ;  ubi  copiam  habebunt  colloquendi  cum  consanguineo.  Cibo 
pariter  potuque  possunt  refici,  Rectore  ipso,  vel  Examinatorum 
uno  praesente,  pro  conditione-personarum. 

13.  Hujusmodi  tenerae  aetatis  vita  molesta  quidem  et  captivorum 
corceri  non  dissimilis  esse  videtur  :  sed  qui  vel  unico  anno 
confecto,  buic  vivendi  rationi  assueverit,  пае  is  magna  ejus 
capietur  dulcedine.  Taedio  autem  tollendo  sequentes  inserviunt 
regulae : 


154         DEUXIÈME   PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES  —  §  4. 

(Règles  pour  obvier  à  l'ennui.) 

A.  (14).  On  ne  recevra  dans  le  Séminaire  que  des  élèves  encore 
jeunes,  depuis  l'âge  de  dix  ans  jusqu'à  quinze  et  pas  au-delà,  si 
ce  n'est  sur  les  instances  de  personnes  honorables,  attestant  que 
l'enfant  môme  en  la  maison  paternelle,  a  vécu  dans  la  crainte 
et  sous  bonne  surveillance. 

B.  (15).  On  assignera  aux  Séminaristes  deux  heures  de  récréation 
par  jour,  et  nommément  après  le  dîner  et  le  souper.  Pendant 
ces  heures,  nul  ne  pourra  étudier  ni  même  garder  un  livre  entre 
les  mains ,  mais  la  récréation ,  qui  aura  lieu  l'été  au  jardin  et 
l'hiver  dans  les  salles,  consistera  en  des  jeux  honnêtes  et  pro- 
pres à  donner  de  l'exercice  au  corps,  car  cela  est  avantageux 
pour  la  santé  et  éloigne  la  mélancolie.  Et  le  mieux  sera  de  choi- 
sir des  jeux  qui  unissent  à  l'agrément  quelques  enseignements 
utiles.  Tels  seraient,  par  exemple,  de  faire  voguer  sur  l'eau  des 
bateaux   régulièrement  construits,   l'application  des  mesures 


(Regulœ  taedio  tollendo  inservientes.) 

A.  14.  Pueri  in  Seminarium,  qui  non  sint  intra  decem  et  quinde- 
cim  annos,  non  admittentur.  Natu  vero  majoribus,  nisi  hommes 
fide  digni,  eos  in  paterna  domo  honeste  et  in  timoré  educatos  esse, 
testati  fuerint,  aditus  intercluditur. 

B.  15.  Binis  horis  cujusque  diei,  prandioscilicet  etcaena  sumptis, 
discipuli  omni  prorsus  opère,  ita,  ut  hoc  temporis  intervallo  non 
solum  discere,  sed  etiam  librum  légère  non  liceat,  vacabunt.  Hoc 
vero  otii  tempus  honestis  ludis  cnm  corporis  motu,  aestate  quidem 
in  horto,  hyeme  vero  sub  tecto,  ubi  degunt,  transigent.  Ita  enim 
valetudini  eorum  servandae,  et  taedio  discutiendo  consuletur.  Sa- 
tius  vero  ejusmodi  ludi  sunt  eligendi,  ex  quibus  Jiscipuli  inter  lu- 
riendum  non  nihil  profuturae  uxercitationis  addiscant.  Pro  exemplo 
sit  natatio  cum  directa  ad  régulas  natandi,   ad    ipsiusque  instru- 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  — DU   SEMINAIRE.      155 

géométriques ,  la  construction   de    petites  forteresses  réguliè- 
res, etc. l 

C.(16).  On  pourra,  une  ou  deux  fois  par  mois,  surtout  en  été, 
promener  les  élèves  dans  les  îles,  les  champs  et  autres  lieux 
agréables;  leur  faire  visiter  les  palais  du  Souverain  aux  environs 
de  la  ville,  et  au  moins  une  fois  par  an  les  conduire  aussi  à  Saint 
Pétersbourg. 

D.  (17).  A  table  on  fera  une  lecture  dont  le  sujet  sera  l'Histoire 
soit  militaire,  soit  ecclésiastique  2„  Cependant,  au  commencement 


menti  artificium,  attentione.  Dimensiones  geometricae,  arcium 
simulacra  ad  régulas  exstructa  *,  et  caetera. 

C.(-16).Licebit  discipulis  semel  iterumque  intra  menstruum  tem- 
pus,  vel  maxime  aestate,  insulas,  campos,  et  amoena  loca,  item  in 
suburbio  REGIAS  aedes,  et  saltem  semel  per  annum  Petropolim 
visitare. 

D.  (17).  Ad  mensam,  tum  militaris ,  tum  ecclesiastica  Historia2 
legetur.  Ineunte  autem  mense,  biduo  vel  triduo  legentur  Historiae 

(1)  «  Au  commencement  du  siècle  dernier,  dit  Pekarski  {Op.  cit.  t.  1.122),  tous  les 
»  établissements  d'instruction  qu'on  fondait  en  Russie  avaient  ce  but  unique  de 
»  former  des  marins  et  des  soldats.  »  Si  cette  assertion  ne  peut  être  acceptée  au 
pied  de  la  lettre,  toujours  est-il  qu'elle  reçoit  une  espèce  de  confirmation  ici  même 
où  elle  eût  du  être  démentie.  Il  est,  en  effet,  curieux  de  constater  que  Pierre  ne 
peut  se  passer  de  parler  de  tambours,  de  bateaux,  de  forteresses,  même  dans  un 
«  Règlement  ecclésiastique  ».  —  Les  publications  relatives  à  la  marine  et  à  l'art 
militaire  remplissent,  comparativement,  la  plus  grande  partie  du  catalogue  des  ou- 
vrages publiés  en  Russie  sous  le  règne  de  Pierre  ;  ce  serait  trop  sortir  de  notre  ca- 
dre que  de  nous  y  arrêter.  Bornons-nous  à  signaler,  à  titre  de  rapprochement,  le  cas 
que  Pierre  le  Grand  faisait  des  écrits  de  Jules  César.  Par  ordre  du  Tsar  parut  à  Moscou, 
en  1711,  une  Courte  description  des  guerres  racontées  dans  les  livres  de  Jules  César,  etc. 
(Краткое  описаШе  о  войпахъ  etc.).  Après  le  récit  sommaire  de  chaque  guerre,  on 
trouve  dans  ce  livre  des  remarques  sur  la  stratégie  suivie  par  le  grand  capitaine  et 
la  critique  détaillée  de  ses  opérations  militaires.  En  1723,  Pierre  ordonna  qu'on  publiât 
aussi  une  vie  de  Jules  César,  mais  cet  ordre  n'eut  pas  de  suite. 

(2)  Ainsi  que  nous  l'avons  promis  (V.  plus  haut  p.  134  note),  nous  dirons  ici  quelque 
chose  des  ouvrages  qui  avaient  paru  en  Russie  concernant  l'histoire.  En  fait  d'his- 
toire russe,  on  nepossédaità  cette  époque (1721)  que  la  Synopsis,  ou  courte  narration  des 
origines  du  peuple  slave  et  des  premiers  princes  de  Kieff  jusqu'au  Tsar  Féodor  Alexeïevitch* 


156  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §   4. 

de  chaque  mois,  on  lira  pendant  deux  ou  trois  jours  des  notices 
biographiques  sur  les  hommes  qui  se  sont  illustrés  dans  les 
sciences,  sur  les  grands  Docteurs  de  l'Eglise  et  aussi  sur  les 


de  viris,  qui  literis  inclaruerunt,  de  magnis  Doctoribus  Ecclesiae, 
de  antiquis  et  recentioribus  Philosophis,  Astronomis,  Oratoribus, 

(Синопсисъ  или  краткое  описаше  etc.)  attribuée  à  Г  Archimandrite  Innocent  Ghizel 
(t  1684)  publiée  la  première  fois  à  Kieff  en  1674,  puis  réimprimée  en  1678  et  1680. 
Pierre  le  Grand  la  fit  réimprimer  en  1714,  en  caractères  civils  (граждансшя  буквы)  les 
lettres  russes  modernes)  ;  mais  peu  content  de  cette  histoire  où,  entre  autres  choses, 
l'on  parlait  très-sérieusement  de  la  lettre  sur  parchemin  envoyée  aux  Slaves  par 
Alexandre  le  Grand,  etc.,  etc.  ]e  Tsar  chargea  Théodor  Polikarkoff  d'en  rédiger  une 
meilleure.  Polikarkoff  s'y  appliqua  de  son  mieux,  mais  quand  il  eut  soumis  son 
histoire  au  Tsar,  celui-ci  lui  fit  dire  qu'il  n'en  avait  pas  été  satisfait.  La  consé- 
quence fut  que  la  Synopsis  de  Ghizel  resta  le  seul  manuel  d'histoire  nationale  en 
usage  en  Russie  jusqu'à  l'apparition  de  celui  de  Lomonosoff  (1760).  Une  autre 
publication  relative  à  l'histoire  de  Russie,  et  qui  parut  sous  le  règne  de  Pierre, 
c'est  la  traduction  en  langue  russe  de  l'ouvrage  :  II  regno  degli  Slavi,  hoggi  cor- 
rottamente  detii  Schiavoni,  historia  di  don  Mauro  Orbini  Rauseo,  abbate  Melitense,  etc. 
Pesaro,  1601.  Cette  traduction  est  due  à  Sabbas  Vladislavovitch  Ragouzinski 
originaire  de  la  Turquie,  d'abord  agent  secret  de  Pierre  à  Gonstantinople,  puis  chargé 
d'instruire  dans  la  marine  les  jeunes  Russes  qui  se  trouvaient  à  Venise.  L'édition 
russe  parut  à  Saint-Pétersbourg  en  1722,  avec  remarques  et  un  appendice  de  Proko- 
povitch  sous  le  titre  de  :  KHira  icropiorpaeia  почат  имене,  славы  и  разгшрешя 
народа  славянского  etc. 

Pierre  le  Grand  s'occupa  de  réunir  les  matériaux  pour  une  grande  histoire 
nationale.  Dans  ce  but,  et  agissant  en  vrai  autocrate,  il  ordonna  qu'on  se  dessaisit 
de  tous  les  manuscrits,  des  livres  imprimés  en  vieux  caractères  d'Eglise,  des  di- 
plômes et  de  tout  autre  document  pouvant  servir  à  l'histoire  du  pays  et  qu'on  les 
envoyâtauSénat,etplustardauSynode(ruuH.  Собр.  Зак.  t.  VI (3693) 20  décembre  1720; 
(3748)  17  mai  1721  ;  (3908)  16  févr.  1722).  Avec  plus  encore  de  soin  Pierre  s'occupa 
aussi  de  sauver  de  l'oubli  ses  propres  exploits  ;  c'est  par  son  ordre  que  Schafiroff 
devint  l'historien  et  Prokopovitch  le  panégyriste  de  ses  victoires  contre  les  Suédois, 
et  que  parurent  diverses  publications  où  étaient  relatés  les  événements  de  son 
règne.  Le  Journal  de  Pierre  h  Grand,  publié  par  Stcherbatoff  après  la  mort  du  Tsar, 
fut  rédigé  sur  des  notes  également  gardées  par  ordre  de  Pierre.  Enfin,  grâce 
encore  aux  soins  de  Pierre,  admirablement  secondé  en  cela  par  le  baron  de  Huyssens 
(V.  plus  haut  p.  106,  note),  des  écrits  historiques  sur  la  Russie  parurent  à  l'étranger 
et  contribuèrent  à  la  faire  connaître  à  l'Europe  sous  un  jour  favorable  aux  vues  du 
Tsar.  Mentionnons  seulement  la  Relazione  geografica  storico-politica  dell'  Imperio 
délia  Gran  Russia  о  sia  Moscovia,  con  le  rite  ed  asioni  più  memorabili  dei  passait 
regnanti  sino  al  tempo  di  S.  M.  Cz.  Pietro  primo  oggi  dominante,  imprimée  à  Milan, 
typographie  Malatesta,  en  1716.  (V.  Pekarski  op.  cit.,  t.  I,  pp.  103  et  107). 

Nous  ne  doutons  point  que  si  des  écrivains,  même  catholiques,  ont  parlé  de  Pierre 
avec  une  admiration  sans  bornes  et  ont  tant  exalté  sa  vive  foi,  sa  profonde  piété  et 


DES  ÉTABLISSEMENTS   DTNSTRUCTION.  —  DU   SEMINAIRE.      157 

anciens  et  modernes  Philosophes,  Astronomes,  Rhéteurs,  His- 
Historiographis  et  id  genus  aliis.  Hujusmodi  enim  narrationes  au- 

jusqu'à  ses  tendances  vers  le  catholi  cisme,  onne  le  doive  aux  agissements  du  baron 
de  Huyssens.  Parmi  les  auteurs  catholiques,  à  l'amitié  desquels  Huyssens  attacha 
le  plus  de  prix,  se  trouve  l'illustre  Vincent  Gravina  (1664-1718).  Les  bons  offices  dont 
il  fut  accablé  par  le  baron  sont  mentionnés  dans  une  lettre  de  Burchard  Menchen  à 
Gravina,  imprimée  en  tête  de  l'ouvrage  de  ce  dernier  :  Origines  juris  civilis  dédié  au 
Pape  Clément  XI  (édit.  de  Leipzig,  1708).  Parmi  les  écrits  du  célèbre  professeur  de 
droit  à  l'université  de  Borne,  se  trouve  aussi  une  Oratio  pro  Romanis  legibus  ad  mag- 
num Moschorum  Ducem,  fruit  de  l'amitié  du  mandataire  du  Tsar  pour  Gravina. 

—  Pour  ce  qui  est  de  l'histoire  générale  du  monde,  ou  particulière  des  autres  pays, 
signalons  d'abord  la  Courte  introduction  à  chaque  histoire  (Введете  краткое  во  всякую 
ncTopifO  etc.)  publiée  par  Élie  Copievitz  à  Amsterdam  en  1699  (typ.  Fessing),  et  des- 
tinée à  être  envoyée  en  Russie-  Nous  ne  saurions  affirmer  qu'on  s'en  soit  beaucoup 
servi.  En  1709  parurent  à  Moscou  une  Histoire  de  la  destruction  de  Troie  (ПсторЕя  о 
разоренш  града  Трои  etc.)  et  la  traduction  russe  de  l'ouvrage  de  Quintus  Curtius  : 
Degestis  Alexandri  magni  etc.  О  д-Ьлахъ  сод-вянныгь  Александра  Велиь-aroetc.Ces  deux 
écrits  furent  réimprimés  plusieurs  fois.  Une  Histoire  de  la  dernière  destruction  de  Jéru- 
salem... et  de  la  prise  de  Constantinople  par  les  Turcs  (en  1453)  parut  la  première  fois 
à  Moscou  en  1713  et  eut  plusieurs  éditions.  Le  récit  de  la  destruction  de  Jérusalem 
est  emprunté  à  Josèphe,  celui  de  la  prise  de  Constantinople  aux  chroniques  russes. Le 
titre  russe  de  l'ouvrage  est  :  ПсторЕя  о  разоренш..  1еруса.шма.  о  взят1и..Коистаптшопола 
etc.  Aux  publications  historiques  peut  aussi  se  rapporter  le  :  Livre  du  système  ou  de 
la  situation  de  la  religion  mahométane  (Книга  сустима  ила  состояше  мухамеданшя 
религш  etc.)  publié  à  Saint-Pétersbourg  en  1722,  un  an  après  l'établissement  du 
Synode.  — Les  trois  publications  qui  suivent  méritent  une  attention  spéciale.  Nous 
avons  déjà  mentionné  l'Introduction  à  l'histoire  des  principaux  États  de  l'Europe  par 
Pufténdorf  (Voir  plus  haut  p.  187  note),  et  nous  avons  relevé  la  scrupuleuse  fidélité 
avec  laquelle  le  traducteur  dit  d'avoir  rendu  aussi  les  passages  où  Pufténdorf  pari  e 
en  luthérien.  On  se  garda  bien  d'en  agir  de  même  à  l'égard  de  l'abrégé  des  Annales 
ecclesiastici  du  cardinal  Baronius. 

L'abrégé  qu'on  se  proposait  de  traduire  était  celui  du  célèbre  Jésuite  polonais, 
le  Père  Scarga,  abrégé  si  bien  fait  que  Baronius  en  avait  témoigné  lui-même 
à  l'auteur  sa  satisfaction.  Or  «dans  la  traduction  russe,  dit  Pekarski  (Op.  cit.  1. 1, 
»  p.  328),  on  omit  beaucoup  de  choses  (  много  )  qui  ne  s'accordaient  pas  avec  la  doc- 
»  trine  orthodoxe  ;  en  plusieurs  endroits  on  inséra  des  réfutations  ;  ailleurs,  on  se 
«  contenta  de  faire  remarquer  que  telle  et  telle  opinion  est  particulière  à  Baro- 
»  nius.  »  L'ouvrage  ainsi  mutilé,  annoté,  muni  d'une  préface  destinée  elle  aussi 
à  rendre  impossible  toute  contagion  de  catholicisme,  et,  enfin,  de  crainte  que  la 
prose  ne  fût  pas  assez  efficace,  enrichi  même  d'une  recommandation  en  vers  au 
lecteur  orthodoxe  afin  qu'il  sût  «  en  retenant  le  bon  rejeter  le  mauvais  » 
(Доброе  держи,  —  злое  же  отрижи)  parut  à  Moscou  en  1719  sous  le  titre  de  : 
Actes  ecclésiastiques  et  civiles  (Д-бяшя  церковная  и  гражданская). 

•  Quelque  inoffensif  qu'on   l'eût  rendu,    même   pour  des    Séminaristes,  on   ne  tarda 
pas  cependant  à  songer  qu'il  fallait  procurer   au  peuple    un  puissant  antidote,  et 


158        DEUXIEME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §   4. 

toriens,    etc.,  car  ce  sont  là  des  récits  que  l'on  écoute  avec 
plaisir,  et  qui  excitent  à  l'imitation  des  grands  hommes  l. 

E.  18.  On  pourra  aussi,  deux  fois  par  an  et  même  davantage, 
organiser  pour  les  élèves  la  défense  d'une  thèse  ou  quelque  dis- 


ribus  perceptae,  ut  sunt  jucundae,  ita  ad  aemulandum  calcar  ad- 
dunt  ». 
E.    18.     Cum     quaedam     actiones ,     disputationes  ,     comœ- 


parer  ainsi  à  toute  possible  éventualité  d'empoisonnement.  L'antidote  fut  le 
Theatrum  historicum  de  Strateman,  évêque  protestant  d'Osnabrlick.  «  Cet  ouvrage. 
«  dit  encore  Pekarski,  étant  traduit  dans  le  but  (нарочно)  de  l'opposer  au 
«  travail  de  Baronius ,  se  distingue  par  une  haine  particulière  (особенною 
«  ненавистью)  contre  le  Catholicisme  et  ses  chefs.  Strateman,  parlant  des  papes, 
«  non-seulement  ne  trouve  rien  qui  mérite  louange  pas  même  en  un  seul  d'entre  eux, 
«  mais,  au  contraire,  il  s'efforce  de  ne  rapporter  d'eux  que  les  récits  qui  leur  sont 
«  défavorables.  Aj>rès  quoi,  l'auteur  témoigne  pour  la  Réforme  une  admiration 
«  sans  réserve.  »  (Op.  cit.,  ib.,  ib.)  L'ouvrage  de  Strateman  fut  traduit  par  Bujinski 
avec  la  même  scrupuleuse  fidélité  que  ce  dernier  avait  mise  à  traduire  Puflendorf, 
et  c'est  à  peine  si  le  lecteur  est  simplement  averti  que  certaines  propositions  ne 
sont  pas  conformes  à  la  foi  orthodoxe.  Non  content  de  cela,  Bujinski  arrive  jusqu'à 
invoquer  l'autorité  de  saint  Paul  et  des  «  grandes  lumières  (de  l'Église),  des  Basile, 
des  Chrysostome,  des  Grégoire  de  Nazianze,  des  Athanase,  des  Cyrille,  des  Jean 
Damascène  et  d'autres  innombrables  »  en  faveur  de  sa  publication.  «  Ces  Pères,  dit 
«  Bujinski,  recommandaient  la  lecture"  des  auteurs  païens,  pourvu  qu'on  détour - 
«  nâtles  yeux  de  ce  qui  pouvait  conduire  au  mal...  Si  donc  il  est  permis  de  lire 
«  les  auteurs  païens  et  d'en  choisir  ce  qui  est  utile,  quel  empêchement  peut-il  y 
«  avoir  à  ce  qu'on  lise  des  auteurs  chrétiens,  bien  qu'ils  ne  pensent  pas  comme 
«  nous  (аще  и  разномудрствующпхъ  съ  нами),  pourvu  qu'on  saute  ce  qui  est  con- 
«  traire  à  la  saine  doctrine  ou  plutôt  (или  паче)  qu'on  le  lise  afin  d'apprendre  à 
ce  répondre  à  leurs  arguments  ?  «(Pekarski,  Op.  cit.  t.  I,p.  331.)  L'ouvrage  de  Strate- 
man parut  à  Saint-Pétersbourg  en  1724  (Оеатронъ  пли  пазоръ  исторпчееклй  etc.) 

C'est  ainsi  qu'on  mesurait  en  Russie  avec  un  double  poids  les  intérêts  religieux 
du  peuple  et  les  dangers  que  pouvait  courir  son  orthodoxie  ! 

(I)  Un  livre  répondant,  en  partie  du  moins,  au  but  indiqué  ici  par  Pierre  et  qu'on 
peut  ranger,  lui  aussi,  parmi  les  publications  historiques,  avait  déjà  paru  plusieurs 
fois,  et  était  assez  en  vogue  en  Russie.  Son  titre  était:  Apophthègmes,  c'est-à-dire  sen- 
tences courtes,  éloquentes  et  morales,  en  trois  livres.  Ils  contiennent  diverses  questions,  ré- 
ponses, biographies,  actions,  adages  et  dialogues  des  anciens  philosophes  (  АпоФоегмата  то 
есть  краткихъ  вит^еватыхъ  и  нравоучителнмхъ  р'Ьчен.  Кпиги  три  etc.).  Cet  ouvrage 
était  traduit  du  polonais,  la  première  édition  russe  avait  paru  à  Moscou  en  1711. 


DES   ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  — DU  SEMINAIRE.      159 

cussion,  ou  une  comédie  ',  ou  tout  autre  exercice  oratoire.  Les 
exercices  de  ce  genre,  non-seulement  profitent  beaucoup  à 
l'instruction  des  élèves,  et  leur  donnent  de  la  résolution,  c'est- 
à-dire  une  honnête  hardiesse,  comme  il  en  faut  pour  la  prédica- 
tion de  la  parole  de  Dieu  et  pour  la  diplomatie,  mais  ils  procu- 
rent en  outre  une  agréable  distraction. 


diae,  1  et  oratoriae  exercitationes  multum  conducant,  non  solnm, 
ut  discipuli  erudiantur,  prompteque  respnndeant  ;  id  est,  decentem 
comparent  confidentiam,  qua  verbi  divini  praedicatio,  et  lega- 
tionum  negotia  indigent  ;  sed  etiam  ad  percipiendam  ex  ejusmodi 
exercitationibus  gratam  mixturam  prosunt  :  In  rem  ergo  est,  ut 
binis  vel  pluribus  vicibus  id  genus  exercitationes  per  annum  ha- 
beantur. 


(!)  Une  étude  sur  le  théâtre  en  Russie  au  temps  de  Pierre  le  Grand  offrirait  ma- 
tière à  de  curieuses  remarques,  même  au  point  de  vue  religieux.  Ceux  qui  savent 
le  russe  trouveront  intéressant  le  chapitre  XIV  de  Pekarski(0;).ct7.  t.  I,  372  478)  tout 
consacré  à  l'histoire  du  théâtre  en  Russie  jusqu'à  la  mort  de  Pierre.  Le  lecteur 
français  n'apprendra  pas  sans  intérêt  que  plusieurs  pièces  françaises,  entre  autres  le 
Médecin  malgré  lui,  l'Amphyfrion  et  les  Précieuse*  ridicules  de  Molière  (1G22-I073)étaient 
déjà  traduites  en  russe  et  jouées  sur  les  théâtres  des  deux  capitales.  On  trouvera,  du 
reste,  plusieurs  renseignements  sur  ce  sujet  dans  le  Mémoire  de  Stàhlin  (Jacob  von) 
Nachrichten  zur  Geschichte  des  Theaters  in  Russland,  inséré  par  Haigold  (pseudonyme 
de  Sehlozer)  dans  ses  ;  Beilagen  zum  neuverœnderlen  Russland.  Riga  und  Mit  tau, 
17GU-70. 

Nous  épargnerons  au  lecteur  le  récit  d'une  infâme  parodie  de  l'Annonciation  de 
la  Sainte  Vierge,  dont  Stàhlin  recueillit  le  souvenir  dans  le  quartier  allemand  de 
Moscou.  La  gloire  de  ce  haut  fait  reviendrait  aux  étudiants  de  chirurgie  sous  la  di- 
rection de  ce  même  Blumentrost  qui  fut  le  premier  président  de  l'Académie  des 
sciences  de  Saint-Pétersbourg.  Nous  ne  parlerons  pas  non  plus  de  ces  farces  impies, 
de  ces  ignobles  bouffonneries  où  Pierre  se  plaisait  à  contrefaire  non-seulement  le 
Pape  et  les  cardinaux,  mais  aussi  les  cérémonies  religieuses,  le  clergé  et  les  moines 
de  sa  propre  Église.  Elles  raj^pel lent  d'une  manière  trop  frappante  les  orgies  d'un 
empereur  de  Byzance  à  l'époque  où  parut  Photius.  A  Moscou,  comme  jadis  à  Cons- 
tantinople,  la  dignité  patriarcale  était  vilipendée,  et  la  condescendance  de  Proko- 
povituh  pour  les  désordres  de  Pierre  nous  fait  penser  à  celle  de  Photius  pour  les 
désordres  de  Michel  III,  l'Ivrogne. 

Dans  son  ingénieuse  charité  Voltaire  a  trouvé  manière  d'excuserPierre.ct  Au  milieu 
de  tant  de  fatigues  ce  prince,  dit-il,  avait  besoin  de  délassements  ni  (Histoire  de  Pierre  le 


160        DEUXIEME  PARTIE.   —  AFFAIRES  SPECIALES.   —  §  4. 

F.  19.  On  pourra  aussi  assigner  des  prix  d'honneur  pour  ceux 
qui  se  seront  appliqués  avec  diligence  et  assiduité  à  l'étude. 

G.  20.  Ce  serait  une  bonne  chose  qu'aux  jours  de  grandes  fêtes 
on  fît,  pendant  le  repas  des  Séminaristes,  de  la  musique  instru- 
mentale l,  ce  qui  ne  sera  pas  difficile.  11  suffira,  en  effet,  d'un 
seul  maître  de  musique  qui  aura  été  pris  dès  le  commence- 
ment; car  ceux  des  élèves  instruits  par  lui  qui  auront  le  plus 
de  disposition,  devront,  à  leur  tour,  apprendre  gratuitement  la 
musique  aux  autres. 


F.  19.  Non  absonum  est,  ut  iis,  qui  naviter  et  solerter  in  studiis 
proficiunt,  quaedam  Honoraria  quibus  ornentur,  decernantur. 

G.  20.  Diebus  solennium  festivitatum  ad  mensam  alumnorum 
apposite  possunt  usurpari  musica  instrumenta  * .  Nec  hoc  factu  est 
difficile.  Primus  etenim  unicus  tantum  pretio  conducetur  musices 
magister,  caeteri  ex  alumnis  musicae  studiosis  ab  eo  edocti,  alios 
sibi  successuros,  gratis  et  quidem  ex  ofticio  suo  sunt  docturi. 


Grand,  2e  part.  chap.  xiv). — Une  si  touchante  indulgence,  en  cette  matière,  méritait 
bien  que  Catherine  II  demandât  à  Voltaire  des  conseils  sur  les  pièces  qu'il  fallait 
faire  jouer  dans  une  institution  de  cinq  cents  jeunes  filles,  qu'elle  venait  de  fonder 
à  Saint-Pétersbourg.  «  Elles  sont  élevées,  écrivait  l'impératrice  orthodoxe  à  l'au- 
teur de  la  Pucelle  d'Orléans,  dans  une  maison  ci-devant  destinée  à  trois  cents 
épouses  de  Notre  Seigneur...  «(Lettre  du  30  janvier  1772.  —  Voir  aussi  plus  haut, 
pp.  85-86  note.)  10  février 

(1)  L'ouvrage  ci-dessus  cité  de  Haigold  contient  aussi  un  intéressant  Mémoire  du 
même  Stâhlin:  Nachrichtenvon  der  Musikin  Russland.D' après  Stâhlin,  c'est  sous  le  règne 
de  Pierre  Ier  que  la  musique  étrangère  fut,  la  première  fois,  accueillie  en  Russie.  Ici 
encore,  ce  sont  les  Allemands  qui  ont  le  plus  grand  rôle-  Quelqu'un  a  plaisamment 
remarqué  qu'à  cette  époque  Г  amour-propre  national  des  Allemands  prenait  en  quel- 
que sorte  sa  revanche  de  ce  que  les  Slaves  les  avaient  désignés  par  le  nom  de 
нЪмецше  (muets,  non-parlants)  parce  qu'ils  ignoraient  la  langue  slave.  Non-seule- 
ment la  langue  allemande  devenait  maintenant  de  plus  en  plus  commune  en 
Russie,  non-seulement  la  Russie  demandait  à  l'Allemagne  de  lui  apprendre  à 
penser,  et  par  conséquent  à  parler,  mais  la  musique  elle-même,  ce  langage  de 
l'âme  et  du  sentiment,  devait  lui  venir  de  l'Allemagne  ! 


DES  ETABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DU   SEMINAIRE.      161 

Voilà  sept  règles  qui  ont  pour  but  de  maintenir  la  gaieté  parmi 
les  élèves. 


21.  Il  doit  y  avoir  dans  le  Séminaire  une  église,  une  pharmacie 
et  un  médecin.  Quant  aux  classes,  elles  se  feront  à  l'Académie 
voisine,  et  c'est  là  que  les  Séminaristes  iront  recevoir  l'instruc- 
tion. Mais  si  les  écoles  et  les  professeurs  se  trouvent  dans  le  Sémi- 
naire même,  le  Séminaire  et  l'Académie  ne  formeront  qu'un  seu 
établissement.  En  ce  cas,  on  pourra  construire  pour  les  écoliers 
qui  ne  voudraient  pas  séjourner  dans  le  Séminaire,  des  pièces 
en  dehors  de  son  enceinte,  et  les  louer  ensuite  aux  étudiants. 

22.  Les  règles  concernant  les  professeurs,  les  études  et  les  éco- 
liers, que  nous  avons  décrites  plus  haut  en  parlant  de  l'Académie, 
doivent  avoir,  même  ici,  leur  application  l. 


Haec  igitur  septem  allatae  regulae  exhilarandis  discentium  ani- 
mis  inserviunt. 


21.  In  Seminario  débet  esse  templum,  medicamentorum  officina 
et  medicus.  Scholae  porro  sint  in  proxima  Academia.  Si  vero  scho- 
lae  etiam  fuerint  in  seminario,  Academia  et  Seminarium  ibidem 
loci  habebuntur.  Si  qui  autem  discipulorum  in  Seminario  noluerint 
habitare,  possunt  extra  Seminarium  aliquot  aedes  erigi,  quas  pretio 
conducturi,  musis  opérantes  inhabitabunt. 

22.  Quaecunque  ad  docentes,  ad  discentes,  et  ad  ipsa  studia  per- 
tinentes regulae  supra,  ubi  de  Academia  erat  sermo,  sunt  traditae, 
hîc  etiam  sunt  observandae  '. 

(1)  Peu  après  la  publication  du  a  Règlement»,  Prokopovitch  soumit  au  Tsar  un 
«  Projet»  (Проектъо  Семипарш)ой  étaient  discutés  plusieurs  points  concernant  l'exé- 
cution de  ce  qui  est  ici  statué.  (Voir  Pekarski,  Op.  cit.,  t.  I,  pp.  561-564.)  On  y 
nomme  d'abord  tous  les  divers  emplacements  qui  pouvaient  convenir  à  l'établis- 
sement du  Séminaire  ;  celui  du  monastère  de  saint  Alexandre  Nevski  n'est  pas 
passé  sous  silence  ;  c'est  là  que  le  Séminaire  fut  établi  ensuite,  avec  un  but  pure- 
ment ecclésiastique.  Plus  tard,  à  la  fin  du  siècle,  il  fut  changé  en  Académie  ecclé- 

11 


162  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES-  —  §   4. 

23.  Parmi  les  Séminaristes,  il  y  en  aura  de  pauvres  et  ceux-là 
recevront  de  Sa  Majesté  Tsarienne  1  la  nourriture,  l'habillement 
et  tout  ce  qui  leur  faut;  les  autres,  fils  de  parents  riches,  seront 


23.  Discentium  in  Seminario  quidam  forte  erunt  inopes,  ideoque 
ex  REGIAE  MAJESTATIS  liberalitate  ]  victum,  amictum,  caeteraque 
obtinebunt.  Quidam  autem  divitum  parentum  liberi,  ideoque  ad 

siastique.  (Voir  plus  haut,  p.  147,  note.)  On  observe  ensuite  dans  le  Projet  que  l'église 
du  Séminaire  devrait  avoir  une  entrée  donnant  sur  la  voie  publique,  et  que  l'âge 
d'admission  des  enfants  devrait  être  fixé  à  dix  ans,  vu  qu'alors  on  peut  encore  les 
former  et  vaincre  leurs  mauvaises  habitudes  et  que,  de  plus,  on  obvie  par  là  au 
danger  que  les  élèves  se  révoltent  ou  qu'ils  s'échappent  du  Séminaire.  Quant  aux 
professeurs,  tout  en  gardant  espoir  d'en  trouver  quelqu'un  parmi  les  Russes,  Pro- 
kopovitch  veut  qu'on  les  demande  aux  Académies  étrangères  sans  craindre  qu'il 
en  résulte  du  danger  pour  l'orthodoxie.  «  Ces  professeurs,  dit-il,  ne  devront  s'oc- 
«  cuper  que  de  sciences  profanes,  telles  que  la  philologie,  la  philosophie,  la  jurispru- 
«  dence,  Yhisloire,  etc.  Que  si,  en  outre,  les  seigneurs  russes  ne  craignent  point  d'en- 
«  voyer  leurs  enfants  étudier  dans  lès  Académies  étrangères,  où  les  professeurs 
«  étalent  librement  leurs  opinions,  pourquoi  craindrait-on  ce  danger  chez  nous,  où 
«  les  professeurs  sont  assujettis  à  une  surveillance  et  liés  par  des  articles  spé- 
«  ciaux?  »  —  Si  nous  ne  nous  trompons,  ou  Prokopovitch  n'était  point  convaincu 
de  ce  qu'il  disait  et  cachait  des  arrière -pensées,  ou  sa  pénétration  est  ici  en 
défaut. 

Enfin  Prokopovitch  exprime  le  désir  que  le  Séminaire  soit  appelé  sad  petroff 
(Jardin  de  Pierre)  ou  bien,  avec  une  dénomination  allemande  :  peter-  garten,  et  cela 
pour  six  graves  (важныя)  raisons  :  le~  Sous  le  charme  (услаждаемы)  d'un  nom  aussi 
honorable  les  parents  désireront  y  envoyer  leurs  enfants;  2°  les  professeurs  s'efforce- 
ront de  se  rendre  dignes  d'un  nom  aussi  auguste  et  célèbre  ;  3°  ce  seul  nom  fermera 
la  bouche  aux  calomniateurs  ;  4°  les  élèves  sortis  du  Séminaire  se  souviendront 
toujours  qu'ils  sont,  d'une  manière  spéciale,  les  serviteurs  soumis  et  les  enfants  de 
Sa  Majesté  ;  5°  ce  titre  rappellera  la  gloire  du  grand  fondateur  et  son  amour  pour 
le  bien  public;  6°  enfin,  en  donnant  au  Séminaire  le  nom  de  son  fondateur,  on 
suivrait  l'exemple  qui  est  donné  par  les  pays  étrangers.  «C'est  ainsi,  ajoute  Proko- 
povitch, qu'à  Athènes,  l'Académie  avait  reçu  ce  nom  de  son  fondateur  Academus;  le 
Séminaire  Salviati  à  Rome  est  ainsi  appelé  du  prince  Salviati, -l'école  Caroline  à 
Trêves  du  nom  de  Charlemagne,  l'école  Casimir  à  Gotha  de  celui  du  prince  Casi- 
mir, le  Séminaire  Ferdinand  à  Olmiitz  du  nom  de  l'empereur  Ferdinand,  les  écoles 
Moghiliennes  à  Kieff,  du  nom  du  Métropolite  de  même  nom.  »  —  Suit  la  signature  : 
«  De  Votre  Majesté  très  sacrée  l'infime  serviteur  priant  Dieu,  (pour  Votre  Majesté, 
богомолец  ь)  humble  Theophane,  Évêque  de  Pskoff.  » 

(I)  Cette  circonstance  que  les  Séminaristes  pauvres  seraient  entretenus  aux  frais 
du  Tsar,  nous  paraît  être  d'un  grand  poids  pour  prouver  le  caractère  général,  et 
non  point  exclusivement  ecclésiastique,  de  ce  Séminaire.  (Voir  plus  haut,  p.  144  la 
note  à  la  règle  XXI  concernant  l'Académie.) 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DU   SEMINAIRE.      163 

obligés  de  payer  leur  nourriture  et  leur  habillement;  la  pension 
sera  uniforme  et  fixée  une  fois  pour  toutes. 

24.  Quand  un  Séminariste  sera  parvenu  à  sa  maturité  d'esprit 
et  aux  sciences  les  plus  élevées,  il  devra,  dans  l'église  du  Sémi- 
naire et  en  présence  de  ses  compagnons,  prêter  serment  qu'il 
veut  rester  fidèle  à  Sa  Majesté  Tsarienne i  et  à  son  successeur,  et 
qu'il  est  prêt  à  leur  rendre  les  services  dont  il  sera  capable  et 
auxquels  il  sera  appelé  par  décret  du  Souverain. 

25.  Le  Recteur  ne  congédiera  point  les  Séminaristes  qui  au- 
ront achevé  leur  études ,  avant  d'en  avoir  informé  le  Collège 


solvendam  pro  alimentis  et  vestibus  pecuniam  astringuntur.  Solu- 
tionis  porro  pretium  vel  semel  definire  sufficiet. 

24.  Qui  in  Seminario  imbuitur  literis,  statim  ac  ad  maturitatem 
ingenii  perveniet  gradumque  ad  altiores  scientias  promovebit,  débet 
se  in  Seminarii  templo  praesentibas  suis  condiscipulis  jurejurando 
obstringere,  dabitque  fidem  se  velle  esse  Augustissimae  REGIAE 
MAJESTATI 1  Illiusque  Haeredi  fidelem ,  ac  promptum  ad  servitia 
praestanda,  ad  quae  eritidoneus,  etquibus  exREGIO  mandato  obeun- 
dis  addietus  fuerit. 

25.  Discipulos  in  Seminario  scientiis  exquisite  excultos.  Rector, 
inconsulto  spirituali  Collegio,  misso-s  facere  non  potest.  Siquidem 

(1)  Il  y  aurait  trop  à  dire,  si  nous  voulions  nous  arrêter  à  l'usage  si  abondant 
qu'on  fait  en  Russie  du  serinent  de  soumission  au  Souverain  (присяга  подданства). 
Pour  ce  qui  est  du  parti  que  les  Tsars  ont  su  tirer  de  cet  acte  religieux,  on  peut  en 
juger  par  les  expressions  de  celui  des  membres  du  Synode.  (Voir  plus  haut,  pp.  8-11.) 
Si  nous  ne  nous  sommes  point  trompé  dans  l'examen  comparatif  des  formules  du 
serment,  une  sollicitude  spéciale  et  un  soin  même  inquiet  ont  été  toujours  mis  à 
lier  les  consciences  du  clergé.  Pour  ne  rien  dire  du  serment  imposé  aux  Évèques, 
conçoit-on  qu'on  impose  aux  simples  prêtres  et  jusqu'aux  sacristains,  que  la  loi 
considère  comme  enrôlés  dans  le  clergé  (прпчетвпки,  церковпо-служители,  desservants 
d'Église),  un  serment  ainsi  conçu  :  a  Je  jure  de  remplir  en  toute  conscience  l'office 
»  qui  m'est  confié,  de  la  manière  qui  m'est  actuellement  prescrite,  ou  qui  me  serait 
»  prescrite  à  l'avenir  dans  les  instructions,  règlements  et  ukases  communiqués  par 
»  mes  supérieurs  au  nom  de  Sa  Majesté  Tsarienne!  »  (Присяга  производимому  вь  причет- 
пика,  Serment  pour  les  desservants  d'église,  édition  de  Moscou,  typographie  du  Saint- 
Synode,  Mars  1855).  —  Cela  fait  vraiment  penser  au  «  mon  frère  sacristain  n  appli- 
qué par  le  roi  Frédéric  de  Prusse  à  l'empereur  Joseph  II  d'  Autriche. 


164  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §   4. 

ecclésiastique  qui  les  présentera  à  Sa  Majesté  Tsarienne  et  leur 
accordera  ensuite  la  faculté  de  partir,  en  leur  remettant  un  cer- 
tificat de  capacité. 

26.  Les  Séminaristes  qui,  après  avoir  achevé  leurs  études, 
paraîtront  les  plus  aptes  à  la  carrière  ecclésiastique,  seront  pro- 
mus par  les  Evêques  à  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie,  préféra- 
blement  à  tout  autre  qui  n'aurait  pas  été  élevé  au  Séminaire, 
quand  même  celui-ci  posséderait  un  égal  savoir,  à  moins,  qu'on 
ait  découvert  dans  le  Séminariste  quelque  vice  notable  qu'on  ne 
lui  ait  point  imputé  par  calomnie.  Contre  les  envieux  et  les 
calomniateurs  on  décrétera  des  peines  sévères  l. 


Collegium  eos  REGIAE  MAJESTATI  prius  conspiciendos  exhibebit, 
deinde  potestatem  abeundi  eis  indulgens,  literas,  eorum  in  studiis 
laudabilem  profectum  testaturas,  impertiet. 

26.  Educati  in  Seminario,  stadio  literarum  decurso,  si  qui  ad 
exequenda  spiritualia  munia  magis  idonei  exstiterint,  illi  in  obti- 
nendo  ab  Episcopis  quovis  priorum  dignitatum  gradu,  aliis,  licet 
aeque  vulgaris  literaturae  peritis,  non  tamen  in  Seminario  educatis, 
praecedent;  nisi  perspicimm  et  grande,  idque  a  calumniatoribus 
non  confictum  vitium  obstitèrit.  Cum  calumniatoribus  autem  et 
osoribus  summo  jure  est  agendum  J. 

(1)  Nous  ferons  ici  une  remarque  analogue  à  celle  déjà  faite  plus  haut  (p.  66,  noie) 
au  sujet  des  élèves  sortant  des  écoles  épiscopales.  Le  lecteur  peut  juger,  d'après  ce 
qu'il  vient  de  lire,  si  le  seul  fait  d'avoir  été  élevé  dans  le  Séminaire  du  Tsar  était  une 
garantie  suffisante  des  qualités  requises  pour  les  dignités  ecclésiastiques.  On  ajoute, 
il  est  vrai  :  à  moins  qu'on  ait  découvert  dans  le  Séminariste  quelque  vice  notable;  mais 
on  sait  que  les  mots  de  vice  et  de  vertu  offrent  parfois'des  nuances  d'acception  très- 
sensibles,  suivant  la  personne  qui  les  prononce.  Ainsi,  dans  la  correspondance  entre 
Catherine  II  et  Voltaire,  et  précisément  à  l'occasion  mentionnée  dans  la  note  au 
n°  18  et  concernant  le  théâtre,  on  parle  de  «  vertu  »  de  «  mœurs  irréprochables  » 
et  même  «  d'innocence.»  Mais,  certes,  nous  ferions  injure  au  lecteur  en  supposant  que 
ces  expressions  ne  disent  pour  lui  rien  de  plus  de  ce  qu'elles  disaient  pour  Voltaire  et 
Catherine  IL  11  en  est  de  même  de  l'expression  :  quelque  vice  notable,  dans  la  bouche 
et  sous  la  plume  de  Pierre  et  de  Prokopovitch.  —  On  aura  remarqué,  en  outre,  les 
peines  sévères  décrétées  contre  «  les  envieux  et  les  calomniateurs.  »  Pierre  ne  plai- 
santait pas,  et  plusieurs  dispositions  draconiennes  du  Code  pénal  russe  (Сводъ 
Закоповъ  Уголовных-!,,  éd.  1866)  sont  l'héritage  de  ce  Tsar.  Cet  avis  préventif  était  donc 


DES   ETABLISSEMENTS   D 'INSTRUCTION. —  DU   SEMINAIRE.      165 

En  voilà  assez  pour  le  Séminaire.  On  pourra,  du  reste,  trouver 
à  l'avenir  d'autres  règles  à  ajouter  ou  même  en  emprunter  aux 
meilleurs  Séminaires  étrangers. 

A  la  vérité,  d'une  telle  méthode  d'éducation  etd'enseignement, 
on  peut  se  promettre  de  grands  avantages  pour  la  patrie. 


Hactenus  de  Seminario.  Possumus  etiam  plura  excogitare,  aut 
ab  aliis  extraneis  celebrioribus  Seminariis  mutuari  institutiones. 

Ab  educatione  porro  et  literarum  studiis  hune  in  modum  insti- 
tutis  magna  profecto  Patriae  utilitas  est  praestolanda. 

plus  qu'il  n'en  fallait  pour  glacer  dans  les  cœurs  tout  zèle  pour  les  intérêts  de 
l'Eglise,  et  pour  assurer  aux  élèves  sortant  du  Séminaire  une  carrière  sûre  et  bril- 
lante. Trop  de  faits  prouvent  hélas  !  que  Pierre  et  ses  successeurs  ont  eu  une  façon 
à  eux  d'entendre  les  qualités  qui  rendent  propre  aux  dignités  ecclésiastiques,  aussi 
bien  que  les  vices  qui  en  excluent.  Le  principal  parmi  ces  derniers  paraît  avoir 
toujours  été  une  urne  d'apôtre  et  le  souci  de  sa  dignité.  Si  nous  espérons  que  l'Église 
russe,  à  une  époque  qui  n'est  pas  éloignée,  recouvrera  son  indépendance  et  cessera 
d'être  une  branche  stérile  dans  la  Chrétienté,  c'est  aussi  parce  que  bon  nombre  de 
ses  Evêques  ont  expiré  dans  les  tourments,  pour  le  seul  crime  d'avoir  essavé  de  l'op- 
position aux  empiétements  des  Tsars.  (Voir  Le  Clergé  Russe,  par  le  Père  Gagarin, 
ch.  iv,  Des  Evêques,  pp.  191  et  seq.) 

Nous  n'aurons  garde  d'opposer  à  ce  chapitre  du  Séminaire,  le  décret  du  Concile 
de  Trente  (Sess.  xxiii,  De  Reform.,  cap.xvui)concernant  les  Séminaires  catholiques,  et 
de  comparer  les  règles  de  Pierre  et  Prokopovitch  avec  celles  dictées  par  saint  Charles 
Borromée.  Ces  dernières  servirent  de  modèle  à  tous  les  Séminaires  de  l'Église  ca- 
tholique. Pour  ne  parler  que  de  la  France,  «  l'Oratoire  et  le  Séminaire  de  Saint-Sul- 
pice,  deux  sociétés  appelées  à  travailler  au  renouvellement  du  clergé  de  France, 
s'efforcèrent  l'une  et  l'autre  d'en  procurer  la  réforme  en  faisant  revivre  la  mé- 
moire et  les  institutions  de  saint  Charles  Borromée.  Le  premier  ouvrage  imprimé 
par  les  Pères  de  l'Oratoire  fut  la  Vie  de  ce  grand  cardinal,  qu'ils  traduisirent 
en  français  ;  et  le  premier  ouvrage  donné  au  public  fut  le  Recueil  précieux  des 
■Actes  de  l'Église  de  Milan.  »  (Vie  de  M.  Olier,  fondateur  du  Séminaire  de  Scrint- 
Sulpice,  2e  éclit. ,  Paris,  Poussielgue,  1853,  IIe  part.,  p.  444.  Voir  aussi  Mgr  Godeau 
Évêque  de  Vence,  Traité  des  Séminaires.  Aix,  1660,  etc.  Nous  avons  sous  les  yeux 
ce  Recueil,  et  précisément  les  Institutiones  Seminarii,  et  nous  ne  pouvons  nous 
empêcher  de  citer  le  passage  suivant  :  «  Tout  Séminariste,  y  est-il  dit,  doit 
»  chaque  jour  se  proposer. . .  de  se  maintenir,  avec  la  grâce  de  Dieu,  pur  de  tout 
»  péché  ;  en  gardant  cette  disposition,  il  acquerra  une  plus  grande  facilité  dans 
»  l'acquisition  de  la  science  (...seque,  Deo  jurante,  purum  ab  omni  peccati  labe 
conservare,  sic  enim  affectus  rnulto  facilius  doctrinœ  cognitionem  accipiel.)  »  (Acta 
Ecclesiœ  Mediolanensis,  Pars  V,  Mediolani,  1591),  p.  964.) —  <Jue  l'on  est  heureux  et 
fier  d'appartenir  à  une  Eglise  où  l'on  enseigne  que  l'innocence  de  la  vie  et  l'abs- 
tention de  tout  péché  favorisent  les  progrès  dans  la  science  !  C'est-ce  que  Jésus-Christ 


166  DEUXIEME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §  4. 

XXIII.  —  Voici  maintenant  les  règles  opportunes  pour  les  pré- 
dicateurs de  la  parole  divine  К 

(des  prédicateurs.) 

1.  Nul  ne  s'avisera  de  prêcher,  qui  n'ait  été  élevé  à  l'Académie 
et  approuvé  par  le  Collège  ecclésiastique.  Si  quelqu'un,  cepen- 

XXIII.  —  Praedicatoribus  verbi  divinî  sequentes  regulae  prosunt 1. 

(de  praedicatoribus.) 

1.  Nulli  publico  Concionatoris  munere  fungi,  qui  in  hujusce 
Academiae  literarum  officina  non  esset  excultus  nec  spiritualis  Col- 

a  proclamé  aussi,  à  l'égard  de  la  plus  sublime  de  toutes  les  sciences,  la  science 
de  Dieu  :  «  Bienheureux,  a-t-il  dit,  ceux  qui  ont  le  cœur  pur  parce  qu'ils  verront 
Dieu,  »  (Beati  mundo  corde  quoniam  ipsi  Deum  videbunt.)  Matt.,  v.  8. 

—  Ceux  de  nos  lecteurs  qui  trouveraient  de  l'intérêt  à  étudier  l'histoire  et  l'or- 
ganisation des  écoles  ecclésiastiques  en  Russie,  peuvent  consulter,  outre  l'ouvrage, 
ci-dessus  cité  du  P.  Gagarin  (chap.  ni,  Les  écoles  ecclésiastiques),  Tchistovitch  : 
Histoire  de  l'Académie  ecclésiastique  de  Saint-Pétersbourg.  (Петорп!  С.  Петербурской 
Академш.)  Saint-Pétersbourg,  1857;  Smirnoff  :  Histoire  de  l'Académie  slavo-giéco- 
latine  de  Moscou.  (Ист.  Московской  славяно-греко-латинской  Академш.)  Moscou,  1855  ; 
De  l'organisation  des  écoles  ecclésiastiques  en  Russie.  (Объ  устройства  дуковныхъ  y чи- 
лицъ  въ  Poccin.)  Leipzig,  Wagner,  1863.  Il  leur  sera  surtout  d'un  grand  avantage 
de  consulter  la  Collection  complète  des  lois  de  l'empire  russe.  (Полное  Собраше 
Законовъ,  etc.)  et  le  Code  des  lois  de  l'empire  russe  (Сводъ  Закояовъ  etc.),  se  servant 
des  «  Indicateurs  alphabétiques  »  des  deux  Recueils,  aux  rubriques  relatives. 

(1)  Afin  de  commenter,  avec  plus  d'impartialité,  les  règles  qui  suivent,  nous 
avons  été  bien  aise  de  profiter  d'une  importante  dissertation  de  J.  Samarin,  ayant 
pour  titre  Etienne  Yavorski  et  Théophane  Prokopovitch,  comme  prédicateurs  (СтеФапъ 
Яворсшй  и  веоФанъПрокоповпчъяко  проповедники)  et  publiée  à  Moscou  en  1844.  A  cet 
auteur,  Russe  orthodoxe  et,  par  conséquent,  nullement  suspect,  nous  empruntons 
ce  qui  suit  : 

«  II  était  clair  pour  l'esprit  pénétrant  de  Pierre  que  la  prospérité  de  l'État  dé- 
»  pend  de  la  moralité  publique,  et  que  la  moralité  ne  peut  fleurir  que  sur  le  sol 
»  de  la  religion.  Golikoff,  dans  ses  Gestes  de  Pierre  le  Grand  (Д1шия  Петра  Великаго 
»  Moscou,  1788-1797,  T.  III),  rapporte  de  lui  ces  mots,  qui  expriment  bien  fidèle- 
»  ment  la  pensée  du  Tsar  :  Ceux  qui  outragent  la  foi  doivent  être  punis  sévèrement.  Ils 
»  attirent  du  deshonneur  sur  l'Etat  et  ne  doivent  pas  être  tolérés,  car  ils  détruisent  ce 
»  qui  sert  de  fondement  aux  lois  et  sur  quoi  s'appuient  le  serment  et  toutes  sortes 
»  d'obligations.  Pierre  le  Grand,  prescrivit  au  clergé  de  s'appliquer  tout  parti- 
»  culièrement  à  développer  dans  le  peuple  le  sentiment  religieux  et  moral,  et  à 
»  expliquer  les  principes  de  la  morale  dans  leur  application  nécessaire  à  la  vie 
»  pratique.    La  prédication,  on  le  comprend,  ■  était    le    principal  instrument  pour 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION. — DES  PREDICATEURS.  167 

dant,  a  fait  ses  études  chez  les  hétérodoxes,  il  se  présentera  d'a- 
bord au  Collège  Ecclésiastique ,  qui  examinera  jusqu'à  quel 
point  il  est  versé  dans  la  Sainte  Écriture  :  ensuite  le  candidat 
prononcera  un  discours  sur  un  sujet  donné  par  le  Collège  et,  s'il 
se  montre  habile,  on  lui  délivrera  un  certificat  portant  que,  s'il 
veut  rester  dans  l'état  ecclésiastique  il  lai  est  permis  de  prêcher  *. 


legii  testimonio  munitus,  licebit.  In  heterodoxarum  vero  scbolarum 
alumnos  spirituale  Collegium,  cujus  examini,  ut  se  sistant,  oportet, 
inquiret  ;  utrum  ejusmodi  literatus  sacrac  scripturae  sensum  intel- 
ligat  ?  Deinde  concionem  de  argumente  sibi  a  Collegio  assignato 
dicat.  Si  itaque  sui  muneris  exequendi  industriam  prae  se  ferre 
visus  fuerit,  commendatitiis  literis  eo  fine,  ut  illi  ad  Sacerdotii  ordi- 
nem  promoto  liceat  concionari,  instruetur  l. 

»  atteindre  ce  Lut  ;  au  point  de  vue  de  Pierre,  elle  eut  une  signification  nouvelle 
»  et  une  importance  colossale  (огромную)  —  pour  l'état.  Pierre  regardait  la 
»  religion  d'une  manière  exclusive.  Il  ne  l'envisageait  nullement  comme  une 
»  institution  à  part,  comme  un  organisme  complet  et  jouissant  d'une  vie  propre 
»  et  indépendante  :  ce  qui  arrêtait  son  attention,  c'était  la  nécessité  de  la  religion 
»  pour  l'État  et  le  profit  manifeste  qu'il  s'en  promettait;  conséquemment,  la 
»  prédication  avait  à  ses  yeux  de  l'importance  moins  pour  l'Eglise  que  pour  l'Etat. 
»  Mais,  sous  ce  rapport,  les  exigeuces  de  Pierre  étaient  protestantes  ;  la  direc- 
»  tion  qu'il  donna  à  la  prédication  se  ressentit  de  son  exclusivisme  protestant.  » 
(Samaiun,  op.   cit.  pp.  120-121.) 

Nous  allons  voir  combien  ces  remarques  sont  fondées. 

(1)  On  voit,  par  cette  première  règle,  de  quelle  façon  Pierre  entendait  et  exer- 
çait sa  prérogative  de  gardien  de  l'orthodoxie.  (Voir  plus  haut,  p.  16.) 

Les  hétérodoxes,  dont  les  élèves  obtenaient  si  facilement  la  faculté  de  prêcher, 
n'étaient  pas,  à  coup  sûr,  les  Catholiques  —  on  le  verra  bientôt  —  mais  les  Pro- 
testants d'Allemagne.  —  Lors  du  retour  de  Pierre  de  son  second  voyage  à 
l'étranger  (1717),  Prokopovitch  prononça,  en  sa  présence,  un  discours  sur  l'utilité 
des  voyages.  L'extrait  suivant  montre  à  quel  point  l'orateur  et  le  Tsar  préféraient 
l'Allemagne  à  tous  les  autres  pays  de  l'Europe.  ce  L'Allemagne,  disait  Prokopo- 
»  vitch,  a  la  renommée  d'être  la  première  souveraine  (первая  царица)  de  l'Europe. 
»  En  Allemagne,  que  de  provinces  très-illustres  et  fort  riches!  que  de  villes  très- 
»  fortes  et  très-belles  1  que  de  campagnes  riantes  et  bien  peuplées  !  que  d'Acadé- 
»  mies  spéciales  pour  les  sciences  les  plus  élevées  !  que  d'arts  florissants!  que 
»  d'artistes  distingués  !  Celui  qui  voit  l'Allemagne,  voit  une  contrée  supérieure  à 
»  toutes  les  autres,  le  modèle  de  tous  les  États,  la  mère  de  tous  les  pays.  En 
»  Allemagne,  on  apprend  la  méthode  bien  ordonnée  d'administrer  la  chose  publique 
»  (чинное  общенародная  правительства  yci'poiMiie),  la  douceur  dans  les  pensées  et  les 


168  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §  4. 

2.  Les  prédicateurs  doivent  prêcher  avec  solidité  et  s'aidant 
des  témoignages  de  la  Sainte  Ecriture,  sur  la  pénitence,  sur  la 
réforme  de  la  vie,  sur  le  respect  dû  aux  autorités,  principale- 
ment à  la  toute-suprême  autorité  du  Tsar  l,  et  sur  les  devoirs  de 


2.  Oportet  ut  praedicatores,  solido  Sacrae  Scripturae  innixi  fun- 
damento,  concionentur  de  poenitentia,  de  vitae  renovatione,  de  ho- 
norandis  potestatibus,  maxime  vero  de  ipsa  suprema  REGIA  pote- 
state  honoranda  l,  et   de  cujusque  ordinis  muniis;   ut   exstirpent 

»  paroles  ;  en  Allemagne,  on  trouve   la  valeur,   la    science,   la   pénétration   d'es- 
»  prit,  etc.  »  (Samarin,  op.  cit.,  pp.  177-178.  Pekarski,  op.  cit.,  t..  II,  p.  305.) 

Que  les  membres  du  Synode  devaient  se  sentir  petits  et  peu  sûrs  d'eux-mêmes, 
en  remplissant  la  formalité  d'examiner  sur  l'Ecriture  Sainte  ceux  qui  avaient  fait 
leurs  études  en  Allemagne  ! 

(1)  Russe:  Самой  Высочайшей  власти  Царской.  C'est  le  superlatif  au  plus  haut  degré, 
correspondant  à  l'allemand  :  alltr-hœchste  Gewalt.  La  suprême,  ou  toute-suprême, 
autorité  du  Tsar  revient  à  chaque  instant  dans  la  bouche  et  sous  la  plume  de  Pro- 
kopovitch.  —  «  Pierre  le  Grand,  dit  Samarin,  chercha  un  homme  capable  de  le  com- 
»  prendre,  qui  lui  fût  sincèrement  et  consciencieusement  dévoué,  fût  profondément 
»  convaincu  de  la  nécessité  logique  de  ses  efforts  et  prit  sur  lui  de  parler  au  peuple 
»  en  son  nom.  Théophane  Prokopovitch  répondit  à  cet  appel.  Il  consacra  sa  parole 
»  à  Pierre  et  devint  l'intermédiaire  entre  lui  et  le  peuple.  Dévoué  à  tous  les  des- 
»  seins  du  Tsar,  son  conseiller  et  son  aide,  il  marchait  devant  lui  et  lui  débarras- 
»  sait  le  chemin.  Longtemps  à  l'avance,  Prokopovitch  disposait  pour  chaque  nou- 
»  velle  entreprise  de  Pierre  l'opinion  publique  ;  puis,  quand  elle  était  accomplie, 
r>  il  s'en  faisait  le  défenseur  et  répandait  à  toutes  les  objections  qui  s'élevaient 
»  contre  elle.  »  {Op.  cit.,  p.  157.)  —  Or,  de  toutes  les  entreprises  de  Pierre,  au- 
cune n'avait  plus  besoin  d'être  défendue  que  l'abolition  du  Patriarcat  et  l'institu- 
tion du  Synode.  Déjà  le  6  avril  1718,  Prokopovitch  avait  prononcé  un  discours,  ou 
plutôt  tout  un  traité,  Sur  le  pouvoir  et  la  dignité  des  Tsars  ;  que  c'est  Dieu  lui-même 
qui  les  a  établis  dans  le  monde;  que  les  Tsars  doivent  être  honorés  et  obéis  ;  qui  sont 
ceux  qui  s'opposent  aux  Tsars  et  quel  péché  ils  commettent.  (Слово  О  власти  л  чести 
Царской,  яко  отъ  самаго  Бога,  etc.)  Saint-Pétersbourg,  1718.  Ce  discours,  où  Prokopo- 
vitch se  proposait  de  justifier  la  conduite  de  Pierre  vis-à-vis  de  son  fils  Alexis,  qu'il 
avait  fait  juger  par  un  concile  d'évêques  assemblé  à  Moscou,  préparait  les  voies 
à  l'établissement  du  Synode.  Prokopovitch  s'y  répand  en  invectives  contre  ceux  du 
clergé  qui  refusaient  d'obéir  au  Tsar,  et  attaque  l'indépendance  de  l'ordre  ecclé- 
siastique du  pouvoir  civil.  (Voir  Samarin,  op.  cit.,  pp.  181  et  seq.  Pekarski,  op. 
cit.,  II,  p.  404.)  Mais  la  nécessité  de  défendre  Pierre  devint  plus  inmérieuse  après 
le  fait  accompli.  L'abus  du  pouvoir  devait  être  représenté  comme  l'exercice  d'un 
pouvoir  légitime,  et  l'asservissement  de  l'Egiise  comme  un  bienfait.  De  là  la  né- 
cessité de  battre  eu  brèche  l'indépendance  du  pouvoir  ecclésiastique  et  d'ériger  en 
dogme  l'autorité  suprême  du  Tsar.  Prokopovitch  ne  manqua  point  à  cette  tâche  ; 
de  plus  il  en  fit  un  devoir  à  tous  les  prédicateurs  de  la  parole  divine  en  Russie. 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DES  PREDICATEURS.  169 

chaque  état  ;  ils  doivent  extirper  les  superstitions,  mettre  dans  les 
cœurs  des  hommes  la  crainte  du  Seigneur;  en  un  mot,  ils  cher- 
cheront dans  l'Écriture  «  quelle  est  la  volonté  de  Dieu,  sainte, 
agréable  à  ses  yeux  et  parfaite  »  (Rom.,  xn,  2),  et  ils  la  prêcheront1 . 
3.  En  traitant  des  péchés,  ils  en  parleront  en  général  sans 
nommer  personne  à  moins  que  le  pécheur  n'ait  été  publique- 
ment dénoncé  par  toute  l'Église.  De  plus,  s'il  court  de  mauvais 
bruits  sur  quelqu'un,  par  rapport  à  tel  ou  tel  péché,  le  prédica- 
teur ne  devra  point  parler  de  ce  péché  dans  ses  sermons,  car  s'il 
en  parlait,  même  sans  indiquer  nommément  la  personne,  le 
peuple  croirait  qu'il  tonne  contre  le  pécheur;  celui-ci,  en  serait 
aigri  davantage,  et,  dès  lors,  au  lieu  de  songer  à  se  corriger,  il 
songerait  plutôt  à  tirer  vengeance  d'un  tel  prédicateur.  Quel 
avantage  en  resulterait-il  ?  Et  s'il  arrivait  qu'un  pécheur  orgueil- 


superstitiones,  hominum  cordibus  Dei  timorem  verbo  insinuent; 
ut  rem  paucioribus  absolvam,  debent  scrutari  et  probare  ex  Sacra 
Scriptura  :  «  Quae  sit  voluntas  Dei  bona  et  bene  placens  et  perfecta  » 
(Rom.,  xn,  2)  et  de  bac  exequenda  concionari  l. 

3.  De  peccatis  universe  estloquendum,  nulliushominis,  nisi  quis 
a  tota  Ecclesia  proclamatus  esset,  facta  mentione.  Si  itidem  turpis 
quidam  de  cujusdam  personae  facinore  ruinor  dissemioaretur  Prae- 
dicalor  id  flagitium  silentio  in  concione  praeteribit.  Simul  enim 
atque  illius  facinoris,  nulla  licet  personae  nominatim  injecta  men- 
tione, meminerit,  ex  populi  conjectura  concionator  sanna  illamper- 
sonam  impetere  credetur.  Quo  fiet,  ut  ejusmodi  bomo  acerbiore 
affectus  dolore,  non  ad  frugem  redeundi,  sed  ultionisatali  concio- 
natore  sumendae  studio  tenebitur.  Quid  igitur  inde  commodi?Pec- 
catnealiquis  graviter?  divinam  legem habens despicatui ?  et  suum 

(I)  Comme  complément  de  ce  qui  est  dit  dans  cette  deuxième  règle,  Prokopo- 
vitch  rédigea  une  liste  des  sujets  sur  lesquels  un  prédicateur  doit  instruire  le 
peuple  chrétien.  Sous  la  rubrique  «  Vices  dominants  »  on  y  remarque  la  fausse 
aumône,  dont  Prokopovitch  parle  aussi  longuement  dans  le  «  Règlement  »  (Voir 
plus  loin,  IIIe  part.,  g  Ier,  n°  xn),  et  Yaversion  pour  les  étrangers.  —(Voir  Samarin, 
op.  cit.,   pp.  127-128.) 


170  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES   SPECIALES.  —  §  4. 

leux,  méprisant  la  loi  divine,  divulguât  lui-même  le  crime  qu'il 
a  commis,  ce  sera  FÉvêque,  et  non  pas  un  prêtre  quelconque,  qui 
devra  le  punir  de  la  manière  que  nous  avons  indiquée  plus  haut, 
en  parlant  de  l'anathème,  au  sujet  des  obligations  des  Évêgues1. 

4.  Certains  prédicateurs  ont  la  coutume  de  se  venger  dans 
leurs  sermons  de  ceux  qui  leur  ont  fait  quelque  injure,  non  pas  à 
vrai  dire  en  attaquant  ouvertement  la  réputation  de  leurs  enne" 
mis,  mais  en  parlant  de  telle  manière  que  les  auditeurs  peuvent 
bien  comprendre  de  qui  il  est  question. 

Ces  prédicateurs-là  sont  les  pis  vauriens  qui  existent,  et  on 
leur  infligera  un  rude  châtiment. 

5.  Il  sied  fort  mal  à  un  prédicateur,  surtout  s'il  est  jeune,,  de 
parler  des  péchés  de  ceux  qui  gouvernent 2,  ou  de  prendre  un  ton 


peccatum  consulto  et  superbe  jactat?  Episcopi  intererit  ea  ratione 
quae  inter  Episcoporum  munia,  ubi  de  anathematis  diximus  vin- 
culo  praescribitur  1,  non  itidem  cujusque  praesbyteri  in  illum  ani- 
madvertere. 

4.  Quidam  concionatorum  deprehenduntur  hacce  gaudere  con- 
suetudine,  ut  ab  aliquo  ad  ira.m  provocati,  concionantes  ulcisci 
conentur  ;  et  quanquam  suppresso  nomine  alterius  famam  calum- 
nientur,  ita  tamen,  ut  auditores  facili  negotio,  adquem  sermo  diri- 
gatur,  colligant. 

Hujusmodi  concionatores  sunt  perfecto  nebulones  nequissimi, 
atrocique  poenae  sunt  subjiciendi. 

5.  Magno  dedecori  adscribitur  concionatori,  praesertim  aetatis 
haudquaquam  provectae  :  si  imperiose  2  peccata,  quasi  praesen- 

(1)  Voir  plus  haut  gg  1-3.  Devoirs  des  Évêques.  №  xvr,  pp.  73  et  suiv. 

(2)  Ce  que  nous  avons  traduit  :  parler  des  pe'chés  de  ceux  qui  gouvernent,  c'est  l'expres- 
sion russe  :  говорить  о  гр-вхахъ  властительскихъ,  telle  qu'on  la  trouve  dans  l'édition 
du  «  Règlement  »  que  nous  avons  employée  pour  cette  traduction  (Moscou,  1861, 
p.  67)  et,  qui  plus  est,  dans  la  Collection  complète  des  lois  de  l'empire  russe  (Цо.ш.  Собр. 
etc.  1"  série,  tome  VI,  p.  338,  n°  5.)  L'anglais  traduit  comme  nous  :  to  treat  on 
the  vices  of  Govemours  (Consett.,  p.  88).  —  Toutefois  le  latin  :  imperiose  peccata  cxpro- 
brare,  et  l'allemand  :  so  zu  reden  als  ob  er  Autoritœt  hœtte  (Geistl.  Regl.,p.  56),  nous 
font  supposer  que  d'autres  éditions  portent  l'adverbe  :  властительски  (avec  autorité)  au 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION. — DES  PREDICATEURS.    171 

de  reproche  vis-à-vis  des  auditeurs,  comme  en  disant  par  exemple  : 
«  Vous  n'avez  point  de  crainte  de  Dieu  ;  vous  n'avez  aucun  amour 
»  pour  le  prochain  ;  vous  êtes  sans  miséricorde;  vous  vous  offen- 
»  sez  les  uns  les  autres.  »  Il  doit  plutôt  employer  la  première  per- 
sonne du  pluriel,  et  dire  :  «  Nous  n'avons  point  de  crainte  de 
»  Dieu  ;  nous  n'avons  aucun  amour  pour  le  prochain  ;  nous 
»  sommes  sans  miséricorde;  nous  nous  offensons  les  uns  les 
»  autres.  »  Cette  manière  de  parler  est  plus  douce,  le  prédicateur 
se  mettant  lui  aussi  au  nombre  des  pécheurs,  ce  qui  est  bien 
la  vérité  car  «  nous  commettons  tous  beaucoup  de  fautes.  » 
(Jacq. ,  m,  2.)  C'est  aussi  ce  que  fait  l'Apôtre  Paul,  lorsque 
reprenant  ces  Docteurs  qui,  pleins  d'estime  pour  eux-mêmes, 
désiraient  que  leurs  disciples  prissent  leur  nom;  il  n'indique 
point  ces  Docteurs  par  leurs  noms,  mais  attribue  en  quelque 
sorte  la  faute  à  lui-même,  aussi  bien  qu'à  ses  amis  Pierre  et 


tibus  auditoribus,  exprobrare  annitatur.  Si,  exempli  causa,  in  hune 
modum  loquatur  :  «  Deum  non  timetis,  non  amatis  invicem,  cru- 
.)  delesestis,  alteri  in  alteros  estis  injuriosi.  »  Sed  magis  congruum 
est,  ut  in  prima  plurali  persona  proférât  in  hune  modum  :  «  Deum 
»  non  limemus,  mutuae  erga  proximos  charitatis  sumus  expertes, 
»  sumus  immisericordes,  alter  alteri  invicem  sumus  injuriosi.  » 
Haec  enim  formula  ioquendi  est  mitior,  utpote  concionatorem  pec- 
catorum  numéro  complectens.Quodquidemesse  verissimum  ex  eo  : 
«  In  multis  enim  offendimus  omnes,  »  (Jac,  ni,  2)  evincitur.  Ita  etiam 
Paulus  Apostolus  eos  Doctores,  qui  alta  de  se  concepta  opinione 
tumidi,  discipulos  de  suo  nomine  nuncupatos  volebant,  redarguens, 
suppressis  nominibus  ,  quasi  sibi   suisque  sociis  Petro  et  Apollo 

lieu  de  l'adjectif  :  властительскихъ  (dérivé  de  властитель,  maître,  souverain).  De 
fait,  Samarin,  qui  rapporte  ces  règles  dans  sa  dissertation  (pp.  126-131),  a  imprimé  : 
говорить  о  грЪхахъ  властительски  (op.  cit.,  p.  129). 

Quoi  qu'il  en  soit  —  même  indépendamment  de  l'autorité  décisive  du  Полное 
Coôpaaie  Закоповь  —  la  variante  que  nous  avons  suivie  est  trop  conforme  à  tout 
l'esprit  du  «  Règlement  >.,  pour  que  nous  nous  arrêtions  à  justifier  la  préférence 
que  nous  lui  avons  donnée  sur  l'autre,  après  tout  seulement  supposée. 


172  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —  §   4. 

Apollon.  «  Chacun  de  vous,  »  dit-il  dans  sa  première  Épître  aux 
Corinthiens,  au  chapitre  premier,  a.  chacun  de  vous  dit  :  Moi  je 
»  suis  à  Paul,  et  moi  à  Apollon,  et  moi  à  Céphas,  et  moi  à  Jésus- 
»  Christ.  Jésus-Christ  est-il  donc  divisé?  Est-ce  que  Paul  a  été 
»  crucifié  pour  vous? ou  avez-vous  été  baptisés  au  nom  de  Paul?  » 
(fjf.  12,  13.)  Et  lui-même  atteste  plus  loin,  qu'il  a  pris  cette  faute 
sur  lui  conjointement  avec  les  autres.  En  effet,  après  en  avoir 
longuement  parlé,  il  fait  au  chapitre  quatrième  l'aveu  suivant  : 
«  Du  reste  mes  frères,  j'ai  proposé  ces  choses  en  ma  propre  per- 
»  sonne  et  en  celle  d'Apollon,  afin  que  vous  appreniez  par  nous 
»  à  ne  point  vous  estimer  au  delà  de  ce  que  je  vous  ai  écrit,  etc.  » 
(I  Cor.,  iv,  6.) 

6.  Chaque  prédicateur  doit  avoir  chez  lui  les  œuvres  de  saint 
Chrysostome,  et  les  lire  assidûment.  De  cette  manière  il  se 
mettra  à  même  de  composer  des  sermons  d'une  diction 
à  la  fois  très-pure  et  très-claire,  bien  qu'inférieurs  à  ceux 
de  Chrysostome.    Mais    quant   à  ces    auteurs    superficiels    et 


culpam  illam  imputari  patitur  :  «  Unusquisque,  inquit,  vestrum  dicit  : 
»  Ego  quidem  sum  Pauli  :  Ego  autem  Apollo  :  Ego  vero  Cephae  ; 
»  Ego  autem  Christi.  Divisus  est  Christus?  J\umquid  Paulus  crucifixus 
»  est  pi  о  vobis  ?  Aut  in  nomine  Pauli  baptizati  estis  ?  »  (I  Cor. ,  1, 12, 13.) 
Hanc  autem  culpam  in  se  atque  in  alios  transtulisse  ipse  testatur. 
Fuse  etenim  de  hoc  disserens,  tandem  fatetur  :  «  Haec  autem  fratres 
»  transfiguravi  in  me  et  Apollo  propter  vos,  ut  in  nobis  discatis,  ne  supra 
»  quam  scriptum  est,  unus  adversus  alterum  infletur  pro  alio,  etc.  » 
(Ib.,iv,  6.) 

6.  Cujusque  concionatoris  refert,  libros  sancti  Chrysostomî  ad 
manushabere,  inque  iis  diurna  nocturnaque  manu  evolvendis  exer- 
citari.  Hoc  etenim  modo  cultioris  et  clarioris  concionis  concin- 
nandae.  Quanquam  Chrysostomi  operi  neutiquam  aequiparan- 
dae,   facilitatem    comparabit ,    a  futilibus    vero    concionatoribus 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION. — DES  PREDICATEURS.  173 

pleins  d'arguties,  comme  sont  surtout  les  Polonais  l,  il  n'en  lira 
point. 


locutuleis,  cujusmodi  sunt  quidam  Poloni1,  legendis  abstineat, 
oportet. 

(1)  Les  auteurs  ainsi  désignés  ne  sont  pas  seulement  les  Catholiques,  dont  Pro- 
kopovitch  parle  plus  en  détail  dans  les  Proiegomena  à  son.  «  Système  théologique  », 
mais  aussi  les  Russes  qui  imitaient  leur  manière  de  prêcher.  —  Jusqu'au  dou- 
zième siècle,  il  n'y  eut  point  en  Russie  de  prédication  proprement  dite  ;  dans  les 
églises  on  lisait  presque  exclusivement  les  homélies  de  saint^  Jean  Ghrysostome,  de 
saint  Grégoire  de  Nazianze,  de  saint  Basile  et  de  saint  Éphrem  de  Syrie.  Plus 
tard,  on  essaya  peu  à  peu  d'imiter  les  saints  Pères,  mais  jusqu'au  seizième  siècle  la 
prédication  ne  fut  point  cultivée  en  Russie  comme  une  branche  spéciale  de  l'ensei- 
gnement ecclésiastique.  Ici  nous  laissons  la  parole  à  Samarin.  a  Au  seizième  siècle, 
»  dit  cet  auteur,  commença  dans  la  Russie  méridionale  l'influence  du  catholicisme 
»  et  de  la  science  de  l'Occident  sur  l'éducation  de  notre  clergé.  On  institua  des 
»  écoles  dans  lesquelles  on  enseignait,  outre  le  reste,  la  rhétorique  et  Jes  règles 
»  pour  la  composition  des  sermons.  A  partir  de  cette  époque,  l'éloquence  sacrée 
»  se  borna  aux  formes  abstraites  de  la  science  et  se  ressentit  du  goût  de  ses 
»  maîtres.  Il  surgit  une  école  de  prédicateurs,  et  l'influence  du  catholicisme  se 
«  manifesta  dans  le  fond  aussi  bien  que  dans  la  forme  de  leurs  compositions. 
»  Dans  la  Russie  méridionale,  la  prédication  constitua  au  dix-septième  siècle  une 
»  obligation  spéciale  que  remplissaient,  auprès  des  monastères  et  des  églises  cathé- 
»  drales,  les  ecclésiastiques  sortis  des  Académies  et  inscrits  parmi  les  prédica- 
»  teurs...  »  (Op.  cit.,  p.  47.) 

Nous  ne  nous  arrêterons  point  aux  défauts  relevés  par  Samarin  et  Prokopovitch 
chez  les  orateurs  catholiques  de  leur  temps.  A  ceux  qui  voudraient  étudier  l'esprit 
et  la  forme  de  la  vraie  prédication  catholique,  nous  indiquerons  les  Instructiones 
prœdicationis  verbi  Dei,  de  saint  Charles  Borromée,  insérées  dans  les  Acta  Ecclesiœ  me- 
diolanensis,  et  publiées  aussi  à  part.  Comparées  à  celles  de  Prokopovitch,  elles 
fourniront  matière  à  d'utiles  réflexions.  —  Le  passage  de  Samarin,  qu'on  vienc 
de  lire,  nous  suggère  plutôt  une  réflexion  très-importante  pour  notre  sujet  ;  c'est 
que  l'avertissement  qui  termine  la  règle  sixième  trahit  chez  les  auteurs  du 
«  Règlement  »  une  toute  autre  préoccupation  que  celle  concernant  la  forme  littéraire 
des  sermons.  L'influence  exercée  par  le  catholicisme  sur  la  prédication  russe  ne 
se  bornait  pas  à  la  forme,  elle  s'étendait  aussi  à  la  'doctrine.  Or,  il  y  avait  en 
Russie  un  prélat  —  polonais  de  naissance  et  jouissant  d'un  grand  crédit  auprès 
du  peuple  —  qui  personnifiait,  pour  ainsi  dire,  en  lui-même  l'influence  dont  nous 
parlons.  Etienne  Yavorski  (voir  plus  haut,  p.  115,  note  [1])  suivait  d'un  œil  inquiet 
les  réformes  inaugurées  par  Pierre  ;  il  ne  partageait  pas  l'engouement  du  Tsar  pour 
les  étrangers  et,  vigilant  gardien  de  l'orthodoxie,  il  craignait  que  la  Russie 
n'achetât  les  avantages  de  ses  réformes  au  prix  de  sa  foi.  L'opposition  de  Yavorski, 
bien  que  tacite,  était  incommode.  Ce  prélat  était  loin  de  posséder  l'énergie  et  la 
force  d'âme  de  Nicon,  mais  son  caractère  personnel,  son  savoir  et  ses  vertus  en 
faisaient  un  adversaire  trop  respectable  pour  ne  pas   être  craint,    au  moins    dans 


174        DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES.    —  §    4. 

7.  Si  le  prédicateur  remarque  qu'il  résulte  de  sa  parole  du 
bien  pour  le  peuple.,  il  ne  s'en  glorifiera  point.  Si,  au  contraire, 
il  ne  remarque  aucun  fruit,  il  ne  s'en  fâchera  pas  :  surtout  il  ne 
se  répandra  point  en  invectives  contre  ses  auditeurs.  Sa  mission 
est  de  parler;  mais  la  conversion  des  cœurs  des  hommes  est 
l'œuvre  de  Dieu.  «  C'est  moi  qui  ai  planté;  c'est  Apollon  qui 
»  a  arrosé;  mais  c'est  Dieu  qui  a  donné  Г  accroissement .  » 
(I  Cor.,  ni,  6.) 

8.  Ces  prédicateurs  là  agissent  sottement,  qui  haussent  leurs 
sourcils,  qui  affectent  des  mouvements  d'épaules  dédaigneux  et 


7.  Concionator  si  suam  populo  prodesse  concionem  sciât,  ne  glo- 
rietur  ;  sive  sciât  non  prodesse,  ne  succenseat,  nec  auditores  ca- 
lumnietur.  Concionatorum  est  loqui,  convertere  vero  corda  Dei 
opus  est.  «  Ego  plantavi,  Apollo  rigavit,  Deus  vero  dédit  incremen- 
»  tum.  »  (I  Cor.,  m,  6.) 

8.  Indecore  inepteque  se  gérant  concionatores,  qui  sua  attollunt 
supercilla,  humerorum  gestibus  superbiunt,  ipsaque  peroratione 

une  certaine  mesure,  à  cause  du  peuple.  Pierre  préféra  de  le  ménager,  si  bien 
qu'il  en  fit  le  premier  Président  du  Synode.  En  même  temps,  cependant,  lui  et 
Prokopovitch  travaillaient  d'accord  pour  mettre  Yavorski  dans  l'impossibilité  de 
nuire  à  leurs  plans.  Dans  ces  règles  concernant  les  prédicateurs  ,  Prokopovitch 
prend  à  tâche  de  relever,  en  les  exagérant,  les  défauts  qu'on  attribuait  à  Yavorski, 
et  inaugure  par  les  préceptes,  comme  il  avait  déjà  fait  par  l'exemple,  une  école 
nouvelle  de  prédication,  plus  allemande  que  russe,  plus  protestante  qu'orthodoxe. 
Aidée  par  tous  les  moyens  dont  savait  et  pouvait  disposer  un  Tsar  comme  Pierre, 
la  nouvelle  école  réussit  à  se  mettre  à  la  place  de  l'ancienne,  et  triompha  défini- 
tivement. 

Pour  ce  qui  est  de  la  prédication  -de  Prokopovitch  en  particulier,  nous  citons  ne 
pas  être  les  premiers  à  remarquer  qu'il  y  aurait  de  quoi  établir,  à  cet  égard,  un  inté- 
ressant parallèle  entre  lui  et  Luther.  L'un  et  l'autre  furent  réformateurs,  l'un  et 
l'autre  employèrent  avec  succès  l'arme  formidable  de  la  parole,  l'un  et  l'autre  eurent 
à  manier  une  langue  qui  n'était  pas  encore  formée  et  à  laquelle  ils  donnaient,  par 
leurs  écrits  mêmes,  une  littérature;  chez  l'un  comme  chez  l'autre  la  force  et  l'énergie 
sont  les  caractères  distinctifs.  Même  dans  les  trivialités  du  langage,  Propokovitch 
n'est  pas  sans  quelque  point  de  ressemblance  avec  Luther  bien  que  ce  dernier  reste, 
en  cela,  seul  à  sa  hauteur.  L'apostrophe  suivante  de  Propokovitch  à  Mazeppa  témoi- 
gne de  l'énergie  de  l'orateur  :  «  Sale  personnage  !  masque  abominable  !  c'est  là, 
о  petite  Russie,  ton  escarre  et  ta  honte  !. . .  »  —  (Samarin.  Op.  cit.,  p.  145.) 


DES  ÉTABLISSEMENTS  D'INSTRUCTION.  —  DES  PREDICATEURS.  175 

qui,  dans  leurs  sermons,  glissent  des  phrases  auxquelles  on  peut 
reconnaître  qu'ils  sont  épris  d'eux-mêmes.  Un  docteur  sensé,  au 
contraire,  doit  avoir  soin,  autant  que  possible,  de  montrer  par 
son  langage  et  par  son  maintien  qu'il  ne  pense  nullement  ni  à 
son  talent,  ni  à  son  éloquence.  C'est  pourquoi,  il  convient  de  jeter 
çà  et  là,  dans  les  sermons,  des  paroles  par  lesquelles  on  s'abaisse 
de  soi-même,  comme  par  exemple  :  «Je  prie  votre  charité  de  ne 
»  point  considérer  celui  qui  vous  parle  ;  car  quel  autre  témoi- 
»  gnage  puis-je  porter  de  moi-même,  sinon  que  je  suis  un 
»  pécheur?  Croyez  à  la  parole  de  Dieu,  car  c'est  dans  la  Sainte 
»  Écriture  l  et  non  point  dans  mon  propre  fonds  que  j'aurai  soin 
».de  puiser  ma  doctrine;  »  et  autres  expressions  semblables. 


laie  quidpiam  produnt,  ut  sui  ipsorumadmiratione  capi  videantur. 
Prudentis  porro  Doctoris  est,  quantum  potueritperoratione  et  totius 
corporis  habitu  talem  se  exliibere,  ut  de  sui  ingenii  acumine,  aut 
de  eloquentia  ostentandis  ne  cogitarequidem  credatur.ldcirco  non 
raro  interponendae  sunt  ejusmodi,  cum  quadam  propria  conciona- 
toris  humili  extenuatione,  excusationes,  exempli  causa  :  «  Obsecro' 
»  vestram  pietatem  :  ut  non  habeatis  rationem  verba  facientis  ;  Quid 
»  enim  de  me  possum  aliud  dicere,  quam  me  peccatorem  esse  fateri  ? 
»  verbo  Dei  fîdes  est  habenda,  quoniam  ex  Sacris  Literis  \  non 
»  vero  ex  meo  ingenio  deprompturus  sum  ea,  quae  preferam;  »  et 
id  genus. 

(1)  C'est  bien  la  quatrième  fois  que  Propokovitch  revient,  dans  ces  règles,  sur 
l'Écriture.  Pas  un  mot  de  l'Église,  qui  n'est  pas  nommée  non  plus  dans  la  liste  des 
sujets  mentionnée  ci-dessus  (note,  p.  169);  Samarin  lui-même  a  relevé  cette  lacune. 
(Op.  cit.,  p.  127).  Cela  nous  amène  à  parler  de  la  manière  dont  Propokovitch  employait 
l'Écriture;  ici  encore  nous  sommes  bien  aise  de  citer  Samarin.  «  A  cette  époque, 
»  dit-il,  s'accomplissait  dans  le  domaine  de  renseignement  ecclésiastique  une  ré- 
»  forme  qui  devait  avoir  aussi  une  puissante  influence  sur  l'éloquence  sacrée. 
»  Théophane  Propokovitch,  fondateur  d'une  école  spéciale  dans  la  science  théolo- 
»  gique,  s'éleva  avec  force  contre  l'influence  des  traditions  catholiques  qui  s'étaient 
»  glissées  dans  notre  Église,  et  travailla  avec  zèle  à  les  déraciner.  Dans  ce  travail 
»  critique  il  ne  prit  pour  guide  que  l'Écriture  seule  et  l'interprétation  individuelle . 
»  Il  voulait  que  la  prédication  servît  à  détruire  les  préjugés  et  les  superstitions  et 
»   à  enseigner  les  dogmes  fondamentaux  d'un  christianisme  accessible  à  tous,  clair 


176  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES.  —   §  4. 

9.  Il  ne  faut  pas  qu'un  prédicateur  s'agite  beaucoup,  comme 
s'il  ramait  dans  une  barque,  ni  qu'il  frappe  des  mains,  ni  qu'il 
les  appuie  sur  les  flancs,  ni  qu'il  se  trémousse,  ni  qu'il  éclate  de 
rire;  il  ne  faut  pas  non  plus  qu'il  sanglote,  mais  quand  même 
son  âme  serait  fortement  émue,  il  doit,  autant  que  possible,  rete- 


9.  Dedecet  concionatorem  mmium.  motitari,  ne  celocem  remo 
agere  videatur  :  dedecet  manus  complodere,  lateribus  manus  sub- 
mittere,  exsultare,  in  risum  solvi,  nec  etiam  lacrymari.  Licet  si 
vero  turbaretur  animus,  oporteret  eum  pro  virili  a  lacrymis   absti- 

»  et  appuyé  sur  des  textes.  Il  s'éleva  surtout  contre  les  commentaires  arbitraires  et 
»  forcés  et  contre  la  coutume  de  chercher,  à  côté  du  sens  direct,  des  allégories  et 
»  des  symboles.  Il  prescrivit  qu'on  se  tînt  strictement  au  sens  littéral.  »  (Op.  cit., 
p.  122.)  Et  ailleurs  :  «  Suivant  la  règle  dont  il  était  l'auteur  et  le  défenseur,  Proko.- 
ю  povitch  puisait  ses  arguments  presque  exclusivement  dans  l'Écriture  ;  pour  lui 
»  chaque  idée  était  renfermée  dans  un  texte.  Les  exemples  historiques,  les  com- 
»  paraisons  et  les  similitudes  se  rencontrent  rarement  chez  lui.  Pour  expliquer  un 
»  texte  il  cite  des  passages  parallèles,  il  les  compare  entre  eux  et  renverse  les 
»  possibles  objections,  se  tenant  constamment  au  sens  littéral  et  expliquant  l'Ecri- 
»  ture  par  l'Écriture  elle-même dd.,ib.  p.  137).  »  Et,  enfin,  ailleurs  :  «  Prokopovitch 
»  donna  à  l'éloquence  sacrée  une  nouvelle  direction,  et  lui  fixa  comme  fondement 
»  la  règle  suivante  :  Les  prédicateurs  chercheront  dans  l'écriture  quelle  est  la  volonté 
»  de  Dieu,  sainte,  agréable  à  ses  yeux  et  parfaite,  et  ils  la  prêcheront  (V.  n°  2).  Mais 
и  avec  le  droit,  admis  par  lui,  de  l'interprétation  individuelle  et  avec  sa  manière 
»  exclusive  de  concevoir  la  Révélation  écrite,  cette  nouvelle  direction  put  facile- 
»  ment  plier  vers  l'extrême  protestant.  »  (Id.  ib.,  p.  13  1-132.) — De  son  côté  l'auteur 
luthérien  de  la  Dissertalio  de  religione  Ruthenorum  hodierna  (V.»p.  104,  note)  basé 
sur  le  «  Règlement  ecclésiastique  »  et  sur  le  Catéchisme  de  Pierre  le  Grand, 
(V.  p.'  51-52,  note)  n'hésite  pas  à  formuler  et  à  défendre  la  thèse  «  que  les  Russes, 
d'accord  avec  les  Luthériens,  considéraient  l'Écriture  comme  seule  règle  de  foi,  et 
rejetaient  les  traditions  dogmatiques  et  les  Conciles.  »  (Sola  Scriptura  S.  ipsis  est 
norma  fidei,  exclusis  traditionibus  dogmaticis  et  Conciliis.)  —  (Dissertalio,  etc.  Gap.  il. 
De  doctrina  sacra.  g§  10,  11,   12.) 

Ces  citations  suffisent.  —  Nous  ne  dirons  rien  non  plus  de  l'étrange  liberté  avec 
laquelle  Prokopovitch  use  de  l'Écriture  pour  appuyer  l'autocratie  des  Tsars.  Comme 
on  pouvait  s'y  attendre,  il  eut,  en  cela,  des  imitateurs.  L'exemple  qui  suit  n'offre 
pas  seulement  l'intérêt  de  la  singularité  :  nous  l'empruntons  à  Georges  Konisski 
(1717-1795),  archevêque  de  la  Russie  Rlanche.  Dans  un  discours  pour  la  fête  des 
saints  Apôtres  Pierre  et  Paul,  ce  prélat  applique  ainsi  aux  Tsars  le  texte  :  Tu  es 
Petrus,  etc.  (Matt.,  xvi,  18)  :  «  ...Lorsque,  nos  Souverains,  ô  Christ  Sauveur,  Vous  ré- 
»  pondent,  comme  jadis  Pierre,  Tu  es  le  Fils  du  Dieu  vivant,  alors  Vous  leur 
»  répondez  aussi  ce  que  Vous  répondîtes  à  votre  Apôtre,  quand  il  confessa  que 
»  Vous  êtes  le  Fils  du  Dieu  vivant  :    «  Vous  (ô   Tsar),  vous  êtes  Pierre,   vous  êtes 


DES  ETABLISSEMENTS  D  INSTRUCTION.  —  DES  PRÉDICATEURS.  177 

nir  les  larmes.   Tout  cela  est  superflu,  mal  séant  et   propre  à 
troubler  les  auditeurs  i. 

10.  S'il  arrive  que  le  prédicateur,  après  le  sermon,  soit  invité  à 
dîner  quelque  part,  ou  qu'il  se  trouve  engagé  en  quelque  con- 
versation avec  du  monde,  il  ne  devra  faire  nulle  mention  de  son 
sermon  ni  pour  s'en  vanter,  ce  qui  serait  une  grande  impudence, 
ni  même  pour  le  censurer  spontanément,  car  en  agissant  ainsi, 
il  paraîtrait  vouloir  exciter  les  autres  à  en  faire  l'éloge.  Et  si 
quelqu'un  commençait  à  louer  son  sermon,  le  prédicateur  devra 
montrer,  par  son  maintien,  qu'il  éprouve  de  la  honte  en  l'enten- 


nere;  haec  enim  omnia  sunt  superflua,  a  decoro  aliéna,  et  nauseam 
fastidiumque  pariunt  auditoribus  l. 

10.  Concionatori  suo  munere  perfuncto,  si  convivio,  vel  famîliari- 
Ims  interesse  contigerit  colloquiis,  nulla  suae  concionis  facienda 
est  mentio,  nec  illa  est  laudanda,  id  enim  maguam  arguit  impuden- 
tiam,  nec  de  industria  est  culpanda,  divinare  siquidem  inde  Hcebit, 
illum  occasionem  aliis  subministrare  suae  concionis  laudilms  efie- 
rendae.  Quamquam  vero  proruperit  non  nemo  in  concionatorislau- 
dandam  concionem,  oportebit,  ut  concionator  indicium  det  se  non 


»  une  pierre  solide,  sur  votre  confession  orthodoxe  j'affirmerai  à  la  fois  l'Église 
»  russe  et  votre  trône  impérial,  et  les  portes  de  l'enfer  n'en  triompheront  point.  » 
(Собрате  сочциешй  Георпя  Конисскаго  [Recueil  des  œuvres  de  Georges  Konisski.]  2e  éd. 
Saint-Pétersbourg,  186t.  T.  I,  p.  233.) 

La  flatterie  envers  les  Tsars  prit  de  telles  proportions  que  l'Empereur  Alexan- 
dre Ier  se  crut  obligé,  en  conscience,  de  défendre  par  un  ukase  nominal  «  qu'on 
»  appliquât,  dans  les  sermons,  à  la  personne  de  Sa  Majesté  impériale  des  louanges 
»  qui  n'appartiennent  qu'à  Dieu  seul  »  (въ  р1>чахъ  относить  къ  лицу  Государя  Импе- 
ратора ташя  похвалы  кашя  принадлежать  единому  Богу). —  Поли.  Собр.  Зак.  l'e  série 
(27115)  27  oct.  1817. 

(1)  Suivant  l'auteur  luthérien  d'une  Réplique  à  l'ouvrage  d'Etienne  Yavorski  «  La 
pierre  de  la  foi  »  (Возражеше  на  «  Камень  в*ры  »)  tout  ce  qui  est  dit  dans  les 
règles  4,  7  et  9  au  sujet  des  défauts  qu'on  doit  éviter,  est  une  satire  à  l'adresse 
de  Yavorski.  Prokopovitch  donne  ainsi  l'exemple  de  la  façon  dont  il  pratiquait 
lui-même  le  précepte  établi  dans  la  règle  4°.  —  V.  Pekarski,  Op.  cit.,  t.  I,  p.  495. 
Samarin,  Op.  cit.,  p.   130. 

12 


178        DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES    SPECIALES.    —  §   4. 

dant,  et,  par  toute  sorte  de  moyens,  il  se  soustraira  aux  éloges  et 
amènera  la  conversation  sur  un  autre  sujet 1 . 

§  5- 

DES    PERSONNES   DU    MONDE,    EN    TANT    QU'ELLES    SONT    ATTEINTES    PAR 
LA    DISCfPLINE     ECCLÉSIASTIQUE. 

Bien  qu'il  y  ait  peu  de  chose  à  dire  dans  ce  paragraphe,,  il  faut 
cependant   que  nous  le  fassions  précéder  d'une  petite  courte 


posse  audire  encomium,  quin  rubore  suffundatur;   sermonemque   a 
laudibus  aliorsum  data  opéra  retorquebit l. 


SAECULARES    SEU    MUNDANI    QUATENUS    SPIRITUALIS   DISCIPLINAE   SUNT 

CAPACES. 

Quamquam  pauca,  quae  dicenda  sunt,  haec  sectio  complectatur, 
utfrimen  dilucidiusinnotescat  :  quare  saeculares  homines  mundani 

(1)  Nous  terminerons  nos  remarques  sur  ces  règles,  —  dont  plusieurs  sont,  à  la 
vérité,  fort  pratiques  et  très-opportunes  pour  les  prédicateurs  de  tous  les  pays  — 
en  citant  la  disposition  suivante  du  Statut  des  Consistoires  ecclésiastiques  :  «  Le  clergé 
»  est  tenu  de  lire  au  peuple,  pendant  l'office  divin,  quelque  instruction  tirée  de 
»  l'Écriture  ou  des  Saints  Pères,  ou  des  livres  spécialement  désignés  à  cet  effet. 
»  Ceux  des  prêtres  qui  ont  reçu  l'instruction  nécessaire'  doivent,  en  outre,  pro- 
»  noncer  des  discours  composés  par  eux-mêmes  et  approjjriés  à  l'intelligence  et 
»  aux  besoins  des  auditeurs  de  l'endroit.  Ces  derniers  discours  seront  soumis  à  la 
»  révision  soit  du  Bligotchinny,  soit  du  Censeur,  autant  que  possible  avant  d'être 
»  prononcés.  Les  discours  qui,  par  n'importe  quelle  circonstance,  ne  leur  auraient 
в  pas  été  soumis  auparavant,  devront,  au  moins,  être  remis  au  Censeur,  après  qu'ils 
»  auront  été  proooncés.  »  (Уст.  Дух.  Консист.,  art.  9.) 

Nous  ne  sommes  nullement  contraire  à  ce  que  l'autorité  compétente  exerce  un 
bienfaisant  contrôle  sur  ce  qui  est   débité    en  chaire.    Mais   quand  on  songe   à  ce 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  179 

Introduction,   afin    qu'on    puisse    mieux    saisir    pourquoi    les 
«  personnes  du  monde  »  sont  ainsi  appelées  et  qu'est-ce  qui  les 
distingue  de  l'état  ecclésiastique. 
Le  nom  de  «  monde  »  est  employé  en  trois  sens  différents  : 

1.  On  appelle  monde  (rus.  mir.)  l'ensemble  des  choses  situées 
sous  le  soleil  et  qui  constitue  la  demeure  des  hommes.  Ce  n'est 
point  en  ce  sens  qu'on  appelle  «  personnes  du  monde  »  (russe  : 
miriane),  les  hommes  qui  ne  sont  pas  engagés  dans  le  service 
de  l'Église,  car  ceux  qui  composent  l'état  ecclésiastique,  vivent 
eux  aussi  dans  le  même  monde  que  les  autres. 

2.  On  applique  le  mot  de  monde  aux  hommes  seuls,  en  tant  que 
créatures  corporelles  mais  intelligentes.  —  Ce  n'est  pas  encore 
dans  ce  sens  que  l'on  appelle  «  personnes  du  monde  »  ceux  qui 
n'appartiennent  pas  à  l'ordre  des  ministres  de  l'Église  ;  en  effet 
nul  prêtre  ou  autre  ministre  de  l'Église  ne  voudrait  refuser  la 
dénomination  de  «  personne  du  monde,  »  prise  dans  ce  sens. 
—  C'est  encore  en  ce  sens  qu'est  employé  le  mot  monde,  chaque 


nuncupentur?  et  per  quod  a  spirituali  ordine  différant?  brevi  indi- 
gent praefatione. 

Hoc  vocabulus  mundus  triplici  sumitur  significatu. 

1.  Universus  terrarum  orbis,qui  a  mortalibus  inhabitatur,  mun- 
dus vocatur,  non  hoc  tamen  sensu  hornines  muniis  ecclesiasticis 
non  ornati  dicuntur  «  mundani  »  quoniam  et  spirituales  una  cum 
aliisejusdem  mundi  sunt  incolae. 

2.  Mundus  sumitur  simpliciter  pro  hominibus,  prout  sunt  crea- 
turae  corporeae,  ratione  nihilominus  praeditae.  — Nec  hoc  rursum 
sensu  homines  ecciesiastico  clero  non  addicti  «  mundani  »  vocan- 
tur;  nullus  quippe  sacerdos,  aut  clericus  aegre  fert  hoc  sensu 
«  mundanus  •>  appellari.  Ubicumque  mundo  aliquid  boni  tribui- 


qu'est  la  censure  en  Russie  et  à  qui  elle  profite,  la  pensée  se  reporte  involontai- 
rement à  ce  qu'affirmait  le.  grand  Apôtre  des  nations  :  «  La  parole  de  Dieu  n'est 
point  liée n  Verbum  Dei  non  est  alligatum.  (II  Tim.,  It,  9.) 


180  DEUXIÈME   PARTIE.  —  AFFAIRES    SPECIALES. 

fois  qu'on  lai  attribue  quelque  chose  de  bon,  comme  dans  cet 
exemple  :  «  Dieu  a  tellement  aimé  le  monde,  etc.  *  » 

3.  Monde,  indique  souvent  la  malice  et  la  vanité  des  hommes,  ou 
bien  les  hommes  eux-mêmes,  en  tant  que  méchants  et  vains, 
ainsi  que  s'exprime  l'Apôtre  Jean  dans  sa  première  Épître,  au 
chapitre  deuxième  :  «  N'aimez  point  le  monde  ni  ce  qui  est  dans 
»  le  monde.  Si  quelqu'un  aime  le  monde,  l'amour  du  Père  n'est 
»  point  en  lui.  Car  tout  ce  qui  est  dans  le  monde  est  ou  convoitise 
»  de  la  chair  ou  concupiscence  des  yeux,  ou  orgueil  de  la  vie  ;  et 
»  tout  cela  ne  vient  point  du  Père  mais  du  monde,  »  (ff.  15,  16.) 
Ce  n'est  pas  encore  du  monde,  ainsi  entendu,  que  les  «  personnes 
du  monde  »  tirent  leur  dénomination,  car  Jean  n'écrit  pas  aux 
prêtres  mais  aux  Chrétiens  en  général,  ou,  comme  il  s'exprime 
lui-même  dans  sa  lettre  :  «  aux  pères  {Ib.,u,  13)  aux  adolescents 
(lô.,  ib.)  et  aux  petits  enfants  2  (Ib.,  14)  ;  »  c'est-à-dire  à  tous  sans 


tur,  dictum  sensum  admittit,  ut  est  :  «  Ita  Deus  dilexit  mundum, 
et  caet.  *» 

3.  Mundus  fréquenter  significat  malitiam  hominum  et  vanita 
tem,  vel  ipsos  homines,  quatenus  pravos  et  vanos.  Prout  Joannes 
Apostolus  loquitur  :  aNolite  dHigere  mundum,  neque  ea  quae  in  mundo 
vsunt.Si  quis  diligit  mundum,  non  est  chantas  Patris  in  eo,  quoniam 
»  omne,  quod  esî  in  mundo,  concupiscentia  carnis  est,  et  concupiscentia 
»  oculorum,  et  superèia  vitae,  quae  non  est  ex  Pâtre  sed  ex  mundo  est.  » 
(1  Joan.,11,15, 16.)Nectamen  ab  hoc  mundi  significatu  «  mundani  » 
nomen  mutuantur.  Joannes  enim  non  ad  unos  scribit  sacerdotes, 
sed  ad  omnes  Christianos,  utpote  ad  parentes,  ad  juvenes  et  ad 
pueros  2,  id  est  ad  oinnis  aetatis  homines  verba  faciens  ;  nec  enim 

(1)  «  Dieu  a  tellement  aimé  le  monde,  qu'il  a  donné  son  Fils  unique,  afin  que 
»  quiconque  croit  en  lui  ne  périsse  point  mais  qu'il  ait  la  vie  éternelle.  »  Sic  Deu 
dilexit  mundum  ut  Filium  suum  unigenitum  daret,  ut  omnis  qui  crédit  in  eum  non 
pereat  sed  habeat  vitam  œternam.  (Joan.,  ni,  16.) 

(2)  «  Je  vous  écris,  pères,  parce  que  vous  avez  connu  Celui  qui  est  dès  le  com- 
»  mencement.  Je  vous  écris,  adolescents,  parce  que  vous  avez  vaincu  le  malin 
»  esprit.  Je  vous  écris,  petits  enfants,  parce  que  vous  avez  connu  le  Père...  N'aimez 


§   5.    DES   PERSONNES   DU   MONDE.  181 

distinction  d'âge.  Et  l'on  ne  peut  nullement  dire  qu'il  leur  con- 
seille, par  ses  paroles,  l'état  monastique  ou  ecclésiastique. 

De  même  le  mot  spirituel  (rus.  douchovny),  qui  est  l'opposé 
d'«  homme  du  monde,»  ou  mondain  —  si  l'on  prend  le  mot  monde 
dans  sa  troisième  signification  — le  mot  «spirituel  »  disons-nous 
n'indique  ni  les  moines  ni  les  ministres  de  l'Église  dans  le  pas- 
sage de  la  première  Épître  aux  Corinthiens,  au  chapitre  deuxième 
vers  la  fin,  où  l'Apôtre  Paul  établit  une  comparaison  entre 
«  l'homme  animal  »  et  «  l'homme  spirituel  ».  En  effet,  dans  cet 
endroit,  l'Apôtre  appelle  «animal  «l'homme  qui, privé  de  la  grâce 
du  Saint-Esprit  est,  de  lui-même,  porté  à  toute  sorte  de  mal,  et 
très-incapable  de  tout  bien  qui  soit  agréable  à  Dieu,  comme 
sont  tous  ceux  qui  n'ont  pas  été  régénérés  l.  Le   même  Apôtre 


dicere  possumus  hisee  verbis  monasticum,  aut  ecclesiasticum  sta. 
tum    ab  Joanne  illis   commendari. 

Pariter  hoc  quoque  vocabulum  «  Spiritualts  »  quod  mundano  in 
tertia  significatione  usurpato  opponitur,  non  monacbis  clericisque 
tantum  Paulus.  adfinem  secundi  capitis  primae  ad  Corinthios  epi- 
stolae,  tribuit  designandis,  quo  loco  Apostolus  «  spiritualem  »  cum 
«  animali  »  homine  comparât.  Porro  «  animalem  »  illo  loco  appellat 
eum,  qui  gratiae  Spiritus  Sancti  expers,  et  propriis  viribus  relictus, 
omnigeno  malo  perpetrando  est  deditus,cum  e  contrario  ad  bonum, 
quod  Deo  placeat  operandum,  naturales  illius  vires  prorsus  sint 
ineptae  ;  cujusmodi   sunt  universi,  quotquot   sunt  non  renovati  *. 

ч  point  le  monde,  etc.  »  Scribo  vobis,  patres,  quoniam  cognovistis  eum  qui  ab  initio 
est.  Scribo  vobis,  adolescentes,  quoniam  vicistis  malignum.  Scribo  vobis,  infantes,  quo- 
niam cognovistis  Patrem...  Nolite  diligere  mundum,  etc..(l  Joan  ,.u,  13,  14.) 

(I)  Relevons  celte  proposition  entièrement  protestante.  En  fait,  les  Réformateurs 
du  seizième  siècle  soutinrent  que,  jiar  le  péché  originel,  l'homme  avait  perdu  l'image 
de  Dieu  et,  avec  elle,  toute  puissance  à  faire  quoi  que  ce  fût  de  bien.  Procédant 
plus  loin  encore,  ils  enseignèrent  que  l'homme  n'avait  gardé,  après  le  péché 
originel,  d'autre  capacité  que  pour  le  mal.  Ainsi  Mélanchton  n'hésitait  pas  à 
affirmer  que  la  constance  de  Socrate,  la  chasteté  de  Xénophon,  la  tempérance  de 
Zenon  «  ne  doivent  pas  être  considérées  comme  de  véritables  vertus,  mais  comme 
des  vices  (...non   debent  pro  veris  virtutibus  std 'pro  vitiis  haberi.  *>)  Calvin  avançai  t 


182  DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES  SPECIALES. 

appelle,  au  contraire,  «  spirituel  »  l'homme  qui  est  éclairé,  ré- 
généré, et  conduit  par  le  Saint-Esprit.  Ainsi  tout  homme  méchant, 
prêtre  ou  laïque,  est  «  animal,  »  et  tout  homme  conduit  par  le 
Saint-Esprit,  prêtre  ou  laïque, est  «spirituels. С 'est  pourquoi  sain^ 
Pierre  n'accorde  pas  la  dénomination  de  sacerdoce  au  seul  ordre 


«  spiritualem  »  contra  vocat  eum,  qui  illuminatus  et  renovatus,  a 
Sancto  Spiritu  ducitur.  Ideoque  sive  sacerdos,  sive  quis  ex  plèbe  sit 
pravus,  est  «  animalis  »  et  vice  versa  :  sive  sacerdos,  sive  mun- 
danus,  Spiritu  Sancto  ducatur  (ad  Rom.,  vïii,  14.)  est  «  spiri- 
tualis  i  ».  Haec  est  eausa^    cur  sanctus  Petrus  titulo  sacerdoth 

hardiment  que,  de  notre  nature  corrompue,  rien  ne  peut  sortir  qui  ne  soit  digne  de 
condamnation  (...ex  corrupta  hominis  natura  nihil  nisi  damnabile  prodire).  Le 
lecteur  trouvera  recueillies  dans  la  Symbolique  de  Môhler  (éd.  franc.,  Besançon,  1836  ; 
Bruxelles,  1838)  les  assertions  des  chefs  de  la  Réforme,  sur  la  doctrine  de  la 
justification. 

L'Église  catholique  qui,  de  tout  temps,  a  également  défendu  contre  le  mensonge 
les  droits  de  la  grâce  et  ceux  de  la  nature,  condamna  les  propositions  de  Baïus,  de 
Jansenius  et  de  Quesnel  qui,  sous  une  forme  plus  ou  moins  mitigée,  reproduisaient 
les  erreurs  des  Novatiens;  entre  autres  les  suivantes  :  Liberum  arbitrium,  sine 
adjutorio  Dei,  nonnisi  ad  peccandum  valet  (XXVIIe  de  Baïus)  ;  Omnia  inflclelium 
opéra  peccata  surit,  et  philosophorum  virtutes  sunt  vitia  (XXVe  de  Baïus)  ;  ...  Quid 
aliud  'esse  possunt  nisi  aberratio  et  nisi  peccatum,  sine  fidei  lumine,  sine  Christo,  sine 
charitate?  (xLvme  de  Quesnel),  etc.  —  Elle  enseigne  que  Dieu,  lorsqu'il  créa 
l'homme,  l'éleva  par  un  pur  effet^  de  sa  bonté  à  l'état  surnaturel,  c'est-à-dire 
qu'il  le  destina  à  la  vision  intuitive  de  la  divinité,  lui  accordant  pour  cela  la  grâce 
sanctifiante  et  l'enrichissant  de  plusieurs  dons  extra-naturels  tels  que  l'immorta- 
lité, etc.  Par  le  péché  Adam  perdit,  avec  la  grâce  sanctifiante,  ces  dons  extra- 
naturels  et,  selon  l'expression  du  Concile  de  Trente  (Sess.  v,  cap.  i)  «  fut  détérioré 
dans  son  âme  et  dans  son  corps.  »  Cependant  l'image  de  Dieu,  quoique  obscurcie,  de- 
meura encore  dans  l'homme  et  il  garda  aussi  le  pouvoir  d'opérer  quelque  bien  qui 
le  disposât,  avec  l'aide  delà  grâce,  à  recouvrer  l'état  surnaturel.  Avant  d'être 
régénéré  par  le  baptême,  et  même  sans  un  secours  spécial  de  la  grâce,  l'homme 
peut  connaître  plusieurs  vérités  de  l'ordre  naturel,  en  suivre  les  préceptes  quand 
ils  ne  sont  pas  difficiles,  et  résister  aussi  à  plusieurs  tentations.  (Voir,  dans  tous 
les  Cours  de  théologie  catholique,  le  Traité  sur  la  grâce.) 

L'auteur  luthérien,  plusieurs  fois  mentionné,  de  la  Dissertatio  de  religione  Ruthe- 
norum  hodiema  (voir  plus  haut,  p.  53,  note  et  passim),  soutient  que  Pierre  et 
Prokopovitch  niaient  le  libre  arbitre.  Il  y  a,  en  effet,  de  quoi  le  supposer  d'après  le 
langage  du  «  Règlement  »  en  cet  endroit. 

(1)  Voici  les  textes  de  saint  Paul  auxquels  fait  allusion  le  «  Règlement  »:  «  L'homme 
»  animal  ne  perçoit  pas'  les  choses  de  l'Esprit  de  Dieu  ;  elles  lui  paraissent  une 
»  folie,  et  il  ne  peut  les  comprendre,  parce  qu'on  n'en  juge  bien  que  par  l'esprit. 


§  5.    DES  PERSONNES   DU   MONDE.  183 

des  ministres  de  l'Église,  mais  à  lous  les  Chrétiens  en  général. 
«  Vous  êtes,  dit-il,  la  race  choisie,  le  Sacerdoce  royal,  la  nation 
»  sainte,  le  peuple  conquis,  afin  que  vous  annonciez  les  grandeurs 
»  de  Celui  qui  vous  a  appelés  des  ténèbres  à  sa  lumière  admi- 
»  ràble.  »  (I  Pierre,  h,  9.)  Il  est  dit  de  même  dans  l'Apocalypse  : 
«  Vous  nous  avez  fait  rois  et  prêtres  pour  notre  Dieu.  » 
(Apoc,  v,  10). 

Il  était  nécessaire  de  mettre  en  avant  ces  considérations,  parce 
que,  par  ignorance  de  ces  choses,  il  se  fait  et  se  dit  bon  nombre 
d'absurdités,  au  grand  préjudice  des  âmes.  Ainsi  il  arrive  parfois 
qu'un  laïque,  par  ignorance  de  ces  choses,  croit  ne  pas  pouvoir 
se  sauver  pour  cela  même  qu'il  n'est  phsdoukkovnyi  (spirituel, 
ecclésiastique  ;  de  doukh,  esprit)  mais  mirski  (mondain,  laïque  ; 
de  mir,  monde)  '.  C'est  aussi  par  ignorance  de  ces  choses,  que 


non  solum  in  elerum  relatos,  sed  universos  in  génère  Christianos 
comprehendit.  a  Vos,  inquit,  genus  élection,  j'égale  Sacerdotium,  gens 
»  sancta,  populus  acquisitionis  :  ut  virtutes  annuntietis  ejus,  qui  de 
»  tencbris  vocavit  vos  in  admirabile  lumen  suum.  »  (I  Pctr.,  n,  9.)  Idem 
fere  ipsum  in  Apocalypsi  legimus  :  «  Fecisti  пол  Deo  nostro  reges 
»  et  sacerdotes.  »  (Apoc,  v,  10.) 

M  quidem  ideo  praemittendum  erat,  quia,  hoc  ignorato,  mulla 
fiunt  et  docentur  deliria,  quae  animabus  pestem  inférant.  Homo 
saecularis  hujus  ignarus  noonunquam  opinatur  se,  ob  id  ipsum 
quod  non  sit  in  clero  sed  «  mundanus  '  »,  non  posse  salvari.  Hujus 


»  —  Mais  l'homme  spirituel  juge  de  tout  et  n'est  jugé  par  personne.  »  Animalis 
autem  homo  non  percipit  ea  quœ  sunt  Spiritus  Dei;  stultilia  enim  est  illi,  et  non  potest 
intelligere  quia  spiritualiter  examina  tur .  —  Spiritualis  autem  judicat  omnia  et  ipse  a 
nemine  judicatur.  (I  Cor.,  il,   14,  15.) 

«  Tous  ceux  qui  sont  poussés  par  l'Esprit  de  Dieu  sont  enfants  de  Dieu.  »  Qui- 
cumque  Spiritu  Dei  aguntur,   ii   sunt  filii  Dei.    (Romv   Vin,    14.) 

(1)  Nous  avons  déjà  remarqué  (p.  4,  note)  que  le  mot  russe  духовный  (de  духъ) 
a,  comme  l'allemand  geisilich  (de  Geixt,  esprit),  la  double  signification  de  spirituel 
et  d'ecclésiastique.  —  De  même,  le  mot  russe  jiipcKiîi  (de  Mip'b)  correspond,  dans  ses 
diverses  significations,  à  l'allemand  weltlich  (de  Welt,  monde). 


184  DEUXIEME  PARTIE.   —  AFFAIRES   SPECIALES. 

parfois  un  .moine  engage  quelqu'un  à  quitter  sa  femme,  ses 
enfants,  ses  parents  et  à  les  haïr,  «  parce  que,  dit-il,  nous  avons 
ce  précepte  :  N'aimez  pas  le  monde  ni  les  choses  qui  sont  dans  le 
»  monde.  »  (I  Jean.,  и,  In.) 

Pourquoi  donc  les  «  personnes  du  monde  »  (rus.  miriane  de 
mir,  monde)  sont-elles  ainsi  appelées?  Je  réponds  :  —  Parce  qu'il 
fallait  qu'il  y  eût  des  hommes  établis  pour  être  les  ministres 
et  les  régulateurs  de  l'enseignement  spirituel  (ecclésiastique, 
doukhovnago)  comme  sont  les  Évêques  et  les  prêtres  ;  et  c'est 
pourquoi  ceux-ci  reçurent  le  titre  d'  «  ordre  ecclésiastique  » 
(doukhovnago  tchina).Deplus,  parce  qu'ils  sont  les  ministres  du 
sacrifice  non  sanglant,  on  les  appelle  aussi,  par  excellence,  «  les 
prêtres  »  (sviastchennitsy.  lat.  sacerdotes,  de  sviatyi,  saint, 
sacré).  Par  conséquent  les  autres,  qui  sont  leurs  auditeurs  et 
leurs  disciples,  sont  appelés  tout  simplement  «  personnes  du 
monde.  » 

Vous  direz  :  A  laquelle  donc  des  trois  significations  qui  vien- 
nent d'être  données  du  mot  monde,  répond  la  dénomination  de 
«  personnes  du  monde»  (miriane)? 


itidem  inscius  monachus  alteri  uxorem,  liberos,  parentes  relin- 
quendos  esse  et  odio  habendos  persuadet,  utpote  praeceptum 
illud  :  «  Non  diligite  mundum,  neque  ea  quoe  sunt  in  rnundo,  » 
(I  Joan.,  п.    15.)  sibi  injunctum  praetexens. 

Quare  igitur  «  mundani  »  vocantur  ?  Respondeo  :  Quoniam  opor- 
tebat,  ut  spiritualis  doctrina  administranda  et  dispensanda  certis 
quibusdam  demandaretur  ;  cujusmodi  sunt  Episcopi  et  presbyteri  ; 
idcirco  per  quandam  excellentiam  titulum  «  spiritualis  ordinis  » 
sunt  adepti.  Quia  autem  incruentum  administrant  saerificium, 
sacerdotes  per  excellentiam  audiunt.  Consequenter  reliqui,  utpote 
auditores  horum  et  discipuli,  simpliciter  saeculares  seu  «  mundani  » 
nuncupantur. 

Qn aères  forte  :  Quo  sensu,  cum  triplex  sit  allatus,  «  mundani  » 
ita  appellantur. 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  185 

Cette  dénomination  se  rapporte  à  la  deuxième  signification, 
car  tous,  prêtres  ou  non,  sont  des  personnes  de  ce  monde, 
c'est-à-dire  des  hommes.  Mais  ceux  qui  ne  sont  pas  prêtres,  s'ap- 
pellent tout  simplement  «  personnes  du  monde  »  parce  qu'ils 
n'ont  pas  été  établis  pour  être  les  régulateurs  ni  les  ministres  de 
l'enseignement  spirituel,  mais  qu'ils  en  sont  les  auditeurs  l. 

Mais  il  est  temps  de  dire  quelque  chose  des  «  personnes  du 
monde,  »  (laïques),  en  tant  qu'elles  appartiennent  à  la  juridiction 
ecclésiastique. 

I.  Et  d'abord  qu'il  soit  notoire  à  tous,  que  chaque  Chrétien 
est  obligé  d'apprendre  la  doctrine  orthodoxe  de  ses  Pasteurs  ; 


Respondeo  :  Hanc  denominatiouem  ad  secundum  sensum  perti- 
nere  ;  Omnes  siquidem,  sacerdotes  et  non  sacerdotes,  suntmundani, 
videlicet  hommes.  Nec  «  mundani  »  nomine  sacerdotii  absolute  pri- 
vantur,  sed  quatenus  solum  non  sunt  ministri  et  dispensa  tores, 
delegati  ad  spiritualem  doctrinam,  sed  auscuitatores  l. 

Taudem  nonnihil  est  dicendum  de  «  mundanis  »  quatenus  spiri- 
tuaJi  regimini  subordinatis. 


I.  In  primis  omnes  pro  certo  habeant,  quemlibet,  qui  Christo  no- 
men  dederat,  in  orthodoxa  doctrina  a  suis  Pastoribus  esse  erudien- 

(1)  Il  n'échappera  point  au  lecteur  attentif  que  la  doctrine  renfermée  dans  ce 
prélude,  assez  embrouillé,  n'est  rien  moins  que  franchement  orthodoxe.  La  distinc- 
tion entre  l'état  ecclésiastique  et  les  laïques,  est  faite  uniquement  consister  en  ce 
que  les  premiers  sont  «  les  régulateurs  (управители  de  управлять,  diriger,  adminis- 
trer) et  les  ministres  (служители,  de  служить,  servir),  de  V enseignement  spirituel 
et  du  sacrifice  non  sanglant  »  tandis  que  les  laïques  sont .  «  leurs  auditeurs 
et  leurs  disciples.  »  Un  Luthérien  sera  beaucoup  plus  satisfait  de  ces  définitions 
qu'un  Catholique  ou  un  Russe  orthodoxe.  Pas  un  mot  de  Г  «  ordre  »  comme  d'un 
sacrement  imprimant  dans  l'àme  un  caractère-  spécial  et  ineffaçable  ;  surtout  pas 
un  mot  de  la  «  juridiction  »  ecclésiastique.  Toute  la  mission  des  prêtres,  et  même 
des  Evêques,  se  réduit  à  l'enseignement  ecclésiastique  et  à  l'administration  des 
sacrements,  quant  au  gouvernement  proprement  dit  de  l'Eglise,  il  appartient  au 
Tsar  !  —  C'est  ainsi  que  les  Protestants  d'Allemagne  ont  interprété  ce  passage  et 
autres  du  «  Règlement  ».  Les  Jura  Summi  Imperantis  circa  sacra  forment  le 
sujet  d'un  paragraphe  spécial  (§  22)  dans  la  Dissertatio  de  religione  RtUhenarum 
hodierna. 


186  DEUXIÈME  PARTIE.   —  AFFAIRES  SPECIALES. 

car  de  même  que  les  Pasteurs  ne  paissent  point,  s'ils  ne 
nourrissent  pas  leurs  brebis  de  la  parole  divine;  de  même 
les  brebis  ne  sont  pas  des  brebis,  mais  portent  faussement 
ce  nom ,  si  elles  refusent  de  se  laisser  paître  par  leurs 
Pasteurs.  Par  conséquent,  si  quelqu'un  méprisait  ou  outra- 
geait la  parole  divine  ou,  ce  qui  est  encore  pis,  s'efforçait,  en 
dehors  du  cas  d'un  motif  urgent  et  uniquement  par  une  cer- 
taine méchanceté  orgueilleuse,  d'en  empêcher  la  lecture  ou  la 
prédication,  il  tombera  sous  la  punition  de  l'Église,  c'est-à-dire 
sous  le  jugement  de  l'Évêque  dont  nous  avons  parlé  plus  haut 
quand  il  a  été  question  de  Fanathême.  Et  s'il  paraissait  vouloir 
employer  la  force  il  tombera  sous  le  jugement  et  la  condamna- 
tion du  Collège  Ecclésiastique  l. 

II.  Tout  Chrétien  est  obligé  de  participer,  au  moins  une  fois, 
par  an,  à  la  sainte  Eucharistie,  car  c'est  la  plus  excellente  action 
de  grâces  qu'on  puisse  rendre  à  Dieu  pour  la  rédemption  si  abon- 


dum.  Quemadmodum  enim  Pastores,  nisi  oves,  verbo  Dei  nutriant, 
non  creduntur  pascere  :  ita  quoque  oves,  ovium  nomme  almsae, 
non  sunt  inter  oves  numerandae,  nisi  Pastorum  suorum  pascuis 
velint  se  refectas.  Idcirco  si  quis,  nulla  premente  necessitate,  sed 
sola  contumaci  motus  malitia,  verbum  Dei  duceret  despicatui  vel 
cavillaretur,  vel,  quod  pejus  est,  data  opéra  obstaret,  quo  minus 
illud  legatur,  aut  praedicetur  :  ecclesiasticae  censurae,  sive  Epi- 
scopi  judicio,  de  quo  supra  diximus,  vel  anathemati  erit  obnoxius; 
vel  si  quis  denique  vim  legibus  opposuerit,  ab  ipso  spirituali 
Collegio  judicatus  condemnabitur  *. 

II.  Interest  uniuscujusque  Cbristianorum  fréquenter,  vel  mini- 
mum semel  per  aimum  sumere  sanctam  Eucliaristiam.  Illam  enim 

(1)  Nous  avons  vu  de  quelle  sorte  était  l'enseignement  renfermé  dans  les  livres 
destinés  à  être  lus  dans  les  églises  (voir  plus  haut,  p.  51,  noie),  et  nous  avons 
insisté  sur  les  tendances,  manifestement  protestantes,  données  à  la  ju-édication 
russe  par  Pierre  et  Prokopovitch.  L'opposition  était  à  craindre,  aussi  rieu  ne  fut 
épargné  pour  la  prévenir  ou,  du  moins,  pour  l'étouffer.  C'est  ce  qu'on  se  proposait 
par  les  prescriptions  contenues  dans  cet  article  et  dans  ceux  qui  suivent. 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  187 

dante  qui  nous  a  été  acquise  parla  mort  du  Sauveur.  «  Toutes  les 
»  fois  que  vous  mangerez  de  ce  pain,  et  que  vous  boirez  de  ce  calice 
»  vous  annoncerez  la  mort  du  Sauveur  jusqu'à  ce  qu'il  vienne.  » 
(I  Cor.,  xi,  26.)  C'est,  en  outre,  un  viatique  pour  la  vie  éternelle  : 
«  Si  vous  ne  mangez  pas  la  chair  du  fils  de  l'homme  et  ne  buvez 
»  pas  son  sang,  vous  n'aurez  point  la  vie  en  vous.  »  fJean,  vi,  53.) 
C'est  aussi  un  caractère  où  une  marque,  par  laquelle  nous  nous 
faisons  connaître  comme  membres  du  corps  mystique  de  Jésus- 
Christ,  c'est-à-dire  en  communion  avec  l'Église  une  et  sainte, 
ainsi  que  dit  l'Apôtre  dans  sa  première  Épître  aux  Corinthiens, au 
chapitre  dixième  :  «  Le  calice  de  bénédiction  que  nous  bénissons 
»  n'est-il  pas  la  communication  du  sang  de  Jésus-Christ  ?  et  le 
»  pain  que  nous  rompons  n'est-il  pas  la  communication  du  corps 
»  de  Jésus- Christ?  Etant  plusieurs ,  nous  ne  sommes  qu'un  seid 
»  pain  et  un  seul  corps,  car  tous  ?ious  participons  à  un  même 
»  pain  »  l.  (yy.  16-17.) 


suscipientes  salutis  Salvatoris  morte  nobis  comparatae  et  tanlopere 
aestimandae  memores,  tam  viaticum  ad  vitam  aeternam,  quam 
characterem  quo  probemur  ejusdem  mystici  corporis  Cbrisli  esse 
membra.  habemus  ;  Id  est,  indicamus  nos  participes  esse  unius  ca- 
tholicae  Ecclesiae,  prout  testatur  Apostolus  :  Quotiescumque  man- 
ducabitis  panem  hune,  et  calicem  hune  bibetis,  mortem  Domini  annun- 
tiabitis,  donec  ventât.  (I  Cor.,  xi,  26.)  Nisi  manducaveritis  carnem  filii 
hominis  et  biberitis  ejus  sanguinem  non  habebitis  vitam  in  vobis.  (Joan. 
VI,  53.)  Calix  benedictionis,  cui  benedicimus,  nonne  communicatio  san- 
glants Christi  est?  Panis  quem  frangimus,  nonne  participatio  corporis 
Christi  est?  quoniam  unus  panis,  et  unum  corpus  midti  sumus ;  nom 
omnes  de  uno  pane  et  de  uno  sanguine participamus l.  (1  Cor.,  x,  16-17.) 

(1)  Théophane  Prokopovitch  croyait-il  à  la  transsubstantiation?  On  l'a  nié,  et 
la  manière  dont  on  parle  ici  de  l'Eucharistie  n'est  pas  assez  explicite  pour  qu'on 
puisse  décider  la  question.  Au  surplus,  on  trouve  dans  les  écrits  de  Prokopovitch 
des  expressions  à  l'aide  desquelles  on  j^eut  également  soutenir  le  oui  et  le  non. 
Le  grand-duc  Pierre  Féodorovitch,  depuis  Pierre  III>  pouvait  lire  dans  la  Disser- 
tatio  qui  lui  était  dédiée,  et  que   nous  avons    citée  plusieurs  fois  (voir  plus  haut 


188  DEUXIÈME  PARTIE.  —  AFFAIRES  SPECIALES. 

Par  conséquent,  si  quelque  Chrétien  témoigne  beaucoup  d'éloi- 
gnement  pour  la  sainte  Eucharistie,  il  montre  par  là  même  qu'il 
n'est  plus  dans  le  corps  de  Jésus-Christ,  c'est-à-dire  dans  la  com- 
munion de  l'Église,  mais  qu'il  est  Rasco Inique1. Et  il  n'existe  guère 


Propterea  si  quis  Christianorum  invéniatur,  qui  communicatio- 
nem  sanctae  Eucharistiae  prorsus  réfugiât,  eo  ipso  prodit  se  non 
inesse  Christi  corpori,  videlicet  Ecclesiae  communione  privari,  et 
ab  Ecclesia  dissidere.  Nec  ad  dignoscendum  schismaticum  1  aliud 

pp.  53,  104,  176,  182)  que  les  Russes  ...sentiunt  cum  Lutheranis . . .  de  sancta 
Cœna  sub  ulraque,  rejiciendo  transsubstantiationem  et  missas  solitarias  (§  19).  Voir 
aussi  Kimmel,  Monumenta  fidei  Ecclesiœ  Orientalis,  Proleg.,  g  6,  p.  Lvr;  etc. 

(ljPar  la  dénomination  collective  de  Rascol  ou  Raskol  (Расколъ,  schisme),  adoptée, 
pour  la  première  fois,  dans  le  concile  de  Moscou  de  1R66,  on  désigne  toutes  les  sectes 
formées  au  sein  de  l'Église  russe  ;  leurs  adhérents  sont  dits  Rascolniques  (Раскольники). 
On  les  divise  généralement  en  Bopovzi  (поповны)  et  Pespopovzi  (безпоповцы),  selon 
qu'ils  admettent  ou  non  la  divine  ordination  des  prêtres  et  la  hiérarchie  sacer- 
dotale. L'ensemble  des  sectes,  qui  ont  conservé  les  prêtres,  s'appelle  popovstchina 
(поповщина,  de  попъ,  prêtre)  ;  on  en  compte  six  principales.  Les  popovzi  sont 
aussi  connus  sous  le  nom  de  Starovères  (староверцы)  ou  Vieux-croyants  (de  старый, 
vieux,  et  в1>ра,  foi).  —  Beaucoup  plus  nombreuses  sont  les  sectes  qui  ont  rejeté  les 
prêtres  et  qu'on  désigne  sous  le  nom  collectif  de  bespopovstchina  (безпоповщина, 
сотр.  de  безъ,  sans,  et  поповщина)  ;  on  en  compte  plus  de  cinquante.  Le 
nombre  total  des  Rascolniques  russefs  est  évalué,  de  nos  jours,  à  plus  de  neuf 
millions. 

La  correction,  d'ailleurs  indispensable,  des  livres  liturgiques,  entreprise  par  le 
Patriarche  Nicon  (1655),  fournit  au  schisme  son  premier  prétexte  :  le  peuple 
ignorant  crut  voir  dans  des  corrections  de  grammaire  et  d'orthographe  une 
atteinte  à  la  foi  et  des  innovations  de  doctrine.  La  condamnation  portée  par  le 
Concile  de  Moscou  (1666-67)  contre  plusieurs  superstitions,  et  la  solution  défini- 
tive de  diverses  questions  touchant  des  rites  et  des  pratiques  en  faveur  auprès  du 
peuple,  fournirent  de  nouveaux  prétextes  à  l'opposition  et  servirent  à  renforcer 
les  rangs  des  Rascolniques.  Parmi  les  petites  causes  (voir  plus  haut,  p.  36,  note)  qui 
ont  déterminé  un  fait  aussi  colossal  que  le  Rascol  russe,  nous  mentionnerons  la 
duplication  de  YAlleluja  (ib.)  ;  le  signe  de  la  croix  avec  deux  doigts;  la  marche, 
dans  les  processions,  suivant  le  cours  apparent  du  soleil  ;  le  nom  de  Jésus  écrit 
et  prononcé  Isus  (1сусъ),  au  lieu  de  Iisus  (1исусъ,  gr.  I^aouç)  ;  la  croix  à  huit 
pointes,  au  lieu  de  quatre  seulement,  etc.  —  Mais  ces  prétextes,  et  autres  d'une 
égale  valeur,  n'étaient  pourtant  que  l'expression  inexacte,  peu  heureuse,  et  même 
infidèle,  d'un  grief  fort  réel  :  l'asservissement  de  l'Église  à  l'État  et  les  empiéte- 
ments des  Tsars  sur  le  domaine  de  l'Église.  —  11  arrive  parfois  que,  dans  un 
litige,  un  homme  du  peuple,  simple  et  illettré,  a  pour  lui  le  droit  ;  il  le  sent,  il 
en  possède  l'intime  conviction,  mais  il  ne  sait  pas  le  prouver,   ou  bien  il  n'ose  pas 


§  5.    DES  PERSONNES   DU   MONDE.  189 

de  meilleur  indice  d'après  lequel  on  puisse  reconnaître  un  Ras- 
colnique.  C'est  sur  quoi  lesÉvêques  doivent  porter  une  diligente 
attention,  ordonnant  de  plus  que  les  curés  leur  fassent  connaître 
chaque  année  ceux  des  paroissiens  qui  n'ont  pas  communié  de- 
puis un  an  ou  depuis  deux  ans,  ou  qui  n'ont  jamais  communié. 
Et  ces  paroissiens  là  on  les  forcera  de  déclarer  avec  serment  qu'ils 
sont  fils  de  l'Église  et  qu'ils  anathématisent  toutes  les  sectes  ras- 
colniques,  existant  dans  n'importe  quelle  partiel  la  Russie  К 


certius  datur  indicium.  Episcoporum  est  sedulo  cavere,  et  sacerdo- 
tibus  parochialibus  in  mandatis  dare,  ut  hi  quovis  anno  de  paroe- 
cianis  sibi  commissis,  siqui  forte  per  annum  a  mystica  mensa  se 
abalienaverint;  qui  per  biennium,  et  qui  denique  nunquam  fuerit 
particeps,  ab  bis  exigendum  est,  ut  interposito  juramento  fatean- 
tur  :  Sint  ne  illi  filii  Ecclesiae?  Omnes  ne  scbismaticorum  sectas 
quotquotsunt  in  Rossia,  execrentur1  ? 

faire  valoir  la  vraie  raison  de  son  droit.  Poussé  à  bout  par  un  habile  adversaire, 
il  essaie  des  explications,  s'embarrasse,  donne  des  raisons  fort  mauvaises,  il  les 
appuie  par  d'autres  plus  mauvaises  encore;  plus  il  avance,  plus  il  fournit  des 
armes  contre  lui.  Des  complications  surgissent,  il  tombe  dans  des  pièges,  le  point 
du  litige  est  déplacé,  le  terrain  du  bon  droit  est  perdu.  —  Il  est  aisé  de  prévoir 
lequel  des  deux  adversaires   paraîtra  à  la  fin  l'homme  honnête  et  loyal. 

Si  nous  ne  nous  trompons,  cet  exemple  peut  servir  à  expliquer  le  Rascol  russe 
et  à  illustrer  son  histoire. 

(1)  En  1720,  avait  paru  à  Moscou  un  «  Rituel  я  pour  l'admission  des  Rascolniques 
convertis,  au  giron  de  l'Église  orthodoxe  (Чппъкако  пршмати  отъ  Раскольниковъ — 
ириходащихъ,  etc.) .  Les  mesures  de  rigueur  employées  pour  étouffer  le  Rascol  n'avaient 
abouti  qu'à  en  multiplier  démesurément  les  adeptes,  et  la  liste  des  seqtes  anathé- 
matisées  dans  ce  Rituel  est  déjà  considérable.  Plein  de  confiance  dans  son  pouvoir 
et  son  adresse,  Pierre  s'imaginait  facilement  que  tout  devait  lui  céder,  mais  il 
se  trompait.  A  son  avènement  au  trône  (1689),  le  Rascol  pouvait  encore  être 
étouffé  ;  si,  à  la  mort  de  Pierre,  il  était  devenu  invincible  et  n'avait  plus  qu'à 
suivre  son  développement,  nous  croyons  qu'on  le  doit  en  grande  partie  à  Pierre.  Aux 
causes  déjà  mentionnéss,  nous  ajouterons  ici  une  autre  en  elle  même  très-futile, 
mais  qui  contribua  puissamment  au  progrès  du  Rascol,  c'est  l'acharnement  mis 
par  Pierre  à  vouloir  les  Russes  sans  barbe.  Le  premier  ukase  qui  la  concerne  est 
du  16  janvier  1705.  (Поли.  Собр.  Зак-  Tome  IV  [20lo|.)  En  1707,  Pierre  fit  im- 
primer une  Dissertation  sur  l'image  et  la  ressemblance  de  Dieu  dans  l'homme  (Разсуж- 
ден!е  о  образ*  Божш  ц  подобш  втлеловЪцв),  rédigée  par  le  célèbre  Drnitri,  Métro- 
polite de  Rostoff  (165  lfl709?)  dans  le  but  de  prouver,  contre  les  Rascolniques,  que 


190  DEUXIEME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES. 

Or,  pour  les  forcer  à  prêter  le  dit  serment,  il  suffira  de  les  me- 
nacer, que  s'ils  se  refusent  à  le  prêter  et  à  anatliématiser  nom- 
mément toutes  les  communions  rascolniques,  ce  sera  là  une 
preuve  manifeste  qu'ils  sont  Rascolniques.  Et  ce  n'est  pas  un  petit 
avantage  que  de  le  savoir,  car  beaucoup  de  Rascolniques,  cachés 
sous  le  manteau  de  l'orthodoxie,  au  lieu  de  craindre  l'Église 
excitent  eux-mêmes  des  persécutions  contre  elles.  Non-seule- 
ment ils  outragent  le  clergé  et  le  dénigrent  autant  que  cela 
est  en  leur  pouvoir,  mais  encore  ils  persécutent]de  toute  manière 


Ad  juramentum  vero  praestandum  non  aliis  conditionibus  ad- 
mittentur,  quam  his  minis  praeventi  :  utnisi  obstricti  juramento, 
imiversas,  quocumque  nomine  veniant,  schismaticorum  sectas  diris 
devoverint,  ipsi  quoque  illi  inter  schismaticos  recenseantur.  Multum 
enim  expedit  nosse  schismaticos,  cum  eorum  plerique  sub  rectae 
fidei  involucro  latitantes,  tantum  abest  ut  Ecclesiam  revereantur, 
ut  etiam  eam  persequantur.  Non  solum  calumniis  et  maledictis 
Ecclesiae  ministros  insectantur,  et  quantis  maximis  possunt  eos  af- 
ficiunt  injuriis,  sed  etiam  saeculares  ab  eorum  deliriis  abhorrentes 

de  se  raser  n'était  nullement  le  péché  énorme  et  irrémissible  qu'ils  s'imaginaient,  et 
qu'en  perdant  la  barbe  on  ne  perdait  pas  l'image  et  la  ressemblance  de  Dieu.  Il 
fallait  autre  chose'  que  des  dissertations:  l'impôt  sur  la  barbe,  énorme  pour 
l'époque,  et  les  mille  et  une  vexations  exercées  par  Pierre  contre  ce  don  de  la 
nature,  eurent  pour  résultat  de  créer  un  genre  de  martyrs,  propre  exclusivement 
à  la  Russie,  des  martyrs  de  la  barbe.  On  n'y  attachait  j)as  seulement  une  signifi- 
cation religieuse,  on  y  voyait  aussi  le  signe  caractéristique  de  la  nationalité 
russe;  la  barbe  fournissait,  par  conséquent,  des  martyrs  d'une  double  foi,  la 
religieuse  et  la  politique.  —  Une  autre  cause  d'opposition,  que  nous  ne  mention- 
nerons qu'en  passant,  c'étaient  aussi  les  prescriptions  de  Pierre,  concernant  l'habit 
russe.  Ceux  qui  s'obstinaient  à  porter  la  barbe  et  l'habit  russe  étaient  châtiés 
«  si  sévèrement  que  cela  paraîtrait  aujourd'hui  invraisemblable  ».  (Рек.,  op.  cit.  I, 
448,  II,  156-9  )  Tout  cela  était  habilement  exploité  par  les  chefs  des  Rascolniques.^ 
En  1722,  parut  une  Déclaration  et  exhortation  du  saint  Synode,  concernant  les  im- 
pudents qui  s'exposent  témérairement  aux  tortures.  (Объявлеше  съ  ув'Ьщашемъ  отъ  Св. 
Синода  о  продерЗателахъ,  неразсудпо  на  мучеше  дерзающнхъ.  (Voir  Поли.  Собр.  Зак. 
Tome.  VI  (4053),  16  juillet  1722.)  Théophane  Prokopovitcb ,  qui  en  est  l'au- 
teur, en  parle  dans  une  de  ses  lettres  :  Voluit,  dit-il,  hoc  scribere  fscribij  Im- 
perator,  misertus  cœcitatem  miserrimorum  fanaticorum   qui,  ut  martyrii  nomen  conse- 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  191 

les  laïques  qui  n'approuvent  point  leur  démence.  C'est  ce  que 
peuvent  attester  des  personnes  dignes  de  foi. 

Ш.  Lorsque  de  cette  manière,  ou  par  toute  autre  voie,  on  aura 
découvert  un  Rascolnique,  l'Évêque  devra  en  informer  par  lettre 
l'autorité  civile  J  sous  la  juridiction  de  laquelle  se  trouve  le  pré- 


omnibus modis  eunt  oppressum.  Quod  equidem  multorum  fide  di- 
gnorum  testimoniis  facile  comprobatur. 

III.  Episcopus  postquam  sibi  de  schismatico  expraefato  modo,  vel 
ex  quapiam  alia ratione  constiterit,eum,ad  cujus  pertinet  judicium  ' 

quantur,  affectant  zelum  stolidum  et  vel  in  Pastores  vel  in  ipsum  etiam  Regem,  cum 
summa  petulantia  et  protervia  invehuntur,  justis  scilicet  de  causis  pro  mutatis  vestibus. 
pro  arte  faclis  capillitiis,  pro  rasis  barbis  et  aliis  ejusdem  furfuris. . . .  (Voir  Рек.,  op. 
cit.,  t.  II,  p.  560.) —  Ceux  qu'on  appelle  grands  hommes,  uniquement  parce  qu'ils 
ont  quelques  grandes  qualités,  trahissent  toujours  d'une  manière  ou  d'une  autre 
leur  manque  de  véritable  grandeur;  s'ils  sont  haut  placés,  une  mesquinerie  de 
cœur  ou  d'esprit  peut  faire  d'innombrables  victimes.  Cette  remarque  est  bien 
justifiée  par  ce  que  nous  venons  de  rapporter. 

Grâce  à  Pierre,  la  barbe  est  désormais  intimement  liée  à  l'histoire  de  l'Empire 
des  Tsars;  la  barbe  a  préoccupé  l'esprit  de  ses  législateurs,  si  bien  que  sous  la 
grave  rubrique  «  Barbe  et  barbons  »  (Бороды  н  бородачи)  du  Registre  alphabétique  de  la 
Collection  complète,  etc.  (Пола.  Собр.  Зак- 1.  IV-VH,),  on  trouve  neuf  lois  émanées" 
sous  le  seul  règne  de  Pierre  ;  la  barbe  a  même  créé  une  littérature  que  nous  ne 
saurions  comment  appeler,  mais  qui  est  assez  copieuse.  Dans  les  événements  de  la 
vie,  la  barbe  acquit,  en  Russie,  une  influence  parfois  décisive  ;  dans  les  biogra- 
l)hies  des  grands  hommes  rascolniques  une  mention  spéciale  est  accordée  à  leur 
barbe.  Enfin,  l'histoire  de  la  barbe  russe  fait  passer  ceux  qui  la  suivent  par 
toutes  sortes  d'émotions  :  parfois  elle  arrache  des  larmes,  parfois  elle  provoque  des 
éclats  de  rire. 

(1)  Après  ce  que  nous  avons  dit  des  Rascolniques,  nul  ne  s'étonnera  qu'on  invoque 
ici  contre  eux  l'appui  de  l'autorité  civile.  «  Jusqu'à  Pierre  le  Grand,  ditSchedo- 
»  Ferroti,  les  persécutions  exercées  contre  les  dissidents  étaient  frappées  au  coin 
»  de  l'intolérance  religieuse  (Op.cit.,  p.  179).  La  politique  que  suivit  le  gouvernement 
»  pendant  la  deuxième  époque  (jusqu'à  Catherine  II)  avait  perdu  son  caractère  de 
»  fanatisme  religieux.  S  étant  placé  à  un  autre  point  de  vue,  le  gouvernement 
»  voyait  dans  les  dissidents  plutôt  des  citoyens  faisant  de  l'opposition  coutre  les 
n  réformes  administratives  et  sociales,  que  des  hérétiques  faisant  scission  contre 
»  l'Eglise  dominante...  (p.  181).  »  —  Nous  croyons,  en  effet,  que  Pierre,  — dont 
les  lois  contre  les  Rascolniques  sont  justement  appelées  draconiennes,  par  Schedo- 
Ferroti  (]).  186),  —  avait  trop  peu  de  foi  pour  se  préoccuper  du  schisme  au  point 
de  vue  des  intérêts  éternels  des  âmes. 

A  partir  de  Catherine  II  (1762),  la  politique  suivie  par  le  gouvernement  vis-à-vis 
des  Rascolniques  fut  «  une  politique  aux  alternatives  de  rigueur  et  d'indulgence, 


192  DEUXIÈME    PARTIE.  —   AFFAIRES   SPECIALES. 

venu,  et  cette  autorité  devra  l'envoyer  au  Collège  Ecclésias- 
tique. 

IV.  C'est  une  chose  utile  que  le  Collège  Ecclésiastique  possède 
un  état  du  nombre  des  Rascolniques1  qui  se  trouvent  dans  chaque 


débet  per  literas  de  schismatico  certiorem  facere,  qui  ad  spirituale 
Collegmm  illum  missurus  est. 

IV.  Cum  ad  multos  casus  in  Collegio  deliberandos  conducat  schis- 
maticorum,  quot  in  unaquaque  dioecesi  inveniantur,  notitia 1  :  haud 

»  dont  la  règle  consiste  à  n'admettre  que  des  exceptions. . .,  politique  d'indécisions 
»  et  de  contradictions  »  (Id.,  op.  cit.,  p.  186-187).  A  partir  de  1803  commencent 
les  mesures  et  les  ordonnances  secrètes  qui  font  des  Rascolniques  des  vrais  Parias, 
ignorant  jusqu'aux  lois  qui  les  frappent  et  entièrement  livrés  à  l'arbitraire.  (Voir, 
dans  le  même  auteur,  pp.  188-190  et  le  chap.  xn,  pp.  215-239.) 

L'ouvrage,  auquel  nous  empruntons  ces  citations  :  La  tolérance  et  le  sdiisme 
religieux  en  Russie  (Berlin,  Behr,  1863),  est  digne  de  la  plus  sérieuse  attention. 
C'est  la  septième  des  Etudes  sur  l'avenir  de  la  Russie,  publiées  par  l'illustre  écrivain, 
et  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  la  louer  et  la  recommander  sans  réserve.  C'est 
que,  d'abord,  l'auteur,  en  parlant  de  la  liberté  religieuse,  ne  fait  pas  assez  ressortir 
la  différence  qui  existe  entre  sincérité  et  vérité.  La  bonne  foi  dans  l'erreur  n'est  pas 
la  possession  de  la  vérité,  ni  ne  saurait  jamais  la  remplacer.  Ensuite,  on  nous 
pardonnera  d'être  sensible  à  des  appréciations  sur  les  Catholiques  qui  ne  nous 
paraissent  ni  exactes,  ni  méritées.  Nous  citerons  un  exemple.  «  L'hypocrisie, 
»  dit  M.Schedo-Ferroti,en  tant  qu'elle  prend  les  formes  d'un  luxe  de  démonstrations 
»  extérieures  de  piété,  se  traduisant  par  la  lecture  du  bréviaire  continuée  jusque 
»  sur  les  bancs  des  wagons,  par  des  prières  faites  comme  d'inspiration  subite  au 
»  milieu  des  rues  et  des  places  publiques,  l'hypocrisie  est  un  vice  inconnu  dans 
»  le  clergé  russe...,  etc.  (p.  293).»  N'ayant  jamais  assisté  à  des  prières  faites  comme 
d'inspiration  subite  et  dans  les  raes,  nous  n'en  parlerons  point.  Pour  ce  qui  concerne 
le  bréviaire,  ceux  de  nos  frères  dans  le  Sacerdoce  qui,  soit  pour  ne  pas  s'exposer 
à  enfreindre  une  grave  et  salutaire  obligation,  soit  pour  ne  pas  se  réduire  à 
l'accomplir  arrivés  au  soir  et  accables  de  fatigue  et  de  sommeil,  soit  pour  d'autres 
bonnes  raisons,  jugent  à  propos  de  faire  honneur  à  la  liberté  religieuse  en  récitant 
leur  bréviaire  sur  les  bancs  des  wagons,  —  savent  que  si  les  uns  peuvent  les 
taxer  d'hypocrisie,  d'autres  peuvent  en  tirer  de  l'édification.  Le  monde  des  âmes 
est  si  vaste  !  Et  n'est-ce  pas  aussi  charité  de  notre  part  que  de  supposer,  chez  nos 
compagnons  de  voyage,  des  jugements  larges  et  charitables?  —  Ce  qui  importe, 
c'est  la  façon  dont  le  bréviaire  est  récité. 

(1)  Pierre,  on  le  comprend,  avait  plusieurs  bonnes  raisons  pour  se  préoccuper  du 
nombre  des  Rascolniques.  L'une  d'entre  elles,  que  nous  n'avons  pas  encore  tou- 
chée, c'est  que  les  Rascolniques  le  considéraient  comme  l'Antéchrist.  On  sait  que 
les  Réformateurs  du  seizième  siècle  avaient  lu  dans  la  Bible  que  l'Antéchrist  c'était 
le  Pape.  Cette  docte  trouvaille  avait  été  aussi  communiquée  à  la  Russie  et  y  avait 


§   5.    DES    PERSONNES    DU    MONDE.  193 

Éparchie;  cela  servira  en  plusieurs  circonstances  où  il  faudra 
tenir  compte  de  ce  nombre. 

V.  Un  grand  péché,  que  les  ecclésiastiques  ne  sauraient  tolérer 
en  silence,  est  celui  de  certains  seigneurs  laïques  lesquels,  sa- 
chant qu'il  y  a  dans  leurs  terres  des  Rascolniques,  les  tiennent 
cachés,  en  vue  du  profit  que  ceux-ci  leur  procurent. 

Ce  serait  autre  chose  si  c'étaient  des  Rascolniques  avoués,  at- 
tendu qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  se  tenir  en  garde  contre  leurs 


inutile  itaque  est,  ut  spirituale  Collegium  eam  curet  haben- 
dam. 

V.  Nonnulli  saeculares  praediorum  possessores  grave  peccatum, 
quod  spiritualium  rumpat  silentium,  committunt;  siquidem  schis- 
maticos  in  suis  praediis  habitare  non  ignari,  turpi  nibilominus 
quaestu  in  transversum  acti,  sinunt  eos  abscondi. 

Secus  se  res  habet  in  causa  schismaticorum,  qui  consulto  taies  se 
esse  profitentur  ;  quippe  a  quibus  minus  periculi  est  formidandum. 

trouvé  de  la  faveur.  Mais  quand  parut  Pierre  le  Grand,  ses  agissements  furent 
assez  puissants  pour  détourner  du  Pape  l'attention  des  Rascolniques,  et  leur  faire 
penser  que  l'Antéchrist  pouvait  bien  être  le  Tsar  lui-même.  A  l'aide  de  combi- 
naisons de  chiffres,  offertes  par  la  valeur  numérique  des  lettres  slavonnes  (voir 
plus  haut,  p.  134,  note  1),  on  arriva  à  s'en  créer  des  preuves  de  toutes  sortes,  em- 
pruntées surtout  à  la  Bible.  Dès  1703,  Pierre  avait  ordonné  l'impression  d'un  écrit 
d'Etienne  Yavorski  :  Les  signes  de  la  venue  de  l'Antéchrist  et  de  la  fin  du,  monde 
(Знамешя  прпшествш  Ашчхрпстова  п  коачипы  овка.  Moscou,  1703),  rédigé  dans 
le  but  de  tranquilliser  les  esprits,  et  surtout  d'empêcher  l'application  au  Tsar 
des  marques  de  l'Antéchrist.  Mais  ce  livre  n'eut  pas  plus  d'effet  que  celui  de 
Dmitri  de  Rostofï  au  sujet  de  la  barbe.  La  thèse  que  Pierre  le  Grand  était  vrai- 
ment l'Antéchrist  fut  avancée  et  soutenue,  avec  force  arguments,  par  Grégoire 
Talitski.  Son  écrit  circula  clandestinement  et  impressionna  vivement  les  esprits  ; 
inutile  d'ajouter  que  Talitski,  tombé  au  pouvoir  de  Pierre,  expira  dans  les  tour- 
ments. Il  eut  des  disciples  et  des  successeurs  sans  nombre.  «  Depuis  Pierre,  dit 
»  Schedo-Ferroti,  il  n'y  a  pas  eu  de  souverain  russe  dont  les  sectaires  n'aient  essayé 
»  de  prouver  qu'il  était  la  vraie  incarnation  de  l'Antéchrist.  »  (Op.  cit.,  p.  40.) 
On  peut  voir  à  page  43,  du  même  ouvrage,  les  curieux  spécimens  de  combinaisons 
de  lettres  avec  valeur  numérique,  prouvant  la  thèse  à  l'égard  de  Pierre  Ier,  de 
Catherine  II  et  de  Nicolas.  Quand  le  chiffre  donné  par  les  lettres  d'un  mot  dé- 
terminé ne  se  prête  pas  exactement  au  total  voulu,  on  s'en  prend  à  la  bête  de 
l'Apocalypse  qui,  par  surcroît  de  précaution,  pousse  la  malice  jusqu'à  fausser  le 
chiffre  qui  lui  sert  d'indice.  On  a  alors  recours  à  des  suppressions  et  additions, 
destinées  à  déjouer  les  ruses  de  la  bête,  et  le  chiffre  voulu    est  toujours    retrouvé. 

13 


194  DEUXIÈME    PARTIE.    —   AFFAIRES    SPECIALES. 

attaques;  mais  receler  des  Rascolniques  vivant  sous  les  appa- 
rences d'orthodoxie,  c'est  là  une  action  qui  exhale  une  odeur  fé- 
tide d'athéisme.  Et  les  Évêques  devront  déployer  du  zèle  à  ce  sujet 
et  en  informer  le  Collège  Ecclésiastique,  lequel^après  une  enquête 
ecclésiastique,  pourra  livrer  à  l'anathème  lesdits  seigneurs,  s'ils 
ne  réparent  point  leur  péché  l.  Cette  enquête  devra  se  faire  de  la 
manière  suivante  :  l'Évêque  enverra  au  Collège  Ecclésiastique 
un  rapport  contre  le  seigneur  laïque,  portant  que  non-seulement 
il  se  trouve  chez  lui  des  Rascolniques  mais  que  ledit  seigneur  em- 
pêche par  la  force,  soit  le  curé  de  la  paroisse  soit  les  envoyés  de 
l'Évêque,  de  rechercher  et  de  dénoncer  les  Rascolniques  qui  sont 


Contra  si  quis  sehismaticos,  sub  orthodoxorum  larva  latitantes  ab- 
scondat,  foetidum  impietatis  edit  facinus.  In  hoc  casu  ardens  stu- 
diiim  Episcoporum  sese  exserat,  oportet.  Illi  super  hoc  casu  spiri- 
tuale  Collegium  certius  ïacient  ;  deinde  Collegium  facta,  spirituali 
ritu,  inquisitione,  eos  Proceres,  nisi  facinus  emendarint,  potest  per- 
cutere  anathemate1.  Séries  vero  in  inquisitione  instituenda  haecce 
observabitur  :  Episcopus  apud  spirituale  Collegium  per  supplices 
litteras  conqueretur  nonnude;  sehismaticos,  videlicet,  in  praedio 
certi  alicujus  possessoris  manere,  sed  illum  dominum  obstare,  quo- 
minus  parochialis  sacerdos,  aut  ii,  qui  aPraesule  mittantur,  sehis- 
maticos in  illius  praedio  delitescentes  in  lucem  possint  protrahere, 

(1)  Une  année  ne  s'était  pas  encore  écoulée  depuis  !a  publication  du  «  Règlement  » 
où  les  Rascolniques  sont  ainsi  traités  en  vrais  ennemis,  et  le  Synode  s'aventurait  à' 
leur  adresser  une  espèce  de  mandement,  tout  paternel,  les  engageant  à  se  présenter 
«  sans  aucune  crainte  »  devant  lui,  pour  exposer  leurs  doutes  sur  la  foi  et  les 
discuter.  (Рек.  Op.  cit.,  t.  II,  p.  542  et  Полп.  Собр.  Зак.  T.  VI.  (3891)  27janv.  1722, 
p.  493.)  Sans  avoir  lu  La  Fontaine,  les  Rascolniques  connaissaient  et  appréciaient 
d'instinct  la  morale  de  ses  deux  fables  :  Le  Coq  et  le  Renard  et  Le  Loup  et  les  Brebis, 
sur  les  avantages  et  les  désavantages  de  la  paix;  aussi  pas  un  d'entre  eux  ne  parut 
ni  n'écrivit  au  Synode.  L'insuccès  de  cette  démarche  est  avoué  et  regretté  par  le 
Synode  dans  une  Exhortation  aux  Chrétiens  orthodoxes  (Ув1;ща1пе  къ  православнымъ 
XpiCTiaHOMT,)  du  mois  de  janvier  1725,  où  l'on  ordonne  que  les  Rascolniques  soient 
poursuivis  et  traduits  devant  les  tribunaux.  Dans  cette  même  Exhortation,  il  est 
fait  mention  du  fanatisme  de  bon  nombre  d'entre  eux  qui  s'étaient  brûlés  vifs.  Le 
fait  était  arrivé  dansl'ÉparchiedeTobolsk  ;  cent  quarante-cinq  Rascolniques  s'étaient 
ainsi  voués  à  la  mort  en    une  seule  fois.  (Voir  Поли.  Собр.  Зак.  T.  VII  [4635].) 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  195 

dans  ses  terres.  Dans  le  même  rapport  seront  nommées  les  per- 
sonnes,dignes  de  foi,  qui  attestent  la  chose.  Le  Collège,  aprèsavoir 
entendu  ces  témoins,  adresera  audit   seigneur  une  exhortation 
par  écrit,  afin  qu'il  permette  qu'on  recherche  librement  dans 
ses  terres  lesRascolniques.  Si  le  seigneur  obéit  on  ne  l'inquié- 
tera pas  davantage,  mais,  s'il  n'obéit  pas,  il  prouve  par  ce  fait 
même  qu'il  est  protecteur  des  Rascolniques  et,  en  ce  cas,  le  Col- 
lège Ecclésiastique  procédera  à  la  punition  ecclésiastique,  sui- 
vant en  tout  la  méthode  ci-dessus  décrite  au  sujet  de  l'anathème. 
(V.  §  1-3,  n°xvi).Or  ceci  ne  regarde  que  les  Rascolniques  apparte- 
nant au  bas  peuple  et,  parmi  ceux-ci,  non  pas  les  Rascolniques 
notoires  mais  ceux  qui  sont  cachés.  Cependant  s'il  s'agissait  de 
docteurs  rascolniques,  qui  sont  en  quelque  sorte  les  Pasteurs,  on 
agira  à  leur  égard  comme  nous  venons  de  le  dire,  qu'ils  soient 
cachés  ou  connus.   On  procédera  de  la  même   manière  contre 
les  ecclésiastiques  qui  ont  des  Rascolniques  parmi  leurs  paysans. 
VI.  NulRascolnique,  dans  toute  la  Russie,  ne  sera  promu  à  au- 
cune dignité  soit  ecclésiastique  soit  civile,  pas  même  aux  der- 


et,  quatenus  taies,  divulgare.  Testes  itidem  fide  digni  nominatimin 
iis  litteris  allegandi  sunt.  Porro  Collegium  auditis  testibus,  domi- 
num  illum  scripto  monebit,  ne  schismaticis  in  ipsius  praediis  libère 
investigandis  intercédât.  Si  monitis  paruerit,  plus  negotii  non  est 
facessendum,  sin  minus,  eo  ipso  non  obscure  prodet  se  partes  schis- 
maticorum  tueri.  Proinde  Collegium  eodem  per  omnia  modo,  qui 
anathemati  vibrando  supra  praescriptus  erat,  ad  ecclesiasticam 
poenam  illi  irrogandam  aggredietur.  Hoc  modo  procedendum  erit 
in  eo  casu,  si  schismatici  non  fuerint  ejusmodi,  qui  se  palam  aper- 
teque  taies  esse  fateantur,  sed  ctandestini,  et  suntquidem  rude  vul- 
gus.  In  schismaticorum  vero  p^imipilos,  qui  tanquam  pastores  sive 
clam,  sive  etiam  palam  doceant,  praedicto  modo  est  inquirendum. 
Eidem  judicio  spirituales  etiam,  qui  rura  pos&ident,  sunt  obnoxii. 

VI.  Schismatici  ab  omnibus  offîciorum  tam  spiritalium,  quam 
saecularium  etiam  iniimorum   gradibus  in  universa  Rossia  sunt 


196  DEUXIÈME   PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES. 

nières  charges  et  fonctions;  afin  que  nous  n'armions  point  contre 
nous  decrnelsennemis  conspirant  sans  cesse  contre  le  Souverain 
et  l'État  ». 


prohibendi  ;  ne  infestissimi  inimici  Patriae  et  REGI,  absque  resi- 
piscentia  malevoli  nostris  armis  instructi,  nos  ,  facto  impetu  ,  ado- 
riantur  l. 

(I)  Le  lecteur  trouvera  dans  l'ouvrage  de  Schedo-Ferroti  les  prescriptions  du 
Code  russe,  relatives  aux  Rascolniques,  traduites  du  russe  en  français.  (Op.  cit., 
ch.  xr,  pp.  191-215.)  Cependant,  ainsi  que  le  remarque  fort  bien  l'auteur,  les 
prescriptions  du  Code  ne  font  point  connaître  au  juste  la  situation  des  Rascol- 
niques ;  l'arbitraire  et  les  prescriptions  secrètes  doivent  aussi  entrer  en  ligne  de 
compte.  —  Ceux  qui  savent  le  russe  pourront  consulter  la  Collection  complète  des 
lois,  etc.  (Поли.  Собр.  Зак.)  suivant  les  indications  du  Registre  alphabétique  à  la 
rubrique  :  Sectes  et  hérésies  de  diverses  dénominations  (Расколы  и  ереси  разныхъ  наз- 
вали), et  le  Code  russe  (Сводъ  Законовъ),  suivant  les  indications  de  l'Indicateur 
alphabétique  sous  la  rubrique  :  Sectes  et  rascolniques  (Расколи  и  Раскольники).  Remar- 
quons que,  depuis  la  dernière  édition  du  Code  russe  (1857),  bon  nombre  d'ar- 
ticles ont  été  abrogés  (статья  отменена),  plusieurs  ont  été  remplacés  par  d'autres 
(ст.  заменена), d'autres  complétés  (ст.  дополнеиа)Даи^ез,еппп,тоа1г1ез(ст.  изменена). 
Partant,  en  consultant  le  Code,  on  doit  avoir  soin  de  s'assurer  si  les  divers 
articles  sont  encore  en  vigueur.  On  a  déjà  publié  à  cet  effet  plus  d'une  Conti- 
nuation (Продолжеше,  1863,  1864,  1868,  1872)  du  Code,  munie  chacune  de  Tables, 
à  Taide  desquelles  on  obtient  immédiatement  le  renseignement  désiré.  Les  pres- 
criptions concernant  les  Rascolniques,  contenues  dans  l'édition  de  1857,  sont 
presque  toutes  en  vigueur  encore  actuellement. 

—  Ce  serait  sortir  de  notre  cadre  que  de  nous  étendre  sur  la  législation  con- 
cernant les  Rascolniques.  Remarquons  seulement,  que  la  prescription  de  dénoncer 
au  gouvernement  tous  les  Russes  orthodoxes  qui  n'auraient  pas  communié  une 
fois  par  an  est  encore  en  pleine  vigueur.  Cela  a  lieu  aussi  pour  ce  qui  regarde  la 
confession  annuelle;  l'autorité  civile  intervient  en  cas  d'obstination,  et  des  peines 
sont  infligées  (Сводъ  Зак.  T..  XIV.  Уст.  о  предупреждена  и  пресвченш  преступлевШ 
противъ  ввры.  Art.  27).  Or,  ce  sont  surtout  les  listes  de  ceux  qui  ont  rempli  ce  double 
précepte,  qui  servent  de  base  au  gouvernement  pour  dresser  des  cadres  officiels  du 
nombre  comparatif  des  orthodoxes  et  des  Rascolniques.  On  peut  juger  de  la  con- 
fiance que  méritent  ces  cadres  par  le  fait  que  selon  le  Calendrier  universel  (Общедо- 
ступный Калепдарь)  de  1873,  que  nous  avons  sous  les  yeux,  les  Rascolniques 
ne  dépasseraient  pas  le  nombre  de  1,093,616.  Schedo-Ferroti,  faisant,  en  1863, 
la  critique  des  documents  officiels  (Op.  cit. ,.ch.  vin)  en.  concluait  que  le  chiffre 
probable  était  alors  de  9,000,000. 

Les  listes  de  ceux  qui  se  sont  confessés  et  ont  communié  nous  fournissent 
l'occasion  d'édifier  le  lecteur  sur  la  manère  dont  Catherine  II  se  jouait  de  la 
crédulité  de  l'Europe,  de  la  France  surtout.  Voltaire  avait  fait  mention,  dans  une 
<Jft  крч  lettres  ffi  mai  1771),    'les  billets  de  confession.  L'Impératrice  lui  répondait  : 


§  5.    DES   PERSONNES    DU   MONDE.  197 

Si  quelqu'un  est  soupçonné  d'être  Rascolnique  quoique  en  ap- 
parence il  se  montre  orthodoxe,  on  commencera  par  lui  faire 
prêter  serment  qu'il  n'est  pas  Rascolnique  ni  ne  pense  ledevenir; 
à  ce  serment  il  ajoutera  des  imprécations  contre  les  Rascolniques 
et  contre  lui-même,  en  cas  qu'il  en  fût.  On  lui  fera  connaître,  en 
outre,  le  sévère  châtiment  qui  l'attend,  si  l'on  découvre  dans  la 
suite  le  contraire  de  ce  qu'il  a  affirmé  avec  serment  et  on  lui  fera 
signer  de  sa  propre  main  la  déclaration  susdite. 

On  pourra  agir  de  même  lorsque  la  conduite  publique  de 
quelqu'un  est  de  nature  à  éveiller  des  soupçons  sur  son  compte, 
par  exemple  si,  sans  aucun  motif  légitime,  il  n'approche 
jamais  de  la  sainte  Eucharistie  ;  s'il  recèle  dans  sa  mai- 
son des  docteurs  rascolniques,  sachant  qu'ils  sont  tels;  s'il  en- 
voie  des   aumônes  dans  les  habitations  des  Rascolniques,  etc. 


Siquis  rectae  quidem  fidei  prae  se  ferat  specimina,  in  suspicionem 
tamen  scliismatis  incurrat  :  jure  jurando  obstrictus  fateatur  se  nec 
esse,  nec  velle  addici  schismaticis  :  simulque  hos,  nec  non  se  ipsum, 
nisi  sincère  fateatur,  execretur.  Praeterea  certus  fiât,  atroci  illum 
poenae  ,  si  ipsius  facta  contrarium  probaverint ,  subjectum  iri  ;  eo 
igitur  fine  cbirographo  se  ut  obstringat,  necessum  est. 

Causam  horum  discere  licebit  ex  sequentibus  :  Si  quis  scilicet, 
exsertis  facinoribus  occasionem  suspicionis  de  se  concipiendae  prae- 
buerit,  exempli  causa  :  Qui  semper  a  sanctae  Eucbaristiae  partici- 
patione,  nulla  légitima  allata  ratione  abborrere  dicatur  :  qui  schis- 
maticos  ,  haud  ignarus  eos  taies  esse  ,  domi  suae  abscondat  ;  qui 
denique  eleemosynam  solitariis  scbismaticorum  mansionibus  elar- 

«  A  l'égard  des  billets  de  confession,  nous  en  ignorons  jusqu'au  nom.  Nous 
»  compterions  pour  un  ennui  mortel  de  parler  de  ces  disputes  rabattues,  et  sur 
»  lesquelles  on  prescrit  le  silence  par  édit  dans  d'autres  pays.  Nous  laissons  vo- 
»  lontiers  croire   à    chacun    ce   qui    lui   plaît.    »    'Lettre  du  ',  mai  177  t.',   —  Ou'on 

*  '  4  juin  ' 

veuille  bien  comparer  ces  assertions  en  français,  avec  les  ukases  en  langue  russe, 
indiqués  dans  le  Registre  alphabétique  de  la  Collection  complète,  etc.  (Поли.  Собр.  — 
Алф.  Pe3CTpi>),sous  la  rubrique  *  Confession  et  Communion  «(Исповедь  u  св.  прпчас/rie 
aux  Tomes  XVI-XX1II  [1762-1796]).  On  se  convaincra  que  les  assertions  de  Cathe- 
rine II  étaient,  comme  on  dirait  en  style  parlementaire,  «  inexactes.  » 


198  DEUXIÈME  PARTIE,    —  AFFAIRES    SPECIALES. 

Celui  qiib  par  des  preuves  évidentes,  sera  convaincu  de  ces  faits 
sera  soupçonné  d'être  Rascolnique.  Si  l'on  découvrait,  quelque 
part,  qu'on  agit  contrairement  à  ce  qui  est  ici  établi,  l'Évêque 
devra  en  écrire  aussitôt  au  Collège  Ecclésiastique  l. 


giatur,  et  caetera.  Horum  igitur  facinorum  dilucidis  convictus 
documentis ,  in  suspicionem  incidit ,  se  nempe ,  schismaticorum 
partibus  favere.  Sicubi  autem  bis  praescriptis  contrarium  fieri 
resciverit  Episcopus ,  extemplo  ad  spirituale  Collegium  per  literas 
deferet l. 

(1)  L'ouvrage  de  Schedo-Ferroti,  rédigé  sur  de  très-nombreux  matériaux,  nous 
dispense  de  donner  ici  une  liste  des  principaux  écrits  ayant  trait  au  Rascol.  Nous 
nous  contenterons  de  mentionner  l'Histoire  du  Rascol  russe  (ncTopifl  русск.  Раскола) 
par  Mgr  Macaire  ;  le  Recueil  de  documents  officiels  concernant  les  Rascolniques  (Сборнпкъ 
правительственныхъ  св-бд'Ьнш  о  Раскольникахъ)  pubHé  à  Londres  (1860-62),  par 
Kelsieff;  l'ouvrage  déjà  mentionné  de  Mgr  Grégoire  :  Y  Église  du  Christ  vrai- 
ment ancienne  et  vraiment  orthodoxe  (V.  plus  haut  p.  37  note  et  107  note)  et,  enfin, 
comme  se  rapportant  plus  spécialement  à  l'époque  qui  nous  occupe,  l'ouvrage  de 
Esipioff  :  Les  affaires  du  Rascol  au  dix~huitième  siècle  (Раскольничш  Д'Бла  XVIII 
стол'Мя).  Saint-Pétersbourg,  1861.  —  Nous  profiterons  aussi  de  cette  occasion 
pour  signaler  deux  nouvelles  jmblications  de  l'illustre  W.  Palmer.  Comme  la  pre- 
mière, souvent  citée  :  The  Replies  of  Nicon  (V.  p.  17  et  suiv.)  elles  se  rapportent  à  ce 
grand  Patriarche  et  relatent  les  faits  au  milieu  desquels  prit  naissance  le  Rascol. 
L'une  d'elles  a  pour  titre  :  Testimonies  concerning  the  Patriarch  Nicon,  the  Tsar  and 
the  Royars,  from  the  travels  ofthe  Patriarch  Macarius  о f  Antioch ;  Г autre  :  History  of 
the  condemnation  of  the  Patriarch  Nicon  by  a  plenary  Council...  held  at  Moscow 
A.  D.  1666-1677.  L'une  et  l'autre  ont  paru  récemment  (London,  Triïbner,  1873) 
enrichies  de  notes  et  de  suppléments  par  M.  Palmer. 

Signalons,  avant  de  conclure  cette  note,  deux  faits  d'une  très-grande  portée 
concernant  le  Rascol.  Le  premier  c'est  l'espèce  de  compromis  arrivé  entre  le  saint 
Synode  et  un  petit  nombre  de  Starovères  (anciens-croyants),  c'est-à-dire  de  ceux, 
parmi  les  Rascolniques,qui, tout  en  s'étant  séparés  de  l'Eglise  dominante, ont  cepen- 
dant gardé  tous  ses  dogmes.  Le  saint  Sjmode,  ou  pour  mieux  dire  le  Tsar,  consentit 
à  leur  laisser  leurs  rites  et  leurs  livres,  et  même  se  chargea  de  leur  procurer  ces 
derniers,  réimprimés  avec  les  mêmes  fautes  que  sous  les  anciens  Patriarches.  Les 
Starovères  dont  nous  parlons  consentirent,  de  leur  côté,  à  reconnaître  la  juridic- 
tion du  Synode.  On  désigna  les  Starovères  ainsi  convertis  par  le  nom  de  Jedinovertsi 
(ЕятоъЪщы    ou  unis-croyants).  V.    Schedo-Ferroti,  op.  cit.,  pp.  206-214). 

L'autre  fait  c'est  la  création  d'une  hiérarchie  rascolnique  pour  les  Starovères 
dissidents.  Après  de  longs  et  infructueux  essais  ils  arrivèrent  à  obtenir  un  Evêque 
qui,  à  son  tour,  ordonne  des  prêtres,  sacre  d'autres  Évêques  starovères  d'après  leurs 
propres  rituels  et  exerce  sou  autorité  sur  toutes  les  communautés  starovères  de 
Russie,  malgré  les  différences  qui  en  font  des  sectes  distinctes.  Cet  Evêque  c'est 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  199 

Vil.  Désormais  aucune  personne  laïque  ni  autre  (à  l'excep- 
tion de  la  famille  de  Sa  Majesté  Impériale)  ne  pourra  avoir  dans 
sa  maison  ni  chapelle  x  ni  aumôniers  particuliers,  car  cela  est  su- 
perflu et  ne  se  pratique  que  par  vanité,  et  au  mépris  de  l'état 
ecclésiastique.  Que  les  seigneurs  aillent  aux  églises  paroissiales, 
et  qu'ils  ne  rougissent  point  de  se  trouver  frères,  même  de  leurs 
paysans,  dans  la  communauté  chrétienne  car  en  Jésus-Christ, 
dit  l'Apôtre,  il  n'y  a  ni  esclave  ni  homme  libre.  (Gai.,  ni,  28.) 

VIII.  Lorsque  la  communauté  d'une  paroisse  ou  des  proprié- 
taires demeurant  dans  leurs  terres,  choisiront  quelque  prêtre 
pour  leur  église,  ils  devront  attester  dans  leur  rapport  que  c'est 
unhomme  dont  la  vie  est  régulière  et  ne  donne  lieu  à  aucun 
soupçon.  Et  en  casque  les  propriétaires  ne  demeurent  point  dans 


VII.  Saeculares  a  privatis  in  eorum  domibus  ad  ecclesiastica 
officia  celebranda  exstruendis  sacris  acdibus,  et  a  sacerdotibus l  do- 
mesticis  habendis,  ab  bine  jubentur  abstinere.Familia  tamen  REGIAE 
MAJESTATIS  excipitur.  Hue  enim  est  superfluum,  et  soli  superbiae 
suos  débet  natales.  Oportet  ut  optimates  parocbiales  Ecclesias  fré- 
quentent, necpndeat  eos  esse  fratres  suorum  subditorum  in  Cbristia" 
norum  communitate  ;  In  Christo  emm  Je  su  non  est  servus,  ne  que  liber, 
inquit  Apostolus.  (Galat.,  ni,  28.) 

VIII.  Possessores  praediorum  in  praediis  commorantes,  et  caeteri 
Ecclesiae  certae  addicti ,  hominem  ,  quem  suae  Ecclesiae  velint  sa- 
cerdotem  ordinari ,  electum  ,  per  literas  supplices  ad  Episcopum 
mittendas ,  testabuntur  :  Illum  nempe  esse  probae  inculpataeque 
vitae  hominem,  alienum  a  suspicione.  Siqui  vero  domini  in  praediis 

le  Métropolitain  de  Bela-Krinitza  (Бтиа-Крпнпца)  ou  Blanche-Fontaine  en  Bouko- 
vine.  On  comprend  les  soucis  que  doit  donner  au  gouvernement  russe  le  chef  spi- 
rituel de  cinq  millions  de  Starovères,  résidant  en  Autriche.  (Ib.  ib.,  p.  250  et  suiv.) 

(I;  Nul  oratoire  ne  peut  être  érigé  en  Russie  sans  le  consentement  du  Synode 
accordé  ce  lorsqu'il  y  a  des  causes  les  plus  dignes  de  considération  (по  самымъ 
достоппымъ  ycaiKenifl  причипамъ).»  Dans  les  deux  capitales  de  Saint-Pétersbourg  et 
de  Moscou  on  exige,  de  plus,  la  permission  du  Tsar.  (Voir  le  Code,  Tome  XII. 
Slalut  des  constructions  (Уст.  строительный)  art.  244-245.  Voir  aussi  plus  haut  la 
note  p.  61-62). 


200  DEUXIEME  PARTIE.   —  AFFAIRES   SPECIALES. 

leurs  terres,  ce  témoignage  sera  porté  par  leurs  gens  et  leurs 
paysans,  et  dans  la  supplique  sera  nommément  exprimé  l'hono- 
raire ou  la  terre  assignée  à  l'élu.  Celui-ci  de  son  côté,  y  ajoutera 
de  sa  propre  main  qu'il  se  tient  pour  satisfait  de  cet  honoraire 
ou  de  cette  terre  et  que,  jusqu'à  la  mort,  il  ne  quittera  pas  l'église 
pour  laquelle  il  va  être  consacré.  Cependant  si  l'élu  paraissait  à 
l'Evêque  suspect,  ou  rascolnique,  et  indigne  de  l'état  ecclésias- 
tique, l'affaire  sera  laissée  à  sa  décision. 

IX.  Les  seigneurs  ne  prendront  point   pour    confesseurs  des 
prêtres  vagabonds  l.  Tout  prêtre  chassé  pour  délit,  ou  qui  a  aban- 


non  habitent ,  servi  et  subditi  eorum  pariter  testabuntur.  In  literis 
supplicibus  planissime  est  stipendium  indicandum  ;  vel  justa  agri 
quantitas.  Electifs  autem  promisse»  stipendio  vel  agri  donatione  se 
fore  contentum ,  dato  chirographo  asseverabit ,  seque  ab  Ecclesia  , 
cui  ordinatas  adhaerebit,  non  esse,  quamdiu  vixerit,  abiturum  pro- 
mittet.  Si  vero  electus  ille  Episcopo  aliqua  suspicione  aut  schismate 
laborare  visus  fuerit,  ideoque  sacerdotii  ordine  indignus ,  praesulis 
arbitrio  acquieseendum  erit. 

IX.  Optimatibus  sacerdotes  erronés  1  a  confessionibus  esse  non 
debent.  Quoniam  sacerdos  ob  commissa  facinora  ecclesia  motus,  aut 

(1)  Le  Statut  des  passeports  (Сводъ  Зак.  Tome  XIV.  Уставъ  о  паспортахъ 
art.  64  et  seq.)  contient  des  prescriptions  fort  minutieuses  concernant  l'absence  des 
prêtres,  desservants  d'église  et  moines,  de  leurs  églises  et  couvents  respectifs.  Les 
prêtres  et  desservants  doivent  toujours  se  trouver  près  de  leur  église,  ne  la  quitter 
pour  sortir  dans  la  paroisse  que  pour  les  besoins  du  ministère,  et  s'en  retourner 
ensuite  immédiatement  (нем едлеп по)  à  leurs  maisons  (Art.  66).  —  Nous  ne  sau- 
rions dire  si  le  gouvernement  a  soin  de  fournir  chaque  église  d'un  promenoir. 

Les  mêmes  ne  peuvent  se  rendre  à  d'autres  paroisses  éloignées  de  plus  de  quinze 
verstes  (16  kilom.)  sans  en  donner  avis  au  Blagotchinny  (Благочинный  [homme  du 
bon  ordre],  Inspecteur  ecclésiastique).  Pour  se  rendre  dans  une  autre  Éparchie,  il 
leur  faut  la  permission  de  leur  Évêque,  donnée  pour  des  raisons  urgentes  et  pour 
un  temps  le  plus  court  possible.  Le  Consistoire  leur  délivre  alors  un  passeport  sur 
papier  timbré  (V.  plus  haut,  p.  88  note),  où  se  trouve  indiqué  le  nom  du  porteur, 
l'église  à  laquelle  il  est  attaché,  la  durée  de  l'absence  accordée  et  l'endroit  où  il 
se  rend.  Le  porteur  de  ce  document,  «  ne  doit  point  sedépartir  de  son  chemin  ni  d'un 
côté  ni  d'un  autre.  »  (кромв  надлежащихъ  трактовъ,  никуда  вь  стороны 
за'вждать   не  должны.    lb.    art.    66-70).    —    Quant   aux    moines,    ils    ne    peuvent 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  201 

donné  volontairement  l'église  qu'on  lui  avait  confiée,  cesse  déjà, 
en  quelque  sorte,  dJêtre  prêtre,  et  commet  un  grand  péché  en 
exerçant  les  fonctions  sacerdotales.  Quant  au  seigneur  qui  l'ac- 
cueille, il  participe  et  doublement  à  son  péché;  car  il  est  à  la  fois 
son  coopérateur  dans  le  péché,  et  rebelle  à  l'autorité  de  l'Église. 

Les  laïques  puissants  ne  forceront  pas  les  prêtres  d'aller  dans 
leurs  maisons  baptiser  leurs  enfants,  mais  ils  feroni  porter  ceux- 
ci  à  l'église,  à  moins  qu'ils  ne  soient  trop  faibles,  ou  qu'il  ne  sur- 
vienne quelque  autre  grave  empêchement. 

X.  On  nous  rapporte  que  parfois  les  Gouverneurs  des  villes  et 
autres  autorités,  et  même  de  puissants  propriétaires,  à  l'occa- 


qui  ecclesiam  sibi  concreditam  sponte  deseruit,  jam  fere  est  exsa- 
cerdos,  et  sacra  administrans  graviter  peccat.  Qui  igitur  illum  am- 
plectitur,  ejusdera  peccati  est  particeps,  imo  bis  peccat,  siquidem  et 
peccauti  cooperatur,  et  ecclesiastico  adversatur  regimini. 

Dedecet  potentes  saeculares,  sacerdotibus  negotium  facessere,  ut 
se  in  domus  eorum  ,  salutari  aqua  infantes  tincturi,  conférant,  sed 
infantes  ad  sacram  aedem  sunt  apportandi,  nisi  per  gravem  mor- 
bum,  aut  per  aliam  quandam  rationem  non  licuerit. 

X.  Fama  auditioneque  accepimus,  eos,  qui  oppidis  praeficiuntur, 
aliosque  qui  munia  conspicua  obeunt,  et  potentes  praediorum  pos- 

sortir  ni  en  ville  ni  dans  les  campagnes  de  l'Éparchie  où  ils  se  trouvent,  à  moins 
que  le  bien  de  la  communauté  ne  l'exige,  et  munis  d'un  jiasseport  délivré  par  leur 
Supérieur  (Ib.,  art-  74). 

L'accès  aux  deux  capitales  de  Saint-Pétersbourg  et  de  Moscou  est  formellement 
interdit  à  tout  ecclésiastique  ou  moine  dont  la  conduite  n'est  pas  irréprochable  et 
à  l'abri  de  tout  soupçon.  Les  heureux  qui,  par  leur  conduite,  ne  se  sont  pas  rendus 
indignes  de  voir  Saint-Pétersbourg  ou  Moscou,  obtiennent  cette  faveur  «  pour 
le  temps  le  plus  court  possible,  et  seulement  quand  il  y  a  des  nécessités  très- 
urgentes,  (Только  по  самымъ  настоятельным  ь  нуждамъ  и  па  самые  умеренные  породу 
нэдобпости  срокп).»  L'Evêque  leur  délivre  alors  un  passeport  en  papier  timbré, 
rédigé  avec  nombre  solennités.  Ils  doivent  le  présenter,  immédiatement  après 
leur  arrivée,  au  Consistoire  ecclésiastique  de  la  capitale.  Un  registre  spécial 
reçoit  alors  leurs  noms  avec  toutes  sortes  d'indications,  et  tout  changement  de 
domicile  pendant  leur  séjour  dans  la  capitale  doit  y  être  porté  rigoureusement. 
(/6.,   art.  79-85). 

Avec  toutes  ces  prescriptions,  un  prêtre  vagabond  serait  une  merveille  en  Russie! 


202  DEUXIÈME  PARTIE.   —  AFFAIRES  SPECIALES. 

sion  de  certaines  affaires  qui  réclament  l'intervention  ecclésias- 
tique, ne  veulent  point  obéir  à  TÉvêque  dans  l'Éparchie  duquel 
ils  se  trouvent,  alléguant  pour  excuse  qu'il  n'est  pas  leur  Pasteur. 
Or,  qu'il  soit  notoire  à  tous,  que  toute  personne,  de  quelque  rang 
qu'elle  soit,  est  soumise,  dans  les  matières  ecclésiastiques,  à  la 
juridiction  de  TÉvêque  dans  l'Éparchie  duquel  elle  demeure, 
aussi  longtemps  qu'elle  y  demeure. 

XI.  Il  arrive  ordinairement,  surtout  aux  personnes  laïques, 
des  difficultés  au  sujet  des  mariages  douteux  l-,  c'est  pourquoi  si 


sessores  in  dispiciendis  causis  a  spiritali  juridictione  unice  penden- 
tibus ,  Episcopis,  in  quorum  dioecesi  manent,  fieri  interdum  maie 
moiïgeros  ,  qui ,  nimirum,  illos  Episcopos  non  esse  suos  Pastores 
causantur.  Sed  contra  certum  sit  omnibus,  unumquemque  cujuslibet 
conditionis  bominem,  illius  Episcopi  judicio ,  in  cujus  dioecesi  ma- 
net,  tantisper  dum  permanet,  esse  obnoxium. 

XI.  Mundani  plurimis  circa  ineunda  matrimonia ,  quae  in  du- 
bium  vocantur,  difiicultatibus  premuntur  l.  Si  igitur  cui  ejusmodi 

(1)  Voici,  comme  nous  l'avons  promis  (V.  plus  haut  p.  56,  note),  les  principales 
dispositions  du  Code  russe  concernant  les  mariages  : 

Ne  sont  pas  reconnus  comme  légitimes  et  valides  (Законными  и  д'Енствительпыми 
не  признаются)  les  mariages  contractés  :  1°  par  force  ou  dansun  état  de  démence  ; 
2°  dans  les  degrés  de  consanguinité  et  d'affinité  prohibés  par  l'Église,  ou  entre 
des  personnes  liées  par  la  parenté  spirituelle  contractée  au  baptême  (entre 
l'enfant  et  ses  parents  d'un  côté,  et  le  parrain  ou  la  marraine  de  l'autre);  3°  pen- 
dant l'existence  d'un  autre  mariage  légitime  qui  n'ait  pas  été  dissous  par 
l'autorité  ecclésiastique;  4"  par  des  personnes  auxquelles, après  la  dissolution  d'un 
mariage  précédent,  il  a  été  défendu  d'en  contracter  un  autre;  5°  par  ceux  qui 
n'ont  pas  atteint  l'âge  prescrit  par  l'Église  (15  ans  pour  les  garçons  et  13  ans  pour 
les  filles),  ou  qui  ont  atteint  l'âge  de  80  ans,  ou  qui  se  marieraient  en  quatrièmes 
noces;  G0  par  des  religieux  et  des  religieuses;  ou  bien  par  des  prêtres  et  diacres 
après  leur  ordination,  et  tant  qu'ils  demeurent  dans  l'état  ecclésiastique  ;  7°  par 
des  orthodoxes  avec  des  infidèles  (non-Chrétiens).  (Сводъ  Закон.  Тот.  X.  Зак.Гражд. 
lrepart.,  art.  37.) 

Les  prescriptions  contenant  les  degrés  prohibés,  sont  détaillées  dans  une  Instruc- 
tion du  Synode  du  19  janv.  1810  (Поли.  Собр.  Зак.  [24091]).  Elles  sont  basées  sur 
le  chap.  xvni  du  Lévitique  (vv.  7-17)  et  le  canon  54  du  Concile  de  Constantinople 
in  Trullo.  Le  inariage  est  prohibé  entre  tous  les  ascendants  et  descendants  et,  en 
ligne  collatérale,  entre  les  alliés  jusqu'au  quatrième  degré  inclusivement.  Il  est 
également   prohibé  entre  des  personnes  liées  d'affinité,  jusqu'au  quatrième  degré 


§  5.  DES  PERSONNES  DU  MONDE.  203 

quelqu'un  se  trouve  dans  un  doute  de  ce  genre,  il  ne  s'avisera 
pas  de  le  cacher  au  prêtre.  Le  prêtre,  à  son  tour,  s'il  se  trouve 
lui-même  embarrassé,  se  gardera  bien  de  procéder  immédiate- 
ment à  la  bénédiction  nuptiale,  mais  il  soumettra  l'affaire  à  la 
décision  de  l'Évêque.  Et  l'Évêquc  lui  aussi,  s'il  ne  sait  pas  lui- 
même  comment  résoudre  le  cas,  s'en  rapportera  au  Collège  Ec- 
clésiastique. 

Et  afin  que  ces  sortes  de  difficultés  puissent  être  résolues 
avec  ordre  et  d'une  manière  certaine,  le  Collège  Ecclésiastique 
choisira  un  temps  opportun,  pour  délibérer  sur  elles  avec 
maturité,  rédigeant  ensuite  d'après  l'Écriture  Sainte,  les  sen- 
tences des  anciens  docteurs,  et  aussi  les  ordonnances  des 
Tsars,  une  solution  satisfaisante  pour  chaque  difficulté. 


dubium  accident,  oportet,  ne  a  sacerdote  absconditum  velit  ;  sa- 
cerdos  itidem  ipse  anceps  baerens  benedictionem  impertire  non 
ausit,  nisi  ad  Episcopi  arbitrium  rem  detulerit.  Ipse  denique  Epi- 
scopus,  si  dubitationum  scrupulis  sibi  eximendis  non  fuerit,  spiri- 
tuale  Collegium  certius  faciet. 

Spiritualis  itaque  Collegii  est  peculiare  bisce  casibus  exquisite 
deliberandis  tempus  impendere,  et  solidum,  nimirum  sacrae  Scri- 
pturae  conforme,  nec  non  clarissimorum  antiquorum  Doctorumsen- 
tentiis  Regumque  statutis  consonum,  ad  omnes  id  genus  difficultates 
enodaodas  sufficiens  statuere  decretum. 

inclusivement.  —  L'Eglise  russe  admet  le  divorce  :  1°  pour  cas  d'adultère,  en  quoi 
elle  se  conforme  à  l'Eglise  grecque  de  Gonstantinople.  (Voir  la  discussion  soulevée 
sur  ce  point  au  Concile  de  Trente  en  Pallavicino(Card.):  Storia  ciel  Concilie  di  Trente, 
L.  XXII,  c.  iv,  n°  27  et  seq.)  2"  En  cas  de  disparition  de  l'un  des  conjoints,  si 
après  cinq  ans  on  ne  peut  plus  avoir  des  nouvelles.  3)  Quand  l'un  des  conjoints  est 
condamné  aune  peine  entraînant  avec  elle  la  perte  des  droits  civils  (mort  civile). 
—  Un  ukase  de  l'Empereur  Nicolas  éleva  l'âge  requis  pour  le  mariage  :  à  18  ans 
pour  les  garçons,  et  à  16  ans  pour  les  filles.  —  Les  prêtres  et  diacres  doivent  se 
marier  avant  leur  ordination.  S'ils  deviennent  veufs  et  qu'ils  veulent  contracter 
d'autres  noces,  on  ne  les  considère  plus  comme  appartenant  à  l'état  ecclésiastique  ; 
ils  en  perdent  tous  les  droits  et  ne  peuvent  plus  en  exercer  les  fonctions.  —  Des 
dispositions  spéciales  règlent  les  mariages  des  infidèles  entre  eux  et  avec  des 
Chrétiens,  (V.  Сводь  Зак.  Г.  X.  lre  part,  passim,  et  Уст.  Духовн.  Коисист.) 


204  DEUXIÈME  PARTIE.    —  AFFAIRES   SPECIALES. 

XII.  Quand  même  le  mariage  à  contracter  ne  paraîtrait  nulle- 
ment douteux,  il  ne  convient  pas  cependant  qu'il  soit  célébré 
dans  une  paroisse  étrangère,  où  ne  demeure  ni  le  fiancé  ni  la 
fiancée;  bien  moins  encore  dans  une  autre  Éparchie.  De  même? 
on  n'appellera  pas  pour  la  bénédiction  nuptiale  des  prêtres  étran- 
gers à  la  paroisse  ou  à  l'Éparchie  des  fiancés,  car,  outre  que  cela 
se  ferait  au  mépris  des  propres  Pasteurs  de  ceux-ci,  ce  serait 
aussi  un  indice  qui  ferait  soupçonner  les  fiancés  de  vouloir  con- 
tracter une  union  illégitime1. 

XII.  Licetsi  autem  matrimonio  ineundo  dubia  non  oecurrant, 
non  tamen  décorum  conveniensque  est,  ut  sacramentum  rite  pera- 
gatur  in  illa  Ecclesia,  cui  neuter  matrimonium  ineuntium  est  ad- 
dictus;  multo  minus  id  licebit  in  aliéna  dioecesi.  Necitidem  sacerdos 
ex  altéra  Ecclesia  ,  aut  ex  aliéna  dioecesi  ad  benedicendum  matri- 
monio est  arcessendus  ;  per  id  enim  praeterquam  quod  proprii 
Pastores  contemnantur,  ipsi,  qui  matrimonium  contrahant,  in  sus- 
picionem  illegitimi  tori  venire  creduntur  1. 

(1)  Nous  avons  fait  allusion  à  l'ingérence  des  Tsars  dans  les  causes  matrimo- 
niales. Personne  ne  s'étonnera  que  cette  ingérence,  directe  ou  indirecte,  ait  parfois 
dépassé  les  justes  limites  et  empiété  sur  ce  qui  est  du  domaine  exclusif  de 
l'Eglise.  On  n'a,  pour  s'en  convaincre,  qu'à  parcourir  les  ukases  se  rapportant 
au  mariage,  ceux  surtout,  qui  contiennent  des  décisions  et  des  dispenses  pour  les  cas 
particuliers.  (V.  le  Registre  alphabétique  de  la  Цолн.  Собр.  à  la  rubrique  «  Mariage» 
[Бракъ].)  Nous  nous  contenterons  de  signaler  la  dissolution  du  mariage  du  grand 
duc  Constantin,  frère  d'Alexandre  Ie1'  avec  la  grande  duchesse  Anne  Féodorovna, 
«  retenue,  pour  cause  de  santé,  à  l'étranger  et  loin  de  son  mari.  »  Nous  avons  cité 
ailleurs  in  extenso  le  Manifeste  impérial  qui  s'y  rapporte,  et  qui  est  en  date  du 
20  mars  1820.  (Поли.  Собр.  Зак..  Тот.  XXXVII.  [28208]. Voir  The  Pope  о f  Rome,  etc., 
pp.  61-62.)  Ici  nous  rapporterons  in  extenso  un  autre  ukase,  celui  par  lequel 
l'Empereur  Nicolas  éleva  l'âge  requis  pour  le  mariage.  Le  voici  : 

«  Dans  Notre  sollicitude  paternelle  pour  les  fidèles  sujets  que  Nous  a  confiés  la 
»  Providence  du  Très-Haut,  Nous  désirons  les  sauvegarder  contre  les  funestes 
»  suites,  résultant  des  mariages  contractés  avant  l'âge  parfait,  suites  que  personne 
»  n'ignore  et  qui  menacent  les  bonnes  mœurs.  Dans  ce  but,  Nous  avons  jugé  à 
«  propos  de  défendre  aux  prêtres  d'unir,  dorénavant,  en  mariage  des  garçons  ou  des 
»  filles  qui  n'aient  pas  atteint  les  premiers  i'àge  de  18  ans,  les  dernières  celui  de 
»  16  ans.  Le  très-saint  Synode  n'omettra  pas  de  prendre,  en  conséquence,  les  dis- 
»  positions  qui  dépendent  de  lui.  »  (Поли.  Собр.  Зак.  2e  série.  Tome  V.  (3807) 
19juill.  1830,  p.  740). 

Le  style  du  Tsar  Nicolas  nous  rappelle  celui  du  Pape  saint  Nicolas,  dans  les  lettres 
et  autres  actes  de  ce  dernier,    se  rapportant  à  la  condamnation  de  Photius. 


TROISIÈME    PARTIE. 


DEVOIRS,      MODE      d'aCTION      ET      POUVOIR 
DE     CEUX    QUI     GOUVERNENT. 

Il  est  temps  maintenant  de  parler  de  ceux  qui  gouvernent 
et  dont  se  compose  le  Collège  Ecclésiastique . 

I 

Il  suffît  que  le  nombre  des  personnes  chargées  du  gouverne- 
ment soit  de  douze.  Ce  seront  des  hommes  appartenant  à  des 
rangs  différents  :Évêques,  Archimandrites,  Hégouménes,  Proto- 
popes. Dans  le  nombre  il  y  aura  trois  Évèques  et,  des  autres 
rangs,  autant  qu'il  s'en  trouvera  de  dignes  l. 

PARS    TERTIA. 

DE       IPSORUM,       QUI      REGIMINI      ADMOVENTUR, 
OFFICIIS,     EXERCITIO     ET     EFFICACIA. 

Tempus  jam  instat,  ut.  de  Us  qui  regimine  utuntur,  ex  quibus  nempe 
spirituale  constat  Collegium,  verba  faciamus. 

I 

Ad  spiritualis  regiminis  corpus  componendum  duodecim  per- 
sonae  sufficiimt,  quae  quidem,  ut  diversi  sint  ordinis,  oportet. 
1;  Metropolitani,  Archiepiscopi  vel  Episcopi.  2;  Archimandritae. 
3;  Hegumeni.  4;  Protopresbyteri.  Quorum  très  ex  primo  ordine, 
reliqui  ex  aliis  ordinibus,  qui  digni  judicabuntur,  eligendi  sunt1. 

(1)  Nous  ne  saurions  dire  si  cette  disposition  du  «  Règlement  »  concernant  la 
proposition  du  Collège  ecclésiastique  a  jamais  été  suivie  dans  la  pratique.  Déjà 
dans  l'ukase  du  25  janvier  1721,  imprimé  en  tête  du  «  Règlement»  (V.  plus  haut 
p.  4),  le  nombre  des  membres  du  Synode  est  réduit  à  onze,  savoir  :  un  président, 
deux  vice-présidents,  quatre  conseillers  et  quatre  assesseurs.  Par  contre,  les 
«  membres  du  très-saint  Synode  qui,  en  cette  qualité,  paraissent  comme  signataires 
du  Supplément  au  «  Règlement  »  —  antérieurement  à  la  création  du  Procureur 
suprême  du  Synode,  —  sont  au  nombre  de  quinze  et  ce  sont  :  un  Métropolite,  quatre 
Archevêques,  quatre  Archimandrites,  deux  Hégouménes,  un  Hiéromoine,  deux  Proto- 
popes et  deux  autres  personnes   dont  le  rang  ecclésiastique  n'est  pas  mentionné. 

En  l'année  1730  (30  mai)  Prokopovitch  présenta  au  Synode  un  Mémoire  où, 
d'après  les  prescriptions  des  anciens  canons  au  sujet  des  Conciles,  il  établissait  la 
nécessité  d'augmenter  le  nombre  desÉvéques  membres  du  Synode,  eV«  cela  fut  admis 


206  TROISIÈME  PARTIE. 

II 

On  aura  soin  que  dans  cette  Assemblée,  il  n'y  ait  point  d'Ar- 
chimandrite ou  de  Protopope  qui  soit  sujet  d'un  Évêque   fai- 


II 

Cavendum  est,    ne    Archimandritae    et   Protopresbyteri    huic 
Collegio  intersint,  qui  Episcopo,  qui  ejusdem  Collegii  socius  audit, 

comme  une  règle  »(Philarète.  Hist.  de  l'Eglise  russe  [iCTopifl  русской  Цервки],ТснЕИ- 
nigoff,  1862.  Ve  part.  §  2,  p.  3).  Ce  Mémoire  est  encore  gardé  en  manuscrit. 
—  A  ,1a  même  occasion  Prokopovitch  en  présenta  un  autre  pour  que,  parmi  les 
membres  du  Synode,  il  y  en  eut  de  perpétuels.  (Mgr  Eugène.  Dictionnaire  historique 
des  écrivains  ecclésiastiques,  etc.  T.  II,  p.  319.)  —  En  1763,  Catherine  II  consentit, 
sur  l'avis  de  la  «  Commission  des  propriétés  ecclésiastiques  »  à  ce  que  le  Synode 
fût  composé  de  trois  Évèques,  de  deux  Archimandrites  et  d'un  Protopope  (Поли. 
Собр.  Зак.  T.  XLIV.  Книга  Штатовъ.  Отд-вл.  III.  (11942)  1er  oct.  1763.  pp.  21-22). 
Depuis  lors  sa  composition  subit  d'autres  modifications.  Voici  au  surplus,  ce  qu'on 
trouve,  à  ce  sujet,  dans  tous  les  Manuels  et  abrégés  modernes  des  lois  russes  : 

«  Le  Très-Saint  Synode  est  cette  Institution,  par  le  moyen  de  laquelle,  l'autorité 
»  autocratique  suprême  agit  dans  l'administration  des  affaires  de  la  confession  ortho- 
»  doxe.  Le  Synode,  soit  par  sa  nature  et  par  les  divers  genres  de  matières  soumises 
»  à  sa  juridiction,  soit  par  son  organisation  intérieure  est  par  rapport  aux  affaires 
»  ecclésiastiques  de  la  confession  orthodoxe,  ce  qu'est  le  Sénat  par  rapport  aux 
»  affaires  civiles. 

»  Le  Synode  doit  se  composer  de  plusieurs  Évèques,  Archimandrites  et  membres 
»  du  clergé  blanc.  L'un  des  Evèques  porte  le  titre  de  Premier  Membre  (Первенствующей 
»  Члевъ).  Ordinairement  ce  titre  est  déféré  au  Métropolite  de  Novgorod.  Tous  les  Évê- 
»  ques,  y  compris  le  Premier  Membre,  sont  désignés  pour  siéger  au  Synode  par 
»  l'autorité  souveraine  (le  Tsar);  ils  sont  divisés  en  membres  effectifs  (собственно 
»  Членовъ)  et  en  membres  assistants  (присутствующпхъ).  Les  premiers  siègent  dans  le 
»  Synode  constamment  et  gardent  le  titre  de  membres  du  Synode  jusqu'à  la  mort, 
»  même  dans  le  cas  où.  ils  cesseraient  d'assister  aux  séances  :  les  autres  sont  appe- 
»  lés  à  siéger  au  Synode  seulement  pour  un  temps  déterminé,  après  lequel  ils  s'en 
»  retournent  dans  leur  Éparchie.  Ceux  du  clergé  blanc  (séculier)  qui  siègent  ordi- 
»  nairement  au  Synode  sont  :  1°  le  confesseur  de  Sa  Majesté  l'Empereur;  2°  l'au- 
»  mônier  en  chef  de  l'armée  et  de  la  flotte.  L'un  et  l'autre  portent  le  titre  de 
»  membres  du  Synode,  mais  l'un  aussi  bien  que  l'autre  sont  honorés  de  ce  titre  et 
»  désignés  à  siéger  au  Synode  par  ordre  du  Souverain.  »V.  Alexandroff  (N.)  Recueil 
des  prescriptions  eccle'siaitico-civiles  concernant  le  clergé  orthodoxe  de  Russie. (Сборнякъ 
церковно-гражданскихъ  постановленШ  въ  Poccifi,  относящихся  до  лпцъ  православнаго 
духовенства).  Saint-Pétersbourg.  1860,  pp.  24-25.  —  Proskouriakoff  (Th.)  Guide  à  la 
connaissance  des  lois  civiles,  criminelles  et  de  police,  en  vigueur  dans  l'empire  de  Russie 
(Руководство  къ  познанйо  д'Ьйствующихъ  русскихъ  государстпеппыхъ  гражданских^, 
уголовныхъ  и  полицейских'!,  закоповъ).  Saint-Pétersbourg,  1856,  t.  I,  p.  54  etc.  etc. 


§    1.   DEVOIRS  DE  CEUX  QUI   GOUVERNENT.  207 

sant  lui-même  partie  de  cette  Assemblée.  C'est  que,  dans  ce  cas, 
l'Archimandrite  ou  le  Protopope  observerait  constamment  de 
quel  côté  incline  le  jugement  de  son  Évêque  et  y  inclinerait 
lui  aussi,  et  de  cette  manière  deux  ou  trois  personnes  ne  forme- 
raient plus  qu'un  seul  homme. 

Il  nous  reste  à  considérer  ce  que  le  Collège  Ecclésiastique  est 
tenu  de  faire;  de  quelle  manière  il  doit  agir  et  procéder  dans  les 
affaires  qui  lui  sont  présentées;  enfin  quel  est  son  pouvoir  pour 
les  décider.  C'est  ce  qu'indiquent  les  trois  points  mentionnés 
dans  le  titre  de  cette  partie  du  «  Règlement  »  à  savoir  :  les  de- 
voirs, le  mode  d'action  et  le  pouvoir  de  ceux  qui  gouvernent. 

On  va  dire  quelque  chose  de  chacun  de  ces  points  en  parti- 
culier. 

§  1. 

(devoirs   de  ceux  qui    gouvernent.) 
I.  Le  premier  et  presque  Tunique  devoir  de  ce  Gouvernement 
ecclésiastique  est  de  connaître  quelles  sont  les  obligations  de  tous 

sint  subordinati  ;  quoniam  hujusmodi  Archimandrita  vel  Proto- 
presbyter  legem  inconcussam  sibi  datam  existimabit  :  ut  easdem 
in  judicando  partes,  quibus  ipsius  Pontifex  favet,  tueatur  ;  proinde 
duae  vel  très  personae  in  unicum  quasi  hominem  coalescent. 

Caeterum  dispiciendum  est  in  quo  munus  spiritualis  Collegii 
consistât?  Quomodo  illud  et  qua  methodo  sit  obeundum?  Quanta 
vi  et  authoritate  ad  negotia  decidenda  Collegium  sit  instructum  ? 
Haec  tria  titulo  huic  parti  praemisso  comprebenduntur,  quae  sunt  : 
munia  seu  officia,  executio  seu  exercitium,  vis  seu   efficacia. 

De  unoquoque  separatim  nonnihil  est  dicendum. 

§  1- 

(munia  seu  officia.) 

I.  Primum  et  fere  unicum  hujusce  spiritualis  Collegii  munus  est 
noscere  munia,  ad  quae  ut  unusquisque  et  universi  omnino  Chris- 


208  TROISIEME   PARTIE. 

les  Chrétiens  en  général,  et  les  devoirs  particuliers  des  Évêques, 
des  prêtres  et  autres  ministres  de  l'Église,  des  moines,  des  pro- 
fesseurs, des  écoliers  et,  enfin,  des  personnes  laïques  dans  leurs 
rapports  avec  la  discipline  ecclésiastique.  C'est  dans  ce  but 
qu'on  a  ici  exposé  quelques-unes  des  obligations  propres  à  tous 
ces  états,  et  le  Collège  Ecclésiastique  sera  obligé  de  surveiller  si 
chacun  demeure  dans  sa  vocation,  et  de  corriger  et  punir  ceux 
qui  y  manquent1.  Ce  Gouvernement  a,  cependant,  des  devoirs  qui 
lui  sont  propres  et  que  nous  allons  ici  exposer. 

II.  On  doit  publier  et  faire  savoir  à  tous  les  Chrétiens  en 
général,  de  quelque  rang  qu'ils  soient,  que  si  quelqu'un  re- 
marquait quelque  chose  d'utile  pour  la  meilleure  direction  de 


tiani,  ita  peculiariter  Episcopi,  Presbyteri  cum  reliquo  clero,  Mo- 
nachi,  scholarum  ludimagistri  et  discipuli ,  nec  non  saeculares, 
quatenus  spirituali  disciplinae  sunt  obnoxii,  simt  adstricti.  Ideo 
quaedam  omnium  istorum  ordînum  munia  describuntur.  Spiritua- 
lis  igitur  Collegii  interest  observare  :  utrum  quilibet  suo  munere 
rite  fungatur  ?  alioquin  delinquentes  instituendi  sunt  etcastigandi1. 
Sunt  nibilominus  nonnulla,  ad  quae  praestanda  hocce  ipsum-Col- 
legium  obstringitur.  At,  quae  ea  sint,  bîc  in  médium  proferuntur. 
II.  Universis  et  singulis  cujusque  ordinis  et  conditionis  Christia- 
nis  divulgandum  est  :  posse  quemvis  déferre  spirituali  Synedrio  per 
literas  id,  quod  ad  meliorem  ecclesiastici  regiminis  profectum  con- 

(1)  C'est  pour  aider  le  Synode  à  exercer  cette  surveillance  que  Pierre  organisa 
aussi  pour  l'Eglise  ce  vaste  système  de  police  dont  nous  avons  parlé  plus  haut 
(p.  63,  note).  Les  Fiscaux  ou  Inquisiteurs  chargés  de  cette  besogne,  furent  divisés 
en  Inquisiteurs  locaux  et  Inquisiteurs  provinciaux  sous  la  direction  d'un  chef 
appelé  «  premier  Inquisiteur  »  ou  «  Fiscal  en  chef  »  (Цротопнквизпторъ  или  Главный 
Фискалъ).  Le  personnage  investi  le  premier  de  cette  charge  fut  l'Hieromoine  (prêtre) 
Pafnuce,  supérieur  du  monastère  de  Daniel  à  Moscou.  Nous  avons  sous  les  yeux 
l'Instruction  qui  lui  fut  adressée  par  le  Synode  à  la  fin  de  1721.  On  s'y  rapporte  à 
l'Instruction  déjà  donnée  par  le  Tsar  aux  Fiscaux  civils  (Поли.  Собр.  Зак.  [2786] 
17  mars  1714)  comme  devant  servir  aussi  pour  les  Fiscaux  ecclésiastiques;  puis  on 
ajoute  les  points  qui  concernent  plus  particulièrement  ces  derniers.  Nous  en  ex- 
trayons les  deux  articles  suivants  : 

«  On  examinera  aussi  attentivement  si  les  Évêques  se  conduisent  en  tout  con- 
»  formément  aux  canons,  au  «   Règlement   ecclésiastique  »  et     aux  ukases    des 


§  1.  DEVOIRS  DE  CEUX  QUI  GOUVERNENT.        209 

l'Église,  il  pourra  en  donner  communication,  par  lettre,  au 
Collège  Ecclésiastique,  de  même  que  chacun  peut  déférer  au 
Sénat  ce  qui  concerne  les  légitimes  intérêts  de  l'État.  Le  Collège 
Ecclésiastique  décidera  si  le  conseil  est  utile  ou  inutile;  s'il  est 
utile  il  l'acceptera,  s'il  est  inutile  il  n'en  tiendra  pas  compte. 

III.  Si  quelqu'un  compose  un  ouvrage  sur  n'importe  quelle 
sujet  théologique,  il  ne  pourra  le  faire  imprimer  avant  de 
l'avoir  présenté  au  Collège,  et  le  Collège  sera  obligé  d'exa- 
miner s'il  ne  renferme  aucune  erreur  contraire  à  la  doctrine 
orthodoxe  l. 


ducat;  non  secus  atque  cuique  licet  déferre  senatui  de  augendis 
regni  commodis.  Spirituale  vero  Collegium,  spectata  cousilii  utili- 
tate  vel  inutilitate,  utile  quidem  ampleetetur,  posthabito  minus 
utili. 

III.  Opus  aliquod  theologici  argument!  a  quocunque  composi- 
tum,  priusquam  Collegio  oblatum  fuerit,  sub  typographica  prela 
non  mittetur.  Collegii  vero  erit  dispicere  :  nonne  illud  scriptum 
erronea  quadam  opinione  orthodoxae  doctrinae  contraria,  sit  in- 
fectum  f  ? 


«  Sa  Majesté  Impériale  et  les"  arrêtés  et  dispositions  du  très-saint  Synode  qui 
«  confirment  et  complètent  le  «  Règlement  ».  Si  l'on  découvre  quelque  chose  de 
«  contraire  on  le  dénoncera  dans  la  forme  prescrite. 

«  On  surveillera  avec  un  soin  scrupuleux  (ouacuo)  si  les  Évêques  rendent  au 
«  très  saint  Synode  Dirigeant  l'honneur  qui  lui  est  dû,  s'ils  en  font  mention  (dans 
<i  la  liturgie)  de  la  manière  requise,  et  s'ils  ordonnent  qu'on  fasse  autant  dans  leurs 
«  Eparehies;  s'ils  enjoignent  qu'on  reconnaisse  au  très  saint  Synode  l'autorité  et  le 
«  pouvoir  que  lui  a  conférés  Sa  Majesté  Impériale  ;  s'ils  se  montrent  soumis  au  gouver- 
«  nement  du  Synode,  et  s'ils  ne  témoignent  en  quoi  que  ce  soit  du  mépris  et  de 
«  l'indocilité  à  son  égard,  auquel  cas  ils  feront  leur  dénonciation  sans  délai 
(Пола.  Собр.  Зак.  tome  VI,  à  la  fin  des  lois  de  1721  (3870),  p.  470,  n°*  2  et  3). 

On  trouverait  difficilement  une  preuve  plus  convaincante  du  peu  de  confiance  que 
le  Synode  lui-même  avait  dans  la  légitimité  de  son  pouvoir. 

(1)  La  révision  des  livres  écrits  par  des  orthodoxes  et  se  rapportant  à  des  matiè- 
res religieuses,  ou  bien  destinés  aux  écoles  ecclésiastiques,  est  actuellement  confiée, 
en  Russie,  à  quatre  comités  spéciaux  appelés  :  Comités  de  la  censure  ecclésiastique 
Духовные  Цензурные  Комитет)  etattachésà  chacune  des  quatre  Académies  ecclésias- 
tiquesde Saint  Petersbuurg.de  Moscou,deKieff  et  deKazan.  (Voir  plus  haut,  p.  147  note. 

14 


210  TROISIEME  PARTIE. 

IV.  Si  l'on  découvre  quelque  part  un  corps  préservé  de  toute 
corruption,  ou  s'il  se  répand  le  bruit  de  quelque  vision  ou  mi- 
racle, le  Collège  sera  obligé  d'examiner  la  vérité  du  fait,  citant 


IV.  Sicubi  mortui  hominis  corpus  a  corruptione  integrum  appa- 
rueritj  vel  rumor  increbuerit  de  alicujus  hominis  visione,  vel  de 
miraculo  :  Collegium  débet  illos  rumoris   divulgatores,    aliosque 

Le  Comité  attaché  à  cette  dernière  Académie  ne  peut  cependant  approuver  que  des 
écrits  de  peu  de  portée,  tels  que  programmes,  courtes  dissertations,  sermons,  etc. 
Les  Comités  transmettent  leur  appréciation  au  Synode,  et  en  attendent  l'assenti- 
ment avant  d'autoriser  l'impression.  Le  Synode  peut  aussi  autoriser  des  publications 
directement.  (Voir  Сводъ  Зак.  T.  XIV,  Уставь  Цеизуриый  (Statut  de  la  Censure)  art.  184 
et  seq.  217  et  seq.) 

Jusqu'à  ces  dernières  années,  la  sévérité  exercée  par  la  censure,  soit  ecclésiastique 
soit  civile,  sur  les  ouvrages  imprimés  en  Russie  ou  y  pénétrant  de  l'étranger,  était 
presque  proverbiale,'  mais  nous  devons  aussi  constater  que  le  but  principal,  sinon 
unique,  de  cette  sévérité  était  d'assurer  aux  Tsars  le  tranquille  exercice  de  leur  auto- 
cratie. Tandis  qu'une  seule  expression  contre  le  Souverain  suffisait  à  faire  interdire 
un  ouvrage,  et  même  à  créer  de  grands  embarras  à  l'imprudent  écrivain,  les  doctrines 
protestantes  et  même  irréligieuses  trouvaient  en  Russie  un  accès  plus  que  facile. 
(Voir  plus  haut  les  notes  aux  pp.  20,  47,  51-54,  85,94,  102,  115,  120,  137.)  Par  une 
nécessité  logique  que  l'on  comprend  aisément,  toute  aspiration  vers  le  catholicisme, 
était  également  traitée  avec  une  extrême  sévérité.  La  publication  d'une  lettre  de 
Pierre  Tchadaïeff  où  perçait  l'impression  produite  sur  lui  parle  catholicisme,  valut 
au  rédacteur  du  Télescope  de  Moscou  la  suppression  de  la  Revue  et  l'exil  sur  les 
confins  de  la  Mer  Blanche.  Quant  à  Tchadaïeft  un  .décret  du  Tsar  Nicolas  déclara 
qu'il  était  fou  et  ordonna  qu'il  fut  traité  en  conséquence.  (1836)  C'est  pendan 
ce  traitement  que  Tchadaïeff  publia  son  Apologie  d'un  fou,  (Voir  la  brochure  Tendant 
ces  catholiques  dans  la  société  russe,  par  leP.Gagarin,  et  les  Œuvres  choisies  de  Pierre 
Tchadaieff  (Paris,  Fran:k,  1862)  publiées  par  le  même. 

De  nos  jours  une  liberté,  même  très-grande,  a  été  laissée  à  la  presse  russe  pour 
signaler  les  abus  existant  dans  l'administration  de  l'Etat.  Elle  a  même  pu  attaquer 
impunément,  sous  une  forme  plus  ou  moins  ouverte,  les  principes  sur  lesquels  repose 
le  christianisme  et  l'ordre  social;  mais  c'est  à  peine  si  elle  a  pu  glisser  quelques  mots 
sur  le  plus  criant  de  tous  les  abus,  l'Eglise  russe  telle  que  l'ont  faite   les  Tsars. 

Quant  au  clergé  catholique  résidant  dans  l'Empire,  seul  de  tous  les  clergés  des 
confessions  étrangères  il  fut  honoré,  dans  le  Code  russe,  de  la  note  que  voici  : 
«  Il  est  strictement  interdit  aux  membres  du  clergé  catholique  de  toucher  dans 
«  les  instructions  fa'.tes  dans  les  églises,  ou  généralement  en  public,  à  des  sujets 
«  politiques.  Il  lui  est  aussi  strictement  interdit  de  publier  des  ouvrages  sur  des  ma- 
lt tières  politiques,  surtout  sur  des  sujets  se  rapportant  à  l'administration  intérieure 
«  de  l'État.»  (Со.  Зак.,  Уст.  духовны хъ  Д'Ьлъ  ппострапиыхъ  исповь-данш  Statuts  des 
affaires  ecclésiastiques  des  confessions  étrangères)  art.  54.  note,  p.  14. 


§    1.    DEVOIRS   DE   CEUX  QUI  GOUVERNENT.  211 

devant  lui  ceux  qui  l'ont  divulgué  et  les  autres  personnes  qui 
peuvent  eu  rendre  témoignage,  et  les  soumettant  à  un  inter- 
rogatoire \ 

V.  Si  quelqu'un  est  accusé  d'être  Rascolnique  ou  inventeur  de 
quelque  nouvelle  doctrine,  l'affaire  sera  jugée  par  le  Collège 
Ecclésiastique. 

VI.  11  se  présente  quelquefois  des  cas  de  conscience  dou- 
teux, par  exemple  :  que  doit-on  faire  lorsque  quelqu'un  ayant 
volé  le  bien  d'autrui  désire  en  faire  la  restitution  ,  mais 
sans  pouvoir  l'exécuter,  soit  par  honte,  soit  par  crainte,  soit 
parce  que  la  personne  volée  par  lui  n'existe  plus?  Et  comment  se 


testimonium  praebituros,  citare  et  inquirere  :  Unde  possit  veritas 
indagari  1. 

V.  Calnmnia,  si  quis  alterum  vocaverit  schismaticum,  aut  novae 
L-ujusdam  sectae  coryphaeum,  in  spirituali  Collegio  est  judicanda 
ae  decidenda. 

VI.  Non  desunt  quidam  conscientiae  casus,  v.  g.  quid  est  facien- 
dum  ?  si  quis  rem  alienam  furto  ablatam,  cupiat  restituere,  non' 
tamen  potesl,  quia  pudor   vel  metus  obstat;  vel  quia  rei  ablatae 
posscssor  vivis  est  eieptus?  Quid  itidem  ille  facturus  est?  qui  post- 
quam  ab  infidelibus  cap ti vus  retentus  fuisse t,  cupidus  vero  liber- 

(1)  Signalons,  avec  éloge,  cette  prescription  touchant  les  miracles,  sans  nous 
occuper  de  savoir  si  Ton  s'y  est  toujours  conformé  dans  la  pratique,  et  sans 
citer  un  ukase  que  nous  avons  sous  les  yeux,  où  les  miracles  sont  traités  assez 
cavalièrement.  C'est  une  grave  imprudence  que  d'admettre  légèrement  et  sans 
examen  tout  récit  miraculeux  ;  mais  c'est  aussi  une  marque  d'un  esprit  superficiel 
et  fort  peu  philosophique,  que  de  rejeter  à  priori  tous  les  miracles  Si  Dieu  es 
l'auteur  des  lois  de  la  nature,  Dieu  peut  bien  les  modifier  à  son  gré  ;  c'est  là  unet 
vérité  élémentaire  que  nul  ne  songera  à  contester.  Or  ce  Dieu  de  qui  dépendent 
les  lois  de  la  nature,  s'annonçait  lui-même,  dans  l'ancienne  loi,  Cumme  un  Dieu 
a  qui  aime  les  âmes.  Domine  qui  amas  animai  >•  (Sap.  xi  '27).  Cet  amour  n'a,  certes, 
pas  diminué  depuis  que  l'humanité  possède  Jésus-Christ  ;  en  fait  Jésus-Christ  nous 
ordonne  d'appeler  Dieu  du  doux  nom  de  Père.  Si  cela  est,  pourquoi  les  lois 
physiques  de  l'univers  auront-elles  plus  de  prix  aux  yeux  du  Créateur  que  le  bien 
de  ses  créatures  raisonnables?  En  dérogeant  à  ces  lois,  pour  consoler  les  créatu- 
res qui  l'invoquent  et  qui  l'aiment,  pour  amener  les  àni"s  à  la  foi  ou  pour  les 
y  affermir,  Dieu  ne  fait,  après  tout,  que   se  montrer  notre  Pêue  qui  est  aux  CieuN. 


212  TROISIEME    PARTIE. 

conduire  à  l'égard  de  celui  qui,  étant  prisonnier  chez  des  païens, 
a  embrassé,  pour  recouvrer  sa  liberté,  leur  croyance  impie  et 
revient  ensuite  à  la  foi  chrétienne  ?  Ces  cas  douteux,  et  autres 
semblables,  seront  déférés  au  Collège  Ecclésiastique  qui  les 
examinera  avec  maturité  et  portera  sa  sentence. 

VII.  Pour  ce  qui  concerne  ceux  que  l'on  élève  à  l'Épiscopat,  le 
Collège  devra  examiner  s'ils  ne  sont  point  superstitieux??/  bigots  l, 
ni  simoniaques  ;  en  quel  pays  et  de  quelle  manière  ils  ont  vécu. 


tatis  recuperandae,  eorum  impietati  aclliaesisset  ;  deinceps  ad 
christianam.  redeat  religionem  ?  haec  aliaque  dubia  ad  spirituale 
Collegium  sunt  deferenda,  ab  eoque  deliberanda  sunt  et  sol- 
venda. 

VII.  Ad  Praesulis  dignitatem  promovendos  evehendosque  spiri- 
tuale Collegium  primum  explorabit  :  Nonne  laborent  supersti- 
tione?  nonne  sint  impostores1  ?  nonne  impiae  ex  Cbristo  nundina- 
tioni  obnoxii?  Ubinam  et  quomodo   vixerunt?    si  itidem  opibus 


(l)Dans  l'oraison  funèbre  de  Pierre  le  Grand,  prononcée  le  jour  de  la  fête  de 
Saint-Pierre  1725,  Prokopovitch  nVpas  manqué  de  rappeler  une  séance  du  Synode 
où  il  s'agissait  de  nommer  des  Evêques  et  à  laquelle  assistait  le  Tsar.  «  Puisqu'il 
«  est  impossible,  aurait  dit  Pierre,  de  trouver  des  hommes  ayant  les  qualités 
«  requises  pour  cette  dignité,  qu'on  en  choisisse,  au  moins,  qui  ne  soient  ni 
«  imposteurs  ni  bigots.  »  (Lacrymœ  Roxolanœ,  seu  de  obiiu  Pietri  Magni,  etc.  Pievaliaî, 
1726.  —  Consett.  Op.  cit.  p.  318). 

о  Oh  !  oracle  rempli  de  sagesse,  continue  Prokopovitch  après  avoir  rapporté  ces 
«  paroles.  En  fait  un  Chrétien  d'une  probité  sincère  est  guidé  par  l'Esprit-Saint 
«  et,  puisque  Dieu  est  son  maître,  il  peut  bien  apprendre  à  instruire  son  peuple 
«  tout  en  n'étant  pas  lui-même   homme  de  grand  savoir.  »  (76.,  ib  ) 

Certes,  il  y  a  dans  ces  paroles  beaucoup  de  vrai  ;  l'histoire  de  l'Église  nous  en 
offre  des  preuves  nombreuses  depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours  :  le  saint  curé 
d'Àrs  (y  18;>9)  en  est  une.  Mais  quelle  signification  avaient-ils,  dans  la  bouche 
de  Pierre  et  de  Prokopovitch,  les  mots  d'imposture  et  de  bigoterie?  (Voir  plus 
haut  la  note  aux  pp.  164-165  et  passim.) 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  comparer  ce  passage,  où  Proko]oovitch  devient 
mystique  au  point  de  friser  l'illuminisme,  avec  le  préambule  du  gA  de  la  2e  partie 
du  «  Règlement,  »  où  tout  ce  qu'il  y  a  eu  de  mal  dans  l'Eglise,  même  primitive,  est 
attribué  à  l'ignorance.  (Voir  Des  établissements  d'instruction,]).  104  et  seq.) 


§    1.    DEVOIRS   DE   CEUX   QUI   GOUVERNENT.  213 

Et  si  quelqu'un  d'entre  eux  est  riche,  on  exigera   de   lui  qu'il 
prouve  par  quels  moyens  il  a  acquis  ses  richesses. 

VIII.  Si  quelqu'un  n'est  pas  satisfait  des  décisions  de  son 
Évêque,  il  en  appellera  au  Collège  Ecclésiastique.  Voici,  du  reste, 
quelles  sont,  momentanément,  les  matières  du  ressort  du  Col- 
lège :  les  mariages  douteux,  les  causes  do  divorce,  les  injures 
faites  par  un  Évêque  à  son  clergé,  à  un  monastère  ou  à  un  autre 
Évêque  ;  en  un  mot  toutes  les  causes  qui  appartenaient  autrefois 
à  la  juridiction  du  Patriarche  '. 

IX.  Le  Collège  Ecclésiastique  devra  examiner  par  qui  et  com- 
ment sont  administrées  les  terres  de  l'Église,  et  aussi  à  quels 
usages  sont  employés  les  blés  et  revenus  en  argent,  s'il  s'en 
trouve  2.  Si  quelqu'un  s'appropriait  frauduleusement  les  biens 


abundent,    quaerendum    est  :  unde  divitias    compara verint?   et 
quaeslio  testimonio  est  expedienda. 

VIII.  Si  quis  judicio  Episcopi  pulet  sibi  non  satisfieri  :  ad  spiri- 
tualis  Collegii  judicium  provocabit.  Causae  in  hoc  judicio  deciden- 
dae  sunt  nominatim  sequentes  :  Matrimonia  dnbiis  intricata,  di- 
vortiorum  causae".  injuriae  clero  vel  monasterio  a  suo  Episcopo 
illata,  injuria,  qua  Episcopus  Episcopum  afficeret;  ut  paucis  omnia 
complectamur  :  Omnes  illae  causae,  quae  sub  Patriarcharum  cen- 
suram  cadebant  '. 

IX.  Ad  spirituale  Collegium  spectat  dispicere  :  Quis  et  qua  ra- 
tione  agros  Ecclesiae  possideat?  Quorsura,  et  quibus  necessitalibus 
frumentum  aliaeque  obventiones  %  si  quae  sunt,  pecuniariae  im~ 

(1)  Les  exactes  limites  de  la  juridiction  du  Synode  furent  fixées,  un  peu  plus 
tard,  par  divers  décrets  de  Pierre.  Nous  y  reviendrons . 

(2)  Le  Synode  exerce,  au  moyen  des  Consistoires  ecclésiastiques,  le  plus  sévère 
contrôle  sur  tout  ce  qui  concerne  l'administration  des  propriétés  soit  des  Églises  soit 
des  monastères.  Des  rapports  spéciaux  lui  sont  envoyés  à  ce  sujet,  et  il  n'est  pas 
jusqu'au  montant  des  sommes  recueillies  chaque  année  dans  les  églises  qui  ne 
doive  être  déclaré  au  Synode.  Un  rapport  spécial  est  aussi  envoyé  au  Synode,  trois 
fois  par  an,  sur  les  donation?  faites  ait  clergé  et  aux  églises  et  dépassant  la 
valeur  de  cent  roubles. 


214  TROISIEME  PARTIE. 

de  l'Église,  le  Collège  Ecclésiastique  devra  procéder  conlre  lui 
et  le  contraindre  à  restitution. 

X.  Depuis  l'Évêque  jusqu'au  dernier  desservant  d'Église, 
lorsque  quelqu'un  aura  été  offensé  par  quelque  seigneur  puis- 
sant, ce  n'est  pas  au  Collège  Ecclésiastique  mais  à  celui  delà 
Justice  ou,  en  dernier  ressort,  au  Sénat  qu'il  doit  s'adresser  pour 
obtenir  satisfaction.  Toutefois  l'offensé  exposera  aussi  son  grief 
au  Collège  Ecclésiastique,  et  le  Président  avec  tout  le  Collège 
venant  en  aide  à  leur  frère  offensé,  enverront  en  leur  nom  des 
personne?  honorables  pour  solliciter  une  prompte  justice,  auprès 
des  autorités  compétentes. 

XI.  Si  les  testaments  ou  dernières  dispositions  des  personnes 
illustres  offrent  quelques  difficultés,  on  les  soumettra  au  Collège 
Ecclésiastique  et  à  celui  de  la  Justice,  et  ces  deux  Collèges 
examineront  l'affaire  et  porteront  leur  décision1. 


pendantur?  si  denique  quis  berna  ecclesiastica  furetur,  spirituate 
Collegium  instare  ab  eoque  sacrilego  illud,  quod  sunipuerat,  re- 
petere,  noverit  suarum  esse  partium. 

X.  Episcopus  vel  inferioris  ordinis  Ecdesiae  minister  ab  aliquo 
potente  Nobili  oppressus,  quanqaam  non  in  spirituali  Collegio,  sed 
in  Justitiae  Collegio,  aut  in  casu  interversae  aequitatis,  in  Senatu 
expostulare  jubetur.  Consentaneum  tamen  est,  tam  oppresso,  ut  de 
sua  injuria  certius  faciat  spiriluale  Collegium,  quam  spirituali 
Collegio,  ut  Praeses  imo  totum  Collegium  fratri  suo  injuria  affecto 
subventuri  mittant  a  sua  parte  viros  honestos,  qui  judices  illud 
negotium  tractantes  moneant,  ut  citius  causam  discutiant. 

Xï.  Si  testamentum,  id  est,  uliima  moriturorum  magni  nominis 
hominum  voluntas,  dubiis  laborare  videatur,  spirituali  Collegio 
et  Justitiae  Collegio  est  exhibendum.  Utriusque  porro  Collegii  in 
propositam  causam  intenti,  communis  dfeisiva  sententia  expediet 
riegotium  !. 

(I)  Remarquons  qu'il  n'est  ici  question  que  des  seuls  testaments  des  personnes 
illustres.  —  Tout  lecteur  attentif  et  qui  se  rend  compte  du  temps  exigé  par  le  manie- 


§  1.  DEVOIRS  DE  CEUX  QUI  GOUVERNENT.        215 

XIF.  Le  Collège  Ecclésiastique  devra  rédiger  une  Instruction 
sur  la  manière  de  faire  l'aumône,  car  nous  péchons  beaucoup 
en  cela.  Un  bon  nombre  d'hommes,  en  parfaite  santé,  s'adonnent 
par  paresse  à  la  profession  de  mendiant,  et  parcourent  le  pays 
sans  vergogne  ;  d'autres,  moyennant  des  présents  faits  aux 
Starostes  1  se  fixent  dans  les  hospices;  ce  qui  est  contraire  à 
l'ordre  de  Dieu  et  cause  du  préjudice  à  toute  la  patrie.  Dieu 
nous  ordonne  de  manger  notre  pain  a  la  sueur  de  notre  front 
(Gen.,  ni,  9),  c'est-à-dire  en  nous  occupant  d'industries  légitimes 
et  de  différents  travaux,  et  de  travailler  à  quelque  chose  hon- 
nête non-seulement  pour  notre  propre  sustentation,  mais  encore 
«  afin  d'avoir  de  quoi  donner  aux  pauvres  »  (Eph.,  îv,  28).  Dieu 
ordonne  aussi  que  «  celui  qui  ne  veut  point  travailler  ne  mange 


XII.  Quantum  attinet  ad  distribuendam  eleemosynam,  eu  m  in 
hoc  casu  multum  omnes  peccemus,  admonitione  aliqua  opus  est. 
Multi  enim  eircumventores  integrae  sanitatis,  otio  marcentes  au- 
dent  mendicare  stipemque  impudiee  colligunt.  Non  desunt  etiam, 
qui  se  in  nosocomia  intrudant,  et  quidem  numerata  pecunia  noso- 
comii  praefectum  '  corrumpentes  ;  quod  non  minus  Deo  displicet, 
quam  nocet  patriae.  Deus  nobis  praecipit,  ut  «  in  siîdore  vultus  nostin 
panem,  justo  scilicet  varioque  labore  comparatum,  comedamus.  » 
(Gen.,  in,  19),utque  bonum  operemur,  non  tantum  ut  nobismetipsis 
nut  rien  dis  provideamus  ;  s?d  etiam  «  ut  habeamus,  quid  egenis,  id 
est,  pauperilms,  largiamur  »   (Eph.,  iy,  28).  Cibum   etiam  homini 

ment  des  affaires  se  sera  déjà  demandé  comment  le  Synode  peut  s'acquitter  d'une 
manière  consciencieuse  de  toutes  les  obligations  que  le  «  Règlement  »  lui  impose. 
Or,  depuis  Pierre  le  Grand,  le  nombre  de  ses  attributions  n'a  fait  qu'augmenter. 
«  Si  l'on  calcule,  dit  un  écrivain  fort  compétent  dans  la  question,  le  nombre  des 
«  affaires  soumises  chaque  année  à  la  décision  du  Synode  et  le  nombre  d'heures 
«  qu'il  est  en  séance,  on  arrive  à  cette  conclusion,  qu'il  ne  peut  donner  en  moyenne 
;<  plus  de  cinq  minutes  à  chaque  affaire....  »  (P.  Gagartn.  Le  Clergé  russe,  p.  243.) 

(1)  Staroste  староста  de  старый  vieux,  ancien)  est  le  titre  donné  aux  Inspec- 
teurs des  hospices.  Ce  mot  signifie  aussi  bailli  d'un  village  et  chef  d'une  starostie 
(propriété  en  Pologne). 


216  TROISIÈME  PARTIE. 

point  '»  (II  Thess.,  ni,  10),  d'où  il  s'ensuit  que  les  mendiants  en 
bonne  santé  et  paresseux  sont  ennemis  de  Dieu. 

Celui  donc  qui  les  assiste,  se  faisant  leur  auxiliaire,  participe 
à  leur  péché,  et  tout  ce  qu'il  dépense  en  cette  vaine  aumône 
est  perdu  pour  lui,  et  ne  profite  en  rien  à  son  âme 2.  Outre  cela, 
comme  nous  l'avons  dit,  il  résulte  de  cette  fausse  miséricorde, 
un  dommage  considérable  pour  la  patrie,  car  c'est  de  là  surtout 


«  labores  subierfugienti  *  »  abjudicat  Apostolus  (II  Thess.,  ш,   10). 
Mendici  idcirco  robusli  simulque  desides  Deo  sunt  exosi. 

Proinde  qui  in  eos  stipem  erogat,  sicut  vitae  eorum  nequiter 
agendae  adjutor,  ita  peccati  quoque  eorum  fit  complex.  Quidquid 
igitur  impenditur  maie  collocatae  ejusmodi  eleemosynae,  frustra 
abit,  nec  ullam  spiritualem  adfert  utilitatem8.  Praeterea  haec  im- 
prudenter  effusa  liberalitas,  magnum  patriae,  uti  diximus,  infert 
incommodum.  Inprimis  penuriam  et  frumenti  caritatem.  Perpen- 

(1)  Voici  les  passages  de  l'Ecriture  indiqués  dans  le  texte  :  «  Tu  mangeras  ton 
«  pain  à  la  sueur  de  ton  front,  jusqu'à  ce  que  tu  retournes  dans  la  terre  d'où  tu 
«  as  été  tiré,  car  tu  es  poussière  et  ta  retourneras  en  poussière.  r>[In  sudore  vultus 
tut  vesceris  pane  donec  revertaris  in  terrain  de  qua  sumplus  es  :  quia  pulvis  es  et  in 
pulverem  reverteris.)    Gen.  m.   19. 

«  Que  celui'qui  dérobait  ne  dérobe  plus;  mais  qu'il  s'occupe,  en  travaillant  des 
«  mains,  à  quelque  ouvrage  bon  et  utile,  pour  avoir  de  quoi  donner  à  ceux  qui  sont 
«  dans  l'indigence.  (Qui  furabatur  jam  non  furetur  ;  magis  autem  laboret,  opérande 
manibus  suis  quod  bonumest,  ut  habeat  unde  tribuat  nécessitaient  patienli.)    Eph.iV,  28. 

«  Aussi,  lorsque  nous  étions  avec  vous,  nous  vous  déclarions  que  celui  qui  ne 
«  veut. point  travailler  ne  doit  point  manger.  »(Nam  et  cum  essemus  apud  vos,  hoc 
denuntiabamus  vobis ;  quoniam  si  quis  non  vult  operari  nec  manducet.)  II  Thess.  ni.  10. 

(2)  Nous  n'aurons  garde  de  nous  étendre  en  commentaires  sur  la  façon  dont  on 
parle  dans  cet  article  des  mendiants,  ni  sur  cette  étrange  morale  qui  change,  si 
décidément,  en  péché  et  en  coopération  au  crime  une  aumône  irréfléchie.  Nous 
signalerons  plutôt  comme  très  digne  de  l'attentiondu  lecteur,  un  livre  où  la  question 
de  la  mendicité  est  traitée  à  fond  et  dont  l'auteur  trouva  des  admirateurs  même 
en  Russie  ;  c'est  l'ouvrage  de  M.  Charles  Périn,  l'illustre  professeur  de  droit  public 
et  d'économie  politique  à  l'Université  de  Louvain  :  De  la  richesse  dans  les  sociétés 
chrétiennes.  Paris,  Lecoffre.  1808.  On  le  consultera  avec  d'autant  plus  de  confiance 
sur  la  mendicité,  que  l'auteur,  parlant  de  la  charité,  exige  ce  qu'elle  se  tienne  dans 
une  sage  réserve,  également  éloignée  d'une  rigueur  excessive  et  d'une  trop 
grande  indulgence,  »  et  «  que  le  pauvre  corresponde  par  ses  dispositions  morales 
à  la  charité  du  riche.  »  Pékin,  Op.  cit.  t.  II,  p.  272-27:!. 


§  1.  DEVOIRS  DE  CEUX  QUI  GOUVERNENT.        217 

que  provient  la  disette  et  la  cherté  des  blés.  Que  tout  homme 
raisonnable  considère  combien  de  milliers  de  ces  mendiants 
paresseux  il  y  a  en  Russie  ;  voilà  autant  de  milliers  d'hommes 
frustrant  le  pays  d'une  grande  quantité  de  blé,  que  leur  travail 
pourrait  produire.  Avec  cela,  par  leur  effronterie  et  leur  humilité 
hypocrite,  ils  dévorent  les  travaux  des  autres,  d'où  il  suit  qu'une 
grande  quantité  de  blé  va  se  perdre  sans  profit.  —  On  saisira 
partout  ces  mendiants  et  on  les  emploiera  aux  travaux  publics. 

De  tels  gens  causent,  en  outre,  un  grand  préjudice  aux  vrais 
pauvres,  car  tout  ce  qu'on  leur  donne  est  autant  d'enlevé  aux 
véritables  indigents.  De  plus,  ces  filous,  parce  qu'ils  jouissent 
d'une  bonne  santé,  accourent  vite  où  se  fait  l'aumône,  tandis  que 
les  indigents  infirmes  restent  en  arrière,  ou  gisent  presque  à 
moitié  morts  dans  les  rues,  consumés  par  la  maladie  et  par  la 
faim.  Il  y  en  a  aussi  d'autres  qui  manquent  du  pain  quotidien  et 
qui  ont  honte  de  mendier.  Tout  homme  ayant  vraiment  des 
entrailles  de  miséricorde,  ne  pourra  s'empêcher,  en  réfléchissant 


dat  quilibet  prudens,  quotquot  millia  in  Uossia  ejusmodi  pigrorum 
sunt  mendieorum,  totidem  millia  hominum  esse,  qui  subterfugiant 
agiiculturam,  atque  adeo  eos  ad  rem  frumentariam  augendam 
non  facere.  Cum  tamen  illi  e  contrario  cum  effronté  protervia  si- 
mulque  cum  pravae  animi  contritione  alienos  labores  dévorent  ; 
magna  igitur  frumenti  copia  ideirco  frustra  périt.  Oportet,  ut 
ejusmodi  rapti,  ad  publicos  damnentur  labores. 

Hi  itidem  mendici,  in  mendicos  proprie  dictos  sunt  injuriosi. 
Quantum  enim  illis  tribuitur,  tantumdem  inopibus,  qui  jure  merito 
inopes  appellantur,  detrabitur.  Cum  itidem  pauperes  infirmi  vix 
loco  moveantur;  nonnulli  vero  eorum  fere  semimortui  in  plateis 
projecti,  praeterquam  quod  morbo  distorqueantur,  famé  conta- 
bescant;  quin  imo  non  desunt  ejusmodi,  qui  quotidiani  panis 
indigi,  pudore,  quo  minus  ostiatim  vocem  emittant,  vel  manum 
extendant,  suffundantur  :  Verberones  illi  firma  fruentes  valetu- 
dine  expedito  cursu  in  eleemosynam  eripiendam  advolant.  His  per- 


218  TROISIÈME  PARTIE. 

à  tout  cela,  de  souhaiter  qu'on  apporte  à  ce  désordre  un  remède 
salutaire.  Mais  il  y  a  encore  plus:  ces  effrontés  paresseux  com- 
posent certaines  chansons  insensées  et  dangereuses  pour  les 
âmes,  et  les  chantent  devant  le  peuple  avec  des  gémissements 
simulés,  rendant  ainsi  encore  plus  idiots  les  simples  ignorants  ; 
et  pour  ce  fait  ils  reçoivent  une  rémunération. 

Et  qui  pourrait  énumérer  brièvement  tous  les  maux  dont  de 
pareils  fainéants  sont  la  cause?  Sur  les  chemins,  quand  ils  trouvent 
l'occasion  opportune,  ils  dévalisent  les  passants;  ils  sont  incen- 
diaires, ils  servent  d'espions  aux  révoltés  et  aux  traîtres,  ils 
calomnient  les  hautes  autorités,  ils  dénigrent  affreusement 
l'autorité  souveraine  elle-même  et  excitent  le  simple  peuple  au 
mépris  d'is  autorités.  Quant  à  eux,  ils  ne  se  soucient  d'aucun  des 
devoirs  d'un  chrétien,  ils  se  regardent  point  comme  leur  affaire 
d'entrer  dans  une  église,  mais  seulement  de  se  tenir  devant  les 
églises  en  de  continuelles  lamentations". 


pensis  liomo,  cujus  cor,  sincero  liberalitatis  studio  inflammatu, 
non  potest  non  ex  animooptare,  ut  ista  perversa  consuetudo  emen- 
detur.  Accedit  ad  hoc,  quocl  otiosi  illi  grassatores  quibusdam  in- 
'  sulsis  et  impiis  compositis  cantilenis,  iisque  cum  simulato  gemitu 
in  vulgi  concursn  decantatis  rudes  et  maie  sanos  in  majorem  con- 
jiciunt  insaniam  ;  ob  id  tamen  ipsum  larga  stipe  cumulantur. 

Universa,  quieab  his  veteratoribus  perpetrantur,  incommoda, 
quis  compencliosa  descriptione  complectatur  ?  in  viatores  latroci- 
niis,  in  incolas  incendiis  grassantur  :  Rebellibus  et  proditoribus 
suam  venalem,  exploratorum  habituin  induti.  offerunt  operam  : 
viros  ad  hoaorum  fastigia  eveetos  calumniantuv  :  quin  imo  ipsam 
supremam  potl-.statem  convitiis  prosoindunt,  et  in  (imam  plebem 
ad  optimates  vili  faciendos  excitant  :  Ipsis  intérim  ab  omnibus,  ad 
quae  singuli  fidelium  aclstringuntur,  maniis  prorsns  abhorrent  : 
populi  in  templo  orantes  conventui  interesse,  opus  a  se  alienum 
esse,  contra  vero  suas  plane  parles  se  obire,  si  templi  vestibulum 
continuo,  eoque  incondito  flebili  impleant  clamore,  autumant 
perditi. 


§    1.   DEVOIRS   DE    CEUX   QUI   GOUVERNENT.  219 

Mais,  ce  qui  dépasse  toute  mesure,  c'est  leur  manque  de 
ce  nscience  et  leur  inhumanité  :  ils  crèvent  les  yeux  à  leurs 
enfants,  ils  leur  contractent  les  mains  et  leur  tordent  les  mem- 
bres, afin  d'en  faire  de  vrais  pauvres  dignes  de  pitié. 

En  vérité  il  n'y  a  point  d'espèce  d'hommes  pins  scélérate  que 
celle-là,  et  c'est,  par  conséquent,  une  grave  obligation  pour  le 
Collège  Ecclésiastique  de  s'en  préoccuper  et  d'aviser  aux  meil- 
leurs moyens  de  déraciner  le  mal.  Il  doit  établir  de  sages  régies 
pour  la  distribution  des  aumônes,  après  quoi,  il  priera  Sa  Ma- 
jesté Tsarienne  de  daigner  les  confirmer  par  un  décret  souve- 
rain l. 


Quae  vero  de  prava  eorum  conscientia,  et  plus  quam  ferina  cru- 
delitate  narrantur,  fidem  superant  :  Infantibus  ex  se  progenitis 
oculos  eruimt,  lumenque  adimunt  :  manus  contorquent  aliosque 
artus  vitiant,  ut  eos  veri  nominis  pauperes,  et  misericordia  dignes 
efficiant. 

Re  quidem  veranonest  bominum  genusmagis  sceleratum  profli- 
tumque  magis.  Oportet  igitur  spiriluale  Collegium  solertissime  ad 
hoc  esse  intentum,  consiliumque,  qua  ratione  bocce  malum  faci- 
lius  sit  extirpandum,  et  congruae  largienrlis  eleemosynis  prae- 
cribendae  sint  regulae,  inire.  Tandem  rogare,  ut  REGIA  MAJE- 
STAS  illas  REGIO  SUO  edicto  ratas  esse  babendas  praecipiat  '. 

(I)  Nous  ne  connaissons  aucune  «  Instruction  sur  la  distribution  des  aumônes» 
rédigée  par  le  Synode  et  confirmée  par  le  Tsar  :  en  revanche,  nous  avons  trouvé 
des  lois  assez  nombreuses  portées  par  les  Tsars  contre  la  mendicité.  Si  nous  ne 
nous  trompons,  cependant,  plus  encore  que  de  soulager  la  misère  on  s'est  préoc- 
cupé de  soustraire  au  regard  des  heureux  du  siècle  le  spectacle,  parfois  repoussant, 
des  souffrances  et  des  infirmités  humaines.  Est-ce  un  mérite  ?  Est-ce  un  bienfait 
pour  une  société  chrétienne? — Ceux  qui  s'intéressent  à  ce  sujet  peuvent  consulter 
dans  ]e  Registre  alphabétique  de  la  Collection  complète,  etc.  (Поли.  Собр.;  ЛлфэО.  Реэстр'ь) 
les  lois  citées  sous  la  rubrique  :  Hnmie  (Pauvres).  —  Pour  les  dispositions  actuelle- 
ment en  vigueur  du  Code  russe  (Сводъ  Закоповъ),  concernant  la  mendicité,  voir 
Y  Indicateur  alphabétique  du  Code,  sous  la  même  rubrique. 

Terminons  cette  note  par  des  préceptes  sur  la  manière  de  se  conduire  envers 
les  serviteurs,  empruntés  au  Miroir  honorable  de  la  jeunesse,  ce  manuel  du  ton  et 
des  manières  delà  bonne  société,  dont  nous  avons  parlé  àlap.  U9.Pekarski  croit 
que  le    Miroir   russe   est    emprunté  à  quelques    manuels  allemands,   tels  que    lier 


220  TROISIÈME   PARTIE. 

XIII.  Une  autre  obligation  du  Collège  Ecclésiastique,  et  qui  n'est 
pas  légère,  c'est  de  purger  le  clergé  de  la  simonie  et  de  son  im- 
pudente effronterie.  Pour  cela,  il  est  utile  que  le  Collège  délibère, 
avec  le  Sénat,  sur  le  nombre  des  maisons  qu'il  faut  assigner  à 
chaque  paroisse,  et  sur  ce  que  chacune  de  ces  maisons  doit  nom- 
mément fournir  au  prêtre  ainsi  qu'aux  autres  desservants  de  sa 
paroisse,  afin  que  ceux-ci  jouissent  de  la  parfaite  aisance  conve- 


XIII.  Summopere  interest  spiritualis  Collegii  a  Sacerdotum  or- 
dine  arcere  simoniam  et  impudicamproterviam.  Expedit  super  hac 
re  consilium  cum  Senatu  instituere.  Quot  nam,  scilicet  domibus, 
seu  familiis  justus  parochiae  conficiendae  numerus  sit  definiendus; 
ex  quarum  singulis,  sacerdotes  et  reliqui  ecclesiastica  muni  a  admi- 
nistrantes certas  obtineant  obventiones,  ut  pro  ratione  sui  status 
decenter  queant  sustentari  ;   ne  in  posterum  pretium  solvendura 


Spiegel  mr  die  Bildung,  Der  goldne  Spiegel,  et  autres,  qui  jouissaient  alors  d'une 
grande  vogue.  Quoi  qu'il  en  soit,  dans  ce  que  dit  le  Miroir  au  sujet  des  serviteurs 
on  trouvera  le  digne  pendant  du  langage  du  «  Règlement  »  à  l'égard  des    pauvres. 

«  ...Ne  te  mêle  nullement,  dit  le  Miroir,  avec  tes  serviteurs;  s'ils  sont  diligents 
«  aime-les,  mais  ne  te  fie  nullement  à  eux  :  c'est  que,  étant  grossiers  et  ignorants, 
«  ils  ne  savent  garder  aucune  mesure  mais  cherchent  l'occasion  de  s'élever 
«  au-dessus  de  leurs   maîtres,  et  divulguent  par  tout  l'univers  ce  qui  leur  a  été 

«  confié Il   faut  que  les  enfants   parlent  toujours,  entre  eux,  en  des  langues 

;<  étrangères,  afin  de  s'y  habituer,  mais  spécialement  (особливо)  afin  que  les  servi- 
ce teurs  et  les  servantes  ne  puissent  les  comprendre.  Cela  servira  aussi  à  faire 
о  distinguer  ces  enfants  des  autres  qui  ne  sont  que  des  stupides  ignorants  (отъ 
«  незпающихъ  болваповъ),  car  chaque  marchand,  en  faisant  l'éloge  de  sa  mar- 
«  chandise,  la  vend  comme  il  peut...  »  —  Pekarski  remarque  ici  que,  même  de  nos 
jours,  ceux  qui,  dans  les  rues  et  les  promenades  publiques  de  Saint-Pétersbourg, 
parlent  français  sont  reconnus  comme  les  partisans  du  Miroir  de  la  jeunesse.  Avis 
au  lecteur. 

«  Maintiens  tes  serviteurs  dans  la  crainte,  continue  le  Miroir  ;  ne  leur  pardonne 
«  pas  plus  de  deux  fois ,  mais  chasse-les  de  la  maison,  car  un  renard 
«  rusé  ne  change  point  sa  nature  ...  Les  serviteurs  sont,  par  leur  nature,  impolis, 
«  entêtés,  effrontés  et  orgueilleux  ,  c'est  pourquoi  il  faut  les  humilier  et  les 
«  abaisser....  Il  n'y  a  rien  de  plus  abominable  (мерзостнее)  qu'un  serviteur 
a  pauvre,  orgueilleux,  effronté  et  obstiné  ;  c'est  de  là  que  tire  son  origine  le  pro- 
а  verbe  :  Le  diable  trouve  sa  joie  dans  l'orgueil  d'un  mendiant.  »  (Voir  Pekarski, 
Op.  cit.  t.  II,  p.  382-383.) 


§    1.    DEVOIRS   DE  CEUX  QUI   GOUVERNENT.  221 

nable  à  leur  état,  el  ne  sollicitent  plus  à  l'avenir  aucune  rétribu- 
tion pour  les  baptêmes,  les  enterrements,  les  mariages,  etc  l. 

L'ordonnance  qu'on  portera  là-dessus  n'empêchera  pourtant 
pas  les  personnes  généreuses  de  donner  au  clergé  autant  qu'elles 
voudront,  selon  leur  libéralité. 


Chaque  membre  du  Collège,,  le  Président  aussi  bien  que  les 
autres,  est  nommément  tenu,  à  son  entrée  en  charge,  de  jurer  qu'il 
est  et  demeurera  fidèle  à  Sa  Majesté  ïsarienne  et  que,  non  d'après 
ses  passions  ni  par  amour  du  gain,  mais  par  amour  de  Dieu  et 
pour  L'utilité  du  peuple,  avec  la  crainte  de  Dieu  et  en  bonne 
conscience  il  jugera  les  affaires,  donnera  son  avis,  examinera  les 


pro  baptismo,  pro  sepultura  pro  matrimonii  benediclione,  et  cae- 
tera, e.xigant  '. 

Non  tamen  per  hocce  stabit  decretum,  quo  minus  benevoli  ho- 
mmes sacerdotibus,  quantum  cuiquc  libueiït,  a  spontanea  libera- 
litate  larffiantur. 


Quivis  Collega,  tam  Praeses,  quam  caeteri  munus  suum  aggres- 
suri,  dato  jurejurando  eonccptis  verbis  promittent,  se  fore  fidèles 
RECIAË  MAJESTATI;  Nec  àffectibus  indulturos,ne«  donis  intrans- 
versum  actum  iri  ;  scd  propter  Dcum,  Jiominumque  ulilitatem, 
cum  Dei  timoré  et  bona  conscientia  in  judicando  et  consultando, 
in  aliorum  suorum  Collega rum  sententiiset  consiliis  aceeptandis, 

(l)  Il  n'est  presque  pas  d'écrivain  russe  s'étant  occupé  de  la  situation  du  clergé  de 
s  ou  Eglise,  pas  de  voyageur  ayant  consigné  par  écrit  les  impressions  de  son  voyage, 
qui  ne  se  plaigne  de  la  vénalité  des  popes  russes.  Cette  vénalité,  pourtant, 
n'est-elle  pas  le  résultat  forcé  de  la  situation  misérable  faite  au  clergé  et  de 
l'absolue  insuffisance  de  son  traitement  ?  Si,  d'une  part,  le  clergé  a  le  droit  de 
vivre  tout  autant  que  le  reste  des  mortels,  de  l'autre  la  misère  est  pour  lui, 
comme  pour  tous,  une  fort  mauvaise  conseillère,  surtout  s'il  a  à  sa  charge  une 
femme  et  des  enfants.  Nous  engageons  ceux,  qui  demandent  l'abolition  du  célibat 
des  prêtres  à  faire  une  tournée  en  Russie  ;  ils  aborderont  ensuite  le  sujet,  tout 
au  moins  а\ег  une  grande  réserve,  et  en  faisant  force  distinctions. 


222  TROISIÈME   PARTIE.  —    §     1. 

opinions  et  les  conseils  de  ses  frères  et  les  acceptera  ouïes  rejet- 
tera. Et  il  prononcera  ce  serment  contre  lui-même,  sous  peine 
expresse  cTanathème  et  de  punition  corporelle  si,  par  la  suite,  il 
était  surpris  et  convaincu  d'agir  en  contradiction  avec  ce  qu'il  a 
juré. 

Sa  très-sacrée  Majesté  Tsarienne  le  Monarque  de  toutes  les 
Russies  daigna  entendre  d'abord  lui-même  la  lecture,  faite  en  sa 
présence,  de  toutes  les  choses  ci-écriles,  les  examiner  et  les  corri- 
ger, le  11  février  de  celte  année  1720.  Après  quoi,  sur  l'ordre  de 
Sa  Majesté,  leurs  Éminences  *  les  Évêques,  réunis  avec  les  Archi- 
mandrites et  les  Sénateurs  dirigeants,  les  ont  entendues,  exami- 
nées et  corrigées,  le  23  février  de  la  même  année.  —  Et  pour 
leur  confirmation  et  invariable  exécution,  après  la  propre  signa- 
ture du  clergé  et  des  Sénateurs  présents.  Sa  Majesté  Tsarienne 
elle-même  daigna  apposer  sa  signature  de  sa  propre  main. 


vel  rejiciendiS;  se  esse  gesturos.  Hocporro  juramentumpraestabunt 
non  detrectaturi  anathematis,  vel  civilis  suppliciipoenam,  si  contra 
juramentum  quidquam  patrare  annotati  et  redarguti  fuerint, 
subire. 

Ista  universa  hic  scripta,  antea  IPSE  totius  Rossiae  MONARCHA, 
SUA  REGI  A  sacra  MAJESTAS,  in  SUA  Praesentia  lecta  bénévole 
audire,  deliberareet  emendarewoN  est  gravatus.  Hujus  1720  anni, 
Febr.  ila  die.  Postea  ex  SUAE  REGIAE  MAJESTATIS  mandato, 
Eminentissimi  '  Antimites  et  Archimandritae,  simulque  régentes 
Senatus  Gollegae  audita  délibérantes,  itidem  emendaverant.  Ejus 
dem  Febr.  23a  die.  Deinde,  ut  rata  haheantur,  et  absque  ulla 
mutatione  adimpleantur,  poslquam  suas  manus  tam  spirituales 
quam  regenlis  Senatus  Gollegae  subscripserunt,  IPSI  etiam  Au- 
gustissimae  REGIAE  MAJESTAÏI  placuit  ut  SUA  PROPRIA  manu 
subsc  riber  et. 

П)  Le  titre  donné  aux  Evoques  russes  signifie  proprement  :  très-s  cré  (npe- 
ocuiiujuiiiibiii).  En  le  traduisant  par  Eminence, ici  et  à  la  page  103  noie, nous  nous  sommes 
conformé  à  l'usage  des  dictionnaires.  V.  Reiff.  etc. 


L'humble  Etienne  l,  Métropolite 
de  Riazan. 

L'humble  Sylvestre  2,  Métro- 
polite de  Smolensk. 


NOMS  DES  SIGNATAIRES.  223 

Comte  Apraxin  3,  Amiral. 
Comte  Golovkin  4,  Chancelier 


Humilis  Stepuanus  l3  Metropoli- 
tanus  indiguus  Riazanensis. 

Humilis  Sylvester  2,  Metropoli- 
tanus  Smolescensis. 


Maris  Praefectus,  Cornes  Apra- 
xin 3. 

Primicerius  Cancellarius,  Cornes 
Golovkin  4. 


(1)  C'est  Etienne  Yavorski,  le  prélat  déjà  souvent  mentionné.  Né  en  1658,  en 
Volhynie,  sacré  Métropolite  de  Riazan  en  1700,  puis  Administrateur  patriarcal, 
Exarque,  Vicaire  et  Gardien  du  siège  patriarcal  (de  Moscou),  il  fut  le  premier  Prési- 
dent du  Synode  (1721),  et  mourut  à  Moscou  en  1722.  Homme  de  grand  savoir,  et 
de  beaucoup  d'éloquence,  il  rehaussa  ces  qualités  par  une  grande  piété.  Son 
ouvrage  :  La  pierre  de  la  foi  (Камень  обры)  contre  les  Luthériens  et  les  Calvi- 
nistes, fut  traduit  en  latin  et  publié  par  les  soins  de  la  Propagande.  L'auteur 
luthérien  de  la  Réplique  à  la  «  Pierre  de  la  foi  »  (V.  plus  haut.  p.  177  note)  soutient 
que  Pierre  le  Grand  regardait  cet  écrit  comme  «  contraire  à  la  doctrine  de  l'Eglise 
grecque  !...»  Toujours  est-il  qu'il,  ne  put  paraître  qu'en  1728,  après  la  mort  de 
l'auteur  et  du  Tsar,  et  qu'il  créa  des  persécutions  à  ceux  qui  le  publièrent. 
Yavorski  excella  aussi  dans  la  poésie  latine;  l'adieu  en  vers  latins  à  ses  livres, 
composé  pendant  sa  dernière  maladie,  est  fort  remarquable.  On  le  trouve  à  la  fin 
de  l'ouvrage  de  Consett  :  The  présent  stala  and  régulations,  etc.,  p.  'l'il.  Un  peu  plus 
d'un  an  avant  sa  mort,  Yavorski  ajoutait  à  son  testament  les  vers  suivants,  qui 
rappellent  le  premier  chapitre  de  Y Eccle'siaste  et  celui  de  V Imitation: 

О  tiluii,  scopuli  potius  meliusque  vocandi  ! 
Heu  !  quitus  allisi  tôt  periere  rates. 
Et  quid  sont  lituli,  nisi  fumus,  ventus  et  umbra 
Bullac{ue   quœ  \ilreis  turgida  fertur  aquis  ! 

(2)  Dans  le  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Comte  Tolstoï  (Féodor 
Andreïevitch  f  1819),  publié  par  Kalaïdovitch  et  Stroieft'  (Moscou  1825),  on  trouve 
mentionné,  sous  le  n°  233  de  la  lre  partie,  un  Abrégé  de  Cosmographie  (  Епитолми 
космографическая)  traduit  de  l'italien  en  russe,  par  Sylvestre  (Kraïski),  Métropolite  de 
Smolensk.  (V.  Mgr  Eugène.  Dictionnaire,  etc.,  t.  П,  p.  206.) 

(3)  Le  comte  Féodor  Matveïevitcli  Apraxin,  chef  du  collège  de  l'Amirauté,  amiral 
général  de  Russie,  et  l'un  des  sénateurs  de  la  première  nomination,  naquit  en  1(561. 
Il  rendit  de  signalés  services  à  la  Russie  comme  commandant  en  chef  des  forces  de 
mer,  pendant  la  guerre  contre  les  Suédois.  C'est  lui  qui,  en  170S,  sauva  Saint- 
Pétersbourg  en  forçant  à  l'inaction  le  général  suédois  Liïbeker  que  Charles  XII 
avait  chargé  d'attaquer  la  Russie  par  le  Nord,  tandis  qu'il  l'attaquait  par  l'ouest. 
En  récompense  Pierre  conféra  à  Apraxin  le  titre  de  comte.  Apraxin  se  signala  aussi 
par  d'autres  succès  contre  les  Suédois.  Sa  mort  arriva  en   1728. 

(4)  Gabriel  Ivanovitch  Golovkin  (né  en  1660,  mort  en  1734),  se  distingua  d'abord 
dans  les  guerres  contre  les  Turcs  et  les  Suédois.  En  170Э,  il  fut  nommé  Chancelier 


224 


L'humble  Théophane  l,  Evêque 

de  Pskoff. 
L'humble    Pitirime   2,  Evêque 

de  Nijégorod. 


TROISIÈME  PARTIE.  —  §   1. 

Prince  Jacques  Dolgoroukoï  3. 


Humilis  Tiieophanes  ^Episcopus  \ 

Plescoviensis. 
Humilis   Pitiremus  -,  Episcopus 

inferioris  Novogrodiae. 


Princeps  Jacobus  Dolgorucoy 


de  l'Etat  et,  en  cette  qualité,  il  dirigea  toutes  les  négociations  avec  les  puissances 
étrangères.  Pierre  le  créa  comte  en  1710.  Lors  de  son  deuxième  voyage  à  l'étran- 
ger, le  Tsar  confia  à  Golovkin,  la  garde  de  la  Tsarine  Catherine,  qu'il  laissait  à 
Amsterdam,  pendant  son  voyage  de  Paris  (1717).  Ce  fut  Golovkin  qui,  en  1721, 
proposa  à  Pierre,  dans  une  séance  du  sénat,  de  prendre  le  titre  d'Empereur.  Le 
lecteur  aura  remarqué  que  ce  titre  ne  parait  pas  encore  dans  le  «  Règlement  »  ;  on 
le  trouvera  dans  1'«  Instruction  »  du  Procureur  suprême  du  Synode. 

(1)  Cet  humble  Théophane  Évêque  de  Pskoff,  c'est  Prokopovitch,  l'auteur  du 
a  Règlement».  Pour  les  renseignements  sur  sa  vie,  voir  l'Introduction  et  passim. 

(2)  Pitirime  occupe  une  place  fort  importante  dans  l'histoire  du  Rascol  russe. 
Rascolnique  d'abord  lui-même,  il  fut  amené  par  l'étude  à  quitter  le  schisme,  et  se 
livra  entièrement  à  la  conversion  de  ceux  dont  il  avait  partagé  les  croyances  ;  un 
ukase  de  Pierre  le  Grand,  lui  conféra,  en  1706,  cette  mission  officiellement.  En  1715, 
Pitirime  informait  le  Tsar  qu'il  avait  opéré  deux  mille  conversions.  En  1718,  il 
fut  nommé  par  le  Tsar  Archimandrite  d'un  monastère  qu'il  avait  lui-même  fondé 
pour  y  former  des  coopérateurs  et  d'où  sortirent,  en  effet,  de  puissants  adversaires 
du  Rascol.  Le  siège  me'ùropolilain  de  Nljegorod  étant  devenu  vacant,  Pitirime  fut  élu 
Evêque  de  cette  ville  en  1719  ;  ce  ne  fut  qu'en  1724  qu'il  fut  «  gratifié  »  (пожаловаиъ) 
du  titre  d' Archevêque.  Déjà,  en  1716,  il  avait  proposé  cent  trente  questions  aux  Ras- 
colniques,  les  sommant  d'y  répondre.  Ces  derniers  lui  envoyèrent, à  leur  tour,  deux 
cent  quarante  questions,  avec  prière  de  les  résoudre.  En  mai  1719,  les  Rascolniques 
lui  présentèrent  les  réponses  à  ses  cent  trente  questions  ;  en  octobre  de  la  même 
année,  Pitirime  répondit  solennellement  à  leurs  deux  cent  quarante  questions.  Plu- 
sieurs conversions  suivirent.  Ces  réponses  de  Pit?rime  furent  publiées  ensuite  sous 
le  titre  de  Fronde  contre  les'  questions  des  Rascolniques  (Пращпца  протпву  Вопросовъ 
Раскольническихъ).  Pitirime  travailla  à  la  conversion  des  Rascolniques  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  1738.  Dans  cette  œuvre  de  conversion  il  se  distingua  par  sa  man- 
suétude ;  quelques  passages  du  rapport  envoyé  au  Tsar  au  sujet  des  cent  quarante 
questions  des  Rascolniques,  paraissent  copiés  des  Monita  ad  missiona rios  S..  Congréga- 
tions de  Propaganda  fide,  a'u  chap.  Ш,  art.  3  :  «  Que  l'Evangile  ne  doit  être  propagé 
par  aucune  violence  (Nulla  vi  inducendum  esse   Evangelium).  » 

(3)  Le  prince  Jacques  Eéodorovitch  Dolgoroukoï  (ou  Dolgorouki),né  en  1639  d'une 
famille  très-illustre  et  fort   ancienne,  fut  le  chef  de  la  première  ambassade  russe . 
envoyée  eu  Francs  et  en  Espagne  (1687).  Rentré  en   Russie,  il  combattit  contre  les 


NOMS   DES   SIGNATAIRES. 


L'humble   Barlaam  ',  Evêque 

:1e  Tver.  - 
L'humble  Aaron  ',  Evêque  de 

Kùreiie. 


Prince  Dmitri  Galitzin  -. 
Comte  André  Matveïeff  s. 


Humilis  Barlaam    ',   Epïscopus 

Twerensis. 
Humilis  Aaron  ',  Episcopus  Ca- 
reliae. 


Prmceps  Demetrius  Goljcin 
Cornes  Andréas  Matveev  3. 


Turcs  et  les  Suédois.  A  Narva,  il  devint  prisonnier  de  Charles  XII.  Nommé  sénateur 
en  1702,  il  se  distingua  par  sa  franchise  et  sa  fermeté  vis-à-vis  du  Tsar.  Il  mourut. 
eu  1720,  chef  du  Collège  de  Révision. 

(1)  Ces  deux  prélats,  Barlaam,  Evêque  de  Tvor  et  Aaron,  Evêque  de  Karélie, 
avaient  été  désignés  par  un  ukase  du  Tsar,  pour  sacrer  Théephane  Prokopovitch, 
nommé  evêque  "de  Pskoff  (1718),  et  c'est  à  eux  que  Yavorski  avait  adressé  le  Mé- 
moire sur  les  opinions  hétérodoxes  de  Prokopovitch,  dont  le  but  était  d'empêcher 
son  élévation  à l'épiscopat.  (V.  p.  115,  note.)  Qu'ils  devaient  se  trouver  peu  à  leur 
aise,  dans  cette  réunion,  en  présence  de  leur  formidable  adversaire  !  Aaron,  Evêque 
de  Karélie,  tomba  peu  après  en  disgrâce  (1721),  et  fut  renfermé  dans  un  couvent. 

(2)  Le  prince  Dmitri  Mikhaïlovitch  Galitzin  (f  1738),  frère  du  célèbre  Michel  Ga- 
litzin, se  distingua  dans  l'administration  des  affaires  de  l'Etat.  11  eut  une  grande 
part  à  la  civilisation  :le  la  Russie  et  favorisa  particulièrement  les  traductions,  en 
langue  russe,  d'ouvrages  étrangers.  L'historien  russe  Schtcherbatoff  n'hésite  pas  à 
l'appeler  «  l'homme  le  plus  intelligent  de  son  siècle,  я  Ce  qui  est  fort  remarquable, 
c'est  que,  tout  en  appréciantle  profitqu'on  pouvait  tirer  desétrangers  pour  la  civilisa- 
tion de  son  pays,  le  prince  Galitzin  ne  pouvait  souffrir  que  cela  fût  au  détriment  des 
coutumes  et  des  usages  nationaux.  On  lui  prête  le  mot  suivant  :  «  A  quoi  bon  tous 
»  ces  agissements  ?  (загВН  [de  Pierre].)  Est-ce  que  nous  ne  pouvons  vivre  comme 
»  nos  pères  et  nos  aïeux,  qui  n'attiraient  pas  chez  eux  les  étrangers?»  Ces  mots, 
expliqués  par  sa  conduite,  appuyent  le  jugement  de  Schtcherbatoff;  Pierre  eut 
tout  gagné  en  cherchant  à  profiter  davantage  des  conseils  du  prince  Galitzin. 

(3)  Le  comte  André  Matveïeff  (né  1G66  f  1728),  se  distingua  comme  ambassadeur 
de  Pierre  près  des  principales  cours  de  l'Europe  ;  à  la  Haye,  à  Paris,  à  Londres  et 
à  Vienne.  Ce  fut  durant  son  séjour  à  Londres  qu'il  essuya  une  injure  pour  laquelle 
Pierre  le  Grand  exigea  et  obtint  satisfaction.  La  reine  d'Angleterre  Anne  (f  1714} 
envoya  pour  cela  à  Moscou  Sir  Charles  Withworth,  en  mission  extraordinaire. 
Cet  événement,  qui  nous  montre  la  Russie  déjà  puissante  et  respectée,  est  ra- 
conté en  détail  dans  une  Relation  publiée  en  français  et  en  allemand  sans  lieu  ni 
date.  Nous  n'en  connaissons  que  hs  titres  ;  dans  l'intention  de  l'écrivain,  le  titre 
allemand  parait  avoir  été  le  suivant  :  Relation  von  der  oeffent lichen  Audienlz  welcfie 
J.  M.  der  Koeniginn  von  Grossbritanien  Exlraordinaira  Ambassadeur  U.  C.  Withworth 
bey  J.  G.  C:.  Majeztaet  in  Moscou  gehabt,  in-i°— Le  comte  Matveïeff  a  laissé  par  écrit 

15 


226  TROISIÈME   PARTIE.  —   §   1. 

Théodose,  Archimandrite  d'A-     Pierre  Tolstoï2. 
lexandre   Nevski  К 


Theodosius  ,      Archimandrita       |  Petrus  Tolstoï  2. 
Alexandri  Nevensis  1 . 

le  récit  de  son  voyage  de  la  Haye  à  Paris,  entrepris  dans  le  but  de  conclure  un 
traité  de  commerce  avec  le  roi  Louis 'XIV,  ce  en  quoi  il  échoua.  En  piarlant  de  la 
France  il  dit,  entre  autres  choses,  ce  qui  suit  :  «  Le  meilleur  soutien  du  royaunae 
de  France,  c'est  que  l'envie  n'y  domine  point  »  (лучшее  всбхъ  осповате  есть  что  не 
властвуеть  тамъ  зависть.  Рек,  op.  cil.,  Т.  I.  р.  134) .  —  Puisse-t-il  en  être  toujours  ainsi  ! 

(1)  Théodose  (Yanovski)  fut  créé  en  1720  Èvêque  du  siège  auparavant  métropoli- 
tain de  Novgorod  ;  et,  peu  après,  il  fut  décoré  du  titre  à"1  Archevêque  de  la  même 
ville.  Lors  de  l'institution  définitive  du  Synode,  Pierre  nomma  Théodose  premier 
Vice-président  et  Prokopovitch  deuxième  Vice-président.  Théodose  ne  fut  jamais 
trop  soumis  au  Tsar  ;  encore  moins  le  fut-il  à  Catherine  Iм,  qui  lui  succéda. 
Son  franc  parler  et  ses  allures  trop  libres  le  firent  tomber  en  disgrâce,  et  la  voix 
publique  attribua  à  Prokopovitch  l'acte  d'accusation  qui  fit  condamner  à  mort 
Théodose.  Cette  pièce,  datée  de  1725,  est  extrêmement  curieuse  ;  à  côté  d'actes 
nsolents  à  l'égard  de  l'Impératrice,  on  y  voit  figurer,  parmi  les  crimes,  celui  d'avoir 
appelé  les  Russes  «  des  idolâtres  (.идолопоклоп пиками  )  »  à  cause  du  culte 
quJils  rendaient  aux  images  (Поли.  Собр.  Зак.  T.  VII  (4717),  IL  mai  1725, 
p.  472),  Un  si  grand  zèle  pour  le  culte  des  images,  est  tout  au  moins  fort  étrange 
chez  l'auteur  du  «  Règlement.  »  L'Impératrice  fit  grâce  à  Théodose  de  la  vie  et  le 
relégua  clans  un  monastère  à  Archangel  où  il  mourut.  Prokopovitch,  déjà  Arche- 
vêque de  Pskoff,  recueillit  sa  succession,  et  devint  Archevêque  de  Pskoff  et  Novgorod. 
—  Le  monastère  de  Saint  Alexandre  Nevski,  dont  Théodoste  fut  le  premier  archi- 
mandrite, avait  été  fondé  par  Pierre  en  1710,  à  Г  endroit  même  où  le  prince 
Alexandre,  fils  de  Yaroslaff  II,  avait  battu  les  Suédois  sur  les  bords  de  la  Neva,  en 
1241.  Ce  monastère  est  uu  des  quatre  grandes  Laures  (gr.  Xaûpa)  de  Russie,  les 
autres  trois  sont  :  le  monastère  de  la  Trinité  de  Saint-Serge,  à  Moscou  ;  celui  des 
Cryptes  ou  des  Catacombes  (Печерская),  à  Kieff ;  enfin  celui  de  Potchayeff,  en 
Volhynie,  enlevé  par  Nicolas  aux  Grecs-Unis,  en  1833.  (V.  pour  les  détails  sur  les 
monastères  russes,  Ratschin  (Alex.-).  Recueil  complet  des  données  historiques  sur 
les  monastères  et  églises  principales  de  Russie.  [Полное  Codpanie  историческихъ  CB^-Biiiu 
о  всвхъмонастмряхъ  etc.  Moscou,  1852.]  —  La  notice  consacrée  à  Saint  Alexandre 
Nevski,  dans  YAnnus  ecclésianticus  graeco-slavicus  du  Père  J.  Martinoff,  S.  J.,  et 
inséré  dans  le  t.  XI  d'octobre  des  Acta  Sanctorum  (Bruxelles,  1863,  in-f"),  sous  la 
date  du  23  novembre,  est  cligne  d'une  attention  toute  spéciale.  Le  P.  Martinoff  y 
rapporte,  d'après  le  P.  Theiner,  une  lettre  du  pape  Innocent  IV  (1243-1254)  à 
Alexandre,  dans  laquelle  le  Pape  félicite  le  prince  d'être  rentré  dans  la  communion 
du  Saint-Siège,  et  l'exhorte  à  persévérer. 

(2)  Le  comte  Pierre  Andreïevitch  Tolstoï  (n.  1645  f  1728),  descendait  d'une  famille 
allemande  établie  depuis  la  moitié  dn  quatorzième  siècle  à  Tckernigoff.  Il  se  dis- 
tingua surtout  comme  diplomate  et  jouit  de  la  plus  grande  faveur  pendant  le  règne 
de    Pierre.  En  1702,    il   l'ut  envoyé  comme  ambassadeur  à  Constantinople  ;   le  Sul- 


NOMS   DES    SIGNATAIRES. 


227 


Antoine  ,  Archimandrite  du 
Chrysostome  (à  Moscou). 

Jonas  Salnikief,  Archiman- 
drite du  Preobrajenski  (mo- 
nastère de  la  Transfiguration 
du  Sauveur)  à  Kazan. 

Pierre,  Archimandrite  du  mo- 
nastère de  Simon,  à  Moscou. 

LMiumble  Pacome,  Métropolite 
de  Voroneje  et  Eletz. 


Baron  Pierre  Schafiroff 


Antonius  Archimandrita  Chry- 
sostomi. 

Monasterii  Cazanensis  Transfi- 
gurationis  Salvatoris,  Archi- 
mandrita Jonas  Salnikiev. 

Mosquensis  Monasterii  Simonis 
Arcbimandrita  Petrus. 

Humilis  Paciiomius,  Metropoli- 
tanus  Voronezensis  et  Ele- 
censis. 


Baro  Petrus  Sciiapiiirov  '. 


tan,  qui  avait  pris  parti  pour  Charles  XII,  l'y  retint  es. mine  prisonnier  pendant 
quatre  ans  (de  1710  à  1714).  En  1716,  il  fut  créé  sénateur.  Ce  fut  lui  qui  alla 
chercher  à  tapies  et  ramena  à  Moscou  l'infortuné  fils  de  Pierre,  Alexis  ;  ce.  fut  en- 
core lui  qui  dirigea  le  triste  procès  qui  aboutit  à  la  condamnation  de  ce  prince.  Créé 
Comte  en  17-23,  il  devint,  après  la  mort  de  Pierre,  Conseiller  intime  de  Cathe- 
rine Г'е,  qu'il  avait  aidée  a  monter  sur  le  trône.  Sous  le  règne  de  Pierre  II  (1727- 
1730)  fils  de  l'infortuné  Alexis,  Tolstoï  fut  dépouillé  de  tous  ses  hiens  et  enfermé 
dans  un  couvent  à  Solovetz,  où  il  mourut. 

(1)  Pierre  Schafiroff,  vice-chancelier,  baron  et  sénateur,  naquit  de  parents  juifs  : 
il  dut  son  élévation  à  ses  connaissances  et  à  son  talent.  En  1711,  il  négocia  avec 
les  Turcs  ia  fameuse  paix  du  Prouth,  achetée  du  grand-vizir  au  prix  des  bijoux  et 
des  fourrures  de  Catherine  qui  accompagnait  le  Tsar.  Schafiroff  ligure  dans  la 
correspondance  entretenue  avec  Leibnitz  et  d'autres  savants  allemands  pour  les 
déterminer  à  s'établir  en  Russie;  il  s'occupa  aussi  du  «  perpetuum  mobile  »  qu'on 
venait  de  croire  inventé  et  qui  intéressait  grandement  Pierre  le  Grand.  Il  eut  part 
au  procès  du  Tsar  Alexis,  et  apparaît  comme  témoin  dans  l'acte  d'abdication  de 
l'infortuné  prince.  Chargé  par  Pierre  d'écrire  l'histoire  des  guerres  du  Tsar  contre  les 


228 


TROISIEME    PARTIE. 


§   1. 


Gabriel,  Archimandrite  du 
monastère  de  la  Trinité 
d'Hypatius  (à  Koslroma) l. 

Hiérothée,  Archimandrite  du 
monastère  du  Don, (à  Moscou.) 


Signé  de  la  -propre  main  de 
Sa  Majesté  Tsarienne  sérc- 
nissime. 

PIERRE. 


Monasîerii  Trinitatis  et  Hypatii 
Arcliimandrita  Gabriel  l. 

Donensis  Monasterii  Arcliiman- 
drita Hierotheus . 


Propriae  cehissismae  REGI  AE 
MAJESTATIS  marna  sub- 
scriptio,  ita  se  habet  : 

PETRUS. 


Suédois,  il  publia,  en  1717,  le  livre  qui  porte  ce  titre  :  Dissertation  sur  les  raisons 
légitimes  qu'avait  Sa  Majeslé  Tsarienne  Pierre  P'\Tsar  et  maître  de  toutes  les  Russies,  etc., 
pour  entreprendre  la  guerre  contre  le  roi  de  Suède,  Charles  XII,  en  1700  ;  laquelle  de 
ces  deux  puissances  montra  pendant  la  guerre  plus  de  modération  et  de  disposition  à  la 
paix  ;  laquelle  des  deux  est  responsable  d'une  si  grande  effusion  de  sang  chrétien  et  de  la 
dévastation  de  beaucoup  de  pays  ;  et  par  laquelle  des  deux  parties  belligérantes  cette 
guerre  a  été  davantage  conduite  selon  les  règles  des  peuples  chrétiens  et  civilisés.  Le 
tout  exposé  sans  passion  et  sur  des  bases  solides  (litt.  fondamentellement  Фупдамепталио) 
d'après  les  anciens  et  nouveaux  documents,  d'après  les  traités  et  les  récits  des 
opérations  militaires,  avec  la  modération  requise  et  selon  la  vérité,  etc.,  etc.  Cet  écrit 
eut,  sous  le  règne  de  Pierre,  deux  éditions  et  fut  répandu  à  profusion.  —  Schafiroft' 
connaissait  plusieurs  langues;  il  aima  beaucoup  les  livres  et  se  forma  une  biblio- 
thèque assez  considérable  qui,  en  1723,  lorsqu'il  tomba  en  disgrâce,  fut  confisquée 
au  profit  de  la  bibliothèque  publique  de  Saint-Pétersbourg.  On  attribue  sa  dis- 
grâce à  ses  procédés  trop  liardis  dans  le  Sénat;  Pissareff,  procureur  suprême  du 
sénat,  était  son  ennemi  personnel,  et  les  documents  de  l'auguste  assemblée  nous 
ont  conservé  le  récit  des  grossières  injures  que  Schafiroff  et  Pissareff  s'adressaient 
mutuellement.  Après  la  mort  de  Pierre,  Catherine  rappela  Schafiroff  de  l'exil  et  lui 
rendit  tous  ses  biens  et  ses  titres.  Nous  avons  vu  (p.  143,  note)  que  sa  maison, 
bâtie  en  pierre,  fut  destinée  aux  professeurs  de  l'Académie  des  sciences.  Pierre  II 
ordonna,  en  1728,  qu'elle  fût  rendue  à  Schafiroff;  nous  n'avons  pas  suivi  davantage 
son  histoire. 

(1)  Ce  Gabriel,  Archimandrite  du  monastère  de  la  Trinité  d'Hypatius  à  Kostroma, 
c'est  Boujinski,  le  traducteur  de  Puffendorf  et  de  Strateman.  (V.  plus  haut,  p.  137 
et  158,  7iotes.)  Pierre  le  Grand  ayant  eu  occasion  d'apprécier  son  talent  oratoire 
l'avait  créé,  en  1719,  aumônier  en  chef  de  la  flotte.  Lors  de  l'institution  du  synode 
en  1721,  Gabriel  fut  nommé  conseiller  et  peu  après  «Directeur  etProtecteur  de  toutes 
les  imprimeries  et  écoles  dépendantes  du  Synode»  et  Archimandrite  delà  Laure  de 
la  Trinité  de  Sergius  à  Moscou.  Ses  sermons  sont  assez  appréciés;  Miiller  en  publia 
la  collection  en  1708,  et  Novikoff  en  17S4.  Une  mention  spéciale  est  due  à  l'orai- 
son funèbre  prononcée  par  Boujinski  dans  l'église  des  Apôtres  Pierre  et  Paul  à  Saint- 
Pétersbourg,    le  28    janvier    1720,    premier  anniversaire  de    la  mort  de  Pierre  Ie1'. 


NOMS    DES   SIGNATAIRES.  2-9 

A  ussi  dans   les  Éparchies,  les  E  vécues  et  les  autres  ordres   du 
clergé  signèrent  comme  ci-après  '  : 
L'humble  Ignace,  Métropolite  de  Saraï  et  Podon. 
L'humble  George,  Évêque  de  Rostoiï; 
L'humble  Barlaam,  Évoque  de  Souzdaî  et  de  Jourk'ff; 


In  Dioecesilms  iiidem    Praesuhs,   cl  cac!en\  spiriluales  personae^ 
subscripseriaït  ita  i  : 

Humilis  Ignatius  Metropolitanus  Sarensis  et  Podonensis. 

Humilie  Georgius,  Episcopus  Rostoviensis. 

Humilis  Barl.vam,  Episcopus  Suzdalensis  et  Jureviensis. 

Thomas  Consett,  alors  aumônier  de  la  factorerie  anglaise  à  Saint-Pétersbourg, 
la  traduisit  en  latin  et  elle  parut,  en  cette  langue,  à  Berlin  en  1720.  Consett  l'in- 
séra, en  latin  et  en  anglais,  dans  son  ouvrage  :  The  présent  state,  etc.;  conjointe- 
ment avec  la  lettre  latine  par  laquelle  il  avait  soumis  à  l'orateur  sa  traduction 
et  la  réponse  où  Boujinski  lui  dit,  en  un  latin  aussi  élégant  que  possible  :  Quod 
vero  humanitate  tua,  limationi  mea  versionem  miserix,  non  invenio  qiiid  sit  limandum... 
(Dans  la  version  que  vous  avez  obligeamment  soumis  à  ma  limure,  je  ne  trouve 
rien  à  limer.)  Consett.  Op.  cit.,  pp.  337-340.  —  Boujinski  l'ut  aus^i  chargé  de 
réviser  la  traduction  russe  du  Grand  Dictionnaire  historique  de  Moréri,  ordonnée 
par  Pierre  le  Grand,  et  dont  on  garde  en  manuscrit  la  première  partie,  depuis  la 
lettre  Л,  jusqu'à  la  lettre  N.  En  1726,  Gabriel  Boujinski  fut  créé  Évêque  de  Riazan 
et    Mourom;  il  mourut  en   1731. 

(l)On  serait  dans  l'erreur  en  croyant  que  les  précédentes  signatures  sont  celles 
des  premiers  membres  du  Synode.  Le  Synode  ne  fut  définitivement  institué  qu'une 
année  plus  tard,  et  après  que  furent  recueillies  toutes  les  signatures  qui  suivent.  Les 
Evèques  et  Archimandrites  dont  on  vient  de  lire  les  noms  étaient  ceux  que  la  vo- 
lonté du  Tsar  avait  choisis  pour  la  triste  formalité  qui  devait  représenter  l'insti- 
tution du  Synode  comme  le  résultat  d'un  accord  intervenu  entre  le  clergé  et  le 
Tsar.  C'est,  croyons-nous,  dans  l'une  des  deux  réunions  du  11  et  du  23  février  1720, 
qu'aurait  eu  lieu  l'incident  rapporté  par  Nicolas  Polevoïdans  sou  Histoire  de  Pierre 
le  Grand  ([icTopui  Петра  Селикаго.  Saint-Péterbourg,  1843,  t.  IV,  p.  212),  publiée 
avec  l'approbation  de  la  censure.  Quelques  prélats  osèrent  représenter  au  Tsar  que 
le  patriarcat  de  Moscou  ayant  été  érigé  du  consentement  des  quatre  Patriarches 
d'Orient,  il  fallait  aussj  leur  consentement  pour  l'abolir.  A  quoi  Pierre  répondit, 
frappant  sur  sa  poitrine  avec  colère  :    Votre  patriarche,  c'est  moi. 

Prokopovitch  mentionne,  dans  une  lettre  en  latin,  la  réunion  du  Synode  où  le  Tsar 
apposa  sa  signature  au  «Règlement;»  puis  il  ajoute  :  «  On  en  fit  deux  exemplaires, 
«  l'un  et  l'autre  signés  de  la  même  manière.  On  expédial'un  d'eux  à  Moscou  et  dans 
«  les  autres  Eparchies,  afin  qu'il  fût  signé  par  tous  les  Évêques  qui  n'avaient  pas 
a  été  présents  à  la  réunion  et  par  les  principaux  Archimandrites...  Dès  qu'il  nous 
«  sera  retourné,  revêtu  de  toutes  ces  signatures,    on  l'imprimera  et   on  inaugurera 


230  TROISIÈME  PARTIE.   —  §   1. 

L'humble  Joannice,  Métropolite  de  Kolomna  ; 
L'humble  Paul,  Èvêque  de  Vologda. 
L'humble  Cyrille  Schoumlianski,   Évêquc  de  Pereïaslavî. 
Antoine,  indigne  Archevêque  de  Tchernigoff  et  de  Novgororl- 
Severskoï. 
L'humble  Tychon,   Métropolite  de  Kazan. 
L'humble  Alexis,   Évèque    de  Viatka. 
L'humble  Joachim,   indigne  Évèque  d'Astrakhan. 
L'humble  Barnabas,  Évèque  de  Kholmogor. 
L'humble   Bogolèpe,    Évèque   à'Oustioug  ] . 


Humiiis  Joannicius,  Metropolitanus  Colomnensis. 
Humilis  Paulus,  Episcopus  Vologdensis. 
Humiiis  Gyrillus  ScnuMLANSKi,  Episcopus  Pereslaviensis. 
Indignus  Archiepiscopus  Czernigoviensis  et  Novogrodiae  Sieve- 
riensis,  Antonius. 

Humilis  Tycho,  Metropolitanus  Cazanensis. 

Humilis  Alex  m  s,  Episcopus  Viatcensis. 

Humilis  Joachimus,  indignus  Episcopus  Astrachanensis. 

Humilis  Barnabas,  Episcopus  Cholmogorensis. 

Humilis  BoGOLEPrjs(0£o;:p£7:r)ç),  Episcopus  Ustiuzensis  ' . 

«  le  Collège,  c'est-à-dire  le  Synode  Gouvernant  perpétuel.  Plaise  à  Dieu!  «  [Quod 
«  faxit  Deus  1}  (Voir  Pekarski,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  ЪТ1.)  L'autre  exemplaire  du 
«  Règlement  »  mentionné  par  Prokopovitch,  fut  gurié  à  Saint-Pétersbourg  et 
déposé  aux  archives  de  l'État. 

(I)  La  liste  des  dix-neuf  Evêques  signataires  du  u  Règlement»  offre  matière  à 
plusieurs  remarques.  En  1700.  le  nombre  des  Éparebies  russes  était  de  22,  ainsi 
réparties  :  12  sièges  métropolitains,  7  archevêchés  et  3  évêchés;  ici  (1720)  nous 
trouvons  6  Métropolites,  l  Archevêque  et  12  Évêques.  Il  n'est  pas  à  supposer  que 
quelques  Év.êques  aient  refusé  d'apposer  leur  signature  au  bas  du  «  Règlement  »  ; 
l'histoire  aurait  fait  mention  du  genre  de  martyre  par  lequel  ils  auraient  expié 
leur  résistance.  Remarquons  plutôt  que  ni  l'Eparchie  de  Karélie  (Finlande),  due  aux 
conquêtes  de  Pierre,  ni  celle  de  Pereïaslavî  (gouvernement  de  Pultava)  ne  figurent 
dans  la  liste  de  1700,  si  bien  que  des  22  Eparchies  qu'avait  alors  la  Russie  nous 
n'en  trouvons  ici  que  17.  Nous  voulons  bien  admettre  qu'il  y  ait  eu,  en  1720,  des 
Éparjhies  vacantes;  il  n'est  pas  moins  vrai  que  la  liste  du  «Règlement  »  témoigne 
d'importantes  innovations  opérées  par  l'Autocrate.  Nous  nous  bornerons  à  signaler 
la  différence  de  rang  que  les  Évêques  de  ces  Eparchies  occupaient  dans  la  hiérarchie 


NOMS  DES   SIGNATAIRES  231 

Gennaue,  Archimandrite  du  Tchoudoff  (monastère  des  Mira- 
cles ;  à  Moscou) l. 

Sergius,  Archimandrite    du    Novospaski  -   (Nouveau  Sau- 
veur, ib.). 


Gennadius,  Archimandrita  Czudovensis  l. 

Sergius,  Archimandrita  Salvatoris  in  novo  (loeo)  -. 

de  l'Église  russe  en  1700  et  en  1720.  Au  commencement  du  dix-huitième  siècle, 
les  Evêques  de  Pskoff,  de  Nijegorod,  de  Rostoff,  de  Souzdal  et  Jourieff,  et  d'Astra- 
khan étaient  des  Métropolites;  ceux  de  Tver,  de  Vologda,  de  Yiatka,  de  Khôl- 
mogor  et  de  Oustioug  étaient  des  Archevêques.  L'Evêque  de  Voronége  qui  apparaît 
ici  décoré  du  titre  de  Métropolite  n'était,  en  1 70Ù_,  qu'un  simple  Evêque;  enfin. 
l'Eparchie  de  Kolomna  qui,  en  17'20,  apparaît  gouvernée  par  un  Métropolite,  avait 
à  sa  tête,  en  1700,  un  Archevêque.  (V.  Oustrialoff  Ifist.  du  règne  de  Pierre  le  Grand. 
T.  IV,  p.  349  et  suiv.)— V.  plus  haut,  p.  98-100  notes.) 

On  voit  par  ces  simples  données,  que  Pierre  n'avait  pas  attendu  l'institution  du 
Synode  pour  gouverner  lui-même  l'Église  de  ses  États. 

(1)  Les  monastères  russes  tirent  leur  dénomination  tantôt  du  nom  de  leur 
fondateur,  tantôt  de  celui  de  la  localité  où  ils  se  trouvent,  tantôt  du  nom  du 
saint  ou  même  du  mystère  en  l'honneur  duquel  ils  ont  été  érigés,  tantôt  de 
quelque  événement  qui  s'est  produit  dans  l'endroit,  etc.  Quelquefois  aussi  leur 
dénomination  renferme  plus  d'une  chose  en  môme  temps  ;  la  Laure  de  la  Trinité 
de  Sergius,  par  exemple,est  ainsi  appelée  parce  qu'elleaété  fondée  par  saint  Sergius, 
(|  1391$  et  dédiée  à  la  sainte  Trinité,—  (V.Martinoff:  Annus  écries.,  etc.,  au  25  sept.) 
—  Nous  gardons  dans  le  texte  la  dénomination  russe  de  plusieurs  monastères, 
comme  celle  par  laquelle  on  les  trouve  généralement  désignés,  même  dans  des 
ouvrages  publiés  hors  delà  Russie-.  Quand  elle  a  une  signification  ecclésiastique  nous 
en  donnons  la  traduction  entre  parenthèses.  Nous  indiquons  également, entre  paren- 
thèses, la  localité  des  divers  monastères,  quand  elle  n'est  pas  mentionnée  par  le  texte. 

(2)  Ce  monastère  est  un  de  ceux  qu'on  appelle  Stauropigies.  Ce  sont  des  monas- 
tères d'un  ordre  supérieur,  venant  après  les  Laures  et  placés  sous  la  juridiction 
immédiate  du  Synode.  Ils  sont  actuellement  au  nombre  de  sept.  Outre  le  Nouveau 
Sauveur  (Повосааскш),  sont  encore  des  Stauropigies,  Je  monastère  de  Simon  et 
celui  du  Don,  mentionnés  plus  haut,  et  celui  de  lu  Résurrection  (BoCKpecCflCKifiJ 
nommé  un  peu  plus  loin.  Les  autres  trois  sont  le  monastère  de  l'image  du  Sauveur 
(Занкоиосааскоп)  à  Moscou,  celui  de  Solovetz  dans  l'Eparchie  d'Archangel  sur  la  mer 
Blanche,  et  enfin  celui  de  Saint  Yaroslaffh.  Rostoff. 

Pour  ce  qui  est  de  l'étymologie  des  mots  Luitrc  et  Stauropigie,  voir  Du  Cange  : 
Glossarium    média'  el     inj  italis     Bornons-uous    à    dire  que    les  Stauropigies 

(gr.  Iiavpo7ir]ytov  de  STrjpoç  croix  et  -rjyvuat.  planter,  ficher)  sont  ainsi  appelées 
par  allusion  au  rite  d'après  duquel  les  Patriarches  prenaient  possession  de  l'empla- 
cement où  devait  s'élever  le  monastère.  Ce  rite  consistait  à  y  faire  planter  une  croix 
et,  dès  lors,  le  Patriarche  seul  avait  juridiction  sur  l'endroit.  C'est  pourquoi,  après 
l'abolition  du  Patriarcat,  les  Stauropigies  passèrent  sous  la  juridiction  immédiate 
du  Svnode. 


232  TROISIÈME  PARTIE.    —    §   1. 

Sérapion,  Archimandrite  du  monastère  d'Andronius  {ib.). 

Léonidas,  Archimandrite  (du  monastère)  de  Pierre  {ib.). 

Laurent,  Archimandrite  du  Don  1  {ib.). 

Hyacinthe,  Archimandrite  du  Bogoïavlenski  (de  la  Théopha- 
nic   ibr). 

Sérapion,  Archimandrite  du  Znamenski  (de  l'Apparition  de 
la  Vierge,  ib.). 

Théophilacte,  Archimandrite  du  Spaski(du  Sauveur,  ib.). 

Macaire,  Hégoumène  du  Vozdvijenski  (de  l'Exaltation  de  la 
Croix,  го.). 


Serapio,  Archimandrita  Anclroniensis. 
Léonidas,  Archimandrita  Petrinus. 
Laurentius,  Archimandrita  Donensis  l. 
Hyacinthus,  Archimandrita  Theophaniorum2. 
Serapio,  Archimandrita  Znamenensis. 
Theophilactus,  Archimandrita  Salvatoris. 
Macarius,  Hegumenus  Elevationis  crucis. 

[1)  Un  autre  Archimandrite  du  monastère  du  Don,  appelé  Hierothée,  apparaît 
déjà  plus  haut  parmi  les  premiers  signataires.  Il  est  à  supposer  qu'il  soit  mort  dans 
l'intervalle  ou  qu'il  ait  été  transféré.    - 

(2)  Il  existe  en  Russie  bon  nombre  de  monastères  du  même  nom  ;  c'est  pourquoi 
il  faut  connaître  la  lo:alité  où  se  trouve  celui  dont  on  parle,  si  on  ne  veut 
s'exposer  à  le  confondre  avec  d'autres  d'une  importance  plus  grande  ou  moindre,  et 
érigés  à  une  époque  différente.  Ainsi,  par  exemple,  rien  que  dans  la  liste  des 
quarante  neuf  principaux  monastères  mentionnés  dans  YOulojenie  du  Tsar  Alexis 
Mikbailovitch  (1649),  nous  avons  trouvé  trois  monastères  de  la  Théophanie 
(БогопвленскШ)  et  cinq  dédiés  au  Sauveur  (CnacKiîi).  Voir  Полп.  Собр.  Зак.  Т.  I. 
Oulojenie,  etc.  Ch.  X,  n°  32  et  seq).  C'est  à  l'aide  de  rapprochements,  et  de 
données  puisées  à  différentes  sources,  que  nous  avons  essayé  d'établir  auquel  préci- 
sément des  divers  monastères  homonymes  appartenaient  les  signataires  du  «Règle- 
ment, «chaque  fois  que  le  texte  n'offre  aucune  indication  ultérieure. 

Ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  connaissent  point  le  russe  trouveront  des  renseigne- 
ments sur  les  monastères  russes  dans  Hupel  (Aug.  Wilh.)  :  Die  kirchliche  Statistik 
von  Russland,  insérée  dans  les  Nordische  lifiscellaneen,  nos  11  et  12,  et  dans  Silber- 
nagL  (Isid.)  :  Verfassung  und  yegenvœrtigs  Bcstand  sœmmtlicher  Kirchen  des  Orients. 
(Constitution  et  situation  présente  de  toutes  les  église?  de  VOrienl).  Landshut,  1SG5,  p. 
•55  et  seq.  Voir,  sur  ce  dernier  ouvrage,  les  remarques  du  P.  Gagarin  dans  le 
n"  d'août  18Й5  des  Études  v.lig.  hist.  et  Vttê'r. 


NOMS   DES   SIGNATAIRES  233 

Sylvestre,  Hégoumène  du  monastère  Novinsky  {ib.\. 

Macaire,  Hégoumène  du  Daniel  (гд.). 

Tycfion,  Archimandrite  du  monastère  de  la  Sainte-Trinité  de 
•Sergius  (Laure,  à  60  verstes  de  Moscou). 

Cyriaque,  Archimandrite  du  monastère  du  Sauveur  d'Euthy- 
mius,  à  Souzdal. 

Gédéon,   Archimandrite  du  monastère  Rojestvennyi  (de  la 
Nativité  du  Sauveur)  à  Vladimir. 

Léon,  Archimandrite  du  monastère    de  Goritz. 

Adrien,  Archimandrite  du  monastère  Bogoïavlenski  (de   la 
Théophanie)  d'Abraham,  à  Rostoff. 

Cyprien,  Archimandrite  du  monastère  Spaski  (du  Sauveur), 
à  Yaroslaff. 

Sergius,  Archimandrite  du  monastère  de  Lujetz. 

Sylvestre,  Archimandrite  du   monastère  de    Sabbas   Storo 
jevski  (près  de  Zvenigorod  '). 


Sylvester,  Hegumenus  Novinensis. 

Macarius,  Hegumenus  Danielis. 

Monasterii  sanctao  Trinitatis  et  Sergii  Archimandrita,  Tycho. 

Susdalensis  monasterii  Salvatoris  et  Euthymii,  Archimandrita, 
Cyriacus. 

Vladimeren-is  monasterii  Nativitatis  Archimandrita.  Gedeon. 

Léo,  Archimandrita  monasterii  Goricensis, 

Rostoviensis  monasterii  Theophaniorum  et  Abrahamii  Archiman- 
drita, Adrianus. 

Jaroslaviensis  monasterrii  Salvatoris  Archimandrita,  Cyprianus 

Luzecensis  monasterii  Archimandrita,  Sergius. 

Monasterii  Sabbae  de  custodiis  Archimandrita,  Sylvester  '. 


(I)  Les  Russes  célèbrent,  le  3  décembre,  la  fête  de  saint  Sabbas,  hégoumène  d'un 
monastère  fondé  par  lui-même  sur  le  mont  Storoja  près  de  Zvenigorod.  11  mourut 
en  1407.  —  (Y.  Ratschin.  op.  cit.  ;  Martinoff,  Annus  ecclesiasticus,  etc.) 


234  TROISIÈME   PARTIE.    —    §    1. 

Antoine,  Archimandrite  du  monastère  Voskresenski  (de  la 
Résurrection;  Stauropègie  l,  près  Moscou). 

Arsène,  Archimandrite  du  monastère  de  Paphnuce,  àBorovsk. 

Germain,  Archimandrite  du  monastère  de  Joseph,  à  Volotzk. 

Misael,  Archimandrite  du  monastère  du  Sauveur,  à  Riazan. 

Joasaph,  Archimandrite  du  monastère  Vozmitzki,  à  Volo- 
colam. 

BarlaaMj  Archimandrite  du  monastère  de  Daniel,  à  Perestavl- 
Zalesky. 

Joseph,  Archimandrite  du  monastère  de  Boris  et  Gleb  2,  à 
Rostoff. 

Isaac,  Archimandrite  du  monastère  Solotchinski  (dans 
l'Éparchie  de  Riazan). 

Joseph,  Archimandrite  du  monastère  de  Nicétas  à  Pereslavl- 
Zaleski. 


Monasterii  Resurrectionis  '  Archimandrita,  Antonius. 

Borovscensis  monasterii  Paphnutii  Archimandrita,  Arsenius. 

Volocensis  monasterii  Josephi  Archimandrita,  Germanus. 

Riazanensis  monasterii  Salvatoris  Archimandrita,  Misael. 

Volocolamensis  monasterii  Vozmensis  Archimandrita  Joasaphus. 

Pereslavias  ultra  sylvam  monasterii  Danielis  Archimandrita, 
Barlaam. 

Rostoviensis  Monasterii  Borisi  et  GlebP  Archimamlrita^JoSEPHUS. 

Monasterii  Soloczencis  Archimandrita,  ïsaaclus. 

Pereslaviae  ultra  sylvam  monasterii  Nicetae  Archimandrita,  Jo- 
sephus. 

(1)  Ce  monastère,  bâti  par  Nicon,est  très-célèbre  dans  l'histoire  de  ce  Patriarche . 
On  l'appelle  aussi  Jerousalimskii,  parce  que  Nicon  y  fit  ériger  une  église  sur  le 
modèle  du  Saint-Sépulohre  de  Jérusalem. 

(2)  Les  deux  martyrs  Boris  et  Gleb  (1015)  fils  de  saint  Vladimir,  sont  honorés 
comme  saints  aussi  dans  l'église  catholique  :  leur  fête  a  été  approuvée  par  le 
Pape  Benoît  XIII.  Voir  dans  ÏArmus  ecclesiasticus  grœco-slavicus  du  P.  Martinofï  la 
notice  qui  les  concerne  au  24  juillet.  V.  aussi  les  Acta  Sanciorum  des  Bollandistes, 
T.  Il  de  septembre,    [).  033  et  suiv. 


NOMS   DES   SIGNATAIRES.  235 

Tychon,  Hégounrènc  du  monastère  Kolotzky  à  Mojaïsk. 

Théophane,  Hégoumène  du  monastère  de  Nicolas,  à  Ougresch. 

Adrien,  Archimandrite  du  monastère  de  Boris  et  Gleb  de 
Dmitroff. 

Gérasi.me,  Archimandrite  du  monastère  Vysotzki,  à  Serpoukhof . 

Paul,  Hégoumène  du  monastère  Vladitchnïa  (de  Notre- 
Dame),  à  Serpoukhof. 

Aaron,  Archimandrite  du  monastère  du  Bogoslovyi  (du  Théo- 
logien [S.  Jean]),  à  Riazan. 

Léontius,  Hégoumène  du  monastère  de  Macaire,  à  Ounja. 

Frénaroue,  Archimandrite  du  monastère  de  Cyrille,  à  Be!o- 
zero. 

Jonas,  Archimandrite  du  monastère   Kamennyi,  à  Vologda. 

Arsène,  Archimandrite  du  monastère  Priloutzki,  pi  es  de 
Vologda. 

ïhéophilacte,  Archimandrite  du  monastère  de  Paul,  à  Vologda. 

Macaire,  Archimandrite  du  monastère  de  Corneille,  ib . 

Philippe.,  Hégoumène  du  monastère  de  Théraponte,  à  Belo- 
zero. 


Mozaiscensis  monasterii  Colacensis  Hegumenus,  Tyciio. 
Ugreschensis  monasterii  Nicolai  Hegumenus,  Theopbanes. 
Dimitroviensis  monasterii  Borisi  etGlebi  Archimandrita.  Adrianus 
Serpuchovensis  monasterii  Vysocensis  Archimandrita,  Gehasmus. 
Serpuchoviensis  monasterii  Despotae  Hegumenus,  Paulus. 
Riazanensis  monasterii  ïheologi  Archimandrita,  Aaron. 
Unzensis  monasterii  Macarii  Hegumenus.  Léontius 
Monasterii  Cyrilli  Aichimandrita,  Erinarchus. 
Monasterii  Camenensis  Archiinandrita,  Jonas. 
Monasterii  Prilucensis  Archimandrita,  Arsenius. 
Monasterii  Pauli  Archimandrita,  Theopiiylactus. 
Monasterii  Cornelii  Archimandrita,  Macarius. 
Monasterii  Therapontis  Hegumenus,  Philippus. 


^36  TROISIÈME   PARTIE.    —  §    1. 

Damascène,  Hégoumène  du  monastère  de  Michel,  à  Pereïaslavl. 

Raphaël,  Hégoumène  du  monastère  du  Sauveur,  à  Zolotonocba. 

Eustatre,  Archimandrite  du  Eletzki,  à  Tchernigoff. 

Germain,  Archimandrite  de  la  Sainte-Trinité  d'Élic,  à  Tcherni- 
goff. 

Epiphane,  Archimandrite  du  Nazareth  de  l'Annonciation, 
à  Nejin. 

Nile,  Hiéro-moine,  Hégoumène  du  monastère  de  Nicolas,  pon- 
tife thaumaturge   du  Christ,  à  Mokoschin(Mokschan). 

Zosimus,  Hiéro-moine,  Hégoumène  du  monastère  d'Antoine, 
à  Lubetz. 

Joannice,  Archimandrite  de  la  sainte,  grande  et  miraculeuse 
Laure  Petcherskoï  (des  Catacombes),  h  Kieff. 

Moi,  Archimandrite  du  monastère  de  Simon  à  Moscou,  je  signe 
nne  seconde  fois  l. 

Gédeon,  Hiéro-moine,  Vicaire  (Namestm'k)  du  monastère  de 
Saint-Michel  Zlatoverkhovy  à  Kieff. 

Perejaslaviae  monasterii  Michaëlis  Hegumenus,  Damascenus. 

Zolotonoschae  monasterii  Salvatoris  Hegumenus^  Raphaël. 

Czernigoviae  monasterii  El ecensi's  Archimandrita,  Eustratius. 

Czernigoviae  monasterii  Sanclae  Trinitatis  et  Heliae  Archiman- 
drila,  Germanus. 

Nizini  monasterii  Annuntiationis  de  Nazareth  Archimandrita, 
Epiphanius. 

Maeoschae  monasterii  Hierarchae  thaumaturgi  Nicolai  Hegumenus 
Hieromonachus,  Nilus. 

Lubecensis  monasterii  Antonii  Hegumenus, Hieromonaclms,ZosiMus 

Sanctae  magnae  thaumaturgae  Laurae  Kiiovopeczarinens's  Archi- 
mandrita, Joannicius. 

Mosguensis  monasteri ;  Simonis  Archimandrita  suscribo  secundum  i. 

Kiioviae  monasterii  S.  Michaëlis  Zolotoverchovii  Vicarins,  Hiero- 
monachus, Gedeon. 

(I)  Le  russe  :  подписую  второе,  signifie  littéralement  :  «  Je  signe  le  second  » 
(exemplaire?)   tout  juste    comme   le  latin:  S  ubscribo  secundum.  Notre  traduction, 


NOMS  DES   SIGNATAIRES.  2S1 

Benoit,  Hiéro-moinc  et  Vicare  du  monastère  de  Saint-Michel 
Vidoubitski,  à  Kieff. 

HérodionJourakovsky,  Archimandrite  du  monastère  Obstche- 
jitelnyi  (eénobiti  jue)  de  Mejigor,  près  Kieff. 

Grégoire  Goschkeyitch,  Vicaire  du  monastère  de  Sophie, 
à  Kieff. 

Christophe  Tcharnoutsky,  Hégoumène  du  monastère  Pous- 
tinny  (de  l'ermitage)  de  Saint-Nicolas,  à  Kieff. 

Sylyestre  Pomoyski,  Vice-Recleur  {Yilse-Rektor)  du  monastère 
Bratski  (des  Frères,  de  la  Confrérie)  de  la  Sainte-Théophanie, 
près  Kieff. 

Jo  asaph  Tomiloyitch,  Supérieur  {Nastoiatel)  dn  monastère  de 
la   Sainte-Trinité   de  Cyrille,  à    Kieff. 


Kiioviae  monasterii  S.  Miehaëlis  Vydubicensis  Vicarius,  Hieromo- 
naclms,  Benedictus. 

Kiioviae  monasterii  Mezigorensis,  quod  coenobium  dicitur,  Àrchi- 
mandrita,  Herodio  Zurachovsvki. 

Monasterii  Sophiae  Vicarius,  GregoriusGoschkevicz. 

Kiioviae  monasterii  S.  Nicolai  Eremitici  Hegumenus,  Christopho- 
rus  Czarnucki. 

Kioviae  monasterii  Epiplianiorum  societatis  Vice-rei:tor,SYLVESTER 
Pomoyski. 

Kiioviae    monasterio  sanctae  Trinilatis  et  Cyrilli   Praepositus, 

JOASAPllUS  TOMILOVICZ. 


cependant,  outre  que  le  latin  peut  s'acaorder  avec  elle,  est  conforme  à  l'allemand  : 
Unterschreibe  mieh  zum  andem  Mahl,  et  à  l'anglais:  I  subscribe  a  second  lime  ; 
de  plus  elle  nous  parait  appuyée  sur  îles  données  de  fait.  Parmi  les  premiers  signa- 
taires du  «  Règlement  n  figure,  nous  l'avons  vu,  Pierre  Archimandrite  du  monastère 
de  Simon  àMoscou;  d'autre  part  la  lettre  latine  ci-dessus  rapportée  de  Prokopovitch 
(v.  p.  22G  noté)  nous  apprend  que  l'exemplaire  envoyé  à  Moscou  et  dans  les  Epar- 
chies,  avait  été  auparavant  «  signé  de  la  même  manière  (clicto  modo  subscriptum)  » 
que  celui  gardé  à  Saint-Pétersbourg  et  déposé  aux  archives  de  l'Etat.  Signalons 
donc  à  la  postérité  le  zèle  de  cet  Archimandrite  qui,  seul  entre  tous,  aurait  apposé 
par  deux  fois  sa  signature  au  «  Règlement  «qui  allait  enchaîner  son  Eglise. 

Le  mot  Archimandritu  manque  dans  le  latin,  mais  se  trouve  dans  le  texte  russe. 


238  TROISIÈME    PARTIE.  —  §  2. 

Siméon,  Archimandrite  du  monastère  de  la  Mère  de  Dieu, 
à  Sviajsk. 

Joasaph,  Hégoumène  du  monastère  Kizitchesky  de  Kazan  ; 

Barsonophius,  Archimandrite  du  monastère  Petcherski  de 
Nijni-Novgorod. 

Philarète,  Archimandrite  de  la  Trinité  de  Macaire  Jolto- 
vodski,  du  district  de  Nijégorod. 

Joël,  Hégoumène  du  monastère  Glouschitski  de  Vologda  ; 

Barlaam,,  Archimandrite  du  monastère  de  Tikhvin  de  Veliki- 
Novgorod. 

§2. 
(mode  d'action  du  collège  ecclésiastique.) 

Pour  ce  qui  est  du  mode  d'action  du  Collège  Ecclésiastique,  on 
n'en  dit  rien  ici  de  spécial,  attendu  que  Sa  Majesté  Tsarienne 
ordonna  que,  dans  le  maniement  des  affaires,  ce  Collège  eût  à 
procéder  conformément  au  «  Règlement  général l.  » 


Sviazanensis  monasterii  Deiparae  Archimandrita  Simeon. 

Cazani  Monasterii  Cizicensis  Hegumenus,  Joasaphus. 

Inferioris  Novogrodiae  monasterii  Peczariensis  Archimandrita. 
Barsonophius. 

Ex  inferioris  Novogrodiae  districtu  mon  isterii  Macarii  de  Fulva 
aqua  Archimandita,  Pdilaretus.. 

Vologdae  monasterii  Gluschicensis  Hegumenus,  Jael. 

Magnae  Novogrodiae  monasterii  Tiphinensis  Archimandrita, 
Barlaam. 

§2- 
(executio  seu  exercitium.) 

De  muniorum  spiritualis  Collegii  adimpletione  et  executione  specia- 
tim  hoc  loco  non  traditur,  quoniam  REGI  A  M AJ EST AS  in  mon- 
dotis  dédit,  ut  générales  omnibus  Collegiis  jundicis  prescriptae  regidae  l 
hîc  etiam  observaventur. 

(1)  Ce  к  Règlement  général  »  (Генеральный  Регламептъ)  est  celui  mentionné 
plus  haut  dans  la  note  à  la  p.  4,  et  prescrit  par  Pierre  à  tous  les  Collèges  précédem- 
ment institués  par  lui.  Le  lecteur  trouvera  ce  Règlement  traduit  en  allemand  dans 
Biisch.ing  :  Magasin  fur  Histoire  and  Géographie,  T.  I,  p.  109-144. 


§  3.  239 

(pouvoir  du  collège  ecclésiastique.) 

Quant  au  pouvoir  du  Collège  Ecclésiastique  Sa  Majesté  Tsa- 
rienne  par  son  autorité  très-souveraine,  daigna  lui  accorder  tout 
le  pouvoir  exprimé  dans  Fukase  nominal  de  Sa  Majesté  imprimé 
en  tête  de  ce  «  Règlement.  »  Ce  pouvoir  est  aussi  déterminé  par 
les  «  Résolutions  »  souveraines  ci-dessous  rapportées,  que  Sa 
Majesté  a  bien  voulu  écrire  elle-même  de  sa  propre  main 
monarchique1  en  réponse  aux  «points»  proposés  à  Sa  Majesté 
par  le  Collège  Ecclésiastique.  Par  la  même  occasion,  Sa  Majesté 
décerna  au  Collège  ecclésiastique  le  titre  de  «  très-saint  synode 

DIRIGEANT2.  »  v 


§3. 

(vis  seuefficacia.) 

Quantum  vero  attinet  ad  vim,potentiam  seu  auctorilatern,  quam 
spirituali  Collegio  AUGUST1SSIMUS  REX  ex  suprema  SUA  REGIA 
potestate  induisit,  deilla  luculenter  constat  non  solum  ex  peculiari 
SUAE  REGIAE  MAJESTATIS  Regulamenlo  huicce  praemisso  man- 
data, sed  etiam  ex  REGIO  beneplacito,  quod  in  solutionibus  infra 
positis  sese  exseruit  ;  cum  nimirum  POTENTISSIMUS  MONARCHA 
«  Quaestiones  »  a  spirituali  Collegio  submisse  S1RI  propositas  expe- 
diens,  benignam  SUAM  voluntatem  propriae  REGIAE  manus  ' 
subscriptione  exprimeret,  ipsique  spirituali  Collegio  ut  «  sanctis- 
sima  regens  synodus  -))  nuncupetur,  titulum  impertiretur. 


(1)  Il  n'est  pas  toujours  facile  de  traduire  en  français  les  titres  donnés  au  Tsar, 
et  à  ce  qui  lui  appartient  ou  seulement  le  regarde.  La  langue  française  s'y  prête 
aussi  peu  que  le  génie  du  peuple  qui  la  parle.  Au  surplus,  nous  sommes  resté  en 
deçà  de  la  pensée  russe,   plutôt  que    de  nous  exposer  à  exagérer. 

(2)  En  russe:  СвятМшШ  Цраштельсгвующш  Сиподъ-  Ce  que  nous  avons  traduit  par 
Dirigeant  signifie  aussi  :  Gouvernant.  Nous  nous  sommes  conformé  à  la  version 
adoptée  même  dans  les  actes  officiels  de  la  cour  de  Russie,  rédigés  en  français. 
C'est,  du  reste,  le  même  titre  qui  est  donné  au  Sénat  (Правптельствугоцпй  Сепатъ)  avec 
le  trés-saixt  de  moins . 

Ce  dernier  paragraphe  du  «  Règlement  »  en    dit  plus  que  de  longs  volumes. 


g40  TROISIÈME  PARTIE.  —  §  1. 

POINTS 

SUR  LESQUELS  SA  MAJESTE  SÉRENISSIME  DE  SA  PROPRE  MAIN  HAUT- 
MONARCHIQUE  DAIGNA  DONNER  UNE  RESOLUTION. 


A  Sa  Majesté  Tsariennc, 

en  doklad  *. 

4 

Faut-il  que  clans  le  service 
divin,  aux  endroits  où  l'on  pro- 
clamait le  nom  du  Patriarche, 
on  proclame  à  sa  place  celui  de 
l'Assemblée  Ecclésiastique  diri- 
geante d'après  la  formule  sui- 
vante ? 


Ecrit  de  la  propre  main  de 
Sa  Majesté  Tsarienne  comme 
ci-après  : 


QUAESTIONES  PER  PUNCTÀ  PROPOSITAE 
quas   AUGUSTISSIMA    REGIA  MAJESTAS   bénévole-  et 

QUIDEM    PROPRIA    MANU   SCRIBENS    SOLVIT. 


REGlAE  MAJESTATISde- 
cisivum  decretum  ex  ]  PSI  US  pro- 
priété manus  subscriptione  est  per- 
spicuum . 


Ex  A  U G  USTISSJMA  REGIA 
M  A  JE  STATE  modeste  quœri- 
quantnr  l  : 

1 
In  ecclêàiasticis  precationibus. 
ubicumque  nomen  Patriarcbae 
pronuntiabatur,.  titulus  spiritua- 
lis  Regenlis  Collegii  debeat  ne 
pronunciari  juxtà  appositam 
formnlam? 

i  Dans  la  Collection  complète  des  lois,  etc.  (Ноли.  Собр.  etc.),  ces  ce  POINTS  »se ^  trou- 
vent sous   la  date    du  14  février   1721  et  portent  le  trtre  de  «  Неверове  sou 
u  ,  ,,   ,  ,     c        n         ,+nmp  Vt  r 473411    —  On  appelle  doklad  (локдадтЛ 

ranes  sur  le  doklad  du  Synode  n   (tome  VI  \àiôb\).         ^         „i,tor,'ïr  U  rlpoislon  ou 
tout  rapport  ou  proposition  qu'on  présente  au  Tsar  pour  en  obtenu  la  décision 
l'approbation. 


POINTS   RESOLUS    PAR   LE    TSAR. 


241 


Formule. 

«    Pour   la  très-sainte 

«  Assemblée  Dirigeante,  le  vé- 
«  nérable  clergé,  etc.  » 

Et  que  le  titre  de  très-saint 
ne  se  rapporte  à  aucune  per- 
sonne en  particulier,  mais  seu- 
lement à  toute  l'Assemblée 
prise  collectivement l. 


«  Pour  le  très-saint  Synode  » 
ou  bien  :  «  pour  le  très-saint 
«  Synode  Dirigeant.  » 


Formula. 

«  ....  Pro  sanctissimo  Régente 
Collegio  venerabili  sacerdotum  or- 
dine,  etc.  » 

Hic  porro  tilulus,  eum  toti 
adaequato  Collegio  sit  proprius, 
nuili  separatim  Synedrii  Collegae 
potest  trilmi  l. 


«    Pro   SANCT1SSIMA    SYNODO    » 

vel  :  pro  sanctissima  Régente 
Synodo.  » 


(l)  On  voit  par  cette  proposition  et  les  suivantes  que  le  Synode  n'avait  encore 
reçu  aucun  titre  officiel.  C'est  à  cette  occasion  que  Pierre  lui  fixa  pour  toujours  la 
dénomination  de  très-suint  Synode  Dirigeant,  dénomination  qui  fut  immédiatement 
adoptée  dans  tous  les  actes  officiels. 

Quant  à  ce  qui  fait  l'objet  précis  de  cette  première  demande  du  Synode,  Proko- 
povitch, l'avocat  obligé  de  tous  les  faits .  et  projets  de  Pierre,  préparait  déjà  un 
écrit  destiné,  non-seulement  à  justifier  la  substitution  du  nom  de  Synode  à  celui 
du  Patriarche  mais  aussi  à  empêcher  que  l'omission  totale  des  noms  des  autres 
Patriarches  orientaux  ne  troublât  les  gens  simples  et  ignorants.  «  La  proelama- 
u  tion  solennelle  et  constante  du  nom  de  quelqu'un,  dit  Prokopovitch,  est  une 
«  marque  de  l'autorité  exercée  par  celui  dont  le  nom  est  proclamé  sur  ceux  qui 
«  le  proclament  ;  or  l'Église  russe  est  indépendante  de  l'autorité  des  Patriarches.  » 

«  Là  où  réside  un  des  Patriarches,  dit-il  ailleurs,  le  nom  des  autres  est  proclamé 
«  (à  la  liturgie)  par  le  protodiacre,  quand  c'est  le  Patriarche  lui-même  qui  officie. 
«  C'est  ce  qu'il  faut  observer  aussi  parmi  nous,  quand  c'est  le  Président  même  du 
«  Synode  qui  officie.  Le  protodiacre  doit  alors  proclamer  les  noms  des  Patriarches 
«  (orientaux)  après  celui  du  Synode  qui  est  son  autorité  légitime,  et  conclure  par 
«  celui  du  Monarque  en  tant  que  juge  suprême  du  Synode  (ико  верховиаго  cy.iiio  самого 
моиарха  нашего)-  Voir  plus  haut  p.    10  et    noie).  L'écrit  de  Prokopovitch  parut  en 

1С) 


242 


POINTS   RESOLUS    PAR    LE   TSAR 


S'il  arrive  que  l'Assemblée 
Dirigeante  doive  correspondre 
avec  le  Sénat  Dirigeant  et  les 
Collèges,  et  ceux-ci  à  leur 
tour  avec  l'Assemblée  Ecclé- 
siastique, en  quelle  forme  les 
communications  doivent- elles 
être  rédigées  ? 

Aucune  autorité  n'adressait 
des  ukases  au  Patriarche  et, 
d'autre  part,  le  Collège  Ecclé- 
siastique possède  l'honneur,  le 
pouvoir  et  l'autorité  des  Patriar- 


Avec  le  Sénat  en  forme  de 
rapport  portant  la  signature  de 
tous  ;  avec  les  Collèges  de  la 
même  manière  que   le   Sénat 


In  casn  instantis  necessariae 
spiritalis  Collegii  cum  Régente 
Senatu,  vel  etiam  cum  Collegiis, 
aut  e  contrario  eo'rum  cum  spi- 
rituali  Collegio  per  literas 
communicationis  ,  qua  normâ 
utendum  est  ? 

-  Siquidem  Patriarclia  ab  om- 
nium curiarum  mandatis  fuerat 
immunis,  spirituale  autem  Col- 
legium  honore,  vi  et  potestate 
Patriarchae  convenientibus,  qui- 


Cum  Senatu  per  literas  no- 
mine  notitiae  insiguitas,  et  qui- 
dem  omnium  Collegarum  subs- 
criptione  ratas  habitas  ;  cum 
Collegiis  vero  per  mandatum 
scriptum  ,  secretarii  dumtaxat 
manu  munitum,  perinde  atque 


mai  1721,  sous  le  titre:  De  la  proclamation  du  nom  du  Patriarche  dans  les  prières 
de  l'Église,  etc.  (О  позношепш  имена  Uaipiapmaro,  etc).  Voir  Pekarski,  Op.  cit.,  t.  II, 
pp.  501-502. 


POINTS   RESOLUS   PAR  LE   TSAR 


243 


ches,  si  ce  n'est  plus  encore, 
puisqu'il  est  un  Concile  ' . 


Quand  il  y  a  des  Éparehies 
vacantes  faut-il  que  les  Évêques 
soient  choisis  dans  l'Assemblée 
Ecclésiastique,  et  qu'ils  soient 
consacrés   et  désignés  aux  di- 


correspond  avec  eux,  avec  la 
seule  signature  du  Secrétaire  2. 


nimo  potioribus,  utpote  congre- 
gatio,  est  praeditum1. 


Pro  viduis  dioecesibus  Praesu- 
les  in  spirituali  Collegio  sunt  ne 
eligendi  ?  Et  postquam  a  REGIA 


in  Senatu  fieri  solet,  instituenda 
est  collatio  2. 


(1)  Russe  :  п.ш  едва  лп  a  не  большую  попсже  Соборъ.  Cette  comparaison  du  Synode 
avec  un  Concile,  revient  plus  d'une  fois  dans  les  actes  officiels  de  l'Eglise  russe, 
entr'autres  dans  le  Statut  des  Consistoires  ecclésiastiques,  qui  définit  le  Synode  :  Le 
Concile  Dirigeant  de  l'Eglise  russe.  (Правительствующей  PocciïiCKoii  Церкви  Соборъ. 
Цолн.  Собр.  Зак.  2е  série,  t.  XVI.  Уст.  Дух.  Копспст.  (14409)  27  mars  1841.  Art.  2). 
Elle  est  aussi  employée  par  les  théologiens  russes  pour  défendre  l'abolition  du  Pa- 
triarcat et  représenter  l'institution  du  Synode  comme  la  substitution  d'une  forme 
de  gouvernement  ecclésiastique  plus  parfaite  et  même  plus  conforme  aux  canons- 
Bornons-nous  à  remarquer  que,  selon  le  «  Règlement  »  (voir  plus  haut  p.  205),  des 
douze  membres  du  Synode,  trois  seulement  devaient  être  Évêques! 

(2)  Par  cette  Résolution,  le  Synode,  tout  en  gardant  son  organisation  interne 
semblable  à  celle  des  autres  Collèges  et  restant  soumis  dans  son  mode  d'action  au 
même  «  Règlement  général  »,  fut  mis  par  le  Tsar  sur  le  même  pied  que  le  Sénat  et 
investi  de  la  même  autorité.  Pour  ce  qui  concerne  l'organisation  du  Sénat  et  les 
dispositions  relatives  à  la  correspondance  des  Collèges,  voir  Поля.  Собр.  Зик.  t.  V. 
(3264)  Dec.  1718,  p.  605;  t.  VI.  Генер.  Per.i.  Ch.  xtv  et  xvi.  (3534)  28  févr.  1720, 
p.  147  ;  ib.  (3749),  3  mars  1721,  p.  366  ;  ib.  (3877),  12  janvier  1722,   p.  479. 


244 


POINTS   RESOLUS   PAR  LE   TSAR. 


vers  endroits  après  avoir  été 
présentés  à  Sa  Majesté  Tsarienne 
Sérénissime? 


On  choisira  deux  personnes, 
et  celle  que  nous  désignerons 
fera  consacrée  et  désignée  *. 


MAJESTATE,  mandatum  eos  or- 
dinandi  per  lileras  impetratum 
fuerit,   ad   suas   sedes   sunt  ne 


designandi  ? 


Duo  candidati  sunt  eligendi. 
NOSTRO  autem  probatus  snf- 
fragio,  designandus  est  et  ordi- 
nandus  '. 


(I)  Cette  disposition  fut  insérée  dans  le  Rite  pour  l'élection  et  la  consécration  d'un 
Eve'que  (Чииъ  пзбрашя  и  рукоположешя  ApxiepeucKaro,  Р'е  édit.,  1725),  Л  ont  nous 
avons  parlé  dans  la  «oie  aux  pp.  101-102,  et  qui,  traduite  en  latin  par  Gyriacus 
Kondratovicz,  fut  insérée  par  Haigold  dans  ses  Beilagen  zum  neuveranderten 
Russland,  sous  le  titre  de  :  Ri  tus  circa  eleetionem  et  inaugurationem  Episcoporum  et 
Àrchiepiscoporum  in  Russia  obsenati  soliti,  secundum  exemplar  an.  1725,  etc.  §  1  : 
(Haigold,  Op.  cit.,  tome  Jer,  p.  99).  —  Il  est  bon  de  remarquer  que  le  Procureur 
suprême  du  Synode,  cet  oeil  du  Tsar,  ainsi  qu'il  est  appelé  dans  «  l'Instruction  » 
qu'on  trouvera  à  la  fin  de  ce  volume,  doit  assister  à  toutes  les  séances  du 
Synode,  par  conséquent  même  à  celles  où  l'on  traite  de  la  nomination  des  Évêques. 
Nous  n'en  dirons  pas  davantage. 

L'épiscopat  russe  eut  son  historien,  c'est  l'hieromoine  Ambroise  Ornatski  (1778- 
1827),  mort  Ëvêque  de  Penza.  En  parcourant  sa  célèbre  Histoire  de  la  Hiérarchie  russe 
(HcTopifl  pocciuCKOU  Iepapxiii,  en  six  parties,  Moscou,  1807-1815),  et  surtout  en 
lisant  plusieurs  ukases  en  vertu  desquels  des  Évèques  ont  été  promus,  transférés, 
admis  à  se  reposer  —  bien  entendu  sans  qu'ils  n'en  eussent  ni  l'envie  ni  le  besoin  — 
et,  enfin,  déposés  ;  et  plusieurs  Éparcbies  créées,  élargies,  restreintes  et  suppri- 
mées, sans  qu'il  paraisse  en  tout  cela  la  moindre  trace  de  motion  préalable  de  la 
part  du  Synode,  on  ne  peut  s'empêcher  de  se  demander  si,  en  fait,  ce  n'est  pas  le 
Tsar  qui  dispose  en  maître  de  la  juridiction  ecclésiastique  et  qui  confère,  en  vrai 
Pape,  le  pouvoir  des  clefs.  Cette  remarque  est  fort  grave  ;  nous  allons  la 
justifier. 

L'Eglise  russe,  d'accord  en  cela  avec  les  Catholiques,  regarde  comme  invalide 
et  nulle  l'absolution  donnée,  en  dehors  du  cas  d'une  nécessité  extrême,  par  un 
prêtre  qui  n'a  pas  été  autorisé  à  entendre  les  confessions  par  l'Evêque  local.  «  Si 
«  quelqu'un,  dit  le  Trebnik  ou  Rituel  de  l'Église  russe ,  ose  recevoir  les  manifesta- 
«  tions  de  la  conscience  et  confesser,  sans  avoir  obtenu  la  délégation  de  l'Evêque 
«  de  l'endroit,  il  sera  puni  conformément  aux  canons  comme  transgresseur  des  lois 
ci  divines.  C'est  que,  non-seulement  il  se  perd  lui-même,  mais  ceux  qui  se  confes- 
«•  sent  à  lui  ne  sont  point  confessés,  et  ce  qu'il  lie  ou  délie  n'est  point  ratifié,  etc., 
(по  и  едины  y  пего  испов1дащас(г,  по  псповвдапы  суть;  и  елика  свлза  пли  разреши 
не  исправлена.  —  Требпнкъ.  Éd.  Moscou,  1836,  p.  17).  »  —  Or,  si  les  Évèques, 
qui  seuls  peuvent  donner  aux  prêtres  la  faculté  d'absoudre,  sont  déposés  et 
transférés  d'une  Éparchie  à  l'autre  par  le  simple  bon  plaisir  du  Tsar  ;  si  ce  même 
bon  plaisir  change  les    limites  des  Éparcbies  et  soustrait  arbitrairement  les  fidèles 


POINTS    RESOLUS    PAR    LE   TSAR. 


215 


Faut-il  que  les  biens  patriar- 
caux et  ceux  des  Évêchés  et  des 
monastères  soient  placés,  ainsi 
que  leurs  revenus  et  leur  ad- 
ministration, sous  l'inspection 
du  Collège  Ecclésiastique? 

Ces  biens  étaient  placés,  jus- 
qu'ici, sous  l'inspection  de  la 
Chancellerie  des  Monastères  '  ; 


Praedia,  quaefuerant  Patriar- 
chae,  item  quae  Praesulum  et 
monasteriorum  sunt,  quorum  di- 
rectio  a  Cnria  sic  dicta,  monas- 
teriorum *  dependebat  ;  spirituale 


à  la  juridiction  de  leurs  anciens  Pasteurs  pour  les  soumettre  л  de  nouveaux,  est-ce 
que  la  validité  de  l'absolution  sacramentelle,  en  plusieurs  circonstances  du  moins-, 
n'est  pas  rendue  dépendante  des  ukases  des  Tsars  ?  —  Il  en  est  bien  autrement  dans 
l'Eglise  catholique.  Tous  les  souverains  du  monde  ne  pourront  jamais  rien  ôter  ni 
rien  ajouter  à  la  juridiction  d'un  Évêque.  Ils  pourront  bien  changer  de  nom  les 
limites  des  diocèses,  bannir  les  Évoques  légitimes,  mettre  de  force  à  leur  place 
des  intrus  ;  les  diocèses  n'auront  pour  les  fidèles  d'autres  limites  que  celles 
reconnues  par  le  Pape;  leurs  Évêques  ne  seront  que  ceux  reconnus  et  approuvés  par 
le  Pape  ;  tout  intrus,  quels  que  soient  son  nom  et  ses  titres,  n'aura  pas  plus  de 
pouvoir  pour  lier  et  délier  leurs  consciences  que  les  souverains  laïques  eux- 
mêmes. 

On  va  nous  répondre  que  les  volontés  du  Tsar  sont  celles  aussi  du  Synode.  C'est 
en  effet  la  seule  réponse  possible.  Mais  quel  aveu  1...  «De  nos  jours,  s'écriait 
«  Nicon  vers  1660,  la  grâce  du  Saint-Esprit  ne  peut  agir  autrement  que  par  un 
«  ukase  du  Tsar.  »  (Palmer,  the  Replies  of  the  humble  Nicon,  etc.,  p.  206.)  Que 
dirait  le  grand  Patriarche,  s'il  revenait  maintenant  à  la  vie? 

(I)  La  Chancellerie  des  monastères  (Мопастырекп!  Приказъ)  avait  été  créée  par  le 
Tsar  Alexis  Mikhaïlovitch;  ses  attributions  sont  exposées  dans  VOulojénie  du  même 
Tsar.  (V.  plus  haut  p.  50  note,  et  Пот.  Собр.  Зак.  t.  Ier,  Уложете,  etc.,  année 
'1757  [depuis  la  création  du  monde],  1649  de  l'ère  chrétienne.)  En  1077,  cette  Chan- 
cellerie fut  supprimée  et  ses  attributions  furent  confiées  à  la  Chancellerie  du  grand 
Palais  [cour]  (Приказа  Болшаго  Дворца).  —  Voir  Поли.  Собр.  Зак.  t.  II   (711),   19  dé- 


246 


POINTS  RESOLUS  PAR  LE  TSAR. 


mais,  dans  les  mains  d'admi- 
nistrateurs laïques,  ils  furent 
appauvris  et  perdirent  de  lear 
valeur.  En  outre,  le  Collège 
Ecclésiastique  s'est  lié  par  ser- 
ment autant  que  les  autres 
Collèges,  non-seulement  à  de- 


юе  tantum  Colleginm  directurûm 
est?  reditusque  colleoturum  ? 
jdque  ideo,  quoniam  saeculares 
oeconomi  ea  praedia  ad  egestatem 
redegerunt;  spirituale  v<ero  Col- 
legium  jurejurando  non  minus 
quam  alia  Collegia  tam  ad  fide- 


cembre  1677.  Pierre  la  rétablit  en  1 700  (16.,  t.  IV  (  1829)  24janv.  1700).  Par  la  Résolution 
que  le  lecteur  a  sous  les  yeux,  datée,  comme  nous  l'avons  vu  plus  baut,  du  14  fé- 
vrier 1721,  la  Chancellerie  des  monastères  fut  placée  sous  la  dépendance  du  Synode 
En  janvier  1724,  Pierre  ordonna  quelle  fût  organisée  en  forme  de  Collège  semblable 
aux  autres,  et  attachée  au  Synode. Un  ukase  du  Sénat,  daté  du  I4janvier  1725,  nous 
apprend  qu'en  conformité  de  cet  ordre  du  Tsar,  le  Synode  et  le  Sénat  statuèrent 
qu'à  l'avenir  la  Chancellerie  des  monastères  s'appellerait:  Comptoir  du  revenu  du 
Gouvernement  Synodal  (...  именоваться-  Сицодалааго  Правительства  Камеръ-Ковторъ . 
76.,  t.  VII  (4632),  14janv.  1725). 

Nous  avons  déjà  dit  (p.  144,  note)  que  les  biens  du  clergé  ne  furent  point  la 
dernière  des  sollicitudes  de  Pierre.  Le  «  Règlement  »  contient  déjà  rdusieurs  disposi- 
tions à  cet  égard  ;  d'autres  sont  contenues  dans  l'espèce  de  traité  ascétique  du 
même  Tsar  Sur  la  vocation  religieuse.  Nous  ne  les  discuterons  point  ici,  ni  pour 
les  censurer,  ni  pour  relever  celles  qui,  émanées  de  l'autorité  légitime,  eussent 
mérité  une  approbation  sans  réserve.  Disons  seulement  qu'en  ordonnant  aux  cou- 
vents de  prendre  à  leur  charge  les  soldats  malades  et  infirmes,  Pierre  eût  pu  se 
dispenser  de  se  demander  :  «  Quel  avantage  les  sciences  tirent-elles  des  couvents  ?  » 
.et  de  répondre  :  «  Aucun,  absolument  aucun,  soit  pour  Dieu,  soit  pour  les 
hommes,  a  Un  interlocuteur,  qui  en  eût  eu  le  courage,  eût  fait  remarquer  que 
c'était  cependant  lui,  lui-même;  le  Tsar  qui,  par  trois  fois  et  sous  les  peines  les 
plus  sévères,  avait  défendu  aux  moines  l'usage  de  l'encre  et  de  la  plume,  à  moins 
d'une  permission  spe'ciale  du  Supérieur  1 

Les  successeurs  de  Pierre,  Catherine  P'e  (1725-27),  Anne  (1730-40),  Elisa- 
beth (1741-61),  Pierre  III  (1761-62)  publièrent  chacun  des  dispositions  sur  les  bien 
du  clergé  qui  préparèrent  la  voie   à   la  confiscation    générale   opérée    par   Cathe- 


POINTS    RESOLUS    PAR    LE    TSAR 


meurer  fidèle  à  Sa  Majesté 
Tsarienne,  mais  aussi  à  en  pro- 
curer les  intérêts.  Enfin,  dans 
le  «  Règlement  ecclésiastique  » 
il  est  statué  que  l'administra- 
tion de  ces  biens  soit  dévolue 
au  Collège  ecclésiastique. 


Qu'il  en  soit  ainsi. 


lilatem  servamlam,  quamad  rem 
pecuniariam  REGLAK  MAJESTA- 
TI  debitam,  exasse  praestandam 
est  obstrictum.  Spirituale  deni- 
(jue  «Regulamentum  »  sive  Sta- 
tutum  ejusmodi  directionem  spi- 
riluali  Collegio  adjudicat. 


Esto. 


rine  II.  Déjà,  dans  un  ukase  préparatoire  du  12  août  1762,  cette  Impératrice,  après 
avoir  parlé  с  de  l'autorité  maternelle  dont  elle  était  investie  pour  le  bien  de  son 
peuple  »  et  avoir  rappelé  l'autorité  suprême  que  tous  les  souverains  ont  reçue  de  Dieu 
daml' Eglise  {...ътЪя  поручепную  себ*  отъ  Бога  такъ  какъ  п  вст.  Монархи  въ  Церкви 
главную  BiaCTb),  annonçait  son  intention  de  régler  d'une  manière  définitive 
l'administration  des  biens  ecclésiastiques.  «  Il  n'est  ni  dans  nos  vues,  disait-elle,  ni 
«  dans  nos  désirs  de  nous  approprier  les  possessions  de  l'Eglise,  seulement  nous  exer- 
«  çons  l'autorité  que  Dieu  nous  a  donnée  en  réglant  par  des  lois  le  meilleur  usage  de 
«  ces  biens  pour  la  gloire  de  Dieu  et  V avantage,  du  pays.»  (Поле.  Собр.  Зак.,  t.  XVI  (11643) 
12  août  1762,  p.  51).  C'est  encore  en  invoquant  la  gloire  de  Dieu  et  l'avantage  du 
pays  qu'un  an  et  demi  plus  tard  elle  procédait  à  la  confiscation  générale.  Pur  la 
même  occasion,  soit  les  Éparchies  soit  les  monastères  furent  divisés  en  trois 
classes  auxquelles  correspondaient  des  traitements  différents,  et  tous  les  membres 
du  clergé,  depuis  un  Évêque  de  première  classe  jusqu'au  dernier  sacristain  et  au 
dernier  frère  convers  d'un  couvent  de  troisième  classe,  eurent  leur  salaire  fixé 
au?si  exactement  et  aussi  impitoyablement  que  celui  d'un  officier  supérieur  et  d'un 
tambour.  (V.  Поли.  Собр.  Зак.  tome  XIV  (12060),  26  février  17  14.  p.  549  et  seq. 
avec  les  renvois  au  Кпига  Шгатовъ,  tome  XLIV).  Le  Manifeste  publié  par  Catherine 
en  cette  occasion  se  trouve  traduit  en  allemand  dans  le  premier  volume  du  Maga~ 
Zin  fur  Historié  und  Géographie  de  Biisching,  pp.   100-106. 

—  De  nos  jours,  l'administration  des  biens  ecclésiastiques,  tout  en  restant  une 
des  attributions  du  Synode,  est  placée  sous  la  haute  direction  (подъ  главнымъ 
начальством!,)  de  son  Procureur  suprême,  également  pour  la  gloire  de  Dieu  et 
l'avantage  du  paye. 


DU  SUPPLÉMENT  AU  «  RÈGLEMENT  ECCLÉSIASTIQUE  » 


C'est  ici,  à  la  suite  des  POINTS,  que,  dans  les  éditions  russes  du  «Règle- 
ment ecclésiastique,  »  on  trouve  le  SUPPLÉMENT  (Pribavlenie) 1  où  sont 
exposées  en  détail  les  obligations  des  prêtres  et  des  moines.  (Voir  plus 
haut  p.  34,54,  97  et  notes.)  Le  SUPPLÉMENT  fut  encore  rédigé  par  Prokopo- 
vitch,  et  parut  pour  la  première  fois  à  Moscou  au  mois  de  juin  1722.  Le 
préambule  nous  montre  l'œuvre  de  Pierre  déjà  accomplie,  l'Eglise  russe 
déjà  esclave,  le  voici  :  «  Bien  que,  dans  ce  qui  a  été  dit  précédem- 
«  ment  des  Devoirs  des  Êvéques,  il  se  trouve  aussi  plusieurs  règles  servant 
«  à  la  réforme  du  clergé  et  des  moines,  vu  qu'elles  sont  insuffisantes,  et 
«  que,  d'autre  part,  le  très-saint  Synode  est  obligé,  par  Vuhase  nominal, 
«  imprimé  en  tête  du  «  Règlement,  »  de  le  compléter  par  de  nouvelles 
«  prescriptions,  on  ajoute  ici,  en  vertu  dudit  ukase,  des  règles  spéciales 
«  servant  à  la  réforme  du  clergé  séculier  et  de  l'état  monastique.  Elles 
«  ont  été  confirmées  par  V approbation  de  Sa  Majesté  Tsarienne,  le  con- 
«  sentement  du  très-saint  Synode  Dirigeant  et  la  propre  signature  de 
«  tous  les  membres  du  Synode.  » 

Le  SUPPLÉMENT  se  divise  en  deux  parties  :  la  première  traite  Des  prêtres, 
des  diacres  et  du  reste  du  clergé,  et  contient  trente  règles.  C'est  dans  cette 
partie  qu'on  trouve,  sous  le  n°  11,  la  prescription  mentionnée  plus  haut, 
(p.  77,  note),  concernant  la  révélation  du  secret  de  la  confession.  Le  lec- 
teur devine  qu'il  s'agit  du  cas  de  quelque  complot  ou  machination  contre 
le  Tsar,  sa  famille  et  l'Etat.  11  y  a  bien  la  clause  :  «  que  le  pénitent  n'en 
ait  aucun  repentir  et  qu'il  s'en  confesse  afin  d'être  confirmé  par  l'adhésion 
ou  le  silence  du  confesseur,  dans  son  dessein  criminel,  »  mais  le  juge  de 
cette  intention  et  du  manque  de  repentir,  c'est  encore  le  prêtre  lui-même. 
Et  afin  que  nulle  influence  ne  put  altérer  l'intégrité  de  son  jugement, 
Pierre  voulut  bien  statuer  que  le  prêtre,  négligeant  de  faire  cette  dénon- 
ciation, ne  serait  puni  que  de  mort.  C'est  aussi  ce  qu'il  daigua  faire  insé- 
rer dans  la  formule  de  serment  qu'il  prescrivit  à  chaque  prêtre.  «  ...  Je 
«  dénoncerai,  dit  cette  formule,  et  .je  déclarerai  en  toute  vérité  et  sans 
«  aucun  artifice  de  mensonge,  ni  fictions,  ni  ruses,  ayant  (devant  moi)  la 
«  crainte  de  perdre  l'honneur  et  la  vie,  et  la  pensée  constante  du  jugement 
«  incorruptible  de  Dieu-.  »  Le  lecteur  jugera,  à  son  tour,  laquelle  de  ces. 
deux  considérations  devait  avoir  plus  d'influence  ! 

La  deuxième  partie  du  SUPPLÉMENT  traite  Des  moines,  et  contient 
soixante-deux  règles  partagées  en  cinq  chapitres  :  ier  De  ceux  qu'il  faut  re- 
cevoir dans  l'état  monastique,  et  comment  il  faut  procéder.  IIe  De  la  vie 

(1)  On  le  trouve  dans  le  Полп.  Собр.  Зак.  à  la  fin  des  lois  du  mois  de  mai  1722, 
t.  VI  (4022),  p.  699  et  suiv.,sousle  titre  de  :  Прибавлеше  къ  Духовному  Регламенту. 

(2)  Russe  :  Им'бя  страхъ  лишешя  чести  и  живота,  у  помятуя  незабытно  пеумытпын 
судъБожш.  Voir  Поли.  Собр.  Зак.,  ukase  du  "17  février  1722  (4012),  t.  VI  p.  685, 
avec  le  serment  (присяга)  annexé,  p>.  688.  Nous  avons  parlé  avec  quelque 
détail  de  cette  prescription  dans  notre  Étude  :  The  Pope  of  Rome,  etc.,  p.  104-106, 
édit.  française  :  Le  Pape  de  Rome  et  les  Papes  de  l'Église  orthodoxe  d'Orient,  Paris, 
Pion,  1874.  p.  166-170.  Le  sujet,  cependant,  est  loin  d'être  épuisé. 


DU  SUPPLEMENT  AU  «   REGLEMENT   ECCLESIASTIQUE.  »        240 

(1rs  mornes.  IIIe  Des  religieuses.  IVe  Des  monastères.  Vp  Des  supérieurs  des 
monastère».  On  remarque,  à  la  tin,  que  bon  nombre  de  ces  règles  sont 
empruntées  aux  anciens  cano-is  et  aux  ukases  des  Tsars,  et  se  trouvent 
dans  le  Kormtchaïa  Kniga  et  dans  les  actes  du  Concile  tenu  à  Moscou  en 
7175  (1667),  Je  même  qui  condamna  Nicon  *. 

Le  SUPPLÉMENT  est  un  document  d'une  haute  importance,  mais  à  un 
autre  point  de  vue  que  le  «  Règlement  ecclésiastique».  Ce  dernier  nous 
montre  le  mécanisme  administratif  de  l'Eglise  russe;  le  SUPPLÉMENT 
nous  met  à  même  d'examiner  en  quelle  mesure  la  vie  spirituelle  —  qui  a 
une  si  grande  part  dans  l'Eglise  catholique —  peut  exister,  se  produire  et 
agir  dans  l'Eglise  russe.  On  le  comprend,  c'est  là  un  travail  à  part  et  qui 
ne  répond  point  au  but  précis  de  cette  publication;  nous  nous  bornerons 
par  conséquent  à  ce  que  nous  venons  d'en  dire. 


La  date  à  jamais  mémorable  de  l'institution  solennelle  et  défini- 
tive du  Synode  c'est  le  14  février  1721.  En  ce  jour,  Pierre  se  rendit 
en  grande  pompe  à  l'Église  de  la  Trinité,  et  là,  après  la  messe, 
Théophane  Prokopovitch  prononça  le  discours  d'inauguration.  «  Si 
«  quelqu'un,  dit  l'orateur,  s'avise  de  demander  quel  avantage  peut 
«  résulter  de  l'institution  du  Synode,  je  lui  ferai  une  réponse  em-  . 
«  pruntée  à  Aristote.  «  Pourquoi,  demanda  quelqu'un  à  ce  philo- 
«  sophe,  dès  qu'on  voit  une  personne  jolie  l'aime-t-on  immédiate- 
«  menti  »  «  Cette  question,  répondit  Aristote,  ne  peut  venir  que 
«  d'un  aveugle.  »  Eh  bien,  c'est  là  ce  que  je  répondrai  aussi  à  mon 
«  questionneur....  -  »  —  On  parle  tant  de  Bossuet,  on  l'appelle 
l'aigle  de  Meaux,  que  devient-il  à  côté  de  l'aigle  de  Pskoff  ! 

A  une  beauté  dont  la  seule  vue  commandait  impérieusement  l'ad- 
miration, que  pouvait-il  manquer?  Quelques  détails  d'ajustement  et 
une  couronne  ;  Pierre  eut  soin  de  les  lui  procurer.  Dans  ce  même 
jour,  14  février  1721,  Pierre  résolut  les«  Points  «ci-dessus  rapportés  ; 
d'autres,  également  proposés  par   le  Synode,  furent  résolus  par  le 

(1)  Le  lecteur  trouvera  dans  les  fahrbucher  der  Lileralur  de  Vienne  (t.  XXIII. 
an.  1823,  pp.  220-270),  l'analyse  du  Кормчая  Кпига  faite  par  le  savant  Kopitar.  Pour 
ce  qui  est  du  Concile  de  1666-6Ï,  nous  rappellerons  au  lecteur  la  dernière  publi- 
cation de  W.  Palmer  :  History  of  the  conclemnation  of  the  Pajriarch  Nicon. 

(2)  Ce  discours  fut  publié  la  première  fois  à  Saint-Pétersbourg  en  1760,  dans  la 
Collection  complète  des  œuvres  oratoires  de  Prokopovitch  (Слова  n  р'Ьчи  поучи- 
тельный, похвальны;!  u  поздравительный,  en  trois  parties.  Saint-Péterbourg,  1760-65). 
Pekarski  en  cite  un  extrait,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  520-521. 


250   DU  SUPPLÉMENT  AU  «  REGLEMENT  ECCLESIASTIQUE  ». 

Tsar  le  15  mars  et  le  19  novembre  de  la  même  année  ,  d'autres  le 
•12  avril  de  l'année  suivante  \  Dans  tous  ces«  Points  »le  Synode  mon- 
tre une  humilité  et  une  déférence  à  ravir.  Il  s'adresse  au  Tsar  afin 
qu'il  veuille  bien  définir  lui-même  les  exactes  limites  de  la  juridic- 
tion ecclésiastique,  et  Pierre  consent  à  se  soustraire  aux  graves 
occupations  de  l'Etat  pour  satisfaire  à  sa  demande.  On  manquait 
d'égard  envers  le  Synode,  les  autorités  civiles,  et  même  des  laïques 
puissants,  le  traitaient  un  peu  cavalièrement;  il  n'y  avait  pas  jusqu'à 
des  bourgmestres  portant  la  barbe  !  qui  ne  lui  donnassent  quelques 
soucis.  Le  Synode  s'en  plaint  au  Tsar  et  le  Tsar  lui  donne  satisfac- 
tion, mais  de  façon  à  lui  laisser  comprendre  qu'il  n'accepte  pas 
aveuglément  tout  ce  qu'il  débite  contre  ses  frères.  —  On  dit,  avec 
raison,  que  le  meilleur  ornement  d'une  beauté  c'est  la  modestie  ; 
or  ie  Synode  n'hésite  pas  à  déclarer  que,  s'il  se  trouve  faible  devant 
les  puissants  de  la  terre,  c'est  «  parce  qu  il  pense  humblement  de  lui- 
même  ^.  )) 

Il  ne  restait  plus  que  la  couronne.  Prudemment  défiant  envers  tout 
le  monde,  ses  favoris  compris,  Pierre  avait  attaché  au  Sénat  en 
qualité  d'«(EiL  du  tsar  »  un  homme  de  sa  confiance  auquel  il  avait 
donné  le  titre  de  Procureur  suprême  du  Sénat 3.  Pas  plus  de  quinze 
jours  plus  tard  il  décréta  qu'un  homme  «  ayant  de  la  hardiesse,  et 
choisi  parmi  les  officiers  4  »  serait  également  attaché  au  Syno  !e 
en  qualité  de  Procureur  suprême  du  Synode.  11  ne  voulut  pas  seu- 
lement changer  une  virgule  à  Г  «Instruction  »  donnée  au  Procureur 
suprême  du  Sénat  mais  il  voulut  que  telle  qu'elle  était,  avec  l'unique 
substitution  du  mot  Synode  à  celui  du  Sénat,  elle  dût  aussi  servir 
pour  le  Procureur  suprême  du  Synode.  Nous  allons  la  rapporter 
en  entier  ;  c'est  par  elle  que  nous  achèverons  celte  Étude. 

Г1)  Voir  Поли.  Собр.  Зак.,  tome  VI,  lô  mars  172!  (3761),  p.  371  ;  ib'.,  ib.,  19  no- 
vembre 1721  (3854),  p.  455;  ib.,  ib.,  12  Apr.  1722  (3962),  p.  649;  et  (3963)  pp.  650- 
652.  Tous  ces  «  points.  »  avec  les  Résolutions  du  Tsar,  furent  réunis  en  un  seul 
livre  et  publiés  pour  la  première  foisàMoscou  le  7  juillet  1722  (кошя  съ  докладпыхъ 
СвятЬйшаго  Синода  пупктъ,  etc.)  On  les  trouve  aussi  réunis  sous  le  même  titre 
dans  les  éditions  russes  du  «  Règlement  »,  à  la  suite  du  Supplément. 

(2)  «...  предлагаемое  отъ  Синода  опред-Ьлеше,  якобы  не  сильное  и  неважное 
(н^что  высоко  о  себ*  мня),    презирать   и  уничижать.  »  (3S54),  point  25m0. 

(3)  Полп.  Собр.  Зак.,  t.  VI,  12  janvier  172!  (3877),  n°  4,  p.  479,  et  27  avril  1722 
(3979),  p.  662. 

(4)  Цолп.  Собр.  Зак.  t.  VI  (4001),  11  mai  1722,  p.  676. 


INSTRUCTION 

DU  PROCUREUR  SUPRÊME  DU  TRÈS-SAINT  SYNODE1 

1 

Le  Procureur  suprême  doit  assister  aux  séances  du  Synode  à 
moins  qu'il  n'en  soit  empêché  par  une  cause  légitime.  Il  doit 
veiller  soigneusement  sur  le  Synode,  afin  que  celui-ci  accom- 
plisse ses  devoirs  et  que  les  affaires  soumises  à  son  inspection  et 
à  sa  décision  soient  traitées  conformément  aux  Statuts  et  aux 
ukases,  selon  la  vérité,  avec  ordre,  avec  zèle  et  sans  perte  de 
temps  :  le  Procureur  est  tenu  d'enregistrer  toutes  ces  choses  dans 
son  journal.  De  plus,  il  veillera  soigneusement  à  ce  que  les 
affaires  ne  soient  pas  seulement  traitées  dans  les  séances  du 
Synode  mais  qu'elles  soient  mises  à  exécution  et  menées  à  bonne 
fin,  d'après  ce  qui  aura  été  statué.  A  cet  effet,  il  s'informera  si  ceux 
qui  ont  reçu  quelques  ordres  ont  fait  ce  qui  leur  était  prescrit 
dans  le  délai  requis  pour  qu'on  pût  en  commencer  et  en  achever 
l'exécution  et,  en  cas  contraire,  ce  sera  à  lui  d'examiner  quelle  en 
a  été  la  cause  :  si  quelque  impossibilité  y  a  mis  obstacle, ou  bien 
si  cela  est  arrivé  par  passion  ou  par  paresse  ;  et  sans  délai  il  de- 
vra en  donner  communication  au  Synode.  Pour  cela  il  devra 
avoir  un  livre  où  il  notera,  sur  une  moitié,  le  jour  où  a  été  rendu 
quelque  décret,  et  sur  l'autre  si  le  décret  a  reçu  ou  non  son  en- 
tière exécution,  avec  indication  de  la  date,  du  motif  qui  en  aurait 
empêché  l'exécution,  et  des  autres  circonstances  nécessaires. 

2 

Le  Procureur  est  tenu  de  veiller  soigneusement  et  sévèrement 
sur  le  Synode,  afin  que  celui-ci  s'acquitte  de  ses  fonctions  con- 
formément à  ce  qui  est  juste  et  sans  acception  de  personnes  ;  s'il 

(1)  Russe  :  Ппструкфя  Оберъ-Прокурору  Святьмшаго  Синода.  C'est  le  titre 
que  ce  document  porte  clans  la  Поли.  Собр.  Зак.,  t.  VI,  13  juin  1722  (4036), 
p.  731;  c'est  pourquoi  nous  l'avons  préféré.  Dans  l'édition  du  «  Règlement  »  dont 
nous  nous  sommes  servi  pour  ce  travail  (Moscou,  1861),  cette  Instruction  porte  le 
titre  de  Devoir  du  Procureur  suprême  attaché  au  très-saint  Synode  ecclésiastique. 
(Должность  Oôep-ь-Прокурора  которому  быть  въ  Свять-йптемъ  Духовномъ  CnnojtJ 


252  INSTRUCTION   DU    PROCUREUR    SUPREME. 

remarque  quelque  chose  à  reprendre  sur  ce  point,  il  doit  immé- 
diatement s'en  expliquer  avec  le  Synode,  exprimant  sans  dégui- 
sement en  quoi  le  Synode,  ou  certains  de  ses  membres,  n'ont  pas 
agi  comme  ils  le  devaient;  ainsi  la  faute  sera  réparée.  Si  l'on 
n'obéit  pas,  il  doit  protester  sur-le-champ,  arrêter  l'expédition 
de  l'affaire  et,  si  elle  est  urgente,  en  référer  immédiatement  à 
Nous  ;  s'il  n'y  a  pas  urgence,  l'affaire  sera  traitée  dans  le  Synode, 
en  Notre  présence,  dans  le  délai  d'une  semaine  ou  d'un  mois, 
suivant  ce  qui  aura  été  réglé.  —  Le  Procureur  suprême  devra 
user  de  prudence  et  de  circonspection  dans  ses  rapports  publics 
adressés  à  Nous,  afin  de  n'attirer  aucun  discrédit  immérité  sur 
ceux  dont  il  parlera.  Conséquemment,  si  l'affaire  sur  laquelle 
son  opinion  diffère  de  celle  des  autres  lui  paraît  obscure  et  pré- 
sentant deux  aspects  différents,  après  qu'il  en  aura  arrêté  l'expé- 
dition comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  il  n'en  référera  pas 
immédiatement  à  Nous,  mais  il  prendra  d'abord  avis  de  quel- 
qu'un qu'il  croira  capable  d'éclaircir  la  matière.  S'il  trouve  que 
la  chose  est  en  réalité  telle  qu'il  l'avait  jugée,  ou  bien  s'il  ne  peut 
arriver  à  en  saisir  le  vrai  et  à  résoudre  son  doute,  il  en  référera 
alors  à  Nous  dans  le  délai  d'une  semaine  au  plus  tard.  Si  la  chose 
est  tout  à  fait  évidente  et  urgente,  il  en  référera  à  Nous  sur-le- 
champ.  Mais,  en  aucun  cas,  il  ne  tardera  plus  d'une  semaine, 
suivant  ce  que  nous  venons  de  dire,  et  il  ne  s'excusera  sur  aucun 
empêchement,  à  moins  que  Nous  ne  soyons  absents.  En  ce  cas  il 
Nous  adressera,  dans  le  délai  convenu,  un  rapport  qui  Nous  sera 
porté  par  un  courrier  spécial.  Si,  emporté  par  une  passion  quel- 
conque, il  rédige  un  rapport  qui  ne  soit  pas  conforme  à  la  vérité, 
il  sera  puni  suivant  la  gravité  de  l'affaire. 

3 
Il  devra  surveiller  tous  les  Procureurs  x  afin  qu'ils  s'acquittent 
de  leurs  fonctions  selon  la  vérité  et  avec  zèle,  et  si  quelqu'un 

([)  Dans  l'ukase  du  12  janvier    1721,    ci-dessus   mentionné,    Pierre  avait  statué 
que    chaque   Collège    aurait    son    propre    Procureur.    Depuis    que    le    Synode    fut 


INSTRUCTION   DU    PROCUREUR   SUPREME.  253 

manque  en  quoi  que  ce  soit  il  le  fera  juger  par  le  Synode.  De 
même,  il  sera  tenu  de  présenter  au  Synode  tous  les  rapports  des 
divers  Procureurs  en  exigeant  du  Synode  qu'on  leur  donne  suite. 
Enfin,  s'il  arrivait  qu'on  lui  fît  des  rapports  contre  les  dits  Pro- 
cureurs, comme  ne  s'acquittant  pas  de  leurs  fonctions  selon  la 
vérité  et  avec  zèle,  il  les  soumettra  au  jugement  du  Synode. 


Les  rapports  que  les  Fiscaux  sont  obligés  de  dresser,  confor- 
mément à  ce  qui  est  ordonné  à  l'article  7mo  de  leurs  «  Devoirs,  » 
doivent  être  reçus  par  le  Procureur  suprême  qui  les  présentera 
au  Synode  exigeant  qu'on  leur  donne  suite  l.  C'est  encore  lui 
qui  devra  surveiller  les  Fiscaux,  et  s'il  remarquait  quelque  dé- 
sordre il  en  informera  immédiatement  le  Svnode. 


C'est  lui  qui  devra  avoir  sous  sa  direction  la  Chancellerie  du 
Synode,  ainsi  que  les  employés  qui  y  sont  attachés. 

6 

L'Exécuteur  du  Synode  devra  être  placé  sous  la  direction  du 
Procureur  suprême. 


définitivement  institué  et  investi,  par  le  Tsar,  de  la  même  autorité  clans  les 
matières  ecclésiastiques  <jue  le  Sénat  clans  les  matières  civiles,  les  Procureurs  des 
divers  Collèges  s'adressaient  au  Synode  ou  au  Sénat,  suivant  la  nature  de  la 
matière  formant  l'objet  de  leurs  rapports. 

(1)  Nous  avons  parlé  des  Fiscaux  dans  la  note  à  la  p.  63,  et  nous  avons  remarqué 
que  les  Instructions  des  Fiscaux  ecclésiastiques  étaient  entièrement  calquées  sur 
celles  des  Fiscaux  de  l'État.  Les  rapports  des  Fiscaux  avec  les  Collèges  furent 
détaillés  clans  le  «  Règlement  général  »  du  28  février  1720  (3534),  au  cliap.  xbv 
(По.ш.  CoOp.  Зак.,  t.  VI,  p.  141).  L'article  7me  des  «  Devoirs  des  Fiscaux  »  mentionné 
dans  ce  n°  4,  concerne  les  malversations  et  les  dommages  causés  à  la  couronne. 
(V.  Поли.  Собр.  Зак.,  t.  V  (2786),  17  mars  1714.  Должность  Фмска.ювъ,  et  t.  VI,  à  la 
fin  des  lois  de  1721  (3870).  pp.  467  et  suiv.) 


254  INSTRUCTION  DU  PROCUREUR  SUPREME. 


Les  Fiscaux  attachés  aux  Collèges  et  aux  Cours  supérieurs  de 
justice  l  devront  adresser  tous  leurs  rapports  à  leurs  Procureurs 
respectifs  ;  les  Fiscaux  attachés  aux  tribunaux  de  district  les 
adresseront  aux  Procureurs  de  ceux-ci.  Et  dans  le  cas  où  ces  tri- 
bunaux négligeraient  de  donner  suite  aux  affaires,,  et  ne  procéde- 
raient point  conformément  à  la  justice,  les  Fiscaux  devraient  en 
informer  les  Procureurs  respectifs  attachés  aux  Collèges  et  aux 
Cours  supérieures  de  justice.  Et  si  les  Procureurs  mettaient  du 
retard  à  poursuivre  l'affaire  au-delà  du  temps  fixé,  ou  cherchaient 
à  gagner  les  Fiscaux,  ceux-ci  devraient  en  donner  avis  au  Fiscal 
en  chef  et  celui-ci  au  Procureur  général*1 .  Et  en  cas  que  le  Fiscal 
en  chef  négligerait  de  faire  son  rapport,  ou  y  mettrait  du 
retard,  ils  devraient  s'adresser  directement  au  Procureur  général 
et  porter  plainte  contre  le  Fiscal  en  chef  lui-même. 

8 

Tous  les  ukases  relatifs  à  des  affaires  d'importance,  comme 
aussi  les  communications  concernant  les  fautes  où  serait  tombé 
l'un  ou  l'autre  des  membres  de  ce  gouvernement  (ecclésiastique) 
les  dostiers  d'enquête  et  les  demandes  de  punition  pour  les  cou- 
pables, ne  seront  pas  expédiés  par  la  poste,  mais  par  des  courriers 
particuliers  de  l'Exécuteur,  afin  que  toujours  ils  reviennent  avec 

(1)  Les  cours  supérieures  de  justice  (Надверные  Суды)  étaient  établies  dans  les 
deux  capitales  de  Saint-Pétersbourg  et  de  Moscou.  Chacune  d'elles  avait  un 
Procureur  auquel  les  Fiscaux  adressaient  leurs  rapports.  On  comprend  que  la 
surveillance  dont  il  est  question  dans  cet  article  de  l'Instruction  du  Procureur 
suprême  du  Synode   ne  concerne  que  les  matières  ecclésiastiques  ou  mixtes. 

(2)  Ainsi  que  nous  l'avons  remarqué,  l'Instruction  du  Procureur  suprême  du 
Synode  est  mot  pour  mot  la  même  que  celle  donnée  au  Procureur  suprême 
du  Sénat.  Voilà  pourquoi  on  voit  ici  figurer  le  Procureur  général  (Гепералъ- 
Врокурорь),  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  Procureur  suprême  soit  du  Sénat, 
soit  du  Synode.  La  mission  du  Procureur  général  était  une  surveillance  universelle 
sur  toutes  les  autorités  de  l'Etat;  celle  des  deux  Procureurs  suprêmes  (Оберь- 
Прокуроры)  était  de  représenter  le  Tsar  et  d'en  procurer  les  intérêts,  l'un  dans 
le  Synode,  l'autre  dans  le  Sénat. 


INSTRUCTION  DU  PROCUREUR  SUPREME.         255 

un  rapport  complet  sur  ce  qui  a  été  fait  à  la  suite  des  communi- 
cations reçues,  ou  sur  les  causes  qui  ont  empêché  qu'on  leur 
donnât  suite.  Mais  aux  Collèges  et  aux  autres  autorités  voisines, ces 
communications  seront  remises  par  l'Exécuteur  lui-même  lequel 
en  retour,  devra  porter  au  Synode  un  reçu,  signé  par  les  Prési- 
dents respectifs,  des  pièces  qu'il  leur  a  apportées,  avec  indication 
de  la  date  du  jour  où  la  remise  a  eu  lieu. Cette  déclaration  devra 
être  enregistrée  dans  un  livre  spécial  afin  que,  si  dans  le  délai 
nécessaire  pour  terminer  l'affaire,  le  Synode  n'en  recevait  aucune 
communication,  elle  puisse  servir  pour  une  poursuite. 

0 

Le  Procureur  suprême  n'est  sujet  au  jugement  de  qui  que  ce 
soit,  excepté  le  Notre.  Si,  durant  notre  absence,  il  se  rendait 
coupable  de  quelque  grand  crime  qui  ne  souffrît  pas  de  délai, 
comme  la  trahison  par  exemple,  le  Synode  devra  le  faire  arrêter, 
ouvrir  une  enquête,  et  confier  ses  fonctions  à  quelque  autre. 
Toutefois  le  Synode  ne  le  soumettra  à  aucune  torture,  ni  péna- 
lité, ni  châtiment. 

10 

Si  quelque  chose  n'est  pas  clairement  exprimée,  dans  les 
ukases  du  Synode,  le  Procureur  suprême  en  fera  la  remarque 
au  Synode  afin  que  l'ukase  soit  plus  clairement  rédigé,  suivant 
les  règles  contenues  dans  l'ukase  du  1er  avril  1722  que  l'on 
gardera  toujours  sur  la  table1  ;  l'amendemeni  Nous  sera  ensuite 
communiqué. 

(I)  Dans  cet  ukase,  Pierre  se  plaint  qu'on  nu  tienne  'pas  assez  compte  de  ses 
ordonnances,  et  qu'on  les  escamote  comme  des  cartes  de  jeu.  II  prescrit  leur 
stricte  observance,  et  «  si  quelque  point  de  nos  ordonnances,  ajoute-t-il,  offre 
«  matière  à  des  doutes,  on  en  fera  la  remarque  au  Sénat,  lequel  réunira  les 
«  Collèges  et  donnera  une  décision,  avec  serment  cependant  de  Nous  la  soumettre. 
«  Ce  n'est  qu'après  avoir  été  approuvée  par  Nous,  qu'elle  pourra  être  imprimée 
«  comme  complément  de  l'ukase  qu'elle  concerne...  Si  quelqu'un,  sous  n'importe 
«  quel  prétexte  ,  ose  mépriser  cet  ukase,  suivant  la  méthode  gagarinienne 
«  (по  правиламъ  Гагарииовымь),   il   sera   sans   aucune    pitié,  puni   de    mort...  Les 


256  INSTRUCTION  DU   PROCUREUR   SUPREME. 

Le  Procureur  supérieur  Nous  communiquera  également  tout 
ce  qu'il  jugera  pouvoir  servir  à  compléter  la  présente  Ins- 
truction. 

11 

Et  puisque  le  Procureur  suprême  est,  par  sa  charge,  établi 
pour  être  comme  Notre  oeil  et  l'avocat  des  affaires  de  l'État,  il 
doit  se  conduire  avec  fidélité  car  c'est  contre  lui  que  l'on  procé- 
dera tout  d'abord.  Et  si,  en  quoi  que  ce  soit,  il  se  laissait  corrom- 
pre ou,  de  toute  autre  manière,  il  transgressait  sciemment  et  vo- 
lontairement son  devoir,  il  sera  puni  comme  violateur  d'un  ukase 
et  manifeste  perturbateur  de  FÉtat.  Que  s'ilavaitagi  sans  prémé- 
ditation on  ne  lui  en  fera  pas  un  crime,  car  mieux  vaut  qu'il 
pèche  en  faisant  des  rapports  qu'en  gardant  le  silence.  Cependant 
si  cela  lui  arrivait  souvent  il  ne  sera  pas  censé  exempt  de  faute. 

L'original  de  cette  «  Instruction  »  a  été  signé,  en  V absence  de 
SA  MAJESTÉ  IMPÉRIALE  et  en  vertu  d'un  Ukase  nominal  de 
SA  MAJESTÉ  IMPÉRIALE,  par  les  Sénateurs  dont  les  noms  sui- 
vent : 


Baron  Jacques  Bruce. 
Comte  Ivan  Mousin-Pouchkin. 
Comte  André  Matveïeff. 


Comte  Golovkin,  Chancelier. 
Prince  Grégoire  Dolgoroukoï 
Baron  Pierre  Schafiroff. 
Ivan  Poznakoff,  premier  secrétaire. 
Ivx\n  Larionoff,  secrétaire. 
Féodor  Néronoff,  greffier. 
Le  13  Juin  de  l'année  1722. 

a  autorités  qui  négligeront  de  garder  sur  ia  table  cet  ukase,  devront  payer 
«  chaque  fois  100  roubles  aux  hôpitaux...  »  (llo.iu.  Собр.  Зак.,  t.  VI,  17  avril  1 7 2~ 
(3970),  p.  656.)  —  Le  personnage  dont  la  coutume  d'escamoter  les  ukases  est  ic1 
relevée  par  le  Tsar,  c'est  le  prince  Mathieu  Gagarin,  commandant  de  Moscou,  puis 
gouverneur  de  Sibérie.  Il  est  tout  à  fait  superflu  d'ajouter  qu'il  ne  mourut  point  de 
mort  naturelle;  c'est  de  sa  vie  qu'il  paya  l'honneur  d'être  spécialement  mentionné 
dans  un  ukase  «  gardé  toujours  sur  la  table.  » 

FIN 


TABLE  DES  CHAPITRES 


Introduction v-xl 

Dkase  pour  l'établissement  du  Collège  ecclésiastique  (Synode). . .  I 

Serment  des  membres  du  Collège  ecclésiastique 6 

Règlement  ou  Statuts  du  Collège  ecclésiastique 13 

Première  partie.  Qu'est-ce  que  le  Collège  ecclésiastique  et  quelles  sont 

les  graves  raisons  d'un  tel  gouvernement  ? 15 

Deuxième  partie.  Affaires  soumises  à  cette  administration 33 

Affaires  générales 34 

Affaires   spéciales 34 

§§  1-3.  Devoirs  des  Èvéques 5  i 

De  l'anathème 74 

De  l'interdit 85 

De  la  visite  pastorale 90 

§  4.  Des  établissements  d'instruction,  des  maîtres  et  des  élèves  qui 

s'y  trouvent,  et  aussi  des  prédicateurs 104 

De  l'Académie 117 

Du  Séminaire 147 

Règles  pour  obvier  à  l'ennui 154 

Des  prédicateurs 166 

§  5.  Des  personnes  du  monde  en  tant  qu'elles  sont  atteintes  par  la 

discipline  ecclésiastique 178 

Troisième  partie.  Devoirs,  mode  d 'action  et  pouvoir  de  ceux  qui  gouver- 
nent  '. 205 

§  1 .   Devoirs  de  ceux  qui  gouvernent 207 

Signataires  du  Règlement 223 

§  2.  Mode  d'action  du  Collège  ecclésiastique 238 

§  3 .  Pouvoir  du  Collège  ecclésiastique 239 

Points  sur  lesquels  Sa  Majesté,    sérénissime,  de    sa   propre   main 

monarchique,  daigna  donner  une  résolution. 240 

Du  Supplément  au  Règlement  ecclésiastique ,  248 

Institution  définitive  du  Synode 249 

Instruction  du  Procureur  suprême  du  très-saint  Synode.. 251 

17 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


N.  B.  —  Les  chiffres  romains  indiquent  les  pages  de  l'Introduction,  les  chiffres 
arabes  celles  du  reste  de  l'ouvrage. 

Les  chiffres  suivis  de  la  lettre  n.  (noie)  marquent  le  renvoi  aux  notes  de  la  page 
indiquée,  les  autres  se  rapportent  au  texte. 

Les  rubriques  qui  correspondent  aux  divers  chapitres  du  «  Règlement  »  sont  déve- 
loppées d'après  le  contenu  de  chaque  article.  On  aurait,  par  conséquent,  un  abrégé 
assez  détaillé  de  tout  le  «  Règlement  »  en  les  parcourant  dans  l'ordre  suivant  :  Gouver- 
nement conciliaire.  Affaires  générales.  Instruction  religieuse.  Affaires  spéciales. 
Evèques.  Anathème.  Interdit.  Visite  pastorale.  Science.  Académie.  Séminaire.  Prédi- 
cateurs. Personnes  du  monde.  Synode. 

On  a.  omis  dans  cette  Table  le  nom  de  Pierre  le  Grand,  vu  qu'il  en  est  question  dans 
tout  l'ouvrage.  On  a  également  omis  les  noms  des  signataires  du  «  Règlement  »  et  de 
Г  «  Instruction  du  Procureur  suprême  du  Synode,  »  à  l'exception  de  ceux  qui  sont  men- 
tionnés ailleurs  dans  l'ouvrage. 


A. 

Aaron,  Evêque  de  Karélie,  225,  225  n. 

Abraham  (nègre de  Pierre  le  Gr.),  65  n. 

ACADÉMIE  (Règles  de  1').  —  1  et  //) 
Du  nombre  des  professeurs,  117. 
—  III)  Les  professeurs  doivent  être 
soumis  à  l'épreuve,  118.  —  IV)  Un 
professeur  incapable  doit  être 
exercé,  pour  qu'il  devienne  apte, 
119.  —  V)  Expliquer  brièvement 
mais  clairement  aux  élèves,  la  portée 
de  chaque  science,  120.  —  VI)  Choi- 
sir pour  l'enseignement  les  auteurs 
les  plus  approuvés,  121.  —  VII) 
Comment  doit  être  enseignée  la 
Théologie,  122-126.  —  VIII)  Il  y 
aura  près  de  l'Académie  une  bi- 
bliothèque, et  les  professeurs  en 
auront  le  libre  usage,  127-130.  -- 
IX)  De  la  manière  la  plus  expé- 
ditive  pour  enseigner  les  sciences, 
130-133.  —  X)  De  la  méthode  et  de 
l'ordre  à  suivre  dans  les  diverses 
sciences  ou  branches  d'enseigne- 
ment, 133-138.  —  XI)  Des  devoirs 
du  Recteur  et  du  Préfet,  139.  — 
XII)  Des  professeurs  insoumis  au 
Recteur  et  aux  règlements  de 
l'Académie,  139-140.  —  XIII)  Des 
Fiscaux  de  l'Académie,  140. —  XIV) 
Des  enfants,  soit  des  prêtres  soit 
des  laïques,  qui  doivent  être  élevés 
à  l'Académie,  140.  —  XV)  Les  élè- 
ves ne  doivent  pas  être  renvoyés 
avant  d'avoir    achevé    leur   cours 


d'études,  141.—  XVI)  Ceux  qui  ont 
été  élevés  à  l'Académie  seront  pré- 
férés, pour  les  dignités,  aux  au- 
tres, 141-142.  —  XVII)  S'assurer  des 
qualités  des  élèves,  142-143.  — 
XVIII)  Les  enfants  indociles  doivent 
être  renvoyés  de  l'Académie,  143. 
—  XIX)  De  l'endroit  propre  à  la 
fondation    de    l'Académie,  143.  — 

XX)  Les  bons  élèves  sont  la  meil- 
leure gloire  de  l'Académie,  144.  — 

XXI)  A  quelles  conditions  les  élèves 
doivent  être  admis  et  maintenus  à 
l'Académie,  144-145.  —  V.  pp.  117- 
147  notes,  et  pp.  161-6,  texte  et  notes. 

Académie  de  marine,  140  n. 

Académie  des  sciences  de  Saint- 
Pétersbourg,  115  п.,  116-120  nn., 
128-129  nn.,  137  п.,  142-144  nn., 
146-147  nn.,. 228  n. 

Académies  ecclésiastiques,  173  n.  — 
de  Kazan.  147  п.,  209-210  га.  —  de 
Kieff,  xnî,  115  п.,  138  п.,  147  п., 
209-210  nn.— de  Moscou,  115-1 16  nn., 
134  п.,  137  п.,  138  п.,  147  п.,  209-210 
nn.  —  de  Saint-Pétersbourg,  xxxn, 
115  п.,  147  п.,  209-210  nn. 

Achexwall  (Godefroi  f  1772),  106  n. 

Adrien  (dernier  Patriarche  de  Mos- 
cou, f  1700),  vin,  ix,   116  n. 

AFFAIRES  GÉNÉRALES  (du  ressort 
du  Collège  ecclésiastique  [Synode]), 
34-35.  —  7)  Examiner  les  acathistes, 
35.  —  II)  Décharger  la  conscience 
des  fidèles   au   sujet  des   prières, 


TABLE  ANALYTIQUE   DES  MATIERES. 


259 


36.  —  ///)  Reviser  les  histoires  des 
Saints,  36-37.  —  IV)  Surveiller  les 
inventions,  et  pratiques  supersti- 
tieuses, 37-39.  —  V)  Abolir  les  céré- 
monies inconvenantes  et  préjudicia- 
bles. 39-40.  —  VI)  S'enquérir  de 
l'authenticité  des  reliques,  40-41. — 
Vil)  Surveiller  le  culte  qu'on  rend 
aux  images,  42-43.  —  VI H)  Veiller 
à  ce  qu'on  ne  se  procure  plus  des 
secours  pour  les  églises,  par  des 
moyens  frauduleux,  43.  —  IX)  et  à 
ce  qu'on  ne  se  partage  plus  entre 
plusieurs  la  récitation  de  l'office 
divin  et  des  prières,  44  —  X)  et  à  ce 
qu'on  n'envoie  plus  des  prières  ren- 
fermées dans  un  bonnet,  44.  —  En 
général,  sur  toutes  sortes  de  su- 
perstitions^.— V.  les  notespp. 35-45. 
V.  aussi  :  Instruction  relig.  Synode. 

AFFAIRES  SPÉCIALES  (ou  des  états 
particuliers,)  33,34.  V.  Académie. 
Clergé.  Evoques,  Personnes  du 
monde.  Prédicateurs.  Science.  Sé- 
minaire. Visite  pastorale. 

Alexandre  Nevski  (St,  f  1263),  226  n. 

Alexandre  I**.  (Tsar,  1801-1825),  31- 
32  mi,  177  п.,  204  п. 

Alexandroff  (N.),  206  n. 

Alexeïeff  (Pierre, -f  1801),  38  п., 62 n. 

ALExis(Tsar,  1645-76),  vin,  xxxvi,xxxix, 
73n.,  105  n,107  п.,  109n.,232n.,245  n. 

Alexis  (fils  de  Pierre  le  Grand,  f  1718), 
8  п.,  168  n,  227  п. 

Allainval  (  Abbé  d'),  xxvi,  xxvn, 
xxvn  п.,  xxxiv. 

Allemagne,  Allemands,  120  п.,  147  п., 
150n.,160n.,l67n.,168n.,185n.,227n. 

Alphabet  russe,  xvin. 

AMBR0iSE0RNATSKi(Ev.dePenza),244n. 

ANATHÈME  (Règles  pour  1').  Des  pé- 
chés qui  méritent  l'anathème,  74- 
75.  De  la  triple  admonition  qui  doit 
précéder  l'anathème  ;  méthode  à 
suivre,  75-77.  Première  déclaration 
publique,  77-78.  De  la»permission 
a  obtenir  du  Synode,  78.  Formule 
d'anathème,  78-81.  De  l'absolution 
de  l'anathème,  81-82.  De  l'inter- 
vention de  l'autorité  civile  et  du 
Tsar  lui-même,  contre  l'excommu- 
nié obstiné  et  récalcitrant,  83. 
Admonition  aux  Evèques.  83.  De 
la  distinction  entre  anathème  et 
interdit,74n.et84. — V.  aussi  les  notes 


pp.  73-84  et  86-87  nn.,  99-100  п., 170. 
AraE(Féodorovna,  f  1860),  204  n. 
Anne      (Ioannovna,    1730-1740),     xvj, 

xxxvu,  63  п..  137  п.,  246  п. 
Anne,  Reine  d'Angleterre,  f  1714, 225n. 
Antéchrist,  192  п.,    193  п. 
Apollinaire  (f  381)  ,59  n. 
Apraxin  (amiral),  223,  223  n. 
Archevêque  (titre). V.  Titres  des  Evèq. 
ARius(f  336),   107. 
Aristote,  249. 
Art  militaire,  104-105,  105  п.,  137  п., 

155,  155  п. 
Athanase  Mislavski  [ou  Miloslavski], 

Archimandrite    du    Petcherski ,     à 

Kieff   f  1714),  137  n. 
Athanase  (St  f  373),  123,  123-124  nn., 

158  n„  173  n. 
Augustin  (St  f  430),  47n.,  107,123,  123- 

124  nn.,  127  n. 
Augustin  Vinogradski  (Archev.    de 

Moscou),  99  n. 
Aumône,  169  п.,  215-219,  216  п. 
Aumôniers  particuliers,  199  n. 
Autorité  suprême  dans  l'Eglise  russe  : 

Le  Synode)  98,  101-102  nn.,  103.  — 

Le  Tsar)  102  п.,  247  п.  -  V.  Tsar. 
Autorité   suprême  dans  l'Eglise   ca- 
tholique, 101  n. 
Autorité  civile(appuidel'),83,83n..l91. 
Autocratie,  i-xni,  8,8n.,9,19,20,20n., 

24n.,30n.,  168,168  п.,  176 n.V. Tsar. 

В 

BAc.\iEiSTER(L.Chr.,tl806),53n.,129n. 
Baïf  (Jean  Ant.,  f  1589),  135  n. 
Baïus  (Michel,  f  1589),  182  n. 
Baptême,  52n.,  86 п.,  181-2, 181-2nn., 

201,  221  n. 
Barbe,  189-191  nn.,  193  п.,  250. 
Barbier  (Ant,  Alex.,  f  1825),  xxvn  n. 

xxxi,  xxxii,  xxxii  n. 
Barlaam  Yassinski  (Metrop.  de  Kieff, 

f  1707),  xiv. 
Barlaam  (Evêque  de  Tver).  225.225  n. 
Baronius  (César,  Gard.,f  1607),  157 п., 

158  п. 
Bayle  (Pierre,  f  17061,  xxixn. 
Basile  (le  Grand,  St  f  379),  110,  НО  п., 

123-124  nn.,  158  п.,  173  п. 
Bela-Krinilza  (siège  métropol.  de),  199n. 
Benoit  xiii  (Pape  1724-1730),  234  n. 
Benoit  xiv(Pape  1740-1758), 41  n,91n. 
BesftO}>ovzi-Bespopovstcfiina,  188  n. 
Beveridge  (Guillaume,  |  1708),  55  n. 


2(50 


TABLE  ANALYTIQUE 


Bible  d'Ostrog  (en  slavon),  xxix,  xxx, 
21  п.  — Bible  en  russe,  xx. 

Bibliothèque  de  l'Académie  des  scien- 
ces ;  128  п.,  129  п.  228  п. 

Bibliothèque  nationale  deFrance,129n. 

Biens  du  clergé,  67-69,  144  п.,  213- 
214,  213  п..  245-247,  245-247  nn. 

Biren  (Ernest,  f  1772)  xvn. 

Blagotchinnyi,  63  п.,  178  п. ,  200  п. 

BLUMENTROST(Laiir.,jT755),146n.,159n. 

BONAVENTTIRE  (St  f  1274),    ИЗ    П. 

Book  of  cominon  prayirs.  52  n. 

Boris  et  Gleb  (SS.),  234  n. 

BossuET(J.-B.,Ev.deMeauxfl704),249. 

Boujinski.  V.  Gabriel. 

Boutourlin  (GteDmitri  f  1829),  xxxu. 

Bréviaire,  192  n. 

Bruce  (Jacques),  xxi,  xxi  n,,  256  n. 

Вигж  (De,  R. P.  Victor;  S.  J .),  xxxvin  n. 

Bûsching  (Ant.  Fred.,  f  1793),  106  п., 

238  п.,  247  п. 
Bujinski.  7.  Gabriel  Boujinski. 

С 

Calendrier  russe,  xxxix. 

Calvin  (f  1564),  41  п.,  181  п.,  182  п. 

Canon  pour  la  santé  du  Tsar,  92,  92  n. 

Canons  ecclésiastiques,  xvi,  xxxvi, 
7,  55-36,  55-56  nn.,  58  п.,  59  п.,  60  п. 
Voir  Conciles,  Docteurs,   Evoques.' 

Cantemir  (pr.  Antiochus,  f  1744), 
135  п.,  144  п.,  146  п.. 

Caractères  (anciens  ou  d'église),  xvui, 
xxv.,  xxx.  —  (Nouveaux  ou  civils 
pour  le  russe), xvni,  xxi,xxiv,  156  n. 

Catéchisme  (grand).  V.  Confession  or- 
thodoxe^— (de  Prokopovilch,  dit  de 
Pierre  le  Grand),  xix,xixn.,xxxvni, 
50,  51-53 nn.,  64,64  п.,  65-66 nn.  — 
(de  Mgr  Philarète),  47  n. 

Catherine  Ire  (1725-1727).  xvi,xx,xxv, 
xxxvii,  8,  8  п.,  10  п.,  52  п.,  116  п., 
146п.,150п.,224п.,226п.,228п.,246п. 

CatherineII  (1762-1796),  ixn.  ,xi,xxxtv- 
xxxv,xxxvii,  10  п.,  85-86  nn.,  98n., 
160  п.,  164  п.,  191  п.,  193  п.,  196- 
197  nn.,  206  п.,  246-247  nn. 

Célibat  ecclésiastique,  221  п. 

Censure,  178-179  nn.,  209,  209-210  nn. 

Chancelleries  de  l'Etat,  3-4  nn.,  140, 
140-142  nn. 

NB.  A  page  140,  XIV  au  lieu  de  : 
principaux  magistrats  des  villes,lisez  : 
employés  supérieurs  des  Chancelleries. 

Chancellerie    des    monastères,    245, 


245-246  nn.— du  grand  palais,245u. 

—  du  Synode,  253. 
Chapelles  dans  les  maisons,  199. 
Charles  BoRROMÉE(St!tl584),165,173n. 
Charles  XIL  (roi  de   Suède,  j  1718), 

223  п.,  227  п. 

Chaudoir  (baron  de),  129  п.,  130  п. 

Chiffres  arabes  en  Russie.  134  n. 

Chrysostome  (St  Jean  f  407),48, 48  n. , 
110-111  nn.,  158  п.,  172,  173  п. 

Clément  XI  (1700-1721),  119n.(  157 n. 

Clergé  russe  (en  général),  vii-xni, 
xl  п.,  21,  21  п.,  34  n,  100,  248. 
V.  aussi  Evêques,  Visite  pasto- 
rale. —  Clergé  blanc  ou  séculier,  23, 
23  п.,  31  п.,  199-204,  206  п.,  248.— 
Clergé  noir  ou  régulier,  23  п.,  222- 
238,  248-249.  V.  Evêques. 

Clergé  catholique  en  Russie,    210  n. 

Code  des  lois  de  l'empire  russe,  xxxix- 
xl,  xl  п.,  20  п.,  34  п.,  45n, 61-62  nn., 
83  п.,  88-89  nn.,166  п.,  196  п.  199- 
203nn.,209--210  nn.,  219  п. 

Code  pénal,  89  п.,  164  п. 

Collection  complète  des  lois  de  ï empire 
mjse,xxii-iil,xxvi-xxvn,  xxxix,  xxxix 
n .  V.  Ukases  cités  dans  l'ouvrage. 

Collège  ecclésiastique.  V.  Synode. 

Collèges,  xxu,  xxii  п.,  3  п.,  4  п.,  16, 
16n.,32n.,63  п.,  116n.,147n.,214, 
242,  243  п.,  252-253  nn.,  254-255. 

Communion  annuelle  (précepte  de 
la),  196  п.,  197  п.  V.  Eucharistie. 

Conception(Immac.)de  Marie,  126-7nn. 

Concile, conciliaire. V.  Soùor,  sobomyi. 

Concile  œcuménique,  30. 

Concile  (IVe)  de  Latran,  41  n.  —  de 
Moscou,  (de  1551.  Stoglaff),  38  n.  — 

—  de  Moscou,  (de  1666-67),  vin,  хи, 
188n.,198n.,249,249n.—  de  Trente, 
41n.,43n.,91  n.,150n.,165n.,  182n., 
203  п.— duVatican(1870),  126-128nn. 

Conciles  admis  dans  l'Eglise  russe, 
52  п.,  55,  55-56  nn. ,  72  п.,  84-85  nn., 
102n.,123,  176  п.,  et  passim-. 

Conciles  (op.  synodes)  convoqués  par 
les  Tsars,  59  n. 

Concordats,  ix. 

Confession  orthodoxe  (de  Pierre  Mo- 
ghila),  xxx,  xxx  п.,  48,  48  п. 

Confession  dans  l'Eglise  anglicane,52n. 

—  dans  l'Eglise  russe,  75,  82,  196- 
197  nn.,  194-195  nn.  V.  Secret. 

Confirmation(sacrementdela),85-86nn. 
Gonsett  (Thomas),  xvi  п.,  xxix-xxx, 


DES  MATIERES. 


201 


xxixn..xxxiv,113n212n.,223  n.,229n. 
Consistoires  ecclés.,  200-201  nn..213n. 

V.  Statut. 
Constantin  (le  Gr.,f337),2n.,  8  п.,  73  n. 
Constantin  (grand-duc,  f  1831)  frère 

d'Alexandre  Ier,  201  n. 
Construction  des  Eglises,  61,6l-62nn. 
Copievitz  [ou  Kopuewitz].  Elie,  xx. 

134  п.,  157  п. 
Corps  de  lEtat,  69  п.,  7Î  n. 
Cours  supérieurs  de  justice,  254, 254 n. 
Cramer  'Jean-Frédéric  f  1715),  137  n. 
Crispe  (fils  de  Constantin  le  Gr.),  8  n. 
Curé  d'Ars  (J.-B.  M0  Vianney),  212  n. 
Curtius  'Quintus),  157  n. 
Cyrille  (d'Alexandrie,  St.  f  444),  123, 

124  п.,  158  п. 

О 

Delière  (abbé)  xl  n. 

Derjavin  (Gabriel,  f  1816),  135  n. 

Description  du  clergé  de  campagne, 
xli  п.,  93. 

Dictionnaire  de  l'Académie  russe,  149 n. 

Dignités  ecclésiastiques  (promotion 
aux),  65-66,  66  п..  141-142,  164, 
164  п.,  165  п.,  212-213.  V.  Evèques. 

Dirigeant  (titre  du  Sénat  et  du  Sy- 
node), 6,  6  п.,  239,239  п..  241,241  п. 

Divorce  (dans  l'Eglise  russe),  8  п., 
203  п.,  213. 

Dmitri  (Métropoi.  de  Rostoff,  j  1709, 
honoré  comme  saint  dans  l'Eglise 
russe),  189  п.,  193  п. 

Docteurs[ou  Pères]  de  l'Eglise,  xxxvi, 
32  п.,  18-49,  48  п.,  50-51,  52  п., 
55,  72  п.,  84-85  пп.,  102  п.,  111  п., 
122-125,  156,  158  п. 

Dogmes  les  plus  capitaux,  49,  49  п., 
50,    52  п.,  53  п.  V.  Livre. 

Doklad,  240,  240  п. 

Dolgoroukoi  [OU DOLGOROIj'KlJ(JaCqueS 

Féodorovitch),  224,  224  п.,  256  п. 
Donations  au  clergé,  213  n.,22tn. 
Ducange  [ou  Du  Cange]  (Charles  Du- 

fresne,  f  1688),  74  п.,  231  п.   . 
Dupanloiip  (Félix,Ev.  d'Orléans),!  I3n. 

E 

ECKARDT    (J.),  XL  П. 

Ecoles  des  chiffres,  64  n. ,69  п.,  116 п., 
140  п.  —  de  navigation,  140  п.  — 
ecclésiast,,  xl  п.,  63-69.  64-65  un., 
69  п.,  116  п.,  134  п.,  144  п.,  166  п. 
—laïques,!  16  п.  — provinciales,  140  п. 


ECRITURE,  xxxvi-xxxvn,  32  п.,  35, 
46-17,  47-48  пп.,  51,  72  п.,  75,  80  п., 
107  п. ,110п., 122, 124-125, 127-128пп., 
167-168, 168  п.,  169, 175-176  пп.,  203. 

Textes  de  l'Ecriture  cités  dans  l'ouvrage  : 

Genèse,  ch.  ni,  9,  p.  215;  cli.  ni,  19, 
p.  216  n. 

Levitique,  ch.  xvni,  p,  55. 

Proverbes,  vin,  16,  p.  71  n.  ;  xvi, 
32,  p.  128  u. 

Sagesse,  ch.  vi,  p.  21  n.  ;  ch.  xi,  27, 
p.  211  n. 

Jérémie,  ch.  xlviu,  10,  p.  7. 

Saint  Matthieu,  ch.  v,  8,  p.  166  n.  ; 
ch.  xvi,  18,  p.  176  п.;  ch.  xviii,  15, 
p.  16,76-77  n  п.;  cli.  xvni,  (7-18,  p. 84; 
xxiv, 9-12,  p.ISn. 

Saint  Luc,  ch.  xxn,  32,  p.  125,  127 п., 
128  п. 

Saint  Jean  (Evangile),  ch.  ni,  16, 
p.   181).  180  п.;  ch.  vi.  53,  p.  187. 

Actes  des  Apôtres,  ch.  xiv,  21-22, 
p,  91  n. 

Epîtres  de  Saint  Paul.  —  Aux  Ro- 
mains, ch.  i,  11,  12,  p.  91  n.  ;  ch.  i, 
21,  p.  31  n.  ;  ch.  vin,  14,  p.  183  n.  ; 
ch.  xii,  2,  p.  169  ;  ch.  хш,  5,  p. 
20  n.  —  Première  aux  Corinthiens, 
ch.  i,  12,  13,  p.  172;  ch.  n,  14,  15, 
p.  182,  183  п.;  ch.  m,  6,  p.  !74,  ch. 
ni,.  6,  7,  p.  71  n.  ;  ch.  îv,  1,2,  p. 
71  n.  ;  ch.  îv,  6,  p.  172  ;  ch.  iv,  12, 
p.  91  п.;  ch.  iv,  19,  p.  91  п.;  ch.  v, 
5,  p.  74  et  84  ;  ch.  x,  16,  17,  p.  187  ; 
ch.  xi,  26,  p.  187  ;  ch.  xiv,  33,  40, 
p.  17  n.  —  Deuxième  aux  Corin- 
thiens, ch.  x,  8,  p.  74  n.-;  —  aux 
Galates,ch.  ni,  28,  p.  199  ;  —  aux 
Ephésiens,  îv,  28,  p.  215  ;  216  n.  ; 

—  aux  Philippiens,  ch,  n,  20,  p.  83. 

—  Première  aux  Thessaloniciens, 
ch.  ni,  2,  10,  p.  91  n.  —  Deuxième 
aux  Thessaloniciens,  ch.  и,  3,  p. 
17  n. ;  ch.  m,  10,  p.  215-216,  216 
n.  —  Première  à  Timothée,  ch.  ni, 
1,  p.  70  п.;  ch.  v,  17,  p.  72.  — 
Deuxième  à  Timothée,  ch.  n,  9,  p. 
179  п.;  ch.  m,  16,  17,  p.  46  п.; 
ch.  iv,  2,  p.  71  n. 

Epître   de  Saint  Jacques,   ch.  in,  2, 

p.  171    n. 
lre  Epitre  de  Saint  Pierre,  ch.  i,  3, 

p   21,  21  п.;  ch.  n,  9,  p.   183. 
l'e  Epître  de  Saint  Jean,  cli.    n,  13, 


262 


TABLE   ANALYTIQUE 


14,  p.  180, 180  n.  ;  ch.  n,  15,  p.  184  ; 
ch.  ii,  15,  16.  p.  180  n. 

Apocalypse  de  Saint  Jean,  ch.  v,  10, 
183  n. 

Eglise  évang-lut.,xxxix-XL.  V. Lutiens. 

Eglises  d'Etat  (protestantes),  vu. 

Elections  à  des  évêchés.  V.  Evoques, 
Dignités  ecclésiastiques;  —  à  des 
paroisses,  199-200. 

EusABETH(lmp., 1741-176  l),137n.,246n. 

Empereur  (titre  d'),  xxv,  224  n. 

Eparchies  (diocèses),  18,  90,  118, 
230-231  nri.,  243-244,  244  п.,  247  п. 

Ephrem  (St  f  381)  de  Syrie, 52  n,173  n. 

Epiphane  (St  f  403),   106. 

Epiiimie,    76,    76    n.    89  n. 

Esipoff  (G.),  198  n. 

Erasme  de  Rotterdam  (|1536)  xxi,xxm. 

Esprit-Saint.  Ses  dons),  85  n.  —  Sa 
grâce),  vu,  245  n.  —  sa  procession), 
xxxvni,  xxxviii  n. 

Etats  ecclésiastique  et  laïque  (leur 
distinction),  184-183,  185  n. 

Etienne  Yavorski  (Métrop.  de  Ria- 
zan),  ix-x,  xin,  xv,  59  п.,  115  п., 
166  п.,  173-174  nn.,  177  п.,  193  п., 
223,  223  п.,  225  п. 

Etrangers  en  Russie,  169  п.,  173  п. 
V.  Allemagne,  Allemands. 

Eucharistie,74n.,75.76,  79-80,  80  п., 
82.  87  п.,  186-187,  187-188  nn.,  188, 
197.  У.  JÉSUS. 

Eucholcges,  73  п.,  102  п. 

Eddoxie  (Lapoukin),  8  п. 

Eugène  Bulgarts  (Archevêque  de 
Kherson,  f  1806),  xxx. 

Eugène  Bolkhovitinoff  ^Métrop.  de 
Kiefff  186...),  xiii,  mi  n,  xxvn,  xxx, 
xxx  п.,  xxxi-хххш,  хххш  п.,  99  п., 
206n.,223n. 

Euphrosinus  (de  Pskoff  -f  1481,  honoré 
comme  saint  dans  l'Egl. russe), 36-37. 

Euripide,  18  n. 

Europϕsche  Fama,   106  n. 

Eusèbe  (Ev.de  Gésarée  f338),2  п., 73  n . 

FVÉQULS  (Devoirs  des).  /)  Les  Eve-, 
ques  doivent  avoir  chez  eux  le  livre 
des  conciles,  54-55.  —  //)  Ils  doi- 
vent connaître  les  degrés  d'affinité 
et  de  consanguinité,  55-56.  —  111) 
Ils  doivent  se  faire  lire  les  canons 
à  leur  table,  56-57.  —  IV)  Dans  les 
cas  douteux  ils  doivent  écrire  à 
d'autres  Evêques  ou  bien  au  Sy- 
node, 57.  —  V-VI)  Ce  qu'il  y  a  à 


faire  en  cas  d'absence  ou  de  ma- 
ladie d'un  Evêque,  d'un  Archiman- 
drite, Hégoumène  ou  supérieur  de 
couvent,  et  d'uu  curé  de  paroisse, 
58-60.  —  VII)  Règles  à  suivre  dans 
la  dernière  maladie  d'un  Evêque, 
61.  —  VIII)  L  Evêque  doit  se  rap- 
peler ce  qu'il  a  promis  avec  ser- 
ment le  jour  de  son  sacre,  61-63. 
—  IX)  L' Evêque  doit  avoir  une 
école  près  de   sa  maison,  63-65.  — 

X)  Les  élèves  formés  dans  cette 
école  seront  promus  au  sacerdoce 
et  aux  dignités  monastiques,  de 
préférence   à  tout  autre,  65-66.  — 

XI)  De  quelle  manière  on  doit  four- 
nir aux  charges  et  aux  frais  de  cette 
école,  66-67.  —  XII)  L'Evêque  doit 
surveiller  l'administration  des  re- 
venus ecclésiastiques,  67-68.  — 
XIII)  L'Evêque  ne  doit  pas  déployer 
un  luxe  inutile,  68-69.  —  XIV-XV) 
De  la  nature  et  des  limites  de  la 
dignité  épiscopale  ;  elle  est  infé- 
rieure à  celle  du  Tsar,  70-72. —  Voir 
les  notes  p.  54-73. Voir  aussi  p.  ix-x, 
Anathème. Interdit.  Visite  pastorale, 
et  passim. 

Exarcat,    Exarque  (de    Moscou),    ix, 

x,  59  п.,  V.  Etienne  Yavorski. 
Excommunication.  V.  Anathème. 
Exécuteur  du  Synode,  253,  255. 


Falkovski.  V.  Irénée. 

Femmes  juges  du  Synode,  10  n. 
—       chefs  de  l'Eglise,  86  n. 

Ferrari  (R.  P.  Phil.,  Servite),  132  n. 

Feuerlein  (  Jacques  -  Guillaume  , 
f  1776),  xxxvii-xxxvni  nn.,  53  n. 

Fick,  119  п.,  146  п. 

Fiscal  en  chef,  254  n. 

Fiscaux  civils, 63  n. —  ecclésiastiques, 
62-63.  63  п.,  90,  208  п.,  253-254,  253- 
254  nn.  —  de  l'Académie,  140  n. 

FbAviEN(StPatr. de  Constant. f  446)  [écr. 
•     par  erreur  d'Alexandriej,  123, 124  n. 

Fleury  (Ch,  Rohault  de),  42  n. 

Frédéric  II  (roi  de  Prussefl786),163n. 

G 

Gabriel  Boujinski  (Ev.  de  Riazan),  137 
n. ,157-158  nn.,  228, 228-229  nn. 

Gabriel  Petroff  (Métrop.  de  Saint- 
Pétersbourg),  53  n. 


DES  MATIERES. 


263 


GAGARm(R.P.Jean;S.J.),xL  n,  GO  n, 
94  п.,  107  п.,  165-166  nn„  210  п., 
215  п.,  232  п. 

GAGARiN(pr.Mathi3ufl721),255-256nn. 

Galitzin  (pr.  Augustin) ,  xvi  n 

Galitzix  (pr.  Dmilri),  225,  225  n. 

Géographie.  130-133,  132  п.,  137  n. 

George  Konisski  (Archev.  de  la  Rus- 
sie blanche),  176  п.,  177  п. 

Ghizel  (Innocent),  155-156  nn. 

Gluck  (Ernest  f  1706),  xx. 

GoDEAu(Ant.,Ev.deVence,tI762),165n. 

Golikoff  (Ivan,  f  1801),  166  n. 

GoLovKh\(Cte  Gabr.),223,223-4  nn,256. 

Gor-ki  (V.  Theophylacte). 

Gosselin  (Jean-Edm. -Auguste.,  f  1858, 
auteur  du  Pouvoir  du  Pape  tur  les 
souverains  au  moyen  âge).  109  n. 

GOUVERNEMENT  CONCILIAIRE 
(ou  collégial).  —  Qu'est-ce  qu'un  tel 
Gouvernement,  15-18.  Raisons  de 
cette  forme  de  gouvernement  :  /) 
Plusieurs  personnes  découvrent  la 
vérité  mieux   qu'une  seule,  18-19; 

—  II)  Le  décret  émanant  d'un  Con- 
cile a  plus  d'autorité  que  celui 
porté  par  une  seule  personne,  19- 

21  ;  —  III)  Surtout  si  le  Collège 
ecclésiastique  (Synode)  est  sous  la 
dépendance  du  souverain  et  a  été 
institué  par  lui,  22;  —  IV)  Les 
affaires  ne  souffrent  point  de  délais, 

22  ;  —  V)  Dans  un  Collège  il  n'y  a 
pas  à  craindre  la  partialité,  22-24; 

—  VI)  Un  Collège  a  plus  de  liberté 
pour  juger  droitement  qu'un  seul 
Pasteur,  24  ;  —  Vil)  Les  révoltes  et 
les  agitations  populaires  sont  moins 
à  craindre  sous  un  Collège  que 
sous  un  Pasteur  unique,  24-29;  — 
VIII)  Le  Président  du  Collège  ecclé- 
siastique est  soumis  au  jugement 
de  ses  frères,  29-30  ;  —/.V)  Un  Col- 
lège fournit  l'occasion  à  ses  mem- 
bres de  devenir  aptes  à  l'épiscopat, 
30-31.— V  .  les  notes  16-32.  V.  aussi 
xxiv,  Sobor,  sobornyi  et  passim. 

Grammaire,   117,    120,    122,    130-131, 

133,    138. 
Grammaire  grecque,  138n.—  latine,  121, 

121-122 nn,  134 n. —  russe,  ххп-ххш, 

133-134  nn.  —  slavonne.xxn,  133  n. 
Grand  (titre  de  Pierre  Ie"),  xxv.  Voir 

aussi  ix,  191  n. 
Gravina  (Vincent),  157  n. 


GRÉGomE(St.  de  Nazianze  f  390),  110, 
111  п.,  123,  123  п.,   158  п.,  173  п. 

Grégoire  .Métrop.  de  Novgorod  et  de 
Saint-Pétersbourg  f  1860),  37  п., 
107  п.,  198  п. 

GRiCHKA(dim.deGrégoire)V.OTREPiEFF 

Gymnase  (ou  Gymnasium  ;  dans  l'ac- 
ception que  ce  mot  a  encore  en 
Italie  et  en  Allemagne),  118  n. 

H 

Habit  national  russe,  190  n. 

Haigold  (pseud.  de  Schlôzer),  xxvni 
xxix,  102  п.,  159n.,  160  п.,  244  n. 

Haven  (Pierre  von),  106  n. 

HEFELE(Ch.-Jos.  Ev.  de  Rottenbourg), 
55-56  nn.,  58  n. 

Hergenrother  (J.),109  n. 

Hérésies,héréliques,106-108,122-123nn. 

Hiérarchie  rascolnique,   198-199   nn. 

Hierothée  (Archim.  du  monastère  du 
Don),  228,  232  n. 

Histoire,  131-133,  155,  155-158  nn. 

Histoires  des  saints,  36. 

Hubner  (Jean  f  1731),  132  n. 

Huyssens  (baron  de)  xxix,  105-106nn., 
156-157  nn. 

Hdpel  (Aug.  Guill.  f  1819),  232  n. 

Hyacinthe  Karpinski  (  Archiman- 
drite, f  1798),  xxxi-xxxiv. 


Icdinovertsi  [ou  Edinovertsi],  198  n. 

Images  (culte  des), xxxvnr,  xxxvnin., 
42-43,43  п.,  226  п. 

Incrédulité  en  Rusiie,  32  п.,  96  п. 

Infaillibilité  du  Pape,  125,  125-128  nn. 

Innocent  IV,  (Pape  1243-1254),  226  n. 

Inquisiteurs,  208-209  nn. 

Inspecteurs  ecclésiastiques.  V.  Bla- 
qotchinnyi.  Fiscaux  ecclésiastiques. 

INSTRUCTION  RELIGIEUSE,  35. 
Nécessité  de  l'ordre  des  Pasteurs, 
46-47.  Insuffisance  des  livres  déjà 
existants,  47-49.  De  la  réduction  de 
troispetits  livres  contenant  l'exposé 
des  dogmes  les  plus  capitaux  et 
des  devoirs  de  chaque  état,  49-51. 
De  l'ordre  et  de  la  méthode  à  sui- 
vre dans  la  lecture  de  ces  petits 
livres,  51-53. —  V.  les  notes  p. 47-53. 

INTERDIT.74. Distinction  entre  inter- 
dit et  anathème,  74  п.,  86.  Péchés 
qui  méritent  l'interdit,  87.  Procédé 
à  suivre,  88.   De   l'appel   entre   la 


264 


TABLE  ANALYTIQUE 


sentence  d'interdit  prononcée  par 
l'Evêque,  88-89.— V.  aussi  les  notes 
p.  86-88.  Epitimie,  Pénitence  ecclés. 

Irenée  (St  -J-  202),  106. 

Irenée  Falkovski  (Evêque  de  Tchi- 
guirin),  94  n. 

Isaïevitch  (Hégoumène),  xiv. 


Jansenius  (Ev.  d'Ypres,  f  1638),  182  n. 
jEAN(Chrvsostôme  St).  V.Ghrysostôme. 
Jean  Damascène  (St  -J-  vers  780), 158  n. 
Jérémie  (Patr.  de  Constantinople),  vu. 
Jérôme  (St  -f  420),  21  п.,  70  п. 
JESUS.  Manière  d'écrire  ce  nom, 188  п. 

JESUS  dans  les  temples  russes, 62  n. 
Job  (prem.  Patr.  de  Moscou, f  1607), vu. 
JosupHlI(Emp.d'Autrichefl790),163n. 
JosÈPHE(Flavius,histor.fvefsl00),157n. 
Journal,  de  Pierre  le  Grand,  156  n. 
Jules  César,  155  n. 
Justification(doctr.de  la).xv,xv-xvmn. 

xxxviii,  xxxvmn,  181,1 82,  I8ln.,182n. 
Justin  (historien),  132,  132  n. 
Justinien  (Emp.  de  Byzancef  565), 27. 

Si 

Kalaïdovitch  (Gonstantinfl853),223n. 

Karpinski.    "V.  Hyacinthe. 

Kelsieff  (V.)  198  n. 

Kimmel  (Ernest-Jules),  48  n.  ,51  n.,188n. 

KiNG(JohnGlenfl787j,44-5nn,73n,85n. 

Кпгдч  pravil  (Livre  des  canons).  89  n. 

Kondratovicz    [prou.  Kondratovitch] 

(Gyriacus),  102  п.,  244  п. 
Konisski  [ou  KoniskiJ.  V.  Georges. 
Kopuewitz.  Y.  Copievitz. 
Kopitar  (Barthélémy  f  1844),  249  n. 
Kormtchaia  Kniga  (Livre  du  pilote,  le 

grec   ÏÏ7)oa)aov  ;  espèce    de     Corpus 

juris  canonici.)  55  п.,   58  п.,   73  п., 

'89  п.,  249,  249  п. 


La  Fontaine  (Jean  f  1695\  194  n. 
LANCELOT(DomClaudefl695),121-122nn. 
Langue  allemande  en  Russie,   xxvn, 
xxvni,  xxvni    п.,  160  п.,  225  п.  — 

—  grecque.  138, 138  п.  —  hébraïque, 
138,  138  п.—  latine,  118,  12i,  121- 
!22  nn. —  russe,  xvm-xxiv,  48,48  n. 

—  slavonne(ecclésiastiijue),xvui-xx, 
48 п..  49. 

Lascaris    (Constantin  f  1493),  138  n. 
Lanres,  226  п.,  231  п. 


Lecture  dans  les  Eglises,    51-53,  96, 

173  п.,  178  п..  186,  186  п. 
LEiBNiTz(God.-Guill  f1716)146n.,227n. 
Léon  (St.  Pape,  440-461).  123,  124  n. 
Levchin.  V.  Platon. 
Liturgie  (Messe  :  ses  parties),  80,  80  n. 
Livre  des  devoirs   de  chaque   état,  50, 

53  п.,  64,  64-65  nn. 
Livre  des  dogmes   les  plus    capitaux. 

V.  Catéeh.  de  Prokopovitch. 
Livre  des  sermons,  50,  51,  53-54  nn. 
Livres  liturgiques    (correction  des), 

xii.  V.  Rascolniques. 
Logique,  120  п.,  135,  138  п. 
Lomonossoff  (Michel,  |   1765),  xxxv, 

133-136  nn.,  156  n. 
Louis  XlV(|1715),v-vi, 121, 121n.,226n. 
Lubeker  (général  suédois),  223  n. 
Ludolf  (Henri  Guill  f  1710),  134  n. 
Luther(|1546),  xxxviii,xxxvnin,174n. 
Lûtiens[ou Lutjens], vu  n, xvi п., XXXVII- 

xxxix,  xxxvii-xxxvmnn.  53  n.,104n, 

176  п..  182  п.,  185  п.,  187-188  nn. 
Lykhudes  I frères]  (Joannicef  1717,  et 

Sophronms  f  1730),  138  n. 

M 

Macaire  (aujourd'hui  Métropolite  de 

Lithuanie),  84  п.,  198  п. 
Macchiavelli  (Nicolas,  f  1527),  vi. 
Magnitski  (Léonce,  f  1739),  134  n. 
Marcel    Rodychevski    (  Archev.    de 

Ladoga),  53  n. 
Mariage,  8  п.,  55-56,  56  n„  64  п.,  202- 

204,  202-204  nn.,  213,  221. 
Marine  (navigation),  xx,xx  п.,  137  п., 

155  п. 
Martinoff  (R.  P.Jean,  S.  J.),  226  п., 

231  п.,  233  п.,  234  п. 
Mathématiques,  xvm,  xviun.,  115  п., 

134,  134  п.,  150  п. 
Matveïeff  (CteAndré),  225,225-226 nn. 
Maximoff  (Théodore),  134  n. 
MAZEPPA(Ivan,fl709,39n.,85n.,174n. 
Mélanchton  (Philippe  f  1560),  181  n. 
Mélèce    Smotriski  (Arch.  de  Polotzk 

f  1663),  133-135  nn. 
Menchikoff  (pr.  Alexandre,  f  1729),  xvu. 
Mémoire  de  la  Sorbonne  de  Paris  à 

Pierre  Pr,  125-126  nn. 
Mémoire  (sur  les  opinions  protestantes 

de  Prokopovitch),  xv,  115  n  ,  225  n. 
Mé  noire  sur  In  réforme  de  l'Eglise  russe, 

IX,  IX  n  . ,  x  n. 


DES    MATIERES. 


265 


Menchen  (J.-Burchard,  f  1732)^  157  n. 

Mendicité,  219  n.  V.  Aumône. 

Métropolite.  V.  Titres  des  Evêques. 
N.  B.  —  Le  titre  de  Mètropoli'.e  est 
purement  honorifique  et,  comme 
tel,  s'applique  aux  prélats  russes 
depuis  Pierre  Ier.  Celui  de  Métro- 
politain indique  une  juridict  on  sur 
des  Evêques  suff rayants. 

Métropolitains  de  Moscou,  xxxv. 

Michel  III  (Emp. grec  842-867),  159  n. 

Ministères  (en  Russie),  32  n. 

Miracles.  43,  61,96,  96  n, 210-211, 2U  n. 

Mislavski"V.  Athanase. 

MODE  D'ACTION  du  Collège  ecclé- 
siastique, p.  238. 

Môhler  (J.  Ad.  f  1838),  182  n. 

Moghila.  V.  Pierre. 

Moines.  V.  Clergé  noir. 

Molière  (J.  B.  f  1673),  159  n. 

MONASTERES,  231  п.,  232  п. 

Monastères  men'ionnés  dans  l'ou- 
vrage :  d' Alexandre  Nevski  (Laure  à 
St-Pétersbourg),  xxv,  65  п.,  161  п., 
226,  226  п.  V.  Académie  ecclés.  de 
Saint-Pétersbourg.  —  du  Chry^os- 
tome  (Moscou), 227.  —  de  Cyrille  (Be- 
lozero),     xxxi,    xxxir,    xxxiv.235. 

—  du  Don  (Stauropigie  à  Moscou), 
228,  232,  232  n.  —  Nuvospaski(Stau- 
ropigie  à  Moscou),  231,  231  n.  — 
Petcffrski  [des  cryptes  ou  catacom- 
bes] (Laure  àKiefi),39,226n.,  236. 

—  de Potchayeff '(une  des  quatre  Lau- 
res),  xiv  (,'?),  226  n.  —  Preobrajenski 
(Kazan),227.  — de  Sabbas  Storojevski 
(près  Zvenigorod),  233,  233  n.  —  de 
Simon  (Stauropigie  à  Moscou\  227, 
231  n.,'  236,  237  n.  —  de  Solovetz 
(Stauropigie  dans  l'Eparchie  d'Ar- 
changel),  23!  n.  —  de  ш  Trinité 
d'Hypaiius  (Kostroma),  228,228  п.— 
de  la  Trinité  de  Se/  дтч  (Laure,  près 
de  Moscuu),  226  п.,  228  п.,  231  п., 

233.  —  Voskresenskt  [Ierousalimski], 
(Stauropigie,  près  Moscou),  231  п., 

234,  234  п.  —  Zaïkonospask'  [signifie 
littér.  :  derrière  l'image  du  Sauveur.] 
(Stauropigie  à  Moscou)  231  n.  — 
Yakovlevski  [écrit  par  erreur  :  de 
Saint  Yaroslaff\  (Stauropigie  près  de 
Rostoff),  231  n. 

Voir,  pour  les  autres  monastères, 
la  liste  des  signataires  du  «  Règle- 
ment »  p.  231-238. 


Monita  ad  Missionanos  S.  Congrégatio- 
ns de  propaganda  fide,  224  n. 

Monnaies  en  Russie,  129-130  nn. 

Mort  (peine  de),  248,  255-256  nn.  V. 
Autocraiie,Rascolniques,  et  pasrim. 

Mots  étrangers  (dans  la  langue  russe), 
xxti. 

Muller  (Gérard-Fréd.  f  1783),  228  n. 

Musique  (en  Russie),  160,  160  n. 

Newton  (Isaac,  f  1727),  132  n. 

Nicanor  (Archim.),  110  n. 

Nicolas  Ier  (St   Pape,  838-867),  204  n. 

Nicolas  Ier  (Tsar,  1825-1855),  xxxix-xl, 
I03n.,193n.,203-204nn.,2l0n. 

Nicon  (patr.  de  Moscou, f  1681)  vin,  xn, 
xxxvi-xxxvn,  xxxvi  п.,  17-18  nn., 
25-26  nn.,  28n.,56n.,59-60nn.,72- 
73  nn.,  109  п.,  173  п.,  188  п.,  198  п., 
234  п.,  245  п.,  249  п. 

Nobles,  ЗЗп.,   140,  140-142  пп  ,  150п. 

Nonce  apostolique  à  Cologne  en  1717 
(Mgr  Cavalchini),  119  n. 

Nord  (le),  journal  de  Bruxelles,  106  n. 

Novikoff  (Nicolas,  f  1818),  228  n. 

О 

Office  de  l'orthodoxie,  84-8ô  n. 
Olier(J.-J.  f  1657),  165  n. 
Oratoire  de  France,  165  n. 
Orbini  (dom  Maure),  156  n. 
Ordonnances  secrètes,  192n.,  196  n. 
Ordres  de  chevalerie,  98n,  103-104 nn. 
Ordre  (sacrement  de  Г),  185n.V. Etats. 
Otrepieff  (Grichka  [Grég.]  ;  le  faux 

Dmitri  f  1606),  85 "n. 
Oulojenie.  V.  Ukases,  etc. 

OUSTRIALOFF    (N .    G.    f    186...),    116  П., 

140-141  nn.,  231  n. 


PAFNucE(Hiérom.,prem.Inquis.),208n. 
Païsius  Ligarides  (Métrop.  de  Gaza), 

xxxvi,  xxxvi  п.,  73  п. 
Pallavicino  (Card.  f  1667),  203  n. 
Palmer    (William),  xxxvi,    xxxvi  п., 

18  п.,  25  п.,  26  п.  V.  Nicon. 
Papes,    27,   28   п.,    109    п.,   ПО   п., 

192-193  пп.  V.   Infaillibilité. 
Papadopoulos-Vretos  (André),  xxxi, 

xxx î  п. 
Papier  timbré,  88  п. 
Parascève  (Ste),  38  n. 
Pasteurs  (ordre  des), 47,  50,  185,185n. 


266 


TABLE  ANALYTIQUE 


Patriarche  de  Moscou,  vu,  vin,  ix, 
xxxv,  4  п.,  24-28,  28  п., 59  п.,  Ибп., 
159  п., 168  п. ,213,223п,  241-242  пп. 

—  de  Constantinople,  59  п. ,109  п. 
Patriarches  Orientaux,  vu,  30,  241  п. 
Paul  fSt),  17  п.,    158    п.,  171-172  пп. 

V.  Ecriture. 

Paul  I"  (Tsar,  1796-1801),  xi. 

Pauvres,215-19,216n.220n.V.  Aumône. 

Polnoe  Sabrante Zakonoff.Y .  Collection. 

Péché  originel,  181-182  nn. 

Pédalion  (gr.),  55  n. 

Pekarski  (Pierre, f  1872),xvii-xxi  nn., 
XXVII,  xxx,  xxx  п.,  xxxv  п.,  XL,  53  n, 
69  n,  92n,105  n,115-116nn,  120  n, 
129n,13?n,  134-1 35nn,137n,146n,l49n, 
156-9  nn,161n,168n,177n,  190-191  nn, 
194  n,  219  n,  220  n,  226  n,  230  n,  242  n. 

Pellicia  (Alexis-Aurèle  f  1838),  74  n. 

Pénitence  ecclésiastique.  V.  Epitimie. 

Périn  (Charles),  216  n. 

Pères  de  l'Eglise.  V.  Docteurs. 

PERSONNES  DU  MONDE  (laïques). 

—  Trois  significations  du  mot  monde 
178-181.  Qu'est-ce  que  signifie  le 
mot  spirituel,  181-184.  Pourquoi  les 
personnes  du  monde  sont  ainsi  ap- 
pelées, et  en  quoi  elles  se  distin- 
guentdes  prêtres,  184-185.  Règles  :  Г). 
Elles  doivent  se  laisser  instruire. 
par  leurs  Pasteurs  185-186  n. ;— /7). 
Elles  doivent  communier  au  moins 
une  fois  par  an,  sous  peine  d'être 
considérées  comme  Rascolniquesl86- 
191;—  III).  On  dénoncera  les  Ras- 
colniques  à  l'autorité  civile  191-192; 

—  IV).  Le  Collège  ecclésiastique 
possédera  un  état  du  nombre  des 
Rascolniques  192-193  -,  —  V).  On 
procédera  contre  les  seigneurs  qui 
recèlent  des  Rascolniques  193-195; 

—  VI).  Nul  Rascolnique  ne  sera 
promu  à  aucun  emploi  ;  on  forcera 
les  gens  suspects  à  prêter  serment 
195-198  ;  —  VII).  Il  est  défendu 
d'avoir  des  chapelles  ou  aumôniers 
particuliers  199;  —  VIU).  Com- 
ment procédera  la  nomination  des 
curés  199-200  ;  —  IX\  Des  prêtres 
vagabonds  200-201  ;  '—  X).  Tout 
laïque,  de  quelque  rang  qu'il  soit, 
est  soumis  dans  les  matières  ecclé- 
siastiques àl'Evêque  de  son  Epar- 
chie  201-202  ;  —  XI).  Comment 
procéder  dans  le  cas  de  mariages 


douteux  202-203  ;  -  XII).  Nul 
mariage  ne  sera  célébré  dans  une 
Eparchie  ou  paroisse  étrangère 
ni  par    des  prêtres  étrangers  204, 

—  V.  les  notes,  p.  180-204. 
Pétersbourg     [  ou    Saint-Pétersbourg}, 

58-59  nn.,  146  п.,  15:5,  223  п. 
PHiLARÈTE(Métr.de  Moscoujl867),47n. 
Philarète   (Archev.  de    Tchernigoff 

f  186...),  xvi,  xvn  п.,  206  п. 
Philosophie,  110,113,1 13n.,  136,136-137 

nn.,  162  n. 
PHOTius(f  891),  56  п.,  159  п.,  204  п. 
Phvsique,  136,  137  п.,  138  п. 
PiÀtnitza,  38,38  п.,  40. 
Pie  IX,  (1846...),  126  п. 
Pierre    (St),    125,    171-172,    176    п. 

V.  Ecriture. 
Pierre  II  (Tsar,  1727-1730),  xvi,  xxxvn, 

8  п.,  53  п.,  228  п. 
Pierre  III  (Tsar,    1761-1762),  xxxvn, 

104  п.,  187  п.,  246  п. 
Pierre  Moghila  (Métr.de  Kiefff  1646), 

xxx,  162  n.  V.  Confession  orthodoxe . 
Pierre  (Archim.),  226,  237  n. 
Pissareff  (procureur  du  Sénat), 228  n. 
PiTiRiME(Arch.deNi]égorod),224,224n. 
PiTRA,J.-B.(Carcl.),55-6nn,58n,73n,87n. 
Platon  Levchin  (Métrop.  de  Mos- 
cou), 53  п.,  54  п.,  94  п.,  98  п.,  99  п. 

POINTS  RÉSOLUS  PARLE  TSAR.— 

/)  Nom  et  titre  du  Synode,  240-241. 

—  //)  Manière  de  correspondre  avec 
le  Sénat,  242-243.—  III)  Nomination 
aux  Eparchies  vacantes,  243-244.— 
IV)  Administration  des  biens  ecclé- 
siastiques, 245-247.  — V.  les  notes, 
p.  240-247  et  p.   239,  250,250  c 

Polevoï  (Nicolas  f  1846),  229  n. 
PoLiKARPOFF(Théod.j.  65-66  nn.,  132- 

133  nn.,  138  п.,  156  п. 
Police,  63  п.,  208-209  nn.  V.  Biagot- 

chinnyi.  Clergé.  Evêques.   Fiscaux. 

Inquisiteurs. 
Polonais,  105  п.,  173,   173  п. 
Polydore  (Virgile, f  1555),  xx,  xxi  n. 
Popovzi,  popovstchina,   188  n. 
PoTEMKra(pr.Grég..j-1791),  xxxi-xxxin. 
Роиснкш  (Alexandre,  f  1837),  65  n. 
Pougens  (Charles-Joseph, f  1 833),xxxn . 

POUVOIR  (du  Collège  ecclés.),p.239. 

Pouvoirs  (rel'gieux  etcivii), vu,  vu  п., 
ix-x,  xin,  xxxvi,  167-168  nn.  — 
V.  aussi  les  notes  à  la  lie  partie  du 


DES   MATIERES. 


267 


«  Règlement,»  p.  16-32,  et  Evoques. 
Synode.  Tsar. 
PREDICATEURS  (Règles  des).  I)  Nul 
ne  pourra  prêcher  sans  la  permission 
du  Collège  ecclésiastique  (Synode), 
167-168;  —  II)  Sur  quoi  on  doit 
prêcher,  168-169  ;  —  III)  Comment 
le  prédicateur  doit  parler  des  pé- 
chés, 169-170  ;  —  IV)  Il  doit  évi- 
ter les  allusions  personnelles,  170  ; 

—  V)  Il  ne  doit  pas  parler  des  pé- 
chés de  ceux  qui  gouvernent,  ni 
d'un  ton  offensant,  170-172;  — 
Vl)  Il  doit  étudier  beaucoup  saint 
Jean  Chrysostôme,  et  s'abstenir  de 
lire  les  auteurs  polonais,  172-173  ; 

—  Vil)  Il  ne  se  glorifiera  pas  du 
succès  de  sa  parole,  ni  ne  se  fâchera 
s'il  n'obtient  aucun  fruit,  174  ;  — 
VIII)  Il  se  gardera  de  montrer  de 
la  vaine  gloire,  1~4-175;  —  IX)  Des 
défauts  à  éviter  dans  le  débit,  176= 
177;  —  X)  Si  le  prédicateur  est 
invité  à  dîner,  il  ne  parlera  pas  de 
son  sermon  ,  ni  ne  laissera  les 
autres  en  parler,  177-178. — V. aussi 
les  notes  p.  167-178,  et  p.  54  п., 
82,  82  п..  93n.,  186. 

Président  du  Synode,  4,  28.  29,  29  п., 
214,  221,  241  п. 

Presse  (étrangère)  au  service  de  la 
Russie,  !06  n . 

Presse  en  Russie,  32  п.,  210  п. 

Procureur  général,  254,  254  n. 

Procureur  suprême  du  Sénat,  63  п., 
247  п.,  250  п.  —  du  Synode,  31  п., 
63  п.,  244  п.,  247  п.,  250,  251-256. 

Procureurs  (des  Collèges),  252-253, 
252-253  nn. 

Projets  pour  l'amélioration  de  l'Eglise 
ou  de  l'Etat,  208-209. 

Prokopovitch.  V.  Theophane. 

Propagande  deRome(Collége  de  la), 223. 

Proskouriakoff  (Th.),  206  n. 

Protestantisme  dans  l'Eglise  russe,  vi, 
vu,  xv,  xv-xvi  nn  32  n, 52-53  nn,94  n, 
96  п.,  120  п.,  137  п.,  147  п.,  162  п., 
167  п,  173-176  nn, 181-182, 181-!82пп, 
185-188  nn.  V.  Lûtiens.  Allemagne. 

Puffendorf  (Samuel,  f  1694),  137, 
137  п.,  157  п.,  228  п. 

Q 

Quesnel  (Pasquier,  f  1719),  182  n. 
Quérabd  (J.-M.f  1865),  xxvii  n. 


Ffe 

Ragouzinski  (Sabbas),  156  n. 
Rayevski    (Aumônier  de  l'ambassade 

russe  à  Vienne  f  186...),  85  n. 
Rasool ,    Rascolniques  ,    xn ,    32  п., 

37  п.,  107,  107  п.,   127  п.,    188-200. 

188-194  nn  ,  196  п.,  198-199  nnv2U. 
Ratschin  (A.),  226  п..  233  п. 
Règle  de  la  foi,  47  п.,  127-128  nn. 
Règlement  général,   xxit,    4  п.,  10  п., 

63  п.,  147  п.,  238,  238  п.,  243  п. 
Reliques,  40-41,  41-43  nn.,  62  п. 
Réplique  à  la  «  Pierre  de  la  Foi,»  177  п., 

223  п. 
Restitution  (cas  de),  211  n. 
Rhétorique,  113,120-122,  135,  135  n. 
Rite    pour   l'élection    et    le    sacre    des 

Evéques,  101-102  nn.,  244  n. 
Rituel  pour  te  jour  de  l'orthodoxie,  84- 

85  nn. 
Rituel    pour    l'admission    des    Rascol- 

niqiies,  etc.,  189  n. 
Roumiantsoff  (Cte  Nie. f  1826),  115  n. 


Sabbas  (Storojevski,  honoré  comme 
saint  dansl'Égli=e  ru-se),  233, 233  n. 

Sabellius  fui0  siècle),  37. 

Sacr«  (des  Evèques),  vu,  26  п.,  43  п., 
59-60  nn.  62  n, 72-3  nn,  101-2  nn,244, 
244n.V.Serment— (duTsar).17n,26n. 

Sagesse  de  plusieurs  prescriptions  du 
Règlement  semblables  à  celf  sde  ГЕ- 
gl  se  catholique  xn,  91  п., 246  п.  —  V. 
Ecoles, Miracles, Reliques  et  passim. 

Samarin  (George),  166-169  nn.,  171  п., 
173-177  nn. 

Satha  (Constantin),  xxxi,  xxxi  n. 

Scaroa(R.  P.Picrre;S.J.,f  1612). 157n. 

SCIENCE.  Avantages  que  la  Rus?ie  a 
tirés  de  la  science,  104-106.  —  La 
science  n'est  pas  la  cause  des  héré- 
sies, 106-108.  —  Bienfaits  et  avan- 
tages de  la  science,  108-112.  — 
Progrès  de  la  science  en  Europe, 
112-113  —  De  la  science  superfi- 
cielle, 113-115.  —  V.  aussi  les  noies 
p.  104-115  et  p.  xi,  xn,  212  n. 

Schafiroff  (Pierre),  143  п.,  156,  227, 
227-228  nn.,  256. 

ScHÉDO-FERROTi(pseudon.  [bar.  Fircks] 
fl87...),XLn,37n,191-93nn,190u,198n. 

ScHLôzER(Louis-Aug.fl809)V.Haigold 

bcHUBERT  (gén.  T.  F.),  130  n. 

Schumacher  (Jean),  128-129  nn. 


268 


TABLE  ANALYTIQUE 


Secret  de  la  confession, 77a., 248, 24Sn. 
SEMINAIRE. (Nécessité  d'un)l45-147, 
Règles,  1)  Gomment  doit  être  cons- 
truite la  maison  du  Séminaire,  147- 
148  ;  —  ll-lll)  Gomment  doivent 
être  répartis  et  logés  les  sémina- 
ristes, 148  ;  —  IV)  Chaque  cham- 
brée    aura     son  préfet,    148-149-  ; 

—  V)  Du  Recteur  et  des  Examina- 
teurs, 149- 150  ;  —  VI)  Limites  de 
l'autorité  du  Préfet,  150  ;  —  VII) 
Des  Examinateurs,  151  ;  —  VIII) 
Du  Recteur,  151  ;  —IX)  Chaque 
exercice  aura  son  heure  déterminée, 
151  ;  — X)  Des  sorties  en  ville,  ou 
chez  les  parents,  151-152  ;  —  XI) 
Un  surveillant  doit  accompagner  le 
séminariste  dans  les  sorties,  152-153; 

—  XII)  Des  visites  des  parents,  153. 
XIII)  Danger  d'ennui,  153-154.  Règles 

pour  obvier  à  l'ennui  :  a  {XIV)  Age 
fixé  pour  l'admission,  154  ;  —  b  {XV) 
Des  récréations,  154-155:—  с  {XVI) 
Des  promenades,  155;  —  cl  {XVII) 
Choix  des  lecturespendantles  repas, 
155-158;  —  e  {XVIII)  Exercices  ora- 
toires et  dramatiques,  158-159;  — 
/(A'LY)Des  prix  d'honneur;  —  g [XX) 
De  la  musique  instrumentale,  160. 
XXI)  II  y  aura  dans  le  séminaire  une 
église,  une  pharmacie  et  un  méde- 
cin, 161  ; — XXII)  On  y  observera 
les  règles  déjà  données  pour  l'Aca- 
démie, 161  ;  —  XXIII)  Les  sémina- 
ristes pauvres  seront  maintenus  aux 
frais  du  Tsar,  les  riches  à  leurs 
propres  frais,  162-163  ;  —  XXIV) 
Chaque  séminariste  prêtera  à  la 
fin  de  son  cours,  serment  de  fidé- 
lité au  Tâar,  163  ;  —  XXV) 
On  ne  laissera  partir  aucun  sémi- 
nariste avant  d'en  avoir  informé  le 
Synode,  163-164  ;  —  XXVI)  Ceux 
qui  ont  été  élevés  au  séminaire 
seront  promus  aux  dignités,  de 
préférence  à  tout    autre,    164-165. 

—  Y.  aussi  les  notes    p.  149-166. 
Séminaire  de  St-Sulpice,  165  n. 
Séminaires  catholiques,  165  n. 
Sénat,    xxiv,  xxvni,  6  п.,  29,  147  п., 

156   п.,    206  п.,   214.  228  п.,    242- 
243  пп.,  250,  253-254  пп. 
Serment  de  fidélité    [ou    de  soumis- 
sion], 163,  163  п.,  221-222.  V.  Secret 
de  la  confession. 


Serment  des  Evêques  :  avant  Nicon), 
59-60  nn.,  102  n.  — sous  Pierre  le 
Grand),  43,  43  п.,  61,  62  п.,  101-102 
пп.  V.  Sacre. 

Serment  des  membres  du  Synode,  x, 
xvii,   5  п.,  6-11. 

Serviteurs,  97,  219-220  nn. 

Signataires  du  Règlement  (Evêques, 
Archimandrites,  Sénateurs),  222- 
238,  223-237  nn. 

Silbernagl  (Isidore),  232  n. 

Simonie,  220-221,  221  n. 

Sitchkareff  (Lucas),    XXXI1-XXXIV. 

Skohopadski  ^lvan  f  !723),  39  n, 

Smirnoff  (S.),    137  п.,  166  п. 

Smotriski.  V.  Melèce. 

Sneghireff  (J.  M.  -j-  18..),  54  n. 

Sobor  (concile),  Soborhyi  (conciliaire) 
équivoque  de  ces  mots,  x,  2,  2  n. 
243,  243  n . 

Sozomène  (f  vers  450),  73  n. 

Stahxin  (Jacques),  159-160  nn. 

Starostes,  215,  215  n. 

Starovères  (Vieux  croyants,  ou  An- 
ciens croyants),  107  п.,  188  п.,  198- 
199  nn. 

Statut  de  la  censure,  210  n.  —  des 
confessions  étrangères,  210  n.  —  des 
Consistoires  ecclésiastiques  ,&[r\.. ,  63  п., 
103  п.,  178  п.,  203  п.,  243  п.  —  des 
constructions,  61  п.,  62  п.,  199  п.  — 

—  des  douanes,  88  п.  —   maritime, 
20  п.  —  militaire,    xxvn,  20  п.  — 

—  des  passeports,  200-201  nn. 
Stauropigies,  231  n. 
Stcherbatoff  (pr.  Michel,  f  1790\  156 

п.,  225  п. 

Strahl  (Philippe  f  18..),  94  n. 

Strateman  (Ev.  protest.  d'Osnabruck), 
158  п.,  228  п. 

Strechneff  (Siméon,  boyard  f  1666), 
xxxvi,  xxxvi  п.,  17  п.,  73  п. 

STROi'EFF(Paul),  223  п. 

Superstitions,  хп,  37-39,  36  -38  nn,45, 
45n.,96,  96  п.,  106,  169,1  88  п.,  212. 

Supplément  (du  Règlement  ecclésias- 
tique), xxx,xxxiv,55  п.,  77  п., 97  п., 
248-249,  248  п.,  250  п. 

Svod  Zakono/f.   V.  Gode  des  lois. 

Sylvestre  1*  (St.  Pape,  314-336),73  n. 

Sylvestre  Kraïski  (Metrop.  de  Smo- 
len<k  f  1721?),  223,  223  n. 

SYNODE  (composition  du). Nombre  et 
rang  des  membres  du  Synode,  4, 
31-32  nn.,  60 п., 205-207,  205-206  nn  • 


DES   MATIERES. 


269 


SYNODE  (Devoirs  du)./)  Connaître  en 
détail  les  obligations  de  chaque 
état,  et  punir  les  transgresseurs 
207-208  ;  —  II)  Accepter  le's  conseils 
opportuns  de  quelque  part  qu'ils 
viennent  208-209  ;  —  Ш)  Examiner 
les  ouvrages  traitant  de  matières  re- 
ligieuses, 209;  —  IV)  Ouvrir  des 
enquêtes  pour  la  constatafon  des 
miracles,  210-211  ;—  V)  Juger  les 
Rascolniques  et  les  nouveaux  hé- 
rétiques, 211;  —  VI)  Décider  l<-s 
cas  de  conscience  douteux,  211- 
212  ;  —  Vil)  S'enquérir  de  ceux 
qu'on  élève  à  l'épiscopat,  212-213; 

—  VIII)  Recevoir  les  appels  contre 
les  Evêques.  Matières  du  ressort 
du  Synode,  213;  —  IX)  Surveiller 
l'administration  des  biens  ecclésia- 
stiques, 213-214  ;  -  Л)  Défendre 
les  faibles  contre  les  seigneurs 
puissants,  214  ;  —  XI)  Résoudre  les 
difficultés  qu'offriraient  les  testa- 
ments des  personnes  illustres, 214; 

—  Xll)  Instruire  les  fidèles  sur  la 
manière  de  faire  l'aumône,  215-279; 

—  XIII)  Purger  le  clergé  de  la  simo- 
nie, 220-221.— V. les  notes,  p.  207- 
221.  V.  aussi  :  Affaires    générales, 

•Gouvernement  conciliaire,  Points 
résolus  par  le  Tsar  et  p.  x,  1-11, 
63-64nn.,ll6n.,  156  п.,  168n.,19in., 
248-256,  248-256  nn.  et  passim. 
Synode  général  des  églises  réformées 
de  France.   127  n. 


Talitski  (Grégoire),    193  n. 
Tchadaïeff  (Pierre  f  1856),  210. 
Tchine.  33,  33-34  nn. ,   103  п.,  10i  n. 
Tchistovitch  (J.),  166  n. 
Tchoûlkoff    (Michel,   f  1793),  45  n. 
Télescope  (journal  de  Moscou),  210  n. 
Théâtre  (en  Russie),  159-169  nn. 
Theineb(R.P.  Aug.. de  l'Oratoire), 226n. 
Théodore  Grapt  (St  ixe  siècle),  124  n. 
Théodoret  (f  vers  458),  107  n. 
Théodore  Yanovski  (Arche v.  de  Nov- 
gorod), xvi,  xvi  п.,  226,226  п. 
Théophane    Prokopovitch  ,    XHI-XVll  , 

XV-XVI     ПП.,     XIX,     ХХ1-ХХШ,       XXXV- 

xxxvi, 8  п., 51-53  nn. ,64-65  nn.,73  п., 
92  n,  94  п.,  104  п.,  115-116  nn.,  125- 
128  nn.,150  п.,  156  п.,  101-162  nn., 
164  п.,  166-169  nn.,  173-177  пп.,182п., 


186-187  nn.,  190  n. ,  205-206  nn.,212n., 

224,224-226nu.,229n.,237n,,249,249n. 
Théophane  PROKOPOviTCH(,Hiéromoine, 

oncle  du  précédent),  xili. 
Théophylacté  deBulgarie(St.),48,48n. 
Théophylacte  Gorski (Evêque  de  Ko- 

lomna  f  17881,  94  n. 
Tikhon.  V.  Tykhon. 
Titres  accordes  aux  Evêques, 98-99nn, 

103-I04uu..222,  222  п.,  224  п.,  226  п. 
Tolstoï  (Gte  Féodor),  223  n. 
Tolstoï  (Cte  Pierre),  226,  226  n. 

ToiJRGlTENEFF   (A.   J.),    120   П. 

Tradition  de  l'Eglise,  47  п.,  176  п. 

Traductions  d'ouvrages  étrangers  en 
russe,  132  п.,   :37  п.,  155-8  nn. 

Transsubstantiation,    187-188  nn. 

Trebnik  (Rituel),  244  n. 

Trogus  Pompeius,  132  n. 

TSAR.  Chef  de  l'Eglisegrecque,86n.— 
Christ  (oint)  du  Seigneur,  26,  26  n. — 
Gardien  de  l'orthodoxie,  xv,  16.  — 
Héritier  du  troue  de  Byzance,  138  n. 

—  Juge  suprême  du"  Synode,  10. 
10  п.,  101  п.,  241  п.—  Enrichi,  par 
infusion,  des  dons  du  Saint-Esprit, 
85  n.  —  Suprefnus  Pontifex,  120  n.  — 
Son  pouvoir  indirect  sur  la  validité 
de  l'absolution,  244-245  nn.  —  Son 
pouvoir  sur  les  canons,  56  п.,  59-60 
nn ,  — V .  Autocratie.  Secret.  Serment 
et  passim. 

Tsars  de  Moscovie,  vu,  xxxv. 
Tykhon  (Ev.de  Voronége,f  1783, honoré 
comme  saint  dans  i'Egl. russe), 53n. 

U 

Université  (en  Russie),  118-119  nn. 
N.B.  —  La  première  Université  russe, 
celle    de  Moscou,  ne  fut   définitive- 
ment ouverte  qu'en  1755. 
Ukase  nominal,  xxxix. 
Ukases  cités  dans  l'ouvrage  : 
№  (1)  1649.  29.janv.  Oulojeme  du  Tsar 
Alexis  Mikhaïlovitch, xxxix, 56  n,  232 
n,245n.—  (711)  1677.19  déc,  245-6 un, 

-  (1101)  1684.  24  déc,  45  n.  —(1765) 
1700.  18  févr.,  p.  xl.  —(1829)  1701. 
24  janv.,246n.  —  (2778)  1714. 28fév. 
64  n.  —  Г2786)  1714.  17  mars,  63  п., 
208  п.,  253  п.— (2985)  1716.  22  janv., 
62  п.  —  (3208)  1718.11  juin,  1 1 5 n . , 
119  п.,  146  n,  —  (3239)  1718.20  nov., 
59n.  —  (3255)  1718.  12  déc,  4  n.  — 


270 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES- 


Г3264)  1718.  A  la  fin.,  243  п.— (3534) 

1720.  28  îèv.,Generalnyi  Réclament, 
xxii,  4  п.,  10  п.,  243  п.,  253  п.  — 
(3693)  1720.  20  déc,  156 п.  —  (3718) 

1721.  25  jaav.  Ukase  pour  l'établis- 
sement du  Synode,  (1-5, 17  n,  205  n,) 
et  «  Règlement  ecclésiastique.  »  — 
(3734)  1721 .  14  fév.  Points  résolus 
par  le  Tsar,  240-247,  240  п.,  246  п.— 
Ш49)  1721.  3  mars,  243  п.  —  (3761) 

1721.  15  mars, 250  п.  —  (3784",  1721. 
17  mai,  156  п.— (3854)  1721.  19nov., 
250  п.  —  (3870)  1721.  A  la  lin,  63  п., 
209  п.,  253  п.— (3877)  1722.  12  janv., 
243  п.,  250  п.,  252  п.—  (3891)  1722. 
27  janv.,  194  п.  —  (3908)  1722.  16  fév. 
156  п.— (3962)  1722.  12  avril, 250  п. 

—  (3963)  1722.  12  avril,  250  п.  — 
(3970)  1722.  17  avril,  256  п.  —  (3979) 

1722.  27  avril,  p.  250  п.  —  (4001) 
1722.  11  mai.  31  п.  et2b0n.—  (4012) 
1722.17  mai, 248,248п.— (4021)  1722. 
31  mai,  p.  64  п.  —  (4022)  1722.  (à  la 
lin  des  lois  de  Mai).  Supplément  du 
«Règl.eccl.,»  248,248n.—  (4036)1722. 
13  juin,  31  п.,  251  п.—  (4053)  1722. 
16juill.,  190  п.— (4172)  1723.26  fev. 
52  п.  —  1724.  Janv.,  (mentionné 
dans  l'ukase  n°  4632),  246n.—  (4427) 
1724.  20  janv.  115  n.  146  п.  — (4443) 
1724.  28  janv.,  H5n.,  118  п.,  146 п. 

—  (4632)  1725.  14  janv.,  246  п.— 
(4663)  1725.  23  fév.,  115  п.,  146  п.  - 
(4717)  1725.  11  mai,  p.  226  п.  — 
(4807)  1725.  7déc,  p.  115  п.,  146  п. 

—  (4870)  1726.  21  avril  8  п. -(4975) 
1726.  31  oct  116  п.,  150  п.  —  (4987) 
1726.  12  déc.,  58  п.—  (5131)  1727. 
26  juillet,  8  п.— (5909)  1731.  17  déc. 
8  п.  —  (9425)  1747.  24  imll.  119  п. 

—  (11643)  1762.  12  août,  247  п.  — 
(12060)  1764.26  fév.,247  п.—  (18273) 
1797.  18  déc,  147n.—  (20406)  1802. 
8  sept.,  32  п.— (24091)1810.  19  jan., 
202  n.  —  (27115)  1817.  27  oct..  177  n. 

—  (28208)  1820.  20  mars,  204  n.  — 
(3807)  [2e  série],  1830. 19  juil.,  204  n. 

ХГ 

Vagabondage  du  clergé,   61.200-201, 

200-201  nn. 
Varenius  (Bernard,    f  1680),  132  n. 
Versification,  135-136  nn. 
VEYDE(Addm  f  17..),  105  n. 


VISITE  PASTORALE.  Nécessité  de 
cette  visite  au  moins  une  fois  tous 
les  deux  ans,  89-90.  —Règles:  I) 
Quelle  est  la  saison  la  plus  oppor- 
tune pour  la  visite,  90-91.  — II- 
III)  De  quelle  manière  on  doit  la 
commencer,  92-93.  —  IV)  L'Evè- 
que  doit  s'enquérir  secrètement 
de  la  conduite    du    clergé,    93-94. 

—  V)  L'Evêque  ne  doit  faire  ni 
accepter  aucune  invitation  à  dîner 
avant  que  la  visite  ne  soit  termi- 
née, 94.  —  VI)  Il  prendra  note  des 
affaires  qu'il  ne  peut  terminer  immé- 
diatement ,  95.  —  VII)  L'Evêque 
fera  lui-même  les  frais  de  toute  in- 
vitation ,  95.  —  VIII)  L'Evêque 
doit  tâcher  de  découvrir  ce  qu'on 
voudrait  lui  cacher,  95-96.  —  IX) 
Des  superstitions ,  images,  sources 
etc.,  96-97.  —  X)  L'Evêque  s'in- 
formera de  ce  qui  se  passe  dans 
les  monastères,  97.  —  XI)  Il  por- 
tera avec  lui  mie  copie  des  devoirs 
des    prêtres    et    des    moines,     97. 

—  XII)  11  doit  maintenir  dans 
l'ordre  ses  serviteurs,  97-98.  — 
XIII)  Tout  Evèque  est  soumis  au 
Collège  ecclésiastique  (Synode),  98- 
100.  —  XIV)  On  peut  appeler  au 
Synode  contre  l'Evêque;  les  faux 
accusateurs  seront   punis,  100-101. 

—  XV)  L'Evêque  enverra  au  Col- 
lège deux  fois  par  an  des  rap- 
ports sur  l'état  de  l'Eparchie  (dio- 
cèse), 102-103.— V.  aussi  91-103.  nn. 

Vladimir  (St  f  1015),  234  n. 

Volkoff  (Boris  f  17...),  137  n. 

Voltaire  (f  1778),  vi  п.,  ix-x,  ix- 
x  nn.,  xxxiv,  85-86  nn.,  116  п., 
159-160  nn.,  164  п.,  196  п. 

TBV 

Weber(J.  C.f  17..),  106  n. 
Welt  Spiegel,  146  n. 
WiTH\voRTH(Sir  Charles  f  17...),225  n. 
Wolff  (J.  Chrét.  f  1754),  120  n. 


Yaroslaff  II,  (Gr. -duc +1246),  226  n. 
Yavorski.  V.  Etienne. 


Zizania  (Laurent,  protop.f  16..  ),  133  n. 


ERRATA 


Pages     18  note,  ligne    7  au  lieu  de  1971  lisez  :  1871. 

—  25     »        »        2  et  3  —        lé  premier...  le  second,  lisez: l'un...  l'autre. 

—  29      »  u         2  —         proe-sidens,  lisez  :  prœ-sidens. 

—  31      »         »      28  —         1822,  lisez  :  1722. 

—  37  n.  1.8;  53  h.  11.  25-26;  59  n.  1.3  ;  60  n.  1.  21  ;  107  1.  1  1  au  lieu  de  métropo  - 

litain,  lisez  :  métropolite. 

—  42  note,  ligne  38  au  lieu  de  son  culte,  lisez  :  le  culte. 

—  щапка.  Usez:  шайка. 

—  ambassade,   lisez  :  factorerie. 

—  атихиспь,  Usez  :  Катнхпзись- 

—  Theophilacte,  lisez  :  Theophylacte. 

—  главн-Ьниля,  Usez  :  главнЬйция. 

—  Lutjens,  lisez  :   Liïtiens. 

—  оргаиъ,  Usez  :  оргаиъ- 

—  Grichka,  Ûtrepieff,  lisez  :  Grichka  Otrepieff. 

—  Novgorod,  lisez  :  Narva. 

—  d'Alexandrie,  lisez  :  de  Constantinople. 

—  Р'Ьчеп,  Usez  :  рЪчей- 

—  Bopovzi,  lisez  :  Popovzi. 

—  Pespopovzi,  lisez  :  Bespopovzi. 

—  Jedinovertsi...  unis-croyants,  lisez  :  Iedino- 
vertsi...  uni-croyants. 

—  proposition,  lisez  :  composition. 

—  Extraordinaira,  lisez  :  Extraordinaire. 

—  Saluikieff,  lisez  :  Salnikeïeff. 

—  шеа,  lisez  :  meœ. 
1       —  Tychon,  lisez  :  Tykhon. 

—  Frénarque,  lisez  :  Irénarque. 

—  Eustatre,  lisez  :  Eustrate. 


44      » 

« 

1 

44      » 

» 

3 

47      » 

» 

pénult. 

48  texte, 

» 

9 

49     note, 

» 

1. 

53      » 

» 

6 

71      » 

n 

6 

85       » 

V 

16 

115      » 

» 

16 

123  texte 

» 

11 

158  note, 

» 

pénult. 

188  n.  (ij; 

n 

4 

188  n.  (1), 

)) 

4 

198  note, 

" 

27  et  28 

205       » 

» 

2 

225      » 

» 

pénult. 

227  texte, 

n 

3 

229    note, 

n 

6 

233  t.,  1.  3  et 

235  t.,  1. 

235 

» 

Il 

236 

» 

3 

Saint-Ouentin.  —  Imp.  Jules  Moureau. 


ДУХОВНЫЙ    РЕГЛАМЕНТЪ 

ПЕТРА    БЕЛПКАГО 


RÈGLEMENT  ECCLÉSIASTIQUE  DE  PIERRE  LE  GRAND 


COMPOSÉ  РАП  LES  SOINS  ET  PAR  ORDRE  DU 

TRÈS-SÉRÉNISSIME  é  TRÈS-PUISSANT  SOUVERAIN 

PIERRE  Ier 

EMPEREUR  ET  AUTOCRATE  DE  TOUTES  LES  RUSSIES 

avec  le  consentement  et  le  suffbage 

de  l'état  ecclésiastique  et  du  sénat  dirigeant  de  toutes  les  russies 

dans  la  ville  impériale 

de  saint-pétersbourg,  l'an  de  la  naissance  du  christ  1721 


INSTRUCTION 

DU 

PROCUREUR  SUPRÊME  DU  TRÈS-SAINT  SYNODE 


D'après  l'édition  de  Moscou,  typographie  du  Synode,  1861,  soigneusement  comparée 
avec  celle  de  la  «  Collection  complète  des  lois  de  l'Empire  russe.  » 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  LA  SOCIETE  BIBLIOGRAPHIQUE 

75,    RUE    DU    BAC,    78 

BRUXELLES  LONDRES 


LIBRAIRIE   H.  GOEMAERE 

Iluc  de  la  Alonlngnc,  Ы 


BURNS   ET    OATES 

17,  Portman   streel,  Portman  square 


1874 


ДУХОВНЫЙ 

РЕ  F  ДАШЕ  HT  b 

ТЩЛШЕМЪ   II    НОВЕЯЬШЕМЪ 

ВСЕПРЕСВЪТЛЪЙШАГО ,  ДЁРЖАВНЪЙШАГО 

ГОСУДАРЯ 

ПЕТРА  ПЕРВАГО 

ИМПЕРАТОРА     II      САМОДЕРЖЦА      ВСЕРОССШСЕАГО 

но  сонзволсшю  и  приговору 

Bcepocciiîcitaro    Духовного     Чин,»    к    Иравптельствующаго    Сената 

въ  царетвующемъ   СанктпетербургЬ, 

въ  .тЬто  отъ  Рождества  Христова  1721 ,  сочиненный 


ННСТРШПЯ    ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ    СВЯТЪНШАГО    СИНОДА 


По  Московскому  издашю  1801  года,  (въ  Синодсшюй  типографш) 

рачительно  сравненному  съ  издатемъ  ., Полнлго  Сог.рлшя  Злконовъ' 

Т.  VI.  (3718)  25  Яне.  1721,  (3734)  14  фебр.  1722  и  (4036)  13  Iiott.  1722. 


НАРИЖЪ 

КНИЖНЫЙ  МАГАЗИНЪ  БИБЛЮГРАФЙЧЕСКАГО  ОБЩЕСТВА 

75,    HUE    DU    ВАС,     75 


БРЮССЕЛЪ 

КНИЖНЫЙ  МАГАЩШЪ  Г.  ГУМАРА 

fttie  de  la  Montagne,  :H 


лондонъ 

БУРНСЪ    II    ОАТЕСЪ 

17,  l'ortman  strect,  Poitinari  squale 


1874 


ПрилтЬчаше. 

Диоры  при  Фращускомъ  перевод*  заглавш,  указывають  страницы 
францускаго  перевода  Регламента  издавнаго  Парпжскпмъ  БпблтограФИ- 
че.скпыъ  Обществоыъ,  въ  1874  г. 


Note. 


Les  chiffres  placés  à  côté  de  la  traduction  française  des  chapitres 
indiquent  les  pages  qui  leur  correspondent  dans  l'édition  française  du 
Règlement  publié  par  la  Société  bibliographique  de  Paris  en  1874. 


БРЮССЕЛЬ  BRUXELLES 

ТИПОГРАФ1Я   ВАНЪДЕРЪОВЕРА  j   TYPOGPiAPHIE  DE  CH.  VANDERAUWERÀ 

8,  RUE   DE   LA   SAISONNIÈRE,  8 


УКАЗЪ 

ДЛЯ  УЧРЕЖДЕНЫ  ДУХОВНЫЙ  КОЛЛЕГИ!    (СИНОДА). 


UKASE 

pour  l'établissement  du  collège  ecclésiastique  (synode) 
Édition  française.  —  P.  1. 


БОЖ1ЕЮ    МИЛ0СТ1Ю, 
МЫ       П  E  T  P  Ъ      ПЕРВЫЙ, 

ЦАРЬ   И   САМОДЕРЖЕЦЪ    ВСЕРОСС1ЙСК1Й, 

п  прочая,  и  прочая,  и  прочая. 

Между  многими,  по  долгу  Богоданныя  Намъ  власти,  попе- 
ченьми  о  исправлении  народа  Нашего,  и  прочпхъ  подданныхъ 
Намъ  Государству  посмотря  и  на  Духовный  чинъ,  и  видя  въ 
немъ  много  нестроешя  и  великую  въ  дъмахъ  его  екудостъ,  не 
суетный  на  совъхтп  Нашей  возъпмЬли  Мы  страхъ,  да  не  явим- 
ся неблагодарнп  Вышнему,  аще,  толпкая  отъ  Него  получивъ  бла- 
гопосп1ш1ества  во  псправленш  какъ  Воинскаго,  такъ  и  Граждан- 
скаго  чина,  пренебрежемъ  исправлеше  и  чина  Духовнаго.  И  когда 
нелицемерный  Онъ  Суд1я,  воспроситъ  отъ  Насъ  ответа  о  толи- 
комъ  Намъ  отъ  Него  врученномъ  приставлены,  да  не  будемъ 
безъотв1зтнп.  Того  ради  образомъ  прежнихъ,  какъ  въ  Ветхомъ 
такъ  п  въ  Новомъ  Зав1л"Ь,  Благочестивыхъ  Царей,  воспр1явъ 
попечете  о  исправлены  чина  Духовнаго,  а  не  видя  лучшаго  къ 
тому  способа  паче  Соборнаго  Правительства.    Понеже  въ  единой 

1 


2*  УКАЗЪ  ДМ  УЧРЕЖДЕНЫ  ДУХОВНЫЯ  КОЛЛЕПИ. 

персонв  не  безъ  страсти  бываётъ;  ктомужъ  не  наследственная 
власть;  того  ради  вящше  небрегутъ.  Уставляемъ  Духовную 
Коллепю,  то  есть  Духовное  Соборное  Правительство,  которое, 
по  слвдующемъ  здъ  „Регламенгв",  им-ветъ  вешая  Духовныя  д-Ьла 
во  Всероссшской  Церкви  управлять.  И  повелЪваемъ  вевмъ  ввр- 
нымъ  подданнымъ  Нашпмъ  всякаго  чина,  Духовнымъ  и  аирскимъ, 
им'Ьть  cie  за  важное  и  сильное  Правительство,  и  у  него  крайнш 
д-Ьлъ  Духовныхъ  управы,  р-Ьшешя  и  вершешя  просить,  и  судомъ 
его  опред-Ьленнымъ  довольствоватися ,  и  указовъ  его  слушать  во 
всемъ,  подъ  великимъ  за  протпвлеше  и  ослушаше  наказашемъ 
противъ  прочихъ  Коллегш. 

Должна  же  есть  Коллепя  е!я,  и  новыми  впредь  правилами 
дополнять „Регламентъ"  свой,  яковыхъ  правылъ  востребуютъ  разные 
разныхъ  д'Ьлъ  случаи.  Однакожъ  д-влать  cie  должна  Коллепя 
Духовная  не  безъ  Нашего  сошволешя. 

Опредъмяемъ  же  въ  сей  Духовной  Коллегш  быть  именован- 
нымъ  здв  члепамъ:  единому  Президенту,  двоимъ  Вице-Президен- 
тамъ,  четыремъ  Совгвтникамъ,  четыремъ  Ассессорамъ. 

À  понеже  помянулось  въ  семъ  „Регламента"  въ  первой  части, 

,въ  седмомъ  и  осмомъ  нунктахъ,  .что  Президентъ  подлежати  пмать 

суду   своея   братш,    Ыесть    тойжде     Коллегш,    аще  бы  въ  чемъ 

знатно  погр'Ьшплъ;  того  ради  опредЬляемъ  и  голосъ  оному  пмвть 

едпнъ  съ  прочими  равный. 

Имбютъ  же  всв  члены  сея  Коллегш,  при  вступленш  въ  свое 
д-Ьло,  учинить  присягу,  или  обЪщаше  предъ  Святымъ  Евангел1емъ, 
но  приложенной  оормв  присяги. 

Подо  ттъмъ  подписано  Царскаго 
Въ|   Петербурхъ1,  Величества  собственною  ру- 

въ  25  день  Генваря  кою: 

1721  году. 

П  Е  Т  Р  Ъ. 


Присяга  членамъ  Духовныя  Коллегш. 


SERMENT  DES  MEMBRES    DU    COLLÈGE    ECCLÉSIASTIQUE.  —   P.  6. 


Азъ,  нижеименованный,  обещаюся  п  клянуся  Всемогущимъ 
Богомъ,  предъ  святымъ  Его  Евангел1емъ,  что  долженъ  еемь,  и 
по  долженству  хощу,  и  всячески  тщатпся  буду,  въ  сов-Ьтахъ  и 
судахъ,  и  всЬхъ  дЬлахъ  сего  Духовнаго  Правительствующаго 
Собрашя,  искать  всегда  самыя  сущ'ш  истины  и  самыя  сущ1я 
правды,  и  действовать  вся  по  наппсаннымъ  въ  Духовномъ  Регла- 
мент!} уставомъ;  и  ащс  мя  и  впредь  согласЕемъ  сего  Духог.наго 
Правительства,  и  соизволешемъ  Царскаго  Величества  опред&лены 
будутъ. 

Ciff  же  вся  буду  действовать  по  совести  моей,  не  работствуя 
лпцепр1ят1ю,  не  болвзнуя  враждою,  завпепю,  упрямствомъ,  и 
просто,  никаковыми  же  пленялся  страстьмп,  но  со  страхомъ 
Божшмъ,  всегда  имея  въ  памяти  неумытный  судъ  Его,  со  искрен- 
нею Бога  и  блпжняго  любовю,  полагая  всьмъ  мыслямъ,  и  сло- 
вамъ  и  дбйств1ямъ  моимъ,  яко  вину  конечную,  славу  Божно  и 
cnacenie  душъ  человвчеекпхъ,  и  всей  Церкви  созпдаше,  не  nciiii, 
яже  моя,  но  яже  Господа  Incyca. 

Клянуся  же  Богомъ  живымъ,  что  всегда,  памятстауя  страш- 
ное слово  Его,  „проклята  всяко  творяй,  д/ьло  Божье  со  неорс- 
жешемо,"  во  всякомъ  деле  сего  Правительствующаго  Собранш, 
яко  въ  деле  Божш,  ходпти  буду  безлвностно,  со  всяким ъ  приль- 
жан'юмъ,  по  крайней  моей  силе,  пренебрегая  всяшя  угодя  и 
упокоешя  моя.  II  не  буду  притворять   мне  невежества;  по   ащо 


4*  ПРИСЯГА  ЧЛЕНАМЪ  ДУХОВНЫЯ  КОЛЛЕПИ. 

въ  чемъ  и  недоумеше  мое  будетъ,  всячески  потщуся  искать 
уразумвшя  и  ведешя  отъ  Священныхъ  Пйсанш,  и  правилъ  Собор- 
ныхъ,  и  соглашя  древнихъ  велнкпхъ  учителей. 

Клянуся  паки  Всемогущимъ  Богомъ,  что  хощу,  и  долженъ 
есмь  моему  природному  и  истинному  Царю  и  Государю  ПЕТРУ 
Первому,  Всероссшскому  Самодержцу  и  прочая,  и  по  Немъ  Его 
Царскаго  Величества  Высокимъ  законнымъ  Насл'Ьдникамъ,  кото- 
рые, по  изволешю  и  Самодержавной  Его  Царскаго  Величества 
власти  определены,  и  впредь  определяемы,  и  къ  Bocnpiarro 
Престола  удостоены  будутъ,  и  Ея  Величеству,  Государыне  Ца- 
рпц'Ь  ЕКАТЕРИНЪ  АЛЕКСЪЕВНЪ  вернымъ,  добрымъ  и  послуш- 
нымъ  рабомъ  и  подданнымъ  быть. 

И  все  къ  высокому  Его  Царскаго  Величества  Самодержав- 
ству,  силе  и  власти  принадлежащая  права,  и  прерогативы,  (или 
преимущества),  узаконенныя  и  впредь  узаконяемыя,  по  крайнему 
разумению,  силе  и  возможности  предостерегать,  и  оборонять,  и  въ 
томъ  живота  своего  въ  потребномъ  случае  не  щадить. 

II  при  томъ  по  крайней  мЬрв  старатпся  споспешествовать 
все,  что  къ  Его  Царскаго  Величества  верной  службе  и  пользе  во 
всякихъ  случаяхъ  касатися  можетъ.  О  ущербе  же  Его  Величества 
интереса,  вреде  и  убытке,  какъ  скоро  о  томъ  увЬдаю,  не  токмо 
благовременно  объявлять,  но  и  всякими  мерами  отвращать,  и  не 
допущать  тщатися  буду. 

Когда  же  къ  службе  и  пользе  Его  Величества,  или  Церков- 
ной, какое  тайное  дело,  или  какое  бы  оное  ни  было,  которое 
приказано  мне  будетъ  тайно  содержать;  и  то  содержать  въ  со- 
вершенной тайне,  и  никому  не  объявлять,  кому  о  томъ  ведати 
не  надлежить,  и  не  будетъ  поведено  объявлять. 

Исповедую  же  съ  клятвою  крайня го  Суд1ю  Ду- 
ховныя  сея  Коллегш,  быти  Самаго  Всероесшскаго 
Монарха,  Государя  нашего  ВсеммлостивЪйшаго. 

Клянуся  и  еще  Всевидящнмъ  Богомъ,  что  вся  ci-я,  мною  ныне 
обьщаваемая,  не  инако  толкую  во  уме  моемъ,  яко  проввщаваю 
устнамп  моими,  но  въ  той  силв  н  разуме,  яковую  силу  и  разумъ 
написанныя  зде  слова  чтущимъ  и  слыщащимъ  являютъ. 

Утверждаю    клятвою    моею,  буди    мне    Сердцевидецъ  Богъ, 


ПРИСЯГА  ЧЛЕНАМЪ  ДУХОВНЫЙ  КОЛЛЕГИ!.  5* 

об^щатя  моего  Свидетель,  яко  неложное  есть.  Аще  же  есть 
ложное  п  не  по  сов-Ьсти  моей,  буди  Mfffc  тотъ  же  Правосудный 
отмститель. 

Въ  заключеше  же  сея  моея  клятвы,  ц-Ьлую   Слова  и  Крсстъ 
Спасителя  моего.  Аминь. 


РЕГЛАМЕНТЪ 


пли 

УСТАВЪ    ДУХОВНЫЙ    КОЛЛЕГИ!, 

по  которому    оная   знать   долженства  своя,   и  ветхо 

духовньш  чинов д,    такожб   и  мгрскщь  лицб,  поелику 

они  я  Управление    Духовному  подлежатв,   и  при  томе 

во  отправлены  дплб  своихъ  поступать  имтъетъ. 

EÈGLEMENT  OU  STATUTS  DU  COLLÈGE  ECCLÉSIASTIQUE,  ETC.  —  P.  13. 

Разделяется  же  Регламентъ  сей  на  три  части,  по  числу 
тр1ехъ  духовныхъ  нуждъ,  в'БД'Ьшя  достойныхъ  и  управления  тре- 
бующихъ,  которыя  суть  : 

i.  Описаше  и  важныя  вины  таковаго  правлешя. 

II.  Д^ла  управленш  сему  подлежащая. 

III.  Самыхъ  управителей  должность,  действо  и  сила. 

А  управлешя  основаше,  то  есть,  законъ  Божш,  въ  Свя- 
щенномъ  Ппсанш  предложенный,  такожъ  каноны,  пли  правила 
Соборныя  Святыхъ  отецъ,  и  Уставы  гражданств,  слову  Божш 
согласные,  собственной  себ-в  книги  требуютъ,  а  зд^  не  вме- 
щаются. 

ЧАСТЬ     ПЕРВАЯ. 

Что    есть    Духовное    Коллепумъ ,    и    каковыя    суть 
важныя  вины   таковаго   правлешя? 

PREMIÈRE   PARTIE. 

Qu'est-ce   que  le   Collège   ecclésiastique  et   quelles  sont  les  graves  raisons 
dun  tel  gouvernement?  —  P.  15. 

Коллепумъ  правительское  не  что  ино  есть,  токмо  -правитель- 
ское  собраше,  когда  д-вла  н'вшя  собственныя  не  единому  лицу,  но 


ЧТО  ЕСТЬ  ДУХОВНОЕ  КОЛЛЕГОМЪ,  И  ПРОЧ.  7* 

многпмъ  къ  тому  угодеымъ,  и  отъ  Высочайшей  Властп  учреж- 
деннымъ  подяежатъ  ко  управленш. 

Ино  же  есть  Коллепумъ  единовременное,  ино  же  всегдашнее. 
Единовременное  есть,  когда  на  едино  некое  случившееся  дело, 
или  на  многая,  но  въ  единомъ  времени  решетя  своего  требую- 
пп'я,  собираются  угодныя  къ  тому  лица.  Таковыя  суть  Церков- 
ные Суноды,  п  Гражданств  чрезъобычайные  розыски,  трибу- 
налы и  советы. 

Всегдашнее  же  Коллепумъ  есть,  когда  имяннымъ  нъкшмъ 
д-Ьламъ,  часто  или  всегда  въ  отечества  бываемымъ,  определяются 
ко  оныхъ  управленш  число  некое  довольное  мужей.  Таковое 
было  Церковное  Онедрюнъ  въ  ветхозаветней  церкви  во  Iepy- 
салим-fe,  и  граждански  судъ  Ареопагитовъ  въ  Аопн'Ьхъ,  и  иныя 
въ  томъ  же  городе  правительотвуюпп'я  собрашя,  нарицаемыя  Д1- 
KacTepia.  Подобие  и  во  многихъ  иныхъ  Государствахъ  какъ 
древнихъ,  такъ  и  нынешнихъ. 

Таковыя  различныя  Коллег»!,  по  разлпчш  делъ  и  нуждъ 
Государственныхъ,  Державнъйш1й  Царь  Всероссшскш,  ПЕТРЪ 
Первый  премудр!'  на  пользу  отечества  державы  своея  уставилъ 
въ  лъто  1718. 

А  яко  XpicTÎaHCKifi  Государь,  правовър1я  же  и  всякаго  въ 
Церкви  Святей  благочишя  блюститель,  посмотрт.въ  и  на  духов- 
ный нужды,  и  всякаго  лучшаго  управлешя  оныхъ  возжелавъ.  бла- 
говолилъ  уставити  и  Духовное  Коллепумъ,  которое  бы 
прилежно  и  непрестанно  наблюдало,  еже  на  пользу  Церкви,  да 
вся  по  чину  бываютъ,  и  да  не  будутъ  нестроешя,  еже  есть  же- 
лаше  Апостола,  или  паче  Самого  Бога  благоволъчие. 

Да  не  возмнитъ  же  кто,  что  cie  управлеше  не  угодно  есть, 
и  лучше  бы  единому  лицу  дела  духовныя  всего  общества  правити, 
якоже  частныхъ  странъ,  пли  Епархш  дела  управляютъ  кшждо 
особь  Епископи.  Предлагаются  зде  важныя  вины,  которыя  пока- 
зуютъ,  что  cie  правлеше  Соборное  всегдашнее,  и  акп  всегцаш- 
Н1й  Сунодъ  или  Сунедрюнъ,  севершештЬйшее  есть  и  лучшее,  не- 
жели единоличное  правительство,  наипаче  же  въ  Государств! 
Монаршескомъ,  яковое  есть  наше  Россшское. 

1)  Вопервыхъ  бо  изв!стн!е  взысг$уется  истина  Соборнымъ 


8*  ЧАСТЬ  ПЕРВАЯ.  —  PREMIÈRE  PARTIE. 

сословЕемъ,  нежели  единымъ  лицемъ.  Древке  поакше  есть  Гре- 
ческое :  „Другге  помыслы  мудртьйиие  суть  папе  первых^"  ;  то 
кольмн  паче  помыслы  миопе,  о  единомъ  двл-в  разсуждаюшде,  му- 
др1шппе  будутъ  паче  единаго.  Случается,  что  въ  пвкоей  трудности 
усмотритъ  тое  человъ'къ  простые,  чего  не  усмотритъ  книжный  и 
остроумный;  то  какъ  не  нужно  есть  Соборное  Правительство, 
въ  которомъ  предложенную  нужду  разбираютъ  умы  мнопе,  и  что 
единъ  не  постигнетъ,  то  постигнетъ  другш;  а  чего  не  увидитъ 
сей,  то  онъ  увидитъ?  И  тако  вещь  сумнительная  и  извгЬетнгве  и 
скорее  объяснится,  и  каковаго  требу етъ  опредвлешя,  не  трудно 
покажется. 

2)  А  яко  извъспе  въ  познанш,  тако  и  сила  въ  опредвленш 
двла  большая  зд'Б  есть:  понеже  вящше  ко  ув^ренш  п  повино- 
вение преклоняетъ  приговоръ  Соборный,  нежели  единоличный 
указъ. 

Монарховй  власть  есть  самодержавная,  которыми  пови- 
новатисл  Сама  Бога  за  совтьстъ  повелтьваети  ;  обаче  совътнпковъ 
своихъ  имъчотъ,  не  токмо  ради  лучшаго  истины  взыскашя,  но 
дабы  и  не  клеветали  непокоривые  человъцы,  что  се,  пли  оно 
силою  паче  и  по  прихотямъ  своимъ,  нежели  судомъ  п  истиною 
заповъдуетъ  Монархъ:  то  кольмп  паче  въ  Церковномъ  правле- 
нш,  гдт  правительство  не  монаршеское  есть,  и  правителемъ  за- 
поведуется, „да  не  гостдствуюто  клиру."  Где  аще  единъ  что 
уставляетъ,  могутъ  противницы  единымъ  лица  его  оклеветашемъ 
силу  уставлешю  его  отъяти,  чего  не  такъ  возмогутъ,  где  отъ 
Соборнаго  сослов!я  определение  происходить. 

3)  Се  же  наипаче  сильно  есть,  когда  Коллепумъ  правитель- 
сков  подъ  Державнымъ  Монархомъ  есть  и  отъ  Монарха  устав- 
лено. Явъ  бо  здв,  что  Коллепумъ  не  есть  пвкая  Факщя,  тай- 
нымъ  на  интересъ  свой  союзомъ  сложившаяся,  но  на  добро  общее 
повел'Бшемъ  Самодержца,  п  егожъ  съ  прочими  разсмотр-вшемь 
собранныя  лица. 

4)  Еще  же  и  се  важное  есть,  что  въ  едпноличномъ  правле- 
нии часто  бываетъ  дълъ  продолжеше  и  остановка  за  случающи- 
мися правителю  необходимыми  нуждами  и  за  недугомъ  и  болъз- 
нда.    А  когда  въ  жпвыхъ  не  станетъ  его,  то  и  паче  пресъцаются 


ЧТО  ЕСТЬ  ДУХОВНОЕ  КОЛЛЕИУМЪ,  И  ПРОЧ.  У* 

дъчт.  Инако  въ  правленш  Соборномъ:  не  присутствующу  еди- 
ному, аще  бы  и  первЬйшему  лицу,  д1шствуютъ  друпе,  и  дйло 
пдетъ  непресвкомымъ  течен!емъ. 

5)  Но  се  наипаче  полезно,  что  въ  Коллеиумъ  таковомъ  не 
обрйтается  мъчгго  прпстраетш,  коварству,  лпхоимному  суду.  Како 
бо  могутъ  сложитиея  въ  заступлеше  винной,  или  во  осуждение 
невинной  стороны,  гдъ"  аще  и  будетъ  единъ  отъ  нпхъ  къ  лицу 
судимому  прпстрастенъ  или  яростенъ,  обаче  друпй  и  третш  и 
прочш  отъ  гн-вва  и  прпстрает1я  того  свободни?  Како  же  и  мзда 
одол'Ьтц  можетъ,  гдй  не  по  власти,  но  по  правильнымъ  п  важ- 
нымъ  причинамъ  д'Ьло  вершится,  и  единъ  другаго  (аще  благо- 
словной  мн"бн1я  своего  вины  не  покажетъ)  зазорится,  да  не  поз- 
нанъ  будетъ  во  мздопршмствъ  своемъ?  Се  же  наипаче,  егда 
Коллепумъ  состоится  въ  таковыхъ  лицахъ,  которымъ  отнюдь  не- 
возможно тайно  всбмъ  слагатися,  ciecTb,  аще  будутъ  лица  раз- 
наго  чина  и  звашя:  Епископи, ,  Архимандриты,  Игумены  и  отъ 
властей  б-влаго  Священства.  Вопстннну  не  видать  здЬ,  како 
таковые  другъ  другу  и  окрывати  дерзнутъ  коварное  никое  умы- 
шлете,  не  токмо  что  согласитпся  на  неправость. 

6)  II  се  томужъ  подобно,  что  Коллепумъ  свэбоднБйшш  духъ 
въ  себ-в  им-ветъ  къ  правосудие:  не  тако  бо,  якоже  единоличный 
правитель  пгвва  сильныхъ  боится;  понеже  и  причины  происки- 
вать  на  многихъ,  а  еще  разностатейныхъ  особъ,  не  тако  удобно 
есть,  яко  на  единаго  человека. 

7)  Велико  и  cie,  что  отъ  Соборнаго  правлешя  не  опасатися 
отечеству  мятежей  и  смущешя,  яковые  происходятъ  отъ  единаго 
собственнаго  правителя  духовнаго.  Ибо  простой  народъ  не  Bt- 
даетъ,  како  разнствуетъ  власть  духовная  отъ  Самодержавной; 
но,  великою  Высочайшаго  Пастыря  честш  и  славою  удивляемый, 
помышляетъ,  что  таковый  правитель  есть  то  вторый  Государь  ■ 
Самодержцу  равносильный,  код  и  больши  его,  и  что  духовный 
чинъ  есть  другое  и  лучшее  Государство,  и  се  самъ  собою  народъ 
тако  умствовати  обыклъ. 

Что  же  егда  еще  и  плевелныя  властолюбпвыхъ  духовныхъ 
разговоры  приложатся,  и  сухому  хврастш  огнь  подложатъ  ?  Тако 
простыя  сердца  мн'Бтемъ  симъ  развращаются,    что  не  такъ  на 


10*  ЧАСТЬ  ПЕРВАЯ.  —  PREMIERE  PARTIE. 

Самодержца  своего,  яко  на  Верховнаго  Пастыря,  въ  коемъ  либо 
д-Ья^  смотрятъ.  II  когда  услышится  н-Ькая  между  оными  распря, 
вси  духовному  паче,  нежели  М1рскому  правителю,  аще  и  сльпо 
и  пребезумно  согласуютъ,  и  за  него  поборствовати  и  бунтова- 
тися  дерзаютъ,  и  льстятъ  себе  окаянныя,  что  они  по  Самомъ 
Боз-в  поборствуютъ,  и  руки  своя  не  осквернаютъ,  но  освящаютъ, 
аще  бы  и  на  кровопролнпе  устремилися. 

Такому  же  въ  народа  мнбнш  вельми  ради  и  не  простые,  но 
коварные  человъщы;  тш  бо,  на  Государя  своего  враждующе, 
егда  увидятъ  ссору  Государя  съ  Пастыремъ,  похищаютъ  то  за 
добрый  случай  злобъ-  своей,  и  подъ  видомъ  Церковной  ревности, 
не  сумнятся  подносить  руки  на  Xpicma  Господня;  и  къ  томужъ 
беззаконно,  яко  къ  дт>лу  Божда,  подвизаютъ  простой  народъ. 

Чтожъ,  когда  еще  и  Самъ  Пастырь  таковымъ  о  себ-в  над- 
менъ  мнъчпемъ,  спать  не  похощетъ?  Изрещи  трудно,  коликое 
отсюду  б-вдегае  бываетъ. 

II  не  вымыслы  то  далъ  бы  Богъ,  чтобъ  о  семъ  домышлятися 
только  мощно  было,  но  самою  вещио  не  единожды  во  многпхъ 
Государствахъ  cie  показалося.  Вникнуть  только  во  Исторш 
Константинопольскую,  нижае  1устишановыхъ  временъ,  и  много 
того  покажется.  Да  и  Папа  не  ннымъ  способомъ  толпко  пре- 
возмогъ,  не  точно  Государство  Римское  полма  пресвче,  и  себе 
великую  часть  похити,  но  иныя  Государства  едва  не  до  крайняго 
разорешя  ни  единожды  потрясе. 

Да  не  воспомянутся  подобные  и  у  насъ  бывпие  замахи! 

Таковому  злу  въ  Соборномъ  духовномъ  Правительства  несть 
места.  Ибо  несть  зде  и  на  самомъ  Президента  велиия,  и  народъ 
удпвляюппя  славы,  несть  липши  светлости  и  позора,  несть  вы- 
сокаго  о  немъ  мнешя,  не  могутъ  ласкатели  безмерными  похва- 
лами возносити  его.  Понеже  чтолибо  таковымъ  Правительствомъ 
доброе  делается,  не  возможно  единому  Президенту  восписовати- 
ся.  Самое  имя  Президентъ  не  гордое  есть,  не  иное  бо  что  зна- 
чить, только  Председателя;  не  можетъ  убо  ниже  самъ  о  себ'В, 
ниже  кто  иный  о  немъ  высоко  помышляти.  А  когда  еще  видитъ 
народъ,  что  Соборное  cie  Правительство  Монаршимъ  указомъ  и 
Сенатскимъ  приговоромъ  уставлено  есть;  то  и  паче  пребудетъ 


ЧТО  ЕСТЬ  ДУХОВНОЕ  КОЛЛЕПУМЪ,  II  ПРОЧ.  И* 

въ  кротости  своей,  и   весьма  отложить  надежду    нмътп   помощь 
къ  бунтамъ  своимъ  отъ  чина  духовнаго. 

8)  Еще  и  cie  угод1*е  Церкви  и  Государству  отъ  таковаго 
Соборнаго  Правительства  будетъ,  что  въ  немъ  не  токмо  единъ 
нъкто  отъ  сос-Бдателей,  но  и  самъ  Президентъ  или  Председатель 
подлежати  имать  суду  своей  братш,  то  есть  томужде  Коллепумъ, 
аще  бы  въ  чемъ  знатно  погр-вшплъ,  не  такъ  какъ  дается,  гд-Ь 
единъ  самовластный  пастырь  владъетъ:  ибо  онъ  не  похощетъ 
отъ  подручныхъ  себъ-  Епископовъ  судптпся.  Аще  же  бы  къ  тому 
и  нринужденъ  былъ,  то  обяче  въ  народи  простомъ,  правосуд1я 
неведущемъ,  и  слт,по  разсуждающемъ,  таковый  судъ  былъ  бы 
подозрительный  и  поношенда  подверженный.  Отъ  чего  д-вется, 
что  на  злаго  таковаго  единовластптеля  нужда  есть  созывати  Со- 
боръ  Селенскш,  что  и  съ  великою  всего  отечества  трудностш, 
и  съ  не  малымъ  иждпвешемъ  бываетъ  и  въ  нын-Ьшшя  времена 
(когда  восточные  naTpiapxn  подъ  пгомъ  Турскимъ  живутъ,  и 
Турки  нашего  Государства  вящше,  нежели  прелюде  опасаются) 
отнюдь  мнится  бытп  не  возможно. 

9)  Наконецъ  въ  таковомъ  Правительства  Соборномъ  будетъ 
аки  нъкая  школа  правлешя  духовнаго.  Ибо  отъ  сообщешя  мно- 
гихъ  и  разлпчныхъ  разсужденш,  и  совътовъ  и  доводовъ  правпль- 
ныхъ,  яковыхъ  частыя  дЬла  требуютъ,  всякъ  отъ  сосвдателей 
удобно  можетъ  научитися  духовной  политики,  и  повседневнымъ 
искусствомъ  навыкнути,  какъ  бы  лучше  домъ  Божш  управлять 
возмоглъ;  и  потому  самыя  угодн'Бйип'я  отъ  числа  коллеговъ,  или 
сосьдателей  особы  явятся  на  степень  Арх]'ерейства  восходить 
достойныя.  II  тако  въ  Россш,  помонп'ю  Бож1ею,  скоро  и  отъ  ду- 
ховнаго чина  грубость  отпадетъ  и  надъятпся  всего  лучшаго. 


Î2*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

ЧАСТЬ    ВТОРАЯ. 
Д1Ьла    управлению    сему    подлежащая. 

DEUXIÈME   PARTIE. 
Affaires  soumises  à  cette  administration.  —  P.  33. 

Разсушдая  же  дела,  которыя  въ  духовномъ  Коллепумъ 
шетотъ  управлятися,  оныхъ  всехъ  два  рода  являются:  первый 
родъ  дёлъ  обще  всея  Церкве,  какъ  духовному,  такъ  и  м!рскому 
чину,  и  всвмъ  велпкимъ  и  малымъ  чиновнымъ  степеням^  такожъ 
и  рядовымъ  особамъ  нужныхъ,  где  наблюдать  подобаетъ,  аще 
все  правильно  по  закону  XpicTiaacKOMy  деется.  II  аще  что  оному 
противно  обретается,  и  несть  ли  коея  скудости  въ  наставленш 
Хр1ст1анину  всякому  подобающемъ,  о  чемъ  мало  ниже  слово 
будете. 

Вторый  родъ  двлъ  собственнымъ  чиномъ  потребныхъ. 

Чины  же  оные  пяточисленные  суть  : 

I.  Епископи. 

П.  Пресвутеры,  дгаконы  и  прочш  клиръ  Церковный. 

III.  Монахи. 

IV.  Домы  училищные,  и  въ  нихъ  учители  и  ученики,  такожъ 
и  церковные  проповедники.  ■ 

V.  Особы  MipcKifl,  поелику  участны  суть  наетавлетя  духов- 
наго,  яковое  случается  о  правильныхъ  и  неправильныхъ  бракахъ 
п  прочихъ  делахъ,  до  светскихъ  людей  касающихся. 

О  сихъ  всехъ  порядкомъ,  что  есть  важное,  зде  предла- 
гается. 

Д1>ла    общая. 
Affaires  générales.  —  Р.  За. 

Зде  двое  смотреть  подобаетъ  по  вышеписанному  предло- 
жение 


ДЪЛА  ОБЩАЯ.  Ш 

Первое,  аще  все  правильно  н  по  закону  Хрют1анскому 
дъется,    и  не    двется    ли,  что  и  гдъ    закону    оному    противное. 

Второе  же,  аще  довольное  Хр1ет1аномъ  наставлеше  употре- 
бляется. 


Ï. 


Къ  первому  насмотренпо  послъдуюн^е  пункты  суть  по- 
требны : 

I.  Розыскать  вновь  сложенные  и  слагаемые  Акаеисты,  ц 
иныя  службы  и  молебны,  которые  наипаче  въ  наши  времена  въ 
малой  Россш  сложены  суть  не  малое  число,  суть  ли  оная  сложе- 
Н1Я  Писанш  Священному  согласная?  и  не  нмвютъ  ли  нъчто  въ 
себъ  слову  Божпо  противное,  или  хотя  нечто  непристойное  и 
празднословное? 

II.  Такожъ  определить,  что  оныя  многочисленный  моленш, 
хотя  бы  и  прямыя  были,  однако  не  суть  всякому  должныя,  и  по 
воли  всякаго  наедннъ,  а  не  въ  соборв  церковномъ  употреблять 
оныхъ  мощно,  дабы  по  времени  не  вошли  въ  законъ,  и  совести 
бы  человеческой  не  отягощали. 

III.  Смотреть  Псторш  Святыхъ,  не  суть  ли  нъчпя  отъ  нихъ 
ложно  вымышленныя,  ска'зующ'ш  чего  не  было,  или  и  XpicriaH- 
скому  православному  учешю  противныя,  или  бездвльныя  и  смъ\ху 
достойныя  повести. 

II  таковыя  повести  обличить  и  запрещение  предать  со 
объявлешемъ  лжи  во  оныхъ  обрътаемой.  Ибо  сутъ  таковыя 
явственно  ложныя  и  здравому  учешю  противныя.  На  примвръ,  въ 
жптш  ЕвФросина  Псковскаго  споръ  о  двойственномъ  Аллпду1я 
пънш  явно  ложный  есть,  п  отъ  никоего  бездвльнпка  вымышлен- 
ный, въ  которомъ,  кромЬ  самаго  тщетнаго  догмата  о  двоешц 
Аллилу1я,  обретаются  СавеллЕева,  Hecropiesa  и  иныя  ереси.  II 
хотя  авторъ  тотъ  невЬжествомъ  погръшилъ;  обаче  духовному 
Правительству  не  подобаетъ  вымысловъ  таковыхъ  терпеть,  п 
вместо    здравой    духовной    пищи    отраву    людемъ   представлять. 


14*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

Наипаче,  когда  простой  народъ  не  можетъ  между  деснымъ  и 
шуимъ  разсуждать,  но  что  либо  видитъ  въ  книг*  написанное, 
того  кръпко  и  упрямо  держится. 

IV.  Собственно  же  и  прилежно  розыскпвать  подобаетъ  оные 
вымыслы,  кодорые  человека  въ  недобрую  практику  или  д1зло 
ведутъ,  и  образъ  ко  спасенш  лестный  предлагаютъ.  На  прим-Бръ, 
не  делать  въ  пятокъ  и  праздновашемъ  проводить,  и  сказуютъ, 
что  пятница  гневается  на  непразднующпхъ,  и  съ  велпкимъ  на 
оныхъ  же  угрожешемъ  наступаетъ.  Такожъ  поститпся  нвкшхъ 
имянныхъ  дванадесять  пятницъ,  а  то  для  многихъ  твлесныхъ  и 
духовныхъ  прюбрьтенш;  такожъ  собственно,  акп  важнвйгшя  паче 
иныхъ  временъ,  службы  почитать,  Обедню  Благовещенскую, 
Утреню  Воскресенскую  и  Вечерню  Пятьдесятнпцы. 

Cifl,  напрпмвръ,  воспоминаются,  ибо  оныя  немногихъ  и 
простыхъ  повреждаютъ.  Хотя  и  о  немногихъ  и  о  едпномъ  браге 
должно  есть  иметь  попечете,  да  не  соблазнится  той,  егоже  ради 
Хрпстосъ  умре;  обаче  суть  симъ  же  подобная  учешя,  которая  и 
честнвйшимъ  лпцамъ  за  ихъ  простоту  вероятна  быти  мнятся,,  и 
по  тому  вреднейшая  суть.  II  таковое  Шевопечерскаго  монастыря 
предаше,  что  погребенный  тамо  человекъ,  хотя  бы  и  безъ  покая- 
HÎH  умерлъ,  спасенъ  будетъ.  II  какъ  далече  cifl  и  сему  подобный 
повести  отводятъ  отъ  пути  спасптельнаго,  всякъ,  хотя  немного 
ученго  православному  навыкшш,  но  доброй  совести  человгвкъ, 
псповъсть  не  безъ  воздыхашя. 

V.  Могутъ  обрвстпся  нвкГя  и  церемоши  непотребныя,  или 
и  вредныя.  Слышится,  что  въ  малой  Россш,  въ  полку  стародуб- 
скомъ  въ  день  уреченный  праздничный  водятъ  жонку  простовла- 
сую  подъ  именемъ  Пятницы,  а  водятъ  въ  ходгв  церковномъ  (есть 
ли  то  поистпнн-в  сказуютъ),  и  при  церкви  честь  оной  отдаетъ 
народъ  съ  дары  и  со  уповатемъ  нвтя  пользы.  Такожъ  на  иномъ 
мъст'В  попы  съ  народомъ  молебствуютъ  предъ  дубомъ,  и  ввтьвп 
онаго  дуба  попъ  народу  раздаете  на  благословеше.  Розыскать, 
такъ  ли  дЬется  и  вгвдаютъ  ли  о  семь  месть  оныхъ  Епископи. 
Аще  бо  cifl  и  симъ  подобныя  обретаются,  ведутъ  людей  въ  явное 
и  стыдное  идолослужеше. 

VI.  О  мощахъ  святыхъ,  где  катя   явятся  быть   сумнптель- 


ДЪЛА  ОБЩАЯ.  15* 

ныя,  розыскивать:  много  бо  и  о  семь  наплутано.  На  прим'връ, 
предлагаются  чуждыя  нвшя:  Святаго  первомученпка  Стеоана 
твло  лежитъ  и  въ  Венецш  на  предградш,  въ  монастырь1  Бене- 
диктпнскомъ,  въ  церкви  святаго  Георпя,  и  въ  Рим-в  въ  загород- 
ной церкви  святаго  Лаврент1я;  такожъ  много  гвоздей  креста 
Господня,  и  много  млека  Пресвятыя  Богородицы  по  Италии,  и 
иныхъ  симъ  подобныхъ  безъ  числа.  Смотреть  же,  нъхть  ли  и  у 
насъ  таковаго  бездъчия. 

VII.  О  иконахъ  святыхъ  смотрЪть  того,  что  во  обвщанш 
поставляемыхъ  Епископовъ  написано. 

VIII.  Еще  cie  наблюдать,  чтобъ  какъ  дЪялось,  впредь  бы 
того  не  было:  понеже  сказуютъ,  что  н-Ьцыи  Apxiepen,  для  вспо- 
можен'ш  церквей  убогихъ,  или  новыхъ  построешя,  повелЬвалп 
проискивать  явлешя  иконы  въ  пустынЬ,  или  при  псточнпцв,  и 
икону  оную  за  самое  обрътеше  свидетельствовали  бытп  чудо- 
творную. 

IX.  Худый  и  вредный  и  весьма  богопротивный  обычай  вшелъ, 
службы  церковныя  и  молебны  двоегласно  и  многогласно  пъть, 
такъ  что  Утреня  пли  Вечерня,  на  части  разобрана,  вдругъ  отъ 
многихъ  поется,  и  два  пли  три  молебны  вдругъ  же  отъ  многпхъ 
пввчихъ  и  четцовъ  совершаются.  Cie  сделалось  отъ  лЬности 
клира,  и  вошло  во  обычай,  п  конечно  должно  есть  перевесть 
таковое  Богомолеше. 

X.'  Вельми  срамное  п  cie  обрвталося,  (какъ  сказуютъ)  мо- 
литвы людемъ,  далече  отстоящпмъ,  чрезъ  посланниковъ  ихъ  въ 
шапку  давать.  Для  памяти  cie  пишется,  чтобъ  иногда  отв-вдать, 
еще  ли  cie  дается. 

Но  здгЬ  не  нужда  исчислять  вся  неправости;  словомъ  рещи, 
что  либо  именемъ  сусвъчня  нарещпся  можетъ,  ciecrb  лишнее,  ко 
спасешю  но  потребное,  на  интересъ  только  свой  отъ  лпцемвровъ 
вымышленное,  а  простой  народъ  прельщающее,  п  аки  енвжные 
зам'вты,  правымъ  истины  путсмъ  идти  возбраняющее.  Вес  тое  къ 
сему  досмотру  прилагается,  яко  зло  общее:  понеже  во  всякихъ 
чпнахъ  обрътатпея  можетъ.  А  здв  нвкая  токмо  предлагаются 
для  примера,  чтобъ  отъ   спхъ  мощно  было  наблюдать  и  прочая. 

II  се  первый  впдъ  есть  д-Ьлъ  общпхъ. 


Ш*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ,  —  DEUXIEME  PARTIE. 


П. 


Вторый  же  общпхъ  д-Ьяъ,  видъ  еетьг  якоже-  предречеся,,  ос- 
мотреть, есть  ли.  у  насъ  довольное  ко  иеправленш  XpicTiaHCKOMy 
учете? 

Ибо  хотя  известно  есть,  что  самое  Священное  Писаше  со- 
держитъ  въ  себе  совершенные  законы  и  заветы  ко  спасешю 
нашему  нужные,  по  гласу  Апостола,  2  ТимоееяЗ:  „всяко  nucanie 
Богодохновенно,  и  полезно  есть  ко  ученью,,  ко  обличешю,  ко 
асправлешю,  Кб  наказатю  еже  во  правд/ь,  да  совершено  будета 
Бож1й  человтко,  на  всякое  дтьло  благое  уготовжй:"  обаче  понеже 
немнопе  умвютъ  честь  книги,  и  отъ  книжныхъ  немноне  могутъ 
вся  собрать  отъ  Писашя,  яже  суть  нужнейшая  ко  спасешю  ;  того 
ради  требуютъ  руководства  совершеннвйщихъ  мужей.  Того  бо 
ради  пастырскш  чинъ  отъ  Бога  уставленъ,  дабы  отъ  Священнаго 
IlncaHifl  научалъ  вверенное  себе  стадо.  А  понеже  мало  есть, 
противно  толикаго  Россшскш  Церкве  многонародЫ,  таковыхъ 
пресвитерей,  которые  бы  наизусть  могли  проповедать  догматы  и 
законы  Священнаго  Писашя  :  то  всеконечная  нужда  есть,  пм'втп 
неюя  кратк1я  и  простымъ  человт»комъ  уразумительныя  и  ясныя 
книжицы,  въ  которыхъ  заключится  все,  что  къ  народному  наста- 
вяенго  довольно  есть;  н  тыя  книжицы  прочитовать  по  частемъ 
вь  недельные  и  праздничные  дни,  въ  церкви  предъ  народомъ. 

А  хотя  и  есть  таковыхъ  кнпгъ  довольное  число,  шесть, 
Омолопя,  или  „Исповтдате  православное,"  такожъ  и  нвкшхъ  ве- 
ликпхъ  учителей  Святыхъ  толковательный  Бесвды  и  Слова  нра- 
воучительный: обаче  се  есть  неудобное  всему,  наипаче  простому 
народу  учете.  Ибо  книга  Исповедания  православнаго  не  малая 
есть,  и  для  того  въ  памяти  простыхъ  человъкъ  неудобь  вме- 
щаема, п  писано  непросторечно,  и  для  того  простымъ  не  вельмж 
внятна.  Такожъ  и  книги  велпкихъ  учителей,  Златоустаго,  Geoov- 
лакта  и  прочихъ  писаны  суть  Еллинскимъ  языкомъ,  и  въ  томъ 
токмо    языке    внятны    суть;  а  переводъ    ихъ   Славянскш  сталъ 


ДЪЛА  ОБЩАЯ.  17* 

теменъ,  и  съ  трудностью  разумеется  отъ  человекъ  и  обучен- 
ныхъ,  а  простымъ  невежамъ  отнюдь  непостизаемый  есть.  II 
сверхъ  того  толковательныя  беседы  учительстя  много  им-ьготъ 
высокпхъ  Богословскихъ  таинъ;  такожъ  и  немало  сказуютъ,  что 
тогда  сказовать  подобало  по  прпклонностп  разныхъ  народовъ, 
и  по  обстоятельству  оныхъ  временъ,  чего  ныне  невежливый  че- 
ловекъ къ  пользе  своей  употребить  не  умеетъ.  А  простому  на- 
роду внушать  часто  подобаетъ  то,  что  самое  есть  всЬмъ  обще, 
п  всякому  собтвенно,  по  своему  звашю  должное.  Еще  же  и  не 
возможно  книгъ  оныхъ  иметь  во  всбхъ  и  сельскпхъ  церквахъ, 
разве  въ  городовыхъ  п  то  богатыхъ.  Того  ради  подобаетъ 
инымъ  способомъ  врачевать  немощь  человеческую. 

II  таковое  приходить  разсуждете,  аще  бы  вЬдали  всп  са- 
мая г.твнтыашя  вЬры  нашея  догматы,  и  кое  есть  устроенное 
отъ  Бога  спасенгя  нашего  смотреше:  и  аще  бы  ведали  запо- 
веди Бож!я,  еже  уклонптпся  отъ  зла,  п  творитп  благое;  то  до- 
вольное бы  имъ  было  наставлете.  А  естьлп  бы  кто  и  при  тако- 
вомъ  ведвши  развращенъ  пребылъ;  то  самъ  бы  таковый  былъ 
предъ  Богомъ  безответенъ,  а  не  чпнъ  пастырскш,  спасенно  его 
добрв  служащей. 

II  того  ради  нуждно  есть  сочинить  три  книжицы  неболышя. 

Первую  о  главнЬйшихъ  спасптельныхъ  догматахъ  веры  на- 
шея; такожъ  п  о  заповЬдехъ  Божшхъ,  въ  Десятословш  заклго- 
ченныхъ. 

Вторую  о  собственныхъ  всякаго  чина  должностяхъ. 

TpeTiio  таковую,  въ  которой  собранныя  будутъ  съ  разныхъ 
Святыхъ  учителей  ясныя  проповеди,  какъ  о  главнЬйшихъ  догма- 
тахъ, такъ  и  наипаче  о  грЬхахъ  и  добродЬтеляхъ,  и  собственно 
о  должностяхъ  всякаго  чина. 

Первая  и  вторая  книжица  иметь  будетъ  доводы  своя  отъ 
самаго  Священнаго  Ппсашя,  но  внятныя  всемъ  и  кратая. 

Трепя  же  оть  Святыхъ  Отецъ  тоежъ,  что  въ  первой  и  во 
второй  поучающая. 

Чтете  же  книжицъ  оныхъ  таковымъ  порядкомъ  пойдетъ 
изрядно.  Въ  день  воскресный  или  въ  праздничный  на  Утрени 
прочесть  часть  малую  отъ  первой,  а  въ  другой  рядъ  часть  отъ 

2 


18*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

второй  книжицы:  а  въ  тотъ  же  день  по  Обедни  прочесть  слово 
отъ  третей  книжицы  о  томъ  же  самомъ,  о  чемъ  чтете  было  и 
на  Утрени.  И  тако  едино  и  тоеже  учете,  слышанное  на  Утрени 
и  подтвержденное  на  Обедни,  можетъ  лучше  въ  памяти  слыша- 
щихъ  затвердитися.  А  такъ  вся  оныя  чтомыя  части  разделить, 
чтобъ  всЬ  три  книжицы  могли  быть  прочтены  въ  четверть  года. 
Ибо  тако  услышитъ  народъ  вся  нужная  своя  наставлетя  четы- 
режды въ  годъ,  и  возможетъ  слышанная  добре  памятовать. 

Но  и  cie  еще  буди  известно,  что  первую  и  вторую  кни- 
жицу могутъ  и  дети  учить  изъ  начала  букварнаго  своего  учешя. 

А  хотя  оныя  книжицы  будутъ  числомъ  три;  обаче  могутъ 
во  одной  небольшой  книги  вси  три  вмъхтптися,  чтобъ  малымъ 
иждивешемъ  могли  быть  купованы,  и  не  токмо  въ  церквахъ,  но 
и  въ  домвхъ  всякаго  охотника  безъ  труда  употребляемы. 

Было  слово  о  общихд  дгьлахд,  уже  шьчто  предлагается  и  о 
собствежыхо,  что  должны  Епископи,  Пресвитеры,  Монахи  и 
ппочге. 

Дъла    собственная. 

Affaires  spéciales.  —  P.  54. 

§§  1-3. 

ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ 

(гдт  и  о  Щссвипщшхь  и  Монахахъ  говорено.) 

DEVOIES  DES  ÉVÊQUES 
(où.  il  est  aussi  question  des  prêtres  et  des  moines.  —  V.   p.  54.) 

О  Еппскопахъ  cifl  зде  последующая  суть  ведешя  достойная. 

I.  Должни  суть  Епископи  иметь  всякъ  у  себе  соборы  селен- 
CKie  и  поместные,  и  что  во  оныхъ  заповедано,  какъ  ихъ  же 
самихъ  чину,  такъ  и  всему  клиру  должное,  знать  гораздо,  что  не 
ьюжетъ  быть  безъ  прил'Ьжнаго  и  частаго  чтешя. 

II.  Должни  наипаче  знать  степени  однородства  и  сродства,  и 
каковыя  могутъ  вместить  въ  себе  супружество,  а  каковыя   не 


§§  M.  ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ.  19* 

могутъ,  или  по  заповеди  БожЕей  въ  книгахъ  Левитскихъ  глава  18 
или  по  церковной,  въ  канояахъ  отеческихъ  и  царскихъ.  Сами 
бы  cie  вtдaлп,  а  не  на  инаго  кого  спускались,  хотя  бы  и  былъ 
у  нихъ  искусный  въ  семъ  челов'Ькъ. 

III.  А  понеже  какъ  первая,  такъ  и  вторая,  вышепомяну  тая 
ихъ  должность  не  можетъ  добрй  знаема  быть  безъ  прил-Ьжнаго 
чтешя;  а  будетъ  ли  всякъ  охотникъ  ко  чтенш,  неизвестно:  того 
ради  поданъ  будетъ  всвмъ  Епископамъ  отъ  Коллепумъ  Духовнаго 
Указъ,  чтобъ  у  всякаго  при  его  трапезъ'  чтете  было  каноновъ 
себ-b  надлежащахъ,  и  разв!»  тое  моглобъ  иногда  отставитися  во 
дни  великихъ  праздниковъ,  или  при  гостяхъ  достойныхъ,  или  за 
иную  некую  вину  правильную. 

IV.  Естьли  каковый  случай  явится  трудный:  и  недоум'Ьвалъ 
бы  Епископъ,  что  д-влать;  то  первое  да  пишетъ  о  томъ,  прося 
совета,  ко  иному  ближайшему  Епископу,  или  ко  иному  кому 
искусному  :  а  потомъ,  естьли  бы  и  такъ  недоволенъ  былъ,  ппсалъ 
бы  къ  Духовному  Коллепумъ  въ  Царствующей  Санктпетербургъ 
ясно,  и  докладно,  и  обстоятельно. 

V.  Суть  каноны  запрещающей  Епископамъ  долгое  время 
мешкать  вне  своей  Епархш,  (что  отъ  соборной  книги  имать 
всякъ  выдать).  Естьли  же  необходимая  зайдетъ  нужда,  вн1>  Епар- 
хш его  держащая,  очередь,  на  прпмъчгь,  служешя  въ  Царствую- 
щемъ  граде,  или  иная  правильная  вина,  такоже  естьли  и  немощь 
пршдетъ  тяжкая,  и  управлять  Д'Ьлъ  весьма  непопускающая,  (ибо 
тако  немощный,  равнъ  яко  и  неприсутствующш  есть):  въ  тако- 
вомъ  случае  долженъ  Епископъ,  кроме  обычайныхъ  домовыхъ 
своихъ  управителей,  определить  къ  дЬламъ  некоего  умнаго  и 
жнпемъ  честнаго  мужа,  Архимандрита  или  Игумена,  придавъ  къ 
нему  въ  помощь  и  другпхъ  несколько  умныхъ  же  челов'Ькъ  отъ. 
монашескаго  или  священническаго  чина  ;  и  они  бы  ему  Епископу, 
во  отлучка  сущему,  важныя  дела  на  письме  изввствовали,  а 
немоществующему  на  словахъ  бы  доносили,  естьли  за  немощь 
можетъ  слушати.  А  буди  случатся  дела,  управителемъ  онымъ 
недоум'Ьнныя  къ  решетю,  то  бы  они  писали  о  томъ  къ  Духов- 
ному Коллепумъ,  какъ  выше  речено  и  о  самыхъ  Еиископахъ. 

VI.  Подобную  заповедь  и  Указъ  подалибъ  Еппскопи  и  под- 


20*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

ручнымъ  своимъ  Архимандритомъ,  Игуменомъ,  Строителемъ,  при- 
ходсдимъ  Священникомъ,  когда  и  онымъ  пршдетъ  немощь  великая, 
или  важная  вина,  удерживающая  ихъ  вне  монастыря  или  прихода 
своего. 

VII.  А  буди  Епископъ  за  старость  глубокую,  или  за  иную 
непсцвльную  болезнь,  пршдетъ  въ  крайнее  изнеможете,  безъ  на- 
дежды лучшаго  здрав1я,  такъ  что  должностей  своихъ  отнюдь 
управить  ему  не  возможно  станетъ;  и  въ  ту  пору  Епископъ, 
кромв  вышепомянутыхъ  чрезъобычайныхъ,  на  место  его  опре- 
д-вленныхъ  управителей,  долженъ  описаться  къ  Духовному  Колле- 
пумъ.  Аще  же  бы  Епископъ  писать  о  себе  и  не  поХотблъ,  то 
обаче  управители  его  должныбъ  о  немъ  писать.  А  въ  Духовномъ 
Коллепумъ  будетъ  разсуждеше,  что  делать,  дать  ли  коего  Адми- 
нистратора во  оную  Enapxiro,  или  новаго  Епископа  поставить. 

VIII.  Смотр^ти  же  долженъ  Епископъ,  чего  смотреть  обе- 
щался съ  клятвою  на  своемъ  поставлена,  ciecTb  о  монахахъ, 
дабы  не  волочились  безпутно,  дабы  лишнихъ  безлюдныхъ  Церквей 
не  строено,  дабы  иконамъ  Святымъ  ложныхъ  чудесъ  не  вымы- 
шлено. 

Такожъ  о  кликушахъ,  о  гвлесахъ  мертвыхъ  несвидътель- 
ствованныхъ,  и  прочихъ  всего  того  добре  наблюдать. 

Все  же  тое,  чтобъ  удобнее  пошло  въ  дело,  указать  долженъ 
Епископъ  по  всвмъ  городамъ,  чтобъ  закащики,  или  нарочно  опре- 
деленные къ  тому  благочинные,  аки  бы  духовные  Фискалы,  тое 
все  надсматривали,  и  ему  бы  Епископу  доносили.  Естьли  бы 
таковое  ничто  где  проявилось,  подъ  виною  изверя^ешя,  кто  бы 
утаить  похотедъ. 

IX.  Вельми  ко  исправленш  Церкви  полезно  есть  cie,  чтобъ 
всякъ  Епископъ  пмъчгь  въ  дом*,  или  при  доме  своемъ  школу  для 
детей  священническпхъ,  или  и  прочихъ,  въ  надежду  священства 
опредвленныхъ. 

А  въ  школе  той  былъ  бы  учитель  умный  и  честный,  кото- 
рый бы  детей  училъ  не  только  чисто,  ясно  и  точно  по  книгамъ 
честь  (что  хотя  нужное,  обаче  еще  не  довольное  дело),  но  училъ 
бы  честь  и  разуметь. 

II  естьли  мощно  и  наизусть  читать  две  первыя   вышепомя.- 


§§  1-3.  ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ.  21* 

нутыя  книжицы:  одну  о  догмат-Бхъ  ввры,    а   другую    о   должно- 
стяхъ  всякихъ  чиновъ,  когда  таковыя  книжицы  изданы  будутъ. 

А  который  бы  ученикъ  былъ  крайнв  тупъ,  или  хотя  и 
остроуменъ,  да  развращенъ,  и  упряыъ  и  непобедимой  лености, 
таковыхъ  бы,  по  довольномъ  искушенш,  отпускать  отъ  школы, 
отнявъ  пмъ  всю  надежду  чина  священническаго. 

X.  Таковыхъ  же  единыхъ  въ  школв  ApxiepeucKou  раставлен- 
выхъ  учениковъ  (когда  уже  за  помощш  Бож!сю,  довольно  ихъ 
число  покажется),  производить  на  священство;  или  аще  кто  отъ 
нпхъ  монашескш  чинъ  пзберетъ,  то  въ  Архимандриты,  или  Игу- 
мены, развй  бы  на  которомъ  явплася  важная  некая  вина,  того 
ему  непопускающая. 

А  естьли  Епископъ  неученаго  во  оной  школ'Б  человека 
поставить  въ  священники,  пли  въ  монашескш  степень,  мпнувъ 
ученаго,  и  безъ  вины  правильной;  то  подлежитъ  наказанию, 
яковое  определено  будетъ  въ  Духовномъ  Коллепумъ. 

XI.  Но  дабы  не  было  ропташя  отъ  родителей  ученичеекпхъ 
за  велпкш  оныхъ  коштъ  на  учителя  онаго.  и  на  покупаше  кнпгъ, 
такожъ  и  на  проппташе  сыновъ  свопхъ,  далече  отъ  дому  своего 
учащихся  :  подобаетъ,  чтобъ  ученики  и  кормлены  и  учены  были 
туне  и  на  готовыхъ  кнпгахъ  Епископскихъ. 

А  чтобъ  cie  могло  статься,  о  семъ  раасуждеше  есть  тако- 
вое: отъ  знатнвйшпхъ  въ  Енархш  монастырей  брать  всякаго 
хчгвба  двадцатую  долю,  да  отъ  земель  Церковныхъ,  гдЬ  суть, 
всякаго  же  хлъба  брать  тридцатую  долю.  ÏI  на  сколько  бы  че- 
ловекъ  стало  хлЬба  онаго  къ  пропптанш  п  инымъ  нуждамъ 
(од1зяшя  не  въ  числЬ),  толпкое  бы  число  учениковъ  съ  потреб- 
ными служительмп  было. 

А  самаго  учителя  пли  учителей  довольствовалъ  бы  Епископъ 
кормомъ  п  денежною  ругою  изъ  ApxiepeucKou  казны,  какъ  по 
разеужденню  мт>ста  опредъчштъ  Духовное  Коллепумъ. 

XII.  Таковые  же  съ  монастырей  и  съ  земель  Церковныхъ 
поборы  ни  мало  скудости  не  едълаютъ  Церквамъ  и  монастыремъ. 
толькобъ  было  доброе  и  верное  у  оныхъ  домостроение.  И  по  вся 
годы  Епископу  давалибъ  ввд'Ые,  кое  число  всякаго  хлъба  со- 
бралось; а  Епископъ   бы  надсматривалъ,   где  оной  хл-Ьбъ  подъ- 


22*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

веется,  который  всяшя  належапця  нужды  довольствомъ  своимъ 
превосходить. 

И  тогожъ  ради,  да  будутъ  въ  Коллепумъ  Духовномъ  книги 
приходовъ  и  росходовъ  всвхъ  знатн-вйшихъ  монастырей  въ  Россш. 
О  росходахъ  же  слово  зд-в  есть  обычныхъ  и  всегдашнихъ,  а  не 
чрезъобычайныхъ  случаемыхъ,  на  прим-връ,  на  нужное  строеше 
и  прочая. 

Обаче  и  на  таковые  чрезъобычайные  росходы  подобаетъ 
учинить  въ  Коллепумъ  разсмотрительные  догады  противъ  нуждъ 
всякаго  монастыря  и  противъ  приходовъ. 

ХШ.  А  чтобъ  Епископи  не  возроптали,  будто  имъ  убыточно 
будетъ  ружить  учителя  или  утителей,  указуется  имъ,  чтобъ  диш- 
нихъ  служителей  не  держали,  не  нужныхъ  строенщ  не  дъчтли 
(разв-в  строета  прибыльный,  на  примвръ,  мельницы  и  прочая); 
такожъ  священнаго  себе  од-вятя  и  своего  платья  надъ  подобаю- 
щую чести  своей  потребу  не  умножали. 

Но  для  лучшаго  всвмъ  управлешя,  быть  книгамъ  изъ  Епис- 
копскихъ  приходовъ  въ  Духовномъ  Коллепумъ. 

Прочее  о  учителяхъ  п  ученш  будетъ  нижае  на  своемъ 
m^ctIj. 

XIV.  В'вдалъ  бы  всякъ  Епископъ  Mtpy  чести  своея,  и  не 
высоко  бы  о  ней  мыслилъ,  и  „дало"  убо  великое,  но  честь  никако- 
вая,  почитай  въ  ппсанш  знатная  определена .  Апостолъ,  разрушая 
MHrBHie  Коринеяновъ,  о  своихъ  пастыряхъ  кичащихся,  сказуетъ, 
что  д1зло  пастырское  им-веть  весь  поспвхъ  и  плодъ  отъ  самаго 
Бога,  въ  сердцахъ  человъ'ческихъ  действующего.  „Азз,  рече, 
насадихд,  Лполлосо  напои,  Бога  же  возрасти."  II  потому  наво- 
дить, что  за  возращеше  cie  человеку  никаяже  остается  похвала. 
„Тгьмже  ни  насаждали  есть  что,  ни  напаяли,  но  еозращалй 
Богъ." 

А  пастырей  нарицаетъ  тамъ  же,  „служительми  Божшми, 
и  строительми  тайно  Его,"  только  бы  „ез  дшт  тома  втьрти" 
пребыли.  Убо  точ1ю  внешнее  д-вло  пастырское  есть  „проповпда- 
ти,  настолти,  запрещатн  благовременно  и  безвременно,"  и  обряды 
Таинъ  Святыхъ  стропти.  Д-вло  же  внутреннее,  еже  обращати 
сердца  къ  покаянш  и  обновлешю  жиия,  есть  единаго  Бога,  бла- 


§§  1-3.  ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ.  —  ОБЪ  АНАвЕМЪ.  19* 

годатпо  своею  чрезъ  слово  п  тайнодвйсше  пастырей,  аки  чрбзъ 
opydie  невидимо  действующего. 

XV.  Се  же  того  ради  предлагается,  чтобъ  укротитп  оную 
вельми  жестокую  Епископовъ  славу,  чтобъ  оныхъ  подъ  руки, 
донелв  же  здравы  суть,  не  вожено,  и  въ  землю  бы  онымъ  по- 
дручная брат1я  не  кланялись.  II  оные  поклонницы,  самохотно  и 
нахально  стелются  на  землю,  да  лукаво,  чтобъ  степень  исхода- 
тайствовать себт.  недостойный,  чтобъ  такъ  неистовство  и  воров- 
ство свое  покрыть. 

Истина  есть,  что  дъмю  пастырское,  только  бы  оно  [добрт.]  (*) 
делалось  хотя  и  вн-вшнее,  однако  не  малое  есть,  яко  посольство 
Бож1е.  II  за  поводу  етъ  Богъ,  „да  прилтьжащш  добр/ь  пресвитеры 
сугубой  чести  сподобляются,  паче  о/се  труждающшся  во  словт 
и  ученш."  (1.  Тимое.  5).  Обаче  честь  оная  умеренная  есть,  а 
лишняя  и  почитай  равно  Царская  да  не  будетъ;  и  умеренной  не 
самымъ  пастырямъ  искать  и  отъ  подручныхъ  истязовать,  но 
свободно  подаваемою  довольствоватися. 

XVI.  Слйдуетъ  пзъ  того  и  cie,  чтобъ  Еппскопъ  не  былъ 
дерзокъ  и  скоръ,  но  долготеривлпвъ  и  разсудителенъ  во  употре- 
блены власти  своей  связательной,  то  есть  во  отлученш  и  ана- 
еемъ\  „Даде  бо  Господь  власть  cm  вз  созидате,  а  не  на  разо- 
peuie,"  глаголетъ  Апостолъ.  2  Корпнеяномъ  10. 

И  намт>реше  тогожъ  учителя  народовъ  было  предатп  Корин- 
еянина  явно  грвшника  сатанв  „во  измождете  плоти,  да  духа 
спасется."  1  Корине.  5.  Власть  убо  cifl,  дабы  правильно  была 
употребляема,  двое  смотреть  надоб'В. 

Первое,  каковая  вина  толикаго  наказашя  достойная. 

Другое,  какъ  поступать  Епископу  въ  наказанш  томъ. 

(ОБЪ   АНАвЕМЪ.) 

(De  l'anathème.  —  P.  74-) 

Вина  симъ.  разсуждешемъ  можетъ  опредЬлитися  :  аще  кто 
явственно  хулитъ  имя  Бож1е  пли   Священное   Пнсаше,  или  Цер- 

(*)  Лат.,  strenue.  HtM.,  wohl.  Англ.,  tvell. 


24*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

ковь,  или  явно  гръчпникъ  есть,  не  стыдяся  д-Ьла  своего,  но  и 
паче  тымъ  чваняся,  или  безъ  правильной  вины  покаяшя  и  святыя 
Евхарпстш  больше  году  не  прЕемлетъ  ;  или  чтолибо  иное  творитъ 
съ  явнымъ  закона  Болия  ругательствомъ  и  посм'Ьяшемъ,  таковый, 
по  повторенномъ  наказанш,  упрямъ  и  гордъ  пребывъ,  достоинъ 
судитися  толикой  казни.  Ибо  не  просто  за  гр'Ьхъ  подлежитъ  ана- 
еем-в,  но  за  явное  и  гордое  презр-Ьше  суда  Бояпя  и  власти  Цер- 
ковныя  съ  великимъ  соблазномъ  немощвыхъ  братш,  и  что  тако 
воню  безбояия  издаетъ  отъ  себе. 

Посл'вдоваше  же  или  поступокъ  д1>ла  сего  таковое  будетъ 
правильное. 

Иерв-ве  пошлетъ  Еппскопъ  ко  оному  его  духовника,  выгово- 
рить ему  вину  его  наедпнЬ  съ  кротостш  п  со  увт>щавашемъ, 
дабы  престалъ  дъма  своего.  А  понеже  яко  явнымъ  грт>хомъ  и 
гордымъ  соблазнилъ  Церковь;  то  умолять  его  станеть  духовный, 
чтобъ  въ  блпзкш  день  праздничный  прпнесъ  отцу  духовному  по- 
каяше,  и  принялъ  бы  епитпмпо,  и  причастился  бы  Евхаристш 
Святой  при  народа,  чтобъ  его  измгЬнен1е  явно  стало  и  соблазнъ 
бы  разорился,  и  на  блевотины  своя  не  возвращался  бы.  И  аще 
cie  слышавъ  виноватый,  покорится  и  повел'Бваемое  сотворитъ, 
ппрЬбртьм  Епископа  брата  своего",  и  больше  нвчего  двлать. 

А  естьли  посольство  оное  вотще  будетъ;  то  Епископъ, 
спустивъ  нБкое  время,  призоветъ  его  къ  ceôt  честно  съ  про- 
шен1емъ,  и  тоежде  повторитъ  ему  наставленш  втайнт!,  присут- 
ствующу  токмо  единому  духовному,  который  къ  нему  ходилъ.  И 
аще  послушаетъ,  „щлобртьтено  есть  брата." 

А  буде  не  пойдетъкъ  Епископу  званный,  то  Еппскопъ  то- 
гожъ  духовнаго  съ  другими  нт>юими  честными  особами  духовными 
и  MipciîHMïï,  наипаче  съ  прЕятельмп  онаго,  пошлетъ  къ  нему 
увъчцевать  такъ,  какъ  и  перв-ве.  H  здг1з,  аще  преклонится,  и  по 
наставленш  сотворитъ,  вершилось  дЬло. 

А  естьли  и  такъ  непреклоненъ  пребудетъ  и  гордъ,  и  еще 
мощно  поновити  такоежъ  посольство. 

Естьлн  же  все  всуе  пойдетъ,  тогда  Епископъ  повелитъ 
протод1акону  въ  праздничный  день  въ  Церкв-в  известить  народу 
сими  или  подобными  словесы: 


§§  1-3.  ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ.  —  ОБЪ  АНАОЕМЪ.  25* 

„  Человтько,  ведомый  вамь  (имярекъ),  таковыми-то  явногрп,- 
„гшемь  именно  соблазняешь  Церковь,  и  презорнико  гнтва  Божгя 
„является,  и  наставлете  пастырское,  не  единожды  ему  повто- 
ренное, со  ругательство  Ми  отметнуль;  того  ради  пастырь 
„ваша  (имярекъ)  молить-  вашу  любовь  отческо,  да  вси  помоли- 
„теся  о  немь  благоутробпому  Богу,  да  умягчить  его  жесто- 
„cepdie,  и  да  сердце  чисто  сотворить  вь  немь,  и  преклонить  его 
„кь  покаятю.  А  которые  ближайшее  es  нимь  имтьете  сообще- 
ств, увтщевайте  его,  и  умоляйте  и  единолично  всякь  и  сь  про- 
чими совокупно  со  всякимь  усердЬемь,  да  принесешь  покаяше; 
„и  доложите  ему,  что  аще  неисправлень  и  презоривь  пребудешь 
„до  такого  времени  (время  уреченно  будетъ  по  разсужденио), 
„то  подпадешь  извержетю  оть  Церкви." 

II  сстыш  уже  п  по  семь  непреклоненъ  п  упрямъ  пребудетъ 
преступнпкъ,  то  Епнскопъ  п  тогда  не  приступить  еще  къ  ана- 
оем'Б;  но  прежде  о  всемъ  томъ,  какъ  дЪялось,  напишетъ  къ 
Духовному  Коллепумъ;  а  отъ  Коллепумъ  получивъ  сопзволеше 
на  письма,  предастъ  явно  грЬшника  анаоемъ",  составпвъ  такую, 
или  подобную  Формульку  пли  образецъ,  и  протод1акону  въ  Церкви 
при  народ-в  прочести  повелъвъ: 

„Понеже  знаемый  вамь  человтькь  (имярекъ)  таковымь-то 
„своимь  явнымь  закона  Божья  преступлешемь  соблазнило  Церковь, 
„и  неоднократное  пастырское  увтьщаваше,  кь  покаятю  его  ве- 
дущее презртль;  послтди  шее  и  отвержете  его  оть  Церкви,  аще 
„не  покается,  вь  слухь  народа  извтщенное  уничтоживь,  пребы- 
ваешь доселть  вь  жесшосердш  своемь,  не  подая  надежды  испра- 
„влешя  своего  :  того  ради  Пастырь  нашь,  по  заповтъди  Христо- 
вой, данною  себть  оть  тогожде  Господа  влаетт,  извергаешь 
„его  оть  общества  ХристЬанскаго,  и  яко  непотребнаго  члена, 
„оть  ттла  Церкве  Христовы  отстьцаеть,  встьмь  правовтьрнымь 
„извтьешвуя  о  немь,  что  от  непричастень  ктому  есть  даровь 
„Божшхь,  кроет  Спасителя  и  Господа  нашего  Iucyca  Христа 
„щпобртьтенныхь  намь,  дондеже  истинно  оть  сердца  не  покаеш- 
ься. II  того  ради  запрещено  и  не  благословень  есть  ему  входь 
„Церковный,  кольми  паче  святой  и  страшной  тайны  Eexapucmiu 
„и  прочшхь  Таит  Святыхь   и  требь  Церковныхь  участникь  от 


26*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

„быти  не  можетз  какз  вз  церкви,  такз  и  еъ  дому  своемз  и  на 
„коемз  либо  иномд  мтьстть.  И  аще  бы  вз  Церковз  оно  вшелз 
„тайно  или  и  явно,  но  силою;  то  большему  осуждетю  подле- 
„житз,  и  множае  паче,  шце  коварно  или  насильно  Таит  Свя- 
„тыхз  причаститися  дерзнетз,  Священжцы  оке  да  возбраня- 
„ютз  ему  всячески  входа  Церковнаго;  и  аще  не  могутз  возбра- 
„нить  ему  ради  силы  его.  то  кромтъ  Литургш,  да  престаютз 
„отз  всякой  службы  Церковной,  дондеже  не  изыдетз.  Такожз 
„священницы  да  не  ходятз  кз  нему  сз  молитвою,  благослове- 
„темз  и  Святыми  Таинствы  подз  лишетемъ  сана  своего. 

„Вгьстно  же  встьмз  будщ  что  онз  (имярекъ)  самз  точио 
„едино личит  анавемт  сей  подлежишь,  но  ни  жена,  ни  дтъти  и 
„ни  прочш  домашние  его,  развт  бы  и  оные  поревновать  похо- 
„ттли  его  неистовству,  и  за  cm  наложенную  на  него  клятву 
„дерзнули  бы  гордо  и  явственно  укорять  Церковь  Божг'ю." 

Сей,  или  пный  каковый  въ  разеужденш  Коллепумъ  уставится 
анаеемы  образецъ,  по  прочитанш  прилтлленъ  да  будетъ  на  две- 
ряхъ  Церковныхъ,  единой  Престольной,  или  и  во  Bctxb  Enapxia 
той  Церквей,  разеудитъ  Коллепумъ. 

Потомъ  же ,  естьли  изверженный  пршдетъ  въ  чувство ,  и 
похощетъ  принести  покаяте;  то  долженъ  будетъ  самъ,  или,  аще 
самъ  не  возможетъ;  то  чрезъ  честныя  иныя  лица  принести  свое 
покаяше  со  всякимъ  смирешемъ  публично  въ  Церкви  Епископу, 
и  просить  разръчпешя  со  исповЪдашемъ  rpt>xa  своего  и  гордаго 
презорства.  И  тогда  Епископъ  предложить  ему  вопросы:  аще  и 
ради  прощетя  гръ\ховъ,  бояся  гнгвва  Бож1я  и  прося  Бож1я  мпло- 
серд!я,  кается;  и  аще  вт>руетъ,  что  власть  пастырская,  еже  pf>- 
шити  и  вязати,  есть  не  суетная,  но  сильная  и  действительная  и 
страшная;  и  аще  обЬщавается,  что  будетъ  впредь  послушный 
сынъ  Церкви,  и  не  имать  власти  Пастырской  презирать. 

И  по  отвътахъ  онаго,  въ  слухъ  всего  народа  изреченныхъ, 
повелпть  ему  Епископъ  крепко  уповать  на  Бож1е  милосердие,  за 
смерть  Спасителеву  грг1зшнику  кающемуся  творимое,  и  прочетъ 
надъ  нпмъ  разр-Ьшеше.  Таже,  поучивъ  его  о  пеправленш  яштат, 
(каковое  поучеше  можетъ  посл'В  сочинитпея),  укажетъ  ему  уре- 
ченный    нбкш    день    праздничный,    по    испов-вданш   предъ    ду- 


§§  1-3.  ДЪЛА  ЕПИСКОПОВЪ.  —  ОБЪ  ОТЛУЧЕНШ.  27* 

ховнымъ    отцемъ,    прштп    къ    причастго    Святыя    Евхаристщ. 

А  естьли  изверженный,  не  покаявся,  учнетъ  еще  ругать  ана- 
еему  Церковную,  или  еще  и  пакостить  Епископу,  или  иному 
причту,  и  тогда  Епископъ  пошлетъ  о  томъ  челобитную  къ  Ду- 
ховному Коллепумъ,  а  Коллепумъ,  розыскавъ  истину,  будетъ  съ 
настояшемъ  просить  суда  у  подобающей  м1рской  власти,  или  и  у 
самаго  Царскаго  Величества. 

Cie  только  Ецископамъ  накръпко  укажетъ  Коллепумъ,  чтобъ 
они,  какъ  анаеемы,  такъ  и  разръчпеше,  не  д-влалп  ради  прибыли 
своей,  или  инаго  коего  собственнаго  интереса,  и  искалибъ  въ 
толь  важномъ  д-вл*,  „не  яже  свод,  но  яже  Господа  Iucyca." 

Таковый  д^а  сего  поступокъ  есть  правильный,  слову  Божго 
согласный  п  подозрение  не  подлежащш. 

Но  се  слово  было  о  анаеем1;,  еже  есть  прокляпе,  казнь 
смерти  подобная.  Анаоемою  бо  отсекается  чeлoБtкъ  отъ  мы- 
сленнаго  т-вла  Христова,  то  есть  отъ  Церкви,  и  къ  тому  не 
Хриспанпнъ  пребываетъ,  отчужденъ  наслт>д1я  всвхъ  благъ,  смер- 
тно Спасителевою  намъ  прюбрътенныхъ.  То  бо  является  отъ 
словесъ  Божшхъ:  „буди  тебл,  я/со  язычнико  и  мытарь,"  и  ,,/го- 
„добаето  таковаго  предати  сатанп,"  и  прочая  симъ  подобная. 


(овъ  ОТЛУЧЕНШ.) 
(De  l'interdit.  —  P.  85.) 

Есть  же  въ  церкве  Святой  и  меньшее  наказаше,  нарицае- 
мое  отлучеше  или  запрещеше.  Се  же  есть,  когда  не  предаетъ 
явно  гр-Ьшнпка  Церковь  анаееме,  и  не  изгоняетъ  его  отъ  стада 
Христова;  но  только  смиряетъ  его  отлучешемъ  отъ  сообщешя  съ 
правоверными  во  общихъ  молитвахъ,  не  велитъ  входитп  въ  хра- 
мы Бож1я,  и  на  нвкое  время  запрещаетъ  ему  причастю  Святыхъ 
Тапнъ.  Кратко  рещп,  чрезъ  анавему  челов'Ькъ  подобенъ  есть 
уб1енному,  а  отлучешемъ  или  запрещешемъ  подобенъ  есть  за 
арестъ  взятому. 

Обопхъ    сихъ    великой    и    меньшой    казни   образы  суть   на 


28*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  -  DEUXIÈME  PARTIE. 

Церковныхъ  соборахъ,  гдъ1  еретикамъ  сказуется  анаоема.  А 
преступницы  соборныхъ  правши.  отлучешемъ  наказуемы  суть. 

Вина  меньшой  казни,  то  есть  отлучешя  достойная,  есть  нЪ- 
кш  велишй  и  явный  грт>хъ,  но  не  самое  большое  явногртлше,  о 
яковомъ  выше  уже  слово  было.  На  примт>ръ,  когда  кто  явно 
безчинствуетъ,  надолз-в  отъ  Церковнаго  п-Ьтя  удаляется,  явно 
изобидъвъ,  или  обезчестивъ  лице  честное,  прощешя  не  проситъ; 
таковыхъ  Епископъ  самъ  собою,  или  чрезъ  духовника  поучивъ, 
да  покаяше  явственное  принесутъ,  аще  того  не  похотятъ  сотво- 
рить, хотя,  не  являя  великой  гордости  и  презорства,  можетъ 
смирить  отлучешемъ  безъ  оныхъ  великихъ  чрезъ  протодтакона 
предвозвъчценш,  но  только  на  малой  хартиин^  написавъ  вину 
преступника  и  отлучеше  его. 

II  въ  таковомъ  дель"  не  долженъ  Епископъ  отписываться  къ 
Духовному  Коллепумъ  для  соизволешя,  но  самъ  свободенъ  и  си- 
ленъ  есть  cie  творить,  только  бы  cie  творилъ  не  по  страсти,  но 
и  съ  прилъжнымъ  розыскомъ.  Аще  бо  неповинна  кого  отлучить, 
а  тотъ  поищетъ  на  его  суда  въ.  Коллепумъ,  наказанъ  Епископъ 
будетъ,  по  разсужденно  Коллепумъ  Духовнаго. 


XVII.  Было  слово  выше  подъ  числомъ  осмымъ,  чтобъ  Епис- 
копы смотрели,  хранятся  ли  по  Епархш  его  отъ  пресвитерей  и 
монаховъ  и  прочихъ  должныя  оныхъ  заповеди,  и  чтобъ  пмвлъ  на 
cie  духовныхъ  Фискаловъ.  Обаче  понеже  cie  не  довольно  есть; 
ибо  и  Фискалы  оные,  дружа  свопмъ  благодътелемъ,  или  мзду  емля, 
много  утаеваютъ:  того  ради  подобаетъ  Епископу  въ  годъ,  или 
въ  два  года  единожды  объити  и  посетить  Enapxiro  свою.  II  есть 
сего,  кром-в  многихъ  иныхъ,  велишй  образъ  Павла  Апостола, 
якоже  является  въ  Д-вяшяхъ  гл.  14,  ст.  21,  22.  и  Дъянш 
гл.  15,  ст.  36.  Римляномъ  гл.  1,  ст.  11,  12.  1  Коршгояномъ 
гл.  4,  ст.  12.  1  Солуняномъ  гл.  3,  ст.  2.  1  Солуняномъ  гл.  3, 
ст.  10. 

Иако  оке  лучше  можете  быть  cie  послщете,  послтьдующт 
регулы  суть  потребныл  : 


§§  1—3.  Д'МА  ЕПИСКОПОВЪ.  —  О  ПАСТЫРСКОМЪ  ПОСЫЦЕЫ1И.   29* 

(О     ПАСТЫРСКОМЪ     ПОС-ЫЦЕН1П.) 
(De  la  visite  pastorale.  —  P.  90.) 

1.  Время  л'втнее  кажется  быть  угоднЪйшее  къ  посъщешю, 
нежели  зимнее.  Се  же  того  ради,  что  не  такъ  много  лъ'томъ, 
какъ  зимою  и  самъ  Епископъ  и  Церкви  посещаемый  на  кормъ  и 
иныя  нужды  его  издержатъ.  Не  надобъ"  сЬна.  а.  дровъ  мало  треба. 
Хл-вбъ,  рыба,  кормъ  конской  дешевле.  II  можетъ  Епископъ  не 
далече  отъ  города  на  пол-в  въ  палатка  время  перестоять,  чтобъ 
не  трудитъ  священства,  или  гражданъ  квартирою,  наипаче  гд-в 
городъ  убогш. 

2.  По  пр^здъ"  своемъ  Епископъ  на  другой  день  или  на  тре- 
тш,  собравъ  градскихъ  и  сельскихъ  пресвитеровъ,  священную 
Литурп'ю  совершить,  а  по  Лптургш  со  всвми  священники  от- 
поетъ  молебенъ  о  здравш  и  победи  Державн^йшаго  Монарха,  о 
исправленш  и  благостоянш  Церквей,  о  обращенш  раскольниковъ, 
о  благорастворенш  воздуха,  о  обилш  плодовъ  земныхъ  и  прочая. 
II  собственный  канонъ  составленъ  будетъ,  всятя  нужды  содер- 
жащ1й. 

3.  Тогда  же,  по  совершеша  всего  п1зн1Я,  слово  скажетъ  къ 
священству  и  народу  учительное  о  покаянш  пстинномъ,  и  всякаго, 
наипаче  же  священническаго  чина  должностехъ.  II  тамъ  же  при- 
ложить увъщаваше,  чтобъ  ему  предложилъ,  кто  пмветъ  нъчия 
духовныя  нужды  и  сумнительные  падежи  совЬсти,  такожъ  и  что 
гдъ'  видится  въ  Церковномъ  прпчтв  непспразлено  и  прочая. 

А  понеже  не  всякъ  Ецископъ  можетъ  чистое  слово  сложить; 
того  ради  подобаетъ  въ  Духовномъ  Коллепумъ  таковое  слово 
сочинить,  и  то  бы  Еппскопп  въ  посъщаемыхъ  Церквахъ  прочп- 
товала. 

4.  Можетъ  Епископъ  и  тайно  у  меншпхъ-  Церковниковъ,  и 
аще  кто  иный  ^угодный  [покажется,  спрашивать,  какъ  жпвутъ 
пресвитеры  и  д1аконы.  II  хотя  доношешю  всякаго  не  подобаетъ 
BtpnTb  скоро,| обаче  лучшая  уже  покажется  причина  къ  разсмо- 
TpiiHiro  и  псправлешю. 


30*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

5.  Покамъхтъ  Епископъ  донесенныхъ  дъ*лъ  не  управитъ, 
пота  и  самъ  къ  себе  гостей  не  позоветъ,  и  званный  къ  инымъ 
не  пойдетъ,  чтобъ  не  обольстился  трактаментомъ,  или  поне  по- 
дозрЪшя  бы  на  себе  не  подалъ,  что  онъ  судитъ  по  пристрастно 
за  удоволеше  свое. 

6.  Естьли  дбло  явится  долгаго  времене  требующее  за  непри- 
сутств1емъ  свидетелей,  или  за  инымъ  нбкшмъ  препят1емъ;  то 
оное  дело  записавъ,  отложить  ко  уиравлешю  въ  домъ  свой.  А 
то  для  того,  чтобъ  ему  на  единомъ  месте  не  долго  гостить,  и 
сталобъ  ему  времени  къ  посвщешю  всея  Enapxin. 

7.  Естьли  Епископъ  похощетъ  звать  къ  себе  гостей,  то 
весь  бы  тотъ  трактаментъ  своею  казною  отправлялъ,  а  не  нала- 
галъ  бы  побору  на  священство,  или  на  монастыри.  И  не  можетъ 
извпнитися  убожествомъ  своимъ  :  ибо  не  по  долгу,  но  по  свобод- 
ной своей  воли  звать  гостей  или  не  звать  будетъ. 

8.  Иныя  Д'вла  и  поступки,  какъ  священства,  такъ  и  приход- 
скихъ  людей,  могутъ  быть  утаеваемыя  предъ  Епископомъ,  хотя 
и  явныя  народу  суть;  и  о  таковыхъ  тайно  и  искусно  проведы- 
вать. A  cie  не  можетъ  утаитися,  читаетъ  ли  священникъ  во  дни 
праздничные  наетавительныя  книжицы,  о  которыхъ  выше  слово 
было.  И  естьли  который  не  читаетъ  за  лъчюстш,  того  при  про- 
чпхъ  евященннкахъ  накажетъ  по  разсужденш. 

9.  Спроситъ  же  Епископъ  священства  и  прочихъ  человъ'къ, 
не  делаются  ли  где  cyeBtpifl?  Не  обретаются  ли  кликуши?  Не 
проявляетъ  ли  кто  для  скверноприбытства  ложныхъ  чудесъ  при  пко- 
нахъ,  при  кладезяхъ,  источникахъ?  и  прочая.  И  таковыя  безд'Ыя 
запретить  со  угрожен1емъ  клятвы  на  противляющихся  упрямдовъ. 

10;  О  правленш  и  поведенш  близкихъ  (аще  где  суть)  мо- 
настырей лучше  спрашивать  въ  градъхъ  и  еелехъ  отъ  священ- 
ства и  м!рянъ,  нежели  въ  самыхъ  монастыряхъ  о  томъ  же 
произкивать  мощно. 

11.  А  чтобъ  Епископъ  не  запомнилъ,  чего  долженъ  наблю- 
дати  въ  посъщаемыхъ  Церквахъ  и  монастыряхъ;  того  ради  им^лъ 
бы  съ  собою  списанныя  должности  монашесюя  и  священничесшя, 
которыя  здв  ниже  сл'Ьдуютъ. 

12.  Крепко  же  заповедать   Епископъ   долженъ    служптелемъ 


§§  i— 3.  ДЪЛА  ЕИИСКОПОВЪ.  —  О  ПАСТЫРСКОМЪ  ПОСЪЩЕНШ.  31* 

свопмъ,  чтобъ  ъъ  посЬщаемыхъ  городахъ  и  монастыряхъ  благо- 
чинно и  трезво  пребывали,  и  не  творилибъ  соблазна;  наипаче  же 
не  домогались  бы  у  мниховъ  и  у  поповъ  кушанья  и  питья,  и 
конскаго  корму  лишняго.  Кольми  паче  не  дерзалибъ  грабить  подъ 
виною  жестокаго  наказашя.  Ибо  слуги  ApxiepeficKie  обычне  бы- 
ваютъ  лакомыя  скотины;  и  гдЪ  видятъ  власть  своего  владыки, 
тамъ  съ  великою  гордостш  и  безстуд^емъ,  какъ  татаре  на  похи- 
щеше  устремляются. 

13.  Да  въхть  же  всякъ  Епископъ-каковый  онъ  ни  есть  сте- 
пенемъ,  простой  ли  Епископъ,  или  АрхЕепископъ,  или  Митропо- 
литъ,  что  онъ  Духовному  Коллепумъ,  яко  верховной  власти, 
подчиненъ  есть,  указовъ  онаго  слушать,  суду  подлежать,  и  опре- 
Д'вдешемъ  его  довольствоваться  долженъ. 

II  того  ради,  аще  что  имать  на  брата  своего  другаго 
Епископа,  обпдимь  отъ  онаго,  подобаетъ  ему  не  самому  мстпти- 
ся,  ниже  клеветами,  ниже  пов^стьми,  хотя  бы  и  пстинныя  были, 
гр-вховъ  его,  ниже  поущешемъ  сильныхъ  нбкшхъ  лицъ  духовныхъ 
или  м1рскихъ,  наипаче  да  не  дерзаетъ  недруга  своего  Епископа 
предавать  анаоем-в;  но  обиды  своя  да  предлагаетъ  доношешемъ 
Духовному  Коллепумъ,  и  тамо  суда  себв  да  проситъ. 

14.  Тому  и  cie  сл-вдуетъ,  что  всякому  Архимандриту,  Игу- 
мену, Строителю,  приходскому  священнику,  такожъ  и  д1акономъ 
и  прочшмъ  причетнпкамъ  свободно  и  вольно  просить  у  Духовнаго 
Коллепумъ  суда  на  своего  Епископа,  аще  кто  въ  чемъ  отъ  него 
знатно  изобиженъ  будетъ.  Такожъ,  аще  кто  судомъ  Епископа 
своего  не  довольствуется,  вольно  ему  чинить  провокацию,  ciecrb, 
переносить  д-вло  на  судъ  Духовнаго  Коллепумъ;  и  Епископъ  таг 
ковымъ  на  себе  челобитчикамъ  и  пстцамъ  долженъ  ciio  свободу 
попускать,  и  не  удерживать  ихъ,  ниже  угрожать,  ниже,  по  от- 
шествш  оныхь  къ  Духовному  Коллепумъ,  печатать  или  грабить 
домы  оныхъ. 

Но  дабы  cie  не  подало  многимъ  вины  къ  безстрастио  и  пре- 
зорству  свопхъ  пастырей,  уставитъ  Духовное  Коллепумъ  нема- 
лое наказаше  на  твхъ,  которые  бы  ложнымъ  доношешемъ  пасты- 
рей своихъ  требовать  дерзнули,  или  всуе  отъ  суда  Епископскаго 
на  судъ  Духовнаго  Коллепумъ  учинилибъ  провокацию. 


32*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

15.  Наконецъ  долженъ  будетъ  всякъ  Епископъ  дважды  въ 
годъ  (пли  какъ  укажетъ  о  семъ  Коллепумъ)  присылать  до  Колле- 
пумъ репорты,  Ыесть  пзв'вщешя  о  состоянш  и  поведенш  Enapxin 
своей,  все  ли  добръ\  или  нт>кое  непсправлеше  есть,  котораго  онъ 
переставить  не  можетъ.  А  хотябъ  все  добрт>  было,  то  обаче 
долженъ  Еппскопъ  известить  въ  Коллепумъ,  что  слава  Богу  все 
добрЬ.  Но  естьлп  бы  извЬстплъ,  что  все  добрт,,  и  отпнуду  бы 
показалось,  что  н-Ьчто  въ  Enapxin  его  дается  суеверное,  пли  и 
явно  богопротивное;  Еппскопъ  бы,  вт>дая  тое ,  утаилъ  и  до  Кол- 
лепумъ не  донеслъ ;  то  самаго  его  позоветъ  на  судъ  къ  себв 
Коллепумъ,  и,  по  довольномъ  улпченш,  подвержетъ  его  наказа-, 
нш,  яковое  уставлено  будетъ. 


§4. 

ДОМЫ  УЧ1ШШЦНЫЕ  II  ВЪ  НИХЪ  УЧИТЕЛИ  II  УЧЕНИКИ,  ТАКОЖЪ  II 
ЦЕРКОВНЫЕ  ПРОПОВЪДНИКИ. 


DES  ETABLISSEMENTS   D INSTRUCTION,  DES    MAITKES    ET  DES    ELEVES   QUI   S  Г 
TROUVENT,  ET  AUSSI  DES  PRÉDICATEURS.  —  P.   104. 


Известно  есть  всему  Mipy,  каковая  скудость  и  немощь  была 
воинства  Россшскаго,  когда  оное  не  щгбло  правпльнаго  ceoii 
учешя,  и  какъ  несравненно  умножилась  сила  его,  и  надчаяше  ве- 
лика и  страшна  стала,  когда  Держа  вит.  йшй  нашъ  Монархъ, 
Его  Царское  Величество  ПЕТРЪ  Первый  обучилъ  оное  изряд- 
ными регулами.  Тожъ  разуметь  и  о  архитектура,  и  о  врачевствЬ, 
п   о   политпческомъ    иравптельствБ  и    о  всвхъ  прочихъ  дЬлалхъ. 

II  наипаче  тоежъ  разузгЬть  о  управленш  Церкви  :  когда 
нт>тъ  св'Ьта  учешя,  не  льзя  быть  доброму  Церкве  поведенно,  не 
льзя  быть  нестроенпо  и  многпмъ  смвха  достойнымъ  суев'вр1ямъ, 
еще  же  и  раздорамъ  и  пребезумнымъ  ересемъ. 

Дурно,  MHorie  говорятъ,  что  учете  виновное  есть  ересей: 
ибо  кромт>  древнпхъ  отъ  гордаго  глупства,  а  не  отъ  учешя  бе- 
сновавшихся   еретнковъ,    Валентпновъ,    Манпхеовъ,     Каоаровъ. 


§  4.   ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  33* 

Евхитовъ,  Донатпстовъ  и  прочихъ,  которыхъ  дурости  оппсуютъ 
Нрпней,  Епифянш,  Августпнъ,  беодорптъ  п  иные,  нашп  же  Русте 
раскольщики  не  отъ  грубости  лп  п  невежества  толь  жестоко 
возбБсновалися  ? 

А  хотя  и  отъ  ученыхъ  человъкъ  бываютъ  epeciapxu,  яковый 
былъ  Apifi,  Несторш  п  нвцып  пные :  но  ересь  въ  оныхъ  родилась 
не  отъ  учета,  но  отъ  скуднаго  Священныхъ  Шсанш  разум'Ьшя, 
а  возрасла  и  укртшплася  отъ  злобы  и  гордости,  которая  не  по- 
пустила имъ  переменить  дурное  ихъ  мпьте,  уже  и  по  познанш 
истины  противъ  совъстп  своей. 

II  хотя  отъ  учешя  своего  пмЬли  они  силу  сочинять  софпсмы, 
ciecTb  коварные  мудрованш  своихъ  доводы:  обаче  кто  бы  cie 
зло  восппсовалъ  просто  ученш,  тотъ  бы  понужденъ  былъ  гово- 
рить, что  когда  и  врачь  оиоптъ  кого  отравою,  того  yieiiio  вра- 
чевское  виновно  есть;  и  когда  ученый  салдатъ  хитро  и  сильно 
разбиваетъ,  того  виновно  есть  учете  воинское. 

II  сстьли  иосмотрпмъ  чрезъ  псторш,  аки  чрезъ  зрительный 
трубки,  на  мпмошедппе  ввки,  увпдпмъ  все  худшее  въ  темныхъ, 
нежели  въ  свътлыхъ  учетемъ  временахъ. 

Ни  спесивились  такъ  Епископп  до  четыресотнаго  лъта,  какъ 
послЬ  возгорълпея,  наипаче  Константпнопольскш  п  Рпмскш;  ибо 
тогда  было  учете,  а  после  оскудъло.  II  аще  бы  учете  Церкви, 
или  Государству  было  вредное,  то  не  учились  бы  сами  лучипя 
Хриспанст'ш  особы,  и  запрещали  бы  пнымъ  учитпея:  а  то  ви- 
дпмъ,  что  и  учились  всп  древнш  наши  учители  не  токмо  Священ- 
иаго  Писатя,  но  и  внешней  Фплософш.  II  кромв  многихъ  пныхъ, 
славн'Ьйипе  столпы  Церковные  моборствуютъ  и  о  внЬшнемъ 
ученш,  а  именно  :  Васп.нй  велшпй  въ  словв  своемъ  Fo  учащимся 
младенцами,  Здатоустын  въ  книгахъ  О  монашествтъ,  Грпгорш 
Богословъ  въ  словахъ  свопхъ  lia  Iyniana  Anocmama.  Но 
много  бы  говорить,  аще  бы  о  единомъ  семъ  нарочное  слово 
было. 

Убо  учете  доброе  и  основательное  есть  всякой  пользы, 
какъ  отечества,  такъ  п  Церкве,  акп  корень  и  евмя  и  основаше. 
Но  cie  накрЬпко  наблюдать  подобаетъ,  чтобъ  было  учете  доброе 
с  основательное.  Ибо  есть    учете,  которое    и   имени  того  недо- 

3 


34*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

стойно  есть;  а  обаче  отъ  людей  хотя  и  умныхъ,  но  того  нссв'Ь- 
дущихъ,  судится  быть  за  прямое  учете. 

Обычно  вопрошаютъ  мнозп  :  въ  которыхъ  школахъ  былъ  он- 
сица?  II  когда  услышать,  что  былъ  онъ  въ  РеторшгЬ,  въ  Фило- 
софы п  въ  Богословш;  за  едпныя  тыя  имена  высоко  ставятъ 
человека,  въ  чемъ  часто  погръшаютъ.  Ибо  п  отъ  добрыхъ  учи- 
телей не  вси  добрЬ  учатся,  ово  за  тупость  ума,  ово  за  л1>ность 
свою;  кольми  паче  когда  и  учитель  будетъ  въ  дъл'Б  своемъ  мало, 
или  и  ниже  мало  пскусенъ. 

Вт>дати  же  подобаетъ,  что  отъ  пятисотнаго  до  четыренаде- 
сятьсотнаго  году,  ciecrb  чрезъ  девять  сотъ  лт>тъ  во  всей  Европт> 
вся  почитай  учешя  въ  великой  скудости  и  HencKycTBii  были, 
такъ  что  у  еамыхъ  лучшихъ  Авторовъ,  во  оныя  времена  пнсав- 
шихъ,  остроум1е  водимъ  великое,  а  свъта  велпкаго  не  видимъ. 

По  четыресотномъ  надъ  тысячу  годт>  почали  проявлятпея 
любопытнт>йшш  и  по  тому  искуснБйщш  учители,  и  помалу  Muorifl 
Академш  гораздо  великую,  и  почитай  отъ  древнихъ  оныхъ  Авгу- 
стовыхъ  лт»тъ  большую  силу  возымъмш:  мног1я  обаче  училища 
въ  прежней  тпнт>  (*)  остались,  такъ  что  у  оныхъ  Реторпкп,  и 
Фплософш  и  прочихъ  ученш  имена  точно  суть,  а  д'вло  не  тое. 
Причины  того  различныя  суть,  которыя  зд'Ь  за  краткость  не 
воспоминаются. 

Таковаго  же,  тако  рещи,  привпдъннаго  и  мечтательнаго 
учешя  вкусившш  человъщы  глупвйшш  бываютъ  отъ  неученыхъ. 
Ибо  весьма  темни  суще,  мнятъ  себя  быти  совсршенныхъ,  и  по- 
мышляя^ что  все,  что  либо  знать  можно,  познали,  не  хотятъ,  но 
ниже  думаютъ  честь  книги,  и  больше  'учптпся.  Когда  вопреки 
прямымъ  учешемъ  просвещенный  челов-Ькъ  никогда  сытости  не 
пм-Ьетъ  въ  познанш  своемъ,  но  но  престанетъ  никогда  же  учи- 
тися,  хотя  бы  онъ  и  Мавусалевъ  в'Ькъ  пережилъ. 

Се  же  вельми  бъдно,  что  именованные  неосновательные 
мудрецы  не  только  не  полезны,  но  и  вельми  вредны  суть  и  дру- 
жеству, и  отечеству,  и  Церкви:  предъ  властьми  надъ  м-вру  сми- 
ряются, но  лукаво,  чтобъ  такъ  украсть  милость  ихъ,  и  пролезть 


(*)  По  лат.  и  н'Ьм.  пер  ев.  тмт. 


в 
§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  —  ОБЪ  АКАДЕМШ.  35* 

на  степень  честный.  Равнаго  чина  людей  ненавпдятъ;  п  сстьлп 
кто  во  учен'ш  похваляемъ  есть,  того  всячески  тщатся  предъ 
народомъ  п  у  властей  обнести  и  охулити.  Къ  бунтамъ  склонны, 
воспр1емля  надежды  высокш.  Когда  богословствуютъ,  не  льзя 
имъ  не  ерстичествовать:  за  невъжствомъ  бо  своимъ  удобь  про- 
говорятся, а  лнъчпя  своего  изреченнаго  переменить  отнюдь  не 
хотятъ,  чтобъ  не  показать  себя,  что  не  все  знаютъ.  А  мудрей" 
мулие  cie  между  собою  утвердили  послов1е:  „мудраго  че.ювтька 
свойство  есть  отмпмлть  мщте.а 

Cie  предложить  судилось  за  благо,  что  естьлп  Царское 
Величество  почощетъ  основать  Акадсмно,  разеуждало  бы  Духов- 
ное Коллепумъ,  каковыхъ  исперва  учителей  определить,  и  како- 
вый  учешя  образъ  показать  онымъ,  дабы  не  вотще  пошло  Госу- 
дарское  иждивеше,  и  вместо  чаянной  пользы,  не  была  бы  тщета, 
емъха  достойная. 

А  какй  бы  во  ест  опасно  и  искусно  справипшея,  угодная 
суть  поелтьдуюгш  я  регулы. 

(ОБЪ   АКАДЕМШ.) 
(De  l'Académie.  —  P.  117.) 

I.  Не  надобъ  исперва  многихъ  учителей,  но  первый  годъ 
довольно  единаго  или  двоихъ,  которые  бы  учили  Грамматика, 
ciecrb,  языкъ  правильно  знать  Латпнскш,  или  Греческш,  или  оба 
языка. 

II.  На  другой  годъ,  и  третш  п  прочш,  поступая  къ  боль- 
шимъ  учешямъ,  да  и  перваго  не  отлагая,  для  новыхъ  учениковъ 
большее  число  и  учителей  придается. 

III.  Искушать  всячески,  каковъ  въ  Д'Ьлт>  свосмъ  есть,  кто 
хощетъ  быть  учитель  школы.  На  примъ'ръ,  желая  выдать,  нску- 
сенъ  ли  въ  язык'Ь  Латпнскомъ,  велъть  ему  сложеше  Рускос  пе- 
ревесть на  Латинское,  такожъ  Латинское  слово  нькоего  славнаго 
въ  языкЬ  томъ  Автора,  перевесть  на  Руское;  и  велъть  искус- 
нымъ  осмотреть  и  освидетельствовать  переводы  его,  и  тотчасъ 


36*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

покажется,  совсршенъ  ли  есть,  или  среднш,  пли  и  того  нижае, 
или  весьма  ничего.  Суть  же  и  пныхъ  ученш  свойственныя  иску- 
шеш'я,  который  мощно  будетъ  особенно  списать. 

IV.  А  хотя  и  непскусенъ  въ  требуемомъ  у-ченш  покажется, 
обаче  мощно  знать,  что  остроуменъ  есть,  то  знатно  онь  за 
лъчюстио,  или  за  плохимъ  свопмъ  учителемъ  не  достигнулъ  того, 
и  таковому  повелгЬть  полгода  или  годъ  самому  учитися  отъ  Авто- 
ровъ,  въ  д-пл'Б  томъ  искусных!),  аще  учитель  хощетъ  быть. 
Толькожъ  cie  дълать  за  скудость  людей,  а  лучше  бы  на  тако- 
выхъ  не  надвятпся. 

V.  Опредъ'леннымъ  п  добрымъ  учителемъ  приказать,  чтобы 
они  исперва  сказывали  ученикамъ  своимъ  вкратцЬ,  но  ясно,  кая 
сила  есть  настоящаго  учешя  Грамматики,  на  иримЬръ,  Риторики,. 
Логики  и  прочая;  и  чего  хощемъ  достугнути  чрезъ  cie  или  оное 
учете,  чтобъ  ученики  видели  берегъ,  къ  которому  пловутъ,  и 
лучшую  бы  охоту  возъпмъмш,  и  познавали  бы  повседневную  при- 
быль свою,  такожъ  и  недостатки. 

VI.  Избрать  изрядн'Бйшихъ  во  всякомъ  ученш  Авторовъ,  ко- 
торые свид'Ьтельствовавп  суть  въ  славныхъ  Академ1яхъ:  именно 
же,  въ  Париж'Ь,  повелъчиемъ  Короля  Людовика  четвертаго  на^е- 
сять,  такъ  кратко,  а  совершенно  заключена  Латинская  Грамма- 
тика, что  мощно  над'вятися  остроумнаго  ученика  за  едпнъ  годъ 
совершенно  научить  языка  онаго,  когда  у  насъ  за  пять  и  за 
шесть  лгЬтъ  мало  кто  постнзаетъ.  Что  можно  знать  по  тому,  что 
студентъ  изъ  Фплософш,  пли  Богословш  пзшедшш,  не  можетъ 
перевесть  и  средняго  стиля  Латинскаго. 

Избравъ  убо,  якоже  речеся,  лучшихъ  въ  Грамматики,  Риторики 
и  въ  прочихъ  учешяхъ  Авторовъ,  подать  въ  Акацемш  и  прика- 
зать, чтобъ  оныхъ  руководствомъ,  а  не  пныхъ  учено  въ  шко- 
лахъ. 

VII.  Въ  Богословш  собственно  приказать,  чтобъ  учено 
главный  догматы  виры  нашея  и  законъ  Божш.  Челъ  бы  учитель 
Богословскш  [прплЬжно]   (*)  Священное    Ппсаше,   и    учплся   бы 


(*)  Лат.,  assidue.  Н1ш.,  flcissig. 


§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  —  ОБЪ  ЛКЛДЕМШ.  37* 

правилъ,  какъ  прямую  петую  знать  силу  и  толкъ  Иисанш,  и  вся 
бы  догматы  укръплялъ  евпдътельствомъ  Писанш. 

А  въ  помочь  того  д'Ьда,  челъ  бы  прплъжно  Святыхъ  отецъ 
книги,  да  таковыхъ  отецъ,  которые  прплъжно  писали  о  догма- 
твхъ,  за  нужду  распрь  въ  Церквв  случившихся,  съ  подвпгомъ 
на  противныя  ереси.  Ибо  суть  древте  учители  собственно  о 
догматахъ,  тотъ  о  семъ,  а  другой  о  иномъ  ппсавшш.  На  при- 
мЪръ,  о  Тройческой  тайнв  Грпгорш  Наз!анзинъ  въ  пяти  словахъ 
своихъ  Богословскпхъ,  и  Августинъ  въ  книгахъ  о  Троицк  и  о 
Божествк  Сына  Бож!я.  КромЬ  оныхъ  Аеаиасш  велпкш  въ  пяти 
книгахъ  на  ApiaHb  о  БожествЬ  Святаго  Духа,  Васплш  Велпкш 
въ  пяти  книгахъ  на  Евном1а.  О  Упостаси  Христовой  Кприллъ 
Александршекш  на  Hecropia.  О  двоицв  естествъ  въ  Хрисгв  до- 
вольно одно  послаше  Леона,  Папы  Рпмскаго  до  Флав1ана  Царе- 
градскаго  Ilarpiapxa.  О  гръхъ  первородномъ  и  о  благодати  Бо- 
ж1ей  Августинъ  во  многпхъ  книгахъ  на  Пслапаны  и  прочая.  Къ 
томужъ  зъло  полезны  дъяшя  и  разговоры  Вселснскпхъ  и  ПомЬ- 
стныхъ  Сгнодовъ. 

II  отъ  таковыхъ  учителей  при  Священномъ  Писанш  не 
тщетное  будетъ  учете  Богословское. 

А  хотя  и  можетъ  Богословскш  учитель  и  отъ  новъйшпхъ 
иновърныхъ  учителей  помощи  искать;  но  долженъ  не  учптпея 
отъ  нпхъ  и  полагатися  на  ихъ  сказки,  но  только  руководство 
ихъ  принимать,  какнхъ  они  отъ  Писашя  и  отъ  древнпхъ  учителей 
доводовъ  употрсбляютъ.  Наипаче  въ  Догматъхъ,  въ  которыхъ 
съ  нами  пновЬрцы  согласии  суть;  а  однако  доводамъ  ихъ  не 
легко  върить,  но  посмотръть,  естьлп  таковое  въ  Писанш,  или  въ 
книгахъ  отеческихъ  слово,  и  тую  ли  пмъетъ  силу,  въ  яковой 
они  пр1емлготъ.  Многажды  бо  лгутъ  господа  оные,  и  чего  не  бывало 
прпводятъ.  Многажды  -же  слово  истинное  развращаютъ.  Буди  здД» 
едиио,  на  ирпмвръ,  слово  Господне  къ  Петру  :  „Азй  лолихся  о 
тебгь,  да  не  оскудп,ешг,  вп>ра  твоя,"  речено  о  Петр!;  персонально, 
о  самомъ  лйцЬ  Петрове,  а  Латини  влекутъ  оное  къ  Папъ1 
своему,  наводя  отъ  того,  ччо  Папа  не  можетъ  погръишть  въ 
върв,  хотя  бы  хотълъ.  Долженъ  убо  учитель  Богословский  не  по 
чужимъ  сказкамъ,  но  по  своему  въдънно  учить,  и  иногда  пзбравъ 


38*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

собственное  время,  показать  въ  книтахъ  и  ученикамъ  своимъ,. 
чтобъ  п  они  пзвветны  сами  были,  а  не  сумнплись  бы,  правду  ли 
говорптъ,  или  лжетъ  учитель  пхъ. 

VIII.  По  случаю  здт>  съ  прпчпны  мимошедшаго  совета  воспо- 
минается, что  при  школахь  надлежитъ  быть  библютекв  довольной. 
Ибо  безъ  библютеки,  какъ  безъ  души  Академ1а.  А  довольную 
библштеку  мощно  купить  за  д,вт>  тысящи  рублей.  Библштека  учи- 
телемъ  по  вся  дни  и  часы  ко  употребленш  невозбранна,  только 
бы  книгъ  по  келл!амъ  не  разбирали,  но  чли  бы  оныя  въ  самой 
бпблштечной  контор'Ь. 

А  ученикамъ  и  прочшмъ  охотникамъ  отворять  библштеку  въ 
уреченные  дни  и  часы. 

II  ходшшбъ  въ  библштеку,  которые  языкъ  умъчотъ,  въ  осо- 
бенные часы  и  дни  по  долженству,  а  въ  иные  за  охоту  и  въ 
урочное  время. 

Спрашпвалъ  бы  всякаго  свой  учитель,  котораго  онъ  Автора 
чтеть,  и  что  прочелъ,  и  что  ппсалъ  :  а  еетьлп  чего  не  уразум'Влъ, 
тобъ  ему  объяснплъ  учитель.  Cie  вельми  полезно  и  скоро  чело- 
века аки  претворяетъ  въ  иного,  хотя  бы  прежде  грубыхъ  былъ 
обычаевъ. 

IX.  Обращался  къ  школьнымъ  учешямъ,  cie  видится  быть 
вельми  благоуспьшно,  что  могутъ  н'вкая"  учешя  двое  или  трое 
вдругъ  одного  часа  и  однимъ  двломъ  подаватися.  На  прпмвръ, 
уча  Грамматик'Ь,  можетъ  учитель  съ  нею  учить  купно  и  Геора- 
'фио  и  Негордо:    понеже,  по  регуламъ  Грамматическпмъ,    нужно 

есть  дЬлать  екзерцицш,  шесть  обучатися  въ  переводахъ  съ  моего 
языка  на  языкъ  тотъ,  котораго  учуся,  и  вопреки,  съ  языка  того 
ча  мой  языкъ.  То  мощно  вел'Вть  ученикамъ  переводить  по  части 
Fsorpaoiio,  или  Ilcropiio  одиу  внешнюю,  либо  Церковную,  или  на 
иеремвну  оба  тЪ  ученш. 

Обаче,  понеже  Исторш  честь  безъ  вт>дЬн!я  Геограоскаго, 
есть  какъ  бы  съ  завязанными  глазами  по  улицамъ  ходить:  того 
ради  здравый  сов'Ьтъ  есть  годь,  Грамматика  определенный,  раз- 
бить на  дв'Ь  части;  и  полгода  ^  первое  учить  Грамматику  съ 
ГеограФ'юю,  особенный  въ  недъчгв  день  определяя,  въ  который 
на   карги   будетъ    учитель    показывать    цпркулы,  планисФер1я  и. 


§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  —  ОБЪ  АКАДЕМШ.  39* 

уннверсалньую  сптуащю  siipa.  А  еще  лучше  бы  двлать  cie  на 
глобусв,  и  такъ  обучать  студснтовъ,  чтобъ  моглп  перстомъ  пока- 
зать, когда  кто  спросить  ихъ:  гдЬ  Аз1я?  гдЬ  Африка?  гдк  Ев- 
ропа? и  къ  которымъ  сторонамъ  подъ  нами  лежптъ  Америка? 
Такожъ  п  особь  о  Государствахъ  :  гд-fc  Ег\иетъ?  гдЪ  Хина?  гдЬ 
Португал1я?  и  прочая. 

А  другое  полгода  давать  въ  екзерцпщп  переводить  Исторш 
универсальную,  да  краткую,  только  бы  былъ  Авторъ  чистаго 
языка  Латпнскаго,  яковый  есть  Юстинъ  исторпкъ,  и  мощнс  бу- 
детъ  после  другпхъ  усмотреть. 

II  се  вельми  полезно;  ибо  ученицы  великое  ко  учение  возъ- 
пм'Ьютъ  доброхотство,  когда  невеселое  языка  учеше  толь  весе- 
лымъ  sjipa,  и  мимошедшпхъ  въ  Mipb  д-блъ  познашемъ  растворено 
имъ  будетъ;  и  скоро  отъ  нпхъ  грубость  отпадстъ,  и  еще  при 
берегв  почитай  училищномъ  не  мало  драгихъ  товаровъ  обря- 
щутъ. 

X.  Чинъ  учешя  таковый  добрый  кажется: 

1.  Грамматика  купно  съ  Feorpaoiero  и  Ilcropieio. 

2.  Арпометика  съ  Геометр1ею. 

3.  Логика  пли  Д1алектика,  и  едино  то  двопменное  учете. 

4.  Риторика  купно  пли  раздельно  съ  стпхотворнымъ  уче- 
шемъ. 

5.  Физика,  присовокупя  краткую  Метаопзику. 

6.  Политика  краткая  ПуФФендороова ,  аще  она  потребна 
судится  быть,  и  можетъ  она  присовокуиитпся  къ  Д1алектпк'Ь. 

7.  Богослов1я. 

Первые  шесть  по  году  возмугъ,  а  Богослов1я  два  года.  Пбс 
хотя  и  всякое  учете,  кромв  Д1алектическаго  и  Грамматпческаго, 
пространное  есть;  обаче  въ  школахъ  сокращенно  трактовать 
надобЬ,  и  главн-вйпля  только  части.  Послв  самъ  долгпмъ  чте- 
шемъ  и  практикою  совершится,  кто  такъ  доброе  руководство 
получитъ. 

Языкъ  Греческш  и  Еврейскш,  (естьлп  будутъ  учители)  между 
иными  ученш  урочное  себв  время  пршмутъ. 

XI.  Ректора  и  Префекта  усмотръ"гь  прил'Ьжныхъ  человъкъ. 
о  которыхъ  учете  и  труды  уже  пзвъхтны.  II  укажетъ  имъ  Духов- 


40  '  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

ное  Коллепумъ  тщательнымъ  быть  въ  д'Ьл'Ь  своемъ  съ  таковымъ 
угрожешемъ,  что  ежели  нечинно  иойдутъ  учешя  и  неблагопос- 
пъчнно;  то  они  сами  суду  поднадуть  въ  Духовномъ  Коллепумъ. 
И  того  ради  смотръть  должны ,  ходятъ  ли  всегда  въ  школу  учи- 
тели, н  такъ  ли  учатъ,  какъ  подобаетъ.  II  должны  Ректоръ  съ 
Иресьектомъ  посетить  въ  недълю  дв'Ь  школы,  а  въ  другую  не- 
делю друпя  дв-б,  и  такъ  и  проч!я  кругомъ.  А  когда  въ  школу 
пршдутъ,  учитель  при  нпхъ  учить  будетъ,  а  они  слышати,  хотя 
чрезъ  полчаса;  такожъ  и  вопросами  отвъдовать  ученпковъ,  зна- 
ютъ  ли,  что  уже  должно  бы  имъ  знать. 

XII.  Естьли  кто  отъ  учителей  противенъ  покажется  Акаде- 
мпцкимъ  уставамъ,  и  непреклонснъ  наставлешю  Ректорскому, 
таковаго  Ректоръ  объявитъ  въ  Духовное  Коллепумъ;  и  но  сл'В- 
дованш  отставленъ  или  наказанъ  будетъ  по  разсужденш. 

ХШ.  Мощно  и  Фискаловъ  определить,  которые  бы  насма- 
тривали, все  ли  во  Академш  порядочно. 

XIV.  О  ученикахъ  cie  разсуждеше:  должны  всп  Протопопы, 
и  богатшш  и  пнш  Священницы  дътей  своихъ  присылать  во  Ака- 
демпо.  Мощно  тоежъ  указать  и  градскимъ  лучшимъ  приказнымъ 
людемъ;  а  о  дворянт>хъ,  какъ  собственная  воля  будетъ  Царскаго 
Величества. 

XV.  Приходянце  же  тые  ученики  былибъ  при  Академш  до 
конца  всьхъ  ученш,  и  не  отпускать  отъ  школъ  Ректору  безъ 
ведома  Духовиаго  Коллепумъ.  А  естьли  бы  Ректоръ  или  Пре- 
Феитъ,  или  иный  кто  отпустилъ  ученика  отай  з^  мзду  поданую, 
и  на  такого  преступника  определить  жестокое  наказание. 

XVI.  ВсЬмъ  повсюду  изв-ьстно  буди,  что  гд'Ь  будетъ  чело- 
вЬкъ  ученый  во  Академш,  и  отъ  Академш  свидетельствованный, 
того  на  степень  духовныя  или  граждансюя  чести  не  можетъ 
упрешть  неученый  съ  всликимъ  штраоомъ  на  власти  оныя,  кото- 
рыя  бы  инако  сдЬлалп. 

XVII.  Новопрпшедшаго  ученика  отввдать  память  и  остроу- 
Mie;  и  естьли  покажется  весьма  тупъ,  не  принимать  въ  Акаде- 
Miro:  ибо  лЬта  потеряетъ,  а  ничего  не  иаучптся;  а  обаче 
возъимЬетъ  о  себе  мнеше,  что  онъ  мудрый,  и  отъ  таковыхъ 
несть  горшпхъ  бездельниковъ.    А  чтобъ  который   не   притворялъ 


§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  —  ОБЪ  АКАДЕМШ.  41* 

себе  тупости,  желая  отпуску  въ  домъ,  какъ  до  друпс  притво- 
ряютъ  гЬлеснун)  немощь  отъ  солдатства;  искушешю  ума  его 
1гЬлый  годъ  полошить.  II  можетъ  умный  учитель  примыслить  спо- 
собы искушешя  таковыя,  яковыхъ  онъ  познать  и  ухитрить  не 
дознается. 

Х\ "III.  Г>уде  покажется  дьтина  непобедимой  злобы,  свирепый, 
до  драки  скорый,  клеветнпкъ,  непокорпвъ;  и  буде  чрезъ  годовое 
время  ни  увътцанш,  ни  жестокими  наказанш  одол-вть  ему  не  воз- 
можно: хотябъ  и  остроуменъ  былъ,  выслать  изъ  Академш,  чтобъ 
б'Ьшеному  меча  не  дать. 

XIX.  Место  Академш  не  въ  город!;,  но  въ  стороне  на 
веселомъ  М'Ьстъ'  угодное,  гд-Ь  нвсть  народнаго  шума,  ниже  ча- 
стый окказш,  которыя  обычно  мЬшаютъ  учешя  и  находитъ  на 
очи,  что  похищаетъ  мысли  молодыхъ  челов'Ькъ,  и  прплЬжать 
учешемъ  не  попускаетъ. 

XX.  Не  надобь  хвалитпся  Академш,  но  ниже  смотр'Ьть  на 
тое,  что  много  ученпковъ  имъетъ;  cie  бо  весьма  суетно  есть: 
но  смотреть,  какъ  много  есть  остроумныхъ  и  добръ  учащихся, 
съ  великою  пользы  надеждою,  и  какъ  бы  оныхъ  додержать  по- 
стоянныхъ  до  конца. 

XXI.  II  cie  есть  отнюдь  непотребно,  паче  же  и  тщетно, 
чтобъ  студентовъ,  каис  ни  пршдутъ,  принимать  на  поденныя 
деньги  Государевы. 

Прпходптъ  бо  MHorie  не  для  учешя,  но  еще  иные  и  неспосо- 
бные по  природ!;,  для  жалованья  только,  нпщетною  нуждею  вле- 
комы. Иные  же  и  способные,  да  сколько  похотятъ  при  Академш 
жпвутъ,  а  когда  и  куды  хотятъ,  отходятъ.  Чтожъ  съ  того  добра? 
Только  суетный  убытокъ. 

Принимать  бы  студентовъ  съ  раземотрешемъ  остроум1я,  и 
они  бы  запись  давали  на  себе,  что  до  конца  ученш  пребудутъ 
во  Академш,  подъ  великпмъ  штраФомъ,  естьли  бы  об^та  своего 
пс  исполнили  безъ  крайней  нужды. 

II  такъ  можно  будетъ,  оныхъ  по  совершенш  школьномъ, 
презентовать  Царскому  Величеству  и,  по  Его  Величества  Указу, 
определять  оныхъ  на  разныя  дъ\та. 

XXII.  Но  что  паче  всего,  и  почитай  едино  есть  потребно  и 


42*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

полезно,  быть  при  Академш,  пли  въ  начала  и  безъ  Академш  Се- 
минар!умъ  для  учев]"я  и  Воспиташя  д^тей,  каше  вымышлено  не- 
мало во  пноземныхъ  странахъ. 

А  того  нтъкш  здл>  образа  представляется. 


(о   СЕМИНАРШ.) 
(Du  Séminaire.  —  Р.  147О 

1.  Построить  домъ  образомъ  монастыря,  котораго  про- 
странство и  жплье  п  всяк!е  къ  преппташю,  и  одвянпо  и  про- 
чшмъ  нуждамъ  припасы  былпбъ  противъ  числа  д'Ьтей,  (каковое 
определено  будетъ  по  воли  Царскаго  Величества)  пятьдесятъ, 
пли  седмьдесятъ  пли  больше,  такожъ  и  потребныхъ  управителей 
и  служителей. 

2.  Въ  дому  томъ  югбютъ  жить  д^ти  и  уже  и  большего  воз- 
раста юноши,  по  осьмп  пли  по  девяти  человвкъ  въ  единой  избЬ. 
Обаче  съ  такпмъ  расподожешемъ  :  болыше  во  единой,  средше  въ 
другой,  малые  въ  третей  пзбт,. 

3.  Всякому  мъхто  определить  при  .ст^нЬ  вместо  собствен- 
ной конторы,  гд^  его  стоптъ  кроватка  складная,  чтобъ  въ  день 
логовища  знать  не  было;  такожъ  шкаоа  на  книжки  п  пныя  ве- 
щицы, и  стуликъ  для  сЬдъшя. 

4.  Во  всякой  избЬ  (сколько  оныхъ  будетъ)  имать  быть 
Преоектъ,  или  надсмотрщакъ,  челов'Ькъ  хотя  неученый,  обаче 
честнаго  жнля,  толькобъ  не  вельмп  свирепый  и  не  меланхолскъ, 
лт>тамп  отъ  30  до  50-го  году.  А  дъ\ао  онаго  cie:  надсматривать, 
чтобъ  между  Семинаристы,  (такъ  воспптоваемые  въ  дому  томъ 
нарпцаются)  не  было  ссоръ,  драки,  сквернословЕя,  и  всякаго 
пнаго  безчишя,  и  чтобъ  во  уреченные  часы  всякъ  д-влалъ,  что 
должно.  А  всякъ  бы  Семпнарпстъ  изъ  избы  своей  безъ  его  бла- 
гословешя  не  псходплъ,  и  то  со  объявлешемъ  причины,  куды  и 
для  чего  псходптъ. 

5.  Въ  томъ  же  дому  подобаетъ  быть  хотябъ  трсмъ  ученымъ 
челов-вкомъ  монахомъ  пли  м1рскимъ,  изъ  которыхъ  едпнъ  будетъ 


§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  -  О  СЕМИНАРШ.  43* 

Ректоръ,  дому    всего    управитель,  а    два    Ексаминаторы,    ciecrb 
розыщики  учешя,  какъ  кто  учится  л'Ьниво  пли  прплЬжно. 

0.  Во  всякой  избе  Преоект т.  имЬетъ  власть  наказывать  себв 
подчиненных!)  за  преступлеше,  но  малыхъ  розгою,  а  среднихъ 
п  большпхъ  словомъ  угрозительнымъ,  а  потомъ  на  не  поправляю- 
щихся доносить  Ректору. 

7.  Такожъ  Ексаминаторы  за  лъность  во  учеши  съ  малыми, 
средними  и  большими  поступать  будутъ,  п  Ректору  доносить. 

8.  Ректоръ,  верховная  власть  всъхъ  всякпмъ  по  разсужде- 
нно  наказашемъ  наказывать  можетъ.  А  кто  непреклоненъ  ко 
исправление  явится,  того  Ректору  не  отпускать  изъ  Семинар1умъ 
безъ  вЬдома  Духовнаго  Коллепумъ. 

9.  Определить  времена  ко  всякому  д-Ьлу  и  покою  Семина- 
рпстомъ,  когда  спать  ложиться,  когда  воставать,  молиться, 
учиться,  птить  за  трапезу,  гулять  и  прочая.  II  всп  бы  оные 
часы  колокольцемъ  означать,  и  всп  бы  Семинаристы,  какъ  сол- 
даты на  барабанной  бой,  такъ  на  колокольцевъ  голосъ,  принима- 
лись за  дъло,  какое  на  часъ  урсченной  назначено. 

10.  Не  отпускать  изъ  Семинар1умъ  въ  городы,  или  куды  ни 
есть,  къ  своимъ  въ  гости,  пока  Семинаристъ  не  обыкнетъ,  пре- 
бывая въ  Семинар1умъ,  и  не  ощутить  знатной  пользы  таковаго 
воспиташя,  а  пмянно:  до  трехъ  лътъ,  но  прихода  всякаго  въ 
Семинар1умъ,  не  испускать  никуды;  а  и  по  третьемъ  году,  не 
болынп  дважды  въ  годъ  позволить  выдтить  въ  гости  къ  родпте- 
лемъ  пли  сродникомъ,  и  то  не  далече  отстоящпмъ,  такъ  чтобъ  не 
больше  седьми  дней  прошло  отъ  изшеств1я  до  возвращсшя  въ 
самый  домъ  Семпнаршскш. 

11.  А  когда  и  такъ  пспущенъ  будетъ  въ  гости  Семинаристъ, 
то  обаче  придавать  оному  честнаго  человека,  яко  Инспектора 
или  набюдателя,  который  былъ  бы  при  немъ  везд'Ь,  и  всегда  и 
при  всякихъ  случаяхъ,  и  по  возвращенш  давалъ  бы  репортъ 
Ректору,  что  двялось.  А  естьли  бы  тотъ  приданный  Инспекторъ, 
поноровя  ему,  утаилъ  ничто  худое,  и  таковаго  плута  бить  го- 
раздо. А  можно  будетъ  тое  познать  и  по  сему,  что  возвратив- 
шшся  Семинаристъ  не  можетъ  не  показати  на  себъ-  нъкоей  преж- 
нихъ  нравовъ  и  охоты  пзмбны. 


44*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

12.  А  когда  каше  сродники  пршдутъ  въ  Семинар1умъ  noct- 
тить  своего  тамо  сродника,  п  тЬхъ  гостей,  съ  вт>домомъ  Ректор- 
скимъ,  ввесть  въ  трапезу,  или  иную  общую  избу  или  въ  садъ,  и 
тамо  онымъ  съ  сродникомъ  своимъ  разговаривать,  и  мирно  ку- 
шашемъ  и  пипемъ  потрактовать  пхъ  можно,  самому  присут- 
ствующему Ректору  пли  одному  Ексаминатору,  по  разсуждснно 
лицъ. 

13.  Таковое  младыхъ  человтшъ  жи-пе  кажется  быти  стужи- 
тельное  и  заключенно  плвнническому  подобное.  Но  кто  обыкнетъ 
такъ  жить,  хотя  чрезъ  единъ  годъ,  тому  весьма  сладко  будетъ. 
Обаче  ко  ^врачевашю  скуки,  послЬдствуюпця  регулы  угодныя 
суть. 

(РЕГУЛЫ  КО  БРЛЧЕВЛШЮ   СКУКИ.) 
(Règles  pour  obvier  à  l'ennui.  —  P.  154.) 

A.  (14).  Не  принимать  до  СеминарЕумъ,  только  малыхъ  дЬтей 
отъ  десятаго  до  пятинадесятаго  году  возраста,  а  выше  того 
разв1>  за  прошешемъ  честныхъ  лицъ,  свндътельствующпхъ,  что 
отрокъ  и  въ  дом'Б  родительскомъ  "жплъ  въ  страсБ  и  добромъ 
насмотр'Ьнш. 

B.  (15).  На  всякъ  день  два  часа  определить  на  гулянье  Се- 
минаристомъ,  а  именно:  по  об-вдв  и  по  вечери,  и  тогдабъ  не 
вольно  никому  учптися,  и  ниже  книжки  въ  рукахъ  пмъть.  А  гу- 
лянье было  бы  съ  играми  честными  и  твлодвпжными,  лЬтомъ  въ 
садъ\  а  зимою  въ  своей  же  пзбъ\  Ибо  cie  и  здравно  полезно 
есть  и  скуку  отгоняетъ.  А  еще  лучше  таковыя  избирать,  кото- 
рый съ  потвхого  подаютъ  полезное  нвкое  наставлеше.  Такое,  на 
примЬръ,  есть  водное  на  регулярныхъ  судахъ  плаваше,  Геоме- 
трпчесьчя  размеры,  строеше  регулярныхъ  крепостей  и  прочая. 

C.  (16).  Можно  единожды  или  дважды  на  мъсяцъ,  наипаче 
лътомъ,  проездиться  на  островы,  на  поля  и  места  веселыя,  къ 
дворамъ  загороднымъ  Государевымъ,  и  хотя  единожды  въ  годъ  въ 
Сапктпитербургъ. 

D.  (17).  Въ  трапезе  чтеше  будетъ  ово  Исторш   воннскихъ, 


§  4.  ДОМУ  УЧИЛИЩНЫЕ.  —  О  СЕМИНАРШ.  45* 

ово  Церковныхъ.  А  въ  началв  всякаго  месяца  чрезъ  два  или 
три  дни  чтомы  да  будутъ  повести  о  мужахъ,  во  ученш  про- 
аявшихъ,  о  Церковныхъ  велшшхъ  учптеляхъ,  такожъ  и  о  древ- 
нихъ  и  нынъшнпхъ  ФплосоФахъ,  Астрономахъ,  Риторахъ,  Нсто- 
рпкахъ  и  прочая.  Ибо  таковыхъ  повестей  слышаше  и  сладко 
есть,  и  къ  подражандо  мудрыхъ  оныхъ  людей  поощряетъ. 

E.  (18).  Можно  же  еще  дважды  въ  годъ  пли  больше  дълать 
нъшя  акцш,  диспуты,  комедщ,  рптореюя  екзерцпцш.  II  то  бо 
зъло  полезно  къ  наставление  и  къ  резолюцш,  ciecTb  честной  сме- 
лости, каковыя  требуетъ  проповедь  слова  Бож1я,  и  дт>ло  посоль- 
ское, но  и  веселую  перемъшку  дЬлаютъ  таковыя  акцш. 

F.  (19).  Могутъ  уставлены  быть  и  нъьчя  почести  добр'Ь  и 
тщательно  учащимся. 

G.  (20).  Добр!;  въ  велите  праздники  быть  при  столб  оныхъ 
Семпнарпстовъ  гласомъ  Муспкшскпхъ  пнетрументовъ  ;  и  cie  не 
трудно:  ибо  перваго  токмо  нанять  мастера,  а  отъ  него  научен- 
ные охотные  Семинаристы  должны  будутъ  и  друтпхъ  научить  на 
свое  мЬсто  туне. 

II  cia  седмь  воспомянутыя  регулы  с-тужатъ  ко  увеселенно 
учащихся. 

21.  Подобаетъ  быть  въ  Семпнар1умъ  Церкви,  Аптекв  и  Док- 
тору, а  школы  въ  близкой  Академ'ш,  куды  Семинаристы  ходить 
учнтпея  будутъ.  А  естьли  въ  Семинар1умъ  п  школы  и  учители 
будутъ,  то  Академ1я  и  Семпнар1умъ  вмЬств  будетъ.  А  для  уче- 
нпковъ  прочшхъ,  которые  не  похотятъ  жить  въ  Семпнар!умъ, 
можно  построить  несколько  жилья  внъ  Семинар1умъ,  и  пустить 
въ  наемъ  студентомъ. 

22.  Регулы  учителей,  учешя  и  учениковъ,  выше  во  Академш 
оппсанныя,  и  здв  хранитися  должны. 

23.  Семинаристы  едини  будутъ  люди  убогш,  п  тыя,  по  ми- 
лости Царскаго  Величества,  препиташе  п  одъяше  п  прочая  нуж- 
ная возъпм'Ьютъ.  А  друг10  богатыхъ  людей  дътп,  которые 
должны  будутъ  платить  за  кормъ  и  одъяше,  а  цЬнЬ  быть  единой, 
навсегда  определенной. 


46*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

24.  Какъ  пршдетъ  Семинаристъ  въ  совершенный  разумъ,  и 
къ  большимъ  учешямъ  достпгнетъ;  то  долженъ  учинить  въ  церкви 
Семинаршской  при  проч1ей  братш  своей  присягу  на  томъ,  что 
хощетъ  онъ  быть  вЬренъ  Царскому  Величеству  и  Его  Наслед- 
нику, и  готовь  къ  службе,  до  которой  угоденъ  есть,  и  позванъ 
будетъ  Указомъ  Государевымъ. 

25.  Совершившихся  во  ученш  Семинаристовъ  не  отпустптъ 
Ректоръ  отъ  Семинар1умъ,  пока  прежде  не  обвт>ститъ  до  Колле- 
пумъ Духовнаго,  а  Коллепумъ  презентовать  оныхъ  будетъ  Цар- 
скому Величеству.  И  потомъ  дастъ  онымъ  абшитъ  со  свидвтель- 
ствомъ  искуства  ихъ. 

26.  А  которые  Семинаристы,  по  совершенш  учешя,  угод- 
н1зйш1я  покажутся  къ  дълу  духовному,  и  онибъ  у  Епископовъ 
были  блпжайшш  ко  всякимъ  степенемъ  властелпнекпмъ  паче  про- 
чшхъ,  хотя  бы  и  равно  онымъ  искусныхъ,  но  не  въ  Семинар1умъ 
воспитанныхъ,  развв  бы  нвшй  знатный  порокъ  на  Семинаристе 
показался,  и  то  не  былъ  бы  оной  порокъ  отъ  клеветы.  А  на 
завистниковъ  и  клеветннковъ  определить  жестокое  наказаше. 

До  зде  о  Семинарш.  И  можно  впредь  будетъ  больше  придумать, 
или  отъ  пноземныхъ  лучшихъ  Семинарювъ  инФормацш  проискать. 

А  отъ  таковаго  воспитания  и  учешя  воистинну  надгЬятися 
великой  пользы  отечеству. 

ХХШ.  О  проповпдншшхо  слова  Боа/ал  последующая  регулы 
полезпыл  суть  : 

(о  пропов-вдникахъ.) 

(Des  Prédicateurs.  —  P.  166.) 

1.  Нпктоже  да  дерзаетъ  проповедать  не  въ  сей  Академш 
ученый,  и  отъ  Коллепумъ  Духовнаго  не  свидетельствованный.  Но 
естьяп  кто  учился  у  инов1Ьрцовъ,  тотъ  бы  явилъ  себе  пре?кде 
въ  Духовномъ  Коллепумъ,  и  тамо  его  испытать,  какъ  искусенъ 
въ  Священномъ  Нисанш;  и  слово  бы  сказалъ  о  томъ,  о  чемъ 
ему  повелитъ  Коллепумъ:  и  естьлн  искусенъ  покажется, -то  дать 
ему  свидетельство,  что,  аще  похощетъ  быть  въ  чину  священнп- 
ческомъ,  мощно  ему  проповедать. 


§  4.  ДОМЫ  УЧИЛИЩНЫЕ.  -  О  ПРОПОВЪДНИКАХЪ.  47* 

2.  Проповедали  бы  проповедники  твердо,  съ  доводомъ  Свя- 
щеннаго  Писашя  о  покаянш,  о  псправленш  житш,  о  почитан'ш 
властей,  паче  же  самой  высочайшей  власти  Царской,  о  должно- 
стяхъ  всякаго  чина.  Нстреблялпбъ  cycB'bpie;  вкоренялибъ  въ 
сердца  людсю'я  страхъ  Божш.  Словомъ  рещп:  испытовалибъ  отъ 
Священна  го  Ппсашя.  „что  есть  воля  Боок-гя,  святая,  угодная 
и  совершенная,"  и  тобъ  говорили. 

3.  О  грехахъ  во  обществе  говорить,  а  не  именовать  кого, 
разве  былъ  бы  публпкованъ  отъ  всея  Церкве.  Но  и  когда  про- 
несется о  нь'коемъ  лицт>  недобрый  нькш  слухъ,  о  семь  пли  ономъ 
именно  rptxt>,  и  тогда  проповт>днпкъ  долженъ  о  таковомъ  rpbx'L' 
молчать  на  слове.  Ибо  естьли  воспомянетъ  грехъ  той,  хотя  бы 
и  не  воспоминалъ  лица  именно;  обаче  помыслптъ  народъ,  что  на 
оное  лице  громъ  той  есть.  II  тако  оному  умножится  печаль,  и 
онъ  не  о  своемъ  псправленш,  но  паче  о  мщенш  на  такова  го 
проповедника  думать  станетъ.  Чтожъ  пзъ  того  пользы?  Естьли 
чш  грьхъ  велпкш,  съ  презр1ш1емъ  закона  Бож1я,  самохотно  отъ 
грешника  гордаго  явленъ  будетъ:  то  его  Епископу,  а  не  коему 
либо  Пресвитеру  штрафовать,  такпмъ  способомъ ,  какъ  выше 
говорилось  въ  Д'Ьлахъ  Епископскихъ  о  анаоемь. 

4.  Обычай  н1шшмъ  проповедникамъ  есть,  аще  кто  его  въ 
чемъ  прогн'Ьвптъ,  на  проповеди  своей  мстить  оному,  хотя  не 
именно  терзая  славу  его,  обаче  такъ  говоря,  что  можно  слыша- 
телямъ  знать,  о  комъ  рЬчь  есть:  и  таковые  проповедники  самые 
бездельники  суть,  и  оныхъ  бы  жестокому   наказан'но   подвергать. 

5.  Непригоже  вельми  проповеднику,  наипаче  юному,  гово- 
рить о  грпхахй  властитсльс/aixô  (*),  или  обличптелънт>  къ  лицу 
слышателей.  Такъ  на  примъръ:  „Не  имеете  страха  Бож1я,  н-Ьтъ 
„у  васъ  любви  ко  ближнему;  немилосерднп  есте,  другъ  друга 
„обидите."  Но  долженъ  паче  въ  первомъ  лице,  во  множественное 
числе  такъ  говорить:  „Не  пмт.емъ  страха  Бож1я,  иътъ  у  насъ 
„любве  ко   ближнему;  немилосерднп  есмы,  другъ  друга  обпдимъ." 


(*)  Поли.  Coup.  Зак.  Т.  VI,  стр.  338.  —  По  лат.  и  ним.  перев.  власти- 
тельски. 


48*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

Ибо  сей  образъ  слова  кроткш  есть,  понеже  п  самъ  цропов'вднпкъ 
въ  число  грвшниковъ  мвшаетъ  себе,  какъ-то  и  самая  истина 
есть;  „много  бо  согртааема  вси."  II  тако  Павелъ  Апостолъ, 
обличая  учителей,  которые,  ставя  себя  высоко,  по  своему  имени 
ученикамъ  своимъ  нарицатися  желали,  не  воспоминая  оныхъ 
имянно,  на  себя  акпбы  вину  тую  прЕейлетъ,  вх  первомъ  послании 
къ  Корпнеомъ  въ  главв  первой,  такожъ  и  на  друговъ  своихъ 
Петра,  Аполлоса.  „Шйждо,  рече,  ото  васо  глаголют  :  аза  убо  есмь 
Павлова,  азо  оке  Аполлосово,  аз5  оке  Пифинй,  азт>  оке  Xpicmoea.  Еда 
раздтьлися  Xpicmocô?  еда  Павелъ  распятся  по  васз,  или  во  имя. 
Павлова  крестившем?"  и  прочая.  А  что  онъ  вину  ciio  пренеслъ 
па  себе  и  на  другпхъ,  самъ  свидъ'тельствуетъ.  Ибо  долго  о  томъ 
поговорявъ,  таже  въ  главгв  четвертой  пспов'вдуетъ  :  „шг  же, 
братья  моя,  преобразихй  на  -себе  и  Аполлоса  насо  ради,  да  ото 
насй  научитеся  не  паче  мудрствовати  налисанныхй,"  и  прочая. 

6.  Долженъ  всякъ  проноввднпкъ  шгвти  у  себя  книги  святаго 
Златоустаго,  и  пршгЬжно  чести  оныя:  ибо  тако  прюбучится 
складать  чиствйшее  и  яснъйшее  слово,  хотя  и  не  будетъ  Златоу- 
стому  равное;  а  кознод'Ьпшковъ  легкомысленныхъ,  каковые  наи- 
паче Польете  бываютъ,  не  челъ  бы. 

7.  Аще  проповвдникъ  видптъ  отъ  слова  своего  въ  народа 
пользу,  да  не  хвалится  тымъ.  Аше  же  не  видитъ,  да  не  серди- 
туетъ,  и  людей  за  cie  да  не  поноептъ.  Д-вло  ихъ  есть  говорить: 
а  обращеше  сердецъ  человвчеекпхъ,  дг1зло  Бонае  есть.  „Азо  на- 
садихо,  Аполлоса  напои,  Богт,  же  возрасти." 

8.  Безумно  творятъ  проповъ'днпцы,  которые  брови  свои  под- 
нйшгютъ,  и  движете  раменъ  являютъ  гордое,  и  въ  словгв  нъчто 
такое  проговариваютъ,  отъ  чего  можно  познать,  что  они  сами 
себ'В  удивляются.  Но  благоразумный  учитель,  елико  мощно,  да 
тщится  и  словомъ  и  всего  тт>ла  дъйсгаемъ  таковаго  себе  пока- 
зывать, что  онъ  ниже  помышляетъ  о  своемъ  остроумш  или  крас- 
нор-вчш.  II  того  ради  часто  подобаетъ  мвшать  краття  оговорки 
съ  смиреннымъ  н'вкшмъ  самаго  себе  понижетемъ.  Па  нртгь'ръ: 
„Молю  вашу  любовь  да  не  смотрите,  кто  глаголетъ  :  что  бо  самъ 
„о  себ'Ь  засвидЬтельствовать  могу  вамъ,  разв'Ь  яко  гръшенъ 
„есмь?  Бьруйте  слову  Божш:  ибо  отъ  Ппсапш  священныхъ,  а  не 


§  5.  М1РСКШ  ОСОБЫ.  49» 

„отъ   моего   вымысла    предложить    потщуся,"    и  спмъ  подобная. 

9.  Не  надобно  проповвднпку  шагаться  вельми,  будто  въ 
судн1>  весломъ  гребетъ.  Не  надобно  руками  всплескивать,  въ 
боки  уппратпся,  подскакивать,  смвятпся,  да  не  надобЬ  и  рыдать; 
но  хотя  бы  и  возмутился  духъ,  надобЬ,  елико  мощно,  унимать 
слезы:  вся  бо  cifl  лишняя  и  неблагообразна  суть,  и  слышателей 
возмущаютъ. 

10.  По  слов-в,  аще  прилучптся  въ  гостяхъ  быть,  пли  въ  ка- 
кихъ  ни  есть  бееъдахъ  съ  людьми,  не  подобаетъ  проповеднику 
воспоминать  о  слови  своемъ,  и  не  точно  слова  своего  хвалить, 
что  есть  великое  безстуд'ю,  но  и  не  охуждать  самохотнЬ :  ибо  по- 
кажется, что  онъ  въ  похвале  слова  своего  таковымъ  способомъ 
поощряетъ  прочшхъ.  А  хотябъ  кто  и  сталъ  хвалить  слово  его, 
то  проповъднпкъ  долженъ  показать  на  ceôb,  что  ему  слышать 
то  стыдно,  и  всячески  отводоть  отъ  похвалъ  и  заводить  иную 
бесЬду. 

§5. 

М1РСК1Я  ОСОБЫ,  ПОЕЛИКУ  УЧАСТНЫ  СУТЬ  НАСТАВЛЕШЯ  ДУХОВНАГО. 

DES  PERSONNES  DU  MONDE,  EN  TANT  QU'ELLES  SONT  ATTEINTES 
РАК  LA  DISCIPLINE  ECCLÉSIASTIQUE.  —  P.  178. 

Хотя  в  немного  въ  сей  частицЬ  говорить  надлежитъ;  обаче 
подобаетъ  предположить  малое  предислов1ице  къ  лучшему  уразу- 
М'внно:  почему  MipflHe  нарпцаются  м1ряне,  и  въ  чемъ  отъ  чина 
духовнаго  имъютъ  разнств1е? 

Cie  имя,  „Mipb",  въ  тройственномъ  разум Ь  употребляемо  есть. 

1)  ."Шцъ  нарицается  вся  подсолнечная,  отъ  человъкъ  оби- 
таемая, но  не  въ  семъ  разумЬ  человЬцы,  служешя  церковиаго  не 
имущш,  нарццаются  „м!ряне;"  ибо  и  священнпческш  чинъ  въ 
томжде  съ  прочшмп  Mipt  жпветъ. 

2)  „М1ръ"  прЕемлется  за  людей  просто,  яко  суть  тварь  тгЬ- 
лесная,  но  разумная.  II  не  по  сему  Mipy  мг'рлш  пменуемъ,  кото- 
рые внЬ  причта  службы  церковныя  суть.  Понеже  и  священникъ 
и  кш  либо  причетнпкъ  не  похощетъ  отрещися,  нарпцатися  „м1ря- 

4 


50*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

нпнъ"  въ  таковомъ  разумв.  И  въ  семъ-то  разумЪ  стоить  имя 
мфъ,  гд1>  ничто  доброе  прилагается  ему,  на  прпмъфъ:  „тако 
Бога  возлюби  Mipô,  и  проч." 

3)  ЗНръ  часто  знаменуетъ  злобу  челов-Ьческую  и  суету,  пли 
самыхъ  человтшъ:  поелику  злобни  и  суетни  суть,  якоше  глаго- 
летъ  1оаннъ  Апостолъ  въ  первомъ  посланщ  своемъ,  въ  главк 
второй:  „не  любите  жра,  ни  лаке  во  мг'ргь.  Аще  кто  любито 
Mipô,  нП)Стъ  любве  Отчей  во  немй:  ибо  все,  еже  во  мгрт,  похоть 
плотская,  и  похоть  очесъ,  и  гордость  житейская,  нтьстъ  ото 
Отца;  но  ото  м1ра  сего  есть."  II  не  отъ  сего  Mipa  мряпе  на- 
рицаются;  ибо  1оаннъ  пишетъ  не  къ  священству,  но  обще  къ 
Хританомъ.  II  якоже  самъ  глаголетъ  тамже  „ко  отцаш,  юно- 
шами, дптемо,"  cie  есть  ко  всЬмъ  всякаго  возраста.  И  не  льзя 
сказать,  что  оныхъ  словомъ  симъ  наговариваетъ  въ  монахи  или 
въ  церковники. 

Подобн-в,  якоже  и  cie  имя,  духовный,  которое  противно 
есть  Mipy,  въ  трепемъ  семъ  разумт>  употребляемое,  не  мона- 
ховъ  самыхъ  и  церковнпковъ  показуетъ  у  Павла  Апостола  въ 
первомъ  посланш  къ  Коринояномъ,  въ  главк  второй  при  конц-fe 
гдт>  онъ  „душевнаго"  и  „духовнаго"  человека  соразсуждаетъ.  Ибо 
тамъ  „душевнаго"  нарицаетъ  того,  который  безъ  благодати  Духа 
Святаго  самъ  собою  преклоненъ  есть  ко  всякому  злу,  а  ко  Бо- 
гоугодному добру  весьма  безспленъ,  яковыс  вси  не  обновленные 
суть.  „Духовнаго"  же  именуетъ  того,  который  пpocвtщeнъ  и  обно- 
вленъ,  и  водимъ  есть  Духомъ  Святымъ.  Аще  убо  священникъ, 
аще  м1рянинъ  золъ,  „душевенъ"  есть;  пгшреки,  аще  священникъ, 
аще  м1рянинъ  Духомъ  Святымъ  водимый,  духовет  есть.  H  пото- 
му Петръ  святый  и  имя  священства  даетъ  не  едпнымъ  церков- 
нымъ  служителямъ,  но  обще  вевмъ  Хриспанамъ.  1.  Петр,  глава  2. 
„Вы  родо  избрано,  Царское  свящеше,  языка  свято,  люди  обно- 
„влетя,  яко  да  добродттели  возвттитс  изо  тьмы  васо  приз- 
„вавшаго  во  чудный  Его  ceibim."  Иодобн-в  и  Апокалупсисъ, 
глава  5:  „сотворило  есть  насо  Богови  цари  и  iepeic." 

Cie  подобало  предложить  для  того,  что  за  нев1здт>шемъ  сего 
многая  и  дЬются  и  сказуются  дурости  душепагубныя.  Сего  не 
В'Бдяй  человТ)Къ  Mipch'iu,  думаетъ  иногда,    что    ему   спастися  не 


§  5.  М1РСШЯ  ОСОВЫ.  51* 

льзя  для  того  самаго,  что  онъ  не  духовный,  но  щрскШ  есть. 
Сего  пе  въдяй  пный  монахъ  наговарпваетъ  другаго  оставитн 
жену,  чада,  родителей,  п  ненавидьтп  ихъ;  понеже,  рече,  запо- 
ведь имамы:  „не  любите   мра,  и  ло/се  сушь  es  MipiuA 

Но  почему  м/'рлне  нарицаются?  Отвътъ:  • —  Понеже  подо- 
бало быть  опредъленнымъ  учешя  духовного  служптелямъ  и  упра- 
вителям!», яковш  суть  Епископы  п  пресвитеры;  того  ради,  по 
преизяществу  нъкосму,  воспр!яли  они  титлу  духовного  чина.  А 
ради  служены  безкровныя  жертвы  нарицаются  по  преизяществу 
и  Свящешшцы.  II  потому  уже  прочш,  которые  слышател1е  и 
ученицы  оныхъ  суть,  нарицаются  просто  м1ряне. 

Речеши:  отъ  коего  убо  изъ  rpiexb  вышеименованныхъ  разу- 
мовъ  шра,  м/'рлне  тако  нарицаются? 

Есть  cie  именоваше  разуму  второму  прилично,  вен  бо  а 
священнпцы  и  не  священницы  суть  м'фяне,  то  есть  человъщы.  Но 
не  священницы  нарицаются  „м1ряне"  просто;  поелику  не  суть 
управители  и  служители  определенные  духовнаго  учешя,  но  слы- 
шател1е. 

II  уже  ничто  сказать  надобЬ  о  „м1рянахъ,"  поелику  надле- 
жать они  къ  духовному  управлешю. 


I.  BctMb  вЬдомо  cie  въ  первыхъ  да  будетъ,  что  всякъ  Хрп- 
сшнинъ  долженъ  правослаинаго  учешя  слушать  отъ  своихъ 
пастырей.  Якоже  бо  iiacrbipie  не  пасутъ,  аще  овецъ  своихъ 
словомъ  Божшмъ  не  питаютъ:  тако  и  овцы  не  суть  овцы,  но 
всуе  тако  нарицаются,  аще  не  хотятъ  пасоми  быть  отъ  пасты- 
рей. Того  ради  естьли  бы  кто  презпралъ  и  ругалъ,  пли  что 
горше,  тщался  бы  не  допустить  чтешя,  или  проповъдп  слова 
Бож1я  безъ  крайней  нужды  за  едпну  нъкую  горделивую  злобу; 
тотъ  наказание  Церковному  подлежите,  пли  суду  Епископскому, 
о  которомъ  выше  слово  было,  ГД'Ь  о  анаоемт>,  или,  аще  спленъ 
явится,  самого  Духовнаго  Коллепумъ  слъдовашемъ   и  декретомъ. 

II.  Долженъ  всякъ  Хрпспанпнъ  и  часто,  а  хотя  бы  единож- 
ды въ  годъ  прпчащатпея  святой  Евхарпстш.    Cie  бо  есть  и  бла- 


52*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIEME  PARTIE. 

пдареше  наше  изящнейшее  Богу  о  толпкомъ  смертно  Спасите- 
левою  еодъянномъ  намъ  спасенш.  „Елггжды  аще  лете  хлтьба 
сей,  и  чашу  dm  nieme,  смерть  Господню  возвллцаете,  дондеже 
щшдтм"  II  напутьегае  къ  животу  в'Ьчному:  „аще  ne  лете 
Ттьла  Сына  человтческаго,  и  ne  nieme  Прове  Его,  живота  не 
плате  во  себ/ь."  И  есть  характиръ  или  знамеше,  которымъ 
являемъ  себе  быть  уды  едпнаго  мысленнаго  Тъла  Христова, 
ciecTb,  сообщники  единой  Святой  Церкви,  якоже  глаголетъ  Апо- 
столъ,  1  Корине,  глава  10.  „zIama  благословетя,  юже  благо- 
словляема, не  общенье  ли  Прове  Христовы  есть?  Хлтба,  егоже 
ломима,  не  общенге  ли  Т/ьла  Христова  есть?  Я/со  едина  Хлтьба,  едино 
ттьло  есмы  мнози,  вси  бо  orna  единаго  Хлтьба  причащаемся." 

Того  ради,  аще  который  Хрпсланинъ  покажется,  что  онъ 
весьма  отъ  Святаго  Причаспя  удаляется,  тъмъ  самымъ  являетъ 
себе,  что  не  есть  въ  ТблЬ  Христовв,  стестъ,  не  есть  сообщнпкъ 
Церкви,  но  расколыцикъ.  II  нветь  лучшаго  знамешя,  нечему 
познать  раскольщпка.  Cie  прилежно  подобаетъ  наблюдать  Епи- 
скопомъ,  и  приказывать,  чтобъ  имъ  священницы  приходеше  по 
вся  годы  о  своихъ  прихожанахъ  доносили,  кто  изъ  нихъ  не  при- 
чащался чрезъ  годъ,  кто  же  и  чрезъ  два,  и  кто  никогда  же. 
И  таковыхъ  понуждать  ко  исповъданпо  клятвенному,  аще  суть 
они  сыны  Церкве,  и  ирок.тннаютъ  ли  вся  полки  раскольничесше, 
которые  где  ни  есть  въ  Росс'ш  обрътаются. 

Понуждеше  же  оное  клятвЬ,  не  иное  имать  быть,  только 
угрожешемъ,  что  есть  ли  не  похотятъ  клястися,  и  проклинать 
именно  'вся  раскольническая  согласия;  то  объявлеше  о  оныхъ 
издастся,  что  они  суть  расколыцпки.  Не  малая  бо  польза  вы- 
дать о  семь:  ибо  мнопе  раскольщики,  подъ  одеждою  православ1я 
крыюшдеея,  вместо  того,  чтобъ  боялися,  еще  сами  воздвизаютъ 
гонеше  на  Церковъ.  II  не  токмо  ругаютъ  чинъ  священный  и,_ 
сколько  могутъ,  пакостятъ  ему,  но  и  м1рскихъ,  своему  безумно 
несогласныхъ,  всячески  утьсняютъ.  О  чемъ  могутъ  засвидетель- 
ствовать ЛЮД1С  вЬры  достойнш. 

III.  А  когда  такимъ  [или]   (*)    инымъ    способомъ    объявленъ 


('*)  Лат.,  vél.  HiiM.,  oder.  Англ.  or. 


§  5.  М1РСКШ  ОСОБЫ.  53* 

будетъ  расколыдикъ;  тогда  Еппскоиъ  долженъ  о  ономъ  расколь- 
щике  ппсменно  дать  знать  тому,  подъ  чшмъ  онъ  судомъ,  кото- 
рый его  пмьетъ  послать  въ  Духовную  Коллегно. 

IV.  Полезно  есть  иметь  въ  Коллепумъ  вЬдЬн1е,  сколько  во 
всЬхъ  Епархчяхъ  обретается  расколыциковъ;  cie  бо  ко  мнопшъ, 
разсуждешя  требующпмъ,  случаямъ  помощно  есть. 

V.  Велишй  гръхъ  есть  п  нетерпящш  молчашя  духовныхъ, 
что  н!щыи  MipcKie  господа,  въ  свопхъ  областяхъ  ведая  расколь- 
щиковъ,  покрываютъ  для  мзды,  пмъ  подаемой. 

Иное  дело  о  раскколыцпкахъ  явныхъ;  пбо  отъ  тЬхъ  напасти 
блюстися  не  надобно  :  но  расколыциковъ,  иодъ  впдомъ  право- 
сла1ня  живущпмъ,  покрывать  cie  дъло  безбож5емъ  смердящее. 
II  за  cie  должнп  суть  Епископи  ревновать,  и  доносить  о  семъ 
къ  Духовному  Коллепумъ;  а  Коллепумъ,  по  духовномъ  розыске, 
таковыхъ  господъ,  аще  не  похотятъ  въ  томъ  исправиться,  мо- 
жетъ  предать  анавемв.  Духовный  же  розыскъ  надлежитъ  быть 
таковымъ  образомъ:  AOHouieHie  подастъ  Еппскопъ  въ  Духовную 
Коллепю  на  Mipcuaro  господина  не  просто,  что  у  него  расколь- 
щики  обретаются;  но  что  господинъ  тотъ  сильно  не  допускаетъ 
священнику  прихода  онаго,  пли  и  посланнымъ  Арх5ерейскимъ 
сыскивать  и  обличать  расколыциковъ,  въ  вотчинв  его  пребываю- 
щихъ,  и  именовани  будутъ  въ  доношен!и  достоверный  свидетели 
того.  А  Коллепумъ,  слушавъ  свидетелей,  нанишетъ  увещательне 
ко  оному  господину,  чтобъ  попустилъ  свободно  сыскивать  ра- 
сколыцпковъ  въ  своей  вотчине.  II  буде  послушаетъ  господинъ, 
то  его  больше  не  утруждать;  буде  же  преслушаетъ,  то  и  самъ 
деломъ  о  себе  засвидьтельствуетъ,  что  онъ  расколыциковъ  за- 
ступникъ  есть.  II  тогда  Коллепумъ  приступить  къ  духовному 
его  наказанш  всемъ  темъ  порядкомъ,  какъ  выше  писано  о  ана- 
еемв.  А  дело  cie  не  о  явныхъ,  но  о  тайныхъ  расколыцикахъ, 
какъ  объявлено  выше,  естьлп  они  простой  народъ  суть:  естьли 
же  учители,  и  аки  бы  iiacmpie  раскольничесые  суть,  о  тЬхъ 
какъ  тайныхъ,  такъ  явныхъ  двло  cie  естъ.  Таковымъ  же  обра- 
зомъ судятся  и  духовные,  которые  пмЬютъ  за  собою  поддан- 
ныхъ. 

VI.  По  всей  Pocciu  никого  отъ  раскольщиковъ  не  возводить 


54*  ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  —  DEUXIÈME  PARTIE. 

на  власти,  но  токмо  духовный,  но  п  на  гражданстя,  даже  до 
послвдняго  начала  п  управлешя,  чтобъ  не  вооружать  намъ  на 
насъ  же  лютыхъ  непр!ятелей,  и  Государству  и  Государю,  непре- 
станно зло  мыслящпхъ. 

А  естьли  кто  въ  подозрънш  будетъ  раскольничества,  хотя 
бы  и  впдъ  на  ceot  являлъ  православ1я,  п  того  первве  привести 
къ  прпсягв,  купно  съ  клятвою  на  себя,  и  оныхъ,  что  онъ  не 
есть  и  не  думаетъ  быть  раскояьщикъ;  и  объявить  ему  жестокое 
наказаше,  естьли  бы  послв  противное  на  немъ  показалось,  и 
подписаться  ему  въ  томъ  своею  рукою. 

Вина  же  онаго  Ыя  есть  :  когда  кто  знатнымъ  д1зломъ  своимъ 
сотворить  себе  подозръчша,  на  пршгЬръ  (*):  аще  никогда  же 
прюбщается  Святымъ  Тайнамъ  безъ  всякой  благословной  вины; 
аще  учителей  раскольнпческихъ  въ  дому  своемъ  покрываетъ  съ 
в'ЬдБшемъ,  что  таковые  суть,  и  аще  милостыню  посылаетъ  въ 
раскольнпчесшя  обители  и  прочая;  а  въ  таковыхъ  дъчгвхъ  кто 
обличенъ  будетъ  явными  доводами,  тогда  таковый  подозрънш 
раскольничества  подлежитъ.  А  естьли  сему  противное  гд-в  явится, 
то  Епископъ  долженъ  о  томъ  скоро  писать  къ  Духовной  Кол- 
легш. 

УН.  Отселт>  не  быть  у  м1рскпхъ  ни  у  кого  (кромь"  Фамплш 
Царскаго  Величества)  въ  домт>хъ  церквамъ  и  крестовымъ  попамъ  : 
ибо  cie  лншнее  есть,  и  отъ  единыя  cntcn  двется,  и  духовному 
чину  укорительное.  Ходили  бы  господа  къ  церквамъ  приход- 
скимъ,  и  не  стыдились  бы  быть  брат!ею,  хотя  и  крестьянъ 
свопхъ,  во  обществ'Ь  Хриспанствмъ.  „О  Христп  бо  Iucycib 
теть  рабо,  ли  свобода,"  глагол етъ  Апостолъ. 

VIII.  Когда  прихожане  или  помЬщпкп,  которые  жпвутъ  въ 
вотчинахъ  свопхъ,  пзберутъ  человека  въ  церкви  своей  въ  свя- 
щенники; то  должнп  въ  доношенш  своемъ  засвидетельствовать, 
что  оной  есть  человвкъ  жппя  добраго  и  неподозрптельнаго.  А 
которые  помЬщакп  въ  тЬхъ  своихъ  вотчпнахъ  сами  не  живутъ 
оное  свидетельство  о  такпхъ  людяхъ    подавать    людемъ    и   кре- 


(*)  Пуб.шкованъ  о  семь  Всликаго  Государя   печатной   Указъ  въ  1718 
году. 


§  5.  М1РСК1Я  ОСОБЫ.  55* 

стьяномъ  пхъ,  d  въ  челобитныхъ  писать  именно,  какая  ему  руга 
будетъ  пли  земля.  А  избранный  бы  также  приложилъ  руку,  что 
онъ  тою  ругою  пли  землею  хощетъ  быть  доволенъ,  и  отъ  церкви, 
къ  которой  посвященъ,  не  отходить  до  смерти.  А  ежели  оный 
избранный,  предъ  Епископомъ  явится  въ  какомъ  подозръчип  пли 
раскола,  и  онаго  чина  недостопнъ,  cie  оставляется  въ  разсуж- 
деше  Еппскопле. 

IX.  Волочащихся  поповъ  не  принималибъ  господа  къ  себ'Ь 
въ  духовники.  Ибо  священна  къ  изгнанъ  за  преступлеше,  или 
своевольно  самъ  оставпвъ  врученную  ceét  церковь,  уже  почитай 
и  не  священнпкъ  есть,  и  велнкш  rptxb  пр!емлетъ,  действуя  свя- 
щенническая. А  пр1емлющш  его  господпнъ  томужъ  грЬху  участ- 
нпкъ  есть,  и  сугубо:  ибо  и  помощнпкъ  rptxy  тому,  и  правленш 
Церковному  протпвнпкъ  есть. 

Не  понуждалпбъ  сильные  м1ряне  священниковъ  въ  домы  своя 
входать  для  крещешя  младенцовъ,  но  носплпбъ  тъхъ  въ  церковь, 
разв1>  бы  вельмп  боленъ  былъ  младенецъ,  или  иная  нЬкая  великая 
нужда  зашла  бы. 

X.  Сказуютъ,  что  иногда  гражданств  управители,  и  иные 
власти,  такожъ  сильные  помещики  въ  случившемся  нйкоемь  двл-Ь, 
духовнаго  наставлешя  требующемъ,  не  хотятъ  повиноватися  Епи- 
скопомъ, въ  котораго  кто  Enapxin  жпветъ,  отговарпваяся  т^мь, 
что  Еппскопъ  онымъ  не  пастырь.  Ведомо  же  всвмъ  буди,  что 
всякъ  коего  либо  чина  человЬкъ  подлежптъ  въ  духовныхъ  д-ьлахъ 
суду  того  Епископа,  въ  котораго  Enapxin  пребываетъ,  пока  въ 
той  пребываетъ. 

XI.  Но  наипаче  м1рскпмъ  особамъ  мнопя  случаются  трудно- 
сти въ  сомнительныхъ  бракахъ,  и  того  ради,  естьлп  таковое 
кому  случится  сумнптельство,  то  не  дерзалъ  бы  таить  онаго 
предъ  священнпкомъ.  А  священнпкъ,  естьлп  и  самъ  сомневается, 
не  дерзалъ  бы  скоро  венчать,  но  относить  двло  оное  ко  раз- 
суждендо  Епископа.  Но  и  Еппскопъ  отсылалъ  бы  къ  Духовному 
Коллепумъ,  естьлп  и  онъ  самъ  ръшпть  недоумветъ. 

II  для  чпннаго  и  пзвъстнаго  таковыхъ  трудностей  ръшен1я 
надлежитъ  Коллегомъ  Духовнымъ,  пзбравъ  собственное  время, 
довольно  поговорить  о  оныхъ,  и  на  всякую  трудность  написать 


56*  ЧАСТЬ  ТРЕТСЯ.  —  TROISIÈME  PARTIE. 

решете  кръпкое  отъ  Священнаго  Писашя,  и  отъ  разсуждешя 
славныхъ  древнихъ  учителей,  такожъ  и  отъ  уставовъ  Царскпхъ. 
XII.  А  хотя  бы  и  несумнительный  бракъ  чш  мнился  быть; 
обаче  не  подобаетъ  втшчатися  во  иномъ  прихода,  въ  которомъ 
ни  женихъ  ниже  невеста  живетъ;  кольми  паче  во  иной  Еписко- 
nin  втшчатися  не  подобаетъ.  Такожъ  и  не  звать  изъ  чужагб 
приходу  или  Епархш  священниковъ  на  втшчате;  ибо  cie,  кромй 
укоризны  свопхъ  пастырей,  еще  являетъ,  что  такъ  женящшся  въ 
подозр1шш  суть  неправильнаго  сочетания. 


ЧАСТЬ    ТРЕТ1Я. 
Самыхъ  управителей  должность,  действо  и  сила. 

TROISIÈME  PARTIE. 
Devoir,  mode  d'action  et  pouvoir  de  ceux  qui  gouvernent.  —  P.  205, 

Время  уже  говорить  о  самыхъ  управителехо,  изо  которыхй 
составляется  Духовное  Коллеггумо. 

I. 

Число  особъ  правительствующнхъ  довольное  есть  12.  Быть 
же  лицамъ  разнаго  чина:  ApxiepeoMb,  Архимандритомъ,  Игуме- 
номъ,  Протопопомъ,  изъ  котораго  числа,  тремъ  Apxiepeo>n>,  а 
прочшхъ  чиновъ,  сколько  котораго  достойныхъ  сыщется. 

II. 

Смотрпть  сего,  чтобъ  Архимандриты  и  Протопопы  не  были 
въ  чину  сего  собрашя,   которые  подручни  суть  никоему  Apxie- 


§  1.  УПРАВИТЕЛЕЙ  ДОЛЖНОСТЬ.  07* 

рею,  въ  семъ  же  собранш  обретающемуся  :  ибо  таковый  Архп- 
мандрнтъ,  или  Протопопъ  будетъ  непрестанно  наблюдать,  къ 
которой  сторона  судимой  преклоненъ  есть  Еппскопъ  его,  къ  той 
и  тотъ  Архпмандрптъ  и  Протопопъ  преклоненъ  будетъ,  и  такъ 
две  или  три  особы  будутъ  у;ке  едпнъ  челов'Ькъ. 

Прочее  разсмотреть  подобаетъ,  что  Духовное  Коллепумъ 
должно  делать,  и  какъ  въ  принесенныхъ  д-влахъ  действовать  и 
поступать  и  какую  имъетъ  оно  силу  къ  вершенно  д1злъ.  И  cia 
три  означаются  тремя  вещьми,  въ  титле  части  сея  вышеимено- 
ваннымп,  яже  суть,  должность,  действо  и  сила. 

О  всякомъ  особь  нечто  поговорить. 


§  1. 

УПРАВИТЕЛЕЙ  ДОЛЖНОСТЬ. 

(DEVOIRS  DE   CEUX  QUI  GOUVERNENT.  —  P.  207.) 

I.  Первое  и  почитай  едино  долженство  есть  сего  Духовнаго 
Правительства  ведать,  к'ш  суть  должности  и  всехъ  обще  Хри- 
спанъ,  и  собственно  Епцскоповъ.  Пресвитеровъ  съ  прочими 
церковными  служптельми,  монаховъ,  учителей  и  учащихся;  та- 
кожъ  и  впрскихъ  лпцъ,  поелику  они  наставлен'ш  духовнаго 
участницы  суть.  II  того  ради  здЬ  исписаны  неюя  всехъ  оныхъ 
чииовъ  должности.  II  должно  Духовное  Коллепумъ  наблюдать, 
аще  всякъ  въ  званш  своемъ  пребываетъ,  а  погрешающихъ  на- 
ставлять и  наказывать.  Обаче  вктя  Правительства  сего  должно- 
сти и  собственно  зде  прилагаются. 

II.  Обвестить  пли  публиковать  всемь  обще  Христ1аномъ, 
коего  либо  чина,  что  можно  всякому,  усмотрьвъ  нечто  къ  луч- 
шему управлешю  Церкви  полезное,  доносить  на  письме  Духов- 
ному Коллепумъ  такъ,  какъ  вольно  всякому  доносить  Сенату  о 
правпльныхъ  прибылсхъ  Государственныхъ.  А  Коллепумъ  Ду- 
ховное разсудптъ,  полезный  ли,  или  неполезный  советъ;  и  полез- 
ный прЕятъ,  а  неполезный  презрьнъ  будетъ. 


58*  ЧАСТЬ  ТРЕТ1Я.  -  TROISIÈME  PARTIE. 

III.  Аще  кто  о  чемъ  Богословское  письмо  сочпнитъ,  и  тоебъ 
не  печатать,  но  первое  презентовать  въ  Коллепумъ.  А  Колле- 
пумъ разсмотрвть  должно,  нвтъ  ли  каковаго  въ  ппсьмЬ  ономъ 
погрешешя,  ученш  Православному  протпвнаго. 

IV.  Аще  где  проявится  нетленное  тело,  или  пройдетъ  въ 
слухъ  видеше  4ie,  или  чудотвореше  :  Коллепумъ  долженствуетъ 
испытовать  тоя  истины,  призвавъ  къ  цопросу  оныхъ  повестите- 
лей,  и  прочшхъ,  которые  о  томъ  свидетельствовать  возмогутъ. 

V.  Аще  кто  кого  поречетъ,  яко  раскольщикъ,  или  новаго 
нвкоего  учешя  изобретатель  есть,  судить  тое  въ  Духовномъ 
Коллепумъ. 

VI.  Случаются  недоуменные  неше  падежи  совести.  На  при- 
меръ,  что  делать,  когда  кто,  похитивъ  чуждее  имън!е,  хощетъ, 
но  не  можетъ  онаго  возвратить,  пли  за  стыдъ  или  страхъ,  или 
что  рнаго  лица,  у  кого  укралъ,  уже  не  стало?  И  что  делать 
тому,  которому  случилось  быть  у  поганыхъ  въ  неволе,  и  для 
свободы  своей  безбожную  оныхъ  в-Ьру  принять,  а  потомъ  обра- 
щается ко  исповгБданш  Хрпспанскому?  Cifl  и  иныя  недоумъчпя 
приносить  къ  Духовному  Коллепумъ,  и  отъ  него  прилежно  раз- 
суждаемымъ  и  рвшамымъ  быть. 

VII.  Пропзводимыхъ  на  ApxiepeuCTBO  тутъ  первве  освиде- 
тельствовать, не  суть  ли  суевврцы,  ханжи,  святокупцы,  где  и 
какъ  жили;  допросить  съ  свпдътельствомъ,  отъ  чего  богатство 
имъ"етъ,  естьлп  кто  таковый  покажется. 

VIII.  На  судъ  Духовнаго  Коллепумъ  относить  суды  Еписко- 
повъ,  естьлп  кто  оными  не  доволенъ.  Дела  же  суду  сему  подле- 
жать cifl  именно:  недоуменные  браки,  вины  разводовъ  брачныхъ, 
обиды  клиру,  плп  монастырю  отъ  своего  Епископа  нанесенныя, 
обиды,  сделанный  Епископу  отъ  другаго  Епископа.  И  кратко 
рекше,  вся  тая  дела,  которыя  къ  суду  Патр1аршему  надлежали. 

IX.  Должно  Коллепумъ  разсмотреть,  кто  п  какъ  владеетъ 
землями  церковными,  и  куды,  на  что  хлебъ  и  прибыли,  аще  шя 
суть  денежный,  издерживаются.  II  естьли  кто  церковные  пожитки 
похищаетъ  воровски;  Духовное  Коллепумъ  наступать  на  онаго,  и 
на  немъ  похищеннаго  доправлять  долженствуетъ. 

X.  Когда  Епископъ,  или  менышй  служитель  церковный  обиду 


§  1.  УПРАВИТЕЛЕЙ  ДОЛЖНОСТЬ.  59* 

терпптъ  отъ  господина  н-Ькоего  сильнаго:  хотя  на  него  не  въ 
Коллепумъ  Духовномъ,  но  въ  Юстпцш  Коллепумъ,  пли  послъжде 
въ  Сената  управы  просить  надоб-Ь;  однакожъ  и  Духовному 
Коллепумъ  нужду  свою  открыетъ  обидпмый.  II  тогда  Президентъ 
и  все  Коллепумъ,  подая  помощь  обпдимому  своему  брату, 
пошлютъ  отъ  себе  мужей  честныхъ  просить  скоро  управы.  гд1> 
надлежптъ. 

XI.  3aBtTbi  пли  духовнпцы  знатных  ь  особъ,  аще  пока- 
жутся быть  въ  чемъ  сумнительныя,  объявить  оныя  въ  Духовное 
Коллепумъ  п.въ  Юстпцъ — Коллепумъ;  и  оба  Ыя  Коллепя  разсу- 
дятъ,  и  опредъмеше  положатъ. 

XII.  О  подаянш  милостыни  должно  Коллепумъ  Духовное  со- 
чинить наставлеше;  ибо  въ  семъ  не  мало  погр'Ьшаемъ.  Мнопе 
бездельники,  при  совершенномъ  здравш,  за  леность  свою  пуска- 
ются на  прошеше  милостыни,  и  по  aiipy  ходятъ  безстудно;  и 
иные  же  въ  богадъльни  вселяются  посулами  у  старость,  что 
есть  богопротивное  и  всему  Отечеству  вредное.  Повелвваетъ 
намъ  Богъ  „ото  пота  лица  нашего,"-  ciecTb  отъ  промысловъ  пра- 
ведныхъ  и  различныхъ  трудовъ  ястп  хлсбъ,  Бьгпя  глава  3  ;  и  дЪ- 
латп  доброе  не  только  для  собственнаго  препиташя,  но  еще 
„чтобй  илтли  мы  что  подавать  и  требующими,"  ciecrb  убогимъ. 
Послашя  къ  ЕФесеемъ  глава  5.  II  запрещаетъ  Богъ,  „да 
праздный  человтко  ниже  ястй."  2  ПосланЛе  къ  Солуняномъ, 
глава  3.  II  потому  здравш,  а  льнпвш  прошакп,  Богу  противни  суть. 

II  аще  кто  снабдъваетъ  оныхъ,  и  той  есть  яко  помощникъ, 
тако  и  участникъ  оныхъ  же  гръха;  и  что  либо  на  таковую  су- 
етную милостыню  пздержпваетъ,  все  то  вотще  ему,  а  не  въ 
пользу  духовную.  Но  изъ  таковой  дурной  мплосьтынп  еще  и 
Отечеству,  якоже  ръ\хомъ,  велпкш  вредъ  дъется;  отъ  сего  бо 
въ  первыхъ  скудость,  и  дорогъ  бываетъ  хл'Ьбъ.  Разсудп  всякъ 
благоразумный,  сколько  тысящь  въ  Россш  обрьтается  л'Ьнивыхъ 
таковыхъ  ирошаковъ,  толпкожъ  тысящь  не  дълаютъ  хлвба,  и  по- 
тому нЪтъ  отъ  нихъ  приходу  хлъбнаго.  А  обаче  нахальствомъ  и 
лукавымъ  смпрешемъ  чуждые  труды  поядаютъ,  п  потому  великш 
хлъба  расходъ  вотще.  Хватать  бы  таковыхъ  всюду,  и  къ  двламъ 
общимъ  приставлять. 


i€0*  ЧАСТЬ  ТРЕТШ.  —  TROISIEME  PARTIE. 

Да  отъ  тъхъ  же  прошаковъ  д-вется  убогимъ  иетиннымъ  ве- 
ликая обида;  ибо  сколько  онымъ  подается,  толико  прямьшъ  убо- 
гимъ отьемлется.  А  еще  бездельники  оные,  понеже  здравы  суть, 
скоро  до  милостыни  прибътаютъ,  когда  немощные  нишде  остают- 
ся, иныи  же  полумертвы  почитай  на  улицахъ  лежать,  и  при  своей 
бол'Ьзни  и  гладомъ  истаеваютъ.  Суть  же  и  таковые,  что  и  дневной 
пищи  лпшаеми,  просити  стыдятся.  Аще  кто  истинную  имъетъ 
утробу  милосерд! я,  шя  разеудивъ,  не  можетъ  не  желать  отъ 
сердца,  чтобъ  было  таковому  безчишю  доброе  исправлеше. 
Сверхъ  того  еще  л1шпвш  оные  нахальннки  сочпняютъ  некая  бе- 
зумная и  душевредная  пеш'я,  и  оная  съ  притворнымъ  стенашемъ 
предъ  народомъ  поютъ,  и  простыхъ  невежъ  еще  вящше  обезум- 
ливаютъ,  npieMM  за  то  награждеше  себе. 

И  кто  вкратце  изчпслитъ  вреды,  отъ  таковыхъ  бездвльни- 
ковъ  д1>емыя?  По  дорогамъ,  где  угодно  вндятъ,  разбиваютъ; 
зажигателп  сутъ,  на  шп1онство  отъ  бунтовщиковъ  и  пзменниковъ 
подряжаются;  клевещутъ  на  властей  высокнхъ.  и  самую  власть 
Верховную  зле  обносятъ,  и  простой  народъ  къ  презорству 
властей  преклоняютъ.  Сами  никшхъ  же  Хриспанскихъ  должностей 
касаются;  въ  Церковь  входить  не  свое  дъло  бытп  помышляютъ, 
только  бы  имъ  предъ  церковго  непрестанно  вопить. 

И  что  еще  мЬру  (*)  превосходитъ  безсовеспе  и  безчелов1з- 
4Îe  оныхъ:  младеицемъ  своимъ  очи  ослепляютъ,  руки  скорчп- 
ваготъ,  и  иные  члены  развращаютъ,  чтобъ  были  прямые  нишде  и 
мплосерд1я  достойные. 

Воистинну  н'втъ  беззаконн'Ьйшаго  чина  людей!  Надлежптъ 
убо  великая  должность  Духовному  Коллепумъ,  прилежно  о  семъ 
думать  и  советовать,  каковымъ  бы  лучшпмъ  способомъ  зло  cie 
изкоренпть,  и  добрый  чпнъ  милостыни  определить;  а  опред'Ьливъ, 
просить  Царскаго  Величества,  дабы  изволплъ  Указомъ  своимъ 
Монаршпмъ  утвердить. 

XIII.  II  се  не  малая  должность,  какъ  бы  Священство  отъ 
симонш  и  безстуднаго   нахальства    отвратить.    Къ    сему    полезно 


(*)  По  лат.  (fidem),  nim.  (Gîauben),  англ.   belief):  Btpy. 


ИМЕНА  ИОДИИСЛШИИХЪ  ДУХ.  РЕГЛ.  G1* 

есть  сделать  сов'Ьтъ  съ  Сенаторами,  какъ  много  дворовъ  къ 
одному  приходу  определить,  съ  которыхъ  всяь'1й  бы  дава'лъ  та- 
кую-то именно  подать  Священству  и  прочимъ  нрпчетникамъ 
церкве  своея,  дабы  оно  совершенное  по  мър'Ь  своей  имвли  до- 
вольство, п  впредъ  бы  не  домогалпся  платежа  за  крещеше,  погре- 
бате,  втшчаше,  п  прочая. 

Обаче  cie  опредЬлеше  не  возбраняетъ  доброхотнымъ  чело- 
Bf.KOM'b  подавать  Священнику,  сколь  много  кто  по  щедрости 
своей  похощетъ. 


Собственно  всякъ  Коллепатъ,  какъ  Президентъ,  такъ  и 
лрочш  въ  начал!;  нр1ят!я  чина  своего,  должны  учинить  присягу, 
что  в'Ьренъ  есть  и  будетъ  Царскому  Величеству  ;  что  не  по  стра- 
стямъ  свопмъ,  не  для  мздопршмства ,  но  для  Гюга  и  пользы  люд- 
ской, со  страхомъ  Божшмъ  и  доброю  сов'встио,  судить  дъда  и 
советовать,  и  другихъ  братш  своей  мнЬшя  и  совЬты  разсуждать, 
принимать  или  отвергать  будетъ.  ÎI  клятву  таковую  изречетъ 
на  себе  подъ  именнымъ  штраФомъ  анаоемы,  и  гЬлеснаго  нака- 
зашя,  аще  бы  послв  лротивенъ  присяги  своей  подстереженъ  п 
улпченъ  былъ. 

С\я  вся  зд1>  написанная  перв'Ье  самъ  Всероссшскш  Монархъ, 
Его  Царское  Священнейшее  Величество,  слушать  предъ  собою 
чтомая,  разсуждать  же  п  исправлять  благоволплъ  сего  1720  году, 
Февраля  И  дня.  А  потомъ  по  Указу  Его  Величества,  Преосвя- 
щенные Apxiepen,  Архимандриты,  купно  же  и  Правительствую- 
щей Сенаторы  слушали  же,  и  разсуждан  исправляли  сегоя«ъ  Фев- 
раля 23  дня.  Таже  въ  утверждеше  и  въ  исполнение  непреложное, 
по  припиеашю  рукъ  присутствующих!)  Духовныхъ  п  Сенатор- 
скихъ  персонъ,  и  самъ  Его  Царское  Величество  своею  собствен- 
ною рукою  подписать  соизволилъ. 


Смиренный  СтеФаиъ,  Мит- 
рополптъ  недостойный  Рязан- 
ский. 

Смиренный  Сильвсстръ  Ми- 


тронолитъ  Смоденсшй.  |  кинь. 


Адмиралъ     Гра<1>ъ     Апрак- 
син!». 

Канцлеръ      ГраФЪ     Голов- 


€2* 


ЧАСТЬ  ТРЕТ1Я. 


TROISIEME  PARTIE 


Сморенный  ОеоФанъ  Епи- 
скопъ  Псковски. 

Смиренный  Питиримъ  Епи- 
скопъ Нижегородски. 

Смиренный  Варлаамъ  Епи- 
скопъ  Тверсшй. 

Смиренный  Ааронъ  Епи- 
скопъ  Корельскш. 

©еодосш  Архимандритъ  А- 
лександроневскш. 

Антоши  Архимандритъ  Зла- 
тоустовскш. 

Казанскаго  Спасскаго  Преоб- 
раженскаго  монастыря  Архи- 
мандритъ 1она  Сальник ъевъ. 
Московскаго  Спмоновскаго  мо- 
настыря Архимандритъ  Петръ. 

Смиренный  Пахомш  Ми- 
троыолитъ  Воронежскш  и  Елец- 
юн. 

Троицкаго  Упатскаго  мона- 
стыря Архимандритъ  Гавршлъ. 

Донскаго  монастыря  Архи- 
мандритъ Iepoeeif. 


Князь  Яковъ  Долгорукой. 

Князь  Дмитрей  Голицынъ. 

ГраФЪ  Андреи  Матв'вевъ. 

Петръ  Толстой. 

Баронъ  Петръ  Шпфп- 
ровъ. 

Собственною  Его  Царскаго 
Лресвштлаго  Величества  ру- 
кою подписано: 


ПЕТР  Ъ. 


Да  во  Enapxinxô,  Apxiepeu  и  npo'de  Дуновиые  чины  подписали 

тапо: 


Смиренный  Игнатш  Митрополитъ  Сарскш  и  Подонскш. 

Смиренный  Георгш  Епископъ  Ростовскш. 

Смиренный  Варлаамъ  Епископъ  Суздальскш  и  Юрьевскш. 

Смиренный  loaniiiiKiii  Митрополитъ  Коломенскш. 

Смиренный  Павелъ  Епископъ  Вологодсшй. 

Смиренный  Кирнллъ  Шумлянскш  Епископъ   Переделав- 


скш. 


ИМЕНА  ПОДПИСАВШИХЪ  ДУХ.  РЕГЛ.  63* 

Недостойный  Арх1еппскопъ  Чернпговскш  и  Новгородка  СЬ- 
верскаго  Антоши. 

Смиренный  Тихонъ  Мнтрополитъ  Казанскш. 

Смиренный  Алексвй  Еппскопъ  Вятскш. 

Смиренный  1оакнмъ  недостойный  Епископъ  Астраханскш. 

Смиренный  Варнава  Епископъ  Холмогорскш. 

Смиренный  Богол'впъ  Епископъ  Устюжскш. 

Геннадий  Архимандритъ  Чудовскш. 

Ceprifi  Архимандритъ  НовоепаскШ. 

Серанюиъ  Архимандритъ  Андроньевскш. 

Леонщъ  Архимандритъ  Петровскш. 

Лаврентш  Архимандритъ  Донскш. 

1акинеъ  Архимандритъ  Богоявленскш. 

Серашонъ  Архимандритъ  Знаменскш. 

ОеоФилактъ  Архимандритъ  Спаскш. 

Макарш  Игуменъ  Воздвиженскш. 

Селивестръ  Нгуменъ  Новпнскаго  монастыря. 

Макарш  Игуменъ  ДанпловскШ. 

Свято -тропцкаго  CeprieBa  монастыря  Архимандритъ  Ти- 
хонъ. 

Изъ  Суздаля  Спаса  Евопм'юва  монастыря  Архимандритъ 
Кврмшъ. 

Владим1рскаго  Рожественскаго  монастыря  Архимандритъ 
Гедеонъ. 

Левъ  Архимандритъ  Горпцкаго  монастыря. 

Изъ  Ростова  Богоявленскаго  Аврам1ева  монастыря  Архиман- 
дритъ A  ipiaiiï.. 

Изъ  Ярославля  Спаскаго  монастыря  Архимандритъ  Ки- 
щманъ. 

Лужецкаго  монастыря  Архимандритъ  Ceprifi. 

Монастыря  Саввы  Сторожевскаго  Архимандритъ  Сели- 
вестръ. 

Воскресенскаго  монастыря  Архимандритъ  Антоши. 

Изъ  Боровска  Паонутьева  монастыря  Архимандритъ  Ар- 
сешй. 

ЬспФова  монастыря  Волоцкаго  Архимандритъ  Германь. 


64*  ЧАСТЬ  -ТРЕТИ.  —  TROISIÈME  PARTIE. 

Спаеова    монастыря    съ    Рязани   Архимандритъ   Мисанлъ, 

Волоколамска™  Возмицкаго  монастыря  Архимандритъ  Ioa- 
саФъ. 

Дан'шлова  монастыря,  что  въ  ПереславлЬ  Залт»скомъ  Архи- 
мандритъ Варлаамъ. 

Ростовскаго  БорисоглЬбскаго  монастыря  Архимандритъ  1о- 

СИФЪ. 

Солочинскаго  монастыря  Архимандритъ  Исаакш. 

Переславля  Залвскаго  Никицкаго  монастыря  Архимандритъ 
1осифъ. 

Колоцкаго  монастыря  что  въ  Можайску  Нгуменъ  Тихонъ^ 

Николая  Угр-вшскаго  монастыря  Нгуменъ  ОеоФанъ. 

•Нзъ  Дмитрова  БорисоГлвбекаго  монастыря  Архимандритъ 
Азднаиъ. 

Высоцкаго  монастыря,  что  въ  СерпуховЬ,  Архимандритъ 
Герасимъ. 

Владычня  монастыря,  что  въ  Серпухов!;,  Нгуменъ  Павелт»- 

Богословского  монастыря,  что  на  Рязани,  Архимандритъ 
Ааронъ. 

Нгуменъ  Леонтш  съ  Унжп  MaiîapieBa  монастыря. 

Иринархъ  Архимандритъ  Кирилова  монастыря. 

loua  Архимандритъ  Каменного  монастыря. 

Арсешй  Архимандритъ  Ирилуцкаго  монастыря. 

ОеоФИлактъ  Архимандритъ  Павлова  монастыря. 

Макарш  Архимандритъ  Корнил1ева  монастыря. 

Филиппъ  Нгуменъ  верапонтова  монастыря. 

Дамаскинъ  Нгуменъ  монастыря  Михайловскаго  Иереяслав- 
скаго. 

РаФаилъ  Нгуменъ  Сппскаго  Золотоноскаго  монастыря. 

Евстратш  Архимандритъ  Елецкш  Черниговсюй. 

Германъ  Архимандритъ  Свято-троицкш  Нльанскш  Черни- 
говски. 

ЕпиФанш  Архимандритъ  Назарета  Благовещенска  го  Ш- 
жинскаго. 

1еромонахъ  Нилъ  Нгуменъ  монастыря  Святителя  Чудотворца 
Христова  Николая  Мокопшнскаго. 


ИМЕНА  ИОДГШСЛВШИКЪ  ДУХ.  РЁГ.1.  (м* 

1еромонахъ  Зосима  Пгуменъ  Лубецкаго  Антошева  мона- 
стыря. 

Святой  великой  Чудотворной  Лавры  Печорской  KicBCKoii 
Архимандритъ  ioainimâfi. 

Московского  Симоновского  монастыря  Архимандрите,  подпи- 
сую  второе. 

Святомпхайловскаго  Златоверховаго  Шевскаго  монастыри 
НамЬстнпкъ  1еромонахъ  Гедеонъ. 

Святомпхайловскаго  Впдубпцкаго  монастыря  Шевскаго  На- 
м'Ьспшкъ  и  ïepoMOHaxi)  Венедикт!». 

Общежнтельнаго  Шевомежигорекаго  монастыря  Архвмандритъ 
Нродншъ  ЖуракОвскш. 

СоФейскаго  монастыря  НамЬстникъ  ГригорШ  Гошке- 
вичь. 

Святонпкольскаго  монастыря  пустыннаго  Шевскаго-  Нгуменъ 
ХристоФоръ  Чарнутскай. 

Святобогоявленскаго  братскаго  монастыря  Шевскаго  Вице- 
ректоръ  Сидивестръ  Номовскш. 

Свято-троицкаго  Кпрнльскаго  Шевскаго  монастыря  Настоя- 
тель 1оаеаФЪ  Томиловпчь. 

Св1яжскаго  Богородицкаго  монастыря  Архнмандрнтъ  Сн- 
мсоиъ. 

Казанскаго  Кизическаго  монастыря  Пгуменъ  1оасаФЪ. 

Нижняго  Новаграда  Печерскаго  монастыря  Архимандритъ 
ВарсоноФШ. 

Нпжегородскаго  у'Ьзду,  Тронцкаго  MaKapieca  Жодтоводскаго 
Архимандритъ  Фнларстъ. 

Вологоцкаго  Глушпцкаго  монастыря  Пгуменъ  1оиль. 

Великаго  Новаграда  Тихвийа  монастыря  Архимандритъ 
Варлаамъ. 


(56*  ЧАСТЬ  TPETÏfl.  -  TROISIÈME  PARTIE. 

§2. 
Д'ВЙСТВО  ДУХОВНЫЯ  (КОЛЛЕГШ. 

(mode  d'action  du  collège  ecclésiastique.  —  p.  238.) 

О  дтьйствахд  Духовным  Коллегш  собственно  здть  не  напи- 
сано; понеже  Царское  Величество  приказала  дтйствоватъ  по 
„Генеральному  Регламенту". 

§3. 
СИЛА  ДУХОВНЫЙ  [КОЛЛЕГШ. 

(pouvoir  du  collège  ecclésiastique.  —  p.  239.) 

Силу  же  Духовныя  коллегш  Его  Царское  [Величество  Высо- 
кодержавною своею  властно  благоизволилъ  дать  таковую,  яковая 
является  въ  пменномъ  Его  Величества  Указв,  въ  начал!;  сего 
Регламента  напечатаномь.  Такожъ  и  въ  ниже  ноложенныхъ  Его 
Государевыхъ  Резолюц'шхъ,  которыя  Его  Величество  собствен- 
ною своею  Высокомонаршею  рукою  написать  изволилъ,  на  пред- 
ложенная Его  Величеству  Духовной  Коллегш  „Пункты",  гд-в  Его 
Величество  и  титлу  „Святвйшаго  Правительствующего 
Синода"  Духовной  Коллегш  опред'влилъ. 


ПУНКТЫ 

На  которые  Царское  Пресвттлое  Величество  собствен* 
ною  своею  и  Высоко манаршею  рукою  соизволило  учинить 
резолюцию  (рттете). —  См.  Ноли.  Собр.  Зак,  Т.  VI  (3734), 
14  Фебр.  1721,  стр.  355-356. 


POINTS 

SUR    LESQUELS    SA    MAJESTÉ    TSARIENNE    SÉRÉNISSIME    DE    SA    PROPRE    МАЩ 
HAUT-MONARCHIQUE,  DAIGNA  DONNER  UNE  RÉSOLUTION.  —  P.  240.   , 


Царскому  Прссвптлому  Ве- 
личеству во  доклада. 
1. 

Въ  церковныхъ  служешяхъ, 
гдЬ  было  ïlaTpiapme  имя  возно- 
симо. вмЬсто  онаго  Правитель- 
ствующего Духовнаго  собрат  я 
пменоваше  подобаетъ  ли  возно- 
ситп  по  ипжеположенной  Форме; 

ФОРМА. 

„...  О  Святвйшемъ  Пра- 
вительствующемъ  собра- 
iiin,  честн-Бмъ  цресвитер- 
ств!>  и  прочая." 

И  сей  титулъ,  СвлттъйшШ,  ни- 
кому же  партпкулярно  присвоит 
ся,но  токмо  всецълому  собрашю. 
2. 

О  прилучающихся  требова- 
шяхъ  отъ  Правительствующего 
Духовнаго  собранш  въ  Нравп- 
тельствуюиии  Сенатъ,  такожде 


Его     Царскаго     Величества 
собственной  руки  нодписате. 


„О  свят*йшемъ  Синод  t." 
или  „О  Свягвйшемъ  Пра- 
внтельствуинцем'Ь  Сино- 
да." 


IjS"1 


ЦАРЕМЪ  РЕШЕННЫЕ  ПУНКТЫ. 


и  въ  Коллегш,  и  отъ  иихъ  въ 
Духовное  собрате  каковымъ 
образомъ  письменное  обхожде- 
iiie  имвть  (*):  а  на  IlaTpiapine 
имя  Указовъ  ни  отъ  куду  не 
присылалось? 

Духовная  же  Коллепя  пм-вть 
честь,  силу  и  властъ  XlaTpiap- 
шескую  или  едва  и  не  большую, 
понеже  соборъ. 

3. 

Въ  праздныя  Enapxiu  въ  ду- 
ховномъ  собранш  избирать  ли 
въ  Apxiepen,  и  по  доношенно 
Царскому  Пресввтлому  Вели- 
честву, оныхъ  къ  поставленно 
и  къ  м'встамъ  определять  ли? 

4. 

ПатрЕаршп,  Арх^ерейсшя  и 
монастырсшя  вотчины,  зборамп 
и  правлешемъ,  которыя  вьдомы 
были  въ  монастырскомъ  прика- 
за въ  одной  Духовной  Коллегш 
выдать  ли,  того  ради,  что  оныя 
отъ,  гражданскпхъ  управителей 
пришли  въ  скудость  и  пустоту? 
А  Духовная  Коллепя  присягою 
обязалась  какъ  въ  В'Ьрности, 
такъ  и  во  псканш  интереса 
Царскаго  Величества  протпвъ 
прочихъ  Коллепй  не  меньше. 
А  въ  Регламенте  Духовномъ  по- 
ложено, что  такое  пра::лс1ио  над- 
лежитъ  до  Духовной  Коллегш. 
(*)  Поля.  собр.  зак.,  iMimems. 


Въ  Сенамъ  в1>дешемъ  п  за 
подппсашемъ  всЬхъ;  а  въ  Кол- 
легии такъ  какъ  изъ  Сената 
пишумъ,  и  за  подппсашемъ  толь- 
ко Секретаркскимъ. 


Выбирать  по  двгЬ  персоны,  и 
которую  опредЬлимъ,  посвящать 
и  определять. 


Быть  по  сему, 


ИНСТРУКЩЯ 

ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ  СВЯГМШАГО  СИНОДА  (*). 


INSTRUCTION 

DU    BIÎOCUPEUR    SUPRÊME    DU  TRÈS-SAINT    SYNODE.  —  P.   251. 


1. 

Оберъ-Прокуроръ  повпнспъ  сндъть  въ  Сунодп,  п  смотр-Ьть 
накрвпко,  дабы  Сунодъ  свою  должность  хранилъ,  и  во  псвхъ 
дълахъ,  которыя  къ  Онодскому  разсмотрешю  u  р liiiieiiiro  подле- 
жатъ,  истинно,  ревностно  п  порядочно,  безъ  потеряшя  времени, 
но  Регламентамъ  и  Указамъ  отправлялъ,  развЬ  какая  законная 
причина  ко  отправлен'по  ему  помъшаетъ,  что  все  записывать 
повиненъ  въ  свой  юрналъ;  также  накр1шко  смотр-Ьть,  чтобъ  въ 
Сунод-в  не  на  столЬ  только  дЬла  вершились,  но  самымъ  д/Ьй- 
ствомъ  по  Указомъ  исполнялись.  Въ  чемъ  онъ  долженъ  спраши- 
вать у  тЬчъ,  кто  на  что  Указы  получилъ,  нсполненоль  по  нихъ 
въ  такое  время,  въ  которое  начало  и  совершенство  она  го  испол- 
нено быть  можетъ;  и  буде  не  исполнено,  то  ему  въдалъ  надле- 
житъ,  для  какой  причины:  невозможность  ли  какая  помъшала, 
или  по  какой  страсти,  пли  за  леностно?  и  о  томъ  немедленно 
Сгноду  предлагать  долженъ.  Для  чего  повиненъ  пмъть  книгу,  въ 
которой  записывать  на  одной  половинъ,  въ  который  день  какой 
Указъ  состоялся;  а  на  другой  половинЬ  записывать,  когда  что 
по  оному  Указу  исполнено  или  не  исполнено,  п  для  чего,  и  про- 
ч'ш  обстоятельства  нужный  вносить. 

2. 

Также  долженъ  накрепко  смотръть,  дабы  Сунодъ,  въ  своемъ 
званш  праведно  и  нелицемерно  поступалъ.    А  ежели  что  увидитъ 


(*)  См.  выше,  пршгьчаше   стр.  251.  —  Поли.  Собр.  Зак.   Т.  VI  (4030) 
13  1юн.  1722,  стр.  721-722. 


70*  ИНСТРУКЦШ  ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ  СИНОДА. 

противное  сему:  тогда  въ  тотъ  же  часъ  повиненъ  предлагать 
Оноду  явно,  съ  полнымъ  изъяснешемъ,  въ  чемъ  они,  юш  нвко- 
торые  изъ  нихъ,  не  такъ  делаютъ,  какъ  надлсжитъ,  дабы  испра- 
вили. А  ежели  не  послушаютъ;  то  долженъ  въ  тотъ  часъ  про- 
тестовать, и  оное  д'вло  остановить,  и  немедленно  донесть  НАМЪ, 
естьли  весьма  нужное:  а  о  прочихъ  въ  бытность  НАШУ  въ 
Сунодгв  или  по-М'Бсячно,  или  понедельно,  какъ  Указъ  иметь  бу- 
детъ. Такожъ  надлежптъ  Оберъ-Ирокурору  въ  доношешяхъ 
явныхъ,  которые  онъ  будетъ  подавать  НАМЪ,  осторожно  и  раз- 
смотрптельно  поступать,  дабы  напрасно  кому  безчестш  не  учи- 
нить. Такимъ  образомъ  ежели  увпдитъ  какое  двло ,  хотя  и  про- 
тивное ему  покажется,  да  не  ясно,  или  два  вида  имеющее:  то 
протестащею  остановя,  не  тотъ  часъ  доносить,  но  посоветовать, 
съ  кбмъ  онъ  заблагоразсудитъ.  II  ежели  увидитъ,  что  подлинно 
такъ,  или  более  изъяснить  и  сумньчпя  миновать  не  можетъ,  то 
доносить  НАМЪ;  однакожъ  более  недели  въ  томъ  не  мешкать. 
А  ежели  зело  ясно;  то  немедленно  доносить  въ  нужныхъ,  а  въ 
прочихъ,  какъ  выше  писано,  такожъ  не  медля  более  неделижъ, 
не  отговариваясь  никакими  нуждами,  разве  МЫ  будемъ  во  отлу- 
ченш:  то  однакожъ  письмомъ,  въ  тожъ  время  написаннымъ,  и 
немедленно  съ  нарочнымъ  послать.  А  ежели  какое  неправое 
доношенш  учинить  по  какой  страсти;  то  будетъ  самъ  наказанъ, 
по  важности  дела. 

3. 

Долженъ  смотреть  надъ  всеми  Прокуроры,  дабы  въ  своемъ 
званш  истинно  и  ревностно  поступали.  А  ежели  кто  въ  чемъ 
преступить,  то  оныхъ  судить  въ  Онодв;  и  долженъ  все  Проку- 
рорами доношешя  предлагать  Оноду  и  инстиговать,  чтобъ  по 
нихъ  исполнено  было.  Также,  ежели  на  Прокураторовъ  будутъ 
доношешя,  что  они  звашй  своихъ  истинно  п  ревностно  не  пспоя- 
няютъ;  то  ихъ  въ  судъ  представлять  Онодужъ. 

4. 

Долженъ  онъ  Фпскаловъ  доношенш,  о  чемъ  ихъ  должность 
есть,  противъ  7  пункта  о  ихъ  должности,  прпмать,  н  предлагать 
Оиоду  и  инстиговать:  также  за  Фискалами  смотреть,  и  ежели 
что  худо  увидитъ,  немедленно  доносить  Оноду. 


ИНСГРУКЦШ  ОБЕРЪ-ПРОКУРОРУ  СИНОДА.  Il* 

5. 

Емужъ  должно  въ  своей  дирекцш  им-бть  Канцелярно  Сунод- 
ск^ю,  п  служителей  оной. 

6. 

Экзекуторъ  въ  Онодб  нмветъ  быть  подъ  дирекщею  Оберъ- 
Прокурора. 

7. 

Фискалы  въ  Коллеияхъ  и  Надворныхъ  Судахъ  должны  до- 
носить о  всемъ  своимъ  Прокурорамъ,  а  Земскихъ  судовъ  Фискалы 
въ  Земскихъ  судахъ.  А  ежели  въ  т-бхъ  судахъ  не  будутъ  следо- 
вать и  праведно  исправлять  :  то  доносить  въ  Коллег inxb  и  Над- 
ворныхъ судахъ  Прокурорамъ  же,  о  чемъ  гдЬ  надлежитъ.  А 
ежели  Прокуроры  по  'тбмъ  доношешямъ  будутъ  мвшкать  взыска- 
шемъ  чрезъ  положенное  время,  или  манить,  о  томъ  должны  Фис- 
калы доносить  Оберъ-Фискалу,  а  Оберъ-Фискалъ  Генералу  Про- 
курору. А  ежели  и  Оберъ-Фискалъ  не  донесетъ,  или  станетъ 
мъшкать  въ  томъ;  то  прямо  Генералу  Прокурору  доносить  и  на 
Оберъ-Фискала. 

8. 

Вст.  о  важныхъ  дт>лахъ  Указы,  также,  ежели  неисправлеше 
какое  будетъ  въ  которыхъ  управптеляхъ,  что  розыску,  или  до- 
правки  какого  штрафа  на  опыхъ,  посылать  не  на  почти,  но  съ 
•  посыльными  отъ  Экзекутора,  дабы  съ  полнымъ  репортомъ  всегда 
возвращались,  что  сделано,  или  за  чЬмъ  не  льзя  было  сделать. 
А  въ  Коллегш  и  въ  ripo4in  ближшя  мъста  Указы  посылать  съ 
Экзекуторомъ,  дабы  репорты  въ  Онодъ  ппеменные  отъ  Прези- 
дентовъ  за  ихъ  руками  приносилъ,  котораго  числа  оные  изъ 
Онода  получили,  которое  должно  вносить  въ  книгу,  дабы,  ежели 
въ  такое  время,  въ  какое  по  Указу  какое  дело  мочно  исполнить, 
а  во  оное  репорту  не  будетъ  въ  Сунодъ,  мочнобъ  было  по  оной' 
заппск'Б  взыскать. 

9. 

Оберъ-Прокуроръ  ничьему  суду  не  подлежитъ,  кромъ1  НА- 
ШЕГО. А  ежели  во  отлученш  НАШЕМЪ  явится  въ  тяжбой  и 
времени   не   терпящей   винЬ,    яко   измьнЬ;    то    Сунодъ   можетъ 


?Р  ИЙСТРУКЦШ  ОБЁРЪ-ПРОЁУРОРУ  синода. 

арестовать  п  разыскивать,  а  дЬло  приказать   иному  кому:  одна* 
кожъ  никакой  пытки,  эксекуцш,  или  наказашя  не  чинить. 

10. 
О  которыхъ  двлахъ  Указами  ясно  не  изъяснено;  о  тЬхъ 
предлагать  С\гноду,  чтобъ  учинили  тгв  д'Ьла  ясные  Указы  противъ 
Указу  Апр-вля  17  дня,  1722  году,  которой  всегда  на  столъ-  дер- 
жится; п  какъ  сочинять,  доносить  НАМЪ.  II  ежели  въ  попол- 
неше  сей  пнструкцш  что  усмотрнтъ,  о  томъ  доносить  ше. 

11. 

И  понеже  сей  чпнъ,  яко  око  НАШЕ,  и  стряпчш  о  д/влахъ 
Государственных'!);  того  ради  надлежитъ  в'Ьрно  поступать,  ибо 
перво  на  немъ  взыскано  будетъ.  II  ежели  въ  чемъ  поманить, 
или  пнако  какимъ  образомъ  ни  есть,  должность  свою  в1здт>шемъ 
н  волею  преступптъ;  то,  яко  преступнпьъ  Указа  и  явный  разо- 
ритель Государства,  наказанъ  будетъ.  Буде  же  весьма  не  вы- 
мысломъ,  то  оному  въ  вину  не  ставить:  понеже  лучше  доноше- 
шемъ  ошибиться,  нежели  молчашемъ;  однакожъ  ежели  то  часто 
будетъ  употреблять  то  не  безъ  вины  будетъ. 

Подлинная  Епстручцш,  во  отсутствии  ЕГО  IIMÏÏEPATOP- 
СКАГО  ВЕЛИЧЕСТВА,  подписана  Сенаторскими  руками,  по 
ЕГО  ИМПЕГАТОРСКАГО  ВЕЛИЧЕСТВА  Лмлнному  Указу, 
тако  : 


Канцлеръ   ГраФъ  Головкшгь 
Князь   Григорсй    Долгору- 
кой. 
Баронъ  Метръ  ШаФировъ. 
Оберъ-Секретарь  Иванъ  Позняковъ. 
Секретарь  Иванъ  Ларюновъ. 
Канцеляриста  Оедоръ  Иероновъ. 

1юня  13  дня,  1722  году. 

КОНЕЦ  Ъ'. 


ГраФъ  Нковъ  Крюсъ. 
ГраФъ  Иванъ  Мусинъ-Пуш- 

кинъ. 
ГраФъ  Андрей  Матвъовъ. 


ОГЛАВЛЕШЕ. 


СТР. 

Указъ  для  учреждешя  Духовныя  Коллега 1* 

Присяга  членамъ  Духовныя  Коллеги ..    *  •  »  3* 

Регламенте  или  Уставъ  Духовныя  Коллеги. (  6* 

ЧАСТЬ  1ЩРВАЯ.  Что  есть  Духовное  Коллейумо,  и  каковыя  суть  важных 

вины  таковаго  правлешя? 6* 

ЧАСТЬ  ВТОРАЯ.  Дгьла  управлетю  сему  подлежащая. 

Дъла  общая 12* 

Д*ЛА  собственная. 

§  1—3.  Дтьла  Еписпоповъ 18* 

Объ  анавемъ- 23* 

Объ  отлученш ■ 27* 

О  пастырскомъ  поевщенш 29* 

§  4.  Домы  училищные  и  въ  нихъ  учители  и  ученики,  такожь  и 

церковные  щюповтдники 32* 

Объ  Академн 35* 

О  Семинарш * 42* 

Регулы  ко  врачеванпо  скуки 44* 

О  пропов-вдникахъ 46* 

§  5.  Шрстя  особы,  поелику  участии  суть  наставлетя  духов- 

наго 49* 

ЧАСТЬ  ТРЕТШ.   Самыха  управителей  должность,  дтьйство  и  сила    .  56* 

§  1.   Управителей  должность 57* 

§  2.  Дтьйство  Духовныя  Коллсг'ш 66* 

§  3.    Сила  Духовныя  Коллсгш 66* 

Царемъ  ръшенные  Пункты 67* 

Инструкщя  Оберъ-Прокурору  Святвйшаго  Синода 69* 


Въ  издаиш  „Полыаго  Собрашя  Законовъ",  встречаются  нЬ- 
которыя  грамматпчесшя  п  ороографпчестя  Формы,  шшичакшияся 
отъ  Форыъ  употреб!яемыхъ  въ  Московскомъ  и,  слЬдоватвльно, 
въ  настоящемь  издан1п.    А  именно: 

Dans  l'édition  de  la  «  Collection  complète  des  lois  »  on  rencontre 


74* 

des  formes  grammaticales  et  orthographiques  qui  diffèrent  de  celles 
employées  dans  ledition  de  Moscou,  et  par  conséquent  dans  la  présente 
édition.  Ce  sont  les  suivantes  : 


Вй  настотцема  нзданш. 

Dans  la  présente  édition. 

Епископймъ  ,    причетнишмъ ,    уста- 

вямъ,  Хрпстчанямъ. 
Благодьтелемъ,  людемъ.    О   заповъ- 

дехъ,  о  прпбылехъ.  Иные,  таковые, 

сумнптельные.  По  частемъ.  И  про-; 

чес.    Всплескивать.  Времени. — Ре- 

портомъ.  —  Въ  заключена.  —  Нае- 

днн'Ь.  —  Разсмотрсшю. 
Смотреть.   Санкпштербургь. 
Хргстъ,  Xp/CTiaHCKiîi. 
По  уставомъ.   Семпнаристомъ,   коз- 

нодьйшнковъ,  конторъ,  росходовъ. 

Самого. 
Отъ  куд/.   Отъ..  году. 
Епископы.  Возымъли. 
Благовол/ьше,  въдя-ше,  насмотршие, 

прил/ьжно,  крайнга  (иартъч.)  —  Въ 

дом/ьхъ,    въ    догмат/ьхъ.    —    Въ 

церквъ. 
ТОрналъ. 
Главныл.  —  Быть  служптеллмъ,  упра- 

вптеллмъ.    Имлннымъ.   Славлнсшй. 

Себя  (дат.) 

ЕвФроспна.  —  Ексйминаторы.  —  Слу- 
жителями. —  Дешевле. 

Седмомъ,  осмомъ,  букварнаго. 
Искуствомъ,  руское. 
Впреки.  —  М/шховъ.  —  Селенсшй. 
Надо  6t.      -  ê 

Чрезообычайныхъ ,   умерлъ,   ес/нмп 
надсматривать. 


Вй  изд:  „Полнаго  Собратл'За- 

КОНОво." 

Dans  l'édition  de  la  ^Collection 
complète  des  lois." 

Епнскопомъ ,  прпчетникомъ ,  уста- 
вомъ, ХристЕаномъ. 

Благодътеллмъ,  людямъ.  О  заповъ- 
длхъ,  о  прибыллхъ.  Иныл,  таковыл, 
сумнительныл.  По  частлмъ.  II  про- 
чил. Спллскивать.  Времлни.  — 
Ргшортомъ. — Въ  зак.дачен1м.—  Нао- 
динГ..  —  Разсмотршшо. 

Смотреть.  Санкпетербургъ. 

Хрмстъ,  Хрмсиансшй. 

По  уставешъ.  Семина  рнстешъ,  тз- 
нодъйпгаковъ,  мнторъ,  рясходовъ. 
Самг/то. 

Откуда.  Отъ..  годя. 

Епнскопм.  Возгшъяи. 

Благоволеше ,  въдеше,  насмотреше, 
прилежно,  крайпе  (иарпч.).  ■ —  Въ  до- 
мегхъ,  въ  догмате/хъ.  —  Въ  церквг/. 

Дгрналъ. 

Главные.  Быть  служителемъ,  унрави- 
телемъ.  Пменнымъ.    Славснсшй.  — 

Себ'В  (дат). 

Ег'Фроснна.  —  Еюаминаторы.  —  Слу- 
жптеллми.  —  Дешевле. 

Седьмомъ,  осьмомъ,  букварьнаго. 
Искусствомъ,  русское. 
Вопреки.  —  Мо«аховъ.   —  7?селен- 
ciîifr.  Надобно. 

Чрезобычайныхъ ,  умеръ,  если,  на 
сматривать. 


75* 


Во  первыхъ,  не  возможно... 


Вопервыхъ,  невозможно. 


Вонстпнну,  понстиннь,  надолзь...  кто-  i  Во  истшшу,  по  истиннъ,  на  долзь  . 
му...  что.тиво...  егожъ,  такожъ,  та-        къ  тому...  что  либо...  его  жъ,  тако 

коежъ,  тъмжс...   давалпбъ...  долж-  |      жъ,  такое  жъ,  тъмъ  же...  давали  бъ, 
иыбъ,  подалибъ...  должны  бъ,  подали  бъ... 

По  книгамъ  честь  (стр.  20.  IX).  Въ  кнпгахъ  честь. 

Ирилучится  (стр.  49.  10).  Лучится. 

О  спхъ  вар1антахъ,  и  вообще  объ  языке  „Духовнаго  Регла- 
мента" см.:  Введете  Францускаго  пздашя  тогоже. 


Voir  sur  ces  variantes  et,  en  général,  sur  la  langue  du  «  Règle- 
ment ecclésiastique  »  Y  Introduction  de  l'édition  française. 


ц  .но  6    ш 


__j№tions  de  la  Société  Bibliographique 

LES^  ^ 

SOUS  10UIS   XVI 

et    les    divisions    administratives  de    1 Г 89 

' -,\     "Par  le  vicomte   de  LÙÇAY. 
Cn  volume  gr.-inT8  de  vin-536pà|es.;    .  y.     .    /    .     .  Щ  Щ 

HISTOIRE  DES  FRANÇÀ IS  DANS  L  INDE 

DEPUIS  LA  FONDATION 
DE    POND.CHERT    JUSQU'A    LA    ИВД    DE    CETTE    VILLE    {1„4   [ш) 

*  Par  le  lieutenant-colonel  MALLEaOX. 

'      V  Traduit.de  l'anglais  par  Мше  S.  Le  Page. 

CRITIQUES  ET  RÉFUTATIONS 

M.  HENRI  MARTIN  &    SON   HISTOIRE  DE  FRANCE 

V  Par  M.  Henri  de  L'ÉPLNOIS. 

Un  volume  gr.  in-18  de  xi-480  pages. .  .  .Л.-;  !,«  ....  3  fr  30  - 

HISTOIRE  DE  LaIeSTAURATION 

Par  M.  Henri  de  L'ÉPINOIS.   " 
Un  volume  gr.  in-18  de  rv-302  pages,  ...  ;  .  ;:„  0       ; 

L'AVENIR  DeI^EGLISE  RUSSE 

Par  le  H.  P.  C.  TONDINI,  Barnabite. 
Grand  in-8  raisin  de  80  pases. . 

Sous  presse  s 

RÉPERTOIRE 

-  '     .'"  ■""■';  "  des         ~     ,  v' 

SOURCES  HISTORIQUES  DjU  MOYEN  AGE 

CONTENANT  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE 

.par  M.  l'abbé  G.  UT.  J.  CHEVALIER  ■         \ 

Sons  la  direction  de  MM.  A.  p^ABTHÉLEMT,    Boutaric    et    Ш  Гап. 

Un  volume  gr,in-8  compacte  à  2;coIonne^  ÈM^ 

ê  SAmT^UENTIN.  -IMP., JULES   MOUBEAU.  '